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 20-190-C-10

Stratégies diagnostique et thérapeutique


devant une surdité de l’enfant
G. Lina-Granade, E. Truy

Les surdités de l’enfant sont en grande majorité des surdités de transmission réversibles par otite séromu-
queuse. Mais il est essentiel de ne pas passer à côté des surdités de perception, en particulier des surdités
sévères et profondes. Dans tous les cas, la réhabilitation précoce conditionne le pronostic en termes de
développement du langage et de scolarité, qui sont d’autant meilleurs que la surdité est prise en compte
précocement. S’il existe une otite séromuqueuse, l’existence d’un retentissement auditif impose parfois un
traitement chirurgical. Si les doutes sur l’audition et le langage persistent après l’intervention, et lorsque
les tympans sont normaux, un bilan auditif doit être réalisé rapidement, à la recherche d’une surdité
de perception. Le diagnostic d’une surdité est possible dès les premiers jours de vie, en combinant des
examens subjectifs et objectifs adaptés à l’âge. Le recours à un médecin spécialisé en audiologie infan-
tile est utile pour mettre en place rapidement une réhabilitation spécifique. Les surdités de perception
relèvent d’un appareillage auditif, et pour les surdités les plus importantes d’une implantation cochléaire.
Quelle que soit la sévérité de la perte auditive, un bilan orthophonique est indispensable pour évaluer
son retentissement sur la parole, le langage oral et les capacités d’apprentissage. Enfin, la détermination
des causes des surdités de perception a grandement profité du développement de l’imagerie médicale et
de la génétique.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Déficience auditive ; Audiométrie ; Prothèse auditive ; Appareillage auditif ; Orthophonie ;


Implant cochléaire

Plan années de la vie doit conduire à agir rapidement pour limiter le


retentissement sur le développement du langage, la scolarité et par
■ Introduction 1 conséquent l’avenir socioprofessionnel des enfants. Cette notion
de « course contre la montre » est particulièrement importante
■ Stratégie diagnostique 1 pour les déficiences auditives sévères ou profondes, où l’accès au
Moment où il faut y penser 1 langage parlé est conditionné en tout premier lieu par la précocité
Comment faire le diagnostic, quels examens et dans quels cas 3 de la prise en charge et de la réhabilitation. Or, à notre époque,
Différents tableaux 5 la réhabilitation permet à l’enfant d’accéder à la compréhension
Diagnostic différentiel 7 du langage parlé, et à l’expression orale, même en cas de surdité
Comment en parler 7 profonde, si tel est le choix des parents.
Diagnostic étiologique et des troubles associés 8 Comme le dépistage auditif néonatal n’est pas encore réalisé
■ Stratégie thérapeutique 8 systématiquement en France, et même s’il se met en place à
Quand mettre en route la prise en charge 8 l’avenir, il est du devoir de tous les professionnels, oto-rhino-
Que peut-on proposer 9 laryngologistes (ORL), pédiatres et médecins généralistes, d’être
Suivi évolutif 10 vigilants à toute suspicion, afin que le diagnostic de surdité soit
Implantation cochléaire 10 établi le plus rapidement possible et débouche sans délai sur une
■ Conclusion 13 prise en charge adaptée.

 Introduction  Stratégie diagnostique


Le terme de surdité de l’enfant désigne une grande variété de Moment où il faut y penser
tableaux cliniques, selon l’origine de la perte auditive (surdité
Anomalie du dépistage auditif chez le nourrisson
de transmission ou de perception), le degré de surdité, son âge
d’apparition, le caractère uni- ou bilatéral de l’atteinte, et selon Justification du dépistage
les troubles associés. Le dépistage auditif commence avant tout par le repérage de
Mais quel que soit le cas, même s’il s’agit d’une surdité unila- facteurs de risque connus comme augmentant la probabilité d’une
térale, légère ou transitoire, la survenue au cours des premières surdité, qui sont répertoriés dans le Tableau 1 [1, 2] .

EMC - Oto-rhino-laryngologie 1
Volume 10 > n◦ 2 > mai 2015
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0351(14)58639-4

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20-190-C-10  Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant

Tableau 1. Par conséquent, comme recommandé par de nombreuses ins-


Facteurs de risque de surdité chez l’enfant. tances scientifiques, un dépistage auditif néonatal systématique
Risque de surdité de Risque de surdité de perception existe maintenant dans plusieurs régions (en particulier Alsace,
transmission Centre, Champagne-Ardenne et Basse-Normandie) et est amené
à s’étendre sur le plan national, à la suite de l’arrêté du 23 avril
Rhinopharyngites ou otites Antécédents familiaux de surdité précoce 2012 [1, 2, 7–11] .
répétées ou consanguinité entre les parents
Trisomie 21 Poids de naissance < 1500 g Méthodes de dépistage chez le nourrisson
Fente labiale ou palatine Détresse respiratoire néonatale Deux méthodes objectives et non invasives ont fait la preuve
Malformations de l’oreille Infection congénitale (CMV, rubéole, de leur faisabilité et de leur fiabilité dans le dépistage auditif dès
externe ou crâniofaciales toxoplasmose, herpès, syphilis) les premiers jours de vie : le recueil automatisé des otoémissions
Ictère ayant nécessité une acoustiques (OEA) et le recueil de potentiels évoqués auditifs auto-
exsanguinotransfusion matisés précoces (PEAA) :
Méningites bactériennes • les otoémissions sont une réponse acoustique générée par
Traumatisme crânien avec perte de les cellules ciliées externes cochléaires, mesurables à l’aide
connaissance
d’un microphone miniaturisé placé dans le conduit auditif
Chimiothérapie, traitement par
externe. Ces otoémissions sont absentes pour des pertes audi-
aminosides ou furosémide
tives d’origine endocochléaire supérieures à 30 dB hearing level
CMV : cytomégalovirus. (HL). La sensibilité et la spécificité de ce test au troisième jour
de vie sont soumises aux conditions de réalisation (bruit envi-
ronnant, sommeil, entraînement du testeur). L’enregistrement
automatisé des OEA en maternité se fait préférentiellement en
Chances de développement du langage (%)

100 deux étapes : si le premier test est positif (perturbé), il est répété
dans les 24 heures. Dans les études utilisant cette méthode, le
taux de faux positifs est de 1 à 2 %, et la durée de l’examen est
courte, de quelques secondes à deux minutes [3] ;
• les PEAA recueillent l’activité électrique du tronc cérébral pro-
voquée par un son émis à une seule intensité (en général 30 dB).
Les nombreuses études utilisant les PEAA en dépistage chez des
nouveau-nés en bonne santé indiquent une sensibilité de 90 à
100 %, légèrement supérieure à celle des OEA, et une spécificité
de 96 à 100 %. Les PEAA génèrent moins de faux positifs que
les OEA ; la réalisation d’un nouveau test en cas de positivité du
premier test diminue le taux de faux positifs, qui passe de 3,5 %
lors du premier test à des valeurs comprises entre 0,2 et 0,8 %
lors du second test. Les PEAA sont réalisables dès 24 heures de
0 vie et sont sensibles aux atteintes centrales (en particulier aux
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 neuropathies auditives plus fréquentes chez les prématurés) [3] .
Âge (années)
Interprétation des résultats
Figure 1. Chances de développement du langage parlé en fonction
Ces examens de dépistage ne constituent qu’une alerte, et sont
de l’âge de début de la réhabilitation d’une surdité sévère ou profonde
sensibles à une atteinte transmissionnelle transitoire. Ils ne per-
congénitale (période critique) [6] . Si la réhabilitation débute avant 3 ans
mettent pas un diagnostic de surdité, ni du siège de l’atteinte. Afin
(surtout avant 1 an, trait vert), les chances de développement du langage
de ne pas susciter d’anxiété inutile, les enfants ayant un dépistage
sont optimales. C’est la période optimale pour la maturation du cortex
perturbé doivent donc être orientés rapidement vers un service
auditif et langagier, sous l’influence des stimulations sonores et langa-
ou un professionnel réalisant des examens diagnostiques, pour
gières et des interactions avec l’environnement. De 3 à 7 ans (trait orange),
confirmer ou pas l’existence d’un déficit, préciser l’importance de
plus la réhabilitation de la surdité est tardive, plus le développement du
la perte auditive et conseiller la famille sur la conduite à tenir.
langage est difficile et incomplet, à cause d’une diminution rapide des
Enfin, même si un dépistage a été réalisé en période néonatale, il
capacités de développement du cortex auditif et langagier, même en cas
est indispensable de rester vigilant quant à l’installation possible
de stimulations sonores et langagières. Une réhabilitation auditive débu-
d’une surdité au cours des premières années, en particulier aux
tant après 7 ans (trait rouge) a des effets limités sur l’acquisition du langage
visites du neuvième et du 24e mois, surtout en cas de facteurs de
oral aussi bien pour la compréhension que pour l’expression.
risque.

Toutefois, seule la moitié des enfants atteints de surdité pré- Anomalies des réactions aux sons
sentent un de ces facteurs de risque ; le dépistage doit donc Les circonstances dans lesquelles il faut impérativement réaliser
être systématique, universel, pour repérer précocement tous les des examens auditifs sont avant tout des doutes sur les réactions
enfants présentant une atteinte auditive. aux sons de la part de l’entourage (parents, assistante maternelle,
Étant donné la forte proportion (85 %) de surdités congénitales école).
parmi les surdités sévères et profondes de l’enfant [3] , le moment Chez le nourrisson, les signes d’appel sont une absence de
le plus approprié pour le dépistage est le séjour à la maternité, où réaction, ou des réactions inconstantes, à l’appel ou aux bruits
tous les nouveau-nés sont facilement accessibles. familiers produits en dehors de son champ visuel (bruits de casse-
Enfin, la surdité de l’enfant présente toutes les caractéristiques roles, de pas, de clés, chanson familière).
des affections justifiant un dépistage systématique : Chez le jeune enfant, les doutes surviennent si l’enfant fait répé-
• sa prévalence (environ 1,3/1000 naissances) [4] est supérieure à ter, demande à augmenter le son de la télévision, ne comprend pas
celle d’affections bénéficiant déjà d’un dépistage systématique bien lorsque le locuteur est éloigné ou ne fait pas de gestes, ou s’il
telles que l’hypothyroïdie ou la phénylcétonurie ; regarde fréquemment les lèvres de la personne qui parle.
• le handicap auditif congénital, sans intervention appropriée, a On ne dit jamais assez qu’il faut prendre en compte les soupçons
des conséquences délétères, surtout sur le développement du des parents, et ne pas balayer leur inquiétude par des paroles ras-
langage oral ; surantes, tant que les examens fiables n’ont pas été réalisés.
• ses conséquences peuvent être limitées par une réhabilita- Il faut également s’enquérir systématiquement de l’amélio-
tion adaptée, et la précocité de cette réhabilitation influence ration des réactions aux sons après mise en place d’aérateurs
considérablement le développement du langage de l’enfant [5, 6] transtympaniques (ATT) et, en l’absence d’amélioration notable,
(Fig. 1) pratiquer un bilan auditif.

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Tableau 2.
Degrés de surdité, retentissement sur le langage et âge de diagnostic.
Degré de surdité Perte moyenne de 0,5 à Signes d’appel Âge idéal de Âge habituel de
4 kHz (meilleure oreille) diagnostic diagnostic a
Sons mal perçus Parole, langage
Déficience auditive 21 à 40 dB Voix chuchotée ou Retard de parole : mots Avant 3 ans 5 à 8 ans
légère lointaine déformés ou inintelligibles
Déficience auditive 1er groupe 41 à 55 dB Voix moyenne à Retard de langage : langage Avant 18 mois 3 à 5 ans
moyenne 2e groupe 56 à 70 dB plusieurs mètres insuffisant pour l’âge
Déficience auditive 71 à 90 dB Voix forte à plus d’un Retard important, voire Avant 3 mois 12 à 30 mois
sévère mètre absence de langage
Déficience auditive 1er groupe 90 à 100 dB Voix non perçue Absence de diversification Avant 3 mois 12 à 30 mois
profonde 2e groupe 100 à 110 dB Quelques bruits forts du babil, absence de
3e groupe 110 à 120 dB parfois perçus langage
a
Données personnelles.

Retard de parole ou de langage classe, qui n’exécute pas correctement les consignes données par
l’enseignant, ou qui fait des erreurs phonétiques en dictée, doit
Comme le langage se développe par imitation d’un modèle
bénéficier d’une audiométrie à la recherche d’un déficit auditif.
auditif, tout retard de parole ou de langage doit conduire à une
Il faut toutefois signaler que l’audiométrie tonale n’est pas
vérification de l’audition. Le retentissement sur le langage et la
suffisante pour certifier que l’ensemble des processus auditifs
parole est d’autant plus marqué que la perte auditive est impor-
sont normaux. En effet, les enfants qui semblent mal entendre,
tante et précoce (Tableau 2).
mais n’ont pas de perte audiométrique (d’origine périphérique),
Le retard de langage se manifeste même avant 1 an, avant
peuvent présenter des troubles auditifs centraux gênant la discri-
l’apparition des premiers mots (Tableau 3) [12] . Quelques points
mination des phonèmes, en particulier dans un environnement
de repère indiquent un décalage par rapport aux acquisitions nor-
bruyant.
males :
• l’appauvrissement du babil entre 6 et 9 mois, sans apparition
de syllabes variées ;
Facteurs de risque de surdité
• l’absence de réponse à des ordres simples ou au prénom à Les antécédents qui augmentent le risque de survenue d’une
12 mois ; surdité (Tableau 1) doivent continuer à être pris en considéra-
• l’absence de mots (papa, maman) à 18 mois ; tion durant la croissance de l’enfant, car le capital auditif peut
• l’absence de mots-phrases (« à boire », « pipi pot », « papa parti ») se détériorer avec le temps. En particulier, les surdités par infec-
à 2 ans ; tion congénitale à cytomégalovirus sont fréquemment évolutives
• l’absence de phrases de trois mots (sujet-verbe-complément) à et peuvent être méconnues du fait d’un dépistage néonatal rassu-
3 ans ; rant.
• la persistance de déformation de certains mots au-delà de 4 ans.
Le retard de parole, quant à lui, se caractérise par la déformation
des mots, pouvant rendre inintelligible ce que dit l’enfant (on
Comment faire le diagnostic, quels examens
parle alors de « jargon ») alors que l’intonation et la structure des et dans quels cas
phrases sont préservées. Le trouble de parole peut être limité si
la perte auditive est légère, comme en cas de perte prédominant Le diagnostic repose sur des méthodes subjectives (audiométrie
sur les graves lors d’otites séromuqueuses : il se manifeste alors comportementale, aussi appelée audiométrie conditionnée) et/ou
par la persistance au-delà de 3 ans de confusions entre consonnes objectives (potentiels évoqués auditifs).
voisées et non voisées (« pato » pour « bateau »), d’erreurs sur les
groupes consonantiques (« tr », « cr », « pl » ; par exemple « cro » Méthodes disponibles
pour « trop », « pait » pour « s’il-te-plait ») et d’omission des finales Audiométrie subjective
caduques (« oitu » pour « voiture »). Elle est indispensable pour connaître les seuils sur les fré-
Enfin, l’absence d’amélioration rapide de la parole et du langage quences graves et les médiums, et pour mesurer la conduction
après mise en place d’ATT doit également conduire à la pratique osseuse [13–15] . Elle requiert, au cours des premières années, une
d’un bilan auditif. méthode adaptée à l’âge de l’enfant, utilisant un conditionne-
ment visuel ou ludique pour l’audiométrie tonale, des listes de
Troubles du comportement mots correspondant au vocabulaire des jeunes enfants et accom-
pagnées d’images pour l’audiométrie vocale.
La déficience auditive peut également se manifester par des
Chez les enfants ayant un niveau de développement de 4 à
troubles du comportement : on doit proposer un bilan auditif
5 ans, l’audiométrie tonale et vocale peut être réalisée selon la
lorsque l’enfant est distrait, inattentif, désobéissant (« il n’entend
même méthode que chez l’adulte.
que ce qu’il veut »), capricieux, bruyant (criant et parlant fort), ou
En pratique, on a souvent intérêt à commencer l’exploration
au contraire lorsqu’il a un comportement timide, réservé et trop
d’une suspicion de problème auditif par un rapide examen acou-
calme.
métrique, à la voix (observation des réactions de l’enfant à l’appel,
Il est pour cette raison important de vérifier l’audition de
en testant différentes intensités : voix chuchotée, voix faible, voix
tout enfant chez lequel un diagnostic de trouble envahissant du
moyenne, voix forte, voix criée) et aux jouets sonores.
développement, ou trouble du spectre autistique, est suspecté.
Cette étape est importante pour choisir l’intensité à laquelle
Dans ce cas, l’enfant est souvent décrit comme indifférent à son
on commence l’audiométrie tonale, pour estimer approximati-
environnement sonore, mais peut aussi manifester des réactions
vement l’existence et l’importante d’une perte auditive, et ainsi
d’angoisse ou d’intolérance à certains sons modérément intenses.
éviter des erreurs grossières.
L’audiométrie tonale débute de préférence en champ libre, ce
Difficultés scolaires qui est plus acceptable que le casque pour un jeune enfant,
En cas de surdité légère ou moyenne, le langage peut se déve- puis passe ensuite par le vibrateur, car la conduction osseuse
lopper normalement, et la perte auditive peut passer inaperçue est particulièrement intéressante pour explorer la fonction
jusqu’à l’âge scolaire. Par conséquent, un enfant distrait en cochléaire [13–15] .

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Tableau 3.
Développement du langage de l’enfant de 0 à 6 ans. Recommandation 14/1 du Bureau international d’audiophonologie. Le tableau indique ce que l’enfant
devrait avoir acquis à l’âge donné dans un développement normal de ses aptitudes.
3 mois Réagit aux bruits, à la voix, à la musique : sursaute, arrête son Tient sa tête. À plat ventre, il la relève
activité, etc. Réagit à la lumière vive : grimace, se détourne
Dit « aaa...eu ! » Sourit et se calme à la vue d’un visage, même si on ne lui parle pas
Suit des yeux un objet proche
Ouvre les mains
6 mois Se retourne vers un bruit produit hors de sa vue S’agite à la vue d’un objet de plaisir : biberon, etc.
Aime les jouets musicaux Regarde ses mains et ses pieds
Fait du bruit avec ses lèvres Reconnaît un objet, une personne à distance et les suit du regard
Babille sans loucher
Quand on lui parle, répond par des vocalises Tient assis avec appui
Se retourne facilement du ventre sur le dos
Saisit un objet volontairement et le passe d’une main à l’autre
12 mois Dit des syllabes redoublées et éventuellement ses premiers mots Prend de petits objets entre le pouce et l’index
Cherche l’endroit d’où vient un bruit produit hors de sa vue Retrouve un objet caché devant lui
Reconnaît une mélodie Distingue un visage familier d’un visage étranger
Comprend certains mots et des ordres simples Explore les détails de divers objets
Réagit à son prénom Saisit un objet qu’on lui tend, peut le lâcher volontairement,
s’amuse à jeter
Se déplace seul, se met debout avec appui, marche avec aide
Fait les marionnettes
Boit à la tasse
18 mois Dit quelques mots reconnaissables Souffle
Reconnaît tous les bruits familiers Gribouille
Comprend les phrases courtes (sans gestes) Montre du doigt ce qu’il désire, même si l’objet est loin de lui
Empile des objets
Reconnaît des images
Marche seul
Monte l’escalier avec aide
Se sert d’une cuillère
Mâche
2 ans Peut montrer sur ordre quelques parties du corps Donne un coup de pied dans un ballon
Comprend un mot ou une phrase à voix chuchoté, « petit secret » Associe des objets semblables
Commence à reproduire des mélodies : chansons enfantines, etc. Reconnaît sur des photos ou des images des personnages familiers et
Comprend un ordre complexe comme : « donne un gâteau à des petits détails
Sophie ! » Tourne les pages d’un livre
Dit des phrases à deux mots comme : « papa parti » Aime manger seul
Utilise « moi » et « toi »
3 ans S’exprime par phrases Tient le crayon entre les doigts et essaie de dessiner
Écoute et comprend des petites histoires Aime regarder les livres
Participe aux conversations familiales et pose des questions : où, Peut transporter un verre plein
quoi, qui ? Monte et descend seul un escalier
Répond à des questions simples à voix chuchotée à l’oreille droite Pédale sur un tricycle
comme à l’oreille gauche
Chante ou récite des comptines
Utilise le « je » et le « tu » : « j’ai tout fini », « tu vas partir »

Potentiels évoqués auditifs précoces (PEAP) 1000, 2000 et 4000 Hz) que les PEA conventionnels. Toutefois,
Les PEAP non automatisés (c’est-à-dire testant successivement chez les nourrissons, surtout avant 3 mois, les réponses obte-
plusieurs intensités) sont utiles pour vérifier la réalité de la perte nues avec les ASSR sont moins amples et les seuils plus élevés
auditive, à titre médicolégal, mais insuffisants pour calculer le de 10 à 15 dB que chez les adultes, nécessitant d’utiliser un cri-
degré de surdité et pour proposer l’appareillage, puisqu’ils ne tère de rapport signal/bruit plus strict [16, 17] . De plus, près de 20 %
mesurent le seuil auditif que sur les fréquences de 2000 à 4000 Hz des sujets ont une différence entre le seuil des ASSR et le seuil
(Fig. 2). Ils donnent donc souvent une évaluation un peu pes- subjectif sur 500 Hz supérieure à 20 dB [17] , ce qu’il faut prendre
simiste du degré de surdité dans les surdités de perception qui en considération pour l’évaluation du seuil sur cette fréquence.
prédominent sur les sons aigus. Enfin, le temps d’enregistrement est conditionné par le sommeil
de l’enfant.
Otoémissions
Cet examen de dépistage (cf. « Méthodes de dépistage chez le
nourrisson ») ne permet pas de mesurer le seuil auditif. La pré- Choix de la méthode à utiliser en première
sence d’otoémissions indique une fonction cochléaire normale intention
ou subnormale, mais n’apporte pas d’information sur la transmis-
sion du message au nerf auditif (cf. « Neuropathie-dyssynchronie Cela dépend de l’âge de l’enfant et de la faisabilité de chaque
auditive) ; leur absence fait suspecter un problème auditif, sans méthode (Fig. 3) [13] :
préciser son degré ni son origine, sauf en complément des poten- • chez un nourrisson de moins de 2 ans, il est relativement facile
tiels évoqués. Dans ce cas, il faut réaliser un bilan complet avec d’obtenir le sommeil naturel, indispensable à l’enregistrement
otoscopie et/ou tympanométrie, et des examens audiométriques des PEAP ; les PEAP sont donc réalisés en priorité, en prévoyant
proprement dits, subjectifs et/ou objectifs. de toute façon un examen audiométrique comportemental en
complément dans les semaines suivantes ;
Potentiels évoqués auditifs stationnaires • chez les enfants de plus de 2 ans et demi à 3 ans, l’audiométrie
Les auditory steady-state responses (ASSR) sont proposés pour comportementale est réalisable avec un peu d’expérience, et est
obtenir des seuils objectifs sur des fréquences plus variées (500, proposée en première intention.

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“ Point fort Otoémissions présentes (sauf OSM ou bruit de fond)


Audiométrie conditionnée Seuil des PEA
0
Quelques « trucs » pour se lancer dans
l’audiométrie du jeune enfant (de 2 ans et demi à –20
4 ans)
• Matériel : –40
◦ audiomètre avec un ou deux haut-parleur(s) ;
◦ jeu d’encastrement ou petits objets à transvaser –60
(exemple : boules de cotillons colorées).
• Comportement de l’examinateur : imitation, discrétion, –80
observation :
◦ imitation : ne pas expliquer la consigne, mais la faire –100
comprendre par mime, par imitation, en « jouant »
avec l’enfant. En attendant le son, désigner son oreille –120
en disant : « Écoute... » et faire le signe « Chut » en 250 500 1000 2000 4000 8000
regardant l’enfant pour attirer son attention auditive.
En émettant le son, dire « Oh, ça sonne ! », prendre la Figure 2. Intérêt et limites audiométriques des otoémissions et poten-
main de l’enfant pour qu’il exécute le geste demandé tiels évoqués auditifs (PEA). OSM : otite séromuqueuse.
(par exemple, mettre la boule de cotillon dans la
boîte), puis le féliciter du geste et de la voix (« Bravo »)
lorsqu’il répond au son à bon escient ; Différents tableaux [14, 18]
◦ discrétion (très importante) : cacher le doigt qui Surdité de transmission
déclenche le son, ne pas laisser voir qu’on appuie sur
C’est le cas le plus fréquent chez l’enfant, qui se repère à
le bouton. Déclencher le son de façon non rythmique,
une perte auditive à l’audiométrie tonale en champ libre ou au
espacé d’au moins quatre ou cinq secondes. Ne pas casque (voie aérienne), au maximum de 60 dB, prédominant sur
susciter la réponse (ne pas relever la tête ni arrêter de les fréquences 250 et 500 Hz, alors que les seuils au vibrateur (en
montrer l’oreille en déclenchant le son) ; conduction osseuse) sont normaux (inférieurs à 20 dB). L’écart
◦ observation : observer attentivement les réactions entre les seuils en conduction aérienne (CA) et ceux en conduction
de l’enfant (s’il cherche la source sonore, s’il vous osseuse (CO) est appelé « Rinne ».
interroge du regard, si son mouvement est franc Aux PEAP, il existe un allongement « en bloc » des latences de
ou hésitant, immédiat ou retardé, etc.). Quand toutes les ondes, dès l’onde I, et un seuil légèrement élevé (au
l’attention de l’enfant s’épuise, cesser l’examen et maximum 60 dB).
proposer de le poursuivre quelques jours plus tard. L’otoscopie et la tympanométrie permettent en général
• Étapes de l’audiométrie : d’orienter vers la cause de la perte auditive : bouchon de cérumen,
aspect terne du tympan, et pic du tympanogramme décalé vers les
◦ commencer en champ libre (par les haut-parleurs) par pressions négatives en cas d’obstruction des trompes d’Eustache,
une intensité forcément perçue (d’après l’anamnèse aspect jaunâtre, opaque, épaissi, voire inflammatoire du tympan
et l’acoumétrie), mais pas insupportable : souvent 60 et pic aplati ou absent en cas d’épanchement liquidien dans la
à 70 dB ; caisse du tympan. Très rarement, l’otoscopie et la tympanométrie
◦ diminuer l’intensité par pas de 10 à 20 dB sur trois sont normales, suggérant une anomalie ossiculaire.
fréquences (250, 1000 et 4000 Hz), puis si l’enfant est Les otoémissions sont absentes lors d’une perte auditive trans-
encore coopérant et attentif, proposer le vibrateur ou missionnelle, à cause de l’atténuation du stimulus et du signal par
le casque pour préciser les seuils à 5 dB près, et tester l’obstacle au niveau de l’oreille externe ou moyenne.
toutes les fréquences d’octave ;
◦ le nombre de fréquences et de conditions testées
Surdité de perception
(champ libre, vibrateur, casque) et la précision des Plus rares, les surdités de perception sont caractérisées par une
seuils (de 5 à 20 dB près) doivent être ajustés en perte auditive aussi importante en CA qu’en CO, prédominant
fonction de la coopération de l’enfant : s’il se lasse, en général sur les fréquences aiguës. Tous les degrés de sévérité
peuvent être observés, jusqu’à une absence totale de perception
il est plus utile d’obtenir les seuils sur 250, 1000 et
en CA. On peut avoir l’impression d’une meilleure perception en
4000 Hz en conduction osseuse et en champ libre,
CO des fréquences de 250 à 750 Hz du fait de la sensation vibra-
plutôt qu’un seuil sur une seule fréquence au casque ; toire, somesthésique, qu’elles provoquent. Ce « faux Rinne » est
◦ terminer l’examen en faisant désigner quelques par- particulièrement trompeur lors de surdité profonde.
ties du corps à voix nue en cachant les lèvres (voix Les PEAP sont caractérisés par des amplitudes plus faibles de
chuchotée d’abord, puis plus forte si l’enfant ne réagit toutes les ondes, prédominant sur l’onde I, un allongement de
pas). latence plus marqué pour l’onde V que pour l’onde I, et un seuil
• Durée totale de l’examen : dix minutes. élevé, concordant avec le seuil en audiométrie tonale sur les fré-
quences de 2000 à 4000 Hz.
L’otoscopie et la tympanométrie sont normales. Les otoémis-
sions sont en général absentes, sauf sur les fréquences où les seuils
auditifs sont inférieurs à 35 dB.

L’otoscopie, éventuellement complétée par une tympanomé- Surdité mixte


trie, oriente le diagnostic vers un problème transmissionnel. Mais La surdité mixte est évoquée lorsque la perte auditive en CA est
il est indispensable de garder à l’esprit l’idée qu’une surdité de plus sévère qu’en CO sur les fréquences inférieures à entre 2000 et
perception peut coexister avec un problème d’oreille moyenne. 4000 Hz, mais identique en CA et CO à partir de ces fréquences, et
Quant à l’étude du réflexe stapédien, ce n’est en aucun cas un test que les seuils au vibrateur sont anormalement élevés (supérieurs
audiométrique [13] . à 20 dB), en particulier à partir de 1000 Hz.

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20-190-C-10  Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant

Suspicion de surdité
chez l’enfant

Tympans normaux OSM visibles

En urgence si absence Adénoïdectomie + ATT


Tests à la voix
de langage (suspicion de + bilan orthophonique au
Jouets sonores
surdité sévère-profonde) moindre doute dès 2 ans

Âge > 24 mois ou Âge < 24 mois ou Pas de nette amélioration Nette amélioration de l’audition
sommeil diurne peu sommeil diurne de l’audition et/ou langage et du langage dans le mois
probable facile toujours décalé postopératoire

Audiométrie conditionnée ou PEA pendant Surveillance tous les


consultation audiophonologique le sommeil six mois + audiométrie
± PEA + bilan orthophonique naturel conditionnée dès 24-30 mois

Seuils PEA et/ou OSM visibles Seuils PEA entre Seuil Seuils PEA >
Seuils en
seuils Seuils en CO ≤ 30 dB 30 et 70 dB audiométrique 70 dB et
CO entre
audiométriques Ondes I décalées et tympans moyen > 70 dB et tympans
30 et 70 dB
≤ 30 dB Seuils PEA entre 30 et 60 db normaux tympans normaux normaux

Surveillance tous les Adénoïdectomie + ATT


Audiométrie
six mois + audiométrie Orthophonie Audiométrie PEA en
PEA conditionnée
conditionnée dès Audiométrie conditionnée conditionnée urgence
en urgence
24-30 mois postopératoire

Surdité légère Surdité sévère


ou moyenne ou profonde

Figure 3. Arbre décisionnel. Examens devant une suspicion de surdité chez l’enfant. Agir vite : chaque étape ne doit pas durer plus de deux mois car, chez
le jeune enfant, chaque trimestre passé avec une perte auditive est une perte de chance pour le développement du langage et la réussite scolaire ultérieure.
PEA : potentiels évoqués auditifs ; CO : conduction osseuse ; OSM : otite séromuqueuse.

L’otoscopie et la tympanométrie peuvent orienter vers la cause l’hyperbilirubinémie pourraient être impliquées). Une anomalie
de la part transmissionnelle de la surdité, mais peuvent être génétique de l’otoferline rendrait compte de certains cas liés à
normales lorsqu’il s’agit de surdité mixte d’oreille interne, en par- une atteinte sélective de la synapse.
ticulier lors de dilatation de l’aqueduc du vestibule. Les modalités de réhabilitation, adaptées à chaque mécanisme
ou étiologie, ne sont pas encore clairement définies. Une réédu-
cation orthophonique précoce, visant à développer des aides
Neuropathie-dyssynchronie auditive à la communication (langue française parlée complétée [LPC],
Cette pathologie, qui représenterait jusqu’à 10 % des surdités Français signé [FS]), est recommandée, de façon à faciliter la per-
de perception de l’enfant, est caractérisée par l’association d’une ception de la parole. Le bénéfice des appareils auditifs est souvent
désynchronisation des réponses neuronales, mise en évidence par limité, alors que l’implantation cochléaire procure une améliora-
les PEAP, et d’une fonction normale des cellules ciliées externes tion perceptive dans 80 % des cas [20, 21] .
reflétée par des OEA présentes [19–21] .
La perception de la parole est en général altérée, significative-
ment plus que les seuils à l’audiométrie tonale, qui peuvent être
Surdité unilatérale
normaux, ou marqués par tous les degrés de perte auditive jusqu’à Les surdités unilatérales ont longtemps été considérées comme
profonde. n’ayant pas de répercussion sur le développement de l’enfant.
Le terme maintenant recommandé « maladies du spectre des Toutefois, depuis les années 1990, des publications ont mis en
neuropathies auditives » (auditory neuropathy spectrum disorder évidence la fréquence plus importante des difficultés scolaires
[ANSD]) regroupe des mécanismes physiopathologiques, des étio- chez les enfants ayant une surdité unilatérale que chez les enfants
logies et des tableaux cliniques divers : atteinte sélective des normoentendants ; ces difficultés s’expliquent par une mauvaise
cellules ciliées internes, anomalie de la synapse entre cellules perception stéréophonique, qui entraîne une gêne auditive dans le
ciliées internes et fibres nerveuses afférentes, anomalies de la bruit, en particulier en classe [22–24] . D’ailleurs, l’anamnèse retrouve
myéline ou de l’axone des neurones afférents. Les neuropathies souvent, chez les enfants ayant une surdité unilatérale, une gêne
sont plus fréquemment observées chez des nouveau-nés ayant pour la localisation des sources sonores et pour la perception de
nécessité une réanimation néonatale (en particulier l’anoxie et la parole dans le bruit, avec un comportement d’isolement ou au

6 EMC - Oto-rhino-laryngologie

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Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant  20-190-C-10

contraire d’agitation dans les milieux bruités (repas en groupe, Surtout des erreurs par défaut de diagnostic
cantine, ambiance musicale). De surcroît, la survenue répétée ou
Malgré la fréquence bien plus importante des pathologies de
prolongée d’une obstruction tubaire, voire d’une otite séreuse,
l’oreille moyenne chez l’enfant, par rapport aux surdités de per-
sur la bonne oreille, entraînant des fluctuations auditives, peut
ception, on ne peut se contenter, pour affirmer la normalité de
retentir sur les acquisitions langagières et scolaires.
l’audition, de constater la normalité de l’oreille moyenne, par
Par conséquent, il est indispensable, chez ces enfants, d’assurer
l’otoscopie, la tympanométrie et la présence des réflexes stapé-
une surveillance otoscopique et audiométrique régulière. Un bilan
diens [13] .
orthophonique est demandé au moindre doute sur le développe-
Lorsque l’entourage signale des anomalies des réactions aux
ment de la parole, du langage et l’acquisition des prérequis du
sons, et devant tout retard de langage, un bilan auditif doit impé-
langage écrit.
rativement être réalisé, avec une audiométrie et/ou des PEA selon
La décision d’appareiller, souvent retardée dans le passé, est
les cas (Fig. 3). En cas de discordance entre les PEA et les obser-
maintenant prise de plus en plus tôt, pour prévenir les difficul-
vations de l’entourage, le recours à un praticien spécialisé en
tés. L’appareillage vise principalement à améliorer la perception
audiophonologie doit être proposé.
dans le bruit en rétablissant la stéréophonie et, accessoire-
Par ailleurs, une audiométrie doit être pratiquée si les réactions
ment, à entretenir les voies auditives du côté malentendant,
aux sons et le langage ne progressent pas spectaculairement après
pour éviter la dégradation de l’intelligibilité. Le choix du type
mise en place de drains transtympaniques.
d’appareil dépend du degré de surdité : appareil unilatéral si
la surdité est légère à sévère, système Contralateral Routing
Of Sound (CROS) en cas de surdité profonde ou de cophose Plus rarement des erreurs par excès
unilatérale [25] . Elles sont évitées par l’observation attentive du comportement
de l’enfant lors de l’audiométrie comportementale, et par la
Surdités évolutives confrontation systématique des examens subjectifs et objectifs.
Cela permet d’éliminer d’autres causes d’anomalies des réactions
Il est important de garder à l’esprit qu’un bilan auditif normal aux sons, de retard de langage et/ou de difficultés scolaires :
un jour ne l’est pas pour toujours. Pour dix enfants présentant une • trouble envahissant du développement, appartenant aux
surdité congénitale, cinq à neuf enfants supplémentaires dévelop- troubles autistiques, caractérisés par un retard de langage, asso-
peraient une surdité avant l’âge de 9 ans [26] , liée principalement cié à un trouble de la relation, avec rareté des regards vers
à des causes acquises (méningites virales ou bactériennes, trau- l’interlocuteur, une communication non verbale pauvre (peu
matisme crânien, prise d’ototoxiques), mais aussi à des surdités de sourires, pas de geste signifiant comme « au revoir » ou
évolutives (embryofœtopathies à cytomégalovirus [CMV], et sur- « bravo »), des intérêts limités (jeux répétitifs) et des stéréoty-
dités génétiques, pouvant évoluer à tout âge) [27] . pies [29] ;
De surcroît, un bébé dont le dépistage est normal n’est pas à • retard de développement global, dans lequel le retard de
l’abri des surdités acquises les plus fréquentes, liées aux patholo- langage est aussi marqué pour la compréhension que pour
gies inflammatoires chroniques de l’oreille moyenne. De plus, les l’expression, et s’associe à un retard des acquisitions psycho-
problèmes d’oreille moyenne ont un caractère saisonnier, justi- motrices ;
fiant de refaire une évaluation auditive en hiver si l’examen est • surdité « psychogène » ou pseudohypoacousie, apparaissant à
normal en été. la préadolescence (8 à 12 ans) caractérisée par des seuils en
Il est donc conseillé de répéter l’audiométrie au moindre doute, audiométrie subjective autour de 50 dB sur toutes les fréquences
surtout dans les circonstances citées précédemment. Enfin, toute (audiogramme « plat »), sans retentissement proportionnel sur
surdité diagnostiquée chez un enfant peut évoluer, justifiant des la perception de la parole, et avec des PEA normaux. Des diffi-
contrôles audiométriques réguliers. cultés d’apprentissage du langage écrit passées inaperçues, en
La survenue d’une surdité chez un nourrisson ou un enfant qui particulier des troubles de la discrimination des consonnes,
a entendu normalement a moins de répercussion sur le développe- doivent être recherchées par un bilan orthophonique. Un
ment de son langage qu’une surdité congénitale. On définit ainsi, suivi psychologique est vivement conseillé pour comprendre
un peu arbitrairement, trois périodes : et résoudre les difficultés psychoaffectives à l’origine de cet
• la période prélinguale, ou prélinguistique (avant 2 ans), la plus équivalent de conversion hystérique [13, 30] .
critique, puisque la présence d’une surdité va ralentir de façon
irréversible le développement du langage si aucune réhabilita-
tion n’est mise en place ; Comment en parler
• la période périlinguale, entre 2 et 4 ans, à un âge où l’enfant
commence déjà à comprendre et parler, au cours de laquelle L’annonce du diagnostic de surdité chez un jeune enfant
l’apparition d’une surdité occasionne une régression réversible nécessite une attention particulière, comme toute annonce d’un
du langage ; diagnostic grave. En tout premier lieu, le praticien doit pré-
• la période postlinguale, au-delà de l’âge de 4 ans où le lan- voir une consultation plus longue, afin de prendre le temps
gage est bien en place, et où, comme chez l’adulte, la survenue d’expliquer aux parents le type de surdité, sa sévérité (en don-
d’une surdité ne provoque pas de conséquence irréversible sur nant des exemples concrets) (Fig. 4), les moyens de réhabilitation,
le langage, mais seulement une stagnation des acquisitions les modes de communication et les perspectives de scolarité. Une
complémentaires (lexicales et grammaticales) en l’absence de attitude empathique, à l’écoute des émotions, des réactions et
réhabilitation. des questions des parents, est également indispensable pour atté-
nuer le choc lié à la révélation de la surdité, leur donner des
représentations réalistes de l’avenir de leur enfant, et les aider à
Troubles auditifs centraux mettre rapidement en œuvre les mesures adaptées au problème de
Des difficultés de discrimination de la parole dans le bruit, alors l’enfant [31] .
que l’audiométrie tonale et l’audiométrie vocale dans le silence L’échelonnement des explications au cours des étapes succes-
sont normales, peuvent être expliquées par des troubles centraux sives du diagnostic (premier examen, audiométrie comportemen-
de l’audition (improprement appelés jadis « surdité centrale »). Ces tale, examens électrophysiologiques) est également un moyen
troubles peuvent être mis en évidence par un bilan spécifique chez pour les parents de prendre conscience des difficultés perceptives
le grand enfant ou l’adolescent [28] . de leur enfant.
Enfin, le vocabulaire sera adapté aux représentations que les
parents peuvent avoir : le mot « surdité » est souvent compris
Diagnostic différentiel comme surdité totale, comme « sourd-muet », et évoque des
images de handicap lourd. On peut donc utiliser des termes moins
Les difficultés du diagnostic de surdité de l’enfant sont de deux violents, tels que « déficit auditif » ou « perte auditive » lors des
ordres. examens qui conduisent au diagnostic et lors de son annonce,

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20-190-C-10  Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant

• protéinurie ou hématurie macro- ou microscopique, dans le


250 500 1000 2000 4000 8000 syndrome d’Alport (en sachant que les signes néphrologiques
0
précèdent la surdité d’une dizaine d’années) ;
• nodules thyroïdiens ou goître dans le syndrome de Pendred ;
–20 • syncopes ou mort subite dans l’enfance, dans le syndrome de
Voix chuchotée, tic-tac montre Jervell et Lange-Nielsen ;
–40 • maladie neuromusculaire dégénérative pouvant s’intégrer dans
une maladie mitochondriale [32] .
Voix à intensité habituelle Les examens complémentaires les plus utiles sont :
–60 • la sérologie du CMV, chez l’enfant de moins de 2 ans (au-delà,
la présence d’anticorps ne permet pas d’affirmer une infection
–80 Cris, bruits forts congénitale) ;
• le scanner des rochers, pour détecter une malformation de
l’oreille moyenne et/ou de l’oreille interne, orienter les analyses
–100
Explosion génétiques et, dans les surdités bilatérales sévères à profondes,
déterminer la faisabilité de l’implantation cochléaire [35] ;
–120 • l’imagerie par résonance magnétique (IRM) labyrinthique à la
recherche d’une agénésie du nerf cochléaire en cas de cophose
Surdité légère Surdité moyenne unilatérale, et en cas de surdité sévère ou profonde en vue
d’une implantation cochléaire ; dans les surdités bilatérales
Surdité sévère Surdité profonde
après méningite bactérienne, l’IRM est plus sensible que le
Figure 4. Niveaux sonores des bruits quotidiens et de la parole, et scanner pour détecter le stade de fibrose intracochléaire ris-
différents degrés de surdité. quant d’évoluer vers une ossification, et donc pour statuer
sur l’urgence de l’implantation cochléaire. Par ailleurs, l’IRM
cérébrale est utile pour explorer toute suspicion de troubles
surtout s’il s’agit d’une perte auditive partielle. De même, neurologiques, à la recherche de séquelles cérébrales d’anoxie
lorsqu’on explique des résultats des PEA, on peut parler de néonatale, de fœtopathie à CMV, ou de malformations ;
« résultats perturbés », ou de niveaux sonores plus élevés pour • le bilan psychomoteur et le bilan vestibulaire, dès qu’il existe un
obtenir une réponse. retard postural ou des chutes fréquentes, afin de proposer une
rééducation appropriée ; et en cas d’aréflexie vestibulaire bila-
térale associée à une surdité profonde, l’électrorétinogramme,
Diagnostic étiologique et des troubles pour confirmer un syndrome d’Usher ;
associés • des examens pour détecter les syndromes génétiques les plus
fréquents ou les plus graves : examen ophtalmologique avec
La recherche de l’étiologie d’une surdité de perception de fond d’œil dans tous les cas ; électrocardiogramme en cas de
l’enfant repose avant tout sur l’interrogatoire, qui s’oriente vers surdité profonde congénitale ; échographies rénale et cardiaque
les facteurs de risque décrits dans le Tableau 2. En l’absence lors de malformation de l’oreille externe ; cytochimie urinaire,
d’arguments pour une cause acquise, et même s’il n’y a pas surtout en cas de surdité évolutive à l’adolescence [32] ;
d’antécédent familial de surdité, il est très probable que la sur- • une consultation génétique, comprenant l’analyse des gènes
dité soit génétique, sur un argument de fréquence. La présence les plus fréquents (connexines 26 et 30), ou des gènes respon-
d’une consanguinité entre les parents est un élément en faveur de sables de pathologies particulières (gène PDS lors de dilatation
cette étiologie [32] . bilatérale de l’aqueduc du vestibule, gène OTOF en cas de
Le diagnostic étiologique comporte ensuite la recherche de neuropathie-dyssynchronie auditive) [36] .
troubles associés à la surdité, présents chez l’enfant ou dans
la famille, et évocateurs de syndrome. La caractérisation de
troubles visuels, vestibulaires, comportementaux et cognitifs
est également indispensable pour ajuster la prise en charge.
 Stratégie thérapeutique
L’ensemble des troubles associés représenterait jusqu’à 40 % des
enfants atteints de surdité [33] , certaines étiologies étant plus à
Quand mettre en route la prise en charge
risque de troubles cognitifs ralentissant le développement du Plus l’enfant est jeune, plus chaque mois compte pour l’accès
langage : infection congénitale à CMV, hypoxie néonatale, ménin- futur au langage oral. Par conséquent, la réhabilitation audi-
gite bactérienne. Les troubles vestibulaires, souvent présents tive doit être organisée dès l’obtention d’arguments fiables
chez les enfants sourds, constituent aussi un handicap pour les et concordants pour une surdité permanente : PEA et seuils
apprentissages [34] . Les indications de bilan ophtalmologique, psy- audiométriques sur l’ensemble du champ fréquentiel, grâce à
chomoteur, vestibulaire, neuropédiatrique, psychologique, voire l’audiométrie comportementale (en champ libre chez le nour-
pédopsychiatrique, sont donc larges, au moindre signe évocateur, risson, et dès que possible, au casque). Le délai de réalisation
et même de façon systématique pour certains. d’une audiométrie comportementale ne doit pas excéder deux
Toutefois, la réalisation de ces examens complémentaires ne mois après les premiers doutes, quitte à contacter par téléphone
doit pas retarder la réhabilitation. La priorité après le diagnostic un spécialiste expérimenté en audiologie infantile pour l’obtenir
de la surdité est en général à la mise en place des appareils auditifs rapidement.
et de la rééducation orthophonique. Dans tous les cas, qu’il s’agisse d’une surdité de transmission ou
L’interrogatoire permet de suspecter des troubles associés, en de perception, la réhabilitation comporte un bilan orthophonique
particulier : pour évaluer les répercussions du déficit auditif sur la parole et le
• retard des acquisitions posturales, spécialement marche acquise langage. Plus la surdité est importante, plus on insiste pour que la
après 18 mois, suggérant une aréflexie vestibulaire bilatérale ; si prise en charge orthophonique soit précoce, en même temps que
celle-ci est confirmée par le bilan vestibulaire et associée à une la réhabilitation auditive (Fig. 5).
surdité profonde, un syndrome d’Usher type 1 est suspecté et la Lorsque la surdité est sévère ou profonde, l’appareillage auditif
réalisation d’un électrorétinogramme est discutée ; peut être mis en place dans les premiers mois de vie, dès que les
• yeux vairons, mèche blanche, évocateurs de syndrome de Waar- phases d’éveil s’allongent et que la tenue de tête évite des phé-
denburg ; nomènes de Larsen intempestifs [37] . L’appareillage classique doit
• microtie, kyste ou fistule branchiale, dans le syndrome être prescrit même en cas de surdités profondes, conformément
branchio-oto-rénal ; aux recommandations de la Haute Autorité de santé, puisque
• malformation faciale associée à une microtie, comme le syn- l’implantation cochléaire n’est décidée qu’après constatation d’un
drome de Franceschetti ; bénéfice insuffisant des aides auditives portées au moins trois mois

8 EMC - Oto-rhino-laryngologie

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Figure 5. Arbre décisionnel. Réhabilitation


Audiométrie conditionnée et PEA devant une surdité de perception de l’enfant.
ATT : aérateurs transtympaniques ; OSM : otite
séromuqueuse ; PEA : potentiels évoqués auditifs ;
ORL : oto-rhino-laryngologie ; CMP : centre
Seuils auditifs ≤ 30 dB Surdité légère Surdité sévère médicopsychologique.
et retard de langage ou moyenne ou profonde

Surveillance ORL hivernale Appareillage auditif


si facteurs de risque d’OSM + Adénoïdectomie dans le mois +
Appareillage
ou OSM visibles + ATT dans éducation précoce
auditif
Bilan orthophonique le mois si en centre spécialisé
+ rééducation
Pédopsychiatre (CMP) OSM de préférence
orthophonique
Neuropédiatre (spectre intercurrente (surtout si enfant
autistique ou retard mental) < 3 ans)

Il est important de guider les parents vers un audioprothésiste


expérimenté dans l’appareillage des jeunes enfants, qui maî-
Surdité sévère ou profonde bilatérale trise l’audiométrie comportementale, et puisse répondre de façon
fiable aux questions des parents. La répétition et la comparaison
des examens audiométriques réalisés par l’audioprothésiste et par
le médecin permettent de surcroît de confirmer les seuils auditifs,
Appareillage auditif pendant trois à six mois qui ne sont pas toujours obtenus précisément lors du diagnostic.

Dès 6-8 mois Que peut-on proposer


Audiométrie tonale avec deux appareils Surdités de transmission
Aérateurs transtympaniques
Chez l’enfant présentant un épanchement rétrotympanique
Seuils ≤ 40 dB chronique ou une rétraction tympanique sévère, l’existence d’une
Seuils ≥ 40 dB
même à 4000 Hz perte auditive et sa confirmation audiométrique sont des argu-
ments pour la mise en place rapide d’ATT [39] . Une adénoïdectomie
y est associée à chaque fois que l’obstruction rhinopharyngée
chronique risque de provoquer la récidive des otites séreuses après
Suivi l’expulsion des ATT.

Dès 12-18 mois


Émergence du langage “ Point fort
Recommandations de la Société française d’oto-
Correcte Limitée ou absente rhino-laryngologie et de chirurgie de la face et du
cou (SFORL) pour les ATT
• Enfant âgé de plus de 1 an sauf si contexte particulier
(malformations crâniofaciales, fentes vélopalatines).
Suivi • Symptomatologie de l’otite séromuqueuse évaluée par
la gêne auditive rapportée par les parents et/ou le médecin
correspondant, surveillée pendant plus de trois mois par le
chirurgien ou son correspondant, ou présence d’emblée
Dès 2-3 ans Implant
Discrimination vocale d’une rétraction tympanique sévère non contrôlable ou
responsable d’une pathologie infectieuse invalidante (otite
moyenne aiguë à répétition).
• Audiogramme complet avec tympanogramme et exa-
> 50 % < 50 % men otoscopique bilatéral dans le dossier.

Poursuite du port La mise en place d’ATT est particulièrement recommandée


de prothèse
s’il existe une surdité de perception concomitante à l’otite séro-
muqueuse. En effet, les fluctuations auditives de la composante
Figure 6. Arbre décisionnel. Calendrier amenant à proposer une transmissionnelle risquent de gêner l’adaptation prothétique,
implantation cochléaire chez l’enfant (d’après [23] ). en provoquant des périodes de sous- ou suramplification pro-
thétique. Toutefois, si l’enfant a présenté de fréquents épisodes
(Fig. 6) [38] . Comme dans toute pathologie, la stratégie thérapeu- d’otorrhée avec les ATT, il est possible, sous réserve d’une sur-
tique est graduée, commençant par tenter le traitement le moins veillance otoscopique attentive, de ne pas en remettre pour
invasif. permettre un port plus régulier des appareils auditifs.

EMC - Oto-rhino-laryngologie 9

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20-190-C-10  Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant

Appareillage auditif matiquement ses prothèses auditives, il faut rechercher une otite
Il doit intervenir dans plusieurs situations : séreuse ou externe intercurrente, et vérifier les seuils auditifs sans
• lors d’atrésie bilatérale des conduits auditifs externes, l’appareil et avec appareils. En l’absence d’otite et lorsque les seuils sont
auditif amplificateur est mis en place précocement, et emploie satisfaisants, l’opposition de l’enfant au port des appareils est
la voie osseuse, sous forme tout d’abord d’un vibrateur main- en général expliquée par la situation familiale, en particulier
tenu par un bandeau ou un serre-tête en métal. Cet appareil quand les parents, non convaincus du diagnostic, sont réticents
auditif doit être porté jusqu’à l’âge de 7 ans environ où une à imposer les appareils, ou si l’enfant est opposant à toute limite
prothèse à ancrage osseux ou une chirurgie reconstructrice est éducative.
envisagée [40] . La réhabilitation auditive peut également se faire Rééducation orthophonique
par un implant actif d’oreille moyenne qui délivre une amplifi-
Elle joue un rôle aussi important que l’appareillage, même en
cation électromagnétique sur les osselets de l’oreille moyenne,
cas de surdité unilatérale, légère ou moyenne. Un bilan ortho-
à partir de 8 à 9 ans [41] ;
phonique est donc indispensable pour évaluer précisément les
• l’appareillage peut également être envisagé en cas d’atrésie uni-
conséquences de la perte auditive, parfois discrètes, et déterminer
latérale ;
sur quels aspects et à quel rythme va porter la rééducation.
• lors de surdité de transmission à tympan normal, uni- ou bila-
Dans les surdités légères et moyennes, l’orthophonie permet
térale, ou de surdité de transmission persistant malgré la mise
de corriger les troubles de la parole (déformations ou raccourcis-
en place d’ATT, ces deux cas évoquant une malformation ossi-
sement des mots), de stimuler le développement du vocabulaire
culaire, l’appareillage auditif en conduction aérienne doit être
et de la morphosyntaxe si besoin, et de prévenir d’éventuelles
proposé pour limiter la gêne fonctionnelle et le retentissement
difficultés pour l’apprentissage de la lecture et de l’orthographe,
sur les apprentissages scolaires, en attendant l’âge où un éven-
séquellaires d’une discrimination de la parole (discrimination
tuel geste chirurgical peut être envisagé.
phonologique) imparfaite au cours des premières années de vie.
Orthophonie Elle peut être menée en cabinet libéral sans que l’orthophoniste ait
Elle fait partie intégrante de la prise en charge des surdités une expérience ou une formation spécifique concernant la surdité
de transmission, dès la moindre suspicion de retard de parole de l’enfant.
ou de langage. En effet, l’enfant ne rattrape pas immédiate- Dans les surdités sévères et profondes, une prise en charge
ment un niveau normal de langage avec la normalisation de multidisciplinaire dans un centre spécialisé est souvent utile
l’audition, et les séquelles, à type de troubles phonologiques (Tableau 4). Surtout si l’enfant est très jeune, l’orthophoniste met
pouvant gêner l’apprentissage de la lecture, sont fréquentes [42] . en place à la fois une éducation auditive de l’enfant (pour l’aider à
Chez les enfants porteurs d’atrésie bilatérale d’oreille externe, la reconnaître les sons) et un accompagnement des parents, afin que
rééducation orthophonique est proposée précocement et systé- leur attitude quotidienne favorise l’accès de l’enfant au langage.
matiquement, d’autant que les malformations d’oreille externe En particulier, l’utilisation au quotidien de signes de la langue
peuvent s’associer à des troubles visuels ou cognitifs ralentissant des signes française (LSF), en complément de la parole (FS), est
les apprentissages. appréciable pendant les premiers mois de réhabilitation des sur-
dités sévères et profondes, pour faciliter l’accès au sens et expliciter
Surdités de perception la langue parlée. Dans la perspective d’une oralisation optimale,
la LPC, complément de la lecture labiale, peut être envisagée en
Le terme de « thérapeutique » est inadapté en ce qui concerne parallèle ou dans un second temps (Tableau 5).
les surdités de perception, et il est plus juste de parler de La mise en place de ces supports à la communication néces-
« réhabilitation » ou de « prise en charge ». En effet, aucun trai- site une importante implication des parents, qui est un facteur
tement médicamenteux, rééducatif ou chirurgical, ne guérit la pronostique reconnu du développement du langage oral [43–45] .
surdité.
Les soins pour la surdité permanente de l’enfant bénéficient
d’une prise en charge « à 100 % » par la Sécurité sociale, au titre de Suivi évolutif
l’éducation spéciale, qui doit être demandée par l’envoi à la Caisse
L’enfant malentendant appareillé doit être suivi au long cours
primaire d’assurance maladie des parents du « protocole de soins »
par l’ORL, à cause du potentiel évolutif des surdités, pour véri-
(formulaire Cerfa 11626*03) dûment rempli par le médecin.
fier le bénéfice audiométrique que l’enfant tire de ses appareils, et
L’appareillage auditif et l’orthophonie sont les deux piliers de
surveiller l’évolution de son langage. Les échanges entre les profes-
la réhabilitation des surdités de perception chez l’enfant (Fig. 5).
sionnels et avec la famille permettent d’adapter la réhabilitation
L’appareillage auditif n’est pas suffisant, dans la plupart des cas,
selon le développement du langage et la scolarité. La scolarisation
pour compenser les conséquences de la surdité sur le langage.
en milieu ordinaire, partiellement ou totalement spécialisé, est
Le bilan orthophonique doit donc systématiquement être pres-
discutée au fur et à mesure. Le médecin ORL veille à proposer, si
crit en même temps que les prothèses auditives. De surcroît, en
nécessaire, des aides techniques ou humaines, comme un micro-
cas de surdité sévère ou profonde, les parents doivent être guidés
phone à hautes fréquences (HF), la présence d’un auxiliaire de vie
pour adapter leur communication aux difficultés de leur enfant,
scolaire (AVS), d’un codeur en LPC ou d’un interprète en LSF, et
et stimuler le développement de son langage. La prise en charge
établit les certificats pour la maison départementale des personnes
de l’enfant malentendant repose donc sur un trinôme médecin-
handicapées (MDPH) pour l’obtention de ces aides (Tableau 4).
audioprothésiste-orthophoniste.
Enfin, dans le cas d’une surdité profonde et d’un bénéfice insuf-
Appareillage auditif fisant des appareils auditifs, le médecin envisage le recours à
Les appareils auditifs sont systématiquement des « contours l’implantation cochléaire et oriente sans tarder la famille vers un
d’oreille », du fait de la petite taille et de la croissance continue centre hospitalier pratiquant cette chirurgie.
du conduit chez le nourrisson et l’enfant. Les appareils intra-
auriculaires sont réservés à l’adolescent, en cas de refus d’une autre Implantation cochléaire
solution. La puissance des appareils auditifs est choisie en fonc-
tion du degré de perte auditive : les mini-contours sont adaptés L’implant cochléaire est une prothèse semi-implantable qui
aux pertes légères et moyennes, avec des graves préservés, et il transforme les informations sonores en impulsions électriques.
faut des contours classiques avec embouts moulés pour les surdités Il est indiqué en cas de surdité sévère ou profonde, quand le
sévères et profondes [37] . gain prothétique ne permet pas le développement du langage,
La présentation d’appareils auditifs factices par le médecin à ou lorsque la discrimination de la parole avec des prothèses bien
l’enfant, en lui montrant comment ils se placent sur les oreilles et adaptées est inférieure ou égale à 50 % à 60 dB, en champ libre,
en lui en expliquant l’utilité, rassure les parents. à l’audiométrie vocale, en utilisant des tests adaptés à l’âge de
Les appareils auditifs sont bien acceptés par les enfants, qui l’enfant [38] . Le choix d’une implantation cochléaire sous-entend
en ressentent le bénéfice et s’y adaptent rapidement, grâce à l’orientation de l’enfant vers une communication préférentielle-
leur remarquable plasticité cérébrale. Si un enfant retire systé- ment orale, qui nécessite aussi l’implication de la famille, une

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Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant  20-190-C-10

Tableau 4.
Services assurant les accompagnements médicosocial, éducatif et scolaire des enfants sourds (surtout si surdité sévère ou profonde, ou en cas de troubles
associés).
Services médicosociaux intervenant en complément d’une scolarité en milieu ordinaire

0 à 6 ans Centre d’action médicosociale Équipe pluridisciplinaire orientée vers les soins : Sans notification par la maison
précoce (CAMSP) pédiatre, paramédicaux (orthophoniste, départementale des personnes
kinésithérapeute, psychomotricien, handicapées (MDPH) (accès
ergothérapeute), psychologue, éducateur de direct par contact
jeunes enfants et assistant social téléphonique)
CAMSP polyvalents prenant en charge des
enfants avec tous handicaps (moteur, mental,
sensoriel) dans les villes moyennes
CAMSP spécialisés pour enfants déficients
auditifs, avec en plus phoniatre et
moniteur-éducateur en langue des signes
française, dans les grandes villes
0 à 3 ans Service d’accompagnement familial Équipe pluridisciplinaire orientée vers Sur notification par la MDPH
et d’éducation précoce (SAFEP) l’éducation, les soins et le soutien à la scolarité : après étude du dossier
3 à 20 ans Service de soutien à l’éducation enseignants spécialisés pour jeunes sourds,
familiale et à l’intégration scolaire phoniatre, paramédicaux (orthophoniste,
(SSEFIS) psychomotricien), psychologue, éducateur de
jeunes enfants et assistant social
Souvent rattachés à un institut de jeunes sourds
Scolarité spécialisée pour enfants en situation de handicap (dépendant de l’Éducation nationale)
5 à 11 ans (école élémentaire) Classe d’intégration scolaire (CLIS) Classe de 12 enfants au maximum, présentant le Sur notification par la MDPH
même type de handicap dans une école primaire après étude du dossier
ordinaire
11 à 18 ans (collège, lycée) Unité localisée pour l’inclusion Classe de moins de dix élèves atteints d’un même
scolaire (ULIS) trouble, proposant une organisation pédagogique
adaptée dans un établissement scolaire ordinaire
11 à 16 ans (collège) Section d’enseignement général et Section d’un collège ordinaire, organisée en
professionnel adapté (SEGPA) divisions de 16 élèves présentant des difficultés
d’apprentissage graves et durables, et ne
maîtrisant pas toutes les connaissances et
compétences attendues à la fin de l’école primaire
Établissements médicosociaux assurant une prise en charge globale pour enfants sourds ne pouvant suivre une scolarité ordinaire ou spécialisée
6 à 14 ans Institut médicoéducatif Établissement prenant en charge des enfants ou Sur notification par la MDPH
adolescents présentant une déficience après étude du dossier
intellectuelle, en demi-pension ou internat
3 à 14 ans Section d’éducation et Établissement prenant en charge des enfants ou
d’enseignement spécialisée (SEES) adolescents présentant une déficience auditive
associée à une déficience intellectuelle

Tableau 5.
Aides à la communication et modes de communication en cas de surdité sévère ou profonde chez un enfant.
Type d’aide Description Intérêt
Langue française parlée Code manuel dont les mouvements de la main droite Aide l’enfant à percevoir la parole, en complément de la
complétée (LPC) réalisés près du visage représentent chacun un phonème et lecture labiale, en particulier les articles, pronoms, et la
suivent la succession des phonèmes et des mots de la conjugaison des verbes
langue française ; adaptation française du « cued-speech », Facilite l’apprentissage de la lecture par la voie
mis au point en 1966 par le Dr Cornett phonologique
Langue des signes française Langue fondée sur des signes manuels exprimant un Communication avec les sourds signants français,
(LSF) concept chacun, organisés selon une syntaxe propre, construction identitaire
différente de celle de la langue française Très iconique, facilite l’accès à la symbolisation
Français signé (FS) Langue française accompagnée de signes de la LSF, suivant Aide l’accès à la symbolisation
la syntaxe de la langue française Utilisation aisée au quotidien

rééducation orthophonique adaptée et un environnement sco- La partie interne de l’implant est mise en place sous anesthésie
laire privilégiant l’oral. Le risque de détruire les restes auditifs générale par une incision rétroauriculaire, mastoïdectomie, puis
avec l’implant a nettement diminué avec les progrès techniques tympanotomie postérieure, et ouverture de la cochlée au niveau
et est largement compensé par la perception de la parole avec du promontoire ou de la fenêtre ronde [47] .
l’implant, dès lors que les appareils conventionnels apportent un L’intervention, le matériel et le suivi postopératoire sont
gain limité [46] . actuellement pris en charge en totalité par l’assurance maladie,
et doivent être réalisés dans un service hospitalo-universitaire
agréé.
Principe et mise en place chirurgicale La partie externe de l’implant est adaptée quelques semaines
L’implant cochléaire se compose d’une partie externe amo- après la chirurgie, et des réglages successifs sont réalisés la pre-
vible, sous forme d’un contour d’oreille relié par un câble à mière année, puis deux fois par an les années suivantes, pour
une antenne aimantée, et d’une partie implantée, comportant déterminer les niveaux minimal et maximal de stimulation élec-
un microprocesseur-récepteur sous-cutané, et un porte-électrodes trode par électrode. Plus l’enfant est jeune, plus ces réglages sont
inséré dans la rampe tympanique de la cochlée (Fig. 7). difficiles et requièrent un personnel entraîné.

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1
2 5
2

3
6

A B
Figure 7. Implant cochléaire.
A. Porte-électrodes enroulé dans l’oreille interne. 1. Micro ; 2. émetteur porté derrière l’oreille ; 3. antenne émettrice placée sur le cuir chevelu ; 4. récepteur
et antenne réceptrice placés sous la peau ; 5. nerf auditif.
B. Porte-électrodes inséré. 1. Rampe vestibulaire ; 2. canal cochléaire ; 3. rampe tympanique.

Depuis 2012, l’implantation cochléaire bilatérale est prise en • un examen ORL qui recherche une pathologie associée ;
charge par l’assurance maladie, avec l’objectif de procurer une une otite séromuqueuse n’est pas une contre-indication à
meilleure localisation des sons et une meilleure perception en l’implantation cochléaire (IC), une suppuration de l’oreille doit
milieu bruyant que l’implantation unilatérale. Selon les équipes et être traitée au préalable ;
le choix des parents, les deux côtés sont implantés simultanément, • un scanner des rochers et une IRM labyrinthique et cérébrale, et
ou successivement à quelques mois d’intervalle [38] . des examens complémentaires à la recherche de troubles asso-
ciés à la surdité, tels que décrits dans le paragraphe sur ce sujet ;
• une évaluation orthophonique permettant d’évaluer la
communication non verbale et les prérequis du langage
(attention conjointe, pointage) chez le très jeune enfant,
“ Point fort la perception de la parole et le langage chez l’enfant plus
âgé ; l’entretien avec l’orthophoniste est également l’occasion
d’expliquer l’importance d’adapter la communication, tout au
Critères pour proposer une implantation long de l’enfance, aux capacités de l’enfant, en passant pro-
cochléaire gressivement d’une communication mimogestuelle ou mixte
• Surdité sévère ou profonde bilatérale (moyenne des (orale et signée), à une communication orale adaptée [48] ;
seuils audiométriques sur les fréquences 500, 1000, • une évaluation psychométrique, selon l’âge de l’enfant, et
2000 Hz et 4000 Hz supérieure à 70 dB aux deux oreilles). un entretien psychologique avec les parents orienté sur les
• Appareils auditifs optimisés et régulièrement portés, contraintes de la rééducation et les limites possibles des résul-
tats.
mais ne permettant pas une perception suffisante de la
À l’issue du bilan, le chirurgien informe la famille sur les moda-
parole : seuil auditif moyen supérieur ou égal à 60 dB avec lités et les risques opératoires, le programme de réhabilitation, les
prothèses acoustiques bilatérales ; voire, lorsque l’enfant risques de pannes et les contraintes technologiques. Les facteurs
est capable de passer un test vocal, intelligibilité de la pronostiques qui vont conditionner le résultat seront soigneuse-
parole en liste ouverte, inférieure à 50 %, avec prothèses ment expliqués aux parents, ainsi que la nécessité de poursuite
auditives, sans l’aide de la lecture labiale. de la rééducation orthophonique après l’implantation, pour que
• Absence de contre-indication médicale ou radiologique l’enfant puisse tirer bénéfice de son implant cochléaire.
(en particulier agénésie cochléaire ou du nerf cochléaire, Cette rééducation doit être conduite par des professionnels
ossification cochléaire). compétents dans le domaine de la surdité de l’enfant, et adap-
• Âge inférieur à 10 ans pour les surdités congénitales tée aux progrès réalisés. Elle vise à développer la reconnaissance
de l’environnement sonore, puis des rythmes, des phonèmes, et
d’emblée sévères à profondes.
à mettre en place les éléments lexicaux et syntaxiques du langage
• Environnements familial, rééducatif et scolaire stimu-
oral [48] .
lants pour la communication orale.
Âge d’implantation
Plus l’implantation cochléaire est réalisée précocement,
Bilan avant implantation cochléaire meilleures sont les chances de développement du langage
oral [45, 47, 49] . Cela a conduit à avancer progressivement l’âge
Un bilan pluridisciplinaire est nécessaire pour rechercher des d’implantation en cas de surdité congénitale. Toutefois, il existe
contre-indications (essentiellement anatomiques ou liées à la plusieurs situations différentes :
durée de surdité profonde sans appareillage) et explorer les possi- • en cas de surdité sévère ou profonde congénitale, l’enfant ne
bilités d’amélioration du langage oral avec l’implant. reçoit pas d’informations sonores de qualité suffisante pour
Le bilan comporte : assurer le développement correct des aires auditives centrales.
• un audiogramme sans et avec appareils auditifs, qui vérifie L’implantation doit être proposée rapidement, dès 12 mois, si
l’indication audiologique ; les appareils auditifs n’apportent pas un bénéfice significatif.

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Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant  20-190-C-10

L’implantation avant 1 an est encore discutée : il n’y aurait Résultats


pas de différence significative en termes de perception de la
Les résultats en termes de perception des sons et de la parole
parole entre les enfants implantés avant 12 mois et entre 12
sont excellents à partir du moment où l’implant est fonctionnel
et 16 mois [49] ; de plus, avant 1 an, l’évaluation audiométrique
et bien réglé et où les voies auditives sont fonctionnelles.
sans et avec prothèses, l’abord chirurgical et l’anesthésie sont
En ce qui concerne le développement du langage oral, l’intérêt
plus délicats ;
de l’implantation cochléaire pédiatrique est largement reconnu
• lorsque la surdité est évolutive, permettant initialement une
dans les surdités sévères à profondes bilatérales congénitales [44, 46] .
oralisation grâce aux prothèses acoustiques amplificatrices et à
Toutefois, les résultats sont profondément variables, selon des
la rééducation, l’implant cochléaire doit être proposé dès que
paramètres de plusieurs sortes :
la perception de la parole devient inférieure à 50 % à 65 dB avec
• en premier lieu, précocité de l’implantation, comme évoqué
deux prothèses acoustiques amplificatrices sans lecture labiale ;
précédemment, qui découle de la précocité du diagnostic et de
• enfin, quand il s’agit d’une surdité sévère à profonde
la prise en charge de la surdité (plus la réhabilitation auditive
d’apparition brutale avec risque de labyrinthite ossifiante (frac-
est précoce, plus les aires cérébrales impliquées dans le langage
ture des rochers, méningite à pneumocoques), l’implantation
se développent facilement de manière normale) [6, 45, 49] ;
cochléaire doit alors être programmée en urgence avant que
• paramètres liés à la surdité : âge de début de la surdité
l’ossification ne soit trop étendue.
(congénitale profonde d’emblée ou progressive), étiologie
(neuropathie-dyssynchronie et hypoplasies cochléaires étant de
moins bon pronostic) ;
• capacités intrinsèques de l’enfant et éventuels troubles associés
(capacités cognitives, troubles vestibulaires, visuels, relation-
“ Point fort nels) ;
• contexte familial (implication parentale, interactions fami-
liales, milieu socioéconomique, présence d’un bilinguisme)
Qu’y a-t-il de nouveau au cours des dix dernières et rééducatif (en particulier accompagnement précoce de la
années famille vers une communication efficace) [45] .
• Dépistage auditif néonatal : environ un nouveau-né sur Dans les meilleures conditions, la compréhension et
trois en France bénéficie d’un dépistage auditif objec- l’expression orales peuvent se développer sans décalage par
tif, par otoémissions ou PEA automatisés. Le dépistage rapport aux enfants entendants. De nombreux enfants implantés
suivent ainsi une scolarité ordinaire.
permet une réhabilitation et un accompagnement paren-
tal précoces, bénéfiques pour le développement ultérieur
du langage. Toutefois, la systématisation du dépistage se
heurte au manque de moyens humains et à la crainte  Conclusion
de répercussions néfastes sur les relations précoces mère-
Les importantes avancées que représentent le dépistage auditif
enfant si un diagnostic de surdité est annoncé trop tôt sans
précoce, l’imagerie et l’implantation cochléaire ont considéra-
prise en charge immédiate.
blement changé l’avenir des enfants présentant une surdité de
• Guide de bonnes pratiques en audiométrie de l’enfant
perception, et permis une meilleure prise en compte des répercus-
de la Société française d’audiologie (SFA), et rapport de la sions des surdités de transmission.
SFORL sur l’audiométrie : l’édition du premier en 2010, et Une fois le diagnostic établi et la réhabilitation débutée, la
du second en 2014 sont des preuves du regain d’intérêt fréquence des troubles associés et l’évolutivité potentielle de la
pour la partie audiologique de l’ORL. surdité justifient toutefois une surveillance attentive tout au long
• Appareillage des surdités unilatérales : depuis plusieurs de la scolarité et une prise en charge pluridisciplinaire dans de
années, de nombreuses publications ont mis en évidence nombreux cas.
les répercussions des surdités unilatérales sur la scolarité,
et l’intérêt de leur appareillage, qu’il s’agisse de surdités
de perception ou de transmission par aplasie unilatérale.
• Fréquence des troubles associés : près d’un tiers des “ Points essentiels
enfants sourds profonds présentent des troubles associés
à la surdité. Les études portant sur les enfants ayant reçu • L’avenir de l’enfant, en termes de développement du
un implant cochléaire du fait d’une surdité profonde ont langage et de scolarité, est lié à la précocité de la réhabili-
mis en évidence la fréquence de troubles du langage non tation de la surdité, en particulier à un diagnostic avant 6
compensés par la réhabilitation même précoce de la sur- à 8 mois pour les surdités sévères et profondes.
dité, et expliquant l’importante variabilité de l’évolution • Le dépistage d’une surdité ne peut pas se contenter
du langage et de la scolarité. L’existence de ces troubles d’explorations de l’oreille moyenne ; chez un jeune enfant,
rend plus que jamais nécessaire le suivi médical des enfants il faut au minimum tester la perception de la voix chucho-
sourds pendant tout leur développement. tée sans lecture labiale en faisant désigner les parties du
• Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des corps ou des images.
chances, favorisant l’intégration scolaire des enfants han- • Interroger les parents sur les réactions aux sons et le
dicapés : à la suite de cette loi, la proportion d’enfants langage de l’enfant, en particulier après le traitement des
suivant une scolarité ordinaire a augmenté, mais a rendu problèmes d’oreille moyenne.
nécessaire la mise en place d’adaptations pédagogiques • Faire un véritable bilan auditif au moindre doute de la
spécifiques à chaque handicap. part de l’entourage.
• Implantation cochléaire bilatérale : même si • Rester prudent dans ce que l’on dit tant que le bilan
l’implantation bilatérale est susceptible de provoquer n’est pas complet.
des troubles vestibulaires chez certains enfants, le rem- • S’entraîner à l’audiométrie conditionnée car les PEA ne
boursement du deuxième implant ouvre la perspective de permettent pas un diagnostic.
rétablir précocement une écoute stéréophonique, faisant • L’appareillage auditif doit être systématiquement
espérer un développement plus naturel et plus rapide du accompagné au moins d’un bilan orthophonique et, dans
langage oral chez les enfants sourds profonds. la plupart des cas, d’une rééducation orthophonique.

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[24] Noël-Petroff N, Amstutz I, Obstoy MF, Plate S, Marie JP, Dehesdin


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14 EMC - Oto-rhino-laryngologie

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G. Lina-Granade (genevieve.lina-granade@chu-lyon.fr).
Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale pédiatriques, Hôpital Femme-Mère-Enfant, Hôpital Édouard-Herriot, CHU de Lyon, place
d’Arsonval, 69437 Lyon cedex 03, France.
E. Truy.
Service d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale pédiatriques, Hôpital Femme-Mère-Enfant, Hôpital Édouard-Herriot, CHU de Lyon, place
d’Arsonval, 69437 Lyon cedex 03, France.
Inserm U1028, CNRS, UMR 5292, Centre de recherche en neurosciences, Équipe dynamique cérébrale et cognition, Université Claude-Bernard Lyon-1, Lyon,
France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Lina-Granade G, Truy E. Stratégies diagnostique et thérapeutique devant une surdité de l’enfant.
EMC - Oto-rhino-laryngologie 2015;10(2):1-15 [Article 20-190-C-10].

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