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réalités ophtalmologiques # 201_Mars 2013_Cahier 1

Mises au point interactives

L’OACR en pratique : quel bilan,


quel pronostic, quel traitement ?

Cependant, la présence d’une artère cilio- risque cardiovasculaires. La prévalence


rétinienne constitue une variation ana- du diabète, d’hypertension artérielle,
tomique qui peut améliorer le pronostic de cardiopathie ischémique, d’accident
fonctionnel. En effet, elle est issue des vasculaire cérébral et d’accident isché-
artères ciliaires courtes postérieures et mique transitoire est significativement
vascularise une partie variable de la rétine plus élevée en cas d’OACR que dans la
interne située en interpapillomaculaire, population générale du même âge [2].
zone alors épargnée en cas d’OACR. Elle
vascularise hélas rarement la fovéola. En Dans 30 % des cas, l’acuité visuelle est
angiographie à la fluorescéine, l’artère chiffrable. Mais le plus souvent, la vision
ciliorétinienne se remplit de façon hyper- est limitée à une perception lumineuse,
précoce, en même temps que le remplis- avec un déficit pupillaire afférent relatif.
sage choroïdien, avant l’artère centrale. On Dans l’OACR d’origine embolique, 50 %
la retrouve dans 30 % des yeux, et elle vas- des patients voient bouger la main,
➞ P. Lallemand, D. Gaucher cularise la macula dans 20 % des cas [1]. l’acuité visuelle est encore plus basse
Service d’Ophtalmologie, CHRU, dans l’OACR artéritique.
STRASBOURG.
On distingue 4 mécanismes dans la sur-
venue d’une OACR : Au FO, le tableau classique associe une
– l’embolie d’origine carotidienne ou macula rouge cerise, un courant granu-

L’
cardiaque est la plus fréquente en pra- laire dans les vaisseaux, une colonne
tique. Il s’agit d’une urgence vasculaire, sanguine segmentée (fig. 1). L’œdème
OACR est une pathologie rare au même titre qu’un AVC. Le risque
en pratique courante. Son d’embole associé dans la circulation
incidence est de 1/10 000/an. cérébrale est élevé ;
Cependant, elle nécessite une prise en – l’étiologie artéritique est par ailleurs
charge urgente, compte tenu du risque plus rare (5 % des OACR) mais la mise
vital lié à une étiologie embolique, du en place du traitement est urgente pour
risque de bilatéralisation lié à une étio- éviter une bilatéralisation ;
logie artéritique, et enfin de la très courte – la cause locale compressive ;
fenêtre thérapeutique. – les troubles de coagulation.

[
Les deux derniers mécanismes peuvent
 appels anatomiques
R être à l’origine d’une OACR.
et physiopathologiques

La vascularisation artérielle rétinienne


est de type termino-terminale. Toute
[ Clinique Fig. 1 : Au FO, le ralentissement circulatoire est
visible du fait du courant granulaire artériel et de la
occlusion de l’artère centrale de la Il faut rechercher une OACR devant colonne sanguine segmentée (flèches). La fovéola
rétine ou de ses branches entraîne une une acuité visuelle effondrée de façon est relativement préservée de l’ischémie car elle ne
présente pas de couche cellulaire interne et reste
ischémie d’aval irréversible des couches brutale et indolore, d’autant plus qu’il oxygénée par la choroïde, d’où son aspect typique
internes de la rétine. s’agit d’un patient ayant des facteurs de rouge cerise par contraste avec l’œdème.

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ischémique des cellules ganglionnaires


rétiniennes donne un aspect blanc
[ Examens complémentaires reperméabilisation de l’artère (fig. 3). En
cas d’artère ciliorétinienne perméable,
“laiteux” de la rétine (fig. 2). La fovéa, Le bilan réalisé en urgence en ophtalmo- il peut exister une épargne maculaire.
quant à elle, est dépourvue de cellules logie doit comporter une angiographie à Dans les occlusions de branche arté-
ganglionnaires, elle apparaît donc rouge la fluorescéine. L’imprégnation artérielle rielle, l’arrêt du colorant se trouve au
par contraste avec l’œdème cellulaire retardée supérieure à 15 secondes est niveau de l’embole vasculaire.
adjacent. constante en cas d’OACR. Il peut y avoir
un arrêt complet ou un ralentissement Un OCT maculaire n’est pas nécessaire
Lorsqu’il existe une artère cilioréti- de la circulation artérielle, puis une au diagnostic mais donne des rensei-
nienne, son territoire de vascularisa-
tion reste normalement coloré, ce qui A
contraste avec le reste de la rétine isché-
mique blanchâtre (fig. 2)

Il peut arriver qu’on retrouve un ou plu-


sieurs emboles (20 % des cas) qui, en
fonction de leur composition physico-
chimique, sont plus ou moins réfrin-
gents. 75 % sont des emboles de choles-
térol, ils sont brillants, réfringents, 10 %
sont du matériel calcifié, blanchâtres.
15 % sont fibrinoplaquettaires, ils sont
allongés, grisâtres [4, 6]. Il est fréquent
que l’embole migre ou disparaisse. b

La présence de drusen de la papille, de


boucles artérielles prépapillaires, de
macroanévrysme artériel est à noter et
peut constituer une cause locale com-
pressive d’OACR. Cette présence n’ex-
clut néanmoins pas la recherche des
causes emboliques ou artéritiques.

Fig. 2 : L’œdème rétinien donne un aspect blanc


laiteux diffus dans le territoire vascularisé par
l’artère centrale de la rétine. Dans 30 % des cas, il
existe une artère d’origine ciliaire qui perfuse un
territoire interpapillomaculaire plus ou moins Fig. 3 : Occlusion de branche artérielle rétinienne. Le territoire œdémateux est limité à celui de la branche
étendu (artère ciliorétinienne). Ce territoire garde occluse (A). Elle n’est jamais de cause artéritique, mais le plus souvent embolique. Chez le sujet jeune, il
alors une coloration normale (flèche). faut penser au syndrome de Susac, surtout si les occlusions sont segmentaires (B).

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A b en revanche provoquer une occlusion de


l’artère centrale et des artères ciliaires
courtes postérieures, donc d’une artère
ciliorétinienne (fig. 6) [2].

De façon systématique, devant un sujet


jeune, on recherche une maladie de
Wegener, un lupus, une maladie de
Behçet, de Lyme, ainsi qu’une thrombo-
philie. Le déficit en protéine C activée,
l’anticoagulant circulant lupique, les
anticorps antiphospholipides et l’hyper-
homocystéinémie ont été mis en cause
Fig. 4 : Plusieurs types d’occlusion artérielle sont décrits en angiographie : un arrêt quasi total du colorant dans des cas d’OACR, mais pas la muta-
(A) ou un ralentissement circulatoire (B). En règle générale, on observe une reperfusion artérielle en une
semaine. tion du facteur V Leyden ni celle du gène
de la prothrombine.
gnements utiles sur l’état rétinien. A la nienne. L’ECG permet de diagnostiquer
phase aiguë, l’œdème rétinien est révélé une cardiopathie rythmique emboli- Une consultation de médecine interne
par une hyperréflectivité des couches gène, dont le traitement anticoagulant est est recommandée pour les sujets jeunes.
internes de la rétine (fig. 4). Au stade urgent. L’échographie cardiaque transtho-
cicatriciel, on note une atrophie réti- racique ou transœsophagienne recherche En marge de ces tableaux classiques, il
nienne, marquée par une diminution une valvulopathie, une endocardite, un faut penser au syndrome de Susac ou
de l’épaisseur des couches externes, thrombus, une malformation. SICRET syndrome (small infractions of
mesurable au mapping. cochlear and encephalic tissue), devant
Par ailleurs, on réalise un bilan sanguin, une personne jeune avec des occlusions
Le bilan ophtalmologique ne doit pas à la recherche de syndrome inflamma- de branches non emboliques, segmen-
retarder le bilan général. toire. La VS et la CRP normales élimi- taires, récidivantes, espacées dans le
nent la maladie de Horton, à l’origine de temps et au niveau des territoires réti-
L’urgence est d’éliminer une cause embo- moins de 5 % des OACR. niens atteints (fig. 5). Ces patients ont
lique responsable de 80 % des OACR. On aussi une surdité de perception et parfois
réalise alors un écho-Doppler des troncs On rappelle que l’artérite de Horton une encéphalopathie avec des atteintes
supra-aortiques, à la recherche de plaques touche les artères de moyen et gros du corps calleux typiques en IRM.
d’athérome carotidien (plus que le degré calibres, donc ne peut pas être en cause
de sténose carotidienne) à l’origine de dans une occlusion de branche de l’ar-
micro-emboles dans la circulation réti- tère centrale de la rétine (fig. 5). Elle peut

A b

Fig. 6 : L’occlusion d’une artère ciliorétinienne


doit évoquer une maladie de Horton, du fait de sa
prédilection pour le territoire artériel ciliaire pos-
Fig. 5 : En OCT, à la phase aiguë de l’occlusion artérielle, on observe un épaississement des couches térieur. Dans ce cas, il s’agissait d’une occlusion
internes rétiniennes (A) et une hyperréflectivité (B), qui correspondent à l’œdème intracellulaire des cel- d’une artère ciliorétinienne associée à une occlu-
lules ganglionnaires. sion de la veine centrale de la rétine.

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De même, les causes rares décrites dans


la littérature rassemblent la périarté-
[ Thérapeutique preuve d’une efficacité, et le bénéfice
des thrombolyses in situ reste discuté.
rite noueuse, le syndrome de Churg et Le traitement est décevant, aucune
Strauss, la sarcoïdose, la drépanocytose, mesure n’a prouvé son efficacité. En De façon anecdotique, des tentatives
la dissection carotidienne, l’anévrysme effet, les lésions rétiniennes irréversibles d’embolectomie par voie de vitrectomie
de la carotide interne, le SIDA, la leu- apparaissent dès 90 minutes d’occlu- ont été réalisées de façon hyperprécoce,
cémie, les lymphomes, les contraceptifs sion artérielle ; la fenêtre thérapeutique avec des résultats encourageants.
oraux, l’incontinentia pigmenti, la mala- est donc si étroite qu’il est souvent trop
die de Fabry, la maladie des griffes du tard pour qu’un traitement efficace soit
chat, l’OACR postopératoire, l’anesthé-
sie péribulbaire, la morsure de serpent.
entrepris. Certains affirment que tout
traitement entrepris après 4 heures d’oc-
[ Conclusion
clusion artérielle n’a aucun fondement La prise en charge de l’OACR est multi-
scientifique [5]. disciplinaire, avec une nécessaire colla-
[ Pronostic Localement, on peut tenter d’hypoto-
boration avec la neurologie, la radiolo-
gie, la cardiologie et la médecine interne.
Le pronostic visuel de l’OACR est niser le globe afin de favoriser le flux Le bilan étiologique est fondamental en
presque toujours défavorable. Dans plus sanguin, par des perfusions d’acétazo- prévention secondaire. La faible effi-
de 70 % des cas, l’acuité visuelle est infé- lamide, et des massages oculaires pour cacité thérapeutique est liée à une très
rieure à 1/20e. Cependant, des études ont mobiliser l’embole. L’oxygénothérapie courte fenêtre thérapeutique.
montré que dans 22 % des cas d’OACR normo- ou hyperbare est parfois pra-
d’origine embolique, l’AV s’améliore tiquée. Bibliographie
dans les 7 premiers jours, alors qu’elle
1. Hayreh SS. Acute retinal arterial occlusive disor-
reste inchangée dans l’OACR d’origine Enfin, dans le cadre d’une “filière ders, Prog Retin Eye Res, 2011 ; 30 : 359-394.
artéritique. Il faut donc tenir compte de thrombolyse”, en collaboration avec les 2. Hayreh SS, Podhajsky PA, Zimmerman MB.
cette évolution naturelle dans l’évalua- neurologues vasculaires, voire les neu- Retinal artery occlusion : associated sys-
temic and ophthalmic abnormalities.
tion des traitements entrepris. roradiologues, on peut tenter une throm- Ophthalmology, 2009 ; 116 : 1 928-1 936.
bolyse IV si 6 heures ne se sont pas écou- 3. Cugati S, Lee AW. Treatment options for cen-
La survenue de néovaisseaux iriens et lées depuis le début des symptômes. La tral retinal artery occlusion. Curr Treat Options
d’un glaucome néovasculaire est rare thrombolyse in situ par cathétérisme de Neurol, 2013 ; 15 : 63-77.
4. Arruga J, Sanders MD. Ophthalmologic fin-
(2,5 % des cas). En effet, la sécrétion de l’artère ophtalmique est également pro- dings in 70 patients with evidence of reti-
facteurs de croissance est provoquée par posée dans quelques centres spécialisés. nal embolism. Ophthalmology, 1982 ; 89 :
une ischémie chronique, ce qui n’est pas Cette dernière technique est associée à 1 336-1 347.
5. Hayreh SS. Intra-arterial thrombolysis for cen-
le cas dans l’OACR. un risque d’accident ischémique dans le tral retinal artery occlusion. Br J Ophthalmol,
territoire carotidien cathétérisé. Notons 2008 ; 92 : 585-587.
Le plus souvent, il existe une reperfu- que les traitements thrombolytiques ne 6. Wolff B. Occlusions artérielles rétiniennes.
sion artérielle en moins de 8 jours, et peuvent avoir d’action, en théorie, que Encyclopédie médico-chirurgicale. 2012.
une régression de l’œdème rétinien en sur les emboles fibrinoplaquettaires et
4 à 6 semaines. non sur les emboles cholestéroliques les
plus fréquents.
Les seules formes cliniques favorables
sont l’occlusion d’une branche artérielle Ainsi, l’OACR doit être prise en charge
épargnant la macula, ou la présence comme un accident vasculaire cérébral à
d’une artère ciliorétinienne irriguant la la phase aiguë, avec pour objectifs d’une
fovéola. part la reperfusion précoce, et d’autre
part l’institution d’une prévention
L’auteur a déclaré ne pas avoir de conflits
Le pronostic vital est lié au risque d’AVC secondaire [3]. Il faut noter qu’à l’heure d’intérêts concernant les données publiées dans
dans le cadre d’une cause embolique. actuelle, aucun traitement n’a fait la cet article.

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