Introduire et conclure un texte argumentatif

Chaque texte a besoin d’une introduction et d’une conclusion. Quel qu’il soit, et quel que soit le type
d’exercice auquel on se livre, les fonctions fondamentales de l’introduction et de la conclusion demeurent les
mêmes, mais la forme peut varier : ainsi, on n’introduira pas de la même manière une dissertation et une lettre de
candidature !

Pour les exercices universitaires et les épreuves des concours, il existe une forme canonique de
l’introduction et de la conclusion. Par exemple, l’introduction d’une synthèse devra obligatoirement présenter les
documents dont on contracte le contenu ; l’introduction d’une dissertation devra mentionner le sujet et la
problématique.

1-Rédiger une introduction

Quand on écrit, on s’adresse à un lecteur potentiel. L’introduction a pour fonction de faire entrer ce lecteur dans
le texte, de l’arracher au monde extérieur, à ce qui le préoccupe, ou l’intéresse, dans son environnement, pour le
plonger –et dans la mesure du possible le maintenir – pour un temps donné, dans une sorte de parenthèse, ce
monde clos sur lui-même : l’univers du texte. L’introduction doit donc attirer l’attention et éveiller l’intérêt, en
somme donner envie de lire la suite. C’est ce que vous attendez d’un début de roman ou d’un début de film  :
l’introduction de votre texte à la même fonction (même celle d’un devoir d’examen).

1-1-Quelques erreurs à éviter

Voici quelques maladresses que l’on rencontre fréquemment dans les copies et qui nuisent à la qualité d’une
introduction.

A éviter
Lieux communs, phrases passe-partout
Omission de la première phase de l’introduction :
l’étudiant débute directement par l’indication du
sujet.
Affirmations fortes, réponse au sujet : l’introduction
doit poser le problème, pas y répondre, sinon il n’y a
aucune raison pour lire la suite !
Début d’argumentation : c’est dans le développement,
c’est-à-dire le corps du texte, que l’on discute ou
argumente
Exemples
De tous temps, depuis toujours, les hommes,
l’homme a toujours, etc.
Dans la préface des contemplations, V. Hugo écrit :
quand je vous parle de moi, je vous pale de vous.
Molière se trompe lorsqu’il affirme que « les
comédies ne sont pas faites que pour être jouées »
Molière se trompe lorsqu’il affirme que « les
comédies ne sont pas faites que pour être jouées » on
peut en effet prendre grand plaisir à les lire.

Note (s)

●N’oubliez pas de fournir à votre lecteur des éléments de contextualisation : si le sujet est constitué d’une
citation, il est bon de présenter son auteur et le contexte (historique, artistique, social, politique, etc.) dans lequel
a été émise.

●Votre introduction sert à guider le lecteur avant la lecture de vos arguments développés ultérieurement, et doit
être clairement détachée du reste de votre texte.

1-2-Les phases de l’introduction

On conçoit l’introduction autour de trois moments (phases ou parties) :

 Une première phase qui sert à amener le sujet ;

 Une deuxième phase qui indique quelle problématique on va aborder, et quel est l’intérêt du
sujet traité ;
 La troisième phase annonce le plan ou décompose les étapes du projet.
 S’attirer la bienveillance du lecteur (Le sujet amené) : les phases 2 et 3 d’une introduction sont
somme toute très techniques : on peut les traiter de manière scolaire, suivant une rédaction standard et
utilitaire. La première phase devrait par contre être stylistiquement travaillée pour retenir d’emblée
l’intérêt. C’est en cela que l’introduction se doit de développer un pouvoir de persuasion. On y
parviendra en trouvant une manière habile d’amener le sujet. On pourra :
 Employer une comparaison
 Rappeler l’actualité si la problématique est en relation ou peut être mise en relation
avec des faits récents
 Frapper par une formule bien choisie, entre autres si elle relève du paradoxe ou de la
provocation.

Exemple :

L’homme est changé en âne, en oiseau, en
poulpe, en pourceau, en cancrelat, en coyote.
S’agit-il seulement d’histoires bonnes pour les
enfants, ou pour les fous ?
« Le français vient du latin : cette affirmation
massive a besoin d’être nuancée ».
L’auteur pique la curiosité de son lecteur à
travers les étonnants raccourcis de la première
phrase. Il emploie aussi la provocation et anticipe
une réaction de rejet de la part de son lecteur.
Cette amorce prend appui sur un lieu commun (le
français vient du latin) pour annoncer qu’il n’est
pas entièrement exact : l’auteur suppose dans un
premier temps que son lecteur adhère – ou a été
confronté – à ce lieu commun et qu’il aura à
cœur d’en apprendre davantage.

 Indiquer le sujet et cerner la problématique (Le sujet posé) : la deuxième phase de l’introduction
doit indiquer le sujet et en déduire la problématique (Vous pouvez aussi, si vous le jugez nécessaire,
spécifier le contexte (temps, espace) dans lequel vous allez traiter cette problématique). On peut
envisager, mais sans empiéter sur le développement, de préciser de quelle manière on entend aborder la
question. Plusieurs situations peuvent se produire, selon le type d’exercice rédactionnel auquel on se
livre :
 Si le sujet s’appuie sur une citation d’auteur, on aura toujours intérêt à la reproduire,
entièrement ou partiellement, avant de la reformuler pour être intégralement recopiée,
en veillant cependant à son intégration harmonieuse au sein de l’introduction.
Lorsqu’il s’agit au contraire d’une citation longue, on ne retiendra que les termes et
expressions clefs, rapportés entre guillemets ;
 Si le sujet s’appuie sur une question, il convient de la reformuler ;
 Enfin, dans le cas d’un rapport, d’un mémoire, ou encore d’une lettre, on cerne le
sujet abordé et l’on précise selon quels aspects, ou en fonction de quelle
problématique, on entend l’examiner. On peut avoir recours à une citation d’auteur de
son choix, mais cela n’est pas indispensable.

Exemple :

Sujet
En vous appuyant sur les œuvres du programme,
discutez cette affirmation de La Fontaine dans la
préface des Fables : « les propriétés des animaux et
leurs divers caractères y sont exprimés ; par
conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes
l’abrégé de ce qu’il a de bon et de mauvais dans les
créatures irraisonnables » (sujet de dissertation ou
d’essai)
« Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ».
Cette affirmation de La Fontaine peut-elle éclairer la
lecture des œuvres au programme (sujet de dissertation
ou d’essai)
Introduction
À travers les « propriétés » et les
« caractères » des animaux, La Fontaine,
dans ses Fables, renvoie le lecteur à sa
propre image : en effet, d’après lui, « nous
sommes l’abrégé de ce qu’il y a de bon et
de mauvais dans les créatures
irraisonnable ». L’animal fournit par
conséquent une représentation simplifiée
des qualités et défauts de l’être humain.
« Je me sers d’animaux pour instruire les
hommes », affirme La Fontaine, suggérant
ainsi combien il est important pour l’être
humain qui veut se connaître de se pencher
sur sa part d’animalité.
 Le bestiaire des fables (sujet de mémoire) Hérité du fabuliste Ésope, mais de la
tradition médiévale, le bestiaire des Fables
permet à La Fontaine de tendre au lecteur
de ses apologues un miroir déformant,
celui de l’animalité, dans lequel il est
invité à se chercher.

 Annoncer le plan (Le sujet divisé) : cette phase a pour but de fournir au lecteur le fil directeur de votre
texte : il est plus aisé pour lui de suivre votre raisonnement s’il en connaît d’emblée la logique interne,
c’est-à-dire s’il sait en combien de grandes étapes (ou parties) votre développement se décompose, et
quelles relations unissent ces étapes.

Toute en étant technique, la phase d’annonce du plan doit cependant veiller à ne pas être trop scolaire.
Elle constitue de fait un défi rédactionnel, dans la mesure où il convient de faire preuve d’élégance et
d’une certaine originalité tout en respectant les exigences du genre.

Exemple d’annonce trop techniciste :

« Premièrement, nous verrons que … deuxièmement nous montrerons comment … troisièmement, nous
examinerons … » cette annonce est trop schématique et risque de lasser le lecteur. Il en va de même si
vous écrivez : « dans une première partie … / dans une seconde partie … »

Plusieurs techniques sont possibles. Voici les principales :

Technique d’annonce du plan Exemples

Le questionnement : c’est une technique particulièrement
adaptée à la dissertation ou à l’essai dans la mesure où elle
met l’accent sur la problématisation à travers une série de
questions.
Le projet : l’annonce du plan se fait à travers des phrases au
futur, qui renvoient aux différentes phases du projet que le
texte développe ; c’est une technique standard, que l’on peut
utiliser aussi bien pour un rapport, une note de synthèse, un
commentaire de texte ou encore une dissertation
Le résumé du raisonnement ou de la démarche en présente
brièvement les grandes étapes, en insistant sur la relation de
sens qui les unit.
Le livre n’est-il qu’un simple moyen d’information
ou peut-il contribuer, en tant que vecteur de la
critique sociale et politique, à proposer des
solutions et à ouvrir des perspectives ?
Nous montrerons que le livre est plus qu’un simple
moyen d’information : il est en effet un vecteur
essentiel de la critique sociale et politique et peut
aussi proposer des solutions pour l’avenir.
Si la fonction informative du livre est indéniable, il
constitue aussi un vecteur essentiel de la critique
sociale et politique ; il contribue à proposer des
solutions et d’ouvrir des perspectives.

Exemple d’annonce de plan

Pour le commentaire du poème « spleen » de Jules Laforgue, dont nous avons proposé un plan
thématique (voir fiche les types de plans), l’annonce du projet pourrait prendre la forme suivante :

« Nous étudierons l’atmosphère mélancolique et lugubre du poème qui sert de cadre à l’évocation du
déroulement monotone d’une journée ordinaire dans la vie du poète. Nous verrons que la mal de vivre
du poète révèle son ennui, le sentiment de solitude qui l’écrase et son dégoût devant le vide de
l’existence. »

Exemple d’introduction

Sujet
L’école ne doit pas se substituer aux parents en matière d’éducation des enfants.

(Sujet amené) Le rôle premier de l’école n’est pas de remplacer les parents dans l’éducation des enfants. Chacun a
des responsabilités bien définies. (Sujet posé) Mais, de nos jours, en France, peut-on limiter l’éducation à la stricte
transmission des règles de comportement à respecter en société ? (Sujet divisé) Pour répandre à cette question, il sera
nécessaire de définir les responsabilités et le rôle de chacun, parents et professeurs, dans l’éducation des enfants
pour, finalement, nous pencher sur le partage éventuel des devoirs en matière d’éducation que l’on retrouve en milieu
scolaire et familial.