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Documentation et bibliothèques

Technologies d’exploitation du big data dans les organisations


et transformations organisationnelles : une étude de cas au
sein du Service de santé des armées françaises
Marc Tanti

Les données et les sciences de l’information Résumé de l'article


Volume 63, numéro 4, octobre–décembre 2017 L’exploitation des données sanitaires du big data via des technologies de
collecte, de visualisation et de communication a permis au Service de santé des
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1042310ar armées françaises de créer une valeur stratégique. Par exemple, après le
DOI : https://doi.org/10.7202/1042310ar tsunami de 2004 en Asie, cette exploitation a permis d’anticiper les épidémies
pour les forces envoyées en soutien humanitaire. Plus récemment, dans le
contexte de l’épidémie d’Ebola en Afrique, des vies humaines ont pu être
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préservées. L’appropriation de tels outils a également entraîné des
bouleversements dans l’organisation et la culture organisationnelle,
notamment un décloisonnement spatio-temporel des activités et un gain de
Éditeur(s) coordination.
Association pour l'avancement des sciences et des techniques de la
documentation (ASTED)

ISSN
0315-2340 (imprimé)
2291-8949 (numérique)

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Citer cet article


Tanti, M. (2017). Technologies d’exploitation du big data dans les organisations
et transformations organisationnelles : une étude de cas au sein du Service de
santé des armées françaises. Documentation et bibliothèques, 63 (4), 46–58.
https://doi.org/10.7202/1042310ar

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LES DONNÉES ET LES SCIENCES DE L’INFORMATION

TECHNOLOGIES D’EXPLOITATION
DU BIG DATA DANS LES ORGANISATIONS ET
TRANSFORMATIONS ORGANISATIONNELLES :
UNE ÉTUDE DE CAS AU SEIN DU SERVICE
DE SANTÉ DES ARMÉES FRANÇAISES
Marc Tanti, Ph. D.
Adjoint au chef de service de veille sanitaire du Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA)
Chef de projets de recherches en sciences de l’information CESPA – UMR 912-SESSTIM-iNSERM-IRD-AMU
Chercheur associé à l’IRSIC-EA-4262
mtanti@gmx.fr
RÉSUMÉ | ABSTRACT

L’exploitation des données sanitaires du big data via des tech- Operating Technologies of Big Data in Organisations and
nologies de collecte, de visualisation et de communication a Organisational Change : A Case Study of the Service de
permis au Service de santé des armées françaises de créer santé des armées française
une valeur stratégique. Par exemple, après le tsunami de The exploitation of health-related data of big data using collec-
2004 en Asie, cette exploitation a permis d’anticiper les épi- tion, visualisation and communication technologies has enabled
démies pour les forces envoyées en soutien humanitaire. Plus the Service de santé des armées française to produce strategic
récemment, dans le contexte de l’épidémie d’Ebola en value. For example, following the 2004 tsunami in Asia, this
Afrique, des vies humaines ont pu être préservées. L’appro- exploitation enabled the humanitarian resources to better antici-
priation de tels outils a également entraîné des bouleverse- pate epidemics. More recently, during the Ebola epidemic in Africa,
ments dans l’organisation et la culture organisationnelle, human lives were saved. The mastery of such tools also brought
notamment un décloisonnement spatio-temporel des activi- about important changes within the organisation and its culture,
tés et un gain de coordination. namely the spatiotemporal decompartmentalisation of activities
and improved coordination.

Problème de recherche Par exemple, dans le domaine de la finance, notamment des


banques et des assurances, les projets d’exploitations des
Ces dernières années, le nombre de données circulant sur
données du big data permettent d’aider aux prises de déci-
Internet a littéralement explosé. Ce phénomène de données
sions concernant les données à conserver dans le cadre régle-
massives, ou big data, amène les organisations à se position-
mentaire (Karoui 2014). Dans le secteur du trading, des
ner sur l’exploitation de tels volumes d’informations et
projets d’exploitation des données massives ont été conçus
notamment à mettre en place des processus organisationnels
pour identifier les mouvements de fonds suspects. C’est le cas
pour les aider à maîtriser cette pléthore d’informations à des
par exemple pour l’entreprise BourseDirect (Karoui 2014).
fins d’intelligence pour la décision et l’action (Cohen 2013).
L’exploitation de ces données peut permettre également de
Ainsi, face à l’ampleur de ce phénomène, lié notamment à créer de nouveaux services pour les clients. Dans ce cadre, Le
la prolifération des données des réseaux sociaux, télé- Crédit Mutuel Arkéa a été primé en 2013 pour l’exploitation
phones intelligents, applications mobiles, etc., leur crois- de ses données d’historiques d’opérations clients pour la
sance exponentielle et les problèmes de repérage, d’accès, création de nouveaux services aux usagers (Karoui 2014).
de gestion et de traitement de ces données, un certain
Le domaine médical est également un domaine où les don-
nombre d’organisations, entre autres des entreprises du
nées sont devenues pléthoriques sur Internet (Raghupathi
domaine privé, se sont engagées dans des travaux d’exploi-
2014). Le secteur sanitaire est particulièrement touché, sur-
tation de ces données massives (Karoui 2014).
tout en raison de l’émergence croissante des données

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épidémiques et des données issues du séquençage des Web (images, vidéos, sons, textes), des transactions de com-
génomes. Dans ce secteur, les données accumulées sont merce électronique, des échanges sur les réseaux sociaux,
chiffrées, analysées statistiquement (Alles 2014), mais elles des données transmises par les objets connectés (étiquettes
sont aussi non chiffrées, non quantifiables, non structurées, électroniques, compteurs intelligents, téléphones intelli-
de type socioculturel, par exemple. gents…), des données géolocalisées.
Les organisations de santé publique portent une attention Le big data correspond à une évolution de la business intel-
particulière à ces différentes formes de données, entre ligence qui repose sur des entrepôts de données limités en
autres pour orienter les politiques décisionnelles. Ces orga- taille (quelques téraoctets) et gérant difficilement des don-
nisations recherchent aujourd’hui des méthodes et des stra- nées non structurées et des analyses en temps réel. L’avène-
tégies afin de les « faire parler » (Hamel 2013), notamment ment du big data ouvre une nouvelle ère technologique qui
pour apporter une valeur ajoutée en matière de perfor- offre des architectures et des infrastructures évoluées qui
mance organisationnelle, de prise de décision, de stratégies permettent en particulier des analyses sophistiquées, pre-
(Brasseur 2013 ; Vayre 2014) ou d’amélioration de l’action nant en compte ces nouvelles données intégrées à l’écosys-
publique (Hoppe 2015). tème de l’entreprise (Chen 2014).
Le présent article a pour objectif de présenter le dispositif de Le big data peut se définir par trois composantes (Delort 2015) :
veille sanitaire développé par l’organisation militaire fran- • Son volume : on le définit généralement à partir de
çaise, considéré comme un dispositif infocommunicationnel. cinq téraoctets de données à traiter, ce que les logiciels
Selon Couzinet (2011), un dispositif infocommunicationnel ou les bases de données classiques ne peuvent faire ;
est un lieu où humains, objets matériels et liens s’organisent
• Sa variété : les données acquises sont brutes ou struc-
pour mettre en œuvre des interactions. Un tel dispositif,
turées, au format texte ou image, avec des proprié-
dédié à la « mise en commun d’informations et au partage
taires et des droits d’utilisation aussi différents que
des savoirs », se compose « d’acteurs, de techniques et d’ob-
leurs sources ;
jets matériels en interaction permanente et dans un contexte
défini, tous liés entre eux » (Couzinet 2011). • Sa vélocité : il faut être capable d’intégrer en temps réel
les dernières données disponibles et les lier aux autres
Dans le dispositif étudié, des mégadonnées de l’Internet jeux de données sans recommencer une analyse com-
sanitaire sont exploitées dans le domaine de la santé plète à chaque cycle.
publique militaire (Boutin 2004). Dans ce cadre, notre article
présente et interroge les technologies mises en œuvre pour Un quatrième « V » pour véracité peut être rajouté à cette
collecter, analyser et communiquer ces données massives. définition pour évoquer la nécessité de vérifier la crédibilité
des sources et la qualité des contenus afin de permettre une
À partir de cette recherche-action, les enjeux organisation- exploitation des données (Marr 2015).
nels soulevés par l’exploitation de tels volumes d’informa-
tions sont également contestés, notamment les Ces différentes composantes du big data nécessitent donc
transformations organisationnelles induites (Parks 2014 ; de nouvelles formes d’outils et de traitement de l’informa-
Béranger 2016). L’article a également pour objectif de réflé- tion (Pouyllau 2013).
chir aux apports en matière de construction des connais-
sances et de création de valeurs. Technologies
Selon Cointot, le big data recouvre l’ensemble des techno-
logies, métiers, approches conceptuelles permettant
Cadre théorique d’exploiter l’ensemble des données
Big data L’avènement du big data ouvre générées par les hommes de façon
une nouvelle ère technologique consciente ou non et par tous les objets
Définition qui offre des architectures et des
connectés ou non (Cointot 2014).
Selon Babinet (2015), le big data (ou infrastructures évoluées qui Les technologies qui permettent l’ex-
mégadonnées ou données massives) ploitation de ces données au volume
désigne l’ensemble des données numé-
permettent en particulier des
important présentent quelques points
riques produites par l’utilisation des analyses sophistiquées, prenant particuliers, notamment pour per-
nouvelles technologies à des fins per- en compte ces nouvelles données mettre la collecte et la « fouille » dans
sonnelles ou professionnelles. Cela intégrées à l’écosystème de ces données de grand volume. Ainsi,
recoupe les données d’entreprise l’entreprise. pour arriver à retrouver une épingle
(courriels, documents, bases de don- dans une meule de foin multidimen-
nées, historiques de processeurs métiers...) aussi bien que sionnelle, sans savoir à quoi ressemble l’épingle ni si la
des données issues de capteurs, des contenus publiés sur le meule de foin en contient une, des outils statistiques, de

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classification et de visualisation des données sont néces- Selon Ferguson, le vrai problème est la conduite du change-
saires (Weinstein 2013). ment dans la mesure où le vrai défi pour les organisations est
d’arriver à faire les changements nécessaires au niveau des
Dans ce cadre, un certain nombre de solutions de visuali-
processus et des ressources humaines pour pouvoir mettre
sation de données du big data et plus largement de datas-
en place les initiatives analytiques que requiert un projet
capes du Web (paysages de données) sont aujourd’hui
d’exploitation des données du big data (Ferguson 2013).
utilisables, notamment par des non-experts. Les topologies
du Web peuvent ainsi être générées par des logiciels de Selon une étude du CIGREF : « Le big data est une compo-
calculs de graphes à partir de moissonnage de données et sante de la transformation de l’entreprise, il est transversal
de liens utilisables dans l’exploitation des données massives et touche tous les métiers. En ce sens, le big data n’est pas
(Boullier 2016). C’est par exemple le cas de Gephi1, dont un projet SI : c’est une manière nouvelle de penser et d’ap-
nous reparlerons plus tard dans cet article. préhender l’information. Il s’agit donc davantage d’une
(r)évolution culturelle et technologique que d’un nouveau
Des capacités matérielles conséquentes pour le stockage
sujet SI. » (CIGREF 2013)
comme pour les ressources processeurs sont également
indispensables au traitement de ces données massives. Le phénomène du big data pour les entreprises recouvre
Dans ce contexte, Le « cloud », le nuage, symbolise la multi- ainsi deux réalités : d’une part cette explosion des données
tude d’unités informatiques et accessibles depuis l’Internet de façon continue, d’autre part la capacité technologique de
pour le traitement et le stockage des données du big data traiter et d’analyser cette grande masse de données pour en
(Delort 2015). tirer un profit (CIGREF 2013). Grâce au big data, les entre-
prises peuvent désormais gérer et traiter des données mas-
Enfin, dans les technologies, les Environnements Numé-
sives pour en extraire de la valeur, décider et agir en temps
riques de Travail (ENT) ont aussi leur importance. Ainsi,
réel (CIGREF 2013). L’enjeu central pour elles est bien
lorsque les usagers se connectent, quel que soit le lieu, ils
« d’améliorer l’efficacité des prises de décision par l’exploi-
peuvent retrouver immédiatement leur poste de travail,
tation d’informations protéiformes » (CIGREF 2013). Elles
dossiers, documents, courriels... De la même façon, on peut
deviennent ainsi plus réactives et plus concurrentielles. De
préciser que l’infonuagique est aussi centrée sur la tâche à
fait, la capacité à traiter de grandes masses de données, à tis-
accomplir. L’utilisateur ne se préoccupe ainsi plus des types
ser des liens et corrélations entre des informations hétéro-
d’applications à utiliser, mais bien de la tâche à réaliser
gènes et à faire communiquer entre elles des données
(Delort 2015).
structurées ou non, ouvre la voie à des traitements probabi-
En conclusion, la technologie occupe une place centrale dans listes qui permettent l’amélioration des opérations managé-
le développement et la transformation des organisations. Les riales et la conception de produits et services innovants pour
relations entre les deux (technologie/organisation) ont d’ail- les clients (CIGREF 2013). Aussi, aujourd’hui, le big data est
leurs fait l’objet de nombreux travaux (Markus 1988 ; Orli- corrélé à l’avantage concurrentiel des entreprises et repré-
kowski 1992 ; Orlikowski 2000 ; Kefi 2004). Cette approche sente pour elles un atout considérable (CIGREF 2013).
qualifiée d’ailleurs de « déterminisme technologique » repose
Cette appropriation d’outils, de technologies devenues
sur de nombreuses disciplines telles que la sociologie, l’éco-
incontournables pour conserver un avantage concurrentiel
nomie et la gestion. L’hétérogénéité de ces approches per-
impose ainsi à l’entreprise de nouvelles exigences en
met, selon MacKenzie (1999), d’extraire plusieurs
matière de compétences, d’autonomie et de capacité
caractéristiques. Notamment, la technologie est considérée
d’adaptation des travailleurs dont l’efficience est censée
comme un artefact doté d’un ensemble de caractéristiques
croître (Benraiss 2005). Cette appropriation d’outils agit sur
matérielles dont le développement est structuré par des lois
l’organisation du travail, impose de nouvelles méthodes, de
scientifiques extérieures à la sphère organisationnelle, mais
nouvelles pratiques et affecte les attitudes et les comporte-
dont les effets sont appréhendés en termes d’impacts sur les
ments (Benraiss 2005).
usages et l’organisation (MacKenzie 1999).
Ces bouleversements liés à ces nouveaux usages touchent
la structure même de l’entreprise qui se modifie, « s’hori-
Transformations organisationnelles
zontalise » (Lejeune 2010). La hiérarchie devient ainsi plus
Le paradigme du big data n’est donc pas que technologique. informelle. La communication se fait plus librement, tant
Il a ainsi imposé à l’entreprise des transformations organi- sur le plan horizontal que vertical. L’information circule
sationnelles pour canaliser ce flux incessant de données et plus rapidement et plus efficacement. Le dialogue social se
pour en tirer l’information nécessaire à la prise de décision modifie. L’organisation économique subit également des
(Cointot 2014 ; Delort 2015). modifications. Le changement ne se situe donc plus uni-
quement sur le plan professionnel ou organisationnel. Il se
1. <gephi.org/>. manifeste dans de nouveaux rapports sociaux et

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économiques qui découlent de l’appropriation sociale des les organismes, les relations entre citoyens et gouverne-
technologies (Lejeune 2010). La culture du travail et la rela- ments, et bien plus. (Mayer-Schoenberger et al. 2014)
tion au travail ne sont pas non plus épargnées et subiessent
Le big data n’est pas en soi une discipline dédiée à la pré-
des bouleversements profonds (Lejeune 2010).
diction, mais plutôt à l’analyse brute de grande quantité
Silva a réalisé une étude sur les nouvelles pratiques sociales de données (Cointot 2014). Dans bien des cas, ces analyses
liées à ces technologies dans les grandes entreprises (Silva sont en elles-mêmes suffisantes pour permettre d’en
2009). Il a notamment analysé les changements de valeurs extraire des informations de qualité dont il pourra être fait
à l’origine de transformations sociales (Silva 2009). Selon immédiatement usage (Cointot 2014). Par exemple, en
cet auteur : médecine, des recherches de marqueurs de pathogènes
[…] les TIC favorisent les fragmentations des temporalités, dans les analyses médicales d’un grand nombre de
l’éclatement des espaces et les différenciations de personnes patients peuvent permettre de savoir quelle population
[...]. Les rythmes et lieux de travail ne sont plus partagés exposée à un environnement particulier peut être affectée
par l’ensemble de l’entreprise. Il se développe, de fait, des d’une pathologie particulière. Cette construction de savoir
territorialisations, c’est-à-dire des espaces temps propres à peut ainsi constituer une valeur permettant la mise en
telle équipe ou à tel projet. La cohésion de l’entreprise peut place d’actions spécifiques auprès de cette population
être contestée [...]. Les TIC ont catalysé différents facteurs (Cointot 2014).
d’éclatement des groupes de salariés. En effet, elles favo- L’objectif est ainsi de créer, à partir de ces données quelque
risent la déconstruction des chaînes de responsabilités, chose d’utile, de pertinent permettant d’accroître la connais-
dans la mesure où les messageries, par exemple, peuvent sance (Hyeans 2016).
permettre de contourner certains pro-
cessus hiérarchiques ou techniques, L’objectif, à partir de l’exploitation Pour Le Coadic (2004) : « La connais-
pour favoriser des liens informels qui de ces données massives, est de sance est le résultat de l’acte de
s’étoffent [...]. L’informatisation va connaître, acte par lequel l’esprit
créer quelque chose d’utile, de humain saisit un objet. Connaître, c’est
accompagner et augmenter cet effet de
pertinent et permettant d’accroître être capable de former l’idée de
fragmentation du travail et des rela-
tions sociales dans l’entreprise. (Silva la connaissance pour la prise quelque chose, c’est avoir présent à
2009) de décision et l’action. l’esprit. »

Les TIC modifient de multiples fonctions de l’entreprise : Selon cet auteur, « la connaissance
informations décisionnelles, informations de communica- peut aller jusqu’à la compréhension exacte et complète des
tion, de création et de données sociales (Silva 2009 ; Silva objets [...] dans le but de permettre une adaptation à l’envi-
2010). C’est ainsi qu’émerge une nouvelle forme d’organi- ronnement (naturel et humain) » (Le Coadic 2004).
sation du travail, centrée notamment sur les activités colla- La connaissance possède quelque chose de supérieur. En
boratives qui constituent une rupture culturelle importante, effet, selon Foray (2009), elle donne à son détenteur une
notamment lorsqu’elles impliquent des personnes situées capacité d’action intellectuelle et physique.
dans des lieux, des situations hiérarchiques et des tempo-
ralités différentes (Silva 2009 ; Silva 2010). Cette forme d’or-
ganisation est non plus seulement fondée sur l’individu, Création de valeurs
mais sur la capacité qu’il a de travailler avec d’autres, base Outre les quatre composantes décrites précédemment –
de la valeur et de l’innovation pour les entreprises (Silva volume, variété, vélocité, véracité (Delort 2015), une cin-
2009 ; Silva 2010). quième composante peut également définir le big data : la
création de valeurs (Marr 2015 ; Babinet 2015). En effet, l’un
La multiplication des flux de données impacte donc direc-
des aspects notoires des data, c’est que l’on ne connaît pas
tement la performance individuelle des personnes.
nécessairement a priori le trésor qui se cache en son sein.
L’objectif, à partir de l’exploitation de ces données massives,
Construction de connaissances est de créer quelque chose d’utile, de pertinent et permet-
Dans leur ouvrage big data, Mayer-Schoenberger & Cukier tant d’accroître la connaissance pour la prise de décision et
introduisent leur livre de cette manière : l’action (Babinet 2015).

Le phénomène des mégadonnées désigne tout ce qui peut La création de valeurs est un concept suscitant aujourd’hui
être fait à une large échelle et non à une échelle plus réduite, un intérêt croissant dans différents domaines des sciences
afin d’extraire de nouvelles connaissances ou de créer de de gestion : management stratégique, finance d’entreprise,
nouvelles formes de valeur, bouleversant ainsi les marchés, comptabilité, contrôle de gestion, organisation, marketing.

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Bourguignon distingue trois acceptions de la valeur : la valeur comme celle qui fait mieux que ses concurrents sur le court,
au sens de mesure (en particulier dans les disciplines scien- le moyen et le long terme, dans l’idéal d’un ensemble de
tifiques que sont les mathématiques et la physique), la valeur paramètres définissant la performance, au minimum sur
au sens économique et la valeur au sens philosophique ceux jugés être les plus significatifs. Bourguignon (1995)
(Bourguignon 1998). Le terme de valeur est synonyme de pense que la définition de la performance est corrélée à
celui de richesse. Le thème de la valeur fait ainsi l’objet de l’appréciation du marché : part de marché, chiffre d’affaires,
regards multiples ou de paradigmes, c’est-à-dire de visions nombre de créances douteuses ou de plaintes de la clien-
communes aux membres d’un groupe donné (Kuhn 1983). tèle dues à la qualité des produits.
La problématique de la valeur renvoie donc à la question des
La contribution originale des pionniers à cette dimension
destinataires de la valeur créée : pour qui créer de la valeur ?
de la performance réside dans sa relation au concept d’in-
Dans le cadre de la finance d’entreprise, la valeur est souvent
novation, processus managérial consistant à innover, c’est-
une valeur financière pour l’actionnaire.
à-dire à chercher à améliorer constamment l’existant, un
Créer de la valeur en économie, c’est ainsi la faire varier concept souvent au cœur des préoccupations stratégiques
dans le sens de la hausse. A contrario, détruire de la valeur, des entreprises (Drucker 1957).
c’est la faire baisser au cours du temps. La création de la
valeur économique est au cœur de l’activité des organisa-
tions et au centre de leur vocation, de leur raison d’être et Méthode
de leur stratégie (Savall 2008). L’analyse du dispositif s’est d’abord effectuée par une obser-
vation non participante au sein du service chargé de l’ex-
La notion de création de valeurs est elle-même polymorphe,
ploitation des données du big data sanitaire dans les armées
car elle génère de nombreux indicateurs qui prennent
(Tanti 2010). Dans le cadre de cette approche globale qua-
essentiellement appui sur des bases comptables, boursières
litative, l’observation non participante a permis, par le fait
ou économiques. De ce fait, dans l’entreprise, la création de
que l’observateur n’est pas membre du dispositif et par le
la valeur s’apprécie au niveau de l’actionnaire (Elidrissi
fait qu’il reste en retrait durant les observations, de garder
2010). Une entreprise crée de la valeur si le résultat dégagé
une part d’objectivité dans les analyses, constituant ainsi un
par l’exploitation est supérieur au coût des capitaux inves-
outil de valeur dans l’analyse de l’objet de recherche.
tis. Elle s’apprécie aussi au travers les gains réalisés au-delà
du coût du capital investi. Cette observation non participante s’est déroulée durant
trois mois en 2014. Elle a ainsi permis une meilleure com-
Un investissement en systèmes d’information (SI) peut
préhension des acteurs du dispositif, de leurs rôles dans
générer trois types de gains pour l’entreprise. Elle peut
l’organisation, de leurs modes de travail, de leurs modes de
générer des gains mesurables en unités monétaires. Elle
communications, ainsi que des objets informationnels et
peut générer des gains estimables en unités non monétaires
techniques produits et mis en jeu dans l’organisation,
(gain de volume, temps, espace, performance, stratégique,
notamment des produits documentaires et des systèmes
etc.) (Elidrissi 2010). Elle peut aussi générer des gains peu
d’information développés.
tangibles (autonomie de l’utilisateur de l’information, satis-
faction des clients, meilleure collaboration en interne, accu- L’étude s’est poursuivie par des entretiens de ces acteurs
mulation de l’expertise technologique, etc.) (Elidrissi 2010). rendus possibles par l’analyse des données récoltées anté-
rieurement. Cette enquête, également réalisée en 2014
Dans le cas des organisations publiques, comme dans notre
auprès des acteurs du dispositif (avec un total de six parti-
étude, la création de la valeur ne peut a priori s’estimer
cipants interrogés), a consisté en des entretiens semi-direc-
qu’en unités non monétaires et qu’en gains peu tangibles,
tifs, avec grilles. Ces entretiens ont ainsi permis une
notamment qu’en termes de gain stratégique et décision-
connaissance plus précise des interlocuteurs, l’expression
nel, car elles n’ont pas vocation à faire de profits.
de leurs opinions, des expériences vécues, une meilleure
La performance est aussi très liée au concept de création de appréhension des outils de traitements de données, de leurs
valeurs afin de permettre la prise de décisions managé- modes de partage et de production de la connaissance à
riales, stratégiques idoines et adéquates d’une part, et de l’échelle individuelle et collective, des valeurs créées et des
rendre l’organisation concurrentielle. Certains auteurs l’as- modalités de fonctionnement des équipes, des technologies
similent à l’efficacité, à la capacité ou à la compétitivité, et de leurs usages, de l’organisation et des collaborations.
d’autres à l’efficience, au rendement, à la productivité, et
Enfin, une analyse du dispositif sous le prisme des concepts
d’autres, enfin lui associent des notions telles que la santé,
mobilisés dans le cadre théorique de cet article a été effec-
la réussite, le succès et l’excellence (Little 1973 ; Bourgui-
tuée, notamment l’analyse des aspects construction de
gnon 1995 ; Tchankam 2000). Par exemple, Little (1973) l’as-
connaissances et création de valeur du dispositif.
simile comme la mise en œuvre et sa réalisation d’une
action. Tchankam (2000) définit l’entreprise performante

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Résultats informelles et de la rumeur est également effectuée à partir
du Web social, notamment de Twitter4 et des forums de dis-
Technologies d’exploitation des données cussions comme Doctissimo.fr5.
massives Grâce au moteur de recherche Pickanews6 et via le moteur
Sur le Web, il existe encore plus de données que d’étoiles de recherche d’Europresse, l’organisation effectue un suivi
dans l’univers. Face à cette croissance exponentielle et afin quantitatif en rapport avec ses mots-clés d’intérêts
d’exploiter ces données pour en retirer l’information sanitaire (Chikungunya, Ebola, Zika…) sur les différents médias et sur
utile à la prise de décision, le dispositif utilise des outils de Twitter.
collecte automatisée et semi-automatisée et des outils d’aide
à l’analyse et de classification/visualisation de données. Le dispositif utilise également des outils d’alertes7 pour sur-
veiller les données sanitaires en rapport avec les théma-
Outils de collecte automatisée tiques d’intérêts sur le Web.
ou semi-automatisée
Outils d’aide à l’analyse, de visualisation
Le dispositif collecte ainsi de manière automatique les don-
et de classification des données
nées bibliographiques du big data médical à partir du ser-
vice MyNCBI du logiciel PubMed (Bussières 2003). Ce Le dispositif fait usage d’un certain nombre d’outils d’aide
service permet l’interrogation de la base de données biblio- à l’analyse permettant une visualisation des contenus et la
graphique en sciences de la santé Medline (MEDical Lite- classification de données.
rature Analysis and Retrieval System on LINE) produite par Ainsi, le moteur de recherche Pickanews, au-delà de per-
la National Library of Medicine (NLM) aux É.-U. Il permet mettre un suivi quantitatif de l’évolution des données d’in-
la collecte automatisée de données massives de cette base térêts pour la veille sur les médias et Twitter, permet aussi
à partir d’un profil et d’équations de recherches définies. de rassembler ces données, de les classer et de les analyser
Les données sont extraites selon ce profil et sont adressées par type de presse, médias ou date. Ce moteur permet de
automatiquement par courriel à l’organisation soit immé- surveiller les mots-clés définis et d’accéder aux articles
diatement dès leur parution, soit selon une périodicité défi- identifiés.
nie en fonction des thématiques (Eveillard 2012). Par
Le logiciel bluenod8 permet une analyse des influenceurs
exemple, l’organisation suit avec attention, via cet outil, les
et de leurs réseaux sur Twitter. Il permet en particulier de
dernières données de recherches sur les virus Chikungunya,
gérer directement les listes de ce réseau social, d’exporter
Ebola et Zika.
des données et de cibler les communautés liées aux sujets.
Le système collecte également de manière automatique et Enfin, cet outil construit des représentations cartogra-
en temps réel les données épidémiques à partir du pro- phiques de l’information et classe les données. Il a permis
gramme international de veille épidémiologique sur les par exemple de déterminer quels étaient les protagonistes
maladies émergentes PromMED-mail (Cowen 2006). Ce intervenant dans le champ de l’épidémie d’Ebola 2014-2015
service permet notamment la réception automatique et l’évolution de leurs discours. Le logiciel MapDTweetmap9
d’alertes épidémiques dans la boîte aux lettres électronique. est également utilisé dans le dispositif pour géolocaliser sur
Dans ce cadre, lors des dernières épidémies de grippe A Twitter les échanges de tweets et déterminer les meilleurs
(H1N1), cet outil a permis un suivi quotidien des données hashtags.
relatives à l’évolution du nombre de cas à l’échelle
L’outil Gephi10, dont nous avons parlé plus haut, permet la
mondiale.
visualisation et la cartographie de données sur Twitter, et
À partir d’Europresse.com2 et de Factiva3 et avec différentes l’analyse de réseaux, notamment de l’activité en réaction à
équations de recherche, le dispositif collecte automatique- des événements. Par exemple, dans le cadre de l’épidémie
ment les données sanitaires et épidémiques issues de plus d’Ebola 2014-2015, il a permis un suivi des réseaux constitués
80 médias français nationaux et internationaux. Par exemple, en réaction aux pics épidémiques et l’importation de cas.
il extrait les données des médias français LeMonde.fr ou
Lefigaro.fr et des médias internationaux comme elwatan.
com, theguardian.com ou nytimes.com. À titre d’exemple, le
4. <twitter.com>.
dispositif a pu effectuer un suivi des rumeurs épidémiques
5. <www.doctissimo.fr>.
sur ces médias lors de les dernières épidémies d’Ebola
6. <www.pickanews.com>.
(2014-2015) et de Zika (2016). Une extraction des données
7. Google Alertes : <www.google.fr/alerts>.
8. <bluenod.com>.
2. <www.europresse.com/fr>. 9. <www.mapd.com/demos/tweetmap/>.
3. <www.dowjones.com/products/factiva>. 10. <gephi.org/>.

DOCUMENTATION ET BIBLIOTHÈQUES | OCTOBRE – DÉCEMBRE 2017 51


Enfin, l’outil AISummarizer11 est un outil d’analyse linguis- et de l’État-major des armées (EMA), des experts militaires
tique utilisé dans le dispositif pour faire des résumés mul- en santé et des médecins d’unités. Trois systèmes d’infor-
tilingues concis de pages Web et de documents. Dans ce mation (SI) hébergés sur cette plateforme ont ainsi été
cadre, il trouve son intérêt dans l’aide à l’analyse de données développés pour répondre aux besoins informationnels de
épidémiques de l’OMS ou de Santé publique France. ces différents usagers.
Le premier SI a été dénommé BEDOUIN, pour Banque Épi-
Outils de diffusion et de communication
démiologique de Données sur l’OUtre-mer et la zone
des données INter-tropicale (Figure 1). Il diffuse les données filtrées et ana-
Les données collectées, classées et synthétisées sont finale- lysées sur les risques sanitaires pour les forces hors de France
ment mises en forme et diffusées en temps réel ou quasi réel issues du big data. Le contenu est architecturé par pays.
sur une plateforme intranet sécurisée, dans un espace de
travail collaboratif avec un Environnement Numérique de Le deuxième SI s’appelle REDUVES pour base de données
Travail (ENT) dédié au dispositif (Boutin 2004 ; Tanti 2010). en REcherches et Développements de l’Unité de VEille
Sanitaire (Figure 2). Il diffuse les données scientifiques du
Il faut noter les capacités conséquentes de stockage sur des
big data sur les agents du risque biologique (en matière de
serveurs sécurisés pour le traitement de ces données mas-
nouveaux traitements, diagnostics…). Dans ce cadre, les
sives, ainsi que des ressources processeurs élevées.
contenus captés et filtrés sont architecturés par risques et
Les données captées sont diffusées dans cette plateforme par agents.
principalement sous forme hypertextuelle, permettant de
Le dernier SI s’appelle INTRACESPA, pour Intranet du
naviguer d’une unité d’information à une autre. La naviga-
CESPA (Figure 3). Il diffuse différentes données internes au
tion peut aussi se faire via un moteur de recherche (Tanti
SSA, principalement relatives aux investigations d’épidé-
2010). Il existe différents profils d’utilisateurs, principale-
mies et aux programmes militaires de santé publique. Les
ment des décideurs du Service de santé des armées (SSA)
données sont consultables par auteur de publication,
thème, en mode multicritère, en recherche simple/avancée
11. <aisummarizer.com/summarizer/index.jsp ?ui.lang=fr>. et par navigation arborescente.

FIGURE 1
Page d’accueil du SI BEDOUIN

52 OCTOBRE – DÉCEMBRE 2017 | DOCUMENTATION ET BIBLIOTHÈQUES


FIGURE 2
Page d’accueil du SI REDUVES

FIGURE 3
Page d’accueil du SI intraCespa

DOCUMENTATION ET BIBLIOTHÈQUES | OCTOBRE – DÉCEMBRE 2017 53


Dans cette plateforme intranet, outre les SI diffusant et stoc- collectif est devenu plus efficace. L’acteur de l’exploitation
kant les données, les usagers peuvent communiquer entre des données à son échelle a ainsi pu percevoir de manière
eux, partager les informations, les commenter, se les réap- plus fine son utilité à l’échelle collective.
proprier via des outils de travail collaboratif et un Environ-
Les outils, par leur mutualisation et leur réappropriation
nement Numérique de Travail (ENT). La communication
collective, ont également permis l’extraction de données
dans cet ENT se fait de manière asynchrone par messagerie
« cachées » menant à une amélioration de la créativité, de
électronique Outlook, qui tend à devenir un moyen de com-
l’innovation, de l’activité intellectuelle, de l’intérêt au travail
munication instantanée. À cette messagerie, un annuaire
et de ses conditions d’exercice, raison d’être du travail
des experts, un agenda électronique et un gestionnaire de
humain. Une transformation organisationnelle en a été
communautés de « projets » sont associés pour permettre
induite, notamment en gain d’efficacité, de créativité, d’in-
une réappropriation et un partage collectif des données et
novation, de productivité et de compétences individuelles
la création d’intelligence, de nouvelles connaissances et de
et collectives.
la valeur.
Dans les transformations, il est important de noter que les
outils de collecte et d’aide à l’analyse soutiennent les acteurs
Transformations organisationnelles
de l’exploitation et le dispositif face à un flux de mégadon-
Les entretiens avec les acteurs du dispositif ont révélé que nées de qualité variable, mais de quantité pléthorique. Ils
les technologies de collecte, d’aide à l’analyse et de diffu- permettent au dispositif, comme nous l’avons dit, un gain
sion/communication des données utilisées dans l’exploita- de temps dans la collecte, la sélection, la classification, la
tion du big data sanitaire ont induit des transformations mise en forme, la visualisation des données. Mais ils ne
dans l’organisation étudiée. remplacent pas l’analyse humaine et l’expertise qui
demeurent indispensables ! Dans ce dispositif, il existe un
Transformations induites des outils de collecte réseau d’experts (médecins, scientifiques, vétérinaires…)
et d’analyse qui exploite, interprète de manière intellectuelle la masse
Les outils de collecte automatisée, de classification de don- de données collectées. Malgré l’intérêt de l’ensemble des
nées et d’aide à l’analyse ont permis à l’organisation un gain technologies, seul l’humain a la capacité de recouper les
considérable de temps dans la gestion et la réalisation des données collectées et de vérifier les erreurs de doublon-
tâches pour atteindre les objectifs définis. Les outils se sont nage. Seul l’humain a la faculté de repérer dans les discours
ainsi mis au service des humains. ce qui se fait au-delà ce qui se dit (Lupton 1992) et d’appor-
ter une expertise sur les échanges concernant les probléma-
Un questionnement sur l’impact des usages des outils de
tiques questionnées. Seul l’humain a le pouvoir d’effectuer
collecte a été mené, notamment pour déterminer les nou-
une sélection et une validation des contenus, en fonction
veaux échanges et les nouvelles sociabilités induites. Il en
des événements traités, et par comparaison aux événements
ressort que les abonnements aux listes
antérieurs et connus. Seul l’humain
de diffusion professionnelles (Prom- [Les outils de collecte et d’aide à peut analyser le caractère novateur
MED-mail, MyNCBI) ont généré de
l’analyse] permettent au dispositif d’un contenu, son intérêt, sa crédibi-
nouvelles formes de sociabilités dans
[…] un gain de temps dans la lité, sa fiabilité, en accord avec une
la mission de veille sanitaire de défense
question déterminée au préalable par
en créant de nouvelles communautés collecte, la sélection, la classifi-
l’autorité de tutelle ou dans une
professionnelles virtuelles au service cation, la mise en forme, la approche inductive, en cherchant à
du partage et de la gestion de la même visualisation des données. Mais contester les objets. Enfin, c’est le seul
connaissance (Soulier 2004). De nou-
ils ne remplacent pas l’analyse à pouvoir synthétiser et interpréter les
velles activités cognitives ont été envi-
humaine et l’expertise qui données collectées en fonction de son
sagées : la création, l’échange
expérience, selon les objectifs définis,
coopératif volontaire et la réutilisation demeurent indispensables!
à les mettre en forme et à les transfor-
des connaissances entre les profes-
mer en véritable information utile pour
sionnels du réseau (Lefebvre 2004). La communauté de pra-
l’usager du dispositif (Leray 2008).
tiques qui est née a fait émerger une nouvelle unité de
coordination qui a permis un traitement plus efficace des
Transformations induites des outils de diffusion
connaissances au profit de la mission de veille (Michaux
et de communication
2004).
Les outils de diffusion et de communication des données
La mutualisation de ces outils et cette réappropriation col- déployés sur les plateformes permettent des échanges de
lective des données ont ainsi permis de renforcer le « cowor- données en temps quasi réel entre les acteurs de
king » et le travail collaboratif. Le travail individuel et donc

54 OCTOBRE – DÉCEMBRE 2017 | DOCUMENTATION ET BIBLIOTHÈQUES


l’exploitation du big data et leurs usagers. Cela permet éga- sous la forme de cette plateforme intranet dédiée, a permis
lement une réappropriation collective des données entre les des corrélations inédites de données et la construction de
différents étages de l’organisation et un décloisonnement nouvelles connaissances.
spatial, pour créer une intelligence collective. Les données
Un certain nombre d’exemples de construction de savoirs
permettent elles-mêmes de soutenir la communication
ont ainsi été donnés en entretiens.
dans l’organisation, car elles sont réappropriées collective-
ment pour créer de la valeur stratégique. Par exemple, en 2014-2015, lors de l’épidémie d’Ebola, l’ex-
ploitation des données de PromMED-mail a permis le suivi
L’Environnement Numérique de Travail (ENT), de stockage
de la dynamique épidémique en temps quasi réel. Cet outil
de données sur l’intranet et la messagerie Outlook ont favo-
de collecte automatisée a ainsi permis de révéler plus rapi-
risé, dans l’organisation, en tant que technologie cognitive,
dement l’émergence et l’expansion de la maladie que les
l’émergence d’une culture numérique. De par leur efficacité
méthodes de collectes traditionnelles sur le terrain. La dif-
technique, elles ont valorisé culturellement la pratique de
fusion des données filtrées, débarrassées du « bruit informa-
la messagerie électronique et de l’ENT par l’organisation.
tionnel » et classées, sur la plateforme Web, a permis aux
Elles ont défini, en tant que dispositif matériel, de nouvelles
usagers décideurs de l’EMA un suivi épidémique en quasi
formes d’expression fondées sur le réseau. À travers cette
instantané, l’anticipation d’éventuelles menaces pour les
manière spécifique d’agir et de penser en réseau, elles ont
forces et la mise en œuvre de contre-mesures médicales
instauré un nouveau rapport au savoir et à la connaissance.
rapides. De plus, dans ce cadre, l’exploitation des données
Elles ont valorisé une communication rapide moins for-
de génomique et de protéomique de PubMed sur la maladie
melle et ont promu les échanges immédiats, s’apparentant
d’Ebola a permis pour les usagers du système d’ouvrir la voie
à de la communication synchrone.
vers la construction de nouveaux savoirs médicaux et d’ex-
La mise en place de la plateforme intranet qui héberge les plorer des innovations pharmaceutiques, notamment vac-
différents SI a facilité l’accès aux flux d’informations, a accé- cinales et thérapeutiques. Il a permis par exemple de
léré l’acheminement des données, a créé de nouvelles détecter les essais vaccinaux en cours au profit de la popu-
formes de partage de la connaissance et a promu le know- lation militaire. Le croisement de ces différentes données a
ledge management. Cette plateforme à guichet unique a ainsi conduit à des corrélations inédites qui ont permis à
modifié les relations sociales, la communication et les l’étage décisionnel de développer des modélisations dans
échanges entre les différents acteurs de l’organisation. L’au- une optique d’aide à la décision. Des connaissances ont ainsi
tonomie des usagers en a été renforcée et les structures ont été construites et ont permis d’estimer les paramètres fon-
été décloisonnées. Des relations nouvelles en réseau entre damentaux de la transmission de la maladie et d’évaluer a
les acteurs de l’exploitation et les utilisateurs ont été déve- priori l’impact des stratégies de contrôle et d’interventions
loppées et redistribuées avec un effet très structurant sur militaires, en y intégrant les aspects médico-économiques.
l’organisation et la coordination des décisions. Le travail est
devenu de plus en plus coopératif ou « collaboratif » entre
Création de valeurs
tous les acteurs, entraînant notamment des effets « feed-
back ». Cette ouverture a représenté un facteur important Dans cette étude, la valeur créée est principalement d’ordre
de création de valeur ajoutée à tous les échelons et un phé- stratégique. C’est-à-dire une valeur qui contribue à dimi-
nomène qui a transformé le cadre spatiotemporel de l’acti- nuer l’incertitude du décideur militaire, du médecin mili-
vité de veille. Les notions traditionnelles de localisation, de taire de terrain, dans le choix de ses décisions notamment
distance et de territoire ont été modifiées. Les différentes en situation d’urgence sur le théâtre ou avant déploiement
équipes et services répartis en des lieux différents du terri- ou encore en cas de crises sanitaires. Cette création de
toire peuvent ainsi consulter les données collectées, clas- valeur permet d’anticiper sur les décisions militaires et pré-
sées et synthétisées sans contrainte de distance. Le temps venir les risques pour le soldat, notamment les risques sani-
et les coûts des recherches documentaires pour l’ensemble taires en opération extérieure. Elle permet aussi une
des acteurs de l’organisation en ont été réduits. meilleure orientation de l’action publique.

En conclusion, ces transformations organisationnelles ont Dans notre étude, la valeur stratégique est une valeur plus
elles-mêmes constitué un enjeu managérial, dans la mesure vaste que la valeur économique ou financière, puisqu’elle
où elles ont été portées par l’équipe de cadres militaires, intègre aussi des aspects médicaux, réglementaires et déci-
dans un contexte global de conduite du changement. sionnels. La création de la valeur demeure au centre des
préoccupations des organisations militaires. Nous la défi-
nissons comme l’augmentation de la valeur stratégique
Construction de connaissances pour le décideur militaire en santé. C’est celle qui va procu-
Ces mégadonnées « filtrées », hiérarchisées, « clustérisées », rer des avantages pour anticiper sur les décisions militaires,
purgées de l’infobésité et mises à disposition des usagers, pour prévenir les risques pour le soldat, notamment les

DOCUMENTATION ET BIBLIOTHÈQUES | OCTOBRE – DÉCEMBRE 2017 55


risques sanitaires, les risques épidémiques qui ont par défi- été partagées par ces experts avant le départ et pendant
nition un impact sur les opérations militaires. toute la durée du déploiement. Par des corrélations inédites
et le croisement de données venant notamment du terrain,
Un certain nombre d’exemples de création de valeur ont été
de nouveaux savoirs ont été construits. Ces savoirs ont par-
donnés en entretiens.
ticulièrement été réutilisés dans le cadre de communautés
Par exemple en 2005, des forces maritimes françaises sont et de groupes de travail « Ebola ». Ainsi, les experts ont pu
envoyées en Asie du Sud-Est en soutien humanitaire après détecter des innovations thérapeutiques et vaccinales qui
le tsunami. Un certain nombre d’épidémies touche la ont fait l’objet d’un traitement et d’un partage particulier
région, notamment une épidémie d’une maladie peu étant donné les impacts en termes de mortalité et l’absence
connue à l’époque, l’encéphalite japonaise, qui fait énormé- de moyens de prévention. L’identification précoce de ces
ment de décès dans le territoire. Il y a beaucoup d’incerti- innovations a ainsi permis de créer de la valeur en antici-
tudes sur cette maladie, notamment son risque de pant et prévenant les risques pour les personnels militaires
transmission aux militaires déployés. L’ensemble des don- déployés dans le centre. Par le partage de ces savoirs, la per-
nées collectées, notamment à partir de ProMED-mail et de formance dans la prise de décisions en a été améliorée et a
MyNCBI, ont permis de révéler des corrélations inédites. ainsi permis de préserver l’état de santé des militaires pro-
Des données à forte valeur ajoutée mettant en évidence une jetés dans les zones à risque.
létalité de 5 à 40 %, pouvant atteindre les 60 %, ont ainsi pu
être détectées. Des informations ont également souligné
que dans les formes graves, l’infection pouvait entraîner des Conclusions
séquelles neurologiques sévères à des fréquences non négli- L’exploitation des données sanitaires du big data via des
geables. Il a également été décelé, dans cette masse d’infor- technologies de collecte, de visualisation et de communi-
mations, l’existence d’un vaccin efficace. L’ensemble de ces cation a permis au SSA la création de valeurs, en particulier
données visualisées par l’étage décisionnel dans la plate- stratégiques. Par exemple, cette exploitation a permis, après
forme dédiée ont été réappropriées collectivement et par- le tsunami en Asie du Sud-Est en 2004, d’anticiper sur les
tagées. Elles ont conduit à une décision stratégique épidémies pouvant touchant les forces envoyées en soutien
importante : l’achat de doses vaccinales au laboratoire le humanitaire. Plus récemment encore, dans le cadre de l’épi-
fabriquant et l’administration à titre préventif aux forces démie d’Ebola 2014 en Afrique, des vies humaines ont pu
militaires dans la zone pour prévenir tout risque pour la être préservées. Même si le dispositif d’exploitation des
santé. données sanitaires du big data décrit dans cet article a été
développé dans une organisation publique qui ne fait pas
Nous pouvons également reprendre l’exemple précédent de
de profits financiers, il serait intéressant d’évaluer, de
l’épidémie d’Ebola 2014-2015 pour illustrer notre propos.
manière quantitative et économique, la performance sur les
Dès l’émergence des premiers cas, l’exploitation des don- plans coût/efficacité, productivité et rentabilité liée à cette
nées massives collectées, analysées, filtrées et diffusées exploitation. Cela nous amènerait également à réfléchir à
dans le dispositif a permis aux déci- ce qu’est la performance dans les orga-
deurs militaires et aux experts du Ser- L’identification précoce de ces nisations publiques, notamment celles
vice de santé des armées (SSA) de du secteur de la santé publique. Enfin,
innovations a ainsi permis de
suivre en temps quasi réel la dyna- il a été mis en évidence que l’appro-
mique épidémique de la maladie. Ces créer de la valeur en anticipant et priation des technologies a entraîné
données ont été partagées dans la prévenant les risques pour les des bouleversements de la culture
plateforme par les usagers et ont été personnels militaires déployés organisationnelle du service en matière
réappropriées collectivement. Elles ont dans le centre. de décloisonnement spatio-temporel
permis aux utilisateurs d’avoir une des activités, de partage des connais-
connaissance permanente et fine de la menace liée à cette sances et de coordination du travail. Cependant, les tech-
maladie, en particulier de mortalité élevée, d’absence de nologies n’ont pas remplacé le traitement humain. On peut
traitements et de vaccins. même s’interroger si l’outil remplacera un jour l’homme
dans l’analyse et l’interprétation des données. Enfin, le big
Cette connaissance a été particulièrement prégnante stra-
data est aujourd’hui une innovation en matière de modèle
tégiquement, lorsque pour faire face à cette épidémie d’am-
économique et social. Mais, s’agit-il tout simplement d’une
pleur sans précédent, un centre de traitement dédié
évolution de la performance des outils existants ou bien
exclusivement au personnel des soignants d’Ebola (CTS) est
d’un simple effet de mode ? Des questions qui restent
créé en Guinée en 2015. En effet, dans ce contexte, des
ouvertes et qui méritent d’être débattues.
experts militaires français ont été envoyés dans ce centre
pour apporter leur soutien. Les données du dispositif ont

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