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Phytothérapie (2010) 8:202–9

©  Springer-Verlag France 2010


DOI 10.1007/s10298-010-0569-2

  Article de synthèse 
Ethnobotanique

Analyse ethnobotanique des plantes médicinales et aromatiques


de la flore marocaine : cas de la région de Zaër  1
H. Lahsissene, A. Kahouadji
Département de biologie, faculté des sciences, université Mohammed-V–Agdal, avenue Ibn-Battouta, BP 1014, Rabat, Maroc
Correspondance : haflahsissene@yahoo.fr

Résumé  : Nos recherches ethnobotaniques ont été menées confined ourselves in this article to two only. They are the
dans la région de Zaër (Maroc occidental). Ces dernières plant species which are most commonly reported in traditional
visent à réaliser un inventaire floristique des plantes médi- remedies but are the ones used least by the ordinary people
cinales et à collecter les informations concernant les usa- of Zaër. They can be toxic and may be poorly recognised or
ges thérapeutiques pratiqués dans ladite région. À l’aide de considered to be edible and not medicinal plants.
430 fiches questionnaires, nous avons mené deux campagnes
Keywords: Ethnobotanical survey – Medicinal and aromatic
de prospections ethnobotaniques sur le terrain (2002–2003 plants – Traditional practice – Zaër region – Western
et 2003–2004) qui ont servi à enquêter auprès des tradipra- Morocco
ticiens, des herboristes et des utilisateurs des plantes médi-
cinales. L’analyse des résultats collectés sur le terrain nous a
permis de distinguer plusieurs groupes d’espèces médicinales Introduction
utilisées dans la région étudiée. Et vu le grand nombre de
La pharmacopée traditionnelle marocaine regorge d’une multi-
ces dernières, nous nous sommes limités, dans cet article,
tude de recettes à base de plantes en vue de prévenir, guérir,
à deux seulement, et qui sont les espèces végétales les plus
soulager ou améliorer le bien-être de l’homme. Ces utilisa-
citées dans les remèdes traditionnels et les espèces végétales
tions sont d’autant plus facilitées par une grande tradition dans
les moins utilisées par la population de Zaër et qui peuvent
l’extraction et la distillation, ainsi que par un cumul d’expé-
être toxiques, méconnus ou considérées comme plantes frui- riences dans l’utilisation de ces plantes. Là aussi, beaucoup de
tières et non médicinales. travaux de recherches doivent être entrepris en vue de démon-
Mots  clés  : Enquête ethnobotanique – Plantes médicinales trer l’intérêt thérapeutique de ces plantes médicinales, leurs
et aromatiques – Usage traditionnel – Région de Zaër – principes actifs, leurs modes d’action et même leurs probables
Maroc occidental toxicités. Parmi ces recherches, notre étude ethnobotanique
constitue une contribution au recensement des plantes médi-
Ethnobotanical study of medicinal cinales utilisées par la population locale de la région de Zaër
(Fig. 1) et à l’identification des différentes manières d’utilisa-
and aromatic plants in the Zaër region of Morocco
tion en pharmacopée traditionnelle marocaine.
Abstract: Our ethnobotanical research has been pursued in the
Zaër region of Western Morocco. The intention is to produce
a botanical index of medicinal plants and to collect informa- Matériels et méthode
tion on therapeutic practices in that region. We distributed À l’aide des fiches questionnaires (Annexe A), deux campa-
430  questionnaires during two ethnobotanical field stud- gnes de terrain 2002–2003 et 2003–2004 ont été réalisées
ies (2002–2003 and 2003–2004). These questionnaires were dans la région de Zaër. Ces campagnes nous ont permis
completed by traditional practitioners, herbalists and users of d’avoir des renseignements très variés sur l’utilisation tradi-
medicinal plants. Analysis of the results obtained locally helped tionnelle des plantes médicinales chez la population locale.
us to define several groups of medicinal species which are used Pour mieux analyser les résultats obtenus, nous avons
in this region. In view of the large number of these, we have utilisé un logiciel informatique (SPSS version 11.5) qui
nous a permis de distinguer plusieurs groupes d’espèces
1
La région de Zaër englobe plusieurs zones. médicinales utilisées dans la région étudiée.
203

Fig. 1. Carte topographique de la région de Zaër

Résultats et discussion D’après ce tableau, on remarque que la famille des Lamia-


ceae occupe la première position avec huit espèces médi-
Le traitement informatique et l’analyse générale de cinales qui sont les plus signalées dans la région étudiée  :
430  fiches questionnaires nous ont permis d’identifier Origanum  compactum Benth., Mentha  pulegium L., Lavan-
228 plantes médicinales utilisées par la population de Zaër dula  stoechas L., Marrubium  vulgare L., Mentha  rotundifolia
en médecine traditionnelle. Nous nous sommes limitées, L., Ajuga iva (L.) Scherb., Lavandula officinalis D.C. et Lavan-
dans cet article, uniquement aux 20 premières espèces les dula multifida L.
plus utilisées dont la fréquence d’utilisation est supérieure À l’intérieur de cette famille, on rencontre en première
à 60 et les moins utilisées ayant une fréquence de l’ordre position l’origan (Origanum  compactum Benth.), suivi de la
de 1 (la fréquence d’utilisation représente le nombre de fois menthe pouliot (Mentha  pulegium L.), la menthe à feuilles
où une espèce médicinale a été signalée ou utilisée par les rondes (Mentha  rotundifolia L.) et les lavandes. Ces  espèces
430 personnes interrogées). sont utilisées par la population locale en infusion ou en
décoction, surtout dans le traitement des désordres digestifs
et les affections bronchiques telles que le rhume et la grippe.
Espèces les plus utilisées En effet, leurs huiles essentielles justifient leurs usages, comme
antiseptique intestinal et pulmonaire, carminatif, stomachique
Le Tableau 1 montre que les 20 premières plantes médi- et béchique [17, 23].
cinales utilisées dans la région étudiée appartiennent à Par ailleurs, le marrube blanc (Marrubium  vulgare L.),
sept familles distinctes et ayant une fréquence d’utilisation espèce originaire de l’Europe méridionale et rencontrée
comprise entre 317 et 67. en toutes régions, sauf dans le sud désertique, est une
204

Tableau 1. Les 20 premières espèces médicinales les plus utilisées dans la région de Zaër
Noms vernaculaires Fréquence
Code Espèces médicinales (famille) Famille
Français Arabe locale d’utilisation

120 Origanum compactum Benth. Lamiaceae Origan Zaâtar 317


116 Mentha pulegium L. Lamiaceae Menthe pouliot Fliyou 231
148 Eucalyptus sp Myrtaceae Eucalyptus Kalitous 188
70 Chenopodium ambrosioides L. Chenopodiaceae Ansérine Mkhinza 184
6 Pistacia lentiscus L. Fagaceae Lentisque Drou 141
98 Trigonella foenum graecum L. Fabaceae Fenugrec Halba 131
112 Lavandula stoechas L. Lamiaceae Lavande stoechade Halhal 123
82 Tetraclinis articulata (Vah.) Mas. Cupressaceae Thuya de Berberie Ar’âr 122
113 Marrubium vulgare L. Lamiaceae Marrube blanc Merriwa 115
117 Mentha suaveolens Ehrh. Lamiaceae Menthe à feuilles rondes Marseta 104
180 Ranunculus muricatus L. Renonculaceae Renoncule Wden al hallouf 102
111 Lavandula vera D.C. Lamiaceae Lavande vraie Khzama 96
109 Ajuga iva (L.) Scherb. Lamiaceae Ivette Chendgoura 94
25 Foeniculum vulgare Mill. Apiaceae Fenouil commun Basbasse 92
101 Quercus suber L. Fagaceae Chêne-liège Fernane 92
150 Myrtus communis L. Myrtaceae Myrte Rayhan 87
65 Herniaria glabra L. Caryophyllaceae Herniaire Herras lahjar 81
218 Aloysia citriodora (Cav.) Ort. Verbenaceae Verveine odorante Lwiza 74
110 Lavandula multifida L. Lamiaceae Lavande à feuilles de fougère Kohila 68
179 Nigella sativa L. Renonculaceae Nigelle Sanouj 67

Lamiaceae moyennement utilisée dans la région. Il est cataplasme ou en inhalation, elles sont employées contre la
conseillé généralement dans le traitement du diabète et fièvre. L’eucalyptus est considéré surtout comme un anti-
des vers intestinaux. Il a aussi une action stomachique, biotique des voies respiratoires grâce à l’eucayptol [17] ;
tonique, fébrifuge, expectorante, emménagogue et diuré- –  le myrte (Myrtus  communis L.) est une espèce médi-
tique [25–27]. Cette plante contient des lactones diterpéni- terranéenne, spontanée au Maroc. Elle est très abondante
ques (marrubine, 0,3–1 %), des flavonoïdes, des alcaloïdes, dans la région de Zaër et pousse surtout dans les massifs
des sels minéraux et une huile essentielle [15]. forestiers. Ses feuilles, en décoction, sont indiquées contre
Enfin, l’ivette (Ajuga  iva (L.) Scherb.), qui est une les maux d’estomac et comme purgatif. En inhalation,
espèce spontanée en Europe du Sud et en Afrique du Nord elles sont employées contre la fièvre typhoïde  ; mélangées
et spécialement au Maroc, où elle pousse dans le nord au henné, elles sont très appréciées par les femmes pour
du bassin de la Moulouya, est considérée par la popula- noircir et assouplir les cheveux. En général, le myrte est
tion locale comme remède universel. Elle est employée réputé comme tonique, antiseptique, astringent, balsa-
comme antidiabétique, diurétique, vermifuge et réchauf- mique, sédatif, expectorant et hémostatique [4,26] ;
fante. En décoction ou en poudre, elle est aussi prescrite •  les Renonculaceae :
contre les troubles gastéroduodénaux et les fièvres. Les –  la renoncule (Ranunculus  bullatus L.), plante très
parties aériennes fraîches renferment une huile essentielle, hispide à floraison automnale, se trouve abondamment
des tanins et deux flavonoïdes en quantité importante  : la dans les dayas de Zaër (dépression qui se remplit d’eau
narguinine et l’apigénine-7-O-néohespéridoside [13]. pendant la saison d’hiver et qui se dessèche pendant
En deuxième position, on trouve deux familles, repré- l’été). Ses racines sont utilisées, en décoction, contre
sentées chacune par deux espèces qui sont les Myrtaceae et les règles douloureuses et pour activer l’accouche-
les Renonculaceae : ment. Elle renferme un glucoside, ranunculoside, qui se
•  les Myrtaceae : dégrade par hydrolyse en libérant une lactone irritante, la
–  l’eucalyptus (Eucalyptus  sp), arbre d’origine austra- protoanémonine, extrêmement vésicante. Celle-ci, au
lienne, est introduit au Maroc au début du siècle dernier. séchage de la plante, est inactivée par dimérisation spon-
C’est un genre très important, comportant plus de tanée en anémonine [5] ;
600  espèces et variétés [19]. Ses feuilles sont utilisées, –  la nigelle (Nigella  sativa L.) est une plante annuelle,
en décoction, contre les maux d’estomac et les affections originaire d’Europe méridionale et d’Asie occidentale. Au
des voies respiratoires  : asthme, toux et bronchite. En Maroc, elle est cultivée ou subspontanée dans les champs et
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les jardins du Rif et de la péninsule tingitane ainsi que dans doux comestibles et appréciés par le bétail. La mince couche
les oasis du sud. Cette plante est vendue couramment située au-dessous de l’écorce de la tige, portant le nom de
dans les herboristeries de la région étudiée. Ses graines, en dbagh, est utilisée, le plus souvent en poudre, parfois en
décoction ou en infusion, sont utilisées contre les douleurs décoction, comme antidiarrhéique et dans le traitement des
gastro-intestinales, les affections pulmonaires et comme maladies de l’estomac et du côlon.
antidiabétique et hypotensif. En effet, la nigelle présente une L’ansérine (Chenopodium  ambrosioides L. [Chenopodia-
activité diurétique et réduit fortement l’hypertension arté- ceae]) est une espèce d’Amérique tropicale naturalisée dans
rielle [28], action antispasmodique par le biais des huiles l’Ancien Monde, herbacée, annuelle, au parfum de citron-
essentielles qu’elle contient [6] et aussi une activité anti­ nelle, elle a des vertus médicinales. Dans notre région
asthmatique par l’action inhibitrice de la nigellone sur la d’étude, elle est très recommandée dans les affections
libération de l’histamine par les mastocytes [10]. gastro-intestinales et la typhoïde. Cette plante est princi-
D’autres familles sont représentées chacune par une seule palement connue pour ses propriétés vermifuges dues à la
espèce cultivée ou spontanée (Tableau 1). présence de l’ascaridol en forte proportion (80  %) qui est
actif surtout sur les ascaris et l’ankylostome [17].
Espèces spontanées L’herniaire (Herniaria  glabra L. [Caryophyllaceae]), une
espèce d’Europe et du bassin méditerranéen, pousse sur les
Le thuya de Berberie (Tetraclinis  articulata (Vah.) Masters sols arides, chaulés et sablonneux. La principale vertu de
[Cupressaceae]) est une espèce monotypique, pratiquement l’herniaire est d’être diurétique, elle traite aussi les affec-
endémique de l’Afrique du Nord et surtout au Maroc, où elle tions urinaires tels les irritations de la vessie et les calculs
occupe de grandes surfaces et y tient la troisième place du biliaires.
point de vue superficie, après le chêne vert et l’arganier [1].
Sa distribution géographique au Maroc se présente sous trois
Espèces cultivées
blocs bien caractérisés : le bloc oriental et le Moyen Atlas, le
bloc méridional et le bloc central. Ses feuilles, dégageant une Le fenugrec (Trigonella  foenum  graecum L. [Fabaceae]) est
forte odeur balsamique agréable, sont utilisées en compresses une plante annuelle, cultivée depuis l’Antiquité dans les pays
chez les enfants dans le traitement des fièvres. En macération, bordant la Méditerranée sur la côte d’Afrique. Elle contient
dans du lait, elles sont administrées comme émétique dans une huile volatile responsable d’une odeur caractéristique
divers épisodes d’intoxication et comme hypoglycémiant. Au désagréable. Les graines, obtenues exclusivement des plantes
sud du Maroc, les populations locales gemmaient le thuya cultivées, sont les parties utilisées à des fins médicinales. En
pour en tirer la gomme sandaraque employée en pharmacie macération, en décoction ou en poudre, elles sont classi-
et pour les vernis de luxe [2]. quement utilisées pour stimuler l’appétit, reconstituer les
Le lentisque (Pistacia  lentiscus L. [Anacardiaceae]) et forces et faire prendre l’embonpoint. Il est prescrit égale-
le chêne-liège (Quercus  suber L. [Fagaceae]) sont deux ment contre les douleurs d’estomac, la toux, comme hypo-
plantes qui sont considérées parmi les espèces ligneuses glycémiant et dépuratif. En fait, c’est une véritable panacée.
les plus caractéristiques des forêts méditerranéennes. Ces Les graines de fenugrec contiennent un alcaloïde toxique  :
dernières sont très abondantes dans la région étudiée et la trigonelline qui pourrait devenir toxique à longue utili-
sont localisées, plus spécialement, dans les massifs fores- sation [7].
tiers de Benslimane et d’Achach. Elles sont malheureuse- Le fenouil commun (Foeniculum  vulgare Mill.) est une
ment dégradées et se présentent sous différentes formes  : Apiaceae originaire de la Méditerranée et cultivée depuis
maquis, matorrals et garrigues à végétation basse et plus longtemps. Il est utilisé comme source d’anéthole, principe
ou moins dense. des boissons anisées [3]. Ses usages culinaires et médi-
Le lentisque est un arbuste courant au Maroc, poussant caux remontent à l’Antiquité. Hippocrate le recommandait
dans les garrigues et surtout les maquis des climats méditer- aux nourrices pour activer la sécrétion du lait ainsi qu’aux
ranéens, à feuillage persistant, il donne des fruits rouges puis personnes menacées de cécité. Les Marocains accordent
noirs. Partout au Maroc, et plus spécialement dans notre une valeur aromatique plus grande aux fruits récoltés sur
zone d’étude, le lentisque reçoit les mêmes usages. On utilise l’espèce sauvage qui est de préférence utilisée en méde-
les feuilles et l’écorce de l’arbre, en décoction ou en poudre, cine traditionnelle. La population locale de la zone étudiée
dans le traitement des maladies du ventre et de l’intestin. utilise les graines, en décoction ou en poudre, dans le
Elle est prescrite comme calmant nerveux, emménagogue et traitement des embarras gastroduodénaux, de l’asthme et
aussi un masticatoire utilisé pour purifier l’haleine. Mais elle comme apéritif.
est surtout employée comme produit cosmétique [5]. La verveine odorante (Aloysia  citriodora (Cav.) Ort.
Le chêne-liège (Quercus  suber L. [Fagaceae]) est une [Verbenaceae]) est originaire du Chili. Cette plante est
espèce endémique du bassin méditerranéen occidental très cultivée au Maroc dans les jardins et dans les planta-
présentant une plasticité écologique quant à la tempéra- tions industrielles comme plante aromatique et ornemen-
ture et à la pluviométrie. Au Maroc, il a de tout temps été tale, ainsi que pour ses feuilles, utilisées en phytothérapie.
exploité pour son liège, son écorce tannique et ses glands Partout au Maroc, et plus précisément dans notre région,
206

les feuilles sont utilisées en infusion comme tisane diges- L’anagyre fétide (Anagyris foetida L. [Fabaceae]) contient
tive et sédative. Cette infusion est souvent donnée aux deux alcaloïdes toxiques dérivés de la quinolizidine (l’ana-
nourrissons comme calmant. Son emploi abusif et prolongé gyrine et la cystine) qui possèdent une action émétique et
entraîne des irritations gastriques [20]. purgative très marquée [11]. Ses graines pulvérisées, asso-
ciées au jaune d’œuf, sont employées contre l’asthme.
L’ase fœtide (Ferula assa-foetida L. [Apiaceae]) contient une
Espèces les moins utilisées essence riche en disulfures responsables de sa mauvaise odeur,
D’après le traitement statistique, on a pu regrouper aussi une résine surtout composée d’esters d’acides aromatiques et
les plantes médicinales qui ont une fréquence d’utilisation d’alcools terpéniques, de la gomme et des coumarines, notam-
de l’ordre de 1 et qui sont considérées comme plantes les ment de l’ombelliférone et dérivés, responsables de phéno-
moins utilisées par la population de Zaër. mènes spasmodiques, voire convulsifs. Elle est considérée
Le Tableau 2 montre que les deux familles Apiaceae et comme antalgique, vermifuge et antispasmodique [14].
Asteraceae sont représentées chacune par quatre espèces. Le cubèbe (Piper  cubeba L. [Piperaceae]), importé
Suivies par la famille des Rosaceae avec deux espèces de l’Inde, possède un principe actif appelé la cubé-
(Prunus domestica L. et Prunus persica (L.) Batsch.). Ensuite bine. L’essence est constituée de camphre, de cubèbe, de
viennent les six familles restantes, représentées chacune dipentène, de cadidène, de quiterpène et d’alcools (espé-
par une seule espèce : Cannabinaceae, Cistaceae, Fabaceae, rance)  ; ses graines pulvérisées, associées à l’huile d’olive,
Musaceae, Piperaceae et Rutaceae. sont utilisées en friction dans le traitement des douleurs
Nous pensons que le faible pourcentage d’utilisation de dorsales. Cette plante est prescrite aussi, en poudre, dans
ces plantes médicinales employées en médecine tradition- le traitement des affections urinaires et la maladie de
nelle dans la région de Zaër (Tableau 2) est dû probablement l’utérus [14].
à  : la toxicité des plantes  ; la méconnaissance de certaines
espèces importées, cultivées ou spontanées  ; la considéra-
tion de certaines espèces comme plantes fruitières. Méconnaissance de certaines espèces importées,
cultivées ou spontanées
Toxicité des plantes La Warionia (Warionia  saharae Benth. & Coss. [Astera-
Le chanvre indien (Cannabis  sativa L. [Cannabinaceae]) ceae]) est un petit arbuste à forte odeur, endémique du
renferme un principe actif composé essentiellement d’une Maroc et du Sahara oranais. Cette plante, importée par la
résine contenant plus de 50 types de cannabinoïdes [22]. population locale pour son feuillage, est utilisée, en décoc-
En utilisation locale, les tiges sont employées, en usage tion, contre les douleurs gastro-intestinales. À Marrakech,
externe, contre les verrues. En général, les Marocains utili- l’oléat de feuilles, préparé à chaud, est utilisé par voie vagi-
saient autrefois le chanvre indien comme sédatif [5]. nale contre les maladies du col de l’utérus [5].

Tableau 2. Les espèces médicinales les moins utilisées dans la région de Zaër
Noms vernaculaires Fréquence
Code Espèces médicinales (famille) Famille
Français Arabe locale d’utilisation

8 Ammi majus L. Apiaceae Ammi Trilan 1


11 Ptychotis verticillata Dub. Apiaceae Ptychotis Nanukha 1
20 Eryngium campestre Dod. Apiaceae Panicaut Mghizla 1
23 Ferula assa-foetida L. Apiaceae Ase fœtide Hantita 1
39 Carthamus tinctorius L. Asteraceae Carthame Ôsfur 1
43 Cynara scolymus L. Asteraceae Artichaut cultivé Qouq 1
45 Helianthus annuus L. Asteraceae Tournesol Nuwart chems 1
52 Warionia saharae Benth. & Coss. Asteraceae _ Afessas 1
61 Cannabis sativa L. Cannabinaceae Chanvre indien Kif 1
73 Cistus laurifolius L. Cistaceae Ciste ladanifère Irguel 1
89 Anagyris foetida L. Fabaceae Anagyre fétide Ful Klab 1
146 Musa paresdica L. Musaceae Bananier Banane 1
162 Piper cubeba L. Piperaceae Cubèbe Kebaba 1
188 Prunus domestica L. Rosaceae Prunier Berqouq 1
189 Prunus persica (L.) Batsch. Rosaceae Pêcher Khoukh 1
196 Citrus medica L. Rutaceae Cédratier Pamplemous 1
207

Le ptychotis (Ptychotis  verticillata Dub. [Apiaceae]) est minéraux) sont considérées, par la population de Zaër,
une petite espèce d’Afrique du Nord (du Maroc à la Libye). comme des aliments nutritifs et non médicinaux tels que :
Venant d’autres régions du Maroc, cette plante est très –  le bananier (Musa  paresdica L. [Musaceae]), à goût
récoltée dans la région de Beni-Snassen (Maroc oriental) et d’acétate d’isopentyle, sa peau est utilisée, en friction,
utilisée comme fébrifuge, antispasmodique et antiseptique contre les verrues. Il est souvent recommandé comme anti-
gastro-intestinal [5]. À Zaër, la décoction des feuilles est diarrhéique ;
indiquée contre les maux de l’estomac. –  le prunier (Prunus  domestica L. [Rosaceae]) est un
Le tournesol (Helianthus  annuus L. [Asteraceae]), origi- arbre fruitier, cultivé au Maroc. Les pruneaux sont utilisés
naire d’Amérique centrale, est largement cultivé au Maroc comme laxatif à Zaër et considérés généralement comme
pour ses graines oléagineuses qui sont utilisées, en poudre, diurétique, énergétique, désintoxiquant et décongestion-
comme hypotenseur. Par ailleurs, les capitules jeunes de nant [24] ;
tournesol, hachées, servent à faire des cataplasmes sur les –  le pêcher (Prunus  persica (L.) Batsch. [Rosaceae]),
plaies et les contusions [5]. petit arbre cultivé depuis l’antiquité dans le bassin méditer-
Le carthame (Carthamus  tinctorius L. [Asteraceae]), ranéen et de nos jours dans tous les continents. Ses feuilles
espèce cultivée, est caractérisé par les vertus tinctoriales de sont employées, en décoction, comme vermifuge ;
ses fleurs. Ces dernières, en poudre, mélangées à du jaune –  le cédratier (Citrus  medica L. [Rutaceae]), espèce
d’œuf, sont utilisées pour traiter la jaunisse. En décoction, voisine du citronnier et originaire d’Asie du Sud-Est et plus
elles sont employées souvent contre la constipation et les précisément d’Inde, est cultivé intensivement au Maroc.
règles douloureuses [5]. Son fruit est ovale et verruqueux, trop amer, mais d’odeur
L’artichaut cultivé (Cynara  scolymus L. [Asteraceae]) très agréable. En usage interne, le jus de fruit est indiqué
est, aujourd’hui, cultivé partout au Maroc. Les propriétés comme hypotenseur.
thérapeutiques de ses feuilles, tiges et racines sont connues
depuis des siècles [26]. Partout, la décoction des racines est
prescrite comme un bon remède dans les affections hépa- Conclusion
tiques et comme diurétique. L’artichaut cultivé a un effet
cholérétique, diurétique, hypocholestérolémiant et ampho- Nos résultats obtenus ont montré que la famille des Lamia-
cholérétique [21,22]. ceae occupe la première position avec huit espèces médici-
Le panicaut (Eryngium campestre Dod. [Apiaceae]), plante nales considérées comme plantes les plus utilisées dans la
épineuse, est classée comme mauvaise herbe. Il pousse sur région de Zaër. Parmi elles, deux taxons sont très appréciés
les bords de chemins, les prés secs ou rocailleux, surtout en par la population locale, l’origan (Origanum compactum L.)
sol calcaire. Bien que le panicaut est connu comme plante et la menthe pouliot (Mentha pulegium L.). Ces deux plantes
médicinale à action diurétique mais aussi apéritive et laxa- sont utilisées surtout dans le traitement des désordres diges-
tive [4,12], il est utilisé par la population de Zaër dans le tifs et des affections bronchiques.
traitement de la teigne. D’autres familles sont représentées chacune par une seule
L’ammi (Ammi  majus L. [Apiaceae]), plante d’Europe espèce. Ces espèces peuvent être soit :
méridionale, d’Afrique du Nord et d’Abyssinie, est commun –  spontanées tels le thuya de Berberie (Tetraclinis  arti-
au Maroc. Ses graines contiennent de l’ammoïdine (ou culata (Vah.) Masters) et l’ansérine (Chenopodium  ambro-
8-méthoxy-psoralène) dont l’action photosensibilisatrice sioides L.) qui sont considérés comme fébrifuges. Le lentisque
est utilisée partout au Maroc pour le traitement du vitiligo (Pistacia  lentiscus L.) et le chêne-liège (Quercus  suber L.)
brass, bien que l’utilisation de cette plante a été signalée sont employés dans le traitement de l’appareil digestif  ;
uniquement par une seule personne de la région étudiée. alors que l’herniaire (Herniaria  glabra L.) est très réputée
La plante est considérée aussi comme tonique, carminative, comme plante diurétique ;
diurétique et antispasmodique dans les coliques néphréti- –  cultivées comme le fenugrec (Trigonella foenum graecum
ques et hépatiques [9,16]. L.), le fenouil commun (Foeniculum  vulgare Mill.) et la
Le ciste à feuilles de laurier (Cistus  laurifolius L. [Cista- verveine odorante (Aloysia  citriodora (Cav.) Ort. ) qui sont
ceae]), arbuste pyrofite, aux belles feuilles luisantes vert utilisés surtout dans le traitement des maux gastriques.
sombre et aux fleurs blanches, poussant le plus souvent Par opposition à ses plantes qui sont très utilisées dans la
sur le pourtour méditerranéen. Ses graines pulvérisées, région de Zaër, d’autres espèces médicinales présentent une
mélangées au miel, sont indiquées comme aphrodisiaque. À faible fréquence d’utilisation qui peut être traduite soit par :
Marrakech, elles sont utilisées en décoction avec du galenga –  la toxicité de ces plantes médicinales comme le
(Alpinia officinarum) contre les refroidissements [8]. chanvre indien (Cannabis  sativa  L.) et l’anagyre fétide
(Anagyris foetida L.) ;
–  la méconnaissance de certaines espèces spontanées tel
Considération de certaines espèces comme plantes fruitières
le panicaut (Eryngium  campestre Dod.), espèces cultivées
L’utilisation de certaines plantes fruitières qui grâce à leur tel le carthame (Carthamus tinctorius L.) et espèces impor-
richesse en éléments nutritifs (sucres, vitamines et sels tées tel le ptychotis (Ptychotis verticillata Dub.) ;
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–  la considération de certaines plantes fruitières, par 10. Chakaravarty N (1993) Inhibition of histamine release from mast
les usagers de Zaër, comme plante alimentaire et non cells by nigellone. Ann Allergy 70: 237–42
11. Charnot A (1945) La toxicologie au Maroc. Mémoire de la société des
médicinale. sciences naturelles à Rabat (Maroc). Édition Siège de l’IS, 717 p
Enfin, nous pensons que cette étude ethnobotanique 12. El Ouafi F (1997) Contribution à l’étude des plantes médicinales
réalisée dans la région de Zaër a montré que, depuis les du Maroc. Thèse pour l’obtention du doctorat vétérinaire de IAV
générations anciennes, l’utilisation traditionnelle des plantes Hassan-II, Rabat
13. Ghedira K, Chemli R, Richard B, Zeches M (1991) Study on the tradi-
médicinales persiste encore et cela malgré la révolution de tional pharmacopeia of Tunisia: study on the aerial parts of Ajuga  iva
la technologie médicale. La multiplication de ces études (L.) Schreb. Plant Med Phytoth 25(2–3): 100–11
ethnobotaniques à l’échelle nationale permettra de mieux 14. Hmamouchi M (1999) Les plantes médicinales et aromatiques maro-
connaître les potentialités en ce domaine, d’évaluer les caines. Utilisations, biologie, écologie, chimie, pharmacologie, toxico-
logie, lexique. Imprimerie de Fédala, Mohammedia (Maroc), 389 p
risques conséquents à l’emploi de certaines plantes toxi-
15. Iserin P (2001) Encyclopédie des plantes médicinales, identification,
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209

Annexe A
Fiche - Ethnobotanique

Université Mohammed V - Agdal Date : .............


Facultés des Sciences Fiche N° :........
Rabat

Usage des plantes en médecine traditionnelle


dans la région de Zaër.

Questionnaire ;

Faite une croix dans la case que vous estimez convenable.


Répondre de façon précise et honnête et merci de votre collaboration.

1/ Age A1 A2 A3 A4 A5 A6
2/ Sexe : Masculin Féminin
3/ Niveau d’étude : Analphabète Primaire Secondaire Universitaire
4/ Situation familiale : Célibataire Marié Divorcé Veuve
5/ Profession : Chômage 250-1500DH 1500-5000DH 5000-10000DH >10000DH
6/ Ville : ................... village :...................Douar : ................Nomade :..............

7/ Lorsque vous vous sentez malade, vous vous adressez :

A la médecine traditionnelle , pourquoi : efficace moins cher


acquisition médicament inefficace

A la médecine moderne , pourquoi : efficace plus précise toxicité des plantes

Si c’est les deux, qu’elle est la première :


Médecine moderne Médecine traditionnelle

8/ Résultats des soins :


Guérison Amélioration
Evolution de la maladie Effets secondaires
Intoxication

9/ Utilisez - vous les plantes avec des doses précises : Oui Non

10/ Lorsque vous voulez utiliser une plante, vous vous adressez à :

Expérience des autres Herboristes (Achab - Attar)


Pharmaciens Livres

11/ Connaissez - vous des plantes toxiques de la région


..............................................................................................................................
Tournez la page S.V. P.

12/ Type de maladie


1. Appareil Circulatoire 2.Appareil Digestif 3.Appareil Respiratoire 4.Appareil Urinaire.
5. Appareil Génital 6.Appareil Auditif. 7. Appareil Visuel. 8. Système nerveux 9.Squelette. 10. Peau.

13/ Partie utilisé


1. Partie souterraine 2.Tige 3.Feuille 4.Fleurs 5.Fruits 6.Toute la plante

14/ Mode de préparation


1. Infusion 2. Décoction 3.Cataplasme 4.Macération 5.Inhalation 6.Friction 7.Goutte 8.Divers

Espèce Maladie Partie utilisée Mode de préparation

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