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Rédactrice en chef adjointe : ANNE DELÉPINE une durée de deux ans.
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Secrétaire générale de la rédaction : ANNE SCHALLER
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Chargée d’études bibliographiques et de veille : ANNIE BIJAOUI www.rst-sante-travail.fr
Correctrice : CYNDIE JACQUIN-BRISBART
Chargée de rubrique Allergologie professionnelle :
NADIA NIKOLOVA-PAVAGEAU
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MARIE-CÉCILE BAYEUX-DUNGLAS, STÉPHANE MALARD
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COMITÉ SCIENTIFIQUE
AGNÈS AUBLET-CUVELIER, Département Homme au travail, INRS
CATHERINE AUBRY, Direction des Études et recherches, INRS
CHRISTINE DAVID, Département Expertise et conseil technique, INRS
MARIA GONZALEZ, Service de pathologie professionnelle, hôpital civil de Strasbourg
GUY HÉDELIN, Département Épidémiologie en entreprise, INRS
PATRICK LAINE, Département Expertise et conseil technique, INRS
FAHIMA LEKHCHINE, Département Information et communication, INRS
SERGE MÉSONIER, Association française des intervenants en prévention des risques
professionnels de services interentreprises de santé au travail, Cergy-Pontoise
GÉRARD MOUTCHE, Département Formation, INRS
SYLVIE ODE, Groupement des infirmier(e)s du travail, Paris
CHRISTOPHE PARIS, Centre de consultation de pathologie professionnelle et de médecine
environnementale, Centre hospitalier de Rennes
ALAIN ROBERT, Département Toxicologie et biométrologie, INRS
AC 144 P. 8 Avis de l'ANSES relatif aux « Risques TC 169 P. 39 Effets sur la santé des horaires
sanitaires pour les travailleurs liés aux longs de travail : revue de la
activités de gestion des déchets » littérature
MISE AU POINT
TP 38 P. 89 Bruits impulsionnels, un danger
mal connu ?
TP 39 P. 97 L'infection à cytomégalovirus : où
en est-on ?
RÉF. PAGE
EN LIGNE :
VOS QUESTIONS/NOS RÉPONSES Enquête SUMER 2016-2017 : quels sont les
QR 145 P. 117 Exposition aux rayonnements salariés concernés par le télétravail ?
ionisants : quelles informations TF 279, 16 p.
dosimétriques peuvent être
sommaire
transmises ?
RISQUES PSYCHOSOCIAUX
FRPS 13 P. 123 Hospital Anxiety and Depression Scale Chaque mois, la rubrique « Juridique » est
(HADS) à retrouver sur : www.inrs.fr/header/actua-
lites-juridiques.html
À VOTRE
SERVICE
PAGE
P. 129 AGENDA
P. 131 FORMATIONS
P. 137 RECOMMANDATIONS
AUX AUTEURS
P. 13 PARTICIPEZ À LA RECHERCHE
P. 14 NOUVEAUTÉS DE L’INRS
Contaminations professionnelles
par le VIH, le VHC et le VHB chez
le personnel soignant : le point
au 31 décembre 2018
,Encadré
Figure 1 : Contaminations professionnelles par le virus de l’immunodéficience humaine chez le personnel de santé
selon l’année de l’accident exposant au sang (AES) (au 31/12/18)
*IFN : interféron
**RIB : Ribavirine
***Peg IFN : interféron pegylé
****IP : inhibiteur de protéase
séroconversions sont survenues après coupure et 2 VIH dès la découverte de la séropositivité VIH est une
suite à un contact sanguin sur peau lésée. La moitié source d’information utile et complémentaire par
était évitable par le respect des précautions standard. rapport aux notifications de contamination profes-
Le dernier cas recensé en 2017 concerne un chirurgien sionnelle VIH faites par les médecins du travail.
chez qui une contamination professionnelle a été La surveillance montre que le nombre de contami-
évoquée devant une hépatite C aiguë. Un AES cau- nations par le VIH ou le VHC a diminué au cours du
sal a été recherché : un AES survenu plusieurs mois temps, en particulier concernant le VIH, puisqu’au-
auparavant a été retrouvé mais le patient source était cun cas n’a été déclaré depuis 2004. Le faible nombre
négatif pour le VHC. Cet AES n’est donc pas en cause. de contaminations pendant les années les plus ré-
Néanmoins, à cette occasion, une sérologie J0 a été centes peut s’expliquer par la poursuite des efforts de
réalisée chez le chirurgien montrant une séronéga- prévention des AES, ayant permis une diminution de
tivité VHC. Ce chirurgien a opéré 100 patients entre leur incidence.
cette dernière sérologie VHC négative et le diagnos- D’autres facteurs jouent également un rôle impor-
tic de son hépatite clinique. Ils ont tous été reconvo- tant, comme les traitements antirétroviraux post-ex-
qués. Une seule patiente s’est révélée VHC+ avec une position au VIH dont l’efficacité a été démontrée et
charge virale élevée : son infection VHC était connue les progrès thérapeutiques accomplis en matière de
depuis 1998 mais n’avait jamais été ni explorée ni prise en charge des patients infectés par le VIH ou le
traitée. Le chirurgien l’avait opérée d’une prothèse VHC qui permettent une chute voire une négativa-
de hanche quelques semaines avant l’apparition de tion de leur charge virale et donc une baisse de leur
l’hépatite aiguë. Il ne se souvenait pas d’un AES précis infectiosité.
lors de l’intervention mais celle-ci fut longue, hémor- L’absence de contamination VHB témoigne de l’effica-
ragique, avec fracture du trochanter nécessitant une cité de la vaccination, obligatoire chez les soignants.
ostéosynthèse, ce qui rend les piqûres hautement
probables et les projections abondantes. La respon- Remerciements à tous les médecins qui participent
sabilité de cette patiente dans la contamination a à cette surveillance.
été affirmée par génotypage et séquençage des virus
permettant d’en assurer l’identité.
Prévention des
conduites addictives :
un outil de
sensibilisation ludique
F. Tallandier, Groupement interprofessionnel médical
et social aubois, Troyes
particules représentant environ 5 à 10 % de la masse (monoxyde de carbone, oxydes d’azote, benzène, for-
totale et 80 % du nombre de particules émises, expli- maldéhyde, hydrocarbures aromatiques polycycliques
quant en partie la survenue de fibroses pulmonaires - HAP - légers) ainsi que des polluants adsorbés sur les
chez les soudeurs. particules fines (carbone organique et élémentaire,
nitroarènes, HAP lourds). Certains chantiers incluent
Exposition aux fumées de soudage et stra- l’application d’enrobés bitumineux. Du fait de la toxi-
tégies de surveillance biologique de l’expo- cité des gaz d’échappement des moteurs diesel (CIRC 1)
sition pour le médecin du travail et des fumées de bitumes (CIRC 2B), classés peut-être
L’évaluation des risques liés aux fumées de soudage est cancérogènes pour l’homme), l’évaluation des expo-
complexe du fait de la multiexposition qui rend néces- sitions professionnelles est indispensable. Face à une
saire la priorisation des polluants à mesurer. La nature exposition aux fumées de diesel et/ou bitumes, une
à la fois locale (irritative, inflammatoire) et systémique première caractérisation des polluants atmosphé-
(cancérogénicité, syndromes pseudoparkinsoniens) riques principaux (particules fines, CO, oxydes d’azote,
de la toxicité des fumées doit orienter les préventeurs HAP, indice global fumées de bitumes) permet d’éva-
conjointement vers la métrologie atmosphérique et luer le cocktail de polluants et les expositions respi-
la surveillance biologique. Le choix des biomarqueurs ratoires. La surveillance biologique des expositions
est guidé par la composition des métaux d’apport professionnelles est utile en complément pour mesu-
(chrome et nickel pour les aciers inox, manganèse…), rer l’imprégnation réelle des travailleurs. La stratégie
de la nature des métaux de base (aluminium) ou de recommandée consiste à mesurer les métabolites
leurs revêtements (cadmium), des alliages spéciaux urinaires des HAP majoritaires dans ces fumées. Le
(cobalt, béryllium). Des travaux de recherche montrent 1-hydroxypyrène, les 2- et 3-fluorénols ainsi que les 2-
qu’il est possible d’aller plus loin dans la surveillance et 3-phénanthrols sont à privilégier du fait d’une meil-
biologique, par l’analyse des polluants dans d’autres leure corrélation avec l’exposition et d'une moindre
matrices telles que le condensat d’air exhalé, le liquide interférence du tabagisme.
de lavage nasal ou les cheveux. Le développement de la
métabolomique offre également de nouvelles perspec- Contrôle sur site du bon fonctionnement
tives, par l’identification de molécules traceurs reflé- des filtres à particules pour engins non-
tant les conséquences biologiques de cette exposition routiers
au niveau métabolique, inflammatoire, protéique… Les émissions diesel sont à l’origine d’altération de la
fonction pulmonaire, d’induction et d’aggravation de
Fumées de soudage : dispositions régle- l’asthme, d’augmentation de la mortalité par mala-
mentaires et mesures de prévention dies cardiovasculaires et respiratoires. La nouvelle
Dans les ambiances de travail, les concentrations réglementation européenne relative à l’émission
de fumées de soudage peuvent être très élevées et en polluants par les engins non-routiers, applicable
atteindre plusieurs dizaines de mg/m3. En France, depuis 2017, se traduit par une exigence de diminu-
la VLEP pour la totalité des particules composant les tion drastique de l’émission en particules d’un fac-
fumées de soudage est de 5 mg/m3 (fraction alvéo- teur environ 100 par rapport aux limites antérieures.
laire). Il existe également des VLEP pour de nom- Seuls les systèmes de filtres à particules (FAP) sont en
breux constituants des fumées tels que le chrome VI, mesure d’éliminer efficacement les particules ultra-
l’ozone ou le nickel. Afin de limiter les expositions fines hautement toxiques de suie et d’oxydes métal-
aux fumées de soudage, il convient de sélectionner liques émises par les moteurs à combustion. Mais les
les procédés les moins émissifs et les moins polluants FAP montés sur les engins non routiers subissent des
ainsi que les matériaux de base et d'apport les moins contraintes mécaniques et thermiques importantes
toxiques. Il peut être nécessaire de mettre en place pouvant conduire à leur dégradation, ce qui se tra-
des dispositifs de captage à la source des fumées, de duit par une augmentation de la concentration en
disposer en complément d’une ventilation générale particules à l’émission du moteur qui nécessite d’être
de l’air des lieux de travail ou, à défaut, de porter des contrôlée. Différents moyens de mesure simplifiés de
équipements de protection individuelle. Ces mesures la concentration en particules à l’émission des engins
de prévention doivent être adaptées au procédé et aux sont étudiés et testés dans différentes configurations
matériaux utilisés mais également au lieu de travail. de fonctionnement en laboratoire et sur le terrain.
Surveillance biologique de l'exposition aux L’ensemble des interventions est disponible sur le
fumées de diesel et aux fumées de bitumes site : www.sistbtp-lorraine.fr.
Les fumées de diesel générées par les engins de chantier
renferment en proportions variables de nombreux gaz
Objectif de l’étude
O Fournir de nouvelles données sur l'exposition aux Responsables d’étude à contacter :
diisocyanates, sur la base d'un protocole d’étude har- Sophie Ndaw (03 83 50 85 13) - sophie.ndaw@inrs.fr
monisé au niveau européen, pour alimenter les discus- Radia Bousoumah (03 83 50 20 00) - radia.bousoumah@
sions en cours et soutenir les mesures réglementaires inrs.fr
récentes. Laboratoire de biométrologie, département
Toxicologie et biométrologie, INRS
Méthodologie 1, rue du Morvan
La campagne d’évaluation des expositions en entre- CS 60027
prise repose sur des prélèvements biologiques (urines 54519 Vandœuvre-lès-Nancy Cedex
Meopa
Soulager les patients
sans exposer les soignants
Nettoyage
des locaux de travail.
Que faire ?
Meopa
Soulager les patients sans
exposer les soignants
Le Meopa est un gaz utilisé dans Nettoyage des locaux de L'électricité
de nombreux services hospita- travail. Que faire ? Cette brochure a pour but de ré-
liers pour permettre la réalisation Les surfaces mal entretenues, pondre aux questions que toute
d'actes douloureux de courte durée. comme les plans de travail, les sols personne non spécialisée en élec-
Il peut avoir des effets dangereux et les murs peuvent favoriser le dé- tricité est susceptible de se poser
pour les soignants. Ce dépliant pré- veloppement de micro-organismes. sur les risques professionnels
sente les modes de contamination, Ce document explique la stratégie d'origine électrique. Elle explique
les effets sur le personnel exposé à suivre pour entretenir correcte- ce qu'est l'électricité et présente
régulièrement et propose des me- ment ces surfaces, en respectant les dommages corporels causés
sures de prévention à mettre en les mesures de prévention des par le courant électrique, leurs
œuvre pour préserver la santé des risques professionnels. origines, ainsi que les principales
soignants Réf. ED 6347, 24 p. règles de prévention.
Réf. ED 6365, 8 p. Réf. ED 6345, 44 p.
BASE DE DONNÉES
FICHES
TOXICOLOGIQUES
www.inrs.fr/fichetox
La collection des Fiches toxicologiques de l’INRS est rassemblée
dans une nouvelle base de données accessible en ligne.
p sel
rtê
b
p
Conduite d’un véhicule pour le travail : quelles obligations pour le salarié et l’employeur ?
www.inrs.fr/publications/juridique/focus-juridiques/focus-conduite-vehicule-pour-le-travail.html
De nombreux salariés conduisent un véhicule dans le cadre de leur travail, que cela soit de façon occasionnelle
ou régulière (commerciaux, artisans, conducteurs routiers…). L’employeur peut-il avoir connaissance du relevé de
points ? Le salarié doit-il informer son employeur d’une éventuelle suspension ou annulation de son permis ? Ce
focus fait le point sur les obligations pour le salarié et l’employeur.
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2
CONNAISSANCES
ET RÉFÉRENCES
P. 19 GRAND ANGLE
P. 49 VU DU TERRAIN
P. 89 MISE AU POINT
1
Direction Études et recherches, 2 Département Ingénierie des procédés, 3 Département Toxicologie et biométrologie, 4 Département Épidémio-
logie en entreprise, 5 Département Études et assistance médicales, 6 Département Métrologie des polluants, 7 Département Expertise et conseil
en technique, INRS
résumé
MOTS CLÉS
Cet article a pour objectif
Valeur limite /
d’engager des réflexions sur Risque chimique /
la possibilité de définir une Évaluation
valeur limite d’exposition des risques /
professionnelle (VLEP) Nanoparticule /
Particule
pour le noir de carbone
nanométriques en proposant
décomposition thermique [1, 2] : chacune, leur diamètre varie en La surface spécifique des NC s’étend
O le noir de fourneau (diamètre fonction du type de NC (tableau I). de 6 m2/g pour le noir thermique à
moyen des particules primaires de Les agrégats peuvent s’assembler 240 m2/g pour le noir de fourneau.
10 à 400 nm), produit principale- à leur tour en amas peu compacts En raison des matières premières
ment par combustion incomplète sous l’action des forces attractives utilisées, de leur mode de produc-
de résidus pétroliers lourds ou de du type Van der Waals pour former tion et de leur surface spécifique, les
gaz naturels. Il est le plus commer- des agglomérats de taille inférieure NC présentent généralement des
cialisé (95 % de la production mon- à 2 mm (figure 1). Ils peuvent égale- substances adsorbées à leur surface
diale) ; ment être comprimés pour former (hydrocarbures aromatiques poly-
O le noir thermique (diamètre des billes pouvant atteindre 0,5 cm cycliques et leurs dérivés nitrés et
moyen des particules primaires de de diamètre, dont la cohésion peut soufrés), toutefois dans de faibles
120 à 500 nm), obtenu par décom- être renforcée par des liants de type quantités. Des traces de composés
position thermique de gaz natu- mélasses. Un NC présentant un fort inorganiques peuvent également
rels. Il est composé des particules état d’agrégation est dit de struc- être présentes : calcium, fer, potas-
les moins fines. Il représente 2 % ture élevée, la structure étant déter- sium, plomb, arsenic, chrome, sélé-
de la production aux États-Unis, en minée par le diamètre et la mor- nium.
Europe de l’Ouest et au Japon ; phologie des agrégats, le nombre de Le noir de carbone est insoluble dans
O le noir d’acétylène (diamètre particules primaires par agrégat et l’eau et les solvants organiques.
moyen des particules primaires de leur masse moyenne. L’état d’agré- La fabrication du NC remonte à des
30 à 50 nm), produit par craquage gation (le diamètre et la répartition temps très anciens : en 1 500 avant
de l’acétylène à des températures des agrégats) est un critère impor- notre ère, les Chinois produisaient
très élevées. Il est l’un des NC le tant d’applicabilité, notamment déjà du NC à partir d’huiles végé-
plus pur ; en ce qui concerne l’adsorption tales. La production mondiale est
O le noir de fumée (diamètre d’huile (capacité du NC à absorber actuellement d’environ 11 millions
moyen des particules primaires de des liquides du fait d’une porosité de tonnes par an. Près de 60 %
60 à 200 nm), obtenu par combus- ouverte). proviennent d’Asie-Pacifique, 15 %
tion incomplète d’hydrocarbures
,Tableau I
de goudron. Initialement destiné
à fournir le pigment de l’encre de > PROPRIÉTÉS DIMENSIONNELLES DU NOIR DE CARBONE [1]
Chine (noir de lampe), il montra Diamètre des Surface Diamètre des
fortuitement en 1912 ses qualités Noir de carbone particules spécifique agrégats
exceptionnelles de renforcement primaires (nm) (m2/g) (nm)
des pneumatiques en caoutchouc ; Noir de fourneau 10 à 400 12 à 240 50 à 400
O le noir au tunnel (diamètre Noir thermique 120 à 500 6 à 15 400 à 600
moyen des particules primaires de Noir d’acéthylène 30 à 50 15 à 70 350 à 400
10 à 30 nm), produit par combus- Noir de fumée 60 à 200 15 à 25 300 à 600
tion incomplète de gaz naturels. Il
Noir au tunnel 10 à 30 90 à 500 50 à 200
représentait la forme la plus com-
mercialisée au début du XXe siècle,
il n’est actuellement plus fabriqué, Figure 1 : Des particules primaires aux agglomérats (d'après [1, 2])
sauf en Allemagne. Il est composé
de très fines particules peu agré-
gées.
Les particules primaires (nommées
parfois nodules) de NC se lient entre
elles par des liaisons covalentes et
s’organisent pour former des enti-
tés tridimensionnelles complexes
denses appelées agrégats. Ces struc-
tures en branches, ouvertes et rami-
fiées, peuvent inclure jusqu’à une ParticuleS primaireS AgrégatS AgglomératS
centaine de particules primaires g nanomètres à 00 nanomètres g micromètres
représente à lui seul 82 % des don- CLAIRANCE ALVÉOLAIRE solubles étant d’environ 60 j, la sur-
nées (tableau II). Les tâches liées à (DEMI-VIE) charge pulmonaire a été observée
ce secteur d’activités sont essen- La rétention des particules inso- dès 7 mg/m3.
tiellement des tâches d’ensachage lubles ou très peu solubles dans le
ou de chargement de trémies ou de système respiratoire résulte de la TRANSLOCATION
silos (tableau III). balance entre les vitesses de dépôt Les études expérimentales ont
et d’élimination (clairance). Les montré que la taille des particules
particules se déposant dans l’arbre influence leur probabilité de trans-
trachéo-bronchique sont éliminées location vers des compartiments
DEVENIR DANS par la clairance mucociliaire qui extra-pulmonaires tels que les gan-
L’ORGANISME ET est relativement rapide. Celles qui glions lymphatiques associés aux
MÉCANISME DE TOXICITÉ se déposent dans le compartiment poumons, le sang, le foie, la rate,
alvéolaire subissent une phago- l’encéphale ou les reins [12]. Ainsi,
Le tableau IV présente les princi- cytose par les macrophages puis, chez le rat, la translocation des al-
pales caractéristiques des noirs de après migration vers les bronches, véoles vers la circulation sanguine,
carbone commercialisés et ayant sont éliminées par la clairance le foie, la rate, les reins, le cœur et le
fait l’objet d’études toxicologiques mucociliaire puis expectorées ou cerveau serait comprise entre 0,1-
mentionnées dans l’article. dégluties. La surcharge pulmo- 1 %, 24 h après l’inhalation (1 h) par
naire, un concept qui a été défini voie endotrachéale de nano-agré-
TOXICOCINÉTIQUE par Morrow [8] pour les particules gats de carbone radio-marqués à
Les particules sont inhalées soit dites sans effet spécifique, apparaît l’iridum 192 (192Ir) (20-80 nm) [13].
sous forme unitaire, soit nano- lorsque les mécanismes de clai- Ce pourcentage pourrait être consi-
structurées, en agrégats et/ou rance médiés par les macrophages déré comme un maximum car ces
agglomérats, ce qui affecte leur sont dépassés. particules, produites en laboratoire,
comportement dans l’air et les pro- Chez le rongeur [1], les particules étaient massivement nanomé-
babilités de dépôt dans les diffé- ultrafines de NC ont provoqué une triques. La translocation des nano-
rents compartiments de l’appareil diminution dose-dépendante de matériaux (NM) après instillation
respiratoire ainsi que leur ciné- la clairance par les macrophages intratrachéale, intranasale et aspi-
tique d’élimination. Ainsi, et selon alvéolaires, se produisant à des ration pharyngée est plus élevée
la Commission internationale de doses plus faibles par rapport aux que par inhalation et pourrait être
protection radiologique (ICRP) [5], particules plus grosses (micromé- la conséquence du débit de dose,
le dépôt de ces particules dans triques). la même quantité étant déposée
l’ensemble du tractus respiratoire Dans l’étude de Elder et al. [9], un en quelques secondes par instil-
concerne environ 20-30 % des des objectifs était de déterminer les lation et plusieurs jours par inha-
particules de 100 nm, 40-50 % des demi-vies de rétention (T1/2) chez lation. Selon la revue générale de
particules de 50 nm et près de 90 % le rats F344, selon un protocole d’ex- Kermanizadeh et al. [14], les don-
des particules de 10 nm. Les parti- position subchronique par inhala- nées actuelles indiquent que l'ex-
cules entre 10 et 100 nm se répar- tion (6 h/j, 5 j/sem, 13 sem) au NC position par inhalation est associée
tissent majoritairement au niveau Printex® 90 (P90, noir de fourneau) à une translocation faible pour
alvéolaire, avec un pic de dépôt à 0, 1, 7 ou 50 mg/m3 (14 nm ; Dae 1 1. Dae (diamètre les NM pratiquement insolubles
entre 50 et 60 % pour les particules agrégats 1,2-2,4 μm ; 300 m2/g). Les aérodynamique comme l'iridium, le NC, l'or et le
équivalent) :
de 10-20 nm. Les études de toxico- demi-vies de rétention des parti- polystyrène (0,0001 à 1 % de la dose
diamètre
cinétique chez l’animal exposé par cules indiquées pour le rat, recalcu- d’une particule totale sur 24 h chez la souris).
inhalation ne sont pas exactement lées à partir des données de Elder et sphérique et de Chez l’homme, les études d’expo-
transposables à l’homme du fait de al. [9], ont été publiées par Pauluhn densité 1 g/cm3, sition contrôlées indiquent que la
différences de géométrie de l’arbre et al. [10, 11] : 107 j (1 mg/m3), 329 j ayant la même fraction de nanoparticules trans-
vitesse de chute
trachéo-bronchique et de localisa- (7 mg/m3) et 667 j (50 mg/m3) res- loquées serait inférieure à 1 % en
dans l’air que
tion d’impaction des particules [6] pectivement. La demi-vie norma- la particule masse de la dose délivrée aux pou-
mais aussi leur devenir au niveau lement admise pour les particules concernée. mons [15]. À titre d’exemple, dans
alvéolaire [7]. faiblement toxiques, faiblement l’étude d’exposition contrôlée chez
> STATISTIQUES RÉSUMÉES DES DONNÉES DE CONCENTRATIONS ATMOSPHÉRIQUES EN NOIR DE CARBONE (NC)
CONTENUES DANS LA BASE DE DONNÉES COLCHIC (1994-2018) EN FONCTION DE LA TÂCHE (lorsque le nombre de
mesures est inférieur à 10, seuls le minimum et le maximum sont renseignés).
Effectif Ecart- 1er 3e
Tâche (nom) Moyenne Médiane Minimum Maximum
total (2013B) type quartile quartile
TOTAL 266 (217) 1,56 0,60 3,37 0,01 33,73 0,15 1,56
Conduite et surveillance d'installa-
47 (44) 2,93 0,92 6,50 0,01 33,73 0,35 2,35
tions d'ensachage
Ensachage (y compris le conditionne-
13 (13) 1,97 1,63 1,30 0,52 4,41 1,19 2,97
ment en caisses, big-bags...)
Ensachage manuel 4 (4) 0,06 0,22
Magasinage manuel (chargement,
20 (20) 1,78 0,73 2,39 0,13 9,09 0,19 2,07
déchargement, empilage…)
Opérations de chargement/décharge-
137 (136) 1,11 0,45 1,75 0,09 10,80 0,12 1,30
ment de silos et trémies
Chargement, déchargement (silos/
5* 0,15 3,40
trémies, big-bags…)
Conduite et surveillance de machines
d'impression offset et imprimeries 8 0,01 3,20
autres tâches n.c.a
Conduite et surveillance de mélan-
9 0,11 3,00
geurs
Dépose de matériaux ou de produits
3 0,04 0,04
isolants
Opérations de dépotage (camions,
3 1,42 18,08
citernes, wagons, bateaux...)
Application par pulvérisation pneu-
2 0,52 2,17
matique
Conduite et surveillance d'installa-
1 0,39 0,39
tions de broyage et de tri
Pesage, dosage manuel 1 0,66 0,66
Autres travaux de préparation
4 0,02 0,10
mécanique des surfaces
Réparation, maintenance, contrôle
1 2,07 2,07
sur site
Travail dans des locaux à pollution
non spécifique (bureaux, salles de 1 0,25 0,25
réunion)
Travaux particuliers : autres tâches
5 0,10 7,10
non codifiées par ailleurs
Usinage par déformation de la
matière : presses à forger, estampage, 2 0,31 1,01
roulage, cintrage, étirage, pliage...
* À partir de cet item, les activités n'étant pas dans le code NAF 2013B, il n’y a aucune mesure pour ce dernier.
,Tableau IV
> PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DES NOIRS DE CARBONE COMMERCIALISÉS ET AYANT FAIT L’OBJET
D’ÉTUDES CITÉES DANS L’ARTICLE
Diamètre moyen des particules Surface spécifique
Nom commercial Type de noir de carbone
primaires (nm) (m2/g)
Printex® 90 Noir de fourneau 12 à 16 254 à 337
Huber® 990 Noir thermique 260 8
Monarch® 880 Noir de fourneau 16 220
Elftex® 12 Noir de fourneau 37 43
Flammruss® 101 Noir de fumée 95 20
l’homme, de Wiebert et al. [16] : la lésions cellulaires, une prolifération cueillies immédiatement, 16 et 48h
clairance pulmonaire et la translo- cellulaire, une fibrose, l’induction de après l'exposition. Le P90 ultrafin
cation vers la circulation sanguine mutations et le cancer. Étant donné a provoqué une augmentation du
de particules de carbone de 35 nm que nombre de ces étapes se pro- nombre total de leucocytes dans
radiomarquées au technétium 99 duisent également chez les travail- le liquide de lavage bronchoalvéo-
métastable (99mTc) ont été suivies leurs dans des environnements em- laire (LLBA). Ainsi, une exposition
pendant 24h chez 15 sujets (neuf poussiérés, les données sur le cancer unique de 7 heures, qui entraîne-
en bonne santé et quatre asthma- chez les animaux dont la clairance rait selon les auteurs un dépôt de
tiques). Aucune différence signifi- alvéolaire est altérée ont été consi- seulement 3,9 μg dans le poumon
cative n’a pu être objectivée entre dérées comme pertinentes pour les profond, était responsable d’une
les sujets sains et asthmatiques. La humains. En outre, une diminution inflammation pulmonaire mo-
rétention de particules après 24h de la clairance pulmonaire chez les deste mais détectable, contraire-
était supérieure à 95 % et la trans- rongeurs exposés à des particules ment à une exposition similaire au
location inférieure à 1 %. ultrafines se produit à des concen- NC fin. Une leucocytose sanguine
Les données actuelles précisent trations de masse beaucoup plus a également été détectée chez les
donc qu’après inhalation, la trans- faibles qu'avec des particules fines, rats exposés au P90, suggérant
location de particules virtuelle- ce qui ajoute à la pertinence hu- qu'une inflammation locale stimu-
ment insolubles telles que le NC maine. lait la libération de granulocytes
est faible mais pourrait s’avérer Gallagher et al. [18] ont exposé des par la moelle osseuse.
significative en cas d’exposition rats Fischer 344 par inhalation sub- Par instillation intratrachéale, Chen
chronique (risque d’accumulation chronique (6 h/j, 5 j/sem, 13 sem) à et al. [20] ont exposé des souris
dans certains organes) ou d’inflam- du Printex® 90 (1, 7 ou 50 mg/m3 ; C57BL/6 à 20 μg de NC ultrafin (7-
mation. En effet, les preuves expé- 16 nm, surface spécifique 300 m2/g). 12 nm, agglomérats moyen 190 nm).
rimentales disponibles indiquent Les résultats de cette étude corro- La très grande surface spécifique
que la translocation systémique ne borent l'hypothèse de mécanisme (800 m2/g) induisant une forte
se produit pas de manière appré- concernant les particules ultrafines inflammation confirme l’impor-
ciable à des niveaux d’exposition de faible toxicité selon laquelle tance du paramètre surface dans
non inflammatoires [17]. La litté- les dommages oxydatifs de l'ADN l’évaluation du potentiel inflam-
rature recense différents effets dans les poumons de rat pourraient matoire des particules nanostruc-
toxicologiques après translocation jouer un rôle dans l'effet tumori- turées. Selon les résultats de cette
pulmonaire des nanoparticules : gène, en raison notamment de leur étude, les macrophages alvéolaires
stress oxydatif, inflammation, cy- importante surface spécifique et ne seraient pas impliqués dans l’ini-
totoxicité et dysfonctionnement non de la masse des particules. La tiation de la réponse inflammatoire
des processus cellulaires et physio- cancérogenèse induite chez le rat alors que les cellules épithéliales al-
logiques. par les particules nanostructurées véolaires de type II (ATII), qui indui-
de faible toxicité présenterait ainsi saient une forte et précoce expres-
MÉCANISME DE TOXICITÉ un mécanisme en partie compa- sion de cytokines inflammatoires
Le Centre international de recherche rable à celui identifié pour les par- (chimioattractants neutrophiles),
sur le cancer (CIRC) [1] a noté que ticules fines de faible toxicité mais pourraient au contraire être le mo-
l'exposition prolongée aux parti- pour une exposition totale plus teur de l'inflammation neutrophile
cules inhalées à des concentrations faible. aiguë lors d'une exposition pulmo-
suffisamment élevées chez l’animal Dans l’étude de Gilmour et al. [19], naire au NC ultrafin.
pouvait altérer des mécanismes de des rats Wistar mâles ont été ex- La charge pulmonaire exprimée
clairance normale dans la région posés pendant 7 h par inhalation en fonction de la surface des parti-
alvéolaire du poumon, entraînant au NC fin (1,40 mg/m3 ; Huber® cules instillées semble être ainsi un
une accumulation continue de par- 990, 260 nm, diamètre médian en indicateur commun pour le seuil
ticules, des charges pulmonaires nombre (DMN) 268 nm) ou ultra- de surcharge susceptible d'être
excessives et une inflammation fin (1,66 mg/m3 ; NC P90, 14 nm, généralisé aux particules de faible
alvéolaire. Cette réponse inflam- DMN 114 nm). La concentration en toxicité [21].
matoire peut donner lieu à une nombre des particules du P90 était En résumé, selon Carter et al. [22],
augmentation de la génération plus de 10 fois supérieure à celle le modèle de réponse génotoxique
d'espèces réactives d'oxygène, des du Huber®. Les données ont été re- indirecte survient à des niveaux
inflammation provoquée par des talle et les rats développent des TOXICITÉ POUR LA
particules. tumeurs pulmonaires. REPRODUCTION
Il est habituellement considéré À titre d’exemple, le NC Elftex®12
que la génotoxicité secondaire (43 m2/g) a été administré chez le D’après les résultats des études
implique un seuil dont la valeur rat par inhalation chronique à 0, expérimentales sur les nanopar-
est estimée par le niveau d'exposi- 2,5 ou 6,5 mg/m3 (16 h/j, 5 j/sem, ticules (NP) insolubles, la translo-
tion qui déclenche l'inflammation 24 mois). Des augmentations cation des NP déposées dans les
et surcharge les capacités antioxy- significatives de l'incidence des poumons vers la circulation systé-
dantes et de réparation de l'ADN adénomes et adénocarcinomes mique est faible (< 1 % pour le NC)
dans les poumons. pulmonaires ont été observées à et la majorité des NP transférées
À titre d’exemple, l’étude sub- 2,5 et 6,5 mg/m3 chez les femelles s'accumulent dans des organes
chronique par inhalation menée et particulièrement à la plus forte cibles secondaires tels que le foie,
par Carter et al. [22] concluait sur concentration ; aucune augmen- la rate et le placenta. Des études
l’absence d’augmentation de la tation tumorale significative n'a montrent que la translocation des
fréquence de mutations (test Hprt été constatée chez les rats mâles NP insolubles à travers le placenta
des cellules du LLBA de rats, de [26]. Les auteurs estimaient une est très faible (0,005 à 0,018 %),
souris et de hamsters exposés à concentration minimale avec ef- d'où un transfert des particules
1 mg/m3, NOAEL basé sur l’absence fet (LOAEC) chez les rats des deux très limitée vers le fœtus [30]. Ainsi,
d’inflammation pulmonaire) sexes à 2,5 mg/m3 basée sur les l'exposition maternelle au NC peut
contrairement à l’exposition à données d’histopathologie. Il est potentiellement affecter le déve-
7 mg/m3. Des études ont aussi été très vraisemblable qu’à la concen- loppement du fœtus, aussi bien
réalisées par instillation intratra- tration 6,5 mg/m3, les rats aient été directement qu'indirectement. La
chéale démontrant des cassures en surcharge pulmonaire : le CIRC fertilité chez les femelles n'a été
de l’ADN des cellules du LLBA mais [1] considérait qu’une exposition à abordée dans aucune étude [27].
à des doses déclenchant un pro- 7,1 mg/m3 pendant seulement 13 La revue générale d’Ema et al.
cessus inflammatoire [29]. Par ail- semaines induisait une altération [31] fait état d’une atteinte de la
leurs, du P90 administré par aspi- de la clairance pulmonaire. spermatogénèse chez des souris
ration pharyngée (162 μg/souris) La cancérogénicité pulmonaire adultes après instillation intratra-
pouvait induire des dommages à du NC a été testée chez le rat et la chéale de P90 et Flammruss® 101.
l’ADN au niveau hépatique. ; ces souris, par inhalation et par voie Cette même publication rapporte,
effets ont été associés à la capacité intratrachéale. Le CSSC [27] et le également dans cette espèce, des
du Printex® d’induire des espèces CIRC [1] estiment que le NC peut effets sur le développement de la
réactives de l’oxygène. provoquer des tumeurs malignes descendance touchant plusieurs
chez les rats après une exposition organes ou fonctions dont le sys-
CANCÉROGÉNICITÉ par inhalation ou instillations tème immunitaire, le cerveau,
Le CIRC [1] estime que les études intratrachéales. Le CSSC [27] note le testicule et le rein. Des effets
de cancérogénicité in vivo chez le que les études par instillation sont génotoxiques et sur le comporte-
rat confirment l’hypothèse selon souvent positives du fait de forts ment sont notamment rapportés.
laquelle la génotoxicité secondaire dosages administrés aux animaux L'exposition maternelle aux parti-
du NC serait basée sur un méca- et ne peuvent pas être utilisées cules peut avoir des effets sur les
nisme de surcharge conduisant à pour la caractérisation quantita- lignées germinales des générations
la génération d'espèces réactives tive des risques liés à l'exposition suivantes, avec une sensibilité dif-
de l'oxygène à partir de cellules in- humaine par inhalation ; cepen- férente selon qu’il s’agit de mâles
flammatoires infiltrées, à l'oxyda- dant, ces études fournissent des ou de femelles. En particulier, dans
tion de bases d’ADN, à des cassures informations sur la capacité des plusieurs études réalisées par ins-
de l’ADN, à une peroxydation lipi- nanoparticules de NC à induire tillation intratrachéale chez des
dique, à la sécrétion de médiateurs des tumeurs. Les données issues souris gestantes, les petits mâles
inflammatoires (classement en 2B, des études de cancérogénicité présentaient une diminution de la
« L’agent est peut-être cancérogène chez l'animal ne permettent pas production journalière de sperme
pour l'homme »). Lorsque le seuil de de préciser une concentration et des modifications histopatholo-
surcharge pulmonaire est dépassé, seuil sans effet néfaste observable giques testiculaires (vacuolisation
une inflammation chronique s’ins- (NOAEC). des tubes séminifères et diminu-
des niveaux extrêmement élevés naire ont été observées chez les obstruction des petites voies aé-
d'exposition au NC. Des études mineurs. riennes chez les travailleurs expo-
réalisées dans cette industrie Plus récemment, l’étude chinoise sés au NC comparativement aux
aux États-Unis et en Europe occi- de Zhang et al. [37] a été réalisée sujets du groupe témoin [38]. Ces
dentale après la fin des années chez 81 travailleurs employés de- altérations fonctionnelles étaient
1970 ont montré que l'exposition puis au moins 1 an (en moyenne associées à des modifications des
moyenne géométrique person- 12,5 ans) dans un atelier de condi- taux sériques de 2 biomarqueurs
nelle à la poussière inhalable était tionnement de NC, afin d’évaluer précoces de toxicité pulmonaire :
inférieure à 5 mg/m3. Vers le milieu les effets du NC ultrafin (taille des une diminution des taux de pro-
des années 90, les niveaux géomé- particules unitaires comprise entre téine CC16 et une augmentation
triques moyens de poussières in- 30 et 50 nm ; 50,8 % des particules des taux de protéine SP-A.
halables et respirables étaient res- inférieures à 523 nm et 96,7 % infé- Une étude transversale iranienne
pectivement inférieurs à 2 mg/m3 rieures à 1 μm) sur la fonction pul- a été réalisée chez 72 travailleurs
et 0,5 mg/m3. L'exposition dans les monaire, comparativement à un exposés ou ayant été exposés au
industries utilisatrices est difficile groupe de 104 travailleurs non ex- NC dans une entreprise fabriquant
à évaluer en raison du manque de posés, issus d’une autre entreprise des pneus et des chambres à air, et
données et de l'exposition conco- de la ville. Chez les sujets exposés, le 69 employés de bureau en bonne
mitante à de nombreuses autres niveau d’exposition moyen évalué santé, non exposés et sélection-
particules, mais les niveaux d'ex- en fraction inhalable à l’aide de pré- nés au hasard [39]. Les niveaux
position sont supposés être plus lèvements individuels chez 15 vo- d'exposition aux poussières de
faibles, à l'exception peut-être lontaires était de 14,9 mg/m3. Tous NC inhalables et respirables ont
des travailleurs qui manipulaient les sujets du groupe exposé présen- été estimés à 6,2 ± 1,75 mg/m3
du NC. L'exposition au NC ne se taient une toux et/ou une expec- et 2,3 ± 0,29 mg/m3 respective-
produit pas lors de l'utilisation de toration chronique sans anomalie ment (moyenne ± écart-type). Les
produits dans lesquels le NC est lié particulière sur les radiographies symptômes respiratoires tels que
à d'autres matériaux, tels que le de thorax standards. Après ajus- toux régulière, expectorations, res-
caoutchouc, les encres d'imprime- tement sur l’âge, l’index de masse piration sifflante et essoufflement
rie ou les peintures. corporelle, le statut tabagique et la étaient significativement plus fré-
consommation de boissons alcoo- quents chez les travailleurs expo-
EFFETS RESPIRATOIRES HORS lisées, une altération significative sés. En outre, des diminutions signi-
CANCERS de différents paramètres fonction- ficatives de certains paramètres de
Parmi les effets respiratoires non nels respiratoires, en faveur d’une la fonction pulmonaire, évocatrices
cancérogènes chez les travailleurs obstruction bronchique, a été mise d’un trouble ventilatoire restrictif,
expertisés par le CIRC [1] figurent en évidence chez les travailleurs étaient observées entre le début
la toux, la production d'expecto- exposés au NC, comparativement et la fin du poste de travail chez les
rations, la bronchite, les opacités aux sujets du groupe témoin. Ces travailleurs exposés.
radiographiques thoraciques (par altérations fonctionnelles étaient
exemple, la pneumoconiose) et la associées à des modifications des CANCÉROGÉNICITÉ
diminution de la fonction pulmo- taux sériques de diverses cytokines Dans sa dernière évaluation datant
naire. Les asthmatiques présen- pro-inflammatoires (IL-1`, IL-6, IL-8, de 2010, le CIRC a classé les NC dans
taient un dépôt total plus élevé de MIP-1`, TNF-_). le groupe 2B, peut-être cancéro-
particules de carbone ultrafines L’actualisation de cette étude par gènes pour l’homme, en raison de
dans les voies respiratoires par Yang et al. [38] et son extension à preuves suffisantes de cancéro-
rapport aux individus en bonne 99 travailleurs exposés (médiane 9 génicité chez l’animal, mais ina-
santé. La quantité de NC déposée ans) et 115 non exposés ont permis déquates chez l’homme [1]. Chez
peut également croître avec l’aug- de mettre en évidence, après ajus- l’homme, les données les plus infor-
mentation du volume minute, par tement sur l’âge, l’index de masse matives sont celles qui sont issues
exemple chez les personnes qui corporelle, le statut tabagique et la des études de cohortes réalisées
font de l’exercice ou lors de lourdes consommation de boissons alcoo- dans le secteur de la production de
charges de travail. Des charges lisées, une altération significative noir de carbone en Allemagne, au
pulmonaires massives et une di- de différents paramètres fonction- Royaume-Uni et aux États-Unis. Les
minution de la clairance pulmo- nels respiratoires en faveur d’une deux études menées en Allemagne
de mortalité n’a été mis en évi- Chaque sujet, sain ou légèrement sujets sains ayant inhalé 25 μg/m3
dence pour les 3 causes de décès asthmatique, a été exposé à de l’air de particules de carbone ultrafines,
considérées (maladies cardiaques, filtré et à un aérosol de carbone ultra- une baisse du taux de monocytes
cardiopathies ischémiques, infarc- fin (diamètre médian en nombre = et une activation des lymphocytes
tus du myocarde) [45]. 23 - 28 nm) pendant 2 heures avec T, une réduction dose-dépendante
Une étude épidémiologique trans- 2 à 3 semaines de repos entre deux de l’expression de la molécule
versale réalisée en Chine chez 106 séances d’exposition. Les sujets sains d’adhésion ICAM-1 sur les mono-
employés travaillant sur une chaîne ont été exposés à 10, 25 et 50 μg/m3 cytes, ainsi qu’une réduction tran-
de conditionnement d’une usine de et les asthmatiques à 10 μg/m3. sitoire du tonus parasympathique
production de NC (particules uni- Aucune différence n’a été montrée et des troubles de la repolarisation
taires de 30 à 50 nm de diamètre chez les sujets sains ou asthma- à l’électrocardiogramme étaient
associées à des agglomérats de 200 tiques exposés à 10 ou 25 μg/m3 constatés. Chez les sujets asthma-
à 400 nm) et 112 sujets témoins non pour les paramètres de la fonction tiques, l’inhalation de 10 μg/m3 de
exposés appariés sur le sexe, l’âge pulmonaire ou d’inflammation des particules de carbone ultrafines
et le statut tabagique. L’évaluation voies respiratoires. En revanche, les était associée à une baisse des taux
de l’exposition était réalisée à l’aide auteurs ont observé, 21 heures après sanguins d’éosinophiles et de lym-
de prélèvements individuels sur les l’exposition de sujets sains à la plus phocytes T CD4+, à une réduction
travailleurs. Chez les travailleurs haute concentration de 50 μg/m3, de l’expression du cluster de diffé-
employés sur la chaîne de condi- une réduction du débit expiratoire renciation CD11b sur les monocytes
tionnement, les niveaux d’exposi- maximal médian (témoin d’une et les éosinophiles, à une baisse de
tion aux particules dont le diamètre légère résistance des petites voies l’expression de la molécule d’adhé-
est inférieur à 2,5 μm (PM2,5), car- aériennes) et de la capacité de dif- sion ICAM-1 sur les polynucléaires
bone total et carbone élémentaire, fusion du monoxyde de carbone. neutrophiles, ainsi qu’à une at-
étaient respectivement de 800, 696 Ces réductions étaient temporaires teinte de la variabilité de la repola-
et 657 μg/m3 (vs 71, 42 et 4 μg/m3 et réversibles, puisqu’elles n’étaient risation à l’ECG. Aucun effet signifi-
respectivement chez les témoins). plus observées lors des tests effec- catif n’était constaté en termes de
Après ajustement sur le tabagisme, tués 45 heures après l’exposition. symptomatologie, de fonction pul-
une augmentation statistiquement Une autre étude en conditions monaire, de marqueurs d’inflam-
significative du taux d’éosinophiles d’exposition contrôlée a été réali- mation des voies aériennes et de
circulants a été mise en évidence sée chez des volontaires sains et marqueurs solubles d’inflamma-
chez les sujets exposés compara- des sujets asthmatiques afin d’éva- tion systémique et de coagulation.
tivement aux sujets du groupe té- luer l’impact de l’inhalation de Une étude complémentaire a été ré-
moin [46]. particules de carbone élémentaire alisée par la même équipe selon un
ultrafines en termes d’inflamma- protocole comparable, à l’exception
ÉTUDES SUR LES PARTICULES tions pulmonaire et systémique du fait qu’un groupe supplémen-
DE CARBONE ULTRAFINES [48]. Le protocole de l’étude consis- taire avait été ajouté, comprenant
EN CONDITIONS tait à exposer 12 volontaires sains 16 sujets exposés lors d’un exercice
EXPÉRIMENTALES au repos à de l’air ou à 10 μg/m3 de intermittent à de l’air ou à 50 μg/m3
CONTRÔLÉES particules de carbone ultrafines, 12 de particules de carbone ultrafines,
Plusieurs études ont été réalisées volontaires sains pendant un exer- afin d’évaluer l’impact de l’exposi-
aux États-Unis par différentes cice physique à de l’air ou à 10 et tion aux particules de carbone ultra-
équipes, consistant à évaluer les 25 μg/m3 de particules de carbone fines sur l’expression des molécules
effets potentiels de l’inhalation de ultrafines et enfin, 16 volontaires d’adhésion à la surface des leuco-
faibles doses de particules de car- asthmatiques pendant un exercice cytes circulants [49]. Chez les sujets
bone ultrafin chez des sujets sains, physique à de l’air ou à 10 μg/m3 sains exposés à l’effort, une réduc-
asthmatiques ou diabétiques. de particules de carbone ultra- tion de l’expression des molécules
Une série de 4 études randomisées fines. La durée de chaque exposi- d’adhésion CD54 et CD18 était mise
en double aveugle a été réalisée par tion était de 2 heures et l’intervalle en évidence sur les monocytes ainsi
une même équipe, afin d’évaluer entre chaque exposition de 2 à 3 que des molécules CD18 et CD49d
l’effet d’un aérosol de particules de semaines. Aucun effet significa- sur les granulocytes. Il y avait éga-
carbone ultrafin sur la fonction et tif n’a été observé au repos chez lement une réduction dose-dépen-
l’inflammation pulmonaires [47]. les sujets sains. À l’effort, chez les dante des taux de monocytes, baso-
apte à prélever la fraction alvéolaire est porté à des paliers de tempéra- de la fraction alvéolaire. Le dosage
de l’aérosol comme, par exemple, le ture successifs jusqu’à 980 °C, sous repose sur la mesure de l’atténua-
sélecteur cyclonique, dit « cyclone », une atmosphère inerte puis oxy- tion, due à l’absorption par les parti-
de type Dorr-Oliver, Higgins-Dewell, dante. Sous atmosphère inerte, le cules de carbone-suie collectées sur
GK 2.69 ou tout autre dispositif [54]. carbone élémentaire est thermique- une membrane téflon, de l’intensité
Dans ce dispositif, les particules pé- ment stable et seuls les composés d’un faisceau infra-rouge à la lon-
nètrent de façon tangentielle pour organiques sont volatilisés, oxydés gueur d’onde de 880 nm. Assez sé-
subir un mouvement circulaire. Les par catalyse en dioxyde de carbone lectif, il comptabilise l’ensemble des
grosses particules, de grande iner- et dosés en coulométrie ou après particules issues de combustions
tie, sont entraînées sur la périphérie réduction en méthane par détec- renfermant un noyau de carbone
interne du cyclone par la force cen- tion spectrométrique. Le carbone élémentaire. En théorie, la concen-
trifuge ; les fines particules, de plus résiduel sur le filtre correspond au tration en carbone-suie donnée par
faible inertie, s’éloignent moins de carbone élémentaire qui, à haute l’aéthalomètre n’est pas rigoureu-
l'axe du cyclone et sont entraînées température et en présence d’oxy- sement équivalente à la concen-
par un vortex ascendant vers une gène, s’oxyde en dioxyde de carbone tration en carbone élémentaire, les
sortie axiale en partie supérieure du qui sera détecté et dosé. Par un suivi coefficients d’adsorption des deux
cyclone où elles sont collectées dans laser de la variation des propriétés substances diffèrent légèrement,
une cassette porte-filtre. La sensibi- optiques de la surface du filtre, la mais les deux valeurs sont proches.
lité de la méthode peut être nota- version thermo-optique de cet ana-
blement augmentée en utilisant lyseur, postérieure à la version ther- Ces méthodes, en différé ou en
un dispositif de prélèvement de la mique, permet de différencier plus temps réel, gravimétrique ou de
fraction alvéolaire fonctionnant à finement la fraction organique de quantification du carbone élémen-
un débit élevé (> 4 L/min). la fraction élémentaire du carbone. taire, ne sont fiables que si l’utilisa-
Pour l’analyse, si les nanoparticules Dans la mesure où les nanoparti- teur s’est assuré de la nature nano-
de NC forment l’unique source d’ex- cules de NC sont essentiellement métrique de l’aérosol carboné et du
position et qu’aucun autre aérosol formées de carbone élémentaire caractère mono-pollué de l’atmos-
n’est susceptible d’être présent, la ([Célém.] > 97 %) et ne contiennent phère. Il est primordial de distin-
gravimétrie peut être utilisée. Une que de faibles quantités de carbone guer l’aérosol cible, les nanoparti-
membrane, généralement en PVC, organique, les méthodes thermique cules de NC, des autres aérosols qui
disposée dans le porte-filtre des et thermo-optique peuvent être uti- peuvent le masquer [58] :
cyclones, collecte les particules ; la lisées sans biais important. O aérosols carbonés, nano ou micro-
différence de masse entre la mem- métriques générés conjointement
brane pesée au laboratoire avant et MESURE EN TEMPS RÉEL dans le procédé industriel, pour
après le prélèvement, rapportée au Combinant la détermination de la l’élaboration de matériaux compo-
volume d’air prélevé, permet de cal- nature chimique de la particule et la sites, résines, agents de réticulation,
culer la concentration massique des mesure en temps réel, l’évaluation huiles, élastomère, pigments… ;
particules [55]. de l’exposition peut être menée avec O « aérosol de fond » provenant de
Une autre méthode est utilisée par un micro-aéthalomètre, appareil sources anthropogéniques ou na-
de nombreux organismes sur la conçu pour la mesure de la concen- turelles telles les particules fines
base du dosage spécifique du car- tration des particules de suies dans d’émissions diesel, de chauffages
bone élémentaire [56, 57]. La collecte l’air. De petites dimensions, léger et domestiques...
des particules, dans un cyclone ou autonome, le micro-aéthalomètre a En cas de doute, pour estimer les
sur le plateau d’un impacteur, est été développé pour être porté dans biais dus aux interférents, le Natio-
réalisée sur un filtre en fibre de la sphère respiratoire du salarié. Il nal Institute for Occupational Safety
quartz, préalablement décarboné renferme une pompe qui prélève and Health (NIOSH) préconise la
par chauffage pendant 48h à haute l’atmosphère à un débit compris réalisation de prélèvements en
température (> 450 °C). Après prélè- entre 50 et 150 mL/min et peut être extérieur, pour évaluer le fond en
vement, la masse de carbone dans équipé d’un mini cyclone dont le particules carbonées, et dans un
les particules collectées est quan- diamètre de coupure (correspon- local non suspecté d’être pollué
tifiée à l’aide d’un analyseur spé- dant à une probabilité de collecte de par les nanoparticules de NC mais
cifique du carbone, thermique ou 50 %) de 2,5 μm échantillonne une proche de celui où évolue le salarié
thermo-optique. Le filtre de collecte fraction granulométrique proche dont on désire évaluer l’exposition
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en
résumé
L’
à des horaires flexibles, choisis
par les salariés et appelés
« longs horaires de travail ».
Des effets cardiovasculaires et
sur la santé mentale semblent organisation des ho- Cependant, d’autres organisations
être plus souvent rencontrés raires de travail dans les pays oc- horaires existent et sont de plus en
chez ces salariés. Cependant, cidentaux répond à une norme so- plus répandues. EUROSTAT, l’orga-
des travaux supplémentaires ciale majoritairement répandue. nisme communautaire de statis-
doivent être menés pour De façon habituelle, la semaine tiques, publie, depuis 2011, les pour-
confirmer ces éléments, de travail standard se déroule centages de personnes actives qui
notamment en s’affranchissant du lundi au vendredi pendant ont des horaires atypiques. En 2018,
du travail de nuit. Des mesures cinq jours consécutifs et les sala- 38,1 % de la population active euro-
de prévention pourront alors riés travaillent en journée avec péenne (Europe des 15) travaillaient
être plus facilement dégagées une pause méridienne, selon des selon ce type d’horaires. En France,
et proposées pour limiter horaires prévus à l’avance et qui la proportion était de 35,5 % [1].
les impacts sur la santé. ne varient pas (8 heures par jour, Ces horaires atypiques peuvent
entre 5 et 23 heures). être définis comme toute « forme
> CONTRAINTES D’HORAIRES DES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE SALARIÉS (en pourcentage) [7]
“Horaires
“Horaires “Horaires “Horaires “Horaires
“Horaires variables
Catégories de salariés décalés décalés longs et à temps Ensemble
normaux” au cours de
habituels” occasionnels” flexibles” partiel”
l’année”
Durée hebdomadaire de 40 heures ou
21,5 29,8 26,5 22,6 74,2 1,8 25,2
plus
Dépassements d’horaires fréquents sans
14,3 21,8 11,9 14,4 55,7 12,4 19,1
compensation
Reçoit des appels professionnels hors du
8,6 12,3 14,3 3,6 31,7 11,4 12,2
temps de travail
Soumis à des astreintes 9,1 10,5 14,1 2,1 22,3 3,8 9,8
Emporte du travail chez soi 3,6 14,4 9,3 7,2 32,7 7,9 10,0
Commence le travail avant 7 heures 12,4 20,6 17,3 14,3 2,8 4,0 12,7
Termine le travail après 20 heures 4,5 14,1 2,4 0,9 11,3 8,0 7,2
Travaille habituellement la nuit 4,6 22,3 5,0 4,0 1,3 2,9 7,3
Travaille occasionnellement la nuit 3,8 7,9 29,3 3,2 13,6 2,8 7,9
Travaille habituellement le samedi 6,5 96,8 0,0 4,7 1,3 30,3 26,6
Travaille occasionnellement le samedi 7,6 0,3 98,6 27,7 44,4 13,8 21,4
Travaille habituellement le dimanche 0,4 48,8 0,0 2,2 0,7 12,4 11,9
Travaille occasionnellement le dimanche 2,5 13,9 59,9 8,7 24,1 10,3 14,3
Ne connaît pas ses horaires pour la
9,4 8,4 10,6 3,6 25,1 9,7 10,3
semaine à venir
Horaires fixés par l’entreprise 69,6 81,5 74,7 73,1 4,4 64,0 65,4
Horaires libres 2,7 7,5 4,9 1,8 73,9 12,6 12,3
Modulation de la durée du travail 9,4 24,0 17,5 99,9 31,2 24,7 23,9
ENSEMBLE 37,1 19,1 10,2 6,7 9,5 17,5 100,0
Champ : salariés.
Lecture : 21,5 % des salariés de la catégorie « horaires normaux » ont une durée du travail supérieure à 40 heures hebdomadaires.
Source : enquête Conditions de travail 2005, INSEE-DARES.
« deux fois douze heures », le temps de permettre une meilleure conci- les années de publication. Les ar-
de travail est concentré sur seule- liation vie personnelle-vie profes- ticles ont été trouvés à partir des
ment quelques jours, ce qui permet sionnelle. bases de données Pubmed et INRS
ensuite d’avoir plusieurs jours de biblio, interrogées sur la base d’une
repos et de gagner du temps libre, liste de mots clés en anglais et en
pouvant être mis à profit pour français. Cette liste, initialement
l’organisation de la vie familiale et REVUE DE LA LITTÉRATURE importante, a été affinée par des
sociale, et simplifier la gestion des mots et expressions associés, pro-
contraintes de la vie quotidienne. MÉTHODOLOGIE posés dans les premiers résultats
De plus, ces postes en horaires Le travail de recherche bibliogra- trouvés et semblant les plus perti-
longs peuvent présenter des avan- phique a consisté à recenser les ar- nents. Ainsi, les termes « overtime
tages financiers avec des salaires ticles traitant de l’exposition à ces work », « long working hours »,
plus élevés par rapport à ceux obte- horaires longs et de leurs effets sur « long hours », « extended hours »,
nus dans des postes aux horaires la santé. Puis une analyse des diffé- « extended work », ont été particu-
standards. Quand ces horaires sont rents documents trouvés a été réa- lièrement retenus.
pratiqués dans le cadre de « débor- lisée pour aboutir à une synthèse Cette première phase de recherche
dements » des horaires prévus par de leurs résultats. a ensuite été complétée à partir
choix propres des salariés, c’est en La recherche bibliographique a d’articles trouvés par une veille
général pour permettre une meil- porté sur la littérature scientifique bibliographique réalisée dans le
leure auto régulation de la charge internationale au travers d’études département Études et assistance
de travail et une certaine flexibilité expérimentales et surtout épidé- médicales de l’INRS depuis janvier
avec, comme argument principal, miologiques, sans limitation sur 2018, portant également sur la
littérature internationale, et effec- psychiques, mais que des études heures de travail ont été étudiées.
tuée à partir de Pubmed essen- complémentaires devaient être réa- Au Japon, en 2009, une étude a
tiellement. Les derniers articles lisées pour caractériser les risques été réalisée dans une population
sélectionnés remontent au dernier de cette exposition. En effet, peu d’ouvriers afin de rechercher une
trimestre 2019. d’études spécifiques portaient sur association entre le fait de travail-
Les articles trouvés ont ensuite été ces horaires alors que celles sur le ler plus de 10 heures par jour et
sélectionnés à partir de leurs titres travail de nuit et le travail posté d’avoir un syndrome métabolique.
et résumés. Et, dans un second étaient nombreuses [9]. Neuf cents trente-trois ouvriers de
temps, les articles retenus ont été A contrario, dans les pays d’Asie sexe masculin ont répondu à un
analysés et synthétisés pour être du Sud-Est, ces horaires longs et questionnaire et ont eu un bilan de
intégrés au travail de revue de la leurs effets étaient étudiés depuis santé pour dépister un syndrome
littérature. plusieurs années. En effet, cette métabolique. Les résultats ont mis
Il a été constaté que les différents organisation horaire y est très fré- en évidence une augmentation du
documents sélectionnés (articles quente et est suspectée être à l’ori- risque de syndrome métabolique
scientifiques, rapports d’expertises, gine de Karoshi. Ce syndrome se (odds ratio [OR] : 2,32) chez ceux tra-
revues de la littérature) souffraient traduit par des morts subites pour vaillant plus de 10 heures par jour
fréquemment d’une faiblesse mé- lesquelles des études ont montré (même quand ils n’étaient pas en
thodologique quant à la caractéri- que plus de 60 % étaient dues à des travail posté en équipe). Ce résultat
sation de l’exposition à ces horaires accidents vasculaires cérébraux était augmenté (OR : 3,14) quand ils
longs. En effet, dans la grande ma- (AVC) (hémorragies subarachnoï- avaient plus de 40 ans [12]. Cepen-
jorité des études, seule la durée du diennes et intracérébrales, infarc- dant d’autres travaux viennent
temps de travail hebdomadaire est tus intracérébraux) et que seule- modérer ces résultats. En Corée,
précisée et les caractéristiques de ment 10 % étaient provoquées par la recherche de liens entre la pré-
ce temps de travail (en particulier des infarctus du myocarde [10, 11]. sence de syndrome métabolique et
la présence de travail de nuit, de Plus récemment, les recherches l’exposition à différents emplois du
travail décalé…) ne sont pas défi- bibliographiques montrent que le temps en horaires postés (horaires
nies. De plus, de nombreux effets travail en horaires longs semblerait de journée, 3*8 et 2*12) a montré
ou impacts sont parfois recherchés, être à l’origine d’autres effets sur que les salariés travaillant en deux
sans structuration logique, et la la santé : des troubles psychiques fois douze heures, donc également
présence de biais ne peut être tota- surtout, mais ils pourraient aussi la nuit, avaient aussi plus fréquem-
lement exclue. favoriser les addictions, d’autres ment un syndrome métabolique.
altérations de l’état de santé géné- L’attribution de la causalité du syn-
RÉSULTATS : LES EFFETS SUR ral, voire des anomalies lors de la drome métabolique au travail en
LA SANTÉ grossesse. horaires longs plutôt qu’au travail
de nuit y est donc moins évidente
GÉNÉRALITÉS DES EFFETS CARDIOVASCULAIRES [13]. En Espagne, une étude de co-
À la fin des années 1990 était CONNUS DEPUIS PLUSIEURS horte réalisée sur une population
proposé un projet de publication DÉCENNIES d’universitaires suivie pendant 8
d’une directive européenne sur Comme déjà évoqué précédem- ans environ, n’a pas pu mettre en
la limitation du temps de travail. ment, il semblerait que les horaires évidence de relation entre le syn-
Certains partis politiques et des longs aient un impact sur le sys- drome métabolique et le fait de
dirigeants de pays y étaient oppo- tème cardiovasculaire. Ces effets travailler plus de 40 heures par se-
sés en arguant de son inutilité. sont étudiés depuis une quaran- maine [14]. Au regard de ces contro-
Des chercheurs ont alors réalisé et taine d’années en Asie du Sud-Est verses, une méta-analyse, réalisée
publié une revue de la littérature et des travaux scientifiques se récemment en 2019, à partir de
relative aux effets sur la santé des poursuivent à la recherche de liens 259 articles, a montré que le fait de
horaires longs pour démontrer entre ces horaires longs, les effets travailler de longues heures était
que cette limitation était fondée. cardiovasculaires et également cer- corrélé de façon significative et pro-
Le travail réalisé a mis en évidence tains facteurs de risque spécifiques. portionnelle avec l’augmentation
qu’il existait des effets sur la santé C’est ainsi que les relations entre de l’indice de masse corporelle [15].
liés au travail en horaires longs, la présence d’un syndrome méta- D’autres études ont également
en particulier cardiovasculaires et bolique et la pratique de longues cherché à mettre en évidence le
facteurs de risque cumulés ont Ainsi, la recherche d’un impact sur D’autres auteurs ont recherché la
également été étudiés. Dans une la santé mentale de la pratique présence de symptômes de fatigue
cohorte coréenne de 11 602 indivi- d’horaires longs a été fréquem- chronique. En Corée, chez 238 opé-
dus pour laquelle les données ont ment investiguée. C’est le cas de rateurs masculins de trois entre-
été recueillies durant 9 ans (2007- l’étude australienne réalisée entre prises du secteur de l’électronique,
2016), il a été mis en évidence une 2001 et 2012 au sein de la cohorte les salariés ont été interrogés à par-
augmentation de 4,1 % du risque HILDA (Household, Income and tir d’auto-questionnaires portants
cardiovasculaire pour les personnes Labour Dynamics in Australia, soit sur leurs horaires de travail (moins
qui travaillaient quotidiennement Ménages, revenus et dynamiques de 60 heures, entre 60 et 70 heures
10 heures ou plus et dont le revenu de travail en Australie). Cette co- et plus de 70 heures par semaine),
était élevé. Ce surcroît de risque horte est constituée d’une popu- leur état de santé (heures de som-
n’était pas retrouvé chez les per- lation de « ménages » australiens. meil, pratique d’exercice physique,
sonnes travaillant autant mais avec Chaque année, ont été recueillies consommation d’alcool, antécé-
un revenu plus faible. Ces résultats des données sur leur bien-être dents et problèmes médicaux, prise
ont permis aux auteurs de conclure économique et social, et sur leur de médicaments), leur fatigue sub-
que l’effet du niveau de revenu sur vécu professionnel et familial. Les jective (somnolence et léthargie,
le risque cardiovasculaire, et ce qu’il questions posées portaient sur la difficultés de concentration…) et
implique probablement au niveau durée des horaires de travail et dis- leur stress professionnel. Les résul-
psychosocial, était plus important tinguaient 5 catégories de salariés tats les plus significatifs ont trouvé
que l’exposition à des horaires longs selon qu’ils travaillaient moins de que la fatigue chronique était plus
[24]. Le travail en horaires longs 34 heures par semaine, entre 35 et fréquente quand les horaires de
pourrait également affecter les 40 heures, entre 41 et 48 heures, travail étaient longs (60 heures et
recours et les accès aux soins, ainsi entre 49 et 59 heures et plus de 60 entre 60 et 70 heures par semaine)
que l’état de santé général. Une heures hebdomadaires. Les per- et que l’auto-questionnaire peut
équipe de chercheurs coréens a mis sonnes répondaient également à permettre la détection précoce de
en évidence que le fait de travailler un questionnaire SF-36 (The Short la fatigue chronique lors de la pra-
plus de 60 heures par semaine pour Form (36) Health Survey, Question- tique d’horaires longs [28].
des salariés âgés de 20 à 54 ans était naire court d'étude de la santé per- De plus, la somnolence semble être
à l’origine d’accès aux soins non sa- çue) qui est un questionnaire stan- rencontrée chez les personnes qui
tisfaits et pouvait donc être préjudi- dardisé de mesure de l'état de santé ont de longs horaires de travail. Une
ciable à leur santé [25]. Toujours en global. Les résultats étaient rappor- étude réalisée récemment aux États-
Corée, une analyse des données de tés au temps travaillé et comparés Unis a mis en évidence de fortes
santé auto-déclarées de travailleurs à ceux obtenus par des salariés qui altérations des résultats de l’échelle
âgés de 25 à 64 ans, selon leur temps travaillaient une durée considérée d’Epworth (qui évalue la somno-
de travail hebdomadaire, a mis en comme référente (35 à 40 heures lence) chez des sages-femmes tra-
évidence un sur-risque « d’état de par semaine). Le statut du contrat vaillant plus de 12 heures par 24
santé altéré » chez les salariés qui de travail, le niveau de compé- heures. Les auteurs rapportent ce
travaillaient plus de 60 heures par tences, le genre et l’âge des parti- résultat principalement à la durée
semaine [26]. cipants étaient également pris en du poste, mais ne précisent pas la
Ces derniers résultats montrent compte. Les résultats de cette étude temporalité des postes (de nuit, de
que les effets sur la santé mentale ont montré que les groupes ayant jour ou les deux) [29].
et psychique de ces horaires sont les horaires hebdomadaires les Les horaires longs peuvent être
fréquemment rencontrés et d’im- plus longs (49 à 59 heures et plus également incriminés dans la sur-
portance. de 60 heures par semaine) avaient venue d’accidents, et en particulier
une santé mentale évaluée comme d’accidents de travail, du fait de la
EFFETS PSYCHIQUES, mauvaise au questionnaire SF-36, fatigue et des troubles cognitifs
PSYCHOLOGIQUES ET ADDICTIONS surtout chez les femmes qui tra- qu’ils semblent pouvoir engen-
Dans les enquêtes ou études por- vaillaient entre 49 et 59 heures par drer. Une étude cas-témoin réalisée
tant sur les horaires longs, les effets semaine. Cette altération de l’état en milieu hospitalier en Égypte a
sur la santé mentale et les troubles de santé mentale était également recherché le sur-risque de piqûres
psychiques sont fréquemment plus marquée quand le niveau de accidentelles avec une aiguille chez
retrouvés. qualification était élevé [27]. le personnel soignant, en lien avec
lement des effets sur la grossesse avec les performances des entre- nelles, peuvent rapidement avoir
et son déroulement. Quelques prises, pour permettre une meil- des temps de travail journaliers qui
travaux ont étudié ce risque. Aux leure adaptation aux contraintes dépassent les 10 heures.
États-Unis, une méta-analyse et horaires liées à l’activité, ou encore Historiquement, les effets sur la
une revue de la littérature récentes pour répondre à une demande de santé des horaires longs ont été
ont cherché à mettre en évidence flexibilité et à un désir de concilia- étudiés en Asie du Sud-Est et ce,
les impacts que pouvaient avoir tion vie personnelle-vie profession- devant l’existence de syndromes
respectivement le travail en ho- nelle de la part des salariés. de mort subite par surcharge de
raires postés ou en nuits fixes ou Parmi ces horaires atypiques, on travail liés à la culture du travail
en horaires longs sur le déroule- distingue les « horaires longs » excessif avec la pratique d’horaires
ment de la grossesse de salariées qui sont, par convention, caracté- de plus de 45 heures par semaine
exposées, comparativement à des risés par une durée hebdomadaire [3]. Dans les pays occidentaux, et
femmes enceintes travaillant selon de travail de 40 heures ou plus (et en particulier dans les pays scan-
des horaires dits « normaux ». Les limités à 48 heures en moyenne dinaves, avec l’extension du travail
femmes qui travaillaient plus de sur 7 jours par les directives euro- flexible, les recherches portant sur
40 heures par semaine avaient un péennes). Ces horaires longs sont leurs impacts sanitaires se sont
risque significatif de fausse couche, étudiés depuis plusieurs décennies également développées. Mais ces
d’accouchement prématuré, en Asie du Sud-Est car ils y sont très travaux se sont avérés compliqués
d’avoir un enfant de bas poids de répandus pour des raisons socio- à réaliser, et, en particulier, la carac-
naissance ou hypotrophique. Les culturelles. Ils commencent à l’être térisation de l’exposition à des ho-
résultats montraient également également dans les pays occiden- raires longs s’est avérée difficile. En
que le risque d’accouchement pré- taux du fait de leur expansion. effet, que ce soit au sein de la popu-
maturé était accru de 10 % quand On distingue deux grandes typolo- lation générale ou de populations
le temps de travail hebdomadaire gies : de travailleurs choisies pour les
dépassait 55 heures [39]. Les ho- O les « deux fois douze heures » études, les organisations horaires
raires de travail pourraient aussi appelés aussi « postes longs » qui en place sont souvent multiples
être à l’origine de cycles menstruels correspondent à des postes de jour et difficiles à répertorier. En parti-
irréguliers. En Corée, des liens entre et de nuit d’une durée de douze culier, les études recherchent très
les caractéristiques du travail (la heures, et qui sont fixés par une souvent l’exposition des salariés à
classification professionnelle, le organisation stricte du temps de des longs horaires hebdomadaires,
nombre d’heures travaillées, l’exis- travail. Ils sont imposés par l’orga- sans préciser s’il s’agit de travail de
tence de travail posté) et des cycles nisation du travail ; journée, de travail de nuit ou les
menstruels irréguliers ont été re- O les « longs horaires de travail » deux. Or la présence de travail de
cherchés, et le fait de travailler plus qui n’ont pas de cadre fixé, mais nuit est problématique car elle peut
de 60 heures par semaine semble qui sont des horaires flexibles liés influencer les résultats trouvés par
être un des facteurs de risque signi- aux habitudes et à la charge de ses effets propres sur l’horloge bio-
ficatif d’avoir des cycles menstruels travail des salariés. C’est le cas des logique et le rythme circadien.
irréguliers [40]. cadres qui les choisissent et les Cependant, et malgré ces difficul-
pratiquent sans que cela leur soit tés, des travaux scientifiques sont
imposé de façon formelle, afin de de plus en plus nombreux pour
gérer une meilleure conciliation essayer de mettre en évidence les
SYNTHÈSE entre leur vie personnelle et pro- effets sur la santé pouvant être
fessionnelle mais peut-être aussi attribués au travail en horaires
Les organisations de travail en pour « absorber » leur surcharge de longs. Les effets cardiovasculaires
horaires atypiques sont de plus travail éventuelle [7]. La pratique semblent maintenant bien établis
en plus fréquentes dans le monde de longs horaires par pluriactivité avec le Karoshi, l’accroissement du
du travail, dans tous les secteurs professionnelle peut également risque de maladie ischémique car-
d’activité. Les raisons de leur mise se concevoir dans ce groupe. En diovasculaire, et aussi la suspicion
en place sont plurifactorielles et effet, les personnes qui cumulent de perturbations métaboliques
semblent répondre à des motiva- plusieurs travails à temps partiels, rencontrées plus fréquemment.
tions variées : économiques en lien ou plusieurs activités profession- D’autres groupes de maladies
POINTS À RETENIR
Les organisations de travail en horaires atypiques sont de plus en plus
fréquentes.
Parmi ces derniers, on distingue les « horaires longs », par convention,
caractérisés par une durée hebdomadaire de travail de 40 heures ou plus.
Parmi les horaires longs, les « postes longs » sont imposés par
l’organisation du travail et correspondent à des postes de jour et de nuit
d’une durée de douze heures ; les « longs horaires de travail » sont des
horaires flexibles choisis par les salariés.
Les effets cardiovasculaires des horaires longs sont connus depuis plusieurs
années ; d’autres effets sur la santé sont en cours de caractérisation.
Le travail de recherche doit se poursuivre afin de mieux caractériser
l’exposition et évaluer les effets du travail lors d’une exposition aux seuls
horaires longs, sans exposition au travail de nuit.
Des conseils de prévention sur l’organisation du travail en horaires longs
pourront alors être proposés et mis en pratique pour limiter leurs impacts sur
la santé.
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Évaluation de l’impact
psychologique du télétravail
AUTEURS :
J.H. Planchard, Z. Velagic, Centre hospitalier universitaire (CHU), Nice
en
résumé
L
Le service de Médecine et MOTS CLÉS
Conditions
santé au travail du Centre
de travail /
hospitalier universitaire de Organisation du
Nice a conduit une étude travail / Risque
qualitative sur les effets psychosocial / e télétravail est défini Dans ce contexte, le service Qualité
du télétravail auprès de RPS / Surveillance dans l’article L. 1222-9 du Code de vie au travail (QVT) de la direc-
médicale / Suivi
dix agents après six mois du travail comme « toute forme tion des ressources humaines du
médical
d’expérimentation. Ont été d'organisation du travail dans Centre hospitalier universitaire
retrouvées une amélioration laquelle un travail qui aurait éga- (CHU) de Nice a créé, en avril 2017
de la qualité de vie et la lement pu être exécuté dans les et en collaboration avec le service
diminution de la sensation locaux de l'employeur est effectué autonome de Médecine et santé au
de stress. Cependant, une par un salarié hors de ces locaux travail (MeST), un groupe de travail
augmentation du temps de de façon volontaire en utilisant sur cette thématique. Dans le cadre
travail et une dégradation les technologies de l'information d’une démarche participative, en-
des relations avec le collectif et de la communication » (TIC). viron 30 salariés se sont réunis sept
de travail ont conduit à En France, faisant suite à l’accord fois entre le 23 mai 2017 et le 2 juil-
proposer une stratégie cadre européen de 2002 et à l’ac- let 2018 afin de le mettre en place
de prévention spécifique cord national interprofessionnel de au sein de l’établissement. Avant
pour ces travailleurs : 2005, le régime juridique du télé- le déploiement général prévu en
adaptation du suivi médical travail est inscrit dans le Code du 2019, une phase d’expérimenta-
avec guide d’entretien travail depuis 2012 et le statut et les tion, proposée uniquement aux
spécifique et élaboration droits du télétravailleur ainsi que agents ayant participé au groupe
de deux supports destinés les conditions de mise en place du de travail, a été conduite pour ajus-
aux agents télétravailleurs télétravail dans un établissement y ter leurs propositions.
et à leurs collègues. sont définis. Dans le secteur public, Les effets possibles du télétravail
la loi dite « Sauvadet » de 2012 et le en termes d’activité réelle de travail
décret du 11 février 2016 relatif aux et de santé sont peu connus. Il est
conditions et modalités de mise légitime de supposer qu’il apporte-
en œuvre du télétravail dans la rait de nombreux avantages à l’em-
fonction publique et la magistra- ployé et à l’employeur, notamment
ture fixent le cadre de la mise en sur les problématiques de santé et
place de cette forme d’organisa- QVT : limiter les déplacements et
tion, notamment pour la Fonction donc réduire la fatigue, le stress, les
publique hospitalière (FPH). accidents de trajet, limiter l’absen-
téisme, mieux concilier vie privée sion sur la vie privée, a été retrou-
et vie professionnelle, favoriser le vée chez 5 % des sujets. Les facteurs MATÉRIEL ET MÉTHODE
maintien dans l’emploi d’une per- les plus impactants en termes de
sonne en situation de handicap, risque d’excès de stress étaient le POPULATION
augmenter les capacités de concen- harcèlement (témoin ou victime), L’expérimentation a débuté le 9
tration et de productivité, donner les relations dégradées avec les col- avril 2018 et ne concernait que les
aux employés une plus grande lègues, le soutien des collègues et participants au groupe de travail
autonomie dans la réalisation des la perte de sens du travail [4]. Une mis en place par le service QVT.
activités. Toutefois, cette organi- étude américaine, publiée en 2016, Il fallait être volontaire, avoir au
sation du travail pourrait aussi portant sur l’intensité du télétravail, moins un an d’ancienneté, réaliser
présenter des effets négatifs pour montrait que ses effets bénéfiques des tâches éligibles au télétravail,
l’employeur, avec une éventuelle sur la santé suivent une relation en être dans un service qui pouvait
baisse de performance et, pour les U inversé : la pratique modérée du mettre en place le télétravail sans
télétravailleurs, avec possiblement télétravail offrirait le maximum de être désorganisé, disposer d’un
baisse de la qualité des relations, bénéfices pour la santé, compara- environnement propice au télétra-
isolement du collectif de travail, su- tivement à une très faible ou à une vail au domicile, avec une pièce ou
rengagement, inadaptation de l’en- très forte intensité. Les télétravail- une zone spécifique conforme aux
vironnement ou de l’équipement leurs seraient moins susceptibles normes d’hygiène et de sécurité.
de travail, empiètement des activi- de vivre des épisodes de dépression Les accords de l’agent, de son cadre
tés professionnelles sur les activités que les travailleurs traditionnels. et de la direction étaient néces-
familiales. Or, les effets des risques Par ailleurs, des effets potentiel- saires. L’ordinateur portable était
psychosociaux (RPS) liés à la situa- lement positifs du télétravail en fourni par l’hôpital.
tion de travail sur les maladies car- termes de réduction d’abus d’alcool, Les critères d’inclusion dans l’étude
diovasculaires, la santé mentale et de consommation de tabac, d’inacti- du MeST étaient de participer à
les troubles musculosquelettiques vité physique et d’obésité ont aussi l’expérimentation.
(TMS) sont connus [1]. En 2003, été montrés [5]. En 2007, une étude
Allen, Renn et Griffeth ont dévelop- publiée aux États-Unis montrait MÉTHODOLOGIE POUR LE
pé un modèle théorique selon le- que les effets positifs sur le stress et RECUEIL DES DONNÉES
quel le télétravail impacterait l’état la santé mentale des télétravailleurs Il s’agit d’une étude transversale
psychologique d’un individu à tra- reposeraient surtout sur la diminu- qualitative réalisée entre le 15 oc-
vers trois items : qualité de vie au tion des déplacements en automo- tobre et le 5 novembre 2018 dans
travail, relations interpersonnelles bile [6]. une population d’agents expéri-
au travail et conciliation entre vie De ce fait, le projet d’expérimenta- mentant le télétravail depuis au
privée et vie professionnelle [2]. Ce- tion du télétravail au CHU de Nice moins six mois.
pendant, la littérature fournit peu a amené le MeST à proposer une Parmi le large éventail de méthodes
de données sur l’impact psycholo- étude sur les effets du télétravail, de recherche qualitatives, la plupart
gique du télétravail. Les principaux notamment sur l’état psycholo- des publications décrivent l’utilisa-
effets positifs seraient une meil- gique des agents. L’objectif était tion des entretiens individuels et
leure qualité du travail, une aug- d’identifier des contraintes ou des entretiens de groupes. Dans
mentation de productivité et une des risques professionnels spéci- cette étude, afin de comprendre
meilleure qualité de vie person- fiques qui pourraient donner lieu les perceptions de chacun sans
nelle, avec moins de fatigue et de à des actions de prévention ciblées phénomène d’influence au sein du
stress [3]. En revanche, existerait un avant son déploiement général au groupe, la réalisation d’entretiens
paradoxe du télétravail avec aug- sein du CHU. Les objectifs secon- individuels a été choisie. Lors de ces
mentation du temps de travail et daires étaient de mieux connaître entretiens, chaque télétravailleur
de la charge de travail ressentie [3]. les motivations des agents pour ce a signé une note d’information et
Dans une étude récente, le niveau choix, de connaître leur perception un consentement éclairé pour la
de stress et les symptômes anxio- des risques professionnels en lien participation à l’étude et l’enregis-
dépressifs étaient diminués mais avec le télétravail et de détermi- trement numérique des entretiens.
certains salariés présentaient des ner les modalités de suivi de santé Ces entretiens ont été conduits par
effets contraires [4]. Une hausse du au travail spécifique à mettre en une interne en médecine du travail
temps de travail, voire une submer- œuvre. à l’aide d’un guide d’entretien.
Ils expliquaient que la journée de était meilleure à la maison car ils dix agents gardaient un contact ré-
travail démarre favorablement avec étaient moins dérangés et dans un gulier par courrier électronique ou
davantage de sommeil (trois fois) et environnement plus favorable. par téléphone avec leurs collègues
l’absence de trajet (cinq fois) et que et leur hiérarchie.
le travail est facilité car il y a moins CONDITIONS DE TRAVAIL
de sollicitations et d’interruptions DÉCRITES RELATIONS AVEC LA HIÉRARCHIE
par les collègues (quatre fois). Concernant l’organisation du temps Huit télétravailleurs disposaient
Quatre télétravailleurs relevaient de travail, cinq télétravailleurs décri- d’une forte latitude décisionnelle
également un côté potentiellement vaient des horaires de travail iden- dans leur travail quotidien. Pour
négatif du télétravail sur l'état psy- tiques en télétravail et à l’hôpital. six d’entre eux, le télétravail n'a
chologique. Trois télétravailleurs Ils respectaient les temps de pause pas changé leur relation avec la
évoquaient une augmentation de durant la journée, dont la pause mé- hiérarchie de proximité. Un agent
la charge de travail pouvant engen- ridienne. Les cinq autres télétravail- qui travaille avec plusieurs res-
drer un stress supplémentaire. Cette leurs signalaient qu'ils travaillaient ponsables rapportait que, d’une
situation était bien tolérée aux dires plus à la maison qu’à l'hôpital, trois manière générale, ses responsables
de deux d’entre eux. Le troisième té- d’entre eux respectant les mêmes trouvaient une plus-value dans le
létravailleur concerné précisait que horaires mais en étant plus rigou- télétravail sauf une personne qui
cette augmentation résultait d'un reux, en perdant moins de temps aurait tenu quelques réflexions
sentiment de culpabilité : se sentant à la maison, tout en respectant des négatives du fait du manque de
privilégié, il souhaitait compenser coupures. Les deux derniers aug- disponibilité physique à l'hôpital.
ce sentiment négatif en travaillant mentaient leur amplitude horaire Concernant spécifiquement l'auto-
davantage. Le quatrième sujet évo- et diminuaient leurs temps de nomie, elle était difficile à évaluer
quait un sentiment de mise à l’écart pauses, travaillant ainsi une heure car huit agents disposaient déjà
provoquée par la jalousie de ses col- et demi de plus qu’à l'hôpital. L’un d’une large latitude décisionnelle.
lègues ne bénéficiant pas de l’expé- d’eux faisait une coupure à midi de Les deux seuls télétravailleurs en-
rimentation. 45 minutes et l'autre ne prenait pas cadrés par une hiérarchie directe
Cinq télétravailleurs indiquaient, de pause méridienne. disaient ne pas avoir rencontré
en moyenne, une heure de som- Concernant l’environnement de de difficultés. Ils estimaient avoir
meil supplémentaire par rapport travail au domicile, huit télétravail- assez d'autonomie pour organiser
aux jours sans télétravail. leurs estimaient leur poste de tra- librement leur journée de télétra-
vail adapté et deux d’entre eux le vail et évoquaient la satisfaction,
QUALITÉ DU TRAVAIL trouvaient mieux qu’à l'hôpital. Ils en termes de qualité et de quan-
DÉCRITE avaient tous un poste dédié au télé- tité, de leur hiérarchie par rapport
Les télétravailleurs étaient una- travail. Cinq agents utilisaient un au télétravail. Ils insistaient sur la
nimes concernant l’amélioration bureau, trois agents une table dans relation de confiance, primordiale
de leur productivité. Six d’entre eux la salle à manger et deux agents selon eux.
estimaient effectuer en une journée alternaient entre ces deux pièces.
de télétravail ce qu'ils réalisaient Six télétravailleurs signalaient que RELATIONS AVEC LES COLLÈGUES
habituellement en un jour et demi les écrans des ordinateurs portables NON-TÉLÉTRAVAILLEURS
voire deux jours, soit une augmen- fournis étaient trop petits. Parmi Cinq télétravailleurs témoignaient
tation de productivité de 150 %, eux, deux agents utilisaient leur d’avis mitigés sur ce sujet. Certains
voire 200 %. La majorité pense qu'ils ordinateur personnel et trois agents collègues trouvaient le télétravail
sont « meilleurs » car ils ne sont pas un grand écran personnel. Un télé- très positif. Deux télétravailleurs
dérangés à la maison. D’ailleurs, six travailleur estimait que la qualité relataient notamment l’intérêt de
télétravailleurs utilisaient le mot d'écran pourrait être améliorée. leurs collègues, qui souhaitaient son
« concentration » en parlant de leur déploiement général. D’autres en
qualité de vie au travail. Un agent RELATIONS avaient un jugement négatif, avec
estimait qu'elle était très bonne INTERPERSONNELLES AU des commentaires sur l’absence
mais sans noter de différence entre TRAVAIL DÉCRITES physique. Parmi les propos rappor-
la maison et l'hôpital. Cinq agents Aucun des sujets n'a rapporté un tés, les plus notables étaient :
estimaient que leur concentration sentiment d'isolement social. Les - « il est encore absent » ;
évoquait des risques similaires à disait qu'une sensibilisation indi- vail. Uniquement deux aspects né-
ceux du travail traditionnel, no- viduelle, avant la mise en place du gatifs étaient signalés :
tamment le travail sur écran, avec télétravail, réalisée en médecine O socioprofessionnels : stigmatisa-
un impact sur le système muscu- du travail, est importante et néces- tion et regard négatif des collègues
losquelettique et oculaire. Un télé- saire pour donner les informations non-télétravailleurs ;
travailleur mentionnait le risque relatives aux risques profession- O organisationnels : augmentation
d'isolement social. Quatre télétra- nels, à l’ergonomie du poste de du temps de travail.
vailleurs notaient la diminution travail et donner des conseils de Les résultats de cette étude doivent
du risque routier. bonnes postures à domicile. Trois être interprétés en tenant compte
télétravailleurs évoquaient aussi de limites méthodologiques et de
PISTES D’AMÉLIORATION l’intérêt de proposer le télétravail divers biais. En effet, l’effectif dis-
PROPOSÉES PAR LES comme aménagement de poste ponible était faible. Les dix agents
TÉLÉTRAVAILLEURS temporaire ou définitif pour cer- interrogés, souhaitant que le pro-
Après six mois d’expérimenta- tains agents victimes de patholo- jet de déploiement du télétravail
tion, tous les télétravailleurs sou- gies sévères ou lors d’une reprise aboutisse, ont pu sous-estimer
haitaient poursuivre le télétravail à temps partiel thérapeutique. les impacts négatifs et les risques
et le voir déployé et proposé aux Concernant l’organisation du suivi professionnels, consciemment ou
autres agents. Une majorité des de santé au travail, cinq télétravail- non. La spontanéité, la sincérité
sujets demandait une améliora- leurs jugeaient utile de mettre en et l’authenticité de leurs réponses
tion sur le plan informatique avec place un suivi médical spécifique ont pu être réduites du fait de phé-
une meilleure connexion. Parmi au télétravail. Un télétravailleur nomènes de timidité face à l’en-
eux, trois personnes évoquaient considérait qu’une visite tous les quêteur ou à cause de l’enregis-
également la mise en place d'un six mois était suffisante. Un télé- trement numérique. La méthode
numéro dédié pour l’assistance travailleur demandait une visite à employée, avec des entretiens
informatique. Deux agents sou- domicile avec une étude ergono- semi-dirigés et une interprétation
haitaient une messagerie instan- mique de son poste. Quatre télé- subjective, a pu conduire à des
tanée qui aiderait à garder plus de travailleurs pensaient qu'un suivi influences ou des erreurs d’inter-
contact avec leurs collègues. Un adapté n'était pas nécessaire pour prétation. Le manque d’expérience
télétravailleur aurait aimé avoir un les télétravailleurs sans restriction de l’enquêteur a pu altérer la tech-
organigramme décisionnel écrit en médicale. nique des entretiens, du recueil
cas de problème informatique. Une et de l’analyse des données. Par
personne demandait un écran d'or- ailleurs, les résultats obtenus ne
dinateur plus adapté à son activité. sont pas aisément extrapolables
Trois télétravailleurs évoquaient la DISCUSSION à d’autres structures, hospitalières
nécessité de sensibiliser tous les ou non, compte tenu des activités
agents du CHU sur le télétravail Les principaux avantages décrits et de l’organisation propres au
avant son déploiement, afin d'évi- par les télétravailleurs étaient, par CHU de Nice. Ils ne peuvent pas
ter un éventuel regard négatif sur ordre d’importance : non plus être généralisés à tous les
l'image du télétravailleur. O professionnels : productivité, postes de l’hôpital du fait de l’au-
concentration, diminution de l’ab- tonomie et de la latitude décision-
RÔLE DU MÉDECIN DU sentéisme ; nelle généralement importantes
TRAVAIL SELON LES O personnels : diminution du stress des agents inclus dans cette étude.
TÉLÉTRAVAILLEURS et de la fatigue physique, qualité Toutefois, cette étude est l’une
Sept télétravailleurs pensaient que de vie au travail, sérénité, meilleur des premières études qualitatives
le rôle du service de santé au travail état d’esprit, gain de temps au pro- concernant l’impact psychologique
était important. Pour ces agents, fit de la vie privée ; du télétravail dans la FPH. Elle a été
un suivi adapté est primordial afin O environnementaux : journée sans initiée, coordonnée et menée par un
de diminuer un éventuel impact transport ; service de santé au travail, garantis-
négatif du télétravail sur leur état O financiers : gain économique sur sant aux participants le respect de
psychologique, d’améliorer l’ergo- les frais de transport. la confidentialité et l’indépendance
nomie et le bien-être au travail. La majorité des télétravailleurs n’a vis-à-vis de la hiérarchie. Cette
Ainsi, la plupart des télétravailleurs pas vu d’inconvénients au télétra- étude s’est affranchie de certains
source de RPS. Ainsi, cette étude cité était lié à la volonté de réduire la santé du télétravail, un support
suggère le regard négatif comme les déplacements entre le domicile concernant les RPS, le poste de té-
étant potentiellement un facteur et le lieu de travail. Quatre télétra- létravail à domicile et le travail sur
de RPS, à l’origine de sentiments vailleurs parcourent chaque jour ordinateur portable a également
de culpabilité pour lequel des plus de 40 km de trajet domicile- été élaboré. Ce document destiné
mesures de prévention primaire travail. aux télétravailleurs est basé sur les
peuvent être mises en place. Pour résultats de cette recherche quali-
améliorer la considération de leurs tative, sur la bibliographie exis-
collègues pour les télétravailleurs, tante et sur les recommandations
un triptyque pour les agents non- CONCLUSION de l’Institut national de recherche
télétravailleurs a été élaboré. Le et de sécurité (INRS) relatives au
but était de sensibiliser la popula- Cette étude a montré que le télé- travail sur écran [16, 17].
tion générale du CHU de Nice afin travail représente un avantage es- Au niveau de la direction du CHU,
d‘éviter les préjugés concernant sentiel pour les travailleurs qui en l'expérimentation, satisfaisante,
les télétravailleurs. ont fait l’expérimentation au CHU a permis de pérenniser le télétra-
La conciliation entre vie privée de Nice. Lorsqu’un agent devient vail en le proposant à 50 agents
et vie professionnelle semblait télétravailleur, il est confronté à supplémentaires depuis la réalisa-
dépendre de l’apprentissage, par une réorganisation profession- tion de l'étude dans le cadre de la
le télétravailleur et son entourage, nelle nécessitant l’acquisition de démarche QVT de l'établissement.
de cette nouvelle situation profes- nouvelles compétences. Ce chan- Dans le prolongement de ce tra-
sionnelle. Ceci est concordant avec gement offre une amélioration vail, il serait intéressant de mener
une étude canadienne réalisée de la qualité de vie au travail et une étude prospective sur une
en 2006 sur les conflits possibles une évolution dans la carrière de durée plus importante et sur un
entre vie professionnelle et vie l’agent. Toutefois, le télétravail plus grand échantillon d’agents,
personnelle et familiale [14]. peut également présenter des afin de mesurer quantitativement
La plupart des articles et revues effets délétères s’il n’est pas enca- l’éventuel impact sur la santé. Une
scientifiques consacrées au télé- dré par un programme de préven- nouvelle recherche serait d’autant
travail mentionne comme princi- tion qui doit être mis en place par plus enrichissante si était élabo-
pale motivation la possibilité de l’employeur, le secteur QVT et le rée une comparaison de l’impact
travailler dans un environnement service MeST. Cette étude a permis entre les télétravailleurs, les non-
familier, calme et autorisant une d’enrichir les connaissances sur ce télétravailleurs et leurs cadres de
flexibilité supplémentaire en mode de travail et de réaliser un proximité.
matière de temps de travail et de diagnostic approfondi dans le but
conciliation des rôles [15]. Dans de préciser la nature et l’impor-
cette étude, la principale moti- tance des facteurs psychosociaux
vation conduisant les agents à et organisationnels, ainsi que
opter pour le télétravail était liée d’évaluer les contraintes des télé-
à la volonté d’augmenter leur travailleurs, aboutissant à la mise
productivité et leur concentration en place d’une approche de pré-
au travail. Lors des entretiens, six vention spécifique au télétravail
télétravailleurs sur dix ont évo- concernant la visite d’information
qué le problème d’interruptions et et de prévention et des modali-
d’interactions entre les collègues tés de surveillance. Ainsi, chaque
au bureau. Cette ambiance ne leur télétravailleur sera vu en consul-
permet pas un travail conscien- tation à la prise de ses nouvelles
cieux ni une bonne concentra- fonctions et un guide d’entretien
tion. Aucun des télétravailleurs de spécifique au télétravail, utilisable
cette étude n’a cité une meilleure en visite médicale a été élaboré, à
conciliation vie privée-vie profes- partir de celui de l’étude et des ré-
sionnelle comme motivation. Le ponses des salariés testeurs. Afin
deuxième motif régulièrement de prévenir les effets négatifs sur
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
THÈME QUESTIONS
1. Vous êtes télétravailleur depuis 6 mois. Pouvez-vous me dire
MOTIVATION pourquoi vous avez choisi le télétravail ?
2. Comment évaluez-vous votre productivité quand vous exercez du
QUALITÉ DE VIE AU TRAVAIL ET TÉLÉTRAVAIL télétravail ?
3. Pensez-vous être suffisamment autonome dans votre télétravail ?
L
Le bisphénol S (BPS) est l’un MOTS CLÉS
Caissier / Risque
des principaux substituts du
chimique /
bisphénol A dans le papier Surveillance
thermique. En raison de biologique /
la similarité structurelle Bisphénol / es bisphénols sont une sence de BPA dans des échantillons
des deux molécules, la Biométrologie famille de composés chimiques d'urine recueillis dans la popula-
toxicité du BPS suscite couramment utilisés dans di- tion générale a été fréquemment
des interrogations qui verses applications industrielles rapportée dans la littérature, avec
nécessitent d’évaluer les comme la production de plas- des fréquences de détection très
risques d’exposition par tiques en polycarbonate, de élevées (90 %) [1, 3]. Le BPA est ac-
contact cutané. Pour ce résines époxy et de papier ther- tuellement classé dans la catégorie
faire, une évaluation de mique. Ils sont retrouvés, de fait, 1B des substances toxiques pour
l’exposition des agents de dans de nombreux produits de la reproduction (présumé toxique
caisse a été réalisée dans la vie courante : les équipements pour la reproduction humaine)
deux hypermarchés, en de sport, les revêtements alimen- dans le règlement CLP 1 de l'Union
mesurant les concentrations taires, les reçus de vente, les pein- européenne et il est interdit dans
en BPS dans leurs urines, tures, les équipements électro- de nombreux produits de consom-
comparées à celles d’un niques, les lunettes de soleil mais mation destinés aux bébés et aux
échantillon témoin. également dans les textiles qui enfants.
Une augmentation contiennent des fibres synthé- L'exposition au BPA lors de la ma-
significative de l’excrétion tiques (nylon, polyester…) [1]. Le nipulation de papier thermique a
urinaire de BPS a été bisphénol A (BPA) est le plus large- également suscité un intérêt accru
observée chez les agents ment utilisé parmi ces composés ; ces dernières années. Le BPA, uti-
de caisse, indiquant que la il est associé à un large éventail lisé comme révélateur thermique
manipulation fréquente 1. Le règlement d’effets toxiques, principalement dans ce papier, peut être transféré
CLP désigne
de papier thermique est à en raison de ses propriétés œstro- sur la peau lors du contact avec le
le règlement
l’origine d’une exposition n° 1272/2008 géniques [2]. La libération de BPA papier, ce qui constitue une source
professionnelle au BPS. du Parlement des contenants en plastique et de potentielle d’exposition, notam-
européen relatif différents produits serait à l’origine ment pour les agents de caisse. Des
Remerciements à la classification, de la contamination des aliments, études menées à l’INRS [4], par des
à l’étiquetage
Les auteurs remercient les de l’eau de boisson, des poussières approches in vivo et in vitro chez
et à l’emballage
services de santé au travail, les des substances et de l’air, conduisant à des expo- le rat, puis in vitro chez l’homme,
entreprises et les salariés pour chimiques et des sitions environnementales à large avaient permis d’estimer le passage
leur participation à l’étude. mélanges. échelle des populations. La pré- percutané du BPA chez l’homme.
Ainsi, une exposition cutanée Les données toxicologiques sur le par ailleurs plus persistant que le
d’une heure sur les mains et avant- BPS sont rares, comparativement BPA dans l'environnement.
bras, correspondant à une surface au BPA. Deux revues récentes [7, Des expositions de la population
de 2 000 cm2, équivaudrait à une 8] ont identifié plusieurs études in générale ont été rapportées dans
contamination de 240 μg de BPA. vitro et in vivo rapportant un large plusieurs pays. En 2012, des concen-
Pour un sujet de 60 kg, l’absorp- éventail d'effets toxiques du BPS, trations de BPS, comprises entre
tion cutanée serait alors de 4 μg/ dont des perturbations du système 0,02 et 21,0 μg/L, avec une concen-
kg/jour, ce qui correspond à la dose endocrinien, une cytotoxicité, une tration médiane de 0,191 μg/L,
journalière admissible proposée mutagénicité et des effets sur la ont été mesurées dans 81 % des
par l’EFSA (Autorité européenne reproduction et le développement. échantillons d'urine provenant
de sécurité des aliments) dans son L’exposition au BPS conduit à une des États-Unis et de sept pays asia-
évaluation des risques de 2015. Par augmentation de la concentration tiques [13]. En 2013-2014, les résul-
la suite, l'exposition profession- en lipides dans différentes cellules tats de l’enquête nationale amé-
nelle des agents de caisse lors de la murines et humaines [9]. Dans une ricaine sur la santé et la nutrition
manipulation des tickets a été rap- étude in vivo, Ivry Del Moral et al. [14] indiquent une concentration
portée par Thayer et al. [5] et Ndaw [10] ont montré que le BPS était médiane de 0,40 μg/L chez 1 812
et al. [6], qui ont montré une aug- obésogène à faibles doses, après adultes de 20 ans et plus, avec un
mentation significative des excré- une exposition périnatale et chro- 95e percentile de 3,80 μg/L. Les
tions urinaires du BPA par rapport nique chez les souris mâles. La ré- principales sources d'exposition
à une population témoin. Le BPA a cente étude de l’Institut national de de la population générale sont pro-
ainsi été ajouté à la liste de subs- la santé et de la recherche médicale bablement les aliments, l’eau de
2. Registration, tances réglementées de REACH 2 en (INSERM), basée sur une méta-ana- boisson et les poussières. Mais ces
Evaluation, 2016 (règlement 2016/2235) et son lyse des données toxicologiques données restent à confirmer dans
Authorization utilisation a été interdite dans le sur le BPS, à partir de la littérature la mesure où il est encore difficile
and restriction papier thermique à une concentra- et de différentes bases de don- d’identifier tous les usages du BPS.
of CHemicals :
tion égale ou supérieure à 0,02 % nées, confirme la relation entre le Celui-ci a cependant été détecté et
règlement du
Parlement en poids depuis le 2 janvier 2020, ce BPS et le risque d’obésité [11]. Pelch quantifié dans des tickets de caisse
européen et du qui revient à l’interdiction de son et al. [12] ont identifié 15 études provenant de plusieurs pays [8, 15].
Conseil de l'Union utilisation dans les tickets de caisse épidémiologiques conduites ces 5 En France, sur 176 échantillons de
européenne, qui à partir de cette date. dernières années sur le BPS. Elles papier thermique analysés, 28 %
met en place
Ces règlements successifs ont pour étaient principalement focalisées contenaient du BPS [6]. Dans une
un système
intégré unique conséquence la substitution du sur les perturbations métaboliques étude plus récente, publiée par
d'enregistrement, BPA par d’autres composés dans et les effets sur la reproduction. Si Molina-Molina et al. [16], 21 % des
d'évaluation et ses différentes applications indus- des associations positives ont pu reçus de caisse collectés en région
d'autorisation trielles. Dans le papier thermique, être mises en évidence entre les parisienne contenaient du BPS
des substances
le bisphénol S (BPS) est l’un des concentrations urinaires en BPS et avec une moyenne géométrique de
chimiques.
substituts les plus fréquemment l’obésité, les effets sur le diabète, la 21 mg/g de papier. La manipulation
utilisés. En raison de sa similarité croissance fœtale ou la durée de la de papier thermique pourrait donc
structurelle avec le BPA (figure 1), grossesse, relatés dans ces études, constituer une source d’exposition
la toxicité du BPS suscite des inter- sont encore sujets à discussion. au BPS, notamment pour les agents
rogations et son utilisation dans le Toutes ces données renforcent ce- de caisse.
papier thermique incite à évaluer pendant l'hypothèse selon laquelle Certains auteurs ont estimé l'ab-
les risques d’exposition des agents le BPS pourrait avoir des effets sorption cutanée quotidienne de
de caisse par contact cutané. toxiques similaires au BPA. Il serait BPS après la manipulation de papier
Le nombre de tickets et reçus mani- laires dans les deux hypermarchés : de caisse, à des concentrations
pulés par les agents de caisse a été de l’ordre de 1,2 mg/100 mg dans comprises entre 0,1 à 3,0 μg/L.
estimé en analysant les transac- l’hypermarché A et 1,4 mg/100 mg Le tableau III présente la moyenne
tions de la journée de travail enre- dans l’hypermarché B. Le nombre géométrique, la médiane, l’étendue
gistrées pour chaque participant. de tickets manipulés quotidienne- (valeurs minimales et maximales)
ment était très variable en fonction et le 95e percentile des concentra-
ANALYSES STATISTIQUES des agents de caisse, allant de 10 tions en BPS total dans les groupes
Les analyses statistiques ont été ré- à 400 tickets par jour. Le nombre « Témoins » et « Agents de caisse »,
alisées à l’aide du logiciel Stata 13.0. médian de tickets était de 95 et 200 ajustées ou non par la créatinine.
Le modèle de régression linéaire dans les hypermarchés A et B, res- Dans le groupe « Témoins », la
mixte a été utilisé pour tester l’effet pectivement. concentration médiane de BPS
de différentes variables sur le BPS total était de 0,67 μg/L. Les concen-
urinaire. Ce type de modèle permet CONCENTRATIONS trations variaient de la limite de
de tenir compte de la non–indé- URINAIRES EN BISPHÉNOL S quantification (0,1 μg/L) jusqu'à
pendance des données (recueils Au total, 90 échantillons d'urine une valeur maximale de 229 μg/L.
urinaires issus des mêmes sujets, ont été prélevés auprès des agents Cette concentration maximale
eux-mêmes issus des mêmes de caisse et 73 échantillons d'urine mesurée chez un témoin était
entreprises) en intégrant un effet auprès des témoins. Le BPS total a aberrante, au regard de la valeur du
aléatoire sujet et un effet aléatoire été quantifié dans 96 % des échan- 95e percentile des concentrations
entreprise. Une transformation tillons témoins et dans 100 % des urinaires mesurée à 12,6 μg/L. Tou-
logarithmique a été appliquée aux échantillons des agents de caisse. Le tefois, aucune explication d’ordre
données de BPS urinaire et le seuil BPS libre a été détecté dans moins environnementale n'a pu être trou-
de significativité statistique était de 20 % des échantillons d'urine du vée par l'analyse du questionnaire
fixé à 5 %. groupe « Témoins » (14/73), à des pour expliquer cette valeur très éle-
Les urines dont la créatinine était concentrations comprises entre 0,1 vée. Dans la mesure où l’exposition
inférieure à 0,3 g/L et supérieure à et 8,8 μg/L. Ce pourcentage attei- au BPS dans le groupe « Témoins »
3 g/L n’ont pas été prises en compte gnait 46 % (42/90) chez les agents est uniquement d’origine environ-
dans l’analyse statistique des don- ,Tableau I
nées ajustées à la créatinine.
> RÉPARTITION DES AGENTS DE CAISSE ET DES TÉMOINS DANS LES
HYPERMARCHÉS SUIVIS. ESTIMATION DU NOMBRE DE TICKETS MANIPULÉS ET
CONCENTRATION EN BPS DANS CES TICKETS
RÉSULTATS PRINCIPAUX
Nombre de tickets manipulés/
Population suivie % BPS
jour (pour les agents de caisse)
Le tableau I présente la répartition Hypermarché (mg BPS/100 mg
des agents de caisse et des témoins Agents de papier)
Témoins étendue médiane
caisse
dans les deux hypermarchés, l’esti-
mation du nombre de tickets mani- A 8 11 10 - 400 95 1,4
pulés et la concentration de BPS B 7 6 14 - 292 200 1,2
dans ces tickets.
Tous les agents de caisse suivis
étaient des femmes, âgées de 19 ,Tableau II
à 52 ans. L’âge médian était de 44 > DISTRIBUTION DES POPULATIONS ÉTUDIÉES EN FONCTION DU SEXE, DE L’ÂGE
ans (tableau II). Dans le groupe ET DE L’ANCIENNETÉ AU POSTE
« Témoins », il y avait 7 femmes et
8 hommes et l’âge médian était de Ancienneté médiane
Âge médian (années)
41 ans. La médiane de l’ancienneté Total Femmes Hommes (années)
[étendue] [étendue]
au poste était de 11,5 années pour
les agents de caisse et de 3,5 années Témoins
41 3,5
15 7 8
pour le groupe « Témoins ». [21 - 55] [1 - 31]
Les concentrations de BPS dans les Agents de
17 17 -
44 11,5
tickets et reçus étaient assez simi- caisse [19 - 52] [<1 - 27]
> CONCENTRATIONS URINAIRES EN BPS TOTAL (EN μg/L ET EN μg/g de créatinine) DANS LE
GROUPE « TÉMOINS » ET DANS LE GROUPE « AGENTS DE CAISSE »
Moyenne
Nombre 95e
d’échantillons
Min Médiane
percentile
Max géométrique
(déviation standard)
Témoins - BPS total (μg/L) 73 <0,10 0,67 12,6 229 0,72 (3,68)
Agents de caisse - BPS total (μg/L) 90 0,15 2,53 19,9 28,4 2,48 (3,07)
Témoins - BPS total
(μg/g créatinine)
70 <0,10 0,52 9,65 77,8 0,52 (3,60)
des échantillons analysés dans le trations en BPS libre ont été éva-
DISCUSSION cadre du programme français de luées dans certaines études. Les
biosurveillance Esteban [22]. En fréquences de détection étaient
L’objectif principal de cette étude 2014-2016, la concentration mé- néanmoins faibles, inférieures
était d’établir les niveaux d’impré- diane de BPS total urinaire était de à 7 % des échantillons analysés
gnation au BPS d’une population 0,31 μg/L (0,42 μg/g de créatinine) [23, 24]. Le BPS non conjugué a été
d’agents de caisse afin de détermi- dans une population française de quantifié dans 20 % des échan-
ner si la manipulation fréquente 900 adultes. Le BPS urinaire total tillons urinaires recueillis auprès
de papier thermique induisait une a également été quantifié dans des témoins de cette étude, les
sur-exposition, en comparant les pratiquement la totalité des échan- concentrations variant de la limite
concentrations urinaires à celles tillons du groupe « Témoins » de de quantification de 0,1 μg/L à
d’une population témoin. cette étude, avec une concentration 8,8 μg/L. Dans l’étude Esteban, dont
Quelques études de biosurveil- médiane de 0,67 μg/L (0,52 μg/g de la méthode de dosage était dix fois
lance ont documenté l'exposition créatinine), de l’ordre de deux fois plus sensible, le BPS non conjugué a
de la population générale au BPS. supérieure à celle mesurée chez été quantifié dans 56 % des échan-
Les concentrations médianes de ces 900 adultes français. Ce groupe tillons, les concentrations variant
BPS urinaire total rapportées dans « Témoins » a été recruté parmi de 0,01 μg/L à 8,28 μg/L.
la littérature étaient de 1,04 μg/L les employés des hypermarchés ; Pour déterminer si la manipulation
pour la population japonaise [13] ils ne manipulaient pas de papier fréquente de papier thermique
et de 0,36 μg/L chez des femmes thermique contenant du BPS du- est associée à une augmentation
néerlandaises [21]. La concentration rant leur poste de travail. Cepen- de l’excrétion urinaire, la concen-
médiane de BPS urinaire plus éle- dant, d’autres sources d'exposition tration urinaire en BPS total des
vée dans la population japonaise professionnelle ne peuvent être agents de caisse a été comparée
est probablement due à une subs- exclues pour ce groupe. Toutes ces à celle des témoins. Les résultats
titution du BPA amorcée dès la fin données confirment l’imprégna- montrent une augmentation de
des années 1990 dans ce pays. Dans tion de la population générale. l’excrétion urinaire de BPS to-
l’enquête nationale américaine sur Dans la mesure où le BPS non conju- tal chez les agents de caisse. La
la santé et la nutrition de 2013-2014 gué (libre) serait la forme biologi- concentration médiane était de
[14] chez 1 812 adultes, une concen- quement active, sa concentration 2,07 μg/g de créatinine, significati-
tration médiane de 0,40 μg/L pourrait être considérée comme vement supérieure à la concentra-
était retrouvée. Plus récemment, un indicateur pertinent des effets tion médiane de 0,52 μg/g chez les
le BPS a été quantifié dans 100 % potentiels du BPS. Les concen- témoins. La fréquence de détection
de la forme non conjuguée de BPS
Figure 2 : Cinétiques d’élimination du BPS total. était également plus élevée chez
Horaires de travail : agent de caisse (09h45 – 17h15) ; agent de caisse (10h00 – 19h30). les agents de caisse (46 % vs 19 %
chez les témoins).
Les quantités de BPS dans les tic-
kets de caisse étaient proches dans
les deux hypermarchés suivis (14 et
12 mg/g de papier) et similaires à
celles rapportées dans la littérature
[8]. Aucune relation n’a été mise en
évidence entre le nombre de tickets
manipulés et l'excrétion urinaire
de BPS.
Des niveaux urinaires de BPS total
ont déjà été rapportés dans la litté-
rature par Thayer et al. [5] dans une
population de 32 agents de caisse.
Les concentrations en fin de poste
étaient significativement plus éle-
vées que celles en début de poste,
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Appareils de protection
respiratoire utilisés dans les
établissements de santé français
dans le cadre des précautions
« air » en 2018
AUTEURS :
G. Pellissier 1, I. Lolom 1,2, I. Balty 3, L. Simon 4, M.G. Leroy 4, M.C. Bayeux-Dunglas 5
1. Groupe d’étude sur le risque d’exposition des soignants aux agents infectieux (GERES)
2. UHLIN, CHU Bichat – Claude-Bernard APHP
en 3. Département Expertise et conseil technique, INRS
résumé 4. Société française d’hygiène hospitalière (SF2H)
5. Département Études et assistance médicales, INRS
L
MOTS CLÉS
L’utilisation d’appareils de Équipement
protection respiratoire (APR) de protection
de type FFP est recommandée individuelle -
dans le cadre de la mise EPI / Protection es précautions « air » sieurs tailles. Pour que la protection
individuelle /
en place de mesures de Appareil de
lors de la prise en charge de pa- soit effective, il est indispensable de
prévention des infections protection tients atteints d’infections trans- disposer d’un APR adapté au visage
respiratoires (précautions respiratoire / missibles par voie respiratoire du porteur. Pour cela le choix doit
complémentaires « air ») Masque / Enquête sont bien connues et appliquées être guidé par un essai d’ajustement
dans les services de dans les milieux de soins [1]. Elles (fit test) [4] réalisé pour différents
soins. Une enquête a été ont conduit à une diminution de modèles ou tailles de masques. Ce
conduite pour recenser les l’incidence de la tuberculose chez test est systématiquement réalisé
APR disponibles dans les les soignants [2]. Dans ce cadre, la dans d’autres pays, conformément
établissements de santé dans protection des personnes exposées aux recommandations [5 à 7]. Ceci
le cadre de ces précautions à un risque infectieux aéroporté implique que chaque établissement
« air ». Dans les 258 repose, notamment, sur le port d’un puisse proposer plusieurs modèles
établissements participant, appareil de protection respiratoire et/ou tailles de masque, une seule
97 % disposaient d’APR de (APR) de type pièce faciale filtrante référence ne pouvant convenir aux
classe FFP2, représentés (FFP) FFP2, voire FFP3 dans certaines différentes morphologies de visage
majoritairement par le indications. Ces APR répondent à des personnels, comme l’a montré
modèle Bec de canard. Plus la norme NF EN 149 + A1 [3] et per- une précédente enquête du Groupe
de 70 % des établissements mettent de filtrer l’air inspiré. L’effi- d’étude sur le risque d’exposition
ne disposaient que d’un cacité de la protection repose sur des soignants aux agents infectieux
seul modèle d’APR en une les qualités du média filtrant et sur (GERES) [8]. Les établissements de
seule taille. Des études sont l’étanchéité du masque au visage. soins passent par l’intermédiaire
poursuivies pour proposer Les performances minimales exi- de centrales d’achat. Dans le cadre
des méthodes à mettre en gées par la norme pour ces APR des appels d’offre, actuellement les
place pour améliorer la tolèrent une fuite totale vers l’inté- établissements ne retiennent, dans
procédure de choix des APR. rieur qui ne doit pas dépasser 8 % le cas général, qu’un seul modèle
pour les FFP2 et 2 % pour les FFP3. d’APR en une seule taille pour une
Il existe différents modèles/formes classe FFP donnée. La Société fran-
d’APR : bec de canard, à plis, à coque çaise d’hygiène hospitalière (SF2H)
moulée, parfois disponibles en plu- a publié le 23 mars 2018 un avis
,Tableau II
2 tailles différentes. La majorité des aéroportés, ne peut prétendre être visages des personnels amenés
établissements (76 %) ne disposait représentatif de l’ensemble des à le porter. Le processus d’appels
que d’un seul modèle d’APR en une établissements de santé. d’offres pour les APR est en cours
seule taille, impliquant pour les Cette enquête doit être complétée de révision, par certaines centrales
personnels l’absence de choix entre par un deuxième volet en direc- d’achat, pour prendre en compte
plusieurs formes ou tailles d’APR, ce tion des fournisseurs d’APR, visant les recommandations récentes de
qui est susceptible de conduire à à recenser les modèles d’APR qu’ils la SF2H concernant les APR et faire
des défauts d’ajustement et donc proposent aux établissements de en sorte que le marché propose plu-
une protection insuffisante ; en santé. sieurs types d’APR en différentes
effet, un seul APR ne peut, dans le Une étude complémentaire sur tailles aux établissements.
cas général, convenir à toutes les les méthodes d’évaluation de La réalisation systématique d’essai
formes de visages des personnels l’ajustement de ces APR tenant d’ajustement individuels à l’échelle
dans un établissement. compte de critères morpholo- de l’établissement implique une
Il faut noter qu’il persiste, au sein giques est conduite en laboratoire logistique et des coûts associés
de certains établissements, des de recherche à l’INRS sur un panel (achat d’appareillage, formation et
confusions entre APR et masque de « sujets-test », afin de préciser mobilisation de personnels pour
médical/chirurgical/de soins et éventuellement certaines préconi- la réalisation des tests). La mise en
entre APR FFP filtrant les aérosols sations. Dans une étape ultérieure, place de ces procédures est compli-
et APR filtrant les gaz. une étude de terrain est envisa- quée, ce d’autant que la plupart des
Près de 22 fournisseurs (fabricants gée dans des établissements de établissements ne dispose actuel-
ou distributeurs) ont été identifiés santé volontaires, qui comporterait lement que d’un seul modèle d’APR
et, pour un même APR, la référence notamment la réalisation d’essai en une seule taille. Des études
du produit, pour un même modèle, d’ajustement chez des soignants. complémentaires apparaissent
pouvait varier selon le canal de La finalité est de mieux définir les nécessaires afin de proposer des
distribution (fabricant, fournis- caractéristiques des APR que le pistes pour simplifier la procédure
seur) et selon les marchés, publics GERES pourrait référencer dans sa de choix des APR, notamment en
ou privés. Le nombre important de base de données des matériels de fonction de critères morpholo-
sociétés présentes sur ces marchés, protection. L’objectif serait égale- giques de visages.
de produits différents commercia- ment de conseiller les établisse-
lisés et la variabilité des références ments sur les méthodes d’ajuste-
pour un même produit ont rendu ment les plus appropriées à mettre Remerciements :
difficile le recensement et l’identi- en place dans ce secteur, ainsi que O aux établissements participants ;
fication des APR disponibles dans leurs modalités de réalisation. Au- à la SF2H, la SPILF, la DGOS et
les établissements. delà des milieux de soins, les résul- aux CPias, pour leur soutien
Des remarques ont été formulées tats pourraient être valorisés en di- méthodologique ou leur
par certains établissements sur rection d’autres secteurs d’activité contribution à la mise en place
la nécessité de consulter des soi- dans lesquels les APR sont utilisés. de l’enquête ;
gnants dans le cadre de la rédac- Oà l’INRS, pour sa participation
tion du cahier des charges des au Comité de pilotage et son
appels d’offres et de disposer de cri- soutien à l’enquête ;
tères de choix des APR pour aider à CONCLUSION Oaux fournisseurs qui ont contribué
la décision. Il faut également men- à renseigner les données
tionner que des établissements ont Les APR disponibles dans les éta- manquantes.
signalé être en cours d’acquisition blissements de soins étudiés sont
de références ou de tailles supplé- à 97 % conformes aux recomman-
mentaires d’APR. dations qui entrent dans le cadre
L’échantillon des établissements des précautions « air ». Cependant,
de santé participants, recrutés la grande majorité des établisse-
sur la base du volontariat et pro- ments ne disposent que d’un seul
bablement plus sensibilisés à la modèle d’APR en une seule taille,
problématique de choix des APR ce qui ne convient vraisemblable-
en regard des risques infectieux ment pas à toutes les formes de
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2009. Indice de classement S facepieces. Version n° 6. Investigation of pre-XDR Beijing
Consommations (avec ou
sans produits) et milieux
professionnels : quelle prévention
en 2019 ?
Colloque de la Société française de
médecine du travail (SFMT). Paris,
20 septembre 2019
AUTEURS :
P. Chaussarot (interne en médecine du travail), P. Hache, A. Schaller, B. Siano, département Études
et assistance médicales, INRS
en
résumé
Cette journée de la Société MOTS CLÉS mesures. C’est dans l’axe 1 « Une
française de médecine du Addiction / LE PL AN NATIONAL DE prévention pour tous et tout au long
travail (SFMT), qui portait Dépistage / MOBILISATION CONTRE LES de la vie » que se décline la stratégie
Substance
sur la prévention des psychoactive /
ADDICTIONS 2018-2022 : LA gouvernementale de prévention en
conduites addictives, Toxicomanie PLACE DE L’ENTREPRISE milieu de travail au moyen de 5 ob-
a présenté les politiques P. Coursault, Mission interminis- jectifs : améliorer les connaissances
publiques de prévention térielle de lutte contre les drogues et les compétences des acteurs du
et les apports de la cohorte et les conduites addictives (MIL- monde du travail dans le domaine
Constances. La place du DECA). des addictions avec, notamment,
dépistage dans la démarche la consolidation du rôle des acteurs
de prévention, le repérage Placée sous l’autorité du Premier de la santé au travail par la généra-
précoce et l'intervention ministre, la MILDECA anime, coor- lisation du repérage précoce et de
brève (RPIB)… ont donne l’action du Gouvernement l’intervention brève (RPIB) et leur
également été abordés. en matière de lutte contre les dro- implication dans la mise en place
gues et les conduites addictives et de démarches de prévention collec-
élabore la stratégie gouvernemen- tive en lien avec les services de res-
tale, notamment en ce qui concerne sources humaines ; mettre en place
la santé, la recherche, la préven- des mesures ciblées pour des sec-
tion, la police, la justice, la lutte teurs ou des catégories profession-
contre les trafics et la coopération nelles particulièrement exposés
internationale. Le plan national de aux conduites addictives ; encoura-
mobilisation contre les addictions ger les expériences permettant de
2018-2022 s’articule autour de 6 lutter contre la désinsertion profes-
axes, 19 priorités et comprend 200 sionnelle en lien avec les conduites
l’examen, deux possibilités existent l’information, la modification du repérage, par l’entretien clinique
alors pour le médecin du travail : délai de réponse et la rupture des et l’utilisation de questionnaires
avertir l’employeur que le salarié n’a repères temporels et spatiaux. Elles adaptés (WART ou WorkBAT). Il est
pas respecté les contraintes liées à provoquent un déphasement des important de préciser la cyberdé-
la visite médicale, ou émettre des limites entre vie privée et vie pro- pendance pouvant masquer une
réserves sur l’aptitude au poste de fessionnelle soit par la sollicitation autre addiction comportementale.
travail. La prise en charge du sala- du travail sur les temps de repos ou L’orientation du salarié en consul-
rié après un dépistage positif doit à l’inverse un usage personnel des tation d’addictologie (exemple :
être globale et pluridisciplinaire si NTIC au travail. Ces modifications CSAPA) est recommandée ainsi que
une addiction existe, avec pour but engendrent de nouveaux risques : l’aménagement du poste de travail
un maintien dans l’emploi. Cepen- l’information non désirée, les inter- si nécessaire. La prise en charge
dant, une situation individuelle doit ruptions de tâches, la confusion est multidisciplinaire, bio-psycho-
faire explorer les facteurs de risque entre l’urgence et l’importance mais sociale, reposant principalement
collectifs de consommations et les aussi un risque d’addictions par l’ac- sur des thérapies cognitivo-com-
actions en milieu du travail qui tivation du système de récompense portementales. L’objectif princi-
peuvent en résulter. dopaminergique. pal est le maintien dans l’emploi
Pour conclure, le rôle du médecin D’une part, l’addiction au travail et nécessite une restructuration
du travail répond aux règles géné- ou workaholisme peut être définie cognitive, un travail sur les repré-
rales de la déontologie ; il doit gar- d’après les critères de Goodman sentations du travail et de soi. Des
der son indépendance et préserver comme l’échec de contrôle d’un axes de réflexion sur la prévention
le secret professionnel. Un dépis- comportement et sa poursuite se développent tels que des actions
tage biologique ne doit pas être malgré les conséquences néga- éducatives sur l’individu ou encore
seul pris en compte. Les obligations tives qui en résultent. Elle concer- la sensibilisation, la formation de
de l’employeur et du médecin du nerait de 8 à 13 % des actifs selon conduite au changement et le res-
travail se complètent pour concilier différentes études internationales. pect au travail d’un contexte collec-
contrôle et prévention. L’addiction au travail peut résulter tif favorable. Depuis 2017, la ques-
de la convergence de contraintes tion du droit à la déconnexion est
internes à l’individu, une faible à aborder obligatoirement lors des
satisfaction au travail et une impli- négociations annuelles sur la qua-
ADDICTIONS cation forte. Les conséquences de lité de vie au travail. Il peut revêtir
COMPORTEMENTALES ET cette addiction sont l’envahisse- la forme d’un accord, d’une charte…
NOUVELLES TECHNOLOGIES ment cognitif et une souffrance au Ce peut être, par exemple, la ferme-
EN CONTEXTE PROFESSION- travail. Les risques associés sont le ture des serveurs de messagerie
NEL : QUELS LIENS ? développement de troubles anxio- durant le week-end. La prévention
D. Lever, Centre hospitalier univer- dépressifs, d’une co-addiction et des risques psychosociaux en lien
sitaire, Brest les risques psychosociaux (RPS) ; avec les NTIC doit se faire avec le
avec d’importantes conséquences management de proximité.
Les nouvelles technologies d’infor- extra-professionnelles. D’autre part,
mation et de communication (NTIC) les addictions comportementales
recouvrent l’ensemble des outils et propres aux NTIC dépendent aussi
techniques utilisant des données de facteurs personnels, comme une DÉMARCHE COLLECTIVE
numériques et permettant une faible estime de soi ou la recherche DE PRÉVENTION, RÔLE DE
communication efficace. Elles ont de reconnaissance. Elles sont aussi L’ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE
connu un développement massif et liées à la porosité entre vie privée et CO O R D O N N É E PA R L E
rapide, entraînant une accélération vie professionnelle renforcée par la MÉDECIN POUR CONSEILLER
de l’usage des outils et de la diffu- vision sociétale du travail, du statut L’ENTREPRISE
sion de l’information. Ainsi, les NTIC social et la valorisation de la perfor- P. Hache, Institut national de re-
ont modifié la communication, la mance. Un facteur semble protec- cherche et de sécurité (INRS).
production, la prise de décision et teur : l’extraversion, c’est-à-dire le
impactent la vie personnelle et pro- collectif de travail. Depuis 2011, le service de santé au
fessionnelle. Les NTIC entraînent La prise en charge de ces addic- travail a pour mission de conseil-
une disponibilité immédiate de tions commence en premier lieu au ler l’employeur, les salariés et leurs
'pFRXYUH]QRVQRXYHOOHVDIÀFKHV
sur les risques liés aux nuisances sonores
AUTEURS :
en S. Dewitte, B. Juillard, S. Ode, I. Padritge, Groupement des infirmiers de santé au travail (GIT)
résumé
E
de faire le point sur des Infirmier /
Perturbateur
risques professionnels
endocrinien /
auxquels sont de plus en Nanoparticule /
plus souvent confrontés Exosquelette /
les infirmiers de santé au Technologie n ouverture de ces Il soutient le Conseil national de
travail (IDEST) : la cobotique avancée / journées, la présidente du Grou- la profession (CNP) et le GIT, pour
Pluridisciplinarité /
et les exosquelettes, les pement des infirmiers de santé l'obtention du statut de salarié
Dysrupteur
perturbateurs endocriniens endocrinien au travail (GIT) rappelle que le protégé pour l’IDEST, et reconnaît
et les nanomatériaux. Ont système de santé français évolue l'intérêt de la présence d'IDEST
également été abordés les vers davantage de prévention. Le dans les Directions régionales des
moyens de valoriser les nombre de médecins, notamment entreprises, de la concurrence, de
compétences au sein de du travail, décline ; l’infirmier de la consommation, du travail et de
l’équipe pluridisciplinaire santé au travail (IDEST) se trouve l’emploi (DIRECCTE).
à partir de nombreux au cœur de ce changement, avec Pour le Dr C. Piron, cheffe de l'inspec-
exemples. Enfin a été un rôle prédominant. tion médicale du travail, l'arrivée des
évoquée la notion de Le président de l'Ordre national infirmiers dans les services de santé
pratiques avancées. des infirmiers (ONI) a rappelé au travail est une évidence : ils sont
qu’un Code de déontologie existe rigoureux, ils ont un rôle important
pour tous les infirmiers, quels que à jouer dans le recueil des données,
soient leur mode et lieu d'exercice. la veille sanitaire, le suivi, la préven-
Il précise que l’ONI met à la dispo- tion et l'information des salariés.
sition de ses adhérents, un service Pour elle, il faut créer des ponts
juridique et un service d'entraide. entre la santé et la santé au travail.
précautions vis-à-vis du dioxyde les paramètres les plus importants dispense les soins suivants visant à
de titane (TiO2). En mars 2019, le sont la taille des particules et l’ajus- identifier les risques et à assurer le
rapport de l’OMS donne les lignes tement du masque. Il doit rester confort et la sécurité de la personne
directrices pour la protection des prudent dans les messages qu'il et de son environnement et com-
travailleurs contre les risques transmet et ne pas être anxiogène. prenant son information ». L'Asso-
potentiels des NM en recomman- D'autre part, il contribue à la veille ciation nord-américaine du dia-
dant l'application du principe de sanitaire, recueille les informations gnostic infirmier (ANADI) définit
précaution et la hiérarchisation des et les observations pour alimenter le rôle propre de l’infirmier comme
moyens de protection. Le HCSP re- les enquêtes permettant de faire le « l’énoncé d’un jugement clinique
commande une vigilance pour les lien entre une exposition aux NM sur les réactions aux problèmes de
femmes enceintes, allaitant ou en et la survenue d'une pathologie. Il santé présents ou potentiels d’une
âge de procréer. Le risque doit être peut participer au dispositif Epi- personne, d’un groupe ou d’une
inscrit dans le plan de prévention Nano, étude épidémiologique coor- collectivité ». Dans ce contexte,
des risques de l’entreprise et men- donnée par Santé Publique France. S. Rousseau et A. Le Piouffle, infir-
tionné aux entreprises extérieures Avec les NM, les enjeux écono- miers de santé au travail, rap-
intervenantes. Il n’existe pas de dis- miques sont majeurs. Il est essentiel portent l’existence de Groupe
position spécifique aux NM dans de créer et maintenir le dialogue d’analyse de la pratique entre pairs
le Code du travail. Les principes avec les entreprises, de s'adapter (GAPEP), dans le cadre du déve-
généraux de prévention définis à à leurs niveaux de connaissance loppement professionnel continu
l’article L. 4121-1 s'appliquent : l’em- pour délivrer le bon niveau d'infor- (DPC). Lors de ces réunions, un
ployeur doit évaluer les risques, les mations et de conseils. Il faut lutter infirmier présente une monogra-
supprimer ou les réduire, informer contre les idées fausses, tous les phie qu'il a rédigée, détaillant un
les salariés comme pour les agents NM ne présentent pas le même cas vécu personnellement et pro-
chimiques dangereux (ACD) ou niveau de danger. L'action doit être fessionnellement ainsi que les
ceux classés CMR. La fiche d’entre- axée sur trois volets : les risques problèmes rencontrés. Les pairs
prise doit intégrer les NM dans la pour la santé, les moyens de pro- l'écoutent de manière bienveil-
partie risque chimique. L’équipe tection et la cohorte EpiNano. Le lante, sans jugement, et l’inter-
de santé au travail applique ses manque d'uniformisation des logi- rogent. Ils apportent leurs propres
missions réglementaires : traçabi- ciels complique le regroupement expériences, font des propositions.
lité des expositions, surveillance des données pour les évaluations Un compte-rendu est rédigé, vali-
de l’état de santé, veille sanitaire, collectives. dé lors de la séance suivante puis
information et formation des sala- envoyé à un binôme infirmier
riés et des employeurs. L'IDEST joue expérimenté d'accompagnement
un rôle important dans l'équipe qui enverra ses commentaires. Le
pluridisciplinaire et doit être formé VALORISER LES GAPEP contribue à l'affirmation
à la spécificité des NM. Lors des VIP, COMPÉTENCES du rôle propre par l'analyse d'une
il recueille tous les éléments de situation du point de vue infirmier
santé négatifs : problèmes respira- Le rôle propre infirmier a été illus- et apporte un enrichissement des
toires, cardiaques, neurologiques, tré par le biais de plusieurs présen- pratiques. Le travail est abordé
maladies auto-immunes... Il les tations. L'article R. 4311-3 du Code de comme un soin, chacun prend
note dans le dossier médical de la Santé publique stipule : « l’infir- de la distance avec ses émotions.
santé au travail (DMST), évalue la mier a compétence pour prendre Pour Dominique Loreau, essayiste,
capacité au port d'équipement de les initiatives et accomplir les soins « écrire, c'est réfléchir deux fois »
protection individuelle (EPI) ; l'étan- qu'il juge nécessaires (...). Il identifie tandis que Walter Hesbeen, infir-
chéité des équipements au niveau les besoins de la personne, pose un mier chercheur, affirme que « nous
de la peau est primordiale. L'IDEST diagnostic infirmier, formule des avons été formés à l’écriture d’un
effectue les examens complémen- objectifs de soins, met en œuvre acte, nous devons acquérir l'acte
taires, oriente vers le médecin du les actions appropriées et les éva- d’écriture ».
travail si besoin, informe le salarié lue ». L'article R. 4311-5 du même C. Chazette, infirmière de santé
sur les risques et le sensibilise aux Code précise que « dans le cadre au travail, rappelle que le référen-
moyens de prévention en sachant de son rôle propre, l'infirmier ou tiel de compétences, créé en 2009
que, pour la protection respiratoire, l'infirmière accomplit les actes ou par le GIT, a été réactualisé pour
L
De nombreuses études MOTS CLÉS
épidémiologiques ont Bruit / Audition /
démontré la dangerosité des Fatigue auditive /
Réglementation
bruits impulsionnels pour
l’audition. Ces bruits, dont les e risque pour la santé spectacle, pétards d’alerte), de nom-
spécificités sont des temps de auditive des salariés exposés à des breux métiers ou secteurs d’activi-
montée très courts associés bruits de niveaux élevés n’est plus tés sont concernés, à plus ou moins
à des niveaux élevés, se à démontrer : acouphènes, hype- grande échelle. L’enquête SUMER
retrouvent dans un nombre racousie (sensibilité anormale), 2010 dresse d’ailleurs une liste des
important de secteurs diplacousie (distorsion entre les secteurs d’activités les plus exposés :
professionnels, exposant de deux oreilles), pertes auditives métallurgie et fabrication de pro-
nombreuses personnes à un temporaires ou fatigue auditive, duits métalliques, construction, fa-
risque encore mal connu. puis déficit auditif permanent. brication, réparation et installation
Face à cette méconnaissance, Les troubles auditifs peuvent résul- de machines et d'équipements, tra-
de nombreuses questions ter, à long terme, d’une exposition vail du bois, industries du papier et
se posent. Existe-t-il une chronique au bruit mais également imprimerie, fabrication de produits
définition précise d’un bruit survenir immédiatement, à la suite en caoutchouc et en plastique ainsi
impulsionnel ? Comment d’une exposition brève à des bruits que d'autres produits minéraux non
ces bruits sont-ils pris de très forte intensité. On parle métalliques, production et distribu-
en considération dans la alors de traumatisme sonore aigu. tion d'eau (assainissement, gestion
réglementation ? Quelles Cet article s’intéresse à ces bruits des déchets et dépollution), fabrica-
activités sont concernées ? « impulsionnels » qui peuvent dé- tion de matériels de transport, fabri-
Quels sont les effets sur grader, sur de longues comme sur cation d'équipements électriques,
la santé ? Comment s’en de très courtes périodes, le système fabrication de denrées alimentaires,
protéger ? En tentant de auditif des salariés exposés. de boissons et de produits à base
répondre à ces questions, cet Les bruits émis par les sources so- de tabac, industrie chimique, trans-
article fait le point sur l’état nores dangereuses varient dans le ports et entreposage, fabrication de
actuel des connaissances temps. Lorsque le niveau sonore des textiles, industrie de l'habillement,
et de la réglementation. bruits évolue lentement (moteur industrie du cuir et de la chaussure,
tournant à vitesse régulière par agriculture, sylviculture et pêche,
exemple), les bruits sont qualifiés activités de services administratifs
de « continus ». Dans le cas d’une et de soutien, réparation d’automo-
apparition très brusque - et généra- biles et motocycles [1]. L’exposition à
lement très énergétique -, on parle des bruits impulsionnels ne consti-
de « bruits de choc » ou de « bruits tue donc pas un problème marginal
impulsionnels ». Ces derniers se re- et ne doit pas être sous-estimée, en
trouvent dans un grand nombre de particulier par les services de santé
secteurs professionnels. Si l’on pense au travail.
spontanément aux détonations Si de nombreux travaux ont été
d’armes à feu ou d’explosifs (mines, menés depuis plus de cinquante
ans afin de caractériser ces bruits, la pondération (C) qui est d’usage nicité apparente, n’en demeure
d’évaluer les risques auditifs induits pour les bruits impulsionnels. Cette pas moins très vague : l’impulsi-
par ces derniers en milieu profes- dernière, prenant plus en compte vité y est seulement considérée via
sionnel et d’identifier les moyens les basses fréquences que la pon- une émergence de niveau sur une
de s’en protéger au mieux, la problé- dération (A), conduit, à spectre durée « courte » t non précisée. La
matique des bruits impulsionnels équivalent, à « pénaliser » le bruit norme NF EN 458 (2016) (dédiée
et les questionnements associés impulsionnel par rapport au bruit aux recommandations d’usage
demeurent d’actualité. continu : cet usage fait donc l’hy- des protections auditives) [4] décrit
pothèse implicite d’une dangero- quant à elle un bruit impulsionnel
sité accrue de ce type de bruits (cf. comme un « brusque changement
paragraphe Quels effets sur la santé de pression acoustique consistant
QUELLE EST LA DÉFINITION auditive ?). Comme pour les bruits en un événement unique ou une sé-
D’UN BRUIT IMPULSIONNEL ? continus, les sources de grandes rie irrégulière d’impulsions » (2). Ain-
dimensions (tir d’un canon par si, à l’heure actuelle, aucune défini-
1. dB SPL : Sound Contrairement au bruit continu, le exemple) génèrent des sons conte- tion précise et quantifiée des bruits
Pressure Level. bruit impulsionnel a une durée très nant plus de basses fréquences que impulsionnels n’est en vigueur.
Niveau de pression courte et sa dangerosité est direc- ceux des petites sources. Ce constat
sonore mesuré tement liée à son niveau élevé. En aura de l’importance lorsqu’il s’agi-
ayant pour
référence le seuil
fonction de l’activité, il peut aussi ra de se protéger efficacement (cf.
d’audition absolu se répéter avec une certaine récur- paragraphe Comment se protéger ?), L’HYPOTHÈSE D’ÉNERGIE
de l’oreille humaine rence (on pensera par exemple les basses fréquences étant plus dif- ÉQUIVALENTE
(0 dB). à tous les travaux de martelage, ficiles à atténuer par les matériaux
photo 1). La figure 1 présente de absorbants ou isolants. Aujourd’hui, les niveaux crêtes,
manière schématique la différence La définition d’un bruit impulsion- sous l’hypothèse d’énergie équi-
2. On peut tout de
même noter une de répartition temporelle existant nel a évolué dans le passé [2] et n’a valente (EEH - Equivalent Energy
volonté de prendre entre un bruit continu et une suc- pas toujours fait l’unanimité d’un Hypothesis), sont les seuls critères
en compte le cession de bruits impulsionnels. pays à l’autre. En France, même au- d’estimation des risques auditifs
contenu fréquentiel Concernant la forme de l’onde jourd’hui, on retrouve différentes dus aux bruits impulsionnels. En
des bruits
acoustique, on peut caractériser le définitions. La norme ISO 1996-2 effet, la norme ISO 1999 : 2013 (en
impulsionnels dans
la norme bruit impulsionnel via différentes [3] (dédiée à la détermination des application actuellement) se base
NF EN 458 [4]. En grandeurs : le niveau maximum niveaux de bruit de l'environne- sur une généralisation de l’EEH
effet, en annexe atteint (niveau pic ou niveau crête ment) qualifie le caractère impulsif qui suppose que le traumatisme
B de cette norme en dB SPL (1)), le temps de montée, d’un son pendant un intervalle de associé à une exposition sonore
dédiée aux
la durée de l’impulsion, l’énergie temps t spécifié. La définition com- donnée est fonction de l’énergie
recommandations
relatives à la acoustique transportée. La figure 2 plète de la norme, malgré une tech- sonore totale reçue par l’oreille [5].
sélection, à illustre ces grandeurs sur une
l’utilisation, aux onde acoustique schématique. Les
précautions formes d’ondes réelles étant très
d’emploi et à
variées et parfois complexes, les
l’entretien des
protecteurs grandeurs citées ci-dessus sont
individuels contre parfois difficiles à quantifier avec
le bruit, on trouve exactitude.
une classification La forme de l’onde est étroitement
des bruits
liée à la répartition de l’énergie
© Gaël Kerbaol – INRS
impulsionnels par
contenu fréquentiel selon les fréquences (spectre). Plus
(3 types de bruits l’impulsion est courte, plus l’éta-
sont différenciés) lement en fréquence est large : le
et une décote de la spectre des bruits impulsionnels
protection estimée
s’étale ainsi généralement sur la
des protecteurs
est proposée en totalité des fréquences audibles.
fonction de la Mais si la pondération (A) est appli-
classe. quée pour les bruits continus, c’est Photo 1 : Martelage manuel lors de la fabrication de tonneau.
Bruit Récurrence
Niveau de pression
impulsionnel éventuelle
acoustique (0)
Durée inter-
impulsion
Bruit
continu
Temps
Niveau
Cette hypothèse considère donc le crête
niveau d’énergie comme unique
.IVEAU DE PRESSION SONORE
limite courante de
trouve que, pour des niveaux d’ex-
la métrologie des
position similaires, des travailleurs années 60.
53 dB
,Encadré 1
microphones. Ainsi, afin de pou- l’encoffrement des machines, le Le problème peut alors venir des
voir caractériser avec certitude les traitement acoustique des locaux, valeurs limites réglementaires trop
impulsions (et donc l’exposition), l’éloignement des sources de bruit, élevées, d’un mauvais positionne-
il est nécessaire d’avoir recours à la modification des procédés ou de ment des protecteurs affectant leur
un microphone « forts niveaux » l’organisation du travail, etc. Si ces efficacité réelle ou d’une mauvaise
pouvant tolérer jusqu’à 170 dB(C). mesures sont parfois efficaces pour connaissance (ou considération)
La rapidité du temps de montée l’opérateur proche du procédé géné- de l’exposition réelle subie sous les
des impulsions (souvent de l’ordre rateur de bruits impulsionnels, elles protecteurs... Concernant le dernier
de quelques millisecondes) peut le sont d’autant plus pour les opéra- point, les altérations subies par le
également fausser les résultats des teurs qui subissent une exposition signal acoustique sont effective-
mesures. En effet, les constantes indirecte. En cas d’insuffisance de ment omises (il est considéré que
d’intégration des appareils de ces actions collectives, le port de l’effet du protecteur se résume à
mesure doivent être adaptées PICB devient nécessaire. D’ailleurs, une réduction du niveau par bandes
aux caractéristiques de l’environ- la législation se base sur des valeurs de fréquence d’octave ou tiers
nement sonore. Pour des bruits d’exposition (limites, supérieures d’octave) et les différences entre le
impulsionnels, même la constante et inférieures), imposant ou suggé- signal en champ libre et le signal
d’intégration la plus faible géné- rant (selon ces valeurs), l’utilisation entrant dans l’oreille interne sont
ralement disponible aujourd’hui de PICB. Le rôle de ces derniers sera ignorées. On peut alors se trouver
dans les appareils courants (35 ms) alors de ramener l’exposition effec- face à une mauvaise évaluation des
peut s’avérer trop longue pour les tive sous ces valeurs, afin d’assurer risques. On pourra citer en exemple
impulsions très courtes et fournir la santé auditive des travailleurs (cf. l’étude de l’efficacité du serre-tête
une valeur de crête plus faible que encadré 1). Or, il est important de anti-bruit utilisé par l’armée finlan-
la réalité. Il convient donc de consi- garder à l’esprit que l’efficacité des daise [22]. Celle-ci a été évaluée pour
dérer les mesures avec prudence protecteurs individuels, objectivée différents types d’armes et, si pour
lorsque l’on se trouve en présence par les valeurs d’atténuation four- les petits calibres, la réduction du ni-
d’un environnement sonore im- nies par les fabricants, est toujours veau crête est de quasiment 30 dB,
pulsionnel. Pour toutes ces raisons, mesurée par les organismes de elle chute à 4 dB pour un canon
une évaluation fine nécessitera de certification pour des bruits conti- 130 mm. Cette différence d’efficacité
faire appel à des spécialistes dis- nus. Rien ne permet d’affirmer que est certainement liée au contenu
posant de l’équipement adéquat, cette efficacité est similaire pour basses-fréquences de ce type de
ainsi que du savoir-faire nécessaire les bruits impulsionnels, même si bruits ainsi qu’au niveau très élevé.
à l’analyse des données. Malgré l’atténuation fournie par les pro- Ainsi, si des travailleurs sont soumis
tout, il demeure possible d’établir tecteurs est en général supposée à des impulsions de forts niveaux et
une première évaluation en effec- constante jusqu’à un certain niveau portent des protecteurs, la protec-
tuant par exemple un comptage d’exposition (140 dB SPL) [19]. Au- tion effective peut fortement varier
du nombre de fois où, quotidien- delà, cette atténuation varie avec le en fonction des propriétés du bruit
nement, les niveaux 135 dB(C), niveau sonore de manière plus ou et de celles du protecteur. Les dom-
137 dB(C) et 140 dB(C) sont dépassés moins importante en fonction des mages potentiels ne sont donc pas
(encadré 1). De cette manière, il est protecteurs testés [19]. Pour certains forcément complètement élimi-
possible d’estimer dans quelle me- protecteurs une non-linéarité peut nés par le port de protections et il
sure les salariés apparaissent, du même apparaître à partir de 110 dB convient d’être toujours prudent en
point de vue de la norme, exposés SPL [20]. sLa question se pose donc cas d’exposition à des bruits impul-
à des situations à risque pour leur de la protection effective des per- sionnels de niveaux importants.
audition et d’agir en conséquence. sonnes pour des bruits impulsion-
nels, comme le suggère une récente
étude menée auprès d’officiers de
police présentant, à long terme et CONCLUSION
COMMENT SE PROTÉGER ? dans le cas d’une exposition chro-
nique à des bruits impulsionnels La dangerosité des bruits impul-
Réduire l’exposition au bruit doit (entraînement au tir), des pertes sionnels est un fait avéré. Or, même
d’abord passer par des mesures plus importantes, malgré l’utilisa- si l’enquête SUMER 2010 [1] indique
de protection collectives telles que tion de (doubles) protections [21]. un pourcentage trop élevé de per-
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L’infection à cytomégalovirus :
où en est-on ?
AUTEUR :
D. Abiteboul, département Études et assistance médicales, INRS
en
résumé
L’
Souvent bénigne, l’infection MOTS CLÉS
à cytomégalovirus (CMV) Grossesse / Femme
peut être grave et entraîner enceinte / Risque
biologique / Agent
des séquelles importantes
biologique
en cas d’infection in utero ou infection à cytomégalo- tomégaliques 1 (d’où son nom), est
chez les immunodéprimés. virus (CMV), en général bénigne, finalement isolé en 1956. Il appar-
En milieu professionnel, les est préoccupante pour deux caté- tient à la famille des herpesviridae ;
femmes enceintes travaillant gories de personnes : les immuno- son unique réservoir est l’homme.
en crèche ont un risque déprimés avec des formes sévères Le CMV infecte de nombreux types
accru de contracter le CMV. et les femmes enceintes du fait cellulaires chez l’hôte infecté, expli-
Le strict respect des mesures du risque encouru par le fœtus quant la variété des manifestations
d’hygiène et l’information en cas d’infection in utero. C’est cliniques. Il peut rester latent dans
des femmes enceintes ou en l’infection congénitale la plus fré- de nombreux organes, comme les
âge de procréer constituent quente dans les pays développés. autres virus du groupe Herpès, et
les seules recommandations En milieu de travail, la conduite à être ainsi à l’origine de réactiva-
qui font consensus. Le tenir face aux femmes susceptibles tions et aussi de transmission au
dépistage systématique d’être exposées en âge de procréer receveur lors de transplantation.
1. L’étude de la
n’est pas recommandé [1]. morphologie des ou enceintes soulève des questions. Des réinfections avec une nouvelle
cellules infectées Des évolutions récentes dans les souche virale sont également pos-
Annule et remplace l’article a montré la méthodes de diagnostic, les outils sibles.
référencé TP 28 de 2017 présence de permettant d’évaluer le pronostic On le retrouve dans de nombreux
grandes cellules
portant le même titre. et les traitements ont justifié que le liquides biologiques : sang, urines,
à inclusion
intranucléaire Haut Conseil de la Santé publique sécrétions des voies aériennes su-
dites inclusions (HCSP) actualise, en 2018 [1], les périeures, sécrétions génitales, sa-
cytomégaliques. recommandations sur les modali- live, lait, liquide lacrymal [1 à 3]. La
tés de prévention de cette infection période de contagiosité va de plu-
et notamment sur l’indication du sieurs jours à plusieurs semaines,
dépistage systématique chez les voire des mois chez les jeunes en-
femmes enceintes et le nouveau-né. fants et les immunodéprimés.
Il s’agit d’un virus fragile, sensible
aux méthodes de désinfection
habituelles mais qui peut résister
PRINCIPALES quelques heures sur des surfaces et
CARACTÉRISTIQUES des objets [4].
DE L’INFECTION À Il se transmet le plus souvent par
CYTOMÉGALOVIRUS contact avec les muqueuses par
l'intermédiaire des gouttelettes de
LE CYTOMÉGALOVIRUS (CMV) sécrétions oro-pharyngées ou des
Le CMV, connu depuis 1904, à tra- mains souillées par des liquides
vers l’observation d’inclusions cy- biologiques infectés (urines, sa-
2. La déleucocytation
est un processus qui
consiste à diminuer le
nombre de leucocytes
(globules blancs) dans
le sang, les globules
blancs hébergeant des live...) ou, plus rarement, par un interstitielle, ou troubles neurolo- aussi détectées en cas de ré-infec-
agents pathogènes support inerte fraîchement souillé giques avec syndrome de Guillain tion ou de réactivation. Leur pré-
dont ils peuvent être (le virus perd en quelques heures Barré... Les infections secondaires, sence peut également être due à
les vecteurs : cette
son pouvoir infectant dans le mi- qui surviennent soit par réactiva- des stimulations non spécifiques
technique permet
de limiter le risque lieu extérieur) [3]. Une transmis- tion du virus primo-infectant soit du système immunitaire induites
d’infection transmise sion sexuelle (sperme, glaire) est par ré-infection par une souche par une autre infection ou à des
par transfusion. également possible, prédominant exogène différente, sont en général réactions croisées [3]. En cas de
3. Un syndrome chez l’adulte. La déleucocytation asymptomatiques [1]. nécessité de confirmer une primo-
mononucléosique des concentrés globulaires 2 a réduit Chez la personne immunodépri- infection récente (< 3 mois), notam-
se caractérise par le risque transfusionnel mais il per- mée, la réactivation du CMV peut ment en cas de grossesse, l’indice
la présence dans siste lors des greffes d'organes ou rester également asymptomatique d’avidité 4 des IgG pour l’antigène
le sang d’une
proportion accrue de
de moelle. Une transmission de la ou donner lieu à une fièvre et des viral doit être mesuré. L’objectif est
certaines catégories mère à l’enfant est également pos- atteintes multi-viscérales : on parle de différencier les primo-infections
de globules blancs : sible. Celle-ci sera développée plus alors de maladie à CMV. Ainsi, chez récentes où cet indice est faible
plus de 50 % de loin (cf. infra). les personnes infectées par le VIH, des infections anciennes ou secon-
cellules mononucléés la maladie à CMV (en particulier daires où il est élevé. L’interpréta-
et plus de 10 % de
lymphocytes activés
ÉPIDÉMIOLOGIE la chorio-rétinite) peut survenir tion en reste néanmoins délicate
(taille augmentée, L’infection à CMV est répandue en cas d’immunodépression pro- en cas de taux d’IgG faible ou de
coloration basophile). dans le monde entier et sa préva- fonde (taux de lymphocytes CD4 valeur intermédiaire de l’indice et
Les pathogènes les lence est variable selon les régions inférieur à 50/mm3). Cependant sa doit être réservée à un laboratoire
plus fréquemment géographiques et les statuts socio- fréquence a été beaucoup réduite expert.
en cause sont : l’EBV
(virus Epstein-
économiques. Elle peut atteindre par l’efficacité des traitements
Barr, agent de la 90 à 100 % à l’âge adulte dans les anti-rétroviraux actuels [3]. En cas TRAITEMENT
mononucléose pays en voie de développement [3, de greffe d’organes ou de cellules, L’infection à CMV de l’adulte im-
infectieuse), le CMV, le 5, 6]. les conséquences d’une infection à munocompétent ne requiert qu’un
VIH et le toxoplasme. L’infection est principalement CMV peuvent être gravissimes. traitement symptomatique. Pour
4. Le test de mesure acquise dans la petite enfance par les immunodéprimés, les femmes
d’avidité des IgG l’allaitement et les contacts rappro- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE enceintes et les nouveau-nés, les
anti-CMV permet
chés en collectivité, avec un 2e pic [1, 3, 8] indications prophylactiques et
de différencier une
primo-infection à l’adolescence par transmission Il peut se faire de deux façons : thérapeutiques des molécules anti-
récente d’une infection sexuelle [3]. En France, la préva- Q Détection de l’ADN viral virales disponibles (aciclovir, val-
ancienne. En effet, les lence est voisine de 50 % [1]. Dans Elle est réalisée par PCR (Polyme- ganciclovir, foscarnet, cidofovir et
immunoglobulines de une enquête menée en 2010 sur rase Chain Reaction) en temps réel, valaciclovir) relèvent d’une prise
type IgG synthétisées
1 306 femmes, la séroprévalence technique rapide de plus en plus en charge spécialisée.
au moment d’une
primo-infection était de 45,6 % [7]. utilisée et qui peut être réalisée sur
récente possèdent une de nombreux liquides biologiques
faible avidité pour MANIFESTATIONS CLINIQUES (sang, urines, liquide cérébrospinal,
l'antigène par rapport (HORS GROSSESSE ET liquide amniotique, tissus fœtaux… L’INFECTION CONGÉNITALE
à celles synthétisées
INFECTION CONGÉNITALE) en fonction du contexte clinique). À CMV
lorsque l’infection
est plus ancienne et La primo-infection ou infection Q Sérodiagnostic
lors des infections primaire à CMV reste inapparente La détection des anticorps de type L’infection congénitale à CMV est
secondaires. En dans 90 % des cas chez l’enfant et Immunoglobulines IgG et IgM est la cause non-héréditaire la plus
pratique, on mesure l’adulte immunocompétent. Dans réalisée actuellement par tech- fréquente de surdité chez l’enfant.
après traitement par
10 % des cas, elle se manifeste par nique Elisa (Enzyme Linked Immu- En France, elle concerne 0,43 % des
un agent dénaturant
la dissociation de la un syndrome pseudo-grippal avec nosorbent Assay). La détection nouveau-nés (0,2 à 0,61 %), soit
liaison antigène- fièvre, fatigue, myalgies, lympha- d’IgM permet de suspecter une environ 3 400 nouveau-nés pour
anticorps. Les dénopathies. Biologiquement on primo-infection mais pas toujours 800 000 naissances annuelles [1]
niveaux d’avidité peut retrouver un syndrome mo- d’en affirmer le caractère récent, (figure 1). Elle survient après pri-
sont rapportés
nonucléosique 3 voire parfois une sauf si l’on dispose d’un sérum mo-infection maternelle (PIM) :
comme des indices
d’avidité, exprimant le cytolyse hépatique. Les complica- précoce négatif. En effet, les IgM environ 1 % des femmes enceintes
pourcentage d’IgG lié tions sont très rares : atteinte pul- peuvent persister plusieurs mois séronégatives acquièrent une in-
à l’antigène. monaire à type de pneumopathie après la primo-infection et être fection primaire pendant leur gros-
Mort fœtale
Décès néonatal
Interruption médicale de
grossesse (5 %) Infection du nouveau-né
320 3 120
13 % 87 %
Symptomatique Asymptomatique
40 % 85-95 %
60 % 5-15 %
Développement normal Développement normal
sesse. Elle peut aussi survenir après étudiés chez les femmes séroné- vers une mère séronégative a été
infection secondaire (réinfection gatives. Les contacts fréquents et étudié dans les couples consultant
ou réactivation). En effet, contrai- prolongés avec de jeunes enfants pour infertilité. Le risque relatif a
rement à d’autres maladies infec- représentent un des principaux été estimé à 1,72 si le partenaire est
tieuses (rubéole, toxoplasmose…), facteurs de risque de contamina- séropositif et à 6,55 en cas de séro-
une immunité préexistante contre tion. Ainsi 12 à 20 % des enfants conversion chez celui-ci, comparé
le CMV ne protège pas complète- en bonne santé excrètent du CMV au risque de 2,65 en cas d’exposi-
ment de la transmission au fœtus dans la salive ou les urines [2]. tion aux jeunes enfants de moins
[1]. Les données issues de pays à Un enfant de moins de deux ans de trois ans [10] (encadré 1).
forte séroprévalence montrent atteint d’une infection CMV est
que le taux d’infection congénitale le plus souvent asymptomatique
,Encadré 1
dans ces populations est plus élevé mais excrète le virus dans sa salive
que celui observé dans les popula- et ses urines pendant 6 à 42 mois
tions à faible séroprévalence [5]. (moyenne 18 mois) [9]. > PRINCIPAUX FACTEURS DE RISQUE
En France, environ la moitié des Sont également des facteurs de DE PRIMO-INFECTION CMV CHEZ
nouveau-nés ayant une infection risque pour la femme séronégative, LES FEMMES ENCEINTES
congénitale à CMV est née de le jeune âge des enfants (moins de
mères déjà séropositives pour le 3 ans), le fait qu’il soit gardé en col- • Femme séronégative
CMV avant la grossesse [1] (figure 1). lectivité, le bas niveau socio-écono- • Bas niveau socio-économique
mique mais aussi la séropositivité • Mère d’un enfant )3 ans
TRANSMISSION MÈRE- du conjoint, notamment en cas de • Mère d’un enfant gardé en collectivité
ENFANT DU CMV séroconversion chez celui-ci [10]. • Profession exposée : crèches, garderie
Les facteurs de risque de trans- Ce risque de transmission sexuelle • Sérologie positive du conjoint
mission ont essentiellement été du CMV d’un partenaire séropositif
La transmission au fœtus survient typique : la maladie des inclusions ce qui complique leur repérage. Le
principalement in utero par voie cytomégaliques. Les anomalies diagnostic est le plus souvent évo-
transplacentaire au cours d’une cliniques les plus fréquentes sont qué à l’occasion de la découverte
primo-infection ou d’une infec- alors : retard de croissance, hépatos- d’anomalies à l’échographie chez
tion secondaire chez la mère ; elle plénomégalie, microcéphalie, ictère, le fœtus. Il est basé sur la sérologie
peut également se produire lors de pétéchies, hypotonie/léthargie, avec recherche d’IgG + d’IgM anti-
l’accouchement par contact avec convulsions, associées à diverses CMV. La détection d’IgM anti-CMV
les sécrétions génitales contami- anomalies biologiques. En cas de fait suspecter une primo-infection
nées ou par l’allaitement. Ces 2 forme disséminée, la mortalité est mais ne permet pas de la dater pré-
derniers modes de transmission ne élevée (20-30 %) et 90 % des en- cisément, ni d’en affirmer le carac-
donnent jamais lieu à des atteintes fants qui survivent présentent des tère primaire. Seules 10 à 30 % des
sévères, sauf chez le grand prérma- séquelles neurosensorielles : retard femmes avec des IgM détectables
turé [1, 11, 12]. mental, psychomoteur, surdité pro- sont atteintes d’une primo-infec-
gressive sévère, troubles visuels… tion récente [11].
CONSÉQUENCES POUR LES Parmi les enfants modérément On ne peut conclure à une infection
ENFANTS INFECTÉS IN UTERO symptomatiques à la naissance, la récente qu’en cas de séroconver-
PAR LE CMV majorité aura un développement sion des IgG anti-CMV (apparition
(figure 1) normal mais 25-35 % seront por- d’IgG spécifiques du virus chez une
Le taux de transmission au fœtus teurs de handicaps plus ou moins femme enceinte antérieurement
lors d’une primo-infection mater- importants à long terme ; séronégative) ou, en l’absence de
nelle est de 30 à 40 %. Ce taux aug- Q87 % des enfants infectés naissent test de référence, en cas de consta-
mente avec l’âge de la grossesse et asymptomatiques. Environ 5 à 15 % tation d’un indice d’avidité des
serait maximal au 3e trimestre. À développeront néanmoins des IgG anti-CMV faible. Lorsqu’une
l’inverse, c’est lorsque la transmis- séquelles à type de perte auditive infection est suspectée et que l’in-
sion survient au 1er trimestre que neurosensorielle, retard de dévelop- dice d’avidité est intermédiaire ou
les atteintes du fœtus sont les plus pement psychomoteur et altération proche des seuils d’interprétation,
graves [1, 11, 13]. En ce qui concerne visuelle. Les surdités (séquelles les l’interprétation des résultats en
les infections secondaires, leur plus fréquentes) sont bilatérales matière de datation est délicate : il
fréquence et le taux de transmis- dans 50 % des cas, en général lé- est alors souhaitable qu’un contrôle
sion sont mal connus en l’absence gères et n’apparaissent parfois que soit réalisé par un laboratoire spé-
d’études fiables pour les évaluer secondairement, plusieurs mois ou cialisé pour éviter les erreurs dia-
mais leur responsabilité dans l’in- années après la naissance. Les nou- gnostiques. Quant au diagnostic de
fection in utero de l’enfant est éga- veau-nés infectés et asymptoma- réactivation ou de réinfection, il ne
lement importante [14]. tiques nécessitent donc une surveil- peut être fait en dehors des études
En cas d’infection fœtale, la fré- lance clinique, avec un dépistage de recherche [1,8].
quence des anomalies congénitales des troubles de l’audition.
et le risque de séquelles persis- En France, le nombre d’issues défa- CHEZ L’ENFANT
tantes semblent similaires quelle vorables de grossesse liées à l’infec-
que soit la sérologie maternelle en tion par le CMV (morts fœtales in En prénatal
début de grossesse, contrairement utero, décès néonataux et interrup- Un diagnostic anténatal peut être
à ce qui était affirmé antérieure- tions de la grossesse pour raisons réalisé en cas d’infection maternelle
ment [1, 14, 15]. médicales) est estimé à plus de 300 récente (diagnostiquée ou suspec-
Parmi les nouveau-nés infectés, chaque année. Néanmoins, 4 en- tée, surtout pendant la 1re moitié
quel que soit le type d’infection fants sur 5 nés infectés seront nor- de grossesse) et/ou du fait de l’exis-
maternelle (primo-infection ou maux et n’auront aucune séquelle. tence de signes échographiques
réinfection/réactivation), les esti- compatibles avec une infection
mations récentes pour la France DIAGNOSTIC congénitale à CMV. Une infection
montrent que (figure 1) [1] : congénitale peut être suspectée
Q 13 % sont symptomatiques à la CHEZ LA FEMME ENCEINTE devant des anomalies échogra-
naissance. Environ la moitié de L’infection à CMV chez la femme phiques : signes d’infection géné-
ces nouveau-nés symptomatiques enceinte n’a pas de spécificité : 90 % ralisée (retard de croissance intra-
présente une atteinte disséminée des formes sont asymptomatiques, utérin, hépatosplénomégalie, ascite
,Tableau I
> MESURES DE PRÉVENTION PROPOSÉES PAR LE HAUT CONSEIL DE SANTÉ transmet surtout lors de l’exposi-
PUBLIQUE [1] tion aux liquides biologiques d’un
enfant de moins de 3 ans infecté
Où
peut-on
(urines, salive). L’information des
Ne pas faire Faire femmes et l’application de règles
rencontrer
le CMV ? d’hygiène simples, décrites dans
Salive Embrasser un bébé ou un enfant sur la Le prendre dans ses bras. L’embrasser le tableau I, sont préconisées dans
bouche. sur le front ou sur les cheveux. toutes les recommandations offi-
Gouter dans l’assiette du bébé. Ou faire un câlin. cielles [1, 18 à 24]. Certaines études
Partager l’assiette, la bouteille ou un Avoir des assiettes, des verres
aliment (gâteau...). et des couverts individuels.
ont montré l’efficacité de cette
Finir le plat du bébé. Tester la température du information sur les risques liés à
Sucer la tétine du bébé ou gouter au repas avec le dos de la main. l’infection CMV chez des femmes
biberon. Gouter le plat avec
séronégatives [9, 25, 26].
une autre cuillère.
Avoir une brosse à Néanmoins, elles ne sont pas évi-
dent individuelle. dentes à appliquer au quotidien par
Larmes Embrasser un bébé ou un enfant qui Le prendre dans ses bras. une mère vis-à-vis de son enfant. Il
pleure sur les joues. L’embrasser sur le front est donc indispensable, pour espé-
ou sur les cheveux. rer avoir un impact positif de ces
Ou lui faire un câlin.
mesures, que les médecins soient
eux-mêmes sensibilisés et qu’en
Sécrétions Aspirer le nez d’un bébé enrhumé sans Aspirer les sécrétions du bébé avec précau-
conséquence ils informent les
nasopha- précautions. tions (et en cas d’utilisation d’un mouche-
ryngées Embrasser un bébé très enrhumé sur bébé, le nettoyer immédiatement en femmes enceintes ou ayant un pro-
les joues. suivant la notice). jet de grossesse du risque lié à une
Ou utiliser des mouchoirs en papier et les infection CMV congénitale et des
jeter immédiatement après usage.
Se laver les mains 15 à 20 secondes tout de moyens de s’en protéger. C’est loin
suite après avoir mouché un enfant ou un d’être le cas comme en témoignent
bébé, et si ce n’est pas possible, nettoyer les plusieurs études [10, 27 à 29].
mains et utiliser du gel
hydro-alcoolique.
Le prendre dans ses bras. VACCINATION
L’embrasser sur le front Il n’y a actuellement aucun vac-
ou sur les cheveux.
Ou lui faire un câlin.
cin disponible, même si de nom-
breuses recherches sont menées.
Urines Toucher un pyjama mouillé avec les Jeter les couches mouillées
mains. immédiatement. DÉPISTAGE
Prendre un bain avec le bébé (qui risque Se laver les mains 15 Le dépistage sérologique systéma-
d’uriner). à 20 secondes après les tique de l’infection à CMV chez la
changes ou après avoir
touché un vêtement mouillé.
femme enceinte ou ayant un désir
Et si ce n’est pas possible, de grossesse continue à faire débat.
utiliser du gel hydro-alcoolique. Il aurait pour objectif de réduire l’in-
Avoir ses propres affaires de toilette.
cidence des complications graves
de l’infection congénitale à CMV,
Sécrétions Toutes ces précautions concernent aussi Utiliser un préservatif si changement de
génitales le futur père. partenaires ou si suspicion d’infection à en repérant les femmes séronéga-
CMV chez le conjoint. tives. En France, en 2004, l’Agence
La survie du virus sur les jouets, les vêtements mouillés ou les aliments nationale d’accréditation en santé
secs (biscuits…) peut être de 6 h . (ANAES), aujourd’hui Haute Autori-
Se laver les mains après avoir touché ou rangé les jouets.
Lavez les jouets régulièrement et en particulier dès qu’un enfant est malade.
té de santé (HAS), soulignait que ce
dépistage n’était pas recommandé
du fait notamment des incertitudes
Pour les professionnelles de la petite enfance :
diagnostiques, de l’absence de thé-
- utiliser des gants jetables pour les changes ;
- et se laver les mains avant et après le change ; rapeutiques validées et des difficul-
- utiliser le gel hydro-alcoolique. tés à établir un pronostic fœtal avec
le risque d’IMG indue [18].
niveau que celui induit par le fait sur les risques et les moyens de s’en moins de 3 ans comme excréteur
d’être en contact à domicile avec protéger. Cependant, ce type de et respecter scrupuleusement les
des enfants, où les règles d’hygiène dépistage peut induire une fausse règles d’hygiène [12, 45]. Une option
sont moins bien pratiquées qu’en sécurité laissant croire aux femmes choisie par certaines équipes de
milieu professionnel [1, 40, 42, 44]. séropositives qu’elles sont immuni- santé au travail en France est de pri-
Q À l’occasion d’un accident expo- sées et donc protégées, comme par vilégier les postes en contact plutôt
sant au sang (AES). exemple pour la rubéole, alors que avec les grands (moins de changes)
Il pourrait y avoir transmission du ce n’est pas le cas pour le CMV : elles pour les femmes enceintes.
virus en cas d’AES lors de la mani- doivent en être informées. Il serait
pulation d’un liquide biologique en outre logique de refaire une séro-
contaminé : aucun cas n’a été logie en tout début de grossesse, au
retrouvé dans la littérature, ni en mieux juste avant, chez la femme CONCLUSION
milieu de soins, ni en laboratoire. séronégative. L’indication d’un
suivi sérologique ultérieur ne fait Le cytomégalovirus est à l’origine
CONDUITE À TENIR VIS-À-VIS l’objet d’aucune recommandation des infections congénitales et péri-
DU RISQUE CMV EN MILIEU officielle : il est de toute façon indis- natales les plus fréquentes, avec
PROFESSIONNEL pensable, dans ce cas, d’orienter la des conséquences parfois graves
Un consensus existe pour amé- femme vers son obstétricien afin pour l’enfant. En milieu de travail,
liorer le niveau de connaissance d’évaluer l’opportunité d’un suivi et si un risque accru a été mis en évi-
des femmes en âge de procréer et ses modalités. dence pour les femmes enceintes
travaillant au contact de jeunes Même en l’absence de dépistage travaillant en crèche, il est discuté
enfants sur la gravité de l’infection en santé au travail, de nombreuses pour celles travaillant au contact de
néonatale à CMV et les moyens de femmes sont dépistées en début patients infectés dans les services
s’en protéger. La prévention passe de grossesse et la question de la de soins, probablement du fait de
par le respect de règles d’hygiène conduite à tenir devant une femme l’application, au quotidien, des pré-
de base (tableau I) qui doivent être enceinte séronégative travaillant cautions « standard ». Les seules
rappelées à l’embauche et lors du au contact d’enfants de moins de recommandations en matière de
suivi individuel en santé au travail. 3 ans peut se poser. Il est indis- prévention qui fassent consensus
La remise d’un document écrit d’in- pensable de l’informer des risques sont l’information sur le risque des
formation peut être utile. et de l’importance du respect des femmes enceintes quel que soit leur
En revanche, il n’y a pas d’indication règles d’hygiène pour éviter tant statut vis-à-vis du CMV, travaillant
au dépistage dans les postes expo- une primo-infection qu’une réin- au contact des enfants de moins de
sés pour les raisons décrites plus fection (tableau I). 3 ans, qui est souvent insuffisante,
haut [1]. Certes, la connaissance d’un En ce qui concerne une éventuelle et le respect scrupuleux des règles
statut séronégatif chez une femme éviction temporaire des femmes d’hygiène. En ce qui concerne le dé-
enceinte peut l’inciter à mieux res- enceintes travaillant au contact pistage des femmes séronégatives
pecter les règles d’hygiène mais ces d’enfants, là encore les avis sont pour le CMV, il reste non recom-
mesures ne sont pas spécifiques : partagés. Ainsi, en Suisse et en mandé tant en population générale
elles sont indispensables aussi Belgique, les femmes enceintes qu’en milieu professionnel. En effet,
pour protéger contre d’autres virus travaillant en crèche ou garderie le risque d’infection congénitale
notamment celui de la grippe. En ne doivent pas être en contact avec doit être pris en compte aussi bien
outre, la personne séropositive peut des enfants de moins de 3 ans [20, chez les femmes séropositives que
se réinfecter et doit donc elle aussi 21]. Ces restrictions ne s’appliquent chez les femmes séronégatives en
respecter les règles d’hygiène. qu’aux femmes séronégatives pour début de grossesse.
Certaines équipes de santé au tra- le CMV en Allemagne [44].
vail ont néanmoins mis en place D’autres soulignent que le CMV est
un dépistage pour les personnels ubiquitaire, que les femmes séro- Remerciements à A. Billette de
travaillant au contact de jeunes positives peuvent se réinfecter avec Villemeur, présidente du groupe de
enfants (établissements de santé, les mêmes conséquences pour l’en- travail « Prévention de l'infection à
crèches) [41]. Il est en général réa- fant et ne conseillent donc pas le CMV de la femme enceinte et
lisé à l’embauche avec une infor- retrait des femmes séronégatives : du nouveau né » du HCSP, pour sa
mation des femmes séronégatives il faut considérer tout enfant de relecture attentive.
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Cybercinétose
en milieu professionnel
AUTEUR :
L. Brun, laboratoire Ergonomie et psychologie appliquées à la prévention (EPAP), département Homme au
travail, INRS
en
L
résumé
logiques impliquant notamment la dantes. Ainsi, si les deux systèmes qui concerne la modulation émo-
coordination des systèmes visuel sont en désaccord, c’est que l’in- tionnelle et cognitive, la tendance
et vestibulaire. Ces effets physiolo- formation n’est pas redondante. à exagérer la douleur d’un individu
giques agissent comme un signal Dans de nombreux cas, cette non est corrélée positivement à son his-
d’alarme précoce qui augmente redondance de l’information n’in- toire de mal des transports et à son
la survie de l’individu en déclen- duit pas de cinétose (par exemple ressenti de cybercinétose [48].
chant le vidage du contenu de son lorsque l’on prend un ascenseur, Q La durée d’exposition à l’EV. De
estomac pour en retirer les toxines. un tapis roulant ou un escala- façon prévisible, il est généralement
Dans certains EV, les systèmes teur). Les résultats des études sur observé que la durée a un effet cu-
visuel et vestibulaire sont pertur- la théorie de l’instabilité postu- mulatif sur les symptômes et reste
bés d’une façon telle que le corps rale sont contradictoires, certains actuellement l’une des meilleures
décode mal l’information et l’inter- la soutenant [37 à 40], d’autres la manières d’en contrôler la sévérité
prète comme une intoxication, ce contredisant [41]. ou l’impact.
qui est susceptible de déclencher Q La fréquence d’exposition à
une réponse adaptative se tradui- FACTEURS CONTRIBUANT À l’EV. Généralement, si les sessions
sant par un vomissement. LA CYBERCINÉTOSE d’exposition sont suffisamment
Comme la théorie du conflit senso- De nombreux facteurs influencent proches dans le temps les unes des
riel, celle du poison n’explique pas la cybercinétose, sans être directe- autres, un phénomène d’adapta-
non plus les raisons pour lesquelles ment liés à l’une des trois théories tion se produit et les symptômes
certaines personnes sont malades évoquées précédemment. s’atténuent.
et d’autres non dans des EV aux sti- Q Les caractéristiques techniques Q Les facteurs « cinématiques »
mulus identiques. telles que la distorsion optique, l’er- [49] font référence à toutes les
reur de position de suivi de la tête de 3. La dépendance variations dans le contenu de la
LA THÉORIE DE L’INSTABILITÉ l’utilisateur, le champ de vision, le indépendance scène et aux interactions sujet-sys-
POSTURALE scintillement, le taux de rafraîchis- à l’égard du tème qui sont affectées par ce que
champ est un
Développée par Riccio et Stoffregen sement, la résolution ou les oscilla- style perceptif lié
le sujet fait pendant la simulation.
[34], cette théorie est centrée sur tions visuelles. Par exemple, pour ce à la verticalité. La position du sujet dans l’EV (assis
l’idée que l’un des buts comporte- dernier paramètre, la combinaison Pour déterminer ou debout) peut aussi jouer un rôle
mentaux primaires chez l’homme de la vitesse et de l’amplitude des la verticale, dans la sensibilité individuelle à la
est de maintenir une stabilité pos- mouvements visuels influence la les personnes cybercinétose. La position assise
« indépendantes
turale dans l’environnement. sévérité des symptômes de la cyber- à l’égard du
semble être préférable pour ré-
Elle suggère que les malaises dus cinétose [42]. champ » se duire les symptômes de cyberciné-
à la cinétose et à la cybercinétose QLes caractéristiques de l’EV telles basent sur des tose dans la mesure où elle réduit
sont causés par une instabilité que le réalisme, le niveau de détails, indices internes les demandes de contrôle postural
posturale prolongée. Cette théorie le type de contenu d’action. Ainsi, corporels alors (voir la théorie de l’instabilité pos-
que les personnes
prédit l’apparition des instabilités un niveau de détail élevé dans « dépendantes
turale présentée précédemment).
posturales avant celle de la ciné- les graphismes au fort réalisme à l’égard du Lorsqu’il y a plusieurs utilisateurs
tose : « ce n’est pas parce que nous visuel augmente la cybercinétose champ » se basent simultanément dans l’EV, ceux qui
sommes malades que nous sommes [43, 44]. Un contenu d’action forte- sur des indices agissent sont moins susceptibles
instables, c’est parce que nous ment dynamique provoque plus de externes environ- de souffrir de cybercinétose que les
nementaux.
sommes instables que nous sommes symptômes de cybercinétose qu’un participants passifs [50].
malades »[35, 36]. La sévérité des contenu neutre et statique [45]. 4. La rotation
mentale est
symptômes augmente directe- Q Les caractéristiques indivi-
la capacité à
ment avec la durée de l’instabilité : duelles telles que l’expérience, le se représenter
plus celle-ci est longue, plus les genre, la dépendance indépendance dans l’espace des COMMENT ÉVALUER LA
symptômes seront sévères. à l’égard du champ 3, l’âge, l’état de objets en 2 ou 3 CYBERCINÉTOSE ?
La théorie de l’instabilité posturale santé, la capacité de rotation men- dimensions et à
les faire tourner
contredit celle du conflit sensoriel. tale 4, la stabilité posturale et la sen- Les symptômes du mal de la RV
mentalement
Selon la théorie de l’instabilité sibilité au mal des transports. Les en lien avec la peuvent être évalués par des auto-
posturale, les systèmes visuel et femmes ressentent la cybercinétose représentation évaluations subjectives et par des
vestibulaire sont en accord s'ils plus fortement que les hommes [38] visuelle de telles mesures objectives de variations de
reçoivent des informations redon- et y sont plus sujettes [46, 47]. En ce rotations. paramètres physiologiques.
un ancrage, ainsi que des scénarios milieu de travail et, néanmoins, d’après les survenir (nausée, troubles de l’équilibre,
limitant les mouvements saccadés caractéristiques de la maladie ainsi que fatigue et flou visuel…) ;
de la tête et des yeux et favorisant la connaissance des activités, quelques O la durée éventuellement courte de la
des situations de contrôle actif de conseils simples à l’usage des préventeurs plupart des symptômes ;
la posture, limitent la cyberciné- sur les lieux du travail et avant l’utilisation O les moyens possibles pour réduire les
tose [36]. La position assise semble de la réalité virtuelle (RV) peuvent être effets et leurs conséquences ; par exemple,
être préférable à la station debout proposés. la réduction du temps d’immersion
dans la mesure où elle diminue les durant les premières expériences, puis une
demandes de contrôle postural. Comme pour toute implémentation augmentation progressive (sans dépasser les
d’une nouvelle technologie, il s’agira de 30 min), des pauses toutes les 10 à 20 min,
réinterroger l’organisation du travail, pour mieux s'habituer et l’espacement de
notamment, dans le cas présent, ces pratiques tous les 2 à 5 jours ;
CONCLUSION l’articulation des différentes activités O le caractère possiblement anxiogène de
effectuées avec les séquences de RV, et l’expérience de la RV.
Les technologies de RV constituent de définir des temps de pauses. Il s’agira
des outils de travail intéressants également d’associer le personnel et ses Certains symptômes, notamment les
en complément de ceux déjà exis- représentants à l’introduction de cette troubles de l’équilibre et les troubles visuels,
tants et éprouvés. Leur caractère nouvelle technologie dans les activités de peuvent durer plus d’une heure, donc il y a
nouveau et les effets indésirables l’entreprise, à leur formation et information. lieu d’éviter les déplacements, la conduite
de cybercinétose associés ne per- et l’utilisation de machines dangereuses,
mettent pas aujourd’hui d’avoir un immédiatement après une immersion.
recul suffisant sur leur utilisation.
Les avantages présentés par la RV
sont nombreux et représentent
un réel apport, en particulier en vité ultérieure des utilisateurs, par descripteur mesuré sur une échelle
terme d’apprentissage. La possibi- exemple leurs comportements de linéaire à des questionnaires à plu-
lité d’immerger l’utilisateur dans conduite automobile ou de réalisa- sieurs dimensions. De plus, choisir
un environnement artificiel avec tion de tâches dangereuses. un EV dont les graphismes sont peu
lequel il peut interagir, de mani- Afin de réduire le risque de cyber- détaillés et faiblement réalistes, et
puler, contrôler et mesurer sans cinétose, des mesures simples dont le contenu est assez statique,
risque pour l’utilisateur, de créer peuvent être prises : limiter et permet de diminuer les symptômes
des situations dangereuses et répé- contrôler le temps d’exposition de cybercinétose. Enfin, placer les
tables ou encore de simuler des in- à la RV en prévoyant des durées participants dans une position
teractions avec des agents virtuels d’exposition courtes (par exemple qui demande peu de contrôle pos-
sont autant d’éléments attractifs et de 10 à 20 minutes consécutives tural (assis plutôt que debout par
facilitateurs. La RV n’est cependant maximum), proposer des pauses exemple) réduit également la sur-
pas la réponse à tout et il faut rester régulières lors des sessions, expo- venue de la cybercinétose.
vigilant quant aux champs d’appli- ser progressivement les utilisateurs
cation et à la façon de l’intégrer et évaluer le ressenti de cyberci-
dans des démarches plus globales. nétose après chaque session. Des
Les symptômes de cybercinétose, outils d’évaluation de la cyberci-
susceptibles de persister bien après nétose plus ou moins approfondis
l’exposition, peuvent affecter l’acti- sont disponibles, allant d’un seul
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Oculus Rift induces motion Thesis. Oulu : University of Command, Ballistic Research 56 | KIM A, DARAKJIAN N,
Médecin du travail, je suis en charge du suivi des Le travailleur peut également solliciter le conseiller en
La réponse de
personnels Stéphane
d’un serviceMalard,
de médecine nucléaire. radioprotection (CRP) pour ce qui concerne les résultats
Dans le domaine
Département de l’exposition
Études et assistance médicales,aux
INRS.rayonnements auxquels ce dernier a accès. À compter du 1er juillet
1. Les organismes ionisants (RI), à quelles informations dosimétriques 2020, il pourra également demander à l'organisme
accrédités Dansacteurs
les Question/Réponse
impliqués : dans 04-Textela et radioprotection
pour le gras accrédité 1 de communiquer à lui-même ainsi qu’au
regroupent les
peuvent-ils
Dans style de avoir accès etQuestion/réponse
caractère que peuvent-ils échanger ?
04-Texte médecin qu'il aura désigné le cas échéant, les résultats
organismes de
dosimétrie, les Bold individuels de la dosimétrie le concernant, sur les vingt-
services de santé Les modalités de communication des résultats issus quatre mois précédents. À compter de cette même
au travail ou les
de la surveillance dosimétrique individuelle et des date et jusqu’au 1er juillet 2023, il pourra obtenir auprès
laboratoires de
biologie médicale doses efficaces sont encadrées par les articles L. 4451-2 de cet organisme, et selon les mêmes modalités, ses
mentionnés à et suivants et R. 4451-1 à R. 4451-144 du Code du travail résultats individuels de dosimétrie du cristallin sur les
l'article R. 4451-65
(CT) ainsi que par un arrêté du 26 juin 2019 relatif à la cinq années précédentes 2. À partir du 1er juillet 2023, les
du CT.
surveillance individuelle de l'exposition des travailleurs résultats seront comparés à la VLEP annuelle.
2. Du 1er juillet 2018 aux rayonnements ionisants, en vigueur à compter du L’IRSN répond par ailleurs aux demandes de
au 30 juin 2023,
1er juillet 2020. L’instruction DGT/ASN/2018/229 du reconstitution d’historique dosimétrique (dose carrière
la valeur limite
cumulée pour le 2 octobre 2018 a explicité certains points du CT. cumulée) émanant des travailleurs ou des médecins du
cristallin est fixée La surveillance dosimétrique individuelle comprend des travail. Les résultats fournis sont établis en se fondant
à 100 millisieverts
données d’exposition externe dites doses équivalentes sur les informations enregistrées dans SISERI depuis
(mSv), pour autant
que la dose reçue (peau, extrémités, cristallin) et d’exposition interne sa mise en service en 2005 et sur les informations
au cours d’une an- qualifiées de doses engagées. La dose efficace agrège dosimétriques antérieures collectées à partir des
née ne dépasse pas
l’ensemble des doses reçues. Les examens de dosimétrie divers supports d’archivage en vigueur aux différentes
50 mSv. À compter
du 1er juillet 2023, interne (anthroporadiométrie et radiotoxicologie) époques concernées.
la valeur limite sont réalisés sur prescription médicale, leurs résultats « Le médecin désigné (…) par le travailleur et, en cas de
d’exposition pour
peuvent être considérés comme des données relevant décès ou d’incapacité, par ses ayants droit », a accès « sous
le cristallin est
fixée à 20 mSv sur du secret médical. leur forme nominative aux résultats de la surveillance
12 mois consécutifs. Pour mémoire, la dosimétrie opérationnelle ne constitue dosimétrique ainsi qu’à la dose efficace ».
pas une surveillance dosimétrique individuelle du
travailleur. Il s’agit d’un outil de pilotage permettant Résultats accessibles au médecin du travail
une optimisation des mesures de radioprotection. Pour mémoire, l’employeur doit réaliser les évaluations
individuelles de l’exposition aux RI préalablement à
Résultats accessibles au travailleur l’affectation des travailleurs. Le médecin du travail
(art. R. 4451-67 et R. 4451-68 du CT) donne un avis sur la proposition de classement faite
Le travailleur a accès à tous les résultats issus de la par l’employeur suite à cette évaluation, classement qui
surveillance dosimétrique individuelle dont il fait BIBLIOGRAPHIE
détermine pour partie les modalités de la surveillance
l’objet (interne, externe), ainsi qu’à la dose efficace dosimétrique individuelle.
le concernant. Il peut, à cet égard, en demander Le1 |médecin
EN STYLE DEduCARACTÈRE
travail aDANSaccès, BIBLIOGRAPHIE
via SISERI,
DOSSIER à l’ensemble
communication au médecin du travail ou à SISERI desENCADRÉ : 01-Tdosimétriques
résultats EXTE CAP ROUILLEet à laBibliographie
Dans dose efficace, sous
(Système d’information de la surveillance de l’exposition leur forme
Encadré nominative,
01-Texte En syle dedecaractère
chaqueDanstravailleur
dossier dont il
aux rayonnements ionisants). Géré par l’Institut de assure le suivi.Encadré : 01-Texte Ital
Bibliographie
radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), SISERI Il communique à SISERI les doses internes dès lors
est en effet l’outil de centralisation des données que1 | Ecelles-ci
N STYLE DEsont significatives
CARACTÈRE du Bpoint
DANS DOSSIER de vue de la
IBLIOGRAPHIE
dosimétriques communiquées par les organismes de ENCADRÉ : 01-TEXTE
radioprotection CAP11,RIV
(art. de Dans
OUILLE l’arrêté du 26 juin 2019).
Bibliographie
dosimétrie, les laboratoires de biologie médicale et les Il Encadré
dispose01-Texte
également
En syled’un accès, Dans
de caractère pourdossier
rectification,
services de santé au travail accrédités. à Bibliographie
tous les résultats
Encadréde la dosimétrie
: 01-Texte Ital individuelle des
Des tronçonneuses et autres outillages sur batteries des pistons et des bielles) vibrent plus que les moteurs
commencent à apparaître sur le marché et en électriques où seul l’arbre d’entraînement de l’outil est
utilisation dans les entreprises du paysage. Existe- en mouvement.
t-il des études sur les vibrations provoquées par ce En conséquence, le choix d’un mode d’énergie plutôt
type d'équipements ? Quelles différences y aurait-il que d’un autre, pour des machines équivalentes, ne
par rapport à des machines thermiques ? peut pas se faire sur le critère d’une exposition aux
vibrations plus faible mais sur d’autres considérations :
Chaque année se vendent en France, à des fins bruit, gaz d’échappement, poids, ergonomie…
professionnelles, plusieurs dizaines de milliers de Pour réduire les vibrations émises par ces machines, les
tronçonneuses, taille-haies, débroussailleuses, coupe- fabricants intègrent dès leur conception des systèmes
fils. Les modèles les plus répandus sont les machines antivibratiles (ressorts métalliques ou silent blocks
thermiques. Des modèles analogues avec batterie suspendant l’ensemble moteur–transmission-outil de
commencent néanmoins à être achetés par les coupe, augmentation du moment d’inertie...).
professionnels. Ces dispositifs anti vibratiles réduisent les vibrations
Quel que soit leur mode de production d’énergie, mais cela ne suffit pas toujours à limiter l’exposition des
ces machines vibrent et exposent les mains de leurs salariés en dessous de la valeur d’action. Aussi, pour une
utilisateurs à des niveaux vibratoires suffisants pour prévention efficace, il est nécessaire de limiter la durée
que, en fin de journée, la valeur déclenchant l’action d’exposition quotidienne en tenant compte des autres
de prévention fixée réglementairement à 2,5 m/s2 soit machines vibrantes employées par l’opérateur. Ainsi le
dépassée. choix d’une machine, de sa puissance et des outils se
À long terme, les risques liés à cette exposition fait en fonction de la tâche, tout particulièrement des
vibratoire d’amplitudes et de fréquences élevées sont dimensions des végétaux à couper ou à élaguer. Il faut
bien connus. Pour l’essentiel, les affections potentielles s’assurer du bon état de l’outil coupant conformément
sont de nature vasculaire (syndrome de Raynaud) aux instructions du constructeur. L’entretien permet à
ou neurologique (moindre sensation du toucher, de la machine de conserver toute sa performance et donc
la perception du chaud et du froid, diminution de la de réduire la durée nécessaire à la réalisation d’une
préhension, perte de dextérité manuelle) et reconnues tâche donnée. Quelle que soit la vitesse de rotation, c’est
en maladies professionnelles au titre du tableau n° 69 l’efficacité du tranchant qui permet à l’outil d’avoir un
du régime général et n° 29 du régime agricole. bon rendement.
L’amplitude des vibrations sur les zones de préhension Enfin, il faut rappeler que les opérateurs doivent se
dépend principalement de la vitesse de rotation de la protéger contre le froid qui favorise le déclenchement de
machine, du type d’outil de coupe employé et de son crises du syndrome de Raynaud. C’est pourquoi le port de
entretien... Les principales sources de vibration sont la gants et de vêtements appropriés est particulièrement
rotation de la transmission moteur-outil et celle de l’outil recommandé même si les gants déclarés anti-vibratiles,
de coupe. À ce jour, le nombre de mesures de vibrations en référence à la norme EN 10819, s’avèrent peu
en situation réelle faites par l’INRS est insuffisant efficaces pour réduire les vibrations basses-fréquences
pour vérifier si les machines avec batterie sont plus ou (< 150 Hz, rotation < 9000 tours/minute) transmises aux
moins vibrantes que les machines à moteur thermique travailleurs qui les portent. Mais ils ont l’avantage de
équivalentes. Mais l’expérience acquise avec d’autres tenir la main au chaud.
familles de machines et les valeurs déclarées par les
fabricants montrent, en règle générale, que le mode POUR EN SAVOIR +
d’énergie n’affecte pas significativement les valeurs de vibrations transmises aux membres supérieurs (www.
vibrations. Ce résultat peut surprendre car, en raison de inrs.fr/risques/vibration-membres-superieurs/ce-qu-il-faut-
leur conception, les moteurs à deux temps (va-et-vient retenir.html)
Quelles sont les obligations en matière d’évaluation O un flou sur le rôle de chacun, la répartition des
et de prévention des risques pour des travailleurs tâches ou des moyens matériels ou financiers ;
prestataires ou des sous-traitants de prestataires O un flou sur la façon dont le travail doit être fait ;
qui sont sur le site d’une entreprise ? Plus Odes objectifs, des enjeux différents ou contradictoires
particulièrement, pour les situations les exposant déterminés par l’organisation du travail entre des
à des risques psychosociaux (RPS), quelles sont salariés qui doivent coopérer ;
les obligations des différents employeurs ? Est-il O une dépendance vis-à-vis d’un autre salarié qui fait
possible d’interdire aux sous-traitants de parler que l’un ne peut pas travailler si l’autre n’a pas réalisé
aux salariés de l’entreprise d’accueil ? une partie de son propre travail.
Ces causes fréquentes de désaccords professionnels
Lorsque des salariés d’une entreprise extérieure (EE) peuvent évoluer vers des faits de violence s’ils ne sont
sont amenés à intervenir au sein d’une entreprise pas ou s’ils sont mal arbitrés.
utilisatrice (EU), dite « entreprise d’accueil », il Ainsi, dans le cadre de la démarche de prévention et
incombe à chaque employeur : d’une manière plus générale :
- d’évaluer les risques liés à ses propres salariés et aux
métiers qui leurs sont propres (dont les RPS), afin de Q L’employeur du salarié de l’entreprise extérieure
retranscrire les résultats dans le document unique ; doit :
- d’évaluer, en concertation cette fois, les risques O d’une part, évaluer les risques potentiels auxquels
« communs », pouvant résulter de l’interférence des le salarié est exposé du fait de son métier (risques
activités, des installations et des matériels, afin de chimiques, de chute, stress, violence…) et prévoir des
définir les mesures de prévention adaptées qui seront, mesures de prévention adaptées ;
pour leur part, prévues par le plan de prévention. O d’autre part, s'assurer que le plan de prévention
Une attention particulière devra être portée sur (élaboré en concertation avec l'employeur de l'EU)
l'organisation des activités en cas d'interventions prévoit des mesures de prévention adaptées pour
de prestataires extérieurs et, en particulier, sur protéger ses propres salariés des risques liés à
l'évaluation des risques liés à l'organisation du travail l'interférence des activités.
en commun, avec des salariés d'entreprises différentes. Ainsi, l’employeur du salarié prestataire doit prendre
À titre d’exemples, certaines organisations ou en compte et évaluer les différents risques, d’une part
modalités de travail peuvent générer des RPS chez dans le cadre de l’évaluation des risques propre à son
les salariés extérieurs si, par exemple, le chef de l'EU entreprise, mais également dans celui du plan de
surveille les salariés extérieurs ou si ces derniers sont prévention envisagé pour une prestation spécifique ;
obligés de travailler rapidement pour laisser la place certains risques, et notamment des RPS, pouvant
aux salariés de l'EU. résulter de l'organisation du travail et de l’interférence
Des situations de violences internes peuvent des activités.
notamment apparaître entre les salariés des EU et
des entreprises prestataires, pour les mêmes raisons Q L’employeur de l’entreprise d’accueil, étant
que dans une entreprise unique, à savoir : lui-même sur le site en général, doit pour sa part
O un manque d’information, de formation ou s’assurer que les mesures de prévention envisagées
d’expérience pour une tâche pour un des salariés lors de l’élaboration du plan de prévention sont bien
concernés ; respectées. Même s’il ne s’agit pas de son propre
BIBLIOGRAPHIE
BBRUIT
RUIT
Objectif,
demain...
EN OPEN-SPACE :
PREVENTION
Tschac,
Quels acteurs ?
tschac... Quelles solutions ?
Le bruit est la première nuisance citée aujourd’hui Pour corriger ces situations dégradées,
par les nombreux salariés en open-space (bureaux les acteurs de terrain sont souvent démunis.
ouverts ou paysagers). Cette journée technique de Qui peut les aider à évaluer la nuisance et à
l’INRS s’adresse aux préventeurs, services de santé v®vÀË®®³Ëۨývv³ËÃÈ¿Ëvï®
au travail et chefs d’entreprise qui souhaitent ÀËÀËÀv¨®ÈÈív®È¨ÀËÈ
améliorer ces situations de travail bruyantes. en open-space ?
Ces espaces sont censés faciliter la communication Cette journée technique a pour objectif de
et la collaboration. Cependant, l’aménagement présenter une approche complète couplant
acoustique, souvent négligé à la conception, conduit les méthodes et les analyses d’ergonomes et
à de la gêne pour l’accomplissement de l’activité, de d’acousticiens. Des exemples d’améliorations
la fatigue pour les salariés et de la perte de effectuées en entreprise illustreront
performance pour l’entreprise. l’approche.
INSCRIPTION : CONTACT :
www.inrs-bruit-openspace.fr bruit-openspace@inrs.fr
RÉDACTEURS :
Boini S., département Épidémiologie en entreprise, INRS
Langevin V., département Expertise et conseil technique, INRS
construite en excluant tout item O7 items pour évaluer la dépression : xieux et de troubles dépressifs ;
concernant les aspects somatiques, un item pour la dysphorie, un item O de 8 à 10 : troubles anxieux ou
aspects qui pourraient être confon- pour le ralentissement et cinq items dépressifs suspectés ;
dus entre la maladie physique et pour la dimension anhédonique ; O de 11 à 21 : troubles anxieux ou
que ses traductions sont soumis de la version française sur 107 OValidité de structure interne
à copyright (cf. https ://www.gl- patients hémodialysés [16] ; Les analyses factorielles réalisées sur
assessment.co.uk/products/hospital- ORoberge et al. (2013) : validation les données observées à partir des ver-
anxiety-and-depression-scale-hads/). de la version française canadienne sions anglaise et allemande suggèrent
Son utilisation est autorisée par sur 14 298 sujets vus en cliniques une structure à deux dimensions,
GL Assessment (cf. https://www.gl- de soins primaires, dont 3 291 avec comme les auteurs de l’échelle [14].
assessment.co.uk/contact/#contact) . des problèmes de santé mentale La corrélation entre la sous-échelle
Un contrat de licence doit être (diagnostic ou symptômes de anxiété et la sous-échelle dépression
complété à l'avance et des frais dépression ou d’anxiété, traitements est de l’ordre de 0,63, indiquant que ces
d'utilisation sont exigés pour tous médicamenteux pour anxiété deux sous-échelles ne sont pas indé-
les utilisateurs (commerciaux, ou dépression) + validation de la pendantes. De même, dans la revue
organismes de santé et utilisateurs version anglaise canadienne sur 535 de littérature de Bjelland et al. [10], la
universitaires). sujets, dont 91 avec des problèmes majorité des études (11/19) conclut sur
La liste des traductions existantes de santé mentale [12] ; une structure à 2 facteurs (5 études
peut être obtenue auprès de Mapi OBocéréan et Dupret (2014): vali- identifient une structure à 3 facteurs
Research Trust (cf https://eprovide. dation de la version française sur et 2 études une structure à 4 facteurs).
mapi-trust.org/instruments/hospital- 20 992 employés salariés [4] ; La corrélation moyenne calculée dans
anxiety-and-depression-scale) . O Maatoug et Gorwood (2019) : 21 études est de 0,56 entre les échelles
validation de la version française de dépression et d’anxiété.
Qualités su r u n éc ha nti l lon de 9 706 Dans la validation réalisée par Untas
psychométriques patients déprimés vus en médecine et al. [16] sur la version française, les
Les qualités psychométriques de générale, séparés en deux sous- analyses factorielles exploratoires
l’HADS sont renseignées à partir échantillons : 4 853 sujets pour réalisées suivie de rotations obliques
des publications suivantes : l’échantillon test et 4 853 sujets (par hypothèse de non indépendance
O Zigmond et Snaith (1983) : vali- pour l’échantillon de validation [5]. entre anxiété et dépression) ont
dation de la version originale sur 100 confirmé la structuration bidimen-
patients de médecine générale [8] ; VALIDITÉ sionnelle proposée par Zigmond et
OSnaith et Taylor (1985) : validation OValidité apparente Snaith[8]. La corrélation entre anxiété
de la version originale sur 63 patients Globalement, l’échelle est bien et dépression est statistiquement
dépression est de 0,31 et la corrélation réalisées (une sur les 14 items et une Bocéréan et Dupret [4] retrouvent
entre le facteur « agitation psycho- sans les 2 items problématiques). comme attendu des scores plus éle-
motrice » et le facteur dépression est La version à 12 items semble plus vés de dépression et d’anxiété chez
de 0,18. satisfaisante [5]. les femmes comparées aux hommes,
Bocéréan et Dupret [4] ont réalisé Roberge et al. [12] ont confirmé par ainsi que chez les employés compa-
des analyses factorielles explora- des analyses factorielles explora- rés aux cadres. De même, les scores
toires avec rotation oblique sur la toires la structure bidimensionnelle de dépression et d’anxiété augmen-
version française : une solution à de la version française canadienne, tent avec l’âge.
trois facteurs a été identifiée. Cepen- avec un facteur « dépression » où les Dans la revue de littérature effectuée
dant, comme cette méthode tend à 7 items sont tous fortement contri- par Herrmann [14], la validité discri-
surestimer le nombre de facteurs, butifs et un facteur « anxiété » où minante est satisfaisante puisque
les auteurs ont considérés d’autres l’item « je peux rester assis à ne rien des hauts scores HADS (anxiété et
critères pour déterminer la struc- faire et me sentir décontracté » est dépression) ont été observés chez des
ture interne du questionnaire : le moins contributif que les autres. La patients psychiatriques alors que des
poids de chaque item sur le facteur corrélation entre les deux facteurs faibles scores HADS ont plutôt été
qui doit être supérieur à >0,30 ; peu « anxiété » et « dépression » est de observés chez des personnes a priori
ou pas d’item à charge forte sur 0,62. Cette même structure bidi- saines.
plusieurs facteurs ; pas de facteur mensionnelle a été retrouvée pour
avec moins de trois items. Au final, la version anglaise canadienne [12]. FIDÉLITÉ
la structure à deux facteurs a été Fidélité test-retest
O
retenue puisque seuls les items « je OValidité de structure externe La fidélité, évaluée par la méthode
peux rester assis à ne rien faire et me La validité de structure externe test-retest, est satisfaisante : le coef-
sentir décontracté » (facteur anxiété) convergente et divergente, dans ficient de fidélité est supérieur à 0,80
et « j’ai l’impression de fonctionner les publications citées plus haut, après deux semaines et diminue
au ralenti » (facteur dépression) montrent une validité de structure après de plus longues périodes [14].
Consistance interne
O 2±2,4 points et 1,2±1,6 points a été Elle a été utilisée auprès d’un nombre
La consistance interne, évaluée par observée après deux semaines de très important de salariés français
le coefficient alpha de Cronbach, est traitement pour respectivement (8 072 femmes et 12 920 hommes) [4].
également satisfaisante. Selon les le score total HADS, le sous-score Ces auteurs ont produit des tableaux
études, il varie entre 0,68 et 0,93, avec dépression, le sous-score « anxiété avec les scores moyens de dépression
une moyenne de 0,83 pour la sous- psychique » et le sous-score « agita- et d’anxiété en fonction du genre, de
échelle d’anxiété, et entre 0,67 et 0,90 tion psychomotrice ». Par ailleurs, l’âge et du statut professionnel (cadre
avec une moyenne de 0,82 pour la l’amélioration des scores et sous- ou employé).
sous-échelle de dépression [10]. Les scores HADS était significative-
coefficients alpha de Cronbach valent ment corrélée avec l’amélioration Biais, critiques, limites
0,70 pour la sous-échelle de dépres- du score total selon Hamilton après Tous les auteurs ne sont pas d’ac-
sion et 0,53 pour la sous-échelle 45 jours de traitement [15]. cord sur la structure dimension-
d’anxiété dans la version française nelle de l’outil : celle-ci varie de deux
à 14 items ; ils sont meilleurs dans OSensibilité/spécificité dimensions à trois voire quatre
la version à 12 items [5]. Les coeffi- En prenant les seuils donnés par les dimensions.
cients alpha de Cronbach du score auteurs de l’échelle (cf. § « Modalités Les symptômes de dépression sont
global valent respectivement 0,89 de réponse et cotation »), les pour- mieux évalués que ceux relatifs à
et 0,87 pour les versions française centages de faux positifs et de faux l’anxiété [5]. Le questionnaire HADS
et anglaise canadienne [12]. négatifs varient selon les études pourrait potentiellement gagner en
La consistance interne, évaluée par [14]. Il n’y a donc pas de consensus cohérence dans la détection de l'an-
l’analyse d’items, confirme cette sur les seuils à utiliser pour discri- xiété, notamment par la révision de
qualité psychométrique. Selon les miner les cas. Cependant, dans la deux items de la sous-échelle d’an-
études citées plus haut, les corréla- revue de Bjelland et al. [10], les au- xiété [5].
tions item-tout pour la sous-échelle teurs concluent que le seuil optimal Même si certaines valeurs semblent
d’anxiété varient entre 0,25 et 0,78. pour la sous échelle d’anxiété et la se détacher, il n’y a pas de consen-
Les corrélations item-tout pour la sous-échelle de dépression est 8, sus sur la valeur des seuils à utiliser
sous-échelle de dépression varient permettant d’atteindre des valeurs pour classer les patients en cas (pré-
entre 0,37 et 0,79. Les corrélations de sensibilité et de spécificité de sentant des troubles anxieux et/ou
item-score global à l’échelle HADS l’ordre de 0,80 pour les deux sous- dépressifs) ou non-cas. La référence
varient entre 0,41 et 0,60 pour les échelles. Concernant le score total, externe utilisée pour établir les
items de la sous-échelle d’anxiété aucun seuil ne semble s’imposer, valeurs de sensibilité et de spécifi-
et entre 0,39 et 0,63 pour la sous- avec des propositions variant de 8 cité n’est jamais la même selon les
échelle de dépression (après avoir à 21 selon les études [10]. études.
écar té pour chacune des deux En utilisant le Composite Interna-
sous-échelles un item « faible »). tional Diagnostic Interview Simpli- Observations particulières
La corrélation entre le sous-score fied (CIDIS) comme gold standard Le questionnaire HADS a prouvé
anxiété et le score global est de 0,83 pour le diagnostic de dépression sa capacité à identifier et évaluer la
et la corrélation entre le sous-score et/ou d’anxiété, Roberge et al. [12] gravité des troubles anxieux et de la
de dépression et le score global est identifient des seuils différents de dépression dans les cas somatiques et
de 0,84 (après avoir écarté pour cha- ceux recommandés par Zigmond et psychiatriques, chez des patients de
cune des deux sous-échelles un item Snaith [8] : 10 pour le score d’anxiété soins primaires et dans la population
« faible »). (sensibilité=66 % ; spécificité=73 %) générale (et pas seulement dans la
et 7 pour le score de dépression (sen- pratique hospitalière pour laquelle il
SENSIBILITÉ sibilité=65 % ; spécificité=75 %). a été initialement conçu) [10].
Sensibilité au changement
O Les sous-échelles « anxiété » et
Un changement précoce dans les Étalonnage « dépression » sont corrélées mais
scores HADS a été défini comme L’échelle HADS a été utilisée dans mesurent tout de même des concepts
une réduction des scores à l’inclu- divers contextes médicaux (patients différents, car les corrélations obser-
sion après deux semaines de traite- hospitalisés, malades, personnes vées entre chaque sous-échelle et des
ment antidépressif. Une diminution a priori saines) avec quelques outils mesurant le même concept
de 7,3±6,4 points, 4,1±3,8 points, descriptions des scores. sont plus fortes que les corrélations
BIBLIOGRAPHIE
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5 | MAATOUG R, GORWOOD P - The treatment. Eur J Cancer. 1994 ; Rating scales for depression and 200.
P. 131 FORMATIONS
Agenda
2-5 JUIN 2020 L’INRS PRÉSENT AU 36E CONGRÈS NATIONAL DE MÉDECINE ET SANTÉ
STRASBOURG (France) AU TRAVAIL
36e Congrès national de
médecine et santé au travail Un stand INRS et CARSAT Alsace-Moselle
w Pendant toute la durée du congrès, des experts (documentalistes, conseillers
Thèmes : médicaux, ingénieurs, contrôleurs, assistantes sociales…) se tiendront à la disposition
wEnjeux de la révolution des congressistes afin de répondre aux différentes interrogations.
numérique et de l'innovation
technologique : impact sur le Le prix INRS de thèse de médecine du travail
travail, les risques professionnels w Créé en 1984 par l’Institut, ce prix est attribué tous les deux ans à un ou plusieurs
et la santé au travail auteurs de thèse de santé au travail qui apporte une contribution intéressante à la
wPréserver la santé des soignants connaissance ou à la prévention des risques professionnels.
et des médecins : de l'hôpital au
domicile, en passant par le secteur L’INRS anime ou participe à des ateliers le mardi 2 juin
médico-social w Actualités sur les maladies professionnelles en 2020
wAllergies professionnelles - w Enjeu des poly-expositions en milieu de travail
immunotoxicité - interactions w Apport du logiciel Altrex dans l’évaluation de l’exposition aux agents chimiques
gènes-environnement - w Exosquelettes et prévention des troubles musculosquelettiques
épigénétique et travail w Comportement sédentaire et travail
wMaintien dans l'emploi et santé w Passer de la communication à l’article (par les revues Archives des maladies
au travail : recommandations, professionnelles et de l’environnement et Références en Santé au Travail)
expériences et bonnes pratiques
wNouvelles pratiques en santé Un symposium organisé par l’INRS en partenariat avec la CARSAT
au travail pour une meilleure Alsace-Moselle et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire,
prévention : retours d'expériences, le jeudi 4 juin 17 h 45-19 h 15, salle Marie Curie
nouvelles modalités d'exercice en w Le radon, un risque méconnu
pluridisciplinarité, nouveaux outilsLe radon est un gaz radioactif issu du radium naturellement présent à des teneurs
wUne organisation du travail variables dans le sol. Sa concentration dans l’environnement diffère donc en fonction
peut-elle être bienveillante ? : de la géologie et il tend à s’accumuler dans les sous-sols et les locaux mal ventilés.
implications pour le travailleur, Cancérogène avéré, il serait responsable de 10 % des cancers broncho-pulmonaires, soit
l'entreprise et la société approximativement 3 000 décès par an en France (2e facteur de risque de ce cancer après
wŒil et travail : évolutions des le tabac).
affections de l’œil et de leur La réglementation définit un niveau de référence, à savoir une concentration dans
prise en charge, œil et étiologies l’air au-delà de laquelle il n’est pas souhaitable que les travailleurs soient exposés.
professionnelles, impact sur le L’employeur est tenu d’évaluer le risque radon pour l’ensemble des lieux de travail en
travail et suivi médical sous-sol et en rez-de-chaussée, quelle que soit la nature de l’activité qui y est menée.
wSecteur des transports et de la En 1re analyse, l’employeur peut s’appuyer, notamment, sur la cartographie qui définit
logistique : évolution du travail etau plan communal trois « zones à potentiel radon » en fonction de la probabilité de
des risques, impact sur la santé et dépassement du niveau de référence dans les bâtiments. Le mesurage, quand il s’avère
prévention indiqué, doit être réalisé sur deux mois au moins à l’automne-hiver. Si son résultat
dépasse le niveau de référence, l’employeur doit mener des actions de réduction de
RENSEIGNEMENTS la concentration en radon (étanchéification des points d’entrée et renouvellement
https://www.medecine-sante-travail. de l’air) puis en vérifier l’efficacité. En fonction de ces résultats, des dispositions
com complémentaires doivent être mises en place (délimitation d’une zone radon,
surveillance dosimétrique individuelle, suivi renforcé de l’état de santé…).
Ce symposium présentera les effets sur la santé du radon, la démarche d’évaluation
réglementaire et de prévention. Seront également abordés l’action des CARSAT et le rôle
des services de santé au travail.
PRÉREQUIS
wPrérequis demandés pour cette formation : bonnes connaissances du risque chimique
(plus d’informations sur www.inrs.fr).
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
wIdentifier les principes et les méthodes pour mettre en place une surveillance biologique
de l’exposition aux produits chimiques.
wInterpréter les résultats de façon pertinente.
CONTENU
wPrincipes et méthodes de la surveillance biologique de l'exposition aux agents
chimiques : objectifs, définitions, intérêts et limites, contexte réglementaire, outils de
recherche d'informations, stratégie de mise en œuvre.
wInterprétation des résultats : valeurs biologiques d'interprétation, sources d'erreurs.
wÉtude de cas pratiques.
wTémoignages sur la mise en place de la surveillance biologique des expositions
professionnelles (service de santé au travail, laboratoire d'analyses biologiques).
wTable ronde.
MÉTHODES PÉDAGOGIQUES
wExposés, études de cas concrets, table ronde et échanges de pratiques.
VALIDATION
wÀ l'issue de la formation, une attestation de fin de formation est délivrée à chaque
participant.
DATES ET LIEU
wDurée 2,5 jours : du 1 au 3 décembre 2020 à Paris.
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS
Programme complet et inscriptions sur www.inrs.fr -> taper BI1530
Christine Hartmann
INRS, département Formation
secretariat.forp@inrs.fr
OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES
wDétecter, évaluer et hiérarchiser les risques liés aux agents chimiques aux postes de travail.
wParticiper à la mise en œuvre des moyens de prévention et en apprécier la validité et l’efficacité
en tant que médecin du travail.
wL’autoformation C@1501 permet d’acquérir les notions de bases sur les produits
chimiques. Cette formation est entièrement en ligne, gratuite et s’adresse à un large
public. Elle aborde les produits chimiques de façon générale. Elle peut être suivie à son
rythme. Elle est intégrée dans le parcours de formation B@1501 mais peut-être suivie
toute seule.
DATES ET LIEU
w1 session de formation mixte du 7 au 19 novembre 2020 :
- du 7 septembre au 23 octobre pour la partie à distance ;
- le 19 novembre pour la partie en présentielle à Paris.
RENSEIGNEMENTS ET INSCRIPTIONS
Programme complet et inscriptions sur www.inrs.fr -> taper B@1501 et C@1501
Rachid Boudjadja
Tél. : 01 40 44 31 82
INRS, département Formation
secretariat.fad@inrs.fr
Omembres de CSE/CSSCT,
Oet tout autre préventeur d’entreprise.
LE RISQUE ROUTIER
LORS DES DÉPLACEMENTS
PROFESSIONNELS
Vous et vos équipes conduisez dans le cadre de votre travail.
Comment prévenir les risques routiers en mission ?
À lire, à voir
Le choix de Gérard Moutche, membre du Comité scientifique de la revue Références
en Santé au Travail
décret permet d’identifier ce qui peut seulement pour les entreprises de
être caractérisé comme une formation moins de 50 salariés, via le plan de
type AFEST : elle doit intégrer l’analyse développement des compétences. Le
de l’activité de travail, désigner un financement est une des conditions
formateur pouvant exercer une de la réussite du déploiement de ce
fonction tutorale et comprendre la dispositif vers les TPE-PME, mais pas
mise en place de phases réflexives la seule.
distinctes des phases de mises en Qu’en est-il de l’adaptation de
situation de travail, qui permettent cette modalité pour les formations
d’observer les réalisations effectuées, à la prévention des risques
les acquis, les pistes de progrès, professionnels ? La synthèse n’évoque
afin de consolider et expliciter les pas directement cette question car
apprentissages. les expérimentations sont encore
Ainsi, l’AFEST est une action de trop récentes et les communications
formation au même titre que le peu diffusées. Pour autant, ce type de
stage en présentiel ou la formation formation est par nature très adapté à
L’action de formation à distance. Les avantages pour le l’apprentissage intégrant la prévention
en situation de travail – AFEST salarié et pour l’entreprise sont des risques professionnels, et ce
nombreux : favoriser les relations directement via le geste professionnel,
Centre Inffo a fait paraître, en février professionnelles entre apprenants et en situation de travail. Ainsi, des
2020, une synthèse documentaire managers, valoriser des métiers ou possibilités sont maintenant données
sur l’AFEST - l’action de formation certaines activités constituantes d’un à beaucoup d’entreprises pour mettre
en situation de travail - dispositif métier, sécuriser des savoir-faire liés en place, en leur sein, des formations
récent issu des nouvelles dispositions à l’expérience, les documenter ou les métier ou techniques où la prévention
permises par la loi du 5 septembre préciser. peut être entièrement présente,
2018 pour la liberté de choisir son La synthèse faite par Centre Inffo inscrite au cœur des compétences
avenir professionnel. Centre Inffo montre que cette modalité de professionnelles attendues. Il
est une association, sous tutelle du formation se révèle particulièrement appartient dorénavant aux branches
ministère chargé de la Formation adaptée à certaines situations. Par professionnelles, et aux nouveaux
professionnelle, dotée d’une mission exemple, lorsque les compétences OPCO conseillant ces branches en
de service public dans le champ de formateurs ne sont disponibles matière de formation professionnelle
de l’emploi, de la formation et de ou accessibles qu’au sein de continue, de proposer aux entreprises
l’orientation professionnelles, qui l’entreprise, ou bien quand il s’agit d’intégrer de façon systématique et
assure un rôle d’animation du débat de former à un savoir-faire singulier, explicite tout savoir-faire ou toute
public. à un environnement spécifique, ou compétence en santé sécurité au
L’AFEST est une modalité de formation encore de s’adapter à une évolution travail dans les formations faisant
en situation de travail existant depuis technologique ou organisationnelle. appel à ce dispositif. Un des moyens
longtemps, hors de tout cadre formel, Ce document indique néanmoins est de les inclure dans les documents
connue sous le vocable de « formation que l’enjeu de la réussite de cette décrivant l’activité (ex : fiche de poste,
sur le tas », mais historiquement modalité de formation repose sur une référentiel métier, mode opératoire,
trop peu valorisée ou trop peu visible véritable ingénierie pédagogique en procédure…) et de les mettre au cœur
au regard des critères juridiques ou amont, ainsi que sur l’implication du de la réflexivité prévue dans les
financiers amenant à la reconnaître management ou des RH tout au long modalités elles-mêmes.
comme étant une vraie action de du processus d’apprentissage.
formation. Sous réserve du respect des critères Document téléchargeable à cette
Une des nouveautés de la loi de définissant l’action comme étant adresse : https://www.ressources-de-
septembre 2018 est que la définition éligible à l’AFEST, les OPCO (opérateurs la-formation.fr/index.php?lvl=notice_
de l’action de formation s’ouvre à la de compétences – ex OPCA) peuvent display&id=71472
formation sur le lieu de travail. Un financer ces formations, mais
Quels secteurs ?
Quels risques ?
Quelle prévention ?
Attacher
les charges
vous protège
et protège
les autres.
Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles • 65 bd Richard-Lenoir 75011 Paris • www.inrs.fr • Création : Éva Minem • Photo : S.Martinelli © INRS 2019 • AD 825
'pFRXYUH]QRVQRXYHOOHVDIÀFKHV
sur les risques liés aux déplacements professionnels
La remise d’un texte pour publication dans Références en Santé au Travail emporte cession
du droit de reproduction, de représentation, de modification et d’adaptation.