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Lʼabeille noire européenne

Biologie
Friedrich RUTTNER†, Eric MILNER, John E.DEWS
(2) publié en 1990 par
The Bee Improvement and
Apis mellifica mellifica Linnæus (1758) Bee Breeders Association (BIBBA)
traduction : J.-M. VAN DYCK
jean-marie@pedigreeapis.org

C AR ACTÈRES
COMPOR TEMENTAUX

a Un certain nombre de spécialistes Rythme et caractéristiques du couvain


de divers pays ont contribué à la Le couvain démarre tard au printemps et
1.3. 1.5. 1.7. 1.9. connaissance des caractères vus de il n’augmente que lentement, atteignant
leur point de vue économique : Frère son sommet dans le milieu de l’été. A tout
ADAM (1983), W.W. ALPATOV (1948), moment, il est inférieur en comparaison
B. COOPER (1987), G. GOETZE (1964) avec d’autres races comme les italiennes,
et R. LUNDER (1953). Ces publica- les carnioliennes et les Buckfast. L’arrêt
tions, associées à ma longue expé- du couvain d’automne est hâtif si on le
b rience personnelle dans diverses compare à celui des italiennes (Fig.3e).
régions et dans un rucher expéri-
1.3. 1.5. 1.7. 1.9. 1.11. mental, ont donné un résultat éton- COOPER donne un maximum de 14 cadres
nant : une congruence pour plusieurs de couvain « British Standard » (350 x
aspects importants communs à tous 213 mm que l’on appelle WBC en Belgi-
les écotypes. que). Mais d’habitude, ce nombre est li-
mité à 10-11 cadres au moyen d’une grille
à reine. Le Frère ADAM estime cette fé-
c
condité maximale à 8 cadres (dans son
cas, probablement des cadres Dadant).
1.3. 1.5. 1.7. 1.9. 1.11. J. DEWS (comm. pers.) déclare qu’un
corps Langstroth est l’idéal pour une co-
lonie de A. m. mellifera, alors qu’un corps
Dadant serait trop grand. De nombreux
apiculteurs considèrent qu’un corps de
d couvain constitué de 10 cadres British

1.1. 1.3. 1.5. 1.7. 1.9. 1.11.

1.3. 1.5. 1.7. 1.9.


Fig.3 Schémas de différents rythmes de couvain :
a) type « été hâtif » : un pic fin juin
b) type « abeille de bruyères » : le pic est en août
c) type « subméditerranéen » : un long pic de mai à septembre
d) type « méditerranéen » : deux pics et un trou de couvain en Fig.4 Cadre de couvain dont les réserves de
juillet et août nourriture sont tout près du couvain, le pol-
e) type « côte atlantique » : départ tardif, lente progression, len étant d’ailleurs sous le couvain (COOPER
petit pic et arrêt hâtif 1978).

Les noms de lʼabeille noire en Europe :

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Biologie
analyse récente montre qu’elles sont en
général de type autochtone (moyenne de
3 échantillons : CI = 1,95; tomentum =
0,41 mm). Il a un cheptel d’environ 2.000
colonies. En 40 ans, la récolte maximale
pour une colonie a été de 350 livres (±
175 kg), et la moyenne maximale par ru-
cher est de 150 livres (± 75 kg). Depuis
quelque temps, les récoltes moyennes
sont nettement plus faibles. L’année 1975
a été bonne et les 1.300 colonies ont don-
né 57 tonnes de miel (± 44 kg par colonie)
(comm. pers.). Dans le sud de la Norvège,
aux environs de Flekkefjord (58°17’N,
Standard (WBC en Belgique) est de bonne permettant l’expansion rapide du nid à 6°39’E) dans un espace limité entre la mer
dimension, alors que d’autres prétendent couvain, un cadre soit pondu au-delà du et des roches granitiques, l’apiculture dé-
qu’un demi-corps doit être associé au cadre de pollen, ce pollen étant consom- pend exclusivement de la floraison de la
corps de couvain. De plus, la quantité de mé ensuite suivant les besoins et rempla- bruyère. D’autres races que l’abeille noire
couvain est toujours limitée par les gran- cé par du couvain (MILNER, comm. pers.). sont incapables de faire face à cet envi-
des quantités de pollen que cette abeille Il y a d’ailleurs, dans ce domaine, des va- ronnement qui ne procure que quelques
a l’habitude de stocker, même sous le riations importantes selon les lignées et faibles rentrées jusqu’au mois d’août. Le
couvain, formant une bande continue de sélections géographiques. Frère ADAM rapporte explicitement que
pollen sur tout le pourtour, habitude qui La bruyère est la plante nectarifère typi- les colonies du rucher de l’Abbaye n’ont
ne se rencontre pas chez les autres races, que sur la côte atlantique européenne, de récolté de la bruyère distante de 2 miles
et la tendance à stocker le miel auprès du Biarritz (48°28’N,1°33’W) à Trondheim 1/4 (3,62 km) que tant qu’elles étaient
nid à couvain (Fig.4). (63°25’N, 10°23’E) en passant par les peuplées d’abeilles noires.
Cette disposition du couvain, une zone montagnes des Iles Britanniques. La miel- On traitera plus loin du problème de l’hi-
compacte entourée de cercles denses lée commence en juillet avec la bruyère vernage avec du miel de bruyère.
de pollen et de miel, apparaît comme cendrée («http://erick.dronnet.free.fr/ Toutefois, ces considérations sur des ré-
l’idéal aux apiculteurs suisses qui appré- belles_fleurs_de_france/erica_cinerea1. gions de la côte atlantique ne nous don-
cient l’abeille « nigra », appelée le type htm» Erica cineréa L.) et continue en août nent qu’un seul aspect des populations
HUNGLEW. Avec ce type d’abeille, la sélec- avec la grosse récolte sur la bruyère cal- d’abeilles noires. Dans d’autres zones
tion s’oriente vers une production modé- lune («http://erick.dronnet.free.fr/bel- d’occupation de la mellifera, les popula-
rée de couvain. « Si une reine pond le ca- les_fleurs_de_france/calluna_vulgaris. tions locales montrent d’autres adapta-
dre de couvain de latte à latte, je l’élimine htm» Calluna vulgaris Hull.). Dans ces zo- tions environnementales de leur rythme
immédiatement », me dit un jour Alois nes, les fleurs sont souvent assez rares au du couvain. En France, seules les lignées
SCHWARZENBERGER, président de l’Asso- printemps et début de l’été, à peine assez du Sud-Ouest, région landaise à bruyè-
ciation des Apiculteurs Tyroliens. Avant nombreuses pour permettre aux colonies res, présentent ce type d’activité du cou-
que l’absolue nécessité du pollen pour de survivre. Seules des abeilles spécia- vain. Les lignées de la région parisienne
l’élevage des larves soit connue, les lement adaptées sont capables de faire et environs, qui disposent d’une miellée
apiculteurs parlaient de « plaques de face à une aussi courte période de miel- de printemps, ont un rythme de couvain
pollen », qui bloquent la ponte de la lée monoflorale (Fig.3b). « La première tout à fait différent, de type « central
reine. Pourtant les abeilles consomment miellée convenable pour les apiculteurs européen », comportant un pic printa-
parfois très rapidement ce pollen, ou el- du nord de la Grande-Bretagne n’arrive nier et un déclin dès le 15 juillet (Fig.3a)
les l’ôtent si nécessaire, manifestement, jamais avant la mi-juillet. Leurs abeilles (LOUVEAUX 1969). Dans la zone méditer-
l’abeille noire préfère cette disposition. ne commencent jamais le couvain avant ranéenne, la courbe du couvain a un pro-
Au printemps, il arrive que l’on observe la fin d’avril. De telles colonies ne sont fil nettement bimodal, avec une réduction
un rayon complet de pollen juste contre commercialisées nulle part et ces apicul- marquée au cours de l’été chaud et sec
le dernier cadre de couvain. On pourrait teurs ont des difficultés à se fournir en et un second pic en automne (Fig.3d). En
alors craindre une limitation de la ponte abeilles ». Cette constatation du Schweize- fait, on trouve en France tous les profils
de la reine, mais lors d’une visite ulté- rische Bienenzeitung, 1940, p. 475 est de de couvain possibles, en rapport avec les
rieure, on observe une zone de cellules H.J. WADEY (Sussex). Les notes de Athole conditions climatiques locales (LAVIE et
vides ou fraîchement pondues. Le pollen KIRKWOOD, du Perthshire, Ecosse, sont FRESNAYE, 1973).
ne forme donc pas nécessairement un intéressantes. Il n’a jamais tenté de Chez A. m. mellifera, le type de rythme du
obstacle à l’extension du nid à couvain. Il soustraire ses colonies « locales » aux in- couvain est lié aux conditions climatiques
arrive aussi que, lors d’un printemps doux fluences diverses des environs, mais une locales, pas à la race.

Apis mellifera mellifera, Dunkle Biene - nigra - Ciemna pszczola

abeilles & cie • n°111 • 2-2006 •


Biologie
Hivernage d’hivernage des différentes races et éco- 2) Quand la saison est très humide, les
Tous les auteurs sont d’accord sur les types choisis sont toujours d’actualité et abeilles importées ne semblent pas capa-
excellentes capacités d’hivernage de des données expérimentales sont encore bles de laisser mûrir le miel correctement
l’abeille noire, même dans des conditions nécessaires pour apporter une réponse car elles l’operculent prématurément,
extrêmes. Si la taille de la colonie est mo- générale. Physiologiquement, les abeilles après quoi il fermente, dans la ruche
dérée tout au long de la saison, l’hiver, la d’hiver sont différentes des abeilles d’été. ou après l’extraction (PALMER, KNIGHT,
grappe est petite et très compacte. En co- Elles ont accumulé des protéines, des MILNER et DEWS, comm. pers.). Après
rollaire à leur couvain limité, on observe graisses et une substance appelée biop- l’hiver désastreux de 1985-86, une en-
chez ces abeilles une grande longévité et terin dans les glandes nourricières et le quête de la BIBBA a montré que les per-
une parcimonie dans la consommation corps graisse-protéine dans l’abdomen. tes étaient importantes chez les abeilles
des provisions. Ces colonies ont donc Il semble que les capacités du rectum à importées, alors qu’elles étaient négli-
des chances de survie élevées avec un accumuler de grandes quantités de fèces geables chez les abeilles indigènes. Ce-
minimum d’aide. Evidemment, plus elles soient améliorées par une production ac- pendant, COULSON (comm.pers.) nous
s’aventurent vers le nord, plus les risques crue de catalase par les glandes rectales avertit que si la bruyère des marais
de disparition hivernale augmentent. en automne. Cette capacité est deux fois («http://perso.wanadoo.fr/erick.dron-
MÖBUS, conseiller apicole du nord-est plus importante chez les abeilles du nord net/erika_tetralix1.htm» Erica tetralix L.)
de l’Ecosse, rapporte qu’un apiculteur du de la Russie que chez celles du sud. Ces est assez abondante pour que les abeilles
sud d’Aberdeen (57°9’N, 2°6’W) a perdu dernières n’augmentent pas leur produc- en stockent l’excédent, ce miel reste sou-
850 colonies sur 1000 en 1979. En 1986, tion de catalase en automne comme le vent non operculé parmi le miel de cal-
un apiculteur d’Edimbourg (55°57’N, font les abeilles nordiques, même quand lune et il est donc exposé à fermenter.
3°12’W) a perdu 780 colonies sur 800 les abeilles observées au sud proviennent Il n’y a pas de doute : il existe une grande
(comm.pers.). Cependant, on ne spécifie du nord (RUTTNER 1988). variabilité génétique dans les capacités à
pas si les victimes du désastre étaient des On admet en général, tant en Angle- hiverner. Les limites de l’apiculture écono-
abeilles noires ou des abeilles importées terre que sur le continent, que le miel mique sont atteintes lorsque les pertes ne
en lignée pure ou des métisses à peine de bruyère ne convient pas comme sont pas remplacées par la reproduction
adaptées. Une sélection naturelle en nourriture d’hivernage. Si c’était vrai, du cheptel restant ou par des rendements
faveur de l’abeille indigène pourrait ex- il serait difficile d’expliquer la survie, élevés. Dans les îles Shetland (60°20’N,
pliquer que les populations d’abeilles de ou même l’existence, d’abeilles sauva- 1°18’W), on pratique l’apiculture tradi-
l’Angleterre du Nord et d’Ecosse sont res- ges dans les zones à bruyères. tionnelle dans des paniers de paille et les
tées essentiellement noires en dépit d’im- Deux points de vue s’affrontent : pertes sont généralement compensées
portations répétées de l’étranger. D’autre 1) R.O.B. MANLEY (1888-1978), le pre- par des importations, comme au Canada
part, on a rapporté d’excellents résultats mier apiculteur à conduire un millier de où l’on discute actuellement de la ques-
d’hivernage de carnica au centre de la colonies en Angleterre, a entretenu des tion : faut-il hiverner ou alors détruire les
Norvège et aussi en Finlande avec des ita- populations d’abeilles italiennes pendant colonies en automne et acquérir de nou-
liennes sélectionnées (il faut cependant les saisons agréables des années 20 et 30. veaux essaims le printemps venu ?
les gérer de manière appropriée). Les Il déclarait (1948) que toutes les colonies Un des principaux obstacles pour hiverner
controverses concernant les possibilités qui avaient été sur la bruyère devraient des colonies d’origine tropicale ou sub-
recevoir 10 lb (5 kg) de sucre comme pré- tropicale (abeilles constituant les essaims
vention de la dysenterie provoquée par le importés) est le manque d’inhibition de
long confinement des hivers trop rudes. vol lorsque la température est basse,
Ce conseil n’apparaît jamais dans les li- surtout lors de jours lumineux enneigés.
vres traitant d’une abeille plus ancienne De nombreuses abeilles quittent la ruche
(PETTIGREW, 1880; COWAN, 1881). On malgré des températures proches ou infé-
trouve l’explication dans le paragraphe rieures à 0°C et tombent engourdies par
précédent : l’abeille noire est capable le froid (RUTTNER 1988a).
d’un long confinement avec un régime En Angleterre, on a observé ce comporte-
contenant plus de matières indigestes ; ment chez des colonies italiennes et mé-
par contre, l’abeille étrangère requiert tisses, au point qu’il a fallu installer des
une nourriture sans déchets. Cependant écrans sombres devant les entrées pour
dans le même article, MANLEY ajoute que, couper la lumière réfléchie et décourager
bien que le miel de callune ne convienne le vol. Cette précaution est inutile pour
pas pour l’hivernage, il ne connaît pas de les colonies d’abeilles indigènes (MILNER,
meilleure nourriture pour stimuler le dé- comm. pers.).
marrage printanier.

Nordiska bin - Dark Bee - Svarta bin - Bruna bin - silvarum

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Stockage des réserves et le sud de la Norvège, l’abeille noire augmente la production de miel lors de la
La productivité d’une colonie dépend de est manifestement supérieure, comme le miellée de la bruyère. Généralement, la
plusieurs caractères, variables dans cer- montrent les essais comparatifs de Terry tendance à l’essaimage est un phénomè-
taines limites. Les plus importants sont : THEAKER, Lincolnshire (COOPER, 1986) et ne très complexe, elle montre une varia-
- le nombre de butineuses disponibles de G. GLENDRANGEN, Flekkefjord (comm. bilité élevée dans toutes les races et selon
lors des miellées principales, pers.). les années. Mais elle est aussi fortement
- l’efficacité individuelle de butinage de Par contre, l’abeille noire des lignées in- influencée par des facteurs externes.
ces abeilles, digènes actuelles ne peut concurrencer
- la quantité de couvain pendant cette certaines autres races lors de miellées Supersédure - Anecballie
période de récolte. importantes de fin de printemps ou de Dans ces lignées d’abeilles noires où
On l’a déjà fait remarquer, l’abeille noire début d’été en raison du développement l’incidence de l’essaimage est limitée, le
peut être qualifiée de « modeste » sur trop lent de la colonie, comme l’ont mon- remplacement de la reine a souvent lieu
tous ces points, tant pour le couvain tré de nombreux tests comparatifs, par- par supersédure. Le remplacement d’une
que pour le nombre de butineuses et la ticulièrement en Europe Centrale et en vieille reine de cette façon diffère consi-
consommation de nourriture. Par consé- Scandinavie. Ce fut la raison principale de dérablement du remplacement en période
quent, cette race semblerait supérieure l’intérêt des apiculteurs pour les autres d’essaimage : il n’y a pas d’arrêt de la
en cas de miellée très modérée, coupée races. Récemment cependant, on a pu ponte de l’ancienne reine. Alors que la
régulièrement par des périodes de mau- voir l’abeille noire en personne faire de jeune reine éclot, vole, est fécondée et
vais temps. Dans ces conditions, les colo- belles récoltes sur les champs de colza en pond, il n’y a aucune hostilité entre les
nies d’abeilles noires stockent une récolte Angleterre (L.C. MOOG, comm.pers.). deux reines. Si deux cellules arrivent à
réduite sans doute, mais sans avoir un La disposition compacte du miel stocké maturité en même temps, elles éclosent
grand nid à couvain à nourrir si la miellée a pour conséquence un nombre restreint toutes deux et les reines se tolèrent, ou la
est interrompue. Des lignées n’ayant pas de rayons remplis de miel mûr pendant première éclose ne cherche pas à détruire
cette modération doivent être nourries une miellée modérée, alors que les races les autres cellules. On trouve souvent les
pendant les périodes de mauvais temps. plus expansives dispersent le nectar sur deux reines sur des cadres différents, mais
Ce comportement économe de l’abeille de nombreux rayons. Cette disposition il n’est pas rare de les trouver ensemble
noire se traduit par une plus grande lon- inclut la réduction du couvain pendant sur le même cadre. Elles peuvent cohabi-
gévité et un développement maximum la miellée, une puissance moyenne et de ter ainsi pendant des mois, et on connaît
plus tardif de la colonie. Cette abeille est confortables provisions tout au long de la de nombreux exemples d’hivernage avec
donc supérieure dans le cas de la miellée saison, même les mauvaises années. Ce deux reines. On a dit souvent que les rei-
de bruyère de fin d’été. caractère garantit donc des récoltes plus nes de supersédure ne chantent pas et
De bons résultats sont également obtenus fiables, quoique modérées, et exige moins que c’est un signe de non animosité entre
au début du printemps, pendant les pre- de surveillance dans les régions à miel- les reines, qu’elles soient élevées naturel-
mières floraisons des saules et des arbres lées moyennes. lement ou qu’un grand nombre de reines
fruitiers. Ce phénomène inattendu peut d’une lignée anecballique soient élevées
s’expliquer par la longévité des ouvriè- Essaimage ensemble dans un incubateur. Quand une
res et la faible quantité de couvain pré- La tendance à l’essaimage de l’abeille noi- colonie prépare une supersédure, elle
sent : alors que les autres races ont à ce re varie considérablement en fonction de ne construit qu’une ou deux cellules au
moment investi toutes leurs forces dans la région. Elle semble très faible dans le centre du rayon en grignotant les cellu-
la production de couvain, les abeilles noi- nord de l’Angleterre, mais elle est élevée les environnantes pour dégager l’espace
res concentrent leurs forces en ce début dans le sud de la zone mellifera (France). nécessaire. Parfois, un trou est fait dans
de saison pour accumuler des provisions. Localement, une faible tendance à l’es- le rayon et la cellule pend au milieu. Les
On attribue souvent cette meilleure ré- saimage favorisant la récolte de miel a été cellules du cadre adjacent sont aussi ron-
colte hâtive de printemps à la capacité mentionnée par d’anciens observateurs gées pour laisser tout l’espace à cette cel-
de l’abeille noire à voler à basse tempéra- tels que DZIERZON (POLLMANN, 1889). lule qui diffère totalement d’une cellule
ture, mais ce caractère n’a pas encore été Cependant, dans les régions à bruyères, de sauveté, construite d’habitude sur une
confirmé scientifiquement. Cependant, on peut observer des populations avec cellule d’ouvrière, et des cellules d’essai-
B. MÖBUS rapporte qu’un apiculteur une forte tendance à l’essaimage. Mêmes mage qui sont souvent plus nombreuses
écossais a observé un vol important de les colonies avec des reines jeunes cons- sur les bords ou le dessous des cadres.
mâles lors d’une belle éclaircie, par 14°C truisent des cellules de mâles et élèvent Quand l’apiculteur n’intervient pas, la su-
et forte brise, après plusieurs jours sans des reines pour un second cycle, même si persédure a lieu pendant la troisième ou
vol. Plusieurs fécondations ont été réus- la ruche n’est pas complètement remplie la quatrième année de la reine ou même
sies ce jour-là (comm. pers.). (voir plus tard, Abeilles de bruyère, varia- plus tard. Si l’apiculteur remplace ses rei-
Dans les régions à faible miellée en début bilité géographique, 4e partie). Ce carac- nes annuellement ou tous les deux ans, il
d’été et importante miellée de bruyère en tère a probablement été sélectionné par a peu de chance d’observer ce caractère
août, comme dans le nord de l’Angleterre l’homme car la multiplication des colonies sur ses lignées (COOPER 1986). Robert

Zwarte honingbij - Black honeybee - lehzeni - Nordiskt bi


COUSTON, conseiller apicole au « East of de cette agressi-
Scotland College of Agriculture » a eu l’at- vité peut d’ailleurs
tention attirée très tôt par l’existence de servir de mesure
nombreuses lignées anecballiques dans de ce métissage («
des sites isolés où aucune importation incompatibilité de
n’avait eu lieu. Ces lignées n’avaient, tem-pérament »,
semble-t-il, pas subi l’épidémie d’aca- COOPER). La répu-
riose au début du 20e siècle. Indépen- tation d’agressivité
damment de l’absence de chant dont il de l’abeille noire
n’a pas fait état, toutes ses observations provient essentiel-
correspondent à celles décrites ci-dessus. lement, selon no-
Il a eu l’occasion, durant sa carrière pro- tre expérience, de
fessionnelle, d’examiner des milliers de la présence de mé-
colonies. tisses dans la plus
grande partie de
Agressivité - Tempérament son aire de distri-
Le comportement de l’abeille noire sur bution.
le cadre est nerveux dans toute la zone
de distribution. Les abeilles ne restent Usage de la pro-
jamais tranquillement sur le couvain polis
comme le font d’habitude les italiennes L’abeille noire est
et les carnoliennes. Elles désertent facile- au deuxième rang
ment le centre du cadre pour se regrouper seulement derrière
sur les bords, particulièrement par tem- la caucasienne en
pératures fraîches (Fig.5) [comportement ce qui concerne la
très préjudiciable au couvain qui, suite à quantité de propolis récoltée. On la trou- pour la conservation du miel car, grâce à
une visite par temps frais, subira les dé- ve à l’entrée, parfois accumulée pendant la glucose-oxydase qu’il contient, une pe-
veloppements de mycoses diverses. NdTr]. l’hiver, formant de véritables rideaux, tite quantité d’eau oxygénée est produite
Par temps chaud, quand la colonie est dans toutes les fissures et entre les lat- et stérilise la cellule après l’operculation.
ouverte, elles courent et volent ça et là. tes des cadres adjacents.La quantité de NdTr]. Comme, sur le continent, les oper-
Stimulées, elles abandonneraient facile- propolis que l’on retrouve dans les ruches cules de l’abeille noire sont plus foncés
ment la ruche, comportement qui fut uti- représente une différence essentielle et généralement plus « mouillés », on ne
lisé par les apiculteurs traditionnels pour entre l’abeille noire et les autres races peut pas considérer ce caractère comme
faire des essaims artificiels à partir des européennes importantes (italiennes et typique à cette race.
paniers. Cette manière de travailler per- carnoliennes). Dans le sud de la France,
mettait aussi de récolter le miel tout en nous avons vu utiliser une bouteille d’al- Maladies
gardant les abeilles, plutôt que la vieille cool pour décaper les doigts après chaque La sensibilité de l’abeille noire des Iles
méthode de destruction de l’essaim au- visite, cette bouteille constituant l’un des Britanniques à l’acariose est un fréquent
dessus des vapeurs de soufre. Certaines outils essentiels de la panoplie de l’api- sujet de controverse. Selon le Frère ADAM,
lignées sont extrêmement irritées par la culteur. On conseille aussi aux apiculteurs c’est elle qui a exterminé toute la popula-
moindre fumée et on les a vues se précipi- britanniques d’inclure des produits de tion de cette race dans les années 1916-
ter sur du miel operculé qu’elles rongent, nettoyage dans l’ensemble de leur équi- 1925. C. BUTLER (1954) estime que 90 %
plutôt que de se servir aux cellules ouver- pement. des colonies ont péri au cours de cette
tes. Des lignées plus douces se montrent période, et A.M. STURGES (1928) donne
beaucoup plus calmes sur les cadres, Operculation du miel des chiffres semblables. Ces auteurs ainsi
moins enclines à courir en tous sens si on Les abeilles des Iles Britanniques et de que d’autres ont fait leurs observations
les manipule sans ou avec peu de fumée Norvège sont réputées pour leur miel re- principalement dans le sud où les impor-
(MILNER, DEWS). La tendance à piquer est couvert d’opercules blanc nacré. On peut tations avaient été les plus importantes.
variable également : certaines colonies y voir des variations de couleur en fonc- Aucune étude statistique valable n’est
sont tout à fait dociles alors que d’autres tion de la récolte, les opercules de prime- cependant disponible pour étayer cette
attaquent avant même d’être dérangées. vère ou de sainfoin, par exemple, mais la controverse. Malgré des importations
Le comportement défensif des colonies spécificité des opercules de l’abeille noire massives, on trouve en Angleterre du
non métissées varie depuis la colonie est sa forme bombée, avec une mini-bulle Nord, en Ecosse et au Pays de Galles des
docile jusqu’à la colonie assez agressive. d’air entre la cire et la surface du miel, colonies indigènes ou « quasi indigènes »
Mais la tendance à piquer augmente for- conformation qui empêche le « pleura- (B. COOPER, 1987; J. DEWS, 1987; données
tement chez les métisses. L’augmentation ge » [mais qui est également bénéfique morphométriques de cette publication).

Abeille noire - Laesøbierne - Nordiska Biet - Nordiske Bier

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Le Frère ADAM et STURGES ont dit fréquem- C AR ACTÉRIS ATION GÉNÉR ALE l’abeille locale, habituellement aux mains
ment que les colonies italiennes et métis- DU COMPOR TEMENT DE L’ABEILLE de simples apiculteurs isolés.
ses ont moins souffert que les colonies NOIRE L’abeille noire est sûrement une race dont
noires. Mais il faut noter que l’on n’a pas on a négligé la sélection rationnelle et
observé de telle catastrophe sur la partie On pourrait résumer la plupart des carac- le développement de ses conditions op-
« abeille noire » du continent européen. Il tères décrits ci-dessus en une « extrême timales d’utilisation. Toute comparaison
semble donc plausible qu’une coïncidence prudence économique comme stratégie devrait tenir compte de ces différences de
de plusieurs facteurs ait été responsable face à un environnement rigoureux ». niveaux vis-à-vis de l’apiculture.
de ces pertes dramatiques au cours de ces La plupart de ces caractères vont dans
années (suggérée par BAILY en 1981). Il la même direction, tels le lent dévelop- Ouvrage original :
est possible que la parcimonie du couvain pement printanier (printemps nordique The Dark European Honey Bee
liée à la longévité de l’abeille noire soit incertain), la modération du couvain BIBBA, 1990, 52 p - ISBN 0-905369-08-4
un de ces facteurs. Car il est bien connu toute l’année (économie de nourriture), Avec leur autorisation.
des pathologistes apicoles que les dégâts la longévité des ouvrières (compensation
de l’acariose peuvent être déjoués par un du point précédent), le modèle compact
remplacement rapide de la population - du nid et des provisions (économie et ga-
couvain abondant et durée de vie courte. rantie hivernale), la rapide modification
Il n’est cependant pas probable qu’une de l’étendue du couvain en cas de mau-
population entière ait été éliminée com- vais temps (économie) et l’usage intensif
plètement par un parasite. Actuellement, de la propolis (protection mécanique et
on doit admettre que, dans le nord en biochimique). De fait, cette abeille est
tout cas, l’abeille indigène ou presque établie tout le long de la frontière nord
pure est moins susceptible aux domma- de survie de l’espèce, la « zone de com-
ges des acariens que les étrangères ou les bat » pour la survie, au-delà de laquelle
métisses (MÖBUS, comm. pers.). la pérennité n’est pas garantie. Les offres
Le « désintérêt envers la fausse tei- abondantes de nectar lors des longues
gne » est un autre défaut attribué à journées d’été sont plus que compensées
l’abeille noire. La cause principale de par les longs hivers mortels et le manque
l’incidence plus élevée des teignes chez de sites d’enruchement convenables pour
l’abeille noire est sans aucun doute son les aventurières du Grand nord. Au niveau
comportement hygiénique peu dévelop- de cette limite, des saisons plus rudes se
pé. Les plateaux de ruches, d’habitude produisent à intervalles irréguliers et cau-
parfaitement propres chez la carnica ou sent alors de lourdes pertes, favorables à
la ligustica, sont souvent, dans les ruches la sélection, mais aussi de cruels reculs.
d’abeilles noires, couverts de particules Dans le sud, modéré ou chaud, où l’hi-
de cire et autres déchets, aliment idéal vernage n’est pas le principal problème,
pour les teignes. Mais ce caractère est la stratégie pour éviter l’extinction est
également variable, car certaines lignées la reproduction abondante lors d’années
sont de bonnes nettoyeuses (MILNER, favorables. Dans le nord, c’est l’économie
comm. pers.). qui s’est évidemment avérée la stratégie
la plus efficace pour pallier le manque de
Les métisses nourriture, le risque d’abeilles à vie cour-
Les croisements de l’abeille noire avec les te (longs hivers) et le départ hâtif du cou-
autres races, spécialement la carnica, sont vain (retour du froid). Décrivant ainsi les
parmi les plus prolifiques que j’aie jamais traits comportementaux de l’abeille noire
rencontrés. Les F1 se développent rapi- en relation avec l’apiculture, nous devons
dement en colonies puissantes au prin- toujours avoir à l’esprit que, bien que cet-
temps, elles sont saines, hivernent très te abeille ait été choisie sans interruption
bien et leurs productions de miel sont, par la Nature, elle n’a jamais fait l’objet
la plupart du temps, nettement supérieu- d’une sélection continue par des spécia-
res à celles de chacun des deux parents. listes, à la différence d’autres races uti-
L’inconvénient majeur de ces métisses, lisées en apiculture moderne comme les
obstacle radical à leur usage apicole (en italiennes, les carnioliennes ou les Buck-
régions densément peuplées) est leur fast, race créée et améliorée par le Frère
terrible agressivité, contraste surprenant ADAM. On l’a décrite simplement comme
avec les deux parents. une abeille trouvée dans la campagne,

Brune Honnigbier - Pszczola srodkowoeuropejska - Zwarte bij

abeilles & cie • n°111 • 2-2006 •

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