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72‫לעֲׂשֹות‬

ַ ‫עֵ ת‬
Le temps d’agir

Il y a longtemps que ma conscience m’interpelle et


me poursuit de jour en jour, pour sortir de ma réserve et
écrire un livre fondamental concernant l’Âme du Judaïsme
et de la Religion, ainsi que la connaissance de
l’authentique Sagesse de la Kabbala. Afin de répandre ces
idées au sein du Peuple, de façon à ce que chacun puisse
en retirer une connaissance et une compréhension
correctes de l’ensemble des Principes qui existent dans le
Monde d’en Haut, de leur nature et de leur caractère
véritable.

Autrefois en Israël, avant que le Monde ne découvre


l’imprimerie, il n’y avait pas chez nous de livres qui,
concernant l’Âme du Judaïsme, induisaient en erreur, étant
donné qu’il n’y avait parmi nous pratiquement aucun
auteur qui se croyait irresponsable de ce qu’il écrivait. Et
cela, pour une raison simple : la plupart du temps, celui qui
se comportait de façon non responsable n’appartenait
pas à la catégorie des gens célèbres.

C’est pourquoi, si un tel homme avait l’impudence


d’écrire un tel ouvrage, il ne se trouvait aucun scribe
intéressé à recopier son livre, car personne n’était prêt à lui
payer un salaire, dont le coût représentait en général une
somme importante. Et donc, son problème se trouvait
rapidement réglé, de sorte qu’il restait ignoré du public.

À cette époque, même ceux qui avaient acquis


certaines connaissances n’avaient ni l’intérêt ni la
prétention d’écrire des livres dans ce domaine, étant
donné que ces connaissances n’étaient nullement
indispensables au commun des mortels.

72
‫ קכו‬,‫ ְּת ִהלִים קיט‬: Psaumes 119, 126.

- 31 -
Au contraire, ils tenaient à dissimuler ce qu’ils
savaient, en raison de ce qui est écrit : « la Gloire de
ÈLOKIM73 : cacher ce qui doit l’être74 ».

Car il nous a été ordonné de dissimuler l’Âme de la


Tora et de la ‘Avoda75 vis-à-vis de ceux qui n’en ont pas
besoin ou qui n’en sont pas dignes, de ne pas l’avilir ni de
l’exposer en vitrine, face au vif désir de ceux qui se
conduisent comme des curieux ou des orgueilleux. Car la
Gloire de ÈLOKIM nous en fait l’obligation.

Mais depuis que le métier de l’imprimerie s’est


développé dans le monde, que les auteurs n’ont plus
besoin de scribes pour copier leurs manuscrits et que le
coût très élevé des livres a nettement diminué, il est devenu
possible pour des auteurs irresponsables de publier des
livres au gré de leur bon plaisir, ou pour de l’argent, les
honneurs ou d’autres raisons similaires. Et ce qui sort de leurs
mains, ils ne s’en soucient guère, ils ne le regardent même
pas.

Dès lors, des livres appartenant au genre précité ont


commencé à abonder. Sans aucune étude sérieuse, ni
transmission de vive voix par un Rav compétent76, ni même
la moindre connaissance des livres anciens qui concernent
ce sujet, leurs auteurs se permettent d’imaginer des
hypothèses complètement fantaisistes et dénuées de tout
fondement. Puis, ils prétendent que leurs propos
concernent les Principes les plus sublimes, sous prétexte que
leur soi-disante intention serait de décrire ainsi l’Âme du
Peuple et l’intégralité de son immense Trésor. Tels des gens
stupides, ils ne sont pas capables d’accepter le moindre
reproche77.

73
‫ֹלהי"ם‬
ִ ֱ‫ א‬: ÉLOKIM, le Nom de HACHEM, qui représente son Attribut de
Rigueur
74
‫ ב‬,‫ ִמ ְּשלֵי כה‬: Proverbes 25, 2.
75
‫עֲבֹודָ ה‬: ‘Avoda, l’ensemble des pensées, paroles et actions, destinées à servir
(‫ ַל ֲעבֹד‬: La’avod) HACHEM, d’où l’expression : ‫‘( עֶ בֶ ד ה׳‬Évèd serviteur de
HACHEM).
76
Compétent dans l’ensemble des domaines de la Tora.
77
‫ יג‬,‫ קֹהֶ לֶת ד‬: d’après Ecclésiaste 4, 13.

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De plus, ils ne sont pas capables de prendre
conscience qu’ils transmettent des idées fausses aux
générations à venir. Pour assouvir leurs petits désirs, ils
commettent une faute grave et induisent en erreur le
public, de génération en génération.

Ces derniers temps, leur fourvoiement a atteint des


sommets inégalés, car ils ont planté leurs griffes dans le
domaine de la Sagesse de la Kabbala, sans prendre garde
que cette Sagesse est jusqu’à aujourd’hui, fermée et
scellée par mille et un verrous. De sorte que nul ne peut y
entrer, ni comprendre le moindre mot selon sa signification
correcte. Et à plus forte raison, comprendre le lien qui existe
entre un mot et un autre.

Car dans tous les livres authentiques, rédigés à ce


jour, il n’y a rien d’autre que de fines allusions qui, au prix
de grandes difficultés, sont à peine suffisantes, pour un
disciple capable de comprendre par lui-même et de
recevoir leur signification de la bouche d’un Sage ; ce
dernier a lui-même reçu ces secrets, et il a été habilité à les
transmettre.

Mais voici que « Là-bas se terre la vipère, elle y


dépose ses œufs, les fait éclore et rassemble les petits sous
son ombre78 » : de nos jours, les écrivaillons prolifèrent : ils
agissent pour les motifs que nous avons évoqués, et ils
n’inspirent que dégoût à ceux qui les observent. Parmi eux,
il en est qui prétendent s’élever jusqu’au sommet de la
montagne79 et qui s’octroient la place qui revient au Maître
de chaque génération. Ils font croire qu’ils savent expliquer
les livres des Anciens et des premiers Sages, de mémoire
bénie. Ils recommandent au public quel livre il faut étudier,
et lequel ne mérite aucune attention, car il serait plein de
chimères, que HACHEM nous en préserve ! Et de là naissent
« force avanies et colères80 ».

78
‫ טו‬,‫ יְּשַ עְּ יָהּו לד‬: Isaïe 34, 15.
79
‫ יד‬,‫ ְּדבָ ִרים כג‬: Deutéronome 23, 14.
80
‫ יח‬,‫ ֶא ְּס ֵתר א‬: Ésthèr 1, 18.

- 33 -
Car jusqu’à présent, cette capacité de
discernement des secrets n’était accordée et réservée
qu’à un seul Maître durant dix générations, tandis que
maintenant même des ignorants prétendent s’en emparer.

C’est pourquoi ce que perçoit le public à propos de


ces questions est erroné.

De plus, un sentiment général de facilité est apparu :


chacun pense qu’il lui suffit, à ses heures de loisir, d’un
regard furtif pour méditer et porter un jugement sur ces
Paroles sublimes. Et de cette manière, on parcourt le
Monde de la Sagesse sublime et la source de l’Âme du
Judaïsme, d’un seul envol, comme l’Ange bien connu81, et
l’on énonce des conclusions, chacun selon ce qui lui passe
par la tête.

Telles sont les raisons qui m’ont fait sortir de ma


réserve, et j’ai décidé que le temps est venu d’agir pour
HACHEM82, de sauver ce qui peut encore l’être. Aussi ai-je
pris la décision de révéler un pan de la source du domaine
précité et de le diffuser au sein du Peuple.

81
‫ לד‬,‫ ְּשמֹות לב‬: Exode 32, 34.
82
‫ הַ ֵשם‬: HACHEM, LE NOM. Cette expression est utilisée pour désigner le
Tétragramme, LE NOM sacré de quatre lettres qu’il est interdit de lire et de
prononcer. De HACHEM Lui-même, de son Essence, nous ne savons rien. Seules
nous sont en partie accessibles Ses manifestations dans le monde.

- 34 -
‫גִ לּוי טֶ פַח וְּ כִ ּסּוי ִטפְּ חַ יִם‬
Dévoilement d’un palme83

et dissimulation de deux palmes84

Dans la bouche des grands Sages, serviteurs de


HACHEM, se trouvait une maxime qu’ils avaient coutume
de dire en chaque endroit où ils allaient pour y révéler une
parole profonde : ils commençaient par dire : « Voici : je
révèle un palme et je dissimule deux palmes ».

Car nos prédécesseurs, que leur mémoire soit une


bénédiction, se gardaient bien de tout mot superflu, ainsi
qu’ils nous ont enseigné : « Un mot vaut un Séla85 ; un
silence, deux Séla86 ».

Explication : si tu as dans ta bouche un mot de


grande valeur, qui vaut un Séla, sache que se taire
équivaut à deux Séla.

Et cela s’applique à ceux qui se répandent en


d’innombrables paroles, sans contenu ni utilité, alors que
leur seul but est de faire de belles phrases pour les rendre
agréables aux yeux du lecteur.

Mais pour nos prédécesseurs, il s’agissait là d’un


interdit gravissime, comme cela est bien connu de celui qui
étudie leurs paroles, ainsi que je le montrerai dans les
prochains chapitres. Nous devons donc faire très attention,
et bien comprendre la maxime qu’ils avaient l’habitude de
prononcer.

83
‫ סֶ לַע‬: Séla : largeur de la paume d’une main (8 à 10 cm).
84
‫ נְּדָ ִרים כ ע״ב‬: Talmud, Nédarim 20b.
85
Pièce de monnaie ancienne.
86
‫ ע״א‬,‫ ְּמגִ לָה יח‬: Talmud, Méguilla 18a.

- 35 -
3 catégories à propos de la dissimulation de la Sagesse :

Les secrets de la Tora comportent trois catégories.

Pour chacune d’entre elles, il y a une raison


particulière. Ces catégories portent les noms suivants :

1. Ce qui est non-nécessaire,


2. Ce qui est impossible,
3. Le secret de HACHEM pour ceux qui Le craignent.

Tu ne trouveras, dans cette Sagesse, aucune notion


dont la raison d’être ne relève pas de l’une de ces trois
parties. Et je vais les expliquer, chacune séparément.

1. Ce qui est non-nécessaire :

Explication : c’est la catégorie de secrets dont tu ne


retireras aucune utilité de leur dévoilement. Et bien sûr, leur
non-dévoilement n’entraînera pas de préjudice important.
Car il n’est question ici que de connaissance pure ; c’est-à-
dire qu’il faut se méfier de toutes ces actions que l’on peut
qualifier par : quelle importance ?!

Quelle importance de l’avoir fait, puisque cela


n’entraîne aucun préjudice ?!

Mais sache qu’aux yeux des Sages, ce laxisme que


l’on exprime par « quelle importance » est considéré
comme la plus redoutable des causes de désolation.

Car tous ceux qui passent leur temps à profiter de la


vie en ce Monde ─ qu’ils aient déjà été créés ou qu’ils le
soient à l’avenir ─ n’appartiennent qu’à la catégorie de
ces gens qui disent : quelle importance ?!

Ils s’occupent de ce qui n’est pas nécessaire et ils


entraînent les autres à se comporter de la même manière.

- 36 -
C’est pourquoi les Sages n’acceptaient aucun
disciple avant d’avoir acquis la certitude que celui-ci ferait
très attention à ne rien dévoiler de ce qui n’était pas
nécessaire.

2. Ce qui est impossible :

Explication : le langage ne peut rien exprimer de ce


qui caractérise les secrets de cette catégorie, en raison de
leur extrême finesse et de leur Essence spirituelle.

C’est pourquoi toute tentative de les habiller par des


mots ne peut que tromper ceux qui recherchent ces
secrets, et les égarer vers une voie erronée, ce qui est une
faute « si grande qu’elle ne peut être pardonnée87 ».

Et donc, pour dévoiler le moindre indice à ce sujet, il


faut avoir la permission du Ciel, ce qui est la deuxième
partie de la dissimulation de cette Sagesse. Toutefois,
même le fait d’avoir la permission nécessite une
explication.

La permission du Ciel :

Ce sujet est expliqué dans le livre « Début des propos


de Rachbi88 », écrit par le Arizal89 ─ de mémoire bénie ─ dans
la lecture hebdomadaire de la Tora intitulée Michpatim du
livre du Zohar page 100, plus précisément dans le passage
qui commence par : « Bar Yo’haï savait rester silencieux ».

Et voici ce qui est écrit : « Sache qu’au sujet des


Âmes des Justes, il en est qui s’apparentent à la Lumière
réfléchie, et d’autres à la Lumière intérieure » (tu trouveras
l’explication de ces termes dans mon ouvrage : Faces
lumineuses90).

87
‫ יג‬,‫אשית ד‬
ִ ‫ בְּ ֵר‬: Genèse 4, 13.
88
Acronyme de Rabbi Chim’ôn Bar Yo’haï (IIe siècle).
89
Acronyme de Ashkénazi Rabbi Yits’hak (Yits’hak Louria) : 1534 – 1572.
90
‫ ָפנִים ְּמ ִאירֹות‬: Panim Meïrot.

- 37 -
Et tous les Justes qui sont proches de la Lumière
réfléchie ont la force de parler des mystères et des secrets
de la Tora, de façon voilée et dissimulée, pour qu’ils ne
soient compris que par ceux qui sont aptes à les
comprendre.

Et Rabbi Chim’ôn Bar Yo’haï, qu’il repose en paix,


avait une Âme proche de la Lumière réfléchie ; c’est
pourquoi il avait la force d’habiller ses paroles et de les
commenter, de façon que même s’il les expliquait à
l’intention du public, personne ne puisse les comprendre
sauf ceux qui étaient aptes à les saisir.

Telle est la raison pour laquelle le Ciel lui a permis


d’écrire le Livre du Zohar. Cette permission d’écrire un livre
sur cette Sagesse n’a pas été donnée à ses Maîtres, ni aux
premiers Sages qui l’ont précédé, bien qu’assurément ils
savaient beaucoup plus de secrets que lui au sujet de cette
Sagesse.

Et la raison est qu’ils n’avaient pas autant de force


que lui pour habiller leurs paroles.

C’est ce qui est écrit : « Bar Yo’haï savait dissimuler sa


voie....

Ainsi, tu comprendras l’ampleur de ce qui est


dissimulé dans le livre du Zohar que Rachbi a écrit, de façon
à ce que ses propos ne puissent être compris par le premier
venu. » (Fin de citation)

En résumé : les explications concernant la Sagesse


de la Vérité91 ne dépendent en rien du niveau ─ plus ou
moins élevé ─ du Sage et kabbaliste, mais de la Lumière qui
éclaire son Âme, et qui correspond à ce but : cette Lumière
est la permission que le Ciel lui donne pour dévoiler la
Sagesse suprême.

91
La Kabbala.

- 38 -
De là, nous apprenons que celui qui n’a pas eu le
mérite d’avoir cette permission n’a pas le droit d’expliquer
cette Sagesse, étant donné qu’il ne peut revêtir ces fines
notions par des paroles qui conviennent, afin d’éviter que
ceux qui l’écoutent ne soient induits en erreur.

C’est pourquoi nous n’avons trouvé aucun livre


sérieux concernant la Sagesse de la Vérité, qui soit
antérieur au livre du Zohar de Rachbi. Car tous les livres qui
l’ont précédé au sujet de cette Sagesse ne peuvent être
définis comme étant des explications la concernant, mais
seulement comme de simples allusions ─ et encore sans
aucun ordre de cause à effet ─ comme cela est bien
connu de ceux qui possèdent le Savoir92. Ainsi doivent être
comprises les paroles du Ari, que son souvenir soit une
bénédiction.

Et il convient d’ajouter, selon ce que j’ai reçu de la


part de scribes et de livres93, que depuis l’époque de
Rachbi et de ses disciples cités dans le Zohar, jusqu’à
l’époque du Ari, aucun auteur n’avait compris aussi bien
que ce dernier les propos du Zohar et ses passages
complémentaires. Tous les livres qui ont vu le jour avant lui
ne sont que de simples allusions à cette Sagesse, y compris
les livres de Rabbi Môshé Cordovéro, de mémoire bénie.

Même à propos du Ari lui-même, il convient de tenir


les mêmes propos qu’il a dits au sujet de Rachbi, à savoir
que les prédécesseurs du Ari n’avaient pas reçu du Ciel
l’autorisation de dévoiler les explications relatives à cette
Sagesse.

Mais cette permission a été donnée au Ari, de sorte


qu’il n’y a pas lieu de faire ici la distinction entre des Degrés
plus ou moins élevés, car il se peut que le Degré atteint par
ses prédécesseurs fût infiniment plus élevé que celui du Ari,
de mémoire bénie.

92
‫ ט‬,‫ ִמ ְּשלֵי ח‬: voir Proverbes 8, 9.
93
‫ּומפִ י ְּספ ִָרים‬
ִ ‫ ִמפִ י סֹפְּ ִרים‬: de la bouche de Sofrim (scribes) et de Séfarim
(livres).

- 39 -
Toutefois, il ne leur a pas été permis de s’exprimer,
et c’est pourquoi ils se sont gardés d’écrire des
commentaires sur la Sagesse elle-même et ils se sont
contentés de brèves allusions, qui n’ont aucun rapport
entre elles.

C’est pourquoi, dès que les livres du Ari ─ de


mémoire bénie ─ ont été dévoilés dans le monde, tous
ceux qui étudiaient la Sagesse de la Kabbala ont délaissé
les livres de Rabbi Môshé Cordovéro ainsi que ceux des
premiers Sages et des Guéonim94 qui avaient précédé le
Ari, comme cela est bien connu de ceux qui étudient cette
Sagesse.

Et tout au long de leur vie, ils se sont attachés aux


seuls écrits du Ari, de sorte que les livres principaux,
considérés comme étant l’explication de cette Sagesse ─
selon ce qui doit être ─ sont uniquement les livres du Zohar
et ses compléments. Et après eux, viennent les livres du Ari,
de mémoire bénie.

3. Le secret de HACHEM pour ceux qui Le craignent :

Explication : les secrets de la Tora ne peuvent être


compris que par ceux qui craignent Son NOM, loué soit-Il,
qui veillent à honorer Sa Gloire de toute leur Âme et de
toutes leurs forces, et dont jamais il ne sortira ─ qu’Il nous en
préserve ! ─ la moindre profanation du NOM. Telle est la
troisième partie de la dissimulation de la Sagesse, et elle est
particulièrement grave en ce qui concerne la
dissimulation ; car les révélations dans ce domaine ont
induit en erreur nombre de victimes

Et de leurs entrailles sont sortis tous ceux qui se


servent de serments et d’amulettes, c’est-à-dire ceux qui
s’adonnent à la ‘Kabbala pratique’ et qui par leurs
ruses attrapent des Âmes comme une proie.

94
‫ גְּ אֹונִים‬: Guéonim, Chefs de Yéchivot de Babylone (VIe au XIe siècles).

- 40 -
Il en est de même pour toutes ces espèces de
charlatans qui prétendent maîtriser les mystères en
employant de prétendues chimères de la Sagesse : or,
celles-ci sont sorties de l’imagination de disciples qui n’ont
pas atteint le niveau requis et n’ont d’autre but que d’en
tirer un avantage matériel pour eux-mêmes ou pour
d’autres. Le Monde a beaucoup souffert de ces
agissements, et il en souffre encore.

Sache que la cause essentielle et la racine de la


dissimulation, dès son début, n’étaient dues qu’à cette
catégorie. Il s’ensuit que les Sages ont pris d’extrêmes
précautions lors de l’admission de leurs disciples, ainsi
qu’ils ont dit : « On ne transmet les têtes de chapitres95
qu’au président du Beit-Dine96, à celui dont le cœur est
inquiet97 98 ». De même : « On n’explique pas l’Œuvre de la
Création à deux disciples, ni l’Œuvre du Char céleste à un
disciple seul99 ». De tels propos, tu pourras en trouver
beaucoup, car cette crainte résulte de ce qui a été
expliqué plus haut. Pour cette raison, très rares sont ceux qui
ont été choisis et qui ont mérité d’accéder à cette Sagesse.

Et même ceux qui ont réussi sans faute les « sept


vérifications et enquêtes100 » se trouvent liés par de graves
et redoutables serments qui leur interdisent de dévoiler quoi
que ce soit des trois parties évoquées ci-dessus.

Et ne te trompe pas au sujet de mes paroles, du fait


que j’ai réparti ici la dissimulation de la Sagesse en trois
catégories.

Car mon intention n’est pas de dire que la Sagesse


de la Vérité comporte trois parties.

95
Les notions essentielles.
96
‫ית־דין‬
ִ ֵ‫ ב‬: Beit-Dine, tribunal rabbinique.
97
Qui est empli de crainte face à l’infinie Grandeur du Créateur.
98
‫ ע״א‬,‫ חֲ גִ יגָה יג‬: Talmud, ‘Haguigua 13a.
99
‫ א‬,‫ ִמ ְּשנָה חֲ גִ יגָה ב‬: Michna, ‘Haguigua 2, 1.
100
‫ א‬,‫ ִמ ְּשנָה סַ נְּהֶ ְּד ִרין ה‬: Michna, Sanhédrine 5, 1.

- 41 -
Mais je veux dire que, pour chaque élément qui est
dans cette immense Sagesse, tu ne trouveras jamais ne
serait-ce que le moindre petit mot auquel ces trois parties
ne se réfèrent.

Car elles constituent les trois seuls modes


d’explication qui prévalent dans cette Sagesse. Et efforce-
toi de le comprendre.

Cependant, il faut ici poser une question : puisque,


en vérité, la profondeur de la dissimulation de la Sagesse
atteint un tel degré, alors d’où sortent tous ces milliers de
livres qui ont été rédigés au sujet de cette Sagesse ?

Et la réponse est qu’il y a une différence entre les


deux premières parties et la troisième, car l’essentiel du
poids du fardeau repose seulement sur la troisième partie,
en raison de ce qui a été expliqué précédemment. Mais les
deux premières parties ne sont pas soumises à un interdit
permanent, car dans la partie intitulée « ce qui est non-
nécessaire », un thème parfois se transforme, sort pour une
certaine raison du cadre du « non-nécessaire » et entre
dans la catégorie « nécessaire ».

De même, il arrive que l’impossible devienne


parfois possible. Et ce, pour deux raisons : soit en raison de
l’évolution de la génération, soit du fait de la permission
accordée par le Ciel, comme cela s’est produit pour
Rachbi et pour le Ari, et dans une moindre mesure pour
ceux qui les ont précédés.

Et de ces transformations émanent et sont révélés


tous les livres authentiques, qui ont été écrits concernant
cette Sagesse.

C’est cela que les Sages voulaient dire par leur


sentence : « Je révèle un palme et je dissimule deux
palmes », à savoir qu’ils ont reçu la permission de dévoiler
un secret nouveau que leurs prédécesseurs ne souhaitaient
pas révéler.

- 42 -
Ils faisaient ainsi allusion à un seul palme, c’est-à-dire
à la première des trois parties de la dissimulation
mentionnées ci-dessus. Ils la dévoilaient, mais ils laissaient
les deux autres parties dissimulées. Et cela, afin de montrer
que quelque chose s’est produit qui était la cause de ce
dévoilement, ou que « le non-nécessaire » avait reçu la
forme de « nécessaire », ou que la permission avait été
accordée par le Ciel, selon ce que j’ai expliqué ci-dessus.

C’est ce qu’exprime la maxime « J’ai découvert un


palme ».

Et que ceux qui s’intéressent aux profondes notions


que je me propose de publier cette année sachent qu’elles
sont toutes novatrices, qu’elles n’ont jamais été présentées
de façon claire et précise dans aucun livre paru
antérieurement. Je les ai reçues, de bouche à oreille, par
mon Maître ─ que son souvenir soit une bénédiction ─, qui
était autorisé à transmettre ces secrets, que lui-même avait
reçus de ses Maîtres, de bouche à oreille, et ainsi de
génération en génération…

Certes, je les ai reçus à condition de les dissimuler et


de les cacher, comme indiqué ci-dessus. Toutefois, à cause
de la nécessité que j’ai rappelée dans le chapitre « Le
temps d’agir », la catégorie intitulée « non-nécessaire »
s’est transformée en ce qui me concerne, et elle est
devenue « nécessaire ».

C’est pourquoi je dévoile ce palme avec une


autorisation complète, comme je l’ai expliqué plus haut.

Cependant, je veillerai sur les deux palmes, comme


j’en ai reçu l’ordre.

- 43 -

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