Roger Joussaume

J. Guilaine Atlas du Néolithique européen, Volume 2 A et B,

L'Europe occidentale
In: Bulletin de la Société préhistorique française. 2000, tome 97, N. 4. pp. 677-678.

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Joussaume Roger. J. Guilaine Atlas du Néolithique européen, Volume 2 A et B, L'Europe occidentale. In: Bulletin de la Société
préhistorique française. 2000, tome 97, N. 4. pp. 677-678.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_2000_num_97_4_11187
Comptes-rendus
Plateau d'Aldenhoven (Rhénanie), J. Liming argu
mente en faveur de l'existence de "places centrales"
dans l'organisation régionale des habitats rubanés ; sui
vent, en annexe, d'intéressantes questions concernant
le site de Cuiry-lès-Chaudardes, et de justes remarques
à propos de celui de Darion. D'autres chercheurs (J.
Heim et I. Jadin), s' interrogeant sur le parcours suivi
par l'orge et le pavot pour parvenir en Hesbaye à l'épo
querubanée, envisagent prudemment une diffusion de
ces plantes, à partir du bassin de la Méditerranée occi
dentale, vers la région rhéno-mosane au travers du
Bassin parisien. Avec concision, C. Constantin et M.
Ilett analysent, à l'aide de données récentes, la manière
dont s'articulent, sur le plan chronologique, la culture
de Blicquy -Villeneuve-Saint-Germain et les groupes
culturels du domaine rhénan. Le schéma obtenu reste
sensiblement le même que celui qu'avait proposé le
premier de ces auteurs en 1983. Le débat (ou plutôt la
polémique) qui suivit de près cette proposition semble
maintenant à peu près terminé. Dans l'article suivant,
l'étude comparative menée par J.-P. Caspar et L.
Burnez-Lanotte sur l'industrie lithique des habitats
néolithiques de Vaux-et-Borset fournit également à ces
derniers de sérieux arguments pour situer le groupe de
Blicquy après le Rubané dans la chronologie. A.
Augereau aborde, quant à elle, des aspects mal connus
de l'évolution des comportements des hommes néoli
thiques en ce qui concerne la production des haches
en silex au cours des IVe et IIIe millénaires avant notre
ère, tandis que C.-T. Le Roux se donne pour tâche
d'étudier la manière dont les mégalithes armoricains
s'insèrent dans le paysage. R. Joussaume, L. Laporte
et C. Scarre font de même en tentant de mettre en évi
dence les règles qui régissent l'implantation des longs
tumulus et plus généralement l'organisation des nécro
poles mégalithiques dans l'ouest de la France. M.
Vander Linden consacre, quant à lui, un article à la
"révolution spatiale du Campaniforme". Enfin, P.-L.
Van Berg et N. Cauwe proposent aux lecteurs une
"nouvelle approche paléo-ethnographique des civilisa
tions préhistoriques". De cet article, on pourra retenir
que les auteurs cherchent à proposer une alternative
face à une "archéologie des modèles, qui exige
d'abord l'énoncé de thèses, dont on cherche ensuite
l'illustration dans les données de terrain" ; leur démar
che propose "un raisonnement en sens contraire : il
s'agit plutôt d'expliquer les différences et les similitu
des des cultures matérielles". Il est certes plus sédui
sant,c'est du moins notre conviction, de partir des don
nées concrètes issues de recherches sur le terrain
correctement programmées pour constater des faits et
formuler des hypothèses, que de chercher à vérifier un
modèle théorique peut-être savamment construit, mais
qui peut n'exister que dans la tête de celui ou celle qui
l'a créé. Rien n'oblige cependant le chercheur à être
"prisonnier" de son modèle, qui peut à tout moment
être révisé ou abandonné ; c'est donc un outil qui peut
lui servir, à condition qu'il "serre" la documentation
archéologique de près et qu'il ne se perde pas dans des
théories trop globalisantes risquant de rester pour long
temps invérifiables. La démarche autre suivie par N.
Cauwe et P.-L. Van Berg ne les empêche toutefois pas
Bulletin de la Société Préhistorique Française
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d'éviter totalement le piège des anachronismes. On
connaît leur attachement à rappeler aux autres acteurs
de la recherche que les populations mésolithiques ont
eu leur rôle à jouer dans les processus historiques qui
ont marqué la période néolithique. On ne peut que leur
donner raison sur ce point, mais il nous paraît plus
difficile de suivre les auteurs lorsqu' après avoir const
atéqu'il n'existe aucun lien apparent entre la culture
rubanée et les groupes néolithiques occidentaux qui
ont pratiqué le mégalithisme (p. 295-296), ils formulent
l'hypothèse selon laquelle les populations mésolithi
ques du domaine atlantique auraient emprunté l'agri
culture à leurs voisins, tout en conservant leurs propres
traditions, dont celles qui consistent à faire usage de
tombes collectives ou construites, antérieurement à
l'apparition du phénomène mégalithique dans les con
trées situées plus à l'est (p. 297). C'est ignorer le déca
lagechronologique de plusieurs siècles qui existe entre
la fin du Rubané et la période du Néolithique moyen
qui vit effectivement, à l'ouest, des groupes humains
faire preuve d'un grand dynamisme en matière de
construction de monuments mégalithiques; c'est ou
blier aussi que le Néolithique ancien de la façade atlan
tique n'est pas représenté par une culture aujourd'hui
particulièrement bien définie ; c'est enfin ne pas tenir
compte de la présence hautement probable de la
culture de Villeneuve-Saint-Germain en Armorique. En
outre, rien ne permet actuellement de supposer que le
mégalithisme ait été pratiqué plus tôt sur la côte atlant
ique que dans le centre du Bassin parisien : les sépultu
res sous dalle du Cerny ancien (type Videlles) ne sont,
en effet, vraisemblablement pas postérieures au milieu
du Ve millénaire avant J.-C. Les analogies observables
entre les longs tertres bretons et les monuments fu
néraires du Cerny récent (type Barbuise) du Bassin
parisien, lesquels n'abritent pas de sépultures collecti
ves, représentent également des données à prendre en
compte.
On le voit, en plus d'une documentation archéologique
fort utile, les lecteurs des actes du XXIIIe colloque in
ter égional sur le Néolithique trouveront dans les pages
de ce livre matière à réfléchir sur de nombreuses quest
ions.
Daniel SIMONIN
GUILAINE J., dir. (1998) - Atlas du Néolithique
européen, Volumes 2 A et B, L'Europe occidentale,
1069 p., ERAUL 46, 1998, 2200 FB (59,60 Euros)
+ port 275 FB (6,82 €). Commande : Marcel Otte,
Centre de Recherches archéologiques, Université
de Liège, Service de Préhistoire, 7 place du XX-
Août, Bat. A1 , В 4000 Liège, Belgique, CCP Liège
000-0059787-35
Liège" au profit duducompte
" Patrimoine
n° 5375006
de l'Université de
http://www.ulg. ac.be/prehist/
mél : prehist@ulg.ac.be
Cette deuxième partie de l'Atlas du Néolithique euro
péen concerne l'Italie, les îles de Malte, de la Sicile,
de la Sardaigne, de la Corse et des Baléares, la France
continentale, l'Espagne et le Portugal. Elle a été rédigée
2000, tome 97, n° 4, p. 669-693
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par une quarantaine d'archéologues (Italie : 19, dont 1
pour la Sicile et 1 autre pour la Sardaigne ; Malte 1 ;
France : 9, dont 1 pour la Corse ; Espagne : 8 ; Portugal :
:
2) sous la direction de Jean Guilaine à qui l'on doit les
cartes, en fin d'ouvrage, des principales cultures néoli
thiques de l'Europe occidentale et un avant-propos très
instructif dans la mesure où c'est une mise au point des
différents partis adoptés. On y apprend que l'ouvrage
est en chantier depuis longtemps et que certains textes
ont une bonne dizaine d'années, ce qui justifie le carac
tèreun peu "dépassé" de quelques contributions. Peut-
être aussi aurait-il fallu répartir les territoires étudiés
en un nombre plus élevé de chercheurs, nous aurions
sans doute eu moins l'impression que les avancées
dans la connaissance des cultures du Néolithique de la
France en particulier, n'étaient dues qu'à quelques uns.
Jean Guilaine souligne aussi que ne sont présentées
ici que les cultures dans ce qu'elles ont d'assez
"artificielles" sans synthèses qui feront l'objet du vo
lume IV. Il faut alors espérer que ce tome ne sortira pas
dans dix ans...
La période concernée va de l'apparition du Néolithique,
dont on regrettera que la définition adoptée ne soit la
même pour tous les chercheurs, au Campaniforme ce
qui fut parfois oublié. Ce qui est probablement le plus
gênant pour le lecteur, c'est l'absence d'unité, quand
ce ne sont pas les erreurs, dans l'utilisation des data
tions I4C. L'ouvrage étant entièrement en français, ce
qui est particulièrement intéressant pour les francopho
nes qui n'ont pas ainsi à aller chercher l'information
dans des langues différentes, il aurait été souhaitable
que toutes les datations soient données "avant J.-C."
c'est-à-dire calibrées. Le mélange des dates en BP, ВС,
AC, voire av. J.-C. avec le sens de datation non calibré,
est un véritable casse-tête. Ne serait-il pas possible que
les archéologues de langue française se mettent d'ac
cord pour n'utiliser que BP et av. J.-C, cela simplifier
ait bien les choses.
Il est évident que je pourrais discuter tel ou tel point
des textes de mes collègues qui ont eu à traiter la Bre
tagne ou l'Aquitaine et leurs marges : il n'y a pas en
core de consensus entre tous les chercheurs au sujet des
diverses cultures qui se sont succédé dans l'ouest de la
France comme dans le Bassin parisien et ailleurs. Il doit
en être de même en Espagne ou en Italie. Il faut donc
admettre que ce qui nous est présenté ici est le point
de la question concernant les cultures néolithiques tel
qu'il est admis par l'auteur du texte qui l'a écrit de plus
il y a un certain temps. On peut alors s'interroger sur
la nécessité d'un tel ouvrage.
En ce qui me concerne tout ce qui est écrit au sujet de
la France ne m'apporte pas grand-chose, mais j'appré
cie de pouvoir y voir plus clair dans les cultures de
l'Italie, de la Péninsule Ibérique et des îles de la Médit
erranée. Je suppose qu'un Italien ou un Espagnol ap
précieront de disposer de cette information sur les
autres pays que le leur. Nul doute qu'ils apprécieraient
davantage encore si le texte leur était proposé dans leur
langue maternelle. Mais en fin de compte ce sont certa
inement les étudiants francophones en Préhistoire qui
seront les plus intéressés par cet important travail.
Roger JOUSSAUME
Bulletin de la Société Préhistorique Française
Comptes-rendus
SOULIER P., dir. (1998) - La France des dolmens
et des sépultures collectives (4500-2000 av. J. -C).
Paris, éditions Errance, 336 p., ill., 295 FF (44,97 €).
Consacrée au monumentalisme funéraire et aux sépul
tures collectives, la séance SPF de Cergy-Pontoise avait
fait l'objet, on s'en souvient, d'une rapide publication
dans notre bulletin (Masset et Soulier, 1996). L'expos
itionorganisée à cette occasion par le Musée archéolo
gique de Guiry-en-Vexin et le Musée de Préhistoire
d'île de France (Musée de Nemours) avait par ailleurs
donné lieu à la réalisation d'un copieux catalogue fai
sant le point sur les "monuments funéraires néolithi
ques de la France du nord-ouest" (Masset et Soulier
1995). Présentations synthétiques, notices de sites
toutes illustrées, bibliographie aussi complète que
possible : une référence désormais indispensable, en
tous cas sur le centre du Bassin parisien, le plus syst
ématiquement présenté.
On n'en avait pas fini avec les effets bénéfiques de cette
réunion. Pour fournir aux participants une documentat
ion mise à jour, P. Soulier avait eu alors la bonne idée
de demander aux services régionaux de l'archéologie
de dresser un bilan, région par région, de l'état de la
recherche sur le mégalithisme et les sépultures collecti
ves. Réunie rapidement, présentée sans prétention, cette
série incomplète avait été réalisée à temps pour être
distribuée aux participants. Cédant à l'insistance de ses
collègues, P. Soulier s'est alors rallié à une nouvelle
idée : combler les insuffisances les plus criantes, unifier
textes et illustrations, soigner la présentation, et faire
de ces bilans un ouvrage durablement utilisable, cou
vrant l'ensemble des régions. Excellente idée - mais
toute la difficulté était dans sa réalisation. Il n'y avait
pas partout un chercheur personnellement intéressé,
prêt à répondre à ce défi collectif; à défaut, le meneur
de cette entreprise a su attirer de nouveaux chercheurs,
obtenir au moins le meilleur état possible de la ques
tion sur la base des documents disponibles; il a su
mettre lui-même la main à la pâte, à l'occasion, dans
les régions qu'il connaissait, convaincre enfin les édi
tions Errance de proposer l'ouvrage au public, dans
une présentation soignée et agréable. Elles y ont du
mérite : l'ouvrage est le contraire d'un ouvrage de
vulgarisation ; précis et analytique, c'est un outil pour
les préhistoriens.
Le souci de connaître l'ampleur du phénomène mégali
the n'est pas nouveau. Dans une opportune introduc
tion historique, P. Soulier passe en revue les tentatives
en ce sens, depuis un siècle et demi : elles témoignent
d'une volonté de plus en plus marquée de cohérence,
voire de perfection - les plus ambitieuses de ces tenta
tives restant inachevées. Pour le présent ouvrage,
P. Soulier revendique le choix opposé : cette document
ation déséquilibrée, d'ambition et de réussite extrême
ment inégales, c'est en toute connaissance de cause
qu'il a décidé de la publier en l'état, avec ses imperfect
ions. Sage décision, très sage décision : combien de
publications prometteuses ont été figées sur place par
un irréaliste rêve de perfection ! Au prix de sa modest
ie, La France des dolmens et des sépultures collectives
a été menée à bien dans un délai remarquablement
2000, tome 97, n° 4, p. 669-693