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sourire
Le
sourire
Coordination scientifique : Michel Bartala, rédacteur en chef
18 magazine
Le
sourire
“
Nous ne saurons jamais
tout le bien qu’un simple sourire
peut être capable de faire.
Mère Teresa
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Le
sourire
Petite
psychologie du sourire
À bien y penser, quel beau métier que celui qui chaque jour
se concentre sur le sourire ! Alors que nous nous focalisons
bien souvent sur la douleur de nos patients, leurs angoisses
et leurs inconforts, quels autres professionnels peuvent
se vanter d’observer autant de sourires ? Nous les analysons,
Hélène Lafargue les disséquons, les rajeunissons, les donnons, les rendons,
Pratique privée, Bordeaux mais savons-nous vraiment ce qu’ils sont ?
Ancienne AHU, Bordeaux
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Le
sourire
1 2
1. Le chien est le seul animal capable de produire un sourire 2. Deux photographies prises à quelques secondes d’intervalle d’un auteur
mimétique. Chez la plupart des animaux, la découverture de ce numéro. a. À droite, un sourire sincère, ou sourire de Duchenne : le regard
des dents maxillaires signifie plutôt la soumission, l’intention s’anime à droite, les rides de la patte d’oie sont accentuées à leur maximum. b.
de ne pas mordre (Photo Ryan Carr). À gauche, si les commissures labiales restent symétriques, l’expression
du regard contredit un sourire sincère.
Le sourire : apanage
motrices de
ses comportements
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Le
sourire
7
6. Mona Lisa, Léonard de Vinci, 1503-1517. Musée du Louvre, Paris
(Photo Joaquín Martínez Rosado).
7. La Maja Desnuda, Francisco de Goya, 1790-1800. Musée du Prado, Madrid
6 (Photo Frank Kovalcheck). Il existe également une version vêtue de la Maja.
Cette version, jugée perverse, a échappé de peu au bûcher.
entre les stimulations extérieures et cette manifestation les conduit à le sourire devient un aspect émotionnel et/ou une interaction active
la conclusion d’une origine endogène. Comme les chats étudiés par de l’enfant qui sourit lorsqu’il comprend qu’il exerce, par là même,
Jouvet, dès les premières heures de sa vie, le nourrisson répéterait, un contrôle sur son environnement, une action causale provoquant
au cours du sommeil paradoxal, les séquences motrices de ses com- l’apparition d’un événement ou d’un résultat positif. Quoi qu’il en
portements instinctifs (fig. 3). Selon l’éthologue anglais D. Morris, soit, cette conduite liée à la perception va rapidement se complexifier.
le sourire serait « un mécanisme instinctif de survie lui apportant Il faut comprendre qu’il est très important que la mère sourie, car si
l’assurance de l’attachement de ses proches ». elle est celle qui peut aimer, donner les soins, faire vivre, elle est aussi
Toutefois, il va rapidement entrer dans la danse du sens. En psycha- celle qui peut présenter un danger tel que castrer, ou tuer (fig. 5). Ce
nalyse, le sourire est l’exemple même de la dépendance signifiante premier sourire maternel, signe d’un attachement social critique, peut
de nous autres humains. La mère, la première, attribuera un sens à laisser des traces profondes. L’exemple le plus connu est peut-être le
ce réflexe. Afin d’appréhender ce point, il faut savoir que le système souvenir archaïque d’une mère au sourire mystérieux et bienveillant,
visuel de l’enfant ne sera parfaitement abouti que vers l’âge de 6 à une mère dont on ne parvient pas à se séparer, alors même qu’on lui a
7 ans. Au commencement, il lui permet donc seulement de distin- été arraché à l’âge où l’enfant entreprend une quête condamnée à être
guer une image floue, principalement marquée par la présence du déçue, celle de son origine et de la différence des sexes, à l’âge auquel
front, des yeux, du nez et de la bouche (précisément dans cet ordre). commence le processus de sublimation, particulièrement élaboré
Il reconnaît sa mère de toute autre en s’attachant à des détails comme chez Léonard de Vinci qui renoncera à toute activité sexuelle pour
l’insertion de la racine des cheveux délimitant le contour du visage se livrer à une quête scientifique sans fin et à la réalisation d’œuvres
de face (fig. 4). La répétition de la présentation de la mère proche, de qu’il ne termine presque jamais.
face, et souriante a de plus en plus de chance d’induire le sourire. À Sigmund Freud s’est attaché au fil d’un ouvrage à la personnalité de
l’heure où il a une perception syncrétique, i.e. il ne différencie pas Léonard de Vinci et à la raison pour laquelle le sourire de La Joconde
l’intérieur de l’extérieur, le sourire va aider l’enfant à distinguer l’hu- (fig. 6) fascine universellement et depuis si longtemps. La raison pour-
main du reste du monde. Le psychiatre et psychanalyste René Spitz rait être que nous portons tous en nous ce sourire bienveillant et
en fait le « premier organisateur social » [5]. En fonction des auteurs, recélant le mystère de notre origine [6].
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8 9
8. L’Ange Gabriel
de la cathédrale de Reims.
XIIIe siècle (Photo Daniel Jolivet).
Il est très rare à cette époque que
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Elle peut également les conduire à engager des procédures qu’ils sont
Le sourire déformé fort susceptibles de gagner puisque la jurisprudence montre que leur
Les troubles de l’image du corps ne sont pas rares. En tant que pra- trouble les rend incapable de fournir un consentement éclairé [10, 11].
ticiens spécialisés, nous y sommes tous confrontés et sommes tous
susceptibles de nous trouver face à l’une de leurs formes sévères : le
Body Dysmorphic Disorder (BDD).
Insatisfaction corporelle
Nombre de personnages célèbres ont été atteints de BDD. L’un ou trouble de l’image du corps ?
d’entre eux, Andy Warhol, a produit nombre de représentations de Le plus difficile reste parfois de distinguer l’insatisfaction modérée,
ces contemporains notoirement atteints tels que Mickaël Jackson ou que nous connaissons tous dans une certaine mesure et qui amène
Marilyn Monroe. Il s’est même attaché à représenter Barbie, dont le naturellement à consulter pour des raisons esthétiques, et le trouble de
rôle dévastateur en termes de construction de l’image du corps n’est l’image du corps. En ce sens, il faut considérer que l’insatisfaction cor-
plus à démontrer. porelle varie selon un continuum allant de l’absence d’insatisfaction
Les personnes atteintes de BDD sont préoccupées* par un défaut à un trouble extrême. L’existence de préoccupations rapportées par
physique objectivement léger ou inexistant. Les préoccupations pour le patient et de perturbations psychosociales, telles que l’évitement
le visage concernent 86 % de ces patients, celles pour la forme ou la de certaines activités ou situations, constitue des indices de sévérité
couleur des dents atteignent 20 % des patients [8, 9]. Ces patients qui doivent vous alerter.
ne sourient plus ou masquent leur sourire. Lorsque l’on modélise Nous avons adapté et validé un auto-questionnaire, simple et bref,
ce qu’ils voient, ils sont convaincus que leurs dents sont plus jaunes que le patient peut remplir seul en salle d’attente et qui peut permettre
qu’elles ne le sont et que les défauts de position plus marqués qu’ils de le positionner sur ce continuum et donc de repérer un trouble de
ne le sont (fig. 11). Dans les cas les plus sévères, ils sont incapables de l’image du corps et une insatisfaction postopératoire potentielle [1].
remettre en question leur conviction. Le Body Image Disturbance Questionnaire (BIDQ)** recherche la
Suivant les classifications, il reste important de différencier ce trouble source d’insatisfaction corporelle, les préoccupations associées et
de l’anorexie et de la boulimie qui se manifestent par une préoccupa- les perturbations psychosociales. Le score correspond à la moyenne
tion disproportionnée centrée sur les dimensions corporelles (mais des réponses aux huit questions (notées de 1 à 5). Un score supérieur
qui pourraient, selon les auteurs, constituer des cas particuliers de ou égal à 2,36 chez une femme et à 1,64 chez un homme prédit un
BDD). trouble de l’image du corps.
Ces patients souffrent beaucoup de ces préoccupations qui les
entravent dans leur fonctionnement social, professionnel ou amou-
reux. Ils évitent certaines situations, parfois jusqu’à la réclusion, et Faire face aux troubles
attribuent leurs entraves à ce fameux défaut ce qui va les conduire à
rechercher une solution chirurgicale.
de l’image du corps
Toutefois, leur trouble étant d’origine psychologique et non physique, Un score élevé au BIDQ implique de prendre le temps de se poser
il ne bénéficiera pas, le plus souvent, des traitements d’améliorations un certain nombre de questions avant d’entamer une thérapeutique
esthétiques qui les conduiront plutôt à focaliser sur les résultats du d’amélioration esthétique :
traitement (combien de temps vont-ils durer, etc.) ou à déplacer leur - Lorsque le « défaut » du patient n’est pas objectif (il est possible de
focalisation vers une autre zone corporelle. Leur déception peut demander son appréciation à son assistant(e), à un confrère, et au
rendre les patients violents envers eux-mêmes ou envers les praticiens. patient ce qu’en disent ses proches), il est intéressant d’interroger ce
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qui se dissimule derrière sa demande : que pense-il pouvoir résoudre trouble est connu et qu’il est possible de l’aider à moins souffrir. Il
où améliorer par le biais de l’acte médical ? reste utile de lui conseiller quelques lectures et de se renseigner sur
- La demande semble-t-elle raisonnable ? Si le défaut est très léger ou les psychologues et psychiatres formés dans le domaine. Quant à
la demande démesurée, considérez que vous aurez peu de chance l’intervention, il est possible de lui dire que, si vous pensez pouvoir
de la satisfaire. intervenir par la suite, il vaut peut-être mieux, dans un premier
- Qu’évoque la demande ou le comportement du patient pour vous ? temps, démêler un peu tout ce qui s’associe à sa demande et dimi-
Certains patients, pour des raisons plus ou moins diffuses éveillent nuer sa souffrance pour pouvoir travailler au mieux.
en nous un sentiment qui entrave la communication. Dans la mesure Enfin, positionner un patient sur une échelle d’insatisfaction corpo-
où nous ne sommes pas régulés il vaut parfois mieux savoir adresser relle ne relève ni du perfectionnisme ni de la philanthropie. Cet acte
sous de vagues prétextes, plutôt que de s’engager dans une relation nous protège, comme il protège depuis longtemps les chirurgiens
thérapeutique perturbante. plasticiens, d’un risque d’insatisfaction postopératoire, presque
Considérant les aspects psychologiques relatifs à leurs actes thérapeu- aussi préjudiciable à notre qualité de vie qu’à celle des patients.
tiques, la plupart des chirurgiens-dentistes interrogés nous ont révélé
se sentir « illégitimes » dans le domaine, ou simplement incertains
quant à la manière d’aborder ces sujets en douceur. Une clé peut être
de garder en mémoire qu’un patient présentant un trouble de l’image * On entend par préoccupations des pensées incontrôlables occupant le
du corps souffre souvent énormément. Il est vain de tenter de remettre patient d’une à plusieurs heures par jour. Elles s’accompagnent le plus
en question un défaut, même minime, il est plus efficace d’insister souvent de vérifications et autres compulsions.
sur la souffrance que ressent le patient et de lui expliquer que son ** Le questionnaire est disponible sur demande à l’auteur.
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1. Quand on observe
les modèles, le plan
d’occlusion paraît droit.
2. Si l’on reporte par
superposition informatique
le modèle en plâtre
au niveau d’une photo
de la bouche du patient,
on observe la disharmonie
du plan d’occlusion
par rapport à̀ la ligne
1 2 bipupillaire.
3a 3b 3c
3a. Ligne médiane décalée.
3b. Décalage de la ligne médiane et disproportion des volumes. Le logiciel propose en superposition une modification de ces deux paramètres.
3c. Simulation digitale par superposition sur une photo du patient.
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Photos et vidéos
Au premier rendez-vous, le patient expose ses souhaits et
répond à quelques questions afin que le praticien cerne sa
4a 4b personnalité, ses attentes. Puis une vidéo de deux minutes
4a. Simulation par un wax up guidé par le DSD. est enregistrée pour observer la dynamique des lèvres, la
4b. Copie du wax up sur les préparations à l’aide du logiciel inLab Sirona. visibilité des dents ainsi que d’autres paramètres fonction-
nels. Cette vidéo est utile, car le patient est plus à l’aise pour
sourire, sans poser comme pour une photo, sur laquelle
Analyse faciale le sourire est rarement naturel. Des poses sur cette vidéo
Un autre concept très important défini par l’artiste Philip permettront d’extraire des images précieuses indiquant par
Hallawell m’avait intéressé : « le visagisme ». Il consiste à retrou- exemple la ligne la plus haute de la lèvre supérieure quand
ver, par certaines techniques de tracés et de formes, l’esthétique le patient sourit, la hauteur des collets, la perspective et la
du sourire. Les caractéristiques physiologiques de l’image ainsi hauteur des plans d’occlusion postérieurs.
créée doivent susciter une réaction émotionnelle du patient. Trois photos techniques sont utiles :
La vision de son nouveau sourire permet à ce dernier de mieux - une photo avec écarteur (fig. 6) ;
exprimer au praticien ses souhaits et son ressenti. - une deuxième à l’identique sans écarteur avec un sourire
Le challenge est donc de traduire par le design du sourire den- naturel (fig. 7) ;
taire la personnalité que le patient souhaite dégager : ce qu’on - une troisième photo plongeante pour vérifier la position
appelle « l’harmonie psycho-dentofaciale » (fig. 5). antérieure des dents en fonction des lèvres ainsi que la ligne
En fonction de tous ces paramètres intra et extra-oraux, nous médiane faciale (fig. 8).
configurons l’ensemble de ces lignes et formes, les axes des
dents, le festonnage des lignes gingivales et leur zénith, l’ali- Utilisation du logiciel Smile Design Pro
gnement des papilles, la forme des dents et les distributions de (sur PC, Mac ou iPad)
leurs espaces. Ce logiciel est un outil de simulation digitale pour éta-
La vraie question qui se pose après avoir présenté toutes ces blir un plan de traitement et un plan de communication
caractéristiques variables incontournables est celle de l’outil interdisciplinaire.
numérique qu’il est possible d’utiliser pour ramener en 3D Avec ce logiciel, il va être possible d’élaborer un projet pro-
toutes ces références au modèle réel en plâtre ou virtuel sur thétique (fig. 9) puis de transformer ce projet prothétique
l’écran au laboratoire. en simulation de dent numérisée (fig. 10). Une fois ce projet
5. Morpho-psychologie - Visagisme : forme des arcades et traits de caractère décrits par les Drs Gürel et Coachman.
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6. Photo du patient avec
les écarteurs.
7. Photo du patient avec
un sourire « naturel ».
8. Photo plongeante
pour vérifier la position
antérieure des dents
en fonction des lèvres
ainsi que la ligne médiane
faciale.
6 7 8
9 10 11
9. Projet prothétique informatique avec 10. Simulation informatique du sourire. 11. Relevé des différentes valeurs
correction des morphologies dentaires morphologiques du projet informatique
et du positionnement de la ligne médiane. qui vont pouvoir être reportées sur le
plâtre pour la réalisation du wax up.
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14 15 16
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Conclusion
Le Digital Smile Design contribue à la planification multidis-
ciplinaire intégrant la fonction et l’esthétique. C’est un outil de
communication visuel qui offre le choix d’une multitude de
solutions esthétiques possibles. Le travail sur ordinateur permet
à tous moments de modifier la proposition numériquement.
Il est utile au laboratoire, en prothèse, en orthodontie, en paro-
dontologie, en implantologie, en chirurgie orthognathique et Lectures conseillées
en chirurgie esthétique !
Il a bouleversé et révolutionné la profession, mais réalise 1. Dawson PE. Functional occlusion : from TMJ to Smile Design. St Louis :
surtout le fantasme du « tout, tout de suite » des patients. Il Mosby, 2007.
leur donne une réelle satisfaction de découvrir en moins de 2. Coachman C, Van Dooren E, Gürel G, Landsberg CJ, Calamita MA,
Bichacho N. Smile design : From digital treatment planning to clinical
2 minutes, le temps de la réalisation du mock up virtuel, un reality. In : Cohen M (ed). Interdisciplinary treatment plan-
changement tellement spectaculaire de leur sourire. Réaction ning. Vol. 2 : Comprehensive case studies. Chicago : Quintessence
émotionnelle intense souvent partagée aussi par toute l’équipe Publishing, 2012:119-174.
soignante ! 3. Gurel G. The Science and Art of porcelain laminate veneers.
Si la bouche ne représente que le tiers inférieur de la face, le Quintessence Publishing Co (Chicago), 2003.
sourire, lui, représente près de 80 % de l'expression du visage ! 4. Goldstein RE. Esthetics in Dentistry. Vol. 1 : Principles, communication,
treatment, methods. Ed 2. Ontario : BC Decker, 1998.
5. Chiche GJ, Pinault A. Esthetics of anterior fixed prosthodontics.
Quintessence Publishing, 2003.
6. Rufenacht CR. Fundamentals of esthetics. Quintessence Publishing
(Chicago), 1990.
7. Chiche GP, Aoshima H. Smile design : A guide for clinician, ceramist,
and patient. Quintessence Publishing, 2004.
Quiz 8. Magne P, Belser U. Restaurations adhésives en cramique sur dents
QUESTION 1 Quelles sont les principales fonctions du antérieures. Approche biomimétique. Quintessence International,
2003.
DSD ?
9. Duarte S. Quintessence of dental technology. Vol. 33, 2010.
a) Etude de l’occlusion
b) Prévisualisation de l’esthétique
c) Analyse de la Fonction
d) Mise en place et présentation du plan de traitement
Correspondance
QUESTION 2 Comment corréler le DSD et les sys- lab.ghandour@wanadoo.fr
www.ismiledesigner.com
tèmes CAD/CAM ?
a) Par mesure millimétrique (pied à coulisse) en bouche
b) Superposition du contour du visage sur les photos L’auteur déclare des liens d’intérêt avec
c) Superposition des tracés délimitant les dents sur la Vita, Sirona, Shofu, Kerr
photo et sur l’empreinte optique.
d) Superposition des tissus mous.
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Sourire et prothèse
amovible partielle
1a 1b 1c
1a. Torus palatin volumineux nécessitant 1b. Egression majeure de la 47 qui entre 1c. 17 présentant une lésion parodontale
une préparation initiale chirurgicale en contact avec la muqueuse antagoniste, terminale qui impose son extraction lors
de résection. dent « inexploitable » : extraction nécessaire. de la phase de préparation initiale de la cavité
buccale.
Phases pré-prothétiques
Il est essentiel qu’à l’issue de ces examens initiaux soient déga-
gés les actes prioritaires tels que les corrections chirurgicales
majeures et les extractions à réaliser d’emblée de manière
à pouvoir réaliser ces gestes au plus vite. En effet, certaines
“aberrations cliniques” (dystopies dentaires majeures, hyper-
trophies tubérositaires, exostoses exubérantes, etc.) peuvent
perturber l’établissement d’un projet thérapeutique cohérent et
doivent être corrigées en priorité (fig. 1a à c).
Une fois ces actes opérés, il est possible de confectionner 2
de nouveaux modèles d’étude qui serviront de base à notre
réflexion thérapeutique [2]. 2. Tracé prospectif intégrant le positionnement d’un implant
en site 23. Selle disjointe du côté droit avec crochet
de Nally-Martinet sur 13. Bridge 11-12-13 avec fraisages cingulaires
Tracé prospectif et palatins.
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4e 4f 4g
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Le
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Conception prothétique
Que la réhabilitation soit purement amovible ou associant pro-
thèse fixée et amovible, le souci de l’esthétique doit toujours
être présent à l’esprit du praticien. 5a
Prothèse amovible
Le choix judicieux des crochets permet d’améliorer la per-
ception visuelle d’une simple prothèse amovible. Il est impos-
sible de lister l’ensemble des situations cliniques que l’on peut
rencontrer et de préciser, pour chacune d’elles, la meilleure
solution [8].
À titre d’exemple cependant, dans une situation d’édentement
encastré maxillaire (classe 3 de Kennedy), le remplacement sur 5b 5c
la dent antérieure du crochet de Ackers (ou type 1 de Ney), 5.a, b, c. Situation de classe III - 1 maxillaire. La 14, ancrage
indiqué classiquement dans cette configuration, par un cro- antérieur de l’édentement encastré (15-16) reçoit un crochet
chet de Nally-Martinet, améliore grandement l’esthétique du de Nally-Martinet dont le bras élastique court assure la discrétion.
dispositif rétentif (fig. 5a à c). L’améloplastie assurant son appui
mésial, tout en restant discrète, doit être aussi vestibulaire que
6a 6b 6c
6d 6e 6f
6.a, b, c, d, e, f. Réhabilitation de l’arcade maxillaire associant un bridge céramo-métallique antérieur à une prothèse amovible à châssis
métallique. L’association d’un crochet de Nally-Martinet sur la 14 à un attachement extra-coronaire sur la 24 décrit plus bas optimise
l’esthétique de la réhabilitation.
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Le
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7. Le crochet Y de Roach (a) laisse
place à un crochet RPI modifié (b).
7a 7b
8a 8b 9
8.a et b. Crochets en acétal : notons le volume du bras vestibulaire sur les canines mandibulaires. 9. Un crochet acétal ancien, ayant perdu
sa valeur rétentive, apparaît jauni
et disgracieux.
possible, ce qui permet de limiter la visibilité du bras réten- cieux. Ils présentent cependant de nombreux inconvénients :
tif, et ceci d’autant plus que la ligne guide se rapproche du - leur rigidité, nettement inférieure à celle des crochets métal-
collet. liques, impose la réalisation d’un bras vestibulaire bien plus
Notons au demeurant qu’en cas de perte des appuis postérieurs encombrant que le bras métallique « remplacé » ;
du site édenté, transformant l’édentement encastré en édente- - ils sont par nature inactivables et tendent à perdre, par usure
ment terminal, l’adaptation de la prothèse à la nouvelle situa- et déformation, leur capacité rétentive ;
tion clinique reste souvent possible du fait du choix initial du - ils jaunissent avec le temps et voient leur esthétique se dégra-
crochet antérieur qui, associé à la disjonction de la selle pro- der (fig. 9).
thétique, assure un appui mésial sur la dent support et prévient De la même manière, les prothèses adjointes partielles réalisées
tout effet scoliodontique (fig. 6a à f). en superpolyamides (nylons Valplast® ou Flexiplast®) (fig. 10)
Dans une situation identique à l’arcade mandibulaire, le clas- n’offrent pas une rigidité suffisante et sont très susceptibles aux
sique crochet « Y » de Roach à abord cervical peut être avan- colorants alimentaires [9].
tageusement remplacé par un crochet de type RPI, à appui De nouveaux matériaux thermoplastiques apparaissent,
mésial, dont le bras rétentif plus discret vient se positionner comme les polyétheréthercétones (PEEK). Nettement moins
dans l’angle disto-vestibulaire de la dent support (fig. 7). rigides que les alliages conventionnels, ils voient cependant
Les crochets en acétal (fig. 8) ont une teinte se rapprochant de la leurs indications odontologiques se développer et pourraient
valeur moyenne d’une dent naturelle et sont parfois proposés à terme, par leur meilleure stabilité et leurs teintes variées,
comme alternatives aux bras vestibulaires métalliques disgra- contribuer à la discrétion de crochets exposés.
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Le
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12
13a 13b
14a
Le choix des dents prothétiques joue un rôle tout aussi
primordial dans l’intégration esthétique de la prothèse amo-
vible. Outre une variété très conséquente de matériaux, teintes,
formes et dimensions, les fabricants nous offrent aujourd’hui
des « âges dentaires » différents. Dents jeunes, matures ou
âgées ont ainsi fait leur apparition, nous autorisant à mimer la
morphologie des dents naturelles (fig. 11a à c). 14b
L’espace prothétique disponible est déterminant dans le choix
du matériau, les dents céramiques préfabriquées étant très peu 14a. Dents naturelles…
modifiables. Certaines équipes praticien – prothésiste pro- 14b. Dents céramiques
posent, dans des situations cliniques délicates et exigeantes, retouchées et maquillées.
de monter directement des dents céramiques sur le châssis 14c. Animation
métallique, la gencive prothétique étant réalisée dans le même du montage antérieur :
matériau [10]. amélioration de l’aspect
La modification de leur forme, de leur état de surface et leur naturel.
maquillage permettent d’approcher au mieux l’aspect des dents
restantes (fig. 12, 13, 14, 15).
14c
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15a
15d
15b 15c
15a. Situation initiale : absence calage postérieur efficace.
15b. Effondrement de la DVO et altération du plan d’occlusion, prothèses inesthétiques.
15c. Divergence des lignes esthétique de référence : ligne du sourire et ligne bipupillaire.
15e
15d, e, f. Des teintiers spécifiques, préfabriqués puis adaptés à l’expérience clinique
de l’équipe praticien-prothésiste permettent de relever les caractéristiques chromatiques
de la gencive naturelle et de maquiller, grâce à des composites spécifiques, les selles
prothétiques.
L’animation du montage, la gestion du parodonte Les améloplasties réalisées aux dépens des dents naturelles
prothétique, associant la restitution des volumes tissulaires sont complétées par des fraisages aménageant sur les cou-
perdus au maquillage de la fausse gencive, redonnent aux ronnes d’appui des cannelures, épaulements, queues-d’aronde
dents prothétiques un “écrin naturel” hautement esthétique qui assurent une parfaite connexion avec la prothèse amovible
(fig. 6a à e). (fig. 17a à c).
Ces préparations spécifiques :
Prothèse combinée - évitent les phénomènes de surcontour, le profil de la prothèse
amovible venant compléter celui de la prothèse fixée sans débord ;
Encore appelée prothèse composite, elle associe prothèse - augmentent par appui, engagement et friction la sustenta-
amovible et prothèse fixée, unitaire ou plurale. Les facteurs tion, la stabilisation et la rétention de la prothèse amovible ;
précédemment cités gardent tout leur intérêt dans le résultat - guident l’insertion de celle-ci sur l’arcade concernée.
esthétique de cette thérapeutique. Celui-ci peut cependant La restauration des dents supports permet de retrouver une
être nettement amélioré par l’aménagement des éléments fixés harmonie globale, ce qui amplifie le résultat esthétique de la
supportant la prothèse amovible [8]. réhabilitation.
40 magazine
Le
sourire
16 a, b. Caractérisation
ethnique spécifique
avec taches mélaniques 16b
vestibulaires, tant
maxillaires (prothèse
amovible complète) que
mandibulaires (prothèse
amovible partielle).
16c. Le collet des dents
prothétiques, de taille,
teinte et morphologie
adaptées, est maquillé
de manière à fondre 16a 16c
celles-ci au sein des
dents naturelles voisines.
La teinte de la gencive
prothétique reproduit
celle du parodonte
marginal.
16d. Situation initiale :
prothèses de conception
sommaire.
16e. Après réfection
prothétique esthétique. 16d 16e
17c
17a. Bridge céramo-métallique 17b, c. Prothèse adjointe intégrée grâce à des crochets
de 11 à 25. discrets du fait des fraisages réalisés aux dépends
de la face palatine des éléments fixés.
17b
Le recours à des attachements de précision permet de nance rigoureuse qui se traduit par le changement inévitable
s’affranchir de l’utilisation de crochets sur les dents anté- de pièces d’usure [4].
rieures et potentialise encore celui-ci (fig. 18). Ces dispositifs
préfabriqués intra- ou extra-coronaires, doivent être rigoureu- L’utilisation des implants comme supports de prothèse
sement sélectionnés à partir de l’étude préalable, en fonction amovible étoffe encore notre arsenal thérapeutique [11, 12].
de paramètres précis comme : Leur premier intérêt réside dans l’extension du polygone de
- la classe de l’édentement traité et les axes de rotation poten- sustentation « fixé » qu’ils autorisent. Ils permettent ainsi de
tiels de la prothèse amovible ; neutraliser des axes de rotation très déstabilisants, de retrouver
- la hauteur coronaire de l’élément support ; un appui dans les édentements très asymétriques, mais aussi de
- la valeur de son ancrage parodontal ; protéger les dents restantes fragilisées en assurant un appui
- l’espace disponible, déterminé par le montage directeur réa- proximal fiable. La rigidité de leur ancrage osseux impose en
lisé lors de l’analyse préprothétique. revanche une analyse préalable très fine de la dépressibilité
Il faut cependant intégrer dans leur indication la nécessaire de la fibro-muqueuse et de la mobilité des dents naturelles
dextérité qu’ils imposent au patient, tout comme une mainte- supportant la prothèse amovible. Les empreintes anatomo-
magazine 41
Le
sourire
18a 18b
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sourire
Conclusion
avec couronnes fraisées. Réal Clin 2013 ; 24 (3) : 237-246.
8. Santoni P. Maîtriser la prothèse amovible partielle. Editions
Si le premier souhait d’un patient édenté partiel est de CdP ; Rueil-Malmaison, 2004.
retrouver ses fonctions buccales primordiales, l’aspect 9. Singh K, Aeran H, Kumar N, Gupta N. Flexible thermopla-
tic denture base materials for aesthetical removable partial
esthétique de la prothèse partielle réalisée revêt une grande denture framework. J Clin Diagn Res 2013, 7 (10) : 2372-
importance, sa discrétion étant un gage d’acceptation face 2373.
au handicap qu’il subit. 10. Iri A, Waltmann E, Taddéi C. Apport de la cuisson des céra-
Les principes généraux de la réalisation d’une prothèse miques sur châssis dans l’intégration cosmétique. Info Dent
2004 ; 21 : 1341-1345.
amovible de qualité sont aujourd’hui bien codifiés. Son inté-
11. Taddéi C, Waltmann E. Implants et prothèse amovible par-
gration esthétique peut cependant être grandement amélio- tielle. Quintessence Int., 2010.
rée par une réflexion attentive se basant sur les observations 12. Shahmiri RA, Atieh MA. Mandibular Kennedy Class I implant-
initiales et la conception d’un projet prothétique visant à tooth-borne removable partial denture : a systematic review.
« traiter le modèle avant le patient ». Cette démarche per- Journal of Oral Rehabilitation 2010 ; 37 (3) : 225-234.
met de mettre en évidence les obstacles, tant fonctionnels
qu’esthétiques, qui peuvent être rencontrés. Ceux-ci seront
montrés au patient et traités en conséquence de façon à ce
que le praticien garde la maîtrise de la thérapeutique tout au Quiz
long de ses nombreuses étapes.
Il va de soi qu’un traitement aussi complet que complexe QUESTION 1 Le crochet de Nally-Martinet est :
ne peut se faire sans un travail d’équipe, les échanges, la a. Utilisable uniquement sur les dents naturelles
confiance et la complicité entre praticien prosthodontiste et b. Indiqué dans les édentements encastrés
prothésiste devant être sans faille. c. Réservé aux édentements terminaux
44 magazine
Le
sourire
Le sourire
chez l’édenté complet
De l’approche conventionnelle à la planification virtuelle
Marwan Daas Karim Dada Louis Toussaint Léon Pariente Michel Postaire
MCU-PH, Université Ancien interne AHU Service d’odontologie, PU-PH, Université
Paris Descartes Service d’odontologie, Service d’odontologie, Hôpital Louis Mourier Paris Descartes
Service d’odontologie, Hôpital Hôpital Louis Mourier Pratique privée Service d’odontologie,
Hôpital Louis Mourier Louis Mourier Pratique privée Hôpital Louis Mourier
Pratique privée Pratique privée
46 magazine
Le
sourire
1a 1b 1c 1d 1e
1a et b. L’absence des dents et la résorption, centripète au maxillaire, induisent une insuffisance plus ou moins prononcée du soutien
de la lèvre supérieure. De même, une sous-évaluation de la dimension verticale d’occlusion se traduit par une position d’antéro-mandibulie
avec une projection du menton vers l’avant, caractéristique de l’édenté complet.
1c et d. Chez un édenté complet, une base d’occlusion avec un bourrelet en Stent’s est utilisée afin de matérialiser les repères
(point inter-incisif, pointe canine, ligne de sourire) nécessaires pour réaliser le montage esthétique. La partie antérieure de la maquette
d’occlusion doit donc rétablir ce soutien, en vue frontale comme en vue de profil, afin de retrouver un ourlet labial correspondant à celui
assuré par une denture naturelle.
1e. En vue frontale, le point inter-incisif est positionné sur l’axe de symétrie du visage. En vue de profil, il doit se positionner au contact
avec la partie muqueuse de la lèvre inférieure lors de la prononciation des phonèmes Fe et Ve.
une projection du menton vers l’avant, là encore caractéristique de Elle doit tenir compte de la longueur de la lèvre au repos qui varie
l’édenté complet. considérablement d’un individu à l’autre (courte < 18 mm, longue
Concernant le traitement de l’édenté complet maxillaire, nous limi- > 26 mm, différente chez les femmes et chez les hommes) [3]. Son
terons notre propos aux autres critères esthétiques déterminés ou positionnement par rapport à cette lèvre au repos dépend des facteurs
évalués lors des différentes phases de l’élaboration prothétique : sexe-personnalité-âge (facteur SPA) de la Dentogénique [6-11].
réglage de la maquette d’occlusion maxillaire, choix des dents, mon- La visibilité du bord libre des incisives au repos s’établit en moyenne
tage des dents pour se concrétiser dans la prothèse terminée, quelle à 1-2 mm sous le bord libre de la lèvre supérieure au repos [12, 13].
que soit la configuration (avec ou sans implants) de celle-ci. Mais cette valeur est éminemment variable selon les individus en
Pour ce qui est du passage à l’édentement complet, situation beaucoup fonction du facteur SPA. En règle générale, elle est plus importante
plus complexe en termes de diagnostic et de prévisualisation du résul- chez la femme que chez l’homme, et de moins en moins avec le vieil-
tat, nous proposerons un protocole de traitement associant le logiciel lissement, ce qui explique qu’elle peut donc varier de 0 à 5 mm [12-14].
Digital Smile Design et l’essai de coques anatomiques issues de dents En vue frontale, le point inter-incisif est positionné sur l’axe de
du commerce afin d’anticiper les changements projetés chez le patient. symétrie du visage (en cas d’asymétrie trop prononcée, se référer au
philtrum – stomion ou point labial supérieur). Un léger décalage laté-
Rendre le sourire à l’édenté ral – jusqu’à 4 mm – peut être esthétiquement acceptable [14], mais
l’axe inter-incisif doit être bien vertical sous peine de signer un aspect
complet : approche conventionnelle artificiel [6-11]. En vue de profil, il doit se positionner au contact avec
la partie muqueuse de la lèvre inférieure lors de la prononciation des
Réglage de la maquette d’occlusion phonèmes Fe et Ve [13].
maxillaire Son positionnement doit également tenir compte du déplacement de
Ce réglage (en vue du transfert du modèle secondaire maxillaire sur la lèvre supérieure lors du sourire. La ligne du sourire est qualifiée
la branche supérieure d’un articulateur) débute par un ajustement de basse quand elle expose lors du sourire moins de 75 % des dents,
esthétique qui comprend plusieurs étapes. moyenne lorsqu’elle expose de 75 à 100 % des dents plus les papilles,
Le soutien labial (fig. 1c). L’absence des dents et la résorption haute lorsqu’elle expose une bande de gencive [15-17].
osseuse, centripète au maxillaire, induisent une insuffisance plus ou Cette qualification est importante à prendre en compte, car, selon que
moins prononcée du soutien de la lèvre supérieure avec disparition s’établit une ligne du sourire basse ou haute (associée ou non à une
progressive de la partie muqueuse de la lèvre supérieure (fig. 1a et b) [1, lèvre courte), il peut être nécessaire de modifier la première approche
2]. Ce phénomène, associé au vieillissement, se traduit par l’apparition de détermination du point inter-incisif réalisée lèvre au repos.
et le développement de plis et de ridules autour des lèvres ainsi que Le fait de matérialiser la ligne du sourire sur la partie antérieure
par un approfondissement du sillon naso-génien. Le vieillissement du bourrelet permet de visualiser la hauteur disponible pour les
participe d’ailleurs aussi à la diminution de l’épaisseur du vermillon dents en considérant que les sourires les plus esthétiques sont ceux
de la lèvre supérieure, même si celle-ci, s’allongeant dans le même qui découvrent les dents en montrant un peu des papilles (basse ou
temps, voit sa surface globale rester inchangée [3]. La partie antérieure moyenne) [18].
de la maquette d’occlusion doit donc rétablir ce soutien, que ce soit en Le plan de transfert (fig. 1f et g). La partie antérieure du plan de
vue frontale, mais aussi en vue de profil, afin de retrouver un ourlet transfert doit être réglée parallèle à la ligne bi-pupillaire – elle-même
labial correspondant à celui assuré par une denture naturelle. parallèle à la ligne bi-commissurale – ou perpendiculairement à l’axe
Le point inter-incisif (fig. 1d et e). La détermination précise du de symétrie du visage dans le plan frontal et à la correspondance
point inter-incisif ne peut intervenir qu’après le réglage précédent [4]. peaucière du plan de Camper (point sous-nasal – tiers inférieur du
magazine 47
Le
sourire
1f 1g 1h 1i
1f, g. La partie antérieure du plan de transfert doit être réglée parallèle à la ligne bi-pupillaire, elle-même parallèle à la ligne bi-commissurale,
et à la correspondance peaucière du plan de Camper dans le plan sagittal, à l’aide de la plaque de Fox.
1h, i. La matérialisation de la ligne du sourire sur la partie antérieure du bourrelet permet de visualiser la hauteur disponible
pour les futures dents prothétiques.
tragus, aile du nez –, milieu du tragus) dans le plan sagittal, à l’aide est évidemment importante, mais il semble se dégager que, d’un point
de la plaque de Fox [13]. de vue statistique, il est possible d’associer de “grandes”
Ce réglage dans le plan frontal est particulièrement important, car il dents à un “grand” visage et inversement.
conditionne la symétrie de la future ligne incisive, particulièrement La couleur. La sélection de la “teinte” des dents est supposée se
importante pour la réussite esthétique [15, 16]. référer, là encore, à des éléments du visage : couleur de la peau, des
cheveux et des yeux. En effet, depuis Lee [29], qui parle même de
l’importance de la texture de la peau, la plupart des auteurs proposent
Le choix des dents d’harmoniser la couleur des dents à celle de la peau du visage. Mariani
Les règles qui président au choix des dents pour l’édenté complet
[30] a repris tous ces critères et constate qu’il existe bien une
ont fait l’objet de multiples publications et controverses, mais elles
harmonie de couleur entre les dents et les téguments
s’inscrivent dans cette recherche de l’harmonie et du naturel initiée
et dans une moindre mesure les yeux et les cheveux.
par Frush et Fisher dès 1955.
Il existe aussi une relation entre le sexe et la clarté des dents et l’âge
De nombreuses méthodes ont été proposées pour tenter d’effectuer
et la saturation.
un choix raisonné concernant leurs formes, leurs dimensions et leurs
Pour toutes ces raisons, ce choix de la couleur doit s’effectuer dans
couleurs [19].
les conditions d’ambiance et de luminosité adaptées et il convient de
La forme. La détermination de la forme de l’incisive centrale vue
présélectionner dans le teintier un nombre restreint d‘échantillons
de face est issue des travaux de Williams [20] qui a décrit trois caté-
à présenter au patient.
gories de forme de dents : carré, triangulaire et ovoïde, auxquelles
Synthèse. La dentogénique, correctement interprétée par la dynes-
d’autres auteurs [21-23] ont ajouté une quatrième : carré-triangulaire.
thétique (préfixe grec dyn : puissance et mouvements associés) révèle
Il a surtout remarqué, en s’inspirant des observations de Berry [24],
les qualités particulières du patient :
que la forme de l’incisive centrale maxillaire est la forme
- expression de la personnalité : les proportions entre les dents (cen-
inversée du visage.
trale-latérale notamment) expriment le caractère ;
La forme vue de profil est elle aussi généralement reliée à la forme
- appréciation de la masculinité et de la féminité : ce qui est arrondi
du visage vue de profil : à un visage arrondi est associée une dent
est féminin et ce qui est rectiligne est masculin ;
arrondie et à un visage plat est associée une dent plate [13].
- expression digne de l’âge : ce qui est arrondi est jeune et ce qui est
Les dimensions (fig. 1h et i). Les dimensions de l’incisive centrale
rectiligne vieillit,
et du groupe incisivo-canin ont aussi fait l’objet de multiples publica-
et permet de réaliser une synthèse de ces règles et de les interpréter
tions qui ont tenté de les corréler à certaines mensurations du visage
pour satisfaire le patient.
(indices faciaux). Depuis les travaux de Wavrin [25], ces corrélations
ont été critiquées par de nombreux auteurs pour les infirmer ou les
Comme le soulignent Louis et coll. [31], le choix des dents n’est pas
confirmer. La plus utilisée, celle de Lee [26], décrit notamment un
soumis à des lois ou à des règles intangibles et constitue une opération
rapport entre la largeur de l’incisive centrale et la distance pointe
délicate, empreinte de subjectivité et menée avec la complicité du patient.
canine à pointe canine avec la largeur du nez.
Enfin pour Palla [32], les maîtres mots sont l’harmonie et le naturel
Enfin, récemment, de nouveaux rapports entre les indices faciaux et
avec l’objectif de « redonner l’expression naturelle du visage pour en
les dimensions des dents ont été établis statistiquement [27, 28]. Ils
restituer l’image, donner l’illusion d’une denture naturelle et rendre
confirment, pour une majorité des individus, l’indice de Lee : largeur
à l’individu sa dignité ».
de l’incisive centrale = largeur du nez / 4, distance pointe canine à
pointe canine = largeur du nez pour les hommes et + 2 mm pour
les femmes. La distance bizygomatique est utile pour déterminer Le montage des dents (fig. 1j)
la largeur de l’incisive centrale (en la divisant par 14) ainsi que la La ligne incisive. La ligne incisive que détermine le groupe
distance pointe canine à pointe canine (en la divisant par 3,6 ou 3,7). incisivo-canin maxillaire doit s’inscrire dans la courbure que réalise
Quant à la hauteur de l’incisive centrale, elle varie entre la distance la lèvre inférieure lors du sourire. Là encore, la dentogénique, dès
ophryon-gnathion divisée par 12 ou 12,5. La variabilité individuelle 1955, a bien rapporté ce paramètre de l’esthétique [6-11].
48 magazine
Le
1e sourire
magazine 49
Le
sourire
2 3 4
5 6 7
8 9 10
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Le
sourire
11 12 13
14 15 16
17 18 19
20 21 22
magazine 51
Le
sourire
23b
23a 22
23a. À l’issue de la procédure de calibration permettant
de déterminer les proportions idéales des dents à utiliser dans 23b. Les coques anatomiques en composite sont montées
le cas clinique analysé, un modèle correspondant est sélectionné en bouches en se basant sur la planification numérique
dans une banque de montages types réalisés avec les différentes pour transférer l’information au laboratoire.
dents prothétiques du commerce. Ce modèle est utilisé pour réaliser
des coques anatomiques en composite.
52 magazine
Le
sourire
25c
25b 25c. Dans un second temps, cette maquette
25b. Après essayage, cette maquette va permettre dans un premier temps est polymérisée de façon à être transformée
de guider la régularisation du modèle secondaire. en guide chirurgical.
27 28
29
27. Vues cliniques 48 heures après l’intervention. 30
28. Vues cliniques 3 semaines après l’intervention.
29. Le Digital Smile Design permet l’évaluation tout au long 30. Vue dans le logiciel de planification implantaire (NobelClinician,
de la procédure du résultat esthétique de la patiente. À un mois, Nobel Biocare). La définition préalable d’un projet prothétique
l’intégration de la prothèse est conforme aux attentes de la patiente dans le cadre des procédures de passage à l’édenté complet permet
et jugée satisfaisante par l’ensemble de l’équipe soignante. l’obtention d’un environnement osseux et muqueux propice
à la mise en place d’une prothèse fixe implanto-portée se rapprochant
magazine
le plus possible d’une restauration conjointe conventionnelle.
54
Le
sourire
Correspondance
Marwan Daas
62 boulevard de la Tour Maubourg - 75007 Paris
56 magazine
Le
sourire
Le sourire
en prothèse fixée
58 magazine
Le
sourire
1a 1b
1a, b, c. L’analyse clinique initiale (a) évalue aussi bien l’esthétique que la fonction.
Ces deux éléments sont primordiaux dans le futur choix des matériaux. Dans ce cas clinique,
le recouvrement incisif étant très faible, les contraintes occlusales en propulsion ne sont pas
critiques et autorisent l’indication de matériaux tout-céramique sans risque. L’examen plus 1c
spécifique du secteur incisivo-canin maxillaire (b) doit intégrer la composante gingivale
et dentaire. Ici, le biotype gingival épais est un facteur très favorable. Les restaurations directes
et indirectes existantes créent une dysharmonie du sourire tant dans les couleurs que dans
les formes. Enfin, les examens radiologiques permettent d’évaluer l’étanchéité endodontique
et la proximité pulpaire pour les dents pulpées et le manque d’adaptation des couronnes pour
les dents dépulpées (c).
2a 2b 2c
2a, b, c. L’analyse esthétique informatisée consiste ici en une superposition d’un tracé de contours de formes idéales. Ces formes de dents sont
choisies en accord avec le morphotype du patient. Le choix de dents anguleuses, plutôt rectangulaires est retenu (a). Ce masque virtuel met
en évidence les disproportions dentaires comme les spécificités des rapports gingivo-dentaires (a). Ici, les « trous noirs » sont aisément corrigeables
mais la position très apicale des zéniths gingivaux de 13 et 23 restaurées par d’anciennes couronnes céramo-métalliques ne peut être rectifiée
et doit être explicitée au patient. Cette analyse virtuelle constitue une aide au wax-up du prothésiste (b). Dans ce cas, un alignement idéal est
envisagé en accord avec la demande du patient, tant sur le plan vestibulaire que sur le plan occlusal (c).
magazine 59
Le
sourire
3a 3b 3c
3a, b, c. Le masque (mock-up) est réalisé grâce à l’insertion de l’empreinte du wax-up garnie de résine bis-acryl (a). Le fraisage de repères à travers
la résine est effectué avec des fraises à butée d’enfoncement, choisies en fonction du futur artifice. Dans ce cas clinique, des profondeurs vestibulaires
de 0,8 mm et occlusales de 1,5 mm sont retenues (b). Le masque est déposé (c) et les dents sont préparées jusqu’aux repères de profondeur.
4a 4b 4c
4a, b, c. Lors des préparations, les anciens composites sont fréquemment délogés de leurs anciennes cavités (a). Il convient alors, après élimination
des fonds de cavité préexistants, de procéder au collage de nouveaux composites (Multicore flow, Ivoclar-vivadent) qui redonnent leurs propriétés
mécaniques et esthétiques aux piliers dentaires préparés (b). Les dents provisoires en résine bis-acryl (luxatemp, DMG) sont obtenues
par isomoulage grâce à la même empreinte du wax-up utilisée pour le masque. Elles répondent ainsi en tout point au projet esthétique initial.
À ce stade, de petites corrections gingivales soustractives peuvent être ajoutées afin de parfaire l’alignement idéal des zéniths (c).
60 magazine
Le
sourire
5a 5b
5c 5d
5a, b, c, d. Les dents provisoires de première intention permettent au patient et à son entourage de prévisualiser réellement le résultat esthétique
final. Lorsque ce projet ne convient pas, il est indispensable d’en identifier les insatisfactions afin de modifier le wax-up initial (a, b) et de générer
des dents provisoires de seconde intention. Ici, l’alignement idéal des dents dans le plan occlusal ne satisfaisait pas le patient, et un retour
aux malpositions initial s’est avéré beaucoup plus naturel et esthétique (c, d).
7a 7b
7a, b. Les six restaurations périphériques sont préparées en disilicate de lithium stratifié (a). Afin d’assurer une homogénéité globale au résultat,
et de masquer les portions métalliques des dents dépulpées, une masse de moyenne opacité a été retenue (e.max Press, MO). L’alignement
des dents définitives suit scrupuleusement celui validé par les dents provisoires de seconde intention (b).
magazine 61
Le
sourire
8
8. L’isolation des dents pour le collage évite tout risque de percolation du fluide sulculaire lors du collage. Le recours à un adhésif de type MR
(mordançage-rinçage) est conseillé, mais le caractère rétentif de la préparation périphérique ne contre-indique pas l’utilisation d’un adhésif
auto-mordançant. Ici, la dent préparée est sablée à l’alumine puis couverte d’un acide ortho-phosphorique pendant 30 secondes sur le pourtour
amélaire et 15 secondes sur la surface dentinaire. Après rinçage et séchage délicat, l’adhésif est appliqué (exciTE® F DSC, Ivoclar Vivadent), étalé
à la souflette avant d’être photopolymérisé. La pâte de collage (Variolink® Esthetic, Ivoclar Vivadent) est choisie translucide, placée dans l’artifice
avant de l’insérer puis de photopolymériser l’ensemble.
L’essayage
et le collage
La séance d’essayage des restaurations prothétiques est fonda-
9a mentalement différente selon les matériaux retenus. En effet,
l’essayage des constructions céramo-métalliques ou céramo-
céramiques à armature de haute ténacité (zircone) peut se faire
sur le plan esthétique et fonctionnel. En revanche, l’essayage
des constructions céramo-céramiques à armature vitreuse
renforcée ou non, doit se limiter à une seule validation esthé-
tique sous peine de fracturer lesdites couronnes. Celles-ci
acquièrent en effet leur résistance après collage aux tissus den-
taires sous-jacents. Dans ce dernier cas, la rigueur du travail
du prothésiste, en particulier dans ce secteur essentiel pour la
dynamique occlusal, prend tout son sens puisque très peu de
corrections sont envisageables après le collage.
La séquence de collage des différentes couronnes suit une
chronologie classique en prothèse fixée, en commençant par
9b les artifices sans points de contacts proximaux. Ainsi, sur la
zone incisivo-canine maxillaire, il convient de coller succes-
sivement les deux incisives centrales, les deux canines, puis les
Dans les situations moins favorables en termes de couleur, les arma- deux incisives latérales. Cette séquence minimise les retouches
tures céramiques opaques (e.max HO, Ivoclar Vivadent) peuvent nécessaires au niveau des surfaces de contacts proximales.
être envisagées [10]. La préparation des intrados prothétiques est fonction du
Enfin, lorsque les limites infra-gingivales anciennes ou imposées type de céramique impliqué et se fait plus volontiers après la
par de fortes dyschromies empêchent la mise en place du champ validation de l’essayage et avant la mise en place du champ
opératoire, l’indication d’une armature en zircone scellée doit être opératoire [11]. Chaque couronne est alors collée individuelle-
envisagée. ment (fig. 8), à l’aide d’un système adhésif et d’une colle duale
62 magazine
Le
sourire
Quiz
QUESTION 1 Il est préférable de dépulper une dent pour
éviter les complications cliniques. Vrai/Faux
64 magazine
Le
sourire
Le parodonte :
écrin de votre sourire
66 magazine
Le
sourire
1
1. Cette patiente vient consulter, uniquement gênée
par la différence de morphologie et de proportion entre ses
D
deux incisives centrales. Elle se rend compte que cette anomalie
perturbe l’esthétique de son sourire gingival. Une simple plastie
u diagnostic, où l’écoute de la demande avouée ou
par gingivectomie à biseau interne n’exposant pas la racine sera
inavouée du patient est essentielle couplée à l’ana- suffisante pour modifier cet aspect. Pour retrouver une symétrie
lyse du sourire, jusqu’à la réalisation thérapeutique, entre 11 et 21, la plastie (pointillés bleus) est guidée par deux
chaque phase nécessite une collaboration de l’équipe entre le repères : la ligne du collet de la 21 (trait orange et ligne
prothésiste, le parodontiste, l’orthodontiste et/ou l’implanto- en pointillés) et la position du zénith de la 21 (trait rouge).
logiste. Grâce à l’évolution des outils de simulation, à l’apport
de la photographie de qualité et au panel de la chirurgie plas-
tique parodontale, les limites pour optimiser le résultat esthé-
tique du sourire sont repoussées.
magazine 67
Le
sourire
3. Cette patiente présente un biotype de type IV. La corticale osseuse
vestibulaire et la gencive fines n’ont pas résisté aux interventions chirurgicales
et prothétiques pour remplacer 12 et 22. Elles laissent ainsi apparaître,
avec le temps, les limites prothétiques et les implants par transparence
en regard de ces deux dents. Il est nécessaire d’épaissir les tissus kératinisés
en amont pour augmenter leur résistance et assurer une absence
d’inflammation et une bonne stabilité dans le temps.
4a 4b
4a. La maladie parodontale provoque souvent une inflammation
tissulaire visible avec des modifications de volume et de couleur
de la gencive : hyperplasies papillaires, œdème tissulaire, couleur
violacée sont autant d’éléments inesthétiques en plus d’être
révélateurs de la maladie à traiter.
4b. Une parodontite sévère entraîne aussi fréquemment des migrations
dentaires avec égression de dents comme c’est le cas pour la 11
qui a migré en direction vestibulaire et l’ouverture d’un diastème
secondaire entre 11 et 12 lié à la perte d’attache et la perte osseuse.
4c. Examen radiographique long cône révélant la perte osseuse
dans le secteur antérieur maxillaire expliquant les migrations 4c
dentaires secondaires.
4d 4e
4d, e. Une préparation étiologique initiale pour assainir le parodonte et retrouver la modification tissulaire indispensable à la suite
du traitement parodontal est mise en œuvre avec enseignement du contrôle de plaque, détartrage supra et sous-gingival et surfaçages.
Prendre en charge le sourire ne pourra se faire que sur un parodonte sain qui modifie déjà considérablement l’aspect esthétique des tissus.
68 magazine
Le
sourire
5a 5b
5a. Une patiente se présente avec un sourire gingival. La ligne 5b. L’éruption passive des dents entraîne des couronnes cliniques très
du sourire est donc très haute par rapport aux collets des dents courtes et carrées avec une ligne du sourire horizontale. Les rapports
exposant une large bande de gencive. dento-parodontaux engendrent un aspect inesthétique que le
praticien et la patiente souhaitent modifier avant réhabilitation.
5c 5d
5c. Une plastie par gingivectomie à biseau interne de 13 à 23 5d. Lors de cette plastie, le respect de la ligne des collets
est suffisante puisqu’il n’est pas nécessaire de modifier l’espace et des zéniths est assuré ; les autres dents feront aussi l’objet
biologique suffisant. de modifications ultérieures.
magazine 69
Le
sourire
6a 6b
6a. Avant de réaliser des facettes pour masquer les imperfections 6b. De 16 à 13, cette technique permet d’obtenir une modification
de l’émail, une chirurgie plastique par lambeau déplacé de la quantité de tissu kératinisé sur les surfaces radiculaires,
coronairement associé à un conjonctif enfoui est proposée mais surtout de l’épaisseur, ce qui permettra une bonne stabilité
à la patiente dans les secteurs maxillaires gauche et droit. dans le temps. Après maturation, l’alignement des collets
et le respect des critères esthétiques permettront la réalisation
cosmétique dans de bonnes conditions.
7a 7b
7a. Une patiente se présente avec une forte demande esthétique
concernant le bloc antérieur maxillaire (13 à 23), gênée par
des récessions qui exposent des surfaces radiculaires très colorées.
Elle souhaite obtenir un recouvrement de ses dénudations.
7b. Une chirurgie plastique parodontale de ce secteur par chirurgie
d’épaisseur partielle avec tunnélisation associée à la mise en place
de conjonctif enfoui
a permis d’obtenir sur ces classes I et II de Miller un excellent
pourcentage de recouvrement de 90 à 100 %.
7c. Son sourire gingival découvrant largement la gencive, la patiente
7c est satisfaite du résultat qui redonne une harmonie et masque
les dyschromies disgracieuses.
un pronostic en termes de recouvrement, il faut connaître patients afin d’y répondre, car limiter le résultat esthétique
la classe de Miller (seules les classes I et II peuvent espérer attendu à un pourcentage de recouvrement est une erreur.
un recouvrement total), analyser les tissus environnants au La perception des récessions par le patient dépend aussi de
niveau du site concerné et des sites adjacents [4]. Dans le cadre la présence de lésion cervicale d’usure par exemple. En effet,
d’une thérapeutique esthétique, seuls les lambeaux déplacés Zucchelli et coll. en 2011 [6] ont montré que c’est la couleur
latéralement ou coronairement, associés ou non à un conjonc- de la racine plus que le recouvrement total qui importe (fig. 7a
tif enfoui, en fonction de la nécessité d’épaissir la gencive, à c). L’appréciation esthétique peut être évaluée par un score
répondent à ces critères (fig. 6a, b). Qu’il s’agisse d’une ou esthétique de recouvrement dont on s’aperçoit que le niveau de
de plusieurs récessions, la préservation papillaire, la limita- la gencive marginale n’entre que pour 60 % du résultat, mais
tion des incisions, l’utilisation d’une micro-instrumentation que 40 % dépendent du contour, de la texture, de la couleur et
et d’aides optiques permettent des chirurgies plastiques peu de l’alignement avec la ligne muco-gingivale de la gencive [7].
invasives qui donneront non seulement un résultat subtil, Réussir un traitement esthétique, c’est d’abord répondre à la
mais assureront aussi le confort postopératoire du patient [5]. demande du patient, il est donc nécessaire de l’avoir décryptée
Il est cependant nécessaire de bien entendre la demande des et d’appréhender ce qu’il sera possible d’obtenir.
70 magazine
Le
sourire
8a 8b
8a. La maladie parodontale provoque fréquemment des égressions 8b. En cours de traitement et malgré le choix
spectaculaires de certaines dents, dont les incisives. Cette patiente d’une technique vestibulaire, la patiente retrouve déjà
vient consulter pour traiter sa maladie parodontale, mais le sourire (orthodontiste : Dr Amar, Boulogne).
elle désire aussi réaliser un traitement orthodontique pour
retrouver un équilibre fonctionnel et un sourire esthétique.
L’orthodontie est tout à fait indiquée sur des parodontes réduits
à condition qu’ils aient été préalablement assainis voire renforcés
et qu’ils soient maintenus par un excellent contrôle de plaque
associé à une maintenance professionnelle fréquente.
Le sourire :
une participation collective 9a
Des approches pluridisciplinaires sont souvent nécessaires
pour optimiser un traitement esthétique. L’orthodontie, des
maquillages cosmétiques, de la prothèse sur dent naturelle ou
implant sont parfois requis pour redessiner un sourire harmo-
nieux.
Avec la maladie parodontale, des migrations dentaires, des
égressions, l’apparition de diastèmes ou de pertes papillaires
engendrent de nombreuses doléances esthétiques.
Grâce à l’orthodontie, qui se fait après stabilisation de la
9b
maladie parodontale et réparation tissulaire nécessaire, il
est possible de corriger considérablement les lignes du sou-
rire et de modifier les anomalies verticales de position de la
gencive marginale (fig. 8a, b). La combinaison de réductions
amélaires interproximales, de mouvements dentaires, et par-
fois d’addition de résines composites permet de modifier le
point de contact et la surface d’embrasure pour attirer de
nouveau la gencive dans l’espace et diminuer considérable-
ment la doléance de ces « trous noirs » disgracieux qui sont
un fréquent motif de consultation. D’ailleurs, les récessions 9c
de classe III et IV de Miller qui en résultent ne pourront faire
l’objet que d’un recouvrement partiel compte tenu de la posi- 9a. Une patiente vient consulter pour une réhabilitation esthétique
du secteur antérieur maxillaire. Elle présente un supraclusion
tion apicale osseuse.
importante et de nombreuses réhabilitations iatrogènes.
Dans les rapports prothèse-parodonte, outre l’espace biolo-
9b. La mise en place de prothèses provisoires est un prérequis
gique et une quantité et qualité de tissu kératinisé à respecter indispensable pour préfigurer le futur travail prothétique définitif et
pour éviter toute récession ultérieure, c’est toute une séquence accompagner dans de bonnes conditions la cicatrisation parodontale
thérapeutique qui s’impose. (prothèse provisoire : Dr Franck Decup, Paris).
Des couronnes provisoires adaptées, des délais de cicatrisation 9c. Réépaissir le parodonte sur 12, aligner les collets de 15 à 25 et
après chirurgie parodontale d’au moins 12 semaines, une instru- redessiner la ligne des collets selon les critères esthétiques souhaités
mentation atraumatique pour le parodonte telle que des inserts passe par un lambeau mixte. C’est l’association d’une chirurgie
plastique parodontale avec lambeau déplacé (et conjonctif enfoui
ultrasonores pour préparer les limites, lesquelles resteront supra
pour 12) et d’un aménagement des espaces biologiques de 3 mm
ou juxta-gingivales le plus possible, sont indiqués (fig. 9a à c). qui répond à cet objectif.
magazine 71
Le
sourire
Quiz
QUESTION 1 Le sourire gingival doit être diagnostiqué : QUESTION 3 L’apparition d’une récession gingivale est
a. Lors du sourire posé et du sourire spontané favorisée par :
b. Parce qu’il est toujours disgracieux a. Un biotype parodontal fin
c. Parce qu’il rend les traitements esthétiques plus complexes b. Un brossage traumatique
c. Des limites prothétiques sous gingivales ou débordantes
QUESTION 2 L’éruption passive incomplète :
a. Est causée par un trauma QUESTION 4. La gestion des tissus mous autour d’un
b. Altère la ligne des collets et la forme des dents implant :
c. Est traitée uniquement par gingivectomie a. Est anticipée lors de l’extraction et/ou lors de la pose de
l’implant
b. Est indispensable pour pérenniser les résultats esthétiques
c. Est optimisée grâce à la position de l’implant
72 magazine
Le
sourire
Sourire
pour mieux vieillir
74 magazine
Le
sourire
1a 1b
1. Avant (a) et après (b) une réhabilitation à visée esthétique chez une patiente de 75 ans.
magazine 75
Le
sourire
2a 2b
2a, b. Après des injections d’acide hyaluronique au niveau des rides péribuccales, cette patiente de 73 ans a souhaité des dents en rapport
avec son environnement labial.
3a 3b
3a, b. Réalisation de facettes antérieures supérieures. La réfection du bridge de couleur inadaptée dans le secteur 1 chez cette patiente
de 75 ans sera réalisée dans des séances ultérieures.
76 magazine
Le
sourire
Situation
Le sourire pour l’autre
2
La pression familiale conduit le patient à une demande esthétique par procuration : « Mon petit-fils se marie, il me faut des
dents… Ma femme en a assez, elle dit qu’on ne voit plus mes dents, que je fais vieux… »
Le praticien fait intervenir la personne influente si possible. Ensuite, il importe de :
- faire exprimer les doléances et les attentes des différents protagonistes ;
- choisir le compromis qui convient au patient ;
- savoir jusqu’où céder aux exigences de l’entourage qui refuse les stigmates du vieillissement chez le parent (fille aimante
qui refait faire la 4e prothèse amovible de sa mère institutionnalisée pour maladie d’Alzheimer et qui offre ses prothèses à
ses amies…) ;
- informer l’accompagnant des limites du traitement et savoir aborder l’abstention thérapeutique ;
- convaincre le patient lors d’un réel bénéfice ;
- procéder progressivement, au fur et à mesure de la satisfaction avérée du patient ;
- proposer alors la réhabilitation esthétique la plus élaborée possible.
Situation
Le sourire perdu
3
Il peut s’agir de celui du patient, celui de ses vingt ans ; réa-
justé, naturel : « Je n’aime pas mes dents aujourd’hui, elles sont
usées on ne voit plus celles du haut, elles ont jauni, bougé, se
déchaussent…, mes lèvres sont rentrées et ma bouche est trop
ridée, je ne me reconnais plus… Avant mes dents sortaient, elles
étaient alignées comme des perles… » ; « Mon sourire ne cor-
respond plus à ma personnalité, il est plus vieux que moi ».
Il peut aussi s’agit du sourire fantasmé, celui dont le patient a tou-
jours rêvé : « Mes dents m’ont fait souffrir toute ma vie… Je n’ai 4a
eu que des problèmes, j’ai toujours été complexé, je n’ai jamais
aimé la couleur de ce bridge… Ces dents sont trop carrées… »
Le praticien doit écouter les doléances pour discerner les regrets
d’une apparence esthétique personnelle disparue, témoin d’une
jeunesse et d’une identité personnelle perdue, de l’espoir d’une
autre apparence esthétique.
Ensuite, il importe de :
- faire objectiver l’image du sourire à travers d’anciennes pho-
tographies ;
- proposer des montages directeurs ou des mock-up ;
- proposer des éclaircissements, composites, facettes, cou-
ronnes, bridges, bridges implanto-portés…, recréer des dias-
tèmes ou les effacer… (les seniors d’aujourd’hui portent de plus
en plus d’intérêt à l’esthétique bucco-dentaire [6]) ; 4b
- compléter avec des injections d’acide hyaluronique ;
- savoir faire accepter si nécessaire une DVO légèrement sous- 4a, b. Dents maxillaires usées, envie d’une bouche
évaluée, un sillon naso-génien encore un peu marqué au béné- séduisante pour cette patiente de 83 ans.
fice du “naturel”… ;
- guider le patient vers une harmonie naturelle (peau, cheveux,
visage âge, compte tenu de l’évolution…) ou vers l’idéal espéré
(dans la mesure de l’apparence naturelle garante de l’esthétique)
(fig. 2a et b ; 3a et b).
magazine 77
Le
sourire
bibliographie
1. Rosati R, De Menezes M, Rossetti A, Ferrario VF, Sforza C.
Three-dimensional analysis of dento-labial relationships :
effect of age and sex in healthy dentition. Int J Maxillofac
Surg 2012 ; 41 : 1344-1349.
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changes with age. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2009 ;
136 (3) : 310.e1-10.
3. Le Breton D. Des visages. Essai d’anthropologie. Ed. Métailié
Sciences Humaines 2003, p104-140.
4. Pouysségur V, Laupi J, Mahler P. Impact de la détérioration
buccale sur le processus de vieillissement. Le Chirurgien-
5. Femme de 70 ans avec les dents bien blanches et bien alignées. dentiste de France 2005, n° 1233, pp. 150-158.
5. Bruhn AM, Darby ML, McCombs GB, Lynch CM. Vital tooth
whitening effects on oral health-related quality of life in
older adults. J Dent Hyg 2012 ; 86 (3) : 239-247.
4
6. Rignon-Bret C, Fattouh J, Tchuendjo Kom N, Tezenas du
Montcel S, Jonas P. Demande esthétique des seniors. Inf
Dent 2007 ; 89 (33) : 1965-1968.
Situation
Le sourire anti-âge absolu
« Je voudrais des dents vraiment blanches, parfaitement ali-
gnées et symétriques, il faudrait qu’on les voie toutes, que mes
lèvres soient bien dessinées et qu’il n’y ait plus de ride autour de
ma bouche. Parce que je vais refaire un lifting dans quelques
mois… »
À travers ces demandes exagérées ou irrationnelles, mais néan-
moins réelles, c’est une quête désespérée de la jeunesse qui
anime les patients désireux d’un “arrêt sur image” de leurs vingt Quiz
ans… Mais c’est également le désir de véhiculer une notion de
QUESTION 1. Avec l’avancée en âge, le sourire se modifie :
performance pour conserver un statut social (fig. 4a et b, 5).
a. Au niveau labial.
Certains praticiens répondent à ces exigences particulières
b. Au niveau dentaire.
et tous les moyens techniques les plus sophistiqués et les plus
c. Au niveau osseux.
récents sont mis en œuvre. Les médias nous abreuvent de sou-
rires parfaitement blancs et symétriques comme passeport de QUESTION 2. L’âge civil avancé exclut certaines techniques d’amé-
jeunesse toujours. lioration esthétique de la cavité orale. Vrai/Faux
S’il y a beaucoup à redire, d’un point de vue philosophique, de
cette dictature anti-âge, qui fait du sourire un bien de consom- Réponses sur www.information-dentaire.fr
mation sociale et un motif de consultation dentaire, gardons-
en le bénéfice certain pour la santé bucco-dentaire… [4]
Conclusion
Puisque l’on sait que l’isolement accélère le vieillissement et Les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt
augmente le risque de mortalité, alors pouvoir sourire jusqu’au relatif au sujet abordé dans l’article.
bout de la vie s’inscrit comme une fonction de santé indispen-
sable au « successful aging ». L’envie et la possibilité de sourire
Correspondance
constituent pour tout être humain un atout de prévention- valerie.pouyssegur@wanadoo.fr
santé morale et physique. sylvie.montal@wanadoo.fr
L’avance en âge ne doit priver d’aucune technique esthétique
aussi élaborée soit-elle, tant qu’elle s’inscrit dans un bénéfice
certain pour la santé générale du patient.
Sourire pour être (plutôt que pour paraître) heureux, et
entouré jusqu’au bout de la vie constitue un merveilleux projet
de santé réciproque pour le soigné comme pour le soignant.
78 magazine
Le
sourire
80 magazine
Le
sourire
1 2
1. Situation initiale avec persistance de la dent temporaire 62 (agénésie 2. L’écart en termes de translucidité entre l’ailette du bridge
de 22) et dent riziforme (12). en In-Ceram® Alumina et la facette en disilicate de lithium
est particulièrement important. Cet écart rend impossible
une harmonisation optique des deux constructions.
Pour le patient assis au fauteuil, qu’il s’agisse de la perte d’une ligne du sourire est haute, posant ainsi le délicat problème de
dent par trauma ou de l’absence d’une ou 2 dents due à une la réintervention… souvent impossible.
agénésie, cela représente en fait 100 % de sa problématique, de Le formidable développement du collage et l’amélioration des
son inconfort esthétique et de sa forte gêne sur le plan social. propriétés mécaniques et optiques des nouvelles céramiques
Chez le sujet jeune, ces deux principales situations prennent nous ont conduits à envisager un matériau plus esthétique et
une importance accrue du fait d’une croissance non achevée plus biocompatible, en l’occurrence la famille des vitrocéra-
et d’un rapide et nécessaire calage de l’espace ainsi créé par cet miques, renforcées au disilicate de lithium.
édentement.
Le recours aux bridges collés n’est pas nouveau et de très nom-
breux auteurs ont publié, depuis les travaux des pionniers de Choix de la vitrocéramique
l’École Livatidis, Thompson, Del Castillo (École Maryland)
dans le milieu des années 80, ou ceux plus fondamentaux de
pour la réalisation des bridges
l’Ecole française, sur la nature de leur assemblage [3, 4] ou sur collés cantilever
le type de préparations. Les résultats en termes de longévité
clinique sont pour la plupart très bons et la quasi-totalité de Un peu d’histoire personnelle…
ces travaux font appel à une infrastructure métallique [5, 6]. Depuis 2009, date de la première réalisation de ce type de
La conception des bridges cantilever, quant à elle, n’est pas construction et jusqu’à ce jour, notre choix s’est porté, entre
nouvelle non plus [7] et constitue une alternative biologique autres, sur la famille des vitrocéramiques (disilicate de lithium,
et biomécanique particulièrement séduisante. Des travaux e.max® (Ivoclar)) pour la réalisation des bridges cantilever col-
récents [8, 9, 10] proposent et valident scientifiquement le lés en céramique dans le secteur antérieur.
recours à ces bridges collés cantilever (ne prenant appui que
sur un pilier dentaire) réalisés en céramique. Il s’agit incontes- Les raisons de ce choix…
tablement d’une évolution du bridge collé que le praticien doit Avec ce premier cas (fig. 1), nous nous proposions de remplacer
connaître dans le cadre de son exercice actuel. chez une jeune fille de 16 ans à la fois une incisive latérale supé-
Cette thérapeutique semble constituer une alternative subtile, rieure (cas d’agénésie unilatérale de la 22) et de réaliser une
contemporaine et réaliste à l’implant antérieur, en particulier facette unitaire sur la dent controlatérale ryziforme.
dans les situations d’agénésie des latérales ou de trauma sur Nous avions donc choisi à l’époque de respecter scrupuleuse-
des sujets adolescents ou adultes jeunes pour lesquels nous ment les recommandations de Mathias Kern [8], comme l’avait
savons parfaitement qu’il est difficile voire illusoire de déter- fait Jean-Pierre Attal avec un premier cas clinique réalisé en
miner avec précision l’âge de fin de croissance [11]. De ce fait, 2006, et d’utiliser comme préconisé la céramique infiltrée
l’implant posé précocement se comporte comme un système (In-Ceram® Alumina, Vita). Cependant, la difficulté majeure
“rigide” en comparaison à une dent naturelle, ce qui pose fré- rencontrée à l’époque avec notre prothésiste Serge Tissier
quemment le maintien de l’alignement et de l’harmonie des était, sur ces dents particulièrement lumineuses, de mettre en
lignes de collets par rapport aux dents naturelles adjacentes. adéquation les propriétés optiques de l’Alumina pour le bridge
Cette observation est souvent à l’origine de doléances esthé- cantilever avec la restauration adhésive en céramique (RAC)
tiques à un âge adulte plus avancé, en particulier lorsque la sur 12, de très faible épaisseur (0,7 mm) (fig. 2).
magazine 81
Le
sourire
3
3. Situation finale à une semaine après le collage (septembre 2009).
Laboratoire : Serge Tissier. 4. Situation
initiale. Jeune
adolescente
de 14 ans
présentant
La possibilité d’atteindre cette harmonie étant vaine, nous une agénésie 4
nous sommes donc, après discussion avec Serge Tissier, de 12 et 22.
dirigés vers l’utilisation de la vitrocéramique e.max®, aussi
bien pour la réalisation du bridge cantilever que pour
la facette. À cette époque, seule, ou presque, l’étude de
Stefan Ries et al. en 2006 [9] parle de cette possibilité et
les résultats se rapprochent de ceux de Kern en réalisant Présentation du cas clinique
des bridges en IPS Empress® 2 et en e.max®. L’auteur com- Il s’agit d’une jeune fille âgée de 14 ans, à l’époque en fin de
pare 21 unités cantilever à 17 bridges collés à 2 ailettes. Il temps orthodontique (Dr Anne Beaugrand), adressée au cabi-
obtient un taux de survie de 90,5 % pour les bridges collés net pour le remplacement de 12 et 22 consécutif à une agénésie
à une ailette et 60,3 % pour ceux à 2 ailettes. Les échantil- (fig. 4 à 7).
lons restent modestes et le temps d’observation assez court Dans le cadre de cet article, nous proposons de porter notre
(moins de deux ans), mais les premiers résultats sont encou- attention sur la réalisation clinique de 2 bridges cantilever en
rageants et, comme dans l’étude de Kern, significativement vitrocéramique renforcés au disilicate de lithium remplaçant
en faveur des cantilevers. 12 et 22.
Ce choix s’est fait en rapport avec :
- de meilleures propriétés optiques, en particulier pour les Le choix du point d’appui dentaire
dents translucides et lumineuses ; Dans le cadre de la réalisation d’un bridge cantilever, le prati-
- un meilleur potentiel de collage que les céramiques infil- cien ne se soucie que du choix d’un seul point d’appui dentaire.
trées du fait de la présence d’un pourcentage de phases Dans le cas du remplacement d’une incisive latérale
vitreuses plus importante ; supérieure : le choix du point d’appui sur la centrale est à pri-
- un protocole de pressée maintenant bien diffusé et maî- vilégier afin d’éviter l’appui sur la canine, qui reste la clé de
trisé par un grand nombre de laboratoires. voûte de l’occlusion, en particulier lors de la diduction (fonc-
En revanche, les propriétés mécaniques sont moins impor- tion canine). De plus, cette dent présente à l’intersection des
tantes que pour les céramiques infiltrées ou polycristallines deux rayons de courbure de l’arcade maxillaire reste un lieu
bien que présentant une résistance en flexion de 340 à 360 privilégié d’emmagasinement des contraintes d’origine méca-
MPa environ. Cependant, la bonne aptitude au collage nique. On utilisera en particulier ce pilier lorsqu’il faut retrou-
des vitrocéramiques vient optimiser grandement la résis- ver une occlusion ou lorsque sont présents des composites sur
tance mécanique finale de cette famille de céramique. On la face palatine de la centrale.
compensera également cette faiblesse des propriétés méca- Au niveau du contact entre l’intermédiaire de bridge et le som-
niques par une zone de connexion plus importante (fig. 3). met de la crête, il est communément admis en prothèse fixée
de positionner la partie cervicale de ce dernier en vestibulaire
Le traitement complet de ce secteur antérieur de cette dernière, ce qui amène le plus souvent à un résultat
a consisté dans cette situation clinique en : esthétique de bien piètre qualité… avec une allure d’“inter”
- la réalisation d’un bridge cantilever en vitrocéra- posé sur la crête. Afin d’éviter ces aspects trop souvent rencon-
mique e.max® 21 avec 22 en extension ; trés, nous allons devoir préparer le sommet crestal, véritable
- une RAC sur 12 ; “écrin” de l’intermédiaire de bridge.
- deux composites par stratification directe sur 13 et Il est indispensable d’optimiser la muqueuse au niveau
23 à partir d’une clé en silicone palatine issue de l’intermédiaire de bridge. C’est ce que nous appelons
du projet esthétique. l’« Ovalisation » avec un design d’« Ovate Pontic » en anglais.
82 magazine
Le
sourire
6. Vue palatine
initiale.
L’hyperplasie
palatine est
souvent observée
en fin de temps
orthodontique avec
une diminution
de la surface
d’appui palatine
disponible au
niveau de 11 et 21.
6
7. Vue vestibulaire
5 avec contrastor qui
permet d’apprécier
5. Situation clinique initiale. On note, comme très la translucidité
fréquemment, une insuffisance de tissus au niveau des 2 incisives
des sites d’agénésie. Cette vue en occlusion laisse centrales.
apparaître une situation favorable au niveau
du remplacement des latérales par 2 bridges collés
en cantilever avec appui sur les 2 incisives centrales. 7
Orthodontie : Dr Beaugrand.
magazine 83
Le
sourire
12 13 14
12. Vue palatine sur le maître modèle. 14. Les deux bridges cantilever en disilicate de lithium
13. Vue proximale de la préparation sur le maître modèle illustrant (e.max®).
le choix d’un axe le plus souvent oblique, limitant ainsi les risques
de forte diminution de la translucidité du bord libre par l’ailette.
C’est un avantage considérable ici par rapport à l’utilisation des alliages Il est important de noter que lorsque ces dimensions ne peuvent
métalliques (même en présence d’une colle 4-META opaque). être obtenues du fait de la situation clinique, le laboratoire veil-
lera alors à épaissir la zone de connexion au niveau occlusal,
en particulier en ne reproduisant pas la concavité morpholo-
L’ensemble des bridges réalisés à ce jour dans notre pratique gique naturelle de l’embrasure occlusale. Il est aussi évident
privée correspond à cette proposition de design. que le facteur occlusal (espace prothétique, OIM, excursions
1. Réalisation d’un petit congé ou épaulement à angle de propulsion et de latéralité) devra être analysé au stade de
interne arrondi au niveau cervical en situation supra gingivale l’observation clinique, et ce afin d’indiquer ou contre-indiquer
(collage). Son rôle est d’assurer la rigidité de la construction la réalisation d’un bridge cantilever. Un aménagement occlusal
tout en assurant sa stabilisation et en évitant le surcontour au par améloplastie peut aussi se révéler nécessaire. Une vérifica-
niveau parodontal. L’épaisseur est de 6 à 8/10e de mm. tion systématique des épaisseurs de connexion est réalisée au
2. Réalisation d’une corniche occlusale dont la situation laboratoire avant et après réalisation de la construction (fig. 10).
va dépendre essentiellement du niveau de translucidité du bord 4. Réalisation d’un macropuits : à l’inverse de Kern [8, 16],
coronaire (plus importante le plus souvent sur les incisives cen- nous proposons de le décentrer à l’opposé de la zone édentée.
trales que sur les canines). Son rôle est essentiellement de s’op- Ce dernier doit ainsi se situer dans une zone le plus possible en
poser aux forces de clivage et de pelage du joint collé. Sa juste dehors de la zone d’élection pulpaire. Sa situation permet ainsi
situation doit autoriser l’exploitation de la surface palatine la de s’opposer au bras de levier provoqué par les forces s’exerçant
plus large possible pour optimiser le collage. sur le pontic en extension (agrafe de renfort MD). Il constitue
3. Réalisation d’une boîte de connexion en regard de la un élément de stabilisation important lors du collage du fait des
zone édentée et dont l’orientation est le plus souvent oblique risques de rotation dus au seul point d’appui dentaire (fig. 11,
par rapport au grand axe de la dent pilier pour ne pas risquer 12, 13).
de fragiliser le bord coronaire au moment de la préparation Il doit cependant être possible de diminuer encore ces épais-
(insertion verticale) et d’en modifier sa translucidité par inter- seurs de préparation, en particulier sur les sujets jeunes afin de
position de l’ailette palatine. Cette préparation de boîte est minorer l’atteinte amélaire [8]. Nous travaillons actuellement
surtout nécessaire dans les cas de réalisation de bridge collé sur de nouveaux designs pour recevoir l’ailette (fig. 14).
en céramique (In-Ceram® Alumina ou Zirconia) a fortiori en
vitrocéramique afin d’assurer l’épaisseur du matériau dans cette Le collage
zone de haute contrainte mécanique (zone de liaison avec l’in- Les assemblages des bridges cantilever en disilicate de lithium
termédiaire de bridge). La hauteur de la boîte sera idéalement (e.max®) relèvent de la même procédure clinique que les res-
de 4 mm de hauteur sur 3 mm de largeur, soit une surface de taurations partielles du type RAC, inlays, onlays, overlays,
connexion de 12 mm2 (15) pour les bridges collés antérieurs. veneerlays et table tops de même nature à savoir :
84 magazine
Le
sourire
21
21. Vue clinique palatine finale à 3 ans de suivi clinique.
22. Vue clinique finale à 3 ans de suivi clinique (photo prise avec 2 boîtes
à lumière latérales). L’utilisation de la céramique présente l’énorme
avantage d’éviter tout effet d’opacité au niveau des dents porteuses
des ailettes, ce qui reste un des principaux inconvénients avec les alliages 22
métalliques.
magazine 85
Le
sourire
86 magazine
Le
sourire
88 magazine
Le
sourire
90 magazine
Le
sourire
2. Facettes
L’émail, un tissu sacré de composite direct
sans préparation
L’émail des dents est un tissu extraordinaire. Il
avec d’importants
est fait pour durer cent ans, dans des conditions sur-contours
2
de contraintes attritives biomécaniques extrêmes vestibulaires
(charge masticatoire moyenne de 20 à 30 kg/cm2 au et proximaux.
niveau des incisives et charge moyenne de 50 à 70 kg/ 3. Facettes
cm2 au niveau molaire [2]), avec des chocs ther- de composite
miques importants liés aux écarts de température des direct sans
préparation avec
aliments, et dans un environnement souvent abrasif sur-contours
ou érosif où peu de moyens de protection existent en vestibulaires.
dehors du film salivaire. Pourtant, ce tissu, même s’il
s’affine et se craquelle, est capable, dans des condi-
tions fonctionnelles normales, de résister toute une
3
vie sur son support dentinaire. D’un point de vue
optique, l’organisation organo-minérale complexe
des cristaux d’hydroxyapatite donne à l’émail ses
qualités uniques de fluorescence et d’opalescence
(fig. 1). Il est responsable de la luminosité de la dent.
La prévisualisation
Il masque les zones dyschromiques de la jonction par les masques
amélo-dentinaire. Du point de vue de l’adhésion, les
forces de collage à l’émail sont toujours supérieures Les risques d’erreurs morphologiques
aux forces du collage dentinaire, quelles que soient Certains industriels proposent des facettes préfabriquées com-
les générations d’adhésifs. D’un point de vue archi- posites destinées à être collées sur les dents non préparées.
tectural, l’émail doit être perçu comme une coque Parfois, les praticiens cèdent à la demande pressante du patient
rigide soutenue par le noyau dentinaire, lui-même de recouvrir leurs dents de facettes composites réalisées faci-
dix fois moins résistant à l’usure que l’émail [3] et qui lement en méthode directe. De telles techniques peuvent être
présente un module d’élasticité (contrainte/défor- catastrophiques, non seulement au niveau esthétique (vieillis-
mation élastique) beaucoup plus bas. L’émail donne sement rapide des composites et mauvaise gestion des formes),
donc, au sein du complexe amélo-dentinaire, toute sa mais surtout au niveau parodontal, en créant des sur-contours
résistance à la dent. à la fois verticaux (dent ne respectant pas le principe d’aile de
Nous ne sommes pas capables, même avec les meil- mouette d’Abrams) (fig. 2 et 3) et, plus dangereux, horizontaux
leures céramiques dentaires, de recréer toutes ces (débordements horizontaux) qui vont, en particulier dans les
qualités. Arrêtons donc d’être des « dentistes des- zones d’embrasures proximales, entraîner une résorption irré-
tructeurs » armés de turbines, et analysons chaque médiable des septa osseux et une horizontalisation du paro-
situation clinique pour préserver au mieux l’émail donte marginal (fig. 2).
magazine 91
Le
sourire
4b
5a
5. Indication de chips chez
un enfant de 10 ans
qui présente une dysplasie
de type Molar-Incisor-
Hypomineralization (MIH).
4a Chips vestibulaire sur 11
et d’angle distal sur 21.
4. Principe du masque direct de composite et de la clef Aucune préparation n’est
en silicone de contrôle d’épaisseur (a). Les secteurs bleu réalisée, tout au plus un
pâle sur l’image de droite montrent que seules quelques dépolissage de l’émail
zones réduites d’émail en fond de rainures seront par sablage ou ultrasonore
préparées (b). avec les inserts Perfect
5b
Margin® (Acteon).
La nécessité
de prévisualisation
du projet prothétique
La technique des masques directs est une
méthode simple qui consiste à modeler sur les
dents non préparées du composite sans adhé-
sif pour visualiser le résultat esthétique pro-
6 posé. Une clef de silicone putty réalisée sur le
masque de composite permet un contrôle final
6. Les chips sont réalisés en céramique feldspathique face à l’impossibilité de faire des épaisseurs de préparation. Le masque uti-
des pièces pressées en e.max® pour des volumes aussi petits. Leur manipulation
n’est possible qu’à l’aide de stick adhésifs de type Optrastick® (Ivoclar). Les pièces lisé avec une méthode de rainurage de pénétra-
sont volontairement faites par le céramiste en débordement sur les marges pour tion contrôlée permet de n’enlever que l’émail
obtenir une stabilisation primaire, puis l’excès de céramique collée est enlevé à l’aide nécessaire lors de la préparation de la restaura-
de fraises diamantées (bague rouge), avant un polissage minutieux aux polissoirs tion adhésive de céramique (RAC) (fig. 4).
céramiques Diaceram® (Komet).
(Réalisation : Laboratoire Bertin ; céramiste : Jean-Marc Chevallier)
92 magazine
Le
sourire
8a 8b 9a
8. Cette patiente de 62 ans présente des diastèmes inter-incisifs mandibulaires
en fin de traitement ODF (a). Nous posons l’indication de trois chips proximaux
(en mésial de 33, mésial de 32 et mésial de 42). Une empreinte silicone double
mélange est réalisée sans aucune préparation des dents, en veillant à ne pas
déchirer les languettes proximales avant la coulée du modèle.
Une macrophotographie avec échantillon colorimétrique (2M2 du teintier 3D
Master® de Vita) est transmise au laboratoire (b). 9b
9. Les chips sont stratifiés en céramique feldspathique et présentent après sablage des bords très fins et fragiles.
Leur manipulation doit être délicate, en particulier pour le contrôle des contacts proximaux en bouche.
10
10. Une fois l’insertion des chips contrôlée, la digue est mise en place et les pièces sont collées une à une avec un protocole pour céramique
(utilisant l’acide fluorhydrique et un silane). Un polissage soigneux de toutes les marges est réalisé, ainsi qu’un ajustage occlusal des bords
incisifs en propulsion et latéralité.
plus la couleur, les chips risquent de paraître trop translu- - anomalie de forme dans les dysplasies et les agénésies ;
cides et de donner un effet grisé. Les petites pièces (moins - amélogénèses imparfaites affectant les incisives ;
de 5 mm) ne peuvent être réalisées qu’en céramique felds- - dysharmonies dento-alveolaires : incisives petites avec dias-
pathique. Les pièces plus importantes (plus de 5 mm) per- tèmes à fermer.
mettent le positionnement d’une tige de coulée et peuvent Dans tous les cas, un masque direct en composite et réalisé.
donc être réalisées en pressée de céramique de type e.max ® Il permet de confirmer l’absence de préparation « No Prep »
d’Ivoclar (le plus souvent en lingotins de moyenne opacité (NP) sur certaines dents, alors que d’autres peuvent subir dans
(MO ou LT)). C’est le cas pour le rallongement des bords le même temps des « Minimal Invasive Prep » (MIP) ou des
incisifs où l’on recherche une haute résistance mécanique du préparations classiques à 0,6 mm de pénétration, « Standard
chips face aux contraintes occlusales. Prep » (SP). Les NP, MIP ou SP seront en fait dictées par le
masque avec pour objectif une place minimale de 0,6 mm pour
la céramique, ce qui permet, au niveau incisif, de développer
Les facettes sans préparation des effets de stratification, que ce soit dans les techniques pres-
La réalisation de facettes sans préparation reste marginale sées au disilicate de lithium (Cut back incisif) ou stratifiées
parmi le nombre de facettes que nous réalisons. Elle se limite feldspathiques. Notons qu’un congé périphérique, même s’il
à des cas bien particuliers : facilite la lecture des lignes de finition au laboratoire, n’est pas
- compensation de l’érosion incisive d’origine exogène qui a nécessaire pour réaliser des facettes. Les limites cervicales des
affiné l’émail des dents naturelles de manière sévère ; pièces céramiques peuvent être fines et tranchantes (0,2 mm)
- compensation de l’usure incisive abrasive sévère vestibulaire et seront lissées après collage. Il est conseillé au praticien de
et occlusale dans le cadre de réhabilitations totales chez le tracer lui-même au crayon rouge les limites des facettes sur le
bruxomane ; maître modèle.
magazine 93
Le
sourire
11 12 13
11. Etat initial montrant un stade avancé 12. Un masque direct en composite est réalisé, 13. La pénétration contrôlée par rainurage
d’érosion exogène sur les incisives. fermant les diastèmes et redonnant vertical montre que l’émail de 22 est
du volume aux dents. préparé sur 0,1 à 0,2 mm, alors que l’émail
de la 21 n’est absolument pas touché.
14 15 16
14. La 21 obéit au concept du « No Prep ». 15. Les facettes de céramique feldspathique 16. L’occlusion naturelle initiale est respectée
Elle a subi un dépolissage vestibulaire sont collées selon le protocole habituel. par l’absence de préparation. Marquages
aux ultrasons ainsi qu’un lissage marginal (Réalisation : Laboratoire Bertin ; céramiste : du cycle masticatoire en fin de contrôle
du bord incisif détérioré. La 22 est Jean-Marc Chevallier) occlusal (observation centripète
en « Minimal Invasiv Prep » à 0,2 mm de l’occlusion).
de pénétration contrôlée.
Le premier cas que nous présentons ici est celui d’un Les overlays occluso-vestibulaires
homme de 60 ans qui souffre d’une érosion sévère. La
localisation vestibulaire de la perte de substance confirme
des grandes réhabilitations
l’origine exogène (fig. 11). Un masque direct est réalisé, fer- Les RAC NP ne s’adressent pas uniquement aux cas particu-
mant des diastèmes et redonnant du volume aux faces vestibu- liers unitaires de chips ou de facettes. Elles peuvent constituer
laires incisives (fig. 12). l’étape majeure de traitements des réhabilitations totales de
La pénétration contrôlée dans le masque à 0,6 mm n’affecte l’occlusion dans les cas d’usure ou d’érosion généralisée. Dans
pas l’émail résiduel de la 21 (NP), alors que la 22 a été très légè- ces situations, c’est l’augmentation de la dimension verticale
rement préparée dans une MIP à 0,2 mm. Dans tous les cas, il d’occlusion (DVO) qui va autoriser la réalisation de restaura-
est conseillé de sabler à l’alumine fine (digue obligatoire) ou de tions occlusales céramiques NP.
dépolir la sub-surface de la dent non préparée pour augmenter Dans un contexte articulaire non dysfonctionnel, des augmen-
l’efficacité du collage. Ici, le dépolissage a eu lieu aux embouts tations importantes de DVO (jusqu’à 5 mm au niveau incisif)
ultrasonores Perfect Margin® (Acteon). Cela en particulier faites en relation centrée et en un seul temps sont sans consé-
dans les zones de dentine scléreuse et d’émail aprismatique [4]. quences significatives sur l’équilibre de l’appareil manducateur
Le volume donné aux dents par les facettes rétablit la fonction [5]. Il faut comprendre que dans ces cas d’usure, l’augmentation
déflectrice alimentaire et améliore sensiblement l’aspect de la de DVO ne vise pas à compenser une perte de DVO hypothé-
gencive marginale dans les mois qui suivent le collage. Le res- tique. La diminution de DVO est en fait toujours faible en raison
pect de l’occlusion préexistante s’inscrit dans le respect tissu- de la mise en jeu de mécanismes compensateurs rapides à l’usure
laire et simplifie considérablement les réglages de la céramique (égression, mésialisation postérieure et verticalisation incisive)
après collage. [6]. L’augmentation de DVO a pour but principal de rétablir une
hauteur prothétique qui permet de travailler sans préparation
au niveau des dents cuspidées (respect du principe d’économie
tissulaire). Par la règle géométrique des 1/3, une augmentation
de 5 mm au niveau incisif correspond à une place inter-occlusale
94 magazine
Le
sourire
17 18
17. Cas d’érosion généralisée nécessitant une approche 18. La décision d’augmentation de DVO s’évalue dans une balance
reconstructrice globale. clinique entre la hauteur prothétique postérieure nécessaire
et le maintien d’un guide antérieur efficace et esthétique.
magazine 95
Le
sourire
bibliographie
1. Magne P, Belser U. Restaurations adhésives en céramique
sur dents antérieures. Approche biomimétique. Paris :
Quintessence International, 2003:58-96.
2. Woda A, Vigneron P. Contacts occlusaux. Les Cahiers de pro-
thèse. Edit CDP. 1977 ; 19 : 61-83.
3. Lasserre JF. Recherches sur l’usure dentaire et évaluation
in vitro de biomatériaux restaurateurs avec le simulateur
d’usure UVSB2. Thèse pour le Doctorat de Université de
Bordeaux, décembre 2003.
22
4. Perdigao J, Swift EJ, Denehy GE, Wefel JS, Donly KJ. In vitro
Bond Strengths and SEM Evaluation of Dentin Bonding
22. Le cas clinique terminé à un mois de recul montre une excellente Systems to Different Dentin Substrates. J Dent Res 1994 1 ;
intégration biologique et une esthétique extrêmement naturelle. 73 (1) : 44-55.
La céramique garantit la stabilité de la fonction ainsi qu’un bon 5. Abduo J, Lyons K. Clinical considerations for increasing
vieillissement en milieu buccal. occlusal vertical dimension : a review. Aust Dent J 2012 ; 57
(1) : 2-10.
6. Orthlieb J-D, Rebibo M, Mantout B. La dimension verticale
d’occlusion en prothèse fixée. Critères de décision. Cah
Prothèse 2002 ; (120) : 67-79.
Conclusion
Les RAC NP, des chips aux overlays postérieurs en passant
par les facettes antérieures, trouvent de très nombreuses indi-
cations. Il convient d’oublier les réflexes conditionnés par nos
études de préparations calibrées et mutilantes pour raisonner
en termes de biologie, de respect tissulaire, de longévité et de
possibilité de réintervention. Nous avons aussi le devoir de
faire évoluer les prothésistes dentaires qui doivent comprendre Quiz
cette révolution. La fiabilité du collage et l’arrivée de nouveaux QUESTION 1 La technique de collages de céramique
biomatériaux esthétiques laissent le champ libre pour créer « No Prep » :
cette nouvelle dentisterie. a. Est validée lors de la réalisation du masque direct
b. S’adresse aux dents saines et en bonne positiondans la
Remerciements aux Editions Quintessence International bouche
France pour leur aimable autorisation de publication c. Est particulièrement indiquée dans les cas d’érosion
dans L’Information Dentaire des figures 1 à 22 en cours
de publication chez QI par l’auteur. QUESTION 2 Les RAC en disilicate de lithium :
Remerciements au Laboratoire Esthetic Oral (Les Marines a. Sont plus résistantes qu’en céramique feldspathiques
de Cogolin, Var) b. Peuvent être réalisées pour des pièces de 1 à 2 mm
Remerciements au Laboratoire Bertin (Bordeaux, Gironde) c. Ne peuvent être réalisées que pour des pièces de plus
de 5 mm du fait de la taille importante des tiges de pressée
96 magazine
Le
sourire
La ligne du sourire
La lecture des bandes dessinées et l’observation Dans le visage, le sourire et le regard dominent, ils sont
des visages illustrés montrent que les dents le reflet des émotions et constituent une véritable carte
ne sont jamais dessinées ; seule une bande blanche de visite de l’individu. Si les possibilités d’intervention au
niveau du regard sont limitées, l’architecture du sourire
s‘équilibre sous les lèvres du personnage. Pourquoi est, elle, modifiable à souhait. Parmi tous les critères qui
les caricaturistes et les dessinateurs de BD simplifient-ils servent à décrire un sourire, la ligne du sourire est la plus
instinctivement la composition dentaire à ce seul trait ? importante. Elle définit la visibilité des dents. Il s’agit
Pour eux, la bouche et le sourire se limitent à la ligne plus d’une position que d’une ligne à proprement parler.
La ligne du sourire dépend de l’âge, du sexe, de la lon-
du sourire : visibilité des dents pendant le sourire
gueur de la lèvre supérieure et de la position du pan fron-
et positionnement du plan frontal esthétique. tal esthétique [1].
98 magazine
Le
sourire
Méthodologie
Le sourire et les dents sont intimement liés dans la percep- Cette synthèse esthétique sera matérialisée simplement sur un
tion du visage, et l’analyse des éléments anatomiques de cet outil informatique, le cadre de référence [3], qui sert de maître
ensemble est fondamentale dans la réussite du traitement. étalon pour les dents en matière de proportion (fig. 1).
C’est un acte d’architecture.
La méthodologie consiste à analyser les divers aspects de ce Cire de diagnostic (wax up)
sourire et à livrer un diagnostic esthétique et fonctionnel qui Elle doit être le prolongement matériel de la décision esthé-
permette d’avoir une ligne directrice qui sera matérialisée au tique et fonctionnelle. Il est préférable qu’il soit élaboré par
laboratoire à travers une cire de diagnostic (wax up) puis en celui qui réalisera les restaurations définitives, car c’est à ce
bouche à travers un projet esthétique (masque ou mock up). stade que les difficultés techniques vont apparaître et seront
ainsi mieux anticipées.
Analyse esthétique
L’analyse esthétique se fait au travers du Tableau Décisionnel® Masques
[2] qui permet de collecter les principaux critères esthétiques Une fois la cire de diagnostic validée, sa duplication en modèle
et de prendre une décision d’intégration des éléments de soins de plâtre permet l’élaboration d’une clé en silicone rigide et
(composites, facettes…) dans un sourire existant, ou de pro- en double mélange de laboratoire. En 1994, ce projet esthé-
céder à une réhabilitation quand ce dernier est trop chaotique tique est décrit par Faucher et coll [4] à partir des premiers
(tableau 1). cas réalisés en 1991. Initialement élaborés à partir de résines
métacrylates photopolymérisables et de clés en silicone trans-
parent, la technique est devenue aujourd’hui
très précise grâce aux silicones rigides reba-
1 - Tableau Décisionnel© permettant de collecter les informations esthétiques sés et aux résines temporaires bis acrylate.
essentielles et de prendre une décision d’intégration dans un sourire existant
La clé en silicone remplie en partie de résine
ou de réhabilitation.
est insérée en bouche le temps de la polymé-
Sourire Sourire risation puis retirée.
équilibré disharmonieux
LE TABLEAU DÉCISIONNEL Le patient et toute l’équipe soignante ont
Problème Problème immédiatement une idée très précise du
ponctuel global
futur sourire.
Visage Équilibre entre regard et sourire
Ligne du sourire
Sourire
Plan frontal esthétique Réalisation clinique
Plan sagital La réalisation clinique se fait en pensant à
Plan horizontal l’économie de tissu et au travers du gradient
Dimensions thérapeutique [5]. Le projet esthétique ser-
Composition Proportions vira de support aux préparations, évitant
dentaire Couleur ainsi toute perte de tissu inutile et permet-
Formes tant le collage dans l’émail. Cette technique
Composition décrite par Galip Gurel [6] est particulière-
Architecture gingivale
gingivale ment astucieuse, permettant des restaura-
DÉCISION Intégration Réhabilitation tions céramiques très peu invasives [7].
magazine 99
Le
sourire
Cas cliniques
2 3 4
2. Sourire de face. 3. Sourire de ¾. 4. Vue frontale écarteurs.
Sourire Sourire
équilibré disharmonieux
LE TABLEAU DÉCISIONNEL
Problème Problème
ponctuel global
Visage Équilibre entre regard et sourire ✔
✔Ligne du sourire
Plan frontal esthétique ✔
Sourire
✔Plan sagital 6
✔Plan horizontal
6. Le cadre de référence positionné sur la photo
Dimensions ✔ du sourire.
Composition Proportions ✔
dentaire ✔Couleur
Formes ✔
Composition
gingivale ✔Architecture gingivale
DÉCISION Intégration ✔Réhabilitation
5. L’analyse esthétique montre un problème d’usure des dents antérieures
qui a pour conséquence un sourire inversé disgracieux. Les 4 dents antérieures
maxillaires sont en cause et le traitement est à mi-chemin entre réhabilitation
et intégration.
10 11 12
10. Le temps de la polymérisation 11. Vue rapprochée des 4 incisives 12. La jauge permet de voir la bonne
et la patiente découvre ce que sera son futur réhabilitées. proportion des incisives.
sourire.
13 14
2 Monsieur P V, 44 ans, consulte pour des problèmes esthétiques et fonctionnels. Il se plaint de la discrétion
de ses dents pendant son sourire, ce qui le vieillit.
Analyse esthétique : l’analyse des photos (fig. 15 à 17) montre un problème esthétique associé à un problème
d’usure (fig. 18). Cette analyse sera complétée par une analyse occlusale réalisée par Jean-Daniel Orthlieb, concluant à une
réhabilitation globale esthético-fonctionelle. La conclusion des deux analyses sera identique : il faut rallonger le bord libre
et les pointes canines des dents permettant ainsi une nouvelle architecture du plan esthétique frontal.
15 16 17
15, 16, 17. Ces clichés montrent une lente dégradation des dents du patient, à la fois pour des problèmes carieux dans les secteurs postérieurs
et pour des problèmes globaux d’usure.
magazine 101
Le
sourire
Sourire Sourire
équilibré disharmonieux
LE TABLEAU DÉCISIONNEL
Problème Problème
ponctuel global
Visage Équilibre entre regard et sourire ✔
Ligne du sourire ✔
Sourire
Plan frontal esthétique ✔
✔Plan sagital
✔Plan horizontal
Dimensions ✔
Composition Proportions ✔
dentaire Couleur ✔
Formes ✔ 19
Composition
gingivale
Architecture gingivale ✔ 19. L’analyse du cadre de référence montre
des dents trop courtes.
DÉCISION Intégration ✔Réhabilitation
18. Le Tableau Décisionnel montre le problème de proportions verticales de ce sourire.
®
20 21 22
20. Le montage sur articulateur se réalise 21. Le wax up occlusal se matérialise en 22. Le wax up esthétique est poursuivi sur les faces
suivant les critères occlusaux retenus. bleu. vestibulaires.
102 magazine
Le
sourire
24. La prévisualisation en 3D
grandeur réelle du sourire du patient
permet de valider la longueur
et le positionnement des dents.
Ici, le plan esthétique frontal est trop
bas, il sera corrigé sur les dents
provisoires de seconde génération
qui serviront à leur tour à valider
le projet esthétique.
25. Les préparations se font à travers
les masques pour éviter
une préparation inutile de la dent.
24 25
28 29 30
28, 29, 30. Les photos du sourire montrent la réhabilitation du plan esthétique frontal et son organisation dans l’espace.
3 Monsieur O, 52 ans, vient consulter avec le désir de changer complètement son sourire. Ses doléances esthétiques
et sa difficulté masticatoire ont suscité un motif de consultation justifié.
Analyse esthétique : l’analyse du statut photographique ainsi que des modèles d’étude déterminent la nécessité d’une
réhabilitation (fig. 31 à 33, 34, 35).
31 32 33
31, 32, 33. L’usure de l’ancien stellite, porté pendant 20 ans, a généré une position anormale du sourire.
magazine 103
Le
sourire
Sourire Sourire
équilibré disharmonieux
LE TABLEAU DÉCISIONNEL
problème problème
ponctuel global
Visage Équilibre entre regard et sourire ✔
Ligne du sourire ✔
Sourire
Plan frontal esthétique ✔
Plan sagital ✔
Plan horizontal ✔
Dimensions ✔
Composition Proportions ✔
dentaire Couleur ✔ 35
Formes ✔ 35. Analyse du cadre de référence.
Composition
gingivale
Architecture gingivale ✔
DÉCISION Intégration ✔Réhabilitation
34. Tableau Décisionnel .
®
36 37 38
36, 37, 38. Seules les lignes faciales de référence, notamment le plan bipupillaire, seront d’une aide précieuse pour communiquer
avec le laboratoire. Ce sont les seuls repères qui permettent de retrouver un équilibre malgré les asymétries de ce visage.
39 40 41
39, 40. Les étapes d’essayage et de mise en place du projet esthétique sont également 41. Une empreinte secondaire
essentielles pour la cohérence du volume des armatures sous-jacentes et pour de repositionnement de la barre mandibulaire
le positionnement de la fausse gencive. est préconisée avant toute finalisation.
42 43 44
42, 43, 44. C’est donc grâce à l’analyse esthétique qu’il est possible d’apporter un nouvel équilibre à ce sourire : le plan frontal esthétique
s’inscrit alors harmonieusement avec la courbure de la lèvre inférieure et avec l’ensemble du visage.
104 magazine
Le
sourire
Quiz
QUESTION 1. La ligne du sourire : c. Commence par l’étude des dents, puis des gencives, du sou-
a. Est une ligne qui suit la courbe de la lèvre inférieure rire et enfin du visage
b. Est une position du sourire qui décrit la visibilité des dents d. S’établit à partir de 4 photos du patient : visage, sourire,
c. Dépend du sexe, de l’âge et de la longueur de la lèvre supé- sourire 3/4, écarteurs de face
rieure QUESTION 4. Le projet esthétique :
d. Est utilisée par les caricaturistes pour schématiser le sourire a. Est la matérialisation du sourire à partir d’un wax up éla-
QUESTION 2. Le plan esthétique frontal : boré suivant les décisions du tableau décisionnel x
a. Est le plan qui passe par les bords incisifs, les pointes canines, b. Sert de guide lors des préparations, en permettant une éco-
les pointes cuspidiennes des dents mandibulaires nomie tissulaire
b. Est une ligne majeure dans l’architecture du sourire c. A comme base une clé en silicone putty rigide
c. Se situe 2 à 5 mm en dessus de la lèvre supérieure d. Se matérialise en bouche à l’aide de résines composite
d. Permet d’organiser les dents dans le sens vertical bis-acryl
QUESTION 3. Le Tableau Décisionnel® :
a. Est un outil qui permet d’analyser rapidement le sourire du
patient
b. Permet de prendre une décision d’intégration ou de réhabi- Réponses sur www.information-dentaire.fr
litation du sourire
106 magazine
Le
sourire
La dentisterie guidée
au service de l’usure
magazine 109
Le
sourire
1 2a 2b
1. Vue du sourire mettant en évidence 2a. Vue intrabuccale : noter les bords incisifs 2b. Vue des faces palatines des incisives avec
une ligne aplanie due à des lésions érosives anormalement plats. une disparition importante de l’émail palatin.
et un raccourcissement des bords libres. L’utilisation fréquente de soda associée
à des parafonctions est la cause retenue
pour expliquer ce processus.
4 5
4. Vue de l’arcade inférieure. Les bords libres 5. L’analyse esthétique permet de positionner
sont usés, les collets présentent des lésions sur le modèle ou l’image les références
3 cervicales d’usure érosive. esthétiques faciales ainsi que l’élaboration
du projet esthétique.
3. Vue de l’arcade maxillaire.
6 7
6. Wax up de l’arcade maxillaire qui tient 7. Séquences cliniques pour l’établissement de la nouvelle DVO à partir d’une reconstruction
compte de la nouvelle DVO, du nouveau plan en composite à main levée du volume palatin perdu sur les deux incisives centrales.
d’occlusion ainsi que de la nouvelle fonction
(calage, guidage, centrage).
l’espace créé sur les dents adjacentes avec leurs antagonistes retouches importantes en bouche, au stade du mock up, sont
pour éviter des reconstructions trop volumineuses toujours toujours désagréables pour le praticien et le patient, et sont
déplaisantes pour le patient (fig. 7). donc réduites à leur plus simple expression grâce à ce type
Le patient n’est pas manipulé et ferme plusieurs fois de manière d’enregistrement.
à vérifier le bon positionnement. L’espace créé entre les deux
arcades est alors vérifié. Il doit correspondre à l’épaisseur de la
pièce souhaitée.
Le projet esthétique : 3 rôles
Chez la majorité des patients présentant une usure marquée, Validation sur le plan esthétique
il est rare de noter une dysharmonie faciale, en raison d’une et fonctionnelle par le patient
égression compensatrice des procès alvéolaires supports des
dents usées. L’augmentation de la DVO est presque Le nouveau sourire. Comme dans la majorité des disci-
exclusivement motivée par la biologie. En effet, l’espace plines médicales, le chirurgien-dentiste va être perçu comme
ainsi créé se substitue à la réduction tissulaire (fig. 7). un chirurgien esthétique avec la notion d’obligation de résul-
Le troisième élément indispensable à la communication avec le tat. Le transfert du projet en bouche va donc permettre au
laboratoire est l’enregistrement des références esthétiques du patient de visualiser directement, en situation, l’aspect (forme,
visage (ligne bi-pupillaire et axe médian) afin de les retrans- volume) des nouvelles dents et d’apprécier les nouveaux rap-
crire sur le modèle de travail. Pour, le dispositif Ditramax® ports avec les tissus environnants (visage, lèvres, langue et
est utilisé. Ainsi, les possibilités d’erreurs lors de la construc- joues) pendant la dynamique labiale (repos, sourire, rire, pho-
tion de la nouvelle ligne du sourire sont quasiment nulles. Des nation) [3, 4].
110 magazine
Le
sourire
1 2 3 4
Analyse Wax up Traitement Traitement
modèle Mock up arcade arcade
DVO supérieure inférieure
8. Les 4 étapes clés du traitement de l’usure. 9
9. Vue du nouveau sourire grâce au projet esthétique réalisé à l’aide
d’une résine bis acryl (Luxatemp Star, DMG).
Pour sa réalisation, sont successivement utilisées :
- une cire de diagnostic réalisée en fonction de l’enregistre-
ment précédant et des lignes dessinées sur le modèle (réfé-
rence horizontale et verticale) qui traduit morphologiquement
les objectifs fixés lors de l’analyse esthétique (modification de
forme, de position, fermeture de diastèmes…) ;
- une clé en silicone pour transférer le projet, issue du wax
up. Il englobe au moins deux dents de chaque côté (non inté-
ressées par le projet), afin de faciliter son repositionnement. 10
Une résine fluide injectable chémopolymérisable « bis GMA »
10. Ce même projet a un rôle fonctionnel qui permet de simuler
(Luxatemp Star DMG, possédant des propriétés optiques, le nouveau calage, guidage et la nouvelle DVO.
suffisamment translucide) sera injectée à l’intérieur de la clé
en silicone avant son repositionnement en bouche. Une fois
la polymérisation de la résine achevée (environ 2 minutes), la
clé est retirée. La majorité des excès se concentre au niveau
du vestibule muqueux et de la zone palatine. Ils devront être
éliminés délicatement afin de ne pas perturber l’apparence des
tissus mous et la phonation (soulèvement ou gonflement de la
lèvre, modification de certains phonèmes en cas d’excès pala-
tin). À ce stade, le patient peut se présenter face à un miroir 11
afin de visualiser le projet esthétique. Cette étape de transfert 11. Afin de disposer d’un transfert fidèle du wax up en bouche,
du projet morphofonctionnel, grâce au « masque », est essen- une gouttière fabriquée par imprimante 3D et rebasée avec
tielle et doit aboutir à la validation par le patient et le praticien un silicone light est utilisée.
(fig. 8, 9 et 10).
magazine 111
Le
sourire
14 15
14. Préparation à travers le mock up esthétique et fonctionnel 15. Préparations calibrées à travers le mock up.
afin de contrôler la calibration des préparations.
112 magazine
Le
sourire
18 19
18. Préparations a minima réalisées aussi bien dans le secteur 19. Vue palatine des préparations. Elles se limitent à une logette
antérieur que postérieur en raison de l’aspect additif du projet dans le cingulum dont l’unique but est la stabilisation des facettes
en bouche. On prépare en fonction du futur et non en fonction palatines lors du collage.
du présent.
21
20 21. Vue du sandwich (facette vestibulaire + « table top » occlusal)
au niveau des prémolaires.
20. Modèle de travail avec les préparations a minima.
- une préservation des crêtes proximales quand elles sont pré- ce toujours dans le but « d’asseoir » la restauration dans un
sentes (une grande majorité de cas) ; « cadre » stable.
- une diminution des épaisseurs de réduction (0,5-0,8 mm) en Dans le cas de lésions multiples (palatines et/ou vestibulaires)
raison d’une moindre sollicitation des restaurations (absence associées à une usure occlusale, sur les prémolaires et molaires,
de tension au niveau proximal). il faudra réaliser deux pièces distinctes en prenant soin de
En effet, du fait de la persistance de l’architecture proximale, laisser une « bande d’émail » entre elles, cette poutre faisant
les crêtes continuent de jouer pleinement leur rôle mécanique. office de « résistance » qui raccorde les deux crêtes proximales
Les restaurations ultrafines à distance des crêtes se retrouvent et sert de soutien aussi bien à la restauration occlusale que
donc à travailler uniquement en compression, ce qui est très vestibulaire, permettant ainsi d’assurer la solidité de la dent.
bien toléré par les deux familles de matériaux (composite ou Ainsi, le praticien se retrouve amené à recourir à la technique
céramique) [18] (fig. 18 à 20). « sandwich » décrite au niveau antérieur (facettes palatine et
Les formes de ces préparations ultraconservatrices peuvent se vestibulaire) dans le secteur postérieur. Les prémolaires sont
caractériser de la manière suivante : reconstruites par addition d’une facette vestibulaire et d’un
- délimitation d’un rectangle dans la face occlusale à l’aide inlay occlusal afin de restituer le volume initial de la dent.
d’une fraise boule bague verte (coffret Komet LD0717) et Ainsi, le gain biologique est très sensible, notamment dans la
bague rouge entre les fossettes proximales de 1 à 3 mm sous les région proximale et palatine [14, 15, 16] (fig. 21).
sommets cuspidiens en fonction du délabrement. Les limites Lorsque la sévérité des lésions est plus importante, les pièces
doivent être à distance des impacts occlusaux afin d’assurer la sont plus enveloppantes, reposant toujours sur l’anatomie
pérennité du joint. L’utilisation de fraises boule bague verte proximale existante, mais où les faces occlusale et vestibulaire
et bague rouge semble une solution intéressante pour réaliser ne font plus qu’une pièce unique au lieu d’un sandwich (fig. 22).
un angle net cavosuperficiel de 90° pour la pérennité du joint.
Les concepts de préparation de type « no prep » (sans prépa-
ration) doivent être évités en raison de la nature de la ligne de
finition entre la surface occlusale de la dent et la restauration.
Le biseau ainsi créé n’aurait pas vocation à assurer la résistance Usure légère Usure moyenne Usure avancée
mécanique nécessaire face aux impacts et aux charges occlu-
sales (chiping, délitement, coloration). Il est donc impératif de
réaliser une limite nette ;
- réduction et homogénéisation des différentes gorges si elles
22
sont présentes à l’aide d’une fraise à inlay ; 22. Différentes formes de « table top » en fonction du niveau d’usure :
- inclusion des cuspides palatines lorsqu’elles sont elles-mêmes - « table top » intra-cuspidien
- « table top » cuspidien
érodées par l’usure pour amorcer un retour en palatin, et - « table top » occluso-vestibulaire : « veneerlay »
magazine 113
Le
sourire
23 24
23. Fabrication des « tables tops » et des facettes palatines à partir 24. Facettes palatines réalisées en LavaTM Ultimate.
de bloc nanocéramique (LavaTM Ultimate, 3M ESPE ; CerasmartTM, GC)
en raison d’un coefficient d’usure voisin de l’émail naturel.
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25. Les « table top » peuvent être réalisés à partir de bloc hybride 26. Vue des restaurations brutes après fraisage (secteur 1) et après
mêlant céramique et matrice résineuse (CerasmartTM). polissage et maquillage (secteur 2).
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28a
28b 29
28 a. b. Fabrication des facettes vestibulaires à l’aide de bloc 29. Illustration du concept du sandwich avec les matériaux
de disilicate de lithium (e.max® CAD LT, Ivoclar Vivadent.). adéquats.
Les facettes vestibulaires sont réalisées simultanément
au laboratoire une fois les restaurations fonctionnelles fraisées.
30 31
30. Essayage des facettes en bouche. Noter l’extrême finesse 31. Différence de volume entre la dent restaurée et non restaurée.
des restaurations. Pour cela, un composite de collage de forte
luminosité permettra d’augmenter la réflexion lumineuse de la
restauration (Enamel HRi flow dentin A1, Micerium S.p.A ; Variolink
esthetic light, Ivoclar Vivadent ; Vitique veneer B1, DMG).
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32. Collage simultané de la facette palatine et vestibulaire. 33. Collage individuel des restaurations une par une.
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34a 34b
34a, b. Vues finales des restaurations collées. Noter l’excellente intégration parodontale. (Céramiste : Hilal Kuday)
35 36
35. vue des facettes palatines. L’anatomie nouvelle permet 36. Vues postérieures des « tables tops » après collage.
une intégration fonctionnelle optimale. Noter le mimétisme des blocs nanocéramiques.
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38a 38b
38 a, b, c. Projet esthétique,
contrôle des préparations
à travers le mock up et polissage
des préparations.
38c
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39a
39c
39 a, b, c. Collage des facettes : champ opératoire, microsablage
(dentoprep, bisico), mise en place de la facette (OptraSculpt PAD,
Ivoclar Vivadent).
39b
40a
40 a, b. Intégration finale
des restaurations. Coût biologique
minimum/résultat esthétique
maximum.
40b
Conclusion
Les facettes en céramique, ou plutôt les restaurations adhé- validé esthétiquement et fonctionnellement, il sera utilisé pré-
sives en céramique, sont aujourd’hui l’outil moderne de la cieusement comme un GPS afin d’être converti en traitement
reconstruction de l’organe dentaire [19] en raison de plusieurs final (fig. 40).
avantages indéniables :
- biologiques (préservation tissulaire maximale) ; Les auteurs souhaitent remercier le groupe Style italiano
- biomécaniques (restitution de la biomimétique de la dent ori- dont l’objectif est de développer sans cesse des techniques
ginelle) ; accessibles, reproductibles et donc réalisables par le plus
- esthétiques (pouvoir mimétique de la céramique collée). grand nombre.
Les facettes, qu’elles soient en céramique, en nanocéramique, Un remerciement particulier à Hilal Kuday pour son
en composite, à visée cosmétique ou fonctionnelle, ne sont que implication et son talent dans la réalisation au laboratoire
l’expression d’un projet esquissé au départ du traitement, dont de ce cas clinique.
le rôle est primordial. En effet, c’est bien au stade de son éla-
boration que tout le traitement va se jouer. Une fois celui-ci
118 magazine
Le
sourire
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Quiz
QUESTION 1 Lors de réhabilitation complète dans le cas QUESTION 3 Les préparations pour « table top » sont
d'usure on augmente la DVO : caractérisées :
a. Pour des raisons esthétiques (affaissement de l'étage infé- a. Par leurs aspects mutilants
rieur) b. Par la préservation de l'anatomie proximale
b. Pour des raisons biologiques c. Par une épaisseur minimale de 0,5 mm
QUESTION 2 L’utilisation d'un mock up complet permet QUESTION 4 Lors d’usure moyenne, l’étage inférieur et la
un rôle de validation : DVO ne sont pas altérés :
a. Esthétique a. En raison de l’égression compensatrice des procès alvéo-
b. Fonctionnelle laires
c. De l'esthétique et de la fonction b. En raison d’une compensation articulaire
c. En raison d’une compensation musculaire
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