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244-273
Monique Castillo
Puisque c’est un dessein de la Providence que les peuples ne se mêlent pas, mais 2
qu’au contraire, par l’effet d’une force de répulsion, ils soient en conflit, alors l’orgueil
national et la haine nationale sont nécessaires à la séparation des nations. Ainsi
s’explique — soit effet de la religion, qui fait croire à un peuple que tous les autres
sont maudits, à l’exemple des Juifs et des Turcs, soit effet de la présomption de
l’intelligence, pour qui tout autre serait balourd et ignorant, ou de la bravoure, qui
voudrait que tout tremblât devant le peuple, ou de la liberté, pour laquelle tous les
autres seraient des esclaves — la prédilection d’un peuple pour son pays. Les
gouvernements voient d’un bon œil cette folie. C’est le mécanisme dans l’ordre du
monde, mécanisme de l’instinct qui nous attache et nous isole. La raison nous donne
d’autre part la loi qui veut que, parce que les instincts sont aveugles, ils régissent
l’animalité en nous, mais qu’ils soient compensés par les maximes de la raison. C’est
pourquoi il faut éliminer cette folie nationale pour faire place au patriotisme [1]
et au
cosmopolitisme.
1354 (1773-75 ?) Les Allemands ne sont pas attachés à un sol mais se transplantent 3
1355 (1773-75 ?) On vante le fait qu’en Allemagne le goût des beaux-arts s’est accru. 4
Mais où est l’écrivain qui traite l’histoire et les objets philosophiques les plus arides
avec autant d’intelligence, de pénétration et d’art que Hume ou la connaissance
morale de l’homme que Smith ? C’est de là qu’il faut partir, quand nous avons devant
nous les modèles du jeu de l’esprit. Ceux qui introduisent ainsi partout les émois de
l’imagination et la métaphore aussi bien que le sentiment affaiblissent le crédit de
l’entendement et nous ramènent au mode de penser imaginatif et simplement
chatoyant des pays d’Orient.
1356 (1773-75 ?) Les Européens ont été de tout temps les seuls qui aient voyagé par 5
pure curiosité d’esprit. Cela montre bien l’étroitesse d’esprit des autres peuples et le
préjugé national qui ne leur fait trouver rien qui soit digne d’attention en dehors
d’eux. Et aussi qu’ils ne sont pas animés du désir des concepts.
1357 (1773-75 ?) Un voyageur ne peut tirer quelque chose pour sa formation que de 6
1366 (1797-98) La nation anglaise (gens), considérée comme peuple (populus), est 7
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20/04/2018 Réflexions sur l’anthropologie (AK, XV)
1367 (1771 ?) La simple idée de la liberté est déjà suffisante pour empêcher la 8
1372 (1776-78) Les peuples d’Orient ne sont pas capables de l’idée ; en conséquence, 12
ils n’ont absolument pas l’esprit du beau ; tout aussi peu que dans les choses de
l’observation, les concepts de l’entendement ou dans celles des mœurs, le concept des
purs principes de l’intention.
Dans l’éducation, efforts par lesquels on devient plus talentueux, plus habile, plus 15
intelligent et meilleur, plus aimé, plus civil (mores), mieux considéré, plus honnête.
1391 (1772-73 ?) Dans le degré de la force de l’esprit en l’homme, le mal (au contraire 16
de l’innocence) doit servir de cause seconde pour rendre nécessaires l’union des
hommes et la contrainte dont ils ont besoin pour développer leurs talents.
1394 (1772-73 ?) (...) Par l’inclination se forment les petites sociétés, par le besoin, les 17
sociétés civiles, et par la guerre, les Etats. Cette croissance est indéfinie mais
pernicieuse pour elle-même et pour les hommes. Quelle est la dernière conséquence ?
Que l’Etat est un corps de sociétés civiles libres, lequel à son tour, avec de plus grands
encore, constitue un corps, tout comme les systèmes des astres.
à-dire le développement de ses talents, grâce à la contrainte civile. Il faut espérer qu’il
atteindra aussi son entière destination morale grâce à la contrainte morale. Car tous
les germes du bien moral, s’ils se développent, étouffent les germes physiques du mal.
Par la contrainte civile se développent tous les germes sans distinction. Ceci est la
destination de l’humanité, non celle de l’individu mais du tout. Il doit s’y trouver
toujours des différences dans l’organisation mais pourtant le maximum de la somme.
Le Royaume de Dieu sur la terre : c’est la destination dernière de l’homme. Vœu (que 19
ton règne vienne). Le Christ l’a rapproché ; mais on ne l’a pas compris et on a
instauré le règne des prêtres et non celui de Dieu en nous.
1398 (1772-73 ?) L’homme est une créature qui a besoin d’un maître. Ceux même qui 20
parmi les hommes incarnent les maîtres en ont tout autant besoin et sont, puisqu’il
faut bien enfin qu’un homme soit le dernier maître, peu capables de bien user de cette
domination, s’ils ne se sentent pas soumis au commandement du maître qui est
maître de tout sans exception. Le véritable souverain de l’Etat est l’idée de la société
tout entière et celui qui lui donne le pouvoir, Dieu, c’est-à-dire celui qui réalise ou
personnifie cette idée. Car l’Etat est son propre maître, et donc au-dessus de chaque
membre : dominus originarius.
1399 (1772-1773 ?) Le lieutenant de Dieu sur la terre est toujours l’homme universel 21
(maximus homo). Seul l’Etat est maître absolu ; le souverain en est le représentant, et
comme, se confondant avec la volonté de l’Etat, il n’est responsable devant aucun
homme et que, pourtant, il faut qu’il soit responsable, il est donc nécessairement
responsable devant l’unique maître absolu de la nature entière. Un souverain doit
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extérieures.
Les droits de l’homme importent davantage que l’ordre et la paix. L’ordre et la paix 24
peuvent régner dans l’oppression générale. Et les agitations au sein du corps civil
<gemeines Wesen>, qui ont pour origine l’aspiration au droit, sont passagères. La
Grèce n’avait aucune institution publique gardienne des sciences. La liberté l’animait.
La religion chrétienne, parce qu’elle repose sur les langues anciennes, a été un
conservatoire de la culture savante et a acquis par là un grand prestige dans l’histoire.
déterminer un être, quand nous ne pouvons établir aucune comparaison ? Non avec
d’autres êtres, mais avec l’idée). 2. De la formation du caractère. Sur ce point a)
histoire <Geschichte> de l’humanité (avance graduelle de l’espèce tout entière vers sa
destination), et non description de l’humanité ; voir plus haut. b) de l’idée, de la
méthode d’une histoire universelle <universalhistorie>.
1406 (1772-77) Les peuples dans l’état brut <rohen> n’étaient pas barbares ; ils ont 26
bonheur des hommes, pour autant qu’ils en sont eux-mêmes les artisans.
1420 (1773-75 ?) Tout ce qui doit se conserver a nécessairement une communauté des 28
1430 (1771) Il y a une vertu barbare et une vertu disciplinée qui suit des lois. La 30
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La bonté du cœur n’y fait rien. L’égard pour le droit des hommes, non pas effet de la 31
religion mais du devoir humain, n’est jamais venu au cœur des barbares.
1436 (1771 ?) Je crois que le monde savant s’est suffisamment affiné pour ne plus 33
1438 (1771) L’histoire des Etats doit être écrite de façon que l’on voie ce que le monde 34
1439 (1771) Un monarque ne laisse pas de trace dans le monde, s’il n’a pas apporté de 36
contribution à son système ; ou pire, sa trace est un rebut odieux, quand elle
constitue une entrave à ce progrès vers le système.
C’est l’orgueil d’un petit esprit que de jouer un rôle brillant par besoin de rivaliser 38
avec ses contemporains. Cette méthode exalte l’esprit des princes et étend leur désir
de gloire aux dimensions du monde et à la mémoire du genre humain.
Il ne faut exposer l’histoire de la religion que pour la part où les hommes ont eu la 40
liberté et les moyens d’y devenir meilleurs, donc aussi d’après leur droit originaire.
1441 (1771) La méthode de la publicité considère tout en rapport avec l’idée d’une 41
totalité, et cela dans une perspective soit cosmopolitique soit statistique. Si elle ne se
fait même pas dans cette dernière perspective, alors elle est purement biographique.
religieuse n’est pas une histoire de l’état civil, elle n’est donc pas cosmopolitique,
mais peut-être philanthropique. Le dernier cas peut se produire sans cosmopolitisme,
comme chez César Antonin.
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politique ; l’idée, même si elle ne devient jamais tout à fait réelle, et bien l’idée du
droit, non du bonheur.
1450 (1771) Que le monde dans son ensemble progresse continuellement vers une 46
plus grande perfection, même si une partie le fait plus lentement que l’autre. Une
partie peut bien aussi régresser dans cette ligne. Quelle est ici la mesure ? Pas le
temps, mesuré en années. Les inventions doivent venir rarement pour que l’ancien
parvienne d’abord à la perfection.
1451 (1771) (...) Encore une particularité est que l’espèce humaine est divisée en 47
Nous n’avons que depuis deux siècles élargi la communauté à d’autres parties du 49
Toute une partie du monde est dans une demi-animalité et mal peuplée. 50
Nous n’avons que depuis cent ans le système de la constitution civile d’un grand Etat, 51
en Angleterre.
Nouvelle époque. 55
l’âge a) enfant b) adolescent c) adulte. La discipline des hommes doit précéder leur
amélioration et leur nouvelle vie.
Aperçu des peuples de la terre. 4 races. Race froide, blonde. Race sèche : kalmouk. 57
Race chaude : nègres. Race sèche-chaude : Indiens. Naturelle. Mélange des races par
la communauté progressive et rétablissement du premier archétype, mais pour
autant qu’il était totalement achevé.
La destination de... 58
1455 a (années 80) (...) Les peuples dont la langue originelle est restée sans mélange 59
peuvent certes être très cultivés, comme les Chinois, mais ils ne deviendront jamais
éclairés et demeurent limités de concepts. Qui sait combien de mélanges de celtique,
de thrace, de phrygien, peut-être de syriaque, la langue n’a pas intégrés avant qu’elle
ne fût grecque. L’anglaise est plus mêlée que toute autre, l’allemand dans une
moindre mesure, le slave au minimum. Maintenant il s’agit non plus de mélanger
mais d’imiter.
selon les méthodes suivies jusqu’à présent, atteint son maximum et ne s’élèvera
jamais plus haut, mais est plutôt en train de régresser. Les théologiens crient haro sur
les esprits libres et ils devraient plutôt se demander si cela ne tient pas à leurs
propres méthodes, qui ont été bonnes en leur temps mais sont insuffisantes au sein
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d’une culture croissante. En effet, le fait qu’ils attendent toujours que les mystérieux
changements du cœur viennent, par miracle, des effets particuliers de la Grâce
signifie qu’on espère de la Providence, tout en se croisant les bras, ce qu’elle exige de
nous à bon droit.
1459 (1783-84) Je ne puis tenir pour fortuite l’extrême variété des formes, des 61
Cette histoire enseigne en même temps comment nous devons nous préparer à nous 63
les différentes générations, lequel concourt à cette fin essentielle et peut nous
apprendre à le rapporter à cette fin.
L’histoire de l’espèce, non des hommes. La première présuppose une idée. (...) 65
Sur quoi repose la genèse de toute cette perfection à laquelle croit et œuvre, autant 67
seulement se développent tous les talents, la plus grande union en vue de fins
communes grâce à des lois extérieures, et la plus grande permanence de cet état grâce
à la meilleure façon de penser personnelle.
Le citoyen doit être assujetti à des lois, qu’il s’est données lui-même (liberté, égalité), 70
et ces lois doivent recevoir, par l’effet d’un pouvoir irrésistible, force et permanence.
L’homme est un animal qui a besoin de leçon et de discipline. 2. qui progresse dans 71
Quels sont les mobiles dont se sert la nature pour produire la société civile ? Ceux de 73
la jalousie, de la méfiance, des violences qui forcent l’homme à se soumettre à des lois
et à renoncer à la liberté sauvage. De là vient le développement de toutes les bonnes
dispositions naturelles.
On peut voir l’histoire d’un peuple comme l’effort de la nature pour l’établissement 74
d’une constitution civile parfaite. Celle des Etats comme des tentatives en vue du
droit des peuples.
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Toutefois, la société civile, extérieurement en tant qu’Etat, est encore dans l’état de la 75
La nature exerce ici, pareillement, une action qui pousse à une confédération des 76
Le genre humain dans son ensemble arrive au bonheur non plus comme dans l’état 80
sauvage (négativement) ; mais la providence n’a pas armé l’homme pour cela, mais
pour qu’il se rende digne du bonheur.
1471 a [5]
(1790-98) Cette importante demande adressée aux philosophes implique 81
quatre niveaux d’examen (suivant les quatre classes des catégories) : 1. Le genre
humain considéré dans son ensemble (quantité), la question n’étant pas de savoir si
les hommes d’une certaine race, par exemple celle des blancs à l’exclusion des nègres
ou des Américains, ont une part de cet avantage, et par conséquent non pas si tous les
hommes progressent, mais si l’ensemble progresse, quand bien même quelques-uns
resteraient en arrière. 2. Le mieux, vers lequel on progresse, est le mieux moral
(qualité), et non chaque perfection en particulier en laquelle les hommes doivent
progresser, par exemple l’art, la science ou le goût — bien que ceux-ci puissent être
aussi pour elle des stimulants ou encore en être des produits. 3. Qu’on n’entend pas
ici l’amélioration intérieure de chaque homme pour soi, mais bien, puisqu’il s’agit de
la marche en avant du genre humain, le progrès vers le mieux de leurs rapports
réciproques dans la grande société (relation). 4. La tâche étant ici celle d’une
prédiction de l’avenir, ceci ne peut se faire que si l’on peut décider a priori de ce qui
arrivera, et décider en conséquence que le mieux doit résulter de l’enchaînement des
causes existantes avec leurs effets et qu’il faut considérer que la continuité du progrès
vers le mieux est nécessaire (modalité).
Voici donc ici précisément la question : faire le projet d’une histoire du genre humain 82
a priori, c’est-à-dire d’après la partie de ses changements qui doit encore venir, ce qui
est parfaitement possible si cela devait devenir une histoire naturelle de celui-ci ; car,
d’après les règles de l’expérience, les causes font connaître les effets encore à venir
avant qu’ils n’aient lieu, et par suite a priori (secundum quid, non simpliciter). Mais il
s’agit ici d’une histoire du comportement moral futur des hommes en tant qu’êtres
affranchis du mécanisme naturel, où l’on connaît, il est vrai, des lois a priori selon
lesquelles ils devraient agir, mais non qu’ils agiront de telle ou telle manière.
Toutefois l’intérêt de cette question ne réside pas uniquement dans une intention
pratique, pour qu’on admette de bonne grâce, par le moyen d’une hypothèse, un tel
cours des choses et qu’on se comporte au moins pour soi-même d’après cette
gouverne, mais bien aussi dans un point de vue théorique : savoir lequel, du principe
du mal ou de celui du bien, est prépondérant dans la disposition originelle de
l’homme et quel concept il faut se faire de la destination de l’homme. Mais comme les
théologiens se sont emparés de cette étude et que les perspectives portant
théoriquement sur le suprasensible répugnent au philosophe, cette tâche peut se
limiter à dire ce qui importe pour décider si l’espèce humaine est ou n’est pas en
constant progrès vers le mieux ; ce qui autorise à laisser sans conclusion la question
de l’existence d’un tel progrès.
(...) Rousseau : si l’état sauvage est meilleur que l’état civilisé. Ce dernier est meilleur 84
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L’homme doit (soll) produire de lui-même toute perfection. Il lui faut (muss) être 86
éduqué et instruit, c’est ainsi que l’espèce croît en perfection. Le premier état est le
plus mauvais. Age d’or. Innocence.
vieux. Ce qui est mal selon la raison est bon selon l’animalité. Un amour plus grand
des parents envers les enfants plutôt que l’inverse, et aussi que des deux conjoints
l’un pour l’autre.
guerre : afin que les hommes se répartissent sur toute la terre. Le courage comme
protection des siens est la plus grande vertu des sauvages.
D’abord la considération pour les Anciens, et non pour les pères ; car cette
reconnaissance ne vient pas aux enfants avec l’âge. Loi. Constitution civile.
Développements de tous les talents et des germes moraux. Le bien procède par
conséquent du mal.
méfiance.
Dans cet état, la simple nature qui s’accommode bien de l’état sauvage comme d’un 93
moyen vers un fin meilleure, est mauvaise. Incitation à sortir de l’état de nature. La
méfiance demeure ; le jugement d’autrui acquiert de l’influence parce que la violence
n’a pas cours ; de là l’affectation d’une apparence avantageuse ou la réserve.
Raffinement du goût, amélioration de l’intime conviction <Gesinnung>. Le sentiment
moral, que tous possèdent, est le seul bien sur lequel le reste se fonde. La vertu est
affaire de discipline, elle doit <muss> s’apprendre et ne se trouve pas dans l’état
d’inculture.
Violence est faite à la nature. La femme acquiert la domination. Les enfants adultes 94
contrainte de tous par réciprocité parce que autrement ils s’uniraient pour leur ruine.
Chacun veut pour soi la liberté naturelle et pour les autres la contrainte civile. On
tombe sous la contrainte de la bienséance, de l’opinion et de la jalousie réciproque.
De là le désir d’amitié, ce qui est une forme de la liberté naturelle, amitié que l’on
rend, mais qui est toujours cependant liée à la réserve et à l’amour-propre.
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Si l’on compare la nature brute avec la fin de la raison dans un dessein moral alors 96
Pour ce qui est de son dessein physique, la nature est bonne, et bonne aussi pour 97
La source du mal réside dans l’animalité (pourquoi pas aussi du bien ?), dans la 99
mesure où elle n’admet l’humanité que par la contrainte et la discipline. Parce que la
perfection de l’humanité ne peut qu’être acquise, elle est dans une lutte continuelle
avec le penchant de la nature brute et le mal ne peut être imputé à l’homme sauvage
mais seulement à l’homme civilisé.
Que les animaux soient violents envers leurs congénères pour s’exterminer, comme 100
les araignées, ou se propager, comme les cerfs, est bon en soi. De ce mal doit sortir le
bien. 1. Contrainte légale. Développement des talents en même temps que des
obligations. 2. Contrainte du goût, raffinement des mœurs. 3. Contrainte de l’esprit
consciencieux.
Telle nation peut bien accepter la discipline mais elle ne se forme ni ne se maintient 101
1499 (1775-77) Tout animal atteint individuellement sa destination. Chez l’homme, 102
l’espèce n’atteint que dans une suite de générations sa destination en tant que
créature raisonnable. Développement final de toutes les dispositions, aussi bien des
talents que de la manière de penser. Le départ : l’égalité physique. Terme : l’égalité
morale et l’unité de la société.
Nombre de peuples ne progressent plus pour eux-mêmes. Les Groenlandais. Les 103
Asiatiques. C’est de l’Europe que cela doit venir. Les Américains exterminés. Progrès
à partir des Grecs.
L’histoire de l’humanité doit être distinguée de celle des hommes. L’humanité gagne 105
ou perd.
Dans son rapport à l’animalité, il n’est pas supposé qu’il se laisse gouverner par la 108
raison. Dans son rapport à l’humanité, c’est-à-dire à la perfection d’après les lois de la
raison, l’animalité a été totalement remise à la raison.
L’homme est un animal qui a besoin et est capable d’une discipline par la raison. Un 109
homme inculte est : celui qui n’a reçu aucune discipline ; un homme mauvais : celui
qui n’accepte pas la discipline de la raison.
Ils sont tous issus d’une même famille. Une suite de générations sert à l’amélioration 110
L’animalité perd au commencement mais finalement tout doit s’y accorder. Espèce 111
primitive inconnue. Moscati. Les races. Les Américains. Les blancs. Différence. Les
Grecs. Le progrès.
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Lutte contre la nature (lui faire violence) : 1. pour ce qui regarde les différents âges 118
L’homme est un animal qui a besoin d’une instruction (culture), de discipline, d’un 119
Est-il nécessaire de retourner dans les forêts ? L’homme naturel est physiquement 121
plus parfait, en tant qu’animal, il est également plus heureux, plus libre ; mais
l’homme civil l’est moralement sous le rapport de l’humanité en général. Vice et
misère.
Il est en progrès vers la perfection, laquelle est dérivée du tout à chacune des parties. 122
mais à celle du genre humain afin de la rendre plus raffiné et de remédier aux maux
que le luxe rend prépondérants.
La destination naturelle touchant l’animalité vue par Rousseau combat celle qui 124
L’intention de la Providence était que les peuples se forment mais qu’ils ne 125
Question d’orgueil religieux chez les Juifs et les Turcs ; de devoir religieux chez les 126
Indiens ; de caractère et d’usages chez les Français et les Espagnols. Ceci est un
mécanisme fondé sur l’instinct et que la raison doit tempérer. Guerres.
Corps politique. L’homme en tant qu’individu y perd mais y gagne en tant que 128
La contrainte d’une autorité supérieure développe les talents et les vertus et affine les 129
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l’offenser, priver quelqu’un de respect. Nous nous jugeons volontiers les uns les
autres. Actuellement, la moralité est isolée. Les arbres ont besoin les uns des autres
pour pousser droit. La meilleure des contraintes est celle qu’impose la conscience.
L’éducation.
Jusqu’à quel point l’éducation doit-elle <muss> être mécanique ? Discipline. Culture. 132
Je crois fermement que tous les germes du bien sont encore à développer. Ils sont 133
présents en nous ; l’homme a été créé pour le tout social. Celui-ci doit atteindre un
jour la plus grande perfection et en lui, chacun pris individuellement. C’est pourquoi
elle dure toujours.
Quel qu’ait été l’état primitif des hommes, l’ordre de la nature entraîne maintenant 134
que le bien sorte du mal ou, pour mieux dire, que la force d’impulsion qui contraint
les noyaux cachés du bien à se développer réside dans le mal et que, sans son
incitation, ils demeureraient éternellement au secret. Il en va ainsi de l’homme pour
son côté animal.
découvrir tout bien par elle-même et se le procurer par la liberté (défaut de savoir-
faire instinctif).
idéal.
1500 (1775-77) L’homme a une telle propension à se perfectionner qu’il va jusqu’à 140
tenir pour superflu un peuple qui a achevé son développement et se trouve dans la
jouissance toute simple, et il croit que le monde ne perdrait rien si Tahiti était
engloutie.
L’homme, (bien qu’il soit libre) est une créature qui a besoin d’un maître. En cela, il 141
est rabaissé entre tous les animaux qui, pour se maintenir en communauté, n’ont pas
besoin d’un maître. La cause réside dans sa liberté, l’homme étant poussé, non par
l’instinct de la nature qui fait s’accorder tous les membres d’une espèce, mais par
l’humeur et l’inspiration du moment ou par les principes qui ne permettent aucune
unité. Mais cette liberté n’est pas seulement cela, c’est aussi un penchant évident à
s’écarter du droit fil de l’ordre que la raison prescrit et à se complaire en ses goûts et
en ses inclinations à y faire exception. Il peut être injuste car il a pour cela des
mobiles et, à ce qui en lui-même doit le retenir, on ne peut se fier. Il a par conséquent
besoin d’un maître qui le garde dans l’ordre et la discipline, pas tant de ce qui le
préserve lui-même que de ce qui maintient un homme en relation avec d’autres. Il
faut qu’il soit dominé et il ne hait rien tant que d’être dominé et limité. Dans l’intérêt
de sa propre sécurité, il se soumet aussi par détresse, et en apparence
volontairement, à la domination afin qu’elle touche les autres et qu’il soit lui-même
garanti par sa protection. Néanmoins, il est toujours secrètement animé du désir de
se soustraire à cette domination et de demeurer dans une liberté sans lien, cependant
qu’il soumet volontiers à la contrainte des lois d’autres qui sont en rapport avec lui. Il
reconnaît l’équité de la loi et veut simplement y faire exception.
Tout le bien nous vient des hommes, de même que tout le mal. De là les passions qui 142
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Mais où aller chercher ce maître des hommes ? Il faut que ce maître veuille lui-même 143
ne pas commettre d’injustice, faute de quoi il a besoin à son tour d’un maître. Il faut
donc qu’il ne soit pas homme. Mais nous ne pouvons l’aller chercher nulle part
ailleurs.
N’en pourrait-on choisir un pour maître absolu ? C’est sans doute possible. Mais ce 144
serait alors seulement dans l’intention qu’il administre ce qui nous fait défaut, à
savoir une justice publique et qu’il nous assure la réciprocité du droit. Nous ne lui
permettrions donc pas tout mais seulement les moyens qu’il faut pour cela. Si nous
lui permettions tout, nous ne pourrions nous plaindre de lui. Mais il ne peut jamais
être placé lui-même dans la situation où tout ce qu’il fait est juste. Nous ne pouvons
pas non plus spolier nos enfants de leur droit naturel. Aussi ne peut-il s’agir de tel ou
tel en particulier.
Il n’y a qu’un cas où il ne nous arrive pas d’injustice, c’est lorsque ce qui arrive est le 146
résultat d’une décision de notre propre volonté. Mais il faut bien pourtant qu’il existe
une autre volonté. Et qui par conséquent doit nécessairement faire une unité avec
notre propre volonté. Cette volonté unifiée est la volonté du souverain. Le souverain
ne doit jamais commander à une partie, sinon il entre en conflit avec elle sur le droit,
mais seulement commander le tout en tant que tout d’après des lois générales.
Parce que les violences rendent nécessaire la constitution civile, d’où tout bien doit 147
sortir, mais qu’en même temps elles l’attaquent et lui font obstacle, ainsi l’histoire
peut être considérée et exposée comme le déroulement des actions et réactions de la
licence et de la contrainte et comme la progression du système de la liberté sous des
lois, de même que comme un conflit entre le désir de conquête et l’équilibre politique.
Comment ainsi la religion, les mœurs, les usages et les sciences en tant que causes et
l’industrie régionale, communale et commerciale en tant qu’effets ont entretenu
d’étroits rapports.
Chez les Grecs, quantité de petits Etats, avec une religion sans aucune influence sur la 148
Sur le plan des mobiles, l’homme se distingue clairement des autres animaux en ce 149
Sur tous ces points, il ne réussit que par l’abaissement des autres ; mais la moralité 150
est une valeur qui peut subsister avec celle des autres.
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20/04/2018 Réflexions sur l’anthropologie (AK, XV)
La liberté est purement et simplement la dignité de la nature humaine. Par elle, il est 151
une personne et peut avoir une dignité ou devenir digne de la vie, du bonheur et des
biens naturels. L’animal jouit de la vie et de la nature sans en être digne. Il ne peut
donc pas être une fin dernière. Seul l’homme peut être un but final de la création.
C’est en Occident qu’il nous faut chercher la continuité du progrès du genre humain 153
Nous sommes encore bien loin de l’achèvement de notre destination. La moitié du 155
globe n’est découverte que depuis 200 ans, la mer baltique depuis 900 ans.
1. Le genre humain finit par atteindre complètement sa destination. Cela n’est 156
2. Les hommes sont faits pour la société. Ruche. Ils doivent se trouver sous une 157
contrainte réciproque afin que la liberté de l’un limite l’autre jusqu’à atteindre la plus
grande liberté générale, comme les arbres dans une forêt.
Le bien, dont le premier homme déchut, était l’innocence et c’est ainsi que par la suite 158
en sortit le mal. L’homme commence par le plus grand bien naturel et par l’état le
plus brut de la liberté. La loi.
La barbarie est l’état sans loi, mais toute rupture qui contrevient au droit est barbare. 159
1) Liberté sans loi, c’est-à-dire sans pouvoir légal, c’est la sauvagerie ou l’anarchie. 2) 161
Liberté et loi sans pouvoir, c’est la liberté polonaise. Non-sens. 3) Pouvoir sans loi ni
liberté, c’est la barbarie. 4) Pouvoir et loi sans liberté, c’est le despotisme, l’autocratie.
A l’image des quatre figures du syllogisme.
4. Lorsque dans un peuple la liberté s’établit d’abord sous la loi avec peu de pouvoir 162
5. Quand les peuples établissent entre eux une loi et un pouvoir communautaire, 163
1. Les hommes ont une capacité et une tendance à entrer en société. Mais ils se 166
méfient les uns des autres à cause de la violence. C’est pourquoi l’un cherche, poussé
par la crainte, à prévenir l’autre. Ils s’unissent en petit nombre pour s’évincer
réciproquement. Expansion sur la terre.
Animalité et liberté (avec la raison), chose mauvaise, mais qui engendre le bien par 169
l’intermédiaire de la raison.
2. Ils s’accroissent mais la société ne peut demeurer dans la liberté brute. D’où la loi 171
et le pouvoir. Arbres isolés. Arbres dans la forêt. Sans cette union civile, nous vivrions
comme les moutons, dans la paresse, et les talents ne connaîtraient pas de
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3. Ils entreprennent des guerres et ont tendance à s’unir par la soumission. Prince 173
gaulois. Utilité de la guerre. Ils cherchent à se supplanter et s’instruisent les uns les
autres. Séparation des Etats.
4. Quand tous les talents sont développés (éducation), alors la nature pousse au 174
Caractère de l’espèce.
Quelle est la destination naturelle de l’homme ? La plus haute culture. Quel est l’état 176
dans lequel elle est possible ? La société civile. Quels mobiles ? L’insociabilité et
l’envie. Le travail. Quelle est la destination de la raison ? La moralité. De
l’inclination ? Le bien-être dans la liberté.
I. Dans le système de la nature, en tant qu’espèce animale, il peut vivre sous tous les 177
(1.) Comparaison avec les espèces animales. 2. Avec les êtres raisonnables. Parmi 178
Burètes (mongols) selon Pallas. Les Norvégiens selon Fabricius. Les Groenlandais. 182
c. Rapace ? Il n’a ni griffe ni croc. Mais force des bras ? Ours de la Forêt noire. 183
Grimpe.
d. N’a aucun instinct de conservation. Ne sait pas nager.
e. Animal social ou solitaire ? Chiens sauvages.
II. Dans le système du monde en tant qu’intelligence. L’espèce humaine parmi les 184
êtres de raison.
A. Doit être éduqué. Instruction et discipline. Les animaux ne reçoivent pas 186
B. Doit en tout (même pour son humanité) n’être redevable qu’à lui-même. 187
Il ne réalise sa propre perfection que par l’institution d’une société parfaite. 189
D. Est-ce l’état naturel et brut ou l’état civilisé qui s’accorde avec sa destination ? 190
Rousseau et les ravages des sciences. De l’inégalité des hommes. Des ravages de la
culture. Abandon de l’état de nature. L’art parfait redevient nature. Epoque
intermédiaire.
Sa fin dernière est la perfection de l’état civil. Développement de tous les talents. 191
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Ce à quoi il est poussé par son insociabilité : un système des hommes d’après les lois 192
l’homme. Chez les autres animaux, l’individu atteint sa destination. Chez l’homme,
c’est l’espèce seule qui atteint l’entière destination de la nature humaine. Car l’espèce
doit, par son labeur, s’extraire de la nature brute pour s’élever au long de nombreuses
générations vers une perfection, et s’il est vrai que se trouvent dans la nature les
dispositions à cette fin, il est entendu que le développement est l’œuvre propre de
l’homme, par conséquent de l’ordre de l’artifice et qu’il ne peut être l’œuvre de
l’individu mais seulement de l’espèce.
Il n’est pas fait pour la jouissance du bonheur mais pour le développement de tous les 194
talents.
L’homme appartient pour une part au genre animal et dans cette mesure la nature n’a 195
La fin dernière de la nature est la culture. Mais là n’est pas le but final de la raison ; la 196
fin première de la nature est : le développement des forces et par conséquent des
résistances.
L’homme animal a des dispositions qui seraient suffisantes à la perfection pour 197
Mais l’homme ne peut y demeurer et il sort de l’état de nature, sans avoir encore une 198
L’homme moral. Les connaissances d’où procèdent les désirs et les besoins, qui eux- 199
Le plus grand frein à la marche de l’espèce humaine vers sa destination, c’est que 200
1. Dans les pulsions naturelles ; dans le plaisir. 2. La science, etc. La culture. 3. La 201
liberté : deux déterminations entrent en conflit. Il lui faut toujours lutter avec
difficulté.
La culture fait toujours davantage dévier l’homme de sa destination physique qui 202
reste toujours la même pour conserver l’espèce animale. Origine des maux.
1. Les âges naturels ne correspondent pas aux âges de l’état civil. Enfant, en tant 203
qu’animal, jusqu’à neuf ans, dans l’état civil jusqu’à vingt ans. Jeunesse et maturité
dans l’animalité se confondent autour de dix-sept ans. Dans l’état civil, il est
exactement adolescent à cet âge mais adulte beaucoup plus tard. Vices et
malfaisances.
(1.) La question première est celle-ci : quelle est la destination de l’espèce humaine, 204
2. Quel est l’état dans lequel il atteint cette destination qui est sienne ? Etat de nature 205
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Difficulté de ce dernier état. Il a besoin d’un maître et celui-ci est encore une fois un 206
Les sciences n’appartiennent pas à la destination de l’individu mais à celle de l’espèce 207
humaine.
2. Le goût pour la science n’a aucun rapport avec la durée de la vie, avec le plaisir de 208
3. Par nature, les hommes sont libres et égaux. La société civile crée l’inégalité et la 209
1. Des ravages de la culture (par les sciences). De l’état naturel brut à la culture. 211
à l’inégalité.
L’éducation.
L’homme a été fait non pour la jouissance mais pour l’action. 215
(L’Emile. 2. Origines de l’inégalité. 3. Contrat social, fondés sur le principe que 216
l’homme est bon par nature et que la vertu, de même que la vraie sagesse, ne
s’apprennent pas mais qu’il s’agit simplement d’empêcher la corruption du cœur et de
l’esprit et de développer la sagesse.) L’éducation négative. Projet global de Rousseau :
amener l’homme, par le moyen de l’art, à pouvoir unir tous les avantages de la culture
avec tous les avantages de l’état de nature. Rousseau ne veut pas que l’on retourne à
l’état de nature mais qu’on l’ait en rétrospective. Union des extrêmes.
Pour finir, le droit civil (politique) et le droit des peuples : le premier consistant dans 217
la liberté et l’égalité sous des lois, le second dans la sécurité et le droit des Etats,
garanti non par la force personnelle mais par des lois.
A. Origine du mal, du vice et du malheur dans le bien. L’homme sort de l’état de 218
Ce n’est pas la jouissance, mais le développement des forces, qui était la fin de la 219
Découvre le feu, les métaux, (le cuivre avant le feu), le gouvernement civil — l’argent, 220
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Auparavant, l’homme n’aurait senti que le mal immédiat. A la peine succède le repos, 221
mais celui-ci rend maintenant amère la peine du jour à venir. La mort est un mal qui
ne touche pas la sensibilité, mais qui est simplement redouté.
L’intention de la nature est que tous les talents et, pour finir, la moralité elle-même, 222
Dans cette intention, elle ne se soucie pas des maux que l’homme doit souffrir ; même 223
les vices, qui ont leur cause dans le conflit de l’animalité et de l’humanité raisonnable,
et où l’antique inculture manifeste encore sa survivance, doivent aider à accélérer le
progrès vers le bien. De longues suites de générations entières tirent leur mérite dans
le changement du monde du seul fait qu’elles ont œuvré en faveur du développement
futur complet.
Si les hommes avaient été de prime abord tous bons et pieux, ils auraient vécu 224
D’où vient que nous n’accordons que peu de valeur à l’existence d’êtres raisonnables 225
et heureux, mais qui ne progressent pas dans la culture ? Ils semblent ne faire que
remplir le vide de la création. Amérique.
B. L’origine du bien dans le mal réside dans le fait que les qualités et les instincts 226
(internes), qui lui étaient nécessaires dans l’animalité, l’ont forcé dans les débuts de
la culture à tourner son savoir-faire contre d’autres hommes qui pouvaient le
contrarier dans ses projets ou son autoconservation. Car d’un animal qui raisonne on
peut tout craindre. Paresse et désir d’indépendance forcent par intervalles à se
donner beaucoup de peine pour se reposer ensuite. C’est ainsi que le travail se fit
besoin. La crainte apprend à être prudent. Envie. Dissimulation. Bravoure pour
inspirer la crainte aux autres, les Sarrazins. Les Croisades et la conquête de
Constantinople répandent la science, le goût et la culture savante en Occident.
1522 (1780-89) Que les maux civils proviennent du bien naturel en liaison avec 227
l’abandon, par l’homme, de l’état de nature ; pourtant, la nature veut l’état civilisé
d’où doit finalement sortir le bien.
Dans l’état de nature, l’homme n’étant là que pour soi et menant une existence à sa 228
façon, bien des choses sont bonnes qui deviennent mauvaises dans l’état civil.
(Paresse. Lâcheté et fausseté. Soif du pouvoir et de l’avoir).
1. La paresse est le penchant de la nature qui consiste à ménager ses forces et ses 229
ressources vitales. Dans l’état civilisé, l’homme ne vit pas seulement pour lui mais
pour l’espèce.
2. Il considère tout étranger comme un ennemi et s’efforce de s’en faire craindre. La 230
4. Se sépare de la communauté qui est si grande qu’elle lui retirerait son importance, 233
1re fin : cette insociabilité fait se propager les hommes sur la terre. 2e fin : il doit 234
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A. Les hommes sont contraints de s’unir dans des sociétés plus grandes (peuples) 235
pour devenir capables de résister aux autres ou encore de les prévenir. Mais ce n’est
encore qu’une nation de sauvages.
B. Etant proches les uns des autres, chacun se heurte fréquemment au droit des 236
C. En nombre, les hommes peuvent se rendre des services mutuels. Des familles plus 237
grandes réunies sous un chef deviennent plus puissantes que les petites. Inégalité des
biens. Les commodités de la vie et les dépenses augmentent, se réduisent chez les
autres. Ces derniers sont au service des puissants. Famulus domesticus. Inégalité des
classes. En haut de l’échelle : qui se fait servir ; en bas : qui sert.
D. Les puissants entrent en rivalité et discorde et ne peuvent pourtant pas quitter le 238
sol. Guerre intestine ; et pour finir, un chef et des lois communes. Mais le pouvoir est
encore insuffisant, d’où bien souvent l’anarchie ; pour finir :
F. Parce que la loi de la liberté réclame beaucoup de la raison, les premiers 240
gouvernements sont barbares. Loi et pouvoir sans liberté, ou bien liberté et loi sans
pouvoir irrésistible. Le premier demeure brut : Mexicains. Orient. Le deuxième se
détruit lui-même et est absorbé par les autres. Liberté polonaise.
Dans la société civile : culture du goût, luxe, développement de tous les talents. Mais 241
également toutes les formes de la misère, qui ne provient pas d’un besoin naturel, la
violence qui est faite aux inclinations naturelles, le vice et la vertu, l’oppression mais
aussi le peuplement, l’état florissant dans l’ensemble et la misère dans les parties.
L’homme a perdu l’instinct mais n’a pas encore adopté la loi de la raison. Il perd la 242
liberté sans être encore sous la protection de la loi. Il n’aime que soi et doit pourtant
travailler au bien général. Il devient raffiné, civilisé et n’est pas encore moralisé.
L’ultime développement ne va pas du même pas que le premier.
C’est du fait que tous les hommes cherchent la suprématie les uns sur les autres que 243
vient tout le mal mais aussi tout le bien de la culture. En soi la nature est ici sage.
Comment cela a été le mobile du peuplement de la terre et des sociétés, de la
constitution civile et de tous les arts.
1523 (1780-89) (...) Le bonheur ne peut se rencontrer dans ce processus, d’où tous les 245
Comment instituer ce système du bonheur qui s’accorde parfaitement avec la nature 246
brute et où l’art consommé revient à la nature. Rousseau exalte la nature, et elle est
aussi notre point de référence dans tout art : à savoir de ne pas lui faire violence mais
de la faire se développer jusqu’à la perfection. Fleurs, fruits nouveaux.
On peut aussi avancer en aveugle et sans plan dans la culture, et la nature n’a pas 247
laissé cela non plus à notre choix. Mais si nous en avons presque terminé avec cela,
alors il faut faire un plan : celui de l’éducation, du gouvernement, de la religion, où le
bonheur et la morale constituent le point de référence.
Préjugé dommageable : qu’il en a toujours été ainsi et qu’il en sera toujours ainsi. La 249
nature demeure, mais nous ne savons pas encore ce qu’est la nature et devons
supposer d’elle le meilleur.
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On peut considérer comme la fin de la nature que toute créature atteigne sa 250
dispositions naturelles, en tant que créature raisonnable, avec toute la culture de ses
talents. 2. libre non seulement pour soi, mais dans la société, dans la discipline la plus
parfaite de sa liberté par des lois. 3. d’être heureux, en étant lui-même l’artisan de son
bonheur et en le fondant sur des principes du bien universel. Ainsi <lacune>
personnel, civil, cosmopolitique. [6]
1. La plus grande habileté. 2. La plus grande liberté légale (liberté et égalité). 3. La 252
1. Notre culture n’est, sans plan, plus animée que par le luxe (luxe dans les sciences, 255
on apprend tout les uns des autres), non par le but du mieux commun. D’où
l’accroissement des besoins, des soucis, du travail, de l’inégalité et des peines. 2.
Notre civilisation, imposée de force comme un effet de la contrainte, non de la façon
de penser, est encore bien loin de la perfection du citoyen, c’est-à-dire de la vraie
liberté et égalité sous des lois sages. Nous sommes raffinés et polis, mais sans esprit
civique (civilisés). L’homme n’était pas destiné à former, comme le bétail, un
troupeau, mais comme les abeilles, une ruche. Mais dans un cas, la nature a fait le
plan, dans l’autre, nous devons le trouver nous-mêmes. Jusqu’à présent l’institution
civile a dépendu davantage du hasard et de la volonté du plus fort que de la raison et
de la liberté (Angleterre). 3. Nous avons des mœurs sans vertu, de la sociabilité au
lieu de la droiture, de la vanité plutôt que le sens de l’honneur. La preuve en est que le
vice, même quand il se fait scandale, peut se risquer hardiment dans notre société et
que nous n’y répugnons pas, si seulement aucune honte publique ne s’y attache.
Le dernier moyen : un bon droit des peuples, jus gentium. St Pierre (sic). 256
(dans la civilisation) et la religion (morale). Toutes trois publiques, afin que le tout
croisse en perfection. Toutes trois libres, parce que rien de contraint n’a de durée.
Toutes trois conformes à la nature, et par conséquent négatives.
1. L’éducation négative présuppose que l’homme, étant enfant, soit bon, que nous 259
veillions par-dessus tout à ne pas lui gâter ses talents par l’imitation, son inclination
et son choix par la contrainte, ses mœurs par l’exemple et l’incitation.
2. La législation négative ne tente pas de maintenir, pour ainsi dire, les enfants dans 260
la passivité (à la manière des Jésuites du Paraguay), mais les laisse se faire soi-même,
prend seulement soin de leur liberté sous des lois simples, puisées dans la raison
naturelle. Avant tout celles qui œuvrent en faveur de la moralité.
3. La religion négative ramène tout au concept simple d’une conduite agréable à Dieu. 261
Supprime les prêtres et laisse seulement les hommes de religion. Elimine les statuts
et ne laisse subsister que la prescription de la raison, et elle est aussi claire au plus
simple qu’au plus savant.
Enfants dans trois situations : 1. enfants d’un père de famille 2. d’un souverain 3. d’un 262
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20/04/2018 Réflexions sur l’anthropologie (AK, XV)
1. La minorité familiale, comme enfants, et sommes élevés comme si nous devions 264
rester mineurs toute notre vie : ne pas penser par nous-mêmes, mais nous rendre au
jugement d’autrui, ne pas choisir nous-mêmes, mais d’après des exemples, (ne pas
être condamnés ou acquittés selon le jugement de notre propre conscience, mais par
la sentence des ecclésiastiques).
2. Une minorité civile. Nous sommes jugés selon des lois que nous ne pouvons pas 265
connaître toutes et d’après des livres que nous ne comprendrions pas. Notre liberté et
propriété est soumise à l’arbitraire du pouvoir, qui n’existe pourtant que pour
conserver la liberté et simplement créer, par la loi, l’unanimité sur elle. Cela nous a
mis en un tel état de minorité que, si cette contrainte cessait, nous ne pourrions nous
gouverner nous-mêmes.
3. Une minorité pieuse. D’autres, qui comprennent la langue des Saintes Ecritures, 266
nous disent ce que nous devons croire ; nous n’avons pas de jugement propre. A la
conscience naturelle se substitue une conscience artificielle qui se dirige selon la
sentence des doctes ; aux mœurs et à la vertu se substituent des observances.
civile et la liberté religieuse, mais nous n’en sommes pas encore susceptibles.
[1] Le « patriotisme » change de sens et de valeur selon qu’il désigne un mode de gouvernement (voir
infra, Réflexion 8054) ou qu’il est synonyme de nationalisme (voir infra, Réflexion 1430).
[2] Sur le jugement que Kant porte sur l’Angleterre, voir infra les Réflexions 1444 et 8077.
e
[5] Cette Réflexion est très vraisemblablement un brouillon du début de la 2 section du Conflit des facultés.
[6] On peut entendre ici « l’amélioration personnelle, civile et cosmopolitique » correspondant, dans
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