Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA
ÉTATS-UNIS/CANADA
La côte Est dans la tourmente
du Covid-19
Les filières homards et Saint-Jacques des États-Unis et du Canada ont subi de plein fouet
l’effondrement des marchés mondiaux lié à la pandémie.
Une consommation
de homard largement
bousculée par le virus.
P lat festif par excellence, le homard
est de tous les produits de la mer
proportionnellement l’un des plus
consommés à l’extérieur. Et très
peu à la maison. En France, son taux de
pénétration, autrement dit, la part des
ménages en achetant au moins une fois
dans l’année, n’est que de 1,7  %. À
titre de comparaison, les coquilles Saint-
Jacques sont achetées par 35  % des
ménages, frais et surgelé confondu. Selon
FranceAgriMer, les restaurants écoulent
quatre fois plus du crustacé que la vente
au détail. Autant dire que, dans le contexte
du Covid-19, avec la fermeture des éta-
blissements et l’arrêt des croisières, le mar-
ché a été l’un des plus impactés.
Le Canada et les États-Unis ont été par-
ticulièrement exposés par l’effondrement
❘  44 ❘ PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020
Dossier : Bertrand GOBIN
Le Ceta rebat les cartes
entre les États-Unis
et le Canada.
541
millions de dollars
La production
américaine
de Saint-Jacques.
de la demande. En 2018, leurs pêcheries
de la côte Est ont respectivement débar-
qué 97  000  et 66  000 tonnes. Des ton-
nages considérables, dont une part impor-
tante, surtout pour le Canada qui dispose
d’un marché domestique plus restreint, est
exportée dans le monde entier, en vivant
17 % sont exportées,
dont un tiers vers comme en surgelé. La Chine, la Corée du
le Canada. Sud, le Japon et l’Europe figurent parmi
les principaux importateurs. Des échanges
(chiffres 2018)
très significatifs existent également entre
les deux pays, même si une part de ces
homards qui franchissent la frontière,
notamment dans le sens sud-nord, est
ensuite réexportée. Ce phénomène s’est
amplifié depuis l’entrée en vigueur du Ceta
(lire page 48).
« La pandémie a un effet dévastateur sur
l’industrie », déclarait début avril, Stéphane
Vrignaud, le représentant à Bruxelles de la
NOAA, l’agence américaine en charge de
la pêche. Les portes du marché chinois ont
été les premières à se fermer, mi-janvier.
Peu avant, en décembre, dans l’optique
des ventes du Nouvel an chinois, les prix
s’étaient emballés sur le homard vivant.
En Nouvelle-Écosse, la barre des 10 dollars
canadiens la livre aux pêcheurs avait même
été franchie. Quelques semaines plus tard,
patatras. Les marchés se sont retrouvés en
berne et les prix drastiquement en baisse
D.G.
pour les opérateurs contraints de brader
Des offres plutôt
complémentaires
en Saint-Jacques.
sur le marché nord-américain les stocks
qu’il leur restait à écouler. Au Canada, les
cours se sont effondrés de 50 %, avec un
impact mécanique sur les prix du surgelé.
C’est ainsi qu’en France, début mars, les
tarifs aux restaurateurs du homard cana-
dien sont tombés à 13 euros le kilo, contre
plus de 20  euros avant la crise. Dans les
provinces maritimes qui bordent l’Atlan-
tique, la baisse des prix a, selon un impor-
tateur, été également nourrie par une
mésentente entre pêcheurs : certains dis-
posaient encore de stocks, et souhaitaient
retarder l’ouverture de la pêche, tandis que
d’autres, dépourvus, encourageaient un
démarrage rapide de la saison.
À l’effondrement du marché sont
venus s’ajouter les problèmes logis-
tiques dus à la désorganisation com-
plète des transporteurs, qu’ils soient
maritimes (rotation des équipages, ferme-
ture des ports…) ou aériens (suppression
des vols). Dans les pêcheries du Maine,
les premières mesures de chômage par-
tiel ont été prises dès le mois de mars.
Mi-avril, au moment où nous bouclions ce
dossier, l’allégement des mesures sanitaires
en Chine semblait laisser entrevoir un redé-
marrage des affaires. En dépit de la levée
progressive des mesures de confinement
dans le monde, le retour à la normale ne
sera pas pour demain en matière de fré-
COQUILLE SAINT-JACQUES
(Placopecten magellanicus)
DURABLE • RENTABLE • DÉLICIEUX

Une pêche durable signifie

des profits durables. Manipulée
avec soin à chaque étape.
La pêche du Pétoncle de l’Atlantique
aux États Unis est l’un des meilleurs
exemples au monde de la façon dont
les pratiques durables produisent une
qualité et une rentabilité régulières.

— Décortiquée en mer et
congelée moins d’une heure
après la récolte pour assurer
une fraîcheur maximale.

— Qualité inégalée provenant

de la pêcherie de pétoncle
sauvage la meilleure du monde.

— Noix de Saint-Jacques de
haute qualité disponible fraîche,
IQF ou en bloc surgelé.

NOUS SOMMES VOTRE SOUTIEN

AUPRÈS DES FOURNISSEURS

Contactez votre représentant sur le marché: Mr. Felipe Macías

Téléphone: +34 609 034 915
felipemaciasvicente@gmail.com
www.foodexport.org
Produit des États-Unis
 Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA

DR

quentation des restaurants ou de vacances
en croisière. Sans parler de la menace que
toute éventuelle reprise de l’épidémie
continuera de faire peser localement sur
l’ouverture des commerces non essentiels.
C’est dans ce contexte, chamboulé
comme jamais depuis la Seconde Guerre
mondiale, qu’il pèse une grosse incertitude
sur le marché et sur la saison de pêche.
Dans l’État du Maine, plus de 80  % des
débarquements de homards se font entre
juin et novembre, avec un pic traditionnel
au mois d’août. «  Au Canada, plusieurs
zones de pêche du Nouveau-Brunswick
ont décidé de reporter le démarrage de
leur saison », indiquait début avril Yannick
Dheilly, délégué commercial de l’ambas-
sade canadienne à Paris. Sans même évo-
quer l’aspect commercial et les pertes d’ex-
ploitation liées à la mise à quai des bateaux,
l’association des pêcheurs de l’Île-du-
Prince-Édouard s’interrogeait plus fonda-
mentalement sur le risque sanitaire à faire
prendre à ses quelque 1 000 adhérents et
3 000 marins.
Autre produit phare des pêcheries de
la côte Est nord-américaine, la coquille
Saint-Jacques. Proportionnellement moins
dépendante des marchés de restauration,
elle aurait même vu ses volumes s’envo-
ler au sein des rayons surgelés dans les
grandes surfaces hexagonales. « Au début
du confinement, les Français n’ont pas
stocké seulement des pâtes et du papier
toilette, sourit David Sussmann, le patron
de Seafoodia, qui distribue des Saint-
Jacques canadiennes. Ils se sont mis à cui-
siner davantage, se sont recentrés sur des
DR
87 900
tonnes
produits nobles, notamment en produits
de la mer surgelés. Nos clients ont enre-
gistré des ventes en hausse de 50 %. Chez
Le volume total Intermarché, la progression a même atteint
des homards exportés 60 %. » Sur les semaines concernées par la
par le Canada en 2019, ruée des clients, le paneliste Kantar a cal-
soit 90 % de sa
culé que Les Mousquetaires avaient gagné
production nationale.
0,8  point de parts de marché, passant à
15,5  %. Système U, qui bénéficie éga-
lement d’un réseau très dense de points
de vente, davantage en proximité des
consommateurs que ne le sont les hyper-
marchés, a pour sa part grappillé 0,6 point,
passant à 11,6 %. Pour les professionnels
de la Saint-Jacques, reste une interroga-
tion : quelle est la part des acheteurs ayant
découvert le produit au rayon surgelé qui
continuera à en acheter une fois la crise
terminée ? n

USA : 70 % des produits de la mer consommés en restaurant

S ur la centaine de milliards de dollars dépensés annuelle-
ment en produits de la mer, les Américains en consomment
70 % à l’extérieur et seulement 30 % à la maison. C’est dire
l’impact de la fermeture des restaurants sur le marché domes-
tique. Mi-avril, des médias américains évoquaient des pertes
globales pour l’ensemble de la filière de l’ordre de plusieurs
dizaines de milliards de dollars. À côté, l’enveloppe de quelque
300 millions de dollars débloquée par le gouvernement fédé-
ral pour soutenir le secteur pêche et aquaculture faisait figure
de goutte d’eau. En outre, les modalités d’attribution – réser-
vées aux opérateurs pouvant justifier un minimum de 35 % de
pertes – ont tardé à être précisées. « Nous sommes à 80 % en
dessous de notre point d’équilibre », déclarait au Washington
Post, Peter Ramsden, le patron de Foley Fish, un important
producteur de Saint-Jacques, établi à New-Bedford, dans le
Massachusetts.

PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020 ❘  47 ❘


Le Ceta
rebat les cartes concurrentielles
Les exportations
canadiennes de homard
et de Saint-Jacques
vers l’Union européenne
profitent de la suppression
des droits de douane.
Les volumes sont
en hausse, au grand dam
des opérateurs américains.
E
n vigueur depuis l’automne 2017,
le Ceta, l’accord de libre-échange
entre le Canada et l’Union euro-
péenne, impacte les importa-
tions nord-américaines de homards et de
Saint-Jacques. Les droits de douane appli-
qués sur les produits canadiens sont tom-
bés de 8 % à 0, sur les Saint-Jacques et sur
le homard vivant, congelé et les queues. Il
subsiste, sur la chair préparée ou conser-
vée, un droit résiduel de 3,33 %, qui sera
supprimé au 1er janvier. L’impact se ressent
sur les échanges de l’UE avec les deux pays,
car entre les deux espèces, il existe une vraie
rivalité commerciale entre les deux voisins.
«  Le Ceta a clairement eu un effet
négatif sur nos exportations à destina-
tion de l’Union européenne. Il représente
pour nous un handicap concurrentiel  »,
considère Colleen Coyne, coordinatrice
produits de la mer pour le Nord-Est au
sein de Food Export USA, l’agence de
Le homard US retrouve la Chine
P our les exportateurs américains de homards, la réouverture du gigantesque marché chinois
après la crise du Covid-19 coïncide avec un abaissement bienvenu des droits de douane, de
10 à 5 %. La mesure fait suite à l’accord trouvé début 2020 entre Pékin et Washington. La guerre
commerciale qui faisait rage entre les deux pays depuis 2018 avait eu pour effet de renchérir de
plus de 30 % le homard du Maine par rapport à son concurrent canadien. Globalement, jusqu’à
300 millions de dollars d’exportations américaines de fruits de mer pourraient être exemptés
dans le courant de l’année. L’accord n’est pas sans conséquences pour les Canadiens, qui avaient
su tirer profit des barrières imposées à leur principal concurrent.
❘  48 ❘ PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020
Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA
Le boîtage recyclable en carton
(ici celui de Seafoodia) :
une alternative à l’historique
plastique avec glace.
DR
promotion des produits alimentaires amé-
ricains. Des propos confirmés par les sta-
tistiques de la NOAA, l’agence fédérale
des pêcheries. Entre  2018 et  2019, les
exportations américaines à destination de
l’Hexagone se sont repliées de 14 % sur
la Saint-Jacques surgelée, de 30 % sur le
homard vivant. Sur la chair de homard, la
baisse atteint même 47  %. Face à cette
nouvelle donne, les opérateurs américains
renforcent les messages autour de la qua-
lité et des atouts spécifiques des produits
américains. Ils affichent aussi leur volonté
de prospecter de nouveaux marchés,
notamment en Chine (lire ci-dessous).
Côté canadien, on se félicite du coup
de pouce que constitue la suppression des
tarifs douaniers. Pour autant, sur les Saint-
Jacques, l’effet n’a pas été immédiat.
«  L’année qui a suivi l’entrée en vigueur
de l’accord, nos exportations ont même
baissé », se souvient Yannick Dheilly, délé-
gué commercial à l’ambassade du Canada
en France. En 2019, en revanche, aucune
équivoque : plus de 1 700 tonnes de Saint-
Jacques surgelées ont été exportées vers
l’Hexagone. Soit 600 tonnes de plus qu’en
2018, faisant du pays de l’érable le troi-
sième fournisseur français. En valeur, avec
format en sachet 324 millions d’euros, le Canada est désor-
mais au coude-à-coude avec l’Argen-
tine (328  millions). Sur le homard, l’ana-
lyse des chiffres est plus compliquée : les
données export du ministère canadien de
l’Agriculture sont inférieures à celles des
importations publiées par FranceAgriMer.
23
La raison des écarts tient au fait qu’une
partie de la marchandise commercialisée
 % en France a transité par la Belgique ou les
La progression Pays-Bas. Plus globalement, les statistiques
des exportations sont aussi biaisées par le fait que des pro-
de homards vivants duits pêchés aux États-Unis sont achemi-
canadiens vers nés au Canada afin d’être réexportés vers
la France entre 2018 le Vieux continent.
et 2019 (source, Devenue plus attractive au plan tari-
ministère canadien). faire, l’Union européenne fait naître des
vocations chez les opérateurs canadiens.
L’entreprise White Cap était jusqu’en 2019,
essentiellement présente en France avec de
la chair de crabe des neiges à la marque
Luxury. Des produits distribués en restaura-
tion hors foyer (RHF) ou aux cuiseurs appro-
visionnant les rayons marée des grandes et
moyennes surfaces (GMS). «  Nous met-
tons en place une stratégie de développe-
ment en Europe et notamment en France,
explique François Talpaert, responsable des
ventes. Nous avons recruté une équipe
commerciale et qualité pour développer
l’ensemble de nos gammes de crustacés et
de mollusques (homard, crevette nordique,
crabe, noix de Saint-Jacques…). L’offensive
vise non seulement la RHF, l’industrie ou
les cuiseurs, mais également les GMS et le
home-service. » n
En provenance des eaux glacées Canadiennes de
l’Atlantique du Nord, Ocean Choice International
vous offre le meilleur de ses produits de la mer.

A PROPOS D’OCI
OCI est l’un des principaux producteurs de crustacés, pélagiques et poissons sauvages en provenance
des eaux froides de l’Atlantique Nord-Ouest, verticalement intégré de la récolte, à la transformation
puis à la commercialisation de ses produits. Etant l’un des plus gros détenteurs de quotas de poissons
sauvages au Canada, OCI vous offre une disponibilité continue et stable toute l’année.

L’ENGAGEMENT D’OCI POUR LA DURABILITÉ

OCI connait l’océan et se sait responsable pour son futur, nous nous engageons à le protéger pour les
générations à venir.
 L’esprit de service en plus
Le meilleur accès au marché des Produits de la Mer surgelés
Basé à Boulogne-sur-Mer, premier centre européen des produits de la mer, NORFRIGO possède une
des plus grandes capacités frigorifiques de France (36 000 palettes), avec une plateforme logistique
spécialisée dans les produits alimentaires à basse température (-18 °C).

Une solution logistique globale adaptée à vos besoins z vos flux

Forts d’une longue expérience, nous nous engageons à vous fournir un service Optimise r Dunkerque
z-nous su
Rejoigne
de haute qualité, des prestations sur-mesure, une flexibilité totale reposant sur
QUE
une forte réactivité de nos équipes et une informatique de pointe. DUNKER2 0
Nous pouvons couvrir tous vos besoins : 20
■ Traçabilité en temps réel, EDI
■ Possibilités de reconditionnements
■ Solutions import/export via nos partenaires
■ Package Assurances

Nos clients, industriels, négociants, importateurs, distributeurs,…,

apprécient notre rigueur, notre engagement et notre esprit de service.

NORFRIGO
DUNKERQUE
Une position stratégique
UNITED KINGDOM Norfrigo investi dans une nouvelle plateforme sur le Port de Dunkerque
CALAIS
BELGIQUE qui bénéficie d’un positionnement stratégique et de services maritimes
NORFRIGO
et portuaires en constante expansion.
BOULOGNESURMER
LILLE
Cette plateforme dernière génération garantira une optimisation des flux,
ARRAS
une approche des services de Boulogne plus rapide et facilitée.

AMIENS
DIEPPE

LE HAVRE
Agréé FDA/FDA Registred
CAEN

160 rue des Margats BP 385 - 62205 BOULOGNE SUR MER CEDEX (FRANCE)
Tél. : +33 (0) 3 21 87 11 33 - Fax : +33 (0) 3 21 87 25 11
e-mail : contact@norfrigo.com - Site web : www.norfrigo.com

Homard :
des volumes historiquement hauts
Les débarquements du prestigieux crustacé
sur la côte Est des États-Unis et du Canada n’en finissent
pas de progresser. Une aubaine pour les exportateurs.
P lus de 100 000 tonnes de homards
canadiens débarqués sur une
année, ce serait un record  !
Mi-avril, les données chiffrées 2019
n’étaient pas encore validées par les statis-
ticiens du ministère des pêches du Canada.
Mais il semble bien que, après deux années
à 97 000 tonnes, le seuil symbolique ait été
franchi. De 20  000 tonnes au début des
années 1980, les débarquements sont pas-
sés à 40 000 tonnes dans les années 1990,
puis sont montés en flèche à partir de
2000. « Tout le monde pense : « Ça finira
par s’arrêter un jour », mais personne ne
peut dire quand  », commente Yannick
Dheilly, délégué commercial à l’ambassade
canadienne en France.
L’efficacité des mesures de gestion de
la ressource constitue l’une des raisons de
cette abondance, en particulier la limitation
à 300 casiers par bateau. Mais est-ce le seul
facteur ? Les pêcheurs ont coutume de dire
que, prédation sur les œufs oblige, quand
il y a moins de poissons, il y a plus de crus-
tacés. Or, en dépit du moratoire de 1993
à 2003, les stocks de cabillaud, effondrés
dans les années 1990, ne sont toujours pas
revenus aux niveaux antérieurs.
Au Canada, 43 des 45 pêcheries de
homard sont de type côtière, c’est-à-dire
à moins de 15 kilomètres des côtes et à
moins de 40 mètres de profondeur. On
compte plusieurs milliers de pêcheurs
titulaires de permis. Les volumes les plus
importants sont issus du golfe du Maine,
de la baie de Fundy, du sud du golfe du
Saint-Laurent et du long des côtes de la
Nouvelle-Écosse.
Côté américain, les débarquements de
homards restent aussi à un niveau élevé :
entre 65  000  et 70  000  tonnes depuis
2012. La côte Est compte sept zones de
pêche. Dans le golfe du Maine et sur le
banc Georges, les stocks sont au-dessus
des objectifs. Ils sont en revanche inférieurs
dans le sud de la Nouvelle-Angleterre.
Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA
En dépit de la forte concurrence entre
les origines États-Unis et Canada, il existe
une complémentarité. Contrairement aux
pêcheries du Maine, focalisées sur la période
estivale, au Canada, Clearwater est organisé
sur deux saisons de pêche : de fin novembre
jusqu’à début janvier, et de mai à début juil-
let. Soit la période d’avant la mue et pen-
dant laquelle les homards contiennent une
quantité importante de chair, avec un taux
de protéines au maximum.
La complémentarité entre les deux ori-
gines vaut également sur le type de pro-
duits. Forts de leur immense marché
domestique, les Américains font tradition-
nellement moins de transformation tandis
que les Canadiens, eux, exportent propor-
tionnellement beaucoup de homards sur-
gelés : 28 000 tonnes l’an passé. En France
comme ailleurs, sur le marché du homard
surgelé à destination des GMS et des free-
D.G.
zer centers, une bascule est en train de
s’opérer en matière de conditionnement. Les captures canadiennes 2019 de homards s'envolent
Les boîtes recyclables en carton font de vers les 100 000 tonnes… un record !
plus en plus concurrence au format histo-
rique, au sachet plastique avec glace.
558
Les exportations de homard vivant tion des crustacés par taille, peut atteindre
d’Amérique du Nord entrent pour leur quelques mois. Il est toutefois réservé aux
part en concurrence directe avec le homard   homards les plus pleins, les mieux à même
européen. Grâce aux viviers réfrigérés et à la millions de dollars de supporter d’abord cette phase de dor-
mise en dormance, les opérateurs peuvent Le montant des mance, puis le voyage par avion. Les taux
aujourd’hui optimiser les flux et faire tam- exportations américaines de survie et le maintien de la qualité de
pon entre les volumes pêchés et les expé- de homards en 2019, la chair sont évidemment des paramètres
dont plus de la moitié
ditions. Le stockage à long terme, dans clés à maîtriser pour envisager le dévelop-
à destination du Canada.
une eau réfrigérée, et avec une sépara- pement de cette technique. n
Les atouts de l’extraction haute pression
S ur le marché français, la demande de la restauration pour le homard congelé cru décorti-
qué est croissante. Les utilisateurs apprécient sa praticité et sa facilité de mise en œuvre. Les
formats les plus demandés sont le combo (une queue et deux pinces décortiquées) et les demi-
homards. Le développement de l’extraction haute pression (HPP) permet, grâce à l’absence de
traitement thermique, de préserver qualités sensorielles et nutritionnelles du crustacé. Cette
technique offre aussi l’avantage de détacher la chair de manière rapide, propre et complète.
PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020 ❘  51 ❘
 Dossier ❘ ÉTATS-UNIS/CANADA

Saint-Jacques :
deux salles, deux ambiances
Surgélation en mer pour moins productives du fait de la houle et
l’un, à terre pour l’autre : des fonds plus remués.
La France est un marché stratégique
bien que concurrents, pour les pêcheurs américains. En surgelé,
les deux voisins c’est leur second débouché à l’export avec
nord-américains 18 % des ventes. Un chiffre en repli depuis
proposent des offres un an, du fait du Ceta. Le premier marché
pour la Saint-Jacques américaine surgelée
assez complémentaires
reste le Canada, avec de très gros volumes
en Saint-Jacques. ensuite réexportés dans le monde. En frais,
les États-Unis sont le second fournisseur de

L
la France, derrière le Royaume-Uni, avec
426 tonnes exportées en 2018.
es États-Unis et le Canada sont, der-
Du côté de l’industrie canadienne, la sur-
rière l’Argentine et le Pérou, deux
gélation en mer a favorisé le développement
des principaux exportateurs de noix
de gros bateaux et la concentration d’un
de Saint-Jacques surgelées à des-
secteur qui, aujourd’hui, fait de la label-
tination d’un marché français structurel-
lisation MSC un argument concurrentiel.
lement déficitaire. Bien que situées dans

DR
De fait, la Saint-Jacques canadienne surge-
des eaux voisines et pêchant la même
Le décorticage à la main est privilégié par Ocean Choice. lée affiche des prix au kilo 43 % plus élevés
Placopecten magellanicus, leurs pêche-
(source FranceAgriMer). «  C’est véritable-
ries se distinguent. Aux États-Unis, il s’agit
ment un produit d’exception », s’emballe
principalement d’une pêche le long des

rivages du Massachusetts, du Maine et de
Rhode Island. La gestion de la ressource
est supervisée par quatre conseils régio-
naux sous l’égide de l’ASMFC, la commis-
sion des pêches maritimes des États de
l’Atlantique ; les quotas sont individuels et
transférables. « Le système est très strict,
explique Felipe Macias, représentant fran-
çais de l’agence promotionnelle Food
Export Norheast. De manière à optimiser
les stocks, une rotation des lits est opérée
chaque année. » La saison s’étend d’avril
à septembre, les débarquements s’effec-
La cession de Clearwater en suspens
tuent en frais, la surgélation à terre. Une
part importante des opérateurs sont basés
au port de New Bedford.
Au Canada, une majorité de produits
est surgelée en mer, en particulier ceux
destinés au marché français. Les bateaux-
usines partent sur le banc Georges, de
faible profondeur, libre de glace toute
l’année, pour des rotations pouvant durer
trois semaines. La plupart débarquent à
Yarmouth et Digby, en Nouvelle-Écosse. La
pêche se déroule de janvier à décembre,
même si les sorties hivernales sont un peu
18
David Sussmann, le patron de Seafoodia.
En matière de qualité de la noix cana-
% dienne, Sandrine Étienne ne manque
pas d’arguments. La cheffe des ventes
des ventes
d’Ocean Choice pour la France met en
de Saint-Jacques
américaines avant le décorticage manuel pratiqué à
surgelées se font bord du Destiny, le bateau surgélateur de
vers la France. cette entreprise familiale, numéro deux
canadien avec 17  % des quotas natio-
naux. «  Manuellement, nos employés à
bord font un très beau nettoyage, par-
ticulièrement au niveau des viscères. Et,
grâce au contrôle visuel, ils assurent en
outre un meilleur contrôle de la marchan-
dise. » En comparaison avec le décorticage
à la machine qui peut parfois scalper un
peu le haut de la noix, le fait de procé-
der à la main permet de générer davan-
tage de calibre 10/20. Ce paramètre de

E n termes de timing, difficile de faire pire. Début mars, Clearwater

Seafoods annonçait l’intention de ses actionnaires de mettre en vente
tout ou partie de l’entreprise. Confortés par une succession de belles
la taille des noix est, au passage, l’un de
ceux sur lequel le Canada a le plus évo-
lué ces dernières années. Initialement, les
années, ils espéraient réaliser une bonne opération boursière. La crise pêcheurs canadiens ramenaient beaucoup
du coronavirus décalera-t-elle cette opération  ? Une chose est certaine, de petits calibres (20/30, voire 30/40 pièces
comme l’a rappelé une administratrice du géant canadien des produits de par livre). Depuis sept ou huit ans, du fait
la mer : « Le propriétaire majoritaire d’une entreprise qui détient des per- d’un stock en bonne santé, beaucoup de
mis de pêche canadiens doit être canadien. Il s’agit d’un élément clé de 10/20 sont débarqués. Sur le marché, il
l’examen stratégique. » En 2019, Clearwater a réalisé un chiffre d’affaires faut compter 3 à 4 euros par kilo d’écart
de 612 millions de dollars, avec des ventes dans 58 pays. entre le 10/20 et le 30/40. n
DR

❘  52 ❘ PRODUITS DE LA MER N°201 JUIN-JUILLET 2020

 partenaire des industriels
et de la RHD depuis 1981

Poissons, crustacés et mollusques surgelés

10 chemin de la Cluse • 62126 Wimille • France

Tél. : 03 21 80 42 55 • Fax : 03 21 31 06 73 • E-mail : contact@gelfish.fr

2
1

Solutions De
4

Coupe ou Broyage
Des Produits De La Mer 3

Quel que soit votre besoin de coupe : des lanières aux bâtonnets,
des petits cubes aux râpés, des émulsions à de fines purées,
vous pouvez compter sur l’expertise d’Urschel pour vous fournir
la solution la plus appropriée. Faites appel à Urschel pour vous
proposer des solutions de coupe innovantes.

1. Cubes De Surimi 2. Lanieres De Calamars

3. Rillettes De Crevettes 4. Sauces 5. Cubes De Saumon

Contactez Urschel pour un essai gratuit avec votre produit

URSCHEL INTERNATIONAL LTD.
france@urschel.com | fr.urschel.com

® Urschel, Urschel logo symbol, et The Global Leader in Food Cutting Technology sont des marques déposées d’Urschel Laboratories, Inc. U.S.A.