Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
1. Définition.
L’humanisme est un courant intellectuel (mouvement de pensée) qui se manifesta spécialement aux
XVe et XVIe siècles. A l’aide d’une méthode nouvelle (libre recherche personnelle, critique des sources,
raisonnement) et en réaction contre le théocentrisme médiéval, l’humanisme prend pour centre d’intérêttous
les domaines d’activité humaine, dans le but de favoriser l’essor d’une civilisation plus humaine permettant
le progrès, l’épanouissement et le bonheur des individus.
2. Grandes figures.
3. Caractères.
On a donné aux intellectuels européens les plus importants de cette époque le nom d’humanistes,
car leur principal centre d’intérêt réside dans une étude approfondie de l’homme en général. Comme les
Grecs et les Romains de l’Antiquité, ces hommes veulent redonner à la personne humaine une place centrale
(anthropocentrisme*). Ils se détournent ainsi de la pensée du Moyen Age, où l’on avait une vision
pessimiste de la nature humaine : l’homme, créature pécheresse, ne pouvait pas faire grand-chose de bon s’il
ne s’abandonnait pas à la volonté de Dieu (théocentrisme*). Au contraire, les humanistes font une confiance
optimiste à l’individu, qu’ils considèrent comme capable, par sa raison et sa réflexion, de réaliser de grandes
choses et d’édifier un monde plus humain, plus épanouissant.
Cette vision optimiste de l’humanité fera des humanistes les ardents défenseurs du libre arbitre*,
c’est-à-dire de la faculté qu’a tout homme de se déterminer (faire un choix, prendre une décision) par sa
propre volonté, sans aucune contrainte extérieure (notamment de la part de la divinité). Cette position est en
totale contradiction avec la notion de serf arbitre*, qui envisage l’homme comme une créature diminuée par
le péché, dotée d’un esprit et d’une volonté qui sont comme manipulés par Dieu, et donc dans l’incapacité de
prendre des initiatives vraiment libres - position fréquente dans l’islam, et que l’on retrouvera dans les
doctrines de Luther et de Calvin.
* arbitre (lat. arbitrium = jugement, volonté, pouvoir de décider). A ici son ancien sens de volonté,
capacité de décider, de faire des choix.
* libre arbitre. 1° Faculté de se déterminer sans autre cause que la volonté - autrement dit,
Capacité de choisir ou de ne pas choisir un acte, lorsqu’aucune raison (et a fortiori aucune autorité ou
pression extérieure) ne nous détermine dans un sens plus que dans l’autre. - 2° Cour. Volonté libre, non
contrainte.
N.B. Le libre arbitre est nié :
1/ par les déterministes, pour qui tous les événements de l’univers, et en particulier les
actions humaines, dépendent de causes qui les ont amenés nécessairement et auront eux-mêmes des effets
nécessaires, déterminés.
2/ par les fatalistes, pour qui tous les événements de l’univers, et en particulier les actions
humaines, sont fixés à l’avance par une cause unique et surnaturelle (Dieu - prédestination - ou le Destin, en
latin fatum), sans que la volonté humaine puisse rien y changer.
3/ par les protestants et les jansénistes, qui le jugent inconciliable avec la prescience de
Dieu (Dieu connaît tout de toute éternité, et donc sait à l’avance le choix que nous allons faire), laquelle
entraîne la prédestination de l’individu et la dépendance absolue de la volonté humaine par rapport à la
puissance et à la grâce de Dieu. : c’est le serf arbitre. En effet, ou bien l’homme est abandonné par Dieu
aux tendances de sa nature corrompue (par suite du péché originel), qui l’entraînent fatalement au mal et
finalement à la damnation éternelle ; ou bien la grâce de Dieu le sauve par un acte unilatéral et purement
gratuit, sans intervention de la volonté individuelle.
Pour les catholiques, la grâce aide l’homme, mais Dieu laisse celui-ci libre de la solliciter ou non. Le
libre arbitre existe donc, même s’il semble se concilier difficilement avec la prescience de Dieu.
Sur base de cet esprit d’individualisme et de liberté, les humanistes recourent à une nouvelle
méthode de travail, à la fois rationaliste - c’est-à-dire recherchant le pourquoi des choses, faisant appel à la
raison - et critique - c’est-à-dire mettant toutes les connaissances acquises à l’épreuve de la raison pour
découvrir la vérité dans tous les domaines et déboucher ainsi sur un jugement (gr. krisis) solide et motivé.
Cette démarche amènera les intellectuels à dépasser les connaissances théoriques et les commentaires
traditionnels en honneur au Moyen Age pour retrouver toutes les sources du savoir, à savoir les textes et
documents les plus valables et les plus utiles pour la découverte de la vérité.
* Dans le domaine religieux, ce retour aux sources mettra les humanistes en contact avec le texte
même de la Bible, et leurs travaux les amèneront parfois à des conclusions redoutables : sur certains points,
le clergé de leur temps enseigne et surtout pratique des idées bien éloignées de l’Evangile…(richesse,
moeurs, etc.). Les humanistes ne manqueront pas de critiquer, parfois violemment, ces abus. Certains,
comme le moine Martin Luther en Allemagne, en viendront à prétendre qu’il faut suivre l’enseignement de la
Bible seule et nullement celui de l’Eglise. Ils jetteront ainsi les bases du mouvement de redressement et de
contestation religieuse connu sous le nom de Réforme.
* Dans le domaine des sciences, la méthode critique amènera les savants à bannir
l’enseignement théorique et livresque du Moyen Age pour baser toutes leurs recherches sur l’observation et
le recours à l’expérience. Bravant les interdictions (censure, index, Inquisition, interdiction de la dissection
des cadavres, etc.) venant de l’Eglise qui prétendait toujours interpréter la Bible à la lettre, les savants du
XVIe siècle déboucheront sur des découvertes qui feront grandement progresser le monde scientifique :
médecine (Ambroise Paré, André Vésale), astronomie (héliocentrisme, rotation de la terre, selon le chanoine
polonais Nicolas Copernic), mathématique (Léonard de Vinci), physique, etc.
Les humanistes, on le voit, sont, à l’image de la bourgeoisie dont ils sont issus, desesprits
curieux. Ils souhaitent étudier et approfondir toutes les branches du savoir humain ; ils regardent le monde
avec un regard neuf, libéré des systèmes d’explication théoriques imposés jusque-là.
Les humanistes portent un intérêt passionné à l’Antiquité, non seulement chrétienne mais aussi et
peut-être surtout païenne, ainsi qu’à ses textes (latin, grec, hébreu). Bien que profondément croyants et
pratiquants pour la plupart, ils aspirent à intégrer l’énorme héritage culturel des Grecs et des Romains dans le
patrimoine européen.
Par là encore ils se heurteront à l’Eglise, dépositaire de la tradition et responsable des fidèles, qui y
verra un danger pour la formation chrétienne de la population.
L’étude des auteurs anciens - bientôt diffusée grâce à l’imprimerie et à l’emploi du papier - est
favorisée par l’arrivée en Italie d’intellectuels byzantins chassés de leur patrie (prise de Constantinople,
1453), et qui ont sauvé ce qu’ils pouvaient de leurs bibliothèques. Affranchis des préjugés de leur temps, les
humanistes veulent élargir les horizons de la pensée et enrichir la civilisation en puisant à pleines mains
dans les ouvrages antiques. Ceux-ci, en effet, vont leur révéler tout ce que le monde gréco-romain nous a
légué dans les domaines les plus variés : politique, droit, économie, vie sociale, philosophie, morale,
sciences, arts, théâtre, poésie, etc.
C’est ainsi que, paradoxalement, les intellectuels des Temps modernes se sont tournés vers une
culture apparemment révolue afin d’ouvrir à l’humanité un avenir meilleur.
Les humanistes de tous les pays correspondront en latin - langue commune du monde savant
jusqu’au XVIIIe siècle -, et il sera de mode, dans les milieux cultivés, de latiniser (voire même d’helléniser)
son nom et de citer des maximes latines ou grecques.
* Dans le domaine artistique, ce goût nouveau engendrera, en Italie d’abord (dès le XVe siècle),
dans le reste de l’Europe ensuite, le mouvement de la Renaissance, lequel, comme son nom l’indique, se
caractérise surtout par un renouveau des arts et par un retour à l’Antiquité.
4. Moyens de diffusion.
- l’Eglise, craignant que les idées nouvelles entraînent de fausses croyances ou des attitudes
dangereuses pour le salut de chrétiens dont elle a la charge, prend des mesures pour éviter leur diffusion
(censure, index, Inquisition) ;
- l’emploi du parchemin, support d’écriture plus solide mais aussi beaucoup plus coûteux que le
papier de chiffons - lequel n’était alors connu que des Chinois (depuis le II e s. av. J.C.) et des Arabes
(depuis le milieu du VIIIe siècle) ;
- le recours, coûteux également, à des copistes pour la composition, la traduction et la multiplication
des ouvrages, ce qui faisait des manuscrits un produit de luxe réservé à une petite élite (abbayes, chapitres
cathédraux, souverains et grands seigneurs) ;
- l’utilisation du latin, langue savante de toute l’Europe, interdisait toute vulgarisation au-delà d’un
public restreint et très cultivé.
Mise à part la position de l’Eglise, qui restera longtemps encore inchangée - même si elle comptera
nombre de grands humanistes dans ses rangs -, de nouvelles conditions vont se mettre en place à la fin du
Moyen Age : utilisation du papier (popularisé au XIVe siècle), essor de l’imprimerie (caractères mobiles en
fonte à partir de 1450, encre grasse et presse à bras) et emploi des langues nationales.
N.B. On peut ajouter à cela qu’à partir de 1500, les caractères gothiques seront abandonnés (sauf en
Allemagne) au profit des caractères romains, plus clairs et arrondis.
Conclusion.
Les textes des auteurs antiques (grecs et romains) et les idées nouvelles vont, grâce à ces nouveaux
moyens, connaître une diffusion beaucoup plus large et rapide qu’auparavant, mettant la culture à la portée
d’un plus grand nombre de gens. Passée au stade industriel - avec Christophe Plantin à Anvers, entre
autres -, l’imprimerie contribuera puissamment à accélérer le progrès dans tous les domaines du savoir
humain.
5. Conséquences.
a) Culture
1/ Activités intellectuelles
c/ progrès scientifiques.
Dans le contexte d’une époque où l’on voit s’élargir les horizons (grandes découvertes),
l’intérêt pour les sciences grandit. Ici, les méthodes humanistes (critique des sources, recours à la raison)
vont entraîner une véritable révolution, malgré l’opposition tenace des autorités universitaires ou
ecclésiastiques. C’est Léonard de Vinci qui énoncera trois principes fondamentaux pour l’épanouissement de
la pensée scientifique : - la science doit recourir systématiquement à l’expérience et à l’observation répétée
des phénomènes naturels;
- des faits particuliers, il faut s’élever aux lois générales ;
- la science n’existe que si elle s’appuie sur les démonstrations mathématiques.
La mise en application de tels principes va provoquer un essor scientifique
considérable : anatomie (Vésale, Servet, Paré), cartographie (Mercator, Ortelius), astronomie (Copernic,
plus tard Galilée).
2/ Activités artistiques.
b) Religion.
Dans ce domaine, la libre recherche personnelle et l’étude des sources (étude du grec et même de
l’hébreu) va amener les humanistes - Erasme principalement - à mettre en comparaison les Evangiles et
l’Eglise de leur temps, avec ses faiblesses et ses abus. D’où le souhait d’une réforme à l’intérieur de
l’Eglise.
c) Société.
Habitués par leurs méthodes à une observation attentive de la réalité et à une critique fondée sur la
raison, les humanistes ne manqueront pas de souligner les travers de la société contemporaine (Erasme,
L’Eloge de la Folie) ; ils y proposeront des remèdes (Thomas More, L’Utopie) en vue de mettre fin aux
abus. Ces critiques, qui leur attireront beaucoup d’ennemis, donneront parfois lieu à des soulèvements
sociaux : des paysans pressurés par leurs seigneurs croiront l’heure venue de la libération (ainsi lors de la
Guerre des Paysans en Allemagne suite aux prises de position de Luther).
d) Politique.
Comme les autres activités intellectuelles, la réflexion politique fera de grands progrès par la
double méthode de l’étude de l’Antiquité et du recours à l’expérience.
Depuis le XVe siècle, la centralisation monarchique s’accentue. S’estimant responsables de leur
époque, de nombreux humanistes vont tenter alors de définir les lois et les limites du pouvoir. La pensée
politique connaissait d’ailleurs une rationalisation et une laïcisation croissantes, renforcées par la Réforme.
Il faut distinguer deux courants nettement opposés :
1/ le courant absolutiste.
Pour les tenants de ce courant, la monarchie nationale et absolue doit éliminer
progressivement le pouvoir seigneurial et le particularisme pour mettre en place un Etat organisé selon la
raison, l’ordre et la justice par un arbitre incontesté. Cette thèse est défendue par Machiavel, Luther, Calvin
et surtout Jean Bodin qui, préférant la tyrannie à l’anarchie, estime que le souverain doit exercer son pouvoir
indépendamment de l’assentiment de ses sujets. Ce mouvement va mener à l’absolutisme des XVIe, XVIIe et
XVIIIe siècles.
2/ le courant parlementaire ou républicain.
Ce courant était partisan d’un certain patriotisme républicain, inspiré de l’Antiquité, et d’une
participation prudente du peuple au pouvoir.
Ainsi Erasme, dans son Institutio principis christiani (L’Education du prince chrétien),
s’oppose à une souveraineté sans limite ; plus radical, Thomas More va jusqu’au collectivisme ; Vitoria, plus
prudent, admet la monarchie, mais soumise aux lois divines et à l’intérêt général.
S’avançant sur un terrain neuf et redoutant une réaction des monarques, ce groupe est moins
catégorique, et hésite souvent à aller jusqu’au bout d son raisonnement. Mais c’est lui qui préfigure l’avenir:
appliquées aux Provinces-Unies d’abord (1579), en Angleterre ensuite (1689), ses théories devaient, au XIXe
siècle, supplanter l’absolutisme monarchique.
* * *
_______________________________