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Cours d’exploitation des ouvrages .

Exploitation des Barrage


1. Introduction
Le rôle des barrages est de retenir une réserve d’eau pour des utilisations multiples :
fourniture d’énergie, alimentation en eau, irrigation, soutien d’étiage, maîtrise des crues, etc..
Ces ouvrages présentent des enjeux importants, sur le plan de la sécurité publique, car leur
rupture aurait des conséquences catastrophiques, mais aussi sur le plan de l’économie des
installations, en raison de l’importance des coûts d’une indisponibilité et des travaux de maintien
en état. En conséquence, les fonctions attendues des barrages, stabilité structurelle et étanchéité,
doivent être contrôlées, pour s’assurer en permanence de leur intégrité et de leurs performances,
sous le double aspect de la sécurité publique et de l'économie d'exploitation.
Les processus de vieillissement peuvent à la longue altérer les fonctions essentielles que
sont la stabilité et l'étanchéité, mais également influer sur les conditions d'exploitation. Les causes
possibles de ce vieillissement sont multiples, physiques, chimiques ou biologiques. Il importe donc,
d'identifier au plus tôt ces processus de vieillissement et de diagnostiquer leur niveau de gravité et
de nocivité.

Sur la figure ci-dessous, est représenté le principe d’exploitation d’un barrage

2. Gestion de fonctionnement

Les objectifs d’une bonne gestion du fonctionnement d’un barrage sont :

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3. La surveillance
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La surveillance des barrages a pour objectifs :

Pendant la construction et la première mise en eau, on cherche essentiellement à comparer


le comportement de l'ouvrage par rapport aux prévisions du projet, que ce soit pour vérifier
certaines hypothèses de calcul, pour valider les résultats de ces calculs ou pour vérifier la
pertinence de tel ou tel choix technique. La première mise en eau fait l'objet de consignes
particulières de gestion de la retenue, de surveillance visuelle et de suivi d'auscultation. En règle
générale, la présence permanente de l'exploitant est exigée pendant toute cette phase. Le
propriétaire (ou le concessionnaire) doit rédiger un rapport de première mise en eau qui indique
les éventuelles modifications par rapport au projet et analyse le comportement réel du barrage.

En phase d'exploitation, comme déjà indiqué, les objectifs essentiels sont la sécurité de
l'ouvrage et la maîtrise des coûts d'exploitation. On cherche donc à déceler tout signe avertisseur
de changement dans le comportement de l'ouvrage, ce qui amène à s'intéresser d'une part à
l'apparition de phénomènes nouveaux et d'autre part aux évolutions lentes liées au vieillissement.
Il faut garder en mémoire que, passée la première épreuve de la mise en eau et en dehors
d'événements exceptionnels tels que crues et séismes, la rupture d'un barrage en exploitation est
toujours précédée de signes avertisseurs.

Enfin, un dernier objectif, commun aux deux phases ci-dessus est le retour d'expérience
pour l'ingénierie, ce retour d'expérience étant valorisé autant sur les futurs projets que sur le suivi
des autres barrages d'une même famille (un phénomène constaté sur un barrage peut se produire
sur un autre barrage semblable).
Cela concourt à garantir, sur le long terme, d'une part la sûreté des ouvrages, et d'autre part la
maîtrise des coûts par une maintenance qui peut être programmée et optimisée. L'aspect sécurité
prime avant toute autre considération, mais il est évident que plus tôt une anomalie est détectée,
moindres en sont les conséquences en termes de travaux ou de coût d'exploitation.

4. Les principes généraux de la surveillance


La surveillance inclut trois composantes complémentaires :
- l'inspection visuelle dont l'objectif est de déceler des anomalies perceptibles à l'oeil ;
- l'auscultation qui permet de mesurer l'évolution de certains paramètres et d'établir une analyse
du comportement de l'ouvrage sur le long terme ;
- les essais périodiques de certains organes, les vannes en particulier, dans différentes conditions
de fonctionnement.

4.1. L'inspection visuelle


Dans le domaine de la surveillance, l’accent est mis prioritairement sur l'inspection visuelle :
- visites systématiques et formalisées (périodicité hebdomadaire à mensuelle selon les cas) ;
- inspection visuelle si possible en crue et systématiquement post-crue ;
- visites techniques : examen visuel approfondi du barrage et de ses abords, une fois par an avec
un ingénieur spécialiste ;

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- tenue à jour d’un registre avec report de toutes les observations et interventions sur le barrage.

La bonne exécution de ces visites nécessite de procéder à des travaux d’entretien, tels que :
- entretien strict de la végétation sur les talus des remblais et aux abords des ouvrages ;
- enlèvement de la calcite, gênant l’observation des parements en maçonnerie ;
- dégagement des exutoires de drainage et surveillance des dépôts de matériaux.

4.2. L’auscultation
L’auscultation des barrages regroupe tous les dispositifs permettant de mesurer des grandeurs
physiques susceptibles d'évoluer dans la vie du barrage, de façon à mettre en évidence son
comportement et les phénomènes évolutifs significatifs de son vieillissement. Ainsi on mesure des
déplacements, des déformations, des contraintes, des pressions, des débits, etc).

4.3. Les essais périodiques


Ils concernent les vannes et clapets, les capteurs et leurs liaisons avec les postes de commande, les
moyens d'alimentation en énergie. La périodicité des essais doit être précisément définie ainsi que
leurs conditions de réalisation. La sécurité en aval du barrage doit être prise en compte lorsque les
essais conduisent à relâcher des volumes d'eau significatifs. On vérifie également le
fonctionnement en mode dégradé (alimentation de secours en énergie, commande manuelle, …).

5. Organisation de cette surveillance


En exploitation, un barrage est soumis à deux types de risques :
Le risque « crue », rencontré le plus fréquemment ; sa maîtrise passe un bon dimensionnement
des évacuateurs, une bonne estimation de la crue de projet, puis par la prévision efficace des
épisodes de crue, le professionnalisme des techniciens appelés à manoeuvrer les organes de
vidange et la fiabilité de tous les organes.

Le risque qui concerne les fonctions d’étanchéité et de stabilité du barrage, contre lequel la
réponse adaptée est la surveillance,

Rappel :
La surveillance, inclue l'inspection visuelle (aspect qualitatif de la surveillance), et l'auscultation
(aspect quantitatif de la surveillance) qui recouvre tout ce qui concerne les dispositifs de mesures,
la réalisation, la transmission, le traitement et l'interprétation de ces mesures. Enfin, pour les deux
types de risques, crues et intégrité du barrage, il faut s’assurer par des tests et contrôles
périodiques que les installations de sécurité (vannes de vidange, capteurs d'auscultation, alimentation en
énergie, etc.), sont en état de fonctionner.

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Figure 1 : Schéma d’organisation d’une surveillance d’un barrage

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5. Inspection visuelle
L’expérience montre que l’on estime que les inspections visuelles, ont permis la détection
d'environ la moitié des anomalies ayant conduit à des interventions sur les barrages.
Elles ont un caractère essentiellement qualitatif et font appel au bon sens et à la compétence
(connaissance des problèmes) de l'agent chargé de les assurer.
Leur objectif principal est la détection de toute nouveauté, sans restriction, telle que :
- nouveau point de fuite ;
- turbidité dans une fuite ou un drain ;
- taches d'humidité sur un parement aval ;
- nouvelle fissure, etc...

Un guide d’inspection visuelle qui est le document pédagogique support théorique de la


démarche adaptée à chaque barrage. Il est concis (1 à 2 pages) et est structuré en trois colonnes
répondant aux questions suivantes :
- Quelle est la partie d'ouvrage concernée ? (où regarder ?)
- Quelles sont les conséquences potentielles d'une défaillance ?
- Définition des points de contrôle (quoi regarder ?).

Ces guides sont mis au point par un spécialiste de la problématique barrage sous l'angle du génie
civil. Les points clés (ou de contrôle) retenus doivent être peu nombreux (moins de 10), faciles à
observer et sans ambiguïté sur la réponse (oui ou non). Les défaillances associées doivent être
explicitement décrites.

Rappel :
Il est conseillé d’établir pour chaque type d’ouvrage, une fiche présentant les caractéristiques
techniques de l’ouvrage et de la placer en premier dans le dossier de l’ouvrage. Ainsi Chaque
barrage possède une fiche technique contenant toute les informations concernant l’ouvrage lui-
même, les ouvrages annexes et les organes hydrauliques. Elle constitue la fiche d’identité de
l’ouvrage et synthétise l’ensemble des données importantes relatives à l’ouvrage. Cette fiche est très utile
lorsqu’il s’agit de rechercher rapidement des caractéristiques importantes de l’ouvrage.

Une fiche d’inspection visuelle construite à partir du guide d'inspection visuelle constitue le
document opérationnel (ou mode opératoire) à remplir lors des tournées d'inspection visuelle
faites par les barragistes.
Cette fiche s'articule en quatre colonnes :
- Où regarder ?
- Quoi regarder ?
-Y a-t-il une évolution depuis la précédente visite (oui/non)
- Observations complémentaires.

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Figure 2 : Modele de fiche pour l’inspection visuelle


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Les fiches sont renseignées par les exploitants barragistes, aux cadences prévues. De ce point
de vue, les cadences ont été calées sur celles déjà en place et concernant les tournées
d'auscultation. Afin d'assurer la traçabilité des observations, l'observateur signe son relevé et le
complète de divers renseignements (cote de retenue, météo,...).
En cas de détection d'un évènement particulier, l'anomalie subit un traitement de niveau 1 par les
responsables locaux qui peuvent déclencher un traitement de niveau 2 auprès de spécialistes
Génie Civil préalablement désignés.
Lors de la mise en place de cette démarche, il est important d'associer un volet formation à
destination des "barragistes" qui auront en charge la surveillance et des stages consacrés à la
surveillance des ouvrages de génie civil sont également disponibles. Les acteurs de la démarche
ont ainsi le sentiment de mieux voir leur barrage, de mieux comprendre le pourquoi de telle ou
telle observation. On obtient ainsi une très bonne adhésion et une large compréhension dès lors
que ces acteurs arrivent bien à mettre en perspective les enjeux et les risques de défaillance d'une
part et les points de contrôle associés d'autre part.
Tous les dix ans, l’inspection visuelle des parties accessibles des ouvrages est complétée par
celle des parties habituellement noyées. Cette inspection peut être directe, par vidange du
réservoir, et réalisée alors depuis des nacelles ou à partir d’une barque pendant la descente du
plan d’eau. Les progrès récents dans les techniques d’inspections subaquatiques incitent
maintenant à procéder à la majorité des visites par des robots télé opérés équipés de caméras ; on
évite ainsi les nuisances environnementales accompagnant souvent les vidanges des réservoirs,
tout en réduisant sensiblement les coûts. Les vidanges seront limitées aux cas où des travaux sont
nécessaires, et lorsque le type de barrage ou la visibilité dans l’eau du réservoir se prêtent mal à
une visite subaquatique.

Figure 3 : Detection d’une fissure sur la parement amont d’un barrage : image robot subaquatique

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6. Conception du dispositif d'auscultation


Le but recherché est de réunir des informations suffisantes, en nombre et en qualité, pour
détecter en temps utile les phénomènes évolutifs susceptibles de nuire à la sécurité de l'ouvrage.
Le problème est donc de définir les types d'appareillage et leur implantation apportant une
garantie satisfaisante pour atteindre cet objectif.
En raison de la spécificité de chaque barrage, les dispositifs d'auscultation sont à étudier au cas par
cas ; le projeteur peut cependant s'appuyer sur quelques principes et sur le retour d'expérience
des ouvrages en service.
Un premier principe est de privilégier la qualité des mesures - choix judicieux des types de
capteurs et de leur localisation - à la quantité.
On donne la préférence aux mesures de type "globales", c'est-à-dire intégrant des phénomènes à
mesurer sur des volumes importants (par exemple pendules, fuites), par rapport aux capteurs
fournissant des indications locales (par exemple extensomètres, ...).
Dans la mesure du possible, on essaie de prévoir des recoupements entre types de capteurs
différents, pour conforter les conclusions et enrichir le diagnostic.
La consistance des dispositifs est évolutive ; pour les barrages, en particulier, les systèmes sont
plus fournis pendant la construction et la première mise en eau qu'en exploitation courante. En
revanche, si une anomalie est constatée, on installe très souvent des appareillages particuliers,
éventuellement très locaux, parfois sophistiqués, qui permettent d'améliorer la connaissance de
l'évolution de cette anomalie.

En ce qui concerne les capteurs, ils doivent répondre aux exigences suivantes :
- robustesse et longévité, car les appareils sont souvent inaccessibles après la construction de
l'ouvrage (extensomètres dans le béton, cellules de pression interstitielle dans les remblais) ;
- fidélité, puisque toute dérive fonctionnelle entraîne une perte dans la qualité de l'interprétation
basée sur la connaissance des évolutions ;
- précision, car les phénomènes mesurés sont souvent de faible amplitude ;
- facilité de la mesure, qui doit pouvoir être faite dans de bonnes conditions de fiabilité, par un
opérateur non spécialisé (cela vaut aussi pour les mesures automatiques dont la mesure manuelle
reste recommandée aux fins de vérification ou en cas de panne de l'automate) ;
- et, si possible, maintenabilité, puisque les appareils sont eux-mêmes soumis au vieillissement et
que leur réparation ou remplacement peut un jour s'avérer nécessaire.

7. Les grandeurs physiques et leur mesure


L’auscultation est une méthode quantitative qui met en oeuvre une instrumentation et une
analyse des mesures spécifi ques à chaque ouvrage. L’auscultation est indispensable pour le suivi
du barrage, de sa conception à sa mise hors service. Ainsi elle représente une composante de son
comportement structurel et du contrôle de la sécurité. Elle est également précieuse pour faire
progresser la connaissance sur le comportement et le vieillissement du barrage, et permettre
d’améliorer les études et expertises dans leurs différents aspects techniques et économiques. De
ce point de vue, l’auscultation est une composante essentielle de progrès. Elle permet d’indiquer à

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l’exploitant avant qu’il ne soit trop tard les travaux de confortement nécessaires et, dans les cas
extrêmes, les mesures d’urgence assurant la Protection des populations en aval.
Le suivi du vieillissement est indispensable. L’accélération toujours préoccupante d’un phénomène
doit être détectée le plus tôt possible. Une véritable surveillance de l’ouvrage suppose que l’on
puisse suivre l’évolution de son comportement dans le temps, déduction faite des variations dues
aux autres causes.

Les types de mesures et d’appareils les plus répandus pour l’auscultation des barrages en remblai
sont brièvement décrits ci-dessous. Ces mesures portent sur les sollicitations et sur la réponse de
l’ouvrage.

Les deux sollicitations principales sont la cote du plan d’eau et les précipitations.

 La cote du plan d’eau est mesurée par une échelle limnimétrique (visuel) ou un limnimètre
enregistreur (précision ≈ centimètre) ;
 Les précipitations sont obtenues par un pluviomètre installé sur le barrage, relevé
quotidiennement (précision ≈ millimètre/jour).
 Il peut parfois être nécessaire de prendre en compte d’autres sollicitations : niveau aval,
nappe de versant ou fonte des neiges.

La réponse de l’ouvrage est appréhendée par des mesures de déplacements et des


mesures hydrauliques.

Les mesures de déplacements sont de trois types :

 Les déplacements de surface, mesurés par nivellement et planimétrie (tassements,


mouvements amont/aval et rive/rive). Ces mesures mobilisent des compétences
spécialisées, une fois ou deux fois par an ;
 les déplacements en profondeur, mesurés par des instruments installés le plus souvent
lors de la construction (pendule, inclinomètre, élongamètre, extensomètre, distofor,
tassomètre) ;
 les déplacements relatifs, le long d’un joint ou d’une fi ssure, quantifi és par des
instruments le plus souvent installés à la demande (fi ssuromètre, vinchon).

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Pendule : appareil qui permet de mesurer les déplacements relatifs horizontaux,


dans les deux directions, entre deux points situés sur la même verticale. Il peut être
direct, il est alors constitué d’un fil d’acier fixé à son extrémité supérieure, l’autre
étant relié à un poids pouvant se déplacer librement à la base du pendule. Il peut
être inversé, l’extrémité inférieure du fil est fixée au barrage ou à sa fondation, la
partie supérieure est mise en tension à un fl otteur.
Vinchons : appareil qui, scellé de part et d’autre d’un joint ou d’une fi ssure, permet
de mesurer, dans les trois directions, les déplacements relatifs des deux plots ou des
deux parois de la fi ssure.
Inclinomètre : une sonde mobile se déplace dans un tube guide. L’ensemble permet
de mesurer l’inclinaison d’un forage, l’évolution d’un glissement de terrain ou les
déformations horizontales d’un sol.

Les mesures hydrauliques sont les suivantes :


 les débits de fuite, mesurés par empotement (collecte chronométrée avec un récipient
gradué) ou par seuil calibré (déversoir à seuil avec limnimètre, puis utilisation d’une loi de
seuil pour estimer le débit). Ils concernent les drains, les puits de décompression, les
zones de résurgence ;

 les charges hydrauliques, mesurées par des piézomètres. Le piézomètre à tube ouvert est
le système le plus simple et le plus robuste. Il est implanté dans le corps du barrage, dans
la fondation, les rives ou en aval. Il peut être installé à tout moment, par exemple pour un
renforcement de l’auscultation. Il s’agit d’un forage de faible diamètre, équipé d’un tubage
de quelques centimètres et crépiné en partie inférieure sur une hauteur définissant la
chambre de mesure. La mesure se fait à l’aide d’une sonde donnant la différence de cote
entre la nappe et la tête du piézomètre, préalablement nivelée. La précision est de l’ordre
du centimètre ;

 les pressions interstitielles, mesurées par des cellules de pression interstitielle, appareils
de faible dimension installés lors de la construction dans le corps du barrage ou dans la
fondation. Le principe de mesure de la pression dépend du type d’appareil (cellule à
contre-pression ou cellule à corde vibrante). La précision est 0,1 à 1 kPa (soit 1 à 10 cm).

8. Adaptation du dispositif d'auscultation à l'ouvrage


Le dispositif d'auscultation est spécifique à chaque barrage et dépend de son type, de ses
dimensions et des points particuliers à surveiller. Il a vocation à évoluer pendant la vie de
l'ouvrage, certains appareils pouvant être délibérément abandonnés après la première mise en
eau ou après plusieurs années d'exploitation, d'autres appareils pouvant être rajoutés en cas
d'anomalie décelée par l'observation visuelle ou l'auscultation.
Dans tous les cas, le dispositif d'auscultation d'un barrage doit être conçu en se posant les deux
questions suivantes :
a- Quels sont les mécanismes potentiels de dégradation de l'ouvrage ?
b- Par quelles grandeurs physiques se traduisent ces mécanismes et comment les mesurer ?
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9. Exemple d’adaptation du dispositif d'auscultation

Dans ce qui suit nous présentons quelques principes généraux pour la mise en place d’un dispositif
d’auscultation sur un barrage. Il faut indiquer que ce dispositif doit bien sûr être adapté au cas par
cas.

a- Exemple d’un barrage Poids

Les barrages poids sont établis en général sur des fondations rocheuses, ces barrages sont surtout
sensibles aux phénomènes suivants classés par ordre de gravité décroissante :

 Passage d’une crue extrême, dépassant la crue de projet et causant une élévation du plan
d’eau dont la poussée compromettrait la stabilité d’ensemble du barrage, ou causant une
surverse avec érosion de la fondation en pied aval et diminution de la résistance au
glissement ;

 Colmatage des drains de fondation (s’ils existent) entraînant une augmentation des
souspressions sous la base du barrage et diminuant sa stabilité ;

 Vieillissement de la maçonnerie du corps de l'ouvrage ou vieillissement du voile d'injection


de fondation, par entraînement de liant par les percolations d’eaux agressives ; ce
phénomène a tendance à s’auto-accélérer avec, comme conséquence, une augmentation
des débits de fuites et le risque de sous-pressions se développant dans le corps du barrage
ou en fondation ;

 dégradations au niveau des éventuels joints entre plots avec augmentation des fuites.

Le passage des crues risque de se traduire par des sollicitations qui font que l'ouvrage sort du
domaine élastique : des fissurations peuvent se produire, entraînant à la longue des phénomènes
de fatigue. Dans les cas extrêmes, on peut enregistrer des déplacements brutaux et irréversibles.
La mesure des déplacements en crête est donc importante pour déceler tout comportement
anormal de l'ouvrage sous fortes sollicitations. Elle se fait sur les grands barrages au moyen de
pendules, et sur les ouvrages plus modestes au moyen de mesures d'alignement. On peut
également suivre l'ouverture d'éventuelles fissures en pied amont grâce à des extensomètres
multipoints débouchant en galerie. Les mouvements différentiels entre plots se mesurent au
moyen de fissuromètres.

Les sous-pressions à la base du barrage sont contrôlées par des piézomètres ou des cellules de
pression posées au contact fondation - barrage (pour des considérations de maintenance, on
préfèrera les premiers aux seconds). Les drains de fondation, s’ils existent, doivent être équipés de
façon à pouvoir mesurer leur débit. On peut mesurer le niveau d’eau dans les drains ne débitant
pas, sans pour autant que ces appareils puissent être réellement considérés comme des

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piézomètres. Le vieillissement de la maçonnerie, la perte d'efficacité du voile d'injection et les


dégradations au niveau des joints s'apprécient par la mesure des débits de fuites, localement au
droit d'une venue d'eau identifiée, ou globalement par des seuils de mesure dans un caniveau en
galerie ou en pied aval.

b-) Cas particulier des barrages poids renforcés par des tirants précontraints :

Certains barrages poids anciens, dont le profil a été jugé insuffisant pour assurer leur stabilité, ont
été ou sont renforcés par des tirants actifs ancrés en fondation et boulonnés en tête sur une
poutre de répartition sur le couronnement. On rencontre aussi ces dispositifs pour améliorer
l'ancrage de culées de voûtes établies dans des conditions géologiques médiocres.
Les premiers exemples de ce type de confortement comportaient des tirants précontraints puis
injectés sur toute leur hauteur. Les problèmes de corrosion rencontrés sur certains d'entre eux et
la difficulté, voire l'impossibilité, de mesurer la tension résiduelle de ces tirants a conduit à
adopter des tirants scellés uniquement en fondation et avec une longueur libre sous double gaine
sur toute la hauteur du corps du barrage. La mesure régulière de la tension résiduelle d'un tirant
est alors possible grâce à une jauge de contrainte placée sous la tête. Une telle mesure est bien
sûr indispensable.

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c- Exemple d’un barrage voûtes


Un barrage voûte et sa fondation rocheuse constituent un système mécanique hautement
hyperstatique. Si l'on connaît aujourd'hui assez bien le comportement du matériau béton, il est
plus délicat de modéliser correctement le rocher de fondation. La mesure des déformations d'une
voûte va donc constituer l'entrée indispensable de la validation des modélisations faites au stade
du projet, ainsi que des calculs inverses faits pendant la vie de l'ouvrage.
Les déplacements sont classiquement mesurés à l'aide de repères scellés sur le parement aval et le
couronnement, visés par triangulation depuis des piliers fixes implantés sur les flancs de la vallée.
Comme indiqué plus haut, ces dispositifs sont longs et coûteux à mesurer, ce qui conduit en
général à adopter des fréquences semestrielles. C'est pourquoi les dispositifs de pendules, là où
leur installation est possible, remplacent progressivement les mesures topographiques, et ont été
systématiquement installés dans les barrages voûtes construits ces dix dernières années.
L'ouverture d'une fissure en pied amont des consoles de clé est un phénomène bien connu sur les
barrages voûtes, qui conduit parfois à des dispositions constructives sophistiquées sur les plus
grands. Le suivi de cette fissure (ou de ce joint) se fait à l'aide d'élongamètres multipoints installés
à partir de la galerie de pied.
La mesure des contraintes internes au béton a été très pratiquée dans les années 1960-70, à
l'époque du développement des méthodes modernes de calcul des voûtes (méthodes aux
éléments finis); elle en a constitué une validation essentielle.
Le phénomène le plus redouté sur les barrages voûtes est une piézomètrie excessive dans les
appuis.

Rupture du barrage de Malpasset (1959)

Le suivi de la piézomètrie en fondation et dans les rives est donc un aspect primordial de la
surveillance des voûtes. Les piézomètres doivent être judicieusement implantés en fonction de la
structure géologique des appuis, reconnue lors des phases préliminaires du projet, mais aussi lors
de la réalisation des fouilles. Le complément indispensable en est le suivi des débits des drains.
Compte tenu des phénomènes assez courants de report de débit d'un drain sur ses voisins, des
mesures globales par zone sont recommandées à fréquence élevée. Les mesures individuelles des
drains seront moins fréquentes et ne concerneront que les drains présentant un débit significatif.

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d- Exemple d’un barrage en remblai avec étanchéité en terre

Nous considérons que rentrent dans cette catégorie tous les barrages en remblai dont la fonction
étanchéité est assurée par de la terre, qu'il s'agisse de barrages zonés en enrochements avec
noyau interne en argile ou de remblais plus ou moins homogènes en terre. Les principales
pathologies susceptibles de conduire à des désordres, voire à des ruptures de ces barrages, sont
globalement de quatre types :

 des pressions interstitielles excessives apparaissant lors de la construction du remblai ou


lors de la première mise en eau, et qui peuvent remettre en cause les hypothèses adoptées
lors du projet ;

 des tassements de la crête du remblai entraînant une diminution de la revanche (revanche :


différence entre la cote de la crête et la cote des plus hautes eaux atteinte lors de la crue de projet) ce qui
limite la sécurité du barrage vis-à-vis du risque de surverse, ou des tassements différentiels
du noyau et des recharges, pouvant entraîner la fracturation hydraulique du noyau ;

 un colmatage des drains entraînant une montée de la piézométrie, qui peut, à terme,
atteindre le talus aval et mettre en danger la stabilité du remblai ;

 l’existence de circulations d'eau à travers le remblai ou la fondation, non contrôlées par le


système de filtration et de drainage, et pouvant, par érosion interne, conduire à un
phénomène de renard.

Les tassements sont contrôlés à l’aide d’un dispositif topographique constitué de bornes placées
en crête de remblai et sur les risbermes, tous les 20 à 30 m dans le sens de rive à rive, et de piliers
d’observation placés sur les rives dans des zones non susceptibles d’être affectées par des
mouvements. Les levers topographiques sont faits par triangulation pour les grands barrages et en
altimétrie uniquement pour les petits.

La piézométrie dans le corps de remblai et dans la fondation sous-jacente est observée par des
cellules de pression interstitielle, réparties sur un ou plusieurs profils amont - aval. Sur chaque
profil, un dispositif idéal comprend plusieurs niveaux horizontaux de cellules, auscultant ainsi la
fondation, l'amont du noyau, le noyau lui-même et parfois l'aval du drain; ceci permet
l’interprétation physique de l’évolution de la saturation. Le suivi de la piézométrie en aval du drain
(pour vérifier la pérennité de l'efficacité de ce dernier) peut plus efficacement se faire à l'aide de
piézomètres (un profil rive à rive sur le parement ou la risberme aval), à crépines longues de façon
à détecter plus sûrement l’apparition d’une zone de fuite.

Les fuites sont contrôlées par des dispositifs de mesure des débits. Les drains du barrage
débouchent dans un collecteur aménagé à cet effet. Il peut être intéressant de séparer les zones
de mesure pour faciliter l’analyse des résultats (rive droite – rive gauche, voire seuils de mesures
intermédiaires pour des barrages de grande longueur). De même, les éventuels puits de
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décompression en pied aval d’un barrage en terre doivent pouvoir être équipés pour mesurer les
débits interceptés et leur variation. En cas d’augmentation anormale de débit, des mesures de
teneurs en éléments fins peuvent renseigner sur un processus éventuel d’érosion interne. Dans
cette optique, la conservation d’un échantillon témoin des matériaux constitutifs du drain est donc
préconisée, afin de pouvoir comparer avec les éventuels dépôts aux exutoires des drains.

c- Exemple d’un barrage en enrochements à masque

Nous considérons que rentrent dans cette catégorie tous les barrages en remblai (généralement
en enrochements ou en tout-venant) dont la fonction étanchéité est assurée par un organe mince
en parement amont (masque en béton ou béton bitumineux, dispositif d’étanchéité par
géomembrane), prolongé en fondation par un voile d'injection ou une paroi moulée.

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C’est la défaillance de l'organe d'étanchéité qui risque de compromettre la pérennité de


l’ouvrage. De ce fait, le contrôle des débits des drains et de la piézométrie en aval de l’étanchéité
est primordial. Il se fait le plus en amont possible, c'est-à-dire directement depuis la galerie
périmétrale si le barrage en est doté.

Le risque de tassements du corps en enrochements est plus limité que pour les autre types de
barrages en remblai, pour autant bien sûr que le compactage des matériaux ait été réalisé avec
des engins appropriés (rouleaux vibrants lourds). Dans le cas d’un barrage en enrochements de
moins de 20 m de hauteur construit sur une fondation non compressible, on peut considérer qu’il
est inutile de prévoir des mesures de tassement. Par contre, dans les autres cas, les mesures de
tassements sont recommandées, au moyen de bornes implantées sur le couronnement, sur le
masque amont et sur les risbermes du talus aval. La mesure des repères sur le masque revêt une
grande importance, ce qui doit amener à choisir judicieusement les dates des levers. Passé le
jeune âge et après confirmation du bon comportement du remblai, le dispositif topographique
peut être allégé.

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10. Instruments du dispositif d'auscultation


Ils existent de nombreux instruments pour le dispositif d’auscultation. Dans ce qui suit, nous
présentons les plus couramment utilisés dans les barrages.

10.1. Instruments pour la mesure des déplacements

Les pendules - direct ou inversé - équipés d'une table de lecture dite "à pointes de visées",
assurent une précision de l'ordre de 1/10 mm . Le pendule présente toutes les qualités exigées des
appareils d'auscultation ; on peut effectuer des lectures fréquentes, en toutes saisons.
L'installation de plusieurs lignes de pendules, au stade de la construction, ne pose aucun
problème, que ce soit en puits ou en parements extérieurs. Ils peuvent également être installés
sur de nombreux ouvrages existants où ils remplacent alors avantageusement les mesures
topographiques. Le pendule est un instrument facilement automatisable, mais dans ce cas, il est
toujours recommandé de conserver des mesures manuelles aux fins de vérification.
Basé sur le principe du fil à plomb, les pendules permettent de mesurer les déplacements du
barrage vers l’amont ou l’aval et vers les rives.

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En complément des mesures effectuées sur des capteurs installés dans ou sur l'ouvrage, les
mesures topographiques constituent un autre moyen d'obtention des déplacements. Ces mesures
sont d'une mise en œuvre assez lourde, en temps et en technicité nécessaire, et d'une précision
inférieure aux capteurs installés à demeure. Elles demeurent, néanmoins, le seul moyen de
mesures de déplacement dans de nombreux ouvrages où d'autres moyens de mesures ne sont
pas envisageables, techniquement ou économiquement.

Trois méthodes sont employées sur les barrages :

La planimétrie, par triangulation à partir de piliers situés autour de l'ouvrage. On accorde ensuite
beaucoup d'attention aux calculs des déplacements, par utilisation de méthodes de compensation
d'erreurs et détermination de la fixité des piliers d'observations. Cette méthode est utilisée sur des
barrages de tous types et des glissements de terrain. L'ellipse d'incertitude de la mesure doit être
précisée par le topographe; elle dépend de la configuration de l'ouvrage et de l'implantation des
plots de visée. De l'ordre du millimètre (et parfois moins) dans les situations favorables,
l'incertitude peut atteindre plusieurs millimètres pour des vallées larges, ce qui peut conduire à
délaisser ce type de dispositif.

Le nivellement donnant le déplacement vertical des repères installés sur les ouvrages. Cette
méthode est utilisée pour la mesure des tassements de barrages en remblai. Complément
indispensable de la planimétrie pour les grands barrages, le nivellement est souvent le seul suivi
topographique des petits barrages, dont la hauteur ne justifie pas de mettre en place les lourds
dispositifs de triangulation.

Les mesures d'alignement, faites sur des repères scellés sur le couronnement de l'ouvrage, à
partir de piliers implantés sur les rives, dans l'alignement des repères. Les mesures permettent
d'obtenir le déplacement dans le sens amont - aval. Ces mesures, dont la précision est de l'ordre
du mm sont bien adaptées à des barrages rectilignes, de taille moyenne et de tous types.

Ces méthodes topologiques sont utilisées pour mesurer les déplacements du barrage par rapport
à des points fixes. Elles sont utilisées en complément des mesures pendulaires qui permettent des
mesures plus fréquentes.

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10.2. Instruments pour la mesure des déformations

Les extensomètres "à corde vibrante", donnant la déformation du béton, ont été installés en
grande quantité dans les barrages. Appareil sensible et fiable, il donne des indications importantes
sur l'évolution des déformations internes, notamment pendant le début de la vie de l'ouvrage
lorsque retrait et fluage sont importants. Leur utilité, pour conforter les hypothèses de distribution
de contrainte faites lors du projet, est maintenant beaucoup plus faible, depuis l'apparition de
méthodes de calcul performantes au début des années 1980.

Les extensomètres multipoints (appelés parfois distofor) à longue base sont présents dans
quelques fondations rocheuses et sur certaines structures. Malgré une certaine fragilité, ils sont
extrêmement utiles pour mesurer des déplacements sur des distances allant de quelques
décimètres à plusieurs dizaines de mètres Ils sont particulièrement bien adaptés à la mesure de
l'ouverture du pied amont des voûtes.

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Les fissuromètres sont installés sur une fissure ou un joint dont on veut suivre l'évolution. On
mesure les déplacements relatifs des deux lèvres de la fissure, au moins dans l'axe perpendiculaire
à son plan. Dans cette famille il existe une gamme d'instruments, du plus simple au plus
sophistiqué :
- le fissuromètre avec mesure au vernier (précision du 1/10e de mm, mesure sur un axe) ;
- le fissuromètre avec mesure au comparateur (précision du 1/100e de mm, mesure sur un axe) ;
- le fissuromètre avec capteur inductif (précision du 1/100e de mm mais nécessité d'une
alimentation électrique) ;
- le vinchon, qui est un fissuromètre triaxial dont la mesure se fait au pied à coulisse avec une
précision de lecture au 1/100e de mm.

10.3. Instruments pour la mesure de la piézométrie

La mesure des pressions interstitielles dans les remblais est réalisée par des cellules à
contrepression ou à corde vibrante. La pression interstitielle régnant localement dans le remblai
est transmise par une pierre poreuse au dispositif de mesure. Les cellules sont posées pendant la
construction du remblai et, selon le type, un câble ou des tubulures transmettent l'information au
poste de mesure situé dans un local. Le soin apporté à la pose de ces cellules est primordial pour la
qualité des mesures ultérieures, d'autant que ces appareils ne sont ni réparables ni remplaçables
(sauf installation dans un nouveau forage). Les cellules à corde vibrante sont recommandées pour
leur longévité (mis à part les problèmes de fluage dans le temps).

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Les piézométres sont bien adaptés à la mesure du niveau piézométrique dans les fondations. Il
s'agit de forages de faible diamètre, équipés de crépines dans les sols meubles, à l'intérieur
desquels s'établit un niveau d'eau en équilibre avec le niveau de la nappe phréatique
environnante. La "chambre de mesure" est, le plus souvent, limitée à une courte partie du forage,
la longueur restante étant isolée par un tubage et un coulis étanche. La mesure est basée sur une
lecture directe au moyen d'une sonde électrique, au manomètre (si le forage est artésien) ou par
une cellule placée dans la chambre de mesure. L'importance du volume de cette chambre de
mesure et de sa perméabilité sont primordiales. On utilise parfois des piézomètres à chambre de
mesure longue, en vue de détecter des zones de venues d'eau (par exemple en aval du système de
drainage d'un remblai) ; il faut alors veiller que le piézomètre ne crée pas de communications
indésirables entre des zones théoriquement séparées. La mesure de niveau ne sera alors pas
vraiment représentative d'un niveau piézométrique.

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10.3. Instruments pour la mesure des débits


La mesure des débits de fuite ou de drainage est faite suivant deux types de méthodes, en
fonction de l'importance des débits à mesurer. Pour des valeurs inférieures à environ 10 l/min, on
utilise une capacité graduée dont on observe le remplissage pendant une durée fixée (en général
30 s à 1 mn) ; au-dessus de ces valeurs, la mesure se fait par déversoir, mobile puis fixe, et dont le
seuil est triangulaire ou rectangulaire suivant le débit à mesurer.

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10.4. Instruments pour la mesure de la pluviométrie et la hauteur du plan d’eau

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11. LES OUTILS D'ANALYSE DES DONNEES D'AUSCULTATION


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Le respect des recommandations concernant la réalisation des mesures et la maintenance des


instruments d'auscultation permet d’aboutir à des données de qualité qu’il faut ensuite analyser.

L'objectif est d’abord de détecter rapidement des anomalies nécessitant parfois des
actions immédiates; d’où l’importance d’un traitement assez rapide des mesures après leur
réalisation. A noter que cette première analyse permet aussi de détecter les erreurs de
mesures ou d’appareillages, et donc de réitérer la mesure sans attendre la prochaine
tournée.

Le second objectif est de mettre en évidence les dérives à long terme, ce qui passe par
l’analyse et la compréhension du comportement de l’ouvrage, réversible et irréversible.

11.1. Les facteurs explicatifs des variations des mesures

Les grandeurs physiques que mesurent les instruments d'auscultation peuvent être influencées
par de nombreux facteurs explicatifs que nous allons essayer de séparer en deux groupes.

Phénomènes réversibles :

 La cote de la retenue ou charge hydrostatique qui influera logiquement sur les


déformations, sur la piézométrie et sur les débits de fuite.

 La température, facteur essentiellement saisonnier qui, par la dilatation, influera


sur les déformations des barrages voûtes, ces déformations pouvant parfois aussi
influer sur la piézométrie en fondation et les débits en pied aval.

 La pluie est un troisième facteur, susceptible d'expliquer les variations réversibles


d'un piézomètre ou d'un débit de drainage.

 La présence d'une nappe de versant et ses fluctuations, essentiellement


saisonnières, peuvent expliquer une part des variations réversibles de certaines
mesures hydrauliques.

Remarque importante : L'influence de ces différents facteurs n'est pas toujours


immédiate et on constate parfois un effet retard sur la mesure des instruments

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Phénomènes irréversibles. Le plus souvent on les prend en compte globalement, par l'effet
du temps ou plus exactement de l'âge du barrage. Ils englobent de nombreux phénomènes
physiques, de natures très diverses, parmi lesquels on peut citer :

 la consolidation des sols de remblai ou de fondation ;


 le retrait et le fluage des bétons ;
 le gonflement des bétons ;
 la dissolution des liants de bétons, maçonneries ou des coulis d'injection ;
 l'érosion interne des sols (suffusion et renard) ;
 les phénomènes de fatigue ;
 les cycles gel - dégel, etc...

L'objectif majeur de l'analyse des mesures étant de faire apparaître les


phénomènes irréversibles, après avoir "gommé" l'influence des phénomènes
réversibles, l'effort de recherche a jusqu'alors porté sur la modélisation de ces
derniers. Ce choix était d'autant plus justifié que, si la modélisation de chacun des
effets réversibles est plus ou moins réalisable, celle des effets irréversibles pris
individuellement s'avère à ce jour beaucoup plus délicate, voire hors de portée (sauf
pour ce qui concerne la consolidation, et les évolutions dimensionnelles du béton :
retrait, fluage, gonflement).

11.2. L'analyse qualitative des mesures brutes

La première étape de l'analyse consiste à faire apparaître les mesures de chaque


instrument sur un graphe adapté au phénomène à analyser : en général pluriannuel pour les
grandeurs mécaniques, et en fonction de la cote de retenue pour les grandeurs hydrauliques. Ce
premier niveau d'analyse peut être fait directement par l'exploitant, pour autant qu'il dispose
d'une saisie numérique des mesures et d'outils informatiques type tableurs ou, ce qui est
préférable, des outils dédiés. Cela permet le plus souvent de déceler, au moins qualitativement,
des variations irréversibles brutales et même lentes, en particulier lorsque les facteurs explicatifs
sont peu nombreux (retenue à niveau quasi constant, phénomène non soumis aux influences
saisonnières,…).
Ce niveau d’analyse s’avère toutefois insuffisant dès que l'on souhaite accéder à des
valeurs numériques ou lorsque plusieurs facteurs explicatifs coexistent. On doit alors faire appel à
des modèles déterministes ou à des modèles statistiques.

11.3. Les modèles déterministes

Les modèles de calcul aux éléments finis sont désormais d'utilisation courante au stade du
projet d'un barrage. Sous réserve d'une bonne connaissance des paramètres de lois de
comportement des matériaux, ils permettent de représenter de façon fiable les déformations et
les contraintes dans différentes situations de projet. Les phases de construction et première mise
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Cours d’exploitation des ouvrages .

en eau seront donc l'occasion de valider le modèle et ses paramètres, pour autant que les
situations réelles correspondent à celles modélisées, ce qui en fait n'est bien souvent pas le cas,
obligeant à de nouveaux calculs d'analyse inverse. Ces mêmes modèles peuvent être à nouveau
mis en œuvre pendant la vie de l'ouvrage, en général dans le cadre d'études de réévaluation de la
sécurité. Cependant, ces modèles sont lourds pour le suivi régulier de l'ouvrage et, surtout, ils ne
peuvent pas encore prendre en compte la complexité des facteurs qui en influencent le
comportement et l’hétérogénéité qui caractérisent les matériaux sols, roches et bétons.

11.4. Les modèles statistiques

Les méthodes d’analyse statistique des mesures d’auscultation permettent de séparer les
influences respectives de plusieurs facteurs explicatifs, introduits dans le modèle. Ces méthodes
de type Hydrostatique, Saison, Temps, ont été mises au point et s’avèrent être un puissant outil
d’interprétation du comportement des barrages.
Proposées à l'origine pour les pendules des barrages voûtes, ces méthodes et leurs dérivées sont
actuellement utilisées dans plusieurs pays et leur champ d'application s'est notoirement étendu.
L'expérience acquise depuis plusieurs décades sur plusieurs centaines de barrages a confirmé
l'excellence de la méthode comme un outil puissant d'interprétation des mesures d'auscultation.

5. CONCLUSION

L’exploitation d’un barrage ne se limite pas à l’ouverture et à la fermeture des organes


hydraulique pour permettre le captage des eaux. En effet, à travers ce chapitre, nous
constatons que la surveillance des barrages est une activité essentielle qui doit être prise
en compte dès la conception du projet et faire ensuite l'objet d'une attention et d'une
rigueur exemplaires.

Cette surveillance fait partie intégrante de l'exploitation quotidienne des installations, et


repose en conséquence sur des acteurs proches du terrain pour les inspections visuelles et
la collecte des mesures.

Elle fait également appel à des compétences spécialisées, dans des domaines variés :
métrologie, topographie, télématique, géotechnique, analyse statistique, gestion de bases
de données, …

Elle repose enfin sur le contrôle externe exercé par l'Administration. D'où l'importance à
accorder aux aspects organisationnels, définissant les relations entre ces différents
intervenants, ainsi que les rôles et la responsabilité de chacun d'eux.

Les outils et méthodes disponibles, dont l'utilité est évidente et que l'on doit encore
chercher à améliorer, constituent un appui aux responsables de la surveillance des
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barrages, mais ne les dispensent pas d'un effort constant de rigueur, d'attention et de bon
sens. Le facteur humain reste primordial pour cette surveillance qui repose sur le
professionnalisme, la vigilance et la perspicacité des acteurs, à tous les niveaux.

Exemple de mesures enregistrées (Pendules).

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