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UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE

Ecole Doctorale de Dauphine - Programme doctoral d’économie


Centre de Géopolitique de l’Energie et des Matières Premières (CGEMP)

Thèse pour l’obtention du grade de


Docteur de l’Université Paris-Dauphine
Discipline : Sciences économiques

Présentée et soutenue publiquement par

Yris Dieunedort FONDJA WANDJI


le 26 octobre 2011

Titre :
QUELLES STRATEGIES ENERGETIQUES DURABLES
POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT :
LE CAS DU SECTEUR ELECTRIQUE AU CAMEROUN

Jury :

Directeur de thèse Monsieur Jan Horst KEPPLER


Professeur, Université Paris-Dauphine

Co-directeur de thèse Monsieur Donatien NJOMO


Professeur, Université de Yaoundé 1

Rapporteurs Madame Patricia CRIFO


Professeur, Université Paris Ouest & Ecole Polytechnique

Monsieur Christophe RIZET


Directeur de recherche IFSTTAR DEST

Suffragants Monsieur Paul NOUMBA UM


Banque mondiale

Monsieur Xavier OUDIN


Chargé de recherche, Institut de Recherche pour le Développement

Monsieur Marc RAFFINOT


Maître de conférences HDR, Université Paris-Dauphine

Invité Monsieur Antoine WONGO AHANDA


Ambassade du Cameroun en France
L’Université n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions émises dans
les thèses : ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs.

2
Remerciements

Il m'est agréable ici de remercier vivement mon directeur de thèse, le Professeur Jan Horst
Keppler, pour l'honneur qu'il m'a fait en acceptant de diriger et d’orienter les différentes
étapes de ce travail. Je lui suis très reconnaissant pour la confiance qu’il m’a témoignée
durant ces années de thèse et l’expérience qu’il m’a faite ainsi bénéficier. J'aimerais qu'il
trouve ici l'expression du grand respect et de la profonde gratitude que je lui dois.

Avec beaucoup d'égard et de déférence, je tiens aussi à remercier mon co-directeur de thèse,
le Professeur Donatien Njomo, pour ses précieux conseils. Qu’il soit assuré de ma profonde
reconnaissance.

Je suis particulièrement honoré de la présence dans le jury de Madame Patricia Crifo en


qualité de rapporteur. Je lui adresse mes sincères remerciements ainsi que mon profond
respect.

Je remercie également Monsieur Christophe Rizet d’avoir accepté d’être rapporteur de cette
thèse. Je lui exprime ici ma plus haute considération.

J’adresse aussi mes sincères remerciements à Monsieur Paul Noumba Um pour la


considération qu’il a portée à ces travaux et l’honneur qu’il me fait de siéger à ce jury de
thèse.

J’exprime également ma plus grande reconnaissance et mes sincères remerciements à


Monsieur Xavier Oudin pour sa présence dans ce jury.

Je suis honoré par la présence dans ce jury de Monsieur Antoine Wongo Ahanda. Je le
remercie pour l’intérêt qu’il porte à ce travail et qu’il soit assuré de ma profonde gratitude.

Je tiens également à exprimer mes sentiments de gratitude et de reconnaissance à M. Marc


Raffinot pour ses conseils, son regard critique et l’honneur qu’il m’a fait en acceptant
d’examiner ce travail et de siéger parmi les membres du jury.

Je ne manquerai pas de remercier toute l’équipe du CGEMP et de l’Ecole Doctorale de


Dauphine. Cette thèse doit beaucoup à Messieurs Régis Bourbonnais, Maître de conférences à
l’Université Paris-Dauphine ; Yuichiro Torikata, International Energy Agency ; Thomas
Yougang, Ministère de l’énergie et de l’eau (Cameroun) ; Charles D. Fotso Kangmogne,
Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (Cameroun).

Je dédie cette thèse à ma famille et à mes amis.

3
RESUME
Le développement durable du secteur énergétique des pays en développement pose un défi
sans cesse renouvelé pour l’économie appliquée. L’accès à l’électricité et plus généralement
aux services et ressources énergétiques fiables, économiquement viables, socialement
acceptables et respectueux de l’environnement, est nécessaire à l’amélioration des conditions
de vie des populations et au développement d’un tissu économique compétitif. Le travail
entrepris au cours de cette thèse consiste à décrire et analyser le système énergétique
camerounais au regard des politiques énergétiques en vigueur. Est-il possible de satisfaire la
demande énergétique consécutive à la croissance démographique et au nécessaire
développement économique, et ce sous contrainte environnementale ? D’après l’étude
économétrique, c’est la croissance du PIB qui « cause » la consommation d’électricité,
l’économie du pays étant majoritairement soutenue par l’agriculture, le pétrole et le secteur
informel. Cette thèse montre que même s’il n’a pas énormément de contraintes
environnementales, le Cameroun devra continuer à développer l’hydroélectricité, en raison de
son potentiel et de ses vertus environnementales, afin de fournir l’énergie nécessaire aux
ménages et aux entreprises. Le pays devra également poursuivre l’exploitation de ses
ressources de pétrole et de gaz, et diversifier son approvisionnement énergétique afin de tirer
le meilleur parti de ses ressources énergétiques renouvelables. Pour cela, il est nécessaire de
réaménager le cadre réglementaire et institutionnel en vigueur afin qu’il incite davantage aux
investissements. Telles sont les conditions d’un développement énergétique durable au
Cameroun.
Mots clés : Production et consommation d’énergie, secteur électrique, développement
économique, Cameroun.

ABSTRACT
Sustainable development of the energy industry in developing countries raises a constant
challenge for applied economics. Access to electricity and in general to reliable, economically
viable, socially acceptable and environmentally friendly energy services, is needed to improve
the living conditions of the populations and to develop a competitive economy. The work
undertaken here is to describe and analyze the Cameroonian energy system taking into
consideration the energy policies already in place. Is it possible to meet the energy demand
resulting from population growth and the necessary economic development under
environmental stress? According to the econometric study, the electricity consumption is led
by the growth of the economic activities, mainly supported by agriculture, oil and the
informal sector. This thesis shows that although it does not have a lot of environmental
constraints, Cameroon should continue to develop hydropower, not only because of its great
potential but also for its environmental virtues, in order to provide energy for households and
businesses. The country should also continue the exploitation of oil and gas, and diversify its
energy supply in order to benefit most from its renewable energy resources. To achieve this
goal, it is necessary to rearrange the regulatory and institutional framework in place so that it
encourages more investments. These are the conditions of the implementation of a sustainable
energy system in Cameroon.
Keywords: Production and consumption of energy, power sector, economic development,
Cameroon.

4
Table des matières

REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................... 3
RESUME ................................................................................................................................................................ 4
ABSTRACT ............................................................................................................................................................ 4
TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................................... 5
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................................................. 7
PREMIERE PARTIE – SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR ENERGETIQUE CAMEROUNAIS.15
CHAPITRE 1 – PRESENTATION GENERALE ET CARACTERISTIQUES ENERGETIQUES DU CAMEROUN ........................ 16
SECTION I – PRESENTATION GENERALE DU CAMEROUN ............................................................................. 17
I.1 – Caractéristiques géographiques et démographiques ......................................................................................... 18
I.2 – Le Cameroun : une « Afrique en miniature » ................................................................................................... 21
I.3 – Bref aperçu de l’économie du Cameroun ......................................................................................................... 22
I.4 – La situation socio-politique .............................................................................................................................. 28
SECTION II – CARACTERISTIQUES ENERGETIQUES DU CAMEROUN .......................................................... 32
II.1 – Le bilan énergétique national .......................................................................................................................... 33
II.2 – Le sous-secteur de l’électricité ........................................................................................................................ 35
II.3 – Le sous-secteur des hydrocarbures .................................................................................................................. 42
II.4 – Le sous-secteur des combustibles et énergies renouvelables........................................................................... 48
DEUXIEME PARTIE – ENERGIE ECONOMIE ET ENVIRONNEMENT : QUELS LIENS ? ............... 56
CHAPITRE 2 – CROISSANCE ECONOMIQUE ET CONSOMMATION D’ENERGIE AU CAMEROUN : UNE ANALYSE EN
TERMES DE CAUSALITE .......................................................................................................................................... 57
SECTION I – Revue de la littérature des travaux empiriques sur le lien entre croissance et énergie ........................... 58
SECTION II – Quelle est la nature de la relation entre la croissance économique et la consommation d’énergie au
Cameroun ?....................................................................................................................................................... 63
II.1 – Données utilisées ............................................................................................................................................ 63
II.2 – Etude préliminaire des séries .......................................................................................................................... 63
II.3 – Tests de stationnarité....................................................................................................................................... 70
II.4 – Tests de stationnarité pour les séries ENERGIE_PAR_HAB, PETROLE_PAR_HAB, ELEC_PAR_HAB et
BIOMASSE_PAR_HAB .......................................................................................................................................... 83
II.5 – Test de causalité au sens de Granger ............................................................................................................... 91
II.6 – Estimation de la relation statique et test de cointégration ............................................................................... 93
CHAPITRE 3 – LES ENJEUX DE L'ELECTRIFICATION ............................................................................................... 105
SECTION I - Etat des lieux et perspectives................................................................................................................ 105
SECTION II - Impacts socio-économiques de l’accès à l’électricité .......................................................................... 108
II.1 – Lien entre la consommation d’électricité et l’indice de développement humain (IDH) ................................ 109
II.2 – Accès à l’énergie et objectifs du millénaire pour le développement ............................................................. 114
II.3 – Les limites de l’accès à l’électricité sur la réduction de la pauvreté .............................................................. 120
SECTION III – Comment améliorer l’impact de l’électrification dans les pays en développement et lutter plus
efficacement contre la pauvreté ? ................................................................................................................... 122
CHAPITRE 4 – LES CONSEQUENCES ENVIRONNEMENTALES DU SYSTEME ENERGETIQUE ACTUEL ......................... 127
SECTION I - Les impacts environnementaux du développement économique impulsé par le système énergétique
actuel et la réponse internationale ................................................................................................................... 128
I.1 - Le Rapport du Club de Rome et la tentation de la croissance zéro ................................................................. 128
I.2 – La Conférence de Stockholm en 1972 et l’écodéveloppement ....................................................................... 130
I.3 - Le rapport de la Commission Brundtland de 1987 et le développement durable ............................................ 131
I.4 - Le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et la déclaration sur l’environnement et le développement 133
I.5 - Le Protocole de Kyoto de 1997 et ses principales dispositions ....................................................................... 134
I.6 - Le Sommet de Johannesburg en 2002 et la nouvelle stratégie pour un développement durable ..................... 137
I.7 – De l’échec de Copenhague à l’espoir suscité par Cancun .............................................................................. 138
SECTION II - Les atteintes à la vie et à la santé humaines du système énergétique actuel dans les pays en voie de
développement ................................................................................................................................................ 140
II.1 – Les problèmes de déforestation, d'aridification et de désertification ............................................................. 141

5
II.2 – Les problèmes de pollution ........................................................................................................................... 143
II.3 – Quelques mesures pour réduire les risques, pour la santé, de la pollution à l’intérieur des habitations ........ 145
SECTION III – La croissance économique et la consommation énergétique au Cameroun : quels impacts sur les
émissions de gaz à effet de serre ? .................................................................................................................. 147
III.1 – L’intensité en carbone du PIB du Cameroun ............................................................................................... 147
III.2 – L’intensité énergétique de la croissance du Cameroun ................................................................................ 148
TROISIEME PARTIE – STRATEGIES PERMETTANT DE DEVELOPPER DE FAÇON DURABLE
LE SECTEUR ELECTRIQUE DU CAMEROUN ........................................................................................ 151
CHAPITRE 5 – LES AVANTAGES DE LA DIVERSIFICATION DES SOURCES DE PRODUCTION
D’ENERGIE ....................................................................................................................................................... 152
SECTION I – La diversification, une notion clé du développement durable.............................................................. 152
SECTION II – Les caractéristiques du système énergétique actuel ............................................................................ 153
II.1 - La structure de la consommation mondiale d’énergie primaire fait la part belle aux énergies fossiles .... 153
II.2 - Tous les systèmes d’énergie ont des effets négatifs sur l’environnement ................................................. 155
SECTION III – Les avantages de la diversification énergétique ................................................................................ 156
III.1 - Les avantages en termes de satisfaction des besoins énergétiques .......................................................... 156
III.2 - Les avantages en termes de sûreté et de sécurité énergétiques ................................................................ 157
III.3 - Les avantages en termes de respect de l’environnement ......................................................................... 157
SECTION IV – Comment mettre en œuvre un développement énergétique durable au Cameroun ? ........................ 158
IV.1 – Evolution du système énergétique camerounais ..................................................................................... 158
IV.2 – Perspectives du système énergétique camerounais ................................................................................. 160
IV.3 – Quel avenir pour les projets MDP au Cameroun ? ................................................................................. 173
CHAPITRE 6 – LES ENJEUX CLES DE L'HYDROELECTRICITE ET SON IMPORTANCE POUR LE CAMEROUN ................ 176
SECTION I – L’hydroélectricité, une énergie renouvelable par excellence ............................................................... 177
I.1 – Aperçu général ............................................................................................................................................... 177
I.2 – Une brève histoire de la filière hydraulique.................................................................................................... 180
I.3 – L’hydroélectricité, comment ça marche ? ...................................................................................................... 182
I.4 – Bref aperçu de l’économie des ressources naturelles ..................................................................................... 188
SECTION II – Les principales caractéristiques de l’hydroélectricité ......................................................................... 193
II.1 – Les atouts de l’hydroélectricité ..................................................................................................................... 194
II.2 – Les défauts de l’hydroélectricité ................................................................................................................... 195
SECTION III – Le Cameroun, un pays où l’hydroélectricité est vouée a un bel avenir ............................................. 198
III.1 – Le potentiel hydroélectrique du pays ........................................................................................................... 198
III.2 – Les perspectives de développement et d’exportation de l’hydroélectricité .................................................. 203
III.3 – Les barrières au développement de l’hydroélectricité au Cameroun............................................................ 206
SECTION IV – ETUDE DE CAS : Microcentrale hydroélectrique de 70 kW de puissance...................................... 207
VI.1 – Analyse environnementale d’un projet d’hydroélectricité ........................................................................... 207
VI.2 – Analyse économique d’un projet d’hydroélectricité .................................................................................... 212
CHAPITRE 7 – LES AVANTAGES D’UNE BONNE REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU ET LA REFORME DU
SECTEUR ELECTRIQUE AU CAMEROUN ................................................................................................................. 225
SECTION I – LES DEFIS DE LA REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT ...................................................................................................................................... 226
I.1 – Les fondements de la régulation des industries de réseau .............................................................................. 226
I.2 – Les principes d’une régulation efficace .......................................................................................................... 231
I.3 – Les principaux modèles institutionnels de la régulation ................................................................................. 233
I.4 – Définir une régulation qui réponde aux besoins des pays en développement ................................................. 240
SECTION II – LA REGULATION DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE AU CAMEROUN ................................ 245
II.1 – La réforme du secteur de l’électricité au Cameroun ...................................................................................... 245
II.2 – Analyse et évaluation de la réforme du secteur de l’électricité au Cameroun ............................................... 251
III.3 – Les perspectives pour une meilleure régulation du secteur de l’électricité au Cameroun ............................ 257
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................................. 263
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 270
ANNEXES .......................................................................................................................................................... 285
ABREVIATIONS ............................................................................................................................................... 302
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET ENCADRES .................................................................................... 305
SOMMAIRE DETAILLE ................................................................................................................................... 308

6
Introduction générale

Le développement soutenable du secteur énergétique des pays en développement (PED) pose


un défi sans cesse renouvelé pour l’économie appliquée. Pour ces pays, la priorité reste la
réduction de la pauvreté, l’amélioration de la santé et la garantie de l’éducation pour tous. Les
Etats membres de l’ONU ne s’y sont donc pas trompés en adoptant lors du Sommet du
Millénaire qui s’est tenu à New York du 6 au 8 septembre 2000 les huit Objectifs du
millénaire pour le développement (OMD)1. Même si aucun de ces objectifs ne mentionne
explicitement l’énergie, le Sommet mondial pour le développement durable qui s’est tenu à
Johannesburg en 2002, a reconnu l’accès des populations aux services énergétiques modernes
comme l’une des conditions nécessaires pour répondre aux OMD. Satisfaire les besoins
énergétiques des populations du monde en développement dans des conditions qui soient
socialement, économiquement et environnementalement acceptables représente alors un
challenge majeur à relever.

La présente thèse essaie de comprendre pourquoi un pays en développement comme le


Cameroun n’arrive pas à satisfaire ses besoins en énergie électrique malgré son énorme
potentiel. En effet, le développement du secteur électrique du pays marque le pas et la
situation dans les zones rurales est encore plus affligeante. La libéralisation du secteur et la
privatisation de la société nationale de production et de distribution d’électricité n’ont pas
significativement amélioré cet état des choses. Pourquoi malgré les réformes ainsi que tous les
plans et programmes mis en place, l’électricité continue d’être une denrée rare au Cameroun ?
Dans ce travail, nous essayons de mettre en exergue la problématique du secteur énergétique
au Cameroun, et passons en revue un certain nombre de moyens permettant d’améliorer et de
promouvoir spécifiquement le domaine de l’énergie électrique.

Le point de départ de cette thèse est un travail économétrique sur la relation entre la
croissance économique et la consommation d’énergie au Cameroun dont le but est de savoir
comment celle-ci impacte l’évolution économique du pays ou vice versa. En effet, à court ou
moyen terme, le progrès économique des PED ne peut se concevoir qu’à travers une
augmentation de leur consommation énergétique. Pour le Cameroun, des scénarios estiment
que la demande énergétique à l’horizon 2025-2030 sera largement supérieure au double de la
demande actuelle, et ce avec ou sans le développement de la société Alucam (Aluminium du
Cameroun, filiale de Rio Tinto Alcan) qui consomme près de la moitié de l’énergie électrique
produite (Arsel, 2005a). En effet, dans le Plan de Développement à long terme du Secteur de
l’Electricité (PDSE), le scénario « médian », le scénario le plus réaliste estime que la demande
en capacité de production en 2025 sera de 2003 MW contre environ 1000 MW en 2010. En
conséquence, le travail de thèse consistera avant tout à savoir comment garantir, à moyen

1
Ce sont : réduire l’extrême pauvreté et la faim ; assurer l’éducation primaire pour tous ; promouvoir l’égalité
des sexes et l’autonomisation des femmes ; réduire la mortalité infantile ; améliorer la santé maternelle ;
combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies ; préserver l’environnement et mettre en place un
partenariat mondial pour le développement

7
terme, l’énergie électrique nécessaire pour satisfaire cette forte demande, consécutive au
développement économique et à l’augmentation démographique2.

En outre, le développement, donc d’une façon ou d’une autre une certaine forme de
croissance, et le maintien des conditions de ce développement nécessite d’utiliser des
ressources renouvelables ou non. Or l’exploitation de ces ressources, notamment celles qui
sont épuisables engendrent de sérieux dommages à l’environnement. D’après le quatrième
rapport du GIEC3 publié en 2007, le réchauffement climatique est devenu une réalité établie et
sa cause anthropique est indéniable. Ainsi, encore objet de contestation dans son principe,
dans ses causes et dans ses effets il y a peu de temps, le réchauffement du système climatique
depuis les rapports du GIEC fait l’objet globalement d’un consensus indiscuté. Les
scientifiques s’accordent désormais sur le changement climatique, sur le fait que les
conséquences des variations possibles de température sont potentiellement catastrophiques
pour l’humanité et sur la contribution humaine à ces bouleversements.

L’opposition environnement-économie, concrétisée par l’impact des techniques sur le milieu


naturel des êtres vivants est-elle systématique ? La demande croissante en énergie pour
améliorer les conditions de vie des populations du monde en développement et la nécessaire
lutte contre le réchauffement climatique représentent-elles absolument des exigences
incompatibles ? A partir de la situation du Cameroun, nous examinerons la question du
découplage entre les émissions de gaz à effet de serre (GES), la croissance économique et la
consommation d’énergie. A l’aide des tests de cointégration et de causalité de Granger, nous
analyserons la nature de la relation entre ces variables et nous chercherons à savoir,
notamment, si une politique visant à réduire les émissions de CO2 serait préjudiciable ou non
au développement énergétique et économique du pays. Ainsi, en considération de la forte
demande énergétique du Cameroun et des pays voisins suite à leur croissance démographique
et économique, nous essayerons d’interroger les possibilités qu’il peut être utile de mobiliser
pour faire face à cette demande sans trop nuire à l’environnement.

Les préoccupations environnementales sont au cœur du développement énergétique

La plupart des PED sont confrontés à un triple défi démographique, économique et social qui
relève de la mise en œuvre de stratégies de développement durable à l’échelle planétaire. De
leur côté, les pays riches doivent réaliser des efforts importants pour réduire l’impact de leurs
activités sur l’environnement tandis que les pays pauvres doivent inscrire leur croissance dans
une perspective de durabilité. Or, l’amélioration des conditions de vie des populations des
régions les moins favorisées passe nécessairement par une fourniture énergétique suffisante et
à des prix acceptables. Mais la production et la consommation d’énergie sont à l’origine
d’émissions des gaz à effet (GES) et des multiples dérèglements des écosystèmes de notre
planète. C’est ainsi que la lutte contre le changement climatique est devenue l’un des
principaux défis planétaires du 21ème siècle. Les émissions de GES, liées d’ailleurs à
l’ensemble des activités humaines représentent un risque croissant pour l’environnement et la
société.

La véritable réponse politique internationale aux changements climatiques a commencé par la


mise en place par l’ONU de la Convention-cadre sur les Changements Climatiques

2
Une estimation de l’organisation Population Reference Bureau, situe la population du Cameroun en 2025 à
plus de 25 millions contre quelque 18.5 millions en 2008 (PRB's annual World Population Data Sheet, 2008)
3
Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat

8
(UNFCCC) en 1992. L’UNFCC a établi le cadre de l’action visant à stabiliser les
concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre, afin d’éviter « les interférences
anthropiques dangereuses » avec le système climatique. Elle est entrée en vigueur le 21 mars
1994 et compte 192 Parties en 2011. En décembre 1997, les délégués à la troisième
Conférence des parties à Kyoto, se sont accordés sur un Protocole, engageant les pays
industrialisés et les pays en transition économique, à réaliser des objectifs quantifiés dans la
réduction de leurs rejets de gaz. Ces pays, connus comme étant les Parties visées à l’Annexe 1
de l’UNFCC, se sont ainsi engagés à réduire leurs émissions globales dans six gaz à effet de
serre4, de manière à en abaisser les niveaux d’une moyenne de 5 % par rapport à ceux de 1990
et ce, au cours de la période entre 2008 et 2012 (première période d’engagement), avec des
objectifs particuliers variant d’un pays à l’autre (United Nations, 1998). Le Protocole de
Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005 et compte maintenant 183 parties5.

Ainsi, la réalité du réchauffement climatique n’est plus vraiment discutée6. Ce sont l’ampleur
des effets attendus et les moyens d’y remédier qui font débat. Le Protocole de Kyoto, destiné
à lutter contre le réchauffement climatique en engageant les Etats à réduire leurs émissions de
gaz à effet de serre, en est la concrétisation. Il est aussi reconnu que la production et la
consommation d’énergie, en particulier, ont des impacts directs et indirects sur
l’environnement puisque les GES qu’elles produisent ont une large responsabilité dans le
changement climatique actuel. C’est pourquoi, parmi les questions posées aux économistes,
figure celle de la quantification des « effets externes » de l’utilisation de l’énergie et en
particulier, la quantification des dommages causés à l’environnement. A la question de la
mesure des externalités, s’ajoute celle des méthodes de leur « internalisation ». Celle-ci peut
se faire par le jeu d’une taxe (comme proposé par Arthur Pigou dès les années 1920), ou par la
mise en place de marchés de permis d’émissions négociables (solution retenue par le
Protocole de Kyoto et dont le concept est dérivé des travaux de Ronald Coase7). L’intérêt
accordé par les économistes à l’énergie tient aussi à son caractère très particulier et à
l’importance qu’elle revêt dans la société.

Les travaux en économie de l’énergie mettent clairement en évidence son rôle dans
le processus de développement socio-économique…

La littérature économique est intarissable sur le rôle que joue ou a joué l’énergie dans la
croissance économique. Elle est indispensable à la réalisation de tout processus de production
et donc au développement économique et social. D’ailleurs, pour Percebois (1989), la
Révolution industrielle n’aurait pas été possible sans la disponibilité de sources d’énergie
abondantes. Ce fut d’abord le bois, utilisé tel quel ou comme charbon de bois. Puis, le passage
au charbon à coke permit l’essor de la révolution, l’invention de la machine à vapeur exigeant
plus d’énergie que ne pouvait en fournir le bois. Cette première révolution industrielle et les
progrès scientifiques et techniques décisifs du 19ème siècle transformèrent le monde et
donnèrent aux détenteurs de cette précieuse ressource un avantage très net dans la course au
développement. Ce qui fait dire à Furfari (2007) qu'on ne devrait plus parler de révolution

4
Le dioxyde de carbone (CO2), le Méthane (CH4), l’Oxyde nitreux (N2O), les Hydrofluorocarbures (HFC), les
Hydrocarbures perfluorés (PFC) et l’Hexafluorure de soufre (SF 6).
5
United Nations Framework Convention on Climate Change, Fact sheet : The Kyoto Protocol, consulté le 14
mars 2009.
6
En dépit de la virulente offensive d’un petit groupe de « climato-sceptiques » au moment de la conférence de
Copenhague de décembre 2009.
7
R. Coase, « The problem of social cost », Journal of law and economics, Vol.3, 1960

9
industrielle, mais de "révolution énergétique". La phase suivante de la révolution énergétique
va créer une énergie facilement transportable, l'électricité. Cette seconde révolution
industrielle, qui interviendra entre 1880 et 1914, va permettre une diversification considérable
de la structure de l'offre, alors même que la forte production de charbon semble en mesure de
satisfaire toute la demande. Après la première guerre mondiale, le pétrole abondant et
relativement bon marché va supplanter le charbon et accompagner le développement fulgurant
de l'automobile. Enfin, le développement du gaz et surtout de l'électricité primaire (d'origine
hydraulique, nucléaire,...) vont également jouer un grand rôle dans l’essor d'activités
nouvelles.

Ainsi, la théorie économique, s’intéressant aux questions énergétiques, a d’abord cherché à


analyser la relation complexe qui peut exister entre la consommation d’énergie et la
croissance économique. La nature du lien entre ces deux variables est un sujet sur lequel il y a
rarement consensus parmi les chercheurs. Jusque dans les années 1990, le point de vue
dominant était que la croissance économique entraînait une augmentation de la consommation
énergétique. Mais, Keppler (2006), étudiant le sens de causalité ainsi que la cointégration
entre la consommation énergétique et la croissance économique dans dix pays en
développement rigoureusement sélectionnés, n’a trouvé de résultats robustes que pour la
Chine et l’Inde. En effet, en recourant aux récentes techniques économétriques, il montre que
la consommation par habitant d’électricité et de pétrole commande la croissance du revenu
par habitant en Chine telle qu’à une augmentation de 1% de la consommation d’électricité,
correspond une augmentation de 0,67% de la croissance ! Ce résultat confirme le soupçon
découlant d’une autre étude (Keppler and Méritet, 2004), et soutenant qu’un manque de
capacité de production limiterait le développement économique futur de la Chine. Se fondant
sur l’absence de couplage entre la consommation de charbon et la croissance du revenu en
Chine, également prouvée par d’autres chercheurs (Masih and Masih, 1996a), Keppler (2006)
suggère qu’une politique énergétique prônant une restriction de la consommation de charbon
afin de sauvegarder l’environnement, ne pénaliserait pas la croissance économique tant que
serait garantie une production suffisante d’électricité à partir du nucléaire par exemple.
Pour ce qui est de l’Inde, cette étude montre que la croissance du revenu par habitant
« cause » la consommation par habitant de pétrole. Ceci étant en accord avec la politique de
subvention massive à la consommation de produits pétroliers pratiquée par les autorités
indiennes, en l’occurrence dans les zones rurales8. A une augmentation de 1% du revenu
national, correspond un accroissement des niveaux de consommation de pétrole de 0,6%.
Ainsi, réduire les subventions et découpler la consommation d’énergie de la croissance
économique pourrait s’accompagner d’effets sociaux et politiques indésirables ; Toutefois,
continuer dans ce sens reviendrait à poursuivre une politique économique inefficace. Il serait
alors plus utile de mettre en avant le fait général comme quoi “pour soutenir les groupes
sociaux faibles, il vaut mieux agir directement sur leur pouvoir d’achat, plutôt que par une
politique de subvention des prix” (Keppler, 2006).

Des travaux économiques ont aussi interrogé les substitutions inter-énergétiques au sein des
fonctions de production. Percebois (1989) s’est par exemple intéressé aux déterminants des
substitutions entre l’énergie, le capital et le travail et, au sein du facteur « énergie » entre le
charbon, le pétrole, le gaz et l’électricité. Cet auteur montre qu’en plus du rôle indéniable des
prix relatifs dans ces substitutions, d’autres facteurs, en l’occurrence le dispositif

8
Voir J. H. Keppler & F. Birol, « Looking at Energy Subsidies : Getting the Prices right », WEO Insights, Paris,
OECD/IEA, 1999

10
institutionnel, sont déterminants. Pour Bourdaire (2000), par ordre d’importance, la
consommation d’énergie d’un pays dépend du produit intérieur brut, du niveau des prix finaux
de l’énergie, du climat et de l’impact des politiques d’efficacité énergétique. De même, la
question de la tarification optimale des industries de réseau, essentiellement l’électricité et le
gaz, a aussi été largement étudiée. Dans la mesure où l’énergie est de plus en plus considérée
comme un service public, quel est le système de tarification qui permettra tout à la fois de
concilier l’efficience, l’équité et le respect de l’intérêt général ? En tant que service public,
l’énergie doit répondre aux critères traditionnels de continuité dans la satisfaction des besoins
considérés comme vitaux, d’égalité de traitement des usagers qui passe souvent par
l’instauration d’une péréquation des tarifs, et d’adaptabilité. Les travaux menés en France au
Commissariat général du Plan ont permis de monter que les politiques de « vérité des prix »
des services publics sont compatibles avec la recherche de l’optimum et le respect de l’équité
entre usagers (Boiteux 1994 et 2001).

… Mais, les systèmes énergétiques des pays d’Afrique subsaharienne peinent à


accompagner le développement

En Afrique subsaharienne, la problématique énergétique se situe dans un cadre conceptuel qui


relève des multiples exigences auxquelles le continent est confronté, à savoir : le
développement durable, la croissance économique, l’ajustement structurel, la libéralisation, la
bonne gouvernance, la dynamique démographique, la lutte contre la pauvreté, l’amélioration
des services de santé, etc. Prendre en compte ces exigences nécessite d’adopter un style de
développement qui aura de fortes implications pour l’énergie puisque celle-ci est présente
dans tous les aspects de la consommation finale, individuelle et collective, et comme facteur
de production de tous les secteurs. Les systèmes énergétiques sont caractérisés par : un faible
niveau de consommation par tête des énergies conventionnelles ; une forte dépendance aux
combustibles ligneux (bois, charbons de bois, déchets végétaux, etc.) dans le bilan
énergétique ; la prépondérance des hydrocarbures dans les systèmes énergétiques modernes et
l’existence de fortes disparités régionales entre l’offre et la demande d’énergie9 ; un faible
taux d’accès à l’électricité ; une faible utilisation des énergies renouvelables malgré
l’existence d’un potentiel important ; un niveau encore élevé de l’intensité énergétique ; une
timide transition des comportements énergétiques (le gaz et le charbon de bois encore
majoritairement utilisés en milieu urbain et le bois en milieu rural) ; une grande fragilité des
systèmes nationaux de production et de distribution des services énergétiques, sujets à de
nombreuses défaillances tant techniques que managériales (avant les années 1990-2000) ; et
depuis la fin des années 1990, le rôle déterminant, dans l’élaboration des systèmes
énergétiques et le choix des politiques, des grandes sociétés productrices étrangères, sans que
la puissance publique n’ait les ressources humaines et financières suffisantes pour exercer
correctement la régulation (UNCCD, 2004).

Les principaux caractères décrits ci-dessus sont essentiellement les conséquences du retard
économique du continent. Ils montrent toute la difficulté qu’il y a à définir les contours et à
mesurer l’ampleur et la nature de la corrélation entre l'énergie et l’économie africaine. Ainsi,
c’est pour satisfaire les besoins énergétiques croissants des populations qu’on assiste de plus
en plus ces dernières années à un certain nombre d’initiatives régionales. Même s’il n’est pas

9
En effet, tous les pays africains ne sont pas logés à la même enceinte. Certains exportent du pétrole alors que
d’autres en importent. Les premiers sont touchés par la malédiction pétrolière qui fait obstacle au développement
économique. Les seconds sont vulnérables aux prix des importations qui pèsent lourdement sur les finances
publiques (Chevalier, 2005).

11
possible à ce stade de parler de véritables politiques énergétiques, la détermination et
l’engagement de certains acteurs commencent à laisser transparaître une vision énergétique
qui, si tout se passe bien, conduira à long ou moyen terme à une véritable stratégie de
développement énergétique.

Tout comme en Afrique du Nord où l’Union du Maghreb Arabe (UMA) a créé en son sein
depuis 1975 le Comité maghrébin de l’électricité (COMELEC) qui regroupe les entreprises du
secteur de l’électricité et qui s’intéresse principalement aux questions liées à la problématique
du développement de l’énergie électrique à l’échelle du Maghreb, en Afrique méridionale, les
compagnies nationales ont mis en place une entité puissante, la Southern African Power Pool
(SAPP), qui promeut les interconnexions régionales. De même, le Marché commun de
l'Afrique orientale et australe (COMESA) a adopté en 2006 l’Eastern Africa Power Pool
(EAPP) avec pour ambition le renforcement de l’interconnexion énergétique dans la région
COMESA et le reste de l’Afrique. Enfin, la Communauté Economique Des Etats d’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont
élaboré en 2006 un document10 définissant leur politique régionale d’accès à l’énergie. Devant
la situation critique du secteur de l’électricité dans cette région de l’Ouest de l’Afrique qui
dispose pourtant d’importantes ressources hydroélectriques et gazières (notamment au
Nigeria), mais avec un faible niveau de performance (faible taux d’électrification, faible
consommation par habitat, faible disponibilité des installations, haut niveau de perte,
tarification élevée, etc.) et des difficultés à lever des fonds pour investir dans les moyens de
production et de transport, la CEDEAO a créé en novembre 1999 le West African Power Pool
(WAPP) puis le West African Gas Pipeline (WAGP). Ces deux structures ont pour objectifs
principaux de faciliter le développement des interconnexions, des échanges, de l’utilisation du
gaz (notamment torché) et de promouvoir les investissements privés dans les moyens de
production, d’harmoniser les législations du secteur énergétique et créer un marché ouvert
pour l’électricité.

Ces coopérations énergétiques et expériences d’intégration sont nécessaires pour renforcer


l’attrait du continent. En effet, les principaux freins au développement de projets énergétiques
sont l’étroitesse des marchés de l’énergie et de trop faibles échanges transfrontaliers
nécessaires pour rentabiliser l’installation des capacités importantes à partir desquelles la
plupart des technologies deviennent rentables.

Mais par comparaison avec les autres ensembles sous-régionaux, l’Afrique Centrale au sein
de laquelle le Cameroun a un rôle leader, demeure le « maillon faible ». La Communauté
Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), créée en 1983 et dont les activités ont
été relancées en 1999, a pour objectif ultime d’établir un marché commun des Etats de
l’Afrique Centrale. Le Pool Energétique de l’Afrique Centrale (PEAC) a été créé en son sein
en avril 2003, et dont le rôle est de contribuer à l’établissement des conditions favorables à la
constitution d’un marché électrique répondant aux besoins d’alimentation en électricité des
populations et des industries par une interconnexion des réseaux nationaux. Ainsi, le PEAC se
doit d’être le moteur du développement économique de la région. Ses objectifs fixés par la
CEEAC sont entre autres : renforcer la politique de l’énergie au niveau régional, promouvoir
et développer le commerce des échanges d’électricité et services, accroître l’accès de
l’électricité aux populations pour réduire la pauvreté, améliorer la fiabilité et la qualité du
système d’électricité dans toute la région, et créer un marché régional d’électricité. La vision
du PEAC est aussi d’utiliser au maximum les énormes potentialités hydroélectriques estimées
10
Il s’agit du « livre blanc pour une politique régionale sur l’accès aux services énergétiques des populations
rurales et périurbaines pour l’atteinte des OMD », janvier 2006

12
à plus de 650 TWh/an (la moitié de tout le potentiel africain) pour satisfaire aux besoins
d’électricité de l’Afrique Centrale (IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c). A l’instar du WAPP
pour l’Afrique de l’Ouest et du SAPP pour l’Afrique Australe, le PEAC devrait faire évoluer
les réflexions et engager des études dans ce sens. Mais force est de constater que les
réalisations concrètes en matière d’intégration économique et notamment énergétique se font
toujours attendre.

Le Cameroun présente la particularité d’être « l’Afrique en miniature »

Pour promouvoir le Cameroun à l'étranger, les autorités camerounaises en charge du tourisme,


se fondant sur un certain nombre de ses caractères qu'on retrouve ailleurs en Afrique, lui ont
affublé le qualificatif d’« Afrique en miniature» (Fondja, 2007). Sur le plan énergétique en
tout cas, le Cameroun concentre la plupart des traits décrits précédemment et qui caractérisent
le continent tout entier.

Ainsi, nous nous proposons dans cette thèse d'identifier les contours et les conditions d'un
développement au Cameroun d’une offre en énergie électrique de telle sorte qu'elle s'inscrive
dans une optique de durabilité. Cette offre doit satisfaire une demande nationale et régionale
forcément croissante malgré les mesures d'efficacité et de respect de l'environnement dont on
ne pourra plus faire l'économie. La mise en place de ces actions de promotion énergétique doit
conduire à une réduction notable de la pauvreté par la fourniture d'emplois et l'amélioration du
bien-être des populations.

La première partie, qui s’intéresse à la situation actuelle, comprend uniquement le chapitre


premier consacré à la présentation générale du Cameroun. Nous y passons en revue les
caractéristiques géographiques, sociales et économiques du pays ainsi que leur impact sur le
secteur énergétique. Le Cameroun, à la différence de plusieurs autres pays d’Afrique, est
plutôt nanti en matières premières et ressources énergétiques. Même si sa production de
pétrole brut est en baisse et se situe aujourd’hui à six millions de tonnes par an, très loin
derrière des mastodontes comme le Nigeria ou l’Angola, le Cameroun reste parmi les plus
importants producteurs en Afrique subsaharienne. La rétrocession définitive au Cameroun par
le Nigeria, sous l'égide de l'ONU, le 14 août 2008, de la péninsule pétrolière de Bakassi
permettra indubitablement une augmentation substantielle des réserves et de la production
camerounaise de brut. Par ailleurs, grâce au relief et aux multiples cours d’eau qui parcourent
le pays, son potentiel hydroélectrique est considérable et constitue le deuxième plus important
d’Afrique après la République Démocratique du Congo. En outre, les caractéristiques du
climat favorisent, surtout au Sud, une exubérante végétation représentant un potentiel non
négligeable de matières ligneuses pouvant être valorisées en biomasse-énergie. Et enfin,
l’ensoleillement important au Nord permet d’envisager une exploitation du solaire
photovoltaïque principalement, afin de faire face au besoin d’électrification des populations
de ces régions.

La deuxième partie de la thèse s’intitule « Energie, économie et environnement : quels


liens ? » et dans le chapitre 2, nous analysons la relation entre la croissance économique et la
consommation d’énergie au Cameroun. Les résultats auxquels nous avons abouti comportent
nécessairement un biais dû à des difficultés de mesure exacte non seulement du niveau
d'activité économique, mais aussi du niveau des consommations énergétiques du pays. En
effet, l'existence d'un secteur informel très développé fait que la valeur marchande des biens
et services qui échappent aux circuits de la comptabilité n'est pas prise en considération lors

13
de ces relevés. Néanmoins, ces résultats présentent des ordres de grandeurs et donnent une
idée sur la nature de la liaison entre ces deux variables, à partir de laquelle nous pouvons faire
quelques suggestions en matière de politique économique et énergétique.

Dans le chapitre 3, nous essayons d’analyser les enjeux de l'électrification dans les pays en
développement. L'accès à l'électricité à un prix acceptable est une condition nécessaire au
développement du tissu économique et à l'amélioration du bien-être des populations. Au
Cameroun, alors que près de 50% de la population urbaine bénéficie de l'électricité, ce n'est le
cas que de 5% de la population rurale. La majorité de la population camerounaise ne pourra
avoir accès à l'électricité que dans un avenir très lointain si de stratégies novatrices ne sont pas
mises en œuvre. Toutefois, nous montrons qu'afin de favoriser les économies d'énergie, il est
impératif de ne pas subventionner la consommation et de laisser régner la vérité des prix.

Le chapitre 4 est consacré à l’étude du lien étroit entre l’énergie et l’environnement. Les
atteintes à l'environnement naturel, à la vie et à la santé humaines du système énergétique
actuel sont courantes. L'inhalation des fumées des feux de bois est responsable de graves
maladies respiratoires, qui seraient la quatrième cause de mortalité et responsables de 1.6
million de morts par an (Warwick and Doig, 2004). Les polluants issus de la combustion
industrielle et domestique des combustibles fossiles sont responsables d'une piètre qualité de
l'air dans les villes et des pluies acides très dommageables pour les forêts. Le secteur énergie
contribue également pour 80% à l'émission des gaz à effets de serre responsables des
changements climatiques.

Dans la troisième partie qui interroge les stratégies permettant de développer de façon durable
le secteur électrique au Cameroun, nous examinons dans le chapitre 5 les possibilités de
diversification des sources de production et les avantages qu'elle procure en termes de sécurité
d'approvisionnement, de respect de l'environnement et d'offre appropriée pour la satisfaction
des besoins énergétiques dans certaines régions du pays. Le Cameroun dispose des conditions
hydrologiques favorables à l'hydroélectricité ; une abondance de forêts couvrant les trois
quarts du territoire, dont l'exploitation occasionne des résidus non négligeables ; un
ensoleillement considérable, tant dans les zones humides que, surtout, dans la zone sahélienne
du Nord. Tous ces éléments font de ce pays un important gisement d'énergie renouvelable
actuellement largement sous-exploité pour la production d'électricité.

Dans le chapitre 6, nous revenons sur les atouts de l'hydroélectricité et sa convenance avec le
pays compte tenu de ses dotations. Près de 70% de l'électricité produite au Cameroun est
d'origine hydraulique. L'avantage d'une telle méthode de production d'énergie est de pouvoir
maîtriser la quantité d'électricité produite en modulant le débit de la chute d'eau artificielle et
de disposer d'une source d'énergie renouvelable, l'eau. L'hydroélectricité, outre son caractère
propre, a aussi l'avantage d'être relativement moins coûteuse que la thermoélectricité, surtout
dans un contexte de renchérissement du prix des combustibles fossiles.

Enfin, dans le chapitre 7, nous nous penchons sur la régulation de l’industrie électrique. Suite
à la réforme du secteur en 1998, la gestion de l'électricité au Cameroun fait intervenir
notamment deux structures étatiques : l'Agence de Régulation du Secteur de l'Electricité
(ARSEL) et l'Agence d'Electrification Rurale (AER) dont l'efficacité n'est pas toujours
incontestée. En effet, le pays reste confronté à un problème de financement et de régulation
des réseaux, et à un choix entre ressources centralisées et décentralisées.

14
Première partie – Situation actuelle du
secteur énergétique camerounais

15
Chapitre 1 – Présentation générale et
caractéristiques énergétiques du Cameroun

Introduction du chapitre
Dans ce chapitre introductif, nous nous attelons à présenter de façon générale le Cameroun
sous plusieurs de ses aspects. Ainsi, dans la première section, nous nous intéressons aux
caractéristiques physiques, économiques et socio-politiques du pays. Il est important de cerner
les caractéristiques physiques, et notamment géographiques du pays car elles déterminent le
potentiel du pays en termes de ressources naturelles. Ensuite, une revue de la situation
économique apporte un éclairage sur les marges de manœuvre dont disposent les autorités
pour transformer les dotations naturelles en ressources utilisables par les populations. Enfin,
la connaissance de la démographie et du contexte socio-politique qui règne au pays peut aussi
aider à comprendre les habitudes énergétiques des ménages.

Dans la section 2 qui s’intéresse plus précisément aux caractéristiques énergétiques du


Cameroun, les problématiques étant différentes nous avons cru opportun d’examiner
séparément les secteurs de l’électricité, du pétrole et de la biomasse. En effet, compte tenu de
leur importance dans le bilan énergétique national, la problématique énergétique du pays se
résume à un dosage adéquat de ces diverses formes d’énergie. Le gaz naturel n’a pour
l’instant qu’un rôle marginal dans ce bilan, mais il est amené à prendre de plus en plus
d’importance dans les prochaines années. Quelles sont les institutions intervenant dans ces
secteurs ? Quels sont les problèmes auxquels sont confrontés les différents opérateurs et
quelles perspectives peut-on envisager ? Telles sont les interrogations qui guideront les
paragraphes de cette section.

16
SECTION I – PRESENTATION GENERALE DU CAMEROUN

Encadré 1.1 : Le Cameroun en quelques chiffres

- Superficie : 475 442 km2


- Population (2010) : 19 406 100 hab.
- Population urbaine (2008) : 56,85 %
- Population féminine (2008) : 50.00 %
- Densité (2008) : 40 hab./km2

- Principales villes (2007) : Yaoundé (capitale politique) : 1 200 000 hab.


Douala (capitale économique): 1 900 000 hab.
- Villes de plus de 300 000 hab. : Garoua, Maroua, Bafoussam, Bamenda
- Taux de croissance démographique (période 2000-2005 et 2005-2010) : 2,3 %

- PIB réel par habitant (2008) : 681,9 $ USA (taux de change de 2000)
- PIB en PPA (2008) : 44,167 milliards de $ USA
- PIB par habitant en PPA (2008) : 2 334 $ USA
- Taux de croissance du PIB en volume (moyenne annuelle sur 2000 - 2008) : 3,7 %

- Taux d’inflation (2008) : 2,56 %


- Taux de chômage (2007) : 5,4 % (Taux de sous-emploi : 69 %)
- Espérance de vie (2008) : 51,1 ans
- Taux d’analphabétisme (2007) : 21,2 %
- Taux net de scolarisation dans le primaire (Unesco 2006 – 2007) : 76,2 %

- Nombre de personnes atteintes du VIH/Sida (taux de prévalence chez l’adulte) en


2007 : 540 000 (5,1 %)
- Indice de Développement Humain (2006) : 0,514
- Indice de perception de la corruption (rang du pays sur 180) en 2009 : 2,2 (146)

- Exportations de biens et de services en 2008 (en pourcentage du PIB) : 33,4 %


-Source : Ecam-III
Importations (2007),
de biens BAfD/OCDE
et de services en (2009a),
2008 (en BAfD/OCDE (2008),
pourcentage du PIB) :FMI
33,3(2009)
%
- Balance commerciale (en pourcentage du PIB) : 3,9 %

- Les trois principaux produits (part dans les exportations totales) en 2007 :
Huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux, brut (52,7 %)
Bois sciés ou désossés, d’une épaisseur supérieure à 6 mm (9,1 %)
Fèves de cacao, entier, brut ou torréfié (6,1 %)

Dette extérieure totale fin d’année 2007 : 1, 132 milliards de $ USA


Dette extérieure totale en 2007 (en pourcentage du PIB) : 5,5 %
Service de la dette en 2007 (pourcentage des exportations de biens et services) : 10,7 %

17
I.1 – Caractéristiques géographiques et démographiques

Figure 1.1 – Carte de localisation du Cameroun

18
I.1.1 – LOCALISATION DU CAMEROUN

Comme le montre l’encadré à gauche, en dessous de la légende, sur la carte de localisation


(Figure 1.1), le Cameroun est situé en Afrique centrale au fond du golfe de Guinée. Il a la
forme d’un triangle et s’étire entre les 2e et 13e degrés de latitude Nord et les 9e et 16e degrés
de longitude Est. Le pays s’étend sur une superficie de 475 442 km2, et s’allonge du Sud au
Nord sur près de 1250 km tandis que la base s’étale d’Ouest en Est sur 860 km. Il possède au
Sud-Ouest une frontière maritime de 380 km le long de l’océan Atlantique. Il est limité à
l’Ouest par la République Fédérale du Nigeria ; au Sud par le Congo, le Gabon et la Guinée
Équatoriale ; à l’Est par la République Centrafricaine ; et au Nord-Est par le Tchad. Enfin, au
sommet du triangle, au Nord, il est coiffé par le Lac Tchad.

I.1.2 – LE RELIEF DU CAMEROUN

Le relief du Cameroun est très contrasté. Il est constitué de manière très inégale de hautes
terres : hauts plateaux et massifs montagneux formant une dorsale dont les altitudes varient de
1000 à 4000 m environ et qui coupent le pays en deux. Au Nord, de basses terres et au Sud un
vaste plateau qui se termine sur le littoral océanique par des plaines côtières. Environ 63% de
la surface du pays se situent au-dessus de 600 m d’altitude et 20% au-dessus de 1000 m. Les
principaux sommets sont surtout des massifs volcaniques comme le Mont Cameroun (4095
m), le Mont Oku (3008 m), les Monts Bamboutos (2740 m), Le Mont Tchabal Mbabo (2460
m) et le Mont Manengouba (2396 m). Le plateau de l’Adamaoua, qui s’étend entre le 6 e et le
8e parallèle, est situé presque au centre du pays et culmine à près de 1100 m. Ce plateau
constitue un véritable « château d’eau » pour le Cameroun car les principaux fleuves y
prennent naissance, et se jettent un peu plus loin dans quatre bassins essentiellement : le
bassin de l’Atlantique (qui reçoit la Sanaga, le plus long fleuve du Cameroun avec 920 km,
mais aussi le Nyong, le Ntem, le Moungo et le Wouri), le bassin du Niger (qui accueille le
fleuve Bénoué ou ce qu’il en reste pendant la saison sèche), le bassin du Lac Tchad ( où se
perd le Logone) et le bassin du Congo (où se jette la Sangha).

I.1.3 – LE CLIMAT DU CAMEROUN

Le climat du Cameroun est aussi caractérisé par une grande diversité très fortement liée à la
mer, au relief et à l’extension du territoire en latitude. En traversant le pays du Sud au Nord,
on passe du climat équatorial dit « camerounien » (ayant quatre saisons, dont deux sèches et
deux saisons pluvieuses) au climat tropical (réparti en une saison sèche et une saison des
pluies). En fait, le pays se subdivise en trois grandes zones climatiques : la zone équatoriale
humide située entre le 2e et le 6e degré de latitude Nord. Cette zone se caractérise par des
précipitations abondantes, en moyenne 2000 mm de pluies par an, mais la station de
Dibundsha sur le Mont Cameroun avec ses 9895 mm de précipitations moyennes par an
apparaît comme l’un des endroits les plus arrosés du monde. La température moyenne se
situant autour de 25°C. Du 7e au 10e degré de latitude Nord, s’étend la zone soudanaise,
caractérisée par des précipitations annuelles moyennes de 1000 mm. Ici, la saison sèche dure
entre 5 et 6 mois, et la température moyenne annuelle est de 27°C. Enfin, au-delà du 10e de
latitude Nord, c’est la zone soudano-sahélienne. Elle est caractérisée par de faibles
précipitations dont la moyenne annuelle est de 700 mm, la température moyenne annuelle
étant de 29°C.

19
I.1.4 – LA VEGETATION DU CAMEROUN

Il y a également une très forte interférence entre la végétation camerounaise d’une part, et
d’autre part le climat et le relief du pays. Du Nord au Sud, les populations vivent dans des
milieux très divers et leurs modes et conditions de vie sont adaptés à ces différents
environnements. Globalement, le Sud est le domaine de la forêt dense et humide et le Nord,
celui de la savane humide et sèche. Le pays est donc dans une situation privilégiée en Afrique
du point de vue des ressources forestières valorisables en énergie. D’après les estimations du
Ministère de l’Economie et des Finances de 1992, la forêt couvrait 55% du territoire national,
soit une superficie de 26 millions d’hectares. Cette surface était répartie de la manière
suivante : 67.3% de forêt dense, 17.3% de forêt dégradée et 15.4% de forêt savane.
L’évaluation des ressources forestières nationales conduite entre 2003 et 2004 par la FAO et
le Ministère des Forêts et de la Faune indique que les forêts ne couvrent plus que 21,2
millions d’hectares, soit 45 % du pays. Les forêts denses humides sempervirentes comptant
pour près de 54% de la forêt totale, le reste étant composé principalement de savane arborée.
Au cours de l’inventaire, ce sont 573 essences d’arbres qui ont été recensées, ce qui illustre la
forte richesse des forêts et des zones hors forêt du Cameroun (MINFOF et FAO, 2005).
Toutefois, à cause principalement d’une exploitation industrielle de bois d’œuvre mal
contrôlée et de l’agriculture sur brûlis, les forêts camerounaises se réduisent à un rythme
supérieur à 100 000 ha/an (Nkue et Njomo, 2009).

Ainsi, la partie Sud du pays, située dans les zones maritime et équatoriale et regroupant grosso
modo cinq des dix régions du pays (Est, Centre, Littoral, Sud et Sud-Ouest), est
essentiellement forestière. Elle se caractérise par une végétation dense, un immense réseau
hydrographique et un climat chaud et humide aux précipitations abondantes. Cette zone, assez
peuplée possède un bon potentiel agricole en raison de son climat et de ses sols favorables.
C’est le domaine des grandes plantations industrielles (de cacao, café, palmier à huile,
banane, canne à sucre, hévéa, tabac,…), des cultures vivrières (tubercules, maniocs, macabos,
maïs,..) et des cultures maraîchères. Les deux plus grandes villes du pays que sont Douala11 et
Yaoundé12 se trouvent dans cette région, qui abrite d’autres centres urbains non moins
importants à l’instar d’Edéa (caractérisé par son industrie lourde et sa centrale
hydroélectrique), Limbé (siège de l’industrie pétrolière) et Kribi (terminal du pipeline13
Tchad-Cameroun)

La partie Ouest du Cameroun, regroupant les deux régions de l’Ouest et du Nord-ouest, est
une région de hautes terres, de forêts et de savanes d’altitude caractérisée par un climat
équatorial montagnard à pluviométrie importante. Cette zone de hauts plateaux, riche en terres
volcaniques est favorable à l’agriculture (café, cultures maraîchères...). La végétation y est
moins dense que dans le Sud forestier et le climat frais qui y règne est favorable aux affaires.
De plus, la forte densité de peuplement par rapport à la moyenne nationale en fait une des
premières zones d’émigration. Les principales villes sont Bafoussam, Bamenda et la ville
universitaire de Dschang.

11
Douala, capitale économique, ville la plus peuplée et principal port, est considéré comme le poumon
économique du pays en raison de ses activités commerciales et industrielles.
12
Yaoundé, capitale administrative, est le siège des institutions du Cameroun.
13
Le Tchad ne disposant pas de littoral, ce pipeline mis en service le 15 juillet 2003, permettra pendant 25 ans
d’acheminer le brut tchadien jusqu’au terminal off-shore de Kribi, au sud de la côte camerounaise. D’un coût de
3,7 milliards de $, c’est le plus grand projet de ce type jamais réalisé en Afrique sub-saharienne. Cette
exploitation devrait rapporter en tout 2 milliards de $ au Tchad et 500 millions de $ au Cameroun.

20
La partie Nord du pays, qui regroupe les trois régions de l’Adamaoua, du Nord et de
l’Extrême-Nord est une zone de savanes et de steppes. En dehors du plateau de l’Adamaoua
où le climat est plus tempéré, la partie restante de ce territoire est caractérisée par un climat
tropical chaud et sec aux précipitations de plus en plus limitées au fur et à mesure que l’on se
rapproche du lac Tchad. La culture, l’élevage et la pêche sont les principales activités des
populations. La région est propice à l’élevage du bovin et à la culture du coton, du riz, des
haricots, de l’oignon, du mil, de la pomme de terre, de l’igname blanche et des arachides.

I.2 – Le Cameroun : une « Afrique en miniature »

Le réseau hydrographique du Cameroun est important et est constitué des fleuves Sanaga,
Wouri, Bénoué, Logone, Moungo, Nyong, Ntem, Dja, … En dehors donc de son voisinage
avec l’océan Atlantique, le pays compte de nombreux cours d’eau pas toujours navigables et
dispose de cinq importantes retenues d’eau artificielles constituant une superficie globale
d’environ 2600 km2 et qui servent à la pêche, aux cultures irriguées et surtout à la production
de l’énergie hydroélectrique.

En raison de la diversification de son milieu naturel, on dit souvent que le Cameroun est une
«Afrique en miniature». En effet, les différents types d’écosystèmes naturels qui contribuent à
la diversité du pays sont finalement caractéristiques de l’Afrique toute entière.

Le pays pourrait aussi mériter ce qualificatif du fait de la composition des populations qui le
constituent et de leurs différents parlers. Suite aux occupations 14 française et anglaise, le pays
se réclame aujourd’hui bilingue. Les deux langues officielles sont l’anglais, pratiqué dans la
zone anglophone qui regroupe les régions du Sud-ouest et du Nord-ouest, et le français qui a
une suprématie indéniable. Ces deux langues européennes cohabitent tant bien que mal avec
plus de 250 langues autochtones ou dialectes. En réalité, avec sa mosaïque de langues locales,
le Cameroun baigne plutôt dans un plurilinguisme total.

Le Cameroun connaît une croissance démographique rapide, de l’ordre de 2,3% en moyenne


et compte aujourd’hui plus de 19 millions d’habitants répartis inégalement par régions et par
villes. La région de l’Ouest est la région la plus densément peuplée alors que celle de l’Est est
la moins peuplée par km2. L’urbanisation du pays est également croissante et se situait en
2008 à un taux de 56,85%. Elle est amplifiée par l’exode de la population active vers les
métropoles de Douala et Yaoundé qui regroupent près de 40% de la population urbaine et
17% de la population totale du pays. Toutefois, même si les principales migrations partent des
campagnes vers les grandes villes et sont davantage alimentées par les jeunes en quête
d’instruction et d’emploi, ces mouvements migratoires devraient être contenus à moyen ou à
long terme. En effet, la « rationalisation » du service public caractérisée par, le ralentissement
des recrutements et l’augmentation des licenciements engagés dans la période 1990-2000 sous
la pression des bailleurs de fonds internationaux, favorise plutôt les migrations retour des
populations vers les campagnes. De même la présente crise économique participe au

14
Le Cameroun a été découvert par les Portugais en 1472 et colonisé d’abord par l’Allemagne en 1884, puis mis
sous tutelle de la France et de la Grande Bretagne après la première guerre mondiale. Le pays accède à
l’indépendance le 1er janvier 1960 pour le Cameroun français et le 1er octobre 1961 pour le Cameroun anglais. A
cette dernière date, le Cameroun devient un Etat fédéral. Le 20 mai 1972, à la suite d’un référendum, la
Fédération cède la place à l’État unitaire et en 1983, la République Unie du Cameroun devient République du
Cameroun.

21
fléchissement de l’exode rural. La campagne étant encore l’un des rares endroits où l’on ne
peut manquer du minimum vital.

Dans la Communication Nationale Initiale15 (CNI) du Cameroun suite à sa ratification en


1994 de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques
(CCNUCC), il est noté que ce retour des populations citadines vers les zones rurales aura une
incidence sur l’environnement. En effet, pour vivre, ces nouveaux venus auront besoin de
créer de nouvelles exploitations agricoles et participeront dès lors à la déforestation. Mais,
indiquent cyniquement des experts nationaux, ces pressions sur le couvert végétal seront
atténuées au fur et mesure que les prix des produits agricoles continueront à chuter sur le
marché mondial.

L’évolution démographique dans les villes du Cameroun est aussi largement influencée par la
croissance naturelle. Si la perspective de croissance économique actuelle se maintient, le taux
de croissance naturelle dans les villes devrait augmenter à long terme, dans un contexte où
avec la crise économique persistante, on a assisté de plus en plus à la limitation des naissances
surtout dans les foyers à revenus moyens.

Les opportunités de création d’activités marchandes constituent aussi un facteur potentiel de


croissance démographique. En effet, plusieurs activités auparavant gérées par l’Etat sont de
plus en plus prises en main par le privé. Ce sont : l’aménagement foncier, les constructions,
les cabinets d’études ou de consultation, les télécommunications, l’eau, l’électricité…Bref, la
politique de désengagement de l’Etat du secteur productif devrait se traduire dans le long
terme par le développement de nouvelles entreprises, pourvoyeuses d’emplois de proximité.

Du point de vue des croyances religieuses, le Cameroun en tant que pays laïc est encore
représentatif de l’Afrique. Le christianisme au Sud et l’islam au Nord du pays font assez bon
ménage avec les religions traditionnelles.

I.3 – Bref aperçu de l’économie du Cameroun

Figure 1.2: Ventilation sectorielle du PIB en 2007 (en pourcentage)

Source : BAfD/OCDE, 2009b

15
Communication Nationale Initiale du Cameroun, Etudes sectorielles réalisés par des consultants nationaux
sous la supervision du Chef de la Division des Programmes et du Développement Durable (DPDD) du Ministère
de l’Environnement et des Forêts (MINEF), 1997, p.21.

22
I.3.1 - L’AGRICULTURE FIGURE PARMI LES SECTEURS PLUS DYNAMIQUES

Comme dans la plupart des pays en développement, l’agriculture est le fer de lance de
l’économie camerounaise. Elle emploie près des deux tiers des actifs, contribue à la
réalisation du cinquième du PIB national et participe à près de 40% des recettes d’exportation.
Les principaux produits destinés à l’export sont le cacao, le café, la banane, le coton, le
caoutchouc et l’huile de palme. Ainsi les cultures de rente sont prépondérantes dans les
exportations du pays, mais la chute de leurs cours au milieu des années 1980 a entraîné le
développement des productions vivrières exportées dans toute la sous-région, voire même au-
delà, et jugées plus rémunératrices par les producteurs. L’agriculture camerounaise est
aujourd’hui l’une des plus riches d’Afrique centrale et d’une manière générale, le pays est
autosuffisant. Toutefois, les habitudes alimentaires des populations ne favorisent pas toujours
une alimentation quotidienne équilibrée. Le pays affiche ainsi une forte dépendance vis-à-vis
de l’extérieur notamment pour les poissons et fruits de mer, les céréales, qui représentent une
part importante de l’alimentation des Camerounais. Il convient aussi de signaler que le grand
Nord du pays est souvent confronté aux pénuries alimentaires suite à l’effet conjugué des
sécheresses prolongées, des inondations et de l’invasion des acridiens. En effet, des essaims
gigantesques de criquets pèlerins venant d’Afrique du Nord, s’abattent souvent sur la région
et dévorent toute la végétation sur leur passage.

I.3.2 - LES EXPORTATIONS SONT ASSEZ DIVERSIFIEES, ALIMENTEES PRINCIPALEMENT PAR LE


SECTEUR PRIMAIRE

Le Cameroun dispose d’un secteur exportateur relativement fort diversifié. En 2007, les trois
principaux produits d’exportations étaient : les huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux,
brut (52,7 %) ; les bois sciés ou désossés longitudinalement, tranchés ou déroulés, rabotés ou
non, poncés ou collés par assemblage en bout, d’une épaisseur supérieure à 6 mm (9,1 %) ; les
fèves de cacao, entiers ou brisés, bruts ou torréfiés (6,1 %) (BAfD/OCDE, 2009a).

En 2008, le secteur primaire représentait environ 23% du PIB et enregistrait un taux de


croissance de 3,6% contre 5,9% en 2007 (BAfD/OCDE, 2009b). Les programmes mis en
place par le Gouvernement et financés, notamment par les fonds issus de l’initiative pour les
Pays pauvres très endettés (PPTE) devraient permettre d’accroître et de diversifier les
productions vivrières. La signature en janvier 2009 de l’accord de partenariat économique
(APE) intérimaire entre le Cameroun et l’Union européenne (UE), premier partenaire
commercial avec plus de 50% des échanges hors pétrole, devrait relancer la production des
cultures de rente. Ainsi, la suppression dès janvier 2008 des quotas d’importation de bananes
dans l’Union européenne devrait contribuer à augmenter sa production. De même la
production industrielle d’huile de palme connaît un accroissement grâce à la mise en
exploitation progressive de nouvelles plantations agro-industrielles, essentiellement pour
produire des biocarburants. L’intensification de l’exploitation de nouvelles essences devrait
par ailleurs contribuer à soutenir la production sylvicole, malgré la crise dans les pays
importateurs et son impact sur certains marchés comme celui de l’immobilier. En 2008, le
secteur forestier représentait 20% des recettes d’exportations, occupant ainsi le deuxième rang
après le pétrole.

L’économie du Cameroun est également soutenue par l’élevage de quelques 5.6 millions de
bovins, 7 millions de petits ruminants, 1.2 million de porcins et 33 millions de volailles. Au
Cameroun, la pêche est organisée autour de quatre branches : la pêche industrielle, la pêche

23
artisanale maritime, la pêche continentale et l’aquaculture. Toutefois, la production nationale
s’avère insuffisante pour satisfaire les besoins annuels, d’où une importation annuelle de plus
de 150 000 tonnes de poissons.

I.3.3 – LE SECTEUR SECONDAIRE STAGNE ALORS QUE LE SECTEUR DES SERVICES EST PORTE PAR
LA TELEPHONIE MOBILE ET LES TRANSPORTS

Le secteur secondaire, qui comptait pour 29% du PIB en 2008, connaît une évolution assez
stable. L’exploitation du pétrole, bien qu’en déclin, demeure avec les cultures de rente et le
bois un secteur clé de l’économie camerounaise. Le déclin naturel de la production serait
d’environ 20% par an, mais des investissements importants permettent de repousser au fil des
ans la date d’épuisement (prévue pour 2017) des gisements en procédant à un « jardinage »
des zones déjà forées (BAfD/OCDE, 2006). Ce secteur est essentiellement soutenu par les
hydrocarbures. Il n’en reste pas moins que le pays doit compter avec un épuisement structurel
des ressources pétrolières. Les perspectives se situent bien davantage dans les métaux et le
gaz. L’exploitation du nickel, du manganèse et du cobalt devait commencer en 2010. Les
réserves sont estimées à 54.7 millions de tonnes dans un massif de 300 km2 et la production
annuelle devrait se situer autour de 5 000 tonnes pour le manganèse, 4 000 tonnes pour le
cobalt et 3 000 tonnes pour le nickel. L’exploitation du gisement de fer de Mbalam, dont les
réserves sont estimées à 2.4 milliards de tonnes débuterait en 2012. Les réserves prouvées de
bauxite sont évaluées à 1.2 milliard de tonnes de qualité supérieure et la phase d’exploitation
est prévue en 2013. L’unique cimenterie en activité (Cimencam) n’arrive pas à satisfaire la
demande locale et sous-régionale stimulée par la relance de l’immobilier résidentiel et la
réalisation des projets dans le BTP, grâce notamment aux ressources tirées des allégements de
dette.

Ce secteur bénéficie néanmoins d’une bonne tenue des industries agro-alimentaires et d’une
meilleure disponibilité de l’électricité. La société Alucam, dont la production d’aluminium
était contrainte par un approvisionnement insuffisant en électricité devrait bénéficier de
l’amélioration de la situation en matière de production électrique. En effet, la mise en œuvre
du programme d’investissement de 434.6 milliards de francs CFA (662.5 millions d’euros)
sur la période 2005-2009 par la société nationale d’électricité AES-Sonel a permis une
croissance régulière de la production d’électricité. C’est ainsi qu’au cours des quatre dernières
années, la puissance totale installée a connu une augmentation nette de 25%. De 764 MW,
l’on est passé à 1 022 MW. De manière plus structurelle, le secteur manufacturier
camerounais, bien que reposant sur un secteur privé local dynamique, a longtemps été
confronté à de nombreuses difficultés. D’une part, la fourniture d’électricité est coûteuse et
insuffisante. D’autre part, le secteur a souffert de l’accumulation par l’Etat d’arriérés de
paiements. Enfin, les industriels locaux doivent faire face à une concurrence asiatique très
agressive, à l’incapacité des autorités à lutter efficacement contre la contrebande et, donc, à
une concurrence déloyale du secteur informel. Les sociétés locales, opérant dans des secteurs
aussi divers que l’agro-alimentaire (Sosucam), le textile (Cicam), les plastiques (Plasticam), le
tabac et les piles (Pilcam), se retrouvent en très grande difficulté.

Le secteur tertiaire (48% du PIB en 2008, en augmentation de 6.5% contre 5% en 2007), est
tiré par les services non marchands des administrations grâce à la contractualisation des
agents temporaires et aux recrutements dans la fonction publique, mais aussi et surtout par les
activités des télécommunications en hausse de 29.5% en 2007. Cette progression est liée à la
modernisation en cours des infrastructures, à l’extension de la couverture géographique, au

24
déploiement progressif de la fibre optique, à la densification des réseaux mobile et fixe, à
l’amélioration de la qualité de service et à la commercialisation de produits plus attractifs.

Le Cameroun est un pays modeste en infrastructures de transport. La route constitue la voie


de communication la plus empruntée, devant les voies ferroviaire, aérienne et maritime. Elle a
une influence directe sur le développement, l’amélioration des conditions de vie des
populations et le désenclavement des zones rurales. Le taux annuel d’accroissement du parc
automobile au Cameroun est de l’ordre de 4%. Mais il convient de signaler qu’il s’agit en
grande majorité de véhicules d’occasion. Ainsi, près de 90% des véhicules qui entrent en
circulation au pays ont déjà servi et dans plusieurs cas, ne sont plus autorisés à rouler dans
leurs pays d’origine. Même si ce commerce de véhicules d’occasion constitue une activité
économique non négligeable, et dont nombre d’opérateurs économiques qui y sont impliqués
sont prêts à tout pour sauvegarder leur « business », on ne peut ne pas s’interroger sur le
devenir des carcasses de ces véhicules. Le rendement des moteurs se détériorant avec l’âge, le
vieillissement a une incidence sur la consommation de carburant. Finalement, l’état du réseau
routier camerounais, dont moins de 10% est bitumé, conjugué au parc automobile âgé, induit
des consommations élevées. Pour donc faire des économies d’énergie, l’Etat camerounais
serait bien inspiré de rendre les routes un peu plus praticables, mais aussi de limiter la
circulation des véhicules trop âgés.

Le réseau ferroviaire du Cameroun, long de 1016 km a été privatisé en 2000, mais n’a
jusqu’ici pas encore connu d’évolution significative. Pourtant, il est le plus adapté pour
désengorger le réseau routier. En effet, le transport par exemple des grumes de bois sur des
axes routiers en très mauvais état, pose de réels problèmes de sécurité pour les autres usagers
de la route. Le transport ferroviaire voit son trafic voyageur augmenter suite à l’amélioration
des horaires de train et à la lutte contre la fraude. En revanche, le trafic marchandises diminue
en raison de la baisse du transport des produits phares acheminés par les Chemins de fer
camerounais (Camrail) notamment les produits ligneux et le coton dont la production se
réduit.

En ce qui concerne, le transport aérien, le pays compte douze aéroports dont cinq seulement
permettent un trafic régulier. En dehors de la compagnie aérienne nationale Cameroon
Airlines Corporation (Camair Co), plusieurs autres compagnies contribuent à l’accroissement
de la fréquence des vols internationaux et domestiques. Ce sont : Air France, Ethiopian
Airlines, Kenya Airways, Royal Air Maroc, SN Brussels Airlines, Swiss, Virgin Nigeria,…

Pour ce qui est du trafic maritime, le Cameroun ouvert sur l’océan Atlantique sur environ 400
km, dispose de quatre ports autonomes. Ce sont d’abord le port d’estuaire de Douala situé sur
le fleuve Wouri, qui est de loin le plus important du pays (95% du trafic portuaire national) et
contribue énormément à la renommée et à la puissance de la ville. Il se positionne ainsi
comme le principal port d’Afrique centrale et dessert les pays limitrophes enclavés tels le
Tchad, la République centrafricaine et le nord du Congo. Ensuite, vient le port maritime de
Kribi sur l’océan Atlantique qui est amené dans l’avenir à jouer un grand rôle, étant donné
qu’il est aussi le terminal d’arrivée du pétrole tchadien provenant du bassin de Doba et dont
l’exploitation a commencé en juillet 2003 à raison de 225 000 barils par jour. Le port
maritime de Limbé abrite essentiellement des infrastructures de raffinage de Pétrole de la
Société nationale de raffinage (Sonara). L’installation programmée d’une cimenterie ainsi que
le projet de développement d’un port en eau profonde offrent de bonnes perspectives pour
cette place portuaire. Enfin, au nord du pays, le port fluvial de Garoua sur la Bénoué n’a
malheureusement qu’une activité saisonnière liée au débit de ce fleuve. Bien que timidement,

25
le tonnage global des marchandises transitant par la voie maritime augmente. Cette évolution
serait due à la hausse des exportations de bananes, de cacao et d’aluminium. La bonne tenue
des activités dans le secteur s’explique également par les investissements réalisés pour le
maintien du chenal d’accès au port de Douala à une profondeur suffisante afin de permettre
l’entrée de navires gros porteurs.

I.3.4 – LES POLITIQUES MACRO-ECONOMIQUES

Jusqu’en 1977, l’économie camerounaise croit à un rythme moyen de 4% avec une structure
stable par secteur : l’agriculture contribuant à 30% du PIB, contre 20% pour l’industrie et
50% pour le secteur tertiaire. Mais après cette date, suite à la mise en exploitation des
gisements pétroliers, la croissance du PIB fait un bond de 4% à 13%. Cette accélération due
aux industries extractives aura un effet important sur les autres secteurs : le rythme de
croissance triple dans l’agriculture et double dans les services. Toutefois, globalement, l’agro-
industrie ne suit pas cet envol de l’agriculture et le parc industriel vieilli, n’est pas renouvelé
afin de bénéficier lui aussi de cette dynamique (Nkutchet, 2004). La croissance de l’économie
camerounaise va malheureusement marquer un coup d’arrêt. En effet, à partir de 1985, sous
l’effet conjugué de la baisse des prix du pétrole brut, de la chute des cours des produits
agricoles et du renforcement du franc CFA diminuant la compétitivité à l’exportation, le PIB
s’effondre.

Le premier plan de réforme économique lancé par le Gouvernement en 1988, incluait une
nouvelle politique agricole (NPA). Les revenus pétroliers tout en améliorant les indicateurs
macro-économiques, avaient exacerbé certains problèmes structurels à travers la création
d’investissements difficilement rentables et par le développement d’un système productif axé
plus sur le capital que sur le travail (Communication Nationale Initiale du Cameroun, 1997).
Ce plan qui avait le soutien du FMI, de la Banque mondiale et de la Banque Africaine de
Développement (BAD) n’a commencé à avoir des résultats positifs qu’en 1996, année au cour
de laquelle, on a observé une croissance du PIB de 5%. Quelques résultats furent aussi
obtenus en matière de libéralisation de la commercialisation des produits agricoles, de la
privatisation et de la restructuration des activités de développement dans le secteur agricole,
de l’énergie et des services. Mais ce n’est qu’avec la baisse des salaires dans la Fonction
Publique en janvier 1993, soit une baisse globale de 70%, suivie de la dévaluation de 50%
(parité donnée au certain16) du franc CFA en janvier 1994, que les premières mesures
significatives ont été prises, accompagnées d’un nouveau programme macro-économique,
appuyé par un accord avec le FMI.

Après l’exécution satisfaisante entre 1997 et 2000 de ce premier programme économique et


financier, soutenu par une Facilité d’Ajustement Structurel Renforcée (FASR), les autorités
camerounaises ont conclu en décembre 2000 un second programme appuyé par une Facilité
pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (FCRP) mise en place par le FMI. Au début
du millénaire, le Cameroun a enregistré de bonnes performances macroéconomiques, ce qui
lui a permis d’être admis à l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés). Le point de
décision avait été franchi en octobre 2000. Et en avril 2003, avec la mise en œuvre des
programmes consignés dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), le
Cameroun montrait sa détermination à atteindre rapidement le point d’achèvement. A l'issue
16
Si on se fonde sur une cotation des taux de change à l’incertain (le taux de change donne la valeur de la devise
étrangère en monnaie nationale), cette dévaluation aura été de 100%. En effet, au lieu de 1 franc français (FF)
pour 50 francs CFA, désormais 1FF était vendu à 100 francs CFA, soit une appréciation de 100 %.

26
des conseils d'administration respectifs de la Banque mondiale et du FMI à Washington DC,
les 27 et 28 avril 2006, le Cameroun franchissait (enfin) le point d'achèvement de l'initiative
PPTE. Cette performance entraînait, entre autres, l'effacement de la dette extérieure du
Cameroun à hauteur de 1400 milliards de franc CFA (2,55 milliards de $ USA). Aujourd’hui,
le montant de la dette extérieure du Cameroun vis-à-vis de ses différents créanciers représente
environ 6% du PIB, soit quelque 1.5 milliard de $ USA (Voir figure 1.3).

Le stock de la dette publique est passé de 20.8% du PIB en 2007 à 12.2% en 2008. Cette
évolution s’explique par la forte baisse du stock de la dette extérieure, qui est passée de
3 652.1 milliards en 2005 à 882.4 milliards de francs CFA en 2008, en raison des allègements
de dette obtenus après l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE, d’une politique
d’endettement extérieur prudente et cohérente avec le cadre macro-économique ainsi que du
respect des échéances de la dette publique extérieure. Quant à la dette intérieure, elle est
passée de 14.2% du PIB en 2005 à 5.4% en 2008 suite, notamment, à la non accumulation de
nouvelle dette intérieure, au règlement à bonne date du service de la dette, et à l’utilisation des
ressources additionnelles issues de la bonne tenue des cours du pétrole17 sur le marché
international, qui ont servi à assurer des paiements largement supérieurs aux prévisions
(BAfD/OCDE, 2009b).

Figure 1.3: Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la
dette sur les exportations (en pourcentage)

Source : BAfD/OCDE, 2008

La Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) est chargée de la mise en œuvre de la
politique monétaire des six Etats de la Communauté économique et monétaire d’Afrique

17
Le pétrole brut est le premier produit d’exportation du Cameroun.

27
centrale (Cemac18), dont le Cameroun. Ses principaux critères de convergence portent sur la
stabilité du taux d’inflation, un solde budgétaire de base rapporté au PIB nominal positif ou
nul, un encours de la dette intérieure et extérieure rapporté au PIB inférieur à 70%, et la non
accumulation d’arriérés de paiement (BAfD/OCDE, 2008). Le franc CFA étant arrimé à
l’euro, cette politique monétaire dépend largement de celle menée dans la zone euro.

I.4 – La situation socio-politique

I.4.1 – L’ACTUALITE POLITIQUE EST MARQUEE PAR LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET


L’ABSENCE D’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE

La vie politique camerounaise tourne pratiquement autour du Président de la République, au


pouvoir depuis 1982, réélu en 2004, qui aura 78 ans en 2011 au terme de son deuxième
mandat, et qui pourrait théoriquement briguer un nouveau mandat jusqu’en 2018 après la
suppression en 2008 du verrou de la limitation du mandat présidentiel. Son parti, le
Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) contrôle 153 des 180 sièges du
parlement. Les 27 sièges restant étant répartis entre quelques partis d’opposition, dont le
Social Democratic Front (SDF) qui compte 16 députés et n’est solidement implanté que dans
les régions anglophones du pays. Ainsi, en l’absence d’une opposition forte et crédible, le
Cameroun ne connaît pas de véritable alternance démocratique, ce qui empêche un
renouvellement des équipes dirigeantes au plus haut niveau.

En outre, la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics demeure un


phénomène endémique, ce qui n’est d’ailleurs peut-être pas sans lien avec l’absence de
véritable alternance politique. La Commission nationale de lutte contre la corruption (Conac)
est devenue opérationnelle en 2007. La Cour des comptes a également été instaurée, pour
surveiller la gestion financière des administrations publiques. Les enquêtes menées par la
Cour des comptes et le ministère chargé du contrôle supérieur de l’Etat ont conduit à des
arrestations de plusieurs hauts responsables de l’Etat lors de la campagne d’assainissement
des mœurs publiques dénommée « Opération épervier ». Certains de ces responsables ont été
condamnés en 2007 à des peines allant de 10 à 50 ans de prison, et leurs biens ont été
confisqués. Pour d’autres, les procès sont en cours, mais les résultats de cette lutte restent
encore mitigés, ce qui laisse penser que l’opération épervier n’est rien d’autre qu’une
opération de règlement de compte. En effet, le pays continue de reculer dans le classement
suivant l’indice de perception de la corruption de Transparency International (TI). Il est ainsi
passé du 129ème au 146ème rang, entre 2004 et 2009, sur une liste de 180 pays.

Afin de promouvoir la transparence, le Cameroun a adhéré en 2005 à l’initiative de


transparence dans les industries extractives (EITI). Ainsi, le Gouvernement publie
régulièrement dans les journaux et sur plusieurs sites internet les rapports trimestriels
d’exécution du budget, les résultats trimestriels des opérations pétrolières de la Société
nationale des hydrocarbures (SNH) et les rapports sur les infractions à la législation et à la
réglementation forestières. Les cas d’infractions constatés ont notamment donné lieu à la

18
Outre le Cameroun, la Cemac regroupe le Gabon, le Congo, le Tchad, la Guinée Equatoriale et la République
Centrafricaine.

28
suspension de 27 opérateurs en 2008. Les compagnies pétrolières opérant au Cameroun sont
également tenues de déclarer leurs recettes et les volumes produits.

Ainsi, la recherche et le maintien de la qualité des équipes dirigeantes, en dépit des


vicissitudes de la vie politique et des calculs électoraux, et la capacité à lutter effectivement
contre la corruption constituent deux conditions fortes pour que les marges de manœuvre
issues de l’atteinte du point d’achèvement soient utilisées au mieux pour combattre la
pauvreté et accomplir de progrès significatifs dans la santé et l’éducation. Il s’agit là d’une
nécessité dans ce pays mosaïque que constitue le Cameroun, tant sur les plans ethnique,
religieux ou linguistique, et dont l’unité ne peut être tenue pour acquise.

I.4.2 – CONTEXTE SOCIAL : LES DEFIS EN TERME D’ACCES A LA SANTE, A L’EDUCATION ET DE


REDUCTION DE LA PAUVRETE DEMEURENT IMPORTANTS

L’indice de développement humain (IDH19) qui permet de mesurer le niveau de


développement des pays sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le
PIB ou le PIB par habitant, traduit les difficultés qu’il y a à assurer un mieux-être pour tous
les citoyens. Suivant le rapport sur le développement humain publié en 2009 par le PNUD, le
Cameroun est classé 153e au plan mondial. L’espérance de vie à la naissance en 2008 était de
51,1 ans et le taux d’analphabétisme de 21,2%. L’IDH du Cameroun s’est constamment
amélioré de 1975 à 1985, mais il a aussi continuellement baissé entre 1985 et 2001 suite à la
récession économique dans laquelle le pays a été plongé. En effet, du fait principalement, de
la diminution de la production pétrolière nationale, de la chute des prix des matières premières
sur le marché mondial, et en prime de la valorisation du franc CFA par rapport au dollar, le
pays va sombrer à partir de 1986 dans une crise économique aux conséquences sociales
parfois dévastatrices. Les programmes d’ajustement structurel signés en 1988 et 1989 avec le
FMI et la Banque mondiale n’y feront rien, de même la dévaluation en janvier 1994 de la
monnaie locale, le franc CFA, n’aura qu’une incidence limitée sur la situation économique.
La crise financière, puis économique mondiale qui a commencé en septembre 2008 ne viendra
que plomber une reprise encore très fragile.

L’impact de la crise financière et économique globale de 2008 aura quatre canaux pour les
pays en développement et le Cameroun en particulier : Le premier canal concerne les flux de
capitaux qui se sont raréfiés provoquant un arrêt ou un report du financement des
infrastructures et du secteur minier ; le deuxième canal de transmission de cette crise est celui
des transferts de fonds des travailleurs migrants qui se sont aussi contractés ; le troisième
canal concerne la question de l’aide étrangère où subsiste un mystère, car malgré les
déclarations rassurantes des bailleurs de fonds, au vu de l’écart entre les précédentes
promesses et la réalité20, on peut craindre une contraction des montants de l’aide.
Quatrièmement, et c’est peut-être le canal le plus important, la chute de prix des produits

19
L’IDH est un indicateur synthétique qui chiffre le niveau moyen atteint par chaque pays sous trois aspects
essentiels : (1) Longévité et santé, représentés par l’espérance de vie à la naissance ; (2) Instruction et accès au
savoir, représentés par le taux d’alphabétisation des adultes (pour deux tiers) et par le taux brut de scolarisation,
tous niveaux confondus (pour un tiers) ; (3) Possibilité de disposer d’un niveau de vie décent, représentée par le
PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat).
20
En effet, lors de leur réunion de Gleneagles en 2005, les membres du G8 avaient promis d’accroître et de
doubler leurs apports d’aide à l’horizon 2010. L’écart entre ces promesses et la réalité se situe autour de 20
milliards de dollars alors que la situation économique était bien meilleure en 2005 qu’aujourd’hui.

29
primaires et du pétrole en particulier, n’est pas forcément une bonne chose pour le Cameroun
qui peut être classé en Afrique dans la catégorie des pays exportateurs. Ces derniers ont subi
un choc négatif des termes de l’échange quand les prix du pétrole et des autres produits
primaires ont baissé en 2009.

Les objectifs du Millénaire pour le développement ne seront probablement pas atteints


en ce qui concerne la réduction de la pauvreté

La réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui supposait un


taux de croissance moyen de 7% sur la période 2000-2015, semble d’ores et déjà compromise.
L’objectif du Cameroun de réduire la pauvreté de moitié à l’horizon 2015 dans le cadre des
OMD consistait à faire passer le taux de pauvreté de 53,3% en 1996 à 25,2% en 2015. Ce pari
reste loin d’être atteint malgré la volonté affichée des autorités de placer les secteurs sociaux
au cœur de leur stratégie de lutte contre la pauvreté. En 2008, en matière de pauvreté, le
Cameroun se situait parmi les pays à revenu élevé par tête en Afrique sub-saharienne (17ème
rang sur 48 pays) avec 1 224 US dollars par habitant (World Economic Outlook Database,
IMF, october 2009). Ses performances en matière d’éducation et de santé sont également
meilleures que celles affichées en moyenne par les autres pays du sud du Sahara. Mais, le
Cameroun demeure un pays pauvre : l’enquête camerounaise auprès de ménages (Ecam-3) de
2007 indiquait que sur une population estimée à près de 17.9 millions d’habitants, 7.1
millions de personnes (40%) vivaient en dessous du seuil de pauvreté (fixé à 22 454 francs
CFA, environ 47 dollars, par adulte et par mois). Ainsi, en 2007, un travailleur gagnant juste
le SMIG21 de 28 440 francs CFA par mois, qui vit seul et qui ne bénéficie d’aucun revenu
additionnel en nature parvient à peine à satisfaire ses besoins essentiels. Dès qu’il doit
supporter une personne supplémentaire dans son ménage, il bascule dans la pauvreté.

Les autres indicateurs de la pauvreté confirment l’ampleur de ce phénomène. La profondeur


de la pauvreté qui mesure le gap entre la dépense moyenne de consommation par équivalent
adulte des ménages pauvres et le seuil de pauvreté est de 12,3%. Cette profondeur correspond
à une intensité de la pauvreté22 de près de 31%, soit un déficit de 83 000 francs CFA en
moyenne par personne pauvre. Ainsi, s’il fallait éradiquer la pauvreté en 2007, il aurait fallu
transférer aux pauvres environ 433 milliards de francs CFA (environ 900 millions de dollars)
par an (INS, 2008).

Toujours d’après l’Ecam-3, la pauvreté semble être plus fréquente dans les ménages dirigés
par les hommes que dans ceux dirigés par les femmes. Selon le niveau d’instruction, plus le
chef de ménage est instruit, moins souvent son ménage est pauvre. Ainsi, le taux de pauvreté
dans les ménages dont le chef n’a jamais été à l’école est 5,4 fois plus élevé que celui des
ménages dont le chef a le niveau du secondaire 2ème cycle. Sur le plan spatial, le phénomène
est prédominant en zone rurale ; et surtout dans les campagnes de la région de l’Est et des
trois régions du nord. En effet, plus de la moitié des individus sont pauvres en milieu rural
alors que seulement 12,2% sont pauvres dans les villes de 50 000 habitants ou plus. Toutefois,

21
Salaire minimum interprofessionnel garanti : Salaire minimum légal à payer à tout travailleur et servant de
base aux autres salaires. En 2009, il valait au Cameroun 28 500 francs CFA.
22
L’intensité de la pauvreté mesure l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le
seuil de pauvreté. Formellement, il est calculé de la manière suivante :
(Seuil de pauvreté – niveau de vie médian de la population pauvre) / Seuil de pauvreté
Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus pauvres est
très inférieur au seuil de pauvreté.

30
la pauvreté progresse en milieu urbain en raison d’un exode rural fort dans un contexte
d’inadéquation des équipements publics et d’une disponibilité de logements insuffisante. Le
recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1987 indiquait que 38% de la
population vivait en zone urbaine. En 2008, cette proportion était estimée à près de 57%.
L’accès des ménages à un service tel que l’électricité demeure également rare et inégal
suivant les régions. D’après la 3ème enquête démographique et de santé au Cameroun (EDSC-
III), rendue publique en juin 2005 et réalisée en 2004, 52.8% des ménages camerounais
n’avaient pas l’électricité, dont 84.5% en zone rurale. Ils étaient cependant 71% en 1991 et
59% en 1998.

Pour les populations, les principales causes de la pauvreté demeurent le manque des
opportunités d’emploi et de revenu23, l’insuffisance des infrastructures économiques de base
(notamment les routes), le faible accès aux facteurs de production (notamment la terre pour
les activités agropastorales), la corruption et la mauvaise gestion des ressources publiques. En
outre, certaines caractéristiques individuelles (telles que résider en milieu rural, avoir un
faible niveau d’instruction, exercer dans le secteur informel), ou de groupe comme par
exemple le nombre de personnes à charge dans un ménage, sont des facteurs aggravants de la
pauvreté (INS, 2007).

Des progrès notables mais encore insuffisants dans l’éducation et la santé

En matière d’éducation et de santé, les progrès à accomplir demeurent également très


importants, en particulier à la lumière des inégalités régionales que connaît le pays. La
demande d’éducation devrait rester très forte au cours des prochaines années compte tenu de
la jeunesse de la population : d’après l’EDSC-III, 44.6% de la population a, en effet, moins de
15 ans. Ceci devrait perdurer tant la fécondité féminine reste élevée. Le nombre d’enfants par
femme est en moyenne de 5 (comparé à 6.4 en 1978, 5.8 en 1991 et 5.2 en 1998). En matière
d’éducation, l’Ecam-2 indiquait un taux d’alphabétisation relativement élevé pour le continent
(68% en 2001) et en progression (47% en 1987). Le taux net de fréquentation scolaire indiqué
par l’EDSC-III est de 77.8% dans le primaire et de 32.8% dans le secondaire. Ces chiffres
dissimulent cependant d’importantes inégalités géographiques. Ainsi, si seuls 8.9% des
hommes n’ont aucune éducation en zone urbaine, ils sont 25.5% en zone rurale et 44.3% dans
l’Extrême-Nord du pays.

Si les performances du Cameroun en matière sanitaire et de santé sont plutôt correctes en zone
urbaine (au moins à la lumière des performances du continent en la matière), il n’en va pas de
même en zone rurale, ce qui tend à dégrader les indicateurs nationaux. Le paludisme et le sida
constituent deux causes importantes de mortalité au Cameroun. La prévalence du VIH/Sida
est estimée à 5.5% entre 15 et 49 ans d’après l’EDSC-III. D’autres maladies infectieuses et
parasitaires, notamment la tuberculose, les vers intestinaux et l’onchocercose font également
partie des principales causes de morbidité au pays. Toujours d’après l’EDSC-III, 47% des
ménages n’ont pas accès à de l’eau potable au Cameroun, dont 25% en zone urbaine et 70%
en zone rurale. Le tableau 1.1 suivant donne le pourcentage des ménages ayant accès aux
commodités.

23
D’après l’Ecam-3, la situation de l’emploi au Cameroun est caractérisée en 2007 par un taux de chômage de
5.4% de la population active. Le sous-emploi est estimé à 69% et le secteur informel emploie environ 92% des
actifs.

31
Tableau 1.1: Pourcentage des ménages ayant accès aux commodités 2001-2007
2001 2007
Urbain Rural National Urbain Rural National
Accès à l’eau potable 61.5 29.3 40.6 75.1 27.7 45.3
Eclairage électrique 88.2 24.6 46.8 90.4 23.4 48.2
Toilettes décentes 75.2 25.4 42.8 66.4 14.2 33.6
Ramassage des ordures 46.1 1.3 17 52.1 2 20.6
Murs en matériaux définitifs 69.8 63.2 65.5 79.1 68.6 72.5
Sols en matériaux définitifs 88.4 28.2 49.2 88.3 28.5 50.6
Toits en matériaux définitifs 99.5 66.3 77.9 99.3 64.6 77.5
Possession d’un téléphone mobile 19.9 1 7.6 81.4 23.4 44.9
Source : INS, 2008

A cinq années de l’échéance fixée par la communauté internationale pour la réalisation des
OMD, les rapports indiquent qu’aucun des pays d’Afrique subsaharienne n’est sur la voie
d’atteindre l’ensemble des objectifs d’ici 2015. En ce qui concerne le Cameroun, les objectifs
1 (Eradiquer l’extrême pauvreté), 2 (Assurer l’éducation primaire pour tous) et 7 (Assurer un
environnement durable) sont en bonne voie d’être atteints si les tendances perdurent. Les
progrès réalisés dans les objectifs 3 (Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des
femmes) et 4 (Réduire la mortalité infantile) sont insuffisants. On assiste même à une
détérioration des progrès dans les objectifs 5 (Améliorer la santé maternelle) et 6 (Combattre
le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies) où on observe un retournement de tendance
par rapport à la cible (BAfD/OCDE, 2009a). Dans ce contexte, les autorités tablent sur les
marges de manœuvre libérées par l’obtention du point d’achèvement pour relancer l’économie
et retrouver une légitimité sur le plan social. Pour cela, elles ont élaboré un Document de
Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) qui est le cadre de référence de l’action
gouvernementale pour la période 2010-2020. Si ce pari sur l’avenir semble être fondé d’un
point de vue économique, la problématique de la gouvernance pourrait en rendre difficile la
concrétisation. Les émeutes de la faim de février 2008, qui ont fait plusieurs dizaines de
victimes et des centaines d’arrestations, cristallisaient des revendications beaucoup plus
profondes en l’occurrence le ras-le-bol des populations envers des gestionnaires qu’elles
estiment incompétents, et souvent nommés sur des critères qui n’ont rien à voir avec le souci
d’efficacité et de gestion rigoureuse. De même, les violentes manifestations qui ont suivi les
nombreux délestages électriques dans plusieurs villes du Cameroun traduisent souvent
l’incompréhension des usagers de ne pas disposer suffisamment d’énergie dans un pays
potentiellement riche en ressources énergétiques.

SECTION II – CARACTERISTIQUES ENERGETIQUES DU CAMEROUN

Introduction

Les caractéristiques du relief, du climat et de la végétation du Cameroun constituent du point


de vue énergétique un atout indéniable. La forte densité du réseau hydrographique pourvoit le
pays d’un potentiel hydro-électrique important. De même, l’ensoleillement généreux au Nord
pourrait permettre d’envisager une valorisation de l’énergie solaire. De plus, la présence de la

32
forêt tropicale et d’une zone climatique humide, dote le pays d’un fort potentiel pour la
production du bois - énergie.

II.1 – Le bilan énergétique national

Le Cameroun a une situation contrastée en terme de potentialités énergétiques ; ce qui a pour


conséquence de le situer en dessous de la moyenne africaine en matière de production
énergétique. En effet, doté d’un important potentiel hydroélectrique (19.83 GW), la puissance
installée ne représente que 3,64% dudit potentiel (Nkutchet, 2004). Avec des réserves
modestes en pétrole brut (217,593 millions de barils en 200924), sa production annuelle
(26,680 millions de barils au cours de 200925) le situe certes parmi les premiers producteurs
africains, mais loin derrière des mastodontes comme l’Angola, le Nigeria, la Libye ou
l’Algérie. En outre, la production du pays baisse de façon tendancielle et a diminué de plus de
50% en 20 ans. En effet, elle a atteint le niveau record de 186 000 barils/jour en 1985 contre
73 000 barils/jour en 2009. Face à cette situation, des mesures incitatives visant la relance de
l’exploration/production ont été prises par l’Etat afin d’enrayer ce déclin avec pour objectif
affirmé d’obtenir le doublement des réserves disponibles dans un horizon de cinq ans
(Ngnikam, 2009).

Les réserves modestes en gaz naturel du Cameroun commencent à être exploitées. Elles
étaient évaluées à 110 milliards de m3 standard en 1982. Les évaluations de 2009 portent ces
chiffres à près de 570 milliards de m3 dont plus de 200 sont récupérables. Une infime partie
est utilisée pour la production de l’énergie électrique sur des plates-formes pétrolières et pour
maintenir la pression des gisements. La plus grande partie de ce gaz est produite par Total
E&P au rythme de 130 millions Standard Pied Cube par jour. A court terme, les projets de
développement des ressources gazières concernent l’approvisionnement de la centrale à gaz
de Kribi dans le sud du pays qui sera mise en service en décembre 2011, et qui apportera 216
MW supplémentaires au réseau électrique camerounais. Ensuite, le Cameroun devrait
rejoindre d’ici à 2015 le cercle restreint des exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL), qui
compte aujourd’hui 15 pays, dont 5 en Afrique (Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Libye et
Nigeria).

En 2008, l’approvisionnement en énergie primaire a continué d’être dominé par la biomasse


sous toutes ses formes (71.0%) suivi du pétrole brut (19.2%), la production de gaz naturel
(4.7%) se rapprochant de plus en plus de celle de l’hydroélectricité (5.2%). Ainsi, d’après la
figure 1.4, les biocombustibles solides (bois, charbon de bois, rémanents forestiers, résidus de
transformation de bois, résidus agricoles, résidus des industries agro-alimentaires,…)
occupent une place prépondérante dans la production d’énergie primaire au Cameroun. Si
l’utilisation de ces biocombustibles est parfaitement justifiée dans le sud du pays
essentiellement recouvert de forêt et dont l’exploitation occasionne des résidus non
négligeables, leur usage est plus problématique au nord en proie déjà à une déforestation,
suivi d’une aridification des sols ayant pour conséquence l’avancée du désert. La solution à ce
problème serait de favoriser la pénétration des sources d’énergie modernes, en l’occurrence
l’hydroélectricité.

24
D’après l’APPA, l’Association des Producteurs de Pétrole Africains
25
D’après les statistiques 2009 de la SNH, la Société Nationale des Hydrocarbures

33
Malgré son potentiel important, l’hydroélectricité demeure sous-exploitée. En effet, seuls 722
MW sont installés, soit un taux de réalisation de 3.64% du potentiel réalisable. La
multiplication des projets de mini et de micro-hydraulique en cours en ce moment, ainsi que
le réaménagement des anciennes centrales hydro-électriques par le principal opérateur
électrique du pays (AES-Sonel) devraient contribuer rapidement à relever le taux de
réalisation du potentiel hydro-électrique national.

Figure 1.4: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire du Cameroun


en 2008

Source : IEA Energy Statistic, 2010

Avec une consommation totale d’énergie de 7.102 Mtep en 2008, soit 0.38 tep/habitant, le
Cameroun a une consommation très faible, la moyenne en Afrique étant de 0.67 tep/habitant
et dans les pays industrialisés comprise entre 7.5 et 9 tep/habitant. Ainsi, un habitant de pays
industrialisé consomme en moyenne plus de 20 fois plus d’énergie qu’un habitant de pays
pauvre. En matière d’émissions de carbone, le Cameroun avec une moyenne de 0.23
tCO2/habitant, est encore largement en dessous de la moyenne africaine (0.90 tCO2/habitant)
et très loin des niveaux américains (18.38 tCO2/habitant).

En ce qui concerne la consommation par secteur, c’est le domaine résidentiel (englobant


l’éclairage, la cuisson, la climatisation, la réfrigération,…) qui est le plus gourmand en
énergie avec 72.9% de la consommation globale. Les usages « Industriels spécifiques » (force
motrice, vapeur,…) quant à eux comptent pour 13.7%, les transports correspondant à 11.8%,
et les autres étant négligeables26.

26
D’après IEA 2008 Energy Balance for Cameroon

34
Au vu de son potentiel énergétique et compte tenu du niveau des consommations nationales
finales, le Cameroun devrait avoir un taux d’indépendance en énergie de 100%. Toutefois, à
cause des recommandations des bailleurs de fonds qui imposent un quota minimum
d’importation de produits pétroliers (20% de la consommation nationale), il apparaît que la
dépendance est surtout le fait des exigences imposées au Cameroun par les institutions de
Bretton Woods dans le cadre du programme PPTE (Nkutchet, 2004). Cette situation étant
renforcée par le fait que la seule raffinerie du pays, depuis son entrée en service en 1981, ne
peut traiter le brut lourd produit au Cameroun (avant les travaux d’extension et de
modernisation en cours) et doit s’approvisionner uniquement sur le marché international.

II.2 – Le sous-secteur de l’électricité

II.2.1 – LES INSTITUTIONS INTERVENANT DANS CE SECTEUR

La gestion du secteur de l’électricité au Cameroun fait intervenir plusieurs administrations et


organismes. Ce sont : la Présidence de la République qui oriente la politique générale du
secteur ; le Premier Ministère qui coordonne l’action des Ministères intervenant dans le
secteur ; le Ministère de l’Energie et de l’Eau (MINEE) qui veille à la conception, à la mise en
œuvre et au suivi de la politique gouvernementale dans le secteur de l’électricité ; le Ministère
des Travaux Publics qui assiste le MINEE dans le contrôle administratif et technique des
ouvrages de production d’énergie électrique et projets d’électrification, initiés par les
administrations, les collectivités ou les ONG ; le Ministère de l’Economie, du Plan et de
l’Aménagement du Territoire qui assure la négociation des financements en matière
d’électrification rurale, dans le cadre de la coopération économique et technique en
collaboration avec le MINEE ; et le Ministère des Finances et du Budget qui finance le
fonctionnement des agences intervenant dans ce secteur. En effet, deux agences interviennent
également dans le secteur de l’électricité ; il s’agit de l’Agence de Régulation du secteur de
l’Electricité (ARSEL) et de l’Agence d’Electrification Rurale (AER). La quasi-totalité de la
production, du transport et de la distribution de l’électricité étant assurée pas la société AES-
Sonel.

L’électrification du Cameroun a commencé avant la seconde guerre mondiale à Douala,


Yaoundé, et dans quelques centres urbains secondaires grâce à quelques groupes électrogènes.
L’administration avait accordé des concessions à des entreprises privées dans les centres
primaires, mais conservait un monopole sur le développement et la gestion des centres
secondaires. L’énergie électrique disponible servait principalement à alimenter les bureaux et
logements de fonction des administrateurs coloniaux. Au début des années 1960 juste après
l’indépendance, le Cameroun comptait trois opérateurs dans le secteur électrique. Chaque
acteur ayant une région à gérer. Ainsi la Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM)
s’occupait des régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, tandis que Energie
électrique du Cameroun (ENELCAM) puis Electricité du Cameroun (EDC) avaient en charge
la région orientale du Cameroun.

Le 18 mai 1974, fut créée la Société Nationale d’Electricité (SONEL) qui deviendra une
structure de monopole en absorbant ENELCAM et EDC en juin 1974 et POWERCAM en
décembre 1975. Cette nouvelle société avait en charge la production, le transport et la
distribution de l’énergie électrique sur toute l’étendue du territoire. « Cette structure a bien

35
fonctionné en donnant les résultats que l’État camerounais attendait d’elle. »27 A partir de
1998, la Sonel a commencé à avoir des difficultés financières à cause des effets conjugués des
fraudes techniques organisées ; de la baisse des consommations électriques due à la crise
économique qui frappait alors le pays ; de la hausse des taux d’intérêt et du prix du pétrole.
Ainsi, les gains de productivité que devait permettre la croissance de la production et des
ventes ont été très faibles et sont mêmes devenus négatifs.

L’État camerounais qui avait investi dans les infrastructures de production, de transport et de
distribution électrique, confronté à la crise économique et aux différents Programmes
d’Ajustement Structurel ne pouvait plus financer les investissements dans le domaine
électrique qu’exigeait la reprise économique. Suite à ce constat, l’État a donc décidé
d’entreprendre une profonde réforme du secteur électrique à la suite de laquelle sont nés les
trois organes l’AER, l’ARSEL et le concessionnaire privé AES-Sonel, chargé de la
production, du transport et de la distribution de l’énergie électrique sur l’ensemble du
territoire camerounais. Ce dernier, qui est la société née de la privatisation partielle de la
Sonel, est encore contrôlé à 44% par l’Etat camerounais. Cette entreprise dont l’autre partie
des capitaux est américaine est de loin le principal producteur et fournisseur d’électricité au
Cameroun.

L’Agence d’Electrification Rurale (AER) a été créée le 24 décembre 1998 et est placée sous
la tutelle de l’Administration chargée de l’électricité c'est-à-dire le Ministère de l’Énergie et
de l’Eau. Cette agence a pour mission de promouvoir l’électrification rurale dans tout le pays.
Et à ce titre, elle accorde aux opérateurs privés et aux usagers, l’assistance technique et
éventuellement financière, nécessaire au développement de l’électrification rurale. L’AER a
donc la charge de mettre en place tous les mécanismes de recherche de financements et du
suivi pour la fourniture d’électricité en zone rurale.

Créée aussi le 24 Décembre 1998, l’Agence de Régulation du secteur de l’Electricité


(ARSEL) assure le contrôle, la régulation et le suivi des activités des exploitants et des
opérateurs du secteur de l’électricité. Elle instruit les dossiers de licence et de concession, et
délivre les autorisations d’exploitation. Elle est aussi chargée d’approuver les tarifs et de
veiller à l’équilibre financier du secteur, s’attachant ainsi à le rendre attractif. Pour son
financement, elle perçoit des redevances de la part des opérateurs du secteur. Cette redevance
est égale à 1% du chiffre d’affaire de ces opérateurs. Les deux agences ARSEL et AER
travaillent bien évidemment en étroite collaboration.

La production d’électricité au Cameroun est assurée par AES-Sonel (89.53%) et par des
producteurs autonomes (10.47%). En 2001/2002, la production totale s’est élevée à 3 831
GWh, contre 2 409 GWh en 1981/1982, soit un taux d’accroissement annuel moyen de
2.34%. En 2007, soit six ans après la privatisation de la Société nationale d’électricité (Sonel),
la production totale d’énergie électrique du pays s’établissait à 5 753 Gwh (IEA Energy
Statistic, 2010). Par source de production, l’hydroélectricité occupe la première place
(66,87%), suivie du thermique (produits pétroliers : 25,48% et gaz : 7,65%). La figure 1.5
montre les différentes sources de production d’électricité au Cameroun.

27
Rapport de mission, « Étude de pré-faisabilité des projets potentiels de petites centrales hydro-électriques au
Cameroun », Programme des Nations Unies pour le Développement – PNUD, Août 2004.

36
Figure 1.5: Sources de production d’électricité au Cameroun de 1972 à 2008

Source : IEA Energy Statistic, 2010

En ce qui concerne la distribution de l’énergie électrique, le taux d’électrification en 2007


était de 18%. Toutefois, cette proportion n’est pas représentative du taux effectif des ménages
bénéficiant de l’électricité (autour de 35%) car il existe dans le cas de la consommation basse
tension des branchements clandestins dans les quartiers populaires et périphériques, en
général faits à même les compteurs des abonnés ; et par conséquent, toute l’énergie
consommée est effectivement comptabilisée, et seul le nombre réel de bénéficiaire n’est pas
connu. Au Cameroun, le nombre total de localités électrifiés est d’environ 2 400 sur un
effectif de 13 104.

Intervient également dans le secteur énergétique camerounais, la société anonyme EDC


(Electricity Development Corporation), créée en novembre 2006 et mise en place en février
2008 après la désignation de ses organes de gestion. Elle a notamment pour mission de gérer
le patrimoine de l’Etat camerounais dans le secteur de l’électricité. A cet effet, elle prend en
charge l’étude, la préparation ou la réalisation de tout projet d’infrastructure confié par l’Etat,
et participe à la promotion des investissements lourds, publics et privés (barrages et grands
réseaux).

II.2.2 – LA PROBLEMATIQUE DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE AU CAMEROUN

Malgré l’existence des deux agences intervenant dans le secteur de l’électricité au Cameroun,
de nombreux problèmes persistent notamment le contrôle des installations électriques

37
intérieures, la promotion des économies d’énergie et la gestion d’une banque de données
régulièrement actualisée. Par ailleurs, il y a effectivement lieu de se poser la question de
l’opportunité de la création de deux agences et d’une société anonyme pour gérer le seul
secteur électrique. En effet, jusqu’à présent, la libéralisation ne s’est traduite que par le
passage d’un monopole public à un monopole privé dans la mesure où un seul opérateur
privé, en l’occurrence la société AES-Sonel, produit, transporte et distribue l’électricité dans
tout le pays.

La puissance hydraulique installée ne représente que 3.64% du potentiel hydroélectrique du


pays, ce qui démontre que le Cameroun dispose d’un potentiel très insuffisamment
développé ; situation résultant principalement de l’indisponibilité des ressources financières
par l’ancienne société nationale d’électricité avant sa privatisation : en effet, plusieurs
aménagements projetés avaient toujours été différés faute de ressources.

En ce qui concerne le transport et la distribution, l’exploitation des centrales est confrontée à


des difficultés qui ont pour origines : la vétusté des groupes, les délais importants
d’approvisionnement en pièces de rechange, l’insuffisance du personnel qualifié, l’irrégularité
de l’approvisionnement en combustible dans certaines zones, le mauvais état de certains axes
routiers, le manque des moyens de télécommunication, bref des difficultés structurelles aux
origines très diverses.

Par ailleurs, les pertes sur les réseaux sont très élevées par rapport aux pertes généralement
admises. Sur le réseau basse tension (BT), elles se décomposent en pertes techniques (à cause
de la non normalisation de la longueur des réseaux BT urbains et ruraux, d’une absence
d’optimisation du système de distribution et du vieillissement du réseau de distribution), et en
pertes non techniques (dues aux branchements clandestins et à l’utilisation frauduleuse
d’électricité).

Les branchements clandestins sont très importants dans les quartiers populaires et
périphériques. Ils sont de deux types : ceux qui sont faits à partir des compteurs des abonnés
et dont l’énergie électrique consommée est effectivement comptabilisée, et ceux effectués
avant les compteurs qui représentent des pertes non techniques réelles. Dans tous les cas, ces
branchements clandestins soulèvent des problèmes de sécurité du fait qu’ils sont réalisés de
façon artisanale sans aucune sécurité. Souvent le raccordement est fait sur des lignes à leur
limite maximale d’exploitation, d’où une instabilité du réseau. Des surcharges peuvent donc
surgir, occasionnant des pannes de courant et des risques d’incendie.

Dans un contexte de crise économique généralisée, un des problèmes du secteur de


l’électricité fréquemment soulevé au Cameroun concerne la tarification. Les tarifs d’électricité
appliqués notamment en BT sont très élevés28. Ce niveau de tarif élevé cumulé avec les
délestages du courant électrique posent de vrais problèmes d’efficacité du système. La
tarification actuelle n’est pas basée sur une estimation des coûts marginaux de développement
à long terme des réseaux. Ce n’est que depuis le 10 avril 2008, qu’elle intègre les variations
du coût entre les diverses périodes de la journée (période de pointe, période hors pointe), et
n’est plus fonction des saisons. En 2000/2001, la société ALUCAM29, principal client HT de
la société AES-Sonel a consommé plus de 45% de la consommation nationale et n’a généré
que 11.93% des recettes. Les clients BT de AES-Sonel ont donc l’impression de
subventionner cette société, ce qui exacerbe le mécontentement.
28
Voir le tableau 7.1 au chapitre 7 qui donne les tarifs de vente de l’électricité en BT depuis le 10 avril 2008
29
Filiale du groupe minier international Rio Tinto Alcan

38
Des sources même de la société, les principaux problèmes auxquels AES-Sonel est confrontée
pour une gestion clientèle efficace sont :
 La qualité insuffisante de l’outil informatique de gestion clientèle ;
 L’insuffisance en qualité et en quantité du personnel notamment pour les caisses et le
relevé des compteurs ;
 L’insuffisance des moyens de lutte contre la fraude qui continue à se développer ;
 La mauvaise qualité de la relève qui explique près de la moitié des annulations de factures
dans certaines unités ;
 La mauvaise qualité des portefeuilles clients pour lesquels des actions de justification
apparaissaient nécessaires ;
 L’inadéquation entre le profil des agents et les postes qu’ils occupent notamment dans la
distribution ;
 Un taux de vieillissement élevé du personnel, particulièrement dans la relève des
compteurs et des métiers techniques exigeants en termes de condition physique des agents.

Deux sociétés pour la production, le transport et la distribution de l’électricité ?

L’idée émise pour la première fois en 2004 par l’économiste Modeste Nkutchet n’est pas
inintéressante. D’après son analyse, la privatisation partielle de la Sonel qui a abouti à la
création de la société AES-Sonel n’a pas atteint les effets escomptés. Les délestages subis par
les populations et la persistance des difficultés pour les clients potentiels en basse tension
(BT) à s’abonner, l’amènent à proposer de scinder les activités de AES-Sonel en deux entités
distinctes : D’une part la production, et d’autre part le transport et la distribution.

Dans cette nouvelle configuration, il souhaite que l’Etat se retire du capital de la société AES-
Sonel pour gérer par des voies à définir, les activités de production d’électricité. Il est
convaincu que dans ce schéma, il serait plus aisé pour l’Etat de lever des financements pour
assurer la réalisation des aménagements hydrauliques, ou par des prélèvements exceptionnels
sur l’économie nationale, de disposer des moyens financiers pour atteindre ses objectifs. « Ce
cas de figure est intéressant car l’Etat aurait la vision et la maîtrise globale des voies et
moyens pour atteindre ses objectifs et se chargera de fournir aux transporteurs d’énergie
électrique de l’électricité suivant les cahiers de charges et les concessions négociés »
(Nkutchet, 2004). Cet auteur voit dans cette façon de faire un moyen pour développer les
capacités de production hydraulique supplémentaires, nécessaires pour faire face à la
demande croissante d’électricité.

Pour ce qui est du transport et de la distribution, l’Etat étant sorti du capital de AES-Sonel,
« cette société n’assurerait plus que les activités de transport et de distribution et gèrerait à
sa guise sa structure suivant ses règles internes sans avoir le handicap de la présence de
l’Etat dans son Conseil d’Administration ». Dans cette optique, l’Etat devrait mettre à la
disposition de AES-Sonel les moyens financiers indispensables pour réaliser les opérations de
service public (électrification rurale, campagne de branchement gratuit, etc.). AES-Sonel
fonctionnant dans le cadre d’un monopole privé et naturel, devrait respecter scrupuleusement
les clauses des cahiers de charges qui lui seront fixées.

Cette suggestion bien que très pertinente reste de notre point de vue assez limitée. On peut
effectivement croire qu’en se consacrant uniquement à la production d’électricité, l’entreprise

39
publique ainsi soulagée pourrait être plus efficace. Ce n’est pas absolument vrai dans la
mesure où la bureaucratie, la mauvaise gestion et les phénomènes de corruption ne sont que
quelques uns des fléaux qui minent les entreprises publiques camerounaises (Tedga, 1990).
En outre, il n’est pas certain que la nouvelle entreprise publique, s’occupant uniquement de la
production, disposera de plus de moyens pour les activités d’aménagement hydraulique et de
développement. Le problème qui se pose est celui de la gestion rigoureuse des capitaux
disponibles et de leur utilisation rationnelle. Les fonds débloqués doivent être affectés
exclusivement aux objectifs, et seulement aux objectifs pour lesquels ils ont été budgétés. Ce
qui malheureusement n’était pas le cas dans l’ancienne société nationale d’électricité, où des
détournements de fonds à des fins divers étaient légion. L’échec de l’ex Sonel dans sa mission
d’électrification du Cameroun et de diversification de ses sources d’énergie est imputable à
des causes profondes qu’il serait urgent de découvrir et de cerner.

De même l’idée de confier uniquement le transport et la distribution d’électricité à la société


AES-Sonel n’est pas inattaquable. Ce qui vient tout suite à l’esprit c’est la vague des
délestages qui a suivi la privatisation de cette société. Dans un contexte pareil, on imagine
bien la société responsable de la distribution d’électricité accusant le producteur de ne pas
avoir fait son travail, et inversement le producteur (alors entreprise publique) jurant avoir
produit la quantité d’énergie nécessaire, mais qui serait mal distribuée ou gaspillée. Et
pendant que les deux protagonistes se renvoient la balle, le consommateur, de son côté, est
complètement déboussolé et incapable de situer les différents niveaux de responsabilité.

Toutefois, il vrai que concentrer tout un secteur aussi stratégique et vital que celui de la
production, du transport et de la distribution de l’énergie électrique entre les mains d’une
seule société, fût-elle fiable, et de surcroît étrangère, même si cela peut être justifié
économiquement s’apparente pour le commun des citoyens à une fuite en avant de l’Etat,
incapable de faire face à ses obligations de fourniture à tous de l’électricité. De notre point de
vue, la diversification des sources d’énergie, la multiplication des producteurs pouvant
grignoter des parts de marché ainsi qu’une meilleure régulation du secteur30 contribueront à
faire émerger et jouer la concurrence, laquelle limitera ainsi la puissance de AES-Sonel et
permettra par ailleurs d’améliorer considérablement le bilan énergétique camerounais.

II.2.3 – LES PERSPECTIVES DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE

Ainsi, les principaux problèmes dans le secteur de l’électricité au Cameroun sont liés à
l’insuffisance des capacités de production, ce qui a entraîné et entraîne encore des délestages
électriques causant d’énormes préjudices socio-économiques. Le retard dans les
investissements, la vétusté, la saturation et la faible disponibilité des équipements de
production, de transport et de distribution, dues au non respect des échéances de
renouvellement et à une maintenance globalement défaillante, sont les plus importantes
causes de cette pénurie d’énergie. On peut aussi mentionner les limites des premiers acteurs
institutionnels (MINEE, ARSEL, AER) en termes de compétences techniques qualifiées et
d’outils de travail appropriés. Compte tenu de tous ces problèmes, le secteur de l’électricité au
Cameroun reste caractérisé par un faible taux d’accès des ménages à l’énergie électrique dans
l’ensemble du pays, et plus spécifiquement dans les zones rurales. Les causes de cette

30
Voir chapitre 7-III.3, les perspectives pour une meilleure régulation du secteur de l’électricité au Cameroun

40
situation sont essentiellement les coûts élevés de raccordement des ménages et des
établissements sociaux (centres de santé, écoles,…) au réseau électrique, aussi bien en zone
rurale que dans les zones urbaines. Jusqu’au 21 août 2006, ces coûts variaient encore entre 60
000 francs CFA (91,5 €) et 150 000 francs CFA (228,7 €) selon le standard de branchement
sollicité, et pouvaient aller au-delà de ces valeurs lorsque l’on s’éloignait de plus de 60 mètres
du réseau. Depuis, ces frais ont baissé, mais il faut encore débourser un minimum de 30 000
francs CFA (45,7 €) pour un « branchement social ».

Le développement de l’éclairage public dans les villes camerounaises accuse aussi un grand
retard, avec environ 31 000 points lumineux seulement contre près de 400 000 pour les pays à
niveau de développement comparable. Les installations d’éclairage public au Cameroun sont
dans un état de désintégration avancée du fait non seulement des actes de vandalisme, mais
aussi des difficultés qu’éprouvent les municipalités à assurer leur surveillance et leur
maintenance. Par ailleurs, l’accumulation d’arriérés de factures des communes, malgré deux
interventions importantes de l’Etat en 2000 et 2003 pour les effacer dans le cadre d’une
compensation de dettes avec la société AES-Sonel, conduit inévitablement celle-ci à
suspendre ses fournitures d’électricité aux communes concernées. Le cas de la ville d’Edéa
est atypique. C’est dans cette cité qu’est située la plus grande centrale hydroélectrique du
Cameroun, mais à la tombée de la nuit, cette ville de plus de 100 000 habitants tombe aussi
dans l’obscurité. Cette absence d’éclairage public affecte négativement la sécurité et les
conditions de vie des populations urbaines31.

Que faire pour favoriser l’électrification du pays ?

Les pouvoirs publics se doivent donc de mettre en œuvre un certain nombre de stratégies
visant l’accroissement de l’accès des ménages, des services sociaux et des industries à
l’énergie en quantité suffisante, en qualité et à moindre coût. Pour Ngnikam (2005)32, ces
autorités seraient bien inspirés de :

 promouvoir le développement de nouvelles capacités de production d’électricité en


privilégiant certes l’hydroélectricité en vertu du potentiel, mais tout en visant une diversité
des sources de production dans un ratio de 25 à 30% de thermique contre 70 à 75% pour
l’hydraulique par exemple ;
 œuvrer en vue de la modernisation et du développement des réseaux de transport et de
distribution d’énergie électrique ;
 mettre en œuvre des mesures permettant d’accélérer l’accès aux services énergétiques
modernes, notamment dans les zones rurales ;
 réhabiliter et étendre les équipements d’éclairage public dans les villes et,
 promouvoir les interconnexions régionales.

Pour atteindre les objectifs stratégiques ci-dessus, le Gouvernement camerounais doit


impérativement mettre en œuvre les programmes qu’il a lui-même conçus. En effet, dans le

31
Traverser dans la nuit certaines rues de Douala et de Yaoundé pourtant très fréquentées s’apparente souvent à
un exercice de haute voltige. Entre les routes dans un état lamentable, les lampadaires qui en journée servent de
décor et à rien la nuit tombée, et les feux de signalisation qui ont rendu l’âme depuis belle lurette, pour arriver à
destination, l’automobiliste a fort à faire (Fondja, 2007).
32
« Energie et Ecodéveloppement au Cameroun », rapport rédigé par Dr Emmanuel Ngnikam, chargé de cours à
l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé et coordonnateur de l’ONG Environnement Recherche
Action (ERA), Observatoire de la viabilité énergétique, Helio International 2005/2006.

41
cadre de la concrétisation des mesures permettant d’accélérer l’accès aux services
énergétiques modernes, notamment dans les zones rurales, les programmes à mettre en œuvre
concernent le Plan d’Action Nationale Énergie pour la Réduction de la Pauvreté (PANERP) et
quatre programmes d’électrification rurale dérivés du Plan Directeur d’Electrification Rurale
(PDER). Le PANERP, s’il est mené à bien permettra à terme l’approvisionnement en services
énergétiques de 1153 structures éducatives (écoles primaires, lycées et collèges), 110 collèges
et lycées d’enseignement technique, 923 centres de santé et 191 adductions d’eau potable.
L’axe stratégique relatif à la réhabilitation et à l’extension des équipements d’éclairage public
dans les villes concerne le réseau d’éclairage public dans les grandes villes (Yaoundé, Douala,
Bafoussam, Garoua, Bamenda, Ngaoundéré, Bertoua, Maroua, etc.). Au niveau de la
promotion des interconnexions régionales, les objectifs poursuivis sont d’une part
l’interconnexion Cameroun – Tchad après la mise en service de l’aménagement
hydroélectrique de la Bini à Warak (Région de l’Adamaoua au Cameroun), et d’autre part, le
développement de nouvelles capacités de production hydroélectrique dans la perspective de
l’interconnexion régionale Inga (République Démocratique du Congo) – Lagos (République
du Nigeria).

II.3 – Le sous-secteur des hydrocarbures

II.3.1 – LES INSTITUTIONS INTERVENANT DANS CE SECTEUR

Tout comme la gestion du secteur de l’électricité, l’organisation du secteur des hydrocarbures


au Cameroun fait intervenir trois classes principales d’acteurs : ce sont d’abord les
administrations et services publics qui assurent la tutelle politique, administrative et technique
du secteur. Ensuite, viennent les organismes publics impliqués dans le fonctionnement du
secteur sur la base d’objectifs économiques fixés par l’Etat, et enfin interviennent les sociétés
privées transnationales ou non.

Sept administrations publiques se partagent les missions de tutelle du secteur pétrolier : Il


s’agit en premier lieu de la Présidence de la République qui assure la tutelle politique de
l’ensemble du secteur énergétique national ainsi que la tutelle technique et financière directe
de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH). Ensuite, vient le Premier Ministère qui
coordonne l’action des Ministères intervenant dans le secteur. Le Ministère de l’Energie et de
l’Eau (MINEE) assure la tutelle administrative et technique, élabore et applique la législation
et la réglementation, assure le contrôle technique et administratif dudit secteur. Le Ministère
du Développement Industriel et Commercial (MINDIC) signe les conventions
d’établissement, homologue et régule les prix des produits pétroliers à travers la Caisse de
Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH) dont il assure la tutelle. Le Ministère des
Finances et du Budget (MINFIB), responsable de la fiscalité et du contrôle douanier des
activités du secteur, assure la tutelle financière de toutes les sociétés publiques du secteur
pétrolier ; il coordonne également les activités du Programme de Sécurisation des Recettes du
Secteur des mines, de l’eau et de l’énergie et du Comité National de Lutte contre la Fraude.
Le Ministère des Transports (MINT) assure le contrôle technique des sociétés impliquées
dans le transport maritime, ferroviaire et routier des produits pétroliers. Et enfin le Ministère
de l’Environnement et des Forêts (MINEF) gère une partie des problèmes environnementaux
du secteur.

42
Le secteur des hydrocarbures au Cameroun est aussi régi par six sociétés parapubliques : Il
s’agit d’abord de la SNH, créée le 12 mars 1980 et détenue à 100% par l’Etat camerounais.
Elle a pour principales missions de promouvoir la mise en valeur des hydrocarbures au
Cameroun et de gérer les intérêts de l’Etat dans ce domaine.

La Société Nationale de Raffinage (SONARA) est chargée notamment de gérer une raffinerie.
Elle a été créée le 7 décembre 1976 et est entrée en service en 1981. Cette société est
contrôlée à 66% par l’Etat et à 34% par les actionnaires privés que sont : Total, Mobil et
Pecten. Elle a vécu pendant quatorze ans dans un régime de monopole SNH
d’approvisionnement, mais depuis le 1er juillet 1995, elle s’approvisionne librement sur le
marché international en fonction de ses besoins en matières premières. Depuis 2009, elle a
également entrepris des travaux de modernisation et surtout d’extension de ses installations
afin de pouvoir raffiner le brut produit en territoire camerounais.

La Société Camerounaise de Dépôts Pétroliers (SCDP) a été créée le 1er juillet 1979 par la
mise en commun des capacités de stockage des sociétés pétrolières de distribution de
l’époque. Elle est contrôlée à 51% par l’Etat et est chargée de construire et d’exploiter les
dépôts pétroliers.

La Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures (CSPH) a été créé en mai 1974 et est
détenue à 100% par l’Etat. Son rôle est la gestion de la péréquation des prix des produits
pétroliers. Elle régule les prix en prenant en charge totalement ou partiellement des
augmentations des prix des produits pétroliers.

Enfin, sont présentent la société de Trading et d’Exportation de pétrole brut et de produits


pétroliers (TRADEX) créée en 1999 et détenue à 56% par l’Etat, et la société HYDRAC créée
en 1982 et détenue à 51% par l’Etat, dont le rôle est de contrôler et d’analyser les
hydrocarbures bruts et raffinés.

L’exploration pétrolière commence au Cameroun en 1947. Les premières découvertes


commerciales ont été réalisées dans le bassin du Rio del Rey dans le sud-ouest du pays et la
production y démarre en novembre 1977. Aujourd’hui, trois compagnies étrangères assurent
l’essentiel de la recherche et de la production du pétrole brut au Cameroun. Il s’agit de :
 Total Exploration Production, filiale de Total (65.3% de la production en 2009)
 Pecten Cameroon, filiale du groupe anglo-néerlandais Shell (23.5%)
 Perenco Cameroon, filiale du groupe Oil and Gaz International (11.2%).

Les réserves restantes et prouvées de pétrole brut du Cameroun s’élevaient en 2009 à 217,593
millions de barils. Ce qui fait du Cameroun un modeste pays pétrolier dans le monde mais
aussi en Afrique à côté des géants comme le Nigeria qui a une production pétrolière
quotidienne de 2,5 millions de barils. La production de pétrole au Cameroun, qui s’opère
principalement sur des concessions offshore, était en 2009 de 26.7 millions de barils répartie
comme suit : 66.06% pour le Cameroun et 33.94% pour les partenaires étrangers.

Le transport des produits pétroliers se fait principalement par Route (60%), par Mer (24.7%)
et par Rail (15.3%). La distribution s’opère au travers des stations-service, des installations
privées de mise à la consommation et des installations gérées par des revendeurs agréés à la
vente du gaz domestique ou du pétrole lampant. La distribution au travers des stations-service
est encore dominée par les filiales des multinationales (Total, Texaco, Mobil et Shell). Mais
depuis la libéralisation du secteur de l’aval pétrolier en 1995, des opérateurs nationaux ont fait

43
leur apparition dans la distribution des produits pétroliers, notamment Tradex, First Oil et
Pétrolex. Les prix des produits pétroliers ont été libéralisés le 1er juillet 1999. Néanmoins,
l’Etat en assure la régulation à travers la CSPH. Les produits de contrebande en provenance
du Nigeria voisin, beaucoup plus abordables que ceux distribués officiellement inondent le
marché camerounais et posent de vrais soucis non seulement dans la comptabilité mais aussi
dans l’efficacité du système énergétique.

II.3.2 – LA PROBLEMATIQUE DU SECTEUR DES HYDROCARBURES

Les réserves pétrolières nationales sur lesquelles le Cameroun pourrait miser pour son
développement économique et social sont faibles et en déclin. Toutefois, la rétrocession au
Cameroun de la presqu’île pétrolière de Bakassi33 ainsi que les mesures incitatives prises par
le Gouvernement en réaménageant les contrats pétroliers à l’avantage des multinationales afin
de les encourager à développer les champs marginaux, pourraient inverser la tendance.

Les problèmes du secteur pétrolier aval sont multiformes et touchent l’ensemble des segments
dudit secteur. Construite il y a plus de trente ans, la SONARA, la raffinerie nationale installée
dans la ville de Limbé au sud-ouest du pays, approvisionne 80% du marché national en
produits pétroliers. Sa rentabilité économique n’est pas établie et seule une tarification
artificielle lui permettrait de survivre dans un contexte libéralisé (Nkutchet, 2004).
Concernant le transport des produits pétroliers, le tirant d’eau est insuffisant au port de Douala
pour permettre l’affrètement de grands bateaux ; en conséquence, certaines solutions à long
terme ont été étudiées et attendent d’être mises en œuvre ; il s’agit principalement de la
création des ports en eau profonde à Kribi et à Limbé, ainsi que de la construction d’un
pipeline entre Limbé et Douala.

Les principaux problèmes du secteur du stockage sont : la concentration des dépôts dans la
partie méridionale du pays, l’absence de périmètre de sécurité autour des dépôts pétroliers,
l’insuffisance de la capacité de stockage en GPL et l’absence de stock de sécurité en GPL.

Les problèmes qui se rapportent à la distribution des produits pétroliers sont aussi multiples et
variés. Les points de vente de ces produits sont concentrés dans les grandes villes (95%).
L’absence d’interchangeabilité des bouteilles de GPL et l’insuffisance du parc des bouteilles
posent problème. Il y a aussi la concurrence de certains produits pétroliers de contrebande,
notamment dans les zones frontalières du Nigeria ainsi que les problèmes de mauvaise qualité
de certains produits (carburants mélangés).

Pour l’administration, les problèmes majeurs du secteur sont entre autres l’absence d’un cadre
légal de coordination des interventions des différentes administrations dans le secteur pétrolier
aval. Ensuite, l’insuffisance des ressources humaines, matérielles et financières nécessaires au
suivi et au contrôle des activités du secteur (recrutements interrompus dans les
administrations depuis le début des années 1990 ; budget de fonctionnement insignifiant).

33
D’après un arrêt de la cour internationale de justice de la Haye le 10 octobre 2002, la souveraineté du
Cameroun sur la presqu’île de Bakassi a été établie. Mais le Nigeria, administrant toujours la région, n’a accepté
de se retirer que progressivement. A l’issue du sommet tripartite Cameroun-ONU-Nigeria de Greentree près de
New York le 12 juin 2006, un accord a été signé engageant le Nigeria de se retirer dans 60 jours de la péninsule
camerounaise. Et finalement, le 14 août 2006, la cérémonie de fin de retrait des forces armées nigérianes a eu
lieu, consacrant le transfert administratif et politique de la région au Cameroun.

44
Le GPL demeure subventionné contrairement aux recommandations du Conseil Mondial de
l’Energie. Les textes du secteur sont incomplets notamment en ce qui concerne la
réglementation de certaines activités liées à la distribution du gaz domestique
(interchangeabilité de bouteilles, parc tampon de bouteilles dans les centres emplisseurs, les
modalités de prise en charge des victimes des accidents liés à la consommation de l’énergie,
etc.). Et enfin, l’absence d’une base de données régulièrement actualisée qui pourrait servir de
base à une formulation politique et aux investissements.

De part son ampleur, le phénomène des importations et des exportations frauduleuses des
produits pétroliers faussent plus ou moins les statistiques officielles de consommation. Les
importations frauduleuses proviennent du Nigeria, pays avec lequel le Cameroun partage plus
de 1500 km de frontière. Ce phénomène de contrebande est principalement dû à
l’enclavement de certaines régions du pays qui ne peuvent pas se ravitailler en produits
pétroliers camerounais d’une part, et d’autre part au prix nettement moins élevé des produits
nigérians compte tenu du degré de subvention de la consommation dans ce pays auquel
s’ajoute l’effet du taux de change entre la Naira34 locale et le Franc CFA35 camerounais.

Le Groupement Professionnel de l’industrie du Pétrole (GPP) a estimé en août 1989 que la


perte en volume consécutive à la fraude serait de 50.000 m3/an, représentant un manque à
gagner de 14 milliards de francs CFA pour l’économie nationale. Ces données devraient avoir
doublé compte de la dévaluation du franc CFA et de la baisse du niveau de revenu des
consommateurs. Cette fraude a pour conséquence outre la non fiabilité des statistiques
nationales de consommation des produits pétroliers, mais aussi la fermeture de certaines
stations-service, la baisse des activités de la filière (Raffinage, Stockage, Transport et
Distribution), la diminution des rentrées fiscales et la baisse de la sécurité en raison de la
précarité et de la qualité de ces produits et de leur mauvaise condition de conservation
(stockage dans des tonneaux et autres dames-jeannes). Les exportations frauduleuses quant à
elles, s’opèrent en direction d’autres pays voisins (République Centrafricaine et Tchad),
principalement à partir des stations-service situées dans les zones frontières. Les quantités
concernées sont difficilement évaluables.

II.3.3 – LES PERSPECTIVES DU SECTEUR DES HYDROCARBURES

Les années 1980 à 1986 sont une période faste pour le Cameroun qui connaît une intense
activité d’exploration/production, avec une production qui atteint son niveau record de
182 000 barils par jour en 1985. A partir de 1986, la production amorce un déclin, suite au
choc pétrolier qui entraîne une baisse des activités d’exploration/production. Au début des
années 1990, la baisse de la production pétrolière camerounaise s’accélère. L’année 1999 voit
l’entrée en vigueur d’un code pétrolier plus souple et plus attractif. A la faveur de la mise en
œuvre de ce nouveau cadre législatif et réglementaire, les investissements dans la recherche
pétrolière connaissent une hausse significative, et même en 2005 un record inégalé depuis
vingt ans. Tous ces efforts n’ont certes pas renversé la tendance, mais ces contrats avantageux
ont permis de développer des puits dans le bassin Douala/Kribi-Campo, ce qui a stabilisé la

34
La Naira, c’est la monnaie nigériane. 100 Nairas = 0,4996 euros (le 09 avril 2010)
35
1 Euro = 655,957 F CFA (depuis le 1er janvier 1999)

45
production au-dessus des 30 millions de barils par an, avant le reflux à 26.7 millions de barils
observé en 2009.

Aussi, afin de relancer le secteur des hydrocarbures, les autorités tablent sur les gisements
gaziers dont dispose le pays. Les réserves camerounaises de gaz sont de deux types : le gaz
« non associé » qui est extrait du sous-sol en l’état, et le gaz « associé » résultant de la
production du pétrole brut. Toute la production actuelle concerne le gaz associé dont une
grande partie est brûlée. En effet, les champs pétroliers évacuent annuellement dans la nature,
et en pure perte, environ 1 milliard de m3 de gaz naturel torché. La technologie permettant de
récupérer ce gaz inutilement brûlé existe, et les autorités ainsi que les compagnies pétrolières
sont décidées à s’en procurer d’autant que cette combustion engendre aussi des problèmes
environnementaux. Une autre partie de ce gaz associé est utilisée pour le « gas-lift »36 et pour
la consommation au niveau des plateformes offshore.

Au total, les réserves prouvées de gaz naturel du Cameroun sont évaluées à environ 200
milliards de m3, pour un potentiel estimé à 570 milliards de m3, qui commence seulement
maintenant à être exploité. Les opportunités de monétisation de cette ressource se profilent à
l’horizon, aux plans national et sous-régional. Des axes de développement ont été identifiés,
notamment dans la génération de l’énergie électrique, l’approvisionnement des industries en
gaz et la production de GPL. La Société nationale des hydrocarbures (SNH) et son partenaire
le groupe Perenco ont obtenu en 2006 l’autorisation d’exploiter le champ de gaz naturel de
Sanaga Sud, pour approvisionner la future centrale thermique de Kribi, au sud du pays. Par
ailleurs, la SNH a également signé un protocole de coopération avec la Société nationale de
gaz de Guinée Equatoriale (Sonagas), portant sur un projet d’exportation du gaz naturel
camerounais vers une usine de liquéfaction en Guinée Equatoriale.

En ce qui concerne les produits pétroliers, les pouvoirs publics entendent poursuivre la
clarification des rôles des différents intervenants et la promotion de l’investissement privé
dans ce secteur. Des réformes ont été entreprises dans le but d’améliorer le fonctionnement et
l’efficacité du secteur de l’aval pétrolier. C’est ainsi que le monopole dont jouissait la Société
Nationale des Hydrocarbures (SNH) en matière de livraison du pétrole brut à la Société
Nationale de Raffinage (SONARA) a été abrogé, donnant ainsi la possibilité à cette dernière
de s’approvisionner librement en pétrole brut en fonction de ses besoins de raffinage. De
même, le monopole dont bénéficiait la SONARA en matière de fourniture des produits
pétroliers au marché national et le monopole de la Société Camerounaise des Dépôts
Pétroliers (SCDP) ont été supprimés. Par ailleurs, les marchés de distribution des produits
pétroliers ont été libéralisés et les activités du secteur réglementées et ouvertes à d’autres
opérateurs. Ainsi, en dehors des multinationales MOBIL, SHELL, TOTAL, TEXACO qui
dominaient lesdits marchés, à la faveur de ces mesures de libéralisation, plus d’une vingtaine
de nouvelles sociétés ont été agréées. Plusieurs exercent déjà diverses activités de distribution
des produits pétroliers. En plus de ces actions, une étude du marché du GPL a été réalisée par
le Gouvernement et les opérateurs du secteur.

Comment rendre plus efficace le secteur des hydrocarbures ?

Afin de rendre plus efficace le secteur des hydrocarbures, les pouvoirs publics devront
absolument mettre en œuvre une stratégie visant l’accroissement de l’accès au gaz domestique
36
Le gas-lift est un procédé qui consiste à injecter du gaz à l’intérieur d’un puits pour alléger la colonne d’huile
qui s’accumule du fait de sa production.

46
en quantité suffisante, en qualité, à moindre coût et dans les conditions de sécurité suffisantes
(Ngnikam, 2005). La stratégie du Gouvernement devra être basée sur :

 l’amélioration des conditions de raffinage des hydrocarbures à travers la modernisation et


l’extension de la raffinerie nationale (la SONARA)
 la promotion du développement de nouvelles capacités de stockage des produits pétroliers,
par l’extension des dépôts de gaz existants et la construction de nouvelles capacités de
stockage dans les régions non pourvues
 l’amélioration du cadre législatif et réglementaire en élaborant des textes législatifs et
réglementaires
 la promotion du GPL à travers la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation sur sa
connaissance et ses avantages (énergie moins chère et protectrice de l’environnement).

Ces programmes sont encore en cours d’expérimentation et l’Etat camerounais pour les
accélérer s’est résolument tourner, sous la pression aussi des institutions financières
internationales, vers un processus de privatisation dans la chaîne énergétique nationale. Après
la privatisation de la société nationale d’électricité (Sonel), suivra certainement celle de la
SONARA et de la SCDP. Bien des experts se demandent également si la SNH telle qu’elle
existe aujourd’hui ne devra pas elle aussi subir une reconfiguration. Etant donné qu’elle a été
amputée de certaines de ses activités notamment l’importation et l’exportation des produits
pétroliers au profit de la société parapublique TRADEX.

Quelques impacts de la libéralisation et des privatisations futures

La privatisation annoncée de la SONARA pose de fait le problème des monopoles. Si cela


peut se justifier dans le secteur électrique, privatiser la SONARA dans les conditions
socioéconomiques de la sous-région de l’Afrique subsaharienne n’est pas aisé. En effet, si
dans le contexte occidental la fluidité du marché ne handicape pas et ne pose pas de problème
de sécurité des approvisionnements, le pays pourrait se trouver, en cas de fermeture de la
SONARA pour cause de non rentabilité, confronté à des difficultés d’approvisionnement
urgent du marché national.

En ce qui concerne le stockage des produits pétroliers, la SCDP où l’Etat est l’actionnaire
majoritaire devrait aussi être privatisée, par la cession des actions de l’Etat aux entités privées.
Si à priori cette privatisation ne pose pas de problème, le Gouvernement devra veiller à ce
qu’une fois la privatisation terminée, la société respecte bien ses obligations en matière de
stocks de sécurité et de stocks utiles et encourager les opérateurs privés à investir dans le
secteur du stockage en créant d’autres structures.

En dehors de la SNH, de la SONARA, de la SCDP et des sociétés TRADEX et HYDRAC,


qui sont des sociétés parapubliques, les autres intervenants de la filière énergétique sont des
opérateurs privés. Parallèlement aux processus de privatisation, des actions de libéralisation se
sont opérées. Dans le secteur pétrolier aval, la SONARA a désormais la latitude d’acheter le
pétrole brut dont elle a besoin sur le marché international, la SNH n’ayant plus le monopole
de la fourniture. En revanche, il sera hasardeux d’ouvrir le marché des approvisionnements
dans sa totalité, car le risque serait de voir cette structure acculée à la faillite ; alors que son
rôle social dont il faut tenir compte et ses effets d’externalité sont vitaux pour la ville de
Limbé où elle est située et la région du sud-ouest en générale. La libéralisation du stockage
devrait être achevée, mais sous un contrôle strict du respect des cahiers de charges. Dans le

47
cadre de la libéralisation du secteur de la distribution, l’Etat devrait éviter d’agréer des
consommateurs spéciaux autorisés à s’approvisionner directement à la SONARA, sans
recourir aux distributeurs agréés qui sont soumis à des obligations d’approvisionnement du
territoire national en produits pétroliers.

Par ailleurs, la libéralisation du secteur de la distribution des produits pétroliers, a entraîné


l’entrée dans le secteur des PME locales, mais cette politique n’a pour l’instant aucun effet
positif pour les consommateurs. En effet, les stations services continuent à n’être installées
qu’en milieu urbain et la diversification des opérateurs n’a pas eu d’influence sur la politique
des prix des produits à la pompe. La libéralisation des prix dans ce secteur n’est pas
perceptible par le consommateur qui constate qu’en dehors des fluctuations régulières des
prix, toutes les sociétés de distribution s’entendent pour lui imposer le même prix. Par
ailleurs, pour les deux produits que sont le GPL et le pétrole lampant, toutes les subventions
doivent être supprimées, pour non seulement faire régner la vérité des prix, mais supprimer la
tendance des industriels à la substitution du pétrole lampant au gasoil. En ce qui concerne le
GPL, la priorité devra porter sur l’optimisation de la mise en place des moyens de sa
commercialisation (transport, stockage et distribution) dans toutes les zones du territoire
national.

II.4 – Le sous-secteur des combustibles et énergies renouvelables

II.4.1 – LES INSTITUTIONS INTERVENANT DANS CE SECTEUR

Dans ce secteur, hormis la Présidence de la République et les services du Premier Ministère


qui comme toujours coiffent et coordonnent l’action gouvernementale, plusieurs Ministères et
organismes parapublics interviennent. Il s’agit d’abord du Ministère de l’Energie et de l’Eau
(MINEE) qui assure la coordination des activités des différents organismes intervenant dans
ce secteur. Ensuite, le Ministère de l’Environnement et de la protection de la nature (MINEP),
ainsi que celui des forêts et de la faune (MINFOF), veillent à l’exploitation selon les lois de la
République du domaine forestier national, et assurent la tutelle des organismes s’occupant de
la gestion des forêts. Enfin, le Ministère de l’Enseignement Supérieur (MINES) assure la
tutelle de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP), de l’Institut de Recherches
Géologiques et Minières (IRGM) et du Laboratoire de Recherche Energétique (LRE) en
collaboration avec le Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI).

L’un des principaux organismes qui interviennent dans ce secteur est l’Agence Nationale
d’Appui au Développement Forestier (ANAFOR) qui assure les actions de développement des
forêts, en accompagnant et en appuyant les actions de régénération des forêts, de reboisement
et de restauration des sols. Agissent également dans ce secteur, l’ENSP et le LRE qui mènent
des actions de Recherche-développement dans le secteur des énergies nouvelles renouvelables
(ENR).

L’ANAFOR a été créée le 18 juin 2002 pour reprendre les activités de l’Office National de
Développement des Forêts (ONADEF) qui se chargeait de la mise en œuvre de la politique du
Gouvernement en matière de régénération des forêts, de reboisement, de la conservation et de
la restauration des sols. L’ONADEF remplaçait lui aussi deux organismes spécialisés à savoir
le Centre National de Développement des Forêts (CENADEFOR) et l’Office National de

48
Régénération des Forêts (ONAREF) dont la mission en leur temps était la régénération,
l’inventaire et l’aménagement des forêts.

Il y a effectivement lieu de se perdre dans toutes ces agences qui changent de nom, mais dont
les missions principales restent pratiquement les mêmes : assurer une exploitation rationnelle
de la forêt camerounaise. L’exploitation du bois de chauffage et donc du charbon de bois est
soumise à l’obtention d’un permis de coupe délivré par le Ministre de l’Agriculture,
moyennant le paiement d’une redevance. Ce permis peut aussi sous certaines conditions être
délivré par les Gouverneurs des régions. La législation camerounaise prévoit aussi le paiement
par les exploitants forestiers de la redevance territoriale annuelle, de la redevance de
reforestation annuelle et de la contribution annuelle aux travaux de développement forestier,
calculées par hectare de forêt concédée.

Le solaire est peu développé malgré le potentiel existant notamment au nord du pays. La
pénétration du photovoltaïque au Cameroun est encore d’un niveau modeste. Mais des
activités de recherche sont de plus en plus menées par divers organismes et l’Ecole
Polytechnique de Yaoundé (ENSP). Les ouvrages de micro-hydraulique dans des zones
déshéritées du pays sont le plus souvent l’œuvre des ONG et autres associations
communautaires qui souhaitent contribuer au développement desdites régions. La mini-
hydraulique quant à elle, est de plus en plus délaissée par AES-Sonel au profit des grands
ouvrages hydrauliques, et l’éolien est carrément inexistant.

II.4.2 – LA PROBLEMATIQUE DU SECTEUR

Le secteur des énergies nouvelles et renouvelables (ENR) est régi au Cameroun par divers
organismes. Mais les opérations entreprises dans ce domaine ne sont pas coordonnées de
manière rigoureuse et ce manque de coordination constitue une des difficultés majeures du
secteur. En outre, il existe très peu de données sur les ressources en ENR. Par exemple, en ce
qui concerne les déchets, il faudrait connaître leurs pouvoirs calorifiques réels, les quantités
disponibles, leur situation géographique, etc. On ne dispose pas non plus de rapports sur le
comportement des installations existantes. Une description de leur fonctionnement et une
connaissance des difficultés rencontrées permettraient de mieux étudier les projets à venir.

En dehors du bois-énergie, qu’il soit produit industriellement ou ramassé par les ménages
dans les surfaces cultivées lors des défrichements ou provenant des restes de bois non valorisé
par les exploitants forestiers, au Cameroun les ENR sont multiples et variées. Le charbon de
bois qui provient soit des résidus de combustion de bois pour les besoins de cuisson ou de
séchage des aliments, soit de la production dans des fours appropriés est non négligeable. De
même, des industries comme la SOCAPALM (huileries de palme), la SODECOTON (usine
d’égrenage de coton), la SOSUCAM et la CAMSUCO (sucreries), les rizeries, les scieries et
les industries de transformation du bois, etc. produisent de grandes quantités de déchets d’un
pouvoir calorifique élevé. Mais jusqu’à présent, aucun décret ne régit l’usage de ces déchets
agro-industriels à des fins énergétiques. La filière bois-énergie est totalement informelle et
non contrôlée. Du fait de son caractère diffus, les actions sur cette filière sont donc plus
difficiles à mettre en œuvre.

Malgré l’existence d’un décret instituant depuis 1983 l’obtention préalable d’un permis de
coupe du bois de chauffage, cette disposition n’est pas toujours respectée par les exploitants à

49
cause notamment d’une procédure longue et complexe. Ainsi, certains exploitants provoquent
les feux de brousse afin de bénéficier des facilités de cette disposition. Les Ministères de
l’Environnement et des Forêts n’ayant pas toujours les moyens humains et matériels pour
assurer les contrôles réglementaires, l’exploitation clandestine s’est généralisée. On peut aussi
noter l’inadaptation de la législation forestière essentiellement axée sur la préservation de la
forêt et ne prenant pas suffisamment en compte son exploitation comme ressource
énergétique. La Direction des Forêts est surtout concernée par l’exploitation du bois d’œuvre
alors que la Direction de l’Energie est chargée de la mise en valeur du bois-énergie.
L’insuffisante coordination entre ces deux Directions provoque souvent des conflits d’intérêt.

Les zones de production du bois-énergie se situent plutôt dans le grand Sud par opposition au
Nord qui fait face à la désertification et à un besoin criant de ressources énergétiques. Dans
cette région, plus de 40% des ménages consommateurs de bois doivent s’approvisionner
auprès des revendeurs. Mais seulement, le pays n’est pas assez doté d’infrastructures de
transport pouvant faciliter l’accès à cette ressource. Le transport et la distribution du bois de
chauffe demeurent au stade artisanal et ne font à l’heure actuelle l’objet d’aucune
réglementation. Ce transport est effectué par les commerçants commanditaires de
l’exploitation ou par des transporteurs occasionnels. Il est ensuite commercialisé dans le
circuit informel.

Le secteur du bois-énergie se caractérise donc par la multiplicité des intervenants dans la


production et la distribution. Après le producteur en brousse, il y a un premier intermédiaire
acheteur-grossiste qui est souvent associé au transporteur. Une fois que cette marchandise
arrive au marché, un détaillant ambulant s’approvisionne à son tour et livre le bois à l’échelle
du quartier. Un second micro-détaillant dont la zone de distribution se limite généralement à
quelques rues vend finalement le bois aux consommateurs dont l’acquisition est quotidienne
ou se fait deux à trois fois par semaine. Par contre, les ménages nombreux ou un peu plus
aisés qui font de grandes acquisitions pour les stocker, court-circuitent souvent les détaillants
et s’adressent directement aux grossistes chez qui les prix sont plus abordables.

Absence de structure tarifaire pour les biocombustibles renouvelables

En ce qui concerne la tarification, il n’existe aucune structure tarifaire pour le bois-énergie. A


chaque site, correspond un prix particulier : du plus cher, chez les détaillants de quartier, au
moins onéreux en brousse, en passant par des valeurs intermédiaires pour les ambulants et les
commerçants de marché. L’augmentation des prix est fonction de la valeur ajoutée au produit
et des marges de bénéfice que souhaite avoir l’intermédiaire. En effet, le bois acheté en gros
par le détaillant subit un autre conditionnement avant sa mise à disposition au consommateur.
Chez le grossiste, on trouve souvent des gros fagots de bois pesant jusqu’à 30 kg et constitués
de morceaux dont la longueur peut atteindre deux mètres, mais aussi des troncs d’arbre
découpés en tranches de cinquante centimètres environ. Le détaillant s’arrange alors pour
constituer de petits fagots, les transporter aux lieux de distribution et faire payer sa prestation.
La facture du bois de feu s’avère alors lourde pour les gens les plus défavorisés et aggrave la
pauvreté dans les centres urbains. Dans la mesure où cette facture représente une ponction
importante du revenu de ces populations.

Le secteur bois-énergie se caractérise non seulement par une absence de structure tarifaire
mais aussi par un manque de programmes de régénération de la matière ligneuse. En effet,
malgré l’inscription dans les objectifs de l’ANAFOR de sauvegarder la forêt camerounaise,

50
aucun programme de reforestation digne de ce nom n’a été mené au Cameroun, alors qu’on
assiste de plus en plus à une déforestation sauvage et massive, en dépit des cris d’alerte et de
protestation des populations et autres ONG locales. Par ailleurs, malgré l’existence des lois
réglementant l’activité d’exploitation forestière, des tensions subsistent notamment entre les
exploitants forestiers et les populations autochtones et riveraines. Celles-ci accusant souvent
les premiers de piller les ressources nationales sans contrepartie pour les populations locales
en particulier et le Cameroun en général, et ce avec la complicité des gouvernants.

Les autres énergies renouvelables demeurent sous-exploitées…

Au Cameroun, les ressources en énergie solaire, éolienne et géothermique ne sont pas


maîtrisées et il n’existe pas de réglementation définissant les modalités d’utilisation de ces
réserves énergétiques. Or d’après le rapport national du Cameroun sur le développement
durable37 de septembre 2001, l’ensemble du territoire national reçoit une abondante
insolation. La zone du Sud, plus humide, reçoit une insolation moyenne de 4.9 kilowatt-heure
par jour et par mètre carré alors que la zone Nord où l’ensoleillement est régulier toute
l’année, reçoit 5.8 kilowatt-heure par jour et par mètre carré. La moyenne théorique nationale
d’après ce rapport est estimée à 2 327.5 terra watt-heure, soit environ 20 fois le potentiel
hydroélectrique. L’énergie hydraulique étant et de loin la première source de production
d’électricité au Cameroun (66,87% en 2007). En ce qui concerne l’éolien, les régions du Nord
et de l’Extrême-Nord ainsi que la zone littorale présentent des sites favorables à l’exploitation
de cette forme d’énergie. Des données disponibles y ont même mis en évidence des vitesses
de vent supérieures à 2 mètres par seconde, mais le recours à cette forme d’énergie reste
encore à un stade embryonnaire dans tout le pays. En effet, les technologies nécessaires pour
exploiter ces ressources énergétiques restent encore largement inaccessibles. On peut aussi
noter que les taxes et droits de douane sur ces produits constituent un frein à leur diffusion.
Ainsi, un effort dans la réglementation faciliterait la pénétration des technologies exploitant
les énergies solaire et éolienne.

En ce qui concerne la micro-hydraulique, malgré l’évolution de la législation, aucun


aménagement n’a été réalisé et les anciens sites déclassés n’ont pas été réhabilités. Pourtant
huit des dix régions du Cameroun disposent de nombreuses potentialités de réalisations en
micro ou en mini centrales hydroélectriques. Une estimation du rapport national du Cameroun
sur le développement durable38 donnait une moyenne de 1,115 terra watt-heure pour cette
réserve d’énergie. Si l’on excepte quelques installations solaires photovoltaïques utilisées
pour la signalisation et l’éclairage, des ressources significatives en énergie solaire, en énergie
éolienne et en petite hydraulique ne sont pas mises en valeur.

…Pourtant, elles sont bien indiquées pour aider à sortir les zones rurales du noir

Alors que près de 50% de la population urbaine bénéficie de l’électricité, ce n’est le cas que
de 5% de la population rurale. La plus grande partie de cette population ne pourra avoir accès
à l’électricité que dans un avenir très lointain si de nouvelles stratégies ne sont pas mises en
œuvre. Or l’on sait que l’accès à l’électricité à un prix acceptable est une condition nécessaire

37
« Rapport national du Cameroun sur le développement durable (Rio+10) », Ministère de l’Environnement et
des Forêts, septembre 2001, p.21.
38
Ibid., p.20.

51
au développement du tissu économique et à l’amélioration du bien-être des populations (cf.
chapitre 2).

Dans un contexte où les zones rurales ne sont couvertes que parcimonieusement par le réseau
de l’opérateur historique AES-Sonel, la micro-hydraulique et l’énergie solaire sont les
bienvenues pour permettre la promotion de l’électrification dans ces régions de manière
viable et durable. Seulement, le développement de l’énergie solaire est encore très limité,
compte tenu de son coût exorbitant. Les économies d’échelle réalisées par ses promoteurs
permettront, à moyen ou à long terme, de baisser les prix des équipements nécessaires à son
exploitation. Mais, une volonté politique nationale (à travers un aménagement du cadre
réglementaire) et/ou internationale (en facilitant les transferts technologiques) pourrait aussi
changer la donne.

Les déchets constituent également une source d’énergie non négligeable. La valorisation
énergétique des déchets s’inscrit dans une perspective de développement local ou sectoriel.
Une meilleure connaissance de la situation de l’énergie dans les différents centres agro-
industriels disposant de déchets est nécessaire pour apprécier les potentialités énergétiques de
la biomasse agro-industrielle. Au Cameroun, la gestion des déchets solides municipaux relève
de la responsabilité des collectivités publiques locales que sont les communes urbaines ou
rurales. Ces déchets municipaux comprennent outre les ordures ménagères, mais aussi les
déchets industriels, les déchets d’espaces verts, les encombrants des ménages, les déchets des
marchés et de vidange. Il n’existe généralement pas de décharge autorisée, les déchets sont
déversés dans les dépressions ou les carrières abandonnées situées autour de chaque ville. Les
quantités de déchets enlevées sont mal maîtrisées par ces mairies, qui dans la plupart des cas
ne tiennent pas des statistiques à ce sujet. Ce qui complique d’autant une éventuelle mise en
place d’une politique de valorisation de ces déchets potentiellement énergétiques. Il est donc
nécessaire de procéder à un repérage plus fin des sites notamment industriels, permettant de
dégager les couples « sites potentiels d’énergie/centres d’utilisation à proximité ».

Conclusion

En définitive, une analyse du système énergétique camerounais montre qu’en dehors de ses
ressources en hydrocarbures qui restent très importantes dans le dispositif financier de l’Etat,
le pays dispose des conditions hydrologiques favorables à l’hydroélectricité ; une abondance
de forêts couvrant les trois quarts du territoire, dont l’exploitation occasionne des résidus
importants ; un ensoleillement important, tant dans les zones humides que, surtout, dans la
zone sahélienne du Nord. Tous ces éléments font du Cameroun un important gisement
d’énergies renouvelables, respectueuses de l’environnement, mais actuellement largement
sous-exploitées, dont il pourrait se servir pour poursuivre des objectifs de développement
socio-économique. A condition aussi que les prix de ces produits énergétiques soient enfin
revus et pensés à travers une politique claire et ambitieuse.

Les prix des produits énergétiques

Le système énergétique du Cameroun s’est longtemps illustré par une absence totale de
politique tarifaire. Les prix de l’énergie sont fixés par type d’énergie et par des structures
différentes sans aucune vision d’ensemble : les tarifs d’électricité sont gérés par l’ARSEL
alors que la gestion des prix des produits pétroliers revient à la CSPH et ceux du pétrole brut à

52
la SNH. En plus, pour l’électricité, il n’existe pas toujours de cadre formel permettant de
comprendre la grille tarifaire en vigueur. Cette situation, conjuguée aux délestages électriques
dont est victime la clientèle, ne favorise pas la satisfaction face à une hausse continue de la
facture d’électricité. Dans le secteur pétrolier aval, grâce à plusieurs réformes réalisées sous la
houlette de la CSPH, les prix des produits pétroliers commencent à refléter les prix du marché
international tout en maintenant les besoins de péréquation interne au niveau inter-régional.
Enfin, pour les biocombustibles solides dominés par le bois et le charbon de bois, il n’existe
pas non plus un cadre permettant de servir de canevas pour la fixation des prix, il en résulte
une fixation anarchique des prix de ces produits énergétiques sur toute l’étendue du territoire
avec des différences considérables et préjudiciables pour le consommateur.

53
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre, nous avons examiné les caractéristiques géographiques, sociales et
économiques du pays ainsi que leur impact sur le secteur énergétique. Le Cameroun, à la
différence de plusieurs autres pays d’Afrique, est plutôt bien doté en ressources énergétiques.
Même si sa production de pétrole brut est en baisse, grâce à son relief et aux multiples cours
d’eau qui le parcourent, le Cameroun a un potentiel hydroélectrique considérable qui constitue
un argument de poids pour réaliser son indépendance énergétique. Aussi, les caractéristiques
du climat favorisent, surtout au Sud, une exubérante végétation représentant un potentiel non
négligeable de matières ligneuses pouvant être valorisées en biomasse-énergie.
L’ensoleillement important au Nord permet d’envisager une exploitation du solaire
photovoltaïque principalement, afin de faire face au besoin d’électrification des populations
de ces régions. En résumé, les facteurs géographiques et socio-économiques affectent le
secteur de l’énergie comme l’indique le tableau ci-dessous :

Tableau 1.2: Récapitulatif de l’impact des facteurs géographiques et socio-économiques


sur la situation énergétique du Cameroun

Domaine Secteur de l’électricité Secteur des produits Secteur de la biomasse


pétroliers

Etirement du territoire Raffinerie Interconnexion-bois


au Sud-ouest
Géographie Coût élevé du projet Coût élevé du transfert
d’interconnexion La position excentrée du bois du Sud forestier
électrique entre les de la raffinerie génère vers le Nord en voie de
parties méridionales et des coûts élevés de désertification
septentrionales du pays transport des produits
vers le Nord ; d’où la
péréquation des prix de
ces produits

Dispersion de l’habitat Dispersion de l’habitat Urbanisation croissante


en zone rurale en zone rurale
Importants transferts de
Démographie Coût élevé de Absence de points de bois de feu vers les
raccordement au réseau distribution officiels zones urbaines
électrique national des produits pétroliers

Urbanisation non Vente frauduleuse des


maîtrisée produits pétroliers

Branchements
électriques
anarchiques, sous-
location et fraudes

54
L’électricité est la L’inflation dans le Le bois de feu est
Economie première énergie du secteur renchérit les l’énergie la plus
secteur industriel ; coûts de transport consommée au
l’économie est très Cameroun : impacts sur
sensible au délestage l’environnement,
particulièrement dans la
partie Nord du Pays

Source : SIE-CAMEROUN, Rapport 2008

Par ailleurs, l’impact du secteur énergétique sur l’économie camerounaise est tout aussi
considérable. Au niveau macroéconomique, la contribution du secteur énergie au PIB du pays
est chaque année supérieure à 10%. La branche « industries extractives » qui comprend
essentiellement l’exploration et la production de pétrole brut a un effet d’entraînement sur le
secteur tertiaire. En outre, quelque fois en saison sèche et à cause de l’insuffisance de l’offre
d’hydroélectricité, la société Alucam (Aluminium du Cameroun), grosse consommatrice
d’énergie, est même souvent contrainte de réduire sa consommation et donc sa production.
L’exploitation forestière est aussi grosse consommatrice d’énergie.

L’importance du secteur énergétique au Cameroun peut aussi se mesurer à travers sa place


prépondérante dans le budget. En effet, le budget de l’Etat camerounais est constamment
financé à plus de 40% par la contribution du secteur Energie. Ce financement a même atteint
un record de 65.38% en 1994/1995 (Nkutchet, 2004). Les contributions du secteur Energie
proviennent essentiellement : de la redevance pétrolière, des recettes tirées de la
commercialisation du pétrole brut, de la taxe spéciale sur les produits pétroliers (super et
gasoil essentiellement), des impôts et taxes payés par les entreprises du secteur. L’impact de
l’énergie sur la balance commerciale du pays est tout aussi important, et c’est grâce à la
contribution des exportations du pétrole brut qu’elle est le plus souvent excédentaire.

Il serait assez difficile de mesurer le réel impact sur l’emploi du secteur énergétique dans son
ensemble. S’il est vrai que l’on peut connaître avec précision l’effectif des employés des sous-
secteurs de l’électricité et des hydrocarbures, on ne peut qu’estimer le nombre de personnes
impliquées dans le sous-secteur des biocombustibles renouvelables, en raison du caractère
informel de certaines activités et pratiques, notamment villageoises. Toujours est-il que le rôle
de l’énergie dans l’économie nationale est inestimable. Le chapitre suivant s’intéresse à la
relation entre la consommation d’énergie et la croissance économique au Cameroun.

55
Deuxième partie – Energie, économie et
environnement : quels liens ?

56
Chapitre 2 – Croissance économique et
consommation d’énergie au Cameroun :
une analyse en termes de causalité

Introduction du chapitre
Dans la littérature traitant de la consommation énergétique dans les pays en développement, il
est le plus souvent question d’ « accès à l’énergie » en référence aux conditions d’accès aux
énergies modernes consommées dans les pays développés à des prix abordables
(Bhattacharyya, 2006 ; Spalding-Fecher et al., 2005). L’expression « pauvreté énergétique »
décrit alors une situation dans laquelle l’accès à l’énergie n’est pas encore réalisé (Pachauri et
al., 2004 ; Sagar, 2005).

Les travaux traitant des questions de développement dans le domaine de l’énergie peuvent
être regroupés en trois principales catégories (Kanagawa and Nakata, 2008) :

* Les études descriptives (Aggarwal and Chandel, 2004; Bastakoti, 2003; Dung et al., 2003;
Gangopadhyay et al., 2005 ; Rehman et al., 2005) décrivent l’état de la demande et de la
consommation, ainsi que les programmes et politiques énergétiques dans les pays en
développement. Elles étudient aussi les aspects critiques de ces politiques et programmes et
en évaluent les résultats et impacts. Bien qu’intégrant divers aspects des politiques et
programmes énergétiques qu’elles évaluent comme les aspects institutionnels, législatifs et
sociaux, la plupart de ces études ont une approche résolument qualitative, très orientée sur des
cas particuliers, et sont difficilement généralisables.
* Les études expérimentales (Bhattacharya et al., 2002 ; Chakrabarti and Chakrabarti, 2002 ;
Masera et al., 2000 ; Wijayatunga and Attalage, 2002) examinent l’efficacité technologique
ou économique des dispositifs ou appareils afin de comparer les technologies adoptées par les
ménages ruraux. Elles mesurent non seulement les données relatives à la demande, à la
consommation et aux dépenses énergétiques, mais également les émissions de polluants. Bien
que ces études contiennent des données hautement précises ou désagrégées, les implications
en matière politique tendant à promouvoir les meilleures technologies ne sont pas
suffisamment discutées en fonction des résultats.
* Les études analytiques (Bailis et al., 2005 ; Biswas et al., 2001 ; Howells et al., 2005 ;
Mathur et al., 2003 ; Pachauri et al., 2004 ; Parikh and Ramanathan, 1999) analysent la
structure de la demande et de la consommation des pays en développement. Elles appliquent
des outils analytiques à la structure de l’offre et de la demande à un niveau local, régional ou
national, en prenant en compte des paramètres économiques et technologiques. Ces études
intègrent des approches de modélisation top-down et bottom-up. En plus, elles peuvent
incorporer des émissions liées à la consommation d’énergie tels les gaz à effet de serre, et des
politiques gouvernementales comme les taxes environnementales.

57
Un grand nombre de travaux de recherches portent sur les études descriptives et
expérimentales. En revanche, il n’y a qu’un nombre limité d’études classées comme études
analytiques. En particulier, peu de travaux évaluent les effets socio-économiques des résultats
des analyses. Etant donné qu’aujourd’hui la pauvreté est considérée comme un défaut de bien-
être socio-économique, elle est alors incontournable quand on examine les impacts socio-
économiques de la transition ou de l’amélioration des sources d’énergie consommées dans les
pays en développement. Concernant ce point, le modèle d’analyse incluant une approche
bottom-up, en combinaison avec l’évaluation des aspects socio-économiques, est en mesure
de révéler les liens entre l’amélioration de l’accès à l’énergie et l’éradication de la pauvreté
(Kanagawa and Nakata, 2007). Dans le chapitre 3, on reviendra sur l’impact de
l’électrification et en générale de l’accès aux énergies modernes, sur la réduction de la
pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations du monde en développement.

Le travail que nous avons entrepris au cours de cette thèse pourrait s’inscrire dans les
catégories des études descriptives et analytiques, puisque nous nous sommes assignés pour
mission d’essayer de décrire et d’analyser le système énergétique camerounais au regard des
politiques énergétiques en vigueur et leur impact socio-économique et environnemental. Et
précisément, dans ce chapitre, nous cherchons à établir la nature de la relation entre la
consommation énergétique et la croissance économique du Cameroun. La méthodologie
adoptée est une approche en trois étapes. La première étape consiste à vérifier les propriétés
des séries chronologiques (stationnarité et ordre d’intégration) de la croissance économique et
de la consommation énergétique à l’aide des tests de racine unitaire de Dickey-Fuller (1979)
et Phillips-Perron (1988). Dans la deuxième étape, le test de causalité au sens de Granger est
effectué sur les séries stationnarisées, afin de déterminer la direction de la causalité entre la
croissance économique et la consommation énergétique. Enfin, dans la troisième étape, nous
effectuerons le test de cointégration de Johansen et nous estimerons un modèle ECM si les
séries sont cointégrées, et VAR sinon. Toutefois, avant d’entamer l’étude de ces séries
macroéconomiques, nous commençons par un aperçu des travaux sur la relation entre la
croissance économique et la consommation d’énergie.

SECTION I – REVUE DE LA LITTERATURE DES TRAVAUX EMPIRIQUES SUR


LE LIEN ENTRE CROISSANCE ET ENERGIE

L’intuition générale ne peut qu’accréditer l’idée selon laquelle il existe une relation évidente
entre la croissance économique et la consommation d’énergie. Dans le chapitre suivant, nous
verrons qu’il existe une corrélation positive entre la consommation énergétique et le produit
intérieur brut. Il est néanmoins nécessaire de garder à l’esprit le traditionnel problème de
causalité entre deux variables corrélées. Peut-on affirmer que l’accès à l’énergie entraîne
mécaniquement le développement économique ? Ou au contraire, est-ce la croissance de
l’activité économique qui favorise la consommation énergétique ? Ou bien, existe-t-il une
troisième variable induisant ces deux effets ? Il est difficile d’apporter une réponse définitive
à ces questions, tant les travaux qui les ont abordées ont abouti à des conclusions différentes
et même parfois contradictoires.

58
Les travaux des pionniers

Les premiers à s’intéresser au sens de la causalité de la relation énergie-croissance sont Kraft


et Kraft (1978). En utilisant les techniques de causalité spécifiées par Sims, ces deux auteurs
démontrent d’abord l’existence d’une forte relation statistique entre l’énergie et la croissance,
puis une causalité unidirectionnelle de la croissance vers la consommation d’énergie aux
Etats-Unis sur la période 1947-1974. Ils concluent alors que les politiques d’économie
d’énergie n’auraient pas d’effets néfastes sur l’activité économique. L’article de Kraft et Kraft
a été critiqué par Akarca et Long (1980) qui ont noté que la période choisie était instable, car
elle incluait le premier choc pétrolier. En reprenant l’analyse et avec la même technique, mais
cette fois-ci sur une période plus homogène allant de 1950 à 1968, Akarca et Long remettent
en cause toute relation de causalité entre le revenu et la consommation d’énergie. Plus tard, ce
dernier résultat a été confirmé par les travaux de Yu et Hwang (1984) concernant les Etats-
Unis sur la période 1947-1979.

Depuis, les travaux économiques se succèdent en s’intéressant à d’autres pays, et aussi en


adoptant d’autres techniques d’analyse économétrique. En appliquant ces techniques
nouvelles, plusieurs études économétriques ont démontré l’existence d’une relation causale
soit unidirectionnelle, soit bidirectionnelle, sans qu’on puisse vraiment tirer une tendance
générale caractéristique pour des pays à différents niveaux de développement ou à différentes
structures de l’économie.

Une synthèse des travaux empiriques sur la relation énergie-croissance

Les différents travaux sur la relation entre la consommation d’énergie et la croissance


économique, mesurée essentiellement par le PIB, aboutissent à des résultats très mitigés et
donc à des préconisations prudentes en matière de politique économique et énergétique. Ces
résultats sont influencés par les techniques d’analyse utilisées, le niveau de développement
des pays sélectionnés et enfin par la période d’étude retenue. Pour ce qui est des techniques
retenues, il faut souligner que très souvent les auteurs ne se souciaient pas des propriétés
statistiques des séries, notamment leur stationnarité. Or, la plupart des séries sont non
stationnaires, et les appliquer les techniques usuelles de l’économétrie sans les avoir
stationnariser au préalable, peut conduire à des évolutions divergentes et à des estimations
fallacieuses, donc à une appréciation erronée du sens de la causalité.

En dehors de la technique de Sims, utilisée par Kraft et Kraft (1978), Akarca et Long (1980),
et même Yu et Hwang (1984), l’approche testant la cointégration entre deux variables sera de
plus en plus utilisée. L’un des premiers travaux adoptant la méthodologie de Engle et Granger
de la cointégration semble être celui de Nachane et al. (1988). Suivant cette approche, ces
auteurs ont trouvé une relation de long terme entre la consommation d’énergie et la croissance
économique pour onze pays en développement et cinq pays développés (Ambapour, 2005).
Cette technique d’Engle et Granger a été ensuite appliquée par de nombreux auteurs à
différents pays avec des résultats pas toujours clairs. Par exemple, l’étude de Yang (2000) sur
la province chinoise de Taiwan a conduit à une causalité bidirectionnelle entre croissance et
consommation d’énergie, et des causalités unidirectionnelles du PIB vers la consommation de
pétrole et de la consommation de gaz naturel vers le PIB sur la période 1954-1997. Cette
étude de Yang remet en cause celle de Cheng et Lai (1997) qui débouchait sur une causalité

59
unidirectionnelle du PIB vers la consommation d’énergie concernant cette même province de
Taiwan, mais sur la période 1954-1993.

Par la suite, Masih et Masih (1996b) sont parmi les premiers auteurs à utiliser la méthodologie
de Johansen dans la recherche des relations entre énergie et croissance. Ainsi, dans une série
d’articles relatifs à l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Pakistan, les Philippines et Singapour,
ils ont montré qu’il existe une relation de long terme entre énergie et croissance dans le cas de
l’Inde, l’Indonésie et le Pakistan. Les conclusions des travaux de ces auteurs font également
état de l’existence d’une causalité bidirectionnelle entre la consommation d’énergie et le PIB
au Pakistan, des causalités unidirectionnelles de l’énergie vers le PIB en Inde et du PIB vers
l’énergie en Indonésie. Toujours d’après Massih et Massih, l’utilisation d’un VAR ordinaire
révèle l’absence de relation causale entre le PIB et la consommation d’énergie en Malaisie,
aux Philippines et à Singapour. Le résultat concernant l’Inde n’est pas confirmé par Keppler
(2007), qui établit plutôt une relation de causalité au sens de Granger du PIB vers la
consommation d’énergie, à un seuil de significativité de 5%. Et pour cet auteur, ce résultat est
compatible avec la politique indienne de subvention massive de la consommation des produits
pétroliers, notamment dans les zones rurales.

Le tableau 2.1 suivant synthétise un certain nombre de travaux empiriques effectués, en


utilisant la technique de Sims, la méthodologie de Engler et Granger, ou la technique de
cointégration de Johansen à différents pays et sur différentes périodes. Suivant l’approche
retenue et la période considérée, ce tableau montre qu’on peut bien arriver à des résultats
contradictoires pour un même pays, comme l’illustrent le cas de l’Inde étudié par Massih et
al.(1996b) et Keppler (2006), ou le cas de l’Indonésie étudié par Massih et al.(1996b) et
Asafu-Adjaye (2000).

Tableau 2.1: Comparaison de quelques résultats des tests de causalité

Auteurs Méthode utilisée Pays et période Sens de causalité

Kraft et Kraft (1978) Technique de Sims Etats-Unis (1947-1974) Revenu  Energie


Akarca et Long Technique de Sims Etats-Unis (1950-1968, Aucun
(1980) 1970)
Yu et Hwang (1984) Technique de Sims Etats-Unis (1947-1979) Aucun
Yu et Choi (1985) Causalité au sens de Corée du Sud Revenu  Energie
Granger Pologne Aucun
(1954-1976)
Etats-Unis Aucun
Royaume-Uni Aucun
Philippines Energie  revenu
(1950-1976)
Erol et Yu (1988) Causalité au sens de Allemagne de l’Ouest Revenu  Energie
Granger Canada Energie  revenu
Italie Revenu  Energie
France Aucun
Japon Energie  revenu
Royaume-Uni Aucun

60
(1952-1980)
Abosedra et Cointégration et Etats-Unis (1947-1972, Revenu  Energie
Baghestani (1989) causalité au sens de 1947-1974, 1947-1979,
Granger 1947-1987)
Hwang et Gum Cointégration et Taiwan (1961-1990) Energie  revenu
(1991) causalité au sens de
Granger
Cheng (1995) Cointégration et Etats-Unis (1947-1990) Aucun
causalité au sens de
Granger
Massih et Massih Cointégration, Inde Energie  revenu
(1996) causalité au sens de Malaisie Aucun
Granger et Pakistan Energie  revenu
décomposition de (1955-1990)
vecteurs Indonésie Revenu  Energie
Singapour Aucun
(1960-1990)
Philippines Aucun
(1955-1991)
Massih et Massih Cointégration, Corée (1955-1991) Energie  revenu
(1997) modèle vectoriel à Taiwan (1952-1992) Energie  revenu
correction d’erreurs,
décomposition de la
variance et fonction
de réponse
impulsionnelle
Cheng et Lai (1997) Causalité au sens de Taiwan (1954-1993) Revenu  Energie
Granger
Asafu-Adjaye Cointégration, Inde Energie  revenu
(2000) causalité au sens de Indonésie Energie  revenu
Granger et modèle à (1973-1995)
correction d’erreur Philippines Energie  revenu
Thaïlande Energie  revenu
(1971-1995)
Aqeel et Butt (2001) Cointégration et Pakistan (1955-1996) Revenu  Energie
causalité au sens de
Granger
Chang et Wong Cointégration et Singapour (1975-1995) Revenu  Energie
(2001) causalité au sens de
Granger
Fatai et al. (2002) Causalité au sens de Nouvelle Zélande Revenu  Electricité
Granger, approche (1960-1999) Revenu  Pétrole
ARDL et technique (mais pas de relation
de Toda et causale entre Revenu
Yamamoto et Energie totale)
Glasure (2002) Cointégration et Corée du Sud (1961- Energie  revenu
modèle à correction 1990)
d’erreur et
décomposition de la
variance

61
Soytas et Sari (2003) Cointégration et Allemagne Energie  revenu
causalité au sens de France Energie  revenu
Granger Japon Energie  revenu
Italie Revenu  Energie
Turquie Energie  revenu
(1950-1992)
Argentine (1950-1990) Energie  revenu
Corée (1953-1991) Revenu  Energie
Ghali et El-Sakka Cointégration et Canada (1961-1997) Energie  revenu
(2004) causalité au sens de
Granger
Jumbe (2004) Cointégration, Malawi (1970-1999) Energie  revenu
causalité au sens de (test de Granger)
Granger et modèle à Revenu  Electricité
correction d’erreur (ECM)
(ECM)
Morimoto et Hope Causalité au sens de Siri Lanka (1960-1998) Electricité  Revenu
(2004) Granger
Oh et Lee (2004) Causalité au sens de Corée (1970-1999) Electricité  Revenu
Granger et modèle à (long terme)
correction d’erreur Electricité  Revenu
(court terme)
Wolde-Rufael Causalité au sens de Shanghai (1952-1999) Energie  revenu
(2004) Granger
Lee (2005) Tests de racine 18 pays en Energie  revenu
unitaire et de développement (1975-
cointégration sur 2001)
données de panel
Ambapour et Cointégration et Congo (1960-1999) Revenu  Energie
Massamba (2005) modèle à correction
d’erreur
Keppler (2006) Cointégration, Chine (1971-2002) Energie  revenu
causalité au sens de Inde (1971-2002) Revenu  Energie
Granger et modèle à
correction d’erreur
Belloumi (2009) Cointégration, Tunisie (1971-2004) Energie  Revenu
causalité au sens de (long terme)
Granger et modèle Energie  Revenu
vectoriel à (court terme)
correction d’erreurs
Source : Lee (2005), Mozumder (2006) et Keppler (2006)

Il en résulte que les relations entre la consommation d’énergie et plus particulièrement


d’électricité, la croissance économique et le développement sont très complexes. On n’a pas
de relations mécaniques de cause à effet. Pour un même niveau de revenu ou de
développement humain, on peut avoir des consommations d’énergie et d’électricité très
différentes. Ceci tient aux conditions géographiques, aux structures économiques, à
l’efficience énergétique et aux styles de vie dans les différents pays. Pour Bourdaire (2000), la
consommation d’énergie d’un pays dépend non seulement du produit intérieur brut, mais

62
également par ordre d’importance du niveau des prix finaux de l’énergie, du climat et de
l’impact des politiques d’efficacité énergétique.

SECTION II – QUELLE EST LA NATURE DE LA RELATION ENTRE LA


CROISSANCE ECONOMIQUE ET LA CONSOMMATION D’ENERGIE AU
CAMEROUN ?

II.1 – Données utilisées

L’approvisionnement énergétique total par habitant est désigné par ENERGIE_PAR_HAB.


Pour les énergies commerciales, on désigne par PETROLE_PAR_HAB : la consommation
finale totale de produits pétroliers par tête et par ELEC_PAR_HAB : la consommation finale
totale d’électricité par tête, et ce sur la période 1971-2005, soit 35 ans.

Pour les énergies non commerciales, les données de consommation n’étant disponibles que de
1994 à 2005, nous avons utilisé les données correspondant aux approvisionnements totaux en
produits primaires relatifs aux combustibles renouvelables et déchets. Nous les appelons
énergies non commerciales car bien que faisant l’objet d’un échange marchand entre les
populations, les prix ne sont pas harmonisés au niveau national et par ailleurs, ces énergies
sont d’un poids économique faible. Nous désignons par BIOMASSE_PAR_HAB : la
consommation par habitant de cette catégorie d’énergie sur la période 1971-2005. Toutes ces
consommations sont exprimées en milli tonne équivalent pétrole (mtep).

La croissance économique est mesurée par le PIB basé sur les parités de pouvoir d’achat en
dollars américains de 2000, et ce pour la période allant de 1971 à 2005. On désigne alors par
PIB_PAR_HAB, le produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat. Ces
données comportent certes un biais spécifique à l’institution les ayant établies, mais
n’introduisent pas systématiquement un biais dans l’évaluation de la relation énergie-revenu
(Keppler, 2006). L’ensemble des données est extraite de IEA Energy Balances of Non-OECD
Countries [2007] et de la banque mondiale (World Development Indicators).

II.2 – Etude préliminaire des séries

II.2.1 – REPRESENTATIONS GRAPHIQUES

Les figures ci-dessous représentent les évolutions des différentes séries. D’après un examen
visuel de ces évolutions, il semble que ces séries soient non stationnaires.

63
Figure 2.1 : Représentations graphiques des séries ENERGIE_PAR_HAB,
ELEC_PAR_HAB, PETROLE_PAR_HAB, BIOMASSE_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB
sur la période 1971-2005

450 3.0

2.8
En US$(2000)
440
2.6
430
2.4

420 2.2

2.0
410
1.8
400
1.6

390 1.4
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

ENERGIE_PAR_HAB PIB_PAR_HAB

90 20
En milli tep En milli tep
19
80
18

70 17

16
60 15

14
50
13

40 12
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

PETROLE_PAR_HAB ELEC_PAR_HAB

348
En milli tep
344

340

336

332

328

324
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

B IO M A S S E _ P A R _ H A B

64
Afin de se fixer sur la stationnarité de ces séries, nous poursuivons leur examen par l’analyse
des autocorrélations.

II.2.2 – ANALYSE DES AUTOCORRELATIONS ET AUTOCORRELATIONS PARTIELLES

D’après les corrélogrammes ci-dessous des différentes séries, toutes les autocorrélations sont
significativement différentes de 0 au seuil de 5 % (la probabilité critique, Prob = 0 < 5%) et
décroissement lentement. Ceci est aussi caractéristique d’une série non stationnaire. Nous
vérifierons par la suite cette affirmation par l’application des tests de stationnarité.

Tableau 2.2 : Corrélogramme de ENERGIE_PAR_HAB


Date: 06/22/09 Time: 17:41
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*******| . |*******| 1 0.871 0.871 28.884 0.000
. |****** | . *| . | 2 0.735 -0.096 50.095 0.000
. |**** | . *| . | 3 0.575 -0.181 63.462 0.000
. |*** | . *| . | 4 0.396 -0.178 70.015 0.000
. |* . | .**| . | 5 0.188 -0.252 71.545 0.000
. | . | .**| . | 6 -0.035 -0.254 71.599 0.000
.**| . | . | . | 7 -0.200 0.049 73.447 0.000
***| . | . *| . | 8 -0.351 -0.105 79.357 0.000
****| . | . | . | 9 -0.464 -0.043 90.065 0.000
****| . | . | . | 10 -0.530 0.005 104.64 0.000
****| . | . |* . | 11 -0.533 0.066 119.96 0.000
****| . | . | . | 12 -0.490 0.019 133.47 0.000
***| . | . | . | 13 -0.426 -0.022 144.14 0.000
.**| . | . | . | 14 -0.317 0.056 150.34 0.000
. *| . | . | . | 15 -0.185 0.035 152.57 0.000
. *| . | . *| . | 16 -0.084 -0.180 153.04 0.000

Tableau 2.3 : Corrélogramme de PETROLE_PAR_HAB


Date: 06/09/09 Time: 21:24
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*******| . |*******| 1 0.860 0.860 28.141 0.000
. |****** | . | . | 2 0.738 -0.003 49.525 0.000
. |***** | . *| . | 3 0.594 -0.151 63.825 0.000
. |**** | . | . | 4 0.468 -0.031 72.993 0.000
. |*** | . *| . | 5 0.337 -0.093 77.908 0.000
. |* . | ***| . | 6 0.153 -0.321 78.948 0.000
. | . | . | . | 7 0.014 0.012 78.957 0.000
. *| . | . | . | 8 -0.108 -0.019 79.515 0.000
.**| . | . *| . | 9 -0.206 -0.083 81.629 0.000
.**| . | . *| . | 10 -0.294 -0.062 86.098 0.000
***| . | . | . | 11 -0.368 -0.031 93.408 0.000
***| . | . *| . | 12 -0.420 -0.104 103.36 0.000
****| . | . *| . | 13 -0.455 -0.071 115.57 0.000
****| . | . | . | 14 -0.452 0.045 128.16 0.000

65
***| . | . |* . | 15 -0.397 0.144 138.36 0.000
***| . | . *| . | 16 -0.345 -0.063 146.49 0.000

Tableau 2.4 : Corrélogramme de ELEC_PAR_HAB


Date: 06/09/09 Time: 21:44
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |****** | . |****** | 1 0.786 0.786 23.545 0.000
. |**** | .**| . | 2 0.520 -0.256 34.168 0.000
. |*** | . |* . | 3 0.360 0.133 39.412 0.000
. |**. | . | . | 4 0.272 0.004 42.511 0.000
. |* . | . *| . | 5 0.153 -0.160 43.528 0.000
. |* . | . |* . | 6 0.090 0.138 43.889 0.000
. | . | .**| . | 7 -0.001 -0.244 43.889 0.000
. *| . | .**| . | 8 -0.169 -0.243 45.255 0.000
***| . | .**| . | 9 -0.382 -0.252 52.519 0.000
****| . | . *| . | 10 -0.490 -0.061 64.941 0.000
****| . | . |* . | 11 -0.465 0.091 76.619 0.000
***| . | . *| . | 12 -0.431 -0.143 87.058 0.000
***| . | . | . | 13 -0.410 0.005 96.973 0.000
.**| . | . |* . | 14 -0.312 0.195 102.97 0.000
. *| . | . |* . | 15 -0.170 0.129 104.84 0.000
. *| . | . | . | 16 -0.101 -0.031 105.54 0.000

Tableau 2.5 : Corrélogramme de BIOMASSE_PAR_HAB


Date: 06/09/09 Time: 21:26
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*******| . |*******| 1 0.909 0.909 31.464 0.000
. |****** | . *| . | 2 0.812 -0.080 57.353 0.000
. |***** | . *| . | 3 0.706 -0.107 77.530 0.000
. |***** | . *| . | 4 0.598 -0.070 92.478 0.000
. |**** | . *| . | 5 0.487 -0.083 102.73 0.000
. |*** | . *| . | 6 0.371 -0.106 108.86 0.000
. |**. | . *| . | 7 0.253 -0.090 111.82 0.000
. |* . | . *| . | 8 0.135 -0.095 112.69 0.000
. | . | . *| . | 9 0.015 -0.115 112.70 0.000
. *| . | . *| . | 10 -0.096 -0.060 113.18 0.000
.**| . | . | . | 11 -0.195 -0.052 115.22 0.000
.**| . | . | . | 12 -0.278 -0.029 119.56 0.000
***| . | . | . | 13 -0.347 -0.039 126.64 0.000
***| . | . | . | 14 -0.404 -0.050 136.71 0.000
***| . | . | . | 15 -0.439 0.015 149.19 0.000
****| . | . | . | 16 -0.458 -0.013 163.49 0.000

Tableau 2.6 : Corrélogramme de PIB_PAR_HAB


Date: 06/10/09 Time: 18:34
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*******| . |*******| 1 0.910 0.910 31.508 0.000
. |****** | ***| . | 2 0.768 -0.345 54.629 0.000

66
. |***** | . *| . | 3 0.608 -0.111 69.603 0.000
. |*** | .**| . | 4 0.417 -0.279 76.877 0.000
. |**. | .**| . | 5 0.206 -0.201 78.702 0.000
. | . | .**| . | 6 -0.019 -0.249 78.718 0.000
.**| . | . | . | 7 -0.213 0.018 80.809 0.000
***| . | . | . | 8 -0.356 0.060 86.885 0.000
****| . | . *| . | 9 -0.481 -0.171 98.389 0.000
****| . | . *| . | 10 -0.580 -0.125 115.83 0.000
*****| . | . |* . | 11 -0.606 0.166 135.67 0.000
*****| . | . *| . | 12 -0.597 -0.177 155.75 0.000
****| . | . | . | 13 -0.557 -0.023 174.00 0.000
****| . | . |* . | 14 -0.474 0.092 187.85 0.000
***| . | . | . | 15 -0.360 0.032 196.25 0.000
.**| . | . | . | 16 -0.220 -0.021 199.55 0.000

Avant de procéder aux tests de stationnarité sur ces séries, analysons d’abord leurs statistiques
descriptives.

II.2.3 – ETUDE DES STATISTIQUES DESCRIPTIVES

Figure 2.2 : Histogramme et statistiques de la série ENERGIE_PAR_HAB

8
Series: ENERGIE_PAR_HAB
7 Sample 1971 2005
Observations 35
6
Mean 424.2815
5
Median 424.0000
4 Maximum 447.7656
Minimum 399.8715
3 Std. Dev. 12.91374
Skewness -0.240640
2 Kurtosis 2.354877

1 Jarque-Bera 0.944730
Probability 0.623526
0
400 410 420 430 440 450

La figure 2.2 ci-dessus représente la distribution de la série ENERGIE_PAR_HAB. On


constate que la probabilité associée au test de Jarque-Bera (62.35%) est supérieure au seuil de
5%, on ne peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de normalité de la distribution. D’ailleurs, le
coefficient d’aplatissement (Kurtosis = 2.35), plus proche de 3 que de 0, signifie que la
distribution est plus mésokurtique (distribution normale) que platykurtique (distribution
relativement aplatie). En outre, le coefficient d’asymétrie (Skewness = -0.24), différent de 0 et
négatif, indique que la distribution est asymétrique vers la gauche.

67
Figure 2.3 : Histogramme et statistiques de la série ELEC_PAR_HAB

6
Series: ELEC_PAR_HAB
Sample 1971 2005
5
Observations 35

4 Mean 15.76544
Median 15.49498
3 Maximum 19.26514
Minimum 12.94118
Std. Dev. 1.989754
2 Skewness 0.096504
Kurtosis 1.664083
1
Jarque-Bera 2.656975
Probability 0.264878
0
13 14 15 16 17 18 19

La figure 2.3 ci-dessus représente la distribution de la série ELEC_PAR_HAB. On constate


que la probabilité associée au test de Jarque-Bera (26.48%) est supérieure au seuil de 5%, on
ne peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de normalité de la distribution. Toutefois, le
coefficient d’aplatissement (Kurtosis = 1.66), tout aussi proche de 3 que de 0, signifie que
même si elle peut être considérée comme normale, cette distribution est relativement aplatie.
En outre, le coefficient d’asymétrie (Skewness = 0.09), proche de 0, indique que la
distribution n’est pas complètement asymétrique.

Figure 2.4 : Histogramme et statistiques de la série PETROLE_PAR_HAB

14
Series: PETROLE_PAR_HAB
12 Sample 1971 2005
Observations 35
10
Mean 66.61459
8 Median 67.17460
Maximum 87.27915
Minimum 42.50000
6
Std. Dev. 12.63025
Skewness -0.486296
4
Kurtosis 2.675368
2 Jarque-Bera 1.533176
Probability 0.464596
0
40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90

La figure 2.4 ci-dessus représente la distribution de la série PETROLE_PAR_HAB. On


constate que la probabilité associée au test de Jarque-Bera (46.45%) est largement supérieure
au seuil de 5%, on ne peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de normalité de la distribution.
D’ailleurs, le coefficient d’aplatissement (Kurtosis = 2.67), plus proche de 3 que de 0, signifie

68
que la distribution est plus mésokurtique (distribution normale) que platykurtique (distribution
relativement aplatie). En outre, le coefficient d’asymétrie (Skewness = -0.48), différent de 0 et
négatif, indique que la distribution est asymétrique vers la gauche.

Figure 2.5 : Histogramme et statistiques de la série BIOMASSE_PAR_HAB

12
Series: BIOMASSE_PAR_HAB
Sample 1971 2005
10
Observations 35

8 Mean 335.2671
Median 335.9638
6 Maximum 347.3529
Minimum 327.2727
Std. Dev. 5.478294
4 Skewness 0.174734
Kurtosis 2.215234
2
Jarque-Bera 1.076227
Probability 0.583849
0
325 330 335 340 345

La figure 2.5 ci-dessus représente la distribution de la série BIOMASSE_PAR_HAB. On


constate que la probabilité associée au test de Jarque-Bera (58.38%) est largement supérieure
au seuil de 5%, on ne peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de normalité de la distribution.
D’ailleurs, le coefficient d’aplatissement (Kurtosis = 2.21), plus proche de 3 que de 0, signifie
que la distribution est plus mésokurtique que platykurtique. En outre, le coefficient
d’asymétrie (Skewness = 0.17), différent de 0 et positif, indique que la distribution est
asymétrique vers la droite.

Figure 2.6 : Histogramme et statistiques de la série PIB_PAR_HAB

7
Series: PIB_PAR_HAB
6 Sample 1971 2005
Observations 35
5
Mean 1.987454
4 Median 1.954424
Maximum 2.825676
Minimum 1.420588
3
Std. Dev. 0.376354
Skewness 0.568622
2
Kurtosis 2.536504
1 Jarque-Bera 2.199388
Probability 0.332973
0
1.4 1.6 1.8 2.0 2.2 2.4 2.6 2.8

69
La figure 2.6 ci-dessus représente la distribution de la série PIB_PAR_HAB. On constate que
la probabilité associée au test de Jarque-Bera (33.29%) est supérieure au seuil de 5%, on ne
peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de normalité de la distribution. D’ailleurs, le coefficient
d’aplatissement (Kurtosis = 2.53), plus proche de 3 que de 0, signifie que la distribution est
plus mésokurtique (distribution normale) que platykurtique (distribution relativement aplatie).
En outre, le coefficient d’asymétrie (Skewness = 0.56), différent de 0 et positif, indique que la
distribution est asymétrique vers la droite.

II.3 – Tests de stationnarité

II.3.1 – LES TESTS DE DICKEY-FULLER

II.3.1.1 – Le principe des tests de Dickey-Fuller simple ou augmenté

Les tests de Dickey-Fuller permettent de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non


d’une chronique par la détermination d’une tendance déterministe ou stochastique (type DS 39
ou TS40). Avant d’appliquer la stratégie de test, on doit savoir au préalable à partir des critères
d’information de Akaike et schwarz s’il faudra recourir au test de Dickey-Fuller simple ou
augmenté. Pour ce faire, on réalise le test de Dickey-Fuller augmenté pour différents
décalages p, et le retard retenu est celui qui minimise les critères de Akaike et Schawarz. Les
tests de Dickey-Fuller simples ne sont finalement que les tests de Dickey-Fuller augmentés
réalisés avec un retard p=0.

Les modèles servant de base à la construction de ces tests sont au nombre de trois :

Modèle [1] : ∆x t = Φx t-1 + εt : Modèle autorégressif d’ordre 1, AR(1)

Modèle [2] : ∆x t = Φx t-1 +c+ εt : Modèle AR(1) avec constante

Modèle [3] : ∆x t = Φx t-1 + βt +c+ εt : Modèle AR(1) avec tendance

Avec at, processus discret formé de variables mutuellement indépendantes et identiquement


distribuées (Bruit blanc gaussien).

Le principe des tests est le suivant : si dans l’un de ces trois modèles l’hypothèse H0 : Φ=0 est
acceptée, alors le processus est non stationnaire. Sous l’hypothèse alternative H1 : Φ<0, on a
soit un AR(1) stationnaire, soit un TS avec erreurs ARMA41 (Bourbonnais, 2008). Le tableau
2.7 synthétise la typologie des modèles et la figure 2.7 montre le principe général de la
stratégie de tests.

39
Differency Stationnary, pour les processus non stationnaires aléatoires
40
Trend Stationnary, pour les processus non stationnaires de type déterministe
41
Mélanges de processus AR (Autoregressive Process) et MA (Moving Average Process)

70
Figure 2.7 : Stratégie de Tests de Dickey-Fuller

Source : Christophe Hurlin, Cours d’Econométrie des Séries Temporelles, 2004

Tableau 2.7 : Typologie des modèles du test de Dickey-Fuller

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


H0 DS sans dérive. DS sans dérive. DS avec dérive.
Stationnaire à l’ordre 1. Stationnaire à l’ordre 1. Non stationnaire à l’ordre

71
Non stationnaire à l’ordre 2 Non stationnaire à l’ordre 2 1et 2.
H1 AR (1) AR (1) avec constante TS avec erreurs ARMA
Source : Bourbonnais (2008)

II.3.1.2 – Application du test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) à la série


PIB_PAR_HAB

Choix du nombre de retards p

Les données étant annuelles, on considéra pmax = 4. Pour les modèle1 (sans constante et sans
tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et modèle3 (avec constante et avec
tendance), le tableau 2.8 regroupe les résultats trouvés sous Eviews. La spécification qui
minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) est obtenue pour p =
minimum de {1,3} = 1.

Tableau 2.8 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de


Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série PIB_PAR_HAB et pour p allant de 0
à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 -1.242132 -1.197239 -1.270821 -1.181035 -1.249792 -1.115113
P=1 -1.373184 -1.282486 -1.452787 -1.316741 -1.413742 -1.232347
P=2 -1.279429 -1.142016 -1.362029 -1.178812 -1.327552 -1.098530
P=3 -1.377973 -1.192943 -1.580980 -1.349692 -1.526617 -1.249071
P=4 -1.294203 -1.060670 -1.539825 -1.259586 -1.478919 -1.151973

Le tableau 2.9 présente le corrélogramme partiel de la série PIB_PAR_HAB en différence


première. On s’aperçoit que le 1er et le 3ème terme sortent de l’intervalle de confiance. Par
principe de parcimonie, on retient donc p = 1 et on fera le test ADF avec p = 1 terme
différencié.

Tableau 2.9 : Corrélogramme en différence première de la série PIB_PAR_HAB


Date: 06/11/09 Time: 16:59
Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*** | . |*** | 1 0.442 0.442 7.2551 0.007
. |* . | . | . | 2 0.181 -0.018 8.5088 0.014
. |*** | . |*** | 3 0.394 0.398 14.634 0.002
. |**. | . | . | 4 0.318 -0.004 18.757 0.001
. | . | .**| . | 5 -0.043 -0.268 18.833 0.002
. *| . | . *| . | 6 -0.105 -0.153 19.314 0.004
. *| . | .**| . | 7 -0.111 -0.220 19.868 0.006
. *| . | . |* . | 8 -0.089 0.154 20.244 0.009
***| . | .**| . | 9 -0.323 -0.271 25.338 0.003
***| . | . | . | 10 -0.347 0.001 31.462 0.000

72
.**| . | . | . | 11 -0.190 -0.039 33.391 0.000
. *| . | . | . | 12 -0.173 0.005 35.059 0.000
.**| . | . | . | 13 -0.253 0.049 38.795 0.000
. *| . | . | . | 14 -0.137 -0.052 39.938 0.000
. *| . | . *| . | 15 -0.127 -0.149 40.984 0.000
. *| . | . *| . | 16 -0.105 -0.083 41.739 0.000

Test ADF dans le modèle3 avec p = 1 terme différencié

ΔPIBt = c + βt + ΦPIBt-1 + ΔPIBt-1 + εt

On obtient les résultats suivants :

Null Hypothesis: PIB_PAR_HAB has a unit root


Exogenous: Constant, Linear Trend
Lag Length: 1 (Fixed)
t-Statistic Prob.*
Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.008348 0.5755
Test critical values: 1% level -4.262735
5% level -3.552973
10% level -3.209642
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(PIB_PAR_HAB)
Method: Least Squares
Date: 06/11/09 Time: 22:18
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
PIB_PAR_HAB(-1) -0.107328 0.053441 -2.008348 0.0540
D(PIB_PAR_HAB(-1)) 0.436014 0.158400 2.752615 0.0101
C 0.255967 0.113634 2.252552 0.0320
@TREND(1971) -0.001681 0.002115 -0.795017 0.4331
R-squared 0.310565 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.239245 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.112769 Akaike info criterion -1.413742
Sum squared resid 0.368787 Schwarz criterion -1.232347
Log likelihood 27.32674 F-statistic 4.354484
Durbin-Watson stat 2.061567 Prob(F-statistic) 0.011932

La statistique de Durbin et Watson est donnée directement par les résultats de l’estimation
sous Eviews et vaut DW = 2.061567. Cette valeur est proche de 2 et nous pouvons dire qu’il
n’y a pas autocorrélation des erreurs42.

42
Le test de Durbin et Watson permet de détecter une autocorrélation des erreurs d’ordre 1. Les trois conditions
d’utilisation de ce test sont bien respectées : le modèle est spécifié en série temporelle, le nombre d’observations
(n=33) est supérieur à 15 et, enfin, le modèle estimé comporte un terme constant.
Avec ρ le coefficient d’autocorrélation entre les résidus, le test d’hypothèse est le suivant :
H0 : ρ = 0
H1 : ρ ≠ 0
Les valeurs de d1 et d2 lues dans la table de Durbin et Watson au seuil de 5% et pour un échantillon de taille n =
21 sont : d1 = 1,26 et d2 = 1,65.

73
La valeur empirique t = -2.008348 est supérieure aux trois valeurs critiques : -4.262735 ; -
3.552973 et -3.209642. On ne peut pas rejeter l’hypothèse H0.

On accepte donc l’hypothèse nulle de racine unitaire.

Test de la nullité du coefficient de la tendance :


La racine unitaire n’ayant pas été rejetée, on utilise une statistique de Fisher pour tester
l’hypothèse nulle H0(6) : (c, β, Φ) = (c, 0, 0)

F6 
(SCR contraint du modèle 3 - SCR non contraint du modèle 3 )/2
(SCR non contraint du modèle 3)/(n - 4)
SCR non contraint du modèle 3 (SCR6) : Somme des carrés des résidus de la régression de
ΔPIBt sur c, t, PIBt-1 et le terme augmenté ΔPIBt-1.

SCR contraint du modèle 3 (SCRc6) : Somme des carrés des résidus de la régression de ΔPIBt
sur seulement c et le terme augmenté ΔPIBt-1. [Sous Ho(6)]

n : nombre d’observations utilisées dans la régression (n = 35).

Calcul de SCR non contraint du modèle 3 (SCR6) :


GENR DPIB_PAR_HAB = PIB_PAR_HAB – PIB_PAR_HAB(-1)
LS DPIB_PAR_HAB C @trend PIB_PAR_HAB(-1) DPIB_PAR_HAB(-1)
L’estimation donne : SCR6 = 0.368787

Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/12/09 Time: 19:50
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.255967 0.113634 2.252552 0.0320
@TREND -0.001681 0.002115 -0.795017 0.4331
PIB_PAR_HAB(-1) -0.107328 0.053441 -2.008348 0.0540
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.436014 0.158400 2.752615 0.0101
R-squared 0.310565 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.239245 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.112769 Akaike info criterion -1.413742
Sum squared resid 0.368787 Schwarz criterion -1.232347
Log likelihood 27.32674 F-statistic 4.354484
Durbin-Watson stat 2.061567 Prob(F-statistic) 0.011932

Calcul de SCR contraint du modèle 3 (SCRc6) :


LS DPIB_PAR_HAB C DPIB_PAR_HAB(-1)

Ainsi, DW = 2.061567, se trouve dans l’intervalle [d2, 4-d2]. Nous acceptons H0, et nous pouvons conclure qu’il
n’y a pas autocorrélation des erreurs (les erreurs ne sont pas liées par un processus de reproduction ou
à « mémoire »).

74
SCRc6 = 0.430191

Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/12/09 Time: 19:57
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.010623 0.020728 0.512519 0.6119
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.442390 0.161041 2.747061 0.0099
R-squared 0.195773 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.169830 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.117801 Akaike info criterion -1.380945
Sum squared resid 0.430191 Schwarz criterion -1.290247
Log likelihood 24.78559 F-statistic 7.546344
Durbin-Watson stat 1.978517 Prob(F-statistic) 0.009927

Calcul de la statistique de test F6 et conclusion :

F6 
(0.430191- 0.368787)/2  2.58
(0.368787)/(35 - 4)
F6 = 2.58 < Φ3 Є [6.73 ; 7.24] (seuil à 5%) => non rejet de la nullité du coefficient de la
tendance conditionnellement à la présence d’une racine unitaire.

Nous sommes donc amenés à accepter l’hypothèse Ho (6) : (c, β, Φ) = (c, 0, 0).

Test de la nullité de la constance :


Nous effectuons le test d’hypothèse nulle Ho(5) : (c, β, Φ) = (0, 0, 0).
On calcule la statistique F5 :

F5 
(SCR' contraint du modèle 3 - SCR non contraint du modèle 3 )/2
(SCR non contraint du modèle 3)/(n - 4)

SCR non contraint du modèle 3 : Somme des carrés des résidus de la régression de ΔPIBt sur
c, t, PIBt-1 et le terme augmenté ΔPIBt-1.

SCR’ contraint du modèle 3 (SCRc5) : Somme des carrés des résidus de la régression de ΔPIBt
sur seulement le terme augmenté ΔPIBt-1. [Sous Ho(5)]

n : nombre d’observations utilisées dans le régression (n = 35).

Calcul de SCR’ contraint du modèle 3 (SCRc5) :


LS DPIB_PAR_HAB DPIB_PAR_HAB(-1)
L’estimation donne : SCRc5 = 0.433836

Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB


Method: Least Squares

75
Date: 06/12/09 Time: 20:34
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.454411 0.157478 2.885559 0.0069
R-squared 0.188959 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.188959 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.116436 Akaike info criterion -1.433113
Sum squared resid 0.433836 Schwarz criterion -1.387764
Log likelihood 24.64636 Durbin-Watson stat 1.985430

F5 
(0.433836- 0.368787)/2  1.37
(0.368787)/(35 - 4)

F5 = 1.37 < Φ2 Є [5.13 ; 5.68] (seuil à 5%) => non rejet de la nullité du coefficient de la
constante conditionnellement à la présence d’une racine unitaire.

Nous sommes donc amenés à accepter l’hypothèse Ho(5) : (c, β, Φ) = (0, 0, 0).

Il faut par conséquent considérer un modèle plus contraint.

Test ADF dans le modèle2

ΔPIBt = c + ΦPIBt-1 + ΔPIBt-1 + εt

On obtient les résultats suivants :

Null Hypothesis: PIB_PAR_HAB has a unit root


Exogenous: Constant
Lag Length: 1 (Fixed)
t-Statistic Prob.*
Augmented Dickey-Fuller test statistic -2.061215 0.2608
Test critical values: 1% level -3.646342
5% level -2.954021
10% level -2.615817
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(PIB_PAR_HAB)
Method: Least Squares
Date: 06/12/09 Time: 21:04
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
PIB_PAR_HAB(-1) -0.109351 0.053052 -2.061215 0.0480
D(PIB_PAR_HAB(-1)) 0.463739 0.153563 3.019864 0.0051
C 0.229240 0.107880 2.124959 0.0419
R-squared 0.295539 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.248575 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.112075 Akaike info criterion -1.452787
Sum squared resid 0.376825 Schwarz criterion -1.316741
Log likelihood 26.97099 F-statistic 6.292881

76
Durbin-Watson stat 2.071052 Prob(F-statistic) 0.005222

La valeur empirique t = -2.061215 est supérieure aux trois valeurs critiques : -3.646342 ;
-2.954021 et -2.615817. On ne peut pas rejeter l’hypothèse nulle de racine unitaire. On ne
peut pas rejeter l’hypothèse H0.

On accepte donc l’hypothèse nulle de racine unitaire.

Test de la nullité de la constante :


La racine unitaire n’ayant pas été rejetée, on utilise une statistique de Fisher pour tester
l’hypothèse nulle Ho(4) : (c, Φ) = (0, 0)

F4 
(SCR contraint du modèle 2 - SCR non contraint du modèle 2 )/2
(SCR non contraint du modèle 2)/(n - 3)

SCR non contraint du modèle 2 (SCR4) : Somme des carrés des résidus de la régression de
ΔPIBt sur c, PIBt-1 et le terme augmenté ΔPIBt-1.

SCR contraint du modèle 2 (SCRc4) : Somme des carrés des résidus de la régression de ΔPIBt
sur seulement le terme augmenté ΔPIBt-1. [Sous Ho(4)]

n : nombre d’observations utilisées dans le régression (n = 35).

Calcul de SCR non contraint du modèle 2 (SCR4) :


LS DPIB_PAR_HAB C PIB_PAR_HAB(-1) DPIB_PAR_HAB(-1)
L’estimation donne : SCR4 = 0.376825

Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/15/09 Time: 16:07
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.229240 0.107880 2.124959 0.0419
PIB_PAR_HAB(-1) -0.109351 0.053052 -2.061215 0.0480
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.463739 0.153563 3.019864 0.0051
R-squared 0.295539 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.248575 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.112075 Akaike info criterion -1.452787
Sum squared resid 0.376825 Schwarz criterion -1.316741
Log likelihood 26.97099 F-statistic 6.292881
Durbin-Watson stat 2.071052 Prob(F-statistic) 0.005222

Calcul de SCR contraint du modèle 2 (SCRc4) :


LS DPIB_PAR_HAB DPIB_PAR_HAB(-1)
L’estimation donne : SCRc4 = 0.433836

77
Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB
Method: Least Squares
Date: 06/15/09 Time: 16:16
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.454411 0.157478 2.885559 0.0069
R-squared 0.188959 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.188959 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.116436 Akaike info criterion -1.433113
Sum squared resid 0.433836 Schwarz criterion -1.387764
Log likelihood 24.64636 Durbin-Watson stat 1.985430

F4 
(0.433836- 0.376825)/2  2.42
(0.376825)/(35 - 3)

F4 = 2.42 < Φ1 Є [4.86 ; 5.18] (seuil à 5%) => non rejet de la nullité du coefficient de la
constante conditionnellement à la présence d’une racine unitaire.

Nous sommes donc amenés à accepter l’hypothèse Ho(4) : (c, Φ) = (0, 0).

Test de la nullité de la moyenne :

Hypothesis Testing for PIB_PAR_HAB


Date: 06/15/09 Time: 16:41
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Test of Hypothesis: Mean = 0.000000
Sample Mean = 1.987454
Sample Std. Dev. = 0.376354

Method Value Probability


t-statistic 31.24168 0.0000

La probabilité de rejeter à tort l’hypothèse H0 selon laquelle la moyenne est nulle, est
Probability = 0.0000. Par conséquent, on peut affirmer que la moyenne est – largement –
significativement différente de 0.

Conclusion : La série PIB_PAR_HAB est un processus de type DS sans dérive, I(1)

Cette stratégie de test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF), programmée par Bourbonnais


(2008) donne les résultats consignés dans le tableau 2.10, confirmés par nos calculs. En plus,
ce programme (voir l’Annexe 1) permet non seulement de savoir si la série est stationnaire ou
pas, mais révèle aussi le type de non stationnarité (TS ou DS). Dans le cas de la chronique
PIB_PAR_HAB, il s’agit d’une série non stationnaire de type DS, qu’on peut stationnariser en
passant tout simplement aux différences premières.

78
Tableau 2.10 : Résultats du test ADF pour la série PIB_PAR_HAB donnés par le
programme de Bourbonnais (2008)

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER
AUGMENTE

CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 6:
HO: -2.0083484 -3.6000000 ACCEPTE
HO6: 2.4142758 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 5:
HO: -2.0612152 -3.0000000 ACCEPTE
HO5: 1.7050650 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 4:
HO4: 2.2694054 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

Afin de vérifier ce résultat, nous allons par la suite procéder au test de Phillips-Perron.

II.3.2 – LE TEST DE PHILLIPS-PERRON

Le test de Philippe et perron est construit sur une correction non paramétrique des statistiques
de Dickey-Fuller pour prendre en compte des erreurs hétéroscédastiques et/ou autocorrélées43
(Bourbonnais, 2008). Il se déroule en plusieurs étapes, mais le logiciel Eviews permet
directement de l’utiliser.

Pour le test de la série PIB_PAR_HAB, nous gardons le paramètre de troncature choisi par
Eviews : l=4 (D’ailleurs l ≈ 4(n/100)^(2/9), d’après Newey-West (Bourbonnais, 2008) et
puisque n=35, on retrouve donc l ≈ 4). L’estimation des différents modèles donne les tableaux
suivants :

Modèle1
Null Hypothesis: PIB_PAR_HAB has a unit root
Exogenous: None
Bandwidth: 4 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic 0.184158 0.7335
Test critical values: 1% level -2.634731

43
Habituellement, l’autocorrélation (les erreurs sont liées par un processus de reproduction ou à « mémoire »)
des erreurs est spécifique des modèles en série temporelle et l’hétéroscédasticité (les variances des erreurs ne
sont plus constantes sur la première diagonale) des modèles en coupe instantanée.

79
5% level -1.951000
10% level -1.610907
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Residual variance (no correction) 0.015941


HAC corrected variance (Bartlett kernel) 0.037951

Phillips-Perron Test Equation


Dependent Variable: D(PIB_PAR_HAB)
Method: Least Squares
Date: 06/15/09 Time: 20:23
Sample(adjusted): 1972 2005
Included observations: 34 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
PIB_PAR_HAB(-1) 0.005825 0.010875 0.535609 0.5958
R-squared -0.012632 Mean dependent var 0.018370
Adjusted R-squared -0.012632 S.D. dependent var 0.127356
S.E. of regression 0.128158 Akaike info criterion -1.242132
Sum squared resid 0.542009 Schwarz criterion -1.197239
Log likelihood 22.11625 Durbin-Watson stat 1.107102

Null Hypothesis: D(PIB_PAR_HAB) has a unit root


Exogenous: None
Bandwidth: 3 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic -3.443101 0.0011
Test critical values: 1% level -2.636901
5% level -1.951332
10% level -1.610747

Modèle2
Null Hypothesis: PIB_PAR_HAB has a unit root
Exogenous: Constant
Bandwidth: 4 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic -1.855403 0.3485
Test critical values: 1% level -3.639407
5% level -2.951125
10% level -2.614300
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Residual variance (no correction) 0.014606


HAC corrected variance (Bartlett kernel) 0.034398

Phillips-Perron Test Equation


Dependent Variable: D(PIB_PAR_HAB)
Method: Least Squares
Date: 06/15/09 Time: 20:27
Sample(adjusted): 1972 2005
Included observations: 34 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
PIB_PAR_HAB(-1) -0.089623 0.056786 -1.578253 0.1243
C 0.196340 0.114770 1.710725 0.0968
R-squared 0.072219 Mean dependent var 0.018370
Adjusted R-squared 0.043225 S.D. dependent var 0.127356
S.E. of regression 0.124573 Akaike info criterion -1.270821

80
Sum squared resid 0.496593 Schwarz criterion -1.181035
Log likelihood 23.60396 F-statistic 2.490882
Durbin-Watson stat 1.102502 Prob(F-statistic) 0.124343

Null Hypothesis: D(PIB_PAR_HAB) has a unit root


Exogenous: Constant
Bandwidth: 3 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic -3.448862 0.0162
Test critical values: 1% level -3.646342
5% level -2.954021
10% level -2.615817

Modèle3
Null Hypothesis: PIB_PAR_HAB has a unit root
Exogenous: Constant, Linear Trend
Bandwidth: 4 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic -1.728891 0.7162
Test critical values: 1% level -4.252879
5% level -3.548490
10% level -3.207094
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Residual variance (no correction) 0.014064


HAC corrected variance (Bartlett kernel) 0.030810

Phillips-Perron Test Equation


Dependent Variable: D(PIB_PAR_HAB)
Method: Least Squares
Date: 06/16/09 Time: 19:28
Sample(adjusted): 1972 2005
Included observations: 34 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
PIB_PAR_HAB(-1) -0.083039 0.056935 -1.458496 0.1548
C 0.225016 0.117394 1.916755 0.0645
@TREND(1971) -0.002386 0.002183 -1.092727 0.2829
R-squared 0.106629 Mean dependent var 0.018370
Adjusted R-squared 0.048992 S.D. dependent var 0.127356
S.E. of regression 0.124197 Akaike info criterion -1.249792
Sum squared resid 0.478175 Schwarz criterion -1.115113
Log likelihood 24.24646 F-statistic 1.850019
Durbin-Watson stat 1.152843 Prob(F-statistic) 0.174177

Null Hypothesis: D(PIB_PAR_HAB) has a unit root


Exogenous: Constant, Linear Trend
Bandwidth: 3 (Newey-West using Bartlett kernel)
Adj. t-Stat Prob.*
Phillips-Perron test statistic -3.545513 0.0508
Test critical values: 1% level -4.262735
5% level -3.552973
10% level -3.209642
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

81
Conclusion

Dans les trois cas, la valeur empirique du t est supérieure aux valeurs critiques. Nous
acceptons alors l’hypothèse Ho de racine unitaire. Ce résultat est confirmé par le fait que les
probabilités critiques sont toutes supérieures (modèle1 : 0.7335, modèle2 : 0.3485 et
modèle3 : 0.7162) à 5%. Le processus PIB_PAR_HAB possède donc une racine unitaire, et
en conséquence, est non stationnaire.

Dans chacun de ces trois modèles, on stationnarise la série PIB_PAR_HAB (Prob. ≤ 5%) en
passant aux différences premières. On conclut alors que cette série en niveau est I(1).

II.3.3 – VERIFICATION DE L’ORDRE D’INTEGRATION

Tous les résultats sont convergents, nous pouvons conclure que la série PIB_PAR_HAB est
un processus de type DS sans dérive. La bonne méthode de stationnarisation est le passage
aux différences premières. Nous allons donc calculer les fonctions d’autocorrélation simple et
partielle sur la série PIB_PAR_HAB en différences premières :

D(PIB_PAR_HAB) = PIB_PAR_HAB – PIB_PAR_HAB(-1).

On obtient alors le tableau 2.11.

Tableau 2.11 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série


PIB_PAR_HAB : D(PIB_PAR_HAB)

Date: 06/15/09 Time: 21:41


Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*** | . |*** | 1 0.442 0.442 7.2551 0.007
. |* . | . | . | 2 0.181 -0.018 8.5088 0.014
. |*** | . |*** | 3 0.394 0.398 14.634 0.002
. |**. | . | . | 4 0.318 -0.004 18.757 0.001
. | . | .**| . | 5 -0.043 -0.268 18.833 0.002
. *| . | . *| . | 6 -0.105 -0.153 19.314 0.004
. *| . | .**| . | 7 -0.111 -0.220 19.868 0.006
. *| . | . |* . | 8 -0.089 0.154 20.244 0.009
***| . | .**| . | 9 -0.323 -0.271 25.338 0.003
***| . | . | . | 10 -0.347 0.001 31.462 0.000
.**| . | . | . | 11 -0.190 -0.039 33.391 0.000
. *| . | . | . | 12 -0.173 0.005 35.059 0.000
.**| . | . | . | 13 -0.253 0.049 38.795 0.000
. *| . | . | . | 14 -0.137 -0.052 39.938 0.000
. *| . | . *| . | 15 -0.127 -0.149 40.984 0.000
. *| . | . *| . | 16 -0.105 -0.083 41.739 0.000

A la lecture de ce tableau, nous constatons que presque tous les termes sont dans l’intervalle
de confiance. Ainsi, PIB_PAR_HAB en différences premières est un processus stationnaire.

82
On conclut donc que la série PIB_PAR_HAB est I(1) et on peut écrire l’équation :

PIB_PAR_HABt = PIB_PAR_HABt-1 + ΔPIB_PAR_HABt-1 + εt

II.4 – Tests de stationnarité pour les séries ENERGIE_PAR_HAB,


PETROLE_PAR_HAB, ELEC_PAR_HAB et BIOMASSE_PAR_HAB

Pour chacun de ces tests, nous appliquerons directement la stratégie de test programmée par
Bourbonnais (2008).

II.4.1 – LA SERIE ENERGIE_PAR_HAB

Résultats de la stratégie du test ADF

Choix du nombre de retards p

Les données étant annuelles, on choisira pmax = 4. Pour les modèle1 (sans constante et sans
tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et modèle3 (avec constante et avec
tendance), le tableau 2.12 regroupe les résultats trouvés sous Eviews. La spécification qui
minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) est obtenue pour p =
0.

Tableau 2.12 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de


Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série ENERGIE_PAR_HAB et pour p
allant de 0 à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 6.334047 6.378940 6.300151 6.389937 6.357103 6.491782
P=1 6.425473 6.516170 6.379093 6.515139 6.435516 6.616911
P=2 6.508198 6.645611 6.416602 6.599819 6.471041 6.700062
P=3 6.597881 6.782912 6.429282 6.660570 6.478662 6.756208
P=4 6.609501 6.843034 6.345485 6.625725 6.409701 6.736647

On exécute le test ADF avec p = 0 terme différencié, ce qui revient à appliquer le test de
Dickey-Fuller simple. On obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER

83
CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 3:
HO: -4.0635917 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 1.5021618 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 2:
HO: -4.3219474 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 1.1666318 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 1:
HO1: 1.7731084 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

D(ENERGIE_PAR_HAB) est alors un Processus bruit blanc, et par conséquent la série


ENERGIE_PAR_HAB est un Processus de type DS sans dérive44, donc non stationnaire et se
présente sous la forme d’un I(1). Pour le stationnariser, il suffit de passer aux différences
premières.

En effet, d’après les fonctions d’autocorrélation simple et partielle sur cette série en
différences premières (tableau 2.13), nous constatons que tous les termes sont dans
l’intervalle de confiance, et que la probabilité critique de la statistique de Ljung-Box est, pour
tous les retards, supérieure à 0.05 (acceptation de Ho, il existe au moins un coefficient
d’autocorrélation significativement différent de 0). La série ENERGIE_PAR_HAB en
différences premières est bien stationnaire et peut être considérée comme un processus de
bruit blanc.

Tableau 2.13 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série


ENERGIE_PAR_HAB : D(ENERGIE_PAR_HAB)

Date: 06/22/09 Time: 19:37


Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. | . | . | . | 1 -0.011 -0.011 0.0041 0.949
. |* . | . |* . | 2 0.082 0.082 0.2608 0.878
. | . | . | . | 3 0.063 0.065 0.4166 0.937
. |**. | . |**. | 4 0.248 0.246 2.9268 0.570
. | . | . *| . | 5 -0.056 -0.060 3.0603 0.691
. | . | . | . | 6 0.033 -0.010 3.1093 0.795
. | . | . *| . | 7 -0.054 -0.085 3.2429 0.862
. *| . | .**| . | 8 -0.124 -0.196 3.9631 0.860
.**| . | .**| . | 9 -0.238 -0.239 6.7466 0.663
. *| . | .**| . | 10 -0.183 -0.224 8.4530 0.585
. *| . | . *| . | 11 -0.120 -0.093 9.2195 0.602
. | . | . |* . | 12 -0.044 0.076 9.3257 0.675
. *| . | . | . | 13 -0.183 -0.023 11.281 0.587
. *| . | . | . | 14 -0.065 0.050 11.542 0.643
. | . | . |* . | 15 0.021 0.103 11.571 0.711
. | . | . | . | 16 0.026 0.034 11.618 0.770

44
(Une marche au hasard sans dérive)

84
II.4.2 – LA SERIE PETROLE_PAR_HAB

Résultats de la stratégie du test ADF

Choix du nombre de retards p

Les données étant annuelles, on choisira pmax = 4. Pour les modèle1 (sans constante et sans
tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et modèle3 (avec constante et avec
tendance), le tableau 2.14 regroupe les résultats trouvés sous Eviews. La spécification qui
minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) est obtenue pour p =
0.

Tableau 2.14 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de


Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série PETROLE_PAR_HAB et pour p
allant de 0 à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 6.196145 6.241038 6.124953 6.214739 6.154960 6.289639
P=1 6.282356 6.373053 6.211669 6.347715 6.228437 6.409832
P=2 6.365028 6.502441 6.264212 6.447429 6.279403 6.508424
P=3 6.442399 6.627429 6.285113 6.516401 6.222623 6.500169
P=4 6.490445 6.723978 6.366733 6.646972 6.318789 6.645735

On exécute le test ADF avec p = 0 terme différencié, ce qui revient à appliquer le test de
Dickey-Fuller simple. On obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER

CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 3:
HO: -3.6345430 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 2.4822605 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 2:
HO: -4.6912793 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 1.8066753 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 1:
HO1: 2.2634803 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

85
D(PETROLE_PAR_HAB) est alors un Processus bruit blanc, et par conséquent nous pouvons
conclure que la série PETROLE_PAR_HAB est un Processus de type DS sans dérive. Ce
Processus est non stationnaire et se présente sous la forme d’un I(1). La bonne méthode pour
le stationnariser est le passage aux différences premières.

La série filtrée par les différences premières obéit à un bruit blanc car tous les termes de la
fonction d’autocorrélation appartiennent à l’intervalle de confiance (tableau 2.15).

Tableau 2.15 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série


PETROLE_PAR_HAB : D(PETROLE_PAR_HAB)

Date: 06/16/09 Time: 18:34


Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. *| . | . *| . | 1 -0.059 -0.059 0.1292 0.719
. |* . | . |* . | 2 0.111 0.108 0.6029 0.740
. *| . | . *| . | 3 -0.163 -0.153 1.6502 0.648
. |* . | . |* . | 4 0.155 0.134 2.6260 0.622
. |* . | . |**. | 5 0.187 0.242 4.1083 0.534
. |* . | . |* . | 6 0.179 0.158 5.5091 0.480
. | . | . | . | 7 0.001 0.024 5.5091 0.598
. | . | . | . | 8 -0.043 -0.032 5.5969 0.692
. *| . | . *| . | 9 -0.131 -0.173 6.4408 0.695
. | . | . *| . | 10 -0.043 -0.179 6.5350 0.768
. | . | . *| . | 11 0.029 -0.065 6.5798 0.832
. | . | . | . | 12 0.038 -0.009 6.6611 0.879
. *| . | . *| . | 13 -0.119 -0.094 7.4815 0.876
. *| . | . *| . | 14 -0.162 -0.087 9.0793 0.826
. *| . | . | . | 15 -0.072 0.035 9.4143 0.855
. | . | . | . | 16 -0.040 -0.010 9.5225 0.890

II.4.3 – LA SERIE ELEC_PAR_HAB

Résultats de la stratégie du test ADF

Choix du nombre de retards p

Les données étant annuelles, on choisira pmax = 4. Pour les modèle1 (sans constante et sans
tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et modèle3 (avec constante et avec
tendance), le tableau 2.16 regroupe les résultats trouvés sous Eviews. La spécification qui
minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) est obtenue pour p =
minimum de {0,1} = 0.

86
Tableau 2.16 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de
Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série ELEC_PAR_HAB et pour p allant de
0 à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 3.113772 3.158665 3.072676 3.162462 3.124282 3.258961
P=1 3.163766 3.254464 3.062639 3.198685 3.111325 3.292719
P=2 3.182861 3.320274 3.102556 3.285773 3.164065 3.393086
P=3 3.225674 3.410704 3.176548 3.407836 3.230804 3.508350
P=4 3.331513 3.565046 3.256475 3.536715 3.309546 3.636492

On exécute le test ADF avec p = 0 terme différencié, ce qui revient à appliquer le test de
Dickey-Fuller simple. On obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER

CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 3:
HO: -6.2220748 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 1.5932287 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 2:
HO: -5.7323831 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 1.2992486 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 1:
HO1: 1.8821941 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

D(ELEC_PAR_HAB) est alors un Processus bruit blanc, et par conséquent la série


ELEC_PAR_HAB est un Processus de type DS sans dérive, donc non stationnaire et se
présente sous la forme d’un I(1). La bonne méthode de stationnarisation est le passage aux
différences premières.

En effet, d’après les fonctions d’autocorrélation simple et partielle sur cette série en
différences premières (tableau 2.17), nous constatons que tous les termes sont dans
l’intervalle de confiance, et que la probabilité critique de la statistique de Ljung-Box est, pour
tous les retards, supérieure à 0.05 (acceptation de Ho, il existe au moins un coefficient
d’autocorrélation significativement différent de 0). La série ELEC_PAR_HAB en différences
premières est bien stationnaire et peut être considérée comme un processus de bruit blanc.

87
Tableau 2.17 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série
ELEC_PAR_HAB : D(ELEC_PAR_HAB)

Date: 06/17/09 Time: 20:56


Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |**. | . |**. | 1 0.200 0.200 1.4867 0.223
.**| . | .**| . | 2 -0.205 -0.255 3.0899 0.213
. *| . | . | . | 3 -0.064 0.043 3.2524 0.354
. |* . | . | . | 4 0.075 0.033 3.4847 0.480
.**| . | ***| . | 5 -0.295 -0.369 7.1501 0.210
. | . | . |**. | 6 0.004 0.258 7.1509 0.307
. |**. | . |* . | 7 0.277 0.094 10.637 0.155
. |* . | . | . | 8 0.119 -0.012 11.300 0.185
.**| . | .**| . | 9 -0.289 -0.193 15.375 0.081
. *| . | . *| . | 10 -0.141 -0.122 16.394 0.089
. |* . | . |* . | 11 0.069 0.110 16.646 0.119
. *| . | . *| . | 12 -0.117 -0.182 17.409 0.135
.**| . | .**| . | 13 -0.289 -0.229 22.290 0.051
. | . | . *| . | 14 -0.045 -0.165 22.411 0.071
. |* . | . | . | 15 0.105 -0.013 23.128 0.081
. | . | . |* . | 16 0.019 0.162 23.151 0.110

II.4.4 – LA SERIE BIOMASSE_PAR_HAB

Résultats de la stratégie du test ADF

Choix du nombre de retards p

Les données étant annuelles, on choisira pmax = 4. Pour les modèle1 (sans constante et sans
tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et modèle3 (avec constante et avec
tendance), le tableau 2.18 regroupe les résultats trouvés sous Eviews. La spécification qui
minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) est obtenue pour p =
minimum de {1,3,4} = 1.

Tableau 2.18 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de


Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série BIOMASSE_PAR_HAB et pour p
allant de 0 à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 2.932076 2.976969 2.725690 2.815476 2.456412 2.591091
P=1 1.394048 1.484745 1.372872 1.508919 1.429281 1.610676
P=2 1.470414 1.607826 1.411418 1.594635 1.451863 1.680884
P=3 1.371192 1.556222 1.335832 1.567121 1.394734 1.672280
P=4 1.427249 1.660782 1.360293 1.640532 1.362369 1.689315

88
On exécute le test ADF avec p = 1 terme différencié, et on obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER
AUGMENTE

CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 6:
HO: -1.5097622 -3.6000000 ACCEPTE
HO6: 1.2976948 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 5:
HO: -1.5962358 -3.0000000 ACCEPTE
HO5: 0.8766148 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 4:
HO4: 1.2917313 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

D(BIOMASSE_PAR_HAB) est alors un Processus bruit blanc, et par conséquent la série


BIOMASSE_PAR_HAB est un Processus de type DS sans dérive, donc non stationnaire.
Toutefois, on ne le stationnarise qu’en passant aux différences secondes.

En effet, d’après les fonctions d’autocorrélation simple et partielle sur cette série en
différences premières et secondes (tableaux 2.19 et 2.20), nous constatons qu’il n’y a que dans
le tableau 2.20 que tous les termes sont dans l’intervalle de confiance, et que la probabilité
critique de la statistique de Ljung-Box est supérieure à 0.05 (non rejet de Ho au seuil de 5%,
l’hypothèse d’ existence d’au moins un coefficient d’autocorrélation significativement
différent de 0). La série BIOMASSE_PAR_HAB en différences secondes est bien stationnaire
et se présente sous la forme d’un I(2).

Tableau 2.19 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série


BIOMASSE_PAR_HAB : D(BIOMASSE_PAR_HAB)

Date: 06/17/09 Time: 20:21


Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |****** | . |****** | 1 0.834 0.834 25.796 0.000
. |****** | . |* . | 2 0.727 0.102 45.985 0.000
. |**** | ***| . | 3 0.532 -0.322 57.167 0.000
. |*** | . *| . | 4 0.362 -0.129 62.515 0.000
. |**. | . |* . | 5 0.244 0.143 65.027 0.000
. |* . | . | . | 6 0.135 -0.013 65.821 0.000

89
. | . | . *| . | 7 0.041 -0.154 65.896 0.000
. | . | . | . | 8 -0.023 -0.001 65.922 0.000
. *| . | . *| . | 9 -0.110 -0.088 66.510 0.000
. *| . | . | . | 10 -0.152 0.000 67.681 0.000
.**| . | . | . | 11 -0.192 -0.005 69.636 0.000
. *| . | . |* . | 12 -0.169 0.138 71.231 0.000
. *| . | . |* . | 13 -0.123 0.083 72.109 0.000
. *| . | .**| . | 14 -0.135 -0.310 73.227 0.000
. *| . | . | . | 15 -0.099 0.046 73.859 0.000
. *| . | . | . | 16 -0.124 0.027 74.911 0.000

Tableau 2.20 : Corrélogrammes simple et partiel en différences secondes de la série


BIOMASSE_PAR_HAB : D(D(BIOMASSE_PAR_HAB))

Date: 06/17/09 Time: 20:29


Sample: 1971 2005
Included observations: 33
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. *| . | . *| . | 1 -0.109 -0.109 0.4316 0.511
. |*** | . |*** | 2 0.361 0.353 5.2857 0.071
. | . | . |* . | 3 0.038 0.118 5.3399 0.149
. *| . | .**| . | 4 -0.139 -0.296 6.1058 0.191
. | . | . *| . | 5 -0.054 -0.186 6.2257 0.285
. *| . | . | . | 6 -0.096 0.065 6.6226 0.357
. *| . | . | . | 7 -0.104 0.024 7.1022 0.418
. *| . | . *| . | 8 -0.108 -0.167 7.6389 0.470
.**| . | ***| . | 9 -0.238 -0.348 10.358 0.322
. *| . | . *| . | 10 -0.082 -0.079 10.696 0.382
.**| . | . | . | 11 -0.224 -0.018 13.331 0.272
. *| . | .**| . | 12 -0.130 -0.195 14.255 0.285
. |* . | . | . | 13 0.075 -0.003 14.578 0.334
. *| . | . *| . | 14 -0.126 -0.094 15.536 0.343
. |* . | . | . | 15 0.162 -0.034 17.217 0.306
. *| . | .**| . | 16 -0.066 -0.206 17.513 0.353

Conclusion concernant les ordres d’intégration des séries :

PIB_PAR_HAB I(1) D(PIB_PAR_HAB) I(0)

ENERGIE_PAR_HAB I(1) D(ENERGIE_PAR_HAB) I(0)

PETROLE_PAR_HAB I(1) D(PETROLE_PAR_HAB) I(0)

ELEC_PAR_HAB I(1) D(ELEC_PAR_HAB) I(0)

BIOMASSE_PAR_HAB I(2) D(BIOMASSE_PAR_HAB) I(1) D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) I(0)

90
II.5 – Test de causalité au sens de Granger

Introduction

L’objectif ici est de mettre en évidence les relations causales entre les variables étudiées
précédemment, et éventuellement formuler la politique économique qui en découle. Pour cela,
nous recourons au test de causalité de Granger. Par définition, on dit que la variable x cause
au sens de Granger la variable y si et seulement si la connaissance de x améliore la prévision
de y à tout horizon (Hurlin, 2004).

II.5.1 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET ENERGIE_PAR_HAB

On obtient directement sous Eviews les résultats suivants :

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:06
Sample: 1971 2005
Lags: 6
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(ENERGIE_PAR_HAB) does not 28 6.22114 0.00192
Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 0.90487 0.51700
D(ENERGIE_PAR_HAB)

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:07
Sample: 1971 2005
Lags: 7
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(ENERGIE_PAR_HAB) does not 27 4.90944 0.00803
Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 0.62825 0.72476
D(ENERGIE_PAR_HAB)

Ainsi, pour différents retards, et en particulier pour les décalages 6 et 7 (résultats ci-dessus),
on observe que la probabilité de la F-statistique correspondant à l’hypothèse
«D(ENERGIE_PAR_HAB) does not Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)» est très inférieure à
0.05, on rejette alors l’hypothèse H0 : «D(ENERGIE_PAR_HAB) ne cause pas
D(PIB_PAR_HAB)». On conclut donc qu’il y a une causalité unidirectionnelle de la
consommation totale d’énergie vers le PIB.

II.5.2 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET PETROLE_PAR_HAB

On obtient directement sous Eviews les résultats suivants :

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:19
Sample: 1971 2005

91
Lags: 6
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(PETROLE_PAR_HAB) does not 28 2.69705 0.05571
Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 1.00490 0.45783
D(PETROLE_PAR_HAB)

Ici, pour le retard 6, on constate que la probabilité de la F-statistique correspondant à


l’hypothèse «D(PETROLE_PAR_HAB) does not Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)» est
proche du seuil de 5%, on rejette alors l’hypothèse H0 : « D(PETROLE_PAR_HAB) ne cause
pas D(PIB_PAR_HAB)». On conclut donc que pour ce seuil, il y a une causalité
unidirectionnelle de la consommation de produits pétroliers vers le PIB.

II.5.3 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET ELEC_PAR_HAB

On obtient directement sous Eviews les résultats suivants :

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:30
Sample: 1971 2005
Lags: 5
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(ELEC_PAR_HAB) does not Granger 29 0.51695 0.76012
Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 3.63115 0.01905
D(ELEC_PAR_HAB)

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:31
Sample: 1971 2005
Lags: 6
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(ELEC_PAR_HAB) does not Granger 28 1.11774 0.39785
Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 7.60832 0.00070
D(ELEC_PAR_HAB)

Ici encore, pour différents retards, et en particulier pour les décalages 5 et 6 (résultats ci-
dessus), on constate que la probabilité de la F-statistique correspondant à l’hypothèse
«D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause D(ELEC_PAR_HAB)» est très inférieure à
0.05, on rejette alors l’hypothèse H0 : «D(PIB_PAR_HAB) ne cause pas
D(ELEC_PAR_HAB)». On conclut donc qu’il y a une causalité unidirectionnelle du PIB vers
la consommation d’électricité.

II.5.4 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET BIOMASSE_PAR_HAB

On obtient directement sous Eviews les résultats suivants :

92
Pairwise Granger Causality Tests
Date: 06/22/09 Time: 20:45
Sample: 1971 2005
Lags: 8
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) does not 25 6.83329 0.00674
Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 0.50443 0.82367
D(D(BIOMASSE_PAR_HAB))

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 06/22/09 Time: 20:44
Sample: 1971 2005
Lags: 10
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) does not 23 24.7412 0.03946
Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)
D(PIB_PAR_HAB) does not Granger Cause 0.34478 0.89847
D(D(BIOMASSE_PAR_HAB))

Pour les retards 8 et 10, la probabilité de la F-statistique correspondant à l’hypothèse


«D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) does not Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)» est inférieure
à 0.05, on rejette par conséquent l’hypothèse H0 : «D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) ne cause
pas D(PIB_PAR_HAB)». On conclut donc qu’il y a une causalité unidirectionnelle de la
consommation de combustibles renouvelables et déchets vers le PIB.

Conclusion

D’après les tests de causalité de Granger, il apparaît clairement que globalement, au


Cameroun, la consommation énergétique cause la croissance économique.

Quand on s’intéresse au détail de cette consommation énergétique, ces tests montrent que le
lien de causalité est inversé du PIB vers la consommation d’électricité, tandis que la
consommation de la biomasse et des produits pétroliers entraîne la croissance économique.

Afin d’apprécier à quel point chacune des variables influence l’autre, nous allons par la suite
étudier les éventuelles relations de cointégration et estimer s’il y a lieu un modèle à correction
d’erreur (ECM), ou un modèle VAR.

II.6 – Estimation de la relation statique et test de cointégration

II.6.1 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET ENERGIE_PAR_HAB

En effectuant la régression de PIB_PAR_HAB sur ENERGIE_PAR_HAB, on obtient :

Dependent Variable: PIB_PAR_HAB

93
Method: Least Squares
Date: 06/23/09 Time: 15:48
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C -9.198636 0.917722 -10.02334 0.0000
ENERGIE_PAR_HAB 0.026365 0.002162 12.19446 0.0000
R-squared 0.818387 Mean dependent var 1.987454
Adjusted R-squared 0.812883 S.D. dependent var 0.376354
S.E. of regression 0.162799 Akaike info criterion -0.737150
Sum squared resid 0.874621 Schwarz criterion -0.648273
Log likelihood 14.90012 F-statistic 148.7049
Durbin-Watson stat 0.720540 Prob(F-statistic) 0.000000

On récupère le résidu RESID01 de cette estimation. On effectue ensuite le test de Dickey-


Fuller Augmenté (DFA) avec p=1. Au vu du graphe des résidus, on choisira le modèle avec
constante dans la relation de long terme et dans les données. On obtient alors les résultats
suivants :

Tableau 2.21 : Test de Dickey-Fuller sur les résidus de la relation statique entre
PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB

Null Hypothesis: RESID01 has a unit root


Exogenous: Constant, Linear Trend
Lag Length: 1 (Fixed)
t-Statistic Prob.*
Augmented Dickey-Fuller test statistic -3.902290 0.0232
Test critical values: 1% level -4.262735
5% level -3.552973
10% level -3.209642
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.

Augmented Dickey-Fuller Test Equation


Dependent Variable: D(RESID01)
Method: Least Squares
Date: 06/26/09 Time: 19:27
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
RESID01(-1) -0.727714 0.186484 -3.902290 0.0005
D(RESID01(-1)) 0.201241 0.176503 1.140158 0.2635
C 0.145754 0.056046 2.600615 0.0145
@TREND(1971) -0.007921 0.002867 -2.762622 0.0099
R-squared 0.355960 Mean dependent var 0.000435
Adjusted R-squared 0.289336 S.D. dependent var 0.140328
S.E. of regression 0.118298 Akaike info criterion -1.318015
Sum squared resid 0.405835 Schwarz criterion -1.136620
Log likelihood 25.74725 F-statistic 5.342761
Durbin-Watson stat 1.975095 Prob(F-statistic) 0.004705

Les résultats issus de l’application du test DFA sur les résidus (resid01) de la relation statique
entre PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB sont reportés dans le tableau 2.21. Afin
d’interpréter ces résultats, il convient d’utiliser les tables de valeurs critiques de Engle et Yoo
(1987) ou de MacKinnon (1991). On constate que la statistique estimée (-3.902290) est

94
inférieure à la valeur tabulée par MacKinnon au seuil de 5% et avec trend (-3.78)45. En
conséquence, l’hypothèse nulle est rejetée. On en déduit que les résidus de la relation statique
entre PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB sont stationnaires. Par conséquent les séries
du PIB et de la consommation d’énergie sont cointégrées. Il est alors possible d’estimer un
modèle à correction d’erreur.

Estimation du modèle à correction d’erreur

Pour ce faire, on modélise le taux de croissance du PIB en fonction des résidus de la période
précédente (resid01(-1)), du taux de croissance du PIB retardé d’une période et des taux de
croissance (présent et retardé d’une période) de la consommation d’énergie (tableau 2.22).

Tableau 2.22 : Estimation du modèle à correction d’erreur pour les séries


PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB

Dependent Variable: DPIB_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/26/09 Time: 18:21
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.000948 0.016226 0.058412 0.9538
RESID01(-1) -0.254936 0.111961 -2.276997 0.0306
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.368825 0.155686 2.369021 0.0250
DENERGIE_PAR_HA 0.012572 0.002895 4.342690 0.0002
B
DENERGIE_PAR_HA 0.003189 0.003740 0.852606 0.4011
B(-1)
R-squared 0.565359 Mean dependent var 0.018916
Adjusted R-squared 0.503267 S.D. dependent var 0.129290
S.E. of regression 0.091123 Akaike info criterion -1.814487
Sum squared resid 0.232495 Schwarz criterion -1.587743
Log likelihood 34.93903 F-statistic 9.105236
Durbin-Watson stat 2.037770 Prob(F-statistic) 0.000077
On constate que le coefficient associé à la force de rappel est négatif (-0.254936) et
significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de Student (-2.276997) en
valeur absolue étant supérieur à 1.96). Il existe donc bien un mécanisme à correction
d’erreur : à long terme les déséquilibres entre le PIB et la consommation d’énergie se

45
Valeurs critiques de McKinnon (1991) pour le test de cointégration ADF
1% 5% 10%

N=2 Sans trend -3.90 -3.34 -3.04


Avec trend -4.32 -3.78 -3.50
N=3 Sans trend -4.30 -3.74 -3.45
Avec trend -4.67 -4.12 -3.84
N=4 Sans trend -4.65 -4.10 -3.81
Avec trend -4.97 -4.43 -4.15
N=5 Sans trend -4.96 -4.41 -4.13
Avec trend -5.25 -4.72 -4.44
N=6 Sans trend -5.24 -4.71 -4.42
Avec trend -5.51 -4.98 -4.70
Source : Lardic S., Mignon V. (2002)

95
compensent de sorte que les deux séries ont une évolution similaire. On s’aperçoit en outre
que le taux de croissance du PIB dépend fortement (presque 37%) et de façon positive du taux
de croissance de la période précédente. Ce taux dépend aussi positivement, mais de façon
faible (1.3%) du taux de croissance de la consommation d’énergie. La consommation
énergétique explique donc la croissance économique, mais assez faiblement.

II.6.2 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET PETROLE_PAR_HAB

En effectuant la régression de PIB_PAR_HAB sur PETROLE_PAR_HAB, on obtient :

Dependent Variable: PIB_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/26/09 Time: 12:25
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.373045 0.204523 1.823977 0.0772
PETROLE_PAR_HA 0.024235 0.003018 8.030195 0.0000
B
R-squared 0.661483 Mean dependent var 1.987454
Adjusted R-squared 0.651225 S.D. dependent var 0.376354
S.E. of regression 0.222264 Akaike info criterion -0.114455
Sum squared resid 1.630245 Schwarz criterion -0.025578
Log likelihood 4.002957 F-statistic 64.48404
Durbin-Watson stat 0.407582 Prob(F-statistic) 0.000000

On récupère le résidu RESID02 de cette régression. Le corrélogramme de cette série des


résidus en différence première donne p=0. On applique alors le test de Dickey-Fuller simple
sur cette série afin de savoir si elle est stationnaire ou non.

On obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER

CALCULE LU CONCLUSION
MODEL 3:
HO: -7.4639572 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 1.7259303 7.2400000 ACCEPTE
MODEL 2:
HO: -6.7563066 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 1.1612182 5.6800000 ACCEPTE
MODEL 1:
HO1: 1.7030642 5.1800000 ACCEPTE
MODELE DY = e
RETENU:

La série des résidus resid02 est non stationnaire, et par suite les séries PIB_PAR_HAB et
PETROLE_PAR_HAB ne sont donc pas cointégrées.

96
Estimation du modèle VAR

Détermination du nombre de retards p

AIC SC Log Likelihood


P=1 4.959837 5.231929 -75.83730
P=2 5.339515 5.797558 -75.43224
P=3 5.517229 6.164836 -71.51705
P=4 5.833196 6.673915 -69.49795

En regardant le minimum des critères de Akaike et Schwarz et le maximum de Log


Likelihood, on choisit donc p=1 et on a les résultats suivants :

Tableau 2.23 : Estimation du VAR pour les séries PIB_PAR_HAB et


PETROLE_PAR_HAB

Vector Autoregression Estimates


Date: 06/26/09 Time: 15:22
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting
endpoints
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
DPIB_PAR_ DPETROLE_PAR_HAB
HAB
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.370002 4.424605
(0.17370) (8.09189)
[ 2.13006] [ 0.54680]

DPETROLE_PAR_HAB(-1) 0.004644 -0.101534


(0.00425) (0.19821)
[ 1.09152] [-0.51226]

C 0.008652 0.532345
(0.02074) (0.96628)
[ 0.41713] [ 0.55092]
R-squared 0.226492 0.013379
Adj. R-squared 0.174925 -0.052396
Sum sq. resids 0.413759 897.8916
S.E. equation 0.117439 5.470806
F-statistic 4.392174 0.203406
Log likelihood 25.42819 -101.3334
Akaike AIC -1.359284 6.323237
Schwarz SC -1.223238 6.459283
Mean dependent 0.018916 0.542532
S.D. dependent 0.129290 5.332880
Determinant Residual Covariance 0.339747
Log Likelihood (d.f. adjusted) -75.83730
Akaike Information Criteria 4.959837
Schwarz Criteria 5.231929

La t-statistique du coefficient de la variable DPIB_PAR_HAB(-1) est égale à 2.13006 et est


supérieure à 1.96. Cette variable est donc significativement explicative de la variable
endogène DPIB_PAR_HAB au seuil de 5 %. Ce coefficient est égal à 0.37, ce qui suggère

97
que le taux de croissance du PIB est expliqué à 37% par le taux de croissance du PIB retardé
d’une période. Ce dernier résultat est tout à fait en accord avec celui obtenu au II.6.1 lors de
l’estimation du modèle à correction d’erreur, et concernant la relation entre les taux de
croissance présent et retardé d’une période du PIB.

En outre, la t-statistique du coefficient de la variable DPETROLE_PAR_HAB(-1) vaut


1.09152 et est inférieure à 1.96. La variable PETROLE n’est donc pas significativement
contributive à l’explication de la variable PIB au seuil de 5 %.

II.6.3 – LES SERIES ELEC_PAR_HAB ET PIB_PAR_HAB

En effectuant la régression de ELEC_PAR_HAB sur PIB_PAR_HAB, on obtient :

Dependent Variable: ELEC_PAR_HAB


Method: Least Squares
Date: 06/26/09 Time: 15:48
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 7.742921 1.201653 6.443559 0.0000
PIB_PAR_HAB 4.036578 0.594356 6.791518 0.0000
R-squared 0.582937 Mean dependent var 15.76544
Adjusted R-squared 0.570299 S.D. dependent var 1.989754
S.E. of regression 1.304316 Akaike info criterion 3.424679
Sum squared resid 56.14091 Schwarz criterion 3.513557
Log likelihood -57.93189 F-statistic 46.12472
Durbin-Watson stat 0.650454 Prob(F-statistic) 0.000000

On récupère le résidu RESID03 de cette régression. Le corrélogramme de cette série des


résidus en différence première donne p=0. On applique alors le test de Dickey-Fuller simple
sur cette série afin de savoir si elle est stationnaire ou non.

On obtient les résultats suivants :

Tableau 2.24 : Test de Dickey-Fuller sur les résidus de la relation statique entre
ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB

Null Hypothesis: RESID03 has a unit root


Exogenous: Constant, Linear Trend
Lag Length: 1 (Automatic based on SIC, MAXLAG=9)
t-Statistic
Elliott-Rothenberg-Stock DF-GLS test statistic -4.056207
Test critical values: 1% level -3.770000
5% level -3.190000
10% level -2.890000
*Elliott-Rothenberg-Stock (1996, Table 1)
Warning: Test critical values calculated for 50 observations
and may not be accurate for a sample size of 33

DF-GLS Test Equation on GLS Detrended Residuals

98
Dependent Variable: D(GLSRESID)
Method: Least Squares
Date: 06/26/09 Time: 19:16
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
GLSRESID(-1) -0.577238 0.142310 -4.056207 0.0003
D(GLSRESID(-1)) 0.489763 0.160081 3.059479 0.0045
R-squared 0.371272 Mean dependent var 0.025719
Adjusted R-squared 0.350991 S.D. dependent var 1.064226
S.E. of regression 0.857352 Akaike info criterion 2.588755
Sum squared resid 22.78662 Schwarz criterion 2.679453
Log likelihood -40.71446 Durbin-Watson stat 2.046792

Les résultats issus de l’application du test de Dickey-Fuller sur les résidus (resid03) de la
relation statique entre ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB sont reportés dans le tableau
2.24. On constate que la statistique estimée (-4.056207) est inférieure à la valeur tabulée par
MacKinnon au seuil de 5% et avec trend (-3.78). En conséquence, l’hypothèse nulle est
rejetée. On en déduit que les résidus de la relation statique entre ELEC_PAR_HAB et
PIB_PAR_HAB sont stationnaires. En définitive, les séries du PIB et de la consommation
d’électricité sont cointégrées. Il est alors possible d’estimer un modèle à correction d’erreur
(ECM).

Estimation du modèle à correction d’erreur

Les résultats de l’estimation donnés directement par Eviews sont consignés dans le tableau
2.25. Le modèle ECM est bien validé car le coefficient associé à la force de rappel est négatif
(-0.827456) et significativement différent de zéro au seuil statistique de 5% (son t de Student
(-4.01312) en valeur absolue étant supérieur à 1.96). Ainsi, la présence d’un mécanisme à
correction d’erreur est établie.

Tableau 2.25 : Estimation du modèle à correction d’erreur pour les séries


ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB

Vector Error Correction Estimates


Date: 06/26/09 Time: 20:33
Sample(adjusted): 1974 2005
Included observations: 32 after adjusting
endpoints
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
Cointegrating Eq: CointEq1
ELEC_PAR_HAB(-1) 1.000000

PIB_PAR_HAB(-1) -3.827431
(0.57420)
[-6.66570]

C -8.117188
Error Correction: D(ELEC_PA D(PIB_PAR_HAB)
R_HAB)
CointEq1 -0.827456 -0.033455
(0.20619) (0.02776)
[-4.01312] [-1.20516]

99
D(ELEC_PAR_HAB(-1)) 0.580896 0.008685
(0.18068) (0.02433)
[ 3.21506] [ 0.35702]

D(ELEC_PAR_HAB(-2)) 0.114492 0.015381


(0.20676) (0.02784)
[ 0.55375] [ 0.55254]

D(PIB_PAR_HAB(-1)) -2.462806 0.352468


(1.68171) (0.22641)
[-1.46446] [ 1.55675]

D(PIB_PAR_HAB(-2)) -2.831046 -0.171101


(1.83108) (0.24652)
[-1.54610] [-0.69406]

C 0.174769 0.012207
(0.16708) (0.02249)
[ 1.04603] [ 0.54268]
R-squared 0.464579 0.242515
Adj. R-squared 0.361613 0.096845
Sum sq. resids 22.33753 0.404886
S.E. equation 0.926896 0.124790
F-statistic 4.511984 1.664825
Log likelihood -39.65455 24.51214
Akaike AIC 2.853410 -1.157009
Schwarz SC 3.128235 -0.882183
Mean dependent 0.168548 0.018302
S.D. dependent 1.160083 0.131310
Determinant Residual Covariance 0.012155
Log Likelihood -13.60709
Log Likelihood (d.f. adjusted) -20.25155
Akaike Information Criteria 2.140722
Schwarz Criteria 2.781981

On constate en outre que le taux de croissance de la consommation d’électricité dépend


fortement (58%) et de façon positive du taux de croissance de la période précédente.

En outre, les t-statistiques, en valeur absolue, des coefficients de la variable DPIB_PAR_HAB


retardés d’une et de deux périodes (-1.46446 et -1.54610) sont inférieurs à 1.96. La variable
PIB_PAR_HAB n’est donc pas significativement contributive à l’explication de la variable
ELEC_PAR_HAB au seuil de 5 %.

II.6.4 – LES SERIES PIB_PAR_HAB ET BIOMASSE_PAR_HAB

Les séries PIB_PAR_HAB et BIOMASSE_PAR_HAB n’étant pas intégrées du même ordre,


ne peuvent pas être cointégrées. Nous passons alors directement à l’estimation du modèle
VAR sur les séries stationnarisées.

Estimation du modèle VAR

Détermination du nombre de retards p

100
AIC SC Log Likelihood
P=1 0.350589 0.625414 0.390583
P=2 0.583189 1.045766 0.960567
P=3 0.794222 1.448115 2.086663
P=4 0.967959 1.816625 3.964599

En regardant le minimum des critères de Akaike et Schwarz et le maximum de Log


Likelihood, on choisit donc p=1 et on a les résultats suivants :

Tableau 2.26 : Estimation du VAR pour les séries PIB_PAR_HAB et


BIOMASSE_PAR_HAB

Vector Autoregression Estimates


Date: 06/26/09 Time: 21:22
Sample(adjusted): 1974 2005
Included observations: 32 after adjusting
endpoints
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
DPIB_PAR_ DDBIOMASSE_PAR_HAB
HAB
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.420869 -0.893976
(0.16326) (0.67214)
[ 2.57795] [-1.33004]

DDBIOMASSE_PAR_H -0.052559 -0.135861


AB(-1)
(0.04275) (0.17601)
[-1.22944] [-0.77191]

C 0.013776 0.078800
(0.02146) (0.08834)
[ 0.64202] [ 0.89199]
R-squared 0.236463 0.069372
Adj. R-squared 0.183806 0.005191
Sum sq. resids 0.408121 6.917782
S.E. equation 0.118630 0.488410
F-statistic 4.490578 1.080880
Log likelihood 24.38482 -20.89978
Akaike AIC -1.336551 1.493736
Schwarz SC -1.199138 1.631149
Mean dependent 0.018302 0.052205
S.D. dependent 0.131310 0.489682
Determinant Residual Covariance 0.003345
Log Likelihood (d.f. adjusted) 0.390583
Akaike Information Criteria 0.350589
Schwarz Criteria 0.625414

La t-statistique du coefficient de la variable DPIB_PAR_HAB(-1) est égale à 2.57795 et est


supérieure à 1.96. Cette variable est donc significativement explicative de la variable
endogène DPIB_PAR_HAB au seuil de 5 %. Ce coefficient est égal à 0.42, ce qui indique que
le taux de croissance du PIB est expliqué à 42% par le taux de croissance du PIB retardé
d’une période, résultat cohérent au vu des estimations précédentes.

101
Par ailleurs, la t-statistique du coefficient de la variable DDBIOMASSE_PAR_HAB(-1) vaut
-1.22944 et est inférieure en valeur absolue à 1.96. La variable BIOMASSE n’est donc pas
significativement contributive à l’explication de la variable PIB au seuil de 5 %.

102
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre, nous nous sommes proposés d’étudier la relation entre la croissance
économique et la consommation énergétique au Cameroun à travers une approche en trois
étapes. A savoir, l’étude de la stationnarité des chroniques, le test de causalité entre les
variables et finalement l’estimation du modèle approprié.

L’étude des séries chronologiques relatives aux consommations d’énergie et au PIB du


Cameroun conclut à leur non stationnarité. Le passage aux différences premières permet de
stationnariser les séries PIB_PAR_HAB (produit intérieur brut par habitant),
ENERGIE_PAR_HAB (consommation totale d’énergie par tête), ELEC_PAR_HAB
(consommation d’électricité par habitant) et PETROLE_PAR_HAB (consommation par
habitant des produits pétroliers), qui sont alors toutes intégrées d’ordre I(1). La série
BIOMASSE_PAR_HAB (approvisionnements en combustibles renouvelables et déchets)
requiert quant à elle, pour être stationnariser, un passage aux différences secondes. Elle est
donc intégrée d’ordre I(2).

Les tests de causalité de Granger aboutissent à une causalité unidirectionnelle de la


consommation totale d’énergie vers le produit intérieur brut. Quand on s’intéresse
précisément aux composantes de cette demande totale d’énergie, la relation de causalité est
maintenue de la consommation des produits pétroliers et de la biomasse vers le PIB. En
revanche, en ce qui concerne la consommation d’électricité, les résultats conduisent plutôt à
une causalité unidirectionnelle du PIB vers la consommation d’électricité.

Les tests de cointégration concluent à l’existence d’un mécanisme à correction d’erreur entre
les séries PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB. Ce résultat est confirmé par Akinlo
(2008), qui s’intéressant à 11 pays d’Afrique subsaharienne sur la période 1980-2003, trouve
aussi une relation de cointégration entre la croissance économique et la consommation
d’énergie au Cameroun. Ainsi, ces deux séries sont cointégrées et on constate que le taux de
croissance du PIB de la période précédente explique, à au moins 37%, le taux de croissance
du PIB de la période présente. Ce taux de croissance du PIB dépend aussi positivement, mais
de façon faible (1.3%) du taux de croissance de la consommation totale d’énergie. La
consommation énergétique explique donc la croissance économique, mais assez faiblement.

Contrairement aux résultats de Akinlo (2008), qui ne trouve aucune causalité entre ces deux
variables, nos tests montrent qu’au Cameroun, une politique économique visant à améliorer
l’offre énergétique aux ménages aura nécessairement un impact positif sur la croissance
économique. L’énergie constitue alors un stimulus à la croissance. De même un choc affectant
l’offre d’énergie aura des conséquences sur le niveau d’activité économique. En conséquence,
le développement économique et social du pays repose pour une grande part sur la satisfaction
des besoins énergétiques. La consommation énergétique par habitant (0.38 tep en 2008)46 est
encore inférieure à la moyenne du continent (0.67 tep), et est très faible par rapport à la
moyenne totale des pays de l’OCDE (4.56 tep). Le modèle à correction d’erreur (ECM) que
nous avons estimé montre qu’afin d’assurer les conditions de son développement, le
Cameroun ne pourra pas faire l’économie d’une augmentation de sa consommation
énergétique. Une élévation de 1% de celle-ci correspondant à une croissance de 1.3% de la
richesse produite.

46
D’après IEA 2008 Energy Balance for Cameroon

103
L’estimation du modèle ECM confirme également la causalité unidirectionnelle du PIB vers
la consommation d’électricité, mais le seuil choisi (5%) ne permet pas de prendre en compte
la significativité des coefficients. L’existence de cette relation de causalité unidirectionnelle
du PIB vers la consommation d’électricité montre que c’est l’accroissement du niveau des
activités économiques qui entraîne une demande supplémentaire en électricité. La figure 2.8
montre la répartition de la consommation d’électricité au Cameroun. Même si le secteur
Industrie compte pour la plus grande part dans cette répartition, il faut noter que cela est dû
essentiellement à la demande de la société ALUCAM et accessoirement des autres « grands
comptes » (CICAM, CIMENCAM et SONARA) qui consomment plus de la moitié de la
production totale d’électricité. Finalement, les autres entreprises et les ménages n’ont plus à se
partager qu’une fraction très réduite de l’électricité produite.

Figure 2.8: Répartition de la consommation d’électricité au Cameroun

Industrie (58,8%)

Résidentiel (23,7%)

Services commercial et public


(16,3%)
Agriculture et forêt (1,2%)

Source : auteur, données IEA Energy Statistic, 2010

Ainsi, au Cameroun, plutôt qu’un facteur de production, l’électricité est un bien de


consommation de « luxe » qui n’est pas suffisamment valorisé. Or sans usage productif, elle
reste limitée à l’amélioration des conditions de vie de ceux qui y ont accès, elle ne sert à rien
d’autre qu’à soulager la situation des populations les moins pauvres. Pourtant, comme nous
allons le voir dans le chapitre suivant, les enjeux de l’électrification sont immenses.

104
Chapitre 3 – Les enjeux de l'électrification

Introduction du chapitre
Comme reconnu lors du sommet du Développement Durable qui s’est tenu du 26 août au 4
septembre 2002 à Johannesburg, l’accès à l’énergie et en particulier à l’électricité, est
indispensable pour atteindre les objectifs du développement durable. En effet, la réalisation
des objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire de septembre 2000,
et notamment la réduction de moitié d’ici à 2015 de la proportion d’êtres humains vivant dans
la pauvreté passe par une extension de l’accès à des services énergétiques fiables et
économiquement abordables. Et ce, car « l’accès à l’énergie facilite l’éradication de la
pauvreté en permettant la production d’autres services importants »47. Ainsi, la fourniture de
l’électricité aux populations qui en sont privées apparaît comme une nécessité si on veut
combattre la misère dans le monde car elle conditionne finalement la réalisation de chacun
des objectifs du Millénaire. Quel peut être l’impact de la fourniture suffisante d’électricité sur
la réalisation des OMD et l’amélioration des conditions de vie des populations des pays en
développement ? Telle est la problématique que nous nous proposons d’examiner dans ce
chapitre.

SECTION I - ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES

Près d’un quart de la population mondiale n’a pas accès à l’électricité (WEO, 2006). Ainsi,
quelque 1.6 milliard d’êtres humains ne profite pas encore des services de l’éclairage
électrique. Dans certaines régions, sans la disponibilité des pompes électriques,
l’approvisionnement en eau potable est très difficile. Sans électricité, les moyens modernes de
communication et d’information (Internet, télévision et même radio) ne sont pas accessibles.
L’absence d’électricité entraîne aussi une privation d’énergie mécanique pouvant améliorer la
productivité agricole ou permettre la création de petites et moyennes entreprises. Si aucune
politique volontariste et de grande ampleur n’est menée, l’AIE estime qu’en 2030, ce sera 1.4
milliards de personnes qui continueront d’être exclues des services faisant appel à l’énergie
électrique. D’après cette étude, les taux d’électrification augmenteront pendant la période
considérée, mais le nombre total de personnes encore privées d’électricité ne baissera que
légèrement et représentera près de 1400 millions d’individus en 2030. Ce nombre ne
diminuera nettement qu’après 2015. Les rangs de ceux qui n’ont pas accès à l’électricité
s’éclairciront en Asie, mais ils continueront de grossir en Afrique. Il sera toujours plus facile
d’avoir accès à l’électricité dans les zones urbaines, même si en termes absolus, le nombre
47
« Rapport du sommet mondial pour le développement durable », Nations Unies, Johannesburg (Afrique du
Sud), 26 août – 4 septembre 2002, p. 12.

105
d’individus dépourvus d’électricité augmentera légèrement dans les villes et agglomérations
et diminuera dans les zones rurales. En outre, la population ne se servant que de la biomasse
non commerciale pour cuire les aliments et se chauffer, continuera de croître et passera d’un
peu moins de 2.4 milliards d’habitants en 2002 à plus de 2.6 milliards en 2030 (IEA, 2004)

Comme le montre le tableau 3.1, l’accès à l’électricité est très inégalement réparti dans le
monde. La quasi-totalité des sans accès à l’électricité vivent dans les pays en développement,
principalement en Asie du Sud et en Afrique Sub-saharienne. Ces personnes habitent surtout
dans les zones rurales et périurbaines. En effet, ce tableau révèle qu’approximativement
quatre personnes sur cinq privées d’électricité vivent dans les zones rurales des pays en
développement.

Tableau 3.1: Taux d’accès à l’électricité dans les différentes régions du monde

Source : World Energy Outlook, 2006

La figure 3.1 montre la répartition géographique des populations n’ayant pas accès à
l’électricité. On s’aperçoit que l’Afrique Sub-saharienne, avec un taux global d’électrification
de 26%, est la région la moins électrifiée du globe. Les populations rurales sont encore plus
mal loties puisque seuls environ 8% d’entre elles sont reliées à l’électricité. De grandes
disparités existent avec d’autres pays en développement puisqu’on constate des taux
d’électrifications proches de 90% en Amérique Latine, en Asie du Sud-Est, en Afrique du
nord et au Moyen-Orient, et l’AIE prévoit d’ailleurs à l’horizon 2030 des taux supérieurs à
95% dans ces régions.

106
Figure 3.1: Répartition mondiale de la population dépourvue d’accès à l’électricité

Source : IEA, 2005

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, la consommation d’énergie des pays est
très fortement corrélée au revenu national. Les ménages des pays pauvres peuvent consacrer
entre 10 et 20% de leurs revenus à l’énergie alors que la part de dépenses destinées aux
consommations énergétiques pourrait ne représenter que 2% du revenu total des ménages des
pays riches (Vu Van Thong, 2008). En outre, il existe une grande différence entre la
consommation d’électricité dans les pays pauvres et celle dans les pays riches. Dans les pays
développés, la consommation par habitant et par an peut avoisiner 25 000 kWh alors que dans
plusieurs pays en développement, elle ne dépasse pas 100 kWh. Le tableau 3.2 donne la
consommation électrique et le revenu par habitant dans quelques régions et pays du monde.
Ainsi, non seulement les populations pauvres consomment très peu d’électricité, mais en plus
leur facture énergétique représente pour elles un lourd fardeau.

Tableau 3.2: Consommation électrique et PIB par habitant dans quelques régions et
pays du monde

Pays/Région PIB/hab. KWh/hab.


(US$ de l’année 2000) (Année 2006)
Monde 5777 2659
OCDE 24763 8381
Etats-Unis 37572 13515
France 23233 7585
Norvège 41159 24295
Chine 1756 2060
Inde 634 503
Moyen-Orient 4426 3163
Afrique 825 557

107
Tunisie 2512 1221
Cameroun 690 186
Togo 234 98
Tanzanie 336 59
Haiti 405 37
Source : auteur à partir des données de IEA Statistics 2006

SECTION II - IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES DE L’ACCES A


L’ELECTRICITE

L’accès à l’énergie électrique est universellement reconnu comme une condition nécessaire,
bien que non suffisante48 pour assurer un développement économique et social (Mulder et al.,
2008). En effet, l’électricité peut contribuer efficacement à réduire la pauvreté et améliorer la
vie sociale. Or la pauvreté est un obstacle majeur à la réalisation d’un développement durable,
non seulement dans les pays en développement, mais aussi dans le monde tout entier
(Kanagawa et al., 2008). En générale49, la pauvreté est définie comme l’insuffisance des
ressources matérielles et des conditions de vie, entraînant un faible accès à l’éducation, à la
santé, et à l’alimentation en plus d’une privation économique. Un des moyens de faire face à
cet aspect multidimensionnel de la pauvreté est de promouvoir des « opportunités » (World
Bank, 2001), et une de ces opportunités concerne le développement de l’investissement public
et privé afin de permettre l’accès aux énergies modernes comme l’électricité. Dans la figure
3.2 suivante, on constate que les pays ayant un taux d’accès élevé à l’électricité sont aussi
ceux où la proportion de la population vivant avec moins de deux dollars est la plus faible.
Les pays de l’OCDE relèvent de cette catégorie alors que les pays de l’Afrique sub-saharienne
et d’Asie du Sud sont principalement caractérisés par un faible taux d’accès à l’électricité et
une importante partie de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté50.

48
La disparition de la pauvreté exige aussi, entre autres, une adduction en eau potable, des services de soins et de
santé adéquats, un bon système d’éducation et un réseau d’information et de communication.
49
Dans le Rapport 2000/2001 de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde intitulé « Combattre
la pauvreté », la définition de la pauvreté s’est élargie aux apports du Prix Nobel d’Economie Amartya Sen, qui a
étendu le concept de la pauvreté. A la faiblesse des revenus, de la consommation, de l’instruction, est ajoutée la
privation de capacités fondamentales (vulnérabilité, impuissance, non-droits, non-expression politique, non-
participation aux décisions), ainsi qu’une vision dynamique (des chocs « exogènes » peuvent précipiter dans la
pauvreté des individus, des groupes, parfois d’une manière irréversible).
50
Ici considéré comme égal à 2 dollars par habitant et par jour, ce seuil de pauvreté international a été ramené en
2008 par la Banque mondiale à 1,25 dollar US.

108
Figure 3.2: Lien entre taux d’accès à l’électricité et proportion de la population vivant
avec moins de deux dollars par jour

Source : IEA analysis; income from the World Bank’s World Development Indicators, 2001

II.1 – Lien entre la consommation d’électricité et l’indice de développement humain


(IDH51)

L’accès à l’énergie impacte la situation socio-économique des pays en développement dans


quatre grands domaines, à savoir : la santé, l’éducation, le revenu et l’environnement
(Kanagawa, 2007). La figure 3.3 propose un schéma synthétique des effets induits par un
accès accru aux énergies modernes sur d’autres composants de la pauvreté.

51
Développé en 1990 par le Programme des Nations unies pour le développement(PNUD), l’IDH est un
indicateur synthétique qui a pour objectif d’essayer de mesurer le niveau de développement des pays. Il intègre
outre le PIB réel par habitant en parité de pouvoir d’achat, mais aussi l’espérance de vie à la naissance, le niveau
d’instruction mesuré par deux indicateurs : le taux brut de scolarisation (nombre d’élèves dans le primaire, le
secondaire et le supérieur/effectifs des classes d’âge concernées) et le taux d’alphabétisation des adultes.

109
Figure 3.3: Influence de l’énergie sur d’autres composants de la pauvreté

Source : Kanagawa, 2007

Ainsi, l’accès aux énergies modernes comme l’électricité améliore considérablement la


qualité de vie des populations qui en étaient privées :

* Dans le domaine de la santé, l’utilisation des énergies modernes réduit l’exposition aux
polluants dangereux. Les atteintes à la santé humaine du système énergétique traditionnel
dans les pays en développement sont courantes. Dans certains pays africains, la biomasse,
dans ses diverses formes, représente jusqu’à 90% de la consommation totale d’énergie des
ménages. La combustion de cette biomasse pour la cuisson se fait très souvent à l’intérieur
des habitations et produit d’importante quantité de fumée contenant un grand nombre de
substances toxiques comme le monoxyde de carbone et divers particules (Smith et al., 2000).
Des travaux de recherche ont confirmé l’existence d’une relation de cause à effet entre
l’exposition à la fumée intra-domiciliaire et de graves maladies respiratoires. Ces dernières
seraient la quatrième cause de mortalité dans le monde et responsables de 1.6 million de
morts par an (Warwick et al., 2004). L’accès aux énergies modernes libère de la contrainte
d’aller chercher le bois de chauffage et améliore l’état sanitaire, en particulier, des femmes et
des enfants qui sont chargés de cette collecte. Sur un autre plan, l’accès à l’électricité permet
un meilleur fonctionnement des centres de soins, qui peuvent, notamment, mettre en place des
campagnes de vaccination et stocker les médicaments dans des réfrigérateurs.

* Sur le plan environnemental, la satisfaction des besoins énergétiques des populations,


principalement rurales, par la biomasse se réalise au détriment d’un prélèvement toujours plus
accru sur les ressources naturelles. Cette situation est à l’origine des problèmes de
déforestation, d’érosion des sols et de désertification dont souffrent certaines régions du

110
monde en développement. L’utilisation des énergies modernes réduit alors cette pression sur
les écosystèmes et améliore la qualité de vie des populations. La détérioration de
l’environnement naturel est aussi le fait de la combustion de la biomasse, qui s’effectue
souvent par des méthodes peu efficaces et constitue par conséquent une source importante de
pollution. Par ailleurs, l’utilisation d’appareils électriques efficaces permet de réduire les
consommations énergétiques, et l’exploitation des énergies renouvelables constitue une des
solutions pour lutter contre le problème du réchauffement climatique.

* Dans le domaine de l’éducation, l’éclairage allonge les journées, permettant non seulement
aux enfants de mieux étudier à la maison le soir, mais aussi à tous de lire et de s’éduquer.
L’éclairage électrique étant plus puissant, de meilleure qualité, et aussi moins dangereux
qu’un éclairage à la bougie, ou à la lampe à pétrole. L’utilisation des énergies modernes se
traduit, parfois pour les enfants, par une libération de plusieurs corvées et une création de plus
de temps consacré aux études. L’électricité contribue également à réduire la fracture
numérique entre le Nord et le Sud, à travers la diffusion des technologies de l’information et
de la communication. La figure 3.4 suivante révèle la forte corrélation positive entre la
consommation d’électricité par habitant et le niveau d’éducation pour 120 pays dans le
monde. Les pays à forte consommation d’énergie électrique ont évidemment un niveau
d’éducation élevé.

Figure 3.4 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et le niveau


d’éducation en 2002

Source : Kanagawa, 2008 ; based on IEA, 2005 and UNDP, 2004

111
* En ce qui concerne les revenus, l’électrification favorise le développement des entreprises
qui à leur tour procèdent à la création de multiples emplois. La mécanisation dans l’industrie
permet un accroissement de la productivité. En effet, les équipements modernes alimentés en
énergie électrique produisent beaucoup plus et rendent possible la réalisation des économies
d’échelle. Les systèmes énergétiques de petite taille dans les zones rurales participent à la
mise en place d’une industrie locale et la création de revenus pour les populations.
L’électricité, du moins si un usage productif en est fait, apporte ainsi des preuves
incontestables de sa capacité à réellement combattre la pauvreté et améliorer les revenus des
populations. La figure 3.5 suivante montre la corrélation positive entre la consommation
d’électricité par habitant et les revenus par habitant de quelque 120 pays de la planète. Les
pays à faible consommation d’énergie électrique ont là aussi un revenu par habitant faible.

Figure 3.5 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et le PIB par
habitant

Source : Kanagawa, 2008 ; based on IEA, 2005 and UNDP, 2004

Au sein des organismes internationaux traitant des questions énergétiques, l’attention est de
plus en plus mise sur la réduction de la pauvreté à travers l’amélioration de l’accès à l’énergie.
C’est ainsi que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’est focalisée sur les conditions

112
pour améliorer l’offre et la demande énergétique dans les pays en développement, en
consacrant un chapitre de ses « perspectives énergétiques 2002 » à l’explication du rôle de
l’énergie dans le développement. Elle est convaincue que l’expansion des services
énergétiques modernes dans les pays défavorisés est vitale pour leurs chances de
développement (IEA, 2002).

L’énergie est nécessaire au développement économique et la prospérité que ce dernier apporte


stimule la demande de services énergétiques, d’où les relations de causalité bidirectionnelle
qu’on trouve dans certains pays lorsqu’on étudie les liens entre la consommation énergétique
et la croissance économique (voir chapitre précédent). Les services énergétiques contribuent à
répondre à des besoins essentiels de l’être humain, tels que la nourriture et le logement. Ils
favorisent en outre le développement social en améliorant l’instruction et la santé publique.
L’électricité est particulièrement importante pour le développement humain. La plupart des
pays développés ont trouvé les moyens de mettre l’énergie au service de la croissance
économique et du développement humain, mais ce processus s’amorce à peine dans les pays
les plus pauvres. La figure 3.6 suivante met en évidence la corrélation positive entre la
consommation d’électricité par habitant et l’indice de développement humain (IDH) des 120
pays considérés. Les pays à forte consommation d’électricité par habitant ont ainsi un IDH
élevé.

Figure 3.6 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et l’indice de


développement humain

Source : Kanagawa, 2008 ; based on IEA, 2005 and UNDP, 2004

113
II.2 – Accès à l’énergie et objectifs du millénaire pour le développement

En septembre 2000, plus de 190 pays membres de l’ONU réunis à New York, ont adopté 8
objectifs du millénaire pour le développement (OMD) assortis de 21 cibles quantifiables
mesurées à travers 60 indicateurs (voir encadré 3.1). Ces OMD, devant être atteints à
l’horizon de 2015, ont pour but d’évaluer les progrès accomplis dans la lutte contre la
pauvreté monétaire, la faim, la maladie, l’absence de logements adéquats et l’exclusion tout
en promouvant l’égalité des sexes, la santé, l’éducation et le respect de l’environnement.
Même si l’accès aux services énergétiques ne fait pas partie de ces OMD, le rôle de l’énergie
dans la réalisation de ces objectifs est indéniable. D’ailleurs au Sommet mondial pour le
développement durable de Johannesburg en 2002, il a été explicitement reconnu qu’un accès
de plus en plus croissant, en quantité et en qualité, aux services énergétiques est nécessaire
pour atteindre chacun des OMD dans les pays en développement. Une des résolutions de ce
sommet invite à « agir conjointement et s’efforcer davantage de collaborer à tous les niveaux
pour élargir l’accès à des services énergétiques fiables et abordables pour le développement
durable, suffisamment pour faciliter la réalisation des objectifs de développement énoncés
dans la Déclaration du Millénaire, y compris celui qui consiste à réduire de moitié, d’ici à
2015, la proportion d’êtres humains vivant dans la pauvreté, sachant que l’accès à l’énergie
facilite l’éradication de la pauvreté en permettant la production d’autres services
importants »52.

Encadré 3.1 : Les objectifs du millénaire pour le développement et les différentes cibles

A l’issue du Sommet de septembre 2000, la « Déclaration du Millénaire » a été signée par


147 Chefs d’Etat. Elle contient des actions et cibles, adoptées par 189 nations, desquelles
découlent les objectifs du millénaire pour le développement à atteindre en 2015, et qui
répondent aux défis les plus importants du monde. Ce sont :

Objectif 1 : Réduire l’extrême pauvreté et la faim

Cible 1.A – Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le
revenu est inférieur à un dollar par jour

Cible 1.B – Assurer le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les
jeunes, de trouver un travail décent et productif

Cible 1.C – Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre
de la faim

Objectif 2 : Assurer l’éducation primaire pour tous

Cible 2.A – D’ici à 2015, donner à tous les enfants, garçons et filles partout dans le monde,
les moyens d’achever un cycle complet d’études primaires

Objectif 3 : Promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation de femmes

Cible 3.A – Eliminer les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et
52
Nations Unies 2002, op. cit. p. 12.

114
secondaire d’ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en 2015 au plus
tard.

Objectif 4 : Réduire la mortalité infantile

Cible 4.A – Réduire de deux tiers, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité des enfants de
moins de 5 ans

Objectif 5 : Améliorer la santé maternelle

Cible 5.A – Réduire de trois quarts, entre 1990 et 2015, le taux de mortalité maternelle

Cible 5.B – Rendre l’accès à la médecine procréative universel d’ici à 2015

Objectif 6 : Combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies

Cible 6.A – D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/sida et avoir commencé à
inverser la tendance

Cible 6.B – D’ici à 2010, assurer à tous ceux qui en ont besoin l’accès aux traitements contre
le VIH/sida

Cible 6.C – D’ici à 2015, avoir maîtrisé le paludisme et d’autres maladies graves et
commencer à inverser la tendance actuelle

Objectif 7 : Préserver l’environnement

Cible 7.A – Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et
programmes nationaux et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources
naturelles

Cible 7.B – Réduire l’appauvrissement de la diversité biologique et ramener le taux à un


niveau sensiblement plus bas d’ici à 2010

Cible 7.C – Réduire de moitié, d’ici à 2015, le pourcentage de la population qui n’a pas
d’accès à un approvisionnement en eau potable ni à des services d’assainissement de base.

Cible 7.D – Améliorer sensiblement, d’ici à 2020, les conditions de vie de 100 millions
d’habitants des taudis

Objectif 8 : Mettre en place un partenariat mondial pour le développement

Cible 8.A – Poursuivre la mise en place d’un système commercial et financier multilatéral
ouvert, réglementé, prévisible et non discriminatoire

Cible 8.B – Répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés

Cible 8.C – Répondre aux besoins particuliers des pays en développement sans littoral et des
petits Etats insulaires en développement

115
Cible 8.D – Traiter globalement le problème de la dette des pays en développement par des
mesures d’ordre national et international propres à rendre l’endettement tolérable à long
terme

Cible 8.E – En coopération avec l’industrie pharmaceutique, rendre les médicaments


essentiels disponibles et abordables dans les pays en développement

Cible 8.F – En coopération avec le secteur privé, faire en sorte que les nouvelles
technologies, en particulier les technologies de l’information et de la communication, soient
à la portée de tous
(Source : http://www.un.org/french/millenniumgoals/, site de l’ONU sur les Objectifs du Millénaire pour le
développement, consulté le 21/04/2009)

Comment l’énergie peut-elle contribuer à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le


Développement ?

Les services énergétiques peuvent jouer une variété de rôle dans l’accomplissement des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). A un niveau local, elles servent à la
préparation des aliments, au pompage et au chauffage de l’eau, à l’éclairage, à la réfrigération,
au transport et à la communication, facilitant ainsi la vie, améliorant la santé et l’éducation, et
réduisant de manière significative la pauvreté. A un niveau national, les services énergétiques
peuvent aider à stimuler la croissance industrielle, en attirant les investissements directs
étrangers et en donnant accès aux marchés globaux et au commerce international par
l’intermédiaire des transports et des communications. La fourniture d’énergie, et en particulier
de l’électricité, a alors un impact transversal sur la réalisation des OMD53 :

* Pour réaliser le premier OMD qui a pour ambition de diviser par deux entre 1990 et 2015, le
nombre de personnes vivant avec moins d’un dollar par jour, et le nombre de personnes
souffrant de la famine, l’accès à l’énergie est nécessaire. Des études quantitatives ont
confirmé l’impact positif de l’accès aux services énergétiques sur la réduction de la pauvreté
au Brésil, au Mali et aux Philippines (UNDP, 2005). Kanagawa et Nakata (2007 et 2008) ont
également analysé à travers un modèle bottom-up, les impacts socio-économiques de l’accès à
l’électricité en Inde, et ont abouti à une conclusion positive quant à l’amélioration de la
situation socio-économique des populations rurales étudiées. De même, Mulder et Tembe
(2008), s’intéressant au Mozambique, montrent que l’électrification rurale peut être
commercialement viable et entraîner en très peu de temps des transformations structurelles
dans ces zones. Ainsi, l’accès aux services énergétiques permet le développement
d’entreprises. En effet, l’éclairage allonge les journées, permettant de travailler plus
longtemps et d’augmenter ses revenus. En outre, l’utilisation de machines et d’équipements
électriques améliorent la productivité (Anokye, 2001). La production et la distribution
d’énergie pouvant être le fait de petites entreprises locales qui créent, en passant, des emplois
dans la fourniture et l’entretien des services énergétiques. Par ailleurs, la privatisation de ces
services d’énergie peut aider à dégager des fonds gouvernementaux pour l’investissement
dans la protection sociale (Harper, 2000). Les énergies modernes, propres et abordables,

53
Voir par exemple DFID, 2002. Energy for the Poor. Underpinning the Millenium Development Goals,
Department for international Development, August 2002

116
réduisent la part, considérable, du revenu domestique consacré à l’éclairage, au chauffage et
surtout à la cuisson des aliments ; La majorité des aliments devant être cuits avant d’être
consommés. Toujours pour réduire la proportion de la population souffrant de la faim,
l’énergie peut également être utilisée pour l’irrigation et ainsi aider à augmenter la production
alimentaire et l’accès à la nutrition. Le premier objectif du Millénaire ne peut donc être
accompli sans la disponibilité suffisante d’énergie.

* Pour atteindre le deuxième OMD, visant à assurer l’éducation primaire pour tous,
l’importance de l’électricité n’est plus à signaler. En effet, elle fournit l’occasion d’utiliser les
technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) et les matériels
audiovisuels à usage pédagogique à l’école comme à la maison, favorise l’enseignement à
distance et participe ainsi à décupler les performances scolaires. L’éclairage des salles de
classe peut inciter à retenir un peu plus les enseignants pour s’occuper des élèves en difficulté,
et permettre des cours du soir. Par ailleurs, la disponibilité des services énergétiques modernes
dégage du temps libre aux enfants et en particulier aux filles (chargés le plus souvent avec les
femmes de la collecte du bois et d’autres activités domestiques) pour les permettre de réviser
fréquemment leurs leçons. Les systèmes énergétiques modernes et l’amélioration de
l’efficience énergétique lors de la conception des bâtiments, contribuent à la réduction des
coûts de chauffage ou de climatisation, et par suite des frais d’inscription, permettant ainsi
aux familles les plus pauvres un plus grand accès à l’éducation54.

* Le troisième OMD a pour mission de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des
femmes. Comme précédemment, la disponibilité des services énergétiques modernes dégage
du temps libre aux femmes et aux filles qui sont le plus souvent chargées des tâches
domestiques. Les énergies et équipements de cuisson propres et modernes réduisent alors leur
exposition à la pollution intra-domiciliaire résultant de l’utilisation des combustibles
traditionnels, et leur santé s’en trouve améliorée. L’OMS55 et le PNUD56 reconnaissent
d’ailleurs dans leur déclaration commune d’octobre 200457, à l’occasion de la journée
mondiale des femmes rurales, qu’à cause du temps que les femmes consacrent au ramassage
du bois de chauffe dans certaines zones rurales, elles n’ont pas la possibilité de mener une vie
plus productive pour améliorer leur niveau de vie, ainsi que l’état nutritionnel et la santé de
leurs familles. De même, la possibilité offerte par l’électricité d’utiliser des appareils
électroménagers participe à la réduction des corvées imposées aux femmes et aux filles. Pour
les jeunes femmes, occupées en journée dans des champs ou ailleurs, l’éclairage électrique
permet des études du soir, à la maison ou à l’école, et l’éclairage public améliore leur sécurité.
En outre, la disposition de l’électricité facilite un peu plus le travail des enseignants et leur
offre même l’occasion d’utiliser les TICE. Par ailleurs, les services énergétiques fiables
fournissent aux femmes des opportunités pour développer des activités rémunératrices (voir

54
Voir le projet d’éducation de base dans la province du Gansu en Chine. Lancé en 1999, le but était
d’augmenter les inscriptions à l’école dans les zones habitées par des minorités pauvres, afin de réaliser l’objectif
d’éducation universelle, et aussi de réduire les inégalités qui existent dans le système éducatif. Financé par le
gouvernement britannique à travers le Departement for International development (DFID), géré par le
Département de l’Education de la province du Gansu avec l’appui d’une équipe de consultants internationaux et
nationaux fournis par Cambridge Education Consultants (CEC), ce projet a entraîné de profonds changements
dans les relations école-administration, école-communauté et enseignant-élève. Il constitue en cela un exemple
réussi de planification du développement scolaire en Chine.
55
L’Organisation Mondiale de la Santé
56
Le Programme des Nations Unies pour le développement
57
Cette déclaration peut être retrouvée à l’adresse suivante :
http://whqlibdoc.who.int/statement/2004/statement_WHO_5_fre.pdf

117
Anokye, 2001 ou le « Sustainable Fisheries Livelihoods Programme (SFLP) » de
l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et du DFID, dont
le but est d’aider les petits pêcheurs de l’Afrique de l’Ouest).

* Le quatrième OMD dont la cible est la réduction de deux tiers, entre 1990 et 2015, du taux
de mortalité des enfants de moins de 5 ans, n’est pas moins ambitieux. Selon l’OMS, la
pollution de l’air à l’intérieur des habitations cause des infections respiratoires qui sont
responsables de plus de 20% des onze millions de décès d’enfants chaque année (DFID, 2002
d’après WHO 2000, based on 1999 data). D’après Warwick and Doig (2004), 56% des 1.6
millions de personnes qui meurent chaque année à cause de la pollution de l’air dans la
maison sont des enfants de moins de cinq ans, la plupart d’entre eux succombant d’infections
aiguës des voies respiratoires inférieures. Pour mettre fin à cette pollution domestique,
l’utilisation des combustibles moins polluants constitue une bonne option, et sous ce point de
vue, le gaz, les combustibles liquides et surtout l’électricité offrent de meilleurs perspectives.
Une autre bonne option pour réduire l’exposition aux concentrations élevées de fumée
consiste à utiliser des fours munis de cheminées ou de hottes à fumée bien conçus, et de
choisir, autant qu’il est possible, des essences de bois qui produisent moins de fumée
(Berkelaar, 2004). Afin de réduire le taux de mortalité des enfants, la présence des services
énergétiques modernes peut être décisive car elles sont plus sûres. En effet, elles causent
moins d’accidents et d’incendies domestiques que les énergies traditionnelles. Quand elles
existent, il n’est plus besoin de parcourir de longues distances pour ramasser du bois, activité
qui expose les enfants en bas âge à des risques sanitaires importants, et qui réduit
considérablement le temps que les femmes consacrent à leurs soins. Par ailleurs, la présence
d’électricité permet de pomper et de purifier l’eau, limitant ainsi le nombre de décès dus à une
consommation d’eau non potable.

* Le cinquième OMD vise à améliorer la santé maternelle, avec pour cible principale une
réduction substantielle du taux de mortalité maternelle. L’énergie électrique est nécessaire
pour assurer le fonctionnement du matériel médical utilisé pour les soins maternels, à savoir
les équipements de réfrigération et de stérilisation, les salles d’opération, etc. L’existence des
services d’énergie décharge la femme enceinte du lourd fardeau qui consiste à transporter sur
de longues distances le bois de chauffe et de l’eau, et qui peut affecter gravement sa santé et
son bien-être. D’ailleurs, cet effort effectué pour le transport du bois consomme une part
importante des calories apportées par l’unique repas cuisiné à l’aide de ce bois. La fourniture
à ces femmes d’aliments nutritifs prêts à la consommation, le chauffage ou la climatisation de
leurs locaux et la mise à leur disposition d’eau chaude contribuent à améliorer leur santé, et
toutes ces actions requièrent de l’énergie (Vermeulen, 2001). L’énergie permet également
d’utiliser les technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement à
distance et la télémédecine, ainsi qu’à produire des campagnes de sensibilisation et
d’éducation sur les méthodes contraceptives.

* Pour atteindre le sixième OMD, qui consiste à combattre le VIH/sida, le paludisme et


d’autres maladies, il est indispensable d’avoir de l’électricité dans les centres de santé, afin
d’une part de retenir le personnel qualifié et assurer les soins même de nuit, mais aussi afin de
faire fonctionner les équipements médicaux et conserver dans de bonnes conditions les
médicaments et le matériel médical. Les médicaments et vaccins ainsi bien tenus pourront
servir pour des campagnes de prévention et le traitement des maladies et des infections.
L’énergie est aussi nécessaire pour développer, fabriquer et distribuer les médicaments. Et,
comme précédemment, elle permet l’utilisation des technologies de l’information et de la

118
communication pour la médecine à distance, ainsi que pour l’éducation sanitaire par la
diffusion d’informations et de données sur la santé publique.

* Le septième OMD exhorte la communauté internationale à préserver l’environnement. Cet


objectif se décline principalement en deux cibles, à savoir stopper l’exploitation non durable
des ressources naturelles et diviser par deux entre 1990 et 2015, le pourcentage de la
population qui n’a pas d’accès à l’eau potable ou les moyens d’en avoir. En ce qui concerne la
première cible, la production, la distribution et la consommation des énergies
conventionnelles (pétrole, charbon, gaz) ont des effets négatifs sur l’environnement local,
régional et global. L’utilisation des combustibles plus propres et plus efficaces, entraînera une
baisse des émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine des changements climatiques.
L’usage des combustibles traditionnels favorise l’érosion, la désertification et réduit la fertilité
des sols. La mise en œuvre d’une situation durable nécessite de promouvoir la substitution
énergétique, l’efficacité énergétique et l’économie d’énergie, ainsi que l’amélioration des
rendements énergétiques. D’ailleurs, l’usage croissant des énergies renouvelables locales, au
détriment des combustibles importés contribue à l’indépendance énergétique nationale et à sa
durabilité. En plus, une utilisation efficace de l’énergie aide à atténuer la pollution locale et à
améliorer la situation des pauvres (Anokye, 2001). Sur un autre plan, l’augmentation de la
productivité agricole grâce à l’utilisation des machines et de l’irrigation, rend inutile le besoin
en surfaces supplémentaires pour les cultures, et réduit ainsi la pression sur l’écosystème.
Afin d’atteindre la cible suivante, l’énergie peut être utilisée localement pour pomper et
purifier l’eau des nappes souterraines, mettant ainsi fin à la corvée de collecte de l’eau dans
les zones rurales. Par ailleurs, la production d’énergie propre favorise une meilleure gestion
des ressources naturelles y compris l’amélioration de la qualité de l’eau (Landell-Mills, 2002).

* Le huitième et dernier OMD se décline en plusieurs cibles et vise principalement à mettre


en place un partenariat mondial pour le développement. Afin d’atteindre, par exemple, la
dernière cible qui ambitionne en particulier de mettre les technologies de l’information et de
la communication à la disposition de tous, comme déjà signalé dans les autres OMD, la mise
en place des services énergétiques modernes constitue un préalable incontournable. Dans le
monde en développement, les téléphones portables améliorent les communications, et un plus
grand accès à Internet aidera à réaliser les objectifs en matière de santé, d’éducation, d’emploi
et de réduction de la pauvreté. Aujourd’hui, l’utilisation d’Internet progresse rapidement, mais
les régions les plus pauvres sont à la traîne, et le fossé numérique reste encore profond. En ce
qui concerne les autres cibles, l’accès au marché mondial des biens et services, par exemple,
et aux médicaments essentiels, est encore très marginal pour nombre de pays en
développement, dont le poids de la dette continue à entraver durablement les possibilités de
sortie de la pauvreté. Puisque cet ultime OMD vise, globalement, à mettre sur pied des actions
pour répondre aux besoins particuliers des pays les moins avancés, la communauté
internationale devrait déjà agir en conséquence contre, par exemple, la fumée à l’intérieur des
habitations qui porte gravement atteinte à la santé des femmes rurales et de leurs enfants. Au
sommet de Johannesburg en 2002, un premier pas avait été fait par le lancement du
partenariat mondial pour l’air propre à l’intérieur des habitations avec l’appui de
l’organisation mondiale de la santé (OMS) et de la communauté internationale. Comme
alternative au bois et au charbon, l’OMS proposait le gaz, les combustibles liquides et
l’électricité qui offrent de meilleures perspectives.

Ainsi, l’électricité et les énergies modernes en générale sont véritablement au centre des
réponses que la société humaine doit apporter aux grands défis sociaux actuels, consignés

119
dans les OMD. Pablo del Rio et al. (2008) montre que le développement de l’accès à
l’énergie, et plus particulièrement des énergies renouvelables peut avoir un impact socio-
économique positif sur la région dans laquelle il est développé. Toutefois, afin de
véritablement jouer son rôle moteur dans la limitation de la pauvreté et l’amélioration des
conditions de vie des populations défavorisées, un usage productif devra impérativement être
fait de l’accès à l’énergie. Par ailleurs, si elle n’est pas bien pensée, une offre inappropriée
d’énergie peut être un facteur d’accroissement d’inégalités et même source de conflits
sociaux.

II.3 – Les limites de l’accès à l’électricité sur la réduction de la pauvreté

On l’a vu, l’électricité contribue à améliorer les conditions de vie dans les habitations.
L’éclairage à l’intérieur des habitations fournit un confort indéniable et à l’extérieur, il
procure un certain sentiment de sécurité. Dans certains pays où les infrastructures routières
font cruellement défaut, seul l’éclairage des rues permet une réduction du nombre d’accidents
et des actes d’incivilités à la tombée de la nuit. La possibilité grâce à l’électricité de s’équiper
en appareils électriques contribue à connecter les personnes éloignées avec la vie moderne et
l’information, tout en les libérant de la contrainte et du coût du rechargement des batteries à la
ville la plus proche.

Cependant, le lien entre électrification et lutte contre la pauvreté n’est pas aussi mécanique
qu’il y paraît (Massé, 2004). Pour Massé, dans l’évaluation des effets de l’électrification dans
la lutte contre la pauvreté, il est impératif de prendre en compte l’ensemble des impacts.
Ainsi, cet auteur se demande par exemple s’il s’agit bien d’un progrès pour une femme rurale
de travailler plus avec l’avènement de l’électricité, et de réduire par conséquent ses nuits de
repos. Il fait observer que la venue de la télévision avec l’électricité, apporte certes un
moment nouveau de loisir, mais met en garde contre le risque de transformer les enfants en de
nouveaux accros de la télévision et des jeux vidéo au détriment de leur scolarisation.

Pour Jacobson (2007), l’affirmation selon laquelle l’accès à l’énergie induit incontestablement
un certain développement des activités productives et de la qualité de vie mérite d’être
nuancée. Etudiant les impacts sociaux de l’électrification rurale au Kenya par les panneaux
photovoltaïques, cet auteur conclut que ces panneaux solaires bénéficient prioritairement à la
classe moyenne, qu’ils jouent un rôle limité dans la création d’activités productives et
d’activités liées à l’éducation, et qu’enfin ils participent surtout à l’expansion du téléviseur et
de l’éclairage domestique. Il apparaît alors que la diffusion des panneaux solaires dans ces
conditions, loin de s’attaquer foncièrement à la pauvreté, ne contribuent qu’indirectement et
de façon très superficielle au développement.

D’autres évaluations d’impact de programme d’électrification sur la pauvreté ont été réalisées
à l’initiative de quelques grands bailleurs de fonds (le programme ESMAP58 de la Banque
mondiale, ou le programme « suivi et évaluation des processus d’accès à l’énergie en tant que

58
ESMAP = Energy Sector Management Assistance Program, est un programme de la Banque mondiale dont le
but est de promouvoir le rôle de l’accès à l’énergie dans la réduction de la pauvreté.

120
contribution à la réduction de la pauvreté » du groupement EUEI-GVEP59). Les premiers
résultats ont montré que l’arrivée de l’électricité au village ou sa disponibilité à proximité
d’un bidonville ne provoque pas spontanément son usage productif. Or sans usage productif,
l’électricité ne provoque pas de création de richesse et d’emplois, donc pas de développement
local. Et si elle ne peut pas enclencher un processus de développement local, l’électricité ne
sert à rien d’autre qu’à soulager la situation des populations, les moins pauvres d’ailleurs. Elle
n’agit donc pas sur les composantes structurelles de la pauvreté à savoir le pouvoir d’achat,
l’accès aux services de santé, d’éducation et de formation, l’intégration à la vie publique, etc.
Les effets de la pauvreté ne sont alors que gérés, sans que les conditions pour en sortir ne
soient créées. Dans de pareilles situations, l’avènement de l’électricité soulage mais ne permet
pas de sortir de la pauvreté.

Et encore, toutes les familles des zones électrifiées ne sont pas soulagées équitablement. En
effet, l’électricité bénéficie d’abord à ceux qui peuvent s’y raccorder. Dans les ménages à
faible revenu, les coûts d’accès aux services énergétiques modernes constituent un obstacle
majeur. Ces familles modestes gagneraient beaucoup à substituer les consommations
électriques aux consommations d’énergie traditionnelles. Mais seulement, elles ne peuvent
pas financer, en une fois, les coûts de raccordement au réseau, de comptage et d’installation
électrique à l’intérieur de leur habitation. Les montants en jeu pouvant représenter
l’équivalent de plusieurs années de consommation d’énergie domestique. Par ailleurs, plus les
familles sont pauvres, plus il est probable que les coûts de leur connexion au réseau seront
élevés. En effet, en zones rurales, le tracé des réseaux de distribution électrique est fait
rationnellement, en fonction de l’existence de voies de communication et d’une clientèle
consommatrice. Or, plus les familles sont pauvres, plus elles résident à l’écart des routes et
des centres d’agglomération, occupant les terrains de moindre valeur. Elles se retrouvent alors
éloignées des réseaux électriques et doivent supporter, outre les coûts de raccordement usuels,
mais aussi des coûts supplémentaires liés à l’installation des poteaux et des lignes de
raccordement depuis le réseau jusqu’à leur compteur.

En définitive, les logiques purement commerciales de développement de l’électrification


conduisent, sans le choisir, à favoriser d’abord les familles les plus aisées, celles qui peuvent
payer comptant les coûts de raccordement, d’installation électrique intérieure et d’équipement
électroménager (Massé, 2004). Le fait que l’électricité soit « accessible », ne signifie pas
nécessairement que tous les ménages y aient « accès » ! La situation des familles pauvres en
zones urbaines illustre parfaitement ce constat : alors que le réseau existe depuis parfois des
dizaines d’années, plus de la moitié des familles n’ont toujours pas accès à l’électricité. Cette
discrimination entre les « électrifiés » et ceux qui restent dans le noir creuse un peu plus le
fossé entre les pauvres et les autres familles en zones rurales. Ainsi, l’électricité contribue à
améliorer les conditions de vie, mais uniquement de ceux qui en ont accès, et constitue en
quelque sorte une source supplémentaire d’inégalité. En l’absence de mécanismes de
régulation, les subventions d’investissement bénéficient donc d’abord aux classes moyennes
et supérieures.

59
EUEI = European Union Energy Initiative, est un engagement commun des Etats membres de l’Union
Européenne et de la Commission pour souligner le rôle important que joue l’accès à l’énergie dans la lutte contre
la pauvreté et favoriser les actions concrètes à l’échelle de l’UE dans ce domaine. GVEP = Global Village
Energy Partnership, est une ONG de droit anglais dédiée au développement des zones rurales et périurbaines des
pays en développement par l’accès à des services énergétiques modernes.

121
Toutefois, les effets « indirects » de l’électrification bénéficient à tous, immédiatement. En
particulier, l’équipement en énergie électrique des centres de santé et des écoles, ou
l’éclairage public ont un impact concret sur toute la population résidente. Et, d’une certaine
façon, les pauvres en bénéficient encore plus que les autres. Les familles aisées peuvent
toujours financer des soins à la ville et ailleurs, ou se déplacer rapidement en cas d’urgence.
Elles disposent de solution de rechange que n’ont pas les pauvres. Mais, avec le
développement de services nouveaux dans les zones rurales, les pauvres y accèdent parfois
pour la première fois, à moindre coût et en tout temps, ce qui les place à égalité avec toutes les
autres familles. C’est un premier pas, important, vers l’égalité de tous devant les services
publics de santé primaire et de sécurité publique, une des conditions nécessaires à
l’éradication de la pauvreté.

Alors, l’électrification pour lutter contre la pauvreté, une évidence ? Certainement, si on prend
bien en compte l’ensemble des impacts. Mais pour convaincre les indécis ou les décideurs et
pour justifier l’engagement de fonds publics, en particulier de subventions, pour financer des
programmes nationaux d’électrification, énoncer des « évidences » n’est absolument pas
suffisant (Massé, 2004). Les ressources financières sont rares et il y a compétition entre les
différentes façons de les mobiliser pour lutter contre la pauvreté. L’électrification doit
apporter des preuves incontestables et quantifiables de sa capacité à réellement combattre la
pauvreté. Des entreprises commerciales aussi, examinent en permanence leur modèle
économique de fourniture de services électriques. Elles cherchent, en particulier, à savoir s’il
est durable sur le plan opérationnel, mais aussi rentable sur le plan financier, et donc
extrapolable à d’autres contextes similaires.

SECTION III – COMMENT AMELIORER L’IMPACT DE L’ELECTRIFICATION


DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET LUTTER PLUS EFFICACEMENT
CONTRE LA PAUVRETE ?

La mise à disposition des services énergétiques, à grande échelle, leur rôle dans
l’aménagement des territoires et l’amélioration des conditions des vies des populations qui en
sont privées, permet de répondre à trois types de besoins bien différenciés : les besoins vitaux,
les besoins économiques et les besoins individuels (Allal, 2004). Cette classification des
besoins selon Samir Allal s’apparente à la pyramide des besoins élaborée dans les années
1940 par Abraham Maslow60. Chaque type de besoin engendre des réponses spécifiques et des
dispositifs institutionnels adaptés. En effet, satisfaire les besoins en eau potable, pour la santé
et pour l’éducation (besoins vitaux ou physiologiques), nécessite des dispositifs techniques et
organisationnels collectifs. Pour permettre l’éclosion d’activités contribuant au
développement économique local (besoins économiques ou de sécurité), des systèmes
énergétiques à puissance moyenne ou importante sont nécessaires. Et finalement, pour
assouvir les besoins individuels (accomplissement de soi), il est nécessaire de mettre en œuvre

60
Dans « A Theory of Human Motivation », paru en 1943, le psychologue américain distingue cinq grandes
catégories de besoins hiérarchisés dans une pyramide, la pyramide de Maslow. Ce sont, par ordre de satisfaction,
les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, le besoin d’appartenance, le besoin d’estime et le besoin
d’accomplissement personnel.

122
des mécanismes de solidarité afin d’assurer la solvabilité des usages pour la santé, l’éducation
ou d’autres usages qui ne génèrent pas un flux de revenus ; ou pour aider la mise en place
d’infrastructures indispensables aux activités économiques, même si une part significative des
coûts des systèmes énergétiques doit être supportée par les bénéficiaires.

Pour donc combattre la pauvreté par l’électrification, il importe avant de lancer le programme,
de cibler les besoins et bien identifier les mécanismes par lesquels l’électrification contribue à
réduire la pauvreté. Il faudra, par exemple, être en mesure de classer par ordre d’importance
les effets du projet sur la pauvreté (Massé, 2004). On pourra dès lors concevoir des modèles
d’électrification plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté et, ce faisant, mieux utiliser les
fonds disponibles, qui sont de plus en rares et en compétition avec d’autres projets non
énergétiques (Pablo del Rio, 2007). L’électrification doit apporter des preuves irréfutables de
sa capacité à réellement combattre la pauvreté. Pour ce faire, plusieurs voies s’imposent :

Faciliter l’accès des plus défavorisés aux services électriques de base, mais ne pas
subventionner les consommations et laisser régner la vérité des prix

Dans certains centres urbains des pays en développement, les taux d’électrification des
ménages demeurent encore faibles. Ceci montre donc qu’il ne faut pas confondre
« accessibilité »61 à l’énergie et accès à celle-ci. Ce qui nous amène à interroger les meilleures
pratiques pour améliorer le taux d’électrification dans ces pays. Etant donné que les plus
pauvres ne sont pas objectivement des clients prometteurs pour les distributeurs de services
électriques, seule une volonté publique peut les aider à accéder à ces services. Un certain
nombre de moyens existent pour intensifier la connexion des pauvres aux réseaux électriques
(Massé, 2004) : Dans une zone rurale, par exemple, on pourrait proposer un forfait de
raccordement, pour mutualiser les coûts et placer tous les ménages sur un plan d’égalité. Et
pour le règlement du forfait de raccordement, voire des coûts d’installation intérieure, qui peut
malgré tout représenter une fraction importante du revenu de certains foyers, on pourrait
envisager la possibilité de l’étaler sur plusieurs mois.

Toutefois, même s’il est nécessaire de faire appel aux pouvoirs publics pour faciliter l’accès
des plus pauvres aux services énergétiques, il est impératif de ne pas subventionner leurs
consommations afin, notamment, de favoriser les économies d’énergie. En effet, toute
subvention globale bénéficie beaucoup plus aux classes aisées qui y voient l’opportunité
d’augmenter leurs consommations superflues. Or les sommes allouées à ces dépenses
alourdissent considérablement le budget national sans réel effet sur la réduction de la
pauvreté, puisque les plus pauvres continuent souvent d’utiliser les énergies traditionnelles
dont les prix ont subséquemment baissé. De même, il serait judicieux de ne pas taxer les
consommations énergétiques des riches, car cela entraîne une augmentation de l’ensemble des
prix des énergies et par suite un effet négatif sur les possibilités de consommation des plus
pauvres. Ainsi, pour être efficaces, les interventions étatiques devraient se focaliser sur l’accès
à l’énergie des plus pauvres et laisser régner la vérité des prix.

61
L’électricité peut être accessible parce que la zone dans laquelle on réside est électrifiée sans qu’on ait les
moyens de se raccorder au réseau.

123
Par ailleurs, la réponse aux besoins économiques et vitaux des populations initialement sans
revenu, passe par la fourniture des services énergétiques adaptés à leurs consommations
modestes. Pour y parvenir dans des conditions de rentabilité satisfaisantes, donc durables, les
entreprises doivent pouvoir réduire leurs coûts de gestion de la clientèle. Ainsi, au Maroc en
zones rurales, le « concessionnaire solaire » Temasol62 a mis en place une structure humaine
et matérielle qui lui permet d’assurer une présence de proximité. Cette entreprise, qui gère le
plus vaste programme mondial de concession d’électricité par électrification solaire, en
partenariat avec l’Office national marocain d’électricité, facture au forfait en fonction du
niveau de service électrique fourni, et l’encaissement se fait sur les marchés, à proximité des
clients. Un autre exemple de mise à disposition des services adaptés aux usages des plus
démunis se retrouve en Afrique du Sud, où le prépaiement permet l’adaptation des
consommations aux fluctuations des ressources monétaires disponibles, assurant de ce fait le
paiement des quantités consommées. C’est pourquoi, en passant d’une « mission de fourniture
d’énergie à une mission de fourniture de services électriques », l’opérateur trouve un intérêt
financier à développer l’efficacité énergétique, et à arbitrer ses choix en faveur d’équipements
et d’aménagements durables.

Promouvoir le développement à travers la fourniture des services électriques

Dans un environnement économique, social et culturel où il n’y avait pas d’électricité, sa


valorisation économique n’est ni spontanée, ni immédiate (Massé, 2004). Ouvrir un petit
atelier, un commerce de produits réfrigérés ou frais, améliorer les pratiques professionnelles
avec des équipements électriques innovants, introduire de nouveaux services en zones rurales
ou périurbaines, toutes ces activités sont possibles lorsque l’électricité est disponible en
quantité et en qualité. Mais, la simple accessibilité à l’électricité ne suffit pas. Pour inscrire
l’effort d’électrification dans un processus de sortie de la crise de la pauvreté, il ne suffit pas
de mettre cette magnifique énergie à la disposition de la clientèle locale. Information,
accompagnement technique, petit crédit de premier équipement sont autant d’éléments
également nécessaires, et qui font souvent défaut dans ces espaces de pauvreté.

A défaut de planifier en même temps les activités d’accompagnement de l’électrification, on


retarde de plusieurs années la valorisation locale de l’électricité, c’est-à-dire la création
d’activités synonymes d’emplois et de richesses. Mais aussi, on entrave d’autant la croissance
de l’activité de distribution d’électricité, qui seule est capable de garantir la solvabilité et la
durabilité de l’électrification. Il est donc de l’intérêt de toutes les parties, publiques et privées,
de concevoir simultanément à l’électrification, des programmes d’accompagnement pour
soutenir financièrement et techniquement les initiatives privées de création et d’amélioration
d’activités valorisant localement l’électricité (Massé, 2004 ; Monroy et al., 2005).

62
TEMASOL SA, filiale de TENESOL, EDF et Total Maroc, à l’adresse :
http://www.tenesol.com/fr/filiales/details.php?Id=9&Page=introduction, consultée le 05 mai 2009.

124
Optimiser les effets indirects de l’électrification

Les impacts indirects de l’électricité, qu’illustrent aussi les incidences de l’électrification sur
l’école, la qualité de l’eau, les conditions de vie, etc., bénéficient immédiatement à toute la
population résidente, même, et surtout, aux pauvres (Massé, 2004). Ces effets consolident
aussi le tissu social local, tellement mis à mal par les tensions liées à la pauvreté. Mais, ces
retombées positives ne surviennent pas automatiquement. En effet, il existe des zones rurales
où l’école n’est pas raccordée au réseau, des centres de santé qui, quoique raccordés, ne sont
pas équipés des instruments modernes nécessaires à l’amélioration du service de soins. On
peut trouver, même, en zones urbaines, des petites entreprises incapables de dynamiser leurs
activités en profitant des services électriques, etc. Afin d’optimiser les bienfaits de
l’électrification, il est nécessaire de disposer des moyens techniques et financiers conséquents,
et de mettre en place une bonne coordination intersectorielle. Les programmes sectoriels
doivent être soigneusement conçus et bien coordonnés de façon à stimuler la demande en
énergie pour renforcer la rentabilité et la durabilité des exploitations.

Accompagner l’émergence d’opérateurs privés et mieux prendre en compte les solutions


techniques

Pour permettre l’émergence d’acteurs privés nationaux dans le domaine énergétique, des
efforts doivent être accomplis afin de développer des partenariats public-privé pertinents. Par
exemple, il est souhaitable que le secteur public trouve les moyens permettant de garantir dans
une plus large mesure les risques financiers des projets afin d’attirer les investissements privés
(Shanker, 2004). La mise en place de mécanismes transparents de sélection des candidats
potentiels, et l’attribution de subventions pour certaines composantes de l’investissement de
long terme comme les réseaux, ne sont que quelques exemples de bonnes pratiques. Pour
l’accompagnement des entreprises nationales, dans le cadre des programmes spécifiques de
renforcement des capacités, des compétences doivent être développées et adaptées aux
contextes locaux, dans les domaines techniques, financiers et économiques.

Par ailleurs, le décloisonnement de l’électrification des zones rurales et urbaines d’un même
territoire permet d’envisager une grande variété de solutions techniques pour son
électrification, et ce tant pour ce qui concerne les moyens de production d’énergie, que les
types de réseaux mis en place. Pour permettre une meilleure viabilité des infrastructures
déployées, ces différentes solutions doivent être étudiées dans le cadre d’un processus de
planification et un effort important devra être accordé à la réduction des coûts. Ainsi, on
pourra utiliser, par exemple, pour certains besoins en milieu rural, des techniques et normes
techniques simplifiées par rapport à celles généralement utilisées en milieu urbain. Et ce, en
raison des contraintes moins fortes en milieu rural qu’en milieu urbain.

125
Conclusion du chapitre
L’accès à l’électricité et plus généralement aux services et ressources énergétiques fiables,
économiquement viables, socialement acceptables et respectueux de l’environnement, permet
certainement une amélioration des conditions de vie. L’électrification impacte positivement
les trois composantes de l’indicateur de développement humain (IDH), considéré comme
l’indicateur de référence pour le développement d’une population. En effet, l’éducation, la
santé et les revenus sont fortement améliorés par un accès accru aux services énergétiques
modernes. De même, les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qui
traduisent les engagements de la communauté internationale à créer un climat propice au
développement et à l’élimination de la pauvreté, ne pourront être réalisés sans la disponibilité
suffisante en énergie. Toutefois, la valorisation de celle-ci par les populations locales n’est pas
systématique et fait appel aux pouvoirs publics et aux opérateurs privés. Ces derniers doivent
gérer et coordonner efficacement leurs actions pour améliorer quantitativement et
qualitativement les services énergétiques fournis et consommés, et ainsi briser le cercle
vicieux de la pauvreté énergétique et du sous-développement humain. Par ailleurs, plus que
tout autre produit ou service, l’électricité interfère avec les enjeux climatiques et
environnementaux à tous les stades de sa chaîne de valeur (production, transport, distribution,
et même démantèlement de certains équipements/installations). Le chapitre suivant traite des
atteintes à l'environnement naturel, à la vie et à la santé humaines du système énergétique
actuel.

126
Chapitre 4 – Les conséquences
environnementales du système énergétique
actuel

Introduction du chapitre
La production et la consommation des services énergétiques sont à l’origine d’importants
dégâts environnementaux. Nous avons vu dans le deuxième chapitre que, dans les pays en
voie de développement, la croissance économique s’accompagnait fatalement d’une
consommation énergétique de plus en plus importante. Il en résulte alors que l’amélioration
des conditions de vie des populations du monde en développement ne pourra se faire qu’au
prix d’une consommation croissante d’énergie, et donc d’une dégradation grandissante de
l’environnement. Cette atteinte à l’environnement s’est traduite par les concentrations
atmosphériques mondiales de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux qui ont
fortement augmenté en conséquence des activités humaines depuis 1750 environ. D’après le
quatrième rapport du GIEC de 2007, la concentration atmosphérique mondiale de dioxyde de
carbone (CO2), le plus important gaz à effet de serre, a augmenté d’une valeur préindustrielle
d’environ 280 ppm63 à 379 ppm en 2005. Or, toujours selon le GIEC, la source principale
(75%) de l’augmentation des émissions anthropiques de CO2 dans l’atmosphère provient de
l’utilisation des combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz).

L’opposition environnement-économie, concrétisée par l’impact des techniques sur le milieu


naturel, a eu aussi comme conséquence une atteinte à la vie des êtres vivant dans ce milieu.
Dans ce chapitre, nous nous proposons d’explorer les conséquences environnementales de la
production, la distribution et la consommation d’énergie. Depuis environ trois décennies, la
communauté internationale s’attaque assez vigoureusement au problème des changements
climatiques résultant de l’industrialisation de nos sociétés. Dans ce qui suit, nous passerons
d’abord en revue la négociation internationale sur ce sujet. Ensuite, nous nous intéresserons
aux atteintes à la vie et à la santé humaines du système énergétique prédominant dans les pays
en développement. Et finalement, étudiant un peu plus en détail la situation du Cameroun,
nous chercherons à voir s’il y a ou non découplage entre la croissance économique et les

63
ppm (parties par millions) désigne le rapport du nombre de molécules de gaz à effet de serre au nombre de
molécules d’air sec. Par exemple 280 ppm signifie 280 molécules de gaz à effet de serre par million de
molécules d’air sec.

127
émissions de CO2 d’une part, et entre la consommation énergétique et les émissions de CO2
d’autre part.

SECTION I - LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DU DEVELOPPEMENT


ECONOMIQUE IMPULSE PAR LE SYSTEME ENERGETIQUE ACTUEL ET LA
REPONSE INTERNATIONALE

A la fin du 19ème siècle, Thomas Malthus64 mettait en garde contre un arrêt brutal de la
croissance démographique et économique de l’humanité du fait de la pénurie globale des
ressources naturelles. Ce pasteur et économiste britannique prédisait que la population
augmente de façon géométrique tandis que les ressources croissent de façon arithmétique et
sont mêmes limitées dans l’absolu. La production résultant de la révolution industrielle alors
en cours, ne serait pas suffisante pour assurer les besoins de tous. Il prônait alors une politique
de restriction démographique65. Les prédictions pessimistes de Malthus n’ont, du moins pour
l’instant, pas été réalisées et ce, grâce à la révolution verte qui a permit une grande
augmentation des ressources et des rendements agricoles, mais surtout grâce à la poursuite de
la révolution industrielle. En effet, à la faveur de la disponibilité de sources d’énergie
abondantes, le monde connaîtra de prodigieux progrès scientifiques et techniques. Cette
révolution industrielle qui accompagne une révolution énergétique va complètement
transformer les différentes activités et améliorer la vie des populations, tout en contribuant à
la dégradation de façon sans précédent de l’environnement.

I.1 - Le Rapport du Club de Rome et la tentation de la croissance zéro

Le rapport66 publié en 1972 et commandé par le Club de Rome à une équipe de chercheurs du
Massachussetts Institue of Technology (MIT) conduite par Dennis Meadows est un des
premiers documents analysant l’évolution du monde pris dans sa globalité pour essayer de
cerner les limites de la croissance. L’originalité du rapport du Club de Rome est son caractère
global, articulant ressources, population, économie, environnement. En particulier, il lie la
préoccupation de l’épuisement des ressources à celles de dégradation de l’environnement
qu’entraînent la production et l’utilisation de ces ressources (Giraud, 2004).

Pour produire ce rapport, l’équipe Meadows a modélisé un système complexe : l’humanité,


ayant pour variables caractéristiques : la population globale, la superficie cultivable par
individu, les ressources naturelles restantes, le quota alimentaire par personne, la production
industrielle par tête, la capital industriel global, le niveau de pollution, etc. Plusieurs dizaines
de relations ou « boucles » lient les évolutions de ces variables entre elles. C’est ainsi, par
exemple, que la croissance de la pollution influe de manière négative sur l’espérance de vie, et

64
Thomas R. Malthus, An Essay on the Principle of Population, 1798
65
La pensée malthusienne préconisait l’élimination, au sens littéral du terme, des pauvres de la planète, puisque
ceux-ci « n’ont pas leur place au grand banquet de la nature » (Mancebo, 2006).
66
Meadows, op. cit.

128
donc sur la taille de la population, ce qui en retour agit dans le sens d’une pollution moins
importante ; de même, la croissance du produit industriel par tête contribue à la croissance du
capital industriel, qui lui-même engendre une augmentation de la production agricole, mais
aussi la croissance de la pollution, etc. (Jancovici, 2003).

Au vu des résultats de leurs différentes simulations, ces chercheurs du MIT conviennent donc
que tant que le modèle global comporte des boucles « positives », notamment la recherche de
la croissance annuelle de la production industrielle (ce qui est de nos jours une préoccupation
de toutes les nations), on assistera à l’« emballement » du système et l’effondrement sera
inévitable avant 2100 quel que soit l’optimisme prévalant sur les autres hypothèses (Jancovici,
2003 ; voir aussi figure 4.1). Pour les auteurs du rapport Meadows, la seule possibilité pour
éviter cet effondrement est de limiter de nous-mêmes cette production industrielle (et un
certain nombre d’autres grandeurs physiques prises en compte dans le modèle) à un niveau
compatible avec les possibilités de notre planète.

Figure 4.1: Comportement du modèle global avec ressources « illimitées » et contrôle de


la pollution

Source : Meadows Donella H., Meadows Dennis L., Randers Jorgen et Behrens III William W., Halte à la
croissance ?, rapport au Club de Rome, Fayard, Paris, 1972

Ainsi donc, la conclusion majeure du Rapport Meadows & al., destinée essentiellement à
provoquer une prise de conscience, est que si l’humanité continue dans la voie de la
croissance exponentielle passée, c’est-à-dire en maintenant le rythme et le contenu, elle court

129
droit à des crises majeures autour du milieu du 21ème siècle : dégradation irréversible de
l’environnement, effondrement économique, famines, etc. Seul l’arrêt immédiat de la
croissance démographique, une gestion rigoureuse des richesses naturelles conduisant à un
arrêt de la croissance économique et même à la diminution de certains niveaux de
consommation « gaspilleuse » permettraient d’éviter la catastrophe (Giraud, 2004).

A travers le monde, le Rapport Meadows déclenchera de nombreuses réactions critiques en


raison de sa prescription de la « croissance zéro ». En effet, comment envisager d’arrêter
volontairement la croissance alors que les besoins vitaux élémentaires d’une partie de
l’humanité ne sont pas satisfaits, et qu’il subsiste de larges poches de pauvreté même dans les
pays riches ? Développement économique et protection de l’environnement sont-ils
antinomiques comme le rapport tendait à le démontrer ?

Dans la foulée de la publication de ce rapport, la communauté internationale convoqua une


conférence à Stockholm, en Suède, où on constatait déjà les graves dommages causés aux
milliers de lacs du pays par la pluie acide résultant de la pollution de l’air. Au cours de ce
premier Sommet de la Terre, les discussions portaient sur un modèle de développement
économique et social qui tienne compte de l’environnement.

I.2 – La Conférence de Stockholm en 1972 et l’écodéveloppement

La mise à l’agenda international de la question environnementale peut être datée du début des
années 1970. En effet, en juin 1971, à la veille de la Conférence sur l’environnement de
l’ONU, se tient le séminaire de Founex, près de Génève. Pour la première fois au sein d’un
organisme international, sont examinés les rapports entre développement et environnement.
Les analyses de la trentaine d’experts et de responsables politiques des pays du Nord et du
Sud réunis à cette occasion s’opposent vivement (Sachs, 1997 et 2007). Pour essayer de
concilier ces points de vue, Maurice Strong, Secrétaire général de la Conférence, lance le
terme d’ « écodéveloppement » (Jollivet, 2002). Pour Ignacy Sachs, à l’époque conseiller
spécial de Maurice Strong, le terme écodéveloppement se voulait « une stratégie de
développement fondée sur l’utilisation judicieuse des ressources locales et du savoir-faire
paysan applicable aux zones rurales isolées du tiers-monde »67. Le rapport de Founex voyait
donc dans le développement et l’environnement « les deux faces d’une même médaille »
(PNUE, 1981).

Ainsi, contrairement au message du Club de Rome, la Conférence des Nations Unies sur
l’environnement tenue à Stockholm en 1972 représente une tentative pour rechercher des
« modalités et des usages de la croissance compatibles avec une gestion prudente du
milieu »68. Cette conférence a produit une déclaration de 26 principes et un plan d’action de
109 recommandations. Quelques objectifs spécifiques ont été fixés, notamment la prévention
des rejets délibérés de pétrole en mer et un rapport sur les utilisations de l’énergie au plus tard
en 1975. La Déclaration de Stockholm indique qu’il est nécessaire mais aussi possible de
concevoir et de mettre en œuvre des stratégies de développement socio-économique
équitables, respectueuses de l’environnement, appelées stratégies d’écodéveloppement. Cette
67
Cf. Ignacy Sachs, Stratégies de l’écodéveloppement. Ed. Economie et humanisme, Paris, 1980
68
Ignacy Sachs, interview donnée à Thierry Paquot en juin 1998 à l’adresse : http://urbanisme.univ-
paris12.fr/1134767328300/0/fiche___article/&RH=URBA_1Paroles

130
déclaration sur l’environnement et les principes de Stockholm constituent le premier exemple
de « droit international non contraignant » concernant l’environnement (Long, 2000).

Le Sommet de Stockholm a également pris l’initiative de créer le Programme des Nations


Unies pour l’environnement (PNUE) et en a fait la « conscience environnementale du système
des Nations Unies ». Après cette rencontre, l’environnement a fait une entrée au niveau le
plus élevé des priorités de beaucoup de régions ou pays. Par exemple, avant la Conférence de
Stockholm, il n’existait environ qu’une dizaine de ministères de l’environnement dans le
monde. En 1982, 110 pays avaient créé un ministère ou un secrétariat d’Etat (Clarke et
Timberlake, 1982). En outre, une grande partie de la législation nationale de l’environnement
a été adoptée après Stockholm. Entre 1971 et 1975, 31 grandes lois sur l’environnement ont
été votées dans les pays de l’OCDE, contre 4 seulement entre 1956 et 1960, 10 entre 1960 et
1965, et 18 entre 1966 et 1970 (Long, 2000). La Conférence de Stockholm a proclamé le droit
« à un environnement de qualité permettant de vivre dans la dignité et le bien-être ». Depuis,
plusieurs organisations, parmi lesquelles l’Organisation de l’unité africaine (OUA)69 et 50
gouvernements environ, ont adopté des instruments ou des dispositions reconnaissant
l’environnement comme droit fondamental (Chenje, Mohamed-Katere et Ncube, 1996).

Par son action tangible donc, la Conférence de Stockholm a eu un effet considérable. D’autres
progrès devaient attendre l’année 1974, où un colloque d’experts a eu lieu à Cocoyoc au
Mexique. Organisé par le PNUE et par la Commission des Nations Unies pour le commerce et
le développement (CNUCED), ce colloque a dressé la liste des facteurs économiques et
sociaux qui entraînaient une détérioration de l’environnement (PNUE/CNUCED, 1974). La
Déclaration de Cocoyoc, officiellement publiée à l’issue de ce colloque, a eu une grande
influence car elle a modifié la réflexion sur l’environnement. « Les impacts destructeurs
conjugués d’une majorité de pauvres qui luttent pour leur survie et d’une minorité riche qui
consomme l’essentiel des ressources mondiales, compromettent les moyens mêmes grâce
auxquels tous les peuples pourraient survivre et s’épanouir » (PNUE/CNUCED, 1974).

Mais à cette conférence des Nations Unies de Cocoyoc, le représentant des Etats-Unis
condamne la notion d’écodéveloppement, qui disparaît du vocabulaire international
(Chassande, 2002). Malgré cela, ce terme s’enrichit et « s’humanise », et l’idée d’un
développement qui ne soit pas guidé uniquement par des considérations économiques mais
qui prenne en compte également les exigences sociales et écologiques va faire son chemin.

Toutefois, afin de bien montrer l’étroite relation d’interactivité entre environnement et


développement, il était nécessaire de mettre sur pied un processus ayant l’autorité et la
crédibilité voulues au Nord et au Sud, auprès des gouvernements et du secteur privé, des
organisations internationales et de la société civile.

I.3 - Le rapport de la Commission Brundtland de 1987 et le développement durable

En 1983, l’Assemblée générale des Nations unies crée la Commission mondiale sur
l’environnement et le développement (Commission Brundtland70) chargée de procéder à des
69
aujourd’hui, UA pour Union africaine
70
du nom du ministre de l’environnement Gro Harlem Brundtland, devenue ensuite premier ministre de la
Norvège, qui présidait alors ladite commission

131
auditions, dans le monde entier, et d’établir un rapport officiel contenant ses conclusions.
Pendant trois ans, des dirigeants et des représentants du public ont été entendus sur les
questions d’environnement et de développement. Des réunions ont été organisées dans les
pays développés et en développement, et le processus a permis aux groupes les plus différents
de formuler leurs opinions sur des questions telles que l’agriculture, la forêt, l’eau, l’énergie,
le transfert de technologie et le développement durable en général. Le rapport final de la
Commission, intitulé Notre avenir à tous71, sera publié en 1987. Il définit le développement
durable comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs. Ce rapport faisait ainsi entrer dans le
lexique de l’environnement la notion de « développement durable » (CMED, 1987).

Dans son rapport, la Commission Brundtland a mis en avant des problèmes d’environnement
tels que le réchauffement mondial et le rétrécissement de la couche d’ozone, des problèmes
qui à l’époque étaient tout à fait nouveaux. Elle s’est inquiétée du fait que le rythme du
changement dépassait l’aptitude des disciplines scientifiques et nos propres capacités
d’apprécier et de donner des conseils. Cette Commission a conclu que les structures de
décision et les dispositions institutionnelles nationales et internationales existantes ne
pouvaient tout simplement pas faire face aux exigences du développement durable : « La
présente décennie (les années 80) a été marquée par un recul des préoccupations sociales.
Les chercheurs portent à notre attention des problèmes urgents mais complexes qui ont trait à
notre survie : le réchauffement mondial, les menaces qui pèsent sur la couche d’ozone, les
déserts qui grignotent les terres agricoles. Nous répondons en exigeant plus de détails, et en
renvoyant les problèmes à des institutions mal équipées pour les résoudre » (CMED, 1987).

Ainsi ont été semés les germes d’un engagement plus large sur des questions d’environnement
et de développement. De nombreuses organisations non gouvernementales nouvelles ont été
formées, renforçant ce secteur (PNUE, 2002).

Le rapport Brundtland prend donc résolument et audacieusement le contre-pied des thèses du


Club de Rome. Il faut plutôt provoquer une nouvelle ère de croissance économique, en
s’appuyant sur les politiques protégeant et mettant en valeur la base même des ressources
nécessaires. Il faut gérer les ressources de l’environnement pour assurer un avenir au
développement lui-même. Il faut promouvoir un développement qui utilise à son profit les lois
naturelles. La désertification, la déforestation, les pluies acides ou l’effet de serre représentent
bien des menaces mortelles mais ne sont pas les conséquences inévitables de la croissance ;
nous devons et pouvons nous prémunir contre elles sans arrêter la croissance. « Ecologie et
économie forment un écheveau inextricable de causes et d’effets » (Chassande, 2002).

Sur la base des recommandations du rapport Brundtland, l’Assemblée générale des Nations
unies décide, en décembre 1989, de tenir une nouvelle conférence « au sommet », sur
l’environnement et le développement pour le vingtième anniversaire de la conférence de
Stockholm.

71
« Our Common Future », World Commission on Environment and Development (Notre avenir à tous, Éditions
du Fleuve, Montréal, 1989)

132
I.4 - Le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et la déclaration sur
l’environnement et le développement

En 1992, la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement tenue à


Rio de Janeiro rassemble un nombre sans précédent de représentants des Etats, de la société
civile, de l’économie – 176 gouvernements (Nations Unies, 1993), plus de 100 chefs d’Etat,
contre seulement 2 à la Conférence de Stockholm en 1972 (Haas, Levy et Parson, 1992)
quelque 10 000 délégués, 1 400 représentants d’organisations non gouvernementales (ONG)
et environ 9 000 journalistes (Demkine, 2000).

Ce Sommet consacre définitivement l’interdépendance entre les questions d’environnement et


de développement et adopte un texte fondateur : la déclaration de Rio sur l’environnement et
le développement. A travers les 27 principes de cette déclaration, les Etats reconnaissent
l’importance à accorder désormais au développement durable et à la protection de
l’environnement dans le processus de développement.

Au cours de cette conférence, un plan d’action pour le XXIe siècle, dit « Agenda 21 » est
également adopté. Il définit 115 actions spécifiques sur le plan économique, social et
environnemental afin de traduire dans les faits les principes de la déclaration de Rio en
matière de développement durable. Une Commission des Nations unies sur le développement
durable est alors instituée. Ce Sommet verra aussi la mise en place de deux grandes
conventions internationales : la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques (CCNUCC) et la Convention sur la Diversité Biologique (CDB). Un autre résultat
non moins important de cette conférence concerne l’accord sur la nécessité de négocier une
convention mondiale pour la lutte contre la désertification.

En vue de financer ces efforts de développement, les pays donateurs ont confirmé une fois de
plus à Rio leur engagement à porter leur aide publique au développement à 0.7% de leur
produit national brut. Auparavant, en 1991, avait été créé le Fonds pour l’environnement
mondial (FEM) devant gérer le système de financement destiné à mener des actions pour la
préservation de l’environnement. Restructuré en 1994, ce fonds mobilise les ressources et aide
à financer les projets de développement dans quatre grands domaines : le changement
climatique, la diversité biologique, la protection de la couche d’ozone et les eaux
internationales. Mais force est de constater que le fossé reste large entre les promesses faites
par les donateurs et leurs contributions effectives au FEM.

En outre, un certain nombre de principes on été entérinés à Rio. C’est le cas du principe de
précaution qui consiste à prendre des mesures visant à prévenir tout risque, en l’occurrence de
dégradation de l’environnement, y compris en l’absence de certitude scientifique à un moment
donné ; et du principe pollueur-payeur qui consiste à faire supporter le coût de la dégradation
de l’environnement à l’entité qui en est responsable (Fougier, 1999).

En définitive, le Sommet de la Terre de Rio a été un forum où ont été examinées les questions
concernant à la fois l’environnement et le développement, et où ont été consignées les
différences de perspective entre le Nord et le Sud. Les engagements internationaux de Rio
marquent l’essor du principe de développement durable, lequel deviendra une référence
incontournable reprise dans toutes les conférences internationales organisées par l’ONU.
Même si la Déclaration de Rio n’est pas un document de propositions juridiquement
contraignant, elle fait autorité et la majorité des gouvernements se sentent moralement obligés
d’adhérer à ses principes. D’ailleurs, plus de 150 pays ont créé des institutions nationales pour

133
approfondir une conception cohérente du développement durable – bien que dans certains
pays, ces conseils nationaux du développement durable aient été davantage des organes
politiques que des organes de réflexion (Myers et Brown, 1997).

Après l’entrée en vigueur le 21 mars 1994 de la CCNUCC, la communauté internationale a


tant bien que mal avancé dans la lutte contre les changements climatiques et le 10 décembre
1997, le Protocole de Kyoto a été adopté à la troisième session de la Conférence des Parties.

I.5 - Le Protocole de Kyoto de 1997 et ses principales dispositions

Du 1er au 11 décembre 1997, la troisième Conférence des Parties (COP3) de la Convention-


cadre des Nations Unies sur les changements climatiques s’est tenue à Kyoto, au Japon. Plus
de 10 000 participants appartenant aux gouvernements, aux organisations internationales, aux
ONG et à la presse y ont pris part et ont donné naissance au Protocole de Kyoto. Ce Protocole
est un instrument très complexe, reflétant les questions politiques, économiques, scientifiques
et juridiques, compliquées et contradictoires, posées par les changements climatiques
qu’entrainent les activités humaines (Breidenich, 1998).

Ce traité majeur du Droit international de l’environnement est considéré comme un pas


essentiel, mais insuffisant, fait par la communauté internationale dans la lutte contre les
changements climatiques. En effet, pour la première fois, un accord impose aux pays
développés des obligations contraignantes de réduction ou de limitation des émissions de gaz
à effet de serre et établit des mécanismes flexibles basés sur le marché.

Réduction des émissions des gaz à effet de serre d’au moins 5% en 2012, par rapport au
niveau de 1990

Les pays industrialisés dits de « l’Annexe I », tels que les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la
Russie, l’Union européenne…se sont engagés à réduire globalement leurs émissions de
Dioxyde de carbone (CO2) et de cinq autres gaz à effet de serre72. Ainsi, les pays développés,
les pays d’Europe de l’Est et la Russie, dits pays « de l’Annexe B », se sont engagés à réduire
de 5,2% le montant global de leurs émissions entre 1990 et la période 2008-2012. Les
engagements de réduction les plus importants concernaient l’Union européenne (-8%) et les
Etats-Unis (-7%). Les pays en voie de développement ont été dispensés d’engagements de
réduction jusqu’en 2012, au nom du principe dit de la « responsabilité partagée mais
différenciée ». Leur contribution à l’effet de serre est nettement faible à celle du Nord : en
moyenne 20 tonnes d’émissions de CO2 par habitant aux Etats-Unis en 2002 et 8,5 tonnes
dans l’Union européenne, pour seulement 2,5 tonnes en Chine et moins de 1 tonne en Inde !
(Arnaud, 2008).

72
Le Méthane (CH4), l’Oxyde nitreux (N2O), les Hydrofluorocarbures (HFC), les Hydrocarbures perfluorés
(PFC) et l’Hexafluorure de soufre (SF6).

134
Même si les Etats-Unis ont quitté le dispositif en 2001 au motif qu’il est néfaste pour leur
économie, le Protocole de Kyoto est entré en vigueur le 16 février 2005, à la suite de sa
ratification par la Russie. Etant donné qu’à cette date, au moins 55 pays cumulant au moins
55% des émissions de CO2 en 1990 l’avaient ratifié.

Trois mécanismes de flexibilité pour assurer l’efficacité économique

La question de l’efficacité économique peut s’exprimer comme la recherche d’une réduction à


moindre coût des émissions de gaz à effet de serre, en intégrant la dimension temporelle. Elle
passe pour partie par l’usage des instruments de marché, ce qui ne signifie pas nécessairement
une privatisation du bien commun qu’est l’atmosphère. Au contraire, l’absence de règles en
matière d’émissions conduit en réalité à une privatisation de fait. Dans ce contexte, ceux qui
polluent le plus s’approprient de facto cette ressource qui devient rare : la capacité de
recyclage des gaz à effet de serre. Le bénéfice est privé mais les coûts (le réchauffement
climatique) sont sociaux. Les instruments de marché visent ainsi à rendre possible, dans un
monde global dépourvu de gouvernement central ou d’une cour de justice environnementale
internationale, la réalisation effective des engagements pris par les Etats nationaux. La
dynamique du marché est ainsi censée garantir d’elle-même (sous certaines conditions)
l’application de ces engagements (Tubiana, 2002).

Le Protocole de Kyoto laisse aux Etats la liberté de choisir les moyens à mettre en œuvre pour
atteindre leurs engagements. Toutefois, il identifie trois mécanismes de flexibilité permettant
une meilleure répartition des efforts, et une baisse notable des coûts de mise en œuvre des
différentes politiques.

1. Le mécanisme des permis transférables est le mécanisme principal proposé dans le cadre du
Protocole de Kyoto, pour mettre à profit les différences de coûts marginaux de réduction des
émissions de carbone, et optimiser à court terme l’allocation des ressources (Tubiana, 2002).
Il s’agit en fait d’organiser un marché des permis d’émission où sont échangées les
autorisations d’émissions en vertu de l’Article 16 bis73 du Protocole : les entreprises
vertueuses qui émettent moins de gaz que ce que leur autorisent les pouvoirs publics peuvent
vendre les tonnes épargnées aux concurrents ayant dépassé leur quota (Chauveau, 2006). De
même, un pays qui ne parvient pas à atteindre directement ses objectifs de réduction
d’émission peut acheter des permis à un pays qui a réduit les siennes au-delà de ses objectifs
(Arnaud, 2008). Par construction, ce marché ne fonctionne qu’entre pays de « l’Annexe B »
(dont la liste diffère légèrement de celle des pays de l’Annexe I de la CCNUCC) soumis à des
engagements de réduction quantitatifs. Les marchés de permis d’émissions négociables
constituent une innovation majeure, susceptible d’accroître beaucoup l’efficacité de l’action,
même si le dispositif n’a jamais été expérimenté à cette échelle (Guesnerie, 2003).

2. Le mécanisme pour un développement propre (MDP), proposé par l’Article 12 du


Protocole, permet, à partir de 2000, à un pays de l’Annexe B mettant en œuvre un projet de

73
Cet Article qui est un additif tardif au Protocole de Kyoto proclame que « Les Parties incluses dans l’annexe B
peuvent prendre part aux échanges de droits d’émissions aux fins d’honorer leurs engagements liés à l’Article 3
de ce Protocole. Ces échanges doivent être complémentaires aux mesures intérieures visant à réaliser les
engagements quantitatifs de réduction et de limitation des émissions pris dans le cadre de cet Article ».

135
réduction des émissions dans un pays hors Annexe B, d’obtenir des unités de réduction
d’émission certifiées (Guesnerie, 2003). Il s’agit de la réponse aux demandes des pays en
développement d’un mécanisme financier, qui appuie le développement économique en
adoptant des méthodes de production plus « propres ». Le MDP est donc un mécanisme qui
répond aux besoins de financement du développement, et génère des crédits d’émission sur la
base de projets d’investissement dans un pays en développement. Il s’apparente alors à un
marché de crédits d’émission valorisant des projets réducteurs des rejets de gaz à effet de
serre : rationalisation énergétique, récupération du biogaz de décharge ou remplacement d’une
énergie fossile par une énergie renouvelable (Arnaud, 2008). Ces projets qui sont le fait
d’investisseurs publics ou privés, déterminent des réductions d’émissions de gaz par rapport à
une situation de référence. Ainsi un projet de centrale à charbon, plus propre que la situation
de base, ou une simple modernisation des équipements antérieurs (business as usual), crée des
droits d’émissions proportionnels aux économies réalisées. Ces droits peuvent être stockés ou
échangés et doivent faire l’objet d’un partage entre l’investisseur étranger et le pays ou le
partenaire hôte (Tubiana, 2002).

3. Le mécanisme de mise en œuvre conjointe (MOC), suggéré par l’Article 674, permet, à partir
de 2008, à un pays de l’Annexe B mettant en œuvre un projet de réduction des émissions dans
un autre pays de l’Annexe B, de se voir transférer une part des crédits d’émission de ce
dernier pays (Guesnerie, 2003). Il s’agit d’un mécanisme de financement de projets ayant
pour objectif premier le stockage de carbone ou la réduction des émissions de gaz à effet de
serre. Il concerne les projets industriels ou forestier, visant à lutter contre l’effet de serre et
lancés tout particulièrement par la Russie et les pays d’Europe centrale et orientale. Ces
projets permettent de générer des crédits d’émission de gaz utilisables par les investisseurs
(Tubiana, 2002).

Ainsi, le Protocole de Kyoto prévoit trois mécanismes de flexibilité, l’un basé sur les
échanges de quotas, et les deux autres sur des échanges de crédits provenant de la certification
de réductions d’émissions relatives à des projets dans les pays en transition ou dans les pays
en voie de développement. Quatre unités différentes sont librement échangeables sur le
marché (voir tableau 4.1) : les permis d’émission négociables, les crédits issus de la MOC et
du MDP et les crédits provenant de la captation du carbone par les puits.

Tableau 4.1: Les actifs créés par la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques

Actif créé Responsabilité Acteurs impliqués Périodes de validité


institutionnelle
Article 6 : Mise en œuvre conjointe (MOC)

74
« Afin de remplir ses engagements au titre de l’Article 3, toute Partie visée à l’Annexe I peut céder à toute
Partie ayant le même statut, ou acquérir auprès d’elle, des unités de réduction des émissions découlant de projets
visant à réduire les émissions anthropiques par les sources ou à renforcer les absorptions anthropiques par les
puits de gaz à effet de serre dans tout secteur de l’économie. » (Nations Unies, 1998). Bien que similaire au
MDP, la MOC se rapporte à l’échange des unités de réduction des émissions parmi les parties visées à l’Annexe
I (généralement les pays industrialisés), alors que les MDP permettent aux parties visées à l’Annexe I d’en
bénéficier (c’est-à-dire acquérir des unités de réduction d’émissions) par le biais de projets de réduction des
émissions effectuées par les compagnies de pays hors Annexe I.

136
Unité de réduction Emission d’ERU par Parties de l’Annexe I Emission et échange
d’émission conversion d’un AAU et autres personnes d’ERU à partir de
ERU (Emission du pays hôte juridiques 2008 pour les
Reduction Unit) (entreprises) réductions 2008-
Vérification par une 2012
entité indépendante Thésaurisable dans
dans la 2e voie la limite de 2,5% de
l’allocation initiale
Article 12 : Mécanisme de développement propre (MDP)
Réduction Emission d’un CER par Parties de l’Annexe Emission et échange
d’émission certifiée le Conseil exécutif I, autres personnes de CER à partir de
CER (Certified après juridiques 2002 pour des
Emission vérification/certification (entreprises) et réductions 2000-
Reduction) Parties hors de 2012
l’Annexe I Thésaurisable dans
Validation et la limite de 2,5% de
vérification par les l’allocation initiale
entités de la Partie
opérationnelles
Article 17 : Commerce international
Unité de montant Emission d’AAU par le Parties de l’Annexe Emission et échange
alloué pays après agrément par B d’AAU à partir de
AAU (Assigned l’équipe de revue Autres personnes 2008
Amount Unit) d’expert de son juridiques Thésaurisable sans
inventaire 1990 (entreprises) limite
autorisées
Unité de suppression Emission de RMU par Parties de l’Annexe Emission et échange
RMU (Removal le pays après agrément B de RMU à partir de
Unit) par l’équipe de revue Autres personnes 2009
d’expert de son juridiques Aucune
inventaire (entreprises) thésaurisable
autorisées
Source : Cros (2003) et Godard (1998)

Le Protocole de Kyoto, principal texte d’application de la Convention-cadre des Nations


Unies sur les changements climatiques élaborée en 1992, constitue avec l’Agenda 21, des
instruments majeurs pour traduire dans les faits les principes de la déclaration de Rio en
matière de développement durable. Dix ans après le Sommet de Rio, la communauté
internationale prend rendez-vous à Johannesburg afin de dresser un bilan des actions
entreprises.

I.6 - Le Sommet de Johannesburg en 2002 et la nouvelle stratégie pour un


développement durable

Tenu à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 26 août au 4 septembre 2002, le Sommet


mondial pour le développement durable a réuni gouvernements, institutions internationales,

137
secteur privé, organisations non gouvernementales et société civile. Le Sommet de
Johannesburg dresse un bilan critique des actions entreprises depuis Rio. Il confirme les
grands axes et les principes fixés et tente d’en préciser les modalités d’action. L’actualisation
des procédures sert de base de discussions pour les thèmes environnementaux traditionnels
(forêts, océans, climat, énergie, eau potable, etc.) mais aussi pour l’examen des déséquilibres
mondiaux de richesse, de la pauvreté et de la modification des modes de production. La
diffusion des technologies de l’information et de la communication est particulièrement à
l’honneur à travers la question du fossé numérique (Mancebo, 2006).

Sous la pression des pays en développement, très nombreux et très actifs, la Déclaration finale
de ce Sommet élargit considérablement la notion de développement durable aux thématiques
des inégalités, de la pauvreté, de la santé, etc. Elle proclame dès l’introduction : « Nous,
représentants des peuples du monde, rassemblés à l’occasion du Sommet mondial pour le
développement durable à Johannesburg (Afrique du Sud) du 2 au 4 septembre 2002,
réaffirmons notre engagement en faveur du développement durable. Nous nous engageons à
construire une société mondiale humaine, équitable et généreuse, consciente de la nécessité
du respect de la dignité humaine de chacun…Nous nous engageons également à atteindre les
objectifs convenus sur le plan international en matière de développement, y compris ceux qui
figurent dans la Déclaration du Millénaire» (Nations Unies, 2002).

Le Sommet de Johannesburg instaure donc un plan d’action qui concrétise la notion de


développement durable en soulignant que « la lutte contre la pauvreté, la modification des
modes de production et de consommation non viables, et la protection et gestion des
ressources naturelles indispensables au développement économique et social, sont les
objectifs ultimes et les conditions essentielles du développement durable ».

Ainsi, une nouvelle stratégie pour un développement durable est établie. Elle conçoit le
concept tel un champ d’action politique qui vise à garantir globalement un développement
viable à long terme en relevant des défis environnementaux, économiques et sociaux. Il s’agit
de relever les défis relatifs à la compétitivité économique, la politique financière, la recherche,
la technologie et la formation, la cohésion sociale, la santé, l’environnement et les ressources
naturelles, l’organisation du territoire, la mobilité, les relations internationales, etc. (El
Moujadidi, 2007).

Dix ans après Johannesburg, le Sommet de Copenhague s’annonçait comme un rendez-vous


crucial pour le climat et l’humanité. En effet, les engagements de Kyoto prenant fin début
2013, un accord international de lutte contre le réchauffement climatique devrait
impérativement prendre sa succession.

I.7 – De l’échec de Copenhague en 2009 à l’espoir suscité par Cancun en 2010

En décembre 2009, dans la capitale danoise, à l’occasion du Sommet de Copenhague (COP15


de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques), on s’attendait à
ce que les Etats industrialisés, les pays émergents et les pays en voie de développement
s’accordent sur des mesures de réduction des émissions de gaz à effet de serre au sein de leur
pays, avec des objectifs à court, moyen et long terme.

138
En février 2009, lors du Forum mondial du développement durable de New Delhi en Inde,
Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies, tirait déjà la sonnette d’alarme. « Les
défis qui devront être relevés sont les réductions des émissions de gaz à effet de serre des pays
développés avec des objectifs et un calendrier précis, ainsi que les engagements des pays en
développement. Le financement devra également être clarifié, notamment en améliorant le
fond d’adaptation, et en trouvant des solutions pour la gouvernance de nouveaux fonds et leur
mise en œuvre ». Pour lui, Copenhague devrait faire progresser les débats sur la question du
financement de l’adaptation des pays en développement. De plus, lors de ce sommet, le
financement des différents programmes de réduction des gaz à effet de serre et les aides
financières et technologiques apportées aux pays en voie de développement devront
également être définis (Badroudine, 2009).

Ainsi, on espérait la signature d’un traité de Copenhague (accord contraignant) sur les
différentes mesures à mettre en œuvre pour lutter contre le réchauffement climatique. Ce
traité devait inclure le développement des énergies renouvelables, la réduction du recours aux
énergies fossiles, l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments, les contraintes
sur certaines industries polluantes, le recours aux véhicules moins émetteurs de CO2, le
développement des transports collectifs, etc.

Bref, les espoirs fondés sur Copenhague étaient assez ambitieux et difficilement atteignables,
d’où l’impression d’échec à l’issue de ce sommet qui a pourtant enregistré des avancées non
négligeables : « l’accord de Copenhague conclu à l’issue du sommet, certes à la hâte et par
un petit groupe de pays, peut se révéler être une véritable plateforme conduisant à un accord
solide à la COP16 de Cancun au Mexique en décembre 2010 » (Stern, 2010).

En effet, l’accord sur le climat conclu à la fin du Sommet de Cancun reprend et traduit en
décision l’accord des Chefs d’Etat et de Gouvernement de Copenhague. Il intègre ainsi
l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce
qui implique une limitation des émissions globales dans les prochaines décennies, y compris
par les pays émergents. Cet accord prévoit aussi la création d’un Fonds vert et son
architecture pour abriter les 100 milliards de dollars annuels promis par les pays riches à partir
de 2020 afin d’aider les plus vulnérables. Il crée également les fondements d’un système de
vérification des engagements de réduction de CO2 pris par les pays et donne une assise au
programme REDD+ pour protéger les forêts75. Mais l’accord de Cancun laisse de nombreuses
questions ouvertes comme le mode de financement du Fonds vert. Il contourne le délicat sujet
du Protocole de Kyoto qui s’achève fin 2012, et cela augure de possibles difficultés pour la
prochaine conférence à Durban en 2011, quand il s’agira de donner un contenu au cadre
général approuvé à Cancun.

75
L’accord de Copenhague de décembre 2009 affirmait déjà la nécessité de mettre en place des actions pour
réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts (REDD+), ainsi que la promotion du
boisement et de la reforestation. Le programme REDD+ consiste pratiquement à donner un prix aux arbres.

139
SECTION II - LES ATTEINTES A LA VIE ET A LA SANTE HUMAINES DU
SYSTEME ENERGETIQUE ACTUEL DANS LES PAYS EN VOIE DE
DEVELOPPEMENT

Le bilan énergétique des pays en voie de développement et en particulier des pays africains
(voir figure 4.2) montre clairement la place qu’occupent les combustibles fossiles dans la
satisfaction des besoins énergétiques des ménages. D’après cette figure, le pétrole, le charbon
et le gaz naturel comptent pour plus de 50% des besoins en énergie primaire du continent. La
production, la distribution et la consommation de ces énergies ont des conséquences
environnementales désastreuses en raison principalement des émissions des gaz à effet de
serre qui en résultent, et dont la concentration dans l’atmosphère provoque le réchauffement
et d’importants dérèglements climatiques.

Figure 4.2: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire de l’Afrique en


2006

Source : IEA Energy Statistic, 2008

Un autre enseignement de cette répartition des énergies utilisées en Afrique est la forte
dépendance à l’égard de la biomasse traditionnelle (bois, déchets agricoles et humains) dont
les conséquences sur l’environnement sont tout aussi importantes.

140
II.1 – Les problèmes de déforestation, d'aridification et de désertification

Pour assurer leurs besoins élémentaires en chauffage et en cuisson, plus de 2 milliards d’êtres
humains à travers le monde, principalement en zones rurales, sont tributaires des
biocombustibles solides (bois, charbon de bois, déchets végétaux, etc.). Cette dépendance à
l’égard de ces combustibles renouvelables, dans le bilan énergétique de certains pays
africains, représente jusqu’à 80% à 90% de leur approvisionnement totale en énergie primaire
(voir figure 4.3).

Figure 4.3: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire du Ghana, du


Togo, du Nigéria et de la République Démocratique du Congo, en 2006

Source : IEA Energy Statistic, 2008

Les approvisionnements en biomasse-énergie étant assurés par des prélèvements toujours plus
élevés sur le couvert végétal, cette situation est à l’origine des problèmes de déforestation, de
réduction de la biodiversité, d’érosion des sols et finalement de désertification. La crise
environnementale que subit le Continent est donc en grande partie liée à cette pression
exercée sur les écosystèmes, puisque la satisfaction des besoins énergétiques de base des
populations se réalise au détriment d’une ponction accrue sur les ressources naturelles.

Ainsi, à cause de la prédominance de l’auto-approvisionnement en combustibles domestiques,


la production et la consommation, en milieu rural notamment, s’inscrivent d’emblée dans un
contexte de très faible rationalité sur le plan énergétique. Le ravitaillement en biomasse
traditionnelle s’effectue sur les ressources accessibles d’abord aux environs immédiats des

141
lieux d’habitation et de consommation, et ensuite les distances moyennes parcourues pour la
collecte de ce combustible s’accroissent pour atteindre 5 à 11 km dans certains pays africains,
du fait de sa rareté (voir figure 4.4).

Figure 4.4: Distance moyenne parcourue quotidiennement pour collecter du bois en


Tanzanie (km)

Source : WEO, 2006

Ceci se traduit sur le plan environnemental par des problèmes de déforestation, d’aridification
et plus globalement de pauvreté, entretenue par la dégradation des écosystèmes et le faible
niveau de consommation énergétique. Cette situation est donc à la fois cause et conséquence
des difficultés de développement économique et, en même temps, participe à la détérioration
de l’environnement naturel (Sokona, 2004). En effet, la consommation de biomasse-énergie
est largement corrélée avec le niveau de pauvreté des pays concernés. Ainsi, dans plusieurs
pays pauvres d’Afrique sub-saharienne et d’ailleurs, les besoins domestiques en énergie sont
couverts à plus de 70% par la biomasse traditionnelle (figure 4.5).

142
Figure 4.5: Pourcentage de biomasse traditionnelle dans l’approvisionnement total en
énergie de quelques pays pauvres

Biomasse-énergie
100
90
80
Pourcentage

70
60
50
40
30
20
10
0

Mozambique
Cameroun
Zambie
Cambodge

RDC
Haïti

Togo

Népal
Nigéria
Erythrée

Kenya

Source : auteur, données IEA Energy Statistic, 2008

Par ailleurs, la détérioration de l’environnement est aussi le fait de la combustion de cette


biomasse traditionnelle, qui s’effectue souvent par des méthodes peu efficaces et constitue par
conséquent une source importante de pollution.

II.2 – Les problèmes de pollution

Le problème de la pollution de l’air se pose depuis des siècles à l’échelle locale. Hier comme
aujourd’hui, la plupart des grandes agglomérations ont souffert du smog. Ce mélange de
brouillard et de fumée couvrait périodiquement Londres et d’autres grandes villes d’Europe.
Ainsi, en décembre 1952, une brume de fumée baptisée « The Great Smog » s’installa au-
dessus de Londres pendant six jours et causa environ 4 000 décès. Les décès des suites de
bronchite ou de pneumonie s’étant multipliés par sept (Berkelaar, 2004). Sur des espaces plus
vastes, ce sont les pluies acides qui ont soulevé des inquiétudes à partir des années 1970, car
elles entraînent la dégradation des forêts, des cours d’eau et des matériaux de construction.
Dans le courant des années 1970, la communauté internationale commença à être confrontée
aux problèmes globaux liés aux changements climatiques et à la destruction de la couche
d’ozone stratosphérique, qui protège les êtres vivants contre les rayons ultraviolets. On
parvint assez rapidement à conclure des accords internationaux qui ont promu notamment
l’interdiction des chlorofluorocarbones (CFC), progrès rendu possible grâce à l’existence de
substituts.

Dans les pays en développement, les atteintes à la santé humaine du système énergétique
traditionnel sont courantes. Comme on l’a vu précédemment, dans certains pays africains, la
biomasse, dans ses diverses formes, représente jusqu’à 90% de la consommation domestique
d’énergie. La combustion de cette biomasse pour la cuisson se fait très souvent à l’intérieur

143
des habitations et produit d’importante quantité de fumée contenant un grand nombre de
substances toxiques comme le monoxyde de carbone et divers particules (Smith et al., 2000).
Des travaux de recherche76 ont confirmé l’existence d’une relation de cause à effet entre
l’exposition à la fumée intra-domiciliaire et de graves maladies respiratoires. Ces dernières
seraient la quatrième cause de mortalité dans le monde et responsables de 1.6 million de morts
par an (Warwick et al., 2004). La figure 4.6 passe en revue le nombre de décès annuels dus à
la pollution à l’intérieur des habitations dans les différentes régions du monde.

Figure 4.6: Décès par an (en milliers) suite à la pollution intra-domiciliaire

Source : WEO, 2006

Ainsi, l’inhalation de la fumée produite par la combustion des biocombustibles solides à


l’intérieur des maisons peut causer de maladies graves y compris les infections aiguës des
voies respiratoires inférieures, comme la pneumonie (35,7% des cas sont causés par
l’exposition à la fumée de combustibles solides) ; la bronchite chronique qui cause « une
obstruction progressive et incomplètement réversible du passage de l’air » ; le cancer du
poumon (en Chine et en Inde, environ deux-tiers des femmes souffrant du cancer des
poumons ne fument pas) ; la tuberculose ; l’asthme ; et les cataractes (Berkelaar, 2004). La
76
Voir par exemple l’étude de Wayne Bragg et de Gene Shultz, professeurs émérites de l’Université Washington
à Saint-Louis, qui ont travaillé avec des collègues nationaux dans le nord-est du Brésil et dans la région centrale
du Mexique. Ils ont étudié la pollution de l’air à l’intérieur des maisons rurales, laquelle est causée
principalement par la combustion du bois et d’autres combustibles domestiques dans les fours des cuisines. Ils
ont mesuré les concentrations de particules très fines (lesquelles sont associées à certaines maladies respiratoires
et oculaires) dans l’air enfumé typique des maisons des pauvres à la campagne.
Ces chercheurs ont remarqué une incidence élevée de problèmes respiratoires chez les enfants, les femmes et les
personnes âgées, même chez les non fumeurs. Ceux-ci étant exposés à la pollution particulaire durant jusqu’à
sept heures par jour, tous les jours. Les recherches montrent également une incidence élevée de cataractes chez
les personnes âgées, autant chez les hommes que chez les femmes, car les hommes âgés passent beaucoup de
temps à l’intérieur. Or, la fumée de la cuisine ne reste pas confinée mais se déplace partout dans la plupart des
maisons. Personne n’est donc à l’abri de la fumée.

144
figure 4.7 montre que le nombre de décès dus à la combustion de la biomasse est supérieur au
nombre de morts victimes de la Malaria.

Figure 4.7: Décès annuels dans le monde suivant les causes

Source : WEO, 2006

II.3 – Quelques mesures pour réduire les risques, pour la santé, de la pollution à
l’intérieur des habitations

Dans les pays en développement, les pratiques énergétiques du monde rural, mais aussi d’une
part importante du milieu urbain et périurbain contribuent à la détérioration de
l’environnement naturel. La combustion de la biomasse pour la cuisson s’effectue très souvent
selon des méthodes peu efficaces et constitue par conséquent une source importante de
pollution et d’atteinte à l’environnement. Par ailleurs, parce qu’elle est intra-domiciliaire,
cette combustion produit d’importante quantité de fumée dont l’inhalation provoque de graves
maladies. Pourtant, il existe plusieurs façons de réduire l’exposition à des concentrations
élevées de fumée. Il suffit de mettre l’accent, à grande échelle, sur l’utilisation des foyers
améliorés, sur de meilleurs techniques de carbonisation et plus généralement sur les énergies
renouvelables : solaire, éolien, biogaz, etc.

Evacuer la fumée des habitations

Une bonne façon pour réduire l’exposition aux concentrations élevées de fumée consiste à
utiliser des fours munis de cheminées ou de hottes à fumée bien conçus. Ceux-ci peuvent
réduire la pollution de l’air à l’intérieur de plus des trois quarts (Berkelaar, 2004). En effet,
l’introduction de hottes à fumée et l’amélioration de la ventilation réalisées dans le cadre d’un
projet de l’ITDG77 au Kenya ont permis de réduire de presque 80% les concentrations de

77
Intermediate Technology Development Group, qui a publié le document « Smoke – The killer in the Kitchen,
Indoor Air Pollution in Developing Countries » en 2004.

145
particules et de monoxyde de carbone dans les maisons. Toutefois, la fumée sortant par la
cheminée, la pollution à l’intérieur est remplacée par celle à l’extérieur.

Construire et diffuser des foyers améliorés

Dans un four à bois de trois pierres, environ 18% de l’énergie produite par la combustion du
bois chauffe le chaudron, 8% s’envole dans la fumée et 74% est perdue (Berkelaar, 2004).
L’amélioration de l’efficacité énergétique et la réduction de la consommation de combustible
constituent alors l’essentiel du travail de conception des fours. Les foyers munis d’un conduit
ou d’une cheminée sont souvent très efficaces pour réduire la quantité de fumée dans la
maison. L’amélioration des foyers nécessite aussi d’assurer un bon tirage, ou flux d’air, afin
que le combustible brûle complètement et à une température élevée, la fumée étant du
combustible gaspillé.

Réduire les besoins en combustible

Pour réduire la quantité de combustible requise pour la cuisson, on peut utiliser la technologie
du « contenant thermos ». Selon cette technique78, la nourriture est chauffée au point
d’ébullition et ensuite placée dans une boîte remplie de matériel isolant (par exemple du foin
séché ou du papier chiffonné). Une fois dans cette enceinte, elle continue de cuire lentement.
Toutefois, la meilleure façon de se protéger contre la pollution des fumées, c’est de ne pas en
produire. Par exemple, dans les régions très ensoleillées, les chauffe-eau et fours solaires
peuvent aider à réduire les besoins en feu. Ils peuvent être fabriqués à des prix très abordables
et fonctionnent en concentrant les rayons solaires directement sur l’eau à chauffer ou sur le
repas à cuire. Ceux-ci peuvent ensuite être conservés dans un contenant thermos.

Choisir des essences de bois qui produisent moins de fumée

Les femmes, qui sont le plus souvent chargées de la collecte du bois de cuisson, connaissent
parfaitement les essences qui produisent le moins de fumée. Ces espèces qui ne contiennent
pas les matériaux résineux responsables de la production de beaucoup de fumée, sont
désormais très éloignées des villages et ne sont donc plus accessibles aux personnes
incapables de parcourir de longues distances. Par conséquent, un effort pourrait être fait pour
identifier et planter à proximité des habitations, des arbres et arbustes à croissance rapide qui
produisent peu de fumée.

Changer les habitudes

De simples changements de comportement peuvent parfois réduire l’exposition des femmes et


des enfants à la fumée. Une mesure très importante et bien connue serait par exemple de
n’utiliser que des combustibles complètements secs qui ont un pouvoir calorifique élevé.
D’ailleurs, la substitution du bois de feu par le GPL pour la cuisson est aussi une alternative
viable et doit être traitée en partenariat avec les communautés locales, les sociétés de
distribution et les institutions internationales, notamment par une campagne de sensibilisation
78
Le concept est semblable à celui d’une mijoteuse dont on peut programmer la durée et la température de
cuisson, voir www.lostvalley.org/haybox1.html pour en savoir plus à propos des contenants thermos.

146
sur la connaissance du produit et ses avantages (énergie moins chère et protectrice de
l’environnement). Toutefois, la cuisine étant une tâche propre à chaque culture et à chaque
ménage, les communautés elles-mêmes, notamment les femmes, doivent être largement
associées au développement de solutions qui conviennent à leur situation particulière.

SECTION III – LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LA CONSOMMATION


ENERGETIQUE AU CAMEROUN : QUELS IMPACTS SUR LES EMISSIONS DE
GAZ A EFFET DE SERRE ?

III.1 – L’intensité en carbone du PIB du Cameroun

L’intensité en carbone du PIB est utilisée pour mesurer le progrès dans la lutte contre le
changement climatique, tout en poursuivant la croissance économique. Cet indicateur mesure
la quantité de carbone émise pour produire un point de PIB. La figure 4.8 représente
l’évolution de l’intensité en carbone du PIB du Cameroun. Après une tendance haussière, on
constate à partir du milieu des années 1990 une évolution vers la baisse de cet indicateur. Est-
ce le signe d’une prise de conscience écologique ou de la montée en puissance dans
l’économie des activités tertiaires moins émettrices de CO2 ? En tout état de cause, cela
traduit un début de découplage entre croissance économique et émissions de CO2. En effet, la
croissance du Cameroun est nettement moins intensive en carbone depuis environ 1994.

Figure 4.8 : Evolution de l’intensité en carbone du PIB du Cameroun entre 1971 et 2005

.13

.12

.11

.10

.09

.08

.07
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
Intensité en carbone du PIB du Cameroun
(en kco2/US$)

Source : auteur, données IEA Energy Statistic, 2008

147
III.2 – L’intensité énergétique de la croissance du Cameroun

L’intensité énergétique mesure le rapport de la consommation d’énergie au PIB et représente


donc la quantité d’énergie nécessaire pour constituer une unité de PIB. Elle révèle la
performance énergétique d’un pays ou d’une région. Une faible intensité énergétique étant le
signe d’une plus grande production de richesses pour une même consommation énergétique.
La figure 4.9 représente l’évolution de l’intensité énergétique du Cameroun. Entre 1971 et
1986, cet indicateur a connu une tendance baissière avant de subir par la suite une hausse
constante. Mais depuis 1994 environ, comme observée précédemment, la croissance
économique du Cameroun est de moins en moins intensive en énergie (et en carbone).

Figure 4.9 : Evolution de l’intensité énergétique du Cameroun entre 1971 et 2005

300
280
260
240
220
200
180
160
140
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005
Intensité énergétique du Cameroun
(en mtep/millier US$)
Source : auteur, données IEA Energy Statistic, 2008

148
Conclusion du chapitre
Le réchauffement climatique global et ses impacts environnementaux et socio-économiques
constituent un des défis majeurs pour l’humanité au 21ème siècle. L’augmentation de la
température moyenne de la terre et les probables bouleversements climatiques associés seront
d’autant plus forts que les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES) croîtront de
manière importante. En effet, les GES étant des polluants-stocks, leur concentration dans
l’atmosphère, à l’origine du réchauffement, continuera d’augmenter tant que les émissions ne
seront pas ramenées au niveau de la capacité d’absorption naturelle du « système terre »,
c’est-à-dire à environ un tiers du niveau actuel des émissions (Blanchard, 2005). Depuis le
début des années 1990, la communauté internationale a pris conscience de la nécessité de
lutter contre le changement climatique. Le 21 mars 1994, la Convention-cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dont l’objectif ultime est de « stabiliser les
concentrations de GES dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation
anthropique dangereuse du système climatique », est entré en vigueur. Le 16 février 2005,
c’était au tour du Protocole de Kyoto relatif à la lutte contre l’effet de serre et le changement
climatique. Ce traité impose aux pays industrialisés de réduire globalement leurs émissions de
GES d’au moins 5% en 2012, par rapport au niveau de 1990. Pourtant, tous les spécialistes
reconnaissent que les engagements pris à Kyoto ne sont que la première étape de la
bifurcation à opérer dans les prochaines décennies vers les trajectoires permettant de stabiliser
les concentrations, et que les émissions dans les pays en développement devraient aussi
connaître un fort ralentissement.

En plus d’être de « néo-émetteurs » de gaz à effet de serre, les pays en développement


souffrent aussi de la pollution résultant de la combustion de la biomasse traditionnelle (bois,
charbon, résidus agricoles, bouse de vache) qui représente jusqu’à plus de 80% des
approvisionnements énergétiques de plusieurs pays. Ainsi, dans certaines régions, les
pratiques énergétiques du monde rural, mais aussi d’une part importante du milieu urbain et
périurbain contribuent fortement à accroître la dégradation du milieu naturel à travers les
phénomènes de déforestation, d’aridification et finalement de désertification. La combustion
de la biomasse pour la cuisson s’effectue souvent selon des méthodes peu efficaces et
constitue par conséquent une source importante de pollution et d’atteinte à l’environnement.
En outre, parce qu’intra-domiciliaire, cette combustion produit d’importante quantité de
fumée contenant un grand nombre de substances toxiques comme le monoxyde de carbone ou
les oxydes d’azote et de soufre. D’ailleurs, la pollution de l’air à l’intérieur des habitations est
l’une des principales causes de mortalité et de morbidité dans les pays pauvres. La fumée
épaisse et âcre qui se dégage des fourneaux et des feux de cheminée est associée à quelque 1,6
millions de décès annuels dans les pays en développement (OMS/PNUD, 2004). Cette
situation est à la fois cause et conséquence des difficultés de développement. En effet, la
consommation d’énergie des plus pauvres entraîne une détérioration de l’environnement dans
lequel ils vivent et par là-même amplifie leur situation de pauvreté. L’électricité et le gaz étant
régis par les mécanismes de marché, le coût des services énergétiques modernes est trop élevé
en comparaison aux ressources des populations. L’inaccessibilité à l’énergie entraînant alors
l’impossibilité d’assurer la couverture des besoins élémentaires.

Toutefois, une croissance soutenable suppose de découpler le développement économique,


assimilé à l’évolution du produit intérieur brut (PIB), et la consommation d’énergie. De
l’étude des données relatives au Cameroun, la consommation énergétique cause la croissance

149
économique (voir le chapitre 2). Même si nous n’avons trouvé aucun lien de causalité entre la
consommation d’énergie et les émissions de CO2, le test de Granger a conduit à une causalité
unidirectionnelle des émissions de CO2 vers le PIB79. Mais, le modèle VAR estimé n’a pu être
validé du fait de la non significativité des coefficients (voir l’Annexe 2 qui présente l’étude de
la relation entre la consommation totale d’énergie, la quantité de CO2 émise et le produit
intérieur brut par habitant). L’étude de l’intensité énergétique et de l’intensité en carbone du
PIB montre un découplage entre les émissions de CO2 et le PIB. Ainsi, bien que non
performant, le système énergétique camerounais est viable du point de vue des émissions de
CO2. Un des enjeux de la problématique énergétique est alors de savoir comment accroître
l’offre énergétique sans trop nuire à l’environnement. Ci-après, la troisième partie de cette
thèse interroge les stratégies permettant de développer de façon durable le secteur électrique
au Cameroun.

79
Ce qui est assez logique car les émissions de CO2 proviennent de la consommation d’énergie

150
Troisième partie – Stratégies permettant
de développer de façon durable le
secteur électrique du Cameroun

151
Chapitre 5 – Les avantages de la
diversification des sources de production
d’énergie

Introduction du chapitre
L’idée de diversification et de localisation des systèmes énergétiques afin de satisfaire les
besoins énergétiques des ménages tout en sauvegardant l’environnement, a des analogies dans
bien de domaines. Par exemple, la biodiversité est le meilleur moyen pour empêcher la
diffusion et les dommages des maladies et des parasites. De même, en finance, la
diversification d’un portefeuille boursier, et plus largement du patrimoine net d’un individu
ou d’une institution, est la meilleure stratégie pour réduire les risques et garantir une bonne
rentabilité globale des capitaux engagés (Li, 2004).

La prédominance du système énergétique mondial actuel basé sur les ressources fossiles,
conduit inévitablement à une pression excessive sur ces ressources, et surtout pose un certain
nombre de problèmes pour la santé et l’environnement. Un réel développement durable peut
être accompli en recourant à la diversification et la localisation des sources et systèmes
énergétiques, à condition que les impacts négatifs de chaque système d’énergie soient
suffisamment réduits, et dans les limites de tolérance de l’environnement. La diversification et
la localisation d’énergie pourraient également fournir une sécurité pour l’approvisionnement
et la distribution énergétiques préservant ainsi les consommateurs des pénuries globales.

L’objectif de ce chapitre est d’une part de présenter les avantages que procure la
diversification en termes de sécurité d’approvisionnement, de respect de l’environnement et
d’offre appropriée pour la satisfaction des besoins énergétiques. D’autre part, analysant la
situation et les ressources du Cameroun, nous passerons en revue les possibilités offertes pour
réaliser un développement énergétique durable.

SECTION I – LA DIVERSIFICATION, UNE NOTION CLE DU DEVELOPPEMENT


DURABLE

Dans les pays en développement, la problématique énergétique, intimement liée à


l’environnement, est indissociable du problème global de développement durable. Celui-ci
induit une nouvelle perception du développement énergétique, qui est d'abord et avant tout
basée sur la notion de diversification.

152
Cette diversification est d'abord « thématique » (Sokona, 2004), en refusant les modèles qui,
par mimétisme avec le Nord, voient dans des « solutions clés en main », le remède miracle
pour les pays du Sud. La dominance de l'offre a fait long feu et c'est résolument dans l'analyse
des demandes, par nature diversifiées, qu'il faut orienter les recherches de solutions adaptées.
Cela conduit donc à la diversité dans les approvisionnements (énergies non renouvelables et
énergies renouvelables) et dans les équipements (technologies traditionnelles, nouvelles
technologies et combinaison de technologies). L'amélioration de techniques plus
traditionnelles fait également partie de la panoplie des mesures adaptées à chaque contexte. Il
n'y a pas d'exclusive sur l'aspect ancien ou moderne de la technologie, c'est la combinaison
adéquate des deux, l'une intensive en travail, l'autre en capital, qui dessine les solutions
socialement efficientes.

La diversification géographique s'impose ensuite. En effet, la diversité des ressources, les


conditions climatiques, les comportements des populations, le degré et les formes variables de
leur insertion dans l'économie mondiale diffèrent suivant les régions, voire localement. Là
encore, des solutions diversifiées sont à privilégier suivant les contextes : hydroélectricité,
biomasse, solaire, etc. Les pays du Sud ont autant, sinon plus, besoin d'innovations
économiques et sociales que d'innovations techniques. Les échecs proviennent le plus souvent
de la primauté de la technique (plus généralement de l'offre) sur les conditions socio-
économiques de l'implantation. Les réussites résultent de la prise en compte de la situation
socio-économique des populations conjointement à la technique diffusée. Le succès du
développement des technologies énergétiques repose donc sur l'analyse constante de la
relation « technologie-produit-marché » sous la contrainte sociale et environnementale.

Enfin, la diversification financière s'avère également cruciale. La communauté internationale,


via par exemple les actifs créés par la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques ou le Fonds vert créé par l’accord de Cancun en 2010, semble
disposée à ouvrir de nouvelles lignes de financement en vue de favoriser les projets et les
investissements qui épargnent l'environnement. Les pays africains, en l’occurrence, doivent se
positionner en première ligne pour bénéficier, en particulier pour le milieu rural, de ces
nouvelles opportunités.

SECTION II – LES CARACTERISTIQUES DU SYSTEME ENERGETIQUE


ACTUEL

II.1 - La structure de la consommation mondiale d’énergie primaire fait la part belle


aux énergies fossiles

Depuis la révolution industrielle, la consommation mondiale d’énergie primaire augmente


rapidement. Cette augmentation a été accélérée par l’amélioration de la qualité de vie,
l’industrialisation des pays en développement et par la croissance démographique.
Actuellement, la grande majorité des besoins énergétiques dans le monde est satisfaite par la

153
combustion des combustibles fossiles (plus de 80%). La biomasse, les centrales
hydroélectriques et nucléaires n’assurent qu’une part faible de ces besoins ; et les énergies
renouvelables que sont le solaire, l’éolien, l’énergie marémotrice et la géothermie ne
comptant que pour une part infime (voir figure 5.1).

Cette forte dépendance à l’égard des combustibles fossiles entraîne d’énormes conséquences
environnementales. En effet, leur combustion provoque des émissions de grandes quantités de
polluants nocifs à l’environnement. L’usage massif du pétrole, du gaz naturel, et de plus en
plus du charbon, engendre une dégradation de l’environnement tant local que global, et
expose les humains, les animaux et toutes les autres vies sur terre à d’importants risques et
dégâts environnementaux. Par exemple, la pollution de l’air résultant des émissions
consécutives à la combustion des énergies fossiles, constitue une menace grave pour la santé
des millions de personnes vivant dans les zones urbaines du monde. En 1998 aux Etats-Unis,
une estimation faisait état de plus de 113 millions de personnes vivant dans des zones dont la
qualité de l’air ne satisfaisait pas aux normes nationales (Chalk et al., 2000). La combustion
des combustibles fossiles contribue de manière significative à l’augmentation dans
l’atmosphère des concentrations des dioxydes de carbone, intensifiant de ce fait la perspective
d’un réchauffement global qui pourrait menacer l’existence même de l’humanité et de sa
civilisation sur terre (voir chapitre précédent80).

Figure 5.1: Répartition de l’approvisionnement total mondial en énergie primaire en


2008

Source : IEA Energy Statistic, 2010

80
Et en particulier, les conséquences environnementales du système énergétique en vigueur dans les pays en
développement (pollution, déforestation, aridification des sols, désertification, etc.)

154
En plus des préoccupations écologiques et sur le plan de la santé humaine, un épuisement
régulier du stock des ressources fossiles commande aussi de se tourner vers des sources
d’énergie primaires alternatives, et vers de nouvelles technologies pour la production et la
conversion d’énergie. Ces nouvelles technologies doivent permettre un rendement énergétique
plus élevé que les techniques actuelles de combustion, n’occasionnant pas, ou alors très peu
d’émissions polluantes, et compatibles avec les sources et vecteurs d’énergie renouvelables
nécessaires pour un développement durable. Plusieurs études ont conclu que l’économie de
l’hydrogène serait la solution parfaite au problème actuel posé par la prédominance dans les
systèmes énergétiques des combustibles fossiles (Adamson, 2004 ; Barreto et al., 2003). Par
exemple, la pile à combustible qui fonctionne avec de l’hydrogène, produit de l’électricité tout
en émettant très peu de polluants locaux. Elle a ainsi été identifiée comme une technologie
répondant aux exigences susmentionnées de sécurité énergétique, de croissance économique
et de développement durable. Toutefois, un système énergétique basé sur l’hydrogène
(composé qui n’existe pas à l’état natif à la surface de la terre) peut-il être une solution
parfaite au problème posé par l’utilisation des combustibles fossiles, ou alors est-ce une
nouvelle boîte de pandore qui attend d’être ouverte ?

II.2 - Tous les systèmes d’énergie ont des effets négatifs sur l’environnement

Il est bien connu que chaque système énergétique a ses propres défauts et inconvénients
apparemment insurmontables. En dehors des systèmes d’énergie basés sur les ressources
fossiles, les énergies renouvelables comme le solaire, l’éolien, l’énergie hydraulique et
marine, les combustibles organiques, etc., souffrent toutes des variations journalières,
saisonnières et annuelles, ainsi que des sensibilités aux conditions atmosphériques et aux
situations géographiques. En outre, une source d’énergie peut avoir un fort impact négatif sur
un aspect particulier de l’environnement quand elle est utilisée, seule, à grande échelle et sur
une durée suffisamment longue.

Le tableau 5.1 récapitule un certain nombre d’impacts négatifs potentiels des sources et
vecteurs d’énergie. Par exemple, l’exploitation de l’énergie hydroélectrique requiert la
construction et la maintenance des grands barrages devant recueillir et conserver l’eau pour la
production de l’électricité. Mais la construction des barrages et la collecte de grande quantité
d’eau affectent l’équilibre des écosystèmes locaux, contribuent à leur destruction, et peuvent
même bouleverser les conditions atmosphériques locales (voir le chapitre suivant sur les
enjeux clés de l’hydroélectricité). L’implantation de certaines grandes usines de production
hydroélectrique peuvent même nécessiter le déplacement des populations locales et provoquer
la dégradation et la disparition de patrimoines historiques et de reliques culturelles. En plus, la
grande quantité d’eau stockée en amont du barrage exerce une pression forte sur la structure
géographique locale, incitant aussi potentiellement à l’occurrence de tremblements de terre
(Li, 2004). Le barrage des Trois-Gorges en Chine est une illustration parfaite des possibles
effets défavorables sur le plan socio-culturel, de même que sur l’environnement local, de la
mise en œuvre d’un gigantesque projet hydroélectrique.

155
Tableau 5.1: Sources d’énergie et leurs potentiels effets négatifs sur l’environnement

Sources/vecteurs Impacts négatifs potentiels sur l’environnement


d’énergie
Les combustibles Pollution atmosphérique ; pluies acides ; appauvrissement de la couche
fossiles d’ozone ; réchauffement climatique
L’hydrogène Changement thermique et chimique dans l’atmosphère ;
appauvrissement de la couche d’ozone ; effets sur les micro-organismes
présents dans l’eau et dans le sol ; phénomène de corrosion accélérée
des constructions de génie civil
Le vent Changement du paysage, érosion des sols ; baisse de la circulation et
détérioration de la qualité de l’air local
Le soleil Changement du paysage, érosion des sols, baisse de l’irradiation solaire
des plantes et de la végétation
L’hydraulique Changements dans les écosystèmes locaux et des conditions climatiques
régionales ; impacts sociaux et culturels ; induction des tremblements de
terre
L’énergie Changement du paysage ; ressources en eau souterraines menacées ;
géothermique accélération du refroidissement du noyau terrestre
L’énergie des Changement du paysage ; localement, réduction du mouvement,
vagues / l’énergie bouleversement de la circulation et finalement détérioration de la qualité
des courants de de l’eau
marée
Les combustibles Possibilité de libérer des gaz à effet de serre comme le dioxyde de
organiques carbone, mais surtout le méthane lors de la production des biocarburants
; changement du paysage ; détérioration de la productivité des sols
Le nucléaire Possibilité de fuite et contamination radioactive ; stockage des déchets
radioactifs en couche géologique profonde pour des centaines, voire des
milliers d’années.
Source : auteur et Li (2004)

SECTION III – LES AVANTAGES DE LA DIVERSIFICATION ENERGETIQUE

III.1 - Les avantages en termes de satisfaction des besoins énergétiques

Bien que chaque système énergétique ait des effets propres défavorables sur un aspect
particulier de l’environnement, si ces impacts sont assez faibles pour être absorbés et
supportés par l’environnement, alors le système énergétique en question peut être considéré
comme soutenable. L’association de plusieurs systèmes énergétiques complémentaires qui ont
chacun un faible impact environnemental peut fournir la quantité d’énergie nécessaire et
suffisante pour assurer le développement durable d’une région.

156
Par conséquent, une combinaison de divers systèmes énergétiques pourrait être développée
pour satisfaire les besoins en énergie de différents pays ou territoires. Puisque chaque source
d’énergie renouvelable a un rendement variable, l’utilisation d’une combinaison de sources
permettrait d’avoir un approvisionnement énergétique régulier et fiable. Ainsi, un temps
orageux ne favorise pas l’exploitation de l’énergie solaire, mais pourrait augmenter celle de
l’énergie éolienne, de l’énergie hydraulique ou même de l’énergie des marées. De même, sec
et ensoleillé, le temps peut ne pas être beau pour l’hydroélectricité et l’éolien, mais serait idéal
pour l’utilisation de l’énergie solaire. Dès lors, une diversification des sources d’énergie,
localement disponibles, est fondamentale pour assurer une sécurité énergétique et un
développement durable. La diversification et la localisation des sources et systèmes d’énergie
vont étroitement de pair (Li, 2004).

III.2 - Les avantages en termes de sûreté et de sécurité énergétiques

La dominance d’une unique source d’énergie, par exemple la production centralisée


d’électricité expose fortement le système énergétique concerné à des graves conséquences
économiques et sociales, en cas de rupture d’approvisionnement, de panne ou de sabotage. Il
en résulte alors une insécurité et une fragilité énergétiques dont les conséquences peuvent être
catastrophiques (Lovins et Lovins, 1982, 1983). Alors que, même dans un unique système
énergétique, mais avec plusieurs sources de production judicieusement réparties, la sécurité
énergétique peut être considérablement améliorée. Ainsi, la baisse de l’insécurité énergétique
peut être réalisée par la décentralisation des unités de production de faible puissance
disséminées à travers le territoire et proches des consommateurs. Ce faisant, on réduit au
passage, non seulement la vulnérabilité des réseaux de transport et de distribution, mais aussi
les pertes sur ces réseaux qui peuvent être très importantes dans certains pays en
développement81.

En outre, dans une production décentralisée mobilisant différentes sources de faible


puissance, les conséquences économiques et sociales d’une panne de courant, ou d’une
défaillance au niveau d’une source d’énergie, ne pourront qu’être limitées. En effet, d’une
part le nombre de ménages touchés sera faible, et d’autre part le dépannage pourra se faire
tout simplement en mobilisant les autres sources d’énergie. En 1965, une situation réelle s’est
produite aux Etats-Unis. Réalisant que la panne d’électricité qui frappait alors la majeure
partie du Nord-est du pays se dirigeait vers la petite ville de Holyoke dans le Massachusetts,
le responsable de la production a protégé la ville en la découplant du réseau national pour
l’alimenter à partir d’une turbine à gaz locale (Lovins et Lovins, 1982, 1983).

III.3 - Les avantages en termes de respect de l’environnement

A la différence de la forte pression exercée sur l’environnement par l’utilisation d’une seule
source d’énergie, l’exploitation en remplacement de plusieurs systèmes décentralisés est

81
Au Cameroun, les pertes sur les réseaux électriques sont trop élevées. Sur le réseau basse tension, par exemple,
elles se décomposent en pertes techniques (généralement dues à la non normalisation de la longueur des réseaux
et à une absence d’optimisation du système de distribution), et en pertes non techniques (à cause des
branchements clandestins et de l’utilisation frauduleuse de l’électricité).

157
certainement très avantageuse sur le plan écologique (Li, 2004). En effet, ces sources
d’énergie renouvelables et décentralisées ont des impacts faibles par rapport à la capacité de
charge de l’environnement. Ainsi, l’utilisation d’une gamme d’énergies propres, sûres,
renouvelables, décentralisées et complémentaires, présente beaucoup plus d’intérêts, non
seulement en termes de sécurité énergétique, mais aussi environnementale, qu’une grande
centrale énergétique thermique.

Les énergies renouvelables ont donc un rôle essentiel à jouer dans la diversification
énergétique. Même si elles sont quelque fois intermittentes, judicieusement couplées, elles
assurent une régularité de la fourniture et sont sujettes à un faible risque d’accident.
D’ailleurs, les conséquences d’un éventuel accident sont tout aussi faibles. En termes de
respect de l’environnement, les ressources renouvelables sont également très intéressantes,
étant donné que leur exploitation entraîne très peu de déchets et d’émissions de gaz à effet de
serre comparativement aux énergies fossiles qu’elles remplacent. En plus, les déchets associés
à leur usage sont peu dangereux et souvent recyclables.

Ainsi, la diversification et la décentralisation des sources de production énergétique sont


nécessaires pour satisfaire de façon durable la demande énergétique des pays industrialisés,
mais aussi des pays en développement. Dans cette perspective, les énergies renouvelables
occupent une position cruciale. Elles diminuent la dépendance aux ressources fossiles, dont
l’approvisionnement est une source potentielle de conflits géopolitiques, et dont les prix sont
soumis à une forte volatilité. La décentralisation des systèmes énergétiques est quant à elle
une source de sécurité dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux, en
contribuant notamment, de façon durable, à la création d’emplois locaux et au développement
local.

SECTION IV – COMMENT METTRE EN ŒUVRE UN DEVELOPPEMENT


ENERGETIQUE DURABLE AU CAMEROUN ?

Un système énergétique fiable et durable est réalisé par plusieurs sources d’énergie de
puissance relativement faible, dispersées et accessibles localement. Ces différentes sources
doivent être connectées non à travers un hub central, mais par de liaisons courtes et robustes
(Li, 2004). Comme observé précédemment, l’avantage économique supplémentaire de la
diversification et de la localisation des systèmes énergétiques est qu’ils concentrent les
activités économiques sur place en faisant appel aux compétences locales pour la production
et la maintenance. Quelles sont alors les implications pour un pays en développement comme
le Cameroun, qui dispose d’un système énergétique complètement défaillant ?

IV.1 – Evolution du système énergétique camerounais

Le bilan énergétique national (voir chapitre 1) montre que les combustibles renouvelables et
déchets occupent une place importante dans l’approvisionnement en énergie primaire du
Cameroun. Ceci n’est pas surprenant dans la mesure où ce pays d’Afrique tropicale est

158
recouvert essentiellement de forêt au Sud et de savane au Nord qui produisent de grandes
quantités de bois et de déchets végétaux que les populations utilisent pour divers besoins
énergétiques. La suprématie de ces biocombustibles solides sur les autres formes d’énergie est
aussi le fait d’un développement énergétique qui pour des raisons économiques ne favorise
pas la pénétration des sources d’énergie modernes. L’électricité, nécessaire pour dynamiser le
tissu économique local, est principalement d’origine hydraulique, et ne représente même pas
4% de la consommation totale d’énergie. Pourtant, comme nous l’avons montré dans le
chapitre 3, il est clair que la fourniture suffisante d’électricité à un impact évident sur la
réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement et l’amélioration des
conditions de vie dans les pays pauvres.

Une analyse rétrospective du système énergétique camerounais montre que malgré une légère
hausse de l’approvisionnement en hydroélectricité et en pétrole, les combustibles ligneux sont
de plus en plus sollicités pour satisfaire les besoins énergétiques (figure 5.2). L’autre
information de cette figure est le début de valorisation en 2006 du gaz naturel qui était
auparavant complètement torché, mais dont les perspectives sont désormais prometteuses,
d’abord pour alimenter la future centrale à gaz de Kribi, mais aussi qui pourrait être
rapidement exporté.

Figure 5.2: Evolution de l’approvisionnement total en énergie primaire du Cameroun de


1972 à 2008

Source : IEA Energy Statistic, 2010

159
En ce qui concerne la production énergétique du Cameroun, il ressort de la figure 5.3 que
l’hydroélectricité et les combustibles domestiques n’ont subi qu’une légère augmentation sur
la période considérée. Mais l’information principale concerne la production du pétrole qui a
démarré en 1977, a atteint un palier entre 1984 et 1987, et depuis lors a commencé une décrue
jusqu’en 2005 date à laquelle elle s’est quelque peu stabilisée. Comme mentionné
précédemment, l’année 2006 voit l’entrée du gaz naturel dans le mix énergétique national.

Figure 5.3: Production énergétique du Cameroun de 1972 à 2008

Source : IEA Energy Statistic, 2010

IV.2 – Perspectives du système énergétique camerounais

Dans une perspective de durabilité, le système énergétique camerounais se doit d’évoluer, en


misant au maximum sur les atouts dont est doté le pays. Plusieurs chantiers sont en ce
moment en cours afin de satisfaire la demande énergétique exprimée non seulement par les
opérateurs économiques, mais aussi par les ménages, de plus en plus exaspérés par les
délestages du courant électrique.

IV.2.1 – ANALYSE DE LA DEMANDE ENERGETIQUE A L’HORIZON 2030

160
IV.2.1.1 – Prévisions de la demande d’électricité

La demande d’électricité au Cameroun est principalement constituée de la demande de la


Compagnie camerounaise de l’Aluminium (ALUCAM82) et de la demande du « service
public », qui inclut les demandes des petites industries (Socatral83, CPPC84, Cimencam85,…).
ALUCAM a une demande annuelle en énergie de l’ordre de 1370 GWh, pour une puissance
maximale de 180 MW (Coyne et Bellier, 2008). L’évolution de la demande du service public
depuis 1980, est décrite par la figure 5.4. En moyenne, la demande au cours des 25 dernières
années a progressé au rythme annuel moyen de 6,3% et comporte 3 périodes distinctes : une
phase de très forte progression de la demande, avec un taux moyen de 11.3% (de 1980 à
1987), une phase de stagnation de la demande avec un taux moyen de 1.6% (de 1988 à 1994),
et une phase de reprise de la demande avec un taux moyen de 6.2% (depuis 1995).

Figure 5.4: Evolution de la demande d’électricité du « service public »

Source : Coyne et Bellier, 2008

Scénarios de la demande retenus dans le PDSE 2030

Afin de sortir le pays du sous-développement et d’accomplir la volonté des autorités


camerounaises, incarnée par le programme électoral du Président de la République (le
« Cameroun des Grandes ambitions »), le Ministère de l’Energie a lancé en 2005, un projet de
Plan de Développement à long terme du Secteur de l’Electricité (PDSE). Les objectifs retenus
pour ce projet sont très ambitieux, et visent entre autres un accroissement du PIB/habitant
82
Filiale du groupe Rio Tinto Alcan
83
Société Camerounaise de Transformation de l’Aluminium, filiale d’ALUCAM
84
Cameroon Pulp and Paper Company
85
Cimenteries du Cameroun

161
d’environ 1000 dollar US en 2005 à plus de 5000 dollars US en 2030. Et pour répondre à ces
objectifs de demande, les Autorités entendent s’appuyer sur les très importantes ressources
énergétiques du pays : potentiel hydroélectrique considérable, dont moins de 4% sont utilisés
(en 2006) ; importantes réserves de gaz naturel offshore, suffisantes pour le développement
économique du pays sur le long terme.

Le PDSE, qui ne veut pas être une simple prolongation des tendances passées, compte
s’appuyer sur un véritable programme d’aménagement du territoire et de développement
industriel et participe à la volonté du Gouvernement de développer un programme d’action
efficace de lutte contre la pauvreté, en replaçant la question de l’accès aux services
énergétiques de base au centre du développement économique et social du pays. Le Rapport
final de 2006 indique que l’étude de la demande s’est basée sur trois axes principaux (IDC-
EDF-SOGREAH-BDS, 2006a) :

1. L’actualisation des études et modèles existants, notamment pour la composante


domestique, ainsi que les perspectives de croissance de la filière aluminium (qui
représente près de 40% de la demande, soit près de 70% de la demande en haute tension),
2. L’identification et l’évaluation du potentiel de nouvelles zones d’électrification (par
exemple les régions du Nord, qui représentent plus de 3 millions d’habitants aujourd’hui
très faiblement électrifiés) et de nouvelles activités industrielles (on estime que le
Cameroun n’utilise que 65% de sa capacité industrielle) à forte intensité énergétique.
3. Le potentiel d’échanges transfrontaliers d’énergie (Tchad, Congo, Guinée Equatoriale,
interconnexion avec le Nigeria…).

Dans le PDSE (IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006b), plusieurs scénarios de demande en


électricité ont été élaborées à l’horizon 2030 sur la base :

 De la démographie, en cherchant à dégager les tendances fondamentales. Les projections


démographiques du Cameroun sont caractéristiques des pays en transition dans lesquels la
proportion de population urbaine commence à dépasser la population rurale. Elles tablent
sur une population totale de l’ordre de 25 millions d’habitants en 2030.
 Du développement économique, sous forme de cadrage à moyen terme. Le développement
économique, dont le niveau dépendra fortement du succès des réformes internes et du
niveau d’investissement (notamment étranger), suit 3 scénarios de croissance réelle du
PIB. Le plus faible se stabilise à 4,5% par an, le médian est à 7% et le plus élevé, dit « des
grandes ambitions », inclut en plus de grands projets structurants.
 Des grands projets industriels, en insistant sur les opportunités à venir. Les grands projets
industriels fortement consommateurs d’énergie électrique (notamment l’aluminium) ont
été traités au cas par cas, grâce à une analyse détaillée des capacités et des process prévus
par les industriels eux-mêmes.
 Des potentialités d’exportation d’électricité vers les pays voisins. L’étude des exportations
d’électricité conduit à l’identification d’un potentiel de 500 MW à long terme,
principalement exporté vers le Nigeria.
 De l’aménagement du territoire, en rappelant les orientations du Schéma Directeur
Régional d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SDRADDT). Les
schémas d’aménagement du territoire renforcent les principaux pôles urbains du pays et
les axes de communication structurants, permettant d’esquisser l’ossature du réseau
interconnecté de demain entre les principaux foyers de demande.

162
Les consommations unitaires sont supposées augmenter avec le niveau de vie de la
population. Compte tenu du déficit actuel de l’offre par rapport à la demande et de la faiblesse
des consommations unitaires, aucune élasticité prix n’a été introduite86. Enfin, pour les mêmes
raisons, aucun scénario d’économies d’énergie n’a été pris en compte. Ainsi, ont été
développés :

 Le scénario dit « Minimal » qui correspond aux hypothèses de croissance économique du


« FMI » pour la consommation « service public » et à un statu quo pour la production
d’aluminium au Cameroun ;
 Le scénario dit « Médian » qui correspond aux hypothèses de croissance économique du
« DSRP87 » pour la consommation « service public » et au doublement de la production
d’aluminium à l’usine d’Edéa ;
 Le scénario dit des « Grandes Ambitions » qui correspond au scénario « Médian » pour le
service public en plus des développements de la filière « bauxite-alumine-aluminium » et
d’exportation d’électricité à partir de 2015 ;
 Le scénario « Bas » qui correspond au scénario « Médian » pour le service public et à un
statu quo pour la haute tension et la production d’aluminium.

Evolution de la demande dans le cadre du scénario « Médian »

La signature le 26 octobre 2005 d’une lettre d’intention pour la modernisation et l’expansion


de l’usine d’aluminium d’ALUCAM de 90 000 tonnes à 300 000 tonnes par an, suite aux
négociations entre le Gouvernement du Cameroun et Rio Tinto Alcan (copropriétaires
d’ALUCAM à 46,7% chacun), plaide pour la réalisation du scénario « Médian ». En effet, la
question de la fourniture de l’énergie électrique conforme aux exigences de l’industrie
d’aluminium a constitué depuis les années 1980 le principal blocage du projet d’extension
d’ALUCAM. D’ailleurs, la hausse de demande d’ALUCAM a constitué historiquement la
principale justification des nouveaux ouvrages hydroélectriques de la SONEL (Société
nationale d’électricité, devenue depuis Aes-Sonel, suite à son rachat par la société AES
Corporation) dans son réseau interconnecté sud (RIS) (Prescriptor, 2008).

Ce scénario se base sur l’hypothèse de croissance économique « Médian » qui reprend les
projections du DSRP (révisées en 2005). Les consommations unitaires sont supposées
augmenter de 1% par an entre 2005 et 2010 puis de 1,5% par an au-delà. La demande
moyenne tension (MT) est corrélée au PIB pour chacun des sous-secteurs d’activité. Sa
répartition entre les différentes régions du pays est fonction de la répartition des activités dans
chacune d’elles. Avec ces hypothèses, la consommation du service public atteindrait plus de
2600 GWh en 2010 et près de 7600 GWh en 2030 (IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c). Le
tableau 5.2 et la figure 5.5 présentent les résultats et l’évolution correspondant à ce scénario.

86
D’autre part, Aes-Sonel, le principal producteur et distributeur d’électricité au Cameroun, n’est pas dans une
logique de forte augmentation de ses tarifs, ni aujourd’hui ni à moyen terme, en raison du contrat de concession
le liant à l’Etat camerounais.
87
Les Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP), sont établis par les gouvernements des
pays à faible revenu selon un processus participatif dans lequel s’impliquent à la fois les parties prenantes au
niveau national et les partenaires extérieures au développement, dont le FMI et la Banque mondiale. Le DSRP
décrit les politiques et les programmes macroéconomiques, structurels et sociaux qu’un pays mettra en œuvre
pendant plusieurs années pour promouvoir la croissance et réduire la pauvreté ; il expose aussi les besoins de
financement et les sources de financement connexes. (Source : Département des relations extérieures du FMI)

163
Tableau 5.2: Résultats du scénario médian - service public (BT + MT)88

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c

Figure 5.5: Evolution de la consommation BT + MT (scénario médian)

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c

88
Le modèle distingue les 10 régions du Cameroun et détaille pour chacune d’entre elles les consommations
basse tension (BT), moyenne tension (MT) et haute tension (HT). Les consommations BT/MT sont rassemblées
dans la demande dite de « service public ». La consommation HT est traitée indépendamment du modèle, en
fonction des projets liés à la filière Aluminium et aux projets d’exportation. Les consommations des régions sont
ensuite agrégées par secteur puis par réseau électrique comme le montre le tableau suivant :

Réseau Réseau Interconnecté Sud (RIS) RIE (Est) RIN (Nord)


Secteur Yaoundé Douala Ouest Kribi - -
Régions CENTRE LITTORAL OUEST SUD EST ADAMAOUA
SUD OUEST NORD
NORD OUEST EXTREME NORD

164
La consommation BT dépend des projections démographiques, de l’évolution des taux de
desserte et de l’évolution de la consommation unitaire des abonnés. La consommation MT est
directement liée à l’accroissement de la production industrielle et de l’activité économique ;
elle est donc déduite de l’accroissement en valeur réelle de chaque sous-secteur du PIB.
D’après ce scénario, le taux de croissance moyen annuel de la consommation BT est de
5.27%, celui de la consommation MT de 6.84%, et celui de l’ensemble du service public (SP)
de 6.00%.

La haute tension dans le scénario « Médian » (RIS uniquement)

En ce qui concerne la haute tension dans le scénario « Médian », on considère que seul le
doublement de l’usine d’ALUCAM à Edéa est réalisé avec une augmentation de la production
d’aluminium de 90 000 tonnes à 260 000 tonnes nécessitant une production d’environ 4 TWh
(voir le tableau 5.3)

Tableau 5.3: Scénario médian : doublement de la production d’aluminium à Edéa

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c

Conclusion concernant le scénario « Médian »

En résumé, pour ce scénario « Médian », plus réaliste que celui des « Grandes Ambitions »
qui résistera difficilement à la présente crise économique, les prévisions de la demande
d’électricité à l’horizon 2030 sont de 15 TWh en énergie et de 2400 MW en puissance de
pointe. L’accroissement annuel moyen qui est de 5,25% impliquait en 2005 une demande
supplémentaire de 70 MW et un investissement en nouveau moyen de production chaque
année de l’ordre de 80 MW. Les résultats des prévisions sont récapitulés dans le tableau 5.4
ci-dessous :

165
Tableau 5.4: Scénario médian – Production et Puissance en pointe (Service Public et
HT) – Prévisions en 2030

Demande Service Public (BT et MT) HT Total


en MW
Total
Année RIS RIE RIN Total SP Alucam & Socatral RIS
2005 464 11 40 516 187 651 703
2010 654 17 65 737 454 1108 1191
2015 856 25 91 973 454 1310 1427
2020 1075 34 116 1226 454 1529 1680
2025 1360 40 148 1549 454 1814 2003
2030 1714 47 187 1948 454 2168 2402
Production Service Public HT Total
en GWh
Total
Année RIS RIE RIN Total SP Alucam & Socatral RIS
2005 2522 58 207 2787 1335 3857 4122
2010 3584 89 341 4014 3975 7559 7990
2015 4731 131 479 5341 3975 8706 9316
2020 5991 182 614 6787 3975 9966 10762
2025 7640 216 792 8648 3975 11615 12623
2030 9703 252 1010 10964 3975 13678 14939
Source : auteur, données IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c

IV.2.1.2 – Projections de la demande de pétrole

En supposant que les consommations des produits pétroliers évolueront suivant les tendances
moyennes observées actuellement, il ressort d’après les calculs de Nkutchet (2004) que leur
demande connaîtra un taux de croissance moyen de 3,06% par an. Ainsi, suivant le scénario
des trends actuels, la demande des produits pétroliers passera de 970 250 tep en 2005 à
quelque 2 210 000 tep en 2030 comme le montrent le tableau 5.5 et la figure 5.6 suivants.

Tableau 5.5: Projection de la demande de produits pétroliers

Produits pétroliers Demande en 2005 Projection en 2030 Taux de croissance


(en tep) (en tep) annuel moyen
(en %)
GPL 40 250 435 700 9.99
Super 280 000 634 743 3.33
Pétrole lampant 145 000 384 243 3.97
Jet A1 75 000 136 068 2.41
Gasoil 360 000 461 675 1.0
Fuel 70 000 158 535 3.32
Total 970 250 2 210 964 3.06
Source : auteur, données Nkutchet, 2004

166
Figure 5.6: Projection de la demande de produits pétroliers

Source : Nkutchet, 2004

IV.2.1.3 – Projections de la demande de biomasse

Pour établir une prévision de la demande des combustibles solides, Nkutchet (2004) fixe un
certain nombre d’hypothèses : (i) pour le bois, la consommation pour la cuisson des repas sera
le solde des usages de cuisson en GPL et au pétrole lampant avec la consommation totale
théorique ; (ii) la consommation pour les besoins de fumage de poissons croîtra au même
rythme que celui de la population ; (iii) pour le charbon de bois, le taux de croissance sera
égal à celui d’accroissement de la population pour les usages du secteur résidentiel et celui du
PIB du secteur tertiaire pour la consommation de l’artisanat, de l’hôtellerie et de la
restauration ; (iv) la demande de déchets (bagasse et coque de noix) reste stable sur la période.
Sous ces hypothèses, il ressort que la demande totale de biomasse croîtra à un taux annuel
moyen de 2,45% et qu’elle passera de 3 490 ktep en 2005 à 6 241 ktep en 2030 suivant le
tableau 5.6.

Tableau 5.6: Projection de la demande de biomasse

Biomasse Demande en 2005 Projection en 2030 Taux de croissance


(en ktep) (en ktep) annuel moyen
(en %)
Bois 3 175 5 886 2.5
Charbon de bois 30 70 3.46
Déchets 285 285 0
Total 3 490 6 241 2.45
Source : auteur, données Nkutchet, 2004

167
IV.2.2 – ANALYSE DE L’OFFRE ENERGETIQUE A L’HORIZON 2030

Depuis le début de la décennie 2000, qui coïncide avec la privatisation de la société nationale
d’électricité, le Cameroun fait face à une sévère crise de l’énergie que les capacités de
production nationale n’arrivent pas à juguler. Une stratégie de l’offre énergétique à long terme
doit donc nécessairement tenir compte du déficit et de la faiblesse des consommations
unitaires actuels pour améliorer le niveau de vie des populations. C’est dans cet esprit que le
Ministère en charge de l’Energie a mis en œuvre le Plan de Développement du Secteur de
l’Electricité à l’horizon 2030 (PDSE 2030) afin de promouvoir l’émergence d’une demande et
de l’offre d’électricité correspondante au moindre coût et exposant à des niveaux de risques
acceptables.

IV.2.2.1 – Quelle offre électrique pour satisfaire la demande à l’horizon 2030 ?

D’après le scénario « Médian » du PDSE 2030, la production électrique camerounaise devrait


s’élever en 2030 à quelque 14 939 GWh (voir tableau 5.4) afin de satisfaire les hypothèses de
croissance économique du DSRP pour la consommation « service public », et au triplement de
la capacité de production d’aluminium de l’usine d’Edéa. Pour faire face à cette demande,
plusieurs aménagements hydroélectriques sont en cours ou en projet afin de compléter l’offre
existante.

IV.2.2.1.1 – Le parc de production existant

Le réseau électrique du Cameroun est composé de trois sous-réseaux : le Réseau


Interconnecté du Sud (RIS) qui couvre les régions du Centre, du Littoral, de l’Ouest, du Nord-
Ouest, du Sud-Ouest et du Sud ; le Réseau Interconnecté du Nord (RIN) qui couvre les
régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord ; et le Réseau Interconnecté de l’Est
(RIE) qui couvre la région de l’Est.

Le parc de production hydraulique et thermique du RIS est constitué des ouvrages suivants :
 Deux centrales hydroélectriques : Song Loulou (394 MW, modulation journalière) et Edéa
(263 MW, fil de l’eau), toutes construites sur le fleuve Sanaga
 Trois barrages-réservoirs de régularisation du fleuve Sanaga totalisant 7,3 km3 de capacité
de stockage : Bamendjin, Mbakaou et la Mapé
 Six centrales thermiques « diesel » connectés aux réseaux : Oyomabang (32 MW, dont
19,5 MW au fioul lourd HFO), Bassa 2 et 3 (18 MW au gasoil LFO), Logbaba (18 MW au
LFO et 13 MW au HFO), Bafoussam (14 MW au LFO) et Limbé (85 MW au HFO).
Par ailleurs, il était prévu la mise en service à Kribi avant 2010 d’une centrale à gaz, dont la
puissance installée serait comprise entre 150 et 200 MW.

Le Réseau Interconnecté du Nord (RIN) est alimenté essentiellement par l’aménagement


hydroélectrique de Lagdo situé sur le cours du fleuve Bénoué à 66 km en amont de la ville de
Garoua. C’est un aménagement à but multiple qui a pour vocation de garantir la production
d’électricité du Nord du pays, mais aussi de protéger contre les crues la ville de Garoua,

168
d’assurer la navigation fluviale, de développer les activités agricoles et piscicoles, etc. La
centrale de Lagdo comprend 4 groupes totalisant une puissance installée de 72 MW. Il existe
aussi un moyen de production thermique sur le site de Djamboutou (13,7 MW de puissance
installée), mais qui n’est appelée qu’en cas de panne ou de maintenance à Lagdo, ou
occasionnellement pendant les années sèches.

Une centrale thermique d’une puissance installée de 9,6 MW située dans la ville de Bertoua
alimente les principales localités urbaines raccordées au Réseau Interconnecté de l’Est (RIE)
où la pointe est de l’ordre de 6 MW pour une production d’environ 30 GWh.

La production totale d’électricité au Cameroun, quelque 5 106 GWh en 2006 d’après les
calculs du LATEE89 (Nkue et Njomo, 2009), est donc visiblement insuffisante par rapport à la
demande existante et potentielle (7 990 GWh en 2010, d’après le scénario retenu). Cette
situation oblige les consommateurs qui le peuvent à investir dans des moyens thermiques de
production ou de secours. On constate un nombre important d’auto-producteurs qui totalise
une puissance installée d’environ 3 MW dans la zone couverte par le réseau de l’opérateur
Aes-Sonel, et de quelque 25 MW hors de cette zone. De même, Cotco90, la société
d’exploitation du pipeline Tchad-Cameroun, possède une unité de pompage du pétrole sur le
pipeline dans la ville de Bélabo d’une puissance de 12 MW, non raccordée au réseau d’Aes-
Sonel.

IV.2.2.1.2 – Quelques aménagements hydroélectriques en cours ou en projet

Au cours des années 2002, 2003 et 2004, la région interconnectée Sud du Cameroun a souffert
d’une grave pénurie d’électricité, attribuée principalement à l’absence d’investissements
significatifs pendant la période qui a précédé la privatisation de la Société nationale
d’électricité (Coyne et Bellier, 2008). Afin de faire face au déficit énergétique, le
Gouvernement camerounais s’est alors lancé dans un vaste programme de construction de
barrages.

Le Barrage Réservoir de LOM PANGAR

La construction du barrage réservoir de Lom Pangar a été envisagée dès le début des années
1990 par la défunte Sonel. En effet, les capacités de production nationale commençaient déjà
à être inférieures aux pointes de la demande en augmentation, en plus de l’enregistrement de
sévères périodes d’étiages. Le démarrage effectif des travaux de construction était prévu pour
octobre 2009 et la fin des travaux en juin 2012. La force motrice hydraulique produite par le
Projet de Lom Pangar vise à satisfaire la forte demande en services de régularisation du débit
du fleuve Sanaga en période sèche des producteurs d’hydroélectricité, notamment les deux
principaux clients potentiels que sont : (i) AES-SONEL pour 120 MW de puissance garantie à
ses deux centrales hydroélectriques existantes (Song Loulou et Edéa) ; et (ii) ALUCAM pour
170 MW de puissance garantie à sa centrale hydroélectrique de Nachtigal, composante du
89
Laboratoire d’Analyse des Technologies de l’Energie et de l’Environnement (Université de Yaoundé 1 –
Cameroun)
90
Cameroon Oil Transportation Company

169
projet de triplement de la capacité de production de l’usine d’aluminium d’Edéa de 100 000 à
300 000 tonnes/an (EDC91, 2008). La figure 5.7 présente les aménagements hydroélectriques
du bassin de la Sanaga où sont essentiellement concentrés les équipements hydroélectriques
alimentant le RIS.

Figure 5.7: Aménagements hydroélectriques du bassin de la Sanaga

Source : Arsel, 2005b

Les aménagements hydrauliques sur les autres bassins

Le potentiel de production du bassin de la Sanaga est très important. Plusieurs autres ouvrages
de production peuvent y être implantés, parmi lesquels le suréquipement de Song Loulou,
Kikot, Natchigal amont, Song Mbengué et l’aménagement de Song Ndong. D’ailleurs, la
majorité du potentiel hydroélectrique du Cameroun se situe dans le bassin de la Sanaga. Mais,
les opportunités hydrauliques se trouvent aussi dans les autres bassins versants :

91
Créée en novembre 2006, Electricity Development Corporation (EDC), est une société anonyme au capital de
5 milliards de FCFA entièrement détenu par la République du Cameroun, mise en place en février 2008, avec la
désignation de ses organes de gestion pour prendre le relais et assurer (entre autres missions de développement
du secteur de l’électricité) la construction et l’exploitation en propriété du Projet de Lom Pangar suivant une
approche strictement industrielle et commerciale.

170
 Les bassins du Sud-Ouest (fleuves Nyong et Ntem) qui se caractérisent par des sites de
production, présentant l’avantage d’être dans une zone soumise à deux saisons des pluies
qui apportent un complément intéressant aux ouvrages situés plus au Nord assez
désertique. L’aménagement hydroélectrique de Memvé Elé aurait pour principal intérêt la
possibilité d’un développement du RIS vers le Sud du pays avec des interconnexions
possibles avec le Gabon et la Guinée Equatoriale. L’aménagement hydroélectrique de
Njock présente pratiquement les mêmes avantages et inconvénients que le projet de
Memvé Elé.
 Les Bassins de l’Ouest sont généralement de petites dimensions, mais la forte
pluviométrie qui les caractérise leur confère une hydraulicité très intéressante. Le relief
montagneux de la zone Ouest est également propice à la valorisation des volumes d’eau
ruisselés
 Les bassins du Nord proposent un potentiel décentralisé valable, mais soumis à la plus
forte variabilité inter annuelle de la pluviométrie des régions sahéliennes.
 Les bassins de l’Est présentent quelques sites intéressants, mais qui sont très éloignés des
centres de consommation.

IV.2.2.2 – Analyse du potentiel des sites pour les microcentrales hydrauliques

Sous l’impulsion du Ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie, plusieurs études,


malheureusement partielles, ont été effectuées pour identifier des sites susceptibles d’être
équipés en microcentrales hydroélectriques afin d’électrifier les localités isolées. Les données
du Rapport national d’investissement (2008) font état d’une centaine de sites équipables en
pico et micro centrales hydroélectriques (entre 20 et 300 kW), et d’une vingtaine en mini
centrales (voir en Annexe 3, le tableau A.7 de localisation des sites exploitables en
microcentrales). Il est important pour l’Etat, de terminer l’inventaire des potentialités en
microcentrales, et d’aménager quelques sites dans le cadre de l’électrification rurale et pour
faire face, suivant leur puissance, aux pointes du réseau Aes-Sonel (Nkutchet, 2004).

IV.2.2.3 – Production et exploitation du gaz naturel

Le gaz naturel est l’alternative la plus compétitive en termes d’émissions de gaz à effet de
serre comparée aux autres sources à base d’hydrocarbures. L’investissement de base est
également compétitif et le Cameroun possède des gisements. Les principaux champs gaziers
au Cameroun sont offshore et ne sont pas encore exploités. Toutefois, Aes-Sonel compte faire
fonctionner son unité de production de Kribi (en principe à partir de septembre 2012) grâce au
gaz naturel en provenance du champ de la Sanaga-Sud. Par ailleurs, la valorisation du gaz
naturel à d’autres fins (liquéfaction par exemple) sera très difficile au Cameroun, les pays
voisins comme le Nigeria et la Guinée Equatoriale disposant des réserves plus importantes et
déjà en exploitation.

Toutefois, l’élaboration du PDSE représente pour le Cameroun une excellente opportunité de


développer son industrie gazière. Du fait de son potentiel hydroélectrique, le Cameroun ne
dépend pas des énergies fossiles pour assurer la base de sa production. En revanche, le recours

171
au gaz pour satisfaire, en partie, la demande électrique, présente un intérêt certain d’un double
point de vue :

1. pour les opérateurs électriques, le gaz apporte souplesse, à la fois pour faire face à un
investissement nécessaire à court terme, et pour gérer les modulations, notamment intra-
quotidiennes et saisonnières – à un coût très inférieure à celui des produits pétroliers
liquides,
2. pour les opérateurs gaziers, il permet de disposer d’une « locomotive » qui peut garantir,
dans la phase de développement du projet, une consommation suffisante, immédiate et
durable.

Deux projets gaziers sont en cours d’évaluation et de réalisation. Le premier est initialement
orienté vers la livraison de gaz du bassin de Rio del Rey à une usine de liquéfaction équato-
guinéenne. Le second est orienté vers la production d’électricité et consiste en la fourniture du
gaz de la Sanaga-Sud à la centrale thermique de Kribi.

IV.2.2.4 – Valorisation de la biomasse

La biomasse au Cameroun est essentiellement constituée de combustibles ligneux comprenant


des rémanents forestiers, des résidus de transformation de bois, des résidus agricoles et des
résidus des industries agro-alimentaires. Deuxième réserve dans le bassin du Congo après la
République Démocratique du Congo, le Cameroun possède un potentiel forestier d’environ 21
millions d’hectares qui compte plus de 300 essences. Les forêts camerounaises sont source de
bois-énergie pour la grande majorité de la population. Cependant, elles se réduisent à un
rythme supérieur à 100 000 ha/an du fait d’une exploitation industrielle de bois d’œuvre mal
contrôlée et de l’agriculture sur brûlis (Nkue et Njomo, 2009).

Ainsi, à court terme, les potentialités locales en bois-énergie permettront de faire face à la
demande de bois-énergie dans sa globalité. Toutefois, l’utilisation rationnelle de cette source
d’énergie et la mise en place d’un programme de substitution par le GPL sont nécessaires
pour éviter des problèmes d’approvisionnement, surtout dans les régions du Nord, ainsi que
les problèmes d’environnement, qui pourront pousser à la hausse les prix de cette énergie non
soumise à aucun cadre institutionnel et réglementaire.

IV.2.2.5 – Le solaire est peu développé malgré son potentiel

L’énergie solaire est abondante et disponible sur tout le territoire national. La zone
méridionale, plus humide, reçoit une insolation moyenne de 4 kWh/j/m2 dont 50% est du
rayonnement diffus. La zone septentrionale, plus aride et sèche dispose d’un ensoleillement
régulier. L’irradiation solaire reçue dans cette zone est de 5,8 kWh/j/m2 en moyenne dont
42% de rayonnement diffus (Njomo, 1988). Malgré ce potentiel, l’utilisation du solaire à des
fins énergétiques reste peu développée, et en particulier, la pénétration du photovoltaïque est
encore d’un niveau modeste au Cameroun.

172
IV.3 – Quel avenir pour les projets MDP au Cameroun ?

Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, adoptée en 1992 et entrée en vigueur en
1994, la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (CCNUCC)
est un dispositif ayant pour principal objectif de stabiliser la concentration des gaz à effet de
serre (GES), responsables majeurs des changements climatiques. Adopté dans le cadre de
cette convention et entré en vigueur en février 2005, le Protocole de Kyoto prévoit des
engagements de réductions d’émissions et des mécanismes de flexibilité. En termes
d’engagements, les pays industrialisés ont prévu à l’époque de réduire leurs émissions de GES
en moyenne de 5.2% sous les niveaux de 1990 d’ici 2012. En termes de flexibilité, le
Mécanisme pour un développement propre (MDP) est un instrument permettant aux pays ou
entités industrielles du Nord d’investir dans des projets de diminution des émissions ou de
séquestration de carbone dans les pays du Sud et de recevoir des Réductions d’émission
certifiées (CER) ou « crédits carbone ».

Le Cameroun a ratifié la Convention cadre des Nations Unies sur les Changements
climatiques le 19 octobre 1994 et a adhéré au Protocole de Kyoto le 23 juillet 2002. Le
Ministère de l’Environnement et de la protection de la Nature (MINEP) représente le
Gouvernement pour toutes les activités relatives à la CCNUCC et au Protocole de Kyoto. Une
« autorité nationale désignée » (AND) a également été créée en janvier 2006 sous le nom de
« Comité national MDP » dont le rôle est de promouvoir et de réglementer les activités de
projets MDP au Cameroun. En effet, la stabilisation de concentration des GES peut être
atteinte à travers différents types de projets dont plus d’une vingtaine connaissent en ce
moment des initiatives d’élaboration ou de mise en œuvre dans trois secteurs principaux
(Minep, 2009) :

(1) Secteur de l’ « Energie ». C’est le premier grand secteur concerné, au Cameroun comme
partout dans le monde. Les projets « énergie » ont pour but soit de réduire la consommation
des combustibles traditionnels (à travers l’usage de foyers ou de fours améliorés, par
exemple), soit de substituer la consommation d’énergie fossile par de l’énergie renouvelable ;
c’est le cas de la valorisation énergétique de déchets des unités industrielles de transformation
du bois (biomasse ligneuse pour génération d’électricité ou cogénération) ainsi que de
biomasse agricole. C’est le cas aussi de la production de biocarburant à partir de plantations
de palmier à huile ou de toutes autres cultures susceptibles de fournir de l’huile végétale. Ces
projets donnent droit à des crédits carbone permanents et sont relativement moins complexes
à monter que les autres. Toutefois, aucun de ces projets n’a à ce jour franchi les étapes
aboutissant à son enregistrement. Pourtant, un thème comme celui, par exemple, de la
cogénération d’électricité à partir des déchets industriels de bois est stratégiquement important
pour le Cameroun, en raison du volume de déchets concernés et à l’effet d’entrainement que
pourrait avoir le démarrage d’un projet de ce type.

(2) Secteur de l’ « Utilisation des terres, changement d’utilisation des terres et


foresterie ». C’est un secteur dans lequel beaucoup d’attentes ont été placées mais où, en
Afrique notamment, se posent des problèmes sur le plan du montage institutionnel ou des
capacités financière et technique. Au Cameroun, les projets concernent essentiellement les
boisements, les reboisements ou l’agroforesterie, et donnent droit à des crédits temporaires car
les séquestrations ne sont pas permanentes. L’accord de Copenhague, mais surtout celui de
Cancun qui donne une assise au programme REDD+ pour protéger les forêts devraient
dynamiser un peu plus ce secteur. D’autant plus qu’en dehors du projet « un parisien, un
arbre » qui consiste à mettre en place un puits de carbone biologique au Cameroun par la

173
création de plantations forestières dans le cadre d’un partenariat entre des communes
camerounaises et la ville de Paris s’engageant volontairement pour améliorer son bilan
carbone, aucun autre projet dans ce secteur n’a connu un vrai début de concrétisation.

(3) Secteur des « Déchets ». Au Cameroun, les projets dans ce secteur visent à réduire les
émissions de GES, ou leur nocivité relative, et concernent trois types de déchets : les déchets
ménagers, les eaux usées et les déchets industriels spéciaux. Ils peuvent être couplés avec des
projets de type « énergie ». Le premier projet camerounais enregistré au CDM Executive
Board est celui de Nkolfoulou de « Captage et destruction du gaz méthane émis en décharge
de déchets solides », qui génère depuis le 25 février 2010 des Unités de Réduction Certifiée
d’Emissions (URCE). Ce projet ambitionnait initialement de transformer le biogaz capté en
énergie électrique, mais cette idée a finalement été abandonnée en raison des coûts
d’investissements associés et de la qualité des déchets constitués à 80% de matières
biodégradables (Messager, 2009). Toujours porté par la société Hysacam (Hygiène et
Salubrité du Cameroun), un projet similaire de captage et de detruction du biogaz dans la ville
de Douala a été enregistré le 19 janvier 2011 et génère depuis le 1er juillet 2011 et ce jusqu’au
30 juin 2021 des crédits carbone92.

Par ailleurs, dans le cadre de sa politique de développement énergétique durable, la


valorisation du potentiel hydroélectrique du Cameroun pourrait lui permettre d’être un acteur
important du marché mondial des crédits carbone. Il suffira simplement que les autorités
veillent à ce que chaque projet d’aménagement hydroélectrique fasse l’objet d’évaluation en
termes d’éligibilité au MDP. Ainsi, par exemple, le projet d’extension de la Compagnie
camerounaise de l’Aluminium (ALUCAM) dans sa dimension de valorisation des ressources
hydrauliques nationales pour la production et la consommation de l’électricité propre apporte
une impulsion significative au développement durable. Ce projet, qui contribue en particulier
à la réduction des émissions de CO2, pourrait être éligible au MDP et générer des ressources
en devises susceptibles de consolider ses retombées économiques.

92
Voir le site internet du MDP à l’adresse : http://cdm.unfccc.int/Projects/projsearch.html

174
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre, nous avons analysé les avantages de la diversification et de la
décentralisation des sources de production énergétique. Etant donné qu’un système
énergétique basé uniquement sur les ressources fossiles pose un certain nombre de problèmes
sanitaires et environnementaux (voir chapitre 4), il est apparu que la diversification et la
localisation des sources et systèmes d’énergie, à faibles impacts négatifs, peuvent être la clé
d’un développement et d’une sécurité énergétiques durables. Les énergies renouvelables ont
un rôle essentiel à jouer dans cette diversification. Même si elles sont quelquefois
intermittentes avec un rendement variable, l’utilisation d’une combinaison de sources
permettrait d’avoir un approvisionnement énergétique régulier et fiable.

Ainsi, la diversification et la décentralisation des systèmes énergétiques sont une source de


sécurité dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux, en contribuant
notamment, de façon durable, à la création d’emplois locaux et au développement local. Le
Cameroun dispose des ressources fossiles et renouvelables qu’il pourrait exploiter de façon
durable pour satisfaire ses besoins énergétiques. Il serait judicieux que l’hydraulique reste la
base de la production d’électricité, et qu’il ne soit fait appel au gaz ou au pétrole qu’en
période de pointe ou en saison sèche quand les bassins sont vides. La valorisation de la
biomasse et de l’énergie solaire serait également très utile, surtout dans les régions isolées.
Dans cette perspective, le pays doit se positionner en première ligne pour bénéficier, en
particulier pour le milieu rural, des mécanismes internationaux de financement qui favorisent
les projets et les investissements préservant l’environnement (MDP, programme REDD+,
etc.).

En définitive, pour être soutenable, le système énergétique camerounais se doit d’évoluer, en


misant au maximum sur les importantes ressources dont il est pourvu. Afin de satisfaire la
demande énergétique exprimée non seulement par les opérateurs économiques, mais aussi par
les ménages, de plus en plus pénalisés par les délestages du courant électrique notamment, le
pays doit s’appuyer sur son énorme potentiel en hydroélectricité, qui actuellement demeure
très largement sous-exploité. Le chapitre suivant traite des enjeux de cette filière.

175
Chapitre 6 – Les enjeux clés de
l'hydroélectricité et son importance pour le
Cameroun

Introduction du chapitre

L’hydroélectricité est l’énergie électrique obtenue par la conversion de l’énergie hydraulique


des différents flux d’eau (fleuves, rivières, courants marins ou chutes d’eau). Sur un fleuve ou
une rivière, une centrale hydroélectrique utilise un grand réservoir pour créer une chute
artificielle dont on contrôle le débit pour produire de l'électricité. L'énergie de l'eau de la
chute artificielle permet de faire tourner une turbine qui elle-même entraîne un alternateur. Ce
dernier transforme l’énergie mécanique de la turbine en énergie électrique. Si cette centrale
n'est pas directement située à l'emplacement du barrage, l'eau est alors transportée jusqu'à
l'usine par un canal d'amenée. Après passage dans la turbine, l'eau est restituée au cours d'eau
par un canal de restitution. Ce mode de production d’énergie est alors considéré comme
renouvelable.

D’ailleurs, parmi la panoplie d’énergies renouvelables (l’éolien, le solaire, la biomasse, la


géothermie,…), l’hydroélectricité occupe une place de choix. Elle contribue à la lutte contre
l’effet de serre, à l’amélioration de la qualité de l’air, à l’ajustement de l’offre et de la
demande et donc à la sécurité des réseaux électriques, au moins pour les installations
disposant de garantie de fourniture. Et ce, à des coûts inférieurs à ceux de la plupart des autres
énergies renouvelables du fait, notamment, de la maturité de la filière. Elle a donc un rôle
majeur dans la sauvegarde de l’environnement. Cependant, l’hydroélectricité a des impacts
sur les milieux aquatiques et les zones terrestres environnantes, et pose des problèmes socio-
économiques comme le déplacement involontaire de population.

Depuis quand a-t-on essayé de contrôler l’approvisionnement et l’utilisation de l’eau ? A


partir de quel moment cette ressource a-t-elle été utilisée pour faire de l’hydroélectricité ?
Comment les barrages ont-ils contribué à la croissance économique mondiale ? Quelle est
l’importance de l’hydroélectricité au Cameroun et dans d’autres grands pays producteurs ?
Nous nous proposons dans ce chapitre d’explorer cette filière. L’énergie hydraulique a joué
un grand rôle au début de l’industrialisation en Occident. Aujourd’hui encore, son importance
est non négligeable dans certaines régions du monde afin non seulement de répondre aux
impératifs économiques, mais aussi de satisfaire certains engagements internationaux comme
par exemple les 20% d’énergies renouvelables du paquet « climat-énergie » de l’Union
européenne. Dans ce chapitre, nous passerons en revue les avantages et les inconvénients de
ce mode de production d’énergie. Nous verrons aussi que, compte tenu de ses dotations
naturelles, le Cameroun qui a déjà largement adopté cette filière doit poursuivre dans ce sens
tout en restant vigilant aux effets négatifs engendrés.

176
SECTION I – L’HYDROELECTRICITE, UNE ENERGIE RENOUVELABLE PAR
EXCELLENCE

I.1 – Aperçu général

L'hydroélectricité a fait l'objet d'un classement « officiel » comme ressource renouvelable par
la Déclaration de Pékin des Nations-Unies, en octobre 2004 : cela revêt une importance
particulière dans le contexte actuel de réglementation internationale en matière de protection
de l'environnement (Bonin, 2007). La préservation de l’environnement devient alors de plus
en plus une condition indispensable pour obtenir des financements internationaux aidant à la
réalisation d’infrastructures énergétiques. Et dans le cadre précisément de la lutte contre le
réchauffement de la planète, la « petite hydraulique » dont les installations ont une puissance
inférieures à 10 MW semble la plus appropriée.

La « grande hydraulique » n'est pas d'emblée considérée comme une « bonne » source
d'électricité. Quoiqu'indiscutablement à ranger dans les « énergies renouvelables », elle est
entourée d'une certaine aura négative, voire d'une franche hostilité de la part des associations
écologiques ou d'habitants. En effet, l’ampleur des transformations qu’elle provoque est
souvent inacceptable pour ses détracteurs. Exemple : même si le géant barrage chinois des
Trois Gorges a permis une augmentation de la production électrique et un meilleur contrôle
des inondations, ses opposants pointent surtout du doigt ses insoupçonnables conséquences
écologiques et sociales. La grande hydraulique est pourtant incontournable, d'abord parce que
c'est une source économiquement et actuellement rentable, concurrentielle des productions à
base de combustibles fossiles ou nucléaires. Elle représente en Europe environ 70 % de la
production d'électricité d'origine renouvelable93, et 95% de la production mondiale
d’hydroélectricité. Ensuite, du fait de sa grande disponibilité, elle peut se présenter comme
une forme de production complémentaire des autres. Elle pourra ainsi permettre de produire
aux moments voulus par exemple lors des pics de consommation. A ce titre, elle n'est
remplaçable que par des usines thermiques, fonctionnant avec du combustible fossile, c'est-à-
dire la forme de production la plus incompatible avec les principes environnementaux actuels.
Ainsi, la grande hydraulique peut aussi « compenser » les défauts de l'éolien, et du solaire
photovoltaïque, trop soumis aux aléas météorologiques.

Suivant qu’elle est petite ou grande, l’hydroélectricité est donc une forme de production
énergétique « ambiguë » quant à son impact sur l’environnement local. Cette forme de
production est très peu consommatrice – stricto sensu – de ressources naturelles : certes elle
utilise, détourne souvent, ou retient à un moment donné, de l'eau ; mais elle n'en consomme
pas. On peut seulement l'accuser d'amplifier l'évaporation, ce qui peut créer de réels
problèmes en milieu tropical. Ainsi le lac Nasser, créé à l’issue de la construction du barrage
d'Assouan en Egypte, perd chaque année 10 milliards de mètres cubes d'eau par évaporation94.
Toutefois, il ne s’agit pas ici d’une consommation « nette » de l'eau dans un raisonnement
environnemental mondial, mais plutôt d’un « shuntage » du cycle de l'eau. De même
l’hydroélectricité utilise du foncier, mais là encore, on ne peut raisonner qu’en termes
d'affectation d'usage des sols et non en termes de consommation de ressources naturelles. Du
point de vue de l'eau donc, et dans une approche environnementale mondiale,

93
S. Bonin, « L’hydroélectricité, énergie renouvelable, énergie durable ? », 2008
94
Voir le dossier pédagogique du CNRS sur l’eau à l’adresse :
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/degradation/15_construction.htm

177
l’hydroélectricité est bien une ressource renouvelable d'énergie, sans doute la meilleure dont
nous disposons aujourd'hui de façon techniquement efficace.

Cette source d’énergie se révèle de plus en plus indispensable : en effet, elle représente près
de 20% des capacités électriques mondiales, soit quelques 715 GW95. Avec une production
annuelle d’environ 3000 TWh, soit 16% de la production mondiale, l’hydroélectricité
constitue la troisième source de production d’énergie électrique au monde, derrière le charbon
(40%) et le gaz (20%). La figure 6.1 présente la production électrique mondiale suivant les
différentes sources.

Figure 6.1 : Production électrique mondiale en 2005

Pétrole
7% Biomasse
1%

Nucléaire Eolien
15% Charbon 0.9%
40%
Déchets
0.04%
Hydroélectricité
16% Gaz Géothermie
20% 0.03%

Autres
0.03%

Source : Syndicat des énergies renouvelables et AIE

Depuis 2004, la Chine est le premier producteur d’hydroélectricité au monde devant le


Canada, le Brésil et les Etats-Unis. La figure 6.2 montre les principaux producteurs
d’hydroélectricité au monde.

95
D’après SER, le Syndicat français des énergies renouvelables

178
Figure 6.2 : Part des principaux pays producteurs d’hydroélectricité au monde

35%

30%

25%

20%

15%

10%

5%

0%

Reste du monde
Brésil

Norvège

Japon
Vénézuela
Etats-Unis
Chine

Canada

Inde
Russie

Suède

Source : IEA Key world energy statistics 2008

Pour certains de ces grands pays d’hydroélectricité, ce moyen de production représente la


source principale d'électricité (presque 100 % de l'électricité produite par la Norvège et plus
de 80 % pour le Brésil). Pour les 10 principaux producteurs d’électricité hydraulique, le
tableau 6.1 indique ce qu’elle représente dans la production totale d’électricité.

Tableau 6.1 : Part de l’hydroélectricité dans la production totale d’électricité des


principaux pays producteurs au monde

Pays (les 10 premiers producteurs Part de l’hydroélectricité dans la


d’hydroélectricité) production totale d’électricité (%)
Norvège 98.5
Brésil 83.2
Vénézuela 72.0
Canada 58.0
Suède 43.1
Russie 17.6
Inde 15.3

179
Chine 15.2
Japon 8.7
Etats-Unis 7.4
Reste du monde (pays non producteurs 14.3
exclus)
Monde 16.4

Source : IEA Key world energy statistics 2008

En France, l'hydraulique fournit, et de loin, la plus grande part de la production d'électricité


renouvelable (plus de 90%). En effet, elle s’élevait en 2004 à 65,4 TWh sur une production
totale d’électricité renouvelable de 71,2 TWh.

Au plan mondial, les énergies renouvelables ne représentent que 13,8% de


l’approvisionnement total en énergie primaire. Les deux principales ressources qualifiées de
renouvelables sont l'hydraulique (16,7 % des énergies renouvelables), et les combustibles dits
renouvelables, notamment l’utilisation des déchets et de la biomasse (80% des énergies
renouvelables)96. Mais ces combustibles, dont la biomasse compte pour 97%, sont polluants et
grandement émetteurs de dioxyde de carbone. On peut donc dire que l'énergie hydraulique est
actuellement la première source d'énergie primaire renouvelable et peu émettrice de gaz à
effet de serre au niveau mondial, et de loin.

I.2 – Une brève histoire de la filière hydraulique

Il y a certainement plusieurs milliers d’années déjà que l’homme a cherché à contenir l’eau, à
la dévier ou à s’en protéger pour son plus grand bénéfice. On peut penser que cette activité a
commencé quasi simultanément dans presque toutes les civilisations, à des périodes très
reculées, dans des zones très éloignées les unes des autres, sans qu’aucune communication
puisse faire penser à un quelconque transfert technologique.

Pendant des milliers d’années, l’eau a servi à l'irrigation et a été acheminée dans des citées
pour des besoins divers. On peut encore retrouver des ruines des canaux d'irrigation de plus de
8000 ans en Mésopotamie. Des restes des barrages remontant à au moins 3000 ans avant JC
peuvent être trouvés en Jordanie, en Egypte et dans d'autres parties du Moyen-Orient
(Edwards, 2003). Aux environs de 2900 avant JC, le Pharaon Mènes, fondateur de la première
dynastie Egyptienne aurait dérivé le Nil à Koseish, pour construire sa capitale Menphis
derrière des remparts qui la mettaient à l’abri des crues du Nil. Cet ouvrage en pierres taillées
pouvait mesurer 15 m de hauteur et 450 m de longueur en crête. L’homme faisait ainsi
confiance, peut-être pour la première fois, à une structure gravitaire, pour résister à la pression
de l’eau (Comité Français des Barrages et Réservoirs, 2000).

96
R. Dautray, « Quelles énergies pour demain ? », Odile Jacob, p.97, 2004

180
En Orient, l’hydraulique semble avoir été la clé du développement dès l’âge du bronze. En
effet, bien que la construction des barrages dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate semble
avoir été développée à une époque relativement plus récente qu’en Egypte, la mise en valeur
de ceux-ci fut rendue possible par la maîtrise de nombreux aménagements hydrauliques à
partir du troisième millénaire avant notre ère. Le raffinement des civilisations de cette région
s’est appuyé sur le développement et la pérennité de l’alimentation en eau. Une première
étape a consisté à retenir l’eau dans des réceptacles aménagés. Mais l’étape décisive a consisté
à barrer le flot, détourner l’eau et irriguer les cultures. Enfin la dernière étape a été de
comprendre l’intérêt de disposer d’une réserve d’eau importante en saison sèche pour
développer de nouveaux usages : forces motrices à l’avènement de la roue hydraulique,
navigation, recharge de nappes, etc. Ainsi de l’âge du bronze à l’époque romaine, on note sur
trois millénaires de nombreuses périodes d’expansion de sociétés hydro-agricoles.

En Irak, vers 2100 avant JC, au cours de la troisième dynastie d’Ur, quelques tablettes
mentionnent des équipes de femmes employées à la construction de barrages de roseaux. Cet
emploi de roseaux est aussi mentionné au sujet de barrages que Marduk, roi de Babylone,
probablement le Nemrod biblique, fit construire sur le Tigre, en amont de Samarra, en vue de
détourner la rivière vers un nouveau lit. Cet ouvrage aurait été ruiné vers 1200 avant JC et
aucune trace n’est visible actuellement, ce qui n’est pas surprenant si l’ouvrage avait été
construit en terre et roseaux (Comité Français des Barrages et Réservoirs, 2000).

Il y a environ 2000 ans, l'utilisation des barrages pour l'irrigation et l'approvisionnement en


eau s'est largement répandue en Méditerranée, en Chine et en Amérique centrale. Au Sri
Lanka et en Israël, on peut encore trouver de nos jours, les restes des barrages en remblai
utilisés pour détourner l'eau vers des réservoirs. Des aqueducs de barrages construits par des
Romains fonctionnent encore aujourd’hui. De même, l'utilisation de l'eau à des fins
mécaniques a eu lieu il y a plus de 2000 ans, quand les Grecs utilisaient l’écoulement de l’eau
pour faire tourner les roues à aubes des moulins hydrauliques destinés à moudre les céréales.

Avec la chute de l’Empire romain, l’Europe entra dans une époque de décadence et de
transition. Mais dès le Xème siècle, et peut-être à partir de la Renaissance carolingienne
(VIIIème et IXème siècles, au cours de laquelle de nombreux progrès intellectuels majeurs
furent réalisés), l’activité d’aménagement du territoire fut intense. Vers l’an 1000, les moulins
à eau se développèrent un peu partout en Europe. Guillaume le Conquérant en recensa plus de
5000 en Angleterre en 1066. Ils servaient non seulement à moudre le grain mais aussi à de
nombreuses applications industrielles dans le textile ou la métallurgie. Au fur et à mesure que
ce que certains ont appelés la « Révolution industrielle du Moyen-âge » progressait, ruisseaux
et rivières avec ou sans dérivation furent équipés de dizaines de milliers de moulins.
L’énergie hydraulique fut alors avant l’invention de la machine à vapeur, la seule énergie
autre qu’humaine dont disposèrent les hommes et c’est à partir de cette époque qu’elle
commença à être utilisée avec des systèmes de transmission élaborés.

A partir du XVIIème siècle, le développement d’un réseau de canaux dans des pays comme
l’Angleterre ou la France exigea la réalisation de réservoirs très importants à l’échelle de
l’époque. Jusqu’à l’arrivée des chemins de fer, les canaux fournirent en effet le seul moyen de
transport de masse nécessaire à l’industrie naissante. Le problème des transports constituait un
goulot d’étranglement pour tout développement des échanges et de la production industrielle.
A la veille ou au tout début de la Révolution industrielle en Europe, on comptait 18 barrages
de plus de 20 m de hauteur construits depuis le XIIème siècle, dont 8 pour l’énergie, 7 pour
l’irrigation et 3 pour la navigation (Comité Français des Barrages et Réservoirs, 2000). Ces

181
barrages ne constituaient que la partie émergée d’une population de plusieurs milliers de
retenues, le plus souvent obtenues par des barrages en terre, la plupart du temps de moins de
10 m de hauteur, et qui répondaient à des besoins énergétiques pour les hauts-fourneaux, les
forges, l’exhaure des mines, la préparation du minerai, le foulon ou moulin à eau pour foulage
des draps, l’irrigation, l’alimentation de canaux ; les finalités étant souvent multiples. La
Révolution industrielle allait augmenter les besoins de régulation et de stockage des eaux à
des fins les plus diverses. Mais la finalité énergétique très importante depuis le XIIème siècle,
qui était d’ailleurs incluse dans un certain nombre de barrage de navigation, est redevenue
prédominante dès 1850.

Même si l’énergie hydraulique était intensivement utilisée sous forme mécanique pour fraiser
et pomper, ce n’est qu’à la fin du 19ème siècle que l'eau sera utilisée pour produire de
l'électricité. En 1880, la compagnie Grand Rapids Electric Light and Power dans l’Etat du
Michigan aux Etats-Unis éclaire 16 lampes à arc avec une turbine à eau (Edwards, 2003).
L’utilisation de l’énergie hydroélectrique des chutes du Niagara pour alimenter les réverbères
des villes allait bientôt suivre. Au Canada, en 1881, la société Ottawa Electric Light
construisait une usine à roue hydraulique sur les chutes Chaudière pour fournir l’éclairage
urbain et faire fonctionner les moulins locaux.

En 1886, on comptait près de 45 centrales hydroélectriques aux Etats-Unis et au Canada, et la


première ligne de transmission internationale entre le Canada et les Etats-Unis était établie en
1900. L'énergie hydroélectrique s'est développée tellement rapidement qu'elle représentait
15% de la capacité électrique aux Etats-Unis en 1907. En 1920, elle comptait pour 97% de
l'électricité totale produite au Canada. Aux Etats-Unis, en 1940, l’hydroélectricité représentait
approximativement un tiers de la capacité totale de production électrique. L’Ouest et le Nord-
ouest du Pacifique en dépendaient à hauteur de 75% de leur capacité de production électrique
(« The History of Hydropower Development in the United States », US Department of the
Interior, Bureau of Reclamation, Revised, 2004).

La future croissance des productions fossile, nucléaire et autres va réduire la part de


l’hydroélectricité dans la production électrique totale américaine à 7,4% (IEA Key world
energy statistics 2008). Toutefois, dans certaines régions des Etats-Unis, l’énergie
hydroélectrique représente une part significative de l’énergie totale produite. En effet, grâce à
son coût peu élevé, elle alimente une grande partie de l'agriculture irriguée de l'ouest
américain. De plus, elle est utilisée comme source d’appoint en complément à d'autres sources
d'électricité, ce qui a quelque peu compliqué les difficultés électriques rencontrées entre
novembre 2000 et mai 2001 en Californie. En fait, l’une des causes de la crise de l’électricité
dans cette partie des Etats-Unis était la réduction de la production hydroélectrique en
provenance du Nord-ouest du Pacifique, suite à la sécheresse qui entraîna des niveaux d’eau
exceptionnellement bas.

I.3 – L’hydroélectricité, comment ça marche ?

L’hydroélectricité est une énergie renouvelable, propre et non polluante utilisant la force de
l’eau pour produire de l’électricité. Le cycle de l’eau dans la biosphère (voir figure 6.3) est
fondé en particulier sur l’évaporation d’une infime partie de l’eau des océans par l’énergie
solaire. Cette eau forme les précipitations, dont une partie tombe sur les continents et permet

182
la croissance de la biomasse et la formation des rivières et des fleuves. Une autre partie de
cette eau s’infiltre dans les nappes souterraines. L’eau qui tombe en altitude a une énergie
potentielle. C’est cette énergie dite énergie de chutes, qui peut être captée beaucoup plus
abondamment que l’énergie de mouvement faible de l’eau qui coule. Ainsi, le moteur de ce
cycle de l’eau est l’énergie solaire, responsable de l’évaporation. L’énergie hydraulique est
donc une énergie renouvelable d’origine solaire.

Figure 6.3 : Le cycle hydrologique à l’échelle globale

Condensation

ATMOSPHERE

Evaporation/

Précipitation
Transpiration
Précipitation

Evaporation

Infiltration/
Percolation
TERRE

Ecoulements
de surface/
OCEANS
Ecoulements
souterrains Source : auteur

I.3.1 - CLASSIFICATION

Les centrales hydroélectriques peuvent être classées selon leur taille ou selon que le cours d’eau
sur lequel elles sont construites possède ou non une chute.

Selon la taille, on distingue la « grande » et la « petite » hydroélectricité. Le seuil généralement


admis pour classer une centrale dans une catégorie ou l’autre est fixé suivant les pays à 10 ou 12
MW de puissance électrique installée. Toutefois, l’Union Internationale des Producteurs et
Distributeurs d’Energie Electrique classe les centrales hydroélectriques en fonction de la
puissance installée en petites centrales (de 2 000 kW à 10 000 kW), mini-centrales (de 500

183
kW à 2 000 kW), micro-centrales (20 kW à 500 kW) et pico-centrales (moins 20 kW). Mais
cette classification n’est pas admise par tous et peut varier suivant le tableau suivant :

Tableau 6.2 : Quelques classifications des centrales hydroélectriques

Pays Micro (kW) Mini (kW) Petite (MW) Source

Etats-Unis < 100 100 - 1000 1 – 30 Dragu, 2002


Chine < 500 - 0,5 – 25 Dragu, 2002
Italie <3 European
Commission, 2002
Royaume-Uni <5 European
Commission, 2002
Portugal, Espagne, Irlande, < 10 European
Grèce, Belgique Commission, 2002
France 5 - 5000 < 12 (*) European
Commission, 2002
Inde < 100 101 - 1000 1 - 1.5 Dragu, 2002
(**)
ESHA < 100 101 - 500 0.5 - 10 ESHA, 1998

Source : Pépin Tchouate Héteu et Joseph Martin (Université catholique de Louvin) « La filière hydroélectrique :
Aspects technologiques et environnementaux », Working paper n°5, juin 2003)
(*) Seuil français retenu dans le cadre de l’obligation d’achat prévue par la loi électrique du 10 février 2000,
« Petite hydroélectricité et environnement », Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable
(**) European Small Hydropower Association, Layman’s Guidebook on how to develop a small hydro site,
second edition, june 1998

Selon l’utilisation de l’aménagement pour le système électrique, on distingue plusieurs types


de barrages hydrauliques : au fil de l’eau, à accumulation et les barrages de
pompage/turbinage.

 Les barrages au fil de l’eau sont des barrages construits sur le lit du cours d’eau et sans
retenue d’eau. Leur production dépend du débit d’eau disponible et varie en fonction des
saisons et des climats.
 Les barrages à accumulation turbinent seulement une partie du débit disponible et
accumulent le reste dans un réservoir situé en amont de la turbine, pour une utilisation
future. Ce type de barrage est adapté aux productions régulières.
 Les barrages de pompage/turbinage sont des barrages munis de deux réservoirs, en amont
et en aval de la turbine. Ils sont munis de pompes qui permettent de pomper l’eau du
bassin inférieur dans le bassin supérieur pendant les heures creuses où le coût de
l’électricité est faible et cette eau est turbinée pendant les heures pleines et de pointe
lorsque l’électricité a une très grande valeur ajoutée

Dans les trois cas, il peut y avoir ou non une dérivation. Et pour une même puissance, une
centrale hydraulique peut donc être alimentée soit par un faible débit tombant d'une grande

184
hauteur de chute, soit par un débit important tombant d'une faible hauteur. Ainsi, la
classification admise par l’ADEME97 distingue en pratique trois types d'aménagements :

o Les aménagements de haute chute (hauteur supérieure à 100 mètres) : Ils équipent des
sites de montagne qui bénéficient, pour des débits souvent faibles, de très importantes
dénivelées.
o Les aménagements de moyenne chute (hauteur de 15 à 100 mètres) : Ils sont situés sur des
cours d'eau à débit abondant, avec des dénivelées moyennes.
o Les aménagements de basse chute (hauteur inférieure à 15 mètres) : Ils sont implantés
notamment sur les grands fleuves ayant un débit très important et une dénivelée très
faible.

I.3.2 – PRINCIPE DE L’HYDROELECTRICITE

L’hydroélectricité consiste à produire du courant électrique à partir de la force de l'eau. Cette


force provient du mouvement d’une chute d’eau ou de la circulation d’eau des rivières et des
marées. Ainsi, l’énergie de l’eau dépend de deux paramètres à savoir la hauteur de la chute
d’eau qui engendre une pression, et le débit qui correspond à la quantité d’eau transitant par
seconde. En s’opposant à l’écoulement naturel de l’eau et en la dérivant, barrages et
aménagements hydrauliques assurent deux fonctions différentes : permettre la production
d’électricité grâce à la dérivation de l’eau et à la chute d’une part, et d’autre part créer une
réserve d’eau, le lac de barrage (ou de retenue) qui est finalement une véritable réserve
d’énergie.

Le système hydroélectrique est schématisé à la figure 6.4, et est généralement constitué de :


 un ouvrage de prise d’eau, le plus souvent construit en béton (qui peut dans certains cas
être remplacé par une prise d’eau par en dessous). Sa fonction est de détourner le débit
nécessaire pour amener l’eau directement dans la turbine, dans un canal de dérivation ou
dans une conduite forcée. Pour les centrales de basse chute, l’usine est soit intégrée
directement dans le barrage, soit placée à l’extrémité d’un canal ;
 un canal d’amenée et/ou une conduite forcée qui transporte de l’eau vers la turbine. La
conduite peut être constituée d’un tuyau en acier, fonte, PVC, fibres de verre ou
éventuellement une conduite en bois ou en béton. Ce canal est muni d’une grille qui
retient les corps solides charriés par le cours d’eau.
 une chambre de mise en charge si le canal d’amenée est à écoulement libre ou une
cheminée d’équilibre s’il s’agit d’une conduite en charge. Cet équipement assure la
jonction avec la conduite forcée qui alimente la turbine en eau ;
 une turbine qui transforme l’énergie fournie par la chute d’eau en énergie mécanique (voir
encadré 6.1, pour les types de turbines) ;
 un bief d’aval qui renvoie l’eau de la turbine vers le cours d’eau ;
 un générateur qui produit de l’énergie électrique à partir de l’énergie mécanique de la
turbine (pour les puissances inférieures à 2000 kW, il s’agit en général d’un alternateur
synchrone en réseau autonome, et d’une génératrice asynchrone en réseau connecté) ;
 un système de régulation, constitué en général d’un poste de transformation qui élève la
tension produite par l'alternateur (de 5000 à 15000 volts, moyenne tension) en courant à

97
Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

185
haute et très haute tension (de 63 000 à 400 000 volts) plus facilement transportable dans
des lignes à haute et très haute tension.

Figure 6.4 : Schéma simplifié d’une centrale hydroélectrique

Source : www.ac-grenoble.fr/ecole/giettaz/pages/schema.htm

Encadré 6.1 : installations hydroélectriques, types de turbines


Les machines hydrauliques sont principalement de trois types :

* Pour les hautes chutes (de 300 à 1800 Exemple de turbine de type Pelton :
m), les turbines sont généralement de type
Pelton. Mise au point en Californie au
19ème siècle par Pelton, cette turbine est
constituée d’une roue, sur la périphérie de
laquelle sont fixées des séries de cuillères
doubles métalliques appelées augets. L’axe
de cette turbine peut être horizontal ou
vertical. L’eau sort de la conduite forcée
par un injecteur à une vitesse élevée
(proportionnelle à la racine carrée de la
hauteur de chute) et vient percuter les
augets de la route. La puissance maximale
unitaire atteinte est de 400 MW.

186
* Pour les moyennes chutes (entre 30 et la rotation de la turbine. La puissance
750 m), les turbines sont principalement de maximale débitée peut avoisiner 800 MW.
type Francis ou à réaction. La turbine
Francis ressemble à un cylindre évasé,
divisé sur sa longueur par une série de Exemple de turbine de type Francis :
cloisons longitudinales incurvées. Le
pourtour élargi de la turbine est cerclée par
une couronne percée d’une vingtaine
d’ouvertures par lesquelles pénètre l’eau
sous pression venant de la conduite forcée
et distribuée régulièrement par le
distributeur à partir de la bâche spirale.
Cette eau glisse sur les pales de la turbine
et se dirige vers son cœur, d’où elle est
évacuée. Lorsque l’eau s’écoule par les
canaux de la turbine, elle abandonne sa
pression aux pales de la turbine. C’est cette
différence de pression, sensiblement égale
à la hauteur de chute, qui est à l’origine de

Les usines de basses chutes (10 à 80 m)


sont le plus souvent équipées de turbines Exemple de turbine de type Kaplan :
Kaplan à hélices de type propulsion, dont
on peut faire varier l’angle des pales en
opération pour avoir un rendement élevé.
En effet, les turbines Kaplan ont une forme
d’hélices de navire dont leurs pales sont
généralement orientables et permettent, par
simple variation de leur inclinaison,
d'ajuster la vitesse de rotation des turbines
aux conditions de niveau. L’eau est
canalisée par des puits ou des conduites en
acier ou en béton de cinq à dix mètres de
diamètres vers une chambre dont le tracé
en colimaçon permet à l’eau d’arriver sur
la turbine avec la meilleure efficacité. Les
capacités de production obtenues sont de
l’ordre de 200 MW. Une variante des
turbines Kaplan est celle des « groupes
bulbes », pour les très basses chutes (5 à 20
m) dont la technique a été développée en
France pour l’usine marémotrice de la
Rance. L’alternateur est accolé à la turbine.
Grâce à un système de protection étanche,
ces groupes peuvent être complètement Source : Tardieu (2005), Edwards (2003) et « Petite
hydroélectricité et environnement », Ministère
immergés dans l’eau. La puissance
français de l’Ecologie et du Développement
maximale atteinte est de 60 MW. Durable, 2002.

187
I.4 – Bref aperçu de l’économie des ressources naturelles

Ainsi, l’hydroélectricité qui consiste à utiliser l’eau pour produire de l’électricité est
généralement considérée comme une énergie renouvelable. Assurément, mais à condition que
la ressource principale dont elle se sert, à savoir l’eau soit renouvelable. Ce qui est
normalement le cas, tant que le cycle hydrologique global fonctionne bien. Mais, il n’en est
pas de même pour toutes les ressources naturelles. En effet, l’usage des ressources minérales
non énergétiques (or, argent, cuivre,…) et énergétiques (charbon, gaz, pétrole,…) conduit
nécessairement à leur disparition. Ces ressources sont qualifiées d’épuisables, même si
certaines peuvent être durables grâce à la possibilité de recyclage (or, argent). Par contre, la
forêt, les poissons ou l’eau, qui ont une capacité propre de régénération sont qualifiés de
ressources renouvelables.

I.4.1 – UTILISATION OPTIMALE DES RESSOURCES NON RENOUVELABLES

D’après Sterner (1993), le point de départ de l’analyse de l’économie des ressources


naturelles est qu’au moins quelques actifs de base de l’économie ne sont pas renouvelables.
Etant donné que ces ressources vont s’épuiser, l’objectif est de réaliser une économie
soutenable. Ce pessimisme de certains économistes tels que Malthus ou ceux qui ont rédigé le
rapport commandé par le club de Rome en 1972, n’est pas partagé par tous. En effet, pour
d’autres économistes, 1) les prix s’accroissent en cas de rareté ; 2) l’accroissement des prix
entraîne une baisse de l’utilisation de la ressource rare, ainsi que le recours aux substituts et
l’augmentation dans l’efficacité d’utilisation ; 3) l’accroissement des prix engendre
l’abondance dans la mesure où plusieurs ressources deviennent intéressantes à exploiter, le
recyclage devient profitable, la prospection augmente et des substituts synthétiques sont mis
au point. Ainsi, le débat sur l’épuisement d’une ressource se cristallise autour de la mesure de
sa rareté. C’est Harold Hotelling qui donne le premier exposé rigoureux de la théorie
économique néoclassique des ressources épuisables. Dans son article, « The Economics of
Exhaustible Resources », publié en 1931 dans The Journal of political Economy, il détermine
notamment la valeur d’un stock de ressource épuisable, l’évolution de cette valeur et le
rythme d’extraction optimal de la ressource en fonction de la structure économique en place
(concurrence, monopole, gestion centralisée).

La règle de Hotelling – Cette règle est considérée comme le principe fondamental de


l’économie des ressources épuisables. Si l’analyse que présente Hotelling de l’exploitation
d’une ressource épuisable et des conséquences de cet épuisement sur le prix de la ressource et
son rythme d’extraction est formalisée en recourant au calcul des variations, l’intuition
économique sous-jacente n’en est pas moins très simple (Rotillon, 2005). Un stock d’une
ressource épuisable peut être considéré comme un actif particulier produisant un revenu dans
le temps. L’extraction, puis la consommation d’une unité de ressource impliquent
l’impossibilité d’extraire et de consommer cette unité plus tard, puisque le stock (supposé ici
fini et connu avec exactitude) est réduit suite à cette décision. Extraire aujourd’hui entraîne
donc la perte demain, du revenu qu’aurait procuré cette unité que l’on vient d’extraire. Une
firme qui cherche à maximiser la valeur actuelle de ses profits est alors placée devant un coût

188
d’opportunité, conséquence de l’arbitrage entre extraire et vendre aujourd’hui, contre perdre
demain le revenu qu’elle aurait tiré de la ressource si elle n’avait pas été extraite.

Pour Hotelling (1931), le prix d’une ressource épuisable devrait augmenter dans le temps d’un
taux égal au taux d’actualisation. Ainsi, il y a une indifférence pour le détenteur d’une
ressource quant à disposer d’une unité de cette ressource au temps T0 au prix P0, ou au temps
Tn au prix Pn.

Or, l’objectif de cet exploitant est la maximisation des flux de recettes nettes actualisées que
lui procure cette ressource sur toute la durée de vie du gisement, sous la contrainte
d’évaluation du stock de ressource (Thiombiano, 2004). Partant de ce principe de base et de
cet objectif, Hotelling dégage un certain nombre d’hypothèses fondées à la fois sur les
théories des ressources naturelles et de la microéconomie :
- l’exploitant est un agent économique privé en situation de concurrence avec fluidité de
l’information sur toute la période d’existence de la ressource ;
- la somme de toutes les demandes est égale au stock du gisement ;
- l’exploitant a une parfaite connaissance de la réserve totale (X) du gisement à la date T ;
- le coût marginal d’extraction de la ressource est nul ou constant selon les situations ;
- le taux d’actualisation r ou de préférence pour le présent est constant et égal au taux
d’intérêt (i).

On part du principe suivant lequel le producteur rationnel cherche à maximiser la trajectoire


de ses bénéfices actualisés durant toute la vie T du gisement, sous la contrainte de stock
existant. Soit X0 le stock total des réserves, Qt la quantité extraite à chaque période et Xt le
stock à la période t.

Ainsi, le profit (π) d’une période est la différence entre les recettes (R) résultant de
l’exploitation du gisement [prix (Pt) x quantités (Qt)] et les coûts occasionnés par l’activité
d’exploitation (Ct = C) qui sont considérés comme constants.

  P(t)  Q (t) - C

En se basant sur l’objectif de maximisation sur une durée de T périodes, il en résulte que la
somme des recettes nettes actualisées de chaque période est :

T
Max V   [P(t)  Q(t) - C]  e -it dt
0

  - dX t  Q
avec X t t
dt

et X0 = stock total de la réserve à la date T0

La résolution de ce programme sous contrainte se fait par la méthode du multiplicateur λ de


Lagrange.

 
T
L[Q(t), X(t),  (t), t]   [P(t)  Q(t) - C]  e -it -  (t)  Q (t) dt
0

189
A partir de cette expression, on peut écrire le hamiltonien de ce problème :

H[Q(t), X(t),  (t), t]  [P(t)  Q(t) - C]  e -it -  (t)  Q (t)

En multipliant par e it , le hamiltonien en valeur courante associé à ce problème s’écrit alors :


~
H[Q(t), X(t),  (t), t]  P(t)  Q(t) - C -  (t)  Q (t)

avec  (t)   (t)  e it

µ est considéré comme le coût marginal d’usage du gisement, ou encore le montant dont la
valeur présente de la ressource à la date t est réduite (augmentée) quand une unité
additionnelle de l’actif naturel est prélevée (conservée). C’est un prix fictif dans la mesure où
il s’agit de donner une valeur au stock d’actif qui n’est pas encore commercialisé sur le
marché (Faucheux, 1995). Ce prix n’est pas observable dans la plupart des cas. Il peut être
déduit des prix présents et futurs, de la technologie et du stock de ressources restant. Il
correspond à une rente de rareté. Toujours selon Faucheux et Noël (1995), les conditions
nécessaires de premier ordre, en fonction du hamiltonien en valeur présente sont :

H(.)
 0  P(t )  e it   (t )  0  P(t )   (t ) (1)
Q(t)

H(.)
  - (2)
X(t)

H(.)
 0  Q(t )  X (3)
 (t)

L’équation (1) exprime la première condition de Hotelling signifiant que le prix de la


ressource est égal au coût d’usage ou à la rente de rareté. Ce qui traduit la spécificité d’une
ressource épuisable. Cette équation permet de déterminer le rythme d’exploitation de la
ressource.

En différentiant par rapport au temps l’équation :  (t)   (t)  e -it ,

on obtient :   - i   (t)  e -it    e -it  0


soit : i 
 (t)

Au regard de la relation (1) : P(t )   (t ) , suivant laquelle le prix de la ressource est constitué
du seul coût marginal d’usage dans la mesure où par hypothèse les coûts d’extraction sont
nuls ou constants, c’est-à-dire indépendants de la production, on en déduit :

P
i
P(t)

190
qui constitue la règle de Hotelling. Et de cette égalité, on trouve la formulation équivalente :

P(t )  P(0)  e it

Ainsi, sous certaines hypothèses, le prix de la ressource naturelle et donc la rente qui lui est
attachée doit croître à un taux égal au taux d’actualisation (taux d’intérêt).

I.4.2 – UTILISATION OPTIMALE DES RESSOURCES RENOUVELABLES

Dans la nature, toutes les ressources ne sont pas épuisables. Ainsi, l’énergie solaire et l’air en
sont quelques exemples. Ces deux ressources, indispensables à notre existence, sont en flux
continus et leur gestion ne pose pas de problèmes particuliers. Plusieurs autres ressources
naturelles comme les forêts, les animaux, et dans une certaine mesure l’eau derrière les
barrages sont également considérées comme renouvelables. Toutefois, la gestion de ces
ressources écologiques requiert une bonne compréhension de leur fonctionnement. Dans les
systèmes biologiques, contrairement aux modèles de croissance économique, il existe toujours
un facteur qui limite la croissance : absence de nourriture, parasites, carnivores, bactéries
favorisées par les populations denses, etc. (Thiombiano, 2004). La croissance de la population
s’écrit alors :

N(K - N)
N 
K

avec N = population
∆N = croissance de la population
K = capacité de charge

La capacité de charge d’une niche écologique représentant le nombre d’individus que le


système est en mesure de supporter de manière soutenable. Une valeur illimitée de K signifie
une croissance exponentielle.

Ainsi, le fait essentiel pour une ressource renouvelable, c’est que son stock n’est pas fixé et
peut être augmenté ou diminué. Il augmentera si le stock peut se régénérer. C’est le cas pour
des espèces simples de poissons ou pour la forêt. Cependant, il y a un stock maximum
qu’aucune ressource ne peut excéder, et qui correspond à la capacité de charge de
l’écosystème où elle est existe. Cette ressource peut en revanche décliner si son taux
d’extraction est durablement supérieur à son taux de croissance.

Modèle général d’exploitation d’une ressource renouvelable98

La variation de x(t), stock de ressources à une date t quelconque, est donnée par :

x  G( x(t)) - h(t)

98
Voir Faucheux et Noël (1995)

191
avec x(0)  x 0 , x (t)  0 , h(t)  0
où, G(x(t)) = le taux naturel de reconstitution de la ressource
et h(t) = le taux de prélèvement sur la ressource.

Le profit π ou flux de bénéfices économiques nets en t est une fonction :    [( x(t), h(t), t]


Le programme d’optimisation est alors : Max V    (t)  e -it dt
0

Sous les contraintes : x  G( x(t)) - h(t)


x(0)  x 0
0  h(t)  hMAX

Le hamiltonien de ce programme est : H[x(t), h(t),  (t), t]   (t)  e -it   (t)  [G ( x(t ))  h(t )]

Les conditions de premier ordre s’écrivent :

H(.)
 0   h  e it   (t )  0 (4)
h(t)

H(.)
  -   x  e it   (t )  G x (5)
x(t)

En termes courants, d’après la première condition (4) et en se servant de l’égalité


 (t)   (t)  e it , on obtient :  h  e it   (t)  e it  0

d’où  h   (t) (6)

De même, toujours à l’aide de l’égalité  (t)   (t)  e it , et en dérivant µ :

    e it  i   (t )  e it
    e it  i   (t)

De la deuxième condition (5), on tire :

   x  e it   (t )  Gx

d’où   [ x  e it   (t )  Gx ]  e it  i   (t)


soit   [ x  e it   (t)  e -it  Gx ]  e it  i   (t)

et donc
 
 i - x  Gx (7)
 (t )  (t )

192
A l’état stationnaire, les variables sont indépendantes du temps et   0
puisque  (t)   h (6)
l’équation (7) devient alors :

 x
G x  i (8)
 h

Cette équation (8) est l’expression standard de la règle de productivité marginale de


l’accumulation optimale du capital, dans laquelle la productivité marginale Gx est égale au
taux d’actualisation i. La présence du terme de correction  x /  h se justifie par le fait que x et
G(x) sont spécifiés en unités physiques et non en valeurs.

Par ailleurs, cette équation (8) suggère que l’effet du taux d’actualisation est grand quand Gx
est petit. Puisque Gx représente le taux de croissance marginal du stock de ressources, on en
conclut que l’effet du taux d’actualisation reste particulièrement fort sur les espèces à faible
taux de croissance (les effets du terme  x /  h devant aussi être pris en compte).

G(x) étant le taux naturel de reconstitution de la ressource, on retrouve le modèle de base des
ressources épuisables et la règle de Hotelling, dans le cas où G(x) = 0.

Toutefois, le modèle général ci-dessus, qui repose sur une ressource isolée et un seul
utilisateur, n’est pas réaliste. Pour une application de ce modèle général de gestion d’une
ressource renouvelable aux populations de poissons et à la forêt, voir Faucheux et Noël
(1995).

En ce qui concerne l’eau retenue derrière les barrages et utilisée pour produire
l’hydroélectricité, elle peut être considérée à la fois comme une ressource épuisable et une
ressource renouvelable. Elle est épuisable car une fois qu’elle a transité dans les turbines et
s’est retrouvée en aval, elle ne peut plus être utilisée en amont pour produire l’électricité (sauf
dans les stations de pompage). Cette eau peut aussi être considérée comme renouvelable, car
même si elle ne peut se régénérer comme les poissons ou les arbres, grâce à son cycle
hydrologique, l’approvisionnement en eau des barrages est presque toujours assuré (sauf en
saison sèche). Pour une présentation complète de modèle hydroélectrique permettant de savoir
quelle quantité d’eau utilisée afin de maximiser les profits, voir Edwards (2003).

SECTION II – LES PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DE


L’HYDROELECTRICITE

La classification administrative en pico, micro, mini, petite et grande hydroélectricité ne


constitue pas une limite pertinente en termes de type d’impact des installations. Une grande
partie des études porte sur la grande hydraulique ou ne fait pas de distinction entre grande et
petite hydroélectricité. Il est donc souvent difficile, en pratique, de limiter précisément le
propos à l’une ou à l’autre. Cela ne signifie pas pour autant que les impacts soient identiques

193
ou transposables. Cependant, on reconnait à l’hydroélectricité d’une manière générale un
certain nombre de caractères globaux positifs et négatifs.

II.1 – Les atouts de l’hydroélectricité

L’un des avantages décisifs d’une telle méthode de production d’énergie est de pouvoir
disposer d’une source renouvelable, en l’occurrence l’eau. L’électricité étant produite pour
être consommée instantanément, cette méthode permet en outre de maîtriser la quantité
d’énergie produite en modulant le débit de la chute d’eau artificielle. Et quand ce débit peut
s’avérer insuffisant, il existe les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) qui
puisent aux heures creuses de l’eau dans un bassin inférieur afin de remplir une retenue en
amont (lac de retenue). L’eau est ensuite turbinée aux heures pleines pour fournir de
l’électricité. Ces STEP permettent donc d’optimiser de façon très fine la production en
fonction des pics de la demande, à l’échelle journalière ou saisonnière. Ces installations
hydroélectriques ne pouvant être remplacées ni par l’éolien ni par le solaire, constituent en
conséquence un appoint solide aux productions de type « ruban », comme le nucléaire et la
géothermie qui sont conçues pour fonctionner au maximum, sans souplesse. Seules les
centrales thermiques sont susceptibles de fournir ce complément, mais avec les effets
environnementaux que l’on connait et les difficultés d’approvisionnement en combustibles
qui peuvent exister.

Ceci nous conduit à l’autre avantage et non des moindres, celui garantissant le
fonctionnement des systèmes hydrauliques de façon totalement indépendante du pétrole et de
son marché. Par ailleurs, les installations hydroélectriques ont une durée de vie plus longue
que la plupart des autres types d’installations de production d’énergie, et sont de plus en plus
peu coûteuses. L’hydroélectricité peut ainsi être une énergie très économique pour des pays
ayant des dispositions naturelles favorables, bien moins chères que le nucléaire ou le
thermique. Mais cela n’est vrai que dans des bassins versants à géologie favorable, lorsque les
roches tendres ne dominent pas le haut bassin, car la rétention des sédiments peut réduire
considérablement la durée de vie et la rentabilité de l’ouvrage (Bonin, 2007).

En ce qui concerne précisément les microcentrales hydroélectriques, les avantages sont


principalement la fiabilité et la flexibilité de l’exploitation. Ces qualités permettent des
démarrages et arrêts instantanés en réponse aux fluctuations rapides de la demande. Ces centrales
s’adaptent aussi mieux aux besoins finaux sous réserve de la disponibilité en eau. Elles ont une
longue durée de vie et la durée de vie du génie civil bien que limitée, atteint facilement le siècle
sans maintenance excessive. L’optimisation des équipements électromécaniques n’est pas toujours
nécessaire. La technologie est connue et disponible, d’implémentation facile, limitant ainsi la
phase de construction entre quelques mois et deux ans. Les éléments du système (alternateur,
régulateur, circuit de contrôle, batterie de stockage éventuellement) ne sont pas spécifiques au
secteur hydroélectrique et sont par conséquent produits en masse et souvent même disponibles sur
le marché d’occasion. Tout cela contribue à la réduction des coûts d’investissement. En plus, les
coûts d’exploitation sont faibles en raison de la non utilisation de combustibles et de la réduction
du personnel si l’on compare aux besoins d’une centrale thermique de même taille (Tchouate,
2003)

194
Par ailleurs, pratiquement tous les grands barrages ont d’autres fonctions. La production
d’électricité n’apparaît alors que comme un moyen de rentabiliser un investissement qui sert des
usages à plus long terme ou à plus large diffusion : l’irrigation agricole, plus rarement ou plus
difficilement la navigation, la protection contre les crues (donc l’urbanisation ou la mise en valeur
agricole en aval), le soutien d’étiage pour le sport d’eau vive ou – ce dont on entend parler
seulement depuis quelques années - pour la santé hydro-écologique des écosystèmes fluviaux et
riverains (Bonin, 2007). C’est ainsi que l’installation d’une centrale hydroélectrique dans les
zones rurales isolées favorise le développement de l’agriculture par la mise à disposition
d’énergie aux stations de pompage. De cette manière, cette implantation contribue à
l’accroissement des surfaces irriguées et à l’augmentation des productions agricoles. Un autre
impact positif de l’aménagement hydroélectrique en milieu rural est l’approvisionnement en
eau potable, qui peut être combiné à la production d’électricité.

Pour les opérateurs économiques, comme pour les analystes et décideurs politiques, ces
éléments positifs font de l’hydroélectricité, du point de vue tant technique qu’économique,
une énergie renouvelable et durable. Elle peut permettre d’assurer à des pays disposant d’un
potentiel conséquent, une indépendance énergétique. Toutefois, la production de
l’hydroélectricité est une œuvre qui, de par la construction de barrages, présente un certain
nombre d’impacts négatifs principalement environnementaux et sociaux.

II.2 – Les défauts de l’hydroélectricité

Les principaux inconvénients écologiques des centrales hydrauliques proviennent de la


construction de la retenue qui modifie complètement la faune et la flore en amont de la
centrale. Les modifications du débit du cours d'eau en aval de la centrale perturbent aussi
l'écosystème aquatique. Ainsi, la production de l’hydroélectricité qui nécessite la réalisation
des barrages, fragilise la viabilité de bien d’espèces aquatiques et terrestres. On peut aussi
citer le déplacement involontaire des populations et la destruction des terres exploitables pour
l’agriculture. Par ailleurs, les émissions des gaz à effet de serre résultant des projets
hydroélectriques ne sont pas aussi insignifiantes qu’on aime le croire.

Ce n’est donc pas du point de vue énergétique et économique que des reproches sont faits à
l’hydroélectricité. En fait, elle hérite des critiques qui ont été adressées dès les années 1960
aux grands barrages, du point de vue environnemental, du point de vue social et concernant le
processus de décision conduisant à ces aménagements (Bonin, 2007).

Le thème des grands barrages est devenu un sujet explosif depuis près de vingt ans, et les
chiffres abondent, plus ou moins vérifiables, plus ou moins différentes, mais qui tous
s’accordent sur l’ampleur de la question environnementale. C’est ainsi que la Commission
Mondiale des Barrages (CMB) dans son Rapport final du 16 novembre 2000 intitulé
« Barrages et Développement »99, estime que les grands barrages fournissent non seulement
un cinquième de l’électricité mondiale, mais aussi un sixième de la nourriture globale dans
plus de 140 pays. Les grands barrages fournissent de l’eau domestique et industrielle ainsi que
des services de contrôle de l’inondation dans plus de 70 pays. Toutefois, cette commission
reconnaît aussi que les grands barrages ont mené à la dégradation de forêts et d’habitats de la

99
Dams and development – A new framework for decision-making, The report of the World Commission on
Dams, November 2000

195
faune, de la biodiversité aquatique pour la pêche, en amont et en aval. La présence d’une
centrale sur un cours d’eau peut ainsi entraver le mouvement des poissons et leur de cycle de
reproduction. En outre, l’augmentation de la température de l’eau et la diminution de
l’oxygène dans l’eau autour du barrage ne sont pas favorables à la vie aquatique. De plus,
l’aménagement de la centrale peut entraîner la destruction des arbres dans l’environnement,
qui à son tour entraîne des érosions. Et finalement, la CMB reconnaît que les efforts pour
contrecarrer l’impact des grands barrages sur l’écosystème n’ont eu qu’un succès limité.

Les barrages sont donc reconnus comme « une agression majeure à l’environnement et,
particulièrement, aux écosystèmes aquatiques »100. Les impacts environnementaux sont
d’abord liés au passage d’un milieu d’eau vive à un milieu d’eau morte. Cette transformation
d’un milieu « lotique » en un milieu « lentique » entraîne des modifications profondes de la
flore et de la faune, variables selon les sites et selon les climats, mais qui ne sont pas toujours
bien maîtrisées. On assiste dans certains cas à une perte de biodiversité, mais parfois à la
création de nouveaux écosystèmes riches en biodiversité. Ces modifications se font alors
ressentir à l’échelle du bassin versant voir plus largement, pour les poissons migrateurs
notamment dont les migrations sont alors interrompues ou très affectées.

En outre, des recherches sur les émissions des gaz à effet de serre des retenues artificielles
montrent qu’elles peuvent être très élevées et proches des émissions de centrales thermiques
de production électrique équivalente (Guérin, 2006). Mais le consensus est loin d’être acquis
parmi les chercheurs. C’est ainsi que Jim Giles dans un article paru dans Courrier
International101, évoque le débat entre Philip Fearnside, écologue brésilien, et Luiz Pinguelli
Rosa, un autre universitaire brésilien. Dans le cadre de son travail, qui se fonde
principalement sur des calculs théoriques, Fearnside montre qu’un barrage type en zone
tropicale émettra pendant les dix premières années de son fonctionnement quatre fois plus de
dioxyde de carbone qu’une centrale à combustible fossile de puissance équivalente. Rosa et
ses collègues de l’université fédérale de Rio de Janeiro quant à eux, l’accuse d’exagérer les
quantités de gaz à effet de serre émises par les lacs de retenue. Ils lui reprochent en particulier
d’avoir extrapolé à partir des mesures prises au barrage de Petit-Saut, en Guyane française,
dans les années qui ont immédiatement suivi sa mise en eau, c’est-à-dire au moment où la
quantité de biomasse submergée était la plus importante. La discussion entre les deux camps,
qui dure déjà depuis plusieurs années n’a en ce moment pas encore débouché sur une
conclusion. Des regards se tournent vers le Groupe intergouvernemental d’experts sur
l’évolution du climat (GIEC) afin qu’il élabore un rapport spécial sur ce sujet. Mais en
attendant d’aucuns remettent déjà en cause le mécanisme de développement propre inclus
dans le protocole de Kyoto, qui permet aux pays développés de financer des projets d’énergie
propre dans les pays en voie de développement en échange de crédits d’émissions de gaz à
effet de serre. En fait, dans les zones tropicales comme au Brésil ou au Cameroun, la
décomposition de la flore abondante dans l’eau tiède des bassins de retenue provoque
d’importants dégagements de méthane et de dioxyde de carbone.

Toujours dans son rapport du 16 novembre 2000, la CMB fait état d’un certain nombre
d’impacts sociaux négatifs. Le premier problème mis en évidence est celui des populations
déplacées, mal réinstallées, appauvries, ayant perdu leurs moyens de subsistance sans en
retrouver de nouveaux. Les évaluations suggèrent que, dans le monde entier, entre 40 et 80
millions de personnes ont été déplacées par des barrages, qui ont interrompu le cours de la

100
Ibid.
101
J. Giles, « Les barrages plus polluants que les centrales à charbon », Courrier International N° 842-843 du 21
décembre 2006 – 3 janvier 2007

196
moitié des fleuves. Par ailleurs, le mode de vie de beaucoup d’habitants en aval a été
affecté102. En effet, ces impacts concernent aussi les moyens de subsistance et la productivité
future des ressources naturelles dont vivent des millions de personnes en aval des barrages
(agriculture alluviale, zones de pêche). Ces moyens de subsistance ont parfois été compromis
alors même que souvent un des objectifs des projets était de les renforcer. La mise en œuvre
du barrage de Manantali en 1987 en est une illustration flagrante103. Tout a commencé en
1972 quand les gouvernements du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal ont créé
l’Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal (OMVS) afin de favoriser
l’irrigation, la production d’électricité et la navigation dans la vallée du Sénégal. Sous les
auspices de l’OMVS, la construction du barrage de Manantali a commencé en 1981. Le but
était d’irriguer une aire de 3 750 km2, de produire l’hydroélectricité et de permettre la
navigation entre les villes de Saint-Louis au Sénégal et Kayes au Mali. Le moins qu’on puisse
dire c’est que ce projet a connu de multiples péripéties. Des tensions politiques et militaires
entre la Mauritanie et le Sénégal, nourries grandement par les impacts du barrage de
Manantali, ont paralysé l’OMVS et affecté considérablement le projet. Au développement de
maladies parasitaires de l’homme et du bétail (par exemple la bilharziose) liées à l’eau
stagnante, se sont ajoutées les difficultés de la mise en œuvre du plan d’irrigation prévu, sans
compter des évènements malheureux comme une vidange intempestive en 1994, sans
information des paysans à l’aval, qui a ruiné les semailles qui venaient d’être faites.

De tels soucis ont conduit à la mise en place de programmes pour corriger les impacts des
barrages comme le Programme d’Atténuation et de Suivi des Impacts sur l’Environnement
(PASIE) sous les auspices de la Banque mondiale et la Commission Malienne pour le
Développement du Textile, ou le Programme d’Optimisation pour la Gestion des Réservoirs
de l’OMVS (POGR).

Le bilan des barrages pointe aussi la perte du patrimoine culturel (sites, monuments sacrés ou
mémoriels), et du patrimoine naturel (réduction des zones humides, de zones boisées, de
biodiversité). Ces désagréments sont de plus en général supportés par des populations
vulnérables, minorités ethniques, ou populations autochtones déjà en difficulté économique :
les grands barrages sont ainsi un objet privilégié des discours sur la justice environnementale
et la dette écologique (Bonin, 2007).

Ces impacts sociaux et environnementaux, mesurables, sont aujourd’hui reconnus par les
instances internationales, et intégrés dans des modèles d’aide à la décision, comme le modèle
IRR (Impoverishment Risks and Reconstruction). Ce modèle développé par Michael Cernea
et promu par la Banque mondiale, est un outil analytique, diagnostique, prédictif et de
planification des impacts induits par des projets provoquant des déplacements de population
comme les constructions hydrauliques. Toutefois, cela ne garantit pas que ces impacts soient
toujours mieux pris en compte. Mais en toute rigueur, ces effets mesurables peuvent être
affrontés puisque des politiques de prévention, de formation et d’anticipation fournissent les
moyens de les réduire.

Pourtant, les détracteurs des barrages, comme le réseau associatif International River,
notamment dans leur projet River Revival, mettent en avant une acception plus large des
impacts négatifs, qui bien que moins mesurables, sont tout aussi « absolus ». La première idée
est que l’atteinte à des milieux naturels comme les rivières est en elle-même un danger.

102
Dams and development – A new framework for decision-making, op. cit.
103
Cf. « A case study on the Manantali dam project (Mali, Mauritania, senegal) », P. Bosshard, Berne
Declaration, 1999

197
Beaucoup de rivières sont aujourd’hui largement « artificialisées » et celles qui ne le sont pas
doivent être absolument préservées. C’est une vision planétaire, d’une Terre comme « monde
fini », qui va avec un courant écologique prônant la préservation et la sanctuarisation de la
nature. La deuxième idée est que les grands barrages n’affectent pas seulement les sociétés
locales sur le plan socio-économique, mais qu’il s’agit d’une affaire de mémoire, de culture,
d’impacts symboliques, paysagers en son sens philosophique. C’est le milieu de vie qui est
perdu, et qui condamne la société locale. C’est notamment en raison de cela que ces
associations écologistes luttent avec les représentants d’autochtones afin d’exiger la
reconnaissance économique (traduite par des indemnisations) des droits de ces populations sur
leurs ressources territoriales (pêche, eau).

Malgré ses conséquences, principalement sociales et environnementales, l’hydroélectricité


représente du point de vue économique un enjeu non négligeable. Même si elle souffre
généralement d’une durée de retour sur investissement assez longue, elle constitue d’après la
Commission Mondiale des Barrages (CMB) un marché annuel pour les équipementiers de
plus de 40 milliards de dollars. Tous ces éléments montrent donc que l’hydroélectricité a
encore un bel avenir, peut-être pas dans des pays déjà bien équipés et/ou qui ne connaissent
pas la pénurie d’énergie et/ou d’eau. Mais pour les pays encore dotés d’un potentiel peu
exploité, et qui poursuivent des objectifs de développement industriel ou simplement font face
à des accroissements démographiques nécessitant conjointement régulation de l’eau et
l’énergie (Brésil, Chine, Inde sont trois géants qui cumulent ces différentes motivations),
l’énergie hydraulique revêt une importance considérable.

Dans cette perspective, le Cameroun apparaît comme un pays où l’hydroélectricité est vouée a
un bel avenir. Dans la section suivante, nous examinerons les possibilités de développement et
de consolidation de cette filière dans la mise en œuvre d’un développement énergétique
durable au Cameroun.

SECTION III – LE CAMEROUN, UN PAYS OU L’HYDROELECTRICITE EST


VOUEE A UN BEL AVENIR

III.1 – Le potentiel hydroélectrique du pays

Le Cameroun fait certainement partie des pays africains les plus riches en ressources en eau.
Le réseau hydrographique est dense mais inégalement réparti sur le territoire national. En
effet, près de 72% des ressources sont situées dans la partie méridionale du pays. Les
ressources en eau souterraines sont estimées à environ 120 milliards de m3, et les ressources
en eau renouvelables globales, à 285 km3/an. Au Cameroun, la consommation énergétique est
dominée à plus de 60% par l’énergie traditionnelle, principalement le bois de chauffe et les
résidus forestiers. L’électricité représente environ 14% de la consommation énergétique totale
(Rapport national d’investissement, 2008). L’approvisionnement en électricité est
essentiellement d’origine hydraulique et est assuré par les trois principales centrales
hydroélectriques que sont Edéa, Song Loulou et Lagdo. Toutefois, la production actuelle de
toutes les centrales hydroélectriques du pays ne représente que seulement 5 à 6 % du potentiel
brut annuel qui s’élève à près de 294 TWh (Arsel, 2005a).

198
L’inventaire et l’évaluation du potentiel des sites susceptibles d’être équipés en centrales,
petites centrales hydroélectriques au Cameroun, ne sont que partiels et mériteraient d’être
poursuivis. Le rapport intitulé « Etude de pico-centrales hydroélectriques », paru en mai 2000,
et remis au Ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie, dénombre 21 sites à travers 8
régions du pays. Le Rapport de la cinquième commission mixte Chine-Cameroun, tenue du 14
au 19 juin 2000 à Beijing, quant à lui relève 26 sites. La caractérisation des sites recensés a
été effectuée grâce à la documentation hydrologique et géologique de l’Institut pour la
Recherche et le Développement (IRD) et l’Institut de Recherche Géologique et Minière
(IRGM). En Annexe 3, le tableau A.6 détaille le potentiel des sites hydroélectriques identifiés.
Les données proviennent de Kenfack (2002) et les calculs présupposent que le tiers des
apports moyens annuels en eau est turbiné pour la production d’électricité. Ainsi, il viendrait
un potentiel garanti de 71 TWh pour une puissance garantie de 8154 MW. Ce tableau contient
19 sites exploitables en petites centrales (puissance garantie inférieure à 10 MW) totalisant
une puissance garantie de 111 MW et un productible de 972 GWh.

Les données concernant les microcentrales sont aussi incomplètes. Pour certains sites
identifiés dans les documents et rapports, le cours d’eau n’est pas mentionné, notamment dans
les régions de l’Est et du Nord-Ouest. Dès lors, aucune information ne permet de déterminer
les puissances exploitables, mais on dénombre 74 sites (en Annexe 3, voir le tableau A.7 :
localisation des sites exploitables en microcentrales). Seules des visites de reconnaissance ou
des cartes plus précises sont capables de fournir le complément d’information souhaitable.
Dans l’impossibilité de réaliser nous-mêmes ces enquêtes dans le cadre de ce travail, nous
nous limiterons à l’analyse des études et rapports existants.

En résumé, les données disponibles permettent d’identifier 101 sites potentiels pour les
centrales et 74 pour les microcentrales hydroélectriques (tableaux A.6 et A.7 en Annexe 3).
Le tableau récapitulatif (tableau 6.3) en donne la répartition géographique. Les aménagements
sur le fleuve Sanaga ont été regroupés en un seul site.

Tableau 6.3 : Répartition des sites hydroélectriques au Cameroun

Régions Microcentrales Centrales Total


Adamaoua 13 14 27
Centre 8 24 32
Est 6 6 12
Extrême-Nord 0 0 0
Littoral 3 11 14
Nord 0 4 4
Nord-Ouest 8 8 16
Ouest 7 6 13
Sud 14 8 22
Sud-Ouest 15 8 23
Total 74 89 163
Source : Kenfack J., Lejeune A.G.H., Tamo Tatietse T., Ngundam J., Fogue M., Inventaire des sites
hydroélectriques du Cameroun, EREC 2002, Yaoundé, Cameroun

199
Les bassins et sites équipables

La majorité du potentiel hydroélectrique du Cameroun se situe dans le bassin de la Sanaga,


tant en terme de production que de régulation. Les deux principales centrales hydroélectriques
du pays (Song Loulou et Edéa) se trouvent sur le fleuve Sanaga, régularisé en amont par trois
barrages-réservoirs. L’aménagement du barrage-réservoir de Lom Pangar, permettra d’une
part d’ajuster le débit de la Sanaga pour garantir un meilleur approvisionnement des centrales
existantes, et d’autre part la construction par la Compagnie d’Aluminium du Cameroun
(Alucam) d’une nouvelle centrale hydroélectrique à Nachtigal afin d’assurer le triplement de
la capacité de production de son usine d’Edéa. Le potentiel de production du bassin de la
Sanaga est donc très important. D’ailleurs, plusieurs autres ouvrages peuvent y être implantés,
parmi lesquels le suréquipement de Kikot, Song Mbengué ou Song Ndong.

Le Nyong et le Ntem sont les principaux fleuves qui constituent les bassins du Sud-Ouest,
caractérisés par des sites de production intéressants mais dont les possibilités de régulation
sont limitées. Ces bassins ont également l’avantage d’être situés dans une zone soumise à une
double saison des pluies ; ils peuvent alors apporter une complémentarité intéressante aux
ouvrages situés plus au Nord, surtout en début de saison des pluies. L’aménagement
hydroélectrique de Memvé Elé sur le Ntem, qui est un ouvrage de type « fil de l’eau » et dont
une étude de faisabilité a déjà été faite, a pour principal intérêt la possibilité d’un
développement du Réseau Interconnecté du Sud (RIS) vers le Sud du pays avec des
interconnexions possibles avec le Gabon et la Guinée Equatoriale.

Les Bassins de l’Ouest sont généralement de petites dimensions, mais la forte pluviométrie
qui les caractérise leur confère une hydraulicité très intéressante. Le relief montagneux de la
région Ouest du Cameroun est également propice à la valorisation des volumes d’eau
ruisselés.

Les bassins du Nord proposent un potentiel décentralisé valable, mais soumis à la plus forte
variabilité inter annuelle de la pluviométrie des régions sahéliennes. L’aménagement
hydroélectrique de Lagdo situé sur le fleuve Bénoué est un ouvrage à but multiple qui a pour
vocation de garantir la production d’électricité du Nord du pays, mais aussi de protéger contre
les crues la ville de Garoua, d’assurer la navigation fluviale, de développer les activités
agricoles et piscicoles, etc.

Les bassins de l’Est présentent quelques sites intéressants, mais qui sont très éloignés des
centres de consommation. La Boumba, la Kadei et surtout le Dja sont des fleuves qui
possèdent un potentiel non négligeable. Le tableau 6.4 récapitule le potentiel hydroélectrique
du Cameroun.

Tableau 6.4 : Potentiel hydroélectrique du Cameroun

Répartition du potentiel hydroélectrique du Cameroun par bassin (inventaire de 1983)

BASSINS UNITES POTENTIEL POTENTIEL


HYDROGRAPHIQUES SAUVAGE EQUIPABLE
(TWh) (TWh)
SANAGA SANAGA 162 72
SUD-OUEST NYONG 17 7

200
NTEM 22 8
AUTRES BASSINS 8 3
TOTAL SUD-OUEST 47 18
OUEST WOURI 10 5
KATSINA 9 5
MANYU MUNAYA 6 2
AUTRES BASSINS OUEST 7 2
TOTAL OUEST 32 13
EST DJA 13 4
BOUMBA 8 2
KADEI 5 1
AUTRES BASSINS EST 2 1
TOTAL EST 28 7
NORD BENOUE FARO 14 2
VINA DU NORD MBERE 10 2
AUTRES BASSINS NORD 1
TOTAL NORD 25 4
TOTAL GENERAL 294 115
Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006b

Le tableau 6.5 suivant donne les puissances équipables dans les différents bassins, selon une
identification des sites de production et des sites de régularisation basée sur l’inventaire
exhaustif réalisé en 1983 par EDF et l’ex Société nationale d’électricité (SONEL).

Tableau 6.5 : Puissances équipables du Cameroun

EST
du NORD

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006b

Le Cameroun partage aussi d’importants bassins hydrographiques avec d’autres pays, c’est le
cas des bassins du Congo, du Niger, du Lac Tchad et du bassin de l’Atlantique. La figure 6.5
présente les principaux bassins hydrologiques du Cameroun.

201
Figure 6.5 : Carte des principaux bassins hydrologiques du Cameroun

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006a

202
III.2 – Les perspectives de développement et d’exportation de l’hydroélectricité

En dépit des multiples préoccupations sur le développement de l’hydroélectricité, des


initiatives majeures, incluant le Sommet Mondial sur le Développement Durable de
Johannesburg (2002), le troisième Forum Mondial de l'Eau à Kyoto (2003), la Commission
Mondiale des Barrages, et le Programme sur les Barrages et le Développement du PNUE ont
réaffirmé l'engagement de nombreux gouvernements et institutions internationales en faveur
du développement hydroélectrique, mais d'une manière qui intègre complètement les
préoccupations environnementales modernes.

Au Cameroun, le Plan de Développement à long terme du Secteur de l’Electricité Horizon


2030 (PDSE 2030), qui se veut être un outil de planification dynamique, participe à la volonté
du Gouvernement de développer un programme d’action efficace de lutte contre la pauvreté,
en replaçant la question de l’accès aux services énergétiques de base au centre du
développement économique et social. Selon le cahier des charges, le PDSE doit traduire la
volonté des autorités camerounaises de valoriser de manière optimale le fort potentiel
hydroélectrique du Cameroun, notamment dans la perspective d’intégration régionale et
d’opportunités d’exportation vers d’autres pays. En effet, des possibilités d’interconnexion
« directe » avec les pays voisins existent. Elle peut être de faible capacité comme avec la
Guinée Equatoriale ou incluant de forte puissance comme avec le Nigeria, et concerner les
localités décentralisées frontalières ou non. Le tableau 6.6 présente les prévisions
d’exportation d’électricité retenues dans le PDSE.

Tableau 6.6 : Prévisions d’exportation entre 2015 et 2030

Source : IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c

203
Le Plan d’Action Nationale Energie pour la Réduction de la Pauvreté
(PANERP)

Afin de trouver une dimension énergie à la réduction de la pauvreté, notamment en milieu


rural, le Gouvernement a élaboré un Plan d’Action Nationale Energie pour la Réduction de la
Pauvreté (PANERP), ouvert au financement de tous les bailleurs de fonds ainsi qu’aux
contributions de la société civile. Publié en décembre 2005, le PANERP vise à impulser une
dynamique nouvelle à la lutte contre la pauvreté par l’amélioration de l’accès aux services
énergétiques modernes dans les secteurs prioritaires. Conçu et élaboré suivant une approche
participative systématique ayant associé tous les acteurs nationaux (autorités administratives
locales, responsables sectoriels, ONG, organisations paysannes, opérateurs économiques,
société civile) de même que les partenaires extérieurs du développement, le PANERP traduit
résolument les aspirations profondes des populations, en particulier du monde rural dans leur
quête quotidienne de bien-être, d’amélioration du cadre de vie et de la productivité.

Intégré au Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), le PANERP


comprend quatre composantes, à savoir : i) l’élaboration des études et outils de planification
des services énergétiques ; ii) le renforcement des capacités énergétiques dans les secteurs
prioritaires ; iii) le développement de l’offre des services énergétiques ; et iv) la coordination
inter sectorielle et la gestion. Pour la première période quinquennale (2005-2010), le
PANERP visait l’approvisionnement en services énergétiques de 1 153 structures éducatives
(écoles primaires, lycées et collèges), 110 collèges et lycées d’enseignement technique, 923
centres de santé et 191 adductions d’eau potable, pour un coût total estimé à près de 29,7
milliards de francs CFA (Rapport national d’investissement Cameroun, 2008).

La réalisation de plusieurs composantes a démarré, notamment : i) un programme d’assistance


technique et de soutien aux PME du secteur de l’énergie avec un financement de 1,10 millions
d’US$ de la Banque mondiale ; ii) un programme d’électrification de la frontière Cameroun-
Nigeria avec un financement de 5,3 millions d’€ du Fonds d’Aide au Développement de
l’Espagne ; et iii) un programme d’électrification rurale dans quatre provinces avec un
financement de 10 millions d’US$ de la BID. Sur la période 2006-2016, le PANERP propose
ainsi la réalisation d’un programme d’investissement de l’ordre de 116 milliards de FCFA. Ce
Plan est désormais l’outil de référence pour le Gouvernement et les principaux partenaires au
développement pour l’amélioration de l’accès des populations des zones rurales et
périurbaines aux services énergétiques (en particulier à l’électricité) en adéquation avec la
réduction de la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD).

Dans ce rapport, des axes stratégiques d’accès aux services énergétiques ont été proposés avec
des objectifs spécifiques à atteindre sur une période de dix ans, comme par exemple diminuer
l’usage du bois de feu, étendre le réseau d’éclairage dans les centres secondaires et les
villages, identifier et mettre en valeur des sites de mini centrales hydroélectriques, intensifier
la desserte électrique, réduire la facture énergétique des ménages et des institutions, etc. Les
résultats attendus de ces objectifs et indicateurs mesurables sont une forte croissance du taux
d’accès aux services énergétiques de base avec un impact direct sur l’atteinte des OMD (IDC-
EDF-SOGREAH-BDS, 2006c).

204
Le Plan Directeur d’Electrification Rurale (PDER)

Etat des lieux en 2004, au moment du lancement du PDER

D’après les données du dernier recensement général de la population réalisé en 1987, le


Cameroun compte un total de 13 104 localités. La population totale en 2004 était estimée à
16,5 millions d’habitants pour environ 3,2 millions de ménages. Seulement 2 111 localités
étaient électrifiées dont : 58 Chefs lieux de Département sur 58, 188 Chefs lieux
d’arrondissement sur 270, 13 Chefs lieux de district sur 54 et 1 852 villages. En 2004, le pays
comptait environ 455 000 abonnés desservis par le concessionnaire du service public dont
environ 65 000 en zones rurales. Le taux d’accès en zone rurale était évalué à environ 10% et
à 45% en zone urbaine. Ainsi, le pays comptait plus de 10 000 localités non électrifiées parmi
lesquelles 103 Chefs lieux d’unités administratives et près de 80 localités totalisant plus de
10 000 habitants. Pour remédier à cette situation, le Gouvernement a élaboré le PDER à partir
duquel ont été préparés plusieurs programmes d’électrification rurale dont le financement est
ouvert aux bailleurs de fonds (IDC-EDF-SOGREAH-BDS, 2006c). Ce sont :

Le programme prioritaire n°1 (2005 – 2009) qui portait sur l’approvisionnement en énergie
électrique de 567 localités (90 Chefs lieux d’unités administratives, 454 villages intérieurs et
23 villages frontaliers) avec près de 72 000 abonnés sur une période de 5 ans. La population
cible était estimée à 1,1 millions d’habitants et le coût total du programme hors taxes évalué à
51,2 milliards de francs CFA.

Le programme d’électrification rurale n°2 porte sur l’approvisionnement en électricité de 32


localités rurales réparties dans les régions du Centre, du Nord, du Nord-Ouest et du Sud-
Ouest. Son objectif principal est de développer un réseau structurant d’ossature (lignes
moyenne tension) à partir duquel pourrait se développer l’électrification rurale par de petites
antennes simples à faible coût. Il permettra de raccorder près de 7 000 abonnés sur une
population cible de 77 500 habitants. Son coût total hors taxes, pour une période de 36 mois,
est évalué à 5,2 milliards de francs CFA.

Le programme d’électrification rurale n°3 porte sur l’approvisionnement en électricité de 50


localités et unités administratives situées le long de la frontière Cameroun – Nigeria. Les
régions concernées sont le Sud-Ouest, le Nord-Ouest, l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême
Nord. Le coût total du projet hors taxes est estimé à 6,5 milliards de francs CFA sur une
période de 36 mois.

Le programme d’électrification rurale n°4 porte sur l’approvisionnement en électricité des


régions rurales isolées par le développement de micro/mini centrales hydroélectriques. Les
sites envisagés sont : Mbangmbéré, Gandoua et Mayo Djinga pour la région de l’Adamaoua ;
Ndokayo pour la région de l’Est (frontière avec la République Centrafricaine) ; Idenau et Baï
pour la région Ouest du Mont Cameroun ; et le site de Deuk Ngoro pour la région isolée du
Grand Mbam. Le coût du programme sur une période de 5 ans est évalué à près de 25
milliards de francs CFA.

Ces différents programmes sont et seront intégralement financés dans le cadre du PANERP
dans un schéma de subvention incitative. Ainsi, le PDER est associé au PANERP et
l’ensemble est complémentaire au Plan de Développement à long terme du Secteur de
l’Electricité Horizon 2030 (PDSE 2030).

205
III.3 – Les barrières au développement de l’hydroélectricité au Cameroun

Comme examinés précédemment, la production de l’hydroélectricité requiert la réalisation de


barrages hydrauliques qui engendrent un certain nombre d’impacts négatifs principalement
environnementaux et sociaux. Ainsi, la construction de la retenue d’eau perturbe l’écosystème
aquatique et fragilise la viabilité de biens d’espèces aquatiques et terrestres. Cette
implantation peut aussi provoquer la destruction des terres exploitables pour l’agriculture, la
perte des moyens de subsistance et de productivité des ressources naturelles dont vivent des
milliers de personnes, leur déplacement involontaire, et la disparition du patrimoine culturel et
spirituel (sites, monuments sacrés ou mémoriels) auquel ces populations peuvent être
attachées. Au Cameroun, tout cela peut constituer un véritable frein au développement des
ouvrages hydrauliques.

Du point de vue économique, l’hydroélectricité représente un enjeu important, même si elle


souffre généralement d’une durée de retour sur investissement assez longue. Un des facteurs
limitant l’attractivité de certains projets hydroélectriques au Cameroun est le faible niveau de
suivi hydrologique. L’hydrologie est un élément déterminant pour l’évaluation du potentiel
hydroélectrique. Toutefois, on constate depuis la fin des années 1980 un déficit croissant du
suivi hydrologique du Cameroun. Les sites faisant l’objet d’un suivi journalier par le
concessionnaire privé d’électricité AES-SONEL, sont limités au strict minimum. Dans un
contexte de changements climatiques avérés, cette absence de données ne pourra que limiter
l’enthousiasme des investisseurs pour des projets hydroélectriques au Cameroun, du fait des
fortes incertitudes quant au productible garanti. Cela est particulièrement vrai pour les projets
d’aménagements au fil de l’eau ne bénéficiant pas d’aménagement de régulation amont, tel
que la centrale hydroélectrique de Memvé Elé.

Pour les opérateurs économiques, l’insuffisance du niveau de suivi hydrologique peut aussi
entraîner des risques de surcoûts lors de la réalisation des ouvrages. En effet, les incertitudes
sur les paramètres de base d’un ouvrage hydroélectrique se traduisent quasi-systématiquement
par des surcoûts lors de la phase d’exécution (surdimensionnement des évacuateurs de crue,
des canaux de restitution, etc. Voir l’analyse économique de l’étude de cas dans la section IV
suivante). Il pourrait également avoir un accroissement des risques en terme de sécurité des
nouveaux barrages, dans le cas où le déficit de données hydrologiques se sera traduit par une
sous-estimation de la crue du projet. En outre, une méconnaissance de l’hydrologie des
bassins versants intermédiaires se traduit par une gestion peu efficace des retenues de
régulation.

Pour remédier à cette situation, un programme de réhabilitation et de développement des


stations hydrologiques est inclus dans le PDSE 2030 ; sa mise en place rapide est
indispensable pour répondre aux ambitions du pays.

En dehors des risques dans l’irrégularité des données qui engendre des différences en termes
de production d’électricité chaque année, le Cameroun doit également faire face aux autres
risques inhérents aux projets hydroélectriques, à savoir : la variabilité des coûts de
construction et de vente de l’électricité ; le manque de visibilité sur le long terme ; et des
risques dans l’exploitation même de l’aménagement où l’on peut rencontrer des difficultés
majeures (foudre qui endommage les installations électriques, vandalisme, coup de bélier).

206
SECTION IV – ETUDE DE CAS : MICROCENTRALE HYDROELECTRIQUE DE 70
KW DE PUISSANCE

La construction d’une centrale hydroélectrique nécessite au préalable une étude du bassin


versant afin d’estimer le débit qui pourra être exploité. Cet examen hydrologique permet alors
d’étudier les précipitations, les contours des bassins versants, les courbes de débit et enfin de
déterminer le régime des crues pour écrêter si nécessaire les débits utilisables ou pour calculer
la taille d’une éventuelle retenue. La puissance hydraulique P (en Watt) disponible dans la
centrale électrique s’écrit en général :

P     g  Q  H

avec : ρ masse volumique de l’eau (en kg/m3)


g accélération de la pesanteur (en m/s2)
Q débit turbiné (en m3/s)
H chute nette (en m)
η rendement de la centrale

Le but de cette étude de cas est de procéder à une analyse environnementale et économique
d’un projet d’hydroélectricité. L’application concernera une microcentrale préalablement
étudiée par Baumgartner (1998) et Tchouate (2003), dont la puissance est fixée à P = 70 kW.
Nous n’effectuerons donc plus d’étude hydrologique et de dimensionnement de cette
microcentrale. Nous nous contenterons d’étudier dans un premier temps l’impact de cet
aménagement sur l’environnement, et par la suite, nous chercherons à évaluer la rentabilité
économique d’un tel projet.

VI.1 – Analyse environnementale d’un projet d’hydroélectricité

L’objectif de ce paragraphe est d’analyser le cycle de vie d’une microcentrale hydroélectrique


afin de comprendre les enjeux environnementaux qui y sont liés. Par rapport aux autres
filières de production d’électricité, la filière hydroélectrique présente comme particularités sur
le plan environnemental de mettre en jeu d’autres critères d’implantation tels ceux liés à la
protection des sites naturels et du paysage, ou encore aux répercussions sur la flore et la
faune. La méthodologie utilisée ici pour analyser cette filière comporte deux étapes
principales : le bilan matière et des consommations énergétiques, et le bilan environnemental
proprement dit.

VI.1.1 – LE BILAN MATIERE ET DES CONSOMMATIONS ENERGETIQUES

Le bilan matière consiste à faire l’inventaire des matériaux utilisés pour la construction de la
centrale et pour la fabrication des équipements et à les quantifier. Les éléments
caractéristiques du bilan matière d’un barrage sont : le matériel du barrage (terre ou béton), la
hauteur et l’épaisseur du barrage, les dimensions des éléments de la centrale (conduites,

207
turbine, alternateur, transformateur) ainsi que les lignes de transport ou d’acheminement de
l’électricité.

Le bilan des consommations énergétiques prend en compte les consommations énergétiques


des machines utilisées pendant la construction du barrage (électricité et combustibles fossiles
éventuellement) et l’énergie consommée pendant la fabrication des divers matériaux et
équipements de la centrale. La liste des matériaux comptabilisés n’est pas exhaustive, mais se
limite aux principaux matériaux utilisés et dont la quantité ou l’intensité énergétique est
importante. Ce bilan ne tient compte que des matériaux explicitement répertoriés, le restant
étant regroupé sous la rubrique « autres ». Les consommations spécifiques pour la fabrication
des matériaux de construction, des équipements et pour la fourniture de services sont repris
dans le tableau 6.7

Tableau 6.7 : Consommation spécifique d’énergie pour la fabrication de divers


matériaux, exprimée en MJ/kg de matériau si pas expressément indiqué

Source : Tchouate, 2003

Pendant la phase d’exploitation, les consommations énergétiques de la centrale sont très


faibles. Elles doivent être comptabilisées si la centrale s’approvisionne à partir d’un groupe
électrogène d’appoint, car le facteur d’émission du gazole est assez élevé. La quantification
des consommations énergétiques liées au démantèlement n’est pas toujours aisée. En principe,
rares sont les installations hydroélectriques qui sont démantelées. Elles sont le plus souvent
réhabilitées et il est d’usage de comptabiliser ces consommations comme celles entrant dans
la construction de nouvelles installations (Econcept, 1999).

VI.1.2 – LE BILAN ENVIRONNEMENTAL

L’énergie hydraulique a un impact non négligeable sur la nature et le paysage. La construction


des installations provoque systématiquement une altération des sites et ces modifications sont
le plus souvent irréversibles. Le préjudice causé à la nature est étroitement lié au type
d’installation et des améliorations écologiques (débits résiduels, perméabilité, zones
sèches/humides) sont envisageables par étapes. Ces impacts sont en général plus complexes,

208
plus liés au site, et moins faciles à quantifier, à comparer et à contrôler que les impacts liés au
réchauffement climatique. Aussi, le choix de critères adéquats pour l’évaluation de l’impact
sur l’hydrobiologie est très problématique. Les activités accompagnant la construction d’un
aménagement hydroélectrique et ayant un impact sur l’environnement sont énumérées ci-
dessous (European commission, 2000) :

Enquêtes géologiques : elles consistent en des tests géophysiques associés aux forages sur site
dans le but de déterminer la stratigraphie du sol et le débit d’infiltration d’eaux souterraines.
La nuisance est généralement sonore, limitée à quelques jours et doit être prise en compte si le
site est situé dans un parc naturel ou en montagne, entraînant une perturbation de la faune.

Végétation : pour construire la conduite forcée, la végétation est détruite sur une largeur de 6 à
8 mètres. Cette déforestation et modification du paysage n’est que de courte durée puisque la
végétation est rétablie quelques temps après la construction du barrage.

L’élargissement ou la création de la route qui mène au barrage constitue un impact négatif


(intrusion visuelle et nuisance aux animaux) mais peut constituer un impact positif lorsque la
route permet de désenclaver une ou plusieurs localités rurales.

Le dragage peut être nécessaire lors de la construction d’une microcentrale hydroélectrique,


principalement pour augmenter la hauteur de chute. Son impact est très négatif sur la vie
aquatique mais peut s’avérer positif s’il y a beaucoup de dépôt d’alluvions dans le cours
d’eau.

La mise sous terre du canal d’amenée ou de la conduite forcée réduit l’impact visuel mais
peut rendre la maintenance plus difficile si les technologies modernes de surveillance de
canalisations et tuyauteries ne sont pas disponibles.

Impact sur le changement climatique

En ce qui concerne l’impact sur le changement climatique, trois sources majeures d’émissions
sont à prendre en considération en hydroélectricité :

- Les activités liées à la construction du barrage, de la centrale et des digues


- Le pourrissement de la biomasse des surfaces inondées produit des quantités significatives
de CO2 et de CH4
- La consommation de combustibles fossiles si l’aménagement hydroélectrique ne
fonctionne qu’une partie de l’année et s’il faut compenser ce déficit.

La quantité des émissions varie en fonction de la topographie, du volume du réservoir, des


matériaux utilisés pour la construction, du type d’écosystème inondé, du climat local, etc. Une
particularité de la filière hydroélectrique est la durée de vie de l’aménagement à prendre en
compte dans le calcul des émissions spécifiques. Etant donné que la restauration d’un
aménagement consomme très peu d’énergie, les experts de l’AIEA104 ont convenu d’utiliser
100 ans comme durée de vie de référence pour le calcul des émissions spécifiques (Gagnon et

104
Agence internationale de l’Energie Atomique

209
van de Vate, 1997). Il est important de préciser que cette recommandation n’est pas
appropriée pour une évaluation économique et financière.

Dans tous les cas, la première source devra être analysée. Le calcul des émissions de gaz à
effet de serre (GES) sera déduit des consommations énergétiques calculées à partir des valeurs
spécifiques du tableau 6.7. Ainsi, les émissions spécifiques liées à la fabrication de certains
matériaux sont données dans le tableau 6.8 ci-dessous. Les valeurs sont indiquées pour chaque
polluant en gramme par kilogramme de matériau.

Tableau 6.8 : Emissions spécifiques liées à la fabrication de divers matériaux : valeur en


g/kg de matériau

Source : Tchouate, 2003

Pour évaluer les deux autres sources d’émissions, il faut d’abord déterminer le type et les
dimensions de l’aménagement. Ainsi, les aménagements au fil de l’eau ne sont pas concernés
par les émissions dues à l’inondation. Par contre, les aménagements à réservoirs émettent des
gaz polluants (CO2 et CH4) dont l’intensité est fonction principalement de la profondeur et de
la surface du réservoir. Les mesures effectuées en Finlande ont permis de calculer comme
valeur d’émission spécifique 65-72 gCO2equiv/kWh105 et au Canada (barrage du complexe de
la Grande), 34 gCO2equiv/kWh (Gagnon et van de Vate, 1997). Notons que ces données sont
calculées pour des régions froides et sont basées sur l’hypothèse selon laquelle les émissions
diminuent graduellement après 20 ans de fonctionnement pour atteindre 0 à la fin de la
cinquantième année (Lucotte et Chamberland, 1996). En tenant compte d’une durée de vie de
100 ans, la valeur d’émission spécifique globale devient 15 gCO2equiv/kWh (Gagnon et van
de Vate, 1997).

Dans les pays tropicaux humides, le potentiel d’émissions de GES est probablement plus
élevé à cause de la densité plus élevée de la biomasse et des conditions climatiques favorisant
une décomposition de la biomasse tout au long de l’année. L’analyse de la centrale de Tucuri
au Brésil (puissance : 4000 MW, réservoir : 125 km2/TWh.an) donne une émission spécifique
de 237 gCO2equiv/kWh en supposant que toute la biomasse inondée est décomposée en 100
ans et que 20% du carbone est émis sous forme de CH4. Doka et al. (1995) mentionnent
l’utilisation de 6 mg d’explosifs par kWh (centrale au fil de l’eau) et 12 mg d’explosifs
pendant les travaux de construction de l’aménagement. Or la fabrication des explosifs

105
Les valeurs des émissions sont converties en CO2 équivalent afin de faciliter la comparaison de la filière
hydraulique avec les autres filières du point de vue de l’impact sur le réchauffement climatique.

210
provoque des émissions de N2O qui normalement doivent être prises en compte dans le calcul
de l’impact sur le réchauffement climatique (Tchouate, 2003).

VI.1.3 – APPLICATION AU CAS D’ETUDE

Le cas étudié est une microcentrale d’une puissance de 70 kW. Les données du bilan matière,
les consommations énergétiques associées, ainsi que les valeurs d’émissions globales liées à
la construction de la centrale sont consignées dans le tableau 6.9.

Tableau 6.9 : Bilan des matériaux, bilan énergétique et valeurs d’émissions globales liées
à la centrale hydroélectrique en phase de construction

Matériaux Quantité Energie SO2 NOx CO2équiv NMVOC106 CO


construction (t) (MJ) (kg) (kg) (kg) (kg) (kg)

Béton 969 3565920 9,69 2422,50 681207,00 0,00 0,00


Alliage d’acier 15 433500 218,70 133,35 47147,40 2,70 23,55
Acier 28 718200 406,00 266,00 65213,12 4,48 26,04
Plastiques 1 45700 22,91 14,71 3979,88 0,20 1,10
Autres 578 22079600 8525,50 6063,22 1816411,24 115,60 601,12
Total 26842920 9183 8900 2613959 123 652
Source : Tchouate, 2003

Sous les hypothèses de production :

Puissance nominale en kW 70
Rendement global 0,81
Facteur de charge 0,9
Durée de vie en années 50
Energie totale produite (MWh) 22351,14

On en déduit les émissions spécifiques suivantes :

SO2 NOx CO2équiv NMVOC CO


(kg/MWh) (kg/MWh) (kg/MWh) (kg/MWh) (kg/MWh)
0,411 0,398 116,950 0,005 0,029

Ainsi, la construction de cette microcentrale est à l’origine d’une émission de 117 kgCO 2
équivalent par MWh électrique produit. Cette valeur est réduite à 78 kgCO2 équivalent par
106
Les composés organiques volatils non méthaniques

211
MWh électrique si la durée de vie considérée est de 75 ans. Le temps de retour énergétique107
pour le cas étudié est égal à 17 ans. Cette durée est beaucoup moins élevée, par exemple, pour
la filière solaire (2 à 5 ans), mais la durée de fonctionnement des installations est aussi
beaucoup plus réduite (15 à 20 ans).

VI.2 – Analyse économique d’un projet d’hydroélectricité

L’objectif de ce paragraphe est d’essayer de faire une analyse coût-bénéfice de la filière


hydraulique afin d’en évaluer la rentabilité et de déterminer le coût du kWh produit. Ainsi, la
ressource naturelle matérialisée par l’énergie mécanique de l’écoulement d’un cours d’eau est
valorisée au moyen d’un aménagement hydroélectrique pour la production d’énergie.
L’utilisation de cette ressource implique des coûts. Cette ressource naturelle présente une
variabilité stochastique importante, aussi bien pendant une année hydrologique que d’une
année à l’autre. Cette filière a la particularité de faire recours à un processus de transformation
de la ressource naturelle sans ou avec une consommation faible d’énergies fossiles et
nécessitant peu de personnel dans la phase d’exploitation. La dépendance des recettes vis-à-
vis des caractéristiques de l’année hydrologique rend impossible une prévision exacte de la
VAN du projet d’aménagement hydroélectrique, donc un calcul de rentabilité ne peut être
qu’approximatif. Au fil des années, divers logiciels ont été développés dans le but d’optimiser
le calcul de rentabilité. Quatre critères définissent le plus souvent la fonction objectif : la
maximisation de l’énergie produite, la maximisation des recettes, la maximisation de la VAN,
la maximisation du ratio bénéfices globaux/coûts globaux. L’estimation et parfois
l’optimisation des coûts de divers composants de l’aménagement sont largement développés
dans ces modèles, les variables de décision étant la puissance installée, le type de turbine et le
nombre de groupes (Tchouate, 2003).

Afin d’évaluer le coût du kWh produit, divers postes sont pris en considération : le coût du
bâtiment, les frais de réparation et de maintenance, la dotation aux amortissements, les frais
de personnel et autres.

VI.2.1 – LES COUTS D’INVESTISSEMENT

La rentabilité des aménagements hydroélectriques dépend fortement de l’investissement, les


coûts d’exploitation restant relativement abordables. Généralement, le lieu et les conditions du
site sont déterminants pour 75% du coût du développement. Ce coût inclut les dépenses liées
aux études, aux autorisations et à l’inspection, à la construction des voies d’accès, du barrage,
des évacuateurs, du circuit hydraulique, des lignes de transport ou de distribution, à
l’acquisition de terrains, aux indemnisations, etc. Les coûts fixes, principalement ceux de la
fabrication des équipements électromécaniques comptent pour environ 25%.

107
Le temps de retour énergétique est la durée de fonctionnement de l’installation pour produire la quantité
d’énergie qui a servi à sa construction. Il se calcule comme la somme des consommations énergétiques divisée
par la production annuelle nette de l’installation

212
Les principaux postes budgétaires à prendre en compte dans le calcul de rentabilité d’un
aménagement hydroélectrique et leur durée de vie respective sont donnés dans le tableau 6.10.
Les durées de vie relatives à chaque poste budgétaire permettent de calculer l’amortissement
du ou des matériels correspondants de manière à en déduire les charges fixes annuelles.

Tableau 6.10 : Principaux postes budgétaires et durée de vie économique

Catégories Postes Durée de vie Moyenne


(ans) (ans)
Génie civil - ouvrages de prise d’eau 30 – 50 40
- canal d’amenée
- échelle à poisson
- évacuateur de crue
- bâtiment d’usine
Groupes hydro- - turbine et sa régulation 10 – 30 20
électriques - alternateur et sa régulation
- multiplicateur
Equipement électrique - transformateurs 10 - 30 20
général - disjoncteurs
- éclairages
- lignes de transport
- transformateurs de ligne
- compteurs
Services généraux - drainages et vidanges 10 – 30 20
Vannes - vannes et batardeaux de la prise d’eau 10 – 30 20
- vannes de chambre de mise en charge
- vannes de l‘évacuateur de crue
Conduites - conduite forcée 30 - 50 40
- blindage et accessoires
Source : Gwet et al., 1995

Le coût d’investissement d’une microcentrale hydroélectrique varie selon les pays, les
conditions du site et les dépenses d’équipement et de génie civil. Almeida (2000) détermine le
coût de chaque partie d’un aménagement hydroélectrique en tenant compte de l’indice des
prix dans chaque secteur. Les formules de régression ainsi développées permettent d’estimer
le coût de différents éléments (routes, barrages, ponts d’accès, excavations, fondations,
évacuateur de crue, prise d’eau, vannes, bifurcations, turbines, générateurs, canal de fuite,
équipement électrique du poste de départ, lignes de transport, etc.). Ces formules ne sont
valables que pour des chutes comprises entre 3 et 93 mètres et des puissances installées
comprises entre 450 kW et 15 MW. Les coûts sont exprimés en milliers de dollar américains.

Barrage : Le coût total d’un barrage-poids en béton (évacuateur de crue et vidange de fond
inclus) dont la structure a un volume total Vbét est :

C barb  0,736  Vbét0,805  ibét


avec : ibét, l’indice des prix du béton

213
Pour un barrage en terre, le coût total est la somme des coûts de barrage, de l’évacuateur de
crue et de la vidange de fond dont les expressions sont données ci-dessous :

'
Vter
Coût du barrage : C bart  a t  Vterbt  iter où V ter 
0,76445
3
avec : V’ter, le volume du barrage en terre (m )
at et bt, des coefficients définis par Sant’ana (1983)

Coût de l’évacuateur de crue pour le barrage en terre de hauteur Hévac (m) et un débit de crue
Qévac (m3) : Cevac  5,195 ( H evac  Qevac
0,5 0,968
)  ievac

Coût de la vidange de fond d’un barrage en terre de hauteur Hvid (m) et un débit de crue Qvid
(m3) : Cvid  9,698 ( H vid  Qvid
0,5 1, 039
)  ivid

Ainsi, le coût total du barrage en terre : C total  C bart  C evac  C vid

Prise d’eau : Le coût de la prise d’eau Cpri est composé du coût du génie civil de la prise
d’eau Cgcpri et de celui de la vanne Cvan dont les expressions sont données ci-dessous :

C gcpri  (aQ pri


2
 bQ pri  c)  i ter

C van  (3,143  10 2 Avan  1,189Avan  4,286)  ieqp A 'van


2
où Avan 
0,0929

Qpri (m3) a b c
1,42 ≤ Qpri ≤ 56,63 0,044 0,855 18,228
56,63 ≤ Qpri ≤ 169,90 0 5,315 -93

A’van : aire de la vanne (m2),


Qpri : débit maximal de la prise d’eau (m3),
ieqp : indice des prix des équipements

Vannes du circuit hydraulique : Le coût des vannes est fonction du type (papillon ou
sphérique), de la chute sur la vanne et du diamètre nominal de la vanne.

Ainsi, pour les vannes d’admission des turbines du type papillon, des chutes respectivement
de 50, 100 et 200 m et des diamètres nominaux de 1 à 4 m, les coûts sont les suivants :

CV50  10(1,698 0,311D )  ieqp


CV100  10(1,826 0,307D )  ieqp
CV 200  10(1,889 0,323D )  ieqp

Et pour les vannes d’admission des turbines du type sphérique, des chutes respectivement de
300, 400 et 500 m et des diamètres nominaux de 0,5 à 1,9 m, les coûts sont les suivants :

214
CV300  (24,286  153,980D  701,974D 2  245,495D 3 )  ieqp
CV400  (70,071  520,573D  733,437D 2  299,798D 3 )  ieqp
CV500  (196,497  1012,205D  732,390D 2  355,937D 3 )  ieqp

Canal de fuite : Le coût du canal de fuite est fonction de la longueur du canal Lcan (m) et peut
être estimé par la formule suivante:
C can  (0,656 Lcan  15)  ican

Centrale : Le coût de la centrale est composé des coûts de la structure (Cstr), de l’excavation
(Cexcent), de la fondation (Cfond) et de l’ouvrage de génie civil du poste de départ de la centrale
(Cgcdep), eux aussi fonctions de la puissance installée PT, du type de turbine, du diamètre  t de
la turbine, du nombre de groupes installés et de la localisation de la centrale par rapport au
barrage (édifice séparé du barrage ou associé).

Cstr  (a s t2  bst  c s )  icent


0 , 506
2 , 592 Dexc
C excent  5,682  10 -6  Dexc
3, 694
 APH  i earth
Dexc  (a D t  bD )  1,2  1,3048
C gcdep  (0,049PT2  1,533PT  8,595)  i pdep
C fond  0,02( C str  Cexcent  Cgcd ep )
Ccentrale  1,02( C str  Cexcent  Cgcd ep )

Le diamètre d’une turbine est fonction du type de la turbine, de sa puissance et de la hauteur


de chute utile H’e.

 t  a t  Pturb  H ec  P
dt
t t tur

t'  0,3048 t
H 'e
He 
0,3048

Les coefficients a, b, c et d sont définis par Sant’ana (1983) ; Dexc est la profondeur
d’excavation de la centrale ; APH est l’aire occupée par la centrale. Elle peut être la somme des
aires associées à chaque groupe s’il y en a plusieurs.

Groupes turbo-générateurs : Les coûts de différents types de groupe turbo-générateurs sont


donnés par les formules suivantes et dépendent de la puissance installée et de la chute utile. Ils
incluent la turbine, le générateur, la vanne ou distributeur (« wicket gates »), le système
d’excitation, le régulateur de vitesse et l’assemblage. Une distinction est faite entre un groupe
Francis vertical (FV), un groupe Francis horizontal (FH), un groupe Kaplan vertical (KV) ou
encore un groupe Hélice vertical (HV).

C turFV  (a T  PturbT  H ecT  Ptur  60)  iTG


dT

215
CturFH  0,93  CturFV
CturKV  a T  PturbT  H ecT  Ptur  iTG
dT

CturHV  0,90  CturKV

Equipements électriques de la centrale : Les coûts des équipements électriques de la


centrale sont donnés par les formules suivantes :

C eq _ cent  a E  PTbE si Nt 1
 
Ceq _ cent  aE  PTbE  20  58  Nt  1  ieec si Nt 1

Nt est le nombre de groupes ; aE et bE sont des coefficients définis par Sant’ana (1983) en
fonction de la puissance installée des groupes.

Equipements électriques du poste départ : Le coût des équipements électriques du poste


départ est donné par la formule suivante :

Ceq _ pdep  aY  PTbY  i pdep

Encadré 6.2 : Coûts moyens d’investissement en hydroélectrique au Royaume-Uni en


1995

Le tableau suivant donne une répartition des coûts moyens d’investissements pour un
aménagement hydroélectrique avec une hauteur de chute supérieure à dix mètres en faisant
une différence entre les sites accueillant un deuxième ou le premier aménagement.

Source : Anon, 1996

Pour les aménagements de chute inférieure à 2.5 m, le coût d’investissement est estimé à
environ 4000 €/kW (Price et Robert, 1997). Pour les petits aménagements, Gwet et al. (1995)
indiquent que l’investissement est globalement compris entre 1000 et 3800 € le kW installé,
les équipements électriques (transformateurs, disjoncteurs, éclairages, lignes de transport,
transformateurs de ligne, compteurs) non inclus. Etant donné les délais (3 à 8 ans) entre la

216
mise en route du projet et la production du premier kilowattheure, il est raisonnable de prévoir
environ 15% du coût total de l’investissement, soit une fourchette de 150 à 570 € par kW
installé, pour les frais d’ingénierie et d’administration. Selon les mêmes auteurs, le coût
d’investissement pour les microcentrales de puissance inférieure à 2 MW est constitué comme
suit :

Etudes, administration Génie civil Equipements électromécaniques


15% 30% 55%

La figure 6.6 montre les résultats d’une enquête visant à connaître les investissements
spécifiques des centrales hydroélectriques basés sur les turbines Banki et à hélices,
considérant les hauteurs de chute nette inférieures à dix mètres. Ces résultats ne prennent pas
en compte les frais de génie civil, ni d’ingénierie.

Figure 6.6 : Coûts spécifiques d’investissement des turbines Michell-Banki et à hélices

Source : Montanari, 2003

Encadré 6.3 : Structure du coût des équipements d’une picocentrale de 1,2 kVA en
Australie

Le tableau suivant détaille le coût des équipements d’une pico-centrale construite en Australie
sur un site dont le débit varie entre 0,1 et 0,2 m3/s et la chute d’environ 1,2 m. La puissance
électrique nette est de 1,2 kVA et approvisionne un ménage en 240 V et 50 Hz.

Quantité Article Coût en Euros %


1 Stockage d’eau en béton 4000 28
1 Roue Pelton / alternateur (240V) 3000 21
450 Tuyau en PVC de diamètre 80 mm (en mètres) 1500 10

217
2 Alternateur de Macron 4 kVA 1300 9
400 Mètres de câble 1200 8
1 Pompe centrifuge Groundfoss 1000 7
1 Régulateur de fréquence 1000 7
1 Autres 600 4
1 Barrage en béton 500 3
1 Roue Pelton 200 1
Total 14300

Source : Tchouate, 2003

Les coûts de protection de la nature devraient être pris en compte bien qu’ils soient difficiles à
quantifier et en cas d’autres usages de l’eau (irrigation, adduction, etc.), les coûts
d’investissement devront être pondérés. Une estimation des coûts de protection de la nature a
été réalisée par Anon (1996) et reprise dans le tableau 6.11.

Tableau 6.11 : Coût de protection de l’environnement en Livres Sterling de 1995

Source : Anon, 1996

VI.2.2 – LES CHARGES D’EXPLOITATION

Les systèmes hydroélectriques n’ont généralement pas de coût de combustibles à moins qu’un
petit groupe électrogène au gazole ne serve à alimenter le site. Les charges d’exploitation se
limitent :
- aux assurances,
- aux taxes éventuelles,
- à la provision pour les réparations, entretien des bâtiments et des installations,
- aux salaires du personnel,

218
auxquels il faut ajouter les frais financiers de remboursement du capital ou des intérêts
éventuels.

Le personnel peut être limité à un agent de maîtrise, un agent d’exploitation et un gardien. Les
charges liées aux assurances, aux diverses taxes, à la maintenance et réparation représentent
environ 3 à 5% de l’investissement.

Pour les centrales de puissance supérieure à 500 kW, ces coûts dont la répartition est reprise
dans le tableau 6.12, représentent 2 à 3% de l’investissement.

Tableau 6.12 : Coûts typiques d’exploitation et de maintenance d’un aménagement


hydroélectrique de 500 kW

Maintenance Assurances divers Surveillance annuelle Administration Taxes divers Total


0,67% 0,52% 0,30% 0,15% 0,37% 2,01%

Source : Anon, 1996

VI.2.3 – ANALYSE DE RENTABILITE D’UNE MICROCENTRALE HYDROELECTRIQUE

La rentabilité de toute centrale électrique dépend de sa production. Dans le cas d’une centrale
hydroélectrique, les paramètres déterminants de la production sont le débit d’eau et la hauteur
de chute au niveau du site. Ces deux facteurs sont pourtant liés par une relation non linéaire.
Le débit d’eau varie le long de l’année de manière stochastique. Il en résulte une difficulté à
prédire de manière exacte la quantité d’énergie qui sera produite sur l’année hydrologique et
par conséquent les recettes équivalentes.

En supposant pour faciliter les calculs que les années hydrologiques se ressemblent, pour une
année donnée, la quantité d’énergie totale produite dépend du type de turbine et de la courbe
des débits classés, encore appelée monotone des débits. Si Q0 désigne le débit minimal
admissible et Q1 le débit nominal, on peut distinguer trois cas de figure lors de l’exploitation :

- Q < Q0 : la centrale ne produit rien parce que la turbine est mise à l’arrêt ;
- Q0 < Q < Q1 : la centrale produit de l’électricité et son rendement qui varie en fonction du
débit, augmente lorsque le débit approche la valeur nominale
- Q > Q1 : le centrale est exploitée à son rendement maximal et le surplus de débit (Q – Q1)
est envoyé via un by-pass en aval du cours d’eau.

La figure 6.7 indique la courbe des débits classés avec en abscisse les probabilités pour qu’un
débit Q soit atteint dans l’année. Les valeurs Q0 et Q1 correspondent à une turbine Michell-
Banki.

219
Figure 6.7 : Monotone de débit d’un site hydroélectrique équipé d’une turbine Banki

Source : Tchouate, 2003

La quantité d’électricité Etotal produite sur l’année peut être exprimée par la somme de :

- E1 : électricité produite lorsque le débit fluctue entre Q0 et Q1


- E2 : électricité produite au débit Q1
E total  E1  E 2    g   eq  8760 T Q1   Q1  H Q1   T1    T Q   H Q   Qt dt 
T0

 T1 

Etant donné que pour ce type de machines, la hauteur de chute est faible, les variations de la
hauteur de chute en fonction du débit peuvent être négligées sans grande influence sur les
résultats. De même, le rendement de la turbine (ηT) est quasi-constant entre Q0 et Q1 :
E total  E1  E 2    g   eq  8760  H Q1    T Q1   Q1  T1   Qt dt 
T0

 T1 

Si CkWh désigne le prix de vente du kWh, les recettes annuelles sont :


Rtotal  C kWh  Etotal  C kWh    g   eq  8760  H Q1    T Q1   Q1  T1   Qt dt 
T0

 T1 

Pour évaluer les cash-flows annuels, il faut déterminer les principaux coûts annuels,
notamment l’amortissement de l’investissement initial, les coûts de management ainsi que les
coûts d’entretien et de maintenance. L’investissement, calculé à partir de la puissance
nominale et de la courbe des valeurs spécifiques (figure 6.6), doit être augmenté des frais de
génie civil, d’ingénierie et d’administration estimés à 45% environ de l’investissement total. Il
vient :
I total  c P  P  c P   eqp    g  H  Qnom  1,82

Pour le cas d’étude, nous considérons que les charges annuelles d’exploitation liées aux
assurances, aux diverses taxes, à la maintenance et réparation représentent en moyenne 4% de
l’investissement. Le coût annuel du personnel, comportant un agent de maîtrise, un technicien
d’exploitation et un gardien à plein temps, correspond à un montant de 4125 € par an.

220
Si a désigne le taux d’amortissement annuel de l’investissement, les dépenses totales
annuelles, exprimées en Euros sont :

D0  (a  0,04)  I total  4125  (a  0,04)  c P   eqp    g  H  Qnom  1,82  4125

L’expression de la valeur actualisée nette du projet est alors :

n
Rk  Dk
VAN  
k 1 1  i k
1  i n  1  C ..g. .8760.H Q . Q .Q .T  T Qt dt   (a  0,04).c . ..g.H .Q .1,82  4125
 T
0
 1  1 1  
1  i n  i  kWh eq 1 T
 1
P eqp nom

et l’expression du coût de revient du kWh est :

n
Dk
 1  i 
k 1
k
(a  0,04)  c P   eqp    g  H  Qnom  1,82  4125
CR  
  g   eq  8760  H Q1    T Q1   Q1  T1   Qt dt 
n
E totalk T0
 1  i 
k 1
k  T1 

(a  0,04)  c P  1,82 4125


 
8760  Q1  T1   Qt dt    g   eq  8760  H Q1    T Q1   Q1  T1   Qt dt 
T0 T 0

 T1   T 1 

Ces critères de rentabilité sont fonctions de la courbe des débits classés. Le débit d’un cours
d’eau est tributaire des précipitations et les valeurs varient de façon aléatoire autour d’une
valeur moyenne de référence. De façon générale, il est nécessaire d’adopter des lois
paramétriques capables de décrire de manière probabiliste le débit de la plupart des cours
d’eau. Deux lois sont fréquemment utilisées : la loi de Gumbel et la loi de distribution
logarithmique « log-normal law ». La fonction exprimant la loi de distribution logarithmique
(Gibrat, 1932) est :

2
1  ln(q )  m 
1   

f (q)  e 2 

2    q
où m désigne la moyenne des valeurs logarithmiques du débit et σ2 la variance.

La loi de Gumbel permet de décrire les distributions sans valeur minimale :

 1, 283
  q     0 , 450  
e   
F (q)  e

221
où µ désigne la valeur moyenne et σ l’écart type du débit.

VI.2.3 – APPLICATION AU CAS D’ETUDE

Pour la centrale dont les hypothèses de production sont :

Puissance nominale en kW 70
Rendement global 0,81
Facteur de charge 0,9
Durée de vie en années 50
Energie totale produite (MWh) 22351,14

On obtient à partir de la courbe des valeurs spécifiques (figure 6.6) : cP ≈ 2100 €/kW
Ainsi, l’investissement global est d’environ :
Itot ≈ 2100 €/kW * 70 kW * 1,82 = 267540 €

En supposant un taux d’amortissement de 10 %, il découle des équations précédentes un coût


de revient moyen de 93 €/MWh produit, soit environ 61 FCFA/kWh. Aujourd’hui au
Cameroun, en dehors du kWh « social » vendu à 50 FCFA par le concessionnaire du service
public de l’électricité, tous les autres tarifs en BT sont supérieurs à 70 FCFA (voir tableau 7.1
du chapitre 7). Le coût de ce même kWh excède facilement 98 FCFA lorsque la production de
l’électricité est d’origine thermique (Heuraux, 2010). Ainsi, tant du point de vue économique
qu’environnemental, la petite hydroélectricité est plus avantageuse que l’option thermique.

Remarque : La réalisation des projets de petites centrales hydroélectriques fait appel à un


ensemble d’activités multidisciplinaires incluant des composantes civiles, mécaniques et
électriques. Elle nécessite par conséquent un effort de coordination important. Une attention
particulière est donc nécessaire à la gestion de projet afin d’éviter de coûteux retards et les
dépassements de budget qui y sont associés. En outre, ces projets impliquent des coûts de
construction élevés et exigent un financement important. Leur viabilité financière n’est donc
assurée que par la signature d’un accord d’achat d’énergie ferme avec un organisme reconnu
pour l’obtention du financement du projet.

222
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre consacré à l’hydroélectricité, nous avons essayé de scruter cette filière qui
occupe une place non négligeable dans le bilan énergétique de beaucoup de pays. Avant de
décrire son principe de fonctionnement, nous nous sommes d’abord attelés à une petite étude
historique qui enseigne principalement que pendant des milliers d’années un peu partout dans
le monde et presque simultanément, les hommes ont cherché à recueillir l’eau ou à la
détourner de son cours pour des besoins divers. Toutefois, même si l’énergie hydraulique était
intensivement utilisée sous forme mécanique pour fraiser et pomper, ce n’est qu’à la fin du
19ème siècle qu’on se servira de l’eau pour produire l’électricité. Aujourd’hui, l’exploitation à
grande échelle de l’hydroélectricité présente certains atouts sur les plans économique, social
et environnemental, mais peut aussi provoquer un certain nombre de conséquences sociales et
environnementales non négligeables.

En effet, les principaux reproches faits à l’hydroélectricité sont essentiellement d’ordre social
et environnemental. La construction de la centrale hydroélectrique constitue une agression
majeure contre l’environnement, puisqu’elle nécessite la destruction des forêts alors que la
réalisation de la retenue d’eau modifie considérablement l’écosystème aquatique. Les
populations avoisinantes qui dépendaient auparavant de l’harmonie de la situation antérieure
se trouvent alors obligées de s’adapter ou de se retirer. Cependant les avantages reconnus à
l’électricité d’origine hydraulique sont indéniables : Elle est non accompagnée d’émissions de
gaz à effet de serre, et autorise le stockage de l’énergie et la modulation de la production
suivant les besoins. Mais surtout, l’hydroélectricité constitue une énergie renouvelable moins
coûteuse que la plupart des autres énergies renouvelables ou non, puisqu’elle utilise l’eau, une
ressource non épuisable. Toutefois, la théorie relative à l’exploitation optimale d’une
ressource non épuisable, recommande une utilisation au-dessous du taux naturel de
reconstitution de cette ressource.

En ce qui concerne le Cameroun, pays ayant largement adopté l’hydroélectricité puisque


celle-ci fournit près de 70% de l’électricité produite, mais seulement environ 5% de
l’approvisionnement totale en énergie primaire, les perspectives de développement sont
nombreuses. La production actuelle de toutes les centrales hydroélectriques du pays ne
représente que 5 à 6 % du potentiel brut annuel qui s’élève à près de 294 TWh. Le Plan de
Développement à long terme du Secteur de l’Electricité Horizon 2030 (PDSE 2030), mis en
place par les Autorités, vise à valoriser de manière optimale le fort potentiel hydroélectrique
du Cameroun, afin de lutter efficacement contre la pauvreté en replaçant la question de l’accès
aux services énergétiques de base au centre du développement économique et social. Le
PDSE qui est un outil dynamique complémentaire au Plan d’Action Nationale Energie pour la
Réduction de la Pauvreté (PANERP), conçu et élaboré en concertation avec les acteurs
nationaux et internationaux du développement, traduit les aspirations profondes des
populations et fournit un cadre avantageux pour les opérateurs économiques.

A travers une étude de cas consacrée à une microcentrale ayant une puissance nominale de 70
kW, les différents facteurs de l’analyse coût-bénéfice de la filière hydraulique ont été étudiés.
La rentabilité d’une telle installation dépend de son niveau de production qui à son tour est
fonction du débit et de la hauteur de chute sur le site concerné. Le débit d’un fleuve varie le
long de l’année de manière stochastique et rend par conséquent difficile les prévisions de
manière exacte de la quantité d’électricité qui sera produite sur l’année hydrologique et par

223
suite les recettes équivalentes. Dans notre étude, nous avons supposé que les années
hydrologiques successives se ressemblent et sont caractérisées par un débit moyen. Il en
ressort que le temps de retour énergétique avoisine les 17 ans, ce qui reste raisonnable
lorsqu’on sait qu’un aménagement hydroélectrique a une durée de vie d’au moins 50 ans. Le
coût de revient du kilowattheure varie autour d’une valeur moyenne de 93 €/MWh, l’écart
type étant fonction du débit alors qu’un groupe électrogène classique de puissance équivalente
aurait un coût de revient d’au moins 150 €/MWh (avec une estimation de 70 US$ le baril de
pétrole), soit plus de 60% plus cher.

Au Cameroun, il est donc possible de faire des investissements rentables dans le domaine de
l’hydroélectricité. Toutefois, il est nécessaire de réaménager le cadre réglementaire et
institutionnel en vigueur afin qu’il incite davantage aux investissements. Dans le chapitre
suivant, nous passons en revue la régulation du secteur électrique.

224
Chapitre 7 – Les avantages d’une bonne
régulation des industries de réseau et la
réforme du secteur électrique au Cameroun

Introduction du chapitre

Les industries de réseau sont des industries dont les activités portent sur les réseaux de
transport, d’énergie, de communication, d’eau ou de traitement des eaux. Ces industries
constituent une infrastructure vitale, au cœur des stratégies de développement économique et
social. Le manque d’infrastructures constitue certainement la plus grande menace à une
croissance durable et il est donc important que l’investissement dans ces secteurs se
maintienne à un niveau suffisant. De ce fait et pendant longtemps, l’Etat s’est assuré la
propriété ainsi que la responsabilité de la construction et de l’exploitation de ces réseaux.

Cependant, de façon générale, l’intérêt du secteur privé pour l’exploitation et la propriété des
réseaux ne cesse de croître depuis le début des années 1990. La privatisation a été le principal
recours pour introduire la participation des investisseurs privés dans les réseaux de
télécommunications et dans certains segments des réseaux d’énergie tels que la production
d’électricité. En revanche, les partenariats public-privé ont été le moyen essentiellement
utilisé dans le secteur des transports (surtout en Europe continentale), mais ils le sont aussi de
plus en plus dans des secteurs tels que ceux de l’eau et de l’assainissement.

Ce processus de participation croissante du secteur privé dans les industries de réseau a


évidemment transformé la fonction de l’Etat qui, après avoir exercé une autorité plus ou
moins sans partage sur les réseaux, joue désormais un rôle beaucoup plus limité consistant à
fixer les règles du jeu et à surveiller le respect de celles-ci en prenant des sanctions en cas de
violation (De Fontaine-Vive, 2008). Ainsi, la notion de régulation108 se rapporte à la manière
dont les règles définies dans les contrats, les licences et les législations se conforment aux

108
Le terme de « régulation », utilisé dans le contexte des services publics, a été importé de la langue anglaise,
notamment lors de l’ouverture de ces services à la concurrence, au niveau européen. Le transfert de cette notion
de « régulation » dans un contexte francophone soulève avant tout une question de vocabulaire, avec une
hésitation fréquente entre « régulation » et « réglementation ». La réglementation peut être définie comme un
corpus de règles figées à un instant t, reflétant les arbitrages de la société à un moment précis et reflétées dans la
législation, les normes, les contrats, etc. Reprenant la dimension dynamique et adaptative du terme, la régulation
peut être définie comme l’ensemble des actions visant à appliquer la réglementation et à la faire évoluer en
fonction des circonstances en vue de permettre l’application de ces arbitrages sociétaux sur le long terme
(Trémolet et Binder, 2010).

225
procédures établies, et à la façon dont elles influencent les entreprises qu’elles régissent, qu’il
s’agisse de la fixation des prix, de la qualité des services offerts, de la couverture des services
particulièrement au bénéfice des plus pauvres, et leur décision d’entrée ou de sortie d’une
industrie donnée. Par conséquent, la régulation est un instrument qui permet aux autorités de
s’assurer que les ménages et les entreprises bénéficient de services de qualité à moindre prix,
et de s’assurer également que les investisseurs reçoivent une juste rétribution de leurs
investissements et enfin que les objectifs de développement sont atteints (Léautier et Noumba
Um, 2008).

Dans ce chapitre que nous consacrons à la régulation des industries et des services de réseau,
nous nous intéresserons dans la première section aux défis de ladite régulation dans les pays
en développement. Pourquoi et comment réguler les industries de réseau ? Quels sont les
différents modèles institutionnels et quelle est la « bonne » régulation pour les pays en
développement ? Telles sont les questions que nous aborderons dans cette section. Ensuite,
dans la deuxième section, nous passerons en revue le secteur de l’électricité au Cameroun. Le
cadre réglementaire sera examiné et l’analyse du détail de la gouvernance cherchera à établir
une situation optimale.

SECTION I – LES DEFIS DE LA REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU


DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT

I.1 – Les fondements de la régulation des industries de réseau

Du point de vue de la théorie économique, la régulation présente deux inconvénients majeurs :


d’une part, elle créé une profonde asymétrie informationnelle. En fait, pour une régulation
effective, le régulateur dépend essentiellement de l’information contrôlée par le monopoleur
qui peut être tenté par des comportements stratégiques. D’autre part, il existe un risque de
« captation régulatrice ». En effet, la nécessité d’une collaboration entre les industries
régulées et les organismes régulateurs peut conduire ceux-ci à transiger sur certains des
objectifs de la régulation tels que les obligations d’intérêt public.

Pourquoi donc réguler les industries de réseau ? Keppler (2008) propose une réponse en trois
volets à cette question : (i) maximisation et distribution du surplus économique ; (ii)
maximisation du surplus social en termes non économiques, voire maximisation de la
contribution aux biens publics ; et (iii) insuffisance de solutions légales dans un
environnement caractérisé par une dynamique technologique et des asymétries d’information.

I.1.1 – MAXIMISATION DU SURPLUS ECONOMIQUE

Les industries de réseau ont besoin d’être régulées en raison de leur tendance au monopole
naturel. En absence de régulation, les externalités positives liées à la construction d’un réseau
physique ou virtuel donnent lieu à des rendements d’échelle croissants, et par la suite à une

226
monopolisation de l’industrie en question. Ces externalités sont de deux types. D’un côté,
elles concernent la production. Il s’agit par exemple des réductions de coût des connexions
physiques à la suite des connexions antérieures comme dans le cas des réseaux de distribution
du gaz, de l’électricité, de l’eau ou de la téléphonie fixe. D’un autre côté, ces externalités
concernent la consommation. Il s’agit par exemple des augmentations d’utilité dont
bénéficient les usagers grâce à la participation d’autres usagers dans le même réseau, comme
c’est le cas dans les télécommunications (téléphonie mobile, internet) ou dans l’échange de
fichiers informatiques basés sur le même logiciel.

L’industrie de réseau comme toute entreprise en situation de monopole a tendance à exploiter


cette position dans le but de confisquer une rente de monopole, soit en appliquant des tarifs
trop élevés (par rapport à ce qu’ils seraient en situation concurrentielle), soit en rognant sur la
qualité du service, d’où un besoin de régulation économique, qui inclut la régulation des
tarifs, de la qualité du service et de la concurrence (Littlechild, 1988 ; Gatty, 1998).

Ainsi, en absence de régulation, on observe des pertes considérables en termes de surplus


économique. En égalisant recette marginale (rm) et coût marginal (cm), et en produisant la
quantité QMON au coût PMON, le monopoleur génère un surplus total qui correspond à la
surface aux hachures en diagonale dans le graphique ci-dessous (figure 7.1).

Figure 7.1 : Maximisation du surplus économique dans une industrie de réseau

Prix

Demande
PMON

CMMON
CMREG2 CM

cm

0 QMON rm QREG2 QREG1 Quantité

Source : Keppler, 2008

En régulation, le régulateur possède deux options pour améliorer la situation :

1. Egalisation du coût marginal (cm) avec l’utilité marginale (demande), avec une quantité
QREG1 et un prix égal au coût marginal (cm). Le surplus économique total correspondrait

227
alors à la surface aux hachures en diagonale plus la surface en gris clair plus le petit
triangle aux rayures horizontales.
2. Egalisation du coût moyen au point CMREG2 avec le revenu moyen (demande). Le surplus
économique total correspondrait alors à la surface aux hachures en diagonale plus la
surface en gris clair sans le petit triangle aux rayures horizontales.

Ce graphique montre que l’optimum en termes de surplus économique total est garanti par
l’égalisation des valeurs marginales (option 1). En pratique pourtant, l’option 2 prévaut quasi
exclusivement. Car, bien qu’en fixant la production au point QREG1 on obtient un surplus
maximal au niveau de la société, cette solution implique un déficit au niveau de l’entreprise
correspondant à la surface aux rayures verticales. Ce déficit correspond aux coûts fixes de
l’entreprise. Pour rendre la situation soutenable, il faudrait le combler à l’aide de subventions
de la part de la collectivité.

Mais, ceci entraînerait alors trois inconvénients : (i) le prélèvement des impôts pour financer
le déficit du monopoleur causerait à son tour des pertes d’efficacité et de surplus
économique ; (ii) le transfert entre les contribuables et les clients de l’entreprise entraîne des
coûts de transaction qu’un financement direct de l’entreprise par ses propres revenus aiderait à
éviter ; (iii) une solution basée sur l’équilibre entre coûts et revenus est facilement
communicable et acceptable pour le public. Ces trois arguments l’emportent sur toute soif de
pureté théorique insistant sur l’égalisation des valeurs marginales : la différence entre les deux
options étant petite (dans le graphique, petit triangle aux rayures horizontales), les coûts de
transaction et les pertes d’efficacité collatérales sont relativement importants.

La question de la distribution du surplus économique généré par l’activité économique dans


une industrie de réseau est évidemment liée à sa maximisation. L’absence de régulation
n’entraînerait pas seulement une diminution du surplus total, mais aussi une augmentation du
surprofit du monopoleur (surface aux hachures en diagonale). Dans ce cas, les consommateurs
se trouveraient doublement pénalisés : d’un surplus diminué, ils ne recevraient d’ailleurs
qu’une petite partie. En fixant le prix au coût moyen, le régulateur accomplit donc une double
tâche : quasi-maximisation du surplus total et préservation de ce surplus pour les
consommateurs.

A ces arguments d’une nature statique s’ajoutent des arguments de nature dynamique. Un
monopole avec des barrières à l’entrée infranchissables (aucun concurrent ne serait capable de
reproduire économiquement un réseau de transport d’électricité ou de gaz) minimise les
incitations à la recherche de nouvelles solutions techniques ou managériales. Coûts élevés,
qualité de service inappropriée (trop haute au trop basse) et manque de dynamique
technologique en absence de pression concurrentielle sont les signes habituels d’un monopole
non régulé. Le régulateur par contre peut fixer des trajectoires de prix qui baissent dans le
temps pour inciter l’entreprise à des efforts supplémentaires. De tels efforts se traduisent
naturellement par une augmentation du surplus économique, soit à travers une baisse des
coûts, soit à travers une augmentation de la qualité du service et de la satisfaction des
consommateurs. En résumé, la régulation d’un monopole naturel dans les industries de réseau
permet de s’approcher de l’optimum économique et de maximiser (ou presque) le surplus total
à la fois dans une perspective statique et dynamique.

228
I.1.2 – MAXIMISATION DU SURPLUS SOCIAL EN TERMES NON ECONOMIQUES (MAXIMISATION DE
LA CONTRIBUTION AUX BIENS PUBLICS)

Les fonctions décrites précédemment qui incombent à la régulation pourraient très bien être
exécutées par un régulateur horizontal de la concurrence, un office anti-cartel ou anti-trust.
Seules sont nécessaires une connaissance solide de la théorie économique et des informations
suffisantes. Pourtant, deux principales raisons poussent les pays à recourir aux régulateurs
sectoriels : d’une part les informations ne sont que rarement suffisantes, et d’autre part, les
industries de réseau sont souvent intrinsèquement liées à la provision de biens publics qui
demandent à la fois une connaissance approfondie du secteur et un jugement politique fin et
équilibré. Ces biens publics peuvent être de nature sociale, environnementale ou politique. A
cause de leur complexité intrinsèque, leur nature précise et leur quantification posent souvent
problème. Les industries de réseau sont alors soumises à des arbitrages dont la théorie
économique peut définir les contours, mais pour lesquelles elle ne peut pas offrir des solutions
précises. Ces industries ont besoin d’être régies par une instance régulatrice capable de
prendre en compte des notions implicites et non codifiées, ce qui demande une spécialisation
sectorielle des régulateurs. Une classification des différents biens publics fait ressortir les
aspects suivants :

(1) La fourniture d’un bien de réseau a un impact positif sur le lien social, d’où
l’importance d’une couverture universelle

Les biens et services produits par une industrie de réseau sont des biens et services publics
essentiels par excellence. La notion de réseau elle-même renvoie à un lien social. Etre exclu
de la fourniture d’un bien de réseau implique une diminution des liens sociaux. L’électricité,
le téléphone, le transport, etc. constituent aujourd’hui des biens de première nécessité. Ils le
sont devenus parce que leur fourniture à un nombre croissant de consommateurs procurait
bien des avantages (exemple des externalités positives entre les consommateurs, notamment
dans les milieux urbains). Une fois qu’un certain seuil d’utilisation est atteint, la participation
à la vie économique, sociale et politique requiert l’accès au réseau. C’est ainsi qu’une vie sans
électricité et/ou sans téléphone devient une source d’exclusion sociale. Ce problème est à
nouveau posé dans le contexte de l’accès à Internet et de la lutte contre la fracture numérique.
D’où la question suivante : que faire des populations dont le coût de connexion est plus élevé
(en l’occurrence dans les zones rurales) ou dont les revenus sont trop faibles pour permettre la
participation au réseau ? La réponse naturelle est de décréter la couverture universelle pour
des services de base, notamment l’électricité. Même si le principe général est reconnu, sa mise
en œuvre commande de prendre de nombreuses décisions difficiles : quel est le niveau d’une
fourniture de base ? Quel niveau de subventions croisées entre les différents groupes de
consommateurs est-il admissible ? La contrainte de budget du monopoleur doit-elle rester fixe
(la subvention doit-elle être payée par les clients ou par les contribuables) ? Seul un régulateur
ayant une profonde connaissance du secteur concerné, des habitudes de ses clients, des
préférences implicites politiques et sociales peut ici arriver à des arbitrages soutenables.

(2) Les industries de réseau ont des impacts de nature différente sur l’environnement

Par définition, les industries de réseau sont « grandes », et leur taille physique peut elle-même
avoir des conséquences pour des biens publics tels que l’utilisation des espaces, la qualité de
l’environnement ou la santé publique. Selon les industries, ces impacts sont pourtant de nature

229
complètement différente : le transport de l’électricité n’a pas les mêmes conséquences que la
construction d’un réseau téléphonique (en partie indépendant des lignes de transmission
physiques) ou l’extension d’un réseau de transport. Néanmoins, les réseaux constituent un
terreau favorable pour l’identification, la discussion mais aussi le traitement des effets
externes. Même s’ils peuvent avoir effectivement des impacts considérables sur
l’environnement naturel, d’autres facteurs entrent toutefois en considération. Premièrement le
caractère centralisé des industries de réseau permet d’identifier facilement un interlocuteur
unique avec qui discuter. Ensuite, le caractère monopolistique des industries de réseau permet
l’internalisation de façon assez aisée des effets externes. La rente générée par des effets
d’échelle permet d’amortir les surcoûts sans trop de discussions sur leur distribution, au moins
dans une phase initiale. Tout cela fait que la demande sociale d’une prise en compte des effets
externes est plus forte dans les industries de réseau que dans les industries concurrentielles.
Ainsi, le lien intrinsèque entre industries de réseau et biens publics est un argument
supplémentaire important pour une bonne régulation sectorielle.

(3) La gestion des industries de réseau est une question éminemment politique qui
comporte des enjeux de pouvoir

La « taille » des industries de réseau les rend enjeux de pouvoir et de politique. Ceci n’est que
la conséquence logique du lien entre la sphère sociale et environnementale et une activité
industrielle. En absence d’une régulation indépendante, les gestionnaires d’une entreprise
dominante dans une industrie de réseau sont les seuls garants de l’intérêt public et de la
demande sociale ; Il est très commun que la nomination d’un dirigeant d’un important
monopole national soit une question politique. En plus, certaines industries de réseau ont des
liens historiques avec les domaines du militaire (exemple de l’énergie nucléaire) ou de la
sécurité d’approvisionnements. Ainsi, au-delà des sphères du social et de l’environnement, les
industries de réseau touchent, avec la sphère politique, de nouveau à des biens publics qui
demandent à être pris en compte, soit par une intervention gouvernementale directe, soit par la
régulation. Pendant des décennies, la tradition de l’Europe continentale et notamment de la
France, prévoyait une implication directe de l’Etat dans les industries de réseau. La gestion
des télécommunications par un ministère dédié ou la gestion du secteur électrique et gazier
par des entreprises publiques a constitué pendant cinquante ans un modèle universellement
reconnu. Aujourd’hui, cette participation directe de l’Etat n’est plus de mise et la régulation
est devenue le meilleur moyen de garantir la prise en compte de considérations de nature
publique dans les industries de réseau.

I.1.3 – INADAPTATION DE L’INTERVENTION JURIDIQUE OU ETATIQUE ET NECESSITE D’UNE


REGULATION INDEPENDANTE ET FLEXIBLE

Le comportement d’un acteur économique peut être prescrit et assuré par une stipulation
légale et une action policière correspondante. C’est le cas par exemple de la sécurité au
travail, des normes alimentaires ou de la gouvernance d’entreprise. De même, l’organisation
de l’activité industrielle peut aussi être bien gérée par un organisme d’Etat qui décide
hiérarchiquement (et par légitimation démocratique dans l’intérêt général) des questions de
maximisation du surplus économique et de maximisation de la contribution aux biens publics.
La tradition colbertiste française a fourni de beaux exemples d’une application réussie de ce

230
mode de gestion. Et pourtant, aucune de ces deux options, codification légale ou
administration étatique, n’est en mesure de garantir une performance satisfaisante des
industries de réseau. La raison principale tient à la dynamique technique importante qui s’est
produite lors des deux dernières décennies dans ces industries.

Les changements techniques, commerciaux et managériaux des dernières années permettent et


demandent à la fois des formes de gestion plus flexibles que ne le permettent des organismes
étatiques. Dans ce contexte, un exemple illustratif concerne l’introduction de la turbine à gaz
à cycle combiné dans les marchés électriques européens. Couplée à une infrastructure de
transport du gaz suffisante et à la stabilité des relations commerciales avec les pays
fournisseurs (Russie, Algérie, Norvège), cette innovation a substantiellement réduit les
économies d’échelle dans la production de l’électricité tout en atténuant les externalités
environnementales et les craintes de sécurité. Un autre exemple concerne l’avènement de la
téléphonie mobile qui a permis d’introduire à la fois une concurrence intermodale (téléphonie
fixe contre téléphonie mobile) et une concurrence intramodale (entre différents opérateurs de
téléphonie mobile en raison du coût plus modeste des infrastructures).

Développer la flexibilité nécessaire dans ces situations est quasiment impossible pour une
organisation étatique ou paraétatique puisque les traditions fonctionnelles sont complètement
différentes, or il ne s’agit pas ici seulement de prendre des décisions d’investissement, mais
de réorganiser les équipes, leurs modes d’incitation et de développer des réflexes nouveaux.
De plus, une codification des comportements à travers des dispositions légales, par nécessité
rétroactives, est au mieux impossible, au pire une contrainte empêchant l’adaptation continue
nécessaire dans le nouveau contexte dynamique. En même temps, subsistent les raisons ayant
conduit à la formation du monopole public (fixation des prix dans des situations de
rendements d’échelle croissants, impacts environnementaux, péréquation territoriale et
sociale).

Dans une telle situation, seule une régulation sectorielle basée sur une profonde connaissance
des conditions techniques structurelles et économiques de l’industrie en question, peut éclairer
l’arbitrage nécessaire entre intérêts privés et publics. Cet arbitrage est sans cesse à renouveler.
Face à la nature dynamique de la régulation sectorielle, la juridictionnalisation des affaires
économiques est une solution coûteuse et insatisfaisante. En revanche, choisir la régulation
implique d’octroyer au régulateur une certaine marge d’appréciation et de manœuvre qui lui
permettra de faire face efficacement à des arbitrages délicats. En effet, fixer par exemple un
prix qui établit l’équilibre entre la capacité de l’industrie à générer des fonds nécessaires pour
ses investissements futurs et le respect de la cohésion sociale à travers un approvisionnement
suffisant en un bien de première nécessité, est un choix qualitatif qui demande appréciation et
subtilité (Keppler, 2008).

I.2 – Les principes d’une régulation efficace

Bien qu’étant inévitablement influencés par le modèle d’une agence de régulation


indépendante caractéristique des pays anglo-saxons, les principes d’une régulation efficace
pouvant s’appliquer à tout secteur d’infrastructures en réseau, font l’objet d’un consensus. Ils
sont à l’origine d’un manuel de la Banque mondiale portant sur l’évaluation des systèmes de
régulation des infrastructures, et dont l’objectif est d’aider à identifier les défaillances

231
d’organismes de régulation existants (perçus comme peu performants) et d’aider à leur
réforme (Brown et al., 2006). Ces critères de la « bonne » régulation incluent généralement
(Trémolet, 2005 ; Keppler, 2008) :

 Clarté dans la répartition des rôles, avec notamment une séparation claire entre les
fonctions de détermination de politique, de régulation et de fourniture du service109 ;

 Autonomie : le régulateur doit pouvoir prendre des décisions de manière autonome par
rapport au pouvoir politique, ce qui suppose un budget séparé, la capacité de gérer le
personnel du régulateur de manière autonome, un financement suffisant et protégé, etc ;

 Redevabilité (accountability, parfois traduit de l’anglais par capacité à « rendre des


comptes »). Ceci nécessite, par exemple, la création de mécanismes d’appel de la décision
du régulateur et un contrôle de la bonne marche du régulateur exercé par la puissance
législative, pour qu’autonomie ne signifie par arbitraire ;

 Ouverture : pour que les différentes parties soient intégrées à la fois dans la définition du
cadre législatif et le processus régulateur ;

 Participation : pour que les parties externes (comme les usagers) puissent participer au
processus de prise de décision ;

 Transparence : pour que le régulateur fasse part des règles ayant motivé ses décisions et
publie l’ensemble de ces règles et décisions. Les décisions du régulateur doivent être
documentées et compréhensibles. Cette transparence est d’autant plus importante que le
régulateur pour mener à bien son travail doit disposer d’une marge de discrétion ;

 Prévisibilité et cohérence sur le long terme : pour que les principes de la régulation soient
spécifiés à l’avance, ainsi que les modalités qui seront suivies pour adopter des décisions.
Le régulateur se trouve souvent dans un processus d’apprentissage informationnel ; la
définition de la marge de manœuvre et son utilisation sont donc d’une grande importance.
De manière permanente, il faut veiller à l’équilibre entre stabilité des décisions
(notamment pour faciliter un niveau adéquat des investissements) et la nécessaire
adaptation des décisions ;

 Simplicité : ceci ne concerne pas le travail rigoureux du régulateur (qui doit assumer toute
la complexité de sa mission), mais la hiérarchisation de ses priorités et des règles qui en
découlent. La régulation est une forme d’allocation complexe et il est d’autant plus
important qu’elle se présente comme un partenaire lisible et fiable dans le jeu des
pouvoirs.

L’efficacité de la régulation économique dépend aussi de sa performance en termes de


plusieurs fonctions et plusieurs caractéristiques institutionnelles qui doivent être prises en
compte simultanément. Les deux fonctions principales sont de s’assurer que : (i) les
opérateurs obtiennent les meilleurs niveaux d’efficience possible et (ii) les besoins des
pauvres sont rencontrés par les politiques d’investissement et tarifaires. Au niveau plus

109
La fonction de détermination de politique consiste à fixer les objectifs de politique publique de long-terme,
tandis que les fonctions de régulation consistent à faire respecter ces objectifs tout en les conciliant avec la
protection des intérêts des entreprises de service et ceux des usagers (Trémolet, 2010).

232
institutionnel, la meilleure efficacité promise implique moins de corruption et moins
d’interférence politique dans la gestion du secteur (Estache, 2008).

L’ensemble de ces critères constitue la base de l’évaluation des principaux modèles


institutionnels de la régulation.

I.3 – Les principaux modèles institutionnels de la régulation

La littérature sur les modèles institutionnels se réfère habituellement à deux « modèles »


représentatifs de deux traditions juridiques distinctes : la « régulation par le contrat » dans la
tradition francophone de droit civil, d’une part, et la « régulation par agence » dans la
tradition anglophone de common law, d’autre part. Ces modèles, du moins dans leur forme
initiale, sont rarement applicables dans les pays en développement. C’est ainsi qu’on a assisté
à l’émergence d’une multitude de modèles hybrides combinant plusieurs aspects des modèles
précédents pour tenter d’apporter des solutions plus adaptées au contexte de ces pays. C’est
le cas notamment de la régulation par le contrat associée à la création d’une agence de
régulation, d’une régulation contractualisée avec des experts externes censés apporter leurs
compétences ainsi qu’une légitimité accrue aux instances de régulation, ou encore de
différentes formes de régulation participative. Ci-dessous, nous présentons assez
sommairement les caractéristiques ainsi que les principaux avantages et inconvénients de ces
différentes approches institutionnelles de la régulation (Trémolet, 2010).

I.3.1 – AUTOREGULATION

I.3.1.1 – Principales caractéristiques du modèle

La notion d’autorégulation peut recouvrir plusieurs modalités, la caractéristique commune


étant que l’entreprise est libre de fixer elle-même les tarifs ou les normes de qualité, de
manière explicite ou implicite. Ainsi, l’autorégulation peut être observée dans plusieurs cas de
figures. La plus commune est la liberté pour une entreprise publique d’opérer à son gré, dans
le respect global des normes et moyennant le risque d’une interférence politique parfois mal
contrôlée. Ce cas de figure peut être décrit comme une « autorégulation directe », à l’exemple
d’une régie municipale contrôlée par le maire, responsable de l’entreprise et chargé de son
contrôle externe. Autre cas de figure, celui des entreprises du secteur qui choisissent librement
de comparer leurs performances et prennent donc le risque d’exposer leurs défaillances : il
s’agit là d’une « autorégulation par les pairs » qui n’est assortie d’aucun pouvoir de contrainte
et dont l’objectif est de créer un effet d’émulation.

I.3.1.2 – Principaux avantages et inconvénients

233
Le modèle d’autorégulation peut éventuellement bien fonctionné lorsque les dirigeants sont
guidés par la volonté de servir l’intérêt public et qu’ils peuvent obtenir des modifications
tarifaires établies dans l’intérêt de tous, c’est-à-dire qui permettent de maintenir la viabilité
financière de l’entreprise tout en augmentant son efficacité. Ce cas de figure est relativement
peu fréquent et ne concerne que quelques entreprises nationales, comme Electricité de France,
en phase d’expansion économique pendant les Trente Glorieuses. Dans le cadre d’une
régulation par les pairs, le désir de se donner une bonne apparence et d’apparaître comme un
« champion » du secteur peut être un puissant élément de motivation pour améliorer la
performance.

Toutefois, dans la plupart des cas, la non-séparation des fonctions de fourniture du service, de
politique et de régulation donne lieu à des conflits d’intérêts, qui peuvent s’exercer aux
dépens des usagers ou des objectifs de politique publique à long terme. Lorsque l’entreprise
publique est relativement faible institutionnellement, elle peut être utilisée comme un
instrument de pouvoir (en fixant des tarifs beaucoup trop bas) ou comme une source de
revenus par les politiques qui la contrôlent, ce qui remet en cause sa viabilité financière et ses
objectifs de développement. Le modèle d’autorégulation par les pairs apparaît plus prometteur
bien qu’il soit lui-même limité. En effet, puisqu’une telle régulation repose sur un accord
volontaire entre entreprises, ce sont en général celles qui ont le plus faible intérêt à être
régulées (parce qu’elles pratiquent des prix élevés ou ont une efficacité insuffisante) qui
choisissent de s’abstenir. Dans un tel système, l’effet incitatif repose uniquement sur la bonne
volonté des entreprises mais ne peut pas « corriger » des situations ou favoriser des
augmentations tarifaires nécessaires pour recouvrer les coûts.

I.3.2 – REGULATION PAR LE CONTRAT

I.3.2.1 – Principales caractéristiques du modèle

La « régulation par le contrat » trouve ses origines dans le modèle français de délégation de
service, et se réfère généralement au fait qu’un contrat est signé entre l’autorité délégante (qui
reste en général propriétaire des actifs) et un opérateur de services (qui peut être public ou
privé). Le contrat est la formalisation d’une relation entre une autorité publique et un
opérateur, qui fixe les droits et obligations de chaque partie dans un cadre politique, juridique,
fiscal et administratif existant. L’application des règles contenues dans le contrat est en
général vérifiée par une unité de contrôle (contract monitoring unit) ou un département
administratif au sein d’un ministère ou d’une municipalité, qui dispose d’un degré de
discrétion limité pour interpréter ces règles.

Dans le cas relativement théorique d’un « contrat complet », c’est-à-dire d’un contrat qui
prévoit toutes les circonstances futures, il ne serait pas nécessaire de modifier ces règles pour
les adapter aux circonstances. Cependant, le bien-fondé d’un tel contrat ne fait pas toujours
l’unanimité : si Lorrain (2000) soutient l’idée qu’il faut s’orienter vers des contrats
incomplets, conçus comme des processus d’apprentissage et non des documents ultimes,
Shugart (1998) fait preuve de scepticisme en soulignant les faiblesses liées à la nature
incomplète des contrats. Selon cet auteur, il existe dans le cas des contrats complets des
principes bien établis pour résoudre des problèmes potentiels de trois natures : les décisions
prises par une autorité publique qui augmentent les coûts du concessionnaire (le fait du

234
prince), des événements imprévus qui augmentent les coûts de construction ou de gestion
(sujétions imprévues), et des difficultés temporaires générées par la hausse du coût d’un
intrant, qui ne pouvaient clairement pas être prévues au moment de la signature du contrat
(imprévision). Dans le cas de contrats incomplets, les mécanismes de résolution des conflits et
les règles utilisés pour une telle résolution deviennent essentiels pour respecter les intérêts des
parties et éviter de rompre le contrat.110

Le contrat organise les fonctions essentielles de la régulation économique : détermination des


tarifs (qui se fait sur la base de formules d’ajustements tarifaires contenues dans le contrat et
permettant le recouvrement des coûts) ; régulation de la qualité de service (qui se fait
généralement sur la base d’un cahier de charges en annexe au contrat, établissant les
caractéristiques et la qualité du service fourni aux usagers) ; régulation de la concurrence (qui
se fait sur la base d’une remise en concurrence périodique lorsque le contrat arrive à terme) et
la protection des consommateurs qui est traitée de manière générale dans les contrats, par le
biais du respect des principes d’égalité face au service public et de neutralité, mais les usagers
sont bien souvent exclus du processus de régulation par le contrat, dont ils ne sont pas
signataires.

En outre, il existe différents types de contrats de délégation de service qui génèrent des
besoins en régulation différents : contrat de gestion, d’affermage, de concession, etc. Ainsi, un
contrat de concession transfère l’intégralité des fonctions de fourniture du service, y compris
celles d’investissement, et permet à l’opérateur de conserver l’intégralité du tarif pour couvrir
ces coûts. La régulation du tarif a donc un impact direct sur la capacité de l’opérateur à
recouvrer ses coûts et à dégager une margé bénéficiaire. D’autres contrats, comme
l’affermage ou le contrat de gestion, transfèrent des responsabilités et niveaux de risque
associés moindres. Bien que la détermination de tarifs capables de recouvrer les coûts reste
essentielle, la marge de l’opérateur est fixée par le biais d’un contrat entre l’entreprise
publique et l’opérateur privé et ne fait pas l’objet d’une « régulation » à proprement parler.

I.3.2.2 – Principaux avantages et inconvénients

La régulation par le contrat s’est avérée bien adaptée dans certaines cultures de tradition
juridique francophone, comme la régulation du secteur de l’eau au Sénégal. 111 Lorsqu’elle
fonction bien, la régulation par le contrat permet également de minimiser les coûts en évitant
la création d’une structure ad hoc couplée d’importants besoins de formation. Dans les pays
où les ressources humaines dans le secteur public, au niveau d’un secteur, sont limitées, cela
permet de former le personnel à l’intérieur même des ministères.

Cependant, la régulation par le contrat souffre d’un certain nombre de faiblesses,


particulièrement significatives dans de nombreux pays en développement. Lorsque le contrat

110
En France, où ce modèle de régulation est né, le Conseil d’Etat est responsable de la résolution des conflits
d’application sur la base d’une jurisprudence établie au fil de plusieurs siècles ; il peut trancher sur des conflits à
la fois de forme ou de procédure ce qui lui donne des pouvoirs de quasi-régulateur.
111
En 1995, lors de la réforme du secteur de l’eau, les autorités sénégalaises et leurs conseillers ont préféré
s’appuyer sur des formes contractuelles de tradition française et des mécanismes de conciliation qui reflètent
mieux la culture locale. Le succès des arrangements contractuels a aussi été rendu possible par le fait que le
contrat était bien adapté au contexte local et que le choix d’une formule d’affermage permettrait de combiner
financements publics et privés à la mesure des capacités de prise de risque (Trémolet, 2010).

235
est signé au niveau local (entre une municipalité et un opérateur de services), il ne permet pas
une séparation effective entre les fonctions de détermination des politiques publiques et celles
de la régulation. Cela peut donc déboucher sur des conflits d’intérêt ; il peut alors être difficile
de protéger l’opérateur de services de l’arbitraire politique, ou d’éviter au contraire la
mainmise de l’opérateur sur la municipalité (Auriol, 2009). Cette forme de régulation est par
conséquent inappropriée dans une situation de déséquilibre patent entre les deux parties,
pouvant générer des antagonismes.

De plus, la base institutionnelle sur laquelle la régulation par le contrat s’appuie fait
cruellement défaut dans les pays en développement, où une jurisprudence chargée de gérer les
litiges n’existe que rarement, rendant difficile l’arbitrage des conflits consécutifs aux
changements de circonstances. Ainsi, il est difficile de mettre en œuvre la régulation par le
contrat dans des contextes où la notion de service public est absente, où les mécanismes de
recours sont inexistants et les moyens techniques et humains limités.

I.3.3 – REGULATION PAR AGENCE

I.3.3.1 – Principales caractéristiques du modèle

La régulation par agence fait en général référence à la mise en place d’une agence de
régulation indépendante sur le modèle d’Ofwat, l’autorité de régulation de l’eau et de
l’assainissement créée en Angleterre à la faveur de la privatisation de 1989 ou, dans une
moindre mesure, sur le modèle des Public Utilities Regulatory Commissions qui existent aux
Etats-Unis depuis plus d’un siècle et sont généralement chargées de réguler plusieurs secteurs
à la fois. Habituellement, les agences de régulation sont mises en place par voie législative, ce
qui est censé leur permettre d’exercer de manière plus autonome leurs fonctions de régulation,
sur la base de principes définis dans différents instruments juridiques, y compris la loi elle-
même, ses décrets d’application ou les licences112. Ces principes sont en général moins
spécifiques que les clauses contractuelles des contrats de délégation, et doivent par suite faire
l’objet d’une interprétation par le régulateur qui doit donc disposer des compétences
adéquates.

Lors de leur création, les organismes de régulation sont généralement chargés de l’ensemble
des fonctions de la régulation économique, y compris la détermination des tarifs, la régulation
de la qualité du service, la régulation de la concurrence et la protection des consommateurs,
bien que l’attribution exacte de ces fonctions dépende largement du contexte et de la
préexistence (ou non) d’autres organismes.

I.3.3.2 – Principaux avantages et inconvénients

112
Une licence se distingue d’un contrat car elle est octroyée de manière unilatérale par la puissance publique
pour définir les droits et les obligations d’un opérateur. En principe, toute modification se fait donc
unilatéralement (par opposition à un contrat qui est renégocié entre deux parties sur un pied d’égalité), bien que
l’opérateur puisse faire appel s’il s’estime floué ou traité de manière injuste.

236
La mise en place d’autorités de régulation peut permettre d’améliorer la clarté dans la
répartition des fonctions entre les ministères, chargés de la définition des politiques publiques
et les autorités de régulation, chargées d’arbitrer entre différents intérêts pour faire valoir
l’optimum général. Les arguments fréquemment avancés pour la création de telles entités sont
les suivants (Smith, 1997) : séparation des fonctions, concentration des capacités humaines (et
financières) pour assurer les tâches de la régulation à partir d’un seul organisme, meilleure
continuité dans l’approche adoptée pour la conduite de la régulation. Par ailleurs, la création
d’une agence de régulation permet parfois une participation accrue des usagers, avec
généralement des mécanismes d’implication des consommateurs beaucoup plus explicites que
dans le cas de la régulation par contrat.

Pourtant, dans la plupart des pays, ces agences de régulation nouvellement créées ont peiné à
établir leur légitimité en raison d’un manque de compétences et d’interférences politiques.
Elles sont donc rarement vues comme des arbitres légitimes, notamment au moment des
conflits. Une telle faiblesse peut encourager des comportements opportunistes de la part des
collectivités publiques (refus d’augmenter les tarifs en dépit des projections du contrat pour
des raisons électorales) et de l’opérateur (renégociation des modes d’incitation du contrat pour
diminuer le risque encouru). De même que pour le modèle de régulation par contrat,
l’environnement institutionnel global est bien souvent trop fragile pour permettre une
application en bonne et due des décisions des organes de régulation.

I.3.4 – MODELES HYBRIDES

La nécessité d’une mise en place des cadres de régulation adaptés aux circonstances des pays
en développement a favorisé la promotion des « modèles hybrides », qui combinent les
caractéristiques de plusieurs modèles afin de répondre au mieux aux situations et exigences de
chaque pays.

I.3.4.1 – La régulation par le contrat associé à une agence

I.3.4.1.1 - Les principales caractéristiques du modèle

Ce modèle consiste à combiner la régulation par le contrat avec la régulation par agence.
Généralement, les principaux termes du cadre régulatoire sont fixés dans un contrat (du moins
pour une période initiale) et une agence de régulation est chargée de faire évoluer le contrat
sur la base de principes contenus dans la loi, concernant notamment les révisions tarifaires
périodiques, la résolution des conflits, l’adaptation des règles régissant la qualité du service,
etc. Ainsi, le contrat liant la collectivité (parfois l’Etat) et l’opérateur est généralement aussi
complet que possible, prévoyant l’ensemble des objectifs et engagements sur la durée du
contrat. L’autorité de régulation doit d’abord veiller au respect des engagements contractuels,
puis fournir une expertise autonome, pour éviter le face-à-face entre les deux parties (Breuil,
2005). Les préconisations d’un tel modèle s’appuient sur l’observation des faiblesses des deux
principaux modèles cités précédemment. Mais, les contrats sont forcément incomplets et il est

237
impossible de tout prévoir, surtout pour des contrats de long-terme. Une agence de régulation
peut être alors créée pour ajuster les paramètres du contrat, par exemple en effectuant le suivi
de la performance (par le biais d’un benchmarking par exemple) ou en déterminant les
formules d’ajustement tarifaire (Eberhard, 2007).

I.3.4.1.2 - Les principaux avantages et inconvénients

Lorsque ce modèle hybride fonctionne bien, il génère des avantages similaires à ceux du
modèle de régulation par agence (dans lequel les détails des arrangements sont en général
inscrits dans la licence, qui peut être considérée comme l’équivalent d’un contrat). L’agence
de régulation peut jouer un rôle d’arbitre et permettre une meilleure transparence des débats,
avec la diffusion des données dans le domaine public et une meilleure implication des
usagers.

Mais cette superposition des schémas de régulation par agence et par contrat peut également
générer des problèmes et des faiblesses, surtout lorsque la répartition des fonctions de la
régulation, entre chaque instrument juridique, n’est pas clairement définie. Par ailleurs,
beaucoup d’entreprises privées voient la création d’une agence de régulation comme un risque
et non une garantie que les principes de la régulation seront effectivement appliqués. Et du
côté des pouvoirs publics, beaucoup voient la création d’un organisme de régulation en plus
de contrats comme un coût supplémentaire et non justifié, et surtout perçoivent un régulateur
indépendant comme une tierce partie qui ne permet pas de régler à l’amiable des conflits.

I.3.4.2 – L’externalisation des fonctions de la régulation

I.3.4.2.1 - Les principales caractéristiques du modèle

L’externalisation consiste à faire appel à des experts externes pour accomplir certaines
fonctions de la régulation. Ces fonctions peuvent être externalisées à plusieurs types
d’entités : un panel d’experts, un autre régulateur (via des accords de jumelage), une agence
de régulation régionale ou un consultant international. Ces experts externes, en général
mobilisés en cas de conflit ou de procédure d’appel, peuvent être sollicités soit pour donner
des conseils ou des directions, soit pour prendre une décision effective et finale, sans
possibilité de recours. Le choix de l’entité et le profil des experts dépendent des fonctions qui
leurs seront attribuées. Ainsi, l’externalisation peut permettre de compléter les compétences
internes, d’améliorer la qualité et la crédibilité de la régulation et d’en diminuer les coûts sur
le long terme.

I.3.4.2.2 - Les principaux avantages et inconvénients

De tels systèmes d’externalisation sont généralement perçus comme étant moins coûteux que
la création d’une agence de régulation. En outre, ces mécanismes s’intègrent bien dans la

238
logique du contrat et permettent de renforcer la légitimité, l’indépendance et la compétence du
cadre régulatoire dans son ensemble. En effet, les experts indépendants ont, dans la plupart
des cas, un mandat et des objectifs précis par rapport aux instances de régulation aux objectifs
multiples et parfois contradictoires. Le choix de l’externalisation est motivé en grande partie
par la volonté d’indépendance à l’égard des pressions politiques dont les régulateurs peuvent
faire l’objet. Les experts sont choisis de telle manière que leur jugement soit impartial, ce qui
permet de rassurer les investisseurs sur les risques de pression et de donner une légitimité à un
processus autrement capturé par des intérêts contraires (autorités publiques, opérateurs et
consommateurs) grâce au bénéfice de réputation d’un agent extérieur. Enfin, les organismes
de régulation bien établis peuvent également recourir à des experts externes dans le but de
rationaliser leurs activités et de se concentrer sur leurs tâches principales.

Toutefois, ce modèle n’est pas forcément bien accueilli dans tous les pays. En effet,
l’externalisation des fonctions de régulation peut susciter une certaine réticence des pouvoirs
publics à abandonner leur pouvoir discrétionnaire, qu’ils parviennent à maintenir, même dans
le cas d’une régulation par agence, grâce à leur pouvoir informel d’influence. La plupart des
fonctions de la régulation ne portent pas uniquement sur des sujets techniques qu’il est
possible d’externaliser. Certaines fonctions, comme la détermination des tarifs, sont des sujets
sensibles qui requièrent un arbitrage politique, et sur lesquels des experts extérieurs ne sont
pas forcément les mieux à même de prendre une décision finale. De même, pour ce qui est par
exemple des experts mobilisés de manière ad hoc, ceux-ci ne disposent pas toujours de la
mémoire institutionnelle suffisante ou des capacités nécessaires pour la vérification de la
performance, particulièrement s’il est fait appel à eux uniquement en cas de conflit.

I.3.5 – LA REGULATION PARTICIPATIVE

I.3.5.1 – Les principales caractéristiques du modèle

La régulation participative s’est développée pour des raisons diverses liées aux déficiences
des services (notamment l’affaiblissement du lien entre citoyens et autorité publique, et le
problème de l’acceptabilité sociale des tarifs) dans les pays en développement et ailleurs.
Cette régulation recouvre en réalité des degrés d’implication très variables, allant de la simple
information à l’implication dans la gestion de service. Dans la littérature abondante qui
couvre le sujet, différentes typologies ont été proposées. C’est ainsi que Lorrain (1996) retient
six situations de participation des usagers, qu’il divise en « démocratie de procédure » lorsque
la participation se fait en amont du service (information, consultation) et de « démocratie du
processus » lorsque les usagers exercent une responsabilité dans la gestion quotidienne du
service. Muzzini (2005) retient dans son analyse quatre marches sur l’échelle de participation
des usagers : l’information, la consultation, le partenariat et enfin la responsabilisation ou la
délégation. Franceys (2008) classe les mécanismes de participation des usagers en fonction de
leur degré de connaissance (de leurs droits et devoirs, des problématiques sectorielles, du
processus de régulation) et du nombre d’usagers-consommateurs impliqués dans le processus,
etc. Enfin, la participation des usagers peut être réalisée par le biais de différents vecteurs :
associations d’usagers, plus ou moins professionnalisées ; ou groupes de consommateurs
institutionnalisés, créés à l’initiative des régulateurs.

239
I.3.5.2 – Principaux avantages et inconvénients

La régulation participative favorise la transparence et l’efficacité du service, notamment en


recréant la confiance des usagers et en promouvant la démocratie locale grâce à un système de
représentation qui inclut toutes les parties concernées. Cela permet également de limiter les
risques de capture politique de l’opérateur, en communiquant les préférences des usagers et en
leur permettant d’exercer leurs droits et responsabilités. La participation des usagers peut
aussi contribuer à influer sur les politiques publiques en amont ou en aval113. Pour que cette
régulation soit effective, il est néanmoins nécessaire d’éduquer les usagers sur les contraintes
des opérateurs, et notamment sur la nécessité de recouvrir les coûts et améliorer la pertinence
du service proposé (tarif, qualité) grâce à une approche fondée sur la demande et les besoins.

Cependant, le modèle de la régulation participative se trouve confronté à un certain nombre


d’obstacles, qui limitent son potentiel pour influencer réellement la régulation. Lorsqu’elles
existent, les organisations de représentation des usagers ont, en général, des capacités faibles.
Or pour être crédible sur la scène publique, elles doivent être capable de parler de façon
informée de sujets comme la fixation des tarifs, le processus de régulation et le contexte
institutionnel, et de faire du lobbying auprès des pouvoirs publics. Par ailleurs, la
représentativité de ces associations d’usagers-consommateurs fait bien souvent question, car
elles restent quelquefois méconnues de la majorité des usagers pauvres, et ne sont donc pas
toujours un partenaire crédible dans le processus de régulation. En outre, pour permettre la
participation des usagers dans la régulation du service, il faut que des mécanismes adéquats
soient en place chez les régulateurs et opérateurs pour recevoir et traiter leurs plaintes ou
diffuser l’information (expertise, canaux d’information viables), ce qui n’est pas toujours le
cas. Enfin, l’implication des usagers dans la régulation du service a un coût, qui doit le plus
souvent être supporté par les usagers par le biais des tarifs.

Ainsi, bien que la participation des usagers puisse être un moyen extrêmement utile de refléter
les vues des principaux bénéficiaires et de réaliser des arbitrages (par exemple, pour définir
les niveaux de service répondant à la demande tout en tenant compte des contraintes
financières du secteur), celle-ci ne peut se substituer à une institution chargée de la régulation,
car il n’est pas possible de demander aux populations pauvres et illettrées de jouer
bénévolement le rôle de régulateur. La régulation impose d’effectuer des arbitrages, ce qui
signifie que l’Etat doit jouer pleinement son rôle pour prendre des décisions qui génèrent des
bénéfices pour certains et des pertes pour d’autres.

En conclusion, il apparaît clairement que chacun des modèles institutionnels typiques de la


régulation, ci-dessus passés en revue, présente des avantages et des inconvénients. Par
conséquent, il est nécessaire pour les pays en développement de choisir la combinaison qui
apporte le plus de solutions en rapport au contexte de chaque pays.

I.4 – Définir une régulation qui réponde aux besoins des pays en développement

113
En Grande-Bretagne, sous la pression des consommateurs, la loi-cadre du secteur de l’eau adoptée en 2003,
interdit de déconnecter les foyers en situation d’impayés et met au cœur de la politique de régulation l’objectif de
prendre en compte les plus vulnérables (Franceys, 2008).

240
I.4.1 – L’EXPERIENCE DE LA REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT

A la fin des années 1980, les médiocres performances des sociétés en charge des services
publics dans les pays en développement, notamment en Afrique sub-saharienne, ont amené les
bailleurs de fonds à promouvoir une participation accrue du secteur privé. L’objectif était
double : attirer des capitaux et bénéficier de l’efficacité du management privé (Henry, 2008).
La philosophie générale du changement, inspirée par la théorie des marchés contestables, était
d’introduire la concurrence, partout où cela était possible, d’isoler les segments de monopole
naturel et de mettre en place des autorités indépendantes de régulation. Cette nouvelle vision
représentait alors une remise en cause radicale du modèle traditionnel fondé sur des
monopoles publics verticalement intégrés, souvent générateurs d’inefficacité et de surcoûts.
L’introduction de la concurrence devrait en principe encourager l’innovation, les baisses de
coût et les gains de productivité (Chevalier, 2008).

Vingt ans après, les reformes des secteurs d’infrastructure dans les pays en développement
ont-elles répondu aux attentes des consommateurs, des opérateurs et des investisseurs ? Les
modèles de régulation choisis ont-ils été solidement incorporés dans les dispositifs
institutionnels de chaque pays ? Leur implémentation a-t-elle été effective ? Et plus important,
la régulation a-t-elle permis un accroissement du bien-être des consommateurs et du pays, tout
en maintenant la santé financière des entreprises de services en réseau, et des incitations pour
davantage d’investissement ?

Globalement, la régulation des industries de réseau dans les pays en développement n’a pas
été à la hauteur des enjeux. A l’exception des sociétés de télécommunication, désormais
largement privatisées, on constate un certain désintérêt des investisseurs internationaux pour
les autres secteurs de l’eau, de l’énergie et des transports, ainsi qu’une faible amélioration des
performances : la productivité des entreprises demeure en deçà des standards, les taux d’accès
(urbain, périurbain et rural) et la qualité des service restent faibles, les infrastructures sont
dégradées, les consommations publiques trop importantes et souvent impayées, les
rendements techniques et commerciaux des réseaux sont trop faibles pour générer des revenus
suffisants servant à entretenir et développer les réseaux et les services (Henry, 2008).
Trémolet (2005), Brown (2006), Eberhard (2008) et Keramane (2008) listent un certain
nombre d’obstacles et de contraintes qui empêchent une régulation efficace des industries de
réseau dans les pays en développement :

 Interférences politiques, notamment en matière de tarification. Le gouvernement se


réserve le droit de réglementer en fonction des intérêts particuliers ou des contingences
électoralistes et en cas de pénurie.

 Autonomie relative et fragilité institutionnelle des organes de régulation :


nominations des commissaires, absence de mandat, approbation du budget, contrôle des
activités, etc. En général, l’autorité régulatrice du secteur est juridiquement et
politiquement faible. Elle ne dispose ni d’indépendance, ni d’autonomie de gestion, ni de
moyens financiers, techniques et humains suffisants pour réguler avec efficacité, garantir
l’efficience des services et protéger les intérêts des usagers.

241
 Déficit de transparence, de participation et de responsabilité. La transparence exige un
ensemble de mesures qui aident toutes les parties prenantes à comprendre et à avoir
confiance aux processus et décisions de régulation. Ces mesures de transparence
fournissent une vision commune des règles du jeu et de la manière dont elles sont
appliquées. Mais, ces principes de « bonne régulation » sont plus difficiles à obtenir dans
les pays en développement où les institutions font face à de graves défis de gouvernance et
de capacité.

 Contraintes de ressources humaines. Une enquête114 de la Banque mondiale auprès des


régulateurs a confirmé que le manque de personnel qualifié en régulation est la contrainte
la plus importante pour les « régulateurs émergents », suivie par la compétition avec le
secteur privé pour le recrutement.

Ainsi, si la réforme a réussi à introduire la régulation en tant que concept défini par des textes
souvent complets et bien élaborés, elle n’est pas parvenue à fonctionner correctement dans un
cadre institutionnel vertical et centraliste qui caractérise la plupart des pays en
développement, et qui limite et restreint le champ d’action et les temps réels de la régulation.

I.4.2 – QUELLE REGULATION POUR LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ?

Le modèle de régulation hybride qui combine les caractéristiques du modèle de délégation du


service public avec la création simultanée d’organismes de régulation plus ou moins
indépendants, est devenu peu à peu le modèle le plus répandu dans les pays en développement
(PED). Toutefois, il serait judicieux que chaque pays recherche une voie adaptée à ses propres
besoins, à ses traditions et à sa propre culture, dans une démarche pragmatique qui relève
parfois de l’expérimentation, sachant que l’objectif est de trouver les voies et moyens
permettant l’amélioration des services. Ainsi, il n’y aurait à priori pas un modèle de référence
unique pour les pays en développement. Même dans les pays occidentaux, il n’y a pas de
modèle normatif, pas d’optimum institutionnel (pas de right head point) vers lequel il faudrait
tendre à tout prix. Le régulateur britannique se distingue des commissions américaines ; en
France et en Suède, les régulateurs jouent des rôles différents, selon des styles et des
arguments distincts (Henry, 2008).

Les modèles de régulation peuvent d’ailleurs être interprétés comme un révélateur de leur
contexte et de la culture politique dans laquelle ils opèrent. En Afrique, certains régulateurs
ont pu être plutôt perturbateurs et à l’origine de contre-performances, notamment parce qu’ils
tentaient de copier un modèle unique. Ce faisant, ils n’ont pas répondu aux inquiétudes du
contexte et ils n’ont pas non plus bénéficié de comportements responsables des acteurs. La
juxtaposition de schémas issus de droits allogènes (un mixage aléatoire des modèles français
et anglo-saxon) n’est pas toujours viable. Il s’agit plutôt de faire émerger dans les pays du Sud
un droit qui pourrait s’appuyer sur une recherche endogène. Dans ces pays, une bonne
organisation et une régulation efficace des industries de réseau incluent (Keramane, 2008) :

114
Voir Trémolet (2005)

242
 Une condition majeure : la participation active des compétences et ressources locales. La
mobilisation effective des potentialités humaines, matérielles et financières constitue un
élément essentiel de la réussite des réformes ;

 La démonopolisation et la dé-intégration des activités ne posent aucun problème de


principe et peuvent être réalisées rapidement ;

 L’ouverture à la concurrence et à l’investissement privé peut permettre de faire face aux


importants besoins de financement ;

 En revanche, l’opinion qui prévaut généralement dans les PED est que l’opérateur
historique doit rester à majorité publique, l’activité étant jugée stratégique115 ;

 Le partenariat de l’opérateur historique est à rechercher avec un opérateur professionnel


ou un exploitant (et non un financier), avec prise de participation des salariés pour
mobiliser le personnel ;

 L’opérateur doit jouir d’un statut indépendant et d’une gestion autonome ; il assume les
missions de service public et d’intérêt général. Les dirigeants des PED doivent apprendre
avant tout à libérer l’entreprise, qu’elle soit publique ou privée et, lorsqu’elle est publique,
à lui conférer toutes les prérogatives conformes à une gestion privée pour lui permettre de
s’organiser, d’améliorer ses performances et de soutenir la compétition avec les opérateurs
concurrents.

 Les autorités de régulation ainsi que les institutions judiciaires garantissant l’impartialité
en cas de recours ou de contentieux doivent être réellement indépendantes, et les
procédures d’obtention des contrats ou de licences véritablement lisibles et transparentes.

Un des enseignements qu’on peut tirer de la vague des reformes dans les secteurs
d’infrastructure des pays en développement est que le marché a montré ses limites et a prouvé
que tout seul, il n’est pas apte à déclencher les investissements de production adéquats en
temps opportun, et qu’en fin de compte le recours exclusif au marché pour assurer l’efficacité
économique et la sécurité d’approvisionnement en services essentielles est sujet à caution.
Ainsi, l’organisation des industries de réseau devra se passer désormais des méthodes
standardisées et s’accommoder d’une démarche souple et progressive, fondée sur
l’observation des faits, taillée sur-mesure, adaptée à chaque contexte, qui parte d’une solide
compréhension des comportements de l’ensemble des acteurs (Henry, 2008). Si la tendance
générale consiste à supprimer les monopoles d’Etat verticalement intégrés et à ouvrir le
secteur à la concurrence, le rôle de l’Etat demeure important, non en tant qu’Etat
centralisateur de la décision économique et de la gestion des ressources, mais en tant qu’Etat
régulateur, redistributeur de richesse et défenseur du service public et de l’intérêt général.

D’ailleurs, Eberhard (2007) propose une classification des modèles de régulation en fonction
de deux axes : l’implication des pouvoirs publics et leur volonté de réduire le risque
d’opportunisme d’un côté, et les capacités institutionnelles de l’autre, et suggère l’adoption de
modèles de régulation « évolutifs », qui puissent s’adapter à l’évolution des capacités de

115
Au Cameroun, après la privatisation de la société nationale d’électricité et la concession attribuée au groupe
américain AES Sirocco, les délestages de courant dont étaient par la suite victimes les usagers avaient provoqué
de violentes manifestations de rue au cours desquelles des drapeaux américains avaient été brûlés.

243
régulation et de la volonté des pouvoirs publics d’attribuer les responsabilités de la régulation
à un organisme indépendant. Selon lui, la régulation par le contrat peut être utilisée lorsque les
capacités de régulation et la volonté de déléguer sont faibles : il est alors préférable de
spécifier le maximum de paramètres dans un contrat, au moins pour une période initiale. Au
fur et à mesure que les capacités sont développées, il est possible de mettre progressivement
en place un organisme de régulation, en ayant d’abord recours à des experts externes, ou à un
benchmarking régional. Chaque pays devant avancer selon son rythme et suivant sa situation.

Ainsi, les choix du modèle de régulation à mettre en place et de sa mise en œuvre doivent
tenir compte du niveau de développement du pays et des différents modes d’accès aux
services. Dans les pays en développement, une grande majorité des citoyens n’ont pas accès
aux réseaux des grandes entreprises de services publics, parce qu’ils vivent en deçà du seuil
de pauvreté et ne peuvent pas financer un raccordement, ou parce qu’ils sont trop éloignés des
réseaux. Pour tenter d’apporter des réponses à ces problèmes, une littérature conséquente sur
la régulation dite « pro-poor » a émergé ces dernières années et s’appuie sur l’examen
d’expériences innovantes pour la régulation favorable aux pauvres (Trémolet et Browning,
2002 ; Trémolet et Hunt, 2006 ; Franceys et Gerlach, 2008 ; Iwanami et Nickson, 2008). Ces
auteurs définissent les principales dimensions de la régulation « pro-poor » comme étant :
fournir un cadre permettant une concurrence équitable entre une grande diversité
d’opérateurs, y compris l’opérateur principal et les petits opérateurs privés ; créer des
incitations pour que l’opérateur principal étende le service ; adapter les normes de service en
vue d’autoriser des niveaux de service différents ; définir des niveaux de tarifs et des
structures tarifaires qui favorisent l’accès des plus pauvres sans remettre en cause la stabilité
financière de l’entreprise ; définir des mécanismes de consultation et de réclamation adaptés
aux besoins de ces populations.

Toutefois, d’autres auteurs remettent en cause la notion même de régulation « pro-poor » en


arguant que la régulation devrait être focalisée sur les arbitrages économiques
indépendamment de la politique sociale (Groom, Halpern et Ehrhardt, 2006). Ces auteurs
souhaitent avant tout circonscrire le champ d’application de la régulation économique, pour
éviter que celle-ci ne soit appelée à résoudre des problèmes qui la dépassent. Néanmoins,
Trémolet et Hunt (2006) établissent une distinction claire entre la définition des objectifs de
politiques publiques (tels que la définition d’objectifs d’extension du service) et la mise en
œuvre d’une régulation favorable aux pauvres, qui permet de faire appliquer ces objectifs sans
mettre en danger la viabilité financière des entreprises. Par exemple, la définition des zones de
services en vue d’organiser des systèmes de péréquation relève plus de la politique sectorielle
que de la régulation, mais la régulation peut contribuer à définir des zones de services
permettant le recouvrement des coûts.

En outre, pour les pays en développement, afin de respecter les principes de la bonne
régulation, des conditions préalables sont nécessaires, à travers des réformes politiques et
institutionnelles consolidant la démocratie et l’Etat de droit, la liberté dans tous les domaines,
la transparence et la bonne gouvernance116. Ces pays doivent également surmonter leurs
divergences et exploiter les possibilités offertes par la coopération Sud-Sud, en organisant des

116
Gasmi et al. (2009) montrent dans une analyse empirique que pour les pays en développement, les
performances des organismes de régulation augmentent avec le degré de responsabilité politique (représentée par
des variables ayant trait à la corruption, à la bureaucratie, au maintien de l’ordre, à l’expropriation, au risque de
change et à l’équilibre des pouvoirs). Pour ces auteurs, la mise en place d’organismes de régulation dans les pays
en développement devrait faire partie d’une stratégie plus large de « bonne gouvernance » au lieu d’être
considérée, comme par le passé, comme une problématique sectorielle.

244
ensembles régionaux à même de constituer des marchés viables, et en mettant en place des
régulateurs régionaux.

SECTION II – LA REGULATION DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE AU


CAMEROUN

II.1 – La réforme du secteur de l’électricité au Cameroun

II.1.1 – LE CONTEXTE DE LA REFORME

La réforme du secteur de l’électricité au Cameroun intervient à partir des années 1990 dans un
contexte de réformes généralisées qui touchent l’ensemble des secteurs économiques. Les
objectifs généraux des réformes, tels que décrits dans les divers documents du FMI et de la
Banque mondiale sont les suivants : (1) raffermir la stabilité macroéconomique et réinstaller
une viabilité économique ; (2) mener l’économie dans la voie du développement durable et
(3) améliorer les conditions de vie de la population et réduire significativement la pauvreté
(IMF, 1999, 2000). Pour atteindre ces objectifs, les politiques préconisées sont les suivantes :

 Promotion du secteur privé, par une réduction de l’implication du Gouvernement dans


l’économie et une déréglementation des marchés.
 Augmentation de la productivité des facteurs de production, par une réduction des coûts
de production et de meilleures incitations à l’efficacité.
 Augmentation de la productivité externe, par une amélioration des infrastructures
économiques et sociales.

La mise en œuvre de ces politiques engendrera des changements drastiques, parce que
l’emprise du Gouvernement sur l’économie était considérable. En effet, les entreprises d’Etat
étaient impliquées dans l’ensemble des secteurs économiques (transport, télécommunications,
énergie, eau, sucre, aviation, banques, forêts, etc.) et le niveau de corruption au sein des
ministères et de ces entreprises rendait par ailleurs leur gestion très problématique. En
particulier, dans le secteur de l’électricité, les objectifs visés par les réformes étaient de
stimuler les investissements, développer la concurrence et l’efficacité, et diminuer les prix
(Pineau, 2002).

Au Cameroun, la fourniture du service public de l’électricité était assurée jusqu’en 2001 par la
Société nationale d’électricité (Sonel), une structure de monopole qui avait en charge la
production, le transport et la distribution de l’énergie électrique sur toute l’étendue du
territoire.

245
Avant la réforme, la société nationale d’électricité souffrait de multiples difficultés,
notamment d’un sous-développement essentiellement attribué au manque
d’investissement

Depuis la création de la Sonel en 1974, les trois segments ci-dessus n’ont connu qu’une
évolution modeste. La production est passée de 1312 GWh à 3536 GWh entre 1975 et 2001,
ceci grâce à l’augmentation de la puissance installée qui est passée de 316 MW à 843,5 MW
durant cette période. En ce qui concerne le segment du transport, la Sonel exploitait jusqu’en
1994, 480 km de lignes 225 kV, 100 km de lignes 110 kV et 1064 km de lignes 90 kV. En
2001, la longueur des lignes 110 kV est passée à 337 km, les autres restant inchangées. Le
segment de la distribution comprenait en 1988, 7928 km de lignes et 3299 postes de
transformation qui sont passés à 19033 km et 6444 postes en 2001 (Kamdem, 2004).

Bien que ces équipements permettaient d’assurer un service minimum, la gestion de cette
société a mis en lumière plusieurs insuffisances incluant un gap important par rapport à la
capacité installée, une absence de politique de maintenance des équipements, une absence de
nouveaux investissements, des effectifs pléthoriques, des fraudes techniques organisées, etc.
De plus, la structure tarifaire de cette entreprise s’est dégradée à partir de 1994, suite à la
dévaluation du franc CFA local, si bien qu’au cours de l’exercice 1996/1997, les impayés de
l’Etat et des communes s’élevaient à 13,5 milliards de FCFA117. Les impayés auprès des
bailleurs de fonds étaient de 26,6 milliards et la dette vis-à-vis des fournisseurs de 11
milliards de FCFA au 30 juin 1997. La trésorerie qui était de 1,5 milliard de FCFA au 30 juin
1996 est passée à 0,2 milliard au 30 juin 1997. Afin d’améliorer cette situation financière, il
s’imposait une restructuration de l’entreprise. Les principaux éléments de cette restructuration
étant : une augmentation du capital, le remboursement des arriérés et un rééchelonnement de
la dette. Il s’imposait également une amélioration de la gestion, en particulier du rendement
de distribution, du taux de recouvrement et d’une augmentation des tarifs.

En effet, une autre insuffisance majeure de la Sonel s’est faite ressentir au niveau de la gestion
de sa clientèle. L’analyse comparative des tarifs montre que de 1978/1979 à 1987/1988, les
tarifs appliqués à la société Alucam118, ont augmenté de 10,75% par an, tandis que les charges
de production hydraulique ont cru à un rythme annuel de 22,79%. Par exemple, ce client
grand compte, qui s’approvisionne en haute tension, a consommé plus de 52% de la
production, mais n’a généré que 10% des recettes de la Sonel en 1987/1988. Durant cet
exercice, le coût moyen de production de la Sonel à la centrale hydroélectrique d’Edéa était
de l’ordre de 12 FCFA/kWh, mais le prix moyen offert à Alucam était de 3,96 FCFA ! Il
s’ensuit donc que les clients basse tension subventionnaient la société Alucam, ce qui ne
permettait pas d’équilibrer les finances de la Sonel, puisque celle-ci consommait plus de la
moitié de la production totale.

Par ailleurs, le taux de croissance de la demande était supérieur au taux de croissance de la


puissance installée et donc de la production, ce qui a par la suite causé des délestages
électriques. En effet, les retards d’investissements accumulés dans le secteur de l’électricité
ont été la cause des insuffisances des moyens de production. Par exemple, depuis 1981, année
de mise en service de la centrale hydroélectrique de Song Loulou, le secteur n’avait plus
bénéficié des équipements de production viables dans son réseau interconnecté Sud. Ce qui
correspondait à deux décennies sans véritable investissement dans un secteur aussi
stratégique. Il était donc impératif pour cette société de procéder à des investissements de
117
1 euro = 655, 957 FCFA
118
Aluminium du Cameroun, filiale du groupe minier international Rio Tinto Alcan

246
réhabilitation et de renouvellement estimés à 45 milliards de FCFA pour la centrale d’Edéa et
à 30 milliards de FCFA pour celle de Song Loulou (Kamdem, 2004). Face à toutes ces
défaillances affectant fortement la Sonel, la solution choisie par le Gouvernement a été de la
privatiser.

II.1.2 – PRESENTATION ET MISE EN ŒUVRE DE LA REFORME PROPOSEE

La clé de voûte de la réforme institutionnelle du secteur de l’électricité mise en œuvre par le


Gouvernement du Cameroun est la privatisation le 18 juillet 2001 de l’opérateur historique
qu’était alors la Sonel. Cette réforme avait pour objectifs (Boumsong, 2009) :

 le recours au secteur privé pour mobiliser les financements nécessaires à la réalisation des
investissements et pour bénéficier de l’expertise d’opérateurs reconnus au niveau
international ;
 l’amélioration de la qualité de service fourni et de la desserte ;
 l’amélioration de l’efficacité dans la production, le transport et la distribution
d’électricité ;
 la fourniture de l’électricité à des prix compétitifs à la population et aux industries
camerounaises.

La libéralisation du secteur de l’électricité est consacrée par la loi N° 98/022 du 24 décembre


1998 qui dispose que le service public de l’électricité est assuré sous le contrôle de l’Etat par
des sociétés concessionnaires, titulaires de licences ou d’autorisations. Les conventions de
concession, les licences et les autorisations octroyées en application de cette loi définissent les
droits et obligations de leurs titulaires dans le cadre de leur activité. Lesdits droits et
obligations sont non discriminatoires et établis dans la perspective d’un marché de l’électricité
concurrentiel et compétitif conformément aux dispositions du décret N° 2000/464 PM du 30
juin 2000 régissant les activités du secteur de l’électricité.

Cette libéralisation du secteur de l’électricité s’est réalisée selon les modalités suivantes : (i)
libéralisation sans délai des activités « production », « transport » et « distribution » de
l’électricité ; toutefois, la société nationale d’électricité devenue depuis AES-Sonel a le
monopole de la vente de l’électricité aux usagers basse tension, dans son périmètre et pendant
toute la durée de la concession ; (ii) libéralisation progressive du segment « vente », AES-
Sonel étant Acheteur unique pendant les cinq premières années suivant la privatisation ; (iii)
accroissement des recettes publiques ; (iv) mise en valeur prioritaire des ressources
hydrauliques nationales. Par conséquent, en dehors des périmètres respectifs de la société
AES-Sonel, d’autres opérateurs pourraient exercer les activités susvisées sur l’ensemble du
territoire national. Cette réforme devrait donc entraîner la réduction progressive de la position
dominante de l’opérateur historique par l’entrée dans le secteur de nouveaux opérateurs et
l’instauration de la concurrence dans le but de promouvoir l’efficacité. Cette évolution étant
d’autant plus souhaitable que la privatisation a fait passer cette entreprise d’un monopole
public à un monopole privé.

247
Régulation du secteur de l’électricité

La loi N° 98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun a


institué une Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) qui est placée sous la
tutelle de l’Administration chargée de l’électricité. Cette Agence a pour fonction d’assurer la
régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l’électricité. Elle instruit les dossiers de concession et de licence, et délivre les autorisations
d’exploitation. Elle est aussi chargée d’approuver les tarifs et de veiller à l’équilibre financier
du secteur, afin de le rendre attractif. Pour son financement, elle perçoit des redevances de la
part des opérateurs du secteur à hauteur de 1% de leur chiffre d’affaires. Ainsi, selon les
modalités de cette loi, l’Etat conserve le rôle de régulateur du secteur de l’électricité à travers
l’ARSEL qui se veut indépendante et impartiale. L’encadré 7.1 détaille les missions de cet
organisme de régulation telles qu’elles lui ont été conférées par la loi.

Encadré 7.1 : Missions de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité

L’ARSEL est chargée notamment :


 de participer à la promotion du développement rationnel de l’offre d’énergie électrique ;
 de veiller à l’équilibre économique et financier du secteur de l’électricité et à la
préservation des conditions économiques nécessaires à sa viabilité ;
 de veiller aux intérêts des consommateurs et d’assurer la protection de leurs droits pour ce
qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l’énergie électrique ;
 de promouvoir la concurrence et la participation du secteur privé en matière de
production, de transport, de distribution, d’importation, d’exportation et de vente de
l’énergie électrique dans les conditions objectives, transparentes et non discriminatoires ;
 de soumettre à la signature de l’autorité compétente, après avis conforme, les contrats de
concession, ainsi que les demandes de licence et d’autorisation ;
 de mettre en œuvre, suivre et contrôler le système tarifaire établi, dans le respect des
méthodes et procédures fixées par les lois et règlements en vigueur ;
 d’assurer dans le secteur de l’électricité le respect de la législation relative à la protection
de l’environnement ;
 de veiller au respect par les opérateurs du secteur, des conditions d’exécution des contrats
de concession, des licences et des autorisations ;
 de veiller à l’accès des tiers aux réseaux de transport d’électricité, dans la limite des
capacités disponibles ;
 de suivre l’application des standards et des normes par les opérateurs du secteur de
l’électricité ;
 de veiller à l’application des sanctions prévues par la loi ;
 d’élaborer, de concert avec les professionnels de l’électricité, les standards et normes
applicables aux activités et aux entreprises du secteur et de les soumettre à l’homologation
de l’Administration chargée de l’électricité ;
 de veiller également au respect du principe d’égalité de traitement des usagers par tout
exploitant ou opérateur du secteur de l’électricité ;
 de contribuer à l’exercice de toute mission d’intérêt public que pourrait lui confier le
Gouvernement pour le compte de l’Etat dans le secteur de l’électricité.

Source : Loi N° 98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun

248
L’Agence d’Electrification Rurale

Créée également par la loi N° 98/022 du 24 décembre 1998 et placée sous la tutelle de
l’Administration chargée de l’électricité119, l’Agence d’Electrification Rurale (AER) est
chargée de promouvoir l’électrification rurale dans le tout le pays. A ce titre, elle accorde aux
opérateurs privés et aux usagers, l’assistance technique et éventuellement financière,
nécessaire au développement de l’électrification rurale. Ainsi, il revient à l’AER de mettre en
place tous les mécanismes de recherche de financements et du suivi pour la fourniture
d’électricité en zone rurale. Ses ressources proviennent en partie des redevances versées par
les opérateurs du secteur et des excédents budgétaires éventuels de l’ARSEL. L’encadré 7.2
détaille les missions de cette Agence telles qu’elles lui ont été conférées par le décret
présidentiel du 8 septembre 1999.

Encadré 7.2 : Missions de l’Agence d’Electrification Rurale

L’AER est chargée notamment :


 de réaliser des enquêtes et des études débouchant sur des solutions techniques et
économiquement applicables en milieu rurale dans le respect des standards et normes
homologuées ;
 d’élaborer des dossiers techniques en liaison avec les administrations concernées pour le
compte des communautés rurales, les opérateurs du secteur en vue du financement
nécessaire à l’électrification rurale ;
 de négocier auprès des bailleurs de fonds, en liaison avec les administrations compétentes,
les financements nécessaires à l’électrification rurale ;
 d’assister les opérateurs, en tant que de besoin et en matière d’électrification rurale, dans
la préparation des dossiers relatifs à la production, notamment de centrales
hydroélectriques de faible puissance, au transport, à la distribution et à la vente
d’électricité dans les conditions fixées par la législation et la réglementation en vigueur ;
 d’accorder aux opérateurs et aux communautés villageoises une assistance financière dans
les conditions fixées par arrêté conjoint du Ministre chargé de l’électricité et du Ministre
chargé des finances ;
 d’élaborer les mécanismes de gestion communautaire et de maintenance des installations
d’électrification en milieu rural ;
 d’encadrer les communautés rurales bénéficiaires des installations d’électrification en
milieu rural dans la gestion et la maintenance de celles-ci ;
 d’exercer toutes missions d’intérêt général que pourrait lui confier le Gouvernement dans
l’électrification rurale.

Source : Décret N° 99/193 du 8 septembre 1999 portant organisation et fonctionnement de l’Agence


d’Electrification Rurale du Cameroun

Ainsi au sortir de la réforme, le secteur de l’électricité au Cameroun est régi par l’ARSEL et
l’AER. Sauf que plusieurs années après leur création, le pouvoir de ces institutions semble
très insignifiant face à la puissance du monopole privé représenté par la société AES-Sonel.

119
En fait le Ministère de l’Energie et de l’Eau

249
Les récriminations des populations suite aux augmentations des tarifs et au sujet de la qualité
de service, ainsi que l’initiative de relecture du contrat engagée par le Gouvernement ne sont
que des signes révélateurs des limites de cette réforme. Cinq ans après la signature du Contrat
Cadre de Concession et de Licence relatif à l’exploitation de plusieurs parties du secteur de
l’électricité au Cameroun, entre l’Etat et AES-Sonel, la révision contractuelle du 2 mars 2006
a conduit à la signature subséquente des avenants dont les aménagements majeurs sont : (i) le
gel de la quatrième augmentation tarifaire contractuelle ; (ii) le réaménagement des objectifs
de desserte pour plus de réalisme ; (iii) la mise en œuvre d’un nouveau bordereau de prix
concourant à l’électrification des populations pauvres ; et (iv) le retrait des ouvrages de
régularisation pour une meilleure transparence.

Le 20 novembre 2006, un décret présidentiel créait Electricity Development Corporation


(EDC), une société à capitaux publics, chargée de la gestion du patrimoine public et de la
promotion des investissements dans le secteur de l’électricité au Cameroun. Cette structure
prend notamment en charge l’étude, la préparation ou la réalisation de tout projet
d’infrastructure nécessaire au développement de l’énergie électrique, qui lui est confié par
l’Etat. La société EDC a également pour mission la construction et l’exploitation des ouvrages
de régularisation des eaux de bassins et notamment du barrage réservoir de Lom Pangar, et
assure leur gestion et leur régulation afin de maintenir le nécessaire équilibre entre les divers
opérateurs intervenant dans le secteur de la production de l’énergie électrique. Car pour
établir des conditions de concurrence efficace, les potentiels acteurs du secteur doivent avoir
un droit d’accès aux facilités essentielles à un prix équitable. D’ailleurs, existe depuis le 14
juillet 1998, la Commission Nationale de la Concurrence, chargée de rechercher, contrôler et,
le cas échéant, poursuivre et sanctionner les pratiques anticoncurrentielles. Toutefois, le
décret d’organisation de cette Commission n’a été signé qu’en 2005 et ses membres installés
en 2006 !

Finalement, font également partie du paysage énergétique du Cameroun : la société Kribi


Power Development Company (KPDC)120, qui est la consécration de l’ouverture du segment
de la production de l’électricité ; le Comité de Pilotage Energie, créé en décembre 2003
auprès de la Présidence de la République, qui est une cellule ad hoc de réflexion, d’appui et de
supervision des stratégies de gestion des situations de crise énergétique et de finalisation du
plan énergétique national ; le Comité consultatif des consommateurs de l’électricité, créé en
mai 2002 auprès de l’ARSEL, qui a pour rôle d’impliquer les consommateurs dans la prise
des décisions régulatoires ; le Fonds d’Energie rurale (FER), créé en décembre 2009, qui est
chargé d’assurer de façon durable le financement des programmes et projets d’énergie rurale.
L’AER est l’organe d’exécution de ce Fonds qui est désormais le mécanisme principal de
financement des programmes annuels d’énergie rurale par l’Etat et les partenaires au
développement. La figure 7.2 présente les acteurs institutionnels du secteur de l’électricité au
Cameroun.

120
La société KPDC, créée en août 2007 et détenue par le groupe AES (56%) et l’Etat (44%), est chargée du
développement, de la construction et de l’exploitation de centrales et d’installations de production d’énergie
électrique, d’une part, et de la production, du transport, de l’exportation, de l’importation et de la vente de
l’énergie électrique, d’autre part.

250
Figure 7.2 : Les principaux acteurs institutionnels du secteur de l’électricité au
Cameroun

Bailleurs de Fonds AES Corporation


internationaux USA
Parties au
Prêts Contrat de Concession
56%

Gouvernement du 44%
Cameroun AES-Sonel
Ministère de
l’énergie et de l’eau
Régulation 56%
Politique du 44%
secteur de l’électricité ARSEL Régulation KPDC

100%
Politique EDC
d’électrification rurale Régulation,
Assistance Licence,
Autorisation,
Concession Autres opérateurs/
AER Usagers
Assistance

Source : Auteur

II.2 – Analyse et évaluation de la réforme du secteur de l’électricité au Cameroun

II.2.1 – L’ETAT DU SECTEUR ET LA QUALITE DE SERVICE EN 2010

Aujourd’hui, une décennie environ après la privatisation et la libéralisation, la situation du


secteur de l’électricité au Cameroun n’a pas beaucoup évolué. Si les résultats économiques
sont largement satisfaisants, on peut constater que depuis 2001, le pays a connu non
seulement une grave crise énergétique, mais aussi et surtout une crise sociale les quatre
premières années après la privatisation. Une estimation de l’Agence Française de
Développement et de la Banque mondiale attribue principalement à la crise énergétique la
baisse d’un point du taux de croissance de l’économie au cours de l’exercice 2001/2002
(Pineau, 2004). Une bonne partie de la demande solvable en énergie électrique est restée
durablement et demeure encore insatisfaite. Les consommateurs font face à d’énormes
difficultés pour obtenir un branchement, même en acceptant de payer les frais

251
supplémentaires de corruption imposés par les agents121. Aux coupures intempestives
d’énergie s’ajoutent la demande insatisfaite des entreprises et des industries en particulier, qui
se découragent et cherchent des solutions de rechange même les plus coûteuses.

A la crise énergétique, s’est greffée une crise sociale marquée d’abord par la vague de
licenciements économiques annoncés au sein de l’ex société nationale d’électricité. Par
ailleurs, on ne compte plus le nombre de fois où les populations sont descendues dans la rue
pour manifester leur ras le bol par rapport à la mauvaise qualité du service de la société AES-
Sonel.

II.2.2 – LE NIVEAU D’INVESTISSEMENT

Depuis l’achèvement de la réforme et en dépit des potentialités, peu d’investisseurs se sont


jusqu’à présent intéressés au secteur de l’électricité au Cameroun. Toutefois, à la faveur de la
reprise économique actuelle, l’entrée de nouveaux opérateurs pourrait se concrétiser à court
ou moyen terme, en particulier dans le segment de la production.

Dans le contrat de concession signé en 2001, il était question que des investissements de
l’ordre de 200 millions de dollars soient réalisés au cours des cinq premières années de la
concession, en raison du manque d’investissement pendant les années précédentes, et de la
forte dépendance envers des réserves d’eau insuffisantes des barrages. Cependant, le
programme d’investissement de AES-Sonel a été affecté par la chute du cours en bourse des
actions de la société mère AES122 à la suite du scandale Enron aux Etats-Unis (voir figure
7.3).

Figure 7.3 : Evolution de la valeur des actions de la société AES Sirocco du 02/02/1998
au 10/03/2004

Source : Pineau (2004) à partir de Yahoo Finance 2004

121
Toutefois, des améliorations ont été observées à ce niveau depuis que la société AES-Sonel a lancé en 2006
une campagne de branchement à coût réduit.
122
comme de toute l’industrie énergétique d’ailleurs.

252
Dans un tel contexte de chute des marchés boursiers, et afin de faire face aux échéances des
dettes à court-terme, AES a dû arrêter ou retarder tous ses investissements en 2001 et 2002, et
faire pression sur ses filiales afin qu’elles envoient leurs liquidités disponibles au siège social
(Pineau, 2004). Ainsi, l’investissement dans de nouvelles capacités au Cameroun n’était
certainement pas une priorité pour AES durant cette période où la sécheresse financière a
coïncidé avec la sécheresse des bassins des barrages.

Malgré le programme d’investissement de 540 millions d’euros pour la période 2005-2009


annoncé par le conseil d’administration de la société AES-Sonel en juin 2005, beaucoup reste
à faire dans le secteur. Le taux d’accès des populations à l’énergie électrique est de 18%, avec
5.5% pour les zones rurales. Ces dernières sont les grandes victimes de la privatisation dans la
mesure où la logique économique a pris le pas sur la logique sociale. Les dirigeants de cette
société ont même émis l’hypothèse de sortir les zones rurales du portefeuille d’activité de
l’entreprise. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les besoins dans ces zones sont
considérables. Sur les 13 000 localités que compte le Cameroun, 9 000 ont une taille comprise
entre 200 et 5 000 hectares. Le coût moyen d’électrification par village était estimé en 2000
par l’Agence d’Electrification Rurale (AER) à plus de 83 000 dollars. Ces 25 dernières
années, 1 700 localités ont été électrifiées et il reste 7 300 à desservir. Ce qui représente un
investissement d’environ 608 millions de dollars. En considérant le rythme actuel de
financement public dans l’électrification rurale (5.3 millions de dollars), il faudrait 100 ans
pour électrifier tout le pays (Biwolé, 2010) !

II.2.3 – LA PERFORMANCE DE LA SOCIETE AES-SONEL ET LES PROMESSES NON TENUES

Depuis la privatisation en 2001 de la société nationale d’électricité (Sonel), ses performances


économiques et financières sont restées positives, même si elles ont connu un ralentissement
en 2007. Son chiffre d’affaires lui aussi n’a cessé d’augmenter, mais ses investissements n’ont
réellement commencé qu’en 2005, la nouvelle entreprise devenue depuis AES-Sonel préférant
d’abord exploiter les rentes produites par l’industrie suite à son statut de monopole.

Or l’Article 3.3 du cahier de charges du Contrat de Concession faisait obligation à la société


AES-Sonel d’étendre le réseau électrique progressivement selon un plan équilibré entre les
différentes régions du Cameroun, entre les zones urbaines et rurales, et entre les grandes villes
et les petites villes. Cette obligation était assortie d’objectifs de desserte exprimés en nombre
de nouveaux branchements à réaliser chaque année. En 2003, sur les 129 375 nouveaux
branchements attendus, seuls 30 194 avaient été réalisés ! Par la suite, cette société a jugé ces
objectifs irréalistes et obtenu leur abaissement lors de la révision contractuelle de 2006.

Par ailleurs, l’électrification rurale, de par sa nature, n’est pas profitable. Ce qui explique le
manque d’engouement manifesté par les opérateurs privés pour investir dans ce domaine
ouvert à la concurrence, la société AES-Sonel ayant en zone urbaine une certaine exclusivité
notamment en basse tension. Confinée dans un rôle de promotion et d’assistance pour lequel
elle ne dispose pas de moyens appropriés, l’AER ne sert pas à grand-chose. La
programmation et l’exécution directe des opérations d’électrification rurale faites par le
ministère de l’énergie et de l’eau depuis 1998 n’ont guère permis de réaliser dans ce domaine
des progrès visibles, et ce en dépit des importants crédits d’investissement public consommés

253
au cours de cette période. Ces opérations ont été marquées par : un saupoudrage des crédits
souvent insuffisants pour achever une opération ; de nombreux chantiers inachevés ou
abandonnés ; le non respect des règles de l’art qui a souvent conduit AES-Sonel à refuser,
pour des raisons évidentes de sécurité, la mise en service et l’exploitation des ouvrages (Lele,
2005).

II.2.4 – LE NIVEAU DES PRIX ET LA REGULATION TARIFAIRE

Les principes de tarification dans le secteur de l’électricité au Cameroun sont définis dans le
cadre des contrats de concession et de licence où figurent également les règles et conditions
de modification des tarifs. Ces règles font l’objet d’une révision quinquennale ou,
exceptionnellement, avant l’expiration de cette période, en cas de changement important dans
les conditions d’exploitation, ou en raison d’événements modifiant substantiellement
l’environnement économique, financier ou technique dans lequel ces contrats ou licences ont
été établis. Ces révisions sont effectuées par l’Agence de régulation du secteur de l’électricité
(ARSEL) sur la base de principes propres à permettre aux opérateurs une rentabilité
raisonnable dans les conditions normales d’activités. Ces règles s’apparentent à la régulation
price-cap, qui met l’accent sur l’ajustement futur des prix en fonction du changement des prix
à la consommation.

Ainsi, l’ARSEL s’est chargée d’élaborer un système de régulation financière par les tarifs, et
a consacré le modèle de plafonnement des prix pendant les deux premières périodes
quinquennales de la concession de AES-Sonel, et celui du plafonnement des revenus à partir
de la troisième période quinquennale. Les tarifs sont calculés par l’opérateur sur la base de
son projet de développement, des investissements à réaliser et de leur rentabilité. Ils sont
ensuite adressés à l’Agence qui les étudie et examine leur conformité. Après validation par le
Gouvernement, l’ARSEL se charge enfin de publier les nouveaux tarifs.

Au niveau tarifaire, les objectifs poursuivis par la réforme étaient : (i) l’amélioration de
l’efficacité économique à travers la structure et le niveau des coûts ; (ii) l’accroissement des
recettes de la Sonel en accord avec les augmentations contractuelles123 pour financer le
développement et assurer la rentabilité de l’entreprise ; (iii) la rationalisation du
comportement énergétique des consommateurs. Avant la privatisation de la Sonel, la structure
des tarifs était complexe. En effet, vingt quatre prix étaient appliqués en moyenne tension, et
en basse tension les prix dépendaient déjà des usages (Kamden, 2004). Après la privatisation,
l’innovation par rapport à l’ancienne grille tarifaire sera l’introduction de la saisonnalité : une
saison sèche (du 1er janvier au 30 juin) et une saison humide (du 1er juillet au 31 décembre), et
ce afin de mieux prendre en compte la très forte dépendance à l’électricité d’origine
hydraulique dont la production est aussi commandée par le niveau de remplissage des
barrages. A l’issue de cette réforme, les prix avaient augmenté pour tous les consommateurs, à
l’exception de la société Alucam, protégée par son précédent contrat avec la Sonel. En outre,
en l’absence d’un marché concurrentiel, les prix n’étaient pas compétitifs mais plutôt régulés
suivant des augmentations programmées, indépendantes des niveaux de coût et de l’efficacité.

123
Dans le cadre de la concession, quatre augmentations successives des tarifs en basse et moyenne tension
avaient été prévues au cours des quatre premiers exercices suivant la privatisation à raison de 5% la première
année, et 7.65% les trois autres années.

254
L’ironie de cette situation, comme déjà mentionné, c’est que les consommateurs basse tension
subventionnaient les consommateurs industriels. La figure 7.4 montre qu’en 2004, alors qu’ils
ne représentaient que 25% de l’énergie consommée, les clients basse tension comptaient pour
54% des revenus de la société AES-Sonel.

Figure 7.4 : Ventes de la société AES-Sonel et parts de revenus par type de client

Source : Pineau (2004) à partir des données AES-Sonel 2004

A titre de comparaison, dans un autre pays en développement comme le Pérou, les clients
basse tension généraient aussi 54% des revenus du secteur en 2001, mais consommaient 38%
de l’énergie. Même si des pertes et des coûts plus élevés de distribution justifient un prix plus
élevé du kilowattheure, le différentiel de revenu est trop important pour expliquer ce
déséquilibre124 (Pineau, 2004).

Une nouvelle grille tarifaire à la suite des émeutes de la faim et contre la vie chère

Après les violentes émeutes de février 2008 contre la vie chère au Cameroun, les pouvoirs
publics ont décidé d’une série de mesures destinées à faire baisser la pression inflationniste.
C’est dans cette mesure qu’en avril 2008, une décision de l’ARSEL annonçait une baisse
générale des tarifs de l’électricité. Dans la nouvelle grille proposée par l’ARSEL, il n’y avait
plus de différence entre les tarifs de la saison sèche et ceux de la saison humide. La tranche
sociale qui concernait les clients basse tension ayant une consommation inférieure à 50 kWh
par mois, était étendue jusqu’à 110 kWh. En plus, la prime fixe appliquée aux clients basse
tension professionnels était supprimée125. Tout cela constituait un véritable coup de pouce au

124
Aux Etats-Unis, les clients industriels représentaient 28% de l’énergie consommée et 19% des revenus en
2002. Au Cameroun, ils utilisaient 48% de l’énergie et ne représentaient que 16% des revenus (Pineau, 2004).
125
Elle avait été instaurée après la modification de la structure tarifaire de janvier 2003.

255
pouvoir d’achat de presque 350 000 ménages. Les tableaux 7.1 et 7.2 récapitulent les
différents tarifs de vente hors taxes d’électricité applicables par la société AES-Sonel comme
fixés par l’ARSEL le 10 avril 2008.

Tableau 7.1 : Tarifs de vente hors taxes d’électricité en basse tension et d’éclairage
public applicables par la société AES-Sonel

Usages Consommations mensuelles Tarifs (en FCFA/kWh)


(en kWh)
Basse tension Usages ≤ 110 50
domestiques [111 ; 400] 70
[401 ; 800] 80
> 800 85
Autres usages ≤ 110 75
[111 ; 400] 80
[401 ; 1000] 85
> 1000 92
Eclairage public 55

Source : données Arsel, décision N°000041/DG/ARSEL du 10 avril 2008

Tableau 7.2 : Tarifs de vente hors taxes d’électricité en moyenne et haute tension
applicables par la société AES-Sonel

Nombre Prime fixe Tarifs période hors Tarifs période


d’heures (en pointe (entre 23 pointe (entre 18
d’utilisation FCFA/kW) heures et 18 heures, heures et 23 heures,
mensuelle de en FCFA/kWh) en FCFA/kWh)
la puissance
souscrite
Moyenne Régime De 0 à 200 3500 52 70
tension général heures
De 201 à 400 3500 50 70
heures
Au-delà de 3500 48 70
400 heures
Régime des De 0 à 200 3500 40 70
zones heures
franches De 201 à 400 3500 35 70
industrielles heures
et des points Au-delà de 3500 30 70
francs 400 heures
industriels
Haute Les tarifs de vente d’électricité Haute tension aux abonnés sont fixés dans les contrats
tension passés entre AES-Sonel et lesdits abonnés, après avis de l’Agence de Régulation du
Secteur de l’Electricité.
Source : données Arsel, décision N°000041/DG/ARSEL du 10 avril 2008

256
III.3 – Les perspectives pour une meilleure régulation du secteur de l’électricité au
Cameroun

Le modèle d’organisation du cadre réglementaire du secteur de l’électricité au Cameroun


s’apparente à celui organisant les marchés de l’électricité dans plusieurs pays après la
libéralisation. La proximité des modèles tient au fait que la régulation du secteur électrique
cherche à résoudre l’équation de l’opérateur historique du réseau qui peut utiliser les
conditions d’accès pour maintenir et abuser de sa position dominante dans un secteur où
devrait normalement s’exercer la concurrence. Si le transport et la distribution présentent des
économies d’échelles qui peuvent justifier un monopole, la production et la vente de
l’électricité peuvent être rendues concurrentielles. C’est pourquoi, dans de nombreux pays, les
nouvelles réglementations ont séparé ces deux groupes d’activités et s’efforcent de garantir un
accès équitable des producteurs aux réseaux de transport qui restent en monopole. En ce qui
concerne le Cameroun, cette libéralisation n’est pas aboutie et quelques mesures devraient
accroître la capacité des services énergétiques à attirer des financements externes, publics,
privés, domestiques et internationaux.

III.3.1 – SOUTENIR LE SEGMENT DE LA PRODUCTION

L’ouverture du marché de l’électricité au Cameroun est consacrée par la Loi N° 98/022 du 24


décembre 1998 et le Décret N° 2000/464/PM du 30 juin 2000 régissant les activités du secteur
de l’électricité. Mais, cette ouverture à la concurrence est restée tributaire du contrat de
concession entre l’Etat et la société AES-Sonel qui, par l’entremise de la clause d’acheteur
unique, a détenu pendant cinq ans des droits exclusifs sur les clients de l’ancienne Société
nationale d’électricité (Sonel)126. Mais, pendant cette période d’exclusivité, l’offre d’énergie
n’a pas suivi l’évolution de la demande des industries et des ménages. C’est pourquoi, dès la
fin de la période d’exclusivité du concessionnaire du service public de l’électricité AES-Sonel
(fin 2006), les opérateurs privés ont été encouragés à produire et fournir de l’énergie
électrique aux clients Grand Compte dont la puissance appelée est supérieure à 1 MW.

Mais jusqu’à présent, le segment de la production ne s’est pas beaucoup développé, et s’est
limité à la production autonome d’électricité par les ménages et les entreprises ou institutions,
connectés ou non au réseau de la société AES-Sonel dans le but : (i) de garantir la permanence
de l’alimentation énergétique pour se prémunir des défaillances diverses du réseau (pannes,
délestages) ; (ii) d’utiliser l’énergie produite comme appoint afin de couvrir les déficits
énergétiques (insuffisances de l’énergie provenant du réseau interconnecté, même en
l’absence de pannes et de délestages) ; (iii) d’être complètement autonome ou alors de
disposer de l’énergie dans les zones non couvertes par le réseau. Ces producteurs autonomes
d’énergie électrique sont inégalement répartis dans les différentes régions du pays, en fonction
de la concentration géographique des entreprises. La technologie de production utilisée est
surtout électromécanique, en effet environ 90% des équipements d’auto production sont des
groupes électrogènes. Alors que la micro-hydroélectricité et l’énergie solaire offrent des

126
Après cette période, la société AES-Sonel ne dispose du droit exclusif de vente de l’électricité que pour les
clients possédant une puissance appelée strictement inférieure à 1 MW sur son périmètre de distribution.

257
perspectives plus prometteuses et plus respectueuses de l’environnement. Mais les coûts des
équipements soutenant ces technologies propres sont encore élevés.

Ainsi, pour développer le segment de la production d’énergie, on pourrait par exemple


concevoir et promulguer une loi consacrant l’allègement des conditions douanières et fiscales
applicables à l’importation des équipements et matériels de production électrique, afin de
réduire leur coût, ou mettre en œuvre des conditions pour stimuler la création d’une industrie
locale de fabrication de ces biens. De même, afin d’encourager la production d’énergie à
partir des sources renouvelables, il serait opportun de garantir des tarifs d’achat élevés pour
l’électricité en provenance de ces sources.

III.3.2 – FAVORISER L’ACCES DES TIERS AUX RESEAUX

A l’issue de la période d’exclusivité accordée à la Société AES-Sonel, l’accès aux réseaux de


transport et de distribution de l’électricité devait être ouvert aux tiers, afin de permettre le
transit dans les réseaux de l’énergie achetée dans le cadre de contrats conclus avec les
producteurs indépendants. Cet accès est réglementé sur la base de tarifs de transport
approuvés par l’ARSEL sur proposition du gestionnaire du réseau concerné. La gestion des
réseaux devait être, pendant les cinq premières années de la concession, assurée par AES-
Sonel. Et depuis le mois de janvier 2008, l’ensemble des actifs, droits et obligations relatifs
aux activités de gestion du réseau de transport devrait être transféré à une filiale à capital
ouvert afin d’y garantir une représentation équilibrée des acteurs du marché de l’électricité127.

Les conditions d’accès et d’utilisation des réseaux publics de transport et de distribution sont
fixées dans le cadre de contrats ou de protocoles entre les gestionnaires desdits réseaux et
leurs utilisateurs. Le gestionnaire du réseau de transport met en œuvre les programmes
d’appel des installations de production, et éventuellement des sources d’importation. Il est
aussi responsable de l’équilibre et de la sécurité du réseau. L’appel se fait selon un ordre de
préséance économique, sur la base de critères techniques et économiques transparents et non
discriminatoires.

Le transport de l’énergie électrique et la distribution de l’électricité sont exercés sous le


régime de la concession. Les concessions de transport sont octroyées pour un territoire défini
et précisent les droits et obligations du gestionnaire de transport, et les concessions de
distribution fixent les conditions d’exclusivité dans les territoires pour lesquels elles sont
octroyées, ainsi que les droits et obligations des distributeurs. Ceux-ci sont également soumis
à des obligations de service public dans les conditions fixées par les cahiers de charges. La
société AES-Sonel dispose du droit exclusif d’assurer la distribution et la vente d’électricité
basse tension à l’intérieur de son périmètre de distribution pendant toute la durée de son
contrat de concession128.

Ainsi, dans cette configuration découlant de la Réforme du secteur de l’électricité au


Cameroun, l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) est censée jouer un

127
En décembre 2010, du côté de l’ARSEL, on assurait que la création du gestionnaire du réseau de transport est
en cours, que l’idée est de mettre en place une société publique à 100%, mais que la décision de la hiérarchie est
toujours en attente.
128
Soit 20 ans à compte du 18 juillet 2001

258
rôle crucial, en garantissant notamment un accès équitable et non discriminatoire aux services
publics de transport et de distribution de l’électricité.

III.3.3 – RENFORCER LE ROLE ET ELARGIR LES MISSIONS DE L’ARSEL

L’Agence de régulation du secteur de l’électricité, ainsi que l’Agence d’électrification rurale,


mises en place pour réguler le secteur de l’électricité au Cameroun, n’ont eu jusqu’à présent
qu’une influence limitée sur le secteur. Le pouvoir de ces institutions semble très insignifiant
face à la puissance du monopole privé représenté par la société AES-Sonel, dont la maison
mère AES possède une plus grande expertise dans le secteur de l’énergie. L’absence de
membres extérieurs non nationaux dans les conseils d’administration de ces agences, réduit la
profondeur de l’expertise et la puissance d’influencer le secteur. De même, la nomination de
cinq des neuf administrateurs de ces conseils, directement ou non par le Gouvernement, ne
favorise pas leur indépendance, et rend même plus facile les pratiques de corruption en raison
de l’unique implication d’un petit groupe restreint. L’indépendance financière de ces agences
est également limitée puisque leurs ressources proviennent essentiellement des prélèvements
opérés sur le chiffre d’affaires des opérateurs du secteur, et des donateurs extérieurs. En
conséquence, la responsabilité, la transparence et l’indépendance doivent encore être
améliorées au sein de ces organismes.

Plus précisément, au niveau de l’ARSEL, quelques modifications pourraient être apportées


sans remettre en cause les droits de concessions accordés à AES-Sonel. Il s’agit par
exemple de : (i) fusionner l’administration de l’électricité avec l’ARSEL et donner à la
nouvelle entité la mission et la responsabilité de la planification énergétique ; (ii) éviter les
interférences politiques en diminuant le poids des membres gouvernementaux dans le conseil
d’administration et en intégrant des membres indépendants, avec une présence
internationale129, afin d’améliorer la transparence ; (iii) publier les données et rapports, et
mettre en application les conditions de transparence comme consignées dans les lois et
décrets ; (iv) réorienter les missions de l’ARSEL vers la planification des capacités
électriques, les arbitrages économiques et le contrôle de la société AES-Sonel, et retirer de
son mandat la résolution des problèmes qui la dépassent comme la promotion d’un marché
concurrentiel. La mise en place d’institutions fortes et stables devant précéder la concurrence
et le bon fonctionnement du marché.

III.3.4 – PROMOUVOIR LA COOPERATION REGIONALE EN MATIERE ENERGETIQUE

L’effet principal de l’augmentation des échanges transfrontaliers d’énergie est d’encourager le


développement de schémas d’énergie hydraulique à grande échelle qui ne seraient pas viables

129
Ainsi, l’ARSEL pourrait intégrer dans son conseil, par exemple, un ou plusieurs membres de l’African Forum
for Utility Regulators (AFUR), qui est une association de régulateurs africains dont la mission est de promouvoir
un système de régulation efficace susceptible de faciliter le développement des services d’infrastructure en
Afrique, en facilitant le partage d’informations et d’expériences, l’harmonisation des cadres de régulation et en
soutenant les efforts de renforcement des capacités. Ceci stimulerait aussi la collaboration africaine et serait
compatible aux objectifs du NEPAD.

259
au niveau national. En effet, une mutualisation des investissements et un accroissement des
échanges d’électricité à l’échelle régionale permettraient de réduire son coût moyen et
seraient bénéfiques pour l’ensemble du secteur. Le géant des projets d’intégration du potentiel
électrique de l’Afrique centrale est le projet Inga sur le fleuve Congo. L’intérêt d’aménager ce
potentiel de plus de 40 000 MW130 est depuis longtemps reconnu. Les rapides d’Inga en font
l’un des meilleurs sites hydro-électriques du monde. Non seulement ce site peut produire de
l’énergie bon marché, mais sa topographie spécifique permet cette production avec un impact
environnemental minimal. Ainsi, le projet Inga pourrait bien être le projet le plus ambitieux
jamais lancé en Afrique. Ses capacités potentielles sont telles qu’elles ont des implications du
nord au sud du continent et pourrait constituer le centre d’un réseau électrique pan-africain
visionnaire dans le futur. Malgré les risques inhérents à un projet d’une telle nature dans un
continent comme l’Afrique, les attraits d’Inga sont assez puissants pour intéresser les
investisseurs, l’électricité produite pouvant théoriquement être livrée sur les cinq pools et
marchés électriques africains (WAPP, SAPP, EAPP, COMELEC et PEAC). Le Pool
Energétique de l’Afrique Centrale (PEAC) dont le rôle est de contribuer à l’établissement des
conditions favorables à la constitution d’un marché électrique répondant aux besoins
d’alimentation en électricité des populations et des industries par une interconnexion des
réseaux nationaux, se doit d’être le moteur du développement économique de la région. Mais
force est de constater que les réalisations concrètes en matière d’intégration économique et
notamment énergétique se font toujours attendre.

130
Soit plus de deux fois la puissance installée du plus grand aménagement hydroélectrique au monde existant à
ce jour, celui des Trois Gorges en Chine.

260
Conclusion du chapitre
Dans ce chapitre consacré à la régulation des industries de réseau dans les pays en
développement, il est apparu que ces industries ont besoin d’être régulées en raison de leur
tendance au monopole naturel. En effet, l’industrie de réseau comme toute entreprise en
situation de monopole a tendance à exploiter cette position dans le but de confisquer une rente
de monopole, soit en appliquant des tarifs trop élevés par rapport à une situation
concurrentielle, soit en rognant sur la qualité du service, d’où un besoin de régulation
économique, qui inclut la régulation des tarifs, de la qualité du service et de la concurrence.
Pour Keppler (2008), la régulation d’un monopole naturel permet d’une part, de s’approcher
de l’optimum économique et de maximiser le surplus total (économique et social) à la fois
dans une perspective statique et dynamique, et d’autre part, de pallier aux insuffisances de
solutions légales dans un environnement caractérisé par une dynamique technologique et des
asymétries d’information.

La littérature sur les modèles institutionnels de la régulation se réfère habituellement à deux


modèles représentatifs de deux traditions juridiques distinctes : la « régulation par le contrat »
dans la tradition francophone de droit civil, et la « régulation par agence » dans la tradition
anglophone de common law. Ces modèles, du moins dans leur forme initiale, sont rarement
applicables dans les pays en développement. C’est ainsi qu’on a assisté à l’émergence d’une
multitude de modèles hybrides combinant plusieurs aspects des deux modèles précédents pour
tenter d’apporter des solutions plus adaptées au contexte de ces pays. C’est le cas notamment
de la régulation par le contrat associée à la création d’une agence de régulation, d’une
régulation contractualisée avec des experts externes censés apporter leurs compétences ainsi
qu’une légitimité accrue aux instances de régulation, ou encore de différentes formes de
régulation participative.

Toutefois, globalement, la régulation des industries de réseau dans les pays en développement
n’a pas été à la hauteur des enjeux. Et ce, en raison : (i) des interférences politiques,
notamment en matière de tarification ; (ii) d’une autonomie relative et d’une fragilité
institutionnelle des organes de régulation ; (iii) d’un déficit de transparence, de participation
et de responsabilité ; (iv) et des contraintes de ressources humaines. A l’exception des sociétés
de télécommunication, désormais largement privatisées, on constate un certain désintérêt des
investisseurs internationaux pour les autres secteurs de l’eau, de l’énergie et des transports,
ainsi qu’une faible amélioration des performances : la productivité des entreprises demeure en
deçà des standards, les taux d’accès et la qualité des service restent faibles, les infrastructures
sont dégradées, les consommations publiques trop importantes et souvent impayées, les
rendements techniques et commerciaux des réseaux sont trop faibles pour générer des revenus
suffisants servant à entretenir et développer les réseaux et les services, etc. Ainsi, si la réforme
a réussi à introduire la régulation en tant que concept défini par des textes souvent complets et
bien élaborés, elle n’est pas parvenue à fonctionner correctement dans un cadre institutionnel
vertical et centraliste qui caractérise la plupart des pays en développement, et qui limite et
restreint le champ d’action et les temps réels de la régulation.

La réforme du secteur de l’électricité au Cameroun intervient à partir des années 1990 dans un
contexte de réformes généralisées qui touchent l’ensemble des secteurs économiques. Dans le
secteur de l’électricité, les objectifs visés par la réforme étaient de stimuler les
investissements, développer la concurrence et l’efficacité, et diminuer les prix. La

261
libéralisation de ce secteur est consacrée par la loi N° 98/022 du 24 décembre 1998 qui
dispose que le service public de l’électricité est assuré sous le contrôle de l’Etat par des
sociétés concessionnaires, titulaires de licences ou d’autorisations. Cette loi crée également
une Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) chargée d’assurer la
régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l’électricité, ainsi qu’une Agence d’Electrification Rurale (AER) chargée de promouvoir
l’électrification rurale.

La libéralisation du secteur de l’électricité s’est réalisée de façon progressive : (i)


libéralisation sans délai des activités production, transport et distribution de l’électricité ;
toutefois, le concessionnaire du service public de l’électricité (la société AES-Sonel) a le
monopole de la vente de l’électricité aux usagers basse tension, dans son périmètre et pendant
toute la durée de la concession ; (ii) libéralisation progressive du segment vente : à l’issue de
la période d’exclusivité de cinq ans accordée à AES-Sonel, ouverture aux tiers de l’accès aux
réseaux de transport et de distribution de l’électricité, afin de permettre le transit dans les
réseaux de l’énergie achetée dans le cadre de contrats conclus avec les producteurs
indépendants et destinée aux clients Grand Compte.

Toutefois, une décennie environ après la privatisation et la libéralisation, la situation du


secteur de l’électricité au Cameroun n’a pas beaucoup évolué. En dépit des potentialités, peu
d’investisseurs se sont jusqu’à présent intéressés à ce secteur. La qualité du service n’a pas
non plus été largement améliorée. Même si une structure tarifaire plus raisonnable a été mise
en place, les prix ont plutôt augmenté. Dans la configuration découlant de la réforme,
l’ARSEL est censée jouer un rôle crucial, mais le pouvoir de cette institution semble très
insignifiant face à la puissance du monopole privé représenté par AES-Sonel. En
conséquence, la responsabilité, la transparence et l’indépendance doivent encore être
améliorées au sein de cet organisme de régulation dont le rôle devrait être renforcé et modifié
afin de réorienter ses missions vers la planification des capacités électriques, les arbitrages
économiques et le contrôle de la société AES-Sonel.

262
Conclusion générale

Le but de cette thèse n’était plus de démontrer l’importance de l’énergie électrique dans tout
projet de développement social et économique. En effet, il est communément admis qu’elle
est incontournable dans tout processus d’amélioration socio-économique, et des travaux ont
clairement établi une corrélation positive entre la consommation d’électricité par habitant et
les revenus par habitant d’une part, et l’indice de développement humain (IDH) d’autre part.
Ainsi, les pays à faible consommation d’électricité ont également un IDH peu élevé, et le
Cameroun comme la plupart des pays en développement se trouve dans cette catégorie. Les
autorités sont conscientes de l’insuffisance d’énergie électrique et de ses conséquences sur le
niveau de bien-être des populations. Mais seulement, les réformes et les actions entreprises
n’arrivent pas à juguler ce problème. L’objectif de la thèse était non seulement d’essayer de
comprendre pourquoi un pays comme le Cameroun, qui dispose pourtant d’atouts non
négligeables, ne parvient pas à satisfaire ses besoins électriques ; mais également d’examiner
les meilleures stratégies pour faire face à cette situation.

Les réponses à cette interrogation sont multiples et variées, et tiennent principalement à la


nature de cette ressource. En effet, l’électricité est un bien ou service soumis à des contraintes
qui se déclinent comme autant d’exigences physiques, économiques, politiques, sociales et
sociétales. Appliquées au Cameroun, ces exigences prennent un poids encore plus
déterminant. Etant donné qu’elle est difficilement stockable, l’électricité produite doit être
instantanément consommée, en respectant un équilibre entre l’offre et la demande, sous peine
de voir les réseaux s’effondrer. Or la configuration en longueur du Cameroun, l’éloignement
des zones rurales, l’absence d’interconnexions sous-régionales et la vétusté de certains
réseaux MT et HT, occasionnent d’importantes pertes et limitent les possibilités de transport
de l’électricité des zones de production vers les lieux de consommation. En outre, le secteur
électrique est un secteur hautement capitalistique et de long terme. Produire, transporter et
distribuer l’électricité exige des durées d’amortissement d’autant plus longues que les
investissements sont importants. Il est alors primordial pour les investisseurs et opérateurs de
s’assurer que les conditions de sécurisation à long terme de leur engagement seront garanties,
et que le cadre institutionnel et réglementaire permet une rentabilisation juste des capitaux
investis. Malheureusement, le Cameroun comme la grande majorité des économies d’Afrique
subsaharienne reste un pays à risque, pas très attractif pour les financements étrangers.
D’ailleurs, d’après le classement de « Doing Business 2011 », le rapport de l’indice de
perception du climat des affaires dans le monde publié chaque année par la Banque mondiale
et la société financière internationale, le Cameroun n’occupe que le 168ème rang mondial sur
les 183 pays testés. Ensuite, un autre problème qui limite l’attractivité des projets électriques
au Cameroun est le faible pouvoir d’achat des populations surtout rurales, et le niveau élevé
des fraudes et des branchements clandestins. Enfin, la dimension sociale et sociétale de
l’électricité engage directement la responsabilité politique de l’Etat, qui ne prend pas toujours
suffisamment la mesure de son importance. Le manque de réactivité et la lenteur dans
l’application et le suivi des textes relatifs au secteur, par un personnel pas toujours à la
hauteur des responsabilités, constitue aussi un sérieux handicap au développement du secteur
de l’électricité au Cameroun.

263
Cette thèse aborde le domaine de l’énergie au Cameroun dans sa globalité et essaie ensuite de
donner quelques clés pour l’amélioration du secteur électrique. La méthodologie adoptée est
une démarche pragmatique qui ne se limite pas à l’approche économique, puisque les enjeux
sont souvent examinés dans une perspective interdisciplinaire, en impliquant les sciences
naturelles, techniques et humaines. L’organisation de ce travail fait apparaître trois parties
d’étendues et d’importance inégales. La première (chapitre 1) est consacrée à un examen
général du Cameroun et analyse brièvement les caractéristiques géographiques, économiques
et socio-politiques du pays. Il ressort de ce chapitre que les ressources énergétiques sont
abondantes. Même si sa production de pétrole brut est en nette décroissance, le Cameroun
peut encore compter sur ses réserves de gaz naturel dont l’exploitation est juste à ses débuts.
Grâce à son relief et aux multiples cours d’eau qui le parcourent, le potentiel hydroélectrique
du pays est considérable. En outre, les caractéristiques du climat favorisent, surtout au Sud,
une exubérante végétation représentant un potentiel non négligeable de matières ligneuses
pouvant être valorisées en biomasse-énergie. L’ensoleillement important au Nord permet
d’envisager une exploitation du solaire photovoltaïque notamment, afin de faire face au
besoin d’électrification des populations de ces régions. Toutefois, la valorisation de ces
ressources bute encore sur un certain nombre d’obstacles institutionnels et économiques qu’il
faut absolument lever afin d’améliorer la situation énergétique du pays. Celle-ci est
essentiellement marquée par une grave pénurie d’électricité qui handicape le développement
des activités économiques et l’amélioration des conditions de vie des populations.

La deuxième partie de cette thèse étudie les liens entre l’énergie, l’économie et
l’environnement. Elle commence par une étude de la relation entre la croissance économique
et la consommation d’énergie (Chapitre 2). Un examen de l’abondante littérature sur ce sujet
montre que les liaisons entre ces deux variables sont très complexes et dépendent des
techniques utilisées. Il n’y a pas de relations mécaniques de cause à effet et pour un même
niveau de revenu ou de développement humain, on peut avoir des consommations d’énergie et
d’électricité très différentes. Ceci tient aux conditions géographiques, aux structures
économiques, à l’efficience énergétique et aux styles de vie dans les différents pays. En ce qui
concerne le Cameroun, en se basant sur une approche en trois étapes (étude de la stationnarité
des chroniques, test de causalité entre les variables et estimation du modèle approprié), nous
concluons à une causalité unidirectionnelle de la consommation totale d’énergie vers le
produit intérieur brut, et nous montrons également qu’une augmentation de 1% de l’énergie
consommée correspond à une croissance de 1.3% de la richesse produite. Quand on
s’intéresse précisément aux composantes de cette demande totale d’énergie, la relation de
causalité est maintenue de la consommation des produits pétroliers et de la biomasse vers le
PIB. En revanche, en ce qui concerne la demande d’électricité, les résultats conduisent plutôt
à une inversion du lien de causalité du PIB vers la consommation d’électricité. Il s’ensuit
qu’au Cameroun, plutôt qu’un facteur de production, l’électricité est un bien de
consommation de « luxe » qui n’est pas suffisamment valorisé. Or sans usage productif, elle
reste limitée à l’amélioration des conditions de vie de ceux qui y ont accès, elle ne sert à rien
d’autre qu’à soulager la situation des populations les moins pauvres.

Pourtant, dans le chapitre 3 qui traite des enjeux de l’électrification, nous montrons qu’une
fourniture en quantité suffisante et à des prix abordables, de l’électricité aux populations qui
en sont privées apparaît comme une nécessité si on veut créer un climat propice au
développement socio-économique. En effet, au niveau social, derrière l’accès à l’électricité se
profile aussi celui à l’eau, aux télécommunications, à l’éducation, à la santé, reconnus comme
essentiels dans le cadre des Objectifs du Millénaire. Au niveau économique, la disponibilité
de l’électricité conditionne la création ou le développement d’activités génératrices de

264
revenus, depuis l’artisanat en zones rurales jusqu’à la mise en exploitation et à la
transformation des ressources minières ou à l’implantation d’autres industries. Toutefois, nous
voyons également dans ce chapitre que la valorisation de l’électricité par les populations
locales n’est pas systématique et fait appel aux pouvoirs publics et aux opérateurs privés. Ces
derniers doivent gérer et coordonner efficacement leurs actions pour améliorer
quantitativement et qualitativement les services électriques fournis et consommés, et ainsi
briser le cercle vicieux de la pauvreté énergétique et du sous-développement humain.

Parce que la production et la consommation des services énergétiques sont à l’origine


d’importants dégâts climatiques et environnementaux, le chapitre 4 s’intéresse aux atteintes à
l'environnement naturel, à la vie et à la santé humaines du système énergétique actuel. Dans
ce chapitre, nous avons commencé par passer en revue les négociations internationales
concernant les problèmes environnementaux résultant de l’industrialisation de nos sociétés.
Depuis le début des années 1990, la communauté internationale a pris conscience de la
nécessité de lutter contre le changement climatique. Le Protocole de Kyoto relatif à la lutte
contre l’effet de serre et le changement climatique impose aux pays industrialisés de réduire
globalement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 5% en 2012, par rapport
au niveau de 1990. Pourtant, tous les spécialistes reconnaissent que les engagements pris à
Kyoto ne sont que la première étape de la bifurcation à opérer dans les prochaines décennies
vers les trajectoires permettant de stabiliser les concentrations, et que les émissions dans les
pays en développement devraient aussi connaître un fort ralentissement. En outre, dans
plusieurs régions en développement, les pratiques énergétiques du monde rural, mais aussi
d’une part importante du milieu urbain et périurbain contribuent fortement à accroître la
dégradation du milieu naturel à travers les phénomènes de déforestation, d’aridification et
finalement de désertification. Ainsi, il est clairement apparu dans ce chapitre qu’un système
énergétique basé sur les ressources fossiles (mais aussi et surtout sur la biomasse
traditionnelle dans certains PED) pose un certain nombre de problèmes sanitaires et
environnementaux, et n’est donc pas soutenable. En ce qui concerne le Cameroun, l’étude de
l’intensité énergétique et de l’intensité en carbone du PIB montre un découplage entre les
émissions de CO2 et le PIB. Le système énergétique du pays, bien que non performant, est
viable du point de vue des émissions de CO2. Un des enjeux fondamentaux de la
problématique énergétique au Cameroun est alors de savoir comment accroître l’offre
énergétique sans trop nuire à l’environnement.

La troisième partie de cette thèse interroge les stratégies permettant de développer de façon
pérenne le secteur électrique au Cameroun. Un développement énergétique durable requiert
une diversification des sources d’énergie ; une utilisation accrue de sources d’énergie
renouvelables ; une production d’énergie « décarbonée » grâce à des technologies à faible
contenu en CO2 ; des actions de promotion de l’efficacité énergétique et de la maîtrise de la
demande d’énergie, y compris la mise en œuvre des usages protégeant l’environnement. Dans
le chapitre 5, nous avons analysé les avantages que procurent la diversification et/ou la
localisation des sources et systèmes de production d’énergie en termes de sécurité
d’approvisionnement, de respect de l’environnement et d’offre appropriée pour la satisfaction
des besoins énergétiques. Dans cette perspective, nous montrons que le Cameroun dispose des
ressources fossiles et renouvelables qu’il pourrait exploiter de façon durable et
complémentaire pour améliorer qualitativement et quantitativement les services énergétiques.
Il serait judicieux que l’hydraulique reste la base de la production d’électricité, et qu’il ne soit
fait appel au gaz ou au pétrole qu’en période de pointe ou en saison sèche quand les bassins
sont vides. La valorisation de la biomasse et de l’énergie solaire serait également très utile,
surtout dans les régions isolées. Ainsi, afin de satisfaire durablement sa demande énergétique,

265
le pays doit s’appuyer sur son énorme potentiel en hydroélectricité, qui actuellement demeure
très largement sous-exploité

Dans le chapitre 6 qui traite des enjeux clés de l’hydroélectricité, nous avons vu que
l’exploitation à grande échelle de cette énergie présente certains atouts sur les plans
économique, social et environnemental, mais peut aussi provoquer un certain nombre de
conséquences. Les principaux reproches faits à l’hydroélectricité sont essentiellement d’ordre
social et environnemental. En effet, la construction de la centrale hydroélectrique provoque
souvent le déplacement involontaire de population, et constitue une agression majeure contre
l’environnement, puisqu’elle nécessite la destruction des forêts alors que la réalisation de la
retenue d’eau modifie considérablement l’écosystème aquatique. Cependant les avantages
reconnus à l’électricité d’origine hydraulique sont indéniables : Elle est non accompagnée
d’émissions de gaz à effet de serre131, et autorise le stockage de l’énergie et la modulation de
la production suivant les besoins. Mais surtout, l’hydroélectricité constitue une énergie
renouvelable moins coûteuse que la plupart des autres énergies renouvelables ou non,
puisqu’elle utilise l’eau, une ressource non épuisable. Toutefois, la théorie relative à
l’exploitation optimale d’une ressource non épuisable, recommande une utilisation au-dessous
du taux naturel de reconstitution de cette ressource. En ce qui concerne le Cameroun, pays
ayant largement adopté cette filière, puisque que celle-ci représente près de 70% de
l’électricité consommée, mais seulement environ 5% de l’approvisionnement totale en énergie
primaire, les perspectives de développement sont nombreuses. La production actuelle de
toutes les centrales hydroélectriques du pays ne représente que 5 à 6 % du potentiel brut
annuel. Dans ce chapitre, nous avons également examiné à travers une étude de cas consacrée
à une microcentrale de 70 kW, les différents facteurs de l’analyse coût-bénéfice de la filière
hydraulique. Il est apparu que le temps de retour énergétique avoisine les 17 ans, ce qui reste
raisonnable lorsqu’on sait qu’un aménagement hydroélectrique a une durée de vie d’au moins
50 ans. Le coût de revient du kilowattheure calculé, varie autour d’une valeur moyenne de 93
€/MWh alors qu’un groupe électrogène classique de puissance équivalente aurait un coût de
revient d’au moins 150 €/MWh (avec une estimation de 70 US$ le baril de pétrole), soit plus
de 60% plus cher. Au Cameroun, il est donc possible de faire des investissements rentables
dans le domaine de l’hydroélectricité. Toutefois, il est nécessaire de réaménager le cadre
réglementaire et institutionnel en vigueur afin qu’il attire davantage d’investisseurs.

L’ambition du chapitre 7 c’est de mettre en évidence les avantages qui découlent d’une bonne
régulation des industries de réseau et de tirer quelques leçons de la réforme du secteur de
l’électricité au Cameroun. Dans ce chapitre, il a été prouvé que les industries de réseau dont
les activités portent sur les réseaux de transport, d’énergie, de communication, d’eau ou de
traitement des eaux, ont besoin d’être régulées en raison de leur tendance au monopole
naturel, et des conséquences qui en résultent sur les tarifs et la qualité du service. La
littérature sur les modèles institutionnels de la régulation enseigne qu’il est fait généralement
référence à deux modèles représentatifs de deux traditions juridiques distinctes :
la « régulation par le contrat » dans la tradition francophone de droit civil, et la « régulation
par agence » dans la tradition anglophone de common law. Mais il existe une multitude de
modèles hybrides combinant plusieurs aspects des deux modèles précédents pour tenter
d’apporter des solutions plus adaptées au contexte des pays en développement (PED). C’est le

131
Toutefois, certains projets hydroélectriques, en créant un réservoir en zone tropicale ou équatoriale par
exemple, génèrent une décomposition de biomasse aérienne et terrestre durant les premières années de la mise en
eau ; celle-ci consomme l’oxygène dissout dans l’eau et émet du méthane, dont le potentiel de réchauffement
climatique global est 21 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 100 ans (Heuraux, 2010).

266
cas notamment de la régulation par le contrat associée à la création d’une agence de
régulation, d’une régulation contractualisée avec des experts externes censés apporter leurs
compétences ainsi qu’une légitimité accrue aux instances de régulation, ou encore de
différentes formes de régulation participative. Toutefois, globalement, la régulation des
industries de réseau dans les PED n’a pas été à la hauteur des enjeux. Et ce, en raison : (i) des
interférences politiques, notamment en matière de tarification ; (ii) d’une autonomie relative
et d’une fragilité institutionnelle des organes de régulation ; (iii) d’un déficit de transparence,
de participation et de responsabilité ; (iv) et des contraintes de ressources humaines. Pour ce
qui est du Cameroun, la réforme du secteur de l’électricité intervient à partir des années 1990
dans un contexte de réformes généralisées qui touchent l’ensemble des secteurs économiques.
Dans le secteur de l’électricité, les objectifs visés par la réforme étaient de stimuler les
investissements, développer la concurrence et l’efficacité, et diminuer les prix. La
libéralisation de ce secteur est consacrée par la loi N° 98/022 du 24 décembre 1998 qui
dispose que le service public de l’électricité est assuré sous le contrôle de l’Etat par des
sociétés concessionnaires, titulaires de licences ou d’autorisations. Cette loi crée également
une Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) chargée d’assurer la
régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l’électricité, ainsi qu’une Agence d’Electrification Rurale (AER) chargée de promouvoir
l’électrification rurale. Pourtant, nous avons montré dans ce chapitre qu’environ une décennie
après la privatisation et la libéralisation, la situation du secteur de l’électricité au Cameroun
n’a pas beaucoup évolué. En dépit des potentialités, peu d’investisseurs se sont jusqu’à
présent intéressés à ce secteur. La qualité du service n’a pas non plus été largement améliorée.
Même si une structure tarifaire plus raisonnable a été mise en place, les prix ont plutôt
augmenté pour la plupart des consommateurs. Dans la configuration découlant de la réforme,
l’ARSEL est censée jouer un rôle crucial, mais le pouvoir de cette institution semble très
insignifiant face à la puissance du monopole privé qu’est AES-Sonel, le concessionnaire du
service public de l’électricité. En conséquence, la responsabilité, la transparence et
l’indépendance doivent encore être améliorées au sein de cet organisme de régulation dont le
rôle devrait être renforcé et modifié afin de réorienter ses missions vers la planification des
capacités électriques, les arbitrages économiques et le contrôle de la société AES-Sonel.

En résumé, la structure actuelle de l’économie du Cameroun, basée sur les ressources finies et
épuisables, n’est pas soutenable. Le pays est assez dépendant des exportations de produits
primaires, et surtout du pétrole dont le cours est en plus soumis à une forte volatilité sur les
marchés mondiaux. L’économie étant majoritairement soutenue par l’agriculture, le pétrole et
le secteur informel, c’est la croissance du PIB qui pousse à une augmentation de la
consommation d’électricité. En plus, l’offre en énergie électrique est insuffisante et handicape
gravement les activités économiques. La thèse a examiné quelques aspects de la soutenabilité
énergétique. Il est apparu que la mise en œuvre d’un développement énergétique durable
suppose de promouvoir le développement du secteur de l’énergie en se basant sur les
principes de sécurité de l’approvisionnement, de compétitivité et de durabilité
environnementale. Même s’il n’a pas énormément de contraintes environnementales (faible
émission de gaz à effet de serre par habitant, mais avancée du désert au nord), le Cameroun
devra continuer à développer l’hydroélectricité, en raison de son potentiel et de ses vertus
environnementales, afin de fournir l’énergie nécessaire aux entreprises et aux ménages. Pour
l’instant, il n’y a pas d’option de rechange. Parallèlement, le pays devra également continuer à
exploiter ses ressources de pétrole et de gaz. La thèse a aussi montré que la diversification et
la décentralisation des sources et systèmes d’énergie, à faibles impacts négatifs, peuvent être
la clé d’un développement et d’une sécurité énergétiques durables. Les énergies renouvelables

267
ont un rôle essentiel à jouer dans cette diversification. Même si elles sont quelquefois
intermittentes avec un rendement variable, l’utilisation d’une combinaison de sources
permettrait d’avoir un approvisionnement énergétique régulier et fiable. Un autre sujet abordé
dans ce travail porte sur le cadre institutionnel et réglementaire qui régit le secteur électrique
au Cameroun. Les réformes entreprises dans ce secteur sont restées globalement infructueuses
puisque les prix de l’électricité sont restés élevés et une majorité de la population n’a pas
toujours accès à cette ressource. Pour changer la donne, les efforts doivent être faits tant au
niveau de la gouvernance exercée par l’Etat, à travers la mise en place effective des cadres
réglementaires incitatifs, qu’au niveau des opérateurs et principalement de la société AES
Sonel à travers leur management. Ces efforts supposent également des possibilités d’accès à
des sources de financements et à des systèmes de garanties qui sécurisent les investisseurs et
rendent les projets viables à long terme. Pour ce faire, il est important de renforcer les
capacités institutionnelles en construisant des cadres stables et soutenables de la politique
énergétique, et en développant des cadres légaux, institutionnels et financiers pour
promouvoir spécifiquement les ressources énergétiques renouvelables, mais aussi l’efficacité
énergétique.

Un des thèmes insuffisamment traités dans ce travail concerne l’efficacité énergétique. Bien
qu’elle ne constitue qu’une solution partielle, elle offre l’avantage d’économiser les
ressources aussi bien énergétiques que matérielles et financières. Contrairement à l’idée selon
laquelle les pays en développement consommant peu d’énergie, n’auraient pas de réserve
significative d’économie d’énergie, il s’avère qu’on peut évaluer les potentiels d’efficacité
énergétique à un tiers de la consommation des plus pauvres (Heuraux, 2010). En effet, ces
derniers ne peuvent accéder qu’aux équipements les moins performants, et donc les plus
fortement consommateurs d’énergie. En outre, les bâtiments non traditionnels, construits
selon des modèles occidentaux, sont inadaptés au climat local. Dès lors, les attentes de confort
sont satisfaites par un recours de plus en plus massif à la climatisation dont la part ne cesse
d’augmenter dans la consommation d’électricité, ce qui génère des pointes d’appel de
puissance. Si rien n’est fait, cette situation s’amplifiera suite à de nouvelles constructions sous
l’effet de la croissance économique et de la poussée démographique. Il existe cependant un
certain nombre d’obstacles au développement de l’efficacité énergétique dans le secteur
industriel et tertiaire qui recouvrent : des barrières institutionnelles ; des barrières techniques ;
des barrières financières ; l’insuffisance de l’information disponible ; la faiblesse de l’offre
locale de services ; la faiblesse de la demande nationale de services éco-énergétiques et
l’insuffisance des actions de sensibilisation des gros consommateurs d’électricité. Une étude
peut très-bien s’intéresser à chacune de ses barrières au développement de l’efficacité
énergétique au Cameroun.

Un travail pourrait aussi s’intéresser aux prix des énergies au Cameroun. En effet, le système
énergétique camerounais s’est longtemps illustré par une absence totale de politique tarifaire.
Les prix de l’énergie sont fixés par type d’énergie et par des structures différentes sans aucune
vision d’ensemble : les tarifs d’électricité sont gérés par l’ARSEL alors que la gestion des prix
des produits pétroliers revient à la Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures
(CSPH), et ceux du pétrole brut à la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH). Grâce à
plusieurs réformes réalisées sous la houlette de la CSPH, les prix des produits pétroliers
commencent à refléter les prix du marché international tout en maintenant les besoins de
péréquation interne au niveau inter-régional. Pour les biocombustibles solides dominés par le
bois et le charbon de bois, il n’existe pas de cadre pouvant servir de structure pour la fixation
des prix, et il en résulte une fixation anarchique des prix de ces produits énergétiques sur toute
l’étendue du territoire avec des différences considérables et préjudiciables pour le

268
consommateur. Pour ce qui est de l’énergie électrique, la nouvelle grille tarifaire adoptée en
avril 2008, à la suite des émeutes de la faim et contre la vie chère de février 2008, ne fait plus
de différence entre les tarifs de la saison sèche et ceux de la saison humide, mais intègre pour
les clients MT des tarifs en période de pointe et période hors pointe. Désormais, les tarifs
varient entre 50 FCFA (environ 0.08 €) le kWh pour les usages domestiques des clients BT et
92 FCFA (environ 0.14 €) le kWh pour les autres usages en BT. Même pour des
consommations très modestes, la facture mensuelle d’électricité représente près de 5% du
revenu moyen des ménages et est par conséquent considérée comme très élevée alors que la
tarification appliquée ne permet d’ailleurs pas un recouvrement complet des coûts. Les tarifs
de vente d’électricité HT aux abonnés sont fixés dans les contrats passés entre AES-Sonel et
lesdits abonnés, après avis de l’ARSEL. Mais force est de constater que ces tarifs sont
manifestement trop bas, en l’occurrence ceux pratiqués envers la Compagnie d’Aluminium du
Cameroun (ALUCAM). Ainsi, l’arrêt des subventions pour l’énergie pour les groupes à
revenu plus élevé et pour les industries qui n’en ont pas besoin pour être compétitives,
permettrait de libérer des ressources budgétaires additionnelles. Ces nouvelles ressources
pourraient être utilisées pour subventionner l'expansion des réseaux d'énergie afin de desservir
les communautés rurales et périurbaines à revenu plus faible, ou de financer des programmes
d'atténuation de la pauvreté.

L’arrêt des subventions nécessitera de passer à des tarifs permettant un recouvrement total des
coûts, et présentera un problème social et politique majeur. De toute évidence, la seule
alternative sera de réduire les coûts, avec pour objectif ultime une tarification susceptible de
les recouvrer intégralement. Dans cette perspective, le développement du marché sous-
régional pour l'énergie électrique et des échanges transfrontaliers plus importants pourraient
aider à stimuler l’investissement requis dans la production à bas coût. L’effet principal de
l’augmentation des échanges transfrontaliers d’énergie sera d’encourager le développement
des schémas d’énergie hydraulique à grande échelle qui ne seraient pas viables au niveau
national. En définitive, la mise en œuvre d’une stratégie durable pour le secteur électrique au
Cameroun passera certainement par le développement d’une offre énergétique compétitive,
fiable et durable dans la sous-région d’Afrique Centrale.

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284
Annexes

ANNEXE 1 – STRATEGIE DE TEST DE DICKEY-FULLER AUGMENTE (ADF)

' INDIQUEZ LE NOM DE LA SERIE A ANALYSER DANS LA FENETRE SUIVI DU NOMBRE DE


RETARDS "Program arguments

'DICKEY FULLER - TESTS HYPOTHESES JOINTES

'STRATEGIE DE TESTS : MODELE 6,5,4


'
'''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''

TABLE (18,5) DF_{%0}


SETCOLWIDTH(DF_{%0},1,16)
SETCOLWIDTH(DF_{%0},2,13)
SETCOLWIDTH(DF_{%0},3,13)
SETCOLWIDTH(DF_{%0},4,13)
SETCOLWIDTH(DF_{%0},5,3)
EQUATION DICKEYF
!j = @val(%1)
GENR T = @trend
GENR D{%0}=D(%0)

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''MODELE 3'''''''''''''''''''''''''''''''''''''''

DICKEYF.LS %0 C T %0(-1) D{%0}(-1 to -!j)

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''

IF @REGOBS<38 THEN
!F1_LU=5.18
!F2_LU=5.68
!F3_LU=7.24
!THO2_LU=-3.00
!THO3_LU=-3.60
ENDIF
IF @REGOBS>37 AND @REGOBS<76 THEN
!F1_LU=4.86
!F2_LU=5.13
!F3_LU=6.73
!THO2_LU=-2.93
!THO3_LU=-3.50
ENDIF
IF @REGOBS>75 AND @REGOBS<176 THEN
!F1_LU=4.71
!F2_LU=4.88
!F3_LU=6.49
!THO2_LU=-2.89
!THO3_LU=-3.45
ENDIF
IF @REGOBS>175 AND @REGOBS<375 THEN
!F1_LU=4.63
!F2_LU=4.75

285
!F3_LU=6.34
!THO2_LU=-2.88
!THO3_LU=-3.43
ENDIF
IF @REGOBS>374 AND @REGOBS<501 THEN
!F1_LU=4.61
!F2_LU=4.71
!F3_LU=6.3
!THO2_LU=-2.87
!THO3_LU=-3.42
ENDIF
IF @REGOBS>500 THEN
!F1_LU=4.59
!F2_LU=4.68
!F3_LU=6.25
!THO2_LU=-2.86
!THO3_LU=-3.41
ENDIF

'''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''
!SCR3=@SSR
!DDL3=@REGOBS-@NCOEF
!THO3=(C(3)-1)/sqr(@covariance(3,3)) ''''''''''''''''''''''HO'''''''
DICKEYF.LS D{%0} C D{%0}(-1 to -!j)
!SCRC2=@SSR
!F3=((!SCRC2-!SCR3)/2)/(!SCR3/(!DDL3)) ''''''''''''HO3'''''''

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''MODELE 2''''''''''''''''''''
equation eq5c.ls d%0 D%0(-1 to -!j)
!SCRC1=@ssr
!F2=((!SCRC1-!SCR3)/3)/(!SCR3/!DDL3) '''''''''HO2''''''''

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''MODELE 1''''''''''''''''''''''''''''''''''''''

DICKEYF.LS %0 C %0(-1) D{%0}(-1 to -!j)


!SCR2=@SSR
!THO2=(C(2)-1)/sqr(@covariance(2,2)) '''''''''''''''HO'''''''''''''''
!DDL2=@REGOBS-@NCOEF
!F1=((!SCRC1-!SCR2)/2)/(!SCR2/(!DDL2)) ''''''''''''''''HO1'''''''

'''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''AFFICHAGE MODELE 3'''''''''''''''''

SETCELL(DF_{%0},1,1,"TEST HYPOTHESE JOINTE DE DICKEY ET FULLER AUGMENTE")


SETCELL(DF_{%0},3,2,"CALCULE")
SETCELL(DF_{%0},3,3,"LU")
SETCELL(DF_{%0},3,4,"CONCLUSION")
SETLINE(DF_{%0},4)
SETCELL(DF_{%0},5,1,"MODEL 6:")
SETCELL(DF_{%0},6,1,"HO:")
SETCELL(DF_{%0},6,2,!THO3)
SETCELL(DF_{%0},6,3,!THO3_LU)
IF !THO3>!THO3_LU THEN
SETCELL(DF_{%0},6,4,"ACCEPTE")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},6,4,"REFUSE")
ENDIF
SETCELL(DF_{%0},7,1,"HO6:")
SETCELL(DF_{%0},7,2,!F3)
SETCELL(DF_{%0},7,3,!F3_LU)
IF !F3<!F3_LU THEN

286
SETCELL(DF_{%0},7,4,"ACCEPTE")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},7,4,"REFUSE")
ENDIF

'''''''''''''''''''''''''''''''''''''AFFICHAGE MODELE 2''''''''''''''''''''

SETLINE(DF_{%0},8)
SETCELL(DF_{%0},9,1,"MODEL 5:")
SETCELL(DF_{%0},10,1,"HO:")
SETCELL(DF_{%0},10,2,!THO2)
SETCELL(DF_{%0},10,3,!THO2_LU)
IF !THO2>!THO2_LU THEN
SETCELL(DF_{%0},10,4,"ACCEPTE")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},10,4,"REFUSE")
ENDIF
SETCELL(DF_{%0},11,1,"HO5:")
SETCELL(DF_{%0},11,2,!F2)
SETCELL(DF_{%0},11,3,!F2_LU)
IF !F2<!F2_LU THEN
SETCELL(DF_{%0},11,4,"ACCEPTE")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},11,4,"REFUSE")
ENDIF

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''AFFICHAGE MODELE 1 '''''''''''''''''''''''''

SETLINE(DF_{%0},12)
SETCELL(DF_{%0},13,1,"MODEL 4:")
SETCELL(DF_{%0},14,1,"HO4:")
SETCELL(DF_{%0},14,2,!F1)
SETCELL(DF_{%0},14,3,!F1_LU)
IF !F1<!F1_LU THEN
SETCELL(DF_{%0},14,4,"ACCEPTE")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},14,4,"REFUSE")
ENDIF
SETLINE(DF_{%0},15)

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''

SETCELL(DF_{%0},16,1,"MODELE RETENU:")
SETLINE(DF_{%0},17)

IF (!F3>!F3_LU) AND (!THO3<!THO3_LU) THEN '


DICKEYF.LS %0 C T %0(-1)
!DDLX = @REGOBS - @NCOEF + 1
!TSTAT = C(2)/(SQR(@COVARIANCE(2,2)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA<0.05 THEN '
!TSTAT = C(1)/(SQR(@COVARIANCE(1,1))) '
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA<0.05 THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = c + b*T + p*Y(-1) + e")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = b*T + p*Y(-1) + e")
ENDIF
ELSE
DICKEYF.LS %0 C %0(-1) '

287
!DDLX = @REGOBS - @NCOEF + 1
!TSTAT = C(1)/(SQR(@COVARIANCE(1,1)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA <0.05 THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = c + p*Y(-1) + e")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = p*Y(-1) + e")
ENDIF
ENDIF
ENDIF

IF ((!THO3>!THO3_LU) OR (!F3<!F3_LU)) AND (!F2<!F2_LU) THEN


IF (!THO2<!THO2_LU) OR (!F1>!F1_LU) THEN
DICKEYF.LS %0 C %0(-1)
!DDLX = @REGOBS - @NCOEF + 1
!TSTAT = C(1)/(SQR(@COVARIANCE(1,1)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA <0.05 THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = c + p*Y(-1) + e")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},16,3,"Y = p*Y(-1) + e")
ENDIF
ENDIF
IF (!F1<!F1_LU) THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"DY = e")
ENDIF
ENDIF

IF ((!THO3>!THO3_LU) OR (!F3<!F3_LU)) AND (!F2>!F2_LU) THEN


DICKEYF.LS D{%0} C T
!DDLX = @REGOBS - @NCOEF + 1
!TSTAT = C(2)/(SQR(@COVARIANCE(2,2)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA >0.05 THEN
DICKEYF.LS D{%0} C
!DDLX = @REGOBS - @NCOEF + 1
!TSTAT = C(1)/(SQR(@COVARIANCE(1,1)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA <0.05 THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"DY = c + e")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},16,3,"DY = e")
ENDIF
ELSE
!TSTAT = C(1)/(SQR(@COVARIANCE(1,1)))
!TPROBA = @TDIST( !TSTAT, !DDLX)
IF !TPROBA>0.05 THEN
SETCELL(DF_{%0},16,3,"DY = b*T + e")
ELSE
SETCELL(DF_{%0},16,3,"DY = c + b*T + e")
ENDIF
ENDIF
ENDIF

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''
SHOW DF_{%0}
D DICKEYF D{%0} T eq5C

''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''FIN''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''''
(Source : Bourbonnais, 2008)

288
ANNEXE 2 – ETUDE DE LA RELATION ENTRE LA CONSOMMATION TOTALE
D’ENERGIE, LA QUANTITE DE CO2 EMISE ET LE PRODUIT INTERIEUR BRUT
PAR TETE

Introduction
A partir des données relatives à la quantité de dioxyde de carbone émise par tête
(CO2_PAR_HAB), à la consommation totale d’énergie par habitant (ENERGIE_PAR_HAB)
et au produit intérieur brut par habitant en parité de pouvoir d’achat (PIB_PAR_HAB) du
Cameroun, nous examinerons ici la relation entre ces variables. Les valeurs des séries
ENERGIE_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB sont celles du chapitre 2. Les valeurs de la série
CO2_PAR_HAB sont exprimées en millions de tonnes (Mt) et s’étalent sur la période 1971-
2005.

III.1 – Etude préliminaire de la série CO2_PAR_HAB

Représentation graphique : La figure A.1 représente l’évolution de la série CO2_PAR_HAB.


D’après un examen visuel, cette série semble non stationnaire.

Figure A.1: Représentation graphique de la série CO2_PAR_HAB (en Mt) sur la


période 1971-2005

.26

.24

.22

.20

.18

.16

.14

.12

.10
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

CO2_PAR_HAB

Analyse des autocorrélations et autocorrélations partielles : D’après le corrélogramme ci-


dessous de la série CO2_PAR_HAB (tableau A.3), toutes les autocorrélations sont
significativement différentes de 0 au seuil de 5 % (la probabilité critique, Prob = 0 < 5%) et
décroissement lentement. Ceci est aussi caractéristique d’une série non stationnaire. Nous
vérifierons ensuite cette affirmation par l’application des tests de stationnarité.

289
Tableau A.1 : Corrélogramme de CO2_PAR_HAB
Date: 07/27/09 Time: 15:38
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. |*******| . |*******| 1 0.857 0.857 27.983 0.000
. |****** | . | . | 2 0.733 -0.007 49.055 0.000
. |**** | . *| . | 3 0.584 -0.160 62.865 0.000
. |*** | . *| . | 4 0.443 -0.077 71.047 0.000
. |**. | . | . | 5 0.310 -0.052 75.208 0.000
. |* . | .**| . | 6 0.130 -0.287 75.966 0.000
. | . | . | . | 7 0.010 0.062 75.972 0.000
. *| . | . | . | 8 -0.094 -0.006 76.398 0.000
.**| . | . *| . | 9 -0.195 -0.141 78.291 0.000
.**| . | . *| . | 10 -0.280 -0.080 82.355 0.000
***| . | . | . | 11 -0.349 -0.007 88.925 0.000
***| . | . *| . | 12 -0.396 -0.112 97.741 0.000
***| . | . | . | 13 -0.421 -0.033 108.16 0.000
***| . | . | . | 14 -0.419 0.045 119.01 0.000
***| . | . |* . | 15 -0.370 0.096 127.89 0.000
***| . | . *| . | 16 -0.333 -0.118 135.42 0.000

Etude des statistiques descriptives : La figure A.2 ci-dessous représente la distribution de la


série CO2_PAR_HAB. On constate que la probabilité associée au test de Jarque-Bera
(23.35%) est supérieure au seuil de 5%, on ne peut donc pas rejeter l’hypothèse H0 de
normalité de la distribution. D’ailleurs, le coefficient d’aplatissement (Kurtosis = 2.94), plus
proche de 3 que de 0, signifie que la distribution est plus mésokurtique (distribution normale)
que platykurtique (distribution relativement aplatie). En outre, le coefficient d’asymétrie
(Skewness = -0.7), différent de 0 et négatif, indique que la distribution est asymétrique vers la
gauche.

Figure A.2 : Histogramme et statistiques de la série CO2_PAR_HAB

12
Series: CO2_PAR_HAB
Sample 1971 2005
10
Observations 35

8 Mean 0.184316
Median 0.187656
6 Maximum 0.242933
Minimum 0.107353
Std. Dev. 0.037064
4 Skewness -0.705738
Kurtosis 2.949688
2
Jarque-Bera 2.909074
Probability 0.233508
0
0.10 0.12 0.14 0.16 0.18 0.20 0.22 0.24

290
III.2 – Test de stationnarité de la série CO2_PAR_HAB

Nous appliquerons directement la stratégie de test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF)


programmée par Bourbonnais (2008).

Choix du nombre de retards p : Les données étant annuelles, on choisira pmax = 4. Pour les
modèle1 (sans constante et sans tendance), modèle2 (avec constante et sans tendance) et
modèle3 (avec constante et avec tendance), le tableau A.4 regroupe les résultats trouvés sous
Eviews. La spécification qui minimise les critères d’information de Akaike (AIC) ou de
Schwarz (SC) est obtenue pour p = 0.

Tableau A.2 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de


Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3 de la série CO2_PAR_HAB et pour p allant de 0
à pmax = 4

Modèle 1 Modèle 2 Modèle 3


AIC SC AIC SC AIC SC
P=0 -5.541015 -5.496122 -5.638690 -5.548905 -5.604722 -5.470044
P=1 -5.460945 -5.370247 -5.584888 -5.448842 -5.581646 -5.400251
P=2 -5.386719 -5.249306 -5.543564 -5.360347 -5.545690 -5.316669
P=3 -5.284660 -5.099629 -5.500975 -5.269687 -5.564373 -5.286827
P=4 -5.311434 -5.077901 -5.445301 -5.165062 -5.462843 -5.135897

Résultats de la stratégie du test ADF : On exécute le test ADF avec p = 0 terme différencié, ce
qui revient à appliquer le test de Dickey-Fuller simple. On obtient les résultats suivants :

TEST
HYPOTHESE
JOINTE DE
DICKEY ET
FULLER

CALCULE LU CONCLUSION

MODEL 3:
HO: -3.8610045 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 2.7881187 7.2400000 ACCEPTE

MODEL 2:
HO: -4.8505573 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 2.1165841 5.6800000 ACCEPTE

MODEL 1:
HO1: 2.8040511 5.1800000 ACCEPTE

MODELE DY = e
RETENU:

291
D(CO2_PAR_HAB) est alors un Processus bruit blanc, et par conséquent la série
CO2_PAR_HAB est un Processus de type DS sans dérive, donc non stationnaire et se
présente sous la forme d’un I(1). Pour le stationnariser, il suffit de passer aux différences
premières.

En effet, d’après les fonctions d’autocorrélation simple et partielle sur cette série en
différences premières (tableau A.5), nous constatons que tous les termes sont dans l’intervalle
de confiance, et que la probabilité critique de la statistique de Ljung-Box est, pour tous les
retards, supérieure à 0.05 (acceptation de Ho, il existe au moins un coefficient
d’autocorrélation significativement différent de 0). La série CO2_PAR_HAB en différences
premières est bien stationnaire et peut être considérée comme un processus de bruit blanc.

Tableau A.3 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série


CO2_PAR_HAB : D(CO2_PAR_HAB)
Date: 07/27/09 Time: 16:35
Sample: 1971 2005
Included observations: 34
Autocorrelation Partial Correlation AC PAC Q-Stat Prob
. *| . | . *| . | 1 -0.121 -0.121 0.5474 0.459
. |* . | . |* . | 2 0.149 0.136 1.3934 0.498
. *| . | . | . | 3 -0.060 -0.028 1.5333 0.675
. |* . | . |* . | 4 0.196 0.173 3.1083 0.540
. |* . | . |**. | 5 0.143 0.204 3.9768 0.553
. |* . | . |* . | 6 0.125 0.130 4.6644 0.588
. | . | . | . | 7 -0.040 -0.037 4.7353 0.692
. | . | . | . | 8 0.063 0.004 4.9231 0.766
. *| . | . *| . | 9 -0.090 -0.147 5.3213 0.805
. | . | .**| . | 10 -0.053 -0.203 5.4656 0.858
. | . | . *| . | 11 -0.026 -0.088 5.5023 0.904
. | . | . | . | 12 0.009 -0.008 5.5071 0.939
. *| . | . *| . | 13 -0.092 -0.058 5.9987 0.946
. *| . | . *| . | 14 -0.131 -0.083 7.0413 0.933
. *| . | . | . | 15 -0.075 0.008 7.4037 0.945
. *| . | . *| . | 16 -0.105 -0.068 8.1509 0.944

Conclusion concernant les 3 séries :

PIB_PAR_HAB I(1) D(PIB_PAR_HAB) I(0)

ENERGIE_PAR_HAB I(1) D(ENERGIE_PAR_HAB) I(0)

CO2_PAR_HAB I(1) D(CO2_PAR_HAB) I(0)

292
III.3 – Test de causalité au sens de Granger et estimation de la relation statique

Pour Les séries CO2_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB, le test de causalité sous Eviews donne
directement les résultats suivants :

Pairwise Granger Causality Tests


Date: 07/27/09 Time: 17:07
Sample: 1971 2005
Lags: 6
Null Hypothesis: Obs F-Statistic Probability
DPIB_PAR_HAB does not Granger Cause 28 0.84307 0.55628
DCO2_PAR_HAB
DCO2_PAR_HAB does not Granger Cause 3.26686 0.02932
DPIB_PAR_HAB

Ainsi, pour le retard 6, on constate que la probabilité de la F-statistique correspondant à


l’hypothèse «D(CO2_PAR_HAB) does not Granger Cause D(PIB_PAR_HAB)» est
inférieure à 0.05, on rejette alors l’hypothèse H0 : « D(CO2_PAR_HAB) ne cause pas
D(PIB_PAR_HAB)».

On conclut donc que pour ce seuil, il y a une causalité unidirectionnelle allant de l’émission
de dioxyde de carbone vers la croissance économique.

En effectuant la régression de PIB_PAR_HAB sur CO2_PAR_HAB, on obtient :


Dependent Variable: PIB_PAR_HAB
Method: Least Squares
Date: 07/27/09 Time: 20:54
Sample: 1971 2005
Included observations: 35
Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.
C 0.463338 0.192765 2.403638 0.0220
CO2_PAR_HAB 8.269051 1.025887 8.060395 0.0000
R-squared 0.663162 Mean dependent var 1.987454
Adjusted R-squared 0.652955 S.D. dependent var 0.376354
S.E. of regression 0.221712 Akaike info criterion -0.119427
Sum squared resid 1.622160 Schwarz criterion -0.030550
Log likelihood 4.089972 F-statistic 64.96996
Durbin-Watson stat 0.403506 Prob(F-statistic) 0.000000

On récupère le résidu RESID04 de cette régression. Le corrélogramme de cette série des


résidus en différence première donne p=0. On applique alors le test de Dickey-Fuller simple
sur cette série afin de savoir si elle est stationnaire ou non.

L’exécution du programme de Bourbonnais (2008) donne les résultats suivants :

TEST HYPOTHESE
JOINTE DE DICKEY
ET FULLER
CALCULE LU CONCLUSION
MODEL 3:
HO: -7.8352581 -17.900000 ACCEPTE
HO3: 1.8776268 7.2400000 ACCEPTE

293
MODEL 2:
HO: -6.8506396 -12.500000 ACCEPTE
HO2: 1.2521506 5.6800000 ACCEPTE
MODEL 1:
HO1: 1.7786413 5.1800000 ACCEPTE
MODELE RETENU: DY = e

La série des résidus resid04 est donc non stationnaire, et par suite les séries CO2_PAR_HAB
et PIB_PAR_HAB ne sont donc pas cointégrées.

Estimation du modèle VAR

Détermination du nombre de retards p

AIC SC Log Likelihood


P=1 -6.805530 -6.533438 118.2912
P=2 -6.455962 -5.997919 113.2954
P=3 -6.177164 -5.529557 109.7460
P=4 -5.911080 -5.070361 106.6662

En regardant le minimum des critères de Akaike et Schwarz et le maximum de Log


Likelihood, on choisit donc p=1 et on a les résultats suivants :

Tableau A.4 : Estimation du VAR pour les séries CO2_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB

Vector Autoregression Estimates


Date: 07/27/09 Time: 21:01
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting
endpoints
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
DPIB_PAR_HAB DCO2_PAR_HAB
DPIB_PAR_HAB(-1) 0.369949 0.012456
(0.17215) (0.02254)
[ 2.14898] [ 0.55255]

DCO2_PAR_HAB(-1) 1.713992 -0.162818


(1.49051) (0.19518)
[ 1.14994] [-0.83420]

C 0.007810 0.002304
(0.02077) (0.00272)
[ 0.37613] [ 0.84720]
R-squared 0.229726 0.024913
Adj. R-squared 0.178374 -0.040093
Sum sq. resids 0.412029 0.007065
S.E. equation 0.117193 0.015346
F-statistic 4.473582 0.383246
Log likelihood 25.49731 92.58492
Akaike AIC -1.363473 -5.429389
Schwarz SC -1.227427 -5.293343
Mean dependent 0.018916 0.002141
S.D. dependent 0.129290 0.015048

294
Determinant Residual Covariance 2.64E-06
Log Likelihood (d.f. adjusted) 118.2912
Akaike Information Criteria -6.805530
Schwarz Criteria -6.533438

La t-statistique du coefficient de la variable DCO2_PAR_HAB(-1) est égale à 1.14994 et est


inférieure à 1.96. Cette variable n’est donc pas significativement contributive à l’explication
de la variable endogène DPIB_PAR_HAB au seuil de 5 %. En conséquence, le modèle VAR
estimé ci-dessus n’est pas valide ! Même si les émissions de CO2 causent au sens de Granger
le PIB, il n’est pas possible de quantifier raisonnablement cette influence.

Pour les séries CO2_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB, pour aucun décalage, on ne


trouve de relation de causalité. Néanmoins, nous allons vérifier par le test de Johansen
l’existence d’une cointégration entre ces séries. Pour cela, nous testons deux hypothèses :

- Existence d’une constante dans la relation de long terme et non dans les données (pas de
tendance déterministe)

Date: 07/28/09 Time: 13:21


Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Trend assumption: Linear deterministic trend
Series: CO2_PAR_HAB ENERGIE_PAR_HAB
Lags interval (in first differences): 1 to 1

Unrestricted Cointegration Rank Test


Hypothesized Trace 5 Percent 1 Percent
No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value Critical Value
None 0.228275 12.18069 15.41 20.04
At most 1 0.104152 3.629494 3.76 6.65
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
Trace test indicates no cointegration at both 5% and 1% levels

La statistique de Johansen 12.18069 est inférieure aux valeurs critiques pour le seuil de 5%
(15.41) et pour le seuil de 1% (20.04). On ne peut pas rejeter l’hypothèse H0 selon laquelle le
rang de la matrice est égal à 0. Il n’y a donc pas cointégration !

- Existence d’une constante dans la relation de long terme et dans les données

Date: 07/28/09 Time: 13:23


Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting endpoints
Trend assumption: Linear deterministic trend (restricted)
Series: PIB_PAR_HAB ENERGIE_PAR_HAB
Lags interval (in first differences): 1 to 1

Unrestricted Cointegration Rank Test


Hypothesized Trace 5 Percent 1 Percent
No. of CE(s) Eigenvalue Statistic Critical Value Critical Value
None 0.465631 25.20256 25.32 30.45
At most 1 0.128069 4.522483 12.25 16.26
*(**) denotes rejection of the hypothesis at the 5%(1%) level
Trace test indicates no cointegration at both 5% and 1% levels

295
Ici encore, la statistique de Johansen 25.20256 est inférieure aux valeurs critiques pour le
seuil de 5% (25.32) et pour le seuil de 1% (30.45). On ne peut pas rejeter l’hypothèse H0
selon laquelle le rang de la matrice est égal à 0. Il n’y a donc pas cointégration !

En résumé, les deux hypothèses sont convergentes. Les séries CO2_PAR_HAB et


ENERGIE_PAR_HAB ne sont pas cointégrées, on ne peut en conséquence pas estimer un
modèle à correction d’erreur, mais plutôt un VAR.

Estimation du modèle VAR

Détermination du nombre de retards p

AIC SC Log Likelihood


P=1 -0.400376 -0.128284 12.60620
P=2 0.014885 0.472927 9.761845
P=3 0.437353 1.084960 7.221036
P=4 0.778015 1.618734 6.329773

En regardant le minimum des critères de Akaike et Schwarz et le maximum de Log


Likelihood, on choisit donc p=1 et on a les résultats suivants :

Tableau A.5 : Estimation du VAR pour les séries CO2_PAR_HAB et


ENERGIE_PAR_HAB
Vector Autoregression Estimates
Date: 07/28/09 Time: 14:09
Sample(adjusted): 1973 2005
Included observations: 33 after adjusting
endpoints
Standard errors in ( ) & t-statistics in [ ]
DCO2_PAR_HAB DENERGIE_PAR_HAB
DCO2_PAR_HAB(-1) -0.252353 -176.9742

(0.40439) (152.366)
[-0.62404] [-1.16150]

DENERGIE_PAR_HAB(-1) 0.000386 0.411000

(0.00108) (0.40726)
[ 0.35732] [ 1.00918]

C 0.002409 0.763183
(0.00272) (1.02381)
[ 0.88650] [ 0.74543]
R-squared 0.019164 0.043151
Adj. R-squared -0.046225 -0.020639
Sum sq. resids 0.007107 1008.934
S.E. equation 0.015391 5.799235
F-statistic 0.293074 0.676447
Log likelihood 92.48792 -103.2573
Akaike AIC -5.423510 6.439837
Schwarz SC -5.287464 6.575883
Mean dependent 0.002141 0.700978

296
S.D. dependent 0.015048 5.740299
Determinant Residual Covariance 0.001597
Log Likelihood (d.f. adjusted) 12.60620
Akaike Information Criteria -0.400376
Schwarz Criteria -0.128284

Les t-statistiques des coefficients des variables DCO2_PAR_HAB(-1) et


DENERGIE_PAR_HAB(-1) sont toutes inférieures à 1.96. Ces variables ne sont donc pas
significativement explicatives au seuil de 5 %. Par conséquent, on ne peut pas valider ce
modèle VAR.

Conclusion
L’étude de la série chronologique relative aux émissions de CO2 par tête au Cameroun
(CO2_PAR_HAB) conclut à sa non stationnarité. Le passage aux différences premières
permet de la stationnariser. Elle est donc intégrée d’ordre I(1), tout comme les séries
ENERGIE_PAR_HAB (consommation d’énergie par habitant) et PIB_PAR_HAB (produit
intérieur brut par habitant) étudiées au chapitre 2.

Le test de causalité effectué ensuite conduit à une causalité unidirectionnelle des émissions de
CO2 vers le PIB (assez logiquement car les émissions de CO2 proviennent de la
consommation d’énergie, et on a vu au chapitre 2 qu’il y avait un lien causal de la
consommation d’énergie vers le PIB). Par contre, nous n’avons trouvé aucun lien de causalité
entre la consommation d’énergie et les émissions de CO2.

Aucune relation de cointégration n’a été trouvée entre les variables CO2_PAR_HAB,
ENERGIE_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB, et de même aucun modèle VAR n’a pu être validé
du fait de la non significativité des coefficients.

297
ANNEXE 3 - INVENTAIRE DES SITES EXPLOITABLES EN CENTRALES ET
MICRO CENTRALES

Tableau A.6 : Inventaire des sites hydroélectriques identifiés et potentiel

298
Source : Kenfack J., Lejeune A.G.H., Tamo Tatietse T., Ngundam J., Fogue M., Inventaire des sites
hydroélectriques du Cameroun, EREC 2002, Yaoundé, Cameroun

299
Tableau A.7 : Tableau de localisation des sites exploitables en microcentrales

300
Source : Kenfack J., Lejeune A.G.H., Tamo Tatietse T., Ngundam J., Fogue M., Inventaire des sites
hydroélectriques du Cameroun, EREC 2002, Yaoundé, Cameroun

301
Abréviations
ADEME Agence française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
ADF Dickey-Fuller Augmenté
AER Agence d'Electrification Rurale
AIC Critère d’information de Akaike
AIEA Agence internationale de l’Energie Atomique
ALUCAM Aluminium du Cameroun
ANAFOR Agence Nationale d’Appui au Développement Forestier
AND Autorité nationale désignée
APE Accord de partenariat économique
ARSEL Agence de Régulation du Secteur de l'Electricité
BAD/BAFD Banque africaine de développement
BEAC Banque des Etats d’Afrique centrale
BID Banque islamique de développement
BT Basse tension
BTP Bâtiments et travaux publics
CAMSUCO Cameroon Sugar Company
CDB Convention sur la Diversité Biologique
CEC Cambridge Education Consultants
CEEAC Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale
CEDEAO Communauté Economique Des Etats d’Afrique de l’Ouest
CENADEFOR Centre National de Développement des Forêts
CEMAC Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale
CER Réductions d’émission certifiées
CFA Coopération financière d’Afrique centrale
CFC Chlorofluorocarbones
CH4 Méthane
CIMENCAM Cimenteries du Cameroun
CMB Commission Mondiale des Barrages
CMED Commission mondiale pour l'environnement et le développement
CNI Communication Nationale Initiale
CO Monoxyde de carbone
CO2 Dioxyde de carbone
COMELEC Comité maghrébin de l’électricité
COMESA Marché commun de l'Afrique orientale et australe
CONAC Commission nationale de lutte contre la corruption
COP Conférence des Parties
CPPC Cameroon Pulp and Paper Company
CSPH Caisse de Stabilisation des Prix des Hydrocarbures
DFID Departement for International development
DSCE Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
DSRP Documents de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté
EAPP Eastern Africa Power Pool
ECM Modèle à correction d’erreur
EDC Electricity Development Corporation ou Electricité du Cameroun
EDF Electricité de France
EDSC Enquête Démographique et de Santé du Cameroun

302
EITI Initiative de transparence dans les industries extractives
ENELCAM Energie électrique du Cameroun
ENR Energies nouvelles et renouvelables
ENSP Ecole nationale supérieure polytechnique
FAO Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture
FASR Facilité d’Ajustement Structurel Renforcée
FCRP Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté
FEM Fonds pour l’environnement mondial
FMI Fonds monétaire international
GES Gaz à effet de serre
GIEC Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat
GNL Gaz naturel liquéfié
GPL Gaz de pétrole liquéfié
GPP Groupement Professionnel des Pétroles
GW Giga watt
HFC Hydrofluorocarbures
HT Haute tension
IDH Indice de développement humain
IEA International Energy Agency
INS Institut national de la statistique
IRD Institut pour la Recherche et le Développement
IRGM Institut de Recherches Géologiques et Minières
KPDC Kribi Power Development Corporation
LATEE Laboratoire d’Analyse des Technologies de l’Energie et de l’Environnement
LRE Laboratoire de Recherche Energétique
MDP Mécanisme pour un développement propre
MINEE Ministère de l’Energie et de l’Eau
MINEP Ministère de l’Environnement et de la protection de la nature
MINES Ministère de l’Enseignement Supérieur
MINFIB Ministère des Finances et du Budget
MINFOF Ministère des forêts et de la faune
MINRESI Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
MINT Ministère des Transports
MIT Massachussetts Institute of Technology
MW Mégawatt
MWH Mégawatheure
N2O Oxyde nitreux
NEPAD Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique
NMVOC Composés organiques volatiles non méthaniques
NOx Oxydes d'azote
NPA Nouvelle politique agricole
OECD Organisation de coopération et de développement économiques
OMD Objectifs du millénaire pour le développement
OMS Organisation Mondiale de la Santé
OMVS Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal
ONADEF Office National de Développement des Forêts
ONAREF Office National de Régénération des Forêts
ONG Organisation non gouvernementale
ONU Organisation des Nations Unies
PANERP Plan d’Action Nationale Énergie pour la Réduction de la Pauvreté

303
PASIE Programme d’Atténuation et de Suivi des Impacts sur l’Environnement
PDER Plan Directeur d’Electrification Rurale
PDSE Plan de Développement à long terme du Secteur de l’Electricité
PEAC Pool Energétique de l’Afrique Centrale
PED Pays en développement
PFC Hydrocarbures perfluorés
PIB Produit intérieur brut
PME Petites et moyennes entreprises
POGR Programme d’Optimisation pour la Gestion des Réservoirs de l’OMVS
POWERCAM Cameroon Electricity Corporation
PPA Parité de pouvoir d’achat
PPTE Pays pauvres très endettés
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUE Programme des Nations Unies pour l’environnement
RDPC Rassemblement démocratique du peuple camerounais
REDD Reducing Emissions from Deforestation and Forest Degradation
RIE Réseau Interconnecté de l’Est
RIN Réseau Interconnecté du Nord
RIS Réseau Interconnecté du Sud
SAPP Southern African Power Pool
SC Critère d’information de Schwarz
SCDP Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers
SDF Social Democratic Front
SER Syndicat français des énergies renouvelables
SF6 Hexafluorure de soufre
SFLP Sustainable Fisheries Livelihoods Programme
SIE Système d’Information Energétique
SNH Société Nationale des Hydrocarbures
SO2 Dioxyde de soufre
SOCAPALM Société camerounaise de palmeraies
SOCATRAL Société Camerounaise de Transformation de l’Aluminium
SODECOTON Société de développement du coton du Cameroun
SONARA Société Nationale de Raffinage
SONAGAS Société nationale de gaz de Guinée Equatoriale
SONEL Société nationale d’électricité
SOSUCAM Société sucrière du Cameroun
TI Transparency International
TICE Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation
TWH Térawattheure
UE Union européenne
UNCCD United Nations Convention to Combat Desertification
UNFCCC United Nations Framework Convention on Climate Change
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UMA Union du Maghreb Arabe
URCE Unités de Réduction Certifiée d’Emissions
VAN Valeur actualisée nette
VAR Vector Autoregression
WAGP West African Gas Pipeline
WAPP West African Power Pool
WEO World Energy Outlook

304
Liste des figures, tableaux et encadrés
Figure 1.1: Carte de localisation du Cameroun ........................................................................................................................ 22
Figure 1.2: Ventilation sectorielle du PIB en 2007 (en pourcentage) ....................................................................................... 22
Figure 1.3: Part de l’encours de la dette extérieure dans le PIB et ratio du service de la dette sur les exportations (en
pourcentage) ................................................................................................................................................................. 27
Figure 1.4: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire du Cameroun en 2008 ........................................... 34
Figure 1.5: Sources de production d’électricité au Cameroun de 1972 à 2008 ......................................................................... 37
Figure 2.1 : Représentations graphiques des séries ENERGIE_PAR_HAB, ELEC_PAR_HAB, PETROLE_PAR_HAB,
BIOMASSE_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB sur la période 1971-2005 ...................................................................... 64
Figure 2.2 : Histogramme et statistiques de la série ENERGIE_PAR_HAB ........................................................................... 67
Figure 2.3 : Histogramme et statistiques de la série ELEC_PAR_HAB................................................................................... 68
Figure 2.4 : Histogramme et statistiques de la série PETROLE_PAR_HAB ........................................................................... 68
Figure 2.5 : Histogramme et statistiques de la série BIOMASSE_PAR_HAB ........................................................................ 69
Figure 2.6 : Histogramme et statistiques de la série PIB_PAR_HAB ...................................................................................... 69
Figure 2.7 : Stratégie de Tests de Dickey-Fuller ...................................................................................................................... 71
Figure 2.8: Répartition de la consommation d’électricité au Cameroun ................................................................................. 104
Figure 3.1: Répartition mondiale de la population dépourvue d’accès à l’électricité ............................................................. 107
Figure 3.2: Lien entre taux d’accès à l’électricité et proportion de la population vivant avec moins de deux dollars par jour109
Figure 3.3: Influence de l’énergie sur d’autres composants de la pauvreté ............................................................................ 110
Figure 3.4 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et le niveau d’éducation en 2002 .............................. 111
Figure 3.5 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et le PIB par habitant ................................................ 112
Figure 3.6 : Relation entre la consommation d’électricité par habitant et l’indice de développement humain ....................... 113
Figure 4.1: Comportement du modèle global avec ressources « illimitées » et contrôle de la pollution ................................ 129
Figure 4.2: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire de l’Afrique en 2006 ........................................... 140
Figure 4.3: Répartition de l’approvisionnement total en énergie primaire du Ghana, du Togo, du Nigéria et de la République
Démocratique du Congo, en 2006 .............................................................................................................................. 141
Figure 4.4: Distance moyenne parcourue quotidiennement pour récolter du bois en Tanzanie (km) ..................................... 142
Figure 4.5: Pourcentage de biomasse traditionnelle dans l’approvisionnement total en énergie de quelques pays pauvres ... 143
Figure 4.6: Décès par an (en milliers) suite à la pollution intra-domiciliaire.......................................................................... 144
Figure 4.7: Décès annuels dans le monde suivant les causes .................................................................................................. 145
Figure 4.8 : Evolution de l’intensité en carbone du PIB du Cameroun entre 1971 et 2005 .................................................... 147
Figure 4.9 : Evolution de l’intensité énergétique du Cameroun entre 1971 et 2005 ............................................................... 148
Figure 5.1: Répartition de l’approvisionnement total mondial en énergie primaire en 2008 .................................................. 154
Figure 5.2: Evolution de l’approvisionnement total en énergie primaire du Cameroun de 1972 à 2008 ................................ 159
Figure 5.3: Production énergétique du Cameroun de 1972 à 2008 ......................................................................................... 160
Figure 5.4: Evolution de la demande d’électricité du « service public » ................................................................................ 161
Figure 5.5: Evolution de la consommation BT + MT (scénario médian) ............................................................................... 164
Figure 5.6: Projection de la demande de produits pétroliers ................................................................................................... 167
Figure 5.7: Aménagements hydroélectriques du bassin de la Sanaga ..................................................................................... 170
Figure 6.1 : Production électrique mondiale en 2005 ............................................................................................................. 178
Figure 6.2 : Part des principaux pays producteurs d’hydroélectricité au monde .................................................................... 179
Figure 6.3 : Le cycle hydrologique à l’échelle globale ........................................................................................................... 183
Figure 6.4 : Schéma simplifié d’une centrale hydroélectrique ............................................................................................... 186
Figure 6.5 : Carte des principaux bassins hydrologiques du Cameroun ................................................................................. 202
Figure 6.6 : Coûts spécifiques d’investissement des turbines Michell-Banki et à hélices ...................................................... 217
Figure 6.7 : Monotone de débit d’un site hydroélectrique équipé d’une turbine Banki .......................................................... 220
Figure 7.1 : Maximisation du surplus économique dans une industrie de réseau ................................................................... 251
Figure 7.2 : Les principaux acteurs institutionnels du secteur de l’électricité au Cameroun .................................................. 251
Figure 7.3 : Evolution de la valeur des actions de la société AES Sirocco du 02/02/1998 au 10/03/2004 ............................. 252
Figure 7.4 : Ventes de la société AES-Sonel et parts de revenus par type de client ............................................................... 255
Figure A.1: Représentation graphique de la série CO2_PAR_HAB (en Mt) sur la période 1971-2005 ................................. 289
Figure A.2 : Histogramme et statistiques de la série CO2_PAR_HAB………………………………………………………290

Tableau 1.1: Pourcentage des ménages ayant accès aux commodités 2001-2007 .................................................................... 32
Tableau 1.2: Récapitulatif de l’impact des facteurs géographiques et socio-économiques sur la situation énergétique du
Cameroun ..................................................................................................................................................................... 54
Tableau 2.1: Comparaison de quelques résultats des tests de causalité .................................................................................... 60
Tableau 2.2 : Corrélogramme de ENERGIE_PAR_HAB ........................................................................................................ 65
Tableau 2.3 : Corrélogramme de PETROLE_PAR_HAB ........................................................................................................ 65
Tableau 2.4 : Corrélogramme de ELEC_PAR_HAB ............................................................................................................... 66
Tableau 2.5 : Corrélogramme de BIOMASSE_PAR_HAB ..................................................................................................... 66
Tableau 2.6 : Corrélogramme de PIB_PAR_HAB ................................................................................................................... 66
Tableau 2.7 : Typologie des modèles du test de Dickey-Fuller ................................................................................................ 71

305
Tableau 2.8 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3
de la série PIB_PAR_HAB et pour p allant de 0 à pmax = 4 .......................................................................................... 72
Tableau 2.9 : Corrélogramme en différence première de la série PIB_PAR_HAB .................................................................. 72
Tableau 2.10 : Résultats du test ADF pour la série PIB_PAR_HAB donné par le programme de Bourbonnais (2008) .......... 79
Tableau 2.11 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série PIB_PAR_HAB : D(PIB_PAR_HAB)
...................................................................................................................................................................................... 82
Tableau 2.12 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et
3 de la série ENERGIE_PAR_HAB et pour p allant de 0 à pmax = 4 .......................................................................... 83
Tableau 2.13 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série ENERGIE_PAR_HAB :
D(ENERGIE_PAR_HAB) ........................................................................................................................................... 84
Tableau 2.14 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et
3 de la série PETROLE_PAR_HAB et pour p allant de 0 à pmax = 4............................................................................ 85
Tableau 2.15 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série PETROLE_PAR_HAB :
D(PETROLE_PAR_HAB) ........................................................................................................................................... 86
Tableau 2.16 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et
3 de la série ELEC_PAR_HAB et pour p allant de 0 à p max = 4 ................................................................................... 87
Tableau 2.17 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série ELEC_PAR_HAB :
D(ELEC_PAR_HAB) .................................................................................................................................................. 88
Tableau 2.18 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et
3 de la série BIOMASSE_PAR_HAB et pour p allant de 0 à p max = 4 ......................................................................... 88
Tableau 2.19 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série BIOMASSE_PAR_HAB :
D(BIOMASSE_PAR_HAB) ........................................................................................................................................ 89
Tableau 2.20 : Corrélogrammes simple et partiel en différences secondes de la série BIOMASSE_PAR_HAB :
D(D(BIOMASSE_PAR_HAB)) ................................................................................................................................... 90
Tableau 2.21 : Test de Dickey-Fuller sur les résidus de la relation statique entre PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB 94
Tableau 2.22 : Estimation du modèle à correction d’erreur pour les séries PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB ......... 95
Tableau 2.23 : Estimation du VAR pour les séries PIB_PAR_HAB et PETROLE_PAR_HAB .............................................. 97
Tableau 2.24 : Test de Dickey-Fuller sur les résidus de la relation statique entre ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB ...... 98
Tableau 2.25 : Estimation du modèle à correction d’erreur pour les séries ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB ................ 99
Tableau 2.26 : Estimation du VAR pour les séries PIB_PAR_HAB et BIOMASSE_PAR_HAB ......................................... 101
Tableau 3.1: Taux d’accès à l’électricité dans les différentes régions du monde ................................................................... 106
Tableau 3.2: Consommation électrique et PIB par habitant dans quelques régions et pays du monde ................................... 107
Tableau 4.1: Les actifs créés par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques .......................... 136
Tableau 5.1: Sources d’énergie et leurs potentiels effets négatifs sur l’environnement ......................................................... 156
Tableau 5.2: Résultats du scénario médian - service public (BT + MT)................................................................................. 164
Tableau 5.3: Scénario médian : doublement de la production d’aluminium à Edéa ............................................................... 165
Tableau 5.4: Scénario médian – Production et Puissance en pointe (Service Public et HT) – Prévisions en 2030................. 166
Tableau 5.5: Projection de la demande de produits pétroliers ................................................................................................ 166
Tableau 5.6: Projection de la demande de biomasse .............................................................................................................. 167
Tableau 6.1 : Part de l’hydroélectricité dans la production totale d’électricité des principaux pays producteurs au monde .. 179
Tableau 6.2 : Quelques classifications des centrales hydroélectriques ................................................................................... 184
Tableau 6.3 : Répartition des sites hydroélectriques au Cameroun ........................................................................................ 199
Tableau 6.4 : Potentiel hydroélectrique du Cameroun ............................................................................................................ 200
Tableau 6.5 : Puissances équipables du Cameroun ................................................................................................................ 201
Tableau 6.6 : Prévisions d’exportation entre 2015 et 2030..................................................................................................... 203
Tableau 6.7 : Consommation spécifique d’énergie pour la fabrication de divers matériaux, exprimée en MJ/kg de matériau si
pas expressément indiqué ........................................................................................................................................... 208
Tableau 6.8 : Emissions spécifiques liées à la fabrication de divers matériaux : valeur en g/kg de matériau ......................... 210
Tableau 6.9 : Bilan des matériaux, bilan énergétique et valeurs d’émissions globales liées à la centrale hydroélectrique en
phase de construction ................................................................................................................................................. 211
Tableau 6.10 : Principaux postes budgétaires et durée de vie économique ............................................................................ 213
Tableau 6.11 : Coût de protection de l’environnement en Livres Sterling de 1995 ................................................................ 218
Tableau 6.12 : Coûts typiques d’exploitation et de maintenance d’un aménagement hydroélectrique de 500 kW ................ 219
Tableau 7.1 : Tarifs de vente hors taxes d’électricité en basse tension et d’éclairage public applicables par la société AES-
Sonel........................................................................................................................................................................... 256
Tableau 7.2 : Tarifs de vente hors taxes d’électricité en moyenne et haute tension applicables par la société AES-Sonel .... 256
Tableau A.1 : Corrélogramme de CO2_PAR_HAB ............................................................................................................... 290
Tableau A.2 : Tableau récapitulatif des critères d’information de Akaike (AIC) ou de Schwarz (SC) pour les modèles 1, 2 et 3
de la série CO2_PAR_HAB et pour p allant de 0 à pmax = 4 ...................................................................................... 291
Tableau A.3 : Corrélogrammes simple et partiel en différences premières de la série CO2_PAR_HAB : D(CO2_PAR_HAB)
.................................................................................................................................................................................... 292
Tableau A.4 : Estimation du VAR pour les séries CO2_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB ....................................................... 294
Tableau A.5 : Estimation du VAR pour les séries CO2_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB ............................................ 296
Tableau A.6 : Inventaire des sites hydroélectriques identifiés et potentiel ............................................................................. 298
Tableau A.7 : Tableau de localisation des sites exploitables en microcentrales ..................................................................... 300

306
Encadré 1.1 : Le Cameroun en quelques chiffres ..................................................................................................................... 17
Encadré 3.1 : Les objectifs du millénaire pour le développement et les différentes cibles ..................................................... 114
Encadré 6.1 : installations hydroélectriques, types de turbines .............................................................................................. 186
Encadré 6.2 : Coûts moyens d’investissement en hydroélectrique au Royaume-Uni en 1995 ............................................... 216
Encadré 6.3 : Structure du coût des équipements d’une picocentrale de 1,2 kVA en Australie ............................................. 217
Encadré 7.1 : Missions de l’Agence de régulation du secteur de l’électricité ......................................................................... 248
Encadré 7.2 : Missions de l’Agence d’Electrification Rurale ................................................................................................. 249

307
Sommaire détaillé
REMERCIEMENTS ............................................................................................................................................... 3
RESUME ................................................................................................................................................................ 4
ABSTRACT ............................................................................................................................................................ 4
TABLE DES MATIERES ...................................................................................................................................... 5
INTRODUCTION GENERALE............................................................................................................................. 7
PREMIERE PARTIE – SITUATION ACTUELLE DU SECTEUR ENERGETIQUE CAMEROUNAIS 15
CHAPITRE 1 – PRESENTATION GENERALE ET CARACTERISTIQUES ENERGETIQUES DU CAMEROUN ........................ 16
Introduction du chapitre .............................................................................................................. 16
SECTION I – PRESENTATION GENERALE DU CAMEROUN ............................................................................. 17
I.1 – Caractéristiques géographiques et démographiques ......................................................................................... 18
I.1.1 – Localisation du Cameroun ....................................................................................................................... 19
I.1.2 – Le relief du Cameroun ............................................................................................................................. 19
I.1.3 – Le climat du Cameroun ............................................................................................................................ 19
I.1.4 – La végétation du Cameroun ..................................................................................................................... 20
I.2 – Le Cameroun : une « Afrique en miniature » ................................................................................................... 21
I.3 – Bref aperçu de l’économie du Cameroun ......................................................................................................... 22
I.3.1 - L’agriculture figure parmi les secteurs plus dynamiques .......................................................................... 23
I.3.2 - Les exportations sont assez diversifiées, alimentées principalement par le secteur primaire .................... 23
I.3.3 – Le secteur secondaire stagne alors que le secteur des services est porté par la téléphonie mobile et les
transports ...................................................................................................................................................... 24
I.3.4 – Les politiques macro-économiques .......................................................................................................... 26
I.4 – La situation socio-politique .............................................................................................................................. 28
I.4.1 – L’actualité politique est marquée par la lutte contre la corruption et l’absence d’alternance démocratique
...................................................................................................................................................................... 28
I.4.2 – Contexte social : les défis en terme d’accès à la santé, à l’éducation et de réduction de la pauvreté
demeurent importants ................................................................................................................................... 29
SECTION II – CARACTERISTIQUES ENERGETIQUES DU CAMEROUN .......................................................... 32
II.1 – Le bilan énergétique national .......................................................................................................................... 33
II.2 – Le sous-secteur de l’électricité ........................................................................................................................ 35
II.2.1 – Les institutions intervenant dans ce secteur ............................................................................................ 35
II.2.2 – La problématique du secteur de l’électricité au Cameroun ..................................................................... 37
II.2.3 – Les perspectives du secteur de l’électricité ............................................................................................. 40
II.3 – Le sous-secteur des hydrocarbures .................................................................................................................. 42
II.3.1 – Les institutions intervenant dans ce secteur ............................................................................................ 42
II.3.2 – La problématique du secteur des hydrocarbures ..................................................................................... 44
II.3.3 – Les perspectives du secteur des hydrocarbures ....................................................................................... 45
II.4 – Le sous-secteur des combustibles et énergies renouvelables........................................................................... 48
II.4.1 – Les institutions intervenant dans ce secteur ............................................................................................ 48
II.4.2 – La problématique du secteur ................................................................................................................... 49
Conclusion du chapitre ................................................................................................................ 54
DEUXIEME PARTIE – ENERGIE ECONOMIE ET ENVIRONNEMENT : QUELS LIENS
?................ERROR! BOOKMARK NOT DEFINED.
CHAPITRE 2 – CROISSANCE ECONOMIQUE ET CONSOMMATION D’ENERGIE AU CAMEROUN : UNE ANALYSE EN
TERMES DE CAUSALITE .......................................................................................................................................... 57
Introduction du chapitre .............................................................................................................. 57
SECTION I – Revue de la littérature des travaux empiriques sur le lien entre croissance et énergie ........................... 58
SECTION II – Quelle est la nature de la relation entre la croissance économique et la consommation d’énergie au
Cameroun ?....................................................................................................................................................... 63
II.1 – Données utilisées ............................................................................................................................................ 63
II.2 – Etude préliminaire des séries .......................................................................................................................... 63
II.2.1 – Représentations graphiques .................................................................................................................... 63
II.2.2 – Analyse des autocorrélations et autocorrélations partielles..................................................................... 65
II.2.3 – Etude des statistiques descriptives .......................................................................................................... 67
II.3 – Tests de stationnarité....................................................................................................................................... 70
II.3.1 – Les tests de Dickey-Fuller ...................................................................................................................... 70

308
II.3.1.1 – Le principe des tests de Dickey-Fuller simple ou augmenté ........................................................... 70
II.3.1.2 – Application du test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) à la série PIB_PAR_HAB ....................... 72
II.3.2 – Le test de Phillips-Perron ........................................................................................................................ 79
II.3.3 – Vérification de l’ordre d’intégration ....................................................................................................... 82
II.4 – Tests de stationnarité pour les séries ENERGIE_PAR_HAB, PETROLE_PAR_HAB, ELEC_PAR_HAB et
BIOMASSE_PAR_HAB .......................................................................................................................................... 83
II.4.1 – La série ENERGIE_PAR_HAB ............................................................................................................. 83
II.4.2 – La série PETROLE_PAR_HAB ............................................................................................................. 85
II.4.3 – La série ELEC_PAR_HAB..................................................................................................................... 86
II.4.4 – La série BIOMASSE_PAR_HAB .......................................................................................................... 88
II.5 – Test de causalité au sens de Granger ............................................................................................................... 91
II.5.1 – Les séries PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB ........................................................................... 91
II.5.2 – Les séries PIB_PAR_HAB et PETROLE_PAR_HAB ........................................................................... 91
II.5.3 – Les séries PIB_PAR_HAB et ELEC_PAR_HAB................................................................................... 92
II.5.4 – Les séries PIB_PAR_HAB et BIOMASSE_PAR_HAB ........................................................................ 92
II.6 – Estimation de la relation statique et test de cointégration ............................................................................... 93
II.6.1 – Les séries PIB_PAR_HAB et ENERGIE_PAR_HAB ........................................................................... 93
II.6.2 – Les séries PIB_PAR_HAB et PETROLE_PAR_HAB ........................................................................... 96
II.6.3 – Les séries ELEC_PAR_HAB et PIB_PAR_HAB .................................................................................. 98
II.6.4 – Les séries PIB_PAR_HAB et BIOMASSE_PAR_HAB ...................................................................... 100
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 103
CHAPITRE 3 – LES ENJEUX DE L'ELECTRIFICATION ............................................................................................... 105
Introduction du chapitre ............................................................................................................ 105
SECTION I - Etat des lieux et perspectives................................................................................................................ 105
SECTION II - Impacts socio-économiques de l’accès à l’électricité .......................................................................... 108
II.1 – Lien entre la consommation d’électricité et l’indice de développement humain (IDH) ................................ 109
II.2 – Accès à l’énergie et objectifs du millénaire pour le développement ............................................................. 114
II.3 – Les limites de l’accès à l’électricité sur la réduction de la pauvreté .............................................................. 120
SECTION III – Comment améliorer l’impact de l’électrification dans les pays en développement et lutter plus
efficacement contre la pauvreté ? ................................................................................................................... 122
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 126
CHAPITRE 4 – LES CONSEQUENCES ENVIRONNEMENTALES DU SYSTEME ENERGETIQUE ACTUEL ......................... 127
Introduction du chapitre ............................................................................................................ 127
SECTION I - Les impacts environnementaux du développement économique impulsé par le système énergétique
actuel et la réponse internationale ................................................................................................................... 128
I.1 - Le Rapport du Club de Rome et la tentation de la croissance zéro ................................................................. 128
I.2 – La Conférence de Stockholm en 1972 et l’écodéveloppement ....................................................................... 130
I.3 - Le rapport de la Commission Brundtland de 1987 et le développement durable ............................................ 131
I.4 - Le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992 et la déclaration sur l’environnement et le développement 133
I.5 - Le Protocole de Kyoto de 1997 et ses principales dispositions ....................................................................... 134
I.6 - Le Sommet de Johannesburg en 2002 et la nouvelle stratégie pour un développement durable ..................... 137
I.7 – De l’échec de Copenhague à l’espoir suscité par Cancun .............................................................................. 138
SECTION II - Les atteintes à la vie et à la santé humaines du système énergétique actuel dans les pays en voie de
développement ................................................................................................................................................ 140
II.1 – Les problèmes de déforestation, d'aridification et de désertification ............................................................. 141
II.2 – Les problèmes de pollution ........................................................................................................................... 143
II.3 – Quelques mesures pour réduire les risques, pour la santé, de la pollution à l’intérieur des habitations ........ 145
SECTION III – La croissance économique et la consommation énergétique au Cameroun : quels impacts sur les
émissions de gaz à effet de serre ? .................................................................................................................. 147
III.1 – L’intensité en carbone du PIB du Cameroun ............................................................................................... 147
III.2 – L’intensité énergétique de la croissance du Cameroun ................................................................................ 148
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 149
TROISIEME PARTIE – STRATEGIES PERMETTANT DE DEVELOPPER DE FAÇON DURABLE
LE SECTEUR ELECTRIQUE DU CAMEROUN ........................................................................................ 151
CHAPITRE 5 – LES AVANTAGES DE LA DIVERSIFICATION DES SOURCES DE PRODUCTION
D’ENERGIE ....................................................................................................................................................... 152
Introduction du chapitre ............................................................................................................ 152
SECTION I – La diversification, une notion clé du développement durable.............................................................. 152
SECTION II – Les caractéristiques du système énergétique actuel ............................................................................ 153
II.1 - La structure de la consommation mondiale d’énergie primaire fait la part belle aux énergies fossiles .... 153
II.2 - Tous les systèmes d’énergie ont des effets négatifs sur l’environnement ................................................. 155
SECTION III – Les avantages de la diversification énergétique ................................................................................ 156
III.1 - Les avantages en termes de satisfaction des besoins énergétiques .......................................................... 156
III.2 - Les avantages en termes de sûreté et de sécurité énergétiques ................................................................ 157

309
III.3 - Les avantages en termes de respect de l’environnement ......................................................................... 157
SECTION IV – Comment mettre en œuvre un développement énergétique durable au Cameroun ? ........................ 158
IV.1 – Evolution du système énergétique camerounais ..................................................................................... 158
IV.2 – Perspectives du système énergétique camerounais ................................................................................. 160
IV.2.1 – Analyse de la demande énergétique à l’horizon 2030 ......................................................................... 160
IV.2.1.1 – Prévisions de la demande d’électricité ................................................................................... 161
IV.2.1.2 – Projections de la demande de pétrole ..................................................................................... 166
IV.2.1.3 – Projections de la demande de biomasse ................................................................................. 167
IV.2.2 – Analyse de l’offre énergétique à l’horizon 2030 ................................................................................. 168
IV.2.2.1 – Quelle offre électrique pour satisfaire la demande à l’horizon 2030 ? ................................... 168
IV.2.2.1.1 – Le parc de production existant ....................................................................................... 168
IV.2.2.1.2 – Quelques aménagements hydroélectriques en cours ou en projet .................................. 169
IV.2.2.2 – Analyse du potentiel des sites pour les microcentrales hydrauliques ..................................... 171
IV.2.2.3 – Production et exploitation du gaz naturel............................................................................... 171
IV.2.2.4 – Valorisation de la biomasse ................................................................................................... 172
IV.2.2.5 – Le solaire est peu développé malgré son potentiel ................................................................. 172
IV.3 – Quel avenir pour les projets MDP au Cameroun ? ................................................................................. 173
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 175
CHAPITRE 6 – LES ENJEUX CLES DE L'HYDROELECTRICITE ET SON IMPORTANCE POUR LE CAMEROUN ................ 176
Introduction du chapitre ............................................................................................................ 176
SECTION I – L’hydroélectricité, une énergie renouvelable par excellence ............................................................... 177
I.1 – Aperçu général ............................................................................................................................................... 177
I.2 – Une brève histoire de la filière hydraulique.................................................................................................... 180
I.3 – L’hydroélectricité, comment ça marche ? ...................................................................................................... 182
I.3.1 - Classification .......................................................................................................................................... 183
I.3.2 – Principe de l’hydroélectricité ................................................................................................................. 185
I.4 – Bref aperçu de l’économie des ressources naturelles ..................................................................................... 188
I.4.1 – Utilisation optimale des ressources non renouvelables .......................................................................... 188
I.4.2 – Utilisation optimale des ressources renouvelables ................................................................................. 191
SECTION II – Les principales caractéristiques de l’hydroélectricité ......................................................................... 193
II.1 – Les atouts de l’hydroélectricité ..................................................................................................................... 194
II.2 – Les défauts de l’hydroélectricité ................................................................................................................... 195
SECTION III – Le Cameroun, un pays où l’hydroélectricité est vouée a un bel avenir ............................................. 198
III.1 – Le potentiel hydroélectrique du pays ........................................................................................................... 198
III.2 – Les perspectives de développement et d’exportation de l’hydroélectricité .................................................. 203
III.3 – Les barrières au développement de l’hydroélectricité au Cameroun............................................................ 206
SECTION IV – ETUDE DE CAS : Microcentrale hydroélectrique de 70 kW de puissance ...................................... 207
VI.1 – Analyse environnementale d’un projet d’hydroélectricité ........................................................................... 207
VI.1.1 – Le bilan matière et des consommations énergétiques .......................................................................... 207
VI.1.2 – Le bilan environnemental .................................................................................................................... 208
VI.1.3 – Application au cas d’étude .................................................................................................................. 211
VI.2 – Analyse économique d’un projet d’hydroélectricité .................................................................................... 212
VI.2.1 – Les coûts d’investissement .................................................................................................................. 212
VI.2.2 – Les charges d’exploitation................................................................................................................... 218
VI.2.3 – Analyse de rentabilité d’une microcentrale hydroélectrique ............................................................... 219
VI.2.3 – Application au cas d’étude .................................................................................................................. 222
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 223
CHAPITRE 7 – LES AVANTAGES D’UNE BONNE REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU ET LA REFORME DU
SECTEUR ELECTRIQUE AU CAMEROUN ................................................................................................................. 225
Introduction du chapitre ............................................................................................................ 225
SECTION I – LES DEFIS DE LA REGULATION DES INDUSTRIES DE RESEAU DANS LES PAYS EN
DEVELOPPEMENT ...................................................................................................................................... 226
I.1 – Les fondements de la régulation des industries de réseau .............................................................................. 226
I.1.1 – Maximisation du surplus économique .................................................................................................... 226
I.1.2 – Maximisation du surplus social en termes non économiques (maximisation de la contribution aux biens
publics) ....................................................................................................................................................... 229
I.1.3 – Inadaptation de l’intervention juridique ou étatique et nécessité d’une régulation indépendante et flexible
.................................................................................................................................................................... 230
I.2 – Les principes d’une régulation efficace .......................................................................................................... 231
I.3 – Les principaux modèles institutionnels de la régulation ................................................................................. 233
I.3.1 – Autorégulation ....................................................................................................................................... 233
I.3.1.1 – Principales caractéristiques du modèle .......................................................................................... 233
I.3.1.2 – Principaux avantages et inconvénients........................................................................................... 233
I.3.2 – Régulation par le contrat ........................................................................................................................ 233
I.3.2.1 – Principales caractéristiques du modèle .......................................................................................... 234
I.3.2.2 – Principaux avantages et inconvénients........................................................................................... 235

310
I.3.3 – Régulation par agence ............................................................................................................................ 236
I.3.3.1 – Principales caractéristiques du modèle .......................................................................................... 236
I.3.3.2 – Principaux avantages et inconvénients........................................................................................... 236
I.3.4 – Modèles hybrides ................................................................................................................................... 237
I.3.4.1 – La régulation par le contrat associé à une agence .......................................................................... 237
I.3.4.1.1 - Les principales caractéristiques du modèle ............................................................................ 237
I.3.4.1.2 - Les principaux avantages et inconvénients............................................................................. 238
I.3.4.2 – L’externalisation des fonctions de la régulation............................................................................. 238
I.3.4.2.1 - Les principales caractéristiques du modèle ............................................................................ 238
I.3.4.2.2 - Les principaux avantages et inconvénients............................................................................. 238
I.3.5 – La régulation participative ..................................................................................................................... 239
I.3.5.1 – Les principales caractéristiques du modèle .................................................................................... 239
I.3.5.2 – Principaux avantages et inconvénients........................................................................................... 240
I.4 – Définir une régulation qui réponde aux besoins des pays en développement ................................................. 240
I.4.1 – L’expérience de la régulation des industries de réseau dans les Pays en développement ....................... 241
I.4.2 – Quelle régulation pour les pays en développement ? ............................................................................. 242
SECTION II – LA REGULATION DU SECTEUR DE L’ELECTRICITE AU CAMEROUN ................................ 245
II.1 – La réforme du secteur de l’électricité au Cameroun ...................................................................................... 245
II.1.1 – Le contexte de la réforme ..................................................................................................................... 245
II.1.2 – Présentation et mise en œuvre de la réforme proposée ......................................................................... 247
II.2 – Analyse et évaluation de la réforme du secteur de l’électricité au Cameroun ............................................... 251
II.2.1 – L’état du secteur et la qualité de service en 2010.................................................................................. 251
II.2.2 – Le niveau d’investissement ................................................................................................................... 252
II.2.3 – La performance de la société AES-Sonel et les promesses non tenues ................................................. 253
II.2.4 – Le niveau des prix et la régulation tarifaire........................................................................................... 254
III.3 – Les perspectives pour une meilleure régulation du secteur de l’électricité au Cameroun ............................ 257
III.3.1 – soutenir le segment de la production ................................................................................................... 257
III.3.2 – favoriser l’acces des tiers aux reseaux ................................................................................................. 258
III.3.3 – renforcer le role et elargir les missions de l’arsel ................................................................................ 259
III.3.4 – promouvoir la cooperation regionale en matière energétique .............................................................. 259
Conclusion du chapitre .............................................................................................................. 261
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................................. 263
BIBLIOGRAPHIE .............................................................................................................................................. 270
ANNEXES .......................................................................................................................................................... 285
Annexe 1 – Stratégie de test de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) .............................................................................. 285
Annexe 2 – Etude de la relation entre la consommation totale d’énergie, la quantité de CO 2 émise et le produit
intérieur brut par tête ...................................................................................................................................... 289
Introduction................................................................................................................................ 289
III.1 – Etude préliminaire de la série CO2_PAR_HAB ..................................................................................... 289
III.2 – Test de stationnarité de la série CO2_PAR_HAB .................................................................................. 291
III.3 – Test de causalité au sens de Granger et estimation de la relation statique .............................................. 293
Conclusion ................................................................................................................................. 297
Annexe 3 - Inventaire des sites exploitables en centrales et micro centrales .............................................................. 298
ABREVIATIONS ............................................................................................................................................... 302
LISTE DES FIGURES, TABLEAUX ET ENCADRES .................................................................................... 305
SOMMAIRE DETAILLE ................................................................................................................................... 308

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Vu : le Président

Vu : les suffragants

Madame Patricia Crifo, Professeur, Université Paris Ouest & Ecole Polytechnique

Monsieur Christophe Rizet, Directeur de recherche IFSTTAR DEST

Monsieur Paul NOUMBA UM, Banque mondiale

Monsieur Xavier OUDIN, Chargé de recherche, Institut de Recherche pour le Développement

Monsieur Marc RAFFINOT, Maître de conférences HDR, Université Paris Dauphine

Monsieur Antoine WONGO AHANDA, Conseiller culturel, Ambassade du Cameroun en


France

Vu et permis d’imprimer : le Vice-Président du Conseil Scientifique Chargé de la Recherche


de l’Université Paris Dauphine

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