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12 solutions bioclimatiques pour l’habitat

Christophe Olivier & Avril Colleu Christophe Olivier & Avryl Colleu
12 solutions bioclimatiques pour l’habitat
Construire ou rénover : climat et besoins énergétiques
Dans cette initiation imagée aux principes de la bioclima- Formé très jeune à ce que l’on appelle aujourd’hui l’énergétique
12 SOLUTIONS
tique, les auteurs s’appuient sur l’histoire de l’homme et du des bâtiments, autoconstructeur en Afrique équatoriale, au
climat pour aborder progressivement les principes de la ther-
mique des bâtiments. Les architectes trouveront ici un cours
de bioclimatique, les maîtres d’œuvre et les maîtres d’ou-
Mexique puis en Provence, Christophe Olivier dirige un bureau
d’études en bioclimatique à Avignon : Renouveau Thermique.
II travaille principalement en tant que conseiller en maîtrise
BIOCLIMATIQUES
vrage des solutions et des tours de main. Les ingénieurs y d’ouvrage pour l’habitat ancien, et comme conseil auprès
puiseront avec plaisir matière à réflexion, les principes dont
il est question étant adaptables à toutes les constructions.
En matière d’habitat et depuis l’Antiquité, les anciens avaient
d’architectes pour les bâtiments neufs. Il nourrit aussi une pas-
sion pour l’histoire du bioclimatisme au cours de l’Holocène.
Il construit actuellement une maison bioclimatique à énergie
positive dans le Gard.
POUR L’HABITAT
tiré de leur expérience un savoir-faire qui, tout en leur appor-
tant plus de confort, était moins coûteux que les flambées de
bois. Bien avant que cette science ne prenne le nom de bio-
Architecte HMONP, Avryl Colleu s’est spécialisée dans l’éco-
logie industrielle, la bioclimatique et l’énergie du bâtiment,
Construire ou rénover :
climatisme, un style architectural distinct s’était développé au contact de spécialistes des énergies renouvelables. En
dans chaque région : il permettait de composer au mieux
avec les apports climatiques locaux.
s’entourant d’experts, elle exerce une veille pour le compte
de grands organismes publics ; elle travaille par exemple sur
climat et besoins énergétiques
La Provence n’a pas fait exception : bien qu’ils fussent peu la question de la récupération des calories émises par les
éduqués, ses anciens occupants, les Mestres, y mettaient en data centers pour alimenter des logements et faire de l’éco-
œuvre des principes simples dont on verra qu’ils se révèlent nomie circulaire. Organisatrice d’événements touchant à la
avantageusement applicables avec nos matériaux actuels. défense de l’environnement et à l’innovation sociale, elle fai-
Jusqu’en 1850, l’emploi des énergies fossiles n’étant pas sait partie de l’équipe d’organisation de Place to B pendant la
encore généralisé, on se chauffait surtout au soleil d’hiver. COP 21. Architecte associée au sein de l’agence Platane&Ilic,
Les bâtiments profitaient – ou se protégeaient – de tous les elle y développe la conception et le montage de projets mê-
MUR CAPTEUR RAMPE CAPTRICE DÉPHASAGE
apports énergétiques qu’ils subissaient. Tel qu’on le construi- lant économie virtuelle et économie sociale et solidaire.
sait encore à l’époque, le foyer de l’habitation était structu-
rellement confortable : il était peu éclairé et, les nuits d’hiver, Étudiants et architectes, particuliers et artisans : tous ceux qui
on s’habillait suffisamment pour apprécier une température participent à la conception d’un bâtiment apprécieront cet
ambiante de 14 °C. ouvrage. Dans le domaine de la maison individuelle, il s’agira
Et si les générateurs de chauffage actuels ne servaient par exemple des propriétaires qui veulent faire construire et
qu’à chauffer les 5 °C manquants pour atteindre les 19 °C de ceux qui souhaitent rénover leur habitation en utilisant MASSE THERMIQUE CAPTAGE D’AIR FRAIS VÉGÉTAUX

réglementaires ? les énergies récurrentes du climat pour diminuer les besoins


énergétiques des logements. Enfin, si l’on veut concevoir des

Christophe Olivier
Avryl Colleu
SOMMAIRE constructions qui atteignent les faibles besoins énergétiques
I. Introduction à la bioclimatique : Histoire du bioclimatisme requis par un bâtiment à énergie positive (BEPOS, obligatoire
• La bioclimatique et les bâtiments passifs • Adaptation du en 2020), on sait qu’il faut aller dans ce sens.
bâti au climat provençal • La course du soleil • II. Les solu-
tions : Chauffage : Mur capteur – Rampe captrice • Tempérer APPUIS DE FENÊTRES MATÉRIAUX PONTS THERMIQUES
le logement : Le déphasage – La masse thermique • Apport
de fraîcheur : Captage d’air frais – Les végétaux • Conception
des parois : Appuis de fenêtre – Matériaux • Économiser
Couverture : Christophe Picaud

l’énergie : Ponts thermiques – Les pièces tampons • Confort


ISBN : 978-2-212-14102-3
Code éditeur : G14102

thermique : La ventilation – Réguler l’humidité • Le vent •


III. Mise en œuvre des procédés bioclimatiques aujourd’hui : PIÈCES TAMPONS VENTILATION CONFORT THERMIQUE

Rénovation • Autoconstruction • Annexes : Les parois •


Les antisèches • Le climat du marquisat de Provence 39 €

9782212141023_COUV_BAT.indd 1 17/02/2016 10:31:50


12 solutions bioclimatiques pour l’habitat
Christophe Olivier & Avril Colleu Christophe Olivier & Avryl Colleu
12 solutions bioclimatiques pour l’habitat
Construire ou rénover : climat et besoins énergétiques
Dans cette initiation imagée aux principes de la bioclima- Formé très jeune à ce que l’on appelle aujourd’hui l’énergétique
12 SOLUTIONS
tique, les auteurs s’appuient sur l’histoire de l’homme et du des bâtiments, autoconstructeur en Afrique équatoriale, au
climat pour aborder progressivement les principes de la ther-
mique des bâtiments. Les architectes trouveront ici un cours
de bioclimatique, les maîtres d’œuvre et les maîtres d’ou-
Mexique puis en Provence, Christophe Olivier dirige un bureau
d’études en bioclimatique à Avignon : Renouveau Thermique.
II travaille principalement en tant que conseiller en maîtrise
BIOCLIMATIQUES
vrage des solutions et des tours de main. Les ingénieurs y d’ouvrage pour l’habitat ancien, et comme conseil auprès
puiseront avec plaisir matière à réflexion, les principes dont
il est question étant adaptables à toutes les constructions.
En matière d’habitat et depuis l’Antiquité, les anciens avaient
d’architectes pour les bâtiments neufs. Il nourrit aussi une pas-
sion pour l’histoire du bioclimatisme au cours de l’Holocène.
Il construit actuellement une maison bioclimatique à énergie
positive dans le Gard.
POUR L’HABITAT
tiré de leur expérience un savoir-faire qui, tout en leur appor-
tant plus de confort, était moins coûteux que les flambées de
bois. Bien avant que cette science ne prenne le nom de bio-
Architecte HMONP, Avryl Colleu s’est spécialisée dans l’éco-
logie industrielle, la bioclimatique et l’énergie du bâtiment,
Construire ou rénover :
climatisme, un style architectural distinct s’était développé au contact de spécialistes des énergies renouvelables. En
dans chaque région : il permettait de composer au mieux
avec les apports climatiques locaux.
s’entourant d’experts, elle exerce une veille pour le compte
de grands organismes publics ; elle travaille par exemple sur
climat et besoins énergétiques
La Provence n’a pas fait exception : bien qu’ils fussent peu la question de la récupération des calories émises par les
éduqués, ses anciens occupants, les Mestres, y mettaient en data centers pour alimenter des logements et faire de l’éco-
œuvre des principes simples dont on verra qu’ils se révèlent nomie circulaire. Organisatrice d’événements touchant à la
avantageusement applicables avec nos matériaux actuels. défense de l’environnement et à l’innovation sociale, elle fai-
Jusqu’en 1850, l’emploi des énergies fossiles n’étant pas sait partie de l’équipe d’organisation de Place to B pendant la
encore généralisé, on se chauffait surtout au soleil d’hiver. COP 21. Architecte associée au sein de l’agence Platane&Ilic,
Les bâtiments profitaient – ou se protégeaient – de tous les elle y développe la conception et le montage de projets mê-
MUR CAPTEUR RAMPE CAPTRICE DÉPHASAGE
apports énergétiques qu’ils subissaient. Tel qu’on le construi- lant économie virtuelle et économie sociale et solidaire.
sait encore à l’époque, le foyer de l’habitation était structu-
rellement confortable : il était peu éclairé et, les nuits d’hiver, Étudiants et architectes, particuliers et artisans : tous ceux qui
on s’habillait suffisamment pour apprécier une température participent à la conception d’un bâtiment apprécieront cet
ambiante de 14 °C. ouvrage. Dans le domaine de la maison individuelle, il s’agira
Et si les générateurs de chauffage actuels ne servaient par exemple des propriétaires qui veulent faire construire et
qu’à chauffer les 5 °C manquants pour atteindre les 19 °C de ceux qui souhaitent rénover leur habitation en utilisant MASSE THERMIQUE CAPTAGE D’AIR FRAIS VÉGÉTAUX

réglementaires ? les énergies récurrentes du climat pour diminuer les besoins


énergétiques des logements. Enfin, si l’on veut concevoir des

Christophe Olivier
Avryl Colleu
SOMMAIRE constructions qui atteignent les faibles besoins énergétiques
I. Introduction à la bioclimatique : Histoire du bioclimatisme requis par un bâtiment à énergie positive (BEPOS, obligatoire
• La bioclimatique et les bâtiments passifs • Adaptation du en 2020), on sait qu’il faut aller dans ce sens.
bâti au climat provençal • La course du soleil • II. Les solu-
tions : Chauffage : Mur capteur – Rampe captrice • Tempérer APPUIS DE FENÊTRES MATÉRIAUX PONTS THERMIQUES
le logement : Le déphasage – La masse thermique • Apport
de fraîcheur : Captage d’air frais – Les végétaux • Conception
des parois : Appuis de fenêtre – Matériaux • Économiser
l’énergie : Ponts thermiques – Les pièces tampons • Confort
thermique : La ventilation – Réguler l’humidité • Le vent •
III. Mise en œuvre des procédés bioclimatiques aujourd’hui : PIÈCES TAMPONS VENTILATION CONFORT THERMIQUE

Rénovation • Autoconstruction • Annexes : Les parois •


Les antisèches • Le climat du marquisat de Provence

9782212141023_COUV_BAT.indd 1 17/02/2016 10:31:50


Christophe Olivier & Avryl Colleu

12 solutions bioclimatiques
pour l’habitat
Construire ou rénover : climat et besoins énergétiques
Groupe Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05

www.editions-eyrolles.com

Sauf mentions contraires, les photos et schémas figurant dans cet ouvrage sont des auteurs.

Malgré le soin qu’ont apporté les auteurs et l’éditeur à l’identification des ayants droit des illustrations figurant
dans l’ouvrage, il se peut que certaines images aient été incorrectement attribuées. L’éditeur remercie par avance
les lecteurs qui voudront bien le lui signaler pour qu’il régularise les autorisations.

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent
ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du
Droit de Copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
© Groupe Eyrolles, 2016, ISBN : 978-2-212-14102-3
Sommaire
Avant-propos.............................................................................................................................. 8
Partie 1
Introduction à la bioclimatique.................................................. 13
1| Histoire du bioclimatisme......................................................................................... 14
2| La bioclimatique et les bâtiments passifs................................................. 25
3| Adaptation du bâti au climat provençal.................................................. 29
4| La course du soleil......................................................................................................... 39
Partie 2
les solutions...................................................................................................................... 45
5| Chauffage................................................................................................................................ 46
6| Tempérer le logement.................................................................................................. 59
7| Apport de fraîcheur....................................................................................................... 72
8| Conception des parois................................................................................................. 86
9| économiser l’énergie.................................................................................................... 103
10| Confort thermique..................................................................................................... 118
11| Le vent....................................................................................................................................... 138
Partie 3
Mise en œuvre des procédés bioclimatiques
aujourd’hui........................................................................................................................... 149
12| Rénovation........................................................................................................................... 150
13| Autoconstruction....................................................................................................... 171
Conclusion.................................................................................................................................. 188
Annexes
Annexe 1 : les parois.............................................................................................................. 192
Annexe 2 : les antisèches................................................................................................ 209
Annexe 3 : le climat du marquisat de Provence........................................ 220


Table des matières


Avant-propos.............................................................................................................................. 8
Partie 1
Introduction à la bioclimatique.................................................. 13
1| Histoire du bioclimatisme................................................................................... 14
1. Adaptation des peuples au changement climatique................. 14
2. Qui a pratiqué le bioclimatisme ?................................................................... 20
3. Aujourd’hui se présentent de nouvelles options........................ 22
4. échanges de chaleur.................................................................................................. 23
2| La bioclimatique et les bâtiments passifs........................................ 25
1. Le climat.................................................................................................................................... 29
3| Adaptation du bâti au climat provençal......................................... 29
2. Génoises.................................................................................................................................... 31
3. Les végétaux dans l’adaptation du bâti au climat ..................... 34
4. Une caractéristique du climat provençal : la rosée............... 36
4| La course du soleil..................................................................................................... 39
1. Quelques corollaires erronés......................................................................... 40
2. La course du soleil....................................................................................................... 41
Partie 2
les solutions...................................................................................................................... 45
5| Chauffage............................................................................................................................. 46
solution bioclimatique 1 : mur capteur..................................................... 46
1. Le Généralife........................................................................................................................ 46
2. Le mur capteur contemporain.......................................................................... 50
solution bioclimatique 2 : rampe captrice............................................. 52
1. L’histoire de la rampe captrice ........................................................................ 52
2. La cure du béton.............................................................................................................. 56
3. Le mortier de chaux..................................................................................................... 58
 5

6| Tempérer le logement............................................................................................. 59
solution bioclimatique 3 : le déphasage................................................... 59
1. Comment isoler sa maison en BBC.................................................................. 59
2. Conductivité thermique de la pierre ...................................................... 61
3. En Provence.......................................................................................................................... 62
solution bioclimatique 4 : la masse thermique................................ 65
1. Inertie thermique........................................................................................................... 65
2. Les caractéristiques thermiques des matériaux.......................... 68
7| Apport de fraîcheur.................................................................................................. 72
solution bioclimatique 5 : captage d’air frais................................... 72
1. Les architectes romains.......................................................................................... 72
2. L’atrium...................................................................................................................................... 73
3. L’atrium d’aujourd’hui................................................................................................ 75
4. Le rafraîchissement passif................................................................................... 76
solution bioclimatique 6 : les végétaux................................................... 79
1. Albédo......................................................................................................................................... 79
2. Le feuillage........................................................................................................................... 81
3. La vigne vierge................................................................................................................... 84
8| Conception des parois........................................................................................... 86
solution bioclimatique 7 : appuis de fenêtre....................................... 86
1. Tableau de fenêtre incliné.................................................................................... 86
2. L’effet tuyère....................................................................................................................... 87
3. Renouvellement d’air................................................................................................. 89
solution bioclimatique 8 : matériaux.......................................................... 92
1. Matériaux modernes.................................................................................................... 92
2. Matériaux de construction anciens........................................................ 97
9| économiser l’énergie............................................................................................... 103
solution bioclimatique 9 : ponts thermiques..................................... 103
1. Le pont thermique linéique de la dalle de plancher............... 103
2. Les ponts thermiques ponctuels................................................................... 105
3. Pont thermique linéique non structurel........................................... 106
solution bioclimatique 10 : les pièces tampons...................... 107
1. Serre ............................................................................................................................................. 108
2. Les pièces ouvertes........................................................................................................ 111
3. Pièces tampons d’aujourd’hui............................................................................ 114
6 

10| Confort thermique................................................................................................ 118


solution bioclimatique 11 : la ventilation............................................ 118
1. Ventilation double flux......................................................................................... 119
2. Effet tuyère.......................................................................................................................... 121
3. Changement de phase................................................................................................ 122
4. Climatisation...................................................................................................................... 123
5. Le plâtre.................................................................................................................................... 125
solution bioclimatique 12 : réguler l’humidité................................. 128
1. Le confort du corps humain............................................................................... 128
2. La vapeur d’eau émise................................................................................................... 133
11| Le vent..................................................................................................................................... 138
1. Stratégie d’évitement................................................................................................. 138
2. Frises sur faîtières......................................................................................................... 140
3. Le vent arrache ?............................................................................................................. 142
4. Fenêtre nord....................................................................................................................... 145
Partie 3
Mise en œuvre des procédés bioclimatiques
aujourd’hui........................................................................................................................... 149
12| Rénovation........................................................................................................................ 150
1. Quel type d’isolation choisir ?.......................................................................... 150
2. Une maison de campagne......................................................................................... 153
3. Habitat intermittent non utilisé en hiver (cas 1)........................ 154
3. Habitat intermittent occupé en hiver (cas 2) :
isolation par l’intérieur.............................................................................................. 156
4. Habitat permanent en bord de mer (cas 3) :
isolation du sous-sol...................................................................................................... 157
5. Habitat permanent à l’intérieur des terres (cas 4) :
isolation par l’extérieur............................................................................................. 160
6. Un cabanon des champs........................................................................................... 162
7. Une maison de ville....................................................................................................... 163
8. Parois et rénovation.................................................................................................. 167
9. Quelques exemples......................................................................................................... 170
 7

13| Autoconstruction....................................................................................................... 171


1. La conception bioclimatique............................................................................ 171
2. Autoconception............................................................................................................. 172
3. L’inversion de température.................................................................................. 172
4. L’espace habité.................................................................................................................... 174
5. Les contraintes climatiques ............................................................................. 175
6. Chantier .................................................................................................................................. 177
7. Chauffage............................................................................................................................... 180
8. Prévoir des cas extrêmes........................................................................................ 181
9. Valorisation........................................................................................................................ 183
10. Le coût .................................................................................................................................... 186
Conclusion.................................................................................................................................. 188
La démarche bioclimatique...................................................................................... 188
L’avenir............................................................................................................................................ 189
annexes
Annexe 1 : les parois.............................................................................................................. 192
1. La structure ........................................................................................................................ 192
2. Les isolants........................................................................................................................... 193
3. Logiciels de simulation thermique............................................................. 203
4. Isolation : expériences.............................................................................................. 203
5. Monomur : expériences ............................................................................................. 205
Annexe 2 : les antisèches................................................................................................ 209
1. En altitude ou en haute latitude ................................................................. 211
2. Le puits provençal ........................................................................................................ 213
3. Apprendre des bâtiments anciens du voisinage ............................ 215
4. Rénovation de bâtisses............................................................................................. 217
Annexe 3 : le climat du marquisat de Provence........................................ 221
1. Le climat méditerranéen......................................................................................... 221
2. La Provence ......................................................................................................................... 222
3. La « douceur méditerranéenne »...................................................................... 223
4. Les cieux clairs.................................................................................................................. 223
5. Les pluies concentrées en orage.................................................................... 224
6. Les hivers réputés doux........................................................................................... 226
7. L’amplitude thermique............................................................................................... 226
Avant-propos

«C
e qui mérite d’être fait mérite d’être bien fait. » Le premier humain qui a
décidé d’investir ses efforts dans la construction d’un habitat permanent
a certainement tenté de construire un logement agréable à vivre.
Pourquoi en douter ?

Ce premier constructeur a vraisemblablement pris évolué. Théoriquement, nos édifices actuels


en compte les matériaux et les outils dont il dispo- devraient donc être beaucoup plus performants
sait et, avant de lancer son chantier, a considéré que ceux des années 1800.
le climat dont il voulait se protéger. Il a soigneuse-
À la demande des architectes des bâtiments de
ment choisi l’emplacement de sa construction et
France et d’associations du patrimoine, le Centre
l’a orientée en fonction de la course du soleil ou du
scientifique des techniques du bâtiment (CSTB)
vent dominant. a réalisé une étude approfondie de centaines de
La bioclimatique date de temps immémoriaux. constructions anciennes appartenant à l’État fran-
Depuis, cette adaptation du vivant au climat (bio- çais. Pour ce faire, ses ingénieurs ont installé de
climat) a progressé. Chaque fois que l’on a décou- nombreux capteurs à l’intérieur et à l’extérieur des
bâtiments, sur les murs, dans les planchers et dans
vert une nouvelle parade, on l’a testée. Si elle se
la toiture, qui ont fourni des téra-octets de données
révélait meilleure dans la durée que ce que l’on
numériques. Ils ont étudié toutes ces informations
connaissait, elle s’imposait. Puis, elle était répé-
sur des ordinateurs surpuissants. Dans l’esprit de
tée. C’est le mécanisme du cliquet : le mouvement
ces scientifiques, il s’agissait de comprendre pour-
peut aller vers l’avant, mais il ne revient jamais en
quoi on vivait relativement confortablement dans
arrière. Sur cette base empirique se sont construits
de vieilles bâtisses dépourvues de toute isolation.
les artisanats : le savoir-faire ancestral.
Ils ont été surpris par les résultats obtenus. Ils en
Sous chaque microclimat, les solutions construc- ont tiré trois déductions intéressantes :
tives les mieux adaptées se sont imposées. Petit à • les logiciels de simulation les plus perfectionnés
petit, de grandes tendances architectoniques se ne peuvent calculer la résistance de ces parois
sont dessinées. Région par région, des styles archi- qu’avec des taux d’erreur souvent supérieurs à
tecturaux typiques sont apparus. 20 % ;
• la résistance thermique des parois n’est pas
En deux siècles, les matériaux ainsi que nos constante tout au long de l’année. Elle semble
connaissances techniques ont considérablement varier en fonction de l’humidité qui les habite ;
Avant-propos 9

• les constructions testées affichent une consom- La Première Guerre mondiale a décimé les arti-
mation moyenne de 160 kWh/m².an. sans. Les charpentiers de seize à soixante ans
furent mobilisés ! L’administration militaire
N’en déplaise aux modernistes, la conclusion a été
se moqua éperdument du lien qui unissait un
sans appel : malgré toutes nos avancées techno-
maître et son apprenti. On les envoya au front
logiques, malgré toutes nos inventions, l’efficacité
pour construire et réparer les tranchées. Le gaz
thermique des bâtiments n’a pas progressé entre moutarde en tua beaucoup, rongeant rapidement
1800 et 1970 ! les bronches des plus âgés. La transmission
Les ingénieurs du CSTB ont équipé de capteurs des connaissances fut interrompue. Des siècles
électroniques toutes les pièces de ces vieilles d’expérience se perdirent ainsi dans « la guerre
bâtisses. La plupart des pièces de ces bâtiments massacrante ». La Faucheuse ne laissa que des
historiques n’ont plus l’usage pour lequel elles jeunes, souvent éclopés. Les patrons charpentiers
avaient été conçues : or elles sont devenues mai- d’après 1918, ceux qui reconstruisirent la France,
ries, musées, ministères ou autres administrations. avaient rarement plus de trente ans. Les corps des
Par exemple, tel prieuré comportait une étable survivants avaient beaucoup souffert. Le bâti fut
accolée qui est devenue une salle d’exposition, moins dégradé que le niveau du savoir-faire. On
pour laquelle on a créé une porte qui modifie les répara beaucoup plus qu’on ne construisit entre
flux et échanges thermiques du bâtiment. Dans les deux guerres.
un mas provençal, les pièces d’habitation étaient Lorsque la Seconde Guerre mondiale se termina,
protégées à l’ouest par une grange et au nord par on constata le désastre laissé par l’efficacité impi-
un cellier, ceux-ci ont été transformés en salon toyable des bombardements. Des villes entières
cathédrale et en bureau paysager. On comprend avaient été rasées. De Hambourg il ne restait que
aisément que si l’étude du CSTB a considéré toutes la cathédrale, seule, miraculeusement intacte au
les pièces actuelles, il est vraisemblable que les milieu d’un océan de ruines.
pièces originellement destinées à l’habitation
auraient obtenu de meilleures performances ther- La perte du savoir-faire et le défi de « la recons-
miques que la moyenne. truction » du pays frappèrent également les deux
camps. Il fallut édifier. L’urgence était absolue. On
La révolution industrielle, la révolution techno- chercha la solution qui permettrait d’aller le plus
logique et la révolution informatique n’auraient- vite possible. On trouva.
elles donc eu aucun impact positif sur la qualité
Le ciment venait d’atteindre un degré technique
thermique de nos constructions ? Certes, nos
inégalé. Il s’agissait clairement du meilleur liant
avancées scientifiques ont permis de construire
dont on disposait dans le monde. Sa composition
beaucoup plus vite, mais pas mieux. Les mai-
chimique acceptait les agrégats les plus divers. On
sons qui se construisaient en 2000 affichaient
savait en couler des tonnes en quelques heures. On
des consommations allant jusqu’à 400 kWh/m²/
pouvait le fabriquer à qualité constante. Sa courbe
an. Elles étaient thermiquement deux fois moins
de dilatation ressemblait à celle de l’acier. Le béton
efficaces que les vieilles bâtisses du xviiie siècle !
avait été élu « roi des matériaux ». Sa mise en place
La théorie du cliquet n’est donc pas inexo-
demandait une main-d’œuvre peu qualifiée.
rable. De fait, la progression de notre « savoir-
construire » a été cassée par les deux guerres Le besoin était tel que, malgré ce matériau inno-
mondiales. vant, malgré les investissements colossaux, il
10 

fallut plus de vingt-cinq ans pour le satisfaire. La questions sont multiples, mais peuvent se résumer
demande resta nettement plus forte que la pro- en une seule : ils s’accommodaient du climat local.
duction jusqu’à la fin des années 1960. En 1965, de
Au Nord de l’Europe, les constructeurs calfeu-
nombreux couples parisiens vivaient encore chez
traient les bâtiments entre des doubles parois
leurs parents, faute de trouver un logement.
avec de minuscules fenêtres. En Provence, toutes
La priorité des années 1960 n’est plus d’actualité. les façades étaient en pierre et presque aveugles,
Aujourd’hui, l’efficacité énergétique s’impose. Elle sauf celles donnant sur le sud, où on perçait les
est écologique, mais surtout pragmatique. Les plus grandes fenêtres possibles.
énergies fossiles constituent une ressource limitée
Les constructeurs de Provence régulaient l’humi-
dont l’utilisation participe au réchauffement clima-
dité dans les pièces principales, les protégeaient
tique. Diminuer les besoins en énergie s’avère donc
du vent, captaient la chaleur des rayons solaires
important pour notre avenir, individuel et collectif.
d’hiver mais pas d’été, etc. Bref, ils employaient de
Depuis les années 1960, nous avons inventé une multiples solutions qui toutes coopéraient pour
multitude de technologies et de produits très effi- rendre les logements confortables.
caces. Un chauffagiste de l’après-guerre n’aurait
Les douze solutions présentées ici concernent
pas pu imaginer nos technologies actuelles. Les
des besoins essentiels des habitats de Provence :
pompes à chaleur, isolants, doubles vitrages, sys-
le chauffage, le confort thermique (tempérer le
tèmes thermodynamiques, panneaux solaires ou
logement), l’apport de fraîcheur, la conception des
éoliennes s’imposent à grande vitesse.
parois du bâtiment, les économies d’énergie et la
Nous vivons les prémices d’un changement cli- régulation de l’humidité dans nos intérieurs. Elles
matique, mais nous n’en avons pas l’expérience. sont exposées de manière progressive puisque,
Observons les peuples qui en ont déjà vécu un : à l’origine, cet ouvrage devait servir de support à
leurs habitats se sont adaptés. Ils ont employé des un cours d’initiation destiné à de futurs jeunes
techniques primaires. Beaucoup d’entre elles se architectes.
sont révélées particulièrement efficaces, d’autres
La bioclimatique réunit un ensemble de savoir-
très bon marché. La plupart peuvent être adoptées
faire qui étaient mobilisés par des personnes peu
par les architectes. Nos bureaux d’études utilisent
cultivées, mais qui ne manquaient pas de bon sens.
des logiciels perfectionnés qui permettent de cal-
Il s’agissait souvent de cultivateurs un peu âgés, de
culer l’efficacité de certaines d’entre elles.
personnes d’expérience, mais qui ne connaissaient
Nous en connaissons déjà le résultat : malgré la rien de nos mathématiques actuelles. Ce sont des
grande avancée de nos connaissances, les vieilles principes simples. Ils permettent, petit à petit,
maisons aux murs très épais… seraient thermique- d’envisager et de s’approprier les fondamentaux
ment plus efficaces que les maisons avec fenêtres de la thermique des bâtiments. Ils permettent sur-
à double vitrage du catalogue d’un constructeur tout d’améliorer considérablement le confort d’un
bien connu des années 2000 ! logement, quel qu’il soit, sous le soleil du Midi et
le mistral.
Mais comment faisaient nos ancêtres pour sup-
porter les hivers sans isolant pour leurs parois ni L’exposé de ces douze solutions commence par des
chauffage performant ? Et en Provence, pourquoi les exemples tirés de l’histoire du bioclimatisme dans
vieilles maisons semblent-elles si fraîches même la construction des bâtiments, des points de vue
durant les canicules ? Les réponses à ces deux simples, aisément compréhensibles par tout un
Avant-propos 11

chacun. Puis on abordera les angles de l’irradia- constructifs que des millénaires d’expérience
tion solaire, et on verra qu’ils peuvent condition- avaient mis au point… et arrêter de prétendre
ner notre utilisation des vitrages. La complexité concevoir un bâtiment type, à la technologie
ira croissant, petit à petit, en définissant chaque suprême, qui hypothétiquement serait en mesure
terme technique plutôt deux fois qu’une. Lorsque de répondre à toutes les contraintes climatiques.
le lecteur, au terme des douze solutions proposées,
abordera la conception des parois, il aura déjà Nos ancêtres ont laissé des dizaines de milliers de
compris les bases de la thermique des bâtiments. traces de leur savoir bioclimatique : tous les ves-
Il commencera à se poser des questions éclairées. tiges, ruines ou bâtiments anciens, qui sont dissé-
Il devrait alors avoir acquis les bases propices à la minés sur nos territoires.
prise de bonnes décisions pour son projet. Ces vestiges montrent des propriétés thermiques
Si vous habitez le midi de la France, que vous soyez adaptées à leur environnement. Chaque région uti-
autoconstructeur, que vous rénoviez une maison lisait des principes différents, puisque l’adaptation
ancienne (ou moderne) ou que vous ayez un pro- au climat local l’imposait, et toutes les construc-
jet de construction, les savoirs de nos anciens tions d’un même bourg employaient des principes
vous seront utiles. Ils ne manquaient pas de bon constructifs similaires. Les bâtisses d’un vallon
sens et connaissaient les contraintes des climats venté étaient toutes exactement alignées. Il exis-
locaux comme personne. Ils privilégiaient certains tait des formes de cheminées que l’on ne trouvait
principes, simples, particulièrement efficaces (et que dans des vallées bien précises.
souvent oubliés).
C’est un savoir-faire, il est sous nos yeux, il suffit
La bioclimatique n’a rien de nouveau. De fait, les d’apprendre à le lire.
vieilles bâtisses qui ornent encore nos campagnes
Le mot « bioclimatisme » est entré récemment
et nos villages de Provence illustrent toujours son
dans notre langage courant, pourtant son appli-
application. Utiliser ces principes anciens et les
cation à la construction de logements (« la bio-
conjuguer avec nos matériaux modernes ne consti-
tue pas une novation, tout au plus un re-nouveau : climatique ») relève d’un savoir ancestral ; c’est
un renouveau thermique. Il s’agit de tirer parti de la sa redécouverte qui constitue une novation. Les
connaissance des contraintes climatiques locales logiciels de nos thermiciens montrent qu’elle était
et des solutions que des millénaires de construc- efficace et qu’elle permettait de construire des
tion ont mises au point ; il s’agit aussi de les mettre logements confortables, agréables à vivre.
en œuvre avec nos matériaux contemporains dans Y aurait-il un risque quelconque à considérer que
le cadre de nos réglementations actuelles. le bon sens de nos anciens valait le nôtre ?
C’est une grande ambition que de souhaiter Et s’il s’avérait que certains de leurs principes
construire mieux pour édifier des bâtiments plus
peuvent se conjuguer heureusement avec nos
sains, plus confortables et plus économes. C’est
techniques actuelles ?
pourtant une ambition tout à fait réaliste : pour
cela, il faudrait se remémorer certains principes À quel coût ?
Partie 1

Introduction à
la bioclimatique
Chaque région climatique du monde a développé un type d’habitat spé-
cifique : chaque fois la structure et les détails constructifs de ces
bâtiments correspondent à une adaptation au climat local si efficace que,
répétés à l’envi, ils ont défini des styles architecturaux typiques. Ainsi la
forme et les proportions d’une avancée de toit, caractéristique des
constructions d’une région climatique, est directement liée à la course du
soleil et à la puissance des vents dominants.
Cette sélection des meilleures solutions bioclimatiques s’est faite au
cours du temps, génération après génération de constructeurs. Quand on
trouvait une nouvelle solution, encore mieux adaptée au climat local et
aux modes constructifs en vigueur, on l’expérimentait, on la testait encore
et encore… Son emploi ne se généralisait que lorsqu’on était certain de
sa durabilité et de l’amélioration qu’elle apportait au confort du logement.
Il en fut ainsi, par exemple, pour les génoises.

« Lorsque le passé n’éclaire plus l’avenir, le présent


marche dans les ténèbres. »
Alexis de Tocqueville
1| Histoire du bioclimatisme

L’
histoire du bioclimatisme a commencé le jour où un homme s’est demandé
comment construire un toit pour se protéger des éléments climatiques.
Les habitats sont devenus permanents à la fin du Dryas récent, lorsqu’un
réchauffement cataclysmique a contraint les humains à se fixer près des points
d’eau. Jamais, dans les 400 000 ans de relevés glaciaires arctiques, on n’a noté de
réchauffement aussi violent et aussi brutal : en quarante ans, vers 10 000 avant
notre ère, les températures moyennes se sont élevées de 15 °C ! Pour faire face
à cette situation, les humains de l’époque ont inventé, dans l’urgence, un habitat
rudimentaire mais thermiquement efficace.

1. Adaptation des peuples prenait évidemment en compte la difficulté qu’il


y avait à creuser aussi profondément dans une
au changement climatique terre pierreuse quand on ne disposait que de ses
mains, du feu, d’épieux et d’omoplates d’animaux
en guise de pelles.
Les Natoufiens
Tout le peuple natoufien adopta exactement la
Les Natoufiens vivaient de la chasse à l’ours (au
même solution bioclimatique. Cette technique
filet) dans une des forêts les plus giboyeuses
était aboutie, puisque l’intégralité des loge-
du monde de l’époque, du côté du Jourdain. Un ments, quel que fût le village, furent exactement
changement climatique soudain a fait mon- construits à la même profondeur.
ter les thermomètres de 14 °C en deux généra-
tions ! Quarante ans plus tard, au même endroit, Dans chaque bourg, une « maison » plus grande
ils se retrouvèrent à chasser la gazelle dans une que les autres (5 m de diamètre au lieu de 3)
savane sèche (et durent inventer l’archerie). Ils abritait un « puits ». Celui-ci n’était pas destiné
adaptèrent leurs habitats en conséquence. Ils à y puiser de l’eau, mais à piéger l’air froid noc-
turne. Il servait au stockage des aliments. Cette
ne connaissaient pas les isolants, ni le verre ni
technologie-ci restait vraisemblablement encore
les joints ; aussi choisirent-ils d’enterrer leurs
perfectible, puisque la profondeur de ces « réfri-
maisons à 1,40 m de profondeur. Autrement dit,
gérateurs naturels » n’était pas constante.
absolument toutes leurs constructions se sont
trouvées enterrées à exactement 1,40 m de pro- Les Natoufiens de 10 000 av. J.-C. formèrent un
fondeur, et il s’agissait bien là d’un choix. Ce choix peuple extraordinairement inventif, au point de
1| Histoire du bioclimatisme 15

Natoufiens

—2

—4

—6

—8

— 400 000 — 300 000 — 200 000 — 100 000 0


Variations des températures moyennes sur terre, d’après les carottes glaciaires du Groenland, 400 000 ans.

constituer le jalon qui marque l’entrée des humains


dans le Néolithique. Implantés en villages, leurs Le confort de l’habitat
habitats devaient apporter protection et confort. natoufien
Ils n’auraient pas fait l’effort colossal d’édifier
Les sept premiers mètres du sol subissent les
chacune de leurs maisons en creusant à 1,40 m de variations thermiques de l’air ambiant mais la grande
profondeur si cela n’avait pas présenté un intérêt inertie du sol les décale dans le temps : le pic de
majeur. Or, du point de vue énergétique, cette pro- froidure en surface a lieu à la fin janvier, le long des
fondeur constitue un excellent compromis entre rives du Jourdain, mais au début du mois de mars à
la masse thermique terrestre (amortissement des 1,40 m de profondeur. La puissance de transmission
amplitudes) et la température constante (soit, dans des températures de l’air à la terre dépend de
cette région, 15,5 °C à 7 m sous terre). Les Natou- l’humidité de celle-ci. Or les Natoufiens vivaient une
fiens ont donc mis au point un système constructif des pires sècheresses de l’histoire, donc les sols étaient
qui conférait naturellement un climat tempéré à particulièrement secs. On estime que les différences
leurs logis. C’était la meilleure adaptation possible moyennes de température entre le jour et la nuit
au changement climatique extraordinairement dépassaient 20 °C, alors qu’à 1,40 m de profondeur
violent qu’ils connaissaient. elles avoisinaient 8 °C. De même, on estime que dans
cette région du monde les températures moyennes
variaient de 12 °C entre l’été et l’hiver mais seulement
de 4 °C à 1,40 m de profondeur. Mieux encore : lorsque
le soleil réchauffe la surface du sol, l’onde de chaleur
5m met environ 36 heures pour atteindre 1, 40 m de
3m profondeur, aussi la température ressentie au fond des
habitats natoufiens au plus froid de l’air de la nuit (4 h
du matin) correspond au réchauffement dû au pic de
chaleur de l’avant-veille (4 h de l’après-midi). Creuser à
1,40 m de profondeur représentait un effort important
mais apportait un confort thermique remarquable pour
l’époque, jour après jour : passivement.
1,4 m de profondeur par 5 m de rayon. 1,4 m de profondeur par 3 m de rayon.
16 Introduction à la bioclimatique

Chapelle blanche de Sesostris, Karnak, Égypte, Moyen Empire. © www.sylviebarbaroux.blogspot.com

Les Mureybétiens

En – 8500, dans la même région, les Mureybétiens appliquèrent logements des rayons solaires presque verticaux de l’été.
un principe de construction bioclimatique similaire. Mais ils Ils alignèrent la majorité de leurs cabanes vers le sud et
furent confrontés à un problème nouveau, certains de leurs en protégèrent l’entrée par un sas et une ombrière qui
villages devant être édifiés dans des oasis, sur du sable : avançaient de 2,20 m.
impossible de creuser des habitats dans ce sol instable. Ils
décidèrent de s’inspirer du schéma des cabanes provisoires
Nappe de roseaux
qu’ils édifiaient lorsqu’ils poursuivaient un troupeau de gibiers empilés de 60 cm
durant des jours. Ils disposaient de bois et de roseaux. Ils
assemblèrent donc des armatures en bois (poteau-poutre) et
les recouvrirent de roseaux glanés à proximité.
Très vite, les Mureybétiens découvrirent les propriétés
thermiques du roseau : c’est un excellent isolant, il régule aussi
remarquablement l’humidité. Il est particulièrement efficace
lorsqu’il est comprimé en nappes très denses.
Dans ces pays arides, la protection contre la pluie était
2,20 m2 2,20 m 2,20 m

Murs en pierres sèches,


accessoire, le principal problème étant la chaleur. Les étanchéifiés à l'argile
Mureybétiens se mirent à couper des roseaux en quantité. Vue en plan Vue en coupe longitudinale
Ils en amoncelèrent sur leurs toits jusqu’à atteindre des
épaisseurs de 60, voire 80 cm. Ils prémunirent ainsi leurs L’un des modes de construction mureybétiens.
1| Histoire du bioclimatisme 17

Entre 2000 et 1900 avant notre ère, la Terre connut ces plates-formes étaient adossées à un grand
un refroidissement conséquent qui modifia pro- escalier maçonné dirigé plein sud. Ils notèrent
fondément le régime des pluies. Les Égyptiens, les aussi que ces temples étaient plus chauds en
Phéniciens et les Crétois formaient alors les trois hiver que les autres. Quand ils en eurent compris
peuples dominants de la Méditerranée. le mécanisme, les Phéniciens l’appliquèrent en
l’améliorant. Dès cet instant, et jusqu’à la fin de
Chacun d’eux chercha des solutions pour que
la période froide, tous les temples qu’ils construi-
ses habitats devinssent plus agréables. Du fait ront le seront sur une haute plate-forme précédée
du refroidissement climatique, il fallut trouver d’un escalier raide orienté au sud. La forme et les
un moyen pour réchauffer un peu plus l’intérieur dimensions de la rampe furent répétées à l’envi :
des bâtiments. Aucune de ces civilisations n’eut celles-ci permettaient de transférer l’énergie dans
recours aux cheminées. la structure de telle manière que l’irradiation d’été
sur la rampe chauffait l’intérieur du temple en
Les Égyptiens du Moyen Empire et hiver.

l’utilisation de la masse thermique


Les Crétois et l’évacuation de l’air
Ce furent les Égyptiens du Moyen Empire qui
mirent au point la parade de la masse thermique, froid
et ce fut par hasard. En Crète, le palais de Cnossos fut largement
Le changement du régime des vents avait asséché agrandi. On ajouta des bâtiments à côté des zones
le Sahara. Les pluies s’étaient déplacées nettement de stockage, on les ordonna autour d’une vaste
au sud du tropique du Cancer, c’est-à-dire vers la cour, et surtout on y construisit un large couloir
zone de captage hydrographique du Nil. Le fleuve, en pente, qui permettait d’en évacuer l’air froid
durant les hivers.
gonflé d’eau, coula dans une terre plus désertique.
Il s’ensuivit des inondations catastrophiques, Chacun de ces peuples avait trouvé une solution
des famines et la décadence de l’Égypte (Moyen rendant la thermique de ses bâtiments si efficace
Empire). Les temples étaient construits à plat sur qu’aucun n’eut besoin de recourir à un chauffage
une terre damée. Comme l’économie se trouvait au complémentaire au bois : ils ne construisirent
plus mal, on en construisit peu. Les temples que pas de cheminées ! C’est la conception de leurs
l’on édifia le furent sur une plate-forme de pierres bâtiments qui évolua vers l’utilisation de l’éner-
destinée, en les surélevant, à les protéger des inon- gie solaire. Cette démarche fut suffisante pour
dations. Les prêtres égyptiens constatèrent rapi- satisfaire l’essentiel du besoin en énergie supplé-
dement que les températures dans ces temples mentaire demandée par les habitats : celui qu’im-
s’avéraient particulièrement agréables. posait le changement climatique du moment.

Les Phéniciens du Moyen Empire Les Égyptiens du Nouvel Empire


et le transfert d’énergie et le stockage de fraîcheur
Les Phéniciens constituaient, à la même époque, Les Égyptiens du Nouvel Empire (jusqu’à – 1080)
le peuple commerçant de la Méditerranée. Ils construisaient des maisons de terre battue, recou-
voyageaient constamment et ils remarquèrent que vertes de roseaux et d’un peu d’argile. Les habitats
18 Introduction à la bioclimatique

Conquête Apogée de Empire Révolution


Moyen Âge
du monde l’Antiquité romain industrielle

16 °C

14 °C
– 2000 – 1000 0 1000 2000

12 °C

Les grandes Empire Les années Petit âge


migrations grec sombres glaciaire

Variations des températures moyennes sur terre depuis l’Antiquité (hémisphère nord).

des ouvriers étaient plats, mais ceux des cadres aliments. La climatisation de leurs logements repo-
comportaient tous une cave. Pourquoi préférer une sait sur une conception éprouvée et une porte.
cave (creusée) à une pièce supplémentaire ? L’effort
eût été moindre. Or les nuits sont fraîches dans les
régions désertiques, la cave offrait l’avantage de
Les Grecs et l’acclimatation
permettre de stocker cet air frais. S’il faisait trop des constructions
chaud dans la maison, en début d’après-midi, il
suffisait d’ouvrir la porte de la cave: l’air se dépla- Les Grecs inventèrent l’architecture. Ils se ser-
çait lentement du froid vers le chaud, créant un virent de l’astuce perfectionnée par les Phéniciens
courant d’air raffraichissant à travers la pièce à et apportèrent des améliorations considérables à
vivre. Les Égyptiens fortunés pouvaient donc ainsi la conception des péristyles. De – 700 à – 250, ce
réguler la température de leur habitat. Ne dispo- peuple vécut dans un climat de plus en plus froid ;
sant pas de machines, ils se contentèrent de créer cette période correspond à la « Grèce archaïque ».
un stockage d’air frais là où ils conservaient leurs Puis, de – 250 à l’an 1, les températures allèrent en
1| Histoire du bioclimatisme 19

Apogée de l’Antiquité Empire grec Empire romain


16 °C

A En 700 av. J.-C., les constructions


sont toutes orientées au sud-est,
les tuiles utilisées sont de marbre clair.

B Vers 600 av. J.-C., les nouveaux


bâtiments visent le plein sud.

C Vers 500 av. J.-C., les péristyles font


moins écran au soleil d’ouest.
I
D Aux alentours de 450 av. J.-C.,
on commence à peindre en rouge
le bas des murs ouest.

E Vers 400 av. J.-C., les constructions A


tournent encore et s’orientent
vers le sud-ouest. B

F Vers 350 av. J.-C., l’usage des tuiles


14 °C C
de terre cuite se généralise.
– 1000 0
D
G Vers 300 av. J.-C., les murs extérieurs
ouest et sud sont également peints en rouge. E

H
F
Peu avant 250 av. J.-C., c’est au tour
des piliers d’être également peints
G
en rouge puis on abat les péristyles.
H
I Vers 150 av. J.-C., chute de l’Empire grec.

13 °C

Dispositifs bioclimatiques inventés sous l’Empire grec.

se réchauffant, c’est la « Grèce hellénistique ». La nocturne. Dans ces régions où le ciel est clair,
conception de leurs constructions dut s’adapter à ces les amplitudes thermiques sur 24 h dépassent
évolutions des températures moyennes du moment. régulièrement les 14 °C. La plupart des maisons
romaines furent construites autour d’un atrium.
On pourrait dater la construction de la plupart des
Il y en eut d’autant plus que les températures
bâtiments grecs en se basant sur leurs caracté-
moyennes du globe s’élevaient.
ristiques thermiques, qui reflètent l’adaptation
des architectes grecs au changement climatique Ces anciens adaptaient leurs constructions au
qu’ils ont connu. climat du moment. Ils faisaient de la bioclima-
tique sans le savoir. Ils cherchaient tout simple-
L’effet de cliquet de l’évolution de la bioclima-
ment à vivre le mieux possible.
tique continua à sélectionner les solutions les
plus adaptées. Les Romains perfectionnèrent le
système de rafraîchissement par captage d’air

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