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PIRART
ABSTRACT. In this paper, we show that the Yašts we have are not authentic in so far
as that they are the fruit of the arbitrary mixture of the three kinds of the original Yašts:
the liturgical one, the legal one and the etiological one. In a lot of our Yašts, more weight
is given to the liturgical version (with yazamaide), but, in the Ābān Yašt, the legal one
(with yazaēša) plays the main role. By considering all together the etiological fragments
the Ābān Yašt contains, it is possible to enlarge upon what we knew already of what may
have constituted the etiological myth of the sacrifice offered to a deity.
Incidentally, all the different names the great Iranian goddess receives, ap-, ar duuı̄-,
sūrā- and anāhitā-, are explained: ‘water, soft, opulent, unaffected’.
I. INTRODUCTION
1 niyāyišn dérive de ii. *ni+√dhā «charger de, installer dans ses fonctions». Cf. RV
6.15.15 V nı́ tvā dadhı̄ta ródası̄ yájadhyai | «(Ô Agni,) qu’on t’installe pour que tu sacrifies
aux deux Rodas!»; 3.29.4 | j´ ātavedo nı́ dhı̄mahy V ágne havy´ āya vólhave || «Ô Agni, toi
qui connais les générations des dieux, puissions-nous t’installer pour que tu transportes
l’offrande!».
√
was trapped, like a lion caught in a foot-snare».11 Le sens de ii. *ā´+
sHai sans doute est-il «prendre au piège», mais, au moyen, «se faire
prendre au piège». Cependant le parfait actif doit être réversif. J’émets
alors l’hypothèse d’un sens figuré «attraper (une maladie)» afin de rendre
compte de āhiti- qui est alors «l’affection, l’infection». Et la grande déesse
iranienne, que même les ténèbres ne peuvent affecter, reste immaculée.
Dans le vers vieil-avestique, la variété des sujets coordonnés ne permet
pas d’assurer le sens du verbe. Par contre, le passage védique, grâce au
composé paripadám, est plus explicite. Dès lors, même si le sens premier
est satisfaisant pour le védique, ne vaudrait-il pas mieux rendre le verbe
vieil-avestique par «m’affectent»?
§12. Peu de divinités apparaissent nommément dans les inscriptions
achéménides: Ahura Mazdā, souvent; Miθra et Anāhitā, rarement et seule-
ment à partir d’Artaxerxès II (405/4–359/8). C’est, malgré tout, là aussi
l’indice d’une certaine importance de la déesse. Et nous savons que les
Scythes aussi rendaient un culte à la rivière céleste bien qu’Hérodote se
trompât en disant que Apí était la déesse Terre (4.59).
«Et la (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter, ô Zarat-uštra, avança
depuis (moi qui suis) l’instaurateur Mazdā. Elle avait de beaux bras rouges,25 plus
épais que (ceux de la rivière qui a forme de) Jument. Véloce, elle portait (au vêtement)
de belles franges plus épaisses que (celles) de la Chèvre, quand il lui vint cette pensée
(qu’elle formula à Ahura Mazdā):»
25 Il peut y avoir ślesa puisque «bras» est aussi «bras de rivière» (Pirart, 1996: 291–299).
.
Dans cette alternative, la présence de auruuaiti «véloce» serait moins surprenante.
26 Sur le problème des manipulations grammaticales dues à la diascévase, Pirart, 2000a:
369–409.
27 Yt 2.12, 8.8, N 47.
28 Cf. Yt 5,11.124; readings from the repetition within ( ).
29 Les questions posées constituent un motif indo-iranien commun puisque la RS
en offre un parallèle: 6.47.15a ká ı̄ṁ stavat káh. pr.n.āt kó yajāte. + stauuat~ Pi
d’après RS 6.47.15a; (stauuat~ Pt1.E1.P13;) astauuat~ E1; stauuāt~ G, F1 (F1); astauuāt~
Pt1.P13.K19.12.L18. La voyelle prothétique a◦ de certaines leçons est justifiable comme
anaptyxe entre ◦ m et deux consonnes: cf. Y 32.3 asrūdūm (Beekes, 1979: 5 sqq.).
30 F1.Pt1.K12; ◦ ti K19.L18 (F1.Pt1).
31 × gaomaitibiiō Pi.
32 (F1.Pt1.E1; ◦ iiene K12; ◦ ii ne J10;) ◦ hacaiiaeti E1.F1.P13.K19.L18.J10; ◦ iiete K12;
◦ hacaiieti Pt1.
33 F1.E1.Pt1.P13.K19.J10.Ml2; haca.manāca K12; haca.nmānāica L18 (manāica L18).
206 É. PIRART
§22. La réponse, qui n’est pas donnée ici, est de toute évidence à
reconnaître dans les «catalogues de sacrifiants»,37 mais la version qui en est
donnée dans l’Ardvı̄sūr Bānūg Yašt est la légale (Yt 5.16–83, 97–99, 103–
118): «Il convient que tu offres le sacrifice à ma fille, ô Zarat-uštra: (avant
toi,) lui avait déjà rendu un culte Un-tel qui lui demanda ceci et de qui elle
exauça ou non les souhaits, elle qui le peut». Nous n’en avons conservé
de version étiologique pour aucun Yazata et ne savons d’ailleurs pas s’il
en avait existé. Dans l’affirmative, ce devait être un discours qu’Ahura
Mazdā adressait à la déesse pour lui annoncer les différents héros qui lui
sacrifieraient.
§23. En principe, la dernière question doit évoquer les bienfaits que la
déesse pourrait octroyer au mortel qui lui offrirait le sacrifice et √
adresserait
38
la louange. De ce point de vue, l’emploi du verbe upa+ hac est
significatif puisque ses autres attestations connotent le secours ou la collab-
oration qu’un personnage mythique apporte à un héros (e. g. Yt 19.39),
mais le causatif et la rection dative font difficulté.39 La mauvaise trans-
mission de la forme verbale ne permet aucune certitude concernant la
diathèse. Vu la rection dative, je me demande s’il ne serait préférable
de lire + upa hacaiiene: «en faveur de qui vais-je me doter de moyens?».
Cependant, les mots en ◦ āica résistent à l’analyse.
§24. Le motif de ces questions est attesté de façon plus développée
pour les déesses Fravr.ti (Yt 13.50): kō nō + stauuat~ kō yazāite kō ufiiāt~
kō frı̄nāt~ kō paiti.zanāt~ gaomata zasta vastrauuata aš. a.nāsa n ma ha
kahe nō iδa na˛ma āγ airiiāt~ kahe × nō40 uruua fraiieziiāt~ kahmāi nō tat~
dāθr m daiiāt~ yat~ hē a hat~ xv airiia˛n ajiiamn m yauuaēca yauuaētātaēca
∴ «Qui va faire notre louange, nous offrir le sacrifice, nous adresser le
chant, nous propicier, nous accueillir, le lait et le vêtement en main, avec
34 F1.Pt1.E1.J10 (P13.L18); deest ici P13.K19.L18: peut-être anu.m◦ ?
35 (F1.Pt1.E1.P13.L18); frār hāi F1.Pt1.E1.P13.K19.L18.
36 Pi d’après haomana hasca F1.Pt1.E1.P13.K19.12. L18 (F1.Pt1.P13.L18);
hūmana hasca J10.Kl2; haomana haca W2; haomana hāica G (‘corrigé’).
37 L’expression est de Kellens, 1999–2000: 721.
38 Cf. RS 5.53.2 | kásmai sasruh sud´ āse ánv āpáya V ı́lābhir vr.s..táyah. sahá || «A la
.
suite de quel donateur se sont-ils élancés, (ces) associés, pluies (personnifiées) avec les
réconforts-rituels (qui en résultent)?» (trad. Renou, 1955–1969: X 29).
39 Voir Kellens, 1984: 73 n. 31.
40 Les mss. donnent vō. Notons les anomalies grammaticales que plusieurs présents
passifs sont affublés de la désinence active et que leur agent est exprimé par l’enclitique
nō en lieu et place de l’instrumental tonique.
L’ARDVĪSŪR BĀNŪG YAŠT 207
«Elle qui attendait l’homme qui serait le premier à conduire son char et à tenir les rênes de
son char, elle qui circulait sur ce char, (elle restait immobile) quand il lui vint cette pensée
(qu’elle formula à Ahura Mazdā): Qui va faire ma louange? Qui va m’offrir en sacrifice
les libations de Hauma coupées de lait, mises en condition et filtrées? Au service de qui
vais-je pouvoir me mettre . . . ?»
«La déesse molle et opulente que rien ne peut affecter rest(ait) immobile quand, tenant
son voile doré et attendant que le zautar (= prêtre libateur) prononçât la parole sacrée, il
lui vint cette pensée (qu’elle formula à Ahura Mazdā):»
était constituée par l’évocation des sacrifices que certains héros allaient
offrir à la déesse, mais que, cette fois, il lui était répondu que le zautar
allait être Zarat-uštra.
§32. La déesse espère que le sacrifice lui sera offert, sacrifice représenté
ici par la parole du zautar. Les deux premières questions «Qui va chanter
ma louange? Qui m’offrir le √ sacrifice?» correspondent au régime que le
◦
Y 23.3 donne au verbe paiti+ (h)mar: . . . yā + paitišmar n.te . . . va hūš
yasna˛sca vahma˛sca ◦ o◦ «(les Fravr.ti) qui attendent les bons sacrifices et
chants».
§33. Les motifs de la plainte et des espérances, qui sont proches l’un
de l’autre, se complètent si l’on reconstitue les étapes suivantes: la divinité
se plaint que les mortels ne lui offrent pas le sacrifice; elle fait état de ce
dont elle serait capable si des sacrifices lui étaient offerts; Ahura Mazdā
lui accorde le statut d’adorable (yazata-, yesniia-); la divinité attend que
des sacrifices lui soient effectivement offerts et demande au grand dieu qui
seront les mortels qui lui offriront le sacrifice; le grand dieu lui répond que
ce seront tel et tel sacrifiant et que Zarat-uštra sera parmi eux.
◦
85. yahmiia58 ahurō mazdā V huuapō59 niuuaēδaiiat~ 60 V āiδi61 paiti.auua.jasa V
ar duuı̄ + sūire62 anāhite V haca auuat~ biiō63 st r biiō64 V aoi za˛m ahuraδ āta˛m ·.·
◦ ◦ ◦ ◦
θβa˛m yazā n.te65 auruuā hō V ahurā hō da ´hu.pataiiō66 V puθrā hō da ´hu.paitina˛m67
·.·
«(Il convient que tu offres le sacrifice à ma fille, ô Zarat-uštra,) elle à qui Ahura Mazdā
par de bonnes oeuvres ordonna: Viens,68 ô (déesse) molle et opulente que rien ne peut
affecter, et redescends des astres lumineux à la terre que (moi qui suis) Ahura (Mazdā j’ai)
mise en place69 (de façon à ce que, chaque fois), t’offrent le sacrifice ceux qui gèrent les
réserves d’eau, les rois maîtres de nations fils de maîtres de nations»
◦
86. θβa˛m naracit~ 70 yōi taxma V jaiδiiā n.te71 āsu.aspı̄m V xv ar na hasca uparatātō
◦
·.· θβa˛m āθrauuanō72 mar mnō73 V āθrauuanō θrāiiaonō74 V mastı̄m75 jaiδiiā n.te
spān mca76 V v r θraγ n mca ahuraδ āt m V vanain.tı̄mca uparatāt m ·.·
«(et que, si ces derniers t’offrent le sacrifice), lorsque les deux hommes (= l’homme et
son épouse?) vaillants te demanderont de rapides chevaux (pour gagner l’au-delà sans
encombre) et la présence là-haut du Hvarnah (= la possibilité de se nourrir, la félicité
eschatologique),77 lorsque le prêtre qui mémorise et le prêtre qui déjà possède la triple
science78 vous demanderont à toi comme au (dieu) Vr.θragna qu’Ahura (Mazdā) a mis en
place et à (la déesse) Vananti Uparatāt, de pouvoir enseigner et étudier,»
◦ ◦
87. θβa˛m kaininō79 vaδre.yaona80 V + xšaθri81 huuāpā 82 jaiδiiā n.te83 V taxm mca84
85 86 V ◦
nmānō.paitı̄m ·.· θβa˛m carāitiš zizanāitiš jaiδiiā n.te huzāmı̄m ·.· tūm tā aēibiiō
xšaiiamna nisirinauuāhi V ar duuı̄ + sūire anāhite ·.·
«lorsque la jouvencelle (en âge d’être courtisée) et la femelle en chaleur, par de bonnes
oeuvres, te demanderont (respectivement) un mari qui soit un maître de maison vaillant et
(un mâle protecteur), lorsque les femmes enceintes et les femelles gravides te demanderont
un heureux accouchement, toi, ô (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter, tu
puisses satisfaire leurs demandes».
77 Ce que la RS appelle v´
āja- et les Brāhman.a ann´
ādya-.
78 En Inde, le Veda comptait primitivement trois parties (strophes à réciter, chants,
formules à murmurer) et, en Iran aussi, l’Avesta (livres gâthiques, juridiques et liturgiques).
C’est la raison pour laquelle le feu rituel védique est un dieu tricéphale (RS 1.146.1
trimūrdhán-). Dans le Zamyād Yašt, le serpent adversaire du feu possède lui aussi trois
têtes. Le Jaiminı̄yabrāhman.a 2.153 précise que le démon védique à trois têtes était un
spécialiste des trois types de paroles sacrées. Sur θrāiiauuan-, Pirart, 1997b: 510 n. 30.
79 F1.Pt1.E1.P13.L18.J10. En dvandva avec + xšaθri.
80 vaδre.◦ Pt1 (still e appears to be a correction). P13.W2; vaeδre.◦ L18; vaδri.◦ F1.E1;
vaδara.◦ K12; vadar .◦ J10. C’est apparemment un dérivé de vaδairiiu- (Yt 14.11,39,
17.13; cf. védique vadhūyú-;? RS 1.161.9 vadharyántı̄m [voir Mayrhofer, 1986–2001:II
497]), mais je ne vois pas lequel.
81 Pi, F1.Pt1; xšaθr P13; xšaθra G, L18.J10.K12.
82 On attendait le nominatif féminin duel.
83 F1.Pt1.E1.L18; ◦ ti J10.
84 Coordination elliptique.
85 Désigne la jeune femme enceinte. La racine √kar dont ce mot dérive se retrouve dans
k r tā- «enceinte» (V 19.30) et dans satō.kara- «accompagné d’une centaine de femelles
pleines» (Yt 17.56: Pirart, 1999: 494 n. 95), mais aussi dans RS 1.116.13 kar´ ā- (Pirart,
1995–2000: I 180 n. 36).
86 F1.Pt1.P13.L18.
87 Pirart, 2002: 141 sq.
88 Ce titre, en Inde, est devenu le nom d’un ancien sage, mais, dans la RS, ūrvá- nomme
aussi le réservoir pour la désignation duquel l’Avesta préfère vairi-.
212 É. PIRART
88. āat~ + fraš́ūsat~ 93 zaraθuštra V ar duuı̄ sūra94 anāhita95 V haca auuat~ biiō st r biiō
V aoi za˛m ahuraδ āta˛m ·.· āat aoxta ar duuı̄ sūra anāhita ·.·
~
«Alors, ô Zarat-uštra, la (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter avança depuis
les astres lumineux vers la Terre qu’Ahura (Mazdā) a mise en place. Alors la (déesse)
molle et opulente que rien ne peut affecter dit (à Zarat-uštra):»
◦
89. r zuuō aš. āum96 spitama V θβa˛m daθat~ ahurō mazdā V ratuš97 astuuaiθiiō98
◦ ◦ ◦
gaēθaiiā V ma˛m daθat~ ahurō mazdā V nipātāra99 vı̄spaiiā aš. aonō stōiš ·.· mana raiia
v
x ar na ha<ca> 100 V pasuuasca staorāca V upairi za˛m vı̄car nta101 V maš. iiāca
biz n.gra ·.· az m bōit~ 102 tūm tā nipaiiemi V vı̄spa103 vohū mazdaδ āta aš. aciθra V
ma˛naii n ahe yaθa pasūm pasu.vastr m 104 ·.·
«Ô R.tavan descendant de Spitāma, toi (qui as une prononciation) rectiligne (des paroles
rituelles = qui connais la dictio continua), tandis qu’Ahura Mazdā fit de toi le ratu du
monde osseux, il fit de moi la conservatrice de toute la sti du R.tavan. Grâce à ma richesse
et à mon hvarnah (= ma capacité de nourrir), le gros bétail et le petit bétail circulent sur la
Terre tout comme les mortels pourvus de deux chevilles. Il est bien clair que je n’ai que
ce pouvoir: je conserve les (Dāman) divins que Mazdā a mis en place (et tous) les (textes)
dans lesquels l’harmonie se reflète, de la même façon que la peau de l’animal (protège)
l’animal. (À toi il incombe de préparer le monde osseux)».
90. paiti dim108 p r sat~ zaraθuštrō V ar duuı̄m sūra˛m anāhita˛m ·.· ar duuı̄ + sūire
anāhite V kana θβa˛m yasna yazāne V kana yasna frāiiazāne V yas 109 tauua
◦
mazdā k r naot~ 110 V <nōit~ > × tacar m111 × an.tar .ar δ m112 V upairi huuar xšaēt m
V yas .θβ ā113 nōit + aiβi.družā◦ nti114 V ažišca ar θnāišca115 vaβžakāišca116
~ .
var nuuāišca117 var nauua.vı̄šāišca118 ·.·
«À ce propos, Zarat-uštra posa cette question à la (déesse) molle et opulente que rien ne
peut affecter: Ô (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter, quel sacrifice vais-je
t’offrir, comment vais-je procéder pour t’offrir le sacrifice si119 Mazdā te détermina un
cours . . . (et que je veuille) éviter que te fassent du mal les serpents, scorpions, guêpes,
insectes et araignées?»
91. āat~ aoxta ar duuı̄ sūra anāhita ·.· r zuuō aš. āum spitama122 V ana ma˛m yasna
yazaēša V ana yasna frāiiazaēša V haca hū123 vaxšāt~ V ā hū frāšmō.dātōit~ ·.·
◦ ◦
ā124 tū mē125 aētaiiā 126 zaoθraiiā fra v harōiš127 V āθrauuanō parštō.vaca hō V
paiti.parštō.srauua hō ma˛zdrō haδa.hunarō128 tanu.ma˛θrō ·.·
V
«Alors la (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter dit: Ô R.tavan (Zarat-uštra)
descendant de Spitāma, toi (qui as une prononciation) rectiligne (des paroles rituelles), il
convient que tu m’offres le sacrifice, que, pour m’offrir le sacrifice, tu procèdes entre le
lever du Soleil et le coucher du Soleil. Et il convient que toi tu boives de cette libation que
tu m’offres en sacrifice, prenant le rôle du prêtre connaisseur des questions et réponses, du
sage, de celui qui fait autorité, qui fait du manθra son propre corps».
«Que ne boivent pas de la libation qui m’est offerte en sacrifice le galeux, le fiévreux,
l’éclopé, l’impuissant, le pustuleux, le criminel, l’incompétent qui ne sait pas réciter les
Gāθā, le lépreux défiguré!»
◦ ◦ ◦ ◦
93. nōit~ auuā 140 zaoθrā paiti.vı̄se V yā māuuōiia fra v har n.ti141 V an.dā sca
◦ ◦ ◦ ◦ ◦
kar nā sca142 druuā sca143 mūrā sca arā sca144 ra hā sca V auua145 daxšta146
daxštauuan. ta 147 V yā nōit~ pouru.jira148 fradaxšta vı̄spana˛m anu ma˛θr m149 ·.· mā
V
◦ ◦ ◦
mē aētaiiā scit~ zaoθraiiā fra v har n.tu V frakauuō mā apakauuō150 V mā druuā 151
vı̄mı̄tō.dan.tānō152 ·.·
«Je n’accepte pas les libations que boivent en mon honneur les aveugles, les sourds, les
incurables, les sots, . . . ceux qui se caractérisent par le fait de ne . . . Que ne boivent pas
de la libation qui m’est offerte en sacrifice les bossus par devant ni les bossus par derrière
ni les incurables qui ont les dents disloquées (/mal implantées)!»
94. paiti dim p r sat~ zaraθuštrō V ar duuı̄m sūra˛m anāhita˛m ·.· ar duuı̄ + sūire
134 × mā × saciš B; × mā × asaciš Pi. Si ce mot est apparenté au védique śácı̄-, ce pourrait
la désignation de celui qui souffre d’une sorte d’incapacité motrice.
135 F1.Pt1.E1.P13; makasuuı̄ L18; × mā × kasuuı̄š B d’après le V 2.29. Voir Kellens,
1974: 367 sq.
136 F1.Pt1.E1.P13.J10; mastriš L18; × mā × strı̄ B; × mā × astrı̄? La femme ou le sans
√
femme? Ou alors est-ce un dérivé de ā+ star désignant le criminel ou le pénitent?
137 × mā × dahmō B; × mā × adahmō Pi. Cf. V 18.62, Yt 10.138. La place accordée à
l’incompétence rituelle à côté de graves maladies n’est sans doute pas innocente.
138 G (‘corrected’); maēpasō F1.Pt1.E1.P13.L18.W2 (?); mē.pišōiiō K12; V × mā × paēsō
B d’après le V 2.29.
139 F1.Pt1.E1.L18; vı̄tar tō P13.J10. Cf. V 2.29.
140 F1.Pt1.E1.Ml2.J10.K12; deest P13.L18.
141 F1.Pt1.E1.P13; fra uhar tō L18.
142 F1.Pt1.E1; k r nā◦ sca P13.L18.J10; in Ml2 the words from andā◦ sca to the next
.
fra v har◦ are wanting.
143 F1.Pt1.E1.P13.L18; duurā◦ sca W2; × adruuā◦ sca?
144 Les mots mūrā◦ sca arā◦ sca sont-ils à rapprocher de ceux du V 14.5, maoirina˛m
araēkana˛m? Cf. véd. mūrá- (B).
145 P13.J10; uua Pt1.F1.E1.L18.
146 F1.Pt1.L18; daxšti J10; daxšaiti P13.
147 × daxštauuan tō?
.
148 F1.Pt1.E1.P13.W2; jiru L18; z¯ r¯ K12.
149 L18.K12.J10; ma˛θra˛m F1.Pt1.E1; ma˛θaiia˛m W2; vı̄spa.na˛manō.ma˛θra˛m P13.
150 Cf. V 2.29.
151 × adruuā◦ ?
152 F1.E1; vı̄mitō Pt1.L18; vı̄.m r tō P13. Cf. V 2.29.
L’ARDVĪSŪR BĀNŪG YAŠT 219
◦
anāhite V k m.iδa tē zaoθrā bauuain.ti V yas tauua153 frabar n.te154 V druuan.tō
◦
daēuuaiiasnā hō V pasca hū frāšmō.dāitı̄m ·.·
«À ce propos, Zarat-uštra posa cette question à la (déesse) molle et opulente que rien ne
peut affecter: Ô (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter, qu’advient-il des
libations que t’apportent les Drugvant adorateurs des Daiva après le coucher du Soleil?»
95. āat~ aoxta ar duuı̄ sūra anāhita ·.· r zuuō aš. āum spitama zaraθuštra155 V
◦
niuuaiiaka156 nipašnaka157 apa.skaraka158 apa.xraosaka159 V imā 160 paiti.vı̄s n.te161
V yā◦ māuuōiia pasca vaz nti162 V xšuuaš163 satāiš haza r mca V yā164 nōit haiti165
. ~
vı̄s n.ti166 V daēuuana˛m167 haiti168 yasna ·.·
«Alors la (déesse) molle et opulente que rien ne peut affecter dit: Ô R.tavan Zarat-uštra
descendant de Spitāma, toi (qui as une prononciation) rectiligne (des paroles rituelles),
épouvantables et sautillants, trébuchants et gueulards, les mille six cents169 Daiva
acceptent ces (libations) qu’ils m’apportent après (le coucher du Soleil) . . .».
VIII. CONCLUSIONS
§55. Nos Yašt, probablement destinés au culte des patrons des jours
du mois, puisent aux trois versions des Yašt primitifs qui eux honoraient
les Yazata non comme patrons de jours du mois, mais pour eux-mêmes:
à la version liturgique (en yazamaide), à la juridique (en yazaēša) et
à l’étiologique (en yazaiian.ta), et les combinent parfois de façon peu
astucieuse.
§56. La place que le Dēnkard donne au Bagān Yašt Nask parmi les
livres juridiques de l’Avesta sassanide (dādı̄g) invite à penser que ce livre
ne devait logiquement contenir que les Yašt du type yazaēša. Il va de soi
qu’il faudrait alors repérer ceux du type yazamaide dans un livre liturgique
de l’Avesta sassanide (hādamānsarı̄g), mais, pour le type yazaiian.ta, il
n’est pas aussi logique de penser aux livres gâthiques (gāhānı̄g).
Swennen, Ph. (1998) Une nouvelle tentative de commentaire de la strophe Yt 5.7. Studia
Iranica 27, Paris, pp. 205–212.
V = Vidēvdād (Avesta).
Y = Yasna (Avesta).
Yt = Yašt (Avesta).
Indo-iranologie et
Linguistique comparative des langues indo-européennes
Section des Langues et littératures orientales
Université de Liège (bâtiment A1)
Place du Vingt Août, 7
4000 Liège
Belgium
E-mail: epirart@ulg.ac.be