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Garvao, sanctuaire protohistorique

du sud du Portugal

’est par hasard que des travaux d’assainissement profondeur de plus d’1 m au maximum. Elle était rem-

C effectués sur le versant oriental du Cerro do


Castelo de Garvao mirent à jour une fosse conte-
nant des milliers de pièces en céramique, des petits
plie sur deux niveaux, l’un contenant des fragments
d’amphores puniques, l’autre, plus ancien, des cérami-
ques de l’âge du Bronze Final.
bijoux, des plaquettes, en or ou en argent, gravées de À l’intérieur s’accumulaient les récipients en cérami-
représentations d’une divinité ou d’yeux humains, ainsi que, les grands vases de stockage à la base, remplis
que d’autres objets, composant le dépôt votif d’un de pièces plus petites qui comblaient aussi les espa-
grand sanctuaire, constitué dans la seconde moitié du ces libres entre les grands vases. Les uns et les autres
IIIe siècle av. J.C. étaient surmontés par des vaisselles de formes et de
productions différentes, par les brûle-parfums, des
gobelets, coupes et plats, de petite et moyenne
Le dépôt votif secondaire ou bothros dimension, parfois empilés ou encastrés les uns dans
les autres. Dans les interstices, entre les plus grands
Le gisement se situe sur une colline allongée, apla- vases, de plus petits vases étaient posés de chant.
nie à son sommet, formée de schistes carbonifères, L’intérieur de nombreux récipients recélait encore de
entourée par deux cours d’eau appartenant au bassin petits objets de verre, de métal (comme des ex-voto
hydrographique du Sado. Une fouille de sauvetage a en or ou en argent), de petites pièces plastiques
mis en lumière une fosse artificielle de plan ovalaire, anthropomorphiques et zoomorphiques, ainsi que des
mesurant prèsde 10 m de long, 5 m de large pour une bijoux (perles de coraline, fibules, anneaux,...).
Jattes, brûle-parfums et aspergillum de Garvao.
Sur le fond du dépôt, on a recueilli de nombreux décoratives, disposées en séries ou représentant des
ossements d’animaux, peut-être consommés dans le organes ou des ossements. Plus d’une dizaine de pla-
sanctuaire, mais aussi des ossements de chiens et de quettes, deux en or et les autres en argent, consti-
chats, ainsi que le crâne d’une femme, avec la trace tuent des ex-voto, la plupart décorés d’yeux humains.
d’une mort rituelle, recouverts d’une pierre grossière. Deux d’entre elles portent la figuration anthropomor-
Cet amalgame de matériaux était recouvert d’une cou- phique d’une divinité à qui étaient destinés le culte et
che épaisse de terre et de blocs de pierre, laissés à les offrandes.
dessein, pour éviter une profanation. En conclusion, le mobilier du dépôt votif secon-
Le fait d’utiliser de façon rationelle l’espace disponi- daire de Garvao démontre le croisement des
ble dans la fosse et d’y placer de nom-breux objets, influences continentales, (de la Meseta et du
sans un quelconque contenu et sans offrandes, déjà monde celti-ibérique du deuxième âge du Fer) avec
cassés assez souvent, permet de perser qu’il s’agit les influences méridionales, ibériques et phénico-
d’un grand dépôt secondaire qui a reçu le mobilier d’un puniques, traditionnellement présentes dans le sud
ou de plusieurs autels, d’une sanctuaire important. du Portugal.
Plaquette en or en forme d’yeux, Garvao.

Offrandes et ex-voto La Déesse de Garvao


Les céramiques du dépôt votif de Garvao offrent Deux petites plaques, en argent, portent une
une grande diversité. 20 % sont des pièces mode- représentation anthropomorphe féminine, portant
lées ou faites au tour lent, à l’aspect grossier, avec des attributs qui permettent de l’identifier à la
des pâtes mal épurées, cuites en atmosphère réduc- déesse Tanit. En fait l’une d’elles porte sur la poitrine
trice et donc de couleur brune, grise ou noire. Ces un collier d’où pend un ornement en forme de demi-
vases portent une décoration incisée ou imprimée, lune, les pointes tournées vers le bas, symbole éci-
très simple. Il existe des pièces portant des cordons dent de cette divinité. La seconde plaquette montre
horizontaux, verticaux ou courbes, d’autres des une figure schématique aux bras dressés, en atti-
mamelons et des anses pleines, révélant l’influence tude de prière, et une grande palmette aux extrémi-
des cultures continentales qui pénètre le sud du tés se terminant par des volutes, sur la poitrine,
Portugal au Ve siècle. conformément à ce qui apparaît sur des représenta-
Les productions de vase faits au tour (80 %) peu- tions de Tanit provenant des sanctuaires puniques
vent être locales ou régionales. Elles ont des pâtes de Carthage ou Ibiza.
épurées, bien cuites en milieu oxydant, décorées Les pouvoirs prophylactiques de la divinité à laquelle
d’estampilles ou de peinture, les deux techniques était dédié le culte de Garvao, durant le IIIe siècle av.
étant exceptionnellement associées, et compor- J.C., étaient attestés par des plaquettes en forme
tant parfois des éléments plastiques ou des ban- d’œil, de différentes tailles, ainsi que par des représen-
des peintes. tations miniaturisées de maxillaires humains.
Cette richesse technologique et iconographique de On peut également relier à ces attributions les nom-
la vaisselle est typique des gisements archéologiques breuses vases (coupes et patères) certainement utili-
du sud de la péninsule ibérique postérieurs au IVe siè- sés dans des libations, tout comme les nombreuses
cle avant notre ère. Elle provient d’une rénovation des lampes et brûle-parfums, ou un aspergillum, objet en
influences méditerranéennes apportées par le com- liaison avec la bénédiction, la purification et les soins
merce colonial, essentiellement punique. Parmi ces autant physiques que psychiques, qui proviennent de
influences se dégage l’utilisation de petites pastilles ce même sanctuaire.
éloigner les esprits maléfiques. Les centaines de vases
recueillis auraient contenu les produits offerts à la
déesse du sanctuaire (fruits, miel, vin lait,...), peut-être
consommés dans des repas rituels ou par les prêtres
et leurs acolytes.
Les brûle-parfums encadraient les ex-voto anatomi-
ques, dédié à la divinité de qui dépendant la guérison
de diverses maladies, ophtalmologiques surtout.
Signalons que dans la petite chapelle Santa Luzia, pro-
che de Garvao, des plaquettes en forme d’yeux, en or
ou en argent, sont encore offertes aujourd’hui en
remerciement pour la guérison de maladies des yeux.

Un rituel de mort
Le crâne humain a été trouvé approximativement au
centre de la base du dépôt, protégé par une petite
caisse en pierre, formée de dalles frustres. Il témoigne
de l’importance des activités religieuses développées
dans la région, dans le siècle qui précéda l’arrivée des
Romains. Il s’agit en effet du témoignage d’un sacrifice
humain, celui d’une femme de type méditerranéen gra-
cile, âgée entre 35 et 40 ans, dont la mort a été cau-
Plaquette en argent, avec représentation probable de la
déesse Tanit, montrant une palmette sur sa poitrine. sée par trois coups portés sur l’occipital par un objet
contondant.
Un cymbalum en argent a dû servir dans la musique La lésion de plus grande taille provoqua une fracture
sacrée qui accompagnait le rituel, musique destinée à courbe. Elle a pu provenir du coup porté par une lourde
plaire aux âmes des morts et aux divinités et aussi à hache en pierre polie, pourvue d’un tranchant arqué
mais peu pénétrant, d’ailleurs conforme à un exem-
“La déesse de Garvao”
plaire du même dépôt.
La position des lésions suggère que la victime était
couchée et immobilisée, en decubitus ventral. Le corps
aurait été inhumé dans un autre lieu et seul le crâne,
dépourvu de sa machoire, constituait le seul mobilier
ostéologique humain du bothros. Il aurait été conservé
là et ritualisé, ce qui laisse penser qu’il s’agissait d’un
dépôt de fondation du sanctuaire. Ce sacrifice atteste
un rituel religieux de grande signification: ce sacrifice
était dédié à la “dame de la vie” et du bonheur, capa-
ble de soigner les maux des hommes, mais qui était
aussi la divinité de la mort qui conduit à la régénération
ou résurrection.

Mario Varela Gomes in Dossiers d’Archéologie 198

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