Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Case Report
En mai 2004, un homme de 67 ans est adressé au mure vésiculaire à la base gauche avec une matité à la
service des Urgences par son médecin traitant pour prise percussion. Aucune adénopathie périphérique palpable
en charge d’une pleuro-pneumopathie gauche traitée n’est mise en évidence. Le reste de l’examen clinique
empiriquement par une association amoxicilline-acide est banal ; en particulier, on ne constate pas d’hépato-
clavulanique et macrolide depuis 15 jours sans évolution splénomégalie palpable.
favorable. Le cliché de thorax standard montre un épanche-
Dans les antécédents du patient, on retiendra une hy- ment pleural bilatéral prédominant à gauche avec une
pertension artérielle traitée par une association à base suspicion de foyer basal gauche et un élargissement du
d’ atenolol et de nifedipine , une hyperlipidémie traitée médiastin.
par atorvastatine 20 mg, une hyperuricémie traitée par La biologie montre un syndrome inflammatoire
allopurinol 300 mg et une œsophagite peptique de grade modéré avec une CRP à 27,6 mg/l, l’hémoglobine est
II traitée par omeprazole 20 mg. Le patient est retraité. à 17,1 g/dl, la leucocytose à 10410/mm³ ( Neutrophiles
Il a exercé la profession de maçon. Il fume environ 4 à 79%, lymphocytes 9,2%, monocytes 6,2%, éosinophiles
5 cigarillos par jour depuis de nombreuses années. Il ne 3,5%, basophiles 0,7%, LUC 1,2% ), les plaquettes à
consomme pas de boisson alcoolisée et ne se connaît 258.000/mm³, l’urée à 0,44 g/l, la créatinine à 10,2 mg/l,
pas d’allergie. les protéines totales à 71,4 g/l, l’acide urique à 64,1 mg/l
Le patient présente une dyspnée d’effort en aggra- et les LDH à 691 unités par litre.
vation depuis 2 semaines, il tousse, il n’a pas de tempé-
rature. Il est asthénique et a perdu 10 kilos en 2 mois.
A l’examen clinique, on note une masse lipomateuse
scapulaire droite. On retient une diminution du mur-
–––––––––––––––
1
Médecin Candidat Spécialiste en Médecine Interne
2
Pneumologue, service de Pneumologie RHMS-ATH
Fig. 2 Histologie pleurale : Population cellulaire en amas au sein d’un Fig. 3 : Histologie de la biopsie pleurale : A plus fort grossissement, on
tissu fibro-conjonctif abondant. visualise une population cellulaire en amas, d’assez grande taille, au
noyau irrégulier et clair, au cytoplasme abondant, par endroits, vacuo-
laire et refoulant le noyau en périphérie.
ne nous semblait pas le plus probable. Le LNH consti- un local d’endoscopie bronchique adéquat en l’absence
tue la troisième cause étiologique de tels épanchements. d’ anesthésiste. Sa réalisation présuppose l’existence
L’hypothèse d’une pleurésie bénigne et l’expectative d’un espace pleural suffisant (diamètre : 6-10 cm) et
armée avaient été rejetées. l’absence d’adhérences pleurales. Son avantage réside
dans son caractère moins invasif et moins onéreux avec
En principe, l’analyse cytologique, l’immunophé- un bénéfice diagnostique et thérapeutique identique, sauf
notypage lymphocytaire (recherche de monoclonalité) dans certains cas ciblés où la version chirurgicale est
et la recherche bactériologique du liquide pleural sont mieux adaptée.
souvent suffisantes pour aboutir au diagnostic étiologi- Outre son utilité sur le plan étiologique, le thoracos-
que d’ un exsudat lymphocytaire pleural (sensibilité de copie permet un « staging » local des lésions pleurales
62%) (3). ou médiastinales et offre l’opportunité de réaliser une
En cas de pleurésie lymphomateuse, une étude a mon- symphyse pleurale sous contrôle visuel après vidange
tré que seulement 14 à 88% des analyses cytologiques complète de l’épanchement pleural.
rendaient un diagnostic positif (1). Des études indépendantes ont montré que le choix
Tout exsudat lymphocytaire d’étiologie indéterminée d’un matériel de thoracoscopie rigide se révélait supé-
justifie une exploration pleurale plus invasive : réalisa- rieur, en terme de rentabilité diagnostique, à l’utilisation
tion d’une biopsie pleurale transthoracique à l’aveugle d’un fibroscope flexible.
et d’une thoracoscopie exploratrice médicale ou chi-
rurgicale. En effet, environ un quart des épanchements
Tableau 1 : Etiologies des exsudats lymphocytaires
pleuraux restent sans diagnostic après thoracocentèse et
pleuraux
biopsie pleurale à l’aveugle.
PLEURESIES LYMPHOCYTAIRES EXSUDATIVES
Ces trois examens offrent un diagnostic étiologique
Infectieuses • Tuberculose
dans 77% des épanchements néoplasiques d’étiologies
Cardio-vasculaires • Embolie pulmonaire
variées (8). • Post-CABG
Loddenkemper (3) rapporte, dans les exsudats pleu- Maladies systémiques et • Sarcoïdose
raux malins, une sensibilité de 62% pour la cytologie, inflammatoires • LED
• PR
44% pour la biopsie à l’aveugle, de 95% pour la thora- • Pleurésie asbestosique bénigne
coscopie médicale et de 96% pour les 3 techniques cumu- • Pleurésie chronique idiopatique
lées. La justification d’une biopsie pleurale à l’aveugle Néoplasiques • Cancers bronchiques
• Lymphomes
pourrait être remise en question au vu de sa sensibilité • Mésothéliomes
médiocre dans cette étude, du moins lorsqu’un processus • Métastases
malin est suspecté.
Après exclusion des contre-indications éventuelles Les épanchements pleuraux associés aux lympho-
(troubles de coagulation, adhérences pleurales, car- mes non hodgkiniens sont fréquents (environ 20 % des
diopathie sévère,…), la morbidité de la thoracoscopie cas) (1). Troisième cause de pleurésie exsudative lym-
est négligeable et consiste le plus fréquemment en une phocytaire, ils représentent 10% des pleurésies malignes
fuite d’air persistante au delà de sept jours (<2%), un à cytologie néoplasique positive (2) et sont l’expression
emphysème sous-cutané (<2%) ou en la survenue de d’une forme disséminée (stade IV), avec localisation
température après la manœuvre (16%). La complication médiastinale du lymphome.
la plus redoutée mais heureusement peu fréquente reste Habituellement, le liquide est de type exsudatif (ci-
l’hémorragie liée à une effraction vasculaire, surtout trin, séro- sanguinolent, chyleux). Rarement, il s’agit
lors d’une thoracoscopie médicale (3). La mortalité di- d’un transsudat (compression, insuffisance rénale as-
rectement liée à la thoracoscopie est rarissime et com- sociée à une hypo albuminémie …). La sensibilité de
parable au risque lié à la biopsie trans-bronchique (0,22 l’analyse cytologique semble supérieure dans les cas de
à 0,66%). Le thoracoscopie chirurgicale requiert une malignité lymphomateuse.
anesthésie générale en salle d’opération mais permet La symptomatologie associée comprend de la dysp-
une intubation bronchique sélective controlatérale avec née, de la toux, des douleurs pleurales, de la fièvre et/ou
exsuflation pulmonaire complète ipsilatérale. un syndrome cave supérieur.
La thoracoscopie médicale se pratique sous anes- La quantité d’épanchement est variable.
thésie locale avec neuroleptanalgésie éventuelle, dans Les mécanismes d’apparition sont liés à une infiltra-
tion pleurale par la tumeur, une obstruction lymphatique de collapsothérapie, envahissant la paroi thoracique
due à une infiltration lymphomateuse des ganglions pul- (6). Il s’agit d’un lymphome B de haut grade (diffus à
monaires et médiastinaux ou à une occlusion du canal grandes cellules ou immunoblastique). L’inflammation
thoracique (chylo-thorax). chronique après collapsothérapie aboutit à la formation
La majorité des lymphomes non hodgkiniens avec d’un granulome riche en lymphocytes et plasmocytes
épanchements pleuraux sont de grade intermédiaire de à l’origine d’une production locale de cytokines (IL-6,
malignité, parfois de bas grade et rarement de haut grade IL10) qui, associées à l’infection cellulaire à l’EBV,
de malignité. semble jouer un rôle primordial dans la genèse d’un
Les données de la littérature sont contradictoires clone lymphomateux. Le pronostic est souvent sombre
quant à la valeur pronostic des épanchements pleuraux (survie de quelques mois).
associés à un lymphome non hodgkinien.
SUMMARY REFERENCES
We report the case of a 67 year-old man with an his- 1. Alexandrakis MG, Passam FH, Kyriakou DS, Bouros D. Pleural
effusions in hematologic malignancies. Chest. 2004 Apr;125(4):
tory of pneumopathy with pleural effusion and weight
1546-55.
loss. Exsudative lymphocytic pleural effusion was found. 2. Johnson WW. The malignant pleural effusion : a review of cy-
Thoracoscopy gave diagnosis of widespread diffuse topathologic diagnosis of 584 specimens from 472 consecutives
large B-cell NHL . Talc pleurodesis and CHOP-Rituxi- patients. Cancer 1985; 56: 905-9.
mab regimen were performed with a favorable clinical 3. Loddenkemper R. Thoracoscopy : State of the art. Eur respir J
1998 ; 11 : 213.
and radiological response. We discuss about lymphocytic 4. Valeria Ascoli, MD. Body cavity lymphoma. Current Opinion
pleural effusion, especially associated with NHL and in Pulmonary Medicine. 8(4):317-322, July 2002.
primary pleural lymphoma. 5. Nakatsuka S, Yao M, Hoshida Y, Yamamoto S, Iuchi K, Aozasa
K. Pyothorax-associated lymphoma: a review of 106 cases.
J Clin Oncol. 2002 Oct 15;20(20):4255-60.
6. Jardin F, Stamatoulllas A, Buchonnet G, Duval C, Dujon A,
Picquennot JM, Nouvet G, Tilly H. Lymphomes pleuraux pri-
mitifs après collapsothérapie : aspects modernes d’une maladie
historique. Rev Méd Interne 1999; 20:985-91.
7. Sahn, SA. The diagnostic value of pleural fluid analysis. Semin
respir Crit Care Med 1995; 16:209.
8. Light, RW, Erozan, YS, Ball WC. Cells in pleural fluid. Arch
Intern Med 1973; 132:854-60.