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SOCIOLOGIE DU DROIT ET DE LA JUSTICE

Madame YAZDANPANAH

Sociologie du droit : il s’agit d’une entreprise de connaissances visant à élucider les rapports
Réciproques qu’entretiennent le droit et la société.

L’approche sociologique va se distinguer d’une approche positiviste qui est celle des
professionnels du droit et selon laquelle une règle choisie par le législateur est appliquée strictement
et s’il y’a non respect de la règle de droit, des poursuites seront engagées.

Kelsen appelle cela la distinction entre « l’être » et « le devoir – être », c’est sa conception des
sciences juridiques. Il porte son attention sur la norme juridique et non les faits extérieurs. La
norme s’avère efficace sans recours à une situation empirique. Le juge pour sa part est conçu comme
un agent passif de la loi.

A l’inverse, les travaux du droit prennent une approche externaliste ce qui permet de poser d’autres
problématiques.

Par ailleurs le système qui prend en compte le contentieux a un rôle actif dans l’application des règles.
Il s’agit de poser la question de son fonctionnement sur les règles juridiques. La sociologie pose le
rôle du droit dans la société. Est-il un instrument neutre, de démocratisation et de changement
Social ?

Enquête : (ethnographie dans 4 tribunaux entre 2009 et 2010 - dépouillement de dossiers


judiciaires- enquêtes statistiques) « Au tribunal des couples : enquêtes sur des affaires
familiales » : leur question était de savoir si la justice de la famille renforçait ou modifiait l’ordre
social existant lorsqu’elle intervenait lors des séparations conjugales. Comment les justiciables
faisaient face au juge avec leurs ressources et leurs conditions de vie.

Les sociologues s’interrogeaient aussi sur le fait que la justice de la famille contribuait à maintenir ou
à renforcer les inégalités sociales au sein du couple entre les sexes et entre les classes sociales.

- Les divorces représentent la moitié des dossiers : la place de ces procédures a bcp évolué au
cours de ses 15 dernières années. La procédure pour faute est la seule que le juge exige pour
statuer sur les motifs du divorce afin de fixer des réparations pour l’un des époux. Ces types
de divorce se sont effondrés depuis les années 80 (actuellement 10% en 2010) ; cette
diminution peut s’expliquer par la loi de 2004, le législateur voulait pacifier les
procédures de divorce. Les procédures ont été allégées.

- La volonté de simplifier les procédures de divorce et de les réduire rejoignait également un


objectif visant à désengorger les tribunaux.

Pour répondre à cette question, il ne fallait pas regarder la règle de droit mais utiliser des entretiens
afin de s’interroger sur les routines de travail des juges, la division des tâches entre juges et greffiers.
Dans un premier temps, l’enquête s’interroge sur les rôles des juges. L’enquête met en avant un
traitement inégal des justiciables qui est relatif au délai d’attentes. Les couples mariés attendent plus
longtemps que leur divorce soit traité selon le type de procédure engagé.

- Les enquêteurs reviennent ensuite sur les décisions judiciaires à proprement dits. Ils ne
constatent que la rupture à un coût inégal pour les différents justiciables au sein d’un même
couple. D’une part la sociologie a déjà mis en évidence les écarts éco entre les couples.
Au cours du règlement de cette séparation, peut avoir lieu des transferts économiques, d’un conjoint
vers l’autre. Les enquêteurs observent que les dispositifs de redistribution du patrimoine et la
détermination de la prestation compensatoire tendent à voir leurs champs d’application réduit.

- En ce qui concerne les pensions alimentaires : Les sociologues observent que les juges ont
une marge de manœuvre. Les montants sont plutôt standardisés. Entre 90e et 300e, la moitié
s’élève à 150e par enfant. Des normes de consommation sont mobilisés pour décider des
charges que l’on peut légitimement considérer comme incompressible. L’investissement
dans l’éducation des enfants dont les études, sont considérées comme légitimes. Elles
représentent une charge importante pour le parent qui a la garde de l’enfant. Le rôle de la
pension alimentaire est perçu aussi comme l’obligation du père dans son rôle parental.

Les enquêteurs montrent comment dans le traitement du conflit conjugal rentre en jeu l’économie
domestique, le partage des responsabilités parentales et que se joue la reconduction d’un ordre social
et économique.

- Les uns et les autres s’engagent dans des procédures différentes, les justiciables ne
sont pas égo face à l’intervention de la justice dans leurs vies privées. La situation
professionnelle des conjoints, leurs méconnaissances des normes éducatives, familiales les
placent en situation de dominant/dominé dans l’arène judiciaire.

Ainsi la distance des juges par rapport aux pratiques des classes populaires (dossier de
surendettement) peut avoir pour connaissance qu’ils prendront davantage de mesure et par conséquent
que leurs interventions soient plus importantes. En réaction, les justiciables peuvent faire preuve
d’absentéisme ou ils peuvent s’investir ou solliciter greffiers et juges dans leurs procédures
notamment dans le cas des parents qui ont la garde des enfants, qui dépendent des minimas sociaux.
Ces justiciables sont à la fois plus dépendants de l’administration et de la justice.

Les justiciables appartenant aux classes sociales favorisées disposent à l’inverse de ressource pour
faire face aux professionnels de la justice et plus généralement pour contrôler ce qu’ils donnent à voir
au cours des procédures judiciaires. Dans la moitié des dossiers, les conjoints font une requête
commune contre 20% des dossiers impliquant un homme ouvrier. Du côté des femmes on trouve des
disparités en termes de profession. Les inégalités sociales perdurent. Ils offrent peu de prise à
l’institution judiciaire pour interférer dans le monde de la réclamation, ils sont beaucoup plus souvent
assistés par un avocat pour défendre leurs intérêts ou pour contester les interventions du juge.

Pour conclure : les auteurs de l’enquête rappellent que face aux progrès social que représente le droit
au divorce et la reconnaissance de l’union libre. Le droit semble jouer un rôle ambigu.

En effet, l’égalité de principe pourrait fonctionner comme un frein à la reconnaissance des inégalités
observables notamment des inégalités économiques. L’application de situation juridique routinière
dans un contexte de massification du contentieux semble participer à la reconduction de l’ordre social
établi.

- L’enquête montre qu’il est indispensable d’observer concrètement comment est traité le
contentieux en étant au plus près des spécialistes ; pour comprendre les effets que ce
fonctionnement concret. Le cadre judiciaire doit être dépassé pour prendre en compte
la logique spécifique des différences d’un justiciable à l’autre.
- Il faut identifier ceux qui mobilisent les règles de droit tant du côté du système
judiciaire que de l’autre, les particuliers, syndicats, conseils juridiques. Une telle
démarche permet d’identifier des entrepreneurs de norme qui mobilisent le droit
comme des acteurs.

- Enfin, étudier le droit d’un point de vue sociologique permet de comprendre le droit et de
se questionner sur la réalité des applications des normes juridiques.

Plan de cours :

PARTIE I : Différences sociologiques du droit et des normes :

I. L’essor de la sociologie du droit et de la justice.

Evelyne Serverin définit la sociologie : « le projet de la sociologie (…) consiste à étudier le droit qui
est conçu comme un ensemble plus ou moins structuré de règles qui entre en relations avec le corps
social, saisi comme un agencement d’individus de groupes et d’institutions situées dans la sphère
d’influence de ce droit ».

Cette déf donne plusieurs intérêts :

- Le droit est le terrain sur lequel l’observation de la société est faite.

- L’étude indique qu’observer les phénomènes juridiques permet d’amener un éclairage sur
l’ordre social.

Il n’existe pas de définition simple de la sociologie du droit car c’est un champ de connaissances
loin d’être homogène traversé par de nombreux débats et oppositions.

Ces oppositions s’expliquent par la double paternité :

- La paternité juridique : des juristes ont mobilisé les sciences sociales pour interroger le
système juridique. L’un des auteurs les plus connus étant Charbonnier. L’acte de
naissance officiel de la sociologie du droit est souvent attribué à Ehrlich qui publicise le
terme
« sociologie du droit » dans un ouvrage de 1913.

- La paternité sociologique : des sociologues ont fait du droit et des institutions de justice mais
aussi plus largement des normes sociales et du contrôle social, leurs outils privilégiés. Les
fondateurs sont Durkheim, Weber ou Tocqueville ont fait du phénomène juridique une clé
indispensable de compréhension de la vie sociale. Les auteurs reconnaissent la nature
éminemment sociale du droit qui ne peut être compris et expliqué sans prendre en
considération les logiques sociales, culturelles et économiques dont il est le produit.

Pour les sciences sociales, le droit devient un objet d’enquête sociologique et anthropologique et
plus un instrument normatif. Quelque soit la tradition, le positivisme est considéré comme un
obstacle par les auteurs sociologiques. On observe de fortes différences entre les approches au
point qu’il existe en fait plusieurs sociologies du droit.

A. La variabilité de l’objet :

On a 3 grands points de débat au sein de la S du droit.


- Le premier concerne l’objet même de la sociologie de la justice (objet d’étude). Il n’y a
pas de consensus au sein du droit par rapport à la sociologie du droit. Les PDV divergent. On
peut trouver des auteurs avec une conception minimaliste et fortement connecté à l’état.
Certains auteurs adoptent une vision extensive renvoyant à toute forme d’ordonnancement
normative, de règles et à tout ce qui s’apparente à des modalités de contrôle social.

- Le bon positionnement par rapport à l’objet de recherches : Schématiquement, le débat


oppose une sociologie sur le droit à une sociologie dans le droit. Certains auteurs prennent le
droit comme objet pour apporter un éclairage sur le fonctionnement de la société. Durkheim
est l’un des premiers à travailler sur le droit. Avec ses collaborateurs, il souhaite constituer la
sociologie en discipline scientifique.

Pour Durkheim, le droit est un phénomène social, il faut l’étudier comme un autre fait social. Dans
une leçon inaugurale, il explique « que c’est dans les entrailles mêmes de la société que le droit
s’élabore, le législateur fait un travail qui s’est effectué sans lui, il faut donc apprendre à
l’étudiant comment le droit se forme sous la pression des besoins sociaux, comment il se fixe
peu à peu, comment il se transforme. »

Dans cette approche l’étude du droit doit apporter un éclairage sur la société. Il est donc
nécessaire d’avoir une certaine extériorité par rapport à la logique juridique.

Pour enquêter sur le droit, le sociologue doit prendre conscience de ses propres croyances.

La seconde dimension : c’est de dire que les acteurs que l’on étudie participe à l’ordre social
dans des modalités qui peuvent échapper à leurs consciences.

Cette approche au moment de la naissance de la S s’est heurtée à des résistances notamment de la


part des juristes qui eux s’inscrivaient dans une logique positiviste.

Hans Kelsen pense que la science du droit doit porter son attention sur les normes juridiques et
non pas sur des faits du monde extérieur. Pour lui, il n’y a que la norme juridique qui doit être
valide au sens où elle doit être conforme à la Constitution en vigueur et qui doit être efficace au
sens où elles doivent marquer leurs emprises sur la société qu’elle doit réguler.

Par ailleurs, il appelle la validité des normes juridiques le « devoir être » et l’efficacité comme
« être ». Pour lui, la validité de la règle du droit n’empêche pas son efficacité. Il admet pourtant qu’on
puisse s’interroger sur les rapports entre les deux sans toutefois affirmer qu’une règle serait invalide
si elle n’est pas efficace. Ainsi chez Kelsen le droit reste isoler des sciences sociales.

Néanmoins, certains juristes vont s’ouvrir très progressivement à la sociologie.

Pionniers:

- juristes allemands et autrichiens qui appartiennent à l’école de droit vivant fondé par Ehrlich

- l’école du droit historique à qui appartient F.K. Von Savigny.

La réception de leurs travaux en France va amener certains juristes à s’intéresser à la sociologie


principalement des historiens du droit et des professeurs de droit public.

L’ouverture de certains juristes à la sociologie s’explique par le contexte économique et social. En


effet entre le milieu du 19 et le milieu du 20e siècle, la FR connait des transformations politiques et
sociales importantes ce qui entraine le développement du salarié. Les républicains veulent changer de
Réformes. Face à ses changements, certains juristes s’interrogent de la façon de faire évoluer le droit
et de s’adapter à ses transformations.

Hauriou et Duguit propose d’utiliser les méthodes de la sociologie pour fonder une théorie du droit de
l’Etat.

D’après Duguit, l’étude du droit Constitutionnel doit suivre les préceptes de la méthode
sociologique : observer et constater des faits, déterminer les lois. Tenter de prévoir à l’aide de ces
lois, les faits de l’avenir. Cette réflexion sera développée avec l’idée d’associer à l’étude du droit
des connaissances statistiques et des observations.

La figure dominante des S d’après guerre est J. Carbonnier, professeur de droit civil. Dans cette
optique il est nécessaire d’acquérir une familiarité avec les règles juridiques. Cette première
opposition recouvre peu ou proue la sociologie et le droit, et les débats disciplinaires depuis la
fondation de la discipline. Les juristes et les S ont tendance à se rapprocher. Les juristes ont du
mal à emboiter le pas aux sociologues et ces derniers dénoncent le positivisme juridique sur les
pratiques sociales. On a des tendances à la conciliation entre J et S. Comme Pierre Bourdieu,
certains appellent à un regard extérieur sur le droit mais aussi à prendre au sérieux la forme du
discours juridique. L’objectif de ses tentatives de conciliation a pour but l’aboutissement à une
réflexion.

- On trouve une 3e opposition du coté des objectifs des connaissances :

Soit on fait de la sociologie une branche parmi d’autres soit on fait de la sociologie une branche
auxiliaire du droit.

Evelyne Severindistingue une sociologie du droit juridique et une sociologie du droit


sociologique si les questions posées correspondent aux préoccupations propres aux
professionnels du droit. Par exemple, les sources du droit, l’effectivité des règles.

Duguit et Carbonnier développent une sociologie présentée comme un complément de la science


pure du droit. Carbonnier prône la sociologie législative (qui consiste à étudier la sociologie pour
mettre la loi en phase avec l’état des rapports sociaux). Les études pourraient porter également sur
le système judiciaire. Les juristes reconnaissent de manière différente la façon d’appliquer la règle.
Ces écarts sont les signes d’un dysfonctionnement qu’il faut combler notamment par l’action
législative.

C’est dans ce but qu’il est nécessaire d’analyser les cas d’ineffectivité du droit, pourquoi le
citoyen désobéit, quels sont les causes des résistances. Dans les pays de common-law on retrouve
des similitudes.

Cette théorie domine à la fin du XIXe, elle est développée par le professeur Langdell. D’après lui
face à la disparité rendue par la décision des cours de justice, il faut trouver un système
d’anticipation des précédents qui se nomme la méthode des K (consiste à extraire de la masse des
décisions, des règles objectives qui elles mêmes dérivent d’un petit nombre de principe attribué à
la common law). Une forme d’application avec peu d’autonomie d’action des juges.

A l’opposé de cette approche de ce formalisme juridique. On trouve le formalisme juridique initié


par Holmes qui est juge à la cour suprême et qui est accompagné par un ensemble de juges issu de
l’élection qui considère que ces décisions sont démocratiquement fondées. Il fonde l’école du
réalisme juridique.

Le but est de repenser le système judiciaire pour en améliorer les performances. Le développement
d’une science du droit sociologique et à l’origine d’une distinction fondatrice entre le « droit des
livres » et « le droit en action ». C'est-à-dire une distinction entre le droit tel qu’il est envisagé par
une théorie conceptuelle et le droit tel qu’il se déploie dans la réalité des pratiques de ceux qui
l’appliquent. Le mot d’ordre est que l’avis du droit est issu de l’expérience. Ce qui signifie que la
décision judiciaire repose sur des motifs pratiques plutôt que sur l’application de principes
abstraits.

Si les écoles de droit ouvrent leurs portes à la sociologie, c’est pour donner au droit une meilleure
prise. Les J réalistes veulent faire un outil efficace de la sociologie dans un contexte où les
institutions de l’état s’étendent.

Aux EU, on va retrouver une logique un peu similaire avec l’analyse économique du droit. Au
fondement, on trouve l’école du « public choice » avec des enseignants de l’état de Virginie qui
étendent l’approche rationnel en terme de « couts / avantages » et qui l’appliquent à la
compréhension de l’état. D’après cette analyse en terme de couts avantages, les individus
cherchent à maximiser leurs intérêts perso et agissent en conséquence. Au-delà, des phénomènes
politiques, cette étude s’étend à tout phénomène social.

Gary Becker applique des outils économiques à des sujets considérés comme sociaux tel que la
discrimination, l’enseignement ou la criminalité. Dans cette approche, le passage de la
délinquance à la criminalité est considéré comme le résultat d’un calcul rationnel. Cela l’amène
sur des questions comme la réforme du système judiciaire.

En face, on trouve : la sociologie du droit dite « sociologique » :

Elle soulève des problématiques qui répondent à des interrogations propres à la sociologie. Telle
que la reproduction de l’ordre social, à l’influence du droit sur l’action social ou sur les conditions
de production des règles. Le droit est au service de la réflexion sociologique.

Cependant au delà de cette opposition centrale, on observe d’autres différences liées à la variété
des paradigmes en sociologie. Donc on peut reprendre une typologie de Thierry Delpech. Ces
auteurs distinguent 3 familles paradigmatiques qui se placent différemment par rapport au
droit.

- Le droit est un indicateur des rapports sociaux (Durkheim et Weber). L’enquête sur le
droit vise à mieux comprendre la vie sociale.

- Le droit est un instrument de reproduction d’inégalités sociales : Marx / Bourdieu.

- Le droit comme pratique : on adopte une approche micro sociologique et interactionniste.


L’objectif est de saisir le droit dans ses pratiques concrètes. Cette approche est un
moyen utilisé pour comprendre les décisions judiciaires.

1. B : Le droit comme indicateur :

1. B1 : Durkheim et le droit comme symbole des rapports sociaux :


On va analyser les relations entre droit et société. Le droit étant considéré dans cette approche comme
un révélateur des relations sociales. Cette approche conduit à dire que le droit reflète les rapports
sociaux parce qu’il est un produit de ses relations et quand en enquêtant sur le droit on enquête sur la
société elle-même.

Les travaux de Durkheim qui ont ouvert la voie à cette vision du droit. Il est philosophe de formation,
il fonde l’école FR de sociologie. Son objectif était de constituer la sociologie en discipline
scientifique avant même de développer les différents champs de recherche en S. Il s’est battu pour que
la S devienne un domaine de recherche reconnu.

Avec lui, on assiste à un développement disciplinaire. Il existe des « faits sociaux » qui sont différents
des phénomènes sur laquelle travaillent d’autres sciences. Les faits sociaux se caractérisant par leurs
extériorités c'est-à-dire qu’ils existent indépendamment des consciences individuelles avec un degré
de cristallisation plus ou moins important. Il s’agit par exemple des croyances, des obligations légales,
des systèmes de monnaie.

Les faits sociaux se caractérisent par leurs forces de contraintes. Ils s’imposent aux individus et ceux-
ci sont sanctionnés s’ils essayent d’y résister.

La S est la science qui étudie ces faits sociaux, qui essaient de les décrire de les comprendre et de les
expliquer notamment en mettant en avant des phénomènes de causalité et des lois sociologiques. La
particularité de la sociologie et des sciences humaines en général par rapport à d’autres sciences c’est
qu’ils existent plusieurs catégories et une pluralité de modèles d’interprétation qui font apparaitre des
aspects différents d’une modalité plutôt qu’un paradigme dominant. Etudier le droit dans une
perspective sociologique, c’est considérer le droit comme n’importe quel autre fait social et comme
tout système de normes pour comprendre l’état des relations sociales.

Il développe sa pensée sur la place du droit dans la société publié en 1883 et intitulé « De la division
du travail social ». La question que se pose Durkheim est comment un ensemble d’individus peut il
constituer une société ? Comment ces individus peuvent ils vivre ensemble et tisser du lien social ?

L’ensemble de ces travaux s’inscrit dans cette théorie, il va s’intéresser à ces langages, à la religion en
essayant d’analyser ce qui va provoquer la cohésion sociale. Dans son livre, Durkheim observe qu’il
y’a au fil de l’histoire des sociétés, une différenciation croissante des taches entre les individus. Il
observe une différenciation qui se voit sur le plan économique dans la spécialisation des métiers, elle
est également visible dans la distinction des catégories sociales dans la société. Ainsi les fonctions
publiques, scientifiques ou religieuses tendent à se différencier avec des corps de métier spécialisés.
C’est cette différenciation des tâches qu’il appelle la division du travail social.

A partir de ce constat, la question qui se pose est de savoir comment cette différenciation des tâches
qui conduit à une individualisation croissante peut néanmoins produire de la cohésion sociale et de
quoi cette cohésion est faite. La thèse principale de Durkheim c’est que la division du travail doit
être comprise comme une nouvelle modalité de la société et comme un facteur de cohésion et de
solidarité qui répond aux besoins d’ordre dans la société industrielle.

En effet, la division accrue du travail engendre chez les individus un sentiment d’interdépendance.
Les rôles sociaux se complètent en fonction de leurs qualités spécifiques. Il appelle cela : « La
solidarité organique ». Par référence aux organes du corps humain. Chaque organe a une vision
spécifique. Selon lui, la solidarité organique caractérise les rapports sociaux dans la société moderne et
s’oppose à la « solidarité mécanique » qui décrit un autre mode des rapports sociaux dans des sociétés
où les individus partagent les mêmes activités, les mêmes pratiques et les mêmes croyances et où le
lien social repose sur cette forte similarité.
D’après lui, les sociétés modernes sont passées d’une solidarité mécanique à une solidarité organique.
Le corps social se caractérise par la société qui est fondé sur le droit du travail. Durkheim prend le
droit comme indicateur extérieur de l’évolution de la société. Il explique que toute vie sociale tend à
s’organiser et à se fixer des règles de conduite et que le droit est la manifestation visible de cette
organisation sociale.

Il en conclut que dans le droit, il y’a toutes les formes que peut prendre la solidarité sociale. Dans cette
approche, puisque le droit reflète l’organisation sociale, le droit va permettre de vérifier son
hypothèse. Il procède à une comparution historique qui existe dans la société pour en faire ressortir la
spécificité de la société FR contemporaine. Il observe les règles et institutions juridiques qui ont existé
au cours de l’Histoire pour en déduire la nature de la solidarité. Il s’intéresse plus particulièrement au
droit pénal car dans son idée les conduites sanctionnées sont celles qui menacent le lien social. La
nature des sanctions révèlent ce qui est au fondement de la cohésion sociale.

Durkheim distingue deux types de sanctions qui correspondent à deux types de règles juridiques :

- Les sanctions répressives : ce sont des sanctions du droit pénal qui vise à punir un individu
qui aurait porté atteinte aux valeurs collectives.

- Les sanctions restitutives qui impliquent la remise en état d’une situation après qu’il y a eu
violation d’une règle.

La première sanction correspond à la réflexion du type d’une sanction et selon D à une certaine
indifférenciation. Autrement dit, la société est mise en cause dans son ensemble.

Le second type de sanction suppose l’existence de segments sociaux différenciés puisque les règles
juridiques ne lie pas l’individu à l’ensemble de la société mais des parties restreintes et spécifiques de
cette société.

Ces deux types de droit correspondent donc aux deux types de sociétés différentes.

D’un coté les solidarités mécaniques dans lesquelles tous les individus partagent les mêmes
croyances, valeurs et pratiques. Dans ce type de solidarité par similitude. L’individu est relié à la
société sans aucun intermédiaire. D montre que c’est un droit de type répressif c'est-à-dire un droit
dont la principale fonction est de punir les écarts qui mettent en péril la cohésion du groupe. L’atteinte
au droit est une atteinte à la société et le châtiment renforce la cohésion sociale.

De l’autre cote, on a les solidarités organiques. La solidarité repose sur la différenciation et


l’interdépendance. Elle repose sur le fait que les individus ont besoin des autres. La solidarité relie
l’individu à la société mais de façon indirect. Dès lors c’est un droit de type restitutif qui domine dans
la société. L’écart par rapport aux règles collectives est perçu comme un empiétement sur les droits et
intérêts d’autrui, et le droit à pour fonction de rétablir un ordre juste pour assurer la bonne coopération
entre les individus et préserver les intérêts respectifs.

Le droit restitutif a pour fonction de rétablir le lien social après qu’un individu puisse être relié.

La thèse de D est de dire qu’on passe d’une société à responsabilité collective à une société
individuelle avec également une diminution de l’intensité des peines et la substitution de certaines
peines à d’autres. Les travaux de D ont peut dire que :

D’une part, il y’a un lien entre le mode de régulation juridique et l’Etat social et politique d’une
société. Autrement dit, le droit reflète l’état des besoins sociaux. C’est pourquoi le droit constitue
un excellent révélateur des rapports sociaux à un moment donné. Une des formes par lesquelles la
société se donne à voir, se manifeste et s’incarne. Le droit peut donc être donné comme un discours de
la société sur elles mêmes. Comme un ensemble de représentation et de valeurs par lesquelles on peut
passer pour analyser les rapports sociaux.

Son approche à pu influencer le recours aux statistiques judiciaires comme indicateur des faits sociaux
en rapportant les séries observées aux phénomènes dont elles dépendent. On peut s’inspirer de son
approche pour mener des analyses statistiques dans le but de déterminer des contentieux (données
relatives aux divorces). On a également des travaux qui concernent leurs textes de lois et leurs
élaborations.

Par exemple, Lascoumes et Poncelat ont travaillé sur l’élaboration du CP de 1994, ils ont publié un
ouvrage en 1998, où ils analysent les peines et les réformes du législateur. Les auteurs posent
d’emblée le principe selon lequel les lois pénales révèlent la façon dont une société pense son
organisation et se donne les moyens de la défendre.

Les lois pénales énoncent symboliquement les valeurs et les intérêts qui fonde la société, punir ce qui
nuit à ses intérêts. L’objectif de l’ouvrage est de comparer le CP de 1810 et celui de 1994 pour montrer
sur le long terme quels sont les changements.

En observant les codes de 1810 et de 1994, les auteurs établissent 4 types d’incriminations
principales :

- Des incriminations qui punissent les comportements qui menacent des intérêts
politiques : l’intégrité nationale, sa sécurité, sa population où qui menacent l’autorité des
institutions de l’Etat. L’outrage, la rébellion, les attentats.

- Les incriminations qui punissent les comportements qui menacent la morale naturelle :
c'est-à-dire la personne physique, à son patrimoine, ou à son intégrité. Les homicides ou
agressions.

- Les incriminations qui punissent les comportements qui menacent la morale civique : qui
menacent le déroulement de la vie quotidienne, la mise en péril des mineurs, l’abandon de
famille.

- Les incriminations qui punissent les comportements qui menacent les intérêts
économiques et sociaux.

Il devient alors possible de comparer l’évolution des incriminations. Les auteurs aboutissent à un
double constat.

1 : On observe une forte croissance des infractions liées à la morale civique. En 1994, on considère
qu’il faut davantage procéder tout ce qui concerne la sureté quotidienne des individus. Les auteurs
notent une forte baisse des incriminations liées à la défense des intérêts politiques. L’essentiel des lois
du CP concerne les actes terroristes. Les auteurs interprètent comme un effet d’une vague d’attentats
entre 1985 et 1986 qui ont déclenché une aggravation de la sanction des actes terroristes.

2. Les auteurs montrent qu’à partir de l’analyse, on peut étudier la transformation de l’ordre public
contemporain. Cet ordre est aujourd’hui centré sur la protection de l’individu et sur la nécessité
d’assurer une discipline sociale du quotidien. Ce changement est aussi perceptible dans la présentation
Même du CP en 1810, la protection de l’Etat arrivait en premier, désormais, le CP mentionne d’abord
la protection des personnes.

En utilisant les textes de lois comme un matériel d’analyse, les auteurs veulent comprendre comment
se construit les fictions juridiques. On acquiert ainsi des connaissances sur l’organisation de la société.
Cette conception du droit défendue par Durkheim signifie plus largement que lorsqu’on a recours au
droit, on ne mène pas une action technique mais on s’appuie sur des représentations ou des valeurs.

1B2 : Weber et le droit comme symbole et moteur de la rationalisation du monde.

C’est un juriste de formation, il s’est intéressé à la sociologie du droit à la fois pour montrer que le
droit est un outil du gouvernement et de légitimation du pouvoir politique et pour le rôle des
professionnels du droit. Le but est de montrer la place essentielle du droit dans les sociétés modernes.
De fait, selon lui, ce qui est moteur dans la modernisation des sociétés, c’est une tendance à la
rationalisation dans tous les domaines. (L’économie, l’Administration).

Il étudie l’ensemble des activités sociales et montrent que tous les secteurs de la vie sociale se
rationalisent en se dégageant de l’emprise de la tradition ou du sacré pour se définir en fonction d’une
logique propre, de l’efficacité et du calcul. On est dans un processus de désenchantement dans lequel
le droit joue un rôle moteur.

On assiste d’après Weber au déclin des formes de légitimation traditionnelle et charismatique au profit
d’une forme de légitimation rationnelle légale. Comment un groupement politique (comme l’Etat)
assure t-il sa domination et se fait obéir ? L’Etat est défini par W comme « un rapport de domination
des gouvernants sur les gouvernés qui est fondé sur l’usage d’une violence reconnue comme
légitime ». Qu’est ce qui est à la source de cette acceptation ? Pour savoir, il procède à une étude
historique pour repérer les types de motivations qui fondent les rapports de domination politique.

On distingue 3 types:

- La légitimité traditionnelle : si elle est fondée sur le caractère sacrée des traditions et de ceux
qui sont appelés par la tradition à exercer l’autorité. On peut avoir des régimes monarchiques.

- La légitimité charismatique : si la légitimation est fondée sur la soumission à un chef à qui


on attribue des qualités héroïques.

- La légitimité légale et rationnelle : si la légitimation est fondée sur la croyance de la légalité


des ordonnances et en la légalité des titres de ceux qui exerce des titres (les agents de l’Etat),
l’autorité est alors impersonnelle et anonyme, une autorité est exercée par une bureaucratie
spécialisée.

Weber note une tendance à la raréfaction de la légitimité personnelle étant mise en cause au nom de
normes rationnelles légales. En retour, il remarque une bureaucratisation de la vie politique qui rend
plus normal l’apparition de personnages charismatiques. Ainsi, les sociétés modernes fonctionnent
largement à la légitimité rationnelle légale qui se traduit par la dépersonnalisation des rapports sociaux
puisque l’obéissance est fondée par la croyance de la légalité du pouvoir. Le droit a été un des moyens
avec le développement de la puissance publique et de l’armée, qui a pu permettre de légitimer sa
volonté.
Selon Weber, le droit est le fondement de la domination de l’Etat moderne. On peut résumer sa
déclaration en disant qu’à partir du XIIe siècle, le droit a permis au roi de FR d’imposer
progressivement leur autorité aux grands seigneurs des territoires. Une partie de leur stratégie pour
légitimer leurs pouvoirs à consister à s’entourer de 2 catégories de personne.

- Des légistes : théoriciens du droit : pour charge d’élaborer un droit commun au royaume de
FR.

- De praticiens : qui contribuent à imposer et à faire appliquer ce droit. L’appareil judiciaire a


été essentiel dans la diffusion du droit et à faire appliquer ces règles qui avait pour vocation
à se substituer à la coutume.

En ce sens, la J avait à la fois pour objectif d’éliminer les justices seigneuriales et de montrer la
grandeur du pouvoir politique. D’après Weber si le droit a constitué un des moyens par lesquels l’Etat
assoie sa domination, c’est que le droit assure des caractéristiques.

1 : Le droit permet de donner une cohérence à l’action de l’Etat et à articuler ces différentes
actions sous le principe d’IG. Le droit en tant qu’ensemble de concepts théorisés donne une
représentation de l’Etat comme une organisation chargée de maintenir l’IG et la justice. Les théories
juridiques ont notamment permis d’organiser et de légitimité l’existence de la bureaucratie. Cette
bureaucratie était présentée comme un organe dédié au SP.

2 : Le droit est une technique permettant d’organiser la société. Il découpe et ordonne la société en
catégorie via ses dispositifs, il assigne des statuts ou des fonctions auxquelles sont attachés des droits
et des obligations. Cela permet de favoriser une régularité dans les activités sociales, de rendre les
comportements, des individus relativement prévisibles. Ce qui est essentiel pour gouverner ces
individus ou organisation.

3 : Le droit institue un appareil coercitif. Il permet de punir ceux qui contreviennent aux règles et
dans le même temps, l’Etat lui-même est soumis aux droits ce qui signifie que son action est contrainte
et contrôlable. Le droit contribue à légitimer le pouvoir de l’Etat tout en fournissant des garanties
contre l’arbitraire étatique. Il s’est instauré une croyance dans la légitimité du droit comme outil de
gouvernement. Les gouvernés croient au caractère supérieur, vrai et valide des règles de droit, à leurs
caractères obligatoires.

On a donc le développement d’un nouveau type de droit qui se veut formel et rationnel qui se substitue
au droit coutumier. Weber met également en évidence le rôle des juristes dans ce processus. L’Etat
souhaite désormais contrer et casser le droit féodal. Cela donne des affrontements entre les juristes.
Les juristes au service de l’Etat ont été amenés à se spécialiser pour développer des méthodes et des
théories de plus en plus sophistiqués. Un champ professionnel a eu lieu. Les professions juridiques en
raison de leur proximité avec l’Etat ont été investies d’une forte reconnaissance sociale et d’un statut
important. La professionnalisation des activités juridiques a permis la diffusion du droit dans tous les
secteurs de la vie sociale. Cette dernière a contribué à rationnaliser le droit et à donner à voir comme
une technique méthodique, abstraite et neutre.

Le droit est perçu comme le mieux à même de gérer le conflit de façon neutre et impersonnelle et
d’aboutir à des compromis entre des individus ou des groupes ayant des intérêts différents voire
opposés.

Pour Weber le droit est un moteur des transformations sociales, il est par ailleurs produit de ses
transformations. D’après l’auteur la domination rationnelle légale et celle qui caractérise l’Etat
moderne. Celle qui favorise le plus les transformations économiques notamment le développement du
capitalisme.
D’autres auteurs voient le reflet de l’Etat comme l’incarnation de l’IG : ils voient l’Etat comme le
produit des intérêts antagonistes. Ils ont une approche plus stricte en disant que c’est un outil de
reproduction des inégalités.

1C : Le droit comme instrument de reproduction des inégalités :

On aborde des analyses concurrentes à Durkheim et héritées de la philosophie Marxiste. Dans la


perspective critique sur le droit qui a été bcp développé jusque dans les années 80, le droit est avant
tout une affaire de pouvoir de domination qu’il s’agisse du pouvoir de l’Etat ou des possédants. On
parle de ces courants critiques qui irriguent la réflexion sociologique.

1C1 : L’origine : Karl Marx et la découverte du caractère inégalitaire du droit :

Il est marqué par l’enseignement d’Hegel. (qui voit dans l’Etat une puissance souveraine qui incarne
l’IG qui résous et dépasse toutes les oppositions), il va se ranger à l’extrême gauche, derrière les
socialistes allemands, il sera connu comme le théoricien de la lutte des classes. Il devient journaliste et
à l’occasion de se confronter à l’égalité de la question sociale. Il remet alors en cause la vision
Hégélienne de l’Etat qui incarne l’IG.

Pour lui, la société est le lieu d’une lutte entre deux classes. Ce sont les rapports économiques qui
déterminent la détermination du pouvoir dans la société. Les capitalistes détiennent les moyens de
production. Les prolétaires vendent leurs forces de travail. Elles déterminent pour Marx, les
institutions politiques et juridiques. L’Etat est aux mains de la classe capitaliste. Le droit qui émane de
l’Etat est constitué par les préjugés bourgeois derrière lesquels se cachent les intérêts bourgeois.

Le droit dans l’analyse marxiste est donc conçu non pas comme l’expression de l’IG mais comme un
outil au service des catégories dominantes. Il développe son analyse en se confrontant à la question
sociale et en enquêtant pour un journal sur plusieurs contextes qui vont l’amener à des projets
politiques et des projets de lois. En 1842, il enquête sur le vol de bois dans les forets de Leseinne. Il
publie un article dans la Gazette Rhénane qui porte sur un projet de loi débattue à l’assemblée
représentative de la province de Rhénanie, ce projet de loi vise à interdire et à qualifier de vol le
ramassage de bois dans les forets appartenant aux propriétaires fonciers jusqu’à alors, le ramassage de
bois était un droit coutumier, un droit d’usage qui permettait aux populations pauvre de récupérer des
bois de chauffage. On criminalise cette pratique. Les débats qui se tiennent au moment du vote de la
loi porte sur la déf de la notion de propriété. Le projet de loi discuté à l’Assemblée vise à définir cette
notion.

Tel que définit dans le CC, le droit de propriété assure au propriétaire la jouissance exclusif d’un bien
qui est considéré comme un bien fondamental de la liberté de l’Homme. L’assemblée Rhénane
qualifie le ramassage de bois de vol puisque cette pratique est considérée comme l’appropriation du
bien d’autrui. La loi et les discours autour de la loi légitime le changement en disant qu’il s’agit de
remplacer un droit coutumier par un droit présenté comme universel et indispensable au progrès
social.

Marx critique cette loi en disant que contrairement à ce qu’affirme à ces promoteurs, elles ne
correspondent pas à un progrès vers une situation plus libre et plus égalitaire mais qu’elle est faite
dans l’intérêt des propriétaires fonciers qui siègent et sont majoritaires dans l’Assemblée. Pour lui,
c’est une loi qui pénalise les plus pauvres et permet de favoriser les plus riches. Marx conclut montre
la nature inégalitaire du droit bien que celui se présente comme égalitaire et servant l’IG, il prend
également conscience que le droit écrit n’est pas l’élément fondamental qui expliquerait la structure
des sociétés. Il faut donc partir des rapports économiques qui sont institutionnalisés dans le droit. En
ce sens, le droit reflète en fait, l’affrontement des intérêts économiques.
Marx montre que l’Etat qui produit le droit ne fonctionne jamais pour la défense de l’IG car il
existe une collusion entre Etats et classe dominante. C’est en cela qu’il s’oppose à la vision
Hégélienne de l’Etat garant de l’IG. Ce raisonnement exprime des intérêts de classes notamment la
préservation du droit de propriété considéré comme l’article 17 comme inviolable et sacré.

L’interdiction des corporations s’inscrit dans la même logique, la loi reconnait la liberté du travail et le
libre accès à la profession mais d’un autre coté. Le décret d’Allarde de 1791 bannit les corporations et
la liberté d’entreprendre. La loi Le Chapelier stipule que les citoyens d’un même état, les
entrepreneurs, ne pourront lorsqu’ils se trouvent ensemble se nommer ni président, ni secrétaire, ni
syndicat, tenir des registres, prendre des arrêtés ou libérations, former des règlements sur leurs
prétendues intérêts communs.

Dans l’analyse Marxiste, ces lois sont vues comme portant des libertés purement individuelles plutôt
que collectives et une définition de l’égalité strictement juridique plutôt que sociale.

3 Points de Marx :

- L’analyse de Marx attire l’attention sur les conditions de production du droit.


Son analyse consiste à montrer que le droit véhicule les intérêts de la classe
dominante.

- Marx montre que le droit exprime les intérêts d’un groupe mais sous une apparence
de neutralité et de généralité qui sert à dissimuler des intérêts de classe. En faisant cela,
le droit légitime les I particuliers.

- Le droit a aussi une dimension pratique et matérielle qui s’exprime à travers un appareil
coercitif.

Il y’a des suites à l’analyse Marxiste telles qu’Althusser. Selon lui, l’appareil répressif d’Etat (armées,
police, tribunaux) et les appareils idéologiques d’Etat, joue un rôle fondamental dans la reproduction
des rapports de production économique. D’après lui, une classe ne peut durablement détenir le pouvoir
d’Etat sans exercer en même temps, son hégémonie sur et dans les appareils idéologiques des appareils
d’Etat. Concernant l’étude du droit, on a un certain nb de théories notamment des études du système
judiciaire ou du système carcéral.

L’analyse Marxiste peut permettre des analyses du droit pénal :

Chambliss : lois anglaises sur le vagabondage. Etudie le droit comme instrument de pouvoir et
s’inspire de l’analyse de Marx en disant que la L est partie prenante des conflits sociaux et des conflits
d’intérêts qui traversent la société. Il montre que l’ordre juridique fonctionne de telle manière qu’il
discrimine contre les plus pauvres et favorise les intérêts particuliers des plus puissants. Dans sa
démonstration, il distingue 4 phases dans l’évolution de la L.

1 : La loi de 1349 : qui rompt avec des pratiques de charités et qui interdit de donner l’aumône aux
hommes à travailler qui se présentent dans les maisons. Ces hommes sous peine de prison, sont
contraints de travailler. D’après Chambliss, il faut tenir compte du contexte dans lesquels ils sont
édictés. D’après lui, l’épidémie de peste de l’année précédente avait décimé la force de travail ce qui
menaçait l’économie qui reposait sur les propriétaires terriens. Même avant, ces propriétaires étaient
menacés par le déclin du système féodal et par le départ des serfs qui souhaitaient partir dans les villes.
Manque de main d’œuvre et un risque de concurrence, une pénurie sur laquelle la loi sur le
vagabondage a su répondre : La loi est une réaction des grands propriétaires face aux transformations
du système économique.

2 : Les sanctions sont renforcées mais le déclin de la classe féodale fait que cette loi
devient dormante.
3 : Nouveaux statuts édictés en 1530 : ils étendent la qualification du délit. Les vagabonds sont
considérés comme des personnes qui refusent le travail mais également comme les petits délinquants,
les voleurs ou les personnes qui ne peuvent pas justifier légalement de leurs revenus. Chambliss dit
que cela est du au développement du commerce. Les marchands sont soucieux de leurs sécurités face
aux trafics, à la contrebande et aux transports des marchandises. Il faut créer de nouvelles règles contre
les atteintes à la propriété. L’analyse Marx a influencé les études du droit pénal.

Barbet : « Retour sur la loi de 1884 – La production des frontières du syndical et du politique ».
Etude historique, il travaille sur la loi Waldeck Rousseau 1884 relative aux syndicats professionnels
c'est-à-dire d’organisation qui ont pour objet l’étude des intérêts économiques agricoles et
commerciaux. Cette loi semble reconnaitre la liberté syndicale. Or, d’après lui, la loi de 1884 est le
meilleur indice d’un rapport ambigu que la république entretient dans le contexte de l’époque avec le
syndicalisme. Elle ne constitue pas une simple reconnaissance par les républicains de l’importance des
syndicats en tant qu’instrument de défense des salariés. Le premier signe de cette ambivalence est la
durée des débats qui ont précédé l’adoption de la loi. 8 années de procédures et de débats avant le
vote. Par ailleurs, il faut rappeler le contexte politique de l’époque : la question sociale est mise à
l’agenda politique et la nature des débats à l’assemblée témoigne de l’inquiétude des conservateurs et
républicains. Face à la progression des idées révolutionnaires et face à l’organisation croissante des
mouvements ouvriers.

La loi Waldeck R va délimiter des frontières entre l’espace professionnel et politique et l’examen des
débats et des échanges à l’assemblée montrent que cette loi d’apparence libérale. Elle reconnait en
fait les syndicats pour mieux les contrôler. La cause immédiate est l’intention des législateurs n’est
pas seulement lié à un souci de justice sociale mais c’est également une réponse à l’inquiétude que
suscite la montée des grèves, celles-ci se multiplient. En 1868, des grèves mobilisent 20000 grévistes,
à 40000 l’année suivante. En 1870, on assiste à des mouvements de grèves qui vont jusqu’à 90000
grévistes. A partir des années 80, les mouvements ouvriers gagnent en organisation et constituent des
caisses de grèves. Ce qui fait que cela à un caractère nouveau en touchant la province, en touchant le
prolétariat industriel. Les grèves ont un effet d’entrainement car elles bénéficient d’un soutien
matériel et logistique. Elles débouchent sur la création d’associations.

Les idées révolutionnaires et socialistes progressent avec la succession de plusieurs congrès et de


théoriciens qui diffusent ces idées. Mise en accord et décision de légaliser les associations
professionnelles pour couper l’herbe sous le pied aux mouvements sociaux. Les arguments échangés
dans l’arène parlementaire traduisent une volonté de mettre fin aux mouvements ouvriers. Les élus
font abondamment référence au modèle anglais. La forme syndicale est perçue comme un outil de la
régulation sociale. Plutôt que comme un instrument de lutte et de revendication. Certains députés
souhaitent une loi d’équilibre alors que la concentration du capital et la libre concurrence ont accru la
nécessité de l’association chez les ouvriers mais aussi chez les petits patrons et notamment face aux
compagnies de transport et des mines. Le souci de trouver un équilibre est complexe.

Tolain justifie en disant que la loi a pour rôle d’encadrer l’action syndicale dans l’ordre public.

- La loi constitue un moyen de détourner les ouvriers des militants révolutionnaires. Donner
un moyen aux ouvriers pour qu’ils puissent étudier ce qui peut améliorer leurs sorts. La
reconnaissance de syndicats est le meilleur antidote contre la révolution.

- La loi est un moyen de faire sortir les groupements de la clandestinité. Leurs consécrations
légales est préférable à la clandestinité qui seraient génératrices de conspiration de violences,
et qui favoriserait la diffusion des idées révolutionnaires.
- Instaurer un dialogue entre les associations et les PP permet de limiter les affrontements
et limite le nombre de grève comme l’explique d’autres députés ce qui facilite les grèves :
manque d’organisation sérieuse qui livre la plupart du temps les corporations à la merci des
coups de tête de quelques hommes qui lancent les ouvriers dans une grève pour un oui ou un
non. Tandis que les syndicats regroupent tous les moyens de conciliation. Jusqu’à la dernière
extrémité et qu’il n’y aura plus de grève intempestive.

- La loi est un moyen de responsabiliser les ouvriers : les syndicats auraient des vertus
pédagogiques et apprendraient aux ouvriers à comprendre les enjeux posés par les débats
économiques et sociaux.

L’étude des débats permet de montrer les objectifs politiques sous jacent à la loi de 1884 et permet de
montrer que la reconnaissance du syndicalisme est aussi un moyen de l’encadrer et de le contrôler.
Censé accorder des libertés, la L de 1884 n’en constitue pas moins une forme de consolidation de
l’ordre public. On accorde une liberté pour mieux la mettre en œuvre au service de l’ordre
public. L’ambivalence de ces motivations se retrouve dans le texte même de la loi. La loi permet de
créer des syndicats pro. La loi est faite pour les syndicats ouvriers pas pour les groupes dans lequel
serait mêlé des membres de professions différentes. Les organisations ne peuvent pas s’organiser par
quartier ou par établissement. Elles sont assignées à résidence et défendent juste les intérêts
particuliers portés par le professionnel. Alors que le politique s’arroge le monopole de l’intérêt
général. L’autre limite à la politisation c’est l’unité de profession, les membres d’un syndicat ou d’une
association professionnelle ne se regroupent pas parce qu’ils partagent des opinions ou des gouts
semblables mais parce qu’ils ont les mêmes intérêts matériels.

La liberté d’association est consacrée. Mais avec un mode de contrôle qui est le principe de publicité
c'est-à-dire l’obligation pour les syndicats de déposer leurs statuts et le nom de leurs dirigeants et de
les mettre sous contrôle des PP. Enfin le texte de loi prévoit de punir les violences et les atteintes à la
liberté du travail. Tous ces éléments montrent que la loi suscite l’hostilité des syndicats ouvriers
(réaction destinée à réprimer leurs mouvements). Coté patronal, meilleure réception. Les mouvements
continuent d’exister en refusant d’appliquer le texte et en refusant de déclarer des statuts. L’application
de la loi donne lieu à des incertitudes et elle est ambivalente comprise à la fois comme un moyen de
limiter les grèves ou de les déclencher.

Du coté des libéraux, ils apparaissaient nécessaire d’institutionnaliser les syndicats. Les conservateurs
disent que cette loi provoque la « guerre sociale ». La loi définit l’adhésion à un syndicat comme un
droit négatif. La loi est rigoureusement garantie est aucun avantage particulier ne peut être reconnu à
un syndicat, aux membres des syndicats en général.

D’après Gérard Lyon Caen, la loi n’incite pas à l’adhésion mais en dissuaderait plutôt les salariés.

1C2 : Bourdieu et le champ juridique :

Sociologue contemporain FR : ses recherches s’attachent à comprendre les phénomènes de l’ordre


social. Partons du constat que le monde social est inégalitaire, qu’il y’a des individus qui occupent des
positions favorables et d’autres non. Comment comprendre que les dominés ne se révoltent pas et
acceptent cet ordre mais le considère comme naturel ?

Bourdieu s’intéresse aux formes de domination symbolique, c'est-à-dire à la façon les sujets
pensent que la domination qu’ils subissent est légitime et naturel. La domination s’exprime dans les
situations concrètes et matérielles des individus Mais pas uniquement. Il faut s’intéresser à la façon
dont la domination s’enracine par les influences qu’elles exercent sur les structures mentales des sujets
sociaux. Il étudie donc les phénomènes de reproduction sociale en regardant les institutions comme la
famille ou l’école. Son étude s’inscrit dans un ensemble plus global avec les interactions sociales.

A. La sociologie de Pierre Bourdieu :

Bourdieu s’inscrit dans le sillage des analyses Marxistes, cpdt, il explique qu’on ne pt pas résumer le
monde social à une simple échelle hiérarchique où les individus seraient positionnés en fonction de
leur seul pouvoir économique. Pour savoir quel pouvoir ont les individus. Il faut prendre en compte les
ressources éco mais aussi les titres scolaires, les relations sociales et les biens culturels. L’accès à ces
ressources structure les rapports sociaux. Ces ressources sont appelées « capitaux » par B. Il y’a 3
sortes.

- Le capital économique. Le revenu et le patrimoine,

- Le capital culturel : le niveau de diplôme, l’accès à la culture.

- Le capital social : possession d’un réseau durable de relations sociales.

Ce sont ces 3 types de capitaux généraux qui permettent de définir la position des individus dans
l’espace social et leurs positions dans leurs rapports de pouvoirs. L’espace social est composé de
multiples sous espaces où l’individu peut acquérir des positions de pouvoir en fonction des
capitaux dont ils disposent. Ces sous espaces sont appelés des champs.

On peut assimiler le champ à un espace pro : où on y trouve des individus, des Institutions, des
champs spécifiques propres. A l’intérieur de ces champs, les capitaux généraux déterminent la
position des individus. Il y’a des capitaux spécifiques qui correspondent aux règles de
fonctionnement du champ. On parlera de capital juridique.

Les champs ont des institutions qui leurs sont propres, des langages et des codes mais aussi des
codes particuliers. Le champ juridique est constitué d’une variété de professions. Des
professeurs de droits des juges, des greffiers, des notaires, des huissiers. Un langage particulier :
le droit. Il y’a des hiérarchies entre les professions juridiques, entre les juridictions qu’un
magistrat peut occuper avec une répartition du pouvoir entre les individus qui composent le
champ. Dans le champ juridique, l’ensemble des juristes partagent un ensemble de perception de
la société, des relations humaines. Ce champ favorise un capital spécifique. C'est-à-dire la
connaissance et la maitrise du droit.

Dans le champ politique, les agents cherchent à faire fructifier une autre forme de capital social.
Des réseaux, des militants, des électeurs. Ce capital ne prend de la valeur que dans les champs où ils
sont permanents.

Jouer le jeu dans un champ donné suppose deux conditions, d’une part la croyance dans les règles
de fonctionnement du champ. La seconde règle c’est l’acquisition du sens du jeu qui s’acquiert
avec la socialisation et avec « l’habitus »primaire de classe et secondaire propre aux champs.
Cette idée est importante pour la construction de l’esprit qui permet d’analyser la reproduction sociale.

Le champ repose sur des réalités sociales : c’est en observant la pratique des individus et les conflits
qu’elles génèrent que le sociologue peuvent reconstituer la logique des activités sociales. La société
est composée d’une multitude de champs. Chaque champ ayant ses propres règles en considérant qu’il
y’a une tendance entre l’autonomisation et une tendance entre les rapports de domination. Chaque
champ tend à affirmer son indépendance par rapport aux rapports de dominations qui lui sont
extérieurs. La logique d’autonomisation est une logique de spécialisation. Chaque champ construit
son autonomie et établit une frontière entre les initiés et les profanes qui sont tenus à l’extérieur.
C’est en cela qu’on a une indépendance des champs : certains développent leurs capitaux. Même si
Chaque champ a des logiques autonomes. Les luttes de pouvoir reflètent aussi les rapports
de domination qui caractérisent le monde social.

En regardant qui a l’accès de pouvoir à l’intérieur du champ on retrouve toujours la hiérarchie sociale
générale et avec la répartition des capitaux généraux. Les inégalités se retrouvent dans la hiérarchie au
sein de chaque champ.

Ex : Bourdieu étudie le champ scolaire : Les positions les plus élevées sont occupées par des
individus qui possèdent des capitaux éco et culturels importants. Il montre qu’il y’a un retour à « Un
habitus ».

HABITUS : consiste en un ensemble de comportements de pratiques et de façon de voir le monde :


pour Bourdieu : on est plus favorisé dans un champ quand on correspond à ce champ (inégalités
scolaires).

L’Habitus explique la reproduction sociale, chaque individu agissant parfois à son insu selon son
habitus de classe. La reproduction n’est pas mécanique. Tous n’agissent pas de la même manière,
pour lui, c’est plus un faisceau de possibilités mais un faisceau qui est limitée d’où une relative
reproduction dans les trajectoires sociales.

La place des individus n’est pas définie par le seul rapport économique, la domination à une
dimension matérielle mais également une dimension symbolique. Elle s’exprime par ce que dit
Bourdieu « la violence symbolique ».

La violence symbolique : processus de soumission par lequel les dominés perçoivent la hiérarchie
sociale comme légitime et naturelle. Les dominés intègrent la vision que les dominants ont du monde.
Ce qui les conduit à se faire d’eux même une représentation négative. La violence S est source de
sentiment d’insignifiance et d’infériorité.

Contrairement Bourdieu, dit que la violence symbolique s’applique aux dominés parce qu’elle est
masquée par des discours, des représentations. Elle se distingue de la violence physique. D’une
manière générale, si c’est les individus ne se révoltent pas c’est parce que celle-ci ne vient pas avec la
force physique mais avec l’incorporation de pratique et de discours donc parce qu’elle reproduit les
inégalités.

B. Bourdieu et le droit :

B s’est intéressé au droit dans le cadre de son interrogation générale pour comprendre les mécanismes
qui permettent de légitimer la domination sociale. Pour B, le droit est la forme par excellence de la
violence symbolique (un des moyens de la reproduction des rapports de domination).

B1. Le champ juridique comme espace de production du droit :

B est parti de l’analyse Marxiste du droit selon laquelle ce qui se passe dans l’élaboration du droit
et dans sa mise en œuvre et le reflet du monde social. Parce que le droit se présente comme neutre et
universel, les produits du travail juridique peuvent jouer un rôle central dans la conservation et dans la
consolidation de la nomination en place. B part du constat que le droit participe à des rapports de
pouvoir et notamment à la légitimation du pouvoir de l’Etat. En effet, le droit perpétue la nomination
des classes dominantes et consacre l’ordre établi.

Cependant B se distance de l’approche M, ce qui spécifie l’approche de B c’est la croyance en


l’autonomie du droit. Pour lui, le droit dissimule les rapports de force. Pour lui, on ne peut pas se
contenter de dire que le droit est un simple enregistreur des rapports de domination. Il faut prendre au
sérieux l’existence d’un champ juridique dans lequel on retrouverait des mécanismes de domination
social qui aurait un fonctionnement propre pour compren dre la façon dont le droit est élaboré. Le
droit s’élabore dans un univers social relativement autonome à l’intérieur duquel s’exerce l’activité
juridique. Les pratiques et les discours J étant le produit de cet univers social, il faut donc étudier sa
structure symbolique. Il faut voir le droit comme un espace social particulier qui revendique une
autonomie par rapport aux luttes qui existent dans le monde social mais qui, dans le même
temps, reproduit, à sa manière, ces rapports de force.

Il définit le champ juridique comme relativement indépendant par rapport aux demandes externes à
l’intérieur duquel ce produit s’exerce. Le monopole de la violence légitime appartient à l’Etat et peut
s’assortir du monopole de la violence physique. Ce champ juridique peut être vu comme un espace de
jeu. B illustre cette autonomie dans un article de 1986 qui s’intitule « La force du droit ». Le langage
juridique a un langage particulier, technique et savant qui revendique une capacité à résoudre les
conflits sociaux sans prendre parti à ces conflits. Le langage juridique à ces spécificités, impersonnel
et neutre. Il ne peut être manié que par des professionnels et consacre l’autonomie du champ.

Bourdieu montre que les juristes ont un habitus particulier et que l’expertise juridique mais aussi la
posture. Les rituels judiciaires participent aussi à l’autonomie de ce champ. Le droit fait l’objet d’une
mise en scène quand il se montre aux profanes. (palais de justice, mise en scène du procès). Ceci n’ont
pas accès à tout le déroulement du procès. Le rituel J produit différents phénomènes:

- Les prises de paroles sont encadrées. (témoins, prévenus, avocats). Le tiers médiateur est le
juge. Cela évite les contacts directs entre les acteurs du procès.

- Il produit une distance avec les profanes qui est destinée à engendrer le respect pour la loi et
notamment pour celui qui l’incarne c'est-à-dire le juge. Le rituel consacre les inégalités entre
experts et non initié.

- Le rituel aboutit à une mise en droit des faits, ce qui se produit au cours d’un procès, il s’agit
de transformer la réalité sociale en réalité juridique et de passer d’un discours sur les faits à un
discours sur le droit.

Au final, aussi bien le langage juridique que le rituel judiciaire tendent à montrer que le droit est un
monde à part qui se tient à l’écart du monde social et affirme son autonomie. Pour participer à ce jeu,
il faut un capital spécifique. (capital juridique). Des compétences techniques et sociales. Obtenir une
autorité à dire le droit. Parvenir à montrer que parmi les applications d’un texte celles qu’on défend est
la meilleure. A partir de là, elles font l’objet d’une lutte constante dont l’objectif est d’être reconnu par
les pairs. Il y’a un mélange entre les théoriciens (élaborent la doctrine) et les praticiens d’autre part
(ceux qui appliquent le droit). Ils ont un capital juridique mais on une vision différente.

Les théoriciens reprochent aux praticiens de faire perdre au droit son caractère général tandis que les
praticiens leurs rétorquent qu’ils focilisent le droit en cherchant d’abord la cohérence entre les sources
et les textes plutôt que l’application a un cas. Les interactions contribuent à produire le droit.
Concurrence et allié car leur travail contribue à structurer le champ, il répond à un même objectif. Bcp
d’autres types de concurrence.

Les luttes qui se déroulent dans le champ juridique ont plusieurs effets. 1 er effet : le droit qui émerge
de la division du travail entre les juristes apparait comme rationnel, neutre et incarnant l’intérêt
général. Les luttes internes aboutissent à la rationalisation et à la sophistication du droit ainsi qu’à une
spécialisation entre les différents domaines et entre les juristes. Cette complexification maintien la
distance entre droit et monde social.
B 2. En quoi consiste la force du droit ?

Comment le droit agit sur le monde social ?

Le champ juridique s’affirme autonome par rapport au monde social. Il reproduit les rapports de force
au monde extérieur en les masquant. C’est la croyance même qui permet de ne pas voir sa force
sociale et la façon dont il contribue à reproduire des rapports de force.

- Le droit naturalise des représentations du monde et des divisions du monde. Le droit est un
discours performatif d’autant plus efficace qu’il tire son autorité de l’état et de ses agents
capables de faire appliquer le droit. Il passe par la codification que B définit comme une
entreprise qui fait entrer les pratiques sociales et en fait un ensemble cohérent.

C’est un procédé d’autant plus efficace que la contrainte n’est pas ressentie comme telle. Elle ne passe
pas par la force physique mais par des discours des lois, des règlements qui sont considérés comme de
simple outil technique de régulations. C’est d’autant plus efficace que le droit véhicule des
représentations qui sont intériorisés et considérés comme légitime. Ainsi le droit créé des catégories
qui divisent le monde social qui institue des groupes sociaux.

- Le droit institue des comportements permis ou obligatoire entre les différentes entités qu’il l’a
définit. Il assigne des compétences spécifiques, des droits et des devoirs aux différents
groupes qui permettent d’orienter leurs comportements. Par les divisions et les prescriptions
qu’il établit, le droit donne une représentation du monde social et de la manière dont il doit
fonctionner. Or, parce que le droit est un discours officiel et codifié, ces principes de vision
du monde sont considérés par chacun comme naturel et chacun apprend à voir le monde à
travers les catégories et les propositions juridiques.

B dit que l’évolution du CC : le droit renforce l’ordre établi. Le droit tend à consacrer la vision du
monde des classes dominantes. Vision fondamentale dans la vision de B, pour lui, le droit reflète la
vision du monde des catégories dominantes c’est parce que ces classes dominantes sont aussi celles
qui ont investies le pouvoir d’état.

Bourdieu s’intéresse aux caractéristiques sociales, il résume le rapport : « Les juristes font l’Etat, qui
les fait ». En retour, les juristes constituent un espace autonome et détiennent un magistère sur le
politique. Les juristes détiennent et cumul les divers types de ressources dans l’espace social, un fort
capital scolaire, un capital qui les lie au capital politique, et un capital économique. Les membres du
champ juridique occupent une place centrale dans le champ du pouvoir. Ils sont dans une position
d’intermédiaire dans les diverses catégories des places dominantes. Ainsi pour Bourdieu, si le droit
traduit et consacre la vision des dominants. C’est parce que les juristes appartiennent à ces classes
dominantes. Ils font avancer leurs représentations et leurs intérêts lorsqu’ils agissent dans le champ
juridique. La légitimité même de leurs actions réside dans leurs fonctions.

Les groupes dominants ont davantage de ressources pour mobiliser et promouvoir leurs propres
représentations du monde social. Enfin, la force du droit réside dans la forme du corpus juridique cette
forme étant conçue pour résister à des changements sociaux soudains. Si le droit veut conserver son
universalité, il doit garder ses canons juridiques pour ne pas transformer le système tout entier.
Pourtant le droit aussi garder une certaine porosité par rapport au monde social. Le champ juridique
est particulièrement poreux aux luttes sociales. Ex : de la suppression du droit d’ainesse : égalité des
droits désormais en matière successorale. Cette disposition est liée à un changement de nature. Après
la révolution, la bourgeoisie s’impose contre l’aristocratie par l’ascension sociale et par le travail. La
domination de la noblesse s’appuyait sur son ancienneté et ses terres.
Le droit est le résultat de la mobilisation des groupes sociaux dans le cas de la bourgeoisie. Cette
porosité aux luttes sociales signifie que quand on parle d’autonomie du champ, cela ne signifie pas une
fermeture du champ. La traduction constante dans les formes juridiques est le produit d’un ajustement
des pratiques constitutionnelles qui répond à la nécessité de préserver le champ juridique et de
maintenir son existence.

B s’intéresse au droit comme un outil de la violence symbolique. Pour lui, le droit est un moyen de
reproduction et de légitimation des rapports de pouvoir. Le processus de codification étant la marque
de l’entreprise. La force du droit c’est de faire paraitre naturel et universel les visions du monde
prescrites du droit qui sont en faites les classes dominantes. Il est le produit de lutte concurrentielle.

1C3 : Foucault et le droit comme instrument de disciplinarisation :

Foucault est un philosophe dont le travail porte sur les rapports entre pouvoirs et savoirs. Au début
des années70. Il participe avec Sartre au groupe d’information prison, ce mouvement vise à faire
mieux connaitre la condition pénitentiaire. Ces actions vont recouper l’univers carcéral. Pour
Foucault le droit est le masque du pouvoir. Il s’intéresse au phénomène juridique à travers la question
du pouvoir disciplinaire. Dans « Surveiller et punir », il pose la problématique suivante : à quels
impératifs correspond la nécessité carcérale ?

Il s’intéresse à l’économie des châtiments : il se demande comment l’état exerce son autorité et punit
les délits. Il s’inscrit dans une approche historique pour essayer d’analyser à travers cette économie
des peines, les évolutions de la pratique du pouvoir. Il constate que dans la 2 e moitié du 18e siècle, on
voit décliner la pratique des supplices remplacé par l’enfermement. Pour lui, cette évolution reflète
une transformation des modes d’exercice du pouvoir.

Il va analyser les logiques derrière les peines et il trouve que les supplices pratiqués avant l’essor de
l’institution carcérale représentaient la vengeance du pouvoir royal. L’Humanisation des peines et la
généralisation de l’enfermement montre que l’objectif des peines change. Le but n’est plus de
venger une atteinte au pouvoir royal mais de réformer l’individu et de faire changer individuellement
et faire cesser le trouble à l’ordre public. D’après Foucault, on ne peut pas expliquer cette évolution
uniquement par la progression des idées humanistes qui délégitimerait les modes de supplice.

On explique surtout par une transformation des modalités d’exercice du pouvoir et par la mise en place
de nouvelles techniques de contrôle de la population. (Institutions disciplinaires). Ainsi, plutôt que de
tout contrôler par des punitions violentes et d’assimiler l’atteinte à la loi comme direct au souverain,
on cherche à normaliser l’individu et à le discipliner par le biais d’institutions dont la prison fait partie.

On passe d’une économie des peines (où il y’a des châtiments physiques) à une économie des
peines où on cherche à restaurer l’ordre public et à normaliser l’individu. Cela répond à des
transformations, la bourgeoisie prend de l’importance et le rapport à la propriété évolue et
s’accompagne de nouvelles inquiétudes par rapport à une criminalité qui vise davantage les biens que
les personnes. Un quadrillage juridique plus fin est mis en place afin de pouvoir punir l’ensemble de
ces délits et de les classifier et les réformateurs. Principalement des magistrats veulent créer une
nouvelle économie des châtiments (transformer le système punitif).

Cette transformation est moins liée à l’humanisme que des objectifs politiques qui visent à fabriquer
des corps et des esprits dociles en imaginant des punitions qui contraindrait l’individu à se transformer
à se réformer. Ce type de pouvoir que Foucault appelle pouvoir disciplinaire qui se diffuse dans la
société.

Les moyens de pouvoir disciplinaire sont les mêmes, le contrôle permanent de l’emploi du temps des
individus, la répartition à des endroits déterminés, la mise en place de rituel et d’exercice précis. Le
pouvoir disciplinaire se caractérise aussi par la présence d’une hiérarchie et par une surveillance
constante des mécanismes de sanction et de gratification.

L’I disciplinaire est un système bureaucratique qui par une discipline permanente qui oblige les
individus à se conformer aux modèles qui leur est imposé. Foucault montre comment cette hiérarchie
s’incarne.

La prison est une forme de pouvoir disciplinaire en ce qu’elle possède ses objectifs de contrôle et de
ressocialisation. Foucault fait la liste dont la prison façonne l’individu.

- Par l’isolement qui est un système pensé pour permettre le contrôle et le redressement de
l’individu incarcéré.

- Le travail obligatoire qui a été mis en place. Devait transformer l’individu met aussi de
l’utiliser en tant que force productive : on obtient la soumission de l’individu.

- La modulation de la peine permet d’aménager celle-ci en fonction de la conduite de l’individu


et de sa conformité aux normes. Enfin comme les autres institutions disciplinaires la prison est
un lieu d’observation de l’individu où sont produits des savoirs. (travaux de criminologie).

Ainsi défini, F montre que la prison correspond à une normalisation de la société en proposant une
rééducation. Il pose un paradoxe : la prison échoue à réduire les crimes mais le système
pénitentiaire se maintien.

La prison échoue à réduire les crimes :

F dit que la prison ne réduit pas le taux de criminalité mais fabriquent des délinquants par le type
d’existence qu’elle fait mener. L’isolement, le travail inutile, l’appauvrissement des familles. Elle en
créé par l’exercice de l’arbitraire en son sein. D’après F, l’enfermement créé un clan solidaire et
hiérarchisé d’autant plus que les conditions faites aux libérés sont des obstacles à leurs réinsertions.
On assiste à la reconduction des techniques pénitentiaires. F l’explique en disant que la prison
n’échoue pas en réalité, elle remplit sa fonction que le pouvoir attend d’elle. Dans son analyse, la
fonction de la prison n’est pas de réprimer tous les types de délinquance mais de les hiérarchiser, et
les répertorier. La prison sélectionne les illégalismes qu’elle souhaite contrôler. La notion
d’illégalisme recouvre l’ensemble des pratiques qui soient transgresse délibérément soit
contourne ou même détourne la loi.

C’est le résultat de la manière dont s’établisse des complicités pour passer outre une certaine légalité.
Il écrit ainsi « si l’opposition juridique passe bien entre l’illégalité et la pratique illégale,
l’illégalité passe entre l’illégalisme et la délinquance ». Les illégalisme varient selon les
appartenances sociales de leurs auteurs et font par ailleurs l’objet d’un traitement pénal différentiel.
Certains sont sélectionnés pour être punis, d’autres bénéficient d’espace d’impunité. Il analyse les
réformes de l’appareil J tout au long du XIX.

Sous l’ancien R chaque couche sociale bénéficiaient d’une marche d’impunité qui pouvaient prendre
deux formes. L’existence de privilège accordée à certains groupes, qui résultait d’un problème de loi,
soit d’une volonté de préserver l’ordre social.

L’illégalisme populaire des paysans visant à éviter l’impôt était par exemple toléré par la bourgeoisie
qui visait à échapper aux règles fiscales (droit de propriété). L’économie des pénalités c’est alors
restructurer autour de l’opposition entre les illégalismes de biens qui entraine des châtiments
par les tribunaux et des illégalismes de droit qui relèvent de juridiction spéciale.
On a donc une gestion différentielle des illégalismes et un traitement différentiel de ces illégalismes.
L’objectif de la prison pour F est de surveiller les populations qui se livrent à ces pratiques illégalistes,
le pouvoir tire des avantages à mettre en place cet encadrement de la délinquance.

Cela ouvre une possibilité de contrôler les délinquants en les isolants. Cela ouvre la possibilité
d’aiguiller cette délinquance repliée vers les formes d’illégalismes les moins dangereuses. (encadrer
l’existence des détenus permet de se rabattre sur une criminalité organisée moindre). Cet illégalisme
encadré et désarmé est utile. On peut l’utiliser comme obstacle à la multiplication des pratiques
illégalistes les plus violentes mais aussi comme agent pour l’illégalisme d’autres groupes sociaux.
Ainsi dans l’analyse de Foucault, la délinquance en tant qu’illégalisme maitrisé est un agent pour
l’illégalisme pour groupe dominant.

- Mise en place de réseaux de prostitution aux XIXe. (contrôle de police et de santé).


L’existence même des pratiques de contrôle crée des aubaines pour des intermédiaires qui
s’enrichissent par des pratiques de corruption de soudoiement, etc…

- La prohibition : interdiction de la consommation d’alcool. L’existence d’un interdit légal. Créé


autour de lui une pratique illégaliste contrôlée par des intermédiaires.

Cela sert de justification à un contrôle généralisé qui s’étend à tout le champ social. L’analyse de F
s’inscrit dans les théories critiques. Il voit dans la justice un instrument pour le contrôle différentiel
des illégalismes. Toute la gestion des illégalismes par l’intermédiaire de la pénalité fait partie de ces
mécanismes de domination ; c’est à replacer dans une stratégie globale des illégalismes.

On a donc un circuit ininterrompu où la surveillance policière fournie à la prison, les infracteurs que
celle-ci transforme en délinquant. Le but est de limiter l’illégalisme. Bcp d’analyses se fondent sur
Foucault. Une critique : s’il donne une bonne analyse de certains effets de la prison, on peut critiquer
le fait d’insérer cela dans une analyse fonctionnaliste. Ces travaux ont eu de nombreuses suites avec la
notion d’illégalisme. (Laurent Muchielli). On assiste à la dépénalisation de certaines infractions et à
l’absence de poursuites effectives, à l’inverse on assisterait à un resserrement du contrôle sur les
classes populaires à travers le resserrement des dispositifs policiers.

1C4 : Les courants critiques anglosaxons :

Le mouvement « law and society » est un mouvement nord américain crée dans les années 60. C’est
un mouvement créé par des juristes et sociologues qui s’intéressent aux rôles du droit et de la justice.

Scheingold décrit son programme de recherches dans un ouvrage qui s’appelle « politics of rights »
(il réfléchit sur le légalisme des citoyens nord américains au droit). Selon lui, il existe un mythe des
droits c'est-à-dire une croyance dans le légalisme qui est trompeur dans la mesure où l’existence d’un
droit effectif mais qui possède un potentiel mobilisateur. En façonnant des attentes et des
représentations, le mythe des droits encourage les individus à s’engager dans les actions collectives et
à mobiliser les règles juridiques.

Il s’intéresse alors aux succès et aux échecs de ces mobilisations. Le terme de l’accès aux droits
devient ainsi une préoccupation majeure pour les membres de « law and society » sur les conditions
d’accès aux tribunaux en prenant en compte toutes les étapes que doit franchir un conflit.

Le constat soulevé et la problématique que se pose les auteurs est celles des inégalités sociales d’accès
aux droits qui expliquent le fossé entre le droit des livres et le droit en action. Ce mouvement
s’intéresse aux acteurs et aux inégalités.
Un autre courant qui s’est développé au sein du premier :

Les études critiques du droit. C’est un courant inspiré par les travaux de Marx ou Foucault. Le
développement des études critiques fait suite à un mouvement des étudiants en droit suite à une
circonscription contre la guerre du Vietnam. Le but est de remettre en cause le formalisme juridique. Il
souhaite mettre en place une conception alternative du droit. Au départ, le courant critique n’est pas
uniforme. Plutôt une école de pensée plurielle qui regroupe des posts marxistes.

Ce qui unit les tenants de mouvement est la pensée politique. Pour tout ces auteurs, le droit est une
idéologie qui affecte la réalité sociale non par la force mais en posant des idées ou des représentations
du monde. Les travaux du courant critique s’attache à mettre à jour les différentes formes de
discrimination face aux droits et à la justice en regardant les justiciables selon la classe sociale, le
genre ou encore en s’intéressant par exemple aux différents procès des discriminations.

Il met en évidence une lecture libérale et le droit en pratique où sont consacrées des inégalités souvent
du fait du fonctionnement du système. Un des auteurs du mouvement, Klare étudie la relation entre
l’apparition du mouvement ouvrier aux EU et l’idéologie sous jacente au corpus du droit du
travail auquel ce mouvement à donné naissance.

Il affirme que le mouvement ouvrier est un mouvement radical qui souhaite installer la démocratie sur
le lieu du travail soit la volonté des travailleurs à participer.

Klare étudie des décisions de la Cour suprême et démontre que les tribunaux qui ont joué un rôle
important dans le droit du travail. Ils ont joué de sape idéologique à l’encontre des aspirations
radicales du mouvement ouvrier. Le fait de recourir à la justice permet d’avoir des effets ambigus. Les
travailleurs font avancer certaines de leurs revendications. Certains de leurs buts ont disparu lors du
traitement des affaires judiciaires. Notamment la remise en cause des structures de pouvoir parce que
les juristes redéfinissent la signification des droits en termes de négociation collective ou en termes de
partenariat. On a une série de travaux qui s’intéresse aux traitements judiciaires.

Le type de résolution des conflits utilisé dans des situations de rapports de pouvoirs inégaux conduirait
à léser la partie qui est le moins à même de mobiliser des ressources juridiques. En outre, ces justices
informelles participent à un contrôle social accru. La médiation, tout comme la justice de proximité
manifesterait une volonté d’exercer un pouvoir disciplinaire auprès des classes dangereuses.

On en a un homologue en FR à la suite de Mai 68 qui s’inscrit dans la même logique mais en restant
plus marginal dans l’université et sans avoir l’éco politique de son homologue américain. Il réunit des
juristes et des politologues FR qui veulent définir un nv projet scientifique et pédagogique en rupture
avec les enseignements en cours dans les facultés de droit.

Chez les professionnels du droit, des mouvements se créent également pour réformer les professions
juridiques et pour faire du droit un outil de transformation social.

Ces mouvements s’intéressent particulièrement au droit qui forme et aux pratiques et invitent à
considérer comment le droit est mobilisé stratégiquement dans des contextes donnés et de voir
comment ces acteurs et ces contextes, ce que sera le droit.

1D : Le droit en pratiques :

Il cherche à comprendre le droit tel qu’il s’applique en pratique. On distingue au moins deux écoles:

- Ecole du pluralisme juridique : Celle qui met en évidence l’existence d’un droit au-delà
des règles formelles. Une distinction entre le droit des juristes et le droit de la société.
- Autre approche qui se focalise sur la pratique des normes sociales et qui considèrent les
normes J comme des contraintes et des ressources qui ne valent que par leur éventuelle
mobilisation.

1D1 : L’école du pluralisme juridique :

C’est une forme d’anachronisme (qualification moderne, d’un courant de pensée qui prend naissance
dans la sociologie du droit). On trouve des juristes et des sociologues qui ont travaillé sur les
différentes formes de normes.

- Ehrlich et le mouvement du droit vivant :

C’est un juriste qui est considéré comme un fondateur de la sociologie du droit et qui a fondé l’école
du droit vivant. Ce qui caractérise son approche est son école, il ne se limite pas à une définition du
droit formel ou étatique. Pour lui, les règles de droit mises en place par l’Etat permettent de régler
certains litiges en justice et d’arbitrer entre des parties qui seraient en désaccord mais ce droit étatique
ne représente qu’une franche superficielle du droit.

En effet, pour lui, l’Etat n’est que très marginalement créé par l’Etat, il y’aurait une vie juridique au
fond des sociétés, les différents groupements humains tel que les groupes professionnels et les
différentes institutions seraient autant d’espaces sociaux dotés de normativité propre et générant des
règles de conduite spécifique pour leurs membres. Ces règles entrent en concurrence parfois avec le
droit légiféré voire si substitue. Autrement dit, il pense que la société est porteuse d’une vie juridique
élaborée sous la forme d’un véritable droit de la société. Ce droit serait en décalage avec le droit
d’Etat. Il est important que les praticiens du droit n’ignorent pas ce fait et il ne leur revient pas
seulement de dire le droit mais également de le découvrir mais aussi de mettre en adéquation par leurs
pratiques professionnelles le droit positif et sociétal.

Il a une conception d’un juge autonome dans le sens où il doit tenir compte de la législation écrite
mais son objectif est d’appliquer à des cas concrets en l’adaptant et en le faisant évoluer. Le juge doit
avoir une autonomie par rapport à la qualification des faits par lequel le juge transforme des droits du
quotidien et leur applique les conditions prévues par la loi. Ces travaux consistent à s’intéresser à la
vie quotidienne dans des villages et de constater que les habitants obéissent à des règles de droit
totalement différentes des règles légales mais qui existent bel et bien car appliquées par tous. Ces
règles qui sont acceptées et pratiquées par les intéressés ont une objectivité que n’ont pas les règles
légiférées. Il reconstitue le droit coutumier en l’opposant au droit étatique.

Il juge le droit de l’Etat comme perturbateur, d’où ce pouvoir des juges de découvrir ce droit vivant et
de l’appliquer. Ce qui caractérise cette approche est de ne pas s’en tenir au droit formel et d’en déduire
le rôle du juge dans ce droit.

b. Gurvitch et le droit dans la société :

Va dans le sens des travaux d’Ehrlich où selon lui, le droit de l’Etat n’est qu’une source parmi d’autres
de normativité et n’en est pas même la source la plus importante. Il développe à partir de là, l’idée de
droit social.

Il distingue plusieurs formes de droit plus ou moins structuré :

- d’abord un droit produit par les masses, par les foules, par les groupes sociaux qui serait un
droit peu structurant et orienté par l’expression d’intérêt.
- Le droit produit par des communautés (cité ouvrière) qui serait un droit plus stable organisé
selon de véritable ordre juridique (par ex : des conventions collectives ou des ententes
industrielles).

- Le droit produit dans des communions (communautés religieuses et partis politiques).

Outre ces grands espaces, il va lister 27 droits, il fait une typologie. A partir de là, il considère que le
rôle de la sociologie du droit c’est d’identifier ces formes de droit non étatiques et de découvrir le droit
existant partout dans la société en partant des conduites collectives, l’objectif étant de faire advenir ce
droit social qui serait un droit issu de la société elle-même et d’après Gurvitch plus démocratique que
le droit institué par l’Etat.

- Les théoriciens du pluralisme alternatif :

Les théoriciens du pluralisme alternatif se sont des versions modernisés des travaux d’E et de G et de
leurs approches.

On en trouve un versant anglo-saxon qui s’intéresse aux droits produits hors des tribunaux et à la
régulation des conflits or de ces institutions étatiques. On a un ensemble de professeur de droit qui,
met en avant l’existence d’autres normativités. Ils étudient les expressions de justice populaire qui ont
eu lieu dans l’histoire où les justices informelles (non étatiques) avec le souci d’explorer les modes de
résolution des conflits à l’intérieur du droit de l’Etat.

Par exemple : Bellet qui s’intéresse au contrat entre entreprises fournisseurs et distributeurs, pour lui,
il existe différentes formes de contrats associés à différentes formes de normativité. Une qui est bien
étatique, l’autre technique. Et enfin, une normativité sociale dans le sens où si les parties respectent le
contrat c’est en référence à une obligation légale mais aussi à un engagement moral entre les parties.

Pour comprendre comment se fait l’agencement de la normativité sur le plan local et comment les
parties règlent les litiges et établissent leurs obligations, il faut sortir d’une obligation juridique et
s’intéresser aux aspects sociologiques qui viennent mettre en lumière ces différents types de
normativité d’action.

On a ce versant anglo-saxon et on a aussi en FR, le développement d’un courant qui a pour souci de
mettre en valeur des pratiques sociales supposées concurrentes aux droits de l’Etat et de montrer qu’il
existe des ordres juridiques autonomes qui ne serait pas moins valide que l’ordre étatique.

Ici encore, les décalages entre les pratiques et le droit étatique ne sont pas considérés comme des
signes d’ineffectivité du droit mais comme des signes de conformité à d’autres signes juridiques qu’il
faut promouvoir. Dans ce courant on trouve des auteurs comme Arnaud (Historien du droit et
sociologue, théoricien du pluralisme alternatif) et qui a créé avec Comailles (sociologue) le réseau
droit et société qui s’intéresse à la diversité des formes de régulation.

Ils se sont intéressés au règlement des conflits et au développement de la médiation en se demandant si


elle peut ou non être vu comme le moyen de développer un droit enraciné dans la société elle-même. Il
y’a une perspective sous jacente c’est l’idée de développer une justice immédiatement compréhensible
par ceux auxquels elle s’adresse et faite parfois par un tiers censé porter des aspirations du groupe. Ce
courant a eu une certaine audience dans le sens où ces réflexions ont pu rencontrer la volonté du L de
réduire la massification du contentieux des tribunaux. Tous les auteurs n’avaient pas une perspective
normative. Ils ont pu rencontrer un certain écho face aux débats politiques.

1D2 : Le droit comme un principe d’action parmi d’autres


Remise en cause du droit étatique. On peut s’interroger dont la façon le droit se décline et agit sur les
contraintes sociales. Il faut s’écarter des analyses juridiques qui pensent les effets du droit en termes
d’efficacité et d’effectivité. Ces analyses se demandent si le droit a été appliqué ou non, s’il a touché
son objectif ou pas. S’il ne s’applique pas, cela proviendrait d’un défaut de lui-même. Cette approche
peut être réductrice dans le sens où le texte juridique n’a pas d’emblée un sens donné, il fait l’objet
d’interprétation multiple, par ailleurs. Même lorsqu’il n’est pas appliqué le droit à des effets car il est
porteur de représentations. La vision du droit comme impératif suppose que les individus sont dans
une alternative assez binaire (soit obéit soit désobéissent).

Max Weber et le droit comme ressource :

Or, la maxime « Nul n’est censé ignorer la loi » est un idéal mais dans les faits aucun individu ne
connait l’ensemble des règles qui régissent une situation ni l’interprétation possible de ces règles.
Penser que les individus font que d’obéir ou non, ne permet pas de comprendre comment des individus
ou des groupes se saisissent du droit pour le modifier. Pour sortir de cette vision du droit, les
sociologues se sont basés sur une idée énoncée par Weber dans son ouvrage économie et société. Ce
qui détermine la validité d’une prescription, c’est le fait que certaines activités soient orientées en
fonction d’elle. L’étude du droit comme pratique sociale part donc de la sociologie compréhensive de
Weber et de l’idée que le droit est à la fois contrainte et ressources.

Weber pose l’idée qu’une règle soit reconnue comme valide ou comme légitime ne vient pas du fait
qu’elle est respectée et obéit mais du fait qu’elle va orienter les conduites et donc engendrer une
multitude d’effets différents. A partir du moment où on considère que le droit ne contraint pas et ne
détermine pas les conduites mais les oriente, on se demande comment ?

La démarche de Weber correspond à sa démarche sociologique générale à savoir comprendre le sens


des individus qu’ils donnent à leurs actions. Pour l’analyse sociologie, il faut se demander à quoi
correspond le droit pour les acteurs sociaux et comment s’en servent-ils ?

Pour W, cette étude du sens que prennent les règles de droit dans les activités sociales, le droit est un
élément essentiel des sociétés modernes. L’objectif de Weber était d’essayer de donner un cadre
d’analyser général pour comprendre comment ce droit qui n’est pas impératif parvient néanmoins à
prévoir des régularités dans les conduites sociales.

Pour comprendre comment on peut analyser une situation où le droit intervient pour réguler une
activité sociale ?

W utilise la métaphore du jeu. Plus précisément du « jeu de carte ». Il développe sa pensée en disant
qu’un jeu est constitué d’un ensemble de règles qui fournissent un cadre général pour les joueurs
qui vont orienter le jeu en fonction de ce qu’il permet de faire.

- L’ensemble des règles constituent un système de potentialités à partir duquel ces derniers
organisent ces actions.

- La mobilisation des règles dépend de ce que les règles induisent comme contraintes pour
l’action. La mobilisation des règles dépend aussi de la plus ou moins bonne connaissance
qu’en on les joueurs.

- La mobilisation des règles par un joueur dépend aussi de la façon dont les autres joueurs vont
les utiliser. Le jeu évolue en fonction des interactions entre les joueurs. Cela exige des
facultés d’anticipation et des compétences qui ne sont pas uniquement liée à des compétences
strictes. Les compétences juridiques doivent être liées à d’autres types de savoir comme la
connaissance de l’adversaire de sa façon de jouer et sur les alliés sur lesquels on peut compter.
Ces différents points montrent que la réaction des joueurs n’est pas spontanée ou automatique.
(rapports de force).

Par ailleurs selon les objectifs que les joueurs veulent atteindre, ils peuvent jouer avec les règles. En
privilégier une au dépend d’une autre, les contourner, les utiliser en fonction d’où elles font avancer
leurs intérêts. Ils peuvent aussi s’opposer à l’interprétation d’une règle. Ils peuvent aussi proposer de
nouvelles règles. Le droit n’est qu’un référent de l’action parmi d’autres. La métaphore du jeu permet
de mettre en évidence 3 éléments.

- Le droit est un ensemble de contraintes à travers les dispositifs juridiques qu’il créé, il donne
un cadre à l’action.

- Le droit ne peut pas être réduit à un simple système de contrainte car les acteurs sociaux
s’approprient les règles, ils en jouent, et ils participent à leur élaboration.

- La capacité n’est pas équivalente pour tous. (approches).

A la limite, dans le cas où personne ne suit la règle on oriente le jeu dans le cadre de nouvelles règles.
Une telle approche ne vient pas à nier la place de la norme juridique. L’idée c’est de rappeler que le
rôle de la règle peut être différent de celui que l’on pourrait attendre avec l’idée d’étudier les
mobilisations du droit en s’intéressant aux intérêts en cause et aux motivations des acteurs.

Howard Becker et la mobilisation du droit :

On retrouve cela dans la sociologie interactionniste notamment chez Howard Becker : il travaille sur
la déviance et qui s’intéresse notamment à la consommation de stupéfiants et qui essaie de l’étudier
comme un phénomène social plutôt que de voir l’écart à la norme. Pour lui, la déviance doit être
défini comme un système d’interaction entre les personnes qui transgressent la norme et ceux qui
réagissent à cette transgression. L’idée c’est de définir la déviance comme un phénomène social «
l’étiquetage » en prenant en compte la désignation de l’individu déviant. Ainsi les délinquants doivent
autant leurs étiquetages à leurs actes propres qu’aux institutions de la délinquance.

Ce n’est pas la même chose que Foucault par contre la perspective interactionniste suppose de
rapporter les personnes jugées qui conduit au jugement. L’idée est de dire que la règle n’est efficiente
qu’à partir du moment où quelqu’un la mobilise qu’il s’agisse des policiers, des juges ou même de
groupes sociaux que Becker appelle « entrepreneur de normes ».

Si on part du principe qu’il y’a des écarts, la façon de l’expliquer dans cette perspective là est de
s’intéresser aux acteurs, il faut s’intéresser à l’activité des délinquants, des magistrats, des avocats. Ce
classement se fait par l’ensemble des agents qui y participent. Monjardet met en évidence le pouvoir
de décision et la marge d’interprétation dont les policiers disposent dans le cadre de leurs travails et
dans l’application du droit.

Ils développent le concept d’inversion hiérarchique. Pour lui, la marge de manœuvre des agents est
inversement proportionnelle car les décisions émanent des exécutants. Il existerait une inversion
hiérarchique, les lois sont nombreuses et les ressources limitées et donc quelque soit le niveau de
décision, le choix de priorité est inévitable. Aucune norme juridique n’est formatée de manière à
s’ajuster aux situations concrètes d’où ce rôle plus important des exécutants, ce phénomène explique
les écarts entre les lois votées et leurs explications.

L’article de Rondeau Rivier qui dresse une carte géographique des séparations conjugales. Le point de
départ est la réforme de 1975. Cette réforme du divorce donne aux époux, la possibilité de choisir le
mode de divorce qu’il considère le mieux adapté à cette situation.
Elle voulait savoir comment cette réforme était appliquée et ce qu’elle avait sur les incidences. Par la
répartition des cas géographiques des divorces. Ce qui ressort ce sont les disparités variables d’une
juridiction à l’autre et les distorsions constatées montrent que les époux ont une maitrise limitée
sur les modalités de leurs séparations et sur une instance qui est gérée par les praticiens du droit
comme un contentieux de masse : l’explication de la carte des divorces relèveraient en fait d’une
sociologie des barreaux des tribunaux qu’une sociologie de la famille. Ce qu’on voit à travers les
pratiques judiciaires, ce sont des choix liés aux modes d’organisation qu’une différence significative
entre des représentations sur la réforme ou des pratiques conjugales qui différent en fonction du
territoire ou du lieu d’habitation.

Ob observe donc qu’il faut mettre à jour les effets d’acteurs, les effets organisationnels.

On a distingué plusieurs grands paradigmes en sociologie du droit pour partie opposée mais aussi
complémentaire. Il s’agit plutôt d’idéaux types. Ces paradigmes adoptent différentes approches par
rapport à l’objet étudié, ils mettent en évidence des inégalités dans le droit et son application. L’étude
des phénomènes juridiques permet d’avoir d’autres connaissances. Cela permet de réfléchir à des
grandes tendances que l’on observerait sur la place du droit dans les sociétés.

2. Sociologie du droit et de la justice et transformations de la place du droit dans les


démocraties.

Elle s’attache à comprendre un certain nombre de phénomènes et notamment la façon dont le droit est
appliqué ainsi que la place de l’institution judiciaire dans le règlement des conflits.

Dans la littérature, se dessine une double tendance qui peut apparaitre contradictoire, d’un coté, un
phénomène de judiciarisation du contentieux et de l’autre, un phénomène de déformalisation, le
développement de formes juridictionnelles de résolution de ces contentieux.

2a) La tendance à la judiciarisation.

Judiciarisation : propension à privilégier le recours aux tribunaux pour trancher des litiges qui
pourraient être réglés par d’autres voies (médiation, accord amiable). Intervention croissante des
juges dans le contrôle de la régularité des actes.

Renvoie à l’idée que depuis une 20aine d’années, la demande sociale pousse les juges à agir dans des
domaines où ils n’agissaient pas. Ces domaines pouvaient leur échapper (criminalité en col blanc),
cela concerne aussi des délits et des crimes dans le cadre pro et familial (violence conjugale).

Il faut le distingue de 2 autres phénomènes. On a ce phénomène de pénalisation et de juridicisation.

La juridicisation : gestion judiciaire basée sur le droit, la légalité et l’administration, exercée par un
pouvoir politique.

Les rapports H sont réglés par le droit plutôt que par la lutte ou des conventions informelles comme la
courtoisie, etc. On peut la définir comme l’instauration de règles juridiques destinées à réguler cette
occupation ou cette activité.

Par exemple, on peut considérer que la relation entre parents et enfants se sont juridicisés à partir du
moment où les mineurs ont des droits définis juridiquement et dont le respect peut être imposé par une
instance judiciaire. La notion de juridicisation fait suite à un accroissement des règles juridiques avec
pour conséquence la marge d’autonomie accordée aux acteurs. Cela constitue un aspect majeur de la
dynamique de l’Etat.
Pour d’autres auteurs : comme Crozier : la complexification des sociétés modernes entraine une
demande croissante de régulation juridique pour réguler les relations d’interdépendance pour réguler
des domaines d’activité. La juridicisation d’une norme sociale a pour effet de renforcer sa légitimité.

La judiciarisation :

Renvoie aux tribunaux et aux procès pour réguler des conflits sociaux et jouer un rôle politique. Cela à
un rôle important les droits anti discriminatoire et le droit des consommateurs dans la déclaration US.
Stephen Meli : porte sur la défense des intérêts des consommateurs. Ils ont montré qu’un mouvement
associatif et social s’est constitué autour de consommateurs et de syndicats par un travail de terrain.
Ces acteurs ont voulu attirer l’intention des politiques mais aussi des juristes qui participent à
l’émergence du droit de la consommation.

Ralph Nader : ils tentent dans un premier temps de participer à l’élaboration des lois par des pratiques
de lobbying qui peut toutefois de son efficacité dans les années 80 avec les dérégulations des marchés.
En outre, les programmes de service juridique pour faire appliquer le droit voient leurs ressources
diminuées, ce qui les pousse à se tourner vers les tribunaux pour gagner une capacité d’action.

La judiciarisation dépend des tactiques employées par les juristes employées aux différents stades des
revendications.

La pénalisation : renvoie aux recherches de responsabilité et aux développements de mécanismes


d’indemnisation des victimes dans des cas aussi divers que les accidents industriels. Les catastrophes
naturelles ou d’autres phénomènes ou on cherche à établir des responsabilités.

Différentes causes sont expliquées pour expliquer ces phénomènes :

- Evolution de la démocratie

- Développement d’un individualisme

- La contractualisation des rapports sociaux

- Des dynamiques propres de l’institution judiciaire

Ces phénomènes doivent être mesurés et interrogés plutôt qu’être tenus pour acquis : plutôt que de
poser d’emblée la judiciarisation comme une réalité, il faut examiner chaque secteur, chaque objet
pour en étudier les mécanismes qui peuvent en être très variable.

Ex : La place du recours dans la justice administrative ( Saada) : le constat de départ est celui d’un
hausse du contentieux porté devant le CE.

En 70, 20000 affaire, 160000 en 2004. 170000 en 2007. Une demande sociale d’intervention de la
justice administrative ; néanmoins si on regarde on constate que cette augmentation n’est ni linéaire ni
univoque. Le contentieux croit dans certains domaines. Par exemple, le droit des étrangers, il décline
dans d’autres, en fiscal, il fluctue pour les aides aux logements.

Les auteurs montrent que la hausse, la baisse, est liée aux choix des agents qui tend à aiguiller certains
conflits vers les tribunaux, ce sont les administrations elle-même qui sont à l’origine du contentieux.
C’est le cas dans le domaine du droit des étrangers. L’administration aiguille des litiges vers les
tribunaux en choisissant qui relève vers les tribunaux. A l’inverse, l’administration fiscale enraie la
formation de litiges en privilégiant la négociation de transaction.

En ce sens le recours à la justice est conditionné par le choix des administrateurs dans le choix des
différents.
Ex : Le traitement pénal des affaires de viol : augmentation du contentieux : mais ces contours doivent
être précisés. A partir de la moitié de 1980 jusque dans les années 90, les plaintes se multiplient, et les
condamnations sont x3 au assisse. Cela étant les enquêtes de victimisation indiquent que l’immense
majorité des faits rapportés en matière de viols et d’agression sexuelle ne fait ni l’objet d’une
plainte, ni d’un signalement, ce qui relativise sur les enquêtes de victimisation.

- D’après une enquête de Leguaziau : ce sont les PCS les plus élevées qui déclarent le moins
les faits : et qui recourt le moins aux juridictions.

Sur l’ensemble des viols, seuls 17% sont signalés aux services sociaux ; ces services contrôlent de
manière plus serrée les familles populaires. Les AS encouragent à aller dénoncer à la police. On a des
classes dominantes qui sont classés juridiquement dans des domaines comme les séparations
conjugales.

- D’autres part, le milieu social des auteurs des délits à une influence dans leurs parcours
judiciaire. La possibilité permet d’avoir une bonne défense devient alors minimes.

Pour appréhender les phénomènes de judiciarisation il faut documenter les processus sociaux dans le
contentieux, les mobilisations des individus, la mobilisation des groupes sociaux, le rôle des
intermédiaires, etc…

Il faut restituer le recours au tribunal dans l’ensemble des stratégies et des actions possibles et dans des
contextes donnés.

Par ailleurs : il faut aussi étudier les liens entre juridicisation et judiciarisation ; le recours aux
tribunaux peut être considéré comme un sous produit d’une extension des normes juridiques. Les
droits individuels, donnent des opportunités de saisir les tribunaux mais ces 2 phénomènes ne vont pas
systématiquement de pair.

Pelisse : « Usages et réappropriation du droit en droit du travail » : les relations pro sont de plus en
plus juridicisés. Elles le sont sur le plan individuel et sur le plan collectif à travers les accords de
branche ou d’entreprise.

En revanche, cette juridicisation n’implique pas une augmentation du contentieux, au contraire,


Pelisse observe que le nb de recours devant le CPH avait chuté de plus de 10% sur la période 93-2003.
Plusieurs variables peuvent poser sur la possibilité de recours :

- La taille

- Le poids de la présence syndicale

Quand on observe ces phénomènes, il faut à chaque fois interroger le lien qu’ils entretiennent l’un
avec l’autre. Concernant cette diffusion du droit dans cette organisation, Pelisse reprend également
des notions développées par une politiste US :

Lauren Edelman : Managérialisation du droit et endogénisation du droit.

Elle s’intéresse à l’application du droit antidiscriminatoire US dans les entreprises. Notamment à


l’émergence de diversité. L’apparition de politique de la diversité traduit la requalification du politique
anti discriminatoire portant les marques en termes d’égalité juridique pour les chances dans les termes
de la performance économique.

L’idée c’est que des normes des politiques publiques dès lors qu’elles sont appliquées à une
organisation, elles sont requalifiées, transformées pour s’adapter à ces organisations. On voit émerger
un groupe de conseillers en management qui vont porter des discours selon lesquels ne pas
discriminer permettrait d’augmenter les performances économiques des entreprises.

Cette transformation des normes juridiques par rapport à la théorique managériale : c’est l’adaptation
et la réinterprétation de la règle de droit pour les adapter aux logiques gestionnaires des
organisations, ce qui est observable aux US l’est aussi en FR. Notamment par Pelisse (lois sur ls 35h
avec l’usage de normes publiques des organisations).

L’organisation met en place ces propres mécanismes de régulation, ces propres modes de gestions
de conflits internes ce qui fait que les conflits sont traités au sein de l’organisation. Face à cela, les
institutions doivent changer leurs pratiques dans la gestion des contentieux pour résoudre les
problèmes du contentieux de masse ou d’engorgement des tribunaux ; d’où les phénomènes de
déjudiciarisation.

2b) La tendance à la déformalisation et à la déjudiciarisation.

La déformalisation est la tendance à gérer selon des modalités appropriées des situations dont on
voudrait qu’elles échappent à un traitement strictement juridique et qu’elles ressortent davantage
d’une modalité privée permettant d’assurer le respect de la volonté des parties en cause et de
restaurer la paix sociale.

On assisterait alors à l’émergence à coté des formes traditionnelles de justice qui repose sur l’édiction
d’une norme substantielle et sa mise en œuvre par des instances institutionnelles, de formes nouvelles
de gestion de conflit qui vise à confronter la vision en présence et à élaborer une solution avec le
concours des personnes concernées. (Médiation).

Le but est de faire face à un contentieux de masse en dirigeant les plaideurs dans des dispositifs de
gestion des conflits. La manifestation de cette tendance est le glissement d’une justice imposée à une
justice négociée qui se joint aux institutions judiciaires existantes et qui fait émerger de nouvelles
instances de gestion des conflits.

On assiste à plusieurs types d’évolution. On assisterait à une transformation du droit lui-même et à une
transformation de régulation politique avec un droit qui cesse de prescrire et des règles qui sont moins
faites pour être appliqué que pour permettre une négociation localisée. La négociation prend un rôle
majeur dans l’application du droit.

Le juge vise moins à dire le droit qu’à rechercher des accords qui tiennent compte de la situation des
parties et qui provoque la rupture des liens sociaux. Enfin, on constate le développement d’alternative
à la justice, le développement des pratiques de médiation. (animé par des professionnels du social). Le
traitement des litiges et des infractions s’impose par le biais d’une structure de dialogue permettant
l’expression des parties en présence et débouchant sur des négociations acceptables à travers des
concessions et des mesures de réparation.

L’idée est de créer un échange entre les particuliers pour transformer la situation qu’ils se font. Par ce
biais, on peut traiter de ces points mais il y’a des risques, les ressources des différentes parties peut
leur enlever la protection que leur accorde les garanties d’une procédure formelle. Encore plus si ces
parties sont orientées vers la médiation.

Cet ensemble conduit à rendre encore plus nécessaire, la compréhension des phénomènes juridiques.

Les différents paradigmes apportaient un éclairage sur la société. Le fil conducteur c’est d’interroger
le rôle du droit dans la reproduction de l’ordre social ou d’inégalité d’une part dans les transformations
sociales et politiques. Le droit est donc un outil de pouvoir. On le voit à la fois comme discours
légitime de la réalité sociale et comme ensemble de dispositif permettant d’appliquer des textes. Il peut
donc permettre de faire advenir une politique et de la légitimer. Il n’est pas un simple produit des
relations sociales. Il contribue aussi à produire ses relations. Le droit est constitué par des individus
qui ont leur raisonnement.

PARTIE II : Normes et entrepreneurs de normes : La dialectique norme juridiques – normes


sociales.

Plusieurs théories permettent d’expliquer la délinquance. On étudiera l’apport et leurs limites.

A. Normes juridiques et normes sociales.

Butterlin : « Le droit, la norme et le réel ». L’auteur part d’un constat que le droit n’est pas la seule
source de régulation sociale. Il existe de nombreux types de normes qui pèsent sur les individus ou qui
les oriente (sociales, religieuses), des normes orientent les conduites individuelles. Cela ne porterait
pas de conséquences, s’ils coexistaient.

De plus, comme on l’a vu l’invention de la norme n’est jamais dérégulée. De fait la condition de la
norme positive est sa conformité relative avec les normes sociales. Même dans le cadre de la
législation positive, on aurait une influence aux normes sociales, puisque la loi doit s’appuyer sur la
régularité des pratiques déjà présentes dans la société, cela nous renvoie aux travails des théoriciens du
pluralisme alternatif.

Dès lors, il faut prêter une attention particulière aux interactions entre les producteurs du droit et les
gouvernés. Certains groupes sociaux peuvent se mobiliser pour que des normes sociales soient
formalisées et acquiert une valeur juridique. Le droit leur apporte une détermination supplémentaire en
les rendant obligatoire et en les soumettant à tous les membres de la société. Elle implique une
possibilité de sanction du corps social vers un de ses membres.

Si des groupes sociaux peuvent être demandeur d’une formalisation de tels transferts n’aboutissent pas
forcément à des mobilisations de la justice ou du droit tel qu’il a été formalisé, (législation sur le
tapage nocturne cependant les stats montrent que ces infractions sont peu signalées et donnant lieu à
peu d’intervention). Il faut tenir compte de la marge d’application du juge comme des autres agents.

L’interprétation du droit pose la question de son adéquation avec les normes sociales des agents
auxquelles ils sont amenés à se rencontrer. Normes sociales et juridiques sont en interaction
continuelle à travers les mobilisations qui forme le droit, à travers les groupes sociaux et individus
qui cherchent à faire appliquer le droit et à travers les professionnels qui les appliquent aux
sociétés humaines.

La question de l’écart à la norme juridique et l’explication que l’on donne aux phénomènes de la
transgression.

B. Les théories de la transgression.

On s’intéresse à la transgression des normes. Les théories ont été produites par des sociologues qui
tendent d’identifier les conséquences sociales qui conduisent un individu à commettre un acte
transgressif. (délinquants).

Les sociologues distinguent la notion de déviance : la transgression d’une norme sociale et la


délinquance qui sont des infractions considérées par la loi pénale.

Faget : possible de distinguer 5 courants dominants pour rendre compte de la transgression.

- Le courant culturaliste.
- Le courant de la tension.

- Les théories du contrôle.

- Les théories de la réaction sociale.

- Les théories de la domination.

1. Le courant culturaliste.

Ce courant émerge aux états unis autour d’une question : comment comprendre le développement
de la violence dans les villes en expansion ?

A. L’école de Chicago et la désorganisation sociale :

On trouve un ensemble de travaux entre 1915 et 1940 par des étudiants, pour les tenants de cette
approche, un des concepts fondamentaux pour rendre compte de la délinquance en augmentation, c’est
la désorganisation sociale liée à l’industrialisation et à l’urbanisation.

Ainsi on a un ouvrage de Thomas et Zaniecki qui se base sur des analyses d’autobiographie
notamment de personnes qui sont passées d’un milieu rural à urbain pour comprendre comment ils
réagissent aux changements culturels. Selon eux, la principale cause de la délinquance est
l’affaiblissement du contrôle social comme il existait dans les petits villages sans que soit mis
d’autres formes de contrôle.

Ils s’intéressent à des populations rurales (immigration récente) arrivée de migrants polonais pour
comprendre les liens qui se tissent entre les populations urbaines.

Shaw et Mc Kay (1931) qui établissent des cartes qui mettent en relation la criminalité dans chaque
zone urbaine et la spécificité dans ces zones. Ils constatent la concentration géographique de la
criminalité organisée (gangs), une persistance de cette concentration sur le long terme en dépit des
changements de population. Une diminution du taux de criminalité de ces populations quand elles
déménagent.

La cause de la délinquance = caractéristiques des quartiers dans lesquels les gens vivent. Il y’aurait
des quartiers criminogènes. De fait, dans ces quartiers caractérisés par le statut éco de ces résidents et
par la forme des habitations = relâchement des contrôles sociaux et à un effondrement des piliers
sociaux comme l’école, la justice, la famille.

Les déterminismes sont mis en lumière par les S qui provoquent la carrière délinquante et y
maintienne l’individu. Les auteurs traitent aussi des politiques de réinsertion.

B. Les suites de l’école de Chicago et l’idée de sous culture délinquante :

Une des critiques faites et qu’il montrerait une « sous culture » délinquante du au fait de la
désorganisation sociale et la culture globale.

Théorie de l’association différentielle : Sutherland met en cause l’association statistique entre


délinquance et pauvreté car elle n’est fondée que sur la D enregistrée. Il s’intéresse à la D des cadres
« des cols blancs » pour montrer que la criminalité à lieu dans toutes les classes sociales.
(Invisibilité sociale et judicaire : Délinquance en col blanc 1949).
L’intégration des normes et un comportement appris, le comportement transgressif s’apprend au sein
de groupes sociaux restreints, l’apprentissage repose sur des mobiles des raisonnements des attitudes
et sur les techniques de commission de l’infraction.

D’après lui, on apprend la culture de son milieu environnant : si la culture environnante associe le
respect de la loi à des interprétations défavorables on devient délinquant. Ces associations entrent un
acte et des représentations sont différentielles dans le sens où elles peuvent varier en fréquence, en
durée et en intensité. Autrement dit, la socialisation au crime met en jeu tout autre apprentissage, ce
qui implique que les délinquants ne sont pas différents des autres individus, ils apprennent ce que leur
environnement leur enseigne et il répond aux mêmes logiques d’action que tout comportement.

Théorie d’Albert Cohen : Conflits de culture : La délinquance est le résultat de contradiction entre
des sous cultures qui se construisent au sein de groupes sociaux et de la culture scolaire. La
socialisation peut amener à l’acculturation dans les normes et valeurs initiales. La déviance vient de
difficulté à ajuster les rôles qu’apprend l’école et ceux que transmettent la famille. Les conflits de rôle
sont une première lecture qu’on peut faire de la transgression.

2. Le courant de la tension.

Au fondement : on trouve l’idée que la déviance n’est pas inscrite dans la nature humaine. L’individu à
plutôt tendance à respecter les normes et ne devient délinquant que parce qu’il est contraint par une
tension entre ses aspirations et l’impossibilité de les réaliser par les voies légitimes. La structure
sociale est un facteur important à prendre en compte de l’analyse de la transgression.

On a plusieurs auteurs et plusieurs perspectives :

Merton et sa théorie sur l’anomie : Il fait deux propositions :

- La délinquance est plus explicable par la structure sociale que par la pauvreté.

- On peut apporter un même modèle explicatif à la délinquance d’affaire qu’à celles des
plus pauvres.

Comment des structures sociales peuvent pousser les individus à adopter des comportements
déviants ?

La cause : Le décalage entre des objectifs, des intentions et des intérêts définis par la société comme
légitime et la capacité des individus d’y parvenir par des moyens légaux. (La réussite financière, la
délinquance s’explique par le fait que des inégalités économiques font que tous ne peuvent pas accéder
par des moyens légitimes à la richesse).

La solution à la D serait d’adapter la structure éco et sociale pour résoudre cette tension. Par
conséquent, les individus adoptent des stratégies dans les structures sociales.

Merton remarque 5 éléments pour les individus d’atteindre leurs buts :

- Le conformisme : assure la continuité de la structure sociale.

- L’innovation : usage de moyens interdits pour atteindre des objectifs (la richesse). De
cela dépend la délinquance en col blanc et la délinquance populaire.

- Le ritualisme : obéissance aux normes en abandonnant les aspirations. Face à l’inadéquation


des objectifs et les moyens de les atteindre, on les abandonne.
- L’évasion : mode d’adaptation consistant à l’exclusion de la société (vagabondage).

- La rébellion : les I exclus de la structure sociale se mobilisent pour en créer une nouvelle et
construire un projet de la société. Mobilisation des classes montantes.

La structure sociale provoque les comportements criminels. Cette théorie permet de comprendre la
criminalité économique mais moins la délinquance juvénile. Par ailleurs, la théorie présente le D
comme un acteur soumis aux structures sociales. Une approche remise en cause par la théorie
suivante : « Théorie du contrôle ».

D’abord on peut aborder la poursuite de la perspective de Merton dans la « Théorie des opportunités
différentielles ».

: Théorie des opportunités différentielles :

Cloward et Holin : ont articulé la théorie de la tension avec la question des opportunités
différentielles de passage à l’acte selon la place de chaque individu dans la structure sociale. Il
distingue 3 types de sous cultures délinquantes qui présentent des opportunités différentes :

- Sous culture criminelle : quartier organisé où de jeunes délinquants se socialiseraient au


contact de père plus âgé.

- Sous culture conflictuelle : dans les zones de désorganisation sociale qui présenterait moins
de réussite au succès même par des voies illégitimes. (actes de violences non codifiés
facilement poursuivables).

- Sous culture de l’évasion : lié au vagabondage et à la conso de stupéfiants.

Cette approche combine le courant culturaliste et la théorie de l’attention. Cela permet d’élaborer un
modèle multi factoriel (tension sociale, problème de socialisation, désorganisation combinée avec la
faiblesse des liens conventionnels du délinquant). Les structures sociales expliquent les transgressions.

3. Les théories du contrôle.

Les délinquants ne sont pas considérés comme dépassés par des contraintes telle que la structure
sociale mais comme des êtres rationnels qui développent des perspectives. La délinquance est une
activité pratique obéit au même règle de rationalité que les autres comportements sociaux, on aboutit si
on adopte ce PDV à des stratégies de prévention situationnelle qui vise à assurer par la dissuasion une
forme de contrôle sur des individus et des zones à risques.

3.a : Irchy est la théorie du lien social :

Dans le processus précédent, le crime était lié à un disfonctionnement social. Désormais c’est un
comportement rationnel. La vraie question est de se demander pourquoi tout le monde ne devient
pas délinquant ?

Sur la base d’une enquête juvénile, Irchy montre que la délinquance est le résultat d’un calcul et on
cherche les facteurs qui en augmentent les couts.

Il distingue 4 éléments des liens sociaux :

- Attachement.
- Engagement : sentiment d’être tenu par des engagements antérieurs.

- Implication.

- Croyance en la valeur des normes communes.

Ces liens sociaux conventionnels expliquent le conformisme permet de comprendre qu’il est plus
couteux d’enfreindre les règles. Le contrôle vient du haut. Il n’évalue pas les relations horizontales.

3.b Cusson :

Il développe une analyse qui montre que la délinquance est un comportement rationnel. Il s’agit du
résultat d’un calcul avec comme objectif l’appropriation du gain. L’acte déviant dépend d’une analyse
« coûts-bénéfices ».

Certains auteurs sont venus nuancer les couts et les profits, d’autres critiquent que l’approche est
beaucoup trop centré sur les acteurs individuels. Il est peu scientifique de savoir qui est le délinquant
sans analyser comment la société définit la déviance ou la délinquance.

4. Les théories de la réaction sociale.

La question est de savoir qui sont les délinquants et pourquoi certains types de comportements est pas
d’autres font l’objet d’une incrimination. Quels sont les effets de l’intervention institutionnelle sur le
plan collectif ?

Les auteurs vont mettre les statistiques pénales entre la criminalité réelle et la criminalité des chiffres.
Pour eux les statistiques ne sont pas une image de la délinquance mais une image de l’appareil
judiciaire. Ils s’intéressent d’une part au délinquant et d’autre part aux institutions judiciaires.

4.a. Les prédécesseurs :

Tannenbaum : il s’interroge sur le rôle de la communauté du groupe social d’appartenance dans le


déclenchement d’une carrière délinquante. Il met en évidence la stigmatisation progressive du jeune
délinquant. Il va montrer comment un ado et comment progressivement ces comportements
accumulés vont être qualifiés de conduite délinquante. L’intérêt de cette analyse pose les jalons
d’une étude sur la délinquance entre un individu et le groupe S auquel il appartient.

Lemert : montre l’importance du délinquant en parlant de la déviance primaire et de la déviance


secondaire.

La déviance primaire : est la conduite d’un individu dans un groupe restreint.

La déviance secondaire : entraine une réaction sociale plus large, diffuse puis institutionnalisé qui
transforme le comportement déviant en un fait central dans la trajectoire des personnes. L’individu est
pris dans une situation telle que cela va influencer son comportement. L’interaction provoque la
délinquance.

: Howard
et les processus d’étiquetage :
Becker

Il critique les criminologues et les sociologues qui voient dans la déviance une manifestation
pathologique ou le produit d’une désorganisation sociale. Selon lui, la déviance est plus une
qualification qui renvoie à une interaction sociale.

Pour lui le délinquant est une personne qui a transgressé une norme et qui a été étiqueté comme tel.
Sa définition permet de traiter toutes les situations d’interaction sociale et elle permet d’étudier à la
fois les actes qui relèvent de la délinquance. (fumeurs de marijuana), ils étudient également les
comportements atypiques des normes reconnues. (les musiciens de jazz).

Il qualifie « d’outsiders » l’individu qui déviant du PDV de la société et la personne qui redéfinit sa
personne en fonction de cette étiquette.

Les entrepreneurs de morale selon Becker sont ceux qui élaborent et qui font appliquer des normes.

5. Les théories de la domination.

Courant né dans les 70. Ces études partent des institutions judiciaires. Elles convoient la criminalité
comme le résultat du rapport de pouvoir et le crime par un rapport politique et économique.
(Foucault).

C. La construction sociale de la délinquance.

L’idée est de prolonger la théorie interactionniste. Toutes les infractions ne reçoivent pas le même
traitement. De même que les prévenus n’ont pas les mêmes directions face à l’institution judiciaire.

La perspective rompt avec la lecture marxiste de l’appareil judiciaire, ils font l’hypothèse que
l’inéquité est liée à son mode d’organisation.

Les délinquants doivent avoir leurs caractéristiques soit par la sélection qu’elles opèrent soit par le
traitement qu’elle dispense d’où la nécessité de ramener chaque jugé aux processus du jugement. On
s’intéresse d’abord aux traitements des délinquants et ensuite aux traitements juridictionnels des
délinquants.

1. La sélection des délinquants :

Becker : tout individu peut commettre des actes déviants cependant on devient déviant quand on est
désigné comme tel par autrui. On peut avancer deux types d’explication générale d’abord le rôle de la
socialisation différentielle ainsi, la plus ou moins grande adéquation aux normes dominantes favorise
ou non l’étiquetage.

- On observe que des comportements collectifs puissent faire l’objet d’un contrôle. Les
sphères sociales où s’exercent le contrôle provoque ou non l’étiquetage.

- Le rôle du contexte social : Becker soulignait l’importance des entrepreneurs de morale. Ceux
qui élaborent et font appliquer les normes et dont l’action peut aboutir à la pénalisation d’acte
pas forcément perçus comme délictueux par les auteurs.

L’étiquetage se fait de façon différencié.

2. Le traitement différentiel des délinquants.

Il s’explique par le processus de traitement de la délinquance. Le premier rôle intervient par la police
qui fait l’objet d’un traitement des infractions. La qualification des faits est une activité sociale.

Le traitement suppose l’interprétation de la trajectoire de l’infraction commis, la trajectoire sociale fait


l’objet d’interprétation sur la dangerosité de l’individu sur sa possibilité d’engager des poursuites.

Interprétation selon les indices : anomie famille, l’insertion professionnelle, l’insertion sociale en
général qui vont peser sur l’interprétation des faits.
Les analyses sur l’appareil judiciaire nous renseignent comme l’enquête peut jouer en défaveur des
classes populaires. Le mode de fonctionnement de l’enquête repose sur deux illusions.

- L’illusion de la nécessité : les juges face à un dossier.

- L’illusion de la transparence absolue des comportements : consiste à fonder l’activité de


jugement sur un ensemble d’observation, de jugements, de renseignements qui vont être
synthétisés comme un caractère psychologique qui doit expliquer toutes les manifestations
expliqués dans le dossier.

Ca tend à expliquer une lecture des cas fondés sur des interprétations des éléments en établissant des
liens de causalité quitte à les interpréter dans le but de construire un jugement.

Le rôle de facteur pratique qui explique également ce traitement différentiel, les individus étant
dépourvus de ces garanties sont davantage détenus avant l’audience puisque pour des raisons pratiques
on aboutit à une détention préventive.

Un certain nb de mécanismes peut expliquer les différences de traitement entre détenus. La chaine
construit une différence entre chaque décision. Les différences sont dues à des inégalité socio-
économiques.

Enfin, après le repérage de la D, les auteurs s’intéressent aux conséquences de l’étiquetage qui est
l’entrée dans une carrière délinquante. Becker développe l’analyse. L’étiquetage à des conséquences
sur l’identité sociale du délinquant et il a également des conséquences sur la vision du délinquant qu’il
se fait de lui-même.

Becker dit que la consommation de drogue nécessite un long apprentissage. Apprendre à consommer,
à se procurer des stups, s’intégrer à un groupe social. L’individu peut continuer sa carrière ou s’en
détourner à chaque étape.

Chambordon traite de la délinquance juvénile. Il met en évidence 2 hypothèses qui expliquent que
dans le système institutionnel, les détenus ne sont pas égaux. Le fait d’être inséré permet d’avoir des
garanties qui sont souvent des marqueurs de classe.

Blanchard essaie de comprendre la surreprésentation des étrangers dans le processus pénal. Entre 6 et
7% de la population vivant sur le territoire mais 20% des prévenus. Si on enlève les infractions A qui
ne peuvent toucher que les étrangers cela baisse à 11/13%. Cela suggère un lien entre l’extranéité et le
fait de recevoir des sanctions lourdes. En effet, à délit égal, les étrangers sont plus lourdement
sanctionnés que les nationaux.

En 1998, pour un délit unique d’usage de stupéfiants, (après débat contradictoire), 15% des étrangers
ont été sanctionnés par une peine de prison contre 9% des FR. Pour les vols avec effraction, 52%
contre 37%. Cela vient confirmer les données recueillis par Herpin en 1977 qui avait montré que les
jeunes des PCS populaires et les étrangers étaient davantage poursuivis et condamnés à des peines plus
sévères. En ce qui concerne les étrangers, l’inégalité de jugement variait aussi en fonction du casier
judiciaire, la différence entre FR et étrangers chez les prévenus récidivistes étaient beaucoup plus
faibles entre prévenus jamais condamnés par la justice.

En moyenne, les étrangers seraient sanctionnés plus fortement à délit égal mais ce n’est pas le cas pour
tous les étrangers. Cela s’explique par la combinaison de pratiques des PCS au sein de la chaine
pénale.
Dans les années 80, Levy publie une étude dans laquelle il a analysé les trajectoires pénales de
prévenu en fonction de leurs caractéristiques sociales de l’arrestation jusqu’au jugement. Les données
montrent que la différence de traitement ne se fait pas uniquement au stade du jugement mais aussi du
stade du choix du type de procédure engagée puisque les étrangers sont plus souvent jugés en
procédure de flagrant délit même ceux qui n’ont jamais été condamné par la justice.

Il a ensuite comparé le traitement judiciaire des étrangers selon qu’ils soient en situation régulière ou
non. Il a constaté que les étrangers en situation irrégulière étaient beaucoup plus sévèrement punis que
les autres. Il expliquait le phénomène par le fait que les individus en situation irrégulière étaient plus
souvent jugés en flagrant délit car il bénéficiait de moins de représentations.

Les garanties de représentations sont souvent évoquées par les magistrats. La justification d’un
logement d’un emploi de relations, sociales stables (garanties de représentations), le respect ou non
des obligations judiciaires par le passé sont autant d’éléments qui servent au magistrat pour savoir cela
présente des garanties. Elles jouent dans le jugement mais aussi en amont dans le choix de la
procédure. Les étrangers et les chômeurs, les travailleurs précaires ou les SDF sont surreprésentés dans
les audiences de CI.

Ils se distinguent alors des étrangers en situation régulière dans la mesure où ils ne peuvent
prouver d’un travail, d’un domicile ce qui explique le traitement plus strict. Son étude a été
approfondi par Léonard, il s’agit d’un doctorat pour lequel il a effectué une enquête et analysé plus
de 1000 cas de jugement en cas de CI et observé 300 audiences sur 5 tribunaux différents pour
comprendre les politiques pénales.

Son constat rejoint Herpin montre que les étrangers sont surreprésentés dans les CI, les étrangers sont
plus souvent condamnés que leurs homologues FR. Ce qui interpelle c’est que le casier judiciaire
semble être l’élément le plus prédictif des décisions prononcées pour les prévenus FR mais pas chez
les prévenus étrangers puisque ceux qui n’ont jamais été condamné reçoivent des peines plus sévères.
Elles s’expliquent par plusieurs raisons dans la continuité de l’explication donnée par Levy, les
magistrats considèrent que les étrangers disposent de moins de garanties, en plus de cela, l’absence
d’information d’institutionnalisation sur les étrangers. Etant jugé plus souvent en CI ils ont peu de
temps pour fournir ces preuves.

Les études sur les institutions judiciaires montrent l’existence de corrélation entre les peines
prononcées et des facteurs extra légaux (nationalité, l’origine social, le sexe), les étrangers sont
surreprésentés comme les classes populaires. Les facteurs sont multiples, inégalité sociale mais aussi
fonctionnement de la chaine pénale.

Le jugement est ainsi une pratique sociale par laquelle des agents produisent un travail de
classification d’évaluation en fonction d’effets reprochés et d’informations institutionnalisées. De
telles opérations mettent en jeu des phénomènes de raisonnement fondés sur un travail de
classification qui repose sur des critères sociaux.

D’après Herpin « Chaque jugement, chaque sentence (…) mais d’une sorte de lutte dans la mesure
où les prévenus mettent également en place des stratégies. »

D. De la norme juridique au recours en justice. Le modèle naming/blaming/claiming.

« Nommer, blâmer, réclamer ».

On examine la construction des litiges : avec la même idée que ce que l’on a vu précédemment, les
normes juridiques ne sont appliquées que s’il existe des individus pour les mobiliser.
De fait, entre le préjudice et le litige, il est une série d’opérations qui n’ont rien de systématique. Pour
engager une procédure, il faut éprouver un sentiment d’injustice, porter plainte, etc…

Tout litige = conflit social résultant d’un processus de construction dans des termes juridiques.

1. Le modèle initial : Les travaux de Felstiner, Abel et Sarat.

Emergence et transformation des litiges :

a. Le modèle Naming/blaming/claiming :

Le recours en justice n’est pas une conséquence automatique de la perception d’un problème. Les 3
sociologues établissent les étapes franchies par les conflits de la formation à leur formulation devant
un tribunal.

Selon eux, le chemin qui mène du conflit aux contentieux judiciaire peut être présenté comme un
chemin à plusieurs étapes, sachant qu’à chaque étape, des parties peuvent refuser de poursuivre et des
parties peuvent reformuler.

L’étape 1 : Naming : Nommer :

L’individu doit percevoir qu’il a été victime d’une malveillance, il faut qu’il identifie un problème or,
on peut souffrir de nombreux dommages sans en avoir conscience. A cette première étape, on a un
filtre puisqu’un dommage n’est nommé que quand il est identifié comme tel.

L’évolution des normes sociales de la science où de l’action publique peut jouer un rôle dans le
repérage dans la réalisation du dommage (maladie professionnelle). A l’inverse, ne pas parvenir à
qualifier un évènement de dommage empêche toute possibilité de transformation d’un conflit potentiel
en contentieux juridique.

L’étape 2 : Blaming : Reprocher :

Consiste à reprocher à une personne ou à une entité et envisager que quelque chose est possible pour
réparer le dommage. Ce n’est pas un processus automatique.

L’étape 3 : Claiming : Revendiquer :

Consiste à se mobiliser à dénoncer publiquement la partie supposée responsable du dommage et à


demander une réparation. C’est à cette étape que l’on se tourne vers les tribunaux, qu’on porte l’affaire
vers le domaine public.

La conflictualité peut décliner à chaque phase. Des auteurs montrent qu’une petite partie se transforme
en contentieux judiciaire. L’exemple du droit des consommateurs. Pineto s’interroge sur les problèmes
liés à la consommation qui deviennent des litiges juridiques.

Une grande partie des consommateurs qui rencontrent un problème ne font rien, les autres présentent
une réclamation au fournisseur et résolvent le problème sans aller déposer une plainte ou ester en
justice.

Pour ceux qui restent, plus de 60% abandonnent d’autres se tournent vers les tribunaux. On a un
modèle pyramidal ou effet d’entonnoir dans lequel le procès est seulement la face visible d’un
ensemble de conflit.

Le contentieux tend à croitre du fait du rôle des associations de consommateurs en tant que diffuseur
de normes juridiques. Cependant il existe un décalage entre eux l’ensemble des problèmes individuels
exprimés par les particuliers et l’action civile des associations de consommateurs. Ces dernières
sélectionnent en effet parmi les situations litigieuses celles qui correspondent aux thématiques qu’ils
souhaitent traiter et celles qui correspondent à celles du consommateur. De fait, ces associations
diffusent des normes juridiques. Tout en opérant un effet de sélection dans lequel correspond leurs
compétences et leurs objectifs.

Ainsi ne parviennent sur le plan juridique que les activités qui sont présentées comme des dommages
dont on trouve des responsables identifiés et dont on soumet des revendications. Les situations qui
arrivent devant la justice sont celles qui n’ont pu être réglées.

Le processus tendrait à se dérouler de plus en plus souvent du fait de la diffusion de normes juridiques
et de la transformation du système judiciaire.

b. Facteurs agissant sur la construction des litiges :

On peut distinguer 6 facteurs combinés qui pèsent sur la transformation des litiges :

- La catégorie sociale des individus.

- La distance à l’offenseur.

- La nature du réseau social dans lequel se situe l’individu lésé.

- Le rôle joué par les médiateurs et intermédiaires.

- Les possibilités offertes par le système juridique.

- Le contexte sociopolitique.

2. Quelques exemples d’application.

a. L’affaire de l’amiante :

Article Henry : « Comment comprendre que le pb de l’amiante n’émerge que dans les années 90/2000
en FR ? » Les dangers sont connus depuis le début du 20e siècle. En 1906, l’I du T produit un rapport
sur le sujet suite à la mort de 50 ouvriers dans une usine.

Dès 1945, certaines maladies liées à l’amiante figuraient comme maladie professionnelle. En 1977, un
décret est publié qui vise à lutter contre l’exposition à l’amiante. Les procès éclatent dans les années
90 lorsque cela devient un pb public. Il s’intéresse aux obstacles à la reconnaissance d’un problème à
savoir les maladies professionnelles liées à l’amiante. Le premier obstacle qu’il identifie est la
perception du problème par les victimes qui tendent à se représenter.

Dans les années 1990, les hommes ouvriers et employés ont un taux de décès 3x sup aux cadres et PL.
Mourir avant la retraite est plus fréquent dans ces PCS. Les risques pro font l’objet d’une
compensation qui s’ajoute au salaire, le processus de reconnaissance se fait lentement. La volonté de
maintenir la relation de travail constitue des freins à la réclamation.

L’autre frein juridique est le cadrage des maladies pro, le seul moyen de recours contre les producteurs
c’est d’aller devant les tribunaux devant le TASS et de faire reconnaitre le tord de l’employeur. Pour
que la faute inexcusable de la faute soit avérée jusqu’en 2002. Il fallait démontrer que l’employeur
avait commis une faute d’une gravité exceptionnelle et que cette faute était à l’origine de la maladie.
Constituer un dossier pouvait être difficile, de leur coté les inspecteurs du travail, avait peu recours au
procès pénal. Les procédures judiciaires ne faisaient pas partie des manières de faire dans ce domaine.

L’auteur s’intéresse à l’amiante, et identifie comment les plaintes ont été rendues possibles :

- Le rôle du contexte éco : au début des années 90, les usines comportant de l’amiante sont
soumises à des restructurations. Conséquence pour les salariés ainsi que pour leurs risques pris
dans le milieu pro. La précarité rend vital cette reconnaissance d’où l’enclenchement de
procédure individuelle dans les tribunaux et le TASS. En 94, on a une plainte contre X déposé
au pénal, déposée par 4 veuves victimes de l’amiante très médiatisée. La mobilisation
collective s’organise alors avec l’association de défense nationale contre les victimes de
l’amiante. (1996), l’objectif est de politiser l’amiante et d’en faire un problème public.

Leur stratégie consiste à fédérer les plaintes, en parallèle, l’asso dépose des plaintes au pénal pour faire
reconnaitre la responsabilité des industriels mais aussi des pouvoirs publics. Elle bénéficie du contexte
politique (suite du scandale du sang contaminé qui a eu un retentissement médiatique qui a vu des
procès où l’Etat à été mis en cause).

- La portée du droit antidiscriminatoire :

Le droit est source de normes. De ce point de vue là, les auteurs s’interrogent sur la façon dont cet
ensemble de législation a des effets notamment politiques.

Schappe : étudie le rôle des syndicats et des associations dans la lutte contre les discriminations :
d’abord syndical puis sexiste ou raciste.

Il s’interroge aussi sur le recours aux tribunaux et les dynamiques qu’il décrit correspondent aux
modèles d’analyse. Il montre que le droit peut être diffuseur de normes et peut permettre la prise de
conscience d’une injustice. (1ere situation du modèle).

La première étape pour les syndicalistes ou les acteurs associatifs a été de faire connaitre le droit
antidiscriminatoire auprès du public. Les membres des syndicats montraient qu’ils étaient traités
différemment de leurs collègues.

La deuxième étape est le fruit de discussion entre des syndicalistes et des juristes, notamment des
avocats. De ce travail a émergé l’idée de constituer des panels de salarié, de comparer des carrières et
de se demander à qualification égale qu’est ce qui change dans la carrière.

La 3e étape : travailler à la formulation de réclamation calculée la demande de DI sur des carrières qui
pouvaient être longues. On retrouve bien dans cette étude les 3 modèles, l’enchainement entre ces
étapes n’est pas mécanique. Toutes les plaintes n’aboutissent pas à un contentieux judiciaire.

Sur le droit anti discriminatoire, il existe un certain nombre de travaux qui s’attachent à analyser le
modèle de la protection juridique. Ce modèle repose sur l’idée qu’on peut mener une politique
d’égalité en établissant de nouveaux droits et en ouvrant aux victimes des possibilités de recours si ses
droits ne sont pas respectés. La reconnaissance du droit repose sur des victoires judiciaires. Un certain
nombre de travaux remet en cause la portée de ces droits et effectue des enquêtes comparatives sur la
politique d’égalité.

Il montre que les associations ont montré des stratégies de recours au droit pour créer un rapport de
force avec les acteurs potentiellement coupables de discrimination afin de les forcer à intégrer ces
pratiques dans le droit afin de faire peser le risque d’une condamnation en justice.
L’action en justice donne une visibilité à l’action associative dans l’espace public. Elles sélectionnent
des dossiers étayés et à travers la défense d’un cas particulier, les associations ont pour but d’étendre
des droits existants. Avoir une telle stratégie pose des contraintes, cela force les associations à être
d’un point de vue juridique. (dossiers construits). Avoir des opportunités pour faire évoluer le droit et
s’imposer comme un interlocuteur des pouvoirs publics.

Ces multiples exigences font que les associations doivent faire un tri des actions en justice. Le dossier
doit permettre de créer une JP positive.

Il montre que ces stratégies permettent de faire évoluer le droit mais permettent aussi de générer des
tensions que ressentent les adhérents d’une association entre la volonté de pouvoir prendre en charge
des procédures individuelles et la nécessité de faire des choix.

Les conseillers juridiques interrogés peuvent se retrouver confronter face à des situations complexes
auxquelles ils ne peuvent pas forcément donner une réponse.

Par exemple Bulmiler : enquête aux EU sur les litiges civils. C’est une enquête par questionnaire si
les enquêtés pensaient avoir subi une discrimination dans le cadre de leurs travails, s’ils avaient porté
plainte et s’ils n’avaient pas fait, pourquoi. Cette enquête permet de montrer les différents freins au
recours aux tribunaux. Certaines personnes mettaient en relation entre elles, un rapport de pouvoir, ils
ne pouvaient donc pas porter l’affaire devant les juridictions. D’autres citent le cout d’une action en
justice comme un frein à leur action.

Ces freins sont liés à l’interprétation aux circonstances immédiates par les plaignants, il se peut que le
litige n’est jamais lieu. D’autres s’arrêtent à la 2 e étape, médiation ou conciliation.

En FR, on peut faire pareil, l’émergence du droit anti discriminatoire a représenté les relations
individuelles sur les relations de travail.

Lejeune : a montré que le droit représentait symboliquement les salariés. Par ailleurs, des groupes
professionnels et des associations ont émergé qui peuvent aiguiller les justiciables en les aidant à
formuler leurs plaintes.

Conclusion :

Cela montre que la transformation du conflit en contentieux est une question de mise en récit. La
perception d’un pb en tant qu’injustice ou dommage est liée à l’interprétation par différents acteurs
d’un phénomène auquel il recherche des causes de lecture des situations auxquelles ils sont confrontés.
Dès lors, les acteurs vont mobiliser différents cas d’interprétation pour expliquer cela.

Les récits vont assigner une identité et une histoire aux acteurs concernés, imputer des responsabilités
directes ou indirectes, ce qui va structurer le choix entre les acteurs, ce qui va permettre la
mobilisation ainsi que la revendication.

Le 2e enseignement : rôle joué par les intermédiaires du droit.


PARTIE III : Mise en œuvre du droit et inégalités face au droit :

On s’intéresse aux acteurs qui travaillent avec le droit et on va s’interroger aux rôles du droit dans
l’action publique et aux mobilisations de groupes sociaux qui vont infléchir l’action de l’Etat. On
analyse la mise en œuvre des politiques publiques et on va s’intéresser au droit comme outil de G et de
régulation.

Les politiques publiques sont des programmes d’action qui émanent des autorités publiques et qui ont
pour objectif de réguler un aspect de la vie en société. Ces politiques s’inscrivent dans un cadre
normatif d’action, il existe un ensemble d’outil destiné à organiser et mettre en œuvre la politique, des
acteurs, et un public.

Ainsi, le droit est au cœur de l’action publique : les chercheurs ont souvent considéré que le rôle du
droit allait de soit. Les schémas d’analyse traditionnels s’inscrivent dans une approche positiviste. Par
l’intermédiaire des règles juridiques, le droit fournit un cadre normatif et pratique à la mise en œuvre
des politiques publiques. En définissant des objectifs, distribuant des rôles ou en organisant la
distribution des pouvoirs.

Or, le caractère impératif des règles de droit n’est pas si évident. L’application du droit dans les
bureaucraties n’est pas mécanique. Par ailleurs les analyses des politiques publiques ont longtemps été
très décisionniste.

Penser de cette façon amène à dire que seuls certains niveaux de la bureaucratie décident du pb à
résoudre et de la manière de le résoudre. La réalité est plus complexe. Les agents ont aussi une marge
d’application dans la définition de leurs taches et de leurs rôles.

Une analyse des PP de la part de ceux qui les appliquent est aujourd’hui un passage obligé de la
sociologie de l’action publique. Cela suppose d’examiner ces systèmes d’action, c'est-à-dire pour
reprendre une def de Padioleau « des ensembles plus ou moins organisés d’acteurs occupant des
positions hétérogènes et de politiques administratives entrepreneurs, porteurs d’intérêts multiples qui
poursuivent des objectifs plus ou moins clair et manipule des ressources variables ».

= multitude d’acteurs qui manipulent le droit.

Les politiques publiques constituent un ensemble d’action collective qui implique des acteurs variés.
L’Etat n’est pas l’unique acteur des politiques publics, il doit composer avec d’autres entités qui
viennent infléchir le sens de l’action publique.

On aborde les usages du droit en utilisant différents angles d’approches. Aux fonctionnaires censés
appliquer la règle de droit, les professions juridiques. Des intermédiaires associatifs syndicaux pour
montrer comment ils interviennent de l’action publique.
A. La place des intermédiaires du droit.

1. Le droit dans le quotidien de l’action publique : « Les street level lawyers »

A. Le rapport des fonctionnaires à la règle de droit :

Ils existent une littérature importante sur l’action publique, les travaux sur les services locaux de
certaines administrations ont montré que l’universalité théorique de la règle de droit ne résiste pas aux
appropriations concrètes dont cette règle fait l’objet par les acteurs en situation.

Les agents ne sont pas des rouages mécaniques, ils entretiennent un rapport actif à la règle de droit.
L’écart à la règle n’est pas à interpréter comme un dysfonctionnement mais comme un phénomène
irréductible constitutif.

Lipsky. Montre que les agents de l’état (policiers, enseignants, les guichetiers des services sociaux)
sont « policy makers » (faiseurs de politique) via l’exercice de leurs pouvoirs discrétionnaire, ils
apprécient les règles dans l’intérêt de l’administration poursuivi par ces agents.

Il montre que les règles sont parfois floues, ne prennent pas en compte toutes les situations, si l’A
appliquait mécaniquement les règles cela ne fonctionnerait pas.

L’étude des agents en action montre qu’ils sont pris dans une tension permanente entre une logique
universaliste qui amène à appliquer la règle en privilégiant les critères les plus généraux possibles et
une logique particulariste qui revient à aménager la règle en fonction de cas singuliers. Le travail de
qualification des situations, leur laisse un espace avec la règle de jeu de droit en mobilisant diverses
interprétations pour l’adapter à des questions concrètes.

Ce marchandage est au fondement du principe discrétionnaire ; il devient pour l’agent un moyen


d’assurer son autorité par rapport à l’usager ; cette possibilité de jeu n’est pas sans limite. Le jeu
s’inscrit dans des dynamiques de travail collectif, travail qui génère la production de règles plus ou
moins explicites systématisés et rationalisés qui encadrent la pratique des agents.

Ces régularités sont le résultat de la pratique professionnelle qui conduit les agents à incorporer la
routine bureaucratique ce que Bourdieu appelle le « sens pratique ».

Spire : droit de mise en œuvre du droit de séjour par les agents de préfecture en FR : période pendant
laquelle il est intéressant d’étudier les routines administratives des types de séjour. C’est aussi une
période qui voit augmenter la marge de décision attribué aux services pour l’élaboration des titres. Il
montre que les objectifs des politiques d’immigration résultent la concurrence entre 3 ministères. Il
observe les interactions entre les agents et les étrangers qui viennent pour obtenir des titres.

Il s’intéresse aux agents et aux trajectoires sociales : Les agents sont des professionnels soumis à des
objectifs chiffrés formés au droit après leur entrée en fonction. Ces agents sont amenés à redéfinir les
normes administratives pour appliquer les différentes circulaires qui leur parviennent, ils vont
formuler leurs propres interprétations en tant qu’agent de l’Etat. Le rapport au rôle dépend des agents
dans la hiérarchie. Les agents au guichet se sentent à établir l’ordre public et à défendre l’intérêt de
l’Etat.

La pratique des guichetiers dépend en fonction de leurs propriétés sociales ainsi que de leurs rôles.
D’après lui, les agents les plus anciens se sentent investis d’une mission de lutte contre les infractions
et contre les fraudes. A l’inverse, les plus jeunes solliciteront l’avis de leurs hiérarchies. 3 types de
guichetiers, les réfractaires, les gardiens du temple, les pragmatiques.

- Les réfractaires : agents jeunes et ayant plus de capital scolaire que leurs collègues, en
préfecture, ils souhaitent avec l’ancienneté en sortir. Ce groupe se caractérise par une distance
face aux normes préfectorales et font valoir le droit des étrangers et des considérations
humanitaires face à la considération d’ordre public. Position de défiance par rapport à la
hiérarchie. Avec l’ancienneté, ils sont contraints de rallier ou de quitter l’institution.

- Les gardiens du temple : âgés, position d’encadrement, l’accès à la FP contribuait à une


mobilité sociale ascendante. Ils se sentent redevables et entretiennent une loyauté avec les
normes préfectorales. Ils doivent détecter des infractions et les réguler.

- Les pragmatiques : Carrière avant d’entrer dans l’administration. Le travail est comme un
autre.

En découle des conceptions distinctes, leur coexistence suscite des conflits d’interprétation. Toutefois,
Spire montre que le flux de dossiers a traité, l’interdépendance entre agents, les objectifs chiffrés
contribuent à un processus de conversion de normes bureaucratiques.

B. Les effets de l’application des fonctionnaires sur les politiques publiques :

Les A créé un intra droit qu’on qualifie aussi de normes secondaires d’appréciation, les normes
secondaires sont établis par des usages pour adapter le droit que l’administration doit gérer.

On peut distinguer 3 types de normes secondaires :

- Normes d’interprétation : rende générale les textes contenus dans les textes de lois.

- Normes de négociation : destiné à cadrer les échanges entre administration et administrés.


Fixe des repères concrets pour que les fonctionnaires puissent établir des procédures.

- Normes de règlements des conflits : doivent permettre la réaction face à la réaction des
administrés (courrier, avertissement, sanction).

L’application du droit par les fonctionnaires passent par le droit secondaire qui devient partie
intégrante du système judiciaire, cela provoque un mode de régulation par le bas.

Spire : à partir de 1945, les agents ont disposé de plus de pouvoir d’interprétation des circulaires
qu’ils étaient censés appliquer. Dans les niveaux d’encadrement, les agences interprétaient les
circulaires selon la façon dont ils interprétaient leurs missions et les intérêts de l’Etat. Il montre que le
travail d’interprétation effectué par le travail des préfectures les amenait à attribuer des cartes de
résidents aux différents demandeurs. Cela n’était pas contenu dans les circulaires.

Ce pouvoir discrétionnaire est davantage mobilisé par les chefs de bureau que les chefs de base. Ces
usages du droit peuvent être vus comme participants au fonctionnement de l’organisation. Toutefois
ces prises d’autonomie locale conduisent à traiter les demandes des usagers en fonction de principe qui
ne figure pas dans les textes initiaux.
Elles produisent parfois des écarts selon les différentes catégories d’usagers. Dans les années 80,
Lipski constatait déjà que les ressources contraignent à émettre des arbitrages entre les ayants droits
potentiels.

Des hiérarchisations s’établissent ce qui provoque des catégories d’usagers prioritaires ou non ainsi
que de bon ou mauvais demandeur dans le cadre de l’étude des dossiers. (attribution de logement, ou
d’aide sociale).

De façon symétrique l’organisation du travail peut amener à une application différenciée des contrôles.
On peut le voir dans l’application de la loi fiscale.

« Faible et puissant face à l’impôt », s’intéresse aux traitements des contribuables face à
l’administration fiscale : enquête s’intéresse aux pratiques administratives : les modalités du contrôle
de l’impôt ont connu de grands changements depuis les années de 1870. Progressivement on assiste à
la mise en réseau des données de l’A avec celles des autres organismes sociaux. Cela étend pour partie
cette capacité de surveillance. L’auteur montre que cette révolution technologique s’est accompagnée
des années 90, d’un redéploiement du contrôle sur les pcs faibles.

D’un coté on a la mise à l’agenda politique de la fraude sociale. De l’autre, les progrès de
l’informatique ont démultiplié les capacités de surveillance de revenus facilement identifiables. Tout
allocataire ayant déclaré un montant différent de celui de sa feuille d’impôt est sommé de régulariser
ces déclarations.

Cette mise en réseau de toutes les administrations disposant sur les populations touchant des
prestations sociales s’est traduite par un contrôle renforcé. Tandis que ce renforçait ce contrôle sur les
catégories populaires, plusieurs évolutions sont venues transformer le rapport de l’A fiscale aux
détenteurs de capital économique. En effet, on à la des catégories dont la richesse et le patrimoine sont
plus dispersés.

Les progrès induits par la généralisation de l’informatique ont été compensé par une injonction faite à
l’A de privilégier négociation et transaction. Comme il s’agit de contribuables qui sont des
intermédiaires du droit, ils ont pu tirer partie de ces instances de conciliation. Par ailleurs, les
politiques de réforme de l’état et les suppressions d’effectif ont eu des effets différents selon les
catégories de contribuable. (2007-2012).

- Dans les zones habitées par les classes populaires, la baisse du nb d’agents à un impact sur
l’accompagnement des populations souhaitant un accueil des agents A.

- Dans les secteurs plus favorisés et moins exposés à un accueil de masse la suppression de
postes à davantage affecté le traitement quotidien des dossiers au risque de nuire au travail de
recueil d’information nécessaire aux illégalismes les plus complexes.

Les justiciables n’ont pas vécu les transformations de la même façon. Ils ne disposent pas des mêmes
ressources lorsqu’il se trouve confronté à un contrôle. Il reprend la notion de Foucault « gestion
différentiel des illégalismes » pour distinguer les illégalismes populaires qui consistent à transgresser
explicitement la loi et les illégalismes des classes dominantes qui consistent à utiliser les failles du
droit en faisant jouer une règle contre une autre. Ainsi, les hautes pcs ont une valeur dominante avec
l’aide de professionnels de la fiscalité.

Tandis que les contribuables des basses pcs se tourne vers l’A pour recevoir des conseils, et n’iront pas
à l’encontre des décisions de l’A dans la plupart des cas.
Certains peuvent en maitrisant les rouages de la fiscalité, mettre en place des stratégies avec l’A ou
d’évitement de sanctions. Ils arrivent ainsi à domestiquer l’impôt en maniant les règles de droit et de
procédure administrative. Cela se fait sur les limites entre sphère privée et professionnelle, conciliation
de domiciliation.

Les réformes de l’Etat sur les pratiques administratives n’ont pas des effets uniformes selon les
catégories de justiciables et selon les territoires ; d’où l’intérêt de voir le droit comme un jeu incessant
entre différentes décisions.

Pour conclure, on peut identifier des politiques de mises en œuvre qui entraineraient un
développement du pouvoir administratif.

- l’intensification des changements institutionnels brouille la répartition des compétences


entre les relations hiérarchiques.

- S’ajoutent les incertitudes des politiques dont la multiplication et parfois le flou qui rend
difficile la détermination d’orientation officielle qui guiderait les petites décisions.

Plutôt que d’y voir une action temporaire de l’action de l’état, on peut y voir un nouveau mode de
gouvernement qui rend d’autant plus pertinent la poursuite d’études sur l’application du droit à
l’échelle locale.

2. Les intermédiaires « semi professionnels » du droit.

A. Spécialisation et processus de constitution des professions :

On ne peut pas réduire les professionnels du droit à un groupe homogène. Le principal point commun
des professions J est que leurs membres sont reconnus comme des experts dotés de la légitimité
nécessaire pour dire le droit. Ils font également partie du champ juridique.

C’est aussi un champ qui repose sur la division experts / profanes. Les professions J ont acquis une
forte autonomie par rapport au monde social.

Plusieurs courants sociologiques ont proposé des approches :

- Le courant fonctionnaliste : (médecins et avocats).Ce sont des corps de métiers qui sont
responsables de la prise en charge d’une valeur sociale. D’après cette approche les professions
sont des actrices centrales de la régulation sociale.

Obtenir le statut de profession est l’objectif de tous les groupes qui se réunissent en association. Une
fois instituée, elles obtiennent un monopole qui les protège de la concurrence en échange d’une
garantie. Le professionnalisme qui repose sur la maitrise d’une expertise et le désintéressement.

- L’approche interactionniste : qui remet en cause la pertinence de cette distinction entre


professions et les métiers ordinaires. Selon les sociologues interactionnistes, le concept de
profession est en fait forgé à partir des discours de groupes sociaux. S’il y’a des professions
c’est que ces groupes parviennent à se définir et à être reconnu comme tel.

Par ailleurs, la vision interactionniste de la profession entretien une vision apolitique des discours
professionnels. En réalité, les professions ne sont pas des groupes homogènes et on ne peut pas les
définir selon une fonction que tous les professionnels rempliraient de la même façon.
Il faut donc analyser les groupes professionnels comme le processus historiques complexes à la faveur
desquels ils parviennent à se constituer et arrivent à reconnaitre leurs légitimités. Les professionnels
parviennent à clôturer un marché et acquérir un statut social. Les professions juridiques sont parvenues
à instaurer leurs propres règles de fonctionnement.

Elles contrôlent leurs marchés de deux façons : en contrôlant l’entrée dans la profession et en
contrôlant la production. Cela passe par la nécessité d’acquérir des titres scolaires qui sont décidés par
la profession permettant d’établir les barrières à l’entrée au marché du travail.

Le contrôle de la production quant à lui passe par l’établissement d’un monopole et par une lutte
continue pour préserver un territoire de compétences.

B. « Les avocats entre état public et marché »

Karpik : comment les avocats ont construit leurs autonomies. Cela se fait sur une revendication
d’autonomie. Tant au pouvoir d’état qu’au marché.

1. L’émergence des ordres :

Jusqu’au milieu du 16e siècle, les professions J sont peu différenciées. Un avocat peut se charger
de la défense de la populace comme de celle du roi. Il peut exercer une profession équivalente à
celle de magistrat. Ces fonctions permettent de participer à l’exercice du pouvoir en étant en
retour fortement encadré par l’Etat.

A partir du milieu du 16e siècle, les avocats du roi disparaissent au profit du parquet. Ils se
trouvent alors déclassé. Ils n’ont plus accès à des postes de pouvoir politique. Ils vont chercher les
moyens pour retrouver le prestige social qui leur appartenait du fait de leur appartenance au
pouvoir royal.

Dès le 17e siècle, ils commencent à se mettre en ordre, ils forment une organisation qui les
représente. Cela leur permet d’avoir des règles et une déontologie spécifique. Ils s’autorégulent
face à l’Etat. (mise en place des règles).

2. L’autonomie par rapport à l’Etat :

Cette revendication d’autonomie vient d’une nécessité. Les avocats se trouvant éloignés de l’Etat, ils
cherchent leurs légitimités en se tournant vers les justiciables. Ils investissent les affaires publiques. A
partir du 17e siècle, le pouvoir s’accroit. (pouvoir absolutiste).

Les avocats vont alors se poser en défenseur de ceux qui subissent l’arbitraire royal. Ils vont s’engager
dans la défense des libertés publiques et des droits fondamentaux des individus. Un engagement qui a
des rétributions symboliques. (image de défenseur des libertés individuelles). En tant que contre
pouvoir que les avocats vont revendiquer la légitimité de leurs professions. (Affaire Calas). Voltaire et
Beaumont demande la révision de ce procès et vont faire le procès des libertés. Ils établissent des
réunions publiques afin de lutter contre l’emprisonnement de Jean Calas.

Le procès fait la promotion des libertés publiques.

Ce type d’engagement politique a été une manière de montrer publiquement que la profession
d’avocats jouait un rôle politique et avait une éthique détachée des intérêts particuliers. Ce rôle
social, s’est prolongé par l’accès à la notabilité et plus tard à la profession politique. La IIIe
république sera nommée république des avocats, en raison du nombre de ces professionnels au
Parlement. Ils portent un programme libéral et républicain de l’époque.
Le statut acquis leur permet de pourvoir à des postes mais aussi leurs compétences professionnelles
qui sont mobilisables dans le champ politique. A savoir la prise de parole publique et la maitrise du
droit qui est à l’époque au cœur des techniques de gouvernement.

Après la 1GM, on assiste à une diminution des avocats car le droit est remplacé par d’autres savoirs de
G et qu’il est plus difficile de convertir des savoirs professionnels en savoir politique. La tendance se
renforce suite à la 2GM. Lorsque l’ENA est fondée. Cela ne veut pas dire que les avocats n’ont plus
d‘engagement dans la sphère public, d’autres se tournent vers la sphère associative où ils mettent en
œuvre leurs compétences.

L’autonomie de la profession se constitue progressivement par l’évolution des rapports entre les
pouvoirs d’Etat et les avocats. S’ils parviennent à accéder à l’autonomie dans le fonctionnement dans
la régulation et dans l’institution d’un monopole, c’est au nom d’un idéal professionnel que Karpik
appelle idéologie du désintéressement à partir de laquelle, la profession permet de construire son
identité et son rôle social.

L’autre forme d’autonomie est celle par rapport au marché.

3. Le rapport au marché :

Pour obtenir une légitimité auprès des justiciables, les avocats vont défendre leur conception de
métier. Et chercher à se rendre indépendant dans les rapports économiques.

- La profession d’avocat est incompatible avec tous services de l’Etat.

- Ainsi qu’avec toutes formes de service commercial.

- La profession va interdire le démarchage.

- Le principe de modération des honoraires.

Karpik dit que : la profession d’avocat est fondée sur le désintéressement avec plusieurs fonctions et
effets :

- La profession réponde à des impératifs essentiels du pouvoir judiciaire. (accès la justice).


Par ailleurs, l’économie du désintéressement permet de préserver la symétrie de pouvoir
entre les avocats et leurs clients.

Ces derniers consultent un avocat car il a besoin de compétences techniques, ils rentrent dans une
relations inégalitaire entre professionnel et profane. L’économie du désintéressement contribue à
légitimer cette relation asymétrique et à y instaurer de la confiance.

D’après Boigeol : l’idéal de désintéressement sert aussi d’écran dans l’existence d’une hiérarchisation.
Selon elle, la prise en charge des justiciables les plus pauvres ce qui produit le désintéressement est
dans les faits assurés par les avocats les plus vulnérables et les moins assurés dans la profession.
(Jeunes avocats : marché de la petite production).

A coté d’eux : d’autres avocats bien installés à la clientèle plus régulière et plus fortunée pratique des
honoraires plus élevés et reste sur le marché de la grande production. La loi de 1972 qui institue l’aide
J n’a pas modifié cette structure duale qui caractérise la profession. Derrière l’uniformité des règles,
on retrouve derrière cette profession : des pratiques différentes et des hiérarchies sociales.

L’ouverture internationale a conduit à de nouveaux modes d’organisation permettant aux praticiens de


pénétrer le marché de l’expertise et du conseil juridique. Dans ce marché, les frontières des
professions juridiques ont été amenées à évoluer. Le monde éco autrefois tenu à distance devient
attractif pour de plus en plus d’avocats et de nouvelles professions apparaissent à leurs cotés. (ex : des
conseils juridiques) ; l’enjeu pour ces différentes professions est de coexister en préservant leurs
monopoles d’activité.

La réforme a des conséquences sur la définition de la profession et sur ces modes d’expertise car
chaque mode à ses spécificités. La réforme permet la création de société d’avocats et autorise un
exercice collectif du travail par contraste avec l’exercice d’un individuel et artisanal désigné comme
modèle professionnel. La loi autorise la création de société et permet le salariat. Karpik appelle cela le
barreau d’affaire.

C. L’identité professionnelle : un enjeu de lutte :

Le barreau d’affaire est le résultat d’association d’avocats d’affaire, c’est avant tout la fusion des
conseils juridiques. Cette fraction du barreau et de la fusion souhaite s’imposer sur le marché du
conseil, en pleine expansion dans les années 60. Le barreau de Paris se mobilise dans cette fusion des
professions.

Les tenants de la réforme sont les pionniers d’une nouvelle méthode professionnelle. Ils voient
l’avocat comme un stratège et plus seulement un représentant devant les juridictions. Actuellement le
débat se poursuit avec des avocats au sein d’association de conseils d’entreprise, pour qu’ils soient
juristes au sein d’entreprises clientes. Cette définition de l’identité professionnelle vient en
concurrencer d’autres.

On a des luttes entre associations professionnelles entre ces différentes conceptions. D’autres
exemples de mobilisation portent une concurrence c’est les mobilisations de certains avocats dans les
années 70 qui critiquent l’organisation de la profession et qui cherchent de nouvelles façons de
pratiquer le droit. On trouve dans ces mobilisations, des juristes proches des mouvements sociaux qui
se développent après Mai 68 et ce sont des juristes qui souhaitent démocratiser le droit en ouvrant
des boutiques du droit et en portant une conception politique du droit. Ces pratiques
professionnelles étaient rejetées par les ordres et certains de ces avocats ont pu être radiés par le
barreau car leur activité allait à l’encontre des règles établies.

On a des groupes hétérogènes qui viennent expliquer les divergences dans la profession.

Le rôle des avocats dans l’accès au droit :

La profession d’avocats a organisé un système de défense gratuite pour les plus démunis. On est passé
de l’aide judiciaire, cette pratique s’inscrit dans la logique d’intéressement qui est revendiquée par la
profession qui vient légitimer son statut et son rôle social. A partir des années 60, on assiste à un
certain nb de mobilisation par rapport à l’accès au droit.

Certains avocats conscients des difficultés de l’accès au droit et à la justice ont commencé à donner
des consultations gratuites au sein du public dans les locaux d’association ou de boutiques du droit.
Les premières tentatives émanaient des militants qui faisaient de la thématique de la démocratisation
au droit, un de leurs chevaux de bataille. Le syndicat des avocats opposaient cette logique de
démocratisation à la logique corporatiste.

On assiste à deux types d’action juridique :

- Des expériences militantes autour de l’accès au droit.

- Des expériences d’institution.


Ces deux types d’action avaient des avis divergents en termes de lieux et de consultations. On avait
des actions portées par les avocats (à l’intérieur des tribunaux), puis des juristes militants qui
travaillaient avec des associations pour réintroduire le droit dans des zones urbaines. Au cours de cette
décennie, on va se poser la question du cout de la justice qui est jugée trop chère pour les justiciables.
(aide juridictionnelle).

A la fin des années 1980, les associations professionnelles vont se mobiliser et les avocats vont se
constituer en entrepreneur politique pour défendre la cause de l’accès au droit pour défendre les
pouvoirs publics. Ils vont se mettre en grève, solliciter les médias et tenter de créer un débat national
autour de l’accès au droit et autour de l’insuffisance de moyens accordés à la prise en compte de tous
les justiciables. En 1989, des grèves importantes ont lieu, une commission parlementaire se réunit. La
loi de 1991 découle de cette mobilisation et met en place une politique publique de l’accès au droit.

Les acteurs vont se diversifier : en effet, le début des années 90 est marqué par une 1 er intervention du
ministère de la justice dans le cadre de l’accès à l’information juridique. La chancellerie entendait de
faire de l’accès au droit, une politique nationale. Une loi de 1998 sera votée avec un triple enjeu :

- Le premier objectif était d’intégrer l’institution judiciaire dans les actions menées par la
politique interministérielle de la ville. En s’adressant aux territoires les plus en difficultés
la loi relative à l’accès au droit affichait une volonté de transformer l’institution judiciaire
qui souhaitait travailler en partenariat en niveau local.

- Consiste à créer un réseau de justice à proximité (maison de justice) et ainsi de réaffirmer


la présence de l’institution judiciaire sur l’ensemble du territoire nationale. L’implantation
de ces structures de proximité offrent un nouveau maillage du territoire dont l’objectif est
d’apporter une réponse à des critiques apportées à l’encontre de la carte judiciaire à savoir que
celles-ci n’était pas en adéquation avec l’évolution démographique et à la réalité sociale.

- Mettre en place une politique d’information juridique à destination des citoyens qui
permettent de favoriser des voies alternatives de résolution des conflits et ainsi de limiter le
contentieux dans un contexte de restriction budgétaire. L’état est intervenu via ses nouvelles
institutions dans des pratiques qui jusque là était organisé par les ordres et par les barreaux. Il
y’a une tentative d’institutionnalisation des initiatives locales prises par les barreaux et les
associations. Elle était pilotée par l’Etat. Ils ont bénéficié de la mise à disposition de moyens
conséquents et ont provoqué la multiplication des acteurs d’accès au droit. Les avocats se
trouvent en concurrence avec ces acteurs car même si en théorie les rôles étaient répartis,
chaque acteur luttait pour agrandir son territoire d’intervention.

Ces évolutions vont transformer la prise en charge des justiciables et les termes du débat sur
l’accès au droit et à la justice. Plusieurs tensions caractérisent la politique de l’accès au droit.

- La réactualisation du débat entre une approche réactive et pro active dans la prise en
charge des justiciables.

- Le traitement collectif des causes.

- La conscientisation des individus.

La première : on a deux approches possibles. Soit on répond à une sollicitation (approche réactive)
soit logique (pro active) qui permet la diffusion d’un droit nouveau ou peu connu auprès des
populations. Traditionnellement les professions J se construisent pour répondre à des demandes de
justiciables, toute forme de construction par la publicité a été prohibée. Avec la mise en œuvre d’une
politique nationale de l’accès au droit. Les juristes et les professionnels qui souhaitaient y prendre part
devaient se rapprocher, cibler des publics, ce qui transforme les rapports avec les justiciables. On a
toujours une tension entre ces deux démarches qui vont être mises en place, chaque acteur veut faire
valoir ses revendications des droits.

La 2 : opposition entre défense d’intérêts collectifs et singularisation des parcours : les usages
militants du droit qui se sont développés visaient à élaborer des stratégies collectives. Aujourd’hui
l’action publique tend vers une individualisation de la prise en charge. Cela se traduit par le fait que
les publics ciblés qui seraient les personnes fragilisés ne formerait plus une catégorie à priori. Au
contraire, l’individualisation des parcours rend les parcours d’exclusions floues.

Dans ce contexte, les actions collectives cèdent leurs places à des consultations juridiques destinées à
gérer au quotidien des situations définies au cas par cas. Dans le cas de la prise en charge collective,
le droit est prévu comme l’instrument d’un contre pouvoir. On partait de l’existence d’un groupe
social ou les individus rencontraient des difficultés similaires et à partir de là le droit servait à
formaliser des revendications politiques.

Désormais on gère des problèmes précis, on part du principe que chaque parcours mène à des
situations diverses. Ce référentiel à un impact sur l’activité des associations qui peuvent être
subventionnées pour des actions précises situées dans le temps.

3 : La prise en charge et la responsabilisation : de plus en plus l’état souhaite impliquer les


justiciables dans la mise en œuvre de leur droit. Pour bénéficier des droits, il faut les connaitre et
demander à en bénéficier, la responsabilité se déplace de l’état vers les gouvernés, au sens où les
dispositifs publics ne prennent leur sens que si les individus s’y engagent. De là, on vient conscientiser
les usagers au droit, d’avoir une pédagogie du droit. Cette évolution s’inscrit dans une logique plus
générale de l’action sociale dans le sens que celle-ci implique de plus en plus que les gouvernés soient
en mesure de qualifier leurs problèmes comme nécessitant l’intervention de professionnels et qu’ils
puissent se mobiliser pour bénéficier de droit.

Les juristes ne se positionnent pas de la même façon : ils vont tous se situer à mi-chemin entre la déf
de leur activité par l’ordre. La dimension politique et la façon dont il se positionne dans la
transmission du savoir juridique. Le travail de qualification permet de faire rentrer une situation dans
une qualification juridique. Cette qualification est enserrée dans un réseau d’acteurs et de stratégies
diverses.

L’intervention des professionnels dans le milieu est caractérisée par la volonté d’être les interlocuteurs
des pouvoirs publics. Elle est traversée par des tensions, des débats, une hétérogénéité de pratiques, de
systèmes d’alliance. De rapport au rôle et de la façon dont les professionnels appréhendent leurs
travails.

3. Les intermédiaires semi professionnels du droit :

On voit avec les derniers exemples que l’Etat n’est pas le seul acteur des politiques publiques. Au
contraire, une pluralité d’acteurs participe à leurs définitions. Les acteurs qui sans être des juristes
professionnels mobilisent le droit au quotidien. On va s’intéresser à la façon dont les groupes
d’intérêt mobilisent le droit pour infléchir l’action publique.

Michel : « cause des propriétaires ». Elle s’intéresse à la façon dont les acteurs entrent en politique.
Comment les propriétaires se sont imposés comme des acteurs légitimes des politiques publics et de la
politique du logement. Elle se demande comment ils ont pu se faire une place dans une politique de
droit au logement.

Elle développe le cas d’une association (UNPI : union nationale de la propriété immobilière) :
groupe de défense des propriétaires qui portent sur la fiscalité. Cela porte sur les conditions des
logements et des loyers etc. C’est une stratégie de recours au droit qu’elle développe progressivement.
Dans un premier temps, elle demande pourquoi cette association se tourne vers le domaine J pour
défendre l’intérêt des propriétaires, ce choix n’est pas évident, il renvoie à un phénomène de
juridicisation dans le monde associatif.

Ce secteur comprend l’A, mais aussi des associations d’aide sociale tel que l’aide sociale ou l’UNPI.
Ces acteurs associatifs portent des intérêts divergents des politiques du logement. Dans les années
1990, l’UNPI doit faire face à deux éléments. Une moindre intention de la part de l’Etat et aussi des
critiques importantes venant des éléments de défense des locataires. En effet, dans la seconde moitié
des années 90, la politique se transforme. La politique du logement vient bousculer ce milieu
associatif.

L’accès au logement va constituer un des éléments les plus importants contre l’exclusion sociale.
Parallèlement des associations s’emparent de cette référence au droit. Ces acteurs portent une vision
sociale axée sur l’accès de tous au logement et il ne revendique par uniquement des protections
supplémentaires pour les locataires mais il souhaite assurer le maintien dans les logements des
personnes en détresse qui est confronté au droit de propriété. Ces associations lancent des campagnes
pour dénoncer ce qui tirerait profit du droit de propriété (société immobilière) ou les propriétaires qui
gardent des logements vides au lieu de les ouvrir.

L’UNPI se sent menacé dans son image et dans la politique qu’elle défend. Elle risque de perdre sa
légitimité en tant que pouvoir public. Face à cela, elle entend réaffirmer sa place et légitimer les
actions de défense de la propriété immobilière. Progressivement à la défense des propriétaires va se
substituer la défense du droit de propriétaires et le recours au droit va s’imposer comme un référentiel
efficace. On quitte la défense des intérêts des propriétaires et on évite les critiques des propriétaires
comme des nantis, la traduction juridique permet de concurrencer la cause d’un droit au logement.

Ces stratégies vont se révéler efficace, le CC va être saisi suite au vote d’une loi en 1997. La saisine du
CC en elle-même intervient après le vote de la loi. Ils arrivent à faire amender des parties de la loi.
L’avis que le CC va émettre est soumis à des réserves d’interprétation. La décision réaffirme le droit
de propriété. L’UNPI obtient une victoire symbolique en disant qu’ils sont disant un groupe légitime
et légaliste à intervenir dans les affaires publiques. Leur victoire leur permet d’affirmer l’arsenal
juridique élaboré.

L’UNPI offre une nouvelle capacité d’action à une échelle différente, au niveau européen. De plus en
plus marqué par la référence européenne. En 1997, se tenait le forum européen du logement qui
réunissait des associations avec des visions opposées à celles de l’UNPI. Elle souhaite alors investir le
milieu européen. Le droit est une stratégie intéressante d’abord la défense du droit de propriété permet
d’aller plus loin que la défense d’intérêt nationaux. Le droit est un espace prisé pour les groupes
d’intérêts. Elle prend contact avec d’autres associations et rédigent des mémoires juridiques. L’objectif
est double : faire inscrire le droit de propriété dans la charte et aussi que le droit au logement n’y
soit pas inscrit.

Ils parviennent à faire aboutir leurs revendications avec des effets : d’abord l’inscription du droit de
propriété de la charte offre des opportunités de la mise à l’agenda de la propriété au niveau européen.
Le texte prévoit un levier d’action pour l’UNPI et pour les groupes d’intérêts qui travailleraient à faire
valoir le rôle d’une politique européenne du logement. L’idée est d’infléchir les politiques publiques
en la définissant comme une politique qui reposerait sur la coordination d‘acteurs privés et publics
pour assurer un ou des marchés du service des logements. La défense du droit de propriété permet à
l’UNPI de promouvoir sa conception de la politique du logement. L’aide au logement se définit alors
comme une aide individuelle pour accéder à des biens immobiliers. L’UNPI dégage une légitimité
nouvelle. Le droit se révèle un opérateur transformant pour révéler des acteurs économiques qui
suscitent l’adhésion et qui bénéficie d’une légitimité dans l’espace politique. La mise en forme d’une
politique publique produit des effets sociaux à la fois pratique et symbolique.

Toutefois une politique publique prend réellement vie dans sa mise en œuvre. Le droit cadre les
actions, fixe les rôles, le droit offre des outils comme moyen de régulation.

1. Les institutions de justice dans la production des inégalités.

a. Les inégalités de traitement entre les justiciables par les institutions de justice :

L’approche de Foucault avec la gestion différentielle des illégalismes puis par les interactionnistes qui
s’intéressent au fonctionnement du droit pénal et des tribunaux pour savoir les rôles dans la production
des inégalités sociales. Les caractères pris en compte sont les caractéristiques sociales et
professionnelles.

L’analyse de la justice pénale et les études sur l’incarcération des étrangers : on constate une réponse
pénale différentielle selon la classe et la nationalité des prévenus.

On note une intensification des contrôles et des flagrants délits dans les années 80 (réforme de l’Etat).
Tous ces facteurs peuvent expliquer le traitement différencié devant les institutions.

Selon la classe sociale, la procédure, les justiciables ne vivent pas de la même façon l’intervention de
la justice dans leur vie privée et avec des appréhensions différentes sur leurs facultés éco. Pour tout
travail de l’administration et de la justice, ces facteurs vont expliquer ses effets sociaux.

1.1. Les inégalités de traitement entre les justiciables par les institutions de justice.

Le modèle Naiming, blaiming, claiming. Tout conflit ne passe pas par un recours à l’arène judiciaire.

Galanter : chercheur US « Pourquoi les mêmes gagnent toujours ? », dans un contexte


d’effervescence judiciaire, de nbx groupes d’intérêts se sont tournés vers les cours dans la décennie
précédente pour faire avancer des revendications politiques. (Droits civils, consommateurs).

Malgré les exigences du droit à l’égalité de traitement et son inspiration à l’universalité, il ne faut
jamais négliger les ressources des parties engagées dans un procès. Il montre que tous les acteurs qui
interviennent dans le processus judiciaire pèse sur l’issue des procès.

Il identifie les justiciables comme des joueurs parmi lesquels il y’a les justiciables socialement et éco
dotés (les ayants) et les justiciables moins dotés (les n’ayant pas), également les joueurs répétés
(repeat players) et ceux qui n’y ont recours qu’une fois. (one shot player). Les joueurs répétés et bien
dotés économiquement parviennent davantage à leurs fins par leurs connaissances des procédures, par
des accès à des intermédiaires du droit et par leurs capacités à anticiper les attentes des juges.

Il constate que les entreprises ont recours au droit de façon accrue, dans un contexte où la place du
droit s’est étendue de même que le marché des services juridiques à grandi. L’accès au droit et à ces
services ne se fait pas de la même façon selon le secteur.
Une part croissante des services juridiques étaient consommées par des entreprises et par des
organisations gouvernementales. Tandis que la part juridique des individus tendait à diminuer.

 Ainsi, en 1977, 55% de l’industrie juridique concernait des individus et 39% des entreprises.

 En 1992, la part des services juridiques consommés des entreprises étaient passées à 50%
tandis que celles des individus étaient en diminution.

Il constate également qu’une part croissante de l’activité des professionnels du droit concerne le
conseil aux entreprises.

La place grandissante des organisations dans la vie juridique, leur recours accru au droit conduit à
penser que les avantages structurels seraient susceptibles de s’accroitre et d’augmenter ses disparités
entre joueurs répétés et économiques dotés. Il appelle à des analyses plus poussées. Il appelle aussi à
penser à la répartition des ressources comme un des éléments d’analyse du droit et de la justice.

2. Les effets des transformations des politiques publiques :

Dans le cadre de la loi sur la fiscalité : l’évolution des politiques publiques avaient des conséquences
sur l’évolution dont était pris en charge les justiciables. Dans cette partie, on revient sur la
transformation de l’état.

Depuis les années 80 : le système A FR est confronté à un nouveau contexte éco, politique et sociale.

L’introduction du nouveau « management public » dans l’institution judiciaire :

On parle d’un tournant néolibéral pour qualifier la période, terme utilisé pour décrire à la fois les
politiques économiques et pour la réorganisation de l’état.

On assiste à la diffusion d’une pensée managériale qui va devenir un référentiel d’action publique.
Elle se diffuse dans tous les secteurs de l’action publique.

Dans la conception traditionnelle de la gestion publique, l’A est assurée d’une légitimité de principe.
Cette légitimité est entrée en crise et pour la récupérer, l’état souhaite montrer son efficacité.

La doctrine du nouveau management public repose sur deux postulats :

- Il faut appliquer à l’état la même comptabilité, la même efficacité.

- Les méthodes de gestion doivent être importées du privé au public.

La loi organique relative aux lois de finance indique cette logique managériale : la loi vient
modifier les modalités d’élaboration des lois de finance. La loi prévoit pour chaque ministère les
objectifs précis et les résultats, cela repose sur des critères mesurables.

Ces évolutions concernent l’ensemble des appareils d’Etat et aussi l’appareil judiciaire.

Vigourt : travaille sur l’institution judiciaire dans plusieurs pays européen.

Thèse développée : on assiste à la diffusion du management public dans l’institution judiciaire : cette
logique ainsi que les outils managériaux.

Elle remarque que la dimension politique qui est ordinairement présente dans les débats sur la réforme
de la justice est atténuée dans les discussions répondant explicitement à une logique d’efficience. Les
débats portant sur la rationalisation de la justice tendent à la déconflictualisation.
Les affrontements idéologiques se situent en arrière plan dans le débat sur la réforme de l’institution
judiciaire. Le nouveau management public devient un sens commun réformateur.

Son idée : Les débats s’inscrivent dans une logique de moyens et les interrogations sur la gestion
optimale des ressources humaines et financières des institutions. Se faisant, la réflexion sur l’efficacité
de la justice portant sur l’organisation des services judiciaire et les réformes politiques.

Ces réformes visent à répondre à la temporalité de la justice, d’autre part, elle vise à transformer la
réponse pénale. Elles vont être portées par des acteurs politiques et des magistrats du droit qui
reprennent à leurs comptes et les politiques émises par le ministère. On assiste à 3 phénomènes. On
s’intéresse à une des réformes pour illustrer ces actions.

Les effets des réformes : exemple de l’introduction

du TTR. Traitement en temps réel des affaires pénales.

Au début des années 90 : le TGI de Bobigny a expérimenté un dispositif de traitement en temps réel
des affaires pénales. Afin de rendre plus rapide le traitement des dossiers, une permanence reliant le
parquet et les services de gendarmerie et de police est mise en place.

Il s’agit que le parquet prendre des décisions immédiates.

Bastard : dit que c’est un effet de standardisation des décisions prises par le parquet. On assiste
également aux recours acquis de flagrant délit et de comparutions immédiates.

Le traitement en temps réel a été généralisé au début des années 2000. Les différentes interventions
ont eu beaucoup de répercussions sur le procès pénal. La tendance étant l’accentuation du pouvoir du
parquet.

Le traitement en temps réel vise à augmenter le recours à des procédures rapides. Le but est d’inciter
les magistrats du parquet à se saisir de ces procédures par rapport à ces instructions. La tendance
actuelle apparait au remplacement des recours de procédures immédiates. (infractions stupéfiants).

Les nouvelles innovations procédurales accordent un poids plus important au parquet. Les CRPC
sont des procédures où le rôle du juge est souvent d’entériner.

- L’augmentation des mesures négociées entre le parquet et le prévenu.

- L’augmentation des procédures rapides.

- La réduction des dossiers renvoyés en instruction.

Ces réformes donnent un poids plus important au parquet pour un ensemble de contraintes. Le taux de
réponse pénale étant devenu une contrainte pour les parquetiers. Il se mesure à partir de l’ensemble
des poursuites. Cela incite le parquet à répondre rapidement.

Il existe un nombre de cas tangents pour lesquels il est plus facile d’arbitrer, ce sont ces cas qui
s’orientent aujourd’hui vers la procédure rapide. Ces évolutions changent en fonction des tribunaux,
plus il a de dossiers et moins il y’a d’effectif, plus les tribunaux sont amenés à gérer une logique
quantitative.

Les logiques managériales ont une influence dans le choix des procédures et dans la façon dont les
dossiers vont être traités. Les tensions professionnelles, entre les avocats et magistrats, entre les
barreaux répondent aussi à ces transformations judiciaires. L’emprise croissante des indicateurs tend
vers une conception managériale des décisions de justice. La 1ere va accorder plus de temps à la
procédure alors que la seconde va placer ses objectifs dans la réponse rapide dans la volonté
institutionnelle.

La norme de droit n’est pas neutre, c’est le produit des rapports sociaux. Ce qu’on peut retenir c’est
qu’on constate des applications différentielles : aux institutions de contrôle, aux justiciables, le droit
est saisi par de multiples acteurs. Ils disposent de ressources différentielles. Ces 3 dimensions
permettent de répondre aux problématiques quant aux non applications du droit et nous permettent de
comprendre les inégalités face au droit.

D. La mise en scène du droit : Depardon : la 10e chambre.


PARTIE IV : Les usages sociaux du droit :

En constituant le droit comme chambre autonome et en juridicisant les relations entre gouvernants et
gouvernés, le droit devient une ressource de contestation des pouvoirs institués.

Il faut changer de perspective en nous situant du coté des gouvernés et des manières dont ils
mobilisent le droit comme outil de contestation.

On verra d’abord que le droit et le rapport de l’Etat se construit dans une relation entre les institutions
et les gouvernés. Il faut s’intéresser aussi à la façon dont le recours au droit et le recours en justice
façonne la société en général.

A. Représentations et usages ordinaires du droit.

1. Le développement des Legal Consciousness Studies (LCS)

Le développement des études sur la conscience du droit.

Un courant de recherche s’intéresse au rapport que les justiciables, entretiennent avec le droit. Les
travaux qui regroupent ces recherches sont nommés LCS : commencée par EWICK.

Pour ces auteurs, analyser le droit comme activité sociale = appréhender les rapports quotidiens
avec le droit, et comment ces activités se manifestent dans les activités quotidiennes.

Avec de telles études, on peut voir comment évolue le rapport aux droits des individus dans le temps,
en suivant des justiciables.

Ils identifient 3 manières de se rapporter au droit et de se représenter la légalité.

- Capacité de trouver des arrangements face au droit. Cela signifie que le droit est perçu par le
justiciable comme une sphère ordinaire.
- Le jeu avec le droit, dans cette conception l’individu voit le droit comme un ensemble de
règles lui permettant de tirer son avantage.

- La résistance contre le droit dans des cas où le droit est perçu comme l’émanation d’un
pouvoir arbitraire auquel l’individu résiste par différentes stratégies.

Pour EWIK une personne peut changer de disposition vis-à-vis du droit selon la situation dans
laquelle elle se trouve. Elle présente une affaire judiciaire impliquant une personne, le caractère de la
personne change en fonction des situations rencontrées.

C’est une femme de ménage, pauvre et quartier défavorisé employée chez un couple de classe
moyenne. Elle fait les courses de ses employeurs quotidiennement, un jour la voiture est utilisée par
un ami de son fils, qui cause un accident. Elle est convoquée en tant que propriétaire du véhicule.

1er audience, elle n’est pas assistée par un avocat et étant confrontée à un tribunal et ne parvient pas à
prouver ses dires. Elle est déclarée coupable d’une infraction routière et est condamné à une somme
de 300s et à la suspension de son permis de conduire et TIG. Le fait qu’on ne lui a pas donné un
avocat est un vice de procédure. Elle demande au juge s’il peut lui faire effectuer ces travaux d’IG
dans une paroisse proche de chez elle sans préciser qu’elle est bénévole donc cela n’aurait rien
changé.

Elle reste dans l’incapacité de travailler car elle n’a plus de voiture. Ses employeurs vont intervenir et
engager un avocat qui va faire appel de la décision. Elle fait annuler la condamnation en invoquant
ce vice de procédure de départ. Elle se fait rembourser les premiers versements de son amende.

Pour EWICK, on retrouve les différents rapports au droit. La conformité face au droit, les jeux face au
droit et la résistance faite au droit. La méconnaissance des procédures judiciaires, la pousse à obéir
aux jugements.

La tentative de la personne de négocier les modalités du TIG s’inscrit dans une stratégie de résistance
faite au droit pour alléger les contraintes de la sanction. En fonction de leurs ressources, les
justiciables adoptent différentes attitudes face au droit et la conscience au droit se construit dans les
rapports quotidiens des individus et les institutions en charge de les appliquer, ce rapport au droit peut
évoluer avec l’expérience et peut varier en fonction des arènes institutionnelles.

Suite à ces travaux qui s’appuient sur la vie quotidienne des individus, des chercheurs ont essayé de
comprendre comment celles-ci sont perçues par les publics.

PELISSE applique à la mise en œuvre de la durée légale du temps de travail ds les années 2000.Il
montre que les règles qui encadrent les modalités ont été perçues de façon différente par les salariés.

- Les salariés ont été peu associés aux décisions des directions, ils ont pu bénéficier d’une
réduction de leur durée de travail quotidienne, mais ils n’ont pas considéré que cette réduction
consiste en un changement important dans la réduction du travail.

- Dans d’autres cas, les employés se sont saisis des nouvelles règles légales en même temps que
de nouvelles règles collectives pour négocier la loi avec la hiérarchie, la loi est alors vue
comme un moyen de maitriser ces horaires de travail.
- Enfin, la loi peut être perçue par les employés comme néfaste pour l’organisation de leur
travail. Ces salariés se déclarent soit non concernés soit développent des formes de résistance
à l’application de la loi.

Que deviennent les règles juridiques quand les individus les mobilisent dans leurs vies de tous les
jours ?

La conscience du droit peut alors être définie comme les individus comprennent et utilisent le droit, la
manière normale de faire les choses, la façon de leur faire comprendre le monde social.

2. La socialisation au droit.

Les études se donnaient pour objectif de comprendre pourquoi les personnes adoptent tel ou tel rapport
au droit dans des circonstances données.

Les propriétés sociales de la personne, les appartenances, les représentations, les ressources que
l’individu peut mobiliser ou encore les représentations plus générales sur le monde social sont les
caractéristiques.

Par ailleurs, les expériences juridiques que les personnes ont vécues au cours de leur vie et les
apprentissages qui en ont découlé jouent également un rôle sur le droit et la justice.

A. La socialisation différentielle selon l’origine sociale.

Les rapports au droit des individus sont différents, une enquête par Spire met en lumière les
différentes modalités par l’inégalité des justiciables. Le premier constat est d’ordre quantitatif, on
trouve une surreprésentation qui montre que le TA est sélectif malgré tout.

Parmi les agents de la FP, ceux qui attaquent leurs employeurs, on trouve une surreprésentation des
professions intellectuelles, le niveau de diplôme semble corréler à l’institution judiciaire. Par ailleurs,
les hommes sont plus nombreux que les femmes alors qu’elles sont majoritaires dans la fonction
publique. C’est corrélé au niveau des diplômes.

Les enseignants du secondaire, sont moins représentés, par le fait que bénéficiant d’une marge
d’autonomie dans leur travail et d’un relative éloignement par rapport au plus au niveau de
l’encadrement, le risque de contentieux est plus faible.

Pour le contentieux fiscal, on a aussi un effet de sélection mais qui opère différemment, on relève la
présence d’artisan et de chef d’entreprise.

3 explications peuvent être proposées :

- Les activités de ces indépendants est plus sujet au domaine fiscal.

- La fréquentation répétée avec les institutions judiciaires.

- Le rôle particulier de ces professions qu’elles entretiennent avec l’Etat.

Les effets de l’appartenance sociale se traduisent dans l’accès aux professionnels du droit. Certains
justiciables bénéficient d’un capital procédural c'est-à-dire d’une capacité à réagir en mobilisant des
proches, en sélectionnant les bons intermédiaires.
La saisine du tribunal n’a pas pour objectif de faire gagner le litige mais de renouer un dialogue avec
l’A dont les règles paraissent obscures et inéquitables et dans certains cas, la règle de droit que le
tribunal oppose à leur demande ne vient pas à les satisfaire.

Pour comprendre les mécanismes de sélections décris plus haut et pour essayer les mécanismes, une
grande partie des études socio vont se focaliser sur les rapports au droit au sein des classes populaires.
Cela explique les rapports au SP.

Aux EU, SARAT met en évidence l’ambivalence des attitudes des ayants droit vis-à-vis des instances
juridiques susceptibles de les aider avec l’A. Ils voient dans les institutions une source d’aide et de
reconnaissance mais aussi de contrôle et dans des situations de dépendance.

En FR, des études ont lieu par SIBLOT qui travaille sur les rapports quotidiens entre les ménages des
classes populaires et les centres sociaux.

Les individus construisent des catégorisations sont ancrées sur l’appréciation concrète. Cela renvoie à
une opposition générale entre des administrations où on peut faire valoir ces droits et de l’autre des
cours, où on doit demander l’aumône. Elle renvoie à un sentiment de facilité de faire des demandes
auprès des agents et la façon dont ils reçoivent les demandes exprimées. Pouvoir faire ces droits
apparait comme central et renvoie à la capacité de mobiliser des ressources à accéder des informations.

SIBLOT nous amène des enseignements sur la façon dont les ménages populaires mobilisent des
ressources en s’intéressant au travail A qui se déroule dans la sphère des familles.

Ces taches étant situées à la limite entre sphère privée et reposant sur une multiplicité de savoir faire,
des compétences rédactionnelles, un repérage au sein du monde institutionnel. On met au jour le
travail effectué, les modes d’apprentissage. La répartition du travail A se fait en fonction de ces
membres dans les familles, les femmes prenant souvent en charge ce travail.

Dans ce travail quotidien, on voit comment se forme les jugements sur l’A et le rapport à l’Etat et au
politique des individus. Les contacts quotidiens constituent des expériences socialisatrices avec des
effets divers et cela ouvre à la question des rapports à l’état et au politique, dans quelle mesure les
interactions amènent des individus à connaitre et à revendiquer leurs droits.

B. Les effets de l’épreuve judiciaire :

L’expérience judiciaire peut contribuer à un renforcement d’avoir des droits : le litige vient conforter
une volonté de se préoccuper de ces droits et déclencher une prise de conscience de cette
méconnaissance (MCCANN).

L’auteur dit que les recours en J peuvent participer au développement de la conscience du droit qu’il
définit dans le cadre de son étude « d’un droit à avoir des droits ». (porte sur l’égalité salariale).

Il identifie plusieurs éléments où le droit façonne :

- Il permet de formaliser des revendications et créer un agenda politique.

- Le recours au droit peut accompagner la mise en œuvre d’une politique publique.

L’adoption de règles juridiques élève les attentes du public en diffusant une conscience des droits.
Cela prend une dimension morale et façonne les représentations de l’injuste et du juste. Après le
succès J, les individus ont gagné de nouvelles représentations sur leur droit.

Le recours en justice peut avoir la particularité que des organisations vont accomplir une
conscientisation des individus. Par cette socialisation, les individus acquièrent des stratégies face à la
règle juridique. Ces usages ordinaires du droit font partie des phénomènes qui expliquent le décalage
entre la norme de droit écrite et ces applications.

C. Les usages politiques du droit.

On s’intéresse aux usages protestataires du droit. Porte sur des situations où cette force peut être
retournée. On retourne contre l’Etat son langage juridique.

On se demande pourquoi des groupes sociaux parviennent à recourir aux droits pour défendre une
cause.

Schengold parle de politique des droits car les mouvements sociaux, le droit des étrangers, le droit
font partie du répertoire d’action collective pour les militants.

1. L’action collective et son répertoire.

Toute mobilisation sociale est le résultat d’une construction historique et de la façon dont un groupe
peut mobiliser des soutiens et inscrire son projet dans un répertoire d’action politique. (lobbying,
grève, pétition).

Les analyses montrent que la compétition de ces répertoires évoluent dans le temps (déprotestation
sociale = fin de rituels sociaux), l’objectif des groupes est d’acquérir le soutien des notables locaux.

Au XIXe, les contestations prennent une ampleur nationale, elle ne repose plus sur le patronage d’un
notable mais sur le travail des organisations. (syndicats, associations).

Depuis les années 70, on voit émerger de nouveaux répertoires d’action, avec les NTIC, les
mouvements s’internationalisent et l’expertise scientifique ou juridique prend une place plus
importante dans les discours devant les PP. (santé au travail).

Ces transformations sont liées à l’évolution des institutions et l’augmentation du niveau de diplôme.

2) Le développement des usages protestataires du droit

Droit comme répertoire de l’action collective: outil pour porter des


revendications, opposer à l’État sa propre logique juridique et son propre
langage —> Longtemps considéré comme instrument de domination
(Bourdieu / Foucault) on change de regard sur le droit que les mouvements
sociaux s’approprient en 1960/70. Associations, mouvements sociaux,
organisations syndicales développaient des services juridiques, estaient en
justice pour légitimer leurs revendications.

Nouveau répertoire d’action du aux transformations du champ politique =


développement d’une
rhétorique de l’État de droit qui l’érige comme parangon de l’État
démocratique = lié à un
mouvement international de promotion et de défense des DDH suite à la
2GM.
L’Etat doit être contrôlé par le droit et protéger les LF, les étendre au gré
des revendications.
Contexte des 70’s —> Mai 68 contestation de l’ordre politique + social établi
= nouveaux
mouvements sociaux dont les structures différent de celle des partis
politiques ou des
organisations syndicales (rejet de la verticalité + démocratie participative).
Nouvelles revendications juridiques: droit des étrangers, droit au logement.
Répertoires d’actions prônent l’expertise: asso et orga se dotent de
programme de formation juridique et cherchent des alliés parmi les
professionnels du droit.
Droit —> outil de transformations sociales.
Nouveaux modes de revendication liés aux évolutions du champ juridique
des 70’s : émergence de
syndicats + professionnels du droit engagés dans les politiques d’accès au
droit + défense des
plus démunis (syndicat de la magistrature) = Pro du droit B2B mouvements
sociaux (auxquels les
juristes participent) qui s’appuient sur leurs ressources juridiques pour
porter leurs revendications
auprès des pouvoirs publics —> On retourne le droit contre l’Etat.
Accélération du mouvement dans les 70’s Ok mais c’est le produit d’un
processus historique:
Auteurs ayant traité de l’anticolonialisme ont montré que des collectifs de
juristes se forment à
partir de 1950/60 pour défendre des militants indépendantistes devant les
tribunaux (usages du
droit pour contester la légitimité de la colonisation) = discours délégitimant
l’action de l’Etat.
La possession d’un savoir spécialisé constitue un mode d’entrée dans le
champ politique.
Evolutions: promotion des DDH = citoyens s’approprient le droit pour
revendiquer leurs droits.
MAIS accès inégal au droit, le choix de recourir au droit/tribunaux comme
répertoire d’actions
dépend des ressources des groupes mobilisés, des objectifs visés et de la
position occupée dans
l’espace social (variables) —> Conditions d’utilisation du droit étudiées par
les chercheurs du
mouvement « droit et société » (partie 1 du cours).

a) L’usage du droit par les mouvements féministes au Canada:

1) Présentation du mouvement

Critique féministe = des chercheuses ont montré la contribution du droit et


de la justice à la
reproduction des inégalités hommes / femmes = dénonciation du rôle du
droit dans la reproduction du patriarcat + réflexions sur les possibilités
juridiques de transformation des rapports sociaux. Anne Révillard étudie
l’investissement de l’arène judiciaire par des mouvements féministes au
Canada dans les 80’s dans son ouvrage « Les usages politiques de la justice ».
Au début des 80’s les mouvements féministes canadiens militent pour la
conquête de leurs DF constitutionnels —> « la politique constitutionnaire »
2 modes d’acquisition de ces DF qui se nourrissent l’un l’autre: (1) Révision
constitutionnelle et (2) jurisprudence.
Investissement de l’arène judiciaire + défense de cas sélectionnés par les
associations permettent la conquête de nouveaux droits ET les révisions
constitutionnelles sont des leviers pour de futures actions en justice =
Combo des deux utilisés par les mouvements féministes canadiens
largement influencés par l’expérience féministe américaine (investissement
des tribunaux dans le sillage de la lutte pour les droits civiques aux USA*).
*Arrêt de la CS Roe v. Wade de 1973 a reconnu l'avortement comme un droit
constitutionnel,
invalidant les lois le prohibant ou le restreignant —> Succès de l’activisme
judiciaire!

2) Répertoire d’action juridique décliné sous plusieurs formes:

1. REFORME CL 80’s: réforme constitutionnelle (intégration de la Charte


canadienne des droits etdes libertés) —> Mouvement féministe s’est mobilisé ++
autour de ce
projet surtout dans le cadre des auditions parlementaires de 1980 à 1981.
Enjeux: redéfinir le principe d’égalité dans la Charte = victoire car nouveaux
droits pour la femme dans la Charte qui consacre l’égalité (formelle +
substantielle) devant la loi et dans son application (protection et de bénéfice
de la loi). Ces mouvement promeuvent l’égalité substantielle et la neutralité
pour dénoncer les lois inégalitaires. Art 28 de la Charte affirme la primauté
du principe d’égalité des droits et des libertés sur l’ensemble des
dispositions de la Charte —> (1) Stratégies de lobbying et d’investissement
de la règle parlementaire + (2) passage à une stratégie d’activisme judiciaire
favorisé par la réforme.
Acquis juridiques ont servi de levier d’action en justice + discours
parlementaire a été ++ mobilisé dans le débat politique et les interventions
médiatiques des associations.
2. ACTIVISME JUDICIAIRE: des femmes, majoritairement juristes (classes
supérieures) ont mis
en place un fond pour financer l’action judiciaire sur le modèle des USA.
Initiative soutenue par
l’État = conseil consultatif sur la situation des femmes créé le fond en 1984:
- Fond national unique pour financer l’action judiciaire
- Apporte un soutien direct aux cas sélectionnés par les associations.
- L’action en justice est pensée dans le cadre d’une stratégie
complémentaire d’éducation et de
lobbying.
Leur stratégie judiciaire: monopoliser les questions d’égalité dans l’arène
judiciaire donc le fond doit soutenir des affaires relatives à l’application de
la charte des droits et libertés (on sélectionne). Les faits doivent être
solides et les dossiers doivent être d’importance pour les associations.
Les associations font de quatre domaines d’action leur priorité:
- Définition générale des droits à l’égalité
- Avortement
- Droit pénal
- Politique sociale

b) Les déterminants des stratégies d’activisme juridique et judiciaire

1. Les stratégies peuvent varier selon le contexte national:

Au Québec la réforme constitutionnelle ne s’est pas accompagnée de


stratégies d’activisme
judiciaire, les féministes québécoises ont adopté un « cheminement direct »
dans leur effort de
transformation du droit (réformes législatives), plutôt que par des droits
conquis et défendu dans
l’arène judiciaire (stratégie de lobbying).
Dans les provinces anglophones les DEUX types de stratégies ont été
combinés: pq?
Système de droits civils: favorise les réformes —> Juge interprète le droits.
Système de Common Law: favorise l’activisme judiciaire —> Juge créateur
de droits.
FRANCE = peu d’activisme judiciaire mais exceptions: GISELE HALIMI
avocate crée l’association
CHOISIR LA CAUSE DES FEMMES.

2. Les mouvements associatifs et militants ne disposent pas des mêmes


ressources:

Courant d’analyse dans la sociologie des mobilisations = courant des


mobilisations des
Ressources: les mouvements sociaux ont des structures, des ressources
politiques et des
Compétences. Ces ressources déterminent le choix des répertoires d’action.
QUEBEC Le mouvement féministe a une large assise populaire, il est
composé D’associations/syndicats ruraux —> Mouvement de masse avec de
grandes fédérations Provinciales + liens avec les acteurs politiques
nationaux = Leaders du mouvement proche du Politique = capital relationnel.
MAIS peu de juristes au sein du mouvement donc les militantes pèsent sur la
transformation du droit par voie législative plutôt que judiciaire, d’autant
plus que les opportunités se présentent.
PROVINCES ANGLOPHONES —> Développement de réflexions sur l’égalité
des droits
dans les universités + participation croissante des juristes au mouvement
des femmes. Ressources mobilisées pour investir l’arène judiciaire = capital
juridique + propriétés sociales des militantes.
3. Militantes Québécoises / anglophones ont des objectifs politiques ≠:
♣ Québec: discours nationaliste (pas central) influence le discours +
stratégies du mouvement.
Veulent que la législation du droit de la famille relève de la compétence
provinciale.
Veulent la primauté du code civil.
♣ Provinces de Common Law: Veulent que la législation du DF relève de la
compétence
Fédérale.
4. La structure d’opportunité politique: Le mouvement a-t-il des occasions de
porter ses revendications? Etudie l’ensemble des contraintes + opportunités
caractéristiques du contexte dans lequels’insèrent des mouvements
sociaux. Critères:
􂇘 Ouverture de l’accès au système politique
􂇘 Présence d’alliées d’influence
Accès au système politique du mouvement québécois ☛ 1973 création d’un
conseil consultatif du statut de la femme chargée d’information et de
conseil auprès du Gouvernement: Opportunités politiques ouvertes au
mouvement québécois qui a pu mener un taff de lobbying ayant mené aux
réformes.
MAIS décisions de justice = mierda ➔ Loi de 1980 permet au juge d’établir au
moment d’un divorce une prestation compensatoire ➔ militantes trouvent
que son interprétation par les juges est restrictive ➔ Veulent une loi qui
instaurerait le partage automatique de certains biens constituant le
patrimoine familiale en cas de divorce.
≠ Provinces anglophones: Ressources mobilisées + possibilités
d’interprétation = militantes
investissent davantage l’institution judiciaire = Activisme judiciaire.
Reprise de la Théorie de MCCANN par ANNE REVILLARD ⇢ Contexte est
détermine le choix entre utiliser le droit comme argumentaire politique OU
comme outil de lutte. Pour Anne:
Contexte de réforme CL ⇢ créateur d’opportunités pour le mvmnt + formation
d’argumentaires
Juridiques définissant l’égalité et les modalités d’application de la loi. Le
droit peut être une
ressource pour un mvmnt social si ses membres ont un capital juridique.
Juristes apportent leur expertise au mouvement + rôle de conseil sur les
actions en justice +
participent à développer la conscience du droit du mvmnt = favorise le
recours à la justice.
Usage du droit = mouvements s’institutionnalisent #Etat + peuvent se
professionnaliser
(interlocuteurs du pouvoir public = pèse sur l’action publique) MAIS
obligation de respecter les
règles institutionnelles pour parler en lieu et place de l’Etat.

c) Les effets des usages du droit sur les mobilisations

1) Construire une situation problématique: visibilité des groupes sociaux

Usage du droit ↠ permet de politiser la revendication ↠ construction d’un


problème public
(légitimation des revendications) + discours = discours juridique (abstrait)
facilite la montée du
militantisme ↠ référence au droit fait naitre une conscience collective +
identification à un groupe +
revendications communes. Actions contentieuses = prise de conscience +
faire valoir ses droits.

2) Publiciser une cause

Porter la lutte pour une cause sur le terrain judiciaire ↠ médiatisation en


prenant à témoin l’opinion publique ↠ Exemple: couverture médiatique de
l’action en justice contre le Levothyrox.
Risque du procès ↠ Rejet de la plaine + individualisations des plaintes
auxquelles les mouvements tentent de résister par la mise en place des
réseaux de juristes.

3) Constructions des politiques publiques:


Qualification juridique de revendications politiques ↠ conséquences sur l’OJ
+ conduite de l’action publique. Les mouvements sociaux veulent co-
produire les politiques publiques (et donc le droit) en créant des concepts
juridiques ou en promouvant des modalités d’application du droit (deviennent
les interlocuteurs des pouvoirs publics).
Mvmnts féministes ↠ Montrer que le DF (neutre askip) participe à la
reproduction des inégalitéséco H/F.
Mvmnt défense du droit des étrangers ↠ recours en justice des associations
(Ligue des DH)
obligent l’admin clarifier les principes floues des circulaires qu’elle applique.
Collectifs pour le droit au logement (nouveau concept) l’opposent au droit de
propriété.

d) Les limites du recours au droit

Droit ➳ mode de construction des représentations sociales + discipline les


conduites (langage de pouvoir qui permet d’en exercer un) ➳ qualification
juridique (autorité) légitime les discours dans le champ social ➳ ressource
précieuse pour les mouvements sociaux / groupes d’intérêt.
MAIS il faut se plier à sa logique et aux règles du champ juridique (risque
d’être dépossédé de la cause défendue une fois requalifiée juridiquement).
Dépossession ➳ par les professionnels du droit + contraintes
institutionnelles (forme du procès). Champ juridique fermé (même si poreux)
capacité à y trouver des relais pour faire entendre sa cause + ressources
juridiques dures d’accès MAIS la (f) de médiation est dynamique l’autorité
des juristes dépend aussi de leur capacité à trouver des relais dans l’espace
social.

3) Le « Cause Lawyering »

« Cause Lawyering » ➞ Pro du droit utilisant leur capital juridique pour


militer #cause = juristes impliqués DANS les mouvements sociaux dont les
chercheurs étudient le rôle qu’ils y tiennent et leurs pratiques. Concept
d’Austin SARAT et de Stuart SCHEINGOLD pour comprendre les nouvelles
formes d’activisme juridique des 60’s lien entre identité pro / engagement
politique. Concept visant à étudier le rôle particulier des juristes dans les
usages protestataires du droit. « Cause Lawyering » ➞ action de s’engager
┃ « Cause Lawyer » ➞ individu qui s’engage. Les « Cause Lawyers »
prennent appui sur un de leurs cas pour défendre une cause plus générale,
dénoncer une injustice sociale. Ils sélectionnent leur clientèle (ne prennent
pas tous comme leurs srabs) + remettent en cause la pratique pro
conventionnelle du statu-quo.

Les Cause Lawyers ont souvent des engagements associatifs avant


d’exercer.
LAURENT WILLEMEZ a travaillé sur les avocats engagés politiquement dans
les des orga
syndicales (mouvements soc) à partir des 70’s pour faire évoluer le droit du
travail. Il montre que ces engagements professionnels sont la continuité de
leur carrière militante (anciens syndicalistes, encartés au sein d’un PP). Ils
sélectionnent leur clientèle + « partenariat » avec asso/syndic pour créer
des argumentaires juridiques déclamés devant les tribunaux /
administration. « Cause Lawyering » ➞ Lien apparent militantisme / pratique
pro.
Trois questions doctrinales posées au Cause Lawyering:
1. Restreint-on la notion aux avocats qui se déclarent militants? S’intéresse-t-on à
leur trajectoire
sociale OU à des contextes en l’étendant à tous les pro intervenant auprès de
publics
défavorisés pour examiner les CSQ de leur action?
2. Y inclut-on les juristes engagés dans des causes conservatrices? Travaux (USA)
sur les
mobilisations de la droite religieuse (juristes militants contre le droit à
l’avortement #CS Trump).
3. Quels groupes professionnels la notion permet-elle d’étudier? Etudes
classiques employant le
« Cause Lawyering » portent sur les avocats mais Violaine ROUSSEL s’en
est servi pour
étudier l’émanation des magistrats dans la lutte contre corruption (France)
dans les 90’s.
«Cause Lawyering» permet d’identifier plusieurs formes d’engagements
politiques des juristes, de montrer l’hétérogénéité des groupes pro
(idéologies ≠ relations avec leur public ≠ et exercice deleur profession ≠) ➞
Comment s’engager en respectant les codes + règles du champ juridique?
❀ Rôle des juristes dans les mvmnts soc: La juridicisation de la cause des
travailleurs ❀
Ils sont à l’intersection entre ≠ champs aux logiques de fonctionnement ≠ au
sein desquels ils
Doivent être reconnus.
Champ politique: engagement + croyance dans la cause défendue =
valorisés.
Champ juridique: neutralité + distance par rapport à la soc = légitiment le
droit + lui donnent sa
force et son autorité.
Quelle place accorder au droit parmi les autres répertoires d’actions?
Les juristes engagés doivent faire reconnaître les revendications
(requalifiées) pour les légitimer
au sein du champ juridique ➞ techniciser des débats pr les faire entrer dans
les logiques du
champ juridique ➞ créa de nouveaux concepts juridiques #doctrine.
Au XXème siècle, les avocats monopolisent ➢ défense des salariés +
activité juridique des orga syndicales au sein du mouvement ouvrier via
l’élaboration de lois + stratégies de défense
dans les contentieux relatifs au droit de grève / accidents du travail ➢ Ils
sont des ressources pour ces mvmnts qui bénéficient de leurs savoirs-faire +
considérés comme acteurs légitimes du champ juridique ➢ légitimation des
orga syndicales qui pénètrent le champ juridique.
L’avocature domine dans le syndicalisme car la base syndicaliste n’a pas de
capital juridique donc la base délègue. MAIS l’élévation du niveau de
diplômes + nouvelles classes syndiquées amène les syndicats à créer des
services spécialisés dans le travail juridique en interne ➢ accès à la
formation juridique pour les syndicats.
Travail spécifique des avocats spé en droit du travail depuis les 70’s a
participé à la juridicisation de la cause des travailleurs ➞ mise en forme
juridique+ choix de ce répertoire d’action ➞ transformations des pratiques
syndicales : à partir de 1970 les dirigeants syndicaux recourent à l’action
juridique et judiciaire. Les organisations fondent des revues juridiques +
CFDT crée une caisse nationale affectée en partie à ses actions judiciaires
(d’autres orga suivent).

Judiciarisation des syndicats = évolution des liens avec les professionnels


du droit + Professionnalisation des syndicats (enjeux complexifiés en droit du
travail) + deviennent les
interlocuteurs des PP + investissement des juristes dans les orga
syndicales.
MAIS la technicité du bay = profanes dominés par les intermédiaires du droit
+ professionnalisation*du militantisme peut entraîner des tensions / débats
sur la stratégie militante = clivages syndicats réformistes / ou non.

4) Contestation et illégalisme

Quid des actions illégales d’un mvmnt social qui se veut être interlocuteur
de l’Etat? Faire
Référence au droit hors du cadre légal en gros.
#TEEEEUUUUFCHEPEREMONPOTE

a) Le recours aux illégalismes

MOUVEMENT DES 100 né dans les 90’s: Emergence de ++ d’asso et de


groupements engagés dans la défense des groupes à faibles ressources
(chômeurs, mal logés, sans papiers).
Acteurs pouvant agir de façon coordonnée et médiatisée #spectaculaire.
Cycle de mobilisations nommé « mouvement des 100 » par les acteurs eux-
mêmes, qui ont des revendications assez larges (libre circulation, revenu
garanti), veulent transformer la société et le droit → Ont recours au registre
juridique → Ex: « Association droit au logement ». Ces asso
institutionnalisent leurs revendications (droit au logement) ET usent de
modes d’actions (politiques non conventionnels) protestataires hors cadre de
la légalité (occupation de lieux publics, interventions dans les transports publics,
réquisition de biens, occupation de logements vides, réquisitions de denrées
alimentaires). Pq user de ce répertoire d’actions pour appeler l’Etat,
parangon du droit, à agir?
Résultat d’une nécessité → associations dépourvues de ressources pour
êtres visibles/reconnus des/par les pouvoirs publics + doivent parfois agir
dans l’urgence = Moyens et relais médiatiques et dans l’espace public +
efficaces pour publiciser la cause.
Ces répertoires d’action portent un discours politique plus large → position
particulières des
acteurs par rapport aux institutions étatiques. Sont directement confrontés
à l’OJ → dépendent des administrations pour l’attribution de papiers d’un
logement, de prestations sociales, ont affaire à différents contrôles
institutionnels → Mouvement des 100 dénonce cette dépendance
administrative + contrôle social exercé par l’admin.
Entretiennent un discours conflictuel avec l’Etat via communiqué de presse
(dénonciation des
formes de criminalisation de la misère + répression des chômeurs et des étrangers)
→ réclament des transformations radicales de l’État social → usage
d’illégalismes au nom de principes normatifs supérieurs (Droit au logement
Vs. Droit de propriété).
Orga de chômeurs développent des actions « anti-institutionnelles » en
occupant celles dont ils
dépendent pour l’obtention de ressources (CAF, CCAS, ASSEDIC) → jeu avec
les frontières de la légalité → ILLÉGALISMES LOCALISES car ciblent une
institution X pour délégitimer des
politiques publiques.
MAIS collectifs ont d’autres modes d’actions conventionnels + légitimation,
via un discours
juridique, des illégalismes (L’association « droit au logement » deviendra un
interlocuteur
institutionnel) → Articulation entre illégalisme et illégalité → s’apparente à la
désobéissance civile.

b) La désobéissance civile

Formes variées de Dciv → Mouvement des 100 = stratégies collectives VS


actions individuelles
(refus de payer l’impôt) → notion peu formalisée avec un large panel de
pratiques.
USA → Militants pour les droits civiques refusaient d’obéir aux lois
ségrégationnistes (occupations
de bus).

Principes + caractéristiques: Acte public, décidé en conscience, accompli


en dernier recours,
non violent, pour réformer au nom de principes posés comme moralement
supérieurs. Risque
personnel encouru par les militants #Justice.
Définition générale acte politique non violent décidé en conscience,
contraire à la loi pour
l’amender ou changer la politique gouvernementale. L’expression nait sous
la plume d’HENRYDAVID THOREAU (américain début XIXème) emprisonné
dans le Massachusetts pour avoir refusé de payer l’impôt (contestait la
politique pro-esclavage) + Expression théorisée par GANDHI et Martin
LUTHER KING + acteurs du mouvement des droits civils.
Il organise des actions directes non-violentes (ill)légales pour faire
reconnaître les droits des noirs dans les états ségrégationnistes du Sud
(manifestations où noirs et blancs refusaient de se séparer dans des lieux publics)
→ répression de ouf + débats politiques/ juridiques.
« La lettre de la prison de Birmingham » de Luther King → Théoriser sa
stratégie → intérêt pour les militants anti-guerre du Vietnam ou les militants
anti-nucléaire.
FRANCE → actions de désobéissance → incitations à l’insoumission pendant
la guerre d’Algérie, manifeste des 343, déclarations de femmes ayant avorté
avant 1975, faucheurs contre les OGM…
Désobéissance civile collective → manifestation, occupation, destruction de
biens
Désobéissance civile individuelle → refusé d’appliquer une norme
bureaucratique.
Objectifs multiples: abrogation, amendement d’une loi, reconnaissance d’un
droit…
En France les médecins peuvent faire valoir une objection de conscience
#ContreAvortement (ça n’est pas de la désobéissance civile car la loi est
Ok).
Répression de la DCiv variable en (f) du système politique + de l’action
(amende → prison f/s).
Face au risque judiciaire: militants acceptent la sanction.

Faucheurs volontaires → détruisent les cultures #OGM


#Manquedetransparence.
2005 → 6 militants jugés en appel pour destruction en réunion (ont agi à
visage découvert et ont
fourni aux forces de l’ordre la liste des participants).
Règle → Acceptation de la sanction → prendre à témoin l’opinion publique +
visibilité du discours. Procès vise à médiatiser + attirer des soutiens à leur
action (qui se distingue de la délinquance). Volonté: les collectifs ne rejettent
par l’OJ et en appellent au droit (de l’environnement) pour porterleurs
revendications au cours du procès → impératif moral.
Faucheurs volontaires : recours à l’état de nécessité « n’est pas pénalement
responsable la
personne qui face à un danger actuel ou imminent qui menace elle-même, autrui
ou un bien
accomplit un acte nécessaire à la sauvegarde de la personne ou du bien sauf s’il y
a disproportion entre les moyens employés et la gravité de la menace ».
JP = OMG → simple risque → recours aux experts devient une ressource mais
les arguments se heurtent à la responsabilité pénale des acteurs (ballec de
la relaxe en vrai). Les militants
s’expriment individuellement sur leurs motivations (moyen de prendre
l’opinion publique à témoin). Evolution du rapport de force au long de l’action +
épisodes judiciaires créent une identité collective, parfois un mouvement
national permanent (Vs. actions éphémères et localisées).

CONCLUSION GENERALE

Droit → produit par une multitude d’actes sociaux, d’organisations et de


personnes, investi par des profanes et des professionnels et il inclut un large
éventail d’objectifs et de valeurs.
Le droit instrument neutre, démocratique ou idéologique?
Double paternité de la socio du droit et de la justice = juridique et
sociologique avec plusieurs
approche du droit internaliste / externaliste et, différents objectifs de
recherche.
1. Paradigme Durkheim ou Weber → Enquête sur le droit pour comprendre la
vie sociale et
développer un savoir général sur la société → Droit: reflet des relations
sociales. Des auteurs
sont également allés examiner l’ordre juridique au delà des seuls normes
formelles en
s’intéressant aux normes juridiques et aux normes sociales.
2. Paradigme du courant critique ou de la domination → Droit comme un
instrument de
domination et de reproduction des inégalités (Marx, Foucault et Bourdieu).
Bourdieu → force du droit repose sur la codification et le langage juridique
(savant), le droit
naturalise des valeurs et des représentations du monde. Rôle des juristes
détenant le
monopole de la production du droit et travaillant à la cohésion, à la
préservation du champ
juridique.
Foucault → gestion différentielle des inégalismes étudiée par Foucault a été
utilisée pour
analyser les inégalités devant la justice. Ces inégalités, d’autres travaux
ultérieurs l’ont montré,
sont liées au fonctionnement judiciaire et les études sur les tribunaux se
sont ainsi focalisées
sur le traitement des contentieux, sur le travail des différents intervenants,
ainsi qu’aux
caractéristiques des prévenus. Ainsi dans cette approche le droit
participerait à la reproduction
de rapports de domination.

3. Droit comme pratique → se détache d’une perspective macro-


sociologique = perspective
Interactionniste pour comprendre et saisir le droit tel qu’il s’exprime dans
des pratiques,
Interactions sociales et son environnement. Action juridique comme forme
d’action humaine
Inscrite dans un champ de possibilités institutionnelles. L’analyse du droit
en action et en
Contexte permet de penser les capacités d’action des acteurs et les
structures institutionnelles
Dans lesquelles ils font usage du droit. Mouvement Law and Society.
Thématiques de recherche → arène judiciaire, administrations, rôle du droit
dans les
Mobilisations = éléments structurant dans les réflexions sur le droit et la
justice.
Droit → outil de pouvoir, de gouvernement car le droit est une parole
émanant d’une instance
Légitime + parole tenue pour vrai (énoncés justes et objectifs askip). Droit →
suscite l’adhésion et la croyance = ressource de légitimité importante pour
l’État qui L’utilise comme langage de pouvoir pour normaliser des situations+
pour des organisations, Groupes d’intérêt, mouvements sociaux voulant être
légitimés dans le champ social et porter des Représentations, des valeurs,
des revendications. MAIS outils à manier avec précaution → Le droit offre
une résistance par sa forme elle-même + ressources et champ durs d’accès.

Rôle des tribunaux → notion de judiciarisation + construction des disputes.

Rapports au droit → modes de construction → interactions quotidiennes que


les individus ont
avec les administrations, ou les rapports fréquents ou ponctuels qu’ils ont
avec les institutions de justice.

Examen: É crit d’une heure, choix entre deux sujets réponse argumentée en 2 pages max.
Sujet sur un auteur: Qui? Dans quel paradigme de la sociologie du droit? Son analyse + étude
menée par lui ou prolongeant ses réflexions.

Modèle théorique comme la notion de Cause Lawyering: Auteurs qui l’ont théorisé +
Présentation du modèle + ses apports (Cause Lawyering: moyen de mieux connaître les liens
entre travail professionnel et militantisme, d’étudier le rô le des juristes).

Sujet large: Le droit dans l’action publique ou le droit outil de domination? Courte introduction +
Pb sur le sujet ou question très générale « Comment X envisage-t-il les relations entre le droit et la
société? » Faire deux parties (paragraphes).

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