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Article en cours de réactualisation

¶ 36-605-A-10

Anesthésie en chirurgie orthopédique


M. Carles, M. Blay, E. Gaertner

Les impératifs préopératoires de l’anesthésie en chirurgie orthopédique/traumatologique sont :


d’informer sur les techniques d’anesthésie locorégionale (ALR) et d’en discuter le rapport bénéfice-risque
afin de proposer un protocole anesthésique accepté par le patient ; d’informer sur le recours
transfusionnel et obtenir un consentement éclairé ; d’informer sur le risque thromboembolique et ses
mesures préventives ; d’informer sur le risque infectieux. Il s’agit également de réaliser les bilans
complémentaires adaptés en fonction de la chirurgie et du terrain, de vérifier la compatibilité des
traitements avec la chirurgie proposée permettant de planifier les arrêts ou relais thérapeutiques
nécessaires, de proposer des thérapeutiques spécifiques (érythropoïétine, antibiothérapie) et parfois de
rediscuter au cas par cas avec le chirurgien de l’opportunité d’une chirurgie fonctionnelle mineure aux
implications anesthésiques non négligeables chez un patient médicalement non stabilisé ou à haut
risque. La prise en charge peropératoire comprend : la mise en place des techniques d’ALR pour la période
per- et postopératoire dans un but analgésique et de réhabilitation précoce, la prévention ou le traitement
des complications postopératoires qui sont maintenant bien connues en chirurgie orthopédique majeure.
Par exemple, le recours à un monitorage sanglant est un moyen aisé d’obtenir un monitorage continu de
la pression artérielle mais aussi des bilans biologiques. La prise en charge postopératoire inclut : en
premier lieu une lutte optimale contre la douleur qui comporte la mise en place d’outils de surveillance
régulière avec les équipes de soins et la gestion multimodale des traitements (analgésie locorégionale,
systémique), le suivi, le dépistage et la prise en charge des complications (thromboemboliques,
hémorragiques, infectieuses). La « réhabilitation précoce », démarche active postopératoire précoce,
comporte plusieurs directions dont certains aspects sont en cours d’évaluation : amélioration de
l’analgésie postopératoire ; réduction des risques induits thromboemboliques (nouvelles molécules),
infectieux (nouvelles procédures préventives) et hémorragiques (substituts du sang) ; prise en compte du
terrain : aspects nutritionnels et cognitifs chez la personne âgée, comorbidités et nouvelles
thérapeutiques (polyarthrite rhumatoïde par exemple).
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Mots clés : Orthopédie ; Traumatologie ; Anesthésie ; Chirurgie de la hanche et du fémur ;


Chirurgie de l’épaule ; Prévention ; Garrot ; Embolie graisseuse

Plan ¶ Comorbidités liées à la chirurgie orthopédique 6


Risque lié à la douleur 7
¶ Introduction 2 Risque thromboembolique 7
Risque hémorragique et transfusionnel 8
¶ Anesthésie en fonction de l’intervention 2
Risque infectieux 8
Chirurgie de la hanche : prothèse totale de hanche 2
Risque lié à l’utilisation du garrot 9
Chirurgie du genou : prothèses (partielles ou totales),
Risque lié à l’utilisation de ciment 10
ligamentoplastie, méniscectomie et chirurgie arthroscopique
Embolie graisseuse 10
mineure 4
Chirurgie de l’épaule : prothèses (partielles ou totales), ¶ Pathologies spécifiques 10
réparation de coiffe des rotateurs et de l’instabilité de l’épaule, Polyarthrite rhumatoïde 10
chirurgie arthroscopique mineure 4 Spondylarthropathies 11
Chirurgie du rachis 5 Scoliose 11
Autres types de chirurgie orthopédique 6 ¶ Synthèse et principes 11
En préopératoire 11
Prise en charge peropératoire 11
Prise en charge postopératoire 12
¶ Conclusion 12

Anesthésie-Réanimation 1
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36-605-A-10 ¶ Anesthésie en chirurgie orthopédique

■ Introduction en compte pour le positionnement et le fonctionnement des


abords veineux et du brassard de monitorage de la pression
L’anesthésie-réanimation en chirurgie orthopédique et artérielle non invasive. En cas de recours à l’anesthésie générale
traumatologique couvre un champ très large aussi bien en (AG), le décubitus latéral ne justifie pas l’utilisation d’une sonde
pratique clinique qu’en recherche fondamentale. Ce texte cible armée, le visage étant parfaitement dégagé (absence de
donc les principaux éléments permettant une prise en charge contrainte mécanique). Le recours systématique au sondage
adaptée. urinaire à demeure n’est pas obligatoire et doit être discuté en
Les spécificités de l’anesthésie en chirurgie orthopédique/ fonction du terrain (incontinence) et de la durée opératoire.
traumatologique sont :
• avant l’intervention, l’évaluation des risques infectieux, Techniques anesthésiques
hémorragiques et thrombotiques et l’information du patient
sur la prise en charge analgésique ; Pour la PTH, le choix de la technique anesthésique doit
• pendant l’intervention, l’installation du patient, la gestion prendre en compte :
des risques spécifiques liés à l’utilisation du garrot de mem- • la durée prévisible de l’intervention (en fonction de la
bre, du ciment chirurgical, etc. ; chirurgie : première intention ou reprise, mode opératoire du
• la gestion des risques liés aux ostéotomies et aux fractures : chirurgien) pouvant imposer l’AG en raison de l’inconfort de
embolie graisseuse, risque hémorragique, risque infectieux ; la position sur la table ;
• après l’intervention, l’analgésie postopératoire et la réhabili- • les impératifs de la réhabilitation postopératoire : lever
tation, le risque thrombotique postopératoire ; précoce avec appui immédiat ;
• enfin la prise en compte de terrains spécifiques : polyarthrite • les facteurs usuels pouvant être des contre-indications
rhumatoïde, spondylarthropathies, scoliose. relatives ou absolues d’une technique anesthésique (par
Ce chapitre développe donc initialement les spécificités de la exemple rétrécissement aortique sévère et rachianesthésie) ;
prise en charge anesthésique en fonction du type d’intervention • la discussion du cas avec le chirurgien ;
(en choisissant les chirurgies les plus fréquentes), puis les • l’accord du patient après l’information délivrée par l’anesthésiste.
comorbidités associées à ce type de chirurgie et les moyens de Du strict point de vue de l’anesthésie, toutes les techniques
prévention. anesthésiques sont acceptables : AG, anesthésie neuraxiale
(rachianesthésie ou anesthésie péridurale), blocs nerveux
périphériques. Un débat animé et ancien a cherché à définir
■ Anesthésie en fonction laquelle de ces techniques représentait la meilleure option. La
méta-analyse de Rodgers et al. (bien que méthodologiquement
de l’intervention discutée) [1] , a plaidé pour une réduction des comorbidités
(risque thromboembolique, infections respiratoires, transfu-
Chirurgie de la hanche : sions), liée à l’utilisation d’une anesthésie neuraxiale par rapport
prothèse totale de hanche à l’AG. Récemment, une nouvelle méta-analyse a confirmé la
plupart de ces résultats [2]. Les techniques d’anesthésie loco-
La chirurgie réglée de la hanche regroupe principalement la régionale (ALR) (bloc du nerf fémoral ou du plexus lombaire par
chirurgie prothétique (prothèse totale de hanche [PTH] de voie postérieure) sont également l’objet de controverses. Enfin,
première intention ou reprise), la mise en place de butées il faut remarquer qu’en termes de préservation des fonctions
osseuses, les ostéosynthèses du cotyle et les ostéotomies de cognitives postopératoires de la personne âgée [3] , aucun
dérotation de la partie proximale du fémur. Il s’agit d’une élément objectif à ce jour ne permet d’argumenter le choix
chirurgie fonctionnelle ciblée et codifiée, concernant une préférentiel d’une ALR par rapport à une AG.
population de plus en plus avancée en âge et en classe de
l’American Society of Anesthesiologists (ASA). En dehors Rachianesthésie [4]
d’anomalies morphologiques congénitales et de la nécrose
C’est la technique d’ALR la plus utilisée pour la pose de PTH,
aseptique de la tête fémorale, la première indication de la PTH
sur les arguments suivants :
est la coxarthrose, souvent associée à une surcharge pondérale
• technique d’apprentissage rapide et d’efficacité au moins
et ses comorbidités. Les caractéristiques de la prise en charge
égale à 90 % ;
pour fracture de hanche font l’objet d’un chapitre spécifique.
• analgésie postopératoire immédiate supérieure à l’analgésie
systémique ;
Installation/prévention des risques • administration intrarachidienne de morphine, améliorant
Le décubitus latéral est l’installation la plus commune pour la l’analgésie postopératoire [5] ;
PTH. Les complications en rapport avec ce positionnement sont • réduction des comorbidités (thromboembolique, pertes
potentiellement importantes. La stabilité du patient sur la table sanguines et besoins transfusionnels) ;
(indispensable pour l’abord chirurgical et les mobilisations/ • possibilité de rachianesthésie unilatérale (limitation des effets
décoaptation peropératoires) requiert plusieurs appuis : antérieurs hémodynamiques).
(pelvien, crête iliaque et thoracique), postérieurs (sacré et dorsal La lidocaïne pour rachianesthésie est abandonnée en raison
haut), une cale en mousse sous le thorax qui permet une de sa neurotoxicité (symptômes neurologiques transitoires
ventilation adaptée et un bon positionnement de l’épaule sur la « TNS » allant du syndrome de la queue de cheval à une
table, un appui pour le bras en position haute et pour finir un paraplégie, durant en moyenne 10 jours mais parfois définitive).
appui céphalique pour aligner le rachis cervical. Ces différents La bupivacaïne ou la ropivacaïne peuvent être utilisées. Les
appuis impliquent des lésions potentielles de trajets nerveux limites de la rachianesthésie renvoient à ses contre-indications
(étirement du plexus brachial, compression ulnaire, compression usuelles et/ou à une durée opératoire supérieure à 2 heures
des nerfs honteux en cas d’appui pelvien), voire un syndrome (inconfort pour le patient). L’utilisation d’une sédation est
compartimental du membre supérieur, qui doivent être prévenus possible mais avec prudence (rachianesthésie : une des premiè-
par des géloses ou des mousses. De plus, la compression du res causes d’arrêt cardiaque peropératoire : 1,5 à 2,2 pour
membre sous-jacent par le membre opéré et la position prolon- 10 000 actes, survenant dans un délai médian de 50 minu-
gée sur la table (chirurgie de reprise) peuvent entraîner un tes [6]). La mise en place d’un cathéter intrarachidien est un
syndrome compartimental imposant la prévention systématique choix intéressant pour limiter les effets hémodynamiques chez
de tous les points d’appui et l’interposition d’un coussin mousse la personne âgée. Une titration par bolus de bupivacaïne (2,5 à
entre les deux membres inférieurs. La position haute du bras 5 mg en fonction de l’âge) avec une solution hyperbare (pour
côté opéré et la compression de l’autre bras doivent être prises la dose initiale), puis isobare une fois le patient positionné en

2 Anesthésie-Réanimation

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Anesthésie en chirurgie orthopédique ¶ 36-605-A-10

décubitus latéral, est indiquée. Le cathéter est retiré en fin Anesthésie générale
d’intervention. Une dose de morphine intrarachidienne, au
L’AG ne présente pas de particularité en dehors de l’âge des
mieux 100 µg (et au plus 200 µg en l’absence de surveillance
patients parfois très élevé. Le lecteur peut se rapporter au
continue respiratoire), avant l’ablation du cathéter contribue à
chapitre de l’EMC traitant l’anesthésie du grand vieillard. Le
l’analgésie postopératoire.
recours au ciment est susceptible d’induire, au moment de
l’impaction de la prothèse, une triade hypoxémie, hypotension,
Anesthésie par cathéter péridural (APD)
voire arrêt cardiaque et embole au niveau pulmonaire (hyper-
Cette technique est moins utilisée pour la PTH car elle tension pulmonaire aiguë). La ventilation en FiO2 à 1 pendant
requiert fréquemment une anesthésie complémentaire pour la l’impaction de la prothèse a été suggérée, dans le but de
chirurgie (rachianesthésie ou AG associée) et un monitorage prévenir ou limiter l’hypoxémie du patient.
exigeant pour l’analgésie postopératoire. Elle reste une option La curarisation est parfois jugée indésirable par certains
valide pour une analgésie postopératoire efficace, permettant chirurgiens car elle fausserait la mesure de la longueur du col et
une déambulation précoce. Les arguments du choix de cette augmenterait le risque de luxation postopératoire de la prothèse.
technique [7] sont : L’analgésie postopératoire est assurée par la morphine systémi-
• son efficacité largement démontrée ; que et/ou l’association à une technique locorégionale (APD ou
• l’analgésie de bonne qualité ; cathéter du plexus lombaire). L’infiltration des cicatrices par les
• la possibilité d’une administration titrée par le patient en anesthésiques locaux est une possibilité récemment proposée
période postopératoire (patient controlled epidural analgesia ou pour améliorer l’analgésie postopératoire [8].
PCEA) ;
• la réduction suggérée de la morbidité périopératoire (risque
thromboembolique, pertes sanguines et besoins transfusion-
nels) ;
• une meilleure prise en charge de situations particulières :
hypertension sévère, pathologies musculaires rares.
“ Points essentiels
Le cathéter est positionné au niveau lombaire entre les La chirurgie réglée de la hanche regroupe principalement
espaces L1-L2 et L3-L4. Les limites d’utilisation de l’APD pour la chirurgie prothétique (PTH de première intention ou
la PTH procèdent en premier lieu de l’intérêt pour les techni- reprise), la mise en place de butées osseuses, les
ques alternatives (rachianesthésie, blocs nerveux périphériques ostéosynthèses du cotyle et les ostéotomies de dérotation
et AG), de mise en œuvre plus simple et de monitorage plus de la partie proximale du fémur. Il s’agit d’une chirurgie
aisé, particulièrement pour la période postopératoire. De plus, le
fonctionnelle ciblée et codifiée, concernant une
bénéfice de l’APD (comparé aux alternatives) en termes d’anal-
population de plus en plus avancée en âge et en classe de
gésie postopératoire prolongée et de réhabilitation n’est pas
l’ASA. Le décubitus latéral est l’installation la plus
clairement démontré. Les effets secondaires (hémodynamiques,
rétention urinaire) et les restrictions liées aux impératifs commune pour la PTH. Les principales complications sont
d’anticoagulation postopératoire ont également restreint liées au positionnement sur table, ainsi qu’à
l’utilisation de l’APD dans cette indication. l’augmentation du risque hémorragique et thrombotique
postopératoire. La rachianesthésie est la technique d’ALR
Blocs nerveux périphériques la plus utilisée pour la pose de PTH. Lors de la réalisation
d’un bloc nerveux périphérique et pour une efficacité
Deux plexus nerveux assurent l’innervation du membre
complète, toutes les branches du plexus lombaire doivent
inférieur : le plexus lombaire et le plexus sacral (contingent
être bloquées, en particulier le nerf cutané latéral de la
ischiatique). Pour la PTH le plexus lombaire est largement
impliqué (même si la partie postérieure de la capsule est en cuisse qui couvre en grande partie la face externe de la
partie innervée par le contingent ischiatique). Toutes les cuisse (zone de l’incision chirurgicale). L’infiltration des
branches du plexus lombaire doivent être bloquées, en particu- cicatrices représente une technique postopératoire
lier le nerf cutané latéral de la cuisse (zone de l’incision prometteuse.
chirurgicale). L’abord du plexus lombaire peut se faire par voie
antérieure (bloc fémoral) ou postérieure (bloc du plexus lom-
baire par voie postérieure), par neurostimulation ou sous
échographie :
• le bloc fémoral (improprement appelé bloc du plexus lom-
Spécificités liées à la prise en charge de la fracture
baire par voie antérieure ou bloc « 3 en 1 ») : son extension de hanche
principalement au nerf fémoral et l’absence de bloc des Il s’agit d’une chirurgie non programmée, survenant chez des
branches cutanées latérales en font une approche peu efficace personnes très âgées, fréquemment sous anticoagulants, parfois
pour ce type de chirurgie. Le bloc iliofascial permettrait une en situation médicale précaire et sans possibilité de surseoir à la
meilleure extension bien qu’une évaluation précise dans ce chirurgie [9]. Un délai de prise en charge chirurgicale supérieur
cadre fasse défaut ; à 4 jours est associé à une surmortalité. C’est une des patholo-
• le bloc du plexus lombaire par voie postérieure (ou bloc du gies pour laquelle l’importance de la réhabilitation post-
compartiment psoas) : la PTH est la meilleure indication de ce opératoire précoce [10] a été particulièrement mise en avant. En
bloc. Il a montré son efficacité en termes de réduction des effet :
besoins analgésiques postopératoires, en particulier par • les apports hydroélectrolytiques périopératoires et nutrition-
l’utilisation d’un cathéter continu. Les accidents rapportés nels insuffisants sont impliqués dans la surmortalité de ces
(extension péridurale, hématomes profonds, résorption patients ;
excessive avec toxicité aiguë de l’anesthésique local) ont • l’ALR, par rapport à l’AG, n’a pas montré de bénéfice majeur
limité l’utilisation de cette technique. L’échographie devrait en termes de mortalité ou de dysfonction cognitive post-
permettre d’améliorer la sécurité de ce bloc profond. Ce bloc opératoire [11] (l’APD pourrait limiter les complications
peut être associé à une rachianesthésie ou une AG pour cardiaques [10, 12]) ;
l’intervention. • le risque thromboembolique est majeur après fracture de
La réalisation d’une PTH sous blocs combinés fémoral, hanche, justifiant une injection préopératoire d’héparine de
sciatique et nerfs pelviens n’a fait l’objet que de descriptions bas poids moléculaire ou le fondaparinux en première
isolées et ne peut donc être recommandée. intention ;

Anesthésie-Réanimation 3
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• le risque hémorragique, comme pour toute chirurgie du • l’analgésie intra-articulaire dont les modalités optimales
fémur, est élevé et les seuils transfusionnels doivent tenir restent discutées (anesthésiques locaux, morphine, adjuvants
compte du terrain (grand âge, troubles hydroélectrolytiques, voire combinaisons) est une technique d’appoint intéressante
pathologies neurologiques et cardiovasculaires). dans cette indication, de même que l’infiltration locale par
les anesthésiques locaux.

“ Points essentiels “ Points essentiels


Les spécificités liées à la prise en charge de la fracture de
hanche reposent sur le caractère non programmé de la La prothèse de genou (PTG) est, avec la PTH, la plus
chirurgie, survenant chez des personnes très âgées, fréquente des prothèses orthopédiques posées. Son
fréquemment sous anticoagulants, parfois en situation indication principale est la gonarthrose et concerne donc
médicale précaire et sans possibilité de surseoir à la une population âgée. Il s’agit d’une chirurgie majeure
chirurgie. Un délai de prise en charge chirurgicale hyperalgique, à risque hémorragique, thrombotique et
supérieur à 4 jours est associé à une surmortalité. C’est une infectieux. La rachianesthésie est très utilisée pour toutes
des pathologies pour laquelle l’importance de la les chirurgies du genou, sur des arguments et avec des
réhabilitation postopératoire précoce a été particu- limites similaires à ceux de la PTH. Pour la chirurgie
lièrement mise en avant. prothétique, la pose d’un cathéter fémoral, associée à un
bloc sciatique avec ou sans cathéter est recommandée.
Pour les ligamentoplasties, l’association à la rachi-
anesthésie d’un bloc fémoral continu améliore l’analgésie
postopératoire.
Chirurgie du genou : prothèses
(partielles ou totales), ligamentoplastie,
méniscectomie et chirurgie arthroscopique
mineure Chirurgie de l’épaule : prothèses
(partielles ou totales), réparation de coiffe
La prothèse de genou (PTG) est, avec la PTH, la plus fré- des rotateurs et de l’instabilité de l’épaule,
quente des prothèses orthopédiques (de l’ordre de 25 000 pro-
thèses par an). Son indication principale est la gonarthrose et chirurgie arthroscopique mineure
concerne donc une population âgée. Il s’agit d’une chirurgie La chirurgie de l’épaule s’est largement développée ces
majeure, hyperalgique, à risques hémorragique et thrombotique 30 dernières années, avec la mise au point de l’arthroplastie de
élevés. Les ligamentoplasties, résections méniscales et chirurgies l’épaule, l’acquisition de techniques arthroscopiques et une
arthroscopiques mineures intéressent une population plus meilleure connaissance des possibilités de réparations tendineu-
jeune, parfois sportive. ses et articulaires. De ce fait, les indications opératoires se sont
élargies.
Installation/prévention des risques Trois grands types de pathologies rassemblent 90 % des
interventions sur l’épaule :
Le décubitus dorsal est la position requise, les bras en croix, • les lésions ligamentaires (responsables d’une instabilité de
le membre inférieur opéré est en position fléchie puis étendu l’épaule) avec deux interventions majeures que sont la butée
sur la table pour la pose d’une prothèse de genou (PTG). La de Latarjet (usuellement réalisée à ciel ouvert) et la technique
prévention des points d’appui est systématique. La sonde de Bankart (à ciel ouvert ou sous arthroscopie) ;
urinaire à demeure est rarement utile. Le recours au garrot de • les atteintes de la coiffe des rotateurs, très largement réparées
membre impose une anesthésie profonde d’autant que la durée sous arthroscopie ;
de l’acte chirurgical est longue (manifestations systémiques : • les atteintes dégénératives (arthrose évoluée) ou traumatiques
hypertension, tachycardie). (fracture) de l’articulation pouvant nécessiter la mise en place
d’une prothèse.
Techniques anesthésiques Enfin, la chirurgie arthroscopique dite « mineure » rassemble
l’ablation de calcifications, les ténodèses et ténotomies du long
Les problèmes sont similaires à ceux vus pour la PTH [13]. biceps et les acromioplasties.
Quelle que soit la technique d’anesthésie choisie, les impératifs
sont essentiellement liés à l’analgésie postopératoire [14]. Installation/prévention des risques
Sur le plan pratique :
• pour la chirurgie prothétique, le recours à une analgésie L’installation du patient pour la chirurgie de l’épaule se fait
postopératoire continue par cathéter fémoral ou au niveau du principalement en position assise à 45° du plan de la table dite
plexus lombaire par voie postérieure est largement validé et en « chaise longue » (beach chair) jusqu’à près de 90°, ou en
améliore la rééducation précoce, même si le bénéfice sur la décubitus latéral avec traction continue du bras. La position
rééducation au-delà de 6 semaines n’est pas démontré. assise expose à des complications :
L’administration sur le mode « analgésie contrôlée par le • l’embolie gazeuse est rarement rapportée. La chirurgie
patient » améliore encore l’efficacité analgésique de cette arthroscopique utilisant le sérum salé (glycocolle proscrit) est
technique. L’intérêt du bloc du nerf obturateur dans cette plus sûre, le recours à l’air interdit. La limitation de l’angula-
indication reste controversé ; tion sur table limite la pression veineuse négative. Limiter
• pour les ligamentoplasties, le recours aux blocs nerveux l’hypotension permissive peropératoire permet théoriquement
périphériques améliore l’analgésie postopératoire ; de réduire ce risque, sans limite de valeur de pression
• pour la chirurgie arthroscopique, les blocs nerveux périphéri- artérielle validée ;
ques combinés peuvent être utilisés. Une analgésie prolongée • un risque d’hypotension sévère pouvant conduire à des
par cathéter n’est pas indiquée et le choix pour l’injection complications neurologiques. Le recours à l’hypotension
unique se porte sur des anesthésiques locaux de courte durée contrôlée ne peut être effectué qu’en tenant compte de l’état
d’action ; médical du patient ;

4 Anesthésie-Réanimation

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Anesthésie en chirurgie orthopédique ¶ 36-605-A-10

• l’étirement du plexus brachial, voire de la XIIe paire crâ- • ponction du point de Erb, se situant 2 à 3 cm au-dessus de
nienne (syndrome de Tapia induisant une hémiparésie de la la clavicule, en dehors du bord latéral du muscle sterno-
langue) en raison de la position de la tête en extension et de cléido-mastoïdien. Il correspond à l’intersection des trois
la traction sur le bras opéré. Le positionnement sur la table rameaux du plexus cervical superficiel (supraclaviculaire,
et les manipulations de la tête doivent être vérifiés avant la mastoïdien et auriculaire). Une lésion directe est possible à
mise en place des champs. Les tractions sur le bras opéré l’origine de paresthésies, voire d’une anesthésie dans le
pendant l’intervention doivent être limitées et la position de territoire cutané cervical.
la tête vérifiée, ainsi qu’une fixation renforcée de la sonde Sur le plan pratique, quelle que soit la technique utilisée, avec
d’intubation : sonde armée, protection du visage par l’occlu- ou sans AG, l’utilisation d’un bloc supraclaviculaire ou inter-
sion systématique des yeux, voire arceau de protection ; scalénique est requise dans la chirurgie de l’épaule. Si une AG
• la compression des nerfs sciatiques à la fesse : la position seule est choisie (calcifications, ténotomie du long biceps,
assise avec les membres inférieurs en flexion favorise la arthroscopie diagnostique, contre-indication au bloc nerveux),
compression sciatique (chirurgie longue, poids du patient une analgésie intra-articulaire ou par infiltration est recomman-
élevé) entraînant des paresthésies résiduelles des membres dée. Le recours à un cathéter est indiqué pour toutes les
inférieurs. Géloses de protection et ouverture de l’angle chirurgies présentant un seuil douloureux élevé, en particulier
membres inférieurs/torse au-delà de 90° sont les mesures prothèse et coiffe des rotateurs. Le bloc du nerf suprascapulaire
préventives conseillées. représente une alternative intéressante en cas de contre-
indication aux blocs supraclaviculaires (insuffisance respiratoire
sévère).
Techniques anesthésiques
Anesthésie générale
Toutes les recommandations publiées soulignent l’intérêt de
l’ALR pour la chirurgie de l’épaule [15]. L’AG doit prendre en compte le risque spécifique de réflexe
de Bezold-Jarisch : son déclenchement est responsable de
Bloc du plexus brachial l’inhibition du tonus sympathique avec bradycardie, vasodilata-
tion et hypotension. Son implication dans la chirurgie de
L’anesthésie du plexus brachial, seule ou associée à l’AG, est
l’épaule reste discutée. Le traitement préventif et curatif inclut
un élément majeur pour la chirurgie de l’épaule, réduisant les
le remplissage vasculaire, le recours à l’atropine et les vaso-
besoins anesthésiques peropératoires, aidant potentiellement à
presseurs (éphédrine en première intention).
atteindre les objectifs tensionnels pour la chirurgie arthro-
scopique et surtout transformant la qualité de la période
postopératoire. Les voies de réalisation du bloc du plexus
brachial par voie supraclaviculaire sont différenciées par les
zones anatomiques en regard du point de ponction : bloc
interscalénique et blocs supraclaviculaires. Le bloc inter-
scalénique décrit par Winnie [16] reste la référence, suivi par près
“ Points essentiels
de dix variantes supraclaviculaires proposées dans la littérature. L’installation du patient pour la chirurgie de l’épaule se fait
Les techniques échographiques rendent ces distinctions plus essentiellement en position assise ou en décubitus latéral
floues car le choix du site d’injection procède du repérage avec traction continue du bras. La position assise expose à
anatomique direct et non plus de repères de surface. Tout bloc
des complications (embolie gazeuse, hypotension sévère,
périnerveux du plexus brachial par voie supraclaviculaire (bloc
étirement ou compression nerveuse, etc.). L’anesthésie du
interscalénique ou autre) expose à des effets indésirables [17] :
plexus brachial, comme technique anesthésique seule ou
• parésie du nerf phrénique : issu de la racine C4 (parfois C3 ou
associée à l’anesthésie générale (AG), est un élément
C5), son atteinte par diffusion des agents anesthésiques lors
majeur pour la chirurgie de l’épaule, réduisant les besoins
de la réalisation d’un bloc interscalénique est de 100 %,
induisant une parésie diaphragmatique homolatérale [18]. Cet anesthésiques peropératoires, aidant potentiellement à
effet secondaire contre-indique les abords supraclaviculaires atteindre les objectifs tensionnels pour la chirurgie
chez l’insuffisant respiratoire sévère ; arthroscopique et surtout transformant la qualité de la
• syndrome de Claude Bernard-Horner (bloc du ganglion période postopératoire en termes de douleur et de
cervicothoracique ou stellaire). Son atteinte lors du bloc possibilités de prise en charge ambulatoire.
interscalénique est habituelle (myosis, ptôsis, enophtalmie
voire anhydrose de l’hémiface homolatérale), plus ou moins
complète, mais transitoire (information du patient). Le
syndrome de Pourfour du Petit, qui traduit l’irritation de la
même chaîne sympathique, a une symptomatologie inverse Chirurgie du rachis
(mydriase, exophtalmie) ;
• exceptionnelles lésions des structures médullaires cervicales La chirurgie rachidienne a un champ d’action très large de la
ou rachianesthésie totale qui sont l’apanage de l’abord traumatologie à la cancérologie et aux pathologies inflammatoi-
interscalénique (centripète vis-à-vis du rachis cervical) ; res et malformatives, chez l’adulte et en pédiatrie. C’est une
• bloc du nerf laryngé récurrent (ou inférieur), nerf mixte issu chirurgie en pleine évolution avec la diffusion des techniques
mini-invasives (aussi bien au bloc opératoire qu’en radiologie
de la Xe paire crânienne. Son atteinte, transitoire, se traduit
interventionnelle) [20].
par une raucité de la voix, parfois une fausse route ou une
dyspnée laryngée (paralysie laryngée controlatérale). Il peut
être associé au syndrome de Tapia ; Installation/Prévention des risques
• pneumothorax par ponction du sommet du dôme pleural.
Rapporté essentiellement dans les premières séries de patients La chirurgie rachidienne se fait par voie postérieure, anté-
il y a plus de 30 ans ; rieure ou latérale.
• ponction des vaisseaux : l’artère dorsale de la scapula (écho-
Voie postérieure
graphiquement visualisable) et les vaisseaux sous-claviers puis
axillaires (artère et veine) peuvent être accidentellement Elle pose le problème des points d’appui, en particulier des
ponctionnés (erreur de repérage de surface, prévention par coudes (compression ulnaire) et de la face (compression des
l’échographie) [19] ; globes oculaires, position du rachis cervical). De plus, la phase

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36-605-A-10 ¶ Anesthésie en chirurgie orthopédique

de retournement est à haut risque de perte des accès veineux, Reprises précoces
de perte du contrôle des voies aériennes, de luxation des
épaules, de chute de la table. Le retournement du patient De type « urgence différée » comme par exemple l’instabilité
nécessite plusieurs personnes : une à la tête qui commande la de prothèse. Dans ce contexte, la reprise chirurgicale, utili-
manœuvre, sécurise le contrôle des voies aériennes et maintient sant fréquemment la même voie d’abord, présente plusieurs
l’alignement du rachis cervical, au moins une de chaque côté contraintes :
pour le retournement et une aux pieds (traction). L’utilisation • augmentation du risque infectieux ;
d’un billot thoracique haut permet de surélever le tronc et ainsi • risque de saignement sous anticoagulants (thromboprophy-
de libérer l’abdomen et d’éviter l’hyperextension du rachis laxie postopératoire) sur une anémie liée à l’intervention
cervical. Il est complété par un billot au niveau du bassin. Quel initiale ;
que soit le système adopté pour la face (gélose circulaire avec • importance de l’information de la famille et du patient.
rotation latérale de la tête, gélose permettant un appui facial Le protocole anesthésique doit tenir compte de ces points
dans l’axe) il convient de vérifier l’absence de tout appui sur les pour le choix des techniques proposées et ne reprend pas
globes oculaires (préalablement occlus). La sonde d’intubation nécessairement la technique initiale.
armée (avec double fixation) permet d’éviter une obstruction
par pincement de la sonde. Les membres supérieurs sont Reprises tardives
positionnés vers l’avant (ou position du nageur de crawl) par
Dans un contexte de chronicisation de la dysfonction ostéo-
une rotation vers le bas pour éviter une luxation. Les points
articulaire telle que les descellements ou les infections, la prise
d’appui des coudes sont protégés. En cas de chirurgie prolongée,
en compte des objectifs diagnostiques (prélèvements peropéra-
ces points d’appui sont régulièrement massés.
toires) et curatifs (optimisation de l’antibiothérapie précoce)
Voie antérieure nécessite une collaboration multidisciplinaire (anesthésistes,
chirurgiens, microbiologistes, infectiologues). Les durées
Pour le rachis cervical, le principal objectif est la sécurisation opératoires sont souvent prolongées et le risque hémorragique
du contrôle des voies aériennes qui n’est plus accessible augmenté. La prise en charge anesthésique doit tenir compte
pendant la chirurgie. d’une gestion adaptée de l’antibioprophylaxie/thérapie. Le
risque périopératoire peut justifier un monitorage plus lourd
Techniques anesthésiques (pression artérielle sanglante, voie veineuse centrale pour
l’antibiothérapie prolongée) et l’admission en unité de sur-
Le recours aux agents halogénés n’est pas souhaitable en cas veillance continue pour la période postopératoire immédiate.
de monitorage des potentiels évoqués moteurs et somesthési-
ques. Par ailleurs, l’évaluation de la réponse motrice postopéra-
toire précoce, voire peropératoire, doit faire recourir à des Chirurgie orthopédique du patient
médicaments rapidement réversibles. Pour la chirurgie lombaire polytraumatisé
(laminectomie), le recours à la rachianesthésie est possible avec
des résultats et une satisfaction des patients comparables à l’AG. La chirurgie orthopédique du patient polytraumatisé pose le
L’infiltration de la plaie chirurgicale par des anesthésiques problème d’une chirurgie longue et hémorragique chez un
locaux est une technique simple et efficace. Le recours aux patient présentant des lésions multiples d’organes (cerveau,
cathéters multiperforés est en cours d’évaluation. poumon, foie, etc.). Aucune donnée de la littérature ne permet
de définir une hiérarchie et un timing optimisés de la prise en
charge chirurgicale de ces patients. Les lésions associées ne sont
Autres types de chirurgie orthopédique pas traitées ici. Les objectifs de la prise en charge orthopédique
répondent à la sauvegarde de la fonction ostéo-articulaire et à
Chirurgie périphérique : main et pied la prévention des risques associés aux fractures ouvertes des os
longs (infection, embolie graisseuse). En cas d’atteinte rachi-
Les spécificités de l’anesthésie pour cette chirurgie sont liées dienne, un objectif prioritaire de protection de la moelle
à la fréquence élevée de sa prise en charge en ambulatoire. épinière requiert une chirurgie non différée dans les 24 premiè-
L’intérêt des techniques d’ALR est majeur [21] : res heures bien qu’aucun délai précis n’ait été validé [25]. Dans
• chirurgie de la main et du coude : blocs infraclaviculaire, tous les cas, la protection médullaire, indépendamment des
axillaire [22] ou huméral [23] ou blocs nerveux distaux au objectifs thérapeutiques globaux du polytraumatisé, requiert le
coude ou au poignet, blocs digitaux à discuter selon le site maintien d’une oxygénation et d’une pression de perfusion
opératoire. Certaines indications (lambeaux, chirurgie ambu- optimales. Le recours aux vasopresseurs (noradrénaline) est
latoire) bénéficient de cathéters d’analgésie continue. L’anes- d’autant plus nécessaire que le choc médullaire induit par le
thésie locorégionale intraveineuse (ALRIV) reste largement traumatisme médullaire (bloc sympathique) entraîne une
utilisée même si ses inconvénients (risque toxique au lâcher instabilité hémodynamique majeure. La réalisation chez le
du garrot, durée limitée, absence d’analgésie résiduelle) en polytraumatisé d’une chirurgie orthopédique précoce (24 pre-
limitent l’intérêt ; mières heures) après stabilisation des fonctions vitales et sous
• chirurgie du pied : pour cette chirurgie distale et sous réserve d’une optimisation de l’oxygénation et de la pression de
condition d’un placement du garrot au niveau de la jambe, perfusion, est justifiée et ne présente pas en soi, même en cas
le bloc sciatique au niveau de la fosse poplitée associé à un de traumatisme cérébral majeur associé, de risque d’aggravation
bloc du nerf saphène, voire les blocs distaux du nerf tibial et neurologique.
des rameaux fibulaires au niveau de la cheville sont indi-
qués [24]. L’analgésie continue par cathéters périnerveux, y
compris en ambulatoire, est en plein essor. La rachianesthésie
« courte » (idéalement de la bupivacaïne à faible dose associée ■ Comorbidités liées à la chirurgie
à un opiacé de courte durée d’action en rachianesthésie
unilatérale) représente un choix acceptable. orthopédique
Chirurgie de reprise : Les risques liés aux positions ont été abordés plus haut. Sont
luxation/descellement/infection envisagés dans ce chapitre les risques liés à une dimension
fonctionnelle et subjective comme par exemple la douleur, ou
Les complications liées aux échecs de la chirurgie orthopédi- qui engagent le pronostic vital, comme la thrombose veineuse.
que imposent des reprises chirurgicales dans deux contextes Les éléments de ce chapitre doivent être intégrés dans l’infor-
différents. mation préopératoire du patient.

6 Anesthésie-Réanimation

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Anesthésie en chirurgie orthopédique ¶ 36-605-A-10

Risque lié à la douleur Tableau 1.


Prévention de la thrombose veineuse en orthopédie.
La chirurgie orthopédique est une chirurgie douloureuse, Type de chirurgie Molécules Durée
classée de modérée (chirurgie de hanche) à forte (rachis,
Risque faible Traumatisme membre Aucune prophy-
chirurgie articulaire hors hanche). L’optimisation de la lutte
inférieur sans fracture, laxie b
contre la douleur n’a pas démontré d’effet sur l’amélioration arthroscopie du genou
fonctionnelle à long terme. Néanmoins un bénéfice sur les
durées d’hospitalisation ou la morbimortalité précoce a été Risque modéré Traumatisme membre HBPM c < 14 j
suggéré. Les travaux récents sur les phénomènes de tolérance inférieur avec fracture
aux opiacés et d’hyperalgésie postopératoire ont permis de
Risque important a PTH HBPM c > FX 42 j
mettre en évidence le lien étroit entre gestion de la douleur et
pérennisation de celle-ci [26]. Les notions d’hyperalgésie (sensa- PTG HBPM c > FX 14 j d

Polytraumatisé c
HBPM > FX e
tion douloureuse exagérée pour un niveau donné de stimulation
nociceptive) et d’allodynie (sensation douloureuse pour une Fracture de hanche FX > HBPM c 35 j
stimulation non nociceptive) doivent être connues pour la HBPM : héparine de bas poids moléculaire ; PTH : prothèse totale de hanche ; FX :
compréhension des phénomènes de la douleur postopératoire fondaparinux
a
; PTG : prothèse totale de genou.
(DPO) [27]. Pour la chirurgie du rachis le risque est mal précisé. Les traumatismes médullaires
et la chirurgie étendue du rachis requièrent une prophylaxie dont la durée n’a pas
Évaluation du risque : l’évaluation quantitative de la DPO est été formellement déterminée.
b
essentielle en chirurgie orthopédique en raison des impératifs de Sauf facteur de risque surajouté.
c
rééducation. L’outil le plus utilisé (bien que non validé pour la d
« Forte dose » c’est-à-dire dose recommandée pour « risque élevé ».
En l’absence de risque surajouté.
douleur aiguë) est l’échelle visuelle analogique (EVA). L’échelle e
Durée à établir en fonction de la présentation clinique.
verbale de douleur et l’échelle verbale simple sont elles aussi
utilisées. La traçabilité de l’évaluation de la douleur est indis-
pensable et est un critère majeur de l’accréditation des établis-
sements de santé. du facteur Xa possède une meilleure efficacité que les HBPM
Moyens de prévention : en dehors des antalgiques mineurs et sans augmentation majeure du risque de saignement. Son
des opioïdes, de faibles doses de kétamine données en peropé- utilisation est recommandée dans la thromboprophylaxie de
ratoire réduisent de 25 % environ le niveau de DPO à la la fracture de hanche. Les inhibiteurs directs du facteur Xa
6e heure et de 20 % à la 24e heure, tout en réduisant dans le (rivaroxaban) sont maintenant disponibles sous forme orale,
même temps les doses de morphine de 27 % à 47 %. Des doses d’autres sont en développement ;
de kétamine de 0,1 à 0,5 mg kg–1 en bolus suivis par une • les inhibiteurs de la thrombine (IT) : les hirudines (inhibiteurs
perfusion continue de 1-2 µg kg–1 min–1 pendant l’intervention naturels) dont les indications préventives en chirurgie
et jusqu’à 48-72 heures postopératoires sont efficaces [28]. orthopédique n’ont jamais été clairement précisées. Une
De nombreuses données précliniques et cliniques ont souli- molécule à prise orale (dabigatran) est maintenant disponible
gné l’effet antihyperalgésique de la gabapentine et surtout de la et représente avec le rivaroxaban, une des possibilités de
prégabaline. Le mécanisme d’action n’est pas complètement
traitement par voie orale, face aux injections d’HBPM.
élucidé et aucun protocole validé n’est disponible.
Les conduites à tenir actuellement recommandées en
France [32] reposent essentiellement sur les HBPM et le FX et
Risque thromboembolique sont résumées dans le Tableau 1. Le danaparoïde sodique est la
prophylaxie alternative en cas de thrombopénie induite par
Le risque thromboembolique est particulièrement élevé en l’héparine (TIH), d’efficacité comparable aux HBPM. Le délai
chirurgie orthopédique [29]. Toutes chirurgies confondues, il est d’injection recommandé de la 1re dose après chirurgie est de
plus du double en chirurgie orthopédique majeure (PTH, PTG, 6 heures pour le FX, 12 heures pour les HBPM. Pour la fracture
chirurgie rachidienne, fracture de hanche), représentant un de hanche et en cas de recours aux HBPM, une injection
risque spontané de thrombose veineuse profonde de 10-20 % et préopératoire 12 heures avant la chirurgie peut être proposée. La
d’embolie pulmonaire de 4-10 %. surveillance du traitement requiert pour les HBPM une détermi-
nation du compte plaquettaire 2 fois par semaine pendant
3 semaines, puis une fois par semaine au-delà. Le FX ne requiert
Évaluation du risque
qu’une détermination plaquettaire en début et fin de traite-
La prise en compte des facteurs de risque est une étape ment. Pour le FX, comme pour les HBPM, l’existence d’une
importante de l’évaluation préopératoire. Une évaluation altération de la fonction rénale expose à un risque de surdosage
systématique chez les patients opérés pour PTH a permis et à une augmentation du risque hémorragique. Une clairance
d’identifier certains facteurs tels que des antécédents throm- inférieure à 20 ml min–1 est une contre-indication absolue pour
boemboliques, un âge supérieur à 85 ans, un indice de masse le FX. Pour les nouvelles molécules par voie orale, le délai de
corporelle supérieur à 25 kg m–2 ou le sexe féminin, de même première dose est de 1 à 4 heures pour le dabigatran, et de 6 à
qu’une néoplasie connue évolutive, le tabagisme, une hormo- 10 heures pour le rivaroxaban, indications validées récemment
nothérapie (en particulier incluant des estrogènes) ou une pour la PTH et la PTG. Le dabigatran est proposé sous une
coagulopathie primaire ou secondaire [30] . L’association de forme moins dosée (150 mg j–1) pour le sujet âgé (> 75 ans) et
plusieurs de ces facteurs est un élément aggravant de même que l’insuffisant rénal modéré. Aucune adaptation de dose n’est
le type de chirurgie (Tableau 1). nécessaire pour le rivaroxaban. Enfin, aucune surveillance de
l’efficacité du traitement préventif par ces nouvelles molécules
Moyens de la prévention (échodoppler par exemple) n’est requise.
Moyens mécaniques : la compression élastique à la cheville
Anticoagulants [31] : plusieurs molécules agissant à différents (30 à 40 mmHg) a démontré dans plusieurs essais prospectifs
niveaux de la coagulation sont disponibles : randomisés son efficacité dans la prévention de la récidive après
• les héparines de bas poids moléculaires (HBPM) se sont thrombose veineuse profonde, avec une réduction du risque de
imposées comme le meilleur compromis entre efficacité, récidive de plus de 50 %. L’utilisation de la compression
tolérance et risque hémorragique induit ; mécanique intermittente, associée aux HBPM, améliore la
• les inhibiteurs indirects ou directs du facteur Xa : le fondapa- prévention et devrait être intégrée dans la prise en charge
rinux (FX), pentasaccharide synthétique, inhibiteur indirect systématique en orthopédie.

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Tableau 2. Maîtrise des indications de la transfusion : l’évaluation de


Risques liés à la transfusion sanguine. politiques restrictives en matière de transfusion a démontré
Risques connus Fréquence - Spécificités l’intérêt d’une utilisation rationnelle de la transfusion sur des
critères chiffrés et tenant compte du terrain (grand âge, patient
Virus de l’immunodéfi- 1/3 150 000 dons a
coronarien, etc.). Le recours à la transfusion autologue systéma-
cience humaine (VIH)
tique en chirurgie orthopédique réglée a été restreint sans pour
Virus de l’hépatite B (VHB) 1/640 000 dons a – vaccination disponible autant augmenter la transfusion homologue. La valeur plancher
d’hémoglobine de l’indication d’une transfusion en périopéra-
Virus de l’hépatite C (VHC) 1/10 000 000 dons a toire en France est de [39] :
• 7 g dl–1 pour un adulte sans pathologie associée sévère ;
Cytomégalovirus (CMV) 50 % à 80 % AC anti-CMV + chez les don-
• 8 g dl–1 en cas d’antécédent cardiovasculaire et/ou coronarien
neurs –
stabilisé ;
Voir indications spécifiques culots CMV– • 10 g dl–1 en cas de coronaropathie instable [40].
Contamination bactérienne 4/1 000 accidents transfusionnels Ces critères nécessitent une approche spécifique selon le
b terrain, par exemple chez le grand vieillard, chez la femme
Plaquettes > culots globulaires
enceinte, etc.
Pathogènes émergents Évolution épidémique ou cas sporadiques Optimiser l’érythropoïèse : différents moyens sont disponi-
bles :
Risque infectieux induit : Augmentation de 3 à 5 fois le risque de • apport de fer : le niveau de preuve de l’efficacité du fer
TRIM (transfusion-related complications infectieuses (postopératoire intraveineux ou par voie orale reste incertain [41] ;
immunomodulation) ou réanimation) b
• érythropoïétine : son efficacité est démontrée et permet une
TRALI (transfusion-related De 1/5 000 à 1/1 000 000 transfusions réduction significative du recours transfusionnel pour les
acute lung injury) patients ayant une hémoglobine inférieure à 13 g dl–1. Son
Absence de definition consensuelle
utilisation est contre-indiquée en cas d’antécédent de patho-
Risque lié à l’erreur 4,7 % d’erreurs sur le produit sanguin logie artérielle thrombotique.
d’attribution (ABO) transfusé dont 10 % d’incompatibilité ABO Réaliser une épargne sanguine :
AC : anticorps. • la récupération préopératoire [42] : le don autologue est
a
b
Pour 2 500 000 dons annuels environ en France. coûteux, avec des complications comparables à la transfusion
Risque présent aussi bien pour la transfusion homologue qu’autologue. homologue et augmentant le recours transfusionnel. Il reste
des indications spécifiques telles que la chirurgie pour
scoliose chez l’enfant, les groupes sanguins rares, les allo-
Risque hémorragique et transfusionnel immunisations après transfusions multiples, voire la demande
expresse du patient ;
• la récupération peropératoire est proposée pour les chirurgies
Évaluation du risque
propres à haut risque telles que la traumatologie rachidienne
Risque hémorragique [33] : la chirurgie avec une ostéotomie et la chirurgie arthroplastique du genou sans garrot ;
des os longs (fémur voire tibia) est à risque hémorragique, de • la récupération postopératoire : l’utilisation de matériels avec
même que la chirurgie du rachis et du bassin (traumatologie en filtration seule ou avec lavage permet une épargne sanguine
particulier) [34]. Ainsi PTH, PTG, fracture de hanche, chirurgie significative comparée aux drains de Redon simples ;
programmée ou traumatologique de la diaphyse fémorale, • l’hémodilution normovolémique (HDNV) présente l’avantage
fracture rachidienne et chirurgie cotyloïdienne représentent les de restituer au patient son propre sang, incluant les facteurs
principaux actes de chirurgie orthopédique à risque hémorragi- de coagulation contribuant à l’hémostase.
que. Les interventions de reprise, en particulier au niveau Enfin, la recherche sur les substituts sanguins (perfluorocar-
cotyloïdien, ou sur foyer infectieux ou tumoral exposent aussi bones, transporteurs en oxygène) est toujours au stade d’études
à ce type de risque. La technique chirurgicale peut influencer le précliniques et cliniques.
saignement, comme par exemple le recours au garrot de
membre.
Le risque lié à la transfusion est bien évalué. Le risque
infectieux viral est faible mais particulièrement redouté par les
patients. De ce fait, toute chirurgie potentiellement hémorragi-
que doit faire l’objet d’une information préopératoire claire et “ Points essentiels
détaillée. Le risque lié aux réactions immunitaires [35, 36] et aux
erreurs humaines dans la manipulation des produits sanguins Le risque thromboembolique est particulièrement élevé
rentre également en ligne de compte (Tableau 2). en chirurgie orthopédique, représentant un risque
spontané de thrombose veineuse profonde de 10 % à
Prévention 20 % et d’embolie pulmonaire de 4 % à 10 %. De ce fait,
la prévention thromboembolique est un des éléments
Diminution du saignement : la technique chirurgicale et la
majeurs de la qualité de prise en charge.
qualité de l’hémostase sont à l’évidence un premier facteur. Sur
La chirurgie impliquant une ostéotomie des os longs,
le plan pharmacologique, certains traitements ont fait la preuve
de leur efficacité : fémur et à moindre degré tibia, est à risque hémorragique,
• l’aprotinine est efficace mais a été retirée du fait d’effets de même que la chirurgie du rachis et du bassin, en
secondaires graves ; particulier en traumatologie. La prévention de l’anémie
• les analogues de la lysine (acide tranexamique en France) repose sur les techniques de réduction du saignement.
dont l’efficacité est fortement suggérée bien que les doses
optimales soient insuffisamment documentées [37] ;
• le facteur VII recombinant : son efficacité est démontrée pour
diminuer le recours transfusionnel postopératoire mais son
coût est prohibitif. Il reste pour l’instant le médicament de Risque infectieux
l’urgence vitale non contrôlée par les autres thérapeutiques ;
• la prévention de l’hypothermie, même modérée, facteur non Le risque d’infection du site opératoire (ISO) est particulière-
négligeable de prévention du saignement [38]. ment préoccupant en chirurgie orthopédique prothétique.

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Tableau 3. infectieux [48]. Les recommandations de la Société française


Classification de Gustilo. Fractures ouvertes. d’anesthésie et de réanimation sont rapportées dans le
Grade I Plaie cutanée propre < 1 cm Tableau 4 [49]. Elles appellent quelques remarques :
• la durée de l’antibioprophylaxie n’est pas clairement définie,
Grade II Plaie simple > 1 cm sans atteinte des tissus sous-cutanés en particulier en chirurgie prothétique. Les recommandations
nord-américaines spécifient « deux à trois doses post-
Grade III Plaie cutanée > 10 cm infectée avec lésions sévères des opératoires » ;
tissus sous-cutanés • l’utilisation de ciments imprégnés d’antibiotiques semble
A Couverture osseuse cutanée possible améliorer l’efficacité de l’antibioprophylaxie systémique ;
B Couverture osseuse cutanée impossible, lambeau requis • l’émergence de nouvelles techniques chirurgicales (par
C Atteinte vasculaire majeure, chirurgie de sauvetage du exemple en chirurgie de l’épaule, chirurgie mini-invasive du
membre rachis) doit faire réévaluer l’antibioprophylaxie requise ;
• la place du dépistage des porteurs de staphylocoques et de
leur traitement reste à formuler dans des recommandations ;
• la prophylaxie après chirurgie pour les porteurs de prothèses
Évaluation du risque bénéficiant de soins à risque bactériémique (comme par
exemple les endoscopies digestives ou les soins dentaires)
Le niveau de risque infectieux dépend de très nombreux
n’est pas clairement définie.
facteurs : chirurgie réglée ou en urgence, foyer ouvert ou fermé
Les autres mesures préventives sont pour certaines toujours
initialement, mise en place de matériel prothétique, terrain,
en cours d’évaluation en chirurgie orthopédique :
mesures préventives mises en place, etc. En traumatologie il est
• maintien de la normothermie (en moyenne > 36,5
classique de rapporter le niveau de risque à l’existence d’un
± 0,5 °C) [50] : son intérêt a été démontré en chirurgie
foyer ouvert et à son délai de prise en charge [43]. Un délai de
colorectale. De plus, son intérêt pour limiter le saignement
6 heures au maximum a été proposé. Si cette assertion est
périopératoire renforce l’importance de son maintien en
universellement admise, une revue récente a mis en évidence
chirurgie orthopédique ;
l’absence de démonstration formelle de sa validité. Fondé sur la
• oxygénation per-/postopératoire : le risque d’ISO en chirurgie
classification de Gustilo (Tableau 3) [44], le risque infectieux lié
colorectale pour une FiO2 à 0,8 (versus 0,3) est réduit de
aux fractures ouvertes varie de 2 % à 7 % pour les grades I
moitié [51] . Cependant, aucune étude n’a été menée en
jusqu’à 22 % à 32 % pour les grades III. En chirurgie réglée, ce
chirurgie orthopédique. Des données contradictoires ont
risque dépend des facteurs usuels proposés par le Center for
récemment été publiées ;
Disease Control and prevention (CDC, Atlanta) et intégrés dans
• le contrôle glycémique périopératoire ou une gestion adaptée
le score National Nosocomial Infections Surveillance System
des apports hydroélectrolytiques pourrait participer également
(NNISS) [45] qui repose sur la classification ASA, le temps
à la réduction du risque d’ISO.
d’intervention et la classification d’Altemeier. Pour la PTH ou la
PTG genou, le risque infectieux est de l’ordre de 1 % à 2 ans.
Risque lié à l’utilisation du garrot
Prévention
Le choix du garrot de membre répond à des objectifs chirur-
Du point de vue anesthésique, la prévention pharmacologi- gicaux de réduction du saignement peropératoire facilitant entre
que repose sur l’antibioprophylaxie. Elle a clairement démontré autres la vision dans le champ opératoire, et permettant une
son efficacité [46] dans les proportions suivantes : les essais diminution des temps opératoires.
randomisés contrôlés versus placebo [47] ont montré en chirurgie
à ciel ouvert propre pour un taux d’ISO spontanée de 3 % à Évaluation du risque
6 %, une réduction de ce taux de 50 % à 75 % et pour les
chirurgies propres ou propres-contaminées avec un taux spon- Le garrot de membre entraîne une compression des structures
tané d’ISO de 12 % à 35 %, une réduction du même ordre. Les sous-jacentes : peau, muscles, vaisseaux et nerfs. De fait, le
règles de l’antibioprophylaxie reposent sur l’administration garrot entraîne des lésions liées aussi bien à la pression méca-
prophylactique pour une durée limitée (le plus souvent une nique qu’à l’ischémie-reperfusion dont les effets tissulaires et
injection et dans tous les cas exceptionnellement au-delà de cellulaires ont été largement étudiés. L’ischémie-reperfusion
24 heures postopératoires), en préopératoire immédiat (dans musculaire est responsable de modifications métaboliques
l’heure précédant l’incision) d’un antibiotique de pharmaco- locales et générales, de retentissements potentiels au niveau
cinétique et pharmacodynamie adaptées, en chirurgie propre et cardiovasculaire, respiratoire et neurologique (poussée d’hyper-
propre-contaminée. En traumatologie, l’administration « pré- tension intracrânienne) qui ont été revus par ailleurs mais dont
coce » d’antibiotiques sur fracture ouverte réduit le risque l’importance clinique n’a été l’objet que de cas isolés. Les

Tableau 4.
Antibioprophylaxie en chirurgie orthopédique et traumatologique.
Indication Molécule Durée Dose
(a,b)
Chirurgie prothétique Céfazoline « Limitée à la période opératoire » maximum 24 h 2 g(c) (puis 1 g/8 h)

Fracture fermée Céfazoline(a,b) Dose unique 2 g(c)


Fracture ouverte Gustilo I
Toute mise en place de matériel
Ligamentoplastie
Greffe osseuse

Fracture ouverte Gustilo II/III PéniA + Inhblact(b) Maximum 48 h 2 g(c) (puis 1 g/8 h)

Chirurgie orthopédique sans matériel de type Aucune prophylaxie


arthroscopique, extra-articulaire ou rachidienne
PéniA + Inhblact. : pénicilline A + inhibiteur de bêtalactamases. (a) Céfamandole et céfuroxime, alternatives possibles. (b) Allergie aux bêtalactamines : clindamycine 600 mg
intraveineuse lente (puis 600 mg × 4/j) + gentamycine 5 mg/kg intraveineuse lente dose unique. (c) Réinjection 1 g si durée opératoire > 4 h.

Anesthésie-Réanimation 9
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36-605-A-10 ¶ Anesthésie en chirurgie orthopédique

liées à l’utilisation de ciment n’a pas été clairement élucidée.

“ Points essentiels
L’implication du ciment (polymère méthacrylate) n’est pas
certaine.

Le niveau de risque infectieux, particulièrement sensible Prévention


en chirurgie orthopédique prothétique, dépend de
Il est classiquement recommandé d’augmenter la FiO 2 à
nombreux facteurs : chirurgie réglée ou en urgence, foyer
1 pendant la phase de pose/impaction du ciment de la prothèse
ouvert ou fermé initialement, mise en place de matériel sans que cette mesure ait été évaluée en termes d’efficacité
prothétique, terrain, mesures préventives. En chirurgie préventive ou d’amélioration des suites. Une surveillance étroite
réglée, ce risque dépend de facteurs intégrés dans le score et le recours aux mesures symptomatiques adaptées sont les
NNISS (classification ASA, temps d’intervention, principales mesures requises.
classification d’Altemeier). La prévention du risque
procède pour une part majeure des procédures Embolie graisseuse
chirurgicales, incluant le parage des plaies, l’hygiène au
bloc opératoire et l’antibioprophylaxie. L’embolie graisseuse [52], typiquement après fractures des os
longs, est responsable d’une défaillance multiviscérale impli-
quant usuellement le poumon, le système nerveux central, le
complications cutanées allant de l’érythème à la phlyctène sont système hématopoïétique et la peau.
possibles en particulier sur une peau fragile (grands vieillards,
corticothérapie au long cours, etc.). Les complications neuro- Évaluation du risque
logiques périphériques sont les mieux documentées (ischémie Son incidence serait de moins de 1 % à 11 % des fractures
nerveuse et arrêt de conduction). L’incidence de complications fermées des os longs mais augmenterait avec le nombre de
neurologiques imputables au garrot de membre inférieur a été fractures. Sa présentation clinique et biologique associe :
évaluée à 7,7 % en chirurgie prothétique du genou (neuropathie hypoxie et tachycardie (90 % des cas), altération de la cons-
tibiale ou fibulaire partiellement ou complètement réversible). cience, hyperthermie au-dessus de 39 °C et anémie inexpliquée
Cette incidence est fortement liée au temps de maintien du (60 % à 70 %), thrombocytopénie et pétéchies (cutanées,
garrot (risque multiplié par trois toutes les 30 minutes addition- muqueuses, conjonctivales) (30 % à 40 %). Aucun test biologi-
nelles au-delà de 120 minutes). Le garrot de membre a été que n’est spécifique. Le fond d’œil permet parfois de mettre en
rendu responsable d’une augmentation du risque thrombotique évidence un œdème maculaire ou des hémorragies rétiniennes.
veineux. Enfin, le retentissement hémodynamique du garrot Le taux de mortalité est de 5 % à 10 %. L’implication de
représente une situation usuelle en orthopédie : il s’agit d’une l’embolie graisseuse dans la survenue d’un syndrome de détresse
hypertension liée au garrot ou d’une hypotension à la levée de respiratoire aiguë (SDRA) est reconnue.
ce dernier. De plus, si le volume mobilisé au membre supérieur
par l’exsanguination préalable (bande d’Esmarch) est négligea-
ble, il représente pour le membre inférieur au moins 500 ml.
Prévention [53]
La fixation précoce dans les 24 premières heures des foyers de
Prévention fractures est le point essentiel de prévention de l’embolie
En premier lieu certaines circonstances représentent des graisseuse. Le monitorage hémodynamique et l’optimisation
contre-indications à prendre en compte : volémique sont des objectifs majeurs. En chirurgie réglée, le
• prothèse vasculaire sous-jacente ; recours à des techniques de drainage médullaire peropératoire
• myopathie ou neuropathie connue ; permettant de diminuer la pression lors de l’utilisation du
• artériopathie sévère. ciment réduit les emboles systémiques. Il n’y a aucune théra-
Les études animales et cliniques ont démontré l’importance de peutique spécifique de l’embolie graisseuse. Néanmoins, l’admi-
deux facteurs : le temps et le niveau de pression. Au-delà de nistration prophylactique de corticoïdes [54] permettrait une
120 minutes, la fréquence des neurapraxies (blocs de conduc- diminution du risque mais reste à valider. La chélation des
tion) liées au garrot augmente et le dégonflage intermittent n’a acides gras libres par l’albumine suggère l’intérêt de son
pas démontré son efficacité préventive. Une formule fiable mais utilisation dans le remplissage vasculaire chez les patients
complexe a été utilisée pour proposer une valeur de pression du développant un SDRA sur embolie graisseuse.
garrot de 50 à 75 mmHg supérieure à la pression d’occlusion
(PO) artérielle (utilisant la pression artérielle systolique et
diastolique [PAS et PAD], la circonférence de la cuisse [C] et la ■ Pathologies spécifiques
largeur du garrot [L] soit PO = PAD + [(PAS-PAD) × C]/3L). Un
niveau de pression de 90 à 100 mmHg au-dessus de la PAS est En dehors des problèmes de terrain usuels en anesthésie
considéré comme efficace et suffisant. Ainsi pour un(e) patient(e) (diabète, pathologies coronariennes, etc.), l’anesthésiste-
normotendu(e) non obèse, une pression de 200 mmHg au réanimateur en orthopédie est confronté à des pathologies
membre supérieur et de 250 mmHg au membre inférieur est spécifiques telles que la polyarthrite rhumatoïde et tous les
acceptable. En cas de besoin, un meilleur contrôle de la pression rhumatismes inflammatoires, les spondylarthropathies et les
artérielle est préférable à une augmentation de pression du pathologies scoliotiques.
garrot. L’hypertension artérielle liée au garrot peut être prévenue
par les techniques d’ALR. L’approfondissement de l’AG n’est pas Polyarthrite rhumatoïde
efficace et présente le risque d’aggraver l’hypotension à la levée
du garrot. Dans tous les cas, la levée du garrot doit faire l’objet C’est une pathologie fréquente (0,31 % de la population
d’une surveillance attentive. française soit près de 200 000 personnes) avec un recours de
plus en plus fréquent à la chirurgie orthopédique afin de
récupérer une fonction articulaire. Elle pose à l’anesthésiste-
Risque lié à l’utilisation de ciment réanimateur plusieurs problèmes [55] :
• intubation délicate en raison de l’association d’une ankylose
Évaluation du risque
du rachis cervical et d’une instabilité de l’articulation
L’utilisation de ciment en chirurgie prothétique a été impli- atloïdoaxoïdienne avec risque de compression médullaire
quée dans des cas d’arrêts circulatoires avec décès peropératoi- cervicale, essentiellement dans les mouvements de flexion du
res. La physiopathologie des modifications cardiovasculaires rachis ;

10 Anesthésie-Réanimation

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Anesthésie en chirurgie orthopédique ¶ 36-605-A-10

Scoliose
“ Points essentiels C’est une pathologie idiopathique ou secondaire, chez
l’enfant ou chez l’adulte, entraînant une déformation majeure
Le choix du garrot de membre répond à des objectifs de tout le rachis avec des conséquences respiratoires sévères. La
chirurgicaux de réduction du saignement peropératoire chirurgie est le seul recours en cas de pathologie évoluée. Les
facilitant entre autres la vision dans le champ opératoire. problèmes liés à la prise en charge anesthésique des patients
Le bénéfice attendu est une diminution des temps scoliotiques ont été rappelés plus haut. Pour les scolioses liées
aux dystrophies musculaires (maladie de Duchenne de Boulogne
opératoires et une réduction du saignement. Sa bonne
par exemple) le recours aux halogénés doit être proscrit en
tolérance dépend de deux facteurs : le temps et le niveau
raison du risque d’hyperthermie maligne, de rhabdomyolyse et
de pression. d’arrêt cardiaque par hyperkaliémie. De même, la succinylcho-
L’utilisation de ciment en chirurgie prothétique a été line n’est pas recommandée et l’utilisation des curares non
impliquée dans plusieurs cas d’arrêts circulatoires avec dépolarisants est possible en tenant compte d’un risque d’effet
décès peropératoires. Le risque semble plus lié à la prolongé et requérant un monitorage de la curarisation.
survenue d’une embolie graisseuse en raison d’une mise
sous pression du ciment dans la médullaire osseuse qu’à
une toxicité directe.
L’embolie graisseuse, typiquement après fractures des os
longs, est responsable d’un tableau de défaillance
multiviscérale.
“ Points essentiels
L’anesthésiste-réanimateur en orthopédie est confronté à
des pathologies spécifiques telles que la polyarthrite
rhumatoïde et d’une manière plus générale tous les
• mauvaise tolérance à la douleur chez ces patients douloureux rhumatismes inflammatoires, les spondylarthropathies et
chroniques et pour qui les techniques d’ALR sont particuliè- les pathologies scoliotiques. Ces pathologies impliquent
rement indiquées ; des précautions particulières, notamment lors de
• aspects thérapeutiques : l’intubation.
C il s’agit de patients sous corticoïdes au long cours avec les
risques associés à cette thérapeutique : fragilités cutanée et
vasculaire, dysrégulation glycémique, insuffisance surréna-
lienne, risque infectieux majoré, risques d’ulcérations ■ Synthèse et principes
gastriques, ou fracturaire accru,
C autres thérapeutiques : si le méthotrexate (responsable La synthèse des données ci-dessus permet de proposer une
parfois d’une insuffisance hématologique et d’une atteinte démarche qui peut être résumée en trois étapes.
rénale) peut être poursuivi pour la période opératoire, le
traitement est toujours associé à une supplémentation en En préopératoire
acide folique. Les anticorps monoclonaux anti-tumor
necrosis factor (TNF) permettant des rémissions notables Il faut, selon les spécificités de l’anesthésie en orthopédie :
sont usuellement interrompus « 2 semaines avant toute • informer sur les techniques d’ALR et discuter le rapport
chirurgie en raison du risque infectieux ». Néanmoins cette bénéfice-risque pour permettre de proposer un protocole
attitude n’est pas complètement validée et présente anesthésique accepté par le patient ;
l’inconvénient de provoquer chez certains patients une • informer sur le recours transfusionnel et obtenir un consen-
rechute périopératoire ; tement éclairé et signé ;
• anémie périopératoire : même si classiquement les anémies • informer sur le risque thromboembolique et les mesures
inflammatoires ne répondent pas à l’érythropoïétine, il préventives ;
semblerait que les patients porteurs de polyarthrite rhuma- • informer sur le risque infectieux, parfois peu expliqué lors de
toïde puissent en bénéficier, dans le cadre d’un don auto- l’information par le chirurgien ;
logue ou de la gestion de l’anémie périopératoire. • permettre de réaliser les bilans complémentaires requis [56].
Ceux-ci sont à adapter en fonction de la chirurgie et du
terrain ; par exemple, un adulte jeune sans antécédent et à
Spondylarthropathies l’examen clinique normal ne nécessite aucun bilan biologique
préopératoire pour une chirurgie de l’épaule ;
Spondylarthrite ankylosante et rhumatisme psoriasique • vérifier la compatibilité des traitements avec la chirurgie
principalement, elles représentent 0,3 % de la population proposée (anticoagulants et chirurgie hémorragique) permet-
française. La spondylarthrite ankylosante est caractérisée par tant de planifier les arrêts ou les relais thérapeutiques
l’ankylose progressive du rachis avec la mise en évidence de nécessaires ;
syndesmophytes (« colonne de bambou ») à l’origine de réper- • proposer des thérapeutiques spécifiques (érythropoïétine,
cussions respiratoires en raison d’un « enraidissement » du antibiothérapie) ;
thorax. Sur le plan de la prise en charge anesthésique : • éventuellement rediscuter au cas par cas avec le chirurgien de
• le problème de l’intubation est au premier plan : dans la l’opportunité d’une chirurgie fonctionnelle mineure aux
plupart des cas, une intubation vigile sous fibroscope ; implications anesthésiques non négligeables chez un patient
• malgré l’atteinte rachidienne, il n’y a pas de contre-indication médicalement instable ou à haut risque (par exemple patient
à une anesthésie neuraxiale, parfois difficile ; coronarien avec pose d’un stent récent).
• en cas d’évolution sévère, l’atteinte respiratoire doit être
évaluée (exploration fonctionnelle respiratoire) et prise en Prise en charge peropératoire
compte, pouvant par exemple contre-indiquer la réalisation
d’un bloc nerveux supraclaviculaire ou interscalénique ; Elle comprend :
• les problèmes de douleur et les problèmes thérapeutiques sont • la mise en place des techniques locorégionales pour les
proches de ceux de la polyarthrite rhumatoïde, évoqués plus périodes per- et postopératoire dans un but analgésique et de
haut. réhabilitation précoce ;

Anesthésie-Réanimation 11
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36-605-A-10 ¶ Anesthésie en chirurgie orthopédique

• la prévention ou le traitement des complications répertoriées [10] Foss NB, Kristensen MT, Kristensen BB, Jensen PS, Kehlet H. Effect
ci-dessus (penser en particulier à la prévention de l’hyper- of postoperative epidural analgesia on rehabilitation and pain after hip
algésie) ; fracture surgery: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial.
• dans ce cadre, la surveillance peropératoire en chirurgie Anesthesiology 2005;102:1197-204.
orthopédique majeure doit permettre une réponse anticipée. [11] Moller JT, Cluitmans P, Rasmussen LS, Houx P, Rasmussen H, Canet J,
Le recours large au monitorage de la pression artérielle et al. Long-term postoperative cognitive dysfunction in the elderly
sanglante est un moyen aisé d’obtenir un monitorage continu ISPOCD1 study. ISPOCD investigators. International Study of Post-
(de la pression artérielle mais aussi des bilans biologiques). Operative Cognitive Dysfunction. Lancet 1998;351:857-61.
[12] Matot I, Oppenheim-Eden A, Ratrot R, Baranova J, Davidson E,
Eylon S, et al. Preoperative cardiac events in elderly patients with hip
Prise en charge postopératoire fracture randomized to epidural or conventional analgesia.
Anesthesiology 2003;98:156-63.
Elle inclut : [13] Fowler SJ, Symons J, Sabato S, Myles PS. Epidural analgesia compared
• en premier lieu une lutte optimale contre la douleur qui with peripheral nerve blockade after major knee surgery: a systematic
inclut la mise en place d’outils de surveillance régulière avec review and meta-analysis of randomized trials. Br J Anaesth 2008;100:
les équipes de soins et la gestion multimodale des traitements 154-64.
(analgésie locorégionale, analgésie systémique) ; [14] Capdevila X, Barthelet Y, Biboulet P, Ryckwaert Y, Rubenovitch J,
• le suivi, le dépistage et la prise en charge des complications d’Athis F. Effects of perioperative analgesic technique on the surgical
(thromboemboliques, hémorragiques, infectieuses). outcome and duration of rehabilitation after major knee surgery.
Anesthesiology 1999;91:8-15.
[15] ″ Les blocs périphériques des membres chez l’adulte ″. Recommanda-
■ Conclusion tions pour la Pratique Clinique. Paris: Société Française d’Anesthésie
Réanimation; 2003. 27p http://www.sfar.org/t/IMG/pdf/alrperiphrpc.
pdf.
Parallèlement aux progrès de la chirurgie, les évolutions de
[16] Winnie AP. Interscalene brachial plexus block. Anesth Analg 1970;49:
l’anesthésie en chirurgie orthopédique tendent à réduire au
455-66.
mieux la iatrogénie induite ou à définir de nouvelles activités
[17] Auroy Y, Benhamou D, Bargues L, Ecoffey C, Falissard B, Mercier FJ,
telles que l’anesthésie pour orthopédie « non chirurgicale »
et al. Major complications of regional anesthesia in France: The SOS
radioguidée (vertébroplastie par exemple). De nouvelles prises
Regional Anesthesia Hotline Service. Anesthesiology 2002;97:
en charge, globalement comprises dans le concept de « réhabi-
1274-80.
litation précoce », sont pour la plupart en cours d’évaluation :
[18] Neal JM, Moore JM, Kopacz DJ, Liu SS, Kramer DJ, Plorde JJ. Quan-
• optimisation de l’analgésie périopératoire : évolution des titative analysis of respiratory, motor, and sensory function after
techniques d’ALR (échographie, infiltrations), meilleure supraclavicular block. Anesth Analg 1998;86:1239-44.
connaissance des phénomènes d’hyperalgésie et de leur
[19] Williams SR, Chouinard P, Arcand G, Harris P, Ruel M, Boudreault D,
prévention ;
et al. Ultrasound guidance speeds execution and improves the quality of
• réduction des risques induits thromboemboliques (nouvelles supraclavicular block. Anesth Analg 2003;97:1518-23.
molécules), infectieux (nouvelles procédures préventives) et [20] Raw DA, Beattie JK, Hunter JM. Anaesthesia for spinal surgery in
hémorragiques (substituts du sang) ; adults. Br J Anaesth 2003;91:886-904.
• meilleure prise en compte du terrain : en particulier les [21] Liu SS, Strodtbeck WM, Richman JM, Wu CL. A comparison of
aspects nutritionnels et cognitifs chez la personne âgée, les regional versus general anesthesia for ambulatory anesthesia: a meta-
pathologies associées et les nouvelles thérapeutiques (poly- analysis of randomized controlled trials. Anesth Analg 2005;101:
arthrite rhumatoïde par exemple). 1634-42.
.

[22] Handoll HH, Koscielniak-Nielsen ZJ. Single, double or multiple injec-

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12 Anesthésie-Réanimation

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Anesthésie en chirurgie orthopédique ¶ 36-605-A-10

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M. Carles (carles.m@chu-nice.fr).
M. Blay.
E. Gaertner.
Pôle d’anesthésie réanimation (Professeur M. Raucoules-Aimé), Centre hospitalier universitaire de Nice, Hôpital l’Archet 2, 151, route
Saint-Antoine-Ginestière, 06202 Nice cedex 3, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Carles M., Blay M., Gaertner E. Anesthésie en chirurgie orthopédique. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
Anesthésie-Réanimation, 36-605-A-10, 2011.

Disponibles sur www.em-consulte.com


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