Вы находитесь на странице: 1из 10

INFECTIONS À PNEUMOCOQUE ET À STAPHYLOCOCCUS AUREUS

THÉMATIQUE À TAPER

L’antibiogramme de Staphylococcus aureus


Claire Daurela,*, Roland Leclercqa

RÉSUMÉ
SUMMARY
St h l
Staphylococcus aureus a développé
dé l é différents
diffé t types
t de
d résistance
é i t aux antista-
ti t
phylococciques. Plus de 80 % des souches produisent une pénicillinase. L’oxa- Antibiogram of Staphylococcus aureus
cilline reste active contre ces souches, mais des staphylocoques hospitaliers et Staphylococcus aureus has acquired different
plus récemment communautaires ont développé une résistance croisée entre types of resistance to antistaphylococcal agents.
l’oxacilline et les autres bêta-lactamines par production d’une protéine liant les More than 80% of isolates produce a penicillinase.
pénicillines (PLP) de faible affinité, la PLP2a. Cette dernière résistance est plus Oxacillin remains active against those isolates.
facilement décelée par le test de la céfoxitine. Trois enzymes sont responsables However, hospital-associated staphylococci
de l’inactivation des aminosides, chacune conférant un spectre spécifique de and, more recently, community-associated
résistance. Les glycopeptides, vancomycine et teicoplanine, sont des alternatives staphylococci have developed cross resistance
à l’oxacilline en cas de résistance ou d’intolérance. Des souches de sensibilité between oxacillin and other beta-lactams by
diminuée aux glycopeptides sont rapportées. Leur détection est difficile. La production of a penicillin-binding protein with low
résistance aux macrolides est surtout liée à la production de méthylase qui affinity for beta-lactams, PBP2a. This resistance
modifie le ribosome, cible de ces antibiotiques. Deux phénotypes, inductible is more readily detected by the cefoxitin test.
et constitutif, sont distingués par la méthode de diffusion en gélose. La résis- Three enzymes are responsible for aminosides
tance aux quinolones est liée à des mutations de la cible de ces antibiotiques, inactivation, each conferring a specific resistance
les topo-isomérases. De nouveaux antistaphylococciques ont été récemment spectrum. Glycopeptides, vancomycin and
commercialisés, le linézolide, la daptomycine et la tigécycline. Des résistances, teicoplanin, are alternatives to oxacillin in case
encore rares, sont déjà rapportées. Les phénotypes associés de résistance se of resistance or intolerance. Strains with decreased
voient surtout chez les S. aureus résistants à la méticilline (SARM). Actuelle- susceptibility to glycopeptides that are difficult to
ment, la résistance à la méticilline est associée dans environ 90 % des cas de detect are reported. Macrolide resistance is most
SARM hospitaliers à la résistance aux fluoroquinolones et au phénotype de often due to methylase production responsible
résistance aux aminosides kanamycine-tobramycine. En revanche, les SARM for modification of the ribosomal site of these
communautaires ne sont résistants, outre à la méticilline, qu’à la kanamycine, antibiotics. Two phenotypes, inducible and
à l’acide fusidique et souvent aux tétracyclines. constitutive, can be distinguished by the disk-
diffusion method. Quinolone resistance is related to
Résistance aux antibiotiques – staphylocoque – lecture interprétative – mutations in topo-isomerases, the target of these
diffusion en gélose – automate – SARM. antibiotics. New antistaphylococcal agents were
recently commercialized, linezolid, daptomycin and
tigecycline. Resistance to these drugs are already
reported but still rare. Resistances are mostly
combined in methicillin-resistant S. aureus (MRSA).
1. Introduction Currently, methicillin resistance is associated in
approximately 90% of cases of hospital-associated
L’homme est le réservoir naturel de Staphylococcus aureus. MRSA to resistance to fluoroquinolone and to
Un pourcentage élevé de la population humaine est por- the phenotype of aminoglycoside resistance,
teur de S. aureus en permanence ou par intermittence Kanamycin-Tobramycin. By contrast, community-
au niveau de certains sites anatomiques (fosses nasales, associated MRSA, are only resistant to kanamycin,
gorge). À partir de ces sites de portage, cette espèce va fusidic acid and often tetracyclines, in addition
coloniser les zones humides (aisselles) et d’autres sites to methicillin.
comme les mains. S. aureus peut se retrouver aussi sur
Antibiotic resistance – staphylococcus –
interpretive reading – agar diffusion – automat – RSA.

a Laboratoire de microbiologie
Centre hospitalier universitaire de Caen
14033 Caen cedex la peau ou au niveau des muqueuses d’animaux domes-
tiques. Cette bactérie peut survivre longtemps dans le
* Correspondance milieu extérieur.
daurel-c@chu-caen.fr S. aureus est responsable de nombreuses manifestations
pathologiques, suppuratives et nécrotiques : suppurations
article reçu le 13 octobre, accepté le 24 octobre 2008 localisées, septicémies et endocardites, ainsi que des
© 2008 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. toxi-infections alimentaires.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407 // 81


Tableau I – CMI modale picine, l’acide fusidique et la fosfomycine. Ces trois der-
des principaux antistaphylococciques pour nières molécules sont données en association du fait des
les souches de S. aureus sensibles. fréquences élevées de mutations. Plus récemment, de
nouveaux antibiotiques sont venus renforcer l’arsenal thé-
Antibiotique CMI modale (mg/L)
rapeutique : une oxazolidinone, le linézolide, un lipopeptide,
Oxacilline 0,25
la daptomycine et une glycylcycline, la tigécycline.
Kanamycine 0,5-2
Les conditions techniques générales pour les méthodes de
Tobramycine 0,12-0,5
dilution et de diffusion en milieu gélosé sont référencées
Amikacine 0,5-2
dans les recommandations du Comité de l’antibiogramme
Gentamicine 0,12-0,25
de la Société française de microbiologie [1].
Nétilmicine 0,12-0,25
Erythromycine 0,12-0,25
Clindamycine 0,12-0,25 3. Les bêta-lactamines
Pristinamycine 0,12-0,5
Tétracycline 0,2-1 Les bêta-lactamines ont pour cibles différentes enzymes
Rifampicine 0,002 (« protéines liant les pénicillines » ou PLP) impliquées dans
Vancomycine 0,5-2 la formation du peptidoglycane. La fixation des bêta-
Teicoplanine 0,5-2 lactamines à ces cibles entraîne l’absence de polyméri-
Ofloxacine 0,12-0,5
sation du peptidoglycane et secondairement la synthèse
Lévofloxacine 0,12
par la bactérie d’autolysines conduisant à sa mort. Les
bêta-lactamines sont donc bactéricides.
Ciprofloxacine 0,12-0,5
La sensibilité des souches de S. aureus sauvages aux bêta-
Cotrimoxazole 0,06-0,12
lactamines varie selon la molécule. Actuellement, 80 % à
Acide fusidique 0,03-0,12
95 % des souches de S. aureus produisent une pénicilli-
Fosfomycine 2-16
nase qui inactive la pénicilline G et l’ampicilline, rendant
Linézolide 1-2
leurs indications obsolètes dans le cadre d’une infection à
Daptomycine 0,25
S. aureus. Cependant, ces deux bêta-lactamines sont très
actives sur les souches non productrices de pénicillinase
[concentrations minimales inhibitrices (CMI) modales res-
2. Les antistaphylococciques pectivement égales à 0,03 mg/L et 0,06 mg/L].
L’oxacilline et la cloxacilline (qui ont remplacé la méti-
Des antistaphylococciques existent dans toutes les familles cilline) sont peu sensibles à l’action des pénicillinases
d’antibiotiques (hormis les polymyxines et les imidazolés) acquises, avec des CMI généralement égales à 0,25 mg/L.
(tableau I). Les antistaphylococciques les plus utilisés Les céphalosporines ne sont pas plus actives, celles de
appartiennent aux familles suivantes : les bêta-lactamines 3e génération sont nettement moins actives (par exemple
(l’oxacilline du groupe des pénicillines M), les glycopepti- la CMI du céfotaxime, égale à 2 mg/L). L’imipénème a une
des (vancomycine ou teicoplanine) en cas de résistance activité comparable à celle de l’oxacilline.
ou d’intolérance à cette première classe, les aminosides
(gentamicine), qui permettent d’obtenir une bactéricidie À retenir
rapide en association à l’une des deux classes précéden- r L’oxacilline et la cloxacilline restent les bêta-lactamines
tes, et les fluoroquinolones. D’autres antibiotiques sont de référence pour S. aureus en l’absence de résistance
également utilisés : les streptogramines (pristinamycine), acquise.
les macrolides, la clindamycine, le cotrimoxazole, la rifam-
r Mécanismes de résistance
Deux mécanismes principaux de résistance sont décrits,
Figure 1 – Aspect de la bordure de la zone d’inhibition autour la production de pénicillinase et la modification de la cible
d’une disque de pénicilline G avec les aspects typiques de zone des bêta-lactamines.
fantôme pour une souche de S. aureus non productrice de péni-
cillinase (A) et un aspect d’arrêt net de croissance avec grosses 3.1. Résistance à la pénicilline
colonies pour une souche productrice de pénicillinase (B) par production de pénicillinase
L’expression de la pénicillinase plasmidique est induc-
tible par les bêta-lactamines et se traduit par une large
dispersion des CMI de la pénicilline G et de l’amoxicilline.
L’interprétation de l’antibiogramme peut ainsi être difficile
pour des CMI limites.
Par la méthode de diffusion en gélose, la détection de cette
résistance se fait en utilisant un disque de pénicilline G
chargé à 6 μg [1].
- Les souches sensibles à la pénicilline G ont un diamètre
largement > 29 mm, et la zone d’inhibition présente une
A B
bordure floue faites de colonies s’amenuisant et devenant
transparentes, réalisant une « zone fantôme » (figure 1A).

82 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407


INFECTIONS À PNEUMOCOQUE ET À STAPHYLOCOCCUS AUREUS

- Les souches résistantes à la pénicilline G ont un diamètre dans ce cas seule une fraction de la population bacté-
variable (souvent < 25 mm). La zone fantôme est rempla- rienne va exprimer la résistance. Le niveau d’hétérogé-
cée par des colonies opaques de grande taille, réalisant néité varie. Certaines souches sont très hétérogènes avec
une bordure nette avec parfois des colonies « squatters » seulement 1/106 bactéries exprimant la résistance. Cette
occupant la zone d’inhibition (figure 1B). Cet aspect est résistance est donc très difficile à détecter alors que ces
caractéristique de la présence d’une pénicillinase sans souches doivent impérativement être considérées comme
qu’aucun test additionnel ne soit nécessaire. La présence de résistantes. L’expression hétérogène de la résistance est
pénicillinase pourrait être vérifiée par un test à la nitrocéfine aujourd’hui majoritaire chez les souches de S. aureus
(méthode enzymatique) en prenant les colonies induites résistantes à la méticilline (SARM).
par une pénicilline (colonies en bordure de disque). Le diagnostic de certitude de la méticillino-résistance repose
Les automates testent des concentrations critiques de sur la détection du gène mecA. Malheureusement, ce test
pénicilline G. Certains incluent un test pénicillinase. ne peut être effectué pour l’instant facilement en routine.
Cependant, il existe des faux-négatifs (particulièrement L’expression d’une PLP2a peut aussi être recherchée à
pour les staphylocoques à coagulase négative) et il est l’aide de tests au latex commercialisés.
nécessaire de contrôler les résultats négatifs par un test Selon les recommandations du CA-SFM, la détection de la
à la nitrocéfine. résistance nécessite l’emploi de conditions particulières. Il
Le comité européen de l’EUCAST (rule 8,2 ; http://www. faut modifier les conditions du test en utilisant un fort ino-
escmid.org/sites/index_f.aspx?par=2.4) considère que culum et un milieu Mueller-Hinton hypersalé incubé à 37 °C
dans les pays à forte prévalence de S. aureus producteurs (ou un milieu Mueller-Hinton incubé à 30 °C). On peut aussi
de pénicillinase, il est possible de rapporter toutes les sou- tester dans les conditions standardisées de la méthode
ches comme résistantes à la pénicilline G, à l’ampicilline des disques des bêta-lactamines (céphamycines) pour
et l’amoxicilline du fait de la difficulté de détection et du lesquelles l’expression de la résistance est plus franche,
risque de faux négatifs. la céfoxitine ou le moxalactam. En pratique, la simplicité
et la meilleure sensibilité du test de la céfoxitine le font
Interprétation de l’antibiogramme recommander [1, 2]. Les critères d’interprétation (disque
et réponse au clinicien 30 μg) sont : ≥ 27 mm, sensible à l’oxacilline ; < 25 mm,
Si une résistance à la pénicilline G est détectée, les bêta- résistant à l’oxacilline. Un diamètre inférieur à 25 mm est
lactamines suivantes seront inactives : pénicilline G, ampi- bien corrélé avec la présence du gène mecA. Pour des
cilline, amoxicilline, ticarcilline, pipéracilline. En revanche, diamètres de 25 ou 26 mm, le résultat est incertain. Il est
l’association à des inhibiteurs de pénicillinase (acide cla- alors nécessaire de rechercher la PLP2a par un test au
vulanique, sulbactam, tazobactam) restaure une sensibilité latex (dans les conditions indiquées par le fournisseur)
pour ces antibiotiques. Les céphalosporines et l’imipénème après induction (autour du disque de céfoxitine ou de
ne sont pas hydrolysées par la pénicillinase. moxalactam) ou le gène mecA par PCR. Certains auto-
mates proposent le test automatisé de la céfoxitine en sus
À retenir du test de l’oxacilline.
r La plupart des souches de S. aureus produisent une
pénicillinase. Interprétation de l’antibiogramme
r Tester la pénicilline G par la méthode des disques et réponse au clinicien
permet de détecter la résistance par pénicillinase. Du fait du mécanisme de modification de cible, la résis-
r Les souches productrices de pénicillinase restent tance est croisée entre les différentes bêta-lactamines :
sensibles à l’association amoxicilline-acide clavulani- il s’agit d’une résistance à la famille entière. Cependant,
que et aux céphalosporines (en l’absence de méticil- des céphalosporines en développement, ceftobiprole
lino-résistance). et ceftaroline, conservent une certaine activité in vitro
contre les SARM. La démonstration clinique reste à faire.
Il faut rappeler aussi que le céfotaxime peut être utilisé en
3.2. Méticillino-résistance association avec la fosfomycine pour les méningites post-
par modification de cible chirurgicales à SARM sensible à la fosfomycine.
Cette résistance est due chez S. aureus et chez les sta-
phylocoques à coagulase négative à la production d’une À retenir
PLP additionnelle, la PLP2a, qui se surajoute aux PLP r Le test de la céfoxitine permet de détecter de façon
« normales » de S. aureus. En présence de bêta-lacta- fiable et spécifique la résistance à la méticilline chez
mines (pénicillines, céphalosporines, carbapénèmes), S. aureus.
les PLP sont inhibées, sauf la PLP2a. Cette protéine r La résistance à la méticilline est croisée entre toutes
est codée par le gène d’expression inductible mecA. les bêta-lactamines actuellement commercialisées.
Ce gène est porté par un élément génétique mobi-
le particulier, une cassette chromosomique appelée
SCCmec insérée dans un locus spécifique. 3.3. Résistance « borderline »
L’expression de la résistance est variable en fonction des Les souches « borderline » BORSA (borderline oxacillin
souches. Elle peut être homogène et dans ce cas, pour resistant S. aureus) montrent une activité diminuée de
la souche considérée, la totalité de la population exprime l’oxacilline (ou une résistance de bas niveau) non due à la
la résistance à la méticilline. Elle peut être hétérogène, et présence du gène mecA. Elles ont une CMI de l’oxacilline

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407 // 83


égale à 2 mg/L (sensible mais limite). Cette diminution L’amikacine est également substrat pour cette enzyme
de sensibilité est liée à l’hyperproduction de la pénicilli- avec les mêmes conséquences que pour l’enzyme pré-
nase touchant l’oxacilline, sans que l’on puisse la classer cédente. Certaines souches produisant à niveau modéré
résistante [3]. cette enzyme peuvent apparaître résistantes seulement
Des CMI « borderline » de l’oxacilline se voient aussi en à la tobramycine. Les CMI de la kanamycine sont en fait
cas de modification des PLP présentes normalement chez augmentées, mais insuffisamment pour catégoriser la
S. aureus (surtout la PLP4). Ces souches sont alors appe- souche comme résistante. Il faut considérer ces souches
lées MODSA [3]. Ces résistances sont difficiles à détecter comme ayant un phénotype KT ;
avec le disque d’oxacilline et les disques de céfoxitine ou r l’APH(2’’)-AAC(6’) : cette enzyme qui possède deux fonc-
de moxalactam. La signification clinique de cette diminu- tions confère une résistance à haut niveau à la kanamycine,
tion de sensibilité n’est pas connue. à la tobramycine et à la gentamicine (phénotype KTG)
(tableau II). L’activité enzymatique modifie fortement la
4. Les aminosides kanamycine, la gentamicine, la tobramycine et modérément
la nétilmicine et l’amikacine (à noter que la streptomy-
Les aminosides inhibent la synthèse protéique en se fixant cine n’est pas affectée par cette enzyme). Là encore, ces
sur la sous-unité 30S du ribosome bactérien. Ils exercent deux dernières molécules restent bactériostatiques mais
une activité bactéricide rapide qui justifie leur association leur activité bactéricide et la synergie avec les inhibiteurs
aux antibiotiques inhibiteurs de la synthèse de la paroi de synthèse de la paroi sont supprimées. En pratique,
(oxacilline et vancomycine) pour le traitement des infec- aucun des aminosides usuels n’est utilisable.
tions graves.
La résistance acquise des staphylocoques aux aminosides Détection et lecture interprétative
est surtout due à la production d’enzymes inactivatrices. En pratique, il suffit de tester les aminosides qui sont les
Les enzymes sont divisées en trois classes selon la réac- meilleurs substrats pour les enzymes inactivatrices, la
tion catalysée : kanamycine, la tobramycine et la gentamicine. Il n’est pas
r aminoside N-acétyltransférase (AAC) : acétylation d’un utile de tester l’amikacine et la nétilmicine qui risquent
groupement -NH2 ; d’induire des réponses faussement sensibles.
r aminoside O-phosphotransférase (APH) : phosphorylation En cas de résistance à la kanamycine, l’amikacine est aussi
d’un groupement -OH ; considérée comme inactive du fait de la perte des synergies.
r aminoside nucléotidyltransférase (ANT) : nucléotidylation En cas de résistance à la gentamicine, l’amikacine et la
d’un groupement -OH. nétilmicine sont inactives.
Chacune de ces classes peut être divisée en sous-classes La résistance à la tobramycine répond pour elle-même.
en fonction de la position du carbone qui porte le groupe-
ment aminé ou hydroxyle modifié (chiffre arabe). Certaines À retenir
enzymes d’une même sous-classe peuvent différer par leur r Trois enzymes sont responsables des trois seuls
profil de substrats, ce qui se traduit par plusieurs formes phénotypes de résistance connus (K, KT et KTG).
isozymiques (chiffre romain). r Le test de la kanamycine, de la tobramycine et de la
Chaque enzyme va modifier un certain nombre d’amino- gentamicine est suffisant.
sides différents, ce qui va se traduire par un phénotype r La réponse pour l’amikacine se déduit du test de la
de résistance spécifique de l’enzyme. Chez les staphylo- kanamycine et celle pour la nétilmicine du test de la
coques, trois enzymes sont connues [4] : gentamicine.
r l’APH(3’)-III confère une résistance à haut niveau à la
kanamycine et à la néomycine (phénotype K) (tableau II).
Cette enzyme phosphoryle lentement l’amikacine, qui
conserve une activité bactériostatique mais perd son 5. Les glycopeptides
activité bactéricide et la synergie avec l’oxacilline et la
vancomycine ; Deux glycopeptides sont commercialisés, la vanco-
r l’ANT(4’)(4’’)-I confère une résistance à haut niveau à la mycine et la teicoplanine. Ils agissent sur la synthèse
kanamycine et à la tobramycine (phénotype KT) (tableau II). du peptidoglycane. Ils utilisent une caractéristique des

Tableau II – Enzymes inactivatrices des aminosides et phénotypes de résistance.


Acronyme du Conséquences sur la synergie
Phénotype 1 Enzyme
phénotype avec les bêta-lactamines ou les glycopeptides

Aminoside phosphotransférase
Kanamycine K Pas de synergie avec kanamycine et amikacine
3’ type III [APH(3’)-III]

Aminoside nucléotidyltransférase 4’ –4’’ type I Pas de synergie avec kanamycine, tobramycine


Kanamycine-tobramycine KT
[ANT(4’)-(4’’)-I] et amikacine

Kanamycine-tobramycine- Aminoside acétyltransférase 6’- Pas de synergie avec kanamycine, gentamicine,


KTG
gentamicine phosphotransférase 2’’ [AAC(6’)-APH(2’’)] nétilmicine, tobramycine, amikacine

1 Seuls les antibiotiques fortement inactivés sont indiqués.

84 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407


INFECTIONS À PNEUMOCOQUE ET À STAPHYLOCOCCUS AUREUS

précurseurs du peptidoglycane qui est de comporter la vancomycine vanA ont été rapportées aux États-Unis.
un acyl-D-alanyl-D-alanine à leur extrémité. Les glycopepti- L’opéron vanA porté par des plasmides provient de souches
des se lient aux D-Ala-D-Ala terminaux des précurseurs à la d’entérocoques résistantes aux glycopeptides. Jusqu’à
surface de la bactérie avec une haute affinité, bloquant ainsi maintenant, les VRSA n’ont pas été isolés en Europe.
l’addition des précurseurs à la chaîne du peptidoglycane
naissant et prévenant les étapes ultérieures de polyméri- 5.2. Détection
sation. Ces molécules sont lentement bactéricides. La détection des souches qui ne présentent qu’un niveau
La découverte de souches de sensibilité diminuée a été à modéré de résistance aux glycopeptides est importante.
l’origine de controverses toujours actuelles sur leur défi- En effet, l’utilisation de la vancomycine ou de la teicoplanine
nition et les méthodes de détection. dans les cas d’infections dues aux souches catégorisées
intermédiaires (ou à plus forte raison résistantes) au glyco-
5.1. Mécanismes et définitions peptide utilisé conduit fréquemment à des échecs.
de la résistance Un certain nombre de difficultés sont inhérentes à l’étude
Différents termes et acronymes, VISA, GISA, hétéro-VISA, de l’activité in vitro des glycopeptides [6].
ont été utilisés pour définir les souches de S. aureus de r La méthode de diffusion en gélose convient mal pour les
sensibilité diminuée aux glycopeptides et plus récemment glycopeptides : ces grosses molécules diffusent médio-
VRSA pour les souches résistantes. crement dans la gélose.
r Les méthodes rapides automatisées ne conviennent
5.1.1. Souches de sensibilité diminuée pas car l’expression de la résistance nécessite un temps
aux glycopeptides prolongé d’incubation.
Ces souches ont une paroi épaissie résultant d’une réorga- r L’effet inoculum important pour la teicoplanine peut
nisation complexe du métabolisme du peptidoglycane liée amener à surestimer les résistances.
probablement à des mutations dans de multiples gènes. Ces Les difficultés du test des glycopeptides contre les sta-
réorganisations pourraient empêcher l’accès de la vanco- phylocoques ont conduit à une démarche présentée dans
mycine à sa cible. Une autre hypothèse non exclusive serait les recommandations du CA-SFM. Une diminution de
l’hyperproduction de précurseurs du peptidoglycane agissant sensibilité aux glycopeptides peut être suspectée lorsque
comme autant de leurres pour les glycopeptides [5]. l’on utilise les méthodes de routine en prêtant attention à
Les souches de sensibilité diminuée aux glycopeptides certains critères d’alerte ou par un criblage spécifique. Une
sont isolées à des fréquences faibles dans le monde entier fois la diminution de sensibilité suspectée, la catégorisation
et se recrutent essentiellement parmi les SARM. clinique (S/I/R) des souches se fait par détermination des
CMI des glycopeptides dans les conditions standardisées.
VISA et GISA Parfois, certains tests peuvent être nécessaires en com-
Les termes de VISA (vancomycin intermediate S. aureus) et plément. Un arbre décisionnel est présenté figure 2.
de GISA (glycopeptide intermediate S. aureus) regroupent
des souches intermédiaires (CMI = 8 mg/L) ou résistantes 5.2.1. Test des glycopeptides
(CMI > 8 mg/L) à la teicoplanine et sensibles (CMI ≤ 4 mg/L) Malgré ses performances médiocres, la méthode de dif-
ou intermédiaires (CMI = 8 mg/L) à la vancomycine. Le terme fusion reste utilisée pour tester les glycopeptides. Après
de GISA est préférable car il englobe l’ensemble des souches une incubation qui doit être de 24 h pleines, un certain
de sensibilité diminuée à l’un ou l’autre des glycopeptides. nombre de critères doivent alerter sur la possibilité d’une
sensibilité diminuée aux glycopeptides :
Hétéro-VISA r un diamètre < 17 mm pour la vancomycine ou la tei-
Ces souches de S. aureus, initialement isolées au Japon, sont coplanine ;
sensibles à la vancomycine (CMI 2-4 mg/L) mais présentent r un diamètre d’inhibition de la teicoplanine inférieur ou
des sous-populations intermédiaires à la vancomycine égal d’au moins 3 mm à celui de la vancomycine ;
(CMI 6-8 mg/L). Les sous-populations sont présentes à des r la présence de colonies dans la zone d’inhibition d’un
fréquences faibles, de l’ordre de 10-5 à 10-7, et ne peuvent glycopeptide.
être mises en évidence à l’antibiogramme standard. Avec les automates, un résultat intermédiaire ou résistant
Ces souches sont pour leur grande majorité intermédiaires pour la vancomycine ou la teicoplanine doit faire confir-
à la teicoplanine (CMI 8 mg/L), voire résistantes. mer le résultat.
La définition des souches hétéro-VISA souffre de l’absence Les méthodes de routine pouvant être en défaut pour la
d’une technique génétique servant de référence. De plus, détection des GISA et ne détectant pas les hétéro-VISA,
leur signification clinique est discutée. Cependant, beau- certaines équipes utilisent une des méthodes suivantes
coup considèrent que les souches hétéro-VISA constituent de criblage.
le réservoir des souches GISA, l’ensemble ne constituant r Le CA-SFM recommande l’utilisation d’une gélose de
qu’un continuum de souches de diverses sensibilités aux Mueller-Hinton supplémentée par 5 mg/L de teicoplanine,
glycopeptides. ensemencée avec 10 μL d’une suspension de turbidité
McFarland 2, incubée à 35 °C-37 °C pendant 24 et 48 h ;
5.1.2. VRSA le test est positif en cas de présence d’au moins 4 colo-
Plus récemment, de rares souches de S. aureus résistantes nies. Cette méthode a l’avantage d’être très sensible, la
à la vancomycine et à la teicoplanine (CMI de la vanco- teicoplanine étant le meilleur marqueur de la résistance,
mycine > 16 mg/L) ayant acquis l’opéron de résistance à mais elle manque de spécificité.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407 // 85


Figure 2 – Arbre décisionnel pour l’interprétation de la sensibilité de S. aureus aux glycopeptides.

Tester vancomycine (V) et téicoplanine (T) (diffusion ou automate)

V et T sensible V et/ou T intermédiaire Diamètre d’inhibition T < ou = 3 mm diamètre V Colonies dans le diamètre
ou résistant (automates) d’inhibition du disque
(diffusion : diamètre < 17 mm)

Réponse : V et T sensible Déterminer les CMI V et T


Attention : risque de faux sensible
déterminer CMI en cas d’infection grave

CMI V et T < ou = 4 mg/L CMI V < ou 4 mg/L et T > 4 mg/L CMI V = 8 mg/L et T > 4 mg/L CMI V et T > 4 mg/L
Réponse Réponse Réponse (V et T résistant)
V et T sensible T intermédiaire ou résistant V intermédiaire et T intermédiaire
V sensible mais hétéroVISA ou résistant (très rare)
Probable (voir méthode de confirmation Pas de cas en Europe
du texte)

Contacter
Centre de référence

r Par la méthode E-test® : il faut ensemencer par écou-


Figure 3 – Analyse de population. Un inoculum lourd
villonnage une gélose cœur-cerveau avec 200 μL d’une
est étalé sur des géloses nutritives
suspension lourde (turbidité McFarland 2). La lecture est
(milieu cœur-cervelle) contenant des concentrations
faite à 24 h et confirmée à 48 h. Si les concentrations
croissantes de vancomycine (1 à 12 mg/L).
inhibitrices de la vancomycine et de la teicoplanine sont
supérieures ou égales à 8 mg/L (ne pas convertir un résultat
de 6 mg/L en 8 mg/L) ou bien si la concentration inhibitrice
de la teicoplanine seule est supérieure ou égale à 12 mg/L,
la souche est vraisemblablement de sensibilité diminuée
aux glycopeptides. Attention, ce test est un test de criblage
qui ne permet pas de déterminer la CMI : celle-ci doit être
réalisée dans les conditions standardisées.
D’autres critères incitent également à vérifier d’emblée la
sensibilité aux glycopeptides, au moins dans les infec-
tions sévères. Ainsi, une attention est requise envers
les souches de SARM résistantes à la gentamicine et
à la rifampicine. C’est en effet à ce groupe de sou-
ches qu’appartiennent la plupart des VISA/GISA isolés
en France.

5.2.2. Confirmation de la résistance


et catégorisation des souches
Les survivants poussent après 24-48 h d’incubation et sont numérés
et rapportés à l’inoculum. VSSA : S. aureus sensible à la vancomycine ;
Mesure des CMI hVISA : S. aureus hétéro-résistant à la vancomycine ; VISA : S. aureus
La mesure de la CMI s’effectue par une méthode de intermédiaire à la vancomycine ; VRSA : S. aureus résistant à la
vancomycine.
référence ou par la technique E-test® en gélose Mueller-
Hinton avec une suspension de turbidité équivalente à
McFarland 0,5. Les lectures doivent être effectuées après 104 bactéries et que la fréquence de la sous-population
24 h pleines d’incubation et les réponses rendues selon intermédiaire à la vancomycine est inférieure à ce seuil.
les critères de catégorisation clinique. Il faut suspecter un hétéro-VISA devant :
- une CMI de la vancomycine égale à 4 mg/L avec la
Cas des hétéro-VISA méthode E-test® ;
Ces souches apparaissent sensibles à la vancomycine - une réponse intermédiaire (CMI = 8 mg/L) pour la tei-
et l’hétéro-résistance à la vancomycine ne peut pas être coplanine avec sensibilité à la vancomycine (CMI = 2 ou
mise en évidence par détermination de la CMI, par défi- 4 mg/L) avec la méthode E-test® ;
nition, puisque l’inoculum bactérien testé est d’environ - une positivité à un des tests de criblage.

86 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407


INFECTIONS À PNEUMOCOQUE ET À STAPHYLOCOCCUS AUREUS

La technique de référence pour identifier un hétéro-VISA 6.1. Mécanismes de résistance


est l’analyse de population. Cette technique consiste à
étaler différentes dilutions d’un inoculum fort de la souche 6.1.1. Méthylation ribosomale (phénotype MLSB)
sur des milieux gélosés contenant des concentrations Ce mécanisme de résistance est le plus fréquent [8]. Il est
croissantes de vancomycine. Les colonies ayant poussé lié à la modification du ribosome due à la méthylation de
sur ces milieux sont comptées après 48 h d’incubation l’adénine 2058 de l’ARN ribosomal 23S. Ce groupement
et l’on calcule le pourcentage de bactéries qui poussent méthyle empêche alors toute fixation de l’antibiotique
aux différentes concentrations. Un résultat typique est sur sa cible. Cette base étant un site de fixation commun
présenté figure 3. Comme cette technique est difficile- aux macrolides, lincosamides et streptogramines B, la
ment réalisable en pratique, certains se contentent des résistance affectera ces trois groupes. Les gènes codant
méthodes de criblage utilisant la méthode E-test® ou le une méthylase sont nommés erm (erythromycin ribosome
milieu Mueller-Hinton avec 5 mg/L de teicoplanine en methylase). Chez S. aureus, les deux principaux gènes
remplacement, mais avec une spécificité et une sensibilité identifiés sont erm(A) et erm(C). L’expression des gènes erm
qui se situent un peu au delà de 80 % [7]. Ces méthodes peut être inductible ou constitutive. Dans le premier cas, la
peuvent être utilisées en routine d’emblée ou en seconde méthylase n’est synthétisée qu’en présence d’un inducteur.
intention. Seuls les macrolides à 14 et 15 atomes sont inducteurs
et sont inactifs. En revanche, les macrolides à 16 atomes,
Réponse au clinicien les lincosamides et les streptogramines ne sont pas des
Pour les souches hétéro-VISA, l’attention du clinicien doit
inducteurs et restent donc actifs. Ce mécanisme de résis-
être attirée sur la sensibilité diminuée à la vancomycine,
tance peut être identifié par diffusion en milieu gélosé. En
qui n’interdit pas son usage mais incite à une surveillance
effet, lorsqu‘un disque d’érythromycine (inducteur) est
étroite du traitement.
placé à côté d’un disque de clindamycine, de lincomy-
cine, de spiramycine ou de josamycine (non inducteurs),
À retenir
un aplatissement de la zone d’inhibition autour du disque
r Les méthodes de routine peuvent être prises en défaut
contenant l’antibiotique non inducteur est observé en
pour détecter les résistances mais peuvent alerter sur
regard du disque d’érythromycine, formant une zone en
une possible diminution de la sensibilité aux glycopepti-
forme de D (figure 4).
des. Celle-ci doit être confirmée par la mesure des CMI
Lorsque l’expression des gènes erm est constitutive, la
qui est la méthode de référence.
méthylase est synthétisée en permanence. Les macroli-
r Une CMI de la vancomycine égale à 4 mg/L ou une
des, lincosamides et streptogramines B ne sont donc pas
réponse intermédiaire pour la teicoplanine avec sensi-
actifs. Cependant, la synergie entre les facteurs A et B des
bilité à la vancomycine doit faire suspecter un hétéro-
streptogramines est conservée, expliquant l’activité de la
VISA. La méthode de confirmation de référence est
l’analyse de population. pristinamycine. Les CMI des souches d’expression consti-
tutive ne sont augmentées que d’une dilution au maximum
par rapport à celles des souches sensibles. En revanche,
l’activité bactéricide précoce est supprimée.
6. Les macrolides-lincosamides-
streptogramines Figure 4 – Phénotype de résistance à l’érythromycine (E),
à la lincomycine (L).
Les macrolides, lincosamides et streptogramines (MLS)
appartiennent au même groupe du fait d’un mode d’action
proche (inhibition de la synthèse protéique par fixation
sur l’ARN 23S de la sous-unité 50S du ribosome bac- A
térien) et d’une résistance fréquemment croisée entre
ces antibiotiques. Cependant, ces antibiotiques sont à
considérer classe par classe. Les macrolides présen-
tent une structure chimique commune constituée d’un
macrocycle avec des fonctions lactones comprenant
un ensemble de 14 (érythromycine, clarithromycine,
B C
roxithromycine…), 15 (azithromycine) ou 16 atomes
(josamycine, spiramycine). Les lincosamides sont com-
posés de la lincomycine et de la clindamycine. Les strep-
togramines sont une association des deux composés,
le composé A (pristinamycine IA ou dalfopristine) et le
composé B (pristinamycine IIA ou quinupristine). Leur D
place dans l’arsenal thérapeutique antistaphylococcique
est d’autant plus importante qu’ils sont une alternative
en cas d’allergie aux pénicillines. Contrairement aux
A : souche de S. aureus sensible ; B : souche de S. aureus MLSB inductible (zone en forme
streptogramines, les macrolides et les lincosamides ne de D) ; C : souche de S. aureus MLSB constitutive ; D : résistance par efflux.
sont pas bactéricides pour S. aureus.

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407 // 87


6.1.2. Efflux (phénotype MSB) pour observer les interactions ; il peut être nécessaire de
C’est le deuxième mécanisme de résistance aux macrolides rapprocher davantage les disques.
le plus important chez S. aureus. La présence d’une pompe
ATP-dépendante codée par le gène plasmidique msrA va 6.2.1. Résistance isolée à l’érythromycine
conférer une résistance par efflux aux macrolides à 14 et S’il s’agit d’un phénotype MLSB inductible (zone en forme
15 atomes ainsi qu’aux streptogramines B (sans consé- de D), des mutants constitutifs peuvent être sélectionnés
quence sur l’activité de la pristinamycine). La résistance en présence de macrolide ou de lincosamide non inducteur
isolée à l’érythromycine et l’absence de zone en forme de D à partir de souches inductibles à la fréquence de 10-7. Des
entre un disque d’érythromycine et un disque de lincomycine cas cliniques d’échec par mutation ont été rapportés. Bien
permettent de reconnaître ce phénotype (figure 4). que son importance ne soit pas connue, ce risque devrait
être signalé au clinicien. Les macrolides à 16 atomes, les
6.1.3. Inactivation des lincosamides (phénotype L) lincosamides et la streptogramine B sont actifs mais ris-
Ce phénotype est dû à l’acquisition du gène lnu(A). La quent de sélectionner des mutants résistants.
production d’une enzyme inactivant les lincosamides S’il s’agit d’un phénotype d’efflux, il n’y a pas lieu de
se traduit par une diminution franche de l’activité de la réinterpréter la sensibilité aux macrolides à 16 atomes,
lincomycine, alors que la diminution de l’activité de la aux lincosamides et aux streptogramines. Les méthodes
clindamycine reste modérée (tableau III). automatisées en milieu liquide ne permettent pas encore
de distinguer ce phénotype du précédent.
6.1.4. Phénotype LSA
Le mécanisme de ce phénotype n’est pas complètement 6.2.2. Résistance à l’érythromycine et à la lincomycine
élucidé. Les souches résistantes aux lincosamides et aux (phénotype MLSB constitutif)
streptogramines A possèdent parfois les gènes d’efflux du Seule la pristinamycine est active mais la modification de
facteur A vga(A) et vga(Ag) (tableau III). Les lincosamides l’activité bactéricide fait discuter son utilisation. Lors d’une
(lincomycine et clindamycine) sont souvent catégorisés inter- infection sévère comme par exemple une infection osseuse,
médiaires. En revanche, la CMI de la streptogramine A est la prudence s’impose dans l’utilisation de cette molécule et il
élevée. L’activité de l’association streptogramine A et strep- faut s’en référer aux recommandations de bonne pratique. Les
togramine B est diminuée avec une augmentation modérée méthodes automatisées détectent bien ce phénotype.
des CMI (catégorisation sensible ou intermédiaire).
6.2.3. Résistance isolée à la lincomycine
6.1.5. Résistance à la pristinamycine (phénotype SAB) Il semble nécessaire de modifier le résultat sensible en
La résistance isolée à la pristinamycine peut se rencontrer. intermédiaire pour la clindamycine. Cette résistance n’af-
Elle est due à l’acquisition de gènes conférant la résistance fecte pas les autres antibiotiques du groupe MLS.
au facteur A (gènes vat codant des acétylases ou vga codant
une protéine de pompe à efflux) associés ou non à des gènes
conférant la résistance au facteur B (gènes vgb codant des 7. Les quinolones
lyases). La résistance à la pristinamycine est souvent asso-
ciée à la résistance MLSB constitutive (tableau III). Les quinolones ont pour cible des enzymes essentielles à
la survie bactérienne, les topoisomérases de type II incluant
6.2. Détection et lecture interprétative la gyrase (composée de deux sous unités, GyrA et GyrB) et
Le test de l’érythromycine, de la lincomycine et de la la topoisomérase IV (composée de deux sous unités, ParC
pristinamycine permet de reconnaître les phénotypes et et ParE) [9]. Ces enzymes sont responsables du suren-
d’interpréter les résultats. La distance entre les disques roulement de la molécule d’ADN (gyrase), nécessaire à
d’érythromycine et de lincomycine, habituellement égale son stockage sous forme compacte ou, inversement, au
à 24 mm de bord à bord, est généralement suffisante désenchevêtrement s’opérant lors de la traduction en ARNm

Tableau III – Principaux phénotypes de résistance aux MLS chez les staphylocoques.
Mécanisme Classe de gènes Phénotype Phénotype de résistance

14-, 15-M 16-M L S

Méthylation ribosomale erm(A), erm(C) MLSB inductible R Sa


S a
S

MLSB constitutif R R R Sb

Efflux msr(A) MSB R S S S

Modification enzymatique lnu(A) L S S R c


S

Efflux ? vga(A), vga(Av), lsa(B), déterminants inconnus LSA S S I S/I


Modification enzymatique
vat(A), vat(B), vat(C), vga(A), vga(Av), vga(B),
des facteurs A ou B +/- S ou LSd S S S ou Id R
vgb(A), vgb(B) en diverses combinaisons
efflux du facteur A
a
Risque de sélection de mutant résistant.
b
Activité bactéricide réduite.
c
Résistance à la lincomycine et sensibilité à la clindamycine (interpréter I).
d
Possibilité de résistance à la lincomycine et à la clindamycine en cas de présence des gènes vga(A) ou vga(Av).

88 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407


INFECTIONS À PNEUMOCOQUE ET À STAPHYLOCOCCUS AUREUS

(topoisomérase IV). La liaison des quinolones à leurs cibles Il existe deux mécanismes de résistance à cet antibiotique
entraîne l’arrêt de la réplication et de la transcription de l’ADN chez S. aureus : mutation dans le gène fusA codant le fac-
bactérien. Les fluoroquinolones sont rapidement bactérici- teur d’élongation G ou diminution de la perméabilité. Les
des. S. aureus est naturellement résistant aux quinolones de mutants pour le premier type de résistance sont obtenus
première génération (acide nalidixique, acide oxolinique et à une fréquence élevée, de l’ordre de 10-6 à 10-8.
fluméquine), mais sensible aux fluoroquinolones systémiques
(ciprofloxacine, lévofloxacine, moxifloxacine, ofloxacine et 8.3. Rifampicine
péfloxacine) ou urinaire (norfloxacine). La rifampicine inhibe l’ARN polymérase, bloquant ainsi la
transcription. Elle est bactéricide. Des mutations au sein
7.1. Mécanismes de résistance du gène rpoB codant la chaîne bêta de l’ARN polymérase
sont responsables du phénotype de résistance à cet anti-
Modification de cible biotique. La plupart des souches présentent un haut niveau
Le principal mécanisme de résistance est dû à l’apparition de résistance (CMI > 32 mg/L), d’autres sont catégorisées
de mutations ponctuelles dans la ou les cibles des qui- intermédiaires (CMI = 1 mg/L). Ces deux types présentent
nolones (gyrase et topoisomérase IV) [9]. Ces mutations des mutations différentes.
siègent le plus souvent dans une courte région conservée
appelée QRDR (quinolone resistance determining region). 8.4. Oxazolidinones
Les quinolones n’arrivent alors plus à se fixer à leurs cibles. Le linézolide est le seul représentant de cette famille. C’est
Chez S. aureus, une première mutation sur une cible (en un inhibiteur de la synthèse protéique. Il interagit au niveau
général ParC) va conférer un niveau de résistance de bas de la sous-unité 50S du ribosome et bloque une étape pré-
niveau. Dans un deuxième temps, une deuxième mutation coce de la synthèse protéique. C’est un antibiotique bacté-
sur la deuxième cible (ParC, ParE ou GyrA) va conférer une riostatique très actif sur S. aureus, incluant les SARM [10].
résistance de haut niveau. Les souches de haut niveau La détection de la résistance s’effectue selon les méthodes
auront alors une résistance croisée à la péfloxacine, à la standardisées. Parfois, les méthodes de diffusion peuvent
ciprofloxacine, à la lévofloxacine et à la moxifloxacine. surestimer la résistance. Les résultats intermédiaires ou
résistants doivent être vérifiés par la détermination de la
Efflux CMI (méthode de référence ou E-test®). Il existe de rares
Des pompes vont diminuer la concentration intracytoplasmi- souches de S. aureus résistantes au linézolide.
que de certaines quinolones spécifiques : la ciprofloxacine et
la norfloxacine. La surexpression d’une pompe inductible de 8.5. Lipopeptide
la famille « major facilitator superfamily » entraîne la résistance La daptomycine est le seul représentant de cette famille. Le
qui est alors associée à la résistance au chloramphénicol. mécanisme d’action de cet antibiotique n’est pas encore
L’efflux peut s’associer au mécanisme précédent. complètement élucidé. Son insertion dans la membrane
cytoplasmique (mécanisme calcium dépendant) crée une
7.2. Détection et lecture interprétative dépolarisation de la membrane et une fuite d’ions potas-
Il suffit de tester une fluoroquinolone, de préférence parmi sium. La bactérie arrête alors toute synthèse d’ADN, d’ARN
les moins actives (péfloxacine, ofloxacine ou norfloxacine). et de protéines. C’est un antibiotique bactéricide. Cepen-
La réponse vaut pour l’ensemble de la classe. dant, des mutants résistants sont isolés in vivo. Les CMI
de la daptomycine augmentent parallèlement à celles de
la vancomycine [11]. En effet, l’épaississement de la paroi
8. Les autres antibiotiques observé chez les VISA gênerait l’accès de la daptomycine
à la membrane cytoplasmique.
8.1. Sulfamides et triméthoprime
Les acides foliques sont impliqués dans la synthèse des 8.6. Glycylcycline
acides nucléiques. En raison de leur activité anti-folique, les La tigécycline est le seul représentant de cette sous-classe
sulfamides et le triméthoprime interfèrent avec la synthèse dérivée des tétracyclines. Cet antibiotique à spectre large
des acides nucléiques et des protéines. L’association de est actif contre les souches de staphylocoques hébergeant
ces deux molécules est synergique. Cette synergie est les classiques mécanismes de résistance aux tétracyclines
maintenue en cas de résistance isolée aux sulfamides, mais par protection du ribosome ou efflux actif. Les souches de
pas en cas de résistance isolée au triméthoprime. staphylocoques résistantes sont exceptionnelles [12].
Chez S. aureus, la résistance aux sulfamides est fréquente
(30 à 50 % des souches de S. aureus sensibles à la méti-
cilline et 80 à 95 % des SARM), souvent par modification
9. Les phénotypes associés
de la cible. La résistance au triméthoprime est elle aussi de résistance
due à une modification de la cible.
Les phénotypes associés de résistance se voient surtout
8.2. Acide fusidique chez les SARM. La résistance à la méticilline chez S. aureus
L’acide fusidique, représentant unique de sa famille, inhibe est longtemps restée strictement hospitalière, résultant
la synthèse protéique en interférant avec une GTPase (fac- de la diffusion mondiale de 5 principaux clones. Pour ces
teur d’élongation G (EF-G)), empêchant la progression de clones, il existe une résistance associée à de multiples
la chaîne polypeptidique au niveau du ribosome. antibiotiques (fluoroquinolones, macrolides, aminosides…).

REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407 // 89


Les combinaisons de résistance ont beaucoup varié aux fluoroquinolones et au phénotype de résistance
dans le passé. Actuellement, la résistance à la méticilline aux aminosides KT. La résistance MLS B constitutive
est associée dans environ 90 % des cas à la résistance est présente chez plus de 50 % des souches. La fré-
quence de la résistance à la gentamicine, à la rifampi-
cine, à la fosfomycine ou à l’acide fusidique est proche
de 10 % [13].
Figure 5 – Antibiogramme
Par ailleurs, depuis quelques années, on observe l’appa-
par diffusion d’un SARM communautaire.
rition de souches communautaires de SARM [CA-MRSA
(community-acquired MRSA)]. Elles sont rares en France
bien qu’en fréquence croissante. Ces staphylocoques
sont surtout isolés chez l’enfant ou bien au sein de
certaines collectivités (équipes de sport collectif, pri-
sonniers). Dans presque tous les cas, ils possèdent
les gènes codant la leucocidine de Panton Valentine
qui leur confère un pouvoir pathogène particulier. Ces
souches sont responsables d’infections sévères de
la peau et des tissus mous. Les SARM communau-
taires sont résistants, outre à la méticilline, à la kana-
mycine, à l’acide fusidique (intermédiaire) et souvent
aux tétracyclines (figure 5) [14]. Ce profil typique doit
faire suspecter l’origine communautaire du staphylo-
coque étudié.

10. Conclusion
L’antibiogramme de S. aureus présente quelques diffi-
cultés maintenant bien connues pour la détection des
Résistance à la méticilline (FOX, céfoxitine), à la kanamycine (K), à l’acide résistances. L’interprétation est facilitée par l’existence
fusidique (FA) et sensibilité aux fluoroquinolones (PEF, péfloxacine), à la
tobramycine (TM) et à la gentamicine (GM).
de règles interprétatives. Malgré cela, certains antibioti-
S : streptomycine ; MOX : moxalactam ; C : chloramphénicol ; N : néomycine ; ques comme les glycopeptides nécessitent une atten-
TMP : triméthoprime ; SXT : cotrimoxazole ; TEC : teicoplanine ; tion particulière car certaines souches de S. aureus de
RA : rifampicine ; FOS : fosfomycine ; VA : vancomycine.
sensibilité diminuée sont difficiles à détecter.

Références [8] Leclercq R. Mechanisms of resistance to macrolides and lincosa-


mides: nature of the resistance elements and their clinical implications.
Clin Infect Dis 2002;15:482-92.
[1] Comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie,
[9] Hooper DC. Fluoroquinolone resistance among Gram-positive cocci.
Communiqué 2008, Société française de microbiologie, Paris, France,
Lancet Infect Dis 2002;2:530-8.
2008 http://www.sfm.asso.fr/.
[10] Dutronc H, Bocquentin F, Galpérine T, Lafarie-Castet S, Dupon M.
[2] Felten A, Grandry B, Lagrange PH, Casin I. Evaluation of three tech-
Le linézolide, premier antibiotique de la famille des oxazolidinones. Med
niques for detection of low-level methicillin-resistant Staphylococcus
Mal Infect 2005;35:427-34.
aureus (MRSA): a disk diffusion method with cefoxitin and moxalactam,
[11] Cui L, Tominaga E, Neoh HM, Hiramatsu K. Correlation between
the Vitek 2 system, and the MRSA-screen latex agglutination test, J Clin
reduced daptomycin susceptibility and vancomycin resistance in van-
Microbiol 2002;40:2766-71.
comycin-intermediate Staphylococcus aureus. Antimicrob Agents
[3] Drugeon H. β-lactamines et staphylocoques. In: Courvalin P, Leclercq
Chemother 2006;50:1079-82.
R, Bingen E. (Eds). Antibiogramme, ESKA, Paris, 2006:117-24.
[12] Rodloff AC, Leclercq R, Debbia EA, Cantón R, Oppenheim BA,
[4] Bismuth H. Aminosides et bactéries à Gram-positif. In: Courvalin P,
Dowzicky MJ, Comparative analysis of antimicrobial susceptibility
Leclercq R, Bingen E (Eds), Antibiogramme. ESKA, Paris, 2006:205-25.
among organisms from France, Germany, Italy, Spain and the UK as
[5] Hiramatsu K. Vancomycin-resistant Staphylococcus aureus: a new part of the tigecycline evaluation and surveillance trial. Clin Microbiol
model of antibiotic resistance, Lancet Infect Dis 2001;1:147-55. Infect 2008;14:307-14.
[6] Leclercq R. Glycopeptides et staphylocoques. In: Courvalin [13] ONERBA. Centre documentaire. Données 2008. http://www.
P, Leclercq R, Bingen E (Eds), Antibiogramme. ESKA, Paris 2006:
onerba.org/bin/res/
279-88.
[14] Vandenesch F, Naimi T, Enright MC, Lina G, Nimmo GR, Heffernan H,
[7] Wootton M, MacGowan AP, Walsh TR, Howe RA. A multicenter study
Liassine N, Bes M, Greenland T, Reverdy ME, Etienne J. Community-acqui-
evaluating the current strategies for isolating Staphylococcus aureus
red methicillin-resistant Staphylococcus aureus carrying Panton-Valentine
strains with reduced susceptibility to glycopeptides. J Clin Microbiol
leukocidin genes: worldwide emergence. J Clin Microbiol 2007;45:329-332.
2007;45:329-32.

90 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2008 - N°407

Вам также может понравиться