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CANIVEAU 606 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~clzuwede canne, natte de roseaux sur laquelle on sucre, v. 15601et la variante abandonnée canne de
élève les vers à soie et où l’on fait sécher les fruits+. Provence (18451.De ce sens vient sucre d.e canne.
Ce mot, qui n’est pas attesté dans les dictionnaires Par métonymie, canne a désigné le bois des ro-
avant Mistral, est issu, de même que l’espagnol ca- seaux dont on fait des flûtes et des meubles (13051.
ntio et l’italien canniccio de mème sens (tis.1, du -Un usage particulier du bois (à l’origine de m-
bas latin canniciw de canna (4 canne) seau) a promu le sens de *bâton léger sur lequel on
4 Ce mot régional du sud-est de la France, surtout s’appuie en marchant* (15961,devenu le sens domi-
employé au pluriel, désigne - récemment en fkv nant du mot. La locution familière casser sa canne
çais central - un roseau souple et résistant fendu -rompre son bam (18521puis *mourir= (6. casser sa
en deux et dont on fait des claies ou des rideaux pipe) a vieilli; le second sens est en rapport avec le
protecteurs. verbe argotique 0 canner. 0 Selon les usages par-
ticuliers de l’objet, on emploie les syntagmes lexi-
t CANNISSIER n. m. (1859) désigne le vannier qui calisés canne-épée (1867, canne à épée). canne-fusil
travaille spécialement les canisses. (1867). -Par analogie, le mot sert à nommer une
0 “cm CANIVEAU. gaule portant une ligne de pèche, notamment dans
canne à pêche (16361 et, techniquement, la sarba-
CANIVEAU n. m. (16941 est d’origine incer- cane du souQeur de verre (17041.C’est aussi la dé-
taine : une formation avec le préke ca- sur niveau* nomination du bâton flexible utilisé pour un sport
ou un rattachement à la famille de canif* sont peu de combat proche de l’escrime (18821et un club de
probables. Deux attestations de la forme caniseau golf(19331. -Parallèlement, il a pris par métaphore
(1453. 1502) avec le même sens appuient l’hypo- le sens familier de ejambe> (av. 18851, surtout au
thèse d’un rattachement au latin canna *roseau> pluriel cannes.
par l’intermédiaire de %znniciw (-canisse) et,
pour caniveau, par l’intermédiaire d’un type “ca- .LediminutifOCANNELLE n.f,outresaspécia&
nabellum, variante du bas latin canabda wxmal de sation en botanique par un cheminement mal
drainage*. Cette hypothèse pose des problèmes éclairci (ci-dessousl, semble exister de bonne
phonétiques. heure comme l’indique le dérivé canneler, attesté
v. 1100. Il désignait un petit tube, un petit tuyau et
4 Le mot a désigné la pierre creusée en rigole pour de nos jours. dans l’usage technique, un petit robi-
l’écoulement de l’eau puis, couramment par exten- net adapté à une cuve. à un tonneau (1496). 0 Le
sion (18671.une bordure pavée le long du trottoir et dérivé CANNELER v. tr., d’abord caneler (v. 11001,
la dépression qu’elle borde. exprime l’idée de *munir de petits sillons tir-
culares~, sens qui s’est aflïrmé en architecture en
CANNABIS + CHANVRE relation avec l’italianisme cannelure* (15451. OPar
analogie, le participe passé CANNELÉ, ÉE est em-
CANNE n. f., d’abord attesté sous la forme ployé adjectivement dans la description d’une
chane Cv.1160) puis canne (1180-11901.est issu du la- étoffe de soie couverte de saillies parallèles (17511.
tin canna aroseaur, emprunté au grec kanna (- 0 après avoir seM à décrire une pièce de blason
canon) qui a connu de nombreux sens techniques dont les bords présentent des nodosités suivant
tels que *tuyau d’instrument de musiques, -mesure une ligne régulière (1690).
de longueur* Ws.1, puis =bec verseur de forme 0 CANNETTE n.£, d'abord kamtte (mes.) puis
allongéeD désignant aussi des récipients Ws.1; son cannette (1723), souvent écrit canette (17231, s’est
dérivé kanôn, à l’origine de 0 canon, a aussi des souvent trouvé en concurrence avec l’autre dimi-
valeurs techniques. Une partie des acceptions a dû nutif de canne, 0 cannelle. L’ancien sens de eva.se.
passer en Jkançais par l’intermédiaire du proven- récipients, éteint au XVII~s., a été ranimé spéciale-
çal cana qui les possède avant lui. Le mot latin. ment, en parlant d’une petite bouteille mince et
transmis aux domaines ibérique et italien, s’est longue pour la bière (17231, les jus de fruits,etc.
aussi transmis aux langues germaniques au sens o En français du Canada, sous l’influence de l’an-
de spot* (allemand Karine). glais cari eboîte de conserve (pour les liquides)=,
+Le sens de =cruche de forme allongée* est passé cannette désigne ce type de récipient. -Le mot a
le premier en français. mais s’est éteint au xve s., été reformé (18671,d’après un autre sens technique
comme les extensions métonymiques =Contenu de canne, à propos d’un rouleau de papier couvert
d’une cruche* (v. 11801 et =mesure pour les li- de poudre séchée servant à mettre le feu dans le
quides+ (12861. Cette acception s’est maintenue trou des mines et des roches; dans ce sens. le sé-
dans les dialectes de l’Ouest, du Nord-Ouest, en mantisme est très proche de celui de l’homonyme
Bourgogne, en franco-provençal et en français 0 canette* (ou cannette).
même, dans certains dérivés. ~Divers sens se- 0 CANNER v. tr. (16131 a Signifié -mesurer à la
condaires, issus de la valeur initiale du latin, =ro- canne>, sens disparu lorsque canne a cessé d’être
seau>, d’où *tube creux>. sont bien représentés en employé comme nom de mesure de 1ongueur;le
ancien français, par exemple =hampe de lancen verbe a pris le sens de *garnir de canne* (18671,
(1180-l 1901, =Colonne vertébrale* kn’s.. en ancien dont procèdent ses dérivés CANNAGE n.m.(1872,
picard), =trachée-artèrem (13801, tous sortis de Journal of&%?ll et CANNEUFLEUSE n. (1877).
l’usage, comme le nom d’une mesure de longueur 0 CANNELLE II.~., d'abord canele (av. 11501,est le
(av. 12661.oLe sens originel de Eroseaw (v. 12501 diminutif de canne* ctuyaw parce qu’en séchant,
s’est implanté durablement, notamment dans le cette écorce se roule sous la forme de petits tuyaux
syntagme canne à sucre (1721; d’abord canne de Cet emploi existe dans la plupart des langues ro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CANON
manes sans qu’il soit possible de déterminer son cannes ‘des jambes*, c’est-à-dire =fuir, partir-, soit
cheminement; le latin médiéval cannella ne par casser sa canne (attesté plus tard, cependant);
semble pas attesté en ce sens avant le XY siècle. -canne. Caner’ <renoncer, céder,, autre verbe,
L’intermédiaire du portugais est probablement à s’est confondu avec canner.
écarter, le Portugal ne semblant pas avoir pratiqué + Le verbe signifie =mouriw
l’importation des épices aux XI-XIII” siècles. Lïnter-
médiaire du provençal ou de l’italien est vraisem- CANNETILLE - CANETILLE
blable. -Le mot, désignant l’écorce aromatique
d’un arbre, a donné son nom à une couleur (17281. 0 CANNETTE - 0 CANETTE
Une ancienne locution mettre en cannelle *réduire
en morceaux, (16191, d’où <ruiner-, subsiste en
CANNIBALE n. et adj. est emprunté, par l’in-
termédiaire de textes italiens (1515-15251puis latins
Suisse avec avoir les jambes e* cannelle =être
(15321,à l’espagnol canibal(1492, Colomb). Celui-ci
fourbus.
est emprunté à l’arawak caniba désignant les In-
CANNELIER n. m. est un tWIXX5 Ci?% par les voya-
geurs ou traducteurs des relations de voyages aux diens Caraibes des Antilles; caniba serait une va-
riante de la forme en car- qui a donné caraibe, et
Antiies, d’abord employé adjectivement dans
arbre cannelier (15751, puis substantivé (1645); il dont le sens serait d’abord ‘sage, brave, fort>. appli-
s’est répandu au xwnr siècle. gué à cette ethnie dans sa langue.
+ Le mot, d’abord appliqué aux anthropophages -
ou supposés tels -des Antilles, prend rapidement
une valeur générale (1532 chez Rabelais) sans dls-
tinction d’origine. -Par extension. nom et adjectif
CANNEBERGE n. f., attesté en 1665, est d’ori- s’emploient par hyperbole au sens de ccruel, sau-
gine inconnue. On peut avancer l’hypothèse d’une vagen kvuP s.l.
adaptation de l’anglais cranbeny (XVII’ s.1ou de l’ai- t Le nom a produit CANNIBALISME n. m. (1797) et
lemand Kranbeere, bas allemand hranebere, CANNIBALESQUE adj. (18621.0 Les récents CAN-
d’après les mots canne et berge, cette variété d’ai- NIBALISER Y. tr. et CANNIBALISATION n. f.
relie poussant dans les marais. Le mot allemand (v. 1969) sont deux anglicismes respectivement em-
auquel I’anglals a été emprunté par les colons pruntés à to cannibalize (1943) et cannibalization
d’Amérique est composé de Kran “grue>, de même (19471, de cannibal, nés dans le vocabulaire de
origine que le français grue*, et de Beere #baie*, l’aviation vers la l?n de la guerre par métaphore de
terme ayant des correspondants dans toutes les l’alimentation d’une espèce animale qui se nourrit
langues germaniques (anglais beny1 et reposant d’individus de la même espèce. -En français, ces
peut-être sur la même racine que le vieil anglais mots concernent d’abord. comme en anglais, la ré-
bmu arougen. Le nom de la plante signi6erait litté- paration d’objets avec des pièces en bon état d’un
ralement *baie de la grues. objet de même type hors d’usage dans l’armée,
+ Le mot désigne l’airelle des marais, plante dont puis, dans le commerce, l’élimination involontaire
les bales sont utilisées, surtout au nord de l’Europe d’un objet ancien sur le marché en le remplaçant
et aux États-Unis, dans la confection de sirops et de par un autre. Dans ce domaine, secannibaliser,
coniltures, ainsi qu’en cuisine. c’est, avec une valeur péjorative, -se faire concu-
CANNELLONI n. m. pl. est emprunté (1918, rente à soi-mêmes.
chez Apollinaire) à l’italien cannelloni, attesté CANOË n. m., attesté en 1867 dans le contexte
comme terme de cuisine avant 1859, forme plu- d’un sport américain, est emprunté à l’anglais ca-
rielle de cannellow =tube de grande dimension* noe (1719; cccnoa, 15551qui provient. via l’espagnol,
(xv? s.l. Ce mot est un augmentatif en -one de can- de l’arawak (langue indienne) des Bahamas canoa.
nello <petit tuyau+, qui est lui-même le diminutif de Un emprunt direct au haïtien nous a valu la forme
canna amne, roseau, tuyau> (+ carme). canoe (15191.mais celle-ci a été acclimatée en ca-
+Le mot désigne on carré de pâte rempli de farce not*.
et roulé pois, industriellement. une grosse pâte ali- + Le mot désigne un bateau léger et portatif, mû à
mentaire en forme de tube que l’on remplit de
la pagaie. Par métonymie, il se réfère au sport pra-
farce. tiqué avec ce type de bateau.
CANNELURE n. f., d’abord canneleüre (1545) t CANOÉISTE n. est la francisation (18871de l’an-
puis cannelure (15471, est l’adaptation de l’italien glais canoeist (18651,de canoe. 0 Il a suscité la for-
canmllatura moulure, rainm~ (15611, dérivé de mation de CANOÉISME n. m. (19481.
cannelato =csnnel&, correspondant au français CANOE-KAYAK n. m. (v. 1950) est composé de
cannelé (-canne). Cette origine est appuyée par kayak l+ kayak).
l’existence de la forme empruntée cannelature 0 voir CANOT.
(15451.
+Le mot, introduit en architecture, a reçu par ana- 0 CANON n. m. recouvre deux formations dis-
logie quelques acceptions techniques en botanique tinctes. La plus ancienne, cannon (12821.est dérivée
et en technique. de canne*; elle est concurrencée au xrv’ s. par ca-
non, terme d’artilletie emprunté à l’italien can-
0 CANNER Y. tr. argotique (1829, Vidocql est en none (attesté seulement en 1585 dans ce sens, mais
rapport avec canne, soit par l’expression jouer des antérieur), augmentatif du latin canna (+ carme).
CANON 608 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot réalise l’idée de base de -gros tube-. Il a messe. Le latin canon est emprunté au grec hanôn
désigné une bobine de fil (6. canetteJ, un tuyau de qui, à partir du sens de =baguette droite>, a déve-
fontaine (14481, le corps d’une seringue (16111, la loppé le même type de sémantisme que règle; lui-
partie d’une serrure qm reçoit la clé (16761, ainsi même est probablement dérivé de kanm -roseau,
que la partie forée de la clé (1690). Depuis le xwe s., baguette de jonc*. repris par le latin canna
canon a désigné (1578) la parure que l’on attachait (k+carme). Karina est d’origine sémitique (akkadien
au bas des chausses, mode répandue au xvne s., où qanu, punique qn’, hébreu qané).
la richesse et l’ornementation des canons étaient +Le mot est repris dans sa spécialisation juridique
une marque d’élégance; on trouve souvent le mot et ecclésiastique de &?gle, loi=, qui a donné lieu à
chez Molière, employé avec une certaine dérision. un emploi xljectwé dans droit canon (v. 1511). Par
Enfin, il a désigné une mesure de capacité pour les métonymie, il désigne spécialement la partie es-
liquides (voir ci-dessous). Ces acceptions se sont sentielle de la messe contenant les paroles de la
développées à partir du dérivé français. - L’italia- Consécration (1295) d’où, concrètement, le tableau
nisme, terme d’artillerie (13381, est devenu plus mobile placé au milieu de l’autel avec les paroles
courant et a remodelé le sémantisme du mot, avec du canon (1550). Il désigne aussi une liste de livres
une phraséologie propre : poudre à canon (15481, sam-és faisant foi, le catalogue des saints (v. 1350)
au figuré chair à canon (Napoléon, selon Chateau- 16. ci-dessous canoni.serl, celui des livres sacrés
brlandl =troupes vouées à la morts. Les canons sym- (1690) de la religion chrétienne et, par extension.
bolisent une politique belliqueuse, l’armée (par d’autres religions (bouddhisme, par ex.). -La spé-
exemple dans l’opposition : du beurre ou des ca- cialisation administrative de -redevance, loyer-
non.sI. -Le mot désigne aussi, au croisement des (15871, reprise en droit COutumier, est SOI-h
deux sens, le tube qui dirige le projectile dans les d’usage. -Avec le sens de =ensemble de règles+.
armes à feu (1569) : le canon d’un fusil. canon est passé dans le domaine musical, s’appli-
Par un ancien sens métaphorique de =mesure de quant à une écriture en contrepoint plu.5 simple
capacité pour le vlw (15961,canon a pris le sens at- que la fugue (1690). o Dans le vocabulaire de la sta-
gotique, puis populaire de werre de vin rouge> tuaire (1814, en référence aux sculpteurs grecs),
(peut-être par influence de coup de rouge, évo- puis de l’esthétique, il se dit des règles de propor-
quant coup de canon). o Le langage à la mode en a tion qui fondent la beauté, dans un système culturel
fait un intensif [c’est canon !J qui, après avoir vieilli, donné.
est redevenu à la mode dans une fille canon, d’où t En dehors de CANONIAL. ALE. AUX adj.
un canon, avec une influence sémantique possible (v. 11651,-conforme à la règle=! et de CANONISTE
de 0 canon (esthétique) n. m. (déb. xv’s.1. *homme d’Eglise spécialiste du
~Les dérivés se rapportent tous au domaine de droit canon=, les mots de la famille sont directe-
l’artillerie. CANONNIER n. m. (1382) a désigné un ment repris au latin.
fabricant de canons jusqu’au ~V?S. et s’est main- CANONIQUE adj. et n. f. est emprunté (1250) au la-
tenu comme nom de celui qui sert une pièce de ca- tin canonicus confome aux règles, régulier-~, spé-
non (1383). cialement employé en musique et, chez les auteurs
CANONNIÈRE n. f. et xlj. (14241, d’abord hanno- chrétiens, à propos des textes sacrés et des règles
nire ll41.51416), a désigné une meurtrière pour ca- ecclésiastiques. Le mot latin est emprunté au dé-
nons; de nos jours, il désigne et qualifie un navire rivé grec kcmonikos -relatif aux règles=, spécialisé
léger à fond plat armé de canons (1834). 0 Par ana- en musique, grammaire et astronomie, substantivé
logie, le mot désigne un petit tuyau consistant en en se référant à la logique dans la philosophie
un bâton de sureau creux dans lequel un piston d’Épicure. -Après une attestation isolée comme
chasse, par la compression de l’air, des tampons nom désignant un droit que l’on payait aux évêques
(av. 1634). en Orient, le mot est repris adjective,ment avec le
CANONNER v. tr. (1534) exprime l’idée de tirer au sens de -zooforme aux canons de 1’Eglisen (1321).
canon sur.., et s’emploie spécialement en marine 0 L’expression âge canonique s’appliquait à Yâge
pour <enrouler (une voile) en forme de canon, de requis pour exercer certaines fonctions ecclésias-
tubes (18291. -CANONNAGE n. m. 117711est dé- tiques, notamment !a fonction de domestique fémi-
rivé du verix nin d’un homme d’Eglise (1783); l’expression est en-
CANONNADE n. f. (1552) Serait emprunté à l’ita- trée dans l’usage général à propos d’un âpe plus
lien canmmta, dérivé avec le s&ixe -ata de can- que respectable, alors qu’il s’agissait à l’origine de
none, mot attesté depuis 1518, plutôt qu’issu de ca- l’âge mti (quarante ans). oDes spécialisations
non. -Il désigne la décharge simultanée ou techniques en art et en mathématiques. ainsi que
successive de plusieurs coups de canons. l’emploi du féminin substantivé en histoire de la
philosophie, en référence à la logique d’Épicure
0 CANON n. m., d’abord attesté par la forme (1847), ont été repris au grec. CANONIQUEMENT
cane cègle religieuse* Cv.11191puis canon au XIII~s. adv. (1374) et CANONICITÉ n. f., attesté chez Bos-
(12591,est emprunté au latin canon, employé avec suet (av. 1704) avec le sens de ~reconnaissance offi-
le sens concret de =tuyau de bois dans une machine cielle Iixant l’appartenance d’un livre au canon des
hydrauliques et surtout avec le sens figuré de -mo- livres inspirés*, sont dérivés de canon@ue.
dèle, règles en art, dans la langue administrative et CANONISER Y. tr., d’abord sous la forme canoni-
juridique, puis en religion où ll désigne l’ensemble sier (XIII” s.l. en usage jusqu’au xv” s., puis canoniser
des livres sacrés, un décret concernant la disci- (v. 1360, avec deux n), est emprunté au latin ecclé-
pline ecclésiastique et la partie centrale de la siastique canonizare “mettre au nombre des livres
DE LA LANGUE FRANÇAISE CANTATE
Canoniques~ ws.1 et, à lëpoque médiévale, rope. canot désigne, par adaptation culturelle
mettre dans le catalogue des saints, (xn”s.). Ce (1677) et en concurrence partielle avec barque, de
verbe est emprunté au grec canonizein *mesurer, petites embarcations à rames, à voile ou à moteur,
régler=, puis cprescrire une règle:W s.), de kanôn. avec des syntagmes déterminés Icanot àe plai-
Le verbe concerne le fait, pour 1’EgIise catholique, scmce,canot de sauvetage,canot pneumatique).Les
de reconnaître un personnage (souvent déjà un contextes d’emplois sont souvent maritimes et le
~bienbeureux~l comme saint ou sainte. Un sens ex- mot, dans l’usage des marins, notamment en Bre-
tensif clouer. glotien a disparu. -En droit canon. tagne, est souvent du féminin, se prononçant avec
il signifie aussi ‘déclarer (un texte) conforme aux le t sonore.
canons de l’Eglise> (1495). -En sont dérivés CANO- . CANOTIER n. m. semble un dérivé indépendant
NISATION n. f. (fin xnle s.), attesté dès le XI~ s. sous de l’ancien canautier kw’-xvlP s.) qui désignait l’oc-
la formelatine camtiatio,etCANONISABLE adj. cupant d’un canot au sens initial. Repris au xti s.
(1601) dont le sens extensif slouablen a disparu à (18371, le mot désigne l’amateur de canot de plai-
côté du sens religieux edigne d’être canonisé> (at- sance. 0 Ce sens a vieilli, mais le mot se maintient
testé tard, 1867, mais certainement antérieur). au sens métonymique de *chapeau de paille à
0 voir CANNE,CANoMC*T, CHANOINE. bords étroits et fond plat* (1903, Colette), ce cha-
peau ayant été à la mode chez les amateurs de ce
CARON ou CANYON n. m., d’abord écrit ca- sport. Par métonymie, canotier a désigné dans les
gnon Cl8591et canon (18771puis carion (1883) et ca- années 1900 les porteurs de ce chapeau. avec l’idée
nyon (1888). est emprunté, par l’intermédiaire de de loisir élégant.
I’anglo-américain attesté sous les mêmes formes, CANOTER Y. intr., =pratiquer la promenade en ca-
surtout canyon, à Yespagnol carïon (18341,appliqué not, en barquen (1858). et son dérivé probable CA-
par les hispanophones du Nouveau-Mexique à un NOTAGE n.m., dont l’attestation en 1843 laisse
type de relief caractéristique de la sierra Ne+% présumer l’emploi antérieur du verbe, bien que c&-
des Rocheuses et des plateaux de l’ouest des Etats- ractéristiques des lo&s de la seconde moitié du
Unis Ce mot est généralement considéré comme z& s. et de la Belle Epoque, sont restés en usage.
le dérivé augmentatif de caria (+ canne1 sign&mt
proprement =gros tube, gros tuyau*; cependant, CANTABILE ad”., adj. et n. m. est emprunté
l’ancienne forme callon (1560-1575) conduit Coro- (1757) à l’italien cantabik-facile à chanter, mélo-
minas à y voir plutôt un dérivé de colle *chemin dieux, musical> (xw” s.l. substantivé comme terme
étroits, -muten, du latin callis =Piste de troupeaux. de musique. Le mot, qui correspond au français
sentier tracé par les animaux>, mot technique très charitable, est emprunté au bas latin cantabüis
ancien sans étymologie établie. digne d’être célébrés, pris au sens de #destiné à
+Le mot désigne un type de relief en ravin étroit être chanté, semblable à un chant>, dérivé de can-
creusé par un cours d’eau dans une chaîne de tare (+ chanter).
montagnes. Par extension. il est employé en océa- +Le mot, d’abord repéré comme nom, puis en em-
nographie pour une longue dépression sous-ma- plois adjectif [1803l, notamment dans moderato
rine formant une vallée à versants escarpés (1949). cantabile, et adverbial, désigne en musique un
mouvement lent et expressif, souvent empreint de
CANONICAT n. m. est emprunté (1611) au la- mélancolie.
tin médiéval ecclésiastique canonicatus <bénéfice
de chanoine> (XII~~.), dérivé de canonicw (+cha- CANTAL n. m., attesté en 1643 dans le titre d’un
noinel. poème de Saint-Amant, est tiré du nom d’un massif
4Le mot, avec son sens de =bénéfice, dignité de volcanique et d’une région d’Auvergne où se fa-
chanoinen, a évincé l’ancien chanoinie ~II’ s.), dé- brique ce fromage à pâte ferme et à croûte dure. Le
rivé de chanoine. Par extension, il s’est employé au nom de la région remonterait à une racine précel-
sens figuré de &kure, place lucrative peu fati- tique ‘canto <pierre, rochep, attestée par le basque
gantes (17981,sorti d’usage. cantal cpierrea.
CANOPE adj. et n. m. (1828 dans Champollionl, CANTALOUP n. m. (17911,
d’abord cantcdoupe
est tiré du nom de la ville de Basse-Égypte (latin (1775). est issu d’un nom de lieu, probablement
Canopus, grec Kanôbosl où l’on employait dans le Cctntcdupo,nom d’une localité située près de Rome
culte du dieu Osiris des vases en terre ayant un où cette variété de melon était cultivée. Cepen-
couvercle surmonté d’une figure humaine. dant, le substantif étant inconnu en italien, on a
+Le mot désigne et qualifte ce type de vase funé- aussi invoqué Cantaloup dans 1’Hérault.
mire égyptien et, par analogie. étrusque. + Le mot désigne une variété de melon rond à côtes
saillantes et chair orange très sucrée.
CANOT n. m. est la réfection graphique, à l’aide
du stixe -ot (15991,de canoe (1519). emprunt àl’es- CANTATE n. f. est emprunté (1703) à l’italien
Pagnol canoa (14921, lui-même emprunté à une contata Wm xwe s.l. participe passé passif substan-
langue indienne des Babamas, l’arawak (-canoë). tivé, au féminin, de cantare (+ chanter), mot formé
+ Le sens d’emprunt, concernant une pirogue ir- comme ceux qui ont donné sonate et toccata.
dienne, a disparu au xwue s., sauf au Canada, où le +Le mot désigne un poème lyrique destiné à être
mot conserve les valeurs que possède canoe en mis en musique et chanté et, plus couramment,
français de France, de Belgique et de Suisse. En Eu- une pièce vocale, religieuse ou profane, composée
CANTATRICE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de récitatifs, d’airs et de duos (les Cantates de + Le mot désigne d’abord un petit coffre utilisé dans
Bach). l’armée pour transporter des bouteilles, puis une
malle d’officier (1877) d’où, couramm ent, une malle
CANTATRICE n. f. est emprunté (1746) à Iïta- solide, souvent en métal. ~ParaUèIement, la va-
lien cantatrice ixm”s.1 <chanteuse>, spécialisé au leur étymologique locale s’est développée. d’abord
sens de <artiste lyrique>. Le mot italien est em- à propos d’un magasin fournissant les troupes en
prunté au latin cantatriz (comme son masculin tabac (1720). puis en vin, en bière (1740). De là. par
cantatore l’est à cantator) -chanteuse* et aussi ma- extension, le mot a développé son sens moderne de
gicienne~. du verbe cantare CL+chanter). -lieu où l’on sert à boire et à manger pour une col-
+Le mot, introduit en parlant des chanteuses ita- lectivité> (18451, d’où cantine SCOhire ffamilière-
liennes, désigne aujourd’hui toute artiste lyrique, ment cantoche)et cantine d’entreprise (auquel on
virtuose du chant. préfère parfois le titre de restaurant). Cantine se dit
familièrement d’un lieu public où l’on mange régw
CANTHARIDE n. f. est emprunté (1314) au lièrement k’est sa cantind.
grec kanthris, -iclos warabée~ (probablement la
w CANTIN~E% IÈRE n. et adj. (1762) s’est employé
cantharis vesicatoria utilisée en médecine). égale- comme nom, surtout féminin, jusqu’en 1914-1918
ment nom de poisson et de plante. Ce mot, tram-
au sens de *personne qui suit les troupes en cam-
ait dans le latin canthati (Pline), est dérivé de
pagne pour leur vendre boisson et nourriture* : il
kantharos =scarabéen, appliqué notamment au
survit par des chansons et allusions historiques.
bousier, terme qui a développé de nombreux sens
oSon emploi au sens général de =Personne qui
figurés : *coupe à boire=, <barque>, =Sorte de pois-
tient une cantine* est sorti d’usage de même que
sons. L’origine du mot est obscure : un rapproche-
son emploi adjectivé pour qualiiïer ce ou celui qui
ment avec le nom de l’âne, kantkôn, a été proposé
porte la cantine (1825).
mais ce peut être aussi un terme de substrat.
+Le mot, désignant un coléoptère vert doré, a été CANTIQUE n. m., d’abord cantie (v. 11301, est
introduit en médecine où, par métonymie, il dé- emprunté au latii canticum, cantus
de (+ chant),
signe une préparation officinale à base de cantha- qui désigne lui-même un chant, spécialement la
rides séchées et pulvérisées 115751. En référence partie chantée d’une comédie et, en latin ecclésias-
aux vertus aphrodisiaques de cette préparation, le tique, un chant religieux
mot a été employé par métaphore au sens d’+dlu-
+Le mot appartient au vocabulaire religieux au
meusen (19111.
sens de <chant d’action de grâcesn, réalisé par ex-
t En dehors de CANTHARIDIEN. IENNE adj. et n. cellence dans Le Cantique des cantiques (1614). tra-
(1838), dont le masculin pluriel a servi à dénommer duction littérale de la Vulgate rendant le génitif su-
une famille de coléoptères, les dérivés se rap- perlatif hébraïque (la traduction normale serait *le
portent à l’usage officinal de la cantharide : CAN- grand poèmes, -le chant suprême,,). oPar méta-
THARIDINE n. f. (18321, CANTHARIDER V. tr. phore, le mot a été repris (1532) comme titre de
(1892). =Saupoudrer de cantharides, et le participe poèmes exaltant une chose ou une personne.
passé CANTHARIDÉ, ÉE qui S’est employé WijeC-
tivement avec le sens de SIeste, érotique> (18961, CANTON n. m. est emprunté (mil. ~n’s.1 à l’an-
sorti d’usage. cien provençal canton -coin, bord> (av. 1218). dérivé
de cari scôté, bord> (+ 0 chant).
CANTILÈNE n. f. est emprunté (apr. 14~71 au
latin cantiena <petit chant, re!ï-ain. air rebattu> et + Le sens originel de =coin, quartier, sorti d’usage,
*chant, chansons. Ce mot est dérivé de cantilare survit en blason où le mot désigne (1275) le quartier
&edonner, chanter=, diminutiide cancre =Chanter> de l’écu. La valeur générale de w&ion, vaste es-
(+ chanter). Le correspondant italien du mot, canti- paces a été usuelle jusqu’au xix’s., époque où le
lena, attesté dès le >ov” s. au sens de -chant, psalmo- mot se spécialise pour désigner une portion de ter-
dies et depuis le xve s. au sens de *mélodie mono- ritoire réservée à un usage, à une exploitation, en
tone=, a pu exercer une influence ou servir foresterie (1835), dans les chemins de fer (1867).
d’intermédiaire. Sous lïntluence de l’italien du Nord cantone, passé
du sens premier de ‘coin* à celui de *portion de
+Le mot a désigné un chant profane d’un genre
territoire= (dès 1000) puis utiisé par les marchands
simple, parfois opposé au motet, chant religieux. II
et les ambassadeurs italiens venus à Fribourg, le
a dénommé un type de littérature musicale médié-
mot a été adopté par les chancelleries fribour-
vale consistant en un chant monodique en langue
geoise (1467) et genevoise pour désigner chacun
romane, dérivant des séquences en latin (ces canti-
des États de la Confédération helvétique. 0 Beau-
lènes, par exemple celle de sainte Eulalie 18811, ont
coup plus tard, depuis 1775 Wurgotl et le décret ré-
été ainsi désignées plus tard). 0 Par extension, il a
publicain du 22 XII 1789, canton désigne en France
été repris au xrxe s. à propos d’une chanson, d’une
une division administrative regroupant plusiews
romance simple et monotone (1817, Stendhal, dans
communes.
un contexte italien).
t Les dérivés s’ordonnent aux différents sens de
CANTINE nf. est emprunté (16801 à l’italien canton. L’ancien sens est réalisé dans 0 CANTON-
canttm *cave, celliep (apr. 1250), dérivé de canto NER v. (1352-1358) -se fixer, s’établir quelque part>,
*angles d’où *coin retiré, débarras> (dcanton, spécialisé dans le domaine militaire au sens de
0 chant). *s’établir. faire séjourner les troupes* et en emploi
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAOUTCHOUC
courant, à la forme pronominale, *demeurer en- zir &strer le taffetas par blanchiment=. Il peut être
fermé quelque partm, au figuré kw~~s., Bossuet) <se également dérivé de canne au sens de -bobine de
renfermer (en soi-même, dans ses études)*. -Son film comme dans 0 cannette ou, moins probable-
dérivé CANTONNEMENT n.m. kvt~r"s.), lui aussi ment, emprunté au latin canutus *blanc, brillant,
spécialisé comme terme militaire (17521, désigne argentés, dérivé de canus (+chenul. hypothèse
l’action de faire séjourner des troupes et par méto- morphologiquement valable mais sémantiquement
nymie le lieu, les bâtiments où elles séjournent, discutable.
camp ou caserne. + Le mot, qui désigne l’ouvrier des manufachxes de
Le sens étymologique se rencontre à l’origine dans soie à Lyon, est d’abord strictement régional. Il s’est
CANTONADE I-I. f. (1455, +.ngle de maisowl. em- diffusé avec la révolte des canuts en no-
prunt à l’ancien provençal cantonacla sanglex. Ré- vembre 1831. Le féminin irrégulier canne (1867,
servé depuis 1694 au domaine théâtral, ce mot a adj. ; 1928, n.1 est formé sur canus, altération de ca-
désigné les côtés de la scène où sont assis les spec- nut. 0 L’expression cervelle de canut désigne ré-
tateurs prlviIégiés, puis les coulisses; valeur réal- gionalement un fromage blanc frais.
sée dans la locution courante àla cantonade (17521:
celle-ci, entrée dans l’usage commun pour sans CAOUA - CAFÉ
s’adresser à qqn en particulier=, était à l’origine
une indication scénique demandant de s’adresser CAOUTCHOUC n.m. est emprunté (1736.
à qqn supposé être dans les coulisses. La Condaminel, comme l’espagnol caucho (16531,à
CANTONN~~E n. f. (xwe s.1,dérivé de canton, s’or- une langue indienne du Pérou difEcile à détenn-
donne lui aussi au sens étymologique de <coin*, dé- ner. Le mot et la chose, celle-ci ayant été décrite en
signant ce qui garnit, renforce les coins d’une latin par Pierre Martyr (De arbo novo, 15251,forent
chose, spécialement en ameublement (1603) et en répandus en France et de là en Europe par
imprimefie. -CANTONNIER II.~., relevé au LaCondsmine, à la suite de sa mission astrono-
~11~s. au sens argotique ancien de ~prisonnier~ mique en Amérique du Sud. C’est ce savant qui
d’après canton eptison*, a été repris au XIX~~., rapporta que l’arbre était appelé hélé (1751) l+ hé-
d’après canton *portion de voie à entretenir-. Il dé- véal et que les Indiens Mayas nommaient la résine
signe l’ouvrier chargé de l’entretien des routes ou qu’ils en tiraient cahutchu, prononcé caoutchou
de celui des voies de chemin de fer. (le c tial, de l’espagnol, n’est pas expliqué). A la
Un autre verbe @CANTONNER v.tr. est dérivé même époque, un autre Français, François Fres-
Il6901 du sens héraldique de canton, pour =garnir neau, observe à la Guyane !Yançaise l’aràre à
dans un canton de l’écu>. caoutchouc, appelé dans cette région setinga parce
Enfin, CANTONAL.ALE.AUX adj. (18171 se rat- que les Portugais fabriquaient avec le latex des
tache au sens de division administrative> dans le pompes ou seringues. Le mot indien cahutchu
contexte français Broute cantoncdeJet, en Suisse. de s’analyse en *arbre qui pleure=, allusion à la sécré-
*Etat de la Confédératiom, alors opposé à Féc&al. tion du latex. Le mot fkançais est parfois en concu-
Dans le premier sens attesté, le syntagme ékctums rente -cela est cependant bien plus net en an-
cantonales a été substantivé en les cantonales. glais ou en italien- avec gomme’ cproduit des
0 “or CANTINE.Q CHANT. arbres d’Arabie*.
+ En français le mot, dès le XVI? s., désigne aussi la
CANULAR + CANULE substance élastique tirée de la plante, qui est aussi
appelée arbre, liane à caoutchouc,puis caoutchouc
CANULE n. f. est emprunté (1314) au latin cari- (écrit -eue in Encyclopédie,17651.Au xvme s., le mot
nula <petit roseaw, diminutif de canna (-canne). est rare et d’orthographe indécise : l’Encyclopédie
+Le sens du latin a disparu au profit du sens analo- écrit caoutchouc (1765, S.Y. résine1 et résine caout-
gique et spécialisé de -petit tuyau formant l’extré- choue kv. seringuel; la substance est encore une
mité d’une seringue, d’un instrument de chirurgies curiosité exotique. Importée en Europe, analysée
Le S.I. par les chimistes Wwaday, 18261,elle devient vers
w Par allusion au désagrément. à la fois humiliant 1830-1840une matière première industrielle : on en
et comique, lié à l’emploi de cet objet. comme ~Lys- faisait des gommes à effacer, des balles, puis des
tère, a été formé un verbe CANULER v.tr. (1830) bouchons; on en fait des tissus, une solution pour
<ennuyer, importunep qui, en retour, a valu à ca- imperméabiliser les étoffes (procédé inventé par
nule, alors déverbal, le sens argotique (19031 de Mackintosh, 18231, des tubes et tuyaux élastiques
=Personne importune>, aujourd’hui désuet. -Les (in Encyclopédie Didot, 1847).Les emplois indw-
normaliens de la rue d’Ulm ont formé sur le radical trlels se multiplièrent ensuite, par exemple avec
de canuler le mot pseudo-latin CANULARIUM l’industrie du pneumatique et l’invention de la vu-
n.m.(1885). abrégé ~~CANULAR~.~. (1913lpour canisation IGoodyear, 18391. En conséquence, la
désigner une sorte de bizutage. Le mot est devenu production du latex de culture, inaugurke en 1889 à
courant au sens plus large de *blague, mystikation Singapour, augmenta rapidement en Extrême-
plaisantez (19571. oIl a pour dérivé CANULA- Orient, au détriment de la récolte naturelle au Br&
RESQUE adj. (v. 1930, une fois en 1895). sil kaoutchmc sylvestre ou sauvage).À partir de
1936, les produits de synthèse Lsuna en Allemagne,
@ CANUT, USE n. (1831)est d’origine obscure. puis divers polymères appelés couramment caout-
P. Guiraud le rapproche de l’ancien provençal ca- chouc synthétique,artificiel1 s’ajoutent à cette pro-
nut(1397) &fTetassiers, apparenté au ver%e canu- duction. Aujourd’hui, l’industrie du caoutchouc est
CAP DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une industrIe chimique complexe et le mot désigne CAPABLE adj., réfection (14881 de capavle
à la fols la substance élastique naturelle fIatex1 et la (v. 13501, est emprunté au latin chrétien capabilis
matière première industrielle, quelle qu’en soit la -qui peut contenirm Ws.1, au figuré -qui peut
provenance. comprendre, intelligents, également employé au
Des syntagmes désignent plusiews matières à sens passifde =qui peut être contenu> W s.l. Le mot,
base de caoutchouc : caoutchouc Mousse (marque qui a évincé capax (- capacité), est dérivé de ca-
déposée) est usuel. Par métonymie, le mot s’ap- pere cprendren, -recevoir* (+ capter, chasser).
plique à l’industrie qui produit cette substance. o Il +Dès les premiers textes, le mot possède le sens
est par ailleurs employé comme symbole de l’élas- moderne de =qui est en état de faire qqch.n en par-
ticité Idesjambes en caoutchoucl.Une autre méto- lant d’une personne, puis d’une chose (15381. Il
nymie en fait le nom d’objets en caoutchouc -6l, donne la locution courante capable de tout, enre-
bande, en concurrence avec élastique, chaussure gistrée par Furetière. dans son sens littéral et, déjà,
[18671-, ou imperméabilisés par une couche de avec le sens figuré de =qui peut se porter aux der-
cette substance kvêtement imperméables, sens nières extrémités* (16901. -En emploi absolu, le
vieilli). 0 Caoutchouc désigne aussi une plante or- mot est synonyme de =compétent, habile> (15071,se
nementale à latex Wicus elastica). chargeant même, à l’époque classique, d’une va-
~Les dérivés sont CAOUTCHOUTER v.tr. (1844, leur péjorative, <qui présume trop de ses capac-
écrit caoutchoucter), CAOUTCHOUTEUX,EUSE té+ (1656, en emploi substantivé, un capable). -Le
adj. (19091 et CAOUTCHOUTIERIÈRE n.m. et sens étymologique. qualifiant ce qui peut contenir
adj. (1892) avec substitution au c (non prononcé en qqch.. a été repris au latin dans des emplois figurés
français) d’un t, par analogie avec les dérivés des (14881 et concrets (1529); il a disparu au XVIII~%, à
mots en -ou. Ce dernier désigne l’ouvrier travall- l’exception d’une acception spécialisée en mathé-
lant le caoutchouc, la plante qui produit le caout- matiques (1751, segment capable, arc capable).
chouc (18991et, adjectivé, qutie ce qui est propre t INCAPABLE adj. et n. est probablement préfixé
au caoutchouc (19361 ou qui produit la substance (14641de capable plutôt qu’emprunté au latin chré-
(industrie caoutchoutière). tien incapabüis =Insaisissable, incompréhensible,
qu’on ne peut saisir, contenir, non susceptible de>,
CAP n. m. a été emprunté à diverses reprises (fin formé de in- et capabilis. 0 Le mot a été introduit
mes. ; fin xf s. ; xvf s.) avec différents sens, à l’an- dans l’acception juridique de *inapte à jouir d’un
cien provençal cap <tête>, (950.lOM)l, employé dans droit ou à l’exercern, également substantif depuis le
la locution cle cap a ped, de cap en ped et signikmt Code civil (18031. Au XV?~., l’adjectif quakiîe celui
au figuré aAi qui dlrigen (déb. XIII~s.1et spéciale- ou ce qui n’est pas en état de faire qqch. (15171,spé-
ment *promontoire, extrémité> kove s.l. Cap est le cialement la personne qui est dans l’impossibilité
correspondant du lixnçais chef: issu comme lui du morale de faire qqch. de mal (15801.Le sens étymo-
latin caput. logique de -qui ne peut contenir, non susceptible
+Le sens de <têtes, employé comme provença- de> (15411ne s’est pas maintenu. -Depuis 1718, in-
lisme, est sorti d’usage, sauf dans la locution capable est également employé absolument à prc-
usuelle de pied en cap (v. 1360) *des pieds à la tête> pos d’une personne sans talent, sans aptitude, sens
et dans deux locutions techniques : cap-de-mouton qui a donné un emploi substantivé usuel (18211.
(15731,en marine =Pièce de bois plate et circulaire CAPABLEMENT a&., repris au XVlles. après une
percée de trown, provient d’une comparaison avec première attestation en 1565, et INCAPABLE-
la tête décharnée d’un mouton (du temps où cette MENT adv.(1871) sontdemeurési-ares.
pièce était de forme ovale); cap de more (16881,à 0 voir CAPACti.
comparer à cabesse de more en ancien béarnais
(1376-13781,est un terme hippique dénommant un CAPACITÉ n.f. est emprunté (13141 au latin
cheval rouan dont la tête et les extrémités sont capacitas =facuIté de contenir= (d’où concrètement
noires. Le sens Sguré de =Celui qui est à la tête> =réceptacle~l et aaptitude à*. Le mot est dérIvé de
(1544) a été éliminé par chef+. -Cap s’est mieux im- capm <<qui peut contenir*. digne de, habile à.,
planté en géographie pour désigner un promon- évincé à basse époque par capabüis (+ capable) et
toire (v. 13921,passant dans l’usage, avec une valeur repris exceptionnellement dans capace (1857). Le
f@urée. par exemple dans franchir, passer un cap mot est dérivé de capere =Prendre=, =recevoin
&anchir une étape décisive>. 0 En marine, le mot (+ capter, chasser).
s’applique à la direction de l’avant, de la Ntêten du + Le sens concret de capacité *propriété de conte-
navire, vers un point quelconque (15291, donnant nir une certaine quantité de matière> s’est main-
des locutions employées plus tard au figuré comme tenu, alors qu’il s’est perdu dans capable, et a été
mettre llel cap sur. Par transposition, il se dit en aé- consolidé par de nombreux emplois techniques,
ronautique de l’angle que forme la route suivie par spécialement en électricité (18901, en physiologie
l’avion et la direction du Nord (xx’s.1. (19281,en botanique (19281.0 Dès le ti s., le mot a
c Cap, avec le sens de <promontoire-. a donné les commencé à s’employer au figuré pour l’aptitude à
termes de marine ENCAPER v. intr. (16941cpasser comprendre ou à faire qqch. (v. 13501, le talent
entre deux caps> et ODÉCAPER v.intr. (1755) krv” s.1: dans le vocabulaire juridique (16901 il a le
=manceuvrer en vue de s’éloigner d’un ou plusieurs sens d’xaptitude légales. Par métonymie, il a donné
caps- : tous deux ont vieilli. son nom à un diplôme délivré après deux ans
0 voir CABOTER d’étude : caDacité en droit (1867).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAPHARNAÜM

. INCAPACITÉ n. f. (1534)est SimUltanément dé- lui de capote. qu’au Canada.Ailleurs, il s’est immé-
6ni dans son acception juridique et comme l’état diatement spécialisédans le vocabulaire maritime
d’une personne inapte (1544).Il n’a pas développé pour la valeur ~couverture d’écoutillen (repris à
de sens concret répondant à celui de capacité. partir de 1819)d’où est issu, par analogie de fonc-
~CAPACITAIRE adj. et n. m. (18341qualifie ce à tion, le sens moderne de <partie métallique proté-
qui appartient une certaine capacitélégale, en par- geant le moteur d’un véhicule- 0% x? s.l.
ticulier dans l’expression suffrage capacitaire Son féminin CAPOTE n. f. (1688)a développé des
(1949)droit de vote accordé selon le niveau dïns- emplois parallèles et bien distincts. Le premier
truction*. o Il désigne un étudiant en capacité ou sensest =grandmanteau ample et lourds. spéciale-
titulaire de ce diplî>me(1906). ment employé dans l’armée (1832).0 Au figuré, ca-
pote anglaise (1836)puis capote désigne le condom,
CAPARAÇON n. m. (151%1525),d’abord cap- préservatif masculin oEn outre, capote désigne
parasson (14981,est emprunté à l’ancien espagnol techniquement la couverture mobile et souple de
caparaçon (xv’s.1,correspondant à l’espagnol mo- certains véhicules [1839).o Ce sens a produit DÉ-
derne caparaz6n et désignant un équipement or- CAPOTER v. tr. (18291, apparu à propos de l’auto-
nemental ou protecteur destiné aux chevaux Ce mobile, lorsque celle-ci devient souvent fermée
mot est soit dérivé de capa (-cape), soit issu avec d’un toit, d'où DÉCAPOTABLE adj. et n. (1927)et
métathèse sousl’influence de capa d’un préroman 0 CAPOTER v. tr. (18771, peu usité à cause de l’ho-
“karapp, à l’origine de carapace* et appartenant au monymie avec 0 capoter =se renversera.
radical “karW, variante de “kal- =écale, abri= (- ca- Cape est aussi à l’origine d’on surprenant
lebasse).L’hypothèse d’un emprunt au provençal composé: ODÉCAPER v.k. (1742; au mes., dés-
moderne caparassoun ne convient pas chronolo- chaper =Ôterla chape>).Par extension du sensstrict
giquement, ce mot étant probablement repris au <<mettreà nu une surface en ôtant la couverture de
fI-E3IlÇaiS. dépôts, sels, corps gras, etc.*, le mot signitïe cou-
t Le mot désigne un harnais d’ornement dont on ramment snettoyer en frottantm. On le rencontre
équipait les chevaux lors de cérémonies solen- avecun sensfiguré récent =Supprimer,enlever (des
nelles. Par analogie,il est employé dans le style li- habitudes gênantes)- tout comme son participe
téraire à propos de la housseplus ou moins bigar- DÉCAPANT.ANTE adj.etn.m.(~~"~.,1945a"fig.).
rée que l’on met sur les chevaux pour les garantir -DÉCAPEMENT n. m. (16931,autrefois <blanchi-
du froid, de la pluie, des insectes. ment d’un cuir*, puis *fait d’être débarrasséde ses
w CAPARAÇONNER v. tr., d’abord orthographié impuretésn (18851,DÉCAPAGE n.m. (1768) et DÉ-
caparassonner (1546)encore quelquefoisti XVIII~ s., CAPEUSE n.f. [1931) se cantonnent à leur sens
signifie proprement =couvrir on cheval d’un capa- technique.
raçon-. Par extension, il est devenu relativement
courant avecle sensde <revêtir [une personne, une
chose1de manière décorative et lourden et a si&-
fié au pronominal =se déguiser, s’habiller d’une CAPELINE n. f. est emprunté (1367)à l’ancien
manière peu ordinaire*. 0 La forme altérée cara- provençal capeline -casque,chapeau de fer* (1294,
paçonner est due à l’influence de carapace. en latin médiéval, Carcassonne),lui-même dérivé
de capa (+ cape).Un emprunt à l’italien cappellina
CAPE n.f., d’abord cappe (v. 1460) puis cape est moins probable.
(16711,est emprunté au provençal capa *manteau à t Le mot a commencé par désigner une pièce de
capuchons (12001,cet emprunt s’étant confondu l’armure pour la tête (13671puis une coiffure riche-
avec l’ancien français cape, forme normanno- ment ornée, en étoffe (13861,et une large coiffure
picarde de chape*. féminine à calotte retombant sur les épaules (16351,
+Le vêtement étant sujet aux fluctuations de la avant de prendre le sens moderne (1907)de scha-
mode, le mot a été déclaré vieilli au xvaes. (Fure- peau de femme à bords larges et souples*. L’em-
tière, 1690)sauf dans le sens particulier de spièce prunt au provençal n’étant plus ressenti. le mot est
d’étoffe que les femmes se mettaient sur la tête tenu pour un dérivé sémantiquement aberrant de
pour se déguiser ou se protéger des intempéries~ cape.
(+ capuchon).La locution figurée rire souscape qui
apparaît à cette époque (1671)est la modifxation CAPHARNAÜM n. m., attesté une fois en
du type ancien sous chape ~secrètement~(encore 1649et repris en 1833,est l’emploi comme nom
chez Molière). o Quant à l’expression moderne de commun du toponyme biblique Capharnaüm, nom
cape et d’épée Luxes.) qui quslifie un récit d’aven- d’une ville de Galilée (identifiée à Tell-Hüm) où Jé-
tues du temps passé, elle fait référence aux attri- sus, assailli par une foule hétéroclite de malades
buts de militaires sans revenus : on disait n’avoir faisant appel à son pouvoir guérisseur, accomplit
que la cape et l’épée pour -être sans fortunen, de nouveaux miracles. Ce nom vient de l’araméen,
souvent avecune idée d’esbroufe.-En Normandie, où il si&e village de Nahum> (nom propre)~.
cape s’est spécialiséau sensde =grandevoiles,d’où t Le mot, après une mention au XVII~s. au sensan-
mettre son navire à la cape (1484) =dériver en bais- cien de =prisow, a été repris chez Balzac (qui l’ap-
sant la voilure=, et s’est maintenu dans plusieurs précie fort, comme d’autres romantiques) pour dé-
expressionstechniques. signer familièrement un lieu renfermant un
cLedérivéO~~~0~ n.m.,d’abordchappot(1541), pêle-mêle d’objets en désordre et par métonymie
sorte de capes,n’a conservéce sens,proche de ce- un amas de ces objets.
CAPILLAIRE 614L DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CAPILLAIRE adj. est emprunté (13141au latin fonction, le commandant d’un navire dans la ma-
impérial capülaris =relatif aux cheveux>, spéciale- rine, d’abord militaire (15401, pois commerciale
ment employé à basse époque en botanique kapd- (1723). Dans l’usage littéraire, il a gardé le sens gé-
Zaris herba), dérivé de capillw *cheveu= (+ cheveu). néral de #chef militaire*. -Sous l’Ancien Régime,
+Le mot, introduit en anatomie avec le sens étroit le mot désignait également le gouverneur de la r&
de &II comme un cheveu=, s’emploie en anatomie sidence royale (1590) et l’officier qui s’occupait de la
dans vaisseawccapillaires (17321,par ellipse : les ca- chasse (16711,dignités abolies en 1789. Depuis 1902.
pillaires, valeur passée en chimie et en physique ll est appliqué par analogie au chef d’une équipe
(vaisseaux capülaired, avant de reprendre le sens sportive.
général du latin (18421.Depuls, il est très employé Le français a adapté en CAPITAN n. m. l’italien ca-
dans le commerce et la publicité de la coiffure. pitano kf s., issu d’une variante “capitanus de ca-
0 Un nouvel emprunt au latin en a fait le nom de pitaneus), éphémèrement dans son sens militaire
certaines fougères ressemblant à des cheveux (av. 1514) puis pour désigner un fanfaron rldicole
(1579, Paré). (16371 inspiré du personnage de la commedia
dell’arte portant ce nom. Cette acception figurée a
w CAPILLARITÉ n. f. (18201,dérivé de la forme la-
disparu, capiton étant remplacé par matamore.
tine du radical de capillaire, est employé spéciale-
ment (18321pour désigner un phénomène physique cDe capitaine sont dérivés CAPITAINERIE nf.
par lequel un liquide tend à monter le long d’un (1339). mot archaïque dans l’armée et qui désigne
tube capillaire ou au travers d’un tube poreux. aujourd’hui les bureaux du *capittien d’un port, et
L’élément capi& entre dans la formation de nom- CAPITAINAT n. m. (19241,dont la variante capita-
breux termes scientifiques concernant les solos de nat (19261est formée sur le radical latin.
la chevelure, comme CAPILLICULTURE n.f. + CAPITAL, ALE, AUX adj. et n. est em-
(v. 19601et CAPILLICULTEUR. TRICE n. prunté (v. 1200) au latin capitalis =de la têten, dérivé
de caput =tête* (+ chef). Rare au figuré pour =qui se
CAPILOTADE n. f., d’abord capilotwte (15421 trouve en tête, domine>, sens plutôt réalisé par ca-
puis capilotade (15551,est emprunté, probablement pitanew (k+capitaine), le mot est spécialisé dans la
par l’intermédiaire de l’italien et du catalan, à l’es- langue du droit avec la valeur de #qui peut coûter
pagnol capirotada =Préparation à base d’herbes, la tête, morteIn. Il est substantivé au sens lmagé de
d’ceulk d’aiketc. destinée à recouvrir d’autres -partie supérieure= (+ chapiteau), notamment pour
mets* (av. 13431.Ce mot est dérivé par métaphore désigner l’en-tête d’un livre, le chapitre (+ cha-
de capirote -capuchon*, lui-même emprunté au pitre), puis à basse époque la partie essentielle
gascon capirot, dérivé de capa *manteau* (+ cape) d’une chose.
avec les stixes -ariu et -oSu et réduction gascone
4 Tous les sens du mot latin sont repris par l’ad-
de -ter à -ir. o Le mot cabirotade que l’on trouve
jectlffrançals capital. Le sens propre de *relatif&. la
chez Rabelais au sens de ~grillade de chevreau* est
têtes (v. 12001s’est seulement maintenu avec l’ac-
dérivé du gascon cabirot schevreaw et n’a pas de
ception juridique de aqui peut coûter la tête à qqn>
rapport étymologique avec son homonyme.
(v. 1255) dans l’expression peinecapitakkm”s.l.Eh
+Le mot est emprunté en cuisine pour désigner procède un emploi figuré usuel avec le sens d’kn-
une sauce épaisse à base de viande finement ha- portant, essentiels (1389). 0 La notion de ‘qui est à
chée Dès le XVII~s., il s’emploie au figuré à propos la tête de qqch.s s’impose seulement dans vi& ca-
d’une personne ou d’une chose mise en pièces pitale (1416) et lettre capitale (15481, tous les deux
(16101, surtout dans la locution fmettreJ en capih- évincés par les emplois substantivés qui en pro-
tade. cèdent (respectivement 1509 et 1567). -Depuis
1567,un emploi substantivé du masculin capital est
CAPITAINE n. m. a été emprunté (1288) au bas attesté en économie et destiné -sans jeu de
latin capitanew *important, qui domines, spécia- mot - à faire fortune : il est soit né directement en
lisé par la suite en parlant d’une lettre, d’une ligne français, soit emprunté, par l’intermédiaire des
initiale (cf. capitale) et substantivé au sens de -chef banquiers italiens, à l’italien capitale -partie prlnci-
militaires, dérivé de caput etêtem (+cheD avec le pale d’un bien fjxmcier, par rapport aux intérêts
suflke -aneus. L’aboutissement régulier en ancien qu’il produits (XIII~s.l. Le capital correspond d’abord
français est “chatain, attesté sous la forme chastain à =Partie principale d’une dette* (par opposition à
avec uns purement graphique. L’ancien français a intérêt*1puis *d’une rentes; le mot évince l’ancien
eu aussi la forme demi-savante chevetain kne s.) et doublet populaire chatel ~patrlmoine~ et =biens
capitain (1360-13701.refait d’après le latin médiéval. mobiliers en béta& (-cheptel). Depuis 1606, il dé-
Les formes à stie -@ne, -aine fchastaigne, ca- signe également *la somme que l’on fait valoir dans
taigne, chevetaigne,chataine, cataine, chevetaine, une entreprises (-fonds) et depuis 1767. au plurlel
capitaid résultent d’un traitement différent du capitaux, -l’ensemble des sommes en circulation,
même sutfixe latin -aneus. Le mot a été adapté des valeurs disponibles. Le xrxe s. y ajoute. en
par I’anglais captain; les Allemands l’ont seule- économie politique, le sens de =rlchesse considérée
ment repris dans lahiérarchle navale, le traduisant comme moyen de production> (1830: analysé par
dans l’armée de terre par Hauptmann (Haupt cor- Marx, dans son ouvrage en allemand. Das Kapitcd,
respondant au latin caput). 18671par opposition à travail*, et, par métonymie,
* Capitaine désigne couramment l’officier *ceux qui, dans la société, possèdent ces richesses-
commandant une compagnie et, par analogie de (18481, s’opposant alors à prolétariat (voir ci-des-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAPITOUL
sous les dérivés). Couramment, on entend par ca- TALISATION n. f. (1829) et CAPITALISABLE adj.,
pital la fortune possédée, au propre comme au fi- proposé en 1842 par Richard de Radonvilliers.
guré, lorsqu’on parle de capital intellectuel.
CAPITATION n. f. est emprunté (1584) au bas
. CAPITALEMENT adv., d’abord capitdment
latin capitatio, nom d’un impôt introduit dans l’Em
Cv.1355). a eu le sens juridique de ~relatif à la peine
pire romain sous Dioclétien consistant en un impôt
capitales: son autre sens, «au plus haut point. abso-
foncier puis également W s.) en une taxe sur le tra-
lument~ (15801, réalisé dès 1090 par l’ancien pro-
vail, établie par groupe de trois hommes ou quatre
vençal capitalmm, s’est éteint en dehors d’emplois
femmes formant chacun un caput. Le mot est dé-
stylistiques.
rivé de caput =têten dans ce sens abstrait (+ ch&
Les autres dérivés procèdent du sens économique
de capital. CAPITALISME n. m. (1753) a d’abord si- + Le mot a désigné un impôt féodal puis un impôt
gniflé l’état de la personne qui possède des ri- extraordinaire de guerre créé par LouisXIV en
chesses; sa définition moderne, historiquement 1695, supprimé en 1698 et rétabli en 1701 de ma-
liée à la révolution industrielle, apparaît au milieu nière permanente; il pesait sur tous les sujets pour
du xnr” s. ; dès 1842, Richard de Radonvilliers pro- une somme fixe avant d’être mieux proportionné à
pose le mot pour -système de capitalisations. Il se la fortune de chacun et de devenir un simple impôt
répand dans la seconde moitié du XE? s. à la fois en annexe de la tctük. Il a été supprimé avec d’autres
fiançais et pour ses correspondants allemand et impôts de l’Ancien Régime sous la Révolution.
anglais. Dans cette acception, il est probablement CAPITEUX, EUSE adj., attesté jusqu’en 1740
dérivé de capitaliste par substitution de suf6xe et sous la forme capitou @in XI@s.), est emprunté à
sime d’abord -puissance du capital et des capita- l’italien capitoso *obstiné>. Ce mot, attesté sous la
listes+ [P. Larousse, qui cite Proudhon). Il se répand forme capitosus en latin médiéval (11711, est dérivé
par Pierre Leroux (1848). Blanqui (1869) et l’opposi- du latin caput =têtes (+ chefl.
tion capitalisme-travail s’exprime alors. Ensuite le + Le sens du mot s’est déplacé de l’idée d’-obstinén
concept, fortement marqué par la critique mar-
(6. têtu, entêté) au sens moderne de -qui excite les
xiste, se clive en deux; politiquement, capitalisme
sens%, attesté une première fois au XVI~s. (v. 15881
définit un régime socio-économique où le capital en parlant d’une femme, repris au XIX~s. à propos
n’appartient pas à ceux dont le travail produit les d’un parfum, d’un alcool, et aussi d’une femme. Le
richesses mais à un nombre restreint de capita- rapport à l’étymologie C=quimonte à la tête>) ne s’y
listes, ces détenteurs de capitaux contrôlant le pou- est jamais perdu, le mot ayant été synonyme d’en-
voir politique; économiquement, le terme s’ap- têté, puis d’entêtant.
plique à toute économie où une grande masse de
biens capitalisés est affectée à la p?oduction; on CAPITON n. m. est emprunté (1386) à l’italien
peut alors parler de capitalisme d%tat et le mot capitons &l de soie de grosseur irrégulière, renfle-
s’applique à toute société industrielle en dévelop- ment dans un fil de soies ti XIII”-mil. XIV”~.~. Lui-
pement. Le mot donne lieu à des syntagmes usuels, même est dérivé, avec le s&e augmentatif -ow
capitalisme privé, d’État, libéral, et à des métony- du radical tapit- du latin caput, 4s -tête> (+ cheD,
mies, pour &gime, économie capitaliste=, =en- le sens propre de =grosse têtes faisant allusion aux
semble des capitalistes et des forces qu’ils renflements du ~IL
contrôlent=; l’opposition capitalisme (souvent asso- + Capiton est un terme de tapisserie désignant une
cié à libéralisme) -socialisme, très forte au début du bourre de soie qu’on employait surtout pour le
xxe s. et plus encore entre 1945et 1980 environ, tend rembourrage des sièges. Par métonymie, il désigne
aujourd’hui à s’atténuer. chacune des divisions formées par la piqûre dans
CAPITALISTE n. et adj. (17551a suivi le même type un siège rembourré et piqué (1857).
d’évolution: il a désigné une personne riche, en t CAPITONNER v. tr. a e.XiSté aux XVIe et XV$ s.
possession d’un capital (17591,d’abord en usage -à sous la forme pronomin& se capitonner ase cou-
Paris et dans quelques villes de France* (17901, vrir la tête= (15461 Repris en 1842, il signifie au-
quelquefois dès cette époque avec une valeur péjo- jourd’hui -rembourrer un siège> et plus générale-
rative : on le définit par =homme au coeur d’airain ment <garnir confortablement* (comme ferait un
qui n’a que des affections métalliques~. 0 La valeur capiton). Par métaphore, son participe passé s’ap-
moderne, *personne qui possède un capital et le plique adjectivement à une personne bien en chair
fait produire*. est enregistrée dès 1798 en ce qui (1861; d’abord argotique). -Du verbe est dérivé
concerne le substantif et, pour l’adjectif, au xrxes. CAPITONNAGE II. m. (1871).
(1832, banquier capitaliste). Le mot acquiert ensuite
le sens de *partisan du régime capitalistes (1869). CAPITOUL n. m., d’abord capitaux (1389) puis
-Capitaliste a produit CAPITALISTIQUE adj, capitoul (15131, est emprunté à l’ancien provençal
(18721. le terme de politique ANTICAPITALISTE capital, issu par ellipse de l’expression languedo-
adj. (1845 Proudhon) et PROCAPITALISTE adj., cienne “senhor de Capital, ce dernier terme étant
rare. -CAPITALISER v. (v. 1770) appartient au vo- attesté au sens de cassemblée municipaleD (1221
cabulaire économique avec les sens de =Convertir pour Montauban). Il est issu du latin médiéval tapi-
en capital> et &Valuer la valeur de (un capital)> tulum (+capitulake), dérivé diminutif de caput
(1863). Parallèlement, le verbe est passé dans =têten (+ ch&, employé d’abord à propos d’une as-
l’usage pour =amasser de l’argent, des richesses* semblée de moines ou de chanoines réguliers
(18311,surtout réalisé en emploi absolu, au propre (12 s.) et dès 1158 en parlant des officiers munici-
comme au figuré. 0 Du verbe sont dérivés CAPI- paux de Toulouse (indirectement par capitimii).
CAPITULAIRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot s’applique au titre porté par les magistrats cordn. l’a conservé dans le vocabulaire du droit ir-
de Toulouse au moyen âge et jusqu’à la Révolution. ternational (av. 1591) et dans certains emplois his-
t CAPITOULAT n. m., réfection du XVII~s. (av. 16261 toriques. La spécialisation militaire pour aconven-
de capitolat (15671,forme attestée jusqu’au XVII~%, tion qui règle les conditions auxquelles se rend une
est l’adaptation du latin médiéval capitulatus, at- places (1636) s’est imposée comme le sens le plus
testé au sens de <charge de capitoul de Toulouse> courant. Il s’en est dégagé un sens figuré -abandon
aux me et XI? siècles. C’est un dérivé de cap&- d’une position intransigeante= (17131,puis erenon-
lum. - Le mot désigne la charge de capitoul à Tou- ciations.
louse et, par métonymie, la circonscription territo- 0 voir RÉCAPITuL.4TION. RÉCAPITULER.
riale régie par un capitoul (av. 1626). le temps
pendant lequel durait cette fonction, et l’ensemble CAPON, ONNE n., attesté depuis 1628, est
des capitouls. probablement à considérer comme la forme pro-
vençale ou normanno-picarde correspondant à
CAPITULAIRE adj., d’abord capitulere (XIII~s.) chapon*. Ses rapports avec le fourbesque (ancien
puis capitulaire (1486). est emprunté au latin mé- argot italien) accaponi ~mendiants couverts de
diéval capitularis *qui se rapporte au chapitre d’un fausses plaies= (1628) sont mal élucidés.
couvent* (fin XI~s.), dérivé de capituhm *chapitre, +Le sens argotique de =faux mendiant coupeur de
assemblée de moines= (E?S.), mot qui, dans un bousen puis *jeune fripon* (1690) est interprété par
contexte laïque, & donné capitoul? allusion aux ergots du chapon, mais cette image ne
4 Ce terme de droit canonique qualifie ce qui se convainc pas ; comme pour l’argot italien, l’idée do-
rapporte à un chapitre de chanoines, de religieux, minante semble être celle de tromperie. o La re-
spécialement dans acte (av. 1680). lettre (1838) et prise du mot au sens moderne de Gche, poltrow
salle capitulaire (1843). (1808) et, en argot scolaire, d’&lève qui dénonce ses
t CAPITULAIREMENT a& -en chapitres (une fois camarades~ (18081, ferait référence à la couardise
en 1403,capitulerement), repris à partir de 1611, est prêtée au chapon, animal châtré (6. le sens de l’ar-
rare. glo-américain chicken). Le sens ancien de *prêteur
dans une maison de jeu= (1713) est obscur. Le mot
CAPITULE n. m. est emprunté (1721) au latin est archaïque ou régional.
capitulum, diminutif de caput =têteB (+cheD, et l CANONNER v. (17041, apparu dans l’argot des
s’est employé à basse époque à propos d’un cha- écoliers pour *tromper ses camarades-, s’est em-
pitre, un article kmtout de la Bible) et, par métony- ployé familièrement avec les sens de -dénoncer-
mie, à propos de la lecture d’un chapitre de l’Écti- (1808) et, transitivement, *flatter, flagomen (1845);
turc pendant l’office divin. il est sorti d'usage. oCAPONNERIE n. f. (1852) et
+ Le mot a été repris simultanément comme terme CAPONNADE n. f. &Y s.) ont parfois ~OUISdans un
de liturgie (1721) et, par retour au latin classique, style littéraire avec le sens de spoltronneries.
en botanique pour désigner une inilorescence
composée de fleurs nombreuses et serrées (1732). CAPONNIÈRE n. f. est emprunté (1671) à lïta-
lien cap(pIoniera, attesté comme terme militaire
CAPITULER v. intr. est emprunté (1370) au la- au XVII~s.; les rapports avec le correspondant es-
tin médiéval capitulare knnnérer. faire un rap- pagnol caponera, de même sens au XVII~s.. sont dif-
port point par pointa (778) et <stipuler dans une ficiles à établir. Le mot est issu, par métaphore, du
convention, convenir- (xv” s.1, dérivé du latin clas- sens de =Cage où l’on engraisse les chapons*, at-
sique capitulum *articles, de caput <têtes (+ chefl testé au XI? s. par la forme latine médiévale capo-
qui a donné les termes religieux capitule* et capitu- naria, de cappone (-chapon).
laire*. +Le mot désigne, en termes de fortikation, un
+Le sens ancien de diviser en parties+ s’est perdu chemin établi dans le fossé à sec d’une place forte
au ~VI?S. au profit de celui de ‘convenir d’un ac- pour communiquer d’un ouvrage à l’autre. Il a été
cor-d, d’un trait& (1540). 0 Celui-ci s’est immédia- repris en technique (chemins de fer) comme nom
tement spécialisé dans le domaine militaire kwe s.) de la niche aménagée dans la paroi d’un tunnel
où il a d’abord exprimé l’idée de traiter des condi- pour s’abriter au passage d’un train (1905,
tions de reddition, puis de se rendre à l’ennemi in T. L. F.I.
(1751).Le sens métaphorique, =abandonner une po-
sition intransigeantes (av. 16961,est devenu crenon- CAPORAL, AUX n. m. (av. 1520)fait partie de
cep. la vague d’emprunts de termes militaires italiens
.Lïdée de &chet& s’attachant itu fait de *se (comme colonel, cavalier, bataillon, fantassin, in-
rendre-, le mot a produit, par suftixation péjora- fanterie) dus, au XVI’ s., à la nécessité technique du
tive, le dérivé CAPITULARD.ARDE n. m. et adj. remplacement de l’ancienne chevalerie médiévale
(1871) *partisan de la reddition,, d’abord dans le par une cavalerie purement militaire. Il est l’adap-
contexte de la guerre de 1870. tation de l’italien caporale, proprement -princip&,
CAPITULATION n. f. est emprunté (av. 1528) au la- substantivé comme terme militaire (XII+ s.), dérivé
tin médiéval capitulatio -conventions (xv” s.l. déjà de capo -tête= (+ chefl
attesté en bas latin au sens de ~récapitulation~. et +Vague au départ, et proche de celui des mots de
dérivé du supin de capitulare, capitdatum. -Le même famille chef: capitaine*, le sens de caporal
mot, introduit au sens de sconvention, pacte, ac- s’est précisé (av. 1571) en militaire ayant le grade
DE LA LANGUE FRANÇAISE 617 CAPRICORNE
le moins élevé- (le caporal-chef lui étant immédia- bouton brun ohvâtre, il est employé aux Antilles à
tement supérieur% L’appellation de Petit Caporal propos d’une personne métissée de noir et de mu-
fut donnée à Napoléon par les soldats d’Italie : ils lâtre (1842 au féminin capresse, sans accent).
avaient décidé de lui donner un nouveau grade à c L’ancien nom de l’arbre, cappim (15171,a été refait
chacune de ses victoires, en commençant par le correctement en CÂPRIER n. In. (1562). câpre a
plus humble, qui lui resta. o Concurremment avec donné le nom d’une grosse variété de fraise, CÂ.
le syntagme tabac de caporal (18411, caporal (1833) PRON n. m. (1462) en référence à sa saveur aigre.
désigne un tabac ordinaire mais supérieur au ta- On en a dérivé CÂPRONIER ou CÂPRONNIER
bac de troupe*. n. m. (17961,nom d’une variété de fraisier très cululti-
l Le mot, avec une idée d’eautorité mesquine et ta- vée avant l’apparltlon des frai-sers à gros fruits hy-
tillonnes, a prodmt les dérivés CAPORALISER brides.
v. tr., d’abord intransitivement (1829) puis transiti-
vement (18661, et CAPORALISME n.m. (1852, CAPRICANT --+ CAPRIN
Hugo, dans Napoléon le Petit, qui stigmatise Napo-
léon III). CAPRICE n. m. est l’adaptation (1556) de l’ita-
lien capriccio, dérivé de capo &ten (+cheD par
0 CAPOT, 0 CAPOTER + CAPE me forme caporiccio =tête frisée, hérissées, qui a si-
gnifié &lsson d’horreur, de peur- (XI@s.1 -peut-
0 CAPOT adj. et n., attesté en 1619,est d’origine être parce que les cheveux se dressent sur la tête
inconnue, peut-être en rapport avec une série de
sous l’effet de la peur - avant de prendre au Xvp s
verbes dialectaux de l’ouest de la France, taper, se le sens de -désir soudain et bizarre qui monte à la
toper, s’acaper <se cacher, se re&ognern, eux- têtem (6. capitewcl, =idée fantasque=, et de devenir
mêmes dérivés de cape. Mals ce rapport avec 0 ca-
un terme d’esthétique. Cette évolution de sens té-
pot n’est pas certain. moigne d’une influence probable du latin taper
4 Le mot s’est employé en jeux de cartes pour qua- eboucn (-chèvre).
lifier la personne qui n’a fait aucune levée. Puis, il a
+Caprice recouvre à la fois la disposition d’esprit à
pris le sens d’~humill& (16901. oLe mot a été pris
des changements fréquents ne caprice1 et l’effet de
par l’allemand kaputt waincu~ (16521 d’où du& Ce
cette disposition (un caprice, les caprices d’un en-
mot a été réemprunté par le français (17181,sans
fantl. En l’absence de verbe correspondant, on em-
doute à l’occasion de la guerre de Trente Ans.
ploie la locution faire un caprhe, mais avoir un ca-
- KAPOUT. aussi écrit CAPO~T. s’est dit des per-
price s’entend spécialement au sens d’xavoir une
sonnes tuées, vaincues et de choses détruites.
amourette passagères. 0 Considéré négativement
0 CAPOTER v. tr. est formé (1792) sur le terme par l’idéologie classique qui y voit un dérèglement
de marine Q capot n. m., uniquement employé d’esprit (16901,le caprice est valorisé à l’époque ro-
(1689) dans faire capot *chavirer= (d’un namre). mantique qui remet à l’honneur l’acception esthé-
Cette expression vient elle-même soit du terme de tique du mot entendu comme =ceuvre d’art inspi-
jeu 0 capot (+ cape), soit d’une altération du pro- rée par le génie et s’écartant des règles or&-
vençal for cabot0 ssaluer. faire la révérencen, peut- nairesm, idée qui était déjà au c<zur de l’art baroque
être par une forme provençale intermédiaire “for kvrr-~~“s.l et qui commande des termes d’art
capota “plonger la tête en avants où capota est dé- comme arabesque, grotesque, baroque. La forme
rivé de cap *têtes (+ cabotin, cap). Sa relative fré- italienne a été reprise telle quelle dans le domaine
quence a causé l’élimination de l’homonyme 0 ca- musical où CAPRICCIO n. In. (v. 1800) désigne une
poter -mettre une capote àm(+ cape) pièce pleine de fantaisie, et parfois d’inspiration
folklorique (le Capriccio italien de Tchaïkovski).
4 Capoter, terme de marine, s’est répandu aux dé-
pens de la locution faire capot. 0 Par extension, il t CAPRICIEUX. EUSE adj. (1584) est l’adaptation
est employé en parlant d’une automobile 119071, de l’italien capriccioso *qui a des lubies ; personne
d’un avion (1928) qui se renverse, se retourne, et au à l’imagination riche et Étranger (XVI~s.1,de capti-
figuré avec le sens d’&chouer* n’entreprise a ca- cio. -L’adjectif est usuel en parlant des personnes.
pot&. notamment d’enfants. et des actes. En art, il corres-
c CAPOTAGE n. m. (1907) se dit d’un véhicule et
pond au sens spécial de caprice. Il a produit CA-
PRICIEUSEMENT adv. (16121.
(19281d’un avion.
0 “Olr c‘4PRIcAh-r kut CAPRSNI.
CAPPUCCINO + CAPUCIN
CAPRICORNE n. m. est emprunté (1115-1130)
CÂPRE n.f., d’abord capre (1474) puis câpre au latin capricomus, de taper =boucn (- chèvre) et
(1762) pour noter l’allongement du a, est emprunté cornu [-corne), formé sur le modèle du grec ai-
à l’italien cappero (1340) accentué sur la première gokereus <aux cornes de chèvren, de a&, aigos
syllabe, et désignant à la fois l’arbre et son bouton. <chèvre> et keras =Corne* (-kératine). Ce terme
issu du latin impérial de même sens capparis. Ce désigne un animal fabuleux à tête et corps de
mot est emprunté au grec happaris (encore en grec chèvre, à queue de poisson, placé par Jupiter au
moderne), lui-même pris à une langue lndétermi- ciel sous la forme de la constellation du même
née. nom.
+Le mot désigne le bouton à fleur du câprier confit +Le mot, introduit comme terme d’astronomie
dans le vinaigre. Par analogie de couleur avec le (tropique du Capricome~ et d’astrologie, a été re-
CAPRIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pris ultérieurement par les zoologistes pour servir t Capter n’a donné directement que CAPTAGE
de nom à un insecte à cornes (1753) et à une race n.m., enregistré en 1863 par Littré et surtout em-
d’anblope d’Asie (1803). ployé dans le domaine technique, et CAPTABLE
adj. (av. 19581.-Au xx” s. apparaît un dérivé savant
CAPRIN, INE adj. est emprunté (v. 1250) au la- du radical latin de captare, CAPTATIF. IVE adj.
tin caprinus, dérivé de copra (+ chèvre). (19461, employé en psychologie pour carwtériser
6 Le mot a été repris pour servir d’adjectif à chèvre un sujet qui cherche à accaparer autrui. 0 Ce mot
dans le langage didactique. apourdérivé~~~~~~1~1~É n.f (1951).
w Le radical latin a servi à la formation savante du CAPTATION n. f. est emprunté (xnp s.) au dérivé
terme générique CAPRINÉS n. m. pl. en zoologie latin captatio =action de chercher à saisir-, surtout
(1907 dans les dictionnairesl ainsi que de CAPRI- employé dans des syntagmes lexicalisés comme
CANT, ANTE adj., réfection tardive de caprisant captatio verborum (Cicéron) *chicane de mots+, be-
(15891 d’après le c de caprice et la structure d’ad- mvolentiae captatin =manceuvres faites pour
jectifs comme mordicant, vésicant. Ce mot, utilisé conquérir les bonnes grâces de qqn, et, en droit,
dans le langage soutenu au sens propre de *qui captatio testamenti. -Les signlkations du mot
procède par bonds saccadés>, a pris, par rappro- français sont, comme en latin, carxtérisées par
chement avec capricieux, le sens figuré de #fan- une prédominance des emplois figurés. D’abord at-
tasque> (1862). testé occasionnellement dans le contexte de la rhé-
torique antique puis dans l’expression calquée du
CAPSULE n. f., d’abord cas& (1476) puis cap- latin captation de benivoknce (15201,le mot s’est ré-
s& (1532).est emprunté au latin capsula apetit cof- pandu à partir du XVIII~s. où il a reçu son acception
fre-et=,employé spécialement en anatomie à l’épo- juridique (1752). 0 Le sens concret (19341, corres-
que médiévale (1110-l 1201.Ce mot est le diminutif pondant à celui de capter, ne réussit pas à concu~‘
de capsa -boîte, caissen c-caisse, châsse). rencer captage, recommandé officiellement,
+Le mot est introduit en anatomie pour désigner même dans son extension en techniques audioti-
l’enveloppe ligamenteuse de certains organes; en suelles, où la nominalisation de capter une émis-
botanique, il dénomme l’enveloppe renfermant les sion. un programme n’est pas usuelle. -CAPTA-
graines de certaines plantes. 0 Le sens plus géné- TOIRE adj. (1771) appartient au langage juridique.
ral d’eobjet creusé en forme de boîtep (1611) don- CAPTATEUR, TRICE n., emprunt (1606) au dérivé
nera lieu à divers emplois techniques, en chimie latin captator employé (Horace) en contexte jur-
(16901,en armurerie (1834. samorce*l et enphaxma- dique, est peu usité sauf dans captateur d’héritage,
cie (1863). Le sens courant, eenveloppe métallique de succession, en dépit de quelques emplois méta-
recouvrant le bouchon et le goulot d’une bouteilles, phoriques d’ordre littéraire.
est employé depuis le milleu du ti s. (6. capsuler). CAPTEUR.EUSE adj. et n. est emprunté (1777.
rLe dérivé CAPSULAIRE adj. (1690) correspond 1783) au dérivé bas latin capter *celui qui prend>
aux emplois du substantif en anatomie et en bota- (saint Augustin). 0 Ce sens d’emprunt a vieilli en
nique. -Sur CAPSULER v.tr., <munir d'une cap- dehors d’acceptions spécialisées en marine, à pro-
sule le goulot d’une bouteilles (18451,ou sur capsule pos d’un navire qui s’empare d’un autre (17831,
même, a été formé le composé plus courant Dl& usage isolé par rapport à capter et à captatin, et
CAPSULER v. tr. (1929) d'où DÉCAPSULEUR en droit (1842, capteur de la succession). 0 Au XY s.,
n.m. (1929). le mot a été repris comme nom d’un dispositifper-
mettant de détecter un phénomène physique sous
CAPTER v. tr. est emprunté (xv” s.) au latin cap- la forme d’un signal (v. 1960) et permettant d’em-
ture =Chercher à saisir= d’où -faire la chasse à, magasiner de l’énergie solaire pour produire de
convoiter>, dérivé itératif de capere *prendre>, l’énergie thermique. Cette acception technique
conservé uniquement dans ses dérivés (+ chasser) semble avoir éliminé les autres.
et lui-même évincé par prehenàere Id prendre). 0 voir c-ux. c- et c AFrNERC.4FlwRE.
4 Le mot est d’abord employé au sens figuré de sga-
gner d’une manière insinuante* dans l’expression CAPTIEUX, IEUSE adj., d’abord écrit cap-
capter la bénévolence, calquée du latin captare be- cieux (13891,est emprunté au latin captimus =trom-
mvolentiam et modifiée en capter la bienveillance. pew, substantivé au neutre pluriel captisa pour
Déclaré vieilli par Furetière en 1690, il semble tou- désigner les sophismes. Ce mot est dérivé de cap-
tefois reprendre vie au XVIII~s., élargissant la tio, substantif d’action de capere [+ captif, captation,
sphère de ses emplois (1762, capter les stdiages). chasser), spécialisé dans le sens péjoratif de =dupe-
C’est probablement dès cette époque (malgré le rie, sophisme*.
défaut d’attestation avant 1845) qu’il est employé en +Le mot, avec le sens du latin, relève en français
droit. -C’est aussi au ti s. que capter prend la va- d’un usage soutenu. Il tend à vieillir comme quali&
leur concrète et technique de erecueillir les eaux catii d’un nom de personne.
d’une ou plusieurs sources au moyen de tranchées, l CAPTIEUSEMENT ad~.hrv~s.)estdidactiqueet
d’aqueducs> (18631, dont viennent par extension rare.
celles de <recueillir une source d’énergies (+ cap-
ture) et, au &s., =intercepter un message, une CAPTIF, IVE adj. et n. est emprunté (1450) au
émissions dans le contexte des techniques audloti- latin captiws, dérivé du supin de capere *prendrez
suelIes. -Un sens figuré et familier récent est (- capter, chasser). Le mot qualifie et désigne le pri-
=compren&e, piger>. sonnier; depuis Sénèque, il est également employé
DE LA LANGUE FRANÇAISE 619 CAPUCHE
avec la valeur morale de =prisonnier de passions*; le mot désigne juridiquement et couramment l’ar-
celle-ci est fréquente chez les auteurs chrétiens en restation d’une personne. ~SOUS l’influence de
parlant de l’homme prisonnier du péché, spéciale- capter*, il désigne techniquement (attesté 1873)
ment chez saint Augustm, à propos de celui qui, l’adion de capter une vapeur, un gaz (en physique)
prisonnier de Satan, ne peut se libérer par ses et un fleuve (en géographie fluviale). La physique
propres forces parce que la grâce lui manque. Ce atomique utilise le mot assez cowamm ent, en rela-
développement explique l’évolution du mot vers la tion avec captif: pour désigner le processus par le-
valeur psychologique de ~malheureux, misérable* quel une particule s’intègre à un système (atome,
(IVeS.I. noyau).
+ L’hétérogénéité sémantique du mot latin est réso- . CAPTURER Y. tr. (xv? s.1 <appréhender, arrêter
lue dès l’ancien français : captif hérite du sens de (qqnln s’est également employé en marine (18351,
~prisonnierr tandis que son doublet de formation en relation avec capture, et, d’une manière géné-
populaire, chétifY se spécialise au sens de -mal- rale, dans le contexte de la guerre. D’après capter
heureux, à plaindrez. Perdant sa valeur chré- et capture, le verbe s’emploie aussi en physique.
tienne, captif a seulement conservé le sens figuré
Kasservi moralement à qqm (1488) et spécialement CAPUCE n. m., d’abord capuze (1600) puis ca-
*dominé parses passions~ (16711.oAu XI? s. (18451, puce (16181, est emprunté à l’italien capuccti, at-
le mot a été repris pour qualifier des choses main- testé dès le XIII~s. sous la forme dialectale capuzzo
tenues immobiles Ballon captiB et au xxes. des (d’où capuzze), puis sous les formes capucio
particules intégrées à un système atomique ou nu- (déb. xrv” s 1, cappuccia (me s.l. et dérivé de cappa
cléaire (opposé à libre). C-cape).
t CAPTIVITÉ n. f. est emprunté (x11”S.) au latin +Le mot est immédiatement distinct de capuche*
captivitas &at de celui qui est prisonniers, de cap- et de capuchon*, ne désignant que le capuchon
tivus. o Il a éliminé l’ancien français chaitiveté de taillé en pointe que portent certains moines (+ ca-
même sens, de formation populaire et signifié =état pucin).
de cap& servant dès lors de substantif d’état à pri- t 0 CAPUCINE n. f. est dérivé (1694) de capuce par
sonnier, notamment dans le contexte de la guerre. allusion à la forme en capuchon de la fleur. Le mot
CAPTIVER v. tr. est emprunté kve s.) au dérivé bas désigne une plante herbacée, à fleurs de couleur
latin captimre h151Ves.) sfaire prisonnier=, au figuré vive, et cette fleur. Il fournit un nom de couleur
-xcaparer l’espritm, également eruiner, dévaster- (1798) et s’emploie dans une ronde enfantine (<‘dan-
et -s’approprier une terre incultes. 0 Le verbe, em- sons la capucirml pour des raisons obscures
ployé en moyen français comme pronominal pour (image des robes qui forment =Capuche- lorsqu’on
-se soumettrez, disparu au WY s., et comme transi- s’accroupit à la lin de la ronde?). o Par analogie, le
tif pour *faire captif= (14881, a supplanté l’ancien mot est passé dans le vocabulaire de l’armement à
doublet populaire chaitiver kx11~s.1mais a lui- propos de chacun des trois anneaux de métal re-
même décliné au profit de capturer*. 0 Le sens fi- hant le canon et le bois d’une arme à feu [1829),
go& de =impressionner favorablement, séduire* donnant lieu à des locutions figurées, être enfoncé
(av. 15591a alors pris son essor, consommant la sé- jusqu’à la troisième capucine, être gris jusqu’à la
paration sémantique de captiver et de capfit: capti- troisième capucine (1867). aujourd’hui disparues.
vité. La construction du verbe avec un nom de per- 0 voir CAP”CHE.CAP”CIN.
sonne pour sujet et un nom de chose pour objet
(captiver l’attention), relativement proche de cap- CAPUCHE n. f. est une variante régionale du
ter*, est de nos jours stylistiquement marquée. Le Nord (1507, en picard) de capuce ou capuchon, dé-
verbe ne s’emploie plus guère qu’avec un nom de rivé de cape* et -uch,e Le moyen iIxnçais a eu avec
personne pour complément. le même sens la série capeluche (1594). capeluce,
Le participe présent CAPTIVANT.ANTE, adjec- capeluchon hvIe S.I.
tivé (1842, proposition de Richard de Radonvilliers) +Le mot, d’abord régional, s’est maintenu dans de
au sens de ~fascinant=. est courant ; il est en concur- rares dictionnaires dialectaux du Nord avec l’indi-
rente partielle avec d’autres adjectii (passion- cation =archaïque*; il est signalé dans plusieurs ré-
nant, etc.). gions comme un terme incorrect pour capuce ou
0 “oirc~m. capuchon. Il s’est diffusé en français central au mi-
lieu du mes., avant d’être enregistré par Littré
CAPTURE n.f. est emprunté (1406) au latin C1863)comme nom d’une CoifTede femme en forme
captura, substantif d’action de capere (- capter), de capuchon se prolongeant sous forme de pèle-
-action de prendre>. d’où par métonymie =Prise (à rine. De nos jours, il se dit d’un petit capuchon de
la chasse, à la pêche)= et aussi =gain d’un men- poche ou amovible pour protéger des intempéries.
dia&, ahire~. En latin médiéval, le mot s’ap- b CAPUCHON n. m., attesté depuis 1542, peut-être
plique à une prise de corps (1064-10651. dès le début du we s. (selon Dauzat), n’est pas em-
+En fixnçais, le sens de <prise de butin8 est sorti prunté à l’italien cappuccùme, attesté tard, mais
d’usage, sinon dans le contexte spécial de la ma- probablement dérivé de capuche avec le stixe
rine corsaire (1787) et de la saisie douanière (1740). -on, peut-être sous l’iniluence du correspondant
La valeur concrète de Eprises qui en découle par italien cappuccio, dérivé de cappa (b cape), d’abord
métonymie est surtout réalisée dans ces domaines, capum (déb. xrv” s.1, cappucciu (XIV~s.) et dès le
aksi qu’en pêche et en chasse. 0 À parti du XV~~s., mes. par la variante dialectale captuzo. Les va-
CAPUCIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

riantes françaises du XVI~~., cappution 115511, ca- le mot français ait été rapproché de caqwr dès le
pussion 115521, capuçon 115741, semblent témoigner milieu du xwes., l’hypothèse d’une dérivation ré-
d’une telle intluence. -Le mot désigne la partie su- gressive de ce verbe se heurte à des dif6coltés
périeure d’un vêtement en forme de bonnet; à par- chronologiques. L’hypothèse d’un emprunt au
tir du XVIII~ s., il a reçu diverses acceptions spéciales moyen néerlandais kaak, trop tardif, est écartée.
par analogie de forme avec le vêtement : en bota- + Le mot désigne le baril où on empile les harengs
nique il dénomme 117621 le prolongement en forme salés; par extension un tonneau servant à entrepo-
de sac des pétales et sépales de certaines plantes, serdu vernis (13891. duvin 11405-14491, de la poudre
en marine (17831 la coiife goudronnée qui couvre Cv. 14301, de la pois 116061, du soif fondu (18321. Par
les haubans, en technique la garmture de tôle sur analogie de forme, il s’est appliqué au fourneau des
un tuyau de cheminée. Au xxe s., il désigne couram- ciriers qui évoque une barrique 117301. Ces tech-
ment la pièce hletée fermant et protégeant un niques ayant pour la plupart disparu, le mot est ar-
stylo. chaïque, sauf à propos des harengs, par des syntag-
CAPUCHONNER y. tr. 115751 a été supplanté parle mes 0wwtgs en caqueJ et des locutions Mtre
pré&& ENCAPUCHONNER Y. tr. 115711, repris au serrès comme des harengs en taquel et un pro-
xc? s. avec le sens de ~couvrir d’un capuchon>. En verbe ila cape sent toujours le hareng) aon se
chemin de fer, le verbe s’est dit de l’opération ressent toujours de ses origines~. oLe genre du
consistant à fermer un capuchon de cheminée de mot, longtemps hésitant (surtout masculin au
locomotive (18611. -DÉCAPUCHONNER y. tr. fait XVII~ s.1, est faxé au féminin depuis l’édition de 1718
suite (16111 au type descapZuchonner 115661; il est du Dictionnaire de l’Académie.
beaucoup plus rare qu’encapuchonner.
w CAQUETTE n. f. 116771, <baquet dans l’eau duquel
0 Kxr CAPUCE.
les marchands gardent le poisson Vivant~, a dis-
Paru.
CAPUCIN, INE II., d’abord écrit capussin
(15421. est emprunté à l’italien cappuccino (XIV s.l. CAQUELON n. m. est l’adaptation, par lïnter-
proprement <qui porte on capuchom, employé médiaire du territoire de Belfort, d’un terme de
spécialement pour désigner le membre d’une Suisse romande &VIII~ s.l. Celui-ci est dérivé, avec
branche d’un ordre h-anciscain (XVI~ s.1 en raison du le sofBxe -on, de kakel que l’on trouve attesté dans
vêtement à grand capuchon porté par ces reli- le canton de Neuchâtel ao xve s. au sens de ebrique
gieux. Ceux-ci constituent une congrégation de vernissées. C’est un emprunt au mot dialectal alé-
l’ordre des Frères mineurs, érigée par bulle le manique de Suisse Kakel wasserole de ter-i-em,
3 juillet 1528 et autorisée en 1574 à s’installer au- aussi alsacien. Ce mot correspond à l’allemand Ka-
delà des monts. Cappuccino est dérivé de capuccio ch& de l’ancien haut allemand chochala spot de
wzapuchow, lui-même emprunté par le français ca- ter-i-em. lui-même représentant on latin populaire
pUCe*.
“cac~c~ulus, variante de coccabas, emprunt au grec
+ Le mot, attesté au XVI~ s. sous la double forme ca- kakkabos -marmite, chaudrons. Ce mot, qui sub-
pucin, capuchin (v. 15801, désigne le religieux et, au siste en grec moderne, est probablement un em-
féminin &? CAPUCINE 116221, la religieuse de cet prunt mais sa source est inconnue.
ordre; il est quelquefois employé adjectivement +Le mot, surtout usité en Suisse romande et, en
115851. La réputation de dévotion naïve attachée à France, dans le domaine fi-mxo-provençal (Sa-
ces moines a inspiré l’expression à la capucine voie, etc.), désigne une marmite en terre utilisée
eavec une dévotion excessive>; leur barbe non tai- pour la fondue.
lée a donné lieu à la locution parler comme un ca-
pucin *du nez=. Barbe-&-capucin désigne une sa- CAQUER v. tr. est emprunté ii3401 ao moyen
lade blanche 118631. néerlandais caken *faire une incision dans la bran-
c CAPUCINADE n. f. (17241 désigne un sermon na& chie gauche des harengs pour enlever une partie
vement moralisateur comme ceux que les capucins des viscères* (néerlandais moderne kaken). Ce
avaient la réputation de faire. ll est sorti d’usage, mot est dérivé de kaak (néerlandais cake) smâ-
comme CAPUCINIÈRE Il. f. (17621, mot familier dé- choir-e, joue, ouïe, branchiez dont l’origine est obs-
signant ao xv& et au début du xc? s. une maison de cure. L’opinion souvent avancée selon laquelle ce
capucins et, au figuré, une maison très dévote. procédé aurait été inventé en 1384 par Willem Beu-
Le mot italien CAPPUCCINO n.m. est passé en kelszoxm, citoyen de Biervliet, est en contradiction
français 119371 avec son sens spécialisé de cc& au avec le fait que le moyen français caqueharenc -ha-
lait mousseux par allusion à la couleur mat-I-o* reng préparé> est attesté dès 1332 et lui-même em-
beige de la robe des capucins. prunté au moyen néerlandais coecharine.
+ Le mot, d’abord attesté dans le syntagme harems
0 CAPUCINE - CAPUCE cakés, se dit de l’action de couper les ouïes des ha-
rengs et de les saler pour les empiler dans des ton-
0 CAPUCINE + CAPUCIN neaux. Vers le milieu du XIV” s.. le mot a été rappro-
ché de coque*, glissant vers l’idée de -mettre en
CAQUE n. f. est d’origine incertaine, probable- baril les harengs ainsi préparés~. 0 Par analogie,
ment emprunté lv. 12641 à l’ancien norrois haggi, ce sens a donné celui de =mettre en baril (de la
kaggr, kakki =tonneaun, que l’on trouve dans le poudre. du salpêtre, du soif fond& 118321, les barils
composé tinhaggr -petit tonneau de vins. Bien que étant nommés caques.
DE LA LANGUE FRANCAISE 621 CARABIN

. ENCAQUER v. tr. cv. 1600) partage avec caguerle autonome (1167.1170). a disparu au XVI’S. au profit
sens de mettre (des harengs1 en caquet. ll s’est de parce que. o Un syntagme comme la raison est
employé a” figuré pour -entasser (des personnes, car (12951. encore en usage au xvf s., est à l’origine
des choses) dans un espace restreint3 (1718) sans des critiques formulées par Malherbe contre car,
S’imposer. ll a produit ENCAQLJEMENT n.m. auxquelles répondirent les plaidoyers de Vaugelas
(1772) et ENCAQUEUR, EUSE Il. (1781). et de Voiture. 0 L’emploi substantivé du mot
CAQUAGE n. m. a été formé (1730) pour setir de commence à se rencontrer au xvnes. dans l’an-
substantifd’action à caquer, CAQUEUR n. m. (1723) cienne expression sans ni et sans car =Sans concl-
désignant celui qui prépare les harengs avant de tionn (1616-1620).
les mettre en caque. Il a été reformé comme nom
d’instrument pour le couteau servant à caquer les 0 CAR n. m. est emprunté (1873) à l’angle-améri-
harengs (1863). OCAQÛRE I-I. f. (av. 1877). mot min car wéhicule sur raib (18301, lui-même spé-
technique et rare, désigne les débris de harengs cialisation de l’anglais car *voitures (xrv”s.1 em-
provenant du caquage et employés comme en- prunté a” français char* sous la forme normamlo-
gSis. picarde car.
+Le sens de -voiture de tramway, matériel rou-
CAQUETER v. intr., indirectement attesté dès
lants, seulement attesté dans un contexte anglo-
1320 par caqueteresse *femme bavardez, puis à par-
américain. ne s’est pas maintenu. Au Canada char
tir du xv” s., est dérivé du radical onomatopéique
a servi à rendre le mot américain au sens de woi-
kak- évoquant le piaillement de certains oiseaux.
turc-. L’acception moderne usuelle de -grand véhi-
Cf. par exemple le latin cacülare *caqueter> et ca-
cule pour transporter des passagers,, (1928) est is-
cabare *crier (de la perdrix)*, adaptation du grec sue d’une abréviation d’autocar (19101, emprunt à
kakabizein.
l’anglais autocar (1895) I+ auto-l, qui ne signifiait en
+Le mot est d’abord employé au sens de =bavar- anglais que =automobileB.
den, avec une nuance péjorative (14501, avant de se 0 voir CARfERRY k%rt FERRYI.
dire également de certains oiseaux @n xv’ s.l, spé-
cialement de la poule qui glousse itu moment de CARABE n. m. est emprunté (16681, probable-
pondre (1690). ment par l’intermédiaire du latin scientifique cara-
. En sont dérivés CAQUET n. m. (1450) *bavardage bus, attesté ultérieurement comme nom d’un co-
indiscret, importun> d’où l’expression rabattre léoptère 11735, Lié), a” latin carabus Ce mot, qui
(xv” s.1, rabaisser Je caquet de qqn (15391, les syno- désigne un crustacé du genre langouste, est em-
IlyIrX?S CAQUETERIE n.f. (14181, CAQUETAGE prunté au grec karabos, employé aussi métapho-
n. m. (15561, également appliqué aux gloussements riquement à propos d’un bateau léger (+ caravellel.
de la poule (18421, et CAQUÈTEMENT n. m. (1572, également comme nom d’un scarabée cornu (Aris-
caquettement). -CAQUETE~R. EUSE n. et adj. tote) et qui est à l’origine de scarabée*. Karabos est
(1507) caractérise une personne qui bavarde de un terme méditerranéen certainement emprunté,
manière intempeStiVe. -CAQUETOIRE n. f (1522) comme le suggère l’alpha long initial en grec at-
a désigné un type de siège à dossier haut, tique.
commode pour la conversation. +Le mot désigne un insecte coléoptère carnivore,
notamment dans carabe doré.
0 CAR conj. de coordination est issu du latin
classique quare, littéralement *par quellex, de qua, t En est dérivé CARABIQUE adj. *qui ressemble à
ablatif du pronom relatif féminin (- qui> et de re, un carabe*, substantivé au pluriel comme terme de
ablatif de res -choses (- rien). Le mot sert d’adverbe classification zoologique (18381, puis sorti d’usage.
interrogatif (=pourquoixl et d’adverbe causal (*c’est 0 Var SCARABÉE.
pourquoi=). Son usage comme interrogatif est à
l’origine d’un emploi comme conjonction de coor- CARABIN II.~., apparu a” xv?s. (1583-1590)
dination. répandu en latin populaire, supplantant pour désigner un soldat de cavalene légère, est
le latin nam dans les langues romanes. L’ancien d’origine incertaine. Ce mot serait peut-être une
français a eu également les formes quar (10501 et altération du moyen français CeLscamzbin zenseve-
quer (10501. également issues du latin quare, selon lisseur des pestiférés% (15211, mot du domaine occi-
qu’il est atone ou tonique: l’hypothèse, pour quer, tan qui appartient probablement à la famille de es-
d’un croisement avec que ne semble pas néces- cm-bot, nom d’un insecte fouillant la terre, le fumier
Saire. (b scarabée).
4 L’usage du mot comme conjonction de coordina- +L’expression carabin de Saint-Côme s’appliquait
tion exprimant la causalité, attesté dès les pre- (1650) à un chirurgien. L’évolution sémantique s’ex-
miers textes, est le seul qui se soit maintenu en pliquerait par la réputation des soldats dits cara-
français moderne. ~L’emploi de car comme ad- bins de faire rapidement passer leurs victimes de
verbe causal au sens de =C’est pourquoi, en consé- vie à trépas, réputation ironiquement partagée par
quence~ (1050) a disparu au ~V?S.; de même que la les chirurgiens de cette époque (peut-être ressem-
particule introduisant un ordre avec l’impératif blaient-ils également à des soldats, enrôlés sous la
(1050), un souhait avec le subjonctif (1050). L’usage bannière de saint Côme, leur patron). Le mot s’est
de car comme conjonction de subordination, diffwé au sens d’&udiant en médecines (1803).
d’abord dans l’ancienne locution pour ce car t De carabin est issu CARABINER v. tr. (1611) -ti-
Cv. 1120), synonyme de pour ce que, puis de manière railler à la manière des cambins~, qui a disparu
CARACAL 622 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mais dont le participe passé CARABINÉ, fiE s’est lui-même issu du croisement entre le latin conchy-
séparé et adjectivé (1687) d’abord pour qualifier Zium ‘coquille* (+conchylio-1 et le grec kakhlêx
une brise marine violente, intermittente -comme -petit caillou du lit d’une rivière>, d’origine proba-
le feu des carabins - puis en général au sens de blement onomatopéique. On a aussi évoqué un dé-
&+s fort, intenses (18361et, ironiquement, de =très rivé de la racine préromane ‘kar- -coquille, écale>
fort en son genre, remarquables, le plus souvent en qui est à l’origine de carapace*.
parlant d’une chose pénible (un rhume carabin&. +Le verbe procède de caracole en équitation et dé-
CARABINE n.f. (1611), d’abord charabine Km crit un cheval, par métonymie son cavalier, qui exé-
xw’s.1, désigne proprement l’arme des carabins, cute une succession de voltes et demi-voltes.
soit primitivement une petite arquebuse puis (1694) Par extension, il est entré dans l’usage courant au
me arme à feu légère à canon rayé, sens demeuré sens de *aller à cheval de manière vivem puis de
usuel et donnant lieu à syntagmes Itir à la cara- *courir en sautant, gambader=, par la même évoh-
bine). tion que cabrioler. Au figuré, une expression cou-
CARABINIER n. m. (16341 est dérivé de carabine rante est caracoler en tête (en tête des sondages,
au sens de -cavalier armé d’une carabine>. Il s’est etc.) *être largement en tête, sans efforts, notarn-
appliqué au soldat d’un corps de cavalerie et au ment en politique.
grenadier de l’infanterie légère armé d’une cm- t CARACOLANT. ANTE est l’adjectivation du par-
bine (1835). oAu sens de =gendarme italien> (18461. ticipe présent k”S.). -CARACOLADE n. f. (1850)
le mot est emprunté à l’italien carabiniere =du et CARACOLEMENT n. m. (1877) correspondent
corps de policiers fondé en 1814~,mot lui-même dû au verbe, mais sont rares.
au français. Celui de -douanier espagnolm (19061est
emprunté au mot espagnol de même sens (XIY s. ; CARACTÈRE n. m., d’abord caloteres au plu-
-soldat armé d’une carabines au XVIII~s.l. égale- riel Cv.llM)l, puis karactere (1274) et carathere
ment emprunté du français carabine. (13721,est emprunté au latin chamcter attesté de-
puis Varron, *manière d’être propre à un style%,
CARACAL n. m. semble emprunté (17501 de puis =manière d’être, comportement- (RPs.1,égale-
l’espagnol caracal, lui-même d’origine orientale ment avec une valeur plus concrète =marque appli-
probablement, comme l’indique une forme kara- quée à un animal au fer rouges (le’ s.), <marque d’un
coulac attestée en français dans une relation de poids ou d’une monnaie> (III”~.), *signe de l’écti-
voyage (16641,du turc qara qûlâq. Celui-ci signi6e turea Wln w”-déb.v”s.1 et, chez les auteurs chré-
littéralement =Oreilles noires= comme les dénomi- tiens, *marque sacramentelle du baptêmes
nations de l’animal en arabe et en persan (d’où (saint Augustin). Le mot latin est emprunté au grec
*chat aux oreilles noires& kharaktêr qui, à partir du sens propre de cgravew
+Le mot désigne une variété de lynx vivant en (spécialement “graveur de monnaies~l, a pris par
Afrique et dans le sud de l’Asie. métonymie le sens de -signe gravé, empreinte,
marques et développé les valeurs abstraites et psy-
CARACO n. m., attesté depuis août 1774, est chologiques passées en latin. Le mot est dérivé du
d’origine incertaine : un emprunt à I’hispano-amé- verbe kharassein <aiguiser*, au figuré -exciter=,
ricain caracol, proprement =Coquille d’escargotn également *entailler, inciser*, =inscrlre-, mot tech-
b caracoler), qui désigne au Mexique une sorte de nique sans étymologie indoeuropéenne établie,
blouse de femme, n’est pas exclu bien que ce sens, peut-être à rapprocher du lituanien Zeriù sgratterm
ticile à expliquer à partir d’~escargot~, puisse kl’une racine commune “gher-1. En français, le type
être aussi bien dérivé du français. P. Guiraud y voit savant a supplanté l’ancien français caracte, &a-
une forme provençale de caracon, doublet de cara- racte (x11~s.1,employé jusqu’au mes. au sens de
quin (16901, forme ancienne de casaquin (-ca- “marque, signes, spécialement *charme. sortilège
saque). Un rapprochement avec le turc karaki, ke- magiquem et #signe d’écritures.
rihi =manteau large à manches= est douteux. +Le mot apparaît en judéochrétien au sens spécla-
+ Le mot désigne un corsage féminin porté ample lisé de *signe magique> dont procèdent, par méto-
sur une jupe froncée. Il est passé du langage de la nymie, ceux de *charme, sortilège> (14711 et,
mode à un usage régional évoquant le passé, avant jusqu’à la langue classique, &lisman portant un
d’être repris (v. 1960.1970?) à propos d’un sous- signe magique2 (xv1~s.1,tous éteints aujourd’hui.
vêtement féminin couvrant le buste. Dans une autre acception concrète, caractère dé-
signe une empreinte (12741, une image sur un
CARACOLER v.intr. est dérivé de cccmcol sceau (13721,sens qui annoncent la valeur moderne
n. m. ou caracole n. f. (av. 1598) <escargots; le mot de -signe d’écritures (15501. Celle-ci connaît une
s’est spécialisé en manège à propos d’une succes- grande expansion avec l’imprimerie et par exten-
sion de voltes ou demi-voltes (1611) et en architec- sion donne immédiatement l’acception de &gne
ture pOUr un escalier en colimaçon (1675). Lui- conventionnel dont on se sert dans certaines
même est emprunté à l’espagnol caracol, propre sciences, (1567). -ParaIIèlement, le mot est repris
ment ~escargot~ (14001, également employé en du latin chrétien dans sa spécialisation amarque
équitation (1604) et en architecture (XT? s.l. Ce mot spirituelle et ineffqable qu’impriment les sacre-
est d’origine incertaine, peut-être issu par méta- ments> (1389-13921. Il connaît une grande expan-
thèse de cacalaou, cagaroZ(6. le mot régional CA- sion au XVII~s. lorsqu’il commence à désigner abs-
GOUILLE n.f. ~escargot~l, attesté dans les dia- traitement le caractère distinctifd’une chose (1662,
lectes du sud-est et du sud-ouest de la France et d’un sentiment). Ce sens prépare des emplois spé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CARAMBOLER
ciaux dans les sciences de la nature (1704, en bota- xwnes.. le nom reçoit une autre acception tech-
nique) puis en sciences humaines ; en même temps, nique en mathématiques (17511 et le sens courant
il donne lieu à un emploi dans le commentaire ar- de ace qui caractérise une chose* (17791. sur les-
tistique, en peinture (1699) et en musique (1798. ab- quels se greffent des emplois adjectivés. ~CA-
soit). -Par une spécialisation importante, il est dé- RACTÉRISTIQUEMENT a&. est attesté en 1791.
fini comme l’ensemble de traits dominants de la CARACTÉROLOGIE Il. f., d’abord CaraCtériologie
physionomie morale d’un homme (av. 1662, Pascal, (19091 repris et di&sé sous la forme caractérologie
bon, mauvais caractèrel. Il désigne en particulier la (19451, est un emprunt à l’allemand Chamkterolo-
manière d’être morale (1686, Bossuet) d’où, par gk (18671, lu-même formé SUT les éléments grecs
métonymie, les personnes envisagées sous l’angle kharoktêr et -loges (- -1ogiel: l’anglais a lui aussi
de leur personnalité (1757, les grand.~ caractères). repris characterology (19031 à l’allemand. o Le mot
Le siècle classique, qui est celui des moralistes, désigne une branche de la psychologie ayant pour
l’applique à la peinture des sentiments, des pas- objet l’étude du caractère et des types de carat
sions, des idées, des personnes dans un texte (Mo- tères. -En sont dérivés CARACTÉROLOGIQUE
lière). le mot au pluriel servant de titre pour des adj. (19451 et CARACTÉROLOGUE n. (1946, Mou-
ceuvres littéraires (Les Caractères, La Bruyère). u1- nier).
térieurement, l’expression pièce de caractère (1751,
Voltaire) est forgée pour un type de pièces se CARAFE n.f., d’abord caraffe (15581, est em-
consacrant à l’analyse d’un caractère type. En em- prunté à l’italien caraffa (fin xv” s.1 de même sens et
ploi partitii, l’accent est mis sur la valeur d’séner- d’origine obscure : le mot est peut-être emprunté à
gie, force d’une pewonnen (1736). par exemple dans l’arabe du Maghreb qarrafa *bouteille très ventrue,
avoir du caractère, force d.e caractère. Par une ex- pot à boires; cette hypothèse se heurtant toutefois
tension analogique. le mot est appliqué à la person- au fait que l’espagnol garrafa est attesté bien après
nalité d’une collectivité, d’un pays (17481. La classifi- lïtalien en 1570.
cation moderne des types de caractères t Le mot, d’abord employé au 6guré dans l’expres-
psychologiques a été nommée caractérologie (ci- sion vieille Caraffe, désignant par calembour le
dessous). pape Paul IV, Gian Pietro Carsfa (qui régna de 1555
.Caractère n’a directement produit en ikmçais à 15591, est attesté depuis 1642 au sens propre. Il
que le mot tardifet d’usage didactique CARA~T!& semble favoriser les emplois familiers, comme la
RIEL. IELLE adj. et n.. attesté en 1841 et répandu locution rester en carafe (populaire, 18961 -rester
au xxes. dans le cadre de la psychologie du court (d’un oratem-lm d’où -rester en plan>, qui vient
comportement; il est substantivé en médecine probablement du sens argotique de carafe
(19511 pour désigner une personne présentant des =bouchen (l’orateur restant bouche bée), tout
troubles du comportement. oEn est dérivé CA- comme fouetter de la carafe -avoir mauvaise ha-
RACTÉRIELLEMENT adv. (1969, dans les dict.1. leines (18781; 6. goulot. Toujours en argot, il dé-
CARACTÉRISER v. tr. semble emprunté (15121 au signe la tête (19011 avec une idée de bêtise (quelle
grec khmakterizein amarquer d’une empreinte, carafe!1 commune à d’autres noms de récipients
d’un signe distinctin (de khamktêr). peut-être par Igourcfe, cruche).
l’intermédiaire du latin médiéval charactetiare c Au sens de spetite cartien, CARAFON n. m.,
-faire connaître, signaler* W s.l. 0 Le sens concret, d’abord garafon (16771 puis carafon (17001, est bien
*marquer d’un signe, d’une empreintes, avec la dérivé de carafe, mais le sens classique de #grande
spécialisation <marquer d’un signe magiques carafe placée dans un seau garni de glace pour r-a-
(av. 15501, est rapidement sorti d’usage. Au xv? s. le fmîchir une boisson= laisse supposer un emprunt
mot a pris son sens moderne de <mettre en éti- sémantique à l’italien caraffone augmentatif
dence le véritable trait distinctif d’une personne, (XVI~ s.) de caraffa. Ni ce sens, ni son extension mé-
d’une choses [1680), également réalisé au pronomi- tonymique pour <seau de glace= (1771) n’ont vécu.
nal se caractériser (17871. -Le participe passé CA-
RACTÉRISÉ. ÉE est adjectivé de bonne heure avec CARAMBOLER v., d’abord écrit caramboller
le sens de <bien déterminé, évident> en Su&ant Cv. 17901, est dérivé de carambole n.f. (16101,
une chose (av. 1653, injures caractérisées1 et une d’abord carambolas (16021, terme de botanique dé-
personne (av. 17841. -Le participe présent CA- signant un fruit orangé et sphérique. Le mot est
RACTÉRISANT.ANTE adj. (1669) signifiait =qui emprunté au portugais carambola (15631, probable-
confère un caractère propre=. ll a disparu au profit ment emprunté lui-même au marathe (langue de
de caractéristique k-dessous) sauf en linguistique l’Inde1 karambal. Par analogie de forme, caram-
où certaines terminologies l’emploient comme bole a désigné la boule de billard (17921, peut-être
substantif -CARACTÉRISATION Il. f. (18401 ren- par emprunt à l’espagnol carambola (1578). lui-
voie au fait et à la manière de caractériser, spé- même repris comme terme de botanique au portu-
Cidement en hgUiStiqUe. -CARACTÉRISABLE gais et employé, à cause de la couleur du kuit, pour
adj. (1935) est didactique. désigner les billes de billard (déb. xv? s.l.
CARACTÉRISTIQUE n. f. et adj., emprunt (1550) t Caramboler, terme de billard, signifie -toucher du
au grec kharaktetitikos =qui sert à distinguer-, dé- même coup deux billes avec la siennen (17921. Dès
rivé de kharaktêr, s’est introduit comme substantif les premières attestations, il est employé au sens fi-
en grammaire pour nommer l’élément qui dénote guré de =heurter= en construction transitive, no-
le temps d’un verbe, la formation d’un mot, sens qui tamment en parlant de véhicules (dans se caram-
donne lieu à un emploi adjectivé (16941. o Au bol&. 011 a reçu en argot, par la métaphore
CARAMEL 624 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

courante du coup, le sens de <posséder sexuelle- même dérivé du moyen français carre <coins
ments (18811; on trouve aussi se faire caramboler [xv’s.). déverbal de carrer* <donner une forme car-
(1877). rée=, et de patte* avec la désinence -er. P Guiraud
tÀ côté du nom d’arbre CARAMBOLIER n.m. préfère le rattacher à l’argot carapata, carapate,
(1783), dérivé du nom du fiwit, caramboler a produit carapatm n. m. (1850) *marinier d’eau douces et
CARAMBOLAGE n. m. (1812) qui correspond a” =fantassin de lignen (18781, habituellement considé-
verbe, s’appliquant au billard puis à des heurts de rés comme dérivés du verbe, et à la locution ad-
véhicules, notamment des heurts déclenchés en verbiale de carre, en carre =de côté, de traversa>, la
série. finale étant à rapprocher de patte, en tout état de
Les mots d’argot CARAMBOUILLAGE n. m. (19001. cause. Le chenxnement sémantique partirait de
CARAMBOUILLE n. f. (19181 et CARAMBOUIL- l’idée de =Se sauver, s’enfuir sans être vw vers
LER v. tr. (19281. relatifs à l’escroquerie consistant à l’idée de ~courir~.
revendre au plus vite une marchandise que l’on n’a 4 Le mot est d’abord employé à la forme pronomi-
pas payée, représentent des altérations de carat- nale secarapater *s’enfuir, se sauver, jouer des
bale, dans la locution argotique vol à la carambole pattes*, puis intransitivement *se sawerx d’où
(1878) ~01 à l’étalage)>, par comparaison entre le =courir=. Un sens du pronominal, *se cacher= (18781,
mouvement des boules de billard et celui des mar- a disparu.
chandises passant de complice en complice. La fi-
nale s’explique probablement par celle de hi-
CARAT n. m., également quarais (13601, carw
(1367) en moyen français, est emprunté (1355) à
pouiue*, fouillera, trtpatouiuer*.
l’italien carato (1278 à Venise). déjà en latin médié-
val caratus (12641, emprunté lui-même à l’arabe
CARAMEL n. m. est emprunté (16801, via l’es-
qir@ *graine de caroubier,, et =Petit poidsn (24’ par-
pagnol caramel ou caramelo (16011, au portugais
tie du demer à La Mecque). Le mot arabe, comme
caramel0 qui, outre son sens cuhnaire, signifie =gla-
çow (XVI~~.). Ce mot est probablement issu du bas
le bas latin correspondant ceratium, est emprunté
au grec keration =Petite corne, antenne de Ian-
latin calamellus (+ chalumeau). diminutif de cala-
gouste> d’où <petit poids> et =fruit du caroubiern. Ce
mu.s -roseau> (+ calamel, à cause de l’analogie de
mot est dérivé de kerm =cornes (+ kératine).
forme entre le sucre durci, la stalactite de glace et
la tige de roseau. + Terme d’orfèvrerie désignant l’unité de poids em-
ployée pour l’estimation des pierres, de l’or, carat a
t Le mot désigne la substance obtenue en chauffant
donné lieu à des locutions familières: à vingt-
le sucre, utilisée comme remède contre le rhume
qua& carat.5 ~parfait~, souvent ironique, fait alh-
avant de devenir matière première pour la confise-
sion à la quantité de carats contenue par l’or abso-
rie, d’où par métonymie le sens de <bonbonn ap-
lument pur, d’où trente-sti carats =au-delà du pos-
paru au XIX~ s. &ramel mou). II a également fourni
sibles. 0 En argot, le terme est l’un des nombreux
un nom de couleur.
synonymes <année (19011, rare employé isolément,
w CARAMÉLISER v. (1825. se Caraméliser à propos plus courant dans des locutions, le dernier carat
du suc des viandes1 signifie *transformer en cara- étant -la dernière Iimites et prendre du carat (1930)
mel>; il a produit CARAMÉLISATION n. f. (1832) et signitïant =Prendre de l’âgex.
CARAMÉLISÉ. ÉE adj.
CARAMÉLÉ. ÉE adj. est l’adlectiftiré (1877) de CA- CARAVANE n. f., d’abord cancane (v. 1195; ca-
RAMÉLER v. tr. (17351, évincé par caraméliser; il si- ravana en latin médiéval, 1160) puis caravane
~~e~~ a l’apparence, la couleur ou le goût du (16571, a été emprunté à la faveur des croisades, par
jD l’intermédiaire de l’arabe, au persan künvh =fiIe
de chameaux, troupe de voyageurs% (- caravansé-
CARAPACE n. f. est emprunté (1688) à l’espa- rail).
gnol carapacho de même sens (xx? s.), quelquefois +Le mot, qui désigne une file de voyageurs
altéré en caparacho, peut-être d’après capa mm- (presque toujours en contexte oriental), est em-
teau- (-cape), d’origine incertaine : il serait dérivé ployé par extension à propos d’une troupe de gens
du préroman “karapp- issu de la racine %arW allant de compagnie (16571, d’animaux se dépla-
*écale> dont la variante %al- est à l’origine de l’es- çant en groupe. -Le sens de wéhicule équipé pour
pagnol galapago =tortuen (-calebasse). On a aussi servir de logementn (1930) est emprunté à l’anglais
proposé d’y voir une métathèse du provençal capa- caravan, lui-même pris au français et attesté au
rasso *sorte de manteaw (- caparaçon). sens de -voiture couverte servant de transport des
+Le mot a longtemps désigné le plastron de la tor- voyageurs, (16741, puis de *roulotte de forains*
tue avant de s’appliquer par extension au test dur (1824) et enJ% de -roulotte de plaisance> (1886). En
qui recouvre tout ou partie du corps de certains ce sens, le mot est distinct de roulotte en France
animaux. Accueilli en 1835 par le Dictionnaire de mals se confond avec lui au Québec.
l’Académie. il s’est répandu tardivement dans w CARAVANIER, IÈRE adj. et n. désigne celui qui
l’usage commun avec des emplois analogiques et conduit les bêtes de somme dans une caravane
figurés (18741. (1613). OAU xx* s., il est adjectivé (1911) et, sous l’in-
fluence de l’anglicisme caravane, prend le sens de
9) CARAPATER v. intr., d’abord carapatter “adepte du caravaning (19601.
(1867), est d’origine incertaine, peut-être composé CARAVANING n. m. est emprunté (1932, caravan-
du radical de l’argot se carrer =Se cachers (18351, lui- ningl d’un mot anglais (1885) issu de caravan. Cri&
DE LA LANGUE FRANÇAISE CARBURE

qué, il doit son succès à l’influence de l’anglicisme (absolument bicarbonate). 0 Un autre présXé est
de sens voisin camping. HYDROCARBONÉ, ÉE adj. (1834).
D’usage moins technique, CARBONISER Y. tr.
CARAVANSÉRAIL n. x-n.,d’abord carvan- (18031est probablement plus ancien puisque CAR-
sera (1432). puis au xv@ s. CaraVQSSerail(16061et ca- BONISATION n. f. est attesté chez Lavoisier en
ravaménzll(1673), d’après sérail*, est emprunté au 1789. Tous deux se sont répandus en parlant de
persan kdrwdn-sardy =abri pour voyageurs en l’action de modifier ou de détruire par le feu (1825
Orients. Le mot est composé de kàrdn (- cara- en cuisine), d’où un emploi familier pour -brûlerm
vane) et de sardy =palais, grande maison, coup ou cuire à l’excès~, en synonymie avec brûler, cra-
[+ séraill. mer.
(Importé par les relations de voyages en Orient, CARBONIFÈRE adj. (18381,substantivé en géologie
caravansérail désigne un vaste enclos entouré de pour désigner une époque de la i%n de l’ère pri-
corps de bâtiment où le voyageur en Orient trouve maire où se sont formés de grands bassins hou&
un abri. Par extension, il est employé à propos d’un lers. et CARBONE~~. EUSE adj. datent duxo<” siè-
lieu fréquenté par un grand nombre d’étrangers cle.
(1807, M” de Staël) et d’un lieu agité. 0 voir CARBuaE.

CARAVELLE n. f,, d’abord caruelle (14381,car- CARBURE n. m. est dérivé savamment (1787)
velle (1462) puis caravelle (1495-14961, est emprunté du radical de carbone* avec le suffixe -me.
au portugais caravela -bateau léger à quatre mâts=, 6 Boiste, en 1803,enregistrait le mot sous un double
depuis 1255 =bateau de pêche*, également =bateau genre, le féminin se référant à la combinaison du
équipé pour les voyages outre-men (14471. Lui- carbone non oxygéné avec différentes bases et le
même est le diminutif de caravo emprunté au latin masculin désignant concrètement un tel composé
tardif carabus Qarque recouverte de peaux= W s.1, binaire. Le masculin s’est imposé, passant dans
issu par métaphore de carabus &ngouste* (4 ca- l’usage pour désigner spécialement le carbure de
rabe]. Philippe le Bon avait fait construire la pre- calcium utilisé dans les lampes hmpes à carbure1.
mière caravelle française par des Portugais à Sluis - ll est même passé en argot comme désignation
(ouest de la Hollande1 en 1438-1440. métaphorique de l’argent.
+La caravelle fut essentieuement le bateau des
c Carbure a produit la plupart de ses dérivés dans
grandes découvertes aux ~~%VI”S. et le mot
la première moitié du ti siècle. -CARBURÉ, ÉE
évoque encore cette époque, notamment les trois
adj. (18231 annonce la formation ultérieure de
navires de la première expédition de Colomb.
CARBURER v. (1853) dont le sens transitif de
oSon nom a été donné à un avion à réaction
=Combiner (un métal) avec du carbone*, en métal-
moyen-courrier ftxmçais en service dans les années
lurgie, tend à être supplanté par des emplois in-
1950-1970.
transitifs secondaires : le mot est employé en par-
lant d’un moteur qui effectue le mélange gazeux
CARBONE n. m. est emprunté (1787) au latin
nécessaire à son bon fonctionnement. Par exten-
cccrbo, carbonis ‘charbon de bois, produit de la
sion, il est passé dans l’usage familier (1920. sports)
combustion*, terme technique ayant donné char-
au sens d’=aller (bien, mal)> et de *fonctionner-.
bon* par voie non savante. Le rapprochement du
Carburer à hivi d’un nom de boisson alcoolisée)
gotique hauri -char%onn et du vieux slave hyrr #feu>
s’entend spécialement pour <boire habituellement
(permettant de supposer une origine indoeuro-
(cette boissonIn. -Le participe présent CARBU-
péenne) est lointain et n’explique pas le b.
RANT adj, et n. m. (18571est substantivé (18991au
$ Le mot dénomme un corps simple métalloïde très sens de -combustible utilisé dans un moteur-, d’où
répandu dans la nature à l’état combiné et qui se SUPERCARBURANT n. m. (19311, abrégé familiè-
trouve dans tous les corps vivants. Le syntagme rement (19561en super*.
carbone 14 (xx” s.1réfère spécialement à un isotope CARBURATION n.f. (1866) et CARBURA-
radioactii du carbone présent dans tous les tissus TEUR, TRICE adj, et n. (18681sont également deve-
vivants et utilisé pour la datation des matériaux a~- nus courants, ce dernier à cause de l’utilisation de
théologiques et géologiques. -Le composé papier ce dispositif dans les moteurs d’automobiles. - BI-
carbone (19141,elliptiquement carbone, est calqué CARBURE mm. (18251 appartient aujourd’hui à
SUI l’anglais carbon paper (18951pour désigner un une terminologie chimique périmée. +HYDRO-
papier chargé d’une couche de couleur et destiné à CARBURE n. m. 118291,d’abord hyàro*-carbure, dé-
obtenir des doubles. signe un composé qui contient seulement de l’hy-
. Les principaux dérivés datent de la 6n du XVIII~s. : drogène et du carbone. Le mot est devenu usuel
G. de Morveau enregistre dès 1787 CARBONÉ. ÉE avec l’importance économique prise, depuis l’avè-
adj., CARBONIQUE adj. et CARBONATE I-I. m., le- nement du moteur à essence, par la série des hy-
quel adonné CARBONATÉ, ÉE adj. (1801) et CAR- drocarbures comprenant le pétrole et les huiles
BONATER v. tr. (1845). qui a lui-même produit lourdes. -DÉCARBURER v. tr. (1839) -enlever à
CARBONATATION n. f. 11874) et CARBONATEUR (un métal) le carbure qu’il contient*, de même que
n. m. (18861. ses dérivés DÉCARBURATION n.f. (18341, DÉ-
BICARBONATE n. m. (18251 -carbonate double> CARBURANT, ANTE adj. et n. (V. 1870) et DÉCAR-
(avec bi-* sdeux fois>1 est devenu usuel du fait de BURATEUR.TRICE adj. (tis.1, relèvent d’un
l’usage pharmaceutique du bicarbonate de soude usage plus strictement technique.
CARCAJOU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CARCAJOU n. m., d’abord carcaloux. forme t Soit par l’intermédiaire d’un dérivé peu courant
unique au singulier et au pluriel (17031,puis carca- et populaire CARCASSER v. intr. (en 1894, savoir
jou (1710, au pluriel carcajous), est un mot du frzm des accès de toux violents secouant toute la car-
çais du Canada, emprunté a” dialecte des Mon- casse*), soit plutôt par une formation =parasynthé-
tagne&,, tribu des Algonquins du Nord-Est. tiquen (premier élément de composition et su&z
+ Ce nom d’une espèce de blaireau du Labrador verbal), on a formé le COmpOSé familier DÉCAR-
s’emploie régionalement (Canada) avec la valeur CASSER V. tr. (1821), surtout à la forme pronomi-
figurée de =personne rusée et féroce> d’après des nale se décarcasser dès les premières attestations,
caractéristiques de l’animal, déjà décrites au avec le sens figuré de =se démenez.
XVII~s. (Trévoux, 1771).
CARCÉRAL, ALE, AUX adj. est dérivé sa-
CARCAN n. m., réfection (1172-1174) de char- vamment (19591du radical du latin carter *prison*
canz (11~11501, représente le latin médiéval car- (-incarcérer). Le bas latin avait déjà formé carce-
canhhm Ws.1, également attesté dans le do- razis *propre à la prisons w S.I.
maine anglais aux xue et XIII~.~. et d’origine + La formation du mot comble une lacune due à
inconnue. La répartition des formes charcan/car- l’absence d’adjectif dérivé de prison. Souvent omis
chan ne permet pas d’attribuer aux unes et aux dans les dictionnaires généraux de la seconde moi-
autres une origine géographique précise; les tié du XX~s., carcéral a acquis une réelle vitalité de-
formes en cha- sont peut-être dues à une hyper- puis la discussion sur le régime pénitentiaire à l’oc-
francisation à partir des formes en ca- considérées casion des incidents survenus dans certaines
comme normandes et picardes. Un rattachement à prisons vers 1973.
l’ancien haut allemand querca =gorge, cou= et spé- l Contrastant avec la vitalité de carcéral et de in-
cialement à l’ancien norrois kverkband -menton- carcérer*, CHARTRE n. f. (v. 980, carhe), héritier du
nière, jug&ireB, de kverk ‘gorge* et bond =lien= latin carter, a été progressivement évincé par pri-
(+ bande), fait ticulté des points de vue chrono- son. Furetière, signalant la locution tenir qqn en
logique et phonétique. L’étymon arabe hal&l uar~ char-f-re privée ~l’empzisonner dans un lieu autre
neau de la chevilles, déjà éloigné phonékquement, que la prison publiques, qualifie le mot de wieux~
est peu vraisemblable du point de vue géogra- (16901.
phique. le mot n’étant pas attesté en provençal 0 voir IïwxRCÉRER.
mais dans la partie nord du domaine d’oïl.
+Le mot désigne un collier de fer servant à atta- CARDAMINE n. f. est emprunté (15451. peut-
cher un condamné au pilori puis par extension le être par l’intermédiaire de la forme latin&% car-
collier de fer porté par les forçats (18671.Une analo- damine (4081,au grec hardamin (Pr s.), nom d’une
gie de forme est à l’origine d’emplois spécialisés en plante herbacée de la famille des Crucifères dé-
bijouterie pour désigner un collier (14681, emploi signant aussi le cresson de fontaines, et dérivé de
disparu, et en élevage un collier de bois mis au cou karchmon =cresson alénoiss (+ cardamorne).
d’animaux pour les empêcher de passer à travers 4 Le mot, assez rare, conserve le sens de l’étymon.
les hales (1832). 0 Du sens de base vient un emploi
abstrait comparable à celui de joug, par exemple CARDAMOME n. f., d’abord cardemorne
dans le carcan de la di.sc@lirw (attesté h XIX~~., (v. 11701puis cardamorne (1210-12231,est emprunté
in T. L. F.). au latin cardamomum (Pline). Lui-même est repris
au grec tardif kardamômn *plante aromatique
CARCASSE n. f., relativement tardif(15561, est d’origine orientale=, composé kwec superposition
d’origine obscure. Il vient peut-être de l’ancien syllabique) de kardamon =cresson alénoisn, mot
nom masculin charcois (11881 uxsements* et par probablement emprunté, et de amônon =Plante
extension =corpsn, d’origine inconnue. Son rappro- aromatique d’origine extrême-orientales, mot lui
chement avec carquois est très hypothétique et peu aussi emprunté et qui a donné amorne*.
vraisemblable. P. Guiraud propose un rapproche- +Le mot désigne une plante du genre amome dont
ment avec le normanno-picard carquier -charger, les fruits de même nom renferment des graines au
transpotier~ (+ carcan), la carcasse étant propre- goût poivré.
ment =ce qui charrie, transporte le corps*. mais 0 voir c-m.
l’hypothèse est gratuite.
+Le mot, qui désigne d’abord les ossements, puis le CARDE n.f. est un terme originaire des dia-
corps mort d’un animal, d’un homme, est passé lectes du Nord (XIII~s.) issu d’un type latin “carda,
dans le vocabulaire alimentaire à propos de ce qui pluriel neutre collectif tiré du latin carduus =Char-
reste du corps de la volaille privé de ses cuisses et don> (+ chardon), l’objet désigné étant fait de plu-
de ses ailes (1680, carcasse de poulet). Par exten- sieurs têtes de chardon. Il pourrait aussi être le dé-
sion, il désigne familièrement une personne dé- verbal de carder*. Cette origine picarde est
charnée (16801 et en général un corps humain confirmée par la géographie des premières attes-
(16961. OTechniquement, il est employé pour dé- tations et par l’importance de l’industrie drapière
signer la charpente d’un navire (17041 et d’autres en Flandre, au moyen âge. L’hypothèse d’un em-
objets knmeuble, parapluie), seul le contexte indi- prunt au provençal carda <chardons, déverbal de
quant s’ils sont considérés comme structures préa- cardar -démêler les fibres textiles à l’aide de têtes
lables ou comme débris, ruines. de chardom, est infirmée pour des raisons géopra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CARDINAL

phiques et historiques, tout comme celIe d’un em- ce domaine au xz? siècle. En revanche, Il ne cesse
prunt à l’italien car&. de prendre une importance croissante, en relation
4 Le sens du mot a évolué avec les techniques de avec les progrès de la médecine du coeur; en mé-
peignage des fibres textiles : longtemps employé à decine, les composés les plus usuels sont CARDIO-
propos de la tête épineuse du chardon à foulon ser- LOGIE n. f. (1832; après card&.&i&?, 17621, CAR-
vant à cet usage (encore en 16011,il désigne au- DIOLOGUE n. (1920-19241, abrégé en CARDIO n.
jourd’hui une brosse garnie de pointes métalliques (19791, CARDIOPATHIE Il. f. (18581. CARDIO-
recom%ées (13661et une machine (18351.-Le sens GRAMME n. m. (1929). Il peut lui aniver d’occuper
de acôte comestible des feuilles de certaines une position médiane &&rocardiogramm n. m.
plantes comme la poirée ou l’artichaut-cardons b électriquell.
115361correspond à un homonyme apparenté, em- L’élément I%I~ -CARDE, -CARDIE n’a pas aUtz%nt
prunté au provençal cardo de même sens (pour- de vitalité et se limite également à des termes du
tant seulement attesté depuis Mistrall, issu du latin vocabulaire scientifique (en médecine et, avec le
carduus par l’intermédiaire d’une forme gallo-ro- sens de =en forme de ccew, en zoologie).
mane “carda. Par métonymie, carde est employé 0 voir PaRIcARDE;cAFlDIoToMpuE hrt. TON).
pour désigner la plante elle-même, la blette.
CARDIGAN n.m. est emprunté (19281 à un
l CARDER v. tr., d’abord karder dans le nord de la mot anglais attesté depuis 1868, tiré du nom du
France (XIII” s.1,sime <démêler les fibres textiles> comte de Cardigan (1797-18681connu pour ses ex-
d’où, par métonymie. avec changement de nom ploits au cours de la guerre de Crimée, qui semble
d’objet, enettoyer (un tissu) de ses poils trop longs cependant avoir porté ce que l’on appelle en fram
ou trop courts~. Il donne lieu à quelques emplois çais un gilet.
métaphoriques, tantôt poétiques (1783-1784, carder -La mode du cardigan, veste de laine tricotée,
les nuages) tantôt populaires 11899,carder le poil à boutonnée par devant, se répandit pour les
qqn <battre* 16 les emplois figurés de frotter, sa- femmes après la guerre.
~onwr, etc.]). oLe participe passé CARDÉ. ÉE est
adjectivé (13941 et, elliptiquement, substantivé au 0 CARDINAL, ALE, AUX adj. est em-
féminin (16801 puis au masculin (18991 en parlant prunté 112791au latin cardinalis dérivé de cardo,
d’un tissu de laine dont les fibres, démêlées gros- iti -gond*, =charnières, cpivot*, =pôle h-~ord, sudln
sièrement, ne sont pas rectilignes. -CAR- puis XpoInt cardinale et =tournant. point principab,
DEUR, EUSE n. (13371, nom d’ouvrier, sert à nom- terme technique d’étymologie inconnue. L’adjectif,
mer au féminin une machine à carder (1876): qui signifie proprement *qui sert de pivot>, est éga-
CARDERIE Il. f. 113581,ancien nom de la laine car- lement attesté au sens figuré de -autour duquel
dée, a reculé comme substantif d’action (13971 au tout tournes dans les syntagmes cardinales venti
profit de CARDAGE n. m. (1404). lent à s’imposer *vents cardinaux= ti IV”~.), cardinales numeri
avant le xwn’siècle. Carderie s’est maintenu au *nombres cardinaun (déb. m”s.1, cardinales vir-
sens local pour ‘endroit où a lieu le cardagen (18271. tutes wertus cardinales~ (3791.
CARDÈRE n.f. (17751. qui désigne une sorte de +Le sens figuré de *principal* est réalisé dans l’ex-
chardon autrefois utilisé pour le cardage, se rat- pression vertus cardinales qui désigne les quatre
tache probablement à la famille de chardon*, vertus chrétiennes considérées comme fondamen-
carde* bien que sa formation soit obscure : ce peut tales dans les rapports des hommes entre eux. Il
être une formation savante, due aux botanistes du l’est ultérieurement dans autel cardinal, attesté en
XVII~ s. à partir du latin cardus avec une finale mal 1845 comme terme d’histoire ecclésiastique. 0 Le
éclaircie; ou plutôt un emprunt au provençal car- sens géographique est Introduit dès l’ancien fran-
dayro de même sens, attesté dans la Creuse, la çais, d’abord dans le syntagme vent cardinal (12901
Dordogne, la Corrèze, et dérivé de cardar scarder- qui procède par métonymie de l’expression posté-
(xwe s.1 avec le Su&e -ayro (du latin -atorl. rieurement attestée point cardinal (16801, devenue
usuelle, pour désigner le nord, le sud, l’est et
CARDIAQUE adj. et n. est emprunté (13721au l’ouest. L’acception du mot en arithmétique. dans
latin cardiacus *malade de l’estomac> puis W-v” s.1 nombre cardinal, opposé à ordinal, est attestée de-
-relatif au cceur=, employé spécialement comme puis 1680. En dehors de ces emplois calqués sur le
nom et adjectif au sens de -malade du ccew W s.l. latin, le mot a développé une spécialisation en em-
Ce mot est emprunté au grec tardif kardiakos =re- bryologie, quaU%nt les veines du corps de l’em-
latif à l’estomac, au coeur-~, dérivé de hardia au bryon, au nombre de quatre (18651.
double sens de *CO-w et -estomac*, à rattacher à
t 0 CARDINAL, AUX n. m., d’abord chardenal
une mine indoeuropéenne “kërd (+ cœur).
(1172- 11741,forme demi-savante attestée jusqu’au
*Le mot a repris au latin les sens relatifs au c<zur. xv” s., puis cardinal (1230-12501,est emprunté au la-
Il est substantivé comme nom d’on remède pour le tin ecclésiastique catinalis, spécialisation @urée
ccmr (15901,sens vieilli, et pour désigner une per- de l’adjectif classique (+ cxdiiall, employé pour
sonne atteinte d’une maladie de CO-UT(18921. quaMer certains dignitaires ecclésiastiques, spé-
t Du grec hardia ont été tirés l’élément prétïxal halement un prêtre affecté d’une manière perma-
cardia-, cardio- ainsi que l’élément sufiïxal -carde, nente à une église détermInée W s.1ou un évêque
-cardie indiquant une relation avec le coeur -subtiicaire~ (768-7721.Caràinalis est substantivé
CARDIA-. CARDIO-. qUOiqUe assez utilisé au au sens de -prélat choisi par le pape* ti VIII~s.l.
ti s. en histoire naturelle, a perdu sa vitalité dans -Cardinal désigne en français un dignitaire ecclé-
CARDON 628 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

siastique chargé d’élire et d’assi$er le pape dans le masques qui courent les rues pendant ces trois
gouvernement des affaires de 1’Eglise. Il a donné la jours
locution descriptive à la canlinale (15341 et a reçu MI-CARÊMEn.f(1264),composédemi-**demin et
plusieurs acceptions analogiques par allusion à la de carême, désigne le vingt-troisième jour après le
couleur rouge de la robe du prélat : certaines sont mercredi des Cendres.
sorties d’usage comme la désignation imagée de la
décapitation (1534, faire cardinal) ou cette désigna- CARENCE n. f. est emprunté (v. 14501au bas la-
tion euphémique des menstrues (1580, avoir son tin carenti kxiigence, privatiom Ww” s.), de ca-
cardinall. o Celles qui se sont imposées désignent rere ae pas avoir, manquer dem. Le mot est sans
des animaux de couleur rouge km oiseau d’Amé- étymologie connue, comme d’ordinaire pour le
rique, 1694; un papillon diurne, 18091ou des plantes sens de -manquer-n dans les langues indoeuro-
km glaieul à fleurs rouges. 1832). -Le dérivé CAR- péennes.
DINALISER v. tr., d’abord écrit cardinalizer (15341, + D’abord employé avec lanuance ancienne de xbe-
a dès le xvr” s. à la fois le sens figuré de prendre soh, le mot a atlïrmé son sens moderne de
rouge>, vieilli en dehors d’emplois spéciaux et plai- -manque absolu, instisance~ kV s.1,spécialement
sants, et le sens propre de =faue cardinal> (1596). en droit (1611, carence de biens, en parlant d’une
CARDINALAT n.m. est empnI& (1506) au latin succession), puis ultérieurement en médecine (ca-
médiéval cardinalatus Ed&ité de cardinal= rence alimentaire, v. 19201, et en psychologie de
(av. 11151,de cardinalis. l’enfance au sens de -manque tiectif~. Il se réfère
CARDINALICE adj. est emprunté (18291 à l’italien en particulier à l’état d’une personne, d’une institu-
cardinalizio *relatif aux cardinaux, à l’état de cardi- tion qui se dérobe devant ses obligations (19101.
IX& (av. 16061,de cardinale, correspondant au frsn
~CAREN~ER v.tr. (1920-1924, sous la forme du
çais cardinal* avec le suffixe -izio
p.p. dans le syntagme régime carencél et CAREN-
0 voir c-m.
TIEL. IELLE adj. (19551 s’emploient surtout dans
CARDON n. m. est la forme picarde de char- leur acception médicale.
don*, employée en ancien français comme nom de
la tête de chardon utilisée pour carder la laine. CARÈNE n. f., d’abord carenne (12461, est em-
Avec son sens moderne, le mot a été emprunté prunté, par le biais du latin médiéval carena, à l’an-
(15071à l’ancien provençal cardoW, attesté dans la cien génois carena =Partie immergée de la coque
seconde moitié du entes.. lui-même issu du latin d’un bateau lorsqu’il est char-g&. Ce mot repré-
cardo C+ chardon). sente le latin carina, proprement =demi-coquille de
+Le mot désigne une plante potagère du même noix>, spécialisé par analogie de forme au sens de
genre que l’artichaut. =Coque de bateaun, ceci dès les premières attesta-
0 “Oir CARDE. tions, d’où par métonymie waisseaw. Le mot latin.
sans étymologie sûre, rappelle le grec karuon
CARÊME II.~., d’abord quaresme (11191, est -noix= (+caryo-1 et le sanskrit karak& -noix de
issu du latin populaire “quareskna, altération du la- cocos qui suggèrent l’idée première de la coque. Le
tin classique quadragesima ~quarantième~ français a aussi emprunté directement au latin le
l+quatre) dans sa spécialisation chrétienne de type carine (déb. XI? s.), vivant jusqu’au XVII~s. et re-
-quarantième jour (avant Pâques)=, par ellipse pour pris très momentanément en botanique (17531.Le
qwdragesima dies, d’après le grec ecclésiastique type carene (1552) est pris à l’italien carena (xv” s.1,
tessarakostêhêmera). mot génois.
4 Le mot, dont le genre est resté indécis jusqu’au $ Le mot, d’abord employé de manière isolée pour
xvf s., désigne la période de 46 jours de jeûne et <quille d’un navlren, désigne plus généralement la
d’abstinence entre mardi gras et Pâques. Par ex- coque Immergée. Une extension métonymique lui
tension, ll est employé en AiXque du Nord pour dé- a valu en poésie le sens de =navireB. Il a été tram-
signer le ramadan, son correspondant dans la reli- posé en aéronautique à propos de l’enveloppe d’un
pion musulmane. Par métonymie, ll désigne le ballon dirigeable ( 19041.-Par analogie de forme, il
jeûne (15411,l’ensemble des sermons (av. 16221faits désigne en botanique la pièce formée par les deux
pendant cette période. Il entre dans plusieurs ex- pétales inférieurs des fleurs de papilionacées (17531
pressions familières, ironiques comme amoureux et en zoologie le bréchet des oiseaux. 011 a été
de carême (15351,saint de carême (fin XVI~s.), face transposé en aéronautique à propos de l’enveloppe
de carême (1668) sface amaigries, tomber comme d’un ballon dirigeable (19041.
mars en carême -arriver inévitablementn (XIV s.1et t CARÉNER v. tr. (1643) signifie d’abord <nettoyer
inversement arriver comme marée en carême ai-- la carène de km navirels; par analogie, il a reçu
river fort à proposn (17621. l’acception technique de -donner un profil aéro-
.~~~Ê~~-~~~~~~~n.rn.,d'aborddans lesyn- dynamique à (une carrosserie)= (>ops.l. 0 En est dé-
tagme feste cm-en-pementCh xues.), est composé rivé le substantif d’action CAR~NAGE n.m.,
de carême et du participe présent de prendre*, pre- d’abord écrit cranage (16401, qui, par métonymie,
nant, au sens de -qui s’engage dan?+. Le mot dé- désigne le lieu où l’on carène les bâtiments (16781.
signe strictement les trois jours de réjouissances Par analogie, le mot s’emploie à propos de la car-
précédant le début du carême. Familièrement, il rosser-le aérodynamique d’une automobile (xx’ s.l.
désigne une personne grotesquement accoutrée oLe participe passé CARtiNfi. ÉE est adjediVé
(1670. Le Bourgeois gentilhomme1 par allusion aux avec les sens du verbe.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 629 CARI
CARESSE n. f., d’abord charesse (15341 puis ca- con cargueson (151131, dérivé de l’ancien provençal
resse [1545), est emprunté à l’italien carezza, dérivé cargar -charger (un navire)* (11771, de même ori-
de cwo, cara schep (+ cher). gine que charger*.
+L’histoire du mot en français est celle d’une spé- + Ce terme de marine est employé familièrement
cialisation de sens : aux XVI~ et xwe s., il recouvre au sens de =grande quantité>, comme collection,
l’idée d’une démonstration d’affection. de re- provision.
connaissance dans diverses circonstances de la vie, 0 voir CARM.
aussi bien par les gestes que par la parole. Il dé-
signe aussi des flatteries verbales (16161. De nos CARGO n. m. est issu par abréviation (19071 de
jours, ll évoque essentiellement la sensualité éro- cargo-bout (18871, emprunté tel quel à l’anglais
tique (16061 -l’idée d’une caresse amicale est a~- cargo-boat ‘navire de charges (1859). Le premier
chaïque- parfois avec des connotations nette- élément est cargo *charge, frets (16571, emprunté à
ment sexuelles, en outre limitée aux l’espagnol cargo, déverbal de cagar achargern
attouchements de la main, alors qu’il incluait an- b cargaison, charger). Le second est boat (+ ba-
ciennement les baisers. teau).
+CARESSER v. tr., attesté un Siècle avant le nom + Le mot, nom d’un naWe de commerce servant an
(14501. est emprunté à l’italien carezzare schéti, transport des marchandises, a servi à former
dérivé de carezza. 0 Le verbe a évolué, à partir du AVION-CARGO n. m. (1948).
XVI~ s., comme le nom; sa valeur première est voi-
sine de cajoler, avec parfois une nuance péjorative CARGUER v. tr., apparu tardivement (16111,
pour =flatter, cowtllern (1538). -Sans valeur tiec- est emprunté par l’intermédiaire d’une langue mé-
tive, ils sont employés avec une idée d’seffleure- diterranéenne an latin tardif conicare (- charger).
ment, (se caresser la barbe) notamment an figuré L’ancien provençal cargar ne semble pas attesté
(1671, pour le nom; 1777, pour le verbe). Le vetie dans ce sens; l’espagnol cargar -serrer les voiles>
s’emploie également avec un complément de sens n’a pas été repéré avant 1732, mais on le trouve de-
psychologique (17361 an sens d’sentretenir complai- puis le XVI~ s. au sens de *enfler les voiles (en par-
samment= Icaresser un projetl. En emploi concret, il lant du ventlm; le catalan carregar de veles *dé-
a pris, comme caresse, une valeur érotique. ployer toutes les voiles (d’un bateau)>, attesté
Du ver%e sont dérivés CARESSANT.ANTE adj. depuis 1450-1490, conviendrait mieux. oLes em-
(16421, spécialisé avec la valeur psychologique de plois de carguer -attaquer en chargeant2 et cargue
=tendre, affectueux, avec des manifestations phy- <charge militaire> dans le français du xwe s. sont
siquesn, et CARESSEUR, EUSE adj. et n. (15661, des emprunts à l’italien du Nord cargare et carga.
passé du sens de *qui aime bien qqn et témoigne de + Le mot, d’abord employé au sens de %Pencher sur
son affection>. devenu archtique, à *qui a l’habi- le côtés en parlant d’un bateau, a pris sous l’in-
tude de caressep, (1857). fluence de son dérivé cargue le sens de #replier et
amarrer (les voiles) contre les vergues ou le mâts
CARET n. m. est emprunté directement (1640) à (16901.
une langue indienne caraibe; l’espagnol, qui n’a w Dès le xwe s., carguer a produit CARGUE n. f.
pas seM dïntermédiaire pour le français caret, est (16341, ccordage servant à carguer les voile+, et
à l’origine de la forme carlr1ey réempruntée a” CARGUEUR n. m. qui a perdu son sens ClaSSiqUe
xvn?siècle. Le français et l’espagnol carey ne de -poulie pour amener et guinder le perroquetn
peuvent être empruntés an malais, comme on l’a (16781 et a été reformé au sens de *matelot chargé
cru, en raison de la localisation géographique des de carguer les voiles>.
premières attestations : c’est au contraire le mot 0 “or CARGAISON. CARGO.
caraibe qui aurait été apporté aux Philippines par
les Espagnols. CARI, CARRY, CURRY n. m., sous la pre-
+Le mot désigne une tortue des mers du Sud re- mière forme attestée caril (16021 dans la traduction
cherchée pour ses œu& au goût délicat et fownls- d’une adaptation latine d’un texte portugais (15631,
sant une belle écaille. est emprunté par le portugais au kanara @ngoe
dravidienne du sud de l’Inde1 baril, forme très voi-
CAREX n. m. est écrit une fois caret lors d’une sine du tamonl kari -sauce, condiment pour essai-
tentative isolée de francisation du latin (17781, puis sonner le riz,. Au xv? s. le français doit les formes
careiche (18031 avec une hale inexpliquée, peut- camX (16101 et cary (1688) à la traduction de rela-
être sous l’tiuence de son synonyme populaire tions de voyages néerlandaises. Il les conserve avec
laicfw et entïn carex (1805, traduction de Linné). un certain flottement graphique (cadi, 1708; carry).
oLe mot est emprunté an latin caret &îche, La forme curry, qui l’emporte an ti s. et élimine les
herbe des maraism. peut-être en rapport avec car- variantes anciennes, est empruntée à l’anglais
duw (+ carde, chardon). curry de même origine, qui succède à carrieZ (15981
+ Le mot désigne une plante de la famille des Cypé- puis carree (16811, currey (17471, currypmvcler (1810).
racées qui cmît dans les sols marécageux et sa- +Le mot, d’abord cité dans les ouvrages scienti-
blonneux. fiques de botanique et de droguerie, puis de géo-
graphie, désigne un condiment indien fait de pi-
CARGAISON n. f., d’abord carquaison (1554) ment, safran, poivre et autres épices pulvérisées.
puis cargaison (16111, est emprunté à l’ancien gaz- Par métonymie, ll désigne le mets composé de
CARIATIDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

viande (ou poisson, légume) préparé avec ce vins et fruits vieux, état ruineux. Caries est pro-
condiment, qu’hi soit ou non accompagné de riz. Le bablement l’élargissement d’une racine de sens
mot désigne alors des préparations différentes, se- voisin qui apparaît dans plusieurs langues indoeu-
lon qu’il s’agit de cuisine indznne ou de cuisine ex- ropéennes, par exemple dans le grec keraizein
trême-ox&ntaIe (Chine, Corée, Japon). erLllnePK
+Le mot désigne une lésion des tissus osseux et.
CARIATIDE n. f., d’abord caryatti (1546, avec
plus couramment, du tissu dentaire. Par extension
majuscule) puis cariatide (15501, est emprunté,
ou réempnmt à un sens du mot latin, il est employé
peut-être par l’intermédiaire de l’italien cariatide
en botanique à propos de maladies des arbres ou
lxvf s.), au latin impérial caryatides, féminin pluriel
proprement des plantes (16111.
emprunté au grec kamdides,
*femmes de Kames~ [bourg du Péloponnèsel. t CARIER Y. tr., précédé par la forme de participe
D’après Vitrwe, les femmes de cette wlle, emme- passé CARIÉ, IÉE (camé, av. 15441, est attesté
nées comme captives après la destruction de Ka- avant 1590 et signifie =atteindre par la caries. L’em-
ryes (qui avait soutenu les Perses durant les ploi le plus usuel concerne les dents. -CA-
guerres médiquesl, servirent de modèles aux sta- RIEUX.IEUSE adj. (1546) se rapporte spéciale-
tues; toutefois, pour des raisons archéologiques et ment à la carie dentaire, de même que les quelques
historiques, il semble plutôt que ce terme désigne termes formés savamment avec l’élément pré-
des jeunes filles qui célébraient le culte d’Artémis fixant CARIO- au xxes. : CARIOGÈNE adj., CA-
Karuati.y ainsi nommée en raison du temple où on RIOGENÈSE Il. f.
l’honorait à Karyes. 0 voir CARROUSEL.
+Le mot désigne une statue de femme, plus rare-
ment d’homme, tenant lieu de colonne ou de pi- CARILLON n. m., res&ation (13451 écrite
lastre. Par référence à l’immobilité de la statue, il qmrrdlon au mes. (av. 12401de carenon (11781 et
se dit quelquefols au figuré d’une femme postée à quaregnon (11901,est issu d’un latin populaire “9ua-
l’entrée d’un lieu (souvent avec une valeur péjora- drinionem, altération - d’après des mots commen-
tive). çant par quadti- - du bas latin quaterni attesté
dans la Vulgate pour désigner un groupe de quatre
CARIBOU n. m. est emprunté (16091 à un mot soldats et, au V”S., un cahier de quatre feuillets
de l’algonquin du Nord dont l’origine est le micmac C- cahierl, ainsi que d’autres ensembles en forme
(autre langue lndiermel kc%u, xalibti =Terme du de carré ou formés de quatre objets.
Canada~~.L’Académie a supprimé en 1878 la forme +Le mot, d’abord dans sonner a carenon =Sonner
cariborwc admise jusque-là altematwement (de quatre cloches)=, désigne pro-
4 Le mot désigne un renne du Canada dont la chair prement un ensemble de quatre cloches, accor-
est comestible et, par métonymie. une mousse dont dées à différents tons. et par métonymie la sonne-
cet animal est très friand. rie vive et gaie de ces cloches (13451;par extension,
il s’applique à d’autres genres de sonnerie, notam-
CARICATURE n. f. est emprunté (17401à l’ita- ment une sonnette à plusieurs tons. Par analogie, le
lien caricatura, dérivé du participe passé de ca& carillon d’une horloge (1752) désigne le système de
tare schargen (+ charger) au propre et au figuré, sonnerie. OCette spécialisation fort ancienne a
littéralement -action de charger>, depuis le XVII~s. évincé l’emploi du mot, en ancien français, pour
=portrait ridicule en raison de l’exagération des désigner un parchemin plié en quatre ( 11901.Tou-
trait?P.
tefois, le sens étymologique de *carr& subsiste
+Le mot, d’abord employé en parlant d’une repré- dans l’expression technique fer de carillon (16761,
sentatlon grotesque par le dessin ou la peinture, <tige de fer carrées, encore attestée dans certains
s’étend aux images déformées, outrées, de la réa- dictionnaires.
lité dans la httérature (av. 1784, Diderot) et géné-
b CARILLONNER v. (XV” s.), -sonner en CarillOD, a
ralement à la déformation outrée d’une chose.
0 Par métonyrme, il est employé en parlant d’une pris par extension le sens de =Sonner, tinter= (1648,
dans un emploi transitif). Il a reçu l’acception figw
personne laide et ridiculement accoutrée (1808).
rée de Kproclsmer bruyamment une nouvelle*
l La première moitié du xrxe s., qui a vu apparaître
(1648). 0 Le participe passé est usuel dans fête ca-
CARICATURER v. tr. (1801). CARICATURISTE n. rillonnée <grande fête catholique=.
(18031, CARICATURAL. ALE. AUX adj. (18421,d’où Ce verbe a pour dérivés CARILLONNEUR n. m.
CARICATURALEMENT a&. (1845), est aussi l’épo- =Sonneur* (16011, surtout connu par une chanson
que où la caricature politique s’est épanouie sous populaire,CARILLONNANT, ANTE adj. (1653) et
les plumes de Daumier, de Gavarni etc. Au xxe s., à CARILLONNEMENT n. m. (1890). rare.
l’idée initiale de charge, de portrait-charge, se
substitue celle de dessin d’humour, le mot carica-
b-e devenant moins courant. Cwicatural a pris
CARITATIF + CHARITÉ
des valeurs figurées assez usuelles, =qui déforme,
rend ridicule*. CARLIN n. m., attesté en 1800, passe pour venir
de Carlin, surnom français de l’acteur italien Carlo
CARIE n. f. est emprunté (15371 au latin caries Bestlnazzi (1713.1783) qui connut une grande vogue
*pourrituren d’abord en parlant du bois des arbres à Paris dans le rôle d’Arlequin L’acception nou-
puis de toute espèce de vétusté, mauvais goût de velle viendrait d’une comparaison plaisante entre
DE LA LANGUE FRANÇAISE 631 CARMINATIF
le museau de ce petit dogue et le masque noird’Ar- signait par métonymie (17931 un républicain
lequin porté par cet acteur. tiché, un sans-culotte ou une républicaine.
+Le mot désigne un petit chien d’agrément res-
semblant à un dogue, au museau noir et écrasé. CARME n. m. est le dérivé régressifkw. 13071 de
Par allusion au museau caractéristique de l’animal, camwl. Ce mot, désignant un des quatre ordres
ll a donné quelques emplois comparatifs 0~. de mendiants voué à la solitude et à l’apostolat
carlin) et figurés, sortis d’usage dans la seconde - rendu célèbre par Thérèse d’Avila avant 1582 -,
partie du xc? siècle. o Un féminin carline était em- doit son nom (1156, Notre-Dame du Mont-Carmel)
ployé au >w’ s. en argot comme surnom de la mort, au nom d’un mont d’Israël dont il est question dans
avec le même développement sémantique que ca- la Bible à propos du prophète Elie et où fut fondé
marde, camuse. au XI? s. le monastère qui porte son nom.
+Le mot seul et, spécialement, dans carmes dé-
CARLINGUE n.f., d’abord calengue (13821 chaussés (16801, désigne un religieux appartenant à
puis carlingue (15731, est emprunté à l’ancien *or- l’ordre du Carmel. -Par allusion à la blancheur de
dique kerling <femme> qui a pris par métaphore la robe de ces religieux, il est devenu en argot le
sexuelle le sens technique kpièce femelle*1 de nom de la miche de pain blanc (16281. Par analogie
-contrequille d’un navire où vient s’implanter le avec la forme ronde de la miche ou par le même
mâtn (en islandais, kerling est un terme de marine développement que blanc <argent=, il a pris, tou-
et, en suédois dialectal, kdrring signifie cchevalet jours en argot, le sens de <argent, monnaies (18411.
où l’on plante une torche de résine& Kerling, qui a archaïque, alors que le dérivé CARMER v. spayen
souvent la valeur péjorative de *vieille femmes. est (18671 est encore connu.
le féminin de karl *homme, mâle>. Celui-ci corres- t CARMÉLITE adj. et n. (1317-13181 est lui aussi dé-
pond à l’ancien haut allemand choral, karl, d’on- rivé de Carmel avec le s&e -ite. Au xv?%
gine germanique. qui subsiste dans le prénomKarl. saint François de Sales et d’Aubigné ont employé la
Celui-ci, latinisé en Carolus, a donné Charles. variante caneline, à rapprocher du latin médiéval
t Le mot, repris comme terme de marine, désigne camlini drères du Carmelm (13401 qui, selon
aussi par extension une pièce de charpente parti- Du Gange, était employé pour Cwmelitae. Cadi-
lèle à la quille et renforçant la carène. Le vocabu- Zite s’est répandu à partir du xwle s. pour désigner
laire de l’aéronautique l’a repris à propos de la par- une religieuse appartenant à l’ordre du Carmel.
tie du fuselage où prend place le pilote (19281, seul CARMÉLITAIN. AINE adj. est (16101 dérivé de car-
sens usuel aujourd’hui. 0 Un café de Paris, nommé mel, avec le s&e -ain élargi en -itain sous l’in-
la Carlingue, ayant sous l’occupation allemande la fluence de carmélite, ou emprunté au latin tardif
fréquentation de membres de la Gestapo, Car- carmelitanus (15071. -D’abord usité pour =cwme*
lingue a désigné en argot cette organisation poli- en emploi substantivé. il est repris à partir de 1910
cière nazie. comme adjectif
c Carlingue a donné CARLINGAGE n. m. (18921, au
sens collectif de #ensemble des pièces constituant CARMIN n. et adj. inv., d’abord charmin e
les CmlingueS métdiqueS~, et CARLINGUIER Cv. 1165) avant carmin, est d’origine incertaine,
n. m. (19421, nom d’ouvrier chargé de monter les peut-être du croisement de l’arabe qiniz *coche-
carlingues d’avion. nille et du latin minium *vermillon= (+miniuml,
bien qu’un latin médiéval “carminium ne soit pas
CARMAGNOLE n. f., d’abord attesté dans le attesté; on a au contraire carmin (v. 11001. Aussi a-
Dauphiné (16601 sous la forme carmagniôla cja- t-on proposé d’y voir le dérivé en -in de l’ancien
quette de cérémonie des paysans= et en Savoie %mne, emprunté à l’espagnol cannez Ws.1, lui-
pour une veste portée par les ouvriers piémontais même pris, via l’hispano-arabe g&mzz, à l’arabe
kvtre s.1, est une formation dialectale à partir du qirmiz.
nom de la ville italienne de Carmagnola, en Tos- +Le mot désigne une matière colorante rouge ttie
cane. à l’origine de la cochenille. Par métonymie, il s’ap-
* Cette veste étroite à revers et à plusieurs rangées plique à la couleur rouge de cette matière et s’em-
de boutons fut introduite en France avec le mot ploie couramment comme adjectif de couleur
(17911 par un jacobin et adoptée par les ï-évolution- (17791.
nalres. Le sens de =ronde chantée par les révolu- t CARMINÉ, ÉE adj. (17841 -de la couleur du car-
tionnaires* kmmédiatement évoqué par la chanson mins se rencontre dans la description littéraire.
Dam-on.~ la carmagnole) en serait une extension; CARMINER v. tr. (18381 =COnvertir en Carrninm. d’où
l’expression faire danser la carmagnole, ayant le -peindre avec du carmin=, est technique.
sens de &fliger une corrections, a pris par euphé-
misme celui de +willotiners. Ce passage de CARMINATIF, IVE adj. est emprunté (xv” s.1
#danses à <correction> est normal (6. une danse, au au latin médiéval carrnimtivus, employé pour qua-
figuré). L’hypothèse de P. Guiraud. qui rattache le lifier une plante propre à favoriser l’expulsion des
mot à un provençal carmena, charmena =Carder* gaz intestinaux (1256-12601. Lui-même est dérivé du
d’où =se crêper le chignon, châtiep, cette ronde latin classique carminare <carder de la laine> qui,
étant justement destinée à =étrlller les tisto- en latin médiéval, avait pris le sens de -disperser
cratess, semble donc inutile. o Le mot, pris au mas- en grattant= et de là, dans le domaine médical, ‘pu-
culin (d’abord écrit canagnall et au féminin, dé- rifier en éliminant~. Caninare, dérivé de c-n
CARNAGE 632 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

az-de=, est passé en fiançais dans charmer* (car- celle d’un emprunt au latin médiéval camatio qui a
mn donnant parallèlement cham*l avec on dé- seulement le sens médical, sobésités.
veloppement sémantique très particulier, le sens + Le mot semble avoir été d’abord employé comme
technique du latin étant assumé par carder, carde. terme de peinture et de blason (1690). Il semble
+Carmimtit: terme de pharmacie, qualifx me s’être répandu ultérieurement, restant toutefois
plante, un remède propre à faire expulser les gaz d’un usage soutenu, pour désigner la couleur na-
intestinaux; il est substantivé au masculin comme turelle de la peau (dans la race blanche), notam
dénomination d’un tel remède (1792). ment lorsqu’elle est rosée et saine.

CARNAGE n. m. serait la forme normamo-pi- CARNAVAL nm., d’abord cwneva~ (15491


carde (1220-12261de charnage (apr. 11501,lui-même puis carnaval, est emprunté à l’italien cameva
dérivé, avec le suf&xe -age, de l’ancien français km” s.) qui est une altération -peut-être favorisée
cham, forme archaïque de chair*. par le latin natale aNo& - du latin médiéval car-
nekvare (965, dans le Latiuml bien attesté en Italie
+ Le mot s’employait en ancien français comme sy- du Nord au me siècle. Ce mot est composé de came
nonyme de chair, tant dans la locution religieuse wiande* (+ chair) et de levare (+ leverl soit au sens
prendre carnage &ncamer, en parlant du Christ* d’&er- kf le type italien concurrent came lamre
(apr. 11501 qu’au sens de *chair que mangent les et pour le sens l’anglais breakfast *petit déjemer~,
animaux= (15461, lequel s’est maintenu jusqu’au
=qui rompt le @rm+l, soit par altération plaisante
XVII~ siècle. -Le sens spécialisé par métonymie de des formules jejunium levure %Soutenir un jeûnes
-période de l’année pendant laquelle on a le droit ou jejunium levure de came <s’abstenir de viandes.
de manger de la viandes (1220-1226) en a fait un an- Une attestation de 1268 chez Godefroy Cquani-
tonyme de carême avant que ce sens ne soit ré- valle est très douteuse; le mot ne semble se ré-
servé à son doublet charnage, attesté en même pandre hors de l’Italie que peu avant le xwe s. (es-
temps. Ces emplois ont disparu en moyen français. pagnol ccmmcc~ 1495; camivalia 1544 aux
+Cette répartition sémantique tient probablement Pays-Bas)
à l’émergence et au développement pour carnage
du sens moderne de massacre, tuerien (v. 12501, + Le sens premier du mot a donc pu être ventrée en
d’abord assumé par chamaige puis réservé à car- carêmes (6. carême-prenants, puis cw~ille de l’en-
nage (1564). Ce sens peut être dû à l’influence du trée en carêmes, caractérisée par des ripailles, li-
provençal camatge (XIII” s.1et non à l’italien camag- cences et divertissements (comme pour le mardi
gio qui prend cette valeur plus tard kvm”-xx” s.l. grasl. L’accent étant mis sur ces réjouissances fi-
Par extemon, carnage a le sens familier de <des- tuelles, il a reçu par métonymie le sens de cfête
truction, ravages. donnée lors de cette périodes (1549). o Par allusion
à la figure symbolique et grotesque promenée dans
CARNASSIER, IÈRE adi. et n., d’abord car- les rues à cette occasion, il s’est employé ironique-
nacier (15011,est emprunté au provençal camacier, ment à propos d’une personne à l’accoutrement ri-
carnassier ~bowreaw (déb. XIV”s., sens répandu dicule.
dans les dialectes franco-provençaux), lui-même . CARNAVALESQUE adj. (1845, Gautier) est em-
de l’ancien provençal mm (+ chair). prunté à l’italien cammaksco, cmnevccksco
4 Le mot qualifie celui qux se nourrit de chair, en kw” s.1,dérivé de camevalo. Le mot, qui signiJ?e =du
particulier certains animaux (1578, tigre carnactir). camaval~, est employé spécialement en ethnologie
Employé dès les premiers textes dans une accep- et, depuis la diffusion des écrits du critique litté-
tion métaphorique, il a très vite acquis la valeur fi- raire M. Bakbtlne, en sémiologie pour caractériser
gurée de *cruel, féroces (1583). très littéraire. 0 Il les récits et styles d’opposition &alogiquem dam le
est substantivé en zoologie (1805, au pluriel où il dé- rire satmque.
signe la classe des animaux se nourrissant de chair CARNE n. f. est emprunté (1835) au normand de
crue l+ carnivorell, cependant que l’adjectif qual- même sens came, qui est soit le collectifde l’ancien
fie, spécialement dans la description de l’anatomie normand mm =viande=, correspondant à l’ancien
animale, la molaire qui prédomine sur les autres II-ançais char(n) (- chair), soit une forme apocopée
chez ces animaux (1844, dent camsièrel, quelque- (tronquée de sa dernière syllabe), récente et argo-
fois en emploi substantivé. tique, de carnage*: à preuve l’attestation de cm-
t CARNASSIÈRE n. f., d’abord carmcière (1743) nage en lorrain au sens de mauvaise viande=
puis carnassière (17521,est emprunté au provençal ( 1807).
camassiero =gibecière du chasseur-, attesté dès +La vaste extension géographique de came au
1642 sous la forme carnassière en franco-provençal m? s. s’explique par sa diffusion à partir de l’argot
dans le canton de Fribourg, et dérivé de mm parisien. Par extension, le mot désigne populaire-
(- chair). 0 Le mot désigne le site où le chasseur ment la chair humaine (1873). C’est l’une des dé-
place le gibier tué. signations péloratives d’une femme de mauvaise
vie (1842) (- charogne1 et d’un cheval de mauvaise
CARNATION n. f. est l’adaptation kV s.) de ah-e (1867).
l’italien camagime, dérivé par suflïxation -agione
(du latin atione) de came* wiandem (-chairI, w- CARNÉ, ÉE adj. est dérivé savamment (1669)
pect, couleur de la peaun (me s.1spécialisé en pein- du radical cam- du latin caro, tamis =Chair=
turc au XVI~siècle. Cette hypothèse est préférable à (- chair).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 633 CAROUBE

+Le mot semble avoir été créé à deux reprises, (+ staphylo-l- peut-être apparenté à kara =têten
avec chaque fois un sens différent : en emploi litté- (- chère).
raire (notamment en parlant des fleurs) avec le t L’expansion sémantique du mot est tardive et li-
sens de =qm tire sur la couleur de la chair- (1669) et mitée à quelques emplois figurés et analogiques.
didactiquement (1889) avec celui de *qui consiste Utilisé essentiellement pour désigner la racine
en viandes- comme dans régime camé. comestible et non la plante entière, carotte entre
dans la phraséologie avec l’ancienne locution ne
CARNET + CAHIER vivre que de carottes (1694) mesquinement*, puis
les carottes sont cuites cc’& fini>, que l’on trouvait
CARNIVORE adj. et n. est emprunté (1556) au antérieurement sous la forme avoir ses carottes
latin camivorus *qui se nourrit de chairs, composé cuites 11878) <<être mourant*. L’expression la Carotte
du radical cam-, de caro IPlinel schairn (+ chair), et et le bâton (d’où politique de la carotte) est récente
du radical de wrare Kdévorers (+ dévorer, vorace). (1966) et viendrait de l’anglais. -Par analogie avec
la forme de la racine, on désigne par carotte un
+ Le mot est attesté une fois au XVI~ s. dans le syn-
rouleau de feuilles de tabac (carotte de tabac, 1723)
tagme bestes canivores; il est repris en 1751 dans
d’où l’enseigne rouge des bureaux de tabac fiz~
l’Encyclopédie comme terme de zoologie, à la fois çais. Toujours par analogie de forme dans le voca-
comme adjectif et comme substantif. qualifiant et
bulaire technique, carotte désigne un échantillon
désignant un ordre de mammifères. 11 s’est appli-
cylindrique tiré du sol (1890). oPar allusion à la
qué également à certains poissons et insectes, dans
teinte orangée de la racine, il fournit on adjectif de
une terminologie aujourd’hui sortie d’usage (1814).
couleur (18461 notamment pour qualit% des che-
mais par analogie est employé en botanique
veux (18581, seul ou dans poil de carotte, expression
Cv. 1838) dans plantes carnivores. Avec me valeur
diffusée par le livre de Jules Renard Poil de carotte
humoristique, il caractéke un homme au régime
(1894). Par allusion à la prudente lenteur avec la-
fortement carné (1851) et, au figuré (très littéraire),
quelle on tire les longues carottes du sol, tirerla ca-
dont le comportement est cruel.
rotte à qqn signik, dans l’argot de la police (17841,
=tirer les vers du nez=. Tirer une carotte (18311 a
CARONCULE n. f. est emprunté (v. 1560) au plus particulièrement le sens de +xtirer un peu
latin caruncula (Cicéron1 *petit morceau de chairs, d’argentm et, dans l’argot des casernes, -simuler
déjà employé par Varron mais dans on sens mal pour obtenir une exemption de service>. De là
éclairci, diminutif de caro, tamis (+ chair). l’emploi de carotte à propos d’un avantage accordé
+ Ce terme d’anatomie désigne une petite excrois- pour obtenir la con&nce d’une catégorie de subor-
sance de chair non pathologique. Au XIY s., il a été donnés (1966).
repris à propos de l’excroissance de chair sur le l Les principaux dérivés utilisent les valeurs fi@-
front et à la gorge de certains oiseaux (1805, Cuvier) rées. CAROTTER v. s’emploie d’abord (1732) au jeu
et en botanique à propos de l’excroissance de cer- pour cjouer petit, mesquinement>, sens repris en
taines graines (18081. terme de Bourse pour Njouer peu> (1835, Balzac) et
r CARONCULÉ. ÉE adj., employé par Cuvier qui semble provenir d’expressions comme ne vivre
comme substantif (1805). qualitïe un animal, une que de carottes k-dessus). Le verbe a disparu dans
gmhe pourvu de caroncules. Il est concurrencé ces emplois; il s’est mieux maintenu à l’intransitif
par CARONCULEUX. EUSE adj. (1824) en SJIatO- pour =escroquer (qqnln (v. 1840) et <escroquer (de
mie humaine et animale. l’argent) à qqw (1842). Dans l’argot des casernes, il
avait pris le sens de tirer une carotte. -De là CA-
ROTTIER, IÈRE n. et adj. (17181 et CAROT-
CAROTIDE n. f. et adj. est emprunté (1541) au TEUR, EUSE n. (1752) et parfois adjectif.
grec karôtides (pluriell *les artères de l’aorte*
CAROTÈNE n. f., réfection (1924) de carotine
WS.). Ce mot est dérivé, d’après la croyance que
(1846). désigne le pigment orangé abondant dans la
ces artères causaient l’apoplexie, de haroun *en-
racine de la carotte. Il a seM à former CAROTÉ-
dormir, engourdir, faire perdre connaissance*, le
NOïDE n. m. (v. 1950).
sujet désignant l’action du vin, une odeur... Ce
verbe, proprement savoir la tête lourde*, est dérivé
du nom de la tête haro (+ chère, charivari). CAROUBE n. f., d’abord quaroble Cv.11951, ca-
rouble k+ s.) puis caroube (1512). est emprunté au
+Le mot, dans artère carotide (1541) et en emploi latin médiéval “carubia (attesté sous la forme ka-
substantivé (1611). désigne chacune des branches rabe avant le xr’s.). Lui-même est emprunté à
de l’aorte qui portent le sang aux différentes par- l’arabe &xrtZba =fruit comestible d’une espèce
ties de la tête. d’arbre méditerranéens. L’identification avec car-
. CAROTIDIEN, IENNE adj. (1805, Cuvier) décrit roige (v. 1150) - rapproché de la forme carrouge en
ce qui est relatif aux carotides. 1539 -est contestée par l’éditeur Régnier qui y voit
un représentant du latin quadrutium au sens de
CAROTTE n. f., d’abord garroite (13931, puis ca- =réunion d’amis, conversation*.
rote (1538) et carotte (1564). est emprunté au latin (Le mot désigne la gousse longue et épaisse à
carota, lui-même emprunt tardif et populaire au pulpe comestible du caroubier, utilisée pour rem-
grec karôton, l’un des deux noms de la carotte placer le cacaa dans certaines recettes diététiques
-avec staphulinos, dérivé de staphuk? ~LMIM et comme stabilisant dans la préparation des
CARPACCIO 634 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

glaces. La variante carouge s’est maintenue à côté d’anatomie désignant la partie du squelette de la
de cwoube comme nom de l’arbre (1606) et, par main comprise entre le poignet et les doigts,
métonymie, de son bois (1845). composé de dta-* et de karpos. Le mot a gardé le
w CAROUBIER n. m., d’abord carroubier (15531,est sens du grec, enrichissant la terminologie anato-
le nom de l’arbre; par métonymie, il désigne une mique de MÉTACARPIEN.IENNE adj., d'abord
couleur rouge sombre rappelant celle de ce bois. enregistré par le dictionnaire de Trévoux (1752)
comme substantif masculin pour emuscle entre le
CARPACCIO n. m. est un emprunt culinaire gros ligament transversal du carpe et la face in-
récent (v. 1980)à l’italien carpaccio -plat de fmes la- terne du quatrième os du métacarpe*, puis em-
melles de boeuf cru assaisonnées d’huile d’olive, de ployé adjectivement (1611) pour chacun des cinq os
poivre et d’un 6let de citrons. Celui-ci est la lexical- du métacarpe. -L’élément MÉTACARPO;
sation du nom du peintre vénitien Carpaccio combiné à phaktngien*, a servi à former MÉTA-
Cv.1455.1525/6), célèbre pour son coloris kouge CARPO-PHALANGIEN. IENNE dj. (18671 pour
Carpaccid, par une comparaison entre les la- =qui unit le métacarpe et les phalanges>.
melles de viande crue et les draperies rouges du -CARPE, 0 CARPO- élément formateur, est
peintre. empnmk+ au grec karpos &uib dit des kuits de la
+Le mot s’est répandu dans les années 1980, au terre, céréales, récoltes, mais également de raisins,
menu des restaurants italiens (de cuisine véni- olives, et employé au sens figuré de =Profit, avan-
tienne) et des restaurants soucieux de nouvelle cu- tages. Ce mot est à rapprocher du latin carpere
sine (d’où cafpaccio de thon, etc.). wxeillirs (+ charpie), ainsi que de l’ancien haut a&
lemand herbis *automne (meilleur mois de la cueil-
0 CARPE n. f. est issu (1268-12711 du bas latin letteIn, et de l’anglais harvest =automne* d’où *ré-
carpa qui, désignant un gros poisson du Danube, colte>; avec un vocalismee, on peut évoquer le
est probablement emprunté à une langue d’Europe lituanien kerpù -couper avec des ciseauxs, ébau-
orientale, peut-être par l’intermédiaire du gotique chant ainsi une série indoeuropéenne.
(on trouve karpo en ancien haut allemand). *Le premier terme connu en français est l’em-
+Désignant un gros poisson d’eau douce, le mot prunt péricarpe* (1556). Sur le modèle de tels em-
donne lieu à une phraséologie relativement abon- prunk, 0 carpfoj- a servi à former des substantifs
dante. Concrètement, le poisson étant apprécié, il et des adjectifs en botanique (environ une cen-
entre dans des désignations de plats, par exemple taine). I’élément -carpe ayant pour sa part servi à
la carpe farcie des communautés juives. 0 Il sert à en former plus de deux cents en botanique (noms
former des locutions dépréciatives faire des yeux de plantes caractérisées par leur fruit, de parties
de carpe pâmée ou frite Cv.1740, faire la carpe pâ- anatomiques des fruik).
mée), être ignorant [sot, niai91 comme une carpe,
bâiller comme UN? carpe, s’ennuyer wNNe une CARPETTE n. f. est un anglicisme ancien
carpe et être muet comme une carpe (toutes enre- (1562). adapté de l’anglais carpet (carpette, 1415;
gistrées en 1867,la dernière dès 1612). 0 Par analo- karpeta en latin médiéval, 13451*tapis de table, de
gie, on appelle saut de carpe (1828; 1611, saut de la sol>. Le mot anglais est repris de l’ancien français
carpe1 ou saut ca& (19591un saut où l’on se réta- carpite *tissu épais servant à faire des vêtements
blit SUI‘les pieds d’une détente, étant couché sur le d’apparat, à couvrir des meubles> (1180.12001, lui-
dos. même emprunté à l’italien carpita *tissu à longs
poils pour recouvrir les meublesn (XII? s. : carpita en
c Les dérivés CARPEAU n. m. kw” s.), antérieure- latin médiéval, 1177). Celui-ci est issu du latin po-
ment cuerpeau CV. 12701, et CARPILLON n. m.
pulaire “carpita (vestis), du latin classique carpta,
(15791,tous deux =jeune carpe>, ainsi que CARPI- participe passé de carpere <déchirer, lacérer, dé-
CULTURE n. f. (19291 et CARPICULTEUR.
couper= (+ charpie).
TRICE n. (x? s.) sont d’usage techniques.
+Le mot, d’abord employé à propos d’une tenture,
0 CARPE n. m. est emprunté (1546) au grec kar- d’un tissu d’ameublement, a longtemps été utilisé
pas *jointure de la main et du bras, poignet*, mot au pluriel, carpettes, au sens de *gros drap rayé
conservé en grec moderne et que l’on a rapproché servant de tapis, d’emballages. 0 Le sens moderne
d’un verbe germanique signifiant *tourner- (ancien est =Petit tapis mobile couvrant une partie de
haut allemand hwerban, hwerfan). piècen (18631,d’où la locution figurée lé&er la car-
pette et l’emploi métaphorique à propos d’une per-
+Le mot désigne en anatomie la partie articulaire sonne qui s’aplatit servilement (xx’ s.) : c’est une
constituant le poignet, formée de huit os courts dis- Ivraie1 carpette.
posés en deux rangées composées chacune de
c CARPETTIER n. m. (19091 est un mot teChniqUe
quatre os.
désignsnt le tisseur spécialisé dans le tissage mé-
. On en a dérivé CARPIEN, IENNE adj. *relatif au canique des tapis, carpettes, moquettes.
carpe= (1605, Cuvier1 et plusieurs termes d’anato-
mie en 0 capo- (CARPO-CARPIEN. IENNE CARQUOIS n. m., d’abord carcois (12961 puis
adj.; CARPO-PHALANGIEN. IENNE, CARPO- carquois (av. 1328l, est l’altération, peut-être par
ULNAIRE adj.1. fausse régression savante, de carqais (12131, car-
MÉTACARPE n. m., lui aussi attesté en 1546, est quais (1430). Ce type est la corruption de l’ancien
emprunté au composé grec metakarpion, terme français tarchais Cv.1170). tarquais (1466). Le pas-
DE LA LANGUE FRANCAISE CARREAU
sage de car- à tar- a pu être favorisé par la forme tardivement avec le sens figuré de +ms détow
carcois, en ancien français =carcasse~. Targuais est (18321, -d’aplomb, solidement, (1842-18431, connoté
emprunté au grec médiéval tarkasim (dans la me- comme légèrement familier. Le mot est à la mode
sure où celui-ci existait au XII~ s. ou auparavantl. lui- en français contemporain pour ‘vraiment, complè-
même emprunté au persan tirkai &ui à flèchess tement> et comme adverbe de phrase.
k’s.1, formé de tir =flèche* et de keS *qui portem. CARRÉE n. f. est la substantivation du féminin de
t Le mot désigne un étui à flèches. L’ancienne lo- l’adjectif (XIII”~.), autrefois à propos d’une ardoise
cution figurée vider son carquois signifiait &mcer des carrières d’Anjou, de nos jours dans quelques
tous les traits de satire qu’on peut> (xwn”s.1. Par emplois techniques limités (1768, en musique). L’ar-
analogie de forme et de fonction, 11désigne un étui got familier a répandu la valeur de vchambrem, qui
oblong destiné à recevoir des objets allongés. reprend celle de carré en marine.
0 voir C-AU, c-a, Q”ADal-.
CARRÉ, ÉE adj. est issu (v. 1121) du latin qua-
dratus, participe passé de guadrare (- carrer) & la CARREAU n. m., d’abord quarrel Cv. 10801, qua-
section carrée,, -qui forme un angle droit= et au fi- rd (1160) puis carreau (XII~ s.), est issu d’un latin tar-
guré =fort, largement développén. Le verbe est dé- dif “quadrellus, diminutii de quadrus carrés
rivé de quadrus wxrré~. (+ carrer), représenté par le latin médiéval qua-
t Le sens du mot dans les premiers textes, Elarge- dreZZu.s =Projectile d’arbalète* (v. 5781, *mesure
ment développé, forts en parlant d’un inanimé, an- agraire de superficie* (v. 868) et -dalle de pave-
nonce le sens moral de -ferme, au caractère nette- ments (XIII~ s.l.
ment Tranchée (1671) à propos d’un animé, t Le mot réalise d’abord l’idée d’eobjet à section
également réalisé en syntagmes comme tête ccwrée rectangulaire ou carrée> dans un emploi très parti-
*forte têtes (1774) et bon sens carré (1844). Le sens culier, aujourd’hui disparu, celui de &a& d’arba-
propre *à la section carréen (1170) donne lieu à des lète au fer de section carrées. Il est réalisé tech-
emplois techniques en mathématiques -mètre niquement dans la langue des métiers à propos du
carré, racine carrée (16901 -et, avec une valeur ap- gros fer à repasser des tailleurs (1611) et de la
proximative <en forme de quadrilatères, à des em- grosse lime du serrurier (1676). -Dès 1160, il dé-
plois courants: bonnet carré (16011, menton signe un pavé plat fait de terre cuite, de pierre dont
carré, etc. La valeur <qui est à angle droit= (16941 on pave un sol ou une paroi et de là, par métony-
s’emploie à propos d’une écriture (l’écriture hé- mie (v. 13301, toute la surface ainsi dallée. Ce sens
braïque, av. 1869) et dans le domaine de la marine reste vivant dans caveau des Halles (1723) *endroit
où les voiles carrées (1831) sont celles qui se fixent où les marchands déposent leurs étalages de fruits
aux vergues installées en croix. -Le nom masculin et de légumes à Paris~, carreau du Temple =Partie
CARRÉ, plus tardif (fin xv’ s., quarté), est soit une du marché du Temple où l’on débat des prix des
substantivation de l’adjectii, soit un emprunt à la vêtementsm; carreau de mine (18671 <endroit où les
forme neutre ~qdratud du participe passé latin mineurs déposent les produits extraitss et, dans la
Il apparaît en géométrie dans en quarté -formant phraséologie familière, avec une locution comme
un quadrilatères, d’où quad (1538) par opposition étendre, hisser qqn SUT le -au (16001 <laisser
à cercle*. o Par analogie de forme, dans le langage qqn à terre comme mort ou blessé>. -Par analogie
courant comme dans l’usage technique, le mot dé- de forme, carreau désigne le rectangle de verre à
signe divers types d’objets : en horticulture (1548, vitre (1318) d’où, métonymiquement, la vitre elle-
carré de tulipes), en bouchene (1679, carré de mou- même, plaisamment le monocle (1838) et au-
ton), en anatomie (1707, =muscle de forme carrée=), jourd’hui les lunettes. 0 La valeur diminutive de
en technique militaire (après d’autres emplois, *petit carré= W s.) n’est plus réalisée que dans cer-
&oupe disposée pour faire face des quatre côtés>, tains emplois, en parlant d’une planche d’un jardin
18231, dans la marine (1828) pour une chambre ser- potager (1513). du motif d’un tissu (1690, étoffe àpe-
vant de salon et de salle à manger aux officiers et tits carreaux) et, par métonymie, d’une série de
dans l’habillement pour un foulard de forme carrée cartes dont la marque distinctive est un carreau
(1832). Récemment, il est devenu un nom de fro- rouge (1594). emploi issu de l’acception =trait d’ar-
mage (1962. carré de l%st). 0 Par référence au cal- balètes (les couleurs sont des *armes>). L’expres-
cul de la surface d’un carré, il prend en mathéma- sion courante se tenir à carreau au ses gardes~
tiques le sens de cproduit d’un nombre multiplié (1863, se garder à carreau) est issue d’un dicton aux
par lui-même* (1694) et se répand dans l’argot des cartes, fondé sur une consonance : qui se garde à
classes préparatoires à propos d’un élève en carreau n’est jamais capot. Techniquement, car-
deuxième année de préparation (16731, par opposi- reau se dit d’un dessin, d’un quadrillage porté S~I
tion à cube”. 0 Dans certains jeux (poker), on ap- un croquis pour en faire une reproduction sur sup-
pelle carré (1929) la réunion de quatre cartes sem- port quadrillé à une autre échelle.
blables. La locution au carré s’utilise à propos d’une b Les dérivés sont formés sur l’ancien quarel : CAR-
coupe de cheveux où les cheveux donnent l’im- RELER v. tr. @n XII~ s., par son p. p. qmrelé -fait de
pression d’être à la même longueur (par opposition pierres de taille dessinant des carreaux*) signifie
à en dégradé*) et familièrement dans mettre la tête =dessiner des carreauxx (1307, quarreler) [-qua-
au camê =faire une grosse tête=, c’est-à-dire =défi- driller] et COuramment (1392) <paver avec des car-
*em. reaux*. -Du verbe ont été dérivés CARRELURE
c CARRÉMENT adv., d’abord quarreement bd?J, n. f. l1401), CARRELEUR n. m. (1463; 1430 au sens
signifie proprement & angle droits. Il s’est répandu de +avetien) et CARRELAGE n.m. (1690; 1611,
CARREFOUR 636 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

quarrelage), spécialisé pour *sol carre&. - Quarel sens de «carrmw (xv” s.), il se dit encore de la lu-
a fourni un diminutif, CARRELET Il. In., d’abord geur d’un habit au niveau des épaules (1690. cars
écrit qumtet (1360) avant carrelet (13931, qui, par d’un habit), mais a été supplanté par carrure 1+ ci-
analogie de forme avec celle d’un carreau, désigne dessous). Avec l’idée de mise en carré>, d’où adou-
un poisson plat, on 6let carré (1694) utilisé pour blages, il signifie -dans le vocabulaire des jeux -
prendre les poissons et également les petits oi- <doublage de la mises (18191. -Carre a produit
seaux (18111,et techniquement des objets à quatre CONTRECARRE n. (v. 14601, d’abord considéré
ou plusieurs pans (1561). En Suisse, le mot possède comme msxolin puis féminin au x& s., avant
le sens très ancien de =Petit carré. cubes Icarrelets d’être repris indifféremment aux deux genres au
de pain). xxe siècle. Le sens d’soppositionn, présent dès l’ori-
CARROYAGE n. m. est dérivé (19171 d’un verbe gine, procéderait de l’idée qu’un objet carré est
rare et mal attesté CARROYER v. tr. (seulement plus facile à ranger qu’un objet rond, d’où contre-
en 1950) formé sur le radical de carreau. Ces mots carre à propos de ce qui résiste, fait obstacle. Le
techniques sont des synonymes spécialisés de qua- mot a disparu après 1636pour être repris dans l’ar-
dnUer, quadrillage en topographie et en dessin (no- got moderne au sens de “pépin. tuiles (19521, alors
tamment à propos des cartes militaires). déverbal probable de conhecarrer. -CONTRE-
CARRER v. tr., d’abord attesté en emploi partici-
CARREFOUR n. m., d’abord quarefoz Cv.1110) pial dans homme conhecarré (15411, est générale-
puis carrefour (XIII” s.), est hérité de l’adjectif bas la- ment considéré comme le dénominatif de
tin quadrifurcus, littéralement *qui a quatre conhecarre; P. Gulraud préfère le rattacher à carre
fourches>, de guadri- (-quadr-1 et de furcus au sens de ~carmre= (xv’ s.) et à se carrer -redresser
(+ fourche). postérieurement substantivé en #lieu les épaules, être arrogants, avec le sens de <se pla-
où se croisent quatre chemins>. cer face à son adversaire pour le défier*. Ce verbe
+Le mot désigne l’endroit où se croisent plusieurs est beaucoup plus fréquent que contrecarre en
chemins. Au xu” s., par un rappel de la symbolique francaiS COntempOP2iII et son participe CONTRE-
antique des carrefours -notamment le jeune Her- CARRÉ, ÉE est adjectivé.
cule placé au carrefour de la vertu et du vice -, il CARRURE n. f. (v. 1190) a progressivement sup-
désigne abstraitement une conjoncture où l’on doit planté carre au sens de *largeur de dos (d’une per-
choisir entre diverses voies k%re au carrefour de sa sonne)*, s’appliquant par métonymie à la largeur
vit?, 1835, Balzac). Par analogie, en mettant l’accent du dos d’un habit (1680). Le sens plus général de
sur la pluralité, il désigne un lieu de confrontation -forme carrée* (1225-12301,rare avant le XIY s. où
d’idées, de cultores de tendances diverses, d’où Hugo l’emploie à propos de Notre-Dame de Paris
spécialement une réunion d’échange d’idées, d’in- (18321n’a pas fait fortune. 0 Les emplois concrets
formations Icarrefour des métiers, de l’informa- ont déporté l’accent sur l’idée d’une =forme ample,
tique, etc.). large> (1844, carrure des épaules; 1886, carrure du
menton, emploi rare) et le mot a reçu le même type
CARRER v. tr. est issu (1180-1200) du latin qua- de valeur figurée qu’envergure, connotant la vi-
drare &quar&+, *former un car& d’où, au figuré, gueur (1843), la force assurée (1851-1862, carrure
#parfaire= et absolument -former un tout harmo- d’esprit).
nieux., auker, être exact*, dérivé de 9uudru.s 0 voir CARAPATER
arré* (- cadre).
+ Le mot, introduit avec le sens de <rendre carré, 0 CARRIÈRE n. f. est emprunté (1534) -plutôt
donner une section carrées, a partiellement suivi qu’à l’ancien provençal carreira =chemim (x? s.) -
l’évolution de carré, passant en mathématiques à l’italien carriera *chemin de chars> (xnr’s.) et
avec le sens de élever au carré (15491 et dévelop- =Course rapide d’un cheval* (déb. XVI~s.), lequel est
pant un sens figo& ~caractérker très nettement>. probablement emprunté à l’ancien provençal car-
Sa forme pronominale se carrer (1606) subit l’in- reira, carriera (ce sufke n’étant pas autochtone en
fluence de carrure &rgeur du dos d’une personne> italien). Ce dernier, de même que l’ancien français
et signifie <prendre une attitude satisfaite, dïmpor- chmlrhëre, l’ancien picard car(r)iere, quaniere
tances, donnant la locution se carrer dans (1831) *chemin de chars> (XII” s.), est issu du latin popu-
~s’installer confortablement=, au propre comme au laire (via) carrkra, adjectif substantivé par ellipse
figuré (se carrer dans ses habitudes). o Le sens a~ du nom, dérivé de carrus (-+ char).
gotique *secacher- (1844: 1835, carrer *cachepl, +L’évolution de ce mot le mène du domaine de
puis *se sauver* (18661vient probablement du dé- l’équitation à celui des activités professionnelles : il
rivé carre. désigne l’espace où l’on fait courir les chevaux (le
t CARRE n.f., déverbal de carrer, s’est assimilé champ de course), la locution donner carrière à si-
l’ancien français querre lfm XII~s.1,directement issu gnifiant proprement <lâcher la brides (1542-15491
du latin quadrus Le mot possède plusieurs sens avant de passer dans l’usage avec le sens de &.is-
concrets issus par métonymie de l’idée de =forme ser le champ libre, (1611). Par extension, il s’at-
carrées : il a désigné un coin de heaume, une fa- tache l’idée d’un espace à parcourir, désigne spé-
cette de pierre précieuse (v. 12711.l’arête courant cialement la trajectoire d’un astre (av. 1630) et, de
le long d’on fer de lance (1213). oDe nos jours, il manière plu abstraite, la voie où l’on s’engage
désigne le bout d’un soulier se terminant à angles dans la vie (16711,deux sens aujourd’hui marqués.
droits (1710) et l’arête de la semelle d’un ski (1904). 0 L’évolution se tit rapidement en <profession qui
d’un patin à glace. oPar métonymie de l’ancien présente des étapes+ (av. 16801avec l’extension mé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 637 CARTABLE
tonymique habituelle de -temps pendant lequel on des carrosses (1677) et en vend (1723). oDe nos
exerce une profession> (16941.Absolument et avec jours, le mot désigne un spécialiste de la carrosse-
une majuscule, il désigne elliptiquement la car- rie automobile (1898; 1929,dans l’industrie de luxe).
rière diplomatique. CARROSSERIE n. f., dit autrefois d’une entreprise
.Les dérivés se rapportent à l’acception profes- fabriquant des carrosses (18331, a pris le sens de
sionnelle de ccwrike? -CARRI~ISME n.m. =caisse d’une voiture* (1863) et surtout -caisse
(1908) semble formé en français (l’anglais careerism d’une automobile= (1899). De là, il s’applique à la fa-
n’étant attesté qu’en 19331,mais CARRIÉRISTE II. brication, à l’industrie de ces caisses, et de tout ce
et adj. (1909) est une ?nmcisation d’après carrière qui ne concerne ni le moteur, ni les mécanismes.
de l’anglais careerist (19101, dérivé de camer au 0 Il est passé dans l’argot et, de là, dans l’usage fa-
même sens. Le mot, critiqué par les puristes, a pris milier, à propos de la conformation physique d’une
place à côté d’arriviste*. personne (xfs.). -CARROSSABLE adj. (1825) si-
gnifie ~OÙpeuvent rouler les véhicules, en parti-
0 CARRIÈRE n.f., d’abord écrit quatire cullerles automobiles>. -CARROSSER v. tr. (1863;
Cv.1170),est issu d’un latin populaire “quadratia (at- 1828. carrossé) est passé de =transporter en car-
testé par le latin médiéval, 823) dérivé du bas latin rosses à anmir un véhicule d’une carmsserie~
9uadru.s (sous-entendu lapis) =pien-e de taille>, pro- (19291. oson participe passé CARROSSÉ, ÉE
prement apierre carréen (- cadre, carrer). Le sens s’emploie adjectivement, au figuré dans l’usage fa-
étymologique est passé dans l’ancien provençal milier comme qualificatif physique (en emploi dé-
cayre -pierre carrée, moellons. terminé par un adverbe). -~ARROS~AGE n. m.
*En passant en Jkmçais, le mot s’est partiellement (18731,d’abord =action de carrossez-, puis =manière
démotivé, désignsnt le lieu d’où l’on tire, en les tail- dont la carrosserie est construites, décrit aussi l’in-
lant, les pierres de construction. II est entré dans le clinaison de la fusée d’essieu d’une roue de voiture.
même champ sémantique que mine, tout site d’ex-
traction à ciel ouvert étant nommé camère. CARROUSEL n. m., d’abord carrouselles
(15961puis carrousel (1620).est emprunté au napoli-
CARRIOLE n. f., d’abord (1587) écrit cariole et tain caru.sello (1580) litslien caroseZlo1,nom d’un jeu
peut-être repéré dès le XIII~a, est emprunté soit à d’origine mauresque introduit par les Espagnols à
l’ancien provençal catila =brouetten, dérivé de Naples au XVI*siècle. Ce mot est un emploi spécia-
carri Kchariob (14601, lui-même issu du bas latin lisé de carusli)ello =tirelire en forme de tête= par
“carreum, variante de cames -char* (+ char), soit à allusion aux balles de craie en forme de tête que se
l’italien cambla k? s.. en latin médiéval) =Civière= lançaient deux troupes de cavaliers. CarusWeUo
(zu@ss.l,-petit lit à roulettes> ~V”S.) et -brouette> est dérivé de caruso -tête rasées qui représente le
(XVI~s.), lequel vient du provençal. latin carosius -zari& et =teigneux=, de caries (- ca-
*Le mot, peut-être employé au XIII~s. au sens figuré rie]. Le redoublement du r en français est dû à un
de -grande quantité>, désigne une petite charrette rapprochement avec carrosse*, par l’idée com-
campagnarde grossièrement suspendue pour les mune d’asage du cheval=.
marchandises, les hommes, en particulier les voya- + Le mot, d’abord employé en référence à une pra-
geurs. Au Canada, il désigne une voiture à cheval tique espagnole, désigne une parade, un tournoi où
montée sur patins (17211.nest employé péjorative- des quadrilles de cavaliers se livrent à des jeux, des
ment pour une vieille voiture (18671, y compris évolutions. Par métonymie, il désigne (1740) le lieu
(XX~s.1une vieille automobile. où se déroule un carrousel (la place du CarmuseZ à
Parisl. OPar analogie avec les carrousels
CARROSSE n. m., attesté (1575) au féminin, équestres, il a pris le sens de manège de chevaux
avec la variante carroche (15741, est emprunté à de bois> (1870) en Belgique et en Suisse et, au fi-
l’italien carmzza n. f. kvY s.1,adaptation toscane de guré, celui de <succession rapide Uïmpressions,
caressa, issu avec une adaptation phonétique sep- d’objets mobiles)m (cf. ronde, valse).
tentrionale du type caroccia (d’où en français car-
roche) dérivé avec stie -OC&~,-a de carra CARROYER + CARREAU
(+ char).
+Le mot désigne une voiture luxueuse suspendue, CARRURE + CARRER
à quatre roues, et partage un temps l’emploi my-
thologique de char (on parle du carrosse du soleil). CARTABLE II.~. est hérité (1635) du latin
Symbole de luxe, il entre dans l’expression rouler charta (+ charte, carte) avec un s&e obscur : l’hy-
carrosse -mener un grand train de vien, reliquat de pothèse couramment reçue est celle d’un emprunt
avoir de quoi faire rOUk?r un camsse (1694). La au latin médiéval monastique cartobulum (avec
langue classique appelait un homme grossier et stixe indiquant la contenance), attesté en 1368
brutal un cheval de msse ( 1670)parce qu’il fallait dans le domaine italien au sens de -registres, mais
un cheval gros et fort pour tracter un carrosse. On elle se heurte à l’apparition tardive du mot en kan-
parle aujourd’hui de cinquième roue du carrosse çais et à sa rareté en latin médiéval. On a égale-
pour une personne sans utilité. ment proposé un emprunt à l’espagnol catiapel
c Les dérivés du mot restent vivants pour avoir évo- (1612) *ensemble de feuilles volantes=, hypothèse
lué avec l’histoire des véhicules: CARROSSIER peu satisfaisante d’un point de vue phonétique et
n. m. (1589) a désigné un cocher puis celui qui kit historique.
CARTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot a désigné un re@stre, puis un grand por- relation avec l’expression femme en carte. -Il a
tefeuille, un grand buvard de bureau tenant lieu de produit le déverbal de sens concret ENCART n. m.
sous-main, un carton à dessin (18101,emploi criti- (1810) -papier que l’on place entre deux feuillets>
qué au xixe siècle. 0 Ce n’est que tardivement qu’il d’où =feuille volante, petit cahier inséré dans une
a désigné le sac en cuir dans lequel les écoliers brochure> (19301, le substantif d’action ENCAR-
mettent leurs t’aires (v. 1900, dans les diction- TAGE n. m. (1810) et le nom d’ouvrier ENCAR-
naires), concurrencé dans ce sens par carton. TEUR ~IX’S.~, dont le féminin ENCARTEUSE dé-
signe une machine pour encarter les boutons
CARTE n. f. est emprunté (1393) au latin charta (1890).
afeuille de papiers puis <feuille écrite, lettre, re- CARTERIE n. f. (18501, =fabrication de cartes à
gistres publics, documents écrits*. Ce mot, qui a jouep, a donné récemment son nom à un magasin
donné charte* par une autre voie, est un emprunt de cartes postales, de cartes de voeux. CARTER
ancien et latinisé au grec hhartês *rouleau de papy- v. tr. (xY s.) est employé en mercerie pour xenrou-
rus, mot d’origine inconnue. On a souvent pensé Ier (des 6ls) ou présenter (des boutons) sur une
- à cause de la provenance du papyrus - à on em- cartes.
prunt égyptien, mais sans réussir à s’appuyer sur À partir du XIX~~.,CARTO-. élément tiré de carte,
aucun argument linguistique. Khartês a fourni une devient productif avec CARTOMANCIE n. f. (1803).
importante série en grec moderne avec hhartês CARTOGRAPHIE n. f. (1836; dès 1832, chatio@a-
*carte géographique>, hharti <papier, carte à phie), CARTOGRAPHIQUE adj. [18321.
jouep. 0 Yor 0 ÉCARTER.
+Le mot apparaît dans le vocabulaire des jeux, do-
maine qui lui offrira, par une assimilation méta- CARTEL n.m. est emprunté (1527) à l’italien
phorique de la partie de cartes et de la vie hu- cartek ~V?S.) <avis de provocations, également
maine, plusieurs emplois figurés en locutions : =Placard, avis*, diminutif de carta, du latin charta
brouiller les cartes kme s.). château de cartes (1690, ~-cartel.
*petite maison peu solides d’où s’écrouler +Le sens de alettre de défi., de *provocation en
comme...), les dessous de cartes (16751,jouer cartes duelm (d’abord cartel d,e la defXan&e; v. 1570, cartel
sur table (1832). jouer sa dernière carte 118481puis de defil est devenu un terme historique après 1626,
jouerla carte de... L’usage des cartes à des fins diti- date de la loi interdisant les duels. -Par référence
natoires a produit la locution tirerles cartes (1811). à la forme d’une carte, le mot est passé dans le lan-
0 Le sens second de G&O~* kv” s.1, menacé par gage des arts décoratifs (1572) comme dénomina-
carton*, se maintient dans quelques emplois, no- tion d’une sorte de cartouche. Par analogie, il dé-
tamment dans la locution donner carte blanche signe un encadrement décoratif sculpté entourant
(1549, bailler la carte blanche). 0 La diversité des un objet, particulièrement une horloge, sens de-
usages de ce rectangle de papier fort portant une meuré vivant dans la dénomination pendule à car-
inscription a donné lieu à de nombreux emplois tel (av. 1759) d’où un cartel désignant ce type d’hor-
spéciaux, par exemple en restauration (18031pour loge. oLe mot est repassé dans le langage des
=liste des plats disponibles=, -distinct de menu en échanges d’hostilités à propos d’une convention
ce que la carte permet tous les choix, d’où la lo- écrite entre deux chefs d’armée pour la rançon,
cution à la carte (18131-, dans les syntagmes carte l’échange de prisonniers (17041, sens disparu au
d’identité (17891, de visite (18111, d’électeur (1836, ~Ysiècle. -Son emploi en économie politique
carte électorale), de séjour (19481.De la carte déli- (1906) est un emprunt à l’allemand KarteU (lui-
vrée par la police aux prostituées qu’elle contrôlait, même repris au moyen tiançais cartel au sens de
vient l’expression en carte (cf. ci-dessous encarter). =défi en combat singuliers, 16641,employé pour la
Le mot est utilisé dans la correspondance avec la première fois en 1879 par un député libéral au
carte postale (1877; d’abord carte-poste 1780 et Reichstag, Eugen Richter, pour désigner un groupe
carte, 1825, en emploi absolu). Carte-letb-e n. f. de producteurs de l’industrie métallurgique. Par
(18861est considéré comme un mot composé. Carte analogie, on a appliqué le mot à une alliance poli-
reste productif avec carte perforée (19631,en infor- tique, d’abord à propos de l’Allemagne (18901,puis
matique et carte de crédit(19691, calque de l’anglais de la France (1924) dans cartel des gauches, dési-
credit tard, récemment carte électronique, à puce. gnant le groupement électoral qui en 1922 compre-
-Depuis l’époque des grandes découvertes (15321. nait les socialistes, les radicaux-socialistes et les
carte est un terme de géographie, précisé en carte membres de la gauche radicale.
maritime (1680). carte marine, carte astronomique k Les dérivés datent du XX~s. : le sens politique a
(17401,etc. Sur le même principe, les salons pré- produit CARTELLISTE adj. (19341; le sens écono-
cieux du xv? s. mirent à la mode la Carte du Tendre miqW?CARTELLISATION n.f.(1931),surlequelon
(1654-1660, Mue de Scudéry), dont les sites symbo- a fOmél’mtOnpe DÉCARTELLISATIONn. f.,at-
lisent les phases de l’amour. testé en 1945.
c ENCARTER v. tr. (1642) est employé technique-
ment, quelquefois en concurrence avec encartons CARTILAGE mm., d’abord écrit cartülage
ner, pour -introduire (une carte, un cahier) entre (1314). est emprunté au latin cartilage, mot tech-
les feuillets d’un livre=, =Placer entre des feuilles nique et sans étymologie claire, désignant le tissu
(du carton)> et &xer sur des cartes, des cartons*; il conjonctif ainsi que la pulpe de certains fruits.
a reçu le sens juridique spécial de kwxire (one +Le mot a été repris dans son acception anato-
prostituée) sur les registres de la police* (1845) en mique.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CARY0

.CARTILAGINEUX, EUSE adj. (1314) est em- +Le mot, repris en sculpture, a reçu une acception
prunté au latin catiaginosus, de cartilage. Il si&- spéciale en égyptologie et, par extension, s’emploie
fie cqui est de la nature des cartilages~. simplement à propos de la partie d’une carte, d’un
plan où sont inscrits la légende, des commentaires
CARTON n. m. est emprunté (v. 15001à l’italien (16901.
carton, dérivé avec le s&xe augmentatif -one de
car-ta epapiep, du latin charta (+ carte) attesté au 0 CARTOUCHE n. f. est emprunté (15711avec
xvf s. au sens général et comme terme de peinture, changement de genre (15911 à l’italien cartoccio,
puis avec une valeur figurée depuis le XVII~~. cli terme d’art militaire et de pyrotechnie depuis le
cartone). XI@s., diminutif de carta cpapierm (+ cartouche). Le
* Carton empiète familièrement sur certains em- féminin cartuccia <petit morceau de papier- [XVI~s.1
plois de carte, notamment comme synonyme de est un emprunt sémantique au fi-ançais.
carte de visite et de carte à jouer (dans des expres- + Le sens de apapier enroulé contenant la chargem
sions comme battre, manier, tipoter le cartonl. et (pour diverses armes à feu1 a donné la locution fi-
lui est complémentaire en cartographie où il dé- gurée brûler ses demières cartouches &Puiser ses
signe une carte figurant sur la même feuille et dernières ressources». 0 Par analogie (de forme,
souvent à une échelle plus lisible. -Carton seul a d’usage), le mot désigne une boîte en carton conte-
conservé le sens de -feuille épaisse= autrefois par- nant des matières inflammables, pièces d’artifice
tagé par carte, et se spécialise par métonymie d’où, par extension, un emballage contenant plu-
[16111 en -boîte de cette matlèren (carton à chu- sieurs paquets de cigarettes et un petit étui ayant
peau, à chaussures) et (18001 en =Portefeuille de
en réserve un produit.
dessins, (carton à dessins). Carton, =feuille
épaisse>, donne lieu à des emplois spéciaux : car- . En Sont dérivés CARTOUCHIÈRE Il. f. (18461, aD
ton dur, isolant, carton bfi.stoz, carton ondulé (cou- tériewement cartouchere (18401 et autrefois car-
rant) et à des composés, CARTON-PIERRE (1801. touchier n. m. (17521, *sacoche ou ceinture où l’on
18021, et surtout CARTON-PÂTE (1860) devenu met des cartouches*, ainsi que CARTOUCHERIE
usuel par métaphore pour =facticen, *qui ressemble n. f. (18721=Usine où l’on fabrique des cartouchesn.
à un décor. -Carton désigne aussi [16411un des-
sin en grand qui sert de modèle à une peinture mu- CARTULAIRE n. m. est emprunté (13401 au
rale. Dans le domaine du tir, il se dit de la cible (en latin médiéval cha&Zarium -recueil d’actes>
cartonl, d’où la locution faire un carton *tirer sur (v. 12271, lui-même de charta (-charte). On note
qqn avec succès~ et *remporter une victoire écla- d’autre part un bas latin charMarius -fonction-
tantes. -Familièrement, c’est un synonyme de car- naire, préparé aux registres des armées- (3541puis,
table ~d’écolier~. -Par allusion aux figures et acces- plus généralement, ~notaire= (we s.l.
soires factices du théâtre, il entre dans les +Le mot, repris comme terme de diplomatie pour
syntagmes en carton, de carton au sens figuré de désigner un recueil d’actes, et plus spécialement
*faux, factice= (av. 1755, chez Saint-Simon roi de de formules pour dresser des actes, désigne le re-
cartonl. Ces emplois préparent ceux de carton- gistre contenant les titres de propriété ou les prlti-
pâte Ici-dessus). lèges temporels d’une église ou d’un monastère.
c CARTONNIER, IÈRE adj. et n. m. (16801, =artisan
du cartow, a reçu, au féminin pluriel CARTON- CARVI n. m., attesté à deux reprises sous les
NIÈRES (17521,un sens spécial en entomologie. se formes caroi (12561 et careuin (12561,puis de nou-
disant de guêpes qui construisent leur nid avec une veau sous la forme cadi (13601,est emprunté au la-
substance rappelant le carton. 0 Par métonymie, tin médiéval cuti (v. 10801.Ce mot est soit formé
cartonnier se dit d’un meuble destiné au range- sur le bas latin canita de même sens. soit pris à
ment de cartons (16321. l’arabe harwyd, lequel est emprunté, par l’intermé-
CARTONNER v. (17511, <garnir de carton> et diaire du syriaque. au grec karon, km-o -cumin des
Krendre cartonneux~, a pris (18661en emploi intram prés=. Il serait lui-même dérivé, par allusion à la
sitifle sens familier de <jouer aux cartes~. =marquer forme de la graine, de km- *pou= ou encore de kara
beaucoup de points au tiin d’où, par métaphore, &te* (- chère).
&teindre son but dans une action, une offensive*; +Le mot désigne une plante produisant de petits
ça cartonne sous-entendant d’une action qu’elle fruits aromatiques @-aines de ca& et ces fruits.
cause des dommages (d’abord au football). -Le
verbe a produit CARTONNAGE n.m. (1785) et CARY0 est l’élément pr&xal tiré du grec ka-
CARTONNEUR. EUSE n. (1834). -CARTONNERIE mon aoim km-tout celle du noyer), ~noyaw. mot
n. f. (17511 désigne une fabrique de carton. CAR- sans étymologie comme dont un dérivé a donné ca-
TONNEUX, EUSE adj., dérivé de carton, comme rène*; on a tenté d’y retrouver une racine ‘qsar-
cationnerie (18761, se dit de ce qui ressemble au <duna.
carton. (L’élément sert à former des mots dans le do-
0 CARTOUCHE n. m. (16111,d’abord catioche maine de la biologie et des sciences naturelles où,
(15461,est emprunté à l’italien cartoccti <cornet de notamment en botanique et en zoologie, il connaît
papier-, employé spécialement en architecture me certaine vitalité.
pour un ornement en forme de carte &VI~S.~.Le b Le composé le plus ancien, CARYOPHYLLÉ, ÉE
mot est dérivé avec le s&e -occi (-0 car- adj. et n. f. pl., est emprunté (16151, par l’inter-m&
touche), de carta, du latin char% (+ cartel. diaire d’une forme transitoire caryophyllate
CAS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(XVII~s.1,au latin botanique caryophyllata, lui-même peut servir immédiatement (18351. d’une ombrelle
formé d’après le grec kmw~phuZZon *bouton séché pouvant également servir de parapluie (1863; 1821,
de la girofle, clou de la girofle* (cf. girofle), de ha- EN-TOUT-CAS II.I,I.).
ruo- et -phUon =feuillem (+ -phylle). -Le mot décrit 0 CASUEL, ELLE adj. (13701, ~fortuit. dû au ha-
des fleurs à cinq pétales à onglet allongé, il est sarde, est emprunté au latin casualis au sens tardif
substantivé au féminin pluriel haryophyllées~ (4 s.) de eaccldentelm. Le mot, utiliié en droit, est
comme terme de classification botanique. substantivé (1669) au sens de aprofit qui peut s’ajou-
ter à un 6xe dans un emplois, spécialement pour
0 CAS n. m., d’abord écrit qua-s cv. 1220) pus cas les honoraires donnés au curé par les fidèles lors
(1300). est emprunté au latin cosus, participe passé des baptêmes, mariages, etc.
substantivé de cadere &mbem (+ choir) qui, sign-
fiant proprement =fait de tomber, chute>, désigne 0 CAS n. m., d’abord case au féminin (XIII~s.1,en-
par euphémisme la mort et signiiïe *ce qui arrive; core au xwe s., puis cas (Xnp s.), est emprunté au la-
ha%&, notamment avec une valeur défavorable, tin casus (+ 0 cas1pris spécialement pour traduire
<accident fâcheux, malheurs. le grec ptôsis =Chutes. d’où ~déclinaison~ en gram-
+ Le mot, avec le sens général de =ce qui arrives, maire.
entre en moyen français dans des locutions, dont +Le mot désigne chacune des formes dont l’en-
plusieurs se sont maintenues en langue moderne semble constitue la déclinaison dans les langues
comme en tout a.5 (av. 14041,en aucun ca.5(av. 1545) flexionnelles.
En revanche, par hasard a remplacé l’ancien par
cas (1300) et le moderne aucas où(1890) aévincé au b 0 CASUEL, ELLE adj. a été emprunté (v. 1850)au
cas que (av. 1404; ou cal2 que, 1353) et en cas que latin casualis <relatif aux déclinaisons* Warronl,
(1354), ce dernier continué dans la locution préposi- spécialisation du sens de =accidentelp (+ 0 casuel)
tionnelle en cas de. d’sdleurs préconisée par Bou-
heurs (1673) avec un substantif La valeur défavo- CASANIER, IÈRE adj., réfection (15571 de
rable du latin se réalise encore dans les casenier (13151, est emprunté à l’italien casckere
compléments les plus fréquents du mot ken cas de =Prêteur d’argents (v. 1447-14641,dérivé de casana
malheur, de décès, de besoin, de guerre), mais une qui, en Italie du Nord (XIII” s., Lucquesl, désigne la
locution du type c’est le cas de le dire marque au boutique du prêteur. Le mot italien serait issu, avec
contraire l’opportunité. -Très tôt (1261), cas a pris iniluence de casa =maisom (&+case), du vénitien
également le sens général de &&lre, besognen km ca.snà smonceau de deniers*. Ce dernier est em-
grand cas étant Iv. 15391me afkire importantel. le- prunté au turc hazne =trésor*. de l’arabe &wxma,
quel s’est perdu sauf dans les locutions faire cas de pluriel de &&in =trésor-.
(15371,faire grand cas, peu de cas de (15871, mais 4 Le mot a servi à désigner un prêteur d’argent ita-
s’est conservé en domaines spécialisés : en droit lien installé en France. L’évolution vers le sens mo-
(12831, le mot désigne un délit, une affaire ~SOU~ derne -qui reste volontiers chez soin (1552) -un-
mettre un ca.4 voire jusqu’en 1694 un crime (cas quement en emploi adjectif- s’expliquerait par
pendable se rencontre encore au figuré). L’Ancien l’obligation des prêteurs italiens de résider en un
Régime désignait par cas privilégiés (1.549) et cas lieu précis. Elle provient aussi (et peut-être surtout)
royarwc (1611) des délits que pouvaient seules juger d’une remotivation sur case* smakon=, sens
certaines juridictions. oEn religion, cas de fréquent au xv? s.; ainsi en témoignent genti-
conscience (16061 désigne une difficulté soulevant hommes casaniers *du pays, autochtones= et casa-
un débat de conscience (-casuistique), d’où le sens ner *rester à la malson~. Le mot s’est assorti d’une
courant de wrupule%. -Cas est aussi employé en valeur péjorative dès le XVII~s., Furetière le déiïnis-
mathématiques (cas limite) et en médecine sant comme nom d’un poltron, d’un fainéant. qui
(av. 17781où il recouvre l’état et l’évolution d’un pa- ne sort point de sa case. oEn français moderne,
tient ka.s de tuberculose, cas béninl et désigne par casanier n’est plus aussi nettement péjoratif et se
métonymie le sujet lui-même, souvent dans une ac- dit d’une personne qui fuit la vie de société et reste
ception psychologique. o L’expression cas d’école volontiers chez elle.
désigne une situation théorique étudiée de ma-
nière plus ou moins académique. Cas de figure, ré- CASAQUE n. f., attesté depuis 1413,également
pandu dans les années 1970,vient du raisonnement hazaque (1509), est d’origine obscure probable-
géométrique, et s’applique à une hypothèse envisa- ment emprunté au turc quzzhk <aventurier, no-
gée parmi d’autres (terme à la mode, remplaçant made, vagabonds ou @azo&, nom donné à un
parfois cas employé seul). 0 On dit familièrement peuple turc de la côte septentrionale de la mer
c’est un cas! (18831<c’est un phénomène !=. 0 Sans Noire (les Kazakhs), constitué en un corps de che-
valeur familière, on parle de cas social pour une valiers légers par les Polonais au xn.+s., et appliqué
personne dont la situation critique est justiciable ensuite par métonymie à leur vêtement. L’hypo-
de l’assistance de la société. thèse d’un emprunt au persan qazhgand ou kaj-
c EN-CAS ou ENCAS n. m. (17981 résulte ellipti- tigand Njaquetten, par apocope de -and considéré
quement du syntagme objet prévu en cas de besoin comme sutlke, est moins plausible.
et s’applique à une chose, une personne mise en +Le mot a désigné en moyen français un vêtement
réserve en cas d’imprévu, d’abord dans le langage masculin de dessus à larges manches puis, dans
familier. Il est surtout courant à propos d’un repas l’armée (1534). un uniforme porté sur l’armure et,
léger tenu prêt à toute heure, d’un mets que l’on spécialement au xvne s., le manteau des mousque-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CASÉEUX
taires. Ce contexte explique la locution tourner ca- pr&indoeuropéen qui aurait désigné une habita-
saque (XVII~s.1&ir*, devenue l’équivalent d’expres- tion rudimentaire -hutte ou cabane de pâtre -
sions du type retourner sa veste*. o Après s’être puis une ferme. Casa a supplanté clornus amaisonn
appliqué au XI? s. à un manteau de femme, le mot (cf àôrne dans les langues romanes : l’espagnol et
n’est plus utihsé que pour la veste du jockey (1846) l’italien casa signifient <maisons.
et parfois la blouse du chirurgien. (L’évolution s’est faite par emprunts successti. Au
.son dérivé CASAQUIN n.m. (1546, co~aquinl, sens de <petite maison>, case a été supplanté par
-petite casaque masculines, entre avec un emploi matin* (du latin manstil. mais casa a laissé des
métonymique en locution familière tomber sur le traces dans la préposition chez* et dans des noms
maqoio trouer de COU~S~. de lieux (la Chaise-Dtiu -la maison de Dieu-, dont
chaise -siège* est seulement homonyme). -Le sens
CASBAH n. f., une première fois alcossabe avec particulier de *maison en AiYlquen (16371est un em-
agglutination de l’article arabe (1735), puis casauba prunt au portugais casa ~maison~ utilisé en AiXque
(18301, pris à l’arabe classique, a été réemprunté de l’Ouest, la diffusion du mot ayant été probable-
sous la forme casbah (1836), est emprunté à l’arabe ment favorisée par l’espagnol casa, également em-
maghrébin qQb&h eforteressen. Ce dernier corres- ployé aux Antilles. -L’acception usuelle de =carré
pond à l’arabe classique qcistibdh, mot dérivé du ou rectangle délimité sur une surfacem (1650 au jeu
verbe qds&bGh -couper, retrancher-. Le mot s’est de trlctracl est empruntée à l’espagnol casa *mai-
définitivement implanté après la conquête de l’Al- son> et spécialement -compartiment d’un jeu
périe entre 1840 et 1870. d’échecs> (1611). Par analogie, le nom est passé à
+Le mot désigne le palais et la citadelle du sowe- divers types de compartiments concrets (dans un
min en tique du Nord et, par extension, les pat- meuble1 et de divisions abstraites : imaginant le
ties hautes et fortilïées d’une ville arabe. 0 II a été cerveau divisé en petites cases, on dit familière-
repris dans le langage populaire avec le sens de ment il lui manque une case <il est anormab.
=maison, baraquen (18791,recevant dans I’argot des b CASER v. tr., attesté une fois en 1562 au sens de
soldats celui de =maison closes (19161,spécialement =loger (qqch.ln, est repris en 1683 comme terme de
-pièce où l’on choisit les filles~ (1929); ces valeurs jeu pour -mettre deux dames dans une case au
ont disparu. trlctraw II se répand au XVIII~~., glissant vers le
sens familier de =ranger (qqch.1 à sa placen (17961et
0 CASCADE n. f. est emprunté (1640) à l’italien =trOuver un emploi à (qqnln (182Ol, la forme prono-
cascata, participe passé féminin substantivé de minale se caser prenant le sens de ss’étabb (17981,
cascare stomben (-0 casquer), désignant un <se placer dans une maison pour y exercer sa pro-
éboulement de pierres, de lave (xv” s.1 puis aussi fession> (1832) et aussi *trouver à se marier=. -Le
(me s.1 une chute d’eau. participe passé CAS&ÉE est adjectivé avec les
sens correspondants, propre et figu& -CASE-
t Le mot déslgne une chute d’eau et au figuré une
MENT n. m. (1866) ne s’est pas répandu.
chute, une culbute (16481, sens qui réactive la va-
0 Yor CASANIERCASIER,CASINO.CHASUBLE.
leur étymologique sans réussir à l’imposer. Les ex-
tensions modernes procèdent concrètement CASÉEUX, EUSE adj., longtemps caseux
(xx s.l et abstraitement &wxde de rire) du sens (1599, encore en 18401,puis caséew (av. 1788) par
de =Chute d’eau*. o En cascade lot. adv. caractérise adaptation plus étroite du latin, est dérivé savam
une forme ou un mouvement de chute interrom- ment du radical du latin caseus &omagen. Ce mot,
pue ou ondoyante. sans étymologie établie, a été évincé en f?ançais
b 0 CASCADER v. intr., attesté une première fois par fromage (de forme) mais survit dans les autres
en 1771, est repris (1860) au théâtre pour *faire ou langues romanes (italien ca&, espagnol quesol et
dire des folies, insérer des facéties dans un textes, dans les langues germaniques (allemand Kdse,
sens qu’il doit à un ancien sens de cascade, +aiUie néerlandais kaas, anglais cheese).
bouffonne au théâtres. Par extension, il est em- (Le mot sert d’adjectif didactique à fromage, spé-
ployé au sens de <faire de grosses plaisanteries” cialement en chimie où il signifie aussi <formé de
(av. 16671,usage familier disparu. o De nos jours, le caséinen, depuis l’introduction de caséine. Il sert,
verbe exprime un mouvement qui tombe en cas- en médecine, à décrire un type de nécrose caracté-
cade (18671. spécialement dans le langage sportif risée par la production d’un pus jaunâtre et grenu-
-Son dérivé CASCADEUR, EUSE adj. et n. (1859) leux tiennec).
a suivi la même évolution; terme de théâtre, il est w CASÉINE n. f. est dérivé savamment (1832) du ra-
passé dans le domaine de l’acrobatie (1898) et de la dical du latin casew, avec le S&e &e, pour dé-
doublure cinématographique, rejoignant le sens signer la substance protéique formant la base des
ancien de cascade -culbutes, peut-être par in- fromages.
fluence de l’italien. oDe là un verbe 0 CASCA- Il a produit les termes techniques CASÉINERIE
DER et son déverbal 0 CASCADE n. f. atournage n. f. (1907). -usine où l’on extrait du petit lait la ca-
de scènes dangereusesn ; <activités de cascadew. séines et +ndustrie de la caséinem, et CASÉI-
0 voir 0 CASQUER NIER, IÈRE adj. et n. (xx” s.), ainsi que le terme de
chlmie CASÉINATE mm. (19271, *dérivé métal-
CASE n. f. est emprunté (v. 1278) au latin ca.sa, lique de la caséine*.
mot populaire d’origine inconnue. Cependant, le s CASÉIFIER v. tr. (lQO6), attesté après le nom CA-
entre voyelles fait supposer un emprunt ou un mot SÉIFICATION n. f. (18711, est comme lui dérivé sa-
CASEMATE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

vamment du latin caseus. Tous deux sont relata cawsfw 11867, P.Larousse) ou casher (19291, est
au processus de coagulation du lait avec produc- emprunté à l’hébreu ktiér. Ce mot est employé
tion de caséine et s’emploient spécialement en mé- dans l’Ancien Testament au sens de *qui convient,
decine à propos de la formation d’une dégénéres- propre b, d’unverbe signifiant =Convenir=, dans Es-
cence caséeuse. ther. VIII, 5 (=Si la chose convient au rois1 et dans
0 “OP C.4?.l!?.a. L’Ecclésiaste, X. 10 f&l y a profit à exercer comme il
convient la sagesses), XI, 6 (Ncar tu ne sais pas, de
CASEMATE n. f. est emprunté (1539) à l’italien l’une ou l’autre activité, celle qui convient~~. Ulté-
casamatta (Machiavel), anciennement camata (à rieurement, le mot est employé dans la littérature
Modènel, terme de fortification d’origine obscure. rabbinique au sens de =régulier, autorisé par la loi-.
Certains y voient un représentant, introduit par jeu en opposition à pasul et terefah, *qui n’est pas
de mots dans l’argot des soldats, du grec khasma conforme, interditm. Employé par extension dans le
(pluriel khmmata) <gouffre, ouverture, bouche Halskah, il est passé dans l’usage courant, un verbe
béantes. Ce mot est apparenté à khainein =S’OU~I+,
ktiëren étant formé pour exprimer le procédé,
s’entrouti, =ouvrir la gueulem, =être bouche béen,
l’action qui rend la nourriture ou les ustensiles de
ayant des correspondants dans d’autres langues in-
cuisine propres à l’usage prescrit. Ainsi, le mot
doeuropéennes. D’autres ont reconnu dans le mot,
s’applique à l’acte de laver les plats lors de la
au moins sous sa seconde forme, le composé de
Pâque, de les immerger dans un bain rituel
casa =maisom (+ case) et d’un second élément obs-
lorsqu’ils ont été achetés par un non-juif et surtout
cur, peut-etre matta, féminin de matto -fow, lui-
à la préparation rituelle de la mande. Il sert égale-
même d’origine incertaine (un rapport avec le latin
ment à qualifier, dans un contexte religieux, ce qui
??%a- =ivren étant très contesté). Chasmate (15461,
est correctement écrit, lilé, construit, et s’applique
employé par Rabelais au sens de =foss&, est direc-
aux témoins autorisés à témoigner en accord avec
tement emprunté au grec.
la jurisprudence talmudique. Récemment, il a pris
+ Le mot désigne le réduit d’un fort, généralement dans l’usage courant des pays anglo-saxons le sens
souterrain, à l’épreuve des bombes et des obus, de =Conforme à la lois.
spécialement un logement blindé contenant un ca-
+ Le mot, qui semble avoir été introduit en français
non sur le flanc d’un navire de guerre.
par les milieux juifs de Lorraine (selon P. Larousse),
t CASEMATER v. tr.. attesté une fois en 1578 en
qualifie ce qui est conforme aux prescriptions reli-
emploi figuré, est repris avec son sens propre, -mu-
gieuses dans la religion juive, notamment en par-
nir de casemates~, au début du >w’ s. (attesté 18381.
lant de la chair des animaux et, par extension, de
CASERNE n. f. est emprunté (av. 15471 à l’an- tout aliment. On parle de viande casher, de bou-
cien provençal cazema, quazema -groupe de cher et de boucherie casher, etc. De nombreuses
quatre personnes> ti XI? s.1, issu du bas latin “qua- graphies ont été employées.
dema, altération de quatema, pluriel neutre de
CASIER n. m. est à l’origine (v. 1225, en picard)
quaterni *quatre chaque fois+ l+ cahier). P. Guiraud
le masculin créé d’après l’ancien fi-ançais chasiere
préfère voir dans le mot provençal un dérivé de
n. f. =Panier où l’on fait sécher le fromage>, attesté
casa *maisons (- case) sur le modèle de taverne*.
comme nom de personne depuis le XII~ s. (av. 11371
+Le mot, -abri pour les soldats (à l’origine quatre) puis au XIII~ s. comme nom commun. Chasiere est
de garde sur les remparts~, a pris son sens mo- issu par abréviation d’un syntagme où l’adjectif ca-
derne de -bâtiment pour loger des troupes> (16801
searia (féminin), dérivé de caseus &-omagen (+ ca-
sur l’initiative royale de faire créer par Vauban des
séeuxl, était précédé d’un substantifféminin tel que
logements pour les soldats, jusque-là installés chez
le latin forma amoule à fromage> (&+forme) ou
l’habitant. 0 Par référence à l’architecture de ces
sporta -panier, corbeille>. L’adjectif casearius, -a
logements, le mot est employé pour désigner un
est attesté par Ulpien dans taberna casearia, =Ca-
type d’immeuble peu plaisant et, par I-éférence à la
bane où l’on prépare le fromage>; en latin médié-
discipline qui y règne, un établissement scolaire ti-
val, casearia est substantivé comme nom du lieu où
goriste.
l’on fabrique et conserve le fromage (11981. L’hypo-
c CASERNER v. tr. (17181 signi6e proprement slo- thèse consistant à faire remonter directement le
ger dans une caserne> et par extension *enfermer, masculin chasier, casier à un syntagme latin
soumettre au régime de l’internat>. -Son dérivé composé d’un substantif masculin et de casearius
CASERNEMENT n. m. (18001 est surtout usité avec est moins convaincante, parce que les noms mas-
un sens concret collectif: -ensemble des bâtiments culins désignant des paniers, des corbeilles
d’une Caserne~. -CASERNIER. IÈRE Sdj. (18381 a concernent plutôt le transport des denrées. L’évo-
désigné le gardien ou concierge d’une caserne lution de l’ancien f%nçais vers le français casier est
(sens disparu) et qualifie (18761 ce qui est relatifàla
le résultat d’une contamination morphologique et
caserne.
sémantique avec case*.
ENCASERNER v. tr. (1832; 1790 au p. p.1 exprime à
la fois le fait de mettre dans une caserne et, au fi- +Le sens étymologique -panier où l’on fait sécher
guré, de soumettre à une discipline quasi militaire. le tï-omages (wieuxs depuis Trévoux, 17521 s’est ef-
0 Il a produit ENCASERNEMENT n. m. (18991, très facé derrière le sens plus vague de =paniep (1268
rare. sous la forme chastir). 0 Ce sens, lui aussi disparu,
a favorisé l’assimilation du mot à un dérivé de
CASHER, CAWCHER, CÂCHÈRE adj., case* (12751, parfois avec une valeur collective (#en-
accueilli par les lexicographes sous les graphies semble de cases=). L’idée de .-compartiment>, de
DE LA LANGUE FRANÇAISE CASQUER
*rangement* s’est dégagée dans certains emplois 4Le mot, désignant un grand oiseau d’Australie
d’abord très isolés (spécialement en ameublement, voisin de l’autruche, est passé dans l’argot des
1450) et répandus aux XVIII* et xm’siècles. Qussi- élèves de Saint-Cyr au milieu du xxes. pour dé-
ment synonyme de case, le mot a développé le signer le plumet rouge et blanc ornant le shako de
même type de sens figuré, =catégorie abstraite ser- la grande tenue (inauguré le 24 août 18551. Par mé-
vant à claw?~- ( 18531. - Casier judi&ire ( 18601 dé- tonymie, il désigne le shako lui-même.
signe le répertoire officiel consignant par fiches les
condamnations pénales de chaque personne; de là CASQUE n. m., dernier venu (av. 1578) dans le
casier vierge =sans condamnation* et absolument domaine des CO&S militaires, après le heaume
avoir un casier -un casier judiciaire portant des médiéval et les salade, armet et morion (ti s.. au-
condamnations=. jourd’hui termes d’archéologie). est le terme qui,
de tous, a eu la fortune la plus durable. Comme les
CASIMIR n. m., une première fois casinir(1686) deux derniers, casque est emprunté à l’espagnol.
puis casimir (17901, est emprunté, avec altération Casco Cv. 1140) m-mure de tétem, également -crâne>
d’après le nom de personne Casimir, à l’anglais Cv. 12951 et -tesson* Cv. 1495) est le déverbal de cas-
ca.ssimr *étoffe de laine légèren (17741. Ce mot est car -brisen (ce qui suppose que la valeur initiale
issu du nom de la province de Cachemire, attesté est =tesson. débrisD1. Cascar est issu d’un latin po-
au xvf s. (16651 sous la forme Cassimer (- cache- pulaire “quassicare, de quassare (+ casser).
mire). L’hypothèse d’un emprunt à l’anglais hersey- 4 Le mot désigne une wmwe de tête. Les exten-
mers stissu de tic laine= [I798), corruption de la sions de sens, peu nombreuses, consistent en em-
forme anglaise cassimere sous l’tiuence du nom plois analogiques et métaphoriques. Le sens fam-
de la ville de Kersey (dans le Suffolkl, n’est pas à re- lier de =Crâne, têtes (16901 est surtout réalisé en
tenir pour des raisons chronologiques. locutions aujourd’hui archaïques : en avoir dans le
+ Le mot désigne un drap léger fait de laine croisée casque (16901, s’en donner dam le casque (1863)
ou de coton, de dessins et de couleurs variés, qui fut e’enivren. De là avoir le casque, se réveiller avec le
surtout à la mode pendant la première moitié du casque *avec une migraine due à la boisson>
me siècle. (6. gueule de boisl. 0 Par analogie, casque désigne
un ornement extérieur de l’écu qui se place en ci-
CASINO n. m. est emprunté tel quel (17401 à mier (16901 et reçoit des acceptions figurées en bo-
l’italien casino, diminutif de casa (+ case.1 =maison= tanique (17711, en zoologie (18951 et en géologie. Par
(littéralement <petite maison~l. attesté au sens de métaphore, il désigne un type de coiffure féminine
~maison de campagne ; maison de prostitutions km casque de cheveux; 6. Casque d’or, surnom
hv~~~.l, puis kv11~s.1 =maison de jeun. Le mot dé- d’une femme à la chevelure blonde, v. 19001.~ Par
signe ensuite un établissement de luxe compre- extension du premier sens, casque dénomme au
nant une maison de jeu dans une station thermale, xx”siècle des couvre-chefs de protection (casque
par emprunt sémantique au français comme le de moto, casque intégral, casque de chantier...)
montre l’attestation casin (avec accentuation sur ou des dispositifs couvrant la têteIcasqw sèche-
la finale comme en françaisl. La forme francisée ca- cheveu.&
sin 117721 n’a pas eu de succès. b CASQUÉ, ÉE adj. (17341 qualiie la personne qui
+Le mot, repris au sens de *maison de plaissnce~, a est coiffée d’un casque. -CASQUETTE n. f. (18171
pris par spécialisation son sens moderne, =établis- est d’emblée un terme d’habillement et s’applique
sement public dans les stations thermales et bal- à une coifike à visière emboîtant bien la tête, très
néaires, avec salles de réunions, de spectacles (Ca- répandue dans les années 1830 et devenue le sym
sino de Paris~ et de jeuxs (18121. Le style bole de la condition ouvrière et de certains gradés
architectural de ce genre d’établissement s’est Jïxé militaires. Le mot, ne désignant que des coiffures
à partir du Second Empire, repris sous la III” Répu- en matières assez souples, a toujours été détaché
blique: palais grandioses, analogues aux grands par le sens de casque. 0 Par métonymie, en avoir
hôtels, célébrant les divertissements du capita- ras la casquette qui correspond à ras le bol, em-
lisme international. ploie le mot pour #tête>. 0La 10~. fam. vas-y,
w Le dérivé familier CASINOTIER n. m. cv. 19801 allons-y casquette! est attestée en 1911. oAu fi-
désigne l’exploitant d’un casino. guré, avoir deux, plusieurs casquettes se dit pour
=plusieurs fonctions.~. -Casquette a servi à former
CASOAR n. m.. lorsqu’il apparaît pour la pre- CASQUETTEFI V. tr. (18501, CASQUETTIER, IÈRE
mière fois sous la forme quesso.oiianwé (16651 dans n. (18671 et CASQUETTERIE n. f. (XX” S.) *fabricants,
le récit d’un voyage à Londres, est emprunté à l’an- et <fabrication de Casquettes~. - 0 CASQUER v. tr.,
glais ca.ssawawa’y (16111, forme primitive de cassa- dérivé de casque ou de casqué, est attesté seule-
wary (16901, nom d’un grand oiseau coureur de la ment depuis 1883.
Nouvelle-Guinée et d’Australie dont la tête est SUI‘
montée d’une sorte de casque doré. Lui-même est 0 CASQUER v. est emprunté (18351 à l’italien
emprunté à hasuwdti ou hasutiri, mot d’une langue du Nord et du Centre cascare &mber= (XI?~.)
de cette zone qui n’appartient pas au domaine ma- l+ cascadel, plus récemment cascarci (xvm’s.1
layo-polynésien de la Nouvelle-Guinée occidentale ctomber dans le panneau*. Celui-ci est issu du bas
ou des Moluques. La forme française actuelle ca- latin %assicare, fait sur le radical de ca.ws (+ cas),
soar (17331, annoncée par casowxd (16771, est em- participe passé du Vert>e Cu&re *tomber- (+ choir).
pruntée par l’intermédiaire du latin des natura- 4 Le mot, d’abord argotique puis familier, signifie
listes hollandais, casoaris (16311. *tomber dans le panneau>, spécialement en payant
CASQUER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’avance, d’où “payer- (18441 au propre et au figuré, fie .-lui donner le premier labourn. Le verbe a fait
en construction intransitive, puis transitive (1867). fortune en emploi familier dans d’innombrables lo-
.CASQUEUR.EUSE n (lin mes.) désigne une cutions : d’après le sens ancien de =manger~~ (1561).
personne qui paie ; il est peu employé. on dit casserla croûte *manger un morceau> (1798)
par allusion à l’acte de briser le pain En emploi
0 CASQUER, CASQUETTE + CASQUE concret, ce verbe est devenu plus courant que bri-
ser [sauf en français québécois); il a pris récem-
CASSATION + CASSER ment des valeurs extenswes pour -détruire (un en-
0 CASSE n. m. est emprunté (1675) à l’italien semble concret),>. -Avec une idée de parole ou
cassa, correspondant au français caisse*, qui, à d’action violente, déjà réalisée dans en casser <en
partir du sens de ~caisse~ (X~I”-xrv”s.1. a pris di- dires 115851, wserdusu-surle dos de qqn (1866)
verses acceptions techniques dont celle de =meuble signifie =cancaner~~. o Une même idée d’intensité
divisé en petites cases contenant les caractères ty- se retrouve dans à tout casser [av. 18661, ça ne casse
pographiques* en imprlmene. rien, ça ne casse pas trois pattes à un canard. etc
o Plus nombreuses encore sont les locutions for-
+Le mot, passé en français comme terme tech-
mées avec un nom d’organe qui procèdent du sens
nique d’imprimerie, a donné les locutions haut de
archaïque de srompre les oso (xII’s.). Dès 1450,
casse, bas de casse, employées par métonymie
l’idée figurée d’+nportune~ était réalisée par l’an-
pour désigner des types de caractères d’après leur
cienne locution casser la cervelle, avant de passer
emplacement dans le meuble, en l’espèce des capi-
dans cassez-les oreilles, lespieds(l8901 et autres va-
tales (ou majuscules1 et des minuscules.
riantes vulgaires kasser le cuZ, les touilles, etc 1,
w Casse a donné au vocabulaire de l’imprimerie les
casser la tête réalisant plutôt une idée d’aassour-
nom.5 concrets CASSEAU n. m. (1723) =comparti- dissementn. À la forme pronominale, se casser la
ment spécial destiné à conserver le trop-plein des
tête (16771 exprime une autre nuance, d’ordre in-
caractères~, et CASS~ER n.m. (1797), =armoire de
tellectuel : =se fatiguer l’esprits. Se casser le cou, le
rangement des cassesn.
nez (1740; ce dernier étant plus tiéquent au sens
CASSETIN n.m. est emprunté (1552) à l’italien
dérivé de *trouver porte close= depuis 18341. se cas-
cassettino, dérivé avec double stixation dimim-
serles reins (19291 évoquent une idée d’échec, tan-
tive en -etio et Gno de cassa (+ caissel, et employé à
dis que casser les bras (18251, casser les jambes
la fois au sens de *cassette> et dans une spécialisa-
(18271 expriment le découragement. 0 En re-
tion en imprimer-le (~VI~S.). -Cassetin, repris au
vanche, elliptiquement, sela casser (la jambe1
sens de -petit casiep, est surtout utilisé avec ses ac-
[18351 signifie -s’enfuir2 et a fait fortune, populaire-
ceptions techniques en imprimetie (1611) et en mé-
ment, dans secasser “s’en aller-2 (19081. Un autre
tallurgie, en parlant du réservoir recevant le métal
sens archaïque, <<blesser, affaiblirez, vit peut-être
en fusion (1863).
dans certains emplois au passif (être cassé par
0 CASSE n. f., d’abord cassee (1256) puis cas.~ lâgel et au participe passé (vowC cassée, av. 1592).
(13651, repris sous la forme régressive casse o Le sens abstrait juridique cannulers krne s.) s’est
(av. 13821, est emprunté au latin cassis, également probablement développé à la faveur de la ren-
attesté à basse époque sous la variante ca.&. Ce contre du latin quassare et du latin juridique cas-
mot est emprunté au grec kasia, kassia *plante sare anrder, casserez (4081, dérivé de l’adjectifcas-
aromatique, arbre à cannellen, lui-même emprunté sus -mde, vain* kf ci-dessous cassation). 011 a
à une langue orientale, l’étymon étant apparenté à suscité des emplois spéciaux : casser un pnvclège
I’hébreu qo+Tü. (15111, casser un testament (1549) et, avec un
+Le mot désigne une longue gousse de légum- complément animé, il a reçu le sens de -dégrader
neuse dont la pulpe a des propriétés laxatives et, (un officier)> &n xv” s.1 d’où *destituer (qqn) de ses
par métonymie, cette pulpe. La casse fut un re- fonctions~ (1690; 1549, casser qqn aux gages). Le
mède important [souvent associée au sénél dans la sens de *cambrioler qqnm, en argot (19511, est une
médecine ancienne, jusqu’au XVIII~ siècle. extension métonymique de celui de &-acturer (un
coffr& (1790) dans l’argot des voleurs (6. ci-des-
t CASS~ER n. m. (1512) désigne l’arbre qui produit
la casse. sous casseur).
0 voir a CA*SIS. b Le verbe a de nombreux dérivés. - CASSEMENT
n. m., d’abord quassement (XIII~ s.), est apparu dans
* CASSER v., d’abord écrit quasser (10801 puis un contexte biblique au sens figuré de xfléaw; le
ca.%~’ (11601. est issu du bas latin quassare -agiter sens propre *action de casser, de briser- (1389-1392)
fortement, brisern (+ casque). Celui-ci est dérivé du a reculé dès le xwe s. et n’a été repris qu’au xxr s.
participe passé quassus pris au sens fort de -brisé sans se répandre. Le mot s’est centré sur une ac-
(à force de secousse+ du classique quatere -se- ception technique en arboriculture (1765). -CAS-
couer*, surtout réservé à l’usage poétique à l’épo- SON n. m. (1328-1342) -sucre bruts s’est étendu à
que impériale (la prose lui préférant des compo- d’autres substances brisées ou concassées : mor-
sés). Ce mot n’a pas d’étymologie claire, le ceau de cacao (18031, rognure provenant des glaces
rapprochement avec le grec passean =répandren mal faites (1838). 0 Le premier de ces sens vit éga-
étant très fragile sémantiquement. lement dans CASSONADE n. f. (1574) qui est pro-
4 Le sens de ~brlser, mettre en morceauxm (égale- bablement emprunté à l’ancien provençal co..sso-
ment =déchirer= au xwe s.1 est à la fois usuel et tech- nada (14761, annoncé par le latin médiéval
nique en agriculture où casser la terre (1690) sign- cassonata (1389, à Marseille). Ce mot a un regain
DE LA LANGUE FRANÇAISE CASSIS
d’usage a” ti s.. en gastronomie. -CASSURE n. f. nom à un jeu de patience complexe (1829) qui a re-
(1333,
casseurel désigne le résultat de l’action de lancé les emplois métaphoriques (1833. Balzac,
briser; d’abord appliqué à une kwture de casse-têtechinoisl. D’après la locution casser la
membre, il a reçu plusieurs acceptions techniques, tête,il a pris le sens de -grand bruit assourdissants
en métallurgie (17011, en géologie 11831) Le sens fi- (18031. -CASSE-COU n. m. (1718l, de même que la
guré de erupturem paraît plus récent. -CASSA- variante vulgaire CASSE-GUEULE n.m. (1808l,
TION n. f. (1413) procède du sens juridique de cas- désigne à la fois un endroit dangereux -sens où il
ser et désigne le fait d’annuler un acte, un a remplacé brise-cou (1690)- et une personne té-
jugement, surtout par métonymie la décision ren- méraire (1835). Il est passé dans le vocabulaire des
due par le tribunal, dans les locutions se powvoir jeux comme interjection pour prévenir le joueur
en cQ.ssation (1690, se pourvoir par cassation).tribu- au colin-maillard (1808). se répandant dans l’usage
nal de cassation (17901,cour de cassation (1804. Le (av. 1869). Casse-gueule a été repris comme adjectif
sens <action de priver d’un emploi>, attesté une pour sdangereuxn. -CASSE-CROÛTE n. m. (1803)
première fois (av. 1614l, ne s’est pas répandu. le a perdu son sens d’&strument pour casser les
mot étant repris au xti s. au sens militaire d’sac- croûtes de pain dur- et pris (1898) le sens moderne
tien de dégradez. -OCASSIS n.m. (1488) dé- de -petit repas sonxnaire~ qu’il partage avec la va-
signe une rigole pavée ou une pente en travers riante CASSE-GRAINE n. m. (1940). -CASSE-
d’une route et, par extension, une dépression bru- PIPE n. m. (fin XIX~ s.l *tir foraion est passé dans l’ar-
tale dans une route. À la différence des autres défi- got militaire au sens de <zone de combat de pre-
vés du verbe, il n’y est plus rattaché spontanément. mière ligne très exposées (1918l, soit par
~CASSABLE adj. (xv” s.1, sorti d’usage après 1637 métaphore, soit d’après la locution casser sa pipe
et repris au xc? s. (Littré, 1863l, s’est moins répandu ou, plus probablement, d’après casse-gueule *as-
que le composé INCASSABLE adj. (1801) qui s’em- sauts, pipe étant pris au sens de =têteB. ~CASSE-
ploie par extension pour =qui se casse moins facile- PIED(S1 n.m. et adj. (1948) se dit familièrement
ment* &?IT~ inCaSs&&?~. -CASSANT, ANTE est d’une personne importune et correspond au syn-
tiré (1538) du participe pksent du verbe au sens de tagme verbal casser les pied.3à qqn, aussi les va-
-qui se casse facilement B. Un sens figuré (1815, ma- riantes casse-couilks, -bumes,etc.
nièrescassantes1correspond à =dur, hnpérieux~ et 0 voir CASSE-TRAME Iart TRAME,.
est comparable à tranchant. Le sens de =fatigantn
(1947) provient de se casser la téte ou d’expressions
CASSEROLE n. f. est dérivé par suffixation di-
minutive (1583) de casse (13411, -récipient en forme
analogues.
de colllère~ (synonyme de casserole en Suisse), lui-
CASSEUR, EUSE adj. et n. (1588). apersonne qui
même emprunté à l’ancien provençal cassa (1327).
frappe fort pour cassem, a disparu après 1611 pour
peut-être =grande cuillère> et (1349) &cipient~. Ce
être repris au xc? s. en parlant d’une personne qui
mot, différent de 0 casse et 0 casse, représente le
casse (18321, spécialement qui casse beaucoup par
latin médi6val cattta screusetn (~II”-VIII’ s.l et =cui-
maladresse (1838). également en emploi adjectivé
lère à pot* (XII~~.~ issu par dissimilation du pre-
(1842). Par extension, il est appliqué au figuré à une
mier i de “ciatiiu du grec kuathos -coupe, vase
personne violente ou vigoureuse, dans des lo-
pour puisen, dérivé de hum dmw, scavitém, qui est
cutions: casseur de roquettes (1808). casseur de
un terme indoeuropéen.
vitres (18351, et en argot à un cambrioleur (1841:
une fois en 1628 dans le jargon, casseur de Hor&?s). +Le mot désigne un ustensile de cuisine cyliw
ll a produit ANTICASSEURISI adj. apparu dans le drique servant à la cuisson. Par l’intermédiaire de
climat politique de l’après 1968 (loi du 8 juin 1970, la locution culinaire à la cassemle (pour divers
mets ainsi cuislnésl, il donne la locution familière
abrogée en 1981). casseur se disant en même temps
pour <personne qui commet des dégradations au pas%?r à la cassemIe ( 1906) - par allusion aux vo-
cours de manifestations*. lailles que l’on tue pour les faire cuire - &re mis
dans une mauvaise posture> et spécialement *subir
Le déverbal CASSE n. f. (16401 a perdu au profit de
des violences sexuelles>. o Les extensions de sens
cassation son ancien sens militaire (d’abord dans
sont des emplois métaphoriques familiers fondés
donner de la casse auz solclats, puis absolument,
sur une analogie de forme -=Casque de combats
1740). Il ne s’est implanté comme substantif d’ac-
(1916l, =projedew -, ou de résonance : cpiano de
tion de casser que dans le langage populaire (1821).
mauvaise qualité> (1931l, d’où chanter comme une
spécialement au masculin avec la valeur de =CLL~I~-
casserole. oEn argot, le mot sert à désigner un
briolages en argot (1899). 11 a reçu des acceptions
mouchard
spéciales en commerce (=dépeçage d’objets+. 1935)
et en œnologie pour -dégradation d’un vin= (1906). w Sur le sens propre du mot, on a formé CASSE-
La dérivation est enrichie à parti du xwe s. de sub- ROLÉE n. f. (18381, COnCurrenCé par l’emploi &tO-
Stmtik COmpOSéS avec l’élément Verbal CASSE- : nymique de casserole, et CASSEROLIER n.m.
CASSE-NOIX n. m., apparu comme terme d’orni- (>Mes.), terme usuel en Suisse pour désigner le
thologie (15641, est devenu un nom d’instrument marmiton chargé de l’entretien de la batterie de
(1611). de sens très voisin de CASSE-NOISETTE~S~ cuisine dans un resta-t.
I-I. m. (16801. -CASSE-TÊTE n. m., d’abord casse- 0 “or c.4ssoLEm. CASSO-.
teSte win qui monte à la têten (169Ol, a évolué d’une CASSETTE - CAISSE
part vers le sens concret d’&rmeB (1756) et d’autre
part ver-s le sens figuré moderne de =travail qui de- 0 CASSIS n. m., attesté au milieu du ~VI~S. @
mande une grande applications (1706). donnant son (1552, selon Bloch et Wartburg; 1561). est d’origine
CASSIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

obscure. On a évoqué une transposition du latin (notamment d‘oie), préparé dans le sud-ouest de la
cassis (+ 0 cassel, le cassis ayant les mêmes vertus France, avec deux recettes principales à Toulouse
médicinales que la casse; cependant. le msfinal et à Castelnaudary Le mot désigne aussi un plat en
reste inexpliqué. A. de Candolle, dans son livre sur conserve à base de haricots blancs et de charcute-
L’Or@ne des plantes cultivées, dit ne pas l’avoir rie, et qui évoque vaguement la recette régionale
trouvé dans les livres de botanique avant le milieu hîte de cassoulet).
du xx& s., et ne pas connaître, surplus de quarante
dénominations vulgaires de la plante dans diffé- CASTAGNETTE n. f., d’abord castagnettes
rentes langues et patois, un seul nom analogue Ce- (1565)puis castaigmttes [1606)avant castagnettes
pendant, Buchoz, dans son Dictionnaire desplantes (1607), est emprunté à l’espagnol castatitm (1571)
(1770) appelle la plante le cassis ou cassetier des *petit instrument de musique espagnol*, diminutif
Poitevins,ce qui appuie l’étymologie de co..ssispar de costafia =châtalgneB (+ châtaigne) à cause de la
0 casse. forme et de la couleur de cet instrument.
+Le mot désigne d’abord une plante, glosé =Poivre *Le mot, surtout employé au pluriel, a gardé le
d’Espagne* par Wartburg dans l’attestation de 1561, sens de l’espagnol.
en référence aux anciens noms. poivrier et groseil-
lier noir, qu’il a remplacés. Les attestations se rap- CASTE n. f. est emprunté (16151,tout comme ses
portant au fruit sont beaucoup plus tardives (1860) correspondants européens. au portugais casta
mais la boisson faite avec le fruit est appelée cassis «race», d’abord à propos des animaux kve s.1 puis
en 1608. Il semble pourtant qu’on ait commencé à 4asse de la société hindoue= (15161,d’origme dis-
cultiver la plante en jardin dès le moyen âge, bien cutée. L’hypothèse d’une substantivation de l’ad-
que la plupart des auteurs du XVI~~.n’en parlent jectif casta, féminin de caste “pur* (+ chaste), ne
pas et qu’on lise, dans l’Hi.stoire de la vie prtvéedes rend pas compte du sens appas d’abord en portu-
kançais par Legrand d’Aussy (1782, vol 1, p. 232) gais et dans les autres langues ibériques (catalan
que =le cassis n’est guère cultivé que depuis une casta *races au XV s., espagnol cmta -races et -pro-
quarantaine d’annéesn. Selon cet auteur, l’engoue- création, reproduction*, déb. xv’ s.l. Se fondant sur
ment pour la plante et son fruit serait dû à une bro- ce sens originel des langues ibériques, Corominas
chure intitulée Culture du cassis, leur attribuant propose un étymon gotique ‘kmts à l’origine de
toutes sortes de vertus. Quant à la liqueur, appelée l’anglais tocast+ter~.
d’abord ratafia puis cassis, sa nature n’était pas 4 Le sens de =racen (à propos des Portug;tls de race
clairement connue, puisque le Grand Dictionnaire pure) cède rapidement la place à celui de &x.sse
de P.Larousse déclare qu’on fabriquait des li- de la société hindoues (1659; encore aujourd’hui
queus de ce genre estimées à Cassis. o Par méta- bien que les castes aient été théoriquement abolies
phore, l’argot puis la langue populaire en a tit un par Gandhi). Par analogie, caste a été appliqué à la
nom de la tête (19071comme de beaucoup de noms société française au sens de =cla.sse~(1789, Siéyès),
de fruits sphériques, citron, poire, pomme, fraise. péjorativement 4asse élevée caractérisée par son
t La formation d’un nom spécifique pour le végétal, esprit d’exclusion> (préjugéde castel.
CASSISSIER n. m., est tardive (1907-1909). CASTEL n. m. est emprunté (déb. XVIII~s.) au
t?ZCASSIS - CASSER
provençal castel Ws.1, de même sens et de même
origine que le français château* Wmstel en ancien
CASSOLETTE n. f., d’abord cassollette [1529). fkmçais), d’autres emplois pouvant venir par ar-
puis cassolette (1561), est, plutôt qu’un emprunt à chaïsme de l’ancienne forme normanno-picarde
l’ancien provençal cmoleta ou à l’espagnol cchzo- castel.
leta, le diminutif de l’ancien français cassole =Petit +Le mot désigne un château fort, dans un style lit-
récipientn (déb. >w’ s.), lui-même dérivé diminutif téraire évocateur et, généralement par hyperbole
du nom de récipient casse (comme casserole*l. ou ironiquement, une vieille demeure seigneuriale,
+Le mot, qui désigne un petit récipient de métal un manoir
(souvent précieux) dans lequel on fait brûler des b CASTELET n. m. est emprunté (1872) au proven-
parfums, s’est appliqué à un petit récipient utilisé çal castelet, diminutif de castel, proprement epetit
pour cuire un mets au feu et le servir à table (1929) château> (déb. xn’s.), correspondant à l’ancien
et, par métonymie, au plat ainsi cuit. hnçais chstelet (v. 11501,chûtelet. -Employé par
A. Daudet à propos d’un petit château en province,
CASSONADE + CASSER le mot a été dérivé directement de castel pour dé-
signer, par analogie de forme, un petit théâtre de
CASSOULET n.m., attesté récemment en marionnettes (1907).
français (18971, est emprunté à un mot languedo-
cien ancien désignant un plat cuit au four. Celui-ci CASTOR n. m. est emprunté (v. 11211 au latin
est le diminutif de cassolo <terrine>, d’où -mets que castor, doublet sémantique de fiber, calqué sur le
l’on cuit dans une terrine>, lui-même diminutif de grec kastôr. Ce mot, d’abord attesté comme an-
cassa spoëlow, correspondant masculin de l’an- tbroponyme en mycénien, paraît formé avec le sti-
cien provençal cassa, à l’origine du français casse fixe d’agent -tôr sur le radical de kekasthi =excel-
(+ casserole, cassolette). ler, brillerez. verbe que l’on rapproche du sanskrlt
+Le mot désigne un ragoût de haricots blancs - Stiadt$z =exceller, se distinguep. Le nom de Km-
d’abord de fèves -, de charcuterie et de viande tôr, proprement =celui qui brille, se surpasse>, a été
DE LA LANGUE FRANÇAISE CATACOMBE
donné au héros Castor, fils de Léda et W-ère de Pol- avec lui le sens figuré de =tronquer. mutiler (une
lux; il est devenu l’appellatif puis le nom de l’ani- œuvreh
mal à cause de sa sécrétion utilisée dans les affec- w CASTRATION n. f. est emprunté (13801 au dérivé
tions de l’utérus, le dioscure Castor étant le latin castratio de même sens (aussi =tonture=l de
protecteur des femmes. En français, castor a sup- cczshatum,supin de castrare. oLe mot s’est im-
planté l’ancien bievre(XII”s.),issu de beber,variante planté solidement dans le langage médical dès le
celtique de fïber, encore attesté comme toponyme; moyen français, empêchant toutes les tentatives
il s’agit là d’un mot très ancien signifiant =brun= et pour dériver un substantif d’action de châtrer? Le
utilisé en indoeuropéen pour désigner le castor sens figuré est tardif(l8661 et exceptionnel, à la dif-
kanskrit babhnih =brom et mangouste*). férence de l’acception psychanalytique freudienne
4 Le nom de l’animal, mammifère rongeur qui vit (élaborée en allemand en 19081, relativement vu-
en troupe en milieu aquatique et qui est notoire gwisée. 0 Le pré6xé AUTOCASTRATION n. f. est
pour ses activités de constructeur, est devenu, par attesté en 1926.
métonymie, celui d’un objet en fourrure de castor CASTRATEUR, TRICE n. et adj. (V. 19301 fait par-
et, dans l’argot des libertins (16951, le surnom de tie, encore plus que castration, de ces termes psy-
celle que l’on nommera plus tard une demi-mon- chanalytiques passés dans l’usage courant (mère,
daine. Ce sens donne naissance à 0 DEMI-CAS- atiti castratrtce~.
TOR n. m. (17841 *me galante=, OppOsé à CmtOr fin. 0 voir CASTRAT. ENCASTRER
Demi-castor s’employait encore au début du xz? s.
(le mot est dans Le Temps retrouvé, de Proust). CASUISTE n. est probablement -vu la noto-
0 Un autre 0 DEMI-CASTOR n. m. (16901 dési- riété des casuistes espagnols aux x&-xvue s. : Moli-
gnait ~VII”-xvm’s.1 un tissu feutré comportant du na-, Suamz, Stichez, Escobar... - emprunté (16131
poil de castor et un chapeau fait de ce feutre. à l’espagnol casukta (1616, très probablement an-
0 Dans les années 1950. castors a servi à désigner térieur), dérivé savamment du radical latin scolas-
un groupe de personnes associées pour construire tique casus =cs.s de conscience= (av. 15961 avec le
elles-mêmes leurs logements, par analogie avec le suffixe -ista (-cas).
comportement bâtisseur du castor. + Le mot désigne un théologien chargé de résoudre
t CASTORÉUM n. m.. emprunt ancien (X111”S.1 au les cas de conscience. Par extension, il se dit péjo-
latin médiéval castoreum, désigne la sécrétion de rativement d’une personne aimant à justtier par
l’animal -CASTORINE n.f. (18021 est le nom des arguments subtils ses fautes ou celles d’autrui
d’une étoffe en poils de castor et en laine et CAS- (1703).
TORETTE n. f. (19251 une peau traitée pour évo- w Les dérivés tardifs sont CASUISTIQUE n. f. (18291
quer la fourrure de castor. d’usage didactique et, avec une valeur figurée né-
gative, soutenu, et le péjoratif CASUISME n.m.
CASTRAT n. m. est emprunté (17491 à l’italien (18431 =attitude hypocrite des casuistes>, mot didac-
castrato, participe passé de ca.strare (+châtrerl, tique et rare.
employé comme adjectif en médecine vétérinaire
Km XIII”~.~ et comme substantif ~VI”S.~ à propos CATACLYSME n. m.. d’abord cataclisme
d’un chanteur castré dans son enfance pour (15531, est emprunté au latin cataclysmes #déluge>
conserver son timbre de soprano. Cette pratique et au figuré edestructions, lui-même pris au grec
s’était répandue en Italie dès la basse Antiquité, kataklusmos =inondatiom, déverbal de kataklu-
ainsi que dans la péninsule ibérique. Les femmes zein elnondep. Ce dernier vient de kata- (+ cata-
n’étant pas autorisées à chanter à l’église, les cas- strophe) et kluzein ebaigner (dans l’eau),, -verser
trats furent admis dans les chapelles au xvte s.. puis (de l’eau)= (&+ clystère), terme en rapport avec le la-
connurent de grands succès dans le théâtre ly- tin cloaca b cloaque).
rique. notamment au xvue siècle. Après l’interdic- +Le mot, d’abord employé avec une valeur figurée,
tion de la castration par le pape Clément XIV désigne un grand bouleversement causé par un
(1769-17741. ils disparurent progressivement de la phénomène naturel destructeur. -Par extension,
scène. Dès 1556, on trouve le mot gascon castrat il exprime l’idée d’un -profond bouleversement (SO-
fmuton cast&L de l’ancien provençal castrat cial, économique, psychologique)= (18451 et s’em-
(XIF S.I. ploie plaisamment à propos d’une personne cau-
+ Le mot, <individu mâle qui a subi la castration; eu- sant de grands troubles.
nuques, n’est employé que dans le contexte musi- t En est dérivé CATACLYSMIQUE sdj. (18631 en
cal italien. géologie et dans l’usage général.

CASTRER v. tr. est emprunté très tardivement CATACOMBE n. f., d’abord cathacombes
(19061 au latin castrare -couper. émondera d’où, au (1250-13001 puis cathacumbe (xv”s.1 avant cata-
propre et au figuré, samputep (+ châtrer). Les at- combes(16901, est emprunté au latin ecclésiastique
testations de castrer en ancien français (v. 12851, en catacumba (souvent au pluriel catacumbw) =cime-
moyen français (14011 puis en 1600 sont des formes tière souterrain=, à propos des premières sépul-
normandes, picardes ou encore méridionales de tures chrétiennes creusées à Rome, jusqu’au règne
châtrer*. de Constantin et à sa conversion au christianisme.
+ Le mot est employé comme doublet de châtrer en Le mot. primitivement employé comme nom d’un
chirurgie et en médecine vétérinaire. Il partage cimetière situé non loin de la voie Appienne, est
CATALAN 650 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

captùsl, faisà ~faisan* (de l’occitan faisanl. eim riG3so), ek demés *les autres= (espagnol las de
*outil> (de l’occitan aizkzal, etc. Néanmoins, une mdd, semill +implen (espagnol sencillo), etc. De
poésie catalane =déprov~nçalisée~~ verra peu à nombreux mots &ançais seront alors aussi inté-
peu le jour au xvr siècle. A cet âge d’or littéraire grés au vocabulaire du catalan, soit par voie di-
correspond l’extension géographique maximale recte, soit à travers l’occitan ou l’espagnol : mal-
des possessions politiques catalanes, qui em- lot (emprunt au tiança~s maillot), moaré
brassent au xrv” s. la Corse, la Sardaigne, la Si- Français moiré), ml Français châlel, beixamd
cile et une partie du Péloponnèse. Au début du @mnçals béchamell, dztall @rançais détdl. xam-
xve s., des consulats catalans émaillent tout le pany Uhnçais champagne), equipatge Ek3nçais
pourtour méditerranéen. équipage), etc.
3. La décadence IXW~-XWJ~ s.l. Les circonstances 4. La renaissance Ix& s.l. Au début du x19 s., le
historiques (1412, arrivée d’une dynastie castil- statut de langue dominée qui a caractérisé le ca-
lane, les Trastkmaras, au trône de Catalogne; talan pendant trois siècles semble irréversible et
1469, union des couronnes de Castille et d’Ara- repose sur un large consensus social. Les
gon par le mariage des futurs Reyes CatOlicos) langues vernaculaires n’ont guère la cote à une
préparent le terrain à une prise de pouvox époque où les idéologies universalistes, libéra-
grandissante des Castillans sur la scène poli- listes et an&féodales tiennent le haut du pavé
tique et culturelle de la péninsule ; le déclin poli- dans les milieux intellectuels; en outre, l’expan-
tique de la Catalogne, conjugué à l’ascension slon du commerce avec l’Amérique latine ne
prodigieuse de la littérature castillane (le Siècle peut qu’encourager l’usage de l’espagnol castel-
d’Or; -espagnol), relègue le catalan au second lan dans les situations formelles de caractère
plan : pendant trois siècles, il cède la place au la- administratif ou commercial. Pendant les
tin (dans l’enseignement) et au castillan (dans la guerres napoléoniennes (1808-18141, la France
littérature, à la Cour, puis jusque dans l’admi- cherche à faire reculer ses frontières méridio-
nistration). 11 reste cependant la langue du nales jusqu’à l’Èbre; dans le but de courtiser les
peuple, dans sa grande majorité bilingue, et en Catalans, on déclare leur langue co-officielle
général celle des échanges informels et oraux; avec le français. Sans résultats concrets immé-
l’élite est bilingue mais réserve le castillan aux diats, cette mesure a cependant pour effet de ré-
emplois formels, ainsi qu’aux échanges avec le veiller un nationalisme linguistique depuis long-
reste de la péninsule. La relégation du catalan temps endormi. C’est l’avènement du roman-
aux registres familiers et populaires favorise sa tisme qui déclenche un véritable engouement
dialectalisation ou, à tout le moins, la perte du pour la langue vernaculaire, doublé d’un intérêt
sentiment d’unité linguistique chez ses lo- retrouvé pour le catalan et l’occitan de l’âge d’or
cuteurs, qui encore aujourd’hui aflïrment parler des troubadours. Peu à peu, on assiste à une
le valencien, le mallorqui, le menorqui, etc. mal- prise de conscience chez les intellectuels pro-
gré l’opinion unanime des linguistes, selon les- gressistes, qui engendre une véritable renais-
quels il ne s’agit que de variétés géographiques sance culturelle catalane : l’émulation des mo-
peu di&kenciées d’une seule et même langue. dèles médiévaux permet d’abord à la poésie de
A la suite de la guerre de Succession (1705-17141 renaître de ses cendres, puis suivront le théâtre,
en Espagne, la défaite de Barcelone entraîne la presse, le roman, et même une certaine prose
des conséquences néfastes pour le catalan: scientifique. La révolution industrielle marque
toutes les lois et institutions des pays catalans profondément la Catalogne au x12 s. mais ne
sont abolies, et le catalan est interdit dans toutes touche guère le reste de la péninsule, ce qui fa-
1~s manifestations de la vie publique - école, vorise un sentiment protectionniste chez les Ca-
Eglise, gouvernement, etc. L’usage écrit de la talans, qui reprennent conscience de leur statut
langue, délà monbond, est menacé de dispar- de groupe à part au sein de l’ensemble politique
tion pure et simple. Cependant, le catalan suvit espagnol. L’industrialisation engendre une
comme seule et unique langue véhiculaire dans classe de travailleurs, puis de bourgeois; à la fin
la plus grande partie de la pop$ation, surtout du siècle, les idéologies socialistes réclament
en Catalogne proprement dite. A Valence, les pour le catalan, langue des travailleurs, un sta-
élites sont déjà passablement castillanisées. tut plus conforme aux aspirations des masses la-
Cette période coïncide avec un mouvement de borieuses. Quant à la petite et moyenne bow
forte croissance économique; les Catalans, geoisie, elle jouera un rôle très important dans
peuple industrieux et commerçant, trouvent le maintien et la défense de la langue : contrai-
leur compte à faire partie de l’Etat espagnol, et rement aux élites collaboratrices et bilingues.
les revendications linguistiques ne sont pas à elle reste massivement unilingue et cherche à
l’ordre du jour. Pendant cette période de dé- redonner au catalan un prestige social depuis
cadence. le catalan importe un grand nombre longtemps perdu. Un nouveau courant culturel.
de mots espagnols, dont plusieurs ont fait le modernisme, succède à la Renaissance et
souche dans la langue : apoiar sappuyers (espa- consolide les acquis : il vise à une modernisation
gnol ccpoyar>.cariny6s =afTectueux~ (espagnol ca- de la culture catalane et se veut tout à la fois
DE LA LANGUE FRANÇAISE CATALAN

CATALANILALANGUECATALMEI

Le catalan, langue soxw de l’occitan est la à l’espagnol et au portugais; (catalan, occitan


deuxième langue parlée en Espagne (plus de six parlar, français parler, italien parlare, face à l’es-
millions de locuteurs) ; il partage avec l’espagnol pagnol habkw, au portugais fa&; catalan, occi-
le statut de langue officielle en Catalogne, aux tan trobar, français trouver, italien trovare, face à
îles Baléares et au Pays valencien. Dans la pti- l’espagnol hallar, au portugais achar; catalan,
cipauté d’Andorre, il est la seule langue offi- occitan voler, fran@s wuloir, italien volere, face
cielle; on le parle aussi en France dans le dé- à I’espagnol et au portugais querer; catalan Uit,
partement des Pyrénées-Orientales (Perpi- occitan Ziet, français lit, face à l’espagnol et au
gnan), ainsi qu’en Italie dans une petite région portugais cama, etc.). La romanisation plus ou
au nord-ouest de la Sardaigne (l’AlguerI. moins profonde sera à l’origine de la future ti-
&ngue-pontm (Badia i Margarit) entre l’his- férenciation dialectale du catalan (occidental et
pano-roman et le galle-roman. le catalan détient oriental), mais il s’agit d’une langue très un-
une position centrale au sein des langues ro- taire. peu dialedalisée. Le catalan fut moins ir-
manes : à travers des périodes d’apogée, de dé- fluencé par l’arabe que l’espagnol et le portu-
cadence puis de renaissance, son évolution a été gais, mais plus que l’occitan ou le français; à
marquée par de nombreux échanges avec les l’intérieur du domaine catalanophone, l’in-
langues voisines. fluence de l’arabe - limitée au vocabukdre -
l.Les origines du catalan. Tout comme les fut plus faible dans la vieille Catalogne (Barce-
autres langues romanes de la péninsule Ibé- lone fut reconquise par Charlemagne en 8011,
rique, le catalan est issu de l’évolution du latin que dans la nouvelle Catalogne (Tortosa, Lleida,
importé en Hispanie dès le 11~ s. avant notre ère Tarragonal, occupée par les Arabes jusqu’au
Ce latin des soldats, des colons et des admink- ~~~“Siècle. Quant au Pays valencien et à Mal-
trateurs romains est influencé par le grec et le lorque, des contacts avec l’arabe jusqu’au début
germanique, mais aussi par les langues auto- du XVII~s. (expulsion des Maures en 1609) en ont
chtones de la péninsule (basque. celtibère). A la fait les régions les plus earabiséesn du domaine
suite de la chute de lXmpire romain, les diffé- catalan. Quelques exemples d’arabismes en ca-
rentes variétés régionales de latii se retrouvent talan : catifa ~oussim (de l’arabe qc@a,), safata
isolées, et la fragmentation linguistique du do- *plateau> (de l’arabe safat), quitrà -goudrom (de
maine latinophone, déjà en gestation, est préci- l’arabe 9@àn), etc.
pitée. C’est à cette époque que se crée le proto- 2. L’époque médiévale (mf-~VS.). Au moyen
catalan. Les envahisseurs germaniques laissent âge, le catalan connaît une forte production lit-
leur marque dans le latin populaire des diffé- téraire. Le plus vieux document linguistique
rentes régions de la Remania. En Catalogne, ce écrit en catalan qui nous soit parvenu date de la
sont tout d’abord les Wisigoths qui s’implantent seconde moitié du xne s. (Llibre jutge, code des
(Ve-vfs.1, puis les Francs (V~I%~“S.); l’influence lois wisigothiques). Au XIII~s., quelques publica-
linguistique de ces derniers sera de loin infé- tions voient le jour en catalan, mais c’est surtout
rieure à celle qu’ils exerceront sur le prote-km- avec Ram& Llull (1235-1315) que la langue
çais dans le nord de la Gaule. On peut citer connaît ses premiers monuments écrits. Ce
comme exemples de germanismes en catalan grand érudit rédige en catalan un nombre im
dberg (du gotique “haribatigo) qui correspond pressionnant d’ouvrages olrs Magna, Blan-
au fmnçais auberge, espiar (du gotique ‘spaihôn) 9uema~. qui abordent plusieurs thèmes et il-
qui correspond au français épier, ganivet (du go- lustrent divers genres littéraires. Il introduit un
tique knif; 6. l’anglais knife, le lançais caniB, or- grand nombre de latinismes dans la langue et
guU (du gotique “urgolil qui correspond au fran crée on modèle pour la prose littéraire, scienti-
pis orgueü, etc. À l’arrivée des Arabes dans la fique et philosophique en catalan, domaines
péninsule (déb. V~I”S.). le latin parlé dans le jusqu’alors réservés au latin. A la même époque,
nord-ouest de 1’Hispanie est déjà un dialecte la langue administrative se développe et atteint
marqué par un ensemble de caractéristiques assez rapidement unité et stabilité. Seule la
phonétiques. grammaticales et lexicales qui langue poétique fait exception à la règle : au
donneront naissance un jour à une langue ro- moyen âge, les poètes catalans écrivent surtout
mane à part entière, originale dans ses choix : le en occitan (aussi appelé ancien provençal). la
catalan partage avec l’espagnol et le portugais langue des troubadours. très prestigieuse à
un bon nombre de types lexicaux katalan l’époque. La proche parenté de l’occitan avec le
genà, espagnol hemulno, portugais inna0, face catalan favorise son emploi massif en domaine
à l’occitan fraire, au français frère, à l’italien fra- tata-lanophone. Le catalan emprunte alors plu-
tello; catalan nu% espagnol m& portugais sieurs mots à l’occitan, dont certains survivront :
mais, face à l’occitan et au kançais plus, à lïta- ambawcada +unbassade= (de l’occitan ambak-
lienpiù), d’autres avec l’occitan, s’opposant alors soda), capatàs <contre-maître* (de l’occitan
CATAPULTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

minent l’emploi oral du catalan, mais ce pour- Renaissancel; mais l’&luence du castillan ne
centage tombe à 60 % si l’on considère l’en- cessera jamais de constituer pour le catalan,
semble de la population avec de nombreux his- comme pour le galicien ou le basque, une réalité
panophones installés en Catalogne. Cependant, avec laquelle il faut composer.
80 % et plus en ont au moins une connaissance A. Thibault
passive. Le bilinguisme dans l’aflkhage public,
l’existence d’une chaîne catalane de télévision,
la présence massive du catalan aux côtés du
castillan dans la presse et à la radio contribuent G. COLON, El léxzcocatalch en la Remania, Madrid,
à la connaissance, à tout le moins passive, du ca- 1976.
talan chez les immigrants. Les jeunes généra- J. COROMINES, El que s’kz de saber de la Uen.@uz
ca-
tions qui apprennent désormais le catalan à talana, Palma de Mallorca, 1982 W éd.).
l’école, comme langue première ou langue se- C. DUARTE, A. MASSU’, Sintesi d’Hist&ia de la
Ilen~a catalana, Barcelona. 1984 l5* éd.).
conde, auront de la langue standard une meil-
leure connaissance que leurs aînés, et la situa- Leximn dei-Romantstischen Lin@&ttk IL. R LA édité
par Günter Holtus. Michael Metzeltin et Christian
tion actuelle est peut-être plus favorable que Schmitt, vol. V, 2 : -L’occitan, le catalans, Tiibingen.
jamais pour le catalan (on parle d’une Seconde 1991.

savant au grec hataplmma <emplâtres, employé en s’abaissent ou tombent plus ou moins brusque-
médecine (Hippocrate), de hata- (+ catastrophe) et ment : oiseau de mer fondant snr sa proie et, plus
de plasma =ce qui est façonnés (- plasma), du vez%e tard, chute d’eau, herse d’un pont ou d’une porte,
plassein (- plastiquel. écluse. C’est un composé de kata- =de haut en basm
+Employé strictement en médecine et en horti- (+ catastrophe) et d’un dérivé de rhêgnunai -briser.
culture (dans les soins des arbres), le mot a reçu faire éclater- que l’on rapproche de ve&es sign-
une valeur figurée dans la locution un cataplasme fiant *briser. arracher-2 dans des langues indoeuro-
sur une jambe de bois ane mesure inefficaces, et péennes, notamment le lituanien et le vieux slave.
comme désignation familière (17321 d’un aliment + Le mot a été introduit avec sa spécialisation mé-
indigeste, épais, ou d’un épais paquet (de billets, de dicale. o Il a été repris au latin dans l’expression
fenilles). biblique cataractes du ciel (14791, calquée du latin
chrétien cataractae caeli <les écluses du ciel> à pro-
CATAPULTE n. f. est emprunté (v 13551 an la- pos du déluge. Le sens de =Chute d’eau violente sur
tin catapulta, lui-même pris au grec hatapaltês le cours d’on fleuves n’apparaît qu’au xvte s. (15491
=engin de guerren, de kata- (-catastrophe) et donnant par extension celui de =trombes de pluien
d’une forme dérivée du verbe pallein <brandir, se- (18031 et quelques emplois figurés en parlant des
COU~P, terme encore vivant en grec moderne au larmes, de la lumière, exprimant une profusion
sens de -vibrena. L’étymologie de ce verbe est dis- soudaine, comme cascade, vis-à-vis duquel il joue
cutée, mais il est sans doute apparenté au latin pel- le rôle d’intensif
lere =ponssep (pulsum an supin - pulsation). .Le terme médical a produit CATARACTÉ, ÉE
(Ayant longtemps désigné une ancienne pièce adj. (17521 <affecté de la cataracten.
d’artillerie servant à lancer des projectiles, le mot
s’applique aussi à l’engin de propulsion d’on avion CATARRHE mm. est emprunté (v. 1370) au
ou d’un hydravion sur un navire de guerre (1927). bas latin médical catarrhes Ciïn IV-V” s.), lui-même
r CATAPULTER v. tr., de formation récente repris an grec katarroos, katarrous dans sa spécia-
(déb. xxe s.), a le sens général de =lancer très loins et lisation au sens de *rhumes (depuis Hippocrate).
le sens figuré de =Placer brusquement (qqn) à un Ce mot, employé plus généralement pour -flux
poste de haute responsabilitéo 0 En revanche, ses d’humeurs*, est la substantivation d’un adjectif si-
dérivés CATAPULTAGE n. m. (déb. xxe s.1 et CA- gniflant littéralement =qni coule vers le bas*, de ka-
TAPULTABLE adj. (19511 sont surtout employés en tarrein *couler d’en haut*, =déconlep, =tomber=,
aéronautique militaire. composé de kata- (+ catastrophe) et de rhein ~COU-
lerD (+ -rrhéel. Le mot a eu les formes cathar (fjn
CATARACTE n. f. a fait l’objet de deux em- xrv” s.), quaterre (1491) et caterre au xwe s., la forme
prunts, sémantiquement distincts, en moyen fran- moderne étymologique triomphant tardivement.
çais (v. 1340 et 14791, au latin cataracta. Celui-ci est +Ce terme médical, &flanxnation d’une mu-
attesté depuis l’époque impériale au sens de -chute queuse suivie d’on écoulement>. a connu un grand
d’eaw, d’abord en parlant du Ni; à basse époque succès et est passé dans la langue commune dès le
W s.), il a reçu une spécialisation médicale, dési- x9 s. avec le sens de =flux d’humeurs peccantes qui
gnant une affection de la vue, soit par l’image de la s’écoule par le nez, supposé provenir du cerveau>.
chute d’eau, soit de la porte qui s’abat, le malade Au xm’ s., cette étiologie, d’où provient rhume de
ayant l’impression d’une porte qui s’abat devant cerveau (encore usuell, étant abandonnée, catarrhe
son œil. Le mot latin est emprunté au grec katar- devient un terme général pour énoncer toute es-
raktês qui désigne des êtres, des choses qui pèce d’intlanxnation muqueuse, précisée par une
CATAFALQUE 648 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

composé du grec hata- cen bas> (+ catastrophe1 et péjoratif de &wer d’après un jugement péremp-
du latin chrétien tumba (- tombe); on rencontre en toire, qualifier-8 (d’un objet, de qqn) 119021.-Il a pro-
effet catatumbas au we s. et la disslmilation est pro- duit CATALOGAGE n. m. (19281employé aux deux
bablement due à l’influence de cumbere =être cou- sens de même que le couple CATALOGABLE adj.,
chés ou de cumba (+ combe). INCATALOGABLE adj., qui semble récent. o CA-
+ Le mot est employé dans le contexte de l’histoire TALOGUEUR n. m., proposé par Mercier en 1801,
chrétienne et, par extension, à propos d’autres ci- ne s’est pas répandu.
metières souterrains, spécialement à propos des
carrières de Paris transformées, à la iïn du XVIII~s.,
CATALPA n. m. est emprunté (17711 à l’anglais
en dépôts d’ossements enlevés aux cimetières dé- catdpa, nom d’un tire découvert en 1726 en Ca-
roline par le naturaliste anglais Mark Catesby qui
saffectés (surtout celui des Saints-Innocents).
atteste le mot en 1731.1748. Le nom de l’a&re est
0 Par métaphore, il est parfois pris au sens de -la-
repris à une langue amérindienne de Caroline.
byrinthe, dédale>.
t CATACOMBAL. ALE. AUX dj. (1886) Cpdi!% ce CATALYSE n. f. est l’adaptation (1836, Berze-
qui est propre aux catacombes. s’y rapporte. liusl du grec katalwis dissolution (d’un gouverne-
ment, etc.)s, =décompositiow. Ce mot est dérivé de
CATAFALQUE n. m. est emprunté à l’italien katahein <dissoudre-, composé de kata- CG+cata-
catafalco (~VI~S.), issu d’un latin populaire ‘tata- strophe) et de luein “délier, détruire, dlssoudren,
falicum qui, par une autre voie, a donné échafaud*. mot à rapprocher de la famille du latin luere sdéga-
+ Le mot a conservé le sens de son étymon italien : ger- (cf. les composés en -SOU&~) et de formes cl-
~construction en estrade dressée au milieu d’un verses en gotique et, lointainement, en sanskrit. Le
lieu de culte ou d’une maison pour recevoir le cer- mot grec a été choisi par le chimiste suédois Jons
cueil pendant la cérémonie funèbres. Au figuré, il Jacob Berzelius (1779.18481en 1836 et il est parvenu
se dit d’un monument, d’un meuble massif et si- en i%xmçals peut-être par l’intermédiaire de l’an-
nistre (attesté XXeS.I. glais (1836, Beneliusl ou de l’allemand.
+ Le mot est employé en chimie à propos de la mo-
CATALEPSIE n. f., réfection (v. 15801de cata-
dification de la vitesse d’une réaction chimique
lapse (15071,est emprunté au bas latin médical ca-
sous l’influence d’une substance capable de dé-
taldm)psia W s.l. lui-même emprunté au grec ha-
clencher cette réaction, sans subir elle-même d’al-
talêpsis, proprement =action de saisir, prisen d’où,
tération.
en langue médicale, &taque, paralysies, de kata-
lambanein *s’emparer des. Ce mot est composé de t Le mot a produit CATALYSER Y. tr. (18381 qui,
hata- (+ catastrophe) et de lambanein SprendreB, avec son dérivé CATALYSEUR n. m. (18841, s’est
d’un radical “labh- permettant un rapprochement répandu dans l’usage avec un sens figuré edéclen-
avec le sanskrit Zdbhate =saisir~ et quelques appel- cher un effet=, proche de celui du terme de chimie
latifs baltiques. précipiter?
CATALYTIQUE adj., introduit par Berzellus en
4 Le mot. employé en pathologie pour désigner une
même temps que catalyse (18361, est emprunté au
paralysie observée dans certains états hypnotiques
grec katalutikos =propre à dissoudrez. L’anglais ca-
et scbizopbréniques, est entré dans l’usage com-
tdytic (1836) a pu servir d’intermédiaire. -Le mot
mun avec l’expression tomber en catalepsie, em-
qus.We ce qui est propre à la catalyse, l’entraîne.
ployée dans un sens extensif dans le vocabulaire de
l’hypnotisme, du spiritisme. CATAMARAN n. m., d’abord catamaran
w CATALEPTIQUE adj. (av. 17421est emprunté au (16991 et catimaron, canthamn (17021, est em-
bas latin médical catalehdpticw lui-même em- prunté au tamoul kattumaram qui désigne une
prunté au grec katdêptios (+ épilepsie) du même embarcation, un radeau fait de troncs assemblés.
radical grec. Le mot vient de katta Gers et maram sboisn. La
forme catamaran, plus récente (19071,est probable-
CATALOGUE n. m. est emprunté (v. 12651au ment reprise à l’anglais qui l’a depuis 1697.
bas latin catalogus &umération, liste> W s.1,em- +Le mot, d’abord lié à une réalité indienne de la
prunté au grec de même sens katdogos, de katale-
côte de Coromandel, est devenu. par extension, le
gein &sxire sur une liste, enrôlen, proprement
nom d’une embarcation à voiles ayant deux coques
-nommer l’un après l’autres, composé de kata ade
parallèles réunies par une armature rigide. Par
haut en bas> (+ catastrophe) et de legein erassem-
analogie, ll se rapporte à la disposition parallèle
bler-, &re~, apparenté au latin legere (-lire).
des deux flotteurs du train d’amerrissage des hy-
(Le sens, <liste indicative des pièces composant dravions.
une collection, énumération=, a donné par exten-
w Catamaran a servi, avec une coupe syllabique qui
sion et spécialisation celui de -brochure présentant
correspond d’ailleurs à la morphologie, mais avec
en détail les articles proposés par un commerçant,
un élément sémantiquement absurde, à former
un grand magaslm. Il a également donné le sens fi-
TRIMARAN n. m. (1958) avec le préfixe tri- &oisn.
guré de ‘liste d’éléments> d’où les locutions rayer
Le mot désigne un bateau à trois coques réunies
de Son catalogue (18631,faire le catalogue (18671.
transversalement par une armature rigide.
t CATALOGUER V. tr., donné comme néologisme
par Mercier en 1801, -classer. enregistrer sur une CATAPLASME n. m., d’abord cathaplasme
listes, s’est répandu dans l’usage avec le sens figuré (13901,est emprunté au latin cataplasma, emprunt
L%lite p 6.52)
CATÉGORIE 654 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

introduit plus tard avec une acception didactique tien Il80 11où il désigne un concept fondamental de
dans la langue ecclésiastique. l’entendement. oIl s’était répandu dans l’usage
+Le mot désigne l’enseignement oral de la doc- courant 11668)à propos d’une classe d’objets ou de
trine et de la morale chrétiennes et. par métony- personnes de même nature, comme dans catégorie
mie, le livre contenant cet enseignement (1636). socio-professionnelle, en sports fchampion toutes
o Dans la seconde moitié du XVIII~s. apparaissent catégories1 et en alimentation (1855 en boucherie,
une extension de nature didactique, en parlant de morceau de veau de seconde catégorie). sans
l’exposition abrégée d’une science (17731, avec le perdre pour autant sa vocation scientifique: on
même développement figuré que credo (17781,et la parle de théorie des catégories en mathématiques
valeur péjorative de <leçon destinée à endoctriner- Iv. 19501 et de catégories grammaticales, lo-
(1762). oLe mot désigne aussi par métonymie giques, etc. en linguistique.
(1832) une assemblée d’enfants réunis pour rece- w Les dérivés directs sont apparus dans le langage
voir l’instruction religieuse, la classe, l’enseigne- didactique moderne : CATÉGORISER “. tr. (18451,
ment organisé de la doctrine chrétienne, avec &wer par catégoriew (en logique, linguistique), a
l’abréviation scolaire le coté. donné à son tour CATÉGORISATION n. f. (18531 et
. CATÉCHISER V. tr., d’abord Cathezizier (1374) et CATÉGORISABLE adj. (1919). 0 CATÉGO-
catheciser (1566) refait en catéchiser (15831,est em- RIEL.IELLE adj. (1929). est quelquefois concw
prunté au latin chrétien catechizare (lui-même pris rencé par CATÉGORIAL, IALE, IAUX adj. (dès
au grec), attesté depuis saint Augustin au sens 1945. Merleau-Ponty), et qualifie ce qui est relatif
d’dnstruire~. spécialement *instruire lors de aux catégories en philosophie et dans quelques vo-
l’adhésion au christianismes. -Le mot a suivi le cabulaires didactiques (linguistique, psychologie).
même type d’évolution que catéchisme, dévelop- CATÉGORIQUE adj. est emprunté (1495) aubas la-
pant, par extension du sens propre +&uire dans tin categoricus (fin III~s.-déb. Iv’s.1, lui-même pris
la religion chrétiennes, la valeur figurée -endo&- au grec katêgorikos &iïrmatif~ (Aristote). -Repris
nep (fin xvr’s.). -tâcher de persuader (qqn) de dans un emploi substantivé qui ne s’est pas main-
qqch.* (16941, emploi de nos jours familier. -En tenu. le mot qualifie ce qui se rapporte aux catégo-
sont dérivés, outre un emploi adjectivé et substan- ries (1542) en philosophie, spécialement en réfé-
tivé du participe passé CATÉCHISÉ,ÉE. CATÉ- rence au système d’Aristote, puis à Kant (1838,
CHISEUR. EUSE n. (1584) et CATÉCHISATION impératif catégorique), et par extension dans
n. f. (1787). l’usage didactique. ~Dès le xv?s. (1552) l’adjectif
CATÉCHUMÈNE n., d’abord cathecumin (13741, s’utilisait dans l’usage commun avec le sens d’aab-
puis cathecunène (16101,catécumène (1680) et caté- SO~U,clair et précis., développant progressivement
chumène (une fois en 1578, puis XIX”~.), est em- la valeur accessoire de &anchant, qui ne souffre
prunté au latin chrétien catechumenus (saint Jé- pas l’objection=., quelquefois péjorative.
rôme), lui-même calqué du grec katêkhoumenos CATÉGORIQUEMENT ad”. (1552) correspond aux
-celui qui a reçu l’instruction religieuse en vue du sens courants de l’adjectif notamment *de ma-
baptême>, participe moyen-passif de katêkhein. nière tranchantes.
0 Le mot désigne proprement la personne qui re-
çoit l’enseignement religieux pour se préparer au CATHARE n. et adj. est emprunté au xw”s.
baptême et a pris le sens figuré d’easpirant à une (1688 chez Bossuetl au latin médiéval catfzams, re-
initiation* (1844). -Il a produit CATÉCHUMÉNAT levé pour la première fois au XII~s. dans un acte de
Km. (a”. 1733) et CATÉCHUMÉNIE n.f. (1732) Nicolas, évêque de Cambrai (1164-1167). qui enre-
maison ou lieu où l’on instruisait les catéchu- gistre la condamnation portée par les évêques de
mènes, et <galerie des catéchumènes dans une Cologne. Trèves et Liège entre 1151 et 1156 contre
églises, terme didactique sorti d’usage. un clerc, Jonas. cconvaincu de l’hérésie des ca-
CATÉCHISTE n. est emprunté (1578) au latin chré- thares>. Il est également employé en Allemagne au
tien catechista *personne chargée d’enseigner la XII~s. par Eckbert, abbé de SchOnau qui, dans ses
religion chrétiennes (saint Jérôme), lui-même pris Senones adversus cathares (Sermon.3 contre les
au grec katêkhistês. Le mot, comme son dérivé CA- cathares, 1163). leur reproche d’avoir eux-mêmes
TÉCHISTIQUE adj. (17521,est didactique, avec des assumé cette appellation de -purs*. Le mot est en
emplois figurés rares très littéraires. effet emprunté au grec katharos “pur-, =Propre>,
dit concrètement du grain vanné. et employé au
CATÉGORIE n. f. est emprunté (1564) au bas sens moral, la pureté religieuse se trouvant d’ai-
latin categoti (meS.-IF s.), pris au grec katêgoria leurs associée à la propreté du corps; par la suite,
~accusatiow et, chez Aristote, ~qualité attribuée à le mot gréco-latin a été employé par Eusèbe,
un objet, attributs. Ce mot est dérivé de katêgorein saint Basile, saint Grégoire de Nazianze pour dé-
qui signijïe à la fois -parler contre, accuser, blâmer- signer différentes sectes. Ce mot, qui subsiste en
et -énoncer, simer. affirmeIr spécialement dans grec moderne, est sans étymologie connue, bien
la logique aristotélicienne. Lui-même est composé que l’on puisse supposer un ancien neutre Okathar
de kata- <contre> (-catastrophe) et de agorewin ou “kothar.
‘parler dans une assemblée, en publics, .-déclarer, 4 Le mot. qui a pris place aux côtés de l’appellation
proclamep. de agora (+ agora). plus générale et plus fréquente hereticus dès le la-
+Passé en français comme terme de logique aristo- tin médiéval, désigne et qualUïe les hérétiques dua-
télicienne, le mot fera fortune dans le vocabulaire listes qui se manifestèrent en Occident dans la se-
philosophique, notamment dans le système kan- conde moitié du XII~siècle. Il s’est surtout appliqué
DE LA LANGUE FRANÇAISE 651 CATALAN

nationaliste h-evendication d’une littérature na- population se prononce en faveur de l’état d’au-
tionale autonome embrassant tous les genres) et tonomie pour la Catalogne lors d’un plébiscite.
universaliste (désir d’ouverture sur le monde). Le catalan y devient langue officielle ; il est intm-
5. Normalisation et planification linguistiques. duit dans l’administration publique, l’enseigne-
La réintégration du catalan dans la sphère de ment et les médias. Des postes de radio entière-
l’écrit entraîne chez les usagers le besoin d’une ment catalanophones sont mis en opération. Le
norme, d’une autorité qui guide l’usage et favo- nombre de quotidiens publiés en catalan aug-
rise l’enseignement et la diffusion de la langue. mente sensiblement; dans les régions, plusieurs
En 1906, un Primer congrés k&?m&ional de journaux anciennement rédigés en espagnol
Lleflgw Catalana se tient à Barcelone (le se- passent au catalan Dans l’enseignement, le ca-
cond ne devait avoir lieu que quatre-vingt ans talan devient langue seconde obligatoire pour
plus tard); en 1907, on fonde l’institut d%studis les hispanophones, et l’espagnol langue seconde
Catalans, dont les pouvouS sont ceux d’une aca- obligatoire pour les catalanophones. Au Pays va-
démie. Une partie importante du travail de nor- lencien et aux Baléares, des avant-projets d’au-
malisation linguistique interne accompli à l’iris- tonomie sont rédigés.
titut est l’œuvre d’un homme, Pompeu Fabra Tout ce processus de normalisation est violem-
(1868-1948); on donnera même à ce processus le ment interrompu avec l’instauration de la dicta-
nom de reforma fabrima. En 1913, l’institut pu- ture franquiste, à la suite de la Guerre civile
blie Les Normes Ortogràfiques, qui mettent tïn à (1936-1939). L’usage de toute langue autre que
l’anarchie jusque-là dominante. La nouvelle or- l’espagnol est interdit par le régime de Franco,
thographe, basée partiellement sur la tradition, qui abolit le statut d’autonomie de la Gemralitat
mals aussi sur des principes phonologiques et de Catalunya. Le catalan est proscrit à tous les
étymologiques, reçoit un accueil enthousiaste. niveaux de l’adfninistration publique, de l’ensei-
En 1918, la Gramàtica Catalana de Pompeu Fa- gnement, de l’Eglise, des médias, et même dans
bra est publiée par l’institut et obtient un statut l’entreprise privée. La télévision fait son entrée
officiel et normatif Finalement, en 1932 paraît en 1959 et réussit à elle seule une ~csstillsnisa-
son Dtccimmi General de la Llengua Catalana, tiow plus complète que ne l’avaient pu faire
qui par sa conception kontemporain et norma- l’école et la presse réunies. À cet ensemble de
tti s’oppose au monumental Dicctinari Català- circonstances défavorables pour la survie de la
Vakncià-B&ar (10 vol., 1930-1962) d’Antoni langue s’ajoute lïmmigration massive de tra-
M. Alcover et Francesc de B. Moll, à visée hlsto- vailleurs hispanophones, originaires de réglons
rique et plus exhaustive (il inclut, entre autres, économiquement défavorisées et qui viennent
archaïsmes et dialectalismes). chercher du travail dans une Catalogne qui
6. Le catalan au >Oc’siècle. Le travail de stand=- connaît une forte expansion industrielle dans
disation effectué sur la langue dans le premier les années 1960.Dans les grands centres urbains
tiers du siècle s’accompagne d’une grande vita- ils constituent près de 50 % de la population, et
lité de son emploi à tous les niveaux. Le nationa- pour la première fois de leur histoire les Cata-
lisme catalan, très organisé politiquement au lans n’arrivent pas à assimiler linguistiquement
tournant du siècle, voit dans la langue un para- les nouveaux arrivants. Peu à peu, le régime
mètre essentiel de la nationalité. En 1901, on as- s’adoucit. Une résistance s’organise, qui conna&
siste au triomphe électoral de la aLigue réglona- tra malgré la censure une certaine expression
liste*, suivi en 1907 par I’élection d’un parti artistique - on pense en particulier à la Nova
encore plus revendicatif face au gouvernement Canço Catalana Uuis Llach, Joan Manuel Ser-
central, la <Solidarité catalanes. C’est à cette rat), née dans les années 1960 et qui connaîtra
époque que sont élaborées les premières son épanouissement dans les années 1970.
ébauches en vue d’une normalisation législative En 1975 Franco meurt, laissant le sort du pays
de l’emploi du catalan dans la vie publique. En entre les mains du jeune Juan Carlos de Bour-
même temps, une école littéraire et artistique bon, sacré roi, et qui aura tôt fait de transformer
appelée le Noucentime (de nowents <neuf l’Espagne en monarchie constitutionnelle. En
centss, en r+férence aux années 19001fait son 1977,la Generditatde Catalunya, expression de
apptition et contribue à redonner au catalan l’autonomie gouvernementale de la Catalogne,
un statut de langue littéraire ; mais son influence est rétablie. Le département de la Culture met
auprès des masses est très réduite. sur pied en 1980 une Direction générale de poli-
De 1923 à 1930, la dictature de Primo de Rivera tique linguistique, chargée de mener à bien la
règne sur l’Espagne ; la position anti-régionaliste normalisation linguistique, externe et interne,
du gouvernement central exacerbe le sentiment de l’usage du catalan. La ~csstlllanisation~ pow-
nationaliste catalan, qui atteint des sommets. sée du catalan actuel. ajnsi que des conilits lin-
C’est dans ces circonstances que les républi- guistiques entre catalanopones et hispano-
cains remportent les élections municipales en phones sont les principaux problèmes que
avril 1931, ce qui devait conduire à la Répu- doivent afkonter les planikatews linguistiques.
blique; en août de la même année, 90 % de la Près de 95 % des adultes nés en Catalogne do-

-
CATIMINI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dactique, alors que CATHOLICISME n. m. (15981, s’expliquerait par une assimilation entre la 6lle de
synonyme rare de catholicité, est devenu courant campagne ou la servante, à laquelle ce nom était
après sa rel+e pendant la Révolution (17941pour donné, et la fille facile, évolution que le sens de
désigner 1’Eglise catholique. - CATHOLICISER *poupée> au xv& s. n’a pu que favoriser.
v. tr. (XVIII~s.. Voltairel. qui succède à catholtier (iïn
xvr”s.1, est demeuré rare par rapport à christiani- CATION + ION
ser; de ce verbe a été cependant dérivé CATHOLI-
CISANT. ANTE adj. (18751 qualiiïant des opinions CATIR v. tr. est issu (XI? s.1 d’un latin populaire
religieuses proches du catholicisme. 0 Par compo- “coactire, dérivé du supin coc~tim du latin clas-
sition ANTICATHOLIQUE adj. et n. (1827) et NÉO- sique cogere -rassembler-m, -zondensep. d’où spres-
CATHOLIQUE adj. et n. (1833) servent surtout à ser. serrer= et aussi -contraindre, dissimulez (d’où
désigner des mouvements historiques précis. AN- -hypocrite* pour coactus -catimini), mot dont cer-
TICATHOLICISME n. m., est attesté en 1896. taks dérivés verbaux sont à l’origine des doublets
Enfin. l’abréviation CATHO désigne d’abord (19201 cailler*, coaguler* et. avec un autre développement
comme nom féminin un établissement d’enseigne- sémantique, de cacher*.
ment supérieur catholique (pour faculté, université + Le sens de ccachen est sorti d’usage au xv” s. sous
catholiguel, pois est repris comme adjectif et nom la concurrence de cacher* mais vit encore dans
(19681 pour -catholique pratiquant ou Convaincu~, certains dialectes à la forme pronominale. Il est re-
dans les séries des abrégements en -0 s’appliquant venu en français, méconnaissable dans l’a&-
aux opinions. cisme squatter*. 0 La valeur de sfrapper, heurter-
km’s.1, senfoncep Cv.1250, en picard) a elle aussi
CATIMINI (EN) lot. adv. est d’origine incer- disparu au profit d’une spécialisation technique :
taine (13701.On a évoqué une dérivation de sens du *donner le lustre à une étoffe en la pressant et en la
moyen français catimini .-menstrues~ (xv1~s.1em- frappa& (16061,d’où ca& adjectivé, et d’autres dé-
prunté au grec katamênia de même sens (Hippo- rivés (ci-dessous). Par analogie, le mot a reçu une
crate), pluriel neutre substantivé de katamêntis autre acception technique en orfèvrerie: aappli-
-de chaque moisn, de kata- (+ catastrophe) et de quer de l’or sur les filets d’une pièce à dorer> (17511.
min <lune>, *moisn (+moisl. Cette étymologie se t La dérivation consiste en quelques termes tech-
heurtant à des dBic&és chronologiques, car le niques. CATI n. m. (16941, CATISSEUR. EUSE adj.
sens moderne est attesté longtemps avant celui de et n. (17231, CATISSOIRE n. m. (1751, no~d’itI.S~~-
menstrues~, on peut envisager l’hypothèse voyant ment archaiquel et CATISSAGE n. m. (18381.
dans catimini un mot d’origine picarde, composé Le préfixé DÉCATIR v. tr., enregistré dans I%ncy-
de cate <chattes (+chatl et de mini, de la racine clopédie (17531 pour -démêler le poil d’une peau
min désignant le chat (-minou, nunette) : cette éty- destinée à la fabrication de chapeaux=, signifie <en-
mologie alignerait le mot sur des formations de lever l’apprêt et le brillant de km tissu), (18121.
type chattemite* ou marmite* avec la même idée o C’est le seul mot de la série à être passé dans
d’hypocrisie, selon un préjugé traditionnel envers l’usage commun avec le sens figuré familier de
le chat. En outre, une tiuence de l’ancien verbe -perdre de sa frakheur, de sa forceB en parlant
cc&*, du latii “coacttre, a pu se faire sentir On d’une personne, surtout réalisé au pronominal et
trouve en effet en ancien tiçais faire le catinu.3 au passif être décati, d’où au XIX~~. le participe
-l’hypocrite> (XIII~s.1 et des locutions dialectales de passé adjectivé DÉCATI. IE adj., Gsé, marqué par
sens analogue, en catimuchm (de mucher, muser l’âge*, devenu usuel avec une connotation très pé-
<cacher-l, en catifaülons mm bruit>. Dans ce cas, jorative. -Ses dérivés DÉCATISSAGE n. m. (18281,
le catimini s’interpréterait comme =en se dissimu- DÉCATISSEUR. EUSE adj. et n. (16321.DÉCATIS-
lant hypocritement, comme fait le chatn. Catir, SURE n. f. (1888) et DÉCATISSEMENT n. m. (1889)
comme cate -chatte>, appartient au domaine pi- connaissent surtout on emploi technique.
CWd.
4 Le mot, d’abord dans la locution faire le catimini CATOGAN ou CADOGAN nm. est em-
puis de nos jours en catimini (v. 13601, exprime prunté (1768) à l’anglais cadogan puis catogan, du
l’idée de w+zrètement discrètementn. Il est quel- nom du comte de Cadogan, mort en 1726, qui au-
quefois employé comme nom à propos d’une ma- rait lancé la mode de cette coiilùre.
nière d’agir dissimulée, secrète. +Le mot, sous sa double forme catogan (17681 et.
moins courante, cadogan (17721,désigne une fwon
CATIN n. f. knil. xv1~s.1 est le diminutif tiec- d’attacher les cheveux sur la nuque avec un noeud
tueux khypocoristique*l de Catherine (on ren- ou un ruban. Cette coiffure. d’abord masculine,
contre encore des filles du nom de Catinetie ou Ca- succéda aux perruques -à marteaux* sous
tihe dans l’est de la France1 formé par apocope et Louis XV. Pendant la période où les hommes ont
suflkation en -in. Catherine est issu du latin Catha- porté les cheveux courts, elle est devenue I’apa-
rina, nom d’une sainte, vierge et martyre, décapi- nage des femmes (notamment vers 1936-19421.Elle
tée en 307, du grec mystique Katfwtna, dérivé de revient à la mode vers 1980, chez les femmes élé-
kathuros ‘pur- (+ cathare, catharsisl. gantes et parfois chez les hommes d’un certain
+Le sens péjoratif de -femme de mauvaises style (artistes, publicité, mode).
moeurs, prostituée> (1547, Marot) a éliminé les ~IY
tiens emplois. Au WI” s., le mot désignait aussi CAT(T)LEYA n. m.. d’abord francisé en cat-
une poupée, sens conservé au Canada. L’évolution tkye (18451puis relatioisé en catikya (18931.par a&
DE LA LANGUE FRANÇAISE CATÉCHISME
épithète : catarrhe convulsif*coqueluche=, gutiural phism, comme l’indique le contexte de son emploi
=angine~. intestinal entérites. nasal &inite~, en 1896. -CATASTROPHER v.tr. (1896) relève
oculaire *conjonctitite~, de l’oreüle =Otite=, pulmo- d’un usage oral ou familier, de même que l’adjectif
nuire abronchite-. urétral u&-ite~. vaginal aleu- tiré de son participe passé CATASTROPHÉ. ÉE
corrhéen, vésical =cystite*. Au début du xxe s. on ap- (>ops.l <consterné comme par une catastrophes,
pelait encore la bronchite capillaire catarrhe Usuel.
suffocant; ce terme est aujourd’hui limité à l’his-
toire médicale. CATATONIE n.f., relevé la même année
t Le dérivé CATARRHAL.ALE,AUX adj. (1503) a (18681que son correspondant anglais katatonie, est
vieilli avec catarrhe. emprunté à l’allemand Katatonie (1874). Ce mot, m-
CATARRHEUX.ELBE adj. et n. est emprunté traduit par le médecin allemand K. Kahlbaum dans
(1478) au dérivé bas latin catarrhosus et a été usuel ses descriptions cliniques de la démence précoce.
pour -sujet au catarrhe=, en particuber pour quali- est formé savamment à partir des éléments grecs
fier un vieillard kata- <en dessous> (-catastrophe) et toms eten-
sion* (+ ton. tonus), comme contraire de hypertonie.
CATASTROPHE n. f. est emprunté (1552) au +Le mot se réfère en psychologie à une forme de
latin catastropha,du grec katastropfxê-bouleverse- schizophrénie caractérisée par des périodes de
ment, 6n, dénouementn et, tardivement, au théâtre, passivité et de négativisme alternant avec des exci-
=dénouement de l’intriguen d’où le sens correspon- tations soudaines; cet emploi a quelque peu vieilli.
dant pour le latin catastropha W s.l. Le grec est Par extension, il est employé dans le style littéraire
formé sur strophê <action de tourner, volte, évolu- pour décrire l’état d’une personne totalement im
tion> (+ strophe) avec l’élément kata-qui a joué un mobile et inactive.
grand rôle en composition (+ cataclysme, etc. à w CATATONIQUE adj. et n. (19031lui sert d’adjectif
l’ordre alphabétique) avec les valeurs de *vers le et s’emploie substantivement pour désigner un
bas>, “en réponse à=, *en concordance avecm, malade atteint de catatonie.
*contre>, également avec l’idée d’atteindre, de re-
venir et pour exprimer l’achèvement de l’action. CATCH n. m. est issu (19191,par réduction à son
Cet élément est tiré d’un emploi adverbial et pré- premier élément, de l’appellation catch as catch
positionnel de kata -vers, conformément à>, *du con (1899). elle-même empruntée à l’anglais catch-
haut de>. wers le bas* (encore en grec moderne). as-catch-cm, nom d’un style de lutte introduit dans
Cette forme, corroborée par le hittite et les langues le Lancashire en 1752 et où la plupart des prises
celtiques, est peut-être indoeuropéenne. sont autorisées. Cette appellation, attestée en 1889,
+Le mot a été repris avec le sens du latin &n, dé- est issue de la locution catch as catch cm (17641,
nouement, conclusions. les emplois dans la vie (en anciennement catch that catch may (16171,littéra-
parlant d’une maladie, d’un événement) étant lement *attrape comme tu peux=. Cette expression
souvent sentis au xw” s. et au xwe s. comme des mé- est formée avec catch, impératif de to catch -saisir,
taphores du sens théâtral. Le dénouement souvent attraper= (v. 12051, verbe emprunté à l’ancienne
sanglant des tragédies classiques l’infléchit néga- forme picarde cachier correspondant au francien
tivement en -événement fâcheuxm, renforcé en &- chacim, chassier (-chasser). Les auxiliaires mo-
neste et malheureux (1690). C’est de là que pro- daux may et con expriment la possibilité.
vient le sens moderne courant de *désastre t Le mot et le sport qu’il désigne se sont répandus
brusque et effroyables, spécialement à propos d’un peu avant la Seconde Guerre mondiale: sous l’in-
accident causant de nombreuses victimes bxzta- fluence de la pratique de cette lutte aux Etats-Unis.
strophe aérknne~ ou d’un événement lourd de Sa mode doit beaucoup à la retransmission des
conséquences pour la collectivité &x&.drophe matchs à la télévision, le catch relevant plus au-
économiquJ. Son usage tend à être fréquemment jourd’hui du spectacle que du sport.
hyperbolique, tant dans l’interjection catastrophe! bCATCHEUR,EUSE n. (19241etCATCHERV.intr.
que dans la locution en catastrophe =en risquant le (19521sont dérivés de catch.
tout pour le tout> ou -de façon bàcléen. La langue fa-
milière l’abrège en CATA n. f. Ic’est la cata!l -Sa CATÉCHISME n. m., réfection savante (attes-
spécialisation en mathématiques, où la théorie des tée 1610, mais antérieure 6. catéchiser) de cathe-
catastrophes (1972, René Thom) désigne l’analyse zime (13741,catecism (xv’s.), est emprunté au la-
de situations entraînant des modifications de la sta- tin ecclésiastique catechismus, attesté depuis
bilité morphologique d’un objet, réactive le sens saint Augustin au sens de &struction religieuses
étymologique de <bouleversement>. et, par métonymie, =livre d’instruction religieuses,
w La dérivation est tardive. CATASTROPHIQUE les premières formes reproduisant la graphie ca-
adj., enregistré en 1845 comme mot nouveau, s’est thecismusdu latin médiéval. Le mot calque un type
répandu au xxe s., à la fois dans ses emplois hyper- grec “katêkhismos, substantif d’action de katêkhi-
boliques familiers et dans sa spécialisation scienti- zein &struire oralement*, lequel est le dérivé facti-
fique stricte @oint catastrophique).- CATASTRO- tif de katêkhein srésonnep et .-inculquer, instruire
PHISME n. m., également donné comme nouveau oralementm. Ce verbe est composé de kata- -vers le
en 1845, a eu une vocation plus didactique, autre- bas, complètement= (k+catastrophe) et de êkhetn
fois en géologie et, de nos jours, en politique, peut- -résonner, sonnera (+écho); il est seulement at-
être d’après son correspondant anglais catasho- testé dans le Nouveau Testament, son dérivé étant
CAUSER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

médiévale au sens de -recherche de la cause pre- + Le mot est d’abord décrit dans Me encyclopédie
mièren et employé au xwe s. au sens de =faculté de agricole comme le nom que l’on donne en
produire un effet, action> (15271, s’est répandu au Rouergue, à un canton principalement destiné au
XVII~s. (1752, causalité morale, CauSaZité physique). froment et qui est plus ou moins élevé au-dessus
Son emploi en philosophie kantienne (18011 est la des vallons, et, sous la forme caussi, comme le nom
traduction de l’allemand Causalit& (1787, Kant, donné à Vabres, à Me terre blanche et calcaire. Il
critique de la raison pure). désigne un plateau calcaire, dans le centre et le
sud de la France, puis en géographie, dans on lieu
0 CAUSER -+ CAUSE quelconque. o Le féminin est employé dans le midi
de la France en parlant de la marne calcaire utili-
0 CAUSER v. intr. est emprunté (1174) au latin sée pour amender les terres argileuses.
causari -plaider, disputern, *alléguer, débattre des
.CAUSSENARD.ARDE adj. (1890) est emprunté
arguments= et -faire des objections pour gagner du
au cévenol caussenard (aveyronnais coussenard,
tempsm, de causa (+ cause). La forme causatus de
languedocien caoussinarl, lui-même dérivé de
sens passif(TertoIlien1 suppose Me forme caware,
causse avec -n- pour éviter l’hiatus. Le mot quaIfie
attestée au v? s. (Cassiodorel. Le doublet populaire
celui qui habite les Causses, ce qui se rapporte aux
choser #blâmer> (v. 11251 s’est maintenu dans le
Causses, spécialement, en agriculture, une espèce
normand causes -blâmer=.
de mouton acclimaté aux pâturages maigres de
+Attesté Me première fois au sens juridique de cette zone.
-faire comparaître qqn en justice pour qu’il s’ex-
pliques, le mot a eu en ancien et moyen français le CAUSTIQUE adj.etn. est emprunté en
sens de craisonner, expliquer- en emploi pronomi- moyen français (1370-14781au latin cawticw -bti-
nal (v. 1265) et en construction transitive (tis.1. lant, corrosifs pris, comme nom et adjectif, au grec
o Le sens moderne de *bavarden (1572) est une ex- kaustikos *combustible> et =bnîlé par la fièvre, br&
tension propre au français de l’idée de discussion, lantn, de kausis *brûlure, cautérisation-, dérivé de
implicite au sens de *plaider-n. De bonne heure, ce katein =bnîler, cautérisep (-cautère), mot d’or--
sens est infléchi négativement en <se moquer* gine indoeuropéenne, mas sans étymologie éta-
(xwe s.) d’où -parler en mal de qqnn (1662) et, encore blie.
aujourd’hui, <jaser, parler de fwon indiscrètes
(16901.La construction causer à est proscrite par les + Introduit en médecine pour qualifier ce qui dé-
sorganise, corrode les tissus animaux et végétaux,
auteurs classiques au profit de causer avec. De nos
emploi avec lequel il est substantivé (16901, le mot
jours l’emploi du mot connote souvent, par rap-
port à parler, un manque d’éducation ou un usage est passé dans l’usage avec le sens figuré de -mer-
régional. dant, con-os& (16901. -Le féminin est substantivé
en physique (1751) comme nom de la courbe sur la-
b Les dérivés sont, à la di&-ence du verbe, d’usage quelle concourent les rayons successivement réflé-
général.-CAUSEUR.EUSE adj. désigne etquali- chis ou rompus par une surface. Ce nom a été
fie la personne qui aime à parler en société, spé- donné à ces rayons parce qu’ils sont les plus ar-
cialement dans la langue classique et jusqu’au dents.
mes. celle qui bavarde avec indiscrétion, voire
malveillance (1690). Au contraire, les emplois mo- &Le dérivé CAUSTICITÉ n.f. (17381est d'abordat-
dernes sont plutôt laudatifs (un brillant caweurj. testé avec son sens figuré de %Critique mordante>
-CAUSERIE n. f. (15451, plutôt péjoratif au XVI~s. avant d’être également un terme de chimie (17711.
au sens de *bavardagen, appartient de nos jours à - CAUSTIFIER v. tr. (av. 18441,mot didactique, cor-
l’usage familier et se dit, par métonymie, d’un ex- respond au sens concret de caustique. - CAUSTI-
posé oral fait sur un ton de familiarité et de simple- QUEMENT adv. (18631est employé dans le style lit-
Cité. -CAUSANT.ANTE adj. (1676) =Cpi aime à téraire avec le sens figuré pour =de manière
parlen, est senti de nos jours comme familier. Il est cinglante, mordantes.
plus courant au négatif (il n’est pas causant). 0 voir ENC.4USTlcIuE.
CAUSEUSE n.f. désigne l’un de ces meubles
(17871.notamment des sièges, qui tirent leur nom CAUTÈLE n. f. est emprunté (v. 12781 au latin
de leur destination. cautela %Prudence, précaution=, synonyme partiel
de cautio et comme lui dérivé du verbe cavere &tre
CAUSETTE n. f., apparu dans les dialectes (1790,
Sain-Orner; 1807, Lorraine). est passé dans le lan- sur ses gardes, prendre garde, se défien, d’origine
gage familier au xti s. (fafaireun brin de causette). probablement indoeuropéenne (-+ caution). L’ad-
CAUSAILLER v.htI-.(1838) et CAUSOTER v.intr. jectif cautus avait donné l’ancien tiançais caut,
(18631 enchérissent sur la notion de parole fti- caute employé jusqu’au début du XVII~siècle.
lière qui caractérise causer, mais ne se sont pas im- + CautèZe, usuel en ancien et moyen français, dé-
plantés. signe la rue, un comportement prudent destiné à
tromper ou à obtenir un avantage sur qqn. De là
CAUSSE n. est emprunté (17911 au provençal (fin XIII~s.1le sens de -précaution, réserves, qui n’est
causse -plateau calcaires (Rouergue, Lozère), an- pas toujours péjoratii, comme le montre l’usage du
ciennement attesté sous la forme caue (v. 1166). mot en droit canonique dans absolution à cautèle
Ce mot remonte à la base pré-indoeuropéenne “cal «SOUSconditionn, seul emploi du mot encore vivant
(de)-=Pierre, rocherm (+ caillou. calanque, calel, élar- à l’époque classique (Furetière. 1690). 0 Le sens de
gie en “kal-s-, “kalso. -prudence rusées réapparalt dans la littérature du
DE LA LANGUE FRANÇAISE 655 CATHOLIQUE
aux hérétiques de la région d’Albi, persécutés et (L’adjectif n’est guère employé que dans les syn-
exterminés ensuite ~croisades contre les albigeois1. tagmes calqués du latin yglise cathedrale (v. 11801,
Voir Albigeois. chanoine cathedral (av. 13071, siège cathedra1
. CATHARISME n. m., terme d’histoire des r-eh- (v. 1360). Par ellipse d’église, il est substantivé en
pions, n’est attesté qu’au mes. et désigne la doc- CATHÉDRALE n. f. au XVII~s. (28 juin 1666, Journal
trine religieuse des cathares. des savants) pour =église où se trouve le siège de
0 voiic*THARsIs.c.4TIN. CHARRfE l’évêque*, en particulier dans cathédrale de Paris à
propos de Notre-Dame (1680). Historiquement, la
CATHARSIS n. f.. d’abord francisé en cathar- floraison des cathédrales date du XII~s., illustrant la
sic (1865) puis, par retour à la forme grecque (1874, renaissance des villes et, au XIII~~., l’alliance du
en grec dans le texte), catharsis (18971, est em- pouvoir spirituel et du pouvoir royal se dégageant
prunté au grec katharsti. Ce mot, qui signi6e =pur- des féodalités : c’est par elles et pour elles que s’af-
fication. évacuatiow, recouvre un concept élaboré firme le style gothique. -L’engouement roman-
en médecine par Hippocrate pour qui la bonne ré- tique pour le moyen âge (1830-1840) inspire la re-
partition des humeurs, clef de la santé, exige le dé- liure à la cathédrale et le style à la cathédrale, dit
gorgement d’une humeur surabondante. Il est re- aussi style troubadour.
pris par Aristote (Politique, VIII, 1340 a) à propos
des effets éducatifs de la musique, et aussi (Poé- CATHODE n. f. est emprunté (1838) à l’anglais
tique, 1449b, 27-28) à propos de la visée du méca- cathode (18341, mot formé par Faraday, qui intro-
nisme tragique; le concept est influencé par les duisit également électrolyse, électrolyte,électrodeet
rites purificatoires religieux et la philosophie py- anode ainsi que ion. Il représente l’adaptation du
thagoricienne. Le mot est dérivé de katharein =net- grec kathodos, littéralement -descente* (à la fois
toyer. purifier, purger*, de katharos “propre, pw. schemin pour descendre= et eaction de des-
de sens propre et moral ou religieux (+ cathare). cendre>), de kata- *vers le bas% (- catastrophe1 et
+Le mot a été introduit avec son sens médical, pro- de odos =route, chemin=, =Voie, méthode- (+ proso-
bablement d’après cathartique (ci-dessous), sans die).
s’imposer. Bien que la notion qu’il recouvre au 4 Le mot désigne, dans l’électrolyse, l’électrode re-
théâtre ait été débattue sous le nom de purgation liée au pôle négatif du courant et par laquelle
dès la Renaissance par les commentateurs d’Aris- sortent les électrons. Il est employé en électronique
tote et, au xv$ s., dans les traités de poétique et les à propos de l’électrode de potentiel négatif, source
essais sur la tragédie (par ex. : Corneille, Discours émettrice d’électrons.
de la tragédie, 16601,le mot n’est attesté qu’en 1874 b CATHODIQUE sdj. (1897) qualifie ce qui est &a-
(à propos de Lessing),et répandu en français à par- tif à la cathode ou est émis par elle, en physique et
tir de 1897 (E. Weil, Etudes sur le drame antique). en électronique (tube cathodique). 0 L’élément
L’anglais catharsis (18031, lui aussi repris en méde- CATHODO- a donné quelques composés ICATHO-
cine, a été défini comme terme de poétique à partir DOLUMINESCENCE l-,. f., CATHODOPHONEI.
de 1867.0 Au !c? s., le mot est repris en psychana-
lyse. CATHOLIQUE adj. et n., d’abord chatoliche
t CATHARTIQUE a&. et n., d’abord catartique (XI~” s.), puis catholicque (déb. xwe s.) et catholique
(1598), est emprunté au grec kathartikos <qui pur- (av. 16031,est emprunté au latin chrétien catholi-
fiem, employé spécialement en médecine par Hip- cw lui-même emprunté au grec ecclésiastique ka-
pocrate et en parlant de la musique par Aristote. tholikê ekklêsia -église universelle> (Clément
C’est un dérivé de kathartês apticatew, du d’Alexandrie1, de katholikos *général, universel=,
groupe de katharein. -Le mot s’est maintenu dans dérivé de l’adverbe katholon <en général>, de I@x
son acception médicale, employé comme substm- atout entier- (+ holocauste, hologramme). Etant
tif (pour un purgatit) et comme adjectif (1614). donné l’intention de diffusion universelle de
Après catharsis (ci-dessus], il a été repris (1905) en l’Église fondée par le Christ, le mot latin a pris le
philosophie, en psychanalyse et en poétique. sens d’-orthodoxe= (apr. 207). le nom catholicus ser-
vant à opposer, chez saint Augustin, les Ch&iens
CATHÉDRAL, ALE, AUX adj, et n. f. est aux hérétiques réunis en sectes.
emprunté cv. 1180) au latin chrétien cathedralis
hv” s.) ade la chaire de Rome>, attesté en latin mé- 4 Le mot, désigne et qutie ce ou celui qui appu-
diéval dans les syntagmes canonici cathedrales tient à 1’Eghse romaine. Par allusion à la réputation
(845-12801,ecclesia cathedralis (936-973), sedes ca- de fermeté de la doctrine catholique. il a donné
thedra& (1158-l 160) à propos de chanoines, d’une l’expression orale pas ltis) cathofique (1840 chez
église, d’un siège. Le mot est dérivé de cathedra, Mérimée) =Peu conforme à la morale, à la norme>.
nom d’un siège, spécialement appliqué à un trône oLe sens étymologique d’universel>, réactivé
royal, un siège d’évêque (avec des extensions méto- dans le domaine technique, a donné lieu à quel-
nymiques dignité épiscopale> et -église épisco- ques emplois spéciaux en astronomie, chimie et
pale=), une chaire de professeur. Cathedra est un médecine anciennes (av. 1603).
emprunt au grec kathedra =Siège,bancs qui, à date t CATHOLIQUEMENT FI&. (xrv” s.1 -univerXlle-
tardive, a développé les mêmes acceptions spé- ment, à propos de l’Église romaine=, a vieilli au pro-
ciales. Lui-même appartient à une racine indoeu- fit de chrétiennement; CATHOLICITÉ n. f. (15781,
ropéenne “sed- <asseoir, placep qui est représen- cconformité à la doctrine catholiques et par méto-
tée en latin dans sedere (- seoir). nymie #ensemble des catholiquesn, est un mot di-
CAVATINE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’un militaire servant dans la cavalerie. 0En re- un creux, viden, hôos *creux, caverne, prison>, kô-
vanche, l’extension du mot à ~homme d’épée> thon *grande coupe ouverte et platem, kuar ctrou.
(av. 1578) est déjà vieillie au XVII~ s., où cavalier de- chas d’une aiguille>, <orifice de l’oreilles.
vient un titre de politesse pour un homme du t Le mot, qui exprime la notion de ~crenx, enfoncés,
monde (1611) et désigne bientôt celui qui ac- n’est guère employé que pour qualifier une partie
compagne une dame en société (1688l, danse avec du corps, un organe IyeLwc caves, XI? s.1, spéciale-
elle I16901, celle-ci étant plus tard nommée ccwo- ment en anatomie dans veine cave (15381. OI1 a
lière Cv. 1900). L’expression cavalier sentant n’a eu reçu en astronomie la spécialisation sqni n’est pas
qu’on temps, ne réussissant pas à supplanter che- Plein~, quallhant une année, un mois lunaire (1708l,
valier servant. La locution faire cavaüer seul aagir la lune (17511, emplois sortis d’usage.
seul> vient d’une figure de danse, an quadrille, où 0 “Ou- 0 CAVE. CAVERNE. CAvlTe.
l’homme dansait seul. o Le sens littéral d’=homme
monté à chev& (1611) est usuel et a donné lieu, par 0 CAVE n. f. est emprunté tv. 1170) an bas latin
métonymie, à des emplois spéciaux an jeu d’échecs cava =foss& tm” s.1, employé en latin médiéval sons
(1752) et en papeterie, où il désigne un papier la forme cavea aux sens de scelliez (1058l, *puits de
comportant à l’origine un cavalier en filigrane mines et aboîtes. Ce mot est le substantif féminin
(18321. Dans l’armée, le mot signifie =homme on offi- issu du pluriel neutre cava, -arum #trous, parties
cier de cavalerie=. -Par analogie de forme ou de creuses linusité an singulier covwnl de l’adjectif
position - & chevab -, le mot s’applique à des ob- cavus creuxD b 0 cave).
jets métalliques (18901, à on type d’engin de ma- t Le sens général de -creux. cavité, caverrien et le
nutention enjambant la charge à déplacer kx’s.1. sens spécialisé de -fosse, caveau funèbre>, usuels
-Par ailleurs, cavaler, ière s’emploie comme ad- jusqu’au ~VI~S., ont disparu an profit de mots du
jectifll923l par exemple dans piste cavalière -pour même groupe l+ caverne, cavité) et du dérivé ca-
les cavalier+. veau. oCave s’est spécialisé comme appellation
c CAVALERIE n. f. est emprunté (1308) à l’italien du lieu souterrsin où l’on conserve d’ordinaire pro-
ccwalleria l~lii~s.1, de cavalliere, pour remplacer visions et vin lv. 1250 de manière incertaine, puis
dans certains de ses emplois chevalerie*, qui ré- 1360-13701. Par analogie de fonction, le mot désigne
pondait à une antre notion. Le mot s’est spécialisé la boîte servant à transporter des vins, liqueurs
dans le contexte militaire, désignant collective- (16691 et, autrefois, des parfums. Par métonymie, il
ment l’ensemble des troupes servant à cheval, l’un désigne collectivement l’ensemble des vins d’une
des corps de l’armée comprenant uniquement, à cave (17981. Par une autre métonymie, il se dit
d’une bougie mince, roulée sur elle-même, dont on
l’origine, des troupes à cheval (1546l, aujourd’hui
se sert pour descendre à la cave (18021. Par ex-
des véhicules blindés. oLe sens ultérieur, =en-
tension, il se dit d’un local souterrain aménagé en
semble des chevaux d’une entreprisen (18661. a dis-
cabaret, dancing, sens apparu après la libération
paru avec l’essor de l’automobile qui a détrôné la
de la France (19451, d’abord à Paris (Quartier latin
traction hippomobile. -L’expression argotique
et surtout Sain-Germain-des-Prés).
puis familière papws, chèques cle cavalerie (19351,
*faits par complaisance pour couvrir une opéra- . CAVEAU n. m., diminutif de cave (1250.13OOl, est
tion>, est obscure; l’idée d’une allusion à l’audace d’abord attesté sons la forme catiu caractéris-
d’une charge de cavalerie ne convainc pas. C’est de tique du picard, de l’ouest et du sud-ouest de la
la grosse cavalerie, des objets sans grande valeur, Champagne, voire de Paris. Littéralement *petite
une chose banale et sans finesse, est attesté au cayen, sens surtout vivant dans sa spécialisation
XIY s. (après 1650). <cabaret, théâtre de chansonniers (av. 18671 après
CAVALIÈREMENT adv. (1614l, dérivé de l’adjectif avoir désigné au XVIII~ s. les cafés des gens de lettres
a suivi une évolution analogue, de =généreuse- (17291, le mot désigne couramm ent depuis le XVI~ s.
ment> à =de manière impertinentes (16421. me sépulture souterraine (1517, dans une église).
CAVISTE n. (av. 1790) désigne la personne chargée
CAVATINE n. f. est emprunté (17681 à l’italien de l’approvisionnement et de l’entretien de la cave
ccwatina kw11”s.l, diminutif de cavata, participe en vins et l’employé qui pourvoit à la boisson des
passé féminin substantivé de covare screusern hôtes. Il est également en usage à propos de l’on-
(4 caver) d’où =enlever, arracher-. Cavata est lui- vrier viticole chargé de la fabrication des vins
même employé en musique à propos de l’émission ENCAVER v. tr. (12951, mettre en cave kme bois-
de la voix, du fait de tirer avec art des sons d’un ins- son)-, a produit les dérivés ENCAVEUR n.m.
trument. Cavatiw désigne en italien un petit (1571l, ENCAVEMENT n.m. (16351, ce dernier
arioso, placé à la fin d’un récitatif et, dans les opé- concurrencé en SuiSSe par la fOrTne ENCAVAGE
ras et oratorios, un court passage con% à un soliste n. m., notamment en œnologie.
qui ressemble à un air, mais dont la mélodie, plus 0 voir CAGE. CAVER.
simple, ne comporte pas de do capo.
0 et @ CAVE - CAVER
+ Le mot a été introduit en musique avec les sens
du mot italien; par analogie, il sert à caractériser CAVEÇON n. m., d’abord cwezzon (av. 15831,
une mnvre d’inspiration douce. puis coveçon (av. 1615l, est emprunté à l’italien ca-
z>ezzone kv?s.l, dérivé avec sni3ïxe augmentatif
0 CAVE adj. est emprunté (v. 11701 an latm ca- -one de covs.zza =bride=, issu d’un latin populaire
vus *creux*, usité de tout temps, à rapprocher du “capitia =Cequ’on met autour de la tête*, forme is-
groupe du grec hoüos -creux=, =qui se trouve dans sue de capitium CG+ chevet).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 657 CAUSE
gnement sur d’autres noms de fleurs, est l’adapta- langue grammaticale et dans celle de la médecine,
tion du latin scientifique cattkya. C’est le nom où le sens de *maladie. inhrmité~ a dû être in
donné par le botaniste anglais John Lindley (1799. fluencé par l’acception pour =cs.sde réforme= dans
18651à un genre d’orchidées en hommage au bota- le langage militaire. Souvent accompagné de res
niste anglais W. Cattley (1828, en anglaisl. -faits de la cause d’un procès, affahw t- rien), il en
t Ce nom de plante éveille chez les lecteurs de a pris insensiblement le sens et, par affaiblissement
Proust la locution métaphorique fd catleya em- continu, s’est substitué à res -chose> (italien cosa,
ployée par Swann et Odette pour *faire l’amour* fmnçais chose*l.
Iun amour de swann). t Les deux sens du latin classique ont fait fortune
en français : le sens juridique, d’abord réalisé dans
CAUCHEMAR n. m., d’abord cauquemare l’ancienne locution faire la cause de +xxmer l’af-
Cv.1375l, puis cauchemare (1564) avant cauchemar faire des, a inspiré de nombreuses locutions pas
(16771, est un mot d’origine picarde. Son premier sées dans l’usage commun : être, mettre en cause
élément cauche est une forme verbale de cauchier (1718l,donnergaindecause(17961,endésespoirde
*pressem qui résulte probablement d’un croise- muse Iv. 18201,etc. ~D’après un autre sens latin,
ment entre l’ancien chouchier *fouler. pressern =intérêts particulier dune personnes, le mot 11465,
tapr. 1150)et la forme picarde correspondante eau- Pathelinl est passé dans l’usage courant en parlant
quien du latin calcare t- côcherl. Le second élé- d’un intérêt général, enrichissant la phraséologie
ment est l’ancien picard mare tv. 12901.emprunté de cause perdue (fin xv” s.1, prendre fait et cause
au moyen néerlandais mare fmaer) =fantôme pro- kvm’ s.l. fkire cause commune (17871,les besoins de
voquant de mauvais rêvesn. Ce dernier correspond la cause (av. 1850). +Le sens de =motif raisons
à l’anglo-saxon mare ~spectre~ (d’où l’anglais night- Iv. 11701est introduit comme latinisme, reprenant
mare -cauchemar-, proprement +pectre noc- le sens de causa <mot+, spécialement entendu en
turne+ à l’ancien haut allemand mars, à l’ancien philosophie comme =la raison Premières chez les
norrois mars, formes remontant à un germanique stoïciens et à propos de Dieu chez les auteurs ch&
“maron-, apparenté au slave Ipolonais nora, tiens (tel saint Augustinl. Le sens courant s’est im
tchèque mka de même sens). planté le premier, fournissant plusieurs locutions
+Le mot est d’abord le doublet sémantique d’in- verbales-être cause de (1174). très courant, avoir
pour cause- et prépositionnelles: à cause de
cube* au sens de +&Focation, oppression noc-
(13481,pour cause de (18031. 0 L’acception philo-
turne>. Ce malaise étant souvent imputé à l’action
des sorcières, il a désigné, par métonymie, une sor- sophique tv. 1370, Oresme), introduite en parlant
de Dieu et débattue au xv? s. (1541, cause eficiente),
cière (sous la forme couquemaire, 1440-14421, un
est demeurée didactique, en histoire de la philo-
homme qui donne des cauchemars 117181,sens
sophie et en théologie.
réactivé inconsciemment dans l’emploi figuré mo-
derne pour -personne qui importune jusqu’à l’ob- l Le dérivé 0 CAUSER v. tr. (v. 1271) est rare avant
session+ 118351.perçu comme une extension du le XVI~s. avec le sens de aproduire, être la cause dem.
sens actuel dominant de &we pénible ou angois En ancien et en moyen français, le verbe a surtout
sanb (18331. signihé -amener (qqn1 à faire qqch.n et =alléguer,
dOMer (qqch.1 comme causes, *justiiïer, fonder,
c De cauchemar dérivent CAUCHEMARDER
motiver*, également =mettre en causer et, à la
Y. intr. (1840) d’où CAUCHEMARDANT, ANTE adj.
forme pronominale, ~s’occasionner, avoir lieun.
(1928) et CAUCHEMARDESQUE adj. (1902). réfec-
-La dérivation, probablement gênée par le groupe
tion de cawhemaresqae 118811par alignement sur de 0 causer* ~bavarder+, se limite à CAUSA-
le modèle de cauchemarder avecd d’après des TEUR.TRICE adj. (1829) et CAUSATION n.f.
mots comme bavardbavarder pour &Boyable, (1829l, deus termes du langage philosophique em-
digne d’un cauchemar=. ployés par V. Cousin, le premier succédant aux ad
jectifs moyen français causatif et causeur.
CAUDAL, ALE, AUX adj. est dérivé savam- CAUSAL, ALE. AUX adj. est emprunté (Xv” S.) au
ment 118601du radical du latin couda* t- queue1 latin impérial causalis, terme de grammaire em-
avec le suIï%xe-al. ployé dans les textes chrétiens au sens de <qui
+ Cet adjectif didactique signifie -relatifà la queue=, contient en germe qqch., qui est la cause de qqch.n.
d’abord chez Lacépède à propos des poissons ha- Le mot, attesté une première fois dans causal de
geoires cauddes). (99ch.) *cause den, se répand à partir du xv? s., à la
fois comme terme de grammaire (proposition cau-
CAUSE n.f. est emprunté Iv. 11201 au latin sale, 16801et de philosophie. -Il a servi à former
causa, d’origine inconnue (prélatin ou terme em- CAUSALISME n. m. (1864). d’où CAUSALISTE
prunté) et dont il est par conséquent dlihcile de dé- adj. IX?~.), et CAUSALEMENT adv. (19071, tous
terminer le sens originel. Si le sens juridique &té- d’usage didactique.
rêts d’une partie dans un procès, atkire judiciaires CAUSALITÉ n. f. est emprunté (13751au dérivé bas
paraît antique (d’après ses composés, -excuser. latin causalitos attesté de manière isolée au sens
accuser, récuserl, il semble que celui de CmotlfB soit philosophique *rapport, relation avec la causer
plus ancien encore (6. l’ablatif causa pris au sens (Iv” s.1 en contexte religieux, puis répandu en an
de & cause den1.En pénétrant dans le domaine du cien et moyen français pour =faculté de produire
droit, causa s’est spécialisé au sens de -procès>. sur un effet, actions (1243-12481 et “rapport Causal~
le modèle du grec aitia qu’il traduit aussi dans la (124%12561.-Le mot, introduit dans la philosophie
CAVITÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pect (petits grains>. le mot désigne en cuisine des moms déterminées (fin xv” s.), pour distinguer deux
préparations écrasées kaviar d’aubergines): cet choses différentes (17401 et, en opposition à cela,
emploi semble récent. pour désigner la chose la plus proche du locuteur
t CAVIARDER v. tr. (19071 est un terme d’argot 0 Quant au pronom cela (XIII~s., çoula; de ce et là*).
journalistique employé dans le contexte de la Rus- il exprime souvent ce qui a été déjà dit, il entre
sie de Nicolas I”‘, puis en général pour -cacher ou dans les tours comment cela ? (18351et comme cela
supprimer, censurera (19221. 0 CAVIARDAGE (av. 16961.
n. m. (déb. xxe s.1 lui sert de substantif d’action. Par contraction, cela a produit ÇA (xvrr” s.1, d’abord
réservé à l’usage oral, puis usuel même à l’écrit, et
CAVITÉ n. f. réfection par emprunt (15451de ca- dans diverses expressions, comme ça (17821, après
veté lmf s.1, de l’adjectif cave, est emprunté au bas coume ça (16421, comment ça (18551, nec tout ça,
latin cavitas (fin we s.1screuxn, de caws (+ 0 cave). qu’est-ce que c’est que ça, en langue parlée (noté
+Le mot désigne un creux à l’intérieur d’un corps kekcékça? par Hugo dans Les Misérables, faisant
solide, spécialement, en anatomie, un espace creux parler Gavroche). - Ça a été substantivé en psy-
dans le corps ou dans un organe (16801,d’où, en pa- chanalyse calquant (19461 I’aIlemand Es, pronom
thologie, un creux pathologique (dans l’estomac, le neutre par lequel Freud désigne la partie du psy-
poumon) [ 18661. chisme d’où viennent les impulsions instinctives
correspondant aux besoins primitifs (Dos Ich und
. On en a dérivé CAVITAIRE adj. (18381en méde- duEs, 1923,d’abord traduit sous le titre Le Moi et le
cine et en pathologie. Soi en 1948, retraduit en 1965 Le Moi et le ÇaJ.
0 CE, C’ pron. démonstratif neutre est d’abord 0 CE (CET, CETTE, CES) adj. démonstratif 0)
attesté sous la forme czo (v. 8811,puis ce (10501,et est hérité (8421du paradigme du démonstratif latin
résulte de l’évolution du bas latin “kckle~ hoc, ecce id, forme renforcée en ecce *voici= (+ecce
forme renforcée qui a fmi par remplacer le dé- homo1 dans la conversation, puis à basse époque,
monstratif simple hoc ccecin (+çà, ici). Celui-ci du paradigme simple de tste <celui-ci, ce, cetn. Iste
-démonstratif de la prermère personne et, par est employé comme pronom et adjectif de la se-
suite. de l’objet le plus proche du locuteur- est conde personne, parce qu’il renvoie généralement
composé (comme iste et ille auxquels il s’oppose, à une personne, à un objet dont un interlocuteur a
*ce, celui il) d’un démonstratif archaïque ho à parlé ou auquel on s’adresse; il a acqms en droit la
rattacher à lïndoeuropéen, renforcé par la parti- nuance péjorative de *la personne dont tu parles
cule -c. ou que tu défends (et qui est méprisable)=, sens qui
+ Ce, à mesure qu’il est devenu inaccentué. a été s’est répandu dans la langue courante. Le mot iste
remplacé par cela (voir ci-dessous), sauf dans des se compose d’une particule préposée k- et d’un dé-
tours syntaxiques plus ou moins archaïques et des monstratif -te, formation comparable à cek des
locutions : il est employé avec un vertx qui est le deux autres démonstratifs personnels hic, qui se
plus souvent être et, en langage soutenu, sembler dit de l’objet présent et concerne le locuteur (+ çà,
(on trouve encore ce sembleau xmf s.),paraihe, res- ce, ici), et ille, désignant l’objet éloigné ou la Ktroi-
ter, devoir, pouvoir, devenir (à partir des IX~et x” s.l. sième personnex (-il, le, lui). Le système démons-
On rencontre la tournure interrogative est-ce de- tratif latin était très complexe, comptant en outre
puis 1080 et c’est introduisant une relative ou une is, pronom anaphorique ou de renvoi, idem
conjonctive (10501,ou mettant en relief un élément (-idem), pronom d’identité, et ipse,pronom adver-
ou un membre de phrase. Devant un attribut, c’est satif, utilisés en combinaison. Vers le x? s., s’est éta-
est concurrencé par i2* en langage soutenu. c’est bli un système simplifié : !Se, tpse et ille, après dis-
à... de (15121est employé au sens de ail appartient parition de is (trop brefl remplacé par hic,
à=. -C’est entre dans des locutions explicatives, lui-même éliminé par iste (seul le neutre hoc sub-
comme c’est-à-dire (1306, traduction du latin id est), sistant, -ce). L’ancien français -peut-être sous
c’est que (18631; des Iocutlons adversatives : si ce l’influence du système francique -ne retient du la-
n’est[1450), écartant une opinion. ce n’estpas que tin tardif que deux démonstratifs : ce et celui, qui
(17421. D’autres marquent l’intention : c’est pour correspondent à l’opposition entre proximité
(av. 15101.Ce que(av. 17101est utilisé familièrement (sphères du locuteur@ de l’aIlocuteur et éloigne-
comme locution exclamative (ce que tu es drôk!1. ment (sphère de la 3epersonne, non présente). -Le
Ce subsiste dans d’anciennes tournures ce faisant, système de l’ancien &mçais est le suivant : au sti-
ce faire (14501,pour résumer ce qui vient d’être dit gulier et au masculin, cas sujet cist lde “[eclce kti);
- dans et ce (XIII~s. ; x” s., et cio), aujourd’hui sur cas régime-accusatif test (de ‘Yeclce istül: cas ré-
ce-, et comme sujet d’un verbe, dans ce me gime-datif cestui (de “leclce istuil; au féminin cas
semble (1450; remplaçant ce samble,XII~s., encore sujet et cas régime-accusatif ceste (de “leclce ktal
au xvxe siècle.). et cas régime-datif cesti (de “leclce istaeil;au plu-
c Ce a pour composés les pronoms démonstratifs rIe1 et au masculk cas sujet cist (de “leclce Si) et
neutres CECI et CELA : ceci (XIII”~., au moyen de cas régime unique cezxes (de “leclce FAtos);au fé-
l’adverbe ci’) renvoyait à ce qui a été énoncé (on minin pluriel, cas sujet et cas régime confondus
emploie encore l’expression ceci dit1 avant de cé- cestes(de “leclce iitaslou ces, puis ces (de “leclce k-
der cet emploi à cela dans l’usage moderne ; depuis tos1.
le xw” s. (1552.1,il annonce ce qui va suivre. Il est em- + En ancien français, toutes les formes sont fléchies
ployé avec cela pour désigner deux choses plus ou et susceptibles d’un double emploi, adjectif et pro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAVALIER
XDC”s. comme allusion probable au français dialec- français classique, le verbe s’est répandu dans
tal et rural (Balzac, Les Paysans,Flaubert à propos l’usage général avec un sens extensif (16551 *ré-
de la Normandiel; le mot ne se maintient que dans pondre de qqn, puis d’une chose abstraite en l’ap-
un usage très littéraire. prouvant~ Icautionner une politique). -En sont ti-
tLe dérivé CAUTELEUX,EUSE adj? réfection rés CAUTIONNEMENT n.m. (15351, d’abord
Cv.131301de coutileus (fin XIII~s.1, signifie à *qui ma- attesté dans un coutumier puis repris au tis.
nifeste une prudence mêlée de ruses. Ce sens, qui (1804, Codecwill,et CAUTIONNABLE adj. (18421.
correspond à =habile et rusé=, a disparu après
l’époque classique au profit de la valeur péjorative CAVALCADE n. f., d’origine italienne comme
de +xnunois, hypocrite*, développée au début du maint terme militaire et équestre, est emprunté
XIY s. avec la réapparition de cautèle (ci-dessus). (1349) à l’italien du Nord cavalcata xcourseà cheval
~CAUTELEUSEMENT adv.(1860), peuusité,cor- de plusieurs personnes> (XI? s.) et =cérémonial par
respond au sens moderne de l’adjectii. lequel on va à cheval accueillir un grand person-
nages (1565).Ce mot est dérivé de cavalcare sche-
CAUTÈRE n. m. est emprunté ti XIII~s.1soit au vauchern, de cavallo =Cheval> (+ cavale, cavalier).
latin cauterium V’ s.1 *fer à brûler un tissu orga- 4 Le sens d’emprunt, =Promenade à cheval faite par
niquem, lui-même emprunté au grec tardif de plusieurs personnes réunies=, a vieilli, de même
même sens hautêtin, de haiein sbrûler= (4 caus- que le sens second de smarche en grand apparat
tique), soit au bas latin cauter, calque du grec kau- d’une troupe de personnes accompagnant un
têr, -&OS *fer brûlant> et *escarre*, de kaiein grand personnagen (1680). Dans l’usage moderne,
+Le mot désigne le fer brûlant ou l’agent chimique l’accent est surtout mis sur le nombre et l’anima-
qui brûle les tissus; par métonymie, il se dit de la tion, avec l’acception =chevauchée animée,
plaie résultant de l’application du fer brûlant (16351. bruyantes. Par extension, le mot est synonyme de
Il a développé comme cataplcwne le sens figuré de =Course désordonnées (1883) dans le langage popu-
sremèdem dans la langue familière kautère sur une laire et familier.
iambe de bois1-remède inopérant=. .CAVALCADER v.intr. (1824) exprime l’idée de
.CAUTÉRISER v. tr. (1314, CauWi.~k?rl est em- <chevaucher en groupe animé*, puis de =courir en
prunté au bas latin médical cauterizare W s.1,em- troupe et bruyamment>.
ployé au figuré en latin chrétien par saint Irénée
dans cautetita conscientia. Lui-même est em- 0 CAVALE n. f. est emprunté (15521, plutôt
prunté au grec tardif kautêrimein *marquer avec qu’au provençal cavcdo =jument*, seulement at-
le fer chaud=, dérivé de haut&. -Le français, repris testé v. 1628, à l’italien cavalla [13401, du bas latin
en médecine, a reçu le sens figuré de -brûler, caballa +ment~, dérivé fémmin de caballus
rendre insensible>, d’abord dans conscience muté- (+Cheval), paradigme ayant supplanté les repré-
risée kwe s., Calvin) calqué du latin; cet emploi a sentants de equw, equa (+ équestre).
disparu. +Le mot, doublet poétique de jument*, est devenu,
CAUTÉRISATION n. f. est emprunté à la même par métaphore, une désignation populaire pour
époque (13141au latin médiéval cauterkatio hes.), une grande femme mal bâtie, sens sorti d’usage.
de mutetiare, pour désigner l’action de cautéfi- t Le dérivé CAVALER v. intr. (15751, ~poursuivre~
ser, en médecine. et *aller à cheval> (16111,a été repris au axes. dans
l’usage populaire (18211 au sens de =cowir, filer-,
CAUTION n. f., réfection graphique (15351 de spécialement *courir après une femme* et (18881
caution (v. 12601,est emprunté au latin cauti =prw *mener une vie désordonnée*, parfois, par renfor-
dence, précautions et, concrètement, *garantie>, de cement de coutir* (RWZI),*ennuyer- (il me, il nous
cavere =prendre gardes. -se garantir de ou contre=, cavald. -Le déverbal 0 CAVALE n. f (18291,
welller à, suer (+ cautèle). Ce verbe peut être rap- d’abord argotique puis familier, désigne la fuite et
proché du grec koein =remarquer, comprendren, l’évasion (18331, d’abord dans l’argot des malt%
thuoskoos*qui observe le sacrike~, du vieux saxon teurs et de la police, puis (2emoitié xxe s.1 grâce à la
show% de l’ancien haut allemand scouwdn .wbser- presse, dans l’usage général, le roman d’Albertine
ve>, du sanskrit c%kuvateail a l’intention de>, ha& Sarrazin, La Cavale, au titre allégorique, ayant sti-
“sage, voyant>, etc. mulé cette évolution. -CAVALEUR,EUSE n.
*Un partage sémantique a immédiatement I-é- (1901) est spécialisé au sens de *coureur de flllesn
servé à précaution* la valeur générale de =prw (au féminm cavaleuse, *coureuse de garçonsml.
dencem et spécialisé caution au sens juridique de
*garantie* d’où, par métonymie, =Personne se por- CAVALIER, IÈRE n. est emprunté (v. 14601à
tant garantep (15351.Il a donné quelques locutions l’italien cavalkre, anciennement cavalliere, cavalN
passées dans l’usage: caution bourgeoke (15391 iero (déb. XII~s.1 =gentiiomme servant à cheval>,
~garantie Su&ante~, sous caution. être sujet à eau- possédant tous les sens pris par le français, et lui-
tien (av. 16151,au figuré =être douteuxm, et être cau- même emprunté à l’ancien provençal cavalier
tion que *répondre de= (16601,sortie d’usage. (me s.l b chevalierl.
.k! dérivé CAUTIONNER v. tr. est d’abord em- +Le mot a progressivement évincé chevalier dans
ployé comme pronominal réciproque pour sse ga- la plupart de ses emplois, ce dernier correspon-
rantir mutuellement~ (13341, puis comme transitif dant alors à d’autres acceptions. Le sens de *gentil-
pour <fournir une caution pour (qqn)> (1391). 0En homme servant à cheval* s’est maintenu à propos
CÉDRAT 664 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CÉDRAT n. m., d’abord cedriac (1600) pus cé- ment, une reconnaissance de dette (1314). La
drat (1680), est emprunté à l’italien cedrato (mre s.) plupart de ses emplois sont sortis d’usage, en de-
huit plus gros que le citron= et (av. 1708) w-bre hors des expressions juridiques cédule de citation,
portant un tel frutm. Cedrato est dérivé, avec une cédule hypothécaire et, en droit fiscal. du sens
valeur superlative, de cedro =citromx (1250-1300). *feuillet utilisé pour la déclaration d’impôt par ca-
Lui-même est issu du latin citms désignant deux tégories d’origines Lxx” s., av. 1949).
arbres très différents, le thuya d’une part et le ci- ~CÉDULAIRE adj., cité en 1796 comme néolo-
tronnier, le cédratier de l’autre. Ce mot n’est pas gisme, a qualifié en droit fiscal ce qui est relatif aux
emprunté directement au grec kedros (-cèdre) cédules, spécialement (en France1 un type d’impôt,
qui désigne le cèdre, le genévrier et dont le supprimé en 1948, qui n’atteignait qu’une catégorie
composé en mêlon *fruit> (-melon), kedromêlon, de revenus.
sert à désigner le cédrat en concurrence avec hi-
tin (+ citron). Le grec et le latin, peuvent être des CEINDRE v. tr. est issu (v. 1050) du latin cingere
emprunts à me langue non lndoeuropéenne, le la- -entourer, envelopper* et techniquement &Cor-
tin peut-être par un intermédiaire étrusque: le cern, également =retrousser par une ceintures, sens
fruit fut introduit en Grèce après les conquêtes repris par son dérivé succingere (+ succinct). Cin-
d’Alexandre W s. av. J.-C.); 11 était tellement es- gere est un terme technique, probablement indoeu-
timé pour sa beauté et ses propriétés médicales ropéen, dont on rapproche le sanskrit kafKate =il
que l’on a vu dans les pommes d’or des Hespérides lien, kaficukah =cuirasse, camisole,>, ktifici -cein-
des cédrats. ture,>, le htuanien kinkjti <<atteler (une bêtelu, en
+ Le mot français semble s’être répandu à partir du supposant une alternance k/g en fin de racine.
provençal comme l’indique la glose =Cedtic les- +Le mot, d’abord attesté dans l’expression espede
pece de limon1 ainsi appelé en Provence+ Il a ceindre crevêtir l’épée>, et à la forme pronominale
d’abord désigné l’arbre, le fi-uit étant appelé cèdre Cv.11651, exprime l’idée d’sentourer une chose
(15451, par emprunt à l’italien cedro, jusqu’au d’une autre*. Il possède une valeur solennelle, que
XVII~ s., dans aigre de cèdre Gqueur à base de jus de n’ont pas ses synonymes entourer*, ceinturer*, et
cédrat et d’eau-de-vies. 0 Cédrat s’emploie essen- entre dans des locutions où le geste physique a me
tiellement de nos jours comme nom du !?uit (1723) portée symbolique, le complément désignant soit
et, par métonymie, de l’essence tirée de ce !?uit une partie du corps, ceindre ses reins ( 18531,signi-
(1809). fiant -se préparer à la guerren, soit un objet noble :
l CÉDRATIER mm. (18231désigne l’arbre. ceindre la tiare (16911 =devenir papem, ceindre le
diadème (1740) =devenir roi* et, dans un contexte
CÈDRE n. m. est emprunté (v. 1120) au latin ce- moderne, ceindre l’écharpe lmunicipale~ sdevenlr
drus, lui-même pris au grec kedros scèdren et -ge-
maires. 0 Le langage soutenu l’emploie également
névrier-, mot toujours vivant en grec moderne.
au sens d’<cencercler un espace,> (1165) et spéciale-
L’étymologie en est obscure, le rapprochement ha-
ment *entourer une ville de rempartsa (1582).
bituellement fait avec le nom balte du genévrier
hadaggs n’étant satisfaisant que pour la première c Il est probable que son participe passé adjectivé
syllabe. CEINT, EINTE a été gêné par son homonymie avec
+Le mot désigne un conifère de grande taille et, saint, ainte*, car on lui préfère entouréou cerné. Il a
par métonymie, son bois utilisé en ébénisterie, me- en tout cas perdu son ancien emploi substantivé
nuiserie et construction navale. comme terme de fortfication (1211-1214) au profit
du composé enceinte (+ enceindre).
.Son dérivé CÉDRAIE n.f (déb.m”s.), rare, dé-
0 Yor CEINTURE.
CINGLER.
CINTRE.ENCEINDRE.
EN-
signe une plantation de cèdres.
CEINTE.
SANGLE.
CÉDULE n. f. est emprunté Vin me SI au bas la-
tin scedula =Petite feuille de papier-, également CEINTURE n. f.. d’abord écrit ceingture
écrit schedula en latin médiéval, diminutif de sceda (déb. XII” s.l. puis ceinture (v. 1175). est issu du latin
(ultérieurement scheda)=feuillet, page*. Ce mot est impérial cinctura, dérivé rare de cinctus =action de
d’origine inconnue : sur la base de la graphie SC& ceindren et ~ceinture~ hnasculme, par opposition à
(Cicéron), on a pensé le rattacher à scindere cingillum =Petite ceinture féminirm), du verbe cin-
sfendre. séparep, (-scinder) mals cette formation gere (- ceindre).
étant sans autre exemple, il vaut mieux voir dans +Le mot, qui désigne me bande de matière souple
cette leçon me graphie seconde sous l’influence du destinée à serrer la taille, entre dans quelques lo-
grec skhizein =séparer= (+ schizophrène) et du latin cutions dont se serrer la ceinture *se priverB et,
scindere. Schedula est passé dans la plupart des proverbialement, bonne renommée vaut mieux
langues romanes et germaniques : provençal ce- que ceinture dorée aremplie d’or-, qui rappelle la
dula, cedola, espagnol cédula, portugais cedula, locution archaïque avoir de l’or dans sa ceinture
italien cedola, moyen haut allemand zedele, zetele par allusion culturelle au fait que la ceinture était
Mlemand Zettell, moyen néerlandais cedule (néer- aussi une bourse longue ceinte autour des reins.
landais cedel), suédois sedel, danois seddel, islam ~L’expansion sémantique du mot commence en
dais sedill. Du français, il est passé dans l’anglais moyen français avec le sens analogique de *pour-
schedule (1397. sedulel, =horaire~. tour- (14151,vivant dans quelques acceptions spé-
+Le mot français apparaît dans le langage jur- cialisées et en parlant de l’enceinte d’une ville
dique à propos d’un billet consignant un engage- (16761. On parle encore à Parts de Petite Ceinture
DE LA LANGUE FRANÇAISE CAVIAR
+Ce terme de manège désigne un appareil de mitent à quelques emplois spéciaux et figurés; la
dressage composé d’une têtière, d’une sous-gorge locution caverne d’Ali Baba =accumulation hétéro-
et d’une bande métallique enserrant le nez de l’an- clite de choses précieuses* est une allusion litté-
mal. Avec la valeur figurée de =mort&xtion=, il est raire à un conte fameux des MiUe et Une Nuitsbien
entré dans la locution mettre un caveçon à qqn connu depuis la célèbre traduction de Galland.
(av. 16151,puis donner un coup de caveçon à qqn -La spécialisation de =creuxB, en anatomie (1546).
<rabattre son orgueil, le morti6ers. 0 Il a été repris n’a pas vécu mais le mot a été repris en pathologie
comme nom d’une muselière pour les agneaux en à propos de l’excavation pulmonaire qui se forme
sevrage (18671. après évacuation du pus d’un abcès ou d’un tissu
CAVEÇONNER v.tr.se renCOntre eXCC?p~iOndk- nécrosé (18631.
ment au propre et au figuré, où le mot est attesté t CAVERNEUX, EUSE adj., emprunté Km mules.-
en 1626 (A. Regourd, L’Art de caveçonmr les mi- déb. >w’s.l au latin cavernosus =Percé de trous,, de
nistres protestants), le sens même étant le même cave-, s’est éloigné de ce sens pour se spécialiser
que donner des coups de caveçon. en anatorme (15461,notamment dans la description
pathologique des poumons et dans corps caverneux
CAVER v. est emprunté (16421à l’italien cavare, (de la verge). Il s’est répandu avec le sens analo-
représentant du latin cavare, de cavus (+ 0 cave), gique de =qui évoque une cavernes, décrivant une
et signifiant <creuser, extraires kove s.1 d’où, spécia- forme et on bruit ayant une profonde résonance
lement, “retirer de sa poche, débourser, dépenser* (1835, voix cavernewel. - 11a produit CAVERNO-
kvle s.l. SITÉ n. f., d’abord attesté dans sa spécialisation en
t Le mot a été introduit au jeu au sens de =miser~, anatomie (15461. sorti d'usage, et CAVERNEUSE-
la locution caver au plus fort passant dans l’usage MENT adv. (1888) d'une voix caverneuses, rare.
familier avec le sens figuré =exagérer, porter à l’ex- -Le composé CAVERNICOLE adj. et n. (18741,
trêmes (17431,à côté de caver au plus bas (18631,ca- formésurcavemeaveclesutñxe-cole~ qualifie et,
ver au pire woir 1~s choses au piren; ces expres- elliptiquement, désigne en sciences naturelles des
sions ont disparu. A la forme pronominale, se caver végétaux, des animaux vivant sous terre. Par ex-
est employé absolument pour misem (18341.oLe tension, il se dit aussi de ce qui concerne la vie dans
mot a reçu en argot le sens transitif de =tromperm les cavernes.
(18961,peu usité. CAVIAR n. m., d’abord cavyaire (14321 puis ca-
w 0 CAVE n. f., d’abord attesté dans la locution an- tiat (15521 -encore en 1771- et caviar (15531,
cienne faire cave (xvr’s., du Fail), semble inusité aussi cavial (seule forme signalée par Furetière,
avant le XVII~s., où il est enregistré avec son sens de 16901,est emprunté au vénitien caviar0 (15851 au-
anisep (16901. quel correspond l’italien catie kn.+s.) qui a
DÉCAVER v. tr. (18291 signifie =gagner toute la donné, à l’époque classique, le type catial (16601.
cave d’un joueurs et à la forme pronominale se dé- Les mots italien et vénitien sont eux-mêmes em-
caver <perdre sa caves (18341; en sont dérivés DÉ- pruntés au turc hwyar et non au russe (qui dit
CAV&ÉE adj. (18701, adjectivation du participe ikrcd, alors que le mets a été importé ensuite de
passé signifiant -ruiné.. et DÉCAVAGE mm. Russie : L’hcycZopédie (1751) donne la forme ca-
(19291,beaucoup plus rare. -Avec un autre préfixe, titi sckari qui (avec une fausse coupe) témoigne
SERECAVER v.pron. (18751 exprime le fait de du nom commercial donné aen Russie> à ce mets.
remplacer l’argent qu’on a perdu en misant une se- 4 Le mot désigne une préparation culinaire à base
conde fois. d’oeufs d’esturgeon et par extension d’autres pois-
Il est probable que @ CAVE n. m. (18821,mot d’ar- sons. Le mot, d’abord terme exotique de relation,
got désignant l’homme fait pour être dupé d’où, est mentionné avant la fin du XT s., surtout à cause
par extension, le niais, l’imbécile (19011,en général de la consommation du caviar en Italie, puis en Al-
ehomme qui n’est pas du milieu>, soit dérivé de ca- lemagne. C’est au tournant du siècle que le caviar
ver au sens ancien de =tromper au jeu* par l’inter- devient en France un mets de luxe, très onéreux,
médiaire du participe passé substantivé cavé développant une symbolique où il est fréquemment
=homme naïf= (18351. délkitivement éteint après associé au champagne, au foie gras, etc. Quant au
1914. L’hypothèse d’une origine méridionale -par sens, il est normalisé en commerce où le mot ne
rapprochement avec le provençal ccwec =chevêche, s’applique qu’aux œu& d’esturgeon (avec plusieurs
chouette>, employé adjectivement au sens de types : beluga, sevruga, etc.1 parfois pressés kaviar
esotB> - pose des ditkultés phonétiques. -Cave a pressé, on disait au xm’ s. compact). Mais on l’em-
donné CAVETTE n. f. (19261, appellatif pour une ploie aussi plus largement, comme le russe tira,
femme qui n’est pas du milieu. dans caviar rouge ~ceu& de saumon*, etc.; cet em-
ploi est illégal commercialement, en France. 0 Le
CAVERNE n. f. est emprunté (xnes.1au latin ca- mot est employé avec une valeur figurée comme
verna =terrler, tanière>, également employé à pro- symbole du luxe et d’une certaine classe sociale (le
pos de la cale d’un navire et comme terme de des- récent la gauche caviar). -Par métonymie, il a
cription anatomique pour un orifice (du nez, des reçu le sens de -tache noire servant à rendre cer-
oreilles), dérivé de ccwus screuxn (- 0 cave). Le ca- tains passages d’un écrit mdéchi&ables~, par allu-
de cahute* y est peut-être apparenté. sion à un procédé de censure pratiqué en Russie
+Le mot désigne couramment une cavité naturelle sous Nicolas 1”‘. (18771; il s’emploie aussi comme
creusée dans la roche; les extensions de sens se li- qualificatif de couleur (19351. -Par analogie d’as-
CÉLADON 666 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(P.C.), appellation pour la ligne d’autobus (autre- tion du mot rappelle celle de fwwbris C-funèbre):
fois de chemins de fer1 desservant le tour de Paris. le rapprochement avec le grec kelomai =je pousse,
o Par métonymie, le terme d’habillement désigne j’exciten est incertain
la partie du corps où se place la ceinture, surtout +Le sens d’emprunt, <solennel, éclatants, =somp-
dans des expressions désignant un niveau lavoir de tueux~. a décliné après le xv$ s. ; il est encore men-
l’eau jusqu’à la ceinturel. Par me métonymie se- tionné dam le dictionnaire de Trévoux en 1771.Le
conde, il désigne une prise de combat consistant à sens moderne, “dont le nom est partout vantén, se-
étreindre son adversaire à la taille (1898). 0 Quel- rait attesté dès 1532 (Rabelais) selon certains, mais
ques emplois déterminés s’apphquent à des objets n’entre véritablement dans l’usage qu’au ~~IFS.
qui s’attachent comme une ceinture Gxinture de (16361,quelquefois en mauvaise part &i&ement cé-
sécurité). De l’usage d’un tel dispositif en avion, en lèbre).
voiture, viennent des emplois de type : attachez vos . La dérivation directe se limite à CÉLÉBRISSIME
ceintures, <préparez-vous au départs. -=-Par ai- adj., mot tardif (xx’ s.), d’emploi ironique ou fami-
leurs, des ceintures peuvent avoir me valeur sym- lier.
bohque telles celles que portent les judokas, cein- CÉLÉBRER v. tr. est un emprunt précoce au latin
ture noire désignant par métonymie la personne classique celebrare (de celeber) wisiter en fouIen
qui a droit à cette distinction. puis *fêter solennellement (un jour un rite, une
. CEINTURER v. tr., d’abord ceincturer (15491,rare fête)*. impliquant l’idée d’une participation nom-
entre 1636 et 1866. s’est répandu dans la seconde breuse et d’une assemblée solennelle. C’est la pre-
moitié du me siècle. Du sens propre procède la va- mière valeur du mot (1119) d’où, par héritage du la-
leur analogique de *entourer de ses bras comme tin d’église, <célébrer la messe>, (1174; en emploi
d’une ceintun+ (1859). le plus souvent avec l’inten- absolu, 1299).De bonne heure, il signiiïe également
tion de neutraliser. =marquer on événement par une cérémonie* (1160)
cmvruRoN n. m. (1579) conserve la valeur aug- et =honorer qqn, le louer publiquement* cv. 11601
mentative du suffixe -on, désignant une grosse d’où <<faire l’éloge de qqn, qqch.m IcéIébrer la mé-
ceinture, notamment dans l’uniforme militaire. -11 moire de qqn).
a seM à former CEINTURONNIER n. m. (18001. CÉLÉBRATION n. f. est emprunté CV.1175) au latin
nom d’ouvrier désignant celui qui fait ceintures et classique celebratio esolemité, adlon de célébrex-,
ceinturons. spécialement en latin chrétien =action de célébrer
la messes (v” s.l. -Le mot désigne l’action de célé-
CÉLADON n. m. est tiré (1617) du nom d’un brer me cérémonie, une fête, d’abord en parlant
personnage de 1’Astrée, roman pastoral d‘Honoré
du Christ au moment de la Passion.
d’Urfé (16071. amant délicat et passionné dont le
CÉLÉBRITÉ n. f. est emprunté (xrv” s.) au latin cele-
costume de berger était agrémenté de rubans britas &rémonie solennelles et =caractère de ce
verts. Le nom de ce héros est repris par allusion lit-
qui est va&%. -Le mot est d’abord le doublet sé-
téraire au latin Celadon, nom d’un guerrier dans
mantique de cdébration, jusqu’à la lin du xv? siè-
les Métamorphoses d’Ovide. Le mot latm est calqué
cle. o Il s’en distingue ensuite en gardant mique-
du grec Keladôn, proprement <<leretentissmt~, em-
ment le sens de =qualité de ce qui est connu=
ployé comme nom d’un fleuve, substantivation de
(1508-15171qui. lorsqu’il est appliqué à un lieu, réac-
l’adjectif de même forme dérivé de kelados -bruit,
tive la valeur étymologique -qualité de ce qui est
clameur~~ dit de gens qui se battent, se disputent, de
très fréquent&. Les sens de -solennité>> (1680) et
cris, de la lyre. Ce mot, avec une suffixation en -dos
~caractère de ce qui est fréquentén (1548) ont dis-
que l’on retrouve dans des termes de sens voisin,
paru. oPar métonymie, le mot désigne une per-
peut se rattacher à kelamein =bruiren. kelôr m-i,
sonne célèbre (18311,surtout au pluriel.
voim et, hors du grec, au latii calare =appeler-, cla-
mare [+ clamer). CELER v. tr. est hérité (v. 980) du latii celare *ca-
+En référence à la couleur des rubans du costume chern, mot ancien et usuel appartenant à une ra-
du berger Céladon dans L’Astrée,le mot exprime cine indoeuropéeme ‘kel-, représentée dans un
me nuance de vert tendre, comme adjectifet subs- grand nombre de mots latins (+ cellule, cil, clandes-
tantif, s’employant par métonymie comme nom tin, couleur. occulte) et dans le celtique celim *je
d’une porcelaine de cette couleur. 0 En référence cachem,l’anclen haut allemand helan =cacherm,l’an-
au tempérament du héros, le mot a désigné fami- cien islandais hall =rus&, en grec même, sous la
lièrement, souvent par ironie, un amoureux fidèle, forme élargie kaluptein =couvrir, cacher>.
sentimental (1686).
+Le mot, qui signiiïe xtenir caché, dissimuler=, a
CÉLÈBRE adj. est emprunté (1532) aulatin cele- pâti de la concurrence de cacher dans l’usage cou-
ber -nombreux, en grand nombres. surtout en par- rant et fonctionne de nos jours comme son doublet
lant d’un lieu, &-équenté= (souvent ]omt à freqwms stylistiquement noble et archaïque.
dont il est synonyme, + ii-équent). Le mot s’est em- t Les préfixés sont beaucoup plus vivants que le
ployé notamment à propos des jours de fête reli- verbe simple. -RECELER v. tr. (v. 1170). composé
gieuse attirant me grande afïluence et, de là, par préfixa1 de celer, a évolué vers le sens de =détenip
l’intermédiaire d’emplois du verbe Ccelebraresa- dans l’usage courant et la langue juridique (13981;
cra, celebrarecdiquid,cdiqued, a développé le sens en est sorti le sens figuré de -posséder (une qualité,
de *fameux, van&, =illustrepa, surtout en poésie et un vice)n (16801. -11 a pour déverbal RECEL n. rn.
peu fréquent avant l’époque impériale. La forma- (11801,ancien synonyme de =secret~, qui a pris le
DE LA LANGUE FRANÇAISE CÉDILLE
nom. L’évolution qui mène au système moderne est + Le sens ‘s’affaisser sous une pression* (d’on objet)
tout aussi compliquée : ce (xn” s.) résulte de la I-é- semble avoir été abandonné à l’époque classique et
duction de l’ancien test devant consonne, les repris à partii de 1796. Avec on sujet désignant un
formes &gimen (complément) se substituant aux animé, le sens de -renoncer à> s’est fait jour au
formes sujet (fin xnre s.1; la distinction proximité- xv? s., d’abord en construction prépositionnelle
éloignement tombe entre 1350 et 1500 -étant (1511, céder à). puis en construction transitive dans
donné la fréquence des formes indifférenciées ce/ un cadre juridique (1534) avec la valeur de =Céder
ces -, relayée par l’emploi des adverbes ci” et là*. un droit>, <abandonner une propriété à.. ~Avec
-EnSm. le système moderne anpose une distinc- une notion spatiale, le mot signifie =laisser la place
tion grammaticale entre pronom et adjectif, réser- à. (1537) et, avec une idée de compétition, -ne plus
vant ce, cet, cette, ces au rôle d’adjectifs (acquis au résister, s’effacer devant une puissance supé-
m’s.1. tandis que celui*, celle, cew, celles s’at- rieuren (v. 1560). spécialement dans le domaine mi-
tachent celui de pronoms (celui comme adjectif est litaire. Il se répand dans l’usage au xv? s., donnant
exceptionnel au xvue s.), également précisés par les les locutions céderlepas à qqn (1671) et, avec une
particules adverbiales -ci, -là. valeur figurée, le céder à qqn, ne le céder en rien à
qqn (16711 -être inférieur, ne pas être inférieurs,
CÉANS adv. (1140, çaenz) est formé de çà et de cette dernière aujourd’hui archaïque ou littéraire.
l’ancien français enz -dedans=. issu du latin intus 011 prend en même temps le sens figuré de *se
(- intérieur). soumettre* en construction absolue (1673) et le sens
4 Le mot s’est employé jusqu’au XVIII~ s. (encore au concret de <abandonner qqch. à qqn pour un
XIX~ s. régionalement) pour *ici, à l’intérieur (de la temps> (1690). Au XY s., se développe lavaleurspé-
maison, etc.ln. Il s’est maintenu dans des syntagmes ciale de -s’abandonner à un homme= en parlant
comme le maître, la maîtresse de céans, avec une d’une femme (1690). La locution figurée céder le
nuance de plaisanterie. haut du pavé, le pavé =laisser la première places,
est attestée av. 1666.
CECI, CELA + 0 CE w Exception faite de CÉDANT. ANTE àdj. participe
présent substantivé au masculin avec le sens jti-
CÉCITÉ n. f. est emprunté (1223) au latin caeci- dique de =Personne qui transfère son droit> (16731,
tas#perte de la vuem et, au figuré, *aveuglement de la dérivation directe de céder est inexistante.
l’espritn, dérivé de l’adjectif cwxus =aveuglen, ob- CESSION n. f. a été emprunté (1266-1267) au latin
jectivement =lnvisible*, <où l’on ne voit pas> et #se- juridique cessio =action de céders, du supin cessum
cret>, *bouché. sans issue>. employé en poésie à de ce&re, pour fournir un substantif d’action en
propos de sensations autres que visuelles, peut- droit (commercial. international). o Il a produit à
être à l’imitation du grec tuphlos. Le mot, qui pré- son tour CESSIONNAIRE n. (1520) qui a perdu le
sente un vocallsme radicala et un suffixe -ho- sens primitif de <personne qui fait cessiow pour le
comme d’autres adjectifs désignant des -tés, sens de =Personne à qui l’on fait une cession* (16751.
a des correspondants Mandais caech, gallois coeg, CESSIBLE adj., formé en droit (1607) sur le radical
gotique ha&J mais au sens de -borgne=. Il a eu un du supin latin. qualifie ce qui peut être cédé; d’où
représentant français cieu, ciu *aveugle. obscurn CESSIBILITÉ n.f. (1845) et l’antonyme INCES-
qui a coexisté dans l’ancienne langue avec deux SIBLE adj. (1576) d’où INCESSIBILITÉ n. f. (1619).
autres mots d’origine latine : onb (de orbus =Privé 0 voir ACCÉDER. CESSER CONCÉDER. DÉCÉDER. EXCÉDER.
de>, pus [II~ s.I =aveugleBl et le mot actuel aveugle*, INTERCÉDER, PRÉCÉDER. PROCÉDER. ltJ?maCÉDER. suc-
qui a triomphé définitivement au xwe siècle. CÉDER
+ Le mot. qui conserve les valeurs du mot latin, le
sens figuré de =aveuglement de l’esprits (1374) CEDEX n. m. est l’acronyme (1966) de Courrier
étant marqué comme littéraire, s’est maintenu à d’Entreprise à Distribution EXceptionnelle.
côté d’aveuglement qui, en S-ançais moderne, le t Le mot, surtout d’usage écrit sur les adresses, dé-
concurrence uniquement avec son sens abstrait. signe en France un système de distribution postale
w Il reste une trace de caecum -si l’on excepte le qui permet aux entreprises d’avoir leur courrier
prénom Cécile, du nom d’une sainte Caecula, dé- très tôt le matin (à charge pour elles de les faire
rivé de son diminutif caeculw *myope> - dans le prendre au bureau de poste).
composé (mal formé) CÉCOGRAPHIE n. f. (XXe s.)
de caecus et de -graphie, =méthode d’écriture pour CÉDILLE n. f., enregistré sous la forme altérée
les non-voyants*. ceri& en 1611, puis cédille (1654.16551, est em-
prunté à l’espagnol cerilla (1492) puis cedilla (15581,
CÉDER v. tr. et intr. est emprunté (1377) au latin proprement *petit z* (interprété ensuite comme
cedere, originellement *marcher, allem, souvent ‘petit cs à cause de la forme du signe), diminutif de
avec la nuance de ase retirer- (peut-être employé zeàa, emprunté au latin zeta. Lui-même est em-
par litote dans la langue militaire par opposition à prunté au grec zêta <sixième lettre de l’alphabet
stare -être, station). d’où &tre inférieur às, &ire grecs, emprunté au sémitique (hébreu zajit, m-
concession, concédep moins fréquent que le méen zëtd.
composé concedere en ce sens. L’étymologie du t Le mot désigne on signe graphique. introduit en
mot n’est pas claire, mals il pourrait être apparenté 1531 dans l’imprimerie par G.Tory, et qui traw-
à cadere etombern (-choir). forme le c dur Ikl devant a, o, u, ou en [SI.
CELLIER 668 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CELLIER n. m. est emprunté (déb. XII~s.) au bas ruches. o L’acception biologique du mot apparaît
latin cellarium =garde-manger. officem. Celui-ci est en botanique, même si Dutrochet (1824) compare
dérivé de cella =Petite chambre>, également *ma- déjà la ~cellule~ végétale à des formations ana-
gasin=, =Chapelle d’un templen (d’où cella, celle en logues dans les tissus animaux. Cette métaphore
archéologie), spécialement en latin chrétien zcel- est ancienne en botanique, que ce soit en latin sa-
lule de moine> (+ cellule). Ce mot est apparenté, vant, en anglais (Hooke, 1665, à propos du liège;
avec une idée accessoire de cachette, de retraite, Grew, 1682, qui parle de ce& et de bladders wes-
au vehe celere C-celer) sans que l’on puisse expli- sies>>),puis en français, en concurrence avec vési-
quer sa géminée, peut-être expressive ou dialec- cule et parfois en rapport avec la métaphore trom-
tale. peuse de l’éponge (VO~ ce mot). Au XVIII~s. (cellules
+ Seul le sens de *chambre à provisions* est passé adipeuses, in Encyclopédie, 17521,le mot ne désigne
en français. Par extension, le mot est employé à que de petites formations creuses, ou supposées
propos d’une pièce frtiche où l’on conserve vin et telles, appartenant au tissu dit cellulaire (expres-
denrées. sion usuelle en anatomie depuis le milieu du
XVIII~~.). Mais après les années 1820, avec Dutro-
t CELLÉRIER, IÈRE n. (v. 1175). <religieux préposé chet, Turpin et sa cellule intégrante formant le vé-
au soin du cellier dans un couvents, représente le gétal le plus simple, après les travaux en allemand
latin chrétien cellarius, celleratius &conome res- de Scbleiden (18381, surtout de Schwann (1839;
ponsable du ceZZarum~. Il a vieilli au profit de trad. française, 1842) la cellule, dans une théorie
termes généraux comme économe, intendant. cellulaire généralisée, est conçue non plus comme
une *petite logen, une vésicule, mais comme for-
CELLOPHANE n. f., mot employé en français mée d’une paroi, d’une masse cle la cellule et d’un
av. 1924 (*la cellophane est un dérivé de la cellu- noyau (Littré-Robin, 1855,qui défendent l’emploi du
lose, fabriquée en France sous forme de feuilles mot même s’il ne s’agit pas d’une cavité). La théorie
transparentes...n, Ch. Fabry, Société française de s’étend alors aux êtres vivants unicellulaires
physique, 4 avril 19241, est un terme forgé par le (van Siebold, 18451,mais il faut attendre 1938 pour
Suisse J. E. Brandenberger qui mit au point en 1911 que Dubas découvre le noyau des microbes, mon-
la machine pour sa fabrication continue. Le mot est trant qu’il s’agit aussi de cellules et plus tard aux
composé du radical de cellulose*, de la voyelle de tissus nerveux (Kelliker découvre le neurone en
liaison o et de l’élément suffixa1 -phane *qui paraît,, 18891.Vers 1855 (Remak, puis Virchow), le terme in-
(+ diaphanel. Il est difficile de déterminer si le frm- forme l’histologie et l’embryologie (omnis cellula
çais a emprunté le mot à l’allemand ou à l’anglais, e cellula, Viichow), usage qui se développera plus
où ce nom de marque déposée existe dès 1912. tard avec la génétique, puis suscite une discipline
+Le mot, devenu usuel, désigne une pellicule nouvelle, la cytologie? L’analyse interne de la cel-
transparente obtenue à partir de la cellulose et de lule et de ses organites se développe après 1875
la viscose et employée notamment pour le candi- (Strasburger); elle prend plus d’importance au
tionnement des produits alimentaires et médica- XY s. selon des modèles de plus en plus complexes,
menteux. en relation avec la génétique (connaissance du
noyau), la microscopie électronique et jusqu’à la
* CELLULE n.f. est emprunté (1429. selon biologie moléculaire. Ces connaissances donnent
Bloch et Wartburg) au latin cellula, diminutif de au terme cellule des contenus renouvelés, la signi!%
celh <chambre> (+ cellier). CeZZuZa <petite cation du mot restant la même (6. des cas ana-
chambres a pris à basse époque le sens de *loge de logues pour atome, particule, gène..). Sur le plan
prisonniers (av. 410) et, dans les textes chrétiens, lexical, on vocabulaire complexe est subordonné à
celui de *demeure individuelle d’un moines. s’em- cellule et divers syntagmes, formés avec ce mot ou
ployant également par humilité à propos d’un petit avec l’adjectif cellulaire, deviennent usuels.
monastère, d’une église ou chapelle privée, sens En relation de métaphore avec cet emploi scienti-
assumé aussi par cella d’où viennent les noms de fique, le mot entre, avec une valeur abstraite, dans
lieux La Celle, La Selle. Il a reçu en latin médiéval le vocabulaire de la sociologie (1883, cellule sociale).
des acceptions techniques en anatomie (1 110-11201 En politique (1920, Congrès de Tours), il désigne
et en botanique (1256-1260). l’unité de base d’un parti (communiste ou socia-
4 Le mot est introduit comme nom de la chambre liste). Cette valeur d’eunité élémentaire combi-
d’un religieux dans un monastère, pois du loge- nable avec d’autres identique+ se réalise aussi en
ment clos réservé aux cardinaux réunis en musique (1930). par exemple dans cellule ryth-
conclave (1690). Les extensions hors du domaine mique, et pour désigner on petit groupe de travail,
religieux sont plus récentes, à propos d’une petite de réflexion. -Enfin, en emploi concret. cellule dé-
pièce où l’on enferme séparément les prisonniers signe en aviation (1904) l’ensemble des structures
(18011,les malades dans un établissement psychia- de l’aile et du fuselage, et en physique un appareil
trique. -Par analogie, avec l’idée d’une structure logé dans une enceinte fermée (cellule photo-élec-
close, et d’après le latin médiéval, le mot reçoit plu- @ique, 1910).
sieurs acceptions techniques : en anatomie, il dé- k CELLULAIRE adj., formé en anatomie à propos
signe une petite cavité qui se trouve dans certains de &issus* vivants présentant de petites cavités
organes des animaux (15031,-valeur qui annonce (1740). est demeuré dans le vocabulaire scientifique
de loin les emplois du ti s en biologie -, ou en- avec des emplois nouveaux liés à l’embryologie :
core dans des productions naturelles comme les substance cellulaire (1776, Encyclopédie, Suppl.)
CELER
Du recel à l’eucalyptus
recel
latin XII’?..
receler
celare xvs. receleur
r-l xws.

décèlement
X”I*S.

décelable
XIX~s.
l
indécelable
x,x=s.
ancien français
concelare conceler
II cacher »
l-l
anglais
to conceal

cellarium cellier

cellula cellule

latin
couleur
color

latin
clandestin
clandestinun

latin
cil
eilium

eukalyptus eucalyptus

allemand
hehlen
«recelern
CÉMENT 670 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CELTIQUE (LES LANGUES CELTIQUES)

Groupe de langues constituant une branche des dans le premier cas, anglais dans le second,
langues indoeuropéennes, et séparée en deux pour le reste, les deux langues sont très sem-
rameaux : celtique continental et celtique insu- blables. et l’on utilise le comique pour reconsti-
laire. Le celtique continental, comprenant à tuer la préhistme du breton.
notre connaissancele gaulois* et le =celtibèrema On ne peut exclure en théorie que le parler tel-
entièrement disparu. Le celtique insulaire, parlé tique continental lgauloisl survivait encore dans
par les populations celtes installées en cabre- cette partie excentrée de la Gaule lors de l’arr-
tagnen (aujourd’hui Grande-Bretagne]. se sub- vée des colons brittoniques (à partir du P s. de
divise en gaélique et brittonique. Les parlers notre ère); mais rien ne suggère une influence
gaéliques subsistent encore dans lYle de Man gauloisesur le breton. En français, les seulsves-
hnamois), en Irlande lirlandaisl et dans les tiges du celtique parlé en Gaule peuvent s’ob-
hautes terres d’Écosse.Le brittonique comprend server dans le vocabulaire. et de façon très lim-
le comique (Cornouailles), le gallois ou cym tée. Tout d’abord, il y a quelques mots gaulois
rique (Paysde Galles) et le breton. empruntés par le latin à une date assezhaute, et
Un point particulier concerne la variété du cel- qui se retrouvent ultérieurement en français:
tique attestée en France. Le breton est encore notamment. les noms de véhicules de transport :
parlé en Bretagne, où il est connu sous deux par exemple carrus *chariot à quatre roues>,
formes normalisées depuis les années 1920: 6. char; de ces éléments, il faut distinguer le
l’une de Vannesau sud (davantagemarquée par substrat gaulois propre au français. Après la
l’influence du français), et l’autre des diocèses conquête de la Gaule, un certain nombre de
de Comouallle, Léon et Tr@ier (Finistère et mots gaulois, concernant la vie rurale, sont en-
Côtes-d’Annor1. Le breton a beaucoup reculé trés dans le galle-roman, mals il en reste fort
devant le français, bien qu’il soit maintenant re- peu en français
connu sur le plan universitaire; ainsi, les villes 0 voirINWEmOPÉEN.
de la zone bretonnante sont linguistiquement G.-J.Pinault
françaises.Quoique présent sur le continent. le
breton se rattache au celtique insulaire, et à sa BIBLKXRAPHIE
variété brittonique : à date plus ancienne les di- M. LFJEUNE. Recueü des in.scri&ions gaulmes, Paris,
vergencesentre le breton et le comique (attesté C.N.R.S..en COUTS de parution depms1984.
dans la péninsule de Comouailles, au sud-ouest H LEWIS,H.PEDERSEN,A Concise Compar&~e
de la Grande-Bretagne) tiennent essentielle- C&c Grcmma~,Gottmgen.Vandenhoeck& Ru-
ment à l’origine des mots d’emprunts, français precht, 1974(3eed: 1” éd. 1937)

cele,cesteset celess’est affaiblie, concurrencée par CÉNACLE n. m. est emprunté (v. 1200)au latin
l’emploi des adverbes ci et là dans ceZui&i et ce- cenaculum *salle à mangers. surtout employé (du
lui-là. D’autre part, la langue connaissait depuis fait de l’usage de cemtio, cenatorium et triclinium
l’ancien français les pronoms déterminatifs cil qui en ce sens) à propos de la salle située à l’étage
et cü de, ce qui explique qu’elle dispose dès le mi- - place originelle de la salle à manger -, de la
lieu du mes. de celui qui, cele qui, ceus qui, celes chambre haute Cenaculum est dérivé de cena
qua. Le systèmemoderne est accompli au ma’ s. et (- cène).
ne sera plus modifié. 4 Le mot est passé en français par l’intermédiaire
de la Vulgate, désignant une chambre haute ser-
CÉMENT n. m. est le doublet de ciment*, em- vant dans 1’Antiquité de salle à manger et de salle
prunté (1573)au latin caementum *pierre, moellons de réunion. spécialement,d’après le latin chrétien,
et, à basseépoque,=ciment,boues (Vulgate). la salle haute où Jésus-Christ, entouré de ses
+Le mot a été introduit dans la langue technique apôtres, institua l’Eucharistie, celle où sesdisciples
pour nommer une matière qui, portée à très haute et quelques intimes se réunirent après son ascen-
température, modi6e les propriétés d’un métal sion. c) Par extension, le mot a été choisi par les
011 a été repris en médecine dentaire pour dé- écrivains romantiques (1829,Sainte-Beuve,Joseph
signer le tissu minéralisé engainant les racines des DeZone) pour désigner une coterie littéraire ou ar-
dents (1805). tistique. De là, il a souventune valeur péjorative de
t Le terme de chimie a produit CÉMENTER v. tr. <cerclefermém.
(16751 qui a lui-même servi à former CÉMENTA- b CÉNACULAIRE adj., “propre à un cénacles,est
TION I-Lf. (1578,alors écrit cimentation Sous l’in- employé exceptionnelIement (19051.
fluence de ciment), CÉMENTATOIRE adj. (1751)et
CÉMENTITE II. f. (fin XIX~s.1,nom donné au carbure CENDRE n. f. est issu W s.1du latin classiqueci- 0)
de fer contenu dans les aciers cémentés et les ni.~,cimeris(parfois féminin chez les poètes, peut-
fontes blanches. être d’après le grec ho& =poussièreB)=centre.I-é-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CÉLIBAT

sens local concret de ecachetten (v. 1460)et reçu son vertu de la qualité de l’empereur de Chine, cons-
sens courant, -fait de conserver illégalement un déré comme d’essence divine, l’ancienne Chine re-
bien vol&, dans le cadre du droit pénal (1810, Code çut le nom de Céleste Empireet les Chinois l’ap-
pénal). -RECELEUR, EUSE I-I. (1324) a suivi la pellation familière les Célestes. oLe sens littéral
même évolution vers une spécialisation juridique. neutre de *relatif au ciel> (1534, Rabelais) a bientôt
DÉCELER v. tr. (1188). cdévoiler ce qui est cachén, été réservé au style poétique, sauf dans voûte cé-
est surtout répandu avec le sens figuré de -être l’in- leste &rmament~.
dice de, faire connaîtrez (1564). -ll a donné DÉ- t CÉLESTEMENT adv. (1544) n’a cours que dans le
CÈLEMENT n. m. (15461, substantif d’action peu style littéraire et poétique.
usité, et DÉCELABLE adj. (1897). auquel répond un CÉLESTA n. m., mot créé par Auguste Mustel
antonyme INDÉCELABLE adj. repéré antérieure- (1886). à parti de I’adj. céleste,désigne l’instrument
ment 11833). à percussion et à clavier, de son cristallin, dont
Mustel était l’inventeur.
CÉLERI n. m., d’abord scelletin (1419) puis sele-
0 voir CÉLESTIN.
riz (16511,est emprunté au lombard seleti (forme au
pluriel correspondant au toscan sèdano) issu du
bas latin selinon -persil>. *céleris. calqué sur le grec
CÉLESTIN, INE n. m. et adj. d’abord attesté
en latin médiéval ecclésiastique (av. 1434, caelesti-
seluton, terme encore usité en grec moderne dont
nus) puis en français (1547, mais probablement an-
on ignore s’il est autochtone ou emprunté. Le dé-
térieur), est tiré du nom propre de Célestin que prit
rivé de ce dernier, Sélinow, est un toponyme at-
le fondateur de cet ordre monastique lorsqu’il fut
testé en Sicile LSéltnonte~ et, avec un autre sutfixe
élu pape, sous le nom de Célestin V, en 1294. Céles-
en mycénien, proprement &eu riche en célerin.
tin est issu de Céleste,autre nom de saint, du latii
+Le mot désigne une plante dont deux variétés caelestius <qui appartient au ciel> (+ céleste).
sont cultivées, l’une pour ses pétioles, l’autre pour
ses racines. La première est dite céleri en branches, t Le mot désigne le moine d’un ancien ordre reli-
l’autre céleri-rave (attesté 1782). Par métonymie, le gieux rattaché à l’ordre de saint Benoît, autorisé en
mot désigne ces parties comestibles : salade de cé- 1263par le pape Urbain TV, officiellement approuvé
leri, céleri rémoulade. en 1274 par Grégoire X puis en 1294par Célestin V.
Cet ordre se développa principalement en Italie où
CÉLÉRITÉ n.f. est emprunté (1358) au latin il se maintint jusqu’à l’occupation napoléonienne
classique celetitas -rapidité (du corps, de l’es- (1807-18101; il fut introduit en France sous Philippe
prit, etc.ln, de celer aprompt, rapide, hâtifs. usuel le Bel dès 1300, établissant ses premiers prieurés
mais plus rare en bas latin, qui a fourni en français dans les forêts d’Orléans, Compiègne et son pre-
l’adjectif rare CÉLÈRE (1520 comme latinisme; mier monastère à Paris en 1352. Déjà amoindri au
puis 6n ~~III~s.l. Celer évoque. pour le sens, le grec xvue s. et au XVIII~s.. il fut définitivement ruiné sous
helês -cheval de course, bateau de course», dérivé la Révolution. o L’adjectif que l’on tiré de célestin
en -et-d’un thème verbal (hellein *mettre en mou- (1547) est entré dans la locution à la célestjne, spé-
vement>), et le sanskrit hblayati -pousser-. cialement employé en gastronomie au XIX” s. (1853,
t Le mot, avec le sens de *promptitude dans l’exé- omelette à la célestinel.
cutions, appartient à l’usage littéraire ou écrit. Il est
passé dans le langage scientfique (1751) pour dé- CÉLIBAT n. m. est emprunté (1549) au latin
signer la vitesse d’un corps en mouvement, la vi- caelibatus de même sens (depuis Sénèque). dérivé
tesse de propagation d’une onde. de l’adjectif cadebs &libatairem en parlant des
hommes, des animaux, des plantes et, par métony-
t Du radical du latin celer est tiré, avec l’élément mie, des choses. Ce mot a une physionomie de type
-fère du latin ferre, CÉLÉRIFÈRE n. m., nom (17941 populaire à diphtongue en a; on a tenté de le rap-
d’une voiture publique rapide, repris pour dési-
procher du sanskrit héval& *particulier à, seul, en-
gner un cycle à deux roues mû par la pression des tien et du vieux slave cegltï .+euln, sans parvenir à
pieds sur le sol, ancêtre de la bicyclette. à la mode expliquer ses relations.
sous le Directoire, comme la draisienne.
t Le mot, d’abord employé dans un contexte reli-
CÉLESTE adj. est emprunté (v. 1050) au latin gieux en parlant des prêtres, désigne l’état de celui
caelestis<du ciels. =qui se rapporte aux dieuxs, au qui n’est pas marié. Par euphémisme, il est em-
figuré sexcellent, exquiss, employé par les auteurs ployé à propos d’une période de chasteté à l’inté-
chrétiens (depuis saint Hilaire) au sens de xvenant rieur du mariage (1845).
de Dieu, divin= et substantivé comme appellatif de t CÉLIBATAIRE adj. et n., dérivé taxdif(i711), qua-
Dieu et, au pluriel, des cieux ou des bienheureux. Il li6e et désigne la personne qui vit dans le célibat,
est dérivé de cczelum (+ ciel). en concurrence avec les expressions usuelles viewc
(Le mot est introduit avec sa valeur religieuse, garçon et vie& fi& familières et, pour la seconde,
d’abord dans l’expression seigneur céleste,en par- péjorative. Le mot, fournissant un contraire à ma-
lant de Dieu. Il s’implante dans le vocabulaire mys- rié, est devenu usuel. Il s’emploie en apposition
tique avec des mots comme époux, pain, lumière. dans mère-célibataire (19611, désignation rempla-
Jusqu’au XVII~~.,il est substantivé au sens d’aangen. çant fille-mère considéré comme péjoratif. oPar
0 Par une extension hyperbolique (1534). il qutie une métaphore inattendue, on appelle é&hon, nu-
toute chose ou personne présentant des caractères cléon célibataire, dans un atome, celui qui n’est pas
de la perfection surnaturelle. ~Spécialement, en apparié.
CENS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

funèbres et même parfois pour la crémation. Ce une catégorie, répertorié, estimé, évalu&. Il n’a
mot appartient à un radical “thaph- dont le sens gardé que celui de =réputé, supposé= (16901, suin
originel était probablement ccreuserm , il peut être d’un verbe à l’inJ?nit~, comme dans l’adage nul
rapproché de l’arménien damb-an, cianb-aran n’est censé ignorer la loi, ou d’un adjectif
<fosse, sépulturen, permettant de poser une racine t CENSÉMENT adv. (1852) signi6e =Selon ce que les
indoeuropéenne “dhgbh-. apparences permettent de pensers; son emploi IL~-
t Le mot a gardé le sens du grec, il est didactique. tue1 relève de l’hypercorrection -le sens popu-
laire correspondant, & peu de choses près* (XIX~s.1,
CENS n. m. est emprunté (v. 1190) au latin cen- a en effet disparu.
sus, dérivé (déverbal1 de censere *évaluer le rôle et CENSEUR n. m. est emprunté au latin censor, dé-
la fortune de chacun, recensern (+ censé). Census rivé de censere (voir ci-dessus), terme juridique si-
désigne en latin classique l’estimation des biens gnifiant =magistrat chargé d’établir le cens+, d’où,
des citoyens et le recensement de ceux-ci dans les en référence à la fonction de sweillance, <cri-
différentes classes; à basse époque. il désigne lïm tiquem (dès Cicéron). -Le mot, introduit comme
pôt calculé d’après cette estimation (11”s.l. puis plus terme d’antiquité romaine, et qui peut alors passer
précisément (av. 306) la redevance due sur des pour un dérivé de cens*, a également repris au la-
terres. À époque médiévale, il est spécialisé en tin le sens figuré de <<celui qui critique autruip
droit féodal au sens de sredevance due par le te- (xwr s.), souvent avec une valeur péjorative. Cette
nancier pour sa tenure en bénéfices (fin ~~ s.l. fonction étant érigée en rôle officiel, le mot désigne
+ Le mot français apparaît dans le sens féodal =re- la personne chargée de veiller à la conformité des
devance due au propriétaire d’une terres. Après discours et des publications (1671, censeur de
l’abolition de la féodalité, il est repris comme terme livres), aujourd’hui en France dans le domaine ci-
d’histoire romaine (1732). Sous la Restauration nématographique. +Dans les établissements sco-
(1830). il se dit de la quotité d’imposition nécessaire laires, il a désigné l’élève choisi par le Régent pour
pour être électeur ou éligible -la Constitution de l’aider à maintenir l’ordre (17321,devenant ensuite
1791 parlant, elle, d’une contribution*- jusqu’au de 1802 aux années 1970 le titre et l’appellation du
rétablissement du stiage universel et à la dispan- fonctionnaire chargé du contrôle des études et de
tion du système cwwnsitaireen France, en 1848. la discipline dans un lycée.
w CENSIER. IÈRE adj. est un terme de droit féodal CENSORIAL.ALE,AUX adj. a été dérivé savûm-
quali!ïant celui qui doit payer le cens (v. 1190) et à ment (1760) du radical du latin censorius, peut-être
qui on doit le cens (1239). spécialement le registre d’après l’anglais censorial (1592, en parlant d’une
où sont inscrites les contributions du cens (1380). personne). -CENSORAT n.m. a été fait sur le
CENSITAIRE adj.etn.eStfOImé(1718) swklatin même radical (1878).
CENSURE II.f. est emprWté (1387) a" latin cen-
censitus, participe passé de censere employé
sura (de censor) -charge. dignité de censeur=, puis
comme adjectii, attesté à l’époque mérovmgienne
cjugement, examens et, en latin chrétien, erigueur-
pour *astreint au paiement d’un cens>, et comme
W s., censura divinaI. -Employé d’abord au, sens
substantif désignant l’homme devant payer le cens
concret de <mesure disciplinaire prise par 1’Eglise
(x’s.1; lui-même emprunté par le fixnçam cens&
contre un de ses membres-, le mot désigne la
(1752). -Le mot est enregistré comme terme d’his-
condamnation d’une pensée, d’une doctrine par
toire féodale, puis employé dans le cadre de la défi- l’Eglise (1656, Pascal). Tout en reprenant au latin
nition de l’électeur payant le cens (sufiage censi- son acception spécialisée en histoire romaine
taire, 1838). (16901,il s’étend, au XVIII~s., à la vie de la société, dé-
CENSUEL. ELLE est emprunté (1266) au latin cen- signant la sanction prise dans une assemblée
sualis, censalis <relatif au recensement des ci- contre un de ses membres (av. 1791) et le contrôle
toyens et de leurs richesses> (11”s.) puis, à l’époque officiel des publications (1790). 0 Le sens figuré du
médiévale, =relatifà un tributn et, plus particulière- mot est spécialement réalisé en psychanalyse
ment, soumis à une redevancen en parlant d’une (1902) par emprunt à l’allemand Zensur, employé
terre (me-rxes.1, de census. -Le mot quali6e ce qui par Freud dès 1897 (lettre à W Flics) à propos de
est relatif au celîs. l’instance de refoulement des éléments de la vie
0 voir CENSÉcetCENSEUR. CENSUREl, RECENSER. psychique non tolérés par la société, les pa-
CENSÉ, ÉE adj. (1611) est le participe passé rents, etc. -Censure a pour dérivé CENSURER
employé comme adjectif de l’ancien verbe CEN- v. tr. (15181,d’abord employé en religion, spéciale-
SER -penser, réputer, croire> et &fléchir, aviser>, ment chez Pascal (1656). aussi dans l’usage général
encore au xv~~s. <compter, réputer*, =Censurer, ré- (15851.Le sens aujourd’hui le plus courant, comme
formep. Ce mot est le représentant du latin cen- pour censure, concerne le contrôle et la suppres-
sere &duer la fortune, le rw (+ cens1 qui, par sion des écrits pour des raisons politiques et poli-
extension, avait pris la valeur figurée de *estimer. cières; il est attesté sous la Restauration (1835).
jugep. Comme d’autres termes de caractère reli- o Le veràe aservi ~~~~~~~CENSURABLE adj. (1656).
pieux ou juridique, 11se rattache à une racine ver- CENT n. et adj. est hérité ti xe s.) du latin cen-
bale indoeuropéenne “hens- <proclamer solennel- tum-cent> et, par extension, =un grand nombre2,
lement* (en sanskrit sams *louer, prononcer l’éloge mot ayant des correspondants dans le sanskrit ça-
de=, notamment =réciter les hymnes védiquessI. tdm,le vieux slave süto, le lituanien SiAta.5,lïrlan-
+ Seul survivant du paradigme de l’ancien verbe dais cet, le gotique huti- [allemand hunàer? an-
cesser, censé a eu le sens de &tssé. rangé dans glais hundred) et le grec he-haton (+ hécatombe).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CELUI

membrane celhlaire (1780, Encyclopédie, Tables), et de réglons voisines d’Europe centrale, qui s’éta-
en relation avec cellulosité k-dessous). Au xc? s., bliront en Europe occidentale lors des rer et I? mlllé-
l’adjectif a suivi l’évolution de cellule et signiiïe ere- nalres avant l’ère chrétienne, notamment en Gaule
latif à la cellules (18351 d’abord en botanique, puis (+gaulois), dans une partie de l’Espagne et en
-composé de cellules= d’après la définition mo- Grande-Bretagne.
derne en biologie. On parle aussi, abstraitement,
de théorie cellulaire, avant la cytologie. 0 Au ti s. CELTIQUE adj. et n. (1704; forme attesté en
l’adjectif passe dans l’usage courant en s’appli- anglais dès 1656 [Blountl) qualifie ce qui a rapport
quant au domaine de l’habitat, notamment carcé- aux Celtes, notamment les langues indoeuro-
ral (1842), donnant quelques syntagmes (1845, !JO~- péennes parlées par les Celtes, aussi le celtique
tire cellulaire) et des emplois substantivés n. m., comprenant le gaulois, le celtibère et les
désignant soit la mise en cellule, soit le prisonnier langues gaéllques krlandais, mannois, gallois). Voir
en cellule. l’encadré ci-après.
La dérivation de cellulaire est riche en termes de t CELTISME n. m. ti xD(e sl précédé par celti-
biologie avec CELLULAIREMENT adv. (18621 et les cimw (1763) se dit des caractères propres aux
nombreux composés préfixés, tels UNICELLU- Celtes et spétialement de la tendance à faire pré-
LAIRE adj. (1838, en botanique), MONOCELLU- valoir les éléments celtes (dans une culture, une
LAIRE adj. (18741, MULTICELLULAIRE adj. (18651, langue). -CELTOMANE n. et adj. (18381 qualiie et
décrivant des organismes d’après le nombre (ou le désigne ceux qui font preuve de celtisme. De là
fonctionnement1 de leurs cellules. CELTOMANIE n. f. - CELTISANT. ANTE adj. et n.
CELLULEUX. EUSE adj. (1740) S’est employé en qualifie et désigne (18661 les spécialistes des
botanique et en anatomie pour qualifier ce qui est langues et des civilisations celtes. -Celte sert aussi
divisé en cellules. d’élément de composition, par exemple dans CEL-
CELLULOSE n. f est dérivé (18401 de cellule, avec TIBÈRE adj. et n. (17321 emprunt an latin tardifcel-
le s&e -ose, comme appellation d’une matière tier, de CeZtae et iber eibériens et qui concerne les
constitutive essentielle de la paroi cellulaire des peuples issus des Celtes habitant la péninsule lbé-
végétaux. -Cette formation semble indépendante rique dans l’Antiquité, au sud des Gaulois. Celt&&e
de CELLULOSITÉ n. f. (1735) ~cxactère des tissus n. m. désigne la langue de ces peuples. - CELTO-
vivants formés de cellules (au sens ancien)=, mot at- BRETON, ONNE adj. (18211 s’est dit pour *breton
chaïque dès le début du XIX~ siècle. Le mot a reçu en tant que celten (6. breton, bretonnant).
des acceptions techniques (spécialement en pape-
terie) et est passé en biochimie. - À son tour, il a CELUI, CELLE, CEUX, CELLES
donné CELLULOSIQUE adj. (18781 et les préfixés pron. dém. est issu (v. 8811 du paradigme latin de
NITROCELLULOSE n. f. (18981 et ACÉTOCELLU- ecce üli 4voiIàl celui-làn, de ecce *voici~ (+ecce
LOSE n. f. (19281 en chimie. homo) employé en renforcement du démonstratif
CELLULITE n. f. (18731 désigne en médecine une UZe wzelti-là, celà, lui, elle> l+ il, le, lui). À la suite de
intlammation du tissu conjonctif cellulaire d’où, la simplification du lourd système des démonstra-
couramment, le gonflement du tissu conjonctif tifs latins (+ ce, ceci...), ecce üli et ses formes flé-
Sous-cutané. -En sont dérivés CELLULITIQUE chies sont passés en ancien français, marquant une
adj. (19521 et ANTICELLULITE adj. inv. (v. 19501. notion d’éloignement (sphère de la 3epersonne,
0 voir CELLOPHANE. CELLuLOiD. Cl-K-. non présente), par opposition aux représentants de
ecce tite (&+C~I. Le système complet de l’ancien
CELLULOÏD n. m. est emprunté (18771 à l’an- français comporte, an singulier et au masculin le
glo-américain ceZZuZoii (18711, lui-même dérivé, à cas sujet cil (de “leclce tWi1, le cas régime accusatif
l’aide du Su&e -oiiZ, de cellulose (18351, emprunt tel (de “leclce iUü1 et le cas régime datif celui (de
au français cellulose*, et qui existait déjà en anglais Yeclce UZutl : au féminin, le cas sujet celle (de “leclce
comme adjectif (17531. Le mot est formé d’après le illa), le cas régime accusatif et datif celi (de “leclce
latin scientiique celltisus, dérivé de cellule (- cel- illad; au pluriel, le cas sujet masculin est cü (de
lule). CeZZ$oii désigne une matière élaborée en “leclce ZZZZI et le cas régime, toutes fonctions confon-
1870 aux Etats-Unis par les frères Hyatt et brevetée dues, cew puis cew (de “Zeclce ZZZos); les formes fé-
en 1871 pour l’usage des prothèses dentaires. minines correspondantes se réduisent à celles (de
*Le celluloïd a été vu comme un substitut de “leclce UZa.4. Seules les formes celui, ceUe, ceux et
l’ivoire (qualifié d’ivoire factice, 18771, employé dans celles ont survécu
la fabrication des boules de billard, peignes, bouts 4 En ancien français, les formes de ce démonstratif
de pipe, placages en ébénisterie, jouets. Le mot est sont susceptibles d’être employées comme adjec-
abrégé familièrement en cellule (1929). tifs et comme pronoms, à l’exception de tel,
0 voir CELLOPHANE. presque toujours adjectif. et de celui, surtout pro-
nom. À leur côté, on rencontre (XI+ s.1 des formes
CELTE n. et adj., attesté dans les dictionnaires renforcées de type Zcü. La spécialisation de ces
en 1732 (Trévouxl mais antérieur (6. celtiguel est formes comme pronoms semble se placer entre le
un emprunt an latin CeZtae. qui, comme le grec Kel- milieu du >w” s. et la fin du xve s. (bien qu’on relève
toi, viendrait d’une racine gauloise peut-être ap- occasionnellement celui adjectif, encore au XVII~ s.l.
parenté à gai, gala =grave, fortn. Liée à la disparition dans le système adjectif de
+Le mot an pluriel désigne le groupe de peuples Yancienne opposition proximité-éloignement. la
lndoeuropéens orlginsires d’Allemagne orientale distinction entre les formes cestui et celui, ceste et
CENTENAIRE 674 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CENTAURÉE Il. f. est emprunté (déb. XIV’%) au la- nique. il désigne le point d’application de la résul-
tin centaurea, proprement -plante du centaure*. tante des forces (1680, cenke de fhl
gravité; 1751,
forme féminine parallèle au substantif neutre plus centre d’attribution, d’oscillation); en anatomie
courant centaureun (Virgile). Celui-ci est em- (1845. centre nerveuk me partie reliée aux divers
prunté au grec hentaureion, dérivé de hentauros, la organes par les nerfs.
tradition voulant que la plante ait été découverte Par métonymie du centre d’un terrain de sports, et
par le centaure Chiron, précepteur de Télémaque. emprunt à l’anglais cenhe half, demi-centre (1924,
-Le mot désigne une plante de la famille des avant-centre (1900; + avant1 désignent des joueurs,
Composées dont les fleurs et les racines ont des dans un sport d’équipe.
propriétés médicinales. c En est dérivé le verbe CENTRER v. tr. 11699).
terme d’optique passé en mécanique (18321. et en
CENTENAIRE adj. et n. est emprunté (1370.
sport (19241, ayant développé la valeur abstraite de
13711 au latin centenarius =de cent, qui contient
=réunir, orienter versn 11927). -Le verbe a donné
cent=, spécialisé depuis saint Jérôme en parlant de CENTRAGE n. m. (18341 et CENTRATION n. f.
l’âge et substantivé dans la Vulgate Ge-
118761, ce dernier se prêtant surtout à des emplois
nèse, XVII, 171, dérivé de centim (- cent1 par son
didactiques en philosophie, psychologie. -CEN-
distributif centenus. TREUR n. In. désigne (1842) le dispositif de cen-
+Le sens général, -qui contient cents. a disparu trage pour les machines-outils.
mais nombre centenaire est encore rappelé dans CONCENTRER v. tr. (16111, pré6xé verbal en con-*,
Littré. Aujourd’hui, le mot qualiik (1539) et désime signifie -faire converger vers un même points. spé-
(1778) une personne qui a cent ans: le substantif est cialement en termes militaires (1823). oll signifie
également affecté (17851 à la désignation d’un an- en chimie *augmenter la richesse de (une solution)
niversaire revenant tous les cent &11s. en éliminant ou en réduisant la partie aqueuse>
w Dans ce dernier sens, le mot a des préfixés BI- (1772, au p. p. acide concentré). Depuis le XVIII~ s., il
CENTENAIRE adj. et n. m. (1855) -deux fois cente- est employé au figuré avec le sens de *appliquer
naire= et (19641 -Anniversaire d’un événement avec force (son intelligence) sur un objet uniques
ayant eu lieu deux cents ans auparavantn, TRICEN- (17541, celui-ci ayant éliminé la valeur distincte de
TENAINE adj. et n. m. (19221. <refouler en soin (1753). OL’adjectif CONCEN-
TRÉ, ÉE tiré de son participe passé (1762, solution
i(c CENTRE n. m. est emprunté (v. 1278) au latin concentrée; au x?s., notamment lait concentré),
centmm -pointe du compas+, plus généralement s’emploie ttit au concret qu’à l’abstrait lun esprit
-centre d’un cercle, d’une sphère)> et par extension concentré). 0 Il est aussi substantivé Idu concenhé
=milieu d’un ensemble, circulaire ou non-. Lui- de tomated. -CONCENTRATION n. f. (1732) S’est
même est emprunté au grec kentron =aiguillon~ d’abord dit, probablement d’après l’anglais concen-
qui, depuis Euclide, a en géométrie la valeur de tratim (1674. du mélange intime de deux subs-
=Centre d’une circonférences, deux sens que le mot tances (jusqu’à la fin du xwn”s.1, spécialisé en
conserve en grec moderne. Kentron est dérivé du chimie (1762) et, de là, dans l’usage courant avec
verbe kentein =aiguillonner, piquer, percer- (dans l’idée de *accroissement de l’intensité> 11831, Bal-
le vocabulaire médical ou militaire). Ce mot ne zac). 0 Parallèlement, il désigne l’idée de réunir en
peut être rapproché que de formes nominales dis- un centre (17511, spécialement en politique (1804,
persées comme l’ancien haut allemand hantag et
concentration de pouvoir) en économie (1840,
<pointus, dérivé d’un germanique commun et le concentration de capitawc),ainsi qu’en termes mil-
lette sits -épieu de chasse-. En revanche, des mots taires (1855). L’expression camp de concentration
celtiques comme le gallois cethr -clou*, l’irlandais (&+campl désigne d’abord un camp où l’on
cinteir sont pris au latin centrum. sconcentren des personnes que l’on surveille. L’em-
(Comme d’autres termes de géométrie, centre os- ploi en allemand par euphémisme par les nazis a
cille entre une définition rigoureuse et géomé- fait de ce syntagme un synonyme de camp d’ex-
trique de *point intérieur situé à égale distance de termination. 0 Avec ce dernier sens, le mot a pro-
tous les points d’une circonférence ou de la surface duit CONCENTRATIONNAIRE adj. (1945, D. Rous-
d’une sphèren (1529) et une acception courante ap- set, L’Univers concenhatinnairel. - CONCEN-
proximative de -milieux kwe s., cenhe du monde). TRATEUR n. m. et adj., lui aussi dérivé (1845) de
Sur un plan figuré, il s’est développé en stratégie concentrer, a des acceptions techniques en tech-
militaire (16901 oEn politique, centre vient s’ajou- nologie, informatique et télécommunication. -DÉ-
ter (18221 à droite et gauche, par référence à la dis- CONCENTRER v.tr. (18351 se partage entre son
position des bancs des assemblées, avec plus tard sens administratif de =transférer les pouvoirs, les
des précisions du type centre droit, centre gauche. activités dans d’autres centres* et le sens figuré
De là les dérivés centrisme et centriste (ci-dessous). pronominal de =Cesser de concentrer son attention
oQualifié, il réalise l’idée d’un point de conver- sur qqch.*. oLe substantif d’action DÉCONCEN-
gence ou de rayonnement, tant sur un plan concret TRATION n. f. (1907) possède les sens correspon-
en parlant d’un lieu kelztre commerciaU, d’une ville dants. Sedéconcentrer est l’antonyme de se con-
(Paris,centre de la modej, que sur un plan abstrait. centrer.
d’abord en parlant de Dieu puis d’une personne DÉCENTRER v. tr. (1841) signifie =déplacer le
(1691, être le cenhe de -l’animateur dem), quelque- centre den, spécialement avec des acceptions tech-
fois par ironie (1856, se regarder comme le centre du niques concrètes. en optique et en technologie, et
monde). 0 Dans le domaine de la physique méca- au figuré -éloigner de soi le centre d’intérêt de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 671 CÉNOTAPHE
sidu de combustion*, en particulier *restes des à (qqch.)n puis aussi ~recouvrir de cendrée*, a
morts brûlés sur le bûchera, d’où *dépouille mor- confondu avec lui son participe passé adjectivé
telle* et cmort, néant*. Le sémantisme du mot s’est (16351.
enrichi en latin chrétien, la Vulgate l’employant à Par allusion à l’héroïne du conte de Perrault, CEN-
la fois comme signe de deuil, de pénitence, notam- DRILLON (16971.qui travaille près de l’âtre, ce mot
ment dans l’expression cineri et sacco =(vêtul de a qualifié comme adjedif(l7961, et de nos jours dé-
toile grossière et (couvert) de cendresn, et, par allu- signe comme nom (18081.celle qui est chargée des
sion à sa légèreté, sa JYagilité, comme symbole du travaux pénibles de la maison, quelquefois avec la
néant humain, sur le même plan que poussière*: valeur péjorative de <servante pauvre, humiliée;
=L’homme n’est que poussière et cendre.* (Ecclé- souillon*.
siaste, XVII, 311. Le seul rapprochement connu est
celui du grec konis =poussièren, encore le voca- 0 -CÈNE -MIOCÈNE,PLIOCÈNE
lisme ne concorde-t-il pas.
t Le mot désignant le résidu pulvérulent d’une ma- 0 CÈNE n. f. est emprunté (!ïn xe s.1au latin cena,
tière consumée est entré de bonne heure dans l’ex- non au sens classique de dîner, souper- (toutefois
pression en cendre (1160, 6. latin in cinereml et repris dans le domaine &mco-provençal au we s.l.
s’emploie parfois au pluriel Icendres volcaniques, mais au sens chrétien (Vulgate) de =repas où le Sei-
radioactived. Celui-ci désigne spécialement (fin gneur se donna lui-même en nourriture à ses dis-
XII”~.) les restes d’un corps incinéré, d’où la dé- ciples, la veille de sa mort> et de *communion-.
pouille mortelle (av. 1560) et, au figuré, les restes, le Cena repose sur une forme ancienne cesna, elle-
souvenir (av. 1.577, cendres du passé.1 0 Le mot s’est même de ‘kersna (à en juger par l’osque kersnu;
spécialisé en religion (xn8 s.1 comme symbole de l’ombrien Besna). On a avancé l’hypothèse de son
mortification, de deuil ou de pénitence, l’expres- rattachement à la racine indoeuropéenne “keti-
sion le sac et la cendre faisant référence à la cou- (+ décortiquer, écorce) par un développement sé-
tume hébrtique (ci-dessus). Des cendres sont aussi mantique analogue à celui de caro emorceaw d’où
utilisées dans la liturgie catholique comme sym wiandem (+ chair) et du grec Dali -festin= en face de
bole de la dissolution du corps (déb. zones.1: le daiiein epartagep.
prêtre trace une croix avec, sur le front des fidèles +Repris en religion pour désigner le repas du soir
le premier jour du carême (mercredi des Cendres1, de Jésus la veille de sa passion, le mot a développé
en rappel de la condition humaine et du devoir de en liturgie le sens de =communion commémorant
pénitence. l’eucharisties (xn” s.1,notamment en parlant du rite
b CENDREUX, EUSE adj. (1210-12161qualifie ce qui protestant. Par métonymie, il désigne une ceuvre
a la couleur de la cendre et ce qui contient de la d’art représentant le repas du Christ (attesté 17041.
cendre ou en est couvert (xv?s.l. On rencontre 0 voir CONACLE.
dans une chanson de croisades de Thibaud de
Champagne un emploi substantivé de cendrous au CÉNOBITE n.m., d’abord écrit cenobite
sens de *lâches. Le même mot au féminin est at- (XII” s.), est emprunté au latin chrétien coenobita
testé dans quelques dictionnaires comme vieilli et attesté depuis le Iv” s. (saint Augustin) au sens de
péjoratifpour une femme qui ne quitte pas le foyer. =moine vivant en communautém. Le mot est issu de
CENDRÉE n. f. (1200-12201, ancien nom des coenobium #communauté, monastère*, lui-même
cendres du foyer, désigne spécialement le petit emprunté au grec tardifkoinobion =Vie en commu-
plomb utilisé à la chasse (1680). Il a en sport le sens naut& d’où *monastères. Ce mot est composé de
de =mâchefer finement pilé recouvrant la piste koims ~commun, public*, adjectif conservé en grec
d’un stade> (1924, Montherlantl. moderne et appartenant à une racine indoeuro-
CENDRIER n. m., relevé v. 1180 avec un sens ob- péenne, peut-être la même que celle du latin cum
scur, probablement symbolique (*monde de mi- =avecn Id CO-I. Son second élément est bios =viem
sère,?), est probablement dérivé de cendre par cal- (+ bio-1.
que du latin cinerarius <semblable à la cendre= + Terme de religion appliqué à un moine vivant en
(+ cinérairel, attesté notamment dans des inscrip- communauté, cénobite a reçu par extension le sens
tions funéraires comme substantif neutre, au sens figuré de =Personne austère, comme retirée du
de +caveau mortuaire> W s.l. -Le mot a désigné le monde>; l’opposition moine en comrmmauté-er-
linge où l’on met les cendres pour la lessive mite s’étant perdue.
(av. 12361et, d’après le latin, une urne cinéraire Wm
mes., encore chez Chateaubriand). De nos jours, il CÉNOTAPHE n. m. est emprunté (15011au la-
désigne la partie du fourneau où tombent les tin cenotaphium (Ys.1, lui-même emprunté au grec
cendres (16111,au ti s. dans une locomotive à va- kemtaphion (Xénophon) *tombeau vide à la mé-
peur et, couramment, le récipient où les fumeurs moire d’un mort enterré ailleurs ou sans sépul-
font tomber la cendre de tabac (d’abord cendrier de ture>. Le premier élément de ce mot est kenos
fumeur, 18901. widem, qu’on rapproche de l’arménien sin de
CENDRÉ. ÉE adj. (1314) concurrence cendreux au même sens, lequel permet, malgré l’absence d’un
sens de *qui a l’apparence de la cendre>. spéciale- adjectifindoeuropéen reconstituable, de poser une
ment en astronomie où il se dit de la lumière faible racine indoeuropéenne “ken-. Le second élément
dont brille la partie de la Lune qui n’est pas éclai- est taphos &rémonie funèbre> et *tombes (+ épi-
rée par le Soleil (1617, Stendhal). 0 Un verbe CEN- taphe), nom d’action dérivé de thaptetn =eneevelir,
DRER v. tr. (15861,<donner la couleur de la cendre enterrem toujours employé pour des cérémonies
CERCLE. Les métaphores du cercle:
la géométrie, le mouvement et la scène

circulari
circule1
«former un groupe a>,
«faire le colporteur »
~~~ cireuiatio ‘<orbite,,, «circuit » ~ circulation

kirkon, circulario ~~ circulaire

--l
krikon
«anneau »
~

latin
circus
« cercle )>,
« c,rque a>
7; ~~~

i 1
oiroellus
S‘petit cercle ,,
cerceau

circuit
CC
marche circulaire »
bas latin
oiroace
«faire le ancien français chercher
cercier, cerchier l
tour de =,
Ï----l «scruter, chercheur

rechercher
l
rechkche
DE LA LANGUE FRANÇAISE CENTAURE

t Le mot, adjectii numéral cardiial. a pris par ex- blique à Matthieu, XIX, 29. -En est dérivé CENTU-
tension (1050) la valeur indéterminée de =un grand PLER v. tr. (av. 1560) qui a évincé CentUplier (1542J,
nombres, surtout dans des locutions [faire les cent forme reprise au latin chrétien centuplicare (19 s.,
pas, les quatre cents coups...). 0 Il s’emploie égale- peut-être dès le début du III~s.J, du latin classique
ment (1243) comme ordmal en concurrence avec centuplex -centuples.
centime, seul ou en composition d’un plus grand CENTON n. m. est emprunté (1570) au latin cent0
chifke. -11 est substantivé (10601 avec une valeur <morceau d’étoffe ou vêtement rapiécés. spécialisé
floue de scentainen dans l’expression a mille et a au sem figuré de *pièce composée de vers ou frag-
cent (qui préfigure la forme moderne des mille et ments de vers d’origines diverses (IV’ s.J, et dérivé
des cents), mais cet emploi a décliné après un ar- de centum. - Le mot a été introduit en littérature et
ticle indéterminé (1274-1276, un cent). Le substantif étendu à une pièce musicale formée de morceaux
sert à indiquer le nombre cent (14581. o Précédé divers.
d’un nombre cardinal, il sert à calculer un rapport CENTILE n. m., enregistré en 1960, semble em-
entre deux grandeurs dénombrables, la locution prunté à l’anglais centile, issu par aphérèse de per-
pour cent (1.536)remplaçant dam cet emploi SUTle centile, lui-même dérivé de percent, traduction de
cent (XIII” s.J. La locution figurée à cent pour cent l’expression française pour cent, avec une 6nale -ile
*entièreme& (19241 calque l’américain one hun- sur le modèle de bissextile ou de quartüe, et attesté
dred per cent. depuis 1885. -Le mot est employé en statistique
t CENTIME n. m. est dérivé de cent (décret de la pour désigner la centième partie d’une population
Convention nationale du 24 août 1793) sur le mo- ou d’un échantillon, classée suivant sa valeur.
dèle de décime (+ dix), proprement *centième par- 0 VOLT CENTAINE.CENTENAULE.
tie du Franco; il fonctionne en alternance avec sou CENTAINE n. f. est hérité (v. 1170) du bas latin
dans des expressions familières au sens de centena, attesté au début du VU~S.comme terme
-somme inlIme*. militaire pour une centaine d’hommes. Ce mot est
POURCENTAGE n. m. (18721, après percentage le féminin substantivé de l’adjectif centeus,
(1842). a été dérivé de POURCENT. POUR-CENT d’abord attesté au pluriel comme distributif au
n. m. (1845J,=proportion d’une grandeur pour cent sens de achacun ou chacune centn (CatonJ puis au
unités~, et l’a éliminé, spécialement avec une va- sens de l’adjectif cardinal centum (+ cent) et déjà
leur économique. Par extension, il est synonyme de substantivé au féminin au rves. pour la dignité ou la
proportion ( 19061. fonction de centurion.
Le préfixe CENTI-, tiré savamment du radical latin t Le mot Sign%e wcent unités~ ou, par extension,
de centum, sert à former des noms désignant la cemit-on cent unités>. Son sens temporel, *période
centième partie d’une unité dans le système mé- de cent an+ (fin XVI~s.J,ne s’est pas maintenu mais
ttique :CENTIGRAMME Il. m. (17951, CENTILITRE on peut peut-être y rattacher l’emploi de la cen-
n.m. (18M11. CENTIGRADE n.m. (18111, nOtS,m- tajne avec le sens de -cent ans d’âge* (1762).
ment dans degré centigrade (6. litre, gramme, -Quant au terme technique ancien centaine, at-
gf-C&d&?). testé en ancien normand sous la forme chaintaine
D’autres mots sont directement repris au latin: (128OJ,puis centaine (16801 *brin liant ensemble les
CENTIÈME n. m. (1170) vient de centesimus, ad- lïls d’un écheveau=. il représente probablement
jectif substantivé par ellipse de centesina (parsI. une spécialisation: on suppose que le terme a
0 CENTÉSIMAL, ALE, AUX adj. (1804J, dérivé sa- d’abord désigné le fil d’un écheveau enroulé sur
vant du latin centesimus, signfie adont les parties cent tour?., puis l’extrémité du 6l de cet écheveau.
sont des centièmess. Il s’emploie couramment en De là mêler la centaine -embrouiller- (XIII” s.J, à rap-
médecine homéopathique. procher de perdre la centaine =s’embrouiller*. at-
CENTURIE n. f. est emprunté (XII” s.Jau latin Centu- testé au xti siècle.
ria, dérivé à la formation peu claire de centum dé-
signant un groupe de cent cavaliers. puis une dix+ CENTAURE n. m., d’abord centaures (fin XII~-
sion de cent citoyens. On attribue ce mot à Sen&s déb. XI? s.J puis dès la même époque centaure, est
Tulhus, il est peut-être d’origine étrusque, d’après emprunté au latin centauras, adaptation du grec
Festus. Le nombre en a fluctué de sorte que centw kentauros qui désigne d’abord des génies de la
ti n’a plus eu avec centum qu’un rapport étymolo- montagne et de la forêt dans la région des monts
gique. OLe mot est repris en français comme Pélion et Ossa en Thessalie, êtres réputés barbares
terme d’histoire romaine dans son acception ad- et grossiers (Homère) et connus pour leur combat
ministmtiVe, puis militaire (1284). -CENTURION avec les Lapithes. Par suite, il désigne des monstres
n. m., emprunté au latin centuti, désigne @II XII~s.J mi-hommes mi-chevaux et, avec ce sens, une
l’officier qui commandait une centurie chez les Ro- constellation de l’hémisphère austral W s. av.
mains. oLe mot s’est ditfusé en français dans le J.-C.). L’origine du mot est obscure : le rapproche-
contexte évangélique. ment fait par Dumézil avec le sanskrit Gandhantd-
CENTUPLE n. m. et adj. est emprunté (v. 13701au doit être abandonné, tout comme l’hypothèse d’un
latin chrétien centuplus, adjectif tiré de centum et mot reposant sur kentein =piquep et aura #ait-~.
de plicare (+Plier), également substantivé au + Le mot a été repris comme terme de mythologie
neutre centuplum *grandeur cent fois plus grande>. et, ultérieurement, en astronomie comme nom
-11 est employé comme adjectif et (1643) comme d’une constellation (1732).
substantif, notamment dans la locution adverbiale ~CENTAURE~~E n.f. (18381 a éliminé la forme
rendre au centuple (dès Corneille) par allusion bi- centaurelle (1732).
CÈPE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CÈPE n. m. est un emprunt 11798)au gascon cep mitant le cerveau humain avant d’être reformé
(du latin cippus, - cep1 =tronc=. nom donné par mé- avec le su5xe -ite (latin -itisl. au sens médical d’-in-
taphore à ces champignons gros et courts, d’un flammation de l’encéphale> (18061.ainsi qu’ENC&
grand usage en cuisine. PHALIQUE adj. (1771). -Le second élément-EN-
t D’abord régional, le mot s’est répandu dans tout CÉPHALE entre dans plusiews composés en
le domaine fi-ancophone d’Europe, dépassant médecine: DIENCÉPHALE. MÉSENCÉPHALE.
même bolet, son synonyme botanique, mais s’em- oLe premierélément ENCÉPHALO- Sert nOta-
ployant exclusivement pou le commerce et l’ali- ment à former ENCÉPHALOGRAMME nm.
mentation. (1946). ENCÉPHALOGRAPHIE n.f (19271, d'où
électmencéphdographie, -gramme (+ électm-, art.
CEPENDANT - PENDANT électrique).

CÉPHAL-, CÉPHALÉ, -CÉPHALIE, CÉRAMIQUE adj. et n. f. est un emprunt tar-


-CÉPHALIQUE, entrant comme premier ou dif (1806) au grec keramikos sd’argilen, de heramos
second élément dans la formation de termes de =terre à potiers qui, par métonymie, désigne divers
sciences naturelles et de médecine, représentent objets en terre Cjarre, tuile, toit); kerams est un
le grec kephdê =têtes. à rattacher à des mots in- terme technique sans étymologie établie. Le rap-
doeuropéens des langues germaniques signiiïant prochement du latin cremare =brûlerm (- cramer,
~crâne~ (vieil haut allemand gebal) ou -faîten (go- crémation1 semble contredit par le fait que la céra-
tique gibla). pour lesquels on pose une racine com- mique est cuite, non brûlée. On a également évo-
mune “ghebh(d1. qué le lituanien k&Stas ~br&lant~, le gotique hakri
. Les composés les plus usuels sont des emprunts à -charbon=, l’ancien haut allemand hard afoyers,
des formations grecques par l’intermédiaire du la- mais le mot peut également être un emprunt
tin. + Céramique a pour premier sens =art de façonner
CÉPHALIQUE adj. est emprunté (1314) au bas latin et de cuire l’argile= et, comme en grec, se rapporte
cephalicus *qui concerne la têten, <spécifique à la à la fois à l’art du tuilier et au métier d’art. Par mé-
têten en parlant d’un remède, rare avant l’époque tonymie. le mot désigne la matière obtenue après
médiévale, pris au grec kephalüzos. Le mot. repris cuisson et les objets de cette matière.
en anatomie, est employé en médecine et a déve-
.%r son radical, a été formé CÉRAMISTE n. et
loppé des emplois spéciaux en conchyliologie et en
adj. (18361. -&RAME n. m., emprunt (1751) au
anthropologie (indice céphalique).
grec keramos au sem de =poterie~. a désigné un
ACÉPHALE adj. et n. est emprunté (13751 au bas
vase grec en terre cuite. oComme adjectif, il
latin acephalw (déb. II”~.), employé en métrique
entre dans l’expression grès cérame #utilisé en cé-
pour qualifier un vers au commencement tronqué,
ramique~. -CÉRAMOGRAPHIE n.f. (1866) et CÉ-
puis également à propos de clercs non soumis à
RAMOLOGIE n. f. (av. 1974) qui l’a remplacé, dé-
l’autorité épiscopale. Comme terme d’histoire na-
signent l’étude archéologique des céramiques.
turelle, il est repris (XIII~s.1 au latin médiéval ace-
phalus, emprunt au grec akephalos -Le mot signi-
CÉRAT n. m. est emprunté (15381 au latin cera-
fie =sans têtes et au figuré *sans chefs. Il est
tum, participe passé neutre substantivé de cerare
employé substantivement comme surnom donné à
-frotter avec de la cires, employé comme variante
la secte monophysite des Eutychiens (1518). Le nom
de cerotum, lequel rond le grec kêrôtê -onguent de
désigne aussi une personne sans tête, décapitée
cire et d’huile=. Ce dernier est le féminin substan-
(1527). 0 Il a reçu une acception spéciale en ento-
tivé de l’adjectif kêtitos *mêlé de cire*, dérivé de
mologie (1799, insectes acéphdesl et, par extension,
kêros wziren (-céruse, cire).
en botanique. -11 a pour dérivés ACÉPHALÉ. ÉE
adj. (1609, Lamarck1 et ACÉPHALIE n.f. (1823l, 4 Le mot. introduit par les médecins de la Renais-
tous deux en zooIogie. ainsi qu’un grand nombre sance, s’emploie en pharmacie et en cosmétologie
de composés en acéphalo- en tératologie. pour désigner une préparation à base de cire et
BICÉPHALE adj. (1829) signifie -à deux têtesn d’huile: il a vieilli. Les propriétés de l’onguent va-
(+ bi-1. rient selon les substances qu’on y ajoute, d’où les
CÉPHALÉE n.f est emprunté (1570) au latin ce- syntagmes cérat de blanc de baleine, de saturm (à
phalaea *mal de tête*, lui-même repris au grec he- base d’acétate de plomb), à la rose.
phalaia, tiré de l’adlectif kephalaios -qui concerne
la têteD. -Le mot désigne un mal de tête chronique. CERBÈRE n. m. est emprunté (15761, par l’in-
ENCÉPHALE n. m. et adj. (1700) est emprunté au termédiaire du latin Cerbems, au grec Kerberos,
grec enkephalos =qui est dans la têten, d’où -ter- nom du chien à trois têtes qui gardait la porte des
velle, cerveau. -Le mot a désigné, et en emploi Enfers. Le caractère monstrueux de l’animal et le
adjectif qualifie, un ver parasite logeant dans la fait que son nom est attesté depuis Hésiode invitent
tête. 0 Son emploi moderne en anatomie, comme à voir dans ce mot un emprunt oriental. Cepen-
appellation de l’ensemble des centres nerveux dant le rapprochement avec le sanskrit karbar&,
contenus dans la boîte crânienne des vertébrés, est Sdrvara- (à côté de la variante Sabda-1 -tacheté, bi-
attesté depuis 1806. Le mot est quelquefois repris garré=, appliqué aux deux chiens du monde souter-
dans la langue littéraire comme synonyme de cer- rain, n’est pas établi.
veau. -Encéphale a produit ENCÉPHALITE n. f. + Par extension du sens mythologique, cerbère a
(1752; encéphalithe, 18061,qui a désigné une pierre prls dès le F.? s. une signikation figurée familière
DE LA LANGUE FRANCAISE 675 CEP
(qqch.)D.-11 a servi à former trois substan% d’ac- a.dj.(XI+ s., Oresme; concentricus est attesté en la-
tien : DÉCENTRATION n. f. (18571,DÉCENTRAGE tin médiéval) ou, plus tard, égocenMqw*. -Ré-
I-I. m. (1876)et DÉCENTREMENT n. m. (1907). cemment, avec CENTRISME. il a Servi à fOrme
RECENTRER v.tr. est d'abord (1902lunterme de des mots critiquant le point de vue (centre) domi-
sports, resté vivant; il s’emploie aussi en politique nant en sciences humaines: ETHNOCENTRISME
pour *replacer vers le centremet au figuré pour cre- n.m. (1956) et ETHNOCENTRIQUE adj. (1968).
cadrer= kecentrerledébat~. eRECENTRAGE n.m. ainsi que PHALLOCENTRIQUE adj. (v.19651,
s’emploie aussi en sport (1924)et en politique (at- EUROPÉOCENTRISME n.m., etc.
testé 1979). ÉPICENTRE n.m. a été formé en géophysique
Centre a produit d’autres dérivés en politique avec (1890-1902) avec l’élément épi-*. Plusieurs siècles
CENTRISTE n. et adj. [1918adj. et n. à propos de la auparavant, le moyen français avait formé epis-
Russie; après 1920 en France) et CENTRISME cenhe (1460-14611à partir de épicyck?? OLe mot,
Il. In. [1936). qui désignela zone de l’écorce terrestre la plus vio-
CENTRAL.ALE.AUX adj. et n. est emprunté lemment atteinte par des secoussestelluriques, a
(1377)au latin centralis *placé au centres,lui-même pris par transposition figurée la valeur de -point de
de centrum. -Le mot qualifie comme en latin ce départ, foyer- (1946).-On en a dérivé ÉPICEN-
qui est placé au centre d’un cercle, d’une sphère et, TRAL,ALE.AUX adj. (19431.
par extension, d’un milieu donné, spécialement en
géographie [av. 1820,terres centralesI. Il est égale-
ment employé dans les mêmes domaines que CENTRIFUGE adj. et n. adapte (1700) une
centre avec une valeur abstraite (17871,spéciale- création de Newton en latin scienti6que centrifuga
ment en politique en relation avec centraliser (ci- (16871,de centrum (+ centre) et fuga =fuiteB(6. la fa-
dessous),pendant et depuis la Révolution (av. 1793, mille de fuir).
pouvoir centrall. oLe syntagme école centrale +Le mot, d’abord employé en physique fforce cen-
(1812)a d’abord désignéune institution créée par la trithgd, a été repris dans diverses disciplines : bo-
Convention en 1795et qui cessed’exister lorsqu’ap- tanique (18631, linguistique, physiologie. 0 Substan-
paraît en, 1802le lycée. Il se maintient pour dé- tivé au masculin, il désigne une machine
signer 1’Ecolecentrale d.es arts et manufactures écrémeuse(1895).
(1853),donnant lieu à des emplois e,&ptiquesfam- cEn est dérivé CENTRIFUGER v.tr. (1871) qui a
lier-sau masculin (1879,-élève de l’Ecole centrale=,
sorti d’usage) et au féminin WÉcolJ. oUn autre lui-méme produit CENTRIFUGEUREUSE n.,
syntagme, maison centrale [1827),désigne un éta- substantivé pour un appareil de laboratoire ainsi
blissement pémknciaire, de là l’emploi elliptique qu’un appareil ménager. -L’antonyme de centi-
fuge est CENTRIPÈTE adj., transcription (1700)du
du masculin central *détenu d’une prison* (1878.en latin scientifique centripeta créé par Newton (16871,
argot), disparu et le féminin centrale,n. f. pour =PI--
son centralen.-Le masculin central est également de centrum et petere -chercher à atteindre> (+ péti-
substantivépour l’organe et, par extension, l’orga- tion). Employé dans les mêmes domaines que le
nisme recevant et transmettant des conxmmica- précédent. il n’a pas fourni de dérivés.
tiens l1883), seul ou dans central téléphonique CENTURIE, CENTURION - CENT
11928).Le féminin CENTRALE n.f. désigne une
usine productrice d’électricité (1927,centrale ékc- CEP n. m. est hérité (av. 1100)du latin @pus, mot
hique) et un organisme centralisant des opéra- de formation populaire à gémination expressive,
tions, des activités, spécialement un groupement <poteau,bornes,en particulier -borne funéraires et
national de syndicats (1956chez de Gaulle). militairement -pieu enfoncé dans le sol pour empê-
Central a produit des dérivés dans plusieurs cher la progression de l’ennemi>.
COnteXteS: CENTRALEMENT adv. (av.1582);pen-
dant la Révolution la série CENTRALISER v. tr. +Le sens d’sentrave>, attesté en judéo-français,
(17901, CENTRALISATION n.f (17941,suivis par d’où par extension =Chaînesd’un prisonniers, déjà
CENTRALISATEUR.TRICE adj. et n. (1815 archaïque au xv+ s.. s’est éteint. Le mot sert d’ap-
comme Km.; 1838), CENTRALISME n.m. (18421 pellation pour une pièce de bois sur laquelle est as-
employé après 1960en politique dans centralisme sujetti le soc de la charrue (1386).Il est passédans
démocratique (concept communiste apparu en l’usagecourzmtavecle sensde <pied de vigne, bois
19181,CENTRALISTE n. et adj. (1845)et, par pré- de la vigne>(déb.xe s.),aussi cep de vigne.
fixation, DÉCENTRALISER v.k. (18271, DÉCEN- .CÉPÉE n.f (v.1180) désigne une réunion de
TRALISATI0Nn.f kW.l829)etDÉCENTRALISA- jeunes tiges partant de la souche d’un arbre coupé
TEUR. TRICE adj. et n. (1845).Tous ces mots font àras de terre. senstombé en désuétude après 1611.
référence à l’équilibre entre le pouvoir exécutif Par extension métonymique, le mot désigne un
unique de l’État(appelépouvoir central sous la Ré- taillis d’un à deux ans (v. 1635).
volution. ci-dessus1et les institutions locales. Un CÉPAGE n. m. procède de cep en viticulture et dé-
mot du même registre centralité (1793,Danton) a signe (1573)un plant de vigne cultivée. spéciale-
disparu. -CENTRALIEN.IENNE n. etadj.est dé- ment une variété de plants donnant un certain type
rivé (1909)de centrale aécolecentrales pour dési- de vin (18671,valeur usuelle, chaque vin étant ca-
gner et quaMer les élèvesde cette école. ractérisé par un terrain, un cépage et une tica-
-CENTRIQUE afoumile second élémentdequel- tien.
questermesdidactiques ~~~~~CONCENTRIQUE 0 voirCÈPE.
CÉRÉBRAL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plantes qui ont des gxuns farineux servant à la -qui respecte les règles traditionnelles de la titi-
nourriture (17921, mais cet emploi reste rare. Seule ht& (aujourd’hui péjoratif) et *plein de cérémonie*
la substantwation (les céréales, 1835) est véritable- (14681, d’où CÉRÉMONIEUSEMENT adv. (17821.
ment vivante. Par métonymie, le mot est employé -Le troisième, CÉRÉMONIAL, ALE. AUX (1374,
pour les grains comestibles seuls et, sous l’ir- cérimonial, refait d’après cérémoniel, est emprunté
fluence de l’anglais cereal, désigne les flocons de au dérivé bas latin caetimonialis W s.1 -relatif à la
céréales consommés au petit déjeuner (pétales de célébration du culte>, substantivé au pluriel neutre
ma&, en anglais comflakes, etc.). au sens de *culte divinn. oLe mot a été repris
t Le composé didactique CÉRÉALICULTURE n. f. comme adjectif au sens du latin Depuis le xwe s.,
est récent (19291, tout comme l’adjectif CÉRÉA- cérémonial est surtout employé comme n. m., par
LIER, IÈRE (19511, substantivé pour désigner les reprise du latin, pour *livre contenant les règles du
culte catholiques (16361, puis =ensemble des céré-
producteurs de céréales.
monies de ce cultes et laïquement (17401 *ensemble
CÉRÉBRAL, ALE, AUX adj est formé de formalités dans les solennités ou les relations
(av. 1615; peut-étre 1560 d’après Dauzatl par sti- socialesm.
fixation sur le radical du latin cerebrum (-cer- CERF n. m. est issu (1080) du latin ce-, dont le
veau). féminin cewa a été supplanté en français par
+ Le mot, qui signi6e arelatif au cerveau,,, est passé biche*. Le nom indoeuropéen du cerf était “elen-
dans le langage médical (18291. A la même époque (vieux slavon jeleni, grec elaphos, - élan), mais, le
(18251, il est entré dans l’usage courant, concernant nom du grand gibier étant frappé d’interdiction
moins le cerveau que l’intelligence; il qualifie spé- magique, on lui substitua l’épithète =CO~U> cela-
cialement une personne dont toute l’activité phos keraos en grec, hioh en vieil islandais), sens
semble limitée à l’intellect (18531. -La phonétique du latin cenus, à rattacher à la racine de cornu
le ramène à son sens étymologique, en lui faisant CG+corne).
qualifier un son moitié nasal moitié palatal qui +Le mot désigne un mammifère ruminant ongulé,
semble venir du cerveau (18381. spécialement son mâle adulte, et les représenta-
w CÉRÉBRALEMENT adv. (18571 a le double sens tions (héraldiques, symboliques) de l’animti.
correspondant à celui de l’adjectif -CÉRÉBRAL~- t Le radical latin a servi à former CERVIDÉ n. m.
SATI~N n. f. (18671 est dérivé du verbe rare CÉRÉ- (1886). terme de zoologie. -Cerf est entré dans
BRALISER v. tr.. lui-même (18671 de cérébral en CERF-VOLANT n. m. (16111, nom d’ungros COléOp-
phonétique. -CÉRÉBRALITÉ n. f. (18921 exprime tère dont les mandibules dentelées évoquent les
l’actwité intellectuelle et le caractère propre à une bois du cerf. 0 Le nom homonyme du jeu (16691 est
personne intellectuelle. -Le substantif désignant d’origme obscure : une hypothèse analyse cerf-
l’activité du cerveau est l’anglicisme CÉRÉBRA- comme une altération de serpe issu de serps, at-
TION n. f. (18731, emprunté à l’anglais cerebratim testé dès le latin chrétien pour serpents (+ serpent].
(18531, dérivé savant du radical du latin cerebrum, Cette appellation serpent-volant ferait allusion aux
employé en psychologie. -L’élément CÉRÉBRI-, nombreux textes et légendes au sujet de serpents
CÉRÉBRO- est productif dans le vocabulaire médi- et dragons volants (déjà dans la Bible :
cal, avec des termes comme CÉRBBRO-SPI- Isaïe, XXX, 6; encore au XVIII~ s.1 et aurait été appli-
NAL. ALE, AUX adj. -relatif au cerveau et à la quée par métaphore au cerf-volant artficiel en
moelle épinière,> (18451, CÉRÉBROïDE adj. (18781, jouet. Cette hypothèse est appuyée par les noms
CÉRÉBROSIDE n. m. (19051, CÉRÉBRIFORME du cerf-volant dans différentes langues où ils font
adj. (19651, CÉRÉBRO-SCOPIE n. f. (19701. penser à un oiseau, un serpent ou un dragon vo-
lant, selon un usage très répandu, notamment en
CÉRÉMONIE n.f. est un emprunt ancien Chine. -On rencontre CERVOLISTE n. dérivé
(1226-12501 au latin caerimonia, mot désignant le mal formé (xY s.1 pour -amateur de cerf-volants.
culte, la vénération religieuse d’où, au pluriel. les
observances rituelles. sens développé en latin
CERFEUIL n. m. d’abord cerfoiz (XII~ s.l. cetil
(v. 12001 puis cerfeuil. est issu du latin de même
chrétien. Les Anciens le font venir du nom de la
sens caerefolium, latinisation de chmrephyllum
ville étrusque Cure par un %xWno étrusque,
emprunté au grec “khairephullon (déduit à partir
mais sans preuve sûre.
du latin). Ce mot est composé de khairein *se ré-
+ Le mot est introduit au pluriel avec le sens reli- jouir-n, &re joyeux=, calmer à. (+ charismel [encore
gieux de *formes d’apparat qui accompagnent la en grec moderne], que l’on rapproche de nom-
célébration d’un culte, d’une fêtes. Il se lticise à breux mots dans les langues indoeuropéennes:
propos d’une solennité se déroulant suivant un sansknt hdryati sdésirer, aimer, avoir plaisir à., la-
plan prévu (av. 13701, l’accent étant mis sur l’appa- tm tirtari (dont les composés se retrouvent dans
rat qui l’accompagne (14041, par exemple dans cohorte*, exhorter?, ancien haut allemand ger <dé-
maître de cérémonie (15951. De là, il prend, dans le sirantn, getin cdésirers, arménien jir <dom. Le se-
cadre des relations sociales, le sens de =marques cond élément est phullon sfeuillen (- -phyllel tra-
conventionnelles de déférence,, (av. 15001, souvent duit par le latin folium, lequel est à l’origine de
connoté péjorativement (faire des cérémonies). l’ancien iÏx.nçais feu& éliminé -sauf dans cer-
w Trois adjectifs se rattachent à cérémonie. les dé- feuil - par feuille*, du neutre pluriel folia.
riVéS CÉRÉMONIEL. ELLE (13741, -qui observe les +Le nom de la plante signiiïe donc littéralement
fêtes régléesn, et CÉRÉMONIEUX, EUSE (14581, sfeuille de la joie>, en référence aux vertus d’une de
ancien français
X”‘2 rang
CC
alignement d’hommes
de guerre »

anglais
ring ring
“ anneau, cercle ,a, (de boxe)
‘c enceinte sportives,

C<lieu de rassemblement »

italien
ar(r)inga ~ harangue
«discours public »
CERTIFICAT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Jusqu’au xwe s., le mot est usuel et possède plu- CÉRUMEN n. m. est emprunté (1726, selon
sieurs nuances, &rieusement. fixement, attentive- Bloch et Wartburg) au latin médiéval caerumen
ment=... ll s’emploie dans des locutions comme à (1275) dérivé du latin cera (+ cire).
certes, pour certes, également à droites certes -dans 4 Le mot désigne la substance grasse, jaune, secré-
le même sensn, qui ont disparu Au xvtE s., on y a w tée par les glandes sébacées du conduit auditif ex-
à ce point une exclamation habituelle des Hugue- terne de l’oreille.
nots qu’on l’a employée par métonymie au sens de
c CÉRUMINEUX, EUSE adj. (17351, *qui est de la
eHuguenot>. Considéré comme vieillissant, il s’est
nature du cérumens, est peu usité.
maintenu dans une valeur afErmative et conces-
sive. Son emploi est aujourd’hui surtout affecté, à CÉRUSE n. f. est emprunté au latin cerussa,
l’oral. nom d’un carbonate basique de plomb employé
comme fard. On a supposé pour ce mot l’étymon
CERTIFICAT n. m. est emprunté (13801 au la- grec “kêroussa (de “kêroessa),lui-même apparenté
tin médiéval “certiiîcatum, participe passé neutre au nom de la cire, kêros Kêros est lié au latin cera
substantivé du latin chrétien cetiificare (+ certiiïer). (+ cire), avec l’idée d’un enduit.
+Le mot, qui désigne un document écrit attestant +Le mot désigne le carbonate de plomb, et plus
un fait, est souvent détermmé. selon la fonction du particulièrement, la substance blanche que l’on fa-
document Icertifîcat médical, de carence).Par ex- brique avec ce composé chirmque, utilisée autre-
tension, il s’emploie aussi avec le sens figuré de fois comme fard et en peinture fblanc de céruse),
-garantie, assurances (1660). Il s’est spécialisé dans mas dont l’emploi est inter& depuis le début du
le système scolaire et universitaire, pour l’acte at- XX~ s. à cause de sa toxicité. 0 Par métonymie, cer-
testant la réussite à un examen, un concours (18361, tains écrivains (Huysmans, 19031 en font un adjectif
mais tend à vieillir an profit d’autres dénomina- de couleur recherché pour <blanc= (dès 1797, Cha-
tions (brevet,etc.). teaubriand parle de jour cémséen [de la Lunel).
~Certificat est familièrement abrégé en CERTIF t CÉRUSITE n. f. (18781 “carbonate de plomb à
n. In. (1917). l’état natnrelm, a probablement été fait à l’titation
CERTIFIER Y. tr., d’abord certetier (117~11741, est de l’anglais cemsit (18501 ou de l’allemand, car le
emprunté au latin chrétien cetificare (de certus nom en a été inventé en 1845 par le géologue alle-
*certain2 et facere sfaire=l -confirmer, assurer qqnn mand Haidinger. -&R~~AGE n. m., mot récent
et, en latin médiéval, <confirmer, attester (qqch.)n (1962 dans les dictionnaires]. recouvre une tech-
(843-856). Le mot sime couramment &i%mer~, nique d’ébénisterie consistant à remplir les pores
d’où spécialement en droit “garantir par un acte> de certains bois d’une matière dure, dont la cou-
(1690). -Son participe passé CERTIFIÉ, ÉE est ad- leur tranche avec celle du bois
jectivé avec les valeurs correspondantes. Il est
substantivé en droit (certifié conforme,1932) et dans
CERVEAU n. m. est issu du latin cerebellum
-petite cervelle>, diminutif de cerebmm =cerveaus
l’enseignement où certifié, ée, après avoir désigné
(+cérébral). Ce mot désigne surtout le siège de
la personne qui est munie d’un certiJïcat (19301,
l’intelligence et aussi des sentiments comme la co-
s’applique surtout an titulaire du certificat d’apti-
lère; il a des correspondants indoeuropéens dans
tude au professorat d’enseignement secondaire ou
le sanskrit çirah -tête=, le vieil islandais hiami, l’an-
C.A.P.E.S. (v. 1950).
cien haut allemand himi xcerveaw, le grec kara
CERTIFICATION n. f. est emprunté (1310) au latin
-tête, face= (4 chère) et keras *corne>(+ kéra-1, qui
médiéval cetificati =assurance, contïrmatiom
supposent une racine commune.
(739-791) et, après avoir eu cours en moyen ft-a.r~
çais, a été repris en langage juridique. En tech- *CerveZ (108OL puis cerveau Icerveaw cerviaus),
nique, il représente un anglicisme. -CERTIFICA- désigne à la fois la substance cérébrale (sens actuel
TEUR n. m. est emprunté (1611) au latin médiéval de cervelle) et l’intérieur de la tête, siège de la pen-
“certificator =Celui qui ceMien, de certificare, pour sée, de l’intelligence (1175). De là, par métonymie,
servir de nom d’agent dans le langage juridique. un cerveau =une personne très intelligente> (15661.
oLe concept anatomique qui correspond au mot
cerveau dépend de Galien, puis de Vésale (1543) et
CÉRULÉEN, ÉENNE adj. est dérivé (1797,
au XVI? s. de T. Willis (cerebrianatome, 16641; la des-
Chateaubtiand) de cérulé, ée adjectif (15501, mot
cription est déjà détaillée et complexe au début du
rare de la description littéraire signifiant -d’on bleu
xrxe s. (Bichatl. C’est à cette époque que l’on étudie
vif, d’un bleu d’azur=, usité jusqu’au début du XVII~ s.
la physiologiedu cerveau, puis, après les erreurs de
et repris au XIX~~. (Bernardin de Saint-Pierre, 1814;
Gall, et surtout avec Broca, les localisations fonc-
Chateaubtiand). Ce mot est emprunté au latin
tionnelles ~ocalisatins cérébral&. Ainsi les consi-
coeruleus <bleu comme le ciels, probablement dérations philosophiques des xv$ et XVI? siècles
dérivé en -&US (on rencontre la forme caerulwl et
sur les rapports entre le cerveau et la pensée, et le
-eus de caelum (+ ciel) avec dissimilation en -r- du langage, trouvent on support scienti6que, notam
premier -1.. ment après les travaux de Fritsch et Hirtzig, veTs
+ CéruZen appartient. comme son étymon, au style 1870 (localisations fonctionnelles), et la découverte
littéraire avec le sens de ableu intense, bleu de l’électricité cérébrale (Caton, 1875; puis Hans
sombre>>, quelquefois an figuré, <qui a on caractère Berger, 1902-19291. Suivent les études portant sur
célesten. les structures fines du cerveau, sur la microphysio-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CÉRÉALE

(on trouve chez Rabelais les adjecti& cerbericque, sens concret et plus ou moins technique: après
cerberinl de =gardien intraitables, reprise par avoir signi6é en ancien français +mneau, cercle dé-
LaFontaine (16681,notamment à propos d’un por- crit par un mouvement de révolutions, il désigne
tier rébarbatif (16901, valeur répandue au XIX~s., un cercle de bois ou de métal en tonnellerie
mais demeurée littéraire. (v. 1200, cercell, en broderie, puis à propos du
cirque et du jeu (1835, pour le cercle que l’on
CERCEAU + CERCLE pousse avec un bâton), il s’applique aussi au cercle
arrondissant les jupons et crinolines (1860). -Il dé-
CERCLE n. m. est issu (v 11601du latin circulus, signe également un demi-cercle, celui de l’axe
diminutif devenu partiellement concurrent de cir-
formé par les plumes des ailes d’un oiseau (13931,
tus (- cirque, cerne.1<réunion de personnes>. <objet en particulier l’extrémité des grandes ailes d’un oi-
circulairem, =cercle de tonneau,, également em- seau de proie, l’arceau qui supporte la bâche d’une
ployé en astronomie, géographie et géométrie. voiture kv’s.1. le joug servant à porter des seaux
+Cercle garde les valeurs sémantiques du latin. d’eau (1680).
Dès les premiers textes il désigne à la fois une SUT- 0 “or CIRCULAIRE.
face plane limitée par une courbe dont tous les
points sont à égale distance du centre (d’où, selon CERCUEIL n. m. est issu (v. 1050, sarqueul,
l’ancienne conception, le disque de la Terre) et un avec une forte réduction phonétique, du grec sar-
objet circulaire, en l’occurrence la couronne de kophagos qui, par voie savante, a donné sarco-
métal entourant la calotte d’un heaume, puis le phage* et qui est formé de sam, sarkos cchair,
cerceau dont on entoure les tonneaux (1185-l 188). viandes et de phagein (+ -phagel. Le mot manque
En géométrie. il désigne la circonférence d’une fi- aux autres langues romanes; il a des correspon-
gure circulaire (1265-12681.Au XVII~s., il qualifie un dants dans les langues germaniques (allemand
objet de forme circulaire (1606) tel que le halo de la Sarg). Sam, terme important chez les médecins et
Lune. 0 Il devient courant à propos d’un groupe de dans l’idéologie chrétienne, a été rapproché depuis
personnes dans un salon (16531,servant d’appella- longtemps d’un verbe avestique signifiant <couper-
tion à un club réuni dans un but particulier (17641. et appartenant à une racine indoeuropéenne
oAu sens initial, il reçoit en logique le sens de “tierk-. Sara signiiïerait alors “parte, -morceau de
wice d’un argument qui suppose le principe qu’il viande~~, comme le latin caro (+ chair). Une autre
doit prouvez (16901, valeur conservée dans l’ex- hypothèse, ingénieuse mais discutable, se fonde
pression courante cercle vicieux (1798). 0 L’expres- sur le fait que la racine signifie souvent, en aves-
sion quadrature du cercle (16901,issue d’un emploi tique, &xer, donner une forme às et donne à sam le
du mot en géométrie, est elle aussi employée cou- sens de =ce qui donne sa forme à un être, notam
ramment au sens figuré de =Chose impossible à ment à un hommes. -Le type ancien fi-ançais est
prouven ( 1690). sarqueu (1050). sarcou (10801, sarcu (v. 11551, serqeu
t CERCLÉ, ÉE adj. (1160) est employé comme qua- (12981,encore sarqueux au xvr s (Froissartl. La ré-
lilïcatlld’un heaume, d’un tonneau (1690 en héra- fection en -euil, menant aux formes sercueil
ditpeI. -CERCLER v. tr. (xx? s., av. 1544) exprime Cv.11651, sarcueuil (x~?s.l. ensuite écrit cercueil
l’action de disposer qqch. en cercle. Il se répand au (1547l, est due à la formation d’un singulier analo-
XVIII~s., recevant une acception technique sentou- gique par suite d’une confusion d’après l’ancienne
rer (un tonneau) de cercles pour le consolidep déclinaison : singulier -eu& -eul pluriel -eux (en-
(1723). Le sens extensif de -se disposer autos core dans aïeul-akuxl; c’est du pluriel sarquew
(1862) a cédé au composé encercler. - Cercler a pro- qu’on a tiré sarcueil, doté d’on pluriel analogique
duit CERCLAGE I-I. m. (1819). en -euüs. Le mot a plusieurs concurrents : bière*
ENCERCLER v. tr., apparu lui-même 1OngterTIpS dans le Centre, les termes anciens chdsse* dans
ap&S ENCERCLÉ adj. (v. 1165, comme qualificatif l’Ouest et caisse* (d,e mort) dans le midi de la
d’un heaume), exprime l’idée d’sentourer (une France, voire des représentants de l’arabe tûboüt
chose) d’un cercle= (av. 1598) et =entourer à la ma- dans le Sud-Ouest.
nière d’un cercle>. Il semble rare av. la seconde + Le mot, qui signifie -long co&e dans lequel on dé-
moitié du XIX”siècle. Il a reçu. par calque de l’alle- pose le corps mort avant de l’ensevelir*. partage
mand einkresen, le sens de =entourer (un État) d’un avec tombe quelques emplois en locutions figurées
cercle d’alliances dirigées contre luis (19141 et la lavoir un pied dans le cercueil).
spécialisation militaire =Cerner l’ennemi de tous
CôtéSn (1916). -ENCERCLEMENT n. m., -ce qui en- CÉRÉALE n. f. et adj. f. est emprunté (v. 1550) à
toure* (1578). a reçu au xxe s. les sens correspon- l’adjectif latii cerealis, adjectif de Ceres, Cereris, an-
dant auverbe en géopolitique (1909). puis en art mi- cien neutre substantivé qui désigne la Croissance
litaire (1929). CL+croître, créer, de même racine indoeuropéenne
DEMI-CERCLE n. m. (15381,lexicalisation de demy “kCeh-easemencenl. C’est aussi le nom de la déesse
cercle (v. 13271puis demi cercle, désigne une moitié des Moissons. Aussi l’adjectif oscille-t-il entre les
de cercle délimitée par un diamètre. Demi-cir- sens de =relatifà Cérèsp et, par métonymie. =relatif
culaire lui correspond (-circulaire). au blé>.
CERCEAU n. m. est issu (v. 11211du bas latin circel- + L’adjectif céréal a eu au xwe s. le sens de srelatif à
lus =Petit cercle>. un des trois diminutifs de circus Cérèsx, le substantifféminln pluriel les céréales dé-
=Cercle> (+cirquel avec circulus et circinus signant (1704) les fêtes en l’honneur de la déesse.
[bceme). -En français, le mot a toujours eu un 0 Pendant la Révolution, l’adjectif s’applique aux
CESTE 684 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

=s’interrompren, présent dès les premiers emplois l’étymologie est inconnue, a pris chez Aristote le
(ne cesser de, 1050; faire cesser, v. 1360) Au- sens de =&a& qu’hi conserve en grec moderne.
jourd’hui, l’emploi transitif de cesser, régi par un t On emploie d’abord l’expression poisson cetacée
sujet animé, perd du terrain par rapport à arrêter* pour désigner les cctiburonsn, corquesn, xphysetèress
et finir*, plus usuels. (baleines et cachalots), les ~narvals*, etc., le concept
tLedéverba1 CESSE n.f (~.1155)~~~estemplOyé de poisson correspondant alors à canimal marin de
dès l’ancien français sans déterminant dans quel- forme fuselée= Le mot est substantivé dès le xne s.
ques tours locutifs comme ne prendre cesse,sorti (15561pour désigner ce genre de -poissons~ 0 La
d’usage, et sans cesse (v. 1450), n’avoir de cesseque valeur moderne du substantif correspond à la
cv. 1199, n’avoir ni fin ni cesse) Il s’est maintenu constitution d’un ordre placé à la ti du xwBs.
dans ces quelques emplois sans déterminant. parmi les mammifères (Cuvier, Lamarck)
-CESSANT, ANTE est peu usité comme adjectif
sinon dans la locution toute a&ire cessante CÉTOINE n. f. est emprunté (17901au latin des
(av. 1666). -Il a produit un antonyme plus répandu naturalistes cetonia (1775, Fabricius), lui-même
INCESSANT, ANTE adj. (15521,qui qualifie ce qui d’origine inconnue. Pierre Giraud propose l’éty-
ne s’arrête pas, ne s’interrompt pas; de là un em- mon savant ceton,variante de seton a-in, soie*. du
ploi pour =continu& (des cris incessantsI. -IN- latin seta1+ soie): d’autres évoquent une formation
CESSAMMENT adv. est la francisation, paraligne- irrégulière sur le grec kêtos monstre marin= (- cé-
ment sur les adverbes en -ment (13581, du bas latin tacé), que le sens du mot n’autorise guère.
incessanter =sans s’arrêter> de incessons, plutôt t Le mot désigne un insecte coléoptère dont une
que le dérivé de incessant, plus tardif oLe mot, espèce (cétoane dorée) vit en France dans les fleurs.
qui correspond à *sans cesse>, a pris par extension
le sens de =sans délai, sous peu= (16711,devenu son CETONE + ACÉTONE
emploi le plus usuel.
CESSATION Lf est e~!XUI-,té (V. 13701 &U hthl
CHABLER v. tr. (13861,d’abord attesté au parti-
cessatio <lenteur, retard= puis =arrêt (de qqch.)B cipe passé sous la forme ca- (bosc tablé, 12511, est
(11”s.l. Le mot, repris comme substantif d’action de dérivé de l’ancien français chaable, issu du latin
cesser, ne s’est pas répandu dans l’usage courant ; il populau-e catabola CG+ câble) du grec kata (+ cata-
appartient à un registre soutenu ou au langage ad- pulte) et ballein =lancer~.
ministratif et juridique +Ce verbe, devenu d’usage régional, signifie
Le composé CESSEZ-LE-FEU n.m. (1945, d’un d’abord eabattre, faire tomber- et spécialement
ordre militaire1 a peut-être subi l’influence de l’an- =gaulers (chabler des mi&. o Il a pris au XIX~s.
glais ceo”%-fire. (1863) une valeur figurée et familière =frapper.
battre>>, aussi comme intransitif, =barderm (ça ~a
CESTE n. m. est emprunté (xv” s.) au latin caes- chabler).
tus (surtout au pluriel) <courroie garnie de plomb,> tSon dérivé OCHABLIS n.m., d’abord adjectif
utilisée par les pugihstes. Les Anciens tenaient ce (1600 bois chablts),déslgne le bois, les arbres abat-
mot pour le dérivé de cwdere =Couper= (+ ciseau) tus par le vent.
mais cette formation n’irait pas sans dficuhé, 0 “or a CHABLIS.
outre que le ceste ne sert 111à couper, ni à tailler. Il
s’agit peut-être d’un emprunt du latin, mais sa 0 CHABLIS n. m. est la réduction métony-
source n’est pas connue. mique (1789; Chably 17181 de l’expression vin de
t Ce terme d’antiquité s’applique aussi par méto- Chablis, beaucoup plus ancienne (v. 1223 vin de
nymie au combat pratiqué avec le ceste, acception Chablies), formée avec le nom d’une localité de
également reprise au latin. l’Yorme, en Bourgogne, centre de la région de pro-
duction de ce vin blanc sec réputé. Le nom vient de
CÉSURE n. f. est emprunté (1537) au latin impé- 0 Chablis,désignant un lieu où le bois est fréquem-
rial caesura =Coupure, taillen, spécialisé en mé- ment abattu par le vent.
trique depuis le wBs.. de caesum, supin de caedere 0 “OITCHABIER.
=coupep (&+césarienne, ciseau).
CHABROL, CHABROT + CHÈVRE
*Le mot est spécialisé en métrique fi-ançase puis
également 11680) en métrique antique. Par analo- CHACAL n. m., d’abord ciacale, graphie ita-
gie, il désigne un repos dans une phrase musicale. lienne, (16461, schakal (16551, chacale (16761 puis
Le style littéraire l’utilise parfois au sens de «sus- chacal (1686). est emprunté au turc çakal, lui-
pension* (de parole). même emprunté au persan Sikal qui le tient du
sanskrit syg& =le hurleur~~. Le nom grec de l’an-
CÉTACÉ, ÉE n.m. et adj. d’abord cetacée mal était thOs,repris par le latin thos, mot d’origine
(1542 ; encore en 17711,puis cétacé (1611). est d’on- obscure pour lequel on a posé hypothétiquement
gine incertaine. probablement issu d’une forme la- -le dévorew en le rapprochant de toi&, thôsthai
tine cetacea (seulement attestée au xwes., <‘festin offert>>.Le mot est attesté en anglais depuis
av. 1779) dérivée de cetus *cétacé, thons. Celui-ci 1603 sous la forme jackalles et dans un texte latin
est un emprunt latinisé au grec kêtos monstre ma- en 1631 sous la forme lackals’ d’où des formes frac-
rion, qui désigne tout animal énorme vivant dans çaises iachals, iackaZ(16631 et jachal chez Furetière
l’eau (baleine, crocodile, hippopotame). Kêtos, dont (16901.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CERTES

sesvariétés les plus communes.Le ceffeuüfait par- demi-mtie tirée de sa coque et, par extension,tout
tie des fines herbes. fruit huileux tiré de sa coque et encore vert.
CERISE n. f. est issu (1190)d’un latin populaire CERTAIN, AINE adj. et pron. indéf., d’abord o>
“ceresia,neutre pluriel pris pour un féminin singw cerdanCv.11601,puis certain (v. 12001,est issu d’un
lier, du bas latin ceresium(mes.1,variante apopho- latin populaire Ocetianus,représenté également
nique de cerasium (qui a donné l’allemand Kirsch). dans l’ancien provençal certcm *sûr, slncèren
Mot et fruit auraient été rapportés à Rome par le hre s.1,I’ancien espagnolet l’ancien italien cetiano,
célèbre gourmet Lucullus après sa campagne et qui est dérivé du latin classiquecetius (- certes)
contre Mithridate : cerasium est emprunté au grec &r. 6x&, participe passéadjectivé de cemeredis-
hemsion, dérivé de kerasos -cerisier=,mot qui vient cerner, déciders (- discerner).Certus a donné l’an-
peut-être d’une langue d’Asie Mineure, l’arbre cien français cert, supplanté par certain.
étant originaire de la région du Pont-Euxin. t Le mot signifie &r, convaincu- en parlant d’une
+ Le mot désigne le petit fruit rond, rouge ou blm- personne, et =assuré,indéniable~~(12,001, =bienéta-
châtre du cerisier, et qua.liJïed’autres petits fruits bliB (13731en parlant d’une chose. Epithète anté-
ronds, notamment le fruit du caféier, en français poséeà un nom de personne (1283).il exprane une
d’Ai?ique. Il est assezfi-équent comme nom d’une ignorance affectée, parfois méprisante (un certain
nuance de rouge (17921.-En argot, où ll est une dé- X.,.1et, plus généralement, devant tout nom, une
nomination de la tête, il a le sens figuré de <mal- indétermination (un certain âge). Il est considéré
chances(-guigne). comme adjectif indéfini devant un nom sansarticle
t En SorIttlréS CERISIER ILIXL[~~~~),CERISETTE où il a un sens voisin de quelques.0 Cela lui vaut
n. f. (1310)diminutifdisparu, repris avec les sensde d’être employé comme pronom (une fois en 1634,à
cerise séchée3(1863)et -boisson rafraîchissante à nouveau 18631.0 Il n’a pratiquement pas conservé
base de cerises(19071,et CERISAIE n. f. (1397,che- ses anciens emplois substantivés (13741pour =ca-
risoie) =plantation,verger de cerisiers=. ractère de ce qui est sûr= et =cequi est sûr-n(15671,
0 “Oil-MERISE. sauf en termes de Bourse et de change (17381.
*Le dérivé CERTAINEMENT adv.k.11651 est très
CERNE n. m. est issu Il 1191du latin circinus courant avec le sens secondaire de =assurément~
=compas,cerceau*, diminutif de circus (- cercle, en renfort d’une a&-mation.
cirque). Le pré6xé INCERTAIN.AINE adj. (1329) a été
4 Le sensde =cercle~s’appliquait spécialement à la formé sur certain d’après le latin incertus =quin’est
magie, à propos du cercle tracé sur le sol (1230,en- pas précis, pas fixé, sur quoi on n’a pas de certi-
core au XVII~~.);il a disparu au profit de cercle. tudes, substantivéau neutre incetium =cequi n’est
-Cerne s’est restreint au sens de =marque cir- pas sûr=. Le mot fiançais qualifie ce qui n’est pas
culaire autour de certains objets> (1354.13771, au- 6xé àl’avance, ce quin’est pas sûr(l5011,dont le ré-
tour des yeux, de la Lune (14581,d’une plaie (16941. sultat est douteux (15311,dont la nature n’est pas
Il désigne aussi un anneau circulaire sur un fût nette, claire (1556).0 Il s’applique également à une
coupé en travers (18201,en concurrence avec personne qui est dans l’ignorance au sujet de qqch.
cercle. Son emploi pour une tache circulaire sur (fm xrv’ s.1ou qui, par tempérament, manque de dé-
une étoffe est attesté depuis le milieu du XLX~S. termination (15551,en emploi absolu ou avec un
(18671. complément [incertain de, 15641.0 ll est substan-
. Cerne a donné directement CERNURE n.f., tivé depuis le XVI~s. (1559).
d’abord cemeure(15621, repris au Xnps. avecle sens CERTITUDE n. f. est emprunté au dérivé bas latin
de -cerne de fatigue autour des yeuxm(18631et cetitudo -caractère de ce qui est sûr, conviction=,
comme synonymelittéraire de cerne dans d’autres spécialement en latin chrétien -conviction chré-
emplois. tiennes. 0 Il est d’abord attesté dans son sens ob-
CERNER v. tr. est issu (v. 12251du latin Circinare jectif(1375)puis subjectif (14621.-Par composition,
=parcourir en formant un cercle, arrondira, de circi- il a servi à former INCERTITUDE n.f. (1495-1496)
nus. -Le mot signifie #entourer>,spécialement en *caractère de ce qui n’est pas assur&, également
arboriculture -creuser un fosséautour d’un arbre* *caractère de ce qui est imprévisible* (1557)et lune
(12731 et =Pratiquer une Incision circulaires certitude1*chose incertaine mal connues (1636).Il
(av. 13281, d’où -sortir (desnoix) de la coquen(14031. désigne aussi l’état d’une personne qui doute
Ultérieurement, il a reçu d’autres acceptions,dont (1538).oLe mot est spécialisé en physique dans
la plus courante est militaire -entourer (I’ennemi)~ principe d’incertitude (19341, énoncé en 1927par
(17981,les autres demeurant d’emploi technique, Heisenberg (1901-19761.
en chirurgie (18671. en arts graphiques (18581;de là, 0 “or CErcnFICAT.
il s’est répandu dans l’usage commun avec le sens
figuré de #fairele tour de (qqch.,qqn), (18971.-Son CERTES ah. est issu (10501d’un latin populaire o>
participe passé CERNÉ,ÉE est adjectivé avec les “certas, accusatif féminin pluriel de certus (- ter-
sens correspondants, et s’emploie couramment tain, certificat) ayant remplacé, avec une valeur ad-
dans yeux cernés[ 16941;il est substantivé au fémi- verbiale d’affirmation, l’adverbe classique cetio
nin en peinture (18631et au masculin en céramique wztainement=, ablatif de ceti. Ce dernier est le
(19221. participe passéde cernera(- décerner, discerner).
CERNEAU mm. (fin XIII"~.~, d’abord cemiaw pro- “Certas â pu être formé d’après primas, d’où vient
cède de l’ancien sensdu verbe. Il désigne la noix à l’ancien français primes =premièrement-.
CHAI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~poursuivre de crisn. Pour P. Guiraud, il s’agirait la chaîne, devenue en général péjorative. Il appw-
plutôt d’une forme de chuter* -faire tomber-~, d’où tient aussi (v. 1955) au langage commercial (chaîne
chahutk1, forme dialectale de cheüte, chute corres- de vente1. 0 La même idée préside abstraitement à
pondant à chaer, variante provençale de choir*. la locution en chaûte (exemple : réaction en chak?,
+Le mot est rapidement passé de *danser une d’abord en physique atomique) et à l’emploi du mot
danse tapageuse; le chahuts au sens moderne de en parlant d’une suite de personnes assemblées
<faire du tapage* [1837). nuancé en ~manifester dans un but d’entraide (1797).
bruyamment contre un orateur, un professew, . En sont dérivés CHAîNETTE Il. f. (V. 1180, chas-
parfois &xquiner. bousculep (18931, et aus?. =tan- nette), CHAîNON n.m. (1390; v. 1200, -corde de
guer- (d’un bateau). pendaisona) également employé au figuré
t Le déverbal CHAHUT n m. (18211a désigné une (déb. xwe s.l. -Chaîne a aussi produit trois noms
danse populaire excentrique et bruyante à la mode d’agents spécialisés : CHAiNIER n. m. (1795) en bi-
entre 1830 et 1850, qui a donné naissance à une jouterie et dans le domaine technique, CHAîNEUR
danse de scène voisine du cancan, à la fin du n. m. (1836) sarpenteur qui mesure à la chaîne), et
xxe siècle. 0 Il a suivi la même évolution (1837) que CHAîNISTE n. m. (1853) -Ouvrier bijoutier qui fait
le verbe en etapagep et -manifestation bruyante des chaînes en métal précieuxn.
contre un professeur= (1895, Polytechnique). CHAîNER v.k., après une attestation isolée
-CHAHUTEUR.EUSE n. et adj. (1837) désigne et (av. 1380) au sens de -enchaîner-, a été repris avec
qualifie un tapageur, spécialement un écolier qui des sens techniques au XIX’ s. (architedwe, arpen-
chahute (1879, Vallès). tage). Il est loin d’avoir eu la fortune des préfixés
verbaux de chaîne.
CHAI n.m. est une forme de quai* propre à ENCHAîNER v.tr. (1060) signi6e =Charger de
l’Ouest (Poitou), attestée par écrit en moyen fran- chaînes> et métaphoriquement (16401*asservir, ré-
çais (1482, ch&, refait en chai au singulier, 16111. duire en dépendance forcéen. Par figure, il se dit
L’origine gauloise de chai et quai est contestée par pour -unir par succession ou lien logiques (16361,
Guiraud, qui y voit le latin caius csbarreaw. notamment au pronominal oLe participe passé
ENCHAÎNÉ. ÉE est adjedivé au propre et par mé-
+ Le mot désigne un cellier en rez-de-chaussée, ti- taphore, parfois par allusion à son contraire, dé-
férent de la cave, notamment lorsqu’il s’agit de l’en- ch&& kf le titre du journal satirique, le Canard
trepôt des vins et alcools en fûts, chez le produc- enchaîné). -Le dérivé ENCHAîNEMENT n.m.,
teur. Maitre de chai désigne le spécialiste qui veille d’abord au sens de xchaînem (13861, a été repris
à l’entretien de ces produits. comme nom d’action (1611). s’emulovant surtout au
figuré (av. 1678) pour =succession de choses, d’évé-
CHAÎNE n. f. est issu (10801du latin catena, de nements liésn (un enchaînement de circonstances).
sens propre et figuré, par l’évolution phonétique
La valeur concrète Il’ench&emmt des prisonniers~
normale de b- à kj- puis tj-, tch-, enfin ch- comme est rare et semble récente (18641.
dans chien, chose, et amuïssement dut entre DÉCHAîNER v. tr. (fin XII~s.) signifie d’abord =déta-
voyelles (par chadeine, chaiew), d’où chaiene
cher les chaAmesden, puis (xvrr s.1-délivrer d’une su-
(1080) puis chaisne. Catena, forme passée dans jétion*. oDéchaîner s’est surtout répandu avec le
toutes les langues romanes (+ cadenas, cadène) et
sens figuré de <se laisser aller à ses passions de ma-
d’autres (germaniques, celtiques), est d’origine in-
nière débridéen, réalisé par son participe passé
connue. DÉCHAîNÉ,ÉE adj.b.1460, déchaisné) -Lesubs-
+Le mot, signifiant *lien composé de maillonsu, est tantifd’action DECHAINEMENT n.m. (1671) cor-
utilisé dès les premiers textes, en parlant des liens respond auverbe
d’un prisonnier, puis d’un galérien (av. 16831,deve-
nant le symbole de l’asservissement et fournissant CHAIR n. f., d’abord car (10.50)et char (v. 11651, 0)
de nombreuses locutions littéraires (vivre dam les cham et enIin chair (FF s.1, résulte de l’évolution
chaînes, 1600). Par affaiblissement, il exprime tout phonétique du latin carnem, accusatif de caro, car-
lien de dépendance. sociale ou affective. Il a reçu nis c-carnage, carnassier, carnation, carnaval,
dans le domaine technique le sens d’&lément d’un carne, carnivore, caroncule). Ce mot, qui appartient
système de tractionm (1684). -Un autre axe de si- à la racine indoeuropéenne “Wker *couper, parta-
gnification réalise par analogie l’idée d’une succes- gen, a dû signifier d’abord *morceau de viande*
sion d’anneaux, d’une continuité : tel est le cas dans par allusion aux bêtes découpées lors des sacrifices
le vocabulaire du textile (1268, le fil de chabxe s’op- et des repas des guerriers, puis wiande~ et -chair-
posant au fil de trame), de la géographie (1653, depuis Sénèque, par opposition à =espritB kmimu.sJ.
chaine de montagnes), de l’anatomie (180.51,et plus Ce dernier sens, très fréquent en latin chrétien, a
récemment de la biologie alimentaire bzhaine ali- donné par métonymie celui de anature humainen
mentatrel. o Tel est aussi le cas, ultérieurement en (Vulgate. Rom. VIII, 11, -monde d’ici-bas> et <Dieu
électronique, où chatne s’applique à un ensemble incarnées.
d’appareils assurant la transmission des signaux. + Le mot français désigne d’abord l’ensemble des
En télévision, le mot concerne l’ensemble d’émet- muscles du corps humain, la locution homme de
teurs diffusant un même programme (+canall. chair (1080) exprimant l’idée d’être vivant humain,
~Dans l’industrie chaîne désigne figurément les et annonçant des formes modernes voisines fêêhe
différents postes de travail conduisant les uns aux de chair1 et la locution en chair et en os. Il désigne
autres (1863) : ce sens a donné l’expression travailà l’aspect de la peau (XII~s.l. notamment en peinture.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CESSER
logie cérébrale, sur le cortex, sur les mécanismes nuques, avec le sens de *confiance en soi, audacen.
comportementaux et le sommeil, qui font du cer- Il entre dans la catégorie des noms de parties du
veau un objet central de recherches fondant une corps terminés en -WCet présente un élargissement
nouvelle étape des sciences cognitives et humaines en u M du thème de cerebrum (+ cerveau) auquel
en même temps que de la biologie. -Par méta- il appartient.
phore, cerveau désigne un organe central de direc- * L’adjectif qualifie en anatomie ce qui se rapporte
tion (18081, et une personne qui dirige un groupe à la partie postérieure du cou et par extension au
d’action West le cerveau de l’opératimd. L’expres- cou en général (la trachée cervicale est antérieure);
sion cerveau ékxtronique (1954) fut un temps à la il est substantivé pour désigner le muscle cervical
mode pour désigner l’ordinateur. (1805). ~Selon une autre correspondance, il ex-
+Le dérivé CERVELET n. m. (1610, proprement prime ce qui se rapporte au -col* de l’utérus (1865).
-petit cerveau>, a un sens précis en anatomie où il au acolletn d’une dent.
est déiïni comme -la partie de derrière du cerveau> @L'élément CERVICI-. CERVICO- a Servi, et sert
(Furetière). oLe mot s’est employé au figuré encore, dans la formation d’adjedit% et d’adjectifs
cv. 1840) avec la valeur péjorative de *petite intel- substantivés en anatomie ccewico-dorsal, cervico-
ligences. brachial, cervico-faci@ y compris avec deux
ÉCERVELÉ, ÉE adj. est issu (XIII” s., escenwtil de autres spécialisations fcervico-utérin, cefvico-la-
l’ancien verbe préfuré escerveler (v. 1155) qui si@- mellaire) Id cetico-occipital, art. occiput].
fiait -x.sser la tête et faire jaillir la cervelle>, puis fi-
gurément (v. 1305) =troubler l’entendement de CERVOISE n. f., d’abord cerw.se (av. 1175)puis
(qq+, et qui est sorti d’usage avant le xvuesiècle. cervoise (1177.11801,est issu du latin impérial cerve-
~Ecervelé n’a conservé que le sens figuré *qui sia, mot d’origine gauloise (peut-être de la même
manque de cervelle, d’entendement: démison- racine que le grec de même sens homa) que
nable>. connaît toute la zone romane.
un autre verbe préf& DÉCERVELER v.tr. a eu + La cervoise, boisson fermentée bue dans l’An&
hfs.)le même sens que ÉCERVELER. avant de quité et par les Gaulois, connaît une grande vogue
sortir d’usage. Il a été repris plaisamment par au moyen âge, où l’on nomme par métonymie cer-
A. Jarry (1888) dans Ubu roi au sens concret initial voise les débits de cette boisson. Avec l’apparition
(la machine à décerveler). oLe mot comme son de la bière (voir ce mot). au xv’ s., le mot devient un
participe passé adjectivé DÉCERVELÉ. ÉE et son terme d’histoire.
~~~~~~DÉCERVELAGE n.m.n’estguère employé
que par référence à Jarry. CÉSARIENNE a@. et n. f. est tiré (av. 1585) de
CERVELLE n. f. (10801représente cerebella, pluriel César, surnom de la gens Julia en usage depuis le
neutre de cerebellum pris pour un féminin singw prêteur Setius Julius Caesar en 208 av. J.-C., pc@
lier. -Le mot désigne la substance du cerveau ; il par Caïw Julius Caesar, général et homme d’Etat
est d’abord synonyme de cewel (ci-dessus, cer- romain (101-44 av. J.-C.), nom pris ensuite par les
veau). y compris au sens figuré de *raison* (12231, empereurs romains en mémoire de Jules César.
mais se spécialise ensuite avec une connotation di- L’origine du surnom est contestée : les Latins le ra-
minutive péjorative (avoir une cervelle d’oiseau. au mènent soit à caesaries *chevelure (longue et abon-
négatif, tête sans cervelle. À la di%rence de cer- dante)--, soit à caesus, participe passé de caedere
veau et de cervelet, ce n’est pas un terme scienti- =tailler, coupern (+ césure, ciseau) en l’interprétant
fique; au concret, il ne s’emploie normalement qu’à comme -tiré du sein de sa mère par excisions, d’où
propos des animaux, notamment en cuisine (16901. la formation de césarienne Cependant, il s’agit là
0 vo,r CEavELAS.cF.awcAL. probablement d’une étymologie populaire. Caesar
peut être un mot étrusque. Le nom propre, devenu
CERVELAS n. m.. d’abord cervelat (1552, Ra- synonyme d’eempereurs, est passé en germanique
belais), est emprunté à l’italien cervellato-a (xv? S.I.
(gotique kaisar -+ kaiser) et de là en vieux slave ce-
adaptation de l’ancien milanais zervelada, à ratta- sari +zu-n (&+tsar).
cher à l’italien cervelle issu du latin cerebellum
l-cerveau). cette grosse saucisse courte étant à + Repris comme adjectif dans les manuels d’obsté-
l’origine faite de chair et de cervelle de porc. La trique de la Renaissance (De l’enfantement caesa-
substitution de la finale -as à -at s’explique par l’at- rien), le mot est entré dans section césarienne
traction de mots comme cadenas*. (161 l), opération césarienne. Par ellipse du substan-
tif, il a été substantivé lune césarienne1.
+Le mot désigne un gros saucisson cuit. oAu
xwf s.. il s’est dit, par analogie, d’un instrument de t C&ARI~ER v. tr., attesté au xwe s. au sens de
musique à vent. court et renflé (1845). .-agir comme Césars Cv.1590), a été reformé en obs-
tétrique pour -pratiquer une césarienne sur (une
CERVICAL, ALE, AUX dj. est un dérivé femme)= (mil. x? S.I.
savant (v. 1560, Paré) du radical du latin ce& =COU,
nuque>, mot dont les grammairiens recom- CESSER v. est issu (1050) du latin cessare, fré-
mandent l’usage au pluriel cewices, mais dont le quentatif de cedere au sens de -s’en aller, se reti-
singulier est fréquent. Par métonymie, la nuque r-cm (- céder), sign&mt à la fois =S’arrêter, se repo-
étant la partie du corps sur laquelle on porte des ser, rester inactif>, &rderr et <faire défaut*.
feeaux, le mot est employé dans la langue de +Les anciennes acceptions, héritées du latin, ont
l’Eglise pour traduire le grec trakhêlos =COU. disparu au xv? siècle. Le mot a conservé le sens de
CHAIRE ô88 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

donnant son nom à une couleur (18751. Très tôt l’instinct sexuel> (v. 1170)dépend lui aussi de l’héri-
(10801, chair s’oppose à esprit*, <ime*, sous l’in- tage culturelblblique. -CHARNELLEMENT adv.
fluence de la trxbtion chrétienne, et draine de (1130-11401 en est dérivé avec les mêmes valeurs
nombreuses réminiscences bibliques : lien de pa- pour traduire le latin chrétien camaliter de même
renté (1165, par allusion à l’expression chair de la sens. -CHARNALITÉ n.f. (fin xV-déb.~n’s.), du
chair, Genèse), et surtout condition terrestre de latin chrétien camalitas,
est sorti d’usage.
l’homme, dans une conception dévalorisante CHARNU. UE adj. est issu cv. 1200) du latin popu-
(6. matièrel. o Depuis le XI~s., le mot réfère à la laire Ocanutus, dérivé de caro, postulé par l’ancien
chair comestible des animaux, notamment des an- provençal camut (1350.14M)L l’italien camuto
maux à sang chaud interdits par l’Église en cer- (XIV~s.), l’espagnol cornudo [fin we s.l. -Le mot qua-
taines occasions (d’où l’opposition ancienne entre lifie ce qui est bien fourni de chair, musclé et, par
chair et poisson. et la locution ni chairnipoicson, au analogie, un fruit dont la pulpe est épaisse (15421.
figuré =sanscaractère~).Lacollisionformelle chair CHARNEUX. EUSE adj. est issu (v. 13141 du latin
(succédant à l’ancien français char par suite de camosus =de chair- FS.) ou dérivé de cham. Ce
l’hésitation entre ar ou er dans la prononciation de- mot de médecine Ancienne a été éliminé par
vant consonne) et chère* a entraîné la raréfaction charnu.
d’emploi du mot en ce sens au profit de ~ianàe* Il ÉCHARNER v tr. (XIV~s.) =déchamer~ s’est spécia-
subsiste dans chair à pâté, à saucisse. lisé techniquement pour l’opération qui consiste à
~Les dérivés drects sont formés sur l’ancienne nettoyer une peau de ses chairs en vue du cor-
fOmX? Cham. -CHARNAGE n.m. (v.1225) est un royage. -Le nom de cette opération, ÉCHAR-
terme religieux désignant la période pendant la- ~~~~n.m.ouÉ~~~~~~~~~~n.m.estemogis-
quelle 11est permis de manger de la viande. Malgré b-é en 1790 dans l’Encyclopédie méthodique.
son rapport avec carême, auquel il s’opposait, il est 0 voir CARNAGE. CARNASSIER CARNATION. CARNE. CAR
sorti d’usage. NWORE. CHARCUTIER. CHARNIER. CHAROGNE. INCARNER.
ACHARNER v. tr. est d’abord attesté au participe CHAIRE n. f., d’abord chaere (llCO-1150, peut-
passé ACHARNÉ, ÉE déjà (v. 1170) avec le sens fi- être XI” s.), résulte de l’évolution phonétique ré@-
guré *qui s’attaque violemment à (qqn, qqch 1~dont lière du latin cathedra. Lui-même est emprunté au
procèdent les sens voisins =attaché passionnément grec kathedra =Siège, banc, position assise, gîte,
à. (1240-1280) dans le domaine des sentiments et inactions, également ~~postérieur, base,,, en grec
=excité, irrlté= (14091.0 Le sens concret. plus tardif tardif =Chaire de professeur- et &-Ônes. Kathedra
et moios coumot apparaît dans le vocabulaire de est dérivé de hedra *siège. séjour, emplacements,
la vénerie en parlant de chiens auxquels on a parfois =falt de s’asseoir- et &nmobiliG, session
donné le goût de la chair (1352.13611et, pour le pro- d’une assemblée, partie du corps sw laquelle on
nominal s’acharner (13941, avec la même valeur s’assieds. Ce mot est une formation archaïque, sans
Cet emploi a vieilli, de même que le sens =gamir de correspondant dans les langues indoewopéennes.
chair, de viande= ~VI” s., Ronsard) pour le verbe ac- apparentée au verbe ezomai =s’asseoti, -rester
tif -Le substantif d’action ACHARNEMENT n. m. inactif,,, d’une racine “sed- de même sens, égale-
est enregistré par Cotgrave (16111dans sa double ment représentée en latin (+ seoir).
acception : les sens propres, en vénerie, cadion de + Le mot a désigné jusqu’au xvne s. un siège à dos-
donner le goût du sang aux chiens= et Naction de sier avant de céder ce sens à chaise*. Il a conservé
garnir de chair le leurre=, ne sont déjà plus attestés plus longtemps ce sens dans certains dialectes, no-
au-delà du xvne s., où s’emploie encore l’acception tamment de l’Ouest et du Centre. 0 Il s’est spécia-
dérivée, -ardeur d’un animal qui s’attache à sa lisé au sens de -siège honorifique>, désignant à la
proie= (16801.oLe sens figuré &reur au combat>, fois un trône (v. 11701,le siège de grands person-
(16111,d’où %nimosité opiniâtre= (16641,est de nos nages au moyen âge et à la Renaissance et le siège
jours le seul usage vivant du mot. o Il est réalisé en élevé d’où parle un professeur cv. 12781; par méto-
argot parla forme abrégée ACHAR. surtout dans nymie, ce dernier sens a donné celui de -charge
l’expression d’mtor et d’achat, d’achat et de vif d’un professey dans une université* (1680, chaire
*par forcen. de droit). -A l’Eglise, le mot désigne la tribune d’où
DÉCHARNER v. tr. en revanche, d’abord au parti- les prêtres et les prédicateurs prennent la parole
cipe passé descarné (v. 12COl puis à l’iniinitif Cv.1460, chaire de vérité) et, avec le même déve-
(v. 12801,est surtout employé au sens propre -dé- loppement métonymique, la charge de prédicateur
garnir de chairn avec l’idée de <maigreur extrêmes. et, dans certains emplois, la prédication (1694, élo-
Le sens figuré *enlever toute étoffe, toute ampleur- quence de la chaire).
(1671) concerne surtout la qualikation d’un style 0 Yor CATHÉDRALE. CHAISE.
littéraire. ODÉCHARNEMENT mm., dérivé tardif
(18451,exprime l’état de ce qui est décharné. CHAISE n.f.. d’abord chaeze (1420; peut-être
CHARNEL, ELLE adj. est issu (v. 9801du latin chré- 1380 selon F. e. w.1, résulte de chaire* par assibila-
tien camalis =de la chair, corporel, physique* (Ter- tien (transformation en une sifIlante dialectale du r
tullienl. spécialement -des sens» (par opposition à inter-vocalique, phénomène localisé au centre et au
spiritalis), =impun (saint Jérôme). Il est dérivé de sud-est du domaine d’oïl, perceptible à Paris au
caro. -Le mot qualiie ce qw est de chair, se rap- xve s. (on disait alors pèze pour père) et maintenu
porte à la chair, spécialement dans sa signifxation exceptionnellement (+ bésicle pour béricle).
religieuse “qui appartient au domaine de la ma- +Les deux mots, chaire et chaise, ont coexisté
tière, des instinctsn (v. 980). Le sens spécial Krelatifà jusqu’au xvucs. pour désigner les mêmes objets
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHAHUTER
+ Le mot désigne un animal carnivore (en Afrique, est emprunté au turc +XX& ‘croupe d’un animale
en Orient), se nourrissant surtout de cadavres, et désignant par métonymie la peau.
au figuré un homme au comportement sournois et + Le mot, seul et surtout dans peau de chagrin, dé-
impitoyable. signe une espèce de cuir grenu, pl-éparé avec la
peau de la croupe du mulet ou de l’âne, du cheval,
CHACONNE n. f. est emprunté, sous la forme et utilisée en maroquinerie de luxe et en reliure.
chacow (16191 à l’espagnol chacone (15921, nom o Peau de chagrin est passé dans l’usage fse réhé-
d’une danse populaire à trois temps, très animée et cif-, diminuer comme une peau de chagrins par allu-
accompagnée de castagnettes, souvent tenue pour sion au roman de Balzac la Peau de chagrin (1831).
originaire du Mexique mais en fait européenne, et La mythologie balzacienne de la peau qui rétrécit a
probablement venue du Portugal, où chacota est pu rencontrer des valeurs latentes dans chagrin,
ancien. Le mot reposerait sur l’onomatopée tchak chagriner’ (6. dans les dialectes se regrigner ‘se ri-
imitant le bruit des castagnettes. der, se réduire par dessiccatiom, *froncer, rider-l.
4 La danse populaire a évolué au xwr s. en danse
de cour au tempo plus lent et c’est pour désigner CHAGRINER v. tr. attesté depuis 1424 est,
celle-ci, très en vogue aux XVII~et xv& s., que le mot comme l’indique la forme chagr&er au XVI~~.,
s’est répandu en français et dans d’autres langues. composé sur I’ancien verbe gr%gner ti xae s.1sprin-
Par métonymie, Il inclut l’air sur lequel on danse la ter des dents, faire la grimace, être maussades. Ce
chaconne (1674) et se rapporte à la pièce instru- verbe, bien implanté dans les dialectes et repris au
mentale ou vocale inspirée de cette danse. Compo- me s. avec des sens techniques *se crisper (d’une
sée pour elle-même ou intégrée dans une suite(de étoffe)>, =se refuser à la division des labours (d’une
danses) ou une partita, la chaconne figure dans les terre fortelm, est d’origine germanique. Il est issu du
ballets du temps de Louis XIII, les opéras de Lully; francique O.@nan, correspondant à l’ancien haut
sa structure kriations sur un thème de quatre allemand grennan (moyen haut allemand grennenl,
mesures répété à la basse) a inspiré Rameau (Dar- ancien norrois grenja, vieil anglais grennian (an-
&nu.~~, Bach, puis Beethoven et Brahms. glais togrin). Ces mots se rattachent à un verbe
germanique “granjccn, peut-être apparenté à
o> CHACUN, UNE pron. indéf.. d’abord cascune “granâ <moustaches. La syllabe initiale cha- est obs-
(v. 1050) puis chacun kn’s.1, est issu du latin popu- cure : si elle représente chat*,chagriner signifierait
laire casctkum, issu par croisement de quisqw proprement : *se lamenter comme les chats* (à po-
kuw.G *chaque (unl~, de quisque, du groupe de quis ser en parallèle à l’allemand Katzenjammer -ma-
b qui), et de catinum, contraction de lunus) tata laise causé par l’excès de boissons, de Katz =Chat=.
unum, littéralement aun à unm. Cattinum, formé de et katzbdgen *se battre comme les chat&.
tata emprunté au grec kata(k+ catastrophe) et de + Le mot est d’abord attesté à la forme pronominale
unus (-ml, a donné cadhun Ws.1, chaün, sup- se chagriner, puis transitivement (15391.L’étymolo-
planté par chacun. gie proposée permettrait d’expliquer pourquoi il a
+Le mot est employé comme adjectif jusqu’au concerné jusqu’au ~V?S. à la fois un état de tris-
XVII~s. (1666, La Fontaine). avant d’être condamné tesse et un état de mauvaise humeur (avec les va-
par Vaugelas et définitivement remplacé par leurs =importunep, *se fâcher& De nos jours, lava-
chaque. Il conserve sa fonction de pronom (10601. leur de <rendre tristes. liée à chagrin, l’a emporté.
oDe ses anciens emplois ne demeurent que les w 0 CHAGRIN, INE adj., probablement déverbal
expressions ch- avec sa chacune (av. 1250) et (1369) de chagriner malgré le léger hiatus chrono-
tout un chacun, archaïsmes passés dans la langue logique, qualifie la personne qui ressent une peine
familière. avec amertume. Curieusement, il se maintient
~CHAQUE adj. indéf., d’abord écrit chasque mieux au sens de ~grognon. contrari& dans le style
Cv.11761,est dérivé de chacun par analogie avec littéraire lun esprit chagrins. -Le mot est substan-
quelqudquelqu’un. Il devient usuel au xv” s., se tivé (le chagrin, 14501,recouvrant un état de tris-
substituant progressivement à chacun, adjectif Il tesse profonde mêlée d’amertume et, autrefois
tend à usurper la place de chacun dans un emploi également, de =méchsnceté, rudesse> (v. 15411.<en-
irrégulier de la langue commerciale (vingt fmncs nui, lassitude> Iv. 15411,encore en langue classique.
chaqud, condamné par les puristes. Seule la première valeur a persisté.
CHACUNIÈRE n. f. s’emploie plaisamment par at- 0 vair a CHAGRIN.
chtime littéraire, toujours en relation avec cha-
cun ou chaque, dans des locutions comme chacun CHAHUTER v. tr., attesté tardivement (18211, @
s’en va dam sa chaamière (1532, Rabelais) <chez est d’origine obscure, peut-être expressive et dia-
soin. lectale (les dialectes du Centre possèdent un ca-
huer shuem, cahukr, cahuter -crier de douleur- en
CHAFOUIN, INE + FOUINE parlant du chien). Le second élément serait une
modification de huer*, sous l’iniluence de verbes de
0 CHAGRIN + CHAGRINER type bahuter*; le premier proviendrait d’un rap-
prochement avec chat*-huant: en effet, toujours
0 CHAGRIN n. m. est l’altération (16551, sous dans le Centre, chavouner -littéralement simiter
l’influence de 0 chagrin (de chagriner*) de sagrin, le cri du chat-huant (en se servant d’un appeau
attesté de manière isolée dans peau de sagrin (fin nommé chavonb- signifie ~proférer des cris
XVI’ s.), également chagmin au XVII~siècle. Le mot contre une personne qui fuit. huera et chahuamer
CHALEUR 690 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le mot désigne d’abord l’habitation du personnel in HXlerl, puis challenge cup (1876). elliptiquement
d’un alpage en Suisse puis également en France challenge (18841,est emprunté à l’anglais challenge
(1723). Il est popularisé par La Nouvelle Hélotie de dans sa spécialisation sportive, alors associé à cup,
Rousseau (17611et, par extension, désigne un type mot de même origine que le français coupe*. CM-
d’habitation champêtre (18331.notamment typique lenge, anciennement ~accusation= km” s.1,puis =rf-
de la région alpine. Au Canada, il se dit d’une mai- cusatiow et +xnmation= en droit, et -défi>, est em-
son de campagne au bord d’un lac, d’une rivière. prunté kou5 les formes calenge, chalengel à
o Il désigne également de petits abris de plage et, l’anaen français calenge, chaknge <accusation*
par euphémisme, d’anciennes toilettes publiques Ws.1 et =défi. (x1~s.1, lequel est dérivé du verbe
(chalet de nécessité, d’aisance, 1884). chalengier, ancien représentant, disparu au xv? s.,
du latin calumniare (+ calomnie).
CHALEUR n. f., d’abord chalur (v. 11201,est issu
du latin calor (à l’accusatif caloreml -chaleur (au 4 Cet anglicisme a donc réintroduit un mot d’an-
physique et au morall~, mot roman et celtique dé- cien francais, avec une spécialisation sportive, pour
rivé de calere <<êtrechaud, ardents, verbe qui est à Gpreuve dans laquelle le vainqueur obtient un
l’origine de l’ancien chaloir (-chaland). prix, un titre, jusqu’à ce qu’un vainqueur nouveau
l’en dépossèden et “prix de cette épreuve*. Il s’est
+ Chaleur et chaud* s’opposent de manière dissy-
répandu avec le sens général de *défi*, au fi@.
métrique à froid*. Le premier désigne l’état d’une
matière à température élevée et la sensation de bCHALLENGER n.m. est emprunté (1896) à l’an-
chaud (1220); les chaleurs désignant (1606) le mo- glais challenger ~accusatew (XIII” s.1,puis =celui qui
ment de l’armée où il fait chaud. 0 Depuis le XIV~s. lance un défi. (xv? s 1. Le mot, qui renoue à plu-
(1387-1391) il se réfère spécialement. de manière sieurs siècles de distance avec l’ancien français
métonymique, à la saison des amours chez les ani- chalengeur, doublet de calomniateur, appartient
maux et à l’état des animaux en rut (1561, en cha- surtout au vocabulaire des journalistes sportifs et
leur. oSon sens figuré de witalité, ardeurn (1549) (1964) politiques. Il peut être kancisé en challen-
pouvait, à l’époque classique, se rapporter à des geur. -Challenger v. tr. (19151,francisation de l’an-
passions violentes kxnportement, haine); de nos glais to challenge, reprend, après quatre siècles,
jours, il induit plutôt une mamfestation d’affection l’ancien français chalengier; cependant, il est
kf chaleureuxl. Il s’est spécialement employé en moins usité que les autres mots de la même série.
art (1779, chaleur d’exécution). oLe concept scien-
tifique s’est précisé à partir du XVII~et du XVII? s. Il CHALOIR +OCHALAND
donne lieu à des précisions : chaleur latente, cha-
leur spécifique (1789). CHALOUPE n. f., d’abord chcdoppe (15221puis
t CHALEUREUX, EUSE adj., après une première chaloupe Lwes.), est d’origine controversée. Une
attestation au sens figuré (paroles chaleureuses, première hypothèse en fait un emploi figuré du
13981,est employé en moyen français comme qua& dialectal chcdope (moyen français chaloppe, attesté
ficatif d’un temps chaud (v. 1360, saison callereuse; 16781=coquille de noix> issu par abrègement (aphé-
fin xv” s., temps chaleureux). 0 Le sens figuré a défi- rèse) de l’ancien français “eschabpe (12241 de
nitivement supplanté le sens propre au xv? siècle. même sens, formé sur eschale (-écale) avec la fi-
CHALEUREUSEMENT adv., d’abord chaloureuse- nale de enveloppe? Une seconde hypothèse, moins
ment Cv.1360). employé en moyen français au sens probable, en fait un emprunt au néerlandais sloep
actuel de *précipitamment~, a mis longtemps à =embarcation* de sluipen -glisser% Cette hypothèse
s’imposer; qualifié de *vieillin par le dictionnaire de se heurte au caractère tardif du mot néerlandais
Trévoux (17711,il a été remis en usage au xrxesiècle. (15981 et à l’origine française de la plupart des
termes germaniques de la série: allemand Cha-
CHÂLIT n. m., d’abord chiielit [1160). puis chae- loupe (16481, anglais shallop (15781. Le rapport du
lit (11741et châlit (17401,est issu du latin populaire mot français avec l’ancien gascon calup est obscur
“catakctus. Celui-ci serait, plutôt que le composé et, s’il existe, excluerait un emprunt au néerlan-
de tata (du grec hata -de haut en bas= +cata- dais.
strophe et de lectus + lit). le résultat du croisement + Le mot désigne une petite embarcation plate au
de catasta ~estrade exposant les esclaves àvendre~ service d’un navire. Le mot est plus courant au
et =lit de supplice, sorte de gril= avec le même lec- Québec, où il peut désigner toute barque. ~Par
tus.Ce catasta est lti~même soit un hybride gréco- analogie avec le mouvement de celle-ci, il a pris en
latin de kataet &a, de stare *se tenir- (+ station),
argot le sens figuré de =danse échevelée> (1845);
soit l’emprunt du grec katastasis, de kata et stasis
6. ci-dessous chalouper et chaloupé.
(+ stase).
+Le mot, dont seul l’élément -lit est encore b CHALOUPIER n. m. (1828-18291 est d’abord un
compris, est un terme technique ayant désigné le terme de l’argot du bagne ayant désigné un forçat
lit de parade d’un mort, avant d’être supplanté par chargé de faire la toilette des nouveaux venus,
catafalque, et appliqué par suite à un bois de lit peut-être parce que ces hommes étaient choisis
(11741 Il était archaïque au xvnes., comme le re- parmi ceux qui étaient affectés aux chaloupes. De-
marque Richelet en 1680, mais a été repris, notam puis 1838, il s’emploie avec le sens normal de =ma-
ment dans le contexte militaire. telot de chaloupes.
CHALOUPER v.intr. (1858) procède de ChdOupt?
CHALLENGE n. m., me première fois sous la nom de danse, pour exprimer le fait de danser la
forme francisée et composée challinge-coupe (1857 chaloupe et, par extension et retour au sens propre
CHAIR
Carne, acharnement, charcuterie

portugais
carne

carnassier

carnassière

racine
indoeuropéenne
“(S)KER-
«ce que l’on détache,
coupe u
r L-
carnagione

incarnat0
~

~
carnation

incarnat

latin
caro, carnis carnage
1. morceau de viande
2.ch.W achyner
3. pulpe (d’un fruit)
acharnement
.” charn
B
m ~~ décharner
*
5 décharnement
n char
chair
écharner

L chair cuite, chaircuttier ~ charcuytier ------charcutier

l charcuter

carn- : carné
C-R DICTIONNAIRE HISTORIQUE

MANISTB adj. et n. (x366), d’où CHAMANISTIQUE manique est formé sur kamara, adaptation du latin
adj. (19361, sont assez usuels, CHAMANIQUE adj. camera (+caméra, chambre), les Germains ne
(19571 et CHAMANISER v. tr. (19721,didactiques et semblant pas avoir connu la division de l’habitation
rares. en pièces et n’ayant pas eu à leur disposition de
terme équivalent. Le s&e -IvZg, commun aux
CHAMARRER v. tr., attesté au XV?~. (1557; langues germaniques, sert à former des noms de
voire 1530, selon F. e. w.), est dérivé du substantlffé- personnes; il sigmiîe wmcernées parn. En tout cas,
minin CHAMARRE, d’abord samarre (14471 puis un emprunt du fi-ançais ou du latin médiéval à la
charnarre (1490). Ce mot désigne un ample vête- cour des rois fixncs est plus probable qu’un em-
ment porté aux xv” et xwe s., confectionné avec des prunt antérieur au germanique (avant le v” s.) à tra-
bandes de tissus alternés, et bordé de galons. Par vers la langue des esclaves.
extension, il désigne un ornement destiné à enr- +Le mot désigne le gentilhomme de la cour qui as-
chu un vêtement. Il est emprunté à l’espagnol za- surait le service de la chambre d’un prince, le
marra wêtement de berger en peau de mouton* grand chambellan se rapportant au plus élevé en
Cv. 13301, du basque de même sens zammar, za- dignité, chargé du service de la chambre d’un roi
marra également =toison de moutow ou de son ou d’un empereur. Ultérieurement, il est appliqué
correspondant ibérique. L’or@me de ces types est à un dignitaire de l’administration royale ou ponti-
mal éclaircie : un emprunt au turc samur =zlbeline* ficale.
ou à l’arabe sammur (vraisemblable géographique-
. CHAMBELLAGE n. m., précédé par le latin mé-
ment) est peu probable des points de vue phoné-
diéval chamberlagium (1370) et lui-même sous la
tique (passage du u au a) et sémantique, les plus
forme cambrezage (1387) avant chanbellage [1412),
anciennes formes romanes désignant un vêtement
recouvre, en termes de féodalité, le droit en argent
de berger grossier et non une peau précieuse.
versé par les vassaux au chambellan d’un seigneur
4 Charnarrer est un verbe d’habillement s@6ant ou d’un roi lors de la prestation d’hommage. De-
srehausser d’ornements somptueuxn. Son exten- puis l’ordonnance de Philippe III en 1272, tout vas-
sion péjorative =Surcharger d’ornements de mau- sal du roi décédé devait, en faisant hommage à son
vals goût, criards, a pris de l’importance, donnant successeur, acquitter une certaine somme au
le sens figuré de *gâter par une surcharge d’orne- grand chambellan de France et autres chambel-
ments hétéroclites> lans du mi. -On rencontre chez Stendhal le dérivé
. Outre le participe passé adjectivé CHA- CHAMBELLANISME n. m. (1800.1842) à propos
MARRÉ, ÉE adj., charnarrer a produit CHAMAR- d’un genre littéraire selon lequel un familier
RURE n. f. (1595) et, ultérieurement, le substantif consigne par écrit les conversations qu’il a eues
d’action CHAMARRAGE n. m. (1828), peu usité. avec un grand homme (par exemple Eckermann et
0 “or SIMARRE. Goethe). Le mot n’a pas vé<Ju.
0 vair CAMERLINGUE.
CHAMBARDER Y. tr. est l’altération (1881) de
chamberder, chamberter (18471 d’origine obscure. CHAMBOULER v., attesté au début du xc? s.
L’hypothèse que proposent Bloch et Wwtburg (1807l, est d’origine douteuse : c’est un mot d’ori-
d’une formation à partir des termes dialectaux gine dialectale (mosellan et meusien), composé
chambe (pour jambe? ou 0 chant =Côté>avec bar- pour le second élément du verbe bouler*. Pour le
der* -gIisse~, n’est pas sûre. L’étymologie ancienne premier, on peut penser à 0 chant* *face étroite
de champatiir <<jouir du droit de champart>, de d’un oblets ou à un croisement avec chanceler*
champart (+ champ), qui a pu signifier mendomma- (- chambranlel. En revanche, les hypothèses le rat-
ger- n’est pas étayée. Par ailleurs la forme cham- tachant au latin gamba ou au franco-provençal
berter n’est pas prise en compte. chambe -jambe> (+ chambarder) se heurtent au fait
6 Le mot se serait introduit par l’argot des marins qu’au lorrain jambe correspond déjà le dérivé jam-
pour cbriser, renverser, abattren. De là, il s’est ré- bouler.
pandu dans le langage familier avec le sens de +Si le sens de -chanceler, tituber comme un
smettre sens dessus dessousn (18811, dans un homme ivrem est premier comme l’indique la chro-
contexte concret, puis abstrait (1901). nologie des attestations, l’emploi transitif pour
w En Sont dérivés CHAMBARDEMENT n. m. (1855, ~bouleverser, mettre sens dessus dessous+ (19151,
argot militaire; puis 1881, en politique). son syno- au propre et au figuré (19161, semble dû à l’in-
nyme CHAMBARD n. m. (1888 dans l’argot de Poly- fluence de chambarder.
technique au sens de =Chahuts) et CHAMBAR- t En est dérivé CHAMBOULEMENT n. m. (xx” s.l.
DEUR. EUSE n. et adj. (1886).
0 voir CHAMBOULER. CHAMBRANLE n. m., d’abord chambranUe
(13891puis chambranle (15181.est l’altération, sous
CHAMBELLAN n. m. est l’aboutissement l’influence de branler*, de l’ancien chambranle
(15591, par les formes cambrelenc Cv.10501, cham- (1313). Ce mot est issu du latin cameranàus, géron-
berlent (1150-l 1701, chamberlan En me s.l. chambel- dif substantivé de camerare =construire en forme
lanc (12211,chambellan (12851,du francique “hamer- de voûte>. lui-même de camera (+ chambre). L’hy-
ling, proprement =Personnage préposé au service pothèse d’une altération du moyen français cham-
de la chambren, reconstitué d’après l’ancien haut bril alattis, lambrw, du latin camerare, fait dif&ulté
allemand kamarling C- camerlingue). Le mot ger- des points de vue phonétique, car il ne peut expli-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHALET
avant que chaise ne serve pour les sièges d’usage cle. Il a été repris au sens de &luence d’amateurs,
courant, cela après que l’expression chaise à bras de clients> (15661,lui aussi disparu au xwr”siècle.
ne s’efface devant fauteuil*, et que la chaise perde oLe sens commercial moderne =ensemble
lïmportance qu’elle avait dans l’étiquette au xw’ s. d’achats effectués par une population en un point
(étant réservée aux princes du sang1 et qu’elle ne précisé h-nil. & s.1est demeuré technique.
remplace, à l’instigation de Richelieu, le banc à 0 voir ACHALANnC.NONCM.
table. le mot a fourni la locution êh-e entre deux
chaises ( 1845; depuis avec des variantes familièreSI. CHALCO- est l’élément de composition tiré du
-Plusiews syntagmes désignent des sièges très grec khalko-, de ktikos =Cuivre~ (encore en grec
d%rents par la forme ou la fonction de la chaise moderne), *bronze= et, par métonymie, *armes ou
proprement dite. Ainsi chaise portative (1556) puis instruments en bronze*, -monnaie de cuivre>, =ta-
chaise à porteurs (1690, à porteur), chaise roulante blette en bronzes. L’étymologie du mot est obscure :
(16681, véhicules appelés aussi chaise en fixnçais la technique de l’utilisation du cuivre et de la fabri-
classique: chaise percée (14701et, pour des sièges cation du bronze, alliage de cuivre et d’étain, re-
normaux, chaise longue (1710) désignation d’un monte très haut dans le bassin égéen et doit avoir
siège individuel pour s’étendre, répandue avec la une origine proche-orientale en liaison partielle
vogue des loisirs balnéaires lxx” s.) pour désigner avec Chypre (nommée Alasia à haute époque) et
un fauteuil de toile pliant, ou encore chaise ber- ses mines de cuivre. La dénomination commune au
pnte Kkmdal, équivalent français de rocking- cuivre et au bronze se retrouve dans le groupe par-
chair. tiellement indoeuropéen knais non attestée en
t CHAISIER, IÈRE n. 11781)a désigné un loueur de grec) du latin ais (-airain). sanskrit dyas, gotique
chaises à porteurs et, au féminin (18381, désigne aiz. On a cherché à rapprocher kha.Uzos de quel-
celle qui loue des chaises dans un lieu public ques noms du fer comme le russe iekko, le litua-
(église, parc). Il désigne aussi un fabricant de nien gekiis. On a aussi songé à une notion fonda-
chaises (1820). mentale de couleur rouge en rapprochant kalkhi
anu-ex. pourpre>. Enfin on a évoqué un emprunt
0 CHALAND I-I.m., d’abord caland (10801puis d’une langue orientale non déterminée, araméen.
chaland Cv.11601. est emprunté au grec byzantin sumérien ou phénicien.
khelandion (Me-Y s.) à une époque où la marine by- w Chalco- est d’abord entré dans la formation de
zantine était toute puissante en Méditerranée. CHALCOGRAPHIE n. f., mot attesté en 1617 sous
+Le mot désigne un grand bateau plat pour le la forme calcogrophie, au sens large de “gravure
transport des marchandises. sur métab et surtout employé par métonymie au
sens de =local où l’on grave et imprime ces gra-
.CHALANDAGE n.m., dérivé tardif (1933). dé-
vures=, <collection de planches gravéesm (1868).
signe le transport par chalands. Il a été fait sur le Ol?n sont tirés CHALCOGRAPHE n. kwfS.) et
modèle de halage, remorquage, mais il n’existe pas
CHALCOGRAPHIQUE adj. kvm"s.). -Avec le
de verbe correspondant. sens de =Cuivre= et, plus rarement, de %x%al*, il
Q CHALAND, ANDE n., d’abord écrit cha- entre dans quelques termes de minéralogie :
lant 111741, chaulant (1250-13001, chalan kwe s.1, CHALCOPYRITE n. f. (17531, CHALC~SINE n. f.
comme la variante coulant (XIII~s.), est le participe (18321,CHALCOLITE n.f. (16321; CHALCOGkNES
présent substantivé de l’ancien verbe impersonnel n. m. pl., terme de chimie proposé en 1940 et admis
CHALOIR, fort ancien Ws., chielt -il importe>) en 1957 pour désigner les éléments de la 6e colonne
vieilli après 1690 et conservé dans l’expression dé- du tableau périodique.
suète peu me lm’enl chaut *peu m’importe= et in- CHÂLE n. m. Cet emprunt à l’hindl de même
directement dans nonchalant. Issu du latin cake sens, shal, d’origine persane, s’est 6xé sous sa gra-
&re chaud= (+ chaud), il a pris le sens figuré de phie actuelle (1670) après avoir été transcrit C~~OU
#être sur des Chat%ons, s’inquiétera. d’où slmpor- (16631,sciai (16651,schah (17911,emplois isolés, puis
ter-. La forme actuelle chaland s’explique par subs- schm.4 (17931 sous l’influence de l’anglais schawl
titution du suiTïxe -anà. (16621, qui a contribué à répandre le mot dans la
* Sign&mt strictement ‘celui qui s’inquiète pour, première moitié du XIY siècle.
qui trouve intérêt b. le mot a eu en ancien Jiançais 4 Le mot. d’abord terme exotique de relation, entre
le sens d’=ami protectew, d’où ~compagnon, ami* dans l’usage courant comme anglicisme de mode
(1250-13001, voire wnourew* 11771). Il désignait au début du x& s. (surtout écrit schall; châle l’em-
également le compagnon exerçant le même métier porte après 1860).L’allusion, obligatoire au début, à
qu’un autre ti XIII~s.) et la personne charitable fai- un style décoratif oriental d’inspiration persane,
sant des dons en espèces ou en nature kwes.l. s’est peu à peu affaiblie.
0 Cette polysémie s’est résolue à un seul sens :
*personne qui achète habituellement chez le CHALET n. m. est un mot ori@naire de Suisse
même marchand, (1548. Rabelais avec le double romande comme le montre la localisation de ses
sens de <coquin= et =Client*). Le mot tend à vieillir, premières attestations sous les formes chaletus, la-
d’autant que le composé achakmdk* n’est plus tinisée (1328, Vaud). chalek (pluriel 1379, Valaisl et
compris. chaslet (1408, Fribourg). Il se rattache à la base pré-
c CHALAND~~E n. f. (1267) *entente, accointances indoeuropéenne “cala slieu abrité=, ‘abri de mon-
est sorti d’usage dans la seconde moitié du XI? siè- tagnes (- calanque, cale). avec s&e -ittu.
CHAhJOIS 694 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nwau femelle. -CHAMELIER Il. m. cv. 1430) est ristiques (aux champs, le rat des champs, par aUu-
probabkxnent emprunté au bas latin camelari~cs sion à la fable de La Fontaine). 0 De nombreux em-
wmducteur d’une caravane, chargé du soin des plois modernes réalisent l’idée plus générale d’une
chameau-, de camelw. -CHAMELON n. m. étendue plate à usage déterminé, notamment en
(1845) ou charnelet (1877) désigne le petit du cha- syntagmes (champ de foi&, héritant aussi des an-
meau ou du dromadaire. ciens sens militaires du mot khamp de mines, de
CAMÉLIDÉS n. m. pl., terme de classfication zoo- tir). -Le sens &uré s’est développé à partir du
logique (18671 -famille de mammifères à laquelle xwe s., à la fois en locutions hu-le-champ, 1538; à
appartient le chameau-, est formé sur le radical du tout bout de champ, 1611 sous une forme Iégère-
latin camelus. ment différente) et en emploi autonome au sens de
*domaine d’actiow. Ce dernier a reçu en technique
CHAMOIS n. m., d’abord camais (1164-1174) l’acception restreinte de =Secteur déIimit& réa&
puis chamois (1220-12301.est issu, parle bas latin de sée dès le XIII~s. en héraldique et qui a fait fortune
Gaule camox (attesté au v’s.1 d’un préroman “ha- en optique (17531,désignant à la fols le secteur dont
m6ke, mot essentiellement alpestre désignant cet tous les points sont vus dans on instrument, la por-
animal. Les formes Iatinisées du domaine franco- tion dïmage enregistrée par l’ceil Ichamp visueU
provençal chamosius (1272 en Savoie), chamessius ou, récemment, par la caméra (1911; d’où hors-
(1389-1390, à Chamonix), le latin médiéval chamos champ, contrechamp, 1929).0 Au ~OUISdu xxe s.. le
(Cognomen, Hautes Alpes 11351,l’ancien dauphi- mot est entré dans d’autres vocabulaires scienti-
nois chamos, l’ancien provençal chamos (av. 12441 fiques: anatomie, physique avec champ magné-
remonteraient à on type “kamüsso. tique (18541,élechique (18811,champ de force (18811.
+D’abord attesté au sens métonymique d’xobjet en etc., mathématiques, linguistique avec champ sé-
peau de chamois*, le mot est en lixnçais moderne manmue traduit de l’allemand Fend lJ.Trier).
exclusivement le nom de l’animal, et l’usage est champ lexical. sociologie, etc.
tenu de préciser peau de chamois (1387) là où la .Champ a produit directement CHAMP~ ou
langue classique, par métonymie, disait un cha- CHAMP~S, ISE n. (1390). =eofant trouvé dans les
mois (v. 1610). Par métonymie, il désigne une cou- champs*, mot sorti de l’usage général après le
leur jaune clair rappelant la robe de l’animal (1690) xvf s. et qui n’a survécu que dans les parlers régio-
et s’emploie comme adjectif (1818, gilet chamois). naux, notamment du Beny (G. Sand, François le
~L’agilité de l’animal sur les pentes monta- Champil. -L’emploi de champ en héraldique a
gneuses a fait donner ce nom (19331à une épreuve produit CHAMP& ÉE adj. (1611, champé d’azur),
de ski. mot rare, et CHAMPLEVÉ adj. (1877) qui est Ie par-
t CHAMOISER v. tr., d’abord chamoissier (1165. ticipe passé de l’ancien verbe champlever (17531,
1170) puis camoisser (1393) en ancien et moyen composé de champ et lever* -enlever+ Ce mot dé-
français, a eu le sens de ~meurtrierx qui procède signe un procédé d’incrustation des émaux et, par
du sens technique de -apprêter une peau de cha- métonymie (un champlevé, n. m.), une pierre
mois> (1393, mais antérieur-1 par allusion aux opéra- émailIée par ce procédé (1907). -Par Iïntermé-
tions effectuées (cf. carder le poil, etc.). -11 a été re- diaire d’un préfixé verbal, échampir peu usité,
pris sous sa forme moderne (1780) avec ce sens champ a aussi donné RÉCHAMPIR ou RECHAM-
technique, produisant CHAMOISEUR n. m. (17231, PIR v. tr. (1676), mot technique exprimant Ie fait de
CHAMOISERIE n. f. (1723) et CHAMOISAGE n. m. détacher du fond (du champ) des moulures, des or-
(1866). 0CHAMOISINE n.f. (1952) est un terme nements et, par extension, orner par ce procédé.
récent désignant un petit torchon de flanelle duve- o Le vez%e a lui-même donné RÉcHAMPISSAGE
teux de couleur jaune servant à l’entretien des ou RECHAMPISSAGE n. m. (1692) -action de ré-
meubles vernis et carrosseries automobiles. champirn et =résultat de cette action>.
CHAMPÊTRE adj., d’abord champeshe (XI~s.), est
CHAMP n. m., d’abord camp (1080) à côté de issu de l’adjectiflatin campester =de plaine>, aqui se
champ (1080). est issu du latii campus, (-camp. trouve. vit dans la plaine, à la campagnen. de cam-
campagne), mot probablement autochtone (d’une pus. Le mot qualifie ce qui se rapporte aux champs,
ancienne langue d’Italie?) désignant originelle- qui habite ou vit à la campagne (1267-1268). et si@
ment la plaine, par opposition à molz~ *la mon- fie aussi -qui a pour cadre la campagne- (1567) d’où
tagnes. Cédant ce sens géographique au mot plana =qui l’évoques (1690, airs champesties). Il a reçu une
(-+plainel, il s’est spécialisé aux sens de =Plaine acception spéciale en mythologie (1544, dieux
cultivéen, ~terrain d’opérations militaires~, sdo- ckampestres) et en langage sdministrat~, notam
maine d’action% (au propre et au figuré) et -cam ment dans le composé garde champêtre (18191.
pagnes, par opposition à urbs -laville*, tous sens re- CHAMPART n. m. est ‘?!mpIUIté (1270) &u latin mé-
pris par le français. diéval campatium (1032-10351, composé du latin
6 Le mot est passé en français pour désigner une campus <champ= et de pars (+ part). Ce terme de
étendue de terrain propre à la culture et une éten’ droit féodal désigne la part du produit des champs
due propre au combat, seul puis dans le syntagme due par le paysan tenancier au seigneur possédant
déterminé champ de la batame (av. 1283) contracté la terre. 0 Devenu terme historique depuis l’aboli-
en champ de bataille b~~"s.1. -Au sens de «cam tion des droits féodaux, il est passé en agriculture à
pagne8 (XIII~~.), lentement concurrencé par cam- propos du mélange de céréales semées ensemble
il est surtout employé au pluriel (les pour la nourriture des animaux (1866).
champs, 1539) et dans quelques syntagmes caracté- 0 voir CHAMPAGNE. CHAMPION.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 691 ClkIAMAN
du substantif de tanguer conxne une chaloupe en tugais charna&, de même sens et de même
mer. -Son participe passéCHALOUPÉ, ÉE est ad- origine, est moins satisfaisante historiquement,
jectivé (1907,valse chaloupéel et, elliptiquement, étant donné le grand nombre de termes militaires
substantivé an féminin comme appellation d’une repris à l’italien par le français.
danse,valse ou cancan (19101,chaloupe au sens de 4 Ce mot, qui n’est plus guère employé que dans
*danse*étant sorti d’usage. l’expression b&re la chamade au figuré (xYs.l
*bai& très fort> (du cœnrl, appartient orlginelle-
o> CHALUMEAU n.m., d’abord ckdemel ment an vocabulaire militaire où il désigneune bat-
(v. 1IZO),est issu du bas latin calamellw, diminutif terie de tambour et une sonnerie de trompettes an-
de ca2amu.s*roseau>(+ calamel, lequel a désigné nonçant le désir de parlementer.
égalementla branche creuse d’un candélabreWL&
gate), un pipeau W s.l. une pipette pour le vin eu- CHAMAILLER v. tr. et pron., attesté au début
charistique. du xrv”s. (1307-13151, résulte très probablement du
4 En français, le sens initial de =roseaw a été éli- croisement de deux anciens verbes de sensvoisin
miné par des spécialisationsdu latin calamus, no- Le premier est clapier (1080)<tailler en pièces,
tamment en musique où il désigne une flûte de ber- frapper en combattants, issu d’un latin “cappdare,
ger (1165-11701, le tube sonore de la musette (1680) =coupep dérivé de “cappare, lui-même de ‘cappo
et, par métonymie, le registre grave de la clarinette (+ chapon).Le second est maillier (v. 1175)*donner
(1832).-Par analogie, le mot désigne un tuyau de des COU~S~. de mail*.
métal destiné à canaliser les vapeurs d’un parfum +Ce verbe familier, d’abord utilisé en contexte
(v. 11601,à aspirer le vin (15301,spécialement dans guerrier en construction intransitive. puis transi-
un usageliturgique (16251, et le tuyau servant à diri- tive et pronominale (15401,est passé sous cette
ger un souffle d’air sur une flamme pour la rendre forme dans l’usage commun pour -se disputer au
plus intense (16801,de nos jours à produire une sujet de futilités> (1694;1690,en construction abso-
flamme d’une température élevée à l’aide d’un jet luel.
de gaz k&alumeau oxhydrique). 0 Le sens de spe- t CHAMAILLIS n. m. (1541),sorti de l’usage dès le
tite branche enduite de glu pour attraper les oi- XVII~s. avecson sensmilitaire, s’est employé à pro-
seaux à la chasse=(1832)était déjà une acception pos d’une querelle confuse accompagnée de ta-
du latin calamus. page (av. 1755). -Le déverbal CHAMAILLE n. f.
wLa dérivation est quasiment inexistante. l’ancien (~~l~s.1a suivi le même type d’évolution de
chakmeler <jouer du chalumeau= (xn”s.1survivant <combat*,sens disparu au cours du xwe s., à -dis-
à peine dans chdumer. OCHALUMEUR-COU- putes (1866). -CHAMAILLEUR, EUSE dj. et Il.
PEURn. m. (1955)désigne l’ouvrier qui découpeles (1571).autrefois -qui combats, a été abandonné ao
métaux an chalumeau; c’est un dérivé de chalu- mf s. et repris pour aqui aime à se disputer- (1857.
meau. 18631.-CHAMAILLERIE n. f. (av. 1689,we de Sé-
vigné) reste le plus courant des dérivés substantif%
CHALUT n. m., une fois en 1753et de nouveauà au sens de disputes.
partir de 1615,est d’orlglne obscure,probablement
dialectale -de l’Ouest et des côtes normandes CHAMAN ou SHAMAN n. m.. d’abordscha-
(Bayeux)- à rapprocher de chaton “grand 6let mari (1699)puis chaman (17911, égalementshaman,
trainé entre deux bateaux sur les rivières~.Ce mot sousl’influence de l’anglais shaman (16961,est em-
lui-même est obscur (le moyen français chalon =ba- prunté, par le rosse chaman’, aux langues de Sibé-
teau, étant plus probablement une forme de cha- rie (toungouseSaman).Dans les autres langues du
land*). P. Giraud propose de voir dans chai- l’élé- centre et du nord de l’Asie. les termes correspon-
ment de chaloupe’, de chale, exhale (+écale), dants sont le yakoute ojw, le mongol bügd, b6gti et
mais le sémantlsme paraît s’y opposer. udagan auquel répondent le bouriate udayan, le
4 Le mot désigneun grand filet de pêche remorqué. yakoute udoyan sla femme chamane,, ainsi que le
Il entre dans de nombreux syntagmes techniques turco-tatar kam. On a essayéd’expliquer le terme
fchalut de fond, pélagtque...~ ou non (pêche au ch& toungouse par le pâli çramana. sam~ =a.scèten,
lut). ancien indien çramms sascètebouddhistes,mais
t CHALUTER v. intr. -traîner le chalut> (1845)a cette étymologie est controversée.
donné CHALUTABLE adj. (11353) et CHALUTAGE +Le mot. introduit par les relations de voyage,dé-
n. m. (1909).-CHALUTIER n. m. (1866,Hugo. les signe le prêtre de certaines ethnies de l’Asie cen-
Travaükurs de la mer) est quelquefois employé trale et septentrionale, spécialiste d’une fonction
comme adjectif fchalutier, tire). Le substantif est donnée dans l’extase, exerçant desfonctions de de-
usuel et donne lieu à plusieurs syntagmes tech- vin et de guérisseur. Par extension,il est employé à
niques; ll désigne aussi le pêcheur an chalut. propos d’un prêtre-sorcier que l’on rencontre dans
d’autres sociétés des autres continents (Amérique
CHAMADE n. f., d’abord chiamade (15701, puis du Nord, Indonésie, Océanie1.devenant un terme
aussitôt chamade (v. 15701.est emprunté à l’italien important en histoire des religions, comme charna-
du Nord ciamada (prononcé tchd, participe passé nisme.
substantivé du verbe ciamà =appeler=correspon- c Les dérivés appartiennent à l’usage didactique
dsnt au toscanchiamata, de chiamare, du latin cla- (ethnologie, étude des religions) : CHAMANISME
mare (+ clamer).L’hypothèsed’un emprunt au por- n. m. (1801,dans une traduction du russe) et CHA-
CHAMPLEVÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cialisation en sport (1922, championne à la course). sonn (-carcéral, incarcérer). Le mot se rattache à la
-CHAMPIONNAT nm. (1859) désigne une ren- racine indoeuropéenne ‘karkr-, ‘kanhr- =Objet fait
contre sportive officielle à l’issue de laquelle le de matériaux entrelacésn (dont le rapport avec la
vainqueur est proclamé champion puis, par exten- racine de la série cancer, chancre, etc. n’est pas
sion, toute compétition où un champion est désigné connu). En latin populaire, le verbe, déjà employé
khampionmt d’échecs, etc.); ce sens, comme l’em- par Pline en parlant des bras repliés, croisés,
ploi correspondant de champion et championne, comparés au treillis d’un grillage, a dû signifier
bénéficie de la vogue des jeux à classement, par aussi *faire des zigzag+, par comparaison avec les
exemple à la télévision. angles d’un treillis ou d’une rature.
SUPERCHAMPION n. m. (mil. ~9s.) tente de +Dès les premières attestations, le verbe a le sens
rendre l’italien campionissimo. de -ne pas tenir sur ses jambes>; par métaphore il
est employé au sens d’=hésiterm (de l’assurance, de
CHAMPLEVE --) CHAMP
la mémoire, Y. 1275).
CHANCE n.f., d’abord chaance (v. 11751, c De chanceler sont dérivés CHANCELANT, ANTE
caanche (1200), est issu de l’évolution du latii ca- adj. k11~s.1 et CHANCELLEMENT n.m. (xn+s.).
dentia (- cadence), participe présent pluriel neutre mot rare.
de cadere stomben (- choir) pris pour un féminin,
proprement *adion de tomber-, spécialement em- CHANCELIER n. m. est issu (1050) dubas latin o>
ployé en latin au jeu des osselets. cancellarius, dérivé de cancelli (+ chance11littéra-
lement *préposé à la grlllem. qui désignait l’appwl-
+ Le mot désigne le hasard qui peut faire réussir ou
teur placé près de la barrière séparant la cour de
échouer une entreprise. D’abord neutre @onne
justice du public puis l’huissier W s.) et le greffier
chance; male [mauvaise1 chance) comme heur*,
succès* ou fortune*, il prend dès l’ancien français
(354,le chef de la chancellerie royale carolin-
gienne (769) et le fonctionnaire d’une abbaye (11251,
un sens favorable au singulier en s’opposant à son
d’une université km” s.) ayant le même rôle.
composé malchance, mais garde au pluriel (1762)
le sens neutre de =possibilités de se produire par 4 Le mot a repris en ancien français les sens du la-
hasard> [il y a des &mces que..J. 0 Sa spécialisa- tin médiéval. *chef de la chancellerie pontiiïcalen,
tion au jeu -chute des dé?+ (1200) a disparu, sauf spremier officier de la couronne en ce qui regarde
dans quelques locutions aujourd’hui mal com- la justice, garde du sceau royalm (1174). secclésias-
prises comme jouer sa chance, donner la chance tique ayant les sceaux du chapitre= (XIII” s.), spre-
=jeter les dés le premier+ mier fonctionnaire d’une universités (v. 1278). Il
s’est dit de celui qui est chargé de garder les
.CHANCEUX,EUSE adj. et n. est relativement
sceaux dans un consultat (16901.Dans certains pays
tardif (16061. oSon doublet populaire CHAN-
germaniques (Allemagne, Autriche), le mot carres-
ÇARD, ARDE adj. (1859) est fait sur le modèle de
pondant à chancelier est le titre de Premier mi-
veinard.
nistre, et en Angleterre, cfumcellor, traduit en frm-
MALCHANCE n. f., d’abord malechaance (v. 1250)
çais par chancelier d,e lë&iquier, désigne le
et ma.l(e~këanche &I me s.l. est composé de l’an-
ministre des Finances. -Le féminin CHANCE-
cien adjectif mal au féminm (+ mal) et de chance.
LIÈRE (1762) est réservé à la femme du chancelier.
Le mot semble sorti de l’usage dès le XIV” s. et repris
o Par allusion probable aux habitudes douillettes
au xcF s. (18671,époque à laquelle est dérivé MAL-
des chanoines ou des hauts magistrats, le mot avait
CHANCEUX.EUSE adj.(1876),d'après ChanceLwc.
désigné au préalable (1611) un sac fourré pour tenir
CHANCEL, CHANCEAU n.m. est issu les pieds au chaud.
(v. 1130) du latii chrétien cancellus +rille. treillis t CHANCELLERIE n. f. (1174) désigne la charge de
placé devant l’autel des holocaustess et ~balustrade chancelier, le lieu où l’on scelle certains actes
séparant le choeur de la nef>, spécialisation du sens (1680) et, par métonymie, le personnel employé à la
classique ~balustrade~ (au pluriel cancelli, le singe- chancellerie (16901.
lier étant très tardit). Le mot est dérivé de cancri
~barreaux, treillis>, attesté seulement dans les CHANCRE n.m., d’abord cancre (1150-12001 o>
gloses et remplacé par son diminutif (sans doute puis chancre (12C+12501,est issu d’unbas latin can-
pour éviter la confusion avec cancer-1 [- chanceler]. crus h” s.), déformation du latin cancer krevisse,
+Le mot désigne la balustrade ou grille placée crabe>, =Constellation du cancen+. spécialement en
dans une église autour du chœur ou du sanctuaire, médecine *tumeur> et. dans les gloses, *pince, for-
et, par métonymie, la partie du choeur ainsi isolée. ceps,. Ce mot, qui a repris tous les sens du grec
Par analogie, ll se rapporte au lieu fermé d’une karkinos -lequel appartient à la même racine -,
grille où l’on déposait le sceau de l’Etat (1740). a donné par voie savante cancer* et cancre*.
0 voir -cEma. cnuv2a.ma. + Le mot a d’abord désigné un petit ulcère ayant
tendance à ronger les parties environnantes, puis
CHANCELER v. intr., modification (1130-1160) une ulcération cutanée ou muqueuse, à l’origine de
de canceler (1080). est issu du latin impérial cancel- maladies infectieuses. La locution manger comme
lare disposer en treillisn puis =barrer, biffer*. Ce- ~111chancre =dévorep correspond à un sens figuré
lui-ci est dérivé du pluriel cancelli <grille, treillis= (av. 1755). -Le mot a été repris en botanique à pro-
(+ chancel, chancelier), diiutlf de cancri <bar- pos de la maladie qui ronge l’écorce et le bois de
reaux~, forme dissimilée de camer =barrière, pti- certains arbres et s’est spécialisé en pathologie hu-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHAMEAU
quer la forme initiale, et géographique : chambril s’occupait du trésor roy& W s.1, <trésorier d’une
est emprunté au limousin. alors que chambrande abbaye*. Le mot a désigné jusqu’au xvFs. le grand
et chambranle appartiennent au nord du domaine officier de la couronne chargé de l’intendance de la
d’oïl. chambre du roi et de la garde du trésor royal. Il
4 Le mot désigne le cadre qui borde une porte, une s’est également employé pour -officier claustrale,
fenêtre, une cheminée. dans quelques monastères (XIII’ s.). - CHAM-
BRIÈRE n. f., d’abord chumbetire (1165- 1170) =Me
o> CHAMBRE n. f., d’abord cambra, cambre (1050) de chambre>, a souffert de la concurrence de
puis chambre (XII’ s.l. est issu du latin camera, em- femme de chamJm et des emprunts camérière*, ca-
prunt au grec kamara, mot technique dont l’ori- métite? Il s’est maintenu comme appellation pour
gine est obscure; il désigne divers objets couverts divers objets qui aident (comme servante, valet...),
par une voûte (tombe, bateau, voiture ouverte). Le en terme de manège (1678). en marine, en parlant
mot latin, transmis directement en italien, signille du support d’une charrette (18031.
surtout à basse époque =Pièce (notamment pour CHAMBRETTE n. f. (1174, chambrete) *petite
dormir)> et au moyen âge (1191) =endroit où l’on chambres. a reçu une valeur affective familière.
jugen. -CHAMBRÉE n. f. (1377) a désigné une mesure
+Le mot, introduit avec la valeur de spièce=, en pour les fourrages, d’après Iïdée de =contenant,
particulier *pièce où l’on dortn, désigne, lorsqu’il enceintes attesté un peu plus tard pour chambre.
est employé avec majuscule la pièce où dort un o Il a été reformé au sens dominant de chambre,
grand, roi ou prince, sous l’Ancien Régime. de là avec la valeur collective d’sensemble de personnes
vient, d’après l’italien camera, la locution musique partageant la même chambres (15391,spécialement
de chambre (1855), d’abord musique de la chambre dans un contexte militaire, le mot général étant
(1690) =du petit coucher du roia. 0 Par extension, le dortoir. L’ancienne extension, *ensemble des spec-
mot évolue vers le sens de <domicile, logement> tateurs remplissant une salle d’Opéra, de réunion,,
dans quelques emplois comme chambre meublée, (1690) et *recette de la représentation* (16801,s’est
en chambre (1303 schez sois, d’un artisan ou ou- éteinte au XV~II~ siècle.
vrier] et entre dans des syntagmes désignant des CHAMBRER v. (1678) n’a pas gardé le sens de =lo-
domestiques attachés au service personnel : valet, ger ensembles qu’il a eu à l’époque classique. Son
6Ue de chambre kvP s.; 1576,homme de chambre). sens transitif -tenir (qqn) enfermé par violencen
Un sens ancien indéterminé, *pièce d’habitation= (1762.1se maintient surtout dans un emploi figuré
(conservé en Suisse1 s’entend encore lorsqu’on pré- pour <endoctriner, circonvenir> et par extension
cise chambre à coucher et s’est maintenu dans le <railler, se moquern (19261. 0 L’emploi du mot en
vocabulaire de la marine dans chambre de chatie œnologie (1907) est d’origine régionale (Bourgogne,
(1861%chambre des cartes, chambre desmachines. Suisse romande); il signifie *mettre à la tempéra-
0 De là, le mot a étendu ses sens en conservant ture de la pièce où l’on boit> (par opposition à celle
l’idée seulement de =Pièce, salles, sans la fonction de la cave) et se réalise couramment au pronomi-
d’habitation : c’est le cas dans des syntagmes mo- nal et au participe adjectivé CHAMBRÉ, ÉE adj.,
dernes, comme chambre froide (19301,chambre de opposé à frappé, frais
sûreté, chambre à gaz (1951, calqué de l’anglais). De chambre dans musique de chambre (ci-dessus) a
-Dans le vocabulaire des institutions, l’emploi ex- été tiré CHAMBRISTE n. désignant un musicien
tensifest nettement plus ancien : la première attes- (19021.
tation remonte à 1388 en ancien picard à propos de
la section d’une cour ou d’un tribunal. Le mot entre
ainsi dans les syntagmes chambre de justice (16801,
Chambre des communes (1789, sous l’influence de CHAMEAU n. m., d’abord cameil (1080, encore
l’anglais chamber of Common.sl. Chambre des au XIV s.), puis chameil (v. 1121) et chameau W s.),
pairs dans un contexte anglais (17971,Chambre des est issu du latin camelus. Ce mot est un emprunt
députés (18141,etc. Par métonymie, il désigne les au grec kamelos, lui-même emprunté à une langue
assemblées elles-mêmes, s’occupant de la disci- sémitique occidentale (6. hébreu gtimdl, arsméen
pline et des intérêts d’un corps (1631. Chambre de gamld, et le nom de la lettre grecque gamma).
commerce: 1697,Chambre syndicalel -Dans le do- +En dehors de son emploi strict en zoologie, le mot
maine technique, c’est l’idée d’un contenant, d’une englobe, en français courant, l’espèce dromadaire.
enceinte fermée qui prime: dans l’armée (1414; 0 Au début du XIX~s., il s’emploie (ainsi que droma-
1671. *cavité recevant les explosifsnl, en optique àaire) comme terme dïnsulte à l’égard d’une
chambre close (1690). puis chambre noire, chambre femme (18281,d’abord au sens de -putainn (méta-
claire (b caméra), en technique avec chambre à air phare de la -montures), puis de spersonne bar-
(1891). oLe mot désigne aussi une cavité naturelle gneusen, par oubli du premier emploi (6. l’évolu-
d’organismes animaux et végétaux en anatomie tion de vache*). -La bosse de l’animal a donné lieu
(1637, Descartes chambre de l’œill et en botanique à des sens techniques (=caisson à air- 1722, du néer-
(av. 1892, chambre pollinique). landais kameel; appellation métaphorique donnée
. La dérivation de chambre a d’abord donné des à un bâtiment inventé en 1691 par Meeuwes Bak-
appellations pour les officiem de la chambre. kerl.
- CHAMBRIER n. m. (6n X? s., chanberier) a suivi t CHAMELLE n. f. semble repris au XI? s., après
le développement sémantique du bas latin camera- que l’ancien français ait eu corneille, chamaille
riw et de camararius dignitaire de la cour qui (v. 11601et que le xwe et le xv? s. aient employé cha-
CHANLAm DICTIONNAIRE HISTORIQUE

don de &-oc, échange> (en locution gagner au CHANSON n. f., d’abord chançun (1080). est
change, 1740). o Dès le me s., il reçoit en vénerie le issu du latin archaïque et post-classique canti (ac-
sens de direction vers un autre cerf que le cerf cosatif cantinemI *char& (d’un humain, d’un inz-
lancés (v. 1160). à l’origine d’emplois figurés immé- trumentl, du supin &ntuml de caner-e -chantern
diats ayant donné les locutions courantes prendre C-chanter).
le change (16451. donner le change (1654). ~SOUS +Le mot, à l’origine *pièce en vers destinée à être
l’iniluence de l’italien cambio et du latin médiéval chantée> et cpoésiem(XII” s.l. désigne de manière gé-
canbium -échange> (756) et -table de changew nérale une composition chantée, divisée en cou-
(1141-11421,il s’est spécialisé en fmance, désignant plets d’où, par métonymie, le texte ou la mélodie
d’abord la table du changeur (v. 12001,puis l’opéra- qui l’accompagne. Une expression comme chanson
tion de conversion d’une monnaie, entrant dans de geste, qui désigne aujourd’hui en histoire litté-
des syntagmes comme lettre de change (16901, raire un texte, manifeste l’union indissoluble de la
agent de change [1718l. Récemment, d’après l’em- poésie médiévale et de l’oralité. Chanson a déve-
ploi courant du ver%e au sens de -changer de linge, loppé des sens figurés plus ou moins péjoratifs.
de vêtements=, il désigne la couche-culotte jetable évoquant une parole en l’air (XVI~s., cha~0n.s au
du bébé (v. 19801. pluriell. des propos rebattus qui reviennent comme
RECHANGER v. tr. Iv. 1160) a perdu son sens in- un refrain (1608). Par extension. il est emolové à
transitif, *se modifier=, au profit du simple. Il s’est propos du chant des oiseaux ou d’un bruit a&&ble
maintenu comme transitif pour =Changer de nou- à l’oreille (1802). du son d’un instrument de rnu-
veau (fin XII~s.l. -Son déverbal ~RECHANGE sique (1837, de la flûte). -Au sens propre de epa-
n. m. (v. 1468) =remplacement d’un objet par un roles à chanter* et *air chanté, poésie chantée>. le
autre> est surtout usité dans la locution adjective mot est attesté dès le XI~s. avant chant lui-même.
de rechange (17321,appliquée à des objets concrets, Ses valeurs ont évolué avec les époques; avant le
puis abstraits (1875). -11 est distinct de son homo- xv” s., la chanson se confond avec la poésie et la
nyme ~RECHANGE n.m., terme de finance musique vocale, puis cette valeur, développée au
formé directement sur change (déb. XVII~~.),et dé- XVI~s. avec Pierre Attaingnant (chansons nouvelles
signant l’opération effectuée par le porteur d’une mises en musique .... 15281,Janequin, Marot, Bai?, se
lettre de change impayée tirant un nouvel effet sur double d’un contenu plus spontané, populaire, puis
son débiteur au ~V+S., à partir du Caveau de Piron, Collé et
INCHANGEABLE adj. U~~~),INCHANGÉ.ÉE adj. Crébillon Iv. 1740-17601,correspond à un genre re-
(17941ont été formés avec le préfixe privatif in-. connu. Celui-ci aura un immense succès avec le
INTERCHANGEABLE adj. (1870) est probablement nouveau Caveau (1805-18151et sera illustré par Dé-
emprunté à l’anglais interchangeable (xv’ s., enter- sauglers et Béranger. L’intérêt des écrivains pour
chaungeable), lequel représente un emprunt à l’an- la chanson (les Chansons des rues et des bois de
cien français entrechanjable (12001, disparu en Hugo, 1859-1865) tend à l’isoler par rapport à la
moyen ii-ançais. chanson =Populaire= qui entre à nouveau en poli-
0 “On-CAMBISTE.ÉCHANGER. tique (Eugène Pottier, Pierre Dupont). Mals la
grande mutation du genre correspond à l’organisa-
CHANLATTE - LATTE tion du spectacle de wariétés~, au café-concert.
puis à l’apparition d’auteurs-chanteurs à parti du
CHANOINE n. m.. d’abord canonie (108Ol,cha- Second Empire et surtout après 1880, époque à la
mine (v. 11211puis chanoine (v. 11651,est issu du la- fois des premières vedettes de la chanson et des
tin chrétien canonicus (+ canonique). xljecflf ex- chansonniers Au xxe s., la radio (T. S. F.), le cinéma,
le disque, en un mot la diffusion de masse fait en-
primant ce qui est conforme aux règles de l’Eglise,
spécialement <conforme à la règle d’un ordre reli- trer la chanson dans son âge moderne, où il faut
gieuxn (IVe-VS.), puis ce qui appartient régulière- préciser la nature de l’objet : chanson populaire,
folklorique, chanson enfantine. chanson à boire,
ment à un diocèse, à une église. Canonicus est
chanson employé seul désignant le genre moderne
substantivé comme appellation d’un clerc apparte-
le plus répandu, à condition qu’un texte identitïable
nant régulièrement au clergé d’une église Ws.1
y soit chanté (on ne parle pas de chanson pour le
puis à son chapitre (VIII” s.l.
rock).
+Le mot désigne un dignitaire ecclésiastique fa& t CHANSONNETTE n. f.. d’abord chancewte
sant partie du chapitre d’une église et louissant (v. 1175) et chanconete (XIII~s.l. désigne une petite
parfois d’une prébende. d’où proverbialement, par chanson sur un sujet léger. -CHANSONNIER
allusion à ces privilèges, vivre comme un chanoine n. m. (XIV s.l s’applique d’abord à un recueil de
(17041. gras comme un chanoine,etc. Le mot dé- chansons, sens qui se répand au XVIII~s. (La Clé des
signe aussi un religieux vivant en communauté chansonniers, 1717). ~Appliqué à une personne,
sous l’autorité d’une règle et destiné au service anciennement comme adjectif au sens de -qui
d’une église particulière. aime chanten (15711,il a désigné un compositeur
. En sont dérivés CHANOIN~E n. f., d’abord chano- de chansons (fin XVII”~.~puis un artiste qui inter-
nie (V.1175), Supplanté PW Camnicat*; CHANOI- prète des chansons, le plus souvent satiriques. dans
NESSE n. f., d’abord channonnesse (12641,et CHA- un cabaret (18621; ce sens fait suite à la spécialisa-
NOINERIE n. f. (xnr” s.1, =ensemble des chanoines, tion du ver%e chansonner (ci-dessous). -CHAN-
ce qui se rapporte aux chanoines*, abandonné au SONNER v. tr. (15134)a rapidement perdu le sens
XVI? s. et repris en 1832 (Hugo). de <jouer d’un instrument de musique=; il a été
DE LA LANGUE FRANÇAISE 695 CHAMPION
CHAMPAGNE n. m. est issu 116951 par ellipse lérep. Tous ces emplois font référence au végétal
de vin de Champagne, nom de la province où l’on nommé champignon depuis le >w” s. et notamment
prépare ce vin, lui-même du bas latin campania à sa forme caractéristique (pied et chapeau). à sa
*plaines (+ campagne), féminin substantivé de l’ad- pousse rapide, etc. -Depuis le XY s., le mot s’ap-
jectif campanius =de plaines de campus (-camp, plique progressivement à tous les végétaux ccryp-
champ). nom commun spécialisé en toponymie (bas togames> (mot attesté en 1771) cellulaires, nommés
latin Campania Remensi.s [de Reims], we s.l. thallophytes vers 1880, et formant un immense em-
4 Le mot désigne le vin blanc que l’on prépare en branchement comprenant des formes unicellu-
Champagne, notamment depuis qu’il est rendu laires (champignons microscopiques : moisissures,
mousseux par le procédé naturel de dom Pérignon levures) ou mamenteuses. Lexicalement, le déve-
(1638-1715) utilisant la seconde fermentation du loppement du préfixe mycéto- (mycétologue, 18341,
vin; il semble que le nom de champagne (et non puis myco-* (mycologie, 18421, du grec mukês
plus tin de Champagne) coïncide avec ce procédé =champignonB. correspond à la constitution de ce
qui rendit ce vin célèbre. 0 Champagne s’est dit, concept botanique : la langue anglaise a d’ailler
par métonymie, d’une couleur jaune très pâle rap- deux mots : mushroom pour la notion tradition-
pelant celle de ce vin (1905). oPar extension, le nelle et le latinisme fungi pour le concept scienti-
mot désigne parfois abusivement des vins mous- fique. En français, l’ambiguïté est levée par le
seux préparés selon la méthode champenoise, contexte, encore que certains champignons comes-
mais fabriqués ailleurs qu’en Champagne (Califor- tibles et recherchés, comme la truffe, ne soient pas
nie, Australie, Crimée); cet emploi est illégal en appelés couramment champignons; en outre. les
France. 011 est abrégé familièrement en champ’ thallophytes unicellulaires et illamenteuses ne re-
OU champe (1857). çoivent ce nom qu’en sciences.
t CHAMPAGNISER v. tr. (1839) exprime le fait de b Les dérivés ne concernent que le sens co-t et
traiter les vins blancs de Champagne de manière à plus spécialement le champignon comestible.
les rendre mousseux naturellement. - 11 a produit CHAMPIGNONNIÈRE n.f. (1694) désigne le ter-
CHAMPAGNISATION n. f. (1878). reau puis le lieu où l’on fait pousser des champi-
gnons, et notamment les champignons dits de Pa-
CHAMPART, CHAMPÊTRE - CHAMP ris. - CHAMPIGNONNISTE n. (1835) S’applique au
cultivateur de champignons. -CHAMPIGNON-
CHAMP1 + CHAMP NEUX. EUSE adj. (18761, aoù poussent les cham
pignons>, est rare.
CHAMPIGNON n. m. est issu (13981, parsubs-
titution de S&e de l’ancien fixnçais champigwel,
d’abord canpegneus (v. 1200) puis champind CHAMPION, IONNE n.. d’abord campiun
Cv. 1350). issus du latin populaire “campaniolw, Iit- (1080) puis champion (v. 11501, est issu, par le latin
téralement =(produitl de la campagne= (de campa- médiéval campio (643), du germanique “kampjo
nia, + campagne, champagne) qui, en galle-roman, *combattant dans un duel judiciaire>, attesté par
a supplanté le représentant du latin fungus =cham- l’ancien haut allemand chempfo, chempfjo, le
pignon% (italien tingol. moyen haut allemand kempfe, l’anglo-saxon
cempa, l’ancien norrois kappi acombattant=. Ces
+Champignon désigne un végétal sans feuilles, mots viennent du germanique Kamp dieu du
formé le plus souvent d’un pied surmonté d’un
combat>, emprunté au latin campus CG+ champ) par
=Chapeau=, qui pousse rapidement surtout dans les
les mercenaires germaniques. L’hypothèse d’une
lieux humides. Dans ce sens courant, le mot donne
origine francique semble à écarter étant donné
lieu à de nombreux syntagmes kchampigrwn des
l’apparition relativement tardive du mot dans le
bois, des prés...) et un vaste vocabulaire s’y rattache,
domaine franc W s.l.
de nombreuses espèces étant consommées,
d’autres étant toxiques, voire mortelles Wampi- +Le mot conserve sa valeur étymologique dési-
gnons vénéned. Champignon de couche, dit de gnant celui qui combat en champ clos pour dé-
Paris, l’agaric champêtre, est cultivé sur couches fendre une cause, et par extension (1552) celui qui
(c’est dans ce sens précis que l’allemand a em- combat pour une cause. Le sens propre a disparu
prunté le mot Champignonl. Le mot, dans ce sens -il était déjà limité au xwe s. au style burlesque -,
usuel, a inspiré quelques expressions figurées par mais non le sens figuré (1560) de *défenseur d’une
référence à la naissance et à la croissance rapide causer. -Le sens moderne provient du langage des
du champignon : pousser comme un champignon sports (18551, probablement sous lïniluence de l’an-
(16901, venir en une nuit comme un champignon et glais champion (18401 signifiant -athlète rempor-
vi& clmmpignon (1911). 0 Par analogie de forme, il tant la première place en compétition*; par exten-
a reçu un certain nombre de sens concrets, dé- sion, il désigne un athlète de grande valeur d’où,
signant en pathologie un renflement spongieux familièrement, une personne excellant dans un do-
11636). une mèche de bougie qui brûle mal (16361, maine, notamment une personne ayant remporté
une vasque en forme de champignon renversé une compétition dans quelque domaine que ce soit.
(i694), un support pour perruques (1771). COWSD Le langage populaire l’utilise comme adjectif et
ment, il désigne aussi un type de nuage provoqué comme interjection IchampionD.
par une explosion atomique Wuxmpignon ato- t Parallèlement CHAMPIONNE n. f. (1558).
mique) et, familièrement. la pédale de l’accéléra- =femme qui soutient un combat contre qqn=, a reçu
teur (1931). d’où am~uversurle chamoirmon .arr& le sens figuré de *femme hardie> (1803) et une spé-
CHANTIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

thams exrte de coupes, lui-même du grec kantha- jourd’hui, chanvre indien ou le type emprunté sa-
ras (+ canthare. cantharide). vamment, cannabis n. m. (18461,désigne la plante
( Le mot désigne un champignon comestible. éga- de la même famille produisant un stupéfiant.
lement appelé girolle. . Les principaux dérivés sont des mots techniques :
CHANVRIER n. m. (12831, CHANVRIÈRE n. f.
0) CHANTIER n. m. résulte, sous les formes gan- (1429) et CHANVREUR Il. Rl. (1855). - chantire
tier Cv.IZOZ), cantkr (1249). localisées dans le Nord, lui-même est moins usité que CHENEVI&RE n. f.
puis chantir, de l’évolution phonétique du latin (1226, chanevière, canebière dans le Sud-Est d’où le
canthwius. Ce mot, proprement =Cheval hongre, nom d’une célèbre avenue marseillaise), *champ
mauvais cheval de charge=, a reçu par une méta- où croît le chanvren, issu d’un latin populaire “ca-
phore fréquente (6. poutre, chère) les sens tech- nClpCLliU.
niques de <chevron*, -support auquel on fixe la Le nom de la graine du chanvre CHÈNEVIS n. m.
vigne=. Il rappelle le grec kanthôn xbaudetm et, (1205-1250) est hérité d’un latin populaire “canapu-
comme lui, est probablement emprunté. tium. -CHÈNEVOTTE n. f., d’abord chenevotte
+ Le mot réalise le sens de =support~ désignant en (1461-14621 dérivé du radical de chènevis, chef%-
particulier les pièces de bois sur lesquelles on vieu, désigne la partie ligneuse du chanvre, utilisée
place les tonneaux (12611,la cale supportant l’objet pour la production de cellulose.
que l’on veut faconner (1611), d’où l’expression 0 “or CANEVAS.
mettre en chantier -commencer (un travaillé (1753)
par métaphore de la construction d’un navire sou- CHAOS n. m. est emprunté (1377) au latin chaos
tenu par un bloc de bois (1690). -Dans l’usage mo- *état de confusion ayant précédé l’organisation du
derne, le mot désigne le Lieu où sont entassés des mondes (Virgile), employé au figuré à basse époque
matériaux (1553. du bois; par métonymie du sens W s., Marcus Victorinus) et utilisé par les pères de
antérieur d’=entassement de matériauxn, 14001, l’Église W s., Lactancel pour désigner le premier
prenant dans la seconde moitié du XVII~s. (1680) le état de la terre avant l’intervention créatrice de
sens moderne, demeuré usuel, d’eatelier en plein Dieu. Chaos traduisait le mot hébreu connu en
&, <lieu où l’on construit un bâtiment*, -où on le français sous la forme tohu-bohu*. Chaos est em-
démolit> (chantier de con.shucti~n, de àémolition), prunté au grec khaos de même sens, désignant
=où l’on effectue divers travauxn konstruction ou dans la mythologie le premier état de l’univers
réfection de voies, etc.). L’idée de -grand travail en avant la naissance des dieux, puis aussi l’espace In-
progression> qu’il implique alors fait que la locution fini, le go&re, l’abîme (encore en grec moderne).
mettre en chantier est remotivée et que le mot Le mot serait à rapprocher de l’allemand Gaumen
s’emploie pour *grande entreprise matérielles. Ce <palais (de la bouche)>, ancien haut allemand
sens a été utilisé dans diverses expressions, goumo et, en grec même, du groupe de khainein
comme en 1940 les Chantiers de jeunesse, orga- ~~s’ouvrlr, ouvrir la bouche, béer>; ces mots appas-
nisme créé sous le réghne de Vichy pour soumettre tenant à la racine indoeuropéenne “ghen-, “ghei-
les jeunes à un travail éducatif obligatoire (1940. qui exprime la notion de -vide, manque>.
1944). 4 Le mot désigne l’état de confusion des éléments
avant l’organisation du monde, dans les cosmogo-
CHANTOURNER -+ TOURNER nies antique et chrétienne. Par extension, il ex-
prime un état de grande confusion &II xwe s., Des-
CHANTRE + CHANTER portes), développant une acception spécialisée en
politique (1756, Voltaire) et, concrètement, le sens
o> CHANVRE n.m., d’abord chenue (10891, d’aamas, amoncellement de blocs naturels, de
chanve (1172.11751puis chanwe (1268-12711,est issu roches* (17961.
d’une forme altérée du latin cannabis n.f., lui- t CHAOTIQUE adj., dérivé de chaos avec interca-
même calqué sur le grec kannabis *plante textile-, lation de la consonne de soutien t, est d’abord em-
emprunt pour lequel on a proposé une origine ployé 11838)dans des contextes didactiques; il ne se
thrace ou scythe ou babylonienne kumérien ku- répand que vers 1690. -11 a servi à former CHAO-
nibu). Quoi qu’il en soit, le mot latin =doit être em- TIQUEMENT Xiv. (19281, peu USité et qui Ile S’en--
prunté au grecn (Chantmine); le terme germa- ploie guère, comme chaotique, qu’abstraitement.
nique (ancien haut allemand hanafl est 0 “OITGAZ.
probablement pris au latin. Le caractère emprunté
du mot grec suggère une implantation relative- CHAPARDER v. tr. introduit par l’argot des
ment tardive du chanvre en Europe, ce qui est im- zouaves d’Algérie [1859), est d’origine inCOnnUe,
portant dans l’histoire des techniques: selon peut-être de chapar -voler* en sabir algérien ou de
A. G. Haudricourt <la corde de chanvre a donc été cape, par l’ancien picard taper Kprendren, ou l’an-
absente lors de la formation des techniques em-o- cien provençal -acapa *dérober=. L’hypothèse
péennes; on n’a connu que les liens d’osier ou de d’une formation verbale à partir de chat-pard*,
paillen (in Les Pieds sur terre). nom donné au tigre sur le modèle de léopard*,
4 Le mot désigne une plante textile et, par métony- n’emporte pas la conviction.
mie, le textile produit avec les fibres de la tige de + Le mot s’est répandu dans I’usage familier avec le
cette plante (16901.Son importance était grande au sens de *commettre de petits vols, généralement
moyen âge et localement jusqu’au XIX~siècle. o Au- d’objets,.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 697 CHANGER
maine à propos d’une maladie vénérienne que le second élément soit identifié avec frein*.
Ichamre mou, chancre syphiUique). L’hypothèse d’une dérivation régressive de cha-
rCHANCREUX.EUSE adj.(13141lui~ertd'adjectif fresner ~arrêter, domptep, attesté une seule fols au
en pathologie humaine et végétale (1717). -CHAN- mf s. à côté de anchifvxé -asservi= cv. 12781, et
CRELLE n.f. (18781 désigne spéci6quement une composé de caput(- cheD et de frewre (- fk-ein)ne
maladie vénérienne, également appelée chancre permet pas d’expliquer la nasalisation. Le recours
simple ou chancre mou. 0 Il a produit à son tour à l’influence de 0 chanketi ou de chanfreindre est
CHANCRELLEUX,EUSE adj. (1876) <atteint de à écarter pour des raisons chronologiques. Quant à
chancrellea. l’étymon bas latin camus muselière=, il se heurte
au fait que ce mot ne semble pas représenté dans
CHANDAIL n. m. est l’abréviation populaire le domaine galle-roman.
(18941de marchand d’ail, nom donné aux ouvriers t Le mot désigne la pièce de fer qui couvre le de-
s’occupant du marché aux légumes aux Halles de vant de la tête d’un cheval de guerre. Devenu az-
Paris et par métonymie, au tricot qu’ils portaient. chaïque, ce sens a été remplacé par celui, métony-
Le nom fut repris par le fabricant de ce tricot, Ga- mique, de *partie de la tête du cheval et de certains
mard (à Amiens) qui l’avait d’abord appelé Gamfe1 mammifères à tête allongée comprise entre le
sou en utilisant le début de son nom et l’initiale front et les naseaux~ (16781.
phonétique de sweater, mot anglais désignant un
vêtement analogue (-+ sweater). 0 CHANFREIN n. m. est le déverbal kv”s.1 de
l’ancien verbe chanfraindre <tailler en demi-bi-
CHANDELEUR n.f., resaation (12621 de seau- (13211, composé de 0 chant* et de frauulre
chandelur Cv.11191,est issu par ellipse de l’expres- *briser, détruhw (10801,verbe sorti d’usage puis re-
sion latine festa “candAomm, pour festa candela- pris dans la spécialisation technique de ‘diminuer
mn <fête des chandelles> (+ chandelle), sous l’in- le volume> en parlant d’un phénomène qui touche
fluence de festa cereorum =fête des cierges+ les céréales engrangées. kaindre représente le la-
C-cierge), les deux mots étant souvent associés. La tin franger-e =briser, rompre= (+ fraction, frxtwe) et
fête tire en effet son nom des cierges bénis portés présente lui-même, ainsi que son participe passé
en procession. substantivé au féminin frainte (XII’ s.), repris par la
+ Le mot désigne la fête catholique, célébrée le 2 fé- langue technique au sens de <déchet*, -pertem
vrier, en l’honneur de la présentation de Jésus au (18771,une variante graphique fieindre, freinte.
Temple et de la purikation de la Vierge. Il évoque + Chanfrein désigne la petite surface oblique ob-
dans l’usage courant certaines réjouissances pro- tenue en abattant l’arête vive d’une pierre, d’une
fanes, notamment la confection de crêpes. pièce de bois ou de métal.
CHANDELLE n. f., d’abord chandeile (v. 11191, ton en a dérivé CHANFREINER v.tr., d’abord
chandkk (av. 12201puis chandelle avec substitution chanfraiwr =couper de biaisn (1676, Félibien).
de S&e, est issu du bas latin de même sens can-
dela, de candere sbrûler, être enflammés issu d’un CHANGER v.pron. est issu (1160; premier
radical latii conà- (+ candélabre, candeur, candide, tiers du XI? s., en franco-provençal) du latin tardif
encens, incendie). cambiare (également cambird &Changer, tro-
quer-n,terme du vocabulaire commercial, probable-
+Le mot désigne un petit cylindre de matière
ment emprunté au gaulois.
combustible utilisé autrefois pour l’éclairage. Si
l’objet est tombé en désuétude, surtout après la dif- +Le mot a progressivement évincé muer (du latin
fusion de la bougie*, de nombreuses locutions en- mutare). Avant la fin du XII~s., il exprime le fait de
core usitées témoignent de son ancienne impor- rendre autre, de modfier. d’où la construction
tance utilitaire : se brûler à la chandelle (xv” s.1, le changer en (v. 15801et, à la forme pronominale, -se
jeu II ‘en vautpas la chandelle (av. 15921,devoir me transformer-~ (v. 11751, intransitivement -devenir
fière chandelle à qqn (1646). tenir la chandelle différent= (1172-l 175). Avec un complément dési-
(1835) l-aussi boutl. Il a reçu, par analogie (forme, gnant aussi un inanimé, il signifie -remplacer (une
verticalité, aspect), quelques sens comme *morve chose) par une autre de même naturen (11551,
coulant d’une narine> (1578) et -position verticale> souvent construit avec de : changer de (1580). avec
(1900, en chandelle) ou =COUPverticaln dans un jeu un nom abstrait (changer d’avis). -La spécialisa-
de balle. tion économique =Changer les monnaies en ~OUIS
contre des valeurs équivalentes= (1155) réactive le
w CHANDELIER n. m. (11601,-support recevant les
chandelles+. sens conservé, l’objet étant souvent sens étymologique du latin. Le sens de =Changer de
précieux, en termes d’antiquaire, a développé vêtements (1798) conduit à changer un enfant
(17981,équivalant à changer le linge d’un enfant.
quelques sens techniques par analogie de fonction
11694,en marine) et reçu au figuré, par l’intermé- w La dérivation est précoce. C’est le cas de CHAN-
diaire de la locution tenir la chandelle, le sens de GEABLE adj.kn"s.,aveclavaleurtiive de*chan-
=Personne qui autorise et protège une aventure geants. d’où =Sujet au changement2 v. 12501.
amoureuses (1840 Musset, Le Chandelier). -CHANGEMENT n.m.(v.l120,Ca~ge~ntl Signi-
0 voir CHANDEmuR fie en général =action de changern, avec des spécia-
lisations. -CHANGEUR.EUSE adj. et n. (XII~~..
0 CHANFREIN n. m.. d’abord chanfrain ti cangeeurl sipnife <<personne qui change de
xle s.), est d’origine obscure et controversée, bien l’argent*. -CHANGE n.m. kn's.1 recouvre la no-
CHAPELET DICTIONNAIRE HISTORIQUE

chapelle= (1549). Le sens figuré -groupe de per- CHAPITRE n. m.. d’abord chapitle (v. 11191et o>
sonnes désirant rester entre elles+ (1870) est capitre (v. 11901,est issu du latin capitulum, diminu-
souvent péjoratif Cesprit de chapekl. -Parallèle- tif de caput =têteB (+cheD, littéralement -petite
ment, dès le moyen français, il a développé des têtes, en particulier à basse époque *partie (essen-
sens techniques fondés sur une analogie de forme tielle) d’un écritm et, par métonymie, en latin mé-
avec la voûte d’une chapelle : woûte d’un four de diéval, +&mion de chanoines au début de laquelle
boulangerien (1332), =couvercle d’un alambic> on lisait un chapitre de la règle>, puis -salle capitu-
(1392). En marine, l’expression faire chapelle (1643) laires
s’explique par la forme voûtée des voiles sous l’ac- t Le mot désigne une partie d’un texte, d’où, par
tion du vent. une extension figurée, (16711, un sujet particulier
t Le dérivé CHAPELAIN n. m., d’abord chapelein (sur le chapitre de . ... etc.). Dès le XI? s., il a repr+ au
Cv. 11551, a vieilli au sens de =Celui qui a la charge latin médiéval le sens spécialisé “passage de l’Ecx%
d’une chapelle et en est bénéficiaires. Il désigne tu-e lu dans un officen (v. 1190). -Le mot a repris au
spécialement [ 1170) le prêtre desservant une cha- latm le sens de -lieu où se réunissent les chanoines
pelle autonome. Il a pu être influencé par le latin d’une cathédralen, *assemblée de ces chanoiness
médiéval capeZZanus(741) %Clercattaché à une cour (1174.1176). De là, par l’intermédiaire d’une va-
seigneuriale ou desservant une chapelles et *clerc riante ancienne avoir plus grand43 voix en chapitre
attaché à la chapelle royale, gardien des reliquesm (av. 1544). l’expression figurée avoir voix au cha-
(742, en emploi adjectif). pitre (1798) -avoir autorité pour se faire entendres.
A CAPPELLA aété emprLInté en musique (18591à t CHAPITRER v. tr., d’abord capitrer (1440-14421,
l’italien a cappella & chapelles, pour un chant in- littéralement &primander (un religieux) en plein
terprété sans accompagnement instrumental chauitren. s’est rapidement répandu dans l’usage
CHAPELET + CHAPEAU au sens général de -faire des remontrances~
Cv. 1460). 0 Les dictionnaires généraux récents at-
CHAPELURE n. f., réfection (16111de chappe- testent le sens (rare1 de *di&er un écrit en cha-
leure (v. 13931,est formé par sui%xation sur le radi- pitre+, d’après chapitre <partie d’un écritn.
cal de l’ancien verbe chappeler, chapeler v. tr.,
d’abord capler (10801et chapler -frapper rudement CHAPON n. m., d’abord écrit chiapun (av. 1150), o>
en combattant, tailler en pièces+, maintenu au sens graphie isolée, puis chapon (v. 11751,est hérité du
de *taillader-D, &apper* dans les parlers gallo-ro- bas latin de même sens “cappo, variante à géminée
mains de l’Est, et repris au xc? s. dans l’usage ré- expressive de capo, -anis, également capw [un peu
gional et familier. Le mot signifie spécialement <ré- antérieurement, Varron). Ce mot est probablement
duire en miettes la croûte du pain> (13931.Il est issu à rattacher à la racine indoeuropéenne Wkap-
d’un bas latin “cappulare, attesté sous la forme ca- =Couper avec un instrument tranchants : il y a cor-
pulare *découper un mets, une nourritures (VI<s.), respondance avec le grec koptein &apper, cou-
lui-même dérivé du bas latm “cappare de même per-, kopis scouteaw, le lituanien kap&i *hacher
sens, probablement du latin populaire “cappo menus, le slave kopati *creuser=; le rapprochement
(+ chapon). Un rattachement de “cappare au ger- est plus compliqué avec le persan dihtifad =il fends.
manique “kappan ou kappôn =fendre~ semble à ktifad *il creuse, il fendn.
écarter; le néerlandais kappen -couperD, néerlan- t Le mot désigne un coq châtré, engraissé spéciale-
dais capen (d’où haut allemand kappen) sont au ment pour la consommation. o Par analogie, il dé-
contraire d’origine romane. signe une jeune pousse de vigne qui ne produit pas
t Le mot désigne la croûte de pain séchée, émiet- encore de raisin (142% d’abord en Suisse romande
tée ou râpée, utilisée dans les préparations cti- et dans la partie lyonnaise du domaine franco-pro-
naires dites panées. vençal, puis en Bourgogne (1611). 0 Le sens amer-
ceau de pain trempé dans un bouillon gras et servi
CHAPERON + CHAPE
surun potage Maigret (16901et ‘croûte de pain tiot-
0) CHAPITEAU n. m., d’abord chapitel Cv.11601 tée d’ail dans la salades 117871s’explique soit par
puis chapiteau, est issu du latin capitellum, dindn- une image ironique, ce bon morceau tenant lieu de
tif de caput stêten (- chef), *extrémités, employé à chapon pour le pauvre, soit en relation avec l’an-
basse époque comme terme d’architecture =Partie cien chap(eller, de même origine (- chapelure) .-ro-
élargie, ornementale, au sommet d’une colonne*, gner la croûte=.
devançant en ce sens capitium CG+ Chap&e). w Le dérivé CHAPONNER v. tr. (XIII” s.1,*châtrer un
t Le mot désigne la partie supérieure d’une co- jeune coq pour l’engraisser=, a quelquefois le sens
lonne, d’un pilastre ou d’une ante en architecture, plus général de -castrer (un animal)* (v. 12751.
et, l’accent étant mis sur son ornementation fchapi- 0 “or CAPON.
teau roman, gothiqud, il se dit aussi des ornements
formant un couronnement et ( 1690) de la corniche 0 CHAR n. m. est issu (1172-l 1741du latin carrus, o>
d’un meuble. -Le sens de -petit couvercles, =COU- emprunté au gaulois comme d’autres noms de vé-
verture~, extension du précédent ou retour à l’éty- hicules par les Romains sédentaires (+ carpentun
mologie du mot latin, est réalisé dans quelques em- à charpente). Carrus désignait un type de grand
plois techniques (chie, art militaire ancien) et en chariot utilisé par les conquérants gaulois Ws.
parlant de la tente d’un cirque (1905l, sous le chapi- av. J.-Cl pour transporter leurs bagages et entou-
teau signifiant =au cirque>. rer leur camp, la nuit.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHANTERELLE

repris au XVI? s. avec celui de =faire des chansons si@e *chanter à ml-voix> et s’emploie parfois au
contre (qqn)% (1734) dans un contexte satirique. figuré; il a pour dérivé CHANTONNEMENT n. m.
- CHANSONNAGE n. m. lui sert exceptionnelle- (1834, Sand). -CHANTAGE n. m. est dérivé (1836,
ment de substantif d’action (1848, Michelet). Vidocql au sens spécial et figuré de faire chanter
(qqn).
0 CHANT ou 0 CHAMP n.m. est issu Parmi les verbes préfixés, RECHANTER v. tr.
Cv. 11551 du latin canthus #bande de fer qui entoure (1487) echanter de nouveau, et aussi (15731 &lé-
la roue=, mot probablement d’origine celtique (gau- brer de nouveau*, est peu usité. -En revanche,
loise) (plutôt qu’espagnole ou afrlcalne, comme le 0 DÉCHANTER Y. irltr. (v. 12231, formé plaisam-
dit Quintilien). ment sur chanter au figuré pour *se lamenter, se
plaindrw. a été reformé au XVII~ s. (1663, Moll&e) au
4 Le mot est technique et désigne la face la moins
large d’un objet parallélépipédique. On rencontre sens de <changer de ton, en rabattre” et a pris en
français moderne la valeur de =Perdre ses illu-
aussi cari ou tant (charpente, marlnel.
sions=. -CHANTEUR n. kue s., chantur) est issu de
0 voir 0 CHANFREIN. c-0-a.
l’accusatif latin cantorem Icantor) et cantatorem
(CantatOr~. son féminin CHANTEUSE, (16801, pré-
CHANTER Y. est issu (v. 9801 du latin cantare,
cédé par chanteresse,l’est aujourd’hui par canta-
forme intensive qui a très tôt concurrencé le verbe
simple cancre sans que la nuance intensive soit
trice* dans le domaine du chant lyrique. oLe
composé MAîTRE CHANTEUR (18371 est lié à faire
toujours sensible. et s’est spécialisé au sens de
chanter et à chantage; la forme semble calquée
*chanter*, passant dans toutes les langues ro-
manes. Car~re est un terme de la langue augurale
(18401 de l’allemand MAstersinger =Poète musicien
allemand, aux XIV-XVI” siècles>>. 0 Comme adjectif
et magique dont les formules sont des mélopées
chanteur se dit aussi des oiseaux (1805, Cuvier),
rythmées. Employé à propos des devins et des
sens précédé par l’application du nom à un type
poètes, ll a pris le sens de %Célébrer les exploits
d’oiseau (1732).
d’un personnages ou aussi ~prédire~. Le mot, hors
-Le nominatif latin cantor a produit CHANTRE
de lïtalo-celtique, n’a de correspondants que dans
n. m. (12271, d’abord synonyme de chanteur puis I-é-
des formes nominales, en germanique le nom du
servé à un chanteur religieux et au figuré -suivi
coq (gotique hana), en grec l’épithète du coq ei ha-
MS =qui chante de bonne heure* et kanakhê
de la préposition de-à un poète lyrique ou épique
(littéraire)
=bruit*.
0 CHANT n. m. est issu (v. 11201 du latin cantus, de
+Le mot, d’abord dans un contexte liturgique, si- cancre. Le mot désigne l’émission de sons musi-
gni6e <célébrer avec des chants>, notion qui se caux par la voix humaine, en relation avec le verbe
maintient jusqu’à nous, s’afkmchissant parfois de chanter, dont il est le substantif d’action; un chant,
l’idée de achant= (av. 1528) et qui, par extension, des chants désigne les sons émis par une personne
s’affaiblit en *glorifiep (1796, chanter titoirel. Le et, par analogie, un instrument (18571, un animal,
sens usuel de =faire entendre un chant>, présent oiseau (fin XIII~ s.1, insecte, avec des expressions fi-
dès les premiers textes (v. 980, chanter la messe). gurées comme le chant du cygne (1640, remplaçant
est réalisé en constructions transitive et intransi- l’hymne du cigw 16111. Le mot s’est spécialisé à
tive (v. 10501, également avec un sujet désignant un propos d’une composition musicale destinée à la
oiseau (1100-1150) ou un instrument de musique voix, dans un contexte différent de chanson, plus
(v. 12651. L’expansion s’est faite vers les sens figurés sérieux (chant d’EgLise,etc.1 ou plus savant. Il dé-
de -dire, raconter, (1165-l 1701 et, au XVII~ s., -obtenir signe aussi (1541) le genre musical et toute forme
des aveuxn d’où f& chanter qqn (16401, et <parler particulière de musique vocale (chant grégorien,
avec des inflexions rappelant le chantm (1690). Ulté- chant choral, etc.), ainsi que la technique et l’art de
rieurement, le mot reçoit le sens figuré de aconve- la musique vocale n’art du chant; école cle chant).
nir, plairen (18471.0 La locution faire chanter qqn a 0 Entin, l’accent étant mis non plus sur la musique
été reformée au sens de -extorquer de l’argent à mais sur les paroles, chant désigne un poème ly-
qqn par la ruse ou par la force> (1808), peut-être par rique (par exemple chant royal 1521, Marot) ou une
ahsion ironique aux cris de l’interrogé qui avoue di?sion d’un poème (1644, les Doue Chants de
(6. ci-dessous chantage et ma%re chanteur). L’ErGde); au pluriel, les chants s’est dit pour <la
t Chanter, indépendamment des autres emprunts poésie lyriquen. -Sur chant est formé le terme
de la famille de canti (-chanson, ci-dessous technique DÉCHANT n. m. ccomposition à deux
chant1 a servi à former plusieurs dérivés réguhers. voix, chant principal (-plain: plain-chant) et
e CHANTABLE adj. (déb. XII~ s., cantable; forme contre-char& CV. 11751, d'où @DÉCHANTER
moderne déb.xv”s.1 -qui peut être chant&, n’a (v. 1223) rendu archaïque par 0 déchanter k-des-
guère varié de sens -CHANTANT, ANTE, adj, tiré sus). -CONTRE-CHANT n. m. (15781 désigne une
du participe présent (12811. se dit des personnes mélodie en contrepoint avec un chant principal.
(par exemple le Fou chantant, surnom de Charles 0 “or CANTATE. CANTATRICE. c-clm. CHANSON. EN-
Trenet). d’un air qui se prête au chant, est syno- CHANTER.
nyme de mélodieux, en parlant d’une voix, d’une
langue, et s’est spécialisé dans cet emploi avec CHANTERELLE n. f. est l’adaptation (17521
basse chantante. Café chantant -où se produisent du latin des botanistes cantharella, littéralement
des chanteurs+ (milieu xxe s.) a été supplanté par -petite coupen à cause de la forme du chapeau du
Cclfé-CO?WzTt (-café). -CHANTONNER “. tr. (15381 champignon. Ce mot est le diminutif du latin can-
CHARBON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mon préférable semble être un gaulois “harantio- CHARBONNIER, IÈRE dj. et n. ti XIIIe S.; ,ï”
nos, dérivé par double suflïxation (-nt- et -n-l du ra- XII’ s.. carbonerI est issu du latin carbonariw, dérivé
dical gaulois “her-, “km- désignant le cerf (voir ce de carbo. Quali!katif d’animaux divers de couleur
mot), utilisé pour un insecte (-cerf-volant). On a noire @n XIII~s.), il est substantivé au féminin en or-
aussi proposé une dérivation de l’ancien français nithologie comme nom d’une mésange (17781 et
supposé “charenz, issu du participe présent subs- comme nom d’un champignon à chapeau noir
tantivé du verbe latin “carzre xrongern, lui-même (aussi russule charbonnière). +En histoire, il a tra-
issu de caries (+ carle), dont les dérivés désignent duit l’italien carbonaro membre d’une société se-
de petits insectes rongeurs. crète révolutionnaire au XY s.~, ses membres se
+Le mot est le nom courant de petits coléoptères réunissant dans les cabanes des charbonniers en
nuisibles qui s’attaquent notamment aux graines Calabre et dans les Abruzes: mais on emploie au-
de céréales. jourd’hui en français le mot italien (+ carbonaro).
Charbonnerie a déslgné (18381le carbonarisme
t CHARANÇONNÉ, ÉE adj., dont la forme mo-
derne (18351est la reprise de l’ancien charansonné
CHARCUTIER, IÈRE n.. d’abord chair-
enregistré par Cotgrave (1611). quahfie une denrée
cuttier (14641, forme encore employée par Rous-
attaquée par les charançons.
seau en 1762, puis charcuytkr (1484). charcutier
(16801,est dérivé, avec le sufiïxe caractéristique des
CHARBON n. m. est issu (v. I 120) du latin carbo
*ch&on de bois, ce qui résulte de la combustion,, noms de métiers, de chair* cuite*.
et, dans les textes médiévaux, =Charbon à usage (Progressivement, le mot, qui désigne la personne
graphique=, =Charbon de terre*. Par voie savante, le qui fait commerce de viande et de préparations de
mot a donné le terme de chimie carbone*. porc, tôt distingué de boucher, a été démotivé
4 Le mot désigne le résultat de la combustion du jusqu’à ne plus être analysé par le locuteur mo-
derne. Par métaphore, il a reçu assez récemment
bois, utilisé comme source d’énergie. Dans charbon
le sens péjoratifde &irurgien maladroit et brutal=
de terre (12511 ou seul. il a désigné une roche for-
mée surtout de carbone non cristallisé, mélangé à (18661, plus généralement %Personne qui saccage
d’autres minéraux. avant d’être supplanté par un travailm.
houille* au XIX~siècle 0 Pris au sens de *morceau, . CHARCUTERIE n. f., d’abord chaircuicterie (1549)
parcelle de charbon incandescent>, il est entré forme usuelle jusqu’en 1671, désigne l’établisse-
dans quelques expressions figurées, dont être sur ment du charcutier. sa profession et, avec une va-
des charbons ardents qui fait allusion à l’ancienne leur collective, les produits alimentaires à base de
ordalie médiévale. o Par analogie de production. chair de porc, de veau, de gibier (18021. oEn ce
le mot désigne le résidu de la combustion in- sens, il est altéré populairement en CHAR-
complète d’une matière autre que le bois, en parti- CUTAILLE n. f. (1939), mot probablement construit
culier d’un aliment (v. 12001.0 Au xwr s., il est re- sur le modèle de cochonnaille et suggérant les
pris en médecine (v. 1560) comme appellation idées d’abondance et de variété. L’apocope CHAR-
d’une maladie infectieuse, par emprunt au latin de CUTE n. f. est également dans l’usage familier.
basse époque carbo qui avait pris ce sens par ana- CHARCUTER v. tr. (fin XVI”~.) contient dès l’origine
logie de couleur; il désigne spécialement une ma- l’idée de maladresse, d’action grossière, *couper
ladie des végétaux (17011 et des animaux (1792). maladroitement (la vlande)~, qui explique que très
o Nom d’un produit industriel constitué essentiel- tôt il a développé le sens de etailler inconsidéré-
lement de ca&one, il passe dans le langage des ment ou koidement dans les chairs vives de qqn,,, à
arts graphiques, ce produit servant à dessiner propos d’un mauvais chirurgien (1690).
(1635). et de la chimie et pharmacie (1821. charbon
animal), à propos d’un produit obtenu par la calci- CHARDON n. m. est issu, sous la forme cardun
nation d’os, utilisé comme décolorant et anti-infec- (1086) puis chardon (IZOO), dubas latin caf-do, forme
tieux. Il est repris en physique pour un sous-pro- altérée du latin impérial cardus =Chardon, arti-
duit de la distillation de la houille, très bon chaut>. lequel est à l’origine de car&* et des déri-
conducteur d’électricité [16881. et aux éléments vés carder*, cardage* (cette opération textile se fai-
techniques utilisant ce conducteur. sant à l’origine avec des têtes de chardon) et de
t CHARBONNER v. tr. (v. 1190, -noircir avec du
cardon*, par le provençal cardoun désignant un lé-
cha&on (ou autrement)>, si&e ensuite (1549) gume.
<dessiner au charbon, au fusains et aussi (1830) 4 Le mot, qui déslgne proprement une plante de la
-carboniser”, sens archaïque. Comme intransitif, il famille des Composées, s’est étendu à l’appellation
correspond à-se réduire en charbon, sans flambera de plusieurs plantes du même type. 0 Par analogie
et a pris une valeur technique (1911) xse ravitailler, d’aspect, ll a donné son nom à la pointe en fer desti-
en charbon (d’un navireIn. 0 CHARBONNÉ, ÉE est née à empêcher d’escalader un mur. une grille
adjectivé (1842 ; 1732 à propos de la maladie des vé- ~VI’ s 1 et a reçx quelques acceptions techniques
gétaux). 0 CHARBONNAGE n. m. (1379. carbon- (serrurerie, textile).
nage) aaction de charbonner,,, s’est diffusé au sens c CHARDONNERET n. m. (14791,nom d’m petit Oi-
métonymique, *exploitation de la houille> &n seau friand de graines de chardon, est probable-
xrv”s.1. OCHARBONNERIE n.f. (1590; 1521, car- ment la forme altérée d’un type “chardonerez. L’an-
bonnerie), CHARBONNEUX, EUSE adj. (v 16101 cien français avait de nombreux termes pour
sont techniques ou littéraires. désigner cet oiseau, tous dérivés de chardon [char-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHAPELLE

. CHAPARDERIE n. f. (18631, son doublet plus cou- métonymique de =têteB. L’expression porter le cha-
rant CHAPARDAGE n.m. (1871) et CHAPAR- peau (1928) =être tenu pour responsable d’une
DEUR, EUSE a@. et I-I. (1859) sont apparus immé- fauten procède de l’idée de *coiffer qqm+ pour en
diatement et sont familiers, comme le verbe. médire kvu’s.1 et de servir de chapeau ~COU~~~P,
c’est-à-dire assumer la responsabtité. -Par analo-
CHAPE n.f., d’abord cape (1050) puis chape gie de forme ou de destination, le mot a divers em-
Cv. 11311, est issu du bas latin cappa =Capuchons et plois techniques, notamment en construction
=manteau à capuchons (wI’s.), en particulier wête- (14141, en botanique (1809, en parlant des cham
ment de moinen (av. 8501. Cappa a donné cape* par pignons), en mécanique (1867; d’où sur les cha-
voie savante et intermédiaire provençal. peaux de roues, 1928 & toute allure~l. Dans l’argot
+ Le mot ne s’est pas immédiatement distingué de des journalistes, il se dit d’un court texte précédant
cape, désignant jusqu’au xv$s. divers manteau un article ou un écrit (1907).
amples sans manches. ll a gardé la spécialisation c Presque tous les dérivés du mot sont formés sur
religieuse de -manteau d’ecclésiastiquen (1250. son ancienne forme chapel. -CHAPELET n. m.
1300, sens encore sensible dans l’expression chape (v. 12001 a d’abord désigné une couronne de fleurj;
de plomb, nom d’un ancien instrument de torture par analogie entre la couronne de roses dont on or-
passé dans l’usage avec une valeur figurée. 0 Ce nait la tête de la Vierge (6. rosaire) et le collier de
sens s’est effacé devant des vakurs techniques de grains enfilés, il s’est spécialisé en =Objet de dévo-
-revêtement> en maçonnerie (1403). <couvercle tion catholiques (1390), entrant dans les locutions
bombé= (16901, emploi dispazu =Pièce honorable de dire son chapelet (159i’L débiter son chapelet
l’écu constituée de deux triangle+ en blason (1690). (av. 16551, remplaçant l’ancien français patenôtre
t CHAPERON n. m. (v. 11311, diminutif de chape, a (de pater noster). Par analogie, il réalise l’idée d’une
désigné une coiffure à bourrelet, terminée par une -suite d’éléments semblables+ (v. 1560) en méde-
queue, que portaient les hommes et les femmes au cine, architecture (16761, comme terme de manège
moyen âge. Ce sens est conservé dans l’expression (16801, en hydraulique (1685) et couramment, au
Ipetitl chaperon rouge, par référence au conte de propre (1675) et au figuré &apelet d’tnjures~.
Perrault (1697) où une petite fille coiffée d’un cha- -CHAPELIER. IÈRE n. et adj. 0% XII~ s.), appella-
peron rouge est ainsi nommée. 0 Par extension, le tion ancienne de la personne qui tressait des cou-
mot a reçu le sens figuré de *personne servant de ronnes de fleurs (encore en 16141, désigne de nos
duègne à une jeune filles (16901, par allusion à la jours celle qui fabrique des chapeaux (v. 1268). ll
dkence et à la protection qu’implique la coifïure. s’est employé adjectivement comme épithète de
Comme chape, il a développé l’acception tech- malle à propos d’une malle contenant robes et cha-
nique de -revêtements (en construction, horloge- peaux (1877).
rie>. -CHAPERONNER v. tr. (1174-l 1761, rarement
attesté en ancien français et seulement au parti- CHAPELLE n. f., d’abord écrit chapele (10801,
cipe passé, n’exprime plus de nos jours l’idée de est issu du latin populaire capella, diminutif de
-coiffer d’un chaperonD (15961, sinon dans une spé- cappa -manteau à capuchons (+ cape, chape), at-
cialisation en fauconnerie (av. 16141, mais celle de testé en latin médiéval (679) pour désigner le mari-
-accompagner (une jeune personnel pour la proté- teau de saint Martin, relique conservée à la cour
ger et la surveiller* (18351, d’après le sens déjà ~lfl- des rois francs. Par extension, capella en vint à dé-
cien de chaperon. oll a produit CHAPERON- signer le trésor des reliques royales et l’oratoire du
NAGE n.m. (1867) et les préfixés verbaux Palais-Royal abritant ce trésor (788). De là, le mot
ENCHAPERONNER v. tr. cv. 11601, DÉCHAPE- s’applique d’une part à l’oratoire rattaché à un do-
RONNER v. tr. (1465), sortis d’usage. maine privé, église non pourvue des pleins droits
0 Yor CHAPEA”. CHAPELLE. ÉCHAPPER. paroissiaux (801-810) d’où sbénéfice attaché à cette
église= (av. 842) et, d’autre part, à la chancellerie
CHAPEAU n. m., d’abord Chapel (v. 11301puis (794) et enf?n, aux objets de culte, les vases litw-
chapeau (v. 1225L est issu du bas latin capellus, di- giques (8111, les clercs chargés du culte au Palais-
mmutif de cappa (+ cape, chape). attesté au sens de Royal (972).
coiffez (av. 833) et, au figuré, de -Couvercle~ (xnr’s.1. +Le mot français a d’abord désigné le sanctuaire
t Le mot est en premier lieu le terme générique du palais d’un souverain (en l’occurrence, du palais
des coiffures masculines et féminines, et en parti- de Charlemagne à Aix). ll désigne dès l’ancien
culierle nom de la coiffure du cardinal (12881, géné- français un lieu de culte dans une demeure parti-
ralement assortie d’un qualificatif (rouge, vermeil). culière et une petite église secondaire non pourvue
L’objet symbolique dans les relations sociales (6. des pleins droits paroissiaux (déb. XII~ s.), ainsi que
être couvert), est devenu au XIYS. un signe d’ap- la partie adjacente d’une église, où se trouve un au-
partenance sociale à la bourgeoisie, par opposition tel secondaire (1405). Par métonymie. il se dit de
à casquette*; les femmes sans chapeaux hors de l’ensemble des objets du culte servant à célébrer la
chez elles (=en cheveu%+) étant réprouvées. La messe (1328). et, autrefois, d’un bénéfice ecclésias-
phraséologie produite avec chapeau consiste en lo- tique (v. 1461). L’expression chapelle ardente dé-
cutions dont plusieurs transposent au figuré des signe une chapelle <où brûlent des cierges-
marques concrètes de respect : ôter, tirer son cha- (av. 1558). Ultérieurement, d’après le sens de
peau (15851 et chapeau bas (1694, elliptiquement “groupe d’ecclésiastiques desservant une chapellen
chapeau B L’argot emploie travailler du chapeau (15271, le mot a pris le sens de =groupe de musiciens
(1935) -déraisonnez en dormant à chapeau le sens et de chanteurs sous la direction d’un maître de
cI3AFusm 706 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gué de ~délivrsnce~. servent de substantifs pondant exact mais, avec un autre vocalisme, on en
d’action. -DÉCHARGEUR n.m. (1241) lui fournit rapproche l’arménien ancien jir (moderne jirti)
un nom d’agent, ouvrier ou (1811) machine, au- =don, grâces.
jourd’hui archaïque. -DÉCHARGEOIR Il.m. (Attesté dans Ufistoire des origines du christia-
(1548-15501désigne le conduit par lequel s’écoule le nisme (Renan), charisme est un terme de théologie
trop-plein d‘un réservoir, d’un étang, sens avec le- catholique. Il est passé dans le domaine de la socio-
quel il a supplanté le moyen français deschargeur logie politique avec le sens d’=autorité, fascination
(14191 et imité l’ancien provençal descarguador irrésistible qu’exerce un homme sur un groupe hu-
(v. 1200). Depuis 1680, il est également attesté mains (v. 1960).
comme nom du cylindre autour duquel le tisserand WCHARISMATIQUE adj. (19281, dérivé de cha-
roule la toile. rism d’après le grec “khrismatikos, et d’autres
RECHARGER ".tr., d’abord rechargier (V.1160), a adjectii en -ique fpragmatique), quali6e ce qui est
échangé son ancienne valeur intensive <ajouter à la relatifaux charismes et, en sociologie politique, ce-
charges pour une valeur itérative =Charger de nou- lui qui est doué d’un pouvoir de fascination. o Son
veaw (v. 12681,avec la plupart des sens concrets du dérivé CHARISMATISME n. m. (19571 est stncte-
simple, y compris avec celui de -diriger une nou- ment un terme de théologie.
velle charge contre l’ennemis (1564) d’où, au figuré,
*insister, faire une nouvelle démarches (15641,au- CHARITÉ n. f., d’abord caritet
Cv. 98OL puis cha-
jourd’hui éliminé par revenir à la charge (15641. rité (v. 11701, est la francisationdu latin caritas,
-RECHARGEMENT Km. (XV'S.).itprèSUne &&?S- tatis,dérivé de l’adjectif carw (-cher), à la fois
tation isolée h3quierqwmentL est repris au XE? s. *cherté. prix élevés et figurément -tendresse,
comme substantif d’action (1835). -RECHARGE amour, affection~~. Dans la langue de l’Église, ca%
n. f. (1433) a eu les sens echarge, mission donnée à ta.3 a servi à traduire le grec agapê (6. agapel
qqn* et *action de revenir à la charges (15871,sortis amours qui désigne en grec chrétien la plus haute
d’usage. 011 s’est spécialisé comme appellation des trois vertus théologales, l’amour de Dieu et du
concrète de ce qui permet d’approvisionner de prochain en vue de Dieu. Le sens concret de *don,
nouveau un appareil (1611). aumônen est attesté depuis le 111~ s., et celui de are-
SURCHARGER v. tr., d’abord sorchacier pas de bienfaisances depuis le v? siècle.
(déb. XII~~.), avant surcharger ~VI” s.), exprime +Le mot est passé en fi-ançais comme nom de la
l’idée de -charger à l’excès* au propre L%u-charger vertu théologale, l’amour de Dieu et du prochain
l’estomac, 1588, Montaigne), puis dans un contexte ainsi que l’amour parfait qui est en Dieu. Au xte s., il
esthétique (1623, à propos d’ornements), puis aussi commence à désigner à la fois l’attitude ou le senti-
au figuré, spécialement dans un jugement esthé- ment de générosité envers les pauvres (v. 1175) et,
tique (1746, du style). 0 Il se dit pour xcharger dïm concrètement lune chmité~, un don, une aumône
pc% à l’excès+ (1624). 0 Au xc? s., ce verbe reçoit le (1172.11761, précisément un repas offert aux voya-
sens de -recouvrir une chose par une autre>, (18321, geurs dans les monastères (1160-l 174). Le proverbe
dans quelques domaines précis, rédaction d’un charité bien ordom& commence par soi-même
écrit, typographie (19331, peinture (1962). -SUR- est le calque maladroit d’une locution du latin mé-
CHARGE n. f. (déb. XI+, puis XVI~s.) assume à la fois diéval, peu conforme à l’esprit de charité évangé-
la valeur de <nouvelle charge, surplus de poidsn et lique. ODU sens moral viennent également les
celle de <charge excessive= (déb. XVI~s.l. quelque- noms des ordres religieux Frères de la charité
fois au figuré (1738, Voltaire), spécialement dans le (v. 15501,Soeurs de la charité (1688) et. par métony-
domaine artistique (1788). Il désigne aussi une mie, les noms des hôpitaux desservis par ces
chose qui en recouvre une autre, en parlant d’un ordres (1694). D’autres syntagmes, dames de cha-
mot (16361,d’une impression typographique sur un rité(1835; après dames de la charité, 16881,bureau
timbre-poste (19331,d’une partie peinte par-dessus de charité (17701, bal, vente de charité expriment di-
une autre dans un tableau (attesté 1964 dans les verses manifestations de la charité dans la vie so-
dictionnaires généraux). ciale. Désignant un sentiment de bonté, de bienfti-
0 voir CAaGAlSON.CARGO,CARGUE.C4RlCATuRE. sance (1662), il est surtout vivant dans la locution
CHARISME n. m. est la francisation savante et avoir la charité de... où il s’affaiblit
tardive (1879) du grec chrétien khari.sma sdon, fa- . Le dérivé CHARITABLE adj. qua%e la personne
veur, grâce d’origine divinen (Philon), attesté de- qui a de la charité envers son prochain (1172-1175)
puis saint Paul au sens précis de la théologie catho- et, par métonymie, un acte manifestant ce senti-
lique, =don surnaturel accordé à un croyant ou à un ment (1250.1300) quelquefois avec une nuance h-0.
groupe de croyants pour le bien de la commu- nique Imensonge charitable). Son dérivé CHARI-
nautés. Le mot est dérivé de kharizein =être TABLEMENT adv. (v. 1300) a le même sémantisme.
agréable à qqn, faire plaisir, être complaisant, par- CARITATIF. IVE ad&, emprunté (déb. xrv” s.) au la-
donner- et, au passif *être agréable=. Ce verbe est tin médiéval caritativus, est resté rare à côté de
apparenté à kharis =grâcen, avec les spécialisations charitable. Abandonné après 1611, signalé en 1838
=beaut&, <gloires, à la fois =faveur de qui accordes par l’Académie avec la mention -vieux>, il ne s’est
et *reconnaissance de qui reçoit*, concrètement répandu qu’au xxe s. dans la terminologie des mou-
sfavew. en particuher =faveurs érotiquesn. Ce vements catholiques d’action charitable. Cette ac-
substantif abstrait, très ancien, est très probable- ceptlon est probablement empruntée à l’anglais
ment un déverbatif de khairein *se réjouir, être caritative (18841,d’abord employé en économie po-
heureux, aimers (- cerfeuil); il n’a pas de corres- litique.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 703 CHAFLANÇON

+ Le mot s’est éloigné de son sens premier, assez CHARRIEUR. IEUSE adj. et n., après une attesta-
général, par diverses spécialisations: woiture à tion isolée itu xwe s. au sens de *celui qui conduit la
deux roues utilisée par les Anciens lors des jeux* charruen, est repris au ti s. en argot (18341 au sens
(15381, *voiture décorée portant les masques de de chamkr -mystifier-. Au sens de =Conducteur,
Carnaval~ (16361 et *voiture riche et légère> (16481. transportez (18671, il est quasi inusité.
Déterminé, char désigne au contraire un type de CHARROYER v. tr. (v. 12251 rédiSe des sens
voiture rustique (char à bœufs,char à bancs, 17641 propres voisins de ceux de charrier, sans être aussi
et, en contexte militaire, une voiture blindée (1917, répandu, de même que ses dérivés CHARROI
char d’assaut1 en concurrence avec l’anglicisme n. m. (v. 1150, dans le titre d’une chanson de geste,
tank? o Au Canada, par anglicisme (+ car), il a en- Le Charmi de Nûmsl <chariot>, -convoi, train=
core parfois le sens de -voiture> (18261, woiture au- (v. 12001 et -action de transporter* (13981, et CHAR-
tomobile>. ROYEUR n. m. (18661.
CHARRON n. (12681 est l’appellation du construc-
t CHARRETTE n. f., d’abord carette (10801, s’est
teur et réparateur des véhicules à traction an-
spécialisé au sens de -voiture à deux roues et bran-
male. -En est dérivé CHARRONNER v., qui a pro-
tard. d’usage rustiquem. Par allusion à la coutume
duit CHARRONNERIE n.f. (1295, caronne& et
des élèves d’architecture qui, le jour de l’exposi-
CHARRONNAGE n. m. (16901, termes de métier.
tion, chargeaient leurs projets dans une charrette
0 voir CAR. CARGO, cAR1c*-. CARRIÈRE. CARRIO‘E.
tirée par le plus jeune, il a pris le sens argotique
c-SSE. CliAaGER. c-UE.
scolaire de -travail intensif en prévision d’on retard
possible dans l’exécution d’un projetm. - À son tour, CHARABIA n. m., d’origine incertaine, est pro-
ce mot a donné CHARRETÉE n. f., d’abord tare- bablement dérivé (18021 du provençal charrd -faire
tede (10861, et CHARRETIER, IÈRE adj. et n. (I172- conversation%, issu d’un radical onomatopéique
11751, nom d’un conducteur de charrette ayant tchar- -bruit confus de paroles- élargi par une fi-
souvent une connotation péjorative @wer comme nale exprimant l’embarras, le bégaiement (+ cha-
un chmtierl, employé adjectivement et qualifiant rade. charkarl. charlatanl. Le premier élément in-
les voies par où peuvent passer les charrettes (fin cite à rapprocher charabia du lyonnais durabarat
xle S.I. - CHARRETER v. tr. et CHARRETON n. m., -marché aux chevauxn. dont le second élément re-
qui figurent tous deux dans l’œuvre de Chrétien présente l’ancien français barat -tromperie. tu-
de Troyes, Le Chevalier à la charrette (1172-l 1751. multe> (-baratin).
sont vieillis ou rarement employés; charreton étant 4 Charabia a été appliqué (comme baragouin* et
encore d’usage rural. bredouüle*l’est aux Bretons) comme sobriquet eth-
CHARRIER v. (10801, d’abord carier, signifie &ans- nique aux Auvergnats kx”s. av. 1835, le sens des
porter dans un chariot, un chars. Par extension, il a premières attestations n’étant pas clair) à cause de
glissé vers une valeur différente : -entraîner dans leur prononciation palatisée du s, interprétée à tort
son COUTS~ (16001. -Son sens argotique, puis fami- par les Parisiens comme unch-. Par généralisa-
lier, de *duper. trompep (1837; charrkxge ci-des- tion, il a pris le sens moderne (18381 de *langage in-
sous, 18351, est soit une extension métaphorique compréhensible, à cause de son incorrection ou de
comparable au sens pris par l’expression mener en son caractère hyper-spécial&&
bateau, soit (selon Guiraudl issu de charrer =tour- t CHARABIAïSER v. intr. (18591, repris par Que-
menter en paroles>, attesté dans les parlers de
neau (19591, CHARABIER Y. intr. (18731 et CHARA-
Normandie et de même origine que le provençal
B~ATER v. intr. (18911, dérivés express& pour-par-
charra (- charabia, charade). par croisement avec ler en charabia>. sont peu usités.
charrier au sens de *tourmenter% en moyen fran-
çais (v. 14601, sens encore vivant au Canada avec CHARADE n. f. est d’origine incertaine. proba-
celui de *pourchasser=. -Le verbe a produit blement emprunté (17701 au provençal charrado
CHARRIAGE n. m. (12401, spécialement employé euserie, conversatiow. dérivé de charrd -conver-
en géologie (18861, notamment dans nappe de char- ser, babille* (+ charabia, charivari, charlatan). mot
riage, d’après un emploi déjà attesté en minéralo- onomatopéique apparenté à l’italien ciarlare =ja-
gie en 1760.0 Le sens argotique de -vol où l’on uti- sern.
lise la mystifications (18351 correspond à l’emploi +Le mot, dans sa première attestation, est glosé
correspondant de chamkr. -Le diminutif de char- comme un terme régional (Languedoc) signifiant à
tige, 0 CHAR ou CHARRE n. m. (I88I1, *bluffs en l’origine discours propre à tuer le temps>. Très
argot, est compris comme un emploi métaphorique vite, il s’est spécialisé (17771 pour désigner un jeu
de 0 char (dans la locution arrête ton charfi. de langage, où les syllabes successives d’un mot (le
CHARIOT n. m. (12851. d’abord également chatit, tout) sont suggérées par les défmitions d’homo-
orthographe proposée par analogie avec les autres nymes monosyllabiques (le premier, le second). dé-
mots de la série en 1990, désigne un type de véhi- veloppant par extension le sens figuré de -chose bi-
cule à quatre roues tiré par des chevaux ou des zarre, incompréhensible* (1835, Balzac, La Fille aux
bœti. Par analogie, le mot désigne un jouet d’en- yeux d’or).
fant (1680, chariot d’enfant) et une constellation
(16111. Par analogie de fonction, il désigne une CHARANÇON n. m., attesté en 1370 selon
pièce mobile encastrée dans un mécanisme (16381, Bloch et Wartburg, puis charenson (14651, charen-
dans divers domaines techniques (bâtiment, tech- ton (15081, charanton (15461 et charançon (16111,
nologie, bureautique, tissage). charançon (16781, est d’origine controversée. L’éty-
CHAFiME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot est passé en physique (1964) pour rendre l’an- CHARNIÈRE n. f., d’abord cornière (xn’s.), est
glais chan et désigner une propriété des quarks probablement dérivé de l’ancien substantif charne,
et particules qui détermine leur comportement attesté au début du XII’ s. sous la forme anglo-nor-
(d’où particule chadf?). mande carne =Pivot. pilier-, lui-même issu du latin
t Ses dérivés présentent la même évolution. cardo, -inis, mot technique signifiant sgond, pivot,
l’usage jouant parfois de l’ambiguïté entre le sens pôle>, *point cardinale (-cardinal) et, au figuré,
fort et le sens c0ura.n~ : CHARMER v. tr. (v. 11501, *point essentiel>.
-soumettre à une opération magique=, a glissé au +Le mot, d’abord employé dans le nord-est du do-
xvf S. vers les sens modernes <plaire, séduiren maine d’oïl (Picardie, Wallonie), désigne une at-
(1560) et, avec un complément abstrait, =apaiser, tache articulée et connaît de nombreux sens tech-
calmer- (1560, charmer l’ennui des an.sI. -Son par- niques, en anatomie (v. 1560; 1611, charnière du
ticipe présent CHARMANT, ANTE est adjectivé genou), en reliure &uticuIation des plats et du dos
(15501,d’abord au sens magique puis au sens cou- de la reliurem) pour désigner l’articulation des
rant de -qui séduit plaît beaucoup (1629-16301,af- valves d’un coquillage et un outil de graveur de
faibli en français moderne en &-ès agréable, sédti- pierre (1676). o À date plus récente. il est employé
Sanb, d’une personne - notamment dans au sens figuré de <point délicat et primordial, de
l’expression empruntée aux contes de fées, le jonctions d’abord en stratégie militaire puis dans
Prince charmant-et, par extension, d’un compor- d’autres domaines abstraits et, en apposition (19361,
tement. -CHARMEUR, EUSE n. et adj., d’abord dans date, époquecharnière.
au féminin sous la forme ancienne chaneresse
(1279, avec mn), encore utilisée par Chateau- CHAROGNE n. f. est issu (v. 1119) d’un latin
briand et G. Sand, désignait proprement la per- populaire “caronia, probablement dérivé de caro
sonne qui pratique la magie, valeur forte conservée (- chair). Un étymon identique, issu par dissimila-
dans charmeur de serpents. La mutation vers les va- tien de “carionia dérivé de caries ~pourrihuw
leurs modernes de *celui qui séduit, fascine> (1560, (+ carie), fait difEculté du point de vue morpholo-
adj.; 1624, n.) a amorcé l’a&iblissement en =per- pique.
sonne aimable, adorables. cependant plus fort que + Le mot désigne la chair de cadavre, la viande ava-
charmant. riée (avec une valeur nettement plus péjorative
que came*) et, par métonymie, un cadavre
0 CHARME n. m. est issu (v. 11701,du latin car- d’homme, d’animal en décomposition (1154-1173).
pinus, nom d’arbre présentant la même tiale que Le mot est entré en poésie avec Baudelaire. 0 Fa-
fîw2nu.s (+frêne), t0xu.s*if*, sappinus (-sapin). milièrement, il désigne de manière injurieuse un
L’italien carpino et l’espagnol carpe remontent au homme vil, ignoble (1606).
même étymon. .Si l’on excepte CHAROGNEUX.EUSE adj.
+Le mot désigne un arbre à bois dur et blanc, très (v. 15001,d’usage rare et littéraire, la dérivation est
répandu en France. tardive: CHAROGNERIE n.f. (18611 a le sens fi-
WCHARMAXE OUCHARMOIE n.f.,d’abord attesté guré péjoratif de =caractère d’une personne infecte
comme toponyme (1257, la Chammye) puis nom moralements; CHAROGNER v.intr. (1883) pro-
commun (1611).désigne un lieu planté de charmes. cède des deux sens de charogne,tout comme CHA-
o Il subit la concurrence de CHARMERAIE n. f. ROGNARD n. m. (18941,dont le sens figuré est at-
(19381. testé un peu avant le sens propre *oiseau de proie
CHARMILLE n. f. (1669) a désigné une plantation, se nourrissant de cadavres, vautour* (1899) ou sani-
une pépinière de jeunes charmes, puis a pris le mal sauvage se nourrissant de cadavresm.
sens moderne, *allée. haie, palissade, tonnelle de
charmes> (17321et, par extension, =berceau de ver- CHARPENTE n. f., d’abord charpante (15631,
dure ou de fleurs> (XIX”s.). est soit tiré de l’ancien français charpent -stature
du corpsn d’où =CO~~S=(v. 11191 soit. étant donné
CHARNEL - CHAIR que chmpent ne semble pas attesté après le XIII~s.,
tiré de charpenter. L’ancien français charpent est
CHARNIER n. m. est issu (1080) du latin cana- issu du latin carpentum =Chariot à deux roues>
rhum <croc à suspendre la viande. garde-mangera>, d’origine gauloise (ce chariot étant constitué par un
attesté dans les textes médiévaux au sens d’=os- assemblage de pièces de bois).
suaire- kmP s.l. dérivé de caro, tamis (- chair). + À partir du sens d’xassemblage de bois servant de
*Le sens d’*endroit où l’on met les mortsn, passé le structure à une constrwtioni le mot est aussi em-
premier en français, s’est a6ïrmé comme domi- ployé au sens d’=ossatue du corps* et, au sens abs-
nant. Par extension, le mot signifie zendroit où trait. de &ructure= (1726, la charpente d’un ser-
s’amoncellent de nombreux cadavres~ (av. 18481, mon).
avec des emplois métaphoriques. ParalIèlement, le b CHARPENTER v. tr., antérieur à charpente(1172.
sens d’eendroit. récipient où l’on conserve la 1175), est soit dérivé de l’ancien français charpent,
viande* (1174-1191) a décliné. oPar métonymie. le soit issu d’un latin vulgaire “carpentare, dérivé de
mot a désigné en marine une barrique contenant carpenlwn; plus probablement encore, il pourrait
une réserve d’eau douce, sens dans lequel l’an- être dérivé du radical de charpentier, comme char-
cienne idée de Kgarde-manger de chair animalen cuter de charcutier. 0 Le verbe exprime l’action de
s’est effacée. tailler et assembler du bois pour une construction
DE LA LANGUE FRANÇAISE 705 CHARGER

donneriaus. 1225-1230; chardonnail, etc.). -Le sy- ment en droit *responsabilité publiques WBO) et
nonyme CARDALINE, usité SUrbUt en Provence, *fait qui pèse à l’encontre d’un accusés (1437) d’où
est emprunté (1838) au provençal cardalino, dimi- témoin à charge. 0 Ultérieurement, le mot reçoit le
nutif en -ti d’un représentant du bas latin car- sens de =caxicature~ (16801, spécialement en littém-
dda, du bas latin cardellus, latin impérial cardue- turc (1753) avec des syntagmes comme portrait
lis, de carduus. CHARDONNETTE n.f. (1530) charge. 0 La valeur active, *action de chargep, est
désigne une espèce d’artichaut sauvage dont la d’abord et surtout réalisée dans un contexte mil&
fleur sert à faire cailler le lait. -CHARDONNER taire comme dérivé du verbe charger =attaque>
v. tr. (15831 s’emploie quelquefois comme syno- (15401, d’où au figuré revetiàla charge, (1690); elle
nyme de carder. est plus rare dans son acception concrète (16901.
CHARGEMENT n. m., qui n’a pas survécu au sens
+ CHARGER v. tr., d’abord carger Uo80), char- figuré d’=obligationp attesté une fols en 1253, a été
gier (1160.1174), également cher@- (1299), puis repris au xv? s. comme substantif d’action concret
charger Iv. 1150). est issu du bas latin de même sens de charger (16941, désignant aussi, par métonymie,
cutiare, syncopé en carcare, dérivé de carrus l’ensemble des choses chargées, la cargaison
=Chariot> 1- char1 proprement mettre qqch. dans (1694). Au xc? s., il est passé dans l’usage technique.
un chariotm. désignant l’action de charger, de garnir une arme à
feu (18741, unfour(l890), une caméra 11946). ~Avec
4 Le mot a toujours conservé l’idée de mettre sur= une valeur spéciale, le mot désigne le traitement
tout en diversifiant ses sens selon le contexte et la applicable aux lettres, boîtes que les expéditeurs
nature concrète ou abstraite de son complément. 11 veulent assurer contre les risques de perte, de spo-
a gardé lavisée primitive d’un transport à effectuer liation (1835) d’où, par métonymie, l’objet ainsi
(sur une bête de somme, un navire, puis un véhi- traité (1906).
cule) jusque dans le sens moderne familier de CHARGEUR, EUSE n., d’abord chargeeur (13321,
*prendre un client en chargen (1929, d’un cocher, désigne la personne qui charge des marchandises
d’on taxi) et dans l’acception très particulière de et, dès 1495 -laissant entendre que le sens corres-
charger une lettre, plus courante au participe passé pondant du verbe existait déjà - celu qui charge
adjectivé : lettre chargée (cf. ci-dessous charge- l’arme à feu. OLa première valeur a été reprise
ment). 011 signifie également (1564) ~munir (une dans le nom d’une compagnie française de trans-
arme à feu) de ce qui est nécessaire au tti et, par ports maritimes, les Chargeurs réunis. 0 Le mot a
extension, s’est appliqué à d’autres objets (pipe, ap- reçu, avec la valeur de &spositifpermettant d’ap-
pareil photographique, stylo) au sens de -garnir-. provisionner divers appareils=, différents sens
La même métaphore en électricité (1751) donne concrets (1890). Le féminin est surtout employé
lieu à charge (électrique), voir ci-dessous. o En plu- comme nom de la machine assurant le chargement
sieurs emplois, dont les premiers sont antérieurs ou le transport de charges diverses (1899).
au XIII~ s., il s’ajoute au verbe l’idée d’une abon- Le participe passé de charger a été substantivé
dance excessive, au figuré dans une nourriture qui pour désigner la personne chargée d’on COUTS
charge estomac (161 ll, plus souvent cotiée à sur- d’enseignement Supérieur : CHARGÉ. ÉE DE
charger. ~Dans un contexte militaire, il a pris le COURS n. (1866, au masculin).
sens d’sattaquer violemmentn (1195, avec com- DÉCHARGER v. tr., à rapprocher du bas latin dis-
plément ou absolumentl. -Dès l’ancien français, il caregare au VI~ s. (de àiscaticarel, signifie propre-
a développé des valeurs abstraites (XII~ s.) #accuser ment *ôter le chargement> (v. 10801, le complément
qqn- (fin xP s.1, plus précisément en droit aaggraver d’objet désignant soit la bête de somme, le lieu, la
les chefs d’accusatiom, d’où, psychologiquement, personne supportant la charge (1130.11601, soit
<exagérer les défauts de (qqn) pour le ridiculiser= l’objet que l’on déplace ~III” s.l. Dès l’ancien frar-
(av. 1704) [cf. caricature et ci-dessous chargel. çais, il reçoit des sens figurés tournant autour de
0 Avec une valeur neutre, il a le sens de -confier l’idée de clibérer, soulage-, spécialement d’une
une fonction, une mission à (qqnl>, dès le milieu du obligation (v. 12201, d’une accusation en justice
XII~~. dans une construction disparue, remplacée (v. 12831, d’une dette (1287). d’un problème de
par charger qqn de 99ch. (1538). La forme pronomi- conscience (v. 1360), ou d’un sentiment, dans les
nale se charger assume les sens de *prendre une syntagmes déchargerson cœurl1508l. sa bile, sa co-
charge à transporten et abstraitement <prendre la lère (1538). *Les acceptions techniques spéciali-
responsabilité, la conduite d’une chose>. sées apparaissent en moyen français avec déchar-
. CHARGE n. f. (11701, d’abord car@ (v. 11301, dé- ger une arme *tirer* (1477). puis *ôter la charge de
signe la chose qui pèse sur, ce que peut porter un (une arme à feu)= (1680). La forme pronominale
homme ou un animal, un véhicule, un bâtiment se décharger (1559) s’applique à un liquide ou un
puis, abstraitement, ce qui constitue un effort im- cours d’eau qui se déverse d’où, par métonymie, à
posé Cv. 1170, être à charge). Du sens concret pro- un tissu qui déteint (1680). oDécharger lui-même
cèdent des extensions en art militaire (1564, acquiert d’autres acceptions en typographie (1794),
charges de poudre à canon) et en électricité pour marine (16941, électricité (18081. 011 a aussi la va-
Action de se charger d’électricités (1752, trad. leur érotique d’séjaculer-. -Il a produit la dériva-
Franklin1 puis *quantité d’électricité dont un corps tion habituelle : DÉCHARGEMENT n. m. (1272) et
est chargé>. d’où charge positive, négative. oDu surtout DÉCHARGE n. f. (13061, qui a pris de nom-
sens figuré procèdent diverses acceptions : srede- breuses valeurs techniques notamment en électri-
vance~ (12261, -fonction, missions cv. 1225), spéciale- cité (1752, tmd. Franklinl et, dès le XIV s., le sens fi-
CHARTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

devenu également un terme d’histoire ,anglaise CHAS n. m., d’abord ch&s (déb. XIII~s.), puis cas @
(1849, avant de désigner aussi l’élève de l’Ecole des (~01’s.) et chas, est d’origine incertaine, peut-être à
chartes (1899). -CHARTESME n. m. (1846). terme rapprocher, comme l’ancien français chas =CO~~S
d’histoire anglaise, est l’adaptation de l’anglais de bâtimentn et l’ancien provençal cas -caisson.
ckwti.wz, nom d’un mouvement réformiste ( 183% ballots (14671,du latin capsw =Caisse d’une voiture,
18481,dérivé de (Peoplel Chartes, nom donné au do- cagen C-caisse, châsse), par le sens de *bulle> (nes.)
cument réformiste publié le 8 mai 1838. qui aurait permis de dégager l’idée d’un petit objet
0 voir C.4aluL”4lRE.CHARTE-PROGR4MME’. creux, puis d’une cavité. La forme chaos (deux syl-
labes), dans deux attestations au X~II~s., reste inex-
CHARTER n. m. est un emprunt (v. 1950) à l’an- pliquée. Unétymon”cavaceum, adjectifsubstantivé
glais charter, de to charter &k%x nolisew au neutre, dérivé de cavum -creux, cavitén (- cave).
+ Le mot désigne un véhicule collectif et surtout un ne peut être retenu car il n’explique ni le provençal
avion loué en entier, pour garantir son occupation cas, ni le français cas, le Y placé entre deux a ayant
totale (et des prix plus bas). En apposition, on em- dû régulièrement se maintenir.
ploie ~01, bület charter. 0 Dans le contexte de l’ex- 4 Le mot désigne le trou percé à l’extrémité d’une
pulsion d’immigrés en situation irrégulière, le mot aiguille à coudre. L’expression proverbiale passer
a reçu des connotations policières en général péjo- par le chas, d’une aiguiUe fait référence à une
ratives (la politique des charters, etc.). phrase de 1’Evangile devenue proverbiale, selon la-
quelle <il est plus aisé pour un chameau de passer
CHARTREUSE n. f., d’abord chartreuse par le trou [chas) d’une aiguille que pour un riche
(v. 12001.est issu du toponyme Grande-Chartreuse, d’entrer dans le royaume de Dieu= (Mat-
lieu près de Grenoble où saint Bruno fonda en 1084 thieu, XIX, 24).
le premier monastère de cet ordre. Ce nom, en la-
tin médiéval Cartousia Ws.), d’où cartuseria 0 CHÂSSE n.f., d’abord casse, forme nor- 0:
kme s.) puis cartu.&, semble correspondre à cato- mande (v. 11501,puis châsse (1680). est issu du latin
ou caturissium, peut-être à rattacher à Caturtges, capsa b caisse, chas1 dans son sens spécialisé en
nom d’une ethnie gauloise, du gaulois catu latin médiéval *coffret richement travaillé renfer-
=Combat> et riges, pluriel de ti -rois (6. Vercingéto- mant une reliquen (v. 720).
l-i%). +Le mot, terme d’art religieux désignant un grand
+Le nom, qui désigne un couvent de char-h-eux, cot”et renfermant les reliques d’un saint, a évincé
toujours construit en un lieu solitaire, a été donné son ancien synonyme tïmtre. Il est entré dans la lo-
par métonymie à la liqueur fabriquée dans ses cution ironique être paré comme une châsse (1718,
mm-s (18571. Dès 1755, il était employé comme être doré comme une châsse1 à propos d’une per-
terme d’art culinaire Ilotte à la Chartreuse à pro- sonne somptueusement habillée. Il a développé
pos d’un mélange de légumes. des sens techniques : =manche d’un couteau pliants
. CHARTREUX, EUSE n. et adj., d’abord chartrous (1184) et =Cadre maintenant une pièce en place8
(13301 <<moine d’une chartreuse>, est aussi devenu Cv.13751, ce dernier concurrencé par le dérivé
le nom d’une race de chat à poil gris (172.3)parce châssis. Par extension, châsse s’emploie en bijoute-
que les chartreux ont été les premiers à élever ces rie en parlant d’une cage de verre protégeant un
chats. objet précieux (1285).
t CHÂSSIS n. m., d’abord chasiz (v. 11601,a d’em-
CHARYBDE n. m., d’abord Caribdts (v. 1278) et blée le sens technique de *cadre d’une fenêtren.
Caryde (15521.est emprunté, par l’intermédiaire du Par extension, il désigne le cadre sur lequel on 6x1~
latin, au grec Khatidis, nom d’un monstre marin une toile pour peindre (13721, un cadre de bois
et d’un dangereux tourbillon situé dans le détroit maintenant toile, papier, verre... (1535) et, par mé-
de Messine près des côtes de la Sicile. Kharabdis tonymie, l’ensemble formé par le cadre et la sur-
est un nom mythique sans étymologie connue, face encadrée. A partir du xvFs., toujours avec
souvent associé à Shulla, nom d’on autre monstre l’idée de =cxlren, il prend divers sens spéciaux, en
marin, désignant un écueil sur lequel se brisaient menuiserie (1532). imprimerie (16111, architecture
les navires en voulant éviter le totiion Kharub- (16941, horticulture (16941, théâtre 11753, à propos
dis. Skulla appartient, comme le pensaient déjà les des décors), photographie (1866). -Dans la seconde
Anciens, au groupe de skulax +SUI~ chienn, égale- moitié du axes., il commence à désigner l’arma-
ment attesté comme anthroponyme, terme expres- ture métallique supportant le moteur. la carrosse-
sif que l’on a rapproché, avec un autre vocalisme, rie d’un véhicule, d’abord en parlant d’une locomo-
du lituanien skalïhas *chien de chasse aboyantn et tive (18661 puis d’une automobile (1888). De là le
kalë xchiennen. Meillet rapproche plutôt de Kha- sens métaphorique de &lhouette, conformation du
rabdis l’arménien cul sjeune taureau+ dont le sens corps féminins (19291. par exemple dans un beau
diffère, à moins que le radical indoeuropéen, très ch&ssi.s oLa valeur métaphorique d’-ceil* (1803)
hypothétique, n’ait correspondu à =jeune animale. fait allusion à la fenêtre encadrée; elle est popu-
* Le mot, apparu comme nom propre, est exclu- laire ou familière; elle est à la source du dérivé ré-
sivement employé dans l’expression proverbiale gressif 0 CHÂSSE n. m. (18331, quelquefois em-
tomber de Charybde en S@a (d’abord de Scylle en ployé au féminin.
Cary& 15521<tomber dans un mal plus grand que ENCHÂSSER v. tr., d’abord encasser (v. 1120). pré-
celui auquel on voulait échapper*. cède dans les textes l’emploi de châsse en orfèvre-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 707 CHARME

CHARIVARI n. m., d’abord chalivali (13161 seulement Charles), l’allusion à ce personnage se


puis charivari Iv. 1370). est d’origine incertaine, comprend mieux sans que l’on puisse afErmer que
peut-être issu du bas latin caribaria, attesté dans l’expression soit issue d’un coup du jeu permettant
une traduction d’oribase (VI”-VII”~.), et calqué du de gagner la partie avec le roi de coeur : l’expres-
grec karêbaria &urdeur de tête, mal de tête= (de sion apparaît d’abord au jeu de la bouillotte, sorte
kara *têtes -chère, et -bar& de bams ~1our-d~ de brelan dont les règles ne laissent pas ptivoir de
-baryton), formation expressive apparentée au coup particulier à l’aide du roi de coeur.
provençal charrar kharabiaJ et au lyonnais chara- + L’expression s’emploie au jeu avec le sens -se re-
barat =bruit sauvagen. L’hypothèse d’une origine tirer vainqueur ssns offrir de revanche à ses ad-
sémitique, hébreu @brun, pluriel collectif de @- versaires*.
wr -personne appartenant à une communauté is-
raélite> par allusion aux célébrations bruyantes de CHARLESTON n. m. est emprunté (19251 à
certains événements, demanderait à être appro- l’angle-américain charleston Cv.19231, nom d’une
fondie, notamment du point de vue historique. Un ville de la Caroline du Sud, donné par les Noirs
rattachement à l’ancien français harer #exciter les américains à une danse.
chiens>, terme de chasse (- haretl fait difficulté, en +En 1925, la Revue nègre du théâtre des Champs-
l’absence d’une attestation du type %&vati. Ce- Élysées présente pour la première fois cette danse
pendant, hati, cri pour faire marcher les bêtes, et où l’on agite les jambes sur le côté en serrant les
titi-hari exprimant la moquerie (XIII~~.), ont pu genoux. Elle connut un grand succès en Europe
contribuer au maintien du premier i de charivari. dans les années 1920, donnant son nom à un style
L’hypothèse d’une formation tautologique de char- de robe (robe charleston).Le mot désigne aussi la
rier atourmenterr (en moyen français) et varier, ap- musique sur laquelle cette danse se dansait.
parenté au provençal varai =remue-ménage>, est
peu fondée, notamment pour le premier élément. 0 CHARLOTTE n. f. est issu (18041du prénom
+ Le sens de “tapage accompagnant un remariage féminin Charlotte, pour des raisons inconnues.
ou un mariage mal assortin (encore connu des eth- L’hypothèse d’une dénomination en l’honneur de
nologues) s’est étendu à celui de &Page. chahutm la reine d’Angleterre Charlotte, épouse de
(xv” s.), en particulier en parlant d’une musique dis- George III, manque de preuves suf&antes. Toute-
cordante (1690). fois, le mot est attesté en anglais dès 1796.
.bS dérivés CHARIVARISER V. (17061, CHARI- +Le mot désigne un entremets fait de marmelade
VARIQUE adj. (1839) et CHARIVARESQUE adj. de pommes (et, par la suite, d’autres fruits) entou-
(1872). ce dernier formé sur le nom d’un journal SS- rée de tranches de pain grillé et frit, puis de bis-
tirique de l’époque, sont peu usités. cuits.

CHARLATAN n. m. est emprunté (1572) à lïta- 0 CHARLOTTE n.f. est emprunté (1905) au
lien de même sens ciarlatano kv” s.), lequel est issu prénom de Charlotte Corday. célèbre pour avoir
du croisement de cerretano, littéralement shabi- assassiné Marat et qui portait cette coiffure à bords
tant de CerretoB, d’où au figuré <crieur sur les max- froncés, garnie de rubans et de dentelles.
chésn, cbonimenteur. marchand de droguesm. - + Le mot désigne cette coitkre féminine.
Cerreto est le nom d’un village près de Spolète
dont les habitants vendaient souvent des drogues 0 CHARME n. m. est issu (v. 1160) du latin car-
SUI les marchés -, et de ciarlare =bavanlep, for- men, -ink, b carminatii apparu dans la langue re-
mation expressive correspondant au provençal ligieuse et juridique au sens de ‘formule rythmée,
charrd l&+charabia. charade). notamment magiques et entré en langue littéraire
4 Le mot désigne un bateleur, souvent péjorative- au sens élargi de <chant>. Le mot est apparenté à
ment un vendeur ambulant qui débitait des cancre (+ chanter) peut-être par dissimilation
drogues sur les marchés et arrachait les dents d’où, d’une forme %awnen.
par extension, tout imposteur exploitant la crédu- 4 L’histoire du mot en français est celle d’un affa-
lité publique (1668). Il n’a pas cette valeur négative dissement progressif du sens initial de -formule
en français d’Afrique, où il désigne celui qui a des magique* et, par métonymie de l’effet pour la
pouvoirs de devin cause. de =Puissance magique>, ou par extension
. En Sont dérivés CHARLATANERIE n. f. (15751; d’eobjet magique> oNIe S.I. Cette valeur forte s’est
CHARLATANER v. (1578) <faire le charlataw, ar- en partie conservée dans les locutions sous le
chaïque; CHARLATANESQUE adj. (av. 1598) et, dmrme, état de charme (dans l’hypnose), se porter
IY&tiVement P~US COUrant, CHARLATANISME comme un charme (comme sous l’effet d’un
n. m. (17361, <attitude du charlatsn~. au propre et charme bénéfique) et dans l’emploi poétique, pour
au figuré. =influence vague, mystérieuren ne charme est
rompu).Tout en se spécialisant Eevorablement.
CHARLEMAGNE (FAIRE1 lot. v. est charme s’est banalisé en =attrait. qualité qui a le
formé (v. 1800, Vidocql du nom de l’empereur pouvoir de plaire> ~XVII”s.), notamment dans le vo-
Charlemagne par allusion au fait que celui-ci était cabulaire de la séduction, depuis les charmes (1578.
resté en possession de toutes ses conquêtes à la Bn amoureux charmes) qui désignaient en langue clas-
de sa vie. Le roi de coeur, dans le jeu de cartes mo- sique les attraits physiques d’une femme, jusqu’à
derne, portant le nom de Charlemagne (parfois avoir, faire du charme(l817) et à ... de chôme. -Le
CHASSIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

venu le nom d’une compagnie militaire instituée lument. <<exempt de fautes et dïmpwetés~ d’où
en 1670, d’abord à pied puis à cheval (1743). la déno- =Vertueux, pur> (par opposition à incestus +in-
mination étant adoptée pendant la Révolution ceste).
(1793. Il est passé en marine (1831) et dans l’avia- +Le mot, passé en français par l’intermédiaire des
tion (1937). oL’emploi du mot en cuisine @oin auteurs chrétiens, qualifie une personne pore, ver-
chasseurs, sémantiquement bizarre, est métony- tueuse, sens aujourd’hui dominant mais rare à
mique pour <lapin préparé avec une sauce chas- l’époque classique. II qualifie aussi une chose (fin
seur*, d’abord réservée à on produit de la chasse. x11”-déb. XIII~ s.) concrète ou abstraite, avec une va-
-Le féminin chasseuse (15511, relativement rare leur symbolique (1552, chaste feu) et, spécialement
dans une activité traditionnellement virile, n’a pas dans le domaine littéraire (av. 1676) et artistique,
éliminé le doublet CHASSERESSE n. et adj.f. une représentation.
(av. 13051, maintenu dans l’usage poétique et dans
.L’adjectif a pour dérivé CHASTEMENT adv.
l’expression Diane chasseresse.
(v. 1135). -CHASTETÉ n. f. (1180), emprunt SaVSd
La forme verbale 61, elle) chasse connaît, dès l’an
ilu dérivé latm castitas <<pureté*, d’abord employé
cien français, une grande vitalité dans la formation
en parlant des vestales, et repris par les auteurs
de substantifs (en général maxulinsl dans la
chrétiens, a éliminé l’ancien français chastée
langue de la technique et le langage populaire, de
(v. 11211 encore attesté au #s., adaptation demi-
CHASSE-MARÉE n. m. (1260, cacemaree comme
savante du même mot latin correspondant à
anthroponymel à CHASSE-MOUCHES n. In. (1555)
chaste. ~Chasteté désigne la pudicité, en parti-
et à CHASSE-NEIGE n.m. (18341. -CHASSÉ-
culier l’abstinence des plaisirs de la chair prescrite
CROISÉ n. m., formé (1839) avec deux participes
en religion (1656.1657, Pascal). Sa Spécialisation
passés substantivés, est probablement à l’origine
dans le domaine artistique apparaît chez les théo-
un terme de chorégraphie, même si la chronologie
riciens du classicisme (av. 16541.
des attestations donne d’abord le sens figuré, puis
0 voir CHÂTIER.
le sens technique en danse (18631.
POURCHASSER v. tr. (lOBO), d’abord en emploi
CHASUBLE n. f. est issu (1175) du bas latin
ca- o>
pronominal au sens ancien de *s’évertuer à., fonc-
subula d’où caubla, d’origine controversée. pro-
tionne comme le doublet intensif de chasser avec le
bablement altération du bas latin casula amanteau
sens figuré de *chercher à obtenuh (Y 11401 et le
à capuchon> puis (IX~ s.1 #vêtement enveloppant
sens propre ~poursuivre avec acharnements
sans manches=. Celui-ci est un emploi figuré de ca-
(mil. XII~ s. ou apr. 1250). 0 Son dérivé POURCHAS-
sula *petite cabanen, diminutif de casa (-case)
SEUR, EUSE n. (XIII~ s.) est rare. o Quant au déver-
L’hypothèse d’un étymon bas latin “casupula =Ca-
bal POURCHAS n. m. -peine, effort* (v. 11401, il ne
bane à toit arrondis, issu du croisement de casula
s’emploie plus que par archaïsme pour l’action de
et de copula -petite cuven (-coupole), pose des
poursuivre, en particulier, le fait de rechercher les
problèmes sémantiques.
faveurs d’une femme (1534).
0 voir CATCH. + Le mot désigne un vêtement sacerdotal et, par
extension, on type de vêtement féminin envelop-
CHASSIE n.f., d’abord chacti (v. llCO1 puis pant (18931, en apposition dans robe chasuble,mon-
chacti (xnt”s.1 et chassie, est probablement issu teau chasuble.
d’un latin vulgaire “caccita, dérivé du radical de ca-
cars (+ chier1 avec réduplication expressive de la CHAT n. m. est issu Cv.11751du latin tardif cattus o>
consonne et hale d’après pituita (+ pituitel. “Cac- ou gattus (rv” s.) lequel a remplacé feles (-félin) et
cita est attesté sous la forme cacida notée entre les vient probablement d’une langue &icaine (le ber-
mots scabtosus <galeux> (+Scabieuse) et pituita bère et le nubien ont des termes proches). Le latin
dans les Notes tirmiennes. Le recom au grec parait à l’origine des noms roxnans (italien gatto)
kakkê =excrémentn ou au gaulois Ocaccos pour ex- mais aussi celtiques (anglais cd, germaniques cal-
pliquer le radical redoublé %~CC- ne semble pas lemand Katzl et slaves (russe kotl.
nécessaire. + C’est à la fois le nom de l’espèce zoologique et
+Le mot désigne l’humeur onctueuse et jaunâtre couramment celui d’un petit animal domestique.
sécrétée sur le bord de la paupière; il est assez en particulier celui du mâle de l’espèce, à côté du
rare. féminin chatte, d’abord chute (1200-1250). 0 Il a iris-
. CHASSIEUX, EUSE ad., d’abord chacios piré de nombreuses locutions, surtout au masculin
(v. 1125) puis chaciewc (13421, peut-être formé (alors que les mêmes, en italien, sont réparties
d’après le latin tardif cacicfosw qualifie la per- entre le masculin et le féminin) parfois en opposi-
sonne qui a de la chassie. ainsi que les yeux. tion à chien*, rat* ou souris*. On peut citer ne pas
trouver un chat (av. 17781 -ne trouver personne>,
CHASTE adj. est issu, par voie demi-savante puis lil nk a1 pas un chat, avoir IUI chat dans la
(1130-l 1401, du latin religieux castus =qui se gorge (18351. Certaines méritent on éclaircisse-
conforme aux règles et aux ritesm (correspondant ment : écrire comme un chat (18531 se comprend à
au sanskrit @a& *éduqué, bien dressén (-peut- partir du jeu de mots paronymique sur @ffe/greffe
être castel. Sous l’tiuence de castus participe et de greffier*, nom argotique moderne du chat;
passé de carere -manquer dem (-carence) avec le- donner sa langue au chat est une atténuation de je-
quel il s’est confondu, produisant une forme cassus, ter sa langue fà manger) awc chms, féroce auto-
il a pris le sens second de -pur, exempt dem et, abso- mutilation symbolique. Le mot sert aussi d’appella-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHARTE
et, par me extension figurée, &iUader, malme- CHARRUE n. f. est issu Il MC-~ZOO)du latin car-
ner* Iv. 1200); sens aujourd’hui disparu. Par an&- rua, dérivé de cornu -chariot= (+ char, charger),
pie, il est employé en parlant d’une ceuvre abstraite qui a d’abord désigné un type de char luxueux, un
ldiscou~-~. écrit) avec le sens de -construirez carrosse puis simplement une voiture quelconque
ldéb. xrv” s., dans un contexte religieux; de nouveau à deux roues U?n ne-déb. III~S.I. Le mot s’est spécia-
a” xces.). lisé en Gaule au 19 s. pour désigner l’instrument de
CHARPENTIER n.m., d’abord carpentir (1174- travail agricole, lui aussi à deux roues, importé par
11761, est issu du latin carpentwius, dérivé de car- les Francs, distinguant ainsi cette innovation tech-
pentum, -relatif aux voituresn, substantivé comme nique de l’instrument de labour sans roues des Ro-
appellation du charron et, dans les textes tardifs, mains, et supplantant le représentant latin ara-
de l’artisan qui fwonne les bois et les assemble W- hum qui a donné oraire. *
VI~s.l. L’évolution sémantique est confirmée par le +Le mot, désignant l’instrument de travail agricole
composé carroca~entarius attesté dans les gloses à traction animale ou mécanique destiné au labour.
du IX~et du xe s.: carrw de carrum (+ char) serait a donné quelques locutions figurées. Toutes sont
inutile si le mot avait gardé le sens premier. -Le vieillies à l’exception de atteler Imeltrel la charrue
mot désigne l’artisan travaillant le bois et possède avant les bœufs (d’abord : devant les boeufs, 1675)
quelques emplois métaphoriques dans le domaine *faire les choses dans un mauvais ordre>, réfection
de la création artistique et littéraire. Le féminin d’une ancienne variante en usage aux xve et
chrpentière (1278. carpentière) ne s’est pas main- XVI~siècles.
tenu.
k CHARRUER v. (1339) a été éliminé par labourer.
CHARPIE n. f., étant donné sa datation relative- Son dérivé CHARRUAGE n.m. ~III~~.), d’abord
ment tardive (v. 1300),est probablement la substan- <étendue de terre de labow puis aussi -action de
tivation du participe passé charpi au féminin, de labourer> (19071,est demeuré rare.
chwpti Ws.) =démêler de la laine à la main> et
(XIII~s.) *déchirer, mettre en pièces=, plutôt que la CHARTE n. f. est l’altération (av. 13381par dissi-
continuation du bas latin car+, attesté comme milation ou d’après le latin charta, de charhe
terme de médecine au tues. (Oribsse) et dont la for- (10501.Ce dernier est issu du latin classique char-
mation, à partir de carpere, est obscure. Charpir est tia *petit écrit> et, en bas latin et latin médiéval
quant à lui issu d’un latin tardif “carpire, motiva- este, document*. Ce mot est le diminutif de carta
tion par changement de conjugaison de cmpere ou chuta, emprunt ancien au grec khmtês
~cueillir, arracher, lacérer=, employé spécialement (+carte, pancarte et, par l’italien, -carton. car-
en parlant de la laine que l’on file (dès Catullel, touche, cartel1 -feuille de papyrus préparée pour
également au figuré #choisir* et -jouir de, goûtep. l’écritures, par métonymie alettre, écrits pois (au
Ce mot est rapproché de l’ancien haut allemand pluriel) -acte, document d’archive>.
hmbist et du vieil anglais haerfest (anglais harvest), 6 Tout au long du moyen âge, le mot a désigné un
du grec karpos &uit~ l+ -carpe, carpo-). titre de propriété, de vente, de privilège octroyé.
+ Le sens médical, =amas de 6ls permettant de faire C’est en ce sens qu’il est encore utilisé dans Ecole
des pansements*, a vieilli du fait de l’usage de gaze nationale des chartes, école fondée en 1821 et pré-
et de coton; le mot est surtout vivant, avec une idée parant des spécialistes des documents anciens.
de <menus morceaux> (1300, en art culinaire), dans oll s’est spécialisé au sens d’xensemble des lois
la locution figurée en charpie précédée des Vex%es constitutionnelles établies par un souversiw (1771)
mettre, réduire, s’en aller. en parlant de la Grande Charte d’Angleterre éta-
blie en 1215 (en anglais ch&) ou de la charte
t Le Verbe CHARPIR. vieilli et rare, a toutefois pro-
constitutionnelle de la Restauration (1814). Par ex-
doit écharper?
tension, il désigne tout ensemble de principes fon-
0 voir CAaPETrE.ÉCHARPER
damentaux d’une institution officielle (d’on synci-
CHARRÉE n. f. d’abord carrée (v. 12801,est dé- cat, des Nations unies), parfois avec la valeur
rivé, de même que l’ancien provençal, d’un terme figurée de =règle essentielle= (18261.
simple fcwre, charre?I attesté par le limousin cha- t Le mot a produit CHARTE-PARTIE n.f. (1372,
dro. Ce mot est issu du bas latin cathara (sous-en- chartre partie), formé avec le participe passé de
tendu aqua) =(eau) propre, qui purifie>, attesté au partir* et qui désigne un acte constatant un contrat
vf s. dans une traduction d’oribase. L’adjectif est d’afYrètement : les deux expéditions de l’acte, faites
emprunté du grec katharos -pur, propre, sans sur la même feuille. étaient ensuite séparées
tache* (+ cathare, catharsis). L’usage des cendres quand le notaire coupait le document en deux, de
dans l’eau de lavage du linge, connu des Grecs et manière à éviter toute falsification. -L’ancienne
des Romains, ainsi que le mot, ont pu se répandre à forme chartre demeure dans le dérivé CHAR-
partir des colonies grecques du sud de la Gaule. TRIER n. m. (1370) <dépôt ou recueil des chartes= et
(Le mot désigne la cendre de bois employée pour (1690) *gardien des chartesm. Bien que formé en
la lessive et dont le résidu est utilisé pour l’amen- français, ce mot a subi l’influence du latin médiéval
dement des sols et la fabrication de certains verres. chartularium (972-980) de sens concret, et de char-
tiariw *archiviste> (dès 3541.
CHARRIER --f CHAR CHARTISTE n. (av. 1824) a été créé en politique,
d’après la charte de 1814, au sens de -partisan de la
CHARROI + CHAR charten, sous I’ioiluence de l’anglais chartkt: il est
CHÂTEAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot référant de nos jours au pmpriétaire d’un châ- constitué d’après l’ancien haut allemand kmto, l’ai-
teau de plaisanceet à sa femme (1840).L’adjectifde lemand Kasten et le néerlandais kast -coffre-). La
même forme (1611)correspond au latin castellanus spécialisation en joaillerie se serait faite en frm-
‘relatif au château>.- CHÂTELLENIE n. f. (XII~s.), çais : en effet, dans ce domaine, c’est plutôt le ger-
terme de droit féodal, désignela seigneurie ou jti- manique qui a empnmté au latin (-gemme). Les
diction d’un châtelain. correspondants romans étant pris au f?ançais.
0 voirCASTEL. l’étymon germanique occidental est moins pm-
bable que le francique. P. Goiraud p&fère suppo-
0 CHÂTEAU - CHATEAUBRIAND ser un dérivé du latin capsa =Châsses (+ caisse,cap-
sule, châsse)qui aurait été démotivé par suite de
CHATEAUBRIAND, CHÂTEAUBRIANT son homonymie avec 0 chaton, de chat.
n. m., d’abord écrit châteaubriant (1865)puis égale-
ment chateaubriand (1866).est d’origine incertaine. 4 Le mot désigne la partie saillante d’une bague où
Les uns, défenseurs de la graphie châteaubriant, est enchâsséeune pierre précieuse et, par métony-
en font un nom commun tiré du nom de la ville de mie, cette pierre précieuse (1780).Par analogie
Châteaubriant (Loire-Atlantique), située dans un d’aspect. il a reçu des sens techniques spécialisés
important centre d’élevage.Les autres y voient le en anatomie (1611.chaton de l’œtil et en botanique
nom de l’écrivain François René dechateau- où il désigne l’enveloppe verte de la noisette (17041,
briard, parce que l’invention de cette préparation la partie du gland dans laquelle il se trouve en-
serait due à son cuisinier Montmireil. Les premiers châssé:dans ce sens,il n’interfère pas avecl’homo-
emplois connus ne permettent pas de trancher. nyme 0 chaton.
+Le mot désigne une tranche épaisse de flet de 0 CHATON + CHAT
boeufgrillée, servie avecdes pommes de terre SO&
flées et une béarnaise ou une sauce chateaubriand CHATOUILLER v. tr., (xv” s.) forme en ch- et
(saucebrune). Il est couramment abrégé (19201en réfection su&mle en -ouüler de catellier (v. 122Ol,
0 château (un château saignant). catoillier (1414).est d’origine incertaine, probable-
ment onomatopéique : en effet plusieurs langues
CHAT-HUANT n. m., d’abord chahuan européennesexpriment cette même notion par la
(v. 1278)puis chat-huant @n XIV~s.1,est la rélnter- succession des consonnes k-t-l avec voyelle in-
prétation, d’après le cri et la forme de la tête de cet tiale a (italien; provençal catilha, gatihal et dans
oiseau, en chat* huant=Chatqui hue> du verbe les langues germaniques, avec voyelle radicale i
huer* -crier (desoiseaux de nuitl~. d’un type attesté (ancien norrois kitla, ancien haut allemand kizi-
sous la forme javan dans les Gloses de Rashi ion, moyen haut allemand kitzeln). En tiam@.s, le
(v. 1100).Ce mot est lui-même issu du bas latin ca- type moderne chatouiller a prévalu. Dans les
vannus W s.), d’origine gauloise, à rattacher à la formes non dialectales en ca-, la force expressive
même racine “kaw que chouette*, chouan*, cha- de l’onomatopéese serait maintenue empêchant le
hut*. développement régulierk ou ch. Cette évolution
+Le mot désigne un oiseau de proie de la famille montre d’ailleurs l’ancienneté du mot et fait écar-
des Nocturnes. ter l’hypothèse d’un emprunt au bas allemand ou
au néerlandais katelen de même sells.Une dérlva-
CHÂTIER v. tr., d’abord castier (v.980) puis tion directe de chat (et des formes issuesde ca&&
chastier (1160.1174l, est issu du latin castigare qui a est seulement à évoquer comme étymologie se-
dû signilïer =essayerd’instruire= d’où -corriger, ré- conde, populaire.
primander-, attesté en latin chrétien au sensréflé- +Le mot a signifié *provoquer des tressalllements~,
chi de ~semortlfïe~. Le mot est dérivé de castus avec une valeur neutre dont semble procéder le
b chaste)au sens de sconforme aux règles*. sensfiguré -exciter- (1414).Le senss’estinnéchi dès
+Le verbe, pour -réprimander, blâmep, relève de le xv’ s. vers l’indication d’une sensation agréable
l’usage soutenu,surtout avec le sens spécial, intro- (xv”s.1,au propre comme au figuré; la langue clas-
duit par la langue classique.de *épurer son style> sique lui a ajouté la valeur figurée de *flatter par
(1661).Il est plus courut avec la valeur forte de d’aimables propos ou attitudes> (av. 1625, Mal-
“punir, corriger sévèrement* (1160-l1741,mais herbe).
seule la locution proverbiale qG aime bien châtie c CHATOUILLEUX, EUSE adj., d’abord en picard
bien (1350-1400) est usuelle. oLe sens spécialisé, catülose (XIII~~.)et en normand catoülew (1370)
dans un contexte religieux, -se mortl6er. se flagel- pois chatoilleus (XIV~s.l. chatouilleux @IIxves., cha-
lep et avecun complément *mortifier> (v. 11211, ap- touUeu.x),a qwdiiïé d’abord de manière neutre une
partient également à l’usage très soutenu. personne sensible,d’où, avec la préposition à, sen-
wEn sont dérivés CHÂTIMENT n. m. Iv. 1170,chas- sible à. enclin à (fin xv” s.l. Il a évolué comme le
tiement), synonyme soutenu de punition mais plus verbe vers l’idée de =Sensibleà des démangeaisons
courant que châtier, surtout en contexte religieux, agréables>(v. 1370)tout en gardant au figuré la va-
et parfois connu par allusion littéraire (Crime et leur de *susceptible* et. d’une chose, *qui peut
Chàtiment, de Dostoïevski),et, moins usuel, CHÂ- éveiller la susceptibilité=(av. 15641.
TIEUR. EUSE n. (av. 1755). CHATOUILLEMENT n. m. (v. 13901,d’abord en pi-
card catoullement, la forme actuelle étant attestée
0 CHATON n. m., d’abord chastun (1160-11701, depuis 1580,assume une fonction de substantif
est issu du francique ‘kaeto sboîte, caisse= (re d’action et désigne également le résultat de l’a-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHASSER
rie; il exprime l’action de loger des pierres p&- sens premier, il est appliqué aux nuages poussés
cieuses dans une monture. Il correspond aussi au par le vent (17971, emploi qui est à l’origine du belg-
sens religieux du substantif et s’emploie au sens fi- cisme <venter, sotier~. puis aussi, techniquement,
guré d’ktercaler, insérer une phrase, un sons. à une figure de danse (18351, d’abord au participe
dansl’usagelittéraire. -ENCHÂSSEMENT~.~., passé substantivé chassé (1752), et à une automo-
d’abord enchacement (13851, présente le sens biie qui patine par manque d’adhérence au sol
concret de -châssis, cadrez, issu par métonymie de (19291, plus particulièrement à ses roues (1954). Le
celui de *action d’enchâsser, enregistré en 1611. groupe des sens intransitifs du vetie est quasiment
o Enchûsser et enchâssement, par calque de l’an- détaché de celui des sens transitifs, comme chasse
gk&iS, S’emploient en linguistique formelle. -EN- d’eau l’est de chasse à courre.
CHÂSSURE n. f., d’abord enchasseure @in XI? s.), ~CHASSE II.~., d’abord chace (1167.1170), a ex-
avec une vocation plus concrète, désigne le sup- primé une idée de *chevauchée rapide-, dans l’an-
port dans lequel une chose est enchâssée et, quel- cienne expression a chace =à bride abattue, (1167.
quefois, la manière dont elle l’est. 11701, et a pris rapidement le sens usuel de “pour-
suite des animaux> (v. 1175) et plus généralement
CHASSELAS n. m., d’abord chasselat (1673). de -poursuites (v. 1175). On ne parlera de chasse à
puis chucelas (1680) et, conformément à la graphie l’homme qu’au >w” s. (Balzac, 1841). mais un texte
moderne du nom propre, chasselas (17181, est tiré du xv” s. se référait déjà à la poursuite en mer avec
du toponyme Chasselas, commune de Saône-et- la locution donner la chasse. De là à escadrilk de
Loire, proche de Mâcon, où fut d’abord cultivé ce chasse (1931), avionde chasse (1936) et, parmétony-
cépage pour la production de raisin de table. mie, chasse (1937, la chasse ennemie), en aviation, il
+Le mot désigne une variété de raisin de table esti- n’y avait qu’un pas, de nature technique et non lin-
mée pour la délicatesse de sa chair et, par métony- guistique. ~Dans son sens initial et dominant, le
mie, un vin blanc issu du cépage de même nom. nom, comme le verbe, désigne une réalité sociale
qui a changé. Phénomène archaïque, la chasse est,
CHASSEPOT n. m. est tiré (1866) du nom de dans notre civilisation, d’abord liée à la société féo-
l’armurier français A. Chassepot (1833-1886) à qui dale. Elle est passée du rôle de pourvoyeuse de
l’on doit l’invention de ce fusil de guerre à aiguille viande fraîche à celui de sport pour la classe domi-
utilisé de 1866 à 1874. nante. Puis, avec I’apparition et surtout la difFusion
des armes à feu, elle s’est modifié et démocratisée :
CHASSER v., d’abord chackr (1130.11601, ca- dans le monde du fusil, de la carabine et du permis
chier et cassier (deux formes attestées en ancien pi- cle chasse, la poursuite de gibier pratiquée sans tir,
card, me s.). prolonge un bas latin “captiare qui a avec chevaux et chiens, doit recevoir une désigna-
progressivement éliminé le latin venu? “pour- tion spécifique. C’est ce qui explique la survivance
suivre les animaux* (-vénerie, veneur). “Captiare, de vénerie* et le maintien du syntagme chasse B
avec une spécialisation de sens à rapprocher de courre ~+courrel. Les syntagmes chasse à tir,
captiosus (+ captieux) et employé dans une lettre chasse au fusil, utiles lorsque chasse faisait d’abord
du prêtre africain Stéphane au sens de =relatif à la penser à la vénerie, sont aujourd’hui vieillis ou a&
chasse> 1x1~S.I. est une forme parallèle de captare ministratii : on dit chasse, sans plu. 0 Par méto-
I+ capter), fréquentatif de capere (-capable, capa- nymie, le mot a reçu plusieurs valeurs : *gibier pris>
cité) siaant <chercher à prendre, à saisit-~, (16351, -ensemble des chasseurs et de leur éqti-
-zonvoiter= et ccaptep. pages (1690) et -terre où l’on chasse* (1690); il dé-
b Le verbe exprime l’idée de ~poursuivre les an- signe aussi l’air de musique qui reproduit les airs
maux pour les tuer ou les capture* en emploi utilisés dans les chasses à courre (1635). -Aux sens
1transitif et absolu (av. 1188); les valeurs parti- techniques du Vex%e correspondent des sens dont
culières du verbe découlent de celles qu’a prises le plus usuel est sécoulement rapide d’un liquides
dans l’histoire la notion de chasse k-dessous). Par (15491, notamment dans l’expression chasse d’eau
extension, dès le mes., il signifie spousser en avant (lQOl), apparue sans doute avec les =Cabinets à l’an-
hme personneIn (v. 1160). <faire avancer devant soi glaise=.
km animal)~ (1172-1175). 0 Avec l’idée supplémen- ~~~~~~~~.~~~~~.,d'abordchaceür(déb.~fs.),
taire d’un contact brutal, ce Vex%e a eu le sens tech- a désigné un cheval de course, par opposition au
nique de “frapper violemment (une chose) pour la palefi-oi. Jusqu’au xv$s., le mot sert essentielle-
faire entrer dans une autre> IlIn XII”~.) dont pro- ment à désigner celui qui s’adonne à la chasse, va-
cède la locution figurée un clou chasse l’autre leur qui a évolué avec l’histoire de la chasse. Par
116901, comprise aujourd’hui d’après on autre sens extension, il s’applique à la personne qui cherche à
usuel de chasser, spousser dehors= (1172-l 174). Ce se procurer qqch. avec ardeur (18351, entrant dans
dernier a donné, après le moyen âge, le sens figuré des expressions dont certaines calquent une ex-
de spriver d’un emploi> (1576) et, à partir du XIY s., pression anglaise avec hunter khasseur de primes,
le sens abstrait de -dissiper* fchasser les soucis, les chasseur de sorcières). ~Par l’intermédiaire du
ülwions~. -Au ~VIFS., le vetie commence à s’em- sens de -domestique occupé à chasser pour son
ployer intransitivement en marine, en parlant d’un maître> (1718). il a désigné un valet en livrée de
navire poussé dans une certaine direction (1678, chasse (1787 Laclos), puis un domestique en livrée
chasser sur ses ancres ou chasser absolument), et attaché à un hôtel, un restaurant (1890). oEn rela-
en typographie, à propos d’on caractère qui occupe tion avec l’emploi de chasser et chasse dans le do-
plus d’espace que prévu (1688). 0 Par extension du maine militaire (marine, aviation), le mot est de-
DICTIONNAIRE HISTORIQUE

NERIE n. f. (1611), dont le sens moderne =fabrica- neau, d’une chandière~, est entré dans le vocabu-
tien de récipients en mét& (16801 a éhminé cehii laire des chemins de fer (18341: par a.ssimiIation
de -mets cuit dans un chaudron=, évinçant le plus entre les fonctions de chauffeur d’une locomotive à
ancien chaucleronnk (1408). vapeur et de conducteur. ~Bien qu’il s’agisse de
deux fonctions différentes, le mot a glissé vers le
+# CHAUFFER v. est issu tv. 1150) d’un latin po- sens usuel de <conducteur d’un véhicule antomo-
pulaire “calefore, abréviation de ccdefacere -rendre bile= (18961, sens avec lequel il a produit le mot fa-
chaud> (Phute) et an figuré *excite- (+ caléfaction, milier CHAUFFARD n. m. (18981, de S&e et de
calfater). composé de calere &tre chauds t+ cha- sens péjoratifs, et a été doté d’un féminin resté rare
loir, art. chaland1 et de facere (- faire). (18981. o Chauffeur fut le nom (attesté 1797) donné
+ En construction intransitive, le verbe signitïe -de- à des mahaitenrs qui torturaient leurs victimes en
venir chandn, d’où quelquefois. en parlant d’un ap- leur brûiant les pieds, pour leur faire révéler la ca-
pareil, ~devenir excessivement chaud et risquer un chette de leur magot. On parle aussi de chauffage
grippagem t19061. oSes premiers emplois figurés et de chauffer, dans cette acception. -CHAUF-
datent du XVII’ s. (en locutions le bain chauffe) et se FEUSE n. f. existait déjà comme terme d’ameuble-
développent an xi? s. (d’abord argotiquement, p va ment pour désigner un siège bas, permettant de se
chauffer, 18301 avec une valeur péjorative. 0 Egale- chauffer an coin du feu t 1830).
ment transitif dès les premiers textes (11761, chauf- CHAUFFOIR n. tri. (16801, anciennement employé
fer reprend les sens latins dès le XII~ s., an propre et pour la pièce commune de certains établissements
an figuré. La valeur figurée pour =attaquer vive- où l’on peut se chauffer, a pris par métonymie le
ment qqn par des raisonnements et des plaisante- sens d’sappareil qui chauffe= (1690. d’un linge
riesm (17981, passe à échauffer sauf dans quelques lo- chauffé pour tenir chaud).
cutions ibxnihères (chauffer les oreülesl. 0 À la Le participe présent de chauffer, adjectivé en
forme pronominale, se chauffer kuue s.) a surtout le CHAUFFANT, ANTE. sert à qnahfier des disposi-
sens propre de -recevoir l’action de la chaIeut- tii produisant de la chaleur, telle couverture chauf-
[avec un complément on absohnnent, avec le sens fante.
de =Chauffer son logement& II entre dans la Io- L’élément verbal CHAUFFE- est entré dans de
cntion montrer de quel bois on se ch&&? (1585) nombreux substantifs composés, de sens concrets
montrer de quoi l’on est capables. tels CHAUFFE-DOUX n. m. (1831). CHAUFFE-AS-
w Chauffer a de nombreux dérivés. -CHAUFFAGE SIETTES n. m. (18351, CHAUFFE-PLATS n. In.
n. m. est d’abord attesté sons la forme latinisée tl890j. CHAUFFE-BAIN n. m. (18991, CHAUFFE-
chaufagium (12021, peut-être à l’exemple du latin EAU n. In. (19021, CHAUFFE-BIBERON n.IIl.
médiéval cakfagium (1145) avec le même sens : (1926).
~approvisionnement en bois de chaoffagem, spécia- Par préfixation, chauffer a servi à former RÉ-
lement dans l’expression ancienne droit de chauf- CHAUFFER y. tr. tv. 11901, lequel a perdu son sens
fage (16111. II sert de substantif d’action et d’appel- intransitif de ~redevenir chaud= pour le sens transi-
lation des instahations qui chauffent, avec des tif correspondant *chauffer (ce qui est reii-oidi on
syntagmes courants comme chauffage central, in- froid)> bon” s.l. Par extension, il exprime l’idée de
dividuel, urbain; au gaz, électrique; appareü de cdonner de la chaleur à (un être, une choseh (12731
Chauffage... -CHAUFFAGISTE n. m. a été tatdke- et reçoit, an ~V?S., des valeurs fignrées (1671).
ment formé tv. 19701 pour désigner le spécialiste du d’abord dans la locution récbatier un serpent
chatige central. dans son sein *élever on aider un ingrats (1662).
CHAUFFE n. f. ~XIV” s.1, déverbal de chauffer, après o La forme pronominaIe se réchauffer, attestée de-
une attestation isolée an sens de -combustible>. a puis 1661 an figuré pour -devenir plus ardents, si-
été réintroduit dans I’nsage technique an XVIII~~. gnifie depuis le XVI$ s. an sens concret eredevenir
pour *foyer d’un fourneau de fonderlem (1701) et plus chaud, en parlant de l’air> (17401, puis =redon-
eopération de distillatiom (17831, puis aussi (XIX~ s.) ner de la chaleur à son corps= 11798) et, à nouveau
-opération relative an fonctionnement d’un appa- an figuré, sse réconforter moralement~ (1932). -Le
reil de chatiagem dans surface de chauffe (1838), verbe a produit les dérivés RECHAUFFE. ÉE sdj.
chmnbre de chauffe (18761. (XIII~ s.1 dont le sens familier de -rebattu, sans or&-
CHAUFFERIE n. f. (1334). rare avec Ie sens d’cac- nalit& (1671) a donné lieu à un emploi substantivé
tion de chauffer-. s’est répandu à partir du XVIII~ s. 6în xv? s.I : c’est du réchauffé; RÉCHAUFFEMENT
avec la valeur technique concrète de *fourneau. n. m. (16111, dont le sens concret générai wtion de
forge où l’on travaille le fer- (1723). II est plus usuel se réchanffer~ est attesté bien plus tard (19621 que
avec le sens de =IocaI où se produit la chaleur- no- divers sens spéciaux; RÉCHAUFFANT, ANTE adj.
tamment dans un navire, une usine. on immeuble t1808I et RÉCHAUFFAGE n. m. (1842I, eiWegiStl-é
(18731. dès le début du XIY s. avec des sens aujourd’hui on-
CHAUFFERETTE n. f.. d’abord chauferete (13791, bliés. -RÉCHAUD n. m., plus surprenant par sa
est issu de chauffer par Iïntermédiaire du moyen forme keschauld, 1549; réchaud, XVII~ s.), est la ré-
français chaufete (1366) avec substitution de stixe. fection, d’après chaud*, d’une forme non attestée
II désigne un petit ustensile destiné à chauffer une “réchaut: déverbal de réchauffer. 0 Le mot désigne
partie du corps on un objet et, spécialement an Ca- concrètement un ustensile de cuisine, on petit
nada, on appareil de chauffage dans une voiture. fourneau portatiftl664) et, en horticulture, un amas
CHAUFFEUR, EUSE n. (16801. proprement sper- de fumier destiné à réchauffer les plantes autour
sonne qui s’occupe du feu d’une forge, d’on font- desquelles il est disposé (1869).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHÂrnU
tif zdhtueux (1672, mon petit chat, Sévipné) et est couleur de châtaigne. L’adjectif s’appliquant
donne son nom à plus d’un jeu de poursuite (1852, surtout aux cheveux qui ne sont ni blonds, ni bruns,
chat perché). -Il a reçu plusieurs sens spécialisés est substantivé pour désigner une personne aux
fondés sur une analogie avec la forme d’une partie cheveux de cette couleur (1704) et le coloris de la
du corps de l’animal ou avec sa démarche souple. Il châtaigne elle-même.
désigne une sorte d’instrument muni de griffes que CHÂTAIGNERAIE n. f., d’abord chastaigeraye
l’on introduisait autrefois dans une bouche à feu (15381, désigne un terrain couvert de châtaigniers.
pour s’assurer qu’il n’y avait pas de dépression -CHÂTAIGNER ". (1927) COnShkIe Un Synonyme
(1704). Chat à neuf queues sert d’appellation du rare de castagrw* <se battre=, d’usage familier.
martinet (1845), par calque de l’anglais cat o’ntrw
tads. oLe sens argotique *sexe de la femme>, 0 CHÂTEAU n.m., d’abord castel en ancien
assumé tant par le masculin (xvnr”s.) que par le provençal @in x”s.), pois chustel (1080) et chateau
féminin chatte, également sous la forme argotique d’après le pluriel chostaus (11741,est issu du latin
chagotte (v. 19501,est probablement dû à une ren- castellum sforteressen, =Château d’eau* et, en latin
contre homonymique avec chas* &-ou, fente>. -Le médiéval =Citadelle* wille forttiée, oppidumn
mot sert de désignation en botanique. minéralogie, (vnres.); il est passé dans de nombreuses langues
zoologie fpoisson-ch& chorégraphie (saut de européennes (italien castello, espagnol castilo,
chat, 1611 puis 19311et météorologie (queue de chat portugais castelo,anglais castle).Castellum est dé-
=Petit nuage blanc aIlong&). rivé, par suflïxation diminutive de cashum *retran-
chement, heu for-Mi& (d’abord en parlant d’une
cEn sont dérivés CHATIÈRE n.f (v.12781 et
propriété gardée ou retmnchéel. Ce mot est ap-
OCHATON n.m. (1261) qui, par-analogie d’kI.SpeCt
parenté à castrare (-castrer, châtrer) *couper,
avec la queue d’un jeune chat (forme, douceur), est
émonder*, avec l’idée d’une séparation. Au voca-
aussi un terme de botanique (1531). -Avec une
idée figurée de douceur insinuante, le féminin a lisme près, costrum est à rapprocher du saoskrlt
çastrcim kx&ument tranchants, à côté de çûsativil
produit CHATTERIE n.f (15581,SpéCidt ~wesse~
(1845) et CHATTEMITE n.f. (1295) de chatte et de coupe=.
mite, ancien nom populaire du chat, appellation fa- + Le sens du mot a évolué avec l’histoire de la bâ-
milière pour une personne affectant des manières tisse qui, au moyen âge, consistait en une forte-
doucereuses et hypocrites pour tromper qqn. resse quelconque, mais le syntagme château fort
Chat est aussi à l'origine de CHATOYER v.ink. date seulement de l’époque de la mode médiévale
(17421,d’après l’image des reflets de l’oeil du chat (18351. À la Renaissance, le châteauchangea de
dans l’obscurité, d'où CHATOYANT.ANTE adj. fonction et d’architecture. L’idée de -grande et
(17601, et CHATOIEMENT n.m., d'abord chatoye- belle demeure> prévaut alors, d’où le sens d’chabi-
ment (av. 1788). Ces trois mots sont démotivés en tation royale> (16061,qui a fait du mot un synonyme
français moderne. de palais, désignant aussi une importante de-
meure de plaisance à la campagne. 0 L’expression
châteaux en Espagne, déjà attestée en moyen fran-
çais, a connu un grand succès, supplantant des va-
CHÂTAIGNE n. f., d’abord chastaigne (1180), riantes localisées en d’autres lieux (en Albanie.
est issu du latin costama désignant à la fois l’arbre pour Albion, etc.). Château de cartes (1651) est une
et le fruit mot qui a passé dans les langues M- modernisation de château de carte* (1690 -de car-
manes, ainsi qu’en germanique et en celtique. Le tons), qui au xv$s. désignait une bicoque ou une
latin est lui-même un emprunt au grec kastanea, chose sans valeur. o Dès l’ancien français, le mot a
de kastana (m. pl.) ~châtaigoie~, mot probable- reçu des sens techniques spécialisés en marine
ment originaire d’Asie Mineure. également em- kstructure élevée sur un bâtime&, 1165-11701,en
prunté en arménien (kosk, kaskeni -châtaignier& blason (v. 1275).Ultérieurement, 11est entré dans le
+Le mot français désigne seulement le fruit et par syntagme château d’eau (17041=bâtiment surélevé
analogie, en emploi qualifié ou déterminé, d’autres destiné à fournir l’eau sous pressiom.
fruits (1561, cha.stc@!ne d’eau) et, par analogie d’as- c L’ancienne forme chastel, chatel a donné le dimi-
pect avec la bogue, l’oursin appelé (1564) chas- nutif CHÂTELET n.m. (1155): à Paris, le Grand
taigm de mer. 0 Le langage populaire l’utilise au Chiitelet, après avoir gardé le Grand Pont, servit de
sens fguré de acoup de poings (1866; déjà en 1635, prison.
au sens de -coup sur les doigts>) de même que sa CHÂTELAIN, AINE n. (v.1155) est issu du dérivé
variante méridionale castagne* [cf. aussi marronl. latin castellanw =celui qui habite dans un château
. Le dérivé CHÂTAIGNIER n. m.a d’abord eu les fort et le défendm (n”s.1 puis à époque médiévale
formes chastenier (v. 1100, encore en 15601,chas- -celui qui est préposé à la garde d’un châteaw
taignier Cv.1165) et castegnier(1370. en ancien nor- (1002.10241,ce fonctionnaire ayant un rang dans la
mand). Le mot désigne l’arbre et, par métonymie, hiérarchie seigneuriale. Châtelain désigne celui à
son bois, pour bois de châtaignier (1694).oUne qui la possession d’un château confère un certain
Ch&&@%ier, au féminin (1697). est une ellipse pour rang dans la hiérarchie féodale et, au féminin châ-
pomme de chatatgnier 11571)désignant une pomme telaine, d’abord chastelaine, son épouse (v. 1170).
rougeâtre de chair farineuse. Historiquement. il évolue en -seigneur d’un châ-
CHÂTAIN. AINE adj., d'abord chastatgne ti me- teau et de son territoire= (av. 13091,*juge officiant à
déb. xn? s.1en emploi adjectifpuis châtain (av. 1345, la place du seigneur- (16361. Ces sens ne de-
chastain) et châtaim? (1839, Balzac), qualifie ce qui meurent que comme archaïsmes de civilisation, le
CHAUSSÉE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pâte renfermant des &uits, une compote (1783). no- sens concret de *ce qui sert à envelopper le pied=,
tamment dans l’expression chausson aux pommes. entrant avec une valeur figurée dans la locution
-Il a produit CHAUSSONNIER n.m. t18411 et chaussure à son pied (16111. Malgré la concurrence
CHAUSSONNERIE n. f. (18691, termes de métier de soulier et de termes spécifiques, chaussure est
aujourd’hui archaïques, et un verbe CHAUSSON- resté le mot générique usuel, d’où par métonymie
NER -donner des coups de pieds= (1869) qui a dis- au singulier le sens de <fabrication, industrie, com-
P-. merce des chaussures~. -CHAUSSAGE n. m.
0 “or CALEÇON.CHAUSSÉE. CHAUSSER. (1435) fournit dès le xv’s. un substantif d’action spé-
cialisé en horticulture. -CHAUSSE-PIED ri. m.,
CHAUSSÉE n. f., d’abord chuuciee (v. 11551, composé (1549) de la forme verbale chausse et de
chaucie (13091, est issu d’un latin populaire “cal- pied*, désigne concrètement une lame facilitant
ciata (9461, substantwation d’un adjectif féminin lïitroduction du pied dans une chaussure; à l’épo-
par ellipse du syntagme Ocalciata via. “Calciata que classique, il s’est employé avec la valeur figu-
pourrait dériver de ca& <chaux* (+ chaux), les Ro- rée de ace qui facilite qqch.n (1610).
mains ayant utilisé le mortier de chaux pour cer- DÉCHAUSSER v. tr. a, dès ses premières attesta-
taines substructions de routes, notamment en ter- tions sous la forme desjcdcier cv. 1100). le sens spé-
rain marécageux; le mot aurait été étendu à toutes cial de -détacher (les dents1 des gencives>, qui pro-
sortes de routes. L’hypothèse d’une dérivation de cède par analogie de celui d’eenlever ses
cal% =talow (+ chausse, chausser), à travers un latin chaussures= (v. 1160) et s’emploie surtout au parti-
vulgaire calcia Cv”s.), s’appuie sur un document ca- cipe passé Idents déchaussées); il est également
talan de 988 dé6nissant la chaussée comme une employé en horticulture (v. 1230) pour *dégager le
route formée de morceaux de pierres tassés, foulés pied de (un arbre, un végétal)>. -Son dérivé DÉ-
(avec le talon); elle est cependant moins probable. CHAUSSAGE mm. (13901, après s’être référé,
+Appliqué à désigner la partie centrale d’une dans le folklore, à ce qu’une jeune mariée donnait
route où roulent les voitures, d’où les Ponts et aux jeunes garçons le jour de ses noces pour boire,
Chaussées (XVIII~s.l. administration chargée de la est passé en horticulture d’après chaussuge (1838).
construction et de l’entretien des voies, le mot dé- -DÉCHAUSSOIR n. m., d’abord deschaussouers
signe aussi (1309) une levée de terre retenant l’eau (1471). fournit un nom d’outil en agriculture et
(v. 1560) en cbirmgie dentaire. -DÉCHAUSSE-
d’un cours d’eau et pouvant servir de chemin de
MENT n. m. (15381, bien que de sens plus général,
passage. 0 Par analogie, il s’applique encore au pi-
tend à s’employer surtout en agriculture (1671) et
gnon portant l’aiguille des minutes en horlogerle
en médecine dentaire. -ENCHA~SSER Y. tr.
(1752) et à un écueil sous-marin fleurant l’eau.
11752) concurrence chausser en agriculture.
w REZ-DE-CHAUSSÉE n. m. (14501 est formé avec 0 voir CALEÇON.cALQuF..CHA”SSE.
rez, ancien doublet de ras* utilisé jusqu’à l’époque
classique dans des locutions prépositionnelles (rez CHAUSSE-TRAP(P)E n. f. est la réfection
pied, rez terre 14951. Le mot a désigné la surface (14301, par remotivation d’après chausser* et
d’un terrain situé de niveau avec une chaussée, trappe*, de l’ancien français canketrepe (v. 11801,
une me. avant de prendre, par métonymie, la va- chauchetrepe (av. lZ?Ol, lui-même fréquemment a,-
leur moderne de *partie d’une maison au ras du téré, notamment en caude treppe. Ce mot, déjà at-
sol> (1548). servant à désigner un appartement, un testé en latin médiéval par la forme calcatripa
logement ainsi situé (1835). -chardon> Ws.), est composé de l’ancien français
chouchier -fouler-. hérité du latin calcare (+ cau-
CHAUSSER v. tr.. d’abord calter (10801 puis chemar] et de treper, soit au sens de <fouler aux
chaucier Cv.11551,est issu, comme l’italien calzare pieds, marcher SUT),soit de <sauter= (+ trépigner);
et l’espagnol calzar, du latin calceare <mettre des il Sign%e donc littéralement *foule, marche des-
chaussuresm, de calceus ssouliep, mot dont une sus=.
forme féminine a donné chausse*. +La chronologie et l’extension géographique des
+Le verbe exprime l’acte de mettre à ses pieds des attestations du mot, d’abord repéré en picard,
chaussures, des éperons. Il s’emploie en construc- montrent l’antériorité du sens -plante commune
tions transitive et pronominale (v. 11751. Le aux fleurs ornées d’épines= (à rapprocher du sens
complément désigne l’objet ainsi ajusté ou, par mé- du latin médiévall. o Le développement du sens de
tonymie, une partie du corps (1080). la personne *pièce de fer munie de pointes% (1284) est vraisem-
(v. 1155) à laquelle on l’ajuste. Dans ce dernier cas, blablement, comme l’indique une glose C&ibles.
il revêt secondairement les valeurs d’&ler bien ou c’est à dire chardons, kanketreppesml, un calque
mal, en parlant d’une chaussuren (v. 12251 et de sémantique du latin tribulus, lui-même du grec tri-
-fournir en chaussures* (16111.Par extension, il ex- bolos, dit à la fois d‘un engin à trois pointes et, en
prime le fait de mettre des lunettes (1552). Il se botanique, d’une plante piquante. L’appzwition du
prête à un emploi métaphorique, équivalant à sens de =Piège pour prendre les animaux sau-
-concevoir, mettre dans son esprits (1566) et qui a vagesn (1320-1350) s’explique partiellement par l’at-
disparu. oPar analogie, il est employé en horti- traction de trappe “piège>. Les hésitations gra-
culture au sens d’~entourer de terre le pied de (un phiques entre chausse-trape et chausse-happe
VégétalIn (16901,sens toujours vivant. reflètent la perte de conscience de l’histoire du
mot.
cLe dérivé en -ure CHAUSSURE n.f., d’abord
chaucëure (v. 11751, s’est immédiatement fixé au CHAUT (peu me chaut1 - 0 CHALAND
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHAUDIÈFLE
tien, une sensation agréable (15801,mais aussl quel- une nouvelle toute cbaudel. ~Utilisé de bonne
quefois désagréable (1801). -CHATOUILLEUR. heure au figuré Il 1651,d’abord comme épithète de
EUSE adj, et n. de sens adif, après une attestation la colère, puis aussi et surtout avec la valeur
isolée en 1636, semble repris assez tard dans le d’cardent, sensuel*. ll présente encore l’idée d’=em-
~19s. l1866). -CHATOUILLE n. f.,déve&.aldecha- portement* en langue classique kvoir la tête
touüler, est un synonyme familier (1787) de cha- chaudel et plus souvent aujourd’hui d’senthou-
touillement, surtout employé au pluriel. -CHA- siasmen h’êtrepas cbaudpour...l. 0 Il lui arrive de
TOUILLIS n. m. (1891) exprime, lui aussi dans la traduire les nuances de =fort, épicén. de l’anglais
langue familière. la notion d’un léger chatouille- ht *chaud=, dans quelques expressions comme
ment quartier chaud ou, en contexte politico-social point
chaud, printemps chaud. -Comme froid, l’adjectif
CHATOYER + CHAT est substantivé de bonne heure (1080) : de son an-
cien emploi au sens de zchaleurr demeurent de
CHAT-PARD n. m.. d’abord chatpard en un nombreuses tournures lexlcalisées: avoir, faire
mot (16901,graphie employée par Hugo (18231,puis chaud, au chaud, à chaud (par extension en parlant
chat-pard (17041,est composé de chat* et de pard, d’une opération chirurgicale, 19061. Au figuré, il
ancien nom de la panthère (v. 1390) supplanté par entre dans l’expression ne faire ni chaud ni &oid
panthère et qui ne stit qu’en composition (- léo- Cv.1236, dans un ordre différent). oLe féminin
pard et l’ancien chameau-pard qui désignait la pi- (av. 1511) est peu utilisé, sinon avec une valeur tem-
rafe). Pard est lui-même l’adaptation du latin par- porelle dans la locution à la chaude<surle champ>,
dus apparenté au grec pardalis -panthère, léo- à propos du degré de température nécessaire pour
pardn, la forme synonyme pardos étant proba- travailler certaines matières (1611) et régionale-
blement reprise au latin. Le mot, dont le s&e ment ou familièrement comme appellation méto-
-alis n’est pas éclairci, est un emprunt oriental dont nymique d’une flambée (faire une chmdel
on a rapproché le persan palang et des formes ira- t CHAUDEMENT adv. (1172-l 174) est employé au
niennes [auxquelles est emprunté le terme sans- propre (dès les premiers textes, chaudement vêtu)
krit p+%hu-). Le mot latin a donné l’ancien haut al- et, au figuré, avec une double valeur affective (1380.
lemand pardo, le russe pardus. 1388) et, plus rarement, temporelle (1544).
$ Le mot désigne un félin à pelage fauve taché de CHAUDE-PISSE n. f. (XIII” s.) (+ pisser). doublé ul-
IlOit-. térieurement par CHAUDE-LANCE (1837). est un
terme populaire pour la blennorragie.
CHÂTRER v. tr., d’abord chastrer (1121). est le -CHAUD-FROID adj. et n. (18081,qualifie et dé-
doublet populaire correspondant au type savant signe ce qui associe de faibles et fortes tempéra-
castrer*; il est issu du latin cashare -rendre impuis- tures spécialement, en cuisine, un plat de volaille
sant (un homme, un anlmall~~, -élaguer (des ou de gibier préparé à chaud et servl froid.
arbre& et, au figuré, *atténuer, affalbk+. 0 voir ACHALANDER CÂLIN. CALORLE.cHALom b.rt B
4 Outre son sens usuel de arendre un mâle (géné- CHALANDI.CHAUDIÈRE.CHAUFFER.&! ÉCHAUDER.NON-
ralement un animal) impropre à la reproduction CHALANT.
en le mutilant*, le verbe est employé en horti-
culture (1562) et, par métaphore, au sens de zmuti- CHAUDIÈRE n. f.. réfection (v. 12301,peut-être
ler, amoindrir- (d’un abstrait, d’une oeuvre litté- d’après chaud, de jaldiere (v. llIXl), calàiere
raire ; 1690, au participe passé livre châtré). (v. 11201,est issu du bas latin caldaria ou calidatia
=chaudronm, pluriel pris comme féminin singulier
c CHÂTRE~R n. m. (1585), d’abord sous la forme
picarde casheur (14161, désigne proprement celui du neutre calid~rium <étuve, chaudrons, de l’ad-
qui a pour métier de châtrer les animaux et, au fi- jectlfccdidatius schaud, chauffén, dérivé de calidus,
guré, celui qui mutile (1659). ca&.~ (- chaud).
0 Var CASTaAT. + Le mot a longtemps désigné un grand récipient
de métal pour faire cuire, chauffer ou bouillir
CHATTEMITE - CHAT Cv.1120) avant que ne s’impose le sens moderne
courant d’sapparell transformant l’eau en vapew
CHAUD, AUDE adj. et n., d’abord écrit chaut (v. 1831). quelquefois dans chaudière à vapeur
et chaud (10801,est issu du latin de même sens cal- (1835). 0 Une trace de son sens ancien demeure au
dus ou calidus (au propre et au figuré), mot panro- Canada, où il désigne un seau métallique.
mari (italien caldo, espagnol caltinte) et celtique (ir- ~L’ancien sens de chaudière se retrouve dans le
landais caOt), dérivé de calere (+chaloir art. dérivé CHAUDRON n. m., formé avec sufke -eron
chaland). (v. 1150) d’où longtemps la graphie chauderon. Le
+Le mot s’oppose à froid* dans la plupart de ses mot désigne un récipient plus petit que l’ancienne
emplois : il qualifie proprement un corps qui a une chaudière. destiné aux usages domestiques et à la
température élevée ou (1170) qui a gardé une tem- fabrication de certains produits, spécialement le
pérature naturelle ou transmise, notamment en baquet dans lequel on prépare les boyaux pour
parlant de plats cuisinés ou d’une partie du corps faire les cordes à musique (1753). -Les dérivés, à
(d’où, au figuré, chaudes larmes 1165). 0 La nuance part CHAUDRONNÉE n. f. (1473) qui parta&% avec
temporelle de &Cent> (12431, beaucoup plus fré- chaudron le sens de -contenu d’un chaudron=, et
quemment confiée à frais*, subsiste dans quelques qui est archaïque, sont des termes de métier:
expressions (1243, une chaude nouvelle annonçant CHAUDRONNIER.IÈRE Il. (1277), CHAUDRON-
CHEF :
CAPUT et ses représentants
dans les langues romanes

latin (VII” S.)

CAPUT CAPUM -

catalan cap
espagnol cabo
DE LA LANGUE FRANCAISE CHAUSSE
SURCHAUFFER V. (1694) est d’abord un terme de indoeuropéennes. comme le lituanien kulnis *ta-
métallurgie, comme SURCHAUFFURE n. f. (16761: lon=, le bulgare külka -hanche=, étant assez loin-
ce dernier est un mot technique désignant le dé- taines. “Cakea a évolué de bonne heure vers le
faut présenté par l’acier ou le fer surchauffé, de- sens de *guêtre couvrant à la fois le pied et la
venu archaïque et supplanté par pailles. Le verbe, jambe>, également attesté par l’italien calza et l’es-
d’usage courant en technique, puis dans la langue pagnol calza -ba.sm,vêtement d’origine gauloise qui
courante (mil. xc? s.), exprime l’idée d’un excès de reparut après l’invasion franque : dès le VL~s. en ef-
chaleur et, au figuré, d’un état d’agitation extrême fet, les Francs adoptèrent certaines parties du cos-
(av. 1892; 1873 au p.p.1. -Ses dérivés, SUR- tume du peuple vaincu, remplaçant par les
CHAUFFÉ, ÉE adj. (18351, SURCHAUFFAGE n. m. chausses les braies, qu’ils avaient importées.
(1877), SURCHAUFFE nf. (1875). participent du (Chausse, au singulier mais surtout au pluriel
sens physique, le déverbal réalisant aussi en écono- (XII~s.), a désigné des jambières, sorte de pantalons
mie l’idée d’un phénomène caractérisé par l’aug- collants en drap ou en laine qui forent, jusqu’à
mentation de la demande solvable de biens de l’avènement de la culotte, le vêtement masculin
consommation, plus rapide que l’accroissement du normal, en Occident, de la partie inférieure du
produit national brut (1963, dans les dictionnaires corps. Ce vêtement, qui tenait lieu à la fois de bas et
généraux). de culotte, était divisé en bas-de-chausses(1538),
0 voir ÉCHAUFFER. expression qui est à l’origine du terme d’habille-
ment bas*, et haut-de-chausses(1546). L’apparition
CHAUFOUR - CHAUX de ces deux expressions au xwe s. correspond au
vieillissement du mot employé seul, à la suite de
CHAULER - CHAUX l’évolution de l’habillement masculin. Cependant,
l’importance du vêtement se reflète encore aux
CHAUME n. m. est issu (11951, par une forme xvxe-xwne s. dans une phraséologie abondante : tirer
tardive “calmus, du latm classique calamus -r-o- seschausses=partix- (16111,porter les chausses,ar-
seau> puis *tige d’une plantes, fréquemment en tienne variante de porter la culotte (1656), n'avoir
parlant de céréales (Pline). Calamw est un em-
pas de chausses&tre en pannes (16941, fain dans
prunt ancien au grec de même sens kalamos, qui a ses chausses-avoir peur* (17981,toutes quasiment
6ni par éliminer le terme latin Whlarundo (-ca- sorties d’usage. Une sorte particulière de chausses,
lame). le chausses de mailles, formait au moyen âge le
+Le mot est surtout employé au pluriel pour les complément de l’armure à haubert avant l’usage
blés en tiges (11951 et, avec une valeur collective, des cuissards, platines et <grèves+ et l’adoption de
pour désigner la paille couvrant le toit des maisons l’armure à cuirasse vers la fm du XIII~siècle.
rurales (v. 12781,appelées plus tard chuumitks (ci- 0 Le singulier chausse a connu une évolution sé-
dessous). Il est ainsi pris, notamment au sens méto- mantique plus riche par extension analogique : le
nymique smaisonn, comme emblème de la concl- mot désigne un filtre (XIV~.), également appelé
tion modeste (1651-1652) ou rustique kv~n”s.). chausse d’Hippocrate (1552, chausse d’Hippocras1
t Chaume a produit quelques dérivés relatifs au par les pharmaciens. Il est passé dans le langage
tI?WLii agriCOle comme CHAUMER v. (1355) WZOU- de la construction comme dénomination khausse
per le chaume d’un champ=, ultérieurement d’aisance; d’abord causse de l’aysement, xvf s.1du
CHAUMET n. m. (18631, nom d’outil, et CHAUMIER conduit des latrines, emploi disparu. En%, après
n. m. (18631, nom d’ouvrier. -Dans l’intervalle, il a avoir désigné un type d’ornement (v. 12501,il se dit
produit CHAUMINE n. f., ancien adjectif (1486) d’une pièce d’étoffe que les membres de l’univer-
substantivé (16061,pour désigner une petite maison sité portent sur l’épaule gauche dans les cérémo-
à toit de chaume. -Celui-ci a été absorbé par nies (1740) et que l’on nomme aussi chcqemn. De
CHAUMIÈRE n.f. (16661, désignant d’abord une nos jours, chaussea vieilli dans tous ses emplois.
petite maison rurale couverte d’un toit en chaume, Le diminutif CHAUSSETTE n. f., d’abord chalcette
puis pris au XVTI~S.comme symbole des charmes (v. 11501,cauchette en picard (12821,puis chaucette
de la vie rurale. loin de l’immoralité des villes (d’où Oïn ~V”S.) <bas s’arrêtant à mi-jambe*, est au
des locutions comme pleurer dam les chaumières contraire resté très vivant, malgré la concurrence
et le titre de la publication La Veütie des chau- de mots récents, comme socquette. -Il a produit
mières), sens encore actif au début du xxes. Les à son tour CHAUSSETIER n.m. (1337, CauChe-
maisons couvertes en chaume disparaissant ou de- tir1 qui, après avoir supplanté CHAUSSIER
venant de coûteuses fantaisies, le mot, démotivé ou n.m. (1268-12711, est sorti d’usage, et CHAUS-
remotivé, a perdu ces connotations ou acquis une SETITlERIE n. f. (13471, mot sorti d’uSage aVmt sa
valeur ironique. reprise au début du XIX~s. (1832, Hugo).
CHAUSSON n. m. (apr. 1150) a désigné des es-
CHAUSSE n. f. d’abord écrit chauce (v. 11501, pèces de chaussettes portées sous le soulier, avant
est issu d’un latin populaire “cakea, attesté à l’épo- de devenir le nom de chaussures souples que l’on
que médiévale (8001, féminin tiré du latin cakeus, porte généralement chez soi 11832). oDès 1627, il
mot désignant une chaussure d’abord portée par désigne des souliers plats et légers pour jouer à la
les rois et les patriciens, et probablement d’origine paume ou faire de l’escrime, devenant par métony-
étrusque. Calceus est dérivé de calx &Ion~, *pied mie (18441 le nom d’une variété de lutte où les
ki’un mât, d’une échelle)* dont l’origine pourrait coups de pied sont permis (6. savate).0 Par analo-
être étrusque. les autres relations avec des langues gie d’aspect, le mot désigne une préparation de
CHEF :
évolution sémantique et dérivés
DE LA LANGUE FRANÇAISE 719 CHEF
o> CHAUVE a$., d’abord ch& (v. 11601 devenu c + a produit cha. Le mot provençal est lui-même
chauve (apr. 12501 par généralisation de la forme composé de cap etêten (+ cap) et de vira =tournern
féminine, est hérité du latin calvus -dégarni de che- b virer).
veux> b calvitie) employé par analo& pour quali- + Le mot a été introduit dans le vocabulaire de la
fier une sorte de noix et de vigne. Le mot est rap- marine au sens de *se retourner=, en parlant d’une
proché du sanskrit kulv& et de l’avestique kaurva- embarcation. oPar extension, il exprime le fait
-chauves. mais aussi, avec un kh- populaire. du d’une personne qui chancelle (18301, d’une chose
sanskrlt khalati& de même sens. qui vacille, en particulier d’un œil qui se révulse.
)Le mot, comme son étymon latin, quall6e une Dès 1835, il est employé au figuré avec l’idée d’Eau-
partle du corps, une personne et, par analogie, des ler à sa ruines. o Des emplois transiti& correspon-
espèces végétales et animales qui ne sont pas cou- dants se sont développés parallèlement, en marine
vertes de cheveux, de poils. alors qu’elles devraient (17011puis dans l’usage général (18591.
normalement l’être. fi Les substantifs d’action CHAVIREMENT n. m.
CHAUVE-SOURIS + SOURIS (1838) et CHAVIRAGE n. m. (18391,qui s’emploient
indifféremment, ne sont pas usuels.
CHAUVIN, INE adj. et n. est tiré (1843) du
nom de (Nicolas) Chauvin, type du soldat patriote CHÈCHE - CHÉCHIA
naïvement exalté de l’Empire, mis en scène par
Cogniard (la Cocarde tricolore) puis par Scribe. Le CHÉCHIA n. f., une première fols chachie (15751
nom correspond moins à un personnage réel qu’à puis, au mes., chachia (18451, chéchia (18551 est
une tradition narrative. emprunté à l’arabe kï.%yya, mot attesté depuis Ibn
+D’abord attesté avec la valeur positive de =Soldat Battûta et Les Mille et, Une Nuits, désignant au Mag-
valeureux>, le mot a évolué vers sa valeur négative hreb, et autrefois en Egypte, la calotte que l’on pose
aduelle, “qui manifeste un patriotisme, un nationa- sur la tête et autour de laquelle on roule une pièce
lisme fanatiques. d’étoffe, de manière à former un ttian. Le mot est
dérivé de Sd.?*pièce d’étoffe roulée autour de la ca-
.ti sont tirés CHAUVINISME n.m. (1832) et
lottes, lui-même introduit en français sous les
CHAUVINISTE n. et adj. (18.591,doublet de chau-
fOrmeS setsse (16571, sesse (16761, puis chech (19181
vin, influencé par l’anglais chauvintit, lui-même
et enlin CHÈCHE n. m., tiré de l’ancien nom de la
emprunté au iixnçais mals qui en a étendu le sens,
ville de Tachkent où l’on fabnqualt de telles coif-
maze chautinist équivalant à phallocrate
fures dès le mesiècle. o La forme moderne chéchia
CHAUX n. f. est issu (v. 11551du latin ca& cal& ainsi que l’italien ci& (XIX~s.1 sont dus à lïmtila,
(-calcaire), mot probablement emprunté au grec phénomène phonétique que l’on rencontre dans
khdix =C~~OU~,<pierre à chaux=, à moins que les plusieurs dialectes arabes (hispano-arabe, notarn-
deux mots ne soient des emprunts indépendants à ment), consistant en la prononciation e oui du a.
une langue méditerranéenne non déterminée. +D’abord mot exotique et rare, chéchia s’est ré-
c La dérivation consiste en quelques termes tech- pandu en français après la conquête de l’Algérie
niques : CHAULER v. tr. (13721, &aiter avec de la (mil. XIX~s.l. désignant aussi erronément des coif-
chauxn, s’est imposé au mes. au détriment des fures analogues, comme le fez.
types chauter (17621,chauder (17851.En est dérivé le
substantif d’action CHAULAGE n. m. (17641 ainsi CHEF n. m., d’abord chieef (v. 8811, chtef puis 0)
que le préfixé verbal 0 ÉCHAUDER v. tr. (1783) chet: est issu d’un latin populaire “capum (attesté
-enduire d’un lait de chaux~, et <faire macérer dans au déb. VII~s.1,forme altérée du latin classique ca-
du lait de chaux=, aujourd’hui vieilli tout comme put. Ce mot, qui désigne la tête des hommes et des
son dérivé ÉCHAUDAGE n. m. (18461, S- doute à animaux, a repris certames acceptions du grec ke-
cause de l’homonymie avec le dérivé de chaud. phalê (tcéphal-1, s’employant souvent dans des
-CHAUFOUR n. In., d’abord cauffor (1248) et sens dérivés ou imagés pour désigner la personne
chuffour (1311), formé de chaux et four*, désigne tout entière (avec la notion accessoire de vie), no-
proprement un four à chaux et, par extension, le tamment dans les énumérations et recensements.
magasin où l’on entrepose le bois et la pierre à Il désigne aussi le sommet, la cime d’une chose, la
chaux destinés à ce four. oEn est dérivé CHAU- pointe (dans une acception géographique de
FOURNIER n. m., mot dont la forme actuelle =Cap*); il s’applique à la source - au propre et au fi-
km” s.1,qui a remplacé caufomier [121X), a subi l’in- guré -, à ce qui gouverne. En grammaire, il dé-
fluence de l’ancien français fournier =boulangerB ; le signe la forme principale d’un mot (nominatif pre-
mot désigne celui qui travaille dans un four à chaux mière personne d’un verbe). Le mot, anciennement
et qui est également appelé CHAULIER mm. écrit kaput, est sans doute un terme populaire qui
(16101,par dérivation de chaux. a remplacé, comme presque partout, le nom in-
0 “Ou-ÉCHAUFFOURÉE. doeuropéen de la tête dont cerebrum (-cerveau)
garde la trace. Caput n’est d’ailleurs pas isolé, mais
CHAVIRER v. est tiré (16871du provençal cap- à rapprocher du germanique (vieil anglais hafud,
vira, catira =kel tourner la tête en bas, [sel retour- anglais headl et du sanskrit kapucchalam
nep, soit par francisation, soit plutôt par l’inter- ~chignon~, kapdam xcrânem, &esson* (6. l’évolution
médiaire de dialectes d’oc, limitrophes du do- de tête), rapprochements prouvant que le -ut de ca-
maine d’o’ïl ou du domaine franco-provençal où put n’est pas essentiel.
mhite
p 7241
CHEFTAINE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Le sens propre de -tête*, attesté le premier, a été +Le mot désigne la jeune fille responsable d’un
concurrencé de bonne heure par tête*; au XVII~s., il groupe de scouts.
est weilli et ne subsiste que dans le composé
COUVRE-CHEF n.m. knrs., *étoffe COUVrant la CHEIK(H) n. m. est emprunté (13091 à l’arabe
tête4 o Chef a cédé la place aux sens unagés du Sayb wleillard~, employé à propos d’un homme
latin, attestés dès l’ancien français, en particulier âgé respecté pour son savoir philosophique et reh-
-celui qui est à la tête de qqch.,, (v. 11721,employé pieux. Le mot a été introduit en français sous les
dans divers contextes k-mée, politique, famille, vie formes isolées seik (13091. schet (15681, ckque
professionnelle) parfois en syntagmes, tels chef (1598). À partir du xv? s.. la graphie varie entre
d’Ét& chef de cabinet (comme titre), chef dbr- cheik (16311,scheik (16761.quelquefois sheik (17251,
chestre(1813),chefdefamiZk,chefde&ine(1740, cheick (17981et en6n chetkh (18381.
absolument cheB, parfois en apposltlon dans des t Le mot désigne un chef de tribu arabe: il est quel-
grades militaires ladjudant-chefl et dans la lo- quefois employé avec sa valeur étymoloaque
cution en chef. Ce sens, également appliqué au fon- d’xhomme respecté pour son âge, son savoir*,
dateur d’une institution (1.5301,a donné un emploi s’agissant d’un contexte arabe.
en appellatif et, familièrement, à propos d’une per-
sonne remarquable dans son domaine, ou auto+ CHELEM n. m., d’abord schlem (17731puis che-
taire. -Le mot possède aussi des sens plus spéciali- km (1785). est l’adaptation, sous une forme évo-
sés issus du latin : celui de -bout, extrémités, dans quant plus ou moins l’arabe, de l’anglais slam
le vocabulau-e textile (1130, d’une étoffe), et dans (16211,nom d’un jeu de cartes, puis de la réunion de
DERECHEF adv. (II~&& rechiet), terme soutenu toutes les levées dans les mains des deux joueurs
pour à nouveau, celui d’=élément, pomt principal>> associés (1660). L’origine de slam est inconnue;
(apr. 12501,juridiquement (chef d’accusation, 16141, c’est peut-être l’abréviation de l’ancien mot slam-
et dans un registre soutenu (au premier chefl. Une pant (15771 Emauvais tour>>,lui-même d’étymologie
autre locution formée avec chefmobilise l’idée abs- et de forme douteuses.
traite d’=autotité= et celle de <<personnes: c’est de +Le mot s’est répandu en français parmi les
son propre chef (1643, de son chefl qui appartient
joueurs de whist, puis de bridge. 0 Par extension,
au même registre soutenu. grand chelem est entré dans l’usage avec le sens fi-
MÉCHEF n. m. est formé (v. 11651de mé- (mes-1 et guré de +&ie complète de victoire+ (sport, poli-
chef. Le mot a longtemps signiiïé cmalheur. événe-
tique).
ment fâcheuxn. Sorti d’usage en français classique,
il est parfois réemployé par archaisme littéraire, CHÉLIDOINE n. f., d’abord celidoine (v. 11201,
parfois avec l’idée de =mauvaise actions. refait savamment en chelialome (1538) d’après la
w Chefa peudedétivés,d'ailleurstardifs.CHEFFE- forme latine, est emprunté au latin cheliàonia. Ce
RIE n. f. (18451s’applique au sens ethnologique de dernier est la substantwatlon du féminin de l’ad-
chefappliqué au détenteur du pouvoir traditionnel, jectif cheladonius <de l’hirondelle~, employé spécia-
notamment dans les sociétés africaines. +CHEF- lement dans les syntagmes chelidonia herba et che-
FESSE n. f.. tentative pour donner un féminin à lidonia genma -plante et pierre de l’hirondelle+ Le
chef (av 16671,n’a pas eu de succès, alors que la premier correspond à l’ancienne croyance selon
chef (Y& s.) reçoit des applications spéciales. -Les laquelle l’hirondelle se servait de cette plante pour
composés sont plus anciens. CHEF-LIEU n. m. dé- guérir ses petits, la seconde expression est due au
signe d’abord (12571 une place forte plus impor- fait qu’on croyait que cette pierre se trouvait dans
tante que d’autres; le mot est repris au XVIII~~. l’estomac de l’oiseau. Chelidonius est l’adaptation
(17521 et reçoit une valeur administrative parti- du grec khelidontin, dérivé de hhelidôn =hiron-
culière en France (cchef-lieu de canton). -CHEF- dellen. L’origine de ce mot est obscure, mais le sti-
D'CWVRE n. m. (1268, chief d’oeuvre) G%wre capi- fixe -dôn de noms d’animaux inciterait à un rap-
tale et ticile d’un compagnon en vue d’obtenir la prochement avec le latin hirondo (- hirondelle);
maîtrise dans une corporations, s’emploie abon- dans une autre direction, on a évoqué le grec kiklê
damment au figuré depuis 1508. -SOUS-CHEF =grweJj avec redoublement d’une racine germa-
n. m. (17711correspond à des emplois spéciaux de nique “ghel- -crier= identifiée dans le nom du ros-
chef: signol (allemand Nachtzgall, anglais nightingalel
+Le mot s’est introduit en minéralogie puis a été
repris en botanique (v. 1268).

CHÉLONÉE n. f. est dérivé savamment avec le


CHEFTAINE n. f. est l’adaptation (apr. 19161, subie -ée (1800) du grec hhelônê =tortue terrestre
avec assimilation de -ain à un stixe féminii, de ou marine-, formation parallèle au nom de la tor-
l’anglais chieftain qui, avant d’être un terme de tue terrestre khelus. Un rapprochement évident
scoutisme (19161, signifie (XIV~s.) =Capitaine*, *chef avec le slave “Zelü conduit à poser l’existence d’un
d’une branche de clan écossais=. Lui-même est la nom partiellement lndoeuropéen de la tortue. à
réfection, d’après chief (- chefl, de l'ancien cheve- rattacher selon certains à la racine “ghel- -jaune.
taine (xnr”s.) emprunté à l’ancien fi-ançais cheve- vert= lb chlorel.
taigne *capitainen, du latin capitaneus (-Cap~- t Le mot désigne une grande tortue de mer aux
taine). membres conformés en nageoires.
chef achever
(IXeS.) etc.

chnnfrcin
(fin we s.)
> aput 7 -
frenum
cebot
(XIXe
S.)
dialectal

capmalkar
cap t walkar

- capvira, cavira chavirer chavirement (1636)


cap + vira (xw S.) chavirage (18%)
capitone capiton CapitODDCf (1546)
- (fin XIII~s., milw xl@ s.) (Xlye3.) > capitonnage (1671)
du radical cap,,- de ca$ut

- capitoso(XIV~
s.1 capiteux
du radical cqt- de caput (XV S.)

caprice
(XVI”
s.)
capricieux capricieusement
(XVI”
s.) (1612)

- Caporalisme (1852)
CapOraliser (1667)

accapareur (av. 1724)


accaparement (1751)
/
accatkwateur
1
(fin xws s.)
1

caboter CabOtCUt (1277)


~ (XII”
s.,XIII’s. ?) - cabot& (XV~!*
s.)
moyenfrançais cabo7 cabotage(1676)
espagnol cachalot
/I cachalote l-4
J I
(xvs”S.)
/
I

cachalote
CHENAL. DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment différente en 18081 ou essentiel Ivendre sa l’ancien haut allemand hano, à rattacher à un rad-
Idemièrel chemisel. Signe social comme tout vête- cal germanique “hanan- (d’où l’anglais ben <poule%)
ment, il a produit la locution en bras de chemise, apparenté au latin canere schantep (+ chanter). Au
induisant à l’origine une idée de anégligén, par op- sens propre de =Coqs,Hahn, complément du verbe,
position au port conventionnel et bourgeois de la serait une allusion au vagabond qui fait main basse
veste. o Au XVI$ s., il a reçu les sens analogiques de sur la volaille; au sens figuré de <gaillard> (XVI~s.), il
couverture cartonnées (17.~21, usuel, et en tech- serait devenu le sujet du verbe.
nique de -revêtement de protectionm (1753, de l’in- 4 Le mot a désigné un voleur de grand chemin et,
térieur d’un haut fourneau), sens repris à propos spécialement à propos des armées d’Allemagne,
des moteurs à explosion. un type de pillard s’attachant au parti qui est en
w CHEMISETTE n. f., *petite chemise* (v. 12201, a campagne. Comme plusieurs mots de l’ancien vo-
désigné également le devant d’une chemise, géné- cabulaire de la marginalité, il s’est affaibli au sens
ralement de linge fin (1845) et, dans la mode fémi- plaisant de mauvais garçon-, cenfant turbulent,
nine, une sorte de col orné de broderie ou de den- garnements.
telle (18451.-CHEMISIER, IÈRE n. a été repris au
XCPS. après avoir désigné, au féminin une mat- CHÊNE n.m., d’abord écrit chaime, chesne
chande de toile (15961.Le mot, réintroduit comme (v. 11001,est probablement l’altération précoce de
adjectif désigne au XIYS. celui, celle qui fait ou l’ancien type chasne (v. 11001, sous l’influence de
vend des chemises. *Le masculin a reçu (1902) le fraime, frêne*. Chasne est issu d’on latin populaire
sens de Ncorsagen. - CHEMISER v. tr. (1838) et le “cas.sanu.s attesté sous la forme casnus à époque
plus ancien ENCHEMISER v. tr. (1611, rarement médiévale (8661, probablement d’origine gauloise
av. xrxe s.) procèdent, notamment le premier, de ou prégauloise. certains y voyant le représentant
chemise pris dans ses sens techniques. -CHEMI- gaulois du grec hostonos (-châtaigne). Le nom la-
SERIE n. f. (1845) correspond au sens moderne de tin du chêne, gwrcus, n’a pas pénétré en Gaule
chemisier. parce que cet arbre saint du druidisme a gardé le
0 voir CAMKARD.CAMISOLE. nom indigène casnus: il s’est seulement conservé
en sarde Ow%u) et en italien (quercia, de querceal.
CHENAL, AUX n. m. est la réfection cv. 1225), De nos jours, chêne est le seul mot des parlers sep-
d’après canal*, de l’ancien français chanel, chenel tentrionaux, mais il est concurrencé, dans ceux du
Cv.1112). Celui-ci est issu du latin canalis, l’un des Midi, notamment par gatic au sud du Massif Cen-
nombreux dérivés de canna =roseaw (-canne), tral et dans le Languedoc (-garrigue et aussi
désignant par extension un conduit d’eau. rouvre, yeuse).
+Le mot désigne d’abord le lit d’un fleuve dans sa + Comme tous les noms d’arbres, le mot désigne à
partie navigable et partage avec canal l’idée d’un la fois l’arbre -seul ou en emploi déterminé :
passage resserré donnant accès à un port ou per- chêne vert (16001,chêne-liège (1793) - et, par méto-
mettant de naviguer près des côtes, entre des îles nymie, son bois (v. 1225).Feuille de chêne, motif dé-
(1483). Par analogie, il désigne également une gout- coratif évoque en France le képi des généraux. Le
tière (1475). chêne étant le symbole de la force, la comparaison
. Le diminutif~~É~~~~ n. m., d’abord écrit cks- comme un chêne est vivante.
neau (1459), est probablement l’altération de la F CHÊNAIE n. f., d’abord chesnoie (12401, encore
forme dialectale cheneau, sous l’influence de quelquefois chesnaie (16001,a éliminé le type para.-
chêne*, parce que le petit canal qu’il désigne, lèle chaismi, masculin, issu d’un latin médiéval
conduisant les eaux à la gouttière, sur un toit, était cassnetum (508). Le mot désigne une plantation ou
fait à l’origine de chêne creusé. -CHENALER un ensemble de chênes. -CHÊNEAU n.m.,
v. intr., dérivé de la forme moderne chenal (16741, d’abord attesté sous la forme picarde kaisniel
réalise l’idée de =naviguer en suivant les sinuosités (1323) avant chesneau (15511,a supplanté son dou-
d’un chenalm. blet CHÊNETEAU n. m. (15441, encore vivant régio-
0 “OIT CANAL. nalement. pour désigner un jeune chêne, dans
l’usage didactique. -Le paronyme chéneau [de
CHENAPAN n.m., d’abord sous les formes
chenal*1 a pris sa forme moderne sous l’influence
snaphaine (6 juillet 15511et snaphan (15681,est em-
de chêne
prunté au néerlandais snaphaan [moyen néerlan-
dais smphaen) w~leur de grand chemins. Ce mot CHENET - CHIEN
est emprunté à l’allemand Schnapphahn (1494. WO-
leur de grand chemin monté à chevaln), qui passera CHENEVIS + CHANVRE
lui-même en français pendant les guerres du XVII~s.
sous la forme schnaphan (16941,refaite d’après la CHENIL -, CHIEN
prononciation en chenapan (17391. Le mot alle-
mand est composé d’une forme du verbe schnap- CHENILLE n. f. (12141représente le même mot
pen zattrapep, à l’impératif schnapp. Ce verbe latin que canicule*; il est issu par voie populaire de
vient du moyen haut allemand snappen, dont la ra- canicula =Petite chiennes (de cana &iennesl, qui
cine est probablement apparentée à celle du aurait pris en français le sens de -larve du papal-
moyen haut allemand snaben de même sens et long, par analogie de forme avec la tête d’une petite
pourrait évoquer le bruit des mâchoires qui se re- chienne. P. Guiraud, s’appuyant sur cheniltie, nom
ferment. Le second élément est Hahn aq+, de de diverses fleurs en forme de coupe, et sur l’em-
cheffesse
CHERCHER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

concurrence a”ec bon marché*1 pour <<quicoûte SURENCHÉRISSEUR n. m. (1804), dérivés du


peu*. o Avec ce sens, cher est employé advedxale- verbe, relèvent de son sens économique.
ment (1080) avec une valeur qui, dès les premiers Au ?x? s., cher a produit les dérivés populaires.
emplois, est souvent abstraite ou imagée, par CHÉROT adj. m. et adv. (18831 *coûteux> et CHER-
exemple dans vendre cher (10801,coûter cher (15381, RER v. (av. 1883), ce dernier ayant eu le sens de
payer cher (1538) et, familièrement, faire payer cher =battre, maltraitera d’après cher au sens figuré de
(1718). =rudem et ayant pris, par l’intermédiaire de l’idée
de sforcer la dépenses (19191,le sens figuré de -exa-
l CHÈREMENT adv. (1080) correspond aux deux
gérep (1915) avant de se confondre avec charrier*.
sens de l’adjectif mais s’est surtout implanté avec le
CHERTÉ n. f. k” s.), adapté du latin caritas lb cha-
sens affectif et en emplois figurés. -CHÉRIR v. tr.
rité), d’après cher, a perdu son sens affectif pour ne
Cv. 1155). abandonné au XVI~s. au sens de sflatter.
plus correspondre qu’à la valeur économique de
honorep, a conservé le sens d’&mer tendrementm
cher, avec le sens de ~caractère, état de ce qui est
(v. 1155) et, avec un complément désignant une
cher-m(X210-1220), attesté indirectement par un em-
chose, -attacher un grand prix à (qqch.)* (15801,d’où ploi métonymique dès le milieu du XII~siècle.
-tenir beaucoup à, se complaire dansm (1641-16421. 0 VOLT CARESSE. CHARITÉ.
Le participe passé CHÉRI, IE a été adjectivé (16691
et, ultérieurement, substantivé (1830-18331, rece- CHERCHER v. tr. est la modification, par assi-
vant dans la langue familière la valeur d’+mant(e)n milation (1468), de cercler (10801, cerchier (v. 11721,
(av. 18571. C’est notamment un appellatif amou- encore cercler au XVII*s., issu du bas latin circare.
reux, employé seul ou avec le possessif -Le verbe Le mot, qui signiile <faire le tour de, parcourir pour
a lui-même pour dérivé CHÉRISSABLE xlj. (1559), examinern W s.) puis sfouiller, scruter> (Ix”-xr” s.1,
peu usité. est formé sur la préposition circa -autour des. de
Par prédation, chérir a donné ENCHÉRIR v. (117% circus -cercle. cirque> (- cirque). Chercher a sup-
11741,qui a perdu l’ancien sens affectif d’=élever en planté le verbe quérir* ou querre et s’est répandu
dignité> pour ne garder que celui de <rendre dans les parlers septentrionaux au détriment de
(qqch.1 plus chern (v. 1195) et, en construction in- son concurrent qui n’a guère de vitalité qu’en wal-
transitive, =devenir plus chers. o Le dérivé de ce lon et en lorrain. Il s’est implanté également dans
verbe, ENCHÉRISSEMENT n. m. (1213) a la portée les parlers méridionaux (ancien provençal cercarl,
générale de chausse des prix>. -D’autres dérivés dans l’italien cercare, l’espagnol cercar -entourera.
de enchérir se sont détachés sémantiquement par L’anglais to search est repris à l’ancien ikmçais cer-
spécialisation. C’est le cas de ENCHÈRE n. f. [1259), cher, sercher.
surtout employé au pluriel pour désigner une opé- * Chercher,~parcourir en tous sensx puis =essayer
ration de vente où le prix est fixé par propositions de découvrir qqch., qqn> ~12101.a parfois gardé une
successives et montantes des participants. Le syn- notion de déplacement dans certains de ses em-
tagme vente aux enchères est synonyme de les en- plois concrets, jusque dans aller, venir chercher
chères, mot autour duquel gravite un vocabulaire (xv? s.l. Avec une valeur abstraite (15381, il signifie
spécial kommissaire-priseur, adjudication, etc.). sessayer de trouver mentalement (une idée, un
-ENCHÉRISSEUR n. m., prOprement ~personne souvenir)~, en mettant l’accent sur l’effort de la dé-
qui enchérit> (1325). s’est rattaché à la valeur spé- marche, dans la construction chercher à (XVII~~.)et
ciale de enchères. chercher à ce que (1549). 0 Plus particulièrement, il
Enchérir a aussi servi à former par préfixation induit l’idée d’un gain dans chercher femme (15381,
RENCHÉRIR v. (v. 11751qui a vieilli dans l’emploi chercher un emploi (16941,voire celle d’un résultat
transitif de -rendre plus cher=, conservant toutefois inévitable (XVI~s.1 au sens de <s’exposer à un dan-
la valeur intransitive correspondante de “devenir gers ftu l’as cherché!J.s’y ajoute une valeur agres-
plus chers (v. 13601.Pris lui aussi comme terme de sive dans chercher querelle (1592) et, familière-
vente aux enchères (v. 13501,il a reçu, par une ex- ment, chercher tqqnJ, par exemple dans la phrase
tension figurée, le sens d’saller plus loin qu’un de menace si tu me chenhes, tu me trouves!
autre en actes ou en paroles* (déb. XVII~s.l. -Ses o L’usage populaire dit (19451 ça va chercher dans
dérivés sont RENCHÉRISSEMENT n. m. (v. 12831, les Imbue francs) au sens d’catteindres.
RENCH~RISSEUR I-I. m. (v. 1350) de sens concret, t CHERCHEUR, EUSE n. et adj., d’abord cercheur
mots rares, et RENCHÉRI, IE adj. et n. (déb. xve s.) (15381,l’unique dérivé du verbe par s&ation, est
dit au figuré d’une personne dédaigneuse, difkile d’abord un nom puis aussi, tardivement, un adjectif
à contenter, notamment dans faire le renchéri, la kuxe~.l. En emploi absolu, il a pris la valeur de
renchérie Ce mot a vieilli au cours du XIX~siècle. *scientifique adonné à des recherches spécialisées~
-Le COmpOSé intensif SURENCHÉRIR v., relative- (18291,cet emploi spécial étant en rapport avec re-
ment tardif (mil. XVI~s.1et rare avant 1690, est mm- cherche et non avec les verbes chercher et recher-
phologiquement le dérivé de SURENCHÈRE n. f. cher, plus généraux. -Le composé RECHERCHER
(15691.formé directement sur enchère. Ces termes v. tr. (1636; 1080, recercher) redouble les emplois du
de droit commercial se sont répandus tardive- simple avec une valeur intensive, se bornant rare-
ment dans l’usage avec leur sens figuré (1900) ment au sens itératif de %Chercher une nouvelle
qui se substitue au sens figuré de renchérir, lui- fois= k& s.1, tout comme RECHERCHÉ, ÉE. l’ad-
même devenu archaïque. Surenchérir s’emploie jectiftiré de son participe passé (1580). qui a le sens
intransitivement pour =devenir plus cher-m (1841, (parfois péjoratif) de -rai%é, étudié= et prend plus
Balzac). SURENCHÉRISSEMENT n. m. (17921 et tard celui de arare> (v. 1750). oLe déverbal
DE LA LANGUE FRANÇAISE 725 CHEMISE

.Du radical de chélonée est dérivé CH8LO- ACHEMINER Y. tr. paraît, vu son ancienneté (10801,
NIEN.IENNE adj. d’où CHÉLONIENS n.m. pl. dériver directement de chemin et non de cheminer.
(18001, terme de classification zoologique pour Au sens propre de -diriger vers un lieu-, réalisé à la
l’ordre de reptiles dont le type est la tortue. forme pronominale et en construction transitive
ti XII~a), s’est ajouté au XVII~s. un sens I@V.% 0 Le
dc CHEMIN n. m. est issu (1080) d’un latin popu- verbe est entré dans le vocabulaire du manège par
laire “camminus, sans attestation avant camino son participe passé, ACHEMINÉ. ÉE. employé ad-
(qui se trouve au vse s., av. 680, dans un texte d’Es- jectivement pour qualifier un cheval presque
pagne). Celui-ci est un mot celtique maintenu dans dressé, -rompw (1690). -Le substantif d’action
les langues romanes (italien cammino, espagnol ACHEMINEMENT n. m. (1454) est quasiment sorti
camino, portugais caminho), le gaulois s’étant de l’usage avec son sens propre du XVIII~s. à la 6n
conservé plus longtemps dans les campagnes et les du XIX~s., lorsqu’il a été repris à propos du courrier,
relations locales. des paquets, pour =fait de transporter à sa destina-
4 Désignant concrètement une voie tracée dans la tionn. Le mot s’est implanté plus facilement avec
campagne, par opposition à rue*, chemin est dif- son sens figuré -progression dans une voie d’accès>
féremment qualifié selon le type de voie décrite : (1555).
ainsi, grand chemin (6. voleur de grand chemin)
désignait une voie très fréquentée. Lorsqu’il est dé- CHEMINEAU, CHEMINOT - CHEMIN
terminé, le mot change souvent d’acception, dé-
signant un espace formant voie : c’est le cas dans CHEMINÉE n. f. est issu (v. 1170) du bas latin
chemin de ronde (1676) ou dans chemin de fer caminata, ellipse de camera caminata <salle mu-
[1784), traduction de l’anglais railway lui-même nie d’une cheminées (564) d’où echeminéem W s.).
emprunté en 1623, date de la mise en service de la Celui-ci est le participe passé féminin de caminare
ligne de Saint-Étienne (+ aussi ferroviaire). o Dès ~construire en forme de four-, *creuser en forme de
le XII~s.. chemin prend, comme route, le sens plus cheminée>. Ce verbe est dérivé de caminus afour-
abstrait de direction* (1150) d’où se mettre en che- neau, âtre> qui traduit le grec kaminos =four, four-
min (1538) et, surtout, de distance à parcourir~ neau>, mot d’étymologie inconnue, encore vivant
(1498, àmi-chemin, chemin faisant). Il désigne aussi en grec moderne. Caminw a disparu, au profit de
(1343) l’espace parcouru par un corps en mouve- caminata, à cause de son homonymie avec cammi-
ment (se frayer un chemin). o Depuis le XIV s., il nus (-chemin). l’intluence de ce dernier expli-
présente, en de nombreux emplois plus ou moins quant le maintien du i atone dans cheminée.
lexicalisés, un sens figuré ou métaphorique fondé +Passé en français au sens de ‘pièce munie d’une
sur l’assimilation du déroulement de la vie à un cheminée>, encore relevé au XVIII~s., cheminée s’est
chemin à parcourir lie chemin de la viel. Le plus restreint dès l’ancien français @II XII”~.) au sens
souvent, les locutions réalisent une idée de pro- moderne, désignant soit tout le dispositif soit une
gression vers un but [aller, faire son chemin) ou de ses parties (âtre. encadrement de l’âtre ou par-
mobilisent l’opposition symbolique de la ligne tie visible sur le toit qui évacue la fumée). De ce
droite (droit chemin, v. 1360 - droit1 et de la ligne dernier sens participent divers emplois désignant
courbe ou de la voie anormale khemin de tra- des conduits de dégagement ou d’aération (1832).
verse). notamment ceux d’une usine (1857). Par analogie
t CHEMINER Y. intr. (v. 1165-11701,-marcher. faire de forme, le mot désigne divers conduits naturels
du cheminn, s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui (1649, Chemin&e volcanique), spécialement en Api-
malgré son vieillissement (-LUI peu vieux* Richelet, nisme (18681 et divers conduits et orifices de dé-
16801;il a notamment développé la valeur figurée gagement (1690, #petit cylindre adapté à un tuyau
de sfaire des progrèsn (1693) et une spécialisation d’orguem; 1829. -verre de lampe à pétrole>).
militaire, <progresser vers les positions ennemies
par des travaux d’approchen (1863). -Il a produit CHEMISE nf., d’abord chamisae (v.980), est
CHEMINEMENT n. In. (v. 12881, de sens propre et issu du bas latin camisia apparu au rv’ a avec le vê-
figuré (v. 1460). qui a reçu des acceptions tech- tement porté à même la peau, qu’il désigne. Le mot
UiqUeS en tactique militaire (1845) et en topogra- a pris par extension le sens &-enveloppe* (XII~s.l.
phie (1899). Ce pourrait être un emprunt gaulois ou germa-
CHEMINEAU n. m. Par une dérivation fondée sur nique.
le syntagme chemin de fer, le mot désigne l’ouvrier + Chemise désigne un vêtement de jour masculin et
des voies ferrées, le plus souvent en référence à un vêtement de nuit (alors déterminé : chemise de
des ouvriers terrassiers itinérants (1868, Diby le nuit), porté par les hommes jusqu’au début du YY s.
chemineau, ouvrage de la comtesse de Ségur, qui et par les femmes. Par référence au port d’une
écrit dès 1867 à un correspondant: *on appelle chemise caractéristique dans certaines formations
chemineaux les ouvriers ambulants qui travaillent paramilitaires, il est employé au >oces.par méto-
aux chemins de fer ~1.Du fait que chemineau s’ap- nymie pour désigner les membres de celles-ci
plique aussi au vagabond qui erre par les chemins, (chemises noires sfascistes=, chemises brunes -bitlé-
un nouveau dérivé, CHEMINOT n. m. a été formé riennes>, etc.). o Dès le xv? s.. il entre en de nom-
pour * travailleur des chemins de fer *. Après l’at- breuses locutions figurées, exploitant l’idée d’un
testation du féminin cheminaude (18961,analogique vêtement que l’on change souvent M~anger d’avis
des mots en -sud, -aude. les deux formes ne se comme de chemise, 1791), d’un vêtement intime
trouvent plus qu’au masculii. @re comme cd et chemise, sous une forme légère-
CHEVAUCHER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

possède en outre plusieurs emplois analogiques, CHEVAUCHER Y.tr., idr. et pron., d’abord
désignant des représentations plus ou moins som- chevalchier (10801 puis clrevaucher, est issu du
maires de l’animal, cheval de bois (1556, au pluriel verbe bas latin caballicare -monter un cheval, voya-
les chevaux de bois ~manège=l, cheval d’arçons*. Il ger à cheval* W s.1, en latin médiéval -s’acquitter
a une acception technique dans cheval vapeur*, d’un service à cheval* (vai”-ix” s.l. et dérivé de ca-
inspiré de l’anglais herse power, et dans cheval fis ballus (- chevalj.
cal kl’une automobile, utilisé par les noms de mo- +Le verbe, au sens d’=aller à cheval>, absolument
dèles : par ex. la deux-chevaux Cttroën, abrégé en ou avec un complément (monture ou pays par
deuch’, deuche (19751. courtil, s’est réservé à l’usage littéraire comme
tLe dérivé diminutif CHEVALET n.m. est passé doublet noble de cavaler (+ cavale1 et de monter à
du sens propre de =Petit cheval= (12851au sens ana- cheval. Considéré comme archaïque au xvtte s., il a
logique de =support~ (14291, selon une figure qui été remis en honneur par les ballades romantiques
met en rapport les animaux quadrupèdes et des évoquant le moyen âge. Son sens analogique =mo*-
dispositifs techniques (cf. poutre, chèvre...), spéciale- ter un animal comme un chevab (10801,-être à ca&
ment appliqué à un instrument de torture (15591,et fourchon sud ktae s.1 est resté vivant, ainsi que ce-
au xw?‘s. au support de la toile sur laquelle tra- lui de -se recouvrir partiellement= (1690, de deux
vaik un peintre (16801.d’où peinture de chevalet choses, souvent en construction pronominalel.
CHEVALER v. a lui aussi perdu son sens propre b CHEVAUCHÉE n. f., d’abord attesté Iv. 11751 au
amonter à cheval* pour exprimer l’idée de Gtayer sens métonymique de <troupe à cheval>, est sorti
un travail de maçonnei++ (16761, produisant le de l’usage au xvP s. avant d’être repris au XIX” siè-
substantif d’action CHEVALEMENT n.m. (16941. cle ; il est resté vivant, en concurrence avec caval-
qui est resté vivant en technique. Le verbe doit à cade. Le sens d’=expédition militaire à chevaln
chevalet son autre sens technique =se servir d’un (XII” s.1 a donné, par glissement, celui de ncourse,
cheval& (17231. promenade à chevaln kitte s.l. Le sens féodal, sser-
Empruntés a" latin, CHEVALIN,INE adj.(llls)re- vice à cheval dû par un vassab (1240, cevacie en
préSente Cabdinu~, et CHEVALIER n.m. (1080, wallonl, lié aux notions et aux mots chevalerie, che
chevalerl caballarius. Le premier sert à quali6er ce valzer, est passé dans le vocabulaire historique. La
qui évoque l’apparence physique du cheval (un vi- locution a chevauchons Cv. 12251 a disparu, sup-
sage chevalinl. o Le second, au contraire, s’est es- pkltée S," XVIIeS. par à califourchon. -CHEVAU-
sentiekment imposé au sens qu’il a pris dans la so- CHEUR. EUSE I-I. (XIII~S., chevaucheer) est sorti de
ciété féodale, <membre de l’ordre de la chevaleden, l’usage au xvte siècle ; Furetière le quahüe de =Creux
son image étant élaborée et idéahsée à travers les mot=; il a été remis en honneur par la langue litté-
romans (voir ci-dessous) et la littérature courtoise raire, surtout chez les romantiques (1832, Hugo1 en
(d’où chevalier servant) I+ cavalierl. o En est dérivé même temps que chevaucher k-dessus). -~HE-
lefémlik CHEVALIÈRE n. f. (18211,elliptique pour VAUCHEMENT n. m. (xv” s.1,qui a perdu sa vitalité
bague à la chevalière (18~01qui se réfère aux ini- au sens propre d-action daller à cheval*, a été re-
tiales ou armoiries que porte un chaton. -~HE- pris en parlant de la position de deux objets empié-
VALERIE n. f., d’abord -exploit digne d’un cheva- tant l'Uri s"r l'autre (1814). *CHEVAUCHAGE
lier= (10801, désigne l’état, la qualité du chevalier n. m. (18471s’est limité à une acception technique
(1165.11701 d’où, collectivement, l’ensemble des en imprimerie.
chevaliers Il 1551et l’institution. Il exprime lui aussi
une notion essentielle de l’époque féodale, concer- CHEVÊCHE n. f, d’abord chevoiche 6ïn x1ir~s.1.
nant la noblesse sur deux plans, militaire et reh- chevesse (15301 puis chevêche (15561, est d’origine
gieux. La conception de la chevalerie cherchait à incertaine : il vient probablement du bas latin ca-
moraliser la hiérarchie féodale et la hiérarchie éta- vannas qui a donné, par déformation, chat-huant*,
blie par la vassalité. Le mot, avec un décalage histo- avec peut-être une sufiixation en -ecca, correspon-
rique, passe de la réalité à la littérature avec les ro- dant à la iïnale -êche.
mans de chevaler+s, rédigés aux ti-xvi” s. d’après t Le mot désigne une petite chouette à tête plate,
les aventures des chansons de geste et des romans on lui connaît les variantes régionales chevestre,
courtois, et lus jusqu’au début du xnz’ s. dans la Bi- chavoche
bliothèque bleue. -CHEVALERESQUE adj. (1642)
est emprunté à l’italien cavalleresco, dérivé de ca- CHEVET n. m., d’abord chevez Iv. i 1741puis, par
valiere t- cavaherl, attesté depms le xwe siècle. Le substitution de sufhxe, chevet Cv. 1450). est issu du
mot, supplantant l’ancien français chewzlereux latin capitium. Ce mot, dérivé de caput =tête*
(10801. encore enregistré en 1752, mais archaïque (+ cheD, est d’abord un terme d’habillement qui dé-
dès les xve-me s.. est passé dans l’usage courant au signe un corsage féminin se passant par la tête, à
sens moral de agénéreux, désintéressé*, par allu- l’encolure d’une tunique ; à l’époque médiévale, il a
sion aux qualités prêtées au chevalier pris par extension les sens de =tête de lit> (88 11et de
LeCOmpOSé CHEVAU-LÉGERS n.m. pl. 6itfls.l =partie d’une église, à la tête de la nefs (10601.
désigne un corps de cavalerie servant de garde au 4 Le mot est d’abord un terme d’ameublement, em-
souverain. Le mot est aujourd’hui un terme d’his- ployé à propos du traversin destiné à soutenir la
toire. tête. Ce sens a disparu au profit de celui de =tête du
0 Ycllr CA”ALCADE. C.4”ALE. C.4”ALIER. CHs”*“CHER. lit> Iv. 14501qui a inspire une phraséologie : au che-
.Jou.4L. vet de qqn Cv.14501,livre de chevet (18281.*Le sens
DE LA LANGUE FRANÇAISE 727 CHER

ploi de chenille pour désigner des espèces d’esw- nue le latii capitale =ce qui fait l’essentiel d’un
gots de mer. voit en canicula un autre mot : la bien, (Mes.), -bétail., substantivation de l’adjectif
forme dissimulée de “cczkcula, d’après caliculm capitalis -de la têtes et au figuré -principalm l+ capi-
*coupe, calices, dérivé de calyx (-calice). tal).
+ Chenüle, outre son sens propre &rve des lépi- t Le mot chutel, chetel est introduit en droit au sens
doptères>, souvent utilisé rhétoriquement par op- général de *bien. patrlmoine~, lequel sort de
position à papülon, a pris le sens figuré de =per- l’usage au xv” siècle. Il laisse place à I’acception
sonne repoussante= (16901, vieilli malgré la plus restrktive de -bétail considéré comme un ca-
permanence des connotations de laideur, et des pital= (v. 1260). La 1OCutiOII à Chetd, À CHEPTEL
sens analogiques spécialisés dans la passemente- (14661. s’applique à un type de contrat de bail
rie (16801 et l’automobile (19221,peut-être pour ce convenu sur l’entretien du bétail. De là cheptel dé-
,demier par calque de l’anglais de même sens ca- signe ce type de contrat et, par me nouvelk méto-
terpillar (19131,lui-même passé en français. nymle. le bétail concerné (1804, Code civil). Par
.CHENILLÈRE n. f, d’abord chenilZiere (déb. analogie, les expressions juridiques cheptel mort
XVIPs.l. est resté rare pour désigner un nid de che- (18631 et cheptel tif s’appliquent aux bâtiments et
nilleS.-CHENILLETTE n. f,aprèS aVOireuenm- instruments de travail donnés à bail avec le bétail,
cien fkmçais le sens de -petite chenille* km’ s.1, a et au bétail lui-même. Le passage du mot dam
été repris en botanique (17831pour une plante dont l’usage courant, au sens d’+msemble du bétailx
la gousse, roulée sur elle-même, évoque une che- sans implications juridiques. mals avec l’idée de IX-
nille. 0 Il a reçu (19511le sens de -petit véhicule sur pital présente dès l’origine, est seulement constaté
chenilles>. en 1929 par les dictionnaires généraux.
ÉCHENILLER v. tr., d’abord eschenilkr km+ s.1, si-
gnifie diminer les chenilles de (un végétal, un CHÈQUE n. m.. d’abord chech (17881francisé en
lieub; il n’a pas conservé son sens figuré -se débar- chèque (av. 18631,est empr@é à l’anglais chech,
rasser de= (1843, Balzac). -En sont tirés le nom graphie surtout en usage aux Etats-Unis, ou cheqw
d’instrument ÉcHENILLoIR~.~.(~~~~)~~ lenom (dès 1706, checquel. signifie &rit par lequel me
d’action ÉCHENILLACE n. In. (1783). La série est personne donne ordre de prélèvement sur son cré-
employée à propos de la récolte des chenilles ou dltm. Ce mot est une spécialisation de sens de check
autres larves, pratiquée par des ethnies tropicales m-r&, échec*, -zontrôle. vétication~ d’où, concrè-
de chasseurs-cueilleurs (AiXque, Amérique). tement, =Mon. souche, marque de contrôlez. Il
continue le moyen anglais chek, chak, lui-même
CHENU, UE adj., d’abord canu (10501 devenu issu par abréviation de “eschek, “eschak, emprunté
chenu Cv.11~9, est issu du latin canutus qui serait à l’ancien français eschec (+ échec).
peut-être attesté me fois comme qualificatif de t Le procédé des chèques bancaires s’est répandu
poisson par Plaute puis au sens de *blanchi* (en en France au Y& siècle. En dehors de cti9w barré
parlant de cheveux) à époque médiévale, peut-être (1863, une première fois en 18581, la plupart des
dès le v? siècle. Ce mot est dérivé de l’ancien ad- syntagmes formés avec ce mot: chèque postal
jectif poétique canus *blarm (surtout appliqué aux (19181,chèque de voyage (1953, traduction de l’an-
cheveux et beaucoup moins général que dbus glais traveller check), chèque-restaurant (19631sont
b aube) et candidus l+ candide), et au figuré wé- apparus au >Or”siècle. Par ailleurs, au sens le plus
nérablw. Un dérivé a donné par emprunt le mot di- usuel de <chèque bancaires, le mot entre dans de
dactique canitie* n. f. o Canu.s semble être un ad- nombreux syntagmes, comme chèque sms prai-
jectif radical à vocalisme populaire a de lïndo- sion (hmillèrement: chègue en boi.91, carnet de
européen occidental qui aurait été élargi par des chèques, etc.
sufiïxes variés (ancien haut allemand Hassan -brl- .De chèque ont été dérivés CHÉQUIER n. m.
lant, jolis, hase -grise, ancien islandais hpssl. (18771, qui correspond au syntagme carnet de
t Le mot, qui si&e =blanc de vieillesses len par- chèques, et CHÉQUARD n.m. (1893kterme histo-
lant des cheveux) et, par analogie, -dégarni> rique appliqué à un politicien accusé d’avoir ac-
km” s.1,appartient à l’usage littéraire. Il a été appli- cepté de l’argent, lors de l’affaire du canal de Pa-
qué argotiquement au vin, au sens de -boni% par nama.
le tempsn (16281, d’où quelques usages vieillis de
chenu, du chenu dans le même registre avec une * CHER, ÈRE adj. et adv. est issu (v. 9801 du
idée de -bonne qualit&. latin carus au double sens de ~chéri aimé* et =pré-
.CHENûMENT. CHENUEMENT dV. est me cieux, coûteux*, mot passé dans les langues m-
création argotique (17251, exprimant au figuré manes (italien, espagnol, portugais caro) et ayant
l’idée de .parfaitement bien>; cet emploi a disparu des correspondants dans les langues celtiques (ir-
au >o<e siècle. landais caroc =ami*l et germaniques (ancien haut
allemand huera &lle publiques).
CHEPTEL n. m. est la réfection tardive (17621, t Les deux sens du latin sont passés en français
avec p étymologique en principe non prononcé, de (v. 9801: celui d’%itné~ en antéposition au nom. en
l’ancien français chetel. Ce dernier est lui-même fonction attribut et dans des formules de politesse
l’altération, d’après chef* au sens de -princip& (1050, cher fil.~), celui de *coûteu!+ surtout en post-
dans des locutions juridiques Ichf-lieu, chef send, position et en fonction attribut. Dans ce sens, faute
de chatel (v. 11001sbien, propriétés. Chatel conti- d’un mot antonyme, on emploie pas cher (en
CHÈVRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ CHÈVRE n. f., d’abord chievre (v. 1119) puis correspond à chevreau. oLe mot, régional mais
chèvre kvPs.1, continue le latin copra, de même connu hors du Sud-Ouest. s’est spécialisé pour =ac
sens, également passé dans l’italien capra, l’espa- tien de verser du vin dans un reste de bouillon, de
gnol et le portugais cabra. Capra est le féminin de soupe=, *ce mélange* et <fait de le boire à même
taper sboucs, à l’origine *bouc châtré> (selon Var- l’assiette> (faire chabrotl
ron), mot rapproché de l’ancien islandais hafr
*bouc>, irlandais caera *mouton*.
4 Le mot, qui désigne aussi bien l’espèce que spé-
cialement la femelle, a inspiré dès l’ancien français CHÈVREFEUILLE n. m., d’abord chievre-
plusieurs locutions figurées, dont devenir chèvre feuü (v. 11801,devenu chèvrefeuille [16801 parallèle-
(16751,par référence au caractère entêté de l’ani- ment au remplacement de l’ancien feuil (+ cerfeuil)
mal (6. bisquer), et ménager la chèvre et le chou par feuille*, est issu du bas latin caprifolium. Ce
(16721. o Il a des emplois métonymiques attendus mot, littéralement *feuille de chèvre>, est composé
en peausserie et crémerie (un chevre pour fromage de capra (+ chèvre) et de folim efeuille-, et désigne
de chèvre) et, par analogie, désigne techniquement un arbrisseau ornemental (VII~~.) puis le troène
un appareil de levage, dont la forme évoque la tête w S.I.
et l’échine d’une chèvre (16111, et un levier métal- + Le mot français n’a conservé que le premier sens
lique (apposition pied-de-chèvre). Ces valeurs cor- du latin L’akisseau à feuilles volubiles, aux fleurs
respondent au rapport fréquent entre animal qua- parfumées et ornementales, avait au moyen âge
drupède et dispositif technique (6. chevalet). une valeur symbolique.
*Le mot a de nombreux dérivés. CHEVREAU
n. m., d’abord cheverel cv. 11701, désigne le petit de CHEVREUIL n. m. est issu (av. 11501 du latin
la chèvre et, par métonymie, la peau de chevreau capreolua, qui désigne à la fois le chevreuil et le
(ou de chèvre) tannée (18411.Son ancienne variante chamois puis, en raison d’une ressemblance avec
ckvrot a donné CHEVROTIN n. m. (1277, chiwo- les cornes du chevreuil, une binette ainsi que les
tir& mot rare dont le sens de *petit du chevreuils vrilles de la vigne. Ce mot est dérivé de caprea qui
est à l’origine du dérivé CHEVROTINE n. f. (16971, désigne un animal semblable à la chèvre et qui est
nom donné au plomb pour tuer le chevreuil -De dérivé de copra (- chèvre). La forme ancienne che-
charot sont également dérivés CHEVROTER v. ml, chevreul Cv.12681 a été remplacée par che-
(15661.plus rarement chevreter (15731,*mettre bas, vreud (16801, forme analogique de mots en -euil,
de la chèvres et, au figuré, *parler d’une voix comme écureuil, deuil, d’après le pluriel chewieus.
tremblotante* (17061,et le terme de zoologie CHE- ( Seul le sens de xmammifère de la famik des cer-
VROTAIN I’,. m. (fin XVIIIe S.I. 0 À SOI, tOm-, CharO- vidés> est passé en français, donnant par métony-
ter a produit CHEVROTEMENT n. m. (15421, dit mie celui de *sonnerie de trompe pour la chasse à
proprement du bêlement de la chèvre et, au figuré, courre du chevreuil> (19221. Au Canada. le mot a
d’une façon de parler ou de chanter (1768). été appliqué à une espèce américaine, le cerf de
CHEVRETTE n. f. CV. 1285). ZuXienWment empIOyé Virginie (16991,et ce sens est resté usuel. Le sens de
comme nom d’un instrument de musique médiéval ~pampre~ ou w?lle de vigne=, réalisé en moyen
en peau de chèvre - sens repris dans certaines français par le féminin chewolk, s’est maintenu
régions d’Occitanie sous la forme Cabr&e -, dé- dans certains dialectes, et c’est à lui que corres-
signe une petite chèvre (v. 14501et, par analogie de pondent en botanique les adjectifs CAPRÉOLÉ, ÉE
comportement une crevette (15511 I- crevettel. Il (18031, CAPRBOLAIRE [18321.
interfère avec le groupe de chareuil quand il dé- t CHEVRILLARD n. m. *petit cheveu& (1739) est
signe la femelle de cet animal [16111. probablement la déformation, d’après le moyen
Le mot technique CHEVRON n. m. cv. 1210; v. 1150, hnçais chevrille *chevreau femelle> (15961, d’une
hievron) vient d’un latin vulgaire ‘caprione, dérivé forme supposée “cheweuillard, dérivée de che-
d’un latin populaire “capreus, lui-même formé vreuü.
d’après capreolus +Une chevreuil> et *support,
chevrons l+ chevreuil) et caprea <chèvre sauvage*. CHEVRON + CHÈVRE
oLe mot, d’emploi technique, désigne une pièce
de bois utilisée en toiture d’où, par analogie de CHEVROTINE + CHÈVRE
forme et couramment, un galon militaire en V ren-
versé [17711 et une figure en V dans l’habillement CHEWING-GUM n. m. est emprunté (18981à
ha” s.. veste à chevrons1 ou comme ornement. -En l’angle-américain chaving gum, attesté le 25 octo-
est dérivé, par l’intermédiaire de CHEVRONNER bre 1850 dans le Chicago Daily Democrat qui le sa-
v. tr. (12601, l’adjectif CHEVRONNÉ, ÉE (xxf s.) qui lue comme une préparation nouvelle de gomme
a développé le sens figuré moderne de Nexpéri- d’épicéa MXzwing gum! A new and superior pre-
ment& d’après le sens de *qui a des galons d’an- parution of Spmce Gum!n). Le mot. littéralement
cienneté> (18371. -gomme à mastiquer, pour la mastication=, est
CHEVRIER, IÈRE n. (12411continue le dérivé latin formé sur le modèle de Spruce Gum et, avant ce-
caprariw -gardien de chèvres>. lui-ci, de chaoing Tobacco (1789) -tabac à cbiquen+.
CHABROL ou CHABROT n. m., &eSté en tianÇaiS Il est composé de gum, emprunté (>w’ s.) au km
général au xxe s. (18761,est un emprunt à l’occitan çais gomme*, et de chewing, substantif verbal
de l’Ouest fa Ifairel chabroù, beire [boire1 a chabro, Cv.1000) de to chew emâcher. chiquer* Iv. lCOO1,mot
de chabro, issu du latin capreolus, de mpm et qui appartenant à un germanique occidental “hewwan.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHEVAL
RECHERCHE n. f. (1508) se spécialise au début du du comté de Cheschire, où l’on fabrique un fro-
xw? s.. en sciences, et devient par la suite institu- mage réputé. L’anglais dit plus souvent cheschire,
tionnel (Centre national de la recherche scientifique mot qui n’a eu qu’un succès limité en français (mal-
ou C. N. R. S., ministère de la Recherche, en France). gré l’introduction de fromage de Cheschirel au dé-
but du XVIII~~. (1714-1726).
CHÈRE n. f. est issu (1080) du bas latin cara %Vi-
sagep (peut-être attesté dès le ti s.), lui-même em- CHÉTIF, IVE adj. est issu, parles formes caitut
prunté au grec kara ctêten. On admet générale- Cv.9801,caitif(1080), chuitif(v. 1150)et chétit: d’un la-
ment que le mot grec est apparenté à keras *corne2 tin populaire “cactivus, croisement du latin capti-
(-kératine) et au latin cornu (-corne). vus =prisonniep (-captif) et d’un gaulois %xctos
t Le français n’étant pas en peine de dénomina- que l’on déduit de l’irlandais cacht +ervitew et du
tions pour le visage (6. visage, figure, face, mine, breton caez. Captims, utilisé par Sénèque sur un
mimid. le sens héréditaire de *visage= a décliné plan moral pour qualifier l’homme prisonnier
avant le xvr” a, se maintenant plus longtemps dans d’une passion et par les auteurs chrétiens pour
quelques locutions du type faire bonne ~mauvaise~ l’homme captif du péché, a pris chez saint Augw-
chère à qqn Cv.1200) =bon (mauvais) visage*, c’est-à- tin la nuance de =misérable* (d’où l’italien cattivo
dire -bon (mauvais) accueil=. -De l’idée d’eaccueilp, ~mauvais, méchant>.)
on est passé par métonymie à celle de *repas qui le t Le mot, en ancien français, fonctionne comme
traduits (1282); par extension, le mot a pris le sens doublet de captif au double sens de *prisonnie- et
général de =repas, nourritures, évolution favorisée de -malheureux, misérables (1080). C’est cette va-
par l’homonymie de chair *nourriture, viande> : la leur, conservée dialectalement dans le domaine pi-
locution f& bonne chère (v. 13451,totalement dé- card, que l’on retrouve dans CH’TIMI n. et adj.
tachée de son origine à partir de l’époque clas- “pauvre (chétiD moim, désignant plaisamment les
sique. exprime l’idée de #faire un bon repas>; dans gens du nord de la France (répandu en fïxnçais gé-
ce sens, elle est restée vivante, seulement sous la néral vers 1914). Par transposition sur le plan phy-
forme bonne chère. sique. chétif a pris le sens de *malingre, de faible
constitutiom (1150, rare avant le xwe S.I.
CHÉRUBIN n. m. est emprunté (IOEO),par l’in- w Les dérivés CHÉTIVETÉ n. f. (v. 1120, caitiwted)
termédiaire du latin chrétien cherubim, considéré et CHÉTIVEMENT adv. (~IFS., chativement) ont
dans la Vulgate tantôt comme singulier tantôt suivi l’évolution de l’adjectif; le premier est ar-
comme le pluriel de cher&, à l’hébreu kerüb (plu- chaïque, le second littéraire.
riel kerubim) *sorte d’ange>. Ce mot est issu de l’ak
kadien karübu agracieuxm, kirUbu xpropicex. C’est +# CHEVAL, AUX n. m. est issu (1080) du latin
la forme cherubirn (parfois cherubin, apr. 207) qui caballus, désignation populaire d’abord péjorative,
est à la base des mots romans, comme l’italien che- qui s’appliquait à un cheval hongre et à un mauvais
rubis l’espagnol querubin, le portugais querubin, cheval, et s’est généralisée, éliminant le latin clas-
cheruhin, et du français. Une distinction, conforme sique equus l+ équestre, équitation). Son étymolo-
à la morphologie hébraïque, a été faite avec les gie est obscure : on suppose à caballus une origine
formes cher& (1295) et cherubim (chez Hugo ké- gauloise (celtique) ou balkanique, mais certains
roubims, 1866) opposant le singulier au pluriel, étymologistes proposent, comme pour hongre qui
mais elle est restée limitée à l’usage savant. correspond à Hongrois, un nom et+nique qui se se-
+Le mot désigne un ange chargé notamment d’as- rait répandu dans toute l’Europe. A partir du frar-
swer la tâche de gardien (dans la religion hé- çais cheval, un traitement phonétique populaire a
braïque) et un ange du second rang de la première donné chuval et le mot québécois jouai”.
hiérarchie, dont les attributs sont la connaissance t Le mot désigne un mammifère équidé, utilisé
et la sagesse (dans la religion chrétienne). Par mé- comme monture, et en particulier le mâle, par op-
tonymie, il désigne la représentation de cet ange position à jument’ (1195). et, par métonymie (18731,
par une tête d’enfant ailé (v. 1576). o Dès le xv” s., la viande de l’animal fdu cheval1. L’immense rôle
par référence à la représentation traditionnelle de du cheval dans la civilisation jusqu’au x& s. s’éva-
l’ange, il est employé familièrement à propos d’un lue dans la langue au nombre de termes spéciali-
jeune enfant ou d’une personne au visage rose et sés (coursier, destrier, etc.), de noms de couleurs
poupin, notamment en locutions (v. 1576. rouge Mezan, bai, pie), d’appellations dépréciatives
comme un cfuhhin). ll donne lieu à un terme d’af- (rosse, bidet, canassonl que la notion a suscités,
fection à l’adresse d’un enfant (1808) et, par réfé- sans compter les locutions où figure le mot cheval.
rence au personnage de Chérubin dans Le Mariage Celles qui avaient un sens abstrait se sont conser-
de Figaro de Beaumarchais, s’applique à un ado- vées : ainsi la locution adjectivale et adverbiale à
lescent gracieux et aimant (xY S.I. cheval Cv.1165) au sens concret =à califowchom, a
c Un féminin CHÉRUBINE n. f. (1809) a été formé développé le sens moral de *très strictn : à cheval
comme terme d’affection, mais a rapidement SUTles principes ( 18351:on peut citer encore mon-
vieilli ter sur ses grands chevaux (av. 1592) ou cheval de
bataille (1690). -Appliqué à un homme, le mot réa-
CHESTER n. m. dans l’expression fromage de lise une idée physique de robustesse, de grossiè-
ch?Ster (1714-1726) puis en emploi autonome (18451, reté ou de grande taille. La locution de cheval im-
est emprunté à l’anglais Chester, elliptiquement plique une idée de force brutale dans médecine de
Cfzester cheese. Chester y est le nom de la capitale cheval (1690) ou %e de cheval (1798). -Le mot
CHICANER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fiinw*. -Le participe passé CHIQUÉ a été subs- t Chiche a produit CHICHETÉ ri. f. (10501, CHICHE-
tantivé an mascnlin (1837) et a très vite adopté la RIE n. f.. à peu près itWSitéS, et CHICHEMENT a&.
nuance défavorable d’+tffedation~, passée dans (15391, relativement rare de nos jours.
l’usage (1872, faire des chiqués). Employé égale- 11 semblerait w lïnterjection familière
ment comme adjectif (1839). il a connu la même 0 CHICHE ! 118661 soit on emploi particnlier de
mutation de sens avant de sortir de l’usage, sauf l’adjectif chiche, probablement par abréviation de
dans c’est du chiqué ou chiqué! dénonçant un la locution ne pas être chiche de faire qqcb. (1830)
comportement affecté et trompeur. <ne pas être capable de faire qqch.B. L’emploi ad
jedifattribut : ü, elle est Cserait...) chiche de (suivi de
CHICANER v. tr., intr. et pron. d’origine incer- l’infmitit) -capable des. relève de la même évolution
taine 11461) est probablement issu du croisement probable, mais il se pont-mit aussi que cet emploi
de ricaner’ (pour la hnalej et du radical onomato- soit d’origine différente.
péique tchikh- exprimant la petitesse l-chic,
chiche, chichi, chicot), l’idée première du verbe 0 CHICHE adj. dans pois chiche (12441, serait
étant %Se disputer pour des vétilles~. P. Gnirand y l’altération iniluencée par 0 chiche de l’ancien
voit plutôt le fréquentatif du verbe expressif français Cice n. m. (cependant attesté v. 12561, em-
chiquer *donner un petit COUP~, le doublet de chico- prnnté an latin citer de même sens, à l’origine du
ter, chicailler, avec un sdixe -mer altéré en -orter surnom Ckero l-cicérone). Ce mot rappelle d’une
sons lïniluence de kgner =mordre, critiquera. part le vieux prussien keckers =Pois*, de l’antre,
+Chicaner est d’abord un terme juridique signi l’arménien si.s&n apois chiche> dont les gutturales
fiant ~powsnivre en jnsticem d’où. spécialement ne concordent pas. Pour P. Gnirand, les deux mots
=Soulever des diBcnltés pour embrouiller une af- 0 et 0 chiche viendraient du latin ciccum =Zeste,
faire judiciaire= (1606), nuance anjonrd’hni perdue. fragment de peau> et <objet sans valeur-. ce lé-
Il est passé dans l’usage commnn avec le sens de gume. souvent donné aux animanx ayant une
<quereller SUT une petite chose* (v. 1657) et (comme faible valeur.
pronominal réciproque) <se chamailler-. 4 Pois chiche désigne la graine comestible d’une
k Le déverbal CHICANE n. f. (1582) est non seule- plante méditerranéenne (Citer ari&numI, d’un
ment un terme de procédure, élargi an sens de antre genre botanique que le pois (pieumI.
*qnerelle~ et employé pour désigner péjorative-
ment le milieu juridique 11675; av. 1664, gens de CHICHE-KÉBAB n. m. est emprunté (19071
chicanel, mais aussi un terme de jeu (de mail) qui an turc @+ kebap, composé de si+ -broche, brc-
réalise soit l’idée d’un petit coup, soit (xx” s. parti- chettea (lui-même de l’arabe SÎS de même sens), et
culièrement en ski 1931) celle d’un tracé tortueux de kebap -morceaux de viande grillée=, repris de
(en chicane : <en zigsa*) comme celui d’une procé- l’arabe kabab. Antérieurement le français a em-
dure embronillée. oUn développement original prunté à l’arabe kébab n. m. par des relations de
de chicane et chicaner, en français québécois, cor- voyage (1743. kab-ab), l’anglais ayant cabob dès
respond à l’idée de =tracasser, ennuyer+. 1690.
Du verbe ont également été tires en moyen h-an- +Le mot désigne un plat oriental de brochettes de
Ç& les adjectifs CHICANEUR, EUSE (v. 14601, viande rôties à feu vif, souvent très épicées.
CHICANIER, IÈRE (av. 1573) ainsi que CHICANE-
RIE n. f. (xv” s., chiquaneriel. La satire des milieux
de procédure a rendu ces mots très vivants aux xwe
CHICHI n.m. (18861 est probablement une
forme enfantine à redoublement (comme bobo,
lllabelaisj. xvse @laclire, Fnretière, Molière) et
bibi), issue du radical onomatopéique tchitck- ex-
xvrse siècles. -Par substitution de snflixe, on a tiré
primant l’idée de -petitesse= l+ chicaner, chicot). ll
de chicaner le doublet sémantique 0 CHICOTER
peut se rattacher plus précisément à 0 chiche*
v. intr. (1583, chiquoter) #débattre. discuter SUT des
dont il aurait pour fonction de puériliser et de mini-
vétilles=. Ce verbe a rencontre un homonyme
miser la valeur.
formé snr le radical tchikh- exprimant on petit cra-
quement et référant à l’idée de *marmotter comme + Généralement employé dans la locution faVe des
une souris~ 11829). -xier, de la sonrls~ (18451. chichis (à l’origine faire du chichi, 1886) -faire des
manières, il est passé dans le vocabnlaire des mo-
0 CHICHE adj. et interj. (1165-11701 est d’éty- distes et des couturières (18971 pour désigner des
mologie incertaine, probablement dérivé du ra& boucles de cheveux postiches, puis des fanfre
cal onomatopéique tchitch- exprimant l’idée de luches.
-petitesse= (+cbichij. Cette hypothèse est préfé- c À l’idée de -manières affectées et prétentienses-
rable à un emprunt an bas grec des gloses ktkkos se raccordent CHICHITER y. intr. l& s.1, rapide-
=nn rien%, emprunté an latin ciccum ‘membrane ment vieilli, et CHICHITEUX, EUSE adj. (1920). ce
6ne (celle de la grenadej~ d’où -chose de rient, et dernier conrant, formés avec un t de liaison.
lui-même d’origine inconnue.
*Le mot qualifie une personne qui regarde à la dé- CHICORÉE n. f., d’abord cihoré bcn’s.1 et cico-
pense d’où, an figoré, qui n’est pas prodigue (1538, ree Cv. 1370). puis chicorée (15281 sons l’iniluence de
chiche del. Par métonymie, il qualifie une chose qui la prononciation de l’italien cicoti (av. 12501, est
témoigne de cet esprit d’avarice 117321, on qui est emprunté an latin médiévsl cicorea, cicorkz (vii” s.l.
peu abondante (1798, moisson chiche). Ce mot est emprunté an grec kiMcvia, forme de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 731 CHEVIOT(T)E
de <partie de l’église à la tête de la nef, est attesté à dès le xwes., son participe passé décheveti était
partir du xsIe siècle. 0 Par analogie de fonction ou employé adjectivement au sens i?guré de -licen-
de destination, le mot est passé dans quelques YO- cieux, désordonnés (1586). -CHEVELU, UE adj.
cahulaires techniques, désignant la garniture de (1174-11871, -garni de cheveux,, est employé par
plomb que l’on met au bord des cheneaux (16941 et, analogie en parlant de végétaux (Xvp s.l et, en a.-
en minéralogie, le lit d’un iïlon (1842). tronomie, d’astres (1606l, par exemple dans l’an
tienne expression redondante conae#e chevelue
CHEVÊTRE n. m. est issu W s.l du latin tapis (1680) *comète diamétralement opposée au soleil
trum ~harneis de tête, muselières, puis &zol. lien, et dont la chevelure est éclairées. Le syntagme cuir
courroies, mot panroman dont on ne sait s’il se rat- cha>elu est attesté depuis 1814.
tache à caput <tête> t+ cheD ou à capere ~prendrw CHEVELURE n. f. l108Ol ne semble pas dérivé di-
C+ capter). rectement de chevel et serait issu du bas latin cc@-
+Le sens de -licou, muselières est sorti d’usage, Zatura ~arrangement des cheveux*. o Nom collectif
remplacé par licou; il est considéré comme =vieuxp pour l’ensemble des cheveux, il est employé par
depuis le x&‘S. fEmyclopédie1. Par analogie, le analogie en parlant du feuillage (1660, en poésie) et
mot se rapporte à une pièce de bois dans laquelle en astronomie (16801.
s’emboîtent des solives (1280-1290). 0 Au XVII? s., il 0 VOLTCAP~-.
est passé en chirurgie pour désigner le bandage
qui maintient la mâchoire inférieure en cas de CHEVILLE n. f. est issu lv. 1160) du latin popu-
luxation ou de kacture (1741). laire “catiula, “caticla, forme dissimilée du latin
classique clavicula l+ clavicule), attesté d’abord au
0 voir C.4BESTAN. ENCHEVÊTRER.
sens de wrllle de la vignen puis comme synonyme
CHEVEU n. m., d’abord chevel (1050) puis che- de ckwi.s xcl&. spécialisé en anatomie en latin mé-
veu (xv” s.), est issu du latin capülus -cheveu, poil diéval Lml~ S.I.
et, collectivement, ~chevelure*, par analogie &la- + Le mot a développé le sens anatomique lv. 11651
ment des plantes~. Ce mot, d’usage courant à côté et des sens concrets techniques tournent autour de
de coma (+ comète) et de ctinis t+ crin1, est sans l’idée dune <tige de bois, de métal* pour assembler
étymologie sûre, les rapprochements ihits avec ca- lv. 11601 ou accrocher lv. 1200). Ce sens a donné des
put -têtem t- chefl et pilus (- poil1 restant douteux. emplois spécialisés, notamment en musique (15991
+Le sens usuel, -poil poussant sur le crâne de et, au figure, en métrique (av. 1628, Malherbel. Le
l’hommem, a produit la locution en cheveux (xv” s.l syntagme cheville ouvrière, désignant concrète-
=sans coiffe*. qui fait allusion à un temps où le port ment la pièce d’assemblage qui tient le timon d’une
du chapeau était de mise; elle s’est employée au voiture (1635l, a pris le sens figure de *personne
Xnp s. en parlant des femmes du peuple, par oppo- jouant un rôle essentiels (1700).
sition aux bourgeoises et aristocrates. Comme les w Tous Ies dérivés procèdent du sens de <tige- :
dénominations d’autres parties du corps, le mot est CHEVILLER y. tr. (11551, -garnir de cheville% a dé-
entre dans des expressions figurées, notamment veloppé au XVII~ s. un sens figure général *unir de
avec une idée de ~ténuité~ (il s’en est fallu d’un che- fecon lndissoluble~, surtout dans l’expression avoir
ved ou de =finesse~ : couper les cJmeux en quatre, J’Zme chevillée BU corps (169Ol, et un sens figuré
en remplacement de fendre un cheveu en deux spécialisé en poétique (av. 1628, Malherbe). - CHE-
(169Ol. En outre, une abondante phraséologie s’est VILLETTE n. f. (1276.12771. employé jusqu’en
développée au sens propre, par exemple coupe de moyen i?ançais au sens anatomique de -petite che-
chevenx(18221, et des emplois figures sont apparus ville-. s’est spécialisé en charpenterie (1275-1285).
au x?s. dans la langue populaire, comme se mais n’est plus guère connu que par un passage du
prendre anx cheveux -se battren, se faire des che- Petit Chaperon rouge, conte de Perrault. -~HE-
wux <du soucis Oallusion elliptique aux cheveux VILLON n. m. bon” s.1 a, quant à lui, perdu le sens
blancsl. avoirmafar~~cheveuxt1875) mal au crâne de -petite cheville de bois> pour être repris comme
pour avoir trop bu*, il y a un cheveu *un ennuis terme technique des tourneurs sur bois et des OUI‘
(1866). -ll a pris quelques sens analogiques, dé- diSSeInS (16801. -PlUS tardifs, CHEVILLER ou
signant des végétaux de forme capillaire, tant dans CHEVILLIER n. m. (18321 appartient au vocabu-
laire de la musique. -CHEVILLARD n. m., formé
le langage de la botanique (1556) que par figure
d’après un autre sens technique de chaille -cro-
poétique (av. 15601, des fêlures dans une faïence,
chet de boucheries, désigne (1863) le boucher en
des vermicelles fins kheveux d’angel.
gros ou demi-gros (qui vend à la cheville).
t Dès le XI’ s., de l’ancienne forme chevel, est dérivé
ÉCHEVELJI, ÉE adj. (1050, escheveledel, élargi en CHEVIOT(T)E n. f. est dérivé (1672,Jou& of-
IkHEVELER y. tr. (1181-l 190) -mettre la chevelure f%eZl de ch&& n. m. (1856l, nom dune race de
de (qqn) en désonbw. Ce sens, qui a évincé une moutons anglais tiré du nom des monts Chmtot,
autre valeur =Priver de ses cheveux* (1611l. réalisée cl$ne de montagnes située entre l’Angleterre et
occasionnellement chez certains écrivains @lugo>, l’Ecosse. L’anglais a le même mot cheviots (au plu-
a donné au figuré celui de éprendre une allure ef- riel) pour désigner les moutons des monts Cheviot
frénées surtout assumé par l’adjectif échevelé (18411. elliptiquement pour Chevet sheep (1815) et
lxIx”s.1. -Tandis que le simple CHEVELER Y. tr. les étoffes de laine de ces moutons (18631.
kse s.1 S’est éteint en moyen français, DËCHEVE- +Le mot désigne la laine du mouton cheviot et, par
LER y. tr. lv. 1155) -décoiffefi, a eu du mal à s’in-- métonymie, le tissu léger et souple fait avec cette
planter en raison de sa synonymie avec écheveler; laine.
CHIENDENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CHENIL n. m. (1387) est issu du latin populaire ‘ca- - CHIEUR. EUSE n. n’est guère attesté au sens
nik, mot formé sur canis d’après des mots comme concret (1887, Zola); le mot ne s’est répandu que
bovide, caprik, aide. -Au sens de <lieu où sont en- comme dérivé (anormal1 du figure faire chier pour
fermés les chiens de chasse%, puis aussi =Iieu où =personne ennuyeuses, comme équivalent plus fort
l’on garde des chiens> en général (167131, le mot a de emmerdeur. -CH~ANT. ANTE adj. (l%?ol ô été
développé le sens péjoratif attendu de *logement formé dans le même champ sémantique pour -en-
sale> (16941 et, en français de Suisse, (prononcé nuyeux> avec la double valeur &ssant~ et cpé-
chnil ~désordre~. &uation embrouillée et mau- niblen, comme le dérivé irrégulier CHIATIQUE
vaise~ (6. borcZsZ1.o Le sens moderne courant de adj.
=lieu où l’on héberge des chiens contre paiement et Autre nom de la défécation, attesté au xrxe s. (Con-
où l’on élève des chiens de chsssen, ne semble at- court) après le sens figuré, 0 CHIADE n. f. désigne
testé qu’au milieu du xxe siècle. dès 1835 dans l’argot de Saint-Cyr une brimade
0 voir CAGNE.CAGNOlTE.CANAIUS, CANARI.cANl-. consistant à pousser la victime contre un mur. Es-
CANIN.CHENILLE.m4m. également anar. nault fait venir le mot de ça chie dur =ça va fort=,
mais une métaphore plus directe est concevable.
CHIENDENT - CHIEN -De chiade vient CHIADER Y. tr. qui a pris (1863)
CHIENLIT - CHIER la valeur de *travailler durs. alors sans doute dérivé
de l’emploi figure de chier -aller fort>; de là
+k CHIER v. est issu (1~0~1de même que ses cor- @CHIADE nf., déverbal pour “gros travail>,
respondants régionaux (et moins triviaux1 caqwr CHIADEUR. EUSE n. (18781, et CHIADI?. kE adj,
et (par l’ancien provençal cogorl cagaer, du latin 118291&&ile~ et aussi *bien fait; travaillé avec
classique cacare &acuer des excréments~ soim. Toute la série a vieilli.
C-caca, cagot). CHIOTTE n. f., dérivé (18851de chier, s’emploie au
+ Surtout intransitifsaufdans quelques expressions pluriel pour *cabinets td’aisancel~; l’emploi au sin-
pittoresques, le verbe a pris de nombreux sens mé- gulier txx”s.1 entraîne parfois le passage au mas
taphoriques comme savoir peurs, <en bavep len adin Courant dans l’usage familier, le mot s’em-
chier) et. en construction fsctitive très courante (se) ploie dans l’exclamation aux chiottes! pour
faire chier &‘lembêters 16. emmercferl. Une autre conspuer et au figuré pour *ennui, désagrément
image aboutit au même sens avec envoyer chier (qui fait chier)>. 0 Le sens argotique #automobile=
qqn (dès 1649, in P. FnckeIlI ou l’injonction : vo (19181est probablement issu de chignole*.
chier et encore dans c’est à chier *horrible. en- Le composé CONCHIER v. tr. txi1~s.1issu du latin
nuyeux ou très mauvais», qui semble récent mais à concacare, signifie *souiller d’excréments et cor-
chier dessus est relevé en 1742. C’est nul à chier est respond au figuré à emmerder.
récent tv. 19851. ~Participe passé adjectivé 0 “or CHIALER
CHIÉ. tiE y ajoute le sens mélioratif de &ussi~ W
est chié! et, dès 1534,c’est bien chié *c’est bien dit>), CHIFFE n. f., enregistré en 1611 mais indirecte-
peut-être en renouant avec le symbolisme trac& ment attesté dès 1564 par le normand chifetier, est
tionnellement favorable de l’excrément. l’altération - d’après chifie’ pris au sens médiéval
. En dehors de quelques dérivés formés sur le sens de *chose nulles (6. zéro- de l’ancien chipe
propre, la majorité réalise l’idée figurée d’=ennui~, diffom (13061. Ce terme t+ chiper), demeuré en
certains autres présentant des dérivations de sens usage dans le Nord-Ouest, est emprunté au moyen
importantes. Dès le xvF s., chier produit CHIERIE anglais clip *petit morceau, copeau+ (13001,déver-
n. f. dont le sens propre *défécation= a été sup- bal de to ch@ <tailler en petits morceaux= t+ chips).
planté par le Sells &uré =emmb. -CHIENLIT +Les sens concrets de chiffe =morceau d’étoffe
n. m. et f. (15341,composé de la forme verbale chie, usées, =de mauvaise qualité> (17101ou =étoffe froii-
de en’ et lit*, a eu le sens propre de -celui qui chie séen (d’où chiffonner1 sont passés à son dérivé
au lits. Par extension, il a désigné un personnage chiffon, chiffe ne conservant en fiançais moderne
de carnaval (17401d’où, au féminin, une mascarade que la valeur figurée et péjorative de apersonne
débridée, développant le sens moderne de apa- sans caractères (17981 dans les syntagmes &Me
paille, désordre>, popularisé par un mot historique molle, mou comme me chifIe.
du général de Gaulle à propos de mai 68. Presque l CHIFFON ri. m. (16091a accapare dès le FA’ s. les
entièrement démotivé, il conserve un lien avec sens concrets de chiffe *pièce de tissu froissées,
l’idée étymologique de sdéfécations dans le sens &mbeau de vieille étoffe, (16111.Employé par ex-
populaire =morceau de chemise dépassant de la tension à propos d’un morceau de papier plus ou
fente postérieure de la culotte d’un enfant* 118661. moins sale et froissé (17521,il est devenu un terme
CHIASSE tl. f. (15781 est demeure aussi marqué technique de papeterie, inversant sa valeur néga-
comme trivial que le verbe; le nom s’est spécialisé tive en -papier de luxe fait exclusivement avec du
pour désigner la diarrhée, avec les mêmes méta- chiffon de tissun (et non pas de la pâte à papier mé-
phores que col&e, trouüle, concernant la peur. canique). Au figuré, chiffon de papier désigne
-CHIURE n. f. (1642, chieürel ne désigne que des (1752) un document que l’on méprise ou néglige.
excréments d’insectes (chiure de mouche est cou- -Au pluriel, chiffons se dit familièrement des vête-
rant) : le mot est moins marqué que chier et chiasse. ments et parures féminines (6. @xl. -Chiffon a
- CHIARD n. m., -jeune enfa?&, est d’abord attesté produit plusieurs dérivés : CHIFFONNIER, IÈRE
comme adjectif Cv. 1530, peur chiardel, repris iln n. (16401, *personne qui ramasse et vend de vieux
xDc”s. pour qualifM’ une personne (18941. chiffons~, CHIFFONNER v. tr. (1673; 1657, .-lutiner
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHIC
Ce dernier est indoeuropéen et s’apparente au ses sens de substantif verbal à hhiazein *entrecroi-
vieux slave iivati =mâcherm. à l’arménien kw et au ser=, formé sur hhi, nom de la lettre grecque en
latin gingiva (-gencive). forme de croix Ou, transcrite kh en français.
+Le mot a été introduit en français comme nom fé- + Le mot, employé de manière isolée au XVI~s. pour
minin (encore en 1926); il a rapidement adopté le désigner la lettre grecque. a été repris au XIX~~.
genre masculin (19031et le tiret (19061,et s’est im- pour le signe en forme de X indiquant. en marge
posé face à l’expression gomme à mâcher ou à d’un manuscrit, on passage désapprouvé (1838) et
gomme, qui n’est passée dans l’usage qu’en fi-an- comme nom d’une figure de rhétorique (1838).
çais québécois. -Un sens médical du mot grec a été emprunté au
xf s. sous la forme savante chiasmos (1821) avant
CHEZ prép., d’abord chiés (1130-l 160) puis chez, de se fixer sous la forme du latin scientitîque
est issu du latin casa =maison* (+Case) avec un chiasma (18651, après hésitation entre celle-ci et
traitement irrégulier de la finale s’expliquant par chiasme (18631; il concerne notamment le croise-
la position du mot qui précède toujours la tonique. ment des *bandelettes optiques>.
Il n’est pas nécessaire de passer par une forme ca-
sus (croisement de casa avec d’autres noms de la CHIC n. m. et adj., d’introduction tardive (17931, @
maison, domus ou mansus). ni de recourir à une est d’origine incertaine, peut-être emprunté, par
formation à partir de enchiés, non attesté avant le l’alsacien, à l’allemand Schick, proprement *façon,
début du XI? siècle. Le picard et le wallon ont des manière. bon ordres, attesté en Allemagne du Sud
locutions formées avec maison (à rwhe maison) et en Suisse alémanique au sens de -convenance,
d’où est tiré une préposition mon. habileté, savoir-faire*. Schick est le déverbal de
4 Le mot, qui signifvz strictement edans la demeure schicken, proprement <faire que qqch. arrivez d’où
de>, a pris par extension les sens de *dans le pays w-ranger, préparer-, lui-même apparenté à ges-
de- (16801, -parmi un groupe de personnes+ (1694) chdwn -se produire, avoir lieu= d’une racine ger-
et, avec une valeur temporelle, -du temps de= manique “sk& que l’on rapproche du vieux slave
(1694). La valeur figurée, =dans l’œuvre des (1580), skakati =bondir, jaillir=. Selon une autre hypothèse,
condamnée par Vaugelas, s’est répandue et reste chic serait le dérivé d’un verbe dialectal chiquer
très vivante ; en revanche, celle de =dans l’esprit de, =donner un petit coup= (Lorraine, Wallonie), appa-
dans I’intimité des (av. 1592) a disparu. Dès l’ancien renté à chicaner* et de formation onomatopéique.
français, chez est employé dans la locution préposi- Les premières attestations ne permettent pas de
tionnelle de chez (1195) -de la maison dem.Il a servi, trancher entre ces deux hypothèses.
ultérieurement, à former les substantifs chez-soi, t Le mot, d’abord relevé dans le langage poissard
chez-moi, etc. (16901,désignant l’endroit où l’on vit, au sens d’ksance, air dégagé*, est enregistré par
avec une connotation affective analogue à celle de Boiste en 1803 (sous une graphie chique) au sens de
home en anglais. -subtilité, tinessea. Il fait fortune dans l’argot des
ateliers de peintres pour exprimer une certaine fa-
CHIADER - CHIER cilité, une vigueur rapide dans le maniement du
pinceau et du crayon (18331.Sacré mot à la mode
CHIALER v. intr., mot populaire attesté tarcl- chez les artistes de la Jeune France, il développe
vement (18441, est d’origine douteuse, peut-être à paraIlèlement le sens de -désinvolture élégante,
rattacher au moyen kmçais chiau -petit chiens cachet original auquel le vulgaire ne peut accéder*
(15521 dont la forme moderne est chiot*, avec in- (1835). se plaçant dans le voisinage sémantique de
fluence probable d’une locution comme chier cles galbe*, terme à la mode dans les ateliers et qu’il a
ÿeux -pleurer-n (1616). On pense également à l’in- évincé. Il s’implante dans la phraséologie (1832, at-
fluence de verbes onomatopéiques d’aire wallonne, traper le chic; 1842, avoir le chic) et s’emploie ad-
du type tschûler, choûler s<pleurerr. jectivement (1842, chique). 0 Sa migration dans le
+D’abord employé à propos d’un chien qui crie, le domaine de l’élégance et de la mode est consacrée
mot a son sens actuel de ~pleurer~ en 1847.D’usage par l’expression récente bon chic bon genre (19701,
argotique à l’origine, il est aujourd’hui à peine fa- abrégée familièrement en B. C. B. G. et qualifiant,
milier. mais reste péjoratif puis désignant ironiquement une personne,
w En a été tiré CHIALEUR. EUSE adj. et n. (18831. souvent un jeune, d’apparence bourgeoise et d’élé-
gance traditionnelle. o Dernier avatar, il a pris le
CHIANTI n. m.. attesté en français en 1791 pour sens de =sympathiquem. abraven ~c!xchic type1 et s’em-
vin de Chaanti, est le nom d’une région de Toscane, ploie comme interjection kchi.c!1 marquant le plai-
près de Sienne. sir, cédant aujourd’hui du terrain à d’autres inter-
+ Le mot s’applique au vin rouge de qualité récolté jections en vogue fsuper, géniaU, mais réanimé par
dans la région délimitée de Toscane portant ce le dérivé familier CHICOS (S prononcé).
nom. w Les dérivés ont moins bien résisté. 0 CHIQUER
Y. tr. (18231est à l’origine un terme de peintre si@-
CHIASME n. m. est emprunté (1538) au grec fiant -peindre avec habiletés (1845, chiquer bien un
khiasmos disposition en forme de cro1x~, spéciale- tableau). Il est devenu dépréciatif connotant une
ment en rhétorique disposition d’une période en habileté artificielle, et de là est passé dans l’usage
quatre membres croisés> (rP s.) et, en chirurgie, *in- populaire (1846) avec l’idée de -feindre, mentir,
cision en forme de croix*. Khiasmos sert dans tous faire de l’esbroufes, idée exprimée aujourd’hui par
CHIMIE 738 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Ce mot, avec le terme apparenté himaros -che- du XIX~~.. à l’établissement de listes de nombres
m-eau*, pourrait appartenir à un groupe indoeuro- proportionnels. Le prodigieux développement de
péen: il est ancien dans le vocabulaire de l’élevage. la chimie au xti s. culmine avec la détermination
Il est rapproché des suédois et norvégien dialec- des masses atomiques (6. atome). 0 La chimie se
taux gimber *brebis n’ayant pas encore mis basn et développe alors en branches distinctes, dénom-
du latin bimus, tnmw, quadrimw appliqué au bé- mées par des syntagmes (chimie minérale, chUnie
tail de deux, trois, quatre ans. organique, etc.) et par des composés k-dessous).
+Terme de mythologie, le mot a développé dès les 0Le mot, parallèlement, a pris le sens figuré de
premiers textes le sens figuré d’~msensé~ en em- =trsnsformation profonde et secrèten, proche de
ploi adjectif (v. 1220). Il est resté sans autres celui d’alchimie.
exemples avant le xwes., lorsque chimère a . Dès le XV~~s. apparaissent CHIMISTE n. (15481 et
commencé à désigner une création imaginaire de CHIMIQUE adj. (1587). ce dernier étant plutôt em-
l’esprit (15381, plus tard appuyé par le dérivé prunté au latin médiéval chemicus, chimicus -qui
chimérique. o Par analogie, il désigne un poisson concerne l’art de transformer les métaux, (XII~-
d’aspect étrange (18M)l. En biologie, à la suite des me s.1,que directement dérivé de chimie Ces deux
travaux de Wier (1907) en botanique, et de Spe- mots suivent l’évolution de la notion de chimie,
marin (1921) en embryologie animale. il désigne passant. des manipulations symboliques et hermé-
tout organisme créé par manipulation de tissus gé- tiques du mes. et encore des XVII”-XVIII”~., par la
nétiquement différents. mesure, à l’analyse des constituants de la matière.
. CHIMÉRIQUE adj. (1580) procède du sens figuré o De l’adjectif est dérivé CHIMIQUEMENT adv.,
de chimère, qualifiant ce qui n’a pas d’existence attesté une première fois en 1610 et repris en 1832.
réelle et une personne qui croit en des chimères Un grand nombre de composés en chimti- et
(1669). -En est dérivé CHIMÉRIQUEMENT adv. -chimie a vu jour à partir du XIX~s. parmi lesquels
(16621. -0Il rencontre exceptionnellement CHIMIOTHÉRAPIE n. f. (19111, CHIMIOSYN-
CHIMÉRISME n. m. et CHIMÉRISTE adj. et n. THÈSE n. f. (v. 1950; d’abord en allemand, Pfeffer
déb. xxe s.l. et les noms pré!k&s des branches de la
CHIMIE n. f. est l’adaptation (1356) du latin mé- chimie comme ÉLECTROCHIMIE n. f. (18261, RIO-
diéval chimia, chymia (XIII” s.1 *art de transformer CHIMIE (18641, AGROCHIMIE (19601, PÉTROLO-
les métaux=, doublet morphologique et sémantique CHIMIE, recommandation officielle peu suivie
de alchimia (+ akhimlel, cette forme ayant transité pour PfiTROCHIMIE (v. 1965) Chimie du pétrole*.
par l’arabe avec soudure de l’article al (- alcool, al- Tous ont donné des adjecti% en -ique et des noms
gèbre). L’or@ne de chimia est controversée: la de spécialistes en -iste.
graphie avec y, en français thymie (1554, encore au
XVIII~s.1, avait incité à un rapprochement étymolo- CHIMIORÉCEPTEUR -+ RÉCEPTION
gique avec le grec khumeia, khuma =fusions, lncl-
quant le caractère métallurgique des pratiques m- CHIMPANZÉ n. m. est emprunté (1738) à un
tiques. Mais cette hypothèse est en général mot d’une langue bantoue du groupe Kongo, par-
abandonnée. Un emprunt au grec tardif khêmeia lée au Zaïre, au Congo, en Angola, au Gabon et gé-
smagie noire-. lui-même formé sur l’égyptien km néralement transcrit kimpanzi ou chimpami. Le
-noiIb, est plus plausible. L’Encyclopédie de l’islam mot a été adapté en français sous les formes quin-
rappelle en outre la parenté sémantique entre al- pezé (1738). chimpanrée (1756). champamee (1766l,
kimi ya et al-ïksir, mot qui a donné élixir* : selon al- par emprunt à l’anglais chimpanzee (17381, et au
Sa&xli, kimiyü serait d’origine hébraïque et signi- xfs. chimpanzé (1803l, chimpanzée (1838l,
fierait que cette science vient de Dieu vivant, alors chimpanzé (1845). Il a supplanté l’appellation kc-
que dans le corpus alchimique de Jabir ibn Hayyti, glodyte employée par Geoffroy SalnMilaire, en ré-
al-ïksir est aussi conçu comme une émanation de férence aux Anciens qui l’avaient appliquée à une
l’esprit divin. On peut eh rappeler que les al- race d’ehommes sauvage+ qui étaient probable-
chimistes grecs, au IFS.. évoquaient un fondateur ment des singes.
mythique du nom de Ch&&, Chimès, altération t Le mot désigne un singe supérieur anthropoïde,
probable de l’hébreu chemesch -sole&. probablement le plus développé intellectuelle-
t D’abord attesté en 1356 dans un emploi obscur, le ment, en dehors des hominidés.
mot a désigné, sans être d’abord nettement distln-
gué d’alchimie (ceci encore au XVIPs.), la science de CHINCHILLA n. m. (1789) d’abord adapté en
la constitution des divers corps. À parti du XVII~s., chincüle (1598) et transcrit en chinçilla (16401, est un
l’alchimie s’efface progressivement devant la emprunt à l’espagnol chinchüla attesté depuis
chimie, les expériences se dépouillant de valeurs 1590, lui-même emprunté à l’aymara (16121,langue
symboliques et d’intentions magiques et leurs ré- indienne parlée au Pérou. L’hypothèse d’une défi-
sultats devenant accessibles aux non-initiés: la vation, en espagnol, de chinche =punaise~ se heurte
chimie se constitue comme science de la transfor- au fait que ce mot, issu du latin cime.% n’est pas at-
mation de la matière, surtout à partir du XVIII~s. et testé avant 1714; elle n’est aucunement nécessaire.
notamment de Lavoisier. La loi de conservation de t Ce nom d’un rongeur d’Amérique du Sud au pe-
la masse ouvre la voie à l’analyse et. comme consé- lage soyeux, très fourni, a été introduit par les voya-
quence directe, à la distinction corps simple/corps geurs mais, jusqu’au XV~II~ s., l’animal n’a été connu
composé. Elle mène à l’établissement des lois pon- que par ses peaux expédiées en Europe. Par méto-
dérales des combinaisons et conduit, dès le début nymie, il désigne la fouxrure très prisée de l’an-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHIEN
neutre pluriel du singulier hiMorion (d’où le latin fois par opposition à loup, nom de l’animal sauvage
classique cichoreum). de même sens, sans origine le plus semblable (heure entre chien et loup.
connue. av. 1250) ou à chat, autre animal domestique très
+ Nom de plante, chicorée est employé par métony- familier. Le syntagme de chien (1552) comprend
mie (1792) pour désigner la racine torréfiée et la toujours une idée de diikulté, de peine Mener une
boisson qu’on prépare avec elle et qui est compa- vie de chien) par allusion aux mauvais traitements
rable au café, qu’elle remplace traditionnellement supportés par l’animal et à son infériorisation par
dans le nord de la France, ou encore les femlles que rapport à l’homme. -Dès l’ancien kançsis (1195-
l’on mange en salade. 1200, comme adjectif; 1223, comme nom) chien
prend d’ailleurs un sens tïgoré fortement péjoratii,
WCHICON n. m. (16511 est probablement dérivé
appliqué à un homme, parfois avec des valeurs
par fausse régression de chicorée pour désigner la
spéciales, comme «avare* (18291, ou, au féminin, à
laitue romaine ; le mot est employé dans le nord de
une femme avec une référence de réprobation
la France, en Belgique comme nom du légume ap-
sexuelle. En revanche, dire d’une femme qu’elle a
pelé endive en français central. - CHICORACÉ. ÉE
du chien (1866) c’est exprimer une idée de charme
a@., formé sur chicorée avec le sufExe botanique
racé. Au XIX~~., chien est passé dans l’argot des
-acé (16981, quali6e et désigne comme nom féminin,
journalistes (1874) où il est entré dans l’expression
surtout au pluriel chicoracées (1835). les plantes
chiens écrasés (1881) #rubrique de faits divers=.
d’une sous-famille des composées, comprenant no-
-Parallèlement, il a développé, depuis le XIII~ s.
tamment la chicorée.
dans des syntagmes, des sens analogiques (av. 1250.
CHICOT n. m., réfection (15811 de cicot (15531, chien de mer =Petit requins>. Par allusion à une atti-
également chiquot en 1611. est formé sur le radical tude coutumière de l’animal, le mot est devenu un
onomat. tchikk-, exprimant l’idée de *petitesse> terme technique pour la pièce coudée de certaines
l-chic, chicaner, 0 chiche, chichi, chiquenaude), armes à feu (av. 16301, repassant dans l’usage cou-
avec le s&xe -0t. rant dans la locution dormir en chien de fusil
+Le mot désigne un reste de branche ou de tronc, (1866); d’autres acceptions techniques sont enregis-
d’un at%re coupé ou arraché et, par extension, un trées en 1704.
petit morceau de bois (16901. Par analogie, il dé- w CHIENNAILLE n. f. (1174-l 177) désigne une
signe familièrement un reste de dent cassée ou ca- troupe de chiens, très tôt avec une valeur péjora-
riée (16111, fournissant par métonymie une dési- tive figurée (av. 11951, partagée par son doublet ca-
gnation populaire de la dent. Le sens général -reste naille*. - CHIENNERIE n. f. (v. 1210). “groupe nom-
(d’une chose rompueIn (18001, réalisé notamment breux de chiens=, a lui aussi reçu des acceptions
dans le syntagme un chicot de pain (18691, a dis- figurées péjoratives. s’appliquant à un comporte-
paru. ment dégradant (v. 14601, souvent sexuel, et, fam-
w 0 CHICOTER v. tr., d’abord noté chiquoter (1611) lièrement, à l’idée d’=avarice= (1669). également
paraUèlement à chicoter ~XVII~s.), exprime l’idée de réalisée dans l’ancienne langue par chienneté.
<couper de manière à laisser un chicot, déchique- - Chim est entré en composition dans
ter-. Il s’est répandu en langue populaire au XIX” s. CHIENDENT n. m., d’abord toponyme (1340) selon
(1851, chicoter le cou) avant de disparaître. un mode inhabituel en français, là où l’on atten-
CHICOTE n.f. est emprunté (18401 au portugais drait “dent de chien (comme on a dent de lionl. Le
chicote <natte de cheveux* ~VIII’ s.) puis <fouet à la- mot continue peut-être un type latin médiéval ‘ca-
nières nouéesn (18131, mot probablement em- nis dente, de même que l’ancien français ckwau-
prunté, de même que l’espagnol chicote =extrémité queue, désignant un végétal, la prêle, contimwait le
d’un cordagem puis, en Amérique, *fouet,>, au J?an- latin caballi coda -queue de cheval=. Attesté depuis
çais chicot. 1559, chiendent a reçu le sens figuré de -complica-
tion, embarras+ par allusion à la difficulté à extk-
CHICOTIN n. m. est l’altération (par attraction per cette plante d’un terrain (1690). -CHIEN-
de chicot ?l de cicotin (14781, cicotin k~~s.1, pour LOUP n. m. (1775) est le calque de l’anglais wolf-
socotin, du nom de l’île de Socotra. dog, formé avec wolf =loupB et dog -chien>, *variété
$ Le mot désignait le suc et la poudre de goût très de chien employée pour la chasse au loupa (1652)
amer extrait d’un aloès et de la coloquinte. Seule puis arace de chien obtenue par croisement d’un
l’expression amer comme Idul chicotin est restée loup et d’un chien domestique% (1736). -CHIEN-
en usage. CHIEN n. m. (1875) est issu de chien par redouble-
ment affectif de sa syllabe. -CHENET n. m. (1287)
CHIEN, IENNE n., d’abord chen (1080) puis est un diminutif ancien de chien, ces pièces figu-
chien (1195-1200). est issu du latin cani.s (et canes) rant à l’origine des chiens accroupis. 0 Le mot dé-
-chien, chiennem, employé aussi comme terme d’in- signe les pièces métalliques jumelles placées per-
jure. Ce mot s’est substitué à un ancien thème ter- pendiculairement au fond d’une cheminée et sur
miné par n (comme le grec kuôn) qui a été éliminé lesquelles on peut disposer les bûches. Le mot sym
en raison de son caractère anomal. Canis se rat- bolisait le coin du feu (les pieds sur les chenets : bien
tache au groupe indoeuropéen du grec kûm (- cy- au chaud). -CHIEN-ASSIS n. m. (18411, comme
négétique, cynique), avec un vocalisme di&ile à ex- chien de fusil, est un terme technique tiré d’une ob-
pliquer. servation de l’attitude du chien : il désigne en ar-
+ Le mot, nom de l’s.nimaJ domestique par excel- chitecture un type de fenêtre pratiqué dans une
lence, a inspiré de nombreuses locutions, quelque- toiture.
CHIPER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ion Brunotl, passé de l’univers du bagne à l’évoca- *Les sens figures, ~tourmenter, contrarier- et, avec
tion dune surveillance brutale. l’idée diminutive liée au suilïxe, wétiller, discuter
sur des riens* (15611,précèdent le sens propre de
CHIPER v. tr. est d’origine incertaine (17591, manger par petits morceaux* (17041.Ces deux va-
probablement dérivé, avec la désinence er, de leurs sont restées vivantes.
chipe *petit tnorceau, rognure d’étoffe+, mot ancien c Les dérivés CHIPOTEUR, EUSE dj. et n. (15851.
(13061demeuré en usage dans le Nord-Ouest. Il est CHIPOTERIE n. f. (1618.16251, CHIPOTAGE n. m.
emprunté au moyen anglais ch@ -petit rnorceaus (16171ont connu le même type de développement
(+ chips). Le sens propre de chiper serait -dérober sémantique; chipoteur a cependant eu du mal à
un petit morceau, un objet de peu de valeurn. Une s’imposer avant le XIX~s., concurrencé par cwpo-
origine à partir de acctper (1597), mot familier et ré- TIER, IÈRE (17011,tombé en désuétude au xYs., et
gional pour -prendre>, emprunté-par les milieux par CHIPOTEUX,EUSE. enregistré par Guérin
scolaires - au latin accipere CprendreB, est moins (18921et disparu.
probable.
6 Le mot signifie familièrement =Voler un objet de CHIPS n. f. pl. est le pluriel généralisé par
peu de valeur= et, avec un complément animé. l’usage 11920,Morand) de chip (19111,lui-même em-
*prendre sur le fait, arrêtern (18851,sens proche de prunté à l’anglais ch@ (18731, surtout employé au
celui du paronyme choper t&+chopper). Par exten- pluriel chips comme abréviation pour potato chtps
sion et avec inkence probable de choper, il ex- (1859, chips ofpotatoes). Ce mot est composé de po-
prime au figuré l’idée de sséduires (18851, surtout tata Epomme de terreB tk+patatel et de chip =co-
au passiftl8911, et de =s’éprendreB, à la forme pro- peau, flocon, éclatn Iv. 13001,spécialisé au sens culi
nominale se chiperpour qqn t19011.Encore compris, naire de *petit morceau de toutes sortes
le mot a vieilli au xxr s.. sauf au sens initial de sdéro- d’aliments>, surtout dans des syntagmes détenni-
ber-, notamment dans le discours enfantin. nés : oronge ch@, chocolate chtp. Chip, qui a été
w En sont dérivés CHIPEUR, EUSE adj. et n. (18x- emprunté par le moyen français chipe (+chiBe,
18291 et CHIPERIE n. f. (18551, à peu près sortis chiper, chipie, chipoter), représente un vieil anglais
d’usage. “Eipp, CM, *poutres et correspond à l’ancien saxon
0 voir CHIPIE. kY, =Poteau, pieu=, kipa <dowen (d’où le néerlan
dais kip -age d’une charrues), l’ancien haut alle-
CHIPIE n. f., d’abord chipi (18211, est d’origine mand chtpfa =douve* iallemand dialectal Kipf:
douteuse, peut-être issu de la contraction de Ktpfe), l’ancien norrois keppr =brindille, bâtonnet=.
chiper* et de pie*, cet oiseau ayant mauvaise répu- + Le genre, le nombre et le sens du mot ont évolué
tation. II est à rapprocher des régionaux chtpe en français : l’emploi du singulier, d’abord en appo-
=femme pingrem (Champagne, Bas-Maine) et grtpie sition dans pommes chtp (1911; 1919, pommes
mégère=, de griper *attraper> et de pie P. Guiraud &ip=j et seul (un chtp, 1919; une ch@, 19611,a ré-
y voit plutôt le déverbal de “chipier wétiller~, dou- gressé devant le pluriel. De masculin qu’il était, le
blet de chipoter b ch&1 mais le sens est assez dif- mot est devenu féminin (19611adoptant le genre de
férent. pomme. Enik, le sens étymologique, *pomme de
6 Le mot, d’abord dans la locution faire sa chipie (sa terre frite> (l’anglais dit crisp pour les chips), s’est
chipi, 18211, désigne familièrement une illle ou perdu, accaparé par frite, au profit de mince ron-
femme méchante, diihcile à vivre. Il a changé de delle de pomme de terre frite* clairement attesté
connotation, s’appliquant plutôt en français en 1919 et réalisé également par l’angle-américain
contemporain à une femme jeune pouvant être jo- chtp (les frites s’appelant Fre&t kiesl. Le mot s’est
lie, élégante, ce qui n’était pas le cas au XLY siècle. vraiment répandu vers 1950 lorsque la consomma-
tion des chips de fabrication industrielle est deve-
CHIPOLATA n. f. est emprunté (17421 à lïta- nue internationale.
lien cipollata =mets à base d’oignons*, dérivé avec 0 “or CHIFFE.
le sutke -atade cipolla eoignonn, lui-même issu du
latin caepdla qui a donné ciboule* en français. CHIQUE n.f., mot apparu relativement tard
4 Le mot a désigné un ragoût à l’oignon et aux ci- (17921, est d’origine incertaine, probablement dé-
boules de l’ancienne cuisine italienne, puis une rivé d’un radical onomatopéique “tchtkk- expri-
garniture de viande, composée de marrons, de ca- mant la petitesse 14 chicane, chicot1 ou le bruit fait
rottes, d’oignons et de petites saucisses (18661. en mâchant, peut-être par l’intermédiaire du verbe
0 De ce dernier sens, il a pris par métonymie, le chiquer, aussi tardivement attesté (17921. P. Gui-
sens de -petite saucisse courten (renfermant primi- raud, contestant cette hypothèse onomatopéique
tivement de la ciboule) employée dans ces garni- pour le groupe (chic, chicane, chiche, chichi, chicot,
tures (18661, d’où par figure argotique l’acception chiqumaudd voit précisément dans chique un em-
de membre viril=. prunt dialectal au provençal chico morceau+ ou au
normand chique morceau de pains, du latin ckca,
CHIPOTER y., d’abord chtpotrer (1458) puis de ciccum ezesten, <objet sans valeur=.
chipotter (15611,chipoter est dérivé, avec le suffixe 4 Le sens initial de morceau de tabac destiné à
diminutif -oter, de l’ancien français chipe =chifïon= être mâché> est devenu archaïque quand l’habi-
(13061, mot d’origine germanique sorti de l’usage tude de mâcher du tabac s’est perdue. Aussi les lo-
mais qui survit dans plusieurs dérivés t-chiffe, cutions figurées encore vivantes ne sont-elles pas
chiper, chipie) et dans l’anglicisme chips*. interprétées clairement. C’est le cas pourposersa
DE LA LANGUE FRANÇAISE ‘37 CHIMÈRE
une femmes) au figuré &xca.xe~ (xvnles.), d’où ploie aussi avec les autres valeurs du verbe. o ll est
l’adjectif CHIFFONNÉ. ÉE employé a” propre, par moins USUel que le préfixé t%ItOnyrTIe INDÉ-
analogie et au figuré, pour <ennuyé> et de là CHIFFRABLE adj. (1846). qui s’applique à tout ce
CHIFFONNAGE n.m. (1835; en 1740, a” figurél, qu’il est impossible de déchifFrer. de comprendre.
CHIFFONNEMENT n. m. (18451 et le terme culi-
naire CHIFFONNADE n.f. (1750. chifonade). Au CHIGNOLE n. f., d’abord écrit chignolle IEncy-
sens concret, chiffonner a produit par figure une clopédie,
1753). est la forme normanno-picarde de
autre acception de chiffonné, ée, *aux traits fatigués l’ancien français ceoingnole (v. 1190) strébuchet
cf.fripé>.d’on visage (xvnr’ s.l. -Chiffonnière n. f. pour prendre les animaux- et adévldoirn (1410). Ce
(17591, puis CHIFFONNIER n. m. (1800) désigne un mot continue un bas latin “cicontila, diminutif de
meuble de rangement à tiroirs ; ce sens vient de la ciconti (+Cigogne), terme désignant chez Colu-
valeur figurée de chiffon -vêtements. robes, pa- melle un instrument servant à mesurer la profon-
rures féminines~. deur d’un sillon, et chez Isidore de Séville la bas-
0 “OITCHIPER.CHIpETiE.CHIPOTER. CHIPS. cule d’un puits, par allusion à la forme du cou d’une
cigogne, suggérant une tige, une manivelle.
CHIFFRE n. m., d’abord écrit chifre (1220). est (Terme technique désignant un dévidoir de passe-
emprunté, par le latin médiéval cifia &rom. à menterie, chignole s’est étendu en argot de métier,
l’arabe $fr =vlde= puis +z%-on,calque du ssnskrit QI& puis familièrement, à un appareil, une machine qui
raya de même sens. Le zéro CG+ zéro1 est une innova- tourne ou qui fait tourner (1670, en métallurgiel,
tion du système numérique arabe décimal, les une manivelle. Par métonymie, il désigne une voi-
autres &iffres arabes> ayant leur équivalent dans ture à bras (18951,puis (1901) d’autres véhicules, no-
le système numérique latin G%I~?~SromainsJ. Le tamment une automobile. Le sens de *vilebrequin,
mot fait partie de la série des grandes notions ma- perceusem (1919) s’est diffusé dans l’usage courant.
thématiques qui sont passées par l’arabe C+al-
c CHIGNOLER v., repéré dès le XVII~ s. à Rouen au
gèbre, algorithme). Le passage de l’initiale latine c-
sens figuré de +xiUew est passé dans l’argot par-
à ch- s’expliquerait (plutôt que par l’intluence de
sien au sens de *courir les ruesn (1894), mais a dis-
l’italien cifral par le picard, les villes industrielles
paru -CHIGNOLEUR n. m. (19051,a pris d’après
du Nord ayant été les premières à adopter le sys-
chignole le sens argotique de =Perceur de cof?re uti-
tème numérique arabe.
lisant une chignole électriquem chez les cambrlo-
+D’abord attesté au sens étymologique de +Gros et leurs (1925).
au sens figuré correspondant de apersonne, chose
sans valeur-, tous deux supplantés par zéro*, le mot CHIGNON n. m. est la réfection (1559). d’après
en est venu à désigner toutes les figures du sys- tigrw, tignon (+ teigne) de l’ancien !?ançais ch&-
tème numérique (14651,tout signe servant à repré- gnon (6n mes.), chagnon (mes.), encore utiié par
senter les nombres et (1832) le nombre lui-même. G. Sand comme régionalisme. Le mot est hérité
D’après l’usage des chiBres dans la tradition ésoté- d’un bas latin “catenio *chaîne, liens, dérivé de ca-
rique et cabalistique (notamment le zéro, doué d’on tenu (+ chaîne). Le développement sémantique
pouvoir magique), ll a aussi pris au singulier ne mènerait au sens français de -nuques soit par I-é-
chifid le sens d’&xlture secrètes, =Code> (1497. férence à la chaîne des vertèbres, soit plus pro-
14981,s’appliquant par métonymie aux règles per- bablement, par métonymie du sens de =carcan,
mettant son décodage. Avec l’idée de <représenta- chaîne au cou du prisonnier
tion conventionnelle en signes+, il s’est spécialisé 4 En français même, le mot a eu le sens de -nuque=
en broderie (1529, =initialesnl et en musique (1741). jusqu’au XVII~siècle; puis il a pris celui de amasse
~Les divers sens du nom sont repris par de cheveux relevés sur la nuque= (17251,peut-être
CHIFFRER Y. tr. (15151, ~calcnler~ et -coder un sous l’influence de @non =Partie des cheveux qui
messagep (15741,par extension -compter, évaluem est demère la têtes (v. 15001.Le mot dans ce sens
(1834); ils se reflètent dans les dérivés du verbe : entre dans des locutions calquées sur celles de ch&
CHIFFREUR n. m. (1529, chyfreuxl, CHIFFRAGE yeu : se crêper le chignon =se battres.
II. In. (18531 et CHIFFRABLE adj. (18751. 0 Cepen-
dant, seule l’idée d’&riture secrète> est réalisée CHIITE adj. et n. est un emprunt (schiite 1697,
par CHIFFREMENT n. m. (déb. XVII~s.), mot tech- d’Herbelot; schyste Y. 1765, Diderot), d’abord sous
nique. la forme schai (16531,puis schiah (1697. Herbelot) à
Avec la même valeur. mais d’un usage plus géné- l’arabe, dérivé de siy’ i =membre d’un parti, seda-
I?d. le prélïxé DECHIFFRER v. tr. (v. 14671, -lire, teor=.
COmprendre (Ce qui est chifJ?r& d’où (1671) =parve- 4 Le mot s’applique aux musulmans partisans d’Ali,
nir à lire (un texte *cile à lire, mal écrit, etc.)*, est et s’oppose à sunnite (+ sunnal. L’islam iranien est
appliqué aUSSià une partition musicale (17611et, au majoritairement chüte. - On écrit aussi chi’ite,
figuré, à tout ce qui est obscur, caché, difficile à in- shi’ite.
terpréter. -De là DÉCHIFFRE~R, EUSE n. t152.91,
qui correspond surtout au sens premier du verbe, CHIMÈRE n. f. est emprunté (v. 1220) au latin
DÉCHIFFREMENT n. m. (15531, et DÉCHIFFRAGE chimaem, lui-même pris, comme terme de mytho-
n. m. (1881) eaction de déchiffrep, dans divers sens logie, au grec hhimaira, désignant à la fois une
du verbe, le second s’appliquant notamment à la jeune chèvre, âgée d’un an à sa première mise bas,
musique WIOO). -DÉCHIFFRABLE sdj, (16091 an- et une créature mythologique composite, de forme
paraît au sens premier de dhchiR?er, mais s’em- variable mais avec on corps ou une tête de chèvre.
C-E 742 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-panier*, spécialement sgant d’osier du joueur de comme gaz de combat pendant la Première
pelote basque>. Lui-même est emprunté au latin Guerre mondiale puis dans la fabrication de la
cistella -petite corbeille>, diminutii de cista *pa- soude et de nombreux produits kolvants, plas-
niep, lequel est emprunté au grec kistê, probable- tiques, insecticides, agents frlgori6quesl.
ment d’une langue non hellénique indéterminée t Sitôt nommé, chlore a produit CHLORURE n. m.
(on a évoqué le hittite hi&&). (1815). CHLORATE n. m. (1816, Gay-Lussac),
+Le mot a été repris comme terme de jeu de la pe- CHLORAL n.m. (1831. Liebig), avec les Su&es
lote basque. chimiques normalisés après Lavoisier et des
composés. OPlusieurs composés ont un nom
CHLAMYDE n. f., d’abord clamide (av. 1502). formé avec per-, par ex. PERCHLORURE n.m.
est emprunté an latin chlamys, -idis <manteau
-CHLORHYDRIQUE adj. (1834, chbohydrique)
lwruenxm, lui-même emprunté au grec khlamus.
de hydr- et -ique qualifie un acide. -CHLORO-
Ce mot désigne une pèlerine faisant partie de la te- FORME n. m. (13janvier 1834, J.B.Dumasl, avec
nue de voyage, portée spécialement par les mil-
taires, vêtement caractéristique des Thessaliens et
forrMyLlyl)e,radical de l’acide fornique, désigne un li-
quide dérivé du méthane, utilisé comme anesthé-
des éphèbes athéniens. Il appartient à un groupe
sique, le mot étant devenu assez usuel dans cet em-
de mots comportant khlaina =manteau, vêtement
ploi. oDe là CHLOROFORMER v. tr. (18561, qui a
de dessus>, khianis =Vêtement léger, et qu’on ne
peut réduire à l’unité.
survécu à la concurrence d’une variante chlorofor-
miser (1847). -L’élément CHLORO- est devenu
t Ce terme d’antiquité désigne le manteau, retenu
productif dans la formation de mots de chune, où il
au cou par une agrafe, qui était en usage chez les
indique la présence de chlore.
Grecs et les Romains.
CHLOROPHYLLE n. f. est CompOSé (18171 des élé-
CHLEU ou CHLEUH adj. et n., d’abord Che- ments savants tirés du grec khlôros -verts et de
louh (18661 puis chleuh (18911, est emprunté à phdlon -feuille= (+ -phylle) Le mot a été proposé
l’arabe du Maroc Se@, dans sa forme du pluriel par Pelletier et Caventou pour désigner les pig-
ilôh, nom d’une tribu du Maroc, %@a étant le nom ments verts des feuilles. Environ trente ans plus
de sa langue. tard, leur parenté chimique avec les pigments sari-
+Le mot a été introduit une première fois didac- guins fut soupçonnée, puis la diversité des chloro-
tiquement pour qualifier ce qui se rapporte aux po- phylles reconnue. Au début du xxe s.. des travaux
pulations berbères du Maroc occidental, à leur en révélèrent la structure et permirent d’en réali-
langue. Au cours de la Première Guerre mondiale, ser la synthèse en laboratoire. a Le mot, passé dans
il a été repris par des soldats combattant an Maroc, l’usage courant pour désigner la chlorophylle des
comme désignation d’un soldat des troupes territo- végétaux, a produit CHLOROPHYLLIEN, IENNE
riales, et introduit en France vers 1933. D’abord ap- adj. (1874, Journal officiel).
pliqué dans l’est de la France à un frontalier par-
lant une autre langue que le kançais - comtois ou CHOC - CHOQUER
alsacien - (19361, il s’est spécialisé au sens de xper-
sonne allemande ou de langue allemandes (19391 et CHOCHOTTE - 0 COCOTTE
spécialement, dans le contexte de la Seconde
Guerre mondiale, =Soldat allemand> (19401. CHOCOLAT n. m., d’abord chocolate (15981,
forme encore répertoriée en 1740. puis chocolat
CHLORE n. m. est l’adaptation (18141 du grec (16591, est emprunté à l’espagnol chocdate (15901,
khlôros qualifiant la couleur verte ou jaune clair attesté dès 1580 sous la forme chmolatl. Lui-même
(des moissons non mûres, du miel, d’une personne est emprunté à un mot nahuatl du Mexique dont la
malade ou effrayéel, puis ce qui est &a&, récent formation est mcilement analysable, à l’exception
(du bois, du fromage, des larmes, du sanglm. Le sens du Su&e -ad leau». Les Européens ont pu
original du mot serait soit *liquide, humide> avec confondre ce mot avec le mexicain cacauatl ou son
évolution en -jeune, vivant> d’où =Verts, couleur de
altération moderne cocoa [- cacaol.
la végétation, et enfin ~jaunâtre. pâles, soit moins
probablement &isa&. Chlore appartient à un im- +La diffusion du mot français et la consommation
portant groupe indoeuropéen dont la sign&ation de la substance (d’abord comme boisson, puis
première est mal détkie, d’une racine “ghel-, éga- comme pâte) ont probablement été favorisées par
lement représentée dans le latin helus ou olus -lé- le mariage de Louis XIV avec l’infante d’Espagne.
gume, herbe potagèrem (-chélonée). Le corps ~Par métonymie, un chocolat désigne aussi un
chimique a été découvert dès 1774 par le Suédois bonbon au chocolat (19011 et chocolat me couleur
C. W. Scheele qui lui donna le nom d’acide muti- brune orangée. Le mot donne lieu à plusieurs syn-
ticrue dkphlogistiqué (c’est-à-dire contenant de tagmes usuels : chocolat noir, amer (selon la teneur
l’oxygène). Ce n’est qu’après de longues dis- en cacao) opposé à chocolat au lait; ...au chocolat
cussions entre Gay-Lussac, L. T. Thenad et Hum- hvec des noms de pâhsseries, crèmes, glaces), etc.
phry Davy qu’il fut défini comme un élément au- -D’après le nom d’un des clowns Foottit et Choco-
quel Davy donna le nom de chlotine ou chloric gas lat, on a dit faire le chocolat *le naïf> (18861, puis êke
en anglais (novembre 18101, puis chlore en frmçais, chocolat -être frustré dans son attentes (+ mxronl.
à cause de sa couleur. tl?n sont dérivés CHOCOLATIÈRE n.f. (16711,
+Le mot désigne un métalloïde gazeux jaune CHOCOLATIER, IÈRE n. (16941, CHOCOLATÉ, ÉE
verdâtre, d’odeur suffocante. Celui-ci fut utilisé adj. (17711 et CHOCOLATERIE n. f. (18671.
DE LA LANGUE FRANCAISE 739 cHIouRMF

mal. Une nouvelle métonymie, au sens de =Couleur . Chinois a produit CHINOISERIE n. f. (1836, Bal-
grise de la fourrure du chinchilla=, a connu une cer- zac), =Objet dans le goût cbinois~. contemporain de
taine faveur au ti s. (Balzac, Goncourt). la vogue décorative des motifs chinois en Europe,
et, au figuré, =bizarrerie* (18451, et CHINOISER v.
0 CHINER v. tr., enregistré dans l’Encyclopédie (1841, Balzac1 *rendre cbinoism et. familièrement,
(1753) qui dorme à la fois le verbe, le participe passé &re pointilleux~. - CHINETOQUE n. et adj. (19181
adjectivé et l’inMtif substantivé, est tiré du nom est une déformation raciste de chinois apparue
propre Chine, ces étoffes ayant été créées sur le dans l’argot des marins, avec un élément -toque
modèle de tissus importés de Chine. Dès 1723, le évoquant la bizarrerie (-toqué).
Dictionnaire universel de commerce faisait état 0 voir 3 CHINER.
d’un pointde la Chine en parlant d’une broderie
sur canevas de couleurs différentes. La forme la CHINTZ n. m., d’abord chint (1730) puis chints,
plus usuelle en français moderne est l’adjectif chtntz (18771,est emprunté au hmdi chint, antérieu-
CHINÉ, ÉE. rement chite lui-même du sanskrit chiha *diapré,
b De chiner sont dérivés 0 CHINAGE n. m. (17531.
bariolés. La forme Jiançaise actuelle est reprise à
puis CHINURE n.f. (18191. et (LJCHINEUR n.m.
l’anglais où chint (16141, lui-même emprunté au
(18661, mot technique.
hindi, a été évincé par le pluriel chints, plus
fréquent. Celui-ci a cessé d’être perçu comme un
@ 0 CHINER v., d’origine douteuse (18441,est pro- pluriel et s’est orthographié chince, chinse,
bablement l’altération par aphérèse de échiner chintz, etc.
(+ échine) *fatiguer les reinsn, le terme semblant +Le mot désigne un tissu de toile de coton in
venir du langage des colporteurs dont le fardeau primé, glacé, pour l’ameublement, originellement
pesait sur l’échine. Selon P. Guiraud, cette parenté issu des Indes (calicot peint de fleurs).
est avérée par chine, forme dialectale d’échine en
Wallonie et en Lorraine où le es- initial est souvent CHIOT n. m., d’abord chiaux (1552) puis chiot
caduc. (16111,est une forme d’origine dialectale (notan
ment Ouest et Centre), correspondant à l’ancien
+D’abord argotique, le mot signifie xacheter et re- français chael (XII~s.l. Ce dernier est issu du latin
vendre de lieu en lieu> en parlant du colporteur, du catellus, également catulw *petit d’un animal>.
brocanteur, puis aussi <chercher des occasions=. en pris spécialement pour désigner le petit chien, et
parlant de l’amateur de brocante. Il s’est appliqué rattaché de ce fait à canis (+ chien). On a pensé au
spécialement au fait d’aller au domicile de qqn groupe à consonne géminée intérieure de lïrlan-
sous le prétexte de vendre de petits objets, en réa- dais catt, qui désigne un petit animal, et à des mots
lité pour mendier (1886). 0 Le sens transitif de *cri- évoquant l’idée de *jeune anun& comme le serbe
tiquer. railk?r~ (1878) se Comprendrait lui aussi kotiti*faire des petitsm.
d’après un emploi figuré de échiner *maltraiter par
des proposn ou procéderait de l’idée de =marchan- 4 Le mot a mis longtemps à s’imposer (fjn xiY s.)
der en disputantn. avant d’être awmilé à la famille de chien, dont le
dérivé chiennot n’est quasiment pas utilisé.
t Chiner a produit OCHINEUILEUSE n. (1847, 0 voir CHIALER (hypothèse).
Balzac), 0 CHINAGE n. m. (1873) =Colportages et
=mOquerie, raikrie~ (18831, ainsi que CHINE n. f. CHIOTTE -f CHIER
axnmerce ambulants, dans faire la chine (18731,
&r à la chine (18781et, en emploi général, aussi CHIOURME n. f., d’abord chourme (déb. XI? s.)
pour *ensemble, milieu des chineurs~. puis chiourme (1631) et chiorme (15441, ciourme
(av. 16001,est emprunté à l’italien ciurma =équipage
CHINOIS, OISE n. et adj. qui semble succé- d’une galèren (av. 1350)-en italien moderne eéqti-
der à chinese (1602). est dérivé de Chine. adaptation page (d’un navireIn. au figuré =cliqueB. Ce mot est
du nom indien Tsinstan “pays de Tsins par réfé- issu, par l’intermédiaire de l’ancien génois ciusma
rence à la première dynastie panchinoise au III~ s. (v. 1275) du bas latin celeusma *chant réglant le
av. J.-C. - le nom chinois étant Chung-Kuo -pays mouvement des rameurs>, calqué sur le grec ke-
du milieu leusma (au sens propre =ordre+ de keleuein
+Adjectif et substantif ethnique, nom de la langue =commander~. Ce ve&e appartient à la même m-
parlée en Chine, chinois a développé (surtout au cine que kellein *mettre en mouvement- mais seu-
XE?~.) quelques sens figurés liés à la place de ce lement à propos des navires, =faire aborder, abor-
pays dans l’imaginaire français, notamment avec der>. et kelomai *pousser à, inviter à. ordonner>.
des connotations de raJ&ement cruel lsupplice Hors du grec, on a rapproché le latin celer =rapideB
chinoisl, de subtilité intellectuelle ou de bizarrerie. (b célétité) et le sanskrit khyati =poussen, pour
Du chinois désigne au figuré un langage incompré- évoquer une famille indoeuropéenne.
hensible (17901, référence à l’écriture (cf. c’est de 4 Introduit en français dans l’argot des galétiens
Z’hébretd.Un chinois s’applique à un homme bi- pour désigner l’équipage d’une galère, le mot s’est
zarre ou qui subtilise à l’excès (1820). oLe nom a répandu dans l’argot du bagne pour =ensemble des
reçu les sens concrets de <petite orange verte bagnardsn. Par métonymie, il désigne l’ensemble
conservée dans l’eau-de-vies (1845) et de <petite des gardiens et aussi un gardien (1896).
passoire fmen (ti s.) par allusion à la forme du cha- c Chiourme est surtout vivant dans le composé
peau chinois. GARDE-CHIOURME n. m. (1814; dès le XVII~ s. se-
CHOISIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

des chutes1au sens de <déchet (de drap, de tissu, de sens de aaction, liberté de choisirs et, concrètement
sciage+. (XVII’ s.), <ensemble de choses entre lesquelles choi-
Le dérivé CHUTER v. intr. (1823) est venu concu~‘ sit-n, déslgne particulièrement un ensemble de
rencer tardivement tomber dans certains de ses choses sélectionnées pour leur qualité (- sélec-
emplois : *faire une chutes et, en termes de spec- tion), voire la fine fleur d’une marchandise (1675).
tacle, leu et sport, -subir un échecs (1828, au De là, la locution de choix (18341,synonyme usuel
théâtre). de choisi, décliné dans une gamme allant de de
RECHUTE n. f. (14751,senti de nos jours comme le premierchoixà de demierchoixet, par hyperbole,
dérivé itératif de chute, est historiquement le parti- de sunhoh (18161.o SURCHOIX est adj. pour <de
cipe passé féminin substantivé de l’ancien verbe re- premier choixn (18161et aussi n. m. (18511.
choir v. intr. (XII” s., recheoir), supplanté par retom-
ber. o Comme chute, rechute s’est imposé en face CHOLÉRA n. m., d’abord cholere (15461, est le
de la forme recheoite *récolte>, et s’est maintenu doublet étymologique de colère* : il est emprunté
comme substantif d’action des sens figurés de re- au latin impérial choiera *maladie venant de la
tomber : il exprime notamment le fait de retomber bile=. lui-même emprunté au grec kholera, dési-
dans le péché, le vice, l’erreur, après avoir voulu gnant diverses maladies digestives dont le choléra
s’amender ou se corriger, et aussi le fait de retom- proprement dit (kholera hugraj. Les Anciens pro-
ber malade. -En ce sens, il a servi à former RE- posaient déjà pour ce terme deux étymologies:
CHUTER v. intr. (18451.enregistré antérieurement une dérivation soit de kholades <<intestins= (-cô-
par Cotgrave en 1611 au sens général de =tomber ion), soit de kholê <biles (-colère, mélancolie), la
de nouveau-. bile pouvant être abondante dans les défécations
PARACHUTE n.m.estle composéde para-” et de des malades.
chute (17841,formé sur le modèle de parapluie*, pa- (La gravité du choléra, maladie épidémique
rasol*, pour désigner un dispositif expérimenté en souvent mortelle, a fait mettre le mot au rang de
1785par l’aéronaute Blanchard. Le mot a été repris peste* Ichoisir entre la peste et le choléral, lui
et dffisé au axes. avec l’aviation; l’aérostation conférant la même valeur symbolique de =fléau
l’employait au xm” siècle. Remotivé en =Objet empê- mortels et, plaisamment, de <<personne insuppor-
chant une chute>, le mot désigne aussi, technique- table>.
ment, une pièce d’horlogerie empêchant que l’axe c CHOLÉRIQUE adj. (18061aété emprunté au latin
du balancier ne ressente les chocs violents qui
cholericus, lui-même repris au dérivé grec kholeri-
pourraient le rompre (1832) et le dispositif de sé-
kos <relatif au choléra, malade atteint du choléra=.
curité permettant d’arrêter la chute accidentelle L’ancien français avait déjà les formes colerike, co-
de la benne dans un puits de mine (18581.-De pa-
loriqw (v. 12561avec le sens du bas latin =bilieux,
rmhute au sens courant a été dérivé PARACHU- soumis à l’influence de la bile=, par rapprochement
TISTE n. (19031,pour un sportif et (1941) un soldat du mot avec kholê =bilea>(- colérique). -Du radical
sautant en parachute (ce dernier également ap-
de choléra sont dérivés au xxr s. les termes de mé-
pelé PARA n.m. 1944). -PARACHUTER v.tr.
decine CHOLÉRINE n. f. (18311,=forme atténuée de
(1945) =faire sauter ou envoyer en parachutes si&-
choléra, avec forte diarrhée>>, et CHOLÉRIFORME
fie au figuré *envoyer, désigner brusquement (qqn)
adj. (18441,-qui a l’apparence du choléra>.
dans un lieu éloigné* (1962). 0 Il a pour dérivé PA-
RACHUTAGE n.m. (1944). -PARACHUTISME
CHOLESTÉROL n.m. est la réfection par
n. m. (19591,dérivé de parachutliste1, s’emploie Berthelot (18591, par substitution du stixe -ol au
pour -sport, techmque du saut en parachutes.
sdixe ine, de cholestérine,mot proposé quelques
0 voir CHANCE.DECHOIR.ÉCHOIR.MÉ-.
années plus tôt par Chevreul (1815). Ces termes
CHOISIR v., d’abord coisir [I050) puis choisir, nomment une substance découverte en 1775 par
est issu. de même que l’ancien provençal causir Conradi dans les calculs biliaires et confondue par
(v. 10701, du gotique kausjcm *goûter. examiner, Fourcroy avec le blanc de baleine. Chevreul le pre-
éprouver-n (d’où l’allemand kiesen et l’anglais mier la reconnut pour une substance distincte, en
to choose =choisir~). Le mot appartient à la même fit l’analyse, en étudia les principales propriétés et
racine indoeuropéenne que le latin gustare (+ goû- la nomma à l’aide des mots grecs kholê <<bile>(- co-
ter) et le sanskrit jo.$ayate<il prend plaisir àn. lère) et stereos ssoliden (- stéréo), d’après sa consis-
$ Le sens ancien, -distinguer par la vue, voir dis- tance et sa localisation dans la bile.
tiictementm (d’où choisir de Z’œü =apercevoir=. bien + Le mot désigne une substance grasse de la classe
attesté au XVI~s.), s’est éteint au XVII~s., sauf en des stérols, se présentant sous forme de cristaux
Suisse romande. Il a été éliminé par le sens de blancs nacrés, contenue dans les liquides et les cel-
*prendre de préférences (1177-11791,avec lequel le lules de l’organisme. Il est devenu courant au xxe s.,
mot a supplanté dans l’usage courant au XVII~s. son l’excès de l’un des cholestérols étant combattu par
doublet d’origine latine élire*. 0 Le participe passé la médecine au moyen d’un régune diététique.
adjectivé CHOISI, IE (XVII”s.1 présente aussi l’ac- t CHOLESTER- sert de premier élément à quel-
ception classique de -bon, excellentm (16641 dans ques composés en médecine : CHOLESTÉROLÉ-
quelques syntagmes du registre soutenu (mets, MIE n. f., après cholestérinémie (18781, CHOLES-
termeschoisi.sI. TGATOME n.m., etc.
. Cette nuance est très vivante dans les emplois du Par ailleurs, l’élément formé de stéréo- et de -02
déverbal CHOIX n. m. (1155, chois1 qui, outre les dans plusieurs noms de composés chimiques (zoo-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHISTERA
chique (1833) sse taire>>,plus généralement -cesser graphier alors qu’il existait en ancien et moyen
une activitén. et en argot cdéféquep, couper la f%nçais cirographier, chirografer.
chique (av. 18651 =interloquer*. av&r sa chique CHIROMANCIE n. f., d’abord cyromancie ti xv’-
(18941 mourir~ et dans la comparaison mou déb. xv” s.1, est emprunté au latin médiéval chiro-
comme me chique (-chiffe). Le sens ancien de mante& attesté dans le domaine anglais, formé
morceau de pain> (18081 est soit une analogie du grec kheiro- et de mantia cart de lire l’avenir
(forme, consistance), soit un avatar du sens étymo- (&+manciel. -Le mot, qui signifie divination à
logique *moi-ceaw. Celui de &zdon dentaires l’aide des lignes de la maiw, a produit CHIRO-
[1901) fait référence à la joue gonflée comme par MANCIEN, IENNE n. (1546, chiromantienl, dont le
une chique. féminin a supporté la concurrence de CHIRO-
fi 0 CHIQUER v. *mâcher du tabacs est attesté en MANTIDE n. f. (18961,sorti d’usage.
même temps que chique (17921,et il se pourrait que -L’élément chiro- a directement produit en f?an-
ce dernier en soit le déverbal; son étymologie pose çals CHIROLOGIE n. f. (1755) aexpression par le
les mêmes problèmes que celle du nom. Le sens mouvement des doigts> puis -étude des rapports
initial semble avoir mieux résisté que celui de entre la main et la personnalité> (19411, sens déjà
chique; le tabac à chiquer s’est d’ailleurs encore ILsSumé par CHIROGNOMONIE Il. f. (18431, formé
diffusé en milieu rural tard dans le xxe s., alors que sur physiogmmonie* par substitution de chiro- à
l’on ne prisait plus et que l’on fumait (d’abord la physic-.
pipe, le cigare) depuis longtemps (cf. tabac). Un 0 voir anauaG*E.
sens analogique populaire emangep (1798) corres- CHIRURGIE n. f., d’abord cirwgie (v. 1175)puis
pond au sémantisme de mâcher. -Le verbe a pour chirurgie (v. 15601,est emprunté au latin chirurgia,
dérivé CHIQUEUR. EUSE n. (17931 *personne qui emprunt au grec kheirourgia, de kheir mmim
chique du tabac=. (+chiro-1 et d’un S&e correspondant à ergon
CHIQUENAUDE n. f., d’abord écrit chicque- -travail, activités (-démiurge, liturgie) qui a pris
no& (15301, chicqumaude (15321, est d’origine in- chez Hippocrate le sens de <pratique chirurgicale,
opération>
certaine : peut-être dérivé, avec sa tïnale d’après
baguenaude* *gousse qui en éclatant laisse partir t L’héritage de l’Antiquité, retrouvé au moyen âge,
ses grains en tous sens>. d’un radical onomato- a longtemps été contrarié par la tradition chré-
péique tchikk- exprimant la petitesse ou un petit tienne : l’homme médiéval pour qui la maladie est
bruit sec. L’existence de ce radical est contestée une épreuve dont Dieu (ou Satan) est le maître,
par P. Guiraud qui postule, pour tout le groupe de s’adresse à l’alchimiste ou à l’astrologue. La chirw
chic’, chicane*, chiche*, chichi*, chicot*, chique*, pie, ramenée au rang de pratique barbare, est
un étymon roman, du latin ciccun <petite mem- condamnée par le concile de Tours (11631 avec la
branes d’où &agment=. Selon lui, chiquenaude se- dissection des cadavres. La petite chirurgie est
rait dérivé de chiquer =donner un petit coup alors l’œuvre des barbiers ou chirurgiens-barbiers
C-chic) sur le modèle de piquenote, pichenette*, ce qui explique que le vocabulaire de la discipline
croquignole*, par double s&ation diminutive se développe en langue vulgaire, alors que la mé-
-in&?+ -aude. decine s’exprime en latin (voir l’encadré Médecine
et chirurgie). La chirurgie profite des progrès des
t Le mot désigne un léger coup donné par la disciplines paramédicales (anatomie, physiologie)
brusque détente du doigt médian. Au figuré, dans du XVI~~. et s’impose au XVIII~~. comme une pra-
quelques emplois, il se dit pour *petite impulsion tique indépendante, cependant tenue en échec
(qui déclenche un effet)s. dans les opérations complexes par la suppuration.
b CHIQUENAUDER v. tr. 11599; repris 18031,moins Les découvertes successives de l’anesthésie (18461,
utilisé que la locution donner une chiquenaude, est de l’antisepsie (1867) et de l’asepsie (18861, puis un
sorti d’usage. grand nombre de découvertes au xxe s. mènent à la
chirurgie moderne.
CHIQUETER - DÉCHIQUETER
b CHIRURGIEN, IENNE n., d’abord cirurgien (117%
CHIRO- est un élément de composition tiré du 11751.est le seul dérivé direct de chirurgie, entré ul-
grec kheir *main*, spoine, *brasn, au figuré *action, térieurement dans le syntagme chirurgien dentiste
forces, par métonymie *poignée, troupe=, employé (17281.
avec des valeurs techniques diverses et dans l’ono- CHIRURGICAL, ALE, AUX adj. lb XIY s.. cirwgi-
mastique. Ce nom de la main est bien attesté dans cal) est emprunté à un latin médiéval “chirwgicalis,
plusieurs domaines de l’indoeuropéen: hittite dérivé de chirurgicus, transcription du grec khei-
keSSar, arménien jeti. rourgikos et qui avait donné CHIRURGIQUE adj.
(15471,de nos jours supplanté par chirurgical. 0 Un
t CHIROGRAPHE n. m., d’abord cyrografe Cv.11721 adverbe CHIRURGICALEMENT 118441 en a été
puis chirographe (x111~s.1,est emprunté au latin tiré.
chirographum &rituren et <engagement signé, Le Pr&& NEUROCHIRURGIE n. f. (1932 é&t
acte reçw, h-même pris au grec de même sens avec un tiret, neuro-1 s’applique surtout à la chirur-
hheimgraphon, de hheiro~ et graphon (-graphe). pie du cerveau. Il a entraîné NEUROCHIRUR-
Le mot désigne, dans le langage de la diplomatie et GIEN, ENNE n. 11952 dans Sciences et Avenir).
du droit, un document écrit ou signé de la main de
son auteur. -Il a produit CHIROGRAPHIER v. tr. CHISTERA n. m. ouf. est emprunté (19071, de
(18771,refait d’après des dérivés du type de dactylo- même que l’espagnol chistera, au basque xistera
CHOQUER 746 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cultéx kIn’s.) d’où *se tromper lonrdement~ 115411; litaire), est passé dans le langage de la publicité et
il a commencé à vieillir dès le XV$ siècle. Son em- des médias limage-choc1 ao xxe siècle 16. le slogan
ploi avec on nom d’objet pour sujet, an sens de chic et choc). -Avec divers sens, il a fourni le se-
<présenter une défectuosité> 16n xc? s.l. est un at- cond élément de plusieurs composés : ANTICHOC
chaïsme littéraire. adj. 119071, PARE-CHOCS n.m. 11925, pare-à-
. Chopper a été évincé par son composé précoce chocs, 1862 en chemins de fer), ÉLECTROCHOC
ACHOPPER v. intr., attesté dès le XI~ s. sous la n. m. 11938) l+ à électrlquel.
forme açoper, elle-même modihée en achouper Choquer a deux autres dérivés. oCHO-
hn” ~3.1, achoper (1376). Celui-ci lui a repris le sens QUANT, ANTE adj. 116501, adjectivation du part-
concret, <heurter du pied, trébochelh, mais s’est cipe présent de choquer, qualihe au figuré ce qui
surtout implanté dans l’usage avec le sens figuré de heurte la sensibilité, les convenances. quelquefois
*se heurter à une diJIiculté~ en emploi transitif concurrencé par l’anglicisme plaisant SHOCKING
1x111~ s.1, disparu, pois intransihf et pronominal -Le adj. et interj. 11842). -CHOQUABLE adj. 118661.
substantif d’action ACHOPPEMENT n. m., d’abord d’usage plus rare, qwIifle une personne prompte à
açopement 11215-12301 pois achoppement (av. 1564l, s’offusquer.
réalise d’abord le sens figuré de *ce qui fait obstacle ENTRECHOQUER y. 115501, d’Usage transitif et
à qqch.=. de nos jours réservé à la locution pierre pronominal est quasiment le seul mot du groupe
d’achoppement,inusitée au sens propre de ~pierre de choquer, avec choc, à réaliser le sens propre de
sur laquelle on trébuche>. Employé seul. le nom ex- -heurter, se heurter l’un à l’autres. -En sont défi-
prime l’action de buter du pied contre une chose vés ENTRECHOC n. m. 1iïn XVle s.l et ENTRECHO-
(13631, surtout à partlu du XIX~ s. avec une valem fi- QUEMENT n. m. 115871. mOtS rares, qui loi Servent
gurée. de substantifs d’action.
CHOPER y. tr., verbe argotique pois familier, at- 0 voir CHOC~~S (hypothèsel.
testé en 1800. semble une altération de chopper. Se
faire choper =Se faire prendre, attraper= semble CHORAL, ALE, AUX adj. et n., d’abord CO-
être l’équivalent de prendre une chute, prendre une ml 113311, est emprunté au latin médiéval choralis
gamelle et du verbe tomber au figure oLe sens “qui appartient au choeur d’une églises 1v 11001
spécial de =voler (prendre pour dérober% a pu être =destiné aux chants litorglques~ 1~. lloOj, dérivé de
renforcé par l’existence de chiper et a donné CHO- choru.s (+ choeur, chorus).
PEUR n. m., <chapardeurs 119281, mot populaire +Le mot, attesté une première fois en ancien wal-
resté rare. Ion dans clers cora~wc <clercs attachés au service du
chœnr d’une église=, n’est pas employé en ancien
CHOQUER y. tr., d’abord chuquier (av. 12501 et fi3nçais où la forme courante est chotial, n. 11335)
çuker km” s.1 en picard, est d’origine incertaine, et adj. 11506). dérivé de choeur. Choral figure en
probablement germanique. Cependant, on em- 1743 dans le Dictionnaire de T&oux qui donne le
prunt au moyen néerlandais ou au moyen bas alle- plurie choraux <enfants de choeur- comme on an
mand schochen xhenrter. donner on COUP~ fait dli% cien mot. Sa d&sion an x& s. en musique 11836)
cnlté du point de vue chronologique. Il convient est due à l’allemand Choral ahymne, chantn (XVI~ s.l.
peut-être de poser une formation onomatopéique elliptique pour Choral Cesang *chant du choeur-,
sur le radical tchok- évoquant un bruit. calque du latin médiéval contus ch0roli.s L’adjectif
+Très progressivement supplanté par heurter* et choral se répand 118451 pour qmdiiïer ce qui a trait
buter* au sens concret de -heurter. frappen, cho- an chant vocal d’on groupe. tandis que le substantif
quer s’est spécialisé au sens figuré d’=alIer contre mascnlin, après avoir désigné l’ensemble des
les principes de qqn, contre les biensésnces~ chantres d’une église 11866l, pois une société cho-
(av. 1621) et *produire une impression -visuelle, rale 119Oll, est évincé avec ce dernier sens par
auditive - désagréablem. D’après l’anglais to shoch, CHORALE n. f. 1191Ol, elliptique pour Société Cho-
il a regagné un nouveau sens propre, celui de -faire raie.
subir un traumatismes (surtout au passif: en rester
choqué, av. 19401. CHORÉGRAPHIE n.f. a été formé 11701,
cCHOC n. m., dérivé du verbe, (15211 exprime aussi choréogmphie, 17681 à partir du grec khoreia
l’idée d’on affrontement violent de personnes ou de <danse>. dérivé de khoms (+ choeur) qui avait éga-
choses, spécialement dans on contexte guerrier, et, lement le sens de ~danse~ à côté de ceux de
physiquement, celle d’une rencontre violente entre groupe de danseurs=, *chœor~ et *lieu où l’on
deux corps (av. 15701. Dès le xwe s., il a le sens figuré danses. Le mot est composé sur le modèle de mots
d’Kaffrontement* dans la locution soutenir le choc didactiques en -graphie*.
115491 et, par extension, exprime on événement fâ- 4 Dans le titre de l’ouvrage La Chorégraphie ou l’art
cheux frappant qqn 1169Ol, spécialement une d’écrire la danse par caractères, figures et signes dé-
épreuve pour sa santé 11740). Le sens spécialisé monstratifs (17011,il désigne la méthode de tram-
&mirnatisme~ 11865: 1892, choc nervewcj est, crlption des pas et figures de la danse. Ce sens s’est
comme le prouvent les anciennes graphies, shoch reporté sur notation (en syntagme notation choré-
chiwgical 118961, shock abdominal opératoire graphique), chorégraphie se répandant an xrxe s.
118971. on emprunt didactique à l’anglais shock, lui- avec les sens d’sari de composer des ballets, d’en
même emprunté ao français 11705) choc, et em- régler les pas et les figures> et de %art de la danse=
ployé dès 1804 en médecine. Le mot, notamment ou =Système, ensemble de styles de danse> 11851,
dans la locution de choc11685, dans on contexte mi- in T. L. F.).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHOIR

%j CHOCOTTE n.f., d’abord attesté en argot +Le mot est introduit en français au XII~s. dans la
(18781,est d’origine obscure et discutée : on y a vu langue religieuse ; il désigne à la fois une hiérarchie
une variante de chicot* dans les sens de &agment d’anges, cwrs des apstks Cv.11201 par analogie
de dents, -reste de chose rompue,, avec une in- avec mers des angeles Cv. 1223). et un groupe de
fluence de mots de la thmille de choc*. personnes chantant des chants religieux (v. 1120),
+Le mot a été employé dans l’argot des chiffon- spécialement dans enfant dechœw(l530; 1350.en-
niers pour -0s gras, recueilli pour la reventen. Il fant du CU&. 0 D’autre part, il a le sens spatial de
s’est répandu avec celui de -dent> (1907, peut-être cpartie d’une église où est placé l’autel, autour du-
1882,selon Esnault). Le développement menant à la quel les clercs chantent la messen cv. 1150). o À la
locution familière avoir les chocottes -avoir peu-m Renaissance, il est repris comme terme de théâtre
(1914-1918 dans l’argot des soldats) se comprend antique (1568) et moderne (1568). Par métonymie, il
d’après l’idée de -claquer des dents+; cependant, désigne ce que chante un choeur en musique (1704).
on a aussi évoqué à son propos une racine onoma- Par extension, il s’applique à un bruit d’ensemble
topéique tSok- ftchokl, d’ailleurs ticile à séparer (18461,à un groupe de personnes liées par une atti-
de Spkê&isson~, chokè -claquer des dents=, voire tude commune ou un but commun (18691,notarn-
même de choc’ =ébranlement nerveuxm. ment dans la locution en chœur (1869)
.CHOCOTTER v. intr. Commît le même glisse- CHORISTE n. est emprunté (1359) au latin chrétien
ment de -claquer des dentsn à <trembler de peur- chorista, dérivé de chorus oLe mot désigne le
(1936, Céline). membre d’un choeur antique et une personne qui
chante dans un chœu-.
CHOÉPHORE n.m. est un emprunt savant 0 voir CHORAL.CHORÉGRAPHIE. CHORUS.
(1838) au grec khoêphoros -porteur de libationsn,
connu notamment par le titre d’une tragédie d’Es- Yc CHOIR v. intr., d’abord à la forme conjuguée
chyle ai Khoêphomi (LesChoéphores),en référence cadit 4 tomben (v. 980) puis cheoir(1050). est issu du
aux femmes qui déposent des offrandes sur la latii cadere stombep (-cadence, caduc, 0 cas,
tombe d’Agamemnon et qui forment le choeur. Le 0 casquer, chance).
mot est composé de khoê -libation*. mot du groupe *En ancien et moyen français, le mot a signi6é
de kheein =Verser, répandre=, lequel appartient à <tomber= au propre et au figuré (K)~O),recevant se-
une racine indoeuropéenne bien identi6ée “ghew condairement d’autres valeurs : -encour+ (XIII’ s.),
(-fond) dont les représentants ont souvent trait au &Choir- (XIV”s.), -aboutir à. (1369). L’irrégularité de
sactice, et de -phoros -qui porten (voir. par sa conjugaison l’a fait abandonner peu à peu au
exemple, phospharel profit de tomber : il ne subsiste guère qu’à l’inikitif
+ Ce terme d’antiquité grecque est surtout connu et à la 3epersonne du présent de l’indicatif le sens
comme titre de l’œuvre d’Eschyle. propre étant archàique ou plaisant, sauf dans lai.~-
serchoir, variante stylistique vivante de laisser tom-
CHOEUR n. m., d’abord tuer (v. 1120) écrit aussi ber au figuré.
qua Cv.11501,puis chore et ckeur (1568). est l’adap- w CHUTE n. f. est la réfection (v. 1360). d’après les
tation faite à différentes époques du latin chorus, formes de participe passé féminin cheüe, chue, is-
lui-même emprunté au grec khhos. Ce mot dé- sues du latin “ca&& (d’où l’italien caduta), de l’an-
signe la danse, le groupe de danseurs et le lieu où cien français cheoite ‘fait de tombep (ancienne-
l’on danse; il réfère spécialement au groupe de ment chatte, chaete).substantivation d’un féminin
choreutes qui présente et commente l’action dans de partipe passé issu d’une forme analogique “ca-
la tragédie, et se dit figurément de groupes decta en latin vulgaire. -Le mot, substantif d’action
d’hommes, de divinités, d’animaux ou même de de choir, a continué d’exercer ce rôle vis-à-vis de
choses; en6n, il désigne le chant choral. Il est dif& tomber et il est demeuré aussi vivant que ce verbe;
cile de déterminer si la notion de groupe de dan- outre le sens propre de ctomber-, il a reçu de nom-
seurs est première ou seconde par rapport à celle breuses acceptions à partir du xwe s. : *fait de se dé-
d’emplacement réservé à la danse. Si l’on part de tacher de son support naturelm dans chute des che-
la notion de lieu, ce qui parait confirmé dialectale- veux (1534). chute des feutiles (1690. pris
ment et dans les plus anciens composés, et que l’on poétiquement au sens d’xautonmen). <de s’écrou-
envisage l’espace de danse comme dégagé, vide, ler= (av. 15581, -d’être en pentes pour un cours
on sera enclin à rapprocher le mot de khôros *em- d’eau (xwe s.), <de tomber brusquement* pour l’eau
placement>. Si l’on envisage l’espace de danse (1671, chute d’eau), -de se terminer- en parlant du
comme un lieu circonscrit, clos, on le rapprochera dos (chutedes reins, fin XVII”s.),*de baisser brutale-
de khortos xenceinte, cou-~ et par là même d’une ment* (de la température, de la tension, 1929). o À
racine indoeuropéenne “gher- -contenir- et <tenir>, partir du xvres., il est également employé avec une
en rappelant des mots apparentés : le latin hortw valeur figurée, exprimant l’effondrement d’un
+rdin~ (-horticulture), le gotique gards -maison, pays, d’on régime (1587). le fait de tomber dans la
cow (anglais yard et gardenl, le russe gorod willen, déchéance (16801,de perdre son succès (1690). ll se
le sanskrit g+ =maison~ et divers toponymes. Le spécialise techniquement en rhétorique, où il dé-
latin chorus, dans les textes chrétiens, a désigné nomme concrètement le dernier membre d’un pé-
ceux qui, pendant les offices, chantent dans la par- riode (av. 16541 l-cadence) et, par analogie passe
tie de l’église située autour de l’autel et, par méto- en musique. dénommant la ti harmonieuse d’une
nymie, cette partie de l’église (sens attesté période (1690). 0 Au ti s., le sens propre a lui aussi
déb. IX~s.l. donné lieu à un emploi métonymique concret kuxe,
CHOUAN 748 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

k. 19901un petit tube de tissu froncé, pour serrer une coiffure gonflée, en vogue dans les an
une mèche de cheveux, une queue de cheval, etc. nées 1960. La consistance du plat explique la lo-
Chou entre en composition dam CHOU-FLEUR cution familière pédaler dam la choucroute cage
n. m. 116111adaptation de l’italien covol~o~fiors @lu de manière inefficace> (6. semoule).
me S.1 et dans CHOU-RAVE n. m. kme S.I.
0 “Oir C”O”CaOm. 0 CHOUETTE n. f., d’abord chouate 61 me s.),
chüette (13701puis chouette (15461,est issu du croi-
CHOUAN n. m. est tiré (17931de Jean Chouan, sement de l’ancien français çuete, swte Cv.llCO),
surnom de Jean Cottereau. l’un des principaux probablement d’origine onomatopéique (de même
chefs des insurgés de l’Ouest contre la Révolution que l’italien civetta), et de l’ancien français choc
française; ses deus h-ères et lui-même, d’abord Iv. llOO), terme d’aire picarde. Ce dernier est issu
contrebandiers dans la région de Laval, furent ainsi du hancique okmva (+ choucas). que l’on peut dé-
nommés parce qu’ils imitaient le cri du hibou duire du moyen néerlandais cote, norvégien
en signe de ralliement. Chouan est en effet une haie, suédois kaja, et qui serait également issu
forme de l’Ouest (Ille-et-Vilaine1 désignant le hi- dune onomatopée évoquant le cn de l’animal
bou, par réfection, d’après chouette*, de l’ancien (- chat-huant, chevêche).
français choan l-chat-huant) apparenté à choc
+Le mot désigne une espèce de rapace nocturne
(+ chouette).
qui se distingue du hibou par l’absence d’aigrettes
4 Le mot désigne un paysan insurgé des provinces de plumes de chaque côté de la tête. L’expression
de l’Ouest luttant contre la Révolution, entre 1791 vieille chouette (16851.à propos dune femme âgée
et 1799. désagréable, semble inspirée du nom de la
+Avec ses dérivés CHOUANNER v. intr. (1795; Chouette, horrible mégère, personnage d’un ro-
1794, chouannél et CHOUANNERIE n. f. (17941, 11 man d’Eugène Sue, Les Mystèresde Park.
appartient au vocabulaire historique légué par la w L’adjectif familier 0 CHOUETTE (v. 18251, =bon,
Révolution. oLe féminin CHOUANNE (1894) est agréable, parfait=, est d’origine obscure. Ce pour
rare. rait être un emploi figuré du nom de l’oiseau qui
CHOUCAS n.m., d’abord choucquas (15301 passe traditionnellement pour un animal coquet
puis choucas 115571.est d’origine obscure, proba- tMa femme sera coincte et jolie comme une bellepe-
blement onomatopéique, ce qui expliquerait la tite chouette, 1546, chez Rabelais), comme l’italien
forme insolite de la terminaison. Il est à rapprocher civetta echouetu+ et -coquette. femme légère>
de l’ancien provençal coucala *corneillex, du pro- kv” s.l. P. Gulraud préfère y voir le dérivé de
vençal moderne choaca, verbe exprimant le cri du houeter cflatter, caresser-, diminutii de chouer an
hibou, de l’anglais chou& <choucas*, du moyen cienne forme de choyer*. Selon lui, la tradition de la
néerlandais cauws, néerlandais hauw. Les formes chouette animal coquet ne reposerait que sur la
germaniques procèdent d’un type francique %C%V~ proximité phonétique des deux mots.
qui est également à l’origine de l’ancien français 0 voir CHOLL4N. CHO”C.4S.
ch&, choue l- 0 chouette), de l’ancien picard
cauwe, cave. CHOUIA, CHOUÏA, CHOUYA a&. est
emprunté (18661 à l’arabe maghrébin Suya *un
+Le mot désigne l’espèce la plus petite du genre peus, correspondant à l’arabe classique Suwayya
corbeau. de même sens, diminutif de Sa$ *chose, quelque
0 voir CHAT-HUANT, CHOUETTE. chose-.
CHOUCHOU + CHOU 4 Le mot a été introduit par les soldats français du
Maghreb avec deux valeurs : la première, *douce-
CHOUCROUTE n. f., d’abord chou-croate mer&, réalisée en emploi intejectif 118661,voire
117681puis choucroute (17861,est l’altération fautive, exclamatif l1661) avec redoublement en chouia-
d’après chou* et croûte*, de la forme notée anté- chouta 118911.ne s’est pas maintenue. Celle de .-pe-
rieurement surcrute en suisse romand (1699, Neu- tite quantité, un peup (av. 18701, vivante dans
châtel), puis surcote (17391.Celle-ci est empruntée l’usage familier, a donné heu àun renversement de
à l’alsacien sûrhrût correspondant à l’allemand sens en -grosse quantités (par réinterprétation de
Sauerkraut, mot signihsnt littéralement =herbe petitchouia cpetite quantité~l, dans la locution pas
aigren, de saaer -aigre> t- sur1 et de Kraut -heiben. chouia “pas beaucoup>.
Ce dernier, par l’ancien haut allemand, moyen
haut allemand krùt, correspond au moyen néerlan- CHOW-CHOW n.m. est emprunté (19331 à
dais crut, néerlandais knd &gume~; ce sont des l’anglais chow-chow 118861,également abrégé en
mots dont la racine germanique est à rattacher de chow (1900; dès 1889, chowdogl. Ce mot est em-
celle du grec brum .-chaton, fleurs disposées en prunté au pidgin-engllsh (jargon angle-chinois) où
chaton>, nom de certaines algues, mousses et li il désigne un chien domestique chinois également
chens I+ embryon). engraissé pour être mangé, désigné en chinois par
+Le mot désigne une préparation de chou émincé une métonymie du nom du lieu dont il est origi-
ayant fermenté dans une saumure aromatisée, et naire et, populairement, par une expression ti-
le plat à base de ce chou, cuit et garni, notamment férente signiknt *poil mêlé, mélangés. Tel serait
sous sa forme alsacienne comportant diverses probablement le sens de chav-chow attesté anté-
charcuteries. Par analogie d’aspect, il a désigné rieurement en anglais comme adjectii 118451,au
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHOPPER
stérol, etc.). dont le plus usuel est cholestérol, est de chômage se soient répandues à peu près quand
devenu autonome sous la forme STÉROL n. m. chômeur apparaît, dans le mouvement du vocabu-
II9131 désignant un alcool polycyclique répandu laire sociopolitique, après les révolutions de 1848.
dans les organismes végétaux et animaux: ce
terme s’est répandu dans la langue de la chimie CHOPE n. f. est emprunté 116451 à l’alsacien
après 1930. -De stérol est tiré STÉROïDE nf. schoppe *verre à bières, correspondant au moyen
(1936) désignant un composé organique compre- bas allemand shope (14251, schopen -pulsolr de
nant les stérols, des alcaloïdes, les hormones brasseurn qui a donné chopine*. Le substantif est
sexuelles, etc. oDe là STkROïDIEN. IENNE a&, apparenté à un verbe germanique dont le sens ori-
srelatif à la thérapeutique par les stéroïdes,, et ginel est =créep et qui s’est spécialisé en =Puiser, ti-
STÉROïDIQUE adj. (v. 19701, parfois synonyme de rep1; ce type est représenté dans l’ancien non-ois
STÉROLIQUE adj. dérivé de stérol (mil. xx’s.1, par skepja -créep, le moyen néerlandais sceppen, l’an-
exemple dans noyau stérolique ou stéroülique. cien haut allemand scepfen, le moyen haut alle-
-Stémide a servi à former des composés, dont mand sch+pfen, l’allemand sctipfen. Le mot alsa-
CORTICOSTÉROïDE (mil. xx” s.1 de cotio CG+cor- cien, de genre masculin, a été introduit à Paris par
tex), nom d’une hormone produite par le cortex de les brasseries alsaciennes et est devenu féminin
la glande surrénale. sous l’influence de chopine.
+ Chope désigne on récipient généralement cylln-
CHOMER v., d’abord se chomer (v. 11501, écrit drlque. destiné à boire la bière.
ckomer Cv. 11751 puis chômer (XIII” s.1, est issu du bas 0 voir cnomwz. Écom.
latin caumare -se reposer pendant la forte cha-
leurs, qui s’est employé spécialement en parlant CHOPER + CHOPPER
des travailleurs ruraux W s.l. Le verbe vient du la-
CHOPINE n. f.est emprunté (x11~s.1 au moyen
tin chrétien cauma <forte chaleurs, emprunté au
bas allemand shope (14251, schopen cpuisoir de
grec de même sens kauma b calme).
brasseurs l+ chope), avec une finale mal expliquée.
+Le mot, dont le sens étymologique s’est maintenu En effet, l’allemand Schoppen, seulement attesté en
dans les dialectes à propos des bestiaux (-cesser de 1650 et qui appartient aux parlers de l’ouest du do-
brouter par forte chaleur et se reposer à l’ombrenI, maine allemand, est lui-même emprunté au type
a d’abord exprimé l’idée de erester immobile*, chopène des dialectes français du Nord et de l’Est
aussi à la forme pronominale se chomer, et celle de (picard chopeiw liégeois sopèm, lorrain chopène) :
*rester inactlfm. Cette dernière a été réalisée par li- ces formes continuent schopen, et chopine doit en
tote dp l’ancienne locution ne pas chomer de =ne être l’altération.
pas cesser de= (v. 11751, chômer se spécialisant au
+ Le mot a désigné une mesure de capacité d’envi-
XIII~ s. au sens de =ne pas travailler-. L’accent étant
ron un demi-litre pour les liquides, spécialement le
mis sur la raison de cette inactivité, chômer a pris
vin. et. par métonymie, la quantité de vin contenue
plusieurs valeurs très dllkentes, -s’arrêter de tra- dans cette mesure (v. 1278). Par extension, il dé-
vailler les jours férlés~ (1455) d’où jours chômés signe couramm ent une mesure d’un demi-litre et,
(16901, yne pas pouvoir fonctionner, travailler-
par métonymie dans quelques locutions, le vin, un
(1333, à propos d’un moulin détérioré) et enfin -ne ‘coup à boire>, sens qui reste vivant en milieu rural
pas avoir de travail* kur” s.1, sens devenu dominant (payer une chopind. à côté de canon. L’ancienne lo-
au XIX~ s. en même temps que chômage prenait sa cution de jeu n’avoir ni tierce ni chopine (18631 est
valeur moderne. ~D’autres sens, vivants en peut-être due à une substitution synonymique de
moyen français, emanquer. être privé de*, -rester chopine à quarte, à la fois terme de mesure, pour
dans un lieu>. -cesser de*, ont disparu. un quart de muid. et terme de jeu, pour une série
c CHOMAGE n. m. (XIII” s.) est, comme le verbe, un de quatre cartes consécutives.
témoin de l’histoire sociale : le sens de -fait de ne l CHOPINER v. intr. a dès le xv” s. Wmppiner, 14821
pas travaillela est ancien (XIII’ s.) et devance les itc- le sens familier de -boire du vin en excès=. Le verbe
ceptions voisines, -fait de rester improdudif~ équivaut aux locutions mettze pinte sur chopine,
(XII? s.1, =temps pendant lequel qqch. cesse de fonc- hoire chopine sur chopine.
tionner* (16901, spécialement -temps des basses
eaux pendant lequel on cure les canauxm (18351. CHOPPER v. lntr., d’abord çoper cv. 11751,
0 Ce mot est devenu aux& s. important en écono- chouper (12351 puis chopper (1316-1328, une fois au
mie et en politique, avec la valeur d’=absence de m”s.1 est d’origine incertaine. Comme l’italien
travail salarié pour ceux qui en ont besoin%, sub- zoppo =boiteuxn. l’espagnol et le portugais ZO~O,
jectivement ou objectivement, individuellement zoupo -estropié, boiteux>, il est probablement issu
Gtre en, au chômage1 et collectivement, comme d’un radical onomatopéique tsopp- exprimant le
une entité néfaste fZutier conhe le chômage1, gérée bruit caractéristique d’une démarche boiteuse. Le
économiquement et socialement ftoucher le ch& passage en ancien français du son initial s à ch est
mage). -Tandis que CHBMABLE a@. (me s., feste peut-être dû à l’tiuence de choquer’et à un souci
chommablel réalise le sens neutre *où l’on ne tra- d’expressivlté. Il semble difklle de retenir l’hypo-
vaille Pas~ par opposition à ouvrable, CH& thèse d’une formation à partir du latii cloppus ses-
MEUR. EUSE Il., beaucoup plus tardif (1876), se tropiém ou du latin suppus =tête en basn qui suppose
rapporte à la personne réduite au chômage, deve- de trop grandes transformations du radical.
nue un type socio-économique au xie siècle. Il est + Le mot signilïe concrètement -trébucher. faire un
probable que les valeurs modernes de chômer et faux pas* et, au figuré, *être arrêté par une dl%
CHRISTIANISME 750 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(Employé comme nom commun, christ désigne verbe connaît un regain de faveur avec ses dérivés
une représentation de Jésus-Christ en iconogra- DÉCHRISTIANISATION n. f. (18761 et DÉCHRIS-
pbie. 11est également employé, dans la tradition iu- TIANISATEUR, TRICE n. (19071.
daïque, en parlant d’un envoyé de Dieu oint pour
sauver le peuple
+k CHROME n. m., d’abord écrit crame (15621,
est emprunté, par l’intermédiaire du latin chroma,
. De christ ont été dérivés quelques termes du “o- au grec khrôma -couleur du corps>, -couleurs en
cabulaa-e didactique : CHRISTOLOGIE I-I. f. (18361, général, puis aussi spécialement <couleur du style,
CHRISTOPHANIE n. f. (18451. CHRISTOLÂTRIE figurez en rhétorique, et =modulation, mélodie, airm,
n. f. (1846, Proudhon), aujourd’hui quasi inusités, et *composition musicale où l’on procède par demi-
CHRISTIQUE adj. (av. 18921, p.-ê. emprunté à l’an- tons*. Khrôma est dérivé de khrôs +xrface du
glais christic (18741. corps humain, peau, chairs et, par métonymie,
ANTÉCHRIST n. m., d’abord antecrist (1085-11101, &int, carnation> et =Couleurs; le mot est d’origine
est emprunté au latin chrétien antechristw, réfec- incoImue.
tion de antihristw (d’où la forme antichtit, chez + Les deux sens techniques du grec repris succes-
Rabelaisl, par substitution de ante =avantn (- anté- sivement, =dièsen en musique (6. chromatique),
à anti b anti-1, le mot passant du sens ~adversaire puis &gure de rhétorique> (17531, ne se sont pas
du Christn à celui de ~précurseur du Christs. Le la- maintenus. oLe mot s’est implanté en chimie à
tin traduit le grec antikhristos, employé au pluriel partir de 1797, proposé par Haüy comme dénomi-
dans les Épîtres de Jean à propos des chrétiens qui nation d’un métal blanc grisâtre, brillant et dur Par
se détachent de la communauté parce qu’ils se re- métonymie. il s’est répandu dans l’usage au xxe s.
fusent à admettre la pleine divinité du Christ ou la avec le sens d’wxessoire en métal chromé* fies
réahté de son incarnation. Diverses représenta- chromes d’une voiture).
tions, de l’ancienne eschatologie juive à la pensée t Chrome a produit quelques termes de chimie tels
des pères de l’Église, ont modelé différents person- CHROMIQUE adj. (17971 et CHROMATE Il.In.
nages mythiques d’antéchrists individuels, histo- (17971, d’où CHROMATÉ. ÉE adj. (X308), et le verbe
nques [l’Empire romain). -Le mot, d’abord relevé CHROMER v. tr. (19271 ~recouvrlr d’une couche de
avec l’acception péjorative populaire de <méchant chromes. =tarmer aux sels de chromes, dont sont
hommes, est attesté parallèlement au ~11~s. avec dérivés CHROMISATION n. f. (19241 et CHRO-
ses acceptions didactiques &versaire du Christ, MAGE n. m. (19271, mots techniques, à la différence
apostats Gin XII~ s.1 et =esprit du mal devant appa- de CHROMÉ, ÉE adj., usuel. -Le grec khrôma a
raître à la fin des tempss (1170-12001. fourni avec CHROMO-. -CHROME, XHROMIE.
0 “cm CHRÉTIEN. cHe.Is-SME. qui concernent la notion de couleur, des éléments
de composés savants, tels CHROMOLITHOGRA-
CHRISTIANISME n. m., attesté en ancien li- PHIE I-I f. (18371, abrégé en CHROMO (1872, abu-
mousin sous la forme crestinesme (v. 12501 corres- sivement au masculin), répandu pour =image en
pondant à un ancien français “crestianisme, a été couleurs d’un goût populaire. na&.
repris au mes. (attesté 15851 sous la graphie sa- Les termes du vocabulaire musical CHROMA-
vante moderne Il est emprunté au latin chrétien TIQUE adj. (v. 13601 =qui procède par demi-tons
christianisme qui est pris au grec khristianismos succes~ifs~ et 0 CHROMATISME n. m. (18991 Sont
(v. 250, Clément d’Alexandrie1 <religion chrétienne empruntés à des dérivés de khrôma L~Usens spé-
fondée sur la personne et la parole de Jésus- cialisé de eton musicaln, -genre de composition où
Christ*, de khristianos (-chrétien). l’on procède par demi-tons>. o Dans le même sé-
mantisme, des composés ont été formés, tels
+Le mot, repris avec le sens du mot latin, a produit
ACHROMATIQUE adj. (17641, qui qudifie Un SYS-
l’antonyme ANTICHRISTIANISME IX m. (15931
tème optique dont la réponse est indépendante des
xattitude hostile au christianismes.
radiations incidentes et aussi 118981 une formation
. CHRISTIANISER “. tï-. est empDJnté (1575) au la- biologique rebelle à la coloration, ACHROMA-
tin chrétien christianizare *professer la religion TISME n. m. (18161 =état d’un Système Optique
chrétienne, être chrétiens. verbe intransitif dérivé achromatique~, ACHROMATOPSIE xl. f. (1845; de
de christianus Cb chrétien). -Introduit au xvf s. au -opsid *non perception des couleursm; Dl-
sens intransitif de <devenir chrétien. pratiquer le CHRO&ME I-I. m. (1821, écrit dy-1 et DICHROïQUE
cbristlanisme~, le mot s’est immédiatement adj. (18581 qui caractérisent les substances à colora-
converti au sens transitifmoderne de =rendre cbré- tion variable selon les conditions d’observation;
tiens (15881. MONOCHROMATIQUE adj. (18381 d’une Seule
Christianiser a produit très tard CHRISTIANISA- fréquence de radiation*, scienti6sation de MONO-
TION n.f. (18431. dont le correspondant anglais CHROME adj. (17651 emprunt au grec monokhrw
christianization est attesté en 1833. -En revanche, mas *d’une seule Couleur~ ; PANCHROMATIQUE
Son antonyme DÉCHRISTIANISER “. tr. a une adj. (18961, mot de photographie, *sensible à toutes
longue histoire. Formé sur le radical christin- de les couleurs du spectre=, abrégé en PANCHRO adj.
chrétien* et attesté sous la forme descristianes en (1955).
1174, il a été réintroduit sous sa forme actuelle pen- Un homonyme 0 CHROMATISME n. m. a été em-
dant la Révolution française (17921, en pleine Ter- prunté dans le domaine médical (18291 au grec
reur, dans le contexte de la lutte contre la religion khrômatismos *action de colorep. 11 s’est répandu
de l’Ancien Régime. o Après une longue éclipse, le en optique et en peinture.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 747 CHOU
t CHORÉGRAPHIQUE adj. (17861, dont on a dérivé la formule de politesse bien des choses (à qqn)
CHORÉGRAPHIQUEMENT adv. (18631, a suivi la 117861. o Dès l’ancien français, ll a fourni plusieurs
mème évolution sémantique, l’adjectif prenant au locutions très usuelles : pas grand-chas? (XII” s.1
XL? s. la valeur de *relatif à la danse> en général, substantivée familièrement à propos d’une per-
alors qu’il ne concernait que les notations au sonne qui ne mérite pas d’être estimée fc’est un,
xrx” siècle. -Quant à CHORÉGRAPHE n. (17861, une pas grand-chose), peu de chose Cv.11741,autre
d’abord employé adjectivement dans le syntagme chose Cv.MIO),de choses et d’autres Cv.12001 et
académicien chorégraphe, il désigne la personne quelque chose (v. 13001 qui a supplanté l’ancien
qui CT-&, ordonne et règle les pas et les figures des li-ançals auqws, issu du latin a2iquia avec modifica-
ballets. L’ambiguïté de chorégraphie a incité Serge tion de la finale. 0 Entïn, depuis le XVIII~ s., il se ren-
Lifar à forger choréauteur n. m., qui ne s’est pas in-- contre en emploi adjectival avec une idée de ma-
posé, pour remplacer chorégraphe. laise vague : être tout chose (17391.
t Si l’on excepte les dérivés vieillis que sont le dim-
CHORIZO n. m. est emprunté (18401 à l’espa-
nutif CHOSETTE n. t, d’abord cosette (av. 12501, et
gnol cfzorizo, nom d’une saucisse espagnole très
le verbe CHOSER v. tr. (xvre s.. dans un sens éro-
épicée. L’emprunt parallèle du mot en anglais est
tique ; 1866, -s’occuper de>) encore régional, chose a
contemporain (18481.
fourni une série de mots didactiques forgés par la
+Le mot, mentionné par Théophile Gautier dans philosophie comme CHOSISME n.m. (19361 et,
son Voyage enEspagne (=LUIsaucisson nommé ch- chez Sartre, CHOSIFIER v. tr. (19431 et CHOSIFI-
rizo, bourré de poivre, de piment et d’autres épice+), CATION n. f., équivalents express& de réifïer, réifi-
ne s’est introduit qu’au xx” s., - surtout après 1945 catiorz.
- avec les contacts touristiques et l’immigration
espagnole en France. CHOTT n. m. est un emprunt (18461 à l’arabe al-
gérien.
CHORUS mm. est l’emprunt ~VI~S.) du latin
chorus ‘chœur* (4 choeur), passé dès le XIV~ s. en 4 Le mot désigne un lac salé, dans les zones subsa-
ancien provençal pour aaccord de toutes les voix>. hariennes du Maghreb.
+ Le mot s’est d’abord appliqué au chceur de la tra-
CHOU n.m., d’abord chol à côté de chou
gédie antique, puis à la reprise en chœur, à l’unis-
(v. 11751, est issu du latin caulis *tige des plantes> et
son, d’un chant, d’un refrain (16721, prenant par ex-
par développement métonymique #chou=, mot qui
tension la valeur de &uneur unanime= (17181.
peut aussi désigner des objets en forme de tige.
Supplanté par chceur, il garde une certaine vitalité
C’est un terme indoeuropéen qui a des correspon-
avec celle-ci dans l’expression figurée faire chorus
dants dans le grec de même sens haulos ainsi que
-joindre sa voix à celle des autres pour faire en-
dans diverses langues de ce groupe : le lituanien
tendre une opinion*. -Le ti s. l’a repris à l’anglais
ha&.s *jambe>, le prussien hauban =jambe*, l’irlan-
chorus, spécialisé en jazz pour désigner la partie
dais cuaüle *pieu*; (cf. aussi l’anglais caulifkwer
principale d’un thème, sur laquelle on improvise
<chou-fleurs, l’allemand Kohl *chou&
et, par extension, un solo improvisé.
(Légume commun et vivace, cultivé partout,
CHOSE n. f, d’abord cosa (842). case l8811 puis comme en témoignent les diverses dénominations
chiose (v. 11251, chose (v. 1174). est issu du latin cabas en walion, jote dans l’Ouest, Cholet dans les
causa (+ cause) qui, au contact de res (+ rien) avec parlers picard et méridionaux, le chou a inspiré
lequel ll était souvent employé dans le langage jurl- plusieurs locutions comme faire ses cbo~~~gras, qui
dlque, a reçu les sens d’-affahw et, plus largement est passé de *se goberger* (xv” s.1 au sens plus abs-
à basse époque, de *chose= (d’où aussi l’italien trait de -faire de grands profits> ~XVII” s.l. 0 Par ana-
cosal. logie de forme avec la plante, chou s’est appliqué à
+Le sens attesté le premier en français est celui de une pâtisserie (15491, par exemple dans chou à la
=réaIité plus ou moins déterminée par un crème, à un noeud de ruban (16941 et il fournit,
contextes. parfois avec une acception philoso- comme bien des noms de fruits et de légumes, une
phique pour s’opposer tantôt à apparence, tantôt à désignation argotique de la tête (1894). oLa lo-
idée ou à mot. Chose traduit également (v. 13551 le cution familière dans les choux (1865) =dans l’em-
latin res publica dans l’expression chose publique barras, en diflïculté~, s’est appliquée spécialement
(-république). ~Son sémantisme flou l’a rendu à des typographes craignant un manque à gagner
très tôt apte à rendre des termes divers selon le (18811, à des comédiens (16861, à des lycéens (19281
contexte : ainsi, dès le XII” s., ll est employé par eu- et à des sportifs éliminés d’une compétition (19101;
phémisme pour désigner l’acte sexuel ou l’organe elle est à comparer avec l’allemand in Kraute ge-
sexuel. Au xwe s., il développe le sens courant de hen =aller en herbem et avec l’italien andare a in-
&alité matérielle non vivantes (par opposition à grassare i cavoli seller engraisser les choux= qui a
personne*) et d’aobjet non spéci6é~ (par opposition trait & I’inhumation.
à objet?, servant aussi à désigner une personne w L’adjectif et appellatif affectueux CHOU
dont le nom échappe (+P~US familièrement ma- (CHOUTE au féminin) 117521. redoublé en CHOU-
chin, truc). o Au pluriel, il englobe tout ce qui a lieu, CHOU, OUTE (1780; d’où CHOUCHOUTER Y. tr.,
se fait (alors voisin de circonstance* ou d’action*), 18421, est soit dérivé de chou, soit, pour P. Guiraud,
ce dont il est question entre les locuteurs (dans dérivé de chouer, forme ancienne de choyer. (+
c’est la même chose) et ce que l’on dit, comme dans 0 chouette, choyer). ~Chouchou n. m. désigne
CHRYSALIDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

liaire de l’histoire qui établit les dates des événe- presque toujours poétique, repose sur un ancien
ments* (16801.Par extension, le mot recouvre sti- thème en ‘m- et correspond an sanskrit @dmy(~h
plement la date et l’ordre des événements (18031 =terrestre~, an gallois dyn -hommes et, avec une dé-
et, par métonymie, un ensemble d’activités ac- rivation en 1, an latin humiLs, de humus -terre>
complies ou à accomplir dans un laps de temps (+ humus).
déterminé (1820, Mlcheletl. -Le radical de chror~- + Le mot s’emploie pour qnaliher les divinités infer-
logie a immédiatement produit CHRONOLO- nales d’origine souterraine dans la mythologie
GISTE n. m. 115601,ancien synonyme de historien, grecque (par opposition à ouranien*l.
chroniqueur, passé an sens d’=historien s’occupant 0 Var AuTocHTom.
de l’étude de la chronologies 116371. OUn
concurrent CHRONOLOGUE n. m. 11605) se i-en- CHUCHOTER Y. est une variante (enregistrée
contre exceptionnellement. -CHRONOLOGIQUE par Cotgrave en 16111 du plus ancien chucheter
adj. (1584, histoire chronologiquel, devenu USuel an Y. intr. l>w’ s.j qui, supplanté an sens de =parler à
sens d’~inscrit dans un temps mesurable, dans une voix basse=, s’est maintenu pour exprimer le cri du
successivité~, a donné nkérienrement CHRONO- moineau 11752).Ce verbe est formé sur l’onomato-
LOGIQUEMENT adv. 11829.Cousinl. pée chu- suggérant on mm-mm-e, on sifllement as-
sourdi l-chuinter, chut).
+ Chuchoter, rare avant le début du xvniB s. (17181.
CHRYSALIDE n. f. est emprunté (15931an la- revêt parfois, comme d’antres verbes de parole
tin hnpérial chrysalis, -idia transcription du grec (6. bavarder, jaser, etc.1 une connotation péjorative
khrusallis &rysalide~ et aussi =hannetow. Ce mot de médisance et s’emploie, par analogie, an sens
est dérivé, par allusion aux reflets dorés de cer-
de =bruire indistinctement~.
taines nymphes, de hhrwos -on>. Ce dernier. em-
ployé comme premier élément de nombreux . La dérivation apparaît an XVIII~s. avec CHUCHO-
composés, est un emprunt au sémitiqne (akkadien TE~R, EUSE n. et adj. (17181,variante du plus an-
@xï+su, ongtien @a hébreu &dnw;l, le phénicien cien chucheteur (16901,CHUCHOTERIE n. f. 117181.
hm étant le modèle le plus vraisemblable. Lïndoeu- CHUCHOTEMENT n. m. (1759) et CHUCHOTAGE
ropéen a dû avoir pour l’or un nom ancien, repré- mm. (1782); seul chuchotement étant courant.
senté dans le latin aurwn (+ or). mals remplacé par 0 cHucHoTIs n. m. a été formé ultérieurement
des formes issues de la racine “ghel- =avoir un éclat (1895) SUTle modèle de gazouillis.
janne> l-chlore, colère) snr une grande partie du
domaine.
CHUINTER v. intr. est une formation expres-
sive snr la base onomatopéique chu- suggérant un
+ Le mot désigne la nymphe des lépidoptères dont mm-mm-e, un sifnement assourdi l-chuchoter,
l’état est intermédiaire entre celui de chenille et chut). Le mot semble introduit par Court de Gobe-
celui de papillon. Il est employé par métonymie lin: Ce mot, inconnu jusqu’à nous, peint si par-
pour l’enveloppe de la nymphe 117011et, par méta- faitement la prononciation du ch, que nous n’avons
phore, en parlant du développement d’on jeune pu nous refuser à en enrichir la langne- (17761.
adulte 118661Isortir de sa &rysaUdel.
+ Chuinter est employé à propos de la chouette qui
0 Var CHRYsmm.
pousse son cri, de la parole humaine et de choses
CHRYSANTHÈME n. m. est l’emprunt, sons (liquides, gaz, par exemple).
la forme chrysccntemon 115431adaptée ultérieure- w En sont dérivés CHUINTANT, ANTE adj. (18191,
ment en chrysanthème 117551,du latin impérial surtout utilisé en phonétique pour qualifier cer-
chrysanthemum, qui transcrit le grec khrwanthe- taines consonnes, et CHUINTEMENT n. m. (1873).
mon. Celui-ci, littéralement <fleur d’orn, est
composé de khrusos *ora (+ chrysalide) et d’anthe CHUT interj. est une formation onomatopéique
mon &tn-. formation parallèle à anthos l- antho- Cv.1100) à partir d’une base chu- qui se retrouve
logie). les premiers spécimens connus de cette dans plusieurs mots snggérant on murmure on un
fleur étant jaunes. siglement assourdi l- chuchoter, chuinter).
+ Le mot désigne une plante ornementale (Compo- t Après une première attestation dans les Gloses
sacéesl, ainsi que sa fleur. à pétales rayonnants. de Raschi, le mot n’est relevé qu’an xv? siècle.
Cette disposition a fait du chrysanthème le sym b Son dérivé CHUTER Y. (18341, <crier, faire chut>
bole solaire de la maison impériale japonaise, asso- et, transitivement, ~accneillir par des chutsa,, n’a
cié an Japon, comme en Chine, aux notions de plé- pas eu de succès, sans doute à cause de l’homony-
nitude et d’immortalité. mie avec le dérivé de chute I-choir).

CHTONIEN, IENNE adi. est dérivé savam CHUTE + CHOIR


ment 118191du radical du grec khthonios *sonter-
raim, surtout employé dans une acception reli- CHUTNEY n. m. est emprunté (19641à l’anglais
giense et presque uniquement dans la langne chutney, également chutie, d’abord chatna (18131
poétique. Le mot est dérivé de khthôn, nom ar- qui est une adaptation du hindi chatni =condiment
chaique de la terre et de sa surface, anciennement constitué d’une sorte de confiture de fruits,
senti comme la face extérieure du monde des puis- d’herbes, de piments et d’épices*.
sances souterraines et des morts et, par là, comme +Le mot s’est peu répandu en dehors du cercle des
ce monde, lui-même opposé an ciel. Ce mot, voyageurs, puis des amateurs de cuisine Indienne
DE LA LANGUE FRANÇAISE CHRIST
sens de *mélangé, mixte=, et comme nom, au sens d’après le latin chrétien christianitas W s.1 -Aris-
de ~mélange, mixtures (1850). tianisme, ensemble des chrétiens*. Le mot a pm-
+,Ia race de chiens que le mot désigne fut intro- gressivement cédé son sens à christianisme, pour
duite en Europe à la fm du xz? siècle. désigner les nations chrétiennes (1165-l 170) et, spé-
cialement, une communauté chrétienne en pays
CHOYER v. tr., indirectement attesté par son non chrétien. -CHRÉTIENNEMENT adv. (1546) a
composé rechokr (av. 12501, puis sous la forme eu le sens figuré de &xirement~ dans parler ~plu.~9
chwr (1225-1230) avant Choyer (13791, est d’origine chr&immment (1566).
incertaine : on a proposé un étymon galle-roman Chrétien est entré en composition dans le nom
“cavicare, “caucare, forme intensive du latin cavere d’une variété de poire, BONCHRÉTIEN (xv”s.1,
#prendre garde, avoir soin de, veiller SUI” (+ cau- peut-être d’après le latin médiéval “@orna) pan-
tion], mais il fait Sculté pour expliquer la forme chresta, du grec panhhréstos dfmit) utile à touts,
chuer. On y a aussi vu une formation expressive par confusion. 0 Au ti s. apparaissent les termes
obscure, ou on dérivé ancien choc <chouette*, en de politique DÉMOCRATE-CHRÉTIEN, IENNE
raison de l’attitude maternelle de cet oiseau adj. et xl. (1901), DÉMOCRATIE-CHRÉTIENNE n. f.
(+ chouette). P. Guiraud, partant des anciennes et SOCIAL-CHRÉTIEN adj. et n. (1945) l+ social à
formes suer, chuer, chmer, a fait du mot le corres- sociétél.
pondant du wallon chouer -essuyer- qui vient du la- 0 voir CHRIST.cHRIsTL4NlsME.CRÉrn.
tin exsucare (+ essuyer) : une personne choyée se-
rait littéralement une personne Bessuyéem. sens CHRISME n. m. est l’adaptation (1819) du latin
qu’il retrouve dans chou* =gent& et 0 chouette* savant chrismon (1681). réfection hellénisante du
<beau, bons. latin médiéval crismon monogramme du Christm
+ Le mot exprime le fait de caresser qqn, de l’entou- (v. 10.50).Ce dernier est la contraction du bas latin
rer de soins attentifs. Par transposition au figuré, il chresimon (milieu ~~ s., Cassiodore), littéralement
correspond à <entretenir complaisamment (une =ce qui est utile. profitablen, employé pour désigner
idée, un état)> (1852). un sigle formé d’un khi grec Ix) surmonté d’un rho
0 VOLT BICHONNER grec (PI, représenté 2. Ce signe utilise les deux
premières lettres de ce mot dans l’alphabet grec; il
CHRÊME n. m. est la réfection savante (1541. se notait en marge d’un manuscrit pour signaler un
chresme) de cresme (1130-I 140). exceptionnelle- passage remarquable. Le mot est emprunté au
ment noté crisme (12151. Le mot est issu du latin grec où il est le neutre substantivé de l’adjectif
chrétien chrisma *onction postbaptismale, huile khrêsimos =Utile. profitables (encore en grec mo-
consacrées. avec ibref (postulé par cresme), au lieu derne), employé pour qualifier celui en qui ou ce en
du i long attendu, conformément à son étymon. quoi on cherche et trouve secours. Khrêsimos ap-
Chrisma est emprunté au grec khrisma -onguent, partient à un ensemble de mots reposant sur la
parfum, onction>. dérivé de khriein -frotter, oindre, base khrês- et concernant la ptidiction (krésmos
enduire>, mot d’origine obscure (les rapproche- -oracle*, khréstês diseur d’oracles>) et à des mots
ments avec des mots du domaine indoewopéen se rapportant à la notion d’cusagem (khrêstos -utile>
sont vagues) dont plusieurs dérivés ont connu une d’où <excellent, de valew). Cette base est d’origine
grande extension dans le vocabulaire chrétien, incertaine. On évoque parfois un rattachement à la
d’abord en latin (+ chrétien, christl. racine du latin tirtari (+ exhorter).
4 Ce terme de liturgie, plus employé dans le syn- +Le mot désigne le monogramme du Christ, car il
tagme le saint chréme, désigne l’huile consacrée correspond aux deux premières lettres du nom
dont l’emploi pour les onctions est caractéristique grec du Christ IX et Pl.
de certains sacrements. . On a relevé le dérivé CHRISMAL, ALE, AUX adj.
~Les dérivés CHRÉMEAU n. m. lv. 1175) -bonnet amrqué du chrisme~ chez un écrivain de la fin du
dont on coiffe l’enfant baptisén, enregistré par La- XD[~s. (1893). Il ne s’est pas répandu.
rousse en 1869 dans le cadre de la confirmation, et
CHRÉMATISÉ. ÉE adj. (1913) sont strictement ci- CHRIST n.m. est l’emploi comme nom com-
dadiques. mun 11680) du nom propre Christ (8811, emprunté
0 Yor CMTIEN. CHRIST. au latin Christus (dès 100, Tacite). Ce mot est em-
prunté au grec Khristos employé spécialement
CHRÉTIEN, IENNE adj. et n. est l’adapta- dans le Nouveau Testament comme titre décerné à
tion, d’abord en christin (842). cristiien k?81),cres- Jésus en raison de son intronisation royale lors de
tien (1174-11871,du latin christianus (dès 64, sous sa résurrection (Ac, II. 361, puis chez les pères de
Néron) disciple du Christ>, dérivé irrégulier de U&lise comme nom propre (sans article). Le mot
Christus Kkist-. emprunté au grec khristos *oints grec est un adjectif verbal signifiant =propre à
(- christ). l’onctionm, <oint>, servant dans l’Ancien Testament
+Le mot qutie et désigne (1050) une personne qui à traduire l’hébreu maS@h (-messie) désignant le
professe la religion du Christ et quaMie ce qui est roi, oint de Yahvé et, en un sens prophétique, le roi
relatif au christianisme (881). Par extension, il a idéal attendu dans l’avenir. Il est dérivé de khriein
reçu la valeur générale de -homme, femme> (1174. *frotter, enduire, oindre d’huile (après le bain, pour
1187). les funérailles, pour une consécration)- et, en par-
. CHRÉTIENTÉ n. f., d’abord ctitintét (1050) lant d’un objet, -teinter= (+chréme). Ce mot est
pois crestintez (1165.11701, est dérivé de chrétien d’origine inconnue.
CICATRICE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’usage familier, probablement sous l’influence de forme skera a dû être altérée en “cisera comme
boule*; ll a supplanté ciboule au même sens. l’indique l’attestation de cisera en latin médiéval au
0 “or CHIPOLATA. XII~siècle ; le développement du à est un phéno-
mène phonétique analogue à l’évolution menant
CICATRICE n. f. est emprunté (13141 au latin de Lazarus à ladre*.
cicati (depuis Plautel de sens physique et moral, +Le sens biblique. *liqueur forte>. reste limité aux
d’étymologie inconnue. traductions de la Bible. Dès le XII~s., le mot est re-
4 Le mot désigne la marque laissée par une bles- levé au sens spécialisé de *boisson fermentée faite
sure puis aussi, au figuré, la trace causée par une avec du jus de pommes> (1130-11401qui a dû se dé-
soufhnce morale, un dégât (15851. Le sens phy- velopper en Basse-Normandie (vallées de Risle et
sique a donné des emplois techniques en botanique de la Touquel et, de là, gagner toute la France. Ce-
et en géologie. pendant, la vogue de la boisson ne semble pas
w Le seul dérivé direct est CICATRICIEL. IELLE s’être répandue immédiatement. Par extension,
adj. (18451,terme du langage médical. cidre a désigné des boissons faites avec le jus fer-
CICATRISER v. est emprunté (13141 au latin mé- menté d’autres fruits (poires. 15751; cf. poiré.
diéval cicatrizare kne s.1de cicahix; il a produit CI-
CATRISATION n. f. (13141, CICATRISABLE adj. CIEL, CIEUX ou CIELS nm. est hérité
(1845; une fols au xv”s.1 d’où INCICATRISABLE (v. 88 11du latin caelum kkxit à basse époque celum,
ad& (17711,et CICATRISANT, ANTE adj. (XV”S.l. coeluml *voûte céleste, séjour de la divinité* et,
CICATRICULE n. f., emprunt (15011au latin cicatr- techniquement, *voûte. voussure=. L’origine du mot
cda, diminutif de cicatrix a eu le sens propre de est incertaine: on évoque un rattachement à cae-
*petite cicatrice*. Il a été repris en biologie (17431 cime -couper= (k+ césure), le ciel étant <découpé* en
,
comme dénomination du disque germinatif de regons qu’observe la science des augures ou en
I’œti zones que parcourent les astres. Le développement
du pluriel ca& d’origines biblique et chrétienne
CICERONE n. m. est emprunté (17391àl’italien (rare auparavant), est fait sur l’hébreu chamayîm
cicerone cguide appointé pour présenter les parti- (pl.); 6. le pluriel du grec ouranos (- ouranienl.
cularités touristiques d’un siten kvnre s.1,emploi par +Les trois sens du latin - &jour de la divlnitém,
antonomase de Cicerone, du nom du grand orateur =Voûte céleste, et =Plafond*- ont été repris en
latin Marcus Tullius Ckero, par allusion plaisante à français. Le premier l’a été dans une perspective
la vetiosité des guides romains. Le nom de l’ors- chrétienne, désignant, au singulier, et au pluriel
teur latin est on sobriquet tiré de citer *pois chiche* cieux, le lieu de séjour de Dieu et des âmes après la
(+ Q chiche). mort, par opposition à terre ou à enfer (6. terre, em
+ Le mot est passé en fkmçais avec les Lemes fami- fer). Il en est sorti, par métonymie, le sens de diti-
lières sur I’ltalie, du président De Brosses qui em- nité= réalisé depuis l’époque classique dans l’inter-
ploie le pluriel italien ciceroni (aujourd’hui francisé jection ciel! (16041,juste ciel!, diverses formules de
en ciceroms, cicérones) et le singulier cicerow dans politesse, souhait et supplication et quelques lo-
la locution faire le cicerone. Le sens propre, égale- cutions hide-toi, le ciel t’aider&. o Depuis 1050, le
ment réalisé au xvme a par la forme française cicé- mot possède aussi le sens latin de -voûte célestes, à
ron Woltairel, tend à vieillir. la fois dans une perspective cosmique, astrologique
w Le nom de l’orateur latin Cicéron a donné lieu à et au sens courant de *partie du ciel visible, limitée
par l’horizonn. Il est diversement qualifié selon son
un emploi plaisant au sens d’sorateur éloquents
aspect météorologique (ciel bas, lourd, serein) et a
(17921, dans la rhétorique révolutionnaire, puis
chez des écrivains comme Queneau. -Les dérivés fourni l’adjectif de couleur bleu ciel (18441par allu-
stylistiques CICÉRONAGE n. m. <propos gmndilo- sion à la couleur pâle d’un ciel dégagé. Avec ce
sens, ll entre dans de nombreuses locutions où la
quentsm (1855, Goncourt), CICÉRONNERIE n. f., CI-
CÉRONISER v. intr. (19081et CICÉRONER v. intr. référence atmosphérique n’est pas toujours affran-
chie de connotations cosmologiques et religieuses
(1867, Goncourt) sont à peu près inusités.
(ambiguïté que ne connaît pas l’anglais avec ses
CICUTAIRE, CICUTINE - CIGUE deux noms : &y, heavenl. 0 EWïn, ciel est passé par
analogie - et peut-être par réemprunt au latii -
-CIDE, élément final, est emprunté aulatin -cti dans le vocabulaire technique, désignant le châssis
(nom d’agent) et -cidum nom d’action, de la racine au-dessus d’un lit à baldaquin (apr. 1350, d’une
verbale caedme -tuer- -par ex. occire. table1 et la voûte d’une carrière (1676, les ciels d’une
0 voir 0 et B FaATruClDE.HOMICIDE.INFANllCIDE.INSEC- ccwrièrel, spécialement dans l’expression conère à
TICIDEIi rnSF.crEI.P.4aaIClDE.PESTICIDE.RÉGICIDE. SUI- ciel ouvert, d’où est tirée la locution courante à ciel
CIDE. ouvert.
t Ciel entre dans le composé arc-en-ciel (- arc), qui
CIDRE n. m., d’abord sizre (v. 11~01pois cidre a remplacé l’ancien type arc del ciel (1150-I 1701.
(1130-l 1401,est issu du latin chrétien de la Vulgate 0 voir ceLEsTE.
(et des auteurs chrétiens) sicera <boisson fermen-
tées (en grec, parallèlement, süzeral. transcription CIERGE n. m., d’abord cirge (v. 11191puis cierge
de l’hébreu Séhür *liqueur empoisonnante, liqueur (v. 11651.est hérité du latin cerew =bougiem, forme
fortes (Ancien Testament). Ce mot est dérivé du masculine substantivée de l’adjectif cereus *de
verbe Sahar -boire à l’excès jusqu’au malaise=. La cires, dérivé de cera l+ cire). Demeuré en contact
DE LA LANGUI? FRANÇAISE CHFLONO-
CHROMOSOME n. In. (fin z& S.1 est un emprunt à CHRONIQUE adj. est emprunté (13141 an bas latin
une formation scientifique allemande (par Wal- ckronicas, spécialisé dans le vocabulaire médical
deyer en 18981, tiré du grec hhrômo et -sômo (par exemple ulcère chroniquel, du grec khmnikos.
-CO~~S~ b somal, les chromosomes, supports des Par extension, il est employé dans on conteste fâ-
gènes, absorbant électivement certaines matières cheux, avec une idée de longue durée Ichômoge
colorantes. 0Le mot a produit CHROMOSO- ChrOrtiqt&?~. -ti Sont tir& CHRONIQUEMENT
MIQUE adj. (19311. plus rarement doublé par adv. (1835; >we s., en astronomie1 et le terme didac-
CHROMOSOMIEN, IENNE adj. oDe nos jours, le tique CHRONICITÉ n. f. (18351. en médecine.
sens scientifique de chromosome n’est plus hé à la 0 “or AN*c*oMsME. CHRONO-. SYNcHaONE.
notion de couleur, pas plus que chrome en chimie
ou que la récente CHROMODYNAMIQUE n.f., CHRONO- est un élément pr&xant tire du
emprunt à l’anglais où color ~couleur~ représente grec khroms -temps> (par opposition à kaims, qui
un ccwactère arbitrairement désigné des consti- marque l’instant précis, délimité, et à ai&, l’éter-
tuants ultimes de la matière. nité). Défini par Platon comme enne repkentation
mobile de l’éternité>, le khronos est en outre mesu-
rable et divisible; déterminé, il désigne osuelle-
CHRONIQUE n. f. est la réfection savante, ment le temps qui s’écoule, une dorée définie, tout
d’après le latin k5361, des formes qwronique i1213,
laps de temps, et s’emploie aussi comme nom
peut-être 11381, cronike (12431, empruntées au latin
d’unité rythmique, notamment au pluriel, dans le
chronica. Celui-ci est emprunté au grec khronika
domaine musical et métrique. Il subsiste en grec
annales. recueils de faits historiques pl-ésentés
moderne au pluriel neutre khronia avec le sens
chronologiquement*, forme de neutre pluriel de d’~années~. L’étymologie est inconnue, malgré di-
l’adjectif khronikos substantivé par ellipse d’on
verses tentatives de rattachement à l’une ou l’autre
nom comme biblia <les livres> (+ biblio-1. Ce mot.
des racines indoeoropéennes “gher- waisir, tenir,
=qui concerne le temps on une période de temps=,
conteti, ou l’hypothèse d’on rapprochement avec
est dérivé de khronos <temps> t+ chrono-l.
le terme avestique zrvoa- *temps, doreen.
* Ce nom, employé à la fois au singulier et an pln- *En français, chrono- est essentiellement employé
rie1 (ce dernier étant on rappel de son ancien statut pour former des adjectifs et substantifs relevant du
de pluriel en grec et en latin), désigne un type de domaine scientifique. En histoire naturelle, il a S~I-
recueil de faits historiques rapportés dans l’ordre tout été vivant au x19 siècle; en revanche, il
de leur succession (cf. mémoires, avec une nuance conserve an ti s. sa vitalité en médecine, physique
différentel. La chronique est par excellence la et technique, en relation avec les progrès effectués
forme de l’histoire pour le moyen âge, d’abord dans la mesure du temps, et, en psychologie, avec
écrite en latin, pois en langue vulgaire, vers on ceux d’une meilleure connaissance des affections
prose. Apres la première d’entre elles, qui porte mentales dans lesquelles la notion de temps joue
seulement le titre Estoira des Angles (1138-11401 un rôle.
=Histoire des Anglais=, elles se multiplient à partir
t -chrone fonctionne aussi comme base nominale
des xse-xsie s. (Robert de Clari, Geoffroy de Ville-
d’un certain nombre de composés du type syn-
hardouin, Joinville. Froissart1 pour décliner an
chrone* adj., base elle-même élargie on suivie d’on
xv” s.. époque à laquelle Commynes dit faire oeuvre
sdixe f-k, -iqw -ismd; elle est souvent précédée
de mémorialiste (+ mémoiresl, anticipant SUI‘ l’avè-
d’un pn%xe ou d’on élément préhxal tir6 du grec
nement de l’esprit critique et de l’histoire an
(préposition, préiïxe, adjecti£ verbe).
me siècle. o Au XV$ s., le mot prend on sens élargi,
Parmi les composés passés dans l’usage. CHRO-
*ensemble de nouvelles vraies ou fausses qui se
NOMÈTRE n. in. (17011, ancien terme de musique
propagent en général oralementn dans chronique
supplanté par mkronome, s’est spécialisé (17531 en
scandaleuse (16901. Ce sens, orienté vers la médi-
horlogerie pour désigner on appareil servant à me-
sance, le ragot, est entré dans la phraséologie cou-
surer le temps avec exactitude. Le mot est devenu
rante avec l’expression déhyer la chronique. usuel, abrégé familièrement en CHRONO (19371.
-C’est seulement au >mc”s. que chronigw
surtout dans le langage sportif où il prend aussi le
commence à s’appliquer à un article de journal
sens de =temps chmnométré~ et, couramment,
(18121, -pois, an >Or”s., à une émission de radio, de
dans des expressions du type n krt/h khrorto, en
télévision-consacrée à certaines nouvelles fchro
parlant d’une vitesse mesurée grâce *n chrono-
nique littéraire 1834, théâtrale, politique) et à leur
mètre. - ll a produit CHRONOMÉTRER Y. tr. t 18961
commentaire.
-d’où Sont iSSUS CHRONOMÉTRAGE I-I. m. (19071,
. CHRONIQUER Y. intr. (v. 13501 a suivi les étapes CHRONOMÉTREUR. EUSE n. (18921- et CHRO-
de l’évolution de chronique: le sens de *rédiger NOMÉTRIE n. f. (18991, =fabrique de chrono-
sous forme de chmnique~ a été éliminé par le sens mètre@. Ce dernier a été formé didactiquement
mondain de &rire, publier des nouvelles défavo- avec les éléments chrono- et -mktrie’ dès 1838 avec
rables SUT qqn> (XVI~ s.1, à son tour rendu archaïque le sens de <science de la mesure du temps>.
et supplanté par une autre acception : &xire des CHRONOLOGIE n. f. (15791 a d’abord été formé en
ChroniqUeS pour un jOUITU3b (18741. -CHRONI- latin du xvie s. khronologio, 15321 avec les éléments
QUEIJR, EUSE n. (xrv” s.1, dérivé du verbe, a suivi la chrono- et -logis b -1ogiel. Le sens de &istoriogra
même évolution sémantique depuis =autew d’une phie procédant selon l’ordre d’apparition hiato-
chronique historiquem jusqu’à son sens actuel en rique des événements> est sorti de l’usage au
journalisme (18111. XVIII~ s. au profit du sens spécialisé de *science ati-
CIL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CIL n. m. est emprunté (1174-11781au latin impé- diéde au sens de -pointe d’on arbres et -sommet
rial cüium <paupière> puis <poil de la paupière>. d’une colline>. Cyma est emprunté au grec huma
Celui-ci appartient à un radical %%y~- observable -gonflement, entlurem, employé au sens de <vagues
dans l’ancien haut allemand hulla -enveloppem, (surtout au pha-iel) et aussi, par rapprochement
allongement de la racine indoeuropéenne %el- avec le ve&e apparenté huein =être enceinte, por-
=cachem, bien représentée en latin (+ celer, cellule, ter dans son seins, au sens de =fœtus, embryon- et
clandestin, couleur. occulte) et en grec (+apoca- *bourgeons. Ce terme est à rattacher à une racine
lypse. eucalyptusl. indoeuropéenne signilïsnt sgonfler- que l’on r-e
+Le mot, qui n’a gardé du latin que le sens de *poil trouve peut-être dans le latin cumulus (4 cumulus1
des paupières-, a développé le même type d’accep- et, plus nettement, le sanskrit SUay& *être fort, de-
tiens analogiques que poü ou cheveu, désignant en venir fort>; Pokorny rattache à cette racine, en
botanique les poils bordant certaines parties des grec, l’ensemble disparate de kurios -souverain=,
plantes et aussi les filaments d’organismes unicel- hum- &-ou d’une aiguille> (le creux étant une no-
lulaires 118051. tion symétrique du plein).
r CILLER v. (v. 11211,rare au sens propre, =s’ouvrir t Le mot n’a retenu que le sens du latin médiéval,
et se fermer successivement* en parlant de l’oeil, ‘partie la plus élevée (d’un objet, montagne,
est souvent employé à la forme négative avec le arbre)n. Il a développé dès l’ancien français le sens
sens figuré de <ne pas réa@ (1559, regarder sans figuré de <degré le plus haut, paroxysme* ti X~I~s.1
CG~). o Le sens transitif technique de <coudre les dans les domaines intellectuel, moral, religieux,
paupières d’un oiseau de proie pour le dressen avec des connotations nobles.
(XIII~s.), maintenu en vénerie, réactive la valeur éty- t 0 CIMIER n. m., d’abord chimier (v. 12001,s’est
mologique du latin cüium -paupière=. -Le progressivement dilférencié de cime dont il parta-
COmpOSé DÉCILLER ou DESSILLER Y. km"S.), geait en ancien français le sens de <partie hautes.
formé en fauconnerie, n’est guère répandu qu’au Par l’intermédiaire du latin médiéval cimetium, at-
sens figuré de -faire retrouver sa lucidité à qqn* testé au sens de -crête* au XIII~s. et comme terme
(15521, également réalisé à la forme pronominale de blason dans le domaine italien en 1389, il s’est
(av. 1560). -L’adjectif correspondant à cü, CI- spécialisé dans le vocabulaire du costume (1611, se
LIAIRE (16651,formé savamment sur le radical du mettre le cymié sur la tête) et de l’héraldique où il
latin cilium, relève d’on usage didactique. désigne l’ornement extérieur placé sur le timbre
0 voir SOURCIL. du casque qui surmonte l’écu (1665-16661. -Il est
plus dif%zile de rattacher à cime l’homonyme 0 CI-
CILICE n. m. est emprunté (apr. 1250) au latin ci- MIER n. m. (v. 11601,terme de vénerie et plus tard
licium, nom d’une étoffe grossière en poil de de boucherie (1611) désignant le morceau de la
chèvre qui se fabriquait en Cilicie, région de la Tur- croupe du cerf, du chevreuil, du daim et, par ex-
qoie au sud-est de l’Anatolie, en latin Ci&%. Le tension, du boeuf Une dérivation de cime reste pos-
mot est employé spécialement dans la Vulgate sible, la croupe étant l’extrémité légèrement su-
pour désigner l’étoffe de crin portée à même la rélevée du corps de l’animal; un emprunt au
peau par mortiilcation. moyen haut allemand ziznere -x-oupeB se heurte à
t Introduit en français dans les traductions de la la chronologie (attestation v. 12201.
Bible (Maccabéesl, le mot a reçu une acception abs- 0 voir CIMAISE.
traite, «cause de tourments, dans le style littéraire.
CIMENT n. m. est issu (1165-1170) du latin cae-
CIMAISE ou CYMAISE n.f., d’abord ci-
nwntum -pierre de taille, marbre taillé* puis, à
messe (v. 11601,corrigé d’après le latin en cymaise
basse époque, smortier dans lequel on incorporait
(16061, forme hypercorrecte encore employée au
des éclats de marbre-, dérivé de caedere &Aller,
xx” s. mais évincée par cimaise, est emprunté au la-
coupen (+ césure et aussi ciseau, décisif et décider,
tin cymatium. Ce dernier est un emprunt tech-
précis, etc.). La forme en ci-, à côté de cément’, sup-
nique au grec humatin, terme d’architecture dé-
pose un traitement du oe latin classique en “cëmen-
signant la partie courbe d’un chapiteau, lui-même
tum.
dérivé de hum sgotiement, entlmw d’où -vague,
vague de la me- (+ cime). (Le mot, repris comme terme de construction
t Le mot désigne la moulure au sommet d’une cor- (16801avec des emplois spécialisés en géologie et
niche et, par analogie, en menuiserie la boiserie à chirwgie dentaire, désigne par extension toute
moulure placée à hauteur d’appui SUT les murs pâte servant de lien. Depuis la fin du xvF s., il est at-
d’une pièce. Son emploi en peinture pour <mou- testé avec le sens métaphorique de .-ce qui unit. re-
lure à hauteur d’appui sur laquelle on place la pre- lie= et présente accessoirement une idée de sali-
mière rangée des tableaux d’une exposition>, a dité que l’on retrouve dans les locutions bâti à
spécialisé le mot dans ce contexte et donné, dans chaux et à ciment, dur comme du tient.
quelques locutions, le sens figuré de *place de t En dehors de CIMENTER v. tr. (12871, de sens
choix à hauteur de vue>. propre et 6gm-é (15951,et de son substantif d’action
CIMENTATION n. f., attesté une fois au xx? s. et
CIME n. f., d’abord cyme (v. 11751puis cime (fin proposé au XIY s. par Richard de Ftadonvilliers
me s.1, est issu du latin cynm -bourgeon tendre du (18451,les dérivés se rapportent au domaine du bâ-
chou et autres légomes~, employé à l’époque mé- timent : CIMENTIER n. m. Win xv” s., cymentier), CI-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CIElOuLl?

qui utilisent ce condiment. Dans ce domaine, il a %-ht% =Couper, tailler*. Le type français présente
été réemprunté à l’anglais, les restaurants indiens un 1 parasite et le type cibe, noté par Boiste, ne s’est
de Londres ayant été les premiers en Europe. pas imposé.
4 Le mot est parvenu dans le lyonnais en raison du
CHYLE n. m. (chile, v. 1360) est emprunté au la- renom des fêtes de tir suisses ou à la faveur de fêtes
tin médical chyZus, pris au grec khulm +w, &ven, données en commun par des villes suisses et ti-
=SUC~, de même origine que khumos + chyme, pro- çaises et, de là, s’est répandu en français. Il est
bablement du verbe khêo =je Yemen. aussi employé au figuré (av. 1850, Balzac1 dans
+Le mot, d’après la valeur prise par le mot grec quelques expressions du type servir de cible, être
chez Galien, désigne le liquide résultant de la la cible de. 0 Plus récemment, il est entré dans le
transformation des aliments dans l’intestin, et ab- vocabulaire de la physique et dans le langage publi-
sorbé par les vaisseaux lymphatiques. citait-e au sens d’*objectiftisé, partie du public à at-
w Il a pour dérivés CHYLEUX, EUSE adj. (15461, teindre>. En traduction, on appelle langue cible,
CHYLIFÈRE adj. (16651 qualifiant les vaisseaux d’après l’anglais target language, la langue dans la-
lymphatiques transportant le chyle, et CHYLIFI- quelle un texte doit être traduit.
CATION n. f. (attesté 1932) *formation du chyle>. *CIBARRE n. m. -marqueur à la cible> (1728),
formé sur l’ancienne forme cibe avec un sofke pa-
CHYME n. m., me première fois chime (xv” s.1 tois, et CIBLERIE n. f. (1866) =emplacement pour
puis chyme (15591, est emprunté au bas latin médi- les cibles>, =abri pour les marqueursm, ne sont
cal thymus =SUCde l’estomac> (III” s., Serenus Sam guère usités, sinon régionalement. -Le dérivé le
monicusl. Lui-même est emprunté au grec khumos plus vivant de cible est CIBLER v. tr. (18961, propre-
a~, mot valant pour les sucs des végétaux et SUI= ment -viser comme sur une cible>, repris dans le
tout des animaux (+chylel, et pour -humeur= langage des publicitaires (v. 1970) et très employé
(b cacochyme). au participe passé adjectivé : publicité bien, mal ci-
+Après une attestation isolée au sens de =suc d’un bLie, ainsi que le dérivé CIBLAGE n. m.
fruit=, le mot a été réintroduit avec son sens tech-
nique de =bouillie produite par la première élabo- CIBOIRE n. m., d’abord civoire (v. 1160). refait
ration des aliments dans l’estomacs, en physiologie savamment en ciboire (12881, est emprunté au latin
(1559). ciboriu~ <coupe ayant la forme d’une gousse de la
fève d’Egypte=, employé spécialement dans la
0 CI adv. est issu k’s.1 du latin ecce (=voici*l hic langue de 1’Eglise chrétienne au sens de <dais sur-
(*icinl. montant l’autel d’une basilique ou la sépulture d’un
samtm. Ciborium est emprunté au grec kibôrton
+ Employé en droit pour ici, par ex. dans ci-gît
=péricarpe, fleur ou fruit du nénuphar égyptienm,
(v. 11701 I+ gésir], ci a eu la valeur temporelle de
d’où <coupe* et -tombe* (grec moderne hibouri),
*maintenant= (mil. xue s.), disparue au XVIII~ s. 0 Le
emprunt probable à un mot égyptien.
mot a survécu comme particule devant quelques
prépositions (après, v. 1170 ; contre xvP s.) et devant 4 Le mot a été repris comme terme d’archéologie
des participes passés ky inclus, cy joint, 16901. o chrétienne au sens du latin ecclésiastique. Ce sens,
L’emploi substantif (une ci, une ça, 1844, Sue) est dont l’ancien kmçais avait tiré, par extension, ce-
très familier. lui de -voûte. toiture voûtée- (v. 11601, a été repris
0 “Olr DEVANT. sous IDESSOUS,. par le type Savant CIBORIUM au XIX”~. (v. 18501.
~Ciboire n’a gardé que l’acception seconde de
0 CI correspond à ceci, mais vient peut-être de ça wase liturgique en forme de calice couvert, renfer-
par changement vocalique (6. ceci cela). mant l’eucharistie> (1382). 0 Le mot a seM en fraw
0 voir 0 CE cx3cI et CAL çais québécois dans le riche répertoire des
sacres”, comme tabernacle ou hostk.
CIAO interj. Emprunt (v. 1950) à l’italien du Nord,
du vénitien scïao pour sciavo -esclaves, employé CIBOULE n. f., d’abord cibole en ancien picard
comme serviteur l’est en français. 0 La variante (v. 12301, est emprunté au provençal cebula
TCHAO (chao, Camus 1957) est phonétique. (av. 13501, lui-même issu du bas latin caepulla, ce-
pulla, diminutif de campa =oignonn (+ cive, art. ci-
+ Le mot, qui semble venir d’un argot, s’est ré-
vet).
pandu pour salut ! (de départ).
+ D’abord attesté en picard au sens analogique de
CIBISTE -+ CITÉ -partie renflée d’une massues, le mot désigne une
plante servant de condiment (12881. Par analogie
CIBLE n. f., d’abord sibk (1671) puis cible (1693). avec la forme du bulbe de la plante. il est passé en
est emprunté au suisse romand schtbe (1434, an- argot et de là dans le langage familier au sens de
Cien fribourgeois) et siba (1476, ancien fribourgeoisl -tête= (18671, sans réussir à s’implanter, alors que le
<but pour le tir à l’arc>. Ce mot est l’adaptation de dérivé ciboulot accaparait cette valeur.
I’alémanique schîbe, correspondant à l’allemand w CIBOULETTE n. f. (1486, cibouletel désigne une
Scheibe =disque, carreau- et =Cible>, ancien haut a& plante voisine de la ciboule. En français central, il
lemand sciba, moyen haut allemand schibe et est plu5 usuel que CihO&. -CIBOULOT n. m.,
moyen bas allemand schive. La série est à rattacher autre diminutif de ciboule (18831, a été formé avec
à un groupe appartenant à une racine germanique le sens analogique de atêtes en argot, puis dans
CINÉTIQUE 758 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tiens par les païens. Cinerarius est dérivé de ci- respondants, le moyen néerlandais zeghelen, Ze&n
nis, eri.5 (4 cendre). (néerlandais zeüenl, le moyen haut allemand sige-
)Le mot s’emploie presque exclusivement pour len, segelen (allemand segeln) et le vieil anglais si-
qualifier le nom d’un vase (urne, amphore) conte- glan (anglais to saill, appartient à un type germa-
nant les cendres d’un mort nique ‘segljan. Celui-cl est le dérivé d’un “seglom
-voiles, d’origine discutée, rapportée par certains à
.O CINÉRAIRE n. f. est la francisation (1807) du la- la racine lndoeuropéenne “segh- #avoir, conquéx+
tin botanique cineraria (1778, Lamarck, enregistré de sens trop général et éloigné, par d’autres à la ra-
par Boiste en 18031,lui-même emprunté à l’adjectif cine “sek- Ncouperm(+ scier).
latin au féminin, le dessous des feuilles de cette
plante étant d’un gris cendré oLe mot désigne + Ce verbe de manne signi6e <faire voile vers+.
une plante aux petites fleurs groupées en capitules w Enestdérivé CINGLAGE n.m., d'abordsinglage
et au feuillage argenté. (13401, terme de coutume désignant le loyer des
gens de mer, passé au sens de -sillage d’un navlrem
CINÉTIQUE adj. et n.f. est un emprunt au puis sorti d’usage; la dérivation de ce verbe étant
grec kinêtikos, dérivé de hinêtos =mobile*. de hi- de toutes facons gênée par le verbe homonyme
nein *mouvoir> (+ cinéma, cinématique). 0 cingler.
4 L’adjectif correspond à-qui a le mouvement pour
principes (ex. : énergie cinétique). On parle (1920) CINQ adj. et n. inv., d’abord cinc (1080), remonte,
aussi d’art cinétique. 0 Comme n. f.. cinétique comme l’italien cirque, l’espagnol cinco, au latin
s’emploie en chimie et en physique. vulgaire cirque, forme dissimilée du latin classique
quinque. Ce mot appartient à un nom lndoeuro-
0 CINGLER v. tr. (ik XI~s.),également singler péen en p- initial et kW-intérieur (grec pente, sam-
jusqu’au XVIII~s., est à rattacher à sangle*: cepen- krit pdfica) passé en italo-celtique avec assimila-
dant, le vocalisme initial est dil&ile à expliquer : on tion du p- au kW-(irlandais cOicl.
évoque soit une altération de sangler* au sens de
+Le mot fait office d’adjectif numéral cardinal; ul-
-frapper- par modification expressive de la voyelle
térieurement, il est substantivé aux sens de *chl&e
tonique (cf. tinter pour le même changement voca-
cinq> W%JO1 et de =nombre entier cinq> (16941,puis
lique), soit un emprunt à une forme locale du
également employé comme adjectif ordinal (1835).
même verbe comme l’ancien provençal cinglar, le
Il a servi à former le nom composé cinq à septn. m.
wallon cingler <fouetter. de la pluie* à Mons.
(18331 =réunion, rencontre de dix-sept à dix-neuf
*Cingler a progressivement éliminé sangler au heures+, souvent avec des connotations galantes, et
sens de &apper avec une baguette flexible*; par a donné l’expression familière en cinq sec -en cinq
analogie, il est également employé en parlant d’un COUPS~,au jeu (18751,puis -rapidement- (1888).
élément naturel (pluie, vent, neige, av. 15261.Ulté-
rieurement. il a reçu des acceptions techniques en w CINQUIÈME adj. et n., dérivé de cinq (1165-11701,
métallurgie (17571 et en construction (17651,toutes a supplanté quirat* adj. (xues.), comme ordinal, sauf
deux enregistrées dans l’Encyclopédie. Dans dans la désignation traditionnelle du roi d’Espagne
l’usage commun, il a développé un sens figuré, -at- Charles Quint. oDe cinquième est dérivé CIN-
teindre qqn dans sa sensibilité par des paroles bles- QUIÈMEMENT adv.(15501. -CINQUANTE adj.et
santesm (1844, dans un emploi comparatifchez Bal- n. (10801vient du latin des inscriptions ctnquaginta,
ZaC). issu par dlsslmllation du classique quinquaginta.
0 Le mot est employé comme nom et comme ordi-
w CINGLANT, ANTE adj., issu (v. 1375, chtnglant) nal (1835) et a produit à son tour l’ordinal CIN-
du participe présent au sens propre passif de QUANTIÈME adj. et n., CINQUANTAINE n.f
-flexible*, a pris le sens actif *qui fouette> et s’est (12201 et, d’après centenaire, CINQUANTENAIRE
surtout répandu au sens figuré =qui vexe> (av. 1850). adj. et n. (1775). surtout utilisé comme nom au sens
- CINGLEMENT n. m., après une attestation isolée de <cinquantième anniversaire* (1872).
sous la forme singlement (6n me s.).a été repris au 0 VO~QUINQUAGÉN~E et ~USles mots SUTla basequin-,
XM” s. (1836) mais est demeuré rare. - CINGLON qutnqu-. 6. aussi pent- fpentecôtd, d’origine
n. m., d’abord singZon (av. 1799) “coup de fouets. est grecque.
quasiment sorti d’usage. - CINGLAGE n. m. (1827)
et CINGLEUR n. m. (1866. marteau-cingleus)
sont des créations du langage technique de la mé- CINTRER Y. tr., attesté indirectement par le
tallurgie. -CINGLÉ, ÉE adj. et n., emploi argo- participe passé adjectivé chintré en wallon (13491
tique du participe passé de cingler au sens de -ivres puis sous la forme cynher (1455). remonte à un latin
(18361,a évolué vers son sens actuel de *fous (19251, populaire “cincturare =entourerB, dérivé du latin
à rapprocher de tapé, happé, sonné, comme va- impérial cinctura (-ceinture).
riante (-fouetté>) d’un sémantlsme fréquent pour + Le mot a été introduit en architecture pour -bâtir
exprimer la folie, à savoir *qui a reçu un, des en arc de cercle, en arceau= d’où, par extension,
coups>. ‘rendre concave ou convexen (18921.Le sens étymo-
logique de -ceinturer- a fait résurgence dans le do-
0 CINGLER v. intr. est la réfection (xnr” s.), sous maine de l’habillement où cinher un vêtement
l’lntluence de 0 cingler, de l’ancien français sigler (1611) signilïe l’sajuster à la taille, à la CeintUt-en.
(10801 -faire voiles, lequel est emprunté à l’ancien 0 Par synonymie avec se tordre,segondoler, le pro-
non-ois siglla *faire voile versm.Ce mot, avec ses cor- nominal se cintrer a pris dans le langage argotique
DE LA LANGUE FRANÇAISE CIGUË
avec le latin liturgique, le mot français présente un donne lieu à divers syntagmes fccigarette blonde,
développement phonétique particulier, peut-être à brune, anglaise, américaine, à filtre...; paquet, car-
rapprocher de vierge*. touche de cigarettes...I et à de nombreux syno-
+ Le mot désigne une chandelle de cire de forme ef- nymespopulaires(~~~~~~~n.f. 11681,sibi~h?18791
filée utilisée dans les cérémonies et les rites ch& par apocope de cigarette, clope?..). -CIGA~~RE
tiens. o Par analogie de forme, il est passé en bota- n. f. (1869) désigne l’ouvrière qui fabrique les ci-
nique comme dénomination d’une plante gares.
d’Amérique tropicale, cactée dont la tige angw CIGARILLO II.~., d'abord cigarillo (1866) puis ci-
leuse peut atteindre quinze mètres (1694). garillo (19291, est emprunté à l’espagnol cigarrillo
*petit cigares Oïn XVIII~s.), diminutif de cigarro.
t CIERGIER n. m., d’abord siergier (1480) puis ckr-
gier (1495-1496) =marchand, fabricant de ciergesn, CIGOGNE n. f. est emprunté IV. 11001à l’ancien
est un mot technique. provençal cegonha avec influence du latin cicon&
désignant l’oiseau et, par analogie de forme, un ap-
CIGALE n. f., d’abord sigalle cv. 1450) puis cigale pareil à puiser l’eau, fait d’une longue perche mon-
kne s.), est emprunté au provençal cigala (av. 1250, tée sur pivot. Le mot latin est d’étymologie incer-
singala; 1470, cigahl, de même sens. Ce mot est taine, peut-être emprunté à une langue
issu, avec un changement de suf6xe mal éclairci, méditerranéenne ou à l’étrusque, peut-être à rap-
du latii impérial cicada, mot d’origine méditena- procher du groupe de cancre (+chanter) qui a
néenne que l’on explique par l’onomatopée du donné en allemand le nom du coq (Hahn). Cigogne
bruissement de l’insecte. a évincé l’ancien français soigne (d’abord “ceoigne)
+ Nom d’un insecte méditerranéen, le mot a pris le représentant populaire du latin.
sens figuré de *personne imprévoyantes. d’après la + Le sens technique analogique de *tuyau de cuir
fable de La Fontaine la Cigale et la Fourmi. Le type pour tirer l’eau du puits> et le sens courant du mot,
de la cigale créé par le poète est à rapprocher de =Oiseau échassier au bec rouge et droitn (11131,sont
l’emploi du mot au sens figuré de =mauvais poète> apparus en même temps. On notera que lïmpor-
(av. 1613)et de la locution péjorative ferrer les ci- tance culturelle de l’oiseau -notamment en Al-
ETperdre son temps en futilitésn kwes.. Rabe- sace - est plus grande, par les légendes et récits (il
est censé, dans les contes pour enfants, apporter
. CIGALON n. m. kwes.) =Petit de la cigalen les bébés à leurs parents), que sa réalité objective
connote un usage régional (provençal), ainsi que en Europe francophone, alors qu’il est très courant
CIGALIÈRE n. f. (1876) *lieu inculte où abondent au Maghreb.
les cigales>. r De cigogne est dérivé CIGOGNEAU mm. ‘petit
0 voir peut-êtrecIr,-. de la cigognex (1555), antérieurement cegno&!naJ
(1174-11781,demeuré rare.
CIGARE n. m., donné sous la forme exotique ci- Le radical du latin ciconti a sewi à former le terme
garm (1688, dans le contexte de Cuba) puis francisé de classikation zoologique CICONIIDÉE n. m. pl.
en cigare (1770). est emprunté à I’espagool cigaarro quiasuccédéàciconwtés(1846).
(v. 1610) *petit cylindre de feuilles de tabacn, d’on- 0 voir GIGOGNE.
.gine incertaine. Le mot est soit emprunté au maya
zicar dumer=, soit tiré, avec passage au masculin, CIGUË n. f., d’abord ceguë (v. 12101,puis sig&
de cigarra =cigalen (- cigale) par analogie de forme Cv.1265) et en!ïn ciguë (1610, est la réfection semi-
et de couleur; en faveur de cette seconde hypo- savante, d’après le latin. de l’ancien français cëue
thèse, on évoque la forme cigale (pour cigbre), at- (1180.11901, conservé dans le normand chue. Ce
testée entre 1722 et 1771. Cigare a parfois été fémi- mot est issu par évolution phonétique du latin ci-
nin (Chateaubriand), notamment dans le sud-est cuta, de même sens, d’origine incertaine (le mot
de la France. grec est kôneion). Ernout-Meillet observent une
4 Le mot désigne un petit cylindre formé de feuilles constellation de noms d’espèces végétales et an-
de tabac enroulées autour d’autres feuilles, en- males, renfermant une cellule k-voyelle-k à l’ti-
tières ou en morceaux, grossièrement hachées. tiale : cicada (-cigale), ciconti [- cigogne), cucu-
Par analogie, il désigne en pharmacie des cylindres mis <concombre*, citer -pois chichen (+ 0 chiche,
de feuilles de belladone ou d’eucalyptus. cicerone).
w CIGARETTE n. f. (18301, dérivé diminutif de ci- + Le mot désigne une plante de la fsnulle des om-
gare, a supplanté cigarito et cigamet; d’abord em- bellifères dont certaines variétés sont vénéneuses,
ployé avec un sens qui semble être *étui à cigaresD d’où, par métonymie. le poison extrait de cette
(18301,il désigne ensuite (1831, Balzac) un petit ci- plante et que les Athéniens faisaient boire à leurs
gare cylindrique (qui sera appelé plus tard cigo- condamnés. Le souvenir de Socrate, ainsi
rUo dans le contexte de l’Amérique latine. Le mot, condamné, reste attaché au mot.
d’abord rare, se diffuse entre 1840 et 1860 avec la w Le radical du latin cicuta a servi à former savam-
fabrication des petits cylindres de tabac haché, en- ment CICUTAIRE n.f (1555). nom d'une pk%nte
fermés dans une feuille de papier mince, roulés à nOmde aussi ciguë tireuSe, et CICUTINE n.f.
la main ou fabriqués industriellement. Ce mode de (18361, d’abord cicufh (18241, nom donné par le
consommation du tabac fumé étant devenu le plus chimiste anglais Braude à l’alcaloïde de la grande
usuel. le mot, devenu plus fréquent que cigare, ciguë.
CIRCONLOCUTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

naissance pour marquer l’allongement de cer- CIRCONSTANCE n. f. est emprunté (v. IZZO)
taines vovelles (as-. es- seront remulacés aar â-, ê-1. au latin circumstantia -action d’entourer- et. au fi-
Il est parfois employé par plaisanlerie pour qua& guré, &uation. occasions, substantivation du parti-
fier des obiets en forme d’accent circonflexe (16541. cipe présent au pluriel neutre, pris pour un fémi-
En anatomie, il est substantivé au masculin et au fé- nin, de circumstare, littéralement ‘se tenir autour-,
minm (1805) pour dénommer des vaisseaux et des de circum (- circon-l et store (+ état).
veines au trajet sinueux. +Le sens concret. =ce qui est autos, réalisé dam
.CIRCONFLEXION Il. f., -forme en accent ck- l’expression juridique circonstances et dépen-
codexen (19221, est littéraire et rai-e. dances (1345). -parties d’immeubles accompagnant
l’habitation principale=, est sorti d’usage au me siè-
CIRCONLOCUTION n. f., d’abord circon20~ cle. 0 Le mot s’est alors limité (12651 à son sens fi-
cuciom (XI~’ s.), est emprunté au latin circumlocutio guré de =particularité accompagnant un événe-
<détour de langages, de circum *autour- (+ circon-l ment>, souvent réalisé au pltiel circonstances,
et locuti (- locution). et calque le grec tardif peri- spécialement dans un contexte juridique Icir-
phrasis (+ périphrase). constances atténuantes~ et en rhétorique (1863).
+Le mot désigne les détours de langage visant à 0Par extension, l’accent étant mis sur l’adéqua-
masquer la pensée ou à adoucir ce que l’on veut tion d’un fait et d’un moment donnés, il a pris le
dire. Il concurrence circuit* (aujourd’hui archaïque sens de ~conjonctwe, occasion* (166% devenu le
en ce sens) et circonvolution*. plus usuel et donnant lieu à la locution adverbiale
de cimmshnce -en rapport avec une occasion par-
CIRCONSCRIRE v. tr. est emprunté (v. I370), ticulière> (18091.
avec adaptation, au latin circumscnbere =tracer un . CIRCONSTANCIÉ, ÉE adj. (v. 1460). *exposé avec
cercle autown d’où <enclore, limiter, bornep, de toutes les circonstances~ (d’une chronique, d’un r&
circum xautourn (+ circon-) et scribere (6~écrire). cit), a glissé vers le sens plus vague de -très dé-
+ Le ver%e est introduit avec le sens abstrait de *dé- tail& Il s’est confondu avec le participe passé du
!hir les limites de> (en philosophie). oLe sens verbe CIRCONSTANCIER v. tr. (15861. formé uké-
concret -limiter un espace par une ligne* a été re- rieurement. -CIRCONSTANCIEL. IELLE adj.
pris à la Renaissance (1550) et spécialisé en géomé- (1747) exprime, en relation avec deux autres sens
trie (1690). De l’acception médicale (1792, tumeur du verbe, une notion grammaticale =qui exprime
circorx.wBte) procède, par métaphore, le sens une circonstances et, dans l’usage général, une re-
d’*empêcher (me chose néfaste) de se propagern lation de fait *qui dépend des circonstames~ (18011.
(1790). Le sens administratif de edélimiter (un terrl-
toireln. correspondant à circon.scriptin, est attesté CIRCONVENIR v. tr., d’abord circunvenir
au mes. (1835). Cv. 1355) puis circonvenir (v. 13701, est emprunté au
latin circumvenire. Ce verbe signifie proprement
c CIRCONSCRIPTION n. f. a été emprunté avant
*venir b venir-1 autour (+ clrcon-1~ d’où *entourer,
le verbe @n XII”~.), au dérivé latin circumscripti
cemep et, au figuré, =a.ssiéger, opprimer- et *abu-
-cercle tracé, corps limité, bornes. Le mot désigne
ser (qqn) en l’entourant d’artiices~.
ce qui délimite l’étendue d’un corps et, spéciale-
+Le sens propre, -entourer de tous côtés>, a vieilli
ment en géométrie, l’action de circonscrire une fi-
après l’époque classique. Le sens figuré, pris au la-
gure à me autre (1690). Aux divers sens correspon-
tin en même temps que le sens propre *séduire,
dant à ceux du verbe, il ajoute celui de division
tromper par des ruses et des artiicesn (v. 13701,
territorialen (av. 1835, Académiel. spécialisé en *cl-
s’est maintenu dam le registre soutenu, spéciale-
vision électorale= (seul ou en emploi qualifié par
ment avec la nuance de *se concilier une personne
électorale).
par des manoeuvres habiles>.
CIRCONSCMPTIBLE adj. a été dérivé (v. 1400) du
radical du latin circumscript~. participe passé de . Le participe passé CIRCONVENU. UE est em-
circumscribere avec le sutfixe -tilt?, probablement ployé adjectivement au sens, légèrement péjoratif.
d’après le latin médiéval circurnscriptibilis Cv.1150). de =séduitn. oCIRCONVENTION n. f. (1269). ni
-Le mot, employé au xv” s. sous la forme CU- CIRCONVENTEUR n. m. (1570), empmI&S au la-
cunwfptile, a été repris au xx? s. après une pro- tii. et ont dispam
position de Richard de Fklomilliers (18451.
CIRCONVOLUTION n.f. est un emprunt
kmes.) au latin circumvoluti, variante de cir-
CIRCONSPECT, ECTE adj., d’abord cir-
cunspect (v. 1282), est emprunté au latin impérial
cumvolutati, de circum *autour* et volutatio dé-
rivé de volvere mxder- (- dévolu, révolu, révolu-
circumspectus *prudent, réfléchi>, participe passé
adjectivé de circumpicere, proprement =regarder tion, volute, voiitel.
lb spectacle) autourn (+ &-con-). (Le mot, au sens propre &-enroulement autour
d’un point central=, est demeuré très didactique; il
*Le mot quali6e une personne et, par métonymie,
s’est spécialisé en anatomie aes circonvolutions in-
un comportement (1572, prudence circonspecte) fai-
testinales, cérébral&. Au figuré, il s’est employé
sent preuve de prudence.
pour -paroles complexes et détournées>. quasi sy-
t CIRCONSPECTION n. f. est empoté en même nonyme de circonlocutim?
temps que l’adjectif (av. 1250) au latin circumspec-
tio, du supin de circumspicere, pour désigner une CIRCUIT n. m., d’abord circuite au féminin
attitude de retenue prudente. Cv. 1220), forme encore en usage au xve s., puis cir-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 757 CINÉRMRE
MENTAGE n.m. et CIMENTAIRE adj. 116771; comme épithète poétique pour les lèvres, le teint.
CIMENTERIE n. f. (19531, plus courant. 0 Il a été EpriS SOUS la forme CINABARIN. INE
0 “OW CÉMENT. (1838), par réminiscence du grec kinnabarinas,
mais est demeuré littéraire et rare.
CIMETERRE n. m. est emprunté (v. 1450) à
l’italien scimitarxz (xv” s.), également attesté dans CINÉMA n. m. est l’abréviation courante et gé-
les anciens textes sous la forme cimitara. On a néralisée de CINÉMATOGRAPHE, mot composé
pensé à une origine turque mals sans trouver dans par les frères Lumière (1892, comme nom propre) à
cette langue l’étymon souhaité. Le persan Satiir partir du grec kinêma ~mouvement*, de kinein
*épée>, dont une forme antérieure a donné le grec mettre en mouvement, mouvoir~, à rattacher à
sampsêra, également samseira *épée orientale une racine indoeuropéenne “hi-, “kei- (+ kinésithé-
d’apparats, convient pour le sens mais fait di&ulté rapie), qui a également donné le latin citus <rapiden
pour la forme : il faudrait supposer un lntermé- (-citer), et -graphe* <qui transcrlt~.
diaire turc et la disslmilation des deux consonnes,
+Le mot désigne l’appareil inventé par les frères
voire l’tiuence d’un autre mot non identifié, pour
Lumière pour reproduire le mouvement par une
expliquer le t. Par rapport à l’italien, l’initiale cime-,
suite de photographies. La forme abrégée cinéma
et non cimi-, peut correspondre à l’influence de
est immédiate (18931, ce qui montre la popularisa-
cime, cimetière.
tion rapide du procédé (phénomène analogue pour
+Le mot désigne un sabre oriental dont la lame métropolitain-titra). En dehors de ce sens bisto-
courbe à un seul tranchant s’élargit vers son ex- rique, cinématographe a été supplanté par cinéma
trémité. aux sens métonymiques : -art de réaliser des f&nsn
CIMETIÈRE n. m., d’abord cimetire (v. 1155) (Cocteau et Bresson continuant d’utiliser la forme
puis cimetiere (XIII”~.~, est emprunté au latin chré- longue pour insister sur la signi6cation artistique
tien cimiterium, altération de coemeterium, lui- du procédé), et =Salle où l’on projette des fdnw fun
même emprunté au grec koimêtêtin *dortoirs et, cinéma) et -projection>. o Cinéma h-même, de-
dans les textes chrétiens, *lieu où reposent les meuré usuel dans toutes ces acceptions, a été
morts~. Le mot grec est issu de koiman <se coucher abrégé en CINÉ (1905) dans l’usage familier, mais
pour dormir-, dérivé de kei.sthai *être couché, ce mot est devenu désuet, comme le su&& popu-
placé=, d’origine indoeuropéenne et à rattacher au laire CINOCHE (19351. ocinéma entre dans de
sanskrit S&e, hittite kitta. nombreux syntagmes. 11 a inspiré la locution fami-
*Le mot a plusieurs formes en ancien français et lière se faire du cinéma et, avec une autre nuance,
s’emploie aussi au féminin Cimetière, au masculin, faire du cinéma, équivalent de @uer la comédie
s’est généralisé au xvF s., mais la forme cimentière avec une valeur péjorative d’w-tifice>.
a survécu ensuite dans l’Ouest. Il a éliminé aître*, . Sur Citima~Ographe Ont été formés CINÉMATO-
sauf en wallon et en lorrain, lequel continuait le la- GRAPHIE n. f. (1895) et l’adjectif plus usuel CINÉ-
tin atrium -cour-x et signi&lt au moyen âge, *parvis, MATOGRAPHIQUE (1896). -De l’élément initial
terrain devant l’église>. En effet, autrefois établis ciné ont été dérivés CINÉPHILE n. (19121, CINÉ-
dans les villes auprès des églises, les cimetières ont PHILIE n. f., CINÉ-CLUB n. m. (1920) et CINÉRO-
été désaffectés au XV~$ s. et construits en périphé- MAN n. m. (1918). -Sur cinéma ont été formés par
rie, sous la forme de grands jardins; dans d’autres COInpOSitiOn CINÉMATHÈQUE n. f. (19211, avec
cultures chrétiennes, ils sont restés des dépen- -thèque*, CINÉMASCOPE n. m. (1953), emprunt à
dances des églises (6. an@is churchyard, littérale- l’anglais et nom d’une marque déposée amé-
ment ~COUT de l’église& A partir du XVI~~. (1513), le ricaine, aprocédé de projection sur écran largen
mot se rencontre parfois avec la valeur figurée de (+-scope, -scopie). -CINÉASTE n. (1921 comme
&XI où meurent beaucoup de gens=. oRécem- pseudonyme, puis 1922) est emprunté à l’italien
ment, ll a commencé à s’appliquer à un lieu où l’on cineasta ou formé avec la finale de mots d’origine
rassemble des choses hors d’usage, par exemple grecque comme dynaste, gymnaste.
dans cimetière de voitures, cimetière radioactif 0 voir C&MATIQrn.
(1964).
CINÉMATIQUE adj. et n. f. est un emprunt
CINABRE n. m., une première fois sous la scientiiïque (Ampère, 18341 l an grec kinêmatikos,
forme cenobre (XIII~ s.), puis sinabre (1394) et cinabre dérivé de kinêma *mouvementé (-cmémato-
(15521, est emprunté ~I.I latin cinnabaris. Lui-même graphe, art. cinéma).
est emprunté au grec kinnabari =Substance d’où
+Le mot, comme adjectif, qualifie ce qui concerne
est tiré le vermillons soit minéral l&&ûre de mer-
le mouvement des corps matériels et leur étude.
cure). soit végétal (garance). mot d’origine orien-
Substantivé, il désigne la partie de la mécanique
tale, probablement persane. La graphie cinnabre
qui étudie les mouvements.
(16061, réfection étymologique, ne s’est pas impo-
sée. oCINÉRAIRE adj. est un emprunt tardif
$ Le mot ne désigne en tiçais que le bisulfure de (1732) au bas latin cinerarius *relatif à la cendre
mercure utilisé pour la fabrication du vermillon et, (des mortsl~ Ws.). substantivé au neutre cinera-
par métOnymie, le rouge vermillon (1552) dans rium pour désigner le lieu où l’on conservait les
quelques emplois littéraires ou techniques. cendres des morts, et, chez les auteurs chrétiens,
. CINABRIN, INE adj. (15531, =de la couleur du CI- au pluriel cinerarii -ceux qui vénèrent les cendres
nabrem, a été employé par les poètes de la Pléiade des martyrs=, désignation méprisante des chré-
CIRE 762 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

parlant du mouvement circnlaire des choses ch-em, et qualifie ce qui a la consistance, l’aspect on
concrètes, d’un fluide, en technique (16111. en biolo- la couleur de la cire; il a cessé d’être employé an
gie végétale (16901, en astronomie (Bossuet), en xw” s. pour être repris dans la seconde moitié du
économie lïnancière (1694). En anatomie, circula- XE? S. (1856. Goncourt).
tion (du sang) est repris (av. 1660, Pascalj an latin
circdati, employé par Harvsy, son découvreur, CIRON n. m., d’abord seiron tv. IIoo), cirun
dès 1628. Parallèlement, le mot s’est répandu dans lv. 1200) puis ciron, est emprunté au francique
l’usage général avec le sens abstrait d’=action “seuro que l’on déduit à partir du moyen néerlan-
d’être propagé kl’idées, de nouvelles)> (XVII~ s.l. Son dais siere L~ier, en langue moderne) et du moyen
emploi postérieur à propos du mouvement des vé- bas allemand süre, ancien haut allemand suim.
hicules (18291 est concurrencé par l’anglicisme 4 Le nom de ce très petit insecte, qui se développe
récent trafic*, mais reste très vivant, avec des syr- dans les vésicules de gale de l’homme, la farine et
tagmes (agent, accident de la circulation, etc.). le fromage, a été rendu fameux par le fragment 72
des Pensées de Pascal, qui le prend comme sym
CIRE n. f. continue (1080) le latin cero =Cire=, en
bole de I’extrême petitesse, mais le mot a été aban
particulier =Cire à cachetep, par métonymie =ta-
donné par la zoologie et a vieilli Il en va de même
blette à écrire, page>, &atue de cire2 et -peinture
du sens métonymique *pustule que le ch-on pro
encanstiqnen. Ce mot, analogue an grec kêms
voqne SUT la peaw Iv. 1278) et du sens métapho-
t+ cérat, cércsej. serait emprunté parallèlement
rique -être humain d’une extrême faiblessen (1869).
dans les deux langues à une source non détermi
d’ailleurs très littéraire.
née.
)Le mot désigne une substance grasse produite CIRQUE n. m. est emprunté Iv. 1355) an latin
par les abeilles et par certains végétaux, utilisée circus *cercle8 qui, supplanté en ce sens par son dé-
pour la fabrication de cachets (1080), surtout en- rivé circulus (+ cerclej. s’est spécialisé an sens
suite dans l’expression cire à cacheter. Quelques d’=enceinte circnlaire où on célèbre les jenxn. Cir-
locutions dès l’ancien français, exploitent les ca- cris est emprunté an grec kirkos, forme secondaire
ractéristiques de cette substance, sa couleur jaune pour krikos anneau, bagne, cerceau=. terme tech-
Idéb. XII? s.) puis sa consistance malléable (XVI~ s.- nique appartenant à une racine indoenropéenne
xv? s.1 qui donne lien à l’époque classique à des Wqer- courben (b cotie).
métaphores exploitées en philosophie (Descartes).
t Le mot a été repris comme terme d’histoire ro-
Au XVIII~~., le nom s’est étendu à des substances
maine. Par analogie de forme, il a reçu le sens géo-
analogues puis an xn8 s., à des préparations à base
de cire pour l’entretien du cuir, des parquets (1835). graphique de ~plaine circulaire dans un massif
o Par analogie, il sert à désigner la sécrétion jan- montagneux* 6% XVIII” s., pour le cirque de Gavar-
nâtre des oreilles (15731. Celle-ci est nommée pro- nid. 0 Le sens conrant, en spectacle, est appani an
prement CÉRUMEN n. m. kwF s.), mot du latin début du xrx” s., avec le développement de ce diver-
tissement, entraînant de nombreuses connotations
médiéval dérivé de cem, et, en zoologie, la mem-
brane molle qui recouvre la base du bec des oi- et tout un vocabulaire propre (chapiteau,
seaux 112841. clown, etc.). Il a donné la valeur figurée de -dé-
sordre tumultueux~ (19461 où il est le synonyme fa-
b CIRER y. tr. I6n XII”~.~ *enduire de chw a pris,
milier et partiel de scène, cinéma et aussi de bordel.
sous l’influence du sens concret de son dérivé ci-
0 Par métonymies successives. à côté de un, des
rage, le sens d’=endnim de ciragen (1680). oSon
cirques, =Ileu de spectacles et -entreprise qui le
participe passé CIF& RE, adjectivé de bonne
donnem, le cirque désigne le genre spectaculaire
heure comme qnalikatif d’on nom d’objet (1180),
lui-même, la profession, les techniques et l’art
en particolier dans toile &ée 1x1s~s.), a été snbstan-
concernés, sur le même plan que théâtre, cinéma
tivé 11906) comme dénomination d’un imper-
ou music-hall.
méable de marin. -CIRAGE n. m., substantif d’ac-
0 voir CERCEAU.CERNE.CHERCHERCIRCULER.
tion de cirer (15571, a pris par métonymie un sens
concret plus particulier que celui de cire, désignant
CIRRHOSE n. f. a été dérivé savamment 11819,
la composition servant à nettoyer et à lustrer le
Laennecl du radical du grec kirms &uve, orengem,
cuir 11680). o lI est passé dans l’usage populaire où,
mot d’origine obscure, avec le snihxe -ose*. Le mot,
par synonymie avec noir, il signifie +resse~ (19151,
déjà attesté en 1805 selon le Larowse de la langue
spécialement dans la locution être dam le cirage
françai.se, serait une création de Laennec 11781.
119301, reprise dans l’argot des aviateurs an sens de
18261, médecin français qui étudia cette maladie
ae rien voir> d’où =être en ditlknlté~ (1935) et <en
caractérisée par une production grannlense de
péril de défaite> en sport (1945, football). Ainsi, ci-
couleur rousse dans le foie.
rage s’est éloigné par le sens de cire, =snbstance qui
fait briller+. -CIREUR, EUSE n. 11837) désigne, + Le mot désigne une affection du foie qui empêche
lorsqu’il n’est pas déterminé, la personne qui cire les fonctions de l’organe et qui est souvent due à
les chaussures (d’abord cireur de bottes). 0 Le fémi- l’alcoolisme chronique, d’où les connotations du
nln. plus rare en ce sens, désigne une femme qui mot. Par extension, il est employé avec un détermi
cire les parquets 11866, cireuse de parquets) et une riant en parlant de la sclérose diffuse de certains
machine qui accomplit cette tâche (1953, cireuse organes.
ékCtriqw1. -CIREUX, EUSE adj. est dérivé (15611 t CIRRHOTIQUE adj. et n. (1892). an heu de la
.
de are, SUT le modèle du latin csrosu.s ‘riche en forme attendue “cirrhosique, qualifie et désigne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 759 CIRCONF’LEXJZ

le sens de *se tordre de rires (av. 19011, sorti (v. 1235l, ne s’est pas répandu en dehors du langage
d’usage. mystique.
b CINTRE n. m., indirectement attesté par l’ancien .CIRCONCIS. ISE. le participe passé de tir-
diminutif cintreel Cv. 1260) qui imphque aussi l’exis- concire, est employé adjectivement (1170) et subs-
tence du verbe cinher dès le XIII~ s., est lui-même tantivement (16041, notamment comme équivalent
repéré en 1300 en architecture. ll désigne une de <juif= ou de =musulman~ (16041 et les religions
voûte, d’où le syntagme plein cintre (16761. En luive et musulmane prescrivant la circoncision.
construction, il s’applique pour l’échafaudage en CIRCONCISION n. f., d’abord circumcisiun (11701,
forme d’arc de cercle permettant de construire a~- est emprunté au latin chrétien circumcisio =exci-
cales et voûtes (1549). o Par analogie, cintre dé- sion du prépuce* et, au figuré, wraie foi, foi nou-
signe au théâtre la partie supérieure de la cage de velles, spécialement dans le syntagme circumcisio
scène où l’on remonte les décors (1753) d’où, par cor& Kpurifïcation du coeur, morales. Le mot, qui
métonymie, les loges du rang le plus élevé et les désigne l’excision du prépuce, a été plus long que
spectatem qui les occupent. 0 Le sens courant de le verbe à se répandre dans le langage mystique
<léger support destiné à recevoir un vêtement> avec le sens figuré de =purikation moralen: après
(1900) procède du terme de construction, avec in- une attestation de circoncision de pemée (12581, le
fluence de l’emploi de cintrer en couture. syntagme, emprunté au latin circoncision de coeur,
CINTRÉ, I?E p. p. adj. de cinher (1349) quahfie ce reparaît dans les Pensées de Pascal (v. 1660). Il a dis-
qui est incurvé en forme de cintre, à la fois en arc& paru dans ce sens.
tecture, en blason (1690) et en parlant d’un vête- INCIRCONCIS, ISE adj. est emprunté, d’abord au
ment (1819, d’un chapeau). Il est passé dans la figuré kmu incirconcis, me s.), au latin religieux in-
langue populaire avec le sens de =foun (xxe s.1 par circoncisus, préfixé antonyme de circoncisus. ll si-
synonymie avec tordu. -Les autres dérivés de cin- .gnSe *non circoncis= et, depuis le xwe s. (1541, Cal-
tW, CINTRAGE n.m. (16941, en marine puis en vin), squi n’appartient pas à la reli~on juive=. Le
technique (1669). et CINTREUSE n. f., nom de ma- sens figuré, -pécheur, personne qui refuse la cit-
chine (19271, appartiennent au domaine technique. concision du caxm, s’est employé aux XVII~ et
- DÉCINTRER v. tr. (1660) exprime le fait d’enlever XVIII~ s. dans la langue religieuse. - INCIRCONCI-
les cintres, en construction. SION n. f., emprunt (1530) au latin incirconckio, est
demeuré plus rare dans la langue classique que in-
CIRCON-, CIRCUM- est un élément pré- circoncis, puis est sorti d’usage.
fixai emprunté au latin circum, accusatif de circw
*cercle* (+ cirque), employé anciennement comme CIRCONFÉRENCE n. f. est emprunté (1267)
préposition avec le sens propre de *en cercle, au- au latin impérial circumferentia =Cercle>, de tir-
tour dem. cumferre =mouvoir circulairement, faire le tour de*.
( Circum, qui ne traduit que le sens concret de la composé de circum *autown (+ circon-1 et de ferre
préposition grecque peri C-péri-1 -le sens figuré *portera, (- -fèrel.
*relativement à, à propos des étant réservé à 4 Le mot, introduit en géométrie comme dénomi-
circa -, est employé dans de nombreux juxtaposés nation de la courbe qui limite la surface d’un cercle
verbaux, souvent calqués du Dec, de sens propre ou d’une sphère (v. 12751, s’est répandu dans
et figuré (+ circoncire, circonférence, circonflexe, l’usage au xw’siècle. II désigne le pourtour d’un
circonlocution, circonstie, circonspect, tir- lieu (16801, d’un corps (16901 et la surface délimitée
constance, circonvenirl. En fixnçais même, il se s’étendant autour d’un point (déb. xwu’s.).
combine à un adjectif ou à un substantif le plus c CIRCONF~RENTIEL, IELLE adj. (1858), réintro-
souvent sous la forme savante circum-, décrivant la duit après une première attestation de la forme cir-
situation autour du lieu ou de l’objet caractérisé conferencial (v. 1390) à l’imitation du latm médiéval
par cet adjectif ou I’action, la qualité exprimées par circumferentih (6n XII~ s.1, est d’usage scientifique
ce substantif ou technique.

CIRCONCIRE v. tr., d’abord circumcis au par- CIRCONFLEXE adj. et n.m., d’abord tir-
ticipe passé (v. 1120) puis circuncire à l’infinitif cuntlect (1529) puis circonflexe (15501, est emprunté
(1170). est un emprunt adapté au latin circumci~ au bas latin circumtlexus (sous-entendu accentusl,
dere. Celui-ci, composé de circum <autour= (+ C~I- tiré du participe passé de circumflectere =décrlre
con-l et de -cidere, de caedere *couper- (-ciseau), une courbe> en parlant des chars dans l’arène, spé-
signifie *couper autos. Il a d’abord été employé cialisé en grammaire au sens de *prononcer une
en jardinage au sens de xrogner. tailler> et a reçu syllabe longue>. Ce verbe est composé de circum
en rhétorique le sens figuré de =réduire, suppri- (+circon-1 et de fkctere -courber, ployer- (+flé-
mep. A l’époque chrétienne, il s’est spécialisé pour chir). Le substantif latin a servi à rendre le grec pe-
désigner l’opération rituelle d’excision du prépuce rispômem? fprosôdia), lui-même dérivé du verbe pe-
dans la religion hébtique. rispan qui désigne l’action de modifier
+ Le mot, passé en français dans les textes religieux brusquement la tension d’une corde pour faire en-
et les traductions de la Bible, signifie =enlever ri- tendre deux sons de suite.
tuellement le prépuce de l’enfant mâles. Le sens fi- +Le mot est d’abord employé pour désigner un
guré de *corriger, amender* (13511, déjà réalisé signe d’accentuation grec c-l puis, par analogie
dans l’expression biblique circoncire le cwzur de qqn (1559-15741, le signe lïxnçais (^l qui apparaît à la Re-
CISTRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-L’adjectif aussi substantivé, quatie ce qui que la partie la plus ancienne de la ville (v. 1360):
concerne l’ordre de Cîteaux, et notamment, l’art on en garde trace dans 2% de la Cité à Paris et
roman très simple préconisé par son fondateur dans l’emprunt anglais City, appliqué à la partie
centrale de Londres. Par analogie avec ce noyau
CISTRE n. m. résulte du croisement (1559)de urbain généralement entouré d’une enceinte, cité
deux noms d’instruments de musique. Le premier désigne aujourd’hui une agglomération habitée ti-
est le moyen français titre, cithre (av. 15661,de rant son unité d’une situation (1829)ou de sa desti-
genre féminin, nom d’une variété de cithare des nation pour un groupe parhculier de personnes,
Anciens, représentant le latin cithara (+ cithare, dans les locutions cité ouwière (1878),cité jardin
guitarel. Le second est le moyen français ststre (19041,cité universitaire... 0 À partir du xves , le
(15271,emprunté au latim sistrum, lui-même repris mot a renoué avec la vocation politique de civitas
au grec sektron (ayant donné le type setrion en ju- dans quelquesemplois particuliers : en histoire an-
déo-français)&strument à percussion fait de ba- tique et médiévale cv.14601, dans l’expression avoir
guettes sonores, utilisé notamment dans le culte fiel droit de cité (1829)-avoir titre à figurern,d’après
d’Isis* (+ sistrel. les anciens privilèges accordés aux membres de la
( Le mot, qui a adopté le genre masculin de son ho- cité, les bourgeois,et chaque fois que l’on désigne
monyme sistre, est plus proche par le sensde titre, l’État sous son aspect juridico-politique. C’est d’ail-
cithare, désignant un instrument à cordes pincées, leurs le terme utilisé par la tradition du récit uto-
à table ovoïde ou piriforme et à fond plat, employé piste pour désigner la société idéale (av. 1360)et la
aux xvf et xv? siècles. communauté catholique (la cité cékste, 1690).La
distinction entre tille et cité peut impliquer aussi
CITADELLE n. f. est emprunté (14951àl’italien pour ce dernier terme l’idée de <grand centre UT-
cittadella -petite cité= (av. 1363)diminutif de cit- bak, renforcée par l’anglais city.
tade, forme ancienne de città =nlle* (+ cité, citadin).
l CITOYEN, ENNE n., dérivé de cité sous la forme
4 Terme de fortikation désignant la forteressedes- citeain (1154-l173)et refait en citoien hpr. 12501 par
tinée à protéger une ville, citadelle est appliqué, confusionentre les sufkes -ain et -kn, est pendant
par métonymie. à la ville fortifiée et spécialement à tout le moyen âge et jusqu’au xv? s.,le doublet sé-
une forteresseservant de prison. Depuis le XVII~s.,11 mantique de l’italianisme citadin* xhabitant d’une
connaît le même type d’emploi figuré que forte- ville> o Au xv? s.,il s’estspécialisédans le vocabu-
resse(1685,servir de citadek; citadelle assiégée). laire politique au sens de <<membred’une commu-
CITADIN, INE n. et adj. est emprunté nauté politique organisée*, d’abord par référence
(déb.xv’ s.) à l’italien cittadino <<habitantde la cité> au modèle civique ancien et aux conceptsromains
(déb.XI$ s.), dérivé de cittade, forme ancienne de de civis, civitas. C’est dans ce contexte que l’on ren-
città (+ cité. citadelle). contre déjà au xvnes. (Voiture) l’expression citoyen
+ Avec le sensd’=habitantde la cité,,,citadin est sy- du monde, reprise au xxeskcle. o Le mot s’est ac-
nonyme de bourgeoiset de citoyen jusqu’au xv? s., climaté dans le vocabulaire des institutions ~?XI-
date à laquelle citoyen se spécialise en politique et çaises (17511,répandu par les philosophes,notan-
bourgeoisdans le vocabulaire social. Depuis, cita- ment Rousseau,puis par la Révolution de 1789,à la
din subit lui-même, dans son emploi adjectif, la suite de laquelle le mot fut adopté comme titre et
concurrence d’urbain et il a perdu son antonyme appellatif pour remplacer monstiur, madame
contadin (de l’italien contadino =paysan=)qui s’est (1790).Il a conservé de l’usage révolutionnaire, en
employé aux XVI”-xvn”siècles.-Le féminin cita- partie à cause d’emplois célèbres et cités kux
dine, elliptiquement pour voiture citadine, a dési- armes, citoyens!L un contenu affectif fort, lié à
gné me voiture de place en usagedans les grandes l’idée de patrie et patite, et souvent retourné par
villes (1830);le mot a vieilli et disparu dans la se- ironie. Parallèlement à sa spécialisation politique,
conde moitié du siècle. il est passédans le langagefamilier avecle sens.lé-
0 voirCIT!A. CITOYEN. gèrement péjoratii, d&dividuD (16941,aujourd’hui
fortement en recul au profit de type, mais encore
CITÉ n. f., d’abord ciutat Cv.9801.ciptet (1050) puis vivant dans des locutions ftm drôle de citoyenl
cité (10801,est issu du latin civitas. Ce mot a eu le o Son emploi adjectif (1174-1178)a vieilli sous la
sens abstrait de wxxlition de citoyem, droit de concurrence de citadin. -De citoyen ont été tirés
cité=; par métonymie, il s’est appliqué à l’ensemble CONCITOYEN,IENNE n. (1580). forme moderne
des citoyens et, par suite, au siège d’un gouverne- pour l’ancien ii-ançais concitean (12901,lui-même
ment. Il -ainsi désigné la ville en tant que corps po- modelé sur le latin tardif concivis, d’où CONCI-
litique, I’Etat, traduisant le grec polis (- police,poli- TOYENNETÉ Il. f (1845). -CITOYENNETÉ Il. f.,
tique). Il est ensuite devenu le nom donné dérivé de citoyen à la veille de la Révolution (17831,
concrètement à la ville en général, se substituant à a d’abord les mêmes connotations patriotiques que
basseépoque à urbs (+ urbain) et à oppidum (+ op- citoyen, mais est devenu au xm” s. un terme jur-
piduml et passant dans les langues romanes : ita- dique, affectivement neutre.
lien città, espagnol ciudad, portugais cidade. CW Le mot anglais, correspondant à citoyen, citien a
tas est dérivé de civis <membre libre d’une cité à été repris dans CITIZEN BAND n. f., emprunt al-
laquelle il appartient par son origine ou par adop- téré (1971) de l’angle-américain citizen’s band
tions (+ cwil, civique). =bandede fréquence radio réservée à des commu-
t Le mot. dès l’ancien français, a été concurrencé nications privées~.Cet anglicisme, surtout abrégé
par vi&*, de sorte qu’au xrv”s.. il ne désigne plus en C.B.. qui a donné le dérivé CIBISTE n. (1980)
DE LA LANGUE FRANÇAISE CIRCULER
cuit (1257), est emprunté au latin circuitus -action est attesté à partir de 1846. o Sous l’influence de
de faire le tour; marche circulaires, d’où concrète- circuler, le mot a développé au x&s. le sens de
ment <enceinte= et, au figuré, &rconlocution~. Le -qui circule de main en Maine (1654, Lettre cir-
mot est dérivé de circuire de circum -autour- culaire, La Rochefoucauld). Cet emploi a débouché
(+ cocon-l et ire <aller-n (6. errer et le futur d’aller, SUT la substantivation une cimukire (1787) dans le
irai...), =aller autour, parcourir-, verbe dont le re- langage administratif et courant. En médecine,
présentant moyen français circuier (v. 1350) a été après avoir désigné l’os en forme d’anneau sur le-
défmitivement supplanté au XVII~ s. par circuler*. quel est tendue la membrane dans l’oreille des en-
(Désignant d’abord le chemin à parcourir pour fants (17321, le mot s’emploie au pluriel (les cir-
faire le tour d’un lieu, le mot s’applique à un che- culaires du cordonI à propos des enroulements du
min courbe et sinueux (1543). autrefois également cordon ombilical autour du cou du fœtus pendant
avec une valeur figurée (15601, elle aussi latine, qui la grossesse.
en faisait le synonyme de circonlocution, péri- l CIRCULAIREMENT adv. dont la forme actuelle
phrase. Au xxe s., s’est ajoutée l’idée d’un parcours ( 1377) a remplacé circulierement (13 14) correspond
organisé, au terme duquel on revient au point de à =de fqon circulaires au propre et au figuré et,
départ, en particulier en sport (en course automo- dans la description spatiale, à =en forme de
bile Il9021 et en tourisme [193211. Le mot a aussi pé- courbes. - CIRCULARITÉ n. f. dont la forme sa-
nétré le langage technique comme dénomination vante ~VI” s.) a pu être modelée sur le latin médié-
d’une suite ininterrompue de conducteurs élec- val circularitm (1248-1256) n’est pratiquement pas
triques (XIX’ s.: 1865 dans les dictionnaires), repas- attesté (une seconde fois en 1740) avant 1866.
sant dans l’usage commun sous forme de méta- -SEMI-CIRCULAIRE adj., introduit (1314) dans
phore k%-e hors circuit -ne plus être impliqué,>); il la description anatomique, alterne avec DEMI-
désigne également un ensemble de tuyauteries as- CIRCULAIRE adj. (16901, d’abord en anatomie
surant l’écoulement d’un fluide fccircuit de refroi- puis dans un emploi moins restrictif (1832). Les
dissementI. L’acception technique d’électricité et deux adjectik correspondent au substantif &mi-
de magnétisme (1854) est devenue usuelle et a évo- cercle (+ cercle).
lué avec le développement de l’électronique : cir-
cuits imprimés, etc. ~Enfin, par analogie, carcuit CIRCULER v. lntr. est emprunté (v. 1361) au la-
est entré dans le vocabulaire de l’économie, dé- tin circulari =former groupe>, =faire le colporteur, le
signant une succession d’opérations qui reviennent charlatans d’où -aller de côté et d’autres, de cir-
au point de départ (circuit de àisttibutin, circuat cu2u.s b cercle). La forme circulare, à côté de cir-
paralZèZe, “. 1970). culwi, est uniquement transitive.
c La dérivation consiste en deux composés tech- +Le sens de =décrire un mouvement circulaire,
niqUeS. -COURT-CIRCUIT n. m. (18581, terme faire le tour de qqch.s (1361) est sorti d’usage au
d’électricité bientôt entré dans l’usage courant, si- profit de sens particuliers ou figurés qui se sont dé-
gnilïe aussi au sens figuré =Voie plus courte que la veloppés à partir du XVII~ s. : circuler signifie =Passer
normales (1933). oIl a produit COURT-CIRCUI- dans un circuits (16801, d’abord en anatomie en par-
TER Y. tr. (1917) aupropre et au figuré (19.53). -MI- lant du sang, après la découverte de Harvey, puis
CROCIRCUIT n.m. (19611 désigne, en électro- de tout fluide. Depuis le XVIII~ s., il exprime l’action
nique, un circuit électrique imprimé et miniaturisé de *passer de mains en mains~ en parlant de
(-micro-). choses, spécialement de biens, capitaux. marchan-
dises, dans un contexte économique (1718). Appli-
CIRCULAIRE adj. et n. f., d’abord écrit cir- qué à des choses abstraites (idées, nouvelles), il si-
cukre Cv. 12651, puis circulaire (13141, est emprunté gnifie -se répandre, se propagen (av. 1778) et
au bas latin circularis <qui décrit un cercles. spécia- appliqué à une personne, à un être vivant, =aller
lisé en mathématiques où circularis numerus dé- d’un lieu à l’autre, se déplacer= (17821, sens déve-
signe un nombre carré. Circularis est dérivé de cir- loppé à propos des véhicules.
cuhs (-cercle). En ancien français, circulaire a b CIRCULATOIRE adj. est probablement dérivé
supplanté les types circuler ~III”~.) et circulier (1549) de circuler et non pas emprunté au bas latin
(v. 12781, ce dernier probablement issu d’une forme circulatorius qui a seulement le sens de *charla-
à sufExe aius hlternant parfois avec -arus dès le tanesque>, de circulator <charlatan qui rassemble
latin). les badauds+. oLe mot a été employé en chimie
+Le mot, introduit par le langage didactique, qua& jusqu’au x&s. avec le sens de =qui sert à faire la
fie ce qui décrit un cercle (v. 1265, mouvements tir- distillation*. Le sens de =relatif à la circulation du
culairesl, ce qui a la forme d’un cercle (1314, en des- sang=, apparu tard (18051, est devenu son sens do-
cription anatomique). À partir du XVII~~., il minant.
s’emploie abstraitement en logique pour qualifier CIRCULATION n. f. est emprunté (v. 1371) au latin
un raisonnement (1676, argumentcirculaire), puis circulatio <orbite. circuit d’un astre>, de circulari. Il
dans d’autres domaines, reprenant la spécialisa- est possible que le substantif latin ait été confondu
tion mathématique du mot en latin (1753, nombre à basse époque avec circumlatio, nom d’action de
circulairel, usage disparu et remplacé par d’autres circumfere b circonférence), employé pour +u-
emplois (algèbre, trigonométriel. Une autre méta- tion de porter, de conduire autour-p et -action de se
phore concerne un type de délire nommé folie tir- mouvoir en cercle>. -Introduit en français au sens
culaire (1869). L’emploi de l’adjectif en parlant d’un de mouvement circulaires, le mot a développé la
chemin, d’une rue qui se déploie autour d’un lieu plupart de ses sens au XVII~ siècle. Il est passé, en
CITOYEN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CITOYEN -CITÉ péjorative de -personne épaisse, grossière et ricl-


cule~ (1675, d’une femme; 1713, en général) et,
CITRON n. m. est emprunté kiiie s.1,soit au bas comme d’autres noms de fruits renflés, est devenu
latin citram &uit du cédratier=, lui-même du latin une dénomination argotique puis familière de la
classique titi désignant à la fois le thuya (en grec tête.
thuia ou hedros, + cèdre1 et le cédratier, soit au la-
tin médiéval citms qui avait acquis par métonymie CIVET n. m. est la réfection, par substitution de
le sens de -huit du cédratier- W s.l. Ce mot latin. sui?lxe (16361 de l’ancien français civé Iapr. 12501.
qui a donc servi à désigner deux arbres tout à fait Lui-même est dérivé de CIVE n. f., antérieurement
différents, n’est pas emprunté directement au grec chive @in XII”~.~, nom dune plante à racines bul-
keàrns qui désigne d’ailleurs le cèdre CG+cèdre1 et beuses employée dans la salade et dans les ra-
le genévrier, tout en se différenciant de thuia goûts, principalement ceux de gibier. 0 Ce mot est,
(G+thuya). mais dont le dérivé kedromêlon désigne avec son diminutif CIVETTE n. f. (15491, un nom ré-
le cédrat. Les mots latin et grec pourraient être des gional de la ciboule et est hérité du latin caepa,
emprunts parallèles à une langue non déterminée. cepa *oignon>, terme emprunté d’origine inconnue.
A son tour, le grec a emprunté le mot latin, sous la
forme katin xcédratiep Ws.1 et &drat=, et a +Le mot désigne un ragoût de lièvre, lapin ou che-
formé kitromêlon pour nommer spéclhquement le vreuil dont les morceaux sont sautés, mouillés de
fruit. vin rouge et assaisonnés de cives et d’oignons. Par
extension, il désigne un tel ragoût préparé avec un
4 Le mot désigne le fruit du citronnier; par métony- gibier à plume. une volaille, un poisson. Au-
mie, il est employé comme adjectif de couleur, en jourd’hui, le civet connote plutôt le vin rouge que
apposition (1680) et en comparaison, à propos d’un l’assaisonnement impliqué par l’étymologie du
teint maladif (1795, jaune comme un citronl. 0La mot.
locution presser le &~XI. au figuré -exploiter en-
tièrementn (1835, Balzac), s’est employée à la forme 0 CIVETTE n. f. (15421,d’abord cpete (14011,
est
pronominale se presser le citron =se torturer les emprunté, probablement par l’intermédiaire du
méningesm. d’après le sens argotique puis familier catalan civetta -substance odorante sécrétée par
de cihon =tête* 118781.Une analogie de forme plus les glandes d’un animal d’Afrique ou de l’Inde>, à
précise fait du mot un synonyme de grenods offen- l’arabe zabdd. Ce mot désigne l’écume et la subs-
sive, dans l’argot militaire. tance écumeuse à forte odeur de musc que sécrète
t De citron sont issus CITRONNIER n. m. (14861, un animal et, par abréviation de qatj az-zabcïd
CITRONNÉ. ÉE adj. (16211, CITRONNADE n. f. *chat à civettes, cet animal lui-même. L’intermé-
118561,passé de -jus de citrons à-boisson parfumée diaire de l’italien zibetto (xv” s.),nom de genre ma.-
au goût de citron,,, et le composé PRESSE-CI- culin, est moins probable. L’ancien français a eu
TRON n. m. (18771.-Citronnelle n. f. (16011désigne une forme isolée zabadec (1249-12721. empruntée
plusieurs plantes, notamment me armoise à odeur de l’arabe par lïntermédiaire dune traduction la-
citronnée et (17041 une liqueur parfumée aux tine.
zestes de citron. -Le terme latin titras sert de dé-
+ Le mot. introduit au XIII~s. à propos de l’animal
nomination scientifique à tous les arbres à
s’est surtout répandu comme nom de la substance
agrumes. uSon radical a servi à former des
odorante qu’il sécrète (14011,laquelle fut longtemps
termes de chimie : CITRIQUE adj. (17821, CITRATE
objet d’un commerce considérable avec l’Inde et
n. m. (17821.
l’Afrique par l’intermédiaire de Venise et
CITRIN, INE adj. est un emprunt ancien (v. 1150)
d’Alexandrie. On en tirait un liquide employé en
au latin médiévsJ cittinas -qui a la couleur du ci-
pharmacie et en parfumerie, d’où l’emploi métony-
trons (vs’ s.-vise s.l. substantivé pour désigner plu-
mique du mot au sens de =parfum* 115421.De nos
sieurs matières de couleur citron. Le mot qualiie
jours, la consommation de cette substance par ces
ce qui rappelle la couleur du citron et son féminin
deux industries a beaucoup diminué au profit de
CITRINE. substantivé Ifin XI? s.1, une pierre semi-
substances moins coûteuses, obtenues par syn
précieuse de couleur jaune.
thèse.
0 “On-C!aaAT, crraouu.LE.
CITROUILLE n. f. est l’altération (16751, par 0 CIVETTE + CIVET
analogie avec les mots français en -ouille, de citrok
(12561.Celui-ci, étant donné l’origine des premières CIVIÈRE n. f. bun”s.1 est d’origine douteuse. @
attestations en français et en latin, est un emprunt Une origine latine populaire “cmati wéhicule ser-
au latin médiéval du domaine italien citrolas f 11781, vant au transport des provisions> fait dil??cnIté des
cihul~ks 11176.11871,latllations de l’italien du points de vue phonétique, ne pouvant expliquer
Sud citrulo, correspondant au type toscan citriulo certaines formes romanes, et sémantique, la ci-
bave s.l. Ce dernier est le dérivé en -eolus (-iulo) du vière semblant d’abord destinée au transport du fw
bas latin cihium wariété de citrouille*, issu du latin mier. “Cibati est la substantivation du féminin de
citrus i- citron1 d’après la couleur jaune de cette l’adjectif cibarias dérivé de cibus -sac à provisionsn,
citrouille. ~provisions~ et, par suite, ~nourriture-, mot dont
+Le mot désigne une plante potagère dont le fruit l’étymologie n’est pas éclaircie.
jaune orangé est de forme sphérique ou oblongue. +Le mot désigne un appareil muni de brancards,
o Il a pris dans l’usage populaire la valeur figurée destiné à transporter des fardeaux hinnier, grosses
DE LA LANGUE FRANÇAISE CISTERCIEN
(19041 une personne atteinte de cirrhose, dans le CISÈLEMENT ou CISELLEMENT n. In. (16371 se
langage médical Mors que cirrhose est courant). sont maintenus en prenant au XC?~., sous l’in-
fluence du verbe, la spécialisation en viticulture
CIRRUS n. m. est on emprunt didactique, en d’maction de couper avec des ciseaux les grains
météorologie (18301,au latin cirrus -boucle de che- atrOphiéS~ (1876, cise&?mentdes grappes). -CISE-
veux, franger, mot populaire d’étymologie in- LET n. m. (1491) désigne un petit ciseau utilisé pour
connue, d’après la forme de ces nuages. le travail du bois, du métal.
+ Le mot désigne un nuage haut et léger en forme @ CISAILLE n. f. est issu (1214) d’un latin populaire
de boucle ou de filament. “cisacula kstrument pour couper-, altération de
b Dès 1830, Le Résumécomplet de météorologiede “caesacula, neutre pluriel collectif devenu féminin
C. Bailly de Merlieux atteste également les noms singulier, de “caesaculum, lui-même dérivé du
COInpOSéS CIRROCUMULUS mm. et CIRROS- même radical caes- que “caesellum qui a donné ci-
TRATUS n. m., formés par combinaison de l’élé- seau k-dessus). 0 Le mot a pris place à côté de ci-
ment cirrw (de cirrus) et des noms de nuages seau avec un sens très voisin, au singulier comme
cumulus, stratus (+ strate). au pluriel (av. 1285, cisailles de barbierl; la di%ren-
ciation s’est opérée par celle des domaines d’appli-
CISALPIN -ALPES, CITÉRIEUR cation technique des deux instruments, distingués
également par leur taille; la terminaison en -aille
CISEAU n. m. est issu au xve s. (1155-11601du la- jouant le rôle d’un quasi-augmentatif -La sépara-
tin “cisellum, altération, d’après les dérivés en -ci- tion est très nette entre ciseler et le dénominatif de
ciere de caedere &ancher, couper- ~occisus, iwi- cisaük, CISAILLER v. tr. (1450) *couper avec une
sud, de “caesellum. Celui-ci est formé sur le radical ou des cisaillesm, dont les sens figurés procèdent de
caes- du participe passé ou d’une forme fréquenta- l’idée de -couper grossièremer&, voire -déchique-
tive f’caesarel de caeàere; son sufilxe -ellum se se- te* et aussi “rompre, interrompre,, spécialement
rait substitué à un pluriel ancien -ulun (+ sangle). en termes militaires. o Malgré le décalage chrono-
Ccmkre, passé en français par ses nombreux logique, il est tentant de considérer 0 CISAILLE
composés et dérivés, n’a pas de correspondant n. f. (13241,-rognure de métal*. comme le déverbal
exact hors du latin; il est tentant de le rapprocher de cisailler, lequel a également produit les noms
de cadere (-choir), sans certitude, et d’autres d’biOn, CISAILLEMENT n. m. 11635) et CISAIL-
formes populaires comme le sanskrit khiddti 4 dé- LAGE n. m. (v. 1950). ce dernier avec la valeur tech-
chire-, le grec skhizein =fendren (-schizophrénie), nique d’Action de cisailler (une feuille de métal1 se-
le latin scindere (-scinder). Mais une famille in- lon un tracé donné*.
doeuropéenne reste hypothétique.
+Le mot apparaît d’abord au singulier pour dési- CISTE n. m., attesté (1572) après l’orthographe
gner un outil d’acier servant à travailler le bois, le étymologique cisthe (1557), est emprunté au latin
fer, la pierre, grâce à son extrémité tranchante; ce cisthos, lui-même emprunté au grec kisthos, nom
sens technique, resté vivant, a donné des emplois d’un artvisseau à fleurs blanches ou roses des ré-
métonymiques pour le sculpteur, l’ouvrier utilisant gions méditerranéennes, probablement mot d’em-
cet outil (1690) et la manière de sculpter (1718). prunt mais d’origine inconnue.
Le pluriel a servi à nommer un instrument à deux + Le mot français a conservé le sens de l’étymon.
kunes réunies en leur milieu par un pivot (1178, un
ciseau1 ; il a concurrencé et éliminé au xv? s. force CISTERCIEN, IENNE adj. et n. est em-
W, forcettefsj, représentant du latin forfe%,mot dis- prunté (1447) au latin médiéval cisterciemis
tinct de forceps,qui désignait un type d’instrument (av. 1134. Usus antiquiores ordinis cisterciensis),dé-
enU utilisé pour tondre les moutons, tailler les rivé de Cisterciun Kîteauxn, nom d’un hameau si-
arbres; cet instrument était beaucoup moins précis tué non loin de Beaune, en Côte-d’Or. Saint Robert
que les ciseaux modernes qui forent perfectionnés de Molesme y fonda en 1098 une abbaye appelée
par les anneaux dès le moyen âge. o Par analogie, =le nouveau monastères pour vivre intégralement
le mot décrit une certaine disposition des voiles la règle de saint Benoît, trop souvent détournée de
d’un bateau (1831. voiles en ciseaux) et un mauve- son esprit : retour à la simplicité dans la vie quoti-
ment croisé des jambes dans certains exercices dienne, le culte et l’art, rupture avec le monde dans
physiques (1934, en danse; en saut). la tradition des Pères du désert, pauvreté. silence
c CISELER v. tr. (déb. XIII~s.) signifie d’abord %tra- et travail manuel. Après des débuts diflkiles, Cî-
vailler avec le ciseau*, sens à l’origine d’emplois teaux a connu. avec l’arrivée de saint Bernard et de
techniques en sculpture et en orfèvrerie, et, par ses trente compagnons, en 1111, une période de
transposition, au figuré -travailler minutiewe- prospérité qui lui permit de fonder quatre abbayes
ment> (18351, en art. Le sens, correspondant au plu- -La Ferté (11131,Pontigny (11141, Cl-aux (dont
riel ciseaux, *couper avec des ciseaux> (16111, est saint Bernard était l’abbé) et Morimond - et d’es-
appliqué SpéCialement en art culinaire (1831) et en saimer en couvrant l’Europe de nombreuses fi-
viticulture (1876). -Les dérivés du verbe procèdent liales. Au cours des siècles, l’ordre s’est scindé en
de son sens *travailler au ciseau> au propre et au fi- deux familles encore très florissantes : le saint
&. Ce Sont CISELURE n.f. (1307). CISELEUR ordre de Cîteaux (ou commune observance) et
n. m. (6n XVI~s., adjectivement) et CISELË, ÉE adj, l’ordre des Cisterciens (ou stricte observance);
-CISELAGE n. m. (1611) et son quasi-synonyme 6. trappiste.
CLAE3AUD 768 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cialement avec la valeur appréciative de =camcté- support de bois. Parmi ses nombreux sens parti-
ristique d’un bon citoyen- fveti civiquel. Ses em- culiers en relation avec les divers usages de l’objet,
plois sont dès lors liés à ceux de citoyen et détachés celui d’aéchelle de charpente sur laquelle on traî-
de ceux de titi et de ses dérivés. nait la victime d’un duel= (16901réactive le sens éty
t En ont été dérivés CIVISME n. m. (1770) et, par mologlque du latin. La locution figurée de style sou-
préfixation, les antonymes ANTICIVIQUE adj. tenu hakwr qqn sur la claie *le traiter publi-
(1789). ANTICIVISME n. m. (17911,ainsi que INCI- quement de manière infâmante=, n’est plus guère
VIQUE adj. (17941, INCIVISME n. m. (17901.Toute connue.
la série s’est développée, comme citoyen, par le dis- c La dérivation consiste en quelques termes tech-
cours prérévolutionnaire et révolutionnaire. niques: le diminutif CLAYON I-I. m. (1642; v. 1300
cloon) dont est tiré CLAYONNAGE n. m. (16941 et
CLABAUD n.m., d’abord Clabault, nom CLAYONNER v.tr. (18451; CLAYÈRE n.f. (1856)
propre de chien Iv. 14501,est d’origine incertaine : =parc à huîtres= est demeuré technique mais
la dérivation d’un radical expressif hlab-, déduit de CLAYETTE n. f. (1863) s’est répandu avec le sens
l’existence du néerlandais khbaard a-écellem et d’*embaIlage léger à claire-voie pour le transport
-bavard*, est peu sûre car le mot néerlandais est de denrées périssables=, et, récemment, de =SU~-
rare et obscur On évoque une dérivation d’un “cla- port à claire-voie, dans un réfrigérateur-.
ber qui serait une variante régionale de clapper* et
dont l’existence est soutenue par le picard chbet +# CLAIR, CLAIRE adj., adv. et n. d’abord
a-écellen (13881, mais ce dernier peut être lié au clar W s.), cler (1050) puis clair (XV s.), est issu du la-
mot néerlandais évoqué plus haut. tin clarus. Ce mot, apparenté à calare sappelern
*Le mot est employé comme nom commun (+iotercaler, nomenclature1 et à clamare (+cla-
comme dénomination d’une espèce de chien qui mer), voire à classis (-classe), a dû d’abord s’appli-
aboie fortement (1500, sens devenu archaique. Par quer à la voix et aux sons avant d’être étendu aux
extension, il est employé au figuré à propos d’une sensations de la vue (~brillantG puis, au figuré, aux
personne qui crie beaucoup sans motif (1718). Par choses de l’esprit et même aux individus et aux
allusion aux oreilles pendantes de ce chien, il a ca- choses avec la valeur de Gllustre, glorieux, bril-
ractérisé une cotie. un chapeau à bords pen- la&.
dants (16801,mais ll a vieilli dans tous ses emplois. + L’étymologie du mot explique la quasi-slmulta-
t CLABAUDER v. (av. 15OOl,=aboyer forts, s’est ré- néité, en ancien français, des sens auditif, -éclatant
pandu dans la langue figurée pour médlre~ (1611), par sa sonorltén, et visuel (1080). Sur le plan de la
ccrler à tort et à travers=, notamment dans la sensation visuelle, l’adjectif a d’abord renvoyé à
construction clabauder contre qqn (1648); le verbe une notion de luminosité, de brillance qu’il ne
reste plus vivant que clabaud, mals dans un usage conserve guère que dans sang clair (10801,jour clair
limité, en général littéraire. -Les dérivés du verbe (1080) : on parlait aussi d’armes claires ( 1080, helme
Sont apparus entre le xwe s. et le XV$ s. : CLABAU- clair) ; cf. arme blanche*. Il est appliqué à un fluide
DEUR, EUSE adj. (1554). CLABAUDAGE n. m. avec la nuance de Gmpide. transparents (v. 12501.
(1567) et CLABAUDERIE n. f. (1611) sont devenus d’après l’idée de ce qui laisse passer la lumière
eux aussi archtiques. d’où, en parlant d’un bois, *peu touffu, clairsen&
(v. 11741, repris essentiellement par les dérivés
CLAC + CLAQUER clairsemé, clairière k-dessous). 0 Fortement asso-
cié au jour, à la lumière, il est employé en ancien
CLAFOUTI(S1 n. m. est un régionalisme (at- français avec une valeur de -purs, sbeaun. Cette
testé 1864, mais ancien) du Centre &rnousin, transposition sur un plan abstrait en fait, dans le
Berry1 passé (1866) dans la langue commune. Il est domaine intellectuel. le qualificatif de ce qui est
issu du croisement d’un dérivé en -et?. de foutre* évident, compréhensible (fin xrP s.) et, appliqué à
mettre, ficher-met de l’ancien français claufir, du la- une personne, de qui comprend aisément (fin
tin clavo figere dixer avec un clou> (+ fixer, clou), at- me s.); de là, par métonymie, style clair (1680), esprit
testé dans les Passions médiévales au sens de &xer clair (16901. Ftécemment, la langue familière a re-
avec des clous (le Christ sur la croixl~ (v. 9801 et trouvé l’ancienne smcation psychologique en
conservé dans les dialectes avec celui de eclouter, l’appliquant à une personne aux intentions louches
recouvrir d’objets semblables aux clous= (ici, les ce- ou incompréhensibles et douteuses (ne pas être
rises). claM. o Le sens latin d’*illustre, brlllant~. encore
+ Le mot désigne un entremets que l’on fait cuire attesté au xvre s., ne vit plus que dans les prénoms
au four après y avoir ajouté des cerises ou, par ex- démotivés Claire, Clara. *Dans le domaine visuel.
tension, d’autres fruits. clair a glissé vers le sens courant de *faiblement co-
lorém (16901, l’opposition clair-foncé se substituant
CLAIE n.f.. d’abord cleide cv. 1100) en judéo- par affaiblissement à l’opposition clair-obscur.
français, puis chie (v. 1155) et enfin claie (1306). -L’emploi adverbial ( 1080) est surtout vivant dans
vient du gaulois ckta, attesté en latin médiéval quelques expressions comme voir clair, semer clair
sous la forme clida au sens de =treillage de bois où (-clairsemerI, chanter clair (d’où le nom du coq
l’on déposait le cadavre d’un supplicié ou de la vic- Chantecler), concurrencé par l’adverbe clairement.
time d’un meurtre> (VIIes.l. -L’emploi substantivé le clair a reculé devant
(Le mot désigne, plus généralement que son éty- clarté, mais se maintient dans quelques syntagmes
mon, un treillis d’osier à claire-voie tendu sur un usuels : le plus &ir de (15851, au clair h? s.) dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 765 CITHARE

d’après la prononciation anglaise de C.B., concerne thé dans différentes langues indoeuropéennes :
les radioamateurs. La francisation en bande pu- gotique hi-, vieux slave si, arménien kd.3 +5.
blique n’est utilisée qu’au Québec. + Le mot s’est moins répandu que son antonyme ul-
térieur. À la différence de ce dernier, il est surtout
CITER v. est emprunté (xm’s.->w” s.) au latin ci-
employé avec une valeur géographique (Espagne
tare, usité à l’époque républicaine dans la langue
citétiurej et non temporelle.
politique et juridique au sens de *convoquer (le Sé-
nat), convoquer en jusbcen d’où &voquer le témoi- CITERNE n. f., d’abord cisteme (v. 11701, gra-
gnage de (qqn)> et de là smentionners. C’est surtout phie en usage jusqu’au xv? s., puis citerne (v. 13001,
à l’époque impériale que le verbe a le sens étymo- est l’adaptation du latin cistemu -réservoir pour re-
logique de mettre en mouvement>, *exciter, pro- cueillir l’eaw, dérivé technique de cista -panier
voquep et, dans la langue rustique, -pousser, pro- d’osier=, =cofien, scotieille religieuse=. Ce mot, em-
duire>. C’est la forme Mquentative généralisée de prunté au grec kistê ‘corbeilles (+Chistera). lui-
ciere, cire =mettre en mouvement* d’où cfaire venir, même probablement emprunté, aurait été intro-
appeler, invoquerx Ciere, csre vient d’une racine in- duit à Rome par l’Etrurie où ce type de corbeille sa-
doeuropéenne exprimant. le mouvement (+Ci- crée était très fréquent.
néma, kinésithérapie, du grec). représentée dans le
sanskrit cydvccte -il se met en mouvement>, l’armé- (Désignant d’abord le réservoir des eaux de pluie,
nien Çu *départ= et @gay <je suis allés. le mot s’est étendu à des cuves contenant d’autres
liquides que l’eau, dénommant par métonymie un
4 Après un emploi isolé au sens de -pousser (qqn) à petit navire portant de l’eau douce aux bâtiments
faire qqch.m, repris au latin (6. inciter). le mot est (1783). Il s’emploie aussi comme second élément de
employé en droit (xwe s.) au sens de *sommer de composés (18811, du type camion-citerne. cargwci-
comparaître en justices, en locution citer en justice terne. OPar analogie, il est passé en anatomie
0 C’est seulement au xwle s. qu’il reprend au latin comme désignation de parties du corps considé-
son sens courant de #mentionner les paroles, les rées comme des réservoirs de fluides lymphatiques
écrits d’un auteur à l’appuis (av. 1616). En procède (1752), spécialement dans citerne de Pecqwt (1814).
celui de *signaler à l’attention pour ses qualit&
(17041, de nos jours dans la locution citer en b CITERNEAU n. m., d’abord cistemeau (16941,di-
exemple. 0 Il reste une trace du sens étymologique minutif de citerne, désigne un petit réservoir com-
dans le vocabulaire de la tauromachie, où citer la muniquant avec une citerne et où les eaux plu-
bête (1903). de l’espagnol citar de même origine, si- viales s’écoulent et se mtrent; il est demeuré
gnifie *l’appeler à soi=. technique.
. CITABLE adj. (v. 12901, CITATEUR. TRICE n. CITHARE n. f. est emprunté (v. 1370) au latin ci-
(1696) ou CITEUR (av. 1688) et le composé PRÉ- thara, lui-même emprunt au grec kithara nom
CITÉ. E adj. (18291sont formés en français. d’un instrument à cordes proche de la lyre, perfec-
CITATION n. f. (v. 1355) est emprunté au latin cita- tionné par Terpandre qui lui aurait donné sept
ti, formé sur le supin de citare au sens de sprocla- cordes. Le mot, qui subsiste en grec moderne, n’a
mations, *action de convoquer en justice*. -Le mot, pas d’étymologie connue, mais un emprunt orien-
introduit dans le langage juridique avec le sens tal est probable. Au XI$ s., on rencontre une forme
d’*actlon de citer en justice>, d’où *assignations kitaire, empruntée à l’espagnol quitarra, lui-même
(1567). s’est répandu dans la rhétorique et dans de l’arabe qitfira (+ guitard.
l’usage courant au sens de =Passage rapporté d’un
+ Le mot désigne un instrument à cordes de l’an&
auteur= (d’où on syntagme comme fin de citation).
0 En relation avec une spécialisation de citer, il est quité, forme perfectionnée de la lyre. Par exten-
sion, il s’applique à tout instrument à cordes sans
employé dans le domaine militaire au sens de
*mention honorable d’un militairen (17901. manche et. spécialement, à un instrument d’Eu-
0 voir ExCrrER.INCITERRÉCITAL.RÉCrnR RESS”SClTsR. rope centrale à caisse trapézoïdale.
S”SCnER. b CITHARISTE n. est empmté (1220, ci.stWi&?) au
latin cithadsta, lequel transcrit le grec kitharistês
CITÉRIEUR, EURE adj. est l’emprunt didac- =joueur de citharen. Le mot semble s’être appliqué
tique (av. 1505) du latin citetir *qui est plus en aussi au joueur de harpe au moyen âge avant de se
deçà*, employé en géographie dans l’appellation restreindre au seul joueur de cithare, valeur attes-
Callia citetir -la Lombardie= parce que cette ré- tée au XVI~~. puis de nouveau au Xrxes. (1838). -Il
gion, où s’établirent les Celtes à partir du nPs. est distinct de CITHARÈDE n. (15621,emprunt isolé
av. J.-C.. était située en deçà des Alpes par rapport puis diffusé à partir de 1838, du latin citharoedw
aux Romains. Le mot signifiait aussi =P~USrappro- transcription du grec kith@do, composé de khi-
ché., dans le temps et dans la sphère des choses in- tara et de aoidos echantew (4 aède).
times. Citetir est le superlatif de citer -qui est en Le radical du latin cithara a servi de base pour la
de+, adjectif dérivé de la préposition cis #en formation de CITOLE n. f. (v. 12001, nom d’un iris-
deçà>, savant dans le temps> et sdans la limite dem, tmment de musique à corps allongé et manche
terme surtout en usage chez les historiens et les ju- très court dont on pinçait les cordes avec le pledre
ristes ainsi que dans quelques composés dont cisal- au moyen âge, également attesté en ancien espa-
pinus <en deçà des Alpes+ d’où l’emprunt cisal- gnol (citola, 1220-1250) et en ancien provençal (ci-
pin, ine adjectif (15961CG+ alpes). Ci.s appartient à un thola, av. 1350).
groupe de démonstratifs indiquant l’objet rappm- 0 voir CISTRE.GUITARE.
CLAMPIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

en contexte juridique d’où clamer quitte une chose CLANDESTIN, INE adj. est emprunté
(10801 <la céder sans retour-~. oLe sens de =crier, (av. 1380) au latin clandestinus, ancien adjectif
s’écrier- (XIII~s.), en emploi transitif ou absolu, plus (Plautel formé sur le modèle d’intestinus (- intes-
rare en ancien français et très rare au XVII~s., a été tin) dont il est voisin par le sens, étant apparenté à
repris dans la seconde moitié du & s. avec une celare -cacher-n (+ celer).
connotation littéraire (18741, peut-être sous l’in- t Le mot qualifie ce qui se fait en cachette, une per-
fluence du provençal. sonne qui vit en marge des lois par nécessité. Il est
w CLAMEUR n. f., d’abord clamer (1050), est issu du substantivé avec deux sens spéciaux, en parlant
latin clamer (à l’accusatif clamoreml -cri=, spéciale- d’un résistant pendant la Seconde Guerre mon-
ment *acclamations et <plainte> (souvent avec une diale, puis d’un immigré ayant passé illégalement
valeur collective) et, à époque médiévale, *plainte une frontière, emploi où il est aussi adjectif (havail-
en justice*. Clamer est dérivé de clamare. Le mot a leurs, immigrés clmdestind.
évincé l’ancien dérivé de clamer, claim, clain, ré- c De clandestin sont dérivés CLANDESTINEMENT
pertorié jusqu’au XIX~s. dans des expressions jur- adv. (13981, CLANDESTINITÉ n. f. ti xwe s.1,appli-
diques. -Le sens de -cri bruyant, prolong& s’est qué spécialement à la Résistance française, belge,
maintenu spécialement au pluriel avec la valeur de etc. en 1941-1945 et à des situations analogues.
<cri tumultueux d’improbations (xv” s.), le smgulier o L’abréviation argotique CLANDÉ n. m. est appli-
collectif (la clameur publique) étant devenu a!- quée (1948) à une maison de prostitution clandes-
chaïque. En revanche, la spécialisation juridique de tine ou (1953) à un tripot clandestin.
~plainte en justice> (v. 11751. encore attestée au
~19s. en droit coutumier dans clameur de haro CLAPET + CLAPPER
(15831=Sommation de comparaître devant le juge>,
est sortie d’usage. CLAPIER n. m., dès 1210 clapier en franco-pro-
0 “or ACCLAMER.CHAhlADE. DÉCLAMER.EXCLAMER. vençal, puis glapier (13651en Bourgogne et clapier
PROCLAMER, RÉCLAMER. dans plusieurs régions (13951, est un terme alpin
largement attesté dans la toponymie de tout le do-
CLAMPIN -) CLOPIN-CLOPANT maine franco-provençal et provençal pour dési-
gner un terrain pierreux. Dans les mêmes do-
CLAMSER, CLAMECER v. intr., identi6é maines, le mot s’employait comme substantif aux
sous les formes krapser (18671,crapser (1867) dans sens de *tas de pierres, éboulis* (1058, claperius en
l’argot des ouvriers, cramser (1878) dans celui des latin médiéval à Marseille) et garenne (1212, chpe-
croquemorts, puis crampser (1883) chez les typo- rius, encore à Marseillel. Il est dérivé de chp &.s
graphes et enfin clamser (18881chez les soldats, est de pierres* (v. 1250) qui, de même que ses corres-
d’origine incertaine. La diversité des formes sug- pondants d’Italie du Nord, est issu d’un radical pré-
gère une origine onomatopéique sur un radical al- roman “klappo- =roche, pierre=, se rattachant lui-
terné hla- ou hra- (+claquer, craquer) Esnault même à une racine verbale “klapf- =fendre=.
conçoit une dérivation multiforme à partir de 4 Le mot a désigné les petits trous creusés dans une
“crampecer =être pris de crampes~ de crampe*; garenne par les lapins d’où, au ~VI~S., le sens de
mals les premières formes non nasales en crap- =Cavité souterraines. Ce sens a été concurrencé et
font alors difkulté. En tout état de cause, la finale éhniné par son extension =Cabane où on élève les
reste inexpliquée. lapins- (1365, en Bourgogne). Par allusion à la
t Le verbe est synonyme de mourir= en argot puis sexualité des lapins, clapier a désigné au figuré un
dans la langue populaire. lieu de débauche (13951avant de se dire, par allu-
sion aux conditions de vie des lapins en clapier,
CLAN n. m. est emprunté (1746) à l’anglais clan d’un lieu insalubre. sale où l’on est entassé. Tou-
(y. 14251<groupe social issu d’un même ancêtre en jours d’après l’idée de -milieu sale>, clapier est
Ecosse~ d’où -tribus, puis aussi par extension passé en pathologie avec le sens de sfoyer dïnfec-
“groupe, associatiom ~V?S.). Lui-même est em- tion, abcès d’où le pus s’écoule difficilement~ (1707).
prunté à l’ancien gaélique clann -race, familles qui oLe sens étymologique, Gboulis, tas de pierresn
ne serait autre que le représentant, avec une alté- (1456, dans le Lyonnais) est encore employé régio-
ration de p en c propre au gaélique, du latin planta nalement et dans le vocabulaire géographique.
-plant, rejetons (+plante). L’emprunt direct du t Le verbe 0 SE CLAPIR v. pron., -se blottir, en
français aux langues celtiques, écossais ou irlan- parlant du lapin> (17181,appartient à la même base
dais, est moins probable. préromane que clapier, avec on sens propre qui se-
4 Le mot a été introduit à propos d’une réalité écos- rait ss’enfouir sous les pierres comme le font les la-
saise ou irlandaise. II a repris à l’anglais le sens pins de garenne>. L’attraction de clapier explique
courat de =coterie, petit groupe uni par une com- que le verbe exprimant le cri du lapin soit 0 CLA-
munauté de goûts, d’idées> (18081,quelquefois avec PIR v.intr. (17011, altération de ghpir*. L’un et
une valeur péjorative (en politique, en parlant de l’autre mots sont rares.
malfaitewsl, et, depuis le milieu du XVIII~s., sert à
CLAPOTER + CLAPPER
décrire un groupe ethnique, en ethnologie.
. La dérivation consiste en quelques termes didac- CLAPPER v. intr. est formé (v. 1288) sur un ra-
tiques d’ethnologie : CLANIQUE adj. (19351, MA- dical onomatopéique klapp- soit directement, soit
TRICLAN n. m. et PATRICLAN n. III. (xx” S.). moins probablement à travers une langue germa-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CMQUE

pierres) puis, en particulier, des blessés, acception du verbe. -CIVILISATION n. f. (1721). sans conser-
aujourd’hui dominante. ver son acception technique en jurisprudence, a
été défini au xwne s. comme ce qui rend les indivi-
CIVIL, ILE adj. et n. est emprunté (12901au la- dus plu aptes à lavle en société (1757, Mirabeau) et
tin cin3.s <relatif au citoyen, à ses droits, à son exis- surtout comme le processus historique de progrès
tence>. Ce mot est employé en droit où il tend à (on dira plus tard évolutionl matériel, social et
remplacer son synonyme civicus (+ civique), s’op- culturel (1760. Mirabeau), ainsi que le résultat de ce
posant à la fois à criminalis (4 criminel1 et à milita- processus, soit un état social considéré comme
ris (+ milltairel. En philosophie politique, civüi.s tra- avancé. Par métonymie, le mot désigne aussi une
duit le grec politikos (+ politique) dans sa double société caractérisée par son degré d’avancement
acception de *social* et *sociable, civilisé-; de cette (1767, Mirabeau), emploi avec lequel le pluriel tend
dernière procède, à basse époque, le sens moral à l’emporter à partir du xc? siècle. o L’accent étant
<doux, affable= (souvent jumelé à humanusl. Civik mis sur le degré de perfection atteint le nom est
est dérivé de civis (anciennement ceivisl -membre employé absolument avec le sens de *caractère ci-
libre d’une citém, -citoyen libre= par opposition à vilisé, état social avancés (17671: il tend à entrer au-
h0sZi.s&rsnger, hôte=, qui désigne aussi l’ennemi jourd’hui en concurrence avec culture*, plus
(+ hostile, hôte). Civis appartient à une famille ir- neutre et relatif, et qui répond mieux aux besoins
doeuropéenne qui a des représentants en germa- d’une description d’intention objective. -CIVIL&
nique (ancien haut allemand hiwo ~mari~, hiwa SABLE adj. (fin XVIII”~.~, d’où INCIVILISABLE adj.
*épouses), baltique et slave Uituanien Seimà, vieux (1831), et CIVILISATEUR, TRICE adj. (1829) ont
slave sëmi@ sfamiIle=l. suivi de peu ci?&satin au sens positif et ont été
+ CM a été introduit en droit, où l’adjectif qualifie très utilisés comme alibis moral et social dans le
ce qui concerne les citoyens en tant que parti- cadre des colonisations.
culiers, notamment par opposition à criminel CIVILITÉ n. f. a été emprunté (v. 1370) au dérivé la-
hmse civile, 129Olet à militaire; il y a donné un cer- tin impérial civditas =sociabllité, courtoisie=, à
tain nombre d’expressions dont droit civil ti basse époque =ensemble des citoyens> et scitén, de
XII~”s.1 qui s’opposera à droit public, parti.5 civile civüis. oLe mot n’a pas gardé le sens philoso-
(1611). requête civile. 0 Le sens général <qui phique de ~communauté organisée- (Oresme)
concerne le citoyen, les rapports entre citoyen+ après le xv” siècle. Il a été repris avec le sens d’sob-
(1330) est surtout vivant dans des expressions servation des règles du savoir-vivre qui régissent la
comme mort civile (13301,société civile, guerre* ci- vie en société= (apr. 155Ol, entrant par exemple
yile, état* civil (1773-17741,liste civile (1791). année dans les titres des Traités de civüité puérile (pour
civile; il est pris spécialement par opposition à müi- les enfants1 et honnête, écrits au xv~~s. et au xvnes.
taire (1718) ou à religieux, ecclésiastique.o Quant et qui concernent le savoir-vivre.
au sens *qui observe les usages de la bonne société, INCIVIL, ILE adj. est emprunté (av. 13821au latin
civilisés (v. 14601,usuel en français classique, il tend impérial incitiis wiolent, brutal%, dérivé du sens
à décliner soit au profit de civilisé, malgré le sou- moral de ci!&s. Le mot s’est appliqué à une per-
tien de civüité, soit au profit, de poli, bien élevé.-La sonne manquant de savoir-vivre, de sociabilité, pa-
substantivation du masculin civil (1835) sert à dé- rallèlement au sens correspondant de civü. d’où
signer un homme qui n’est ni militaire ni religieux, son emploi métonymique plus vivant pour qualilïer
la première opposition étant la plus courante, le ci- un comportement humain (1549); ces emplois ont
vil désignant aussi l’état non militaire, surtout dans vieilli comme ceux de civil. 0 Incivil a été reformé
des expressions comme en civil (opposé à en uni- sur titi au sens juridique de =Contraire aux lois qui
forme), oh.9 le civü fdm.7 la vie civilel. S’impOSent aux citoyens* (14561, sans panrenir à
t CIVILEMENT adv., dérivé de civü dans sa double s’imposer. oSon dérivé INCIVILEMENT adv.
acception, générale (v. 1370) et juridique (13811, a (1462) est, plus nettement encore que l’adjectif
reçu le sens de *conformément aux usages, (1606) d’usage littéraire. -INCIVILITÉ n. f. (14081, peut-
dans la langue classique, d’après la valeur sociale être emprunté au latin tardif incivüitas *violence.
de civü (dès le xv’ s.) et de civilité km demi-siècle bruts.lit& ou tiré de incivü d’après civilité, s’est
plus tôt que l’adv.1, mais cette valeur a perdu de sa d’abord employé au sens didactique de <ce qui est
vitalitéau XI? siècle. -CIVILISER v. tr., d’abord contraire aux lois civiles=. Ce sens n’a pas vécu, de
au participe passé civüisé (1568l, a tendu à glisser même que celui de =manque de courtoisie, (1566)
du sens de prendre civil, plus apte à la vie en so- précédé par le sens concret d’=action, parole in-
ciét& (encore à la forme pronominale se citiiserl à Correcte~ (14261,éliminé par impolitesse.
celui de *faire passer (une collectivité humaine1 à
un état de plus haut développement matériel, intel- CIVIQUE adj. est emprunté (15041au latin titi-
lectuel, social> : cette mutation de sens, liée à l’ap- tus *du citoyens et -de la cités, dérivé de civis *ci-
parition de la valeur moderne de civüis&ion, s’ins- toyew et déjà employé en concurrence avec
crlt dans l’évolution de la pensée anthropologique l’autre adjectif de civis, civilis (-+ kil).
au mues., non sans un certain ethnocentrisme +Emprunté dans le latinisme couronne civique
(1791. Volney opposant l’homme civilisé à l’anthm- (15041,calqué sur le latin civica corona qui désignait
pophage).0 Le sens juridique, #porter (un procès) une couronne en feuilles de chêne, décernée chez
devant un tribunal civil> @n xw”s.l. déjà déclaré les Romains à celui qui avait sauvé la vie à un ci-
vieilli au xc? s.. n’a pas résisté à la nouvelle orienta- toyen, le mot a pris à la veille de la Révolution avant
tion du mot. 0 Celle-ci se retrouve dans les dérivés 1781 son sens moderne de -relatif au citoyen>, spé-
CLAQUETTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-CL.A~“AGE n.m. (1901) fournit un substantif =Contingent libérableD (18771, le sens de -6n de ser-
d’action spécifique à claquer en médecine sportive. vice, libérations (18881, réalisé autrefois dans l’ex-
La productivité de claquer doit beaucoup à l’utiisa- pression c’est clczsse =C’est ii+ d’où =C’est assezn et
tion de l’élément préfixant claque- dans la forma- aujourd’hui dans vive la classe! et expressions ana-
tion de substantifs. CLAQUEMURER v.tr. (1644) logues (cf. quille). -Parallèlement à ces emplois
est le dérivé d’un ancien claquemur, dans jouer à dans le domaine militaire, le mot s’est spécialisé
claquemur, jeu d’enfant (1660) consistant probable- dès le XVI~~. dans le domaine éducatif, désignant
ment à enserrer un joueur SI étroitement qu’il se l’ensemble des élèves faisant les mêmes études
heurte aux bornes qui le cernent. De là le sens du (1549) avec les extensions métonymiques normales,
verbe, -emprisonner (qqn) dans une enceinte très *enseignement dispensé à un groupe d’élèves>
étroites, qui a vieilli au profit d’extensions, -enfer- (1611) et &eu où se donne cet enseignements
mep, =Cachera>. -La vitalité de l’élément claque- a (1680). -La notion abstraite de ecatégone définie
été importante dans les domaines de l’argot et de par un critères a déterminé le sens de cdivision par
la langue expressive fclaque-faim, claque-soif catégories spécifiques d’êtres ou d’éléments>
ClaqLu-patins). (1690). fécond dans la taxinorme des sciences, en
botanique (16941, démographie, linguistique, miné-
CLAQUETTE - CLAQUER ralogie et zoologie. L’emploi en mathématiques
(19031, plus abstrait encore, est en relation avec ce-
CLARIFIER - CLAIR lui du mot ensemble. 0 Classe, dans le domame so-
cial (1758, Quesnay), a fait fortune, spécialisé au
CLARINE - CLAIR xc?s. dans la pensée des idéologues socialistes
CZutte de classesI. -L’idée de position hiérarchique
CLARINETTE n. f. est probablement dérivé
supérieure a été introduite assez tard (16801, peut-
(17531, avec suf3ïxe -ette, du provençal clarin C<haut-
être sous l’influence de classique* dont l’étymon la-
bois> (1508), de clar *clair, en parlant d’un son=. Une
tin classicus avait développé le sens -de premier
autre origine possible, avec une valeur diminutive.
ordren : elle est d’abord réalisée à propos des écri-
par dérivation de clatine =Clochette à son clair au
vains de première importance puis, par extension,
cou des animaux> (+ clair% est moins probable.
à propos de personnes ou de choses considérées
t Le mot désigne un instrument à vent, à bec et à sous l’angle de leur importance, notamment avec
anche. Par métonymie, il s’applique à la personne un nombre ordinal (1789. prince de seconde chsse).
qui joue de cet instrument (17861, plus tard en L’expression familière avoir de la classe, -avoir de
concurrence avec clarinettiste. Par analogie, il est la valeur- (19161, a d’abord été employée par les
passé en argot où il a désigné un fusil (1808, infante- éleveurs avant de passer dans l’usage général avec
rie>. le sens d’=avoir de l’élégances (19371, et de rejaillir
tLe dérivé CLARINETTISTE n. (1834) a éhminé dans c’est classe ou ckçs (19791. adjectif à la mode.
l’emploi métonymique au sens de <personne qui t La notion de classe en sciences naturelles a sus-
joue de cet instruments. cité SOUS-CLASSE n. f (1809) et SUPERCLASSE
n. f. (attesté ti s.l.
CLASSE n. f. est emprunté (XIV~ s.) au latin clas- Les dérivés proprement dits de classe sont apparus
sis qui a dû signifier proprement -appels et qui, par relativement tard à partir du XVIII~ siècle. - CLAS-
métonymie. a désigné d’une part les différentes cl- SER v. tr. (1756) exprime l’idée de arépwtir par ca-
visions de citoyens susceptibles d’être appelées tégories-, *ranger dans une catégorien [1770) et, par
sous les armes et, d’autre part, la troupe ainsi extension, <répartir selon un certain ordres (1777).
convoquée. Exercitw ayant accaparé le sens spé- De son emploi technique, en droit, avec le sens de
cial d’armée de terren, le mot s’est spécialisé au -ranger définitivement km dossier%, d’où -considé-
sens de -flotte>. Les Anciens le rattachaient à ca- rer [une cause) comme régIén (1892). provient le
lare sappelers (+ intercalaire, nomenclature), mais sens de c’est classé -c’est tenniném et, en parlant de
l’évolution est dif&ile à expliquer; d’autre part, les qqn, être classé -être étiqueté d%nitivement*
mots en -asis sont rares en latin et il pourrait s’agir (1900). Sans précision, classer qqn (plus rarement
d’un emprunt technique à l’étrusque. qqch.1 et se classer sont employés avec la valeur
t Le mot a été introduit en histoire romaine à pro- spéciale de *mettre, être dans les meilleurs- (1877,
pos de l’ensemble des citoyens répartis en catégo- en hippisme). - Classer a servi à former des dérivés
ries selon le cens Un nouvel emprunt au latin lui a usuels. CLASSEMENT n.m., qui apparaît peu
donné le sens de =flotte= (15591, lequel ne s’est pas avant la Révolution (17841, désigne d’abord le fait de
maintenu, mais a déterminé un des axes de déve- répartir les marins selon des classes, puis (av. 1789,
loppement du mot : par l’intermédiaire de la va- Beaumarchais) en général l’action de classer. Il
leur de cconscription navales (16731, le mot s’est s’emploie ensuite au figuré (1834, Balzac à propos
étendu, avec la conscription et l’armée populaire des vins) pour *répartition hiérarchiques. - CLAS-
instaurées par la Révolution, système largement SEUR n. m., =Objet servant à classer- (1811) spé-
utilisé par Bonaparte, à l’ensemble des effectifs de- cialement sdossiern et emeubleD, s’est parfois appli-
vant être appelés sous les drapeaux la même an- qué (1902, Barrès) à une personne qui classe qqch.
née (1798). 0 Par métonymie, ckzsse a pris en argot -CLASSABLE adj., qui semble tardif (1888, Ver-
militaire le sens d’sexercicesn kéalisé au pluriel, laine), qualiiïe tout ce qui peut être classé. -L’an-
1833). surtout dans la locution fiaire ses cIa.sses tonyme préfixé INCLASSABLE adj., formé direc-
(1900) et, par l’intermédiaire de l’acception de tement sur classer, lui est antérieur (1845).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 769 CLAMER
tirer au clair (18031, au &ir de =à la clarté des, ou forêt, quelquefois précisé techniquement en PRÉ-
clairdelune(16111. CLAIRIÈRE n. m. (1922), CHAMP-CLAIRIÈRE
. Tous les sens de clair sont représentés dans ses n. m. (19581.
nombreux dérivés. ~CLAIRET. ETTE n. et adj. a CLAIR-OBSCUR n. m., d’abord sous la forme ita-
absorbé l’ancien type claré vers 1150, loi-même issu lienne chiar obscuro (1596). puis sous la forme fran-
du latin médiéval claratum win de liqueur fait avec cisée actuelle (1668) précédée par le clair et l’obscur
du miel et des épices> W s.1, dérivé de cZarus qui (16551, emprunte l’italien chiaroscuro @n ~V”S.-
était spécialement appliqué à des liqueurs. Par déb:me s.. Léonard de Vinci), terme de peinture
substitution du suffixe -etum à -atim qui donne cla- désignant l’art de distribuer des nuances de lu-
retum dès le zoe a, le mot est devenu cloret (XXI” s.1, mière contrastant avec un fond d’Ombre. Ce terme
ultérieurement modifié en cleret, clairet sous l’in- technique de peinture est passé dans l’usage sou-
fluence de clair. 0 Le substantif désigne encore de tenu et littéraire Ewec des valeurs figurées.
nos jours un vin rouge léger ( 15091 par ellipse pour Le XVIII~~. a vu l’apparition de dérivés plus tech-
vin clairet Oïn xrv’s.1 - d’où l’anglais cloret appli- niques, CLAIRE n. f. (av. 17081, désignant un bassin
qué au bordeaux - et, en joaillerie, une pierre de où l’on élève certties huîtres, d’où /mitres de
couleur très pâle. L’adjectif ~III” s.1 qualifie ce qui claires puis des claires, pour ces huîtres; CLAIRÉE
est clair sur le plan de la sensation visuelle et, plus n. f. (17531 *sucre clar&+ et #réservoir de salines
rarement, auditive (av. 1250. clerete ~otil, mais il est (17651 et CLAIRCE n. f. (17901, déverbal de CLAIR-
devenu archaïque. Son féminin clairette a été subs- CER v. tr., bien que ce verbe soit seulement enre-
tantivé elliptiquement pour eau clairette désignant gistré en 1842, et synonyme de clairée en parlant du
une liqueur (16011, d’abord sous la forme clairete sucre clarifié.
(18001, puis chrette (18291 et enfm clairette (18381, CLARTÉ n. f., d’abord chitet Cv.9801,clwtet (10801
désignant un vin mousseux (1829) et, par métony- puis clarté (15381, est emprunté au latin claritas
mie, un cépage blanc (18381. #éclat= au propre et au figuré, de cZarus. 0 Le sens
CLAIREMENT adv. (v. 11741 s’est spécialisé dès concret est, dès le XII? s., suivi d’un sens figuré, *ca-
l’ancien français avec ses sens abstraits de =distinc- ractère de ce qui est illustres (12681, sorti d’usage.
tement> et S&“ec évidences (XIII” s.1 SUT le plan de Le sens abstrait actuel, <qualité de ce qui est intell-
l’audition et de l’intellection. gibles (15801, se répand à l’époque classique, don-
CLAIRVOYANT, ANTE adj., composé de clair et nant un emploi particulier du pluriel clartés avec
du participe présent de voir sous la forme ancienne les valeurs de wkité lumineuse= (16431 et surtout
ckr-veant (v. 11211, a progressivement perdu son de ~connaissance~ (16721. Cet emploi, aujourd’hui
sens propre, *qui a la vue perçantes, au profit du archtique, se rencontre encore en référence à des
sens figuré *perspicace> (1174. dans un contexte re- textes classiques comme Les Femmes savantes de
ligieu). -CLAIRVOYANCE n. f. a été composé Molière : =Je consens qu’une femme ait des clartés
sur son modèle avec l’adverbe clair et voyance de tout.~
(1580, clervoyancel, sous I’infuence de voyance il CLARIFIER v. tr., emprunté (av. 12001 au latin ch
s’applique à la divination. 0Les antonymes IN- rZfïcare, proprement *rendre clair=, de cZarus et -fi-
CLAIRVOYANT,TE adj. (18741 et INCLAIR- are, a signifié <rendre illustres en ancien iixnçais
VOYANCE n. f. (av. 18771 sont peu usités. et surtout au ~VI~S. où cet emploi se répand. Ce
CLAIRSEMÉ, ÉE adj., formé de l’advetie clair et sens a été évincé par celui de *rendre compréhen-
de semé* par soudure de cZer semé lapr. 11501, si- sible> (13911. Le sens concret renvoie essentielle-
gnifie =rare=. sens avec lequel il a supplanté clair. ment à une opération technique (1530. clarifkr le
-Par substitution de désinence, il a produit miel). -CLARIFICATION n. f. sert de nom d’action
CLAIRSEMER v. tr. (1574-15901 -parsemer en es- à ce verbe avec une valeur abstraite (14741 et
paçant,, surtout employé à la forme pronominale. concrète (1690, clarification d’un sirop).
CLAIRON n. m., d’abord cleron cv. 12701, procède 0 “arc l.AarNEm. DÉCLARER. ÉCLAIR.ÉCLAIFLCrn.
de clair ~sonore*; rare avant le XVI”~., le mot dé-
signe un instrument à vent. un cuivre au son clair CLAMER v. tr. est issu (10801 du latin clamare 0)
et strident sans pistons (ce qui l’oppose à tram- =Pousser des cris, crier, proclamep et. en latin mé-
pette), et ne produisant que des harmoniques. Il diéval, *faire appel à une autorité judiciaire- ~II”-
s’est spécialisé comme désignation d’un instru- m” s.1, mot ancien et usuel dont la forme évoque un
ment militaire. -fi est dérivé CLAIRONNER v. nom qui aurait été évincé par clamer. CZamare cor-
(15591, de sens propre et figuré dès 1578, peu em- respond au grec halein *appelen, à l’ancien haut
ployé avant la ti du WB s. (1873. Rimbaud), et dont allemand hellan srésonnerx; il se rattache à un
le participe passé féminin claironnée est substan- vaste ensemble de mots à initiale kr-, kl- exprimant
tivé (av. 18921 chez A. Daudet pour #bruit évoquant des bruits : en latin même, calare sappelern l-in-
un clairon=. - CLARINE n. f. est la forme féminine tercaler, nomenclature), cZcwu.s (+clairl et classis
(1579.1599) de cZarin, ancien nom qui a désigné un C- classe). en grec kelados cbruits, en vieux slave
clairon (v. 13101, puis une clochette à son clair khkolü (russe kolokol -cloche&
(13701. avant d’être évincé respectivement par cZai- +En ancien français, clamer signükit *appeler
mn et clarine. ll est lui-même la substsntivation de (qqn)> notamment =par son noms, sens qu’il a
l’ancien adjectif clatin (v. 12201 =sonore, clair en conservé régionalement (en Champagne) et qui vit
parlant d’un cor=. dans son correspondant italien chiamare. Il avait le
CLAIRIÈRE n. f. (av. 15731 désigne proprement un sens de =pmclamer publiquement> Il0801 et celui
endroit plus ou moins dégarni d’arbres dans une de *revendlque~, parfois sexigerr (11311, tous deux
CLAUSTRAL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’évolution inverse de celle de clause. Introduit au gnifiant proprement <petite clefs, passé par analo-
sens juridique, il a été détïnitivement supplanté par gie de fonction dans le vocabulaire anatomique en
clawe au XVI~siècle. Il a alors repris sa spécialisa- latin médiéval (1230-1252).
tion en métrique, -6n de phrase, de sentence OUde t Il est repris en anatomie comme dénotiation
vem (1552, Rabelais). Il est passé en musique pour de l’os long reliant l’xx-omion au sternum
désigner l’étendue de chaque ton ou mode, du
.Le mot a produit immédiatement CLAVI-
grave à I’aigu.
CULAIRE adj. (1572, Paré) et, uk%-ieLm!ment,
CLAUSTRAL, ALE, AUX adj. est em- CLAVICULÉ.ÉE adj. -pourvu de ClaVides~ (1805,
prunté (1394) au latin médiéval clawtralis “propre Cuvier).
au cloîtrez, dérivé du latin classique clausstrum
(+ cloître1. CLAVIER -+ CLÉ
t Le mot, qui signiiïe proprement wlatif au cloître CLEBS n. m., d’abord cleb (1863) puis clèbs 11884;
et à la vie monacales, a pris par extension le sens puis 18981,est emprunté à l’arabe maghrébin khb
de <qui rappelle le cloître par son sscétisme~. (arabe classique kilab), pluriel de kelb Carabe clas-
t CLAUSTRER Y. tr., noté par Richard de Radon- sique kalb) &ienn. Selon Esnault, la forme clèbs,
villiers comme un mot nouveau en 1845, a proba- clebs ne serait pas une erreur sur le nombre du
blement existé dès le XVIII~~., où il est indirecte- mot mais représenterait clébard bxmlgré l’attesta-
ment attesté par sondérivé CLAUSTRATION n. f. tion tardive de ce dernier), apocopé en clèb’s d’où
(1791).Le verbe et le nom d’action et d’état réalisent clebs.
les mêmes valeurs que l’sdjectif et clau&er fonc- t Le mot, introduit par les soldats d’A&ique et ré-
tionne partiellement comme doublet de clo%rer. Le pandu dans l’usage familier, désigne un chien. Le
verbe et son dérivé s’emploient figurément en psy- sens de -zaporaln (19141qu’il a pris dans l’argot des
chologie (sentiment de claustration, claustration
poilus, est dérivé par paronymie de cabot* &ien~
volontaire1 avec une valeur plus large. et ~capor&.
L’élément CLAUSTRO-. ttié de claustrer, aservià
formerCLAUSTROPHOBIE n.f (1879) et CLAUS- ~CLÉBARD n. m. (19341, probablement fait sur
TROPHOBE metadj. (19041à l'aide des éléments cleb, clebs avec le sutTue -ai-d, constitue un doublet
-phobie*, -phobel de clebs.

CLAVEAU nm., d’abord clavel =goupilleB +# CLEF ou CLÉ n. f. est issu, d’abord sous la
PJ.1160) est issu du latin clavellus, diminutif de cla- forme clefW30), du latin c2ovi.s*clef, loquet, barre>,
vis - clé. également employé avec un sens- figuré très
t Le mot, depuis le XIV’ s. (1380) désigne une pierre présent chez les auteurs chrétiens. A l’origine, le
taillée en oblique pour construire les arcs, voûtes, mot était synonyme de claw (+ clou). car la ser-
linteaux. rure primitive consistait en un clou ou une cheville
passé dans un anneau; la différenciation séman-
CLAVECIN I-I.m., d’abord clavessin (1611) puis tique des deux mots a accompagné des innovations
clavecin (1660), est l’adaptation, avec apocope de la techniques. Le mot pourrait être apparenté ou em-
dernière syllabe. du latin médiéval ckwicymbalum, prunté au grec kl&; en tout cas, il appartient à un
composé de clavis (+ clé) et de cymbalum (+ cym- groupe de mots techniques à base clou- exprimant
bale). Ce mot, attesté sous la forme clavicembalum l’idée de =fermetmw (+ clore, clou), et ses dérivés
en 1397 puis sous la forme ckwicymbalum en 1404 sont bien latins (+ cheville, clavicule, conclave). La
chez le poète allemand Eberhard vonCersne, a graphie c@ (v. 11211est due à la réfection d’un sin-
donné le moyen français clavycimbale (1447). qui a gulier sur l’ancien pluriel ckz. cles (1130-I 140). d’où
rapidement disparu. le f étymologique (du Y latin) avait disparu.
t Clavecin désigne un instrument de musique à t Le sens concret courant a donné une phraséolo-
cordes pincées qui a été supplanté vers 1800 par le gie usuelle avec à clef sou.5 clef (av. 14411,plus I-é-
pianoforte (+piano) avant d’être remis en hon- cemment clés en main (1902). et de nombreux em-
neur. pour interpréter la musique ancienne, au plois imagés (1317, clef des Champs~. 0 Dès le XII~s.,
x9 siècle. le mot réalise aussi le sens figuré, repris au latin, de
w CLAVECINISTE n. est attesté depuis 1695. De- =ce qui explique, donne accès à. (v. 11211,tant avec
puis les années 1920-1930,il se réapplique à un in% une valeur technique en parlant d’une formule
trumentiste contemporain, le clavecin, qui n’était permettant de calculer les fêtes mobiles, puis aussi
plus joué depuis le début du Xop s., ayant réapparu d’un code permettant de décbifker un texte (16901,
au xx* a. avec tout le vocabulaire technique de la qu’avec une valeur générale 11181.1190, clef
facture et un certain vocabulaire musical. d’amour). 0 Du sens figuré procèdent deux spécia-
CLAVICORDE n. m. est emprunté (1776) au latin lisations en stratégie militaire (1268) et en musique
moderne ckwicordium (15141,composé du latin cla- (av. 1407) : la première a donné, en apposition
vis et de cordium, de corda l-corde), pour dési- après un substantif, des emplois métaphoriques ré-
gner le premier instrument à clavier à cordes frap- cents relativement courants du type position-clet:
pées, ancêtre du pianoforte. poste-clef, tic-clef avec la valeur de =décisif, essen-
tiel, ; la seconde est à l’origine de l’expression Euni-
CLAVICULE n. f. est emprunté (1541) au latin lière à la clef (18721,d’après la notation musicale où
clavicula b cheville), diminutiide clcwi.s (k+clef?. si- clé désigne depuis le moyen français (av. 1407) un
DE LA LANGUE FRANÇAISE 771 CLAQUE
nique. Ce radical est en effet représenté dans le oQuant au sens argotique de <maison de tolé-
néerlandais et le bas allemand klappen, l’anglais rances (1883) d’où =maison de jeu, (18861, réalisé
to clap =claquem. par ckque au masculin, il peut être rapproché de
+Le sens de =frapper* est sorti d’usage vers les xv”- duper -dépenser de l’argents et de cZaqww -SOU-
xvf s., tout en restant vivant dans divers dialectes. teneur- (18281, ainsi que de claque-dent et ckzqw-
Si I’on excepte une attestation isolée au XVI~s. au bosse (18801, deux autres dénominations pour la
sens d’-aboyer*, le mot n’a été repris qu’au XIZ?S. maison de jeu (mais non de prostitution): claque
avec le sens de ‘produire un bruit sec avec la -bordel> reste mal expliqué. -Reste aussi à éluci-
langues (1834). Par extension, il est quelquefois em- der le pluriel claques dans la locution familière
ployé pour *faire entendre un bruit secs (18661,en courante prendre ses cliques et ses chques (1830) :
parlant d’une chose. il correspond peut-être à un emploi concret de
w Le dérivé CLAPET n. m. (1516). relativement dé- claques en cordonnerie (1743) pour désigner des
motivé, a immédiatement pris son sens concret sandales que l’on attachait avec des cordons par-
d’sélément en partie mobile adapté à un oriike dessus les souliers a611de les protéger des intem-
pour permettre ou empêcher le passage d’un péries ; ce sens, dont procède celui de -partie d’une
fluides; par analogie, il désigne un petit volet mo- chaussure recouvrant l’avant-pieds (1890). est re-
bile et, par allusion aux mouvements de la langue motivé d’après l’onomatopée klakk-: il est en
ou de la bouche qui s’ouvre et se ferme en parlant, usage au Canada, où ce type de couvre-chaussures
le sens étant à la fois métaphorique et lié aux em- en caoutchouc est usuel.
plois modernes de clapper, il est employé dans t CLAC inter-j., attesté au xv’ s. (v. 14-80,faim clac,
l’usage populaire au sens de -bouchem. seul et dans est resté usuel, de même que clic en composé dans
l’expression boîte à clapet (1907). La notion de clic-clac.
-bruit> est sensible dans le sens métonymique de CLAQUER v. (15061,formé surlamême base ono-
=bavardage intempes%. - CLAPPEMENT n. m. matopéique khkk-, exprime l’idée de produire un
(1831, clapemmt) sert de substantif d’action à clap- bruit sec et éclatant, puis, en particulier, de donner
per; on rencontre chez Giono CLAPP~E n. f,, néo- une claque (1648) et, thmilièrement. par l’intermé-
logisme ou régionalisme désignant la quantité de diaire de l’idée de claquer dans ses mains aapplau-
liquide que l’on peut avaler avec un clappement &. d’applaudir une pièce, un acteur (17321. 0 Le
(1929). mot a développé au x? s. quelques sens figunk.
Le même radical klapp- sert de base au groupe de procédant de l’idée de *rompre en faisant un bruit
CLAPOTER v. tik. (1611) attesté une fois avec le secs dans le langage populaire: celui de #manger
sens de &apper sur qqch. avec la main* et repris gloutonnement> (18481,sorti d’usage, a produit par
avec le sens moderne -se heurter (de petites métaphore celui de cdépenser tout son argent-
vaguesl~ (18331, dont procèdent, malgré de légers (18611, toujours très vivant dans l’usage familier.
décalages chronologiques CLAPOTE~~. EUSE ~Les sens de ‘mourir- (1859, absolument), &re
adj. (17301, quasiment éliminé par CLAPO- épuisé* (au passif 1892) et spécialement, en sport,
TANT,ANTE (18661, CLAPOTAGE n. m. (1777), -se déchirer un muscle> (à la forme pronominale,
CLAPOTIS mm. (1792). CLAPOTEMENT n. m. 1902) participent également de l’idée de -romprem
(18321, ces trois noms étant assez usuels, et CLA- appliquée à l’être humain, probablement par celle
POTn.m.(16I36),demeurérare. d’eéclater- comme un ballon trop gonflé, en rela-
tien avec le sémantisme de crever*. 0 L’expression
* CLAQUE n. f. est dérivé (1306) de l’onomato- chper du bec (19021correspond à ‘avoir faim=.
pée klahk- exprimant un bruit sec, bref et assez L’antériorité de CLAQUET mm. (1460-14701, par
fort, d’où l’interjection clac. rapport au ver%e claquer, ne devrait pas empêcher
4 Le mot, par glissement métonymique de l’idée de d’y voir un déverbal, peut-être celui du diminutif
=bruit= à celle de ~processus produisant un bruit*, CLAQUETER v.irhr. (1530). Ckaqwt désigne une
désigne un coup retentissant frappé du plat de la petite latte, sur la trémie d’un moulin, qui bat conti-
main (cf. me). o Le sens de xchapeau haut de nuellement. -Le dérivé CLAQUETTE n.f (1539)
forme à ressorts~ (17501,évoquant de nos jours un s’est appliqué à un instrument articulé pour faire
temps révolu et un apparat de cérémonie, fait I-é- du bruit, comme la crécelle, mais en faisant claquer
férence à l’utilisation de ce chapeau haut de forme deux pièces. Le mot a été pris pour désigner au ci-
lorsqu’il est ouvert, et qui se déploie ou s’aplatit en néma un dispositif formé de deux planchettes sol%
claquant. 0 Quelques sens familiers se sont déve- daires d’un tableau qui permet de synchroniser son
loppés au xxe s. : rapproché du verbe expressif cla- et image au début d’une séquence filmée (1934). Le
qwr, claque lui sert de déverbal, indiquant des ap- pluriel claquettes, désignant des lames métalliques
plaudissements et surtout, par métonymie. placées sous les semelles des chaussures, s’ap-
l’ensemble des personnes payées pour applaudir plique à une danse pratiquée avec ce genre de se-
Un spectacle (1801). Cet emploi a vieilli avec l’usage melles.
qu’il désigne, mais donne lieu à des emplois figurés CLAQUEMENTn.m.(1552)Sertdenomd'actionà
littéraires. oh locution en avoir sa ckque (1867), cloquer dans ses emplois concrets avec des spécia-
d’abord en référence à une personne ayant trop bu lisations en cardiologie et en pathologie sportive
ou trop mangé, puis avec une signification générale (probablement v. 19oo,cf.claqwge). -CLAQUE~R
(18771,peut être rapprochée de claque ~COU~ par n. m. (1781) -applaudisseur à gages> a vieilli en de-
l’intermédiaire de l’idée d’wxablement, ou plutôt hors d’emplois stylistiques péjoratif% (XIY s.) et n’a
du verbe claquer, par être claqué ~exténuén. pas d’emplois figurés, à la différence de claque n. f.
CLENCHE 776 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Orsnie, vers 1902,en croisant un mandarinier et un klepsudra *horloge à eau pour marquer un temps
oranger amer. accordé aux oratemw, littéralement -qui retient,
w Du nom du fruit est dérivé le nom de l’arbre CLÉ- vole l’eau>, de kleptetn ‘voler- (G+kleptomane) et de
MENTINIER n.m. (attesté en 1947). hudôr *eau* (+ hydre-1.
+Le mot désigne un appareil qui servait à mesurer
3? CLENCHE n. f., indirectement attesté par le le temps par écoulement régulier d’eau d’un vase
verbe dérivé aclenckr -fermer à la clenche> dans un autre. Sa fonction, analogue à celle du sa-
cv. 1~001.puis sous la forme picarde clence (1240- blier, n’a pas donné lieu à métaphore et le mot de-
1~801et entïn clanck (14411.est un terme du nord meure un terme technique d’antiquité.
et du nord-est de la France et de Belgique. Il est
probablement issu d’un fixncique “hlinha, restitué CLEPTOMANE - KLEPTOMANE
d’après le moyen bas allemand hlinhe et le moyen
néerlandais clinhe -pièce d’un loquet consistant en CLERC n. m., d’abord clerjes (v. 9801 puis clerc
un leviep, d’origine onomatopéique, à rapprocher (10501, est issu du latin chrétien clericus <membre
de la formation fi-ançalse clique, *loquet* de cli- du clergé-. puis en latin médiéval -lettré* ti XI~s.-
quer*, et du wallon cliche, -loquet* (- clicher, déri- déb. xue s.1,les membres du clergé étant quasiment
vés). les seuls à savoir lb-e et écrire. Il est emprunté au
grec klêrtkos de même sens, dérivé de klerôs (lui-
+Le mot désigne la pkce du loquet qu’on lève et même emprunté par le latin chrétien ckrus) *héfi-
qu’on abaisse sur le mentonnet pour ouvrir une
tage, lot tiré au sort>, *charge, fonction religieuse>
porte. F.n France, il est demeuré technique. Par
et surtout, dans le vocabulaire des chrétiens,
métonymie, il est employé en Belgique au sens de
=Clergé*. La spécialisation religieuse met donc
*poignée de porte>. l’accent sur la désignation par le sort pour exercer
c Clenche est surtout vivant dans ses préfixés ver- une fonction (Actes des Apôtres, 1,261; on a aussi
baux, aujourd’hui détachés et démotivés. -DÉ- évoqué le fait que le mot traduit l’hébreu na’ cilah
CLENCHER Y. tr. s’est répandu depuis la Norman- par lequel Dieu se désigne comme l’unique -héri-
die, où il est attesté sous la forme déclanquer tage= des Lévites, tribu sacerdotale d’Israël à qui,
(1625-16551,peut-être précédée par d’autres formes pour cette raison, n’a pas été attribué de territoire
k-dessous), avant d’être enregistré dans le diction- comme aux autres tribus. Klêros peut désigner ori-
naire de Trévoux en 1732. De sens propre -ouvrir ginellement l’objet tiré au sort et évoque un mot
une porte en levant la clenche=, il signifie par ex- celtique qui signifie -pierre, morceau de bois>, at-
tension smettre en route km mécanisme)= (1877) et testé par l’ancien irlandais cldr, le gallois claur:
de là, par figure, -provoquer brusquement km phé- mals cette origine est hypothétique.
nomènelm (18991.-Parmi les dérivés de déclencher,
+Le mot désigne celui qui est entré dans l’état ec-
DÉCLENCHE n. f., attesté en normand sous la
clésiastique, qui a reçu des ordres sacrés. Par allu-
forme descl~nque dès 1382, pose un problème de
sion au tit que la culture lettrée a été transmise
chronologie : il faudrait supposer que le verbe exis-
par les clercs, il désigne un intellectuel, de nos
tait dès le ti s. en normand sous une forme “des-
jours dans la langue littéraire ou par référence à
clinquer, à moins que la première attestation ne
l’ouvrage de Julien Benda, La Trahison des clercs
soit issue de clin* comme le terme de marine dx-
(19271.dans un débat critique sur le rôle des intel-
clinquer (-+ déglinguerl. Déclenche désigne un ap-
lectuels. oIl s’est spécialisé en droit dans le do-
pareil ou un élément servant à séparer deux pièces
maine de la procédure, comme appellation d’un
pour permettre à l’une d’elles de jouer. 0 Le rôle
employé travaillant dans l’étude d’un officier public
de nom d’action est réservé à DÉCLENCHEMENT
ou ministériel (12751, souvent en emploi déter-
n. m. (18631,usuel au sens de =mise en route d’un
miné: dem de notaire, courant, clerc de pro-
mécanismes puis avec les mêmes valeurs mo-
cureur, etc.
dernes que déclencher. ~DÉCLENCHEUR I-I. m.
(19291désigne la pièce qui déclenche le fonctionne- .CLERGÉ n. m., d’abord clergiez (au pluriel
ment d’un mécanisme. v. 11201,est l’adaptation du latin chrétien clerkatus
ENCLENCHER v. tr. (18701, =faire fonctionner un ‘état de clerc> et, collectivement, zensemble des
mécanisme en rendant les pièces solidaires=, a clercs> (10561,de ckicus. 0 Il est passé en français
reçu sous l’ioiluence de déclencher le sens figuré avec cette valeur collective et a influé sur les règles
de -faire commencer (un processus)> (1964). -EN- de formation des dérivés de clerc : ckrçon Il 130.
CLENCHEMENT n.m. (18641 rejoint lui aussi dé- 1150) -jeune séminariste= et eenfant de chœu-*
clenchement avec son sens figuré; par métonymie, (v.1350) a été modifié en CLERGEON mm. (1545).
il désigne concrètement un dispositif qui en en- o CLERG~E n. f. (11551a été directement dérivé de
clenche un autre (18901. oLe déverbal EN- clerc avec leg de clergé pour désigner le savoir
CLENCHE n. f. (18701, d’usage technique, désigne digne d’un clerc et la condition d’ecclésiastique.
l’entaille ménagée dans une pièce en mouvement Les deux mots ont régressé dans l’usage et ne
et dans laquelle pénètre le bouton d’une autre s’emploient guère qu’en allusion au passé.
pièce que la première doit entraîner. CLÉRICAL.ALE.AUX adj. est emprunté (13741au
latin chrétien ckrkalk -relatif au clergé> et. en ce
CLEPSYDRE n. t, d’abord clepsedre (1377) et sens, a évincé les mots hérités cl-e@ (v. 1150) et
clepsidre (1566), puis clepsydre (1611) par conforma- ckrja2 (v. 12401; il a développé au XIX~s. le sens de
tion étymologique à la graphie latine, est emprunté afavorable au clergé, à son tiuencep (18151 avec
au latin clepsydru. Ce dernier est emprunté au grec une valeur péjorative renforcée avec l’apparition
DE LA LANGUE FRANÇAISE CLAUSE

Par préfixation, le verbe classer a servi à former c si CLASSIQUEMENT adv. (1809) est d’usage cou-
DÉCLASSER v. tr. (1813) dont le participe passé rant, le substantif correspondant, CLASSICISME
DÉCLASSÉ, ÉE est SUrtOUt employé avec le sens n. m. (1817, Stendhal) est un terme d’esthétique dé-
de -tombé dans une classe sociale inférieures nommant le caractère des ceuvres qui se réfèrent à
(1834). -RECLASSER V. tï-. (1875) d’où RECLAS- l’art antique, puis également à celui du XVII~siècle.
SEMENT n. m. (XIY S.), et les récents SURCLAS- Il s’est répandu à propos de ce qui est harmonieux,
SER “. tl-. (1895: 1899 PLI P.P.) et INTERCLASSER équilibré, respectueux des normes établies en es-
v. tr. (xxe s.1participent de l’idée de -ranger par ca- thétique et dans le domaine intellectuel ou moral
tégories~ mais reczasser et surtout surclasser y (1875). -NÉO-CLASSIQUE adj. et n. m. (1861; 1902
ajoutent l’idée de hiérarchie. SurcZasser est devenu en peinture) et NÉO-CLASSICISME n. m. (19051 se
u.5~1 pour &tre SupérieUr à= (1928). 0 SURCLAS- réfèrent spécialement en histoire de l’art à un
SEMENT n. m. (1875) a des emplois spéciaux en mouvement artistique survenu en Europe entre
sport, en fiscalité, en tourisme. de même que sur- 1750 et 1830; par extension, ils sont employés à
classer &lre passer dans la classe supérieures. propos d’un ressourcement à une inspiration anti-
~INTERCLASSE n. m. (v. 19501 a été formé de in- que ou se réclamant de l’esthétique du XVII~siècle.
ter* et classe* pris avec le sens de -cours=. ~PRÉ-CLASSIQUE et POST-CLASSIQUE adj.
D’après un latin “classiiîcare, de classi.s et facere sont didactiques; ils s’appliquent à la langue et à la
(b faire). la langue du XVI~s. avait déjà tiré CLASSI- littérature françases par rapport à la tradition
FIER v. tr. ldéb. XVI~~.) qui s’est maintenu comme classique.
synonyme technique de classer, surtout à partir du
me s. (1824. la manie de classifier). -Le verbe a lui- -CLASTE -f ICONOCLASTE (VOLTart. ICÔNEI
même produit CLASSIFICATION n. f. (17801,syno-
nyme partiel de classement, distinct par les do- CLAUDICATION n.f. est emprunté @in
maines d’emploi et proche du terme scienti6que XI? s.1 au latin claudicati cadion de boiterm, nom
kJXhOmie, CLASSIFICATEUR, TRICE adj. et n. d’action correspondant à claudicare (forme inten-
(1783) et CLASSIFICATOIRE adj. (1874). sive de clauckrel <boiten, de claudw -boiteux>. Cet
0 voir GL*s. adjectif dont le vocalisme ena et le suflïxe -dus
CLASSIQUE adj. et n. est emprunté (15481au rappellent tardus =lentB (- tard1 et le grec bradus
latin classicus, adjectif correspondant à classi.s de même sens. a été supplanté par cloppus (+ clo-
b classe) au sens de -de première classen, parmi cher, clopin-clopant) et ne subsiste que dans le nom
les cinq classes entre lesquelles les citoyens M- propre Claude
mains étaient répartis d’après leur fortune. Au nes., (Le mot est le terme médical correspondant au
Aulu-Gelle recommande de s’adresser aux ck~.~sici mot usuel boiterie*.
kived, non aux proletarii (-prolétaire) pour . L’adjectif CLAUDICANT. ANTE (14951, emprunté
connaitre le bon usage en fait de langue; de là le au participe présent latin claudicans, a cessé d’être
sens de cla.sski Iscriptoresl &rivains de première employé au XVI~s. ; il a été repris dans la langue lit-
valeur-. téraire au ~Ysiècle. Le verbe CLAUDIQUER
+ Le mot a été introduit avec cette spécialisation v. intr., formé au début du xwes. (1507-15081 sur
d’Aulu-Gelle par Thomas Sébillet dans son Art poé- claudicant, a lui aussi été repris, après une attesta-
tique français. Par la suite, sont dits cla.ssiques les tion isolée au XVI~s., par la langue littéraire de la 6n
écrivains qui font autorité, considérés comme des du XIY s. (v. 1880, Huysmans); c’est un doublet sa-
modèles à imiter (1611) et. par conséquent, dignes vant de boiter.
d’être étudiés en classe (16801. Sous la plume de
Voltaire et de l’Encyclopédie (1753, le mot qualifie CLAUSE n. f. est emprunté (1172.1174) au latin
les auteurs français du siècle de Louis XIV qui, par médiéval clama -membre de phrasen, substantiva-
opposition aux baroques (ainsi nommés beaucoup tion du participe passé féminin de claudere
plus tard), ont élaboré un art de mesure, de raison, (-clore). attesté comme terme de rhétorique par
en prônant le respect et l’imitation des Anciens. Cicéron pour =terminer (une phrase) par une clau-
C’est cette notion de respect de la tradition donnée sules avec influence sémantique de clawula klau-
comme modèle qui sous-tend les usages posté- sule, ci-dessous). Un emprunt sous une forme abré-
rieurs du mot. Il s’est appliqué au XIX~s. aux tenants gée à ckwsula est possible mais moins probable.
de l’imitation antique, par opposition aux roman-
tiques (1810, M’“’ de Staël) et, par extension, à un +Le sens de &II de vers, de ligne= a vieilli dès le
art qui respecte les valeurs esthétiques du XVII~s. mes. ainsi que son extension, =conclusion, sen-
(1835). Parallèlement, le mot s’étend à la musique tencem (v. 1278). L’usage moderne du mot en droit,
qui relève de la grande tradition occidentale (1768, -disposition particulière d’un acte= (14631, s’est
Rousseau). o Par extension, il passe dans l’usage peut-être répandu à partir du provençal claua
commun au x19 s., qutiant avec une nuance péjo- (1275), le sud de la France étant pays de droit écrit.
rative ce qui ne s’écarte pas des règles établies Parmi différentes expressions juridiques clause de
(av. 182% tandis qu’il prend familièrement, par une style, -formule insérée dans un texte de manière
dévaluation de son sens originel -qui fait autorités, habituelle>, est passé dans l’usage avec le sens fi-
le sens de =Ordinaire, norm& (18091. Les emplois guré de <formule sans signikation précisez.
du substantif correspondent aux divers emplois de t CLAUSULE n. f.. d’abord clau.%?le (13231, em-
l’adjectif S’y ajoute, en sport, l’emploi du féminin prunté au latii clausula, diminutif de claussa utilisé
une classique, par ellipse d’épreuve (1896). en rhétorique puis, à basse époque, en droit, a suivi
CLIMAT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cligner, a lui aussi développé le sens analogique de (av. 18691 et d’un ensemble de conditions, spéciale-
=scintlllep en parlant d’une source lumineuse ment en politique (v. 19401.
(1869). ~CLIGNOTEMENT n. m. (15461 lui sert de c la dérivation est tardive. Le premier mot formé,
nom d’action, y compris dans un emploi analogique ACCLIMATER Y. tr. (1775, ButTon), procède encore
(1823, a” figuré Ckgm&“Xnt de l’exisk?nCe). -CLI- du sens général de -milieu considéré sous l’angle
GNOTANT, ANTE p. prés. a été adjectivé puis de ses conditions biologiques>. Introduit en biolo-
substantivé cv. 1950) par ellipse pour le syntagme gie, il a rapidement pris un sens figuré : eaccoutu-
feu clignotant, là où le français de Belgique emploie mer à de nouvelles conditions de pensée, de vies
CLIGNOTE”R n. m. (1948). 0 Clignotant n. m. est [ 17821, lequel a dû favoriser l’émergence du sens fi-
passé en économie avec le sens figuré de -signal de guré de climat au xc? siècle. -Les dérivés du verbe
dépassement d’une valeur qui annonce un danger= sont d’un usage plus didactique, tant ACCLIMATE-
(19651. MENT n. m. (1801, proposé par S. Mercier comme
CLIGNEMENT n.m., autre dérivé de cligner, néologisme), en partie évincé par ACCLIMATA-
d’abord clo@nement Km XI? s.-déb. XIV s.1 et cline- TION I-I. f. (1832) dans des syntagmes comme jardin,
ment (v. 1320). s’est répandu à partir du xwe s. où. parc (zoologique) à’acchatation, que ACCLIMA-
sous sa forme actuelle (15781, il exprime le mouve- TABLE adj. (18451 et ACCLIMATEUR n. m. (1862).
ment rapide de la paupière. Par analogie, il se dit CLIMATOLOGIE n. f. (18341, avec ses dérivés CLI-
pour -fait de s’allumer et de s’éteindre alternative- MATOLOGIQUE adj. (18381, CLIMATOLOGUE
mentm, en parlant d’une source lumineuse 119211. (1952) 0” CLIMATOLOGISTE Il. CV. 19501, Signale
CLIN n. m. (v. 1450 clvZg d’ceill, déverbal de cl&er, l’étude des climats comme objet de science à côté
est uniquement employé dans le syntagme lexica- de météorologie -CLIMATIQUE adj. (v. 1870-
lisé clin d’œil. Le sens de -mouvement d’un œil qui 18861, apparu après l’anglais climati (av. 18281 -re-
clignen a été pris comme étalon d’un laps de temps latif au climatD, a supplanté climatorial, signalé et
très court (v. 15301 et comme symbole d’un signe condamné par Littré, et climatér@ue k-dessous).
d’intelligence, au propre et au figuré, quelquefois Avec le sens spécial de <qui jouit d’un climat bien-
en apposition à un substanbf. faisant> (1912, station climatiquel, il a produit CLI-
MATISME n. m., relevé enmars 1947 lors desEtats
CLIMAT n. m. est emprunté (v. 1278) au latin généraux du thenalisme et du climatisme. - CLI-
clima =inclinaison de la calotte célesten d’où -partie MATISER v. tr. (av. 19351 et CLIMATISATION n. f.
du cleln, par extension =latitudes, =réglon. contréen, (v. 1920) puis CLIMATISEUR n. m. (19551 Sont ap-
mot désignant spécialement les quatre points car- parus en relation avec les techniques dites, par I111-
dlnaux Le mot latin est le calque du grec hellénis- glicisme, de concEitionm?mnt d’air. Ainsi l’expres-
tique hlima, proprement ~lncllnaison~ (conservé en sion figurée air conditioned nightnare, appliquée à
grec moderne avec le sens actuel). de klinein -pen- la vie américaine, a été b-adulte par cauchemar cli-
cher, incliner, coucher-m, mot ayant des correspon- matisé. c-L’abréviation CLIM n. f. (19851 est cou-
dants dans plusieurs langues lndoeuropéennes,
rante pour climatisation.
dont le latin clkwe (+ incliner1 et le grec klinein CLIMAT&IQUE adj. et n.f., emprunt savant
b clinique). (1554) au dérivé grec klimahtêrihos, de klimahtêr
+ Jusqu’au XVIII~ s., l’usage du mot en tiançais est eéchelon. degré>, se dit des années de la vie hu-
proche de l’emploi extensif du grec et du latin : cli- maine échelonnées selon les multiples de 7 et de 9
mat désigne une zone terrestre déterminée par (4ge 63e année dite grande climatérique) et, par ex-
des facteurs géographiques comme sa situation tension, d’une période critique de la vie. Repris
par rapport aux corps célestes, et considérée sous (1812) comme adjectif de climat, le mot. critiqué
l’angle des conditions atmosphériques (v. 13141. par Littré, a été éliminé dans ce sens. -CLIMA-
Plus généralement, ll a le sens de &glonn Win TkRE n. m.. emprunt (1546) au latin ClimU&?r, lui-
>w”s.l voire, par extension, de =Pays* (av. 15581. même emprunté au grec klinmktêr, dérivé de
sens aujourd’hui archaïque ou littéraire. Ainsi, la klim (ci-dessus), désigne une étape critique de la
théorie des climats , essentielle dans les sciences vie humaine. Le mot est encore plus rare et dldac-
sociales du XVIII~~., est géographique et non pas tique que climatérique.
météorologique. Au XVI~ s., il prend également le Le préfixé MICROCLIMAT n. m. (19431 S’applique
sens abstrait de *manière d’être, dispositions, au climat d’une zone restreinte, lorsqu’il est ti-
transposition sur le plan psychologique du sens férent de celui de la région.
étymologique ~inclinaison~. Entïn, jusqu’au xv? s.. il
s’est appliqué à une ancienne mesure agraire. sens CLIN (DYEIL) - CLIGNER
hérité du bas latin. - Sa définition moderne en géo-
graphie pour désigner l’ensemble des conditions CLINIQUE adj. et n. f. est emprunté (15861 au
atmosphériques et météorologiques d’un lieu (1789, latin clinicu.5, adjectif également employé sous la
W’ de Staël) a fait passer la notion de lieu derrière forme substantivée clinice -médecine exercée près
celle d’atmosphère; à son tour, elle a donné un em- du lit d’unmalade~. Les mots latins sont calqués sur
ploi métonymique, *région où règne un climat le grec klinikos ‘qui concerne le lit>, substantivé au
donnés, qui s’est confondu avec le sens ancien, d’où msxdin à propos du médecin qui examine le ma-
ses connotations archaïques et littéraires. 0 Par le lade au lit et au féminin klinikê Ctekhnêl -médecine
même type d’extension figurée qu’atmosphère et exercée au chevet du maladen. Klinikos est dérivé
probablement sous l’influence du Vex%e acclimater, de klti *lits, lui-même de klinein -pencher, lncli-
climat se dit aussi d’une ambiance morale nec+ (- climat, incliner).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 775 CLÉh4ENTINE
signe précisant le nom de la note placée sur une famille de klaein ‘briser, cassern, dont plusieurs dé-
ligne de la portée, dans les syntagmes clé de sol et rivés se rapportent à la taille de la vigne et des
cZd de fa. La même valeur de &gne* se retrouve arbres, aux rameaux et aux pousses (+clone).
dans le sens d’=élément d’un caractère chinoise, D’autres mots grecs, plus éloignés par le sens,
servant à analyser et à classer les caractères. 0 Du peuvent être rattachés à la même racine, par
sens concret procède un certain nombre de va- exemple klados =branche, rameaux, klêros ‘objet
leurs techniques, concernant des instruments ser- tiré au sort (pierre, morceau de bois, etc.)* d’où sti-
vant à ouvrir et à fermer, à serrer et à desserrer, à rage au sort=, et holos =S~IX cornes, tronqué>. Hors
tendre et à détendre : clef-&, après avoir désigné du grec, on évoque le lituanien kali, kdti -forger,
un instrument pour tendre la corde d’une arbalète marteler-~. le vieux slave klati =Piquer, fendre*, la
(1266-12671, est passé en architecture (1250-1300, famille du latin “cellere &appep que l’on retrouve
clef de la voûte puis clef d,e voûte), en mécanique dans le composé percellere =frapper violemmentn
(1401) pour un outil (d’où clé anglaise, 18981, en d’où *ruiner, détruirez, et dans calamitas (+ cala-
charpente& et menuiserie (16111, en musique mité).
pour le mécanisme de commande des trous ré- + CZêmatite n’a gardé qu’un sens du grec et du la-
glant l’arrivée d’air dans les instruments à vent tin, celui de -plante sarmenteuse kenonwlacée)
(1680, clef& viole). Ultérieurement, le mot désigne possédant de nombreuses variétés, cultivées ou
aussi une prise en lutte. en judo, consistant à im Sauvages~.
mobiliser l’adversaire (1906).
. La dérivation en français se borne aux composés CLÉMENT, ENTE adj., d’abord clemenz
PORTE-CLEFS ou PORTE-CLÉS n.m. (1510) (12131,est l’adaptation du latin clemens, mot ayant
passé du sens de =gardien de prisom à son sens deux sens; le sens concret *en pente douce*, -qui
moderne de =dispositif servant à retenir plusieurs s’infléchit doucement>, est rare et se trouve seule-
clés> (1835) et DEMI-CLEF n. f. (16941, nom d’un ment sous E!mpire, peut-être par image; par mé-
noeud marin. tonymie, il a donné un emploi poétique pour -qui
Du radical de ckwis est dérivé CLAVIER n.m. coule doucement> kl’un fluide, du vent); le sens
(av. 11751,employé jusqu’au XI.? s. au sens de sgar- abstrait et moral de =doux, indulgent> (attesté de-
dien des clefs>, sens historique repris par certains puis Plautel est en revanche usuel et bien attesté
dictionnaires depuis 1704. 0 D’après la valeur col- jusque chez les auteurs chrétiens. La formation du
lective de =ensemble des CI&~, attestée au XIII~s., le mot est obscure, peut-être sur mens sespritp
mot désigne en musique l’ensemble des touches de (4 mental) avec une flexion identique à celle de ve-
certains instruments (1419) et on parle ensuite hemens (- véhémentl, de sens opposé, ce qui ten-
d’instruments à clavier à propos de l’orgue, du cla- drait à faire du sens physique un développement
vecin puis du piano, de certains accordéons, etc. secondaire de nature savante dû au rapproche-
Par métonymie, clavier a pris le sens de -étendue, ment de clinere (k+ incliner).
portée d’un instruments (17881,passant par exten- + Le mot quali6e comme en latin une personne en
sion dans l’usage commun avec une valeur ab- position d’autorité qui fait preuve d’indulgence et
straite, -ensemble des possibilités (d’une per-
accorde le pardon des fautes commises. Le sens fi-
sonnel~. Par analogie de son sens concret en guré de «doux et propices (1842) s’est développé
musique, il s’applique à l’ensemble des touches
tardivement, notamment à propos du temps. Sauf
d’instruments graphiques (18571, de la machine à
dans ce dernier emploi, l’adjectif est aujourd’hui
écrire à la Linotype. puis au terminal d’un ordina- propre à l’usage soutenu et devient archaïque.
teur. 0Un autre sens concret apparu en moyen
français, celui d’anneau servant à porter les clef% t CLÉMENCE n. f. est emprunté, une première fois
(1580). a été supplanté par porte-clefs. -Clavier a sous la forme latine clementia (881) puis sous la
produit CLAVISTE n. (XIX”s.1,nom technique pour forme francisée (1268). au latin clementi =indul-
la personne chargée de la composition d’un texte gence=. adopté en ce sens par les auteurs chré-
sur un clavier de Linotype, puis (v. 1970) d’ordina- tiens, notamment en parlant de Dieu. Le mot, r-e
teur. pris avec son sens moral, a pris sur le tard le sens
de <douceur (du temps), (1893). -L’antonyme IN-
CLÉMENT, ENTE adj. (15461,emprunté au latin in-
clemens, a perdu le sens fort du latin &vère~ et n’a
CLÉMATITE n. f., d’abord clématiae (1559) plus guère cours qu’en emploi littéraire, en parlant
puis cZ&natite (15721,témoigne par l’hésitation de des conditions atmosphériques (1801) dans on sens
sa forme au XVI~s. d’un double emprunt au latin cle- voisin de tigourewc. -INCLÉMENCE n. f., em-
mati, -Zdis et au latin clematitis, -id&. Les formes prunté (1521) au latin inchnentia. a joui d’une cer-
latines sont elles-mêmes reprises à deux mots taine faveur dans la langue littéraire classique. Le
grecs : d’une part hlêmatis, nom de la branche de sens ligué. relevé dans la poésie du XVII~s. (*Le
vigne, également employé pour diverses plantes nom est beau et poétique.> Bouhours, 1676) est de-
comme le liseron et la clématite, d’autre part klê- venu archaïque.
matitis (avec un suffixe féminin -iti), plus spéciale-
ment =Clématite, aristoloche>. Les deux mots sont CLÉMENTINE n. f. est dérivé (1929). avec le
dérivés de klêma -sarment de vigne, jeune sufke -ine de mandarine*, du nom du père Cl&
pousse>, également nom de la renouée des oiseaux ment(du latin Clementius, dérivé de clemens + clé-
et d’une euphorbe. KZ&na lui-même appartient à la ment). moine agrumiculteur qui obtint ce fruit en
CLITORIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(v. 1230, cliketel désigne on petit instrument à per- présente la finale rare -ton% est une forme créée
cussion utilisé par les lépreux au moyen âge pour plus ou moins arbitrairement, rapprochée par
signaler leur présence (6. crécelle) puis par les Chantmine de klein -fermer-, dénominatif de kleis
marchands ambulants et les musiciens, ainsi qu’un *barre, yerrow, =Clefs,auquel le latin ckwis t+ clef)
instrument utilisé lors des offices liturgiques. pourrait être emprunté.
Concurrencé par claquette, le mot est employé par + Le mot, désignant l’organe érectile situé à la jonc-
les pêcheurs à propos d’une pierre trouée servant tion supérieure des grandes lèvres de la vulve, s’est
à lester leurs 6lets (17231et, dans certaines régions. répandu dans l’usage, quelquefois sous les abrévia-
à propos du petit levier servant à Jïxer une per- tions argotiques et familières clito 11972l, antérieu-
sienne. -Le masculin CLIQUET n. m. tv. 128ol, ap- rement cli-cli (1953) et, d’après l’anglais, clit.
paru sous la forme clicet dans l’ancienne locution
l CLITORIDIEN, IENNE adj. 117641-relatif au clito-
tout de clicet em le champ>, et employé en ancien
français au sens de sclenchem (v. 12901, a pris au ris a évincé clitorisa, ienm (18241et s’est répandu
XVIII~s. deux sens techniques, désignant une petite avec le sens spécial de *dont la sexualité clitori-
pièce empêchant une roue de tourner en arrière dienne est développées également substantivé au
(17521et, par allusion au bruit sec du ressort, le sys- féminin. - CLITORIDECTOMIE Il. f., Composé
tème de fermoir d’un bracelet 117711.-CLIQUE- avec -ectomie eablationn, désigne (mil. XY s.1 l’exci-
TER Y. in&., d’abord cliheter (v. 12301,diminutif de sion du clitoris.
cliquer, signifiait *agiter une cliquette de lépreuxn
et, par extension, -produire on petit bruit sec, bref, CLIVER v. tr., d’abord attesté au participe passé
léger et aigu souvent répétén. -En sont dérivés clivé chez le médecin bourguignon F. Bretin (15821
CLIQUETIS n. m. (apr. 1250, cliketi.4 dont le sens et repris au xvtnes. (17231,est emprunté au néerlan-
propre =succession de bruits métalliques, secs et dais klieven =fendre*, la Hollande possédant depuis
bref+ a donné la valeur fipurée de sbroit de mots= le XI?~. une industrie diamantaire florissante. Le
117521, CLIQUÈTEMENT Ou CLIQUETTEMENT mot néerlandais. antérieurement clkven, clûven,
n. m. (xv” s.1, dont l’usage s’est raréfié à partir du correspond à l’anglais to cleave et à l’allemand klie-
mie s., et l’adjectifCLIQUETANT. ANTE (1555l, tiré ben, au suédois klyfva et au danois klove. Ces mots
du participe présent. appartiennent à un radical germanique “kleub-,
CLIQUE of., appam à l’époque ClaSSiqUe (16941 “klaub- qui se rattache loi-même à me racine in-
avec le sens abstrait de =Société fermée de gensn, doeuropéenne OgLeubh- représentée dans le grec
est probablement le déverbal de cliquer eretentb, gluphein =Couper au couteau*, <creuser en taillant~
par allusion aux rumeurs et intrigues qui caracté- (+ glyphe).
risent ces coteries: il ne semble pas nécessaire + Le mot est introduit au XVIII~s. comme terme de
d’en faire une transposition de sens de l’ancien minéralogie avec le sens de =fendre un minerai
français ckque =loqu& par allusion au caractère cristallisé dans le sens de ses couches lamellaires*.
fermé de ces cercles. Quoi qu’il en soit, ce nom est Il est passé dans l’usage soutenu avec le sens figuré
détaché et démotivé par rapport aux autres mots de wzinder (un tout) en partiesB lxx” s.l.
de la série. La valeur péjorative du mot s’est aflïr-
mée en politique où clique désigne on groupe d’in- t CLIVAGE n.m., enregistré par l’Encyclopédie
térêts peu estimable. -Le sens concret, =ensemble (1753comme terme de diamantaire, a été repris
des clairons et des sonneries d’une troupes (18631, en médecine et en biologie. Par figure, il exprime
est une réadivation de la valeur onomatopéique du 119321la faculté, le fait de pouvoir être scindé en dif-
radical. férentes parties, spécialement en psychanalyse
Le pr&ïxé verbal DÉCLIQUER v. tr. iv. 1225) serait fclivage du moi). 0 CLIVABLE adj. 11838) et CLI-
dérivé de l’ancien français clique <loquet*, =dé- VEUR n. m. (18921se bornent à un usage technique,
tente*, avec le préfixe des-, dé- et une désinence en minéralogie et en chimrgie.
verbale. Archaïque ou sorti d’usage aux sens de
-décocher, envoyer des armes de traitn, +sséner CLOAQUE n. m. est emprunté (v. 13551au latin
(un coup)= (fin XI+ s.1, par figure *faire entendre. cloaca -égout* -le grand égout de Rome s’appe-
faire résonner- (1330-13321 et =fake connaître, lait la cloaca maxima- quelquefois au figuré
avouer* (K%O-13701, il a pris, sous lïoiluence de son aventres (-cataclysme). Le mot se rattache très
déverbal déclic, le sens de =déclencher le méca- probablement à une racine Okleu- représentée par
nisme d’un canom En XI$ s.l. -Le déverbal DÉ- le grec kluzein -baigner, rimer=, l’ancien haut alle-
CLIC n. m., après une attestation isolée dans déclic mand hlütar =por, propren et, en celtique, le gallois
de langue (v. 15101avec l’idée de cbavarder, caque- clir -propre*.
tep, toujours virtuelle dans ce groupe de mots, est +Repris avec le seos de =réceptacle pour les eaux
repris au XVII~s. avec le sens concret de scrochet ou sales et les immondices, le mot a pris par exten-
ressort dont le jeu met un mécanisme en adion= sion le sens péjoratif de *chose sale, endroit sale=
(16991. Il a développé par métonymie les sens de (15691et dès le xwe s. avec la valeur figurée de *cor-
‘jeu. mouvement de cette pièce* (18381et de -bruit ruption, souillures. 0 Par analogie, il est employé
ainsi produit= (18961.Par métaphore, il est employé en anatomie animale comme dénomination de la
abstraitement dans le domaine du comportement poche située à l’extrémité du tube intestinal, chez
humain pour *cause qui déclenche une réactiow. certains vertébrés inférieurs (1746-17481.
CLITORIS n. m. est emprunté (1611) au grec w CLOACAL. ALE. AUX adj. 118381est un terme di-
kleitoris, terme d’anatomie féminine. Ce mot, qui dactique d’anatomie animale.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CLIGNER
d’antititial. -Le débat sur l’action du clergé dans supposé qu’il serait le participe d’un thème racine
la vie pohtique hançaise est à l’origine des dérivés du groupe de clinare l-incliner).
CLÉRICALISER V. tr. (18731, CLÉRICALISME +Le mot désigne d’abord la personne qui code ses
n. m. (1655, cité comme néologisme et attribué à intérêts à un homme de loi puis aussi, par exten-
des journalistes belges1 et surtout ANTICLÉRI- sion, à un patricien 118451.Le xvie s. a réintroduit
CAL, ALE, AUX adj. (18661, d’où ANTICLÉRICA- par emprunt le sens politique de <personne se met-
LISME n. m. 11869,écrit avec un trait d’union). Ces tant sous la protection d’un grand, moyennant son
mots, ainsi que le concept auquel ils corres- aiden (15381, spécialement en histoire romaine
pondent, ont eu une grande importance dans le (15431.L’idée de rétribution a pris le pas sur celle de
contexte de la lutte entre tradition chrétienne et protection jusqu’à l’éliminer dans le sens commer-
républicanisme lak, à la 6n du xix’ s. et au xx” siè- cial moderne (1826; >O~“S.,en économie); tout au
cle. plus client connote-t-il encore une idée de -fidéhtém
CLÉRICATURE n. f. est emprunté (14291 au latin (18321 dans être client (chez un commerçantl, être
médiéval cktiatura, dignité de clercn 111741,et un bon client. En ce sens, le mot a évincé pratique et
désigne la condition des ecclésiastiques. II exprime chaland. Notons que, historiquement à Rome.
également 117811l’état ou la condition des clercs de c’était le patronus qui se fournissait chez ses proté-
notaire ou d’officier ministériel, quelquefois avec gés, les clientes; et c’est pourquoi l’anglais désigne
me valeur métonymique +nsemble de ces offi- encore par patron(à côté de customerl le client.
ciers.
t CLIENTÈLE n. f. est emprunté (13521 au latin
0 CLICHER v. tr., introduit tardivement 118031. clientela -état de client> et =ensemble des clients
est d’origine incertaine, peut-être dune onomato- d’un patronus-, employé à l’époque médiévale au
pée hlitch- exprimant le bruit de la matrice s’abat- sens de wassalité, ensemble des vassaux~ (1021.
tant sur le métal en fusion. L’étymon moyen alle- 10241, *ensemble des domestiques d’un seigneurs
mand hlitsch =ma.sse molle>, lui-même d’origine 111361et aussi aensemble des amis* 1671-7091.-Le
onomatopéique, quoique moins probable, n’est pas mot a suivi la même évolution que client, prenant
à écarter. au xr?s. son sens commercial: -ensemble des
clients d’un commerçant ou d’un établissement au-
t Ce terme technique de typographie signifie *fa-
quel ils sont souvent fidèles> 118321.Cependant, son
briquer l’empreinte dune forme en y coulant un
emploi dans le domaine juridique et, dans une cer-
métal fusible permettant d’obtenir une planche so-
taine mesure, médical, mobilise la connotation éty-
lidem. Au cours du xrxe s., il a pris le sens figuré de
mologique de protection. Plus nettement encore,
*copier, décalquer- (16661, l’accent étant mis soit
l’emploi du mot en politique, à propos des parti-
sur le caractère déflnitifde l’image huée, soit sur le
sans d’un parti, d’un homme politique, réactive le
caractère de copie sans originslité.
sens d’aensemble de ceux qui sont soumis à la pro-
t Le veibe est d’un moindre usage que son parti- tection d’un puissant- (1516). -De là CLIENTÉ-
cipe passé substantivé CLICHÉ n. m. (1809). terme LISME n. m. (mil. x? s. att. 19721, mot péjoratif
de typographie quasiment éliminé par le sens qu’il pour =Pratiques politiques de relations person-
a pris en photographie, “image négative obtenue à nelles intéressées>.
la chambre noiren (16651.Le sens figuré de -phrase
ou idée rebattue> (1869, Le Figaro, cité par P. La- CLIGNER v., d’abord clignier (11551 , clingnier @
rousse] procède du sens initial en typographie; sa Iv. 11751, clin&’ (v. 11801, est d’origine incertaine,
vitalité se mesure au nouveau type d’emplois qu’il peut-être d’un latin vulgaire “cludiniare, de “cludi-
connait en apposition à un substantif: phrase, dis- nare -fermer à demi les yeux>, lui-même dérivé de
cours cliché. -Du terme de typographie sont égale- cludere, variante de claudere (4 clore). L’évolution
ment dérivés CLICHAGE n. m. (18091, CLICHEUR ui>i s’expliquerait par l’influence de mots issus de
n. et Ztdj. m. (18351 et CLICHERIE n. f. (1866). LeS clinare l+ incliner) ou plus probablement de gui-
deux premiers sont passés dans le vocabulaire gner*. Sans exclure un croisement avec une forme
technique des mines, d’après le wallon cliche =lo- “cludicare (reconstituée d’après le provençal clu-
quetn, d’origine onomatopéique (+ cliquer) et à rap- car?, P. Guiraud préfère rattacher cZigrwr à “cli-
procher de clenche*. niare, altération de clinare =abaisser+, l’idée d’un
Au même ensemble expressif se rattache le verbe abaissement momentané étant plus juste ici que
homonyme 0 CLICHER v. intr. (18361, terme de celle d’une fermeture
phonétique évoquant l’idée de prononcer de façon
+Le verbe, d’abord employé dans l’ancienne
défectueuse les sihlantes ou les chuintantes, d’où le
construction clignier à qqn -lui faire signe en ch-
substantif d’action CLICHEMENT n. m. (18381.
gnant des yeux*, n’est guère employé qu’en parlant
CLIENT, CLIENTE n. (14371,d’abord sous la des yeux, des paupières, plutôt en construction in
forme dérivée clienton (13451,est emprunté au latin transitive 11180.clinier de l’uiell que transitive 11175,
ckns, terme politique qui désignait le plébéien se clingnier les iouzl. Par analogie, il est employé à
plaçant sous la protection d’un patricien appelé pa- propos dune source lumineuse qui s’allume et
troncs (+ patron). Le mot latin désignait aussi un in s’éteint par intermittence (18731.
dividu ou un peuple vassal chez les Celtes; à basse cLe diminutif CLIGNOTER v., d’abord dumiter
époque, il avait pris le sens de ~vsssal= et de eper- lapr. 12501 et ctingneter km” s.), a été repriS et r&
sonne de la domesticité du maître= 1x1~s.l. Son ori- pandu à la fin du xv” s. sous sa forme actuelle. Le
gine est inconnue, peut-être étrusque; on a aussi mot, qui assume le rôle de doublet fréquentatif de
CLONE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rie1 claustral. de claudere (+ clore) qui signif@z=ver- cien français clopin =boiteux= (1267-12681,demeuré
r-ou. barrière= puis, par métonymie, elieu C~OS~, et en jersiais sous la forme cliopin, dérivé de l’ancien
s’est spécialisé en latin chrétien en -enclos de mo- français clop, représentant du latin cloppus *bai-
nastère~, désignant parfois le monastère lui-même. teuxm (+ clocher). Le second élément est le parti-
L’évolution -o-xoi- est probablement due à l’in- cipe présent dopant du moyen lkmçais doper
fluence de cloison’, la forme régulière étant clos& ( 15341,du même clop.
(b clôture, art clore*). +D’abord -en boitant, en tirant la jambe>, le mot si-
6 Le mot a été introduit avec sa spécialisation chré- gniCe par extension -dans un état souBeteux*, au
tienne, désignant à la fois la partie du monastère figuré -de manière indécisen.
interdite au profane, spécialement la partie d’une w Si clop a disparu, son dérivé verbal est resté vi-
maison religieuse constituée de galeries couvertes vant. CLOPINER v. intr., d’abord clopigwr (1155)
à colonnes autour d’une cour intérieure (v. 11001, puis clopiner (1330-13321,dérivé de l’ancien clop, a
et, par métonymie, le monastère lui-même (XII”~.). supplanté le verbe cloper, moins expressif 0 Il a
Une autre métonymie de nature abstraite lui produit CLOPINEMENT n.m. (18771 et CLOPI-
donne la valeur de -fait de vivre recluse. NARD n. m. (1947), fOITné par la même image et
. Le dérivé CLOITR~ER. IÈRE n. et adj., d’abord avec le même suBïxe que clochard, auquel il sert de
cloktrer (1170-l 1801puis cloishier (1181-l 1871-reli- synonyme plus rare. - CLAMPIN n. m. ti xvf s.,
pieux cloîtrés, n’est plus employé que par ar- clanpin) est l’altération de ~Lopin, peut-être sous
chaïsme littéraire (Huysmansl. 0 Le dénominatif l’tiuence d’un mot comme lambin* dont il a re-
CLOITRER v. tr. (16231, sfaire entrer qqn dans un pris (18321 le sens de slent, paresseux-, spécialisé
couvent fermé=, possède aussi la valeur figurée de dans l’argot militaire en =traînard~ (18331.
<enfermer, mettre à l’écart* lnotamment à la forme 0 Yor ÉCl.OPER.
pronominale : se clok?r).
0 YOLT CLA”STaAL.cLAusTaATloN. CLA”STaER. CLOPORTE n.m. est d’origine incertaine
(xuI~s.), probablement composé de clore* et de
CLONE n. m. est emprunté (1953) à l’anglais porte*, littéralement -celui qui clôt sa porte>, par al-
clan (19031puis clone (1905, C. L. Pollardl, emprunt lusion à l’habitude qu’a ce petit crustacé isopode de
en botanique au grec klân -jeune branche, s’enrouler sur lui-même dès qu’on le touche
rameau*, <pousse*. Ce dernier est probablement la (cf. bernai-c-l’henitel. Une altération d’un type
contraction d’un “klaôn, dérivé de klaein -briser, “croteporque, littéralement *porc de grotte*, que
casser,, terme apparenté à kladm -branche, m- l’on peut déduire du provençal parquet de crota
meaw, au centre d’une famille de mots relatik à la -cloportes, se heurte au fait que seule la forme clo-
taille de la vigne; hors du grec, on rassemble des porte est enregistrée dès l’ancien français
formes verixdes indoeuropéennes de structure et
de sens ditrérents : litusnien kdti #forger, marte- 4 Cloporte a donné quelques emplois métapho-
lep, vieux slave klati *piquer, fendre*, latin percel- riques péjoratifs se référant au comportement
lere <frapper violemment> rampant de l’animal et à sa viscosité. Par jeu de
mots sur sa fonction ou par allusion à l’obscurité de
+ Le mot se rapporte en biologie à un mode de des- sa loge, il est devenu une désignation populaire du
cendance par multiplication végétative ou parthé- concierge (1880).
nogenèse. Par métonymie, il désigne l’individu
ainsi obtenu, sens qui a essaimé dans l’usage fi-
guré, en particulier dans le contexte de la science-
CLOQUE n. f., attesté tardivement (17501,est la
fiction et en informatique, par réemprunts à l’an- forme normanno-picarde de cloche* qui, en picard,
signifie spécialement xespèce d’ampoule qui se
glo-américain. 0 L’obtention effective de clones
forme sur l’eau quand il pleut*.
animaux après 1990 (vaches, brebis...). alors que le
clonage est une pratique ancienne en botanique, a + Le mot est apparu en arboriculture à propos de la
donné au mot et à ses dérivés une importance ma- boursouilure qui s’attaque aux feuilles du pêcher.
jeure dans le débat sur la bio-éthique (problème du Par analogie. il est passé dans le vocabulaire tech-
donage humain). nique des verriers et fabricants de porcelaine pour
. Clone a produit CLONAL. ALE. AUX adj. (1961) désigner une boursouilure dans le verre ou l’émail
et CLONER Y. tr. (seulement attesté en 1979 mais (18481. 11 s’est répandu tardivement avec le sens
antérieurl, ce dernier pour traduire l’anglais d’sampoule sur la peau>, d’abord populaire (18661
to clone (1959). 0 Le verbe et son dérivé CLONAGE
avant d’évincer cloche, attesté en ce sens depuis
n. m. (19701 se sont répandus hors de leur accep- 1640. Par la métaphore du gonilement (6. avoir le
tion scientifique à propos d’un mode de reproduc- ballon). il est passé en argot dans la locution
tion par stricte conformation à un modèle. Imettre, êtrel en cloque <enceinte> (1901).
0 “or les mots en -ckxe, -darte ta” premier élémentl. CIa +CLOQUER v. tr., précédé par la forme adjectivée
MATlTE. CLOQUÉ, ÉE (18321 confondue ultérieurement
avec son participe passé, est un terme technique
CLOPE -f CIGARE exprimant l’idée de -boursouiler- et -se couvrir de
cloques>, en arboriculture et en peinture. Cloqué se
CLOPIN-CLOPANT lot. a&. est une forma- dit aussi d’un tissu, d’un papier. -CLOQUAGE
tion attestée à l’époque classique (1668, LaFon- n. m. (18661 est surtout dit de l’apparition d’une
tainel du type cahin-caha, couci-couça avec l’an- boumouilure dans une couche de peinture.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CLIQUER
$ Au début du xvnes., l’adjectif qualifie la personne ~UneV~anteCLIPER.seC~~ppera faitsonappti-
qui, étant malade, garde le lit et le substantif, pa- tien dans le style journalistique (1989) au sens de
rallèlement, désigne la médecine pratiquée au 4se) fixer comme par un clip.
chevet du malade (16261.Ce sens est passé à l’ad-
jectif, dans médecine clinique (1696) et examen ou 0 CLIP n. m. est emprunté (v. 1980?; attesté
signe clinigue avec la valeur de =qui s‘établit 19831à l’angle-américain clip ou également video-
d’après l’observation directe du malade et non par clip, spécialisation, née de la rencontre de la mu-
la théorie>. 0 Le substantif a pris son sens moderne sique rock et de la technique vidéo, du sens -extrait
au ti s., désignant l’enseignement donné par un de film> (19581.Ce dernier est un emploi particulier
professeur près du lit des malades (18081d’où, par du sens de =coupure, extraitm (18301,clip désignant
métonymie, l’emploi de une clinique pour l’établis- d’abord les ciseaux, les cisailles (1681, pour la laine
sement où est donné cet enseignement (18141,dans des moutons) et exprimant l’action de couper, de
chefde clinique, et. surtout, du point de vue du pa- tailler (18251.Ce nom est le déverbal de to clip «cou-
tient, l’établissement où le malade reçoit des soins per aux ciseaux, tondre la laines, apparu sous la
(18901,sens devenu très courant en France avec la forme clippen cv. 12001dans le nord de l’Angleterre,
répartition entre hôpital (public) et clinique (PI-- probablement de l’ancien norrois klippa (d’où nor-
v&). végien, suédois klippa, danois klippd. Ce mot est
t Les dérivés appartiennent au vocabulaire didac- probablement d’origine onomatopéique, avec
tique élaboré &u xx”siècle. CLINICIEN, IENNE transfert de la notion primitive de <faire un bruit
adj. et n. (18381 se dit du médecin, CLINIQUE- secm,attestée par le bas allemand klippen, à celle
MENT adv. (18521 signifie “par l’examen cliniques d’eaction produisant un bruit sec, par exemple en
et -du point de vue clinique, médicale, et CLINICAT maniant des cisailles=.
n. m. (18661*fonction de chef de clinique>. +Le mot, d’abord et surtout employé dans les syn-
POLYCLINIQUE n. f. (18641,%Clinique soignant plu- @mes clip vidéo et vidéoclip, désigne un court 6lm
sieurs [+ poly-*) types de malade=, procède du sens vidéo utilisant des effets spéciaux et réalisé pour
le plus courant de clinique n. f. et est plus ou moins promouvoir une chanson, un groupe musical. Il
confondu avec POLICLINIQUE n. f. littéralement s’est rapidement difF& par la télévision, investis-
<clinique de la villem (du grec polis =Cité>, -police). sant le style journalistique dans des domaines
autres que la musique Mip politiqud, également en
CLINQUANT, ANTE adj. et n. m. est une apposition et en emploi adjectif(l9871, par exemple
variante nasalisée (1454, clincantl de cliquant dans esthétique clip.
(13061,participe présent adjedivé de cliquer* ‘pro- 0 “OITCLPPER
duire un son clair et métalliques.
+Dès le ~V”S., par un transfert substituant la re- CLIPPER n. m. est emprunté (18351 à l’anglo-
présentation visuelle à la sensation auditive, ob- américain clipper, nom d’un voilier de fort tonnage
servé dans clicquant -brillants (xv’s.1, le mot dé- à vitesse élevée et aux formes minces, créé spé-
signe une lamelle d’or ou d’argent utilisée dans cialement à Baltimore pour le commerce du thé et
l’ornement d’habit. o Par l’intermédiaire de la dis- du coton. C’est une spécialisation, par allusion au
tinction vrai clinquant-faux clinquant, ce dernier fait que ce voilier fend les flots (18231 de cltpper,
syntagme désignant un métal simplement doré ou nom d’agent (v. 13301 correspondant à to clip
argenté, il a pris au xv? s. le sens dépréciatif de =tondre, couper- (+ 0 clip), employé au figuré pour
-mauvaise imitation de métaux précieux* (16801. <couper court* d’où Ebattre rapidement des ailes~
Par transposition au figuré, il est passé dans l’usage et *se mouvoir rapidement, filer- (18381.
général à propos d’un éclat faux, tapageur et trom-
4 Le mot, tant avec son sens d’emprunt qu’avec ses
peur (16771. Ce sens péjoratif. aujourd’hui domi-
extensions. *canot de plaisance de forme &%Se~
nant, est réalisé à son tour par l’adjectif (18441.
(1854) et, par analogie, *avion de transport trsnso-
0 voir QUINCAILLIER.
céanique* (19391, est d’un usage technique et a
0 CLIP n. In. est emprunté (19321à I’anglo-amé- vieilli lorsqu’il ne s’agit pas d’évoquer le passé.
ricain clip -bijou muni d’un fermoir à ressort=, sens
spécialisé de l’anglais clip (v. 14701=pince, agrafe=. +%CLIQUER v. ink. est formé (13061surle radi-
Ce mot est le déverbal de to clip, du vieil anglais cal expressif klikk- évoquant un bruit sec (- clin-
dyppan (v. 825) -étreindre, encerclera. ayant déve- quant). D’après les dérivés, ce ve&e devait être em-
loppé de nombreuses acceptions techniques. Ce ployé dès le début du XIII~siècle. Son radical existe
dernier se rattache à un germanique “khppjan qui sous des variantes vocaliques (+ claque) et conso-
a des correspondants, en dehors des langues ger- nantiques (-clapper, clapoter). y compris dans
maniques, dans le vieux slave razglobiti *presser*. d’autres langues, notamment germaniques (+O
le lituanien gl&ti -embrasser-, et doit donc être in- clip).
doeuropéen. (Le verbe, signillsnt *émettre un bruit sec*, n’était
(Le mot a été lancé avec la mode des broches plus employé, sinon régionalement ou par aJ-
montées sur pince dans les armées 1930. Il a été re- chaïsme, mais a produit une importante dériva-
pris dans le vocabulaire technique de la médecine tion. 0 Il a été repris par anglicisme (de to click. du
pour désigner une agrafe chirurgicaIe. même radical) en informatique.
t Avec sa spécialisation technique, il a donné CLIP- t Dès le XI? s., plusieurs dérivés apparaissent qui
PER v.tr. b.1950) =serrer, tenir avec des clips~. sont demeurés dans l’usage. -CLIQUETTE n. f.
CLOVISSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

clouté, parmi ses emplois adjectifs, est Iexicalisé t Le mot est attesté en français dans un ouvrage
dans passage clouté (19321, nom d’un passage ré- sur le cirque de M. Franconi comme nom d’un
servé aux piétons et marqué par deux lignes para- comique équestre, mais il ne s’impose pas mimé-
Ièles de larges têtes de clous SUT la chaussée (pro- diatement à côté de grotesque et paillasse, termes
cédé plus tard remplacé par des bandes). en usage pour désigner le bouffon du cirque. Il
- CLOUTERIE n. f., d’abord cloueter%? (1202) eh an- semble que ce soit Jean-Baptiste Auriol (1806-18811
cien wallon, et CLOUTIER n. m. (1228) sont deux qui ait assuré au clown sa primauté parmi les
termes de métier dérivés du diminutif clouet, sorti comiques de la piste (sauteurs, polichinelks,
d’usage. - L’infhence de ce groupe de dérivés en t- mimes) et l’ait acclimaté après 1830, muni du cos-
a fait reformer l’ancien français clouyère n. f. (13% tume conforme à la tradition du botion anglais. Le
1384) en CLOUTIÈRE (1676l, mot teChniqUe dési- personnage s’élabore avec l’apport des clowns bri-
gnant me pièce qui sert à former les têtes des tanniques sur la scène i?abçaise et l’apparition du
clous et, avec une autre valeur accordée au suflïxe, nouveau type, l’auguste I-auguste), englobé par
une boite à comparkments pour ranger les clous l’usage courant sous le même terme que le véri-
(17711. table clown, dit clown blanc. oPar extension, le
ENCLOUER V. tr., d’abord encloer @a XII~ s.), a mot se répand dans l’usage avec le sens de =per-
vieilli dans l’usage général au profit de clouer, mais sonnage qui fait rire* (18581, notamment dans faire
s’est maintenu dans des spécialisations techniques, le clown.
en médecine vétérinaire pour <blesser un cheval .CLOWNERIE n.f. (1842l, d’abord avec l’ancien
avec un clou en le ferrant= Iv. 12051, en artillerie sens collectif Kensemble de clowns=, désigne des
pour mettre Ion canon) hors d’usage en faisant pé- actes, des manières de clown (1853). r CLOW-
nétrer dans la lumière un gros clou d’aciers (1461. NESQUE adj. (18781 qualifie ce qui est propre au
14661. -ENCLOUURE n. f., encore Vivant avec le clown et, par extension, évoque le comportement
sehs figuré de *dficulté, épine* (1174-1175, en- d’un clown -CLOWNESSE n.f. (1884) n’a pas
doëure), désigne la blessure du cheval encloué réussi à s’imposer devant femme-clown après les
(1600, enclot&?urel. -ENCLOUAGE n. m., emegis- années 1900 où il connut une certaine vogue.
tré dans l’Encyclopédie (1755l, constitue le nom - CLOWNISME n. m. et CLOWNIQUE adj. ser-
d’action dans les deux spécialisations. virent à Charcot et aux médecins de la iïn du XIX~~.
à décrire la crise d’hystérie, mais ont disparu.
CLOVISSE n. f. enregistré une première fois
sous la forme clouikse (161 ll, puis repris sous la CLUB n. m. recouvre deux mots distincts em-
forme clovis (18381 modifiée en clovisse (18461, est pruntés l’un au XVIII~ s., le second à la iïn du xix’ s.
emprunté au provençal clauvisso =Petit mollusque au même terme anglais club. Celui-ci. d’abord
comestible à coque bivalve>. Ce mot est une ahéra- clubbe, clobbe Cv.12051, est issu de l’ancien norrois
tion kvs’s.l de clau.sisso (XVI~” s.1 dérivé de clous, klubba (d’où suédois klubba, klubb, norvégien et
participe passé de claure, correspondant du h-a- danois klubbe, klub), issu par assimilation de
çais clore? klumba -massue, bâton*. La racine à laquelle ap-
+ Le mot, noté par Cotgrave comme marseillais, est partient ce mot est la même que celle de l’anglais
un nom régional IProvencel de la palourde. clump *massif, bouquet d’arbres~; certains l’ont rat-
tachée à la racine indoeuropéenne représentée en
CLOWN n. m., d’abord cloune, forme citée latin dans globus C- globe) avec l’idée d’une masse
comme la -prononciation exacte du mot anglak compacte. Le mot anglais désigne une massue, un
(1817l, puis clown. (18231, est emprunté à l’anglais gourdin et, par spécialisation de fonction, un bâton
clown. Ce mot, apparu au xv? s. sous les formes utilisé dans divers jeux de balle, en particulier au
cloyw cloine (15631, puis clowns (15671 et cloune golf (v. 1450). Le développement du sens de =ré-
(15701 d’où clown. a de nombreux correspondants union de personnes= (16481 serait né de celui de
dans les langues germaniques: Mson htinne, masse, agrég& t145Ol, peut-être d’après le verbe
klünw <homme rustique, Pataud#, klündj <~OUI- to club attesté depuis le XVII~ s. au sens de mettre
daudn, islandais klunni -balou&, néerlandais ensemble, agréger, regrouper-n d’où mettre en as
kleun n. f. &lle robusten et kloen n. m. donné sociation*.
comme équivalent de l’anglais clown. en 1766. On +Le mot est introduit en 1698 pour décrire une so-
est donc en présence d’un mot germanique. Ce- ciété anglaise qui se réunit périodiquement pour
lui-ci, signikmt originellement motte de terre, boire et discuter. Il est encore rare en France au
masse, morceaua, s’est appliqué par métaphore à XVII~ s. pour désigner ce type de groupement (1724.
une personne balourde, mal dégrossie. Certains, à 1731, club de l’Entresol et se répand avant la pé-
la suite de Ben Jobson, ont vu dans clown le re- riode révolutionnaire (1774) avec le sens spécifique
présentant du latin colonus =habita& (-colon), de #société politiquen passé dans l’histoire (par ex.
mais cette hypothèse manque de fondement. Le le club des JacobinsI. II se répand au XIX~ s. en par-
mot anglais a d’abord désigné un paysan et, avec lant d’un cercle où se réunissent des gens qui ont
me vahr péjorative, un rustre (15651. Avant la iïn des buts commtms, surtout dans le domaine sportif
du xv? s., il est passé dans le vocabulaire du théâtre 0 Un réemprunt à l’anglais a fourni le sens méto-
comique où, par extension, il a évolué de *bouffon nymique de &r-ge et profond fauteuil de cuir=
Campagnard~ en cbo&on quelconques (chez (19341, seul et surtout en apposition à fauteuil 11953l,
Shakespeare1 et, ultérieurement, *personnage en référence à un type de siège confortable ré-
comique de la pantomime ou du cirque> (XVIII~ s.l. pandu dans les clubs anglais. oUItérieorement,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 781 CLOÎTFW

i(c 0 CLOCHE n. f. est hérité (av. 11501 du bas 0 CLOCHER v. (1547). &nnoncer à son de cloches,
latin clocca, attesté en 550 dans le domaine anglais et son dérivé CLOCHEMENT n. m. (1637) n’ont pas
et importé sur le continent par les moines irlandais réussi à s’implanter, peut-être gênés par l’exis-
évangélisateurs de l’Europe. Le mot, formé sur une tence du verbe homonyme 0 clocher*.
racine celtique (ancien irlandais clac de même 0 voir CLOCNE.
sens), doit correspondre à une onomatopée appa-
rentée à klak-, klih-. Il a remplacé le représentant
0 CLOCHE + 0 CLOCHER
du latin campana dans les parlers du Nord et dans t 0 CLOCHER v. intr., réfection (v. 1200-1220)
plusieurs régions du Sud (-campanile, campa- de clocher Cv.11201, dochier Cv.1170-11751, est issu
!lUk). d’un latin populaire “cloppicare <boitena, dérivé de
+Nom d’un instrument à percussion important cloppus -boiteu+ qui a tendu à remplacer c1audu.s
dans la culture par son usage religieux, cloche a l+ claudication). Le mot contient la gémination ex-
donné plusieurs locutions usuelles fsonner les pressive caractéristique des adjectifs marquant
clmhes~, notamment de sens figuré kon de cloche1. une difformité (lippus *chassieuxml et la même
o Par analogie de forme, le mot désigne divers ob- consonne initiale que son synonyme cZau&s.
jets creux qui recouvrent, protègent (15381, en par- +Ce verbe, signifiant <boiter-, a été gêné par la
ticulier une coupe de forme hémisphérique que concurrence de boiter. Il s’est surtout répandu avec
l’on met sur les melons et autres plantes fragiles un sens figuré : -être défectueux> (v. 1200-1220). Il
(1675). et dans cloche à fmmage (XIX~~.) un cou- est passé dans l’usage familler, surtout comme im
vercle sous lequel on place le fromage. D’autres personnel.
emplois particuliers d’ordre technique (1678, w l?,n Sont dérivés CLOCHEMENT n. m. (1363) et
cloche à plongeur) ou courant tel le sens =Chapeau CLOCHE-PIED IÀI lot. adv. et n. m. (v. 1400). et
évasé sur les bordsn (1904) aussi chapeau cloche, par s&atiOn péjorative : CLOCHARD, ARDE n.
sont demeurés vivants. Par comparaison, cloche (1895) qui s’est mis à désigner un type social impor-
fait son entrée dans le Dictionnaire comique de Le- tant de marginal des grandes villes, notamment
roux (17181. appliqué à des gens indécis, à qui l’on Pans. Clochard est quelquefois modifié en CLODO
fait dire ce que l’on veut, qui fait allusion au mouve- ou CLODOT (19261, peut-être avec l’élément -dol
ment de va-et-vient et à l’idée de balancer ahési- de craolot. -Le mot a produit le déverbal
ter=. Telle pourrait être l’origine du sens argotique 0 CLOCHE n f. (18981, de être àla cloche (1882) dé-
puis familier de =personne stupide et incapable* signant à la fois un clochard et, collectivement, l’en-
(18721, à rapprocher de l’expression avoir la cloche semble des clochards. -Dans la seconde moitié du
fêlée <<être fous où cloche a le sens de -tête> (1819). xx” s., Clochard a servi à former CLOCHARDISER
Cependant, certains rapportent le sens de -per- v. tr. (1957) et CLOCHARDISATION n. f. (1957) la
sonne incapable* à l’homonyme cloche, déverbal symbolique du clochard, assez folklorique, étant
de clocher*. passée à l’évocation d’un sous-prolétariat. Par ail-
.O CLOCHER n. m., d’abord clochier (1160-11701, leurs, on a évoqué le déverbal 0 cloche pour expli-
dérivé de cloche d’après le latin médiéval clocca- quer le sens figuré de 0 cloche <personne inca-
rhum Cv 8001, désigne, avec un sens local, la partie pablex.
élevée d’une église qui contient les cloches. Par 0 Kxr CLOPIN-CLOPM.
une métonymie référant au fait que le clocher est
0 CLOCHER - 0 CLOCHE
l’emblème par excellence du village, du bourg, il a
inspiré la locution esprit de clocher -esprit attaché CLOISON n. f. est issu (v. 1170-1180) d’un latin
exclusivement à ce qui concerne son milieu local>. populaire “clausio sfermeturea, formé sur clausus,
CLOCHETTE n. f., d’abord clochete (déb. XIII~~.~, participe passé de claudere (+ clore).
réalise le sens propre de =Petite cloche> et. par *Le sens d’=enceinte*, spécialement zenceinte for-
analogie, fournit une dénomination pour plusieurs tifiées, est propre à l’ancien et au moyen français.
espèces de fleurs dont la corolle évoque une petite Encore répertorié en 1611, il a disparu au profit du
cloche (1611). -Son dérivé verbal CLOCHETER sens de =Paroi légère séparant deux piècesn (1534).
v. lntr. Cfin mf s.) a eu en ancien et moyen français 0 Par analogie, le mot est passé dans le langage de
le sens de =Sonner, en parlant de la cloches, afaire la description didactique (anatomie, biologie) pour
tiiter une clochette= (1379); sa reprise en 1853 =ce qui divise naturellement une cavitén (1732). Il a
CG. Sand) n’a pas sti à diffuser le mot. o Son dé- développé les mêmes valeurs figurées que barrière.
rivé CLOCHETEUR n. m., d’abord cloqueteur (1326)
.Le nom a servi à former plusieurs dérivés.
a désigné le sonneur qui autrefois précédait le oCLOISONNÉ, ÉE adj. (17521, CLOISONNER
convoi funèbre en agitant une clochette. Le mot, v. tr. (1803). d’OÙCLOISONNEMENT n. m. (18451, et
sorti d’usage et repris au mes., s’applique quel-
le didactique CLOISONNISME n. m. (v. 1950)*style
quefois au mannequin d’horlogerie qui vient aux pictural où les zones de couleurs sont cernées,
heures frapper un timbre (1863, Gautier). -Clo- comme chez Gauguin.. -Le préfixe dé- a servi à
chette a également servi de base pour former CLO- former DÉCLOISONNER v.tr. (1963), d’où DÉ-
CHETON n. m. (v. 17OOl, bien que le sens de ce mot, CLOISONNEMENT Il. m. (19631, employés en at-
apetit clochers. en fasse sémantiquement le dimi- chitecture et abstraitement.
nutif de clocher. o À son tour clocheton a donné
CLOCHETONNÉ, ÉE adj, (1859) à la description at- CLOÎTRE n. m., d’abord cloistre (v. 11001, clostre
chitecturale et littéraire. (v. 11651, est issu du latin cZau.strum km-tout au plu-
COASSER 786 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gniJiant étymologiquement *grandir ensemble* + Le mot désigne d’abord un minerai gris clair, uti-
d’où &mir en croissant=, est composé de co- lisé en particulier dans la fabrication d’aciers spé-
*avec* (+ CO-Iet de alescere -se nourrir- d’où *gran- ciaux et de colorants, le plus souvent bleus (d’où le
dirr, inchoatifde alere -nourrir- au propre et au fi- syntagme bleu de cobalt). Le mot sert ensuite
puré C-haut). (mil. XVIII~s.) à désigner le métal extrait de ce mine-
+Après une attestation isolée au xwe s. au sens de rai, isolé dès 1733 par le chimiste suédois Brand,
w&nion, croissance>, dans un contexte théolo- avec de nombreux syntagmes chimiques et des
gique, le mot a été repris au xw$ siècle II est alors composés. Les thérapeutiques au cobalt radioactif
emprunté (1718) au langage politique anglais koali- donnent lieu à des expressions comme bombe au
tien ofparties, 1715) où il est une spécialisation du cobalt.
sens de -réunion* (1612). D’abord employé dans un w Le mot a produit depuis le milieu du x+ s. quel-
contexte anglais à propos des whigs et des tories, ques termes de minéralogie et de chunie : COBAL-
puis franco-anglais (17761,il s’est acclimaté en poli- TIQUE adj. (1845),COBALTEUX,EUSE a.dj. (1868,
tique !kmçaise. La spécialisation d’mentente entre Wurtz), des noms de minéraux comme COBAL-
ouvriers ou entre patrons dans un but profession- TINE n.f (1868,WUrtz) ou COBALTITE n.f (>Mes.).
nel ou économiquen (1836) est sortie d’usage au et des composés: COBALTHÉRAPIE ou COBAL-
profit d’autres termes comme syndicat. Le sens TOTHÉRAPIE n.f
concret d’eagrégation de plusieurs substancesn en Le nom allemand KOBOLD a lui-même été em-
physique (1753) puis, par métaphore, dans le style prunté comme nom d’un lutin germanique, intm-
littéraire du xrxe s., est également sorti d’usage. La duit en 1835 par Nerval dans sa traduction du Faust
valeur la plus active est diplomatique et concerne de Goethe. Antérieurement, on rencontre les
les alliances dans un conflit, notamment dans des formes cobolde et coballes dans Les WLiwes des
circonstances historiques précises (les coalitions spectres kiition de 1586) et hobah& (16711, donné
successives contre Napoléon). comme mot islandais.
~COALISER v.tr. a été tiré de coalition avec le 0 voir MBEIJN.
sufExe -iser (1790, Mm’ de Staël) et a produit à son
tOUrCOALISATI0Nn.f (1791).reStérare,et COA- COBAYE n. m. est lakmcisation (18201du latin
LISEUR, EUSE adj. (1904). 0 Le participe passé scientifique katiaj cobaya (1760, BuEon), probable-
COALISÉ, ÉE a été adjectivé et substantivé. no- ment emprunté au tupi sabuya par l’intermédiaire
tamment en diplomatie où il a lï-équemment, du portugais cobaya (1643 en latin moderne),
comme le verbe, une valeur péjorative. d’abord écrit çabuyâ (encore en 1795).
COALESCENCE n. f., formé savamment en méde- + Nom d’un petit mammifère rongeur, le mot a pris,
cine (1537) sur le radical du latin coalescere =s’unir~. par allusion à l’utilisation de ce mammifère en la-
est employé spécialement en parlant des éléments boratoire, le sens figuré de =Sujet d’expérience=
formant un mot et des lèvres d’une plaie en voie de kx’s.1.
cicatrisation. Le mot a est passé avec les deux spé-
cialisations du verbe latin, en médecine et en pho- COBRA n. m. est issu, par abréviation (1866). de
nétique (1548). Il est passé en chimie pour dénom- la dénomination cobra capel(1587) et cobra de ca-
mer le phénomène de réunion de particules en pelo (1701). empruntée au portugais cobra de capel,
suspension. 0 Le nom a pour dérivé l’adjectif ci- de capello. proprement <couleuvre à capuchonm,
dactique COALESCENT.ENTE (1850). parce que la peau du cobra forme sur sa tête une
sorte de capuchon. Cobra, qui signifie en effet ~COU-
COASSER v. intr., d’abord coacer (15541, est leuvren, est issu (tis.) d’un latin populaire “c&-
emprunté au latin coaxare, lui-même formé à par- bra pour c6lübra (- couleuvre): cape110acapuchonm
tir du grec hoa.% onomatopée du cri de la gre- représente le bas latin cappellus (+ chapeau).
nouille. 4 Le mot désigne un grand serpent venimeux du
+Le verbe s’emploie, pour w-ierm, en parlant de la genre naja, dont le cou se gonfle lorsqu’il est irrité.
grenouille et du crapaud et a développé le sens fi-
guré péjoratif d’&mettre des sons, des propos dé- COCA mm. est emprunté (1558) à l’espagnol
sagréables~ (av. 1720). coca (v. 15501, lu-même emprunté à l’aymara,
langue indienne du Pérou où le mot semble majo-
. COASSEMENT n. m., d’abord écrit croazement
(1600) et codssement (16771,sert de nom d’action à ratif et désignerait la plante par excellence. La
coca, arbrisseau poussant dans les vallées humides
coasser, au propre puis 11832.Hugo) au figuré.
des Andes, était dès la plus haute Antiquité la
COBALT n. m. est emprunté (av. 1564) à l’alle- plante sacrée des Incas.
mand Kobalt, Kobolt minerai gris cl& (1526, Pa- +Le mot désigne l’arbuste andin et, par métony-
racelsel, tiré de Kobold, nom propre d’un lutin ma- mie, sa feuille que les Indiens mâchent pour son itc-
licieux hantant les anciennes mmes et qui avait la tien stimulante IL%~), puis la substance extraite de
réputation de voler le minerai d’argent pour le ces feuilles.
remplacer par ce minerai, alors jugé inutilisable. cDe coca est dérivé COCAINE n.f (1856, La
Cette étymologie, comparable à celle de nickel*, Châtre). nom d’un alcaloïde extrait des feuilles de
est cohérente avec l’ancienne représentation ger- la coca et découvert par M. Niemann, pris par mé-
manique du monde souterrain comme séjour d’es- tonymie pour désigner la substance préparée à
prits malfaisants, tels les Nibelungen. partir de cet alcaloïde, à usage médical ou utilisée
DE LA LANGUE FRANÇAISE 763 CLOU
0) dc CLORE Y. tr. est issu (av. 11501 du latin clau- sibilité de faire un acte on d’agir en justice après
dere *fermer*, mot appartenant à la famille de cla- l’expiration d’un délai> (14661. -Son nom d’action
vis =Clef* (+ cleD et ckwus -cheville* (+ clou), à base FORCLUSION n. f., formé (1446) d’après exclusion,
ckzu-, ensemble de formes dont la parenté est dou- est un terme de droit réintroduit en psychanalyse
teuse, et que l’on a rapproché du vieux slave hlju?i par Jacques Lacan pour traduire l’allemand Ver-
-clef*. werfkg crejetn, employé par Freud en relation
+ Le mot, très usuel en ancien et moyen français, an avec la psychose; le mot concerne le rejet primor-
sens propre et an sens figuré de -se terminer- dial d’un -sign&mtn fondamental hors de l’univers
(1405, se clore), a été presque entièrement éliminé symbolique du sujet. Ce mécanisme, distinct du re-
par fermer*, probablement en raison de l’homony- foulement, serait à l’origine de la psychose.
mie de certaines de ses formes avec celles de ENCLORE v. tr. (1050) continue le latin populaire
clouer. Le sens spécial, =entourer d’une enceintes “inckzudere, réfection d’après claudere du latii
(av. 11501, a été supplanté par les dérivés enclore et classique includere (k+ inclure) eenfermen. -Le
clôturer. Certains correspondants kmglais to close, verbe, employé au propre et, dans le style soutenu,
italien chiuderel sont restés usuels. au figuré, a servi à former deux noms : ENCLOS
t À la différence de clore, les dérivés se sont bien n.m. (12831 cespace entouré d’une clôtnren et,
maintenus: CLOS, CLOSE p.p. a été adjectivé d’après Cb%Ure, ENCLÔTURE n. f. (av. 1250, enckx-
(1130) et est entré dans quelques syntagmes à va- hure) -action d’enclore> et, concrètement, *ce qui
leur figurée (à la nuit close, maison close, euphé- sert de clôture>, ce dernier beaucoup plus rare.
misme pour bordel, 1931). De bonne heure, le mas- -ENCLOSURE n. f. est un anglicisme repris (18041
culin clos a été substantivé (v. 11501. probablement à l’anglais enchure (1538) ‘action d’enclore~, spé-
d’après le latin médiéval clausum (7211, participe cialisé comme terme de course ~IX” s.l et lui-même
passé neutre substantivé de claudere, pour dési- empnndé à l’ancien français enckxure n. f. (12701,
gner un terrain cultivé clos de haies. -CL~- dérivé d’enclos sorti d’usage. Repris en turf, le mot
SIER. IÈRE n. (1225-1230) -gardien d’un C~OS~,peut- est aussi employé en géographie à propos d’une
être tiré de clos d’après le latin médiéval closarius, parcelle de terrain enclose de haies ou de murs, en
attesté dans les pays de Loire an sens de *métayer- Angleterre.
En xl”-déb. XII~ s.1, est sorti d’usage. tout comme le
diminutif CLOSEAU n. m. (13091, d’abord closel,
formé à l’image du latin médiéval clausellus (864)
=Petit C~OS~.-Seul CLOSERIE n. f. (1449, clowsetil,
=Petit clos contenant une maison d’habitations. est
CLOU n. m. est issu (10801 du latin clcwus sche- 0)
ville (de bois puis de ferln et est employé avec di-
encore employé spécialement dans l’Ouest en par-
vers sens techniques dans la langue nautique, mé-
lant d’une exploitation rurale sans bœnfs de la-
dicale kbouton, colz.1. agricole knceud dans les
bour. Il reste une trace de l’ancien sens de <jardin
tires-1. Le mot appartient à une famille de termes
consacré à des amusements publics* en usage à
techniques assez obscure à radical clau- (-clef,
Paris an xc? s., par exemple dans Closerie des lila.s,
clore).
nom d’un célèbre café parisien.
CLOTURE n. f., d’abord closture (v. 11551, continue + Passé en français avec le sens de <petite tiie mé-
le bas latin clausura ~extrémité- kve s.), .-action de tallique à tête servant à fixer, à décorer-, le mot a
fermer=, k-&rnment pour fermer- W s.), lui-même pris dès le xne s. les sens analogiques de -fnroncle~
dérivé du participe passé de claudere. Clostire cor- (1170) puis de =bouton floral en forme de C~OU~dans
respond à un type “clausitura, d’après les verbes à clou de girofle (1225-12301. -11 a connu un grand
participe passé en -ifw, au lieu de clauws, et sti- développement dans la langne populaire et argo-
fixe -ura. 0 Le mot a supplanté I’ancien type clo- tique du axes. : le sens de -mont-de-pi&& (18231
sure (x11~s.1. se répandant avec le sens concret vient de ce qu’on y suspendait les objets mis en
d’=enceinte= et avec le sens figuré =action de mettre gage à des clous, son emploi argotique pour spri-
un terme à qqch.n (14151, dans le langage adminis- sow (1835) repose SUT l’idée d’senchaînement, Un-
tratiiet juridique. D’une spécialisation en architec- mobilité* par comparaison implkite avec la fonc-
ture religieuse. =enceinte d’un monastères (13441, tion du clou. ~Avec une valeur dépréciative, il
proviennent des emplois métonymiques : -partie désigne un objet usagé (18651, une mauvaise bicy-
d’un couvent interdite aux laïcs~ et -obligation dans clette (1698, d’où biclou -bicyclettenI, un mauvais
laquelle sont les religieux de ne pas sortir du mo- véhicule WlO6) et, en locution des clms, hem. o Le
nastèren. -Le dérivé CLÔTURER v. tr. (17871. ap- sens réalisé dans clou du spectacle (1878) fait ex-
paru simultanément avec le sens figuré et le sens ception, l’idée étant peut-être que l’objet suspendu
propre (17951, tend, trop souvent an goût de l’Aca- au clou attire l’attention.
démie, à remplacer clore dans des expressions b Du nom ont été dérivés deux verbes avec leurs
comme clôturer un débat, une séance, WI congrès. dérivés : CLOUER v. tr., d’abord cloer (1170-11851
De tous les préfixés verbaux de clore, seul FOR- qui a aussi le sens figuré de -réduire (qqn) à lïmmo-
CLORE v. tr. (v. 1120, forsclm-e) a été formé en fran- bilité= (16801, et CLOUTER v. tr., d’abord chuter
çais, de l’ancienne préposition fors* (938-950, foers) (v. 12901 qui, d’après la fonction décorative du clou,
*hors de, dehors-, et de clore. Le mot a été sup- signl6e =garnir de C~OUS~.La forme du mot suppose
planté par exclure (d’une formation latine compa- une dérivation, non de clou, mais de son diminutif
rable, de ex- et clauderel, mais s’est maintenu avec ch&?t Cv. 12051, chuet en ancien wallon, avec
sa spécialisation juridique : *enlever à (qqn) la pos- conctraction de clouet- en clout-. Le participe passé
COCCYX DICTIONNAIRE HISTORIQUE

bon Dieu et, localement, vache à Dieu, cheval de la (16481. 0 Des acceptions techniques (textile, fonde-
Vierge ou Catherinette. 0 Par analogie de forme, il rie) se sont greffées sur le sens propre, produisant
a seM de dénomination familière pour une voiture les noms d’action DÉCOCHEMENT n. m. (15561 et
populaire de la marque allemande Volkswagen DÉCOCH~~E n. m. (19291 CdémoulageB.
(1966; p.-ê. calque de l’allem. Kdfer =coléoptèren
[Bernet-Rézeau; INALFI). 0 COCHE n. m., d’abord koge (12431 puis coche
(12491, est un terme d’aire galle-romane attesté
COCCYX mm.est emprunté (15411 au grec dans les domaines d’oïl (Picardie, Normandie1 et
kokkux ~COUCOU~. employé spécialement en anato- d’oc krv” s.l. Les rapports entre les représentants
mie comme dénomination du petit os triangulaire romans, français, provençal, catalan coca k~n’s.l,
terminant le bas de la colonne vertébrale en raison italien coco (~rv~s.1 et les représentants germa-
de sa ressemblance avec le bec d’un coucou. Le niques. moyen néerlandais cogge, cocge, néerlan-
mot, conse& en grec moderne, est dérivé de dais kogge, moyen bas allemand kogge ~navire de
kokku, cri du coucou qui repose sur une onomato- commerce de la Hansen, sont obscurs : le mot a
pée, et semble être dissimilé de “kuku. On observe probablement été véhiculé à partu- du domaine
des formes analogues dans plusieurs langues: germanique à la faveur du commerce hanséatique
sanskrit kokild =COUCOU~, latin cuculus, français et des croisades. Une hypothèse voit dans le type
coucou*, qui correspondent à une matrice onoma- primitif ancien kmçais koge l’emprunt d’un proto-
topéique évoquant le cri répétitif de l’oiseau. type ancien frison “kogge, attesté indirectement
dans cogsculd (9491. Celui-ci, étant donné son an-
+Le mot, employé en anatomie, est passé dans
cienneté, est considéré par certains comme auto-
l’usage où l’expression tomber sur le coccyx fournit
chtone mais rattaché par les autres à un mot ro-
un équivalent euphémistique de tomber sur le der-
man : latin vulgaire “cocca, peut-être de conqua
ri&.
<coquillage= (- conche). Une autre hypothèse fait
r En est dérivé l’adjectif didactique COCCY- de l’ancien français coche la forme primitive qui se-
GIEN, IENNE (17531. rait issue d’un bas latin caudica, désignant une em-
barcation, et qui aurait été altérée en toge, cogge
0 COCHE n. f. (11761 est d’origine obscure, peut- sous l’influence du néerlandais; les vocables ger-
être d’un latin vulgaire ococca que l’on peut aussl maniques seraient eux-mêmes issus du représen-
déduire de l’italien cdcca -entaille (sur une flècheln tant galle-roman du bas latm. Le mot, féminin
(xn”s.1 et du provençal encocar *encocher= jusqu’au XVII~~., est devenu masculm sous lïn-
(av. 12501. D’après Corominas, il pourrait s’agir fluence de 0 coche* woituren.
d’un radical préroman. Un rattachement au latin
4 Le mot désigne un chaland halé par des chevaux
coccum =excroissance (sur une plantel~~ d’où, par
qui servait au transport des voyageurs d’une ville à
analogie, a-an au bout d’une flèche= est assez peu
l’autre, surtout dans le syntagme coche d’eau,
satisfaisant. L’hypothèse de P. Guimud, postulant
rendu nécessaire pour lever l’ambiguïté par rap-
un latin vulgaire “codica, d’après codex *souche=,
port à 0 coche
d’où emorceau de bois sur lequel on fait des en-
tailles pour tenir un compten (+ code) et, par méto- 0 COCHE n. m. est emprunté (15451 soit au hon-
nymie, =entaillen, n’est pas appuyée sur des grois kocsi -grande voiture couverte- dérivé de
preuves. Kocs, nom d’un relais de poste sur la route entre
4 Le mot désigne une entaille faite dans un corps Vienne et Pest (1495, cutife&koch en latin médié-
solide, en particulier une arbalète, une flèche et, val), soit, mais l’hypothèse est moins vraisemblable,
par analogie, une entaille servant notamment de au tchèque koczi [14401. Il aurait pénétré en France
signe pour des comptes. Il se fait rare en dehors à la fois par l’intermédiaire du vénitien cochio (d’où
des dialectes et patois. la réfection toscane cocchio, xwe s.) et de l’allemand
t 0 COCHER v. tr. (1305.13101, proprement -fau-e Kutsche kxe s.1, féminin, ce qui expliquerait l’hési-
me entaille=, ne vit plus guère qu’avec l’extension tation entre les deux genres. Dans le cas d’un seul
analogique de <marquer d’un repère, d’un traitn. intermédiaire vénitien, le féminin s’expliquerait
Au sens propre, le verbe a été éliminé par le pr& par l’influence de 0 coche *bateau de transport>,
6xé ENCOCHER v. tr. (11601 dont le déverbal EN- d’abord féminin
COCHE n. f. (15421, qui a lui-même évincé coche de t Le nom de cette grande voiture publique, tirée
l’usage, est devenu usuel, notammant pour dési- par des chevaux et réservée aux gens moins fortu-
gner une entaille dans un mécanisme (serrurerie, nés (les autres ayant leur carrosse personnell, a
armm-erie,etc.l. Le mot a aussi un emploi tech- vieilli quand le véhicule a été remplacé par la di-
nique en géomorphologie. ligence. Il s’est pourtant maintenu dans des lo-
DÉCOCHER v. tr. (v. 11751, dès les premiers textes, cutions : manquer, raterle coche ~manquerune oc-
a été employé avec le sens figuré de =Se lancer, se casion> et faUe la mouche du coche =S’agiter
propulser-. d’abord intransitivement puis à la inutilementn, par référence à la fable de LaFon-
forme pronominale, de &mcer un trait, une taine où une mouche prétend aider .-six forts che-
flèches, allusion à la coche servant à arrêter la veaux= épuisés à tirer un coche.
corde quand on bande l’arbalète et à celle qui .O COCHER n. m. (15601 se dit de tout conducteur
maintient la flèche de l’arc. Une métaphore cou- de voitures hippomobiles transportant des per-
rante, assimilant la parole à une arme, a donné au sonnes. -COCH&E adj. f., dérivé de coche (16111
verbe le sens de &ncer (une critique, une point& avec le stixe -tir, -tire réduit à -er, -ère après -ch-,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 785 COALITION
b’autres composés te1 club sandwich (1903 aux quant l’égalité ou la simultanéité, il marque lui-
Etats-Unis) sont passés en français légalement cra- même l’idée temporelle de &nultanéité~, le
vate club pour une cravate à rayures obliques). -Le moyen ou les circonstances qui xcompagnent l’ac-
second emprunt de club est le terme de sport (1882) tion. Avec certaines expressions, le sens est proche
qui désigne une canne utilisée au polo puis surtout de celui de contra (+ contre), le partenaire étant
au golf aussi l’adversaire (à la guerre, dans une compéti-
w Seul le sens d’wsociationm a produit des dérivés tion). Employé comme préverbe, cum marque la
et surtout des composés. Dès la période révolution- réunion concrète, et souvent, sert seulement à mo-
naire, il a donné CLUBISTE n. (1784) et ANTICLU- doser l’aspect du verbe, indiquant que le procès ar-
BISTE (1793). CLUBIQUE adj., CLUBICULE n. Ill., rive à son terme konfïcere signifiant -achevep, à
CLUBINER v. intr., CLUBINOMANIE n. f., CLU- côté de facere -fairenI; cette nuance a eu tendance
BOCRATIE n. f., CLUBOCRATE n., CLUBOMANIE à s’affaiblir et la forme préfixée à se substituer sans
n. f. (tous en 1793). La plupart se sont éteints avec valeur spéciale à la forme simple. Cum a été
l’institution politique révolutionnaire. o Le déve- conservé dans les langues romanes (italien con, es-
loppement du club, comme institution dans le do- pagnol con, portugais com, roumain CU), sauf en
maine des loisirs au x& s., a donné les composés tiçais (+ avec). Il a des correspondants dans les
vivants AUTOMOBILE-CLUB Il. Pr., AÉRO-CLUB parlers italiques (osque com, con, ombrien cum) et
Il.Ill. (1903), TENNIS-CLUB Il. In. (19341, CINÉ- les dialectes celtiques (gaulois, vieil irlandais com-,
CLUB n. m. (19201,etc. CO-,gallois cyf-, cyn-, ~y-1 mais tout rapprochement
0 voir NIGHT-cl.Lm en dehors de ce domaine demeure hypothétique :
le védique khn, le vieux slave kù se construisent
CLUSE n.f. est issu (1538) du latin médiéval seulement avec le datif pour indiquer la destina-
clusa <col, gorge, dé&%, attesté du VI~s. au milieu tion.
du xY s., participe passé féminin substantivé du la- +En fixnçais même, où il figure dans dïnnom-
tin cludere -fermer-n, forme parallèle à ckdere brables emprunts, le préfixe est formateur de nom-
c- clore). breux mots dont la liste reste ouverte, principale-
*Jusqu’au XI?~., le mot est uniquement d’usage ment de substantik désignant souvent des
régional (Alpes1 au sens de =défïl&. En 1832, il est personnes, d’adjectik ou de participes passés, plus
repris par J. Thwmann (Essai sur les soulèvements rarement de verbes. Il est notamment très produc-
iumss@ws du PorrentruyI d’après les toponymes tif dans les domaines du droit, de la politique et
jurassiens pour dénommer une rupture géolo- dans le vocabulaire exprimant un état, une condi-
gique transversale caractéristique du Jura. tion, une fonction, un métier.
. La variante régionale CLUE n. f. (1956) est quel- Les composés se trouvent, soit à l’ordre alphabé-
quefois employée à propos d’une cluse en canyon tique, soit au second élément.
(Provence).
0 voir ÉCLUSE. COAGULER v. est emprunté, d’abord sous la
forme participiale coaugulé (av. 1300). au latin coa-
CLYSTÈRE n. m., d’abord clistere (1256) puis gulare sfiger en masse plus ou moins solide= en
clystere (14781,est emprunté au latin impérial clys- parlant du lait puis, en latin médiéval, du sang, éga-
ter, lui-même repris au grec khstêr, terme médical lement à l’origine du doublet non savant caükr*.
désignant un lavement et, par métonymie, la se- t Le mot a été introduit par les médecins du moyen
ringue servant à pratiquer cette injection. Le mot âge à la fois en parlant du lait O?oumage coaugulé1
est dérivé de kluzein -baigner (en parlant de la mer et du sang (1314). Ultérieurement box’ s.), il a pris la
qui baigne la Côte)s, *verser de l’eau pour nettoyer, valeur figurée de =faire prendre, cristallisez.
rincen C-clystère) et, au passif =se répandre, être t Du verbe sont issus au xoc”s. COAGULANT.
lavé>, lui-même apparenté au latin cloaca ANTE adj. et n. m., adjectivation (1827) et substan-
C-t cloaque, égout), au verbe cluare cité par Pline tivation (1845) du participe présent, et COAGULA-
comme synonyme de purgare (+ purger). ainsi qu’à TEUR, TRICE adj. (1854). 0 ANTICOAGULANT,
des formes germaniques et celtiques. ANTE adj. (1896) et n. m. s’applique à ce qui re-
+ Depuis son remplacement par lavement, le mot tarde ou empêche la coagulation du sang. - COA-
appartient à la médecine ancienne et à l’histoire de GULATION n. f., antérieur (>w” s.l. est un emprunt
la médecine. Avec le sens métonymique de ase- au latin impérial coagulati, substantif d’action dé-
Ringuet, il a été immortalisé par Molière qui en a rivé du supin de coagulare. - COAGULUM n. m.,
fait l’attribut du médecin de ses comédies. d’abord francisé en coagule (16101,est emprunté au
c Du radical de khzein ont été dérivés deux noms latin coagulum -présures. Il a été relatlnlsé (17001
d’instruments servant à administrer des lave- avec le sens de masse coagulées, fonctionnant
ments : CLYSOIR n. m. (1834) et CLYSOPOMPE comme un doublet de caillé, caillot.
n. m. (18361,ce dernier avec pompe*, qui se réfèrent
également à une pratique médicale ancienne. COALESCENCE + COALITION

CO- est le préfixe tiré de la préposition latine COALITION n. f., attesté au xvr’s. (15441, est
cum et du préverbe correspondant com-, con- et soit emprunté au latin médiéval coalitio -réunions
CO-(suivant la nature du phonème suivant). Cum si- (vues.1,soit formé avec le Su&e -ition sur le radical
gnifie -avec>; souvent joint à des adverbes mar- du latin coalitum, supin de coalescere. Ce verbe, si-
COCKPIT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rable à titi, Par@t> et, surtout, sur la manière de vers fruits ronds, de même origine que coque*. On
parler. De là, par métonymie, l’emploi de cockney a dit coche(coque)en moyen français (13251.
pour la langue, y compris comme adjectif fparh’ +Le mot désigne un fruit exotique en forme de
cockney, accent cockneyl. grosse noix ovoïde brunâtre renfermant un liquide
sucré et blanchâtre nait de COCO~. 0 Son emploi à
COCKPIT n. m. est emprunté (18781à l’anglais propos d’une boisson à la réglisse et au citron
cockpit, mot désignant à l’origine une arène de (1775;populaire jusqu’au zc?s.1est une extension
combats de coqs(XVI~ s.1et composéde cock (+ coq) du sens d’=eau-de-vie>(17181,parce que l’on fabri-
et de pit &-ou, fossé*.Ce dernier remonte, par un quait de l’eau-de-vieavec le suc vineux tiré des ra-
représentant germanique, au latin puteus qui a cines du jeune cocotier. o Par analogie de forme,
donné le français puits*. Cockpit est passé en an- coco est une désignation familière de la tête (1847)
glais dans le domaine de la marine à propos de la et de l’estomac.
partie du faux pont réservéeaux jeunes officiers où b COCOTIER n. m. (16771est la réfection, avec
l’on soignait les blesséspendant les combats(17061; consonned’appui, de l’ancien cocoyer(17091à côté
puis il a désignéla partie creuse (en forme de fosse) de coquier(16011, d’après le portugais coquoeiro.Le
d’une embarcation où l’on s’assied(seulement at- mot a produit COCOTERAIE n. f. (19291.-CO-
testé en 1887).L’extensionau domaine de l’aviation COSEn. f. (19291, fait avecle s&e de chimie orga-
(19151a été facilitée par le fait que l’habitacle des nique -ose,désigne la graisse extraite de l’amande
avions était originellement à ciel ouvert, comme du coco, couramment appelée végétaline.
dans les embarcations légères.
( Le mot apparaît en fi-ançaisen 1878dans la revue 0 COCO n. m., attesté en 1863mais certaine-
Le Yacht, désignant le creux dam le pont d’un na- ment plus ancien, est une formation expressive qui
vire de plaisance. Son emploi en aviation (v. 19391 représente probablement un redoublement ono-
résiste à la concurrence de l’équivalent poste de pi- matopéique (d’après le cri de la poule) de coque*
lotage proposé pour le remplacer (1959.Défensede <coquille d’œuf œuf=.Il appartient, avec cocotte*
la langue françahsel. -poules et tocard*, à un groupe de mots expressifs
représentés dam les langues romanes (italien
COCKTAIL mm. est emprunté (1755, puis coccoa3&, xrv”s.1.
1836)à l’anglais cocktail, formé de cock (- coq) et + Le mot est employé par les adultes en s’adressant
de taü =queuen,qui a d’abord désignéun cheval au- à de jeunes enfants pour désigner l’œuf de poule.
quel on a coupé un muscle de la queue de façon à Le sens dépréciatif de wilain personnage=(17921,
ce qu’elle se redresse comme celle d’un coq parfois sousla forme joli coco,est probablement, en
(av. 18001.Cette opération, appelée en français an- dépit de l’écart chronologique, un emploi anti-
glaiser, n’étant jamais pratiquée sur des chevaux phrastique de coco qui sert familièrement à
de pure race, le mot en est venu à désigner un che- s’adresser aux enfants (18081,puis à des adultes
val de course bâtard (18081puis, par analogie. un (appellatif à la mode, par ex. dans les milieux de la
homme de noblesseincertaine (18541. L’idée de bâ- télévision, de la publicité, vers 19701.
Cet emploi est
tardise a donné celle de mGlange= et le sens de en rapport aveccelui de cocotteau féminin et coco
-boisson alcoolisée cqmposée de substancesdif?é- correspond alors plus au sémantisme de =Poulets
rentess apparalt aux Etats-Unis dès 1806. (6. ma poule, mon poulet) que d’wzeuf~.
+ Le mot, d’abord attesté isolément chez l’abbé Pr&
vost, grand traducteur de l’anglais, au sens 0 COCO n. + COMMUNISTE
d’ahomme abâtardim,n’a retenu de l’anglais que
l’acception de -boissoncomposéed’un mélange de @coco n. f. + COCAiNE(art COCA)
substances~.attestée en 1836mais surtout difïusée
au xx”siècle. Par extension, il désigne diverses COCON n.m., d’abord couco11(1600, jusqu’à
mixtures (au propre et au figuré) et s’emploie aussi 17521 puis CO~CO~ (16531,
est un emprunt au proven-
pour me -réunion où l’on boit=, sens typiquement çal coucou11 *coqued’un œufnet <enveloppeoù une
français pour cocktail-par& o L’appellation cock- chenille, notamment de ver à soie magna& se
tail Molotov (19391semble fmlmdaise; elle vient du transforme en chrysalide=,dérivé de coco *coque,
nom de l’homme politique russe V. Mikbaïlovitch coquille-, de même origine que coque*.
Scriabine, dit Molotov,vice-président du Comité de + Le mot désigne l’enveloppe soyeuseque filent les
défense nationale de 1’U.R.S.S. pendant la Seconde chenilles de certains Lépidoptères et, par exten-
Guerre mondiale, et désigneun projectile artisanal sion, celle d’autres animaux kraignéesl. Par méta-
(bouteille renfermant un mélange très combus- phore, il est pris avecune idée de <douceur protec-
tible) utilisé au combat. trice~ /se retirer dam son cocon1qui a fait la
fortune, plus récemment, de l’anglicisme COCOO-
0 COCO n.m. employé seul (15551puis dans NING n. m. (v. 19881,lui-même dérivé d’un verbe
noix de coco (16101,est emprunté, par l’intermé- tiré de cocoon,emprunté ~VII~s.1à cocon. -Le lam
diaire de l’italien et de l’espagnol, au portugais gage populaire a fait de COCO~ une désignation de
coco (13301.lequel serait issu, par métaphore la tête, aujourd’hui archaïque, par attraction paro-
(d’après l’aspect hirsute de la noix) de coco nymique de 0 coco?
=croque-mitaines.Il s’agit probablement d’une mé-
taphore de lïbém-roman coco, désignation de cl- COCORICO +COQ
DE LA LANGUE FRANÇAISE 787 COCCINELLE

comme stupéfiant. 0 Le mot est abrégé familière- avec le soIke péjoratif -ard, de coque’ d’après
ment, dans le langage des trafiquants et de leurs l’idée d’cobjet rond et globuleux, également illu+
clients, en coco (19221,vieilli, coca et 0 COKE n. f. trée dans coquar, tocard, quoquart =ox& (+ coco
(dès 1908 en anglais, aux États-Unis). -À la fin du =œuf~l et, dans l’argot, coquülard WX&.
>mps., cocaïne a produit une série de termes didac- +Le mot est une désignation argotique de l’oeil,
tiques : COCAÏNOMANIE n. f. (18861, COCAÏNO- SUrtOUt employée à propos d’un Oeil tuméfié 116831,
MANE n. (1886) qui a perdu son sens premier de spécialisation à mettre en relation d’une part avec
médecin soignant par la cocake~ pour celui de œil à la coque et coque =Coup, contusion* et, d’autre
*personne intoxiquée à la cocaïne> (19051,COCAï- part, avec cocarde* désignant un œil tuméfié et
NIQUE adj. (18911, COCAiNISATION n. f. (18961et une gifle.
COCAïNISER V. intr. (1911). COCAïNISME n. m.
(18971. * COCARDE nf., d’abord toquarde (14661
COCA-COLA n. m. est emprunté (1928, traduction puis cocarde (15521, est le féminin substantivé de
de Manhattan Tmwfer de J. Dos Passas) à l’anglo- l’adjectif moyen français coquard, ard.e -sot, van-
~érlcah Coca-Cola, nom de marque déposée aux teuxn (av. 13501.dérivé de coq’, avec le suI3ke péjo-
Etats-Unis en 1666 et répandue dès 1887. Le nom ratif -arc% d’après un caractère communément
est composé de coca et de cola (+ cola) en réfé- prêté à l’animal (faire le coq, coq de viuagel.
rence aux ingrédients entrant initialement dans sa
formule. Cette boisson s’est répandue massive- + Le mot, d’abord dans coir%e à la cocarde, bonnet
à la cocarde (15321,a désigné une coiffe ornée de
ment dans presque tous les pays après la Seconde
Guerre mondiale, les occurrences du mot se multi- plumes de coq ou de rubans ressemblant à une
pliant à partir des années 1940 en français. Sym- crête de coq redressée. 11s’est spécialisé dans la
décoration militaire (17321,désignant un nœud de
bole du mode de vie américain, le Coca-Cola a été
adopté en France et répandu après 1950. Il est ruban porté sur leur coiilùre par les soldats, de
couleur différente selon leur corps. Sous la Révolu-
abrégé couramment en COCA (19661 et COKE,
tion, la cocarde devient un insigne identique mar-
réemprunt à l’angle-américain où cette forme est
quant le ralliement à un parti politique (17891,selon
attestée dès 1909.
sa couleur kocarde blanche royaliste, cocarde hi-
COCAGNE n. m., attesté depuis le milieu du colore, nationale des révolutionnaires). Par analo-
XIII~~., est d’origine discutée Les rapports de ce gie, il a désigné l’ornement en forme de ruban ou
mot -qui est à l’origine de l’italien cuccagna de rosace sur le chapeau des femmes ( 18351.Il se
(XIV~s.1, de l’espagnol cucati kwre s.l. de l’anglais dit en tauromachie de la rosace placée sur le front
cokaygm, cockaigne (déb. XI? s.1- avec le moyen de l’animal -Probablement par attraction de
français cocagne *pastel en pâtes (1463, quo- coque*, il a pris en argot le sens de ‘tête- (18581,ex-
quaigwl sont obscurs. Le moyen français est lui- primant, par métaphore, l’ivresse dans avoir sa CO-
même emprunté au provençal cocanha, coucagno carde savoir le vin qui monte à la tête- (18611,à rap-
de même sens. Il est notable que la culture du pas- procher de avoir son panache, son pompon, son
tel engendra une grande prospérité dans le Haut- aigrette qui évoquent tous le visage rubicond et la
Languedoc. Le provençal est lui-même d’origine =tête prise* des buveurs.
douteuse, rapproché par certains du provençal .De cocarde ont été dérivés, au x&s., COCA%
coca scoquem (v. 13501l+ coque1 ou du provençal de DEAU n. m. (1843) nom régiod de la giroflée, CO-
même forme coca *gâteau% (1391, coga), lui-même CARDIER, IÈRE n. et adj. (18561 aqui porte la co-
d’étymologie incertaine, peut-être préromane. On cardez, surtout employé avec une valeur figurée :
a aussi évoqué, sans parvenir à la conviction, l’éty- #d’un patriotisme exacerbé> (18811,en emploi sub-
mon germanique “k6ka d’origine onomatopéique stantif puis aussi adjectif (16961, et COCARDER
(allemand Kuchen, anglais cake -gâteau> -cake), Y. tr. -orner d’une cocardes, sorti d’usage, puis,
le pays de Cocagne étant proprement le pays des d’après le sens métaphorique d’avoir sa cocarde, se
li-iandises. L’intermédiaire aurait été soit le moyen cocarder (18771pour <se sotie-.
bas allemand kokenje, soit un “kokania formé sur COCASSE adj. est une formation, par dérivation
le modèle de Germania =Germaniem. Le moyen de sens et substitution de sullixe (17421, sur le
néerlandais cockwnge =Pays des merveillesx, de moyen français coquard *vaniteux, fat, qui a pris le
coek -gâteau>. semble confbmer une hypothèse de sens de d’une étrangeté botionnen. -11 a produit
ce genre. COCASSERIE n. f. (1836) et COCASSEMENT adv.
*Le mot est apparu comme le nom d’un pays ima- (1894).
ginaire où tout est riant et en abondance (pays de
cocagne, 15331.Employé anciennement au sens de COCCINELLE n. f. est l’adaptation (17541 du
<fête, réjouissances, ‘cause de réjouissances*, le latin scientiique coccinella (1740, Linné) formé sur
mot survit dans mât de cocagne ou pour connoter le latii impérial COC&US =écarlate~, calque du grec
une abondance facile. kokkinm -insecte donnant une teinture écarlate>
(la cochenille) d’où &carlate~. mot encore vivant en
COCAÏNE -) COCA grec moderne. Kokkims est dérivé de kokkos
*noyau, pépin d’un fruits, M-même conservé au
COCARD, COQUARD, COQUART sens de ~graine~ en grec moderne (-coque).
n. m., enregistré dans un dictionnaire d’argot en $ Le mot dénomme un insecte à élytres bombés,
1867, est d’origine douteuse, probablement dérivé, rouges à points noirs, communément appelé bête à
CODÉINE 792 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CODICILLE n. m. est emprunté au bas latin CO& ailleurs assumé par le foie, *siège des émotions,
cülus <tablette à écrire- d’où &ttre, mémoire, petit des passions, de la pensée, de l’intelligence, de la
livre> et, spécxdement en droit, *écrit complétant mémoire et de la volonté>. Le mot se rattache.
un testaments, *clause ajoutée à un écritn. Codicüle comme le grec hardia, à une racine indoewo-
a repris le sens juridique du mot latin et son ex- péenne “k’erd- représentée dans l’ensemble des
tension. langues congénères : allemand Herz, anglais heart,
russe sierdse, galIols craidd, védique h”rd&.
CODÉINE n. f. a été formé savamment par le + Le mot désigne l’organe central de la circuIation
chimiste français Robiquet (1832) su le grec kôdeia sanguine et, par extension, s’emploie pour la ré-
-tête de pavot” d’où -bulbe de plante”, mot d’ori- gion de la poitrine (XII” s.) et de l’estomac (XIX” s.),
gine inexpliquée, avec le s&xe -»Le. notamment la zone épigastrique (XIII~ s.1 dans les lo-
4 Le mot désigne un alcaloïde à propriétés narco- cutions mal au c<13ur, au figuré dire tout ce qu’on a
tiques extrait de l’opium ou préparé par synthèse à surle ca3ur[15081 et, par un jeu de mots avec le jeu
partir de la morphine et utiisé comme sédatif de la de cartes : coucher du coau sur le carreau womir~
toux. (16331, sorti d’usage. -Par analogie de localisation,
. CODÉTHYLINE n. f., formé (1890) par croisement il désigne depuis le XIE~~s. la partie centrale d’une
de codéine et de éthyZe* avec le suffixe -iw désigne chose et, par analogie de forme (xwe S.I. divers ob-
un homologue de la codéine préparé à partir de la jets évoquant la représentation conventionnelle
morphine. d’un cceur, spécialement aux cartes à jouer ( 1585).
-Comme chez les Anciens, le mot est pris dès les
COEFFICIENT - EFFICIENT premiers textes avec des valeurs métaphotiques
0 Celle de <<siège des émotions, de l’amour et, en
COERCIBLE adj. est dérivé (1766) du radical général, de l’tiectitité~ est la plus vivante. Par mé-
de l’ancien verbe coercer v. tr.. d’abord cohercer tonymie, il désigne même la personne chérie
(av. 13801, employé en moyen français PLI sens de (11701, celle que l’on veut séduire Ibourzx?au des
&primerm et repris au XVIII~ s. par Lavoisier en cœursl ou qui cherche à séduire (joli ~<EUT, 1863).
chimie et en physique. Ce mot est emprunté au la- 0 La locution comparative jolie comme un cour
tin coercere <contenir. réprimep, composé de cum est attestée fin xvllle s. (1786). -Les autres valeurs
cwec~ bco-1 et de arcere -contenir, écartep demeurent diversement vivantes en locutions.
(+ exercer, autarcie). CeIle de %Siège de la volont& vit dans les locutions
+ Introduit dans le vocabulaire de la physique pour avoir à cœur de (déb. xv” s.1, de tout coeur, variante
qualilier ce qui peut être comprimé, le mot est de la forme ancienne de son tuer (v. 1162), de gaieté
passé dans l’usage littéraire avec le sens figuré de de ccmr (157% à contre-cœur (15791. oCeIle de
=qui peut être maîtrisén (en expressions négatives -siège des sentiments morauxn, de =force d’âme,
ou restrictives). Il est plus rare que son dérivé pré- couragen (10801- 6. ci-dessus courage -ne s’est
fixé. guère conservée que dans la devise à cœur vaillant
tee dernier, INCOERCIBLE adj. (17671, est rien d’impossible (1508, prise par Jacques Cœurl. et
d’usage didxtique ou littéraire pour Kimpossible à celle de =Siège des qualités de caractères, propre à
réprimern. o De même, son dérivé INCOERCIBI- l’idéologie aristocratique, est tombée en désué-
LITÉ n. f. (18141, malgré son caractère très didac- tude. oCeIle de -siège de l’intelligence> (1130.
tique, semble mOirIs rare que COEBCIBILITÉ n. f 1140) a disparu et s’est soit limitée à -intuitions
(1838). Cv. 1190, c’est mon coeur qui me le dit), soit prise
COERCITION n. f., réfection (1586) de cokercion dans une opposition religieuse ou philosophique à
(1255). est emprunté au latin coercitio et, pour la raison, comme chez Pascal. La locution usuelle par
forme médiévale, à son altération à basse époque cœur Cv. 1200) est un vestige du sens large ancien
en coercio <contrainte. répression=. Le mot est le =Siège de la mémoire*.
substantif d’action dérivé du supin coercitum de w COURAGE n.m., réfection irrégulière &III” s.) de
coercere. 0 Ce nom a été repris avec le sens d’cac- curage 1050, est formé de cwr, coeur et du sutfixe
tion de contraindre qqn à accomplir son devoir* en -age. Le mot a été synonyme de ccfur dans tous ses
droit. emplois figurés jusqu’au xv? siècle. À cette épo-
COERCITIF.IVE adj. a été dérivé savamment que-là, il jouissait même de la vogue du s-e age
(15591 du radical du latin coercitum avec le suf6xe qui le faisait préférer à coeur (comme herbage, om-
-if pour servir d’adjectif à coercition, peut-être brage à herbe, ombre). Sa spécialisation actuelle a
d’après le latin médiéval coercitive potentia (XIII” s.1 dû être prise d’abord par courageux (ci-dessous).
*pouvoir de coercitionp. À la différence de coercible Courage a une valeur très générale en ancien et
et de incoercible, il ne s’emploie qu’au figuré à pro- moyen français jusqu’au XVII~ s.; il désigne, avec ses
pos de =Contrainte. surtout sociale ou administm- variantes anciennes Icorage, couraige...), d’abord
tiven. A son tour, il a produit COERCITIVITÉ n. f. une tension psychique, intention ou désir, plus ou
(v. 19501, rare, et INCOERCITIF, IVE adj, antonyme moins vive et ardente; ces valeurs restent vivantes
de coercitit: dans certains dérivés (encourager, décourager);
puis la force d’âme, la vertu morale dans quelque
t CXEUR n. m. quor (v.10501, qwr (10801, tuer et domaine que ce soit, et plus spécialement les quai-
coer en ancien français, puis cou-, est issu du latin tés de caractère réservées à une élite, alors syno-
cor, cordis (accus. cordem) *organe central de la cir- nyme de coeur, au figuré. En son courage s’est dit
culation sanguinen et, par un symbolisme culturel pour *dans son ccwr. en soi-même*; fay libre le
DE LA LANGUE FRANÇAISE COCKNEY

s’emploie exclusivement avec porte. Porte cochère w En ancien f&nçais, cochon a produit COCHON-
se dit d’une porte dont les dimensions permettent NET n. m. (XII” s.) dont le sens de <cochon de lait> a
l’entrée d’un coche puis d’une voiture, carrosse, de été repris par porcelet, et qui garde des sens analo-
nos jours automobile, dans la cour d’une maison. Il giques réalisant l’idée d’une petite boule ronde, dé-
est demeuré usuel. signant couramm ent une petite boule servant de
but au jeu de boules (15421.
@COCHE + COCHON @ COCHE n. f., d’abord coiche (xx+ s.1, a vieilli au
COCHENILLE n.f. est emprunté (15781, profit de truie comme dénomination de la femelle
du cochon.
d’abord sous la forme cossenilk (1567) modifiée
0 COCHONNER v. intr. signifie (1403) -mettre bas,
d’après cosse, à l’espagnol cochiniJkz (1555) mprin-
cipe colorant fourni par un insecte vivant sur un en parlant de la truie>. Le verbe est rare dans ce
cactus, le nopals et *insecte dont on extrait ce pti- sens, à cause de l’homonyme figuré et transitif (ci-
cipen (xwe s.). Ce mot est probablement la transpo- dessous). -COCHONNÉE n. f. (16421,%Portée d’une
sition de sens de cochinüla *cloporte* (1611) à cause truie>, correspond à ce verbe; comme lui, il est
d’une certaine ressemblance entre cet animal et la rare.
COCHONNAILLE n. f. (17881, mot familier, dé-
cochenille femelle. Cochiniua est un diminutif de
cochino (-+ cochon) par transposition du nom d’un signe, en général au pluriel, des charcuteries, avec
animal d’élevage familier à un petit animal, comme une connotation aujourd’hui positive d’abondance
c’est aussi le cas pour crevette, bien que la chorono- et de saveur; le mot est usuel dans la restauration
logie des sens ne soit pas accordée. L’hypothèse du simple, rurale.
grec konkhulion *coquille>, par le biais de l’espa- Les valeurs figurées et péjoratives de cochon ont
gnol, et celle du latin vulgaire “coccinilla, dérivé de produit depuis le début du & s. plusieurs dérivés.
coccum ‘cochenille2 (précisément), sont moins re- 0 COCHONNER v. tr. signifie (18081+xlir= et SUI=
cevables formellement. tout =faire salement (qqch.)n. -COCHONNERIE
n. f. est plus ancien (16881 au sens d’wztion indé-
+Le mot désigne en français l’insecte et surtout le cente, obscènea; le sens propre, *élevage des
principe colorant qui en est tiré. porcs> (fin XVII~s., Vauban), n’a pas vécu. Le mot, qui
t COCHENILLER v. (1671). &eindre avec la coche- s’est surtout répandu au XIX~s., est rare au sens de
nille> d’où COCHENILLAGE n. m. (1723) =bain de malpropreté*, mais usuel pour <petite chose sale*,
teinture préparé avec la cochenilles, appartiennent et alors fréquent en antiphrase fc’est bon, ces pe-
également à l’usage technique ancien. tites cochonneries !I. o ll est doublé plaisamment
par un dérivé irrégulier de cochon, d’après la fmale
0 COCHER + 0 COCHE
de méchanceté et avec influence de saleté: CO-
0 COCHER -+ 0 COCHE CHONCETI? xl. f (1878) =caractère sale ou obscène>
et aussi *cochonnerien. -COCHONNEMENT adv.
COCHÈRE --f 0 COCHE (16341et COCHONNIER n. m. (1890) ont disparu de
l’usage.
t COCHON n. m. est d’origineobscure (10911,
peut-être issu, avec suflixe -on, de l’onomatopée COCKER n. m. est emprunté (1663) à l’anglais
kd-k& Icoch-1 exprimant le grognement de l’ani- cocker (déb. xrxe s.) *race de chien qui chasse la bé-
mal et servant à l’appeler. La proposition d’un éty- cassez Cwoodcockl, de cocking %Chasse à la bé-
mon bas latin cutio, -on& =cloportes fait difficulté cassez kvfs.1, lui-même dérivé de cock -coq>
des points de vue phonétique et sémantique, la dé- (+ coq) ou de son composé woodcock, littéralement
nomination du cloporte (cochon de saint Antoine) *coq des boisn d’où ebécassen.
étant plus facilement issue de celle du porc que (Le mot désigne un petit chien de chasse de la
l’inverse (+ cochenille). race des épagneuls, apprécié comme animal de
+ Le mot, d’abord attesté comme nom propre, dé- compagnie.
signe seulement le jeune porc en ancien français
(v. 1278) -se distinguant ainsi de porc* - avant de COCKNEY n. a été emprunté (17501à l’anglais
prendre par extension le sens de *porc adulte> cockney, antérieurement cokeney, cokenay, de
(1611). oLe sens figuré de #personnage grossier, cock (+ coq) et -ey altération de egg =ceufn, propre-
physiquement ou moralement= Uïn xwe s.) est SUI‘ ment =œuf de coqs. Le mot a d’abord été un nom
tout réalisé par des locutions comparatives du type enfantin pour l’œuf de poule (Xrves.1,comme coco*
...comme un cochon. et pris en charge par l’adjectif en français. 11est devenu une désignation affective
COCHON, ONNE (1611) qui dénote à la fois la sa- pour l’enfant choyé; puis il a désigné un homo-
leté physique et un comportement sexuel I-é- sexuel, un mignon (xwe s.1et enfin un habitant natif
prouvé, aussi en parlant de choses (par ex. cinéma de Londres : le citadin efféminé étant opposé au ro-
cochon ~pornographique~). Cette valeur est assu- buste paysan (fin xvP S.I. Cette appellation péjora-
mée aussi par le nom, pour -personne très sale* et tive, probablement extérieure, a été reprise par les
*personne salace, obscène, etc.s, souvent en appel- Londoniens et s’est appliquée aux gens du peuple,
latif injurieux Le féminin s’emploie plus souvent dans la métropole, notamment caractérisés par
pour la saleté (petite cochonne!~, le masculin avec leurs manières et leur langage.
les deux valeurs, distinguées par le contexte (petit (Le français a repris le mot, répandu au >w”s.,
cochon! s’opposant à vieux cochon!). Dans ces em- pour une personne née à Londres mais en mettant
plois. cochon est en concurrence avec porc. l’accent sur l’aspect populaire (de façon compa-
COGNAC 794 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment par les romantiques 11833. Petrus Borell. -COGNAGE n. m. (h XIX”~.) et COGNERIE n. f.
-COGITO, première personne du présent de l’in 118831ont désigné la bagarre. -COGNEUR n. m.
dicatif du verbe latin cogttare, continue d’être em- reprend différents sens argotiques : =batteur de
ployé en philosophie 118341.par allusion à la phrase cartes~ WX31. -emprunteur+ (19011,=boxetm 119201.
de Descartes Cogito ergo sum -le pense donc je 0 “or COGNÉE.
suis> UXscours de Jo méthode, Iv” partie, traduction
latine de 16441qui constitue le premier principe de COGNITION n. f. est emprunté kwes. connis-
sa philosophie. Substantivé en référence à l’aigu sion au lat. cogniti, dérivé du supin de cognoscere
ment cartésien, le cogito exprime l’expérience fon- t- conndtrel. Le mot est resté didactique et avait
damentale du sujet pensant 11880.Flaubertl. vieilli pour désigner les techniques de connais-
sance et la connaissance en général; la reprise de
COGNAC n. m. est issu, par ellipse puis emploi cognitif (ci-dessous) l’a remis en usage.
comme nom commun (18061du syntagme eau-dt-
vie d.e Coigmc (17101.du nom dune ville de Cha- COGNITIF, IVE adl. est un dérivé savant du
rente où cette eau-de-vie est fabriquée avec les vins supin de cognoscere, attesté isolément au XIV”~.
blancs de la région. La précocité des attestations en (v. 13701,repris au xwe s. 115411au sens général =de
anglais de Conyacfz Brandy (1687) et Comix (17551 la connaissances. Le mot s’est répandu au xxes.
s’explique par l’ancienneté du commerce de l’eau- sous lïntluence de l’anglais cognitive, lui-même ap-
de-vie avec l’Angleterre, favorisé par la situation paru au xvie s., repris en sciences au xc? s., et apph-
géographique de Cognac, non loin d’un port d’em- gué au xxe s. tv. 1960-19701à l’étude de la connais-
barquement. Les deux principales maisons de sance, d’où psychologie, science cognitive, d’après
commerce ayant été fondées par un originaire de les syntagmes anglais. -De là COGNITIVISME
Jersey (Martell) et par un Irlandais (Hennessy), la n. m. et COGNITIVISTE n. 119851~Spécialiste en
correspondance et la comptabilité s’y sont faites en sciences cognitives>.
langue anglaise, et la diffusion du mot, donc sa dé-
signation, semble plus tardive en France. COHABITATION - HABITER
COGNASSIER + COING
COHÉRENT, ENTE adl. est emprunté (15391
COGNÉE n. f., d’abord cuignee (10801, coignise au latin cohaerens, participe présent de cohaerere
Iv. 11601, co@nee, est issu du latin médiéval .-être soudé, attaché ensembles (au propre et au fi-
cumata, substantivation ldéb. ne s.1 par ellipse de guré). Ce vehe est composé de cum -avec, en-
l’adjectif féminin cuneata (sous-entendu ascia semblen t- CO-)et de huerere -être fixé à. être ar-
=hache dont la section est en forme de coim, de rêtés t+ adhérer, hésiter).
cunew (+ coin). +Le mot se trouve chez J. Canappe pour qualfier
4 Le mot désigne la hache utilisée par les bûche- en anatomie ce qui est attaché à qqch. ll a été re-
rons et les charpentiers. Il a donné la locution pro- pris avec son sens abstrait usuel 11798, misonne-
verbiale jeter-le manche aprèslamgnée (15481<r-e- ment cohérent), le sens concret se réalisant seule-
noncer par lassitude ou désespoir-. ment à titre de spécialisation scientifique tphy-
0 voir COGNER. sique : faisceau cohérent; 1858 géologie).
r De cohérent sont dérivés INCOHÉRENT. ENTE
COGNER y., attesté à la fm du xe s.. est soit dé- adl. 117511,usuel au sens abstrait, rare en physique
rivé de coin, soit issu du latin Impérial cuneare 11858en optique) à cause de la fréquence du figuré,
-serrer avec un coin+, de curieus t- coin). et COHÉRER y. mtr. (18971,verbe didactique assez
$Les sens anciens de -coincep et de -marquer la rare. -COHÉRENCE n. f. 115241.emprunté au dé-
monnaies sont sortis de l’usage; celui d-enfoncer rivé latin coherentio, a connu la même évolution
en frappants Ixin”s.1, en construction transitive, que l’adjectif et partage certains emplois avec co-
subsiste seulement dans la locution se cogner la hésion. 0 11 a pour antonyme INCOHfiRENCE n. f.
tête contre Jesmnrset, populairement, dans cogner (17751.
qqn =le rosser-. Le verbe est plus vivant en COHESION n.f. est dérivé savamment (17401,
construction prépositionnelle (avec contre, sur1 ou peut-être sur le modèle du latin médiéval cohoesio
absolue. 0 En argot, cogner s’emploie intransitive- -proximité, Contact~ 1845-8681,du radical du latin
ment pour <puer. sentir mauvais+ 119131par la mé- cohaesum, supin de cohoerere &tre attaché en-
taphore du coup qui frappe le nez. 0 Au pronomi- sembles k-dessus cohérent). Le mot a été forgé
nal, par synonymie avec se toper, se cogner qqch., pour désigner la force par laquelle les molécules
qui a signifié *s’en passer= 119001, signifie au- des corps adhèrent entre elles. 0 Il s’est répandu
lourd’hui -se l’olfrir, se l’envoyer- 119141.oDu sens au XIY s. avec le sens figuré d’wrion, unité* 118231,
de “frapper-. on est passé en sport tboxel à celui de fonctionnant en quasi-synonymie avec son doublet
a’aincre~ 119261. cohérence*, et indiquant le caractère de solidité
&Si l’on excepte COGNEMENT n. m., tardif d’un lien logique. Il s’applique aussi à un groupe
(av. 19071et peu usité, cogner n’a donné que des humain dans l’action fio cohésion d’une équipe,
termes d’argot : le déverbal populaire un COGNE chngouvemement~. - INCOHÉSION n. f. (1787) est
n. m. (18001désigne, d’abord dans le contexte bru sorti d’usage. -COHÉSIONNER v.tr., Signale
tal de la répression, un agent de police. Il est à peu comme néologkmex en 1842,ne s’est pas répandu.
-COHÉSIF. IVE adj, (av. 1866) est d’un usage di-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CODE
0 COCOTTE n. f. est issu (18071, par change- s’être fait d’après coq*, plusieurs mots lui étant ap-
ment de s&e (et influence de l’homonyme), du parentés signifiant -niaisn ou *galant, débauché>.
moyen français cocasse, cogmsse (1542; encore Le mot désigne populairement celui dont la femme
dans les parlers du Morvan et de l’Yorme), nom de manque à la fidélité conjugale. Il a donné un terme
divers ticipients, qui est soit l’altération de l’ancien d’injure sans contenu précis et un emploi adjectif
coqwmar (1280) =bouilloire à anse=, soit à rattacher avec le sens de *dupé, bernés. o Avec la valeur in&
à coque ecoquillen (+ coque). tiale. *trompé par son conjointD, l’adjectif s’emploie
+Le mot désigne une petite marmite en fonte ser- parfois au féminin.
vant à faire mijoter les mets, employé en construc- . En ont été dérivés COCUAGE n. m. (1513, coqu-
tion d’apposition avec valeur de complément tir- kzige; 1546, coquage) et COCUFIER v. tr., attesté
constanciel @adet-cocotte). Cocotte-minute, nom pour la première fois chez Molière (1660).
de marque déposée (XX”~.), est synonyme d’auto-
cuiseur. CODA n. f. est emprunté comme terme de mu-
sique (1838) à l’italien coda, littéralement =queuep,
0 COCOTTE n. f. est un mot expressif (1789) de même origine que le français 9wue*, attesté
formé sur l’onomatopée du cri de la poule bzot- comme terme musical par S. de Brassard.
cot!A déjà représentée en latii (- coq), utilisé dans
différentes acceptions selon un rapport direct avec +Le mot désigne la période musicale vive et bril-
le sens de spoule*, par analogie de forme et allu- lante qui termine un morceau. En chorégraphie, il
sion au cri, à l’aspect, à la peau, à la crête de l’an- désigne la troisième et dernière partie d’un pas de
mal, à des qualités ou défauts attribués à la poule. deux. Par analogie, il s’applique à la partie termi-
nale d’un récit.
+Le premier sens, -femme de moeurs légères8, se
greffe sur la valeur hypocoristique du terme CODE n. m. est emprunté (1236) aulatin caudex,
comme nom enfantin de la poule (1808) et s’em- cod.ex qui, du sens initial de ctronc d’a&ren. a pris
ploie en concurrence avec poule, aussi en appellatif par métonymie celui de =tablette kl’écorce?) pour
(ma cocotte, aujourd’hui mis en rapport avec mon écrirem et, par extension, &vre=. Il s’est spécialisé
coco). Très usuel au >~U”S.et au début du >Or”s.,il dans le sens de *livre de comptes+ et, dans la
tend à vieillir à partir des années 30. o Par analo- langue du droit, dans celui de -recueil de lois,. Son
gie de forme, le mot est employé à propos d’un étymologie est inconnue, bien que le suEixe soit
pliage en papier (18421,surtout dans cocotte en pa- identifié comme celui de verte% &-ne d’un a&reB.
pier.
+Le mot a été introduit en droit comme nom d’un
l Le sens de -femme aux nxmm légèresn a produit
recueil de lois et de règlements. Par extension, il
les dérivés éphémères COCOTTERIE n. f. mm,
désigne un système de préceptes et de prescrip-
COCOTTISME n. m. (1878) ainsi, probablement,
tions (code de l’honwur1. Par analogie, il désigne
que le Verbe COCOTTER v. intr. (1900) -sentirfort=,
également (1866) un recueil de conventions consti-
d’après senti la cocotie =Sentir le parfum fort et
tuant un ensemble de signes fcode té&raphique,
médiocre des femmes légères*; la forme disparue
code secret)kf chiffre1 et, dans un langage scienti-
gogoter (18811 pourrait toutefois orienter sur une
fique, un système de concordance entre deux en-
autre piste; peut-être une altération de gogue, go-
sembles de signes, notamment en linguistique
guenots <fosse d’aisances~. Dans ce cas, l’allusion
(av. 1916, Saussure), en cybernétique et informa-
au parfum des cocottes serait une remotivation a
tique (d’après l’anglais code), en biologie kode gé-
posteriori. nétique). Code est alors voisin de système ; il s’op-
L’influence de cocotte, peut-être celle de chouchou
pose à message comme système à réahsatin.
pour le sens, est très probable sur CHOCHOTTE
~L’appellation spéciale fetu de code (1941) dé-
n. f. et adj. W3011,appellation et désignation fam-
signe les phares de puissance réduite prescrits par
lières d’un homme efféminé, puis d’un homo-
le code de la route, ce dernier ayant été créé par un
sexuel. Cependant, le mot est probablement SUI‘
décret du 31 décembre 1922. -Le mot latin CODEX
tout expressif, évoquant un chuchotement affecté.
est h-même employé (16511pour un recueil de for-
COCU, E n. et adj, m. est, comme le montre la mules pharmaceutiques approuvées par la Faculté.
forme primitive kuku (av. 1350) =cri du coucou pour . La dérivation de code date des x& et xxe a :
insulter les amants~, une variante de coucou*, dont d’après le sens juridique, il a donné CODIFIER
l’étymon latin possède, dès l’époque classique. le v. tr. (av. 18311 d’où CODIFICATION n. f. (1619). et,
sens figuré d’&nbécileB et de =gakmt niais* : le cou- d’après sa valeur scientfique. CODER v. tr.
cou doit son ancienne réputation d’infidélité au fait (mil.~~“~.) d’où DÉCODER v. tr. (19591, d’après
que, ne prenant pas en charge sa progéniture. il l’a&%iS tOCkCO& dont sont issus DÉCODAGE
n’éprouve pas le besoin de vivre en couple comme n. m. (19591, DÉCODEUR n. m. (1968). 0 Cette sé-
d’autres oiseaux. Cette interprétation rationnelle rie, en théorie de l’information et en sémiotique,
recouvre un procédé désignatif courant dans les correspond à l’idée de déchiffrage, de compréhen-
folklores où les chants d’oiseaux, représentés par sion des messages par connaissance ou découverte
une suite de syllabes onomatopéiques ou signi- de leur code. 0 Décoder et ses dérivés ont des an-
fiantes knimologiques~). désignent les oiseaux tonymes formés avec le préfixe en- : ENCODER
cm-mêmes et leur -messagen. Le passage de kuku v. tr. (v. 19601,*constituer (des informations) selon
à cocu -par l’intermédiaire de coquehu ti xrv”- un code*, d’où ENCODAGE n. m. et ENCODEUR
déb. xv” s.), peut-être lié au verbe huer- semble n. m. Cv.19601.
COINCER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tersection de deux ou trois llgnes~. à celui d’sangle s’accordent. Au XVI~~ s.. ll entre dans le vocabulaire
creuxn; ainsi dans le coin du feu (16711, annoncé de la géométrie avec la valeur de -s’ajuster en tout
par coin des tisons (15671, et dans la description du point, en parlant de lignes, de snrfaces~ (1753) et
visage humain, coin de l’œü (1530). d’où du coin de passe dans l’usage général avec la valeur tempo-
I’œg, xen regardant obliquement>. coin de la relle de =se produire en même temps, (1794).
bouche (1704). 0 Le sens du mot a largement dé- w COïNCIDENCE n. f., d’abord coi?tirICe (1464).
bordé celui d’=anglen : il désigne une portion d’es- est emprunté au latin médiéval coincidenti, plu-
pace restreinte et en général reculée (1549) dans riel neutre substantivé, devenu féminin singulier,
un espace habité, puis l’angle extérieur d’un objet du participe présent de coincidere. L’évolution du
(1831. coin d’un& page de journal). oL'aCCent est mot est analogue à celle du verbe, de l’emploi di-
spécialement mis SUT l’idée du lieu dérobé an re- dactique de &nilltude intellectuelle=, à la spéciale-
gard dans l’expression euphémistique aller au pe- sation spatiale en géométrie (17531 et au sens tem-
tit min ‘cabinets. oLe sens concret d’eobjet en porel usuel (1791). -COINCIDENT. ENTE adj. est
forme de coin* est vivant à partir du XVI~ s. (coin de emprunté (1534) an latin médiéval coincidens. Ses
beurre1 mais d’une expansion limitée. Le XVII~ s. en- emplois correspondent à ceux de coiwidence.
registre des acceptions techniques en reliure
(1680l. le mot désignant une pièce garnissant les COING n. m. est issu. par l’intermédiaire de co-
angles d’un livre et (1690) un instrument pour ser- doin Cv. 11001, puis cooing (v. 11701, du latin impérial
rer ou assujettir des documents. cotoneum (elliptiquement pour cotoneum malum).
t COINCER v. tr., relativement tardif (COimer, Le mot latin est probablement !a déformation (le
17731, réalise en technique le sens propre de -fixer, mot ayant été transmis par les Etrusques) du ph-
assujettir avec des coin.~. Il s’est répandu dans rie1 grec htinia m& =coingss littéralement
l’usage commun au XIX~ s. avec l’idée d’aempêcher *fruits de Cydonias, ville de Crète. Cette expression
de bouger. mettre dans l’impossibilité de se dépla- grecque est un arrangement à partir de kodu-ma-
cep hv. 18571. Il a fait fortune avec un nom de per- lom, mot le plus anciennement attesté pour dési-
sonne, d’animé pour objet, notamment dans la gner le coing, et emprunt à une langue d’Asie Mi-
langue familière en emploi figuré (1922) où ll équi- neure. Le latin est aussi à l’origine de l’italien
vaut à -embarrasser, arrêter dans son actions, va- cotogm et du vieux russe gdunja, et le français a
leur usuelle du passif et an participe passé. -Son été emprunté par l’anglais quinte.
substantif d’action COINCEMENT n. m. (1888.1890) + Ce nom de fruit comestible entre dans la même
désigne un processus de blocage dans une pièce locution comparative que citron en parlant du teint
mécanique. -En revanche, DÉCOINCER v.tr. jaune de qqn.
(18591, d’où DÉCOINCEMENT n. m. (1870) et DÉ-
t Le dérivé COGNASSE n. f. (1561). altération de
COINÇAGE n. m. (19301, ont pris dans l’usage fami-
coigmsse (15341, a servi à former le nom d’arbre
lier une valeur psychologique : pour le verbe, =en-
COGNASSIER n. m. (1571; 1558, co@rmssierl qui, à
lever à (qqn) son inhibitions (ti s., att. 1974).
la différence de cognasse, est resté en usage.
ENCOIGNER v. tr. (v. 1278), -pousser dans un
coin>, est tombé en désuétude, supplanté au xwe s.
COÏT n. m., d’abord cohit (1304 puis co;t (15751,
par son intensif RENCOIGNER v. tr., lui-même
est emprunté an latin coitw -action de se joindre,
sorti d’usage, sauf régionalement, surtout au pro-
de se ré-, wzonjonction>, pris dans son sens tar-
nominal et comme participe passé. -Le dérivé EN-
difd’~accoupIement~. Coitus est dérivé de Coire,de
COIGNURE n. f. (1507) s’est maintenu, désignant
cum -avec= l+ CO-) et de ire (+ aller), proprement
un type particulier de coin étriqué lencoi@we
-aller ensemble>, d’où -se rassembler*, -se réunir
à’une porte) et une forme en coin caractéristique
pour délibérer= et &allier*.
de l’angle d’une baie.
Coin a également donné le terme technique + Le mot a été repris avec le sens d’+ccouplement~
ÉCOINÇON n. m. &IV’s.) en architecture et l’inten- en parlant d’animaux puis également d’hmnains
slfRECOIN n. m. (1549). mot usuel qui met lui aussi kV” s.l.
l’accent sur l’aspect reculé et restreint de la por- t Le dénominatif COïTER v. intr. (1859, Flaubert)
tion d’espace désignée. est didactique.
On a VU dans le terme de jeux de cartes COIN-
CHER v. intr. (1928, mcmüle coinchéel, équivalent 0 COKE n. m., d’abord couche (1758) et coak
régional de conher (à la belote et à la manille), une (17971, puis, par retour à la graphie anglaise, coke
forme normanno-picarde de coincer an sens argo- (18161, est emprunté à l’anglais coke (1669). primi-
tique de “duper, faire obstacles, mais cette hypo- tivement coak, cowke et coke, tantôt nom de ma-
thèse est discutée. tière, tantôt, au pluriel, désignant les morceaux. Le
mot semble être une variante de colke -centre,
ccew (>w” s.), le coke constituant le coeur du mer-
COINCER + COIN ceau de houille brûlé ou ce qui en reste.
COÏNCIDER v. intr. est emprunté (v. 13701 an +Le mot est passé en France avec l’emprunt de
latin médiéval coincidere -tomber ensemble en un procédés au début de la grande métallur@e qui
même point*. de cum l+ CO-I et de incidere -tomber s’est d’abord développée en Angleterre. La graphie
dans, SUI-, *arriver. se produirem (4 incident). est restée incertaine an XVII? siècle.
+Le mot est introduit dans l’usage didactique à . Coke a produit des dérivés techniques à la fin du
propos de réalités abstraites, intellectuelles qui xc?s. et au début du >Oc”s., dont COKERIE n. f
DE LA LANGUE FRANÇAISE COGITER
courage, écrit encore Ronsard 0 La spécialisation Cœur a également fourni le second élément de
pour *force d’âme devant le danger-B est ancienne quelques composés métaphoriques comme
et semble plus nette dans le dérivé corajos, coura- CRÈVE-COEUR n. m. ~II”%), ACCROCHE-CCZUR
geux; elle se répand dans la langue classique au n. m. (1837). HAUT-LE-CCWR n. m. (1857). 0 L’un
détriment des autres emplois qu’elle élimine, à deux, SANS-CCEUR n.m. (1808) a d’abord eu le
l’exception du sens d’aénergles [pour un travail, sens de -paresseux sans amour-propre, à qui au-
une activité), encore usuel Imanquer de courage cune remontrance ne fait impression>. ll a été réin-
pour...) comme l’acception de ‘dureté de cceur~ (je terprété en <homme sans sensibilités 11830, H. Mon-
n’ai pas le courage de l’abandonner). Le mot sert nier).
aussi d’intejedion d’encouragement, au moins de-
puis le xvr” s. (Montaigne).
Le dérivé COURAGEUX, EUSE adj. Il 160, corajosl
se dit des personnes et des actes pleins de courage, COFFRE n. m. est issu (v. 11651 du latii impérial
aux divers sens du mot, mals surtout pour <qui mé- cophtnus -corbeille* (+ couffin), transcription du
prise le dangers. Cependant, la valeur <qui a de grec hophtnos, mot technique sans étymologie
I’énergien est encore vivante comme, régionale- connue. Le sens de -caisse, Cot??e* est apparu en la-
ment, celle de &availlew. -Courageux a servi à tin médiéval.
former COURAGEUSEMENT adv. (1213, corajeu- (Tandis que le sens de ecorbeille= est passé dans
sement qui a les mêmes acceptions l’italien cofano et l’espagnol cuebano, il s’est perdu
Les préfixés verbaux attestent les valeurs an- en français, où le mot désigne un meuble en forme
ciennes de courage. DÉCOURAGER v. tr. kkscora- de caisse. Désignant une pièce maîtresse du mobi-
gier, 1165-l 170) signi6e -enlever la force d’âme à lier au moyen âge, il a reçu différentes spécialisa-
(qqn)>. d’où prendre (qqn) sans énergies, et surtout tions correspondant à ses fonctions : *caisse où l’on
-sans désir, sans envie pour qqch.*. Le pronominal range de l’argent, des choses précieuses> (1291;
et le participe passé sont usuels. -Le dérivé DÉ- d’où coffre-fort, 1543), -espace aménagé pour le
COURAGEMENT n. m. kkSCOragem& fk Xl? S.) rangement à l’arrière d’une voituren (1690) puis
s’applique plutôt à l’état d’une personne découra- *d’une automobilem (6n xx’s.). -Par analogie de
gée qu’à un processus. -DÉCOURAGEANT, forme, ll est passé en anatomie comme dénomlna-
ANTE adj., tiré (1763) du participe présent du verbe tion du tronc d’un animal (1561) puis aussi de
et parallèle à encourageant k-dessous), qutie les l’homme. Cette dénomination s’est étendue à
choses et les personnes qui découragent, déçoivent l’usage familier, voire argotique, pour -estomac=
sans @mais s’améliorer. (dès 1636, coffre naturel). De là avoir du CO~%S -du
ENCOURAGER v. tr. (1155, encuragkr de...) Sigle soties, en parlant d’un chanteur, et aussi au fi-
*donner de l’énergie, de la force d’âme à (qqn)= et guré.
spécialement =Stimuler pour faire qqch. de précis>,,
c Le diminutif~0~~~~T n. m. (déb. xrv” s.) désigne
sens où la construction encourager qqn à + iniinitif
un petit CO&S destiné à serrer des objets précieux
(1636) est usuelle. Le verbe s’est spécialisé au
ou, par analogie, un emballage luxueux ; seuls quel-
XV~II~s. (av. 1778) avec une valeur sociale au sens de
ques emplois techniques modernes lui donnent
davoriser, aider par des récompenses, de l’argents.
une stricte valeur diminutive. -D’un ancien sens
-Le dérivé ENCOURAGEMENT n. m. (encoraige-
figuré de cofie *prison> est dérivé COFFRER v. tr.
ment, déb. XIII~ s.) a d’abord eu le sens très fort de
(15621, <mettre en prlsonn d’usage populaire. Le
-colère, indignation de la personne remplie de
sens de -mettre dans un CO&S> (1544, coffré) a dis-
‘courage’n. Cette valeur a disparu quand le mot
paru au XVII~ siècle. 0 Une valeur technique corres-
s’est imposé au xv? s. (15641 comme substantifd’ac-
pond à l’usage du nom en construction pour dis-
tion de encourager. Par métonymie, un encourage-
positif en bois contenant un matériau de
ment désigne (17641 un acte ou une parole qui en-
constructions. -Le verbe est à l’origine des dérivés
courage. -ENCOURAGEANT, ANTE adj. (17071 se
COFFRAGE n. m. (18381, DÉCOFFRER v. tr. (19481,
dit de ce qui est propre à encourager.
DÉCOFFRAGE n.m. (1948). -ENCOFFRER v.,
Cœur, avec le sens d’aestomacs, a produit Éc(~u-
=mettre en CO&~S (1382) et, par extension, Kempti-
RER v. tr. (16401, annoncé par esqwuré (16111, au
sonner= (1590). est directement dérivé de cofie.
sens ancien de -très amaigri, a&ibli~. Le verbe,
considéré comme vulgaire à l’époque classique,
COGITER v. est emprunté (1450) au latin cogi-
s’est répandu au XIX” s. (attesté 1864) au sens de -dé-
tare “penser, méditera de cum -avec= (-CO-) et de
goûten et aussi d’sindigner en provoquant un dé-
agitare (-agiter). le sens propre étant -agiter en-
goût morab. puis de =démoralisem (sans dégoût),
semble des pensées=.
par exemple par une réussite trop facile ou impos-
sible à égaler. Cette valeur s’est spécialisée en +Le mot, après avoir
sewl de synonyme à penser,
sport (1924, Montherlant) dans écœurer l’adver- méditer dans la langue philosophique, est devenu
saire. Le participe passé ÉCCZURÉ, ÉE est adjec- archaïque. ll a retrouvé un certain usage (1853,
tivé. -ÉC<EURANT. ANTE adj., d’abord physlo- Flaubert) dans le sens ironique de *réfléchir de fa-
logique (mil. XIX~%, Raspail; 1846, Baudelaire), çon laborieuse, souvent ine5caces.
s’emploie aussi au moral. Cet usage, tiquent au t COGITATION n. f., emprunt (V. 1150, COgitatiun)
Québec, y a fourni le dérivé ÉC(EURANTERIE n. f. du latin cogttatio -action de penser, de réfléchir=, a
*action écœurante~. -ÉC~~REMENT n. m. (1863, suivi la même évolution que cogiter : ancien terme
Flaubert) a les mêmes valeurs que écœurer. de la langue philosophique, il a été repris ironique-
COLJ3ACK 798 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

forme Colla 116801,francisée en colles au pluriel nouille* (-quenouille); en grec dans huMos
(16881,a été employée au XVII~a; Boiste enregistre *cercle* (+ cycle), polein -tourner* et polos -pivotm
la vsriante graphique Kola en 1829. (+ pôle, poulie), tandis que l’élément -koZos indique
+Le mot désigne un arbre d’Afrique occidentale la personne qui s’occupe habituellement de qqch.
fournissant une graine nommée noix de cola et, par (+bucoliquel. Les autres langues du groupe ont
métonymie, cette noix et la substance qu’on en ex- surtout les formes nominales de la racine sigr&ant
trait. Il apparaît dans les relations de voyages, puis scercle. roue= : vieil islandais ht&, vieux slave kola,
en géographie (1637) et en droguefie (16981;de là, il vieil anglais hweohl (anglais wheel), sanskrit
passe dans l’usage général (1752, Trévoux). cakrd& Le verbe latin a également développé une
6 voir COCA-COLArati COCA,. spécialisation rituelle, exprimant le plaisir qu’une
divinité éprouve à se trouver dans un lieu et à le
COLBACK n. m. est une altération (fin XVIII~s.) protéger et, réciproquement, les honneurs rendus
probablement d’après col, de kalpack (15731, hale- à cette divinité par les habitants du lieu (+ culte).
pak (16531, emprunt au turc qaZp6q <bonnet de + -cok garde les principales significations du latin :
fourrure-. il sert à former des adjecti& dont le correspondant
+Le mot désigne une ancienne coiffure militaire, est un composé du substantif -culture* avec le sens
un bonnet de fourrure garm à sa partie supérieure de <qui concerne la culture de* (- agricole, arboti-
d’une poche en drap. o Mal compris, le mot, sous cale, horticole). Il forme des adjectii et substantifs
lïnfIuence de col, désigne familièrement (1900) le désignant des personnes avec le sens de -qui ha-
collet, par ex. dans attraper par le colbach. bite dans, qui fréquente>. Enfin, il forme des ad-
jectifs et des substantifs désignant des personnes
COLCHIQUE mm., d’abord colchicum, col-
chicon dans une Histoire des plantes ( 15451,francisé célébrant un culte, avec le sens de <qui honore, vé-
en coZchi@e (16281,est emprunté au latin du xw’s. nère, rend un culte à; adorateur de*, dans les do-
coZchZcum, transcription du grec kolkhikon. Ce maines théologique, lkrgique ou mythologique ; il
nom de plante signiiïe proprement =herbe de Col- comporte alors parfois une valeur péjorative héri-
chide>, pays de la magicienne et empoisonneuse tée de l’usage qu’en a fait Rabelais Isorbonicolel. Le
Médée, en référence au caractère vénéneux du suflïxe est surtout vivant dans les domaines de la
colchique. C’est le neutre substantivé de l’adjectif botanique et de la zoologie, pour décrire l’environ-
kolhhikos <de Colchiden, tiré du toponyme kolkhis. nement de la faune et de la flore; ll se développe
L’emploi du féminin (1680) se rencontre chez cer- avec le progrès des cultures, des industries et des
tains auteurs. sciences de la vie organique. L’emploi de -coZedans
la formation de noms de personnes est moins vi-
. De cokhique est dérivé COLCHICINE n. f. (18381,
vant; il existait déjà en bas latin @ricola, deicola.
d’un mot allemand formé par les chimistes alle-
titicola, regnicoZa1. Cependant, au >ops., le sutiixe
mands Geiger et Herse sur le radical du latin bota-
peut s’adjoindre à un radical français : ll est pro-
nique colchicum pour désigner l’alcaloïde extrait
ductif (dpicole, osiéricole, tizicole, truitiolel.
des graines de colchique.
COLD-CREAM n.m. est emprunté (1827) à COLÉOPTÈRE n. m. est l’adaptation (1754) du
I’anglais cold crean (déb. xwne s.), nom donné à une latin scientifique coleoptera, nom de cette classe
crème de beauté faite de blanc de baleine, de cire d’insectes chez Lié (17351.emprunt au grec ko-
blanche, d’huile d’amandes douces et d’eau de leopteros aaux des couvertes d’une sorte de four-
rose. Le mot est formé de cream, emprunt au frac- reaua. Ce mot est formé de koleon *fourreau, étui>,
çais crème*, et de colà &oidn, à cause du caractère mot d’origine incertaine, peut-être emprunté à une
r&aîchissant de cette crème. CoZd vient du vieil langue méditerranéenne, et de pteron -aile*
anglais cald qui correspond à l’ancien saxon cald (+ ptéro-1.
(néerlandais koud, allemand kalt) et à l’ancien nor- +Le mot désigne un insecte dont les deux ailes
rois kalclr; tous ces mots viennent d’un mot germa- peuvent se replier sous deux étuis.
nique “kaldaz -gel& dérivé, avec un suflixe de par-
ticipe passé, de “kal-, à rattacher à une racine
COLÈRE n. f. est emprunté (v. 1265) au latin im-
Indoeuropéenne “gel-, variante de “gel- (+ gel). périal choiera maladie bilieuse, bile* (-choléra)
puis, à basse époque, =Colère>,lui-même emprunté
+ Ce mot a été très employé en I?-ançais au XJX~s. au grec kholera.
sans se franciser complètement : ll l’est moins au-
jourd’hui. 4 Le sens de ‘bile> a disparu au XVI~siècle. Le sens
moderne d’vétat affectif violent* (14161 reste
-COLE, élément de sufkation, est emprunté au d’abord dépendant de l’idée de -biles, la colère
latin -cola, lui-même issu, avec les différents sens étant tenue pour un échauffement de la bile et cou-
du verbe, de colere qui si&e conjointement, dès ramment appelée chaude choie =biie chaudes et
les plus anciens textes, *habiter-n et =cultiven, les cholère. Colère rompt avec cette conception humo-
deux notions étant connexes pour la population N- rale au XVIPa, avec l’élimination de la graphie cho-
raie qui dominait dans la Rome archaïque. Colere Zère, et supplante dans l’usage courant ire et cour-
présente une spécialisation du sens de la racine in- rowc, usuels en ancien et moyen français. Avec la
doeumpéenne “k”eZ- attestée dans les langues valeur littéraire et biblique de *déchaînement via-
congénères avec le sens de -se mouvoir, se trouver lent> (1.5601,il fonctionne encore au ~V?S. et au
habituellement dans? et ctoumer en ronds. En latin xvae s. comme doublet de ire, traduisant le latin ira
même, ce sens est représenté par c0Zu.s “que- dam jour de colère (dies irael. -L’adjectif colère
DE LA LANGUE FRANÇAISE 795 COIN

dactique. -Enfin DÉCOHÉSION n. f. (mil. >op s.1 est w COIFFER v. tr. Iv. 1280) signi6e *mettre (qqch.1
didactique. sur la tête de qqm avec un objet désignant une per-
sonne ou une chose (15381. Dès l’ancien français, il
COHORTE n. f. est emprunté (12131 au latin co- exprime également l’idée d’arranger la chevelure
hors, -tis -unité de l’armée romaines. Il s’agit là au moyen d’un peigne, d’une brosse (apr. 1250).
d’une spécialisation, à partir de l’idée de -division 0 Du sens de coiffe en anatomie, est dérivé l’em-
du camp=, du sens premier de ce composé de hor- ploi de coiffé dans l’expression être né coi& (15491
tus +rdim (- horticole1 qui signifiait =enclos, parc savoir de la chancex. o Un sens figuré, -séduire qqn
à bétail, basse-cours (-cour). en lui mettant une idée en tête>, a suscité l’expres-
t Emprunté comme terme d’antiquité romaine, le sion être soif%, se coiffer de %S’enticher de> (15991.
mot est passé dans l’usage, dans le langage fami- 0 Le verbe a reçu récemment en sport le sens de
lier, à propos d’un groupe de personnes (av. 13501 -dépasser d’une tête à l’arrivée d’une courses
et, dans le style littéraire, d’un groupe de gens w- (19061 d’où, par extension (19541, *être à la tête dea
més (15391. (6. chapeauter). -Coiffer a produit plusieurs déri-
vés. COIFFURE n. f, d’abord coeffeure (av. 15281 *ce
COHUE II. f., déjà attesté par la transcription la- qui Sert à Coiffer la têtes et (15381 <ce qui sert à cou-
tine médiévale cohua (Vendée, 1232; Loire-Atlan- vrir la tête=, désigne également la manière dont les
tique, 1235; Normandie, 12181, est emprunté (12781 cheveux sont coiffés ou arrangés (1694, coiffure à
au breton koc’hu, koc’hui *hallen. Ce mot, à rappro- boucles). 0 Son emploi comme nom d’action (1866,
cher du cymnque pour =agitation, tumulten (de art de la coiffure) en fait un concurrent partiel, avec
chwyf *mouvement~l. est ancien, attesté dès le une idée d’art, de métier (correspondant à coiffeur)
moyen breton pour *agitation, réunion tuon& de COIFFAGE n.m. (18491, surtout dialectal
tueuses. (Centre, AtljOU. franco-provençal). . COIF-
4 Le sens de ehallen, attesté dans les chartes et les FEUR, EUSE n. (16691 désigne la personne ayant
cartulaires médiévaux, est sorti d’usage. Son ex- pour métier d’arranger les cheveux. Le mot n’a pas
tension métonymique, “assemblée de justice (se te- au XVII~ s. le statut professionnel que conserve bar-
nant dans la halleIn (13181, fait aujourd’hui figure de bier, mais il est plus valorisant : le coeffeur va à do-
sens historique. L’autre extension métonymique. micile coiffer les dames qui vont sortir, se rendre à
-marché, foires, s’est également éteinte, sauf em- un bal, etc. 0 Le féminin coiffeuse désigne à la fois
ploi littéraire. o Le mot s’est répandu en français une femme qui fait le métier de coiffeur et (19191 un
général avec le sens d’=assemblée bruyantes (16381, meuble devant lequel les femmes se coiffent, se
peut-être repris au breton, d’où =bousculade, bruit maquillent, etc.
COI&~~ (av. 16601, et surtout de -désordre de la Coiffer a servi à former les verbes préfIxés DÉ-
foule; foule en désordre, qui se bouscules. COIFFER v. tr. (x111~S.l et RECOIFFER v. tr. (15551.
Le premier signifie à la fois *enlever la coiffure des.
COI, COITE adj., d’abord 9uei (10801, puis coi d’où -enlever un couvercle, etc.*. et =dérsnger les
(v. 11701, est issu d’un latin vulgaire 09uetu.s, défor- cheveux de (qqn)>. En emploi absolu, il a récem-
mation du latin quietus (-quiet). ment reçu l’acception figurée de *exciter, déranger
+Le mot, le plus ancien des adjectifs exprimant agréablement>, notamment à propos de publicité,
l’idée de &anquillit&, était usuel en ancien et après avoir reçu la valeur de .-déranger- (ça me dé-
moyen français. Il n’est vraiment usité aujourd’hui coiffe1 qui a vieilli Aux sens propres, le pronominal
que dans les locutions rester, demeurer coi. o Le et le participe passé sont usuels. 0 Les dérivés DÉ-
féminin coite, réfection (17981 de l’ancien type coie COIFFAGE n. m. (18911 et DÉCOIFFEMENT n. m.
d’après droit, droite, est quasiment inusité. (16711 sont rares.
0 voir COLIFICHET. KEFFIEH.
ic COIFFE n. f. est issu (10801 du bas latin de
même sens cofia, mot d’emprunt obscur, peut-être i(c COIN n. m. est issu du latin cunew -objet ser-
d’un germanique “kufia -casque2 vant à fendre le bois ou à serrer des assemblagesn,
+ Le mot a d’abord désigné la partie du camail qui dit par extension de tout objet ayant la même
habillait le crâne des hommes de guerre au moyen forme, spécialement en latin médiéval de l’em-
âge; par extension, il désigne un bonnet porté par preinte gravée en creux servant à frapper la mon-
les hommes (apr. 12251 ou par les femmes (12601. naie (10991. C’est un terme technique d’ouvrier et
Par métonymie, il se restreint à la doublure qui de bûcheron (à côté de angulus, qui a donné angle),
garnit un chapeau (16801, au foulard que les peut-être emprunté par voie étrusque à l’adjectif
femmes mettent sur leurs cheveux pour sortir, grec gônim anguleire~. tiré de gônia anglem
sens abandonné. o De nos jours, il est surtout em- (- -gone dans pentagone, octogone, etc.).
ployé à propos de coiffures féminines régionales et +Le mot a gardé le sens technique prlmitifdu latin,
avec quelques acceptions spéciales procédant de qui concerne le coin du bûcheron (v. 11791, et a re-
l’idée de *ce qui couvre, enveloppes. o Il désigne pris au latin médiéval celui de <cachet pour frapper
aussi le mésentère de certains animaux (1354. la monnaieD (1164-I 1851 dont procède le nom du
13761, la partie des membranes recouvrant la tête poinçon sur les pièces d’orfèvrerie (16901. 0 Le mot
du fœtus lors de l’expulsion (16901, la membrane a aussi gardé le sens de &-iangle plein* (v. 11601
enveloppant l’extrémité des jeunes racines (17041. qu’il avait en latin et qui se réalise dans le coin
0 En reliure il s’applique à l’=extrémité supérieure d’une maison, de la nie (13121; mais on est aussi
du dosn. passé. selon la définition plus large de -point d’in-
COLIS 800 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-diarrhée-. entrantdans l’expression avoir la CO- COLLAGENE --f COLLE


figue avec l’idée figurée de -grande peur- (18521.
par une métaphore cour-an& (6. trouille1. Une COLLATÉRAL, ALE, AUX adj. est em-
autre extension concerne en médecine des dou- prunté (v. 12751au latin médiéval collateralis -qui
leurs analogues, sans rapport avec le côlon (CO- se trouve à côté de> (v. 11001,substantivé au sens de
liques néphrétiques, coliques hépdiques). =Parent en ligne directe> (fm XI~s.1, de cum =avecs
. Colique a produit COLIQUEUX. EUSE adj. (15791, (- CO-)et de lateralk (+ latéral).
=de la nature de la coliquen et (15801-sujet à la co- + Le mot a été repris en droit, désignant et qual-
liques,et COLIQUARD n.m.(déb.xYs.), formé po- fiant un parent indirect d’où (15221ligne collatérale.
pulairement avec le su6ïxe péjoratif -ai-d, au sens 0 L’adjectif a reçu plusieurs acceptions spéciales
de -poltrons. avec la valeur de csitué de côté, par rapport à autre
COLIQUE adj. (1475) a été repris à l’adjectif latin chosen (déb. XIV’ s.l. en architecture religieuse
dans colique passion, calqué du latin et sorti de (15261, usage où il est substantivé en parlant des
l’usage au xvne siècle. Le mot a conquis son auto- bas-côtés d’une église (17401.en anatomie (v. 15601
nomie au XVIII~s., qualiiiant une veine et une artère et en géographie (1740, points collatérawc).
du côlon. .~~~~~~É~~~~~~~~adv.,relevéunepremière
COLITE n.f., formé en latin savant IcoZitk1 puis foisausensisolé de .w%eàcôte~(I585),aétérepris
passé en français (18241,est devenu assez courant au XVII~s. dans un contexte juridique relatif à la pa-
comme dénomination d’une infkmmation du cô- renté (16281; il s’est répandu au XIX~~. (18351.
lon, du tit des connotations familières ou scatolo- -COLLATÉRALITti n.f.,lui aussi attesté une pre-
giques de colique. mière fois en 1611, est repris comme nom de qua-
lité correspondant à collatéral et figure dans Littré
COLIS n. m. est emprunté (17231à l’italien col& (18631.
pluriel de colla =Chargement que l’on porte sur le
COU~,sens issu par métonymie de celui de ~CO~I COLLATION n. f. est emprunté (v. 12001à plu-
(-cou). sieurs reprises et avec diverses acceptions, au latin
4 Le mot. d’abord attesté comme terme de négoce collatto, substantif d’action formé sur collatum, su-
en usage à Lyon, s’est répandu en France par Mat- pin de conferre -échanger des propos, s’entretenir
seille (17851et Lyon. Il désigne un objet emballé en avecs (- conférer). Collati a eu en latin classique le
vue de son transport, donnant lieu à des syntagmes sens de -comparaison, confrontation= d’où en bas
comme colis postal (1880). 0 Le sens figuré de sper- latin celui de =comparaison, confrontation de tex-
sonne encombrante>, dans le langage familier, n’a tes>. Il a signi6é aussi à basse époque <action de
pas suffi à assurer à colis le chemin métaphorique conférer (une dignité, un hoMeLu% et, en latin mé-
de ballot*. diéval, +iction de conférer un bénéficen (11671.En
latii chrétien, il a désigné Me réunion de moines,
COLLABORER v. intr. est un emprunt tardii un entretien et, par lïntermédiaire du sens de
(18301au bas latin collaborare =travailler avec qqn=, conférence lue le soir au cours du repas dans les
de cum C+C~-) -avec= et de laborare -travailler= mon&&-es* (d’où le titre Collationes, oeuvre de
I-B labourer). Cassien, 426-4291, a pris celui de -repas du soir
+ Repris avec le sens propre de -travailler avec>, le dans un monastères (8131.
mot a développé, sous l’occupation allemande de + Introduit par la traduction de l’ouvrage de Cas-
1940-1945. la valeur particulière de =Coopérer avec sien, le mot a désigné les entretiens et conférences
l’ennemin en emploi absolu (v. 19401. du soir dans les monastères et le repas des moines
WCOLLABORATION n.f., antérieur au verbe, est kon”s.1. Par extension, il est employé en parlant
emprunté (17531au latin médiéval collaboratio dit, d’un repas léger pris le soir (14531,spécialement le
en droit, de la possession acquise par les époux par repas léger fait par les catholiques en période de
un travail commun (8211.Le mot est dérivé de colla- jeûne (15801.L’aire d’emploi du mot a régressé au
borare au sens tardif de <travailler en commun profit de goûter, pique-nique, souper,en-cas ou ré-
pour gagner des bénéfices> (VII~s.l. Collaboration a veülon, dont il était à peu près synonyme au
été introduit en jurisprudence à propos des tra- XVII~siècle. Il correspondait alors particulièrement
vaux communs de l’époux et de l’épouse, puis s’est au repas de fiwits fait le soir d’un jour de jeûne ou
répandu au sens d’eaction de travailler en com- aux contïtures que l’on prenait au coucher avec un
mun= (18291,recevant sous l’occupation allemande doigt de vin. -Au sens d’=action de conférer un bé-
la spécialisation politique (1940) avec laquelle il a néfice, un office>, collation appartient à un usage
produit COLLABORATIONNISTE adj. etn. (19411, vieilli ou historique. Par extension, le mot exprime
péjoratif pour <partisan de la collaborations et le fait de conférer un grade universitaire, un titre
aussiadjectif -COLLABORATEUR,TRICE~,~~- de capacité (18081.-Le sens du latin classique a été
rivé directement (1755) du radical du verbe latin repris au XIII~s., collation désignant la comparaison
coZhborare, désigne la personne qui travaille avec d’une chose à une autre jusqu’au XVI~siècle: mais la
qqn. Sa spécialisation politique liée à l’occupation spécialisation pour <action de comparer des tex-
allemande (v. 19401 a donné lieu à l’abréviation te+ (13751,s’est maintenue.
COLLAB~ n. (v.1940). Cette valeur n’a pas évincé ~COLLATIONNER v.tr. (1345) a gardé le sens de
le sens neutre de CpersoMe travaillant avec une =comparerune copie avecl'originalahde s'assu-
autres (1867). rer de sa conformité* et reçu une acception spé-
DE LA LANGUE FRANCAISE 797 COLA

(18821, peut-être emprunté à l’anglais cohefy; co- double courbe>1 et COL-VERT, COLVERT n. m.
KÉFIER V. tr. (19111 &ahSfOimer en coke,, COKÉ- (1611, cou-Vert), nom du canard sauvage commun.
FIABLE adj. (19231, COKEFACTION B.f. (19231. Par préfixation et sufhxation, il a produit ENCO-
0 COKING il. m., emprunté à l’ar&is, a été réem- LURE n. f. (1580; en 1554, =isthme~l, employé à pro-
prunté dans l’industrie du pétrole où l’équivalent pos d’un animal, notamment le cheval, d’où son
proposé est cohoge, scraquage en vue d’obtenir un sens de mesure de longueur en couIse hippiquen
coke de pétroles. dans gagner d’une encolure (18551. Encolure se dit
aussi du cou humain considéré selon sa force, sa
0 COKE + COCA grosseur (16111 et s’emploie comme terme d’habil-
lement (18291.
ic COL n. m. est issu du latin collum et repré- -LICOL. LICOU n. m. est composé du vetie lier et
sente le singulier de ce nom, dont cou est le cas ré- de col 113331, puis de cou (16771. Il désigne le lien
gime au pluriel t+ coul. Par la suite, col et cou sont passé autour du cou des bêtes de somme (équidés)
devenus de simples variantes phonétiques. pour les mener et, au figuré &VI~~“S., Saint-Simonl,
un lien qui assujettit.
+Les deux formes col et cou se sont employées in- Col est aussi à l’origine de composés verbaux. AC-
différemment jusqu’au XVII~ s. : col a désigné la pat- COLER Y. tr. (v. 10501. =jeter les bras autour du cou
tie du corps de l’homme qui unit la tête ati tronc et de (qqn1 pour embrassez, est surtout vivant au
11174-l 1771 cette même partie chez l’animal, deux sens de cher, joindre. réunir (des choses) de ma-
sens qu’il ne réalise plus que par archtisme ou nière qu’elles se touchentn (en emplois techniques
pour des raisons d’euphonie. oDepuis. col s’est XV~~., ou figurésl. -Le dérivé ACCOLADE n.f.
confiné dans des contextes évoquant l’habillement (déb. XVI~ s.1, *fait de mettre les bras autour du CO~I.
et s’est spécialisé dans quelques sens analogiques : est encore employé en ce sens à propos des céré-
à partir du xse a, il désigne la partie du vêtement monies officielles. Au début du XVIII~~. (av. 17181, il a
qui entoure le cou (1177-l 1801, sens de création ro- pris le sens de <signe à double cotabure servant à
mane, puisque le costume romain laissait le cou ab- réunir plusieurs lignesn et en musique (17681 *plu-
solument libre. Aujourd’hui, il désigne plusieurs sieurs portées>; en ce sens. il a produit un verbe
types d’entourages du cou, à l’aide d’un déteti- rare ACCOLADER Y. tr. (18451. 0 Le verbe accoler
riant : col de dentelle (18381, col marin (18811; par a eu d’autres dérivés : ACCOLEMENT ri. in. (12131
métonymie, il s’applique à des personnes caracté- qui signihe en ancien et moyen iïançais &reiate,,,
risées (par la couleur de leur col), col bleu qnarin a été reformé (18421 pour =rapprochement de deux
de l’État> et également ~ouvrler de I’industrie~, par choses,,, de style littéraire. ~ACCOLURE n.f.
opposition à col blanc (19371 *employé de bureaw, (17431 et ACCOLAGE n. m. (17321, ce dernier em-
d’après l’anglais wftite coller. oCol désigne par ployé notamment en viticulture, demeurent des
analogie (comme coul la partie étroite, rétrécie termes techniques. -Le préfixé RACOLER y. tr.
d’un récipient (v. 13501. Avec ce sens, il s’est spécia- (me s.1, *embrasser de nouveaw, a été repris vers
lisé en anatomie (1478, col ds la vessie, puis col vési- 1750 au sens particulier d’enrôler par force ou par
cal, col utérin). -Le sens imagé de *dépression for- ruse, en dépit du principe de l’engagement volon-
mant passage entre deux sommets montagaeux~ taire et a reçu son sens moderne par glissement
11635, col de montagne1 a éliminé peu à peu les an- dans un contexte commercial 117941 et, ultérieure-
ciens termes port, pas (qui se disait d’un passage ment, de la prostitution. oSes dérivés RACO-
ticile et détroit, qui ont tous pris et gardé LEUR, EUSE adj. (V. 17471 et RACOLAGE Il. m.
d’autres sens. (v. 17471 ont suivi la même évolution et s’emploient
b Les dérivés de col et de cou ont tous été formés, parfois ae figuré (WI discours racoleur?
pour des raisons morphologiques et phonétiques DÉCOLLETER Y. tr. a remplacé aa xvsie s. (17621,
(présence de la consonne Il, SUT la forme col. -Le d’abord au participe passé DÉCOLLETÉ, ÉE (17991,
diminutifCOLLET n. m. &i xie s.1 apetit cou= est en- l’ancien français escoleter.o Le verbe signifie aussi
core utilisé au sens de =COU> pour désigner la partie scouper le cou de (qqn)>, emploi rare, et =Couper
d’une bête de boucherie comprise entre la tête et autour de (une pièce mince)=, valeur que l’on re-
les épaules. oPar métonymie, le mot désigne trouve dans le syntagme tour à décolleteret dans le
(15471 le nœud coulant employé parles braconniers dérivé technique DÉCOLLETAGE n. m. ODÉ-
pour prendre les animaux au cou et, technique- COLLETE a été substantivé (18991 au sens de sdé-
ment, la partie en saillie autour d’un objet C~I- coupe d’un vêtement (féminin1 dégageant la base
culaire. 0 Il ne conserve son ancien sens de *partie du cou=, qui donne lieu à des emplois en termes de
du vêtement entourant le cou= (12801 que dans les mode fgroncl, petit décolletél.
locutions collet monté (adj.1 Kqui affecte l’austérités
et au collet -au cou, au col> (mettre la main au col-
kt). -Son dérivé COLLETER y. (1580, coleterl ssai-
sir au collet> est surtout employé à la forme prono- COLA n. m. est l’emprunt (16101, par diverses
minale au sens de &empoigner, s’affronterm, au voies successives, d’un mot d’on dialecte d’Afrique
propre et au figuré (se colleter avec...).0 On en a occidentale. En effet, il est souligné et po- d’une
tiré COLLETAGE ri. m. (18741 et ColLetin,qui a majuscule dans la traduction française de l’adapta-
donné CO&*. tion en latin (15991 d’un texte néerlandais (15961, lui-
Col entre, avec le sens ancien (.cou~l, dans les même traduit de l’italien (15911, lequel texte italien
composés COL-DE-CYGNE n. m. (1832, erobinet à reprend les écrits du Portugais Duarte Lapez. Une
COLLÈGE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ti s.l. o Il a pour dérivé COLLECTIVISATION tin, comme coZkgium (- collège), se rattache à Zex
n. f. (1871), ce qui implique pour le verbe des em- (G+loi), peut-être par son dérivé Zegere (+ léguerl, le
plois probables à cette époque. collègue étant celui qui a reçu, en commun avec un
COLLECTION R. f. est emprunté a” latin COZkCti ou plusieurs autres, un pouvoir.
-action de réunir-, -ce qui est recueilli ensembles, +Le mot désigne une personne qui est revêtue de
employé comme terme de médecine à époque ti- la même charge ou de la même fonction que
périale; c’est d’abord au sens médical d’camas de d’autres, à l’intérieur d’une institution publique ou
pus> (13001que le mot français est attesté. Il passe privée. Le sens de =Camarade de jeu, de plaisir*
dans l’usage général au sens de ccueillette des (1872, Daudetl, appartenant à l’usage familier,
fruits~ (13711,que lui dispute cueillette, et, au XVIIes., semble s’être développé sous l’influence du pro-
désigne une compilation et ce que l’on nommerait vençal, en français de Marseille et de sa région, où
aujourd’hui une anthologie. 0 Son sens moderne il est aussi un appellatif amical
de &union d’objets ayant un intérêt esthétique,
historique ou scientifique* est plus tardif Iv. 1775). COLLERETTE -) COLLIER
Depuis, le mot a pris aussi les sens particuliers
d’~ensemble de publications formant une unité* et
COLLETER - COL
d’xensemble de modèles de couture présentés en COLLEY n. m. est emprunté (1877) à l’anglais
même temps>. oLe sens de =réunion d’objets colley. variante de collie, coZZy -chien de berger
d’arts a produit COLLECTIONNER v. tr. (18401, écossais*, attesté depuis 1651, peut-être même déjà
d’où on a tiré COLLECTIONNEUR, EUSE adj. et n. au XIV”~., comme nom propre de chien, sous la
(1828) mot usuel, et COLLECTIONNABLE adj. forme Colle. L’origine de ce mot, dans lequel on a
(19391,rare. cru reconnaître un dérivé de cool =charbow (- co-
iii) à cause des taches foncées de certains de ces
COLLÈGE n. m. est emprunté (v. 13081au latin chiens, est incertaine. L’hypothèse d’une origine
coZZegium =ensemble, corps (de magistrats, de gaélique, à partir de cuüean &iem et de cuilidh
prêtres)* et, au moyen âge, %Communauté de laïcs *chien errantn, semble la plus sûre.
ou de religieux-. Le mot, apparenté à collega
*Le mot est passé en français sous les trois formes
(b coIlègue), est dérivé de Zex (+ loi).
anghises; collie (1877, J.Vernel, colley (18981 et
4 Collège désigne un corps de personnes revêtues colly (19221,mais semble s’être stabilisé en colley.
de la même diité, spécialement dans le cadre
d’une confrérie religieuse (v. 1308).Ultérieurement COLLIER n. m., attesté en ancien français sous
dans un contexte juridique. il se dit de l’ensemble deux formes concurrentes jusqu’au xves.. cokr
des électeurs appartenant à une même ch- l1160-1190) et colier (12681,est issu du latin collare
conscription ou à une même catégorie, convoqués et, pour la forme qui a prévalu, d’une altération en
en vue d’une élection, seul ou dans collège électoral coZZarium Ws.1. Collare est dérivé de collum
(1812). oLa spécialisation de collège dans le do- b coul, le collier étant ce qui entoure le cou.
maine de l’éducation lui vaut le sens local de slieu *Le collier n’avait à l’origine qu’une fonction utili-
pour enseigner lettres et sciencesn (1462). De là son taire, désignant l’objet que l’on passe au cou d’un
emploi dans les noms Collège royal 11610)puis Col- animal et (1268) une partie du harnais (d’où l’ex-
lège de France (1795), dénominations successives pression donner un coup de collier1. Les méta-
d’un établissement fondé par François 1” De là phores d’origine rurale, du type attelage, collier,
également quelques emplois figurés comme sentir joug..., ont d’ailleurs développé des valeurs di&
le collège -prendre un air pédants (16781 et. ulté- rentes. oLe sens de =bijow apparaît en 1389,
rieurornent, le sens usuel d’sétablissement du pre- d’après une mode nouvellement introduite de By-
mier cycle du second degrés (1848). le mot prenant zance, sans continuité avec les torques des Anciens.
des valeurs variables selon les systèmes pédago- Il désigne à la fois une distinction honorifique des
giques successifs et les lieux (Belgique, Canada. hommes (chevaliers, ordres militaires) et une pa-
France). rure de femme qui devint surtout fréquente à par-
t COLLÉGIAL, IALE, IAUX adj. (1350) est em- tir du xv” s., avec la découverte de la taille du dia-
prunté au dérivé bas latin Colle&@s <qui appas- mant. oPar analogie, collier désigne aussi une
tient à une communauté, un collèges, spécialement partie de couleur différente autour du cou de ter-
dans collegialis aedes *maison du collège des cha- tains animaux (16941,une pièce de boucherie (1690,
noines= (av. 1183). 0 Le mot réalise le sens de Nrela- collier de boeuf), une marque circulaire au cou (col-
tif à un collège de chanoines,. Le sens de #relatif à lier de Vénus1 ou une barbe rejoignant les cheveux
un collège d’enseignement secondaire> (xY s.1 n’a aux tempes (en apposition : barbe collier).
pas réussi à s’implanter, tandis que la première itc- .Un dérivé, sur la forme ancienne cok, coller,
ception donnait lieu. par extension, à une valeur COLLERETTE n.f. est attesté depuis 1309; il
politique, -où le pouvoir de décision appartient à concerne le vocabulaire de l’habillement et non ce-
un COmeil restreint*. -COLLÉGIEN. IENNE adj. lui de la joaillerie.
et n. (1743) se rattache à collège comme terme
d’éducation et a suivi son évolution. COLLIGER v. tr. est emprunté (1539) au latin
colligere Nrecueillirn (+ cueillir1 d’où également ain-
COLLÈGUE n. est emprunté (av. 1520) au latin férer, conclu-en.
colkga *celui qui exerce la même charge dans une +Emprunt du langage didactique, ce verbe ex-
magistrature=, -compagnon. camarades. Ce mot la- prime l’idée de =rassembler, recueillirr avec des
DE LA LANGUE FRANÇAISE COLIQUE
(1505) -emporté par la colère*, employé par les +Le mot au sens d’=escsxgotm a souffert de la
écrivains classiques au sens de *qui se met souvent concurrence de ZZmaçon; en revanche, il a sup-
en colère* et, par métonymie, -qui marque la co- planté ce dernier dans l’acception de ~splrale~,
lère* (17621. n’est plus après 1920 que régional ou analogie avec la forme de la coquille de l’animal.
archaïsant. Ce sens est courant dans l’expression en colrmapn
w COLÉRIQUE adj., emprunté (déb. xur”s.1 au latin (1829, escalier en colimaçonl; cet emploi a engen-
impérial cholericus. est passé, comme colère, de la dré un nouvel usage du mot, elliptique pour =esca-
physiologie des humeurs et du sens de Kbilieuxn lier en Spirale~ ( 1928).
(6. atrabilaire1 à la psychologie et à son sens mo- .Le dérivé COLIMAÇONNER v. intr. c%voir la
derne (v. 13701; c’est aujourd’hui le terme employé forme d’une spiralen (18921 ne s’est pas répandu.
en caractérologie.
COLÉRER v. (15411, xmettre en colère* et =Se COLIN n. m. est issu (fin xw’-déb. xv” s.1, par ré-
mettre en colère>, est sorti de l’usage dès le fection du second élément, du néerlandais koolvis
~&Siècle. -Seul son antonyme DIkOLÉRER ou de l’anglais coalfish, littéralement *poisson
v. intr., attesté une fois au xwe s. et repris au xxe s.. charbon> à cause de la couleur de son dos. Dans
est relativement Usuel en phrti.SeS négatives. -EN- l’une et l’autre langue, le mot est composé du nom
COLÉRER v. (18361 est archtique ou régional. germanique du charbon, d’un “kolam, “holon que
COLÉREUX, EUSE adj. (15741, estimé vulgaire au certains rapprochent du sanskrlt WoJ -lueurs, et du
XVII~ s.. a été repris au x& s. comme adjectif usuel, nom germanique du poisson, %skaz apparenté au
quelquefois substantivé (19001. Il est très usuel pour latin piscis (+ poisson). Colin peut aussi être dérivé,
qualifier et désigner une personne portée aux ac- avec sul%xation en -in, du moyen français de même
cès de colère. -Son dérivé COLÉREUSEMENT sens cale (fin ~7v~s.1, emprunté au néerlandais hole,
adv. (18631 est surtout littéraire ou didactique. forme abrégée de kolti. Dans le premier cas, lïn-
fluence formelle du prénom Colin (G+colir-mail-
COLIBACILLE - BACILLE lard) est vraisemblable.
t Le mot est resté propre au nord de la France; le
COLIBRI n. m., d’abord colibry (1640), est d’or-- même poisson porte d’autres noms, parmi lesquels
gine obscure : malgré la localisation de premières merlu dans la zone occitane.
attestations qui concernent l’Amérique centrale in-
sulaire, il ne semble pas autochtone en caraibe. On COLIN-MAILLARD n. m. est composé
a proposé une dérivation de l’occitan colobro, CO~U- (1534, Rabelais) de deux noms propres : Colin, va-
bro l-couleuvre), en raison des subits accès de co- riante de Colas, diminutif de Nicolas, souvent em-
lère de cet oiseau qui aurait été assimilé à la mé- ployée par péjoration (dans se moquer comme de
chanceté supposée du serpent. L’hypothèse est colin-tampon), et Maillard, nom propre usuel, pro-
envisageable, le mot ayant été véhiculé aux An- prement *l’homme a” mailletn. Cet élément peut
tilles par les colons français, mais elle fait di%ulté être également dérivé de mail* dans l’hypothèse
phonétiquement et sémantiquement. où le joueur aveugle chercherait ses partenaires
$ Le mot désigne un oiseau tropical de l’ordre des avec un bâton hnaillet).
passereaux, remarquable par sa petite taille et son + Le mot a d’abord désigné le joueur aux yeux ban-
plumage éclatant. dés chargé d’attraper et d’identifier un autre
joueur. Par métonymie, il est devenu le nom du jeu.
COLIFICHET n.m. est l’altération (16401 du
moyen français coef%chier (14581, mot de sens obs- COLIN-TAMPON n. m. est formé (1578) du
cur paraissant désigner un accessoire de coii?ùre, nom propre Colin (+ colin-maillard1 et de tampon*
probablement composé de coeffe (forme ancienne employé par plaisanterie pour tambour* et peut-
de coiffe*) et de ficher*, proprement =accessob-e être par référence à la corpulence des soldats
que l’on fichait sur la coiffe>,. L’altération semble suisses.
due à l’attraction de coller* pour l’initiale et d’af- t Le nom, d’abord donné aux soldats suisses, a dé-
figuet pour la finale. signé le tambour de ces soldats et, par métonymie,
4 Le mot désigne un petit objet de fantaisie sans une ancienne batterie de tambour des régiments
grande valeur, en particulier à l’époque classique suisses Cv. 16001. ll ne vit plus que dans la locution se
un ornement de papier collé sur du bois, du velours soucier, semoquerde qqch. comme de colin-fam-
(1690). Par analogie et référence au peu de poids ou pan (16951 *n’en faire aucun cssm dont l’origine est
à la petitesse, le mot s’est appliqué à un biscuit très inconnue, le mot lui-même n’étant plus compris.
léger donné aux oiseaux (1803). Il est passé dans le
langage technique à propos du support de cuisson COLIQUE n. f. est emprunté (v. 12501 au latin
pour les poteries, conçu pour que le point de médiéval colica (XI? s.1, issu par ellipse du bas latin
contact soit le plus léger possible (18281. colica passio (+ passion) ~maladie du côlons. CoZZca
est le féminin de l’adjectif coZicu.s, lui-même em-
COLIMAÇON n. m., d’abord coZima.sson prunté au grec médical tardif kôlü-ros *qui sotie
(15291, est l’altération, sous l’influence de coque*, du de la colique>, de kôlon (+ côlon).
nomxmno-picard calimachon, lequel est composé t Le mot désigne une douleur violente du côlon et,
de écale* et limaçon*; l’ancien normand caillemas- plus généralement, de la cavité abdominale. Par
son (13901 était composé d’écaüle et de limaçon. extension, il est employé couramment a” sens de
COLLOQUER 804 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

( Le sens propre, splacer, disposer* a vieilh sous la $Le verbe exprime l’opération consistant à ex-
concurrence du verbe usuel placer. Celui de xpla- hausser un terrain bas ou marécageux en y faisant
ter une jeune fille en la mariant= (15301ne se i-en- déposer des matières terreuses par les eaux na-
contre plus qu’avec une valeur ironique. Seul le turelles. 0 Par extension, il est usuel avec le sens
sens juridique, <placer des créanciers sur une liste de -boucher hermétiquement> et, au figuré, en
dans l’ordre suivant lequel ils doivent être payés technique militaire, Gtablir la continuité d’un front
SUTla vente judiciaire d’un bien appartenant à leur en y faisant parvenir des renfort+, ceci par la mé-
débiteur- (16901,assure la vitalité du mot. taphore de colmater une brèche.
. COLLOCATION n. f., emprunté indépendam- t COLMATAGE n. m. (1845) sert de substantifd’ac-
ment (>w” s.1au dérivé latin collocatio =dispositionn, tion au verbe dans ses différents emplois, spéciale-
a été attesté une première fois au sens de =de- ment en forage et en technique militaire.
meure. endroit où l’on s’étabhtn. Repris au xwe s.
avec le sens de &sposition, situations, il a reçu COLOMBAGE + COLONNE
quelques acceptions didactiques en philosophie et
en linguistique pour =fait d’être réalisé simultané-
COLOMBE n. f., d’abord columbe Cv. 11201,est
ment>. Le sens actif, *action de disposer-m(14111,est issu du latin de même sens columba. La compam-
son de colunba et du vieux slave go@bi “pIgeon*
réalisé en droit en relation avec le sens correspon-
incite à voir dans le radical bol-, gel- la désignation
dant de colloquer.
d’une couleur : le russe a en effet golubj =Colombe=
0 COLLOQUER + COLLOQUE à caté de goluboj -bleus, le grec connaît kolumbos
*petit grèbes à côté de kelainos *sombre=. Le mas-
COLLUSION n. f. est emprunté (1321) au latin culin latin cdumbus est à l’origine de l’ancien frm-
collusio <entente frauduleuse, secrète, dérivé de çais Colomb, coulon, nom du mâle, employé du ti
colh.sum, supin de colludere, de cum savecm(+ CO-I au xv$ s. et qui ne subsiste qu’à l’état de nom
et de ludere =jouer,, (+ lu&que) proprement =jouer propre ou de toponyme.
ensemble*, =S’entendre> et, avec péjoration, <s’en- +Le symbolisme biblique de la colombe, qui l’asso-
tendre frauduleusement>. cie à la douceur de l’épouse (Cantique des cari-
+Le mot est un emprunt de la langue juridique si- tiques) et au Sain-Esprit, ainsi que les qualités tra-
@ant -entente secrète entre personnes pour ditionnellement prêtées à l’oiseau. sont à l’origine
nuire à un tiers>. Il s’est répandu dans l’usage gé- des valeurs figurées de -paix*, =douceurs et “pu-
néral à propos d’un accord secret pour nuire à reté,> (1689, Racine en parlant de jeunes 6llesl.
quelqu’un. w Le diminutiiCOLOMBELLE n. f. (v. 12501est litté-
cCOLLUSOIRE adj. en a été dérivé (1311) sur le raire. -COLOMBIER n.m., d’abord colunbier
modèle de divers termes jwkhques en -oira tels (v. 11211,est issu du latin columbarium -endroit où
accessoire, commissaire. l’on élève des pigeons=. Le mot sotie de la concw-
rente de pigeonnier, plus usuel. -0 COLOM-
COLLUTOIRE n. m. est formé savamment BIN, INE adj. et n. est emprunté (v. 12271 au latin
(1603. d’abord collutatoire, 17391sui le radical du la- columbinus *du pigeon, de la colombes, dérivé de
tin collutum, supin du verbe colluere =laver, net- columba. L’adjectif est rare, même avec le sens de
toyer, arroser*, composé de cum (+ CO-Iet luere, va- =gris pigeons (1575.1584) concurrencé et supplanté
riante de lavare (+ laver). (17711par gorge de pigeon désignant cette nuance.
+ Le mot désigne un médicament à action locale, o Par ellipse pour fiente colombin, le féminin est
généralement semi-liquide. appliqué en badigeon- employé substantivement avec le sens large de
nage des muqueuses de la bouche ou du pharynx. =fiente d’oiseaux de basse-cour- I- 0 colombin).
COLOMBARIUM n. m. est calqué kxrr’ s.) du latin
COLLYRE n. m. est emprunté @n XI+ columbatium en parlant de l’édifice d’un cimetière
déb. XIII~~., collire) au latin collyrium désignant un où l’on place les urnes cinéraires, sens qu’avait
onguent, surtout pour les yeux. Le mot latin est em- déjà le mot latin.
prunté au grec hollurion, diminutif de hollura, mot
d’origine obscure, qui désigne une sorte de petit 0 COLOMBIN + COLOMBE
pain rond non levé. Le grec moderne possède à la
fois holluti en pharmacie et houlloura apain en 0 COLOMBIN n. m., attesté tardivement
cowonne~. -bouée=. (1844) est d’origine obscure. Si l’on admet que le
mot a été créé dans le langage de la poterie et de la
+Le mot désigne un médicament utilisé dans le
traitement des affections des yeux et par extension céramique, ll pourrait être dérivé de colombe
=Poutre de colombage* (+ colonne) avec stixe -in,
un produit de beauté pour les yeux.
comme dans boudin qui a un sens analogue, et le
COLMATER v. tr. est dérivé (1820) de l’ancien sens propre serait #rouleau, moulure à la base
substantif colmate (18201,adaptation de l’italien col- d’une colonne>. Il pourrait aussi procéder de co-
mata (xv”-xw’ s.1,le colmatage ayant pris naissance lombe” par une métaphore zoomorphe, à rappm-
en Toscane en 1781 par un arrêté du grand-duc. Le cher de représentants du latin Columbus désignant
nom italien est le participe passé féminin substan- des petits pahs allongés, et de pigeon* au sens de
tivé de colmare ‘combler-, lui-même dénominatif -poignée de plâtre pétri= (16941.
de colmo -comble*. dérivé du latin culnwn =som- 6 Ce terme technique de poterie désigne un long
met, soutien> (-comble, culminer). rouleau de pâte molle servant à fabriquer certaines
DE LA LANGUE FRANÇAISE 801 coLLEcm

ciale en imprimerie (18511: =vérihcation des produit DÉCOLLEMENT n. m. (1635) et DÉCOL-


épreuves par comparaison avec le manuscrits. LABLE adj. (1912). postérieur à INDÉCOLLABLE
OEn ce sens, il a produit COLLATIONNEMENT adj. (1845). OENCOLLER v.tr.estformé (1324) de
n. m. (1861) et COLLATIONNEUR n. m. Iv. 19501. en-, colle et sufilxe vedml. pour aenduire de colle*
0 Son autre sens. *faire un repas léger (15491, a et, par extension, traiter Ile papier) par un apprêt.
vieilli. Il a pour dérivé ENCOLLAGE n.f (1771), et EN-
COLLEUR. EUSE n. (18321, encolleuse n.f. (1873)
COLLE n. f. est emprunté (1268, cola), par l’inter- désignant la machine à encoller. -Le terme de bio-
médiaire d’un latin vulgaire “colla, au grec holla chimie COLLAGÈNE adj. etn.m.t+gènej estat-
*gomme, colle>, que l’on rapproche de termes in testé depuis 1867 pour quali6er et désigner une
doeuropéens (vieux slave kZeZjC russe klej *collenI. substance produisant de la colle ou de la gélatine,
+Le mot désigne une substance qui fait adhérer spécialement la protéine constituant l’essentiel de
deux surfaces l’une à l’autre et, par extension, la substance intercellulaire du tissu conjonctif
toute matière visqueuse qui adhère. D’après l’idée -AUTOCOLLANT,ANTEilclj.etn.m. (1971jquah
de -chose qui englue~~,il a pris divers sens figurés et fie et désigne ce qui adhère de soi-même à une sur
familiers à connotations péjoratives : *mensonge, face. Ce mot est usuel pour désigner les motifs que
faux-semblai& (1455, dans l’argot des Coquillardsl l’on peut coller sur diverses surfaces; il traduit
puis *chose ennuyeuse, personne dont on ne peut souvent l’anglais sticker.
se défaire*, notamment dans COU~de pâte, n. et 0 “OlrCOLLODION.
COLLOIDE.
adj. et dans pot de colle. ~L’argot scolaire, au
xxr s., lui a donné trois sens : -exercice dïnterroga- COLLECTE n. f., d’abord collete (av. 12501,est
tiom Iv. 18421,-question embarrassantes et, depuis emprunté au latin collecta, participe passé féminin
1880, *punition retenue=, tous probablement moti- substantivé de coZZZgere-ressembler, recueillir- Ià
vés comme déverbaux de coller. Il en va de mème l’origine de cueillir* et de coZZiger*j. Le nom a dé-
de colle dans la locution familière vivre à la colle signé l’écot, la quote-part en latin classique et a
=en concubinage> (1880). pris, en latin chrétien, le sens de *quête, réunion
b COLLER v. tr. (132Ol, efaire adhérer au moyen de des fidèlesn.
collet, a précédé colle dans le développement de +Le sens li+rgique de -courte prière lue entre le
sens figurés. Dès le xvi* s., il exprime le fait de *i-es- Gloria et l’Epître*. attesté dès les premiers textes,
ter fixé sur qqch.m (Ronsard1 et celui de -mettre, vient de ce qu’avant la procession, le prêtre récitait
placei- (15851,deux sens passés dans l’usage fam- une prière au nom de toute l’église : oratio ad col-
lier. Au XIX~s., il se dit pour ~prlver de congé= dans Zectam. Au sens de *levée des impositions- (13951,le
l’argot de polytechnique tv. 1855l, d’après l’idée de mot a éliié l’ancien coillotte, cueillote, qui venait
coller au piquet (18281,et par ailleurs de sse mettre d’un sens spécialisé de cueillir =percevoir, quêter-p;
en concubinages (1878, se coller). Il y ajoute l’idée le sens usuel, -action de recueillir des dons=, est ap-
de &niliger qqch. de péniblen et, d’après l’idée paru au xv? siècle. o D’après une autre destina-
dune adhérence réussie, le sens de bien aller, tion, il désigne aussi l’action de ramasser des pro-
marchera (1906) : ça colle, ça ne colle pas. -En ont duits pour les traiter (collectedes ordures).
été dérivés COLLAGE mm., COLLEUR,EUSE n. c COLLECTER v. tr., d’abord au passif =être assu-
(tous deux en 15441,ce dernier passant dans l’argot jetti à une contributions (132Oj,exprime l’action de
scolaire des classes préparatoires et le féminin ser- recueillir de l’argent, des dons 11774).La forme pro-
vant à dénommer un instrument (xx” s.l. -Le parti- nominale se collecter est employée en pathologie à
cipe présent COLLANT. ANTE a été adjectivé propos d’un liquide organique qui s’amasse dans
(15721,puis spécialisé comme terme d’habillement une cavité du corps et y produit un certain effet
(1812 comme adj.; n. m. v. 1880) pour désigner un (19241. -COLLECTEUR,TRICE adj. et n., em-
maillot. Le sens courant de -sous-vètement~ s’est prunté au bas latin collecter,est apparu en 1315. En
imposé entre 1950 et 1970, le collant féminin rem- emploi adjectif, il a reçu quelques sens techniques
plaçant progressivement la gaine et les jarretelles (1862) par exemple dans égout collecteur (aussi
avec des bas. 0 Le participe présent féminin une substantivé). -COLLECTIF, IVE adj. (xiii” s.l repré-
collante a été substantivé Iv. 1930) dans le jargon sente avec les mêmes sens le latin collectiws *qui
scolaire pour désigner une convocation à un exa- groupe, rassemblez, également terme grammati-
men, d’après le sens de coller -recalera. cal. Depuis 1802, l’adjectif est substantivé au ma.-
Sur coller, ont été formés les composés : REcoL- culin et désigne, spécialement dans collectif ~LU-
LER v. tr. (1382) =coller de nouveaux, spécialement gétaire, l’ensemble des dispositions d’un projet de
en médecine (15791, a développé au XIX~s. le sens loi de hnances. 0 Par iniluence du russe, un collet-
familier de =mettre qqch. ou qqn dans. SUPI(1874). Il tiftl901l désigne aussi un groupe de travail, puis un
a pour dérivés les substantifs d’action RECOLLE- groupe d’action. oEn ontété dérivés COLLECTI-
MENT n.m. (1834) et RECOLLAGE n.m. (18941. VEMENT adv. (15661, COLLECTIVITÉ n.f. (1836).
-DÉCOLLER v. tr. (1382) a pris en emploi intransi- -COLLECTIVISME n. m. est probablement forgé
tifb 19101,comme son dérivé DÉCOLLAGE n.m. par C. Pecqueur en 1839; il était précédé par col-
(18471,le sens métaphorique de =quitter le sol, pour Zectisme n. m. Gin-Simon, 1802l, les deux mots
un avion> tv. 191Ol, rapidement débarrassé de sa étant opposés à individualisme. 0 CoZZectivkme
connotation familière première. Une autre méta- reste rare avant 1869 (congrès de la 1” Intematio-
phore fait qu’on parle du décollage de l’économie nale) Où appar%ît COLLECTIVISTE adj. et n.
(19611. o Sans métaphore, décoller a également -COLLECTIVISER v. tr. semble plus tardif thn
COLON 806 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LISME n. m., composé forgé v. 19601, on voit appa- morals apparaissent au ~~“Siècle. À partir du
raître les composés qui désignent la liquidation de XVII~~., le mot désigne, par analopie, un texte pré-
ce système : DÉCOLONISER v. tr. (19631, précédé senté sous la forme d’une bande verticale (av 16151,
par DÉCOLONISATION n. f. (1952). d’où une partie d’un journal (1611) et, au pluriel les
0 Yor CLOWN colonnes, le journal lui-même. Cet emploi est à
l’origine de l’expression courante cinq domes à
0 COLON + COLONEL la @agJ me znouvelle de première importance*.
0 Colonne est passé dans le vocabulaire de la tac-
CÔLON n. m. estemprunté 11314) au latin impé- tique militaire (16801 et dans celui de I’anatomie, où
rial colon, hellénisme, du grec d’origine inconnue colonne vertébrale (1797) a supplanté colonne épi-
kolon =gros intestin2 l- colique, colite). Le mot grec nière (17971, disparu 0 Du sens militaire, lié à colo-
hblon (avec oméga) signikmt =membre=, notam nel par l’étymologie, vient l’appellation cinquième
ment -jambes>, =pattesm, et le latin culus ont trans- colonne ~~services secrets d’espionnage ennemi sur
formé holon en kôlon en grec tardif un territoire*, traduite de l’espagnol, où une cin-
+ Le mot désigne la portion moyenne du gros intes- quième .-colonne* soutenait, de l’intérieur, les
tin entre le caecum et le rectum. quatre colonnes franquistes qui attaquèrent Ma-
drid en 1936.
COLONEL n. m., d’abord coulonne.2 (1534) puis
t Le terme de charpente COLOMBAGE n. m.
colonel (15561, est emprunté à l’italien de même
(13401 est le dérivé de COLOMBE n.f. -solive de
sens colonnello, proprement *chef d’une colonne
charpenten (13341, lequel est un doublet de colonne
de soldatsm (av. 15431, dérivé de colonna (+ co-
attesté sous la forme columbe en 1080 : le b y I-é-
lonne). La forme coron&, d’abord couronnel, cou-
suite du désir de noter la prononciation latmisante
ronnal au XV~~et au début du xvne s., n’est probable-
et très artilïcielle (du groupe -mn- de columw <CO-
ment pas due à l’influence de l’espagnol coron&
lonne>>). -COLONNETTE n. f.. =Petite colonnes
elle correspond plutôt au méme phénomène pho-
hv1~s.1, est assez usuel, mais un peu technique.
nétique qui faisait dire nérancolie pour mélancolie
-COLONNADE n. f., frangée ornementale de co-
et piuure pour pdlule.
lonnes>, est la réfection, par changement de suffixe
4 Le mot désigne un grade d’officier supérieur dans (1694) de colonnate (1675). dont la finale était due à
l’armée, correspondant au commandement d’un lïntluence de l’italien colonnata -suite de co-
&iment. Par extension il s’est employé, souvent 1OMeSn kV@ S.1, ~UpSJXVSJlt CO~O~~tO h’f S.I.
par ironie, à propos d’une personne qui fait preuve -COLONNAIRE adj. est emprunté, sous la forme
d’autorité, également comme adjectif dans compa- COhmpnaire Cv. 1380-1390) puis colomnaire (1556)
gnie colonm?~le (15581 *compagnie d’un régiment avant de s’établir sous la forme actuelle (18381, au
commandée par un colonel &&al~. dérivé bas latin columnaris =en forme de colonnes.
c Le féminin COLONELLE n. f. (apr. 1578) a d’abord 0 “or CALANnRF..
désigné une compagnie colonelle. sens historique
depuis 1835. 0 Il désigne aujourd’hui la femme COLOPHANE n.f. est emprunté ku”-xv”s.l
d’un colonel 11689). puis une femme ayant le grade au latin impérial coZop/mzia, substsntivation de
de colonel. -LIEUTENANT-COLONEL n. m. l’adjectif féminin dans resina colophonia =résine de
(16691. d’où lieutenant-colonelle (1831). est un nom Colophonn. Le mot est emprunté au grec kolophô-
de gmde militaire, immédiatement inférieur à CO- nia, dérivé du nom de la ville d’Asie Mineure Colo-
lOfU?l. phon (Koloptin). L’ancien français hésitait déjà,
0 COLON n. m., abréviation de colonel dans l’ar- dans la transcription du mot, entre colofonia, colo-
got militaire 11890), s’est employé par extension phonie et colofor&; le moyen français connaît colo-
dans mon colon!, appellatif admiratif et ironique. phono (15791 et colofaigne (1580). Le changement de
la finale aboutissant à colophane (17041, ticile à
COLONIAL, COLONIE, COLONI- expliquer, est peut-être dû à l’iniluence de dia-
SER... --f 0 COLON phane* en raison de l’aspect de cette résine.
COLONNE n. f.. d’abord columne Iv. 1120) puis + Le mot désigne une sorte de résine également dé-
colonne ldéb. XXI”~.), est emprunté au latin CO- nommée arcanson.
lumna désignant aussi bien un élément de soutien 0 voir COLOP”ON.
dans une construction qu’un monument isolé, ainsi
qu’un élément de forme tubulaire (nuées, feu), et COLOPHON n.m. est l’emprunt didactique
employé au sens figuré de *soutien>. Le mot doit tardif (1888) du grec kolophôn, proprement -som-
probablement être rattaché à columen <sommet2 met, faîte> et au figuré =Couronnement, achève-
(+ culminer) et à celkre (- exceller). L’italien co- ment*, employé en grec byzantin à propos de la for-
lonna, de même origine, a influencé le français. mule finale où le copiste donne des explications sur
+D’abord employé par métaphore en parlant d’un sa copie et son nom. Le mot évoque kolônê CG+col-
élément ou d’une suite d’éléments de forme étirée line) sans que le détail soit éclairci; le fait qu’il soit
et verticale ~colonne de nuées), le mot est égale- un toponyme en Asie Mineure (+Colophane) a
ment employé en architecture à propos d’une conduit à supposer une origine étrangère.
pièce cylindrique servant de support (v. 1170) et + Le mot a été repris avec sa spécialisation tech-
d’une construction cylindrique isolée (déb. XIII~ s.l. nique de *note tiale d’un manuscrit ou d’un in-
0 Des emplois figurés réalisant l’idée de -soutien cunablen.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COLLOQUER
extensions dans le domaine de l’activité intellec- clés ‘collant, visqueux=, dérivé de kolh (+colle).
tuelle ou scientiique. Le sens de cdédtie, inférez peut-être par l’intermédiaire de l’anglais collodion
(15481, repris en logique au latin, n’a pas vécu. C18511, également latinisé en colloàium.
. COLLIGEUR Il. Ill. (18661, *Celui qui Cd&@, ne + Le mot, d’abord relevé dans un Traité pratique de
s’est pas répandu. photographie sur papier et sur verre, désigne une
COLLIGATION I-I. f. est emprunté (1313) au dérivé solution de nitrocellulose dans de l’éther alcoolisé,
latin couigatio dien. liaison= au propre et au figuré. se changeant en une tic pellicule par évaporation,
ose mot a eu le sens concret d’-alliance, ligue utilisée essentiellement en photographie et en
entre personne9 et s’est maintenu avec celui Chirurgie.
d’=action d’unir, d’enchaîner- dans le domaine in-
tellectuel. ~SOUS l’influence de l’anglais colliga- COLLOÏDE n. m. et adj. est emprunté (1845) à
tien, employé comme terme de logique inductive l’anglais colloti, terme dont la formation, à partir
par Whewell (1837), il désigne une opération réu- du grec kolla lb colle) et de eidos -forme- (+ -oïde),
nissant en une conception synthétique unique un est attribuée au chimiste anglais T. Graham. Ce
ensemble de faits séparément observés. dernier lui a donné sa valeur moderne en chimie
par opposition à cristalloid. Toutefois, la chrono-
COLLIMATEUR n. m. est dérivé, par substi- logie des attestations en anglais, où le mot existe en
tution de sullixe (16.621, du substantif d’action plus médecine (18471 avant d’être employé en chimie
rare collimation n. f. (1646) &ztion d’orienter un (18611, laisse supposer que Grahm a précisé le
instrument de viséen. Ce mot est l’adaptation du la- terme. mais n’en est pas l’inventeur.
tin scientiiïque collineatio (1672). lui-même dérivé 4 En français aussi, la chronologie des attestations
du latin classique collkxuz -viser-, d’après une le- signale l’antériorité du terme de médecine. Col-
çon fautive de certains manuscrits (Cicéron, Aulu- loi&3 quaMe d’abord un cancer, une tumeur cw-
Gelle, Apuléel collimare. Collineare, proprement térisée par des sécrétions gélatineuses. 011 est
<ajuster ou viser en droite ligne>, est composé de employé en chimie presque en même temps qu’en
cum b CO-) et de linea (+ ligne) avec la désinence anglais pour désigner (1863, au pluriel), par opposi-
verbale. tion à cristalloi&, une substance constituée de
+Le mot désigne un instrument permettant le fines particules portant chacune une charge élec-
pointage précis d’une arme ou d’une lunette, d’où trique de même signe et en suspension dans un mi-
familièrement avoir qqn dans le collimateur *le lieu. En ce sens, il est quelquefois employé adjec-
surveiller, l’avoir à l’oeil>, emploi usuel qui rend fa- tivement, en concurrence avec coUoül&.
milier ce terme scientifique. 0 ll désigne spéciak- t COLLOIDAL, ALE. AUX adj. (1855, Littré-Robin)
ment un instrument d’optique produisant un fais- est emprunté à l’anglais colloiclal, seulement at-
ceau de rayons parallèles. testé en 1861 dans un texte du chimiste T. Graham.
11qualifie ce qui se présente sous la forme d’un col-
COLLINE n. f. est emprunté (15551, probable- loïde. Chez quelques écrivains (Claudel), le mot se
ment par l’italien collina (xv” s.l. au bas latin collina. prête à un emploi figuré pour -gluant, englu&. -La
Ce dernier est le substantif issu par ellipse de col- dérivation se poursuit au xxe s. avec COLLOïDA-
lina Iloca) =lieu en forme de butte>. colline étant LITti n. f. (19291 et des composés scientifiques en
l’adjectif correspondant au nom latin de la colline, COLLOïDlOJ-.
CO~S. Ce dernier se rattache à la racine indoeuro-
péenne qui est également représentée dans le li- COLLOQUE n. m. est emprunté (14951 au latin
tuanien k&ms, l’anglais Ml, le grec kolônê, le colloquium -entretien, discussion, entrevue=, dé-
russe kfdm *colline>. rivé de colloqui =parler avec>, de cum (-CO-) -avecn
4 Le mot signifie *relief de faible hauteur-. et de loqui =parlen (+ loquace).
& ll a donné COLLINETTE n. f. (1596-16141, peu at- +Le sens général de wzonversation, dialogue> (en-
testé avS.d 1872 et resté rare ou régional, et COL- core dans le titre du poème de Verlaine, CoUoqm
LINAIRE adj. (1838) <où il y a des collines*, didac- sentùnentall est sorti d’usage, sauf avec la valeur
tique. ironique &-entretien mystérieux=. 0 Le sens mo-
derne, -réunion de spécialistes invités à confronter
COLLISION n. f. est emprunté @nxw”s.l au la- leurs points de vues, est récent kxe s.l. les colloques
tin colh-io -choc, heu%, nom rare formé d’après le médiévaux étant des entretiens à deux ou plu-
supin de collidere -heurter, entrechoquen. Ce sieurs personnes sur une question de doctrine reli-
verbe est composé de cum (+ CO-) =avecn et de lac- gieuse. Le mot se trouve en concurrence avec
ciere &apper, blesser, faire outrage à. (-léser-l, congrès et, par anglicisme, conférence, mots qui dé-
dont il a repris les valeurs physiques. signent des réunions plus nombreuses.
+Collision désigne un choc entre deux corps en c 0 COLLOQUER v. intr. est emprunté (v. 1520) au
mouvement. 11 a reçu de nombreuses valeurs figw latin colloqui; en dehors d’une attestation isolée au
rées, spécialement en musique et en linguistique XV~~s.. il semble inusité avant 1850 et reste peu ré-
ainsi qu’en physique nucléaire. pour *choc entre pandu.
particules>.
0 COLLOQUER v. tr. est emprunté kn”s.l au
COLLODION n. In. est l’adaptation 11850) du latin collocare .-placer, disposer- (+ coucher), spé-
latin scientifique collodium, formé sur le grec kollô- cialement -marier une jeune fille*.
COLTIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

américain diffusée par les récits puis par les fihns indirecte (10801ou directe (XIV~s.1, en ancien fran-
hm?sterns1. pis, également à la forme pronominale. Depuis le
xmf s., il est aussi employé avec la valeur figurée de
COLTIN n. II-I.,d’abord colletin (15771puis coltin *se mesurer avec qqn> (16361, <lutter contre une
(18361.est dérivé de collet (+ col, coul et a désigné chose* (16361.Le sens de rivaliser avec qqnn (17401
un pourpoint masculin, souvent en cuir, à la mode est sorti d’usage, mais d’autres métaphores ont
au XV[~s. et au début du XVII~siècle. élargi les contextes (combattre l’inflation, etc.).
*Le mot continue à s’employer comme référence . COMBATTANT, ANTE adj. et n. est l’emploi ad-
historique (1740). Par analogie de forme. il a dé- jectivé et substantivé (10801du participe présent de
signé le gilet porté par les forts des Halles (18661et. combattre, en parlant d’un guerrier et, par exten-
par métonymie, le chapeau de cuir de certains por- sion, de celui qui se bat avec d’autres (16801.Il s’est
tefaix, dont les larges bords protègent le cou et les spécialisé en histoire, désignant l’assistant d’un
épaules, Par référence au travail de force, il a reçu chevalier dans un tournoi (17181, et en zoologie
le sens figuré de -force> en argot (18361puis, avec (1775) pour dénommer des animaux notamment
un changement de valeur, celui de =travail péniblen un échassier au caractère très combatif
(19541. Le déverbal COMBAT n. m. est attesté depuis 1538
. Son dérivé COLTINER v. tr. (17901,d’abord CO&- au propre et au figuré et est employé en parlant
tiner (17251,est introduit par l’argot au sens d’sarrê- d’un sport depuis 1549. -COMBATIF. IVE adj., dé-
ter*. d’après l’idée de *saisir par le coltin, le collet*. rivé du radical de combattre, est seulement attesté
o Celle-ci a cédé la place à l’idée de <porter sur le depuis 1893, après COMBATIVITÉ n. f. (1818). ces
coltinn, d’où *porter (un objet lourd, encombrantl~ deux mots - dont la graphie est anormale - ca-
(18351. aussi en construction pronominale (19151, ractérisent un caractère, un comportement, une
d’où au figuré <faire un travail pénible>. o On en a personne doués d’agressivité.
dérivé COLTINEUR. EUSE n. (1624, colb-) et COL-
TINAGE Il. m. (18781. COMBE n. f. est issu (fin XII”~.) du gaulois
“cumba wallées, attesté par la toponymie (égale-
COLVERT + COL ment sous les formes Camps, Cons, Combs) et par
ses correspondants celtiques.
COLZA n. m. est l’adaptation, en colzat (16641 + Le sens de wdléen a vieilli au XVI? s. par rapport
puis colza (17621, du néerlandais de même sens au mot usuel vaU&e. Le mot a été remis en honneur
koolzaad, proprement =grsine (zaadJ de chou au XVI? s., notamment par J.-J. Rousseau, pour dé-
fkoolh. Cette origine est confirmée par lïmpor- signer une petite vallée encaissée du Jura. La géo-
tance de la culture du colza dans les Flandres et les logie l’entend dans une acception précise de -dé-
Pays-Bas, ainsi que par la présence du mot en pi- pression longue et étroite formée par l’érosion
card. Kool est le correspondant de chou*; zaad ap- dans l’axe d’un anticlinal>.
partient à un ensemble germanique (allemand
Saat, anglais seedl, et qui procède d’une racine re- COMBIEN adv. interrog. et exclam., d’abord
présentée en latin dans serere (+ semer). sous les formes cumben (av. 11201et cumbien (1130.
+Le mot désigne une plante fourragère dont les 11601,est composé des adverbes com (forme an-
graines fournissent de l’huile kuile de coke). cienne de comme*) et bien*.
+Dès l’ancien frsnçais, le mot est employé absolu-
COMA n. m. est emprunté (1658) au grec kôma,
ment ou devant un substantif pour en déterminer
atos #sommeil profonds, pris au sens médical (de-
ou en demander la quantité, spécialement s’agis-
puis Hippocrate) d’sétat léthargiquen, et passé dans
le vocabulaire européen de la médecine. Kôma est sant du temps (v. 11551,emploi précisé par l’expres-
sion combien de temps, ou de l’argent (v. 11901,tou-
d’origine obscure. Les différents rapprochements
jours en usage absolument (c’est combten?L
proposés (notamment avec keisthai &tre couché*)
restent à l’état d’hypothèse. o Combien s’emploie aussi, dès le xue s., devant un
verbe et, depuis le XV~~ s., devant un adjectif ou un
4 Le mot a pris une valeur plus précise avec les pro- adverbe. avec une valeur intensive (notamment en
près de la neurophysiologie et sert alors à former exclamation). L’ancienne locution conjonctive
des syntagmes fcoma profond, coma prolongé, être combien que (11751 *quoiquem s’est maintenue
dan.s le coma...). jusqu’au XVI?s., et jusqu’au xvn? s. quand la conces-
w COMATEUX. EUSE adj. (16161, dérivé de coma sive exprimait une notion d’intensité ou de quan-
d’après le grec kôma, dos, qua&e ce qui est tité. o Le substantif combzn, relevé au XVI~s. dans
propre au coma, qui annonce le coma, la personne l’ancienne locution se mettre sur le combien adé-
qui est dans le coma, sens où il est aussi substan- battre des conditions~, est usuel dans deux emplois
tivé. de la langue parlée moderne, qui l’utilise pour
quantième hinsi que COMBIENTIÈME adj. et n.
COMBATTRE v., d’abord cumbatre (10801,est (19341, parfois combienième, dérivés spontanés et
issu d’un latin populaire “combattere, altération du récents) et dans une interrogation portant sur la
bas latin combattuere *(sel battre avec> W s.1, de fréquence (tous les combien?l.
cum, com- (+ CO-)et de battuere (-battre).
+ Le Vex%e exprime l’idée de lutter concrètement COMBINER Y.tr. est emprunté @n XIII”~.) au
contre qqn, de nos jours en construction transitive bas latin combinare amir deux choses ensemble>,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 805 COLON

poteries sans employer le tour. 0 Le sens argotique contrainte cependant de reculer en Amérique avec
d’&ron, fiente de cheval, de chien 11867, chez les l’Indépendance des Etats-Unis. En français, le mot
comédiensl est une métaphore favorisée par I’ho- change de connotations au Xop s., après les échecs
monymie avec colombin Oïente colombim). de co- devant la concurrence britannique aux Indes et au
lombe. Canada, les abandons (Bonaparte vend la Loti-
sianel et ensuite avec la politique d’expansion fran
ic 0 COLON n. m. est emprunté 1~. 13101 au la- çaise au Maghreb puis en Afrique noire : pendant
tin colonus ~cultivateur, métayer, fermier- et =habi- toute l’époque de l’&npire française. la colonie ou
tant d’une colonie>, très usité en latin médiéval la colonies désigne l’ensemble des possessions de
pour désigner le tenancier d’une terre. Colonus est la France outre-mer et évoque un milieu exotique
dérivé de colere <cultiver- t+ -coke). valorisé ou dévalorisé, tandis que la réalité jur-
+Le sens de ~tenancier dune terre*, repris au latin dique des colonies est moins souvent évoquée.
médiéval, s’est employé jusqu’au XVI?~. et survit Avec le Congo, la Belgique participe - en français
dans la langue juridique, où colon partiaire 117481 - à ce même processus. Mais ce n’est que vers la
est un calque du latin colonus partimis. Le mot a fin du >O~“S. que colonie, après la critique mar-
été repris au xrv’ s. comme terme d’histoire antique xienne, dépend d’un système qui va être appelé le
Iv. 1355) à propos de la personne qui habite une colonialisme (ci-dessous). ~Parallèlement, la va-
ville nouvelle fondée par une cité (Grèce) ou par leur ancienne de =groupe humains est reprise avec
Rome. 0 Cette valeur s’étend à la Renaissance à la colonie pénitentiaire (1859) qui utilise les connota-
réalité contemporaine, colon désignant ensuite tions juridiques de colon, puis avec ceIonie de va-
11663l une personne habitant et exploitant ce qui cxmces (19071 qui remplace un calque de l’allemand,
vient d’être nommé colonie (voir ci-dessous). De- colonie d’enfants (18971, parfois abrégé familière-
puis lors, hors du contexte juridique, le mot a suivi ment en COLO n. f. 1& s. attesté en 19661.
l’évolution de sens de colonie, mais a perdu de son Dérivé de colonie, COLONIAL.ALE.AUX adj.
importance. o 11 a été repris d’après d’autres va- 117761 signifie <qui se rapporte aux Colonies~ et évo-
leurs de colonie, par exemple pour *enfant d’une lue suivant les valeurs successives de son étymon.
colonie de vacancesx 119111, d’une colonie péniten- Les emplois de l’adjectif anglais colonial, contem-
tiaire>. porain (17761, l’ont infhenCé. Plusieurs SydagmeS
w De coton ont été dérivés le terme de droit COLO- utilisent au XIX~ et au >Oc’s. les diverses connota-
NAGE n. m. 118C91 et le terme d’histoire COLONAT tions de colonie, depuis le droit international (pacte
n. In. (18381, qui a repris le sens du bas latin jur- colonial) jusqu’à l’économie klenrées coZonties1,
dique colonati <état d’agriculteur attaché à la Vannée (troupes coloniales) et le climat kasque co-
terre, à Romen. lonial). Ces emplois ont vieilli avec la disparition
COLONIE n. f. est un emprunt (13081 au dérivé la- des colonies, comme les substantivations, au mas
tin colonia *propriété rurales, mais aussi &ablisse- culii pour militaire des troupes colonialew puis
ment de Romains dans une région conbolée par ahabitant des colonies=, colon étant rare en ce sens,
Rome>. L’idée de “groupe de population> liée à ce au féminin la coloniale pour wmée coloniale*.
dernier sens conduit au sens de “groupe d’ti- -Un autre dérivé, COLONISTE n. 11776l, n’a pas
maux vivant dans un lieu=, d’abord à propos de l’es- vécu.
saimage des abeilles. ~Colonie est introduit en Dès la fin du XVIII~ s.. d’autres dérivés étaient appa-
français pour désigner un territoire dominé et ad- rus. lis eurent une évolution sémantique parallèle
ministré par un pouvoir étranger, sens précisé au à celle de colonie. COLONISER v. tr. 117991 est la
xvse s., puis un groupe de personnes allant peupler traduction de l’anglais to colonize (1622l, dérivé de
et exploiter un tel territoire (1635). Le mot s’ap- colony, le correspondant de colonie. 0 ll a produit
plique alors à la fois à l’Ainiquité, par calque du la- COLONISATION n. f. 117691, peut-être d’après
tin, et aux temps modernes: Furetière en 1690 l’anglais colonizotin, COLONISATEUR, TRICE Il.
évoque Batavia et Québec, mais c’est alors l’idée de 118351 et, plus récemment, COLONISÉ,ÉE
migration et de peuplement qui domine. Ainsi, adj. et n. Ces semi-emprunts marquent, depuis la
pendant la Révolution, on parle de colonie pour dé- iïn du XVIII~ s., la prépondérance britannique dans
signer les groupes d’émigrés vivant dans le même l’histoire des empires coloniaux -La 6n du x& s.
lieu d’accueil 117921, sens à l’origine d’un emploi et la critique, notamment marxiste, du système co-
moderne, “groupe de personnes originaires d’un lonial se développant, apparaissent deux dérivés
lieu et vivant dans un autren (la colonie brésüienm de colonial, COLONIALISME n. m. 119921, d’abord
de Pmis~. L’extension à un groupe d’animaux, déjà assez neutre pour +ystème d’expansion coloniales,
observée en latin, est reprise au xvsY s. en français comme COLONIALISTE adj. et n. (attesté en 1993
11767, Buffonl. oLe concept évolue fortement au chez Péguy), et rapidement entraîné dans les luttes
~111~ s., avec les analyses des philosophes quant à d’idées, comme l’indique ANTICOLONIALISTE
l’histoire des conquêtes de l’Europe U’Emyclopédte, adj. et n. (19931 et ANTICOLONIALISME (19031,
Raynab; l’idée d’exploitation économique vient après anticolonial11798l. 0 Ces mots sont liés à im-
alors au premier plan: alors apparaissent plu- périalisme, impérialiste et évoluent vers un concept
sieurs dérivés : colonial, coloniser, etc., tandis que plus large : on parle ainsi de colonialisme écono-
l’histoire contemporaine s’articule fréquemment mique. quasi synonyme de néo-cotoniolisme (ci-
au phénomène colonial : recul de l’Espagne et du dessous). o Eniïn. la période historique du colonia-
Portugal, conilits entre la France ou la Hollande lisme prenant fin, sur le plan institutionnel sinon
et la Grande-Bretagne, au profit de celle-ci, économique (on parlera alors de NEO-COLONIA-
COMÉDIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

combinaison d’un corps avec l’oxygène (1753). o Le t Le dérivé COMÉDIEN, IENNE adj. et n. IV. 1500.
sens figuré de -désordre, effervescences (1559) ap- comediaml est attesté avec le sens figuré de -per-
partient au style soutenu. sonne qui feint> depuis 1673 et employé comme ad-
c COMBUSTIBLE adj. et n., dérivé ~V”S.) du radi- jectif depuis 1687. À la différence de comédti, il a
cal de combustion, qualifie ce qui a la propriété de conservé au sens propre, dans un usage un peu
brûler, spécialement en chimie, et, au figuré, ce qui snob ou professionnel, la valeur large d’aacteur de
est prompt à s’enflammer (1762, Rousseau). théâtre ou de cinéma=.
0 Substantivé (17931,il désigne une substance qui a 0 “or COMCDIE-BALLET’. coM14uE.
la propriété d’entrer en combustion et de dégager
de la chaleur utilisable. Il est alors très courant, COMÉDON n. m. est l’adaptation, par transpo-
connotant ce qui est nécessaire à un fonctionne- sition métaphorique (18581,du latin comedo, -anis
ment. -Le mot a Seni à fOmer INCOMBUSTIBLE =mangew+, de comeclere Emangerp (+ comestible),
adj. (1361; rare av. le XVIII* S.) et COMBUSTIBILITÉ
cette matière sébacée étant réputée =mangers la
n. f. kvle s.l. peau.
COMBURANT. ANTE adj. et n. m. est le participe t Ce terme est le synonyme du mot usuel point
présent adjectivé de l’ancien fmnçais comburtr noir.
-brûler entièremer& (av. 9501, lequel représente, c Le COmpOSé TIRE-COMÉDON n. m. date du
avec changement de désinence, le latin comburere. xY siècle.
-Un autre représentant du verbe latin, COMBU-
RER v. tr. (1416-14221. a été employé en moyen COMESTIBLE adj. et n. est emprunté kv’s.)
français à la voix passive puis, au xwrs.. en au latin médiéval comestiilti =qui peut être mangé
constructions transitive et intransitive; il a été re- par l’homme- W s.), également substantif (12171,
pris au XIX”s. en chimie (1866) et dans la langue lit- dérivé de comestum, supin de comedere -manger-m.
téraire par latinisme. -Comburant est attesté une Ce dernier est la forme renforcée de esse =man-
seule fois en ancien tiançais (av. 13141,quali6ant ce ger>, d’une racine indoewopéenne “ed- *mâcher-.
qui a pour effet de brûler, dans un contexte mécl- à laquelle se rattachent l’anglais to est, le russe es@,
cal. Il est réintroduit en chimie (1789,Lavoisier), par l’allemand essen. Le verbe latin, concurrencé par
emprunt au participe présent latin comburens, à les formes mander-e et manducare plus régulières
propos d’un corps qui, en se combinant à un autre (- manducation, manger), s’est maintenu en espa-
corps, permet la combustion de celui-ci. Le mot, à gnol et en portugais (corner).
la différence de combustible, est demeuré didac- (L’adjectif est usuel; le substantif qui en est tiré
tique. (1501, pluriel), rare jusqu’au XVIII~~.,subit la co*cm-
0 Ymi BUSTE. rente du mot courant aliment; son emploi dans les
enseignes de magasins a régressé au profit d’ali-
COMÉDIE n. f. est emprunté au latin comoedia mentation.
<pièce de théâtres et “genre théâtral= (en parti- 0 voir COMÉDON.
culier comique), lui-même du grec kômôdia. Ce-
lui-ci est dérivé, par kômôdos *chanteur dans une COMÈTE n.f. est emprunté (v. 1140) au latin
fête*, de kômos qui désignait une procession bur- cornetes, lui-même emprunté au grec konêtês
lesque lors des fêtes dionysiaques et qui pourrait, -zomète-, proprement *chevelu=, adjectif substan-
au sens premier de =troupea, se rattacher à la r-a- tivé dérivé de komê =chevelureB, la comète appa-
cine indoeuropéenne “kei-. raissant, avec sa traù1ée lumineuse, comme un
t D’abord employé par Oresme dans une traduc- astre chevelu. Komê est d’origine obscure.
tion du latin, la Politique d’Aristote (1370). comédie 4 Le mot est d’abord lié à des valeurs symboliques :
n’entre dans l’usage que par traduction de l’italien l’astre, d’apparition et d’aspect irréguliers, en-
et du latin publié en Italie (1536, les six comédies de traîne depuis l’AMiqui% des sentiments de crainte
Térence, Octavien de Saint-Gelais). Le mot est et suscite les mauvais présages. L’année où l’on ob-
adopté lorsque du Bellay écrit la Défense et G.stra- serve une comète très lumineuse (appelée année
tien, en 1549. Il a souvent le sens général de <pièce de la comète) est censée être exceptionnelle. En
de théâtre (sans considération de genreIn, usuel au 1742, l’apparition de la comète de Halley, très lumi-
XVII~siècle On a gardé trace de cette valeur géné- neuse, donna lieu à une mode à la comète. Ce
rale avec le sens spatial de -théâtres kwr” s.1, par même phénomène dorme naissance au jeu de
exemple dans Comédie-Française, et au sens figuré cartes dit comète, par allusion à une longue suite
de -spectacle>, puis -attitude feinte* (iouerla comé- de cartes comparées à la -queue* de l’astre lméta-
dW. Le sens plus précis de <pièce divertissante re- phare qui tend à se substituer à -chevelure*), et, en
présentant des personnages de moyenne et basse 1811, à des crus fameux dits vins de la comète. L’ex-
conditiom est apparu en 1552 (Jodellel, par opposi- pression figurée tirer des plans sur la comète est
tion à tragédie, puis aussi à dmme. ~Depuis le attestée depuis 1896.0 Par analogie, ce nom a reçu
XVII~s.. comédie désigne le genre théâtral comique des acceptions spéciales en héraldique (16901, en
et entre dans nombre de syntagmes figés désignant passementerie où il désigne un ruban étroit satiné
des genres particuliers (récemment. comédie mu- (18001et en reliure où il dénomme une trancheiïle
sicale, aussi au cinéma) et de composés (+ tragi- artificielle (1896).
comédie, à tragédie1 ou d’emprunk (+ commedia t Le dérivé COMÉTAIRE a& attesté depuis 1749
dell’arte). (ButTon), reste d’usage très didactique.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COLT
COLOQUINTE n. f., d’abord coloquintiàe ment à Cyrène pour représenter un absent dans
tv. 1300) puis coloqutnte 113721,est emprunté au bas un acte rituel. Le mot, à forte valeur reltgteuse, est
latin coloqtithis, altération du latin impérial colo- probablement un emprunt méditerranéen, peut-
cynthis,M-même emprunté au grec kolokunthm être celui d’un nom de heu. La spécialisation de
-gourde, calebasse” désignant le fruit d’une cucur =grande statue” avec laquelle il est passé dans les
bitacée, et passé en grec moderne sous la forme autres langues est due aux dimensions de l’Apollon
kolokuthi -courgetten. Le suffixe de kolokunthos in- de Rhodes, érigé en 292 av. J.-C.
dique que le mot n’est pas dorigine grecque; selon + Le mot a été introduit au sens de -statue géantes
Athénée In” s.1, la courge viendrait de l’Inde. en référence au colosse de Rhodes. Par extension,
4 Nom dune plante de la famille des Cucurbita- il a pris le sens de ~gésnt~ (16541,puis également la
cées, le mot est employé usuellement pour le fruit valeur figurée de *chose ou personne aux dimen-
de cette plante. oPar analogie, il désigne argo- sions et au pouvoir gigantesques> (av. 1628, colosse
tiquement la tête (1809), notamment dans tapersur d’orgueilL o L’expression colosse auxpieds d’argile
la coloquinte (du soleil, par exemple). fait référence à la statue apparue en songe au roi
Nabuchodonosor dans la Bible (Daniel 2, V, 31-45).
COLORER v. tr. est un dérivé ancien de cou- tCOLOSSAL,ALE.AUX adj. kw.1596) qualifie ce
leur (au p.p. colorod, av. 1140, et culuree, au fém.), qui a des dimensions, des proportions extrsord-
intluencé par le latin colorare, dér. de color. naires, au propre et au figuré. La graphie holossal
4 Le verbe signifie *donner une couleur, une teinte fait allusion à ses emplois en allemand, comiques
à=, et au figuré bot? s.) <donner une belle appa- en françak du fait des différences d’usages et de
renceD: d’où le sens d-orner, embellir= (1549) qui a ~~~~~~~@~~~~.-coLossALEMENT adv.estat-
disparu. testé depuis 1833.
F Parmilesdétivés, COLORANT,ANTE adj.(l690)
et n. m., usuel pour -substance coloranten et CO- COLPORTER y. tr. est l’altération (15391,
LORATION n.f. (1370) sont les plus courants. d’après l’ancienne expression porter à col *porter à
~COLORABLE adj. apparaît en chimie (1873, son cou, sur le dos> ~III”-xnP s.), de l’ancien contpor-
Wiirtz). ter* -porter qqch. ou qqn>, spécialement -transpor-
ter pour vendrez. Ce dernier est issu du latin
COLORIS nm. est emprunté, avec change- comportare =Porter @ortard diverses choses en-
ment de sufike (16751, à l’italien colotito, attesté semble fcum, com-1~ dans sa spécialisation com-
comme terme de peinture chez Léonard de Vinci merciale.
(fin xv” S.I. Ce mot est le participe passé masculin
+ Le sens de -porter (sur les épaules1 un mort en
substantivé de colotire =colorer*, dérivé de colore
(+ couleur). terrez est sorti d’usage; il en reste une trace au
XVIII~s. dans l’expression colporter en grève.Le sens
4 Le mot a été introduit à côté de couleur* comme moderne est enregistré en 1690.En procède le sens
terme de peinture, avec des extensions métapho- péjoratif de &-ansmettre une nouvelle, des propos
riques en littérature et en musique. ll recoupe les à plusieurs personnes= (1798).
emplois de couleur en parlant du visage et des
fruits. w COLPORTEUR, EUSE n., d’abord attesté comme
adjectif (1388) puis comme nom (13891,semble l’ai-
t COLORIER Y. tr. (1550) a produit COLORIAGE tération du plus ancien comporkw ben” s.1 smar-
n. m. l1830), nom d’action employé par métonymie chsnd ambulants, d’après l’expression porteur à col
pour une activité picturale non artistique et son ré- (13631, elle-même modifiée en col-porteur (XVI~s.j
sultat W~um de coloriage; les coloriages d’un en- avant de disparaître.
fant). -Au contraire, COLORISTE n. Iav. 1668), dé- COLPORTAGE n.m. n’est attesté que depuis 1723.
rivé du radical de coloris, ne se dit que d’un artiste, On appelle littérature de colportage les ouvrages
d’un peintre, en opposition à graphiste, àessina- dlfksés par les colporteurs entre le xvr” et le XIX~s..
teur. notamment les romans populaires de la -Biblio-
Le dérivé du verbe italien, coloratura scoloratiom thèque bleuen. Le colportage, depuis le moyen âge
(av. 16COj,a été emprunté dans sa spécialisation jusqu’au développement des transports modernes.
musicale, par l’interméditie de l’allemand Kolora- dans la seconde moitié du ~1~~s.. a joué un rôle
tur,par le français COLORATURE n.f (1919) =mu- économique et socioculturel très important. Avec
sique ornéedevocaLises~.-Onenatiré~~~~~~- le déclin de cette activité depuis la hn du mxe s., le
TUR.URE adj. et n. (v. 1950). qui qualifie un mot est devenu archtique ou historique.
chanteur, une chanteuse pratiquant la colorature
fsoprano colorature).
COLT n. m. est emprunté (1859) à l’angle-sméti-
COLOSSE n. m., d’abord écrit coUosse (xv” s.1 tain Colt’s fire-0rm.s ou CoKs revolver arme à feu
est emprunté au latin impérial colossus ‘statue gi- de Colt, (18461,par ellipse Colt’s (1852). L’inventeur
gantesques, employé à propos du colosse de de cette arme à feu est Samuel Colt (1814-1862)
Rhodes. Le mot latin est lui-même emprunté au dont le brevet d’invention date de 1835.
grec kolossos qui, originellement, était l’un des $ Le français a eu pistolet de Colt (1859)et revolver
noms de la statue, sans considération de taille, Colt (1864, J. Verne), revolver de Colt (18671, avant
s’appliquant à toute statue de forme humaine, d’employer absolument colt (1895). Le mot s’est I-é-
souvent aux jambes étroites collées, utilisée notam- pandu avec l’imagerie de la conquête de l’Ouest
COMMANDO DICTIONNAIRE HISTORIQUE

o En revanche, dans la marine, commandant dé- fonds> dans une commandite. terme technique dif-
signe simplement celui qui commande, l’officier fusé avec la valeur plus générale de “personne qui
responsable d’un navire. financez.
Par préfixation, commatir a servi à former deux 0 voir COMMANW.
verbes usuels. -RECOMMANDER v. tr. apparaît
En x”s.1 dans un sens intensif =hvrer (une per- COMMANDO n. m. est emprunté (19021 à l’an-
sonnel à qqn> où commander correspond à un sens glais commando, employé depuis 1824 pour dési-
du latin. Dès le XII~ s. (v. 11741, le verbe signifie sdé- gner une unité tactique de l’armée boer d’Afrique
signer, indiquer à l’attention, souvent en soulignant du Sud, pendant la guerre contre l’expédition bri-
les mérites, les quah&~, d’où -vanter les qualités tannique (1899-1902). Par extension, le mot anglais
de (qqn. qqch.)= (12801 et, avec un sujet nom de a désigné une petite troupe de militaires entraînés
chose, *rendre (qqn) digne d’estimen (v. 13701, d’où en vue d’une mission précise et difEcile. Il est em-
se recommander par (une qualité) 115881. Se recom- prunté à l’afrikaans, qui le tient du portugais
mander à qqn (v. 12801 correspond à =demander sa cor7lmldo -zommandemenb (de commandar
bienveillance=. Se recommander de qqn (16111 si- I-commanderll, mot qui désignait une petite
me kvoquer son appk. 0 Par ailleurs, depuis troupe de Portugais exécutant des expéditions
le XI~S. (10801, le verbe correspond à *demander parmi les populations indigènes.
avec insistance à qqw, d’où econseiller des avec de + Le mot a été introduit au sens originel, ~corps de
et l’intïnitif ll s’est spécialisé dans le vocabulaire troupe d’une centaine d’hommes dans les armées
des postes (18931 pour *faire poster avec des garaw des BO~IS=. Pendant la Seconde Guerre mondiale,
ties de remise au destinataire>, surtout au participe il a été réemprunté à I’anglais par l’intermédiaire
passé adjectivé Ilet& recommandée1 et substan- des armées alliées, anglaise et américaine, en pas-
tivé fun recommandé). -Le dérivé RECOMMAN- lant d’un petit groupe de choc entraîné pour exé-
DATION n.f. (11501, substantii d’action, désigne cuter une mission dangereuse (1945). Par exten-
aussi les paroles qui recommandent qqn ou qqch., sion, il S’applique (19141 à un petit groupe
et un avis. un conseil (13401. En droit, il s’est spécia- dïnterventlon.
lisé pour un *acte d’opposition à la mise en liberté
d’un créancier- U~QO), valeur cohérente avec l’em- COMME adv. et conj. est issu dès le &s. du la- 0)
ploi le plus ancien du verbe et qui a disparu. Le mot tin quomodo, adverbe de manière composé de
désigne aussi (1904) la procédure par laquelle on l’ablatif de l’adjedi 9ui.s (-chacun, quidam) et de
recommande un envoi postal. -RECOMMAN- modus (-mode), employé chez les auteurs clas-
DABLE adj. (14501 quali6e ce qui est digne d’être siques pour introduire une interrogation directe ou
recommandé, estimé, notamment en emploi néga- indirecte, une exclamation, pour <de quelle ma-
tif (peu, pas très recommandablel en parlant des nière>, et pour introduire une relative au sens de
personnes. -RECOMMANDATAIRE n. m., terme <ainsi que, de la manière dont...>. Dès le Y s., quo-
de droit (18031, concernait la contrainte par corps. mod3 concurrence ut (-dl, velut, sicut puis, en
DÉCOMMANDER v. tr. a été formé en ancien 6x1~ langue populaire, peut introduire un complément
çais Cv. 13301 au sens d’enmler (un ordrel~, qui a en apposition. De l’emploi comparatif procède, par
disparu. Sorti d’usage depuis l’époque classique, le une comparaison d’égalité appliquée à un rapport
verbe a été reformé au ,Y& s. (18321 pour *annuler de simultanéité, l’emploi temporel et, de ce der-
une commande>, en commerce, puis =annuler ou nier, l’emploi causal. En effet, 9uomodo causal ex-
différer (une lnvitationln et *annuler l’invitation de prime une situation d’où dérive un fait qui n’existe-
klq*)-, d’où se décommander. -Le dérivé rait pas sans elle et cela peut-être dès Quintilien.
DÉCOMMANDE n. f. (V. 19001 est rare. La forme kançaise primitive cum, com est directe-
COMMANDITE n. f. est emprunté (16731, avec ment issue de quomodo par l’intermédiaire de
fausse coupe et agglutination de l’article, à l’italien formes tardives corno&, como, attestées dans les
accomandita, attesté au XVI~ s. (av. 15711. terme de lnscrlptions. Cume, corne est dû soit à l’analogie de
commerce plus ancien, au moins en latin médiéval mots comme or, are; encor, encore; ont, onque, soit
accomanditum (1326). Le mot est le participe passé plutôt à l’adjonction d’une, du latin et (+ et) dans
de accomandare wotiep, dérivé pré&& de quomodo et : cette dernière hypothèse est seule ca-
comandare, qui correspond à commandxx 0Ce pable d’expliquer l’italien corne.
nom désigne une société commerciale comprenant t Le mot possède la plupart de ses fonctions, par
des associés gestionnaires. responsables solldaire- héritage de la syntaxe latine, avant le XIF siècle. ll a
ment et personnellement et, d’autre part, un ou longtemps servi d’adverbe de manière inwodul-
plusieurs bailleurs de fonds, ainsi que la forme sant une interrogation directe (v. 9801 et indirecte
d’une telle société, par exemple dans société en Iv. 980) avant de vieillir, d’être proscrit par Vauge-
COmmandite. -Le dérivé COMMANDITER v. tr. las et d’être supplanté vers la 6n du XVI? s. par com-
est d’abord attesté (18091 au participe passé ment. La langue moderne a gardé une trace de cet
commandité, plus ou moins suscité par commandi- emploi dans les locutions adverbiales Dieu sait
taire, puis à l’actii ( 18361; il signijïe ~pourvolr en ca- comme, if faut voir comme. 0 Comme s’est en re-
pitaux> et plus couramment &nancer (une entre- vanche bien maintenu comme adverbe d’intensité
prise)*, *pourvoir en capitaux (une personnel2 et, en emploi exclamatif (v. 10801 et en modifiant le
familièrement (18741, -entretenir (une maîtressel~, sens d’un adjectifou d’un substantifattribut (v. 9801.
sens archaïque. -Un autre dérivé COMMANDI- 0 Il est également très précoce comme conjonc-
TAIRE n. est antérieur (17521 et signifie xballleur de tion et adverbe exprimant la compartison (8421. in-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 809 COMBUSTION
de cum, com- (-CO-) et de bini qmr deux, paires t Rare au sens concret de *surcroît d’une mesure>,
(-binaire). combleest surtout vivant au sens abstrait de =max-
t L’ancien sens intransitif -être à deux*. s’est effacé mum, degré le plus haut* (apr. 11501,dans la lo-
au ~OUIS du moyen âge au profit du sens transitif cution le comble de et (dès 11601dans a cumble -ex.
actuel =assembler deux ou plusieurs éléments= cessivement, outre mesure=. Dans ces valeurs k’est
Cv.13701.concernant un assemblage dans un ordre le comble. un comble!), le mot présente unique-
déterminé, puis aussi, par extension, un assem- ment une valeur péjorative. 0 D’un emploi tardif
blage d’éléments variés (16901. Le mues. a vu la de cumulus à la place de culmen -faite. sommet*, il
spécialisation du mot en chimie (17621et son usage tient le sens concret de -construction surmontant
s’étendre à des objets abstraits tels que preuves, in- un étice et en supportant le toit* (12601. ~Plus
cidents, raisonnements (17401. 0 À la même épo- couramment, au singulier ou au pluriel, il désigne
que, l’accent étant mis sur le but de l’opération, la partie la plus haute d’un bâtiment (18111, loger
combiner a reçu, avec un objet désignant une en- sous les combles signilïsnt *loger sous les toits>.
treprise, une réalisation complexe, la valeur d’eor- Cette acception a fourni la locution de fond en
ganiser minutieusement> (av. 17891, parfois avec comble (16801, réfection de de comble en fans
une valeur négative hxnbiner un mauvais coup). (!& s.. av. 15741, dont la formation rappelle de la
cave au grenier et qui a pris rapidement le sens fi-
c Les dérivés de combiner ne sont pas antérieurs guré de -complètementn (15891.L’emploi figuré du
au XVIII~siècle. COMBINÉ. ÉE adj. apparaît dans un mot, au sens de eplus haut point>, propre au style
Contexte militaire (17521. -lx mot est repris littéraire. n’est pas très distinct de celui de <mesure
comme nom masculin pour désigner un appareil remplie*.
téléphonique combinant micro et récepteur (1905)
et, plus tard, un vêtement (19601. Ce nom désigne
en sport une épreuve complexe (19241,notamment 0 COMBLE -, COMBLER
en ski, en parachutisme. -COMBINA-
TEUR.TRICE adj. et n.m. (av. 17411 est sorti COMBLER v. tr. est issu (v. 11501du latin cumu- 0)
d’usage, mais a été repris en électricité pour dé- lare (+cumulerl *entasser, accumulelh, aremplir
signer un appareil de commutation effectuant des en entassa& et =fournir (qqn) en abondancem. lui-
combinaisons de circuits. -COMBINATOIRE adj. même dérivé de cumulus (+ comble).
et n. f. est apparu (17321pour quali!%er et désigner t Le sens propre, -remplir (une mesure, un réci-
ce qui met en oeuvre des combinaisons d’éléments, pient) jusque par-dessus bord>, a vieilli et s’est
surtout en mathématiques, en logique Logique mieux maintenu dans un emploi figuré de la lo-
combinatoire1, en linguistique. cution comblerla mesure Cv.1583-15901.o Dès l’an-
COMBINARD, ARDE adj. et n. est dérivé (19201, cien français, le mot exprime l’idée figurée de
avec le suflïxe péjoratif -ard, de combiner xorgti- =donner en profusion (qqch.ln dans le participe
ser à son profit>. d’après combinaison, combine passé adjectivé combk (1165-11701,l’emploi corres-
COMBINAISON n. f. est l’altération (1669) de l’an- pondant duvetie n’étant attesté qu’en 1564 dans sa
cien combination, lui-même emprunté au bas latin contruction actuelle combler qqn de. Le sens
combtiti -association de deux choses,. oSon propre concerne le fait de remplir entièrement (et
sens particulier de -sous-vêtement d’une seule non par-dessus bord) une cavité, en emploi prono-
pièce- (18951 est dû à l’anglais combinatin Igor- minal (apr. 12501et transitif (14411. emploi étendu
ment1 I18841.Depuis 1920,il sert aussi à désigner un plus tard à un récipient.
vêtement de travail ou de combat d’une seule t 0 COMBLE ad& cv. 12001,=x-empli jusqu’au bord>,
pièce. 0 L’abréviation familière COMBINE n. f. ti a cédé son emploi figuré, attesté dès les premiers
>w” s.1assume le double sens de -moyen astucieux> textes, au participe passé adjectivé COMBLÉ. De
et de -combinaison (vêtement)>. nos jours, il est surtout usuel au sens hyperbolique
COMBINAT n. m. (1935) est probablement l’adap- de -plein à crsquen (18171 en parlant d’un espace
tation du russe kombinat, formé sur le correspon- clos, salle, moyen de transport collectif o Par sna-
dant rosse du verbe combiner, kombinirovat’, pour logie, le syntagme pied comble (13931 désigne en
désigner dans l’ancienne U.R.S.S. le groupement médecine vétérinaire un sabot dont la sole porte
de 6rmes ou centres industriels ayant des activités Sde à l’appui. -COMBLEMENT n. m. (15151est le
complémentaires. substantif d’action de combler.
Enfin, combinaison et combine sont doublés par
l’italianisme COMBINAZIONE n. f. au sens de *ma- COMBUSTION n. f. est emprunté (v. 11801au
noeuvres compliquées et intéressées~. bas latin combustio -action de brûler par le feu%,
dérivé de comburere -brûler complètement,, verbe
0 COMBLE n. m. est issu, d’abord sous la forme composé de cum, com- (+ CO-I et de urere, qu’il a
cumble (v. 11601,du latin cumulus &.s, quantité qui tendu à supplanter. Ce mot, peu représenté dans
dépasse la mesurs-. au figuré ~surplus~ et -COU- les langues romanes, a des correspondants en
ronnement, apogées. sens auquel il est synonyme grec, en sanskrit et dans quelques formes nomi-
de culmen (+c&ninerl, mot auquel le sens de nales germaniques et doit donc se rattacher à une
*sommet, faîtes semble emprunté. Cumulus a pris racine lndoewopéenne.
Par extension le sens de -amas, levée de terre t Le sens d’&cendien a cédé la place à celui d’arc-
entre deux sillons~, souvent en association avec tu- tion de brûler complètement> 116251,didactique ou
mulus (-. tumulus). littéraire, spécialement en chimie en parlant de la
COh4MENSURABI-E DICTIONNAIRE HISTORIQUE

le rapport avec metiri 1+ mesure, mesurerl, souvent dérivé bas latin commentator, est introduit (v. 13701
avancé, étant incertain par les clercs; le mot, très rare, ne se répand qu’au
+ le mot qualifie et, comme nom (1420l, désigne la début du xvaes. (1611). ll a reçu, dans le contexte
personne qui mange à la même table. ll est entré journalistique, le sens de =jownsJiste chargé de
dans l’expression commensal de la maison (1679, commenter des nouvelles, un reportage- (1904).
l.aFontainel, aujourd’hui wchtique, et est très lit-
COMMERCE n.m., d’abord commemue
téraire dans tous ses emplois.
(v. 1370). est emprunté au latin commercium =né-
, COMMENSALITÉ n. f. (1549). nom de qualité, est goce, lieu où se fait un échange économique, droit
quasiment inusité, à la différence de COMMENSA- de commercera, par extension -relations hu-
LISME n. m. (1874). terme de biologie désignant le maines= et spécialement =relations charnelles>. Le
partage des mêmes aliments par deux organismes mot est composé de cum (-CO-) et de mem, mercis
d’espèces dnwentes. ~marchandtse~ (+ marchandl.
+Apparu au sens général de =Vente de marchan
COMMENSURABLE adj. est emprunté dises~. le mot désigne aussi, par métonymie, le
(v. 1370) au bas latin commensurabüis -de mesure
monde commercial 11798) et (un, des commerces)
égale, conmnme~ (en arithmétique, vie s.l. du latin
une entreprise connnerciale (1812l. 0 Le sens ab-
commetiti amurer, mesurer ensemble, confron-
strait de *relation réciproque*, apparu au XVI”~.
ter>, lui-même de cum (-CO-I et de metin 1+ mesu-
(1540) et usuel au xvne s.. spécialement à propos de
Ed
lamanière de se conduire en société 0% xvue s.. être
+ L’adjectiiest introduit au sens didactique du latin, d’un commerce aisé), est sorti d’usage, sauf dans les
en parlant dune grandeur mathématique. Par ex- locutions être d’un commerce hgréablel -d’une
tension, il qualiiîe une grandeur quelconque qui néquentation (agréable)= et avoir commerce avec
peut être comparée à une autre par l’emploi d’une (1665) au sens particulier d’w~oir des relations
unité de mesure commune. charnelles~, ces emplois étant devenus archaïques.
w COMMENSURABILITÉ n. f., d’abord commensu- ~L’importance grandissante du mot, l’évolution
rabkté 1~. 1370l, d’après le latin médiéval commen- de ses connotations, sont liées aux développe-
surabüitas ~III” s.1, et COMMENSURATION n. f., ments de l’histoire économique et soulignées par
emprunté (v. 1380) au bas latin commensuratio l’apparition et l’évolution des dérivés.
-égalité de mesures (vr” s.1, se limitent à un usage w COMMERCER v. intr., d’abord commemer (1405)
didactique. -En revanche, INCOMMENSURABLE <faire du connnerce~, a complètement perdu le
adj., lui-même repris (v. 1370) au bas latin in- sens d’xavoir des relations avec autrui=, très posté-
commensurabilis, terme de mathématiques, s’est rieur (1748. Buifonl. -Son participe présent a été
mieux répandu dans l’usage général. D’après l’idée substantivé en COMMERÇANT, ANTE a été sub-
de anon mesurables. il a rejoint la sphère des em- stantivé (v. 1695l, devenu très courant pour quti-
plois hyperboliques d’infini, exprimant ce qui est fier une catégorie professionnelle. d’où son emploi
iniïni ou très grand 117681, substantivé avec une va- adjectif (1756). quelquefois avec la valeur de -qui a
leur de neutre 11810, W” de Staël). ll a par ailleurs le sens du cormneice, des affaires~ b& s.l. - COM-
gardé son emploi scientifique de -qui n’est pas MERCIAL, ALE, AUX adj. (1749). Outre SOn emploi
connnensurable~. - INCOMMENSURABILITÉ n. f., neutre, a développé une valeur péjorative dans le
emprunté (v. 1370) au dérivé du latin médiéval in- domaine artistique ou littéraire 11927-1930); l’adjec-
commnsurebditas (v. 12671, relève d’un usage plus tii s’est répandu au sens propre au xoc” s. (avec de
didactique. nombreux syntagmes: dmit commercial, études
commerci&?s...l où il a produit les dérivés COM-
COMMENT -..a COMME
MERCIALEMENT adv. (1829) et COMMERCIALI-
SER v. tr. 11872; une première fois en 1845). 0 Ce
COMMENTER v. tr. est emprunté (1314) au la-
verbe a Servi à former COMMERCIALISATION
tin commentari ~méditer, appliquer sa pensée à
nf. (1904; une fois en 1845) et COMMERCIALI-
qqch.,, puis ~expliquer. interpréter des écrits> (épo-
SABLE adj. 11955).
que impérialel, de cum, com- 1+ CO-) et de mens,
mentis =espritp (- mentall. COMMÈRE n. f. est emprunté 1~. 1175). avec
+Le mot a été repris avec la seconde acception du adaptation d’après mère, au latin chrétien comma-
latin, d’abord au participe passé. À l’époque clas- ter, proprement srn arraine avec*, de cum xavecn
sique, il a reçu la valeur péjorative de =interpréter (+ CO-I et de mater mères, et ~marraine~ en latin
malignement~ (1675l, puis a repris une valeur chrétien (+ mèrel.
neutre, en relation avec commentaire. +Le mot a suivi une évolution analogue à celle de
t COMMENTAIRE n. In., emprunté (14851 au latin compère*. Le sens de ~marraine~ a disparu au pro-
commentarius axueil de notes, compte rendu* fit d’extensions. Certaines, comme mère, now
(de commentari). a d’abord eu le sens de =mé- rie.~ (xvf s.), n’ont pas vécu. Seul le sens de *per-
moires=, au pluriel encore dans des titres décrits. sonne bavarde qui colporte les nouvelles~ (XT@ s.l,
Son sens moderne, +xte qui glose, explique un développé à partir d’un emploi comme appellatif
autre texte=, est attesté depuis 1675. Sa valeur péjo- amical Ifïn xm”s.), a fait fortune. oLe mot s’est
rative classique a laissé une trace dans l’usage fa- même là la différence de compère) étendu à une
milier. avec des locutions comme sans commen- personne de l’autre sexe, manifestant dans tous les
mire! - COMMENTATEUR, TRICE n., emprunt au cas le jugement négatif sur le bavardage des
DE LA LANGUE FRANÇAISE COMMANDER
COMICE I-I.m. est emprunté (v. 1355) au latin d’origine (commis, commission, commissaire...), ce
comitiwn *endroit où le peuple se réunissait en as- qui ne l’empêche pas de s’appliquer à de nouveaux
semblée à Rome= et, au pluriel comiti, -assemblée domaines, au théâtre (comité de lecture, 1835, en-
générale du peuple romains. Le mot est une forma- suite dans l’édition), dans les entreprises (comité
tion indépendante expliquée par “com- (- CO-) avec d’entreprise, 1945) et d’avoir un sens figuré usuel de
un suJ3ïxe inspiré du verbe ire -allep (+ allerl. 11fait =Petit groupe> (en petit comiték apparu en même
partie du groupe de cornes (-+Conte), comitas temps que l’emploi politique (1710).
(4 comité). . SOUS-COMITÉ n. m., attesté à partir de 1793,
+Introduit par Bersulre comme terme d’antiquité reste admlnistratii.
romaine, le mot a servi, sons la Révolution (1789,
Sieyès). à désigner la réunion des électeurs pour ic COMMANDER v. est issu (v. 980) du latin
nommer les membres des assemblées déllbé- “commandare, réfection, d’après mondare -char-
rantes. Le sens vivant de =réunlon de cultivateurs ger, cotier- (-mander), du latin commendam
d’une I-égion pour travailler au perfectionnement =conlïer, et -chargep, et aussi -zonxnan de*. Le
de l’agricultures est attesté depuis 1760; sonimpor- mot est formé de cum l-+co-l et de mandare
tance au ti s. est illustrée dans le célèbre épisode b mander).
des comices agricoles de Madame Bovary (1857). t Le verbe a perdu an xv? s. le sens de =confiep, et
t L’adjectif COMITIAL, IALE. IAUX a été introduit celui de ~reconxnande~, passé à ce préfixé ki-des-
lui aussi par Bersuire (v. 1355) par emprunt au latin sous). Seule l’acception d’=ordonner- k. 980) s’est
comitialis erelatifanx comices*, spécialement dans développée, modulée selon la construction : transi-
les syntagmes dies comitilk et, en médecine, mor- tivement, le verbe est employé spécialement en
bus comitialis “épilepsie-. ll est didactique et peu contexte militaire depuis le xwe s. an sens latin de
usité. L’ancienne expression mal comitial eépllep- diriger, donner des ordres à- (1573). puis aussi -do-
sies (1576). calquée du latin, vient de ce que l’on miner km lieu)> (1653). o Son sens commercial de
ajournait les comices, à Rome, quand qqn y était *demander la livraison de (une marchandise)> est
frappé d’épilepsie. attesté depuis 1675 et renforcé par le dérivé
commande En construction intransitive, commcm-
COMIQUE adj. et n. a été emprunté au XIV” s. der régit seulement la préposition à (et non plus
au latin comices <relatif an théâtres, spécialement sur, attestée par l’usage classique); depuis le Xvp s.
celatii à la comédie-, lui-même emprunté au grec (1564). il se construit avec un nom de membre phy-
hômikos de même sens, dérivé de hômos (a comé- sique ou de sentiment pour complément, an sens
die). de =maîtrlsen+.
+Le sens d’emprunt, #relatif an théâtre> et =qui h COMMANDEMENT n. m., -action de donner un
écrit du théâtre>, a vieilli : il était usuel an x& s. où ou des ordres+ et <ordre donnés (1050). s’est spécia-
le Roman comique de Scarron décrit la vie d’une lisé en terme militaire kordre*, d’où à mon
troupe de comédiens. ll a été éllminé par l’accep- commandement...). ~pouvoir du commandant>
tien restreinte de <relatif à la comédies. Par méto- (déb. xwe s.) et en théologie (v. 1175, les commande-
nymie, le nom un, le comique désigne à la fois un mmtz Dei I-de Dieu]). Une valeur juridique.
auteur de comédie (1580). un acteur dont le rôle <ordre de payen, appar& au xv?% (1549).
suscite le rire (1680) et le genre ou style théâtral qui -COMMANDEUR n. m. (1260; 1160, commandere
s’y emploie (16691. 0 Pris par extension hors du schefml désigne historiquement le chevalier d’un
contexte artistique. il signifie =Ce qui prête à rire* et ordre militaire pourvu d’une COMMANDERIE Il. f.
est adjectivé depuis 1680. 11 est devenu un quasi- (1387).
synonyme de amusant, drûk et, resubstantivé, si- Le déverbal COMMANDE n. f. (12131 a éliminé son
gnifie *personnage risible, peu sérieux*. doublet masculin commcmd n. m. (1050). spécialisé
0 voir COtiIE. en droit (1262). Commande a eu la valeur concrète
de -chose confiée à qqn> d’après l’ancien sens du
COMITÉ n.m., d’abord écrit committé (1652) verbe et de son étymon latin. 0 Il s’est maintenu en
puis comité 07101, est la francisation de l’anglais droit commercial, mais a changé de sens (1680)
committee, lui-même soit issu de to commit au sens pour désigner l’ordre de fournir une marchandise
de *confieF, soit emprunté directement à l’ancien moyennant paiement, selon le sens récemment
participe passé français de commettre* : committé. pris par le verbe et correspondant aux nécessités
Le mot anglais a d’abord été employé en droit an de la terminologie du commerce, activité en ex-
sens de -commis> (1495) puis en politique au sens tension à cette époque. Le langage usuel utilise le
de =rénnion d’un petit nombre de gens choisis pour mot en un sens vague, proche de commandement
délibérer d’une question> (16211, d’où =Ce petit ‘ordre>, surtout dans des locutions sur commande
groupe choisi*. 4 la demandes ou de CO mmande -prescrit, (1671).
+Le mot anglais a pénétré en français avec ce der- Le participe présent a été substantivé en
nier sens, voisin de celui de commission, de même COMMANDANT n. m. (1661) -chef d’un parti- puis
origine. mais d’abord réservé à un contexte an- (1674) =Chef militaires. Dans l’organisation moderne
glais. Il s’est répandu au xwxe s. sons la Révolution. de l’armée, commandant s’est spécialisé pour dé-
entrant dam de nombreux syntagmes (Comité de signer le chef de bataillon, supérieur à l’officier dit
salutpublic, 17921. La perte malencontreuse des commandant de compagnie (au sens général de
deux m fait qu’on ne le rattache plus à sa famille commandant) dont le grade est celui de capitaine?
COMMISSURE 816 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

charge à.; ce sens est spécialement réahsé en droit nuance qui apparaît a” milieu du siècle (1656).
kommisstin rogatoire SOUS “ne variante en 16901, Cette dernière valeur psychologique survit dans
en marine (1723) et dans l’armée à propos du bre- des emplois négatifs: il. elle n’est pas commode
vet conférant un grade militaire (1801-18051. *autoritah-e. impérieuxn (d’un supérieur, le plus
o C’est par métonymie qu’il s’applique à la rétribu- souvent). Une spécialisation morale concernait la
tion versée dans “ne opération de courtage et qu’il personne s’accommodant de l’inconduite d’une
désigne la charge de faire des achats pour qqn autre (1661). sens évincé plus tard par complaisant.
i1690). surtout a” pluriel commissions, puis les em- Ainsi, on a dit une commode pour celle qui cachait
plettes effectuées (1794). 0 Comme nom d’adion l’inconduite d’une autre femme. -Le mot a été re-
de commettre, commission a eu le sens d’xexé- pris comme nom féminin lune commode) pour dé-
cution% (1311) d’après commettre une peine 4ïnC signer (1708) un meuble de rangement plus petit et
gen (v. 1360). De même, le sens de *fauten (1656), plus léger que ses prédécesseurs, comme ceux qui
réalisé dès le xv? s. dans le vocabulaire théologique furent créés en 1690 pour la chambre du roi. Ce
dans pécher en commission (15871,par opposition à sens est toujours vivant, mais s’est démotivé et dé-
pécher en omission, est sorti d’usage. 0 La valeur taché par rapport à l’xljectif entrant dans la série
métonymique. -réunion de personnes chargées des armoires, bahuts, etc. avec les secrétaires et
d’un objet précis-, bien que réalisée en bas latin, n’a autres petits meubles.
été reprise dans la langue des institutions qu’au . COMMODdMENT adv. 11544) est le seul dérivé
~V&S. (av. 1755, Montesquieu); elle s’est rapide- direct de commode. -COMMODITÉ n. f. est em-
ment répandue en droit et dans l’usage commun, prunté (1409) a” dérivé latin commoditas ~onve-
par le biais de la politique et de l’administration. nance. facilité, opportunités. Le mot indique la qua-
+De ce sens vient SOUS-COMMISSION n. f. lité d’une chose qui satisfait pleinement aux
(1871). services qu’on en attend; par métonymie, il a dé-
COMMISSIONNER v. (14621 est resté rare avant la signé l’occasion favorable de faire qqch. (15531,par-
fh du ~VI$S. où il a pris le sens de =donner fois avec la nuance péjorative de -trop grande faci-
commission d’acheter ou de vendrez (1792) et re- lités. oLe pltiel commodités a exprimé l’idée
pris celui d’sautoriser par ordres (1802) qu’il avait d’-aisance matérielk~ (av. 1558) avant de s’orienter
eu en moyen tiçais. -COMMISSIONNAIRE vers celle d’eagréments, aisesn (1601). Le syntagme
n. m., d’abord commissionere (15061,désigne la per- commodités de la conversation (1659). dénomina-
sonne à laquelle “ne mission est cotiée, spéciale- tion des fauteuils dans le langage des précieux, est
ment un professionnel du courtage (1583). Le sens resté connu grâce à Molière; chaise de commodité
de -personne que l’on charge d’emplettesn (1708) (1673). puis commodités (1677) s’est employé
est rare. jusqu’au xc? s. comme dénomination euphémis-
tique des cabinets. 0 De nos jours. un emploi cou-
COMMISSURE n. f. est emprunté (1314) a” rant du mot traduit l’anglais uti&ties *aménage-
latin commissura. participe passé féminin substan- ments de la maison destinés à rendre la vie plus
tivé de committere -joindre ensemble> (-com- agréableD.
mettre). a” sens général de jonction de deux Dans la série des pr&xés en in-, INCOMMODITÉ
choses- et, spécialement en anatomie, *suture des n. f. apparaît le premier (13891,emprunté a” latin
os du crânez. incommoditas “désavantage, tort, dommage*. Le
+Le mot a été introduit en anatomie en parlant de sens d’aimmondices>. assumé par le pluriel et à
la suture des os du crâne, sens répandu au début mettre en rapport avec celui de -lieux d’aisances-
du XVII~s. (1611) et étendu à la zone de jonction de (à Lyon) qui correspondait a” sens de commodités,
deux formations anatomiques. Il est devenu cou- mais changeait de perspective, est sorti d’usage.
rant dans l’expression commissure des tires (1736). 0 Le mot ne s’emploie plus qu’au singulier avec le
0 Par analogie. il a été repris par le langage tech- sens de -gêne, désagréments (1549), autrefois aussi
nique de I’architecture (15661 en parlant du joint avec les valeurs de sgêne pécuniaires (16081, ma-
entre deux pierres superposées: ce sens, qu&ïé laise physiques (1616). -Cette configuration de
de wieux~ en 1752, se maintient jusqu’à nos jours. sens le rapproche du verbe INCOMMODER v. tr.
(av. 14731,emprunté a” dérivé latin incommodare
k L’adjectif tmbIIiqUe COMMISSURAL, ALE. &re à charge, gêner, incommoder-n et spéciak-
AUX adj. est attesté depuis 1846. ment employé à propos d’un état de gêne, de ma-
laise physique ou moral (1596).
COMMODE adj. est emprunté (1475) a” latin En revanche. INCOMMODE adj., emprunt ulté-
comnwdus, proprement =qui est de bonne mesure= rieur ( 1534) du latin incommodé -fâcheux, impor-
d’où “approprié, opportun- et -accommodant. tun, désagrtkble~ (de choses et de personnes), n’a
bienveillsnt~ kl’une personne). Le mot est formé de gardé que le sens de <peu commode, peu pratique
cum C-CO-) et de modus (+ mode). à l’usages (1547). Les anciens sens de edomma-
*L’adjectif qualifie “ne chose particulièrement geabk et Kfâcheuxs, en parlant d’une chose (15461,
bien adaptée à l’usage qu’on en fait, autrefois éga- d’une personne (158% n’ont pas vécu. -Le mot a
lement “ne chose avantageuse, profitable (v. 1560). évincé discommode (1580) mais subit la concur-
L’emploi à propos des personnes a vieilli. L’adjectif rence du synonyme MALCOMMODE adj.. plus
a d’abord qualifié une personne aisée, riche (16031, spécialement employé dans les parlers régionaux
sens vieillissant a” XVII~s., puis 11654)“ne personne à propos du caractère de qqn.
d’un caractère facile et doux, et enfin complaisant, 0 “or ACCOMMODEa
DE LA LANGUE FRANÇAISE 813 COMMENSAL
traduisant notamment une comparative hypothé- nement religieux=, est attesté avec un sens plus gé-
tique (v.881), souvent en association avec si néral depuis 1581 mais demeure essentiellement
(1165-1170). Son emploi introduisant le second un terme de religion, avant de se diffuser avec
membre d’une comparaison (v. 1080),encore toléré commémorer, pendant la Révolution. -Son dou-
par Vaugelas, disparaît au XVIII~siècle. 0 Comme blet religieux de même origine, COMMÉMORAI-
exprime aussi la manière (v.980). spécialement SON n. f. est attesté depuis 1671 (une première fois
dans les locutions comme qui dirait *en quelque en 1386). -COMMÉMORATIF, IVE adj.. d’abord
sortez (1559; av. 1421, comme nous dirions1 et religieux (15981, est sorti d’usage puis a été repris
mnme quoi (1466) qui a d’abord signifié scom- au XVIII~~. comme terme de médecine (17411 et
ment* et disant que> avant de prendre un sens comme terme religieux (1771). Il correspond aussi
causal, =d’oU il s’ensuit que>. 0 L’emploi de comme au sens général du verbe (1808). après sa reprise
avec une valeur temporelle est lui aussi très ancien pendant la Révolution.
Cv.980). Il n’en va pas de même de son emploi cau-
sal, relevé dans le Roman de la RoseCv.1278),mais COMMENCER Y. est issu k” s.) du latin popu-
rare avant le xv” siècle. 0 Comme ci (- 0 ci) laire “cominitire, de cum (-CO-) et de initiure
comme ça =à peu près+ a pu provoquer la formation (+ initier) qui, du sens d’kitiers, est passé à basse
de couci-couça*. époque (rv” s.) à celui de =débutep. Cette évolution
bCOMMENT adv. (10801, composé de l’ancienne correspond au vieillissement de incipere -commen-
forme con, cum avec le stixe -ment, a longtemps cep (d’où le roumain incep).
concurrencé comme dans l’interrogation directe et + Repris avec le sens de sdébutern, le mot est em-
indirecte avant de le supplanter (voir ci-dessus). ployé transitivement kommencer qqch.1 et avec
L’ancienne locution conjonctive comment que des prépositions (à, 1080; de, 1580; par, 1601). La dis-
(v. 1080) a elle-même été remplacée par de quelgw tinction entre commencer de (action qui dure) et
façon que. L’emploi de comment seul pour expri- commencer à (action ponctuelle) s’est effacée au
mer l’étonnement est attesté au ~11~s.(v. 1175). XVII~s., malgré Vaugelas. Le verbe tolérait autrefois
0 Plusieurs interrogations de politesse utilisent un complément animé ; ainsi, commencer un chien
l’adverbe : comment va? kwr s.) est aujourd’hui fa- signi6ait =entreprendre son dressage=. L’emploi
milier; comment ça va-t’il, ça va-fy? (17491, com- avec un sujet inanimé est généralement intransitif
ment ça va? (1845. Flaubert) à côté de comment (av. 1317). La grande fréquence du verbe, comme
allez-vous?comment tu vas?, vas-tu? o Quelques antonyme de finir, résiste à la concurrence de &-
emplois substantivés (v. 1500) se rencontrent, es- buter.
sentiellement dans des constructions lexicalisées b Le dérivé COMMENCEMENT n. m. (1119) est
(le pourquoi et le comment, le quand et le com- aussi usuel que le verbe et demeure l’antonyme
ment). normal de fin, en concurrence avec début. Dans la
0 wxr COMBIEN. phraséologie, au commencement est courant, le
commencement de la fin familier. Les commence-
COMMEDIA DELL’ARTE n.f. est l’em- ments se dit spécialement (15381des premières le-
prunt. au début du XVII~s., d’un mot italien apparu çons, des rudiments. -COMMENÇANT, ANTE
au XVI~s., qui signifie wxnédie de fantaisiem (+ art, adj. (1470) est substantivé en parlant des per-
comédie1 par une valeur spécialisée de arts +u-t~, sonnes, mais subit la concurrence de débutant.
parce que les acteurs de ce genre théâtral improti- Formé par prédation, RECOMMENCER Y. tr.
saient sur un canevas lïxé. (1080, recomencer), aussi recommencier en ancien
+Très populaire en France au x& s., la commedia français (XII” s.), signiiïe Ereprendre au début>, puis
dell’atie a été progressivement naturalisée en Cv.1283) =Commencer de nouveau (ce que l’on avait
comédie italienne, et ses trouvailles intégrées par interrompu ou rejet&. L’emploi intransitif, le plus
des auteurs de comédie (Molière). Le mot connaît ancien, correspond à -exister. se produire de nou-
en fmnçais un regain de faveur, avec les expé- veau khn processus interrompu)~, puis (1670)
riences théâtrales de la seconde moitié du XI? siè- =avoir un nouveau commencement (du temps, du
cle. jour qui se lève...)>, moins usuel. -Le verbe a pour
dérivé RECOMMENCEMENT n. m. (15461, assez
COMMÉMORER v. tr. est emprunté (ti s.) littéraire, et RECOMMENÇANT, ANTE adj. ~IX” s.:
au latin commemorare ementionner, rappeler, évo- av. 1848, Chateaubriand).
quer-, de cum, com- (+ CO-)et de memorare (+ mé-
morable). COMMENSAL, ALE, AUX n., surtout ILU
pluriel (1418) est, en français, le seul représentant
(Le verbe, introduit par Bersuire avec son sens Ci travers son composé en cum I+ CO-Icommensa-
moderne *marquer par une cérémonie le souvenir lis “compagnon de tables) du latin mensa =table*,
de (qqn, qqch.)n. demeure un latinisme rare et sort évincé par le représentant de tabla (+ table) mais
d’usage, avant d’être repris pendant la période I-é- conservé dans l’espagnol et le portugais mesa et
volutionnaire et post-révolutionnaire (1797, Cha- dans le roumain maso. À l’origine, mensa a dû dé-
teaubriand), en partie d’après commémoration et signer un gâteau sacré, rond, découpé en quartiers
commémoratif k-dessous). et sur lequel on disposait les offrandes aux dieux.
b COMMÉMORATION n. f. (XIII’ S.I. emprunté au En passant dans la langue commune, il aurait pris
dérivé latin commemoratin avec son sens chrétien le sens de w~pport pour les aliments> puis stables
de *cérémonie en souvenir d’un saint ou d’un évé- et, par suite, =repasm.L’origine du mot est inconnue,
COMMUNAUTÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et C&et en fait son étendard. Le mot, comme ad- *ensemble du peuples, dans les premiers textes),
jectif& nom, est alors usuel chez les théoriciens so- puis les représentants du peuple au Parlement
ciaux, tels Proudhon. Le rapport avec les emplois Cv.14151.-Le mot a connu une nouvelle extension
politisés de commune*, en 1789 pois en 1870, est pendant la Révolution (17891: nom d’une C~I-
évident. L’évolution sémantique ultérieure est celle conscription administrative instituée par décret, il
de communisne. -COMMUNISME I-I. nl. apparaît s’est appliqué à la municipalité de Paris (17901et a
isolément à la fin du XWI~s. : employé en allemand spécialement désigné le mouvement insurrection-
à propos de la Révolution française, Kommunismus nel né dans la nuit du 9 au 10 août 1792. II a été re-
(Riedel, 17941semble isolé. Restif définit commu- pris, en hommage à celui-ci, comme nom du gou-
nisme dans Monsieur Nicolas (VIII) en 1797, sur le vernement insurrectionnel français installé à Paris
même plan que monarchisme ou anarchisme. Le après la révolution du 18 mars 1871 et renversé le
mot reste inus& avant 1840 et le banquet CO-U- 27mai suivant Déjà, le terme figurait le 31 octo-
oiste de Belleville k-dessus); il est alors bien at- bre 1870lors d’une réunion des officiers de la garde
testé, notamment chez Cabet, qui l’emploie avec nationale.
baboutime, et chez Pierre Leroux (18411. oDès t Le seul dérivé direct de commune est COMMU-
lors, communiste et communisme évoluent en- NARD.ARDE adj. et n. (18711, hz%? d’hk~OiI%
semble : intellectuellement, ils sont colorés par le d’abord péjoratif, lié à l’insurrection de mars 1871
marxisme puis par le léninisme, et se définissent dont il désigne les partisans.
par rapport à socialiste, socialisme En politique a~- 0 COMMUNAL, ALE. AUX adj. et n. (1208, cumi-
tive, ils dépendent de l’apparition d’un parti com- nell est emprunté au latin communalis dans ses si-
muniste, des rapports entre ses membres et les gnikations médiévales relatives à l’évolution de
partis de gauche*, pms d’une opposition nommée communia. Le mot, rattaché à commune, qualifie
Cïadj. et nom ANTICOMMUNISTE, apparu en ce qui est propre à la commune, substantivé pour
1842, évolue pa,Idlèlement); ANTICOMMUNISME désigner les terrains qui appartiennent à la com-
n. m. n’est attesté qu’en 1936, époque où le com- mune. d’abord au singulier (v. 13151,puis au pluriel
munisme devient un courant politique très impor- les communaux (16901 correspondant à l’adjectif
tant en France, avec le Front populaire. 0 La révo- dans prés, bois communaux o Au féminin, l’école
lution russe de 1917 modi6e profondément la communale a donné la communale (xx” s.l. -Le dé-
situation, notamment sur le plan du vocabulaire. rivé COMMUNALISTE adj, et n. (17521correspond
-COMMUNI~ER v. tr. apparaît en 1919 (le dérivé spécialement aux sens de commune comme dé-
COMMUNISATION n. f. est attesté en 19221.0 Les signation d’un membre d’une communauté reli-
composés les plus &Ce& EUROCOMMUNISTE Il. pieuse et (18711pour -partisan de la Commune de
et dj. (V. 19751 et EUROCOMMUNISME n. m. ka- Parism.
duisent des tendances d’indépendance par rapport
ii l’ex-U. R. S. S. Après 1980-1990 et l’effondrement COMMUNIER v. in&. est emprunté (v. 9801,
idéologique et matériel des pays se réclamant du avec traitement de la 6nale, au latin communicare
léninisme, le mot perd de son actualité. -Avec une (-communiquerI, d’après sa spécialisation ch&
connotation péjorative, la première syllabe de tienne cavoir part*, notamment =avoir part au sang
communiste a produit, coco n. et adj. et au corps du Seigneur dans l’eucharistie* et “par-
0 voir COMMUNE. ticiper en intention avec l’ensemble des fidèles>.
$ Introduit comme terme de liturgie, le verbe ex-
COMMUNAUTÉ -z COMMUN prime l’idée de <recevoir le sacrement de l’eucha-
risties, à la forme pronominale ti x+déb. x1u~s.1
0) COMMUNE n.f., d’abord cumune (v. 11381, et antérieurement en emploi transitif avec la va-
comune (11551,est hérité d’un latin populaire com- leur de cdonner le sacrements. Par extension, il si-
munia =Communauté de gens>, pluriel neutre sub- gnifie &tre en union spirituelle ou affective avec>,
stantivé de communis (- commonl. d’abord dans le contexte religieux (1690, commu-
+Le mot a été considéré comme on féminin singu- nier en esprit) puis laïque (18491.
lier désignant une association des bourgeois d’une ~COMMUNION n. f., emprunté (1150-12001au bas
ville, d’abord formée dans une situation exception- latin communia =mise en commum, spécialement
nelle W s.1,puis l’association urbaine devenue in+ <communauté chrétienne= , -sainte communions et
titutionnelle et la communauté des habitants d’une =hostie consacréen, a suivi la même évolution. In-
ville de commune (1126-l 1271et. par métonymie. le troduit avec un sens religieux, wnion des chré-
territoire d’une telle ville (11361. Tout au long du tiens> et <sacrement de l’eucharistiem, ll désigne
moyen âge, il s’est rapporté à une ville ou à on par métonymie (16801 la féte familiale donnée à
bourg affranchi du joug féodal et placé sous l’ad- l’occasion d’une premièrecommunion (dite privée
ministration de bourgeois organisés (11551, dési- ou solennelkl. Il s’est répandu dans l’usage com-
gnant, par métonymie, ce corps de bourgeois. -Au mun avec la valeur d’saccord profond entre des
XVII~a, il a été repris. dans l’expression Chambre personnes. avec le monde extériew kux’s.1, forte-
des communes (16901. à l’anglais Gommons dans ment colorée de résonances chrétiennes, notarn-
Hou-se of Gommons (16211. désignation de la ment dans l’héritage du panthéisme romantique.
chambre basse du Parlement anglais. Dans celle-ci, o Le sens de <communauté de biens* n’a eu qu’une
common, emprunté au français commune, dési- brève existence aux xvf et xwP siècles. - COMMU-
gnait le peuple par opposition à la noblesse (sens à NIANT, ANTE. participe présent de communier,
comparer à celui de l’ancien français commune est adjectivé et substantivé (15311 à propos de qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE COMMISSION

femmes, l’un des thèmes antiféministes les plus an- + Ce terme juridique est employé dans la langue
ciens dans la culture médiévale bourgeoise. soutenue avec le sens de =menaçzmt, intimida&
. COMMÉRAGE n. m., d’abord commerai@ (1546) (paroles comminatoires, dès la première attesta-
*baptême+, a suivi l’évolution de commère : lorsqu’il tion).
reparaît au XVI$ s. (1761, Diderot), il désigne un ba- t COMMINATION n. f., emprunt au latin classique
vardage futile, makeikint. -COMMÉRER v. intr., comminati, d’abord attesté dans un contexte litor-
enregistré une première fois en 1611 par Cotgrave pique (v. 11501, a été repris au XVIII~ s. comme nom
avec un sens disparu, est repris en 1823 avec le d’une figure de rhétorique. - COMMINER v. tr.,
sens de -faire des commérages~, qui est sorti emprunté (1480) au latin comminari avec le sens de
d’usage. menacer-, était sorti d’usage à l’époque classique.
Bien que repris en 1752 par T&oux en parlant de
COMMETTRE v. tr. est emprunté (v. 1216) au l’excommunication comminatoire, il n’est guère
latin committere, littéralement smettre ensembles. usité que dans la langue juridique belge komminer
de cum savecn (+ CO-I et de mittere (-mettre), d’où une peine).
émettre aux prlsesm, *donner à exécuter, con6ep et
mettre à exécution, se rendre coupable de qqch.=. COMMIS + COMMETTRE

@Après une attestation isolée au sens ancien de COMMISÉRATION n. f. est emprunté (1552)
mettre en venten. le mot est employé en droit au latin commiseratio =action d’exciter la pitié>,
(v. 1260) et prend le sens de -charger (qqn) de faire spécialement en rhétorique =appel à la pitié de
qqch.B à partir du domaine picard Km x1n~s.1. Ce l’auditeur= (Cicéron). Ce mot est dérivé du supin de
sens a survécu dans la langue didactique ou litté- commiserari, lui-même de cum (+ CO-Iet de mise-
raire tandis que le sens concret correspondant, rari %Plaindre, s’apitoyern (-misère).
*coder qqch. à qqn2 (I310-13141, surtout classique. + Le mot désigne, dans un style très soutenu, le sen-
est sorti d’usage. o Dès le XIV~ s., commettre signifie timent qui fait prendre part ou intérêt à la misère
couramment ~accomplir, se rendre coupable de* d’autrui. L’emploi du pluriel commisérations, pour
(v. 1370, commettre adultère). Le sens de =mettre <paroles de compassions, et rare et parfois péjora-
aux prises (deux personnesl, exposer mal à pro- tif
pos= ti XVI”~.~ a décliné sous la concurrence de
compromettre, bien que la langue littéraire Conti- COMMISSAIRE n. m. est emprunté (1310) au
nue d’employer la forme pronominale se com- latin médiéval commisswius ~exécuteur testamen-
mettre avec qqn (av. 1654) avec le même sens que taire* (12421, *personne chargée d’une mission>
se compromettre. o Le sens littéral de =mettre en- (13091, dérivé de committere (-commettre).
semble2 (15971 s’est maintenu comme terme tech- +Le mot dénomme celui à qui l’on commet une
nique de cordier pour &unir par torsion (les élé- charge, une fonction plus ou moins temporaire. Au
ments qui composent un cordage)* (1752). xwe s., il désigne aussi le titulaire d’une charge per-
w COMMIS n. m. est le participe passé substantivé manente (1538). soit différents fonctionnaires poli-
(13691 du verbe. Le sens de -personne chargée tiques, militaires et. de nos jours, couramment, un
d’une fonctions est surtout actif dans des spéciale- magistrat de l’ordre judiciaire chargé de faire r&
sations dans la marine, l’administration et le com- gner l’ordre public et de mener l’enquête en cas
merce (16751. Le sens général de ~fonctionnaire~ a d’infraction Icommissaire de police). Depuis le
donné lieu à l’expression premier commis, et a été XIX” s., le mot concerne spécialement la personne
reprise itu xxe s. dans les grands commis de l’État, chargée de veiller à l’organisation et au déroule-
*les hauts fonctionnaires. 0 Le composé COMMIS ment d’une manifestation @xl, exposition...) 118451.
VOYAGEUR (17921, usuel au XIX~~. -et au- 0 Sous l’influence de commission*, il désigne aussi
jourd’hui supplanté par voyageur, représentant de le membre d’une commission (1866).
commerce -, est entré dans quelques locutions fi- t SOn dérivé COMMISSARIAT n. m. (17521, ~fonc-
gurées péjoratives Ihumow, esprit de commis tien, dignité de cornmissaire~, est usuel au sens mé-
Voyageur~. Le féminin COMMISE (19311 se ren- tonymique de -bureau d’un commissaire de po-
contre dans le sud de la France au sens de ven- lice>, avec une valeur locale présente dès les
deuses. premières attestations, et fréquent pour désigner
COMMETTANT, participe présent de commettre, des postes administratifs importants. -COMMIS-
est lui aussi substantivé au masculin (1563) pour dé- SAIRE-PRISEUR n.m. (1753, dans huissier-
signer le marchand qui cotie le soin de ses atkires commissaire-priseur) formé avec priseur ~III” s.),
à un commissionnaire, celui qui confie son mandat nom de métier dérivé de priser*, et aujourd’hui dis-
à un député ou un commissaire (1749). Le sens fa- paru, désigne l’officier chargé de l’estimation et de
milier de *personne qui charge qqn de menues la vente publique des objets mobiliers.
commissions~ (1863) a vieilli.
0 YOIi COMlTÉ. COMMISSAIRE. COMhusSION. COMMISSION n. f. est emprunté (XIII~~.) au
latin commissio, formé à partir du supin de
COMMINATOIRE adj. est emprunté au committere (+commettre) saction de mettre en
mes. (av. 1520) au latin médiéval comminatorius conta& et, en latin chrétien, *action de commettre
menaçants ~III’ s.1, de comminatus, participe une faute% et &union d’hommes>.
passé de comminari <menacer-, de cum (- CO-) et +Le mot a immédiatement le sens de wzharge, mis-
de minari emenacern (- menerl. siom, par attraction de commettre *confier une
COMPACT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

melin), puis en linguistique, après commutation. COMPAGNON n. m. continue l’ancien cas ré-
-COMMUTABLE adj., doublet de commuable et gime médiéval cumpagnun (10201,représentant de
emprunt juridique au dérivé latin commutabtiis l’accusatif bas latin companionem qui s’est main-
ùnil. XVI” s.l. a été repris au ti s. comme dérivé de tenu à côté de l’ancien cas sujet cumpainz (1080)
commuter dans d’autres domaines. -Tous ces i-copainl. lui-même issu du nominatif latin
mots sont des termes uniquement didactiques et compati. Ce mot, composé de cum aavecn (-CO-)
scientifiques, à la différence de COMMUTATEUR et de panis b pain). serait le calque d’un mot go-
n. m. (1839) =appareil servant à interrompre (6. in- tique du langage militaire apporté par les Ger-
terrupteurl, rétablir, inverser... le courant élec- mains des armées du Bas-Empire : gahlatia, de ga
triques, passé dans la langue courante. -avec* et hlaifs “pains (+ lord). composé correspon-
dant à l’ancien haut allemand ga-kipo (vn~“-rY s.l.
COMPACT, ACTE adj. est emprunté (1377) Ce terme a dû coexister à l’origine avec contuber-
au latin compactus -bien assemblé, dont les parties nalis wxnarade de tentes qui a peut-être favorisé
se tiennent>, participe passé adjedivé de compin- le procédé du calque avec com- initial.
gere *assembler en serrant>, de cum (+ CO-)et de
+Le mot a progressivement perdu l’ancien sens,
pangere -ficher, enfoncern (+lmpact). Le verbe
-celui qui vit et partage ses activités avec qqm, au
pangere procède d’une racine indoeuropéenne
profit de noms plus précis kondi.scipk, commelzîal,
Opag-, “pak- =fixer*, également représentée en fram
collègue); de nos jours, il est surtout employé à pro-
çais (+ page, pax, payer, pays, pelle...).
pos de la personne qui accompagne qqn (1549), no-
+ Le mot a conservé le sens du latin, qualifiant un tamment (1568) dans la locution compagnon de sui-
objet puis aussi, au figuré, un ensemble de per- vie d’un terme psychologique kiétresse, infortuneL
sonnes et de choses (1796, corps politique compact). quelquefois en parlant d’un objet avec une valeur
Entre autres emplois spécialisés (anatomie, méca- affective (1535). OL’ancienne acception spéciale,
nique, cristallographie), il est appliqué, en impri- =Ouvrier ayant terminé son apprentissagen (14551,
merle, à une édition contenant beaucoup de ma- s’est maintenue dans certaines professions artisa-
tière sous un petit volume (183.5).La spécialisation nales pour un ouvrier qualifié et, comme grade,
en disque comp& (19821, calque de l’anglais dans la franc-maçonnerie (1866).
Compact Disc abrégé en CD, a donné à l’adjectif,
*COMPAGNONNAGE n.m. (1719) et COMPA-
substantivé en un compact, une vitalité nouvelle.
GNONNIQUE adj. (déb. >ops.) sont des termes re-
~COMPACITÉ n.f. est le dérivé irrégulier de latii aux associations ouvrières de compagnons,
compact (1762). fait sur le modèle de noms de qua- très adives sous l’Ancien Régime. -Le féminin
lité en -ité kd?ïcucité, Opacité~. -COMPACTER COMPAGNE n.f. (av. 1200, COmpangd a été
v. tr. *rendre plus compact> (1938). d’où sont tir& formé sur l’ancien cas sujet compain. Plus nette-
COMPACTAGE n.m. (1952) et COMPACTEUR ment que compagnon, il est vivant, dans le registre
n. m. Cv. 19501, terme technique. soutenu, au sens de <celle qui partage l’idéal, les
COMPAGNIE n. f., d’abord cumpainie épreuves, la vie d’un homme> (1568). La multiplka-
Cv.1050), cumpagnie (10801,compaignie Cv.1175), est tion des couples non mariés a donné à compagne
soit le dérivé en -ie de l’ancien compain (+ compa- une valeur de remplacement par rapport à femme
gnon, copain), soit la réfection de l’ancienne forme I-épouses], à concubine, administratif et peu eu-
compaigne, compaignie (v. 1050) issue du latin po- phonique, et à amie, familier et trop vague.
pulaire “compania, de companio (-compagnon). 0 vo,r ‘4CCOMP*GNERCOPAIN.
+Le mot désigne le fait d’être auprès d’une per- COMPARAÎTRE v. intr. est la réfection
sonne, sens réalisé dans plusieurs locutions kwes.l, d’après para%re*, de l’ancien français
usuelles comme tenir compagnie (v. 1175). fausser CoMPARoIR. Ce verbe est emprunté kw”s.l au
wmpagnie WXO),... de compagnie kmimal, latin médiéval juridique cumparere (v. 11881,spé-
clame, etc.). oDe bonne heure, il a pris par méto- cialisation du sens classique ase montrer, appa-
nymie le sens de &union volontaire. souvent orga- raîtrex, et a pris sa désinence -air à l’ancien paroir
nisée, de personnes+ (v. 1050), spécialement dans (+ paraitrel.
l’armée (1080): en procèdent une spécialisation
pour -unité sous les ordres d’un capitaine* (15851et *Le verbe a été repris avec son acception jur-
une spécialisation dans la police, sous l’abréviation dique, *se présenter devant l’autotité judiciaire=.
courante C. R. S. ICompagnies républicaines de sé- En sont issus des emplois analogiques et figurés.
curitél, depuis 1945. 0 Dès l’ancien français, le mot w COMPARUTION n. f., d’abord comparution
désigne une association de personnes rassemblées (1453). a été formé sur le participe passé comparu
par des objectifs, des statuts communs (1283). en pour servir de substantif d’action à comparaitre
particulier dans le domaine commercial (1562). dans l’usage juridique.
idéologique et religieux (av. 1655, Compagnie de.Té-
sus). théâtral (1706). L’abtivlation et c” désignant COMPARER v. tr., d’abord cumparer Cv.11201,
les associés non cités, est aujourd’hui employée fa- est emprunté au latin comparare sappariep, d’où
milièrement (de même que son équivalent anglais -a.ssimilem et *confronter-, de compar -égal, pareil*
and C”l. OPar extension. compagnie se réfère à (composé en com- I+ CO-I,synonyme de par, paris
une bande d’animaux vivant en groupe (15591,spé- I+ pareill).
cialement en vénerie et en chasse au fusil (une 4 Le verbe signifie *rapprocher (des objets de na-
compagnie de perdreawc). ture différente) pour en dégager un rapport d’éga-
DE LA LANGUE FRANÇAISE COMMUN
COMMODORE n. m. est l’emprunt (1760. Vol- mun (16901. Cette valeur tend à colorer des emplois
taire) de l’anglais commodore, d’abord comman- neutres où commun a seulement le sens de -ré-
dore (169% adaptation du néerlandais komman- pandu, courant- (xIPs.). Le sens collectif de sqti
deur, moyen néerlandais commandoor, titre de s’applique à tous les éléments d’un groupe=
dignitaù-e peut-être emprunté du français cv. 1050) est réalisé dans plusieurs syntagmes du
commandeur. type vie commune (XIII~~.), d’un commun accord
*Le mot a été repris avec la spécialisation mari- (1248, par une variantel, I?R commun (déb. XIP s.1, et
time du mot anglais pour -capitaine de vaisseau spécialisé en grammaire (x111~s.1 et en mathéma-
commandant une division navale- dans les ma- tiques (dénominateurcxxmmm, xvf s.l. Il était aussi
rines brltazmique, américaine et néerlandaise. réalisé dans lieu commun spassage d’une ceuvre
Cette spécialisation s’est faite en anglais, d’où en applicable à un sujet générale (1595; le latin locus,
néerlandais commodore, par emprunt à l’anglais. dans cet emploi, calquait le grec topos) avant que
celui-ci ne tombe dans l’attradion du sens péjora-
COMMOTION n. f., d’abord commotium tif, wrdinaire, rebattu2 (1718) et ne désigne une ba-
Cv. 1120) puis commotion (1130.11401, le tétant réin- nalité du langage. Toujours en ce sens, il a donné
troduit au xwe s., est emprunté au latin commotio les locutions usuelles être commun à (11751, n’avoir
=Secousse physique* et au figuré -agitation de rien de commun avec (1580). -Les communs, plu-
l’âmes, composé de cum, com- (4 CO-I et de rnoti riel substantivé (17041, dénomme les bâtiments
(4 motion). d’un château servant de cuisines, écuries, etc.
+ Le mot a gardé les valeurs latines avec plusieurs t 0 COMMUNAL, ALE, AUX adj., d’abord cumu-
spécialisations du sens concret en pathologie nel (1080) puis comunal Cv.11701, a d’abord eu le
(xv” s.1 et en physique (1753, commotion ékctrique). sens de ~général~, senti comme un doublet superflu
de commun*. Il est tombé de bonne heure sous l’at-
. Il a produit deux dérivés modernes : COMMO-
traction de commun& par emprunt sémantique et
TIONNER v.tr. (18751, plus courant au pZWk.‘ipe
morphologique au latin communalis (+ commune).
passé, et l’adjectif médical COMMOTION-
-Au sens ancien, communal a donné l’adverbe
NEL, ELLE (1915).
COMMUNALEMENT (18661, d’abord Cu&mnt
COMMUER v. tr. est emprunté 11365) au latin (1160-11741, éliminé au ~V”S. au profit de la forme
commutare *changer entièrements, composé de COMMUNÉMENT (XVIe S.), refaite S”I- CO7?l”lune~-

cum b CO-I et de mutare %Changer- (-muer, mu- ment (xuPs.) ; communément est devenu usuel
ter). Le verbe, doublet de l’autre emprunt commu- pour ~couramment, normalement~.
ter*, a été francisé d’après muer*. COMMUNAUTÉ n. f., d’abord comuncdté (av. 1280),
est la réfection de l’ancien communité Cv.1130)
+Introduit au sens général de &msformer~, le
*participation en commun=, +wupe ayant un lien
mot a restreint son usage au domaine juridique
en commun=, lui-méme emprunté au latin commu-
(1467. commuer le criminel en ci& où il réalise une
nitas. -Le mot désigne un ensemble de personnes
idée de &ansformation avec amoindrlssement~
et, abstraitement, l’état de ce qui est commun à
(1548, commuer une peine).
plusieurs personnes (13441, sens spécialisé en droit
t Le mot n’a produit que le dérivé COMMUABLE civil (av. 1508). Appliqué à des personnes, il désigne
adj. (14831, partageant avec commuter, qui n’est pas en particulier une collectivité religieuse (1538) et,
employé en droit, ceux de ses dérivés juridiques. depuis peu, s’emploie avec des spécialisations ad-
ministratives (communauté urbaine). -Il a pour
ip COMMUN, UNE adj. et n. est un mot hé- dérivé COMMUNAUTAIRE adj. (18421, d’où COM-
réditaire très ancien (8421 qui continue le latin com- MUNAUTARISME Il. m. (1951).
muni.5 -qui appartient à plusieurs= d’où, au figuré, De commun est aussi dérivé un important groupe
*qui est accessible à tous, avena&, à basse époque de termes idéologiques. -D’après J. Grandjonc,
=médiocre, vulgaire=, voire =impur- chez les au- qui a fait l’histoire du mot à ses débuts, COMMU-
teurs chrétiens. Le mot latin est formé de cum NISTE adj. et n., attesté dès 1706 comme adjectif
-avecm I-CO-1 et de munis =qui accomplit sa pour =qti a le souci du bien communs, a signi!ïé.
charge=, apparenté à munus .-charge- et -présent-. aussi comme nom. <membre d’une communauté=;
La racine de ces mots est “mei- <changer, échax- ce sens existe au xvme s. et pendant la Révolution,
ger-: elle se retrouve dans des termes indoeuro- parfois en concurrence avec communier n.m.
péens désignant des échanges réglés par l’usage, (XIV s.); il entre dans les dictionnaires avec Landais
souvent avec une valeur juridique (+ muer, muter, (1834). La valeur idéologique, ~partisan de la com-
Ill@W). munauté des biens*, apparaît chez un correspon-
+Le premier sens passé en français, -relatif au plus dant de Restif d’Hupay deFuveau (1785, auteur
grand nombres, est réalisé dans les syntagmes lefi- communiste). Babeuf en 1793, emploie communau-
cdisés droitcommun (12831, sens commun 11690) et, h-tes (et Egaux), et Restii lui-même communiste
comme nom, dans le commun des mortels Il 17% lA4omieur NicoZa.s,VII, 14, 1797). Rare ensuite, le
1174, le comun des jazz). 0 Dès 1160, apparaît aussi mot réapparaît chez divers auteurs, dont Lamen-
le sens d’=ordinairw, également réalisé par le sub- nais (1832); il est parfois synonyme de radical (1835)
stantif longtemps pris pour désigner le peuple, le et on trouve républicain communiste (1839). En
vulgaire Iv. 1160) avec une valeur dépréciative qui 1840, le premier banquet communiste (juillet 1840)
se retrouve dans homme du commun (16361 et diffuse le mot; le syntagme parti communiste, dé-
même dans hors du commun, au-dessus du com- signant un simple groupe d’opinion, apparaît alors,
COMPASSION 822 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

xx.+ s.l. -COMPASSEMENT Il. m. (1180-llQOl, compati. Le mot désigne le sentiment qui incline à
autre dérivé de compasser, assume à la fois le sens partager les soufkmces d’autrui, sens ave? lequel
concret. #action de mesurer avec un compasm, et le il correspond à l’hellénisme sympathie*. A la dif-
sens figuré, amaintien raide et affect& (av. 17551, férence de ce dernier, il continuer de réaliser l’idée
correspondant à l’adjectif compassé; dans l’une et de -douleurm que passion, du moins dans l’usage
l’autre acception, il est peu employé. commun, a perdue. Le mot a donné, par métony-
mie, le sens religieux et archaïque de <fête célé-
COMPASSION -+ COMPATIR brée en mémoire des douleurs de la Vierge* (1771,
Compassion de la Sainte Vierge). 0 Il s’est imposé
COMPATIBLE adj. est emprunté (1447) au la- et a éliminé les noms dérivés de compatir,
tin médiéval compatiMis (1384) *susceptible de COMPATISSEMENT n.m. (1649; puis 1884) et
s’accorder avec- (en parlant d’un bénéfice ecclé- COMPATISSANCE n.f. (17921. -son dérivé
siastique), adjectif dérivé du radical de compati COMPASSIONNER (SE1 v. pron. (1569) &Prouver
~SO~&~I- avec= (+Compatir) pris au sens tardif de la compassions. employé au xwe s., est à nouveau
d’&re susceptible d’exister avec>, d’après pati -ad- utilisé occasionnellement au xwe s. par archaïsme
mettre, permettren lG+passion). littéraire.
t En dehors de l’usage courant où il est très souvent COMPENSER v. tr., d’abord attesté sous la
utilisé sous forme négative ou restrictive (pas, peu forme compensar dans le Dauphiné ldéb. XIII~s.1
compatible avec), le mot est employé spécialement puis sous la forme compenser (12771,est emprunté
en sciences (mathématiques, informatique, méde- au latin compensare xmettre en balance, contreba-
cine). La langue classique l’a utilisé à propos de lancer-, composé de cum, com- (+ CO-I et de pen-
personnes pouvant vivre en harmonie avec
sare (b penser, peser).
d’autres (1587). de caractères harmonieusement
accordés (1675). +Le verbe a d’abord le sens latin d’séquilibrerr,
spécialisé en droit et en !Znance Km XnF s., compen-
w COMPATIBILITE? n. f., dérivé sur le modèle du ser les dépenses). L’accent étant mis sur la fwon
latin, exprime le caractère des choses compatibles d’obtenir l’équilibre en introduisant un effet op-
entre elles (v. 15701,de psychologies qui s’accordent posé, il a pris son acception moderne (12771, Ia-
(1586). quelle a donné lieu à divers emplois techniques (fin
INCOMPATIBLE adj. est reptiS (13701, WJXIt l’em- xrY s.), spécialement en médecine (1877) et en psy-
pnmt de compatible semble-t-il (13701, à un latin chologie (1913) et psychanalyse.
médiéval “incompatibilis. Il est introduit par la
&Les dérivés directs de compenser sont tardifs.
langue didactique pour qualifier une chose ne pou-
COMPENSATOIRE adj. (1823) prolonge sémanti-
vant exister simultanément avec une autre. un ca-
quement le bas latin compenmtims <qui
ractère (v. 1460) et, en droit. une fonction (1549).
Chez Buffon, il quaIii?e spécialement des zmimaux compense=, emprunté au xm”s. sous la forme
COMPENSATIF (1842-1845). Il s’est spécialisé enfi-
ne pouvant s’accoupler. -Son dérivé INCOMPA-
nance fmontants compensatoires) et en phonétique
TIBILITÉ n.f. (lin tiS.) apparaît en droit pour
(1933; dès 1876, compensatifl. -COMPENSÉ. ÉE
nommer l’impossibilité légale par une même per-
adj., tiré du participe passé du verbe, qualifie spé-
sonne d’exercer certaines fonctions. Il est passé
cialement. dans un tout autre domaine, des chaus-
dans l’usage général pour désigner le fait que deux
sures dont les semelles font corps avec le talon
choses ne peuvent exister ensemble (v. 1580) et
l’antipathie entre deux caractères (1644).Parmi ses (1953).
COMPENSATION n.f., d’abord sous la forme
emplois spéciaux, il se dit. en pharmacie, du carats
compemacio dans le Dauphiné (déb. XI$ s.1,est em-
tère opposé de deux médicaments mélangés
prunté au latin compensatio =balance, équilibre>.
(1866).
spécialement en commerce. 0 Le mot a été intm-
0 voir coMP,4m.
duit avec le sens général d’saction, fait de compen-
ser=, courant sur le plan moral kvn” s.), et spécialisé
COMPATIR v. tr. ind., d’abord compatier
Cv.16301,par croisement avec le français sympathi- en droit (1690), en technique (pendule de compewa-
tin, 18031, en sciences, en bourse (1863) et en fi-
ser (en moyen français sympathizer). puis compatir
(16351,est emprunté au bas latin compati, littérale- nance (Caisse de compensation, 1930). -L’adjectif
et nom COMPENSATEUFLTRICE. dérivé du
ment .sou&ir avec=, de cum -avec> (+ CO-Iet pati
verbe avec le t de compensation, apparaît (1789) au
(+ pâtir).
sens de -ce qui fournit une compensation morale>
+Le mot a éliminé un doublet moyen français et a été repris en technique (1829, adj., penduk
compatir (1541) -se concilier, être compatibles. compensateur; n.m., 1832); divers systèmes de
formé sur compatible*. Il exprime le fait de =compensatiom (correction) ont reçu ce nom.
éprendre part à la soofli-ance d’autmi~ et se DtCOMPENSER “. intr. (V. 19501, précédé pW DÉ-
construit avec un complément désipnant soit la COMPENSATION n. f. (19261,est un terme de phy-
personne en question, soit le sentiment qu’elle siologie et de psychanalyse désignant la faillite des
éprouve. mécanismes de compensation.
w Son participe présent COMPATISSANT, ANTE SURCOMPENS~ÉE adj., formé au milieu du
est employé comme adjectif depuis 1692. &s. (18421, a été repris en psychologie (1946)
-COMPASSION I-I. f. a été emprunté dès le XII” s. d’après SURCOMPENSATION Il. f. (1946)
(v. 11551 au latin chrétien compassio, dérivé de =Conduite qui compense à l’excès une inférlorlté~.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CO-R
reçoit la communion eucharistique: l’expression publicité et des médias (techniques d,e communica-
premiercommuniant
est employée figurément, tion), alors influencé par l’anglais communication.
par une métaphore analogue à celle de boy scout, Avec un autre anglinsme, relations publiques, il
pour qwsonne nciive, candide*. donne à la stimulation des marchés, domaine as-
sumé successivement par réclame et publicité, une
i(c COMMUNIQUER v. tr. et intr. a été em- expression plus noble. Dans l’entreprise, le mot
prunté Cv.13701 au latin communicare, d’abord concerne aussi la transmission d’information entre
seoir part, partagep (- communier), puis =être en services. -La diversification des moyens tech-
relation avecx, de cum, com- C-CO-) et de “municus, niques par lesquels on communique a donné nais-
dérivé supposé de munu.s <fonction, charges sance à plW+ieUrY Composés: INTERCOMMUNI-
(-commun). CATION n. f. (18671, TÉLÉCOMMUNICATION Il. f.
4 Avec l’idée de =partagem, le verbe a d’abord eu le (19041. mot qui s’est répandu dans les années 1960
sens de =Participer à qqch.=. Il l’a perdu pour celui et 1970, alors couramment abrégé en TÉLÉCOM.
d’&re en rapport mutuel, en communion avec ou encore RADIOCOMMUNICATION n. f. (1922).
qqn> Cv.1370).À partir du xne s., il connaît une nou- -L’antonyme INCOMMUNICATION n. f. (1786), de
velle extension dans la construction transitive cl- sens plus général, est demeuré très rare.
recte, signifiant &-ansmettre~ (communiquer une COMMUNICATEUR. TRICE adj. et I-,. m. a été em-
nouvelle, 1548). “propager (une maladie)= (1585). prunté (15311 au latin chrétien communicator -celui
=faire partager km sentiment, une qualit& kvn” s.l. qui communique*. Repris avec la spécialisation de
011 reçoit une spécialisation technique en phy- *celui qui sait participer, met les biens en com-
sique (1647, h-ad. Descartes [du lat.]), le mun>, propre au xwe s.. il s’est employé dans la rhé-
complément désignant la chaleur, le mouvement. torique religieuse à propos de la personne qui
o Il est employé également en parlant de lieux qui transmet les grâces divines (Bossuet). Son usage
sont en relation l’un avec l’autre (16811. moderne date du x.9 s. et s’est fait sous l’influence
.La dérivation directe se limite aux participes. de communiquer, y compris dans sa spécialisation
COMMUNICANT, ANTE adj. s’emploie en phy- technique communicateur de mouvement (1866).
sique dans tubes Cv.1750) puis vases communicants Récemment, le mot s’est appliqué à un person-
et dans l’usage général (pièces communkantesl. nage, d’abord politique, qui -communiquen bien
-COMMUNIQUÉ,ÉE adj. est employé dans or- avec le public et avec ses interlocuteurs.
ticle communiqué (18161, éliminé par la substanti-
vation COMMUNIQUÉ n. m. (18531, dans un COMMUNISME + COMMUN
contexte journalistique.
COMMUNICATIF, IVE adj. est emprunté (1282) au
COMMUTER v. tr. est un emprunt assez tardif
(16141 au latin commutare *changer entièrement>,
bas latin communicatiws -propre à commun-
de cum, com- (+ CO-I et de mutare (+ muter) qui
quer-; employé jusqu’au xwe s. avec le sens de elibé-
avait déjà donné par frannsation commuer*.
ml=, il qualifie de nos jours un tempérament expan-
sif @n xv’s.), un état physique ou affectif qui se (Malgré une attestation isolée (16141 où il n’est
communique facilement (1690, un mal communica- qu’une variante de commuer, le ve~%en’entre dans
tifl. -COMMUNICABLE adj., attesté h-même au l’usage qu’au XIX~s., d’abord en droit (par ex. chez
~IFS. et indirectement au XIII~~. par son dérivé Michelet, 18371 et rare, puis, sans doute d’après
COMMUNICABILITÉ n. f. (12821, a seM de doublet commutation, au xx+‘%, en mathématiques, phy-
à l’ancien adjectif communicatif qualifiant une per- sique et linguistique. Sa reprise doit beaucoup à la
sonne libérale, sociable l-qui communique avec ses vitalité technique de commutation, commutateur.
semblables~). Il a seulement gardé le sens passif de w COMMUTATION II. f., beaucoup plus ancien que
*qui peut être communiqués (XVTs.) et développé la le verbe, est emprunté Cv.1120) au dérivé latin
valeur spéciale de -qui peut être relié par un commutatio achangement, mutations, spéciale-
moyen de communications (1690, en parlant de ment en rhétorique creversion, répétition de mots
fleuves). -INCOMMUNICABLE adj. (14701,dulatin dans un ordre inverse=. Employé en ancien français
incommunicabilis, et INCOMMUNICABILITÉ I-I. f. comme synonyme de mutation, le mot s’est spécia-
(1802) sont en rapport d’antonymie avec les mots lisé en français moderne dans quelques emplois
simples. techniques. Il est employé en droit (1680, commuta-
COMMUNICATION n.f. est emprunté (fin XIII~- tion de peine) comme substantif d’action de
déb. x19 s.) au dérivé latin communicatio =mise en commuer. En phonétique. il désigne la substitution
commun, échange de propos, action de faire partn. d’un phonème à un autre (1789) avant de recevoir
-Il a été introduit en français avec le sens général en linguistique moderne (1939, Hjemslev) sa valeur
de -manière d’être ensemble> et envisagé dès l’an- de wemplacement d’un élément par un autre, ap-
cien français comme un mode privilégié de rela- partenant à la même classe, de manière à obtenir
tions sociales Cv.1370). Son expansion s’est faite un autre système, analogue et différent=. Au x? s.
avec le sens métonymique de -chose communi- également, il reçoit des acceptions spéciales en
quée- (1507) et diverses acceptions spéciales dans mathématiques, en électricité (19241et en télécom-
les vocabulaires théologique (av. 1662, communica- munications (commutation des circuits télépho-
tion avec Dieu), juridique, médical, physique (1746, niques). -COMMUTATIF. IVE adj. semble formé
de l’électricité; 1753, communication du nwuve- par Oresme Cv.1370) sur le latin commutare ou sur
ment). 0 Le mot, comme le verbe communiquer, a commutatio; il est repris en mathématiques (1905,
connu un essor particulier dans le domaine de la Poincaré): d’où COMMUTATIVITÉ I-I. f., (1907, Ha-
COMPLAIRE 824 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

complaindre (v. 1150) ~plaindre= et, à la forme pro- théologie. et dans certains emplois littéraires
nominale, -se plaindre=, disparu au Xvp ou au (18291.
XVII*s. (il est réputé -vieux* en 16801.Ce mot est issu b COMPLÉMENTAIRE adj. (17911,-qui constitue le
d’un latin vulgaire “complangere, de cum (+ CO-)et complément d’une chosen, a reçu plusieurs accep-
plangere l+ plaindre). tions spéciales. Pendant la Révolution, il a servi à
4 Le mot a concurrencé et évincé son doublet mas- qutier les jours qui complétaient le calendrier
culin complaint (v. 1100); son sens général de républicain dont les mois n’étalent que de trente
=Plainte>, avec sa spécialisation =Plainte en justices jours (17951.L’adjectif, souvent d’après les emplois
(1174-11771, a disparu au profit de plainte. de complément, s’est spécialisé en grammaire
Complainte a pris et conservé une spécialisation (18031, en géométrie (1863). en arithmétique (18691,
esthétique, désignant une pièce poétique (1266. en optique (1816, couleurs complémentaires) et, de
1268, Flutebeti puis, dans la même tradition et là, en peinture. -Complémentaire a produit, quel-
beaucoup plus tard, une chanson populaire à dé- ques dérivés didactiques : COMPLÉMENTAIRE-
roulement tragique ayant pour thème les faits et MENT adv. (19031, COMPLÉMENTARITÉ I-I. f.
gestes d’un personnage légendaire (1880). (19071 et COMPLÉMENTER v. tr., d’abord employé
par fantaisie chez Verlaine (1891). puis de manière
COMPLAIRE v. tr. ind. est emprunté cv. 11201, terminologique en mathématiques. comme son dé-
avec adaptation d’après plaire, au latin complacere rivé COMPLÉMENTATION II. f. (1914).
-plaire= puis, à l’époque chrétienne. ase plaire à,
mettre ses complaisances ew, de cum (-CO-) et COMPLET, ÈTE adj. et n. est emprunté
placere (+ plaire). (v. 13001au latin completus, participe passé adjec-
+ L’emploi transitif indirect du verbe komplaire à), tivé de compkre wsmpllr complètement> d’où
avec le sens de =s’accommoder au goût de qqn -achever*, de cum (k+ CO-Iet pkre (+ emplir).
pour lui plaire> et, en parlant de choses, &re * Le mot, rare avant le XVII~s., qutie ce à quoi il ne
agréable à qqn> (15511, s’est maintenu dans la manque aucune des parties nécessaires, spéciale-
langue li~ittéraire. Seule la forme pronominale ment un aliment, un organisme. Au figuré, il carx-
se complaire à (15561ou dans, en (15801.est demeu- térise une personne possédant tous les traits de
rée courante. son genre sans exception (xv? s.1, parfois en mau-
c Comme le verbe, les dérivés expriment l’idée de vaise part (av. 1691, fou complet). 0 Substantivé de-
-trouver son plaisir dans qqch.*, quelquefois avec puis 1740, il entre dans la locution au grand
une connotation péjorative de vanité ou de ti- complet (18231 et fournit, par ellipse d’habit
blesse. COMPLAISANT, ANTE adj. (1556) présente complet, le nom d’un vêtement masculin (18741.Ce
cette connotation à partir du xvne s.. quelquefois en sens a vieilli, tant sous sa forme simple que dans
emploi substantivé (16661 aujourd’hui disparu. complet-veston; on emploie surtout costume.
oEn est dérivé COMPLAISAMMENT a&?. (1680). b COMPLÈTEMENT adv. (apr. 12501, lOngtempS
-COMPLAISANCE n. f. (v. 1370) est emprunté au Co&dé& comme burlesque ou ba&n, ne s’est ré-
latin chrétien comphcenti -volonté de plairez. Il pandu qu’au XVI~?s. puis est devenu très courant,
désigne un acte destiné à complaire (v. 1370) et plus avec des valeurs affaiblies comme wmiment, tout à
souvent l’action de se complaire à qqch. (16161.Il fait>, s’employant aussi absolument, en réponse.
exprime aussi le caractère d’une personne -Le dénominatif COMPLÉTER v. tr., =rendre
complaisante envers elle-même (16351. Le sens completn (1733). a donné à son tour le nom d’action
noble d’*amour divin* (1681, Bossuet), en style bi- didactique COMPLÉTION n. f. 11954; 1930. au Ca-
blique, est demeuré rare avant de disparaître. l’en- nada). probablement d’après l’anglais completion
semble des usages demeurant péjoratifs, dans des =achèvement, accomplissement> kw” s.l. à mettre
expressions comme bükt de compkdsance (18451, en rapport avec le bas latin théologique et jur-
ou mondains (1845. par complaisance, avoir la dique COmpkti. - COMPLÉTUDE n. f. est égale-
complaisance de). ment récent (1928) et a dû être suscité par in-
complétude k-dessous). -COMPLÉTIF. IVE adj. a
COMPLÉMENT n. m. est emprunté (13081au été emprunté (1503) au bas latin completiw -qui
latin complementum -ce qui complète>, de complète*, spécialement employé en philosophie
complere ‘remplir entièrement, achevep et en grammaire. ~Usité au ~VI~S., puis aban-
(+ complet). donné, le mot a été repris comme terme de gram-
t Le sens abstrait et actif de =réalisation. accomplis- maire ( 17891pour qusKuer ce qui a la fonction syn-
sementx, quelquefois avec la valeur de -perfection>, taxique d’un complément; il est substantivé au
a été évincé par le sens concret. -ce qui complète féminin dans une (proposition) complétive.
qqch.” (13471.Celui-ci a donné des acceptions spé- INCOMPLET.ÈTE adj. est eInprW~é (xv”%) une
ciales en géométrie (16901,astronomie (17321et mu- première fois au bas latin incompletus, anon x-
sique (17321. OEn grammaire, le terme, introduit compllm, au sens d’&uxchev&. Il a été repris en 1747
par du Marsais (entre 1720et 17501pour dégager la comme composé de complet. Il est usuel. 0 Son dé-
grammaire française du modèle latin, où l’on par- rivé INCOMPLÈTEMENT adV. k503) a h&I&me
lait de régime, assume une notion ancienne. expri- cessé d’être usité avant la fin du xvnle s.; IN-
mée par des termes comme objet. L’usage figuré du COMPLÉTUDE n. f., tardlf(l9031, semble antérieur
mot résctive la valeur d’eaccomplissement* dans à complétude et s’emploie didactiquement.
l’expression complément de béatitude (17321, en 0 “or COMPLÉMENT.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COh4PASSER
lit& et =examiner les rapports de ressemblance et l’adaptation de l’italien compartimento -division
de dissemblance entre [des personnes, des d’une surface par des lignes régulières (1348) et
chosesIn cv. 1225). De ce dernier sens procèdent *ensemble de lignes formant un motif décoratifs
quelques emplois spéciaux en droit (1718, comparer ~VI~S., Palladio en architecture, Car0 en parlant
des écritures) et en sciences de la nature, domaine des jardins). Le mot est dérivé de compartire *par-
où le participe passé COMPARÉ, ÉE est adjectiv$. tager, diviser-, du bas latin compatiri, proprement
d’abord dans anatomie comparée (1805, Cuvier). A *partager avecs, de cum =avec, ensemble> (- CO-)et
cet emploi se sont ajoutés de nombreux syntagmes de partiri (+ partir).
dans des domaines de connaissance variés : droit (Les deux sens repris à l’italien, =ensemble de
comparé, littérature comparée, etc. (voir ci-dessous lignes formant un motif décoratif* et division d’une
comparatisme). surface en lignes régulières~ (1546). ont disparu, et
.COMPARATIF,IVE adj. est empâté (1290) Z&U seul le sémantisme du second s’est conservé. Le
latin comparatiws, du supin de comparare. 011 mot, par métonymie, a désigné la division inté-
qualifie ce qui contient ou établit une comparaison, rieure d’un meuble (1749). Par extension, il est ap-
notamment en grammaire, la forme des adjectifs pliqué à un habitacle (17971,spécialement à la diw
qui expriment supériorité (pplus),infériorité (moin.sI sion d’une voiture de voyageurs de chemin de fer
ou égalité lau.ssiI. Il est aussi substantivé Ile compa- (1855, Ampère). Ce dernier emploi est appelé à re
ratif etlesuperlatit). -COMPARATIVEMENT~~~. culer avec la multiplication, après 1970, des voi-
(1556) équivaut à “par comparaison, en compa- tures de voyageurs non subdivisées. Le mot a en
ranbc outre des emplois abstraits.
On a tiré du radical latin le moderne et didactique t Le dénominatif COMPARTIMENTER~.~~.(~~~~),
COMPARATEUR n.m. (1820, nom d’un instru- =diviser en comparthnents~, a reçu une acception
ment de physique servant à comparer les lon- spéciale en topographie et développé des emplois
gue- de deux règles. -COMPARAISON n.f, métaphoriques. oSon dérivé COMPARTIMEN-
emprunt francisé au latin comparatio, est attesté TAGE n. m. (1892) est COnCUtTenCé par COMPAR-
depuis 1174 et spécialisé depuis 1268 comme terme TIMENTATION n. f. (1935) comme substantif d’ac-
de rhétorique -COMPARABLE adj., emprunté tien, mais l’emporte pour l’emploi métonymique de
(v. 1225) au latin comparabik, a produit à son tour *façon dont qqch. est compartimentés.
le mot didactique COMPARABILITÉ n.f. (1832).
-INCOMPARABLE adj. a été emprunté (v. 1200) COMPAS +COMPASSER
au dérivé latin incomparabtiis et a pris dans l’usage
commun le sens hyperbolique de -magnifique, hors COMPASSER v. tr. est issu (1130-1140) d’un
du commun~@inxv"s.).~En est dérivéINCOMPA- bas latin “compassare -mesurer avec le pasx, de
RABLEMENT adv. (v. 12001,relativement courant, cum =avecn (+ CO-Iet passas (+ pas).
surtout dans l’emploi hypetiolique pour sbeau-
+Le sens du verbe s’est rapidement, restreint, de
coup=. -C’est de l’expression formée avec le parti-
*ordonner d’une manière régulière> à *mesurer
cipe passé de comparer, littérature comparée, et de
exactement* et, sous l’influence de son déverbal
syntagmes analogues, que viennent COMPARA-
compas, *mesurer au compas~. De là, des spéciali-
TISME n.m. (v.1900) et COMPARATISTE n.
sations en reliure (16801,en marine (1690, compas-
(v. 1900) dans le domaine des études littéraires
ser une carte) et, au XVII?~., en termes de mines
comparées, et aussi du droit.
(1704, compasser les feux). 0 Le sens figuré de =ré-
COMPARSE n. est emprunté (1669) à l’italien gler minutieusement> (apr. 14331,d’où &udier ses
comparsa, d’abord eapparitionn an XVIe- paroles, son attitude, son maintiens (av. 15441,ne
déb. XVII~s.), =action de figurer dans un carrouseln survit que dans l’usage littéraire du participe passé
(1650-1700) et &gurant muet dans une pièce de adjectivé COMPASSÉ. ÉE =raide, affect& (16901,
théâtre> (1681). Lui-même est le participe passé fé- courant à propos des personnes et des comporte-
minin substantivé de comparire, de même origine ments.
que le français comparaître* sous sa forme an- t Le déverbal COMPAS n. m., d’abord campas
cienne compamir. (déb. XII”~.), a perdu son ancienne valeur dyna-
+ Le sens d’emprunt est celui de *participation à un mique de =mesureB pour désigner un instrument
carrousel* (à rapprocher de comparution), alors de mesure. se spécialisant rapidement pour dé-
nom féminin. sorti d’usage après le développement nommer un instrument formé de deux tiges arti-
des autres acceptions. o Eh effet, les comparses dé- culées, destiné à tracer des cercles parfaits. La lo-
signe par métonymie les personnes figurant dans cution figurée avoir le compas dans l’oeil (1740)
le carrousel (v. 1740)et, depuis 1798 (au masculin ou si@e =esthner, apprécier (des distances) avec
au féminin), un personnage muet dans une pièce exactitudes. Par analogie, compas désigne (XE”s.)
de théâtre. Cette dernière valeur a produit le sens d’autres instruments de mesure professionnels
courant de *personnage de second plaw par ré- (1676) et, par figure familière, la paire de jambes
férence à une activité collective Icomparse ckk ou (1829). Compas de mer #boussole marinen (15751est
absolument, *personnage sans personnalité, ef- peut-être un emprunt sémantique à l’anglais
fac&. compass, attesté en ce sens dès le xves., avec un
cheminement de sens qui se comprend d’après la
COMPARTIMENT n. m., emprunt (1542) fai- forme circulaire de la boussole et sa fonction (évo-
sant partie de la vague d’italianismes du XVI~s., est lution qui aurait eu lieu en italien dès les XIII~-
COMPLOT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

COMPLOT n. m. Uïn xues.) est d’origine incer- ment la manière d’agir, pour un être animé et,
taine : P. Guiraud voit dans Son radical un reprk quelquefois. pour une chose; cet emploi, courant
sentant de pelot, pelote* avec chute de l’e atone au XVI~ s., a été repris au xY s. dans le domaine de
entre p et 1 komme dans l’anglais plot *complota). la physique. Le mot a été réintroduit dans la langue
La pelote étant primitivement constituée d’une de la psychologie par Pi&on (1908) comme éqti-
boule de cordelettes très serrées recouverte de valent de l’angle-américain bekwior. -Il y a pro-
peau. un verbe “com-peloter, selon Guiraud, aurait duit COMPORTEMENTAL. ALE. AUX adj. (19491,
pu signifier amettre ensemble de petits bouts de correspondant à l’angle-américain behatiral dont
corde en les serrant autour de l’un d’euxn : ces trois il a adopté la finale.
éléments de Sens, -assemblage*, =Serré* et -~~COU-
verts, donc -cachés, sont bien réalisés dans + COMPOSER v. tr. et intr. est l’adaptation
complot. (v. 1120), d’après poser*, du latin componere, de
cum «avec+ (-CO-) et ponere (+ pondre), littérale-
4 Le sens concret de -foule compactem a disparu au
ment #placer. poser ensembleB, d’où -faire on tout
profit du sens abstrait, -accord, intelligence entre
avec des éléments divew, -mettre en ordre=, -ré-
plusieurs personnes= (1180-l 191X, rapidement spé-
gler un différend= et =Convenir d’une chosen.
cialisé avec la valeur moderne de ~conjuration=
(1213-1214). + Le verbe est apparu avec le sens d’sassembler des
éléments en on touts. d’abord dans un contexte
w C’est le cas de COMPLOTER v. tr. (1450) et de son
abstrait sorti d’usage en emploi général, mais très
dérivé COMPLOTEUR n. m., attesté au féminin
vivant dans des contextes particuliers, en parlant
comploteuse (1571), puis au masculin (1580), et rare
d’une mm-e écrite (XIV S.I. musicale (1508) et aussi.
avant le ~~“Siècle. Si le substantif peut encore
concrètement, d’un assemblage typographique
avoir sa valeur forte, ses dérivés sont le plus
(1531). Dans ces deux emplois, il a acquis une auto-
souvent employés avec un sens affaibli ou plaisant
nomie renforcée par l’usage fréquent de composi-
d’entente dissimulée pour un motiisocial ou affec-
teur, alors que sur le plan de la création littéraire, il
tif (6. k-e une surprise* à qqn).
est fortement concurrencé par écrire (soutenu par
COMPONCTION n. f., d’abord compunctton écrivain). -Par extension, composer exprime le
Cv. 11201, est emprunté au bas latin compunctio, fait d’sélaborer une apparence, se donner une
proprement cpiqûrw, -douleur poignantes dans le contenances (1559, composer son visage). -Em-
vocabulaire médical, employé parles auteurs ch& ployé absolument, il concerne surtout I’exercice
tiens au sens moral de =douleur. amertume> et scolaire consistant à faire un devoir de mise en
=douleur de l’âme causée par le sentiment du pé- ordre et de synthèse dans un temps limité (1690).
ché*. Compunctio est le substantif d’action formé -Le sens intransitif de =traiter, négocier- (1354.
SUT le supin Icompunctum) de compungere, verbe 1376) est un emprunt sémantique au latin, passé du
composé de cum (-CO-) et de pungere =Piquer, langage de la diplomatie (fin xv” s., composer avec
tourmenten (+ poindre). l’ennemi) au langage courant où il appartient à
+ Le mot a été introduit avec son sens religieux de l’usage soutenu (fin XVIII~ s., composer avec les préju-
-douleur, amer-hune= (en style biblique tin de la gés,.
componction) et, en termes de piété, =Sentiment de c COMPOSÉ. ÉE son participe passé adjectivé et
contrition à l’idée d’avoir offensé Dieu* @n XII~ s.l. substantivé, a pris des sens spécialisés dans plu-
0 Il s’est répandu dans la langue littéraire (1745, sieurs sciences dont la grammaire (15491, la biolo-
avec componction1 en parlant d’une attitude de gie (17011, l’arithmétique (1721, nombre composé) et
contrition tichée, en général affectée ou ostenta- la chimie (1721) où il a d’abord désigné ce que l’on
toire; même avec ces connotations péjoratives, le appelle aujourd’hui une combinaison, avant de
mot a vieilli. perdant sa valeur étymologique au s’opposer à un corps simple. 0 La botanique en a
profit d’une autre valeur, non moins péjorative, fait un terme générique par substantivation de
*piété affectée, douceur mielleuses. ffleur.4 composées (1815, Composées) avant de le re-
faire en COMPOSACÉES n. f. pl. au >op siècle.
COMPORTER v. tr. est emprunté tixn”s.) au 0 SLJRCOMPOS8. ÉE adj. s’emploie en gram-
latin comportare =Porter. transporter-, =réunir dans maire (av. 17231, à propos des temps Ve&aux, et en
un lieu, amassep, de cum (+ CO-I et portare lb por- botanique (1797). -L’~~~~&~coMPosANT, ANTE
ter). tiré du participe présent Hhnents composants), a
+ Le sens concret de -porter dans ses bras*. encore été substantivé au masculin ~VIII” s.), plus tard spé-
attesté au ~VU~S.. a disparu au profit du verbe cialisé en technique fcomposants électroniqued, et
simple porter. Le développement des sens a obéi à aussi au fémhk COMPOSANTE n. f. avec des va-
la même logique que celui des sens fv&rés de par- leurs spécialisées (1811 en mécanique, Lagrange).
ter : passant aux valeurs de -porter en soi, contenir, Sur composer dans son emploi spécial en typogra-
inclure= (v. 1450) et *u pronominal secomporter phie, Ont été formés COMPOSEUSE n. f. (1866) et.
agir de telle manière envers qqn>. Le sens de par COITIpOSitiOn, PHOTOCOMPOSEUSE Il. f.
-rendre possibles et, sur le plitn affectif. ~so&rir la (av. 19661 qui correspond à photocomposition (ci-
possibilité, supporter- (av. 15501, s’est éteint, mais dessous).
fait encore l’objet d’emplois stylistiques chez cer- COMPOSITION n. f. est emprunté (v. 11551 au dé-
tains écrivains aux Wp et xxe siècles. rivé latin compos~ti (de positio, dérivé du supin de
t COMPORTEMENT n. In. procède (apr. 1450) de ponere) cfait de mettre ensemble> d’où -prépara-
l’emploi pronominal du verbe : il désigne couram- tion de qqch.*, <création d’une oeuvre, d’un ouvrage
DE LA LANGUE FRANÇAISE coh4PJAINTlz
COMPÈRE n. m,. d’abord conpere (1174-11771, du verbe latin competere -chercher à atteindre
est issu du latin ecclésiastique compater -parrains, concurremment~, a été supplanté par le terme ap
mot parallèle à commater (+commèrel, de cum parenté compétition* et a disparu. -Les contraires
(+ CO-)et pater (+ père). proprement #père avec>. préfixés INCOMPÉTENT,ENTE~~~.&INCOMPÉ-
+L’évolution du mot est paralIèle à celle de TENCE n. f. sont apparus au xv8 s.: ils ont au-
commère : l’ancien terme de parenté cède la place jourd’hui une double valeur, juridique et courante.
au terme d’amitié @n XV s.1 et au sens courant de -Leve~eCOMPÉTER.emprunté(V.l370)a"latin
ami, camarade, complice> (15941. Le mot est ar- competere (ci-dessus), s’est employé en moyen
chaïque ou plaisant ; ses valeurs, généralement po- français au sens de cappartenir à, revenir à (qqn)*
sitives, contrastent avec celles de commère. kvPs.1 et =être conforme b (1541). Il s’est maintenu
plus longtemps dans la langue du droit, spéciale-
.Le dérivé COMPÉRAGE n. m., d’abord conpa- ment avec le sens d’&tre de la compétence d’un
rage (1174-l 1771,a désigné un lien spirituel entre tribunal- (17981,mais ne s’est pas répandu en partie
les parents de l’enfant baptisé et le parrain. Une at- à cause de la paronymie avec péter.
testation isolée au Xvp s. dans un contexte de trom- 0 voir COMPkllTION.
perle (v. 15341 annonce une reprise au sens de
=Complicité douteuse> (1718, tout se fait par compé- COMPÉTITION n.f. est emprunté (1759) à
rage); cette acception a disparu au profit de copi- l’anglais competition &x&t&, spécialement dans
nage.-Le nomd’oiseau COMPÈRE-LORIOT~. m. le domaine du commerce et de la politique, lui-
(15641 est d’origine très discutée. On a notamment même emprunté (xvn”s.1 au bas latin competitio
émis l’hypothèse que le terme, véhiculé du Midi -accord, candidature rivale2, de competere
vers le Nord par la vallée du Rhône, résulterait de (- compéter).
l’allongement, au moyen de compère*, d’une forme +Le français a repris le mot avec le sens anglais de
lyonnaise pirghyoe, pirloryo, interprétée ‘père lo- civalité~, spécialisé dans le domaine sportif (où
ri&, et remontant à deux mots grecs de Marseille : l’anglais emploie challenge) à la fin du xc? siècle.
pum3.s <rouge feus (+ pyro-1 et hhlônôn (-loriot). c COMPÉTITIF, IVE adj., =relatif à la compétitions
oEn français même, le développement du sens (19071, a été formé sous lïnfIuence de l’anglais
d’wrgelet* (1838) a probablement eu lieu dans le competitive (1829, dans le domaine écbnomiquel. Il
nord de la France par parallélisme avec loriot qui doit probablement à ce dernier sa spécialisation en
possède également les deux sens en rouchi (patois économie (19541. 0 Il a produit COMPÉTITIVITÉ
du Nord) et qui résulterait de l’évolution conver- n. f. (19601,devenu courant dans le contexte du ca-
gente du latin aureolw (- loriot) et hordeolus (+ or- pitalisme libéral qui place les notions de compéti-
gelet). avec agglutination de l’article délïni. tion et de défi (souvent nommées par un nouvel an-
glicisme challenge*) au centre de sa symbolique.
COMPÉTENT, ENTE adj. est un emprunt
du X~II~s. (v. 12401au latin juridique competens, par- COMPILER v. tr. est emprunté Iv. 1265) au la-
ticipe présent du Vex%e competere qui sera em- tin compikzre, de cum, com- (+ CO-Iet pilare -piller
prunté un peu plus tard (ci-dessous). Competere si- qqch., dépouiller qqn* (+ piller) et, en latin médié-
gniCe stendre vers un même point> et, au figuré, val (vnr” s.), -écrire, composer-. Le développement
<convenir à. appartenir àp, et spécialement en droit de ce sens se comprend dans le cadre d’une épo-
-appartenir en vertu d’un droitm ; le ver%e est formé que où la prétention à l’originalité n’avait pas
de cum *avec> (+ CO-Iet de petere =Chercher à ob- cours, pour des raisons esthétiques et socio-cultu-
te* (+ pétition). r-elles, s’agissant de retrouver et de transmettre
des informations perdues.
+ Compétent a eu le sens général du verbe latin
econvenable, appropriém, mais le plus souvent en &Le mot signifie composer un recueil à partir
contexte juridique, s’appliquant notamment à une d’extraits de divers auteurs*, souvent avec une va-
instance judiciaire (14801 en relation avec compé- leur péjorative (17581 depuis que s’est dégagée la
tence, alors néologisme. De là, une nouvelle géné- notion moderne de création artistique. Par réem-
ralisation pour #capable par ses connaissances et prurit à l’anglais tocompik, lui-même emprunté
son expé!ience= (1680). (xn8 s.) au français et qui a la valeur non péjorative
de ‘rédiger (un ouvrage de référence, par ex. un
~Son dérivé COMPÉTEMMENT adv. (13141, occa- dictionnaire)*, compiler a parfois cette valeur, ainsi
sionnellement concurrencé par compétentement que l’acception technique propre à l’informatique
chez les auteurs décadents de la 6n du ti s., est de =transformer en code binaire*, par un nouvel
archaïque dès le xv? siècle. -COMPÉTENCE n. f., anglicisme.
emprunté (v. 14601au bas latin competenti “pro- tCOMPILATION n. f (1230-1250) et COMPILA-
portion, juste rapport>, a suivi la même évolution. TEUR,TRICE 1X(1425), F3SpeCkement empn.déS
de l’emploi juridique spécialisé (1596) à l’emploi gé- aux dérivés latins compihti et compilator, ont
néral pour =Capacité due au savoir, à l’expérlencen suivi l’évolution du verbe et, en informatique, cal-
(16901, ce dernier donnant lieu à métonymie pour quent l’anglais compilation, compiler. 0 Compila-
cpersonne compétentea 0903, au pluriel). Son em- tion. abrégé en COMPILE n.f. (19901, est I-éem-
ploi récent en linguistique (v. 19601vient de l’an- prunté à l’angle-américain pour -sélection
glaiS competewe (de même originel que d’enregistrements sur disque-.
N. Chomsky a intégré à sa terminologie, en opposi-
tion à performance. o Le sens de ~rivalité, CO~~UT- COMPLAINTE n. f. est le participe passé fé-
rencem (15851,qui s’était développé sous la pression minin substantivé (v. 11751 de l’ancien verbe
coMPREssEFt 828 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

.À côté de compréhension (ci-dessousl, com- tés aux dérivés latins de comprimere, communs à
prendre a produit un nom moderne familier, dé- comprimer et à compresser.
cliné régionalement en COMPRENURE n. f. (Bour-
gagne, Est), COMPRENETTE n. f. (1896, à Paris) et COMPRIMER y. tr. est emprunté (13141 au la-
COMPRENOIRE n.f. (1926, dans le Nord et tin comprimere =Serrer, presser, reteti, de cwn
l’ouest). -Le composé antonyme de son participe (b CO-) et premere (+ presser).
passé adjectivé, INCOMPRIS, ISE adj. lv. 14591, est + Le mot a été repris avec le sens du latin dans un
également courant depuis 1831 dans une acception contexte médical et technique. Il a bientôt déve-
affective, *qui n’est pas reconnu dans sa pemonna- loppé ou repris au latin le sens figuré de &duire,
lit&, due à l’iniluence de compréhension; il est éga- réprimez-, réalisé spécialement dans un conteste
lement substantivé. politique (av. 1380, comprimer les mouvements du
COMPRÉHENSIBLE adj. (av. 13751 et INCOMPRE- peuple) ; ce sens a disparu au xc? siècle.
HENSIBLE adj. 113771sont des emprunts aux mots t SOu participe pa.%é COMPRIME, ÉE employé ad-
latins comprehensibilis et incomprehensibilis. In- jectivement dès le xn+ s. au sens concret, d’où, par
compréhensible s’est répandu avec la valeur ai%.- exemple, air comprimé, a été substantivé (18971
blie de -diikile à expliquer- 116891. pour désigner une pastille pharmaceutique en
COMPRÉHENSIONII. f. est emprunté (13721au la- poudre comprimée (en concurrence avec cachet,
tin comprehensio csction de saisir ensemble, d’où employé à tort). 0 Les mots directement issus du
wction de saisir par l’intelligences, dérivé du supin verbe sont le dérivé COMPRIMABLE adj. 118451,
de comprehmdere (voir comprendre, ci-dessus). synonyme du mot savant compresstik Ici-dessous).
Longtemps réservé à l’usage didactique, le mot et le préfixé DÉCOMPRIMER y. tr. (18451. employé
s’est répandu au XVIII~siècle. Au xc? s., il a déve- en sciences, en médecine, et auquel correspond
loppé une spécialisation psychologique et morale, comme substantif d’action décompression. Ce
‘qualité d’un être capable de comprendre autrui=. verbe a pour équivalent mcent décompresser
-Ce sens psychologique a produit l’antonyme IN- b presser).
COMPREHENSION n. f. 119601.oLe COmpOSé IN- COMPRESSION n. f. 113141a été emprunté au bas
TERCOMPRÉHENSION n. f. est attesté depuis latin compressio ‘action de comprimer, mpres-
1913 (en contexte linguistique). -COMPRÉHEN- sionm. formé sur le supin de comprimre. Repris
SIF, IVE adj. (15011. eIBprWté pour la forme au la- avec son sens concret en médecine et employé spé-
tin médiéval comprehensivus -collectifs (en gram cialement en physique f1586, Palissyl, le mot a
maire), s’est aligné pour ses sens sur comprendre. vieilli au sens figure de -contrainte=. supplanté par
Employé au xvies. dans les syntagmes V&U répression. Cependant, il est usuel dans un
comprehensive et comprehmsive veuf? (15521,il a été contexte économique contemporain, au sens de
repris au axes. (18211,surtout dans l’acception psy- ~réduction~ (de personnel, de dépenses). 011 a
chologique correspondant à compréhension. -Il a sewl à former par préiïxation DECOMPRESSION
SeIVi a fOImer COMPRÉHENSIVITÉ n.f. (18341, n. f. 118681,utiié spécialement en physique et en
nom de qualité d’usage didactique et rare, médecine. -COMPRESSIF, IVE a@., de sens actif
COMPRÉHENSIVEMENT adv. (19511 et l’auto- 114781,a été emprunté au latii médiéval compressi-
nyme INCOMPREHENSIF, IVE adj. (18351. vus -COMPRESSIBLE adj., de sens passif est
formé savamment 116481 sur le radical du latin
COMPRESSER y. tr. est emprunté 11314:pro- compressus, participe passé de comprimera. 0 Les
bablement antérieur 16. compresse, ci-dessous) au trois dérivés de ce mot. INCOMPRESSIBLE a&
bas latin compressare, forme fréquentative de COMPRESSIBILITE n. f. et INCOMPRESSIBILITÉ
comprimere l+ comprimer1 au sens de #comprimer n. f., sont enregistrés en même temps 116801.Tous
à plusieurs reprises,. ont des valeurs concrètes, techniques et un emploi
figuré klbpenses incompressibles).
*Le verbe, qui signiiïe +errer fortement*, ne s’est COMPRESSEUR ri. m., dérivé savamment (18081
jamais bien implanté. Repris sporadiquement au
du radical du latin compressus, a d’abord nommé
xvf s. puis fin xwe s., il a été gêné par la concw
un muscle avant de se spécialiser comme nom
race de comprimer. Il a été repris au x? a avec le
d’instrument en chirurgie (18241et en mécanique,
sens de &s.sse~ sous lïnikence de presser, mals couramment dans rouleau compresseur (18781.0 Il
cet emploi est contesté.
est employé avec la valeur d’un adjectif au sens
c MalgrG l’important hiatus chronologique qui sé- propre et au sens figuré (18421.
pare les deus mots, COMPRESSE n. f. est en géné- 0 voir cor.waEssEa.
ral considéré comme le déverbal (v. 11591 de
compresser. En témoigne l’ancien sens d‘action de COMPROMETTRE y. tr. est emprunté 112831
presser, de serrer=, disparu à la iln du moyen âge au latin juridique compromitiere, littéralement
au profit du sens concret, &nge plié que l’on ap- -promettre avec, d’où =s’engager mutuellement à
plique sur une plaie> (15391,issu par métonymie du soumettre un différend à l’arbitrage d’un tiers>. Le
précédent. -Compresser, au sens le plus rkent, a verbe est formé de cum G~o-1 et de promittere
pour pP%Xé antonyme DÉCOMPRESSER v.tr. f+ promettre).
(19661,équivalent de décomprimer, qui possède en *Le verbe a été employé absolument avec le sens
propre le sens de =relâcher sa tension nerveuses en juridique apparu en latin médiéval, aujourd’hui
emploi absolu. o L’absence d’autres dérivés s’ex- sorti d’usage. Il avait développé un sens figuré, -se
plique par la présence de plusieurs mots, emprun- soumettre à. (15801.que l’on rencontre chez Mon-
DE LA LANGUE FRANÇAISE COh4PLIQUER
COMPLEXE adj. et n. m. est emprunté (xix+ s.1 + Repris avec la spécialisation péjorative, le mot est
au latin compkxus kit d’éléments imbriqués>. resté plus rare avec le sens neutre de =compagnon,
participe passé adjectivé de compkcti =embrasser, ani> (v. 14661.
comprendrez, de cum, com- C+C~-1 et plectere t COMPLICITE ri. f. (14201,-participation à une ac-
-plier, entrelaceIr l+ plier). tien répréhensiblem, prend aussi, plus souvent que
t Attesté une première fois dans un contexte ob- complice, le sens d’wxord profond, tacite, entre
scur fComplexion est sans complexe), le mot est re- deux êtres*, connoté favorablement. Complice et
pris au xvie s. comme adjectif pour qualifier ce qui complicité, au sens péjoratif correspondent à une
est composé de divers éléments hétérogènes notion précise en droit pénal.
kompkxe guerelk1. 11 reçoit des acceptions spé- COMPLIES n. f. pl. est l’adaptation lv. 11201,
ciales en logique (16521et mathématiques fnombre d’après l’ancien français complir (+ accomplirl. du
complexe) et, ultérieurement, tend abusivement latin chrétien completa (sous-entendu horol, au
dans l’usage commun à se rapprocher de compli- pluriel completae @tome), sheure qui complète,
qué. oSubstantivé au sens d’-ensemblen 117811en achève l’officem, substantivation de completa, parti-
physiologie, où il traduit le latin complexes em- cipe passé féminin de completus l- complet).
ployé concurremment (17031.il passe en chimie et
+Ce terme de liturgie catholique, qui désigne
en économie 119181.0 Son emploi spécial en psy-
l’heure canoniale portant l’office divin à son achè-
chanalyse est un calque de l’allemand Komplex,
vement, a d’abord été employé au singulier. Le plu-
terme d’abord utilisé par le physiologiste J. Breuer
riel (XIII~s.1s’est généralisé au xve s. par alignement
dans ses Études sur l’hystérie 118951 puis par
sur vêpres, matines, Eaudes.
C. G. Jung et S. Freud (1909-19101,la psychanalyse
freudienne le dihksant, notamment dans complexe COMPLIMENT n.m. est emprunté (16041 à
Cl’CEdipe,complexe d’infériorité, etc. Ce sens s’est l’italien cumplimento sacte. expression d’hom-
vulgarisé en ~sentiment d’infériorités (19301 dans mage* (1578.15941, lui-même emprunté à l’espa-
faire des complexes (19601. gnol cumplimiento -abondance- bon” s.l. Celui-ci est
c COMPLEXITÉ n. f. fournit tardivement (17551 le issu de cumplir (du latin complere +accomplirl,
nom d’état correspondant à complexe. 0 Ultérieu- dans l’expression cumplir con alguien *accomplir
rement celui-ci a servi à former COMPLEXIF. IVE les politesses requises envers qqn,.
adj. 118721,terme de botanique qui a supplanté $Le mot, d’abord appliqué à un acte, la visite de
compkctif: formé 118381 sur le radical du latin courtoisie faite à un personnage officiel, désigne
complecti et jugé ebarbate> par Littré. -Au XY s.. ensuite des paroles élogieuses adressées à qqn en
COMPLEXIFIER y. tr. 119511,d’où COMPLEXIFI- diverses occasions 116081.D’un très grand usage so-
CATION n. f. (19551,correspondent au sens général cial à l’époque classique et jusqu’au xi? s., le mot a
de l’adjectif complexe, alors que l’emploi du nom perdu en importance avec la simpliiïcation du code
en psychanalyse et son usage vulgarisé suscitent de la politesse. En témoigne son emploi ironique
COMPLEXÉ, ÉE adj. 119601, COMPLEXER y. tr. (débiter un, son compliment).
1~.19621,d'où DECOMPLEXER y. tr. (19621. +Du dérivé COMPLIMENTER y. tr.. présenté en
0 voir COMPLEXION. COMPLICE. 1634 comme un néologisme. vient COMPLIMEN-
TEUR, EUSE sdj. (16231, dont l’emploi substantivé
COMPLEXION n. f., d’abord comph-iun (1657-16901est devenu archaïque.
lv. 11201,est emprunté au latin completi dssem- COMPLIQUER y. tr. est emprunté, d’abord
blage d’éléments divers,, dérivé de compkxus au participe COMPLIQUE, ÉE buv-xve s.1 au latin
l-complexe), puis, à basse époque et en latin mé- complicare, proprement *plier en enroulant~ d’où,
diéval, -tempéraments. au ligué, la notion d’embarras komplica notio
+Introduit avec cette spécialisation, le mot s’est <idée confbse~l. Le verbe est formé de cum (+ CO-I
éloigné de complexe*. ll désigne le tempérament et de pliure (+ plier).
physique de l’être humain mais non le tempéra- (Jusqu’au xv? s., seul compliqué est attesté. Le
ment moral, malgré une tentative en moyen fram verbe apparaît une première fois dans son accep-
çais (xv’-XVI” s.l. Ce sens moral était probablement tion littérale, =replier, enrouler, à la 6n du XVII~s.
antérieur, si l’on en juge par l’emploi de avant de prendre son sens actuel, -rendre
COMPLEXIONNÉ. ÉE chez Oresme (v. 13701.-qui complexe, diiBcile à comprendrez, à la forme pro-
a un certain caractère (complexion) moral, psycho- nominale et transitive (17971.De nos jours, il a pris
logiques. un emploi pronominal indirect (se compliquer la
Vit?).
COMPLICE edj. et n.. d’abord complisse (13271, w COMPLICATION II. f., emprunté fv. 13701au dé-
est emprunté au bas latin compkx, -icis wni. asso- rivé bas latin complicatio avec le sens d’-assem-
cl&, substantivé chez les auteurs chrétiens à pro blage de choses différentes>. a surtout été employé
pos de celui qui s’associe à qqn pour commettre un dans le domaine médical en parlant d’un ensemble
méfait. Le mot est dérivé du supin de complecti compliqué. Le sens général, wxractère de ce qui
=enlacer étroitement* l- complément, complexe), est compliqués 117941,a donné un emploi métony-
verbe formé de cam l-col et de pkctere ~entrela- mique particulier lune, des complicotihsI, très vi-
ter=; plicare, forme intensive sans le t sufhxal, a vant en pathologie avec le sens d’+aggravation se-
donné plier*. condaire-.
COMPULSER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et financlerx, et par métonymie wnsemble de paru et ne survit que dans le déverbal MÉCOMPTE
comptes ai@ établism fia comptabüité d’une entre- n. m. (XIII~ s.l. =espérance déçue= (avec l’idée d’une
prise, de l’Etatl. L’importance de comptabilité est <erreur de prévision*). -DÉCOMPTER Y. tr. (12663
devenue considérable tant pour désigner l’activité =retrsncher d’un comptes, s’il n’a pas totalement
des comptes que la théorie des calculs financiers et disparu, est moins répandu que le déverbal DÉ-
l’ensemble des comptes d’une entreprise. d’un do- COMPTE n. m. (1263, dans l’aIK%eMe locution figw
maine économique, d’une nation. L’enseignement rée sans deswnt =sans relâche~l. Décompte a pris
et la diffusion de la discipline lui valent d’être par extension le sens de #dénombrement des élé-
abrégé familièrement en COMPTA n. f. oDe ments constitutif% d’un ensembles (av. 17991.
comptabk? viennent aussi COMPTABILISER v. tr. -Quant à escompter*, escompte, ce sont des em-
(1900). d’où COMPTABILISATION n. f. (19521, prunts à des mots italiens.
COMPTABILISABLE adj. (1950); COMPTABLE- 0 voir COMPUT. ESCOMPTER
MENT adv. hi,. ti S.I. -COMPTAGE n. m.,
d’abord comptaige (14151 dans un ancien emploi ju- COMPULSER v. tr. est emprunté (xvPs.1 au
ridique, ne s’est pas imposé comme nom d’action latin compukare -donner des coups. pousser fort-,
de compter mkule~. Repris comme tel à la fin du au figuré =Se heurtep, spécialisé à l’époque jur-
XVIII~ s. (av. 1778, Voltaire), il s’est spécialisé dans le dique dans la langue du droit. Ce mot est le k-é-
langage scientl6que (1797, chimie). -COMPTINE quentatif de compellere (supin compulsum) *pou+
n. f. -formule récitéeD est le dérivé le plus tardif de ser ensembles. -obliger*, de com- (+ CO-I et pellere,
compter (19221, malgré l’ancienneté de la pratique dont un dérivé a donné pousser*.
qu’il désigne dans les jeux d’enfants. 4 Le verbe a signifié ~contraindre, obliger-. avant de
COMPTE n. m., d’abord cunte Iv. 10801, conte (1165. se spécialiser dans un sens juridique, ‘exiger la
11701 puis compte (fk XIII~ s.1 par différenciation sé- communication de documents chez un officier pu-
mantique avec conte*, est issu du latin compufus blic> (av. 15881. Celui-ci s’est effacé derrière son ex-
=Compte. calculs (+ computl. -Le mot apparaît au tension métonymique, =Prendre connaissance des
sens actif de <calcul (d’une quantitél~ et désigne documents déposés*, laquelle a donné le sens cou-
très tôt, par métonymie, le résultat du calcul, la rant de -zonsulter, examiner des documents= (at-
quantité dénombrée (1165-11701. C’est de ce sens testé 18001.
que découle une phraséologie usuelle très abon-
t Ce sens courant du verbe est probablement vi-
dante qui est représentée par à ce compte =de ce
vant dès le XVIII~ s., si l’on en juge par ses dérivés
point de vuen (1165-l 170). en f?n de compte Cv.13501,
COMPULSEUR n. m. (1768) et COMPULSATION
à bon compte (lin xv” s.), être loin du compte (15721,
n.f. (17871. -COMPULSION n.f. est eInprU&é
au bout du compte (1595). trouverson compte (1549;
(12981 au bas latin compulsio =contraink, somma-
1634, au figuré), avoir son compte (1634; 1675, par
tion juridique, mise en demeure de payer-. Le sens
antiphrase). régferses wmptes avec qqn (av. 17041,
général de ScontrainteD est attesté sporadiquement
donner son wmpte à qqn (1798) et son compte est
en ancien tiçals, puis au xv? s., avant d’être re-
bon (1635). 0 Le sens d’&at détaillé des recettes et
pris au XIX~ s. et de connaître une nouvelle exten-
des dépenses> (v. 1155) a donné lui aussi de nom-
sion figurée dans le vocabulaire psychanalytique,
breuses locutions figurées dès l’apparition du mot,
d’après l’anglais compu.kion et sous l’influence de
avec rendre wmpte de (v. 11551 et absolument
pulsion*. o Le sens d’+ction de consulter des do-
rendre wmpte @in XII~ s.), demander des comptes
cuments~ (17601 a disparu; il correspondait à
(12831. tenir compte de qqn ou qqch. (1220-12251, se
compukatim. -COMPULSIF,IVE adj. (1564) a
rendre compte de qqcb. (av. 17101. oLe sens
suivi la même évolution. se spécialisant en psycha-
propre lui-même (1231) vit dans Chambre des
nalyse et en psychologie (19291 comme traduction
comptes (13091, Cour des comptes et dans des lo-
de l’anglais compulsive. A la manière de complexe,
cutions comme à wmpte (1740) & valoti ou
il a bénéficié de la vogue de la psychanalyse.
compte courant (16751, les locutions figurées
-COMPULSIONNEL. ELLE adj. (déb. >Oc”s.) et
prendre sur son compte (1663) et pour son propre
COMPULSIVEMENT adv. (19291 s’emploient en
compte (16781 impliquant une idée de -profit> dans
psychanalyse.
un cas, de ‘responsabilité, dans l’autre.
L’élément Verbti COMPTE- & fourni le premier
COMPUT n.m. est le doublet savant de
terme de plus d’un composé du type COMPTE-
compte*, emprunté (1584) au bas latin computus
GOUTTES n. m. (av. 1850) tmxlis que le substantif
akul, comptes. de computare CG+ compter). Une
compte entre dans les composés COMPTE RENDU
forme voisine, compotus, a donné l’ancien français
n. m. (1483; 1845. sous sa forme lexicaliséel et, avec
cumpoz Iv. 1119) attesté jusqu’au xvr” s. sous la
soudure, ACOMPTE n. m. (17401, =paiement partiel
forme compost (12671, laquelle est due à l’attraction
à valok sur le montant d’une somme dues, qui I-é-
étymologique de compost (-compote) qui repré-
suite de la réunion de à compte. Acompte n’est pas
sente un dérivé de componwe (+ composer).
une graphie moderne pour l’ancien français monte
-compte> (XII~ s.) qui a disparu à la 6n du xwe siècle. + Comput désigne en religion l’ensemble des cal-
Compter a produit trois préfixés verbaux qui se culs visant à l’établissement du calendrier des fêtes
sont inégalement maintenus. -MÉCOMPTER mobiies et, par extension, l’ensemble des règles
v. tr. (v. 1155). littéralement smal compter-, surtout permettant de déterminer une date.
utilisé à la forme pronominale se dcompter au fi- k?h est dérivé COMPUTISTE n. (16111, *personne
guré -se tromper dans ses espérances+ (1456). a dis- travaillsnt à l’établissement du calendrier des fêtes
DE LA LANGUE FRANÇAISE coh4PRENDm

littéraire=, ~disposition, agencements et raccords. t Avec ce dernier sens, il a produit 0 COMPOS-


o Les sens du latin se retrouvent en français où le TER v.tr. (19221 dont on a tiré COMPOSTAGE
mot désigne l’action de former un tout en assem- n. m. (19691, souvent appliqués au contrôle des bil-
blant des éléments, spécialement en typographie lets (par perforation, etc.).
11531) et en gmmmaire (1579). puis également en
physique (1882. composition des mouvements : 1844, COMPOTE n. f., d’abord composteCv.~NO),est
$witesses Koriolisl : 1753, composition des forces). emprunté au latin “composita =mets composé de
A partir du xwe s., il est employé dans le domaine plusieurs éléments~, participe passé passif sub-
de la création artistique, notamment littéraire stantivé, au féminin, de componere Ncornposep
(15481, avec diverses extensions métonymiques. 11 b composer, composite).
est repris en musique (1680), d’après compositeur. 4 Le mot désigne un mets -composite*. composé de
0 Parallèlement, le sens de =négociationm (XIII” s.) plusieurs aliments, soit du poisson, de la viande
passe du vocabulaire de la diplomatie à celui des confits dans le vinaigre, soit des fruits con!% au vin,
relations humain es où il a donné la locution de au sucre ou au miel. 0 L’usage moderne a privilé-
bonne composition (1691) =de caractère facile=. gié le sens de *fruits écrasés ou coupés et sucrés~
0 Par pn%xation. le sens typographique a suscité kiistinct de confitwe) aux dépens de l’ancien ra-
PHOTOCOMPOSITION n. f. ~Composition photo- goût salé (sauf en gastronomie où I’on parle encore
graphiques, par exemple dans photocomposition de compote de lapereau). 0 Par analogie de consis-
programméepar ordinateur. tance, d’aspect avec le premier sens, compote est
Quant à COMPOSITE adj. (13611, il est emprunté entré dans la locution familière avoirles jambes en
au participe passé latin compositus (de componere), compote (fin xv” s.l puis, généralement, en compote
au sens propre -formé d’éléments divers*. ll l’a &cras&.
gardé en architecture (1545) mais, dans l’usage t Compotea pour dérivé direct COMPOTIER n. m.
courant, a fréquemment une connotation péjora- (1733, écrit compoptier),nom d’un plat creux dans
tive de =disparatea. lequel on sert des compotes et autres desserts.
COMPOSITEUR, TRICE n. (1274). emprunt au latin L’ancien adjectif compost,oste mêlé, composé>
compositor,n’a pas gardé son sens d’emprunt, xce- kom”s.l, représentant le participe passé adjectivé
lui qui règle un di%rend~, concurrencé par négo- latin compositus, a été substantivé en COMPOST
ciateur, arbitre, sinon dans le syntagme juridique n. m. et spécialisé en agriculture comme nom d’un
amiable compositeur.Il s’est dit de l’auteur d’un ou- engrais composé d’un mélange de fumier et de dé-
vrage (14061, emploi qui recule et disparaît (au tritus korP s.l. o Ce terme, resté bien vivant dans sa
mf s.) lorsque le mot s’est imposé en musique. Au- zone d’origine, en Normandie, alors qu’on atten-
jourd’hui, en effet, compositeurse partage entre sa drait normalement compôt, a connu une nouvelle
spécialisation musicale (15491, qui est enttie dans extension au xvur’s. sous l’irdluence de l’anglais
I’usage courant, et sa spécialisation technique en compost, lui-même emprunté à l’ancien normand
imprimerie (1513). et attesté sous la forme latinisée compostus au
b-nli kS COInpOSéS ptifixéS, DÉCOMPOSER xnf s., puis dans les textes anglais, au XVI~ siècle.
v. tr., formé au XVI’S. (1541). s’applique spéciale- -La prononciation maintenue dus de compost a
ment aux sciences, chimie, mathématiques (17541, conduit à la forme 0 COMPOSTER v. tr., depuis
physique (1810). Dans l’usage général, il a le sens l’ancien normand (13741 et l’anglo-normand (13501,
d’+dtérer profondément, (189Ol et, aux pronominal tandis que le normand évoluait parallèlement en
et participe passé, s’applique aux traits du visage compôter.Le ve&e a suivi la même extension que
(1818). -Le dérivé DÉCOMPOSITION n. f. (1694) le nom au xvm”siècle. La distinction phonétique
reprend la plupart de ces valeurs et s’applique fré- s’est maintenue en partie à cause du mot compote.
quemment à la putréfaction des matières orga-
niques. -Alors que les mots préfixés en dé- ne cor-
COMPRENDRE v. tr., d’abord cwnprendre
Cv. 11201, est emprunté au latii comprendere,forme
respondent plus aux valeurs dominantes de
contractée du latin classique comprekendere, pro-
composer (on emploie défaire, récemment dé-
prement ~saisir ensembles et, intellectuellement,
construire), RECOMPOSER v. tr. (15481, d’où RE-
=saisir par l’intelligence. la pensées. Ce vetie est
COMPOSITION n. f. (1762). conservent le séman-
formé de cum ‘avec> (-CO-) et de prehendere
tisme des mots simples.
(+ prendre).
0 voir coMPosmua, COMPOTE.
+Le sens physique de saisir, prendre, envti a
COMPOST + COMPOTE fait du mot un doublet sémantique de prendre
jusqu’au XVI~ s., quelquefois employé avec la valeur
COMPOSTEUR n. m. et adj. m. est l’adapta- très violente de cempoigner, happep. oCet em-
tion, d’après la prononciation (1672) de l’italien ploi a progressivement reculé au profit du sens
compositore, correspondant au français composi- d’=englober, embrasser en un tout> ti XIQ s.) et de
teur’ (+ composer-l.employé comme terme de ty- celui de =Concevoir, saisir par l’intelligence> @in xne-
pographie (av. 1643). déb. XXI~ s.l. Ce dernier s’est imposé plus lentement
)Le mot désigne l’ouvrier imprimeur qui assemble (il est rare jusqu’au ~V”S.), évinçant à partir du
les lettres sur la forme et lïnstrument sur lequel il xvf s. entendrede l’usage courant en ce sens. -Par
effectue cette opération (1680). Seul le nom de l’hw extension, comprendre a reçu le sens aujourd’hui
trument s’est maintenu. Par analogie, composteur dominant de ~saisir intuitivement l’essence de
s’applique à un appareil utilisé pour marquer, nu- (qqn), approuver le bien-fondé de ses motivations,,
méroter, dater, perforer (1890. auquel se rattachent certains dérivés.
CONCHI? DICTIONNAIRE HISTORIQUE

m’s.1. devenu archtique. oPar métonymie, celle-ci était à I’origine le logement du concierge
l’accent étant mis sur le produit ou le résultat de du palais. Au Québec, le mot concerne un im-
l’activité d’abstraction, il a aussi l’acception de -for- meuble d’habitation.
mer dans son esprit, dans son imaginations ti
me s.l. Repris ultérieurement au verbe latin, le sens CONCILE n. m., d’abord cuncüie (v. 1120) puis
d’sexprimer en certains termes, rédigep (1538) ne cuncik (av. 11501,concüe (v. 12601,est emprunté au
s’est pas répandu. latin concüium wxwocation~ et =sssemblée délibé-
rantes, puis en latin chrétien *assemblée de plu-
l Concevoùaproduit CONCEVABLE a& atteSté sieurs églisesB, a-&mion d’évêques>. Le mot est
une fois en 1547 et repris à partir de 1647: celui-ci a issu, sous la forme archtique “con-kalium, du
donné INCONCEVABLE adj.(1584). lequelestde- verbe, lui aussi archaïque, colore ~clamer. convo-
venu relativement courant en passant d’un sens quep (+ clamer, intercaler, nomenclature).
strict, <noo concevables à une valeur affaiblie, =ex-
travagantn ou =inacceptable*. -Le participe passé * L’ancien français a employé concile au sens d’=as-
CONÇU, très usuel, a produit le composé PRÉ- semblées dans toutes les signikations de ce mot: il
CONÇU.UE adj.(1640),1W~ent dam idéepré- lui a même donné la valeur dérivée de <conversa-
conçue, souvent avec la valeur péjorative de -pré- tion, relations entre personnes> (v. 1360) et celle de
jugén. wiifikion d’une nouvelle> Voire concile d’une
0 VOiTCONCEPi.CONCEPTION.CONCEiTI.
chosel. o L’usage moderne n’a retenu que la spé-
cialisation religieuse, <assemblée d’évêques prési-
CONCHE n. f. est issu (v. 1100) du latin CO~&U dée par le pape> (v. 1260)-différent de conclave -
*coquillage> et &cipient en forme de coquillages, et son extension métonymique, *décrets adoptés
employé dans les textes médiévaux au sens de aca- par cette assemblée ecclésiastique>, toujours au
nal. bassin en forme de coquiue= (1157). Le mot latin pluriel (1690). 0 Le langage familier, en employant
est l’adaptation du grec konkhé *coquillages, lui- le mot à propos d’une assemblée délibérative de
même appliqué, par analogie de forme, à toutes personnes, renoue involontairement avec l’usage
sortes d’objets, sens conservé en grec moderne, y ancien, avec influence de conciliabule.
compris sous la forme konkhos, spécialisée en par- t CONCILIABULE I-I. m. est emprunté (1549) au dé-
lant de la cavité de l’œil. Konkhê correspond au rivé latin concihbdum dieu de réunion*, employé
sanskrit Scinkha- scoquillem de fwon très nette. par métonymie chez les auteurs chrétiens au sens
+ Le mot a été introduit avec la spécialisation de de -concile de schismatiquess et, péjorativement,
=bassin, auge>, demeurée dans de nombreux dia- &uniow -Le mot a été repris à l’époque de la Ré-
forme pour désigner une assemblée de prélats
lectes. Il a perdu le sens de *coquille d’huîtres
(1267), encore répertorié au XVII~siècle. 0 Au xv” s., schismatiques ou convoqués illégalement Kalvinl.
il désigne le canal de dérivation d’un marais salant Avant la fm du XVI~s., il s’est répandu dans l’usage
général pour désigner une réunion secrète de per-
(14711, puis le second bassin d’un marais salant
dans lequel l’eau de mer s’évapore k580): ce sens sonnes pouvant avoir des intentions malfaisantes
de même que celui d’canse marinez (1464). est en- (15941, puis a désigné par métonymie des entre-
core vivant régionalement. tiens occultes et répétés à voix basse (au pluriel),
0 voir CONQUE.COQIJULE. emploi où il demeure vivant; il est alors senti
comme légèrement familier.
CONCIERGE n., d’abord cumcerge (1195) puis 0 voir CON-R.
concierge (v. 12201,est probablement hérité du latin CONCILIER v. tr. est emprunté (1174-1176) au
médiéval consergius (1106 et 11901,altération d’un latin conciliare -assembler, réunir= et, d’après
latin populaire “consetiw sous lïntluence de ser- concilium b concile) et concikbulum (+ concilia-
viens (+ sergent). Il représenterait le latin classique bule, à concile) *concilier, se conciliep, -procurer,
conservus *compagnon d’esclavages. de cum xavecn acheter, acquérin+; en effet, on se réunissait dans
(-CO-) et senus cesclave, (+ serf). ces assemblées pour conclure des aiTaires, traiter
+Anciennement, le concierge était celui qui avait des marchés, terminer des différends, former des
la charge d’un château. édifice officiel ou bâtiment alliances. Ce vextze est dérivé de concüium
public. en cela distinct du portier qui gardait un bâ- (+ conciIe1.
timent public ou une maison particulière. *Le mot a été employé jusqu’au xvre s. avec le sens
0 Concierge a absorbé portier et pris son sens mo- de <remettre en accord (des personnes brouillées)~,
derne au début du XI?~. ou peu avant (attesté absotié ensuite par son composé réconcüier. 0 Il
v. 1604), très fréquemment au féminin, les apparte- s’est maintenu avec la nuance plus littéraire de
ments bourgeois étant, depuis la seconde moitié du -mettre d’accord (des gens d’intérêts divergents)>
xvuf s.. gardés par des portières. 0 Depuis le milieu (15491. Par analogie, il est employé avec un objet
du xxes., il est concurrencé par gardien, d’autant désignant une pluralité de choses abstraites pour
qu’il SOU&S de ses valeurs figurées très vivantes de -accorder des choses qui paraissent incompatibles,
~bavard~ et de =Personne sans éducation>. et d’un (1647). Le sens d’sobtenir pour soi la faveur de qqn*,
champ sémantique péjoratif (6. pipelet, etc.). qui correspond au verbe tmnsitii au xwes. (1508.
t CONCIERGERIE n. f. (1326; 1201, en latin médié- 15171,n’est plus vivant qu’au pronominal (se conci-
val, conciergerial, *charge> et <logement de lier qqn, dep. 1660).
concierge,, désigne spécialement la prison atte- De concilier sont directement dérivés CONCI-
nante au Palais de Justice de Paris (1400-1417) car LIABLE adj.(1536),nOté une Seule fOiS aumeS. au
DE LA LANGUE FRANÇAISE COh4PTER
teigne, mais qui s’est peu répandu, même au celle de =faire cas des, réalisée en ancien français
xvf siècle. Le sens d’aexposer à un danger-~ s’est dé- dans des formules négatives tv. 12801,puis dans la
gagé au ~VI?S., d’abord dans l’ancienne construc- langue classique en emploi sifirmatif (1674. Cor-
tion indirecte compmmeme qqn ds 99ch. (16361, neille), avant de l’être en emploi intransitif
puis à la forme pronominale (1680) et en construc- (av. 1703) dans l’usage moderne fço compte, ça ne
tion directe (169Oj.0 Se compromettre et, par suite, compte pas pour Zd. C’est dans ce sens que le
compromettre s’entendent spécialement comme verbe figure dans des expressions de dénigrement
<donner à penser que l’on a une liaison avec une ou d’insignihance compter pour rien (18201, puis
femme et I’exposer à ruiner sa réputation* 11837. compter pour du beurre. Il signiiïe aussi -être
1838). Avec l’évolution des mceurs, cette acception considéré comme> (1863, compter parmi les
s’emploie aujourd’hui de manière très atténuée, hommes les plus habiles de sa profession). 0 Dès le
voire par plaisanterie. me s., le veme semble correspondre à =avoir l’in
. Compromettre a produit COMPROMISSION n. f. tention dem, mais cette valeur n’est clairement at-
(1787) -action de transiger avec ses principes>, mot testée qu’à partir de l’époque classique (1685).
rare, repris en 1842 par Richard de Ftadonvilliem, Compter avec qqn (av. 1483) a d’abord signifié -ré-
et qui désigne l’action de compromettre qqn ou de gler ses alkires avec qqn> avant de prendre, par
se compromettre, d’où, par métonymie, un acte, extension, le sens de -tenir compte de qqn, de
une parole par lesquels on se compromet 118601. qqch.B (av. 1758) qu’il a conservé. 0 Enfin compter
-COMPROMETTANT, ANTE sdj., tiré du parti- sur <se fier às est enregistré par Richelet (1666j.
cipe présent de compromettre (1842), est en re- t Les nombreux dérivés ont généralement trait à
vanche usuel. -COMPROMIS n. m. est emprunté l’idée de =calculeIr, si l’on excepte les prétïxés
(1243) au latin juridique compromksum =appel à la verbaux qui ont des extensions figurées.
sentence d’un arbitrez, participe passé substantivé, -COMPTEUR, EUSE adj. et n. m., d’abord conteor
au neutre, de compromittere. oLe mot s’emploie (12131, est dérivé de compter et non issu du latin
en droit, tant avec le sens d’emprunt qu’avec celui computator =calculateur=, attesté au sens figuré de
d’aengagement réciproques (14611. éliminant de -jugem en latin chrétien et de -trésorier= au moyen
l’usage l’ancien français compromission K?62j, lui- âge (12531.Le mot français, propreme,nt -personne
même emprunté au latin médiéval compromissi qui compte*, désigne surtout un instrument ser-
*convention d’arbitrages (1178). Compromis s’est vant à compter, à mesurer, d’abord en horlogerie
répandu avec le sens d.-accord obtenu par conces- 117521.puis en astronomie (1832: créé par M. Bre-
sions mutuelles> (1611), rare avant le mYs. W363j et guet en 18191et, de nos jours, dans divers domaines
qui a développé une valeur péjorative. techniques et scientifiques, entrant notamment
(xx”s.1 dans compteur à gaz, compteur électrique
i(c COMPTER y. est une réfection étymolo- (18821,d’où relever les compteurs, au figure *faire le
gique (v. 1348) de cunter (1080), conter (1172-1175). point* et -récolter l’argent gagné par une prosti-
issu du latin computare walculer, comprendre tuée>. -COMPTOIR n. m. d’abord comptoer n. m.
dans un compte, faire les comptes, (+ computj d’où (13451,précédé par le latin médiéval computorium
*faire entrer en ligne de compte>, émettre au -table où l’on fait les comptes- (12741,apparaît avec
nombre de, considérer commem. Le mot a eu ten- le sens demeure coumnt de &ble où les commer-
dance à supplanter dans ce sens le verbe simple çants servent les clients et se font payer-. Il a reçu
putare qui avait une double valeur technique, des extensions désignant un bureau général de
cémonder, élaguer les arbres~ et *apurer un commerce aux Indes puis dans d’autres pays
compte*, d’où -calculer, juger* (+Putatif). En d’outre-mer (1687). et la succursale d’une bsnque
moyen français, la graphie étymologique compter, (1835). entrant dans des noms d’établissements fi-
fréquente à partir du xv” s., a permis d’opérer un nanciers.
partage sémantique entre compter et conter*. COMPTANT, le participe présent, a été sdjectivé
+Le sens de -cakule~. attesté le premier, est réa- Cv.1264.1265. deniers contend avec le sens passlfde
lisé en constructions intransitive et transitive -payé sur le champ=, prenant dans des locutions
tv. 1120): en procèdent les expressions compter les comme payer comptant (v. 1450) une valeur sdver-
jours (1172-l 175) et à compter du -à partii du> biale. Au figure, prendre pour argent comptant
(13481. Au XVII~s.. apparaissent dune part le sens 11594, donner pour...) signiile <considérer comme
particulier d’=êtrs chiche de> (1686, compter les exact, valable (des afhrmationsj~. De son ancien
morceau) et d’autre part l’emploi du verbe en par emploi substantivé t 1465-1510)reste l’expression au
lant du temps imparti (1669). o Dès l’ancien h-an- Comptant. -COMPTABLE adj. (13491 Signifie
çais, compter possède d’autres sens attestés en la- d’abord cqu’on peut comptep, puis (xv” s.1 *qui a
tin : il exprime l’idée de =comprendre qqn dans un des comptes à rendrez et au figuré -responsable*
dénombrements 11115-l 1301,à laquelle se rattache, (être comptable de...). L’adjectif sera reformé au
par extension métonymique, celle de savoir, pou- xwr”s. pour ade la comptabilités. Pour agent
voir justiier des (17781dans compter plwieurs an- comptable, expression qui avait supplanté agent
nées de service. -On s’éloigne de l’idée de calcul compteur, l’adjectif est substantivé au xv” s. (1461).
avec le sens de ~considérer comme* 11172-11751. devenant au xv? s. le nom dune profession organi-
réalisé avec un attribut 6~.1306). et dans les lo- sée (au d s., comptables, chefs comptables, experts
cutions tout bien compté (1562) *tout bien consi- comptables). ~C’est dans ce sens qu’il a produit
déré= et sans compter que, plus tardive (18351. COMPTABILITE n. f. (15791 ctechnique et Science
oDe l’idée de *considérer* découle logiquement des comptes, selon les règles du calcul économique
CONCOMITANT 836 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

kxmcombr~ à la russe, analogues aux cornichons, CONCOURIR v. tr. ind. et intr. est emprunté
concombres plus jeunes). Des emplois métapho- (1530) au latin concurrere, de cum (-+ CO-) et currere
riques exploitent l’idée de -chose insipide, in&- (+ courir1, qui signifie littéralement -courir en un
gestem. peut-être par allusion à la nature indigeste même point=, d’où -se joindre, coïncide-, en latin
du concombre et à son goût assez neutre. impérial juridique -briguer la même chose=. et
=être du même avis* en latin chrétien. Le mot, qui
CONCOMITANT, ANTE adj. est emprunté doit sa désinence à l’attraction de courir, a éliminé
(15031 au bas latin ecclésiastique concomitant, par- les anciennes formes concurre -se rencontrep
ticipe présent de concomitari sxcompagnep, de (13351 et concurrer =s’accorderm (Xvp s.l.
mm, com- avec* b CO-) et cornes, comitis acompa-
+Le verbe réalise d’abord l’idée concrète de =se
gnons (+ comte).
présenter en même temps au même endroits et,
4 Le mot exprime, dans l’usage didactique, la qua- par transposition du spatial. au temporel, ~coïnci-
lité de ce qui accompagne un tit, se produit en der dans le temps* (1681). A cette notion de ren-
même temps que lui Il a reçu des acceptions spé- contre s’est ajoutée celle de participation et contri-
cialisées en théologie (1690, grdce concomitante), bution, réalisée dans l’usage juridique pour &re
acoustique (1845) et psychologie. valoir ses droits à égalité de chance avec autruis
. CONCOMITANCE n. f. est emprunté (1377) au la- (1558). et dans l’usage courant pour xtendre à un
tin médiéval concomitancia -coexistence de deux même effets (1636). La notion de -rencontre= a
choses> (12671, du participe présent concomitans Il donné un emploi spécial en géométrie (1753) en
a gardé le sens du latin (son extension pour sac parlant de lignes qui convergent. 0 Elle s’est mocl-
compagnement, 115471 n’a pas vécu) et a développé fiée, sous l’tiuence de concours, en <participer à
une acception religieuse (16801, par concomitcmce, une compétition> (+ concwrentl. Son participe
exprimant la coexistence indivise du corps et du présent concourant a été adjectivé comme terme
sang du Christ dans l’eucharistie. de géométrie (1753).
. CONCOURS n. m. est emprunté (1360-1370). avec
CONCORDER v. intr. est emprunté (v. 1160)
francisation d’après cours, au latin co~zcursus -af-
au latin concordare vivre en bonne intelligence*
fluence vers le même point>, -rencontre>, Kpréten-
(en parlant de personnes) et ‘être en accord= (en
tions rivales% et, dans le langage juridique médlé-
parlant de choses). dérivé de l’adjectif concors, lit-
val, =aide= (déb. ti s.l. Ce sens médiéval, repris le
téralement wni de ccew. de cum, con- l+ CO-I et
premier, a disparu dès l’ancien français sous la
cors (+ cœurl.
double concurrence de secours et de recours. -Le
*Le verbe *exprimé le fait d’être d’accord en par- mot a conformé ses sens à ceux du verbe : il n’a pas
lant de personnes, avant d’être supplanté en ce gardé la valeur spatiale <rencontre de plusieurs
sens par s’accorder. Ce verbe l’a également rem- personnes à un même endroit- (1572), s’appliquant
placé en parlant d’instrument+ de musique qui sont exclusivement à des choses (xvr” s.l, notamment en
en accord (15131. o Concorder se dit aujourd’hui de géométrie (1753l, et avec une transposition tempo-
choses qui ont une conformité de nature propre à relle (1835, concours de circon.StofXeSl. 0 La notion
faire tendre au même but, spécialement des textes de rencontre a donné deux extensions divergentes
qui présentent des similitudes, se correspondent en parlant de personnes: *action de coopérep
l178Ol. (1644) et *action d’entrer en compétition pour ob-
c CONCORDE n. f. est emprunté (v. 11251 au latin tenir qqch.s (161x0, d’où #examen scolaire= et
concordia accord. harmonie>. Le mot a cédé sa &Preuve sportives, lorsque la sélection se fait par
spécialisation musicale à accord, exprimant le rap- ordre d’excellence, et non pas selon un critère ex-
port existant entre personnes ayant la même dis- térieur (cf. examenl.
position de coeur et d’esprit Iv. 1155). Il doit ses em- 0 voir CON-.
plois personnifiés au latin Concord& nom d’une
divinité. -CONCORDANCE n. f., lui-même em- CONCRET, ÈTE sxlj. etn. est emprunté
prunté (v. 1160) au latin médiéval concordanti *m- (1508-1517) au latii concretus =qui a pris une consis-
tord, harmonies Iv. 7931, a perdu sa spécialisation tance solide, fort, épais=, participe passé de
musicale. Il s’est dXérencié de concorde, expri- concrescere ~croître par agglomérations, de cum
mant une conformité entre faits, ou entre choses, et b CO-I et crescere (+ croîtrel.
recevant des spécialisations techniques en exé- *Le sens d’emprunt, -de consistance solide,
gèse, où ll désigne le classement des citations bi- épaisse*, ne survit plus que dans l’emploi substar-
bliques (1564). et. par extension, en grammaire tivé en parfumerie fun concret de ja.minJ, d’usage
(16901 puis en géologie et en physique. - CONCOR- technique. Son sens moderne de &ngible, réel>,
DAT n. m. est emprunté (1452) au latin médiéval par opposition à abstrait, est attesté depuis le
concomlatum, participe passé neutre substantivé XV$ s. dans l’usage philosophique et courant. Mu-
de concordare. Le mot désigne un acte de concllla- siqueconcrète(1949)se dit d’un courant musical dé-
tion entre deux parties adverses, un accord. no- fml par l’utilisation d’éléments préexistants em-
tamment dans ses deux spécialisations en droit ec- pruntés à des matériaux sonores enregistrés. En
clésiastique (17721 et en commerce (1787). oll a l’absence d’un nom courant dérivé. on emploie
produit l’adjectif CONCORDATAIRE (18381, em- aussi l’adjectif comme substantif Ile concret et l’a&
ployé par les historiens en parlant des partisans du straitl.
Concordat de 1801, et en droit commercial (1863). ~L’adverbe CONCRÈTEMENT est Seulement at-
0 voir DIScoRrJE. testé depuis 1927; il a été prkédé par concrétive-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CON
mobiles>. - COMPUTATION n. f. (1413) et COMPU- -cour de justice sous la responsabilité d’un shérif
TER v. (15951, respectivement empruntés au latin ou d’un vicomte>, dans le contexte anglais. 0 Son
computatio wxlcul= et computare, ont trait à la me- sens féodal de *territoire soumis à l’autorité d’un
sure, à l’évaluation du temps. En dehors de cet em- comtem (v. 11551 a évolué historiquement en -ter-r-
ploi très spécialisé, ces deux mots ont disparu; taire conférant à son possesseur le titre de comte>.
l’emploi de computatim en droit et en économie, à -Depuis la fin du Xvme s., par emprunt à l’anglais
propos d’un mode de calcul, correspond très pro- county (14111, lui-même emprunté à l’ancien fran
bablement à un anglicisme. -En effet, la série cor- çais. il désigne une circonscription administrative
respondante, en anglais, est courante et a donné la des pays de langue anglaise (1792 au Canada; 1845
dénomination de la machine à calculer, puis à tmi- en Angleterre). o Le flottement du genre en ancien
ter l’information : le mot anglais computer, issu et moyen français, peut-être dû à l’influence de
hz’ s.1 de to compute=calculer-,lui-même du fran- noms abstraits en -té (bonté, chant& a laissé une
çais computer. Ce nom a d’abord désigné celui qui trace dans le toponyme Franche-Comté, dont est
calcule, avant de désigner au XY s. une machine à tiré le nom de fromage COMTÉ n. m. -COMTAT
calculer électronique et de passer sporadiquement n. m. est emprunté (>we s.1 à l’ancien provençal
en français, parfois adapté en computeur; ordirm Comtat -comtés (1136-1150). Le mot, appliqué à des
te& I’a le plus souvent évincé. grands comtés de Provence (Comtat Venaissin,
comtat d’Avignon), a supplanté dans cet emploi
0) COMTE n. m.. d’abord transcrit compte,ancien comté, nom sous lequel le Comtat Venaissin se
cas régime masculin Cv. 9801, puis contes,est issu du trouve encore désigné au début du xxe s. (18061. Le
latin classique cornes, -iti <celui qui va avec>, de mot provençal est issu du latin médiéval comitatm
cun (+ CO-I et ire aller- (+ aller). Le mot corres- VICOMTE n. m. est emprunté (10801 au latin mé-
pond à conitem, le cas sujet cornes ayant donné en diéval vicecornes, formé avec yice- (-vice-); VI-
ancien français cuens, coIzT (v. 10501. plus tard éli- COMTESSE n. f. (XI” s.1 a les mêmes va.leurS que
miné par comte. La notion de -marche>. présente comtesse,par rapport au titre (épouse et titulairef.
dans comes, a disparu dans l’usage pour le sens 0 voir CONCOmm.
large de =compagnom (généralement, auprès d’un
supérieur). À époque impériale, le cornes fut offi- CON n.m. est hérité (v. 1195.12001 du latin
ciellement attaché à l’empereur et chargé de dit- cunnus, attesté chez les satiriques et dans des Gray-
férentes fonctions publiques, parfois militaires fitis comme désignation du sexe de la femme : c’est
Cv.390).Sous les Mérovingiens et les Carolingiens, un mot d’origine obscure, apparenté au grec km-
le mot désigna le titre donné à de hauts dignitaires, thos, au persan hun et peut-être à culw (+ cull.
notamment les cornes pahtii dignitaires du pa- + Ce mot bref et malsonnant o&e pour l’histoire du
lais*. Avec l’affaiblissement du pouvoir royal à par- lexique un intérêt remarquable : son ancienneté,
tir du rx” s.. ll s’est appliqué à celui qui possède un son origine latine, sa double valeur, ses nombreux
comté. Cornes est à l’origine de l’italien conte, de dérivés et composés, enfin le tabou qui l’efface de la
l’espagnol conde et du français comte. plupart des recueils de mots et des études linguis-
tiques, du xnQ s. jusqu’à une époque récente, tous
+Le mot a désigné pendant le haut moyen âge un
ces éléments requièrent une mise au point. 0 Cou-
haut dignitaire du royaume qui a souvent reçu du
rant du XII~ jusqu’au milieu du XVII~ s. dans la prose
roi un commandement civil ou militaire (par ex. le
et la poésie .-libres+, il donne lieu à de nombreux
maire du palaisl. Comte et baron* sont les printi-
dérivés et à d’innombrables jeux de mots, rendus
paux titres pour les grands vassaux. Comtea repris
aisés par la fréquence de la syllabe con- (souvent is-
la valeur de shaut dignitaire proche de l’empe-
sue du latin cuml en français. Dans le Moyen de
reur-, dans le contexte du Bas-Empire romain, en
parvenir de Béroalde de Ver-ville (16101, l’auteur dé-
histoire romaine (v. 1050). Sa détition féodale, -ce-
cline ainsi conmut, connusse,comh (homonyme
lui qui possède un comtés (déb. xne s.1, s’est modi-
de connin ou connil -lapin=, du latin cunniculu.s, ap-
fiée, comte n’étant plus, progressivement, que le
paremment sans rapport avec cunnusl. -Rare à
titre de noblesse de celui qui se situe entre le max-
partir du milieu du x&s. et jusqu’à la seconde
quis et le vicomte. o Des sens argotiques de =nisi.v
moitié du me s., époque où il est souvent déguisé
(18721 et *compère d’un jeu truquén (18781, il ne en nec, abrégé ou épelé, con redevient alors cou-
reste plus trace, le second étant remplacé par ba- rant, avec son sens initial, mais surtout avec la va-
ron. leur figurée d’&nbécilen, d’abord (17801 comme
t COMTESSE n. f., d’abord cuntesse(10801, est dé- nom, puis comme adjectif (v. 1830, chez Stendhal,
rivé de comte avec le suflïxe -esse d’abbesse, Mérimée). Ce changement de sens n’est pas clair;
d’après le latin médiéval comitisa <femme ou on peut y déceler des comparaisons désobligeantes
veuve d’un comtem W s.) et ‘femme qui a la charge pour la virilité (faire 99ch.comme un con, attesté fin
d’un comté> (10281, aujourd’hui -qui a le titrem. me s.), mais aussi l’influence de conart, connart,
-COMTAL, ALE. Aux adj., d’abord contai (12161, ancien mot où cornard (+ corne) et une dérivation
semble avoir été formé sur le modèle du latin mé- de con avalent pu se confondre ; cependant con, qui
diéval comitalis *qui concerne la fonction de a eu en moyen fi-ançais des emplois métonymiques
comte, (6751 et -qui appartient au comte> (8981. appliqués aux femmes, n’était jamais injurieux. Cet
-COMTÉ n. m., d’abord cunté [déb. xr” s.1 peut- emploi non érotique est parallèle à ceux de cul.
être d’après le latin médiéval comitatus *territoire couülon, et à celui du verbe foutre. Le mot donne
administré par un comte= (7791, également -cour de lieu, en ce sens, à une abondante phraséologie (con
justices (v. 9801, a été introduit au sens ancien de comme la lune, à la con, adv., etc.).
CONCUSSION 838 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’œuvre des physiocrates, comme Quesnay et mort. - BUr COndamh&?’ Ont été fODIiéS CONDAM-
l’abbé Baudeau, la diffusion en tradwtion de l’essai NABLE adj. 11494) et le terme juridique CONDAM-
décisif d’Adam Smith (Recherches sur la nature et NATOIRE adj. (1559l, réfection de condemnatoire
les causes de la richesse des nations, 1776) et les r& (xv” S.I.
formes économiques de Turgot (libre circulation CONDAMNATION n. f. 11536) est la réfection,
des grains, suppression des corporations, etc.). d’après damner, damnation (parallèle à celle du
-Concurrence a produit CONCURRENCER V. tr. verbe), de l’ancien condempnation (ti s.l. qui re-
11868) et l’adjectif CONCURRENTIEL. IELLE présentait le bas latin condemnatio asentence,
(1872). devenu usuel en économie pois dans l’usage peirien, pois aussi =blâme~. Condamnation possède
général, et parfois employé abusivement pour aussi ce sens figuré depuis 1541 et s’emploie dans
compétitif (lequel ajoute au fait objectif l’idée d’une le contexte d’une maladie incurable (1862, sep-
capacité à survivre et prospérer dans une situation tembre). Il correspond à tous les sens du verbe, y
de concurrencel. compris au sens concret =dispositif permettant de
bloquer une serrure= 11961). -Au verbe et au nom
CONCUSSION n. f. est emprunté (v. 13991 au correspondent les composés RECONDAMNER
latin impérial concussio -violente secousses ao Y. tr. 11611) et RECONDAMNATION n. f., à valeur
physique et au moral d’où. par spécialisation, itérative.
=exaction par voie de force, extorsion>, surtout en
parlant des exxtions commises par les soldats. Ce CONDENSER v. tr., d’abord condanser 11314l,
mot est dérivé du supin koncussum) de concutere est emprunté atr latin cohdfmsare -presser. rendre
-secouer violemment~, en droit ~terroriser~. compact kertaines substances, marc des raisins,
composé d’aspect déterminé en cum C+C~-1 de fromage),, composé de cum (-CO-) et de &m.swe,
quatere aecouen (- casserl, lui-même réduit à un verbe rare et tardif dérivé de densus I+ dense).
usage poétique à l’époque impériale. +Le mot. introduit en médecine avec le sens de
4 Le mot a été repris par le vocabulaire médical au -rendre plus dense Ion corpsl~, est longtemps resté
un terme dosage scientifique, ultérieurement spé-
sens physique de ~COUP, ébranlements. L’usage mo-
derne n’a conservé que le sens juridique de *mal- cialisé en physique 11796) pour -passer de l’état ga-
versation d’un fonctionnahw (1588). zeux à l’état liquide> (forme pronominalel. Par ex-
tension figurée de son sens propre, il s’est répandu
tEo ce sens, le mot a produit CONCUSSION- au me s. avec le sens de =réduire, ramasser Il’ex-
NAIRE adj. et n. 11559). #personne coupable de pression, la pensée)~ (1827. Hugo).
malversation*, mot rare.
.Le verbe a donné, dans le langage scientifique,
CONDENSATEUR n. m., enregistré en 1753 dans
CONDAMNER y. tr. est la réfection bcves.l,
par attraction de damner*, de l’ancien français
l’Encyclopédie comme nom de l’appareil dans le-
quel on opère la condensation des gaz; le mot a ga
condemner, lui-même empronté (v. 980) au latin
gné le vocabulaire de l’électricité (1808) pois celui
condemnare, déjà altéré en condamlphare dans
de l’optique (19241 où il désigne on dispositiffaisant
les gloses. Ce verbe, composé d’aspect déteiminé
converger les rayons lumineux. -CONDENSEUR
en cum (-CO-1 de damnare (+damner1. signifie
n. m. 117961 est l’adaptation de l’anglais condenser,
=déclarer coupable et soumettre à une peine>, sblâ-
de to condense, terme choisi par l’ingénieur écos-
mer (qqch.l=; à basse époque, il prend le sens de
sais J. Watt 11736-1819) qui inventa en 1765 on appa-
-rendre inutilisables kondemnare terram dans la
reil dans lequel se produit la condensation d’on gaz
loi salique) et. dans le latin chrétien, fonctionne
ou d’une vapeur. -CONDENSÉ, ÉE, le participe
comme doublet de damnare.
passé du verbe, a été adjectivé dans des emplois
+L’emploi du participe passé dans pkz condem- scientifiques (physique, chimiel, mais s’est répandu
nets, =Pied blessé2 Iv. 980). semble procéder du sens avec le sens figuré de =concis, resserré- en parlant
de -rendre inutihsable~, répandu à partii du XIV” s. de l’expression écrite ou orale des idées (xc? s.l ; il a
Iv. 1360) en parlant d’une ouverture. d’un lieu et, en été substantivé avec une valeur de neutre 11838,
marine, d’un vaisseau (20 juillet 1678). oLe sens Stendhal, -le condensé de Montesquieu4 avec la
général de ~blâmer- apparaît en droit pénal valeur concrète de ~morceau de prose concise>.
Iv. 1120). Par extension, le mot est employé en mé- CONDENSATION n. f., d’abord condempsacinn
decine, surtout au passif (av. 1577l, en parlant d’un (v. 1370). est emprunté ao bas latin condensatio -su-
malade, spécialement avec la valeur d’&re in- tien de rendre plus dense>, formé sur le supin de
curables (av. 17041, puis à propos d’on écrit déclare conderzsare. -11 correspond aux sens didactiques
non conforme au dogme 11669, Pascall. Par une de condenser en physique. chimie et 11866l électri-
nouvelle extension de sens, on passe à l’idée de cité. Au XI? s., il est passé dans l’usage commun
-forcer (qqn) à faire qqch. de pénible= (1578l, dans avec le sens hgoré de aconcentration (de l’expres-
condamner qqn à... L’emploi du verbe avec on sujet sion, de différents élémentsl~ (1634) et s’est appli-
désignant une chose est attesté ultérieurement qué à un processus de rassemblement de popula-
11810, Chateaubr&nd. &s apparences me condam- tion (1839-1842. A. Comte). oEn psychanalyse, le
naienb). Enfin. condamner s’emploie pour arendre mot s’applique au mécanisme psychique par lequel
(un passage) impraticables. une représentation inconsciente condense des élé-
t Le participe passé CONDAMNE, ÉE a été sdjec- ments d’une série de repr&entatiohs. pour tra-
tivé très tôt (v. 98Ol, puis substantivé (v. 1753). Il est duire l’allemand de même sens Verdichtung (1909,
parfois employé elliptiquement pour condamné à Freud, L’Interprétation des rêves).
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONCEVOIR
mie, -résultat de cette actions (1549) maintient concertare, attesté au x+s. au sens de cprojeter
souvent le lien apparent entre création physique et qqch. en commun,. et lui-même emprunté au latin
mentale. À la différence de concept, le mot n’est chrétien concertare -agir dans un but communn. En
pas un terme technique de philosophie. latin classique, ce verbe signifiait ~rivaliser=; il est
.CONCEPTIONNEL,ELLE adj. est Un adjectif composé de cum (+ CO-I et de certare, -débattre, et
rare attesté depuis 1877 et évoquant le latin ‘lutter, combattre, rivaliser-~, forme itérative de cer-
conceptiomhs .-relatif à la COnCeptiOnn. OANTI- nere C-certain, décerner, discerner).
CONCEPTIONNEL. ELLE adj. &Kl51 a été en par- + Le ver%e apparaît en françxis avec la valeur du la-
tie éliminé par contraceptif tin chrétien et de l’italien, qui s’est maintenue
0 voir CONCEPi. jusqu’au français contemporain, surtout à la forme
pronominale se concerter (16461. 0 L’emploi musi-
CONCERNER v. tr. est emprunté (13851 au bas cal, *jouer ensemble harmonieusement~ (16231,
latin concemere ccribler ensemble, mêler> et -voir, correspond probablement à un réemprunt à lïta-
considérer l’ensemble de qqch.m d’où, en latin mé- lien, qui succède à l’emprunt de concert*; il a vieilli,
diéval scolastique, *mettre en rapports. Ce verbe puis a disparu, sauf sous la forme du participe
latin serait, selon Ernout-Meillet, dérivé de contre- présent CONCERTANT, ANTE adj., notamment
tus (+concretl et rapproché à tort de cernere &
dans parties concertantes (1690).
cause de discretus~, de discernere. 11se rattacherait
donc à la famille de crescere *croîtreD, et non à celle .Le dérivé CONCERTATION n. f., =fait de se
de cemere (+ décerner, discerner). concerter=, semble récent (1963, dans les diction-
naires); il est devenu usuel en politique, dans les af-
+L’usage moderne est instauré dès le moyen fran-
faires sociales. 0Le moyen français concertation
çais, la locution prépositionnelle en ce qui Ipowce -lutte d’athlètes antiques*, correspond àun sens de
quüconcemeétant enregistrée en 1690.0 L’emploi
certare &tten.
de la voix passive, être concerné -être touché, ir-
Par préfixation, concerter a servi à former DÉ-
téressé, visé= kvn8s.l. très critiqué, s’est nésn-
CONCERTER v. tr. Uïn xv” s.1 qui signi6e d’abord
moins répandu sous l’tiuence de l’anglais tobe
-déranger un accord entre personnes, troubler la
cornemed -être intéressé, touchén lx& s., pour les
bonne ententes, encore vivant avec la nuance de
personnes; XVIII~~., pour les choses) et par une
sdéjouep dans un usage très littéraire. 0 Au XVII~ s.
transformation assez naturelle de cela me
(v. 16711, le verbe prend la valeur de <faire perdre
concerne à je suis concerné (par cela).
contenance à (qqn)>, qu’il a conservée. -Ses part-
.Le participe présent a fourni la préposition cipes ont servi à former deux adjectif% usuels dans
CONCERNANT (1596). mais aucun autre dérivé ne ce sens. DÉCONCERTÉ, ÉE adj. et DÉCONCER-
s’est maintenu. TANT, ANTE adj. sont devenus au Xop s. relative-
0 voir caoITaE, CONcEaTEa. ment plus courants que le verbe, surtout le second,
devenu un quasi-synonyme de bizarre, étrange.
CONCERT n. m. est emprunté (1608) à l’italien
concerto kwe s.) *accord> et, spécialement en mu-
0 voir CONCERT.
sique, <accord et ensemble des voix et instru-
ments,, dévetial de concertare l-concerter).
CONCESSION - CÉDER

+La spécialisation musicale de -groupe d’instru- CONCETTI n.m.pl. est l’emprunt tel quel
ments de musique jouant ensembles est devenue le (av. 17211 de la forme plurielle de l’italien concetto
sens normal en français moderne, surtout dans ses sconceptm (av. 1321). spécialisé en rhétorique à prc-
extensions métonymiques de -séance musicales pos d’une figure de style ingénieuse et subtile
IWB s.1, =lieu où se tient cette séance> et #ensemble (~~l~s.1. Concetto est le correspondant italien de
de musiciens faisant partie de ce gmupes. Par ex- concept*. Le même développement de sens a
tension, le mot s’applique à un ensemble de bruits conduit le mot anglais conceit, intluencé par
simultanés. ~L’acception -cours public, confé- concetto, à abandonner l’idée de *pensée, concep-
rence* (av. 1615) ne s’est pas maintenue, tandis que tions pour celle de &-ait d’esprit>, -vaoit&.
le sens général d’sentente. accord> (16321, repris en
même temps à l’italien. ne subsiste que dans les ex- +Le mot, très littéraire, désigne des expressions
pressions de cmcert (1657-16611 et concert de subtiles et affectées que l’on rencontre dans une
louanges. ceuvre ou une conversation. On peut trouver, beau-
coup plus rarement, le singulier concetto.
r Concert, avec son sens musical, a donné
CONCERTISTE n. (1834) et CAF&CONCERT n. m.
CONCEVOIR v. tr. est issu (v. III91 du latin o>
(16521, d’où cafconc’ l- cafél.
concipere, proprement -contenir entièrement= d’où
L’italien CONCERTO n. m. a été emprunté graphe-
-former en soi km enfantlm. <former (une idée)> et
quement tel quel (1739) au sens de -composition
=sssembler (des mots) en formules. Ce verbe est
musicale à plusieurs parties instmmentales~, avant
composé de cum (-CO-) et de copere ‘attraper,
de prendre le sens de -composition de forme so-
contenir- (k+ capter, chasser).
nate pour orchestre et instrument soliste>. Le plu-
riel a été francisé. +Le mot a été introduit pour =former un enfant en
0 voir CONcERTEa. soi* et simultanément avec le sens intellectuel de
-se représenter par la pensée* (v. 1119). Ce dernier
CONCERTER v. tr. est pmbablement un em- a donné, par extension et transposition au domaine
prunt du moyen français (1476.1477) à l’italien affectif le sens d’&pmuver un sentiment= (6n xue-
CONDOJdANCE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CONDITIONNEMENT n. m. (18451, d’usage tech- cueille toutefois l’anecdote selon laquelle cet hygié-
nique et didactique, se partage dès le xiY s. entre le niste aurait dû changer de nom *pour dépister ses
sens de &-aitement de certains produits selon cer- ennemis+. tant son invention loi aurait valu eune ré-
taines normesn (1845, en textile; 1929, en agr- probation universelles.
culture céréalière), répandu (mil. xY s.1 à propos +Le mot a reculé sous la concurrence de capote
de la présentation des produits commerciaux, et anglaise d’une part et de préservatif - mot neutre
celui d’*action de conditionner- (1863) en philoso- - de l’autre.
phie, d’où par métonymie *fait d’être conditionné.
déterminé= (1864). Ce dernier sens a connu une CONDOMINIUM n. m. est emprunté (1866) à
certaine expansion au X? s. en sports et en psycho- l’anglais condominium, terme de droit internatio-
logje (1935), passé de là dans l’usage commun, no- nal désignant l’autorité souve+ne exercée en
tamment à travers la critique des déterminismes commun par deux ou plusieurs Etats sur un même
sociOc&urelS. -CONDITIONNEUR, EUSE n. S’est pays (v. 1714). Le mot est un emprunt au latin, où il
employé (1887) en argot à propos du domestique est composé savamment de cum =avec, ensemblem
qui vole dans la maison où il travaille, à la fois (+ CO-) et du latin médiéval dominium sautorité, su-
d’après le sens de condition =état de domestique> zeraineté féodale>, attesté en 1289 (document gaz-
et par une métaphore du type arranger, assaison- con) et utilisé dans plusieurs traités juridiques des
ner. o Conàitinneur n. m. s’est répandu au xz? s. XVII~ et XVIII~ s. (1682, domaine allemand). Dominium
comme nom d’agent et d’outil affectés au con&- se rattache à cl0miw.s =maître, souverain> (+ dom,
tionnement du fourrage, des marchandises, domaine) et a été emprunté par l’anglais fdomi-
d’après l’anglais conditioner, mot attesté dès 1909 à niod.
propos d’un appareil utilisé pour mettre le grain en
t Ce terme d’histoire a $té réempnmté outre-
condition, puis d’un appareil fournissant l’air
Atlantique à l’anglais des Etats-Unis et désigne en
-conditionné>. Dans ce sens, il est concurrencé par
français du Canada ce que l’on nomme copropriété
climatiseur.
en France.
CONDITIONNEL, ELLE adj. (av. 1400) est em-
prunté au dérivé bas latin conclicionalis; comme CONDOR n. m., cité en 1598 comme mot es-
lui, ll est employé techniquement en droit et pagnol au pluriel condores, puis mentionné en 1633
(av. 1546) en grammaire. -On en a tiré CONDI- dans une traduction de l’espagnol, est emprunté à
TIONNELLEMENT adv. ~IV~S.~ et l’antonyme IN- l’espagnol condor (1554). Lui-même est emprunté
CONDITIONNEL, ELLE adj. (1777). formé à au quichua huntur, cette langue indienne du Pérou
l’exemple de l’anglais unconclitional. Vers 1945, W- ayant fourni (par l’intermédiaire de l’espagnol)
conditionnel a pris, en parlant d’une perjonne, le d’autres noms d’animaux de la région des Andes
sens de <qui est partisan (de qqn) en toutes tir- (6. alpaga, lama, puma, wigognel. Certains, de ma-
constaoces~, surtout dans un contexte politique (en nière hypothétique, font provenir huntur des mots
parlant des partisans saos restriction de hunhur eder qui exprimeraient l’odeur désa-
De Gaulle), et a été substantivé (v. 1960) pour gréable exhalée par l’oiseau.
s’étendre à d’autres domaines. 0 INCONDITION-
t Le mot désigne un grand vautour d’Amérique au
NELLEMENT adV. est attesté depuis 1845.
plumage noir (Andes. Californie): il est acclimaté
CONDOLÉANCE n.f. est dérivé (av. 14751, en hnçais dès 1640. Par métonymie, il a désigné
d’après aoléance*, de l’ancien francais condoloir une ancienne pièce d’or du Chili, de Colombie et
(1279). ss’aftliger avec+. encore usité à l’infinitif pro- de l’Equateur, à l’effigie d’un condor.
nominal au xv$ siècle. Ce verbe était issu du latin
chrétien condalere de même sens, de cum -avec- CONDOTTIERE n. m. est emprunté (1770) à
&+ CO-I et dolere eso- (+ dolent). l’italien condotttere -chef de mercenaires+
(av. 13501, dérivé de condotia xaction de conduire
*Le mot était couramment employé en moyen
des troupes>. proprement <conduite=, ce mot étant
français dans la locution avoir condoléance. Au
le participe passé substantivé au féminin de
xvfs., il est concurrencé par condolence, sorti
condurre (- conduire). Le sens correspond à celui de
d’usage au xds., où on trouve compliment de
duce. de fïihrer.
condoléance. L’usage moderne l’emploie générale-
ment au pluriel, après un certain nombre de 4 J+e mot, d’abord condottieri au pluriel italien, est
verbes (faire, adresser, envoyer ses condoléances). on terme d’histoire désignant un chef de merce-
naires ou de partisans dans l’Italie du moyen âge et
w Ni l’adjectif CONDOLÉANT. ANTE (1782.1 ni le
de la Renaissance. Par extension, il est appliqué à
Verbe récent CONDOLÉANCER V. tr. (1921, Proust)
un soldat de fortune, un mercenaire (1835, Balzac
ne se sont imposés dans l’usage courant.
parle plaisamment de cond&ieri matrimoniaux à
CONDOM n. m. est emprunté (1795) à l’anglais propos de deux notaires) et fournit une désignation
condom, attesté depuis le début du XVIII” s. sous les de l’aventurier (1836, Balzac encore, à propos de
fOImes conàum (v. 1706?), condon (17081, cundum Rastignacl.
(1744). ~préservatifmasculin~. L’hypothèse commu- V. Jankélétitch a introduit CONDOTTIÉRISME
nément répandue selon laquelle la chose aurait n. m. dans son analyse de Don Juan (1957, LeJe-ne-
pris le nom de son inventeur est problématique, sais-quoi et le Presque-rien) pour exprimer .-la
aucun médecin du nom de Condom ou Conton forme spécifiquement italienne du style aventu-
n’ayant été retrouvé au xwY siècle. P. Larousse re- reux*.
CON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

. Le mot a produit une série de dérivés. Le plus an- comemhs b convexe1 et formé de cum (- CO-)et de
cien est CONNARD n. m. kr?s.), peut-être identi- cavus (- 0 cave).
fié dès 1280 dans la leçon conart, mais qui semble + Le mot qualifie une surface dont la partie courbe
alors un croisement de comati et de con k-des- est en creux (spécialement, en optique, on miroir,
sus); le féminin CONNASSE est la désignation pé- une lentille) et, par extension, un objet dont la SUI‘
jorative du sexe de la femme (1610) et sigle au fi- face présente une partie irrégulièrement creuse. Il
guré -femme bête> (v. 1810, en parlant de la femme est passé de la langue scientiique à un usage plus
honnête et de la prostituée inexperte). - CONNE- général.
RIE n.f. (1845, Flaubert), CONNE n.f. (18721,
.CONCAVITÉ n. f., emprunté en même temps
CONNEAU Il. m. (av. 18961, CONNEMENT adv.
(13141 au dérivé bas latin concatitas, lui sert de
(19531 concernent le sens figuré seul. Le premier
nom d’état dans tous ses emplois. OBICONCAVE
est extrêmement courant dans l’usage familier
adj. (1803, Haiiy) s’emploie en optique.
pour <bêtise, Imbécillité~, tant comme nom de ce
défaut que pour désigner une action (=Quelle CONCÉDER v. tr. est emprunté &n~“s.~au latin
conmaie, la guerres, J. Prévert), une parole inepte concedere, de cum et cedere (+ céder).
et, par affaiblissement, une chose insignifiante, à la
manière de bêtise. *Il signifie -accorder comme une faveur-, puis
DÉCONNER v. intr. continue, quant à la forme =donner raison à qqn sur (un pointln (15311,et s’est
(18331, un ancien verbe érotique (18551 signifkmt spécialisé en sport (1937, concéder un but).
*sortir du vagin, en parlant de la “ergen. Par son
sens actuel, il se rattache à la série des dérivés de CONCENTRER -+ CENTRE
sens figuré et est aussi usuel que connerie. L’ex-
pression courante sans déconner wkieusement~,
CONCEPT n. m. est emprunté (14041 au latin
conceptus <action de conteti. avec son sens chré-
est abrégée oralement en sans dec’( 1978par écritl.
tien abstrait de =Pensée, conception,. Le mot est le
ODéconner it donné à son tour DÉCONNAGE
participe passé substantivé de concipere (+ conce-
Il.m. et le phkant DÉCONOPHONE n.m. =&-
voir).
cours ineptes k? S.), d’après téZépho?&?.-DUCON.
pseudo-nom propre, est lui aussi courant. + À la différence d’idée, qui appartient au langage
commun, concept -idée générales est un terme
CON préike. Voir à l’ordre alphabétique et au technique ou d’usage didactique. Son acception
second élément. philosophique date de 1606 (Descartes). mais ce
qu’on peut appeler le =Concept de concept, doit
CONCASSER v. tr., d’abord écrit conquaisser
beaucoup, dans son usage contemporain, à Kant
km” s.1, conquasser (13931, est emprunté au latin
qui en a fait un schéma dynamique pour la pensée,
conquassare -secouer fortement> d’où *briser, cas
et non plus une con&ura~ion statique. Les termes
serr. de cum (4 CO-Iet de quassare (k+ casser).
idée gétirak, concept et notion dépendent, dans
+D’abord attesté à la forme pronominale au sens leurs emplois, des domaines (philosophie, séman-
génémI de *se brlselr, le verbe exprime (13931 tique, terminologie) et des différentes théories.
l’idée de sréduire en petits fragments des matières
. Le terme PhilOSOphique CONCEPTUEL, ELLE
dures et sèches>.
adj. (v. 18451vient de concept ou d’un latin scolas-
.Il a produit CONCASSEMENT n. m. (XVI~~.),
tique “coweptudis, sur le modèle de spiritudk
CONCASSAGE n.m. (18451 et CONCASSEUR (+ spirituel). Dans art conceptuel (v. 19691,il s’agit
n. m., d’abord employé avec une valeur métapho- d’un anglicisme konceptual art) appliqué à une
rique (1838, Stendhall, plus souvent usité dans un forme d’art qui privilégie l’idée artistique au détri-
contexte technique (18481 à propos d’une machine
ment de son apparence spécifique. -L’adjectif a
utilisée dans les travaux publics et en agriculture.
produit les termes de philosophie CONCEPTUA-
CONCATÉNATION n. f. est emprunté (13901 LISME n.m. (18321, CONCEPTUALISTE adj, et
au bas latin concatenatio =enchaînementB, surtout n. m. (1832). CONCEPTUALITÉ Il. f. (xx” s.),
au sens abstrait de &GO~, suite temporelle ou lo- CONCEPTUALISER v. tr. (19201,d’où ont été tirés
gique>. désignant quelquefois par métaphore une CONCEPTUALISABLE adj. (1923) et CONCEP-
paralysie intellectuelle. Le mot est dérivé du supin TUALISATION n. f. (1936).
koncatenatud de concatenare aenchaînep, 0 voir CONCEpiION. CONCETiI.
composé tardifde cum l+ CO-Iet de catenare =atta-
cher avec des chaînes>, de catena (-+ chaînel. CONCEPTION n. f. est emprunté (1140-l 1501
(Le mot a été repris au sens concret de &ison de au latin conceptio, de conceptere (b concevoir), a-
plusieurs parties du corps humains. Seule la valeur tien de contenir- d’où physiquement <fécondation,
abstraite d’*enchaînementm s’est implantée (1504. action de former un enfant en soin et, en latin chré-
tien, =fait de comprendre, idées.
15091dans quelques acceptions spéciales, en philo-
sophie, en rhétorique, en grammaire et en logique, + Introduit avec son sens physiologique, le mot est
au >oQsiècle. d’abord employé dans un contexte religieux, en
c Dans ce dernier sens, le verbe CONCATENER parlant de la Vierge luxes., la conception rostre
V. tr. double savamment enchaîner, au figuré. dame; puis Immaculée Conception), d’où par méto-
nymie le sens de =fête catholique en l’honneur de
CONCAVE adj. est emprunté (1314) au latin 1’Immaculée Conception* (1680). -Le sens intellec-
CO?%Caw.s
<creux et rond>, employé en antonyme de tue1 de -faculté de concevoir- (1315) et. parmétony-
c0NDYL.E 842 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au dérivé latin reconducti, a” sens juridique de +Le mot a été introduit avec la spécialisation du
qenouvellement~. oL’adjectif RECONDUCTIBLE mot latin, désignant une préparation, une mixture
correspond à reconduction. magique ou pharmaceutique. Ce sens a été évincé
~~CONDUIRE v. tr. (14851est l’altération, sous l’in- par le sens général, ‘action d’effectuer entière-
fluence de conduire, de l’ancien verbe esconàire ment> (1290, confection de lettres), qui a progres-
(1050) «s’excuser- (à la forme pronominale1 et (1170) sivement glissé vers -action de préparer, de mettre
<repousser, refusep. attesté jusqu’en moyen fran- au point2. 0 Au XD(~s., il a reçu sa spécialisation
çais. Celui-ci représentait le bas latin fse) excondi- courante ~industrie des vêtements fabriqués en sé-
cere 4excusep. -réfuter une accusation*. de ex riem. par opposition à ceux fabriqués sur mesure
b é-l et de condicere *convenir de>, composé de di- (1854, boutique & confections; 1855, un tailleur de
cere b dire). -Senti comme un dérivé de conaluire, confection). Il tend à reculer au profit de prêt-à-
le mot a pris dès le moyen français le sens de porter et s’oppose à sur mesure.
*conduire hors de (un lie& et spécialement de sre- t Le dénominatif CONFECTIONNER v. tr. est at-
pousser (qqn), renvoyer, ne pas accéder aux de- testé pour la première fois en 1598 en pharmacie
mandesm. Un sens technique (1876) est *conduire mais n’a été repris qu’au XVIII~s. au sens général de
(de l’eau) hors d’un lieus. sfabriquep. Depuis 1801, il est employé en parlant
0 YOLT CONDoTnEaE. d’un vêtement. -Le dérivé CONFECTION-
NEUR.EUSE n. (1830) est surtout employé avec
CONDYLE n.m. est un emprunt savant des cette spécialisation.
médecins (1538) au latln condyk lui-même pris au
grec kondulos w-ticulation*. -Le mot désigne une CONFÉDÉRER + FÉDÉRER
saillie articulaire arrondie (d’un os, d’un appen-
dice). CONFÉRER v. est emprunté (v. 13701au latin
b CONDYLOME n. m. est pris (1560) au latin con& conferre, de cum (+ CO-I et ferre *porters l+ -fère).
lama, de même orlglne, pour désigner une petite calque du grec sunpherein (6. -phare). Proprement
tumeur tiammatoire de la muqueuse génitale ou *porter ensemble ou au même pointn, le verbe a de
anale. nombreux sens dérivés : .=contribuer à-, =&Unir*,
=transporter*, *attribuer à., mettre (des propos) en
C6NE n. m. est emprunté (1552) au latin conus, communs d’où craconters.
lui-même emprunté au grec kônos *pomme de +Le mot, apparu dans une expression traduisant
pins, d’où &gure coniques (en géométrie) que l’on littéralement le latin honores conferre -accorder les
rapproche traditionnellement (mais sans certitude) honneursm. exprime l’idée d’accorder une dignité,
du sanskrit Sw- #pierre à aigulsen et du latin COS un honneur, un privilège en vertu d’une autorité
de même sens. dont on est investi. Il signifie en particulier =~~COI‘
+Repris comme nom d’une figure géométrique, der un rôle, un pouvoir (1482, conférer un office).
dont la base est un cercle et le sommet un point, et De ce sens, on passe à un emploi religieux (conférer
de cette forme dans l’usage courant, le mot a reçu un sacrements et, avec Chateaubriand, à l’emploi
plusieurs acceptions spécialisées, en astronomie pour +i,ccorder, donner une que&& (avec pour su-
(av. 16901,en botanique (17531,en technique (17531, jet : la religionl. A la fin du xY s., le verbe s’emploie
en géologie (1796; 1797 à propos d’un volcan) et en plus généralement dans ce sens avec un sujet ina-
zoologie (1803). nimé abstrait (Durkheim in T.L.F.), puis concret
b CONIQUE adj. (1624) est un emprunt à l’adjectif
(xx” s.): ces emplois Cconférer à... une qualité, un ca-
grec tardif kônikos, tiré de kôms. Il a été substan-
ractère) reflètent l’iniluence de l’anglais to confer,
tivé au féminin par le mathématicien Desargues employé dans cette acception depuis 16C0,dans le
(av. 16401pour désigner une courbe formée par la contexte religieux. 0 Le sens didactique repris du
section d’un cône par tout plan ne contenant pas le latin, =comparep (1370-1380, traduction d’Ovide),
sommet de ce cône. ne s’est guère maintenu que dans =rapprocher des
Quant à CONIFÈRE adj. et n., il est emprunté textes pour comparen (1616-16201,essentiellement
(1523) au latin conifer, de cous et de l’élément -fer
dans la notation conférez, usuellement abrégée
b -fère), tiré de ferre =porter-. o Le mot qualiEe et - comme le latin confer - en cf: a Le sens intransi-
(1789) désigne un arbre qui porte des fruits de tif que le verbe avait pris sous l’innuence de confé-
forme conique. Tout en correspondant à une classe rence, *s’entretenir de qqch., converser- (v. 14601et
botanique, il s’est répandu dans l’usage courant, le que l’on a dans le titre d’un livre des Essais de Mon-
groupe d’arbres concerné (comprenant les pins. taigne -=De l’art de conférep- ne vit plus que
sapins, etc.) ayant des caractéristiques évidentes dans des emplois stylistiques.
(feuillage persistant, zones d’altitude...) bien que les b CONFÉRENCE n. f. est emprunté (1464; et non
fruits ou cônes portent d’autres noms courants pas 1346, fautil au latin médiéval conferenti
@ommes de pin, etc.). *confrontation, réuniom (Isidore, VI%II” s.), parti-
cipe pkent pluriel neutre pris pour un féminin
CONFECTION n. f. est emprunté cv. 1155) au singulier. oLe mot. repris à propos d’une dis-
latin confectio, dérivé du supin de conficere sache- cussion de plusieurs personnes sur un sujet, conti-
ver= (+ con6re1, au sens propre d’Action de faire nue à désigner des entretiens traitant de questions
entièrement* et, plus généralement, wztion d’ef- importantes en diplomatie (conférence pour une
fectuer-, d’où spécialement, en bas latin, =prépara- paix, 1635). L’autre sens didactique de ~comparai-
tion pharmaceutique>. son de texte+, né dans les milleux lettrés (15041.a
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONCOMBRE
sens actif ancien de *qui gagne les coeurs, pas- CONCLURE Y. est emprunté (v. 1120) au latin
sion& puis repris 11776) avec le sens moderne. IN- concZudere ‘fermer. enfermep puis au flgu+ *finir,
CONCILIABLE adj. (1752) et CONCILIANT, ANTE donner une conclusion*, ‘déduire*, -résoudre=
adj. (~VU’ s., par ex. 1679, Sévigné) qui assume une (con&dere pacem =tàire la paix,. en latin chrétien).
valeur voisine d’accommodant. -CONCILIATION Le mot est formé de cum (-CO-) et de cZaudere
n. f. et CONCILIATEUR, TRICE adj. sont deux em- (b clore).
prunts ti >w’ s.1, respectivement au latin concilia- *Le sens propre d’senfermen encore r&llsé au
tio et concüiator. xv?s. dans un emploi fi@ (“enfermer dans un
RÉCONCILIER v. tr. (v. 1170) est emprunté au latin raisonnement+ est sorti d’usage avant le xvn’ siè-
rec0ncüiu.re -remettre en état, rétablir- et -x-f- cle. Il a été supplanté par la valeur abstraite d’séta-
mettre en accord des personnes brouillées>. Seul blir ce qui résulte de développements et d’argw
ce second sens (attesté en français en 1253) s’est ments antérieurs> (v. 12601. 0 Celle-cl l’a emporté
maintenu. supplantant le sens religieux dominant sur un autre sens, cdécider de, en fonction de tel ou
en ancien français, &ire la paix de l’homme avec tel élément, (xv” s.) et s’est établi en emploi transitif
Dieu-. -RÉCONCILIATION n. f. (x& s.1, emprunté direct et indirect (conclure à: 1549, que, de), et en
avec une valeur religieuse au dérivé latin reconci- emploi absolu (1690). oLe verbe a aussi repris la
Ziatio, a pris son sens moderne au ti s. (v. 1350). valeur latine de ‘négocier pour mettre fin, (1513,
0 Alors que concüiw et ses dérivés concernent une conclue une alliance, une p& puis un marché).
relation logique ou fonctionnelle. réconcilier et son ~L’wception de sdémontrep, avec un sujet dé-
dérivé ne se disent que des personnes et ont un signant une chose (av. 1662. Pascal), appartient à
contenu psychologique. 0 Celui-ci accapare RÉ- l’usage classique.
CONCILIATEUR n. m. (v. 13501, IRRÉCONCI- t Le participe présent CONCLUANT, sdjectivé au
LIABLE adj. (1559) et IRRÉCONCILIÉ.ÉE adj. me s. (15871, possède la valeur de *qui prouve indu-
(1794). bitablement,, souvenir du sens de conclure =dé-
montrer indubitablement>. -CONCLUSIF. IVE
CONCIS, ISE adj. est emprunté (1553) aulatin adj., emprunté (v. 1460) au latin scolastique conclu-
concisus, participe passé xljectivé et substantivé
sivus, s’est maintenu en musique (accord conclusitl
au neutre pluriel concisa =courts membres de
et dans l’usage didactique. -CONCLUSION n. f.
phrasesm, de concidere -couper en morceaux”. Ce
Cv. 1260), emprunté au latin concZwsi0, reprend tous
verbe est l’un des composés en -cidere de caedere
les sens du verbe. Son pluriel est employé spéciale-
-couper- (+ inciser).
ment dans le langage juridique (1453). De par son
+ Seule l’idée de sbrlèveté dans le langage> a été re emploi fréquent dans l’enseignement et dans la
prise par le français (sentencesbrèves concises, rhétorique quotidienne. il est plus usuel que les
15531, liée à celle de moyens stylistiques, d’écono- autres mots de la famille.
mie expressive.
t CONCISION n. f. a été emprunté (14881 au latin CONCOCTION n. f. est emprunté (1528) aula-
concisio *action de coupem, tardivement =Syncope, tin concocti -zligestionm, dérivé du supin fconcoc-
apocope dans un mots. -Le mot, attesté avant tard de concoquere -cuire ensemble>, surtout -di-
concis et distinct par le sens, puisqu’il conserve gérep et, par métaphore, -résoudre, réfléchir-. Ce
l’emploi latin, a d’abord désigné une suppression, verbe est formé de cum (+co-l et de coquere
une coupure dans un mot, avant de prendre son b cuire).
sens moderne sous l’influence de concis (1706). +Le mot a été repris avec le sens de &gestion=,
avant d’être éliminé par digestion. Quelques em-
CONCITOYEN - CITÉ plois au sens de ~Cuisson des aliments* se ren-
contrent au wr” s. chez des auteurs comme Brlllat-
CONCLAVE n. m. est emprunté (v. 13601 au la- Savarin (1825) et Balzac (1847. concoctionné =Cuit*).
tin conclave, proprement -pièce fermant à clef>. de
. Bien qu’il soit archaïque, le mot a produit le déno-
cum =avec* l+ CO-I et ckwis (+ clefl. Le mot latin a
minatif CONCOCTER v. tr. (1950, Queneau). usuel
désigné la chambre à coucher, la salle à manger,
dans la langue orale avec le sens de ‘mijoter, cuisi-
l’enclos pour garder les animaux (étable, volière):
nep au propre et au 6gwé pour -préparer un pro-
en latin médiéval, la sacristie (v. 813) et la clôture
jet complexe* (1959, Queneau).
claustrale (v. 813-8141, puis l’appartement du Vati-
0 voir DÉCOCCION.
can où les cardinaux élisent le souverain pontife
bd S.I. CONCOMBRE mm., d’abord komkobre
*Le mot a été repris au sens métonymique d’sas- Cv. 1100, dans un manuscrit du ti s.) pois cocotire
semblée de hauts dignitaires~. qui procède de celui et concombre (12561, est d’origine incertaine, prc-
de -lieu de réunion fermé> (v. 1460). Il s’est in bablement emprunté au provençal cogombre
plant6 avec la spécialisation religieuse, peut-être (>w” s.l. lui-même issu du latin cucumis, -cris, mot
relayée par l’italien, =appartement du Vatican où d’origine méditerranéenne. Le secondk s’est
les cmllnaux élisent le pontife,. Le sens métony- maintenu par redoublement expressif, la nasalisa-
mique, -assemblée de cardinaux convoqués dans tion du premier o provenant d’une ‘harmonisa-
ce buts, est d’abord attesté en ancien provençal tionx. La forme cocombrea dominé jusqu’au xwe s.
hP s., concZau1. o Le sens général de <pièce fer- (encore 1688, M. Buffet).
mant à clef> a eu cou5 *u XVI~ s. par latinisme, mais +Le mot désigne à la fois la plante et son fruit,
avait disparu au xwe siècle. consommé cru et développé et parfois vinaigré
CONF’IER 844 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

personnage secondaire qui reçoit les confidences (v. 13701 avec le sens métonymique de -forme ex-
du héros. -L’adverbe contüfenmnt (wr” s.), avec tériemw. 0 Depuis, il s’est répandu au sens large
assurance’. a été refait en CONFIDEMMENT de =figwe, sspect~ et s’est aussi spécialisé en
(v. 16611. -De con/ï&nce a été dérivé CONFIDEN- sciences, par exemple chimie, astronomie, géo-
TIEL, IELLE adj. (17751, lequel évoque pSX Sa fOI.ma métrie, sciences sociales, avec le sens de =disposi-
le latin médiéval confîdentiis -audacieux. plein tion relative d’éléments>, très voisin de celui de
d’assm~-~~e~ Iv. 1318). Il a pour dérivé CONFIDEN- structure. -Les dérivés CONFIGURATIF. IVE adj.
TIELLEMENT adv. (1775). À la di!&-enCe de Confi- (1869, Lautréamont) et CONFIGURATIONNEL.
dence et de contident qui restent littéraires et de ELLE adj. (xx” s.) sont très didactiques.
connotation psychologique, contintil est em-
ployé en termes administratifs, comme une va- CONFINS n. m. pl. est emprunté (v. 13081au la-
riante atténuée de secret. -De même, le mot di- tin confinium, pluriel confmia, substantif neutre
dactique CONFIDENTIALITÉ n. f., qui concerne le issu de l’adjectif confinis -contigu, voisim, de cum
domaine administratif kwx les systèmes informa- (+ CO-I et finis (+ fi& Confinium signifiait -limite
tisés), est entré récemment dans l’usage français commune à des champs, à des territoires~ d’où, par
(att. 19701, par calque de l’anglais confïdenttdity, de métonymie, -voisinage* et, au figuré, -état intermé-
confîdential =Confidentiel*. dlaù-e>.
+Le mot désigne proprement une partie de terres
CONFIER v. tr. est la réfection (13571, par at- situées à l’extrémité, à la frontière; il a pris par ex-
traction de fier*, du plus ancien conkier (v. 1300) tension le sens de -bout. espace éloigné=, et a repris
qu’il a éliminé av. 1600 (+ confzmcekzotidence). Le au latin le sens figuré de -passage intermédiaire
verbe a été emprunté au latin contire, de cun entre deux situationsn et de .-point extrême=
(k+ CO-)et tire (-fier) *mettre sa confiance dans kvII~ S.I.
(qqn, qqch.k
w CONFINER v., d’abord écrit confirmer au sens an-
4 C’est au XVII~s. que confier s’est détaché du sens cien d’*enfermer- cv. 1225.12301,réalise l’idée voi-
latin -mettre sa con6ance dans qqn= pour prendre sine de *forcer (qqn) à rester dans un espace limité>
l’acception moderne de -remettre qqn ou qqch. à la (14771et, avec un sujet désignant un objet inanimé,
garde de (qqn auquel on se fie)= (16011.En procède de -borner, limiter (qqch.1 à. (6n xwe s.l. La forme
le sens figuré de &vrer à l’action, à lïntluence de pronomùxale seconfiner, d’abord employée pour
qqch.= (17531. o En corrélation avec confidence, &re proche par la parent& (14661,correspond en-
confier a pris (mil. xwe s.1le sens de wzommoniquer suite à =se limiter à un espace restrelnt~ avec des
qqch. à qqn sous le sceau du secretm. également à la emplois figurés. o Dès le moyen français, le verbe
forme pronominale (16801. signitïe aussi &re situé sur les conik den (14681,
. L’adjectif CONFIANT, ANTE (>we S., Contient), tiré #être contigu &. En procède un emploi pour =être
du participe présent, n’a pas suivi l’évolution du très proche den. -CONFINEMENT n.m., après
verbe; il est resté vivant pour aqui a coniïance~ et. une première attestation au sens de &xrain
par métonymie, cqui exprime la confknce~ (1810); il conjïnén (14811,est devenu le nom d’action de confi-
n’a pas gardé la nuance de ~présomptueux* (1740). ner. Il participe surtout de l’idée d’-enfermementn.
-11 forme un Couple avec CONFIANCE n. f., d’abord dans le contexte pénal de l’emprisonne-
d’abord con!ïence (XIII~s.1, emprunté au latin clas- ment (15791, puis dans celui de l’isolement d’un
sique nfidentia (+ con!ïdence) et adapté d’après captif (x1Ys.1. De nos jours, il indique surtout le
le voif alisme de l’ancien français fiance, de fier fait d’enfermer et d’être enfermé dans certaines
(+ 0 fier). o Le mot, autrefois doublet de con% limites, concrètes ou, surtout, abstraites.
dmce, désigne le fait de croire avec assurance, de -CONFINÉ. ÉE p. p. est adjectivé avec les diffé-
se fier à qqn ou à qqch. Par rapport à foi, il est laïc et rentes valeurs du verbe, en particulier dans air
psychologique; il a plus d’analogie avec espérance confiné (1880-18841.
et implique un sentiment de sécurité. Au début du
XV$ s. (1611). il a pris la nuance d’+&ssumnce~, no- ic CONFIRE v. tr. est issu (v. 11761 du latin
tamment dans comÎance en soi. confïcere, dérivé d’aspect déterminé en cum lk+ CO-I
de fmere CG+ faire), littéralement =faire entièrement,
CONFIGURER v. tr., attesté depuis le XI$ s. achevep d’où =réaliser, fwonner. élabore-; le i est
(XII~s., selon Bloch et Wattburg), a été emprunté au dû au participe passé confit, du latin confectus.
latin impérial configurare, de cum (+ CO-I et figw +Le mot a eu en ancien ihnçais le sens général de
rare b figurer). *donner une forme, modeler-~ et, en -préparer= (par ex. une potion), encore attesté au
latin chrétien, sfwonner à l’image dem. début du xw’ siècle. 11en reste la trace en tannerie.
+Le mot a été introduit avec le sens religieux de où confire s’applique à une étape de préparation
=f@onner à la ressemblance de, rendre semblable des peaux, plongées dans un bain de macération.
b, encore dans les sermons de Bossuet au XVII~siè- Progressivement, il s’est restreint à la préparation
cle. Le sens laïc, =donner une forme> (17981.est ar- des aliments et, plus spécialement, des fruits (12261,
Ch&ique. la préparation passant au second plan derrière la
t Le nom correspondant. CONFIGURATION n. f., conservation et le mode spéclfïque de la prépara-
est relativement plus courant. Il a été emprunté au tion (XIV s., confire au miel).
XI? s. au dérivé latin chrétien configuratio, -action c Le participe passé CONFIT, ITE a été substantivé
de façonner à la ressemblance de=, et s’est iïxé en peausserie, en parlant du bain de macération
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONCURRENT
ment (xv”s.1. -De concret, on a tire trois verbes cupiscere, de cupere *désirep (souvent d’un désir
plus ou moins synonymes et inégalement vivants. violent et sensuel) l-cupide].
CONCRfiTER V. tr. (1817, fin XVIIIe S.1 a eu le SC?IE de +En conteste théologique, concupiscence peut
cendre solide, dur&, spécialement à la forme s’entendre en bien comme en mal de l’aspiration
pronominale. Il s’est mieux maintenu dans le style qui pousse l’homme à désirer les biens naturels et
littéraire avec le sens de *faire prendre corps à surnaturels mais, dans l’usage commun, il a
(une chose),, y compris à la forme pronomlmde presque toujours la valeur péjorative de +enchaut
t19461. CONCRAIRE V. tr., dérivé (1801) avec la fi- aux plaisirs des sens.~.Après l’époque classique, ce
nale d’abstraire pour lui faire pendant, s’est em- dernier usage est de plus en plus marqué comme
ployé en logique et en grammaire, puis a disparu. plaisant.
-Le seul vetie resté vivant est CONCRÉTISER
t Il en va de même pour CONCUPISCENT. ENTE
y. tr. (18961, wendre effectif. pratique>, d’où
sdj. (av. 15441,emprunt du latin concupiscent, alors
CONCRÉTISATION Il. f. (1646 dans Michelet).
que CONCUPISCER y. tr. (18961 est quasi inusité.
Le sens latin s’est maimenu dans CONCRÉTION
-CONCUPISCIBLE adj. (12681, empwt au latin
n. f. (15371, emprunt à cottcretio =agrégat~. surtout
chrétien concupixibüis, relève de l’usage scolas-
d’usage scientifique khimle, géologie, médecine).
tique. -On notera que tous les mots de cette série
-Les termes de botanique CONCRESCENCE n. f.
ont donné lieu à plaisanterie et jugements de rejet,
(18841 et CONCRESCENT, ENTE adj. (av. 1929). qui
du fait de l’accumulation de ce qu’on appelait au
ont trait à une croissance commune avec soudure
XE? s. les *syllabes sale+.
de deux éléments, sont empruntés au participe
présent latin. -Eu psychologie, on a donné le nom
CONCURRENT, ENTE sdjetn. est em-
de CONCRÉTUDE n.f. 11951. d’après I’anglais
prunté t 1119) au latin concurrent, participe présent
concrefenessl à l’inaptitude mentale à élaborer des
de concurrere l+ concourlrl, proprement ~courir de
idées sans recours à des données concrètes.
manière à aller vers le même points, +se rejoindrez,
CONCUBIN, INE n. et adj. est emprunté, au puis employé en droit pour ~pr&endre à la même
féminin (12131, au latin concubino, dérivé de chose en même temps, avec l’idée de compétition,
concurnbere =se coucher avec (qqn),, de cum -avec= d’affrontement.
(+CI-l et cumhere, variante nasalisée de cubare +Le mot a été introduit avec la valeur très part-
*être couché> t+ couver). culière, en astronomie, de *qui s’ajoute aux cm-
+Concubine désigne une femme qui vit avec un qua&-deux semaines de l’année pour taire
homme sans être mariée avec lui et, en termes concorder année civile et armée solaire= fjour
d’antiquité romaine (Bas-Empire), une épouse lé@- concurrent1. C’est alors un emprunt au latin scien-
tlme de condition inférieure à celle de sou mari tifique tv. 1370. Oresme, cause concurrente), de nos
(17211.Le masculin concubin l>w” s.1,fait sur le fémi- jours limité à l’usage didactique. 0 L’idée moderne
nin. a eu du mal à s’imposer. Il a élimhré le moyen de &~al~ se dégage au xwe s., le mot étant substan-
français concubin, repris au XVI~s. au latin conctii- tivé au sens de *compétitetm (15491. Son emploi
nus =compaghon de lits au sens d’=homosexu&. dans le domaine de la galanterie amoureuse (pour
~Bien que moralement neutre, le mot moderne ~rlval~l a été supplanté par le développement des
reste cantonné à un usage juridique ou plaisant. usages du mot en contexte économique (16151,à la
Paradoxalement, le développement du concubi- fols comme adjectif et comme substsntiftl6921. Un
nage par rapport au mariage, après 1956, en emploi général s’est développé au XY s. dans les
France, ne coïncide pas avec une plus grande ex- domaines de la politique, de la vie scolaire et des
tension du mot, considéré comme plaisant ou dis- sports 118551.
gracieux, et concubin, ine est souvent remplacé par w Taudis que CONCURREMMENT a&. (15961 s’em-
compagnon, compagne, ami, amie, etc., sinon par ploie surtout abstraitement, avec une valeur tem-
mari et femme, utilisés de manière extra-juridique. porelle et logique, CONCURRENCE Il.f. (V. 1370,
*Il en va de même du dérivé CONCUBINER Oresmel a suivi l’évolution complexe de
Y. tr. ind. (15071. ~CONCUBINAT n. m., emprunté concurrent : l’idée de +encontre, convergence de
(av. 15981au latin concubinati, a été synonyme de deux éléments> s’est maintenue dans quelques em-
concubinage avant de se spécialiser essentielle- plois didactiques en droit Il6991 et en liturgie (1699,
ment comme terme d’antiquité romaine (16451. concurrence d’ofEces1. La langue courante ne la
CONCUBINAGE mm., attesté avant le verbe connait guère que dans la locution jusqu’à corxar-
(13771.doit être formé sur concubin. Il désigne l’état rente de (1746; dès 1559,jusqu’à la concurrence de).
de concubin ou de concubine, notamment dans o L’usage moderne s’appuie sur la notion de -riva-
vivre en concubinage Lsens être mariés1 ou cohcubi- lité>. concurrence et supplanté par rivalité lorsqu’il
nage notoire. Son statut juridique a changé avec la s’agit de personnes poursuivant un même but
reconnaissance de cette situation depuis 1950; (15591,concurrence lui est préféré dans le contexte
mals I’usage courant l’emploie peu. d’un concours bconcoursl et, surtout, dans un
contexte économique (d’où concurrence d&yok,
CONCUPISCENCE n. f. est emprunté (12691 libre concurremel Si, en ce domaine, la première
au latin chrétien concupiscentin -désir ardent, attestation du mot est relevée en 1646. ce n’est que
convoitise*, nom formé sur le participe présent du dans la seconde partie du xvnies. que les écono-
verbe classique concupiscere &re pris de l’envie mistes ont véritablement commencé à décrire le
de.. Celui-ci est formé de cum, con- t+ w-1 et de mécanisme économique de la concurreuce : ce fut
CONFnJER 846 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

c’est le participe passé latin d’usage rare qui est +Le développement sémantique de confondre est
passé en français, mals pas le verbe conrI.igere lié à celui de confhsion t+ confusl. attesté lui aussi
=hemter, combattre=, à la différence d’autres en 1060.Le sens propre, %néantir, détruire km ad
composés de l’archtique Aigere ‘battre, t+ af&ger, versairel~. d’abord dans un contexte guerrier, est
infliger). sorti d’usage avant les xv”-xvi” siècles. Le sens psy-
+Le mot, signifiant =action d’être aux prises, chologique de =troubler en déconcertants lv. 11601,
combat physique,, a tieilll lorsqu’il concerne un af- très vivant au xvse s., y compris à la forme pronoin-
frontement entre personnes; il s’est maintenu en nale se confondre *s’embrouiller-, ‘s’humlliei? est
parlant dune lutte armée entre peuples, Etats, ser- plus limité dans l’usage moderne : on y parle sur-
vant d’euphémisme pour guerre. Son extension tout de confondre un coupable ou de se confondre
dans le domaine de l’opposition morale (dès les en exxses. Au xv? s., le sens latin de #mêler, fondre
premiers textes), d’abord à propos d’un combat in ensembles 115381,dont découle celui de éprendre
térieur, s’élargit à partir du XVII~~. aux relations une chose pour une autre> (v. 1580,Montalgnel, ré-
avec autrui o Il Ezudra la spécialisation du mot en sulte d’un nouvel emprunt savant. Devenu plus
psychanalyse (1949, liquidation d’un contlitl pour courant que les valeurs anciennes du verbe, il les a
que se retrouve l’idée de ‘violent dualisme inté- rendues quelque peu archtiques.
rieuw Le xwBs. avait situé I’antagonisme sur le ~L'adjectif CONFONDU.UE. tiré du participe
plan abstrait entre forces intellectuelles, morales, passé, a perdu l’ancien sens fort de ~faligué, fourbu,
affectives, sociales t16661 et l’a placé sur le terrain détruit, ravagé- au profit de la valeur morale de
du droit (av. 16130,contlit de juridtitionl. <troublé, démasqué>. 0 Le participe présent adjec-
tL.'adjecGf moderne CONFLICTUEL.ELLE (1958 thé CONFONDANT.ANTE (1845) réaliSe le Sc?IIs
chez Lévi-Strauss), dérivé savant du radical latin, psychologique, avec une idée de +tupéfactions
appartient à l’usage didactique (psychologique, so- plus active aujourd’hui que dans le verbe.
ciall tout en étant relativement courant.
CONFORMER y. tr. est emprunté 111901au la-
CONFLUER y. intr. est emprunté lv. 1317-13401
tin conformare, de cum t+ CO~Iet formare (+ for-
au latin confZuere, de cum *avec> l+co-1 et fluere
mer). Ndonner une forme déiinitive à. et, au figuré,
=coulep t+ flux), littéralement *couler ensemble
#adapter, modeler-.
(de deux cours d’eau)* et, par métaphore, *ailhier,
arriver en foules. + Outre les valeurs du latin, le verbe a pris le sens
+Le mot a été repris avec le sens métaphorique figure de *mettre en accord, en harmonie avec+,
d’=arriver en nombre sur un même lieus, sens re- également au pronominal réfléchi (1204, soi confor-
pris à partir de 1848 mais demeure rare, face à of- mer à, puis se conformerI.
Ruer. Depuis 1835, il est aussi employé comme t Le mot n’a guère produit en françeis que l’ad
terme de géographie fluviale. jectlf, tiré du participe passé, CONFORMÉ,tiE.
c CONFLUENT n. m. a été emprunté deus fois au surtout employé comme qualiilcatif physique du
participe présent latin confZwns : comme nom en corps (1740, bien, ml conformé) et le nom tech-
1511. avec le sens demeuré vivant de *lieu où deux nique CONFORMATEUR n. m. (16111, désignant
cours d’eau se rejolgnent~. et comme adjectif un appareil de chapelier servant à prendre les me-
CONFLUENT.ENTE en1734,alorsd'usagedidac- sures de la tête (1845). -CONFORME adj.eSt em-
tique (notamment en médecine, en parlant du prunté 113721au bas latin confond asemblablem; il
point de rencontre de deux vaisseaux, de con- a en outre pris le sens de aen accord avec, lv. 14601,
duits qui se rejoignent) ou très littéraire. seul ou avec un complément prépositionnel IàJ; il a
-CONFLUENCE n.f b.1460) a été empzXnté au reçu des acceptions techniques en mathématiques
dérivé bas latin conflwntia &flux de sang= (chez etentopographle. oIl apour dérivéCONFORMÉ-
Macrobel et, en latin médiéval, &Yuence de per- MENT le) a&., attesté depuis 1503. -CONFOR-
sonnes* W s.l. 0 Le mot a slgnihé -apport massif*, MITÉ n. f. est emprunté lv. 13701au dérivé bas latin
sens où afkmce l’a remplacé. Sorti d’usage dès le confonitas ~ressemblance, imitation*. Il exprime
me s., il a été repris d’après confZuent avec le sens la qualité de ce qui est identique ou en accord avec
de -ionction de cours d’eau> (16381,concurrençant qqch. ou qqn, donnant la locution prépositionnelle
confluent lorsqu’il est employé par métonymie avec en conformité de (16651, puis en cod~rmité awc.
une valeur locale. Par métaphore, il exprime une Un sens particulier, -état de soumission* (av. 1662.
idée de convergence. dans l’usage littéraire. 0 Il a P~scs,~),~~~~~&-NON-CONFORMITÉ n.f a été
été repris en pathologie en parlant d’un rassemble- emprunté 117041à l’anglais non-confomity (1618).
ment de pustules ou taches dans les maladies nonconfonity, terme de religion antonyme de
éruptives de la peau 118961. confond@ qui désigne la conformité de croyance
0 voir AFFLUER et de rites avec la doctrine et les règles de l’église
d’Angleterre. Cette valeur religieuse a disparu.
CONFONDRE v.tr.. d’abord cunfundre CONFORMATION n. f. est emprunté (15751au dé-
Iv. 10801,est emprunté au latin contündere, de cum rivé latin conformatio “forme, disposition, airange-
b CO-1et &dere =répsndrem l+ fondrel, propre ment, adaptations. Il s’est lmmédlatement spécia-
ment averser avec, d’où smêlep, =rendre confus, lisé en science, à propos de la disposition des
trouble- et, en latin chrétien, <humilier, couvrir de parties d’un corps animé, d’un organe 16. contigu-
hontes. rationI. Il a été repris en chimie, à propos de la di-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONDITION
CONDESCENDRE v. intr. est emprunté wndition. o La valeur sociale du nom s’est déga-
(v. 1350) au latin chrétien condescendere =se mettre gée au XI? s., à propos de la place dans la société,
au niveau de, à la portée des, de cum (+ CO-Iet des- du rang (1270-1285).là où on tend aujourd’hui à em-
cende-e C+ descendre). ployer classe ou situation. En ce sens, d’abord atta-
4 Jusqu’au WC”s., ce verbe a eu différentes valeurs ché comme en latin à l’état de domesticité (1288)
non péjoratives: *se laisser fléchir par= jusqu’au Ion disait encore être en condition chez qqn &re à
xv” s., e-econnaître, adhérer, consentti à la forme son services au début du >Oc”s.1, il est devenu une
pronominale au XVI~s., -supporter avec bonté (les désignation de l’état noble (1474) dans les expres-
faiblesses de qqn>, (v. 1580). et au XVIII”s.. -accéder sions personne de condition (16271,dame de CO&-
aux volontés d’autrui- avec une idée d’indulgence. tien (1647). propres à l’Ancien Régime. OLe sens
o C’est seulement depuis le milieu du WC”s. (1866, plus général de <situation, état, (en parlant des hu-
Journal d’Amiel) qu’il est attesté avec sa valeur mo- mains) date aussi du XII? s. (v. 1278) mais l’acception
derne de =daigner accepter-, avec une idée péjora- philosophique se développe relativement tard
tive de mépris dû au sentiment de supériori’té. Ce kw. 1703, la condition humain& OLe mot est
sens dérive de celui qu’avaient pris les dérivés. souvent employé au pluriel pour indiquer I’en-
tI.e participe présent adjectivé, CONDESCEN- semble des caractéristiques d’une chose : on parle
DANT, ANTE (x#s.). d’abord synonyme partiel ainsi de conditions de vie (1893, au singulier). 0 Le
d’indulgent, a pris le sens actuel de =dédaigneuxB, sens plus spécifique de =qualité d’un objet, d’une
devenant nettement plus cowant que le verbe. personne en fonction de sa destination%, enregistré
-Son dérivé CONDESCENDANCE Il. f. (16091, en 1690, est notamment réalisé dans les locutions
d’abord pris en bonne part pour ~complaisance in- être en bonne condition ou dans de bonnes candi-
dulgente par laquelle on s’abaisse au niveau d’au- tiona Me&%? en condition. employé depuis 1872
trui*, a reçu la valeur aujourd’hui archaïque de dans le domaine des sports, en parlant d’un cheval
-complaisance coupable> (1826) qui a contribué à puis (1924) d’un athlète, réalise aussi, transposé sur
imposer sa connotation péjorative, puis le sens ac- le plan psychologique, l’idée de *préparer l’esprit
tue1 &-air faussement protecteur, méprisanb de qqn à qqch.s (1965).
(18321,plus tard suivi par le verbe. t Le dérivé CONDITIONNER v. tr. Iv. 1278) corres-
pond aux emplois d’aspect déterminé du nom et
CONDIMENT n. m. est emprunté @inXII~s.l au exprime le fait de soumettre à certaines conditions.
latin condimentun -plante destinée à assaisonnez Sa spécialisation philosophique, d’abord sous la
et, au figuré, =ce qui donne de l’attrait à qqch.x. Ce forme du participe passé substantivé à valeur de
mot est dérivé de condire wsaisonner, relever- (au neutre (le conditionné, 1823) puis aussi en conskuc-
propre et au figuré), terme technique et usuel sans tien transitive (1883, conditionner des phénomènes),
étymologie établie. est un calque de l’allemand das Bedtigte (1781,
&Le sens propre culinaire et la valeur métapho- Kant). Il semble être passé en f?ançais par l’inter-
rique (XIII” s.l ont été repris simultanément au latin. médiaire de l’anglais the conditioned, antérieure-
t CONDIMENTAIRE adj. est ew&Stré par Littré ment calqué sur l’allemand par le philosophe an-
(1863) avec un sens objectif, -qui a la propriété des glais William Hamilton (1788-1856) qui l’emploie en
substances employées comme condiments~. 1829. Ce sens a donné par extension celui de =dé-
- CONDIMENTER v. tr., de sens propre et figuré, terminer le comportement de (qqn)>, en parlant
est employé par Laforgue (1885) et Bloy (18861,par d’événements, de circonstances (19OOl, emploi
métaphore; il s’est peu répandu. controversé en français, mais répandu au xY siè-
cle. Sa spécialisation en psychologie du comporte-
CONDITION n. f. est emprunté au ~11~s.(1154. ment, dans le syntagme réflexe conditionné, est
1173) au latin con&& @galement conditio à basse probablement calquée de l’anglais (1915, con&&
époque). Celui-cl est composé de cum (+ CO-Iet de ned refkx, peut-être antérieurement dans une tra-
divin <formule de commandement, d’où -autori&, duction des travaux du physiologiste russe Pavlov
terme juridique appartenant à une large famille de 11849-19361,connus et publiés dès 1903). -Le sens
mots (droit, religion) issus de la racine “dei.&, “cIA juridique de *conclure une convention, conved
=montre* (+ dire). Con&& désigne une formule Cv.1360) est sorti d’usage au xkYsiècle. En r-e
d’entente entre deux personnes et, plus générale- vanche. celui de -préparer (une chose) en lui don-
ment, un arrangement, un pacte. De là, il a acquis nant les qualités requises,, attesté dès 1611 en par-
par métonymie le sens de =Situation résultant d’un lant d’une marchandise, a connu une certaine
pacte>, d’où *situation= en général. Par suite d’un extension en agriculture et en industrie textile
emploi spécial de l’expression humana condicin (17691,et surtout dans la commercialisation de pro-
<condition humaine>. il a pris le sens particulier duits alimentaires 119491, en même temps que
d’-esclavagem. conditionnement. -Son participe passé adjectivé
+Le mot apparaît avec le sens juridique de =Clause, CONDITIONNÉ.ÉE (13941 en& en partinùier
obligation dont dépend la validité ou la réalisation dans le syntagme air conditionné par traduction de
d’une convention, d’un contrat, : c’est à ce sens que I’snglais air-conçlitined koncurrencé par clima-
se rattachent, avec une idée de &-constance obli- tisél. oIl a pour dérivé l’antonyme INCONDI-
gatoire,. les locutions devenues usuelles à CO&& TIONNÉ. ÉE adj. (1794). d’usage PhüOSOphiqLIe,
tion de (1787l, condition sine qua non (1704) *con&- peut-être d’après l’allemand unbedingt (1781, Kant)
tion sans laquelle une chose est impossibles, et sous ou l’anglais uncond&ioned.
CONF’RON’IER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

reparurent au XIXes., tolérées sans avoir été réta- dans des formules de politesse. Le sens fort de
blies par un acte législatif ou administratif. Dès le -perdu, tué, ruiné= k. 1180) a décliné au xv” s.
mf s. Cv. 1260). on classe parmi les confréries les comme le sens correspondant de confondre.
corporations d’arts et métiers. Con/& qualifie aussi une chose dont les éléments
t CONFRÈRE n. m. (v. 1260) est le dérivé régressif sont mêlés (12921et, par extension, qui n’est claire
de conMie, sur le modèle de frère, ou le représen- ni pour les sens (1549). ni pour l’intellect (1671).
tant du latin médiéval confrater, de frater (* tire). w En est dérivé CONFUSÉMENT adv. (15731, réfec-
Contrairement à confréti, ce n’est pas seulement tion de la forme plus ancienne confkement ( 1213).
un terme historique désignant les membres des CONFUSION n.f., d’abord confusion (1080). est
confréries, mais un mot courant au sens de sper- emprunté au dérivé latin confksio =désordre,
sonne appartenant au même corps, à la même trouble*, chez les auteurs chrétiens, #honte* et
société>. Il est notamment employé dans les pro- =destruction* I+confondrel. Ce dernier sens
fessions libérales (avocats, médecins). s’il a norma- semble dû à un calque du grec sunkhusk *action
lement pour féminin consoeur (+SO~U~), il est de verser ensemble, mélange* et, au figuré, =confu-
parfois employé lui-même en parlant de femmes, sion, trouble de l’esprlb, *destruction*. +Le sens de
au masculin ou au féminin. Aux xv” et XVI’ s., on di- *destruction* (10801 est rapidement sorti d’usage,
sait confréresse pour les membres des confréries laissant le mot exprimer l’idée de =trouble= ti XII~-
religieuses et professionnelles. -On * formé le déb. XIII~s.) dans le domaine de la pensée, et de
substantif didactique CONFRATERNITI? n. f. (1283) #honte* (v. 11201dans celui des affects. Cette valeur
d’après fraternité*, peut-être sous l’lntluence du la- a eu tendance à s’atténuer comme le montre la lo-
tin médiéval conhtemitas confrérle~ (x1~s.1 et cution à la confuson de qqn (apr. 15501, souvent
~Corporation de marchands~ (12671. Le mot est pure clause de style. Cependant. les emplois afki-
moins solidaire de conf?éti et de confrère que de blis du mot, par exemple pour nommer un manque
fraternité, désignant les relations unissant des de clarté dans les idées (16911,coexistent avec des
confrères et surtout, par extension, des personnes emplois où il conserve sa force : on n’est pas loin.
ayant des conditions ou des situations analogues. dans l’emploi qu’en fait la psychiatrie (1895. con&
-Quant à confraternel, il est formé su katemel sion mentdel, de l’ancienne notion de chaos
b katernel). (av. 1250), elle-même souvent relative à l’épisode
biblique de la tour de Babel ~III” s., comûsio dek
CONFRONTER v. tr. est emprunté (13441 au lengatges en ancien provençal). L’tiuence de
latin juridique médiéval confrontare (1289 en Gas- confondre est sensible quand le nom signifie =fait de
cogne) confiner SP,composé de cum (+ CO-Iet de prendre deux choses l’une pour l’autres (16681 et,
fmns <le front> (+ front). en droit politique. &lt de réunir deux responsabili-
+Le vefie signifie d’abord, comme en latin, =COI& tés en une seule* (1690). -En sont dérivés quelques
ner, être situé auprèsm, puis (1371) edétermlner les termes d’usage didactique : CONFUSIONNISME
limites de km terrain),, sens encore tipertorié en n. m. (1907 chez Péguy) et, en psychiatrie, CONFU-
1878 et qui ne s’est maintenu que dans certains par- SIONNEL,ELLE adj. (1900) et le COn’IpOSé
lers régionaux. De là, on est passé par métaphore CONFUSO-ONIRIQUE adj. (v. 1960). -CONFU-
et influence de confrontation, déjà employé figur& S~ONNER v. tr. (18231,‘rendre qqn honteux, plein
ment en ancien français, au sens de sdétenniner de confusion*, a disparu, senti comme un doublet
par un face-à-face> et au sens moderne de ecompa- de confondre.
rep (15381. Celui-ci comprend souvent une idée CONGÉ n. m.. réfection de cmgiet Cv. 980). puis
d’opposition, de conflit (XVI~s.1,déjà en germe dans congtet Cv. 1050). conged Cv. 11301, est I’aboutisse-
la spécialisation du mot en droit pénal l158-5. ment de l’évolution phonétique du latin commëd-
confronter des témotns). tüs, par”comyadu, Oconcl~iado.Ce c0mmèdkï.s est le
t CONFRONTATION n. f. a été emprunté (13411au dérivé de commeare =Se mettre en marche, voya-
dérivé latin médiéval confimntatio *partie ti- ger-, composé de meare ~clrcoler, passer=, verbe
trophe de deux propriétés, (10801,sens disparu au poétique et postclassique peu fréquent, à rattacher
xw’s., puis au figuré *collationnement de deux à la même racine que migrare et mutare b migrer.
choses en vue d’une comparaison- (XIII~s.l. o Il est muer, muter). Employé comme nom d’action,
passé en droit pénal (1585, confrontation de té- commëdti avait reçu, par métonymie, plusieurs
moin.4 et dans l’usage courant (16901 avec l’idée sens concrets, &ansport de marchandises~,
moderne de mise en présence pour apprécier par -convoi de vivres militaires~. C’est dans la langue
comparaison, face-à-face avec affrontement>. 0 Il militaire que, par l’intermédiaire du sens d’=ordre
semble avoir empêché le développement du dérivé de marche, de transport,, il a pris celui de *permis-
CONFRONTEMENT n.m. kv1~s.1, nom d’action sion de partti.
tiré de confronter. +Le sens d’=autorisation de s’en allem est réalisé
dans les locutions relativement usuelles prendre
CONFUS, USE adj., d’abord cunfus cv.11201, congé (1050). donner con& (1265-1266). Le sens gé-
est emprunté au latin conFusus, participe passé de néral d’sautorlsatiom (v. 11301. employé notan--
contûndere (+ confondre). ment dans le contexte d’une permission de ma-
+Le mot est d’abord attesté avec le sens psycho- riage donnée par les parents, s’est maintenu dans
logique de ~embarrassé, couvert de honte,, dont la l’usage régionsJ. Le mot est passé dans le domaine
valeur tend à se dévaluer (16401, le mot entrant de la vie professionnelle - où donner congé ( 1265-
DE LA LANGUE FRANCAISE coNDumE

o> t CONDUIRE v. tr., d’abord attesté sous l’an- concurrencé conduit; toutefois conduite a aban-
cienne forme conjugée cotient lv.9861, troi- donné à ce dei-hier la spécialisation anatomique de
sième personne du pluriel de l’indicatif présent, est GLII& (av. 15901. -L't~~tOnyme INCONDUITE n. f.
hérité du latin conducere. Ce mot, composé de cum 116931correspond uniquement à =manière mcor-
bco-1 et de àucere *mener avec, ensembles recte de se comportep et se trouve concurrencé en
(-+ duc), a tendu à supplanter ducere dont ll a ai.- français de Belgique par MÉCONDUITE n. f. aw
sorbé les sens dérivés, -tirer à soi=, ‘mener, dir- quel correspond SE MÉCONDUIRE. v. pron.
gep. au propre et au figuré. Le nom d’agent CONDUCTEUR, TRICE n.
+ Le mot a achevé en ancien français de supplanter (apr. 1350, cohductourl est la réfection, d’après le
l’ancien verbe duire, issu du latin ducere, avec le latin, de l’ancien français conduiteur, conduitor
sens propre de &ire aller avec soi, dans on même Cv.12431,issu du latin cohductor qui, à basse épo-
lieu= Cv.9801.Celui-ci, selon le contexte, est modulé que, avait supplanté le simple ductor. 0 Le mot sert
en =accompagner+ 110801,raccompagner, escorter de nom d’agent à conduire dans ses sens figurés et,
pour mettre en Sûreté~ Il 172-11751,le ii-ahçais mo- de nos jours, surtout au sens propre : II s’est ré-
derne retenant surtout la valeur générale. L’ex- pandu à propos de celui qui conduit des animaux
pression conduire lune femme1 à l’église, bien que (15591 et, couramment, un véhicule (au wr” s., une
tardive 118291,renoue avec le latin médiéval condu- diligence), notamment une automobile 11898,
cere hvorem) -prendre pour épouse- 61.11941. H. Farmanl, emploi qui parait antérieur à celui de
0 Dès l’ancien frahçais. l’extension des sens s’est conduite, dans ce contexte. ~Conducteur était
faite, comme en latin, par la valorisation de l’idée passé dans le vocabulaire de la physique ao XVIII~s.,
d’*orientationB aux dépens de celle d’caccompa- notamment en électricité (17491, calque probable
gnements: conduire exprime l’idée de ~pousser de l’anglais conductor 11745,W. Watson; déjà 1737,
Cqqhl à certains actes> (10801,de *mener une chosen pour le dispositif destiné à tramsmettre le courant,
et, surtout à la voix passive, d’&re menés lv. 1175, sens diffusé par B. Fraokhnl. C’est dans ce sens que
par amors concluitl. o Un développement abstrait le mot a été adjectivé 118051,ad propre pois au fi-
réalise l’idée de -diriger, en étant à la tête des. guré dam l’expression lil conducteur (18241, -PI%--
d’abord en droit 11372; 1479, conduire un procès) et cipe qu’il faut Suivre~. 0 SEMI-CONDUCTEUR,
dans l’usage administratiflI4741, pois également en TRICE adj. 11897; précédé par demi-conducteur,
musique (1845, conduire un chceurl, d’où absolu- 18031a été substantivé pour désigner on élément
ment conduire, en comxrre*ce avec àitiger. -La dont la conductibilité électrique, iotermédieire
spécialisation pour diriger (un véhiculel~ est attes- entre celle des métaux konductemsl et celle des
tée en 1690 Icon&&e un attelage1 et l’emploi ab- isolants (non conducteurs1 possède des propriétés
solu du verbe se répand au xc? s. (1846: dès 1836, qu’on peut faire varier. D’importantes applications
dans on emploi métaphorique chez Stendhall, le en électronique ont fait entrer le mot dans l’usage
verbe devenant très courant avec l’automobile courant Iv. 19451. -Les termes de physique
(6. ci-dessous conàuctew, conduitel. o La spéciali- CONDUCTION n. f. (18301, CONDUCTIBLE adj.
sation littéraire, à propos de la maîtrise d’un récit, (18321 et CONDUCTIBILITÉ n. f. (18081 Ont été for-
remonte elle aussi à l’époque classique 11677,M”e més sur le radical du supin latin conductwn; anté-
de Sévignél. Des spécialisations plus techniques du rieurement, l’ancien frahçais avait emprunté ao
sens propre se développent ultérieurement, en dérivé latin conductio le substantif CONDUCTION
physique (18511,en technique et enmathématiques. n. f. (1253-1289). -Les termes d’électricité
Dès le xnP s., se conduire exprime l’idée de *se CONDUCTANCE n. f. (1893) et CONDUCTIVITÉ
comporter (de telle ou telle manièrel~. surtout dans ri. f. (19071 ont été empruntés aux mots anglais
bien, mal se conduire. conductance (18851 et cohductitity 118371, eux-
t Le participe passé conduit a pu être substantivé mêmes formés sur le latin conàuctum. 0 SUPRA-
sous l’ihthrence du latin médiéval conductus 11086. CONDUCTEUR, TRICE adj. et n. (1913 adj. : 1914
au neutre substantivé conductum; puis au mas- n. m. &VW? ghfhk? des SC.), SUPRACONDUC-
culin, 1248-12491.CONDUIT n. m. désigne une ca- TION Il. f. unil. >oQ s.), SUPRACONDUCTIBILITÉ
nalisation (v. 11751et, par analogie. un canal de l’or- Il. f. (19231, SUPRACONDUCTIVITÉ Il. f. (1927) Sont
ganisme lv. 12251.0 Il s’est spécialisé en musique aussi des anglicismes. lis concernent le phéno-
11218-12251comme nom d’on motet d’église, pois mène par lequel certains métaux et alliages ont
de notes de liaison, de mesures insérées entre les une résistivité qui s’abaisse et devient quasi mille à
diverses entrees d’un morceau. o Son sens de basse température. Supraconductor, en anglais,
-conduite, protection, escortes ne survit que dans le traduisait le néerlandais suprageleider M. K. Ow
syntagme smkmduit (-saut?. L’expansion du ries. 19131.
mot a été gênée par la vitalité du féminin. -Ce der- RECONDUIRE v. tr. (xi-? s.1 a été emprunté au la-
nier. CONDUITE n. f. knle s.1, sert de substantif tin juridique recohducere avec le même sens itéra
d’action à conduire dans ses principaux sens : sac- tif de <renouveler ton bail)- et le sens général et
tien d’escorter-, action de diriger= 114651,aart de cour&mt de -raccompagner-, peu attesté entre 1675
mener un r&it. un ouvrager 115301,=action de me- et 1802. Le mot, dans l’usage juridique et admiois-
ner mie entreprise, oh dessein, (14651,-manière de tratif, s’applique aux mesures d’expulsion prises à
se comporter= 116801et, très tard, ‘action de mener l’encontre d“immigres en situation irrégulière
un véhicule* (19281probablement d’après conduc- (1996). Le dérivé RECONDUITE n. f. s’emploie dans
teur (ci-dessous). oCertains emplois concrets du le même contexte heconduite à la frontières.
mot, en r-eférence à une canalisation (av. 16281,ont 0 RECONDUCTION n. f. (XVle S.) est un emprunt
CONGRE 850 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CONGRATULATION Il. f., emprunt du xv” s. (1417- placé congrég&ioti, aux n. emprunté un peu plus
1435) au dérivé latin congratulatio. tôt (17521 à l’anglais congregatin&, adjectif (1642)
et nom (16531.
CONGRE n. m., d’abord congreis (v. 11801puis
congre (xnr” s.l. est probablement issu, peut-être par CONGRÈS n. m. est emprunté (xvr’s.1 au latin
le provençal congre, du bas latin congrus. Le mot congressus asxtion de se rencontrep d’où *union
est un doublet du type classique con@, primitive- sexuelles et -entrevue, réunionn, dérivé de
ment gonger, emprunté au grec gongros, nom de ce congredi <se rencontrer-, de cum I-CO-) et gradi
poisson employé métaphoriquement en botanique ~marcher-, de gradus “pas> (+ grade).
et en médecine (d’après la rondeur ou la voracité
+ Le mot a été introduit au sens d’sunion charnelle*,
du congre). L’étymologie de gongros est di!?Ecile et a
propre aux xwe et XVII~s. et à l’origine de la spéciali-
fait l’objet de plusieurs hypothèses: ce peut être
sation juridique ancienne d’kpreuve légale desti-
soit un emprunt méditerranéen, soit une formation
née à constater l’impuissance du mari (avec le té-
populaire apparentée à gongulos -ronds, soit-se-
moignage d’une matrone ou sage-femme), cas
lon l’étymologie que donnaient les Anciens -, un
invoqué pour annuler un mariage>. Ce sens tomba
terme apparenté à gangrakm (+gsngrènel et à
quand l’épreuve fut abolie, en 1677. 0 A partir du
gran edévorep, en raison de lavoraclté de l’animal.
début du x& s. (16111,le mot a trait à une réunion
+ Le mot, comme son étymon, désigne un poisson de personnes et, bientôt, reçoit sa spécialisation
de mer cylindrique. politique et diplomatique (16021. Par extension, il
CONGRÉGATION n. f., d’abordnoté congre- désigne une réunion de spécialistes pour se com-
gatiun (v. 1120), est emprunté au latin congregati muniquer leurs études sur un sujet (17071. oLe
+&mion, assemblées, spécialement *communauté sens de =Parlement Américaine est un emprunt
(17741à l’angle-américain congress (17741, spéciali-
religieuse= en latin médiéval, dérivé de congregare
(sporadiquement repris en français par congréger, sation du mot, lui-même emprunté au latin
1611; me s.l. Ce verbe est formé de cum (+ CO-Iet congressus.
de gregare ~réunir en troupeaw à époque impé- t CONGRESSISTE n. (1866) désigne celui qui par-
riale, verbe issu de grex, gregis =réunion d’animaux ticipe à un congrès, dans toutes les acceptions du
ou d’hommes de la même espècem (- grégairel. mot.
+Le sens général de ~rassemblement, réunions a
disparu depuis le xvue s., sinon dans l’expression bi- CONGRU, UE adj. est emprunté (1282) au la-
blique congrégation des eau (Genèse, 1,101,calque tin congrus *conforme, convenable, juste, corrects.
du latin de la Vulgate. oLe mot s’est maintenu Le mot est dérivé de congruere, composé de cwn
avec des acceptions restreintes dans le domaine (- CO-Iet d’un simple non attesté “grwre apparenté
religieux et politique : il désigne une communauté à mere CG+ ruer), qui Sign%e cse rencontrer= d’où,
religieuse (av. 1622) et une commission de tard- abstraitement, *être d’accord, conven++.
naux chargée de questions relatives à l’administra- +Le mot, ainsi que la plupart de ses dérivés, est
tion de 1’Eglise (av. 16301. Par extension, il s’ap- quasiment sorti de l’usage sauf dans quelques syn-
plique à une confréfie de laïques qui s’exercent à la tagmes figés: en théologie, on parle de gnîce
pitié et à la charité (1680). o En emploi absolu avec congrue (av. 17151d’après saint Augustin et, en géo-
la majuscule, il se réfère spécialement à une asso- métrie. de nombres congrus (av. 18631, sens em-
ciation religieuse fondée sous la Restauration (en prunté au latin moderne congruus 11801, chez le
18141,à laquelle on prêta des menées subversives mathématicien allemand K. F. Gaussl. 0 L’un de
(1827). Certains emplois du mot, à propos d’un petit ces syntagmes, portion congrue (av. 16151 du latin
clan ayant un esprit de chapelle, se souviennent de médiéval portio congrua (12151est devenu courant
cette association. Le sens, rare, de *paroisse, as- avec le sens de =ressources à peine stisantes pour
semblée des fidèles* (1801) est un emprunt à l’an- survivrez; il désignait, sous l’Ancien Régime, la
glo-américain congregcction (1526-15341,spécialisa- pension annuelle -calculée au plus juste - que
tion de sens d’un mot repris (v. 1374) du français. versait le titulaire d’un bénéfice au prêtre qui rem-
t CONGRÉGANISTE adj. et n. est dérivé (16801du plissait sa charge.
radical de congrégation avec un infixe -an-, prc- . CONGRUITÉ n. f. (v. 1370) et CONGRÛMENT
bablement sur le modèle de organiste, humaniste, adv. (v. 13701 ne se rencontrent plus que dans
botaniste. oLe mot désigne un membre d’une l’usage littéraire et, pour le nom, dans sa spéciali-
confrérie religieuse et quaMe ce qui s’y rapporte sation théologique (16681. Celle-ci est également
Udéb.x&s.). Sous la Restauration. il a désigné réalisée dans les termes didactiques
118301un membre ou un partisan de la Xongréga- CONGRUISTE adj. et n. (1714) et CONGRUISME
tiow. -En ce sens, il a produit CONGRI~GANISME n. m. (1753). -CONGRUENT. ENTE adj. (1507-
n.m. (1835. Lamartinel, =manière de penser et 15101,emprunté au latin congrwns ‘qui convient*,
d’agir des partisans de la Congrégation>, mot sorti participe présent de congruere, et le substantlfcor-
de l’usage. ~CONGRÉGATIONISTE n., <membre respondsnt CONGRUENCE n. f. (1374). eqXWnté
de la Congrégatiom (1842. Stendhal), recoupe l’em- au latin congrwmti, ont été repris en mathéma-
ploi de congréganiste en histoire. -CONGRI?GA- tiques au milieu du >w” s.. d’après congru.
TIONALISTE n. (18361 est empWIté à l’anglais L’mtOnyme INCONGRU.UE adj. CV. 13701, em-
congregatinalist (1602) -membre ou partiian du prunté au latin incongruus ‘inconvenant, absurde,
système non-conformiste, en Angleterre*. Il a rem- inconséquent*, s’est mieux répandu que congru
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONFIDENCE
disparu après son extension à une comparaison de siow. issu par ellipse d’un emploi adjectif antérieur
dBérents objets (costumes). Le mot s’applique en- (1610-1613) qui n’a pas vécu. Par analogie de forme,
suite à un exposé fait en public par une seule per- le mot a désigné l’un des oreillons adaptés à un fau-
sonne pour servir de base à une étude en commun teuil pour y appuyer la tête (17001,puis un fauteuil
(1680, dans un contexte théologique) : concurrencé ainsi équipé (1720). OLe dérivé CONFESSION-
en ce sens par communication, plus technique, il NEL, ELLE a@. (1863), qui ne concerne que le sens
est surtout employé en parlant de l’exposé seul, en de =croyance religieuse>. peut s’opposer à laïc.
particulier dans un cadre scolaire, au sens de *le- CONFESSEUR n. m., d’abord confesseur Cv. 1155)
çons (1752). Il y a fourni le titre universitaire de et confesser (1195.1200), est emprunté au latin chré-
maître de conférences(l8451. Depuis 1952,la presse tien confesser =Celui qui professe la foi chrétiennea,
a répandu l’expression conférence de presse. -Le mot désignant d’abord un martyr, puis celui qui
dérivé CONFI~ENCIER,I&RE n. (1752) désignait s’est affirmé le témoin du Christ par une sainte vie ;
une personne président une conférence ecclésias- à l’époque médiévale, il s’est appliqué au prêtre qui
tique, avant de prendre son sens moderne (1859, en reçoit la confession d’un croyant (v. 8271. -Le mot
religjon; 1866, en général) 0 On a forgé plaisam- fmnçais, introduit en liturgk pour désigner un
ment un ver-+x CONFÉRENCER (1879, Flaubert) saint non martyr, désigne couramment le prêtre
qui a prolongé l’ancien sens de conférer -s’entrete- qui entend la confession du pécheur, le directeur
nir avec=, sans parvenir à l’imposer dans l’usage. de conscience de qqn, et, par extension, celui qui
-Le composé TÉLGCONFÉRENCE n. f. (19621dé- reçoit des confidences.
signe une discussion à distance, par télécommuni-
cations. CONFETTI n. m., mot mentionné dans la Cor-
respondance de Stendhal comme italianisme
CONFESSER v. tr. est dérivé (1172-1175) de (18411, est emprunté à l’italien confetti -bonbons,
l’ancien français ksestre1cunfes +wouer ses péchés= sucreries~ (XIII~~.),pris au sens de *petites boulettes
(10801,lui-même issu du latin confessus -qui avouem, de plâtre qu’on se lance lors du carnaval dans
participe passé de confiteri -reconnaître, avouer>. confetti di gesse (av. 18271,l’italien utiiant le plu-
pris dans son sens chrétien =avouer ses péchés (à riel de coriandolo (+ coriandre1 là où le fixnçais
Dieu, à un prêtre)>. La première personne du emploie confetti. L’italien confetti est le pluriel de
présent de ce verbe, CONFITEOR. n. m., est em- confetto, issu du participe passé latin confectw
ployée comme terme de liturgie catholique depuis -préparé. et correspondant au français confit*. Il a
1205, confiteor <j’avoue (mon péché)- étant le pre fourni le mot russe konrîeta <bonbonn, l’allemand
mier mot de la formule de confession du rituel Konfekt =Confitures, sucreries, dragées> étant cl-
chrétien (av. 743). Confiteri est le composé d’aspect rectement issu du latin confectus.
déterminé en cum C+C~-1 de fateti ~reconnaître 4 Le mot a désigné les boulettes de plâtre qu’on se
une fauten (qui serait postérieur car le nom d’agent lançait au cours du carnaval, avant de désigner les
fat- n’est normal qu’en second terme de composés), rondelles de papier coloré qui les ont remplacées
issu de fati -parlep, à rattacher à une racine ir- (1894). Il n’est plus du tout rattaché à son origine.
doeuropéenne “bha- =parler= (+ fable).
+ Le verbe exprime l’idée d’savouer ses péchésn à la CONFIANCE - CONFIER
forme pronominale (1172-l 175) et en emploi transi-
tifk. 12781;il exprime réciproquement le fait d’=en- CONFIDENCE n. f. est emprunté (v. 1370) au
tendre une confessions en parlant d’un prêtre latin confïdenti (par ailleurs adapté en confiance*)
(déb. XIII~s.l. Depuis 1564, il a également le sens de -confiance, assurances d’où aussi, par péjoration,
-déclarer publiquement une croyance religieuse=. =outrecuidance~, de con/ïdere (+ confierI.
0 Par extension, il est passé dans l’usage laïc, re- + Confidence a eu jusqu’au xvn’s. le sens de
trouvant la valeur latine primitive, <reconnaître* =confiance intime (entre ami& conservé par I’an-
Cv.1278).sans jamais s’atkmchir de ses résonances glais confidence, lui-même emprunté à l’ancien
chrétiennes. hnçais. 0 Concurrencé et éliminé par confiance*
t Le dévetial CONFESSE n. f. (v. 11751 ne s’em- en ce sens, il a pris alors son sens moderne de
ploie au sens de =Confession> qu’après les préposi- wzommunication d’une chose sous le sceau du se-
tions à et de, et sans déterminant. cret> (1647), notamment après les verbes faire.
CONFESSION n. f. est emprunté cv.980) au dérivé échanger hm, des conlïd/mces~, mettre dans fia
latin chrétien confessio aveu de ses péchés>, *pro- confüfence1, correspondant alors pour le sens à
fession de foin, spécialisation du sens classique contk
d’savew. 0 Le mot désigne l’aveu de ses péchés à .CONFIDENT,ENTE n., d’abord confedens
Dieu, à un prêtre et, par extension, l’aveu d’une Cv. 14501 puis confident (1555.15591, est emprunté à
faute quelconque (v. 1265, la confession du malfai- l’italien confidente hve s.) dr, fidèles, squi reçoit
teur). Les protestants du temps de la Réforme ont les confidences de qqn= et -confiant*, lui-même em-
introduit le sens, repris au latin, de -profession de prunté au participe présent latin contins de
foi* (1537). Au singulier comme au pluriel, il s’est contire. 0 Le mot a été employé comme adjectif,
employé comme titre d’ouvrage, par référence aux aux sens de -confiant*, <en qui l’on peut avoir
Confessions de saint Augustin W s.l. superposant confmnce~ kMllls au XVI? s.) et aussi -contïdentielB.
acceptions laïque et chrétienne. -On a formé des- o L’usage moderne en a fait le nom de la personne
sus CONFESSIONNAL, AUX n.m. 11633) <petit à qui l’on conñe ses pensées intimes (av. 1630). Dans
édike où un prêtre reçoit les fidèles en confes- le théâtre classique, il désignait spécialement le
CONJONCTURE 852 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

blir des connexions sur on circuit dès que la ten- CONJUGAL, ALE. AUX adj. est emprunté Iv. 12821
sion est sofllsante, dans l’autre, de couper le circoit au latin conjugalis, adjectif correspondant à conjuz
en cas d’inwfkmce ou d’excès de tension. =époux. épouse>, équivalent poétique de maritus
C- mari) et. au féminin, de ~?COT.0 Le mot qualille
CONJONCTURE n.f. est la réfection ce qui est relatif aux liens du mariage, avec des em-
(av. 14751, d’après le latin conjunctus t+conjointl. plois particoliem dans le domaine de la vie aifec-
de l’ancien français conjointure lv. 11701 =récit tive, morale, du comportement, et une spécialisa-
agencé selon les règles de l’art d’écrire~, lui-même tion &iridique fdevoir, lien conjugall. -En sont
dérivé de conjoint (+ conjoindrel. Le latin médiéval dérivés CONJUGALEMENT adv. 11588, Montaigne1
Oconjunctura est hypothétique. et CONJUGALITÉ n.f. (18461, ce dernier didac-
+Le sens général de *situation résultant d’on tique. -EXTRACONJUGAL. ALE. AUX a@. (18251
concours de circonstances~ est encore vivant s’applique aux relations (sexuelles) hors mariage.
(souvent qualifié : mauvaise conjoncturel dans le
registre soutenu. o Cependant, la plupart des em-
CONJURER y. est emprunté lv. 9801 au latin
conjurare, de cum =avec= l+ CO-I et jurare t+ jurer),
plois modernes du mot se rattache à la spécialisa-
proprement *jurer ensemble> d’où =se liguer,
tion récente 119371 de *situation économique, llnan-
conspirer- et, à basse époque, =Supplier, adjurer
cière kl’un pays, d’une entreprise) à on moment
sous l’invocation de qqch. de sacré, de Dieu>.
donné*, avec une extension à toute situation collec-
tive, et en opposition à structure. 6 Le mot, à partir de cette idée initiale d’aexhorter
une puissance sacrée>, est passé au sens de ‘pro-
.Le sens économique a produit CONJONCTU-
noncer des paroles magiques sur (qqn, qqch.1, pour
REL.ELLE adj. 11955: conjonctial dès 19261 et
obtenir un effet précisé tfln w” s.1 et, de là, au sens
CONJONCTURISTE n. 119531, nom du spécialiste
moderne d’&arter (un danger) par des pratiques
qui analyse les éléments d’une situation écono-
magiques- 113971, généralisé à la iln du xwe s. en
mique.
-détourner. éviter (une menace, on périll~. oEn
marge de cette évolution. conjurer a conservé son
CONJUGAL - ci-dessous CONJUGUER sens de csupplier- ds+s la construction conjurer
qqn de faire qqcb. 0 A la iïn du xv” s., le verbe a
CONJUGUER y. tr. est emprunté (15721 ao la-
réemprunté aB latin le sens de =Comploter, conspi-
tin conjugare, de cum (-CO-) et jugare -unir, atta-
rer+ en construction intransitive ou pronominale
cher (la vigoel~, forme dorative en a correspondant
115441. autrefois également en constrwtion transi-
à jungere l+ joindre). C’est pourquoi conjugare
tive.
=Unir ensemble, mariep fonctionne comme dou-
blet de conjungere t+ conjoindre et que les deux t Les mots de la même ihmille se distribuent géné-
verbes français qui en sont issus présentent des va- ralement entre l’idée de ‘prière* et celle de
leurs communes (en grammaire, en parlant du ma- scomplotm. Le participe passé substantivé
riage), distribuées dans leurs dérivés. CONJURÉ, ÉE n. (12131 signifie *membre d’on
complotn, et l’adjectif de formation savante
*Le vehe a été repris en grammaire ati xwe s.,
CONJURATOIRE (18911 -destiné à écarter le mal%.
d’après conjugaison. Le sens général, joindre, as
~Vaugelas recommande, pour éviter l’ambigoIté.
socier. réunir- (15961, s’est maintenu dans la langue
de réserver CONJURATEUR. TRICE ri., emprunté
soutenue konjugwr ses efforts). o L’idée =CO~~U-
113441 au latin médiéval conjurator *celui qui s’en-
gale> latine s’est conservée plaisamment à la forme
gage par serment= (viPs.1 et ~conspiratew
pP3IIOminde se conjuguer, d’après CONJUGO
Iv. 12501, au seul sens de cpersonne qui écarte on
116701, première personne du présent du verbe la-
danger par des pratiques religieuses+ @ri xv” s.1 et
tin, tiré de la formule du mariage religieux et em-
d’utiliser conjuré pour l’autre sens
ployé au sens de =mariages (16941.
CONJURATION Il. f. est empIWBté 1116C-11741 ao
. Le participe passé CONJUGUÉ. ÉE a été adjec- dérivé latin conjwatio ~alliance. complot>, employé
tivé au sens ancien de *mari&, avant d’être em- ati moyen âge au sens d’=adjtimtion~ et =formule
ployé avec des valeurs techniques 116961, en gram- magique=. 0 Le mot a supplanté l’ancien français
maire, en botanique 11753, feuilles conjuguées1 où le conjwokon, dérivé de conjurer 111601, et a gardé les
féminin pluriel conjuguées est substantivé (18031. valeurs du latin; cependant, le sens de =formule
-CONJUGABLE adj. (18291 et son composé IN- magique pour combattre les intloences maléfiques*
CONJUGABLE adj. 118751 s’emploient essentiek ti w”s.1, spécialement *exorciser- 116901, s’est
ment en grammaire. moins répandu que celui de =Complot contre le
CONJUGAISON n.f. (1236, conjugacionl est em- pouvoir établis (14701 qui procède de l’ancien sens.
prunté - avec adaptation du soilïxe - ao latin ~serment~ (1160-l 1741, sous l’iniluence de conjurer
conjugatio wnion charnelle- avec la spécialisation et qui est soutenu par conjuré k-dessus). Par ex-
grammaticaIe qu’il avait prise en bas latin. Surtout tension, il s’applique à l’action concertée de plu-
courant dans ce domaine, il a reçu des acceptions sieurs personnes contre qqch. ou qqn 115591.
spécialisées en anatomie 11546, conjugaison des
nerfs1 et en biologie (18861 où il désigne l’union de CONNAÎTRE v. tr., d’abord conoistre tv. 10501
deux organismes unicellulaires aboutissant à une est issu du latin cognoscere, devenu conoscere dans
régénérescence. Sa valeur générale de substantif une partie de la Remania sous l’intluence de nos-
d’action, pour =action de joindre, de réoni~, tar- cere b gnose) dont il est le composé d’aspect déter-
dive (18141, est relativement peu courante. miné en cwn tk+co-1. Comme loi, il signitïe aap-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONFLIT
des peaux pendant le chamoisage (v. 1268). oll reprise au latin ecclésiastique cv. 1174). En parlant
s’est répandu dans son acception culinaire de d’une chose, le mot s’est d’abord employé dans on
=Viande cuite et conservée dans sa propre graisses contexte juridique ou officiel Iv. 1174) avec la valeur
ll8671, à partir du Sud-Ouest. Bien que l’adjectif tiré de =ratifierm : il s’est répandu pour =établir avec plus
du participe passé ait toutes les valeurs du verbe, y de certitudes, fréquemment au pronominal (1680,
compris celle de *pénétré dea (1538. confit en). il la nouvelle se confïnnel et au passif
évoque cowamm ent le sucré, du fait du syntagme c CONFIRMATEUR. TRICE adj. et n. (fin xv” S.1,
lexicalisé fkiti con&.~. On entend parfois par là peu attesté aux XVII* et ~VI~~S.,a été repris artiÎ-
des fruits parfaitement mûris dans leur suc sur ciellement par les dictionnaires au xor”siècle.
l’arbre (dans le Midi1 ~XVII”s.1, et surtout des fruits CONFIRMATOIRE adj. (18631 se limite lui-même à
préparés dans le sucre. un usage didactique; l’adjectif le plus courant étant
CONFITURE n. f. a désigné, depuis ses premiers CONFIRMÉ, ÉE, tiré du participe passé du verbe,
emplois ti >mps.) et jusqu’au milieu du x& s., des avec ses différentes valeurs. -CONFIRMATION
aliments confits dans le sucre -fruits au sirop, n. f., emprunté, sous la forme fi-ancisée confermei-
pâtes de fruits, fruits con!% et fruits cuits dans du son (v. 11741,au latin confinnatio, exprime I’action
sucre -avant de se limiter à cette dernière prépa- de ratifier on acte, de fonder avec plus de certitude
ration et de se distinguer de compote. Par analogie la réalité d’une chose. o Moins courant en parlant
d’aspect. il a fourni la locution familière en COI& d’une personne, il a repris sa spécialisation théolo-
turc3 (1866) ; cf. bouillie, compote, marmelade. - Il a gique de =sacrement dans la grâce et la foi du bap-
donné CONFITURIER. IÈRE n. (15841, -personne têmes (1541, Calvin) au latin chrétien W s.l. De là, le
faisant les confitures*, qui a suivi l’évolution de sens de &rémonie où les enfants sont conknés
confiture. 0 Au masculin le mot a désigné (1760) un dans la grâce du baptême,. - CONFIRMATIF. IVE
meuble puis un récipient où l’on met des con& adj. (14731, emprunt au latin médiéval juridique
twes. -CONFITURERIE n.f. (1823) a pâti de la confinatiws (1116). est restreint à un emploi di-
concurrence de confiserie tout en se maintenant dactique juridique.
pour désigner la préparation des confitures et le lo- 0 voir INFIRMER
cal où on les fait.
CONFISEUR, EUSE n., dérivé du participe CONFISQUER v. tr. est emprunté (1331) au
présent confissant (d’où la graphie primitive confis- latin impérial conticare, de cum (+ CO-I et fiscw
seur, 160% a concurrencé puis évincé confitutir bfiscl, littéralement *faire entrer dans le trésor
dont il était synonyme, désignant toutefois plutôt impérial?
l’artisan que le commerçant. Progressivement. il
t Le mot, jusqu’au XVI”s., était uniquement employé
s’est détaché de son origine pour désigner la per-
dans le contexte juridique d’une saisie officielle
sonne ou l’entreprise qui fabrique et vend des su-
d’un bien pour l’attribuer au fisc ou à des part-
creries (bonbons, chocolats). -CONFISERIE I-I. f.
culiers Il s’est, répandu avec le sens large d’cacca-
(1753) a suivi la même évolution. Désignant la fabti-
parer une chose> (1585). wne personne>. notam
cation des produits confits au sucre, le mot a reçu
ment pour -retirer provisoirement (qqch.)m, par
les extensions métonymiques normales, =magasim
exemple à un enfant.
et, surtout au pluriel, *produit ou ensemble des
produits de la confiseries (av. 1866). *Son dérivé CONFISCABLE adj. (1481) et
C’est au sens général du latin que se rattache l’an- CONFISCATION n. f. (1380; 1358, Confiscation),
cien verbe DÉCONFIRE v. tr. (1080) sdéfaire un en- emprunté au latin confiscati, ont gardé un usage
nemi*, qui s’est seulement maintenu dans son par- plus spécialisé.
ticipe passé adjectivé DECONFIT. ITE -battu,
défait> (XI~” s.) et dans DÉCONFITURE n. f. (XII~s.), CONFITURE + CONFIRE
-défaite* et spécialement *faillite>. Cette série est
complètement détachée. par le sens et les emplois, CONFLAGRATION n. f. est emprunté
de confve et de ses dérivés, sauf si l’on tient compte Cv.1375) au latii confZagr&o -incendie, embrase-
de la nuance comique de déconfiture, causée par la ment*, nom d’action dérivé à basse époque du latin
paronymie. impérial conflagrare. Le verbe est le composé d’as-
0 voir Comm. pect déterminé en cum l- CO-Ide Ragmre *flamber,
brûler, être enflammés, au propre et au figuré
CONFIRMER Y. tr. est emprunté (v. 980) au la- (+ flagrant1.
tin conkmare, de cum (-CO-) et finus *stables *Le mot, d’usage littéraire, a repris le sens propre
(+ ferme), etiennir, rendre plus stables, wzertifïer. de #grand incendie, embrasement*, fonctionnant
garantb, spécialisé comme terme de liturgie chez comme un doublet à valeur intensive de détlagra-
les auteurs chrétiens. tin. Son emploi figuré, à propos d’un cataclysme,
* Confermer, tiquent jusqu’au XVI~s., a été éliminé d’un grand bouleversement dévastateur, date de
par la forme refaite savamment sur le latin. Le mot l’époque révolutionnaire (av. 1791, Mirabeau) et a
a été introduit W s.) dans l’expression confirmer trouvé des applications avec les guerres mon-
qqn en vérité&i donner l’assurance qu’il est dans diales, par iniluence paronymique de conflit.
la vérité*, réalisant l’idée de zrendre (une chose,
une personne) plus assur&. ocependant, en CONFLIT n.m. est emprunté 6% XII~-
parlant d’une personne (v. 1120), il s’est restreint à déb. XII~I~
s.1au latin impérial conflictus -choc, lutte,
un usage soutenu et à la spécialisation liturgique combab au propre et au figuré. Curieusement,
CONNEXE 854 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

neut-, notamment dans des provinces ayant une t L’adjectif CONNIVENT, ENTE (av. 15931, em-
importance militaire particulière, et certains prunté à conivens, le participe présent latin, est ap-
connétables en viennent à jouer un rôle politique paru avec le sens de aqui feint d’ignorer une faute*,
au XIV et au xv” siècle. Richelieu ne reconduit pas sorti d’usage. À la différence du verbe et du nom, il
la charge de connétable en 1626, si bien que la plus a reçu des acceptions techniques en anatomie
haute fonction militaire demeure alors celle de ma- (17531et en botanique (1803). avec un sens qui pro-
réchal; Napoléon 1”’ la ressuscite en 1804 pour son cède de l’idée physique exprimée en latin : -serrer
frère Louis @rand connétablel et le maréchal Ber- en rapprochsntn. Son emploi avec le sens figuré de
thier hice-connétable). <qui est de connivencen, d’après connivence, n’est
attesté que de façon sporadique.
CONNEXE adj. est emprunté (1290) au latin in
périal c0nexu.s ou c0nnexu.s -qui forme une conti-
nuité avecn, participe passé adjectivé de conectere, CONNOTER v. tr. est emprunté (v. 1530) au la-
connectere*attacher ensembles, composé de cum tin scolastique connotare, attesté dans le domaine
(b CO-I et de nectere *enlacer, nouer. liep (un anglais depuis le ~11~s.et passé en anglais chez
composé de sens voisin, aclnectere est à l’origine Dons Scott et Guillaume d’Occam (XI~“-xv” s.l. qui
d’annexer*). ont contribué à répandre le verbe to connote. Le
* Connexe est essentiellement employé avec une mot, composé de cum ravecI (+ CO-I et de notare
valeur abstraite *qui est en relation avec>, sauf en (+ noter], signifie proprement anoter avec> et s’em-
botanique (1834) où il est d’ailleurs peu utilisé. ploie spécialement en logique pour le fait de ren-
voyer aux caractères essentiels d’on ensemble
w Le mot n’a guère produit que le substantif didac-
d’objets désignés par un terme.
tique CONNEXITÉ n. f. (1410). -CONNEXION n. f.
est emprunté (13381 au latin conkk%io -lien, en- )Le mot est attesté de manière isolée au XVI”~.
chaînement>. et correspond à la valeur abstraite du comme terme de logique scolastique. Il a été repris
verbe ; il a reçu des spécialisations d’emploi en ana- au XIY s. (18771,sans doute d’après les emplois cor-
tomie (1546, connexion des vertèbres)et en électri- respondants de connotation, sous l’influence de
cité. o Il a subi l’tiuence de l’anglais connection l’anglais to connote attesté comme terme de lo-
dans le sens de =contxts secrets+; c’est alors un gique chez J. Stuart Mill, dans une opposition entre
pur emprunt (la French Connectionl. denotation et connotation; il exprime le fait d’in&-
A la fin du XVIII~s. sont apparus le verbe CONNEC- quer, en même temps que l’idée principale, une
TER v. tr. (17801,repréSentt3JIt le latin COnneCtere, et idée seconde qui s’y rattache. En linguistique (1933,
ses dérivés CONNECTIF,IVE adj. (1799) et Bloomfield), l’anglais to connote se dit du fait d’évo-
CONNECTEUR n. m. (17991. Ce dernier est entré quer, en plus d’un sens stable, une signbïcation dé-
au me s. dans les vocabulaires techniques de l’élec- pendant du contexte situationnel. Les deux em-
tricité, de l’aviation, des télécommunications et de plois sont passés en français.
la linguistique. -Les composés antonymiques de cDu verbe est dérivé CONNOTATEUR n. m.
connecter et connexion, apparus au ti s., sont des (19641,répandu par Roland Barthes fhhents de
anglicismes, les dérivés anglais de connecterecou- sémiologies à propos d’un signe appartenant à un
vrant une aire d’emploi beaucoup plus importante
système dénoté et fonctionnant comme signikmt
que leurs correspondants français : DÉCONNE~-
du système connoté correspondant, selon on sys-
TER v. tr. (1943) est probablement emprunté à
tème imaginé par Louis Hjelmslev.
to dkconnect; depuis 1968,il est employé au sens fi- CONNOTATION n. f. est empIYInté (16601 itu latin
guré de *séparer- dont procède, dans le langage à
scolastique connotatio kxiication seconde, si@-
la mode, l’emploi de déconnectépour <qui n’est pas
cation secondes (dans le domaine anglais v. 12001.
~II courant, pas dans le coups. 0 DÉCONNEXION
n. f. (1954; 1951,déconnectinl est aussi emprunté à Le mot apparaît chez les auteurs de la Grammaire
l’anglais deconnectin. de Port-Royal, avec le sens de <propriété d’un
terme de faire connaître en même temps que son
CONNIVENCE n.f. est emprunté (1539) au objet certains attributs du sujetm, lequel est au-
bas latin coniventia =indulgencen, formé sur le par- jourd’hui réservé à l’histoire des sciences. Il est re-
ticipe présent de conivere, d’abord cserrer les pau- pris à l’anglais connotation, employé par le logicien
pières,, =fermer les yeuxn, d’où au figuré <être in- J.S.Mill hxhit en français en 1866). pour dési-
dulgents et, surtout sous l’Empire, =être d’accords. gner les traits de signification intrinsèques d’un
Ce mot est apparenté au latin nictare digner des mot qui renvoient à des attributs seconds par oppo-
yeux, clignotep et, comme lui, aurait eu à l’origine sition aux traits principaux. Plus récemment, il a
le sens d’aappuyen : il appartiendrait à une racine été repris aux linguistes américains (1954, Hjelm-
indoeuropéenne représentée dans les lsngues ger- slev en françaisl pour désigner des traits de signif-
maniques (ancien haut allemand hnigaan). cation qui relèvent du contexte particulier de l’em-
* Connivence a longtemps exprimé -ainsi que le ploi d’un mot. -CONNOTATIF. IVE adj. a été
verbe aujourd’hui inusité conniver (av. 1577) - introduit lui aussi en français dans la traduction de
l’idée d’=indulgence coupable>. Il s’est orienté vers J.S.Mill (18661, l’anglais connotative étant lui-
le sens actuel d’&&lligence secrète, accord tacite> même emprunté au latin scolastique connotatives
(1798) et a en partie perdu sa valeur péjorative. ~VS. Guillaume d’Occam, dans le domaine an-
Tout comme complicité, il peut aujourd’hui in&- glais). o Les emplois du mot aux XI? et xx” s. cor-
quer une qualité psychologique d’sentente sponta- respondent, en logique puis en sémiologie (1954,
née> @tre de connivence, sourire de connivence). Hjelmslev). aux spécialisations du terme anglais.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 847 coNFRJlRIE

versité des formes que peut prendre une molécule des Français, un des éléments de la civilisation bri-
soumise au principe de la libre rotation autour des tannique (cf. aussi cosy).
liaisons interatomiques simples, produisant en ce CONFORTABLE adj. est emprunté (1786) à l’an-
sens CONFORMATIONNEL,ELLE adj. (19641, glais comfortabk =fortifiant, consolant, secourable-
formé sur le modèle de nombreux anglicismes en Cv.1400), après que celui-ci eut glissé vers les sens
-0llUl. de =OÙl’on se sent à l’aisem (1769) et, pour les per-
CONFORMISTE n. et adj. est l’adaptation (1666) de sonnes, squi est à I’aise, (1770). Il s’agit là aussi
l’angk%is conformist, attesté depuis 1634 à propos d’une réactivation d’un mot français, l’anglais
de ce!ui qui se conforme aux doctrines et aux rites ayant emprunté comfortabk à l’ancien adjectifver-
de 1’Eglise anglicane, dérivé de toconfom, iui- bal confortable -qui conforte, (v. 1120). encore em-
même emprunté au, verbe français. oIntroduit ployé dans son ancien sens chez Joseph de Mai&re
dans le contexte de I’Eglise anglicane, le mot a pris, (1806-1807). oLe tkanm a repris à l’anglais les
par l’intermédiaire de l’antonyme NON-CONFOR- emplois avec des noms de choses, alors que les em-
MISTE adj. et n., repris àl'anglais mn-confomist plois où le nom désigne un animé ne se sont jamais
(1619). mnconfomist, comme terme d’histoire reli- répandus et font aujourd’hui fiv d’abus. Comme
gieuse anglaise (17911,le sens extensifet courant de substantif, le confortable (1788) a été éliminé par le
aqui se conforme passivement aux coutumes, aux confort (ci-dessus). -Le dérivé CONFORTABLE-
usages établis= (déb. xx” S.I. Cette valeur était déjà MENT adv. (1817; av. 1750,selon Dauzat) s’emploie,
réalisée dans la première moitié du w<e s. par non- par extension, avec la valeur de -largement= (18721,
conformiste (v. 1830). mais ne s’est imposée qu’au comme à l'aise. -CONFORTABILITti n.f (1826),
début du >Or”s..produisant CONFORMISME n. m. création française en dépit des apparences, et
(1904).NON-CONFORMISME n.m. (1877) et, plus CONFORTABILISME n.m.,qu'onlitdansle 'liaité
r&eIIMent, ANTI-CONFORMISTE n. et adj. et de la vie éugante de Balzac (1830). témoignent de
ANTI-CONFORMISME n.m. (tous deux v.19501, l’engouement suscité par ce concept d’importation
aujourd’hui écrits anticonfomisme, -kte. anglaise sous la Restauration.
INCONFORTABLE adj., fait (1865) sur COnfOtidJk
* CONFORTER v. tr. est emprunté (v. 980) au d’après l’anglais uncomfotiabk, lui-même employé
latin chrétien confortare xrenforcem et -consoler, par Flaubert (1851) et INCONFORT n. m., création
réconforter-, également employé dans le domaine française (1896) correspondant à l’anglais dis-
médical, de cum (+ CO-)et fort& b fort). comfort, se sont bien répandus, de même que l’ad-
verbe correspondant INCONFORTABLEMENT
(Le verbe, après une attestation isolée au sens (xx's.1. -L'anciensensmoral de conforter, confort,
d’-encourager (qqn) à faire qqch.*, effet d’une Confortable et CONFORTATIF.IVE adj.t?tn.I&
confusion entre confortare et cohortti, s’est em- terme de médecine @in xn"-déb.tis.1 emprunté
ployé en ancien français au sens de <soutenir mo- au bas latin confortativus -fortifia&, ne subsiste
ralement* (v. 10501avant de sortir d’usage au XVI~ que dans la série des composés en re-.
ou au mue S. sous la concurrence de réconforter. RÉCONFORTER v. tr. est une réfection du XVII’ s.
0 ll a été replis récemment avec les sens de -don- de reconforter, employé au sens moral et llïn w” s.)
ner des forces à km répime, une thèse)- et #raiTer- physique pour -redonner des forces*. Ces deux va-
mir Cqqnl dans sa positions (v. 1970) qui bénéficient leurs sont passées en français moderne, l’acception
d’une grande vogue dans le discours politique ou morale glissant vers l’idée de consolation, de sou-
journalistique. L’origine d’un tel regain est ob- tien dans l’adversité ou devant la lassitude. -Le
scure : réfection régressive à partir de réconforter, déverbal RÉCONFORT n.m. (~1175, reconfortl
innuence (peu probable) de l’anglais to comfort, d- s’est spécialisé au sens moral, où il correspond à
lusion vague à I’ancien français; l’effet est une re- =Soutien, Consolation~ alors que RÉCONFOR-
cherche d’élégance rapidement tournée à la pti- TANT.ANTE adj. hXOnfOticznt, 14301, Vieilli au
tention. sens physique où il était aussi substantivé (remon-
.CONFORT n. m.,le dévert& (v.1050) de confor- tant l’a plus ou moins remplacé), s’est diffusé au
ter, est lui aussi sorti d’usage, plus tard semble-t-il sens moral. semble-t-il tardivement (1875).
que conforter. Flichelet ( 1680) le dit -vieilli, au sens
moral de -consolation, soutien*. -Sa reprise, dans CONFRATERNEL + FRATERNEL
un sens tout différent (il s’agit d’un autre mot, en
fait). date du Wp s. et d’un emprunt (1815) à l’an- CONFRÉRIE n.f. est la I-éfection (av. 12601,
.&iS COmfOti, lui-même eInpmté (v. 1225) à l'an- sous l’intluence de frère*, de confrarie (v. 1HO), le-
cien français confort. Le mot anglais, tout en quel continue le latin médiéval confratria.(tis.)
conservant le sens moral, en était venu à désigner <association de laïques se proposant, sous un patro-
un état de bien-être physique et matériel (18141,et, nage religieux, un but charitahle~. Celui-ci est
par métonymie, les conditions objectives néces- peut-être calque du grec phmtria(+phratrie) à
saires à cet état (1848). Il a pénétré en français sou.5 l'ortgine de l'ancien nom frérie (déb.xru" s.l.
la double graphie confodcomfort késolue v. 1850 +Distinctes des cong&gations, les confréries appa-
au profit de confort) et s’est surtout rppandu avec le rurent au XI$~., contemporaines de la fondation
sens objectif, d’abord en concurrence avec le des grands ordres mendiants. ll s’en développa de
confortable. Cet emploi a connu un grand succès tous genres, les plus considérables étant celles des
en raison de la nouveauté du concept auquel il ren- pénitents. Elles furent abolies par la loi du
voyait. Le confort est longtemps resté, dans l’esprit 18 août 1792 et leurs biens mis en vente, mais elles
CONSANGUIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

leur religieuse, liturgique. à propos de l’acte par le- marqué l’emploi de conscience dans la philosophie
quel le prêtre opère la transubstsntiation au cours fi-ançaise depuis Maine de Biran (1611). oLe
de la messe (1309). À la di%rence du verbe, ce concept est passé dans l’usage commun au xv+ s.
n’est, semble-t-il, qu’au xo? s. qu’il se répand dans (par ex. 1762, Rousseau) pour désigner la connais-
l’usage avec les sens de *co&rmation, ratilïcation* sance immédiate, plus ou moins intuitive, d’une
(1620) et =tiectation à une fin déterminée, souvent chose à l’intérieur ou à l’extérieur de soi, fournis-
exclusive> (1823). sant les locutions usuelles avoir, prendre
conscience de. o Le xrxr s. (Hegel, Marx) a critiqué
CONSANGUIN, INE adj., d’abord mm. la transparence du concept, faisant de la
(1262) est emprunté au latin consanguineus, de conscience non pas une première certitude naïve,
cum et sanguis - sang. mais le fruit d’une médiation : c’est en ce sens qu’il
+ Il qualifie une personne apparentée du côté pa- faut entendre prise de conscience,conscience de
ternel, puis des personnes ayant un ascendant ckisse, traductions françaises d’expressions alle-
commun. mandes. Au début du ~8 s., Freud élabore la théo-
b CONSANGUINITÉ n. f. est un emprunt 112771au rie psychanalytique en poursuivant la critique de
dérivé latin consanguinitas. ce concept tel que l’entend la psychologie et en re-
fusant de limiter le champ du psychisme à la
CONSCIENCE n. f. est emprunté (v. 1165) au conscience.
latin conscienti, dérivé de conscire, de cum -avecn F CONSCIENCIEUX, IEUSE a.dj. 11527)procède de
(+ CO-Iet scire Nsavoti (+ science), proprement *sa- conscience, entendu comme la notion morale, dans
voir en cornmun~. Conscientia désigne donc la ses applications pratiques, en particulier profes-
connaissance partagée avec qqn (correspondant au sionnelles. oEn est dérivé CONSCIENCIEUSE-
grec surwidésk), oscillant entre les valeurs de MENT a&. (15651,qui tend à être employé à propos
=Confidence* et -connivence,. Appliqué à la d’un soin, d’un scrupule excessif
connaissance de soi-même, il a pris un sens moral. CONSCIENT, ENTE adj. (17541,emprunté au latin
*Le mot a été repris avec sa valeur morale, conxiens, participe présent de conscire, se rat-
+xmaissance intuitive du bien et du mals. la seule tache aux sens intellectuel et psychologique du
qu’il connaisse avant le XVII~siècle. Il la réalise dans nom, de même que ses dérivés CONSCIEMMENT
des locutions comme bonne conscience (12301,dont adv. (1830, hnartine) et CONSCIENTISER v. tr.,
le sens a été affaibli par l’usage, en conscience équivalent récent (1977) de faire prendre
(1306, en leur conscience, vieilli sauf dans en leur conscience.
âme et conscience),casde cmscieme (16091.Le mot A conscience et conscient correspondent les anto-
insiste parfois sur la faculté morale en tant que nymes INCONSCIENCE n.f. (1794) et IN-
pouvoir, droit d’agir selon ce jugement (av. 1559, Ii- CONSCIENT, ENTE adj. (1820). Ceux-Ci réalisent
bwté de consciencel. Il exprime collectivement l’en- me idée d’absence de jugement dans un actes
semble des opinions morales d’une société (1721, (dep. 1830) et, en psychologie, de ~caractère des
conscience publique). ~Certains emplois clas- phénomènes échappant à la conscience-. 0 La psy-
siques gardent une trace de l’ancienne localisation chanalyse freudienne emploie les adjectifs subs-
de la conscience dans l’estomac (lui-même souvent tantivés conscientet surtout INCONSCIENT n. m.,
assimilé à la poitrine) car, dit Furetière, on se ainsi que PRÉCONSCIENT. en Se réfél-F%nt aU SYS-
frappe l’estomac dans le repentir, le remords; tel tème psychique élaboti par Freud (notamment
est le cas de la locution mettre la main à la dans sa première topique, ultérieurement restruc-
conscience (1673, Molière), qui renvoie à un geste turée à partir de 19201 en moi, ça et surmoi, in-
culturel, et de fse) mettre un verre de tin sur la conscient - en allemand Unbauuste - servant
conscience l169Ol. 0 Le mot désigne plus particuliè- alors surtout. sous sa forme adjective, de qualifïca-
rement le sens moral appliqué aux obligations reli- tif pour le ça. Le concept d’inconscient collectif re-
gieuses et professionnelles: on parle alors de vient à Jung. ohconscient a donné IN-
cmscieme pmfesshmelle et, en imprimerie, d’on CONSCIEMMENT adv. (1862). -SUBCONSCIENT
travail en cmsciemt? (17231. -Le sens de =faculté n.m. (18901 et SUBCONSCIENCE n.f. (1894)
qu’a l’homme d’appréhender sa propre r&lit& a tendent à vieillir
été amené par la réflexion des philosophes c1s.s
siques (1678, Malebranche) et a fait du mot un CONSCRIT adj. et n. m. est emprunté (v. 1355)
concept philosophique. Dans ce domaine, le terme au latin conscriptus, spécialement au pluriel dans
français est l’héritier indirect du grec suneidêsis, les expressions patws con.wipti, milites conscripti
direct du latin conscientiu, en emploi antique et à propos des sénateurs et des militaires enrôlés. Le
moderne. Le passage de la valeur morale à la va- mot est le participe passé de conscribere, de cum
leur psychologique ou métaphysique de réflexivité (bco-l et sctiere (+écrirel -composer, rédiger-,
a été préparé par l’emploi métonymique de spécialisé dans la langue du droit au sens d’=ins-
conscience pour =être cons,cient*. au ~VI~S., par crire sur les listes*. d’où enrôler- (les soldats, les
exemple chez Calvin (selon E. Balilxwl. L’apport de légions, etc.).
l’anglais. qui distingue avec Locke (que Coste tra- +Le mot est introduit par Bersuire comme terme
duit en français à la 6n du xvne s.1 trois concepts, d’histoire romaine dans l’expression calquée du la-
conscience, comciausness et self-conscimsness:ce- tin pères conscrits#membres du Sénat à Rome>, qui
lui de l’allemand Bewwstein, mot de Wolf (17191, fut employée au figuré en parlant d’un personnage
d’où Selbstbewsstein chez Kant, puis Hegel, ont important dans la vie politique. 0 Le sens courant
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONGRATULER

1266) peut signlhr par euphémisme -renvoyer- - -entasser. amasse-, de cum (-CO-) et gerere
et de l’activité militaire Si, dans le cadre de la fonc- (- gérer, congère).
tion publique. wwxnces est le terme usuel, congé +Le mot a été introduit avec son acception médi-
est le terme utilisé par la juridiction du travail, no- cale d’=aQux de sang dans les vaisseaux~ puis, plus
tamment dans congéspayés (depuis 1936),locution particulièrement en pathologie, par exemple dans
chargée de connotations sociales et employée pé- congestion pulmonaire, congestion cérébrale ( 1837).
jorativement -de 1936 à 1950 environ- par les ~Les mots de la même famille sont apparus au
milieux conservateurs pour désigner les travail- cours du wr”siècle. CONGESTIONNER v. tr.
leurs bénéficiaires de ces avantages. Le langage ju- l18331. CONGESTIONNEL. ELLE adj. (18471, au-
ridique a repris le sens latin d’sautorisation de jourd’hui supplanté par CONGESTIF,IVE adj.
transport des marchandises~ (1602). oLe sens (1853). -Congesti~f~~’ et son composé DÉ-
d’.adoucissement~ (1676). en architecture, est un CONGESTIONNER v. tr. (1874) Sont COUrantS en
emprunt sémantique indépendant du latin parlant de la rougeur d’un visage, alors souvent au
commëatus pris concrètement au sens de “pas- pronominal et au participe passé adjectivé conges-
sagen. tionné. Ils sont aussi employés par métaphore en
c CONGÉDIER v. tr. (1409) est probablement la parlant d’une circulation trop dense de personnes
transformation. sous l’influence de l’italien et de véhicules, dans le même registre que la méta-
congedo *congé* (lui-même emprunté au français), phore bouchon.
de l’ancien et moyen lançais congeer, congeier
(me-xv” s.l. dérivé de congé. Le verbe italien conge- CONGLOMÉRER v. tr., d’abord attesté au
dare peut ticilement être tenu pour source, en participe passé congloméré (16721,est emprunté au
raison de sa date tardive (fm xv+déb. XVIII”~.). latin congkxnerare =mettre en peloton, entasser,
o Congédier, à la différence de congé, réalise tou- accumulez. Ce mot est composé de cum (+ CO-Iet
jours l’idée péjorative de -chasser, remoyen, en de glomerwe -mettre en boule>, dénominatif de
particulier d’un travail. -CONGÉDIEMENT n. m. glonus <peloton, boule>. Ce mot, quasi-synonyme
est attesté depuis 1642 dans ce sens de *renvoi>. de g2obu.s (4 globe), appartient à la même famille
-CONGÉDIABLE adj. (1869) a xY!mph& l’ancien que gleba (+ glèbe), gluten (+ gluten). glus (k+glu).
congéabk (15701, formé sur congeer et encore uti- Le vieil islandais klim senduiren, l’ancien haut alle-
lisé en droit. mand khan, le rosse gkza -argilem, etc. sont des
formes apparentées.
CONGELER (et dérivés) -P GELER +Conglomérer, proprement =réunir en masse
compactes. est employé métaphoriquement
CONGÉNÈRE sdj. et n. est emprunté (v. 1562) comme quasi-synonyme d’agglomérer et d’agglu-
au latin congener, adjectif attesté chez Pline, tiner.
composé de cum (+ CO-) et de genus (+ genre) et t CONGLOMÉRAT n. m. (1818), dérivé savamment
qui signifie littéralement =de la même espèces. du radical du verbe latin, apparaît en minéralogie
et en géologie à propos de la réunion en masse
+ L’emploi adjectif du mot tend à vieillir, tant dans
compacte de substances minérales. ll se dit par ex-
ses emplois didadiques en anatomie (v. 1562), en
biologie (17321,en chimie (1679) que dans ses em- tension (1865) d’un amas de matière et d’une ré-
union compacte de choses ou de personnes. 0 Ré-
plois figurés ~IX” s.1 réalisant l’idée *d’une origine
cemment WxQ3). il a emprunté à l’américain
communer sur le plan des idées, des arts, du lan-
conglomerate son sens économique de =réunion
gage. L’emploi substantif, introduit en biologie,
d’entreprises différentes détenue par un même
connaît un certain succès dans l’usage commun.
groupe 6nancleP. -CONGLOMÉRATION n. f.
avec une valeur péjorative plaisante : ‘personne de
(18291 concurrence conglomérat avec son sens
la même espècem.
concret et sert de nom d’action (1838). Il est rare.
CONGÈRE n. f. n’est apparu en français qu’en CONGRATULER v. tr. est emprunté (av.
1866,mais est très antérieur dans les dialectes (wal- 1356) au latin congratulari #présenter ses félicita-
ion, franco-provençal et occitan). Il continue le latin tionsm et =se féliciter-, de cum (+ CO-)et gratuhi
congeries ou la variante congeriu *amas, tas* (en *rendre grâce aux dieux, remercier-, lui-même dé-
particulier de bois), dérivé de congerere eamonce- rivé de gratus -agréable. favori> (- gré,.
Ier, entassep, de cum (+ CO-Iet gerere (+ gérerl. * Le Vert>e, après un emploi isolé au sens intransitif,
+Le mot désigne, d’abord régionalement, un amas -se réjouir avec qqn,, a été repris au xv? s. avec le
de neige formé par le vent. Il est supplanté au Ca- sens de *féliciter= (1546; dès 1543, dans un emploi
nada par banc de neige qui traduit l’anglais bank indirect, congrcctier à, propre au XVI~s.). Par rap-
(+ banquise). En France, il s’est tipandu. à partir de port au terme usuel féLi&er, son usage est souvent
la Savoie, et avec la vogue des sports d’hiver dans marqué d’un certain archaïsme (déjà noté en 1796)
les régions alpines. ou d’une intention plaisante, ce qui n’est pas le cas
0 voir CONGESTION. de l’anglais to congratulate, terme usuel.
w Cette même nuance archaique ou plaisante se
CONGESTION n. f. est emprunté (v. 1370) retrouve dans les dérivés CONGRATU-
au latin congesti *accumulation, amas~, dérivé LANT, ANTE adj. (16681, CONGRATULA-
(d’après son supin congestwnl de congerere TEUR.TRICE metadj. (1832, ainsi gue dans
CONSIGNER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

trouve avant la fin du XIV~. (1392); il est sorti dises. De nos jours, il s’emploie en contexte mil-
d’usage. Considéré est demeuré rare au sens de taire à propos d’une défense de sortir par mesure
*qui mérite le respect par son caractère réfléchi> et punitive (dep. 1803) puis en contexte scolaire et.
s’emploie surtout pour digne de respect, de consi- plus couramment, à propos du service chargé de la
dération,. -L’antonyme INCONSIDÉRÉ. ÉE adj., garde de certains objets déposés dans une
emprunté lfm XVes.1au latin inconsideratus -irréflé- gare, etc. (1866; dans un port, 1848). 0 Con&ne,
chi>, a conservé cette valeur morale, se détachant consignation et le verbe consigner (surtout au pas-
du sens moderne de considéré. oLe dérivé IN- sifY sont récemment devenus des termes de com-
CONSIDÉRÉMENT adv. (déb. XVI~s.) est solidaire merce relatii aux emballages que l’on peut rendre
de l’adjectif vides contre un remboursement.
CONSIDÉRABLE adj. signifie d’abord (1547) <qui
mérite d’être considéré, pris en comptes. C’est au CONSISTER v. inh-. est emprunté (xv” s.l au
XVII~s. qu’il reçoit par extension la valeur d’aimpor- latin consistere. Celui-ci est composé de cum =en-
tant, très grands, éliminant peu à peu le sens pre- semble= I-CO-I et de sistere *(sel mettre, (s’l arr&
mier; les quelques emplois modernes qui relèvent ter*, lui-même dérivé de store (+ état, station). De
de ce sens littéral sont sentis comme une spéciali- #se tenir ensemble>, il est passé à-se maintenir, se
sation de l’acception moderne. 0 Il en va de même tenir de manière solidem. tendant à se confondre
pourledérivé CONSIDÉRABLEMENT adv.(1675). avec constare (+constantl =s’arrêtep et =être
Le participe présent CONSIDÉRANT a été subs- constitué par, se composer des.
tantivé au masculin dans la langue du droit (1792) (D’abord employé au sens physique ancien de ase
au sens de -réflexion motivant un décret, une loin; maintenir dans un certain état>, consister a reçu au
c’est une lexicalisation de la formule verbale con.+ ~V?S. le sens figuré de &sider en>, autrefois
démt que.... utilisée dans les exposés de motifs construit avec la préposition à (1541).
tSon dérivé CONSISTANCE n.f. (1370), d'abord
CONSIGNER v. tr. est emprunté (1345) au la-
synonyme de ‘matière>, est attesté depuis 1580 au
tin consignare, de cum (+ CO-Iet signare (- signer).
sens d’&at de ce qui est ferme, solides. d’abord
Le mot, proprement, =marquer d’un signe, d’un
avec la valeur d’&nmobilité, stabilités, puis en par-
sceaw, a pris les sens dérivés de wapporter dans
lant d’une chose abstraite (1671, rumeur, senti-
un document avec les caractères de l’authenticitén
ment). Son emploi à propos de l’état de fermeté
et, à basse époque, =Céder, livrer parun don= W s.l.
d’un corps matériel est enregistré en 1690.
+Le sens de la première attestation, -délimiter par CONSISTANT, ANTE adj., provenant (15601 du
une bornes, a disparu. Les diverses valeurs déve- participe présent de consister, a repris les emplois
loppées par le verbe se regroupent sous l’idée du verbe. o Fn logique, il a emprunté ( 1955) le sens
d’-enregistrer (qqch.) dans certaines conditions-, à de l’anglais consistent =Conséquent, logiquen, sens
commencer par celle de <remettre de l’argent sous vivant depuis le XVIII~s., répandu au >ops. en lo-
garantie* (1402). Transposé dans un contexte com- gique et en épistémologie des sciences humaines;
mercial, consigner désigne l’opération par laquelle cette valeur est didactique et concurrencée par co-
on facture km objet) en s’engageant à le reprendre hérent. o À partir de l’idée de #solide>, consistant a
en le remboursant, d’où le sens courant U107l de pris le sens familier de =important, copieux> (en
=déposer km objet) en dépôt (dans une gare)>. parlant d’une nourrikrel. -Le nom et I’adjectifont
0 Avec la même idée d’~enregistrer~, mais en par- produit avec le préfixe privatif ti-, les antonymes
lant d’une information, il a repris (1690) le sens latin INCONSISTANCE n. f (1738) et INCONSIS-
de -rapporter par écrit avec les caractères de l’au- TANT, ANTE adj. (1544; repris au XVIII~s.), proba-
tientkit& (surtout dans une pièce officielle). blement d’après l’anglais incomistency ~VII~~.)et
0 Avec un complément désignant un être animé, inconsistent (XVII~~.). Ces deux mots sont les
le verbe si&e (1467) *maintenir prisonnier par contraires de consistance et consistant, y compris
mesure d’ordre, de punition>, sens réintroduit au au sens logique cv. 19601,mais jamais avec la valeur
XVI~ s. (1743) dans un contexte militaire, plus tard familière récente.
scolaire (il tend à être supplanté dans ce dernier CONSISTOIRE n. m. est emprunté (1174.1176,
par le familier coller). Par extension de l’idée con&storie) au bas latin comistorium dieu de I-é-
d’aempêcher de sortir*, il a pris le sens d’sempê- union> pour désigner l’assemblée des cardinaux
cher d’entrer, d’accéder- : alors concurrencé par présidée par le pape. Par extension, il renvoie à un
interdire et fermer, ii est sorti de l’usage courant conseil des ministres du culte protestant (15961ou
sauf dans la construction consigner sa porte et à israélite. 0 11 a pour dérivé CONSISTO-
propos de mesures militaires. RIAL,ALE.AUX~~~.(~~~~) danscesdeuxspéciali-
cDe consigner ont été dérivés CONSIGNATION sations, en droit catholique et (15691 protestant ou
n. f. (1396, concinationl qui a pris certaines des va- israélite.
leurs du verbe, avec le sémantisme d’action que n’a
pas consigne. OCONSIGNATAIRE n.m.(169Olet CONSOLE n. f. (1565) est généralement consi-
CONSIGNATEUR.TRICEn.(1846)sontd'usagedi- déré comme l’abréviation de con.solateur (1554) au
dactique. -Le déverbal CONSIGNE n. f. (av. 1522, sens technique de &w-e d’homme soutenant une
conAne) a d’abord désigné ce qui est déposé par corniche servant d’accoudoir dans les stalles
écrit. le témoignage. Il a été repris au xvues. d’églises, cette figure étant censée consoler d’être
comme dénomination de l’agent chargé de surveil- debout (cf. miséricordel. P. Guiraud y voit plutôt un
ler le mouvement des personnes et des marchan- déverbal de consoler, avec une régression du sens
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONJONCTION

dans la langue courante. Il exprime la qualité de ce masculin et au pluriel dans un style administratif
qui n’est pas convenable, qui heurte les usages, la ou juridique. Son féminin CONJOINTE, bien qu’ad-
bienséance, avec on glissement vers l’idée d’absur- mis par l’Académie, est limité à un emploi plaisant.
dité, de chose surprenante. Ses emplois parti- -CONJOINTEMENT adv. (12541 =de manière
culiers, en parlant de ce qui est contraire aux conjointe>, procède du sens général de conjoint,
normes grammaticales, et d’une personne qui devenu rare pour l’adjectif alors que l’adverbe est
manque de savoir-vivre (16591, ont vieilli. 0 Il a pro- assez courant. -CONJOINTER v., création plai-
duit INCONGRÛMENT adV. (13771, limité à Un sante à la forme pronominale se conjointer <vivre
usage littéraire. -INCONGRUITÉ n. f. (v. 15011 a maritalement~ Lx? s.1, manifeste l’archakme du sy-
été repris au bas latin incongruitos *défaut de nonyme conjoindre.
convenances, en grammaire <proposition où le 0 “Oti CONJONcnF, CON.lONcnON.
verbe est impersonnels et aussi =fautep. Par exten-
sion, il désigne une action ou une parole déplacée, CONJONCTIF, IVE adj., d’abord sous la
inconvenante (15851 et, plus généralement, le ca- forme adaptée conjointif (13721, puis conjuncttf
ractère de ce qui est déplacé, ne convient pas au (xrPs.1, conjmctit: est emprunté au bas latin
regard des circonstances (16661, sens correspon- conjmctivus squi sert à lier-, spécialement en
dant à incongru. grammaire konjuncttva partiada =conjonction~.
conjunctivus modus, d’où elliptiquement conjumti-
CONIFÈRE - &NE vus, -le subjondif~l, formé sur le supin de conjun-
gere (b conjoindre, conjuguer).
CONJECTURE n. f. est emprunté (v. 1246) au 4 Le mot, demeuré rare avec le sens de -qui sert à
latin conjectura, utilisé dans la langue augurale et liers, s’est spécialisé en grammaire : dès le >w’ s., le
en rhétorique. Ce mot est dérivé de conjicere, de masculin substantivé désigne le subjonctif lorsqu’il
cum (+ CO-I et jacere (-jeter), littéralement -jeter se trouve dans me subordonnée commençant par
ensemble> d’où, parmi d’autres sens figurés, une conjonction ou une locution conjonctive. L’ad-
*combiner dans l’esprit, présxner~, spécialement jectiffoumit de nombreuses dénominations grm-
dans la langue augurale. maticales inégalement maintenues, dont conjonc-
4 Repris avec le sens figuré d’sidée fondée sur une tive et particule conjonctive (16801. remplacées par
probabilité, une apparence>, le mot s’est détaché conjonction*, locutim conjonctive, concurrencée
progressivement de la magie pour passer dans les par locutùm conjomtionnelle, pronom conjonctit:
vocabulaires de la logique et de la politique. supplanté par pronom relatif: ~D’autre part, le
D’usage didactique, il est cependant courant dans mot s’est spécialisé en physiologie dès 1372, qual-
quelques constructions Ise perdre en vaines conjec- fiant ce qui sert à unir des parties organiques, en
turesl, avec une valeur péjorative d’eidée creuses. particulier dans toile conjonctive qui a donné le
c CONJECTURER v. tr. est emprunté (XIII~ s.) au terme d’anatomie CONJONCTIVE n. f. attesté à la
bas latin conjecturare, verbe tardif formé sur même époque chez Guy de Chauliac. Le syntagme
conjectura en remplacement du classique conji- tissu conjoncat; appliqué de manière générale au
cere. Il est peu courant, de même que son dérivé tissu cellulaire, est enregistré en 1863.
CONJECTURABLE a&. (1580; repris “. 1886). c Conjonctive a produit au xi? s. CONJONCTIVITE
-CONJECTURAL. ALE. Aux adj., d’abord conje- n. f. (18321, Gnilammation de la conjonctives,
twa4 ti XIII~ s.1 emprunt au latin conjecturalis, est d’usage relativement courant, et CONJONCTI-
attesté une fois en ancien français et repris au VAL, ALE. AUX adj., didactique (1845).
xwe s. (15211. 11 relève de l’usage didactique, spé- 0 voir CONJOlNDaE coN.loNmoN.
cialement en logique et en archéologie des textes
(critique conjectura&). OCONJECTURALEMENT CONJONCTION n.f. est emprunté (v. 1160,
adv. (14881 est d’un usage aussi restreint que l’ad- conjoncibnl au latin conjunctin &union~, employé
jectif spécialement en astronomie et, à basse époque, en
grammaire, dérivé du supin de conjungere
CONJOINDRE v. tr. est issu (v. 11601 du latin C-conjuguer).
conjungere =ioindre~ et spécialement *unir par le +Le sens général de =Union. réuniow était vivant
mariage= (+ conjuguer), formé de cum (- CO-I et de en ancien français où, comme congrès, le mot dé-
jungere b joindrel. signait en particulier l’union charnelle (v. 12001.
4 Ce verbe signifie en ancien français anir, assem- L’usage moderne n’a retenu que des emplois spé-
bler= et, en moyen frmçais (v. i355), sunir par le cialisés en astronomie et astrologie (Y 12701, puis
mariages. Il semble avoir toujours été didactique et en grammaire (XI@ s.1 désignant une partie du dis-
avieilll aux XVIII~ et XIY s., sauf dans le discours litté- cours qui sert à lier deux mots ou groupes de mots
raire. Seconjotndre *se marier* est archaïque ou iwnjomtion de wordination. de suLmm?inaConl, éli-
plaisant. minant en ce sens l’emploi substantivé de conjom-
w Le participe passé CONJOINT. OINTE est adjec- tive* à l’époque classique.
tivé dès le axes. (v. 11771, acquérant au xvxe s. des t Le radical du latin conjuncti a servi à former
valeurs spéciales en droit, à propos de personnes en électricité, d’après disjoncteur, le dérivé
ayant des obligations ou des droits communs (16901, CONJONCTEUR n. m. (18821 et le COInpOSé
en botanique (16901, etc. Il s’est répandu en emploi CONJONCTEUR-DISJONCTEUR n. m. (18681,
substantivé avec le sens d’sépouxs (13421, surtout au noms de dispositifs permettant, dans un cas, d’éta-
CONSOMPTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

disparaître par l’usages (158ol notamment en par- consumere l+ coesumerl, désignant l’action dem-
lant de denrées et de sources d’énergie, quelque- ployer, d’épuiser et, à époque chrétienne, d’ahéan-
fois au figuré. Par spécialisation familière, le verbe tii, de détruire.
se dit pour eboire une consommation dans un caf&, + Le sens de =destrwtion~, propre au style biblique
en emploi absolu t 1844) 6. con.sommation. (Job, XXX, 24l, a été abandonné sauf dans sa spé-
. CONSOMMÉ, ÉE p. p. est employé edjective- cialisation liturgique relative à l’eucharistie (1666,
ment avec le sens de ‘parfait en son gemw consomption des espèces). À partir du XVII~~., le
lv. 1570l, en parlant d’une personne, d’une chose mot, senti comme le nom correspondant à cou.su-
(1668, art con.som~l. 0 La même évolution sé- mer -alors lui-même confondu avec ccnscm-
mantique aboutit de façon explicable à l’emploi mer -, s’emploie aux deux sens d’=action de bti-
très spécialisé du substantif CONSOMMÉ n. m. Ier>, d’être brûlés (1694) et, jusqu’au XVI~~~.. de
(15901 ~bouillon concentré où tout le suc de la &iliser en détruisant~ (1617l, cf consommer. Son
viande est passés. -CONSOMMABLE adj. (15861 a sens moderne médical, &falblissement et amai-
pris son sens moderne tardivement (1756) et prc- grissement accompagnant de graves maladies, no-
duit l’antonyme INCONSOMMABLE sdj. (1840). tamment la tuberculoses, est attesté depuis 1656
Deux mots de la même iàmille, consommateur et lune première fois en 15991. ll n’est pas indifférent,
consommation ont développé de manière très x- quand on sait l’importance de cette maladie dans
tive une spécialisation économique. CONSOMMA- la littérature anglaise, de noter que dès le XIV~ s.,
TION n. f., d’abord consummaciun tv. 1 lZOl, est em- consumptio était attesté dans le domaine anglais
prunté au latin consummatic =accomplissement, au sens de ~malsdie de langueur-. Souvent em-
achèvement, perfectiom d’où, chez les auteurs ployé pour désigner la tuberculose, il est, de même
chrétiens. *achèvement des temps, fin du monde>. que phtisie, sorti de l’usage à la fin du XIX~ s., éliminé
Le mot, repris avec le sens du latin, d’usage litté- par tuberculose.
raire en dehors de l’expression cou.sommation du . CONSOMPTIF. IVE adj., d’abord consumptif
mariage (1689l, a suivi l’évolution de consommer. (1314l, est dérivé savamment du radical du latin
o Sous l’influence du verbe, il a commencé à dé- con.sumptus, participe passé de consuma-e ou em-
signer l’usage que l’on fait d’une chose pour satis- prunté au latin médiéval consumptivus [av. 1150)
faire ses besoins (1580, B. Palissy, consommation de =qui détruit>, au figuré. Le mot a été introduit en
boisl. se spécialisant en économie dès le ~11~s. médecine pour qualifier ce qui absorbe les hu-
(av. 1657, Fontenelle, consommation immense). Cet meurs du corps humain et ce dont la vertu caus-
emploi s’est précisé au axes. et ce n’est qu’après tique détruit les chairs, les excroissances (16721.
1945 que sont apparus, dans le contexte de l’écono- Ces sens ont vieilli puis disparu. Le mot s’est main-
mie capitaliste, les syntagmes société de consom- tenu au Xme s. comme qualiiicatlf d’une personne
mation, biens de consommation, etc. oLe succès atteinte de consomption (1808l, avant d’être aban-
de cet emploi, articulé avec celui de production, se donné au profit de tuberculeux.
marque par les composés apparus au xxes. :
SOUS-CONSOMMATION Il. f. (19261, AUTO- CONSONANCE -.a CONSONNE
CONSOMMATION n. f. (1952l, SURCONSOMMA-
TION n. f. (1955). o Le sens métonymique de *ce CONSONNE n. f. est emprunté (1529) au latin
que l’on conscmme~ est restreint au langage de la impérial consona, mot de la langue des grammai-
restauration (1837) pour *boisson consommée au riens qui est le féminin substantivé de l’adjectif
Café~. -CONSOMMATEUR.TRICE Il. et adj. ccn.sow.s, proprement =dont le son se jointn (sous-
11525l, emprunté au latin chrétien consummatcr, a entendu *à celui de la voyelle*), issu de consonare
suivi la même évolution, pssssmt du langage théo- <produire ensemble un sont. de cum savecm t- CO-)
logique à l’usage courant en économie (17451 sous et s01zu.s t- sonl.
l’innuence de consommer et de consommation,
+ Consonne a concurrencé et éliminé les doublets
ccmme nom et comme adjectif ll est employé spé-
plus anciens consonant klrre-XV~ s.l et consonante
cialement à propos du client qui prend une
11546-1771). empruntés tous deux au latin impérial
consommation dans un café, un restaurant (1836).
des grammairiens cou.sortarw participe présent de
0 Récemment, avec le développement de la reven-
consonare. ll a également perdu son ancien emploi
dication peur la défense des intérêts du ccnscm-
adjectlltl694, lettre consonne).
mateur, sont apparus CONSUMÉRISME n. m. et
CONSUMÉRISTE ri. (1972l, d’après l’ahglo-améti- t À la fin du XIX~ s., le mot a produit les dérivés
caln consumerism (Ralph Naderl de toconsume CONSONANTIQUE adj., (1872) d’après l’allemand,
amsxnmer*, de même origine. En 1975, consuné- et CONSONANTISME n.m. (16721 #système des
risme a été francisé en CONSOMMATEURISME consonnes d’une langues, termes de linguistique
h. m. OCONSOMMATIQUE n. f., mal formé avec qui s’opposent à vocalique et vocalisme.
l’élément hhal -tique, parfois employé comme sy- D’autres mots du même groupe latin ont été em-
nonyme de con.sumérisme, est apparu en 1975 pour pruntés par la langue musicale ou rhétorique:
désigner l’ensemble des recherches ayant trait à la CONSONANCE n. f., d’abord consonanck (v. 1150)
consommation. puis consolzance (1268l, représente le dérivé latin
0 “or CONSOMPiION. consonantia, littéralement ~production de sons en-
semble> d’où -identité du son final de deux ou plu-
CONSOMPTION n. f. est emprunté tv. 1275) sieurs motsm et &kité entre des schs~. ll est em-
au latin consumptio, nom formé sur le supin de ployé très tôt en rhétorique (115Ol, puis en musique
DE LA LANGUE FRANÇAISE 853 CONNÉTAIXE
prendre, prendre connaissance de* avec une une compagnie de transports maritimes atteste
valeur inchoative commune à tous les verbes latins qu’elle a reçu des marchandises à bord d’un ba-
en -scere (6. naître). Cependant, au parfait et au teaw 11643, sous l’ancienne graphie cognoisse-
participe passé, il réalise (logiquement) l’idée ac ment). -CONNAISSEUR, EIJSE Il., d’abord
complie de asavoin avec laquelle il est passé en connoisseor Iv. 1170).participe du sens de connaître
français. Il signi6e en particulier *reconnaître, et -être compétent em, se rangeant entre les termes
avoir un commerce charnel avec>. VOkins SpéCiahte et ar,Kh?ur. -CONNAISSABLE
4 Participant de l’idée générale de +woir-, le sens adj. (v. 1220),longtemps doublet de reconnaissable,
de cretrouver en qqch. ce que l’on savait déjb, en- n’a conservé que le sens de <qui peut être connus,
core attesté au x& s., a été abandonné, car il cau- réalisé dans un contexte philosophico-littéraire.
sait des ambiguïtés, et a été supplanté depuis par Le prf%Xé Verbal MÉCONNAîTIlE v. tr., d’abord
reconn&re. Le sens secondaire de *reconnaître la m?scomistre Cv. 11601, a signifié sne pas re-
supériorité de, (1080) a été absorbé également par connaître qqn, ne pas lïdentilïen et. par extension,
reconnaihe mais a été repris, à plusieurs siècles =désavouen (1200). Il tient son sens moderne de
d’intervalle, dans la construction ne connaître que... l’époque classique, surtout vivant grâce au parti-
m’admettre que* (1835).En revanche, l’idée de -dis- cipe passé adje&& MÉCONNU, UE. oLe sens
tinguer une chose d’une autres @inxne s.) est défin- premier s’est toutefois maintenu dans le dérivé
tivement assumée par reconna&e. o La valeur de MÉCONNAISSABLE adj. (XIII~s.) +&npossible ou
-savoir que qqch., qqn existe; avoir une idée de ticile à identifie- (sous l’effet d’une transforma-
qqch., de qqn* k. 1050) s’est imposée comme l’em- tion en bien ou en mal). -MÉCONNAISSANCE
ploi le plus courant du verbe. La spécialisation n. f., d’abord mesconoisance (v. 1175), réalise pro-
savoir une relation charnelle avec> (1170, conna&e prement l’idée d’une mauvaise connaissance mais
une femme) relève du style biblique (Livre des Rois), exprime également, dans la langue soutenue,
devenant en français contemporain archaïque ou l’idée de méconnaître (1470).Le sens d’=ingratitude,
plaisante. 0 Depuis le xne s. (1160), connaître sign- manque de recormaissance~ s’est perdu, mais le
fie particulièrement *avoir dans l’esprit en tant mot conserve une certaine vitalité à la différence
qu’objet de pensée analysés, doublet, quelquefois de l’ancien participe présent adjectivé méconnais-
emphatique, de savoir (ce dernier s’appliquant sut- sant, ante.
tout aux choses concrètes). la forme pronominale INCONNU.UE dj. et n., d’abord in~ongnm
se connaître <savoir s’apprécier- (v. 1230) ayant une koPs.1, continue le latin incogniti *non encore
grande fortune philosophique par référence à lïns- examiné, non encore connu*. oL’expression il-
cription grecque du temple de Delphes -gnâthi hstre inw~u. en général ironique, désigne SUT-
seauton, commis-toi toi-même- dont Socrate fit, t*out un inconnu qui a des prétentions à la célébrité.
selon la tradition, sa devise. Une spécialisation, A sa suite, on a formé INCONNAISSABLE adj.
*être compétent em, était réalisée par la construc- (1393) et INCONNAISSANCE n. f. kW. 1400, au sens
tion se conna&e à (12881, supplantée par se ancien d’&gratitude*), dont la diffusion s’est faite
connaftre en (1268) et, plus souvent par référence lentement.
au contexte, s’y conna%re. La langue juridique pti- INCOGNITO adv. et n. est un italianisme (1581) re-
vilégie la construction connaîhe de (1549) &tre pris au représentant italien du latin incogniti: il
compétent pour jugep, devenue archaïque mais procède du sens ancien de connaitrs -identifier=.
donnant naissance à la locution demeurée usuelle 0 voir RECONNARRE et RECONNAISSANCEI.
en connaissance de cause. Connaître a aussi dès
l’ancien français (1175) une valeur moins intellec- CONNECTER -+ CONNEXE
tuelle (dans connaî&e la faim) proche de savoir
vécu, ressenti>. CONNÉTABLE n. m., d’abord conestable
~CONNAISSANCE n.f., d’abord sous la forme Cv.1155) et contestable (12811, est issu, avec change-
conokance (1080) dérivée du participe présent du ment du m en n par dissimilation avec b, du bas la-
verbe, est à la fois employé dans le domsine du sa- tin cornes stabuli, composé de cornes =Personne at-
voir (au singulier, comme 115951au pluriel), en droit tachée à une fonction, dignitsires (+ comte1 et du
(1283) et dans le cadre des relations sociales (1495) : génitif de stabulum *étable> (-étable). Le mot dé-
par figure métonymique, une connaissance y dé- signe d’abord le grand écuyer (n” s.) puis un o5cier
signe une personne que l’on connaît sans intimité domestique de la cour royale des Carolingiens
(1628; repris au xvr$ s.). La locution faVe axmaie- (807).
sance avec qqn (xc? s.1reprend la valeur inchoative 4 Le mot désigne un officier, placé à l’origine sous
du ver%e latin; elle est employée également au fi- l’autorité du sénéchal et ayant charge de la cavale-
guré. Par extension, le sens intellectuel a parfois rie, dont l’importance n’a cessé de croître depuis le
une valeur plus technique : -expérience, habileté, muesiècle. Dans l’armée féodale lest) où le service
compétence* (1491). ~Dans les locutions perdre militaire découle d’une obligation née du lien per-
wmmiesance, tOmber sans WMaissance (16501,le sonnel qu’est la vassalité, le connétable ne peut
mot réalise un sens très particulier, ~lucidit&, qui être le chef, mais joue le rôle de conseiller militaire
lui est spécifique et correspond à ‘état de celui qui du roi : le commandement d’on corps d’armée lui
a le sentiment de son existences (av. 1650). est souvent con%, ce qu’exprime le titre de
-CONNAISSEMENT n. m. (v. 1170), ancien rival connestabk de France *chef des armées du roi*
de connaissance jusqu’au ti s.. a été repris avec (v. 1281). Il lui arrive d’exercer des fonctions d’ad-
une spécialisation technique de -contrat par lequel ministration locale analogues à celles du gouver-
CONSTATER 864 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

substantivé en sciences - opposé à variable - par - CONSTATEUR n. m. (19001, Celui qui fait des
ex. dans corwtante solaire (18321. constats=, se dit aussi d’un appareil enregistrant les
.De constant est dérivé CONSTAMMENT dv., horaires d’arrivée des pigeons voyageur%.
d’abord constamment (14141, qui a insensiblement 0 “Olr CONSISTER
glissé de ~avec fermetés à ~Continuellement= (16901,
voire ems cesse= au ~9 s., par l’intermédiaire de CONSTELLATION n. f., d’abord écrit contel-
evec persévérances. Le sens de *de manière cer- hcion Cv.12781 puis constekdion (15381, est em-
taine, indubitablement* (16901, correspondant à prunté au bas latin constellatio -position respective
l’emploi de la forme impersonnelle il est constant des astres>, terme employé par les astrologues,
que, est vieilli dès le XIY siècle. composé de cum (+ CO-)et de stella l+ étoile).
CONSTANCE n.f. (v. 12201. emprunté au latin +Le mot signifie *position respective des astres= et,
constantia, a presque perdu le sens latin chrétien par métonymie, “groupe d’étoiles formant une fi-
de ~fermeté d’âme= (12651,mals a conservé celui de gures (15381.Il est employé par métaphore en par-
*permanence. persévérance= (v. 12201,l’appliquant lant d’un groupe d’objets brillants, de personnes
à l’action et aux sentiments, en particulier amou- remarquables (1845) - cf. Pléiade - et, par analo-
reux &VII~s.l. Il a même été étendu à l’idée de =pa- gle, d’un ensemble de choses abstraites liées entre
tience* (dans avoir la constancede supporter 99~~). elles.
Contrairement à l’adjectif, le substantif réserve le t Son dérivé CONSTELLER v. tr. est apparu beau-
sens de *caractère durables à un usage didactique. coup plus tard dans la langue poétique (1838, La-
-Les antonymes INCONSTANT, ANTE adj. et n. martine) au sens de *parsemer d’étoiles>. Il est lui
(12651 et INCONSTANCE n. f. (v. 12201 sont em- aussi employé au sens métaphorique de -parse-
pruntés aux dérivés latins inconstant et inconstan- mer (une chose) de points brillank~ (18661. -11 a
tia avec une idée de mutabilité, d’instabilité. o Ap- été précédé dans cet emploi par l’adjectif
pliqués à un être ou à une chose (15381,ils se sont CONSTELLÉ, ÉE. Ce dernier (15191,dérivé du m-
spécialisés au xwes. dans le domaine des senti- dical de constellation ou emprunté au latin comtel-
ments amoureux, et on a employé inconstance latus, est d’abord attesté chez un auteur du xx? s.
avec la valeur concrète d’=acte dïnfidéli&, par dans un sens obscur, =a&ien*, SI-épandu dans le
exemple dans le titre de la pièce de Marivaux La ciel>, &ellaire*, avant d’être repris au sens de
Double Inconstance (17231,là où l’usage moderne *garni d’étoiles* (17521. probablement sou l’in-
préfère infidélité : le couple constance-tnconste, fluence de l’italien costelkzto,de même origine.
lié àune idéologie baroque et classique de l’amour,
est démodé depuis le ~Psiècle. -IN- CONSTERNER v. tr. est emprunté Iv. 13551au
CONSTAMMENT a&. (15211 est archtique. latii comtemare ~effaroucher, épouvanter, boule-
verser-. Celui-ci est composé de cum (+ CO-Iet de
CONSTATER Y. tr. est relativement récent, “sternare, forme intensive de sternere &endre,
même si l’on a tout lieu -en se fondant sur le dé- coucher, couvrir-, issu de la racine indoeuro-
rivé con.datation- de penser qu’il est antérieur à péenne “ster- #étendre> (+ estrade. strate. stratège).
sa première attestation connue (17261.Il est formé à Stemmea distribué l’idée d’=abattre* entre conster-
partir du latin constat <il est certain, établi que*, ner-e, pour la valeur physique, et constemare, pour
troisième personne impersonnelle de constare la valeur morale.
=étabti, qui est passé en français dans la formule 4 Consterner,rare avant le XVII~s., possède encore
juridique il comte 9~2 (calque du latin constat) et en langue classique le sens fort du latin. Il s’est pro-
dans constant, son participe présent xljectivé, gressivement afkll en -abattre moralement>.
ainsi que dans coûter*. Quelques rares emplois réalisent le sens physique
+ Le mot réalise l’idée d’un établissement de la vé- de *abattre, terrasser (un ennemi), entre 1642
rité par expérience directe, à la fois dans le lsn- et 1734, par emprunt au doublet latin comtemere.
gage juridique, où il exprime le fait de consigner c CONSTERNATION n. f. est emprunté (v. 13551au
par écrit ce qui a été établi, et dans l’usage com- dérivé latin constematio avec le sens particulier de
mun, où il fonctionne comme synonyme de se *mutinerie, sédition> issu de celui de #bouleverse-
rendre compte. ment=. o Il a pris son sens moderne d’sabattement
t CONSTATATION n. f. est attesté isolément au momln au début du XVI~s. (1508-15171,mals celui-ci
xvf s. (15861.mais ne semble d’usage normal qu’à est resté rare avant le xwr”siècle. -CONSTER-
partir du XIPS. (18441, alors par dérivation de NANT, ANTE adj., participe présent de coastemer,
constater k-dessus). Substantif d’action de ce est employé comme adjectif depuis 1845. Tous les
verbe, ll désigne surtout, par métonymie, le fait mots de cette série se sont affaiblis mals gardent
constaté. -CONSTAT n. m. est un emprunt tardif une valeur plus forte que les dérivés d’étonner
(18901 à l’impersonnel latin constat, auparavant (d’abord &-apper comme le tonnerre,) et d’en-
rendu par ü consteque puis par il est constant 9w nuyer*.
(+ constant): ll se rattache à constater,par rapport
auquel il joue le rôle de déverbal, passant d’un CONSTIPER v. tr. est emprunté (XIV s.1 au la-
usage juridique Uprocès-verbaldel constat1 à la tin constipare =Serrer, presser, entassels légale-
langue commune (un constat àëchec, etc.). ment pmnomimdl, employé spécialement dans la
-CONSTATABLE adj,, attesté pour la première langue médicale par opposition à luxure (+ laxatitl.
fois en 1845, a été repris au début du tisiècle. Consttpareest le composé d’aspect déterminé en
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONSACRER
CONOPÉE n. m. est emprunté (v. 1180) au latin emplois métaphoriques recoupent ceux de
conopewn =pavillon, tenture., spécialisé dans les conquérant.
textes liturgiques médiévaux où il apparait sous les CONQUÊT n. m., d’abord cunqwst (1155l, est hé-
formes canopwn (v. 125% canapiwn (1518). cana- rité d’un latin populaire “conquoesiti, participe
psum, cwwpeum, désignant le voile qui enveloppe passé de “conquaerere. Le mot a désigné la
le tabernacle contenant l’eucharistie. Ce mot est conquête jusqu’au XVI~~., avant d’être supplanté
emprunté au grec kônôpeion +noustiqualre~, dé- par son doublet féminin Une spécialisation juri
rivé de kônôps moustique, (encore en grec mo- dique, *biens acquis par les époux> (1283l, a été éli
derne), terme d’origine incertaine, peut-être égyp ml& par aCquêtS. -CONQUÊTE n. f. (V. 116Ol, d’un
tienne. latin populaire “conquaestta, rem,plit le rôle de
+Le mot a été introduit une première fois pour dé- substantif d’action de conquérir. Egalement cou-
signer une sorte de rideau de lit, de moustiquaire rant dans les vocabulaires guerrier et amoureux
en usage dans l’Antiquité, sens enregistre dans les (1636, Corneille), il est employé familièrement, par
dictionnaires jusqu’au >Oc”siècle. 0 ll a repris au métonymie 11637l, en parlant dune personne
x&s. la spécialisation liturgique de *voile recou- conquise, séduite (faire des conquêtes,sa dernière
vrant le tabernacle= (1887). conquête1et, en général, d’un territoire conquis,
0 “Ou- CANAPé. d’une chose prise par action militaire (dès le ti s.l.
RECONQUÉRIR y. tr. est la 1pfection Km xv” s.l de
CONQUE n. f. est le doublet savant de conche*, reconquerreCxrPs.1[voir ci-dessus conquerrel. ll si-
emprunté (13751, par l’intermédiaire du latin clas- Me *reprendre par conquêtes et (v. 1175)
sique conchu, au grec konkhê =grand coquillage, ~conquérir de nouveau>. Le participe RE-
ccquille~. utilisé peur divers objets en forme de co- CONQUIS, ISE est adjectivé en ancien français
quille. Kon.khêest à rapprocher de kokhlos, nom (1273). 0 RECONQUÊTE n. f. (mil XVIe S., -qwStd
de petits coquillages, qui a donné le latin cochka succède à reconquestn. m. Wroissartl. dérivé de re-
t-+ 0 cosse, cuiller); il a un correspondant exact conquester Cv.1275). Il désigne une nouvelle
dans le sanskrlt sanhha- =Coquille*. conquête ou une reprise par conquête et s’applique
en histoire WW8l à la reprise de l’Espagne islami-
t Le mot, en dehors de son sens de cgrande coquille
sée par les royaumes chrétiens, du xr” au wP siècle.
de mollusque bivalve*, est employé, par métony-
On emploie aussi le mot espagnol RECONQUISTA
mie, en mythologie où il désigne la trompe des
n. f.
dieux marins, et, par analogie, en architecture et
en anatomie (1690, conque dc l’oreülel. CONQUISTADOR + CONQUÉRIR
0 voir coQun.LE.
CONSACRER y. tr. est la réfection immédiate
CONQUÉRIR v. tr. est la réfection (>w” s.1, (11551, sous l’intluence de sacrer*, de l’ancien verbe
sous l’iniluence de qtirir*, de l’ancien verbe cunsecrer, consecrer (1121). emprunté au latin
conquwre (1080). encore attesté à la fin du xv? siè- consecrwe, de cun l+ CO-I et socrare l+ sscrerl. Le
cle. Celui-ci est issu du bas latin “conquaerere, le- verbe latin signiikit ‘rendre sacre en dédiant aux
quel est la réfection d’après quaerere b chercher) dieux>. ~reconmûtre un caractère sscré à (une
du latin classique conquirere, de cum l+ CO-) et chose)*, et s’est appliqué en langue ch&ienne au
quaerere *rechercher de tous côtés, être en quête sacrement de l’eucharistie.
de*, verbe ayant continué à vivre dans l’ancien ita- t Le mot a été repris avec le sens de #dédier à
lien conquidere Wlien moderne conquistorel. Dieu,, spécialement en liturgie pour l’eucharistie,
+Le verbe, employé dans le vocabulaire de la consacrer le pain et le vin (1536l, et absolument
guerre, signiiïe -prendre par les armes, par la consacrer. ll s’est répandu dans l’usage laïc au
force,. En procèdent une extension courante, eob- XL? s. avec le sens de -destiner, dévouer (qqch.) de
tenir en luttant=. et un emploi métaphorique dans manière exclusives (1578). également à la forme
le vocabulaire amoureux, +éduhe. charmez pronominale se consacrer W%Wl. L’idée de +sndre
(v. 1230). ll a longtemps été doublé par conquêter sacrés est réalisée dans ce conteste laïc avec la
(1155; de conquêtel, vieilli à partir du milieu du nuance de *rendre honorable, respectables (1641).
xvse s. kepris au x? s. par Montherlsntl. oPar glissement vers l’idée de =sanctionne~, le
w CONQUÉRANT, ANTE adj. et n. (11601. participe mot a pris le sens de -ratifier, coniknep (1669, Ra-
présent adjectivé et substantivé de conquérir, est, cinel. dont procèdent consacrerune expression,un
dans son acception militaire, dominé par le modèle mot consacrépar l’usage.
d’Alexandre le Grand. -Son synonyme moins . Le participe présent CONSACRANT a été adjeC-
UsUel, CONQUÉREUR n. n-i., d’abord conqwreor tivé (1699l dans une acception religieuse et sub-
lapr. 1250, Roman d’Alexandre) puis conguereur stantivé par ellipse de @rêtre~ consacrant. -ll a
lapr. 1260). permet d’éviter les connotations de wic- pour doublet CONSÉCRATEUR n.m. (15681, re
torieux, et ~prétentieux~ attachées à conquérant au présentant du latin chrétien consecrator et em-
ilguré (un air conquéront~. -Son correspondant es- ployé très rarement au hguré (1845).
pagnol CONQUISTADOR (15711 apparaît en fran CONSÉCRATION ri. f. est emprunté lapr. 11591 au
pis sous la plume de G. Sand comme surnom de dérivé latin consecratio wztion de consacrer aux
Jsoques 1”’ et s’est répandu (v. 1865) pour désigner dieux, de mettre au rang des dieux,, spécialement
les aventuriers espagnols (Cortés, Plrarrol, partis à l’époque chrétienne *eucharistie,. oLe nom,
au XVI~ a à la conquête de l’Amérique du Sud ; ses comme le verbe, est d’abord employé avec une va-
CONS’IRICTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ori~el, dans sa forme ancienne* (18901 et, a” fi- au sens de =Chose coostroite~ (1635. au propre et ao
guré, *faire revivre par l’évocations. -Ce dernier figuré1 et notamment sert de générique pour mai-
verbe a produit le nom et adjectif RECONSTI- son, tirh&bk, etc. -CONSTRUCTIF. IVE adj.
TUANT. ANTE (18451, Spécialisé dans le langage (1487; rare av. 18631 représente le latin cohstrwti-
médicd, et RECONSTITUTION n. f. 117341 eieployé vus. Cet adjectif a pris une valeur figurée, proche
en médecine. en droit whnihel, en archéologie et de potitit: 0 ll a fourni la base de CONSTRUCTI-
en parlant d’une évocation historique. VITÉ ri. f. 118401 et des termes d’histoire de l’art
CONSTRUCTIVISME n. In. et CONSTRUCTI-
CONSTRICTION n. f. est emprunté (1314) ao VISTE adj. et ri. (19251. Gem-ci ont d’abord été ap-
bas latin constricti #action de resserreIr, très pliqués à oh mouvement artistique rosse, né sous
fréquent en conteste médical. C’est un dérivé du l’impulsion des sculpteurs Tatlihe et Gabo
supin de constrkgere 1+ contraimke1, composé de entre 1913 et 1920, et visant à donner à la civilisa-
cum (+ m-1 et de stingere ‘serrer, étreindre, pres- tion du &Siècle une nouvelle logique plastique,
ser, contrecte~ b strict1. fondée sur la valorisation de la structure.
+Le mot a été introduit en médecine avec le sens -CONSTRUCTEUR, TRICE n., emprtihté 1xnP s.)
de ~compression*. opposé à diktation. ll s’est ré- ao latin constmctor, s’est répandu dans la seconde
pandu en physiologie et en pathologie, y compris moitié du x&s., essentiellement avec on sens
en physiologie animale et en médecine vétérinaire. concret, recouvrant les notions d’Architecte*, -ina-
Sous lïntluence de coaskrictive, il est passé en pho- ÇOIl’, -promoteur immobilieo+. -CONSTRUC-
nétique à propos d’un resserrement du conduit vo- TIBLE adj., attesté isolément ao xv” s. (14871 et alors
cal. Certains écrivains (Bloy. Gracq1 s’en servent emprunté au bas latin constructiilk, a été reformé
comme d’un synonyme de compressionpour évo- aoxm” s. (18631; CONSTRUCTIBILITÉ n. f. (18631 en
quer une sensation subjective de serrement des est dérivé. Ces mots sont usuels en administration
tempes, du ccew, de la poitrine. et odxmisme.
RECONSTRUIRE y. tr. (15491 s’applique aos bâti-
t CONSTRICTIF. IVE edj. et n. f., emprunt médi-
ments détruits, au figuré (av. 17901 à une fortune,
cal 113631 au bas latin con.strictivus -qui a la pro-
une organisation et, en sciences buY s.1 à une réa-
priété de resserre-, lui-même fréquent en
lité disparue. Au verbe correspond on nom d’ac-
contexte médical, a reçu un sehs spécial en phoné-
tion RECONSTRUCTION n. f. (17281, devenu usuel
tique (19291. -CONSTRICTEUR adj. et n. In. est
en sciences pour ~recohstitution~. notamment en
dérivé savamment (av. 1718) du radical de cohsti-
hmgoistique hiStOrique. et oh nom d’agent RE-
tum, supin de constringere, pour nommer- un
CONSTRUCTEUR, TRICE. aussi adjectif 11868,
muscle dont la contraction exerce une compres-
chez Daudetl, ce dernier ayant une application ré-
sion sur on organe. On le rencontre comme second
cente en politique. -DÉCONSTRUIRE v. tr. (17981
élément de quelques composés, tels broncha-
et le dérivé DÉCONSTRUCTION n.f. (18451 ont
constricteur, vaso-constricteur. o Dès le xvsre a, il a
pris en philosophie une valeur spéciale avec
été repris en zoologie où, soit sous la forme
Jacques Derrida pour -analyser critiquement (on
comtrictor du latin scientifique (17541, soit sous la
système) en défaisant ses éléments+.
forme frahcisée constricteur 11845, ao plwiell. il dé-
0 voir DÉTaulRE. msmm.
signe on grand serpent qui étotie sa proie dans
ses anneaux lswtout dans boa constitor, emprunt CONSUBSTANTIEL, IELLE adj. est em-
(18691 au latin zoologique1. prunté (av. 14051 au latin ecclésiastique coh.subs-
tantic& sqoi est de même substmcen, notamment
CONSTRUIRE y. tr. est emprunté lxs1~s.1 au en parlant du Fils par rapport au Père, et du Christ
latin constraere eentasser pas couches avec ordre, par rapport à l’humanité. Le mot est formé de cum
rangem, et aussi -empiler. édifiep (au propre et ao -avec= b CO-) et de substantia (b substance) avec
figuré, spécialement dans un contexte grammati- un sulExe d’adjectif
cal). Ce verbe est composé de cum I-CO-1 et de
+ ConsubstantieLintroduit en théologie, a reçu, par
stmere, mot de sens analogue dont le radical strw extension dans l’usage littéraire, le sens de ana-
est peut-être une forme de la racine ihdoeuro- twellement uni ou intégré b (>ov” s., puis 1580).
péemie ?ster--étendre= (+ estrade, strate: conster-
.ll a produit CONSUBSTANTIELLEMENT adv.
ner, prosterner) : de là l’idée initiale d’qentasser par
116901. -CONSUBSTANTIALITÉ n. f. (XIII~ S.) est
couches,.
emprunté au latin ecclésiastique consubstantidi-
4 Le mot est introduit en grammaire en emploi pro tas *unité, identité de substance> (en parlant des
IlOminal, pois également transitif (av. 1530, personnes de la Trinité). -Quant à CONSUBS-
construtre me phrase).Depuis 14136. il est employé TANTIATION n. f. (15671, adaptation du latin du
ao sees courant de -bâtir, édifïe~ (au propre et, me s. consubstantiatio,c’est un terme forgé par les
d’abord, ao figurél, &rwtore~. Depuis le xvrr”s. luthériens au sehs de -présence réelle du corps et
(chez Furetière en 16901, il s’utilise spécialement en du sang du Christ dans le pain et le vin de l’eucha-
géométrie en parlant de l’élaboration d’une ilgore. ristie*, par opposition à tiah.ssabstantiation. Le la-
w CONSTRUCTION n. f. (1130) est emprunté au tin chrétien possédait consubstantiati (mes.)à pro-
latin constructi, formé d’après le supin de pos du mélange des substances divine et humaine
constmere. Il possède tous les sens du verbe, y dans le Christ. Ces deux noms, moins que l’adjectif
Compris sa SpéCidiSatiOn en grammaire (1225- sont employés dans le style littéraire avec une va-
12501, et s’emploie couramment, par métonymie, leur figurée.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONSENSUS
de +une homme inscrit sur les rôles de l’armée en reçu une spécialisation dans l’usage théologique,
vue d’accomplir son service militaires (2 juin 1789, désignant (au phniell les desseins de Dieu (15361,et
comme adj.1 coïncide avec la création de la avait signi% par métonymie ‘sagesse, principes
conscription militaire sous la Révolution. qui dirigent une personne dans la vie> 11686.Bos-
t En 1789 apparaît en effet CONSCRIPTION n. f., suetl. 0 Un autre emploi métonymique, =personne
emprunt au latin con.scri@io &daction. mémoires, qui porte conseil, donne des conseils, 6ïn xse s.1,a
qui prend son sens, en relation avec conscrit. lors disparu au profit de conseüler, mals s’est malntenu
de l’institution de ce système de levée annuelle de dans certaines pmfessions juridiques konseü fiscal
jeunes gens astreints au service militaire. Création et, dans des titres, ingénieur-conseül; 6. consultant.
révolutionnaire, la conscription correspondait au o Le sens de =réunion de gens qui délibèrent, déli-
remplacement du militaire subordonné à son sou- bératiow (10801 connait depuis l’ancien français
vers@, par le soldat citoyen, émanation de la Na- une grande vitalité dans la dénomination dïnstim-
tion Etablie sous une forme encore archaïque par tiens, héritées pour certaines de l’Ancien Régime
la Constitnante en 1789,elle est instituée sous le Di- kxmseiJ d’État, xwe s.1 ou de la période révolution-
rectoire (en 17981par la loi Jourdan. Au cours du naire kmiseil municipal 17901,apparues plus I-é-
xc? s.. elle est adoptée par la plupart des pays d’Eu- cemment pour d’autres: conseti g&éral 118711,
rope qui I’ont d’abord rejetée pour son caractère conseil régional (19721, propres à l’usage du fran
révolutionnaire. Depuis la lin de la Seconde çais en France, ou wnseil de l’Europe (19791. A
Guerre : la France a adopté un système qui tend à l’empront soviet correspond le syntagme conseil
être sélectif Le terme est resté dans la langue OUvrieT.

usuelle en s’appliquant aux nouvelles recrues ou b CONSEILLER y. tr. est issu tv. 10501du latin po-
conscrits (avec toutes les connotations du *bleu+), pulaire “consiliare, altération de consiliori edélibé-
mais il n’est plus employé officiellement, sinon rer, donner un avism,dérivé de consilium. Apparu
dans son acception historique. en français pour <parler en secret avec qqm, valeur
propre à I’ancien et au moyen français, le mot cor-
CONSÉCRATION - CONSACRER respond à l’usage de conseü au sens de =avis* : il a
dès 1080le sens de <guider qqn dans sa conduite- et
CONSÉCUTIF, IVE adj. est l’adaptation (11701 celui d’=indiquer qqch. à qqn%. -Son anto-
11474, probablement antérieur, voir consécutive- nyme DIkONSEILLER v.tr. (1050, au participe
ment) du latin médiéval con.secutiw lv. 11601,dé- passé au sens de =désempsr&l est attesté depuis
rivé savant à parti du radical du latin consecutus, 1175 avec son sens actuel, ~recommander d’éviter*.
participe passé de consequi =Suivre,venir après= -CONSEILLER. ÈRE ii.. issu très anciennement
b cooséqoentl. 18811du latin consüiarius, désigne spécifiquement
+Le mot, usuel au pluriel ftrois ans consécutiKs1, est une personne qui donne des conseils puis égale-
employé au singulier en logique kïO9, effet con-se- ment, dans un contexte institutionnel 113401,une
cutifl et en grsmmaire. La construction consécutifà personne qui siège dans un conseil. 0 Il a éliminé
- ou plus rarement consécutifde - exprime 118451 sonanciendoublet CONSEILLEUREUSE (v.1200,
le rapport logique d’un effet à une cause. I consilleors).dérivéduveràeconseüler, quiacepen-
dant été choisi (pour l’assonance qu’il offrait1 dans
*Le nom correspondant, CONSÉCUTION n. f. le proverbe les conseilleursne sontpas lespayeurs
(>w” s.1, est emprunté au latin consecuti =enchaf- (18071.
nement, suitem, détivé du supin de conseqti; il n’a
pas conservé le sens de =conséquences au-delà du CONSENSUS nm. est l’emprunt, par la
XVI’ s., se spécialisant comme expression du rap- langue didactique du xc? s. 118241,du latin consen-
port entre antécédent et conséquent, dans les voca- sus accord=, dérivé de consetire t-+consentlll
bulaires de lalogique, de la philosophie 11716,Leib- *être d’un même sentiment, être d’accords. Le
niz), de l’astronomie (1752. mois de consécutionl, de xv8 s. avait emprunté le mot sous la forme ikmci-
la hnguistique. -L’adverbe CONSÉCUTIVEMENT sée consens.
est attesté depuis 1373. +Ce latinisme a été repris en physiologie, dési-
gnant l’interdépendance d’organes dans lac-
CONSEIL n. m. est issu Iv. 9801 du latin consi- complissement de fonctions vitales, sens où il a
Zium, d’abord employé dans la langue juridique remplacé I’sncien terme sympathie. R s’est ré-
pour -endroit où l’on délibère*, par métonymie pandu (18581 avec le sens d’=sccord~ à partir des
*consultation, délibérations. et passé dans la travaux de sociologie (A. Comte, puis E. Durkheiml
langue commune au sens de “projet, desseins et concernant l’intégration et l’interprétation de tous
notamment ‘dessein mûri et réfléchi=. d’où -bon les aspects de la réalité sociale dans un tout
avis. sagesse, prévoyances. Consiliwn est dérivé de konsensw social). o Il est à la mode dans le vota
consulere (+ consulterl. bulalre politique lv. 19701au sens de <accord social
*Le mot apparaît avec le sens d’aavis que l’on conforme aux vceux de la majorité-, puis aopinion
donne à qqn sur ce qu’il doit ikires, dont participe la d’une forte majorité* dans un Iwge con.sensw
locution proverbisle la nuitporte conseiJl16111. Ce l CONSENSUEL.ELLE adj. (18381, dérivé sawn--
sens a reçu une spécialisation dans la langue reh- ment du radical du latin consensus, relève d’un
gieuse 11690, Les Consei.!.s évangéliques1 qui l’op- usage didactique en droit (1838, contrat consensuel
pose à précepte. oUn autre sens hérité du latin, -fait par le seul consentement des parties enga-
#dessein mûrement r&léchb (v. 9801,avait lui aussi gées=) et en physiologie IréfZexe consensuel). ll a
CONSUMER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CONSUMER v. tr. est emprunté (v. 1128-1150) s’étant d’abord répandues dans un contexte mil&
au latin consumere, composé d’aspect déterminé, taire.
en cum (+ CO-), de sumere *prendre pour soi>, -se . CONTACTER v. tr.. proposé par Richard de Ra-
charger des, lui-même contraction d’un %usfe) donvilliers (18421 comme on enrichissement de la
mue. Ce dernier est formé à partir du veràe emere langue fmnçaise, doit à l’influence de l’anglais
éprendre, acheter- (+ somptueux). Consumere, lit- to contact la valeur effective de -se mettre en rela-
téralement -prendre entièrement*, signi6e plus tion avec qqn,. Malgré les critiques des puristes, il
particulièrement ~consommer. épuiser, dépensep s’est répandu vers 1940, produisant le dérivé itérs-
(-+ consommer) et. pris en mauvaise part, edétwire, tif RECONTACTER v. tr. (>Oc”s.). - CONTACTEUR
notamment par le feu*. n. m. est un terme technique désignant (1927) l’ap-
4 Le verbe français est longtemps resté dépendant pareil établissant un contact électrique.
de tous les sens latins : depuis le xue s., il signifie
*épuiser les forces de (qqnln et *détee progres- CONTAGION n. f. est emprunté (1375) au latin
sivement (une chose)> quel que soit l’agent. Au contagio, de cum (+ CO-I et d’un dérivé du radical
xwe s., il prend le sens latin de &ssiper, épuiser, de tangere -toucher- (+ tangible). Cm&& est sy-
(15381, en parlant d’un bien ou d’une nourriture, et nonyme de contactus (+ conta&, mot de même si-
s’emploie (sans connotation négative) au sens gnification étymologique, avec le sens général de
d’wxompti, de sorte qu’il est synonyme de -toucher, attouchement, et la valeur spéciale de
consommer’ jusque dans la seconde moitié du =contact infectieux,. Contrairement à ce qui s’est
X~III~ siècle. Depuis, il s’est restreint au sens de -dé- produit en français, c’est contagio, avecsesvaleurs
truire entièrement sous l’action du feu, (15461, si figurées (surtout négatives) qui est le plus abstrait.
bien que toute trace d’un sens antérieur est sentie * Le mot, apparu avec la vateur morale &-influence
comme un emploi métaphorique de celui-a. pernicieuse>, est attesté avec son sens médical au
~Les dérivés, peu nombreux, sont d’usage litté- xvr” s. (1538); par spécialisation et métonymie, il
raire. CONSUMABLE adj., attesté au ti s., repa- servit même (1596) à désigner la maladie oonta-
raît en 1842 SLLïIS Se I-épZuKke. -CONSUMATION gieuse par excellence, la peste. 0 Par extension, il
n. f., après une attestation isolée au xv” s. en ssso- a développé l’acception figurée de &ansmission
ciation avec consomption*, a longtemps interféré involontaire, influence> sans valeur péjorative, par
avec con.sommtinn (dès le ~V”S., consoumacion exemple dans le domaine de l’inspiration en art ou
dou mariaigee). o II a été repris par Georges Ba- dans celui des iniluences, en sciences humaines,
taille (1943, L’Expérience intérieure) pour ses va- cf. contamination, en linguistique.
leurs étymologiques de *dépense*, <excès=, outre . Son dérivé verbal CONTAGIONNER v. tr. (1845)
celle de -destruction violente>.
n’a pas concurrencé contaminer, pas plus que ses
CONSUMÉRISME - CONSOMMER dérivés CONTAGIONNEMENT n.m. (1918) et
CONTAGIONNANT. ANTE adj. (1925) de loin
CONTACT n. m. enregistré en 1611, peut-être moins employés que contagion et contagieux.
attesté en 1586, est un emprunt relativement tardif -CONTAGIEUX. EUSE adj., empn&é (V. 1300) au
au latin contactus, nom issu du participe passé de latin contagiosusavec sa spécialisation médicale, a
contigers -toucher= (-contingent). composé d’a.- reçu le sens flgwé de aqui se communique sponta-
pect déterminé, en cum (+CD) de tangere, de nément* (16651.0 On en a dérivé CONTAGIEUSE-
même sens (+tangible). Contactus et contagio MENT adv. (déb. xw” s.l. -Quant à CONTAGIO-
(+ contagion). issus du même vetie. désignent à la SITÉ n. f. (1425l, formé savamment sur le radical du
fois le toucher en général et le toucher infectieux latin contagiosus,il a disparu au ~VI~S. pour être
en particulier. réintroduit au milieu du XY s. (1863).
* Contact n’a repris que le sens généml. Concor-
rencé par l’emploi substantivé de l’infinitif toucher, CONTAMINER v. tr. est emprunté (1215) au
plus ancien, il est longtemps marqué par un usage latin contaminnre, proprement -entrer en contact
didactique, en géométrie avec point de contact avecm. essentiellement attesté avec la valeur péjo-
(1753l, en géologie, chimie, photographie. Deux des rative de -souiller par contact*, plus généralement
emplois spécialisés, pris à I’anglais contact, sont -souillep (au physique et au moral). La langue litté-
enttis dans l’usage courant : au xxB s.. contact ékc- raire l’emploie au sens spécial de ‘rendre mé-
trique (absolument contact) et lentilles de contact connaissable en mélangea&. Le mot, formé avec
(v. 1950). calque de l’anglais contact kmses. +Le le préverbe cum (-+ CO-), a été rattaché par les La-
sens figuré de -relation entre personnes* est ap- tins à tangere -toucher- (-tangible). Il suppose on
paru au début du xxe s. (1802, de Bonald), probable- “taminare qui, à son tour, postule on otamen, &it
ment lui aussi d’après l’anglais contact; il s’est ré- de toucher, contact impur-, lequel pourrait être un
pandu au >oQs., avec le développement des ancien terme du vocabulaire religieux.
techniques de communication et des sciences hu- +Le mot est on terme religieux passé dans la
maines kmtbropologie, psychologie), et a donné langue médicale. Le sens initial de #souiller par un
lieu à un sens métonymique (un contact : -la per- contact impur- est sorti d’usage au x&s. et est
sonne en contact~l. Contact entre dans les lo- qualifié de *vieux* par Furetière (1690). 0 11 a été
cutions usuelles en contact avec, au contact de et repris en médecine (1863). se répandant dans le
accompagne fi-équemment les verbes mettre, langage courant au détriment de contagtonner.Les
perdre, garder. prendre, certaines constructions connotations péjoratives, liées au contexte de la
DE LA LANGUE FRANÇAISE 859 CONSIDÉRER
semble-. -On ne rencontre plus guère conserves contexte anglais (1846, traduction de B. Disraeli) où
(au pluriel1 pour désigner des lunettes colorées il calque l’anglais conservative, attesté depuis 1830
(1680, encore au >we s.1d’après leur fonction qui est pour désigner le parti Tory appelé Consewative
de protéger (conserver) la vue. -Conserve a lui- par& L’anglais est lui-même emprunté au français
même pour dérivés, dans le domaine alimentaire, conservatifk%dessus). -En marge de la spécialisa-
CONSERVERIE n. f. (19421 et CONSER- tion xbninistrative et politique du mot se sont dé-
VEUR, EUSE n. (19501, désignant l’entrepreneur, veloppés des emplois en majorité didactiques, réa-
l’entreprise et l’ouvrier qui fabriquent les lisant l’idée de -qui conserve inta&, notamment à
ConseIyes. propos d’un produit dans l’industrie agrc-alimen-
CONSERVATION n. f., emprunté (13641au dérivé taire (1903). -CONSERVATISME n.m., apparu
latin conservatio, reprend tous les sens du verbe dans un contexte politique (1851. traduction du
conserver avec la valeur d’Action de conserver- et, russe de A. Herzenl, est employé dans sa spéciale-
par métonymie (17211,-état de ce qui est conservée, sation en politique anglaise pour traduire l’anglais
d’où bonne, mauvaise conservation. ~D’après COn.WWtisfn (18351. -CONSERVATISTE n. (18761
conservateur, le mot s’emploie aussi pour =Charge n’a pas réussi à s’imposer face à conservateur.
de conservateur- (16711, spécialement en droit
dans conservation des hypothèques (1804. CONSIDÉRER v. tr. est emprunté au ~U?S.
0 CONSERVATOIRE adj. (v. 13701, -destiné à (1241-12571 au latin conkferare, formé de cum
maintenir qqch. ou qqn dans le même états, est sur- (k+ CO-)et de sidus, sideris, mot qui désigne (surtout
tout affecté à des emplois spéciaux en droit (1567; au pluriel) les étoiles en constellations (+ sidéral,
1769, actes conservatoires), et dans le domaine so- sidérer). par opposition à stella c-étoile) qui dé-
CiOpOlitiqLIe. - CONSERVABLE adj. (1508-15171 signe l’étoile isolée. Considerare doit être un ancien
correspond au sens passif de -qui peut être verbe de la langue augurale ou marine, comme
COIW.er-6. -CONSERVATIF, IVE adj., emprunté contemplari (+ contempler), laïcisé dans la langue
(xv”s.1 au dérivé bas latin conservatiws <qui courante au sens de =regarder attentivement, ré-
conserve*, a fourni un synonyme à 0 conservatoire, fléchir à=. En ancien français, considérer a sup-
puis en politique à conservateur.Il est sorti d’usage planté l’ancien doublet populaire consirer &flé-
dans ces deux emplois. ChiP.
0 CONSERVATOIRE n. m. (1778; une fois en 1714. 6 Le mot a été introduit avec la double acception du
au sens d’chospicem) est emprunté à l’italien conser- latin courant, physique et intellectuelle. Dans de
vatorio, substantivation de l’adjectif correspondant nombreux emplois, il réalise par extension le sens
au lançais 0 conservatoire, qui désigne depuis le de -estimer, jugerm avec une smkx-donnée
XVI-S. des écoles de musique à Naples, Venise et complétive (attesté av. 15111.De l’idée de ‘juger-,
Palerme, avec l’idée du maintien de la tradition (et on passe aisément à *faire cas de, (16431,dévelop-
du niveau) dans un art. En France, le Conservatoire pement comparable à celui d’estimer. La construc-
de musique et de déclamation est une institution tion attributive considérer comme est enregistrée
fondée en 1789 pour maintenir la tradition des arts tardivement (18351.
dramatique et musical. Le même esprit inspire la t CONSIDfiRATION n. f. (XII” s.1représente le latin
création du Conservatoire national des arts et m& considerati *examen attentifs (des yeux, de l’es-
tiers en 1794 (cf. arts* et m&ers). qui reprend toute- prit) puis aussi cégwd, estime>. Quasiment inusité
fois un ancien projet, déjà esquissé par une exposi- dans son acception physique, il tend également à
tion payante de machines en 1683et, au xv& s., par perdre son acception intellectuelle au profit d’exa-
la collection d’outils et de machines de Vaucanson. men, attention, sauf dans la locution prendre en
destinée à éduquer les ouvriers. considération, qui reste usuelle. Il a mieux résisté
CONSERVATEUR. TRICE adj, et n. est emprunté au sens plus restreint d’-observation, réflexion*
WXI), peut-être sous l’lnkence de l’ancien pro- fournissant, au pluriel, le titre d’essais spéculatii
Ven@ conservador (12611,au latin conservator.Ce- kv~n” s.. Montesquieu). Le sens particulier de -mo-
lui-ci, dérivé de conservare -conserver. respecter, tif raison prise en compte pour a* (xv” s.1 s’est
sauvep, est attesté plusieurs fois chez Cicéron et maintenu dans la locution en considération de et
dans des inscriptions, dans un contexte politique dans l’expression rentrer dans des mmidérations.
fconservatorrei publicae, patriae, urbis, imperii, li- D’après un sens apparu en latin tardif, il signifie
bertatis); il servait aussi d’épithète pour certains dès 1310 C&ime envers qqn*. Ce sens, très vivant
dieux au sens de ‘sauveur=. Le latin médiéval en a (après les verbes jouir de, être en, etc., dans les for-
fait un titre juridique désignant le procureur, le dé- mules de politesse) a été repris au xvues. par le
légué (1244). 0 Le mot est d’abord attesté dans les Verbe. -L’s&OnyIne INCONSIDÉRATION n. f.
coutumiers comme désignation et titre de celui qui (1488, du bas latin incon.sideratil est peu usité à la
est chargé de maintenir un droit, un privilège, Ce différence de DÉCONSIDÉRATION n. f. (17921,
sens a disparu, mais une spécialisation fournit ti formé d’après DÉCONSIDÉRER v. tr. (1790). &ire
X? s.1le titre d’un préposé à la garde d’une chose, perdre son estime à qqnm,surtout employé au par-
d’un patrjmoine (musée, bibliothèque, eaux et fo- ticipe passé.
rêts...). -A l’époque révolutionnaire, le mot est ap- RECONSIDÉRER v. tr. .-considérer de nouveau>
pliqué à celui qui tend à préserver l’ordre social (1312) a eu un regain d’usage au XT?s. pour sréexa-
existant (17941,et passe dans le domaine de la vie miner (une question)=.
politique (1815, esprit conservateur, B. Constant). CONSIDÉRÉ. ÉE a dû être adjectivé assez tôt,
Cette orientation a été renforcée par un emploi en puisque son dérivé CONSIDÉRÉMENT adv. se
CONTENT 870 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

hI”s.1, perdre contenance hII”S.1, garder bonne peut s’employer ssns aucune idée de ~satisfaction~.
contename, etc. En revanche, il ne reste presque avec l’idée très restrictive de -se borner, se limiter
plus rien d’anciens emplois métonymiques réfé- à.. -Le dérivé CONTENTEMENT n.m. (v. 1460) se
rant à divers objets hnanchon, miroir...) servant à rattache en partie à contenter au sens de usatis-
donner une contenance. -C’est à ce sens que se faction d’une prétentions (notamment dans don-
rattache, par l’intermédiaire d’un verbe contenan- ner, obtenir contentement), en partie à content au
ter (me s.1 qui n’a pas vécu, la série préfixée OI?- sens moderne de *plaisir, joies : il est alors marqué
CONTENANCÉ,ÉE adj. (1549), DÉCONTENAN- comme régional ou recherché. 0 D’après le témoi-
CER Y. tr. (1651, à la forme pronominale) et. plus gnage des dictionnaires, ce mot a eu au XVIII~s. le
rarement, DÉCONTENANCEMENT mm. (16761, sens métonymique concret de “gros noeud ornant
mots qui concernent le fait de faire perdre son as- le décolleté d’une robes Iparfait contentem?ntJ.
s-ce à qqn, de le mettre mal à l’aise, ainsi que L’antonyme de content, MÉCONTENT.ENTE adj.
cet état. -Contenance a cependant acquis le sens et n. (1501) a été substantivé avant 1655; il est
concret de =Capacité d’un objets : autrefois appli- souvent employé au pluriel au sens particulier de
qué à une surface km” s.), il s’est maintenu couram- *ceux qui ne sont pas satisfaits d’une politique,. Il a
ment en parlant d’un récipient kvu” s.). éliminéle plusancien MALCONTENT,ENTE adj.
CONTENANT, le participe présent, a d’abord été (XII” s.1, encore attesté dans les parlers régionaux
substantivé (10801 avec la signification psycholo- ou. substantivé, comme terme d’histoire désignant
gique de contenance. Il n’a gardé que le sens un membre du parti catholique qui prônait la tolé-
concret de <objet qui contient, récipients kv?s.l. rance lors de la Saint-Barthélemy (av. 1678). -Mé-
-CONTENU. le participe passé, a lui SUSSi été content a produit MÉCONTENTER v.tr., d'abord
substantivé au féminin (xr” s.) avec un sens psycho- mescontenter (~w~s.1 d'où MÉCONTENTEMENT
logique. Il l’a perdu pour désigner, au masculin n. m. (1528). deux mots qui se sont largement I-é-
(1243). la teneur d’un acte juridique et. plus concrè- pandus dans la langue contemporaine, devenant
tement, ce que contient un récipient (15411.Depuis plus courants que contenter et contentement, rela-
la ti du WC”s., il a renforcé son emploi dans les dis- tivement littéraires.
ciplines concernant l’interprétation des textes et
des messages, à commencer par la critique litté- CONTENTIEUX, IEUSE adj. et n. m.
raire traditionnelle. fondée sur l’opposition contes- d’abord contemptieux (1257) par inkence des défi-
tée forme-contenu (cf. fond). La psychanalyse freu- vés de contemnere [+ contempteur), est emprunté
dienne parle, pour l’interpritation du rêve. de au latin impérial contentiosus ~chicsneur, prompt à
contenu manifeste et de contenu latent, et la lk la querellex et, en parlant d’une action, eprocessif,
guistique emploie contenu dans l’analyse sémar- de discussions. Lui-même est dérivé de contenti,
tique (en particulier dans la théorie de Hjehnslev, déverbal de contemiere, composé d’aspect déter-
opposé à expression). miné en cum (- CO-I de tendue b tendre) qui, à
un nom pIuS SpéCidiSé CONTENEUR n.m.a été partir du sens propre -tendre avec force, entière-
formé récemment (19561 pour remplacer l’angli- ment,, a développé la valeur de -lutter-.
cismedemême orlgine~~~~~~~~~n.m.q-and
contenant pour le transport des marchandisesm * Contentieux s’est progressivement restreint à
(1932). o Dans le même souci de francisation, les hsage juridique, où il s’oppose à gracieuzi avec le
dérivés et composés de container, apparus sens de -sujet à querelle. à procès>. Il s’employait
entre 1965 et 1970, ont été remplacés par des cor- aukefois à propos d’une personne aimant les pro-
respondants dérivés de conteneur après 1970: cès, les litiges (v. 13701et de son tempérament. 0 Il
CONTENEURISER v.tr.; PORTE-CONTENEURS a été substantivé (17971 pour désigner l’ensemble
edj. et n., etc. des litiges susceptibles d’être traités par les tribu-
0 voir CONTENT.0 et Q CONTINENT. CONTINUER. naux. Par métonymie, il se réfère au service (d’une
entreprise) chargé d’étudier les différends (avec ou
CONTENT adj. est emprunté (XIII~~.) au latin sans recourz au tribunal).
contentus, participe passé adjedivé de continew .CONTENTIEUSEMENT eh. (v.1333), *avec dis-
=renfenner en soi, contenir, satisfaire> (+ contenir). pute, avec Contention~, est vieilli. -CONTENTION
Le mot, littéralement ‘qui se contient>, signifie, n. f. (v. 1180), emprunté au latin contentin =tension,
avec un complément à I’ablatifinstmmentaJ ou une efforts d’où <lutte, rivalité, contU=, a évincé l’ancien
proposition subordonnée, ‘qui se satisfait dem. doublet populaire contençw l10801, employé dans
+Tel est le premier sens de content : cqui n’a pas un contexte général dans la locution par contençw
besoin d’autre chose, qui est comblé,. Si l’usage -en rivalisant d’ardew. Introduit au sens général
moderne insiste davantage sur l’idée de joie pai- de &ttes, le mot s’est spécialisé en droit avec le
sible qui accompagne cette satisfaction des désirs, sens de ~chicane, lutte, querelles (120% encore
l’ancien sens -encore dominant dans la langue fréquent chez Chateaubriand (par archtime?)
classique - s’est maintenu dans la locution avoir mais éliminé ensuite par le substantif contedieu
ItoutJ son content @n xv” s.) &re comblé, avoir as L’idée de ‘tension,, réactivée au xnr”s. à propos
sez* où l’adjectif est substantivé. d’un effort intellectuel, a donné le seul sens vivant
w Ce sens s’est conservé dans le dérivé CONTEN- (1585, contention d’esprit) dans l’usage didactique
TER v. tr. (1314, ConterMer) -donner satisfaction>, ou dans la langue littéraire. En procède la spéciale-
qui signifiait aussi XpayeIr (14631jusqu’au xv& siè- sation médicale de *tension, fait de serrer, de
cle. A la forme pronominale, se contenter a!e (1559) maintenir= (1771).
CONSENTIR 858 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

suivi consensus dans le vocabulsire politique à la dans une conclusion*. Le mot est d’usage courant,
mode. désignant une suite qui entraîne un fait. une action.
Ce sens a donné les locutions tirer à conséquence
CONSENTIR v. tr. est un emprunt très ancien (1253, trere a consequencel, êîre de gronde wnsé-
Cv. 9801 au latin consentie Gtre d’accord avec>, de pU.?nCe (15391, être s&Rs COJLSéquenW (1636). Les
cum b CO-I et sentire (+ sentir) pris au sens d’&re deux dernières iniléchissent le sens du mot vers
d’un même sentiment=. l’idée d’*importsnce~, également exprimée à l’épo-
+Le verbe exprime l’idée d’&re en accord, se que classique dans les expressions homme de
conformer à= d’où, plus concrètement, *accorder, conséquence (1644). homme sans conséquence
donner son accord (à qqch.)n, d’abord en construc- (16941. C’est probablement cette valeur, insistante
tion transitive, et spécialement dans la langue du aux xwe et ~VU~S., qui a déterminé le développe-
droit (1690). Contrairement à l’usage ancien ou ment du sens controversé de l’adjectif conséquent
classique qui l’employait avec un nom d’objet k-dessus). oLe mot a aussi des emplois didac-
(concret ou abstrait), l’usage moderne l’emploie tiques, désignant le lien logique dans le raisonne-
surtout à la voix passive en mettant en relief le des- ment (v. 12781, spécialement en grammaire et dans
tinataire. Dès l’ancien français, consentir est égale- la locution en conséquence de (1681). Il est repassé
ment employé absolument (v. 1160-11741, avec une dans l’usage général à propos d’événements qui
complétive introduite par que (1155) et la préposi- procèdent d’un autre. -L’antonyme INCONS&
tion à (XIII~ s.1. consentir de étant sorti d’usage. QUENCE n. f. (1538) correspond au sens dominant
de inconséquent, glissant vers le sens moral d’satti-
. CONSENTEMENT n. m., attesté au me s.
tude illogique; comportement déraisonnables
(apr. 1150). -action d’acquiescer à qqch.n, a reçu des
(17501, surtout à propos d’une légèreté féminine
valeurs spéciales dans les domaines moral, intel-
(1835).
lectuel et dans le contexte du mariage. Par figure
0 voir CONSÉCUTIF.
étymologique, il a été employé au ~V?S. au sens
de =concordance d’opinions~ (1541, Calvinl. 3p CONSERVER V. tr. est emprunté (dès les
-CONSENTANT, ANTE. le participe présent du Serments de Strasbourg, 842) au latin conservai-e,
verbe, a été adjectivé (XII~~.) au sens général, et composé d’aspect déterminé en cum (+ CO-I de ser-
aussi avec la valeur de #qui accepte une relation ~are dont il reprend les sens, -sawer, garder, pré-
amoureuse, sexuelles (au fémininl Il a eu en ancien server-. Ce Vex%e, représenté en français par ses
français les valeurs spéciales de <complice- (XII” s.) composés l- observer, préserver, réserver), se rat-
et ~bienveillant~ (XIII~ s.l. tache à serws =esclaveB (-se&.
0 “Olr CONSENS”S. +L’histoire du verbe s’est constituée par la diffé-
renciation des sens de consenrer et de ceux des
CONSÉQUENT, ENTE adj. est emprunté
composés apparentés : l’emploi pour *tenir un ser-
(1308) au latin consequens -qui suit>, spécialement me&. attesté dans les Serments de Strasbourg, est
dans le domaine du raisonnement, participe sorti d’usage au profit d’observer. Le sens moderne
présent de consequi, de cum (-CO-) et sequi
de *garder soigneusement* (déb. ~V”S.) a occa-
-suivren, employé avec une valeur temporelle ou sionné l’emploi de conserver qqn de qqch. hvf s.)
logique (+ séquence). Le représentant populaire de ‘protéger, sauvegarder>, réservé depuis le XVII~ s. à
ce verbe, consuivre (v. 98431,a disparu au XVI~ siècle.
préserver. Le verbe s’est répandu avec la valeur
* Le mot exprime ce qui suit logiquement; par mé- particulière de -garder en bon état, garder inta&
tonymie, il qualiiïe une personne qui agit. raisonne en parlant d’une personne du point de vue de sa
avec justesse, selon la logique (av. 1680). Son emploi santé (15301, d’une chose abstraite fconserver son
au sens familier de ~considérable~ (1780) procède honneur) ou concrète iconsenw des fruits).
de l’idée de ce qui est susceptible de produire de t Le déverbal CONSERVE n. f. (1359), employé dès
l’effet par sa valeur et son étendue; cet emploi né- les premières attestations dans le domaine alimen-
gligé, populaire, est condamné par Littré comme taire fconchen>e de citron), semble indiquer que le
un barbarisme, mais n’en est pas moins fréquent. verbe connaissait le sens correspondant dès le
~L’adjectif est substantivé en parlant du second xrv” siècle. Référant à la fois à l’opération et. par
terme d’un rapport, dont le premier est l’anté- métonymie, au procédé employé, à la substance
cédent : ce sens, courant dans la locution adver- ainsi conservée, le mot a évolué d’une notion large
bialeparconséquent(1370), est surtout réalisé dans englobant tous les aliments préparés pour être
quelques spécialisations techniques : grammaire conservés kiandes séchées, salées, fumées,
(1660), mathématiques (1718) et, pour le féminin, conserves de fruits du type conBure*), au sens x-
musique (1690) en parlant de la seconde partie tue1 restrictif de *denrée alimentaire stérilisée et
d’une fugue. conservée,, lié à l’évolution des techniques (et no-
t De conséquent ont été dérivés CONSÉQUEM- tamment à l’appertisationl. Ce sens a fourni les lo-
MENT adv. (1559; 1379, asuccessivement=) et l’anto- cutions de conserve et en conserve appliquées à un
nyme INCONSÉQUENT. ENTE adj. (1551, XWI’S.~ aliment. -Au xwe a, d’après conserver enaviguer
surtout avec une valeur morale en parlant d’une en gardant à vue=, le mot désignait un navire qui en
personne et de sa conduite (1835). escorte un autre pour le protéger (15521. La lo-
CONSÉQUENCE n. f. (1253) est emprunté au latin cution technique naviguer de conserve (1559).
conseqwntia, formé d’après con.sequens, =Suite, +aivre la même routes, est entrée dans l’usage
successiom et, à basse époque, -lien d’arguments courant avec de conserve -de compagnie, en-
CONTEXTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CONTEXTE n. m. est emprunté (1539) au latin . CONTINENCE n. f. ti w’s.1 est emprunté au la-
conteti -assemblage, réunion*, spécialement tin continenti -contiguït&. <contenu, contenancen
-ensemble des relations organisées entre les élé- et -modération=, avec sa spécialisation chrétienne
ments signiikatifs d’un discours~. L.e mot est dérivé d’=abstinence de rapports charnels> (III”~.). -Les
de contexere, proprement =OUI&-, entrelacer=, antOnymeS INCONTINENT, ENTE adj. (v. 1350) et
d’où -assembler, rattachen, de cum (-CO-) et INCONTINENCE n. f. (w’s.) sont empruntés res-
taere (4 tisser). pectivement aux mots latins incontinent et inconti-
+ Le mot est essentiellement employé en parlant nent& à la fois avec l’idée morale d’-incapacité à
d’un fait de langage, autrefois en droit à propos du restreindre ses désirs> et le sens physique d’=inca-
texte d’un acte public ou sous seing privé (1754) et pacité à retenir l’urine=. - L’advetie IN-
~111>op s. en linguistique à propos de l’environne- CONTINENT (XIII~ s.1, «sur le champ, est issu de la
ment d’une unité de discours. 0 Depuis 1869, à la formule juridique latine in continenti (sous-en-
suite d’une traduction de l’allemand Conteti PLI tendu temporel <dans le temps qui suit immédiate-
sens qu’il a dans la Critique de la raison pure (Kant), mentn, de continent au sens temporel de +uivant~.
il se dit aussi d’un ensemble de circonstances dans
lesquelles s’insère un fait. Cet emploi, critiqué par 0 CONTINENT n. m. est emprunté (15321 ~II
les puristes, s’est répandu (1920) et est devenu très latin continent, participe présent adjectivé
fréquent vers 1960, notamment dans la presse (+ 0 contient) de continere (- contenir), pris au
écrite et parlée (le contexte politique, social, etc.). sens de maintenir, continuep. Continent a été
substantivé par ellipse de continent (terra) =terre
. Le dérivé CONTEXTUEL. ELLE adj. (1963) appat-
ferme qui se tient>.
tient au vocabulaire de la linguistique.
CONTEXTURE n. f. -organisation des parties d’un 4 Le mot, Sign&ant =gmnde étendue de terre lim-
tout complexe=, est soit le dérivé savant du latin tée par un ou plusieurs océans+. désigne aussi cou-
contextw, soit le dérivé de contexte par attraction ramment une partie du monde. On oppose ainsi,
de texture* (1552; peut-être ti s.l. ll a perdu son depuis le XVII~~., l’Ancien Continent (Europe et
ancien emploi, pour -organisation de la personna- Afrique) a” Nouveau Continent (les deux Amé-
lité, du caractère*, et tend à être supplanté par riques). C’est le x&s. qui a défjni continent, non
structure*en parlant d’un ouvrage de l’esprit. Il a seulement par opposition à océan, mais aussi à île
désigné aussi une structure matérielle et celle d’un (16651: en ce sens, l’Angleterre est considéré
texte, d’un discours (1690). ll est surtout employé en comme le continent par rapport à l’Irlande, la
parlant d’un tissu (1754). France par-rapport à la Corse, etc. Depuis le XVIII~ s.
(attesté 17351, le terme s’applique à l’Europe par
CONTIGU, UË adj. est emprunté (v. 13771 au rapport aux îles Britanniques, peut-être par em-
latin contiguus aqui touche b (au sens spatial et, à prunt à l’anglais continent (1590, en ce sens).
basse époque, temporel), dérivé de contigere, de c C’est de ce dernier sens que procède l’adjectif
cum (*CO-I et tangere =toucher- (+tanglblel, cat- CONTINENTAL. ALE. Aux (17731, probablement
teindre* et <toucher à, être en relation avec- calqué SUT l’anglais continental : on en a une trace
(+ contagion, contingent). dans le terme d’histoire blocus continental et, ré-
+ Le mot a repris au latii la valeur spatiale de <qui cemment, dans petit déjeuner continental, parfois
touche à, voisin-. Depuis 1790. il est également em- opposé au breakfast fanglaisl; motivé en anglais
ployé avec une valeur abstraite dans les domaines d’Angleterre, cette expression perd sa valeur pre-
temporel et relationnel. À partir du >w’ s., le sens mière en anglais des Etats-Unis, où elle est usuelle,
spatial a été repris dans les vocabulaires scienti- et bien entendu en français, où elle appartient au
fiques (en biologie. géologie, physique et informa- vocabulaire de l’hôtellerie. ~Depuis 1781, conti-
tique). mntal est l’adjectif de continent en géographie et
t Le nom qui lui correspond, CONTIGUïTÉ n. f. est en climatologie, pour qualifier le climat propre à
emprunté (~V”S.) ~II dérivé bas latin contiguitas. ces grandes étendues, par opposition à océanique.
Rare avant le milieu du ~VI?S. (16741, il a suivi la oll est substantivé pour désigner l’habitant du
même évolution que contigu. contient, par opposition à insulaire. -En ont été
dérivés le substantif didactique CONTINENTA-
0 CONTINENT, ENTE adj. est emprunté LITÉ n. f. (v. 19501 et les composés INTERCONTI-
(v. 1160) au latin classique continent =joint às, NENTAL, ALE. AUX adj. (18671 et TRANSCONTI-
-continu> (-0 continent) et moralement ‘sobre, NENTAL, ALE, AUX adj. (18721. -SOUS-
tempérant*, spécialement -abstinents chez les au- CONTINENT n. m., attesté en 1965 dans les diction-
teurs chrétiens Ws.1. L’adjectif latin est le parti- naires, semble postérieur à sowcontinental, aux
cipe présent de contiwre =maintenir li& et, mo- adj. (18931. Le nom s’applique à une zone géopra-
ralement, sréprimer, réfréner~ (+ contenir-l.
phique importante et différenciée, faisant partie
*Le mot a été repris avec sa spécialisation reli- d’un continent (par ex. l’Inde).
gieuse, =qui s’abstient de rapports sexuels ; chastes.
Il est difkile de déterminer si le sens figuré de CONTINGENT, ENTE adj. et n. m. est em-
=Sobre, tempérant> en est l’extension ou est une prunté (1370) au latin impérial contingent, parti-
réactivation d’un sens figuré latin antérieur. 0 Le cipe présent de contingere, proprement *toucher.
vocabulaire médical l’a repris cv. 1580, fîeire CO&- atteindrez (+ contigu) et spécialement car-river par
nentel au latin contkens wzontinu, ininterrompun, hasards, d’où séchoir en partage>. En bas latin,
mals ce sens, rare avant 1756, a vieilli. contingent est spécialisé en philosophie et substan-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 861 CONSOhdMEFi
abstrait vers le sens concret, régression également contre au figuré; il a reçu des spécialisations en
présente dans l’italien dialectal consolo *banquet médecine et, à basse époque, en droit.
funèbre,. On peut aussi évoquer une influence des *La forme ancienne consoltler est tiuencée par
deux premières syllabes de consolider. l’ancien français solder, variante de souder*. Le
4 Le mot est apparu en architecture à propos d’une verbe a été introduit avec la spécialisation mécl-
moulm-e saillante en forme de volute ou de S et qui cale de &x&iser en rapprochant les bords d’une
sert de support. Il s’est surtout répandu dans l’ac- plaie ou les OS~. L’idée de =r&mir, rapprochen est
ception métonymique qu’il a reçue en termes de également réalisée en droit où consolider l’usufruit
mobilier : dans la première moitié du xvue s., il s’ap- avecla propriétékvYs.) c’est cles réunir sur la
plique à une petite table aux pieds en volutes, très même têtes. Le sens de rendre plus solide, plus
en vogue sous Louis XV et Louis XVI. et demeurée stable, est d’abord attesté au figuré ti xVes.1.
une coquetterie de l’ameublement au wc”siècle. -Son emploi concret, aujourd’hui courant dans le
o Par analogie de forme, il a reçu d’autres accep- domaine du bâtiment, pourtant attesté dès 1548,
tions en musique, où il désigne la partie supérieure n’est pas relevé en 1690 par Furetière. Au xvs? s.
de la harpe en forme de S, et, depuis le milieu du est apparue I’expression annuités consokd&s
x? s., en informatique et technique de l’enregistre (17681, traduction de l’anglais consolidateà annui-
ment, où il désigne un pupitre de commande. tics. Depuis 1835, le participe passé adjectivé est
employé comme nom, au pluriel con.soli&%, pour
CONSOLER Y. tr. est emprunté kone s.1 au latin désigner les fonds publics de la dette d’Angleterre.
consolari, composé d’aspect déterminé en cum Con.soZi&r lui-même se dit en 6nance pour
l* CO-I de solari ssoulager, réconforte-, auquel il conver& (1789, consolider une oMe).
est préféré en prose classique. Sokwi peut apparte-
~Les dérivés français datent tous du XE? s. :
nir à la même racine que le grec üaskomai -je me
CONSOLIDEMENT n. m. (18391, CONSOLI-
rends favorable, j’apaise=, mais les formes grecques
DANT. ANTE adj. (18391, CONSOLIDABLE adj.
sont elles-mêmes en partie obscures; le sens du go-
(1842) et CONSOLIDATIF.IVE dj. (1845) Sont
tique sels -bon* est très éloigné.
rares. -CONSOLIDATION n.f. est emprunté
+Le mot a conservé le sens du latin, <apporter un (1314) au bas latin consoMztio, terme de médecine
réconfort morals. et de droit. Repris au WV” s. dans ces deux spéciale-
t CONSOLANT, ANTE adj. est tiré (14701 du parti- tés (1345, en droit), le mot s’est répandu dans
cipe présent. -CONSOLATION n.f., d’abord l’usage général au xwes. avec un sens abstrait
consolaciun (v. 10501, est emprunté au latin conso- (16941 qui n’est suivi par un emploi au sens propre
latin +wtion de consoler, de soulagep, satténuation qu’un siècle plus tard (av. 1788. BofTon). 0 L’emploi
d’une peine morales. Le mot français désigne, par du mot en Jïnance (1789, con.sokf&ion de la dette)
métonymie, la fwon de se consoler et, par l’inter- est peut-être un emprunt sémantique à I’anglais
médiaire de l’ancien sens de =réjouisssnce~ consolidation attesté depuis 1785 dans cet emploi.
Cv. 13601. un sujet de joie (1771, c’est une grancle 0 voir CONSOUDE.
consolation que del. ll a reçu quelques sens
COnmAs au jeu (1835, fiche de consolation1 et en CONSOMMER v. tr., d’abord consummer
Sport (1885, prix de COW.OhtiOn). -CONSOLA- Cv. 11201, puis consommer (v. 15701 d’après somme*,
TEUR. TRICE adj. et n. est emprunté (déb. >w” s.1 est emprunté au latin consummcwe, de cum xavecm
au latin consolator, employé spécialement à l’épo- (+ CO-I et summa (+ sommel, littéralement *faire le
que chrétienne pour désigner le Parxlet, l’Esprit total de= d’où, en langue classique, =accomplir, me-
saint. Passé en tiçais avec cette signikation reli- ner à son terme, à son achèvement>. En latin chré-
pieuse, le mot s’est répandu avec le sens courant tien, une confusion décisive a eu lieu entre consu-
de =Personne qui consoles. -CONSOLABLE adj. mare (-consumer1 et consummare, devenu
(v. 14501 est emprunté au latin classique consolabi- synonyme de perdere sperdres et destruere ‘dé-
lis ‘qui peut être consol&, puis en bas latin =qui truire~; elle a été favorisée par la contiguïté exis-
console. Cette valeur est passée en français avant tant entre les idées de <mener à sa fin> et *dé-
de disparaître au XVII~~. au profit du sens passif truire*, notamment dans le contexte de la parousie
adJe1 (1647). -INCONSOLABLE adj. (av. 1504), chrétienne où l’achèvement des temps cgïncide
emprunté au latin inconsolaJ~üis, lui sert d’anto- précisément avec la fin du monde. Ainsi s’ex-
pliquent non seulement la graphie et les sens in-
nyme et est devenu plus fréquent que le simple ; il a
tiaux de consommer mais une longue hésitation sé-
produit INCONSOLABLEMENT Xiv. (1488).
~L’exemple de cette formation en ti- a inspiré mantique entre consommer et corhwner jusqu’au
INCONSOLÉ. fiE adj. (15001 sur le participe passé milieu du xwe s., après la clarlfzation du domaine
de chaque verbe par Vaugelas (16471 et leur fixation
con.soU, et qui peut être substantivé kle veuf. l’in-
par l’Académie française (en 17051.
consolé>, Nerval).
0 voir CONSOLE. +Le sens étymologique de =accomplir, parfaire* (fin
xuess.l, très vivant au xw’s. (on y emploie se
CONSOLIDER v.tr., réfection (13141 de consommer au sens de =se perfectionner-l, a dé-
Consolder km’s.1. est emprunté au latin conso~i- cliné depuis et s’est restreint à certaines locutions,
dare, composé d’aspect déterminé en cum (+ CO-) telle consommer le mariage (15881, et à l’usage ad-
de soliaare rendre ferrrw, de soli&s (+solidel. jectif du participe passé (voir ci-dessous). 0 Le sens
COnsoli&re signi!ïe proprement ‘rendre plus dominant de consommer lui vient de sa confusion
fermes et, à partir de l’époque chrétienne, se ren- très ancienne avec consumer : c’est celui de afaire
CONTOURNER 674 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CONTOURNER y. tr., attesté au >ov’s. sous la tCONTRACEPTIF.IVE dj., empIWdé (V. 1955) à
forme contomer (13111, mais certainement vivant l’anglais contraceptive (18911, a en partie éliminé
dès le XIII~s. comme l’indique son déverbal contour anticonceptionnel. Substantivé au masculin, il dé-
Cv.12001,est issu d’un latin populaire contomme, at- signe tout dispositif de contraception. - CONTRA-
testé seulement au VIII~s., de cum (4 CO-)et tomare CEPTEUR, TRICE adj., ‘qui pratique la contracep-
b tournerI. tions (19611,est peu répandu.
*Le mot, en ancien et moyen français, a sigr&é
d-e située Wine terr& Il31 1) et =tourner. se 0 CONTRACTER v. tr. est dérivé savamment
tourner vers ou contre (un homme, une chose)* (1370) du latin contmctus n. m. ~resserrement~ (- 0
(1360 et jusqu’au xwe s.l. Le sens concret, =entower contracter1 avec la spécialisation juridique d’eau-
de ses bras, embrasser- l1512l, s’est perdu mais an tord, convention=. Lui-même est dérivé du pwti-
nonce l’extension moderne pour <faire le tour des cipe passé de contrahere,de cum (+CO~I et trahere
(1761, dans un contexte d’agression ennemiel. ctirep I+traction, traire1. proprement -tirer en-
o Celui de -déformer en courbant~ (15481 est sur semble>, d’où =faire venir à soi lune maladie, un
tout vivant dans son participe passé adjectivé msxiage, des dette& et aussi &duire, serren et
CONTOURNÉ, ÉE (1605. dirigé Vers+). appliqué à avoir des liens serrés avec qqnn.
des formes artistiques compliquées et employé au 4 Le verbe a été introduit en droit avec le sens de
sens figuré péjoratif de &rabiscoté, inutilement =prendre un engagement vis-à-vis de qqn> (d’où
compliqué> (18031.oLe sens artistique de contour- contracter mariage, 1559).À partir de 1572, il re-
ner &acer les contours de lune figui& (1651) se- prend le sens latin de #faire venir à sois dans le
rait repris à l’italien contomare, de même origine. même type de contextes abstraits, avec les syntag-
t CONTOUR n. m. lv. 126Ol, déverbal régressif de mes contracter une maladie, des dettes (1675l,
contourner, est passé du sens d’*enceinte~ à celui contracter une mauvaise habitacle (1680).
de -détour- (1548l, qui ne s’est pas maintenu, puis à .Son participe présent CONTRACTANT.ANTE
celui de cligne délimitant une surface> (16511en art, est employé comme adjectif (1472). 0 Il pour pré-
d’après lïtalien contomo. C’est à cet emploi que se hé COCONTRACTANT. ANTE, adj.etn. (XVI”~.~
rattachent les emplois techniques du mot en géo- -personnes qui sont ensemble parties à un même
métrie, sylviculture, optique, ari militaire, méde- Contrat~.
cine et acoustique. Sous l’iniluence de contourné, CONTRAT n. m., d’abord contract (13701, est em-
contour désigne également l’aspect de ce qui est prunté au bas latin juridique contractus =conven-
contourné, en forme de courbe complexe, spéciale- tien, pacte, accord=, dérivé de contrahere =prendre
ment, au figuré, l’aspect d’une chose abstraite engagemer& Ici-dessus contracter). La forme sa-
compliquée. -CONTOURNEMENT~.~.(~~~~), de vante a évincé la forme plus populaire contraut
valeur plus dynamique, désigne l’action de (1254l, encore relevée au xvie siècle. 0 Le mot, qui
contourner une chose, au propre et au figuré. -IN- désigne l’accord de deux ou plusieurs volontés en
CONTOURNABLE adj.,nonattSStéausensprévi- vue de créer une obligation, est souvent accompa-
sible de =que l’on ne peut pas contourner-, s’est im gné d’un adjectif ou d’un complément de détenni-
posé Iv. 1980) dans le langage journalistique et le nation précisant la nature du contrat (contrat de
jargon à la mode avec le sens figuré d’&évitable, mariage, 16721.Employé par métonymie pour dé-
obllgatoiren. signer l’acte écrit enregistrent le contrat, il entre
dans la locution figurée donner des coups de canif
CONTRACEPTION n. f. est emprunté (1929) dans le contrat (18771.0 Par analogie, l’expression
à I’anglais contmceptton (18861, formation anor- contratsocial, qui semble créée par J.-J. Rousseau
male d’après contra- (+Contre) et -ceptim, de (1762l, sert à désigner la convention (impkitel
conceptionI-+ conception). entre gouvernants et gouvernés, membres dune
+Le mot désigne les mesures visant à empêcher la même société (6. pacte); très employée au xvsie s..
conception d’un enfant lors des rapports sexuels. elle fait aujourd’hui allusion à Rousseau. 0 Un cal-
La lutte en faveur de la contraception se développa que probable de l’angle-américain a donné à
dans les années 1920 en Angleterre et seulement contrat le sens spécial deengagement pris par un
vers 1960 en France : le mot s’est diifusé à cette tueur à gages d’assassiner quelqu’un+ ; par métony-
époque. éliminant l’anglicisme birth control(19331, mie, le mot désigne la victime.
traduit par contrôle des naissances. Cependant, la QUASI-CONTRAT mm. est l’emprunt juridique
pratique de la limitation des naissances est très an (1675) du latin quasi contrctctus, de quasi I+ quasi)
térieure à l’apparition de ces mots : aux XVIII~et et contmctus.
xc? s., il s’agissait encore dune pratique empirique CONTRACTUEL.ELLE adj.0596) estdérivédula-
bien que l’on commentât, au XIX~.~.,à mettre au tin contracti. Depuis 1953, le substantif est cou-
point des procédés mécaniques de contraception ramment employé en France par ellipse d’agent
lcf.condom, préservattfl. La limitation des nais- contractuel *qui coopère avec un service publicn.
sances préconisée par Malthus se fonde, elle, sur la Substantivé, il désigne plus spécialement (1959)
chasteté du couple. La technique contraceptive l’agent de police chargé de relever les infractions
s’est véritablement développée au XY s. avec l’in- aux règles de stationnement. OCONTRACTUEL-
dustrie chimique et l’industrialisation du caout- LEMENT adv. (1838) est d’usage juridique.
chouc, puis, après 1920, avec la mise au point dune
méthode fondée sur l’observation du cycle féminin 0 CONTRACTER y. tr. est le doublet étymo-
(6. pue). logique de 0 contracter, formé ultérieurement
DE LA LANGUE. FRANÇAISE CONSTANT

(13771. -CONSONANT. ANTE adj. (v. 11651 repré- perd l’idée d’-hostiité~, exprimant le fait de
sente le latin conso~z(~ns, participe présent adjec- -contribuer à, s’accorder à. (v. 15801 avec un sujet
tivé de consowre, et s’emploie lui aussi en rhéto- désignant plusiews choses ou, plus rarement, ph-
rique et (1377) en musique. -CONSONER v. intr. sieurs personnes; cette valeur, fréquente dans
(v. 12281 représente le verbe latin. ll n’a pas gardé le l’usage classique, est littéraire.
sens de &re, rxontep au-delà du xm” siècle. Le r D’après le latin médiéval conspirator Iv. 1190),
sens figuré, <aller de pair, s’accorder= (v. 14551 a conspirer a produit CONSPIRATEUR, TRICE n. et
vieilli au XVII~ s. et, bien que repris par Bernardin de adj. (1302) *personne qui a machiné un forfaits et
Saint-Pierre (av. 18141, il demeure très archaïque. (15741 -personne qui se ligue avec d’autresn.
Seul le sens musical, =former un accord admis* -CONSPIRATION n. f. (v. 11651 est emprunté au
(18531, développé à partir de consonance, conserve latin classique conspiratio saccordn et surtout, en
une certaine vitalité. mauvaise part, scomplotm. D’abord employé en par-
lant d’un complot* politique, conspiration est égale-
CONSORT adj. et n. m. est emprunté (v. 13701 ment employé (16731 à propos d’une cabale dirigée
au latin consors, proprement -qui partage le même contre une personne. Son autre sens de *concours
sorts. de cum (- CO-I et sors (+ sort), déjà employé à de forces vers un même buts (1561) est archaïque.
l’époque classique pour celui qui possède conjoin-
tement qqch. avec qqn, celui ou ceux qui possèdent CONSPUER v. tr. est emprunté (15301 au latin
en commun. conspuere, composé d’aspect déterminé en cwn
* Le mot a été employé au féminin consorte jusqu’à (+ CO-) de spore =Cracher-. Ce dernier a des cor-
la fin du xwe s. au sens de *compagne, épouses. Le respondants dans les langues indoeuropéennes :
masculin seul s’est maintenu, généralement au vieux slave plivati -cracher*, sanskrlt sth’ivati -il
pluriel (13921, avec la valeur péjorative de craches, gotique speiwan *cracher-, vieil islandais
scomparsen. Il s’est spécialisé dans la langue jur- ~~CL, grec ptuein *crachep (+ -ptysie). Cette va-
dique en parlant de ceux dont les terres se riété de formes dans une racine expressive,
touchent (16061 et, en général, de ceux qui ont un comportant des valeurs actives avec une efficacité
intérêt commun dans une alkre (16351.0 L’emploi quasi magique. exclut la restitution d’un original
le plus vivant est celui qui traduit (16691 l’anglais indoeuropéen. Le crachat ayant dans la croyance
Queen-consort (16341 -époux de la reine>, où populaire une valeur symbolique. conspuere =COU-
consort représente I’ancien français. Prince consort vrir de crachats*, équivaut à smépriserr.
s’applique à l’époux non couronné d’un souverain + Conspuer, à la di%rence de compisser, cordier,
régnant d’où, par métaphore, à l’époux d’une a seulement le sens symbolique de -huer, bafouer-+,
femme possédant une renommée, supérieure à la notamment une personne publique, un acteur;
sienne; c’est le seul emploi vivant du mot. seuls certains emplois métaphoriques et littéraires
utilisent la valeur étymologique de =Cracher sur»
CONSORTIUM n.m. est probablement un
(Bloy, Gide).
emprunt à l’allemand Konsotium ~VII” s.1, pris au
latin consotium =association=.
CONSTANT, ANTE adj. est emprunté
+Le mot désigne en économie on groupement (non (v. 12651 au latin constans -ferme, qui ne se laisse
institutionnel) d’entreprises ou de banques. pas ébranler=. Cet adjectif. appliqué à une chose ou
w L’adj. dérivé CONSORTIAL. AUX (18761 est rare. à une personne, a fourni un nom propre donné no-
tamment à des martyrs chrétiens (Constanttus,
CONSOUDE n. f., d’abord consolclre k11~s.1 ue s.l. Il est le participe présent de constare, de cun
puis consoude (v. 12651, est hérité du bas latin =ensemblen (+ CO-I et stare l+ état, station) =être
consolida =Plante de la famille des bourraches+. de d’aplombs, -se tenir debout* et -consister-
consolidare l- consolider). (-consister). employé à la forme impersonnelle
+La plante doit son nom à la réputation qu’avait constat -il est établi que, (+ constater). Ce verbe a
l’une de ses espèces, la grande consoude ou lui-même été représenté en Iïançais par conster
consoude otiinak, de consolider les chairs. On (av. 14751, aujourd’hui archaïque, spécialement
l’utilise aujourd’hui comme astringent. dans la formule juridique il comte que (15461,
concurrencée par il est constant que. Il s’est perpé-
CONSPIRER v. tr. ind. est emprunté (finxn”s.1 tué dans coûter*.
au latin conspirare =être d’accord>, *se liguer se- + Constant, ainsi que les mots de la même famille, a
crètement>, =S’entendre contre*. Celui-ci est, de subi un glissement de sens : de l’idée de #ferme, I-é-
tous les composés de spirare +.ouflle~ (+ aspirer, SO~U, inébranlable au sein des épreuves*, il est
expirer, inspirer, soupirer), le seul à avoir unique- passé à celle de =persévérant, fidèle>, en particulier
ment un sens abstrait, moral, et l’on ne dispose dans le domaine du sentiment amoureux Appli-
d’aucune attestation du sens littéral de *souffler qué à des choses abstraites (v. 1393, constant cou-
avec>. rage). il est entré dans la formule impersonnelle il
*Le verbe, qui signifie ~s’entendre, préparer (une est constant que (16601, calque du latin constat =il
adion le plus souvent mauvaisel~, est employé in- est certain, établi que>, devenue archaïque. 0 ll si-
transitivement. ll tolère aussi depuis 1390, une gdïe surtout, aujourd’hui, *qui dure; ininter-
construction transitive (moins usitée). Un emploi rompus (Pascal), parfois par une extension abusive
absolu est enregistré en 1694. oPar extension, il &-ès fréquents. oLe féminin CONSTANTE est
CONTFALTO DICTIONNAIRE HISTORIQUE

supplanté par antinomie et conhadictin. Si on le venir contrez. lui-même à l’origine du verbe juri-
rencontre parfois pour ccc qui contrarie le cours dique contrevenir Il3311 ‘agir contre les prescrlp-
des chosess (av. 12001. il est surtout réservé par tiens d’un règlement>, quelquefois employé a” sens
l’usage moderne Idep. 17931a” sens psychologique figuré, pour -aller à l’encontre de>.
de =déplaislr causé par “ne opposition*, puis de 4 Le mot, qui signiiïe proprement =action de s’oppo-
=déplaisir= en général. ser Ià ce qui est admlsln, s’est progressivement h-
A CONTRARIO lot. adv. et adj. est un emprunt, at- mité à sa spécialisation juridique (15791 #fait de
testé tardivement (17921, a” latin scolastique, où contrevenir à la loin. 0 Au >ops., ll est entré dans
l’expression signiiïe ‘par la raison des contraires=. l’usage commun avec le sens métonymique
0 Elle s’emploie à propos d’un raisonnement qui, à d-amende punissant “ne infmction~, surtout dans
partir d’une opposition dans les hypothèses, le domaine de la circulation automobile : d’abord
conclut à “ne opposition dans les conséquences. probablement employé par l’agent de l’ordre qui
Passé dans l’usage général, a contrario s’emploie constate lïnfmction (vous êtes en contravention), il
pour =dans l’hypothèse du contraires. a été repris pour désigner l’amende et le document
portant le procès-verbal. Par je” de mots, on l’ap-
CONTRALTO -+ ALTO pelle familièrement conhedonse (19011.
CONTRARIER + CONTRAIRE .CONTRAVENTIONNEL.ELLE adj., d'abord
contreventionnel (17961, est d’usage lurldique, par
CONTRASTER v. tr. et intr. est la réfection exemple dans délit conhovenbonnel (18761.
(15411, sous l’iniluence de l’italien contrastare -CONTREVENIR y. tr. lnd. (13511, emprunté a”
(av. 1250) =contredlre, contester+, de l’ancien et latin médiéval controvenire, signifie eaglr à l’en-
moyen fhnçais contresterIlOEO-16601-résister-. Ce contre de (une prescription, “ne obligation)*. Il a
verbe est, comme le mot italien, issu du bas latin produit CONTREVENANT,ANTE adj. par subs-
contrastare, de contra l+ contre1 et store+.e tenir=, tantivation du participe présent (15161. ~Lui-
<s’opposer= l+ station). même ~~~~&coNTREvENANcE~.~.(~~~~),-~~
+ Contraster avait a” XVI~s. le sens fort de #lutter fraction~reprlsen1955.
contre> (en construction transitive ou avec la pré-
position dl. Il a pris au xvse s. la valeur plus faible de CONTRE prép., adv., préf. et n., dès 842 sous la 0)
-s’opposer d’une manière tranchées (surtout en forme latine contra, puis cuntre (10801 et contre
parlant de choses) à partir de son emploi dans le Iv. 11701,est issu du latin contra adverbe et préposi-
domaine pictural (16691, probablement d’après tion aen face de, vis-à-v&, ca” contraire des, =en
l’italien. Sa construction indIrecte avec la préposi- sens contraire de=, -par opposition &. Contra a des
tion avec Il7401 est aujourd’hui la plus courante. correspondants dans les langues indoeuropéennes
(gotique, italique1 et présente un suflïxe marquant
.D” verbe ont été tires les adjectifs
l’opposition de deux notions (également dans ex-
CONTRAST!&ÉE (1669, en art) et CONTRAS-
trol, d’ailleurs employé en indo-iranien kanskrlt
TANT.ANTE (17871. -Le nom correspondant
dtro &i*, tdtm &J dans “ne indication de lieu.
CONTRASTE n. m. a suivi la même évolution,
C’est la réfection (15801,d’après lïtalien contmsto 4 Dès le XF s., le mot est attesté avec trois sens dif-
(>w” s.) &scussion~. de l’ancien et moyen il-ançais férents qui se sont maintenus jusqu’à aujourd’hui
contrest =querelle, contestation- kif s.l. déverbal Une idée de contact, de proximité est réalisée par
régressif de contresterIci-dessus). Employé ancien- la préposition (1080, contre terre) et l’adverbe (en
nement pour *contestation, discussions, ll a acquis composition k-contre, ci-contre, tout contre). On en
son sens moderne d’après son emploi en art (16691 rapprochera l’usage de la préposition en franco-
sous lïnkence de l’italien contrasta, attesté dans provençal OSuIsse,etc.1 avec le sens de -vers, en di-
ce sens depuis 1519. Tout comme le clair-obscur rection dea (dans l’espace et dans le temps). 0 Une
0% clair-obscur), le contraste, décrit par Furetière seconde idée, proportion, comparaison, apparaît
comme ala plus grande beauté d’un tableau*, est Il0801 dans une formule du type cent comre un. En
très prisé au Xwe siècle. On le goûte partic”Iière procèdent les sens de & la place de= Iv. 11741et <en
ment dans la variété des attitudes et des positions échange de> (13231. ~Enfln, l’idée dominante est
des figures dans un tableau. o L’usage moderne du celle d’une opposition, aussi bien avec “ne valeur
mot, peut-être sous l’intluence de sa spécialisation offensive, attestée dès842, en particulier après
en optique au WB s.. semble plutôt privilégier “ne quelques verbes de combat, a” propre et au figuré,
opposition de nature chromatique ou hunineuse. Il qu’avec une valeur défensive t 1K?O-11741.dans des
est également utilisé en médecine et, d’après l’an constructions du type se protéger contre kontre-,
glais contra.st,en linguistique. -CONTRAS- préike, fonctionne alors comme doublet de para-).
TIF, IVE adj. Iv. 19701,terme de linguistique. est 0 Comme contraire, le mot assume l’idée spatiale
emprunté à I’anglo-américain contrfzstive (1949 en Iv. 11741d’une direction contraire à qqch., spéciale-
ce sens1 du verbe to contra&, de même orlglne. ment en parlant d’un élément naturel Iv. 1174,
conhe le vent),dans la locution contre vents et ma-
CONTRAT +@CONTRACTER rées, de sens propre Il6061 et hguré. La même idée
est réalisée sur un plan abstrait dans des syntag-
CONTRAVENTION n. f. est dérive savain mes du type contre nature (av. 15501,contre toute
ment (av. 1418: dès le XY s.. d’après Bloch et War- espérance M30),contre tout espoir, et dans la lo-
burgl du radical du latin contravenire, littéralement cution adverbiale courante par contre unil. xv? s..
DE LA LANGUE FRANÇAISE 865 CONS-
cum (+ CO-)de stipare Q-endre raide, compa& d’où tuante, dénomination adoptée le 9 juillet 1789, en
*serrer, bourrer-, lequel appartient à une série in- remplacement de celle d’AssemMe nationale*
doeuropéenne également représentée dans le li- (17 juin 1789, Sieyès), après que les députés du tiers
tuanien stimpù, stipti ase raidir-. le vieil anglais stif état eurent juré de ne pas se séparer avant d’avoir
langlais stif7l -raide*, le grec steikin ‘fouler, endw donné une constitution au royaume (serment du
tir en foulanb (+ stipuler). Jeu de paume, 20 juin 17891.0 Le participe passé
4 Le mot s’est spécialisé dans son acception mécl- CONSTITUÉ. ÉE se partage, dans ses emplois ad-
cale. Par transposition au moral, il s’emploie égale- jectifs, entre le sens de &sposé. organisée U690, en
ment dans la langue moderne avec le sens de parlant de la constitution physique de l’homme) et
=rendre anxieux, embarrassez, d’ailleurs rare. sa spécialisation dans le vocabulaire des institu-
tions : depuis 1789, il y qualifie ce qui est établi en
t k participe passé CONSTIPÉ, ÉE a fourni un ad-
vertu de lois, d’une constitution, dans le syntagme
jectif Oïn XI?~., ventre constipé) devenu courant corps COnStiti. -CONSTITUTIF, IVE adj. (14881,
souvent substantivé (les constipés1, et beaucoup dérivé savant de constituer avec le sens juridique
plus usuel que le verbe en emploi métaphorique, de *qui établit légalemenb, a repris au bas latin
pour =qui se retient, est incapable de donner, de constitutiw le sens de ‘qui constitue une chose=.
S’exprime~. -CONSTIPANT. ANTE adj. (1843)
inh-oduit par le vocabulaire médical (15501.
n’est guère employé qu’au sens physiologique. CONSTITUTION n. f., d’abord co?Lstttuciun
CONSTIPATION n. f. (fin zones.1 est emprunté au (v. 11601, est emprunté au dérivé latin constituti
latin constippati =action de resserrera d’où =&a& situation, disposition générale; loi polltiquen.
=concentration, resserrement, par exemple de l’ar- En plus de son acception juridique, il a pris le sens
mées. spécialisé dans la langue médicale aux w”- de =Création, organisation (en parlant alors de la
v” siècles. Le mot fi-ançais a repris le sens physiolo- création du monde)* et (1549) le sens courant de
gique du latin médical et correspond à =fait d’être -manière dont une chose complexe est composée,.
constipé>. o Il se d&nit notamment dans le cadre des institu-
tions religieuses comme l’ensemble des lois, des
i)c CONSTITUER v. tr. est emprunté (XIII” s.1
préceptes transmis par la tradition (15641,puis éga-
au latin constitwre, de cum (-CO-1 et statuere
lement, dans le cadre des institutions civiques
(+ statuer). littéralement Kmettre debout*, d’où au
(16831, comme l’ensemble des textes déterminant
figuré -établir (qqn, dans une situation légalen, &Y-
la forme du gouvernement d’un pays. Cependant,
Muer (qqch.ln. -fonderx Au passif, le vetie signifie
l’Ancien Régime ne connaît pas de constitution au
&re bien conformé physiquement* et, plus géné-
sens moderne du mot : les Lois fondamentales, cou-
ralement, =être composé de>.
tumières et non écrites définissent les institutions
*L’emploi pronominal pour Eprendre rang, s’éta- gouvernementales mais non pas le statut politique
blirdans une cité- est sorti d’usage mais annonce le de la nation française. La première Constitution, au
développement du sens général de *mettre. éta- sens moderne, est l’œuvre de l’Assemblée consti-
bti (v. 13701et sa spécialisation juridique, =établlr tuante en 1791. oSpécialement, on entend par
(qqn) dans une situation légale, à un poste de res- Consatution civile du clergé l’organisation du
ponsabilité~ (1475), sens avec lequel le mot est clergé français décrétée par la loi du 12 juillet 1790.
proche de l’autre composé instituer. Il est réalisé -Con.stitutim a produit CONSTITUTION-
dans quelques locutions vetiales pronominales NEL, ELLE adj. et n. (1729, comme nom Sign&UXt
dont se constituer prisonnier(1795). C’est encore ~partisan de la Bulle=) au sens religieux de constitu-
dans la langue du droit que la construction consti- tien. Employé comme adjectif (17651,ce mot a no-
tuer qqch à qqn est apparue (15491 au sens de tamment développé une acception physiologique
*créer qqch. à l’intention de qqnm. Dans la langue et, d’après l’anglais constttutid (17301, une x-
classique, l’emploi du verbe était même étendu à ception politique (17751qui a suivi l’histoire révolu-
l’usage commun pour -confier une responsabilité à tionnaire et postrévolutionnaire du nom constitw
qqn,. o Le sens courant de =Contribuer à former un tin. o.& son tour, l’adjectif a produit une
touts ou =former l’essence de* (selon que le sujet est importante série de dérivés en ce domaine : IN-
au pluriel ou au singulier) est enregistré par Fure- CONSTITUTIONNEL, ELLE adj. (1775, probable-
tière (16901.En procède logiquement, malgré le dé- ment d’après l’anghis), INCONSTITUTION-
calage chronologique, celui de =créer, organisep NELLEMENT adv. (17831, ANTICONSTITU-
(Ml), lequel a fait fortune à partir de la fm du TIONNEL, ELLE adj. (17691 et ANTICONSTITU-
xvm” s. dans un contexte politique (17911.à propos TIONNELLEMENT adv. 11803) rendu célèbre par
des institutions de la France révolutiomkre (voir sa réputation (d’ailleurs relative et arbitraire) de
les dérivés); cet emploi vient de celui de constiti- plus long mot de la langue kmçaise. -On peut ci-
tien (ci-dessous). ter aussi CONSTITUTIONNALITÉ n. f. (17971,
t Les dérivés de constituer se distribuent comme CONSTITUTIONNALISER V. tr. (18301, CONSTI-
lui entre le vocabulaire juridique et le lexique cou- TUTIONNALISME n. m. (1828) et CONSTITU-
rant. -Le participe présent CONSTITUANT a été TIONNALISTE n. m. (18451, ces deux derniers pas-
substantivé (1476) avec le sens de -celui qui confère sés du vocabulaire politique à celui de la
un droit=, tout en assumant en emploi adjectivé, le psychologie.
sens courant de .entrant dans la composition de* Par préfïxa~ion, constituer est à la base de RE-
(15721. -son féminin CONSTITUANTE a été CONSTITUER v. k. (1534: ?z-epriS en 1790). nOkum
substantivé en 1789 par ellipse d’Assemblée con.& ment employé au sens de &tablir dans son état
CONTRÉE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tio <action de parler contrez (à l’école, au tribunal), comme un contrepied. Le mot désigne la technique
&mxnpatibilité logiques et, chez les auteurs chré- des contrepèteries.
tiens, -insulte. différends. Le mot a glissé de -action
de parler contre, critiquem à *action de s’opposer à CONTREPIED -PIED
une a&-m&ion- (15411,produisant au mes. le sym CONTREPOIDS + POIDS
tagme lexicalisé esprit de contradition. PwaIlèle- CONTREPOINT + POINT
ment, l’usage didactique a repris au latin le sens CONTRESENS + SENS
spécial de =relation existant entre deux notions in- CONTREVENIR -+ CONTRAVENTION
compatibles> (v. 1370). lequel est prolongé dans
CONTREVENT + VENT
l’usage courant par celui d’=absurdité, invraisem-
blance>. -CONTRADICTEUR n. m., représentant CONTRIBUER v. tr. ind. est emprunté (1340;
savant (v. 1350) du latin controdictor kurtout jur- dès 1309, selon Bloch et Wartburgl au latin impérial
dique). a éliminé la forme francisée conheditor juridique contiuere aapporter sa part>, composé
cv. 11801. de cum (+ CO-)et tribuere, dérivé de tribus (+ tribu)
CONTRADICTOIRE adj.,eInpm~té h?.136o)aU la- au sens propre -répartir entre les tribus>. spécia-
tin contmdictoriw, correspond aux @vers sens du lisé en parlant de la répartition de l’impôt.
vehe, courant et juridique (1680). 0 A l’exemple du *Le mot, construit avec un complément en à, ex-
latin, contradktoriue foppositiones~-propositions prime le fait de payer sa part d’une dépense ou
contradictoires~, il est substantivé en logique (16791, d’une charge commune. Par extension, il signifie
en parlant de termes qui s’excluent logiquement et, savoir part à un certain résultat= (v. 15801. La
en linguistique, en parlant des couples de mots construction transitive directe, usuelle en moyen
identiques dont l’on est syntaxiquement nié (il est français au sens de =donner. faire pawenb- (14601
alors employé par rapport à conhatie). -Il a pro- et employée jusqu’au XVII~s. au sens <apporter pour
duit CONTRADICTOIREMENT adv. (15381, usuel sa parts (apparu au xx? s.), est sortie de l’usage.
en droit et comme terme didactique. b L’ancienne slgnilïcation juridico-économique
s’est mieux maintenue dans les dérivés. CONTRI-
CONTRÉE n.f., d’abord cuntretha, cuntrede BUABLE n.. autrefois adjectif (14011, est devenu
(v. 10501, puis contree (108Ol, est hérité d’un latin très courant dans la langue moderne pour =per-
vulgaire “conhata, substantivé par ellipse pour sonne assujettie à l’impôt, (15811. -CONTRIBU-
contrata regio “pays situé en face (de celui qui le re- TIF, IVE adj. (1594) est demeuré didactique. ainsi
gardeh Contrata est le féminin d’un adjectifdérivé que le terme juridique CONTRIBUTOIRE adj.
de contra (+ contre) <en face de-. (1441, du latin contiutuml, d’où est tiré CONTRI-
BUTOIREMENTadv.(1804).
t Le mot désigne une étendue de terrain de taille
CONTRIBUTION n. f., emprunté (1317) au dérivé
variable lallrmt des parages à la région ou au pays
latin contributio, désigne à la fois la part à payer
tout entier). Il a vieilli.
d’un impôt, d’un prélèvement fait par I’ennemi en
temps de guerre et, au figuré (1580), la collabora-
CONTREFAIRE - FAIRE tion à une oeuvre commune. 0 Le sens explicite
CONTREFORT + FORT d’&npôtn est ancien (~VS., Oresme) mais ne se
substitue à imposition, taille, etc. qu’au xvuP s. Les
CONTREPARTIE + 0 PARTIE contributions, -les impôts>, se répand sous la Flévo-
lution kontiutins directes,tndtrectes, sont dans
CONTREPÈTERIE n. f. est dérivé (v. 1582)du le dict. de l’Académie en 1835).La métonymie pour
=administration ikcale~ a été précédée par l’ex-
moyen français contrepeter (1466) -rendre un son
pression Contributions publiques, nom du mini+
pour un autre, équivoques- d’où -contrefaire>. Ce
tère des Finances en 1790.0 Avec sa valeur la plus
verbe, selon Bloch et Wartburg, serait composé de
générale, le mot, depuis 1905, désigne spéciale-
contre* et de péter*, mais P. Gtiaud préfère voir
ment, dans les titres d’ouvrages, une étude complé-
dans l’élément -péter me variante de piéter (de
mentaire sur un sujet. oLa locution mettre à
pied*) : contrepéter sime, selon lui, proprement contribution (1670, relative à la levée d’un tribut de
-prendre le contre-pied den (de là, la locution ange-
guerre, a connu la même extension que le substan-
vine à la contrepétasse=à l’envers-). Au xwes., le tif
nom savant de la contrepèterie était d’ailleurs anti- 0 voir .xrramuER DISTR5UERRÉTRIBUER.
strophe (du grec : -se retourner contre=); c’est bien
ce qu’est la contrepèterie, où l’interversion de deux CONTRISTER + TRISTE
sons (voyelles ou consonnes), entre deux mots,
transforme le sens d’une phrase, en général vers CONTRIT, ITE adj. est emprunté (v. 1174) au
l’obscénité et la scatologie (d’où l’interprétation par bas latin contitw participe passé adjectivé du la-
pet,qui a dû jouer très tôt). tin classique conterere <broyer- d’où, au figuré,
=User, consume- au physique et au moral. Le verbe
+Le mot désigne une permutation de sons, lettres, est le composé d’aspect déterminé en cum (+ cc-)
syllabes dans on énoncé de manière à obtenir un de terere =ikkter pour polir, de manière à usep
autre énoncé de sens cocasse. l-térébrant). Contritus, axé, banal,, s’est spécia-
l CONTREPET n.m., dérivé régressif (1947) de lisé en latin ecclésiastique au sens moral d’eaccablé
contrepèterie,serait à interpl-éter. selon Guiraud, à l’idée d’avoir péché-.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONSULTER
CONSUL n. m. est un emprunt, d’abord sous les CONSULTER Y. est emprunté (1410) au latin
formes francisées concile (12131, con.sok (v. 12661 consultare <délibérer= et *interroger, prendre
puis sous la forme savante con& (v. 13701,au latin conseil., fréquentatif de consulere (+conseil,
con.w.4. Ce mot, probablement déverbal de COMU- consul), mot d’origine obscure.
kre (-consulter), désignait un magistrat romain
+ Jusqu’au XV? s., consulter est employé aux sens de
puis, à l’époque médiévale, un conseiller du roi
(CCs.1, un comte W s.1, le chef élu d’une colonie *délibérer de 9qch.a koconsulterde 99ch.l et de
marchande Il 182)et le magistrat élu d’une munici- -conférer sur un sujet> (1468, consulter 99ch.l: ses
palité. notamment en Italie (10661. La forme m- acceptions modernes sont apparues au XL? s. : en
tienne concile est probablement l’effet d’une confu- constructions absolue et (1565) transitive ‘prendre
sion avec concüium (+ concile). conseil de qqn> (15491. adonner des Consultations~
en parlant d’un homme de loi, d’un médecin (15491,
4 Le mot a été emprunté comme terme d’histoire et *regarder (un texte) pour y trouver un rensei-
romaine, désignant un magistrat élu par le peuple gnement> (15651. Le verbe est archaïque en
pour un an, qui exerçait le pouvoir suprême avec construction intransitive aux sens <*examiner un
un collègue sous la République, ne conservant cas en en discutsnt~ et de =S’interroger soi-même,
qu’un titre honorifique sous l’Empire. 0 Dès la 6n hésiten, l’un et l’autre très fréquents au ~U”S.;
du XI~” s., le titre de consul (alors conseuzl était ap- seule la spécialisation médicale du premier, =exa-
pliqué aux membres des conseils des villes méti- miner un cas médical à plusieurs médecinss, s’est
dionales qui bénéficiaient de l’autonomie munici- maintenue dans l’usage moderne.
pale (à Toulouse, on les appelait les capitoukl. Le
succès de l’institution consulaire moderne fut très t CONSULTEUR n. m. (14561 a probablement été
grand en raison de la représentation de principe dérivé du verbe d’après le latin constAtor*conseil-
de toutes les catégories sociales et de son système ler-, du supin de consulere. Il a perdu le sens géné-
collégial. o Sous l’Ancien Régime, les municipale- ral de -conseiller- pour se spécialiser en termes de
tés ayant perdu la plupart de leurs pouvoirs, les religion à propos d’un théologien qualU%, chargé
consuls, moins nombreux, ne conservent guère que par le pape d’étudier à fond certaines questions.
des fonctions de justice : depuis le xx? s. (15631,on -CONSULTANT,ANTE adj. tii (1584) du parti-
appelle consukr certains juges des tribunaux de cipe présent, a été substantivé dès le xv? s., d’abord
commerce. recrutés parmi d’anciens officiers mu- au sens (16361 de cpersonne demandant une
nicipaux. o En 1799.le titre est donné aux trois ma- consultation> puis de cpersonne qui consulte un
gistrats auxquels la Constitution de l’an VIII cotie médecin>. Le verbe consulter ayant, comme ap-
le gouvernement (1799.16041. Le Premier consul, prendre, les deux valeurs complémentaires de
NapoléonBonaparte, a confisqué le titre avec le =donnep et erequéti (des informations), consul-
pouvoir. -F&in, le terme désigne, en diplomatie, tantest surtout pris au sens de +conseiller=, avec
des officiers destinés à défendre les intérêts frsn une fortune particulière, récemment, dans les
çais à l’ékanger, notamment dans les ports et gran- titres de professions libérales: consultant édito-
des cités commerçantes km” s.1; ce sens s’est pti- rial, consultant financier, etc. (cf. consetil.
cisé dans la diplomatie moderne en =agent -0 CONSULTE n.f., le dévetial de consulter
appartenant au corps consulaires, distinct du corps (15831, a gardé son sens de =Consultation= dans
diplomatique. l’usage réglo& et la langue populaire. lI a pour
r(%~~td a pour COmpOSé VICE-CONSUL n.m. composé senatus-consulte.-Au xwB s., consulter a
(15911, d'où VICE-CONSULAT n.m. (17181, tOU- produit. CONSULTATIF.IVE adj. (1606). dkage
jours employé en diplomatie. juridique, qualifiant ce qui a pouvoir et qualité
CONSULAT n. m.. d’abord consolat (12461,consolet d’émettre des avis, mais non de décider ou de vo-
(v. 12681,refait savamment en consulat (v. 13551,est ter. et CONSULTABLE adj. (16601 auquel corres-
emprunté au dérivé latin consulatus -charge, di- pond un antonyme INCONSULTABLE adj. qui
gnik? de consul romain>, attesté à l’époque médié- semble récent.
vale au sens de =Charge d’un magistrat municipal CONSULTATION Il. f (v.1355. COlLS~taCiOn) est
dans les villes du midi de la France et en Italie>. emprunté au latin consultatio, de consultare avec
0 Le mot a suivi l’évolution de sens de consul, pas- le sens de <délibération à plwieww, surtout de nos
sant de l’institution médiévale et romaine (v. 12681 jours en médecine (1625). o Comme pour le verbe,
au langage diplomatique (1690) et à la dénomlna- les sens modernes co-k se sont dégagés au
tion du régime politique établi en France par la xv8 s., le mot désignant le fait de prendre avis de
Constitution de l'anmI (1799). -CONSULAIRE qqn (15381 et de regarder une documentation
adj., emprunté (v. 12951au dérivé latin con.wZark, a (15601.Au xvue s., il s’est spécialisé en droit (16361en
connu le même type d’évolution, mais avec quel- parlant de l’avis motivé donné par un homme de
que retard : son emploi dans le domaine de la di- loi. Il est aujourd’hui plus courant pour ‘examen
plomatie est seulement attesté en 1603. 0 Il a pour d'un malade par un médecin,. -@CONSULTE
dérivé CONSULAIREMENT adv. (1690). -Le n. f. (1706). *conseil collectif du pap, est emprunté
composé PROCONSUL n. m., emprunté à date an- en ce sens à l’italien kacmJ consulta (15661,déver-
cienne (11401au latin proconsul avec son sens d’on- bal de consultare *consultep. Après avoir désigné
gine, a développé au xxe s. le sens figuré de cper- une assemblée judiciaire en Suisse et en Italie, il
sonne exerçant un pouvoir despotique,, par une désigne en Corse une large assemblée réunie pour
extension analogue à celle de dictateur. débattre d’un problème important
CONTUSION 880 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

max. Il a pris la forme en -o.x par conformation au culpabilité de qqn* (15791et -preuve de culpabiité~
latin et la forme en -ace par adaptation. Le sens (16231.ll est passé dans l’usage général avec le sens
psychologique, =Opiniâtre. rebelles, a disparu au de -certitude, assurances (16881,resté vivant et réa-
xwr”siècle. Le sens juridique de -qui a refusé de lisé au pluriel dans le domaine des opinions poli-
comparaître en justice> (1381) est appuyé sur tiques, des croyances religieuses (v. 1860). o Il reste
contumace n. f. une trace de son ancien sens juridique dans la lo-
cution pièce à conviction (1825; en remplacement
CONTUSION n. f. est emprunté (13141au latin de pièce de conviction, 17901, qui n’est plus analysé.
contusio -action de meurtrir, de broyep. formé sur
le supin contusum de contundere -frapper, écraser, CONVALESCENCE n.f est emprunté
meurt+, composé d’aspect déterminé en cum (13551au bas latin convalescentia, dérivé de conva-
(- CO-Ide tw&re. Ce verbe, qui signifie -battre à lescens, participe présent du verbe classique
coups répétés avec un instrument non tranchants convalescere -prendre des forces+, d’où +&rir-.
d’où Gxase~, appartient à une racine “Ote~- Celui-ci est le composé d’aspect déterminé en cum
eheurterr qui apparaît dans le sanskrit titi -il CL+CO-)de valere -être for% et, par suite, &re bien
heurte>, le gotique stauta =je heurtem, le grec tup- portants (+ valétudinaire, valoir).
tein, le latin stupere (G+stupeur), stuprum (- stupre). 4 Le mot a signifié jusqu’au XVI~s. -bonne santén. Il
+Contusion, apparu comme terme de chirurgie, s’est ftxé avec son sens actuel de -période de tram
est entré dans l’usage courant au sens métony- sition entre la fin d’une maladie et le retour à la
mique de -lésion provoquée par un choc, sans dé- santé* (14551,par retour au sens du latin. Par ex-
chirure de la peau* d’où knpression de coup tension, ll est quelquefois employé dans le langage
reçw. soutenu au sens métaphorique de spérlode d’amé-
t Le nom a produit le verbe CONTUSIONNER Y. tr. lioration après un mal>.
(1819), déjà annoncé par CONTUSIONNÉ, ÉE a&. . CONVALESCENT, ENTE adj. et I-I.. emprunté
(167% et le terme médical CONTUSIF. IVE adj. (xv” s.1 au latin convalescew a été employé de
(18351. -CONTUS.USE adj., empnhé (1503) au fqon isolée en moyen français; il a été repris et
latin contu.ws, s’est maintenu à côté des précé- répandu au XVII~% comme nom (16901 et comme
dents dans la langue médicale. -Le français possé- adjectif (16281,aussi métaphoriquement.
dait ~~~~CONTONDRE v. tr. (v. 14301,représentant
du latin contundere, utilisé aux xv”-XVI” s. et repris CONVECTION n. f. est dérivé (18771 du latin
au XIY s., mais peu usité. 0 Son participe présent convectum, de cum et supin duverbe vehere &ans-
adjectivé CONTONDANT,ANTE (1503) est em- porterm + véhicule.
ployé dans arme contondante, objet contondant, à + Ce mot de physique désigne le mouvement d’un
propos d’un outil ou d’une arme qui meurtrit sans fluide, dû à une variation de température et, en
couper. météorologie (19261, le mouvement vertical d’une
masse d’air.
CONVAINCRE v. tr. est emprunté (v. 11741, .À partir du radical ont été formés CONVEC-
avec adaptation d’après vaincre, au latii convin- TIF, IVE adj. (19111 et CONVECTEUR n. m. (1901,
cere, de cum I-CO-) et tincere (+ vaincrel. juridi- H. Poincaré, au sens général), appliqué plus tard
quement #prouver la culpabilité des et -dénoncer (19591à des appareils de chauffage.
(une faute, une erreur-l-, -prouver victorieusement
contre qqn quen. CONVENIR Y. tr. ind. est issu (10501 du latin
4Le mot a été introduit en procédure dans la convenire, de cum (4 CO-)et venire (+ venir). À côté
construction convaincre qqn de gqch. (par lati- de son sens propre de =Venir ensemble, se r&mlr=
nisme), .-amener qqn à reconnaître sa culpabilités. (conservé dans 0 convention*), le verbe a déve-
Son emploi figuré au sens de =dénoncer (qqch.ln loppé le sens abstrait de =S’entendre avec, tomber
(1541, Calvin) est sorti d’usage et le verbe s’est d’accord sup (d’où l’emploi de la forme imperson-
orienté vers l’idée d’eamener (qqn1 à reconnaître nelle convenit ut pour ail est convenu que>).
qqch. comme vrai- (1657, Pascal, De l’art de persua- + Le verbe a repris au latin l’emploi de la forme im-
der). personnelle il convient d est expédient que-. Dès
t Au XVII~~., les participes présent et passé du le xFs., il signifie -être approprié à, convenable
VeItJe Ont été adjectivés, CONVAINCANT, ANTE poun (v. 11201et, spécialement en emploi absolu,
(1633, 1618 écrit convatnqmnt) avec une valeur ac- -être conforme aux usages*. 0 Construit avec un
tive, CONVAINCU. UE (1677) avec une valeur pas- nom de personne, il tend à passer de -être appro-
sive. Sous lïntluence de conviction, convaincu est prié à la situation de qqn> à =être agréable ou utiie
employé spécialement (18231au sens de *plein de b, avec une notion d’agrément. réalisée jusque
la conviction d’une choses fair convaincu), parfois dans l’emploi de se convenir en parlant de deux
substantivé (prêcherun convaincu; 6. converti). personnes éprises (17621, nuance disparue au-
CONVICTION n. f. est emprunté (1.579) au latin jourd’hui. o Au XIII~s. est apparu le sens de sre-
chrétien convktio =démonstration convaincsnte~ et connaître la vérité de, tomber d’accord sw et,
*fait d’être convaincus, dérivé du supin konvkt~m~ avec un sujet au pluriel, &accorder sur-r (com-
de contiere. 0 Le mot a d’abord été employé, en plément introduit par de). Dans ces deux sens, la
relation avec l’ancien sens de convaincre, dans le règle traditionnelle qui co mmande l’emploi de
domaine juridique au sens d’-action de prouver la l’auxiliaire êhe sotie de très nombreuses en-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONTENIFI
pathologie, ont coloré le sens figuré, -changer la référence au contexte (art contemporatd; il prend
nature de qqch., altérer=. alors une valeur intensive par rapport à moderne,
. CONTAMINATEUR. TRICE adj. et n. m. (15611, supposant la simultanéité avec l’expérience de ce-
autrefois appliqué à la personne qui endommage, lui qui parle. Son emploi substantivé, -personne qui
se dit surtout de l’agent de transmission d’une ma- vit en même temps (que l’énonciatem%, a sup-
ladie vénérienne. -CONTAMINABLE adj., lui planté le moyen français contemporané (1575) et
aussi employé au XVI” s. avec un autre sens, qualifie s’est répandu au XVIII~ siècle.
(18631 ce qui peut être contaminé. t Le dérivé CONTEMPORANBITÉ n. f. (17981,
CONTAMINATION n. f., empIWIIté par la langue d’usage didactique, a servi à exprimer l’état actuel
biblique (v. 13501 au latin ctitien contaminatio, a en art et en littérature, envisagé sous le rapport de
suivi l’évolution du ver%e et pris son sens médical ce qui le caractérise. Il a ainsi concurrencé moder-
moderne vers 1866. Par analogie, il a été repris en nité. De nos jours, il est surtout employé à propos
linguistique (1890-1906, Meyer-Lübke) à propos de de la simultanéité de deux faits.
l’tiuence exercée par une forme linguistique SUT
une autre (sans connotation négative). CONTEMPTEUR, TRICE adj. et n. est em-
prunté (14491 au latin contemptor =qui dédaigne, qui
CONTE -a CONTER méprisen, dérivé du supin de contemnere =mépri-
CONTEMPLER v. tr. est emprunté (6n XIII~ s.) ser, tenir pour négligeables. Ce verbe est le
au latin contemplari (simultanément contemphre) composé d’aspect déterminé en cum C+C~-1, at-
au double sens de *regarder attentivementm et testé depuis Plaute et très employé, de temnere
-considérer par la pensée=. Ce verbe a eu le même -méprisen, lui-même rare et d’usage poétique. Au-
développement sémantique que considerore qui a cun des rapprochements tentés, par exemple avec
donné con.sidérer* : à l’origine, terme de la langue le grec temnetn *couper=, ne repose sur une base
augurale -il est composé de cum (4 CO-) et de solide.
templum au sens ancien de *espace carré délimité t L’adjectif au sens de =dédaigneux, dénigreur*,
dans le ciel et sur terre par l’augure, pour inter- condamné par Vaugelas (16471 et l’Académie fi-an-
préter des présages> (+ temple) -, il s’est laïcisé en çaise (17051, s’est relativement bien maintenu dans
passant dans l’usage commun. la langue soutenue.
* Contempler et con.sid,érer, quasi synonymes en la- t Il en va tout autrement des mots de la même fa-
tin, se sont différenciés en français : contempler est mille, CONTEMNER v. tr. (v. 1350, COntemp?W),
plus fréquent au sens physique de -regarder en CONTEMPTIBLE adj. (v. 1282, Wntentik?) et
s’absorbant dans la vue de l’objet>; au sens abstrait CONTEMPTION n. f. (av. 1539). tOUS emprUntéS à
(v. 14501, il réalise une idée de *méditation> absente des mots latins, et qui sont rares puis abandonnés
dans constirer. dans la langue classique. Ils ont été repris, très ra-
. Les mots de la même famille présentent une spé- rement et dans un style littéraire, par certains au-
cialisation mystique héritée du latin chrétien: teurs de la tïn du XIX~ s. (Goncourt, Péladsn) et du
CONTEMPLATION n. f. (v. 1174) est emprunté au xxe a (Gide, Joohandeaul.
dérivé latin contemphtio -action de considérer at-
tentivement par les yeux et la pensées, spéciale- CONTENIR v. tr. et pron. est emprunté (1050)
ment *Dieu et les choses divinesn dans les textes au latin continere, de cum (+ CO-) et terme b tenir).
chrétiens. Ce nom, substantif d’adion de contem- littéralement ‘maintenir ensemble*, d’où sembras-
pler, s’est spécialisé dans les domaines intellec- ser, enfermer en soin et, en particulier, *réprimer,
tuel (v. 1278) et religieux, voire mystique (v. 1223, r&éne~.
sainte contemplation). -L’adjectif correspondant, t Le verbe a été employé à la forme pronominale
CONTEMPLATIF, IVE (v. 1170) est emprunté au la- au sens de <se comporter, avoir telle attituden, de-
tin contemphttws =spéculat+ et, chez les auteurs meuré dans le dérivé contenance. Dans le domaine
chrétiens, -mystique>. Il est spécialement employé du comportement, se contenir s’est restreint à la si-
dans le domaine abstrait de la méditation intellec- gnification de -s’empêcher de ressentir, d’expri-
tuelle (philosophie. psychologie) et religieuse. Il a mer quelque sentiment vif> (10801, notamment dans
repris au latin chr&ien son emploi substantivé en avoir du mal à se contenir (15481 =à contrôler un dé-
parlant d’un religieux dévoué à la contemplation
bordement d’émotion, de colères. 0 Ce sens psy-
(XIII” s.1, et a produit l’adverbe rare CONTEMPLA-
chologique a rejoint l’idée générale de srenfermer
TIVEMENT (XIII’%). -CONTEMPLATEUR, TRICE
en soi* (xue s.1, réalisée concrètement pour *avoir
n., emprunt (v. 1355) au dérivé latin contemphtor, a
une certaine capacité> (1530) et, abstraitement en
éliminé son doublet populaire contempler @in
parlant des idées, du signi% d’un document avec
>(ne a). Il a perdu ses anciens emplois abject% au
la valeur restrictive de =Se retenir= (1538). 0 Le sens
profit de contemphtif
étymologique a été réalisé en moyen français, in-
CONTEMPORAIN, AINE adj. et n. est transitivement pour -former un tout cohérent> et
emprunté (v. 1460) au bas latin contemporaww, de transitivement avec le sens de *maintenir unis=
cwn =avec* (+ CO-) et tempus (+ temps), avec son cv. 15601.
sens propre de *qui est du même temps, de la t Le dérivé verbal CONTENANCE n. f. (1080) est
même époque,. apparu au sens de manière de se conduire, de se
+ Le mot, qui a gardé le sens du latin, se construit comporte- et l’a gardé, contrairement à contenir,
avec les prépositions de et à, ou absolument, par surtout dans les locutions du type par contenance
coNvENTrJEL 882 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

0 La philosophie et la science l’emploient spéciale- journen, composé de cun C+C~-1 et de versari,


ment au sens de =Principe choisi pour la commo- forme fréquentative à valeur réfléchie de vertere
dité d’une description=. *tournep (+ verser. version).
t De convention dérivent directement CONVEN- +Le sens de =demeu-er, vivre quelque part> et celui
TIONNÉ, ÉE adj. (1558) qIi a COIP& une conven- de =fréquenter qqn* (XII” s.) étaient usuels en ancien
tion,, repris au xxe s. en France à propos d’un mé- et moyen français et sont attestés jusqu’au XVII~siè-
decin lié par un accord avec la Sécurité sociale cle. o Le verbe exprimait aussi l’idée de -circuler,
(1952). et CONVENTIONNEMENT n. m. (1958). aller et venir sur une même rivière, dam un même
dans le même contexte. -QCONVENTION- paysn (XI? s.1et d’eavoir un commerce charnel avec
NEL. ELLE adj. est emprunté (1453) au dérivé bas qqn*. Dans l’ordre du comportement, il était syno-
latin conventionalis, =résultant d’un accord réci- nyme de seconduire (1545). -Son sens actuel,
proquen en droit. Il a suivi la même évolution que #échanger des propos avecm (16901, s’est dégagé
convention, passant de l’usage strictement jwi- sous l’influence de conversation, en même temps
dique à l’usage général, pour +ulmis par l’usage en que celui de monologuer, dialoguer mentalement
vertu de conventions+ (1762, Rousseau), d’où par avec+ (attesté aussi en 16901.
extension shabituel dans me société, un milieu t Le participe présent adjedivé CONVER-
donnés> et, péjorativement, -banal*. Son emploi SANT, ANTE adj. (v. 1850) est resté ï-are.
dans armement conventiome~ est emprunté (1955) CONVERSATION n. f. (v. 1160) est emprunté au la-
à l’anglais conventinal *habituel, accoutumés, qui tin impérial conversati (de conversari) =fréquenta-
a reçu après la Seconde Guerre mondiale la valeur tien, commerce, intmitén. Jusqu’au xvxes., le mot
spéciale de mon atomique> (1952). oDe l’adjectif signifie -genre de vie, conduite> et <relation>, s’ap-
sont dérivés CONVENTIONNELLEMENT adv. pliquant. dans l’ancien droit, à la relation adultère
(1636). au &s., CONVENTIONNALITÉ n. f. (1908) (1845, être surpris en conversation criminelkl. -Ce-
et les temIeS philosophiques CONVENTIONNA- pendant, dès 1537, il possède aussi le sens
LISTE adj., =qui considère la connaissance comme d’khange de propos familier+, qui s’imposera
résultant de conventions>, et CONVENTIONNA- Généralement familière, la conversation a aussi
LISME n. m. (av. 1922). été conçue par les précieux du XVII~s. comme un
genre littéraire noble, au sens d’=entretien savants.
CONVENTUEL --f COUVENT De là, l’emploi du verbe converser dans ce sens (ci-
dessus). Depuis, le mot désigne spécialement un
CONVERGENT, ENTE adj. est l’adaptation entretien entre personnes responsables, en petit
(v. 1626) du latin scientfique convergens (1611. comité et souvent à huis clos (notamment en diplo-
J. Kepler) -qui se dirige vers un point unique=. Ce- matie). Par métonymie, il concerne (1718) la ma-
lui-ci est l’adjectivation du participe présent du bas nière de parler de qqn et ce qu’il dit (familière-
latin convergere =se réunir en venant de plusieurs ment: avoir de la conversation), ainsi qu’une
points>, de cum -avec* (+ CO-Iet vergere =incliner, assemblée de gens qui conversent. 0 Par d’autres
pencher vers. être sur son déclin.. Ce verbe, qui métonymies très spécialisées, le mot s’applique
semble surtout appartenir à la langue écrite (la aussi à une pâtisserie, originellement dégustée
langue parlée préférant clinare), est sans étymolo- dans les salons où l’on conversait, et, en art, à des
gie connue. tableaux de genre représentant une assemblée de
+ Introduit en physique et employé dans la langue gens qui bavardent, probablement d’après l’anglais
scientifique avec le sens de =qui tend vers un point conversation piece. -D’après conversation, on a
unique> frayons convergents1, puis également =qui formé CONVERSATIONNISTE n. (18361,mot litté-
a la propriété de faire tendre vers un point les raire, et le familier CONVERSATIONNER v.tr.
rayons hnnineux~ (1814, lentilles convergentes), le (1936, Céline). -CONVERSATIONNEL, ELLE adj.
mot est passé dans l’usage général avec une valeur (19021, rare au sens de =relatif à la conversation>,
concrète et (1812) abstraite. est entré ver-s 1970 dans le langage de lïnforma-
t CONVERGENCE n. f. (1671, en physique) pr& tique, d’après l’anglais conversatiml mode mode
sente la même évolution: adaptation du latin d’utilisation de l’ordinateur dans lequel l’utilisateur
SCientiiïque convergentia (1611, J. Kepler). il est en- dialogue avec la machine=; il y est substantivé (par
tré dans l’usage courant (1816) puis, au mes., dans ellipse de mode).
le langage des sciences naturelles et des sciences
humaines (linguistiquel. Il est usuel au sens abstrait CONVERTIR v. tr. est emprunté très ancien-
de =rencontre de causes, d’opinions, etc.m, par op- nement (av. 950) au latin convertere, composé d’m-
pect déterminé en cum (+ CO-Ide vertere *tourner>
position à divergence. -CONVERGER v. tr., em-
CG+ version). =tourner, faire se tourner, changer en-
prunté (1720) au bas latin convergere, se partage lui
tièrement~ et spécialement en latin chrétien <r-a-
aussi entre sa spécialisation scientiiïque et son em-
mener à de meilleurs sentiments, remettre sur la
ploi courant (1803). -Dans tous leurs sens, ces mots
bonne voie>.
ont un antonyme préfixé en di- l+ divergent).
+Le mot a été introduit avec le sens religieux
CONVERS -s CONVERTIR d’amener qqn à me religions, également (1080) à
la forme pronominale. Par extension, il signiiïe -m-
CONVERSER Y.intr. est emprunté (v. 1050) mener qqn à une foi considérée comme vraie= ti
au latin impérial conversari, proprement <se tour- XII”~.) et, laïquement, =rallier, faire adhérer à une
ner fversariJ Vers~ d’où =Vivre avec. fréquenter, sé- opiniom (1458). oLe sens concret, cchanger une
DE LA LANGUE FRANÇAISE 871 CONTESTER
CONTER v. tr.. emprunt francisé (IO~O), pré- pronominale, depuis le xvn?s., et au sens péjoratif
cédé par l’ancien provençal comptar (v. 9801, se de ‘dire à la légère, de mauvaise fois (1877). Sa fr&
confond à l’origine avec compter*.
Les deux verbes quence a contribué au recul de conter dans l’usage
continuent le latin computare wzalculer-, attesté courant. -Parmi ses anciens dérivés se sont main-
dans les textes médiévaux au sens de narrer, rela- tenus RACONTEUR.ELISE n. (v.1462; raconteor,
ter- (906) : le lien entre ces deux notions, souvent h XI"~.) et RACONTABLE adj.(h ~I"S.l.oce-
confondues dans la mentalité médiévale, est l’idée lui-ci a produit l’antonyme INRACONTABLE adj.
commune d’kxunérer, dresser la liste de=. (lx'), parfois IRRACONTABLE adj.(1717)chezles
+ Ultérieurement, les deux notions ont été distin- auteurs soucieux de régularité morphologique.
guées et, après une période de flottement qui ne -Au xc? s. est apparu, d’après le vetie, le nom pé-
prend vraiment fm qu’au WI?.~., le sens de <cal- ~~~~~~~RACONTAR n.m. (1853) -récit médisant et
culer= a été réserv$ à compter, orthographié faux., précédé par RACONTAGE n.m. (1845) au-
d’après le mot latin. A partir du sens général de jourd’hui désuet.
*relater en énumérant des faits, des événements
réels>. que l’on rencontre encore dans quelques CONTESTER v. tr. est emprunté (13381, peut-
parlers régionaux et dans la langue littéraire.
être par l’ancien provençal contestar(1140), au latin
conter s’est spécialisé ti xvr” s.) en dire des choses juridique contestari.Celui-ci, formé de cum (4 CO-I
fausses à dessein de trompe-. surtout réalisé dans et de testari &moigner- (de test& -témoiw + test),
les locutions en conter de belles (15951, en conter signifie proprement -plaider en produisant des té-
(1606) et, avec une idée de séduction, en conter à moins des deux parties=, d’où =Commencer un dé-
une femme (1637). et aussi conter fleurette (16671. bat judiciairen. La signification juridique du verbe
Le sens de #dire une histoire imaginaire pour di- latin est passée dans l’ancien et moyen lançais li-
vertir- (1671, La Fontaine) tend, au moins dans tiscontester <engager un procès= (xv” s.), calquée
l’usage parlé moderne, à être assumé par la forme sur le latin juridique litem contestari.
composée (ci-dessous raconter). + Contester,apparu avec le sens de *refuser à qqn
w CONTE n. m. Iv. 1130-l 1401, déverbal de conter, a le droit de prétendre disposer d’une chose>. a pris
longtemps désigné la narration de choses vraies par extension le sens plus cour& de -mettre en
(encore au xxe s. chez des écrivains archaïsants). doute. en discussion> (1540). en construction abso-
Au ti et au xv$s., en relation avec le vetie, il lue ou transitive. o Depuis les événements de mai
prend l’acception péjorative de -récit fait pour abu- 1968, l’emploi absolu. qui pouvait avoir aUtrefOiS la
ser, (1538), et est fortement concurrencé depuis valeur de =discute~ (15401, tend à être entendu
par histoire. 0 Le sens moderne de crécit inventé= avec le sens fort de cmettre en question l’ordre éta-
apparaît nettement au xwe s., mais déjà en ancien bli>.
français (avant 12001, le récit nommé conte répon- ~Les dérivés datent pour la plupart des ti et
dait à une fonction de distraction. Le mot ne fait xw"siècles. -Le déverbal CONTESTE Il.f (15841,
alors que désigner une réalité beaucoup plus an- d'abord attesté d- le domaine suisse, a désigné
cienne, expression d’une tradition orale multisé- un débat, une dispute; réputé evieuxn dès 1694, il ne
culaire (le *conte populaires). Il en va de même du s’est maintenu que dans la locution sans conteste
conte de fées, locution relativement récente cor- (1656) =sans contrsdiction~, plus rarement hors de
respondant à l’adaptation emondainem, d’une réa- conteste.-Au xv$ s. sont apparus CONTESTÉ. ÉE
lité ancienne, très en vogue à la fin du x&s. adj.etCONTESTABLE adj.(1611) auxquelscorres-
(Perrault, IvYe d’Aulnay, M’“” de MuratJ. pondent INCONTESTÉ,ÉE adj. (1650) et IN-
-CONTEUR.EUSE n. et adj., d’abord cunteür CONTESTABLE adj. (16111, ce dernier plus em-
(1155), est apparu avec le sens de *personne qui dit ployé que son conWaire et qui a la valeur positive
ou écrit des récits pour divertir-. déjà impliqué de wîr, certain> (6. indiscutable).0 L’adverbe dé-
dans le domaine de la fiction. 0 Le mot s’est spécia- rivé INCONTESTABLEMENT (1660) est notable-
lisé pour désigner l’auteur-interprète de contes po- ment plus répandu que CONTESTABLEMENT
pulaires, kaditionnels. à côté du sens littéraire, où adv. (1611). -Deux dérivés sont contemporains des
le conte est une variété de nouvelle. Conteur s’est événements de mai 1968: CONTESTATEUR.
appliqué également (1538) à celui qui raconte des TRICE adj. et II., après une attestation à titre de
histoires auxquelles on ne peut prêter foi, spéciale- proposition chez Richard de Fkdonvilliers (1842).
ment à un galant au xvYs. (av. 16951 d’où la lo- s’est en effet diffusé en 1968 et, peu auparavant, en
cutionn>nteurdefleurettes(l782). oL.‘adjectifqua- emploi adjectif(l966). oCONTESTATAIRE adj. et
Mie (1800) une personne qui aime conter, raconter. n. a fait son apparition dans la presse en juin 1968 :
RACONTER v.tr. (XII~~.). formé du préverbe àva- il est demeuré cou-a&.
leur itéraGve re- et de l’ancien français monter CONTESTATION n. f. est emprunté (1411). proba-
(XII~ s.1, doublet préfixé de conter aux sens de -cal- blement par l’ancien provençal, attesté dès la 6n
cule- et de ~narrer=, a surtout signifié --recakulep du XII?~., au bas latin juridique fUi.sI contestaho
jusqu’au xwe s., à la différence de son ancien dérivé couverture d’un procès par appel des témoins=, à
RACONTEMENT n. m. qui correspondait à =récit=. l’origine du moyen français litil.sI contestation ~IF-
o Le sens moderne du verbe, déjà acquis au XII~~., XVI~ S.I. 0 Introduit comme terme de procédure. le
s’est établi au xwe s.. saos aucune valeur itérative mot s’est répandu dans l’usage courant (1479) et
(celle-ci étant échue à un reconterqui n’a pas vécu). connaît une nouvelle vitalité depuis 1968, formant
Le ve&e, dont le champ sémantique va de =narrer~ alors une série cohérente avec contester et contes-
à-décrire, dépeindre=, est aussi employé à la forme tataire.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’accès facile; il s’agit alors d’un américanisme. xd s. pour kwlter à venir près de soi* sans idée
- CONVIVIAT n. m. (1825, Brillat-Savarin), =qualité d’ordre ni d’autorité (18351. La langue littéraire
de convives, resté à l’écart de la vogue de contiti, l’utillse aussi, par retour au sens latin, au sens de
convividité, a vieilli. ~ressembler des choses abstraites, et, sous l’in-
fluence probable d’invoquer, de =faire intervenir
CONVOI + CONVOYER (un thème, une idéel dans une ceuvre~ tx? s.l.
k Le dérivé français CONVOCATEUR. TRICE adj.
CONVOITER Y. tr.. d’abord conwitier Iv. 12801, et n. (av. 17551 est rare, sauf en emploi adjectif
convetier (12891. est la réfection, par confusion de la Il9001 réservé au style administratif.
première syllabe avec le préfixe con- (du cum latin1 CONVOCATION n. f. est emprunté (13411 au latii
du plus ancien co?~eiter (av. 11551. Ce verbe est lui- convocati, formé sur le supin de cowocore, si@-
même issu, par évolution phonétique, du bas latin fiant proprement =action de convoquer-; il est plus
“cupidietwe sdéslrer ardemments, dérivé de “cupi- courant dans le contexte écrit (lettre de conwxa-
dktas, forme altérée -sur le modèle de noms abs- tien, 16931 et au sens métonymique de *feuille, acte
traits comme anxietas, medktas- du classique par lequel on est convoqué* (18991.
cupiditas t-cupidité).
+ Le mot ne s’est pas éloigné du sens initial de <dé- CONVOYER v. tr., d’abord conveier Iv. 1130.
sirer avec avidité=. Bien que qualifié de =vieux* en 11601, est issu d’un latin populaire “conviare, de
1680, il s’est maintenu dans l’usage courant. cum <avec> (k+ CO-I et du bas latin viare -faire route=,
lui-même dérivé de via I+ voie).
t En ont été dérivés CONVOITISE n. f. Iv. 1150, co-
veitisel, courant avec la même valeur péjorative + L’aire d’emploi du verbe s’est restreinte. Le sens
que COnvOiter, CONVOITEUR, EUSE adj. et n., I-é- propre de éconduire. accompagner= s’est limité à
fection txv8s.l de l’ancien francais covoitiere =escorter pour protéger un convoi mihtaire~
(av. 12571. et demeuré rare. 0 Ce mot a eu du mal à Iv. 13601. En ancien et moyen français, conwyer
s’imposer: il a été repris au xwe s. puis au >mces.. s’employait également dans les expressions
mais a toutefois doublé l’adjectif CONVOI- convoyer une lance (dans un tournoi) et convoyer
TEUX. EUSE. d’abord coveitns Iv. 11551 encore em- des yeux mkre des yeuxn. Il avait aussi le sens fi-
ployé dans le style littéraire, probablement issu (vu guré de *diriger. s’occuper de*.
l’existence de l’ancien provençal cobeitos,7x1me s.) b k? déverbal CONVOI n. m. (v. 1165, conveizl, *fait
d’un latin médiéval Ocupidietosus.0 Convoiteur et d’accompagner qqn, qqch.*. s’est également limité
convoitise ont conservé l’idée générale latine de à certains emplois particuliers. Après avoir dési-
*désir ardents (avec une péjoration), tandis que les gné un cortège (de grand personnage, de noces), il
mots apparentés cupide et cupidité sont entres s’est restreint au transport d’un défunt à l’église et
dans l’usage commun avec la spécialisation de *dé- au cimetière t 1538, surtout corwoi funèbre).0 Plus
sir de richesses, d’argent> déjà réalisée par les éty- couramment, il désigne (16801 l’ensemble des véhi-
mons latins. cules militaires ou des navires qui font route sous la
8 voir CONcuPISCENTi. CUPIDE, CUPIDON. protection d’une escorte armée. Par analogie, il se
dit aussi Il8251 de la suite de véhicules roulant en-
CONVOLER Y. intr. est emprunté (14171 aubas semble sur une voie ferrée, alors synonyme de
latin juridique convolare <se remarier? dans la for- train, puis (18771 de tout groupe k&icules. puis
mule convolare ad secondas nupti =se marier personnes) qui s’achemine vers une destina-
une seconde fois= (vie s., Code Justinienl. Le sens en tion +CONVOYEUR, EUSE n. et adj., d’abord
est proprement <voler ensemble>, de cum eavecs conveiëor Cv. 11951 -celui qui accompagne, qui es-
C+ co-l et volare I- voler). corteR, s’applique spécialement à un navire d’es-
corte 117771, puis à l’agent chargé de surveiller un
k Le mot a été repris dans son acception juridique
transport de marchandises, matériel ou personnes
konvoler aux secondes noces traduisant littérale-
ment la locution latine). Il n’est plus employé que (19071. Il désigne aussi Iv. 19501 un transporteur au-
tomatique, tel un tapis roulant.
plaisamment, dans la locution convoler en justes
noces, et absolument convoler (1673, Molièrel, au CONVULSER v. tr. et pron. est dérivé (15781
sens de ‘se marier-. o Une remotivation, au sens du radical du latin conw.kw wraché d’un bloc,
de *se rendre en toute hâte quelque parts Il5101 ébranlé*, spécialisé en médecine pour -pris de
d’où, abstraitement, *passer à autre chose> (16361, spasmes, contrac&. Lui-même est le participe
est archaïque. passé de convelkre, composé d’aspect déterminé
c Ni CONVOLANT, substantivation du participe en cum t+ CO-I de yellere *ariacher, extirper, tirep.
présent (av. 16141, ni CONVOL n. m., déverbal dé- Ce mot appartient à une racine lndoeuropéenne
signant l’action de contracter un second mariage, “wel- que l’on retrouve dans le gotique wilwa epil-
ne se sont répandus. lard, rapine,, un mot arménien signiiïant ‘toison de
laine>, et peut-être dans le latin lana I+ laine).
CONVOQUER Y. tr. est emprunté (v. 13551 au + Le verbe est repris en médecine où, sous la forme
latin cowocare -appeler, réunir; faire venir à sois, du participe passé adjectivé convulsé, il s’applique
de cum (+ CO-I et vocare =nommer, appelen, lui- à une personne contractée par des spasmes. Il est
même dérivé de vox f-voix). surtout fréquent à la forme pronominale Il8981 en
4 Le verbe, au sens propre, signliïe -appeler à se parlant dune personne et, dans le style littéraire,
r&nir de manière impérative>. Il a été repris au en emploi métaphorique (18691.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONTORSION

tivé au sens de -ce qui peut être ou ne pas être*, (av. 1690. on est à l’origine de CONTINÛMENT
traduisant le grec to end.ekhomemn. adv. (1302. continuement), de CONTINUITÉ n.f.
+L’adjectif est apparu avec le sens de =qui arrive, (v. 1380) et de CONTINUEL, ELLE adj. (v. 11601 r&
mais pas nécessairement*, développant une spé- se& à la seule valeur temporelle. Cet adjectlfcou-
cialisation philosophique et le sens courant de anon rant, passé de sa valeur stricte à celle de -sans
essentiels. Au xv” s.. il s’est spécialisé en droit avec cesse répétés, a servi à former l’advert>e CONTI-
le sens de ‘qui échoit à. (1459) et a été substantivé NUELLEMENT (1393; 1160, contiwkmentl de va-
(1509) comme dénomination de la part qui échoit à leur moins x!tive que continûment. -CONTINUA-
qqn (celle-ci étant fonction de multiples facteurs en TION n. f. (1331; 1283, en droit dans continuactin
partie imprévisiblesl. OAU xv?%. le contingent de jour -remise d’une cause à l’audience suivante
n. m. est passé dans l’usage commun, en parlant de de la même assise,) est emprunté au latin classique
la part que chacun apporte à une oeuvre commune continuatio <succession titerrompuem dans l’es-
et, en particulier. du nombre des soldats d’une pace et dans le temps. Depuis 1370,continuation si-
même tranche d’âge appelés en même temps sous gnlfïe particulièrement &iit de durer, prolonga-
les drapeaux (1690). 0 Le xY s. a vu s’étendre I’em- tion>. ~L’emploi général comme substantif de
ploi du mot au droit commercial international, continuer donne lieu à l’expression encours-
pour désigner la quantité de denrées dont l’lmpor- geante : bonne continuation. -Au x? s.. la langue
tation ou l’exportation est autorisée pour une du- didactique a repris CONTINUUM n. m. (1905) au
rée donnée (19221,emploi concurrencé par quota. latin, les mathématiciens employant à basse épo-
que W-ve s.) continuus par opposition à discretus.
t Au X? s., contingent a servi à former CONTIN-
Le mot recouvre le concept d’un espace ininter-
GENTER v. tr. (1922). terme d’économie exprimant
rompu, intégrant spécialement, en philosophie,
le fait de limiter par une mesure administrative la
une dimension temporelle (1935, le continuum es-
quantité d’un produit qui pourra être importée, ex-
portée ou distribuée. ~Celui-ci a produit à son
pace-temps).
La série des antonymes préfixés par dis- replié-
tOLW CONTINGENTEMENT n. m. (1922) et
sente une série du latin médiéval: DISCON-
CONTINGENTAIRE adj. sur le modèle d’autres
TINU, UE adj. (v. 1370) est emprunté à.di.scontinuu.s
adjectifs en -aire utilisés en économie.
(1250): il a servi à former DISCONTINUITÉ n.f.
CONTINGENCE n. f. est emprunté (1340) au bas la-
vers 1751 (le latin médiéval avait déjà discontinui-
tin contingent& terme de philosophie. Le mot, re-
ta.% 1233). -DISCONTINUER v. intr. et k. (1393;
pris dans cette acception philosophique, est passé
1314, descontinuer, &vzise~ médicalement) est em-
dans l’usage courant relativement tard (1696), dé-
prunté à discontinuare =interrompre~ (1267), et la
signant surtout au pluriel (des contingences), des
locution sans discontinuer correspond à -contmû-
événements fortoits, imprévisibles. Son acception
ment>. o Le verbe a d’abord eu le sens concret de
spéciale en mathématiques, dans angle de contin-
diviser, inciser- en médecine, avant de prendre la
gence (1704). relève du sens propre du latin contin-
valeur de <cesser, ne pas continuer den, littéraire
gere -qui atteint, qui touche àm.
en emploi transitif, plus courut en inkansitii, par
CONTINUER v. est un emprunt ancien (1154. exemple dans sans discontinuer. ODISCONTI-
1173) au latin contirzuare cprolonger dans l’espace, N~ATION n. f. (1377) est l’adaptation du dérivé la-
joindre de manière à former un tout sans inter- tin médiéval discontinuatio (1233).
ruption>. <faire succéder dans le tempsm, =POU~- CONTONDANT - CONTUSION
suivre ce qui est entrepris= et =prolongeP Iconti-
nuare mgistratum~. Le mot est dérivé du supin de CONTORSION n. f. est emprunté (xrv” s.l au
continere b contenir). latin contorsio,graphie tardive du classique contor-
+Le verbe est d’abord employé dans le domaine de tio #action de tourner-m, ~entortiUement* (notarn-
la durée temporelle, exprimant le fait de pour- ment en parlant d’une expression obscure1. Ce-
suivre (une action entreprise) et, absolument, de lui-ci est formé sur le radical du supin contortum
durer cv. 1370). Le sens spécial de <prolonger (qqn) de contorquere, composé d’aspect déterminé en
dans ses fonctions, (1467) décline après le xvuP siè- mm (+ CO-Ide torquere *tourner= (-tordre).
cle. Le mot exprime aussi, avec l’idée d’interrup- 6 Le mot, apparu dans le syntagme contorsion de
tien. le fait de reprendre une tâche interrompue. nerfs, a désigné un mouvement violent de torsion.
laissée inachevée (16901. oÀ partir de 1611, il est en parlant d’un être humain, et, à l’époque clas-
attesté avec une valeur spatiale, le sujet pouvant sique. une déformation par torsion (au propre.
être un nom de chose ou le nom de la personne qui 1611, et au figuré, 1664). 11est surtout vivant au sens
entreprend de prolonger un objet dans l’espace figo& d’&titude outrée et a&&%~ (1666). le sens
(1690). physique étant lui-même réalisé avec la même
.Sur le radical de continuer est formé CONTI- idée d’excès, en parlant d’une attitude acrobatique
NUATEURTRICE n. (1579). Les autres mots du au cirque.
même groupe sont directement empruntés au la- b SE CONTORSIONNER v. pron. (1771). -affecter
tin. oCONTINU.UE (v. 1306: ap&s contenu, h une attitude outrée*. est tombé dans l’attraction de
xmes.l représente contifluus, participe passé adjec- contorsion au cirque (>w” s.l. 0 C’est à celle-ci que
tivé de continere (+ contenir). ll est employé sur le se rattache CONTORSIONNISTE n. (av. 1867), dé-
plan spatial et temporel, spécialement dans fièvre signant l’acrobate qui effectue des exercices atm
Continue (13061et, en musique, dans basse continue batiques de souplesse.
COOPTATION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sonne agissant et travainant avec une autre=. Lui des grandes écoles, au sens d’séléments permet-
aussi introduit en théologie, notamment par la Ré- tant de situer précisément qqch., qqn>. Ce sens est
forme (1541, coopér&?urdeDieu, Calvinl, il s’est r& passé dans l’usage familier avant de devenir cou-
pandu au WB s. avec un sens général et s’est spé- r& pour -éléments, adresse, téléphone, etc. per-
ciallsé au xxe s. en économie (1926), sous I’influence mettant de retrouver, de joindre qqnm unil. xxe s.).
de l’anglais cooperator (1828-1830, époque de la pu-
blication, par l’économiste anglais W.King, du COPAIN n. est la forme dénasalisée (1838) de
mensuel The Coqxrator propageant les idées de l’ancien et moyen français compati (+compa-
R. Owenl. gnon), déjà relevé après 1450 IMolinetl sous la
forme coppin. Un exemple isolé (1708). avec un sens
COOPTATION n. f est emprunté (1839) au la- peu explicable, -homme grand, sot et niais-, ne r-e
tin cooptatio -élection pour compléter un collègem. présente peut-être pas le même mot. La graphie
dérivé de cooptare -choisir pour compléter on actuelle s’est imposée détitivement au ti s. au
corps, un colIègem, de cum (+ CO-) et optare b op- détriment de la forme compaing (18831, compain
ter). (1919).
+ Le mot est passé de l’idée d’-admission excep- +Le mot est un terme du registre familier dési-
tionnelle d’un membre, à l’idée moderne @II WC”s.) gnant un bon camarade, avec une nuance affective
de ‘nomination d’un nouveau membre par ceux qui le situe entre le simple camarade et l’ami. ll est
qui font déjà partie du groupe-. parfois pris avec une idée péjorative de *complices
Cles copains et les coquin.~~. ll fournit (1895). comme
c De cooptation a été dérivé COOPTATIF. IVE adj.
Iv. 1950).
petit ami, une désignation euphémlstique d’samou-
reux>. emant~ mais, par ailleurs, s’oppose à amou-
COOPTER v.tr. est emprunté (av. 1721) au latin
reux dans la locution en copain. ll est employé
cooptare; son évolution est la même que celle de
comme adjectif attribut après des verbes d’état (no-
cooptation.
tamment dans être copain£opain).
COORDINATION n.f. est emprunté (1361) t En sont dérivés le féminin COPINE (av. 1683l, qui
au bas latin coordinntio =arrangement, agence- signifie aussi -petite amie, maîtresses, et égale-
ment logique des parties d’un tout*, de cum -en- ment <homosexuel> dans l’usage des homosexuels
semble, C+C~-1 et ordinatio mise en ordres, lui- (un dérivé péjoratif COPAILLE n. f. est à l’origine
même dérivé du supin de ordinare (+ ordonner). de lopeY et, au ti s., COPINER Y. intr. (1774. ré-
pandu au xxe s. : 1928). 0 Copiner est à l’origine de
+Le mot, qui désigne l’agencement des parties
COPINERIE n. f. (1936) et COPINAGE n. m. (19601.
d’un tout selon un plan logique pour une fin don-
Ces mots sont parfois employés par péjoration, en
née, est rare avant le milieu du xvm” s. (1762). Au
particulier en parlant de certains usages complai-
w<es., il entre spécialement dans les syntagmes
sants dans la presse (spécial copinage).
coordination des mouvements (1822) et, en gram
maire. conionction de woUon (1868).
-COPE + SYNCOPE
.&l Ont été dérivés INCOORDINATION n.f.
(18671, le terme de chimie COORDINANCE n.f. COPEAU n. m. est attesté sous sa forme mo-
(1963; coordirwnce, 19531 et COORDONNA- derne seulement depuis 1880, après coispel, cospel
TEUR.TRICE adj. (1863). Ce dernier, utilisé (1170.1160) et coipel (1213), puis coipeau (1637; en-
comme adjectif (1878) puis comme nom (av. 18921 core en usage dans le domaine normand). Cospel et
en médecine, en parlant du système nerveux. est coispel viennent probablement de formes dimim-
également employé en parla& d’une personne en tives en -elles du latin cuspis -extrémité d’un objet
termes administratifs ou politiques. 0 On emploie pointu> pour le premier, et d’un collectif hspia
auSSi COORDINATEUR, TRICE. d’après le radical pour le second. Cuspis, employé à propos de
latin, tout en réservant à coordonnateur un sens lances, d’épieux, est probablement on terme em-
plus fort, probablement sous l’influence du double prunté, comme beaucoup de noms d’armes.
sens d’ordonner, #mettre en ordre> et -donner des +En français, on est passé du sens initial de -garni-
ordres*. ture à l’extrémité de l’étui d’un couteau>, sorti
COORDONNER v. tr. résulte de la soudure de co- d’usage au xv” s.. au sens moderne d’-éclat de boism
ordonner (1771). composé de CO-* et d’ordonner*, attesté simultanément (1170-l 180). La locution vieil-
d’après cooràination. Le verbe signifie &sposer lie vin de copeaux wln nouveau dans lequel on fait
des éléments en vue d’une fins et, spécialement en tremper des copeaux pour l’éclaircir=, est attestée
grammaire. #relier à l’aide d’un mot coordonnantm. depuis 1800.0 Plus tard, copeau a pris quelques si-
- %n participe passé adjectivé COORDONNÉ, ÉE gnifications argotiques, par analogie de forme
est particulièrement pris, depuis 1967, comme sy- klangue~. *crachats, 1880) et de valeur (-chose in-
nonyme d’assorti et substantivé, au pluriel, au sens signikmte-, dans l’argot des taxis =Petite courses.
de *tenue vestimentaire d’éléments assorti+. 1935).
~L’antonyme INCOORDONNÉ. ÉE adj. (1882) est
littéraire. COPIE n. f. est emprunté (XIII” s.) au latin copia
Le nom féminin COORDONNÉES, attesté dès 1754 -abondances (+ copieux) qui, au sens médiéval de
comme terme de géométfie, est directement -reproduction d’un écrit> (v. 12191, serait le déver-
composé sur ordonnéle). Par analogie, il est em- bal du verbe dérivé copiare creproduire km écritl-
ployé en astronomie, géographie, et dans l’argot (v. 1330), à partir de l’idée de transcrire en quantité,
DE LA LANGUE FRANÇAISE COIvrRAmE

11732) sur le radical du latin contractns =resserré, + Contraindre a longtemps eu le sens physique de
tiduitm, spécialement en grammaire et en rhéto- cpeser sur, presser, serrep, Furetière parlant en-
rique ainsi que pour qualifier I’âme, le coeur. Le core, en 1690, de gens contraints dans leurs vête-
mot a été créé sous l’iniluence de contraction (ci- ments ou leurs chaussures ajustés. 0 La signifïca-
dessous). tion abstraite, aujourd’hui dominante, s’est
+Le mot exprime l’idée concrète de &minuer de dégagée dès le xrr” s. à la forme pronominale pour
volume- k&alernent à la forme pronominalel. 11 *empêcher Cqqnl de suivre son penchant naturel,
concerne spécialement le resserrement d’un obliger à se gênep (v. 11741.0 Elle a régressé mais
muscle (17321 et, par extension, la crispation des demeure relativement répandue dans le participe
traits du visage (1824, visage contmctél, des cordes passé adjectivé CONTRAINT, AINTE t& s.1 *gêné,
vocales. Par transposition du physique au moral. il mal à l’aise,. 0 L’usage a privilégié pour le verbe le
exprime le fait d’être crispé, tendu nerveusement sens d‘obliger (qqn1 à agir contre sa volonté- (12531,
kc?s.l. oll est passé en physique et en chimie spécialisé en droit pour ‘obliger (qqn1 par voie de
pour &minuer de volume par rapprochement des droit, par justice- (12831.
molécules~, en parlant de corps solides ou gazeux . CONTRAINTE n. f., substantif issu ~II” s.1 du par-
(av. 17521. ll a repris la spkialisation grammaticale ticipe passé féminin de contraindre, a suivi l’évolu-
(18351 déjà connue en latin. tion du verbe; il a perdu le sens physique de -gêne
t Les dérivés fmnçais de contracter sont tardifs et dans des vêtements trop étroits~, ainsi que celui de
peu nombreux; il correspondent à l’idée de -ten- =retenue. gênes (encore dans quelques emplois
sion des muscles, des tralts~ et à la tension morale comme la locution sans comrainte. 12631, pour ne
ou psychologique celle-ci exprime : plus signlfler que =action de contraindre qqn à agir
que
CONTRACTÉ, ÉE adj. (18241; DÉCONTRACTER contre sa volonté; obligation> (XII~ s.l. avec des spé-
v. tr. (18601, employé en médecine et par extension clalisations en droit, comme contrainte par corps.
avec le sens psychologique de *détendrez (19361: -CONTRAIGNANT. ANTE adj. (1265, contrei-
DECONTRACTÉ, ÉE adj., devenu très usuel avec gmnt) et l’adjectif juridique CONTRAIGNABLE
le sens psychologique de -détendu, Insouciant~ (13821 procèdent du sens moderne du verbe.
(19551. 0 voir CONS~crlON.
CONTRACTION n. f. (xv” s.1 succède à la forme
francisée controicion (12561 et est emprunté au dé- CONTRAIRE adj. et n. m. est emprunté (10891
rivé latin contmcti -action de resserre> et ‘état au latin conticmw =en face de, du côté opposé-
résultant d’un resserrement=, employé en physio- d’où -ennemi. hostile> et *en contradiction avec=,
logie, en grammaire et au sens moral d’aanxiété, dérivé de contra (4 contre).
troublez. o Le mot, outre ses nombreux emplois en +En ancien et moyen hançais, le substantif dési-
physiologie, est utilisé par extension (18131 au sujet gnait un tort, un dommage iniligé à qqn (10891.
de la tension des traits du visage et (18231 dune L’usage moderne a privilégié la notion d’opposition
crispation de tout l’individu. Dès 1560, il a repris au aux dépens de celle d’hostilité, et l’adjectif signifie
latin sa spécialisation en grammaire. -Son anto- *qui présente l’opposition la plus radlcale~ (116O-
nyme DECONTRACTION nf. (18921 est tombé 11741. L’usage soutenu y ajoute parfois l’idée d’une
dans l’attraction de décontracter, décontracté, ex- chose qui, en s’opposant, gêne le cours d’une chose
primant l’aisance, la détente. -Au XVI$ s. sont ap- (vent contraire, y. 11671. 0 Le mot est substantivé,
parus les termes de physiologie CONTRACTILE entrant dans la phraséologie usuelle avec tout le
adj. (av. li~51, dérivé savant de contmctw et codraire Cv. 11751, au contraire Cv. 1370) dune ma-
CONTRACTILITÉ n. f. (17351. mère radicalement différente, puis kivemement~
CONTRACTURE n. f. (16111 est emprunté au latin (1499, et au contraire de Cv. 14501.
contmctura, dérivé de controctu.s, terme d’archi- .CONTRAIREMENT a&. (tiS.1 a Cessé d’être
tecture et, à basse époque, de pathologie. D’abord employé au XVII~ s. et a été repris au début du xc? s.
synonyme de contraction, le mot s’est distingué en avec la locution contrairement à (18211.
reprenant au latin ses spécialisations en architec- -CONTRARIER y. tr. est emprunté (10801 au dé-
ture (16761 et en pathologie (18981. L’ancien français rivé bas latin contrariare avec le sens de -s’opposer
avait déjà formé controiture ~contraction des nerfs> verbalement; contredirez. D’abord construit in
à partir de contrait ‘paralysé- (11501, lui-même issu transitivement au sens de -s’opposer par la parole,
du latin controctus (+contrefaitl. -Au WB s., se quereller+, il s’est généralisé en emploi transitif
COntraCmrt? a produit CONTRACTURER v.tr. pour ‘aller contre qqch.. qqn, d’après contraire
(18371, verbe employé en pathologie et (18451 en ar- (1150). Il est surtout usuel avec la valeur psycho-
chitecture. logique lv. 17751 de ‘causer du dépit, du méconten-
tement à (qqn)*. 0 Ses participes ont été edjectivés
CONTRADICTEUR, en CONTRARIÉ. ÉE et CONTRARIANT, ANTE
CONTRADICTION + CONTREDIRE (13611 avec les divers sens du verbe. -CONTRA-
RIÉTÉ n. f. (v. 1170) est un emprunt au bas latin
CONTRAINDRE v. tr. est issu 6~. 11201 du la- contrwietas -opposition>, -choses contraires-,
tin con.s&ingere *lier ensemble*, *enchaîner- et, au -contrastez. =dommage=. Apparu au pluriel avec le
figuré, -réprimer, contenir-. Le mot est composé de sens de *choses contraires~ (en parlant du chaud et
cwn *ensemble- (+IX-l et de stringere =Serrer, du froid), il a longtemps exprimé, au singulier. l’op-
presseIr (+ strictl. position de deux choses contraires, avant d’être
COPULE 888 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

COPROMANIE n. f., formé 118951 avec -nWtk?*, est couleur, cri, comportement. ll désigne en parti-
un autre terme de psychopathologie humaine, culier toute repl-ésentation imagée de l’animal, du
quelquefois employé par métaphore pour caracté- coqgauIois, emblème national de la France, par un
riser le style d’un écrivain (L. Daudet l’emploie à jeu de mots latins sur gaUus ‘gaulois= et gallus
propos de Zola, Goiiïn à propos de L. Bloy. de woqa, au coq du &&er, girouette formée par un
même que Claudel use de stercoraire à propos du coq représenté de proa. Il entre dans des compa-
roman policier). raisons konge comme un coq), des locutions (être
COPROLALIE n. f. est formé (1885) de copra- et -la- comme un coqenpâte, 1672. avec un sens douteux,
lie, du grec Io&n ~parle~, pour désigner une ten- aujourd’hui &re bien traité, mener une vie douil-
dance pathologique à la parole ordurière. lette+ et des dénominations ironiques : ainsi, un
COPRIN n. m. est directement emprunté (18201 au homme se donnant des airs d’importance se voit
grec koprims, -qui vit dans les excréments*, pour taxer de coq, et plus précisément de coq de village
désigner un champignon comestible à feuillets (15491. la plupart de ces emplois sont péjoratifs, en
noirs qui pousse sur des excréments, des matières référence à l’instinct de domination virile du coq.
organiques en décomposition. 0 Coq a aussi reçu quelques sens spécialisés : il est
employé en botanique (13931, où il donne son nom à
COPULE n. f. est emprunté (14821 au latin clas une plante aromatique, probablement par défor-
sique copula *lien, unions, spécialement &sjson de mation de l’ancien français cost (11501. ll est égale-
mots, et, en latin chrétien, *lien mon&, *union ment employé en horlogerie (11341) pour un pont de
dans le mariagem, t-couple) issu par composition balancier. ODepuis 1924, il est employé en boxe
d’un “CO-apda dérivé en cum =avecx (G+~O-) de dans poids coq. qui a remplacé l’anglicisme plus
opare *attacher- l* apte). ancien poids bantam.
+Le mot a eu le sens d’=accouplement charnel, t Comme nom d’animal, le mot a produit les noms
qu’il a cédé à copulation. 0 ll s’est spécialisé (17521 du jeune coq COCHET n. m. tdéb. wIe s.1, COCHE-
en logique linguistique en parlant du verbe d’un ju- LET nm. ktriante régionale du précédent) et,
gement exprimant une relation entre le sujet et le plus rkemment 117901, COQUELET n. m.. Ce der-
prédicat et d’un mot qui lie le sujet et le prédicat. mer est surtout utilisé à propos de l’animal destiné
à être mangé; usuel dans la restauration, il y est
. Les autres mots du même groupe, si l’on excepte
plus valorisé que poulet et ne désigne pas toujours
le terme de grammaire COPULATIF.IVE adj.
ce qu’il devrait, à savoir le jeune coq non châtre.
(1370; >w”s., en grammairej, emprunté au latin
-COQUARD n. m., d’abord quoquart Cv. 13CUI), est
chrétien grammatical copuhtiws, ont tous trait à
l’ancien nom du vieux coq, spécialisé aujourd’hui
l’idée d-union charnelle>. -COPULER v. intr.
en *oiseau issu du croisement du faisan et de la
(14501 est emprunté à coptdare, &mir charnelle-
poule=. -Le nom du coq demi-châtré est CO-
ment> (chez les auteurs chrétiens), et COPULA-
CÂTRE ou COQUÂTRE n. m. (1456. comme adjec-
TION n. f. (13421 au dérivé latin copuhtio pris au
tif; 1690. comme nom avec son sens moderne).
sens chrétien d’*union charnelle>.
-Pour désigner le cri du coq, on a formé sur coq
l’onomatopée COQUERICO (1547, coqwyccq;
+k 0 COQ n. m., attesté dans le Bestiaire de Phi- av. 1550, coquelimq) refaite au wc”s. en COCO-
lippe de’lhaon lv. 11211, est d’origine incertaine. RICO (1862). 0 Chpmi~O a Servi à former le Verbe
On le considère classiquement comme une forma- COQUERIQUER y. mtr. (1771; 1625, COqUeliqUerj
tion onomatopéique, attestée dès le vies. en bas la- avec la variante ancienne coquekner (1752; 1611,
tin sous la forme coccus. Mais l’onomatopée est aUtP2 SeUS), auxquels S’ajOUte COQUETER Y. mtr.,
plutôt celle du cri de la poule (+Coque), le latin dès le xv8 s., -caqueter, de la poules, directement
ayant cocococo (Pétronej pour le cri du mâle kf co- dérivé de coq.
coricoj. P. Giraud y voit plutôt un mot picard et Coq a aussi produit deux noms de métiers : le dé-
anglo-normand, probablement issu du germanique suet COQUETIER n. m. -marchand d’oeufs et de
coche &w et croisé avec le latin coccum -couleur volailles en gros~ (1307; aussi coquassier, 15461 et un
écarlate* l&+ coccinelle, coque). nom plus t-écent, apparu dans le nord de la France,
* Coq a supplanté l’ancien iiançais jal, représen- COQUELEUX n. m. (18761 refait en COQUELEUR
tant du mot usuel latin gallus, qui s’est maintenu (1935j, céleveur de coqs de combat,.
dans d’autres langues romanes (espagnol, italien D’autres dérivés font référence au comportement
gdd I~gaIlinacél, ainsi que des formes mas- de l’animal et s’appliquent aux personnes : il s’agit
culines correspondant à poule, tel pouü (dans fier de COQUEBIN n. m. 11425, coqueheti; cokebert,au
comme un pouü, devenu par confusion ...comme un ti s.1 ‘jeune garçon naïf et niaise, qui empiète sur
pou). oLe sens premier, ‘mâle de la poule de les emplois hgurés de coquelet et de coquard.
basse-courr, a été étendu à d’autres mâles de galh ~COQUET. ETTE adj. et n.. est un diminutifbeau-
nacés ou d’oiseaux : coco bruerece (1317, en wallonl coup plus courant de coq. Ce dérivé est enregistre
d’où coq de bruyère,coq d’lnde (+ dindon), coq de en 1611 au féminin (COQUETTE n. f.1 pour dési-
roche, etc. Quant au mâle de la poule, il est, sur le gner une femme bavarde, une commère polis-
plan culinaire, moins utilisé que le poulet* (voir sonne; son masculin coquet est attesté peu après
aussi coquelet. ci-dessous) mais donne heu à des (1643, Scarronl à propos d’un homme qui cherche à
recettes spécifiques (coq au vin, notammentj. 0 Le plaire, à séduire. Depuis, le mot a été utilisé au fé-
mot a développe de nombreux emplois par compa- minin (du XVII~ au xc? s.1 avec le sens péjoratif de
raison avec l’un des attributs de l’oiseau : forme, =femme intrigante et frivole*: au théâtre, on appe-
DE LA LANGUE. FFZANÇAISE COIVTRJDIRE
Cal*, critiquée par les puristes (qui recom- sur le commerce international et de la police des
mandent en revanche ou au contraire). Avec une frontières. Par extension, il se réfère à une activité
nuance plus morale, *en dépit des, contre entre secrète et illicite, avec la locution adverbiale en
dans aller contre (v. 14501,faire contre mauvaise contrebande et la locution adjective de contre-
fortune bon cœur (1561) et envers et contre tous bande.
(av. 161.9.-Quelques emplois substantivés op- ~CONTREBANDIER. IÈRE n. et adj., attesté de-
posent le mot à pour Ipeser le pour et le contre); puis 1715, qualifie et désigne ceux qui pratiquent la
cette substantivation est employée spécialement contrebande, et correspond dans l’usage non jur-
en musique à propos d’une voix d’alto qui fait bar- dique à un type social plus ou moins codé, opposé
manie =Contre> une autre (xv” s.), sens absorbé par aux douaniers, aux gendarmes, et souvent valorisé.
les composés bosse-contre, haute-contre (alors que
contre-ténor* utilise la préposition). en vénerie, en CONTREBASSE n. f. est emprunté (1509) à
sports (Xwe s. en escrime) et en jeux &Xl6 au bil- l’italien contrabbosso km” s.), nom donné à la voix
lard, aux cartes), alors en relation avec le verbe la plus basse de l’échelle musicale et à un gms irw
contrer. trument à cordes de la thmille des violons. Le mot
t Il est impossible de recenser tous les composés est formé de contra (+contrel et bossa =basse*
auxquels CONTRE- sert de premier élément, à l+ bas).
l’exemple de contra- en latin. Ils apparaissent en +Le mot a d’abord désigné la partie d’un morceau
nombre au xse s., avec une nette prédominance des de musique faisant entendre les sons les plus
composés verbaux ou déverbaux. Cette tendance graves et (1512) une voix de basse grave. Ces sens
se pour+> avec la même intensité jusqu’au ont décliné, le second au profit de la dénomination
xvf siècle. A partir du XVII~s. s’amorce la tendance bosse-contre (15121,elle-même en recul au profit de
moderne à former surtout des composés substan- basse profonde. oIl faut attendre le xw8s. pour
tifs. D’un point de vue sémantique, c’est également voir apparaître le nom de l’instrument à cordes et
au xw”s. que. parallèlement aux composés où archets, la contrebasse ayant été apportée d’Italie
contre- exprime une idée de *riposte=, d’=opposi- et introduite à l’Opéra de Paris par Montéclair en
tiom, s’aflkme un type de composés où contre- si- 1700 (le mot est attesté dans ce sens eq 1740). 0 De-
gnifie *redoublements ou *répétitions. Il n’y a guère puis, d’autres familles d’instruments possèdent
de mots en contre- formés sur une base adjective, leur contrebasse, notamment les orgues et les
et cela même avant que ne se pose la question cuivres (1904, trombone-contrebasse; 1906, contre-
d’une éventuelle concurrence avec anti-, apparu bosse).
au me siècle. o D’un point de vue graphique, l’or- w Le nom d’instrumentiste CONTREBASSISTE n.,
thographe de ces composés manque de cohé- qui a remplacé contre-bosse l1821), est enregistré
rente: les traditions typographiques, du XV~I~au par l’Académie en 1838; il est concurrencé par bas-
x?s., ont imposé largement l’habitude du trait siste, qui correspond à l’emploi préférentiel de
d’union, contrariant ainsi un usage plu ancien où bosse pour =Contrebasse* en jazz et dans les mu-
les éléments étaient soudés, et parfois libres. De- siques populaires d’origine snglo-américaine.
puis 1878, la lexicographie a adopté une attitude
plus normative, soudant de nombreux termes CONTRECARRER - CARRER
usuels Cil en ira de même, en 1932, pour de nom-
CONTREDIRE Y. tr. est l’adaptation d’après
breux termes techniques). Depuis la commission
dire (v. 8811 du latin controdkere, de contra
de réforme pour l’orthographe (Beslais), la soudure (+ contre) et dicere (+ dire). littéralement *parler
systématique des mots, dont le second élément est
contre qqn ou qqch.n. d’où ‘s’opposer à..
à initiale consonantique, a été recommandée. -Le
seul dérivé de contre est le verbe CONTRER v. tr. t Le Vex%ea eu en ancien et moyen français le sens
(18381,terme de jeux de cartes puis de sports passé général de *s’opposer à. refuser, empêche- (en-
dans l’usage avec le sens figuré (1933) de -riposter- core au xwe s.l. Il s’est restreint à un fait veràal. ex-
(>oQs.).oSURCONTRER v.tr. (19131s’emploie au primant le fait d’opposer à une mation une opi-
bridge pour =contrer le contre de O’adversaire)~, nion contraire (1165-11701. En ce sens, il est
d'OùSURCONTRE Il.Ill. (1933). employé également à la forme pronominale (xv’ s.).
0 voir com. ENco-. MALENCONTREIJX. m- oPar extension, il est employé en dehors d’un
CONTRERI les composésen contre-figulwt à Yautreélément. contexte verbal au sens de *aller à l’encontre de.
démentti et, spécialement en droit, copposer des
CONTREBANDE n. f. est l’adaptation (1512). pièces à celles de la partie adverses (1549).
avec changement de genre par attraction de . Contredire a produit deux noms relativement peu
bande*, de l’italien contmbbarufo. n.m. Ce mot, usités, par substantivation de ses participes:
employé depuis le début du xwe s. dans la locution CONTREDIT n. m. (v. 1170) est réservé soit au do-
di contmbbmdo +ms payer de tribut.. est maine juridique, soit au style littéraire (1541) au
composé de contra (+ contre) et de banda l-ban); sens d’+fiïrmation que I’on oppose à ce qui a été
il désigne donc proprement l’infraction commise dit=. Il est toutefois usuel dans la locution sans
contre les défenses publiées par ban. contredit =assurément~ (v. 11701. 0 CONTREDI-
t Le mot concerne le commerce frauduleux prati- SANT.ANTE (V.1450) est qu&m?nt revenu à Un
qué en infkaction aux lois d’un pays et, par métony- emploi adjectif dans le langage juridique (1690).
mie, la marchandise donnant lieu à ce trafic. Les CONTRADICTION n. f., d’abord contmdictiün
connotations ont évolué, en fonction des interdits (v. 1120), est emprunté au latin impérial contradic-
COQUELICOT 890 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

coccygiu désignant un arbre. n’est étayée par au- COQUET -a COQ


cun fait précis.
COQUILLE n. f., d’abord corquille (v. 1170)
(Le mot a désigné un oiseau imaginak mon,-
puis coquille (1267-12681,est issu d’un latin wlgaire
trueux. Comme chimère, il a reçu le sens figuré de
“con&&, neutre pluriel pris comme féminin
~illusion, fantasmez d’où. spécialement, ‘balivernes
du latin classique conchylium =Coquillage- et
lavec me extension métonymique pour ‘personne
*poorpre~ en particulier. Le mot est emprunté au
qui raconte des sottises& ll relève d’on usage ar-
grec de même sens konkhulion, diminutif de
Cha%nt ou burlesque.
konkhê l- conque), et croisé avec le latin coccwn
COQUELICOT n. m., d’abord coquelicoq (+ coque).
(15451, coqu&coz (au pluriel, 1547). est la variante +Apparu avec l’ancien sens figuré de -chose sans
de l’ancien français coquerico qui est lui-même valeur-, coquille désigne proprement (12137.1268)
l’ancienne forme de cocorico, l’onomatopée du cri un mollusque et sa coque. La dénomination part-
du coq. Coquerico, d’abord utilisé pour désigner le cdière coquille Saint-Jacques s’explique par le fait
coq (13391a aussi servi à désigner la fleur rouge des que les pèlerins allant à Saint-Jacques-de-Compos-
champs (xv1~s.1pour sa ressemblance avec une telle fixaient une valve de ce coquillage à leur mari-
crête de coq. teau et à leur chapeau (usage imité par ceux de
4 Le mot a repris et gardé le sens de *fleur rouge Saint-Michel et par les coquillards [voir plus loir&
v& qu’avait co9uwico. Par comparaison ou méto- Comme conque, co9uiOe désigne par métonymie le
nymie, il est employé pour des objets carztérisés motif ornemental et architectural représentant
par leur rougeur, en particulier les joues et, en &I‘ une coquille. Par l’intermédlalre de locutions
got ancien, un ceil poché par un coup de poing. comme en mqtdlfe, il s’est étendu à tout objet de
forme analogue (1376: dès 1362, en latin médiéval
COQUELUCHE n.f. (1414) est d’origine ob- coquühid et, par métonymie, à on mets servi dans
scure: on ne peut guère y voir une altération une coquille ou dans un récipient creux portant ce
d’après capuche* de l’ancien coquille, indirecte- nom. 0 Moins par analogie de forme que de desti-
ment attesté au sens de -coiffe> par son dérivé co- nation, coquille désigne un appareil de protection
9uük (du x& au xv? s.), compte tenu de l’origine du bas-ventre dans les sports de combat. 0 Dans le
et de la date d’apparition de capuche. Il est cepen- règne naturel, l’appellation s’est étendue à
dant possible que coqueluche soit formé d’après d’autres animaux que les mollusques (13931, puis,
coque* ou coquüle*, mals au terme d’un processus par confusion avec coque*, aux œuf% (1393) et aux
inexpliqué. enveloppes dures de certains fruits: il y est de
6 Le passage du sens ancien, -sorte de capuchon>, moins en moins concurrencé par coque, qu’il a qua-
au sens moderne de -maladie infectieuse caracté- siment éliminé. -Le sens figuré inattendu de
risée par un rhume, des maux de tête et par une -faute dïmprimerle~ (1723) s’expliquerait soit par
toux tenace> (av. 1453) n’est pas plus clair que l’éty- l’ancienne locution (1350) vendre ses coquiues
mologie du mot: d’après les premiers témoi- strompen (en vendant des choses sans valeur), soit
gnages, on peut supposer que le nom de la maladie par allusion aux fausses coquilles Saint-Jacques de
lui vient de ce qu’elle s’en prend directement à la prétendus pèlerins ou, encore, à la forme de ter-
tête et que de nombreux malades se couvraient taines lettres retournées; aucune de ces expllca-
d’un capuchon. ou bien la sentaient lourde et tiens n’est stie.
chaude comme s’ils avaient porté un capuchon. En bCOQUILLETTE n. f. (fin XU”S.). employé en an-
tout cas, une étymologie populaire est intewenue, cien français au sens de -petite coquille=, a été re
appelant cette sorte de toux chant du coq. Quant à pris ldéb. >o<es.) à propos de pâtes en forme de pe-
déterminer s’il s’agit bien, dès 1453, de la maladie tites coquilles creuses. -Avec un autre Su&e, on a
infectieuse infantile que nous nommons coque- formé 0 COQUILLARD n.m.(1455,CoquüZar).HiS-
luche klairement détie en 17921,cela n’est pas toriquement. le mot désignait un mendiant qui se
établi. Il semble que Michelet (1680) décrive bien la faisait passer pour on pèlerin de Saint-Jacques en
m+die moderne, alors également appelée quinte. tiant des coquilles à son vêtement. C’est peut-être
0 A partir de 1625. le mot a développé le sens fi- là l’origine du nom donné aux malfaiteurs (xv” s.)
guré de spersonne dont tout le monde s’éprends appartenant à une bande ayant ses apprentis, son
dans être la coqueluche de... (on disait aussi maître et son chef, nommé Roi de la Co9uiue. Entre
prendre la coqueluche pour qqn -en être amou- autres méfaits, les coquillards mettaient en gage
reux4 sens où coquduche signü?e =Capuchon> et des bijoux truqués. c’est pourquoi on a aussi voulu
qui procède du même emploi métaphotique que voir dans leur nom un dérivé de coquille au sens de
être coi&, toqué de (6. coiffe, toque). chose fausse, tromperien. 0 Un homonyme Q CO-
c L’ancien sens de coqu&che s’est prolongé dans ~~~~~~~~,anciennomdel'œile~-~~got(enco~-e
COQUELUCHON n. m. @inXV”~.) mpetit capuchom, dans se tamponnerle coquillanl 1878), seraitissu
quelquefois employé, après une description méta- par métaphore de coquiue. L’argotier Ftigaud en
phorique de BulYon. à propos des plumes recou- fait me variante de cocati-tocard et certaines hy-
vrant la tête des oiseaux ti xvnr” s.). -Le sens mé- pothèses le rattachent à d’anciens sens obscènes
dicalaprodult COQuELuCIIEuX,EUSEadj.&~. de coquille ‘membre vi& et =Sexe de la femmes.
(18691,‘atteint de la coqueluchen. -COQUILLIER.IÈRE adj.(1571).=enformedeco-
quille*. assume également les sens de ‘qui contient
COQUERET --a COQ des coqulllesn (17521 et -qui concerne les coqti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CONTUMACE
+ Apparu avec le sens religieux latin, le mot s’est sous sa surveillance= (1895) et &re en mesure de
laïcisé avec le sens de =qui regrette une erreur déclencher, d’arrêter, de régler km phénomène,
commises Cv. 13601. Par métonymie, il qualifie une un processus)~. -Du verbe sont dérivés les adjec-
attitude, une voix, une physionomie exprimant le tifs CONTFlÔLÉ.ÉE p.p. et CONTRÔLABLE
repenti (av. 1695; de nouveau 1830). (19001. o lls ont été précédés par les prétïxés en ti-,
.Le nom correspondant CONTRITION n. f. INCONTR~LÉ.ÉE adj. (1794) et INCONTRb
Cv. 1120) a d’abord été emprunté au bas latin contri- LABLE adj. (1819;~me fois en 1614, sous la forme
tio avec son sens étymologique d’wztion de broyer, archaïque tmontemloble), ce dernier employé de-
de détruirez, disparu au xvr”siècle. Il a repris puis 1926 au sens de “que l’on ne peut maîtrisez
Iv. 1200) sa spécialisation ecclésiastique de *regret d’après I’anglais uncontmlobk.
d’avoir péché> et s’est lskisé (1393) pour démords, Le verbe a aussi produit de bonne heure CONTRÔ-
repentti. LEUR, EUSE n., d’abord countreroullour (1292) et
c0ntrerollon.r (v. 1310; forme encore attestée en
CONTRdLE n. m. est formé (1367) de contre’ 1660 1. puis controlkur (1320). Le mot a été précédé,
et de rôle* au sens juridique de *registre>. pour comme contrôle et contrôler, d’une forme latine
remplacer contrerok?, écrit (1242) contrerooulle em- médiévale contndator (v. 1290). 0 Son évolution l’a
prunt au latii médiéval contrcwotius (12421, de mené de =personne qui tient un registres à sper-
contra et r0tak.s t+ rôle). La forme moderne (1422. sonne chargée dune vérifications. réalisé dans cer-
controZk; 1611. contide; xwf s. avec accent) ré- tains titres (1379. contrôleur général). Aussi em-
ployé adjectivement (1400). il a reçu le sens figure
sulte dune superposition syllabique -observable
aussi dans irlolâhe - et a éliminé contre-rôle vers de *personne qui surveille de facon malveillantes
1732. cv. 1460).

+Le mot désigne proprement un registre kôle) CONTROVERSE n. f., d’abord contmversie
tenu en double, l’un servant à vérifier l’autre (d’où (12361, forme encore attestée en 1637, puis conho-
contrel. Le français moderne garde trace de cet an- verse (12851, est emprunté au latin conhoversia
cien sens dans le terme militaire contrôle (1802) =discussion, débat= et, dans une discussion juri-
*état nominatif des personnes qui appartiennent à dique, &igen, dérivé de controverse, de contra
un corps=. o D’après la fonction de vériikation du l-contre) et versus *tournés (+vers, prép.), litté-
registre, le mot a pris, par métonymie, son sens ralement *tourné vis-à-v& d’où =discut&.
moderne de wkhïcation~ ki’actes, de droits, de do-
+Le mot désigne une discussion argumentée, une
cuments) 114191. oPar extension, il s’est répandu
contestation sur une opinion et, par métonymie,
dans l’usage général avec le sens figure de esurveil-
l’ensemble des éléments contrsdictoires du débat.
lancez (v. 156~3).Par métonymie, il désigne le moyen
Il s’est spécialisé en théologie en parlant d’un débat
d’opérer une vérihcation en orfèvrerie, soit le pain-
sur les points litigieux de la doctrine (1636).
çon appliqué sur tous les ouvrages d’or et d’argent
avant leur mise en vente (1771); il s’applique parfois rLe dérivé CONTROVERSISTE n.m. (1630). Créé
au heu où s’opère une vérification (1835, en parlant enthéologie,résJise aussile sensgénéral de =per-
des billets de théâtre) et à l’ensemble des contrô- sonne habile à débattre> (18431, vieilli et remplacé
leurs de l’administration (1845). -Sous l’influence par l’anglicisme débatteur Idebaterl. - CONTRO-
de l’anglais control, il est employé à propos de la VERSER y. tr. (15791, emprunté au k%tm COnbOVer-
vérification du bon fonctionnement d’un appareil. sari, s’emploie surtout à la voix passive, en général
Cette influence est responsable du second sens de et dans sa spécishsation religieuse (1610).
contrôle, apparu au ti s., ~maîtrise de soi-mêmes
(de l’anglais self-contml) et =maîtrise de qqch.,. CONTUMACE n. f. est emprunté (1268) au la-
o SELF-CONTROL n. m. est lui-même passé dans tin contumocio ‘entêtement= (des animaux, des
l’usage courant (18831 où, critiqué, il subit la rivalité hommes). .fiert& (en bonne comme en mauvaise
de sang-froid. ~L'a@=& BIRTH-CONTROL part). Contwnocio est lui-même dérivé de l’adjectif
(19141, parfois utilisé en français, a été traduit en contumcu <fier, obstinés, ancien terme de la langue
contr& des naissances (1933) avant d’être sup- rurale appliqué à un animal, étendu aux êtres hu-
planté par contraception. mains et spécialisé dans le langage juridique au
sens de ~réfractaire~, contumacia s’appliquant spé-
rLedérivé~0~~~B~~~v. tr.,précédéparlelatm
cialement à l’absence obstinée d’un pl-évenu. Les
médiéval controrotulare (12981, a suivi l’évolution
Anciens rapprochaient contumax soit de contem-
graphique du nom, de conhe rokr (v. 1310) à
nere *méprise- t+ contempteur), soit de tarnere
contmokr (1446) et enfin à contrôkr (1563; 1740,
-gontler (sous l’effet de l’orgueil)~ t+ tumeur).
avec accent). oLe sens premier, -vérifier des
comptes au moyen d’un second regisbw, a disparu +Le mot, introduit simultanément au sens de adé-
au profit du sens aujourd’hui courant (1437) ~SOU- sobékssnce* et au sens juridique de *non-compa-
mettre à une vérification=. Fn procèdent une ex- rution du prévenu devant le tribunab, n’a gardé
tension hgurée pour wéritïer, critiquep (1541) et que ce dernier après le XVI~” siècle. La locution par
une spécialisation en orfèvrerie t 1740). 0 La valeur contumace (1536) cen l’absence de l’accusé- em-
de ~maitriser, dominer-, attestée en 1662 (Pascal), a ployée dans la procédure, donne heu à un emploi
été reprise au ti s., notamment dans se contikr métaphorique dans le style littéraire.
(1910) et dans con&ôkr ses nerfs (1915). ~L’in ~CONTUMAX, CONTUMACE adjq réfection de
fluence de l’anglais se fait sentir sur les sens savoir contumaus bon”s.), est emprunté au latin contu-
COFLAIL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

hors trois sens isolés, a été largement supplanté cuwwl et aurait été importé en Gaule par des co-
par corne. lons originaires des régions d’Italie où l’on relève
0 voir CORON. ce passage de -n>- à -rb- (Toscane).Conus, de
même origine expressive que cor& (+ corneille),
CORAIL, AUX n. m., d’abord cor& (av. 11501, désigne en latin non seulement l’oiseau mais, par
puis couraü (1328) avant corail (14161,est issudubas analogie de couleur, un poisson noir et. par analo-
latin corallum, altération du classique corallium. gie avec le bec de l’oiseau, un scalpel et une ma-
Ce dernier est un emprunt au grec horallion (éga- chine de guerre en forme de grappin.
lement kouralion et kôrallion), mot lui-même pro-
bablement emprunté. On a proposé d’y voir une (Le mot, non pas en ornithologie mais dans la
dérivation de korê alos &Ile de la mer>, par calque langue commune, désigne plusieurs oiseaux de la
sémantique d’une expression indienne analogue même famille &xx, comeüle, etc.), le grand cor-
ou bien un emprunt sémitique, sur la base du mot beau étant devenu très rare en France aujourd’hui.
hébreu gdrcü <petite pierre*. La forme française ac- oPar analogie avec le bec de l’oiseau, il désigne
tuelle en -ail est une réfection de l’ancien coral à (1230) en architecture une grosse pierre faisant
partir du pluriel en -aux, qui ne l’emportera défini- saillie sur un mur et destinée à supporter une par-
tivement qu’au ~111~siècle. tie qui dépasse, dite encorbellement (ci-dessous).
Par latinisme (1567. en antiquités romaines), il se
+Le mot désigne un organisme marin des mers
dit aussi d’un grappin d’abordage utilisé autrefois
chaudes qui sécrète un squelette calcaire &JO-
sur les galères. 0 Au XIX~s., le symbolisme de l’oi-
restent, longtemps assimilé à tort à un végétal, et
seau se chargeant de valeurs négatives (oiseau
surtout, par métonymie, la matière calcaire qu’il
noir, de mauvais augure), il a reçu dans la langue
sécrète, employée en bijouterie. Il est aussi em-
populaire plusieurs significations péjoratives : il
ployé (1549) comme nom de couleur, spécialement
dans serpent corail, elliptiquement coraü (1775). désigne un prêtre (1845). un croque-mort, voire un
homme sans scrupule acharné au gain (1882) et,
ru a Servià fOrTTEr CORAILLEUR.EUSELLdj.et n. spécialement (ti s.), un auteur de lettres ou coups
(16791,=Personne qui pêche le corail> et (1869) xba- de téléphone anonymes.
teau utilisé pour la pêche au cora&, par ellipse de
navire corailkur (18291. -L’ancienne forme coral tL'ancien synonyme de corbeau, CORBIN n.m.
est à la base de l’adjectiflittéraire CORALLIN. INE I~II~~.), hérité de l’adjectif latin corvinus edu cor-
(1509). “rouge cora&, et de CORALLIEN,IENNE beau=, a seulement survécu comme terme tech-
adj. (18661,=formé de coraux~. -CORALLINE n.f. nique dans bec de corbin et comme adjectiti, pour
(1567), qui désigne une algue marine rouge à quali6er un nez ou un bec. 0 Son féminin COR-
concrétion calcaire, est l’adaptation du latin scien- BINE n. f. kvnres., Btionl a désigné la corneille
tifique corallirw (15361,dérivé savant de corallum. Il dans certaines régions -Le petit du corbeau est
est passé en chimie comme dénomination d’une appelé CORBILLAT n.m. ~V?S.) ou CORBILLOT
substance COlOIY%de rouge (1835). -CORALINE (d’usage rare). D’après l’ancienne forme de cor-
n. f. (1694) est un autre nom de bateau affecté à la beau, corbel, pris comme terme d’architecture, on
pêche au corail a formé encorbellement*.
0 voirCORMORAN,
ENCORBELLEMENT.
CORAN n. m. est emprunté (~VS.) à l’arabe
qur’dn -lecture*, spécialement sla lecture par ex- CORBEILLE n. f. est issu (v. 1160) du bas latin
cellence, soit le livre sacré de 1’Islam~. Le mot est corbicula -panier léger en rotim, diminutif de cor-
dérivé d’un verbe qaraa sigoifumt &re, réciter=. Le bis #panier-+. lequel appartient à une série de mots
moyen fran@s a eu la forme alchoran et alcoran d’origine méditerranéenne désignant des objets
(fin xv” s.l. avec soudure de ai- qui représente l’ar- tressés, notamment d’usage agricole.
ticle arabe (+ alchimie, alcool, algèbre), peut-être
d’après l’espagnol alcoran (XIII” s.l. Par suppression +Le mot désigne un panier léger et, par une méto-
de al-, le xvse s. a introduit la forme moderne koran nymie courante pour les noms de contenants, son
(1657) puis coran. contenu. On appelle ainsi corbeik de mariage
+ Le mot désigne le livre sacré des musulmans. Par (1762) l’ensemble des cadeaux offerts parle fiancé à
sa future épouse (à l’origine disposés dans une cor-
le même type d’extension figurée que bible, mais
dans une moindre mesure, il est employé littéraire- beille). oPar analogie de forme, corbeüle est de-
ment au sens de =livre de chevet, code moral ou re- venu un terme d’architecture (16901,pour la forme
liglewe. génératrice du chapiteau autour de laquelle se
groupent les ornements, et d’horticulture (17981,
~CORANIQUE adj.a été refait à partir de coran
pour un massif de fleurs Au wr” s., il a développé
(1877, Renan), longtemps après l’abandon du d’autres acceptions analogiques, désignant, à la
moyen !Yançais okoraniqw (1575). Bourse, l’espace circulaire entouré d’une balus-
CORBEAU n. m., d’abord corbiaus (xn”s.). est trade réservé aux agents de change (1855) et, au
issu par voie orale d’un latin populaire “corbellus, théâtre, le balcon situé immédiatement au-dessus
diminutif d’un “corbuslui-même à l’origine de l’an- de l’orchestre (1883). Il a aussi fourni deux noms de
cien français corp, au pluriel cors (v. 1120). que cor- fleurs (1829, cwbeille d’or; 1867, corbeille d’argent).
beau a évincé. Ce “corbus pourrait être une va- l Enaété dérivé CORBILLON~.~.~~~., corbeti-
riante dialectale du latin classique corws (qui a Ion) *petite corbeilles puis *jeu de société où, à la
donné l’italien cor-vo, le portugais corvo, le castillan question Que met-on dans mon corbüh?, les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 881 CONVENTION
torses, y compris à l’écrit. un sens ultérieur (15381, CONVENUE n. f. (V. 11701, malheur iIISuCcèsn,
wxrespondre à, concordez (en parlant de deus vieilli au XVII~s., a été repris avec la valeur afhdblie
choses), n’a pas vécu. 0 Quant au sens propre latin, de <désappointement= (1822, Stendhal! demeurée
~s’sssembler, se réunir= (12831,malgré la spécialisa- très vivante.
tion juridique, &ire comparaître en justices (14321
et le soutien de 0 convention, il s’est éteint à l’épo-
que classique. CONVENTICULE n. m. est emprunté (1384)
t CONVENANCE n. f. tfm XI~ s.1 est dérivé de l’an- au latin conventiculum -petite réunions, souvent
cien ksnçals cohhwwzt -entente mutuelle sur un péjoratif diminutif de conventus *assemblée, ré-
certain sujet, accords, participe présent substar- union. b couvent1.
tivé de convenir. II est formé avec un suffme -once, 4 Le mot, qui a gardé le sens et la valeur péjorative
d’après le latin convenisntio ‘accord parfait, bar du mot latin, est peu répandu. Par ironie, il a été
mornes. Apparu avec le sens ancien de xpactem Iat- appliqué au &a à un petit groupe obscur
testé jusqu’en 16881,convenance a acquis (15041ce- d’hommes de lettres et d’artistes (1826, Balzacl.
lui de ‘conformité entre deux choses>, fortement
concurrencé depuis par concordance et correspon- 0 CONVENTION n. f., d’abord convention
donce. La locution mariage de convenance( 1798)se (1456-14671,est emprunté au latin cowenti, dérivé
rattache originellement à cette acception mais elle du supin de convenire t-convenir) avec le sens
est aujourd’hui tombée dans l’attraction du sens propre d‘sssemblée~ (6. Q convention, pour
moderne dominant, <fait de se conformer aux l’autre valeur du latin).
usages* (17401. qui a une extension métonymique 4 Le mot, introduit au sens latin d’*sssembléen, n’a
en <règle du bon usages (1762. les convenances). pas réussi à s’imposer durablement au-delà du
L’idée de -ce qui est approprié à qqn, se maintient XVI~siècle. 0 Il a été repris en 1688 en politique an
encore dans la locution à la convenancede Cv.1790). glaise comme calque de l’anglais Convention .a.+
& la commodité particulière de*, et l’expression semblée extraordinaire du Parlement Anglaise
convenance personnelle. -Le mot s’est doté de (16691, mot de même origine. Il désigne en poh-
deux antonymes, DISCONVENANCE n. f. (14881et tique américaine une assemblée chargée d’établir
INCONVENANCE n.f. (15731, qui se partagent une constitution (17771 d’après l’angle-américain
entre l’expression de ce qui ne convient pas et, sur- convention (17201.0 Ces deux emplois ont prépare
tout, celle de ce qui est contraire aux usages. son acclimatation en politique française au début
CONVENABLE adj. (v. 11601, proprement =qui de laRévolution (17891.Il désigne alors l’Assemblée
convient> et, en parlant d’un homme, ‘qui convient qui a dirigé la France de 1792 à 1795 (décret du
à sa mission, accomplis Iv. 117Ol,a reçu à l’époque 10 août 1792). 0 Un nouvel emprunt à l’anglo-smé-
classique le sens moral de <conforme à la bien- ricain concerne le congrès d’un parti américain en
séances (16111. qualifiant aussi une personne vue de désigner un candidat à la présidence et à la
*comme il huit= (18031.Par affaiblissement du sens vice-présidence (1866). Ce sens tend à être apph-
initial au XY s. l’adjectif qualifie ce qui est accep- qué par américsnisme à la vie politique d’autres
table (un repos, un füm convenable), par la même pays, et parfois de la France.
extension que correct et décent. oLe dérivé
CONVENABLEMENT adv. @n mes.) est au- . @ CONVENTIONNEL, ELLE adj. et Il. Ill. est ap-
jourd’hui fréquent avec le sens affaibli de l’adjectif paru sous la Révolution (17921pour quahfier ce qui
hanger, être logé... convemblementl o L’anto- se rapporte à la Convention nationale et désigner
nyme préfixé INCONVENABLE adj. (1381) a vieilli un membre de la Convention nationale (17951.À la
et a été éliminé tdéb. xx? s.1 par inconvenant (ci- diEérence de cowsntion, ce mot est resté un terme
dessous). -CONVENANT, le participe présent ad d’histoire.
jectivé Iv. 12751, a lui aussi régressé au profit de
convenabk, avant d’être réintroduit en droit (16401 0 CONVENTION n. f., d’abord convention
comme substantif, par emprunt à l’anglais cove- (av. 1350; 1268, d’après Bloch et Wartburgl, est em-
naflt ~%~ord. alliance>, lui-même repris de l’ancien prunté au latin conventio, -0ni.s t+ aussi 0 conven-
substantiffrançais de même sens (v. 11501.Cette ac- tion) au sens deaccord de plusieurs parties sur un
ception a disparu elle aussi sauf dans l’expression sujet pr&is=.
bail à convenant (1845, en Bretagne). o Son anto- +Le sens latin, passé en fmnçais, a connu une
nyme INCONVENANT,ANTE adj. (1790) est de- grande fortune dans le langage juridique et cou-
venu courant et a supplanté le doublet DIS- rant, notamment dans l’sdministration, la diploma-
CONVENANT, ANTE adj., formé sur la participe tie et les accords internationaux IConvention de
présent de DISCONVENIR v. tr. lnd. (15611,repr& GemiveL les conditions de travail fconvention col-
sentant le latin dixonvenire. -CONVENU. UE adj. Zectivel. Par métonymie, il désigne une clause dans
(14831, adjectivation du participe passé, signiile -aa- un accord (18041.oLe mot, à partir du XVIII~~., se
signé par un accords; il a développé d’après rencontre dans l’usage co-t à propos de ce qui
conventions la valeur morale péjorative Iv. 1890) de résulte d’un accord réciproque (av. 1703l, par oppo-
-conforme aux conventions, artiiciel~ qui le rap- sition à ce qui est naturel. En ce sens, on nomme
proche de conventionnel. oSon ancien emploi conventions (au pluriel) ce qu’il est convenu de pen-
substantivé au féminin, CONVENUE #situation, af- ser ou de faire dans une société donnée (cf. conve-
faire, (xmes.l. spécialement abonne fortune, profits nancesl, souvent avec une nuance péjorative, et on
(15301, a disparu alors que son contraire DÉ- emploie la locution adjective de convention (17611.
COFiDIAL 894 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de -groupe de grimpeurs attachés par une cordez avec la fabrication industrielle des chaussures : le
maf3). cordonnier s’est uniquement vu confier les travaux
0 voir coaLmLÈm. GOURDIN. MONOCOFWE. de réparation, le passage au sens moderne se li-
sant dans l’état intermédiaire cordonnier de répa-
CORDIAL, IALE, IAUX a&. et n. est em- ration (1926); ceux qui désirent à présent des
prunté (1314) au latin médiéval cordialis *relatif au chaussures sur mesure s’adressent à on bottier
cceu~ Cv.12101, cqui a des qualités de CO~UP (+ botte) Les anciens noms de profession corvoisier
(v. 13201, dérivé du latin classique cor, cordis et sueur survivent comme noms de famille, avec
(- co?url. Cowisart Gx-minel, Courvoisier (Franche-Comté),
4 Le sens objectif et médical, -relatif au coeur*, est Crouvoisier (Moselle) et, d’autre part, Sutter (ML&
sorti de l’usage, sinon avec la valeur de aqui fortifie housel, Sueur, Lesueur, Suire hnciens cas répime et
le cceur~. substantivé (1495) comme nom d’une po- cas sujet, surtout Nord-Ouest) et, dans le domaine
tion qui fortifie le cceur. 0 L’adjectif est usuel avec occitan, Sudour (Sud-Ouest) et l’ancien cas sujet
le sens psychologique de cqui a des qualités de Sudre.
coeur- Cv.1450). Il exprime une idée de chaleur, de b CORDONNERIE n. f. (1532) est la réfection de
vivacité et, quelquefois. s’entend par antiphrase l’ancien cordouannerk (12361,dérivé du radical de
haine cordidd. cordouannier.
, En ont été dérivés CORDIALEMENT adv. (1393,
cOrdi&?mt?nt) et CORDIALITfi I-I. f. (1450) qui Ont CORIACE adj. (154% d’abord écrit con&
suivi l’évolution de sens de l’adjectif le premier (15311,est probablement emprunté au bas latin co-
étant devenu courant dans les formules épisto- rimeus <de cuir-, mot qui, par l’italien corcma, a
laires, peut-être par calque de l’angle-américain donné le fi-ançais cuirasse*. Il est dérivé de corium
cordiauy Icordiakment vôtre). (- cuir).
CORDILLÈRE n. f., d’abord francisé en corde- $ Du sens imtial, =souple, flexible- en référence à la
lière (1611). puis cordülière (1801) et cordillère (1838). souplesse du cuir en lanières, on est passé au sens
est emprunté à l’espagnol cordilkra -chaîne de moderne de -dur. résistant> par référence à un
autre caractère du cuir (6. cuirasse). Employé SUT-
montagnes, (1601). Ce dernier est dérivé de cuerda
-cordes, employé ici métaphoriquement (-corde). tout pour qualifier un aliment (en particulier la
La première forme fi-ançaise kordeliere cle mon- viande), le mot est également employé au sens fi-
guré de =tenace, inflexibles, parfois =avare= (1694).
tagnes, 1611) est une adaptation du mot espagnol
d’après cordelière <ceinture. cordon tressés. •E~ sont dérivés CORIACEMENT a&., CORIA-
CITÉ n. f. (1844; une fois corhceté, au mes.), tous
*Le mot est courant, généralement avec une ma-
juscule, en parlant d’une chaîne de montagnes en deux rares.
pays de langue espagnole; avec une minuscule, il
est parfois employé dans la description d’on relief
CORIANDRE n. f. est emprunté (X~I” s 1 au la-
quelconque. tin cofiandrum, lui-même emprunté au grec ho-
rianmn, parfois abrégé en horion; on a évoqué un
CORDONNIER n. m., d’abord cordoennier rapprochement avec koris *punaise>, d’après l’idée
(déb. XIII~s.), puis cordonnier (v. 12551,est dérivé de d’odeur forte, mais la neutralisation de l’idée de
cordouan (1168; av. 1150, cordoanl =Cuir de Cor- mauvaise odeur est peu vraisemblable : le mot grec
doues, lui-même emprunté à l’espagnol mozarabe est probablement d’origine méditerranéenne.
de même sens cordob&, de Chdoba <Cordoue%. 4 Le mot désigne à la fois la plante et. par métony-
ville célèbre pour le travail du cuir apporté par les mie, sa graine utilisée comme condiment.
Arabes. L’altération que l’on note entre la forme at-
testée en latin médiéval corduanatius (1100) et la CORINTHIEN, IENNE dj. et n. est dérivé
forme actuelle cordonnier s’explique par I’in- Cv.1530) du nom français de la cité grecque de Co-
fluence de cordon*. rinthe.
+ Cordonnier a concurrencé et supplanté l’ancien *Le mot s’applique spécialt à un ordre d’architec-
français sueur (encore au xv” s.l. représentant du tore caractérisé par un chapiteau (dit aussi cotin-
latin sutor -cordonniers, ainsi que con>oisier, corvei- thienlorné de deux rangs de feuilles d’acanthe et
sier, dérivé de cowois, premier nom du cuir de Cor- de volutes.
doue adapté du latin cordtiensis. Corveisier aurait
cédé la place à cordonnier parce que, d’abord ap- CORMORAN n. m. est la réfection. en cormo-
pliqué exclusivement aux artisans qui fabriquaient rant (1379) puis cormoran (15501, de l’ancienne
des souliers neuf%, ou de luxe, il a été usurpé par forme cormareg ou cormareng attestée au XII~s. : le
ceux qui réparaient les vieux souliers. On aurait passage du a au o s’expliquerait par une assimila-
ainsi ressenti le besoin d’un nouveau nom pour tion progressive avec le o de la première syllabe ou
ceux qui fabriquaient les souliers neufs : ce fut pen- bien (moins vraisemblablementl par lïnfIuence du
dant très longtemps la fonction du cordonnier car, breton mer .-mer= et du nom breton du cormoran :
jusqu’au xvnPs., le travail de réparation était mer-wan, littéralement =Corbeau de mers. Corma-
l’œuvre des savetiers (cf.savate). On garde une reg ou cormareng, scorbeau de mer=, est probable-
trace de l’ancien sens de cordonnier dans le pro- ment composé de l’ancien français corp =corbeaw
verbe les cordonnie~2 sont toujours les plus mal C-corbeau) et de l’adjectif”mareng amarinn, égale-
chaussés. 0 La situation s’est modi6ée au ti s. ment attesté par le régional pie marange (Ouest).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 883 CONVIVE

chose en une autre,, apparu de bonne heure gieux et repris au &s. en économie, et RE-
(v. 11201, tend à vieillir, excepté en parlant d’argent, CONVERSION n. f. (18741, lui aussi utilisé dans un
d’une rente (16901, et en termes de logique (16901, contexte économique (dep. 19451.
de finances, de mathématiques (1872, convertir une
flUdiOil1. CONVEXE adj. est emprunté (v. 13701 au latin
l Le participe passé CONVERTI, 1~. substantivé cowexus *courbe, bombé, (dep. Cicéron), souvent
(av. 13001 en parlant d’une personne amenée à une appliqué au ciel. Cet adjectif en cum =avecB (+ CO-)
reliaon, est employé spécialement sous la Ftévolu- est dérivé d’un “vexus, peut-être à rapprocher de
tien pour désigner le nouvel adhérent à on parti; vexare (+vexerl malgré la grande différence de
au figuré, on emploie au XVIII~~. (av. 17781 la lo- sens.
cution prêcher WI converti. -La plupart des défi- + Convexe, antonyme de conccwe, est employé spé-
vés se rattachent au sens concret du verbe: cialement en géométtie (polyèdre convexe, 17651.
CONVERTISSEMENT n. m. (XIII” S.1 est StriCtement tll a produit le préfixé
BICONVEXE adj. (1766
d’uSagetia&eret CONVERTISSEUR n. m. (1530, bi-convexe, d’Alembert1 et fourni le premier élé-
formé sur le participe présent), =Personne opérant ment des composés CONVEXO-CONCAVE et
des conversions religieusesa, a changé d’emploi CONVEXO-CONVEXE. -CONVEXITÉ n. f. est
quand le mot s’est appliqué @n XIX~ s.1 à des appa- emprunté (14501 au latin impérial convexitas, dé-
reils techniques, en mécanique, meunerie, électti- rivé de cowexus.
cité, et en métallurgie où on parle aussi de
CONVERTISSAGE n. m. (19291. -L’adjectif dérivé CONVIER v. tr., d’abord cunveer (11251, cunvier
CONVERTISSABLE (13901, attesté aux deux sens, (1160-I 1741, est issu du bas latin “contitare W s., la-
et son antonyme INCONVERTISSABLE (17521 Sont tin médiéval) =inviter à un repas, à une réunions.
fortement concurrencés par les adjectifs Lui-même résulte probablement du croisement de
CONVERTIBLE (1285, du latin convetiilisl et IN- invitare (-inviter) et de “contitium afestins
CONVERTIBLE (1546, du latin incOn~etiili.3). Ap- (+ convlvel.
paru en français avec le sens pris en latin chrétien, 4 Le verbe s-e proprement =inviter à un repas*
convetibk est employé spécialement en logique et, par extension, & une réunions, et a reçu comme
(13701. en 6nance et en musique. Récemment, inviter un sens figuré, kwziter qqn à faire qqch..
d’après l’anglais convertible, il qualifie un meuble (1160-11741, l’usage moderne imposant la construc-
(lit, etc.1 que l’on peut transformer pour un autre tion convier à au lieu de l’ancienne, convier de. Ce-
usage. 0 son dérivé CONVERTIBILITÉ n. f. (1265: lui-ci, au xvne s., a mis fin à l’emploi de la forme pro-
repris 18451 se rattache à sa spécialisation flnnan- nominale, se convier cldà -s’olTrlr à, se proposer
cière. de=, et à convier I-I. m., substantivé au sens de *r-e-
CONVERSION n. f. est emprunté (v. 11701 au dé- pas de fête>.
rivé latin conversio <action de se tourner, mauve-
k Le participe passé CONVIÉ, ÉE a été adjeCtiVé et
ment circulaire= et, spécialement, chez les auteurs
substantivé (15801 au sens d’&wit& sans connaître
chrétiens, =action de se tourner vers Dieu>, -retour
une expansion comparable à celle d’invité et sur-
à la vraie foin; c’est également un terme de logique
passé par l’emprunt convive.
grammaticale. 0 Le mot a eu en ancien français le
sens d’zhabitationm par confusion avec l’ancien sens
CONVIVE n. est emprunté (tis.1 au latin
de comwsation. ll a également été introduit avec
contiva -imité d’un repass, dérivé de contivere
une spécialisation religieuse, lakisée en <change-
wivre ensemble> d’où amanger ensemble*, de cum
ment d’opinion> (av. 175210 Tout comme le verbe,
(b CO-) et vivere (-vivre).
il n’est plus guère employé au sens concret de
&%nsformation d’une chose en une autren (v. 1330; + Après un essai d’introduction au xv” s., convive
repris 16111 sinon dans quelques spécialisations ap- s’est installé au XVII~ s. après la disparition de son
parues au XVII~ s. : en mathématiques (16361, logique homonyme convive -festin (11651, emprunté au la-
(16621. finance et droit (16901. 0Le sens physique tin convitium -repas, festin= (+ convierl.
étymologique, <action de se retourner-n (xn” s.; re . CONVIVIAL. ALE. AUX adj., d’abord contival
pris xr? s.1, n’est guère réalisé qu’en tactique mi& (16121, est emprunté au latin impérial conti%~aks.
taire à propos d’un mouvement tournant tir- convivialis, issu de contiva. 0 Il s’est répandu sous
culaire o ll a produit en ce sens le verbe intransitif lïnfhence de l’anglais contitial, de même origine,
CONVERSER (18351. 0 Par analogie, con?wsion et a pris récemment, d’après convivialité, des
s’est étendu ultérieurement au domaine de la nati- connotations mélioratives que n’avait pas son em-
gation et du ski, désignant le demi-tour effectué sur ploi traditionnel. -CONVIVIALITÉ n. f., apparu
place par un skieur. Au XY s., il a été repris en psy- en 1816 dans un récit de voyage en Angleterre, est
chanalyse dans la description de la somatisation emprunté à l’anglais contitility -goût des ré-
d’un contlit psychique avec une valeur symbolique. unions et festins*, dérivé de convivial. 11a été repris
Le terme religieux CONVERS, ERSE n. et adj. est en 1973, dans la traduction d’un texte en anglais
emprunté (v. 11651 au latin chrétien conversus d’1va1-1 lllitch, au sens d’sensemble des rapports
*converti*, spécialement -celui qui s’est retiré du entre personnes au sein de la société ou entre les
monde pour mener une vie plus religieuses et sreli- personnes et leur environnement social, considé-
pieux, moines (5061. issu du participe passé de rés comme autonomes et créateurs*. Conviti et
COnVertere. -6%~ préfIXatiOn, on a fait RE- convivialité sont spécialement employés en infor-
CONVERTIR v. tr. (16111, utilisé avec le sens reli- matique, en parlant d’un système informatique
COFLNIZD-BEEF DICTIONNAIRE HISTORIQUE

p&ixé, ENCORNET n. m. (1611) est l’un des noms sens de -se pnxorer km bon repas. de l’argent) aux
régionaux du calmar, animal dont le corps forme dépens d’aotnii~ et d’=émtler-, écomifkr est plutôt
une sorte de cornet: cornet s’est d’ailleurs employé littéraire a” sens figuré d-endommager, porter at-
dans ce sens (dep. 15621. teinte b. 0 En ont été tir& ÉCORNIFLELJR. EUSE
Le dimimkif féminin de corne, CORNETTE n. f. n. l1537l, ÉCORNIFLERIE n. f. (1573) et ÉCORNI-
knP s.. apr. 1250) a désigné des coiifmes féminines FLURE n. f. (1855).
à pointes (cornes). notamment des coiffes tradition- ENCORNER v. tr. (125Ol, formé sur en- et corne
nelles et, depuis le x&s.. la coiffe des religieuses *garnir de cornes=, a pris le secs figuré familier de
de l’ordre de Saint Vincent-de-Paul. 0 Au début du mmke COCU~ à la fm du xw”siècle. oll signifie
xvr” s.. le mot acquiert mie spécialisation militaire, également &tpper à coups de corne, (1530) en
désignant l’étendard en pointe d’une compagnie parlant d’on animal, notamment d’en taureau.
de cavalerie (av. 15141 et, par métonymie, le porte- -ENCORNURE n. f. (16111 désigne l’implantation
étendard (15781. ~Plus généralement, le mot dé- des cornes d’un animal.
signe des petites cornes et des formations végé- ll faut distinguer deux vemes décorner. Le premier,
tales en forme de cornes. @ DÉCORNER. est formé (XV? s.1 sur dé-, corne et
Un troisième diminutif de corne est 0 CORNI- suffixe verbal, et signifie cenlever les cornes de km
CHON n. m., d’abord attesté (15471 dans le nom emimdl~. Il est à peu près sorti d’usage, sauf dans la
d’un jeu. cornichon va devant, consistant à courir locution un vent à décornerles boeufs an vent très
en ramassant des objets au passage. Le sens du violentm. Un verbe homonyme, 0 DÉCORNER. est
mot, apetite cornes, est rapidement dégagé en em- formé de dé- et de corner et signifie *remettre à
ploi érotique (1549). 0 Cette valeur a disparu et le plat ce qui était corné, plié..
mot s’est répandu au sehs de -petit concombre= RACORNIR v., formé avec le préfixe rs-, corne et la
(18541 auquel on a tendance à rattacher les sens fi- hale des verbes du second groupe, est d’abord at-
gurés familiers de ~niais~ (18981, lequel peut aussi testé lv. 1330) au figuré pour <rendre insensible,
être fondé sur les valeurs péjoratives de comwd, se@, avant de s’employer concrètement (1611) pour
cornu, et deaspirant à Saint-Cyr- 1185% ce dernier prendre dur (comme de la corne)*, avec l’idée de
étant peut-être motivé par la métaphore désignant dessèchement, de vieillissement. oComme ses
I’école militaire par le bocal. dérivés, RACORNI, IE adj. (v. 13301 et RACORNIS-
D’autres dérivés peuvent être répartis selon les SEMENT n. m. (1743). ce verbe suggère souvent à
principales acceptions de corne. La matière donne la fois on processus physique et psychologique.
lieo à CORNÉ, ÉE sdj. et à CORNALINE n.f., UNICORNE adj. lv. 1120. comme nom fémininl, BI-
d’abord com&w lv. 1250). Le mot désigne une CORNE adj. (13021 et TRICORNE adj. (1836) sont
pierre, présentant des zones rougeâtres et brunes, des emprunts faits au latin. Le premier, substan-
d’une transparence cornée. -Le sens initial est à la tivé, a désigné la licorne et le narval. Le second et le
base de CORNADE n. f., emprunt (1652, Scarronl à troisième s’appliquent aux cornes d’en chapeau. et
l’espagnol cornado -coup de corne donné par une sont substantivés pour *chapeau à deux, à trois
vache, un taweaw, qui a vieilli. -Le même sens, cornes>.
avec une métaphore culturelle qui donne à la Corne a pour composé plaisant CORNECUL a@.
corne des animaux une valeur ironique, sigoalant qui signiiïe en argot de 1’Ecole polytechnique t 1936)
symboliquement l’homme trompé, se retrouve *beau, admirablen puis, l’ironie étant supprimée,
dans 0 CORNARD n. m., réfection sui%xale (avec *absurde, ridicules en argot militaire G. Esnaolt a
-ad péjoratif) l16081 de CO~R& 1”. 1278). d’abord relevé v. 1901 I’expression vent de comecul went
.niais~ pois W3Ol *COCU~ l+ corniaud, cornol. fort>. en argot de marine, et le rattache au breton
Quant à corne, =instrmnent produisant des sons+, il kommuk ale CO~I~, appliqué ae vent d’Ouest. Le
a Servi de base à CORNISTE II. (1821) qui s’ap- rapport des deux emplois est obscur. -A. Jwry
plique au joueur de COT d’harmonie et peut être amit forgé (1888l CORNEGIDOUILLE. jmOn plai-
considér+, ao moins sémantiquement, comme un sant d’Ubu, sur corne et @douille *bedaine>.
dérivé de COT avec une nasale de liaison. 0 VOLTCORNÉE. CORNER CORNIAUD. CORNU. CORON. IJ
Corne est aussi à l’origine de mots préfixés, panni CORNE.
lesquels des verbes. ECORNER v. tr.. formé de é-,
corne et sutfue verbal lv. 1209l, a signi!ïé %Priver km
CORNED-BEEF n. m. est on emprunt (1716) à
animal1 de ses cornes,, sens disparu au profit de
l’anglais comed beet: littéralement =bœuf conservé
décorner. o D’après la valeur de corne, sangle sail-
avec du sel, (à côté des expressions comed pork,
lant*, il se dit depuis le début du ~~1”s. lv. 16111
comed meatl. Cornai kvf s.1, -en graùls-, est dérivé
pour ‘endommager la partie saillsnte, le coin de
de com *grain (de sel, de sable, de céréalel~
(un objet, une pagelm, s’opposant en ce sens à décor-
rter (1759): il est parfois pris au sens flgwé de =r& b comtlakesl : beef wiande de bœuf~, antérieure-
ment boet: est emprunté à l’anglo-normand, ancien
doire, entamer=. -En ont été tirés ÉCORNURE
n. f. (16941 ‘éclat de chose écornées et (18461 =Partie fiançais boef: buef (+ boeuf).
d’une chose entamées. ainsi qU’ÉCORNAGE n. m. 4 Le mot est entré en fmnçais sous la forme com’d-
(1866) qui a supplanté écorne (1566). -Par composi- beef devenue com-beef au WC” siècle. Il s’est su-
tion, écorner, pris au sehs deamputer de ses tout répandu entre les deux guerres, de 1914
cornes-, a produit ÉC~RNIFLER v. tr. (v. 1441) à à 1939, le corned-beef étant la viande du soldat,
l’aide du moyen fraricais nifler t+ renitlerl et peut- remplacé argotiquement - surtout en 1914-1918 -
être du moyen français ritler ‘pille-. Familier aux par singe.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COOPÉRER
t CONVULSE, ÉE a été aussi substantivé (v. 18771 4 D’abord attesté comme nom d’une caste de la ré-
au sens de =personne qui semble agitée de convul- gion de Gudjerat, à l’ouest de l’lnde. le mot, em-
sions=, à l’époque du développement de l’observa- ployé au sens de =porteur. travailleur chinois ou in
tion clinique de l’hystérie. dien>, peut aussi s’appliquer à une femme; il reste
CONVULSION n. f. est emprunté (15381 an dérivé lié an colonislisme.
latin impérial convuk;io avec sa spécialisation mé-
dicale de =crampe~; il est entré dans l’usage con- COOPÉRER v. intr. est emprunté (14701 an la-
rant (av. 16541 désignant un mouvement violent et tin chrétien cooperari &ire qqch. conjointement
désordonné, prenant, au pluriel conwlsions, la va- avec qqn> (en parlant de Dieu. de la prière).
leur figurée d’=agitation, troublez t16611, spéciale- composé de cum t+ CO-) et de operari, forme dé-
ment en parl&nt des troubles politiques et sociaux ponente de operare t+ opérer).
qui agitent un Etat (17561. -Convulsion a pour dé- +Le mot est introduit en théologie avec le sens de
rivé CONVULSIONNER V. id-. (17831. lequel est à &pondre à l’action de la grâce par un effort per-
l’origine de l’adjectif CONVULSIONNAIRE (17321, sonnel>. d’abord au participe présent dans grâce
substantivé depuis 1754, et désignant alors les jan coopérante yghze qui se joint à I’effori personnel*.
sénistes fanatiques pris de convulsions sur la Il est passé dans l’usage commun ae sens laïc
tombe du diacre Paris (mort en 17271 au cimetière d-opérer conjointement avec qqnm (15251.
Saint-Médard à Paris. ~Son participe présent adjectivé COOPÉ-
CONVULSIF.IVE adj., formé sur le radical de RANT.ANTE, apparu avant le verbe dans on
convuk;ion, est plus ancien (15461 et reprend tons contexte théologique, a été récemment substantivé
les sens du verbe. -11 est à l’origine de CONVUL- (v. 19601 dans le cadre de la coopération écono-
SIVEMENT adv. (18031 et des termes médicaux mique et culturelle entre Etats : il est ainsi très cou-
CONVULSIVANT.ANTE adj. puis n. In (18651. rant en français d’Afrique. -COOPÉRATION n. f.
ANTICONVULSIVANT. ANTE adj. et II. In. (av. 14351 a été emprunté comme terme de théolo-
(av. 19601 et CONVULSIVOTHÉRAPIE n. f. (19321. gie an dérivé latin chrétien cooperotio “pari prise à
une cenvre communes (en parlant de Dieu). 0 En
COOL adj.. n. m. inv. est un emprunt graphique
tré, comme le verbe, dans l’usage courant (14881, il
et phonétique 119521 à l’anglais cool, anciennement
col tv. 10001 -fraisé. appliqué à des personnes an a pris ultérieurement (18281 sa spécialisation
sens de ‘calme, tempérés tv. 14401 et #froids (15931, à économique par calque de l’anglais cooperation.
propos du caractère. Ce mot, qui correspond an Ce dernier est un terme employé par le reforma-
moyen néerlandais bol (néerlandais ho&, vient teor Robert Owen (1771-18581 pour désigner sa mé-
d’un germanique “holu, dérivé de la racine “kol-, thode de gestion des entreprises, fondée snr la I-é-
“kd- que l’on retrouve dans l’anglais cokd -froid> et partition du profit en fonction de la participation de
cpi est d’origine indoenropéenne t-gel). Aux chacun. Depuis 1965, le mot s’entend aussi de la po-
Etats-Unis, cool s’est spécialisé dans le vocabulaire litique par laquelle un pays apporte sa contribution
du jazz par opposition à bot *chaud>, en parlant au développement d’on antre pays, souvent déco-
d’un jazz calme. détendu (en 1947, Charlie Parker lonisé. -COOPERATIF. IVE adj. est eInpIUnté
enregistra un disque intitnlé Cool Blues). (15501 an bas latin cooperatiw. Attesté une pre
mière fois en médecine dans le syntagme cause
+Le mot a été introduit par le vocabulaire musical
coqérative au sens ancien de -secondaires, il a été
en parlant d’une tendance nouvelle du jazz, succé-
repris (18291 en économie politique, lors de la diih-
dant ae bop, lancée par Miles Davis; cool est
sion en France des idées de Robert Owen, par cal-
d’abord adjectif pois (19541 nom. oPar extension
ou réemprunt, il est appliqué aux personnes et aux
que de l’anglais cooperative (1821). Son sens plus
récent de -qui est prêt à donner sa contribntionn
attitudes (v. 19701, emploi massivement répandu
Cv. 19641 est également un anglicisme. oLe féminin
dans l’usage général, notamment chez les jeunes
COOPÉRATIVE a été substantivé (19011 par ellipse
où il concurrence relax fcool, BoouZ!l. L’expression
de société coopérative, syntagme déjà ancien (18381,
baba*-cool est plus récente. o Dans l’usage fami-
à l’exemple du modèle angle-américain Fondée en
lier, à partir des années 1970-80, l’adj. cool s’em-
1810 par R.Bapp à Harmonie Bndianal, la pre-
ploie pour -agréable, bon, excellent>, perdant tout
mière coopérative, fut rachetée en 1824 par
rapport sémantique avec sa source anglo-saxonne.
R. Owen, parti aux Etats-Unis après l’échec de ses
COOLIE n., d’abord sous les formes colles (16381. projets de -villages de coopération* en Angleterre
colys (16681, coulis (17911 an pluriel, est d’origine in (18171. En France, les entreprises coopératives sont
certaine : on peut lïdentiher avec le bas gnjrati et apparues dans l’ambiance et sons l’influence du so-
le marathe ktii, nom d’une peuplade du nord de cialisme associationniste et parfois du christia-
Bombay dont les membres, paysans, pauvres, nisme social. La première coopérative de produc-
étaient réputés pillards. Les Portugais, qui at- tion a été fondée en 1834 par quatre ouvriers de
testent le mot dès 1554 comme ethnique. et dès Paris : l’Association chrétienne des bijoutiers en
1581 an sens de <portefaix-, l’ont véhiculé au sud de doré. Le mot et la notion se sont étendus à l’agri-
l’Inde et en Chie, parages où il a peut-être été em- culture, au commerce. 0 Sur le radical de coopéra-
prunté par l’anglais (1609, comme nom ethnique; fit: a été formé le terme économique COOPÉRA-
1638, comme nom commonl. La forme initiale colles TISME n. m. (18701 et, plus récemment, l’adjectif
(1638) est portugaise, les autres ont probablement féminin a fourni COOPÉRATIVEMENT a&.
été empruntées par l’intermédiaire de l’anglais tv. 19501. -COOPÉRATEUR. TRICE i-i. et adj.
coolie, emprunté au Xop s. par écrit (18571. (15161 est emprunté au latin tardifcooperator =per-
CORNICHON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

*Le mot s’est introduit en architecture; par analo- mantique. d’après cornu, de bicorne -qui a deux
gie de forme, il s’emploie en architecture inté- cornes* t+ corne). o Biscornu a rapidement perdu
rieure et en menuiserie l16901 pour une bordure la notion contenue dans son préfixe pour prendre
saillante ornant le haut d’un ouvrage. 0 Ultérieu- le sens figuré d’=angnlenx, irrégnlie~ (15801, pre-
rement, ll s’applique à une saillie naturelle de nant ensuite le sens moderne de =bizarre. extrs-
roche dure courant le long d’une pente (17961.De là vagant> avec lequel il a éliminé cornu.
route de la corniche (1869, en parlant de la route
menant de Nice à Gênes1 puis mute de corniche COROLLAIRE n. m., réfection de correlkzire
I18991, et en corniche, qui désignent une route à (13721. est emprunté au latin corollatim =Petite
flanc de montagne. oEn marine, corniche se dit couronnez et, an figoré, =don, suppléments, parce
d’une pièce de bois sculptée appliquée en dehors que l’on donnait une petite couronne comme grati-
de la lisse d’honrdi (18691. fication, notamment aux acteurs (cf. lauréat,lau-
rier). A basse époque, corollarium s’est spécialisé
. Le diminutif 0 CORNICHON n. i-n. (18031, gêné
en logique an sens de ~conséqnence supplémen-
par la vitalité de son homonyme dérivé de corne,
taire>. Le mot est dérivé de corolle *petite con-
n’a pas eu d’avenir.
rome~ (b corolle), mais la variante ancienne corre-
laire et l’évolution de sens suggèrent des
CORNICHON -+CORNE
interférences avec corré&ion.
CORNOUILLE n. f., d’abord corolles (1229. +Le terme a été introduit en logique par Oresme.
12521.comoyk? (av. 13501,comoik? (15381 res&é désignant un argument nonvean produit à l’appui
en cormuZZZe(16801,est dérivé, avec un s.ifIïxe dimi- d’une aiknation précédente. Ce sens a disparu an
nutif (latin -Ullal du latin comum &nit d’on petit profit de <proposition découlant à titre de consé-
arbre des haies, à bois dur, dont une espèce porte quence immédiate d’une autre déjà démontrées
des fruits ronges comestibles*. Ce mot est lui- (16111.Par extension, corollaire s’est répandu dans
même dérivé de cornus, nom d’arbre apparenté an l’usage soutenu avec le sens de -conséquence, suite
grec krams de même sens et an lituanien Kimis naturelle> (17881; il y est quelquefois employé en
dieu protecteur des cerisiers*, sans doute d’une apposition avec une valeur adjective.
racine indoenropéenne ‘km-/kor- désignant un ob- .F,n a été dérivé l’adverbe COROLLAIREMENT
jet dur (+Corne). L’arbre était connu à date an (18841,terme de logique, qui avait été employé par
tienne en Italie et on en a trouvé trace dans les pa- Petrus Bore1 an sens de =de manière à former une
laflttes de Suisse. corolle> (18311.
4 Le mot désigne le huit oblong du cornoniller, spé-
COROLLE n. f. est la francisation (17561du latin
cialement celui de l’espèce commune, rougeâtre et
sclentiiïque corolla (1740, Linné). Lui-même est em-
comestible, à saveur aigrelette.
prunté ao latin classique corolla *petite couronne,
WCORNOUILLER n.m. a été dérivé du nom du feston de fleurs, guirlande=, diminutif de corona
fruit. d’abord sous la forme corgnollier (1300-13201, C-couronne).
puis sons sa forme actuelle (16801. On employait
+Ce terme de botanique, assez répandu dans
sans doute auparavant cornouüle, par métonymie.
l’usage commun, entre dans la locution en coroge,
CORNU, UE sdj. est issu Iv. 11501du latin cor- employée quelquefois par métaphore (dans la des-
nutus, adjectif correspondant ao nom cornu cription d’une robe et, plus techniquement, entra
b corne). vaux publics : déversoir en corolle).
0 voir coaol.LAmJ3.
t Comme corne, le mot, qui qualiiïe ce qui a des
angles saillants, des cornes @in XII~s.1, est employé CORON n. m. est probablement dérivé lv. 1200)
en parlant d’animaux, d’êtres mythologiques de l’ancien français cor t+ cor1 on con ~extrémité,
klisble, satyre) et avec quelques sens figurés. 0 De coiw Cv.118Ol, sens conservé en français moderne
manière symbolique et d’après les emplois de par corne*.
corne* (1608l, il est appliqué à un mari trompé, + En ancien français, coron est propre aux dialectes
cocu, comme 0 commd. 0 Par une autre méta- du Nord (picard et flamand1 où il désigne l’extré-
phore, plus claire, il a eu dans l’usage classique la mité, la .-corne*, d’un bâtiient (jusqu’au début du
valeur de ~bizarre, extravagant+ par analogie avec xv? s.l. On le rencontre encore, aux WC”et XY s., en
le syntagme argument cornu -faux, lcar il est qnes- liégeois et en wallon an sens d’extrémités td’on fil.
tion de cornes dans l’argument type et, surtout, la d’une rue). o Toujours dans le nord de la France et
forme en corne apporte l’idée dïrrégnlsrité, de tor- en Belgique, il a pris le sens de -bout restant d’une
sion). Toujours an XVII~s., on appelait lune cornue ce étoffes, puis, partant de =bout d’une rue>, de -qnar-
que l’usage moderne nomme croissant de lune. tier ouvrier d’une localité industrlelle~ parce que
w Cornu a produit. par snbstantivation de son fémi- ces quartiers sont situés en bout de rue. hors de
nin. CORNUE n. f. (1575) ~alambic terminé en l’agglomération. Les sens de -maison d’habitation
pointe>. Par analogie de fonction avec l’alambic, le de mineun+ (1877) et, collectivement, =gronpe de
mot désigne techniquement (1874) la partie d’on maisons de minenrs~ se sont répandus en français
four où est réduite la matière traitée. général par l’intermédiaire du roman de Zola, Cer-
h?COIqOSéBISCORNU,UE adj.(l694)eSt laréfec- mtnd (1885). Par extension, an xxe a. on a parfois
tien. d’après le latin bis =denx fois> t+ bis). du plus appliqué le nom à des habitations ouvrières toutes
ancien bicomu (15711,calque morphologique et sé- construites sur le même modèle.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COPRO-

multiplier. Cette hypothèse suppose que ce verbe COPIEUR, EUSE n. (1966). POLYCOPIEUSE II. f.
ait existé au moins au début du XI~ siècle. et AUTOCOPIEUSE n. f. (ti S.I.
+ Le sens du latin classique, ‘grande quantitén, en- L’anglicisme COPYRIGHT n.m. (1830) reprend
core attesté par Cotgrave (16111,est propre à I’an- l’anglais copyright (17671,littéralement &-oit de co-
clen et au moyen français. Il a été éliminé par le pie=, probablement d’après son emploi dans la ter-
sens du latin médiéval, -reproduction d’un écritn minologie américaine de l’édition (attesté 1788).
(apr. 1250). Au xvxe s., ce dernier a reçu une spécia-
COPIEUX, EUSE adj. est emprunté (1365) au
lisation en imprimerie, désignant le texte déiïnitif
latin copiosus *riche, abondant en qqch.,, employé
destiné à la composition (1623): le mot s’est alors
au figuré en parlant d’un style, dérivé de copia
employé pour désigner la reproduction d’une
sabondsnce, ressource, secours~, spécialement (au
œuvre d’art (1636) et. glissant de l’idée de ~repro-
pluriel) -forces militaires~. Copia b copie) est dé-
ductiom à celle d’=imitatiow. l’imitation d’une
rivé de “CO~S,“copis (uniquement attesté à l’accusa-
cfuvre littéraire (1690. pâle copie) s’appliquant par
tif et à l’ablatif singulier) =abondamment fourni de,
extension à une personne ressemblant à une autre
riche,, lui-même rare et détrôné par le dérivé co-
par ses traits ou son attitude (av. 1660,La Rochefou-
piosus. Tops est dérivé de ops, opis -abondance. ri-
cauld). oSa spécialisation scolaire pour *devoir
chesses,, -aide, assistances (-opulent). mot sup-
qu’un élève remet à son professeur= (1828) a en-
planté par copia.
traîné l’extension métonymique de “papier destiné
à la rédactions (1863). 0 Son emploi, en parlant de +L’histoire du mot est celle d’une restriction de
l’exemplaire d’un fdm (19151,est peut-être né sous sens et d’usage. Seul le sens d’sabondsntp s’est
l’intluence de l’anglais copy qui a en général le sens maintenu, sa spécialisation péjorative de -prolixe,
d’=exemplaire (d’un livre, etc.),, acception qui a (154~1ayant disparu. Le sens psychologique de -gé-
existé en français pour copie 11666).mais ne s’est néreux~ (notion liée à l’abondance) et l’emploi du
pas implantée. oL’expression familière être en mot avec un complément de détermination lntro-
mal de copie, dite d’un journaliste en manque de duit par de, en, sont sortis d’usage.
sujets d’articles, est attestée en 1918. b titre COPIOSITÉ n. f., qui n’a pas V&U, COpiewC
b COPIER v. tr. est emprunté (1339) au latinmédié- a produit COPIEUSEMENT adv. kuve s.), utilisé au
val copiare areproduire un écrltm. Comme copie, il a propre et au 6gw-é avec la valeur d’-intensémentm
connu me grande expansion au xwe s. pour -r-e- (après des verbes exprimant l’ennui).
produire (une ceuvre d’art)> (16361et pour &niterla COPRAH n. m. est emprunté (1602) au portu-
nature- (16941,dans la théorie classique de lïmita- gais copra (1563). à son tour emprunté au malaya-
tien Itimesis~, ou l’ouvre d’autrui* (16581,-les ma- lam kmgue dravidienne du sud de l’Inde) koppara.
nières de qqm (1656). Sa spécialisation scolaire Après la forme latinisée copra (1602, traduction de
(1863) réalise la valeur péjorative quelquefois atta- la version latine d’un texte portugais) et la forme
chée au mot. ici avec une idée de &auden. -CO- francisée copre (de 1845 à 18921,c’est coprah (18691,
PIEUR, EUSE n. et dj. (av. 1488, COppiewl a eu en sous l’influence de l’angle-indien coprah, qui s’est
moyen français le sens de cmoqueur. railleur-, sorti imposé en français.
d’usage au ~VI~S.,d’après les emplois correspon-
+ Le mot désigne l’amande desséchée de la noix de
dants de coppier -contrefaire par moquerien et cop-
coco, employée en pâtisserie et dont on extrait une
pieux ~moqueur. railleur-. d’abord propres à l’An-
huile pour l’alimentation, la fabrication du savon.
jou puis répandus chez les écrivains comme
Rabelais et d’Aubigné. Il a été repris péjomtive- COPRIN + COPRO-
ment à propos de la personne qui copie servile-
ment l’œuvre d’autrui (1684) et de l’élève qui copie COPRO- est un élément préfixant tiré du grec
frauduleusement (1953 dans les dictionnaires frsn kopros “excrément, fumier, établem. Ce mot, appa-
çais; 1926 en Suisse romande), ses emplois neutres, renté au mot de sens voisin skôr, génitif skates
notamment à propos d’une machine à reproduire (+scato-l, est le dérivé thématique d’un neutre
les teXteS. Sont rares et pOStérieUI% -COPISTE n. indoeuropéen en “r/n conservé dans le sanskrit
(apr. 1450). *celui qui reproduit un écrits. tend, de- SciJvt, Sakn-@ et, probablement, le litwmien Titi
puis l’invention de l’imprimerie, à prendre la -déféquer*.
même valeur péjorative, désignant l’imitateur b COPROPHAGE adj. et n. m. pl. est soit composé
d’autrui. le plagiaire (1644. Poussin). Km XVIII~s.) avec cet élément et l’élément -phageO
RECOPIER v. tr. (13621, signifiant -copier une se- soit emprunté directement au grec koprophagos
conde fois* et plus souvent W%O91 ~r&&-lre, copier *qui se nourrit d’excréments=. 0 En est dérivé CO-
sa propre écrltwe~ (recopier au propre), a produit PROPHAGIE n.f. (1684). employé à propos des
RECOPIAGE n.m. et RECOPIEUR.EUSE n. et moeurs de certains insectes et d’une tendance pa-
adj. au xx”s., surtout en contexte scolaire. -Les thologique humaine.
autres COmpOSéS prélïxés, PHOTOCOPIER V. tr. COPROLITHE n.m., composé (18451 avec I’élé-
(1907; I-épandu “. 19601, POLYCOPIER V. tr. (1923) ment -litho*, est employé en paléontologie pour dé-
et AUTOCOPIER v. tr. (1922), sont contemporains signer les excl-éments pétrlfk d’animaux fossiles
de la grande expansion des techniques de repro- et, en médecine (1929). à propos de matières fé-
duction. 0 Ils ont été formés à la suite des compo- cales présentant des conctitions pierreuses.
sés de -copie, PHOTOCOPIE n. f. (1894), POLYCO- COPROLOGIE n. f., formé (1842) avec -&i& dé-
PIE n. f. (18901 et AUTOCOPIE n. f. (19171, et ont nomme l’étude des matières fécales en médecine
donné à leur tour les noms d’appareils PHOTO- et dans l’industrie des engrais.
CORPS 900 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

oIl est employé dans l’armée pour désigner un de corpulent (ci-dessous), =qm a un corps robuste>
groupe de soldats (14691 et dans corps de gode (attesté 18191. et employé dès 1830 dans repas corsé
(1579) pris avec diverses acceptions métonymiques; =Consistant* et an figuré (une érudition corsée, 1830,
ainsi, le x&s. stigmatise l’esprit des corps de Balzac1, puis an sens de =relevé. fort> (sauce corsée,
garde avec la locution plaisantetie de corps de 18381, aujourd’hui surtout dans yin corsé (depuis
garde (16941. En référence à ces emplois est appa- 1770 lD.D.L.Ij, et an figuré (18461. par exemple dans
rue la locution esprit de corps (17711. ~Depuis le histoire corsée~scabreuse~. On est aussi passé de
>we s., corps est appliqué conramm ent à un groupe l’idée étymologique, ‘qui a un corps robuste>, à
organisé du point de vue professionnel : corps di- celle de <fort. relevén puis *de haut goût..
plmnatique (18171, corps médical (18341, corps en- La forme moderne corps, employée en architecture
seignant Wx161, corps de ballet (18351. -Par une fcorps de logisL a donné naissance à deux compo-
spécialisation abstraite, il est entré dans le do- sés, ARRIÈRE-CORPS (1546) et AVANT-CORPS
maine des mathématiques an ti s. pour désigner n. m. (16581. oUltérlenrement, elle a servi à faire
un ensemble muni de deux lois internes de compo- ANTICORPS n. m. (19011 en médecine et biologie,
sition (19031. d’après la valeur de corps en chimie.
w Corps a produit trois dérivés qui ont tons trait à Les antres mots, historiquement rattachés à corps,
son sens particnlier de *partie de l’habillement an- sont empruntés à des dérivés du latin corpus; c’est
dessus de la ceintnre~ et sont formés sur l’ancienne le cas de CORPOREL. ELLE adj. (11601, emprunté
forme cors. -CORSAGE n. m.. SU&& en -CC@ an latin classique corporalis *qui possède un corps=
Cv. 11501, a d’abord désigné, comme l’ancien fran et Kqni se rapporte an corps=. En est dérivé COR-
çals cors, corps, le tronc et notamment le buste de PORELLEMENT adv. t6n xves.; 1180, corporeil-
la femme; ce sens a disparti et le mot signihe en ment). -D’antres dérivés du latin chrétien font ré-
français moderne, depuis le XVIII~ s. (17781, wête- férence à la dualité du Christ, à la fois homme avec
ment féminin couvrant le buste=, sens assumé en un corps et esprit divin. 0 Le latin chrétien corpc-
ancien et moyen français par corset. -CORSET role, dérivé de corpus, corporis, est représenté par
n. m., d’abord attesté sous la forme latininée corse- le terme de liturgie catholique CORPORAL n. m.
tus (12391 désignant un vêtement masculin con- ldéb. XI$ s.1 &nge consacre représentant le suaire
vrant le haut du corps -la forme française étant du Christ et recevant les fragments de l’hosties.
aussi attestée pour <cotte de mailles> l12941-, s’est - CORPORALITÉ n.f. est emprunté (14951 au latin
spécialisé pour un vêtement de femme (XII” s.l. Sa chrétien corporalitas (III’ s.)~nature corporelle, ma-
valeur moderne, <vêtement féminin de dessous, ba- térialité~, mals il sotie de la concurrence du dou-
leiné, serrant la taille et le haut du corpsn (1789, blet CORPORÉITÉ n. f. (14821, lui-même emprunté
semble rare avant 18211. correspond à un stade de an latin médiéval corporeitas(12591.
l’histoire de la mode, avec de fortes connotations CORPUSCULE n. m. (1495) est emprtmté au latin
dans la seconde moitié du XIX~ et le début du ti s., corpn.sculum =atomeB, avec le sens de =Petit corps
donnant naissance à des emplois métaphoriques et humain chétifs pris en latin impérial. ll l’a conservé
hgorés pour sce qui opprime, contraints (6. ci-des- jusqu’en 1673, avant d’être repris comme terme de
sous corseté).Le corset, aussi accessoire masculin philosophie (à côté d’atome),d’anatomie en parlant
autour de 1900. a cessé d’être une référence cultu- d’on élément de très petite dimension (17491 et, de-
relle quand il a disparu de la mode et s’est cari puis 1905. comme terme de physique, domaine où ll
tonné aux usages orthopédiques (corset orthopé- a pris une importance extrême (cf. atome) avec son
dique, depuis 18241, ce qui correspond à la dérivé CORPUSCULAIRE adj., formé en philoso-
revendication de liberté d’allwes et de liberté fé- phie (17211 et repris en physique l19661, notamment
minine, c’est-à-dire dans les années 1920. -Le dé- dans théorie puis physiquecorpusculaire.
rivé CORSETIER, IERE n. (1842, corsetière) a vieilli CORPORIFIER y. tr. (16511 a été formé Savamment
avec corset. - CORSETER y. tr. (18421, *mettre un en chimie sur le radical du latin corpus pour same-
corset b, s’emploie encore littérairement an fi- ner (un corps fluide) à l’état de corps solidem. ll tend
guré, surtout an participe passé CORSETE, ÉE adj. à être abandonné an profit de CORPORISER y. tr.
avec l’idée de =contrainte et raides (un style cor- (17041 qui lui dispute également le sens plus large
seté). -Un antre dérivé de cors, CORSELET n. m. de =donner on corps à (ce qui n’en a pas)> (17901.
lapr. 12501 a d’abord signihé proprement cpetit Ces deux verbes sont archaïques en sciences. Cor-
corps d’enfant*; il s’est maintenu avec ses trois sens porifier semble toutefois conserver le sens théolo-
spécialisés, en armnre (15621, en costume folklo- gique de -attribuer un corps à hm être spirituel)>
rique (15391 et, par image, en entomologie (15461 où (17621. -Les noms d’action CORPORIFICATION
il désigne le thorax de certains insectes. n.f. (16901 et CORPORISATION (17011 Sont eux
CORSER y. tr. (15721, d’abord altéré en courser aussi archtiqnes.
hil. XT+ s., 1455.14561, signifiait en moyen français L’adjectif régional CORPORÉ. EE (17851, cbâtis et
e%isir à bras le corps=. sens où il est sorti d’usage. spécialement =bien bâtis, est empmnté soit au latin
Le mot a été repris au xn? s. (Scribe, y. 1860.1870, corporatns *qui a un corps-, en bas latin *cor-
inP. Laroussel, d’après une valeur spéciale de pulent>, participe passé de corporcwe, soit au latin
corps =conslstance~, pour *donner du corps à: classique corporew de même sens. Son usage est
rendre plus fort (le vin). plus savoureux, etc.% et, au borné aux parlers de l’Ouest et du Centre, à la
figuré, &tensl8er, rendre plus forts. -Ces emplois Champagne et à la Lorraine.
semblent trlbutsires de ceux de CORSÉ, ÉE adj,, Une importante série de mots préfixés en in- a été
d’usage régional pour une valeur proche de celle empruntée an latin. INCORPOREL,ELLE adj.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COQUECIGRUE
lait spécialement coquette ou grande coquette le signer divers objets arrondis l+ coccinellel. Une se-
principal rôle féminin de séductrice et d’intrigante conde hypothèse fait venir coque du latin cocca, at-
dans les comédies de caractère KXimène dans Le testé au xes. au sens de =coupelle. vase
Misanthrope et Elmire dans Tartuffe de Molière, hémisphériques et considéré comme une altéra-
Rosine dans les pièces de Beaumarchais). Au tion graphique de coucha (+ conque). Enfjn, il ne
XVI$ a. on appelait aussi la coquette la -mouches faut pas exclure l’hypothèse d’une formation ex-
que les élégantes se iïxaient sur la lèvre. Dès 1643 pressive selon laquelle coque serait l’onomatopée
Ckzamon), le mot, adjedivé. qualifie celui ou celle enfantine du cri de la poule et aurait servi à l’or--
qui cherche à plaire. o Le sens moderne de coquet, gine à désigner l’œuf (+ aussi 0 coq].
=Séduisant par sa mise, élégants est apparu vers + Le mot, désignation de l’enveloppe rigide de cer-
1743; par-métonymie, il qua%e un lieu, un objet et, tains fruits (noisettes. etc.), s’est bientôt étendu à
par une extension analogue à celle de joli, beau, il l’enveloppe cakaire de l’ceufK@6). L’usage a long
prend la valeur intensive d’-important= fsosommeco- temps hésité entre coque et coquille : coquille*, en
quette). 0 Il a lui-même produit COQUETTEMENT parlant de l’œuf et des fruits, s’est imposé mais
adV. (17701,COQUETER v. intr. (1611). -se pavaner, coque reste obligatoire dans œufà la coque et pos-
comme le coq parmi les poules> puis (1638) =faire sible dans coque de noix au sens figuré de -chose
des coquetteries, flirtep (aujourd’hui vieilli ou litté- sans valeur=, -petit bateau>. o Au début du XIV s.,
raire) et COQUETTERIE n.f (1651). Ce mot est le mot s’applique à un coquillage marin mais le
passé du sens de -souci de se faire valoir pour contexte ne permet pas de dire s’il s’agit du coquil-
plaire notamment aux personnes de l’autre sexem lage que nous nommons encore ainsi (1751; peut-
(1651) au sens plus courant de -goût de plaire par être 1611). 0 Plusieurs sens analogiques sont appa-
ses vêtements, sa mise> (1672). -Coq, dans ses ac- rus au XIX~s., notamment en habillement où coque
ceptions techniques. a produit le terme de bota- désigne un ornement de vêtement ou de chapeau
nique COQUERET n.m. (1545). d’après la couleur constitué de plusieurs nœuds (1828) et, en CO-,
rouge de ce ii-oit (+ coquerelle, à coque), et son ho- une boucle de cheveux formée en coque (1832). 0 A
monyme le terme d’horlogerie COQUERET n. m. la même époque (18341,coque s’emploie à propos
(1804. à Neuchâtel). -Quant à COQUELOURDE de la carcasse d’un navire, puis, par extension au
n. f.. <anémone pulsatillen (15391,mot qui avait dé- xf s., de celle d’autres véhicules : l’avion (1929) et
signé en ancien français une personne niaise ( 1328) l’automobile (19511,avec les composés monocoque,
ainsi qu’un gobelet (xv” s.), il est ticile de dire s’il m&icoque.
se rattache à coq ou à coque (pour cloque*, à cause t COQUETIER n. m. (15241, avec intercalation
des variantes herbe aux cloques, cloquelourde). d’un t d’après les sufExés dans lesquels le t appas-
-Le COmpOSé COQ-À-L'ÂNE n. m. est apparu au tient au radical, a évincé les formes légèrement
me s. et vient de la locution saülir du coq à Zâne plus anciennes coquatière, cocatière et la forme fé-
(13701,refaite au xve s. en sauter du coq à l’âne. Au minine coquetire (1558). Le mot désigne l’ustensile
~V?S.. on a donné ce nom (1536) à une épître sati- de table servant à manger les oeufs à la coque et,
rique et burlesque dont l’invention est attribuée à par analogie, une chose ayant la même forme.
Marot (1531, Épi&e du Coq en L’Asne). -COQUETIÈRE n. f. a été reformé (1786) pour dé-
0 voir COQUECIGRUE. copuF.ucoT. signer I’ustensile servant à cuire les oeu& à la
coque, etCOQUETIERaétérW&éau>o<es.aveck
0 COQ n. m. est emprunté (1671) au néerlandais
sens de -pêcheur de coquillages appelés coques+.
kok acuisinier-, à l’époque de la suprématie de la
- COQUERELLE n. f. (16001 se rattache peut-être
navigation hollandaise. Comme le fi-ançais queux
en partie à coq comme terme de botanique (- co-
(1080, cous; XII~s., queu), kok est issu du latin cocus,
altération tardive de coquus mMnie~, dérivé de queret), mais procède certainement de coque pour
coquere b cuire). son sens de -noisette dans sa capsule vertes auquel
se rattache son emploi en héraldique (1673) pour
+ Coq désigne le cuisinier à bord d’un bateau. À la une figure représentant trois noisettes dans leur
difErence de l’anglais Cook, de l’allemand Koch et capsule. -F~&I, coque a fourni le second élément
de l’italien C~OCO,le mot et son doublet synonyme de plusieurs composés en botanique (dicoque, ti-
queux sont quasiment inusités (sauf plaisamment coque, tétracoqw, multicoque, etc.).
dans maitre-quew) depuis la généralisation de cui- 0 voir COCAaD,COCON.COIXJECIGRUE.
sinier.
b COQUERIE n. f. (1831). dérivé de coq peut-être COQUECIGRUE n. f., apparu en 1532 chez
sous l’influence de l’anglais cookery -lieu où l’on Rabelais (au pluriel coques cigrues) qui remploie
cuisine= (xw” s.), est un mot technique pour la CL& aussi dans Gargantua (1534) dans la locution à la
sine aménagée dans un port, qui permet aux coqs venue des coquecigwes +.mais~, est d’origine ob-
de cuisiner pour l’équipage. scure. On y reconnaît peut-être les noms d’animaux
coq, grue, voire le ci- de cigogne. Selon P. Guiraud.
COQUE n. f. (v. 1278) est d’origine obscure. L’hy- il viendrait de coque au sens de =Coquille, objet sans
pothèse la plus communément admise est celle valeux-, synonyme du latin ciccum <pellicule de
d’une évolution sémantique du latin impérial coc- grenade, zestes d’où =riew, et, pour la finale, de
cum qui désigne le kermès, cochenille parasite des l’ancien français gruer <attendre> : une coquecigrue
rameaux de certains arbres. formant une petite ex- serait proprement *l’attente de riens. L’hypothèse
croissance globuleuse ressemblant à une graine: d’une adaptation du latin médiéval coccygna, re-
par analogie avec celle-ci, le mot aurait servi à dé- présentant le terme de botanique du latin classique
COFiFtÉLATION 902 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CORRECTIONNELLEMENT~~V.(~~~~~,CORREC- (1380) et son participe présent adjectivé (1332) sont


TIONNALISER".tr.(1829letCORRECTIONNALI- seulement utilisés en construction transitive incl-
SATI~N n. f. (1968) font référence à la valeur jur- recte, avec le sens de -être en rapport de confor-
dique précise de correctionnel, =relatif aux actes mité avec-. De là, pour le participe présent, une
que la loi qualifie de ciélitsm. -Pris au sens parti- spécialisation en géométrie (17621dans angles cor-
culier d’=évaIuation d’un devoir en corrigeant ses respondants. ~Depuis 1690, correspondre est em-
faute%, correction a produit le composé AIJTO- ployé également en construction intransitive et
CORRECTION Il.f (V.1950). pronominale pour =avoir une communication
CORRECTEUR,TRICE~. etadj.,d’abordcorrector avecx. à propos de deux objets ou de deux lieux et
(12751,est emprunté au dérivé latin corrector =celui (1795, soit longtemps après correspondant) de deux
qui corrige, réforme qqch. ou qqn, censeur-n avec le personnes; il signi6e alors =avoir des relations,
sens chrétien de -supérieur d’un ordre reliaeux,. communiquer- (par lettres si la personne est éloi-
II a vieilli pour -personne qui corrige en punissanb gnée, par signes si elle est empêchée de parole). En
(av. 13501et s’emploie surtout pour -personne qui relation avec correspondant substantivé (ci-des-
corrige en relevant les fautes+. dans le domaine de SOUS~,le verbe s’emploie spécialement pour *en-
l’imprimefie ( 1531). désignant une fonction et une voyer des articles à un journal*. Il se dit pour ecoïn-
profession, et dans le cadre des examens (19071où eider par les horaires*, en parlant de deux moyens
il est synonyme d’examinateur. Il désigne égale- de transport (18741.
ment, techniquement. un dispositif ou une subs- l CORRESPONDANT.ANTE p.pr., adjectivé dès
tance (on rencontre alors aussi Corrector, nom 1330 (voir ci-dessus), est substantivé (1615) au sens
d’une marque déposée) qui accomplit la correc- de -personne avec qui l’on entretient des relations
tion. 0 Depuis 1911, il est employé comme adjectif par lettres>. Dès 1694, ll est enregistré dans sa spé-
Iver???SCOWXteurS~. -L'adjectif CORRECTIF,IVE cialisation de <personne qui renseigne par lettres
(13711est emprunté au dérivé bas latii de même sur les pays étrangers où il séjourne*, appliqué plus
sens correctives; il est employé comme nom depuis tard à un journaliste qui envoie ses articles à un
1559. d’abord en médecine puis (1680) avec un sens journal depuis l’étranger. -De son radical est dé-
général. rivéCORRESPONDANCEILf.kwrS.)aUse~coU-
rant de wapport de conformité, d’analogie (à pro-
CORRÉLATION n.f. est emprunté (1412. pos dïnanimésl~. C’est à ce sens que se rattache
14321au bas latin correlati (VIII” s.1, crelation mu- l’emploi du pluriel correspondances chez des éti-
tuellem. de cum (+ CO-)et relatio (-relation). vains romantiques et post-romantiques (Nerval,
(Le mot est attesté une première fois en rhéto- Balzac, et surtout Baudelaire, Rimbaud). Plusieurs
rique. défini comme #élément mis en codicille par emplois particuliers apparus au XVI”s., notamment
cahiers, sujet discuté entre clercs-. -Il est repris -accord d’idées, de sentiments= (15641 et “rapport
tardivement (17181. d’après le latin philosophique, de communication entre personnes> (15801,ont dé-
avec son sens moderne de “rapport unissant deux cliné après la période classique. o Le sens usuel de
choses, deux notions, deux termes dont l’un ap- -relation par écrit entre deux personnes* (16751 a
pelle logiquement l’autres (en philosophie, puis pris de l’importance avec son extension métony-
couramment). ll est employé spécialement en mique pour *lettres constituant cette correspon-
grammaire pour la fonction des termes corrélatifs dance>. ~Sous l’influence de correspondant, le
(18901. mot est employé dans on contexte journalistique
w Au ti s., sont apparus trois dérivés didactiques : depuis 1832. 0 Il a vieilli au sens de =conmxmica-
CORRÉLAT n.m.(1949,chezFlicœur~ pardériva- tion entre plusiews lieuxn (1670) mais s’est spécia-
tiOn régressive, CORRÉLATIONNEL,ELLE adj. lisé en transports à propos d’une concordance
cv. 1950) et CORRÉLER v.tr. @x331, ce dernier d’horaires entre tmins (1829) et d’une relation
d’après l’anglais tocorrelate en statistiques pour commode entre deux moyens de transport (18431.
combler l’absence d’un verbe correspondant à cor- Par métonymie, il désigne également le moyen de
ï%%tion.-CORRÉLATIF,IVE adj.krves.:substar- transport assurant cette correspondance, et un
tivé au xv? s., av. 18901est probablement emprunté changement de ligne opéré en cours de trajet sur
au latin médiéval correlativus (12401,substantivé au un réseau. oEn est dérivé CORRESPONDAN-
neutre en correlativwn (12921. Depuis le XVIII~~.,il CIER,&RE n., -employé chargé de la correspon-
est employé en grammaire (pmpositions corréla- dance dans une administration, une entreprises
tives, av. 1756, Dumarsaisl. o En est issu CORRÉ- cv. 19001.
LATIVEMENT adV.(1653).
CORRIDA n. f., attesté par la traduction fran-
CORRESPONDRE v. est emprunté (1330. çaise d’on voyage en Espagne écrit en anglais (1804,
1332 correspondant: 1380 pour le verbe) au latin Voyage en Espagne, Fisherl, est emprunté à l’es-
médiéval correspondere -s’harmoniser, concorder* pagnol coti. Ce mot, dérivé de carrer (+ courir),
(12361,“payer de retow (v. 13001et, avec la préposi- signifie proprement -courses (14921 d’où spéciale-
tion de, amlre compte de> cv. 12901.Lui-même est ment =Course de taureaux> par abréviation de cor-
composé de cum «avec> I-CO-) et de respondere rida de toros.
(+ répondre). +Née en Espagne, la corrida, &liée aux très ~lll-
+La plupart des formes attestées en moyen frar- tiens sacrikes et combats de taureaux des pays
çais et en français classique concernent le participe méditerranéens, Crète minoenne notamment, a
pl-ésent correspondant. 0 Jusqu’au XVII~s., le verbe commencé à prendre les formes qu’on lui connaît
DE LA LANGUE FRANÇAISE COR
lages comestibles. Il est substantivé au masculin dernes de ‘enclin à la sexualité* (15481 et simple-
pour une collection de coquilles (1743). - COQUIL- ment -espiègle. malicieux> (v. 15501.0 En ce sens,
LAGE n. m. (15731fait défaut à sa vocation de col- le féminin coquine possède, plus que le mssculin.
lectif pour désigner, tout comme coquille, des mol- une connotation d’senjôleusen sous l’iniluence de
lusques (et par métonymie sa chair comestible) et son emploi substantif, et par attraction de coquette.
la coquille seule, employée à des fins d’ornement. Il
w COQUINERIE n. f. (1330-13321 est passé de l’an-
est devenu plus usuel que coquille, dans cet emploi.
-COQUILLART n. et adj. (17231est le nom donné cien sens de ~mendicité~ a” sens moderne de *ma-
en géologie à on calcaire renfermant des coquilles lice, fourberies (15781 avec des connotations de
fossiles. -Le verbe COQUILLER v. intr. S’est dit tromperie ou de libertinage érotique. On rencontre
(1845) d’un tissu formant des boursoutlures, puis du parfois COQUINISME n. m., quasi-synonyme, de
pain, le mot demeurant technique. OCO- valeur plus active. COQUINEMENT adv. (15761 et
QuILLi, ÉE adj. (xi9 s.) se dit seulement d’un COQUINET. ETTE n. (1761) sont peu usités.
tissu. Le composé ACOQUINER v. tr. (1530). de a- et -CO-
0 voir COQuEL”CHE. quin, a eu, dans l’usage classique, le sens de .don-
ner de mauvaises habitudes à qqn, (en construc-
COQUIN, INE n. et adj., apparu au XII~~. tion transitive). L’usage moderne emploie surtout
comme nom(1174-11911 est d’origine obscure : il est la forme pronominale, non plus au sens ancien de
en effet ditlïcile d’envisager comme étymon l’ad- =Vivre en concxbinage~, mais de <se lier à une per-
jectif latii coquinus =de la coisinen qui aurait été sonne peu recommandable> (16901. Ses dérivés
substantivé au sens de amarmitons. Cette hypo- ACOQUINANT. ANTE adj. (1762) et ACOQUINE-
thèse est pourtant recevable d’un point de vue sé- MENT n. m. (1858 dans Richard de RadonvilIiersl
mantique si l’on pense que l’ancien français cuti- sont tombés en désuétude.
tron, coktron désignait à la fois un marmiton et, par
péjoration, un bâtard, mais elle ne repose que sur COR n. m., d’abord com (10801,est issu du même
une attestation isolée de coquinus en un sens péjo- mot latin que corne*, mais celui-ci provient de
ratii (Plautel; en outre, le nom médiéval coquinus coma, singulier collectif réduction de cornua, plu-
=mendiant~ semble une latinisation du français. riel neutre de cornu, alors que com (plus tard cor1
D’un point de vue morphologique, il faut ajouter est issu du singulier individuel cornu acoroei, d’où
que coquin supposerait une formation demi-sa- <objet en corne, en forme de corne>, spécialement
vante, peu en accord avec les formations toutes po- =corne du pied des animaux> et &strument de
pulaires des mots français issus de dérivés du latin musique à venta. La différenciation de sens s’est ef-
coquere l-cuire). L’hypothèse soutenue par Wart- facée, et corne et COTse sont trouvés en concxn-
burg d’une dérivation de coq* fait diflkulté d’un rente (6. pour le même type de phénomène, feuille
point de vue sémantique, et celle de coque* pris et feuil qui n’a survécu que dans cerfeui.0.
pour coquüle’ au sens de =mendiant, coqoillardm
pose un problème de chronologie. + Cor a été supplanté par corne au sens de -corne
+ Quoi qu’il en soit, coquin est utilisé tout a” long d’animal>. Cependant, la langue de la chasse, qui
du moyen âge pour désigner un gueux, un men- o&e des archaïsmes remarquables, l’a conservé
diant, quelqu’un de très basse condition. Au XVI~s., pour désigner les andouillers du cerf dans léxpres-
toujours selon l’idée dominante d’une extrême sion cerf dix cors, utilisée pour déterminer l’âge de
pauvreté, il est employé au figuré pour désigner l’animal (six ans, en l’occurrence). 0Le mot s’est
qqn ou qqch. qui manque de tout, ne possède rien en revanche maintenu au sens d’~instrument de
en propre. Dès le xwe s. (15481,il est aussi employé musique* : il apparaît dans la Chanson de Roland
comme simple dépréciatif koquins de vieülarck!~ pour désigner l’olifant de Roland, taillé en forme de
et avec le sens moderne s&di de =Celui qui a coroe et dans une =Corne> (défense d’éléphant).
commis une petite faute, espiègle> (dans petit CO- Dans le vocabulaire de la chasse à courre, il a été
@II. Y. 15501. Ce sens semble avoir disparu de éliminé par trompe fde chasse1, mais la langue cou-
l’usage classique et avoir été repris au &Siècle. rante n’emploie guère que l’expression cor de
oLe xvnes. développe une conception différente chasse. De cet emploi vient l’expression usuelle à
du coquin, qui cesse de se caractériser par sa cor et à ks =à grand bruit>. On notera l’emploi pa-
condition sociale pour se définir par des actions rallèle de corne* pour des instruments qui servent
viles. infâmes (16111.Le passage de l’idée d’extrême de moyens d’appel. Dans des syntagmes, le mot dé-
pauvreté, de mendicité à celle de malfaisance est signe en outre plusieurs instruments de musique
aussi réalisé par truand,‘. Coquin fonctionne alors classique : cor d’harmonie (en ut), cor chromatique
comme synonyme de poltron ou de libertin, et, au (en fa), appelé simplement cor dans les orchestres.
féminin, de garce avec des connotations érotiques o Cor angkds ne désigne pas un cuivre mais un
(16111.Il entre dans la construction coquin de, ser- hautbois alto; il correspond à l’anglais English hem
vant à qualifier ce qui est jugé malicieux, avec une (18381,terme qui s’oppose àkench hem -cor d’har-
idée soit de séduction, soit de tromperie. Le sud de manie> et à l’italien comn ingkse: l’origine de cor
la France l’utiise en particulier dans la locution co- anglais, enregistré par Bescherelle (18451,n’est pas
quin de sort!, qui semble avoir vieilli -L’emploi élucidée. -Si la métonymie désignant la matière
adjectifde coquin, apparu vers 1547, suit l’évolution des cornes d animaux s’est portée en général sur
sémantique du nom : du sens premier de digne corne, cor est resté comme dénomination des indu-
d’un gueum, il passe dès le ~V?S. aux sens mo- rations qui affectent les pieds (15751.Au total, cor,
coFiRoYER 904 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot a eu le sens particulier de *séduire, dé- +Le sens primitif de =Parer. apprêter- (par ex. le
baucher (une femme)-, aujourd’hui vieilli. La plu- corps d’un défont) a disparu et s’est spécialisé dans
part de ses emplois concrets hérités du latin sont quelques domaines techniques : dès l’ancien fritn-
sentis comme marqués dans l’usage moderne, que çais, le veràe s’emploie en peausserie pour &-ans-
ce soit -altérer en décomposa& (1216, dans une former le cuir après le tannage en lui donnant le
ancienne construction intransitive équivalant à dernier apprêt* (1165-l 1601.0 En construction. il se
notre usage de la forme pronominale) ou, en tech- dit pour =Pétrir, malaxer (une matière) et en faire
nique, emodlfler la forme ou la substance (d’un ma- un enduit> (15801. en métallurgie pour =battre et
tériaul~ 116721.oL’ancien sens figuré spécialisé, souder à chaud km métallo (16741, en menuiserie
&ahir, déformer un texte* (v. 11701,a disparu, mais pour mboten. Seul l’emploi en peausserie est
le mot est resté usuel avec le sens moral d’etitérer connu dans l’usage général.
(ce qui est sain, honnête)* (v. 1174) et surtout . Le déverbal CORROI n. m. a connu l’évolution de
d’mnener (qqn! à agir contre sa conscience, son la forme conrei (1130-l 1401,conroi puis cormi et le
devoir (avec des dons, des promesses)= (12831.
passage du sens général de -soinm (dans l’ancienne
. Le participe passé CORROMPU, UE est employé locution prendre conmi dx qqn1 aux spécialisations
comme adjectif avec les mêmes sens que le verbe, techniques en peausserie (1290-13001 et en
surtout dans le domaine moral. Les autres mots du construction pour désigner un enduit, spéciale-
même groupe (si l’on excepte le terme régional ment un lit de glaise ou, aujourd’hui, de béton im-
CORROMPERIE n. f. -SdOperie*) Sont eIXIprUIIt& perméable dont on revêt le fond d’on bassin, d’un
à des dérivés latins. -CORRUPTEUR. TRICE adj.
réservoir (déb. xwe s.l. - CORROIERIE n. f.,
et n. (15311représente corruptor; du sens originel d’abord courroierie (1247) et CORROYEUR n. m.,
de -celui qui séduitn, ll passe (15611au sens de =per- aboutissement de coureere (v. 12601,désignent res-
sonne qui altère, détruits et, encore ultérieure- pectivement la technique et l’ouvrier assurant I’en-
ment, au sens moral moderne (1767, comme ad- semble des opérations de finissage du cuir brut.
jectif?. -CORRUPTIBLE adj. (1267-1268) est
-Le substantif d’action CORROYAGE n. m.,
emprunté au bas latin et latin chrétien comptibdis
d’abord courreage (14321, s’est également étendu
~corrompu~ (de choses, de personnes). tandis que
du domaine de la peausserie, où il se substitue
le nom didactique correspondant, CORRUPTIBI-
souvent à corroi, à ceux de la métallurgie (17611et
LITÉ n. f. (14921.est emprunté au latin COmptibili-
ta.% +L’SntOnyme INCORRUPTIBLE adj. (v. 13501,
du travail du bols.
représentant le latin incormptiiKs, est plus vivant
que le simple. Attesté depuis le xvues. avec son CORSAIRE n. m.. d’abord cursaire (1443) par
sens moral moderne, 11est substantivé et, sous la latinisme, puis corsaire (14771, est emprunté. pro-
Révolution, donné comme surnom à Robespierre bablement par lïntermédlalre de l’ancien proven-
et comme titre à un journal révolutionnaire (17901. çal de même sens corsari (déb. xrv” s.1, à l’italien
o Traduisant l’anglais untouchable dans un feuille- corsaro (1315. Dante, Purgatoire). Ce dernier est
ton télévisé, le nom s’applique à une police et à des issu du bas latin cursariw dérivé de cursus
policiers que l’on ne peut corrompre. -L’adjectif à b cours, course). La variante coursaire, francisée,
vahr active CORRUPTIF. IVE (v. 13651, emprunté est attestée du xv” au début du WY siècle.
au latin tardif cormptiws, est peu usité, fortement +Le mot désigne celui qui pratique la xcourser soit,
conc”rrencé par corrupteur. en droit maritime. la capture des vaisseaux n-m-
CORRUPTION n. f. (v. 11301,emprunté au latin cor- chauds ennemis. Ce phénomène, probablement
ruptio, s’est, comme le ve&e, spécialisé dans le do- ancien, a atteint son apogée entre 1577 eatallle de
maine de la vie morale (13731. Le sens concret Lépantel et 1713-1720 (après le traité d’Utrecht1 sur
Cv.11701.sans sortir de l’usage, a viellli avec ses ex- les rivages de l’Occident européen. Il disparaît dé-
tensions métonymiques pour -état de ce qui est finitivement au XIX~s.. le Surcouf de la période na-
corrompus et echarognes. C’est la famille de pourrir poléonienne étant une survivance. Par métonymie.
qui tend à remplacer celle de corrompre, dans ces corsaire désigne aussi un bateau armé par des par-
contextes. La philosophie s’est servie de corruption ticuliers et autorisé par le gouvernement à pour-
pour rendre le concept grec de phthora (opposé à suivre les vaisseaux marchands ennemis, d’abord
celui de genesis, -genèse), désignant l’événement
sous la forme adjective fgalléJ coursaire (14701et,
par lequel une chose cesse d’être telle qu’on puisse
par ellipse du nom, corsaire (déb. xme s., coursaire).
encore la désigner par le même nom. -Son anto-
Le mot a été repris pendant la Seconde Guerre
nyme INCORRUPTION n. f. (v. 11701,calqué sur le
mondiale pour le navire chargé d’attaquer la flotte
latin chrétien incormptio sdurée éternelle, lnalté-
marchande de l’ennemi. o Après la fm des opéra-
rabilitém, a vieilli.
0 “Ou-couRRoucER tions de course, le mot entre dam le domaine des
récits d’aventures maritimes: il connote souvent,
CORROYER v. tr. (1674), d’abord courroyer d’après ces récits, les chasses au trésor et les abor-
(15381,est la modl!ïcation de conreer (v. 10501,issu dages dans les mers du Sud, plus ou moins
du latin populaire “conrecfare, lequel est l’adapta- confondu avec flibustier et pirate, lesquels
tion du gotique garedan =apprêter. parer- (+ mil concernent pourtant des réalités historiques très
introduit par les mercenaires germaniques qui ser- différentes. o Depuis la lin de la Seconde Guerre
vaient dam l’armée romaine. Le passage de conr- à (19451, il est employé dans le vocabulaire de la
corr- s’est fait par assimilation d’après les formes mode, apposé avec une valeur adjective dans pan-
toniques. talon fmsaire “pantalon court qui s’arrête sous le
DE LA LANGUE FRANÇAISE CORDE
joueurs doivent répondre par une rime en -on, nymique du pluriel les cordes =instruments à
(1663). cordes frottées dans un orchestre> (1903). essentiel-
0 voircoavEm. lement les violons, altos, violoncelles et contre-
basses. o Ce même sens a donné, par métaphore,
CORBILLARD I-I.m., d’abord corbilh (15491 celui (1797) de -ce qui est sensible, vibre émotive-
au pluriel, puis corbülard (16881, est composé de ment,, réalisé dam le syntagme corde sensible. Par
Corbd, nom d’une ville au corrfluent de la Seine et analogie, corde a été repris en anatomie dams
de l’Essonne, et du su6ïxe -a& refait ultérieurement co&?s vocales (1805. Cuvier) et a reçu, par métony-
en -ard. mie, le sens de -son que rendent les cordes vo-
4 Le corbillard doit son nom aB fait qu’il est à l’on- cales,, entrant dans la locution hgwée ce n’est pas
gine le coche d’eau qui fait le service entre Corbeil dans mes cordes, -ce n’est pas de ma compétence+
et Paris. Par dérivation. le mot a pris ironiquement qui n’est plus comprise comme musicale. oTou-
le sens de ~carrosse bourgeoise (1690) et a été em- jours au xcf s., en anatomie, il désigne un ligament
ployé au XVII~ s. avec le sells de wmrrosse trrmspor- musculaire, entrant aussi dans corde dorsale ti
tant la suite des princes= t 1718). 0 Le sens moderne w<e a, parfois chorals dorsale, par calque du latin
(1778) =Voiture traosporkmt un CerCue& Serait me scienti!ïque chordu dorsalis) ~cordon cellulaire des
nouvelle dérivation assez inattendue; J. Cellard vertébrés primitifs*.
préfère recourir à une autre formation, variante de t La dérivation, relativement abondante, est riche
corbiht -petit corbeaw t-corbeau). le corbeau en substantifs désignant des cordes de différentes
étant un symbole funèbre. Un sens figuré de cor- grosseurs. matières et destinations, et d’abord d’un
beau, évoqué à propos du XVII~ s., *personne char- verbe. -CORDER y. tr. (1165-l 1701, dresser avec
gée d’enlever les cadavres des pestiérés~, a pu des cordes= et -tordre en cordes=. exprime égale-
jouer un rôle. ment l’idée de *lier avec des cordes> tv. 1200) et,
CORBIN -+ CORBEAU spécialement, .=meswer du drap à la corde= (1265),
sens aujourd’hui disparu. 0 On en a dérivé COR-
CORDE II.~., francisation (v. 1130) de corda DAGE n. m.. d’abord cordaige (1265) qui, de nom
(v. 9801, est emprunté au latin chordo, lui-même d’action, a acquis une valeur collective puis celle de
emprtmté aB grec hhordê qui pourrait venir, sous =Câble, (1358-1359). fonctionnant alors comme aug-
une forme initiale “khorodê, syncopée en khmdê, mentatifde corde. - CORDEUR n. m. (1538) se rap-
du hittite karad- ktestii~. Le mot grec a le même porte à la mesure du bois à la corde. e Par préfixa-
sells au pluriel et a été employé au singulier au tion, corder a donné DÉCORDER Y. tr. txn’s.1,
sens de <saucisse, boudin d’où. par métonymie, repris en alpinisme au >w” s. (se décorder, 1869);
“corde d’un instrument de musique (en boyau)>. Il ENCORDER y. tr. ~II” s.), <mettre en corde>, repris
est passé en latin avec ce sens technique avarrt de en alpinisme d’après cordée (s’encorder, v. pron.,
devenir, à basse époque, le synonyme de fums 1895; d’abord encordé, ée p. p. sdj. 1869) et RECOR-
*cordes t+ funambule, funiculaire1 et de le supplan- DER Y. tr. (v. 1300). -Avant la fin du XII~ s., corde a
ter, en s’étendant de la corde en boyau à celle en produit les dimhmtii CORDEAU II.~., d’abord
chanvre. C’est ainsi que corde a remplacé l’ancien cordel tv. 1165) et CORDELLE n. f. tv. 11801, ce der-
français fün qui n’est plus répertorié que dans les nier ayam à peu près disparu en laissant un dérivé
termes de marine fuw, funer. CORDELETTE n. f. (1213). -Coi-del a aussi eu pour
+Le développement du mot a suivi l’extension des dérivés CORDELIER n. m. (12491, *moine fiarrcis-
emplois de la chose. Dès le XII~~., corde est attesté tain portant une cordelière à trois nœuds~, et
au sens de <lien qu’on passe aB cou du pendu, CORDELIERE Il. f. ti xv” S.), d’abord I-éSerVé à la
tv. 11751, dormant lieu (1612) au seos métonymique ceinture en corde formant plusieurs noeuds que
de <supplice de la potences 6&riter la corde). Le portaient ces frahciscaim, puis à un gros cordon.
mot désigne aussi la corde servant à bander un am Le mot s’emploie aussi en blason (m Furetière,
tv. 1165) et compte de nombreux emplois en sports 1690).
et jeux : ainsi, il sert à désigner (1538) le fil sur le- CORDON n. m. tv. 1170) désigne une corde mince,
quel travaillent les funambules, sens auquel se rat- thite d’une matière autre que le chamre: le mot
tache la locution figurée damersurla corde (1694). compte plusieurs emplois spéciaux kordons d’une
Au >w” s., il entre dans la locution cor& à sauter bourse, cordon d’une sonnette) et s’est étendu au
(1837) et, dans le domaine du sport hippique, dé- large ruban qui sert d’insigne honorifique (1671).
signe la corde qui limite la piste où courent les che- C’est à ce sells que se rattache originellement cor-
vaux (1855). Etendu à d’autres sports de course, ce don bleu -cuisinière experte, (1814). oComme
sens a fourni des locutions hgurées du type tenir la corde, cordon compte quelques emplois en anato-
carde (18691, puis a gagné les domaines de l’alpi- mie (16881,dont le syntagme usuel cordon ombilical
nisme (1868) -cf. ci-dessous cordée-et de la boxe (17541. Par analogie de forme, il désigne aussi di-
(1904). Corde est employé techniquement par ter- verses choses alighées, ou de fines bandes ahon-
taines professions : par les bûcherons pour la me- gées dans toutes sortes de domaines. 0 Il est lui-
sure d’un volume régtrlier de bois (1350, en région même à l’origine de CORDONNER y. tr. tv. 1210) et
liégeoise), par les drapiers (1675; 1828, dans la lo- CORDONNET n. m. (1515) -petit COrdOB~ ou ‘petite
cution usé jusqu’à la corde), et par les pêcheurs tresse,, puis aussi (17541, &l spécial pour broder,
(17541 pour désigner la ligne de fond. -Très tôt, faire les boutonnières*.
corde a repris ao latin le sens de =boyau utilisé en CORDEE n. f. (1481, ‘ce qui peut être entOUé d’me
musique* (déb. xse s.) dont procède l’emploi méto- corde4 s’est répandu dans l’usage couram au sens
CORUSCANT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

#qui vit dans l’écorce des arbres,. et concerne soit tendu oped &-availl obligatoire dû au seignew.
le cortex cérébral, soit le cortex des glandes surré- à l’origine (8611 <service consistant dans le labou-
nales. ~Après CORTICIPÈTE adj. (19161, avec la rage des terres de la &Serve seigneuriales. Corro-
forme ancienne cortki-, apparaissent CORTICO- gata est le participe passé adjectivé au féminin de
MÉDULLAIRE adj. (19251. puis CORTICO-SURRÉ- corrogare *solliciter, inviten, composé d’aspect dé-
NALE n. et adj. f. (19381qui qualitïe et désigne la terminé en cum (+CO.~ de rogare -demander-
pérlphérle (cortex) de la glande surrénale et les (+ rogatoire). Aux v&-c? s., on relève une forme
hormones qu’elle sécrète. d’où CORTICOïDES contractée corvada, qui a pu donner la forme fraw
n. m. pl. (1956 dans les dictionnairesl. CORTICO- pise actuelle.
TROPHIQUE adj. (@ais COrticohophic, 19341 et + Le mot est un terme de droit ancien qui désigne le
CORTICOTROPHINE I-I. f. km&is cOrtiCOtrOphin, travail gratuit que les serfs devaient au seigneur et
19321, CORTICOTH~RAPIE n. f. (1959 dans les dic- dont l’origine remonte probablement au Bas-Em
ticsmairesl. CORTICOSTÉROïDE (+ cholestérol. pire. Jusqu’à son abolition dans la nuit du
d’où stérol et stéroiiie). 4 août 1789.le système de la corvée est essentiel au
CORTISONE n.f. est emprunté (19501 à l’mgb mode d’exploitation seigneurial et religieux dont la
américain corttsow, mot forgé en 1936 par le bio- production est fondée sur la petite exploitation
chimiste E. C. Kendall et le médecin Ph. S. Hench paysanne. À partir du xv’s. (v. 14601, contée ex-
de la Mayo Clinic, Minnesota, pour dénommer une prime aussi, au iïguré, l’idée d’une tâche ingrate.
hormone sécrétée par le cortex surrénal et utilisée pénible. Depuis l’abolition des corvées, il est em-
en thérapeutique pour ses propriétés asti-tiam ployé pour désigner certaines tâches dont se
matoires et antiallergiques. Le mot est l’abréviation chargent à tour de rôle les membres d’une commu-
de la dénomination scientilïque corticosterone ou nauté (1835. dans l’armée). o Au Canada, il a le
corttcosteron fcortilcolslterlone), le nom complet en sens de &avaiI collectif et gratuit fourni à un voisin
chimie étant 17 hydro%-ylI dehydrocodico-ster. pour l’aidep.
- CORTICOSTÉRONE n. f. est l’adaptation de l’a& w CORVÉABLE adj. (15941 est emprunté au latin
lemand Corticosteron (1938, Reichstein et dit). médiéval coweabilk (14261, dérivé de corvea (1265)
formé de l’élément cortico-, tiré du latin cortex =corvée*, forme parallèle à corvada. Après l’abo-
(+ écorce). de l’élément -sterlol/ l-cholestérol, sté- lition des corvées, il ne s’emploie que dans la
rol) et du Su&e chimique -one. L’importance de la locution !@u-ée taiUable et corvéable à merci fà
découverte de cette hormone en thérapeutique se miséricorde) d’origine juridique.
reflète dans l’adoption du mot dans de nombreuses
langues, dont le français, et dans la création de CORVETTE n. f., attesté depuis 1476, pose un
composés en -cortisone 0&mcortisone~, de COR- problème de formation : il est, pour les uns, directe-
TICOSURRI?NAL. ALE. AUX adj. (19501 et du dé- ment adapté, avec le Su&e -ette, du moyen néer-
rivé CORTISONIQUE adj. (1965). landais conter -bateau chasseur-, lui-même dérivé
de coti proprement spanlep, spécialisé pour dé-
CORUSCANT, ANTE adj., d’abord CO~~U- signer un sac à pêche et, en marine, un bateau de
tant (Xrves.1puis comscant (15071,est emprunté au pêche. Corflui-même se rattache, comme l’ancien
latin coruscans, participe présent de coruscare qui haut allemand ch&, cftorp, au latin corbis *panier
se dit des animaux qui se heurtent de la tête et si- en osier en forme de pyramide ou de cône- l+ cor-
gniiïe aussi -étinceler, briller= et, transitivement, beille) qui a pour dérivé corbita, désignant un na-
-bran&. Le verbe correspond à l’adjedlfcoruscus vire de transport. Selon une autre hypothèse, cor-
*qui s’entrechoques, aussi appliqué aux astres. à vette serait, malgré l’hiatus chronologique dû au
l’éclair pour =scintillant, étlncelant~. La racine de manque de dépouillement de textes techniques.
ces mots correspondrait à celle du grec skairein dérivé avec le Su&e -ette du français cote =bateau
*sauter en tous sens, dansep, rapproché de l’an- de pêches, seulement attesté en 1709 mals relevé
cien haut allemand scêron &tre pétulsnt~, moyen sous la forme corbe en 1520 (Flandre et Hollande).
bas allemand scheren *se hâter, courW et de di- Celui-cl représenterait le moyen néerlandais coti
verses formes nominales en germanique, en bal- Cette hypothèse est soutenue par corvot (14761 et
tique et en slave. corbette (16941,petit bateau ostendais qui surveillait
+Le mot a été repris avec le sens visuel de wzintil- les pêcheurs sur la côte normande.
lant, étincelant,. Il est tombé en désuétude après le +Le mot désigne un bateau relativement léger af-
xne s. avant d’être signalé au xc? s. avec la mention fecté à des missions de reconnaissance et, spéciale-
‘mot de Rabelais> (18421. puis d’entrer dans la ment, un bâtiment de guerre de taille lntermé-
langue littéraire (1882; 1875 comme nom, chez dialre entre la frégate et le brick. À partir de 1750,
Goncourtl. la corvette prend de plus grandes proportions et
.CORUSCATION n.f., d’sbonl cormscation (6n devient vaisseau de ligne; en 1773. elle sert déjà de
xIs’-déb. XI@ s.1 puis également coruscaci~n (13431, navire-école. Capitaine de corvette est un grade de
emprunté au dérivé bas latin coruscati qui dé- la marine qui correspond à celui de commandant
signe l’action d’étinceler. la fulguration, a suivi la dans l’armée de terre. -Corvette désigne au-
même évolution. Il a été repris par la langue lit& jourd’hui un petit bâtiment d’escorte et spéciale-
min? de la fm du Wp s. (Huysmans. 18841. ment de lutte contre les sous-marina
0) CORVÉE n. f. est issu (v. 11701,avec la variante CORYPHÉE n. m. est emprunté (1556) au latin
comvée (xn” s.l. du bas latin corrogata (sous-en- coryphaeus, lui-même pris au grec koruphaios =qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 895 CORNE

Cet adjectif est issu du latin mars (+ mer1 avec le (13401 et, par suite, un objet fait de corne (corne à
sul%xe -HIC, adaptant le germanique -ing. Dès le Chaussure, 1827).
w” s., dans les Gloses de Reichenau, on relève un . Beaucoup plus vivant que son ancien concurrent
co- marinum, mwinwn étant la latinisation du cor, il a produit de nombreux substantifs dans ses
germanique mrZng. différents sens, certains d’entre eux (cornichon,
4 Le mot désigne un oiseau aquatique. Par analo- par ex.1 étant démotivés.
gie, il s’applique quelquefois à un être humain, par CORNER v. tr. apparaît (1080) au sens de *sonner
évocation du cou replié et de la tête dans les du col‘r, puis est employé extensivement pour ‘pro-
épaules, et aussi de l’activité du pêcheur, souvent duire un son analogues, spécialement (déb. >ops.)
avec une valeur péjorative (Huysmans emploie cor- en parlant d’une trompe d’automobile. sens dis-
moran de Meaw d’après aigle de Meaux désignant paru au profit de klaxonner. Le verbe signifie aussi,
Bossuet). d’une chose, *émettre un brait prolongé, assez
sourd=, valeur déjà courante à l’époque classique
CORNAC nrn., d’abord Comaca (1637) puis (les oreilles me cornent, Molière). 0 Un autre sens
cornac (16851. est emprunté au portugais comaca de corne donne lieu à corner -plier. faire un pli à-
(1812). Ce dernier est emprunté à une langue ~IV (1829). -Le verbe, dans sa valeur acoustique, a pro-
dienne, probablement au cinghalais h~Zrcwa- duit CORNEUR n. m. (118.5)et deux noms d’action,
mïpka (restitué d’après coumakeas, chez un CORNAGE n.m. (1394) et CORNEMENT n.m.
voyageur hollandais du x&s.). proprement (1549). Le premier a désigné l’action de sonner du
‘dompteur d’éléphants,. cor, puis le son du cor et, par analogie, un son ana-
+Le mot désigne, comme son étymon, un conduc- logue, spécialement (1791) un râle que les chevaux
teur d’éléphants et a développé le sens figuré de et les ânes poussifs font entendre en respirant, puis
‘guide, personne qui introduit* dans la langue fa- (1814) un bruit analogue chez l’homme, par
millère (1833). exemple en cas de diphtérie. De là, l’emploi de cor-
ner (attesté 18351et de corneur (18351à propos des
l En ce sens, il a produit le verbe familier CORNA- chevaux atteints de cornage. oCorner dans ce
QUER v. tr. (1857). <servir de guide à qqn*. sens a Servi à former @CORNARD.ARDE adj.
(1834).
CORNALINE -a CORNE k COIIIpOSé CORNEMUSER V.k. est fOInIé
Cv.1223) des verbes corner ‘sonner du cor, de la
)ç CORNE n.f. est issu (v. 11~1) du bas latin trompez et muser ‘jouer de la musette> (+III~-
coma, altération de cornu, pltiel neutre pris sette). Il est sorti d’usage, mais son dérivé CORNE-
comme singulier féminin de cornu. Ce mot, qui est MUSE n. f. (v. 1300)reste bien vivant, alors que mu-
à l’origine de cor*, se rattache à une racine indoeu- sette a vieilli. Le mot sert à traduire I’anglais
ropéenne %or-, “ker- désignant des objets protubé- bagpipe et désigne surtout l’instrument des Écos-
rants. On la retrouve en latin dans cepvus (- cert? et sais, la cornemuse bretonne étant appelée biniou.
cerebwn (+ cerveau). en grec dans kara (+ chère), De corne, au sens d’%ngle Saillant~, provient COR-
kranion (+ crâne) et keras (+ kénttine). NIER. IÈRE adj. ti X? s.) qutiant ce qui forme
*Le mot, proprement ~excroissance dure de cer- un angle, un coin saillant, spécialement en
tains anirnaux~, a connu une expansion de type construction, en menuiserie (mobilier) et (1690) à
analogique, symbolique et métonymique. Il a été propos d’un arbre choisi pour marquer la borne,
employé en parlant d’êtres imaginaires, à com- l'angle d'une coupe de bots. -CORNIERE n. f
mencer par le diable et la licorne l+licome), et (1170) a le sens d’=angle*, se substituant à cette va-
s’est étendu aux bois des ce&., aux pédicules des li- leur de corne dans divers emplois techniques, en
maçons Iv. 1330) et aux appendices d’insectes. Cer- construction, en ébénisterie -où il peut passer
tshs syntagmes ont reçu une valeur figurée spé- comme la substantivation de l’adjectif cornier-,
ciale, tel corne de gazelle (mil. >oQs.), nom d’une ainsi qu’en marine et en imprimerie.
pâtisserie orientale. ~Symbole de puissance (en Le ~~~~~CORNET n.m. (déb.m~Ps.) concerne
particulier virile). la corne a été prise par dérision des objets en forme de corne, notamment destinés
comme l’attribut imaginaire des maris trompés : à produire des sons (6. cor et ci-dessus cornel. De
l’emploi du mot en ce sens apparaît au pluriel au ce sens procèdent des syntagmes en musique mo-
Xp siècle. (6. ci-dessous 0 cornard). -Très tôt derne, dont cornet à pistonna (1826) désignant un
Cv.1195), corne a aussi désigné les angles saillants instrument (cuivre1 analogue à la trompette, mais
pl-ésentés par un objet (cornes de mitre, o!e lune, plus court, appelé aussi cornet, absolument. Cornet
1265) et le pli fait au coin d’un papier. -Par figure, acot&ique, désignant un instrument qui recueille
il désigne aussi des objets faits à l’origine d’une et amplilie les sons, a été précédé par l’expression
corne évidée: tii, l’expression corne d’abon- cornet pour un sourd (1660). disparue. o Cornet dé-
dance (1559) traduit-elle le latin comwopia l- co- signe aussi par analogie de forme un contenant.
pieux). renouant avec le symbolisme de fertilité et par exemple dans cornet à surprise ou cornet de
de richesse dont la corne est porteuse depuis une glace. Depuis le moyen français (14831, cornet dé-
très haute Antiquité grecque. o Par la même mé- signe aussi une pâtisserie. 0 Le mot est usuel dans
tonymie, le mot désigne aussi un instrument sel= ce sens en Suisse et en Savoie, où il s’emploie là où
vant à avertir (+ cor) et, de là, un ancien avertisseur le français central utilise sachet, pochette. -Cornet,
d’automobile. oPar une autre figure métony- en musique, a pour détivé CORNETTISTE n.
<. .I . . , .
nuque. u aeslgne la suostance me de la corne (18661,=joueur de cornet (à piston&. -Un composé
COSMOS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

GIE n. f. (15821. par le latin scienti6que cosmologie, neau métallique en marine W1521 serait un em-
et COSMOGONIE n.f. (15951, sont introduits au prunt distinct au néerlandais hous, lui-même em-
xvPs., par emprunt à des composés grecs. prunté à l’ancien picard cause, correspondant à
-D’autres composés sont apparus en nombre au chausse* -bas,. -L’évolution est obscure; on a pro
xY a, tels COSMOBIOLOGIE n. f. k? s.1, COSMO- posé d’expliquer le sens technique d’après l’idée
TELLURIQUE adj. (19281, COSMOVISION n. f. que l’anneau -chausse, le cordage qui y passe. Tou-
(zc? s.l. COSMOGENÈSE n. f. (19551. - COSMO- tefois la coexistence en cosse de deux homo-
NAUTE n. (1934). COSMODROME n. In. (19611 et graphes d’origine différente n’est pas certaine, la
COSMONEF n.f. (19631 Ont été formés Sous l’in métaphore passant de l’enveloppe des graines à
fluence du russe, cosmonaute étant employé pour l’anneau de protection paraissant au moins aussi
les expériences soviétiques et concurrencé par as- naturelle. 0 D’ailleurs le mot réalise d’autres sens
tronaute, spatkmaute dans les autres cas. techniques fondés sur l’idée d’objet enveloppant; il
L’adjectif correspondant à cosmos, COSMIQUE, désigne la couche supérieure dune carrière (17511
est plus ancien. ll est emprunté (v. 13801 au dérivé et, en électricité, la pièce métallique en forme dan-
grec kosmikos. Terme d’astronomie, il a reçu dans neau, fixée à l’extrémité d’un fil électrique et qui,
le style littéraire, le sens fi@ hyperbolique de serrée à une borne, permet la connexion de l’un
-universel, hors des normes terrestres= (1862, avec l’autre (19251.
Hugo, amour cosmiquel. -En sont dérivés COS- w COSSU, UE adj. (13781 apparaît avec son sens fi-
MIQUEMENT adv. (v. 1380).les termes didactiques guré usuel de =riche* dès la première attestation.
COSMICITÉ nf. (19571 et COSMICIEN n.m. Ce Le sens propre, -qui a beaucoup de cosses,, est at-
dernier s’est employé v. 1900 à propos des physi- testé ultérieurement (15801 et s’est moins bien
ciens qui, étudiant les rayons cosmiques, abor- maintenu que le sens figuré, repris après 1718, et
daient le domaine subatomique (on parlera plus étendu par métonymie à une chose qui indique la
tard d’atomistes et de physiciens nucUaires1. Le richesse (18301. -L’ancien diminutif COSSETTE
mot a été repris (attesté 19641 au sens tout différent n. f. tfin xv” s.1 -petite cosse), sorti d’usage au xvie s.,
de ~spécialiste de l’astronautique (du .cosmos~l, de a été repris au WC” s. avec le sens technique de -la-
l’astrophysique>. melle de betterave à sucrez (av. 18691.
Sur le sens propre de cosse, on a formé le composé
ÉCOSSER v.tI-., <ôter la Casser (12001, Usuel en
contexte culinaire (écosser des petits pois), d’où
0 COSMOS - 0 COSMOS ÉCOSSEUREUSE n. (15691 et l’adjectif
ÉCOSSÉ. ÉE. tiré du participe passé.
COSSARD, ARDE adj. et n.. terme familier
d’introduction tardive (1898. Almanach du PèrePei- 0 COSSE - COSSARD
nordl, est probablement dérivé de cossu t+ cosse)
par changement de suillxe. le cossu étant suflïsam- COSTAUD + CBTE
ment riche pour se permettre de ne pas travailler
et d’être fainéant. COSTUME n. m.. d’abord coustume (16411 puis
t Q COSSE n. f. =paresseB (19091 est probablement costume (16621, est une spécialisation de coutinze’,
le dérivé régressif de cossard sur le modèle de par emprunt à l’italien costume ~couturne~ (12601,
tIenme qui provient de flemmard. Selon Esnault, il employé avec le sens restreint de ~manière de
serait plutôt dérivé de COSSON n. m. (v. 1100, ku- marquer les diiférences d’âge, de condition, d’épo-
çunl -coléoptère vivant sous l’écorce de certains que, des personnages~ (XVI” s.l.
ahres~, de nombreux noms d’insectes exprimant + Le mot apparalt en français comme terme d’art
la paresse ou l’inactivité &ourdon, cafard grelot) Correspondance de N. Poussin1 avec un sens voisin
mais cette hypothèse n’est pas appuyée sur un de -couleur localem, et est encore vivant dans cet
usage iïguré de cosson au Wp siècle. Cosson est hé- emploi vers 1856 (Balzac, Delacroix...1 avant d’être
rité d’un bas latin Ocossone, dérivé du latin impérial supplanté par couleur locale. oAu Xvmes., l’une
cossus =ver du bois>, mot sans étymologie connue. des caractéristiques les plus immédiatement per-
ceptibles d’un groupe social étant sa manière de
0 COSSE n. f. d’abord kuss 8ïn xes.l puis cosse s’habiller, on passe au sens de ~manière de s’habil-
(v. 12251, est d’origine douteuse, probablement d’un Ier conforme à la condition sociale, à I’époques
bas latin “coccia, forme altérée de cochka ou co- (17471 et, par métonymie. à -ensemble des vête-
&?a l+cuillerl -zolimaçon~ et -objet en forme de ments Wine personnels (1777, costwne de théâtre).
colimaçons. Ce dernier est emprunté, avec chan Le mot s’insère alors dans le champ sémantique de
gement de genre, au nom grec de même sens vêtement,habit. 0 Le sensusuel de -vêtement mas
kokhhs, dérivé de kokhlos, nom de coquillages culin formé dune veste, d’un pantalon et parfois
gastéropodes marins qui se rattacherait lui-même d’un gilet taillés dans le même tissu* est apparu au
à konkhê (- conche, conque). P. Guiraud voit plutôt WC”% avec la généralisation de ce type de vête-
dans cosse le représentant d’un galle-roman Ocos- ment en tissu sombre, comme habit du bourgeois
teus dérivé de costa =Côté, flanc= t+ côte). klïnspiration anglaisel.
4 Le mot désigne l’enveloppe contenant les graines t À la fin du xviii’ a. apparaissent les dérivés COS-
des légumineuses et, par extension, d’autres végé- TUMIER.IÈRE n. (17991 et ISEICOSTUMER
taux comme la châtaigne, le genêt, l’ajonc @n y. tr. pi-on. (17871, d’abord attesté au participe
>aF s.l. Son emploi comme dénomination d’un an passé adjectivé COSTUME. Ces mots ne sont pas
DE LA LANGUE FRANÇAISE COFLNICHE
CORNÉE n. f. est emprunté (1314) au latin mé- (Le mot, bien qu’introduit avec son acception
diéval comea kous entendu tunica) 112671.terme économique, s’est surtout répandu en football
d’anatomie signiiïant littéralement -tunique cor- (1897).Il y désigne un coup tiré du coin du terrain et
nées, coma étant le féminin de l’adjectif comew accordé par l’équipe adverse lorsqu’un de ses
dérivé de cornu t+ cornel. joueurs a envoyé le ballon derrière la ligne de but :
t L’usage du substantif (1314) s’est imposé, élhn- par métonymie, il désigne la faute qui fait bénéfi-
riant la traduction littérale du latin tunique cornée. cier du corner.
Le mot désigne la partie antérieure, transparente,
du globe oculaire d’après sa forme de calotte sphé- CORNFLAKES n. m. pl. est emprunté 11963)
rique un peu saillante. à l’angle-o-américain comflakes (1908). nom d’une
cL'sdjectif CORNÉEN.ENNE (18901, ‘re&f à la céréale communément servie au breakfast, consis-
cornée*, â qM.FhIent éliminé CORNÉAL. ALE. tant en pétales de maïs grillés et croustiiants. Le
Aux adj., enregistré quelques années auparavant mot signifie proprement =flocons de maïs>. Con, de
(1865). Cornéen est employé, par exemple, dans l’ancien snglais com =graim t+corned-beet) et
verre cornéen. =maïs~. a des correspondants fk.on) en ancien fri-
son, ancien saxon, ancien non-ois et ancien haut al-
CORNEILLE n. f. est issu (1174-l 187) du bas la- lemand. On suppose un germanique commun “kur-
tin “comicula, altération phonétique du latin clas- mm, qui selon les étymologistes anglo-saxons se
sique comicula -petite corneille*, diminutif de cor- rattache à un nom indoeuropéen “gmdm =pwticuIe
&. Celui-ci appartient avec corvus (&+cotbeau). usée ou mûries, substantivation du participe passé
nom d’un autre oiseau prophétique chez les AI- d’un verbe à racine “g-, “ger- duser, mûrir, vieil-
tiens, à un groupe de mots expressifs reposant sur lir+. laquelle est également représentée dans le la-
une base kor- (avec de grandes variantes dune tin granun (k+ grain>. le grec gerôn =Vieil homme,
lsngue à l’autrel: on a ainsi korônê -corneille* (- gérante). Quant à Rahe, &ocon, pétales ~IV s.), il
b couronne) et komx *corbeau> en grec, ktiav@ a des correspondants dans les langues nordiques,
*corneille (oiseau poussant le cri ha)* en sanskrit. le norvégien flah =flocon~, le suédois i.sfZak *III~~-
kruk en polonais, sotika en russe, etc. ceau de glace flottante>.
4 Corneille a éliminé comtie, représentant du latin +Le mot est plus connu en français depuis quel-
classique qui se maintient dans les parlers de ques années avec l’adoption croissante des cé-
l’Ouest, du Centre et de la Bourgogne et comme réales au petit déjeuner.
nom de fsmille (originellement, comme sobriquet
donné aux bavards). L’emploi de corneille dans la CORNIAUD n. m. a succédé (1845, contiau),
locution bayer aux CornefZfes t-bayer-1 s’éclaire par changement de suflixe. à une autre forme cor-
peut-être par sa variante bayer comme une cor- neou (16551,elle-même d’origine obscure. Apparu
netile qui abat des noix, l’animal étant pris comme avec le sens de <chien bâta&, le mot pourrait être
symbole de malsdresse et d’impuissance. Dans dérivé de corne* pris au sens de ~coin~ (le chien bâ-
l’usage classique, on surnommait corneille d’Esope tard étant le chien né au coin de la rue). Son sutlïxe
(ou d’tlomce) 1’écrivain,qui en plagiait un autre, en -eau, sous la variante dialectale -iau, a été refait
référence à la fable d’Esope et d’Horace selon la- l1929) sous l’influence de -aud
quelle la corneille se parait des plumes des autres 4 Le mot, qui désigne un chien mâtiné, est égale-
oiseaux (l’usage moderne dit se parer des plum.es ment employé en apposition (1845) avec une valeur
du paon). adjective. Quant au sens figure de *niais, imbécile>
w Au Wp s., sont apparus les deux dérivés de cor- (1949). il est peu probable qu’il soit une dérivation
neille désignant les petits de l’oiseau : CORNEIL- du premier. Il serait plutôt issu, par substitution de
LARD n. m., pour le petit de la corneille noire et du sufftxe, de comier~dupe, nia& (14551,lut-même dé-
choucas (1842). et CORNEILLON n.m.(1863) pour rivé, avec un autre suiBxe. de cornard, d’abord noté
celui de la corneille ou corbeau h-eux, mots rare- comati (v. 1270). proprement -homme qui porte les
ment usités. cornes= l-corne) d’où -niais, mari trompé*.
0 voir CORMCHE. t Le féminin CORNIAUDE semble récent.
CORNEMUSE - CORNE
CORNICHE n. f. est emprunté (1524) à l’italien
CORNER n. m. est emprunté (1889) à l’anglais comice, employé en architecture depuis la pre-
corner =Coin* km’ s.), lui-même emprunté à l’anglo- mière moitié du xrv” s. et à propos d’un étroit gra-
normand corner, de l’ancien français cornier issu din horizontal dans une paroi rocheuse (1315).
du latin tardif cornarium ~coin~ tv. 1150, lui-même L’origine de ce mot est controversée : une pre-
dérivé de cornu -pointe, angle saillants t-+ corne). mière hypothèse y voit le reprkentant du latin cor-
Le mot anglais a été repris dans deux spéciahsa- nwC (+comeillel avec un déplacement métapho-
tiens : la première s’applique à une association de rique comparable à celui de corbeau et, en grec, de
spéculateurs afm d’accaparer une denrée en pro- korônê ‘corneilles, ~extrémité recourbée-. Une se-
voquant artif@iellement la hausse de son prix; elle conde hypothèse part du grec korônis (dérivé de
est née aux Etats-Unis (1853). d’après l’expression horôti) +-ecourbé=. substantivé pour désigner le
to drive into a corner eacculep. La seconde est signe courbe tracé à la I%I d’un écrit et une cor-
l’abréviation de corner-kick (1887) *coup de coin*, niche. Le moyen français coronice relevé au XVI~s.
dans les jeux de ballon. serait directement repris au grec.
CÔTÉ 910 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gwé, &re tout proche de qqch. sans y atteindre.~ n. f. (17461. considéti comme msscnlin jusqu’au
(1845,côtoyer le ridiculel. Cet ensemble de sens a >op s.. appartient lui aussi au domaine de la bon-
s.bsortG celui d’ealler le long des côtes* (XII~ s.1, en cherie.
parlant d’un navire ou d’une personne, sens qui a COSTAUD, AUDE adj. et n. ti Xvm’s.. %StifI S’est
vieilli mais dont le pouvoir métaphorique est sen- longtemps écrit costeau,d’où costel (18461, avant de
sible dans les autres emplois. -En revanche, le changer de s&e sons l’influence d’adjectifs en
préfixé verbal ACCOSTER v. tr., proprement spla- -~MI, les s’expliquant peut-être par une influence
ter côte à côte, aborder, approcher- (XII” s.l. tout en occitane (provençal costo =Côte=). Le mot signilïe
développant par extension le sens péjoratif proprement aqui a une forte cage thoracique*,
d’&order (qqnlm (15731, notamment à propos d’une comme costatus en latin nTarr01-1) ; il a évolué vers
prostituée dans la rue (18661, est tombé dans l’at- le sens de wigonreux~. D’usage popnlak ou W-
traction de côte =rivages, s’appliquant à on navire lier, il a servi de dénomination argotique pour le
qui s’approche du rivage (14021, 6. atiwr. Cepen- souteneur (18461, revêtant des valeurs de ‘forts, -in-
dant, ses autres emplois en marine, <aborder un telligent-, -coriace*.
autre bâtiment pour l’attaquer, (av. 16001 et ‘se pla- COSTAL,AUX adj. est on terme médic&d em-
cer à côté d’on navire> (16941, procèdent bien du prunté savamment Iv. 15801 au latin médical tardif
sens de =Côté>. Du point de vue morphologique, il costdis. -En sont tirés INTERCOSTAL, ALE. AUX
semble que le s, normalement smuï dans accoter, a adj. (15361, SUBCOSTAL. ALE. AUX adj. (v. 15601.
été réintroduit an xwe s. sous lïnfIuence de l’italien 0 voir cm.
accostare ou du provençal acostar. 0 Les dérivés
ACCOSTABLE adj. (XVIe S.1, ACCOSTE n. f. (18451 CÔTÉ n. m. est issu (10801 d’un latin populaire
et ACCOSTAGE n. m. (1872) #fait d’aCCOSten, sont Ocostatum,restitué par ses aboutissements en es-
rares. pagnol, italien, et lui-même dérivé de costa <côte*
COTEAU n. m., d’abord costek au pluriel (v. 11601, et *côté> (+Côte). Cette forme est d’autant plus
puis costal ko1~s.1, couteau (1599)et coteau (16111, sûre que l’adjectif costatus s’est employé en latii
bien que démotivé graphiquement par l’absence classique (varronl pour désigner un boeuf =à
d’accent circontlexe, se rattache à côte <pente bonnes côtes>, c’est-à-dire =fortm (cf. l’évolution de
d’une collines. Employé pour une petite colline, il costaud, *côte). Le latin classique utilisait lotus
est, comme côte, spécialement associé à la culture (+ lé1 dont le représentant ancien fiançais lez a été
du vignoble (15641. éliminé par côté au xv” s. et dont un dérivé a donné
CÔTELÉ, ÉE adj. k11~s.1 vient de côte =nervnre*, latéral.
qual&mt moins souvent un végétal que, par analo- +Le mot a d’abord désigné la partie latérale de la
gie, une arme, un outil pourvu d’arêtes en métal cage thoracique et, par extension métonymique.
longues et aiguës puis également un tissu lVeZours celle du corps humain entier (10801. Ce sens, vivant
côtelél. - C~TII%E. COSTIkRE n. f. (v. 11701, qui jusqu’au XVII~~., s’est maintenu dans l’expression
s’est maintenu avec deux graphies, se partage point de côté -douleur (piqûre) an côté>. 0 Dès le
entre deux sens : d’abord employé au pluriel pour XI$ s. le mot désigne la partie latérale d’une chose
les côtes de la mer, il est resté en géographie la dé- Cv. 1260, Rutebenf, au figurél, à la fois dans l’usage
nomination du versant d’une montagne (av. 12001, commun et en géométrie knr” s.l. 0 L’accent quel-
6. côte et coteau. passant en horticulture pour dé- quefois mis sur la partie d’une chose par opposition
signer une planche de jardinage à bonne exposi- à d’autres parties (v. 13601, a motivé le développe-
tion, où l’on cultive les primeurs (16901. -D’autre ment des sens figurés: censemble de personnes
part, le mot a été synonyme de côté jusqu’au xvnle s. par opposition à d’autres. parti= (14991 et, le côté
et en a gardé des spécialisations techniques : il est d’une chose étant ce qui se présente an regard, -as-
employé en construction pour un encadrement de pect, (1664, chez La Rochefoucauld). Diverses va-
pierres en saillie autour d’un four, d’une cheminée leurs sont réalisées dans les locutions usuelles du
(1757) et, an théâtre, pour une rainure ou une côté de, -dans la direction des, illustrée par Proust
trappe servant à faire passer les décors dans le ~DU côté de chez Swann), à côté (15801, à côté de
plancher de la scène (18691. -L’adjectif Cd- (16901, regarder de côté (16901 et laisser de côté
TIER. IÈRE (v. 12501 est d’abord dérivé de coste au (1787, Féraudl, cette dernière exprimant à la fois
sens de &t&, au figuré pour ‘parent en ligne col- l’abandon et la mise en &Serve.
latéralen. Le sens moderne de ‘relatif an littoral*
(13761 vient de côte Mvage~. CbTELETTE - COTE
COTELETTE n.f., d’abord costekdte (v. 13931 n’a
pas de valeur diminutive générale ; le mot s’est im- COTERIE n. f. (13761, précédé par le latii mé-
médiatement spécialisé en boucherie à propos diéval cote& (12551, de coteBus k-dessous), est le
d’une côte de porc, de mouton (plm petites, en ef- dérivé en -crie k&e exprimant le lieu où
fet, que les côtesde bœut? destinée à la consomma- s’exerce un droit, une action) du radical de cotir
tion. Ultérieurement, le mot a reçu quelques em- au mes. (v. 12831. après la forme latine coteries
plois imagés dans l’usage populaire. désignant des (10861 <tenancier d’une petite tennre rurale*. ad-
favoris (18691 et entrant dans les expressions man- jectivé pour qualifier un cens payé pour cette te-
ger des côtelettes =être comblé d’applaudisse- mn-e. Cotir et sa lattisation viennent de l’ancien
mentsm (18691, côtelette de vache *morceau de fro- français “cote -cabane* que l’on restitue d’après des
mage* (18691, toutes deux oubliées, et, en argot, toponymes normands Waucottes, Caudecottes,
pisser une côtelette wxouchen. -ENTRECOTE Brocottes, etc. et d’après le dérivé cotin *maison-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 899 CORPS

CORONAIRE, CORONAL + COURONNE particulier dans la vie politique, en parlant d’une


assemblée, d’une =Corporation*.
CORPORATION n. f. est probablement em- +Tous ces sens sont repris ou développés par
prunté (15301 à I’anglais corporation, d’abord ‘fait corps, apparu au sens &=Organisme Vivant~. Le
de former corps> (xv” s.1,par métonymie ensemble français, dans le contexte d’une culture catholique.
de personnes organisées en corps,, et spéciale- saisit immédiatement le mot dans son opposition à
ment -personne morale créée par une chartes, esprit et à âme (locution corps et âme), non sans
puis au xwes. “compagnie de commerce,. Le mot une dépréciation sensible dans des locutions du
anglais est emprunté au latin médiéval corporati type diable au corps. faire folie de son caps
(1142, dans corporatio cititatisl, formé sur le supin (v. 12601d’où vient tardivement femme folle de son
du latin médiéval corporari <se former en corps>, corps (18631.0 Corps s’applique aussi au corps hu-
du latin classique corpus (+ corps). main après la mort, spécialement dans un contexte
+ Le mot apparaît en français dans Palsgrave ( 15301 religieux (v. 10501, réalisant un transfert symbo-
pour désigner des institutions anglaises et ce n’est lique avec corps glorieux (15241, ainsi qu’au corps
qu’au xvm” s. qu’on commence à l’employer à prc- pris comme objet de l’anatomie ou considéré sous
pas des Français, souvent au sens très général de son aspect extérieur. oPar le procédé métony-
-corps à statut juridique*. mais déjà en l’appliquant mique qui consiste à exprimer la partie par le tout,
aux métiers. ll se répand au & s. et ne devient un il désigne parfois seulement le tronc (v. 10601et la
terme d’histoire qu’à la 6n du XY s. et au >Or”siècle. partie du vêtement qui recouvre le tronc (v. 11701
ll est inconnu au xvnes., et n’a pas été contempo- [cf. ci-dessous corset, corsage, corseletl. o Par le
rain du système des corporations, liquidé par la FL& procédé inverse qui exprime le tout par la partie, il
volution : on utilisait alors corps de métier, métier, est employé avec le sens d’sindividu, personne>
maîtrise jurande et communauté. Comme artisa- (v. 1050, dans de nombreuses locutions comme à
nat, le mot est donc anachronique par rapport à ce corps perdu (15801,garde du corps (15491 et. dans
qu’il désigne. Les corporations sont apparues au un contexte d’abord juridique, à son corps défen-
xf s. (sous forme d’associations de marchands1 et dant (1613; sous une autre forme, 12201,prise de
se sont multipliées aux MI~et xxe s., recevant leurs corps (12831.-Selon le même développement que
premiers statuts et privilèges. Ces statuts défi- le latin corpus, corps désigne un objet matériel,
nissent généralement la composition des métiers dans des emplois particuliers : corps céeste (1220);
en catégories hiérarchisées (cf. maitre, apprenti, corps estrange (15611,devenu corps éfranger(l6601
valet). Le déclin des villes ne les empêche pas de se et. depuis 1580, avec une valeur générale. ~Plu-
multiplier et de prospérer aux xwe et xwe s. dans le siens emplois spécialisés sont apparus depuis en
cadre national monarchique. mais dès la fin du chimie ( 1585, corps simple - redéfini par la chimie
mes.. on leur reproche toutes sortes d’abus. Au moderne, 6. éZément1, en marine (corps flottant)
xvme s., sous l’inlluence des physiocrates, Twgot les ainsi qu’en droit avec corps du délit (1824; 1754,
condamne et les abolit par l’édit du 5 février 1776. corps de déZit1, expression calquée du latin corpus
La Révolution et l’essor du capitalisme balaient, au deMi -chose qui constitue et forme la preuve du
nom de la liberté d’entreprise, ce qui reste du sys- délitn. -Par analogie avec corps ‘tronc, et par op-
tème en France, puis dans le reste de l’Europe. position à membrefs1, le mot désigne également
o Appliqué à l’Angleterre, corporation désigne une (xm” s.1 la partie principale d’une chose matérielle.
communauté d’habitants créée par charte royale Son emploi dans le vocabulaire de la marine au
et jouissant des mêmes dmits qu’un particulier sens de -partie principale du navire, coques est à
(17341.On a gardé le mot en contexte français pour l’origine d’une locution figurée où le sens de corps
désigner l’organisme social que constitue l’en- est généralement mal interprété : n>ufer corps et
semble des personnes exerçant une même profes- biens. 0 D’autres emplois spéciaux sont apparus
sion. dès le xnP s. : corps de la maison, puis en arcti-
w SOn rdid a Servi à fOmE!r CORPORATIF, IVE tecture corps de bâtiment, et. plus techniquement,
adj. (av. 1837, Fourier), CORPORATISME n. m. à propos d’un meuble, d’un organe, d’un arbre et
(1911, JaWèS) et CORPORATISTE adj. (v. 19301,ces d’une lettre, le corps d’une 1eth-e désignant le trait
deux derniers termes économiques employés cou- principal qui dessine une lettre, en typographie
ramment pour =attitude d’esprit de corps profes- (15281 et en calligraphie (16941. -Par une autre
sionnelm. analogie, le mot exprime la consistance de certains
objets : on l’emploie en parlant d’une teinture
* CORPS n. m. est issu (v. 8811 du latin corpus. (1560), d’un vin (1680, avoir du corps),d’un aliment
mot appartenant à un groupe obscur, peut-être ou d’un tissu, et, plus abstraitement (av. 17151,dans
élargissement d’un thème en “krp- attesté en indo- des locutions comme donner du corps, prendre
iranien. Dès l’origine, corpus est pris dans l’opposi- corps,faire corps. - EMn. le sens collectif et flgoré
tion -corps-âme,, opposé à anima ou animus, et du latin, =groupe formant un ensemble organisé*, a
désigne non seulement l’organisme vivant, mais été repris par corps Wln mues.1dans un corps de lois
aussi le corps inanimé, le cadavre (peut-être par (+ corpus) et témoigne d’une grande fécondité, à
traduction du grec sôma, -somatiser-l, ainsi que côté d’un mot apparenté, corporation*; sur le plan
tout objet pris dans sa matérialité, toute substance des institutions, il entre dans corps politique (15851
matérielle. Par métaphore, il est employé à propos et dans plusieurs syntagmes apparus pendant la
de choses composées de parties (comme le corps période révolutionnaire: corps constifués (1789,
est formé du tronc, de la tête et des membres), en Sieyès), corps électoral (17901, corps social (17921.
COTYLÉDON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de laine porté par les paysannes de la Flandre=, et t La répartition des sens entre cou et col a conservé
le composé COTTE-HARDIE (v. 1X0), terme histo- à cou son sens anatomique, -partie du corps qui re-
rique désignant un court vêtement de dessus porté lie la tête au tronc (surtout chez l’homme),. Jl entre
par les deux sexes du xrv” an ti siècle. -Seul le dans plusieurs locutions dont jusqu’au cou (v. 13601
dérivé COTILLON n.m. (1461) est encore vivant et, a” figuré, se jeter au cou de qqn (1644). La bride
pour n’être pas resté strictement un terme d’ha- sur le cm (av. 16501concerne évidemment le cou
billement : traditionnellement, il désigne une jupe du cheval. -Au figuré le mot désigne la partie
de dessous portée par les femmes du peuple (en- étroite et allongée d’une bouteille (16901, en
core dans les parlers méridionaux1 ; de là, par l’in- concurrence avec col.
termédiaire de l’expression troussew de cotiJZon.s, t Il entre comme premier élément dans quelques
il a pris le sens de cfemmem et eensemble des noms d’oiseaux composés, tels COU-‘TORS (et tor-
femmes, (17181 dans le contexte galant de la lo- cou, 1555) et COU-ROUGE (17671, éliminés respec-
cution courirle cotillon. 0 Peu après 1700,il est de- tivement par torcoZ* et rouge-gorge*, ainsi que Cou
venu par métonymie le nom d’une danse que l’on COUPÉ (1829). oPar analogie, il est utilisé, tou-
dansait avec le cotillon relevé, produisant an xxe s. jours à propos d’une partie du corps, dans COU-
COTILLONNER v. intr. (av. 1866) et COTILLON- DE-PIED (av. 1250; Y. 1172. col del pi&.0 Coufour-
NEUR, EUSE n. (18641, aujourd’hui vieillis. Appli- nit aussi le premier élément de noms de végétaux
qué en particulier à la danse collective, la farandole (COU de chameau, 1732; COU-de-cigogne, 18321.Tous
qui avait lieu à la fin du bal, cotülon a pris son sens les dérivés du mot sont formés sur col*, pris en gé-
moderne de -réunion accompagnée de danses et néral avec son ancien sens de =COU~. -BRISE-COU
de jeux, (à l’occasion d’une fête, notamment la n. m. (16901 -lieu dangereux* a été remplacé par
Saint-Sylvestre). Il est parfois employé elliptique- casse*-cou. -LICOU n. m. - COL (licol).
ment pour accessoires de cotZZlon. 0 “or CASSERICASSE-CO”,.
0 voir REDINGOTE.
COUARD + QUEUE
COTYLÉDON n. m., d’abord sous la forme co- ilç COUCHER v.. d’abord coulcher, couchier
tilltines (13141puis, conformément augrec, CO@&- (17721,est l’aboutissement de colcer (v. 10501,culcer
dons (1534) au pluriel, est emprunté an grec hotu& (10801,issu du latin collocare, de cum (+ CO-Iet lo-
dôn a-eux, cavités, employé spécialement à tare l-louer). Ce verbe latin, qui signifie générale-
propos des suçoirs du poulpe et, en anatomie, de la ment -placer, disposer=, a pris tardivement, à par-
cavité de l’articulation de la hanche (Aristote) et tir du sens particulier de #placer horizontalement~.
des vaisseaux à l’orifice de l’utérus (Hippocrate). le sens de ‘mettre an lits et sse mettre an lit> (à la
Ce mot est dérivé de hotu@ WXWX~, usuellement forme pronominale se collocarel.
-jatte, coupes, spécialement -mesure de capacité.,
employé par métaphore en anatomie. Son origine *Le mot est apparu à la forme pronominale se col-
est obscure, soit emprunt, soit terme apparenté au ter avec “partager le lit de qqm (10501, sans les
nom de la tête, an dorien kottis, lui-même sans éty- connotations sexuelles que développera l’emploi
mologie connue, ou encore au slave (tchèque ko- familier de coucher avec (v. 15391,prolongées ulté-
tlati se =devenir creux*). rieurement par l’emploi absolu de coucher. 0 Dès
1080,se coucher est attesté avec le sens usuel de <se
+ Le mot a été introduit en anatomie en parlant des mettre an lit= et, en construction transitive, coucher
lobes du parenchyme placentaire (d’où le syn- qqn -mettre a” lit.. Ce n’est qu’au ~E?S. qu’on
tagme cotyZ&ions de la matrice, 15341,sens disparu. trouve l’expression allez vous coucher! (18351,em-
0 Au XVIII~s., il a été repris en botanique à propos ployée par désinvolture pour &xissez-moi tram
de l’expansion latérale de l’embryon végétal qui quillen. 0 Dès 1080. le verbe est employé par méta-
contient des réserves nutritives pour le premier phore en parlant du soleil qui disparaît à l’horizon
développement de la plante (1786, chez Bernardin (cf. couchant) et, par extension, an sens d’-étendrez
de Sain-Pierre). (+‘étendre~ à la forme pronominale), parfois, dans
t Les dérivés se rapportent à la botanique : ce sont, le contexte d’un combat, -terrasser l’adversaires
dès la ti du XVIII” s.. les termes de classifwation DI- Cv.13051.OLe ver%e, en ancien français, reçoit le
COTYLÉDONE adj. et n. f. pl. (17831et MONOCO- sens figuré de .consigner par écrit- (v. 12831qui an-
TYLÉDONE adj. et n. f. pl. (17871,caractérisant les nonce d’autres emplois à venir avec l’idée de =rap-
végétaux d’après leur nombre de cotylédons, puis, procher de la position horizontales. Celle-ci est
au XMe S.. kS adjectif3 COTYLÉDON& ÉE (18291, réalisée dans la locution coucher un &iZ en joue
d’où DICOTYLÉDONÉ. ÉE adj. et n. m. pl. (18621. .-le disposer horizontalement contre sa joue, d’où,
par transfert de complément, cuucher qqn en joue
COU n. m. est originellement (v. 11701 l’ancien (1649) ale viser=. La même idée se retrouve dans les
cas régime (complément) pluriel de col*, cous. Le syntagmes coucher une plante (15381. coucher de
mot est issu du latin de même sens collus, devenu Argent au jeu (av. 14001et, probablement d’après
collum, peut-être par attraction du genre neutre de couche, coucher ses couleurs, en peinture (1573).
plusieurs noms désignant des parties du corps. c Coucher a produit de très nombreux dérivés : lui-
Collus est lui-même issu de “kol-so-s qu’il faut, soit même a été substantivé dès le XII~s. sous la forme
rattacher au groupe de la racine indoewopéenne couchier Cv.1165)an sens d’Action de coucher quel-
‘kel- <en haut* (+ exceller). soit plus probablement que part, d’assurer son gîte à qqn> Ile vivre et le
à celui de “k”eZ- .-tourner- (+ quenouille). WWher~. 0 C’est au XII? s. que COUCHER n. m. a
DE LA LANGUE FRANÇAISE CORRECT

cv. 11601, emprunté au latin incorporalis, qualifie ce CORRECT, ECTE adj. est emprunté (1512) au
qui n’a pas de corps, dans un contexte religieux, latin correctus *qui a été corrigé, amélioré*, parti-
puis philosophique et enfin en parapsychologie. cipe passé adjectivé de corrigere (-corriger).
- INCORPORALITÉ n. f., emprunt (13721 au dérivé + Le premier sens de correct, général et didactique,
latin chrétien incorporalitas, a les mêmes valeurs. correspond à *conforme aux règles fixées dans un
INCORPORER v. tr. (1411; fin&%, encorporerl, domaine donné=. Au xw’ s. s’y ajoute le sens parti-
emprunt au latin incorpwcwe avec in- au sens de culier de ‘conforme aux usages, aux bonnes
wem, ‘dans>. a pris ses sens modernes à partir du moeurs (en parlant de qqn, de son ComportementIn
xv” s. : *enrôler km homme) dans un bataillons, (av. 1696). en référence à une norme sociale expri-
-faire entrer comme partie d’un tout- et (1495) #unir mée en termes de convenance et bienséance. Ulté-
une matière à une autre= (1688, à la forme prono- rieurement (18301, correct est appliqué concrète-
minale). -INCORPORATION n. f. (déb. xv” s., en ment au vêtement (tenue correcte).0 Au XVIII~ s., il
contexte religieux) est emprunté au bas latin incor- développe à la fois le sens de =Conforme aux
poratio -action d’incorporer et en latin chrétien règlesm, dans le domaine de l’art (av. 1776) et, tou-
incarnations. formé sur le supin de incorporare. jours dans celui de la vie sociale, celui de
Son sens courant, #action de faire entrer une subs- conforme à la morales (av. 1755). Ce dernier, dans
tance dans une autre-, est apparu avant 1690 et son des syntagmes comme un jeune homme correct
sens particulier d’&scription sur les contrôles mi- (18361, une maison correcte (18291, a parfois la
Maires~ avec l’institution de la conscription (attesté même valeur péjorative que convenable, honnête.
1835); ksxiption de soldats dans un nouveau réépi- o Politiquement correct, calque de l’anglo-améri-
ment, ( 177 1 Tr&ou~). -Un composé en re- à valeur min politically correct,qualifie ce qui respecte cer-
itérative, RÉINCORPORER v. tr. est attesté en 1319 tains principes de morale sociale (notamment dans
sous la forme rencoiporer et en 1600 sous la forme l’expression par le langage, entraînant tabous et
moderne pour =réincaxnerx ll a été reformé sur in- euphémismes). Aussi nm., le politiquement cor-
corporer *u sens militaire (1771). rect.
0 voir CORPORATION. CORPULENT. CORPUS. *De correct est dérivé CORRECTEMENT adv.
(14021 qui a supplanté l’emploi adverbial de l’ad-
CORPULENT, ENTE adj. est emprunté jectif -L’antonyme préfixé INCORRECT. ECTE
(av. 1380, Bersuirel au latin corpulentus ‘gros (d’an& adj. (1421) possède, inversés, tous les sens de cor-
maux, de personnes)>, dérivé de corpus (+ corps). rect mais est surtout usuel au sens de agrossier, im
poli* (1564). ol’antonyme de l’adverbe, INCOR-
+Le mot a gardé le sens du latin et éliminé l’ancien
RECTEMENT, est attesté depuis 1538.
français corporu, autre dérivé (11551 de corpus par
CORRECTION n. f. (XIII’ s.l est emprunté au latin
le participe passé du verbe corpomre, corporatw
correcfio *action de corriger, de redresser qqn,
D’abord employé pour =~KW. à propos d’un ani-
qqch.s, dérivé de cotigere. Il possède tous les sens
mal, d’un objet, il ne se dit plus que d’une personne
de l’adjectif correct mais privilégie -comme déjà
mec une idée d’excès (1492).
le latin- le sens de =réprimsnde. peine en
•L~ nom correspondant, CORPULENCE n. f. compensation d’une fautes dans le domaine reli-
(av. 1350) est emprunté au latin corpulentia, gieux, à propos de la vie privée et dans le domaine
d’aboxi avec le sens de dimension, taille (d’un ob- juridique. On connaît encore l’expression maison
jet, d’un anim&, attesté jusqu’en 1593, puis avec le de correction (17181, bien que la dénomination ait
sens moderne de ‘grandeur et grosseur (du corps été remplacée successivement par colonie péniten-
humain)> (1410). L’usage moderne a surtout retenu tiaire (1850) et centre d’éducation surveillée. Le mot
l’idée de grosseur, revenant à la valeur du latin est couramment employé à propos d’une peine
classique. exemplaire tigée par décision personnelle, no-
tamment d’un châtiment corporel intligé à un en-
CORPUS n. m. est l’emprunt tel quel (fin &s., fant, d’où le sens extensif de =fait de battre> Anfligeer
corpus Dei) du latin corpus par ailleurs passé en une correction à l’adversairel Comme pour le
français sous la forme cors, corps’. verbe corriger, le sens physique implique alors la
volonté de punir, puis de dominer, de battre et non
+Le mot a longtemps eu le seul sens d’-hostie> (at- plus l’idée d’améliorer. o Au sens d’=action de cor-
testé par la lexicographie jusqu’au xv& s.) dans les riger (un texte),, on parle de correction d’épreuves.
expressions corpus Dei, corpus Domini (1206),cal- Correction désigne le travail de correcteur et cor-
quées du latin chrétien. ll a été repris en droit au rection automatique la substitution de formes lexi-
WC” s. dans corpus juris (1863) -collection du droit cales graphiquement correctes aux formes fautives
romains, calque d’une expression du latin clas- par un programme informatique. -En revanche,
sique. Par généralisation du sens qu’il a dans cet l’t%IItOnyrIIe INCORRECTION n. f. (1512, *faute
emploi, il désigne un recueil de pièces et docw d’usage de la langues) privilégie l’idée de -ce qui
ments concernant une même discipline et, par est contraire aux usages du savoir-Vivre~ (1587, rare
analogie, un répertoire scientifique. Il est spécialisé avant la 6n du tis.1, idée particularisée dans
en linguistique au sens d’=ensemble d’énoncés ser- commettre une incorrection (~9 s.l. -Correction est
vant de base à l’analyse* (1961). Le pluriel latin cor- à l’origine de plusieurs termes de droit pénal for-
para est d’usage didactique. més sur son dérivé CORRECTIONNEL, ELLE adj.
(1454l, substantivé au féminin Gz correctionneW
CORPUSCULE * CORPS par ellipse de tribunal de police correctionnelle,
COUDE 914 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

en restaurant le second c et en assimilant les deux COUDER v. tr., d’abord col&- (1493) puis couder
voyelles : ainsi. coucou a éliminé dans ce sens la va- (16011,réalise l’idée de *plier, courber en forme de
riante cocu (xue-xvnes.l. Le latin cuculus était aussi coude>, à l’origine à propos d’une opération de viti-
employé comme terme injurieux pour on amant culture. Il est surtout d’usage technique (1680,
adultère (d’après l’habitude de l’oiseau de pondre comme terme de tailleur pour -faire le coude d’une
ses œui? dans on autre nid) et pour un amoureux manche?), de même que ses dérivés COUDAGE
transi. Il servait aussi à désigner une plante. n.m.et COUDURE II.~
* Le premier sens est passé à cocu*, tandis que cou- COUDOYER v. tr. (1595), -pousser du coudes, s’est
cou, repris comme nom d’oiseau, est également affaibli au sens de =toucher (qqn) du coude, être au-
devenu le nom de la primevère sauvage (1666; près de luis (v. 1663) et a développé (1786) le sens fi-
1557,coquul et du narcisse des bois (18451, ces guré de <côtoyer, ii-équenten kotoyer restant tou-
fleurs commençant à fleurir à l’époque où le cou- tefois plus usité); il a produit COUDOIEMENT
cou commence à chanter. o Coucou désigne aussi, n.m.(1832).
au XI? s., par ellipse de pendule à coucou, une hor- Par prétiation, coude a produit S'ACCOUDER
loge dont la sonnerie est remplacée par un oiseau v.pr.(déb.xu~"s.l et ACCOUDERV.~~.(~~~~~~II~LI
de bois imitant le cri du coucou (1832). 0 Vers 1800, xne a. comme participe passé, accoudé) ‘s’appuyer
on a nommé coucou une petite voiture publique qui sur le coudes l+ accoter+ Le ve&e s’emploie aussi,
conduisait les voyageurs dans les environs de Pa- comme accoudement, dans une spécialisation mili-
ris, soit pour sa couleur jaune (rappelant celle des taire(1845).-LedérivéACCOUDOIR~.m.(xIv"s.),
primevères dites coucous), soit pour son bruit sac- d’abord employé comme terme d’architecture. a
cadé évoquant un oiseau cognant à l’arbre. 0 Par influencé, sous sa forme ancienne acould~~uer, le
extension, cette appellation est passée à divers vé- dérivé d’accoter, accotoir pour son sens d’*appuiB
hicules en mauvais état, avion (1914) et petit train (1560). 0 Il est concurrencé par le composé récent
(1916). -Par analogie avec le cri de l’oiseau, coucou APPUI-COUDE n. m. -Accouder a aussi pour dé-
est employé comme onomatopée (1660) pour le cri rivé ACCOUDEMENT n. m. (1412), d’abord au sens
des enfants jouant à cache-cache et, de là, pour le de *lieu où s’accouder* pois avec on sens, au-
cri manifestant une présence inattendue (1887). jourd’hui vieilli, =action de s’appuyer sur le couden
l S~co~~o~eStfO~éleVerber~eCOUCOUER (16111, spécialisé en termes militaires pour dési-
v.tr.ou COUCOULER (1838) <imiter le cri du cou- gner la position au coude à coude des fantassins en
cou» (le latin avait déjà cuculare). rangs (1837).
0 voir CuBrTuS.
COUDE n. m., d’abord cute (v. 11211,cote (1165-
1170). pois code (XUI’S.) et enfin coude (1387.13911, COUDRE v. tr. est issu, sous la forme colàre
est issu du latin cubitus cpliure du br&w, d’où -~OUI= (v. 11601,puis coudre, d’un latin populaire ‘cosere.
bure, inflexion* et emesure de longueur-. Les An- réfection du classique consuere <coudre ensemble*,
ciens établissaient un rapport avec cubare (+ cou- de cum Id CO-Iet suere =Coudre* (+ suture), d’après
ver). mais il peut s’agir d’une étymologie l’emploi de ‘coso pour consu à la première per-
*popuIaire~. La forme grecque parallèle hubiton est sonne du présent.
sicilienne et soit empruntée au latin, soit de la 4 Le verbe, qui signifie ‘assembler au moyen d’un 6l
même origine peut-être sud-italique. passé dans une aiguillez, est entré dans les expres-
+Le mot, d’abord attesté dans le sens métony- sions bouche cousue ti XV~~.,d’après coudre au
mique de --longueur d’un coudes, réservé depuis le sens abstrait de =lier-l et cousu de tD blanc (16771,
xvf s. au dérivé cou&%, désigne (v. 1165, cote), l’w- restées usuelles. La périphrase machine à coudre
ticulation du bras et de l’avant-bras. Dès le moyen (18571, d’abord dénommée en anglais. est demeu-
français, il a fourni plusieurs locutions dans les- rée la seule désignation de l’objet. Le sens figuré de
quelles se côtoient sens propre et sens figuré: *assembler, joindre sans arts (1661, à propos des
jusqu’au coude (>ov”s., au sens propre). jouer des éléments d’une pièce de théâtre). a donné quel-
coudes et coude à coude (av. 1755). o Par métony- ques emplois techniques en reliure, pêche et
mie (av. 1660), il désigne la partie du vêtement qui chirurgie.
recouvre le coude (par la même figure que col, poi- t Le participe passé COUSU est adjectivé et sub-
gnet). Par analogie de forme, ll est employé tech- stantivé familièrement au féminin kowue et sut-
niquement (1611) à propos de la partie d’un outil tout une toute cousue1 pour désigner la cigarette
qui forme un angle saiIlant. et plus généralement manufacturée (et non roulée à la main). - Son radi-
(1690) de tout angle obtus que fait un chemin, etc. Il cal a servi à former deux dérivés. COU-
désigne en particulier (1694) on bout du tuyau mé- SEUR,EUSE n. et adj. kW.1300, COUSereS)=per-
tallique permettant de changer la direction d’une sonne qui couds, est dit spécialement au féminin de
conduite (coude de conduite). l’ouvrière qui coud les cahiers des livres dans les
c COUDÉE n. f., d’abord cotee (1165-11701,puis co- ateliers de brochure (18031ou de la machine (1863).
àee Cv.12501,coukiée (1530) et enfin coudée, a sup- -COUSETTE n.f (av.18781 a désigné familière-
planté l’ancien français cute désignant la mesure ment une jeune ouvrière de la couture et se dit en-
de longueur en usage chez les Anciens, représen- core quelquefois d’un petit étui à couture (1926).
tant environ 50 cm. Par métonymie, il a pris le sens Par prédation, coudre a produit RECOUDRE v. tr.
d’-espace nécessaire pour remuer les coudes% ku"s.>etDÉCOUDREv.tr.(1175)=défakecequiest
dans la locution avoir les coudées tianches, attes- COUSU~. Ce verbe est usité spécialement en vénerie
tée au figuré (1580) puis aussi au propre (1611). (1678) au sens de ~déchirer le ventre d’un chien par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 903 COFmOMPRE

au xvm” s.. dans une petite cité montagnarde d’An- GIBLE adj. emprunté aM&iem’ement (1334) au la-
dalousie, Ronda. Tout au long du XI? s., elle s’am tin incotigibük et employé tant à propos d’une
pliCe et s’&e, ajoutant la beauté du geste. une chose que d’une personne (v. 13501. INCORRIGIBI-
certaine lenteur hiératique à la vigueur et à la sym LITÉ n. f. (v. 1500), d’usage didactique, est rare.
bolique du combat. Avant même d’être introduite 0 voir COaaEcI cetcoRaEmoNl.
en Amérique latine, elle pénètre en France sous le
Second Empire, sous l’innuence de l’impératrice CORROBORER v. tr. est emprunté (13891au
Eugénie de Montijo qui en raffole. EUe s’implante à latin cormbomre =donner force à, confirmer- (au
Bayonne, Nîmes et Arles mais, après avoir long- physique et au figuré), lui-même composé d’aspect
temps défrayé la chronique, elle n’est vraiment re déterminé en cum l+ CO-),de mborare anforcen,
connue qu’au XY s., le mot perdant alors son aspect dénominatif de robur, mbor =forcem(+ roboratii m-
d’emprunt pittoresque. Le vocabulaire de la cor- buste).
rida, lié aux mots de la famille de taureau* (taurc- +Le verbe, apparu avec le sens figuré de =confu=
machie, etc.), est formé d’emprunts à l’espagnol. mer= dans un contexte juridique, est surtout em-
aPar extension, corrida est employé thmilière ployé dans les domaines de la vie intellectuelle, du
ment (comme cirque) au sens de dispute violente, travail et du droit (notamment à la voix passive).
animées (1902) et *bousculade, désordre, agitation>. Son sens physique de =fortifier- (15301a disparu de
l’usage moderne.
CORRIDOR n. m. est emprunté (1611) à l’an- w Le sens physique s’est mieux maintenu dans le
cien italien corn&~re (en italien moderne conidoio) participe présent adjectivé et substantivé CORRO-
pris au sens de =Passage étroit entre un local et un BORANT, ANTE (18601, employé à la fois dans le
autre> (déb. xw”s.1. Le mot, proprement *lieu où domaine médical. par ellipse de remède con-obo-
l’on cour%. est dérivé du verbe correre (+ courir). rant (15301,et abstraitement. - CORROBORATION
6 Corridor est d’abord un terme de fortification, dé- n. f. (1286) est emprunté au dérivé latin corrobora-
signant un passage couvert établi derrière des mu- ti0. -CORROBORATIF. IVE adj. (1628), formé Sa-
railles. Peu après, il se répand dans l’usage courant vamment sur le supin corroboratum de cormbo-
à propos d’un couloir dans un appartement, une rare, a décliné dans son acception médicale. Il
maison (16361.Au XY et au début du xxes., il est assume le sens général de =qui sert à confirmer, à
parfois altéré populairement en colidor. Il fonc- renforcer-, employé spécialement en linguistique
tionne comme synonyme de couloir, y compris arabe, à propos d’une classe de noms qui se
dans ses emplois géographiques. construisent en apposition pour renforcer le sens
du mot qu’ils accompagnent.
CORRIGER v. tr. est un emprunt ancien
Cv.1268-1271) au latin cotigere *redresser- au CORRODER v. tr. est emprunté (1314) au latin
propre et au figuré, d’où aréformer, améliorer (un cormdere, composé d’aspect déterminé en cum
défaut, une erreur, un écri0>, composé d’aspect dé- b CO-),de rodere (- ronger).
terminé en cum (+ CO-)de regere diriger en droite
+Par extension de son emploi didactique pour
lignes b régit-~.
#ronger, détruire progressivement par une action
+Comme le verbe latin, cotiger reçoit ses diffé- chimiques (1314). corroder a reçu le sens figuré de
rentes valeurs en fonction du complément qu’il in- <détruire par une action lente et insidieuse kl’un
troduit et du contexte : en parlant d’un texte, il si- sentiment, d’une entité morale)s (1756).
gnifie xrelever les fautes, les erreurs> d’où t Le participe présent CORRODANT, ANTE était
spécialement *lire pour éliminer les fautes typo- anciennement employé comme substantif pour dé-
graphique% (16941,&aluer un devoir en en rele-
signer une substance au pouvoir rongeur, mais son
vant les fautes> (1680). En parlant plus générale-
emploi adjedi est limité par l’existence d’un ad-
ment d’une action, d’une parole, il exprime le fait
jectif de sens plus actif CORROSIF. IVE (XIII~ s.1,
de ramener à un juste milieu en exerçant une &c-
dérivé savant du radical de corrosum, supin de COT-
tien contraire (1575) et, plus cowamm ent, de
mdere. Con-a-if est employé dès l’origine en méde-
rendre plus exact, rectifier (1797). ~Avec un
cine, où il est substantivé à propos d’une substance
complément désignant un être animé (homme,
qui corrode ( 1314). Il est passé dans l’usage général
animaIl, il assume à la fois un sens physique,
avec la valeur figurée de mauvais, nuisiblem (14681,
proche de <battre=, et moral (1285) pour ‘rendre
puis =qui ronge, morda& ld’un sentiment. d’un
meilleur, atténuer ou éliminer les défauts de (qqn)>.
vice et, couramment, d’une critique, de l’humour).
Ces deux valeurs ont divergé au point que la pre-
-CORROSION n. f. est emprunté (v. 1300) au bas
mière, physique, n’implique plus aucune visée
latin corrosi *action de ronger, morsures, formé
d’amélioration mais le désir de nuire, de dominer,
sur le supin de corrodere. Introduit en médecine, il
de -battre>. Il en va de même pour correction*.
a reçu d’autres acceptions spécialisées. Son emploi
0 Corriger s’emploie alors aussi à la forme prono-
figuré (1756) correspondant à corrosif est beaucoup
minale (1654.1655, se corriger de quelque vice).
plus rare.
c Le participe passé CORRIGÉ, ÉE est employé
comme adjectif(1478) et comme nom masculin par CORROMPRE Y. tr. est emprunté 1~160-1174)
ellipse de devoir cotigé (1834). aDe corriger sont au latin corrumpere, composé d’aspect déterminé
dérivés les adje&& CORRIGIBLE (14441 et COR- en cum (+CO.~ de rumpere (+rompre), signi6cmt
RIGEABLE @in XV~~s.1, l’un comme l’autre peu em- sdétxuire, anéantir- et =détériorer, gâter= (physi-
ployés à la différence de l’antonyme INCORRI- quement et moralement).
DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(1587). cuguacwam par perte de la cédille et tv. 1917)un appareil d’entraînement aux rnanipula-
confusion en s et c (1643). Buffon. qui écrit à la fois tiens télégraphiques, ce nom fonctionnant aussi
couguar, cougar et couguanl, explique le nom fran- comme substantif d’agent de couiner et comme ad-
çais du félin ‘par contraction de son nom brésilien jectif
cuguacuaraW que I’on prononce cougouacou-
WCP. COULEMELLE n.f. est la kancisation,
d’abord en columde (fin xvPs.1 puis coulemelle
+Le mot désigne un félin d’Amérique au pelage tv. 1600, du latin scientifique colurnella (1560). Ce
roux sans taches. Jl est synonyme de puma. dernier est emprunté au latin colwnelkz ‘petite co-
lonne=, diminutif de columna t+ colonne), en raison
COUILLE n. f., d’abord CO& tv. 1178, Sertart),
de la forme longue et renflée à la base du pied du
est issu d’un latin populaire “coka qui serait, soit le
champignon. Le type coulentelle fait supposer un
féminin du classique CO~US, soit le pluriel pris
autre diminutif “columnella. À côté de lui, on ren-
comme féminin dune forme neutre “CO~U~. Le
contre de nombreuses variantes comme coulmotie,
mot latin est sans étymologie claire, bien qu’un rap-
coulemotte. codmeUe, couamUe et, avec une so-
prochement avec cu.Ueus*sac de cuir, outres ait été
nore, gomue, golmtte.
envisagé; il s’agit en tout ces d’un mot populaire
d’usage trivial, le terme usuel étant testiulas + Le mot et ses variantes désignent un champignon
(+ testicule). comestible à chapeau ovoïde, pied grêle et renflé
en bulbe à la base, muni d’un anneau mobile.
*Le mot hançais, d’usage trivial et courant, compte
plusieurs emplois en locutions @urées où il est +# COULER y. est issu tv. 1120) du latin colore
parfois remplacé de manière euphémistique par *passer, filtrer, épurer? dérivé de colum =ts.mis,
un pronom; dès 1594, il est employé injurieuse- filtre, passoires. Ce mot est un terme technique de
ment à l’adresse dune personne lâche puis, dans la langue rustique, sans étymologie claire, souvent
l’usage moderne, dans touille moUe (1847), d’après joint à qudhs qui désigne un objet de même na-
avoir des muilles -avoir du courage>. 0 A partir de ture et de même forme.
la locution partir en touille *ne pas aboutir*, il est 4 Apparu avec le sens transitif du verbe latin -filtrer
employé argotiquement au sens d-erreur. échec, (un liquide)> et, au figure, *faire passer (de
ennui sérieux=. l’argent)*, couler s’emploie aussi dès l’ancien fran-
. Son dérivé COUILLARD adj. et n. m. ~IF s.) qua- çais (1176) pour =Verser un liquide, un métal fondu
lhïe populairement certains mâles d’animaux (le (plomb, notammentj dans qqch.*. emploi technique
bélier notamment) qui ont de gros testicules. Par en métallurgie fcoukr le cuivre, l’étaùz) enregistre
analogie de forme, il a été substantivé tv. 1400) avec au xv? s. (1680). 0 Dès le XII~s., un emploi intransitii
divers sens techniques (1643, en marine; 1866, en correspond à *se déplacer naturellement=, en par-
typographie). lant d’un liquide. 0 Le pronominal se couler s’em-
COUILLON n. m. tdéb. xse s., coillonsj est hérité du ploie au figure pour *se glisser= en parlant dune
bas latin “cokonem, accusatif de “coleo, forme alté- personne U153-1176); à la même époque, le transi-
rée de CO~US.Le mot si&tïe proprement ‘test& tif sigoiiïe aussi &sérer, faire passer dans> (11761,
cule-. mais n’est usité qu’avec le sens figure qu’il a valeur où l’on relève aussi l’intransitif au sens de
pris au ti s. =Sot,imbécile, niaise (15601,probable- &nsérer, entrer dans* t 1178-l 180). Par analogie, le
ment d’après l’italien coglione, attesté au sens fi- sens de *se déplacer ki’un liquide)* s’applique au
guré de chonnne sot, balou& avant 1550, aussi temps qui passe (v. 14601,avant de reculer au profit
sous les formes coton (15601,coyon (1592), transcrip- de s’écouler, et à des objets pulvérulents (sable) ou
tion de l’emprunt oral à l’italien. -Ses dérivés pâteux En arboriculture, il s’applique aux végé-
COUILLONNADE n.f. (1592, coyonodcj #acte de taux, arbres fruitiers ou vignes, qui avortent à la flo-
coua&, puis (1791) -chose de peu, et (18561 -acte raison (cf. couhue). -En parlant d’un navire ou
stupide,, ainsi que COUILLONNER v. tr. (1564), d’un objet flottant, et aussi d’un être vivant, couler a
surtout -duper, tromper+ (1887), sont concurrencés pris en moyen français Uïn XV~ s.) la valeur spéciale
par des formes coiixmer, coibnnode (ou coyon-j, en- de *s’enfoncer dans l’eau>, qui deviendra l’une des
core I-épertorfées au >ax”siècle. CouiUonnode est plus usuelles du verbe et donnera lieu à méta-
paradoxalement voisin par le sens de connerie phore, à <aller à la ruine, se perdrem : ce sens est as-
sumé à son tour par la construction transitive pour
COUINER v. intr., enregistre en 1867 dans un ‘faire s’enfoncer dans l’eau (un navirej~ ~VII” s.) et
dictionnaire d’argot, est un terme dialectal (Ouest. métaphoriquement +uiner (qqn) dans l’estime
Centre), formé sur la forme couin ou coin que l'on a d’autrui* 11738). - À la valeur temporelle, epasser
dans coin-coin (1748). onomatopée relativement BS- (du temps)=, correspond un emploi transitif t6n
bitraire pour évoquer le cri du porc (1858, Sand) et XV”~.) pour #faire passer (un moment, un temps
celui du canard. donnélp, par exemple dans couler des jours heu-
* Le mot se dit d’un animal Oièvre, lapin, porc, sou- reux; dans ce sens, l’expression familière se la WU-
ris) qui pousse des cris aigus et brefs. Ii s’est r& ler douce succède à se la mener douce (1835).
pandu dans la langue familière au sens de apleu- tbeparticipe pr&entCOULANT.ANTEadj.si@i-
ren, *grinceti, en parlant des humains, fie (mes.1 cqui glisses et se spécialise (1571) dans
cDe couiner sont issus COUINEMENT n.m. nceud coulant, d’où la substantivation (un coulant,
(av. 1866,d'unanimal;1929,d'unechose).o Dansle 1689) pour *élément qui glisse le long d’un lien,
domaine technique, on a baptisé COUINEUR n. In. dune cor-dem. La valeur correspondant au sens
DE LA LANGUE FRANÇAISE 905 CORTEX

genou, ltel qu’en portaient les corsaires), substan- spécialement en physique (cortège d’électrons,
tivé en un corsaire. mil. ti s.1et en musique (cortège d’hannoniques1.
k Le dénominatif CORTÉGER Y. tr. (v. 1650,par COT-
CORSAGE, CORSER, CORSET - CORPS tégé) reste rare et d’usage littéraire (Chateau-
briand utilise ses participes présent et passé sub-
CORS0 n. m. est un emprunt (18071 à l’italien stantivés).
COTSO,qui correspond au français cours* au sens
d’=avenues. CORTEX mm. est un emprunt scientifique
4 Le mot a désigné une avenue (par ex. chez Balzac, (18961au latin cortex &orceB, mot qui appartient à
La Maison Nucin&?n, 18381,puis (1848, A. Dumas1 un groupe indoeuropéen en comprenant le vieux
un défilé de chars, au cours d’une fête, d’un cama- slave kratükü eowb, Er&ti ecoupep, et le sanskrit
val (cors0 fIeuri, etc.). kftti& ‘peau>. L’idée est celle de la chose séparée,
enlevée, telle la peau des animaux, l’écorce des
CORTÈGE n. m. est emprunté 11622)à l’italien SXbR?S.
corteggio -suite de personnes qui en BC- 4 Le mot désigne en anatomie une partie externe,
compagnent une autre au cours d’une cérémonie= périphérique et notamment (cortex cérébral, abso-
(16001.lui-même déverbal de cotieggiure (apr. 1350) lument cortex) celle du cerveau.
<accompagner un personnage important pour lui c CORTICAL, AUX adj., formation savante de la
rendre hommage,, de corte (+ cour, courtisan, de Renaissance (fin ~Vs.1 sur le latin cortex, signifie
lïtalien). d’abord -de l’écorces. Il a été repris au sens anato-
4 Cortège, emprunté au sens du mot italien, est mique, d’après cortex (probablement ti XI?~.).
aussi employé en parlant de tout groupe de per- oDe là SOUS-CORTICAL, ALE. AUX adj. (1830
sonnes marchant en I?le, sans intention d’honorer en géol.1 aujourd’hui courant en anatomie.
(1674). 0 Au figuré, il se dit d’un ensemble d’entités CORTICO-, élément tiré du latin cortex, a été pré-
se trouvant dans un rapport de contiguïté (17551, cédé par cotii- dans CORTICICOLE adj. (18461,

CORSE (SITUATION LINGUISTIQUE)

La Corse, île formant un département fiançais à ser avec P. Marchetti, par exemple, qu’un en-
statut particulier (19821,est en situation typique seignement efficace du corse supposerait
de =diglossieB. Celle-ci est déséquilibrée. En ef- (comme ce fut le cas en catalan, en basque) un
fet, à l’usage traditionnel du français central qui travail de normalisation portant sur des dia-
sert de référence aux usages régionaux de cette lettes en passe de devenir patois et sur les
langue en Corse - caractérisés par une phoné- formes écrites du corse. aboutissant à une gram-
tique et des éléments lexicaux spécifiques - ne maire et à un dictionnaire acceptables par tous.
correspond aucune référence sociale admise - Ce travail supposerait la maîtrise du point de r&
celle que le toscan pourrait jouer - aux parlers férence que constitue le toscan : or, l’enseigne-
spontanés qui forment la -langue corsen. ment de l’italien en Corse est très insuGant.
L’ensemble dialectal corse fait clairement partie Étant donné que l’omniprésence du français,
du plus grand ensemble des dialectes italiens du l’immigration de non-corsophones, la baisse dé-
Centre et du Sud, distincts du sarde et comme mographique des autochtones menace de l’ex-
lui issu du latin : son phonétisme est méridional térieur cet ensemble dialectal, on peut craindre
(-sud-italiques). Un dialecte ancien, peut-être *un état de contact linguistique où le corse suc-
apparenté au sarde, a pu exister en Corse, mais combem (P. Marchettil. En outre, l’influence leti-
il a été recouvert par des parlers de nature tos- cale et phonétique du français sur les parlers
cane (variété occidentale de Pise). Ce camctère corses semble importante.
pisan du coIse se retrouve dans les parlers lo- Transformer cette diglossie, où les parlers me-
Caux et dans la forme véhiculaire répandue nacés deviennent plus l’objet d’une symbolique
dans toute l’île. L’influence sur la langue écrite volontariste que d’une &acquisition~ effective,
et officielle de la variété d’italien employé par la en un vrai bilinguisme, reste cependant pos-
république de Gênes a été remplacée après sible.
1768 par l’introduction du français, longtemps
?xkariée par la présence de l’italien. SIBUOGRAPHIE
A côté de l’italien, le corne se manifeste par écrit G. ROHLFS, Historisches Grammatik der Ztdienische
en 1817. puis au milieu du ~12s.; longtemps Sprache und ihren Mundurt~n IGrammaire bisto-
après la littérature. l’enseignement du corse de- rique de la langue italienne et de ses dialectesl,
vint une réalité dans les années 1970. Cette pé- 1954.
riode fut nommée riacquistu (wkxcquisition~l. P. MARcHEm, La Corsophcmie, un idiome à la mer,
Albatros, 1989. - *Corse, le problème de la
Cependant, l’application concrète de ces inten- lsngue~ in Commentoims, 11~56.Paris. Julliard,
tiens a pu être vivement critiquée. On peut pen- 1992.
DICTIONNAIRE HISTORIQUE

curieux, typiques, et étend ses emplois hors du do- +Le mot désigne une unité de quantité d’électr-
maine artistique. Ce sens ~III” s.1,qui correspond à cité : celle qui est transportée en une seconde par
=apparence trompeuses, est resté usuel jusqu’au un courant d’un ampère
mf s. et s’est maintenu dans l’usage littéraire avec t COULOMBIEN. IENNE dj. (1956 dans les dic-
la locution sous couleur de +O~S prétexte de>. 0 Le tionnaires) qualifie une attraction. une répulsion,
sens, lui aussi pris au latin, $-aspect caractéris- des champs, forces, interactions de type électrosta-
tiques ou même ‘genre,, conservé longtemps dans tique, magnétique, gravitationnel, inversement
l’expression de toutes les couleurs, qui n’est plus proportionnels au carré de la distance (loi vérlflée
comprise, s’était spécialisé en rhétorique puis en par Coulomb en 1765).L’anglais atteste coulombian
politique dans couleur politique (17941, mals tous dès 1923.
les emplois postérieurs à la langue classique ne
sont plus qu’une métaphore du sens premier de COULPE n. f., aboutissement (v. 14601 de colpe
<teinte=, donnant l’acception d’csspect variables. Cv.6811, CU& (10601,est issu du latin culpa *fautes,
0 “cm COLORIS(et COLORA-. COLOmERl.Cm.ORER. probablement d’abord <état de fautem, spéciale-
COuLELNaE. ment &gligence~ dans le vocabulaire juridique.
De même que causa l+cause, chose) et multa
COULEUVRE n. f., d’abord culowe Iv. 1121, w.mende~. le mot n’a pas d’étymologie établie. Il a
Bestiaire de Ph. de Tbaonl, est issu du latin popu- conservé une graphie et une pro,nonciation sa-
laire “colobra, altération du latin classique colubra vantes sous l’iniluence du latin d’Eglise: dans le
-couleuvre femelles, féminin de coluber ~COU- Confiteor, le prêtre prononce à haute voix les pa-
leuvren et =Serpent*, en général. Les formes ro- roles mea culpa, mea culpa, mea maxima cdpa en
manes remontent toutes à la forme féminine, plus se frappant la poitrine. Une forme populaire,
ancienne et attestée plus souvent. Le latin est coupe, ne s’est maintenue au sens général de
peut-être emprunté au grec khélubros cserpent ou =fautes que jusqu’au xv$ s. (encore en 16651.alors
tortue>, dérivé de kh&.s -tortue*. Ce mot est à rap- que coupable* a gardé sa forme francisée en raison
procher du slave YelU-: l’absence d’autres corres- de sa fréquence dans l’usage co-t.
pondants pouvant s’expliquer par un tabou lingois- +Le mot demeure un terme de théologie désignant
tique portant sur un animal souvent considéré la faute, le péché et, par métonymie, l’aveu du pé-
comme maléfique. ché, le signe par lequel on se reconnaît pécheur. Il
+Dans les parlers galle-romans, couleuvre est n’est employé que dans quelques locutions inspi-
concurrencé par serpent (au féminin) dans la ré- rées du Confiteor, comme ba&e sa coulpe Iv. 11301,
gion poitevine, le Centre et la Suisse, et par le fémi- dire sa coulpe, faire sa coulpe, arch&iques. L’ex-
ti ser ou serp dans les parlers méridionaux. L’ex- pression latine mea cu/pa (1560, faire son mea
pression figurée fhire avaler des couleuvres à qqn culpa) s’est mieux répandue dans l’usage moderne.
(1667, Bussy-Rabutln, Lettres à W” de Sévigné) ain- 0 “or COUPABLE. DIS-EFL INCULPER
ker des désagréments, des mensonges*, continue +k COUP n.m., aboutissement (1266) de colp
l’ancien emploi figuré du mot comme insulte pour cv. 6811,top et col, est issu du bas latin colpus, l’une
une personne petide (1174-12001; il s’agirait d’on des formes populaires (avec colopu. de la forme
emploi où couleuvre symbolise ce qui est tortueux écrite cohphus =Moche. coup de peine. Ce der-
kvFs.1 d’après la réputation diabolique des ser- nier est la transcription savante du grec de même
pents, emploi probablement croisé avec le sens fi- sens kohphos, mot populaire d’origine obscure
guré de couleur* =fausse apparencem (courant du dans lequel on a proposé de voir le dérivé de ho&-
xv” au xvf s.l. Par la suite kv111~s.1,I’expression a tewt <entailler, piquetep avec une aspiration ex-
été comprise comme la métaphore de *manger des pressive peut-être influencée par krotaphos
serpents=. <tempe (emplacement du coup mortel)-. Kohptein,
c De couleuvre sont issus COULEUVREAU n. m., qui s’applique aux coups de bec, est rapproché du
nom du petit de l’animal (15721.et, par analogie de lituanien kaki, kdti <forger, martelez et. en grec
fOmX?, d’me phde grimpante, COULEUVRÉE même, de kelios <pic ver% (+ clématite).
n. f. (15391,ainsi que COULEUVRINE n. f. (6n XI? s., +Le mot est apparu avec son sens usuel de -mou-
coukxwrlm?). nom d’un ancien canon au tube long vement par lequel un corps en heurte un autre* et
et emé, l’analogie de forme ne sufEsant pas à expli- a aussi celui de =Choc qui divise, sépares (d’où cou-
quer cette valeur probablement liée à la symb- per*). Il est souvent qualifk dans des syntagmes du
lique des serpents et dragons cracheurs de feu. type coup de, au propre et au figuré. Il s’applique
0 voir COBRA. spécialement aux diverses facons de toucher l’ad-
versaire dans les exercices de combat et notam-
COULISSE + COULER ment en escrime où des syntagmes, du type coup
four& ont pris une valeur métaphorique (15651.De
COULOIR + COULER même, l’expression moderne coup bas, courante
au sens figuré d’xattaque déloyale*, vient du voca-
COULOMB n.m. est l’emploi comme nom bulaire de la boxe où elle désigne le coup porté au-
commun (1661) du nom du physicien français Cou- dessous de la ceinture (19271. oPar métonymie,
lomb (1736-1606) qui posa les bases théoriques et coup désigne aussi l’effet produit par le heurt au
expérimentales du magnétisme et de l’électrosta- propre et au figuré (v. 1250), ainsi dans coup au
L’ cœur (1606) =blesswe moralem. -D’après le même
aque.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COSMOS

occupe le sommet, la première placet d’où -chef, MÉTIQUER v. tr. (18761, *enduire de Cosmétique~,
et, en particulier. *chef du chœur au théâtres. Ce et le nom de métier COSMfiTICIEN,IENNE n.
terme est dérivé de koruph4 -sommet, extrémités, cv. 19501.
à rapprocher d’autres mots grecs désignant une
extrémité [souvent bombée), tels koms -casque*, COSMIQUE --f COSMOS
korunê -bulbe (d’une plantel~ et. hypothèse plus
douteuse, keras ax-ne~ b kém-1.
COSMONAUTE + COiMOS
+Le mot a été repris au sens général de -celui qui COSMOPOLITE adj. et n. est emprunté
tient la première place dans un parti, une sociétém. (15601 au grec kosmopolitês, proprement %itoyen
Il s’est limité ensuite à la spécialisation (15781 de du monde,, de kosmos (+ cosmos) et politês *ci-
=Chef de chœurdans le théâtre antique*, surtout ré- toyen> (+ police).
pandue à partir du XWP s. (1691. Racine, ptiface +Le mot a longtemps gardé le sens de =Personne
d’Athalie). Par analogie, il désigne celui qui, dans qui se déclare citoyen du monde,. L’usage mo-
l’opéra moderne, donne l’attaque aux choristes derne l’emploie surtout adjectivement (17841, spé-
(17541 et, en danse, le chef du ballet. Les emplois cialement en botanique pour une espèce large-
métaphoriques au sens de -chef* sont didactiques ment répartie pois couramment (18251 pour ce qui
et rares, mais on se souvient que les thuriféraires subit, comprend les iniluences de divers pays, les
de Staline l’appelaient coryphée du socialisme personnes qui s’accommodent de tous les pays, de
moeurs nationales variées (1831, mais antérieur).
CORYZA n. m. latinisation (16551 de kone W s.) Retenant cette valeur mais y ajoutant le concept
puis cerise (v. 13701, est emprunté au bas latin co- originel dïntemationalisme, le mot a été utilisé par
ryza -écoulement nasal. rhume>, lui-même adapté la droite politique (Barrès, Maurras) en opposition
du grec koruza, maintenu en grec moderne et rap- péjorative à nationaliste.
proché de mots désignant l’écoulement du nez
t COSMOPOLITISME n. m. (18231, év&xmt COS-
dans d’autres langues indoeumpéennes, anglo-
MOPOLISME n. m. (17391 *doctrine cosmopolites.
saxon ht, ancien haut allemand (hlroz.
évoque plutôt un mode de vie brillant emprunté à
+Le mot est employé en médecine et en médecine diverses sociétés internationales, avant d’être em-
vétérinaire pour une tiammation de la muqueuse ployé péjorativement, en opposition à nationa-
nasale, appelée cowamm ent rhume de cerveau. lisme, pour caractériser l’attitude de l’élite inter-
nationale, non sans connotations xénophobes et
COSAQUE n. et adj. est un emprunt à l’ukrai- antisémites. sur le thème de la ploutocratie ban-
nien Kazak, passé en frsnçais par le polonais, et
caire 0311 XIX” s., notamment). Ces valeurs péjora-
originti du türk. tives tendent à disparaître.
+Cet ethnique concerne une population de no-
mades guerriers du S.-E. de la Russie et de 0 COSMOS n. m. est emprunté (18471. par l’in-
l’Ukraine a)niepr, Don), puis (16061 des cavaliers de termédiaire de l’allemand Kosmos, au grec kosmos
ce peuple dans l’armée russe. Répandu après les exprimant originellement une idée d’ordre, de
guerres du 1” Empire, le mot s’est employé au mise en ordre, diversement r&lisée dans les sens
mes. comme n. et adj., pour *brutal, violent* d’=omementn, =forme, organisation d’une choses,
(cf. husswd). notamment avec des valeurs militaires, politiques
(*organisation=, ~constitution~l et, moralement, au
COSINUS - 0 SINUS sens de *gloire, honneur-. D’autre part, par le
même processus observé pour le latin mundu.s
COSMÉTIQUE adj.
et n., une première fois (4 monde). kosrnos désigne, chez les philosophes,
cor?mdique (13631,repris sous sa forme moderne l’ordre du monde, l’univers et, en grec tardif, le
au xwe a (15551, est emprunté au grec kosm&iJaos, monde habité, les humains. L’origine du mot est
adjectif dérivé de kosmos (+ cosmos) dans son sens obscure; malgré la ticulté phonétique, le rappro-
&-ornement*. Kosmêtüzos, =apte à orner, propre au chement le moins improbable concerne le latin
soin de la parmw. est également substantivé en censere =être d’avis. conseiller- (+ censeur), le ssn.-
kosm&ikê (sous-entendu tekhnê) =ast de la parure, krlt çdpsatt dl récitez.
de la toilette,. + Seul le sens d’wniverss a été repris par le frar-
+Le mot, relevé une fois chez les médecins médié- çais. d’abord dans la traduction de l’ouvrage de
vaux, est repris au xwe s. en emploi adjectif pour Hmnboldt, Essai d’une description physique du
=omementab. ll est substantivé avec l’idée de =ce monde ~Depuis 1959, d’après le russe de même
qui entretient la beauté, embellit la peau, les che- origine kosmos, cosmos désigne l’espace extrater-
veuxr, désignant, d’abord au masculin, un tel pro- restre où se déplacent les engins spatiaux.
duit, en particulier au Wp s. une pommade qui fixe Un autre sens du mot grec, =omements, est la base
les cheveux et les moustaches. o Le féminin sub- du terme de botanique QCOSMOS (18381, nom
stantivé (1754, Encyclopédie) désigne la partie de d’une plante ornementale, d’abord formé en latin
l’hygiène traitant de l’usage des cosmétiques. scienti6que par le botaniste espagnol A. J. Cava-
w Dans cet emploi, le mot est concurrencé par le nilles (1745-1804).
composé scientifique COSMÉTOLOGIE Il. f. b 0 Gxmm a fourni, avec cosmc-, le premier élé-
(V. 18451 dont on a tiré COSMÉTOLOGUE n. (18961. ment de nombreux composés savants. Les plus an-
-De cosmétique ont été dérivés le verbe rare COS- ciens, COSMOGRAPHIE n. f. (15121, COSMOLO-
COUP DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plan (1732). sens en rapport avec la vogue des tant bien motivé, est loi aussi sorti d’usage. -Les
coupes des bâtiments en montrant l’intérieur, à la composés plus récents désignent des instrnments
suite du roman de Lesage, Le Diable boiteux (1707). qui coupent : COUPE-RACINES n. m. Il8321 est
o La spécialisation an jeu de cartes (166Ol. qui cor- technique. COUPE-PAPIER n.m. (1842) est de-
respond an sens équivalent du verbe, est à l’origine meuré usuel, alors que COUPE-LÉGUMES n. m.
de la locution être sons la coupe de qqn (16901,pro- Il8451 est rare; COUPE-CIGARE n. m. (18691 est
prement #être le premier à jouer après celui qui a encore en usage. COUPE-ONGLES n. m., COUPE-
coupé le paquet>, qui a pris son sens figuré mo- PAILLE n. m., COUPE-PÂTE n. m. -celui-ci pour
derne an siècle suivant (av. 1755l, et n’est plus com- un instrument de boulanger -, plus techniques, ne
prise aujourd’hui. e Couper a produit deux antres semblent pas en usage avant le xx”siècle.
noms d’action. L’on, COUPAGE n. m. (1364, wction -D’antres composés des xc? et >Oc”s. utilisent des
de conpepl, s’est spécialisé dans l’usage moderne valeurs extensives du verbe. COUPE-VENT n. m.
(1836) an sens de mélange de liquides kinsl pour désigne (1893, en sports) on dispositif pour réduire
en atténuer on en augmenter la forces. 0 L’antre, la résistance de l’air o Ailleurs, couper est pris an
COUPEMENT n. m. tv. 13501 est réservé an sens figuré, par exemple dans COUPE-FILE n. m. (1869)
technique d’+wztion de couper à la scie>. =carte officielle de priorité*. COUPE-FEU n.m.
COUPURE n. f., d’abord copeure tv. 12791. coupeurs (1861) =espace, obstacle pour empêcher on incen-
(13931, a plnsiews sens se rattachant à l’idée d’arc- die de se propagern, on encore COUPE-FAIM n. m.
tion de couper à l’aide d’un instrument tranchants Avec le sens de couper =interrompre Ile courant
et de *résultat de cette action>, an propre (en par électriqne1~ ont été formés COUPE-CIRCUIT n. m.
lant d’une blessure, d’une ouverture géologique1 et (189Ol, COUPE-BATTERIE n. m. kx”S.). -Sur on
an hgwé, en parlant d’une séparation nette et bru- modèle différent, par un redoublement évoquant le
tale. o Par abstraction, coupure désigne tv. 1580) la ‘Jrançais Colonial~, on a formé COUPE-COUPE
suppression d’une partie (dans on texte, une ri. m. (1895) =Sabre pour couper la végétation, ma-
œuvre1 et, par métonymie, un passage supprimé chette>.
dans une oeuvre (18341. Une antre métonymie, Couper a produit un dérivé verbal avec le familier
moins prévisible, l’emploie pour biiet de banque COUPAILLER y. tr. (1870). ll a aussi donné nais-
d’une valeur relativement faible, correspondant à sance à des verbes préiïxés qui ont leurs dérivés
une fraction de la somme de référencem (17921. propres.
Couper a également produit les deux noms dïns- DÉcouPER v. tr. 11150, descolper), =Couper en
tiUmentS COUPERET n. m. kwe S.) et COUPOIR morceanxn et (1268) =Couper en suivant mi trac&, a
nm. (1690). ce dernier plus technique. -Deux pris an pronominal se découper le sens de &el dé-
noms d’usage spécialisé viennent par snbstantiva- tacher snron fondm (18031: depuis 1917, il est utilisé
tion du participe passé coupé : COUPE n. m. (16611, comme terme de cinéma, d’après dkcoupage.
d’abord “pas de danse= (d’après couper pris comme -Son dérivé DECOUPAGE n. m. (1497, decop-
terme de danse), a servi à désigner un carrosse à paige) est rarement attesté avant 1838; il désigne
<eux places, par ellipse de carrosse coupé (v. 16601. par métonymie une figure découpée (1868) ou des-
A partir de là, il s’est dit d’un compartiment de che- tinée à l’être et, spécialement (19171, la division
min de fer à une banquette, emploi disparn, et d’on scénario de cinéma en scènes numérotées.
(1906) d’une voiture à deux portes ressemblant à -Dès l’ancien français, le verbe est doté d’un nom
une voiture de sport, sens aujourd’hui usuel. oLe d’agent, DÉCOUPE~R. EUSE n. lxn” s.; selon Bloch
féminin COUPÉE n. f. (17831, apparu an sens d’<Ou- et Wartbnrg, 12681 ~onvrier qui découpes ~&OU~
vertu-e dans la muraille d’un navires, est égale- peuse, au féminin depuis 17541, et d’un nom d’ac
ment employé an sens de =lieu où l’on a coupé les tien, surtout ai%& à la désignation du résultat,
arbres~. DÉCOUPURE n. f. (1379, décopure).
La famille de couper s’enrichit depuis le moyen RECOUPER y. tr. (1549; y. 1150. <réduire-l, propre-
français de nombreux composé en COUPE-, ment *couper de nouveau* et =retrancher, enlever
d’abord avec le sens concret du verbe, &ancher-, en coupant* est, de même que couper, employé
pois avec l’une on l’antre de ses valeurs extensives comme terme de jeu (1690, absolt) et techniqne-
on figurées. -COUPE-CHOUX n.m. apparaît ment an sens de *mélanger on vin par un coupages
hil. XIV s.1 dans frère coupechou ‘moine travaillant (18321. Son sens figuré courant de =Coïncider en
an potagep; il sera repris Il8311 pour désigner on coniïrmant> est récent cc? s.l. Le dérivé RECOU-
sabre court et familièrement (>O<~S.) on rasoir à PEMENT n. m. (v. 1190, -action de retrancher on
laIne. -COUPE-GORGE nm., attesté an ~111~s. membres) est employé techniquement en
comme nom de lien lv. 1210, tope-gorge). concer- construction (1676). Depuis 1873, il exprime égale-
nant un passage fréquenté par des malfaiteurs, a ment le fait de se recouper, en parlant de lignes, de
désigné tx& s.1 on coutelas, mais c’est le sens de tracés et, de là, an fignré. la rencontre de rensei-
dieu dangereux= (XIII~ s.l qui a prévalu. 0 Une for- gnements co’ïncidants, de sources différentes
mation voisine COUPE-TÊTE n. m. kopeteste, (19231. -le déverbal RECOUPE n. f. (1225, amer-
deb.xrv”s.: forme moderne, 166Ol, *bourreau*, a cean coup&) a développé de nombreux sens tech-
disparu de l’usage. -COUPE-JARRET n. m. (1587, niques encore usités: -morceau qui tombe
joretl s’est spécialisé pour désigner un bandit, un lorsqu’on taille une matières (13791, *farine gros-
assassin, puis une personne crnelle: il est ar- sière qu’on tire du son remis an monlim Ixvr” s. ; re-
chaïque. ~Dans un registre voisin, COUPE- coppe, 13981, <seconde coupe de faim (1832) et Sean-
BOURSE n. m. (XIV~~., copeborse) -voleur. pour- de-vie issue d’un mélange d’alcool et d’eau, (18691.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CÔTE
relatifs au costume considéré comme manière de dit du cours officieux de marchandises (d’occasion).
s’habiller, mais en tant qu’habillement de tir- D’après l’idée de walew, il est entré dans l’usage
constance (théâtre, bal). -Le mot familier COS- courant au sens de ‘note> (particulièrement : -note
TARD n. m. (19261 est dérivé du radical de costume mise à un devotil, fournissant les locutions cote
par ajout du Sui&e -a&. D’abord attesté en argot d’amour, cote de popularité et, familièrement avoir
pour ‘habit du forçats, il s’est généralisé pour dé- la cote.
signer le complet bourgeois l19281, avec des conno- . De cote ont été tirés deux verbes. Le premier est
tations positives. COTER v. tr. (xv’s.1 qui reprend tous les sens du
nom et est à l’origine de dérivés spécialisés, tels
COSY adj. et n. In. est emprunté (19021 à l’ad-
COTATION n. f. (1527, quOttatin1, employé dans
jectif anglais cosy ou cozy, d’abord colsie (17091.
les domaines techniques de la documentation et de
sdouilletm. mot d’origine inconnue. probablement
1aBoLIrXe (19291, COTABLE adj. (av. 1866; 1606, =qui
originsire du nord de l’Angleterre, peut-être scan-
mérite d’être notén) et COTEUR n. In. (18911, en fi-
dinave. Le mot anglais est également employé
comme nom pour désigner un canapé de coin
nance. -Coter a un pré&& spécialisé en finance.
SURCOTER v. tr. (déb. ti s.1, qui a développé éga-
h9 s.1 et un couvre-théière.
lement un sens figuré (1923) et produit le déverbal
+Le mot s’est introduit en français dans deux ac- SURCOTE Il. f. (v. 19501.
ceptions : le syntagme tea causey lsicl (Femina, L’autre dérivé verbal de cote, COTISER v. intr.
1.111. 19021, de l’anglais tea-cosy #couvre-théière>, (15131, a perdu son sens premier d’simposer une
ne s’est pas répandu en dehors de milieux anglo- quote-parts, sauf au Canada; il est employé pour
philes adeptes des rites du thé anglais. -En re- “payer volontairement sa part, dans une dépense
vanche cosy-corner (LXlushatin, 3.V, 19021, littéra- collectives (15491, d’abord à la forme pronominale
lement #coin douillet, confortable>, d’abord traduit et, depuis 1877, en construction indh-ecte cotiser à.
en siàge de coin, désigne l’encoignure meublée -ti Sont issus COTISATION n. f. (15151 et COTI-
d’un divan accompagné d’une étagère et, par mé- SANT. ANTE 119481, participe présent adjectivé et
tonymie, le divan et l’étagère placés dans cette en- substantivé, devenus très courants comme l’emploi
coignure (v. 1922). J..a forme composée, non attestée correspondant du verbe, avec le développement
en anglais, tend ensuite à être remplacée par cosy des assurances puis de la Sécurité sociale.
(19461, qui a joui d’une certaine vogue entre les DI?C~TE n. f. (19531 est l’antonyme correspondant
deux guerres, désignant aussi l’endroit d’un studio à cote dans sa spécialisation financière.
où l’on couchait. Après 1950, le mot paraît désuet.
oL’emploi de l’adjectif cosy (1910). au sens de
ip CÔTE n. f., d’abord coste(xf s.),continue le la-
=Confortable, douillet,, anglicisme d’occasion,
tin costa, qui désigne à la fois le côté et l’os de la
semble avoir repris un certain usage après 1980.
cage thoracique. Par analogie, le mot désigne les
dans des milieux limités.
saillies ou nervures de certains végétaux; à basse
COTE n.f., d’abord écrit quote (1390). est em- époque. il dénomme le rivage marin et le flanc de
prunté au latin médiéval quota, substantivation la colline, par la même transposition métaphorique
pour quota-pars spart qui revient à chacune (XIII~ s.1, que flanc. Son origine n’est pas connue; on évoque
féminin de l’adjectif quotus (+ quota). Celui-ci, qui un rapprochement avec le vieux slave kosti -os>,
signil?e, =en quel nombres (dans une énumération, lui-même inséparable du groupe du latin os (+ os).
un partage), est dérivé de quot .-combiem (- quoti- du sanskrit dsthi.
dien), qui appartient à la même racine indoewo- +Le mot est introduit en anatomie au sens très gé-
péenne que le groupe de l’interrogatifindéfmi guis, néral de -côté*. disparu saufdans côte à côte Il 160.
qum, quad b que). 11851, et dans le sens précis d’=os de la cage thora-
+ Cote est introduit en droit fiscal avec le sens de cique>. s’agissant des animaux de boucherie. le
spart imposée à chaque contribuable*, également mot s’emploie à propos des bovins Wcôte de bœut:de
réalisé par le composé quote-part (xrv”a, quote-par- vecd, à la différence de côtelette(ci-dessous). 0 ll a
tiel calqué du latin. Au xv~Q s., il a pris le sens de repris au latin le sens analogique de clongue saillie
=lettre ou chi&e qui sert de marque> (av. 16151. à la surface des fruits et légumes~ (v. 1250, côtes de
peut-être d’après le chiffre exprimant la part de laitues), s’étendant par analogie aux saillies sépa-
chaque contribuable qui était porté en face de son rant certains motifs d’architectwe (16761. -Parai-
nom sur les regMres. o De là, il a développé par lèlement, dès le xue s., côte a repris du latin le sens
analogie plusiews sens au cours du xvme siècle : en de spente d’une collines (1160-l 1851, appliqué spé-
géographie, il désigne le chiffre indiquant un ni- cialement à un versant de colline planté de vignes;
veau (en topographie) (17551, entrant dans la lo- par métonymie, il désigne le vin qu’on y récolte, no-
cution cote d’alerte qui, à l’origine, désigne le ni- tamment dans côtes-durhône. -Le sens de -ri-
veau d’un cours d’eau au-delà duquel commence vages (1502, en gascon) est encore plus usuel et
l’inondation, et qui est devenue usuelle avec une constitue un véritable homonyme.
valeur liguée. Il est utilisé techniquement pour le c Chacun des sens du mot est lié à un ou deux déri-
chiffre indiquant une dimension dans un plan d’ar- vés spétiques. C6TOYER v. tr. (v. 11311, d’abord
chitecte, une nuchine (17991. -Depuis 1784 (Nec- costeier,signi!ïe proprement =aller côte à côte avec
ker), il désigne également la constatation officielle qqn=. ll dépend donc de côte -côté>, même s’il est
du prix des cours, notamment en Bourse avec quel- surtout répandu avec les sens de ‘aller le long de>
ques extensions métonymiques. Par analogie, il se (x1~s.1, &re en contact (avec qqn)= WvJ61 et, au fi-
COUFTE 922 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour désigner par extension on teint présentant rer deux bateaux bord à bord,. - COUPLEUR n. m.
des zones ronges, évoquant souvent l’excès de bois- (18901 est un mot technique, spécialement utilisé en
son, et COUPEROSER y. tr. (1585). plus rare. informatique (av. 1974). -Le participe passé cou-
PLÉ a été substantivé en sport hippique (19491,
# COUPLE n.m. etf., d’abord ca& (1146. moins courant que tiercé.
11701, est issu du latin copula n. f. =Iien, chaîne>, Par préfixation, coupler a produit ACCOUPLER
‘groupe de deux personnes unies par I’amitié ou y. tr. Il 1651, sp&iaIement depuis le XVI~ a au prono-
I’amoun et, à époque impériale, +Ironpe de deux minal s’accoupler *copuler, du mâle et de la fe-
choses> I+ copule). melle*. -Ce verbe a pour dérivé ACCOUPLE-
*En français, couple est surtout usité an mascoIin, MENT n. m. qui apparaît (1270) an sens
désignant conramm ent la réunion d’un homme et astrologique de ~conjonction d’astres~, puis an sens
d’une femme et, par extension, on groupe de deux général *fait de rénnir- 115381 et mariages (XVII~ s.1,
personnes on de deux entités Iv. 11501, ukérleure- valeur où apparaît un contenu sexuel, lequel pré-
ment la réunion du mâle et de la femelle chez les domine dans l’usage moderne pour <conjonction
animaux (17891. oAu xw’s., avec l’idée de -paire*, du mâle et de la femelles, parfois -union sexneIIem
il est entre dans le vocabulaire technique de la ma- (dès le XV”~.) avec des connotations péjoratives.
rine pour désigner (16431 chacun des éléments de 0 Les antres dérivés sont rares : ACCOUPLAGE
la charpente d’un navire qui va de la quille aux bar- n. m. (15801, wztion de s’accoupler avec,, s’est res-
rots du pont, produisant le composé MAITRE- treint an sens technique de =fait de faire fonction-
COUPLE ri. m. (1765) et la locntion à couple -bord à ner ensemble des mécanismes~ (1839). ACCOUPLE
bord> (de deux navires). 0 Au Wp s., couple s’est n. f. Idéb. xn.+ s.) a désigné le lien utilisé en vénerie.
spécialisé en mécanique pour <ensemble de deux -Sur accoupler a été formée la série antonymique
forces égales et de sens contraire- (1827; 1905, DÉSACCOUPLER y. tr. Idéb. xsle s.), et DÉSAC-
couple moteurl. Il est entre dans le vocabulaire de COUPLEMENT n. m. (16361, rare SinOn en méCa-
l’algèbre (19031. -Le féminin une couple s’est main nique 11951).
tenu an sens concret, sp&iaIisé en vénerie, de -lien L’antre préfixé verbal de coupler, l’antonyme DÉ-
servant à attacher deux animaux= Iv. 11701. Qnel- COUPLER Y. tr. Iv. 11601, est un terme de vénerie,
qnes parlers et dialectes conservent le sens d’aen- lié an sens spécial de couple n. f., et qui signifie -dé-
semble de deux choses, de deux animaux de même tacher les chiens pour qu’ils courent après la bêtes,
espèce réunis accidenteIIementn Iv. 12301, sens parfois au figuré, &ncer à la ponrsnite de qqn.
concurrencé puis supplanté par le mot paire. -Son participe passé adjectivé DÉCOUPLÉ, ÉE
t COUPLET n. m. lfln XIII~ s.1 est dérivé de l’ancien s’est répandu avec le sens figuré de aqui a de l’ai-
français couple, de même sens 11218-1243. coubkl, sance dans les mouvements*, glissant de là vers le
mot que l’on a rapproché de l’ancien espagnol co- sens moderne (16901 de *qui a un corps souple,
pla -suite de yens de même rime> lav. 11401 et de agile>, surtout dans bien dhouplé. -Le déverbal
l’ancien provençal cobla #chanson, couplets DECOUPLE n. f. (1561) est exclusivement on terme
(apr. 1150). D’abord employé an sens de “groupe de de chasse, concurrencé par l’usage de Iïnfmitif
deux vers de même rimez, couplet a pris son sens substantivé, le DÉC~UPLER n. m.
moderne de -strophe de ballade, de chansom
Iv. 1360), et s’est spécialisé an théâtre avec le sens
COUPLET + COUPLE o>
de =répIiqne, fragment formant un ensemble= COUPOLE n. f. est emprunté (1666) à l’italien
l15911. 0 L’ancienne forme féminine couplete, qui cupolo, terme d’architectnre (1348-1363) lui-même
désignait, comme couplet, deux vers qui riment emprnnté, avec changement de sens, an bas latin
IV. 13601, a produit COUPLETER y.&., une pre- cupule -petite cuve, tonnelets, diminutif de cupa
mière fois wsembler en coupletes> (v. 13601, repris b coupe), à l’origine de cupule.
pour &rire des couplets contre qqn2 (17121, et
+Le mot désigne une voûte hémisphérique on
COUPLETIER n. m. 11778) =chansonnier, vandevil-
ovoïde en forme de coupe renversée et, par méto-
liste..
nymie, l’institution abritée par un édifice à coupole,
COUPLER y. tr. est issu Iv. 1173, cuplerf du dérivé
essentiellement I’Institnt de France à Paris et, en
latin copulare <lier ensemble, attachep Ià I’origine
particulier, I’Acedémie française (d’où entrer à la
de l’emprunt savant copulerI. Le verbe réalise à la
Coupole : =être élu académicien~l. Par analogie de
fois le sens général d’.nnir deux à dem+ et, en vé-
forme, le mot s’emploie pour les observatoires as
nerie (16551, une vaieur spéciale, -attacher deux
tronomiqnes et le dôme de canons de marine (ou
animanx avec une couple>. Il a reçu quelques ac
tourelle).
ceptions spécialisées en tnrfIl877j et aussi en blar-
. Un terme technique anglais, altération probable
chisserle où coupler le ZwZge signifie SIattacher en le
cousant pour le donner à blanchi. -En sont déri- de cupola ou de coupole, est revenu an iiançais
sons la forme CUBILOT n.m. (18411; ii s’agit
vés deux substantii%: COUPLAGE n. m. (17541,
de cupilo 117161, forme dialectale de Sheffield de
-partie d’un train de bois, puis généralement sac-
cupola, de cupola fumace sfonrneau en forme
tion de coupler+ et terme d’électricité (1904) pour
-associer (en couple) deux circnits~, d’où DECOU- de coupolem, en métaJIurgie.
PLAGE n. m. =éIimination d’un couplage parasite COUPON + COUPER
entre deux émissions radios Iv. 1959). et COUPLE-
MENT nm. (1869j +&mion d’éléments produc- COUR n. f., qui succède Iv. 1352) à la forme tort, o>
teurs on utilisateurs de conrat& et -action d’amar cuti Iv. 989). est issu du bas latin curtis (vies.) qui
DE LA LANGUE. FRANÇAISE COTTE
nette4 “Cote représente le francique “kot -cabane> substantif COTONNIER (16941, lequel a absomé le
et le correspondant ancien nordique de même sens de coton =plante textile,. ol’adjedia été re-
forme (+ aussi cottage). formé (av. 18501,à l’époque de l’industrialisation, au
+Le mot a désigné une tenure rurale modeste sens général =du coton. g’industrie cotonnièrel
(1376, terre tenue en coterkl, sens limité aux coutu- COTONNEUX, EUSE adl. (15521 prend vite ses va-
miers picards Par métonymie, il a pris le sens col- leurs figurées de =moup (16111,puis *qui ressemble
lectii d-association de paysans tenant d’un même à du coton* t18011.
seigneur une tenure roturières (16111.oLe mot se COTONNADE n. f. est d’abord (16151un terme de
diEuse au milieu du xvse s., désignant alors une ré- médecine pour *mèche de coton, charpie>; son
union de personnes soutenant ensemble leurs inté- sens actuel apparaît avec le début de l’industrie
rêts (16601,prenant une valeur péjorative de -petit textile (17711.
groupe, cliques (18081.ll contiiue néanmoins à dé- Les COmpOSéS COTON-POUDRE et FULMICOTON
signer parallèlement, sans péjoration, une associa- n. m. désignant un explosif sont, sans doute par le
tion de personnes qui se fréquentent familièrement hasard des attestations, tous deux datés de 1847.
sur la base de goûts, d’intérêts communs (ainsi, le
salon Verdurln, chez Proust, s’appelle la petite co-
CÔTOYER + C6TE
terie). COTTAGE n. m. est emprunté (17541àl’anglais
cottage, désignant d’abord une tenure, une petite
COTHURNE n. m. est un emprunt (av. 15021au maison de paysan 1x1s~s.1 puis également une pe-
latin cothunus, lequel est pris au grec kothomos tite maison de campagne. Ce mot, attesté dès le
=chaussme haute à lanières lacées par devantm. mes. en latii médiéval Ccotagtun), est probable-
spécialement -chaussure de ce type à semelle de ment un terme formé en ancien normand : on re-
bois très épaisse donnant un port majestueux aux lève cotagiun à Rouen en 1219. Il s’agit du dérivé
acteurs tragiques=. Ce mot, d’origine incertaine, en -a@um ~-a&4 de cet -cabane, abri>, issu du ger-
pourrait être un emprunt lydien. manique “kot (- coterie).
$Le mot a été introduit dans le vocabulaire des an $Le mot, apparu dans l’Encyclopédie de Diderot
tiquités gréco-romaines avec sa double valeur. Par pour désigner une réalité anglaise, s’est acclimaté
métonymie, il s’applique au ruban fermant un sou- et appliqué à une petite maison de campagne.
lier féminin montant jusqu’au mollet (18391et, à son confortable et même r&ée, en France, toujours
tour, à ce genre de chaussure (19211. avec allusion au style anglais (18421.Au Canada, il
t COTHURNÉ. ÉE adj., =Chaussé de cothurnw, a désigne au contraire toute maison de campagne un
servi d’équivalent à hagirlue (en parlant d’un peu grande (opposé au bungalow, plus fruste, et à
poète1 par la même métonymie que la locution chalet), par emprunt à l’américain qui a adapté le
chausser, prendre le cothurne =Composer ou louer mot anglais aux réalités locales.
des tragédies~. ll est resté didactique et rare.
COTTE n. f. est issu tv. II551 du francique “kotta
COTILLON -, COTTE que l’on peut déduire de l’ancien haut allemand
kozzo n. m.. koua n. f. <manteau de laines, formes
COTISER - COTE auxquelles correspond le latin médiéval cottas,
cotte, cotta dans le domaine germanique. P. Gui-
COTON n. m., d’abord noté cotwt (v. 11601,est raud émet l’hypothèse d’un rapprochement de
emprunté à l’arabe qu@n, de même sens Sa trs- cotte avec I’ancien français cote -peau klkn animal,
lectoire suit celle de la culture de la plante : de d’un fruit)>, d’origine provençale ou italienne, issu
l’Orient à la Sicile et à l’Italie (italien coton62 et latin d’un roman “cutita, du latin cutis #peau= t-cuti,
médiéval cutto, cutt0ni.s à Gênes, en 11561,à l’An cutané, couenne).
dalousie musulmane puis à l’Espagne entière tes- + Au moyen âge, le mot désigne une sorte de tu-
pagnol algodon avec l’article arabe ail. nique portée par les hommes et les femmes et par-
+Le mot désigne le duvet végétal soyeux entourant ticulièrement un vêtement du chevalier, du guer-
les graines du cotonnier puis, par métonymie, le fil, rier : le mot, dans ce contexte, a donné les
l’étoffe qu’on en tire tv. 11651et, beaucoup plus tard expressions cotte d’armes tv. 1240; 1212, cote a ar-
seulement (16801, la plante qui produit ce textile mer) =casaque qui se mettait sur la cuirassem et
(voir plus loin cotonnier). Par extension, coton s’ap- cotte de mailles (1526, copte de maille) armure dé-
plique au duvet d’autres plantes= (15741et. par ana- fensive en mailles, anneaux de fer-. L’usage de
logie d’aspect, à un nuage brumeux (1916, dans l’ar- cette armure, bien antérieur à l’attestation écrite
got des soldats). 0 La phraséologie figurée compte de l’expression qui, au xvi’ s., est de nature histo-
être ékvé dans du coton (16711, jambes en coton rique, a été introduit à la fin du haut moyen âge
(1839; également guibolles de coton, 1877). fZ.9 un (ainsi dans la broderie de Bayeux) et s’est généra-
mauvais coton (18461. Cette dernière expression, lisé après 1150. Le mot a également désigné (15391
avec l’idée de -fils emmêlés= et celle de =brouil- une jupe courte, plissée à la taille (encore au-
lards, rend compte de c’est coton -c’est difhcilep, où jourd’hui dans les parlers de l’Est1 et, par exten-
Coton est employé quasi adjectivement (18301, sion, un vêtement de travail (1877, cotte d’ouvrier).
d’abord en argot. t En sont dérivés COTTERON n. m. cv. 1365) =Veste
c COTONNIER, IÈRE adl. est d’abord adjectif dans courte sans manches des paysans médiévaux-. -pe-
arbre cotonnier (15421 et, par ellipse, a abouti au tite jupe courte et étroite=, spécialement -cotillon
COURGE 924 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

*se somnettre~, est plus littéraire, sauf dans la lo- son. de carre Iv. 10501, est issu du latin currere =Se
cution courber sous le poids de. Cet emploi est mouvoir rapidement à tontes jambes>, employé à
concurrencé par la forme pronominale se courber propos des hommes, des animanx et, par exten-
lantrefois également : =sïncliner pour salne~l. sion, des inanimés. Ce verbe se rattache à un an
OL’argot colIégien suisse l’emploie pour sne pas cien groupe italoceltique et germanique relatif
aller en classe, à on ~OUIS~, là où le Français dit sé- aux chars t+ char, car1 et ans chevaux (en anglais
cher et le Belge brosser. - Courber a produit des dé- herse, de la même sériel dont l’importance était es-
rivés d’usage restreint, voire technique : COURBET sentielle dans le monde indoenropéen. La forme
n. m. (13901 +ande serpe à couper les branches,, initiale courre, issue par évolution phonétique, a
COURBEMENT n. m. l1478l, nkérieiimment été éliminée par courir (cf. le même phénomène
COURBAGE n.m. (1863l, pluS CObramnient avec qaétirl, mals s’est maintenu dans le syntagme
COURBURE n. f. (xv” s.l -forme, disposition de ce figé chasse à courre Ici-dessous).
qui est Combe 0” courbé* et COURBETTE n.f. + Cour& intransitif an sens propre, réalise, en fonc-
(155% Ce dernier est à l’origine un terme de ma tion du conteste, des valeur spécifiques. telIe -se
nège, employé par analogie en parlant d’on geste hâter, Iv. 1265) on =COU& dans une compétition>
humain exprimant la déférence (av. 15851. Par ex- (15591; il entre dans la construction où il est suivi de
tension, il a pris, surtout an pluriel, le sens péjoratif l’inbitiif (11601 pour -aller vite dans un but précisé
de ~marqne servile et obséquieuse de déférences houtir faire qqch.1. En parlant de choses, il signihe
(1623, Sorel). 0 Son dérivé COURBETTER y. intr. -passer d’un lien à l’antre, se répandiw lv. 12251,
Iapr. 1500) n’est qu’un terme de manège. parfois -couler vite,. et surtout an figuré -se diilk
Le préfixé vedxxl RECOURBER y. tr., d’abord re- sep à propos d’une rumeur, et -se dérouler, suivre
corber Iv. 1155l, est moins souvent employé avec son ~OUIS~ en parlant du temps Ipar les temps qui
une valeur itérative qu’avec la valeur déterminée cmrentl. 0 Il est employé ad sens d’&tre compté à
de scomber à l’extrémités, également sons la forme partir d’une certaine datem. en parlant d’une
pronominale se recourber (v. 1560). Ses propres dé- somme d’argent due, et =s’étendre, se prolonger
rivés RECOURBEMENT n. m. (xv” s.l et RECOUR- vers, sur un plan spatial (1690). -Plusieurs emplois
BURE n. f. (1875; 1609, recourbeure) sont rares. transitifs se sont répandus à partir du XII?~.. tel
0 voir CuRvlLlGNE bd LIGNEI, MCURVÉ. ~ponrsnivre (qqn) à la course». d’abord dans le do-
COURGE nf., aboutissement (v. 13501 de co- maine de la chasse Iv. 12251. d’où le dicton on ne
hourge (XIV s.1, est une forme dialectale kurtont court pas deux lièvres à la fois. Par extension, le
Ouest) issue d’on latin tardifOcucurbico, altération verbe exprime le fait de poursuivre qqn (1434.143%
du latin classique cucurbita -courge, gourde>. Ce sens aujourd’hui archaïque mais prolongé méta-
mot présente le même redoublement syllabique phoriquement dans le langage populaire moderne
que les mots de sens voisin cucutia, cucumis (19011 pour knporhmeIr : tn commences à me cou-
<concombre* et cicirbita. La forme classique a rir. o L’autre extension métaphorique, wecher-
donné coorde, cohourde (1246). forme conservée cher ardemment> (1585l, en particulier dans le do-
dans de nombreux patois. En outre. elle a échangé maine de la galanterie (16%X connait une grande
son snfhxe contre d’autres snftïxes diminutifs vitalité, en concurrence avec courser* (coutir les
comme -aJo (d’où l’ancien provençal cogorla, l’an- femmes, etc.1 ; dans ce sens, on emploie absolu-
cien français courle, le lorrain cohok, etc.) l- aussi ment courir. 0 Certaines locutions, telles que cou-
gonrdel. oQuant à COUGOURDE n. f. (1673l, rir un r&ne, un danger, réalisent l’idée de cs’expo-
forme moderne de coucourde (1273l, aujourd’hui ser àp (av. 1558). Suivi d’un nom de lien, coutir
usité dans le sud-est de la France, il est issu de l’an signifie ~parcowir fréqnemment~ Icourir les ruesl.
cien provençal cogorda. de cucurbita. Dans les par- an propre et an iïgnré (15471.
lers septentrionaux, le terme dominant est ci- t COURU. UE p. p. adj. ne reprend que certains
trouille. sens transitifs du verbe. Il signihe ‘recherché (par
+ Courge, nom de plante, est COnramment employé qqn, qqch.l=. la locution c’est couru Id’avancel l19011
pour désigner le fmlt de certaines variétés, utilisé ihlsant allusion soit au chasseur qui poursuit sa
comme légume. Il est parfois employé avec le sens proie, soit à une cowse de chevaux. -Le participe
péjoratif d‘imbécile* par référence, dit-on, an vide présent adjectivé 0 COURANT Idéb. xv” s., 1413l,
interne du fruit. d’abord curant IlOEOl ‘qui CO~I+. figure dans de
.Il a produit le terme régional COURGERON nombreux syntagmes lexicalisés tels chien courant
n. m. (1852) *petite conrgem, en usage en Suisse M- (1270). écriture courante (17521, main courante
mande, et COURGETTE n.f. (1929, d’abord en (av. 1873) et eaa courante. 0 Transposé snr le plan
Bourgogne) &nit d’une variété de courge consom- temporel, il signiile aussi *qui a conrs au moment
mée jeune*, rapidement devenu usuel, cet état du où l’on parles (1623l, dans année courante et af-
légume étant plus courant en cuisine que la courge faires courantes (1772) +i&ires à traiter normsk
elle-même. ment, de manière régulières. o À partir du XVII~ s.,
CUCURBITACÉES n. f. pl. a été formé savamment, l’adjectif prend la valeur de anormal, habituel et
d’abord comme adjedill7211, sur le radical du la- fréquent*; il s’applique à l’usage de la langue Mot
tin cucurbita comme terme de clsssiikation bota- courant) et à une réalité économique et commer-
oigne. ciale (16691: on parle ainsi de prix courant, compte
courant, etc. -Courant a produit l’adverbe COU-
COURIR y. tr. et intr., aboutissement de curir RAMMENT tilt xses., curranmentl et deux noms :
l108Ol, qui provient, par changement de conjngai- COURANTE n. f., attesté en 1515 au sens de -danse
DE LA LANGUE. FRANÇAISE 913 coucou

pris son sens moderne de moment de se mettre au par ellipse de papier couché, en concurrence avec
lit. (par opposition à lever1 et au xvies. qu’il a glacé. -À la même époque (16281, le participe
commencé à être appliqué au soleil, la locution présent COUCHANT commence à être substan-
coucher de soleil étant appliquée également à une tivé, elliptiquement pour soleü couchant (11551, en
représentation picturale de ce motif. Par métony- parlant du lieu où le soleil se couche et opposé à le-
mie, l’accent porte parfois sur la facon dont on est vant.
couché (16941 ou ce sur quoi on couche. -Le fémi- À partir du début du >w”s., l’élément verbal
nin COUCHÉE l>we s.1 lui sert quelquefois de va- couche- fournit plusieurs composés : le technique
riante tigionale. COUCHE-POINT n.m. t1808) et les familiers
Le déverbal COUCHE n. f., d’abord chiche tv. 11701. COUCHE-TOT (18701, auquel correspond
a désigné le ht avant d’avoir au xvir” s. la réputation COUCHE-TARD n. attesté récemment (19711 et
de mot burlesque (16801 ou poétique (16941. OAU plus rarement COUCHE-DEHORS tl8811.
xvf s., on commence à parler de la couche fdes bé- Les préfixés verbaux de coucher remontent à l’an-
bés) 11505, couc9ue1, emploi prolongé aujourd’hui cien français; dès le me s., RECOUCHER v. tr., plus
par le pluriel &s couches~ et par le moderne fréquent au pronominal se recoucher.
COUCHE-CULOTTE (19291. -Couche S’est Spécia- Avec le préfixe a-. ACCOUCHER v. intr. tv. 11601 si-
lisé (15521 au sens d‘alitement de la femme qui ac- gnihe d’abord -se coucher, s’alites, encore au
couches dans les locutions être en COU&S (1552). xvf siècle. Le sens moderne de ce verbe est issu de
surtout au pluriel les couches, par exemple dans l’ancien sens spécialisé .-s’aliter pour mettre un en-
relever de couches -se rétablir- et eniin fausse fant au mondem, puis -mettre un enfant au mondep.
couche (16711 ‘avortement spontanés et, par une Accoucher a ainsi supplanté l’ancien gésir Ws.1
métonymie injurieuse. *avorton. -Toujours au &re étendu+, dans gésir d’un enfant ~XII” s.1 et son
xwe s., d’après un ancien sens technique, =assem- composé agésir l+ gésine, gésir). la construction
blage de plusieurs objets réunis, couchés ensemble transitive exprime l’idée d’aider (une femme) à ac
klraps, cuirs+ (12681, couche a pris en horticulture coucher (16711. Le verbe, dans sa double construc-
le sens de =carré de fumier mêlé à de la terre pour tion, réalise aussi le sens figure de *produire par
ikvoriser la croissance de certaines plantes* (1529; l’esprit* (1674). -ACCOUCHEMENT n. m. k!. 11901
d’où champignons de couche, 18381. 0 Par exten- a connu la même évolution : si, dès sa première at-
sion, il désigne une étendue uniforme de substance testation, il a son sens moderne (par lequel il évln
sur un espace donné t 15801, spécialement en géolo- cera gésirte). il est employé jusqu’au début du xvii” s.
gie (15801, climatologie (17831, anatomie, et dans le au sens général d-action de s’aliter+ (14471. -Le
bâtiment. +ll a alors pour composé sous- nom d’agent est d’abord apparu au fémlnln AC-
COUCHE n. f. (1871 en géol.; 1941 à propos de la COUCHEUSE (16711, le masculin ACCOUCHEUR
neige; mil. xx” s. en techn.1. 0 Pris avec une valeur étant attesté peu après (1677). -Le participe passé
figurée, il entre dans la locution populaire en avoir a été adjectivé et substantivé au féminin, dans AC-
une couche (de bêtise) aêtre bête, tdep. 18631, et dé- COUCHÉE n. f (13211.
signe un ensemble de personnes ayant des carat- DÉCOUCHER v., apparu à la forme pronominale
tères communs dans les syntagmes CO~&~S so- soi descoucier (v. 1200). a signitïé =se lever- et s’est
ciales (18301. couche dâge, etc. -Le diminutif employé dans la construction àécoucfter de qqn
COUCHETTE n. f. (13741 se rattache uniquement à <dormir dans un autre lit que qqn> (15591, avant de
l’idée de -lit- : il désigne un petit lit et surtout un lit devenir intransitif au sens de -dormir hors de chez
étroit dans un bateau t1&321. puis un train tl!WEj, soi-, et aussi découcher de quelque part (16941.
d’où le COmpOSé AUTO-COUCHETTE n. f. (19651.
Le radical du verbe coucher a aussi servi à former COUCI-COUÇA lot. a&. est, sous la forme
COUCHEUR, EUSE n. cv. 1534). surtout dans le syn- retenue par I’usage moderne (1848). la déforma-
tagme mauvais cxwchenrtl823) *celui qui empêche tion, sous l’influence de comme ci comme ça, de la
ses compagnons de dormir= et, au figuré, aper- forme traditionnelle couci-couci (1649). francisation
sonne qui a mauvais caractères. Le mot correspond de COS~-COS~(1619) aujourd’hui vieillie. La locution
aussi 117231 aux spécialisations techniques du est empruntée à l’italien cosi cosi & peu près>
verbe, notamment en papeterie (17521 et en brode- tdéb. xv? s., Machiavel), redoublement de COS~
rie (18631. -ainsi, comme celas qui est issu du latin vulgaire ec-
-COUCHAGE n. m. (1657. puis 18381 désigne à la cum sic (+ ainsi).
fois l’action de coucher et (18381 l’ensemble des ob- + La locution apparaît d’abord chargée dune signi-
jets servant à se coucher kac de couchage est passé fication érotique Cfaire COS~-cosi).Elle la perd pour
du conteste militaire à celui des lolsiil. Aux xvsr” exprimer kvse s.1 l’idée d’approximation, équiva-
et Wp s.. le mot a reçu des acceptions techniques lant à à peu près, ni bien ni mal.
(1723, en industrie textile; 1898, en horticulture,
également en papeterie et en imprimerlej. 0 Son COUCOU n.m. et interj. (166Oj, d’abord écrit 0:
usage populaire, au sens de .-commerce sexuel- couguou (15381, modliication par assimilation de
(V. 19311, en fait le synonyme de COUCHERIE n. f. cucu CV. 1loOj puis coguu (15571, COCO~ (1667). est
(17601. dont c’est le sens dominant. ll vient du sens issu du latin cuculus, mot expressif d’après le cri de
spécial de coucher avec 99n. -Aux xvae et XVIII~ s. l’oiseau. Le grec hohhw t+ coccyxl, le vieux slave
sont apparus plusieurs dérivés techniques : cou- huhatia, le sanskrit hoho-, hohüd(t, I’irlandais
CHOIR n. m. tl6801, COUCHIS n. m. (16941, cou- cuach sont de même type; les formes romanes,
CHURE n. f. (1751) et COUCHÉ n. m. en papeterie, dont le français, ont corrigé l’évolution phonétique
COURRE 926 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mettre une couronne sur lqqch. ou qqn1 pour or- ouverte aux lecteurs ~OUIT&~ des lecteurs; courrier
neD, -entourer lqqch., qqnlm et a reçu en latin impé- du cœud.
rial le sens de -mettre une couronne à (qqn) en + En ce sens, il a produit le dérivé COURRIÉRISTE
signe de victoires et, de là, le sens de -&ompen- n. (1857) ‘journaliste qui fait un courrle~.
sep, repris par les auteurs chrétiens. En bas latin,
le mot a signliïé également =mettre une couronne COURROIE n. f., I-éfection suilkale (v. 1268) de 0)
en signe de pouvoir et à époque médiévale, #ton- cwreie W601, est issu du latin CO~~&$U <lacet de
Sure~ 1893; déjà au participe passé comme nom soulier- puis knière~, *fouet>. Le mot pourrait ap-
masculin, en 4071. o À partir du sens propre de partenir au vocabulaire italo-celtique. si l’on en
ceindre (qqn) d’une couronne=, cowonner a déve- juge par lïrlandsis conriug *j’attache ensembles. et
loppé plusieurs emplois abstraits à connotation être, vu son sens technique, emprunté au gaulois.
méliorative, spécialement =sscrer (un souverainj~ +Le mot désigne une bande dune matière souple
111551, -décerner une récompense* k?901. le sens et résistante et s’emploie quelquefois au figuré
abstrait, =achever, parfaire= (xvi” s.1, est parfols pris pour -attaches. L’expression technique courroie de
ironiquement Iponr couronner le tout). - Couron- transmission 118451 est parfois investie, par méta-
ner a lui-même produit COURONNEMENT n. NI.
phore, du sens de -ce qui transmet, met en contact
Cv. 1165, coronement).employé depuis 1559 au sens des personnes, des choses>.
figuré kce qui parfait~l et les antonymes DÉCOU-
RONNER v. tr. (av. 1175, adj. ; 1190, deSCOrOner) et COURROUCER v. tr., d’abord corockr 11050j. o>
DÉCOURONNEMENT n. In. 11636; I-epIiS en 18631. puis correcier (1165-l 1761, en6n courroucer d’après
Plusieurs mots du même groupe et de sens spécia- COUITOILX, est issu du bas latii “corruptire, dérivé
lisé sont empruntés aux dérivés latins de corono. du supin de corrwnpere ~détruire, altérer+ (+ cor-
-CORONAIRE adj. 11562). reprkentsnt du latin romprej.
coronariw =en forme de couronnez. est surtout em-
*L’ancien hsnçsis utilisait le mot à la fois avec le
ployé dans le vocabulaire médical, notamment en
sens physique d-endommager, maltraitez et avec
parlant d’artères et veines du coxr, aussi substan-
le sens moral plus courant de ~aigrlr, irriter vive-
tivé au féminin. on a produit CORONA-
ment,, le sentiment d’irritation étant considéré en
RIEN,IENNE adj. 118971 et CORONARITE n.f.
quelque sorte comme une altération de l’âme (en
‘lésion des artères coronaires du ccew. - CORO-
latin animus cormptusj. Seul le sens moral s’est
NAL,ALE, AUX adj. 113141, emprunté au latin
maintenu mais, concurrencé par irriter, le mot a
coronalk =se rapportant à une couronnez, compte
décliné au xv+ s., époque où Vaugelas (16471 ne le
surtout des emplois scientifiques (en anatomie,
tolère plus qu’en emplois métaphoriques (en par-
1314; en astronomie, 18741. -CORONELLE n.f.
lant de la mer). ~Aujourd’hui, son usage, de
hPs.1 désigne un serpent du genre de la cou-
même que celui du participe passé adjectivé
leuvre et CORONILLE n. f. (17521, d’abord corontia
COURROUCÉ, ÉE. relève du style littéraire.
en latin botanique 116941, emprunt à l’espagnol co-
ronüla =Petite couronnez kliminutif de corona, de t COURROUX n. m., d’abord corropt Cv. 980) et COT-
même origine que couronne1 désigne une plante raz 11165-1176). ce dernier étant probablement le
aux fleurs disposées en cercle 11490). déverbal de l’ancienne forme corrocier, est quasi-
0 “Ou- cclaoLLAmE. COROLLE. ment sorti de l’usage courant au xvre s., tout comme
ire, au profit de colère; cependant. il est encore em-
COURRE -f COURIR ployé au xwe s. et ultérieurement comme terme du
vocabulaire noble ltragédie. poésie lyrique), notarn-
COURRIER IL~., d’abord carier et cowier ment à propos de la colère des éléments. Les
ldéb. >aa s.1, puis courrier 114641, est emprunté à autres mots du même groupe (plusieurs doublets
l’italien corriere kcse s. ; 1162, cwrerius en latin mé- adverbiaux, substantifs et adjectifs témoignant de
diéval) =Porteur de messages*. dérivé de correre la vitalité de la iknille en ancien français1 sont sor-
b courir-l. Le mot désignait au Wp s. des porteurs tis de l’usage normal au xv? ou au début du
de messages entre l’Italie et les foires de Cham- XVII~ siècle.
pagne.
+ Courrier désigne d’abord une personne servant COURS n. In. est issu (10801 du latin cursus *ac-
de messager (au xw’s., on relève aussi cowière tion de courir, voyage, notamment en mer; dépla-
=celle qui porte une nouvelle+ notamment le por- cement des étoiles, d’un fleuve, cours de la vies et,
teur de lettres en malle-poste n’affaire du courrier poétiquement, Gvolution d’un sentiments, de
de LyonJ. un valet de pied puis le moyen de trans- currere (b courirl.
port qui convoie les dépêches : il s’applique alors à + Cours exprime une idée de mouvement, de dé-
une malle-poste puis à d’autres véhicules, notam- placement. ll désigne d’abord l’action de courir, en
ment des avions ~COURT-COURRIER. 1965; parlant dune personne, d’un cheval, sens qui cor-
MOYEN-COURRIER, v. 19501; long-COwrier est respond à celui du verbe courir, qui est passé au
plus ancien l-long). Par métonymie, le nom re- dérivé course et vivant dans coursier. De son appli-
couvre l’ensemble des lettres, dépêches et jour- cation au domaine de la navigation lv. 11201, est res-
naux ainsi transportés (17701. Dès 1636. il a servi à tée l’expression voyage au long cours (16901.
baptiser certains journaux, puis à l’intérieur du o L’emploi spécial en parlant du mouvement des
journal, désigne une chronique transmettant des astres Cv. 1170) a lui aussi vieilli, mais a pu favoriser
nouvelles de théâtre, mode, sport et une tribune l’apparition du sens temporel *suite, évolution dans
DE LA LANGUl? FRANÇAISE 915 COUGUAR

une blessure en longm; depuis le xw” s. 116371,il est la seule désignation d’un type de coi&re de l%
employé en construction intransitive (découdre et lettes et jeunes filles où une barrette retient une
surtout en découdre) avec la valeur figurée de <se petite queue de cheveux.
battre, en venir aux mains~. -Le participe passé
DÉCOUSU, UE ~III” s.) B pris (1577) le sens lïg& 0 COUETTE n. f., d’abord coute (11~11733 et
de aqui est sans suite, sans logiques. 0 Il a produit coüte (1160-l 1701,est issu du latin culcita -matelas,
DÉCOUSURE n.f. (1611) ‘partie décousue d’une coussin=, qui a subi on double traitement phoné-
étoffe- et, spécialement en vénerie, -blessure faite tique aboutissant, selon les régions, à coute ou
par le cerf à un chien-. coite. Le mot latin, également passé dans l’italien
0 voir ACCOuTaERcoLIlva!L SUIURF.. coltrke et l’espagnol cokedm, est peut-être appa-
renté au sanskrit kürcc+ sballe. ballon,.
COUDRIER nm., d’abord couldrier (15031, 4 Le mot a désigné un lit de plumes recouvert d’un
puis coudrier (15551, est dérivé de l’ancien mot de tissu précieux, un édredon piqué. Sorti d’usage en
même sens coldre (v. llOOl, cadre (1160-1170) puis ce sens (ou dialectal) à partir de l’époque classique,
coudre Cv.11791.Celui-ci, quali6é de -vieux* par les il a conservé des sens techniques dérivés en méca-
dictionnaires à partir du WC”s., est issu du latin de nique (1676) et en marine (1694) avant d’être repris
la Gaule Ocolurus, transformation du latin classique au x9 s. pour désigner un mode de couchage : un
coryhs (graphie hellénisante pour cotiu.sl sous édredon recouvert d’une housse qui remplace à la
l’influence du gaulois “colla, de “COS~~,forme em- fois le drap de dessus et les couvertures. Ce sens
pruntée, correspondant à celle du latin. s’est répandu avec le succès récent de la chose, im-
+Le mot, qui désigne un ax?xe dont la variété culti- piré par les habitudes des pays à climat froid.
vée est le noisetier, s’est seulement maintenu dans t L’ancienne forme coute a donné le dérivé COU-
les dialectes septentrionaux de la France (où il est TIL n.m. (1202, keuti.0, désignant un tissu, et le
concurrencé par noisetier ou par d’autres dérivésl composé COURTEPOINTE n. f. (we s.1 issu, par
et dans quelques patois du nord de l’Italie et rhéto- croisement avec l’adjectif courte, de coite-pointeou
romans. D’autres parlers utilisent un représentant coute-pointe -couverture piquées (pointe étant le
du latin abellana *noisette cultivée*, promu par le participe passé de poindre*1: on a dit aussi contre-
développement de cette culture pointeau xvf s. (d’où, à la même époque. contre-
t Les dérivés de coudre, COUDRAIE n. f., d’abord pointer): ces altérations en courte- et contre-
COkhie (1186). et son synonyme COUDRETTE n. f., rendent compte de la petite taille des points de
d’abord écrit coudrete (me s.). sont aujourd’hui peu couture et du fait qu’ils piquent deux points oppo-
usités ou dialectaux. sés de la couverture.

COUENNE n.E. d’abord corme (1210) puis COUFFIN n. m. est emprunté (14781 à l’ancien
coenne (v. 12231,est issu, par évolution phonétique, provençal COI%%(v. 1225, COU~%en proven@ mo-
du latii populaire “cutinna, altération de “cutimx, derne), lui-même issu du latin impérial copkirws
déxivé du latin classique cutis =peaw l+ cutané). La -corbeille, panier-, emprunt du grec de même sens
transformation de la terminaison -ina en -inma est copkynos (+ CO!TEZ). Dès 1220, on relève coi% -pa-
probablement due à l’tiuence du suflïxe gaulois nier=, directement emprunté au latin mals aban-
-imm. “Cutina est représenté par le piémontais donné dès le XVIII~s. sauf dans certains dialectes : il
cum. le catalan cotna, tandis que “cutimm vit en a été emprunté par l’anglais ~0% krve s.l. spécia-
galle-roman et dans le toscan cotenna. lisé depuis le xvr” s. au sens moderne de -cercueil=.
4 Le mot, repris au sens de *peau* M’abord en par- Dans certaines régions, CO/%Idésignait naguère un
lant de celle d’un crocodile), s’est spécialisé pour étui pour la pierre à aiguiser du faucheur (enregis-
‘peau de porc raclée, utilisée en cuisine, (1271). Au tré, 18691,en concurrence avec queux (du latin co-
ti s., il a développé quelques emplois analogiques ter& On rencontre aussi régionalement touffe
en médecine (1803) et en argot (18081où il renvoie à Cv.1665; 1633, cufe) *grand Cabas~, emprunté au
la peau humaine dans des locutions péjoratives : provençal couffo (~VS.), lui-même emprunté au
gratter la m”enm?, gltxse co”enne (cf. peau, lard). bas latin cophiws par l’intermédiaire de l’arabe
Il renoue ainsi indirectement *vec le sens médiéval qüfflï.
et péjoratif de #peau (d’une femme)* (v. 1223). 4 Ce mot, originaire du pourtour méditerranéen et
t En est dérivé l’adjectii COUENNE~~. EUSE. de Provence, désigne un panier souple en osier, un
d’abord coenewl (1610, -qui ressemble à la cabas, et s’est tipandu en français central au sens
couennes, spécialement en médecine (18331 ~COU- spécialisé de =Panier du même type aménagé en
vert d’une membranes ou -caracté!isé par une petit lit de bébé,.
membrane= kmgine couenneuse). .Le composé PATIN COUFFIN évoque, dans
l’usage des Français d’Algérie, sous la domination
0 COUETTE n. f., d’abord heurte (XI$ s.) puis française, le bavardage (cf. patati,patatal.
quetitie (1611l, est le diminutifde l’ancien français
Coue (+ queue). COUGUAR n. m. est emprunté (av. 1788, Buf-
+ Signifiant proprement -petite queues, le mot s’est fond au tupi suasuarana désignant un grand chat
surtout répandu à partir du XI?~.. au sens de sauvage. Le mot a été introduit en français par l’in-
-mèche de cheveux,, en particulier dans di%rents termédiaire de formes altérées, véhiculées par les
dialectes (Normandie). Quoique familier, il semble récits de voyage au Brésil : portugais .suçuamna
couFsIvE 928 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

est vivant, mais senti comme Ikmilier ou popolaire. tant brusquement. -L’emploi substantivé de cour?
Il exprime spécialement l’idée de poursuivre une (av. 12661, elliptique (le court), se fait toujours par
femme de ses assiduités (1871). -QCOUR- opposition à l’emploi analogue de long.
SIER. IÈRE n. 6% xc? s.1, -employé chargé d’effec- ~SUI- COUrt Oot été fOITIX% I’adVeIiX? COURTE-
tuer diverses courses, notamment des llvraiso~s~, MENT k~~s.1, aujourd’hui peu usité, et COUR-
renoue à plusieurs siècles d’écart avec I’ahcien TAUD, AUDE adj. 114391 qui a sighii?é -écourté de
français cursier -message* Cv. 11801, éviocé par la queue, khn animal) d’après court au même
counier*. sens (ti S.1, et qui a produit COURTAUDER v. tr.
0 voir COURIR COURS. COURSNE. -Em -IF. (1718). Le sens usuel de courtaud est *d’une Mlle
courte et un peu épaisse* (16561. L’appellation cour-
COURSIVE n. f..
d’abord écrit courcive (16871, taud de boutique, adresséeà une personne aux fa-
est probablement la transformation, sur le modèle çons rostres, sortie d’usage ao >w” s., est à l’oDglhe
des adjectifs en -it: -ive, de l’ancien coursie n.f. (1585) le nom donné au commis de magasin, peut-
114951, terme de marine désignant le passage mé- être par allusion à l’habit court des gens du peuple
nagé d’un bout à l’autre d’une galère entre les par opposition au vêtement long des gens de candi-
baws des forçats. Le mot est emprunté, de même tiOIl.
que l’ancien provençal corsio lx4 s.1, à lïtalien cor- Court a fourni le premier élément de nombreux
sia, terme de marine kv1~s.1. attesté dès 1461 sous adjectifs et noms composés (+booilloh, circuit,
la forme cursio dam le dialecte de Ferrare, et em- cowrler, échelle, jus. vêtu); ll a produit trois pti-
ployé aussi à propos du courant d’un fleuve (XVe s.1. fixés verbaux exprimant la notion de +zxire
Ce mot italien, adjectifféminin substantivé, est issu c0m-t~. +ÉCOURTER y. tr. (xses., escutierf S’ap-
du latin médiéval curs&~~.S (féminin curtivol ~COU- plique surtout à on entretien. aux paroles, à un
rat& rapides l+ cumiil. texte. -La série ACCOURCIR v. tr. (1162, acourcir)
+Le mot a supplanté coursie au même sens et ll est avec ses dérivés ACCOURCISSEMENT n.m.
resté usuel en marine. Boiste, en 1829. enregistre (15631 et ACCOURCIE n. f. (18&!l, tend à être sup-
aussi en emploi pour le passage entre les soutes. plantée par celle du préiké en re-. 0 Ce dernier
est RACCOURCIR v. tr. (12371, =rondre plus court,
0 COURT, COURTE adj., aboutissement et ihtransitivement (18351 -devenir plus coorb. 0 ll
hfs.1 de cwt (16801 puis coti 111551, continue le la- a produit trois noms: RACCOURCISSEMENT
tin curtus 4comté, tronqué* d’où &iâtré, cir- n. m. (1551: 1529, =abrégé~). RACCOURS II.~.
concise, issu de la même racine indoeuropéenne (17231, d’emploi technique, et RACCOURCI n. m.
“ker- ou “sker-, -couper, séparer-, que cotiwn (14001, plus ancien et plus courant, dont le sens
[+ cuirl. caro b chair1 et scortam l&+ écorce). d’&rGg& s’est conservé dans la locution en rat-
+Tandis qu’en latin, le mot usuel pour exprimer la coura’ (16311 mais qui a développé à l’époque clas
notion de petitesse dans l’espace et le temps était sique le sens de ace qui est exprimé de facon abr&
brevis (+ breD. c’est court qui est devenu en français gée et vigoureuse* (16901, et a été employé comme
le terme le plus usuel (par opposition à long). Em- terme de peinture en se référant à la perspective
ployé concr&ement à propos de la longueur faible 116511. Le sens usuel de raccourci *chemin plus
d’un objet (10801, court a progressivement cessé de court* est apparu le dernier (18371.
s’employer en parhmt d’une personne au profit de 0 voir c- IcouRT-.
petit, sinon stylistiquement. spécialement ou avec
Q COURT n. m. est emprunté (1887) à l’anglais
en complément (court sur pattes, etc.). o Au xx? a,
court Iv. 11751, spécialisé pour ‘terrain de jeu de
ll a développé la valeur abstraite d’-iost&saot~
paume. (1519l, lui-même emprunté à l’ancien frais
dans courte vue et avoirla vue courte -être myope,
çsis court, colt b cour).
(1532). surtout au pluriel des vues courtes ades
conceptions borhées~ (16901. 0 Il partage avec bref *Le mot est passé en français assez tardivement
le sens temporel de aqui a peu de durée,, à la fois par rapport au reste du vocabulaire du tennis, mals
au propre (v. 11551, sens devenu très usuel, ao fi- la diiksion de ce sport se situe bien entre les deux
guré Qrkmoirs coutie, 15321, et s’applique paIti- guerres. Ni l’adaptation en cour (113941. ni l’équi-
colièrement à un énoncé, par exemple dans f&Ins valent champ n’ont eu de succès.
court 1145Ol, êIre court. La locution ri asti terme 0 voir COUR
@II we a, a tort terme) réalise plus exsctement I’an- COURTEPOINTE - 0 COUETTE
tienne valeur de -qui est rapproché dans le temps,.
D’autres emplois insistent sur l’idée de rapidité Iles COURTIER, IÈRE n. est la réfection (15381 de
plus cour& moyen.4 ou de fréquence rapide courretir (1220, selon Waztburgl, corretir (1241l,
IsotdBe cou&, ondes cmrtes~. -Dès le XI~” s.. le mot, cwratier Cv. 1240; encore en 16341, aussi altéré en
à la ôaveor de son caractère usuel et monosylla- coktier (v. 1250). le mot est probablement dérivé de
bique, a développe des emplois adverbiaux corres- l’ancien verbe carre, courre C+ courlrl avec le sti-
pondant aux sens de l’adjectif COURT a&. s’em- Exe -ier élargi en -etier; le suiBxe -aiier [+ puisa-
ploie dans tenir qqn de court 112051 ale surveiller=, tier), surtout fréquent en occibm k.ocien provençal
puis en moyen frahcals dans les locutions couper cordier) se retrouve dans le picard corratier et
mntà(xVes.1, n3stercowt(15781. êtreàcoutt(l556) dam plusieurs formes dialectales désignant on
etprisde oourt(lE6Ci1. Toumercomts’est dit àl’or-. coureur de jupons.
pine d’une voiture tournant dans on très petit es- $ Le mot désigne la personne chargée de mettre en
pace avant de prendre le sens figure de -en s’arrê- relation vendeurs et acheteurs moyennant une r&
DE LA LANGUE FRANÇAISE 917 COULEUR

propre du verbe, *qui coule facilement=. a donné couloire; il est, comme coulisse, complètement dé-
lieu aux sens figurés &cile~ (choses) et wd’hnmew taché du verbe dans la conscience des locuteurs.
accommodente~ (personnes). -Le participe passe Le déverbal COULE n.f., le plus récent dérivé
COULÉ, ÉE est substantivé depuis le >an’s. et ré- (18641, est d’usage populaire dans la locution à la
servé à divers emplois techniques (peinture, danse, mule qui signihe -an conrant, habile, et aussi <in-
esrrime. natationl. 0 Son féminin COULÉE n. f. dulgent. de caractère facile-. L’argot l’emploie pour
(16111 est le terme général pour =action de couler, l’ensemble des petits larcins des domestiques
résultat de cette action-. notamment dans coulée d’une maison (1866), sens éliminé par l’emploi de
de lave. ll est employé plus particulièrement avec coulage.
un sens technique (17541 et, en vénerie, désigne le Couler a aussi servi à former des verbes pré&&.
sentier par lequel le cerf gagne son réduit. ECOULER v. (v. 11601 est apparu à la forme prono-
-0 COULOIR n. m., relevé très tôt sons la forme minale s’écouler avec le sens resté courant de ~COU-
coled0i.r tv. 11091, désigne un objet on un conduit ler hors de>, en parlant d’un liquide puis aussi, par
pour l’écoulement d’un liquide: faisselle, tamis métaphore, de la foule (15571, de marchandises
pour iiltrer le lait autrefois, canal d’excrétion en (XIY s.l. Il réalise la valeur de -couler jusqu’à l’épti-
anatomie (17621. ll demeure rare, du fait de la fi-& sement, (1550) en parlant d’on liquide, sens disparu
qnence de son homonyme (ci-dessous). -Le fémi- an profit du pronominal s’écouler, devenu usuel
nin COULOIRE n. f., attesté loi aussi dans les comme le transitif, écouler qc&, à propos de ina~-
CXoses de Baschi sons la forme coledoire tv. 11001, chandises (18291. -En est dérivé ECOULEMENT
assume les mêmes emplois courants ou techniques n. m. (15391, lui aussi appliqué spécialement à des
knétaUnrgiel. marchandises (18321.
L’adjectif masculin COULIS Cv. 11701 -qui glisse= a DÉCOULER v. in&., relevé une première fols au
décliné an xv? s. pour se maintenir seulement dans sens de =disptitre* (19801 puis pour =conler peu à
vent coulis (15521 et en emploi substantivé au mas- pew (15341, a disparu avec ces valeurs. oll s’est
colin (1393: w’s., selon Bloch et Wartbnrg, couleil, !ïxé avec le sens figuré de ~s’ensuivre par voie de
surtout en art culinaire, où il désigne une prépara- conséquence* (16901 en contexte abstrait. -RE-
tion liquide de fruit on de légume. COULER v. intr. tardif (18031, réalise la vaieur ité-
Bon féminin COULISSE n. f. a été substantivé en rative de <couler de nouveau* et n’est pas très con-
parlant d’une porte qui glisse (1289, coulice) et, de Kant.
là, a pris divers sens techniques dont le plus I-é- 0 VOLTPEacOLAmUR.
pandu, <partie du théâtre placée derrière on à côté
de la scène2 (17181, est une métonymie du sens de COULEUR n. f. est issu tv. 1050) du latin color,
-pièce de décoration qu’on fait avancer ou reculer mot qui se rattache an groupe de &e <cacher-
lors des changements de scènes= (16941. Déjà déta- (+ celer). selon l’idée que la couleur est ce qui re-
ché du verbe, le mot est alors complètement démo- couvre et cache la surface d’une chose. Color dé-
tivé. ll est devenu contant, surtout au pluriel, signait aussi le teint de la peau et, en rhétorique. la
comme désignation métaphorique du théâtre caractéristique d’un style, d’après l’idée de camp-
(18251 et an sens figuré d-aspect dissimulé on mar- tère distiictif immédiat d’une chose; il était pris
@ml d’un être, d’une collectivité* an cotas du également an sens péjoratif de *raison spécieuse,
xi? siècle. -À son tour, il a produit COULISSER v. aspect feint>, d’après l’idée que la couleur dissi-
(1671) qui a pris ses sens modernes de ‘garnir de mule la nudité, la vérité de la chose.
coulisses* veIs 1890 et de @sser le long d’une cou- 4 Couleur a d’abord les sens généraux de -teinte> et
lisse-, plus conrant, vers 1908. o De celui-ci a été -teint*, la locution de couleur pouvant exprimer
thé COULISSAGE ri. m. (19511. -Coulisse est éga- une idée de *teintes ou de <coloration de la peau,
lement à l’origine du terme de Bourse péjoratif en parlant de qqn de mce non blanche (1791: gens
COULISSIER n. m. (18241 et du dimlnntifCOUL1S- de couleur 17791.0 Au pluriel. couleurs a reçn quel-
SEAU n. m. k#-xvie s.l. ques acceptions particnlières en fonction de la
COULURE n.f. (1331; mfs.. coküre) désigne le symbolique sociale des couleurs, en parlant d’un
mouvement d’un liquide qni s’écoule et, depuis vêtement (1393; notamment en liturgie, 17321, des
1846, la traînée d’une matière qui a coulé ; il compte cartes à jouer (1694). du drapeau national, an pln-
quelques sens plus techniques, et en horticulture rie1 Ues couleurs; les trois CO~&U~S, spécialement
correspond au sens de couler eavortep. drapeau français~l. Par métonymie, il désigne le
COULAGE n. m. (fin Xvp s.1, wztion de fondre et pigment qui colore tv. 12681. spécialement en pein
Couler un ITktsb, a aussi et surtout (18371 le sens fa- tue. o Dans le même domaine, mais an sens ini-
milier de =gaspillage~ et de *petits larcins domes- tial, l’expression couleur kxxfe est à l’origine un
tiques., terme de métier désignant (16991 la couleur parti-
Doublet morphologique du nom du conduit, un culière de chaque zone du tableau correspondant à
antre dérivé de couler, 0 COULOIR n. m. désigne chaque élément représenté. Comme clair-obscur
un passage où l’on peut -se couler, se glissem. ll est et contraste, cette notion est employée surtout en
d’abord employé (1704) dans le contexte d’un na- parlant de détails caractéristiques et spitto-
vh-e puis (17551 étendu à une maison. Par analogie resques~, de sorte que, dès la ik du XV~I~~., pois
de forme et de fonction, il a pris quelques emplois grâce aux pn&-omantiques, elle désigne toute des-
spécialisés hnétéomlogie, géologie, sport), recou- cription on représentation évocatrice des caracté-
pant parfois ceux de son synonyme corridor. Le mot ristiques d’une époque, d’un pays. Couleur y est
a quasiment éliminé ses homonymes 0 couloir et alors compris an sens figuré d-aspect attrayant,
COURTOIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

courtisan*, de l’ancien français courtoyer =fr%quen- prunté à l’italien discotiesia (xv’ s.l. auquel ll doit sa
ter une coup, car ce dernier ne semble pas attesté forme moderne (15541. Comme l’adjectif il ne vit
après le début du Xvp siècle. plus que dans l’usage littéraire.
+ Courtiser a repris à l’italien les sens de -faire sa COUSCOUS n.m. est emprunté k505) à
couràun puissants 115571et, spécialement, -faire sa l’arabe d’Aft?que du Nord kuskw ou kuskusü, mot
cour à une femme, (15601.Quelques expressions fi- qui désigne à la fois la graine de blé dur étuvée, la
gurées d’usage littéraire, comme courtiser les semoule qu’on en tire et, par métonymie. un plat
Muses -s’adonner à la poésiem, ou courtiser la gloire, dont la base est constituée par cette semoule. Une
ne sont plus utilisées que par plaisanterie. En Bel- origine berbère est possible ou un rattachement au
gique, le verbe s’emploie absolument au sens verbe arabe kaskasa m~oudre,écraser-. Le mot, in
d’&re fiancés. traduit en français sous les formes couchou et cos-
0 voir COuFnlSAN. ~OSSO(15341,a imposé sa graphie actuelle, apparue
dès le xvii” s. (16491,assez récemment face aux va-
COURTOIS, OISE adj., réfection, d’après riantes couscoussous (16451, kouskoussou et aux
court l- coud, de cwteis I10601,cor-t& Iv. 1130). est graphies kousskouss (19121 et cou.scows (encore
dérivé de l’ancien français cuti, coti puis court dé- chez Sartre, 1944).
signant le lieu où résident le souverain et son en- 4 Le plat de semoule accompagné de légumes et de
tourage, aujourd’hui cour.
viande, typique du Maghreb, varle selon les ré-
+De tous les adjectifs se référant à l’idée de spo- gions. Le plus connu, au mouton ou au poulet, s’est
litesses, courtois est le plus ancien. Le moyen âge répandu en France surtout après 1945-1950, avec la
l’entend dans deux acceptions : lune sociale, expri- vague d’inunigration maghrébine. 0 De là, par mé-
mant ce qui concerne la cour et ses usages, I’autre tonymie, le sens familier de -restaurant maghrébin
morale, désignant la qualité propre d’un individu où l’on sert notamment du couscous~.
digne du raffinement de la cour. Ces signiiïcations t Le nom dérivé d’ustensile, COUSCOUSSIER
sont liées à l’émergence, au mie s., d’un style de vie n. m., date du xxe siècle.
s’opposant à l’idéal guerrier féodal et lié à l’aifine-
ment des mceurs et de la sensibilité. Un idéal social 0 COUSIN n. m., d’abord cumin 110601,puis CO- o>
s’élabore alors, qui se réalise dans ce qu’on appel- sin Iv. 11501, est issu du latin consobrinus, composé
lera beaucoup plus tard I’amow courtois (expres- de cum *avec* l- CO-Iet de sobrinus,l’adjectif cor-
sion de G. Paris, 1880, qui néglige les diiférences respondant à soror t-soeur1: =de scew. D’abord
existant entre la tradition des cours du Nord et de réservé au cousin germain du côté maternel,
celles du Midi) et s’exprime dans la poésiecourtoise consobtinus s’est appliqué à tout cousin germain. Il
des troubadours (le trobar, cf. troubodourl et des est passé en français par l’intermédiaire dune
poèmes narratifs Vers la fin du xm” s., la société forme abrégée “colnkskms, probablement em-
courtoise s’efhite avec cette littérature, mais son ployée dans le langage enfantin.
imagerie et son langage continuent jusqu’au xv” s. + Contrairement au latin, le mot ne se borne pas au
d’imprégner tous les genres littéraires. Le mot, cousin germain. pour lequel on précise cousin ger-
après une éclipse à la 6n du xwe s., recouvre sa vi- main Iv. 11501l- germainl. Comme d’autres termes
talité dans le vocabulaire de la politesse, avec une de parenté, il a servi à exprimer une relation ou
idée de raikement. ceci dans l’usage soutenu. une &nlté psychologique Il2261 : historiquement,
t Le nom tiré de l’adjectif COURTOISIE n. f. 11155. mon cousin (16991 est l’appellation donnée par le
cwteisie), a suivi la même évolution sémantique. roi de France à des princes de sang, cardinaux,
exprimant au xse s. un art de vivre et une élégance pairs, maréchaux de France, grands ~ES-
morale. 0 En ancien fiançais, le concept est d’ail pagne, etc., d’où probablement l’expression figurée
leurs scindé en deux termes constamment asso- et ironique le roi n’est pas son cousin ail se croit
ciés: courtokie qui en exprime les aspects inté- aussi important que le roi= kvs” s.1.0 L’emploi tra-
rieurs, et mesure’ qui en exprime les aspects ditlonnel et tàmilier au sens d-ami, compèrem est
extérieurs. Comme courtois, courtoisie, d’après le quasiment sorti de l’usage en français d’Europe ; en
témoignage des gramrnairlens classiques (Bou- revanche, il est vivant en français d’Ai?ique où il
hoursj, semble avoir subi une éclipse à la hn du s’applique à d’autres relations familiales, et parfois
xvse s., se maintenant comme un mot secondaire à des amis.
par rapport à politesse,et exprhnant l’idée dune t Le féminin COUSINE n. f. I~II~s.1représente le fé-
politesse plus traditionnelle, plus r&inée Iquelque- minin latin consobrim abrhgé en “cofnhtna. -De
fois, avec une nuance péjorative, une politesse cousin sont issus COUSINAGE n. m., d’abord CuSi-
conventionnelle : par pure courtoisie).-Courtois a nage Iv. 11201, anciennement -ensemble de fa-
produit COURTOISEMENT adv. (1060, cwteise- milles, de gens,, puis strictement #lien de parenté
ment). -L’antonyme DISCOURTOIS. OISE adj., entre cousitw tv. 1156).avec I’extension analogique
réfection (1555) de descourtois (141Ol, moins usité, de -lien d’analogies, et COUSINER v. (1605), em-
est emprunté à l’italien discortsse, et adapté ployé transitivement au sens d’sappeler qqn son
d’après courtois. À la mode au xv8 s., ll a vieilli au cousins puis aussi intransitivement pour =aglrfami-
xvse s. kil était autrefois de grand usage*, Furetière, lièrement avec qqn*.
16991 et a été repris dans le registre littéraire.
-DISCOURTOISIE n. f., d’abord descourtoisie 0 COUSIN n. m. (1551) est d’origine discutée : 6
dans une traduction de Boccace (14141, est em- peut-être dérivé d’un représentant “COU~du latin
DE LA LANGUE FRANÇAISE 919 COUP

sémantisrne de base, qui met en oeuvre les notions fleurs), sens dont procède la locution couper
de mouvement rapide- et de -choc qui en résulte,, l’herbe sous le pied (1611). 0 Malgré la fréquence
coup a reçu de nombreuses valeurs concrètes et de syntagmes où coup a pour complément un im-
abstraites, auxquelles correspondent chaque fols trument tranchant fcouteau, sabre, épée), couper
de nombreuses locutions. o Depuis le >ov”s., il dé- est rapidement démotivé de coup et ne transmet
signe la décharge d’une wme à feu, sens réalisé plus que l’idée de trancher, avec de nombreuses
dans l’expression figu&e coup double. issue du vo- spécialisations. Une des plus anciennes concerne
cabulaire de la chasse au sens de *coup qui abat la chirurgie (déb. w” s.), un sens plus spécial étant
deux pièces de gibier-. oPar métaphore de ce =châtreIs (1678).d’autres la tallle des cheveux et di-
sens, il a pris familièrement le sens de =rapport “eTses tailles techniques. Absolument, le verbe si-
sexuel (expéditifl~, surtout du point de vue du mâle gnifie &tre trancha& (1539). -Les extensions
Itirer un wupj. 0 Plus généralement, ll se dit d’une concernent l’intersection, l’interruption, la traver-
action brusque, soudaine, violente. en parlant d’un sée (absolt couper à travers champs), le fait de sup-
élément ou du temps (1200, coup de tonmwel, dans primer, d’enlever, comme transitif (couper un
des syntagmes comme coup de soIeiL de texte) et intransitif (couper dam un tente). o Avec
foudre, etc. également utilisés avec une valeur fi- un nom signilkmt =Voie, chemin, passage-, couper
gurée. o Pris abstraitement, il désigne un événe- correspond à -arrêter, interrompre*, d’où la lo-
ment subit, heureux ou. plus souvent, malheureux cution figurée couper les ponts (v. 1300, couper le
Cv.119Oldans des locutions (1538, coup du sort) ap- pont) et, avec un complément exprimant une idée
partenant quelquefois à l’usage familier len fmancière, .supprimeF (couper les vivres, les
prendre un coupl. fom2s.J. 0 Couper à (qqch.) correspond à =éviter,
Une seconde série de sens exprime l’idée d’un ne pas subti (1861); couper dans, à-croire. en étant
*mouvement (allant du geste à l’acte),, sans impli- dupe,. Coupercourtà qqcb..dès le moyen frax@s.
quer nécessairement l’idée d’un choc. Elle a fourni s’emploie pour cmettre un terme, de manière tran-
son contingent de syntagmes nominaux figés, dont chées (v. 1460). -En contexte concret, le verbe a
amp de chapeau (1634) et coup de main* avec une pris par extension diverses valeurs liées à un do-
valeur figurée. o Coup désigne aussi (XXI”s.. coup maine précis : couper, -donner à (une balle) un effet
Me dés11un acte effectué selon les règles d’un jeu. qui la ralentit et en modifie la trajectolre~, s’em-
d’un sport, en dehors des exercices de combat (ci- ploie au jeu de paume (1637) puis en tennis (1903).
dessus). dans des emplois parfois plus ou moins dé- Le sens de diviser km jeu de cartes)= apparaît au
motivés, comme c’est le cas pour à coup sûr(lexica- début du xwr” s. (1606l; celui de -mélanger (un li-
lisé en locution adverbiale), a&aper le coup (1841) quidel, semble plus récent (antérieur au début du
ou valoir le coup waloir la peine. l’efforts. 0 Il s’ap- xc? s., où est attesté le dérivé coupage). -Outre ses
plique également à une action due à une force ex- valeurs concrètes, le pronominal se couper corres-
térieure, dans coup de chance,coup d’essai (1532), pond au @oré à =SeContredire~ (1567) avec l’image
coup de théâtre (1743). Très souvent, il désigne par- de l’interruption de la logique d’un récit par un élé-
ticulièrement une action ou suite d’actions nui- ment incompatible.
sibles, notamment dans un ontexte politique, une Couper a de nombreux dérivés et composés. Le dé-
manoeuvre violente koup d’EtA - Fnfm. avecune rivé le plus ancien semble être COUPON n. m.
acception très restreinte, coup signifie couram (v. 1223). employé COwamment au sens de ace qui
ment -quantité de liquide que l’on boit en une fols> reste d’une pièce d’étoffe qui a été débitées (1466). Il
Cv.1375); il entre alors dans des expressions, du ne semble pas être spontanément rattaché au
type boùe, payer un coup, un petit coup, un coup de vehe couper. 0 Depuis 1718, le mot désigne spé-
rouge, etc. o A partir de cette idée confusément cialement en 6nance le feuillet détaché d’un titre
temporelle de =folsm,qui émerge dès le XIII~s., il a et, dans divers domaines, la carte correspondant à
produit de nombreuses locutions adverbiales d’un l’acquittement d’un droit (1911, coupon-réponse). En
seul coup Cv.13201,tout à coup Cv.14501,après COUP fiançais de Belgique, il était utilisé jusqu’à récem-
IV. 1470. après le coup). ~Voir. après la série de ment pour désigner le billet de chemin de fer.
couper, les composés de coup et, à l’ordre alphabé- COUPEUR.EUSE. nom d’agent, apparaît dès le
tique beaucoup*. XIII~s. koupeeur, Y. 1230)mais n’est plus employé en
français moderne que dans des syntagmes spé-
t Le dérivé COUPER v. tr. W s., colper), dont le dé- ciaux (coupeur de bourse, à côté de coupe-bourse,
veloppement sémantique est riche, est surtout re- coupeur de têtes, etc.) et avec des valeurs profes-
marquable par l’écart dont il témoigne par rapport sionnelles, la plus connue étant spersonne qui
au nom. Ce dernier correspond au sémantisme du coupe les étoffes, les culmetc., en confection*
choc, du heurt. alors que le verbe, dès l’origine, (1845).
évoque la division ou l’entaille avec un instrument Le déver%aI 0 COUPE n. f. (1283) compte de nom-
tranchant. Son succès vient de ce que le français breux emplois lexkalkés issus de son sens courant
avait besoin d’un verbe usuel de ce sens, le latin se- d’-action d’abattre les arbres dans la forêt*. de
tare b section) $étant spécialisé dès l’époque la- coupe sombre et coupe claire (aujourd’hui mal
tine (+ scier). -A partir de l’idée de dlvlser, mot‘ compris1 à coupe réglée (1690). Il est employé spé-
celerz, couper a développé plusieurs valeurs cialement en prosodie (1549). en couture (1640) et
concrètes qui vont de *blesser en entamant la en colfkre (1822). ~Par métonymie, il désigne ce
peau*, d’où se couper, à -séparer en plusieurs par- qui a été coupé, notamment la représentation gra-
tiess, &colter. cueillir en sectionnant= kouper des phique d’un objet que l’on suppose coupé par un
COUTIL 932 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

COUTIL + @ COUETTE COUTUMER v. tr. (v. 1600) caccoutmner de nou-


veaw.
COUTRE + COUTEAU 0 “oticos-.
COUTURE n. f., d’abord custurae (v. 9601, puis 0)
COUTUME n. f., d’abord custume (1060) et cos- costume Cv.1150 et cousture ti xv” s.l. est issu d’un
tume Cv. 11351, puis coustume (xv” s.l. est issu du la- latin populaire “coln)sutura, formé sur le supin
tin consuetudo kxcusatii consuetudinem) shabi- consutum de consuere (+ coudre). de la même fa-
tudw, “genre, manière d’agir propre à un peuple,. çon qu’on a formé sutura l+ suture) sur le verbe
Ce nom est formé sur le supin de consuescere, simple suere.
composé d’aspect déterminé en cum l+co-1 du 4 Le mot désigne une suite de points assemblant
verbe plus rare suescere chabituen+, lequel appas- une étoffe, sens réalisé dans les locutions figurées
tient à un groupe de mots issus de la racine indoeu- sous toutes les coutures et battre à platecouture
ropéenne “swe-, “se- marquant l’appartenance de (xv” s.), laquelle fait probablement allusion au fait
l’individu à on groupe (+ désuétude, mansuétude, que le tailleur devait autrefois aplatir les coutures
soeur, soi, et les mots d’origine grecque éthique, eth- neuves en les battant avec une latte. o Dès l’ancien
nique). Par ailleurs, une spécialisation de l’idée français, couture sert également de nom d’action à
d’=habitude* a produit costume*. coudre (v. 1150) et s’applique spécialement à l’art
4 Coutume, apparu au sens général de amanière de coudre (1690). oPar métonymie, après s’être
d’agir habituelle=, subit depuis le XVI~s. la concur- appliqué à on atelier de couturière (168Ol, il dé-
rente d’habitude, mais se maintient comme semi- signe la profession de couturier, entrant dans le
synonyme moins courant, notamment dans des lo- composé haute couture. 0 Très tôt (11551,il a déve-
cutions : avoir coutume (v. 11701,de coutume (1467). loppé un emploi analogique en marine, où il dé-
oDès le &s., il désigne plus spécialement une signe la jointure de deux bordages d’un navire
manière d’agir fixée par l’usage et recouvre aussi qu’on remplit d’étoupe goudronnée. 0 Familière-
la manière d’agir à laquelle une collectivité se ment, il se dit d’une cicatrice (av. 1243). sens
conforme, et, dans une acception juridique, les ha- concurrencé par balafre et qui a vieilli, mais qui
bitudes collectives transmises de génération en gé- survit par le dérivé couturé k-dessous). 0 En ar-
nération, alors en concurrence avec moeurs. chltectwe, on appelle aussi couture le pli fait sur le
rebord de deux tables de métal et par lequel on les
. Son importance dans la pensée juridique médié-
assemble (1676).
vale (surtout au Nord de la France, le Sud étant
pays de droit écrit romain se mesure à l’ampleur w COUTURIÈRE n. f., d’abord costwere (v. 1150) et
de son groupe de dérivés en ancien et moyen fran- cousturi& (v. 12001, désigne d’abord une femme
çais, avec les synonymes costumunce n. f. et costu- qui fait de la couture, professionnellement ou non.
mée n. f., le verbe costumer <accoutumer-, *payer la et, en français moderne, une ouvrière de la cou-
redevance appelée costumez, cosfumerie -lieu où ture, avant de désigner spécialement la femme qui
l’on payait l’impôts, costumel et costum&k, en6n dirige une maison de couture (dep. 1837). Son em-
costumier k-dessous coutumier). -Le seul dérivé ploi au théâtre (x? s.l est issu par ellipse de tipéti-
qui s’est maintenu, si l’on excepte la variante dé- tien des couturières -répétition pendant laquelle
motivée costume*, est apparu avec la nécessité de les couturières font les dernières retouches aux
fixer la coutume par écrit: il s’agit de l’adjectif costwnes~. -Le masculin correspondant, COUTU-
RIER n. m. k. 1213; dès 1115, en latin médiéval cos-
COUTUMIER, IÈRE (v. 1160. cusstumier) -qui a l’ha-
tirari&, *homme dont le métier est de coudre*, a
bitude dem, spécialisé juridiquement dans droit
coutumier et substantivé au masculin (1394) au sens connu une grande expansion au xc? s. en parlant
de la personne (d’abord un homme) qui crée des
de -recueil des règles de coutume*.
modèles (1863). seul ou dans le syntagme grand
Par préfixation, coutume a produit ACCOUTUMER
couturier (1674). en relation avec haute couture.
v. tr. (1170; d’abord ocostumer, 1160, &habituer à
- COUTURER Y. tr., aUtrefOiS ‘C0lKh.e~ (xv” S.1,a été
qqch.*) dont le participe passé ACCOUTUMÉ. ÉE
repris avec son sens moderne d’après COU-
adj ., =habituelp. a été substantivé au féminin dans la
TURÉ. ÉE adj. (17137) ~balafré de Cicatrices~. -vers
locution à I’aacoutumée & l’ordinsire~, avec un dé-
1955, on a formé COUTUREUSE n. f., nom spéci-
rivé ACCOUTUMANCE n.f. (1160. OCOStOmanCe)
fique pour l’ouvrière qui monte certains travaux ou
qui désigne encore le fait de s’accoutumer, de s’ha-
objets par des coutures, hors de la technique appe-
bituer à des conditions d’existence, tant en parlant lée couture
des humains que des animaux ou même des 0 voir *cco-R
plantes. Accoutumance s’est spécialisé à propos de
l’habitude et de l’attachement à un produit COUVENT n. m., d’abord convent Cv.11201,
chimique, tabac, drogue. -Avec un préfixe négatif forme attestée jusqu’en 1716, pois cuveru (11551,
ont été formés les antonymes DÉSACCOUTUMER cuvent (llw1174) et couvent, est emprunté avec
v. tr. @n XII’%) et Dl%ACCOUTUMANCE n. f. adaptation au latin conventus -assemblée, r&
Cv.1265). spécialisés comme accoutwnance à pro- union:, dérivé de convenire (+convenir, conven-
pos du tabac. des drogues. 0 INACCOUTUMÉ. BE tion). A l’époque chrétienne, conventus s’est spécia-
adj. (1360. inacowtumél, rare jusqu’au XVII~s. est re- lisé pour -assemblée de moines, congrégation>
devenu assez courant pour &habitueln. -Le pré- d’où le sens de ‘cloître* qui s’est répandu à partir
fixe re- exprimant l’itération a servi à former du nord de la France, le sud conservant monaste-
RACCOUTUMER v. tr. (15381, refait en REAC- rium (+ monastèrel.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 921 COUPEROSE
ENTRECOUPER V. tr. (V. 11751, d’abord employé à t COUPEAU n. m., diminutif masculin d’abord at-
la forme pronominale s’entrecouper *se couper mu- testé sous la forme COI&, capelf 1741, a désigné le
tuellement~, a pris ses sens actuels de &ter- sommet d’une colline, par analogie avec la forme
rompre par intermittences U24612861 et, ultérieu- d’une coupe renversée. Ses sens techniques #éclat
rement, ~entrecroise~ (1622; 1674 à la forme de boism. &onçon de bois-, archaïques, le rat-
pronominalel. -ENTRECOUPEMENT n. m., em- tachent à copeau* et à couper*. - COUPELLE n. f.,
ployé par Ronsard (15641 avec le sens d’=arrange- diminutif féminin de coupe (14311. =Petite coupe-.
ment de choses entrecoupées>, a aussi une valeur s’est spécialisé à propos du creuset utilisé pouriso-
active (18641 mais est peu employé. ler l’or, l’argent contenus dans un alliage (xv”s.1.
SURCOUPER Y. tr., terme de jeu de cartes (17391. a 0 n a produit à son tour COUPELLER v. tr. (16211
pour déverbal SURCOUPE n. f. (18751. d’où COUPELLATION n. f. (17711 dans ce domaine.
À ce très important groupe de couper s’ajoutent les Le COmpOSé SOUCOUPE n. f. (1666; Soute couppe,
composés de coup, tels CONTRE-COUP nm. 1615; sous-couppe, 16461 est l’adaptation de soute-
Il5611 au propre et (16651 au figuré ‘événement coupe (16491, lui-même emprunté à l’italien sotte-
COntraire en retOw; COUP-DE-POING nm. coppa, de sotte I+sousl et coppo (+Coupe).
(17831 désignant une arme ; A-COUP n. m. (18351 ~Après avoir désigné un bassin plat, une large
eecowse~, au concret et à l’abstrait. coupe à pied où l’on servait verres et carafes, le
0 voir BEA”coup. mot désigne (17621 une petite assiette sur laquelle
on place aujourd’hui les tasses (d’où le synonyme
0) COUPABLE n. et a@., d’abord corpol& (11721, mieux motivé, en français de Belgique, qu’est sous
est hérité du latin chrétien culpobtiis =qui a commis tasse). OLe syntagme soucoupe volante (19471 est
une fauten, dérivé de culpa -faute* I+ coulpe). un calque de l’anglais @mg saucer. 0 Très courant
au début des années 1950, il a donné lieu à la créa-
4 Le mot, d’usage courant à la diiférence de coulpe,
tion de dérivés : SOUCOUPISTE n. (av. 19721, sou-
qualilïe celui qui a commis une faute aux yeux de la
COUPISER v. tr. (19521. Depuis, il semble détrôné
loi et. par métonymie, une action condamnable
par le sigle O.V.N.I. Sur ce modèle a été formé sou-
(1667, Molière, Tortuffel. ll est également employé
comme substantif, quelquefois avec la valeur affai-
coupe plongeante (19741, demeuré rare.
0 voir COUPOLE. CUPULE. CUVE.
blie de -responsable> (par plaisanteriel.
. COUPABLEMENT adv., d’abord coqmblement 0 COUPE - COUP
(15731, iX?lèVe d’un usage plus soutenu. - CULPABI-
LITE n. f.. dérivé tardivement Il7911 du radical du
COUPER - COUP
bas latin culpobilk, exprime à la fois l’état de celui COUPEROSE n. f. est d’origine obscure, peut-
qui est coupable et le caractère de ce qui est cou- être adapté (v. 121361du latin médiéval caperosum
pable (18631. oll a reçu des acceptions spéciales Cv. 12151, cuproso, cupwosa (av. 12501 attesté dans le
dans le vocabulaire de la psychologie et de la psy- domaine anglais et, par les variantes coporosa,
chanalyse C~omplexe de culpabüité1 où il a produit cupwosa, dans le domaine germanique. Le mot la-
CULPABILISER V. tr. (19461, CULPABILISATION tin est soit composé du radical de cuprum
n. f. (19681 et DECULPABILISER Y. tr. IV. 19681. DE- (+ culvrel et de rasa (+ rose), la buée du cuivre en
CULPABILISATION n. f. (19661. fusion évoquant les couleurs de certaines roses,
soit, moins probablement, issu par altération
@ 0 COUPE n. f.est issu, d’abord sous la forme d’après rasa de copmsa (dans coprosa aqual, fémi-
cupe Iv. 11551, du latin cuppa, variante de cupa nin d’un adjectif dérivé de cuprum. L’existence du
-tonne, barrique> (-+cuvel qui a pris le sens de grec kh.lkanthn -fleur de Cuivre~, d’où *coupe-
-coupe* à basse époque. Le latin, rapproché à titre rose,, fait pencher en faveur de la première hypo-
d’hypothèse du sanskrit küp@ ctrou, puitsx et du thèse, ce mot ayant pu servir de modèle au latin.
grec kupê =Verre à boirem, est à l’origine de l’slle- Les rapports du français avec les correspondants
mand Kufe et de l’anglais cap. germaniques sont diihciles à établir: le moyen
+Le mot s’applique à un verre à boire plus large néerlandais coperrose (1577, coperose) semble être
que profond, reposant sur un pied et, par analogie, un emprunt au moyen français, mais le moyen
à d’autres types de récipients. ll est employé méta- français de type coperost n. m. (>ov”-xw’s.1 ne peut
phoriquement (1564, coupe de + nom abstraitl. en- qu’être emprunté au moyen néerlandais copper-
trant aussi dans plusieurs locutions 17a coupe est rost. Le vieil anglais coperose Cv. 14401, de même
pleine, il y a loin de la coupe aux lèvres) restées vi- que I’espagnol caparrosa (14951 et l’italien coppar-
vantes, bien que verre soit devenu le mot usuel rasa (XVI~ s.1, sont probablement empruntés au fran-
pour désigner le récipient à boire. o Sa spécialisa- çais.
tion en sport, pour un trophée consistant en une 4 Ce terme de chimie ancienne, associé à un ad
coupe de métal précieux (18721, est un emprunt sé- jectif de couleur Icouperose blanche, bleue, verte),
mantique à l’anglais cap, terme de sport connu dès désignait différents sulfates, respectivement de
le xwr” siècle. En procède un emploi métonymique zinc. de cuivre, de fer. o Par analogie d’apparence,
désignant la compétition elle-même : la Coupe Da- le mot s’est spécialisé en médecine (15301 pour une
ti (1999; calque de l’anglais cap), surtout dans les affection cutanée d’origine circulatoire caractéri-
sports d’équipe de ballon : la Coupe de France de sée par des taches rougeâtres.
football (19171, la Coupe des coupes, la Coupe du b b.? mot a servi à former COUPEROSÉ, EE adj.
monde, etc. (1546; xves., d’après Bloch et Wartburgl, courant
COVER-GIRL 934 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’une couverture (toit. etc.). Il se dit spécialement à (déb. XIII~s.) =Celui qui fait et répare les toitures= et
propos de deux animaux qui s’accouplent, le mâle COUVRANT,ANTE adj. (19011,ditd’une peinture
montant sur la femelle (1372). oUne valeur tem- qui recouvre sans aucune transparence.
porelle correspond à =se dérouler sur un certain in- Sous la forme COUVRE- leverbe a fourni le pre-
tervalle de temps>, tandis qu’une autre valeur, spa- mier élément d’on certain nombre de substantifs
tiale, se réalise dans l’expression couvrir du composés (- chef, feu, lit, pied). -Par prédation, il
chemin (1921). -Dès l’ancien français, le but pow- a produit RECOUVRIR v.tr. kfs.: 1130, recovrir)
suivi peut être la protection, coutir signifiant alors qui a rarement le sens itératif de ~couvrir de nou-
*protéger-, en particulier d’une personne dans son veau* mais correspond à la valeur déterminée
être physique, le verbe se rapprochant sémanti- qu’assumait le latin cooperirepar rapport à operire.
quement de revêtir, vêtir et, à la forme pronomi- Il sime surtout ~couvrir entièrementn (v. 11551
nale, de se vêtir (v. 12301,ou encore dans son être *cacher, masquen (XIII~~.) et au figuré *contenir,
moral (v. 14751.Du sens physique procède un em- renfermer= (xx's.). oSon dérivé RECOUVRE-
ploi spécial dans un contexte militaire; du sens mo- MENTn.m.(1627),rarementUtiliSéaveclesensgé-
ral une spécialisation en administration, en finance néral, est surtout un terme d’usage technique, ap-
(1793). oLe sens récent, en journalisme, d’sassurer pliqué à des éléments dont la fonction est de
le récit, le commentaire de (un événement)> est recouvrir 0ï1-1xwr”-déb. xrfs.). ORECOUVRABLE
emprunté à l’anglais to caver. adj. (15461est assez usuel, mais le nom d’action RE-
cLe participe passé COUVERT.ERTE, Outre ses COUVRAGE n.m(l677) eStpeLIUSité.
emplois adjectivés avec tous les sens du verbe, est 0 voir APÉRITIF.APERTuaE,COLNERCLE. COvER-GIRL.DÉ-
substantivé dans le COUVERT n.m. (XI~"~.), COuvaIR. OPERCULE. OUVRIR.
d’abord au sens de *retraite, logement=, sorti
d’usage. Toujours avec l’idée de -ce qui couvrex, le COVER-GIRL n.f. est emprunté (1946) à
mot a pris le sens de =toitn au XVI~s., réalisé dans la l’américain caver girl *jeune Ble qui pose pour les
locution donner le vivre et le couvert, encore photos des magazines. en particulier en couver-
usuelle mais souvent mal interprétée. Il désigne ture>. L’expression anglaise est formée de caver
aussi l’abri que donne le feuillage d’un arbre (1285) =couverture~ hf s.), du verbe to caver, lui-même
et, par métonymie, les arbres qui donnent de emprunté (XIII”~.) à une ancienne forme de cou-
l’ombre. 0 D’autres sens se limitent à des emplois vrir*, et de girl &lle= (+ girl).
en locutions prépositionnelles : sous le couvert de *Le mot a pénétré en français avec les autres em-
(16691. =SOUSle nom de qqn>, et à couvert de kx- prunts de la photo et du journalisme; il a gardé le
verbialement à couvert) ~SOUSla protection dem. sens du mot amérlcaln, les équivalents proposés
-Depuis le xv~~s., couvert désigne couramment et fmcmnequin,motile ne proposant pas une bonne
collectivement ce dont on couvre la table pour équivalence.
manger (nappe, ustensiles). Il désigne plus spécia- c L’équivalent masculin COVER-BOY n.m. (1950,
lement les ustensiles à l’usage de chaque convive écrit awer boy4 n'a pas eu la même diffusion.
(16161 [par ex. ajouter un couvert1 et, surtout, l’en-
semble constitué par le couteau, la fourchette et la COW-BOY n. m. est emprunté (18391à l’anglais
cuillère, selon l’évolution des manières de table au cowboy (déb. XVIII~s.) -vacher, bouvie-. qui a pris
cours du xvae s., sous l’tiuence de l’Italie au début aux États-Unis le sens de =gardien de troupeaux de
du siècle. -Le féminin COUVERTE (XII~s.l dési- bovins élevés sur un vaste territoire> (attesté 18661.
gnait anciennement une couverture de lit, notarn- Le mot est formé de cow wache= (v. 800, cuu), lequel
ment la couverture en laine à l’usage des soldats : il appartient, par l’intermédiaire d’un type germa-
a été utilisé en ce sens dans la locution familière nique commun %OU~, %Oz, au même groupe in-
pawer à la couverte, sfaire danser sur la couver- doeuropéen que le latin bas (+bceuD et le grec
ture-, et compte un sens technique &nail revêtant hous (*boulimie, bucolique), et de boy agarçon=
la faience, la porceltien. C+ boy).
COUVERTURE n. f. (v. 11201a pu subir l’influence + Le mot fait toujours référence au personnage es-
du bas latin coopertura *ce qui recouvre, voile=, em- sentiel de la légende de l’Ouest américain, monté à
ployé au propre et au fi&. Il désigne ce qui sert à cheval, vêtu d’un costume typique, et armé pour
couvrir. en particulier la pièce de tissu que l’on lutter à la fois contre les Indiens et contre ses pa-
étend sur un lit (v. 1180) - sens dominant en fran- reils. Il a été di&sé avec les récits populaires
çais moderne - et aussi le toit d’une maison d’aventwes à la tln du XI? s., puis avec le cinéma
(v. 1160-l 1701dans le langage du bâtiment. Il s’ap- (westerns).
plique aussi à ce qui recouvre un livre (1386) et
s’emploie avec différentes acceptions en anatomie, COXAL + CUISSE
horticulture et ornithologie. -Dès le mes.. ll re-
prend les sens figurés de couvrir, désignant une COYOTE n. m., d’abord coyoté par faute d’im
feinte. une dissimulation (1160-1170). 0 Ce sens pression (18691,est emprunté à l’espagnol d’Amé-
psychologique a disparu après l’époque classique, rique du Sud coyote(1532). lui-même emprunté au
mais une autre valeur figurée est apparue au nahuatl (langue indienne d’Am&que centrale)
XE? s., dans le domaine fmancler, à propos d’une coyot1.
somme destinée à garantir, à protéger (18351. + Le mot désigne un canidé sauvage d’Amérique
- Couwir a produit quelques dérivés de sens tech- du Nord, notable par ses moeurs de prédateur noc-
nique ou SpéCidiSé avec COUVREUR n.m. turne. Il a parfois un sens figuré péjoratif &ditidu
DE LA LANGUE FRANÇAISE COURBE
possède déjà en germe tous les sens du français : s’exprime dans l’évolution sémantique de courtois*
cour de fernw et aussi =enclos. maison et jardin, et courtoisie. La Cour, désormais inséparable de la
tenure=, =exploitation agricoles ~III” s.1, *résidence majesté royale, prend un grand éclat sous Fran
royale* et <assemblée fcuria) d’un prince, surtout çois 1”’ et l’accompagne de château en château. Elle
dans sa fonction de tribun& (1OOOl.Curtis est lui- est devenue un entourage mondain (où les femmes
même dérivé du latin classique cohors, coh0rU.s jouent un grand rôle). largement pourvu de
*enclos+, spécialisé dans le domaine militaire charges honorifiques. Sous Louis XIV, à Versailles,
l+ cohorte), entre autres pour désigner l’état-major son importance s’accuse encore de sorte qu’elle
d’un général, les conseillers d’un gouverneur de devient le centre de la vie du royaume : la langue
province. Cour a probablement pris sa graphie mo- diplomatique parle de la cour de Fronce, al’Angle-
derne sous lïnfhrence du latin médiéval curia at- terre... pour désigner le gouvernement du pays,
testé avec des sens analogues, tandis que l’an tant cet entourage mondain semble tout entraîner
tienne graphie court ksi”s.1 [empruntée par dans son orbite. En France, la Cour s’identifie alors
l’anglais, - 0 court1 s’est maintenue dans courtois* à un lieu, Versailles, et s’oppose à la vüle depuis
et dans les noms de localités remontant à d’anciens Louis XIV jusqu’à Louis XVI. Il s’y développe le bon
domaines de nobles ikmcs (Nord. Est, par ex. Har- usage et le jargon des courtisans : ils visent à êbe
court). bien en cour et pour cela, font leur cour au roi
+ Le premier sens est rural : c’est celui d-espace (1539) ; il est important de savoir la cour =les ma-
découvert entouré de murs, de bâtiments= réalisé mères en usage à la Cours. 0 L’expression a dis-
dans cour de ferme, par opposition à BASSE- paru avec la monarchie, mais on continue d’em-
COUR (xni” s.1, expression réservée à l’espace où ployer faire la cour dans le vocabulaire amoureux
l’on élève des volailles, d’où par métonymie -en- (16511 et cour d’admirateurs (d’après le sens de
sembledesvolallles d'unélevage~, dans ARRIÈRE- -cercle de personnes empressées autour de qqn>.
COUR(1586)etAVANT-COUR (1564). -Para&~- 16901.
pie. le nom de cour a été donné à une impasse en- t Le diminutifde cour, C~URETTE n. f. *petite cour
tourée de murs et d’habitations à Paris IConr des intérleure~, est attesté depuis 1797. -Les composés
Fermes, Cour du Commeme~: de là, l’appellation basse-cour,arrière- et avant-cour ont été signalés
cour des Miracles donnée avant 1616 au quartier plus haut.
des truands parce que les iniknités des mendiants 0 voir CORTÈGE. 0 COURT.couRmaE. 0 couam,
y disparaissaient comme par miracle. 0En Rel- ccnmnsmk coumo~s et aussi Hcmm. HoamsI.4, J.4s
gique, cour désigne par métonymie et spéciale- DEV.ORTOLAN.
ment les toilettes, celles-ci étant souvent situées en
fond de cour -Quant aux sens de *ferme d’exploi- COURAGE - CCEUR
tation féodales bus” s.1et de -territoire d’un prlncen,
ils ne se sont maintenus qu’en histoire médiévale, COURBACH + CRAVACHE
mais ils sont liés à une acception importante de
COURBE adj. et n. f. est la réfection (16991 de
cour, =lieu de résidence du roi et de son entou-
l’ancien adjectif corbekin” s.l. antérieurement corb,
rage,, centoumge du souveralm, attestée dès les
curb (apr. 11701au masculin Celui-ci est issu d’un
premiers textes (v. 9801.En france, la cour du roi ca-
latin populaire “curbus,altération du mot classique
pétien prolonge la cohorte du général ou gouver-
cwws -courbe, recourbés qui se rattache, avec
neur romain, mais alors, l’entourage royal est indif-
élargissement en ‘-wo, à la racine indoeuropéenne
férencié. sans distinction entre les fonctions
“hor- =courbeB (b couronnel.
politiques concernant les intérêts du royaume et
les fonctions domestiques attenant à la personne t Le mot qualifie ce dont la forme, la direction ne
royale. La cour se compose du connétable, du séné- comportent aucun élément droit ou plan, couram
chal, du chancelier, du chambrier et du bouteiller, ment et spécialement en géométrie. Il est employé
et, spécialement, la cour pleiniére (XII~s.) désigne comme substantif (une courbt4 depuis la iïn du
l’ensemble des vassaux convoqués par le roi. XVII~s. avec son sens moderne, après une attesta-
0 Peu à peu, s’est effectuée une spécialisation des tion au xses. pour =branche tordue= et une autre
fonctions. Les premières à conquérir leur autono- vers 1250 pour -morceau de jante>. De ses spécial-
mie furent les fonctions juridiques 1x11~ s.1: la cour le sations en géométrie 116991et en mathématiques
roi kdu roi4 fut la première forme de parlement et lui vient le sens particulier de =ligne représentant
le nom de cour est resté attaché aux tribunaux su- la loi, l’évolution d’un phénomènen (courbede tem-
périeurs kow de cassation,d’appel, etc.). Par mé- pérature), parfois pris dans une acception méta-
tonymie, le mot désigne bon” s.1l’ensemble des ma- phorique Icourbe des sentiments). Il compte aussi
gistrats qui rendent la justice dans un tribunal; quelques emplois techniques en marine.
cette acception donne lieu à de nombreux nom c COURBER y. est issu lv. 11701du latin populaire
d’institutions, dont, au début du xm”s., cour des “curbare, altération du classique curvore *rendre
comptes (18301, le corps administratif chargé du courbe% (-l’emprunt lncurverl, de cww.s
contrôle de la comptabilité publique. o Parallèle- l+ courbe). Le verbe, lorsqu’il est employé à propos
ment, dès le XI? s., l’entourage des rois capétiens et d’une partie du corps, signiiïe =Pencher, inclinera
de leurs grands vassaux. d’abord assez rude, s’af- et, dans quelques emplois particuliers, exprime la
fine et devient plus mondain. C’est alors que soumission Iconrber la tête), l’assujettissement
commence à poindre l’idéal de distinction qui se Courber qqnl. L’usage de la construction intransi-
développe par exemple à la cour de Champagne et tive au sens de zdevenir courbes et. abstraitement,
CRÂNE 938 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

o L’argot des casernes, peut-être d’après un jeu de ciennement en intensif, -tout à fait, entièrement*,
mot sur cran d’arrêt. l’utilise au sens de ‘retenue* CRÂNER v. intr. 11845) toujours péjOrstif de même
118791,sens où il a vieilli que son dérivé CRÂNEUR, EUSE adj. et II. 118621,
t Le mot a peu de dérivés. Il a cependant produit le qui est resté en usage plus longtemps que crâne,
verbe transitif CRANER (1845) supplanté par crânerie et même crâner. oCRÂNERIE n. f. 117841,
CRANTER (1998), formé avec une consonne d’ap- mot de la même série, mais non péjoratif, est quasi-
pui. Celui-ci, attesté au sens de =p&, a égale- ment sorti de l’usage.
ment pris le sens technique de <pratiquer des Au >we s., sont apparus le terme d’anatomie CRÂ-
mum (19291, anciennement attribué à créner. NIEN. IENNE adj. 11824) et les temIeS SCientifiqueS
0 On en a tiré CRANTAGE Il. m. 11939). composés sur l’élément CRANIO- thé du grec km-
L’ancienne forme de cran, cren subsiste dans le dé- nion; on notera que ceux-ci (tel craniogmphie, cra-
rivé diminutif CRÉNEAU h. m., d’abord k.ern& nioméhie, xxe s.1 s’écrivent sans accent circonflexe.
(1155) et crene~ (1154.1173) d’où, au cas régime plu-
riel, creneaus (1154-1173) et, au singulier, créneau 0 CRANE + 0 CRÂNE
(av. 1585). o Le mot désigne une entaille pratiquée
CRAPAHUTER + CRAPAUD
au sommet d’un mur, d’un parapet dans un but dé-
fensif, d’où, par extension, une ouverture pratiquée CRAPAUD n. m., réfection sufIixale de crapot
dans un mur ou une tranchée et servant à tirer à (1185). crapaut (fin mes.), est issu d’un geInM,nlque
couvert sur l’assaiknt (6. meurtrière); de là la lo- “krappa *crochetn (+ agrafer, crampe. crampon), le
cution figurée moderne monter au créneau, tié- développement du sens faisant allusion aux pattes
quente en politique. 0 Par analogie de forme sont du crapaud. L’ancien kmçais a eu grape. crape
apparus quelques sens techniques modernes, où Ws.1 -rafle, grappe de raisiné et (12131 sgrapin,
cran réalise l’idée d’une protubérance ou d’une dé- crampom (+ grapin, grappe). L’hypothèse concw-
pression entre deux saillies. Au XY s.. il a pris le rente d’une dérivation du moyen français crape
sens figuré d’xespace entre deux lieux occupésn. 4caille, pellicule, crasse> (1393) fait difkulté d’un
faire un cré-éneause disant d’un conducteur qui gare point de vue chronologique.
sa voiture entre deux autres. Il signifie aussi abs-
traitement =temps disponible>. Le vocabulaire de la + Ce nom de batracien a pris de nombreux emplois
publicité (et. à sa suite, le langage à la mode) s’en métaphoriques exploitant les caractères négat8.s
est récemment emparé au sens de <place à appliqués à l’animaJ : ainsi, il sert à désigner (1541)
prendre sur un marché*. -Créneau fcrénel) a pro- un homme laid physiquement ou moralement. His-
duit anciennement CRÉNELER v. tr. lv. 11601, d’où toriquement, on a donné par dénigrement l’appel-
CRÉNELURE n. f. lx+ s.1 -découpure en forme de lation crapauds du marais aux Conventionnels qui
Cl-éneaw et CRÉNELAGE n. m. (17231, à propos se plaçaient dans la partie la moins élevée de la
d’une pièce de monnaie. salle et votaient généralement en faveur du gou-
vernement. Crapaud de mer se rapporte à un pois-
0 CRÂNE n. m.. réfection (1370, craw) de cran son difbrme (18111. 0 Le mot a connu également
(1314). est emprunté au latin médiéval cranium, du quelques extensions analogiques servant à dési-
grec kranim -boîte craniennem et parfois xtêtee en gner en artillerie un mortier (14001,puis un affût de
parlant des animaux (le mot latin de même sens mortier plat (1829) et, couramment, une sorte de
calvaria ayant donné calvairel. Kranion est lui- fauteuil (17901,puis un défaut dans une pierre pré-
même dérivé d’une forme Iranon (attestée cieuse (1845). Au >mc’s., on appelait également cra-
comme second élément de mots composés) issue paud la petite bourse de soie dans laquelle les
de hratos =forceB qui se retrouve dans l’élément hommes enfermaient leurs cheveux sur la nuque.
-crate (+ démocrate) et se rattache à une série de t 0 CRAPAUDINE n. f. (12351 désigne une pierre
mots lndoeuropéens désignant la force, lïntell- précieuse que l’on croyait provenir de la tête du
gence, la volonté. crapaud et qui est en réalité la dent pétrifiée d’un
+C!râne kkrit ainsi depuis 17401, ‘squelette de la squale. - CRAPAUDIÈRE Il. f. 11394, @ZIJcXKkWj,
tête,, désigne aussi la tête, en particulier son som- *lieu où pullulent les crapauds>. est employé par
met. Par métonymie (16791, il se dit du cerveau métaphore (1841) et, par extension, au sens de <lieu
comme siège de l’intelligence, dans des locutions humide et sale- (1743). - 0 CRAPAUDINE n. f. a
du type bourrage de crâne. recoupant ainsi cer- été reformé 113931 avec divers sens techniques
tains emplois figurés de tète, mais avec une conno- ltechnologle, gastronomie, mécanique, serrurerie)
tation différente. -Q Crâne, nom (1757) et adjectif par analogie avec la forme ramassée ou l’attitude
(1784) d’usage familier pour =hardi*, est probable- du crapaud. -Le radical de crapaud a servi à for-
ment une spécialisation ultérieurement démotivée mer CRAPOUSSIN n. m. (1752) *petit crapaud> et
du sens propre, à cause de la manière d’avancer le xhomme trapu>, ~homme de peu de valeur=, ainsi
front qu’ont les personnes qui vont de l’avsnt (on que CRAPOUILLOT n. m., dérivé de crapaud en
relève de la même fwon l’espagnol cakwera, du la- adlerie (av. 17941. spécialisé dans l’argot militaire
tin calvaria, a-âne~ et &ewelé, mauvaise têtenI. pour désigner un petit mortier de tranchée utilisé
Le mot tend à vieillir au sens de <audacieux, brave>, sous la Première Guerre mondiale et, par métony-
de même qu’avec la nuance péjorative de *fanfa- mie, le projectile lancé par ce mortier. Ce mot a
roIl.. seM de nom à une célèbre revue satirique. 0 Il a
*De l’adjectif sont dérivés CRÂNEMENT sdv. produit à son tour CRAPOUILLER (1915) ou CRA-
(18331 ~courageusement~. aujourd’hui vieilli, et. ~111. POUILLOTER v. tr. (1916) : zbombarder par m-
DELALANGUEF'RANÇAISE COUFLONNE
anciennes (dès le début du xrv” s., il signifie diar- conrsnt *chemin, trajet>, lié à parcourir, est senle-
rhéem mais il s’agit peut-être d’une erreur de lec- ment attesté depuis 1865, avec des spécialisations
tore pour cowancs, attesté en ce sens du me an en sport et dans un contexte militaire
~VI”S.), et ~COURANT nm. 112101, développé à 0 voir CONCOURIR. coNcuRaENT‘ CORRIDA. CORamo%
partir du sens particulier de courV : -couler= kl’un CORSAIRE. COURRIER COURS. COURSE. couRSrvE, COUR
liquide). Ce nom désigne essentiellement le mon- ma. -IF. CURSUS. CURULE. DISCOURIR ENCOURIR.
vement d’un conrs d’eau. le déplacement des eaux EYCURSION, oc-. PRÉCURSEUR aEcourua. a%
dans les océans (comme sheam en anglais), puis -. SECOuam. S”CclJRsAI.E.
celui de l’ah (1749, courant d’kirl et de l’électricité
(1788, Bnifon courant ékchique ; courant continu COURLIS n. m. est la mfection (XVI~ s.1 de cor-
1829). devenant alors un quasi-synonyme usuel lieu ksie s.1 -les dictionnaires répertorient encore
pour électrtcité hettre, couper le courantl 0 Le courlieu- et de coriys (15551. Ces formes, d’origine
xwe s. a développé des valeurs figurées. désignant obscure, sont en général considérées comme une
par courant le mouvement des passions, des senti- création expressive d’après le cri de l’oiseau, et l’on
ments lv. 1655) et celui qui entraîne l’opinion (16531. cite à l’appui de cette thèse la variété des formes
le sens de wnrse du tempsm (16901 a seulement régionales (corlu, corZem en picard, courreli en pro-
été conservé dans la locution dans le courant du vençal, etc.). Mais la nature expressive du mot n’ex-
(mois). Depuis 1832 (Hugo), le mot désigne par mé- clut pas une origine plus précise, an moins pour la
taphore littéraire un mouvement de foule. o La lo- première syllabe, peut-être apparentée an latin
cution très usuelle an courant informé= (17801 fait comtx (+ corbeau, corneille).
référence à ceux des emplois de courant qui im-
+Le mot désigne un oiseau aquatique migrateur,
pliquent une idée de =familiarité~. de ~connais- échassier de taille moyenne an long bec arqué.
sance habituelles. 0 Courant a produit le composé
CONTRE-COURANT n. m. (1783). ani&& dans la
COURONNE n. f., aboutissement lv. 13401 de
locution à contre-courant(l8521, et quelques termes
corona Iv. 9801, curum (1080), corone (1080). est issu
scientiilqnes récents (C~URANT~L~GIE n. f.
du latin corona *ornement, panne pour la tète>, qui
1974, COURANTOMÉTRIE n. f. 19721 se référant à
possède à la fols des emplois analogiques et des si-
l’étude des conrants marins
gnifications symboliques: =récompense en re-
L’ancien iniinitif de courir, COURRE, s’est main
connaissance d’un mérite=, wmrement symbolisant
tenu dans le langage de la vénerie an sens de
le pouvoir=. Le mot latin est probablement em-
=poursniv~e une bête* (12251 et surtout dans l’ex-
prunté an grec horônê ~corneille= qui, par analogie
pression courante chôsse à courre.
avec la forme du bec de l’oiseau, aurait désigné un
Coutir a produit aussi COUREUR, EUSE n. (1 MO),
objet recourbé et spécialement une couronne. avec
notamment utilisé en sport (15591, avec an xY s. des
lïniluence sémantique de stephanos ~couronne~.
syntagmes et spécialisations liés à ceux de course*
Kotinê, encore en grec moderne an sens de -cor-
(coureur de fond, etc.). 0 Une autre valeur corres-
neilles. appartient à une série de formes expres-
pond an sens galant du verbe, péjoratif tant an
sives dont le latin CO~L~ t+ comeillel.
masculin qu’an féminin. -Par snilïxation péjora-
tive, il a produit COURAILLER y. tr. (17321 et de là, +Le mot est apparu en hançais pour désigner l’ir-
dans un contexte galant, COURAILLEUR. EUSE n. signe du pouvoir royal, développant, de là, plu-
(1860; 1845, <enfant qui court partout,) et COU- sieurs acceptions métonymiques : il se dit du do-
RAILLERIE n. f. (18921. -Par composition, il a pm- maine royal (v. 1275; dès 1190 en latin médiévall. du
duit AVANT-COUREUR n. lxrv” s.1 et adj. (16821. pouvoir royal (av. 1250; 1119 en latin médlévslj et,
ACCOURIR y. tr. lv. 10501 vient du latin occurere, dans quelques locutions, de 1’Etat gouverné par un
proprement ~conrir vers>, de ad et cursrs. Le verbe roi (16761. Le sens initial est à l’origine du nom
a conservé la valeur du composé latin en ad -aller d’une monnaie Iv. 13401, d’un papier in folio (16801.
vite vers un but>, ‘venir en courant. en allant vite*, Couronne a aussi repris très tôt les antres sens la-
d’où an figuré, d’une chose, wriver rapidement= tins de srécompense accordée en vertu d’un mé-
(au xvf s.. chez Bti. rites (1175: dès 1149, pour conmnne demartyre) et,
PARCOURIR y. tr. (xv’ s.; y. 1155, parcom?) est sans valeur symbolique, de =Cercle (de feuillages)
l’adaptation du latin percurrere ztravemer l’espace pour orner la tète> (v. 1185). 0 Par analogie,das-
dans toute son étendue*; depuis 1675, il est em- pect, il désigne aussi la tonsure des gens d’Eglise
ployé avec un nom de chose mobile pour sujet an fi- (10801 et tout objet circnlaire Toujours par analo-
goré. Dès le xvie s.. il est employé à propos du re- gie, et peut-être d’après le latin,il se dit en astmno-
gard, an sens de Gre en diagonale* (Montaigne1 mie de l’atmosphère lnminense qui entoure le so-
d’où (113691 NIegarder rapidement>. -PARCOURS leil (16991, plus tard dans couronne solaire (18581. En
n. m. (12681, issu du bas latin percursns et francisé médecine vétérinaire, il se rapporte à la partie os-
d’après cours*, est à l’origine un terme de droit féo- seuse entre le pied et le paturon du cheval Il6001 et.
dal désignant la convention entre habitants de sei- en médecine dentaire, à la reconstitution artifl-
gneuries, qui leur permet de résider sur l’une on cielle du haut de la dent (18461, d’après le sens de
l’antre sans perdre leur franchise. Jmidiqnement, *partie supérieure (de la dent)> (17281.
le mot désigne, entre le ~V”S. et le 9 juillet 1789 b COURONNERy. tr., d’abord attesté an participe
(date de son abolition). le droit permettant de faire passé sons la forme ancienne coron& (v. 980) puis
paître le bétail sur la vaine pâture de la commune corunet lv. 11201, est probablement dérivé de cou-
voisine et réciproquement. oLe sens moderne ronne d’après le latin coronare. Celui-ci signifie
CRASSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

passé en fmeçais; CRACKING n. m. (19221, dési- n. m. (18611 “peigne; brosses. -ENCRASSER V. tr.
gnant un procédé de raffinage du pétrole par distil- signifie d’abord (1580) ~couvrir de crasse=. puis au
lation &actionnée~. figuré -rendre grossier, vulgaire* (17401, d’après
crasse et décrasser: cette valeur a disparu Le
CRASSE n. f. est le féminin substantivé (xv’s.; verbe s’emploie surtout aujourd’hui concrètement
dès 1327, selon Bloch et Wartburgl de l’ancien ad- et par extension pour ~couvrir d’un dépôt (qui em-
jectifcrm (+ gmsl, lui-même issu (1176-l 187) du la- pêche un bon fonctionnementlm, aussi au pronomi-
tin crasm.s, mot d’origine expressive signikmt nal et participe passé adjedivé (moteur encrassés.
-épais, gras, grossien et s’opposant à la fois à liqui- C’est dans ce dernier sens que sont employés EN-
dus C-liquide), tenuis (+ ténu) et mater (+ maigre). CRASSEMENT n. m. (18601, ENCRASSAGE n. m.
+L’adjedi CRAS. CRASSE ==+pais.dense, gras~ (19061 et l’antonyme préfixé DÉSENCRASSER
s’est maintenu jusqu’au xvue s., surtout employé au v. tr., qui semble récent.
féminin (notamment, en médecine humeurs
crassesl. Il ne subsiste que dans quelques emplois -CRATE, -CRATIE + DÉMOCRATE
lexicalisés, avec le sens figuré d’@noble, inadmls- CRATÈRE n. m. est emprunté (av. 1502) au latin
sibleD et dans ignorance Ibêtiel crasse calque du crater, transcription littéraire (à côté de la forme
latin chrétien crassa rusticitas où il signifie =épais*. orale et populaire crateria) du grec kratêr =grand
-Le nom féminin CRASSE désigne originellement vase où l’on mélange le vin et l’eau (et où l’on puise
la partie la plus grossière de qqch. Icmsse de son) avec des coupe& et, par analogie, *cratère creusé
et, de nos jours par spécialisation, une couche de dans le roc=. =bassin de volcan*. Kratêr (6. le grec
saleté. Ses emplois figurés, =Condition basse et mi- moderne krasi win4 est dérivé de kerannunai
sérables, =avarice sordide> (1666l, sont sortis de <versepI, à rattacher à une racine indoeuropéenne
l’usage, de même que l’emploi qu’en a fait le XVII~s. “ker- ou ‘kr- suivie d’un appui vocalique.
à propos de l’impolitesse, de l’incivilité des gens de
+Le mot, introduit en antiquités gréco-romaines,
Collège, c’est-à-dire de l’université. ~Particularisé
prend dès le xv? s. sa valeur moderne d’corlke
avec un article indéfini (une, des), il désigne tech-
d’un volcan> (1570). Par d’autres analogies de
niquement les scories d’un métal en fusion (1611).
forme, il est employé pour désigner les dépressions
o L’emploi de une crasse pour désigner une chose
observées à la surface de la Lune ou causées par
sale, ou encore l’écume (à rapprocher des noms
l’explosion d’une bombe. Par d’autres analogies, il
dialectaux crachée, crachis =écume des conf-
a acquis des emplois spéciaux en verrerie (1832, à
turessl, est régional. 0Le langage familier, rf-
propos de l’ouverture pratiquée à la partie supé-
nouant par delà plusieurs siècles avec les anciens
rieure de l’orifice d’un fourneau), en médecine et
sens figurés, l’emploie au sens figuré d’sindélica-
en électricité.
tesses (1826). notamment dans faire des crasses à
qqn (1853). t Il n’a pas produit de dérivés, sinon l’adjectif di-
dactique CRATÉRIFORME adj. (18461 =eBfOIme de
&Le dérivé CRASSEUX,EUSE edj. MOO; XII~~..
coupen. 0 CRATERELLE n. f. (1846) est l’adapta-
comme nom) exprime essentiellement l’idée de tion du latin botanique craterella, littéralement spe-
~sale~, ses sens figurés correspondant à ceux de tit cratère>, par allusion à la forme de ce cham-
crasse étant sortis de l’usage, sauf dans un contexte pignon comestible.
moral péjoratif, où il peut remplacer I’ancien ad- 0 voir DIosYNcRAslE.
jectif cras, case. -Au ti s., une série de dimim-
tii familiers expressifs ont été formés sur la pre CRAVACHE n. f. est emprunté (1790) à l’alle-
mière syllabe de cmssewc: CRACRA, CRADO mand Karbatsche de même sens (d’abord Cam-
(19351. d’où CRADE (19781, CRADINGUE (19531, et batschste, 16151,lui-même emprunté au polonais
CRASPEC (19461, où $XC peut représenter pet, la karfdbacz ou au rosse karbaC GzharbatchJ et
graphie crmpect (Queneau1 manifestant lïnfIuence ceux-ci, à leur tour, au turc qirbtiE *fouet de cuir*.
de aspect (-aspect crasseux>?). -Les dérivés de + Le mot désigne une badine de cavalier et s’em-
crasse les plus anciens, CRASSITUDE et CRASSI- ploie quelquefois par métonymie pour désigner le
DITE n.f., qui exprimaient une notion d’aépais- cavalier lui-même (1924, une fie cravache) et, par
seup. ont disparn -Les dérivés encore usités sont métaphore, pour l’autorité brutale Unener à la cm-
apparus ultérieurement, d’après le sens moderne vachel.
du mot : il s’agit de CRASSERIE n. f. (1807). syno- .Son dérivé CRAVACHER V. tr. (18341 reçoit,
nyme rare de crasse au figuré, employé chez cer- lorsqu’il est employé absolument, le sens de &a-
tains auteurs de la i?n du xrxe s. aux sens de savarice vailler d’arrache-pied> (19271,d’usage familier.
sordides, ‘bassesse morales, et du terme technique Le mot turc est lui-même à l’origine, par lïnter-
CRASSIER n. m. (17541&nas de saletés provenant médiaire de l’arabe kurb$, de COURBACHE n. f.
d’une usine métallurgiques, toujours en usage. (1846: 1836. courbag) et, ae mesetdin, COURBACH
Le verbe CRASSER V. (18321 est resté rare, à la ti- ( 18541,dénomination spécifique d’un fouet à lanière
férence des préfixés formés sur le nom. -DÉ- de cuir dont une partie s’enroule autour du poi-
CRASSER v.tr. (1476) signifie =nettoyer de sa gnet, utilisé en Orient et en Afrique comme instrw
crasse*, d’où au figuré (1680) *débarrasser (qqn) de ment de répression. Ce mot est technique et vieilli.
son ignorances et au XV~I”s. *de sa basse conditions
(1690; sens disparu). oDécrasser a produit DÉ- CRAVATE n. f. est dérivé (av. 1648) du même
CRASSAGE n. m. cv. 19001,lequel a remplacé DÉ- radical que croate : c’est le nom commun issu de
CRASSEMENT n. m. ti XVIII~ S.1 et DÉCRASSOIR Cravate, nom ethnique attesté depuis 1573 comme
DE LA LANGUE FRANÇAISE COURSE
le temps, (v. 1170). Ce sens, autrefois réalisé dans le COURSE n.f., d’abord corse cv. 12051, puis
domaine du sentiment (14571,vit lui-même surtout course (1553), est le féminin de cours’avec un déve-
en locutions Istivre son cours, au cours del. o Plus loppement autonome favorisé par lïtalien corsa
usuel, l’emploi du mot à propos de l’écoulement hv= S.I.
continu de l’eau (av. 1200), correspondant à couler, t Le mot désigne d’abord l’action de courir, l’accent
à courir feau cowcmte), a inspiré par analogie le étant mis sur l’idée de =vitesse*, sens avec lequel il
sens littéraire d’sécoulement du sang, des larmes* a supplanté le masculin cours, au propre et au fi-
(1870). relativement courant dans la locution don- guré (au >Oc”s., par exemple dans course awc anne-
nerlibm murs à WIO, donner cours à sa joie>, em- me&). Ce sens, que l’on a dans la locution au pas
ployée à propos des larmes puis, abstraitement, de course (18351, est particulièrement réalisé dans
d’une émotion. Dans toutes ces acceptions, cours le vocabulske du sport avec la valeur de acompéti-
continue le latin cursus, sans que l’on puisse préci- tiom où courent des concurrents, humains ou an-
ser s’il s’agit de réemprunts ou d’une évolution sé- maux (15381,seul ou dans course de chevaux(l771.
mantique interne au français. -Dès l’ancien frsn généralement au pluriel) et course de taureaux
çala le mot est entré dans le vocabulaire du (1847) qui correspond à l’hispanisme comdal Le
commerce, se référant à la circulation des valeurs, contexte des courses (de chevaux) s’est développé
des marchandises (v. 1370). Par métonymie, il dé- au XY s. (6. sport, twfl et est devenu l’un des plus
signe aussi le taux auquel se négocient celles-ci importants pour ce mot. Cet emploi s’est étendu
~1802),sens auquel se rattache la locution figurée aux véhicules fcowse d’automobiles, de motos...).
avoir cours (16711, n’avoir plus cours avec une -Dès le nue s., course exprime aussi une idée de
transposition pour <être en usage*. -Sa spécitisa- =déplacementp : il est d’abord employé en contexte
tion dans le domaine des études (1331) procède de militaire (1213, corse) et désigne en particulier une
l’id6e temporelle de -développement dans le expédition maritime dans un but de pillage (15681,
temps*. Riche en extensions métonymiques, elle a en correspondance avec CO~S&~*: les règles du
donné les valeurs de -ouvrage reproduisant des le- droit international du xw’ s. l’appliquent à l’activité
çons- (1606). -leçon dispensées (16941, <degré des de navires armés avec l’autorisation plus ou moins
études suivies= (1887, cours étimentaire puis cours explicite des gouvernements pour combattre le
moyen, etc.) et Gtablissement d’enseignement spé- commerce naval d’un pays ennemi @erre de
cialisé~ fcours de dan& ou, en France, ktablisse- course). Cette activité historique recouvre un état
ment d’enseignement privém. -Le sens de #longue de fait méditerranéen, spécifique de la Renais-
et large avenue,, purement spatial, peut être daté sance et du xv? s. (cf. piraterie), dirigé en premier
de 1616. date de l’établissement, par Marie de Mé- lieu contre Wmpire espagnol. La course atteint son
dicis, d’une allée appelée plus tard Cours-la-Reine apogée entre 1577 et 1713-1720 (après le traité
à Paris. 11subit certainement l’tiuence de l’italien d’Utrecht) pour devenir ensuite une arme de
corso. -CORS0 n. m. a lui-même été repris tel guerre et disparaître au x& s. (+ corsaire). -Par
quel en français avec le même sens (1807), et extension au domaine co-t, le mot concerne le
étendu à un défilé de chars lors d’une fête (1846), fait de parcourir un espace (1606) en parlant d’une
par exemple dans corso fkti. personne, puis d’un véhicule (1813, d’un fiacre). En
Suisse, il désigne particulièrement un voyage, une
t 0 COURSIER n. m. est la substantivation (v. 1285) excursion à caractère organisé et un trajet ; appli-
du masculin de l’ancien adjectif corsier, lare qué aux déplacements d’une personne. il est entré
(v. 1165)*apte à la course*, lui-même dérivé de cors, dans la locution faire les courses ase rendre à son
cours au sens ancien d’*allure rapide (spéciale- travail lorsqu’on habite une agglomération diiTé-
ment d’un cheval)>. L’adjectifest sorti de l’usage au rente>, comprise autrement en français de France.
xwe s.. tandis que le substantif s’est maintenu dans -Avec l’idée de -promenade= (16781, le mot dé-
le style noble pour désigner le cheval de bataille ou signe spécialement une excursion d’alpiniste
de tournoi médiéval (alors en concurrence avec pa- (1775). Depuis 1690,il s’applique aussi à un déplace-
kV%). -COURSIÈRE n. f. est lui-même issu par el- ment dans un but précis, spécialement. au pluriel
lipse (1286-1290) de voie corsiere (1180-11901 -voie courses, aux allées et venues d’un commissionnaire
tiqueotées. Le mot s’applique à un chemin de tra- @aqon de courses, d’où coursier, ci-dessous). Il est
verse à flanc de colline ; il est d’usage régional (poi- courant dans le sens de <déplacement pour cer-
tevin, franco-provençal). tains achats*, notamment dans faire les courses,
CURSUS n. m. est un emprunt tardif et savant ses courses (cf. commission) et, par métonymie, dé-
(1868) au latin cwsus avec deux spécialisations : la signe les achats que l’on rapporte chez soi. -Dans
première, reprise au latin médiéval (xn” s.) corres- le style littéraire (1553) ou dans quelques emplois
pond à =Prose rythmique de lalittérature byzantine techniques (1676, à propos d’un organe méca-
et des bulles pontikales*; la seconde, beaucoup nique), il exprime l’idée d’un =mouvement plus ou
plus répandue (1968), est une extension dans le do- moins rapidem. Enfin, il empiète quelquefois sur les
maine des études supérieures, d’après l’anglais emplois à valeur temporelle de cours.
cursus, de l’emploi des termes d’histoire romaine t Le dérivé CO~RSER v. tr. (xv” s.), après avoir si-
cursus hononcm (NOO), désignant la suite des di- gniflé #mettre (un cheval) au galop>. sens conservé
verses magistratures que devaient exercer les dans les patois du centre-ouest et de l’ouest de la
hommes politiques romains. Cursus correspond à France, a été repris pour ~powsuivre en courants
~OUIS des études-. (18431,comblant une lacune créée par le vieillisse-
0 voir couma, COua.5E.couR.sIvE. CURSEUR. CURSIF. ment de courir* kansitti dans ce sens. Cet emploi
cFiÈcHl3 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

crécerelle par une taille plus faible et un habitat préposé à la distribution des vivres dans un éta-
plus méridional. blissement religieux (1835).
0 “OUCRÉANCE.
CRÈCHE n. f. est issu (v. 1120) du francique CRÉDIBLE adj. est emprunté (v. 1425) au latin
%rippia (germanique “kribjon) que l’on déduit à credibük =qui peut être cru,, de credere (- croire).
partir de l’allemand de même sens Grippe
=Crèches. Le mot relève d’on groupe germanique + Le mot, usité jusqu’au XVII~s., semble ensuite être
tombé en désuétude. Il n’a été repris que récem-
kmglais crib, néerlandais krlb, krtbbe) apparenté à
celui du moyen haut allemand krëbe *panle*. ment, sous l’influence de l’anglais credible, qui vient
du même mot latin. Il est souvent employé en
+Crèche désigne originellement une mangeoire contexte restrictif ou négatif (à peine crédible, pas
pour les bestiaux, sens avec lequel il est CO~~UT- crédible...).
rencé par auge et mangeoire (dans les parlers sep- . CRÉDIBILITÉ n. f. (1651) est soit dérivé de cré-
tentrionaux); il s’est spécialisé (v. 12231pour dési- dible, soit emprunté au latin médiéval credibüitas
gner la mangeoire dans laquelle le Christ fut (1252). Comme crédible, il doit son regain, au milieu
déposé à sa naissance dans l’étable de Bethléem, du >Oc”s., à l’anglais, d’abord à propos de la certi-
selon la tradition de Noël (en ce sens, générale- tude que fait éprouver une puissance à une autre
ment avec une majuscule). Ultérieurement (1803, qu’une menace sera exécutée, dans le contexte de
Chateaubriand), il s’est mis à désigner, par méto- la guerre froide, puis au sens général de -qualité de
nymie, la représentation en trois dimensions que ce qui est croyable, possible ou vraisemblables.
l’on fait d,e la Sainte Crèche dans les églises, entre Comme crédible, le mot est courant dans les af-
Noël et l’gpiphanie. Par extension, certains auteurs faires, la politique.
(Chateaubriand, Proust) l’utilisent au sens de cher- CRÉDIBILISER “. tr. (att. 19841,surtout employé au
ceaw, avec une intention poétique. 0 Par analogie part. passé, a pour contraire DÉCRÉDIBILISER
avec le lieu de naissance du Christ, il a pris le sens v. tr. (1980); ces mots sont usuels dans l’usage jour-
d’e.sile de nouveau-nés* (v. 1785, S. Mercier) puis nalistique, par ex. en politique.
(18871 d’sétabllssement où l’on met les enfants de INCRÉDIBILITÉ n. f. (1520) est emprunté au latin
moins de trois ans pour la journées. 0 D’après un incredibilitas, formé sur l’adjectif incredibilis; le
autre sens analogique, =Couche garnie d’une pail- mot est didactique. -L’adjectif INCRÉDIBLE est
lasse> (17931. il a pris le sens de *gîte misérables peu usité ; on lui préfère l’euphémisme peu crédible
(19051,d’usage familier, aujourd’hui vieilli. et, aussi, incroyable.
t Ce dernier sens a produit le verbe familier CRÉ-
CHER Y. intr. (19211,chabiter, loge>, qui, lui, est de- CRÉDIT n. m., attesté vers la fm du xve s., n’est
meuré usuel et n’est plus péjoratif probablement pas un emprunt direct au latin credi-
tum, formé sur le supin de credere (+ croire), avec
le sens limité de -dette, emprunte. Il serait plutôt
CRÉDENCE n.f. (15191, d’abord credance
emprunté à l’italien credito, lui-même issu du latin
Cv. 14741, est emprunté à l’italien credenza
(XI+ s.), et signifiant <dette, emprunts. =cotiance*
(apr. 12501 proprement =croyance* et ~Confiance~.
(Dante) et (xv” s.1.-influence, considérations.
Lui-même est emprunté, comme le moyen français
de même sens crédence (1360, remplacé par + Le mot se trouve chez Commy-nes avec ce dernier
créance*l, au latin médiéval credenti, dérivé du la- sens, aujourd’hui limité à quelques emplois kwoir
tin credere (+croire). Dès le ~IFS., l’italien cre- du crédit, jouir d’un certain crédit) où l’accent est
denza s’est spécialisé dans la locution fore la cre- mis depuis le xv8 s. sur la con!ïance inspirée par la
ckma &ire l’essai (des mets, des boissons, avant personne (15391.0 Il s’est surtout spécialisé en par-
de les servir à table1 pour s’assurer qu’il n’y a aucun lant de la confiance dans la solvabilité de qqn (14811,
poisom (v. 1336). sens qui émerge dans les coutumiers au début du
xwe siècle. Cette acception est réalisée dans les lo-
+Le mot, introduit dans la locution faire crédmce, cutions à crédit (v. 1508) et Ile&e1 de crédit (1563)
calquée de l’italien, a désigné le fait de goûter les 16. créancel. La langue classique a employé à crédit
aliments avant de les servir Le développement avec des valeurs figurées, -en pure perte*, =gra-
métonymique vers le sens de =récipient servant à tuitementx, ruinant ironiquement l’idée de
faire les essais du service de bouches (15191 puis ~conI%.nce~; elles ne se sont pas implantées. 0 Le
meuble sur lequel on place la vaisselles (v. 15751, mot a continué à se développer en iïnance, dési-
est probablement repris à l’italien. qui l’a avant gnant I’opération par laquelle une personne met
1543. C’est Henri III qui a importé le meuble italien une somme d’argent à la disposition d’une autre,
servant à faire les essais et qui, de simple table, et, par métonymie (1819) cette somme elle-même
était devenu un buffet surmonté d’étagères, proche ainsi que l’établissement de crédit (1852, date de
du dressoir, une sorte de cotie sur pieds. oPar création du Crédit Foncier). Depuis 1845, crédits, au
analogie. le mot désigne d’autres types de meubles pluriel, désigne particulièrement les sommes
et, dans la liturgie catholique (16711, une tablette allouées par un budget pour un usage déterminé.
placée près de l’autel pour déposer les objets de la Son usage en comptabilité (qui l’oppose à débit) est
messe. attesté depuis 1675. 0 On notera l’emploi du mot
c Le dérivé CRÉDENCIER n. m., d’abord credentier au Canada pour une unité de valeur dans l’ensei-
(1552), a désigné la personne chargée de goûter les gnement universitaire, calque de l’angle-américain
mets et les boissons à la table des princes, puis le de même sens credit.
DE LA LANGUI? FRANÇAISE COURTISER

munération. pour des opérations de bourse ou de espace intérieur. Depuis le x& s., son usage en ce
commerce et, par extension, celle qui joue lïnter- sens relève du style littéraire qui le plie au même
médiaire dans une aiEtire. l’entremetteur (17401, emploi métaphorique que rideau fcoutine de ver-
très péjoratif dans courtier de chair hunaine -né- dure). Il est plus répandu comme terme de for-b&
grier-. Historiquement, c’est par l’expression hon- cation (1572) employé par analogie pour un mur
nête courtier que Bismarck définit le rôle que vou- rectiligne compris entre deux bastions, peut-être
lait jouer l’Allemagne au congres de Berlin après la d’après l’ancien provençal (xrv” s.).
guerre t-osso-turque (1878). -Au sens propre, le L’homonyme argotique 0 COURTINE, -cornes de
mot avait reculé devant divers synonymes, parmi chevauxm. est un dérivé irrégulier de course, pour
lesquels wyageur & commerce. Lorsque celui-ci lequel l’innuence de 0 courtine, mot noble, est
est passé de mode après 1950, courtier a retrouvé moins vraisemblable que celle de flaJCoutiUe,
une nouvelle vitalité, en concurrence avec repré- nom de quartier populaire de Paris, opposé (dans
sentant. l’espace et socialementj à Longchamp, où se
*Du radical de courtier est dérivé COURTAGE tiennent de célèbres courses, opposition égale-
n. m. (1358; 1248, courratage) -profession de cour- ment lexicale fondée sur les syllabes court-long.
tiers et, par métonymie, -rémunération en pour- Cependant, le souvenir du dé6lé populaire de la
centage du courtier=. Le sens dominant est au- CourtiIIe (b courtilièrel a pu jouer un rôle second.
jourd’hui ‘vente directe, par démarchage=.
Spécialement, le courtage matrimonial désignait la COURTISAN n. et adj. m.. d’abord courtisisn
tapr. 13501, puis courtison (14721, est un emprunt
profession des courtiers de mariage, chargés de
mettre en relation des personnes désirant se ma- adapté à l’italien cortigiano (déb. xrv” s.) =qui appar-
rier; il a été éliminé par agence matf+noniale. Le tient à la cour d’un pape, d’un princes (à propos du
pape Benoît XII), substantivé (1348-1353) à propos
premier emploi est aujourd’hui courant, en partie
à cause de l’absence de substantif abstrait corres- de la personne attachée à cette cour. Lui-même est
pondant à représentant. dérivé de corte, correspondant de cour*.
+ On peut supposer que l’introduction du mot en
COURTILIÈRE n. f., d’abord coutieliere (15471, français s’est effectuée à la cour des.papes d’Ati-
puis couti&?re Iv. 16001et coutiière (1762.j.est une gnon où cortezan est attesté dès 1350. Ce premier
dénomination d’insecte issue par figure de l’ancien emploi est associé à la cour du pape Clément V.
français coutikr En mes.. curtülerl *jardinier-, Par extension, courtisan a pris le sens figure et pé-
au féminin courtilliere (1493). Ce mot est dérivé de joratifde <personne qui flattez (1560). 0 Son emploi
courtü (v. 1170, curtilj +rdin potagen, terme adjectif (av. 1555) correspond aux deux acceptions
évincé de l’usage courant par jordm @otagerI au du nom.
~~III~s. mais encore vivant régionalement. Il est issu . Le développement sémantique qu’a eu dès l’or--
du bas latin “cofmti, dérivé de cohors t-cour) pine le féminin COURTISANE (1547; 1500, COUrti-
dont l’existence est appuyée par le latin médiéval sisnnej empêche de le considérer simplement
corMe, curtile -enclos comprenant maison et jat- comme le féminin de courtisan : il est emprunté à
din, jardim (747). On notera que le féminin de cour- l’italien cotig&a, féminin de cotigiono attesté
ti.l, courMe, a été un toponyme fameux (1511, la depuis 1529 au sens de *dame de la coup et depuis
CourtUe) recouvrant un faubourg parisien compre- 1536 au sens particulier de afemme galante de haut
nant à l’origine des vignes et des potagers. Ce fau- vols. Tout en désignant uarementj une femme
bourg, riche en guinguettes et cabarets, a été très ayant les manières de la cour, vivant à la cour
en vogue au xvrnes. et surtout vers 1830; la descente (1537). courfisane s’entend surtout au sens de
de la Court& détïlé des masques à travers le fau- <femme galantes (1553); historiquement, il fait r&
bourg du Temple le lendemain de mardi gras, était férence à une femme qui, en vertu de son éduca-
un spectacle très prisé (la dernière eut heu en tion et de ses dons artistiques, jouait un grand rôle
1838). dans la vie de certains hommes de haut rang de
$Le mot désigne un grand insecte roussâtre à 1’Antiquité. -Courtisan & servi à former COURTI-
élytres courts et longues antennes, également ap- ~ANERIE n. f. (1560, courn’sanneriej, -conduite de
pelé taupe-grillon, causant dïmportents dégâts courtisan*, lequel est quasiment sorti d’usage après
dans les jardins avoir supplanté l’italianisme de même sens court-
Sanie (1538). -COURTISANESQUE adj. est auSSi
0 COURTINE n. f. est issu (v. 980) du bas latin un emprunt (1578) à l’italien cort@ianssco (15361,
cotina #rideau>, dérivé du latin cohors réduit à souvent employé par péjoration, et tend lui aussi à
cors =Cour- l-courl. Il s’agit d’un calque séman disparaître.
tique du grec aulaia <tapis+. &enturw, dérivé de 0 voir COlJaTISER.COURTOIS.
a&? ecour-, et que la langue classique s’était
contentée de transcrire par atiwn, aulaea. Cor- COURTISER v. tr. est emprunté (1557) à lïta-
tina est passé dans l’italien coltina -rideau, cour- lien cotieggiare -faire partie de la cour d’un per-
tine*, l’allemand Cor&ne =rideau=. sonnage importants (XI-/ s.), =faire sa cour à qqn de
$ Le mot est apparu en fmnçais dans un contexte h- puissa& (apr. 1450) et, spécialement, =faire sa cour
turgique à propos du voile du temple de Jérusa- à une femme% ldéb. xvre s.). lui-même dérivé de
lem; il a pris couramment le sens de -rideau dis- corte, comme cortigium, qui a donné courtisan
posé autour des anciens lits d’apparat> et, de là, (+ cour). Cette hypothèse est préférable à celle qui
s’est étendu à la tenture masquant un élément d’un voit dans courtiser la réfection, sous l’influence de
CRÉURE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

creator =celui qui crées, appliqué à Dieu en latin lettes de l’Est. Ce mot est issu du bas latin crama-
chrétien. Apparu en ce sens, ll a pris relativement culus, cremoculw, altération d’un “cremasculas qui
tard le sens artistique d‘auteur d’une chose nou- est à l’orlgihe des formes bomguignorme, frrmco-
velle- (17611, adjectivé dams g&ie créateur(l7621. provençale et provençale du type coma&
CRÉATION n. f. est emprunté (v. 1220) ah dérivé la- lcumoscle, 1157, dans le Vaucluse). Le latin est
tin creatio, très rare, qui prend à basse époque le adapté du grec tardif kremxtêr, proprement ‘qui
sens de =procréation~ et devient usuel eh latin suspend>, nom de certains muscles (voir ci-des-
chrétien au sehs actif puis métonymique de ‘créa- sous) et d’une perche où l’on accroche des
tere~. -D’abord employé en parlant de la création grappes*, de kremnnumi +uspendre=, verbe
divine fcréatin du monde), il s’est lticisé a” sens d’origine lnconnue.
d’ection d’établir une chose pour la première fois> + Avec son sens hérité, -tige dentée où l’on suspend
au xrv” s. et, à la iïn du xvsie s., a développé les va- la marmites, crémaillère est entré dans la locution
leurs métonymiques aensemble des êtres et choses
métonymique pendre la crémaigère =Célébrer par
créés, et =Chose créée, (1790). ~Puis, après créa-
une fête l’installation dans en nouveau logement>
teur, il est passé en art ae sens d’saction de créem
(in Académie, 1694). 0 Le mot a reçu, par analogie
et wxwme créée= (18Oll, particulièrement dans le
de forme ou de fonction, quelques sens techniques.
domaine poétique (1810) au sein du débat qui l’op-
désignant notamment une pièce munie de crans
pose à imitation, et dans le domaine théâtral (1843,
pour faire bouger une partie mobile (168Ol, par
d’un rôle interprété pour la première fois). 0 Il a
exemple dans la locution à crémaiK%e (cric, pu-
lui-même produit les termes didactiques CREA-
pitre puis chemin de fer, etc.).
TIONNISME ri. m. (av. 1890) et CRÉATIONNISTE
adj. (1869l, relatifs à la doctrine qui admet la créa- . CRÉMASTER n. m. a été directement empiuhté
tion de l’univers par Dieu ex nihüo, ce dernier aussi (1546) au grec en anatomie, pour désigner le
substantivé. -Son radical a servi récemment à la muscle suspenseur du testicule.
formation de CRÉATIQUE n. f. (1973). formé avec
le seïlïxe d’informatique, télhdique, etc., appliqué CRÉMATION n. f. est empnmté (XIII” s.1 au la-
à l’ensemble des techniques de stimulation de la tin impérial crematio -action de brûler+, du supin
créativité. Bien que cette activité vienne des Etats- de cremare *brûler- et, en particulier, ~incinérer les
Unis. il ne semble pas que le mot soit un angh- morts=, pratique qui semble avoir été introduite en
cisme; il a produit le nom d’agent CRÉAT& Italie par les envahisseurs qui y ont apporté le latin
CIEN. IENNE après 1980. et l’osto-ombrien. Le verbe latin est peut-être issu,
CREATIF, IVE adj. (xv” s.l est l’adaptation du latin par un élargissement en -em-, d’une Racine indoeu-
médiéval creatiw (apr. 13001, dérivé du supin ropéenne attestée par le vieil islandais hyrr -feu*, le
creotum de creore. ll réalise d’abord le sens de aqui gotique houri -charbons. le lituanien kuriù, kùti
produit qqch.p dams le domaine médical. 0 Avec sa *faire du feu> et à laquelle se rattacherait aussi
valeur moderne, où il qualifie ce qui présente une carbo (b charbon).
tendance notable à la création imaginative. il +Crémation, rare en parlant d’une chose qui se
semble avoir été recréé vers 1860 sous l’ihihience consume, reste, comme le latin, réservé à lïnciné-
de l’anglais creative et de l’italien creativo. Bien que ration des morts (avec rites religieux ou non) : peu
les puristes l’accusent de doubler inutilement créa- employé en ancien frahçais. il est repris au XIX~ s.
teur, le mot s’est diffusé sous l’action des socio- (18231.
logues et psychologues, qui ont besoin d’un terme
b Ce regain de vitalité au Wp s. se marque par la
spécilïque se démarquant du terme courant. ll a
formation de CREMATOIRE adj. (1879, fourcréna-
été I-écemment substantivé au masculin pour dé-
taire), dérivé savamment du radical du latin crema-
signer les responsables de l’invention dans le do-
km, supin de cremare. Le syntagme four créma-
maine de la publicité, des arts audiovisuels. -Son
toireévoqurmt presque toujours, depuis la Seconde
dérivé CREATIVITÉ n. f. (19461 se ressent proba-
Guerre mondiale, les camps d’exterminationnazis,
blement de l’irdluence de l’angle-américain creati-
on a recours pour les emplois rituels au terme sa-
vity. Ce sont les socio-psychologues qui l’ont intro-
vant CREMATORIUM 1882, didactique et aifective-
duit dams leur vocabulaire, relayés plus tard par les
ment neutre -Les substanti CRÉMATEUR (1885)
linguistes (notamment avec la traduction des tra-
et CRÉMATISTE (19601, quasi synonymes. sont
vaux de Noam Chomsky).
INCRÉÉ, EE adj. et n. m. (1458). l’antonyme de d’usage rare et didactique.
créé, participe passé adjectivé de créer, est un Par ailleurs, le latin cremore est à l’origine du verbe
terme d’usage didactique en religion, qui traduit le rare CRÉMER (v. 1200) Gmihére~ et, par voie po-
latin ecclésiastique increatw. Aussi substantivé pulaire, du verbe dialectal CRAMER v. tr. -brûler
(1769, n. m.1, ll s’emploie (>Mes.) quelquefois en légèrement> (Centtel, passé au XY s. dans le Ian-
contexte non religieux lune ceuwe encore incréée). gage familier ou argotique au sehs de sbrûlerr.
0 voir CRÉOLE. PROCRÉER ROCRÉER. voir aws1 RECRÉER
Ici-dessusl. CRÈME I-I.f., d’abord noté croimc lv. 1190) puis
cresme (12611, est issu du bas latin crama W s.l mot
CRÉMAILLÈRE n. f.. réfection du xx? s. (15491 d’origine gauloise, croisé de bonne heure avec le
de carmeillière lsicl bc$ s.1. puis cromai&re (14451. terme ecclésiastique chrisma, d’origh-ie grecque.
est dérivé, avec suffixe -tire, de l’ancien ticais passé dam chrême* ‘huile consacrées. Crama a
craimoil lv. 1220, sous la forme latine cremalio au supplanté la désignation usuelle latine pour la
plwlell, terme demeuré en usage dans les dia- crème du lait, cremor 0, littéralement =bouillie
DE LA LANGUE FRANÇAISE 931 COÛTER

CU&, -ici.~ -xxMn, moucheron=, issu d’un celtique rimire). -Par analogie de forme, il désigne un
“kuli également à l’origine de l’irlandais cuü =mou- mollusque bivalve à coquille allongée (1611) et, de-
cherom. On a aussi proposé d’y voir le représen- puis le xc?s., l’arête du prisme triangulaire qui
tant du latin populaire “culicinw, diminutif de porte le fléau d’une balance (1863).
CI&~. La graphie cumin, relevée en 1577, témoigne . Dès le xne s., coltel, coutel a produit COUTELER Y.
de l’influence de puce (du latin pukx, avec le même (1160) “frapper avec un couteau, et -couper au cou-
suflïxel. teau=, spécialisé en mégisserie (1407) et peu ré-
+Le mot désigne le moustique dans quelques ré- pandu (cependant, il est employé par Chateau-
gions de France, moust@ue étant aujourd’hui le briand). -COUTELIER,IÈRE Il. cv. 11701,
terme généralisé et plus courant <personne qui fait ou vend des couteauxn, a pour fé-
.Ce nom d’insecte a produit COUSINIÈRE n.f. minin COUTELIÈRE n.f (xrn"s.), ancien nom de
(1723,ancien synonyme de moustiquaire. l'étuioùl'onrangelescouteaux.-COUTELLERIE
n. f. (v. 1268) désigne l’industrie, la technique de la
0) COUSSIN n.m. est l’aboutissement, par les fabrication des couteaux, ciseaux et rasoirs, et, par
formes cutiin (av. 1150), coissin (v. 1160). cousin métonymie (1611), le lieu de fabrication et de vente
(v. 117E0,du bas latin CO~~US,dérivé du latin impé- de cette industrie. -COUTELAS n.m. (1560).
rial com shanchen (+ cuisse), la première fonction -grand poignard>, est issu par changement de sti-
du coussin étant de garnir les sièges. La finale est fixe du moyen français coutelasse n. f. (1410; xrv” s.,
peut-être due à l’influence de pulvinus ~coussin, coutelesse),lui-même dérivé de l’ancien français
oreillep, mot d’origine inconnue. coutel “grand couteau de combatn; cette hypothèse
+Ce terme courant d’ameublement a développé semble préférable à celle d’un emprunt à l’italien
plusieurs sens spéciaux par analogie de destina- coltellaccio qui n’a pris le sens de -poigna& qu’au
tion. en médecine, marine. dentellerie et en méca- xvnresiècle. Le radical de couteau est à l’origine
nique avec cousin d’kir 11est utilisé en sciences d’un autre nom d’arme, aujourd’hui disparu, COU-
naturelles dans la locution en coussin décrivant ce TILLE n. f. (13511,-épée large et tranchante fixée à
qui rappelle le caractère souple et ventru d’un une hampe> (d’où coutüier, v. 1450, *soldat armé
coussin. d’une coutille*). -Ultérieurement, couteau a foutni
le premier ou le second élément de COUTEAU-
&Le diminutifCOUSSINET n.m. (v.1285) désigne SCIE n. m., d’abord couteau à scie (1723) pour une
proprement un petit coussin et a lui aussi quelques scie à main servant à scier les pierres tendres. et de
emplois spécialisés, en architecture (1676, *partie PORTE-COUTEAU n.m.0869).
remplie d’un chapiteau ioniquenI, mécanique
(18631,et surtout en anatomie où il désigne un petit
bourrelet (de chair). -COUSSINI~?RE n.f (v.1550,
COÛTER v. tr. et ink., d’abord coster (v. 11651,
continue le latin comtare =se tenir ferme, fixés
couisstiière, de la variante couissin, coissin) est uti-
(+ constat), <être composé, consister en, (- consis-
lisé dans le domaine occitan pour désigner l’étoffe
ter) et, avec un ablatif instrumental de prix, =être
recouvrant un coussin.
mis en vente moyennant un prix, valoir= au propre
0) COUTEAU n. m., d’abord coltel (v. 1130) puis et au figuré.
couteau (1316). est issu du latin cultellw, diminutif * Coûtera repris à la fois un sens propre, -entraîner
de cuiter, désignant toutes sortes d’objets tran- des dépenses> (11721,et le sens 6guré de <causer
chants kasoir, couteau, coutre de la charrue). Tan- une peine, un effort à qqn> (1165). réalisé dans la lo-
dis que cuiter, cultri a donné au tiçais le terme cution coûte que coûte (1802, coûte qu’il coûte). Si
technique COUTRE n. m. (1220; 1150, Cu&re) dési- Littré considère coûter comme un verbe toujours
gnant la partie tranchante du soc de la charrue, intransitif dont le participe passé reste invariable.
son diminutif a été introduit au sens général de l’usage moderne, établi au xvue s., tend à en faire un
-couteau* (italien coltello, espagnol cuchillo). Cuiter verbe transitif aIIx sens figurés et à accorder dans
semble venir d’une racine indoeuropéenne “kel- al- ce cas le participe passé. Bien que l’Académie ait
ternant avec “skel- que l’on a dans le grec shah ratifié cet usage dans la huitième édition de son
#houe=. le vieil islandais shah *couteau>; cette ra- dictionnaire, on relève des cas d’accord pour le
cine serait peut-être la même que celle de caro verbe transitif non figuré et de non-accord pour le
(-chair). verbe transitif figuré.
+Introduit avec son sens usuel, le mot est entré t Le déverbal CO* n. m., d’abord cust (v. 1155),
dans la locution figurée être à couteaux tirés avec désigne le prix de revient d’une chose (coût de fa-
qqn (1680; 1586, sous une forme un peu différente) brication, etc.) et, au figuré, la conséquence désa-
et dans quelques provefies aujourd’hui tombés en gréable d’une erreur, d’une action. -COû-
désuétude. L’un d’eux faisait référence au couteau TEUX,EUSE adj.Cv. 1185) réalisedèsles premiers
à pain d’une famille, transmis de génération en gé- emplois une double valeur propre -qui coûte cher-,
nération, et dont on changeait, alternativement la et figurée. oIl a pour dérivé COUTEUSEMENT
lame et le manche fZe couteau de JeamotJ. Il a adv. (1769). -COûTANT.ANTE p.pr.,aUtrefOiSad-
donné une phraséologie descriptive comprenant jectivé au sens de dispendieux- (ti s.) et au sens
couteau de poche (16801,de table (1680). de cuisine figuré de -pénible* (xlne s.), ne fonctionne plus que
(1690). Depuis le xw” s., par analogie de fonction, il dans l’expression prix coûtant (1679). -Le composé
désigne un outil métallique tranchant dans divers récent SURCOÛT n.m. (19781 est un terme
domaines techniques (agricukure. médecine vété- d'économie.
CRÊF’E 946 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gle, le mot désigne (19291 un latex de caoutchouc à coiffure d’où crêpage de chignon au figuré ( 1877)
de
l’aspect gaufré servant à faire des semelles de crêper k? chignon. -DÉCRÊPER V. tr. (1842), d'où
chaussures. DÉCRÊPAGE n. m. (1960) et DÉCRÊPELER v. tr.
b À la tiérence des dérivés de crêpe n. f., les mots (19301 s’appliquent à la coiffure.
du même groupe s’écrivent avec un accent sipu.
CRÉPINE + CRÊPE
- CRÉPINE n. f. (12451 est dérivé de l’adjectlfcresp,
comme terme de passementerie, puis (13831 de CRÉPIR Y.tr.,
d’abord crespir cv. 11701, est dérivé
boucherie et. en parlant d’un filtre métallique placé de l’ancien adjectif cresp-, crespe drisé, ondulés
à l’extrémité d’un tuyau d’aspiration (1866). -Il a (+ 0 et 0 crêpe).
produit le duninutifCRÉPINETTE n. f. (v. 1269, -pe- + Le sens de &ser les cheveux> a été abandonné à
tit ornement de crêpe,) qui s’est maintenu comme crêper. Le mot s’est spécialisé en peausserie pour
terme culinaire pour une petite saucisse envelop- <se froncer, devenir grenu> (v. 11701, transitivement
pée dans une crépine (1740) et comme nom régio- =rendre grenu*, et surtout en maçonnerie (15281
nal de la plante dit aussi renouée (1597).
-enduire km mur1 d’une couche de mortier sans la
CRÉPON n. m. (1409) est dérivé de l’ancien adjectif
lisser-.
au sens ancien de *crépi (d’un murl~, puis (1552) de
r Son participe passé CRÉPLIE a été adjectivé,
=boucle de cheveux*. Il doit le sens courant d’uétoffe
puis substantivé au msscolin (1528) en maçonnerie ;
frisée comme le crêpes (1660) au nom de tissu
sa forme initiale crespis fait supposer un dérivé la-
crêpe.
tin en -icium du radical de crispus d’où un “crespetz
Cresp survit partiellement dans CRÉPU. IJE adj.
réduit à crespis et assimilé ensuite au participe
(11751, en parlant de la chevelure, notamment de
passé de crépir. -Le verbe a produit deux noms
celle des Noirs, et, par analogie, en botanique.
d’action CRÉPISSURE n. f. (xrv” s.). rare, et CRÉ-
0 voir Q CRÊPE. CRÊPER CRÉPIR CRISPER.
PISSAGE n.m. (16111 ainsi qu’un nom dïnstru-
0 CRÊPE n. f., d’aboti crispe (v. 12851 puis crepe ment, CRÉPISSOIR n. m. (1869).
(13801, est le féminin substantivé de l’ancien adjectif Par prékxation, créptr a donné RECRÉPIR v. tr.
cresp, crespe &isé. ondulé* (dont le masculin a (1549), d'où RECRÉPISSAGE n.m. (1832) et De-
donné 0 crêpe’>, par allusion à l’aspect que prend CRI?PIR v. tr. (1857). Ce dernier, rare en emploi
la crêpe en cuisant. concret, est employé par métaphore au sens de
*provoquer la déchéance physique de (qqn)> (18791,
#Le mot désigne une mince couche de pâte cuite à
par attraction de décrépit. 0 Il a pour dérivé DÉ-
la poêle ou sur une plaque de fonte, traditionnelle-
CRÉPISSAGE Il.Ill. (1857) et l’adjectif DÉ-
ment associée à la Chandeleur et très populaire,
CRÉPI. IE issu du participe passé. Celui-ci, utilisé
notamment en Bretagne, d’où le syntagme crêpes
en maçonner-le, tend à être confondu avec décrépit
bretonnes. Le mot entre dans plusieurs locutions
(+ décrépit, d’où décrépitude1 à la faveur de l’ho-
comparatives d’usage familier, par tiférence au
monymle. et par figure sémantique, de l’idée du
mode de cuisson des crêpes laplat& retourner,
mur qui a perdu son crépi et qui évoque I’usure, la
laisser tomber comme une 136pe1, au propre et au
vieillesse. correspond à l’idée de -vieux, usés.
nguré.
t En sont dérivés CRÊPIER. ItiRE n. (1863) -m&1‘ CRÉPITER v. intr. est emprunté (1820; virtuel
chand de crêpes, et (~0~~1 “appareil à plaques au xvf s., où crépitant est attesté) au latin crepitare,
pour faire des c&pesm, et CRÊPERIE n. f. (19291, forme fréquentative de crepare *rendre un bruit
dont le sens s’est étendu à =restaurant à référence sec, craquer=, lui-même éliminé en ce sens par cra-
bretonne servant notamment des crêpes=. quer, à l’origine de crever*.
+Le mot signifie =faire entendre une succession de
CRÊPER v., sans doute antérieur à son attesta- bruits secs>.
tion connue (15231, si l’on en juge par son dérivé
~CRÉPITANT, ANTE adj., tiré du participe
crespewe (v. 1377), est probablement dérivé de l’an-
présent et attesté au XVI~~. (1502. flamme crépi-
cien adjectif cresp, crespe -ondulé, frisé. (+ 0 et Q
tante), est sorti d’usage et repris au début du >w” s.
m3pe). En effet, ll paraît trop tardif pour continuer
avec le verbe. 0Ce dernier a servi à former le
le latin crispare (+ crkper).
substantif d’action CRÉPITEMENT n. In. (18661, qui
+ Essentiellement employé en parlant des cheveux, est venu concurrencer tardivement CREPITA-
en construction transitive et intransitive, le verbe TION n. f. (15641, emprunt au dérivé bas latin crepi-
entre dans la locution figurée (x& s.) se c&per le tatio <bruit sec* à propos du bruit que l’on éprouve
chignon -se quereller- (pour des femmes). 011 a à la palpation de certains troubles osseux. Les deux
reçu une valeur technique. -apprêter une étoffe en noms sont en concurrence au sens général et au
tordant fortement ses fils pour lui donner un aspect sens médical, mais crépitement reste perçu comme
grenus en rapport avec le nom d’étoffe crêpe. le terme général. -Le préfixé DÉCRÉPITER Y.
t CRfiPELER V.tr. (1513). surtout pronominal (av. 1660) est employé transitivement en chimie au
(1530). exprime le fait de couvrir d’ondulations lé- sens particulier de -calciner (du sel) jusqu’à ce qu’il
gères et Serr+es. -Il a donné CRÊPELB. ÉE (dès ne crépite plus sous l’action du feu=. En emploi in-
15131, CRÊPELURE n.f. (meS.) et CRÊPELAGE transitif il signiile apétlllen (1742) et devient syno-
n. m. (18771, tous relatifs à la chevelure (cf. crépu). nyme de crépiter. 0 Son dérivé DÉCRÉPITATION
-CRÊPAGE n. m. (1729) se partage entre on em- n. f. (1641) est utilisé avec les deux sens.
ploi technique en draperie et un emploi courant en 0 “Olr DfiCnOplT.
DE LA LANGUE FRANÇAISE COUVRIR
+Le sms de ~réunion, compagnle~, repris au latin chement. -COWAISON n. f. (1542.k dérivé frar-
classique, a disparu au Xvp siècle. Le sens religieux çais à rapprocher pour la forme du latin cubatio
de clieu où vivent les membres d’une communauté ‘fait d’être couché,, signifie ‘action de couvep et
religleusep (1155) l’a éliminé, aussitôt étendu par est employé concurremment avec couvée, avec une
métonymie à l’ensemble des religieux qui y vivent valeur plus active. -COUVEUSE (1542 d’après
Cv. 11651. oCe n’est qu’après 1718 que la graphie Wartbnrg; ou 1600), d’abord employé en parlant
actuelle a déikitivement évincé convent, passé à d’une poule, comme nom et adjectif (poule cou-
l’anglais convent (XII~ s.1 et réemprunté par le frsn veuse), s’est employé en parlant d’une femme, au
çais CONVENT n. m. an sens d’=assemblée géné- sens figuré de couver. o Comme nom féminin, il
rale des francs-maçons, (1886). ~Après avoir dé- est devenu (1838) un nom d’appareil, en particulier
signé kvm”s.1 un lieu de retraite des femmes du (18901 celui d’un appareil utilisé en pédiatrie pour
monde tenu par des religieuses, couvent désigne les enfants nés avant terme (aussi couveuse art&
particulièrement (1863, Littré) un pensionnat de cielle, imubateurl. De là être élevé en couveuse. -Le
jeunes filles tenu par des religieuses. Il est parfois mot a supplanté son synonyme COUVOIR n. m.
employé an sens figuré de *lieu contraignant et (1564) -endroit où l’on fait couver les poules* et
austère,. (1842) -appareil pour l’incubation artifïcielle~.
. Le dérivé COUVENTINE n. f., *religieuse vivant 0 voir CONCUBIN. rNCOMBEa. INCUBER. S”CCOMBER suc-
au couvents et -élève d’un pensionnat religieux>. CUBE.
est attesté depuis la !ïn du xm” siècle.
L’adjectif~o~v~~Tu~~. ~ELLE. d’abord conven- COUVERCLE n. m. est issu (v. 11601 du latin
tUa2 (1249). est emprunté, avec maintien étymolo- impérial de même sens cooperculum, dérivé de
gique du vocalisme -on-, an latin médiéval conven- cooperire ~couvrlr de tous les côtés= Gcouvrir;
tualis (1168) “propre aux règles d’une communauté opercnle).
religieuses. + Le mot, introduit pour dispositif amovible ser-
0 Yor com-. vant à recouvrir. à fermer un contena& a reçu
des sens analogiques spécialisés en anatomie ~COU-
COUVER v. tr. et intr. continue (v. 11211 le latin vende du la@ et en mécanique. La langue popu-
cubare &re couché, alités dont les formes-on ne laire l’utilise encore parfois comme dénomination
sait pourquoi - ont remplacé les formes verbales métaphorique du crâne et du chapeau (17641, mais
de la racine %gh-, qui s’est en revanche maintenue ces valeurs figurées ont vieilli, alors que le mot de-
dans les formes nominales (+ lit). meure très courant dans son emploi premier, avec
+ En français, tandis que le sens de &étendres a été diverses spécialisations usuelles et techniques.
attribué au représentant de collocare (+ coucher),
couver s’est spécialisé au sens de crester posé sur f COUVRIR v. tr., d’abord ca& (v. 9801, est
les ceufs pour les faire éclore>, d’après un sens tar- issu du latin cooperire #couvrir entièrement= an
dif de ctiare qui a supplanté son composé in- propre et au figuré, composé d’aspect déterminé
cubare (+ incubation, incube). Cette spécialisation en cum (+ CO-I qui a remplacé le vetie simple ope
agricole rappelle celle de traire (d’abord ‘tirer-). rire (-+ opercule, ouvrir). dans ce sens.
0 Par extension, le verbe réalise l’idée 6gurée de 4 Dès l’ancien français, l’idée essentielle de <revêtir
aprotéger, entourer de soins attentik (v. 1175, en par superposition, reçoit diverses applications en
parlant de la louve pour ses louveteaux) à laquelle fonction du but poursuivi: cacher, orner, proté-
se rattache aussi la locution métaphorique couver ger, etc. Dès les premiers textes, coutir exprime
desyeux(1649, Descartes). -Dès le XII~ s., couver est l’action de cacher une chose en en mettant une
aussi employé au sens intransitif d’&re caché de antre dessus, l’objet pouvant être concret ou abs-
facon à éclore le moment venu*, avec une insis- trait (11721, comme dans l’expression à mots cou-
tance sur la dissimulation. s’appliquant notamment verts (1176, par moz coven). oLe succès de ce
au feu sous la cendre (1175) ou bien sur la manifes- verbe dans le domaine psychologique a été tel que
tation à venir (en parlant d’une maladie, Y. 13501. la langue classique I’a utilisé comme un synonyme
. Le participe passé féminin COUVtiE est substan- de -dissimuler (des idées, des sentiment&. Ulté-
tivé (v. 1100, covecle) comme nom d’action et em- rieurement, il se dit d’un bruit qui en masque un
ployé par métonymie pour l’ensemble des œufs autre de moindre intensité (1835). -Dès le xe a est
couvés en même temps. Il lui arrive de s’appliquer apparue la nuance d’&tre répandu en abondance
par métaphore à des enfants appartenant à la sur (qqch.lm (v. 1050). qui ajoute l’idée d’étendue à
même famille (apr. 1250). de nos jours plutôt iro- celle de superposition, et a suscité plusieurs ex-
niquement. -COUVI adj. m.. d’abord couveis (fin tensions : couvrir se rapporte en particulier à un
me s.1 et couvis (fin xvî s.l. qualifie un œuf gâté parce ciel qui s’obscurcit de nuages (aussi au pronominal,
que couvé ou conservé trop longtemps. -Cou- se couvrir, ?zemoitié du zones.) et, an figuré, au fait
VAIN n. m. (av. 1350, coutil est réservé spéciale- de répandre des paroles, éloges ou injures sur qqn
ment à l’ensemble des œufs et des larves d’insectes (1657). 0 Sans cette idée d’abondance, le verbe ex-
vivant en société (abeilles, notamment). -Par subs- prime aussi le fait de disposer qqch. sur, et, en in-
titution de sutlïxe, a été formé COWADE n.f. transitif, d’être disposé sur (v. 1050); cette valeur,
(1539, faire la couvade *rester inactif~l, sorti de concurrencée par recouvrk, subsiste surtout dans
I’usage après 1636 et repris vers 1873 comme terme le participe passé substantivé couvert (ci-dessous).
d’ethnologie en relation avec la coutume qui donne o Plus couramment, coutir indique le fait de revê-
a l’homme une participation symbolique à l’accou- tir un espace, une ouverture d’un couvercle (117%
CRETONNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

péjoratif de .persohhe stupides (18351, par l’inter- l’adjectif sighifle parfois =Vidé de substances
médiaire de l’usage moqueur des expressions cré- Cv. 1474l, au propre et air figuré : si songer cre~wc
tin des Alpes, crétin du Valais, comme nom et (~VS.) ne s’est maintenu que dans le composé
comme adjectif. Dans l’argot scolaire du Wp s., il songe-creuic t-+ songer1 et si viande creuse (1611) est
s’est dit par mépris d’on élève travailleur. sorti de l’usage, plusieurs syntagmes réalisent en-
t En sont issus CRETINISME n. m. (1764) dans une core une idée figoree de =nullit&. commune à Màe
acception médicale et (18441 avec son sens courant et vain, tel tête creuse t1811l. OPour sa part,
là comparer à idi&idiotie), ainsi que CRÉTINISER CREUX n. In. désigne le vide moral, intellectuel
v. tr. 118341. à sa Suite CRÉTINISATION n. f. (1664l, (av. 1697). Avec un nom indiquant une durée ljour,
et CRÉTINISANT,ANTE adj. (1870). ainsi que heure, mois), l’adjectif réalise, également de ma
CRÉTINERIE ri. f. (1860). tous d’usage CO-t. oière péjorative, une idée de &ible activités.
o Dès le ~IFS.. il exprime également une idée de
CRETONNE n. f. (17231, altération de cour- cahe cohcaye~ et qwliiïe notamment un lieu et
tonne (17271 *forte toile de coton, de lin ou de un visage creusé par la maigreur (une fois y. 1278;
chanvres, est d’orlgihe obscure: Courtonne peut pois av. 1613). emploi qu’il partage avec l’adjectif
être le nom de la manufscture de toiles d’Alençon cave. 0 Le substantif s’emploie aussi avec on nom
ou le toponyme représenté dans la région du Cal- d’organe introduit par de: le creux de la main
vados (Courtonne-la-Mendracdrac,
Courtonne-la-ViW, (1559), de l’estomac (1611). ll s’est spécialisé en ma-
lieux où existaient des filatures de chatwre. près rbre (1690) à propos de la profondeur entre deux
des tissages de cretonne d’Alençon. L’hypothèse lames.
d’une dérivation de Creton, nom d’une commune t Son dérivé CREUSER y. tr. (1172, par le participe
de l’Eure dont les toiles auraient été renommées passé adlectivé crosél a aussi une valeur métapho-
est fragile, car elle repose sur un seul texte du rique dans creuserl’estomacll869l adonner de l’ap-
xvf s.. alors que les archives de l’Eure ne gardent p&ib, et possède en propre le sens abstrait d’=ap-
trace d’aucun document sur l’existence d’indus- profondir, analyser eh profondeur+ (16851. -ll a
tries textiles. L’hypothèse d’une dérivation du nom produit deux noms d’action : le plus ancien, CREU-
d’on fabricant, nommé P. Creton, est douteuse. SAGE ri. m. (v. 1287) -profondeur de fondation,, est
6 Le mot désigne une toile de coton. peu usité avec le sehs général d’saction de creuser=
(1611) : il est concwIX!hCé par CREUSEMENT n. In.
CREUSET n. m. est la I-éfection (1754l, d’après (1863, en ce sens: 1754, comme terme de grawrel,
creux’, de croiset (1514l, mot issu, par substitution qui a produit SURCREUSEMENT en géologie
de soillxe, de l’ancien francais croiswl, d’abord (1909). -Creuser est aussi à l’orighre de CREU-
crois01 Cv. 1100). Ce dernier, ac sens propre SURE n. f. (1547l, au sens rare de =Cavité peu pro
&.mpe~. viendrait d’un galle-roman “croseolus, fondes, et des termes techniques CREUSE~R n. In.
peut-être de même orlglne que cre~wc kl’après la (>w” s.l et CREUSOIR n. m. 11785; 1725, crosoirl qui
forme de l’ancienne lampe à huile), ou encore très possède une variarite régionale avec CROSIOUX
anciennement issu d’un francique “krok (+ croc),la n. In. 11597).
lampe se suspendant à un crochet. On a aussi émis 0 voir CREUSET.
l’hypothèse d’une dérivation d’un “cruciolum, hy-
pothétiquement dérivé de crw crucis l+ croix), au CREVASSE n. f.. d’abord crwoce (v. 1120l, est
sens de &mpe à deux mèches croiséess. Le latin issu du bas latin de même sens crepocio, crevacia,
médiéval cruclbulum n’est qu’une mauvaise latii- dérivé de crepore t+ crever).
sation des formes romanes d’après twibulum. +Apparu au pluriel dans un contexte évoquant
+Le mot, désignant un récipient destiné à faire l’eau se déversant du ciel, avec le sens de -fente, fis-
fondre ou à calciner certaines substances, s’est spé- sure=, le mot désigne couramment une cassure
cialisé eh parlant de matières minérales. La valeur étroite et profonde dans la glace (par ellipse de cre-
étymologique de &mpe~ s’est conservée dans les vasse glaciaire). Il s’est spécialisé également en
parlers du Sud-Est. oPar extension, le mot dé- médecine (1575, Pa&l à propos de ilssures cota-
signe (1754) la partie inférieure d’on haut fourneau nées dues a” froid, à l’âge et aux travaux pénibles.
où se rassemble le métal fondu. Le sehs iïguré de . En est dérivé CREVASSER y. tr., d’abord crcwo-
dieu où diverses choses se mêlent, 11874, par cier Cv. 13001 et crevaçier (v. 1360) ~creuser de
image ; pois 1732) renvoie au fait que. dans un creu- fentes,, lequel a donné CREVASSEMENT n.m.
set, des matières diiférentes sont fondues en une (18931.
seule, ou encore sont éprouvées, éventuellement
porliiées. CREVER y. est issu tv. 960) du latin crepare, le-
quel appartient à un groupe de mots expressik for-
CREUX, EUSE n., adj. et adv. 1~. 1221) est més sur la cellule phonique kr- bcorneille). re-
d’origine incertaine. L’extension du mot en gallo- présentée dans plusieurs langues: grec krazein
roman hncien provençal crosl et dans les parlers ‘crier-, sanskrit kr&-ati -il crie,, vieux slave ktiati
rhéto-romans et de l’Italie septentrionale, rend crier-. Crepare se dit de tout ce qui se fend ou
probable un hypothétique Ocrosa.s, d’origine cel- éclate bruyamment et notamment du bois, des
tique, qui aurait supplanté le latin cavas wwix~ étoffes, des portes. Par extension, l’usage familier
b cave). latin l’employait ad sens de *se plaindre bruyarn-
4 Le mot, nom pois lv. 118ol adjectif exprime géné- ment-, sens pris par guiritare bcrier). A basse
ralement une idée de *vide interne,. Par extension, époque, il est employé popolairement en parlant
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRdJuxFB
fourbe et malksant~, par une métaphore com- d’une locution médicale lxv”s.1. En construction
mune à celle de hyène, chocoJ. transitive (we s.l. il possède les mêmes valeurs
propre et figurée, et signilïe 4it-e avec mépris,
CRABE nm. lv. 11101est, comme homord, un (apr. 1450). -payep l16O5) et, par analogie, -jeter
terme apporté par les pêcheurs de la mer du Nord. comme en cra.cht= (me S.I.
Ses premières attestations en Normandie krobe en . Le sens particulier et moderne de son participe
jersiais au féminin, grappe à Bayeux au fémininl et passé CRACHÉ. adjectivé dans tout craché =res-
dans le Nord kmpe en wallon, crabe. chope en pi- semblant= (xv” s.1, s’explique probablement par un
card) font supposer un emprunt par deus voies dif- ancien symbolisme assimilant l’acte de cracher et
férentes : le normand l’aurait pris à l’ancien normis l’acte de génération.
krabbi, nom masculin, et le wallon-picard au Cracher a produit plusieurs noms. CRACHAT n. m.
moyen néerlandais cmbhe. nom féminin. ceci ex- lv. 12601 au sens concret de -mucosité crachées,
pliquant l’hésitation de genre. encore au xvs”s. (la employé par dérision depuis la Révolution pour
crabe, 1690). Le mot, avec toutes ses variantes, ap- #décoration= 117891. 0 CRACHEMENT n In.
partient à un groupe germanique t-écrevisse1 1x1s~s.l. employé au sens analogique de -projection*
dont certains représentants désignent un crochet, 116591et CRACHEUR. EUSE adj. et n. (1538) ainsi
des serres, des animaux qui serrent : le crustacé que k? nom d’UStenSik! CRACHOIR n. m. (1546).
aurait été nommé d’après ses pinces. -CRACHIN n. m. (K%O), mot dialectal de l’Ouest.
+ Comme nom de crustacé, crabe a supplanté can- probablement bien antérieur aux attestations
cer, d’ailleurs plutôt r&ervé à l’écrevisse, et aussi écrites, se dit d’une petite pluie serrée; on en a tire
chancre; carabe, représentant du nom latin du le verbe impersoMe1 CRACHINER (19081. -CRA-
crabe, s’étant spécialisé en entomologie. Par allu- CHIS n. m. (1929) se range derrière cmcher “proje-
sion au comportement des crabes entre eux, le mot ter+, désignant un groupe de petits points ajoutés à
entre dans la locution figurée panier de crabes. certaines parties d’une lithographie par éclabous-
Marcher en crabe s’emploie fréquemment pour sure.
-sur le côté, obliquement*. ~Comme chancre et Par su&ation, cracher a produit le diminutif CRA-
cancer. mais secondairement, crabe s’est spécialisé CHOTER v. tr. (1680; 1578, cracheter) dont sont tires
en pathologie ( 16061pour le chancre de la plante du CRACHOTEMENT mm. (1694) et CRACHO-
pied. oEn relation avec les locutions métapho- TANT, ANTE adj. (xf s.). ces deux derniers n’étant
riques, il désigne une personne âgée ridicule lun guère employés qu’avec la valeur de -bruit inter-
viewc crabe). rompu et désagréables. prise par le verbe crocho-
. En est dérivé CRABIER n. m. 116901,=anlmal se ter, et appliqués notamment aux parasites sonores
nourrissant de crahesm, nom d’un héron et d’un de la radio. -Un autre dérivé péjoratif CRA-
phoque des mers australes. CHOIJILLER v. tr. (19241, d’usage dialectal et fami-
lier, a produit CRACHOUILLIS n. m. (1954) qui ré-
CRAC inter-j. onomat. (14921.d’origine onomato- pond au béarnais crochoutis.
péique, doit être bien antérieur à son apparition RECRACHER v. tr. (xv’%) exprime régulièrement
dans un texte écrit. l’idée de -cracher à nouveau* et celle de ~cracher
ce qu’on a mis dans la bouche*.
4 Dans ce contexte écrit, le mot est d’abord attesté
à propos du ci-l d’un faucon malade (en 1690, Fun- 0 CRACK n. m. est emprunté 118541à l’anglais
tière répertorie le nom crac comme terme de fau- crack =Ce qui est digne déloge, exceptionnels,
connerie pour une maladie du faucon). Il a d’abord employé à propos d’un cheval (16371 puis
commencé à prendre ses valeurs modernes au d’un joueur. Lui-même est le déverbal de
xwe s., d’dmd comme interjection exprimant la to crack up *faire l’éloge de qqn, le vantep, to crack
soudaineté, la promptitude 115361. puis comme signifiant proprement #faire du bruit en cassant, en
nom désignant le bruit d’une chose qui se rompt craqua& l-+ craquerI, d’où spécialement au figure
(16111. et comme interjection imitant le bruit d’une =Seventer-.
chose qui craque. +Le mot a été introduit en français avec le vocabu-
laire du turf et s’est étendu (16661à une personne
qui nkissit particulièrement bien dans un domaine
sportif et autre (cf. os). Ce dernier sens est le plus
CRACHER v. intr. et tr., d’abord crochier courant mals tend à vieillir, alors que le mot est
Cv.11251.est issu d’un latin popuklre %uccore, dé- toujours vivant en turf
rivé d’un radical onomatopéique km.% qui est re-
présenté à la fois dans le domaine roman et dans le 0 CRACK n. m. est emprunté 119661à l’angle-
domaine germanique l+ crac, craquer). américain crack -coup de fouet, excitation, impul-
* Cracher, construit intransitivement Il 1781.signifie sion,, dérivé de l’adj. crack -fameux, extmordi-
crejeter des mucosités, de la salive par la bouches naire~ ou du verbe to crack =écmer, casse-.
et compte des emplois littéraires ou familiers ex- t Le mot, comme son étymon, désigne une drogue,
primant l’idée péjorative de *méprise- dans cm- dérivé fumable de la coc&e, très concentre et très
cher sur (cf. conspuer). Par analogie, il se dit d’une toxique Ohmer du crack).
chose qui émet des projections et, au ilgure. réalise
la valeur femilière de apayep 115361,notamment CRACKER n.m. est emprunté (entre 1812
dans cmcJrer au ba.ssm&, emploi métaphorique et 1846, selon Wartburgl au mot américain cmcker
CRIC 950 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

présent CRIBLANT a été adjectivé beaucoup plus employé pour <annoncer, clamer publiquement,
tard (1892). Cv. 11801, sens qui a eu une grande importance dans
L’ancien emploi argotique de cribler, au sens la vie politique et commerciale (v. 1268) et dont ter-
d’&oyer, nier- (17901, est probablement une alté- tains dérivés gardent trace k-dessous criée,
ration de crier* et il est responsable de CRIBLE- CrieUr...).
MENT n. m. (1821) #cri, aboiement, en argot ancien. b Le déverbal CRI n. m. k. 975. crizl correspond à
tous les emplois du vetie, s’appliquant aussi bien à
CRIC n. m. est emprunté (14471 au moyen haut la voix humaine qu’à celle d’un animal (v. 11201, no-
allemand hriec (XI? s.1 ‘enpin destiné à pointer et à tamment aux oiseaux dont le cri spécifique n’a pas
tourner les grosses machines de guerre ou soule- de nom ou porte on nom peu courant. 0 11 a dé-
ver des charges,. signé spécialement l’action du crieur public ( 1200)
4 Le mot a été introduit comme terme d’art ml& et l’annonce d’un marchand des halles bon” s.1, puis
taire Icric d’wbalètel ll y a peut-être eu ultérieure- de divers marchands Iles CI-& de Paris),valeur dont
ment on rapprochement avec l’onomatopée cric il ne reste guère que la locution figurée (du) der-
b cric-crac) censée représenter le bruit fait par le nier cri (18921 =à la mode la plus récentes. 0 L’an-
crochet du cric s’engageant dans les dents de la cien sens abstrait, -opinion publique, réprobation
crémaillère. De nos jours. le mot est un terme de générde~ Cv. 11701, est vieilli ou marqué comme lit-
mécanique, fréquent dans le contexte de la répara- téraire (le cri public étant évincé par l’opinion pu-
tion et de l’entretien des automobiles. blique). Le sens figuré de <mouvement de la
conscience- s’est lui aussi limité à on usage lltté-
CRIC-CRAC inter-j., n. m. inv. est une forma- mire, si l’on excepte le syntagme courant le cri du
tion onomatopéique (1520, selon Bloch et Wart-
bwg: ou 15521 dans laquelle cric peut être consi- z:rn. issu du participe passé féminin, CRIÉE
déré comme une variante par dissimilation de n. f. (v. 11651, a perdu la valeur générale &-en-
cm*. semble de cris>, mais reste usité au sens d’ear-
4 Cette onomatopée exprime le bruit sec d’une clef nonce publique de marchandises à vendre%
tournant dans la serrure d’où, par suite. tout mou- Cv. 14611, donnant son nom au local où cette vente
vement rapide et précis. On rencontre une va- s’effectue, et servant à désigner la vente aux en-
riante cric-croc, qui s’est employée en choquant les chères. -CRIEUR Dar” s.l. après avoir désigné celui
verres avec le sens d’& votre santé!n. qui faisait les annonces publiques Icrieurpublicl se
dit encore de celui qui annonce les prix dans les
CRICKET n. m. est emprunté (1728) à l’anglais ventes à la criée (depuis 1723); le mot, aussi au fé-
cricket (15981, nom d’un sport de plein air qui se minin CRIEUSE, désigne en général également
pratique sur terrain plat avec des battes en bols et une personne qui crie. - CRIERIE n. f. Iv. 11801. -&C-
des guichets hvicketd qu’il s’agit de renverser. Ce tien de crier sans cesse>, était aussi employé
jeu populaire a été codifk en 1774. L’origine du mot comme synonyme de criée, et CRIAGE n. m. Km
est obscure : il semble être apparenté au français xne s.) désignait l’office du crieur. -CRIARD. ARDE
criquet *bâton servant de but au jeu de boules* (at- adj., d’abord cri& (14951, est employé péjorative-
testé par Godekoy qui cite un texte de 14781, et ce ment à propos d’un cri, d’une voix désagréable et,
dernier au flamand kricklel =bâtonm. au 6gm-6, de ce qui choque l’oreille ou la vue par sa
4 Le mot a pénétré en français pour désigner le discordance. Eh ce sens, il a donné les expressions
sport britannique. Ce sport ne s’est jamais im- spécialisées dettes criardes =réclamées avec insi.-
planté en France; il est à l’origine du base-ball tance par les fournisseurs= (16901 et soie criarde
américain. (18311, en parlant d’un tissu qui crisse (toüe criwde
avait auparavant été abrégé en criarde n. f., dési-
CRIER v. est issu (v. 9801 d’un latin populaire “cti- gnant un jupon en toile gommée crissante). 0 Crier
tare,réduction du latin classique de même sens a produit le verbe dépréciatif CRIAILLER (1555) et
qutitare,*crier au secours, protester à grands ses dérivés CRIAILLERIE Il. f. (15801. CRIAILLEUR
cri+. L’étymologie proposée par Van-on selon la- n. m. et CRIAILLEMENT n. m. (1611). -Le parti-
quelle ce mot serait dérivé de quiris kxntout au plu- cipe présent CRIANT a lui aussi fourni un adjectif,
riel quirites) -citoyen*, mot d’origine obscure, et au- réalisant l’idée de =qui fait pousser les hauts cris*
rait d’abord signifié -convoquer les citoyens=, ne (16771 et, par extension, -choquant> (ti s.l.
semble inspirée que par la similitude formelle Le préfixé S‘ÉCRIER v. pron. (Xe s.) signifie ‘pou%
entre les deux mots. Quirttare repose en fait sur ser subitement de grands cris (de douleur, co-
une onomatopée, comme tend à le conk-mer le lère, etc.ln. puis surtout dire d’une voix émue et
sens de son doublet qutrrttare *crier. du sanplier. forte*. -DÉCRIER v. tr. (xnF s.1, a d’abord signifié
du verrat-, onomatopée qui semble être aussi à la -notifier par cri public la dépréciation ou la sup-
base du néerlandais krijten, de l’espagnol gritcir, et pression d’une monnaies et. par extension, *pu-
de l’italien gritare (avec maintien t
du à des lins ex- blier, cx-lep (apr. 13501, sens qui sort d’usage à
pressives). l’époque classique. Le verbe a pris son sens mo-
+Le mot est employé pour -db-e (qqch.1 d’une voix derne de ~discréditer= au xv” s. (av. 14751 en parlant
retentissantes. =Pousser des cris perçants=, en par- de qqn, et au ~VI~S. (av. 15381 en parlant d’une
lant d’un être humain (v. 10501, d’on animal chose. o Son dévedxxl DÉCRI n. m. (6n XVe s.), xac-
(v. 1121). et cfaire entendre une plainte, une protes- tion de décrler, de discréditez, est archàique ou
tations lfm xne s.l. o Dès le >ar” s., il est également littéraire. -Écrier a aussi produit SE RÉCRIER
DE LA LANGUE FRANÇAISE 937 CRAN
CRAMIQUE n. m. est emprunté 118311 au fla- w Les seuls dérivés directs de crampe sont les dé-
mand kmammik, lequel se rattache au moyen signations argotiques de l’érection, CRAMPETTE
néerlandais cmmiche, cremiche, d’origine dis nf. et CRAM~ÉE nf. (1936, Céline), ce dernier
cutée. Il n’est pas exclu que le mot néerlandais soit moins usuel.
lui-même emprunté à l’ancien français attesté sous CRAMPON nm. est issu (12681 du francique
la forme latine cremmicha (1218 à Nivelles) et par “krcmp (ci-dessus1 et peut-être d’un substantlfmas-
cramiche (1380 en Champagnel. Ce mot, composé culin Irampo, -crochet,, postulé d’après l’anglo-
de crème* et de miche’, désignait un poids, une saxon krmpo et l’ancien haut allemand krampfo.
mesure, un objet pris comme référence, sens snté- -Il désigne un crochet servant à attacher, sens où
rieur mals probablement issu par métonymie de il a éliminé crampe, et spécialement ce qui sert à
celui de ‘pain pesant un certain poids, (13801, “pain iïxer un fer à cheval (16111, un dispositif adapté à
blanc, 113891. une semelle de chaussure (1996; dès 1772 dans le
*Le mot. attesté pour la première fois en wallon, vocabulaire de l’alpinismel. Par analogie, il sert à
désigne un pain brioché aux raisins de Corinthe. désigner, en botanique, une racine sdventive de
consommé en Belgique. 11 est demeure usuel en hxation (18351. Son sens figuré et familier, -per-
français de Belgique. sonne importune et tenace, (18581, redouble celui
de crampe auquel il a survécu dans ce sens. - 11 a
CRAMOISI, IE adj. et n., d’abord cremosi produit CRAMPONNER v. tr. (14281, d’usage tech-
l12981 puis cramoisi (13151, est emprunté, probable- nique et figure, surtout à la forme pronominale
ment par l’intermédisire de l’espagnol comtesi ou se cramponner (1616-1620) -se tenir, s’accrocher
de l’italien chermisi, cremisi tdéb. >w” s., adj.), à avec force>, également employé depuis 1950 en al-
l’arabe qinnizi *de la couleur de la cochenille>, dé- pinisme, en construction intransitive. 0 En sont is-
rivé de qinniz ccochenille* l+ carmin; kermèsj. Le sus CRAMPONNEMENT n. m. (1873) et le terme
vocalisme moderne s’expliquerait par le passage, d’alpinisme CRAMPONNAGE n. m. lv. 19501 qui
frequent dès l’ancien frsnçais. de è ouvert à rival au correspond aussi au sens figure de crampon.
contact d’une labiale précédente (cf. ormoirel. La - CRAMPONNET n. m. (1611) est SpéCidiSé en ser-
forme cromoisin, relevée en moyen français, est rurerie pour la pièce de fer dans laquelle s’engage
due à une contamination par le sufhxe -in (du latin un verrou.
-ilZUSl. 0 “ca *G-R caAP.4uD.
4 Cramoisi, -rouge fonce+, est substantivé pour dé- CRAMPON + CRAMPE
signer un tissu de cette couleur, et plus générale-
ment (15471 la couleur rouge foncé (du teint conges- CRAN n. m., d’abord crens (v. i 1001, cren bcs” s.1
tionné, de la peau). L’usage ancien le rapportait puis cran ti xsr”s.1, est le déverbal de l’ancien
parfois à l’éclat, au sens de ~brillant, éclatants, plu- verbe technique créncr 1x1~s.j *entailler-, attesté
tôt qu’à la couleur (qui recouvre d’ailleurs des dans les dialectes lorrain, picard et conservé en
nuances de rouge, de brun et de violet) : Rabelais hnçais au sens spécial d’&ider la partie dune
parle ainsi de velours bleu cramoisi. L’adjectifi%l- lettre qui déborde le corps, 117541 en imprimerie.
sait alors le sens figure de magnifiques (l’étoffe Celui-ci est issu d’un verbe latin populaire “crinare
cramoisie étant symbole de pouvoir) et la locution représenté par différentes formes romanes du
adverbiale en crwnoisi signi6ait -de facon parfaite, nord de l’Italie et de l’Espagne et en Allemagne du
au plus haut point* ; ces valeurs et emplois ont dis- Sud; ce “crinare semble d’origine gauloise, comme
paru au xvie siècle. permet de le postuler l’ancien irlandais or-a-cti-
l CRAMOISIR v. lv. 1550, rare av. 18691, ‘devenir mm disparaître, se casser en tombant>; ll se rat-
ou rendre mamoi&, est employé dans le style litté- tacherait à un radical du type ‘z@ -briser, sépa-
raire ou par plaisanterie. rep. L’étymon latin crena. mal assuré, ne peut être
retenu.
CRAMPE n.f., d’abord cmnpe tv. 1~19) puis +Le mot, qui signihe. sentaille, encoche-, est sur
crampe cv. 1250). est issu du francique %rompo, tout d’usage technique et correspond à deus desti-
nom féminin reconstruit à partir du moyen néer- nations : arrêter, accrocher une chose (une arme.
landais crampe (aujourd’hui crmp) et du moyen une celnturej et marquer un repère 8zan de mire-l.
bas allemand kmmpe laujourd’hui allemand oPar alhrsion à l’entaille délimitant les dents
Krampfl de même sens. L’ancien emploi de crampe dune pièce dentelée (16721, il est entré, avec le sens
comme adjectii (dans goutte crampe; 1223. mains figuré de <degrés, dans les expressions baisser d’un
cmmpesj est lui-même issu du iianclque “kmmp cran (16721, monter d’un cran (16761. -D’après des
~courbé~, déduit de l’ancien haut allemand kmmph emplois où il exprime l’aptitude à un état de ten-
wecourbé~ et de l’ancien normis kmppr =étroit, sion (tel serrer d’un cronl. il a pris le sens figure et
g&leB. familier de ‘haut degré d’endurance, d’énergie,
+Le mot désigne une contraction musculaire et, (1909, avoir du cran)), dont le sens a évolué vers
par extension, toute douleur de type spasmodique. ~courage. audace,; l’expression êtn.? à cran (18891,
Ultérieurement, il a pris en argot le sens d’=érec- par une autre métaphore, correspond à &rité, prêt
tiom (1747. crampe d’amow; au >Or”s., tirer sa à se mettre en colère*, quelquefois avec la valeur
crampe). Par allleurs. il a eu le sens figuré et fam- de =haut degré d’énervement= on&tm qqn à cmnJ.
Lier de #personne ennuyeuse, importunez, sorti -Par analogie, ll désigne ce qui forme comme une
d’usage. entaille, notamment en géologie et en coiffure.
CRIQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CRIQUE n. f. fait partie des termes désignant nacée dans son ensemble. ~Cependant. crise
un accident de la conIlguration côtière, que le ii-an- continue d’être employé couramm ent, notamment
çais s’est appropriés par emprunt, le latin étant in au sens abstrait plus général de malaises krise des
digent en ce domaine 16. anse, baie, calan@& valeurs, de la civilisation). Parallèlement, l’accent
golfe). Il est originsire de Normandie, ce qui appuie est parfois mis sur l’idée d’enthousiasme subit, gé-
l’hypothèse d’un emprunt 113361à l’ancien nor- néralement passager [crise religieuse, crise d’ascé-
dique kiki =creux, cavité, anse, crique= auquel cor- t.iSW).
respondent l’islandais kiki, le norvégien hrikie t Le mot n’a pas de dérivés en dehors du diminutii
angles et le moyen anglais crike, crehe -anse, Cnw.EwE n. f. lv. 19461aux sens économique et so-
criquen (d’où creek en anglaisl. cial de crise, et qui a eu une vogue passagère.
$Le mot désigne un enfoncement du rivage en
forme de petite baie. CRISPER y. tr. est emprunté 115601au latin cris-
pare ‘rider (de l’eau), et &iser (de la chevelurel~,
CRIQUET n. m., d’abord criket (v. 11201,est issu dérivé de crispus -ondulé* l+ 0 et 0 crêpe).
de l’onomatopée krikk imitant le bruit strident fait
+Le verbe s’est progressivement détaché des sens
par le grillon (d’où l’onomatopée w-cri, 15591. de -onduler, (15601 et =contracter en ridant>
t Le mot désigne un insecte voisin de la sauterelle : (av. 16501,hérités du latin. Depuis 1798, il signiiïe
dans l’usage courant il se confond avec grillon, sau- concrètement <contracter (une partie du corps,
terelle, alors que dans la terminologie scientiique il mains, traits du visage)>. notamment en emploi
s’applique seulement aux Acridiens, tel le criquet pronominal. oPar transposition au plan psycho-
pèlerin, migrateur, vorace, de grande taille, appelé logique, il a pris (18531le sens deagacer, causer une
à tort sauterelle lnuoges de sauterelles, etc.). 0 Cti- vive impatience à qqm, après avoir été relevé en
queta reçu quelques sens analogiques pour la plu- 1819 au sens de <vexer, tourmenter+.
part sortis d’usage. Il a désigné Il6501 un petit che-
t Crisper a produit CRISPATION n. f. (17431 dont
val et 11828-18291un homme malingre, deux sens à
l’usage au sens concret relève surtout du langage
mettre en rapport, de fwon obscure, avec le no&-
médical 11743, spécialement; 1762, en général1 et
gien et le danois krtkke, krik =Cheval malingrem.
qui est usuel avec un sens psychologique (16351,
o Par extension de la notion de -maigreurs à celle
ainsi que l’adjectif CRISPANT, ANTE (1845).
de -faiblesses et de -nullités, il a désigné aussi un
L’antonyme DÉCRISPER y. tr. (1790. répandu au
mauvais petit vin (18631.
XY s. : attesté 19261est utilisé dans le domaine de la
CRISE n. f., d’abord noté crisim (>ov”s.1, est em- psychosociologie humaine et, au figure, dans le do-
prunté au latin impérial crisis kvxusatif crisin. d’où maine des rapports sociaux. -Le nom qui lui cor-
français ctiinl au sens de *phase décisive dune respond dans les deux sens, DÉCRISPATION n. f.
maledie~. Le mot latin est emprunté au grec krisis 119461,a connu une certaine fortune dans le lan
*décision. jugement>, dérivé de krimin -jugem gage politique.
l+ crible, critère), dans sa spécialisation médicale.
+ Crise est donc à l’origine un terme médical, qui
CRISSER v. intr. est d’abord attesté de manière 0)
incertaine par un composé soi regricier -se rebifTem
développera, par extension au domaine psycholo-
gique, le sens d’=accès avec manifestations vio- kmes.1, avant d’être lui-même employé sous les
lentes+ (av. 1685, crises de pa.sstons; 1825, crise de formes crichier 11288,en picardl, crikier, criquf?r et
eniln crisser 115491.Maigre sa date relativement
nerfs). Par transposition au domaine moral 116901.il
se dit d’un moment critique, en parlant dune in tardive, il est probablement issu du francique
“kriskjan postulé par le moyen néerlandais crkcen
bigue, d’un procès (être dans la ctie1. oDe là,
l’accent étant mis sur l’idée de trouble, de déséqui- *pousser un cri strident*, crijsscen @ncer des
libre profond 117621,il se spécialise dans deux x- dents>, et par le moyen bas allemand krischen, kris-
ken. “Krislzjan est lui-même un élargissement de
ceptions : une acception individuelle, à forte réso-
nance psychologique krise de I’adokscence~ et une “krisan qui, avec un sulIlxe roman, a donné l’ancien
acception collective, sociale et économique : en ce français crimer Ifïn >Ou’s.) .@ncen (+ grincer, grin
sens, on parle depuis le début du WC’s. de crise po- cher-l.
litique 118141,de crise financière 118231et de crise +Le verbe exprime l’idée d’un bruit aigu produit
commerciale (18371. Comme ces syntagmes, le par le frottement (d’objets durs et lisses1 ; son ar-
concept peut être daté du XIX~s. : en effet, les diiF- cien emploi au sens de -grincer des dentsm 115781a
cuités de l’Ancien Régime n’étaient pas interpi-& été concurrencé et absorbé par grincer.
tées en termes de crises, ce type de problèmes ai- w En sont dérivés CRISSANT. ANTE. adjectivation
gus et cycliques se développant surtout après 1850 du participe présent, et CRISSEMENT n. m. (15671.
dans le cadre d’une économie industrielle capita-
liste, notamment à partir de la crise de 1873.Le mé- CRISTAL, AUX n. m. est emprunté 110801au
canisme en est illustre dans son paroxysme par latin crystallos, crystallw =Cristal de roches et. par
celle de 1929, parfois désigné absolument par la métonymie, *objet en cristal~, adaptation du grec
crise. Depuis 1945, le vocabulaire économique tend krustdos, conservé en grec moderne, proprement
à parler de récession, terme correspondent au =morceau de glace=, d’où ~cristal de roches. Km-
remplacement du type de crise du système indus- dos est dérivé de krws &oid qui glaces. mot dont
triel par des paliers dans une combe d’expansion la racine se retrouve dans le latin crusta (+ croûte1
ralentie ou localement descendante, mais non me- et dans certains verbes germaniques.
CRACKING 936 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

-petit biscuit salé mince et cronstillant~ (17391, de PORTE-CRAYON n. m. I16091, ainsi que le verbe
to crack a-aquer, croustik~ (+ craquer). CRAYONNER v. tr. (15841 sdessinep et (18261 *faire
4 Le mot. emprunt occasionnel d’abord réservé à des traits de crayon, griiTonner SUI” parfois, dans le
des biscuits américains salés qui se mangent avec style littéraire, ‘ébaucher, décrire à grands traits=.
l’apéritif on le fromage, s’est employé par snobisme 0 Quelques dérivés snfllxés du verbe sont apparus
publicitaire sans entrer dans l’usage courant: an an xv&s.: CRAYONNAGE n. m. (1790) et
Canada. où le mot et la chose sont courants. on CRAYONNE~R n. m. (1743) =Personne qui dessine
tente de lui substituer cmquelut*, mot employé en grossièrement- (cf. barbouüleur).
français d’Europe pour des pâtisseries sucrées A la même époque, on a formé le terme scienti-
sans aucun rapport avec les crackers. fique CRÉTACÉ, ÉE adj. (17351 d’après le latin cm-
taceus ‘de la nature de la craies, dérivé de creta.
CRACKING n.m. -+ CRAQUAGE (sons cro- Celui-ci s’applique à la période géologique de la iïn
qwrl. du secondaire an conrs de laquelle se sont formés
les terrains à craie ; il est aussi substantivé; il a pro
CRACRA, CRADO, etc. + CRASSEUX (sons dnit le composé MÉSOCRÉTACÉ. ÉE adj. et n. m.
crassel.
tti s.) avec l’élément méso- (du grec mesos San mi-
CRAIE n. f. est issu, par les formes creide w s.1, lieu=).
puis croie (11751, crée tdéb. xi? s.1 et croie, du latin CRAINDRE Y. tr. est la réfection précoce en
creta désignant la craie et diverses argiles blanches crendre (10861, puis crowtclre (1530) d’après les
(précisées par un adjectifJ, également à l’origine de verbes en oindre, du plus ancien criembre (1050;
l’allemand Kreide. L’origine de creta est inconnue. ti xes. par son participe présent crémentl. Ce
+Craie, =roche calcaire tendre, porensen, donne verbe est issu du latin tremere -trembler- t- trem-
heu à des emplois comparatifs (exploitant la con- bler), et de là *trembler de peur-. *redouten, qui a
leur on la consistance) et à quelques emplois méto- dû être altéré en %wnere en latin de Gaule par
nymiques concernant le sol formé par cette roche, croisement avec un mot gaulois contenant le radi-
le matériau de construction qu’on en tire et le cal- cal “ait- IpostnIé par l’irlandais crtth drissond
caire blanc utilisé en peinture pour les esquisses Dans d’antres langues romanes, hemere a
~SOUS forme de bâton, dans les sanguines, dans conservé le sens de *trembler- (italien hemare),
croie rouge, 15381 ainsi que pour écrire, notamment tandis que l’idée de =craindreB est exprimée par un
dans le conteste de l’école, snr une ardoise on un représentant du latin timere : italien temere, espa-
tableau noir. Un ancien emploi figwé comme syrn gnol temer (+ timoré).
bole de la pureté est propre à l’ancien français, * Craindre, moins usuel que la locution avoir peur,
-L’argot et la langue populaire I’ntilisaient par
mais plus conrant que redouter, est d’abord em-
métonymie Ii% wPs.1, de même qu’ardoise, ployé absolument. puis aussi suivi de que et snb-
comme synonyme d’.addition~, an restaurant. jonctifavec ne discordantiel tv. 10501 on du snbjonc-
w CRAYEUX. EUSE adj., d’abord creouse tan fémi- tif seul t1120-1150) on enfin, dans un style plus
nin), qualifie ce qui est constitué de craie ou Il8231 soutenu, de de et I’inhitif Iv. 11751. Dans un
en a l’aspect. - CRAYÈRE n. f., d’abord croière contexte religieux, ll est investi d’une valeur sacrée
(13791 puis cmyère (14081, a désigné un lien où il y a proche de crespecter humblement- Iv. 1120).
de la craie et une cave à champagne creusée dans 0 D’antres emplois, an contraire, atfablissent son
la craie. sens en *être sensible à l’action de, ne pas snppor-
CRAYON n. m., d’abord creon (1528). dérivé le plus term (15801. Dès le xvre s., une locution du type nepas
usuel, procède de croie an sens métonymique de craindre sa peine *ne pas ménager sa peine,
*bâtonnet pour tracer, écrire*. L’ancien nar@s Cv. 15301 fait litote, de manière symétrique à ne pas
avait déjà le diminntifcmion (13091 ‘petite craiem et avoir peur de .aimer, acceptep. Cette fonction se
crayon est sans doute une spécialisation de sens de retrouve dans l’expression ça craint, de la langue
ce dernier, avec une évolution technique quant à sa parlée moderne, -c’est dangereux, pénible>, voire
nature (de la craie an graphite), mais en gardant =ridicule~ (d’où cmigms, ci-dessous).
-comme plume- sa valeur fonctionnelle. . CRAINTE n. f. est la réfection (12801 de crieme
0 Cmyon est aujourd’hui complètement démotivé Iv. 1120) et reprend les valeurs du verbe, &ayew
par rapport à croie et subit la concnrrence de noms et, en contexte rehgienx, -respect sacré= Iv. 11801.
d’instrnments toujonm plus nombreux, porte-mine, Ce mot entre dans la locution conjonctive de
morqneur, pointe Bic, etc. D’où l’apparition du syn crainte que (15791 et dans les locutions préposition-
tagme crayon àpapier, qui semble I-écent tv. 1980?1, nelles par crainte de, de crainte de. ~Comme
pour repréciser l’objet formé d’une mine enrobée craindre et l’adjectif récent (1967) CRAIGNOS du
.
clans un biltonnet. 0Le mot a développé le sens langage parlé knifilxe populaire -os, s prononcé), il
analogique de -bâtonnet de matière médicsmen- connait depuis peu une extension de vitalité
teuse* (18331. 0 Dès le xvie s. apparaissent les sens comme mot hyperbolique dans le langage des
métonymiques d’=esqnisse. dessin* (15541 et. abs- jeunes h’est la crainte, fat la craintel -Crainte a
traitement l1580). ‘style, manière d’une descrip- pour dérivé CRAINTIF,IVE adj. (13931, d’abord
tiow. Les valeurs classiques de =description orale crointis (13721, qui s’applique conramment ans per-
de personnes on de choses, Il6151 et *ébauche. pro- sonnes, aux animaux. an carsctère, etc., d’où
jet d’une o?nvre~ (1615) sont aujourd’hui vieillies, CRAINTIVEMENT adv. Ix? s.l.
-De crayon sont issus deux noms composés d’in.+-
tI-LMentS: TAILLE-CRAYON n.m. (1838) et CRAMER + CRRMATION
CRITIQUE 954 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pandu qu’au xw? s. (17621 dans l’usage courant a” jedl CRITIQUEMENT adv. (1863) et les préfixés
sens de =qui décide du sort de qqn ou de qqch., ACRITIQUE adj. (18431, *qui n’a pas été analysé de
amène un changementm. 0 Il a été repris spéciale- fqon critiques, et AUTOCRITIQUE n.f. (1866,
ment en physique (18681 en parlant d’un seuil au- auto-critique). Ce dernier, d’abord utilisé en psy-
delà duquel se produit un changement, puis en chologie et en psychiatrie, a été repris vers 1930
physique nucléaire, dans masse critique. dans le langage politique (Maurice Thorez) pour
b Le dénominatif CRITIQUER y. intr. (15461, =arr- traduire le rwse de même sens et de même forma-
ver à sa phase 6nale~ en parlant d’une maladie, tion samokritia (+ samizdat) 0 Son dérivé S’AU-
n’est plus guère enregistré après 1611, éliminé par TOCRITIQUER y. pron. (V. 1950) est d’usage fami-
son homonyme dérivé de 0 ctitique. - CRITICITÉ lier. -HYPERCRITIQUE adj. est de loin le préfixé
n. f. est un terme didactique récent (v. 19651se réfé- le plus ancien: il est attesté depuis 1638 comme
rant à l’état d’un milieu ou d’un système critique nom masculin et depuis 1789 comme adjectif
(spécialement en physique nucléaire).
CROASSER Y., graphie moderne de croescer
0 CRITIQUE n. et adj. est emprunté (1580) au (xv” s.), croacer (15671et crouasser (av. 15731,est dé-
latin critius, seulement attesté - sans doute par le rivé de l’onomatopée km- exprimant le cri du cor-
fait du hasard- comme substantif masculin. Le beau (noté en français croa-croal. Le latin crocire, le
mot est lui-même un emprunt au grec krttikos grec krôzein, le slave krahah de même sens re-
-apte à juger=, spécialement *qui juge les ouvrages posent sur le même type d’onomatopée.
de l’esprits, repris avec une spécialisation médicale 4 Le verbe concerne le cri du corbeau et de la cor-
par un doublet antérieur 0 critique*, et dérivé de neille et, par extension, d’autres oiseaux; une
krimin -juger-n (-crise, critère). confusion le fait parfois employer en parlant de la
+ En fkmçais, l’acte mental que désigne le mot est à grenouille (par exemple chez La Fontaine) au lieu
l’origine d’essence esthétique, et non morale, de coasser. Par analogie, il s’applique à ce qui pro-
comme celui de la censure. Le mot apparaît duit des sons discordants, instrument ou voix hu-
comme nom féminin (la critique) à propos de l’art maine (alors avec une connotation péjorative de
de juger les ouvrages de l’esprit et, par métonymie, <bavardage malveillantn, liée à la représentation
du jugement porté sur ces ceuvres. o Il connait une négative du corbeau).
grande expansion à l’époque classique, étendu,
w ll a pour dérivés CROASSEMENT I-I. m. (15491.
surtout au mascuIin. à la personne qui pratique
CROASSEUR.EUSE adj. et n. (1611) et, tiré du
l’art de juger des ouvrages littéraires (16741 et de
juger en général (16351.0 Il est adjedivé, qualifiant participe présent, l’adjectif CROASSANT. ANTE
(1836).
ce qui est apte à porter un jugement intellectuel
(1667, esprit critiqud. ce qui examine la valeur lo-
gique d’une assertion, l’authenticité d’un texte Udi-
+ 0 CROC n. m. est issu (v. 11201d’un francique
“krok ecrochetn, correspondant à l’ancien norrois
tin critique). Parallèlement, nom et adjectif déve-
ktikr (suédois krok, danois krogl Le mot francique
loppent leur valeur péjorative courante de
a passé deux fois en roman pendant la longue pé-
‘(attitude) qui trouve à redire à toutm Gin XVII~s.1,la-
quelle tend à s’assimiler plus d’un des sens didac- riode de bilinguisme des temps mérovingiens; la
tiques du mot. -Le nom féminin se spécialise en première romanisation s’est produite assez tôt
pour faire supprimer lek; il en est resté EN-
philosophie pour désigner (d’après l’allemand) la
partie de la philosophie qui traite le problème, de- CROUÉ, É adj. (13761,terme de sylviculture dérivé
venu classique depuis la Critique & la raison pure de l’ancien français encrouer *fixer, attacher à.
(1781) de Kant. de la valeur de la connaissance et, (v. 11551.employé à propos d’un tire qui s’est em-
en particulier, de la valeur de la raison. -Un sens barrassé en tombant dans les branches d’un autre
métonymique du nom féminin, pour <ensemble des arbre. Dans un contexte technique, la romanisation
personnes qui font métier de juger des ceuvres a eu lieu plus tard, ce qui explique la conservation
d’arts, est attesté depuis 1810 (Chateaubriand). duc tial dans le latin médiéval croccw Ws.1
comme en roman, puis en français.
w Le dénominatlfCRITIQUER v. tr. (1611) a éliminé
l’ancien critiquer dérivé de l’adjectif 0 critique* + Le mot désigne on fer recotié et pointu pour at-
d’usage médical. Apparu au sens de =Porter un ju- traper ou retenir qqch. ~croc de boucherie) et une
gementa, il a repris les différents sens réalisés par perche terminée par un tel crochet, spécialement
le nom. dont celui d’sanalyser les ouvrages litté- dans des domaines techniques (marine, agri-
raires, (1674). Avec une valeur négative présente culture, architecture). Le sens analogique de *dent
avant le XVII~s. sanalyser les défauts de*, il a produit pointue (de certains animaux)= (av. 16731est usuel
les familiers CRITIQUEUREUSE n. (1589; rare dans la locution montrer les crocs en parlant d’un
aV&Int le XIY S.I. CRITICAILLER y. tr. (av. 1908), pé- chien et, au figuré, d’une personne menaçante.
joratifetméprisant, et le terme plus neutre CRITI- oUne locution figurée d’origine argotique, avoir
QUABLE a@. (17871. -Au tis.. est apparu le les crocs, si@ïe *avoir faims : croc s’y substitue à
terme didactique CRITICITÉ n. f. (1827) qui a pris dent. o Une autre analogie de forme sous-tend le
son sens philosophique (18381 pour traduire l’alle- sens de <moustache recodée de chaque côté de
mand Krttizimms, défini par Kant comme l’exa- la bouche2 (moustaches en croc, elliptiquement
men critique des fondements rationnels de la crocs, XviY s.).
connatssance. On en a tiré CRITICISTE edj. (1838). t Le dérivé CROCHU, UE adj. tv. 11601, CeCOUrbé
a Toujours au XIY s.. sont apparus le dérivé de l’ad- en forme de croc, de crochet>. a supplanté l’ancien
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRAQUER
pouill&. et leurs dérivés en -ew n. m. (19151et en CRAQUELINE n. f. désigne un bonbon enrobé de
-a@ (19191,série formée dans l’argot des poilus et chocolat craquant (marque déposée par le confi-
qui ne s’est pas maintenue après 1918. seur Lalande à Nancy en 19361.
L~~~~~~cRAPAHuTERv.~~~~., apparodansl’ar-
got militaire au sens de -progresser par sauts et CRAQUER v. intr. est dérivé (1544) de l’onoma-
reptations en terrain difficile, (1939, Saint-Cyr), se topée cm& représentée également dans des
rattache à crapaud déformé par jeu en CRAPA- formes vert>ales de langues germaniques Me-
HUT (avec diérèse) &apèZe~ (18981 et (19391 mand krachen, anglais tocrack). Le mot latin de
marche en terrain di&ileB. Ce procédé de forma- même sens crepare a donné crever* avec une autre
tion a été actif dans l’argot des grandes écoles (trou spécialisation, et, sous sa forme Mquentative, cré-
prononcé troü, etc.). piter*.
CRAPOUILLOT + CRAPAUD t Le verbe, apparu en parlant du bruit que fait l’oi-
seau avec son bec, exprime plus généralement
CRAPULE n. f. est emprunté (v. 1360) au latin l’émission d’un brait sec (1546). À partir de la
crapula -excès de vins. peut-être emprunté au grec construction factitive faire craquer, on passe à la
kraipdê *abus de boisson- et -mal de tête qui en ré- construction transitive avec la valeur de *faire se
sulte*. Ce terme, qui subsiste en grec moderne, est rompre avec un bruits (19081,plus rarement -frotter
un mot populaire d’origine obscure : il se peut que
avec un bruits dans craquer une allumette (19081.
le latin et le grec soient des emprunts indépen-
0 Par extension, le mot signifie -se défaire, se bri-
dants à une langue non indoeuropéenne et dé-
seP (1662) sans impliquer nécessairement l’idée
signent originellement la résine que l’on met dans
d’un bruit sec: il est employé par hyperbole dans
le vin. L’hypothèse qui rattache kraipdd à kara,
l’expression usuelle plein à craquer *bond&. o En
km *tête* (+ chère) - la boisson entraînant des
emploi figuré (1718). il exprime l’idée d’être
maux de tête - ne semble pas fondée.
ébranlé, menacer ruine, en particolier en réfé-
t Le mot est passé du sens d’=ivrognerien à celui, rence à une réalité socio-économique, d’après I’an-
plu général, de -débauche habituelle et excessive> glais to crack, attesté depuis le XVII~s. en ce sens.
(17541et, de là par métonymie, s’est appliqué fam- -Craquer s’applique à une personne qui défaille
lièrement à ceux qui vivent dans cette débauche nerveusement, moralement (1847) et parfois, dans
(1798). 0 Ces valeurs ont disparu; le passage au l’usage familier contemporain (v. 19701. qui cède
sens moderne d’individu malhonnête, (1866; peut- brusquement à on désir, à un besoin. -Le sens
être 18501s’est fait par glissement du collectif à l’in- technique de ~raffjner un produit pétrolier (1931)
dividuel, l’accent étant mis sur la bassesse morale. est emprunté à l’anglais to crack (18681.0 Son dé-
Le mot, comme plusieurs noms du même type
rivé craquage (ci-dessous) peut remplacer l’angh-
(cf. bandit, coquin, fripouille, etc.), est employé par cisme cracking.
antiphrase affective, par exemple à propos d’un en-
fant turbulent. t Dès le xwe s., croquer a produit CRAQUEMENT
kCRAPULELJX.EUSE adj., peut-être formé (14951 n.m. (1553), spéckdisé pour <bruit sec de ce qui
d’après le bas latin crapulosus, a été employé crsxl~e~, le diminutif CRAQUETER v.intr. (15381,
comme nom pour la personne qui se complaît à employé notamment en parlant du cri de certains
boire et à manger avec excès. L’emploi adjectif oiseaux (grue, cigogne) tout comme croquer, avec
(1578, vie crapuleuse1 a suivi l’évolution de crapule, ses dérivés CRAQUETTEMENT n.m. (1566) et
prenant au XIY s. la valeur moderne d’sempreint CRAQUETANT.ANTE adj. (!&S.). -CRAQfTRE
de bassesse morale, de malhonnêteté sordides n.f. (18831 est rare. -CRAQUERIE n.f. (16941, et
(crime crapuleux, opposé par exemple à passion- CRAQUE n. f. (1602), qui expriment familièrement
nel). -CRAPULEUSEMENT xiv. (1782) en estdé- une idée de mensonge, de hâbletie. sont probable-
rivé.-~~~~~~~~v,intr-.(1519),passé delïdéede ment dérivés d’un ancien sens de craquer smentir=
*boire à l’excès, à wivre dans la débauche, (17711, (17181, par alluion au bruit que font certains oi-
est tombé dans l’oubli. -CRAPULERIE n. f. (18541. seaux (6. le même développement sémantique
apparu ultérieurement avec son sens moderne, dans l’anglais to crack -crack). Cette valeur a
s’est maintenu. -En ajoutant à crapule le sutfue vieilli et seul craque est encore en usage, encore
-os, repris à certains noms de cigares espagnols fci- que désuet. o Elle a aussi produit le nom d’agent
gWihS~, on a formé CRAPULOS n.m. (16731, CRAQUEUR.EUSE (1720).-Jhsensde craquer
terme ironique de la fin du XJX~s. désignant un ci- <céderbrusquement àondésir.vient~~~~~~~~.
gare bon marché. ANTE adj. (19661.synonyme intensif de &r&istible
(par son charme)*.
CRAQUELIN n.m. est emprunté (12651 au Avec un autre sufilxe, craquer a produit la série
moyen néerlandais cmkelinc (néerlandais cmke- CRAQUELER v. tr. (1761, au participe psssé: at-
Zingl de même sens, dérivé de cmken ‘craquer- testé tardivement à l'actif, 1663). CRAQUELURE
(+ craquer) en raison du bruit sec que fait le gâteau n.f. (18571, CRAQUELAGE n.m. (1863) et CRA-
SOUSla dent (6. cracher en anglais, croquant en QUELLEMENT n.m. (16621; elle estàrapprocher
françaisl. de l’anglais to crackle, antérieur à son attestation,
t Ce nom de gâteau sec est originaire du nord de la tardive, en 1867 en parlant de la glaçure d’une por-
France (d’abord attesté à Douai). celaine.
@Le nom de métier CRAQUELINIER n.m. CRAQUAGE n.m.(1921) aétéformé d'après l'an-
(av.1902) demeure technique. -Le dérivé féminin glais cracking, gérondif substantivé lui-même
CROC 956 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

=rendre crochu= (15391.L’usage moderne date du pertinence, s’agissant d’un emploi certainement
XVII’ s. tant avec un sens itératif -accrocher de nou- ancien dans l’usage oral.
veau> (16751,qu’avec le sens abstrait de ~ressaisir,
rattrapew, d’abmd -regagner un avantage perdu= CROCHE + CROC
(1662). Le sens d-arrêter (qqn) pour le retenir>
(1798) pourrait procéder de l’emploi pronominal CROCODILE n. m. est emprunté Iv. 11311au
pour ase cramponner= (1765) d’où vient an figure latin cmco&us dont on possède des attestations
celui de =Prendre comme suprême point d’appui> sous les formes altérées cocodrillus, (d’où l’espa-
(1835). o Une spécialisation du sens concret pour gnol cocodnW corcodülw crocodrillns. Le mot la-
-terminer une communication téléphoniques (1894, tin est emprunté, par voie orale et populaire, au
Almanach Hachette1 vient du fait que l’on reposait grec kmkodih qui désigne des lézards de toutes
l’écouteur sur un crochet qui, en s’abaissant, inter- tailles. On peut suivre l’étymologie proposée par
rompait la ligne. De pendre à un crochet km vête- Hérodote selon laquelle krokodüos était le nom
ment, un amessoin+, on est passé à l’idée d’aaban- donné par les Ioniens aux lézards qui se trouvaient
donner=, par exemple dans raccrocher les gants dans les clôtures de pierre, et qui fut appliqué par
=S’arrêter de boxep; de là probablement l’emploi analogie aux crocodiles d’Egypte. Il serait alors
absolu de raccrocher pour *abandonner une acti- composé de krokê *galet+ et de drilos -verz (avec
vité=. -La dérivation est assez riche. RACCROC dissimilation du second rl et signifierait propre-
n. m. (1374l, déverbal a vu son sens de #renouvelle- ment ‘ver de galet+. Kmkê a été rapproché du sans
ment d’une fête, d’un repas de noce>. propre au krit S6rkar& =galet, gravier-: drilos, peu attesté
moyen français et connu encore I-égionalement, cé- seul, sinon au sens de ‘verge= dans un épigramme,
der la place à l’idée de woup heureux~ (1798l, spé- est d’origine inconnue. 0 La forme moderne croco-
cialement au billard. ~RACCROCHEUR, EUSE n. dile lv. 15381,précédée par crocodelk (1517). a sup-
et a@. (17721,$wsonne qui raccroche ou se rsc planté assez tard l’ancienne forme coco&&,
croches, est lui-même spécialisé au billard WW.~. usuelle jusqu’au xwe s., conservée parfois dans la
RACCROCHAGE n.m. (1845) et RACCROCHE- langue populaire.
MENT n. m. (1931) se répartissent des emplois du +Le mot, nom d’un reptile de grande taille vivant
verbe. dans l’eau et sur terre, a fourni I’expression .krmes
DÉCROCHER v. tr.. d’abord descmchier (v. ~ZOO), de mwodile =larmes feintes* (15621, par allusion à
exprime l’idée de -détacher (ce qui est accrochél~ une légende connue dès le moyen âge, selon la-
et, intransitivement, de =se détacher et tomber+ quelle le crocodile pleurait après avoir dévore un
~III’ s.l. Au XIY a. le verbe a développé deux sens fi- être humain Dans l’usage courant, il désigne tous
gures divergents : ‘obtenir après un effort* (18691, les crocodiliens, alligator, cahnan, etc.; en zoologie,
cohérent avec la locution figurée décmcberla tim- il en est distingué. o Il est employé par métaphore
bale (1879l, et -abandonner, laisser tomber- en parlant d’une personne cruelle et coriace et dé-
(av. 16691.Tous deux sont d’usage familier, le se- signe spécialement, dans le jargon sportif un spor-
cond étant aussi employé techniquement dans un tif ayant de remarquables qualités de ténacité, ca-
contexte militaire et, avec un nom de chose pour pable de gêner en 6n d’épreuve les concurrents les
sujet, en aéronautique et en électricité, avec l’idée plus brillants. o Par métonymie, il désigne t 1897)la
dune rupture de fonctionnement. -Le verbe a plu- peau de crocodile traitée, utilisée en peausserie,
Sieurs dérivés. DÉCROCHEMENT n. m. (16351, *a~- sens où il est ibmilièrement abrégé en CROCO
tion de décrocher+, est très vivant au sens métony- lti s. : attesté 19331.0 Par analogie de forme, cm-
mique de -position de ce qui est décroché, comme codüe sert à désigner la pièce horizontale que l’on
détachém, en architecture (18841,en marine et dans place sur la voie ferrée pour actionner un signal au
I’eXplOitatiOn mini&e. -DÉCROCHAGE n. m., ap- passage d’une locomotive (1881).
paru en SXhitechWe (1872l, empiète sur certains t La dérivation consiste en quelques termes de
emplois du précédent, mais correspond, avec la va- classihcation zoologique : CROCODILIENS n. m.
leur plus active du suffixe -age, aux emplois figures pl. (1617: 1575, comme a&), CROCODILIDÉS et
(18841 et techniques du verbe. -DÉCRO- CROCODILINÉS n. m. pl. -L’adjectif rare CRO-
CHEUR. EUSE n. (18731est appliqué à la personne CODILESQUE (1886) qntie au figuré un être à la
qui décroche (au propre et au figuré1 spécialement. conduite digne d’un crocodile (soit, au Wps., un
en technique de l’alpinisme, à un appareil utilisé usurierl.
pour les descentes en rappel. -Le composé DÉ-
CROCHEZ-MOI-ÇA n. m. inv., ancien terme popu- CROCUS n. ni. est emprunté (1372) an latin cm-
laire, a désigné un klpier (16421 puis, par métony- tus +xfmm~. emprunté au grec de même sens km-
mie, un Vêtement d’occasion (1847, un chapeau kos qui a produit plusieurs dérivés exprimant une
pourfemme; 1877,tout vêtement) et laboutique du notion de ccouleur jaunen. Ce mot est à rapprocher
fripier. des noms sémitiques du sah-an: l’akkadien kur-
0 voir ANIcaocHE. ESCFIOC. aEcRoclmvnLEa , peut-être kanû, l’hébmu karkbn, le sanskrit kwikuma
Ca0Q”AN-r. CROQUET. (+ curcumal.
4 Crocus. en français, désigne une fleur dont une
Q CROC interj. représente l’onomatopée expri- des espèces est le saiian.
mant le bruit que font certaines choses dures
quand on les brise sous la dent l+ crac, cric, cro CROIRE y. intr. et tr., d’abord credre (v. 980). de- 0)
querl. Son attestation écrite (16941est sans grande venu creire (1080) puis croire Iv. 10501,est issu du la-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRÉCERELLE
adjectif et depuis 1660 comme nom, sons la forme (notamment le participe présent créant) on bien du
crobafe, supplantée depuis par la forme parallèle latin tardif credentia b crédence).
croate. Cravate est une adaptation, soit du slave +Le mot, qui s’employait à propos de la foi reh-
hrvat, soit de l’allemand dialectal krawat,tandis giense et (11601 de la coniknce accordée à qqn, a
que croate 116481 est emprunté à l’allemand kroate. été supplanté à la fois par croyance (au xv? s.) et
+Le mot a été introduit dans un conteste mllltaire par confiance. ll se maintient en vénerie en parlant
pour désigner un soldat kroate à l’originel de la ca de la confiance que l’on accorde à un chien de
valerie légère, les cavaliers croates ayant constitué chasse (1573j, dit lui-même créancé (ci-dessous).
un régiment de mercenaires dès le règne de 0 Il est surtout vivant dans le syntagme Mtre de
Louis XIIl (d’où, sous Louis XIV, le Royal-Cravate, créance En xnr” s.1 =lettre accréditant celui qui la
1666). 0 Par deux extensions différentes, il a servi à E?met>. à propos d’un diplomate puis (16111 dans
désigner un cheval robuste du type qu’utilisaient un conteste commercial; le mot s’est en effet main
ces cavaliers (16781 et, d’autre part, a reçu vers 1650 tenu comme terme de droit et de hnance, dési-
le sens, devenu usuel, de -bande d’étoffe portée an- gnant l’argent prêté à qqn 1~. 1175; puis 16111, le
tour du con- (telle que les cavaliers croates en por- droit que l’on possède d’exiger le paiement d’une
taient). Mais cet objet de parure mascnllne a beau- dette. ~Par extension, il s’applique an fignré an
coup évolué. La cravate a remplacé le rabat vers sentiment de reconnaissance attendu de qqn à qui
1670; on la tournait deux fois autour du con et on en l’on a rendu service.
laissait pendre les extrémités ornées de dentelles.
. CREANCIER, IERE n. et adj. (v. 11701, qui signiiïe
Apres la bataille de Stelnkerque (16921 où les offi-
proprement =Celui à qui l’on doit de l’argents, est
ciers du maréchal de Luxembourg, dit-on, n’eurent
employé an figuré (17911 et quelquefois adjective-
pas le temps de nouer leur cravate, la mode fut de
ment (1920-1921, Barrèsl. oLe verbe CRÉANCER
la porter =à la Steinkerqne,. La cravate devint plus
Y. tr. (XIII” s.1, =donner en gage*, est sorti de l’usage,
discrète an XVIII~ s. et au-delà, prenant vers 1907 sa
se maintenant seulement. surtout par son participe
forme actuelle. après l’intermède révolutionnaire
CRÉANCE ÉE (18101 envénerie, pour -développer
qui mit à la mode les cravates volumineuses, et à
et coniïrmer les meilleures qualités d’un chien>.
côté de variantes aujourd’hui archaïques, comme
0 voir CRÉDENCE.
la cravate Lavallière. On dit parfois cravatepapillon
pour ruead papillon*. -Plusieurs emplois argo-
tiques et thmiliem réalisent l’idée de =Pièce on
CRÉCELLE n. f., d’abord cresselk (av. 13501. est @)
main autour du COU~: le mot 11877) désigne un coup
d’origine obscure : un étymon latin tardif “crepi-
en lutte par lequel on essaie de faire subir une tor-
cella, dérivé de crepitacülum,de crepitacuhm scré-
celle, sistre, lui-même dérivé de crepitare lG+ crépi-
sion an menton de son adversaire. -Par métony-
ter). fait diiknlté d’un point de we morphologique.
mie, cravate entre dans la dénomination d’oiseaux
L’hypothèse d’une dérivation d’un radical onoma-
remarquables par le plumage colore de leur con
(cf. col, coul.
topéique “krek- n’est pas à exclnre.
t Le dérivé CRAVATER y. tr. (18231, -mettre une + À l’origine, la crécelle, moulinet de bois qui pro-
cravate à qqm. a lui aussi reçu divers sens analo- duit un crépitement, est on objet religieux : les Ro-
giques, spécialisés (sport, 18771. argotiques on fami- mains en donnaient ans enfants à des fms conjnra-
liers (*attaquer Iqqnlm, &-omper, abuser lqqnl-. ~“0. toires (symbolisme commnn aux jouets produisant
ler-1. -Le nom du fabricant de cravates, du bruit, tels les crepundia et les crotcda)et la litnr
CRAVATIER n. m. attesté depuis 1866, est rare. gie catholique en utilise pour remplacer les cloches
pendant les trois derniers jours de la semaine
CRAWL nm. est emprunté 11905) à l’anglais sainte. Lïnstrnment était aussi l’attribut imdition-
crawl, primitivement crawl-stroke Wm), propre ne1 des lépreux et des forains, avant de se voir ba-
ment =mouvement par reptation,. Crawl repré- nslisé en jouet d’enfant. L’expansion s’est faite vers
sente le verbe to crawl xrampep 1~. 13001, mot rare l’idée de -brnlt désagréables, dans des locutions
en moyen anglais et apparemment limité an nord comme voix de crécege et des emplois figurés à
de l’Angleterre, d’origine nordique. Une comparai- propos d’une personne bavarde et criarde
son s’impose avec le danois et le norvégien kravle (av. 18661 et, en argot militaire, de la mitrailleuse
de même sens, le suédois krafla -avancer à tâtons, (av. 19191.
ramper-. 0 voir CRÉCERELLE.

+ C’est un jeune nageur du nom de Cavill qui rap-


porta d’Anstralie la nage elle-même, d’origine po-
CRÉCERELLE n. f., d’abord cresserele,crece-
relk puis crécerelle(15601, est, à côté de la variante
lynésienne, et la créa pour la compétition, avec le
nom anglais.
crestewelle (v. 1223). dérivé de crécelle* par élan-
gissement de snflïxe, le cri de l’oiseau rappelant le
t Le francais a tir+ CRAWLER y. intr. 119311 et, a bruit de la crécelle. On relève en moyen français
partir de celui-ci. CRAWLEUR, EUSE n. (19311 qui des interférences entre les sens des deux mots :
correspond à l’anglais crawler (191~.dans ce sens). crécerek an sens de -xécelle~ en 1560 et crécelle
au sens de *crécerelle* à la fin du >ov” siècle.
CRAYON + CRAIE
+Le mot désigne un petit rapace dinrne.
CRÉANCE n. f. est dérivé (v. 10501 du radical . CRECERELLETTE n. f.118381, diminutif de créce-
cre- des anciennes formes dites #fortes% de croire relu désigne un petit rapace qui se distingue de la
CROISIZR 958 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

grande polysémie t+ croix1 pour ne pas nécessiter à rapprocher de l’arménien serem =j’engendre~,
la formation d’on terme spécifique. L’idée même sermn -semences, du lituanien Seri& S&i =nonrrirm
de croisade, c’est-à-dire d’une expédition militaire et du grec ehoreso *j’ai rassasiés. Le verbe transitif
organisée par l’Église pour la délivrance de la correspondant est creare t+ créer).
Terre sainte, est ancienne : dès le o<es., des pres- + Croître, appliqué à des êtres organisés, an sens de
criptions ecclésiastiques sanctifient le combat +~amlir progressivement jusqu’à son terme>, a dé-
contre les intïdèles pour la défense des chrétiens cliné sous la concurrence de pousser et de grandir,
opprimés. Cette idée se précise au XI~ s., notam plus courants (sinon en locutions: ne faire que
ment sous le pontificat d’Urbain11 qui prêche la croître et embeh!ir% Il s’est mieux maintenu appli-
première expédition à Clermont, en 1095. Huit ex- qué à une chose qui devient plus grande, plus in
péditions de ce type se succédèrent entre 1096 et tense, plus nombreuse, dans l’expression biblique
1291, les deux dernières étant dirigées par %int croissez et multipüez-vous, à un groupe humain.
Louis. Du côté mosolman, l’occupation d’une des L’usage transitii du verbe, anciennement toléré, a
villes saintes de l’islam alimenta le développement disparu an profit d’accroître*.
de la doctrine de la guerre sainte kz-jW. Par c Le déverbal CROIT n. m., d’abord croti tv. 1160-
analogie, le mot croisade désigne une expédition 1174), a vu au xvf s. son sens général, wxroisse-
militaire organisée par les chrétiens contre les hé- ment de biens>, se restreindre dans le domaine lu-
rétiques fkx croisade contre les Albigeois1 et -par- ridiqne agricole à l’accroissement d’un troupeau
fois ironiquement - une lutte armée sous-tendue par les naissances annuelles (13851. -Le nom d’ac
par on conflit idéologique religieux. Par extension, tion de sens général est CROISSANCE n.f.
il est employé an figuré (17781 en parlant d’une (v. 11901, issu du radical du participe présent crois-
campagne visant à soulever l’opinion en vue d’on sant I- croissant1 par imitation du latin crescentio
résultat d’intérêt commun (6. campagne). #accroissement>, très rarement attesté. Le mot a
suivi l’évolution du verbe, appliqué à des êtres vi-
CROISER, CROISIERE + CROIX vants (emploi où il reste usuel1 et, par extension, à
tout accroissement progressif fcroissance écono-
CROISSANT n. m. (v. 11801s’est, par ses sens
OUipLd.
modernes, détaché de croître* dont il est le parti-
Le participe passé de croître, crû est à l’origine d’on
cipe présent substantivé.
nom mascnlin et d’on nom féminin. -CRU n. m.
+ À l’origine, le mot désigne le temps qui s’écoule (1307, creul est apparu avec son sens de ‘terroir, en
entre la nouvelle lime et la pleine lime (par opposi- parlant de la vigne, du vin (vin de grand cru).
tion à décroissant, n. ml, sens aujourd’hui disparu. L’usage ancien l’employait plus largement à pro-
Dès le XI?~. (12231. il désigne l’aspect que prend la pos de ce qui croît dans une région et, par métony-
partie visible de la Lune, an début et à la iïn de son mie, de la terre elle-même. En ce sens, il a produit
développement, substituant l’idée d’on aspect for- la locution de son cm (15731. proprement -de sa
mel déiïni à celle d’on processus en cours. A partir production, de son jardim, restée usuelle au sens
de là, il a développé quelques sens analogiques figuré : *de son invention personnelle.. -Le fémi-
(v. 12601. désignant en particulier l’emblème de nin CRUE ~III” s., creuel est apparu avec son sens
l’Empire turc (16741 et de la religion musulmane Ile aujourd’hui courant, <élévation du niveau d’un
Croissant rouge correspondant à la Croix-Rouge cours d’eau>. Les sens ultérieurs, <enchères* 113251,
des pays chrétiensl. -Son usage en pâtisserie est wcroissance de qqn on de qqch.p (16511 sont sortis
récent (attesté 18631: croissant traduit alors l’aile- d’usage même si, dans le langage juridique, on dé-
mand Homchen, de Horn =Cornes (du groupe in signe encore parfois par crue la somme en sus de la
doeuropéen de corne*), nom donné à des pâtisse- prisée que payait on acheteur lors d’une vente aux
ries faites à Vienne après la victoire sor les Turcs enchères (14401.
en 1663. D’abord pâtisserie viennoise, le croissant Par préfixation, croître a produit DECROITRE
est devenu rapidement typique du petit déjeuner v. intr. (v. 1119, transitiiJ. aujourd’hui intransitif an
français. -Par analogie, le mot désigne aussi on sens de diminuer progressivement=, dont est tire
objet on on espace qui, par sa forme, rappelle le DECROIT n. m. (11741, d’abord synonyme de dé-
croissant de lune, dans les domaines de l’horti- cadence pois spécialisé en astronomie pour la dl
culture, de la géographie, de l’optique, etc. Quel- minotion de la partie visible de la Lune (15631, et en
quefois. il indique un groupe de maisons disposées droit agraire à propos de la diminution du bétail
en demi-lune, traduisant l’anglais crescent de donné par bail à cheptel (16641. -En sont aussi is-
même sens; rare en fmnçais, il fournit au Canada sus DÉCROISSANT, ANTE adj. (12761, DÉCROIS-
le terme normalisé. SANCE n. f. (v. 12651, Spécialisé (mil. >aQS.l en
. CROISSANTERIE n. f. est un dérivé formé ré- économie et en physique atomique. DÉCROISSE-
cemment (19801. dans la série prolifique des noms MENT n. m. (V. 12101 et DÉCRUE n. f. (ti S.; repris
de commerce en -crie, pour on magasin proposant au x12 s.), qui s’oppose à crue pour *baisse de ni-
une restauration rapide à base de croissants. veau des eaux>. -L’ancien verbe SURCROITRE.
*croître au-delà de la mesure onlinaire~ (1327; suc-
i(ç CROÎTRE Y. intr., d’abord creistre (10801, creshe v. 11751 s’est employé jusqu’au XVIII~ s. Il s’est
crestre (xii” s.1 -les formes en croître subsistent maintenu par le déverbal SURCROÎT n. m. (1580,
jusqu’au XVIII~ s. -, pois croistre kxe s.l. est issu du d’abord sorcrok, an xise s.. : après 12751 *ce qui ap-
latin crescere -pousser Ides plantesl~, agrandir, s’ac porte un accroissement, s’ajonte~. resté courant
croître, et -arriver à l’existence, naitre~. Ce mot est dans les locutions adverbiales de snmm%
DE LA LANGUE FRANÇAISE 943 CRÉER
. Le dénominatif CRÉDITER V. tr. (1671) est utiisé =fait, état de celui qui croit trop facilement>. De
en comptabilité au sens de prendre (qqn) créancier même que le mot latin, il est en outre employé dans
d’une somme portée au crédit de son compte> (par le style littéraire avec la valeur ponctuelle de =ce
.
opposlkn a débiter) et au sens moral de sre- qui exprime cette trop grande facilité à crolrem
connaître, accorder à (qqn)>, dans la construction hne, des créduhés).
d’usage soutenu créditer qqn de qqch. Les SdOnymeS INCRÉDULE adj. (xrv” S.) et INCRÉ-
ACCRÉDITER v. tr. est emprunté (1553) à l’espa- DULITÉ n. f. (1328; dès le x’ s., sous la forme encre-
gnol acreditar, de credito issu, comme le français dulitet) sont empruntés aux mots latins incredulus
crédit, du latin crecütim. Le verbe signifie -donner et incredulitas. D’abord employés dans un contexte
du crédit, de la contïance à (qqn)-, sens sorti religieux, ils ont pris par extension une valeur gé-
d’usage, puis adonner l’autorité nécessaire*, sens nérale.
développé en droit international. Il s’emploie aussi
depuis le milieu du xvae s. (1671) pour =renclre CRÉER v. tr.. d’abord crier (v. 11191, puis creer
croyable, plausible (qqch.)n. 0 L’emploi en contexte (v. 1155).est emprunté au latin creare. Celui-ci est à
fïnancler est relativement moins courant, mais a l’origine un terme de la langue rustique, issu de la
donné naissance aux dérivés ACCREDITEUR même racine que crescere (- croître). qui signifie
n. m. (18461, ACCRÉDITIF, IVE adj. rare, substan- *faire pousser, faire grandir, produire>. Il est en-
tivé (n. m.1 pour =lettre d’ouverture de crédit= et suite passé dans l’usage courant au sens de *faire
-pièce qui accrédite un journalistes. o Du sens en naftre> (au propre et au figuré), avec des spécialisa-
droit ink!rnationaI viennent ACCRÉDITATION tions juridique kxxnme~l et religieuse (&-er du
n. f. (18531 et ACCRÉDITANT, ANTE n., C&Ii S’Op- néants, pour traduire le grec htieinl.
pose à ACCRÉDITAIRE n. + Le mot a été introduit avec une valeur religieuse,
DISCRtiDITER Y. tr. est formé (1572) sur dis- et cré- &+er du néant, le sujet désignant Diew, et dans
dit; il a été précédé par le moyen français désaccré- certains emplois assimilant l’acte de création poé-
diter (1553). emprunt tôt sorti d’usage à l’espagnol tique à l’acte du démiurge. 0 Il s’est rapidement
desacreditar(xv”s.1,préfixé antonyme de mreditar, répandu en parlant de la personne qui donne
emprunté sous la forme accréditer (ci-dessus). Une l’existence à un être (1130-l 1401,et s’est spécialisé
variante décréditer v. tr. (1572) est elle aussi sortie au sens juridique de enommer, instituer (qqn) dans
d’usage. oDiscréditer signifie *faire diminuer ou une fonction* (v. 1350). Par extension, il recouvre
disparaître la valeur, le crédit de (qqch.lD, puis au l’idée de ~susciter, fonder, établir= (16111dans le do-
xwe s. -porter atteinte au crédit, à la réputation de maine des institutions et, dans un contexte tech-
(qqnln. Ce sens, très vivant, est aussi réalisé au pro- nique, ‘être l’inventeur dem (1690). oUne spéciti-
nominaI (1750) et au participe passé DISCRÉ- sation fréquente est créer un rôle (1776) slnterpréter
DITÉ.ÉE adj. -Le déverbal DISCRÉDIT n. m. pour la première fois*, et créer un spectacle(1811)
(17191s’emploie pour =Perte du crédit (pour une va- xmonter pour la première fois=.
leur monétaire et fmancièrel~ puis, plus coursm t En dehors de CRÉÉ. ÉE adj., assez usuel comme
ment, #perte de réputations et *mauvaise réputa- son antonyme incréé k-dessous). et de RECRÉER
tion> (tomber en discrédit). v. tr. (1457) -créer de nouveau> puis =reconstituer
(ce qui était détruitIn, ~réinvente~, la dérivation
CREDO n. m. est l’emprunt (v. 1190) du latin française n’a formé que des mots rares, tels que
credo =je croisé, première personne de l’indicatif CRÉABLE adj. (1845) et CRÉEUR n. m. (18931, dou-
présent de credere (+ croire), employé à l’époque blet ~populaire~ mais quasi inusité de créateur.
chrétienne comme premier mot du symbole des En revanche, les dérivés latins ont donné en fi-m-
Apôtres et (va? s.) au sens de -foi, croyance*. çais des emprunk usuels. -CRÉATURE n. f. est
+Le mot a été introduit dans sa spécialisation reli- emprunté (v. 1050) au latin chrétien creatura,
pieuse de -symbole des Apôtres contenant les at- d’abord -acte de la création* puis, par métonymie,
ticles fondamentaux de la foi catholique>. Il a eu la xce qui est créé, spécialement l’homme>. Le mot est
même extension figurée que l’expression équiva- employé dans un contexte religieux à propos de
lente profession de foi vers le sens laïc de <principes l’être humain (v. 1050) considéré en particulier
sur lesquels on fonde une opinions. en philosophie dans son opposition au Créateur (v. 1135). Il s’ap-
(1771. credo phüosophique)et en politique (1794). plique aussi à un être non humain considéré
0 Son emploi comme terme de finances, constaté comme analogue à l’homme, généralement diabo-
en moyen fYançais et jusqu’au xv$ s. dans les lo- lique ou étrange (la créaturedel+ank,enztein)et, de
cutions familières faire credo (1611 qui fait credo. manière plus neutre, aux animaux. 0 Au xwe s.. il
charge son dos),payer d’un credo <prendre à cré- s’est en quelque sorte laïcisé, prenant le sens péjo-
dit= (1660, ~Vulgaire-l a été évincé par crédit. ratif de -personne qui doit sa situation à qqn et se
fait son agent%. sens vieilli sous la concurrence de
CRÉDULE adj. est emprunté (1393) au latin cre- protégé (plus neutre). 0 Le sens particulier, égale-
dulus =qui croit trop facilemenb, de credere ment péjoratif de sfemme dont on parle sans
b croire). considérations (av. 16961, a lui aussi vieilli, mais
+Le mot a conservé le sens de l’étymon latin. créature continue de s’appliquer à une femme
w On en a tiré CRÉDULEMENT adv. (1544). d’usage (avec un adjectif), aussi en emploi laudatif (une
rare. -Le nom correspondant, CRÉDULITÉ n. f., créature de rêve).
d’abord creduliteit (6n XII~s.), d’après le génitif latin CRÉATEUR,TRICE n. et adj., d’abord creatw
crudelitatis, est emprunté au dérivé latin credulitas (v. 11191, est emprunté au dérivé latin classique
CROONER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

navire de plaisance= (d’où vitesse de croisière, au 4 D’abord appliqué péjorativement à un paysan, le


propre et aufigorél, n’est attesté que depuis 1924; il mot se réfère spécialement (16081 aux paysans du
est à peu près démotivé par rapport à croix et Sud-Ouest qui, poussés par la misère, avaient pris
même au verbe croiser. -CROISÉE n. f. (13481, #en- les armes en 1594, sons Henri TV. On les appela à
droit où plusieurs choses se coupent>. est employé l’époque tare-avisés (parce que les guerres civiles
spécialement en architecture (1396. en parlant du s’apaisaient alors.1 et croquants, swnom que d’An-
carré du transept1 et, plus couramment. dans l’ex- bigné interprète comme un nom issu de Croco, ville
pression croisée des chemins (au propre et an fi- de la Creuse où le mouvement aurait. pris nais
gurél. ~Après avoir servi à désigner concrète- sance (cependant, le nom est plus ancien). La I-é-
ment le montant de métal on de bois qui divisait volte des croquants, qui éclata à nonvean en 1624 et
l’ouverture d’une fenêtre (15081, il a pris son sens fut écrasée une seconde fois, fut une insnrrection
moderne de -châssis vitré qui ferme une fenêtren contre la fiscalité royale et pour la défense de priti-
(I6901, acception qui tend à reculer an profit de fe- lèges provinciaux contre la centralisation par-
nêtre, sauf dans des usages régionaux. -CROI- sienne, plus qu’une véritable lutte sociale ; elle ne
SURE n. f. (14231 est passé du sens général d’sen- menaça guère la monarchie. Par extension, le mot
droit où se coupent deux lignes* (conservé en fut employé avec des connotations péjoratives et
héraldique1 à l’acception technique de &snre rejoint les nombreux mots insultants à l’égard de la
d’une étoffe croisée* et. littérairement. +&ion de paysannerie à commencer par yüain et rustre. Ce
croiser des rimes+ -Enfin, CROISEUR n. m., dé- n’est que beaucoup plus tard que le croquant fut ré-
rivé de l’acception maritime de croiser (16901, dé- habilité dans la légende folklorique, avec le roman
signe un navire de guerre rapide destiné à surveil- d’Eugène LeRoy. Jacquou le Croquant (18991. Le
ler les routes maritimes. mot, demeuré historique on régional, a connu un
De croiser sont dérivés les préfixés verbaux DE- regain de succès avec une chanson de Brassens.
CROISER y. tr., d’abord descmisier (12211 *cesser
d’être croisé., repris (15481 pour =faire cesser d’être CROQUER v. est formé (fin zones., crokier) sur
en croim k~Zcroker les bras, les jambesl. 0 Il a pour un radical onomatopéique krokk- exprimant un
dérivé DÉCROISEMENT n.m. (18361, mot tech- bruit sec (+ crac, cric, croc).
nique. ~ENTRECROISER y. tr. (v. 13201, *croiser + Le sens de &appep. vivant lusqu’au XVI~ s., est
ensemble à plusieurs reprises+. aussi pronominal, sorti de l’usage ainsi que celui de <craquer> (13921,
est plus courant, de même que son dérivé ENTRE- aujourd’hui restreint aux aliments qui croquent
CROISEMENT n. m. (v. 16001, nom d’action et, par sons la dent, o An xv” s., le verbe a développe le
métonymie, de forme. ORECROISER y. tr., sens transitif de -broyer sons la dent avec un bruit
d’abord (14451 <remettre en forme de croixn, s’op- secs (parfois absolument croquer dans me pomme).
pose ensuite (15451 à décroiser et signihe =croiser de Par métonymie, il a pris celui de -manger entière-
nouveau>. ment+, aujourd’hui disparu, sauf avec la valeur fi-
gurée de xconsommer entièrement, dilapider- (de
l’argent). -Par l’intermédiaire du sens de
CROONER n. m. est emprunté (19461 à l’anglo-
*connaître superlkiellement qqch.m (16111, il a reçu
américain crooner (19301 désignant un chanteur po-
la valeur imprévisible de =prendre un dessin SUI‘ le
pnlaire qui snsmre des romances dans un micro
vifs 116761- 6. le dérivé croquis - d’où, par eXten-
qu’il tient près de lui. Ce mot est dérivé de to croon
sion, *esquisser un ouvrage= 116801, ~décrire en no-
=mnrmnrel‘r, spécialisé à propos de cette tech-
tant l’essentiel+. C’est probablement là l’origine de
nique vocale, lui-même issu d’un verbe anglais
l’expression jolie, belle à croquer(l7981, à entendre
d’usage dialectal signikmt d’abord zmngir. gron-
comme -jolie au point de donner envie de prendre
hep broyne et crww an nord de l’Angleterre et en
un croquis*. cependant, une surmotivation par le
Ecosse). Des rapprochements avec le moyen bas al-
sens figuré de -manger à belles dents>, chargé
lemand et le moyen néerlandais hn%wn (néerlan
d’une valeur érotique 6norceau à croquer, 17391, est
dais kreum-n), voire avec l’ancien haut allemand
très vraisemblable.
chrdnnan, chtinan, -papoter, babiller-, font suppo-
ser une formation de type expressif ~Les dérivés de croquer se partagent entre une
majorité de termes exprimant un bruit (domaine
+Le mot, d’abord employé à propos de chanteurs
culinaire1 et deux termes de dessin. CRO-
américains, tels Bing Crosby et Frank Sinatra, a été
QUE~R, EUSE n. est le seul à réaliser les deux
acclimaté à d’antres chanteurs, par exemple Jean
sens: apparu dans l’ancienne expression croc-
Sablon.
queur de pies Il5481 “gros buveur-, il désigne depuis
CROQUANT, ANTE n. (16031 est d’origine le XVII~ s. celui qui mange beaucoup (au propre et
controversée : certains le rattachent an provençal au figuré), puis l’artiste qui croque un dessin. ll est
croucant =Paysan> (av. 16501 issu du verbe cmuca entré, avec les valeurs du veme, dans les syntag-
=arracher= (de croc* +roc~l parce que les paysans mes croqnenr de dot (18611 et croqueuse de dia-
pauvres, révoltés pillaient et rançonnaient. Une mants (19521. -0 CROQUET n. m. (16421, CRO-
antre hypothèse le rattache à croguer* pris dans un QUANTE n.f. (17161, CROQUETTE n.f. (17401 et
sens figmé, soit d’après les destructions commises CROQUANT n. m. (18291 désignent des prépara-
par les paysans, soit, an contraire, selon Mézeray, tions culinaires. Croquette est demeuré usuel, tant
parce que les paysans appelaient croquant le sei- en pâtisserie et confiserie qu’en cuisine, pour des
gneur *qui les croquait> et que celui-ci leur aurait préparations hachées et salées. Croquant s’est h-
retourné le nom par dérision. mité à la biscuiterie. remotivé par le sens de aqui
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRÊPE
(du lait)., peut-être apparenté à cremare (+ créma- puis francisé en créole (16701, est emprunté à l’es-
tion). pagnol criollo (1590). lui-même emprunté au poti-
*Le mot est apparu en français avec ce sens réa- gais crioulo, seulement attesté en 1632 au sens de
lisé ultérieurement dans le syntagme café crème métis noir né au Brésilm mais dont le sens originel
(18981, contraction de café à la crème (1822l, même a dû être celui de ‘serviteur élevé dans la maison
si celui-ci est souvent en fait un café au lait. Par ex- de son maître- ~VII” s.l. Ce mot est dérivé, avec un
tension, le mot a pris le sens figuré de =Partie la suffixe mal éclairci, de cria, dérivé régressif de
meilleure d’une choses (v. 1580) et plusieurs va- criar =élevep (espagnol criar), issu du latin creare
leurs analogiques reposant sur une ressemblance b créer).
de consistance. C’est la crème des hommes corres- +Le mot, d’abord appliqué à un Espagnol de race
pond à -le meilleur des hommes>. 0 Ces analogies blanche né aux colonies, désigne une personne de
sont nombreuses dans le domaine alimentaire où race blanche née aux lles (16701, mais à l’île Mau-
crème désigne une liqueur crémeuse (17601, on en- rice s’applique au contraire à une personne de cou-
tremets de lait et d’œu& (v. 180% un potage velouté leur. L’expression langue créole (16881. repris au
lié, alors souvent dans des syntagmes krème à, ti s., est probablement un emprunt direct au por-
de-J et aussi une liqueur sucrée et crémeuse tugais, à en juger par la localisation de la première
(1823). En cosmétique et pharmacie, le mot désigne attestation relative au créole portugais alors parlé
un type de préparation crémeuse (1818). -On en a au Sénégal. Les créoles n’ont cependant été re-
tiré un adjectif de couleur (1882). -Sous l’influence connus comme de véritables langues qu’à me date
de l’anglais ice cream, crème glacée se dit, notam récente : jusqu’à la fm du xY s., ils étaient considé-
ment au Québec, pour glace au sens alimentaire rés comme une simple altération du francais, de
.Nombre de dérivés en dehors de CRÉ- l’anglais, du néerlandais, du portugais ou de l’es-
MEUX, EUSE adj. (1572) se rappmtent au moins pagnol (ce qui n’est vrai que de leurs lexiques).
partiellement au traitement du lait (pour la fabricz- V. Hugo. dans BugJargal(18261,parle de jargon et
tion du beurre, du fmmagel. ~Tel est le cas de de patois créole. En linguistique. les études créoles
CIltiMER v. (1580) au sens intransitif de <se couvrir datent du xxe siècle. Il en résulte que les créoles
de crème* (en parlant du lait), parfois employé sont de véritables langues et non pas des sabirs,
transitivement pour .-donner une couleur crèmes, puisqu’elles sont transmises en tant que langues
de CRÉMOIR n. m. (1885). nom d’ustensile, et de maternelles à structure stable. Leur apparition est
CRÉMIER, IÈRE n. (17621, nom du commerçant qui liée à l’esclavage, réunissant des locuteurs de nom-
vend des produits laitiers kurtout beurre et fro- breuses langues akicaines (les esclaves) et ceux
mages) ainsi que des œuk. -Le radical de ce der- d’une langue européenne, d’ailleurs souvent dia-
nier a servi à former CRI?MERIE n. f. (1845) ccom- lectalisée : d’où l’élaboration d’un idiome de com-
roerce de produits laitier, parfois (1866) =local où munication, à syntaxe originale, marquée par des
l’on fait crémer le laitn, qui a aussi désigné (1867) un traits communs aux langues africaines, et au
petit restaurant bon marché (lequel servait origi- lexique en majeure partie emprunté à la langue
nellement des produits laitiers). C’est probable- européenne concernée. En français créole, sans
ment à ce sens que fait allusion l’expression figurée précision, désigne un créole fixnçais; celui-ci,
cfianger de crémerik aller voir ailleurs+ langue nationale aux Seychelles, à Maurice ou en
Le préké ÉCRÉMER v. tr., d’abord escramer Haïti, est la langue maternelle de la grande majo-
(xv’s.1, exprime l’idée de =retirer la crème du lait>, rité des Antillais.
d’où au figuré =dépouiller des meilleurs éléments* l En sont dérivés CRBOLISER Y. tr. (1838. au pro-
(1690): il est employé techniquement (1765) en par- nominall et deux termes didactiques récents,
lant du métal en fusion ou du verre. -Son dérivé CRÉOLISTE n. et adj. (v. 1950) et CRÉOLOPHONE
ÉCRÉMAGE n.m. est apparu (v. 1765) comme adj. et n. (v. 1960).
terme technique avant d’être utilisé aussi en par-
lant du lait (1838) et d’acquérir un sens figuré, =pré- 0 CRÊPE n. m. est le masculin substantivé (1285,
lèvement des meilleurs éléments d’un groupe hu- au pluriel) de l’ancien adjectifcresp, crespe ‘ondulé,
mains (1867). -Le nom d’ustensile ÉCR~~MOIR fris& dont le féminin a donné crêpe*. Cet adjectif
n. In., anciennement escromoire n. f., a étendu son est issu du latin crispus, appliqué à la chevelure
emploi du domaine de la crémerie à d’autres do- puis à tout objet dont le dessin rappelle une cheve-
maines techniques (1802, pour l’écrémage du verre lure frisée (+ crêper). Le mot latin est issu avec mé-
en fusion). tathèse d’un type “krispsos qui se retrouve seule-
0 voir CRAMIQUE. ment en celtique, dans le gallois ciy& &isé~ et le
nom propre gaulois Cryxos, à rapprocher du nom
CRÉMONE n. f., mot attesté sous la Révolution propre latin Crispus. Il est à l’origine de l’anglais
(1790), est identique au nom de la ville italienne, crisp #bouclés pois -croustillants.
mais poumit être lié au radical de crémaillère.
+Apparu au sens métonymique ancien d’corne-
+Le terme désigne une tige mobile servant à fer- ment pour la têtem (au pluriel), le mot désigne un
mer les fenêtres, au moyen d’une poignée mobile tissu de laine ou de soie plus ou moins ondulé dont
autour d’un axe. il existe plusieurs sortes (1827. crêpe de Chi&. Dès
CRÉNEAU - CRAN le XVI~ s., on relève une preuve de l’utilisation de ce
tissu comme signe de deuil (av. 1549, crêpe noir),
CRÉOLE n. et adj., d’abord attesté sous les symbolisme qui donne lieu à des emplois métony-
formes hispanisantes crollo (1598), criollo (1643), miques et (en poésie) métaphoriques. -Par analo-
CROSSE 962 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

MAN n. m. Il9811 lcro.wnen au pluriel1 est formé h-ornent à percussion utilisé dans le culte de Cy-
avec l’élément mari -homme* d’autres noms bèle et pour accompagner la danse. Furetlère
d’agent, mais n’existe pas non plus en anglais. (2”édition, 17011 le définit comme =tambour de
basque,. Actuellement, il s’emploie pour désigner
0 CROSSE n. f. est issu l10801, de même que ses un instrument à percussion chez certaines peu-
correspondants italien et espagnol, du germanique plades d’Afrique et, plus couramment, au singulier
“krukja cbâton à l’extnknité recourbée*, que l’on (1804 en latin scientifique) comme dénomination
peut déduire de l’ancien haut allemand kmcka Cal- d’un serpent venimeux qui porte au bout de la
lemand Knïcke), de l’ancien saxon krukka et du queue des cônes creux produisant un bruit de cré-
moyen néerlandais cruche. celle (d’où sa dénomination courante de serpent à
+ Le mot désigne le bâton pastoral que portent les sonnettes). 0 Son sens particulier de <chef de sallen
évêques et les abbés comme insigne de leur pou- dans l’argot de Polytechnique (18821 vient probable-
voir spirituel et disciplinaire, bâton dont le bout est ment de celui de serpent* au même sens, lequel est
recourbé en volute. Par analogie, il a désigné un une déformation probable de sergent*.
bâton aidant à marcher qui se pose sous l’aisselle 0 “cm CROULER.
Cv. 11601 jusqu’à ce que béquik I’évince en ce sens.
o Il est utilisé comme terme de jeu dès le moyen CROTTE n. f., d’abord crote @n xue s.l. est pro- 0)
français (13811, désignant le bâton servant à pow-
bablement issu d’un francique “krotta que l’on peut
ser la pierre ou la balle, et de là, le jeu lui-même.
supposer d’après le rhénan krotz ebrique mal mou-
0Le sens métonymique, -partie recourbée (d’un
lée>, -épaisse motte de terre*. &uit rabou@, le
objet fabriqué)= (1616-16201, est réalisé dans plu-
sens originel étant celui d’-excrément globuleux.
sieurs emplois et notamment en parlant d’une
fiente de lapin, de chèvres. L’hypothèse d’un em-
arme à feu; le changement de forme de cette der-
prunt au moyen néerlandais krotte =boue déposée
nière (de recourbé en droit) n’a pas fait abandon-
SUT les vêtements= (15591 est moins satisfaisante
ner le mot, qui désigne la partie de l’arme à feu in-
pour une raison chronologique et parce que ce
dividuelle permettant de la saisir ou de coucher en
sens semble lui-même emprunté au français
joue. Le mot s’applique aussi à la partie recourbée
d’un objet naturel en anatomie (crosse de l’aorte, +Le mot, d’abord attesté dans crottes de chèvre, dé-
av. 17521 et en botanique fcrosse de fougère). signe les fientes globuleuses de certains animaux
t En sont dérivés CROSSÉ. ÉE (XII~” s.1 qui corres- et, par extension, les excréments solides des ani-
pond au sens religieux du nom fabbé crossé et mi- maux. II fournit un synonyme familier d’excrément,
hé), 0 CROSSER Y. tr. (1270, crochier; fin xme s., en parlant des fèces de l’homme. De là lui viennent
crocierl, apparu au sens de -pousser la balle avec ses emplois en interjection (de dépit, d’impatience1
une crosses (aujourd’hui rare), puis &apper, mal- et, avec une valeur dépréciative, de %Chose sans va-
mener (avec une crosse), et au figuré <critiquer, leur-. oPar antiphrase, il est employé (18981
mépriser= (17401, et CROSSETTE n. f. (1551; XVe%, comme terme affectueux, de même que la dénomi-
crochette en picard). employé en architecture et en nation crotte en chocolat Cv.19001. -Son sens se-
agriculture. cond, ancien, <boue des chemins= (v. 1278, au plu-
Le terme familier 0 CROSSES n. f. pl. (18811. uti- r-le11 est vieilli, même dans les locutions figurées du
lisé dans la locution chercher des Crozes à mm ‘lui type être dans la crotte =Vivre dans la misères
chercher querelle>, est probablement le déverbal w Le dénominatif CROTTER v. (XII~ s.1 se partage
d’un autre 0 CROSSER v. lntr. (17901 -se plaindren entre le sens transitif de .=couvrir de bouem, au-
et, dialectalement, agloussep, issu du latin glocire jowd’hui archaique. aussi a” pronominal, et le
(-glousser) avec influence de crosser -battre à sens intransitif .-faire une crottem. oLe participe
coups de crosses, le mot étant aujourd’hui rattaché passé xljectivé CROTTÉ. ÉE (v. 11701 est plus vi-
à 0 crosse par étymologie populaire. vant que le verbe au sens de #couvert de bouen (SUT-
0 voir CaES.5ON. tout régional de nos jours); par métaphore, il est
employé au sens de apauvrem (un jupon crotté aune
CROSSER v. tr. - 0 CROSSE
miséreuse>. Zola). -L’antonyme DÉCROTTER
0 CROSSES n. f. pl. - 0 CROSSE v. tr. (v. 12251. -nettoyer qqch. ou qqn en enlevant la
saletén, se rapporte entièrement au sens ancien de
CROTALE n. m. est emprunté (15961 au latin crotte zbouen: il s’applique surtout aux chaussures
crotalum, lui-même transcription du grec krotalon et compte quelques emplois analogiques figurés,
(surtout au pluriel krotda) =castagnettes. crécelle=. comme -débarrasser (qqn) de sa rusticitén (16801.
Ce dernier est dérivé de kmtos *coup qui résonne> oIl a produit D!?CROTTEUR.EUSE adj. et n.
(des mains qui applaudissent, des pieds des dan- (15341 qui a perdu le sens figuré ancien de aper-
seurs et des chevaux, etc.), auquel répond krotein, sonne qui dit rapidements, DÉCROTTOIR mm.
verbe plus ancien et plus fréquent signifiant *heur- (xvf s., descrotouer), nom d’ustensile passé du sens
ter, faire résonners, “frapper un objet qui résonnes. de =brosses à celui de &me de fer fixée aux portes
Ce dernier est issu d’une racine indoeuropéerme pour décrotter les chaussures=, et DÉCROTTAGE
représentée en germanique dans le verbe anglo- n. m. (17891. -L’adjectif INDÉCROTTABLE adj.
saxon hrindan, hrancl, le vieux non-ois hrinda, hrati (16111 est rare ao sens concret, -que l’on ne peut
-frapper=. nettoyep, mais c’est le seul mot du groupe à s’être
4 Le mot a été introduit comme terme d’antiquités répandu dans l’usage courant avec le sens figuré,
grecque et romaine, désignant (au pluriel1 un iris- =qu’on ne peut débanasser de ses manières gros-
DE LA LANGUE FRANCAISE 947 CRÉTIN

CRÉPON - 0 CRÊPE d’un roi de Lydie (Vp s. av. J.-C.) célèbre pour ses
immenses richesses : la tradition, depuis Hérodote,
CRÉPU+@CRÊPE le confronte au sage athénien Solon qui lui an-
nonce, peu avant sa chute devant les troupes
CRÉPUSCULE n. m. est emprunté lapr. 1250) perses. que son bonheur ne durera pas. Cette allu-
au latin crepwculwn dérivé, sur le modèle de di- sion à l’instabilité de la fortune était encore perçue
lusculum ‘petit jour-, de l’adjectifrare et archaIque à l’époque classique. Le mot était déjà pris comme
creper aobscun et k~certain, douteux=, lui-même nom commun en latin et en grec.
substantivé au neutre au sens de <moment où le +On appelle un homme riche un créas dès le
jour tombe*. L’origine en est obscure (Var-mn la dit ~V”S.. emploi aujourd’hui archaïque ou ironique.
Sabine). mais l’usage moderne en locution &%re ticbe
+Le mot, après une attestation isolée où il désigne comme Cr&us) est seulement attesté depuis 1690.
le début du jour, est repris au XVI~s. (v. 1586) avec
son sens usuel de =Pénombre suivant le coucher du CRÉTACÉ + CRAIE
sole& Il continue toutefois à se dire aussi du mo-
ment qui précède le lever du soleil, dans l’usage lit- CRÊTE n. f. est issu (v. 1160) du latin crista, dé-
téraire Ile crépuscule du matins). Dans la seconde signant une crête d’oiseau puis. par analogie, l’ai-
moitié du xvxQ s. (17781, il a pris le sens figuré de grette d’un casque, la dentelure d’une feuille, la
-déclin* (de la vie) développé au ti s., notamment crête d’un mont.etc. L’origine de crista est dou-
dans les idéologies du déclin de la civilisation. teuse, mais il semble apparenté à crinis (+ crin).
c CRÉPUSCULAIRE adj. (1754; 1705,selonBlochet + Comme le latin, le mot a eu on développement de
Wartburgl qualifie ce qui a rapport au crépuscule type analoaque : apparu aux sens de =saiUie (d’une
et, au figuré, ce qui est obscur, trouble (av. 1847. construction)~ (v. 1160) et -crête (d’un gallinacél~
Ballanche, histoire crépusculaire, emploi disparu). (1180), il s’étend au XIII~s. à la ligne de faite d’on
mont et à l’ornement d’un casque. Ultérieurement,
CRESCENDO adv. et n.m. est emprunté il est appliqué au sommet d’une vague (1784), sens
(1775, Beaumarchakl à l’italien crescendo, propre- auquel se rapporte son emploi abstrait à propos
ment =en croissant, en augmentant>. gérondif de d’une valeur maximale (schématisée par une crête
crescere bcroître) utilisé comme terme de mu- sur un graphique) en électricité, météorologie, etc.
sique depuis le XVII~siècle.
l Crête a produit CRÊTÉ, ÉE adj. (v. 1170, crestél.
+Le mot a été introduit simultanément comme CI&TER Y. tr. (v. 1175) *garnir de crêtes> et, à la
terme musical et avec le sens figuré S‘augmenta- forme pronominale. =hérisser sa crêtes (d’un galli-
tien progressivem, sens présent dans la tirade de la nacé et, au figuré, d’une personne en colère). -Ce
calomnie du Barbier & Saiue. verbe a produit ACCRÊTÉ.ÉE adj. +urmonté
bSOn antonyme DECRESCENDO adv. et n. m. d’une crêtes, parfois =fier, hautains, par lïntermé-
kwu”s.l est lui aussi emprunté à l’italien decres- diaire de l’ancien s’accrester *lever la crête en
cendo, gérondif de decrescere b décroître) ; son signe d’orgueil= (du coq). -Le diminutif de crête,
usage est strictement musical, tout comme celui de CRÊTELLE n.f (1786) dénomme une graminée
son synonyme aliminuenào -en dimimant~ (4 dimi- fourragère. -Crête est entré dans la dénomination
nuer). métaphorique CRÊTE-DE-COQ n. f. (1539, creste
au coq1 donnée à plusieurs plantes à feuilles dente-
CRESSON n. m., d’abord altéré parmétathèse lées (l’idée de =dentelmw a fait déformer crête en
en kemon Cv.1170). est issu d’un francique de même krep d’après crêpe, dans plusieurs parlers du
sens “kresso, postulé d’après l’allemand Kresse Centre). Depuis 1834, ce composé est appliqué en
(crissinus dans le latin des Gloses, OPs.l. Le mot est médecine à des excroissances d’origine véné-
, \
apparente a l’anglais cross et au néerlandais kers, rienne.
dont la racine serait celIe d’un verbe germanique
signifkmt =ramper, grimpe*. CRÉTIN, INE n. et adj. (1750) est un terme ori-
4 Le mot, qui désigne une plante des lieux humides ginaire des régions alpines de Suisse romande
dont on consomme les feuilles en salade, a reçu en (1660, à Vaud) où existait à l’état endémique un syn-
argot, puis dans la langue familière, le sens figuré drame d’hypothyroïdie kx%nisme) parmi des po-
de -chevelures N’avoir ~JUS de cressm sur Je ca& pulations carencées en iode. Ce mot régional est
Jocù; il doit probablement son sens argotique de issu du latin christianus (+ chrétien) avec un traite-
=crheur, arrogant- Cv.1895). aujourd’hui disparu, à ment de la finale caractéristique du franco-proven-
une déformation de crosson *qui cherche des çal (-innu donnant -in). L’évolution sémantique
crosses-, c’est-à-dire -qui cherche querelle> (1880, s’explique par euphémisme, le mot ayant dû être
de crosse. employé par commisération au sens d’abmocent*
rEh sontdérivés CRESSONNIÈREI-I. f.(1274)-lieu et par référence au caractère sacré et protecteur
baigné où l’on cultive le cresson de fontainen et des simples d’esprit (cf. le fada provençal).
CRESSONNETTE n.f. lhx~~s~),norn courant de +En français, le mot est d’abord associé au Valais
la cardamine. suisse, comme en témoigne l’article crétins de l’En-
cyclopédie (17541,qui rapporte que les populations
CRÉSUS n. m. est issu (1543) du nom propre du Valais regardent les crétins comme des anges
Cruesus, transcription latine du grec Kroisos, nom tutélaires des familles. Il est devenu usuel au sens
CROUPIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Un autre dérivé de croupe, CROUPION n. m. est de ‘petite croûtez et de =Collation=; an Canada, ll


apparu au xv” s. Cv. 1460) avec le sens familier de sert à désigner les lamelles de pommes de terre
‘partie postétiewe du bassin humainn avant de frites, pour éviter l’anglicisme chips. 0 Son diminu-
prendre son sens courant de +xillie postérieure du tif CROUSTILLON n. m. (1852) ‘petite croûte de
corps des oiseau%+ (v. 1538). 11traduit spécialement painm est peu usité et désigne un beignet en Bel-
(1838) l’anglais wmp dans Rump ParZiamnt (16591, glque. -Le participe préSent CROUSTIL-
surnom donné par les adversaires de Cromwell an LANT, ANTE adj. fv. 17511 a été adje&Vé avec le
‘Long Parkament” convoqué par CharlesI” en sens figuré d’samnsant, piquant, grivois*, puis le
1640. dissout par Cromwell en 1853 et COnVOqUé à sens concret de ~Craquant sons la dents (1832).
deux reprises. Par extension, il s’est dit d’on orga- -Quant à l’adjectif de sens figuré CROUSTIL-
nisme politique qui n’est plus que le résidu d’un LEUX. EUSE. attesté par les dictionnaires du
autre qui était réellement représentatif 0 Son dé- ~VI~S. au sens large de -qui fait rire, bouffon> et
rivé CROUPIONNER v. intr. (1858) Sign%e *lever la parfois ‘extravagant, ridicule, impertinent>. il ne
croupe pour ruer= kI’on cheval) et s’applique par s’est maintenu qu’en tombant sous l’influence sé-
analogie à un être humain qui remue le derrière en mantique de croustillant qrivois~.
marchant. -CROUPADE n. f. W342.1, également
gmuppade au XWI’ s. sons l’innuence de l’italien CROÛTE n. f., d’abord cm& Iv. llGU), est issu
gmppata, appartient ao langage de l’équitation, dé- du latin crusta ‘revêtement rugueux et dur&, sre-
signant un saut que le cheval fait en troussant les vêtement appliqué sur une surface planen, en part-
jambes de derrière. coller ‘plaque de métal rapportée sur un objet et
CROUPIER n.m. (16571, après l’ancien franCaiS formant un bas-relief> par opposition à embkm
croupier (v. 1225) %Sédentaire, qui demeure assis=, ‘haut-reliefB (-emblème). Crusta a été rapproché
est apparu comme adjedi dans cavalier croupier d’un groupe de mots incluant le grec hruos &oid.
‘qui monte en croupe derrière qqn>. o Avec cette glacials. le vieil islandais htisa &lssonne~ et le
idée de ‘personne assise derrière~. il a pris au letton hrevé -croûte> (d’on glacier).
XVII~ s. (16901 le sens figuré de =Personne qui. à cer- +Le mot, apparu en parlant d’une croûte de sang,
tains jeux. est associée à un autre joueur et se tient est devenu on terme de médecine (1314) et, parex-
derrière lui>. avant de s’appliquer à la personne qui tension de l’idée de <revêtement durci*, désigne la
dirige les jeux dans une maison de jeux (v. 17971, partie superficielle durcie qui s’attache à qqch.
sens toujours usuel. oParallèlement, dans le do- (16901, spécialement en géologie (1855, Cmûte ter-
maine des affaires (16901, ll a désigné d’abord un as- restre). o Son emploi figuré, au sens de =Couche su-
socié secret dans un traité. puis un tiers pris en peficiellen (v. 12301 dans des syntagmes du type
sous-ordre par un associé pour partager risques et croûte de culture, d’@norance, a décliné an pmfit
profits, et qui se dissimule derrière cet associé. de vernis ou de couche, croûte ayant acquis des
0 VOLTGROUPE. connotations trop péjoratives. 0 En revanche,
d’autres sens figurés familiers se sont maintenus :
CROUPIR - CROUPE
~mawaise peintures (1757; 1730, &bleau faux,),
CROUSTADE n.f. est probablement em- par référence à une couche de peinture grossière-
prunté (17121 àl’italien comme plusieurs termes de ment appliquée SUT la toile, et *personne bornée et
cuisine fcatir, céleri, cervelas~. L’italien crustata routière> (18441, par allusion, comme croûton, à
k. 12501, dérivé de crosta (-croûte), constitue en une vieille croûte inutilisable, considérée comme
effet une hypothèse préférable à l’emprunt au lan- un déchet. o En ce sens, croûte a commencé à être
guedocien cmustado <tourte> attesté seulement employé comme adjectif dans le jargon des artistes
depuis 1756. du XIY s. au sens de =désuet et rldicule~ (le comble
+Le mot, apparu dans pâtéde crousitade, est utilisé étant, rappelle Balzac dans Les Paysans, en 1850,
seul (173.5) à propos d’une croûte en pâte garnie de d’être taxé de croûte-au-pot,du nom d’un potage
préparations diverses. avec des croûtes de pain) cf. tarte. -Employé dès le
XII~ s. à propos de la partie extérieure du pain dur-
CROUSTILLER v. lntr. est emprunté (1612) cie par la cuisson, des restes de pain dur, croûte a
au provençal crowtühu, mot de même sens dérivé bit fortune dans le domaine culinaire, où il n’est
de crousta (-croûte). pas péjoratif oPar métonymie, le mot s’applique à
+Le sens premier, ‘manger une croûte de pain*, un repas sommaire dans l’expression casser la
s’est prolongé par extension dans l’emploi familier croûte ( 18781, en concurrence avec casser la gr&Ie;
pour -boire et manger de petites cmùtes après le plus généralement, il recouvre une idée de -nourri-
repas pour être plus longtemps à table> (16901, puis ture, subsistances dans gagner sa croûte (19001.
dans le sens argotique de ‘manger-, éliminé par o Toujours dans le domaine culinaire dès le XII’ s.
croûter b croûte). o L’accent étant mis sur le bruit (v. 11651. il désigne la pâte enveloppant une ptipa-
d’une croûte qui se brise, le verbe a pris le sens de ration de viande, ensuite opposé à pâté, lorsque ce
*craquer légèrement sons la dent, (sans résister mot désigne non plus l’ensemble mais ce qui est
autant que ce qui croque1 et par extension *pro- entouré de pâte (pâté en croûte est un pléonasme
duire de petits craquements~. -Le sens figuré, étymologiqnel, et en général toute pâte coite qui
=être grivois, léger= kv& s.1, correspondant à celui entoure une préparation culind (1611) /en
de crowtihnt, est archaïque. croûte1 (+croustade). Par métonymie, il se rap-
~Son premier dérivé, le déverbal CROUSTILLE porte à diverses préparations comportant soit des
n. f. (16801 est d’usage rare et familier avec ses sens croûtes de pain, soit une pâte cuite; par analogie, il
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRllXE
d’êtres vivants au sens de ~mouW, l’idée de *bruits raie. -Crever a aussi produit des noms plus
passant alors au second plan. Cette idée-ci a en- neUtmS affeCtiVement : CREVAISON n. f. [XII” s.1,
tièrement disparu en français, mais est passée employé spécialement en parlant d’un pneu
dans le représentant de la forme Mquentative de -comme le verbe crever lui-même - ceci depuis
crepwe, crépiter*. 1906, et CREVAGE n. m. (1683).
4 Crever réalise, dès l’origine et comme en latin. les L’élément verbal crève a fourni le premier terme
idées de ‘fendre* et de =mourirr. En construction de composés aujourd’hui archaïsants: CRI?~E-
intransitive, il signifie en effet (1130-1140) =rnomW COEUR n. m. (XII~s., crievecuer) et les dénomina-
ki’un animal, d’un humainl. Contrairement à tions techniques CRÈVE-TONNEAU Il. m. (16471,
l’usage moderne, où il est marqué comme très fa- nom d’un appareil inventé par Pascal pour vérifier
milier, l’usage ancien du mot en parlant d’un être la loi de la pression d’un liquide sur les parois de
humain implique seulement une idée de -mort vio- son COnteIXU& et CRÈVE-VESSIE n. m. (17831,ap-
lentez : s’il commence à être familier au XVII~s.. il fi- pareil vérifiant la pression atmosphérique.
gure encore dans le langage poétique classique. 0 voir CaÉCELLE.cRÉcF.aELLE.CRÉPlTERCaEVAsSE.Dl
alors qu’il est aujourd’hui péjoratif et agressif CRoplT.

oDès le XII~~., crever sime aussi =éclater-


(v. 11551, sens que lui dispute se crever jusqu’au CREVETTE n. f. (1532) est la forme normanno-
XE? siècle. Jusqu’au xvu” s.. crever se dit particuliè- picarde de chevrette (+ chèvre), d’ailleurs attestée
rement de l’aube au sens de <poindre>. Quelque- au sens de =Crevettes chez Rabelais (1552). la cre-
fois, il Sign%e plutôt =être sur le point d’éclater (par vette faisant de petits sauts comme la chèvre en li-
trop-plein)= mais nombre de ces emplois, comme berté (6. pour la même évolution bouquet, à bouc).
dans crever de rire (av. 1630, crewr d’en rire) sont 4 Le mot désigne un petit crustacé marin ou d’eau
interprétés spontanément aujourd’hui au sens fa- douce; l’argot l’a appliqué à une jeune femme ga-
milier de *mourbx -En construction transitive lante de luxe (d’où la môme Crevette, personnage
(v. 9801, le verbe signi6e à la fois -faire éclater-, de Feydeau dans La Dame de chez Maxim’s, 1899)
*tuer= (1160-11701, sens passé dans l’usage popu- mais il s’agit alors, au moins à l’origine, du féminin
laire, puis également “gaver- (15541,aussi se crever, parodique de crevé <jeune homme malingre, effé-
sorti d’usage. La locution très usuelle cela crève les miné, qui mène une vie dissipée= (+ crever). Par la
yeux -c’est évide& est attestée depuis le xvne siè- suite, le mot a été senti comme une métaphore
cle. 0 L’usage de la forme pronominale se crever zoomorphique et marine, celles-ci étant fréquentes
au sens de -se fatiguep (1680) ne semble relever pour la femme (6. morue, langouste,lmgousttne).
d’un usage familier que depuis la ~?IIdu ti siècle.
-Vers 1870 est apparue la locution familière cre- t Crevette a produit CREVETTINE n. f. (1845), nom
de la crevette d’eau douce, et deux mots tech-
verh dalle *mourir de faimm, peu après le composé
niques ayant trait à la pêche aux crevettes : CRE-
CRÈVE-LA-FAIM I-I. m. (18701,issu de l’expression
crever de faim savoir extrêmement faim=. VETTIER n. m. (1877) et CREVETTIÈRE n. f. (1863).
k Le participe passé adjectivé CREVÉ, ÉE. au- CRI + CRIER
jourd’hui courant au sens concret et, en parlant des
personnes, pour =très fatiguén, familier, a été subs- CRIBLE n. m. est issu ~III’S.) du bas latin cti- o>
tantivé au masculin comme terme d’habillement, blum (Ves.), forme dissimilée du latin classique cri-
les manches à crevés étant particulièrement en brum =tamis~. Celui-ci appartient à un important
vogue sous François Ier; par métonymie un crevé a groupe de mots issus de la racine indoeuropéenne
pris les sens plaisants de +XX homme> fgros crevé) “krei- -séparer, cribler= représentée en grec, ita-
et de -jeune homme malingre efféminé, à la vie dis- lique, celtique et germanique (+ critère, critiquer).
sipée> (petit crevé, 1667; devenu usuel au XIX”~.)
I+ crevettel. -Le participe présent CRE- +Le mot, signiknt &mis=, a pris de bonne heure
VANT.ANTE adjectivé, est relevé pour la pre- ti XIII~s.) une valeur figurée dans la locution pas-
mière fois chez Zola, qui l’a observé dans l’usage ser au mibIe ~examiner avec soin pour distinguer
populaire. avec les sens, toujours vivants, de =qui le vrai du faux, le bon du mauvais*. Cependant,
fait mourir de fatigues (1873) et aussi -qui fait mou- l’usage de comparaisons du type être percé comme
rir de rire= (1860). -Le XIZ?s. a également vu appa- un crible, &équent en langue classique, s’est au-
raître l’adjectif huilier CREVARD. ARDE (1860) jourd’hui perdu.
cmoribond, en mauvaise santés et, parfois, *qui a w CRIBLER v. tr. (v. 1225) est issu du bas latin cri-
tOLIjOW5 faims, ainsi que CREVABLE adj. (1840) blare W s.), forme dissimilée du latin impérial cri-
dont l’antonyme INCREVABLE adj., plus usité, est brare <passer au tamis=, dérivé de cribrum. Il est
le synonyme familler d’infatigable. -De crever sont apparu en français au participe passé CRIBLÉ
dérivés plusieurs substanti£s, dont les populaires avec le sens figo& de hanspercé, accablé d’une
CREVAILLE II.~. (15641 =ripaille=, CREVfiE IL~. quantité de maux*, avant d’être attesté au sens
(18671,employé en Suisse au sens de =bavure. ma- propre de =Passer au tamis+ ti XIII”~.). Il est
hdresse~. et le déverbal CRÈVE n. f. (1902). notarn- construit avec de au sens analogique de *percer de
ment dans .&raper la crève (un mauvais rhume, trous> et de ~couvrir, parsemer (de taches, etc.)*.
une grippe...). -Un dérivé plus ancien, CREVURE -En sont issus CRIBLURE n. f. (14391, -ensemble
n. f. (v. 1120, creveure), est passé du sens de *cre- des résidus restant dans le crible après le criblage-,
vasse~ l- crevasse1 au sens familier de <personne CRIBLEUR n. m. (1556: 1493, crieulkur) et le nom
méprisable. ordur+, surtout usité en langue N- d’action CRIBLAGE n.m. (15731. oLe participe
CRUAUTÉ 966 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

CRUAUTÉ + CRUEL menter, mortllex-. Ce Vex%e,déjà connu du latin


impérial pour &ire subir le supplice de la croix~.
CRUCHE n. f. est issu (1178) d’un francique est dérivé de cru.%(+ crolxl.
“krûkka (restitué par l’anglo-saxon crocca et lï.- * Crucifier * éhminé l’ancien cmcikr =tourmenter=
landais kru.kka) qui est lui-même une variante de Cv.11751du latii cmciare mettre en croix-, sorti de
“krucka (moyen haut allemand kdcke, moyen
hsage après 1660. Il signifie -faire mourir par le
néerlandais cnike), forme dont procède l’ancien supplice de la cmlx~ et a développé le sens figwZ
français truie cv. 12301. Cv.1278) de -faire sou%r intensément-, dans un
+Le mot désigne un récipient à anse et, en Suisse, contexte généralement religieux. On rencontre
une bouillotte. Par métonymie, il se réfère au quelques emplois littéraires au sens de -disposer
contenu d’une croche, empiétant sur le sens spéci- en Croix dans lesquels demeure une forte conno-
fique de CRUCHfiE n. f. (v. 1220) aujourd’hui quasi- tation de *so&rance lnfIigée ou subie-.
ment sorti de l’usage. oPar un développement
. Crucifier a produit des ajdectlfs tirés de ses part-
métaphorique analogue à celui de pot, casserole,
cipes présent et passé, et aLISSi CRUCIFIEMENT
cruche s’applique comme nom (1633) et comme ad-
n. m. cv. 12501, qui a supplanté le doublet cru&-
jedi à une personne ignare et niaise.
ment (XII” s.) encore attesté au xwe siècle.
.En est dérivé CRUCHON n. m. (av. 1300) ‘petite CRUCIFIX II.~., d’abord croceti (1170). crecefis
cruches. spécialement <bouteille de grès remplie ti me s.1 et cruefit (12231, est emprunté au latin
d’eau bouillante pour chauffer un lit- et, par méta- crucitixus participe passé de crucifigere, de cru et
phore, sur le modèle de cruche, =idlot. bêta>. 0 Ce fîgere (+ 0 ficher), substantivé en latin médiéval
mot a supplanté CRUCHETTE Il. f. (v. 1450). 03771au sens de Jésus-Christ-. Le mot a désigné.
mec une majuscule. Jésus-Christ, le crucitïé. Il n’a
CRUCI- est un élément repris *u latii cru, -uck
gardé que le sens métonymique de -croix reprk-
(+ croix) entrant dans la formation de mots sa-
sentant Jésus-Christ crucifiés ti XI~ s.). L’argot a
vants. créé le syntagme cruci6.x à ressort ( 1866) pour dé-
+CRUCIFÈRE adj. (1690) est emprunté au latin signer plaisamment un poignard ou un pistolet.
couder -qui porte la croix~ (de cru et de ferre =por- -CRUCIFIXION n. f. a été emprunté k&V. 1550) au
ter=). Il signifie ‘qui présente une croix* et, spé- latin chrétien crucifixio uxucilïement du Christm et,
cialement en botanique (1762). -qui porte une fleur plus souver+ =morti&xtion~, formé sur le supin de
en forme de croix~ -De là, on a appelé successive- cmcifigere. A la différence du mot latin, cmcifkion
ment crucifères (17621,crucifétinées (WC”s.) et CRU- est usuel au sens propre, moins répandu au figuré
CIFÉRACI~ES k? s.) les plantes ayant une fleur de (déb. xwe s.l.
cette forme. +CRUCIFORME adj.. <en forme de 0 voir CRUCI-.cR”ClAL.
croix~ (1754), a existé au Xwe s. avec le sens de cm-
cifère (16941.-Le composé le plus récent, bien qu’il CRUE - CROfTRE
soit didactique, est le plus courant : CRUCIVER-
BISTE n. (1955) -amateur, auteur de mots* crolsés~, CRUEL, ELLE adj. est issu Iv. 980) dulatin cm-
s’est mieux répandu que le dérivé mot-croisiste. delis aqui fait couler le sang, se plaît dans le sang,
impitoyable>, dérivé de crudus (+ crul qu’il a sup-
CRUCIAL, ALE, AUX adj. est dérivé (1561) planté en ce sens. La forme française, à la diffé-
du radical du latin cru, -ucis (- croix), avec le suf- rence de l’italien crudele par exemple, est refaite
fixe -al. sur le latin ou représente un type populaire ‘cruda-
4 Le mot a été introduit en médecine pour quaMer lis appuyé par la forme ancienne crual (1200) et
un muscle en forme de croix, sens qui a reculé au I’ancien provençal cru&.
profit de cmctforme. Il a été réemprunté (19111,
* L’adjedifqualitïe une personne, un animal et, par
avec son sens moderne de décisif. capital=, à l’an-
métonymie, une action, un sentiment (v. 1150). Le
glais crucial : celui-ci, repris au français (17601,a en
vocabulaire amoureux médiéval et classique est
effet développé le sens abstrait de -décisif permet-
responsable de son affadissement en =insensible à
tant de trancher entre deux hypothèsesm, dans l’ex-
I’amour qu’on lui portez. également réalisé en em-
pression crucial instance (18301. Celle-ci est cal-
ploi substantivé Ifaire la crudd. Cet usage a vieilli
quée sur l’expression latine instantta cru&
*u XIP s. puis a disparu.
-l’épreuve, l’expérience de la crolx~ créée en 1620
par le philosophe F. Bacon pour désigner une ex- .CRUELLEMENT adv. (v. 11501, -de nkX&r-e
périence permettant d’écarter une des deux expli- cruelle= puis -de manière pénible, qui fait souffrir=,
cations également plausibles d’un phénomène, par est quelquefois employé au sens d’-extrêmement~
tiférence aux croix disposées aux bifurcations des (tout comme terriblement, atrocement, ohdoureu-
mutes qui figurent ces hypothèses. Newton em- sement).
ploie I’expression expetimentum cru& avec la CRUAUTÉ Il.f., d’abord CrUùWté CV. 11501, puis
même valeur. cruëlté Cv. 1150) et crüdté (1220-1225) d’après cruel.
est issu du latin crudditm -dureté, cruauté=. La
CRUCIFIER v. tr., d’abord sous la forme d’lm- forme fi-ançaise, anormale, s’explique par l’attrac-
pératif latin crucifige dans une Passion du x” s., est tien de mots tels loyauté, féauté ou par une forme
emprunté, avec attraction des verbes en -lier (latin populaire “crudditas (parallèlement à cruel qui re-
-tiare). au latin chrétien crucifigere mettre en monte à une forme “crudalisl. On rencontre aussi
croix Ile Christ, les martyr+ et, au lïguré, -tour- I’empmnt crudelité au xv” et au XV~~s. où il est par-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRINOLINE
Cv. 1160) dont le sens initial, -pousser un cri de rie. Par extension, surtout au pluriel crines, il a dé-
guerres, s’est affaibli à l’époque classique en =~OU- signé toute espèce de longue chevelure et, de là,
ser une exclamation sous le coup d’une émotion tout objet y ressemblant (comme la queue d’une
fortes (16631,notamment pour protester (16721. Le comète). À basse époque, il aurait pris le sens de
lien sémantique avec cri demeure dans la spéciale- -poil long et rudes, auparavant réservé à seta
sation du mot en vénerie pour *redoubler d’aboie- (+ soie). Le seul rapport étymologique fondé paraît
ments en retrouvant la trace de l’animal poursuivit être avec le latin crista (+ crête). induisant à l’or--
(18341. -Le déverval RÉCRI n. m. est tardif (18321, gine une forme “cris-ni-s.
littéraire ou technique (attesté en 1938 en vénerie.1 +Le mot a été employé au pluriel pour les cheveux
et au singulier pour la chevelure, sens qui s’est
CRIME n. m., d’abord crimne (v. 11651, est em-
maintenu jusqu’au XVII~s., se prêtant même à des
prunté au latin crimes, -inis. Celui-ci appartient au
emplois poétiques krin d’ApoZZonJ et imagés (en
même groupe que cemxre (+Cerner) et cribrwn
parlant du feuillage); cependant, en 1690,Furetière
(+ crible) et ll a dû signifier à l’origine -ce qui sert à
note qu’il ne s’applique à la chevelure humaine que
trier, à décidep. puis -décision> mais, en passant
par mépris. avec des connotations de rudesse, de
dans la langue juridique, il s’est spécialisé au sens
grossièreté. 0 Dès lors, le sens déjà ancien cv. 11601
de =décision judlciaire~. Par métonymie, il s’est ap-
de -poil d’un animal, (d’un cheval en particulierl,
pliqué à l’acte sur quoi se fonde cette décision, le
est devenu dominant. ll a fourni la locution figurée
grief, lïnculpation, souvent avec une valeur péjora-
à tous crins (18401 <complet. ardent2 et & toute
tive due au contexte pénal. L’accusation se confon-
épreuven, par allusion à un cheval auquel on a
dant avec l’acte délictueux lui-même ~sceZu.sen la-
laissé tous ses crins (cf à trois poils). L’idée de -T-W
tin), chie a ti par désigner dès l’époque classique
desses transposée sur le plan figuré, motive la lo-
l’action coupable, perdant ainsi tout rapport avec
cution être comme des crins, un min srevêche, de
cemere.
mauvaise humeur-. D’après l’usage de la soie ani-
+ Le mot est apparu en français avec le sens large male dans la fabrication de certains instruments, le
de -manquement grave à la morale, à la loi=, avant mot désigne (16801on poil animal utilisé pour gar-
d’être attesté avec son sens juridique plus restreint nir des instruments fcrin d’archet, de balai, de pin-
(1283). L’usage commun l’utilise couramment au ceaul, remplacé parfois par un crin végétal ou .5yn-
sens de *meurtre, assassinat= et en fait un emploi thétique.
hyperbolique (dans c’est un crime de) en parlant
d’une faute inexcusable. La notion juridique de t De crin sont dérivés CRINIÈRE n. f. (1556) *en-
crime contre l’humanité est récente, mais l’expres- semble des crins qui garnissent le cou d’un an-
sion est déjà en 1905 dans un discours d’Anatole mal>, presque toujours d’un équidé ou d’un lion,
France. parfois en langue littéraire (15791 =chevelmw, et
deux mots techniques : CRINIER n. m. (16801 ~OU-
w CRIMINEL, ELLE adj. et n. est emprunté (v. 10801 vrier trzWa&d le crin* et CRINELLE n. f. (x? s.1
au bas latin criminalis ~criminel, par opposition à .-bas de ligne en acier à la pêche. -CRIN-CRIN
civil, en droit>, spécialement sblâmablen dans les n. m. (16611,utilisé pour désigner un mauvais vio-
textes chrétiens, criminati peccata désignant les lon (17501, est probablement le redoublement ex-
péchés mortels. Le mot a été introduit dans la pressif de crin (et une allusion aux crins de l’ar-
double acception, morale (en parlant d’une per- chetl, le jouet d’enfant qu’il désigne à l’origine étant
sonne et, par métonymie, d’un acte, d’une chose) et constitué d’un cylindre de carton attaché par un
juridique (1174-l 178). 0 Il est substantivé (15491 crin à un bâton autour duquel il tournait en faisant
pour carsxtériser une personne accusée pois forte- du bruit. Cependant, la variante du nom de jouet,
ment coupable (16021et, au msxolin, en parlant de cti-cri, fait aussi supposer une origine onomato-
la juridiction criminelle (1648, au criminell. -De péique, ce jouet imitant le cri du grillon, puis une
crbninel ont été dérivés CRIMINELLEMENT adv. motivation secondaire par crin.
(XIIIe S.), moins fkpent que CRIMINALITÉ n. f. 0 voir CaINOLlNE.
(1539). +Plus techniques, et issus d’expressions ju-
ridiques comme droit, procédure criminelle, sont
CRINOLINE n. f. est emprunté (18291à l’italien
CRIMINALISTE n. et adj. (16601et le dérivé de ce-
crindim n. m., composé de crin0 (+ crin) et de lino
lui-ci CRIMINALISTIQUE n.f. (19071, ainsi que
(- lin). pour désigne une étoffe de crin et de lin et.
CRIMINALISER v. tr. dont le sens juridique (16941
par métonymie, un jupon boutTant fait de cette
a évincé l’ancien sens d’%ccuse~ (1584) passé à in-
étoffe.
crbniner*. -CRIMINOLOGIE n. f. (18881et ses dé-
rivés CRIMINOLOGIQUE adj. (1893) et CRIMINO- +Le mot, introduit en français comme nom d’étoffe,
LOGISTE n. (19331,CRIMINOLOGUE n. (1957) Sont a pris le genre féminin d’autres noms de tissus en
formés savamment du radical de crimes, -inis et partie à cause de sa 6nale fpopehe, mowseline~.
des éléments -logie, -logique, -logue*. Par métonymie, il désigne (18461un jupon bouffant
0 voir DISCRIMINERlNCau”0NF.R. RÉCRIMINER. servant à faire gontler la jupe et l’armature légère
qui le soutenait, dispositif à la mode, notamment
CRIN n. m. est issu (v. 1050, au pluriel1 du latin sous le Second Empire, et qui succède aux paniers,
ctiis, mot qui aurait désigné à l’origine une coif- vertugadins... Par analogie, il s’est spécialisé en
fur-e féminine spéciale en forme de tresses, comme marine (TC?s.1pour l’affût des pièces d’artillerie lé-
en témoigne l’expression crines capere =prendre gère, la forme évasée de la sellette évoquant vague-
les tresses+, utilisée en parlant d’une fille qui se ma- ment celle d’une crinoline.
CUENLOT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’automne, et le critique L. Vauxcelles (inventeur emplois techniques a&ogiqueS en marine (1845,


du terme fawisme3 employa le premier le mot pour *plier un cordage en rond ou en ellipse-l et en
cube dans un article du 14 novembre 1908 SUTl’ex- parlant d’un textile ou du plâtre.
position de Braque. Le 25mai 1909, il qnaliik les .Fn face de l’emprunt cueillette (ci-dessous), les
ceuvres de Braque, exposées an Salon des indépen- noms dérivés de cueillir se bornent à un usage res-
dants, de -bizarrement cubiques,. Le cubisme fait treint. - CUEILLAISON n. f., tifection de quieuçon
référence à une école de peinture florissante entre (12801.ceulison (XVes.l. dont les premières attesta-
1907 (la première ceuvre -cubiste= étant Les Demoi- tions remontent peut-être an latin collectia (+ col-
selles d’Avignon, de Picasso en 19071ou 1914 karles lection), est rare et marqué comme littéraire.
principes étaient alors tons posés) et 1925. Elle s’at- -CUEILLAGE n. m. (1343. qu&Zge) se maintient
tachait (à travers les <zuwes de Braque, Picasso, uniquement par ses usages spéciaux en verrerie et
Gris) à repr6senter les objets décomposés en élé- en bonneterie. -Le déverbal régressif CUEILLE
ments géométriques rappelant des cubes. sans res- n. f., d’abord cueü n. m. lxv’s.1, se maintient dans
tituer leur perspective. oDe cubisme, on a tii l’usage régional ou argotique avec le sens figuré
CUBISTE n. et adj. (1910, en ce sens) dérivé déjà d’~arrestation, r&e*. -Le nom d’agent CUEIL-
employé (18711 en archéologie (cf. demi-cubiste LEUR, EUSE (1272). anciennement -percepteur%
chez Jarry, 18941. désigne la personne qui cnellle les fruits, les fleurs
0 voir RUBIK’SCUBE. (13031, l’expression cueüleur de pommes(15321
ayant désigné une personne mal accoutrée. Depuis
CUBILOT - COUPOLE le xYs., l’anthropologie l’applique à celui qui ré-
colte les végétaux sans les cultiver (voir cueillette,
CUBITUS n. m. est un emprunt savant (15411an
ci-dessous). - CUEILLOIR n. m. (1322) désigne
latin cubitus -coude,, -OS du coude>. mot ayant
l’instrument pour cueillir les fruits dans les hautes
donné coude* par voie populaire.
branches (on dit aussi cueille-fruits, XI? s.) et la cor-
+Le mot a été repris dans sa spécialisation anato- beille de la cueillette.
mique pour désigner le plus gros et le plus interne CUEILLETTE n. f., d’abord cueüloite (v. 1205), puis
des deux os de l’avant-bras, dont l’extrémité supé- cueüktie par changement de Su&e, est issu du la-
rieure constitue la saillie du coude. tin collecta (+ collecte) ‘quote-part, perception
w Au xwes. également, on a emprunté CUBI- d’argent, collecte> et, en latii médiéval, =récoltes
TAL. ALE. AUX adj. (15031an dérivé latin impérial (12571.Le mot a désigné l’impôt avant de céder ce
cubitalis ‘haut d’une coudée, pour servir d’adjectif sens à collecte. Dès le XI$ s., il désigne la rkolte et,
à la fois à coude et à cubitus. -L’élément savant par métonymie, les fleurs et fruits cueillis. +Par
CUBITO- sert, avec une certaine vitalité, à consti- extension, il est employé à propos du ramassage de
tuer des substantifs et des adjecti& dans le do- di&-ents objets trouvés çà et là, rejoignant ainsi
maine de l’anatomie (homme. vertébrés); sa fé- collecte : faire la cueülette se disait pour =faire la
condité est due an grand nombre des muscles quêtes. Cependant, ce sens a été réservé depuis à
reliés an cubitus qui permettent les mouvements collecte. 0 Les ethnologues appliquent cuei.Mte de
de l’avant-bras, de la main et des doigts ktiito- facon didactique à l’action de ramasser les produits
digital,cubito-palmaire,
cubito-calpien,
cubito-pha- végétaux comestibles chez les groupes humains
kmgettien, cubito-radial, etc.). qui ignorent l’agriculture (désignés comme cueü-
hr.4.
CUCURBITACÉES -+ COURGE

CUEILLIR Y.tr. est issu (v. 980) du latin colligere


bcolliger). composé ancien de kgere -cueillir= CUILLER, CUILLÈRE n. f., successivement
(+ lire) en cum (+ CO-),dont les éléments n’ont plus écrit culier (v. 11001, coller (v. 1150). cuülier (1160-
été compris, proprement =rénnir, rassembleIr 11741 et, au féminin, cuülere (1329, est issu du latin
(d’où de nombreux sens non conservés dans les impérial coctiariwn =ustensile creux à manche,.
langues romanes). Lïnfmitif cuetiti doit son radical Ce mot est dérivé de cochlear ~mesnre pour les li-
aux formes accentuées telles que cueille; sa termi- quides*, dérivé de cochlea ~escwgot-. -coquille
naison vient d’une réfection analogique très an- d’escargot= (-+ 0 cosse). emprunté au grec kok-
cienne (d’après le parfait coillil. hhs, de kokhlê =Coquillage* (-+conqne. coquille).
+Les sens généraux de .prendre, emporter qqn,, L’évolution de sens s’explique soit par la forme de
wecueillir. accuelllin (1080) et -percevoir, collec- la cuiller, évoquant une coquille, soit par sa fonc-
ter= (XII” s.1 sont sortis de l’usage au profit du sens tion d’instrument servant à manger des escargots
plus restreint de =r&olterr (11501en parlant de vé- (dont les Romains étaient friandsf. 0 Le genre fé-
gétaux et, par extension, d’autres choses (les co- minin du mot en français est peut-être dû au latin
qnillagesl. Celui-ci n’a pas toujours supplanté son médiéval cochlewls. Quant à la forme du mot, cuü-
concurrent, le type rarnusser (surtout dans les par- Ier, a supplanté cuiUier (encore attesté an xv& s.) et
lers méridionaux, le Centre, l’Ouest). 0 Par méta- la forme fautive cueillère (de cuetitil, mais est en
phore, cueillir a repris le sens général de cprendre. passe d’être supplanté par cuillère.
ramassen dans la langue littéraire et, avec une t En dehors de son sens courant, où il entre dans
idée de surprise, le sens familier de *prendre aisé- des syntagmes usuels désignant des types de cuil-
ment (qqn), (18781,dans cueillir un volew et cueillir ler (cuiller à soupe, cuàlkr à café ou petite cuiller), le
un adversaire (en boxe, 19041.0 Il a reçu quelques mot a pris diverses acceptions techniques par ana-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRITIQUE
+Cristal a repris les sens du latin et, depuis le cristallin= et au msscuhn en chimie (19%). et CRIS-
XI? s., désigne aussi une variété de verre au plomb. TALLOMANCIE n. f., &JhiatiOn par ieS Cristaux~
remarquable par sa limpidité fcristd de Bohême).Il 117211. oLa plupart, liés au développement de la
donne heu à des emplois métaphotiques et figurés connaissance des structures cristallines, sont for-
se référant à ses qualités de transparence et de so- més après 1750 : CRISTALLOGRAPHIE n. f. 117721,
norité. Par métonymie, les cristawc désignent les d’où CRISTALLOGRAPHE 11863) et CRISTALLO-
objets en cristal. -Les minéralogistes ont appelé GRAPHIQUE adj. (18461; CRISTALLOMÉTRIE
cristaux les substances minérales limitées par des n. f. 118421; CRISTALLOGÉNIE n.f. 118461 d’où
formes polyédriques plus ou moins parfaites W.%Ol, CRISTALLOGÉNIQUE adj. (18641; CRISTALLO-
déhnition qu’ils ont ensuite élargie en fondant i’hy- PHYLLIEN.IENNE adj. (18631, du grec phuilon
pothèse que cette forme était la conséquence d’un -feuille>. qu&it%mt une roche cristalline feuilletée,
arrangement réguher périodique de la matière puis (1905) tous les terrains transformés par méta-
dans les solides. Le concept moderne de cristal se morphisme générai. CRISTALLOGÈNE adj. 11918)
dégage au XVII?, puis au XI? siècle. L’étude des cris- et CRISTALLOGENÈSE, CRISTALLOCHIMIE
taux s’est considérablement développée à cette n.f. hil.xfS.1 et CRISTALLOCHIMIQUE adj.
époque et a été approfondie vers 1912 par la dé- Sont piuS récents. 0 CRISTALLITE n. f. est em-
couverte du pouvoir de di&action des rayons X par prunté à l’allemand Kristdite (Vogelssng, 18751 et
les cristaux ainsi que par celle des cristaux liquides désigne un élément minéral cristallisé de très pe-
11913, cristal liquide1 popularisé par ses appiica- tite taille.
tiens vers 1970. Cette valeur scientifique est repré-
sentée par de nombreux dérivés et composés Ici-
CRITÈRE ou CRITERIUM, CRITÉ-
RIUM n. m., d’abord criterium (16431 hancisé en
dessous). oLe mot, toujours au pluriel. désigne
critère (17811, est emprunté au latin scolastique cri-
aussi le catbonate de sodium cristallisé utiié pour
terium attesté au v’s. au sens de ‘jugementm. C’est
le nettoyage 11889-1901).
un emprunt au grec krttêrim =Capacité de juger-n.
. Deux dérivés sont relatifs à la fabrication des ob- &-ibunal- et =jugement*, de kritêr -juge*, l’un des
jets en crlstai : CRISTALLIER n. m. tv. 12601, nom nombreux dérivés de krinein #séparer, trier, tran-
d’ouvrier recréé vers 1820 au sens de ‘collection de cher, déciden et &ire passer en jugements. Ce
cristaux*, et CRISTALLERIE n. f. (1745). -Le déno- verbe (demeuré dans le grec moderne au sens de
minatif CRISTALLISER y.&. 1~. 1620; 1784, à la +ger. estimep) repose sur la racine indoeum-
forme pronominale1 a suivi son dérivé CRISTALLI- péenne krei- =séparer, cribler- (+ crise, critique, hy-
SATION n. f. (1620; =ensemble de cristaux* 17411, pocrite).
dans l’emploi figuré qui en est fait depuis Stendhal + Critère ou, dans ses emplois didactiques, égale-
(1822, De l’amour1 au sens de =réunion d’éléments ment crttérium, est d’abord un terme de la langue
pour former un sentiient~. 0 Par ailleurs, tant en philosophique désignant le caractère, le principe
science qu’au hgwé. ctitdliser s’emploie aussi permettant de porter un jugement, de distinguer
comme intransitiipour =Passer à l’état de cristaux~ une chose. En ce sens, si la forme crttère est la plus
et -s’organiser, se défmhx 0 Le ve&e a pour déri- fréquente, critérium reste usité (on relève la forme
vés CRISTALLISABLE adj. (1836). CRISTALLI- crttérion chez Guizot en 18281. oEn revanche, cri-
SANT. ANTE adj. (1842; 1823 comme nom en tère est la forme de loin la plus répandue au sens
Chimie), CRISTALLISOIR n.m., nom d’un réci- courant de =ce qui sert de base à un jugement d’ap-
pient plat, en chimie (18451 et CRISTALLISATEUR préciation* (1781). avec divers emplois particuliers,
n. m. (19311, quelquefois employé en ce sens (1936). au singulier et au pluriel. en économie, mathéma-
-Les autres dérivés sont d’usage essentiellement tiques, sociologie et médecine. -La forme latine
concret et technique : son antonyme DECRISTAL- crttertum a été reprise comme terme de sport au
LISER y. tr. est attesté depuis 1856 et a produit DÉ- &s.. en hippisme (1859) à propos d’une course
CRISTALLISATION n. f. (18931. 0 Avec un préfixe entre chevaux de même âge, servant à désigner le
itératif, RECRISTALLISER Y. tr. est attesté depuis meilleur dans chaque catégorie (par opposition à
1906. omnium), et plus généralement (1876) pour une
L’adjeCbf CRISTALLIN, INE lx111’S.) est emprunté épreuve servant à classer et éliminer les concxr
au latin impérial crystaUinus *qui a l’aspect du cri?- rents.
tab; ses emplois correspondent à ceux du nom, w Du latin crtterium est dérivé au >op s. CRITERIO-
évoquant notamment la transparence et un son LOGIE n. f. (av. 19201, terme didadique pour la
clair comme celui que rend le cristal ~voyoixcridal- science des critères de la connaissance, dont est
lin& oii a été substantivé au sens de ‘milieu tiré CRITÉRIOLOGIQUE adj. (19141.
banspanent de l’osil> 1168C0, entraînant la formation
de CRISTALLINIEN.IENNE adj. (1855) et de 0 CRITIQUE adj. est emprunté (1372, cretique)
CRISTALLINITÉ n. f. 118631. au latin tardif critiu.s, souvent employé en
Cristal est entré dans le composé CRISTALLIFÈRE contexte médical, associé à dies #jour=. Lui-même
adj. 118421 ‘qui produit des cristaux, est riche en est un emprunt au grec krttikos -capable de juger,
cristaux kl’une roche, d’un minérail~ et dans plu- de décidep et tardivement, dans la langue médi
sieurs termes didactiques de chimie. minéralogie, cale, -décisif, critique, (en parlant d’une phase de
physique et anatomie, sous la forme cristollo-. maladie). Krtttkos est dérivé de krinetn -jugeI-
Oh pIWniem attestés Sont CRISTALLOïDE &idj. (+ crise, critèrel.
115411, -semblable à un cristai~, substantivé au fémi- + Introduit dans la langue médicale pour qualifier
nin en anatomie ( 1707) =membmne enveloppant le ce qui est marqué par une crise, le mot ne s’est I-é-
CUISINE 970 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cuire à qqn WxO: dès le xiv+ s., sous une forme lé- cuisinez et #art du cuisinier-, dérivé de coquere
gèrement différentel. c+ cuire).
w Le participe présent CUISANT, ANTE est sdjec- * Le mot a repris les sens latins et, par métonymie,
tivé ks’s.1 au propre et au figure. Son sens parti- désigne aussi les mets cuisinés (11701. Ultérieure
culier, -qui sert à cuire= (13241 et la valeur =qui cuit ment, au xvise s., ii s’est étendu par métonymie au
facilemenb 116901, se sont maintenus dans quel- personnel travaiiiant aux cuisines (17401. 0 Le mot,
ques patois. -La valeur figurée morale est réalisée du >m’s. à nos jours, désigne des lieux spéciaie-
par le participe passé CUIT, CUITE dans êfre cuit ment affectés à la préparation des aliments, dans
kv? s.1 qui a d’abord signihé =être ruin& avant de des contestes variés, d’abord surtout dans des col-
prendre le sens moderne d’=être vaincw (16751 et lectivités et de vastes résidences, du monastère au
spécialement &re ivre* W%X31. Mais toutes ces va- château, puis dans les maisons privées, avec une
leurs tendent à être interprétées comme des em- distinction bourgeoise kuisine, office, salie à mari
plois figures du sens cuiinaire Beaucoup de lo- gerl inconnue des classes sociales nu-aies et prolé-
cutions encore usuelles au xwes. sont sorties de tariennes (au xm” s.l. Une valeur spéciale au ti s.
l’usage mals on rencontre encore avoir son pain concerne l’équipement de cette pièce kcuisine équi-
cuit -avoir ce qu’il faut pour vivre aisémentm. -Le pée, mmbles de cui.sind. 0 Cuisine a reçu le sens fi-
féminin CUITE a été substantivé (1268, cuite du le- guré, souvent péjoratif, de <manière de préparer,
vain1 au sens très particulier de #fournée de pain en littérature, en politique, (av. 1778). OAU sens
correspondant à une quantité donnée de levaim d’w-t cuiinaire~, il s’entend spécialement kvis” s.1
o Sous i’intluence de l’expression être cuit +re=, il de la préparation des aliments consommés immé-
a pris son sens familier d’&resse= (18641. peut-être diatement, à l’exclusion de la pâtisserie, des con&
à rapprocher de l’expression argotique équivalente series et conserves. 0 L’expression latin de cuisine
chauffer son four cboire*. oll a entraîné SE CUI- *mauvais latin, est à mettre en rapport avec l’évo-
TER v.pron. t18691 -se soûler- et SEDÉCUITER lution de sens de cuistre*.
(xY s.l. -L’antonyme de cuit, INCUIT. INCUITE . Le dérivé CUISINER v. tr. Oan’s.1 a pris lui aussi
adj. (xvr” s., également encuit) -mal cuit, non cuit*, a le sens 6gm-é de =Chercher par tous les moyens à
été repris fin XVIII~ s. (17981 et substantivé au xc? s. obtenir de qqn des renseignements% t18811. -Un
pour désigner la partie mai cuite d’une viande autre dérivé de cuisine, CUISINIER,IÈRE n.,
(1867): le mot est archaIque, sauf au sens technique d’abord quisinier Cv. 1200), a évincé le plus ancien
de -partie inerte d’une chaux, d’un ciment insuff- queux* de l’usage courant. 0 Son féminin (12991 est
samment chat&& (18411. -CUISEUR n. m. a dé- doublé par le nom d’appareil CUISINIÈRE n.f.
signé (1270) l’ouvrier qui dirige le feu d’un four et (1771) qui a désigné une rôtissoire avant de se dire
désigne aujourd’hui (1917) un appareil de cuisson d’un appareil à diverses surfaces chau%ntes pour
d’aiiments, d’où le composé AUTOCUISEUR n. m. cuire les aliments (18921, d’où cuisinière à bois, à
CV. 19171. -CUISAGE n. m. t>w” s.1 S’est SpéCialiSé charbon, à gaz, électrique, désignant des appareils
techniquement à propos de la réduction du bois en très diiférents. -Cuisine a été déformé en CUIS-
charbon, laissant l’emprunt cuisson k-dessous) as TANCE (19121, dans l’argot militaire (peut-être
sumer le sens générai. d’après béquetame), qui désigne le lieu où l’on fait
Par préi?xation. cuire a donné RECUIRE v. tr. à manger; il est passé dans le langage familier au
(v. 1130) =cuire de nouveau*, employé également sens de #préparation des mets,. oOn en a tire
dans le domaine technique dès le mies. (pour un CUISTOT n. m. (18941, *cuisinier km-tout dans une
métail. -Celui-ci a produit à son tour RECUIS- communautéj~, et CUISTANCIER (19151, qui S’est
SON n. f. (16111, d’après cuisson, de nos jours em- moins bien imposé. -CUISINETTE n. f. (1936, re-
ployé à propos d’une opération de verrerie artisa- pris 19731 est recommandé officiellement en rem-
nale 118691, et RECUIT n.m. (16761, appliqué placement de l’anglicisme hitchenette. Il est em-
aujourd’hui à une opération technique en métal- ployé en Suisse (où l’anglicisme n’a pas cours) à
lurgie t18901. -SURCUIRE v. tr. (1876; 1868 surcuit, propos dune petite cuisine équipée (19561.
au p.p.1 réalise iïdée d’une cuisson excessive, ap-
pelée SURCUISSON n. f. (18681. -PRÉCUIRE v. tr.
CUISSE n. f., d’abord quisse (1080). est issu du
(19721 et PRÊCUIT. CUITE adj., concernent une
latin impérial coxa -OS de la hanche, hanches, qui a
cuisson préalable à la vente (de légumes ou d’aii-
dû désigner à l’origine une articulation en général
ment& De là PRÉCUISSON n. f.
car les mots correspondants, dans d’autres
CUISSON n. f. continue (12561 le latin coctio %ction
langues, s’appliquent à des articulations diverses
de cuire,, +Gment cuit*, également &gestion*, dé-
(irlandais coss -pied*. sanskrlt kcik@, kak+ü ais-
rivé du supin de coquere. Son initiale a été adaptée
selle*, etc.). Coxa a pris le sens de wnsse*, élimé-
sous l’intluence de cuire. -Le sens de =démangeai-
riant le latin classique de même sens fenw lequel
son, sensation de brùiure vive= est premier par rap-
souffi-ait dune ressemblance déplaisante (+fé-
port au sens aujourd’hui dominant d’aaction de
mur), cependant que la notion de ‘hanche= a été
cuire, de chauffer- (XVe s.l.
exprimée par un terme emprunté au germanique
(6. hanche).
+Le mot, employé principalement en parlant de
l’être humain, se dit aussi de l’animai et spéciaie-
CUISINE n. f. est issu (11551 du bas latin “cocina, ment d’une volailie cuisinée (par opposition à aile).
altération du mot classique coquina =iieu où l’on Tout comme fesse et cul, mais moins souvent que
DE LA LANGUE FRANÇAISE 955 CROC
adjectif croche (1520, nez crochej, tiré du substantif crochue (16111, fémintn substantivé de l’adjectifcm-
cruche, excepté an Canada où ce mot a aussi par ch, au même sens. -Le syntagme croc de la jambe
extension le sens de &rdu~. 0 L’expression hgw (1554) s’est lexicahsé en CROC-EN-JAMBE n. m.
rée atomes crcxhusfait référence à Démocrite qui (1611) par l’intermédiaire des formes croc ingambe
décrit des atomes pouvant s’accrocher les uns aux (15771, croche en jambe (1584): il est employé an
antres et former des corps et s’emploie an fignré propre et an hguré, avec une idée de =tonr déloyal,
pur affinités. oh? diminutif CROCHET nm., dès 1575. -L’élément verbal croche est entre lui-
d’abord crohés 6% mes., an pluriel), proprement même dans deux snbstantifs tkmiliers synonymes
-petit croc,, empiète SUT certains sens de croc : il du prkédent: CROCHE-PIED n.m. (1835) et
désigne un instrument de fer recourbé pour saisir CROCHE-PATTE n. m. (xx” S.), synonymes fami-
on suspendre qqch. et s’applique aussi aux dents liers de croc-en-jambe.
recourbées de certains animanx avec une réparti- ACCROCHER Y. tr., d’abord ocmcer (V. 1165) fOInté
tion nette dans l’usage. par rapport à croc. Didac de a-, croc, croche et désinence verbale, signifie
tique en parlant de dents aiguës Icrocnets du d’abord =retenir par une pointe,, sens concret qui
sementI. il est courant en parlant de dents recow s’est perpétué avec la valeur active de ~snspendre
bées, voire familier à propos des dents humaines à un crochets. le sujet étant un nom de personne
d’où, par métonymie, avoir les crochets ‘avoir hfs.. Ronsard). Il s’est spécialisé en marine
faims, comme avoir les dents, les crocs. ~L’on de (>ov” s.1 pour ‘aborder un navire avec le grappin,.
ses nombreux sens techniques (an singulier on an 0 Il s’emploie an figuré pour =arr&er comme en
plnrielj a inspire la locution figurée vivre aux cm- ikant= (1549). an xv? s. en parlant d’un procès, sens
ch& de qqn (1694, vivre sur les crochets de). -Le sorti d’usage après le xvn’ s. alors que l’antonyme
sens que crochet a pris en couture (1835) s’est im- décrocher conserve l’idée de ‘dégager, ne plus im-
posé comme l’un des plus conrants (faire du cm- mobiliser=. oEn revanche, l’emploi d’accrocher
ch& -Par analogie de forme, le mot désigne un pour ‘arrêter par un choc-, le complément dési-
signe typographique (1741), une accolade (1696). gnant un véhicule ou une de ses parties (166C0, est
puis une sorte de parenthèse anguleuse et, snr un demeuré usuel. Le verbe pronominal s’accrocher
plan spatial, décrit un brusque changement de di- s’emploie an concret pour *se retenir *vec les
rection (av. 1778, faire le crochet),idée qui lui a valu mains> (1680) et aussi à l’abstrait (1684) pour *se re-
deux emplois spéciaux en sport : an football et an tenir, se maintenir dans une situation=, souvent p&
rugby, il se dit d’une feinte consistant en un jorativement. -Le dérivé le plus ancien, ACCRO-
brusque changement de direction de la part du CHEMENT n. m. t~m’ S.I. d’abord attesté an kgWé,
joueur qui détient le ballon t19Olj. En boxe, il dé- *fait d’empiéter SUT les droits de qqn,, puis concr&
signe un coup de poing lancé de l’extérieur vers tement pour ~sction d’sccroche~ (15441, a vieilli.
l’intérieur (1967j. -De crochetest dérivé CROCHE- -Le déverbal ACCROC n. m. (1530) a d’abord eu le
TER y. tr. (1457), &tre agir grâce à un crochets sens métonymique de ~crochet~ et le sens 6gnré de
krocheter une serrarek qui à son tour a produit les sce qni retient, ar&e, tien 6ïn xv8 a), tons deux
dérivés CROCHETAGE n. m. (1803) et CROCHE- disparus. La valeur actuelle la plus usuelle, =dé-
TABLE adj. (1845). postérieur à INCROCHETABLE chirnre faite par ce qui accrochez, semble s’être dé-
adj. (1868). 00 CROCHETEUR n. m. (1440), ‘VO- gagée à l’époque classique (16ExJj tout comme le
leur avec e&sctiom, montre que le verbe, dans ce sens figuré de ace qui retarde, empêches (1690).
sens, est plus ancien que son attestation connue. spécialement -infractions (1763). -Le déverbal fé-
oIl a pour homonyme on dérivé de crochet minin ACCROCHE n. f. (XVI~ s.) a loi anSSi corres-
@ CROCHETEUR n. m., ancien nom d’agent (1533) pondu à <ce qui accroche, petit crochet*, réalisant
appliqué à celui qui portait les fardeaux avec des au figuré le sens de &%mlté, retards (1690); il a
crochets, d’où les fameux crocheteurs du Port-au- été repris an XY s. en publicité pour ce qui retient.
Fom, dont Malherbe fait les témoins d’un usage accroche l’attention. -ACCROCHAGE n. m., *ac
spontané et sain de la langue. Pourtant. à ce porte- tion d’accrocher on de s’accrocher=, semble dispa-
faix s’attachait une réputation d’homme grossier raître au mf s. Il est repris vers le milieu du xwP s.
dont témoigne la locution jurer comme un croche- en technique minière, puis an Wce s. dans diverses
teur. techniques; là, comme en emploi général, il se
CROCHER V. tr., d’abord crochier (1189 11901, a dé- substitue à accrochement,se spécialisant pour un
cliné au sens général de ~Saisir avec un crochet, bref engagement militsire, une dispute et, en pubh-
suspendre avec un crocheté, absorbe par le cité bc? s.), ce qui sert à accrocher, à attirer l’atten-
compose accrocher k-dessous), mais s’est main- tion, concurrencé par accroche. -ACCRO-
tenu en marine pour epasser le croc d’une poulie à CHEUR,EUSE n. désigne d’abord an fignré la
l’endroit où il doit a+ et, intransitivement, dans personne qui retarde, arrête un procès (1635): il est
cmcher dans la toile eaisir la toile d’une voile avec repris an ti s. en sport à propos d’une personne
les mains recourbées pour la ferlep. combative (1933). alors aussi adjectivé, et, plus gé-
0 CROCHE n. f. 6% xsP S.I. féminin de croc, dé- néralement, de ce qui attire l’attention. -Le
signe on objet ayant pour fonction de saisir, mais composé ACCROCHE-CCSUR n. m. (1837. Vidocqj
ne s’emploie que dans le langage technique (pêche, est d’abord argotique et désigne on favori en croc,
forge). -Il ne se confond pas avec le terme de mn- puis une boucle de cheveux aguichante l1863, Gau-
sique Q CROCHE n. f. (1680). probablement issu tier). -Le prélïxé verbal d’accrocher, RACCRO-
par reduction du syntagme “note croche où croche CHER v. tr., est d’abord attesté an pronominal
est adjectif, comme l’induit un emploi antérieur de (1310)pour =se ralliez puis comme transitif pour
CUL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour qudi&x une teinte rougeâtre, et sonore rieure d’une arme à feUs, CULÉE n. f. (1355) utilisé
(1848). o Les dérivés de cuivrer, CUIVRAGE n. m. en architecture et en marine (1694) ainsi qu’aux
(1777) et CUIVRERIE n. f. (1877), sont d’usage seu- sens de -partie d’une peau tannée prise sur l’ar-
lement technique. rière-train de l’animal*, et +ouchea. -s’y ajoutent
L’élément savant CUPR- Icupri-, cupro-) a servi à CULER V.intr. (1687; 1482, &apper, pousser au
former un certain nombre de termes de minéralo- C&I utilisé en marine au sens d’=aller en arrière=
gie, chimie et métsllwgie, ainsi que les adjectifs dl- (+ reculer) et son dérivé C~LEMENT n. m. (x& s.l.
dactiques CUPRIFÈRE (1834) et CUPRIQUE (18451, ~CULERON n. m. (1611) désigne la partie de la
dont les correspondants anglais sont attestés avant croupière sur laquelle repose la queue d’un cheval
1800 kuprifemus, 1784; cupric 1799). harnaché. 0 CULIÈRE n. f. (1260). est le féminin
substantivé de l’adjectif CULIER. IÈRE (XIII~ s.)
ic CUL n. m. est issu (v. 1179, Remrt) du latin [cf. boyau culier, par exemple chez Flabelaisl, égale-
cuhs sderrière humains, mot populaire relevé ment en parlant d’un cheval et substantivé au fémi-
dans les grai%ti satiriques et les priapées, et nin pour une sangle fixée à la croupe afin d’empê-
conservé dans toutes les langues romanes. Il a été cher le harnais de glisser.
rapproché de l’irlandais cti -dos>, du slave hyla et CULOT n. m. (1292) et son féminin ctitie Ont une
de l’ancien haut allemand hola -hernie>, mals ces grande vitalité : culot, apparu avec le sens tech-
derniers sont éloignés par le sens; il n’est pas im- nique de -fond. partie inférieure d’un objet>, s’est
possible qu’il soit apparenté à cunnus (+ con). étendu, par métonymie, à ce qui reste au fond, le
+L’usage de cul au sens concret de -derrière> est résidu (x& s.) et à l’endroit d’une pipe où se forme
marqué comme vulgaire ou tabou à partir de la se- ce résidu. Toujours au xvne s., il a reçu le sens figuré
conde moitié du w$ s.; la plupart des emplois de -demien, en particulier #dernier-n& (1606) et
neutres (locutions et dérivés) attestent encore au- -dernier reçu dans une compagnies (1611). oPar
jourd’hui le caractère relativement tardif des inter- métaphore, il a développé (1879) le sens familier
dits, OC& est très productif en locutions fam- courant d’-assurance excessive, efYronterie*, soit
lièms. entre autres avoir le cul pesant (~III~ s.) .-être parce que celui qui a -du culots ne perd pas facile-
un lourdaud>, faUe Je ad de plomb l1640) *être tou- ment l’équilibre, étant fermement assuré sur sa
jours assise, avdr Je feu au ad (1536, dans son sens base (par une évolution du type de celle d’aplomb).
érotique), baiser Je cd à qqn (1694). péterplus haut soit par allusion à culot de pipe: le fait d’être
que son ad (16561, etc. 0 Le syntagme faux ad, ap- aguerri, endurci, aurait quelque analogie avec le
pliqué par péjoration à une personne hypocrite, fait, pour une pipe, d’être culotté. -Culot a produit
désignait à l’origine une tournure portée par les CULOTT!&ÉE adj. (1792; repris 6n x&s.l et le
femmes. Les emplois de cul au sens métonymique ve&e Q CULOTTER v. tr. (18231, d’abord technique
de -personne> sont d’ailleurs nombreux et ne pti%- puis ( 1838, pmnomina# de sens 6guré pour -rendre
sentent pas tous le même degré de vulgarité. A audacieux. expert,. oDe ce sens procèdent
côté de cul =homme bête et gmssiep (18721, on ren- CULOTTA~E mm. (18411, CULOTTEUR n.m.
contre les composés CUL-TERREUX n. m. familiè- (1845) -grand fumeur de pipesn et 0 DÉCULOTTER
rement *paysan>, CUL-DE-PLOMB n. m. -per- v. tr. (18501 en parlant d’une pipe.
sonne sédentaire-; plus neutre, CUL-DE-JATTE Quant au féminin CULOTTE, dont l’origine est en-
(1604) dans lequel cul a d’abord le sens de *fond core moins sentie que celle de culot par la majorité
d’un objet-. -Plusieurs emplois de cul sont directe- des locuteurs, il a d’abord désigné un vêtement de
ment sexuels, se référant à la sodomie kmus=, dessus (de même que chausses et braie, plus sn
comme dans J’avoJr dam Je adl mais aussi aux ciensl. L’opposition entre culotte, vêtement serré
fesses en tant qu’objet sexuel et au sexe de la sous les genoux, et pantalon’ est active au xwe s.,
femme; ce dernier sens, encore plus marqué que mals s’atténue au xc? a et disparaît au xxe siècle.
les précédents, étant devenu usuel, d’abord dans le Culotte s’est maintenu uniquement à propos de
milieu de la prostitution. -Parallèlement, cu.l dé- types de vêtement particulier (culottes bouffantes,
signe familièrement (12501 le fond de certains ob- culottes courtes -opposé à pantalon long-,
jets. Il fournit alors une désignation usuelle dans culotte de cheval, jupe-culotte) et dans des expres-
CUL-DE-SAC n. m. (13071 -rue sans issues, au fi- sions où. par opposition à jupe, il figure l’emblème
guré <situation sans issue- ~VIII~ s.), CUL-DE-FOUR de l’homme (porter la culotte, 1798). -L’appellation
n. m. (1555; au cul du four, déb. xv” s.), et CUL-DE- SANS-CULOTTE (1790) est un reliquat du sens IW-
LAMPE n. m. (1448. avec un sens ancien) spécialisé cien. par allusion au fait que les hommes du peuple
en architecture (1657) et en typographie. 0 Cd a portaient le pantalon, la culotte serrée étant l’apa-
fourni le premier ou le second terme d’autres nage des nobles. Elle a été rapidement démotivée,
noms composés (généralement écrits avec un trait devenue synonyme de réwlutionwire et de pa-
d’union dès lors que le composé n’a plus le sens de triote, comme le montre le féminin une sawculotie
la somme de ses composants); on peut citer CUL- (1794, Restiil. -Culotte est resté usuel comme
BLANC n. m. et PAILLE-EN-CUL. noms de sortes terme d’habillement mals s’applique soit aux
d’oiseaux, et aussi SOUS-CUL n. m. (1890) -petit ta- culottes des jeunes garçons, soit à un sous-vête-
pis sur lequel on S’assoit~, BRONZE-CUL n.m. ment féminin (1903), soit encore à un sous-vête-
Cv. 1970) *action de se bronzer en s’exposant nu au ment de petit enfant fcou&e*-culotte). 0 Par ana-
sole&. logie et par métonymie, il est utilisé en boucherie
.Cul a produit plusieurs dérivés techniques (17081 comme désignation d’une partie de la cuisse
comme CULASSE n.f. (1538) -exkémité pOSté- de l’animal et, au Wp s., a reçu quelques acceptions
DE LA LANGUE FRANÇAISE CROISADE
tin creclere, ancien terme de la langue religieuse, même valeur. Il n’a pris la forme actuelle
d’origine indoeuropéenne, conservé seulement en CROYANT. ANTE que tardivement, une première
indo-iranien kklique çrdddadkti, juxtaposé de fois en 1546 puis à partir du xvm’siècle.
çrda et en italo-celtique (vieil irlandais creti et -CROYABLE adj. a évolué de creabk (v. 11201, cre-
gallois credaf -je crois*). Tout comme Mes (+ foi). dable Cv. 11201 en croyable (v. 13701 d’après le nou-
cmdere a pris très tôt des emplois généralement veau radical verbal (ü croyait1: il a progressive-
profanes, par suite de la domination de plus en ment cédé son ancien sens actif de ‘qui a la foi, qui
plus grande de la culture matérielle méditerra- croit facilement, à croyant et à crédule, gardant lui-
néenne sur la culture indoeuropéenne d’origine même le sens passif de aqui peut être crus (v. 11201.
orientale. Ainsi, il a signi@ *mettre sa confiance en en parlant d’une chose, d’une personne (v. 11751.
qqn, en qqch.B, =confler qqch. à qqn, d’où, concrète- CROYANCE nf., d’abord creance cv. 10501 puis
ment, sprêtep (+ cklitl et =croire qqn, qqch.*. L’in- croimce Iv. 1370). n’est pas dérivé de croire mais
troduction du christiaoisme est venue rendre au issu d’un bas latin “credenti, dont l’existence est
verbe un rôle religieux, credo -je crois, étant af- assurée par sa diffusion dans les langues romanes.
fecté à traduire le grec pisteuô et fides le grec pi.dis: La forme à radical croy n’a pas éliminé totalement
de sorte qu’en pleine période romane, ?Ïdes s’est le type en cré- réservé à un usage technique et juri-
remis à servir de substantif verbal à credere qui dique (+créancel. Croyance exprime le fait de
n’avait aucun dérivé pour remplir ce rôle. Devant croire, à la fois dans sa spécialisation religieuse et
cette situation de déséquilibre et suivant un pro- (v. 11741 dans sa généralité. avec une extension mé-
cédé courant en latin, on a forgé credentia qui est tonymique pour ‘objet de la croyances qui le rap-
représenté dans tout le domaine roman et n’a pas proche de foi et d’opinion. Il a éliminé lïnfmitlf
donné moins de trois mots en kançsis (créance*, substantivé CROIRE n. m. (16901.
crédence* et croyonce’l, tandis que foi conservait Croyable, croyant et croyance ont reçu des anto-
son sens religieux. Grâce au christianisme, les I-é- nymes prélkéS en in-. oLe plus ancien est IN-
sultats de la contamination de deux groupes sub- CROYABLE a& d’abord increable (~IF s.1 puis in-
sistent jusqu’à présent. croyable (1513). Proprement *qui ne peut être cru-.
4 Le verbe est apparu au sens religieux d’savoir fois, il a pris par extension son sens courat? de =peu
l’expression la plus ancienne, croire en Dieu (v. 9801, commun, peu ordinahw au xwe siècle. A la fin du
évinçant croire à Dieu ti me s.), une différence sé- XVIII~ s., d’après une spécialisation en &range, ricl-
mantique entre les deux prépositions se manifes- cule> (17801, il a été substantivé à propos des jeunes
tant ensuite: en impliquant une croyance spiri- gens qui aikhaient une recherche extravagante
tuelle et morale et à une croyance intellectuelle. dans leur mise et dans leur langage - ils ne pro-
Cette différence est également pertinente pour les nonçaient pas les r - sous le Directoire (17951
Icf merveülewel. ull a produit INCROYA-
emplois plus généraux de croire à (l’innocence de
BLEMENT sdv. (fio xv’s.1, souvent utilisé au sens
qqn, par exemple) attestés au xvue siècle. Croire à
expressif dérivé d’=excessivement-. -IN-
implique parfois une croyance naïve kroire au
CROYANT. ANTE sdj. (1783, après non-croyant).
PèreNoëLl. ~Dès son apparition en français, le
aUSSi substantivé, et INCROYANCE n. f. (1836, Cha-
verbe a aussi le sens non religieux &-admettre
teaubfiandl sont plus tardifs et moins usuels. -In-
(qqch.1 pourvrai~. #ajouter foi aux paroles de (qqn)*.
croyant est d’ailleurs concurrencé par MI%
En ce sens, la construction transitive (10801 s’est gé-
néralisée aux dépens de l’ancienne construction
CRÉANT, ANTE adj., d’abord mescreant (1080),
seule forme en usage de l’ancien verbe MÉ-
CrOire à qqn IenCOm en 17871. ~L’ancienne
CROIRE v. (!a? s., mescro~el -être incroyants, en-
construction renforcée en croire qqn 1x1~s.1 y ajoute
core utilisé au xv$ s. au sens de wefuser de croire
la nuance &-apporter une adhésion totale, mals
qqn,. Mécréant, devenu rare au sens de -qui ne pro-
personnelles; elle a fourni les locutions usuelles en
fesse pas la foi considérée comme vraie>, a pris
crofre ses yeux, ses oreilles Cv. 11201, utilisées sur-
dans l’usage plaisant la valeur de aqui n’a foi en
tout en phrase négative. Par extension, croire signi-
rien> b impie), surtout comme substantif pour =ir-
fie *penser, être d’avis que, (v. 11601, sens déjà
réligieux, sans croyance religieuse-.
connu du latin qui employait credo en incise. o ll
s’emploie spécialement dans croire qqn + attribut
(1625: une fois en 12111 et croire qqn quelque part,
dans me situation qenser qu’il est- (16001. 0La CROISADE n. f., qui appartient à la famille de
forme pronominale secroire -se considérer croix. est apparu au XVe s. (v. 14801 pour désigner la
comme* a souvent une valeur péjorative : -se consi- guerre sainte contre les infidèles, dont les partici-
dérer à tort comme* (d’où absolument secroire pants portaient une croix d’étoffe cousue sur leur
dans le registre familier). oDès l’ancien français habit. En ce sens, le mot est postérieur à la réalité
(10801, croire r&lise l’idée d’avoir conlknce en qqn, historique des croisades : il remplace, avec un suf-
en construction transitive k? s.1 et en construction fixe qu’il doit peut-être à l’ancien provençal crozata
intransitive (11801, avant de s’étendre à l’idée ou à l’ancien espagnol cruzada, les noms plus an-
d’-avoir ccmhnce en l’efficacité, au pouvoir de ciens, le masculin croisement (av. 11951, les fémi-
(qqn. qqch.1, (av. 1662, croire (LLWCastrologues, ou.~ nins croiserie (av. 12721 croisière et croisée (13901.
dCkCi?lSl. dérivés de croix*, se croiser et croisé étant attestés
c Le participe présent, anciennement creanz dès le xue siècle.
(v. 11201. a été substantivé au sens religieux de +Tous ces mots, d’ailleurs postérieurs eux aussi
-celui qui a la foip et adjectivé U?n x11~s.1 avec la aux premières =croisadess, avaient une trop
CULTIVER 974 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’où manière d’être, de se vêtirn, également en i-e CULTURE n. f., réfection savante (XIV~ s.1,
ligion =hommage rendu à un dieu>. Le mot est dé- d’après le latin, de coltare 11150), est emprunté an
rivé de colere -habitep et -cultiver- l--sole, colo-j. latin cultwo dont l’évolution régulière avait donné
l’ancien francais couture, comme cultes avait
+ Culte est passé en français avec sa spécialisation
religkuse, -hommage rendu à Dieu on à un saint*. donné naissance aux deux verbes coutiver et CU&
Par métonymie, il désigne l’ensemble des pra- ver*. Les Latins disposaient de trois noms plus on
tiques par lesquelles l’homme honore son Dieu moins synonymes, formés SUT le supin cultwn de
118351. liberté rendue effective après la loi du 9 dé- colere *habiter; cultiver= l--cale, cultiver) et -véné-
cembre 1905 sur la séparation des Eglises et de rern l+ culte), le plus rare, cultio saction de cultiver,
YÉtat Gbetié des cultes1. Plus spécialement, le mot de vénérer-, n’a rien donné en français, à la dif-
s’applique an service religieux protestant 11897 en férence de cultura <action de cultiver la terre> et au
Suisse) et, plus généralement, à la religion, à la figw? -action d’éduquer l’esprit, de vénérera, et de
confession. 0 L’extension figurée de -vénération, cultus, surtout utilisé dans un sens moral et dans la
admirations (av. 16901 est très vivante, comme en langue religieuse.
témoignent les syntagmes du type culte de la per- 4 C’est ainsi que culture et culte*, dont les sens ir-
soonalité 119091 et l’emploi récent en apposition terféralent à l’origine, se sont progressivement dif
avec une valeur adjective I/%n culte1. férenciés. Le premier sens de colture (11501 est ce-
. CULTUEL, ELLE adj. 11872. traduction de l’an- lui de =Champ labouré, terre cultivée et
glais) et son dérivé CULTUELLEMENT adv. (1957) ensemencéen, utilisé parbcnlièrement en droit
sont d’usage didactique k&hropologie. droit). coutumier et attesté jusqu’en 1611. ll s’est conservé
0 voir CuLTIvEa CUL-. INCULTE. dans quelques parlers septentrionaux et en Nor-
mandie, où il fournit le nom propre de terres et de
champs et le nom de famille Couture, Lacouture. Le
CULTIVER Y. tr. est la réfection savante
sens moral d-action de révérer+ 11420) n’est pas at-
lv. II 191, d’après le latin cultus, de l’ancien français
testé an-delà du XVI~ s., où il devient l’exclusivité de
coutiver 111551 *vénérer une divinités et #cultiver la
culte. oLes sens modernes du mot sont apparus
terre>. alternance de sens dont témoigne encore
assez tard, an xwe s. : culture désigne alors l’action
l’ancien français culture et couture. Ce verbe est
de cultiver la terre (on dit alors aussi culturement)
issu d’un type Ocultivas, formé à basse époque
et, par métonymie, la terre cultivée lsnrtout an plu-
d’après vocivus kcnlte~ snr cultus, participe passé
riel), retrouvant le sens archdqne. Par extension,
de colere qui a, entre antres sens, ceux de -cultiver
le mot recouvre l’action de faire pousser un végétal
la terre> et dehonorer- (- colel. Le latin médiéval
et, ultérieurement 118451, l’élevage de certains ani-
cultivcwe 11284) est une latinisation de l’ancien fran
maux hués, puis 118781 l’action de faire croître cer-
çais coutiver.
tains micro-organismes en milieu approprié.
+Le verbe exprime l’action de traiter le sol en vue -C’est également an xwe s. que culture a repris an
d’une production agricole. Ultérieurement. d’après latin le sens moral de -développement des facultés
certains sens de culture*, il a reçu les sens d’célever intellectuelles par des exercices appropriés+ (15491
(certains végétaux on animaux) dans un milieu fa- avec lequel il est employé absolument vers la fm du
vorisant leur croissance* (1869) et, en biologie, de xvse s. (16911. À la hn du xwrre s., la traduction du
<faire vivre et proliférer (des organismes1 dans un terme allemandKultw, chez Kant, introduit le sens
milieu nutritif approprié= 11880). 0 Le sens figuré de =civilisation envisagée dans ses caractères intel-
de -former en éduquant, en instroisant~, déjà lectnels~ qui va entrer en concurrence avec citii-
connu du latin, s’est développé an XVI~ s. (15381. En satin, encore très marqué par son sens actif or&-
procède, dans un registre plus soutenu, celui de nel, =action de civiliser-, qui implique une
=consacrer du temps à, développer par l’exercices hiérarchie. Bien que déjà acclimaté par
(1543) d’où, plus couramment, -entretenir lune We de Stael en 1810, ce sens de culture ne se I-é-
amitiél~ 116661. pand qu’an >Or”s. (son origine allemande étant en-
&Les dérivés se sont dlffwés relativement tard. core perçue an début du siècle). Au >oQ s., sons l’in
CULTIVABLE adj. 113081. qui a évincé COutiVdh fluence conjuguée de l’allemand et de l’anglais
112841, a seulement été repris à partir du XVIII~ siè- culture dans l’usage qu’en font des ethnologues
cle. -ll en va de même ~INCULTIVÉ. ÉE sdj., at- américains comme Malinowski, culture reçoit sa
testé du xwe s. an XVI~ s. et repris an XVIII~ s., tandis détïnition ethnologique et anthropologique d’=en-
qu’INCULTIVABLE adj. apparaît nltérienrement semble des formes acquises de comportement
117761. -Quant à CULTIVATEUR, TRICE Il. (13601, dans les sociétés hmnaines~ lv. 1923, M. ManssI, en
qui remplace l’ancien coutiveor (av. 1150, cultive- partie par opposition à la notion normative et hié-
dur), il est rare avant le x&s. et Foretière (1690) le rarchique de =civilisation~. Ces emplois sont
qualilïe encore de =snspect~. ll désigne conram- contemporains du sens moderne d’anthropologie.
ment, lui aussi dans la seconde moitié du XVIII~ s.. lls donnent lien à des syntagmes comme le choc
une personne qui exploite une terre et 11796) une des cultures,etc. Par ailleurs, sons l’influence du
machine pour le labour superlïciel, ainsi qu’une dérivé culturel, la culture est opposée à la nature.
griiYe à petits socs munie d’un long manche. ll tend ~Enfin, c112ture physique, attesté une première
souvent à remplacer paysan dans l’usage moderne, fois en 1808. s’est répandu après 1911, avec une va-
l’activité économique l’emportent sur le caractère leur voisine de gymnastique (voir ci-dessous caltu-
rural. ristel.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 959 CROIX

(14091 et par S-ît (1672). & appelait aussi aussi simplement une marque formée de deux
CSXJWSde surcrott (17101 des oeuvres chrétiennes traits croisés cv. 1160, dans la locution en croix).
non obligatoires. -Le composé RECROfTRE sens rklisé notamment à propos d’une représen-
v. intr. ks” s.) =Seremettre à croître= et *redevenir tation graphique (v. 1395) et dans les locutions cou-
plus grand, plus fort, plus nombreux, a produit RE- rantes fm une croix (pour se rappeler qqch.) et
CRU n. m. (1669), substantivation de participe faire une croixsur (1851) =renoncer définitivement
passé. terme de sylviculture, et, d’après son sens b. L’ancienne forme de pile ou face était püe ou
particulier d’eajouter à une armée*, RECRUE n. f croix, parce qu’une face de la pièce de monnaie
(1550). Ce mot a perdu les sens classiques d’sac- portait une croix. Outre la forme caractéristique de
croissement*, #supplément* (1501) et *nouvelle le- la croix chrétienne, le mot, qualifié, sert à désigner
vée de soldats en complément d’une troupe* pour des formes voisines kroW, de Saint-André, de In-
être appliqué, par métonymie, à une nouvelle per- raine; croti gammée, etc.).
sonne qui s’ajoute à un groupe (v. 1720), spéciale- r Le dérivé CROISER v., d’abord cruisier (10801
ment à un soldat venant d’être incorporé (1608). -disposer en croix~, s’est spécialisé à l’époque des
oIl est à l’origine de RECRUTER v. tr. (1691) croisades (longtemps avant l’apparition de ce mot,
#compléter une armée en levant des troupew. cri& - croisade1 au sens pronominal de -s’engager pour
gué par Racine. et qui a pris la valeur d’cengagep la croisade en revêtant un vêtement portant la
(1835). et dont on a tiré RECRUTEUR n. m. (1771). Croix~ (11741. 0Sur le plan spatial, le verbe ex-
souvent péjoratif- en apposition, sergent recruteur prime le fait de rencontrer qqn allant en sens
-> et RECRUTEMENT n. m. (17901, utilisé depuis contraire (v. 1360, se croiser), sens transposé au fi-
1893 dans le domaine du travail. guré pour *suivre une direction opposées (1620). In-
transitivement, il est passé dans le vocabulaire de
la marine, en parlant d’un navire qui va et vient
dans des parages déterminés pour y surveiller la
CROIX n. f. est issu Iv. 980) du latin cru.~ cru& navigation (1671). oUltérieurement, il a reçu des
désignant plusieurs sortes d’instruments de sup- acceptions techniques concrètes (1835. cmker k? fsr
plice : le pal. la potence, la croix. L’usage de ce der- avec qqn, en escrime) et abstraites, en biologie gé-
nier supplice apparaît à Rome à l’époque des nétique et d’abord en zootechnie (av. 1782). Croiser
guerres puniques (d’où l’hypothèse d’une origine les bras, les jambes est usuel, se croiser les bras
punique du mot). Tertullien le fait remonter à l’his- ayant pris la valeur figwée de =ne rien faire>. e Son
toire de FZeguks. le consul fait prisonnier et mis à participe pSSSé CROISÉ. I?E. adjectiVé par
mort à Carthage, où cet usage était fréquent. La exemple dans mots croisés, a été substantivé dès le
croix était réservée aux esclaves, puis à ceux, mal- XII~s. en parlant de celui qui part en croisade
faiteurs et voleurs, qui n’avaient pas le titre de ci- (+cmisade). -La dérivation du verbe est abon-
toyens romains. Dès Plaute, CTUXdevient courant dante dès l’ancien français : CROISEMENT n. m.
en latin et entre dans des locutions proverbiales; il (1195), supplanté par croisade dans son ancien sens
prend le sens abstrait de #torture morale* et, par historique, &it de se croiser-, désigne le fait de dis-
méto,nymie, désigne le tourmenteur. oLa langue poser en croix (1539) et l’action de croiser, avec des
de 1’Eglise l’utilise particulièrement pour désigner acceptions spécialisées en génétique (18091, es-
la croix du Christ, puis la représentation de la crime, musique et linguistique. Par métonymie, le
croix, qui devient le symbole de la mortification mot désigne couramm ent le lieu où deux ou plu-
chrétienne et du chrétien lui-même. Le culte de la sieurs voies (routes, rues) se croisent. -CROISE-
croix apparaît chez les premiers fidèles, mais ils ne RIE n. f. ti XII~s.), lui aussi apparu au sens de
la figurent pas sur leurs monuments avant le v’ s. -croisaden, s’est limité au sens technique d’=ou-
(sinon sous les formes cryptées du Z de l’X ou de vrage de vannerie en brins d’osier entrecrois%
L’anCrel. (1754); régionalement, il désigne aussi la croisée
+Le mot apparaît dsns les récits de la Passion du des chemlm. - CROISETTE n. f. (v. 1170). tombé en
Christ, désignant un instrument de torture fait de désuétude, n’a gardé son ancien sens de *petite
deux poteaux perpendiculaires et, spécialement croix~ que dans le nom d’une célèbre avenue de
(avec une majusnùe), celui sur lequel le Christ a Cannes. Il a désigné un croisement de routes (en-
été cruciiïé. De là plusieurs sens religieux et mys- core dans des lieux-dits) et a reçu quelques sens
tiques à valeur symbolique et les locutions signe de techniques en héraldique (12541,marine, escrime.
croiu(xru’s.l.portersarroir(l~l.Calvin)etfaWeZa botanique. -CROISILLÉ, ÉE adj. (v. 11701 est dé-
croEz sur le dos dire dieu, renoncera (15791.0 Par rivé de croix, par l’intermédiaire de l’ancien fran-
métaphore, il exprime l’idée d’un tourment moral çais croidk (av. x1Ss.1 qui a donné également
(1564), cette dernière disparue. oUn grand CROISILLON n. m. (13751.Ce mot, qui désigne un
nombre de valeurs particuhères s’ordonnent au élément qui en croise un autre dans le sens de la
sens métonymique de =représentation de la cmix~ longueur, est courant en construction à propos de
W s.1, tant dans le contexte religieux (v. 980) que l’élément d’une fenêtre (15671. -CROISIÈRE I-I. f.
dans une symbolisation propre à plusieurs ordres (1285), lui aussi d’abord attesté aux sens de scroi-
de chevaletie, divers ordres de dignité (1680, croix sade* et (13441de -rencontre de deux choses qui se
de M&e; 1836. croiz de la Légion d’honneur) et as- croisent,, s’est spécialisé comme terme maritime à
SOciatiOnS (1864, Croix-Rouge; pris comme insigne partir du XVI? s., pour le parage où les vaisseaux
de la neutralité des services d’aide médicale de- vont croiser (1678). o Son sens courant aujourd’hui,
puis la Convention de Genève). -Le mot désigne “voyage d’étude ou d’dment sur un paquebot ou
CUF’IDON 976 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ratif: #avide de richesses, d’argent, kv%w” s.l. gé- rindien (tupi-guarsnl, peut-être caraibel hurary,
néralement sans complément. L’ancienne dont le radical vient des verbes ur -venir= et w
construction kcupide de1 a quasiment disparu. atombep, lnterprétable (selon Oxford Dictionary)
t CUPIDEMENT adv. (1583) en est dérivé. -Le comme =là où il vient. on tombe>.
nom correspondant, CUPIDITÉ nf. (13981, em- +Le mot désigne une substance toxique paraly-
prunté au dérivé latin cupiditas ‘désir violent, pas- sante, dont on sait aujourd’hui qu’elle contient de
sion,, a subi la même restriction de sens. l’ammonium et apit sur la plaque motrice des
0 “or CuPmoN. muscles. Connue pour son utilisation par certains
Indiens d’Amérique tropicale, qui s’en servent
CUPIDON n.m., d’abord Cupidn en ancien pour empoisonner leurs flèches, le curare est de-
français(1229-1236) puis cupidm (av. 16111, est em- venu un objet scientifique au milieu du xc&iècle.
prunté au latin Cupide, nom du dieu de l’amour, du Emprunt rare de voyageurs, le mot s’est diffusé
désir l-cupide), f& de Vénus, représenté sous les quand la substance a été étudiée par les chimistes
traits d’un enfant avec un carquois et des flèches. (Pelouse) et les physiologistes (Cl. Bernard, 18451.
*Le mot s’applique à une représentation artistique w Il a pour dérivé CURARINE n. f. (1834), nom de
du dieu; il a eu quelques emplois figurés plus ou l’alcaloïde du curare, CURARISER v. tr.
moins vieillis : au xwf s., il a servi à désigner un ho- bnil.xiYs.) d’où CURARISATION n. f. 11875) et
mosexuel, un piton; quelquefois encore, il désigne CURARISÉ. ÉE adj. (1903).
un enfant ou un jeune adolescent d’une grande
beauté et (18031,par ironie, un bellâtre. -Dans l’ar- CURATIF, IVE adj. est emprunté (1314) au la-
got du xxe s., il a servi à désigner le chiffonnier, à la tin médiéval curativus (v. 12001=qui a la propriété
fois par jeu sur cupide, par antiphrase et par allu- de guéti, formé sur le supin curatwn, de curare
sion au dieu de l’amour qui perce les coeurs, #soigner* (+ curer, qui s’est détaché de ce sens).
comme le chiffonnier perce les vieux vêtements +Le mot qualifie ce qui a pour objet ou pour pro-
qu’il ramasse avec son crochet. priétédeguériret, aufiguré, deremédleràunmal.
CUPULE n. f. est emprunté (16111 au bas latin . Le nom correspondant CURATION n. f. (XII~ s..
copula -petit tonneau de boiss (+ coupole), dlminu- cura.sionl, emprunté au latin curati &-alternent
tif de cupa =barrique, grand vasen (k+coupe, cuve). d’une maladie* ldérivé de curare), également au fi-
+ Employé par les botanistes, cupule désigne aussi, guré à basse époque, a subi la concurrence de cure.
par analogie. un objet en forme de coupe. spéciale- Le sens juridique de curare a suscité deux em-
ment en médecine et en physique. prunts à des dérivés. -CURATEUR. TRICE n. est
on emprunt juridique omr’s.1 au latin tardifcurator,
. Au WC” s., ont été formés CUPULAIRE adj. et les
du supin de curare. Il désigne la personne qui
composés CUPULIFÈRE adj. (1823) et CUPULIFÉ-
prend en charge l’assistance à un mineur émsn
RACÉES n. f. pl. (1836). termes de botanique. cipé, à on aliéné, la surveillance de la succession
CURABLE adj. est emprunté (1340) au latin irr- du père décédé, par rapport à la future mère veuve
périal curabüis -qui peut être guéris, au propre et hrateur BU ventreJ. - CURATELLE n. f. est em-
au @u-é, de curare *soigner, guéti l+ curer). prunté en droit (14261au latin médiéval curatelk&,
dérivé de curatio +wtion de prendre soin de qqch.
t Curable a conservé le sens du mot latin.
ou de qqm, d’après tutela b tutelle). Le mot dé-
t %n antonyme INCURABLE adj. (13141,emprunté signe la charge de curateur et spécialement le r&
au bas latin incurabüis &guklssable~, est plus ghne d’administration des biens du mineur éman-
courant : il s’applique à des maladies et, par méto- cipé et la protection des malades mentaux quant à
nymie, à des personnes (15381.en particulier dans leurs actes juridiques.
l’hcspice des irmmbks, construit à Paris en 1634.
Depuis le >ov”s.. il est pris au figuré en par1s.n~d’un CURCUMA n.m. est emprunté (15591, de
défaut, d’un sentiment ou d’une personne, avec un même que l’espagnol cticuma (15551.à l’arabe hür-
sens voisin d’inconigibk?. -CURABILITÉ n. f. hüm =Safran* (6. safranl.
(1814) et INCURABILITÉ n. f. (1707) sont d’usage di- $ Le mot désigne une plante dont le rhizome, éga-
dactique. lement appelé safran des Indes, est utilisé comme
CURAÇAO n. m. est attesté pour la première colorant jaune et comme aromate.
fois en 1797 dans un livre de coniïserie sous la t Le dérivé CURCUMINE n. f. est employé en
forme francisée et altél-ée cuirasseau ou cutio~so, chimie pour désigner la matière colorante jaune
avant de prendre sa forme actuelle (18051.ll vient extraite de la racine de la plante.
du nom porhvgais d’une île des Antilles qui produit 0 “OU CROCUS.
cette sorte d’orange amère qui tombe avant matu-
rité. CURE n. f. est issu (10501du latin cura, mot d’ori-
gine non établie. qui signifie généralement <soin,
+Le sens d’=orange amère de Curaçao= a été sup-
souci>, -charge, direction> dans la langue adminis-
planté par les extensions métonymiques de -zeste
trative, xsoin, traitement= dans la langue médicale
de ce fruits et. plus encore, de ‘liqueur à base de ce
et, dans l’usage général, .-souci amoureux, objet
zeste>. seul vivant en frsnçals contemporain.
aimé>.
CURARE n. m. est un emprunt (1758) à l’espa- +Le sens général et ancien de <soin, souci* ne sub-
gnol d’Amérique curare, lui-même d’un mot amé- siste que dans la locution n’avoir cure de (1050). Le
DE LA LANGUE FRANÇAISE CROSS
croque sous la dent=. -Le déverbal CROQUE n. f. jeu, qui se joue avec des maillets et des boules qui
Cv.19501,tardif, se rapporte familièrement à l’action doivent suivre on chemin, passer sous des w-
de manger et à la nourriture. -Les termes de des- ceaw etc., eut un certain succès en France à la fin
sin sont CROQUIS n. m. (17521 et plus rarement du WC”s. et jusque vers 1930,mais n’y est plus guère
CROQUADE n. f. (18421, le terme le plus ancien, joué que dans les familles. Le mot désigne aussi par
quasiment démotivé, étant resté le plus usuel et métonymie le matériel nécessaire à ce jeu, le ter-
ayant donné des dérivés argotiques hobar pour rain
croquebar). -Le déverbal CROQUE n’est en usage w La vogue dont le croquet fut l’objet an xc? s. nous
quedanslalo~tionàlacroqueause1(1718l=rruet a vah le verbe CROQUER v. intr. (18691 -jouer a”
Salé~. croquet>, francisation de l’anglais to cro9wt, qui est
Croquer a servi à formé plusieurs composés qui aujourd’hui sorti d’usage.
procèdent, plus ou moins clairement, de sens part&
culiers de croquer. CROQUE-NOTE ou CROQUE- CROQUIGNOLE n. f. connu depuis le xv” s.,
NOTE n. m. (171371. ~musicien pauvre souvent dé- est d’origine incertaine : on a allégué une dériva-
pourvu de tale&. vient de croquer la note -la tion de croquer* au sens de &appep (-croquet)
Sauter, l’eSCa.mOteP. -CROQUE-MORT n. m. mais la finale reste obscure. P. Gtiaud propose d’y
(1788). -employé des pompes funèbres,. réalise le voir un doublet diminutif et expressif de croque en
sens 6gu-é de *faire disparaître (le mort),. -igm (variante de -h-l et -ole.
-CROQUE-MITAINE n.m. (1820) est d’origine
+ Le mot est synonyme de chiquenaude. o D’après
obscure: il pourrait s’agir d’une composition croquer* *broyer sous la de&, il a également dé-
comparable à celle de grippemimmd où mitaine
signé un petit gâteau sec et croquant (1562, cm-
désignerait le chat. compagnon du diable, à qui l’on
guignolles savoureusesI.
enjoindrait de manger les enfants. Ph. A. Becker
rapproche le second terme de mitaine *gifle, in- t En Sont dérivés CROQUIGNOL, OLE adj. (1936)
jure., attesté en moyen français. Le syntagme im- cbizarre et rldlcules, précédé par le nom propre
pératif cro9w-mitaine, -reçois cette injure>, aurait comique Croquignol, qui évoque plutôt le geste de
été lexicalisé et utilisé pour son expressivité. Une dérision Icroquignole1, rendu célèbre par les Pieds-
autre hypothèse propose de voir en mitaine l’adap- Nickelés de Forton; et le dérivé CROQUIGNO-
tation du néerlandais meitjen, correspondant à l’a& LET,ETTE adj. (1939), précédé par croquignolet
lemand Maàchen =jeune fille,, mais ces étymolo- n. m. nom de pâtisserie (18691,alors dérivé de cm-
gies ingénieuses se heurtent à l’attestation assez 9uigrmle n. f. et qui correspond à smigoon, atten-
récente du composé. -CROQUENOT n. m. (1861X, drissant et ridicule>. Ces adjectifs connotent la dé-
dénomination familière d’un gros soulier, viendrait rision et l’ironie, valeurs fréquentes pour le s&e
peut-être de croquer -craquer-, par tiférence an argotique -0le (cf. twtignokl.
bruit à la marche; cependant son mode de forma-
tion demeure obscur. CROSNE n. m. est le nom commun tiré (1890)
Dans le domaine de la pâtisserie et de la cuisine, de Crosne, nom d’une localité de l’Essonne (alors
trois COmpOSéS Sont attestés. CROQUEMBOUCHE Seine-et-Oie) où cette plante potagère au rhizome
n. m. (1845, écrit croqu’en-bouche en 18081, puis comestible, originaire du Japon, fut acclimatée
crogw-en-bouche (18181, désigne une pâtisserie pour la première fois.
croquante, puis une pièce montée faite de choux à
la crème glacés au sucre et croquants. -CROQUE-
CROSS ou CROSS-COUNTRY n.m. est
MONSIEUR n.m. (attesté 1918 chez Proust) -pour cross - l’abréviation (18921de cross-country
nomme un entremets chaud fait de pain de mie (18801,lui-même emprunt abrégé à l’anglais cross-
grillé au jambon et an fromage, devenu courant country nmnning, proprement *course frunning) à
dans la restauration rapide des cafés (avec les piz- travers fcross1 la campagne fcounhy)~. Cette ex-
pression date. semble-t-il, du >mps. ; l’anglais cross
ZaS, etc.) et appelé familièIY?ment CROQUE n. m.
est la forme issue par aphérèse (v. 1400-14401.et au-
(d’abord dans l’argot des cafés). -CROQUE-MA-
DAME n. m., variante analogique désignant un jourd’hui rare, de ocross & travers= (XV~*s.1,à l’or%
mets analogue garni d’un œuf, est relativement gine <en forme de croix> comme l’indique l’an-
peu usuel. cienne forme a creok (xrn”s.1, ultérieurement
0 voir CROQUIGNOLET peut-être CaoQ”Ahpi. acclimatée d’après les formations en a- et le subs-
tantif cross *croix>, du latin c7wc (+croixl. C’est
Q CROQUET n. m. est emprunté (18661à l’an- l’adaptation de l’ancien français a-croix, remplacé
glais croquet Iv. 18551 dans sa spécialisation en par en crowC*.
Sport, lequel est emprunté soit à une forme nor- * Cross-country est toujours adjectif en anglais et la
manno-picarde de crochet (+ croc). soit-plus pro- substantivation est française ainsi que l’abréviation
bablement- au moyen français croquet =COUP en cross, forme aujourd’hui la plus courante. Le
sec-, dérivé de croquer* au sens de &apperx À la sport est venu d’Angleterre, dans une tradition de
différence d’un autre nom de jeu, cricket, lui aussi jeu de poursuite dans la campagne (6. la course au
d’origine anglaise, croquet est complètement fran- clocher du début du XI? s.l.
cisé : le t final ne se prononce pas. Cependant, il w Cross a permis de former en français CYCLO*-
s’est parfois écrit crocket au x& siècle. CROSS n. m. (19191, -zourse de vélos sur parcours
* Le croquet fut véritablement lancé en Angleterre accidenté hors des routesm, et MOTO-CROSS n.m.,
en 1867; il s’effqa devant les débuts du tennis. Le SIDE-CROSS Km., (1981). -Le dérivé CROSS-
CURRY DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment former qu’on “cumsas. Cwiosws, étymologi- L’anglicisme CURIOS n. m. pl. (19261est l’abrévia-
quement -qui prend soin, s’inquiète dem, a déve- tion de l’anglais cwiosity correspondant à curiosité.
loppé par la suite le sens péjoratif de -désireux de INCURIEUX, EUSE adj. est un emprunt lfm XVes.l
savoir, indiscrets. si bien qu’en latin impérial il est an préiïxé latin incuriosus =sans sou&, -indif-
substantivé pour désigner un espion. férent> et &ghgé+ ll a suivi la même évolution qne
+Jusqu’au xvce s., le sens de l’adjectiiest en rapport curism, acquérant son sens moderne vers 1560,
avec celui de cura en latin; il qnalihe la personne mais ne s’est pas imposé dans l’usage courant.
qui s’occupe avec soin de qqch., qui s’en soucie, s’en -1NCURIOSITÉ n. f. (1496) est emprunté an latin
occupe, d’où une expression classique comme avec incutisitm, d’après curiosité, avec le sens de
un soin curieux. L’adjectif est alors synonyme de -manque de soin, insouciance, négligence*.
soigwwc, scmpulewz. o Cependant, dès le xvr s.
11536).il caractérise la personne soucieuse de voir, CURRY + CARI
de savoir, soit sons l’influence du latin, soit par une
evolntion parallèie; de là l’ambiguïté, an xwes.,
CURSEUR nm. est la réfection savante de
courseur (1372). emprunté an latin cursor -con-
d’une expression comme curiewc de savoir.
rew, formé snr le supin cursum de cwrere 1- con-
Conjointement à curiosité*, il revêt en ce sens une
rlr, mrsitl, et qui avait pris un sens technique en la-
valeur morale négative, sur laquelle insistent les
tin médiéval 1~. 1270).
moralistes du xvlr” siècle. Tant comme adjectif que
comme nom 11594).il est sémantiquement proche +De même que le latin, curseur a d’abord désigné
d’indiscret et suppose une motivation d’intérêt per- un coureur, un messager, sens sorti d’usage dans la
sonnel on d’orgueil. Le sens particulier de -qui ras- deuxième moitié du xwe siècle. * ll s’est spécialisé
semble, recherche des objets rares on précieux* en technique an xwe s. à propos d’une pièce mobile
(1606; 1662, comme nom), aujourd’hui vieilli dans adaptée & un instrument gradué (1562l, puis en as-
son emploi adjectival, sonifre an XVII~a de la même tronomie (1776) pour le fil mobile mesurant le dia-
désapprobation. 0 Ce n’est qu’an conrs du XVIII~s. mètre apparent d’un astre.
que curieux se dote d’une valeur méliorative ke-
cherche désintéressée, par exemple dans les cher- CURSIF, IVE sdj.. réfection de coursif (15321,
cheurs et les curieux, emploi désuet); dans l’usage est emprunté an latin médiéval cursivas tv. 1450)
moderne, les deux valeurs coexistent. o Pour ex- qui qualifie une écriture tracée àmain courante. Le
primer la valeur passive de *digne d’intérêt, ori@ mot est formé sur le supin cwsum de cwrere
nal, Étranger (1559l, l’usage a recours à l’antéposi- b courir, curseur).
tion de l’épithète fun curieux personmgd, afin + L’adjectifqnalihe une écriture courante et rapide
d’éviter l’ambiguïté, sauf dans bête curieuse 117551. (lettres coursives, chez Babelaisl; il est substantivé
~Curieux a produit CURIEUSEMENT adv., an féminin 11797)pour ce type d’écriture. ll a par-
d’abord cuk.sement an sens latin de -soigneuse- fois dans la langue littéraire le sens fignré de *i-a-
ment> puis (15591an sens moderne de cwiewc, Ie- pide, souvent snperfxiel~ (av. 1667).
quel s’est surtout répandu avec le sens de ~bizarrs- . BII est iSSUCURSIVEMENT a&., attesté une fois
ment> kv~n”s.l correspondant an sens passif de au me s. au sens de -en tonte hâte>, repris an xc? s.
I’sdjectif avec les sens de =de facon hâtive* et *en écriture
CURIOSITÉ nf., d’abord curioseté (11901 refait cwsiven (1666).
d’après le latin, est emprunté an latin curiositas, de
~uriosw =SO~I=,*désir de connaître> et, parmétony- CURSUS n. m. est I’emprnnt d’un mot latin mé-
mie à I’époque chrétienne, *ce qui pique la cnrio- diéval signifiant =~OUIS~0u1”s.l. dérivé de currere
sité.. Bien avant l’adjedi, curiosité est passé du (- courlrl.
sens premier de -souci, préoccupation exagérées 4 ll s’est employé en rhétorique WI661 pour ‘prose
tvivant jusqu’à la fin du XVII~s.1à celui de stendance rythmée,. Utilisé en histoire antique 1cwsu.s hona-
à connaître des choses nouvelles* 1xnr”s., cwiosi- rum, 1900l, en médecine pour -cours d’étude-, il
tsizl. B reçoit alors tv. 1268) une valeur péjorative, s’est généralisé 1~. 1970) à l’ensemble des études,
accentuée an xvce s. où les moralistes lui accolent surtout universitaires.
tiqnemment l’épithète vaine. oCe n’est qu’au
!w& s. que la cnriosité redevient digne déloge en CURULE adj. est emprnnté 1& s., sek cwukl
fonction de la grandeur de son objet. Le résultat de an latin cundis, adjectif de curras &mr (de
cette évolution est l’ambivalence du mot dans trlomphel~. de currere + conrir.
l’usage moderne. La valeur particulière de -goût. +Terme d’antiquité, il s’applique an siège d’ivoire
passion des choses rares et précieuses~ (1559) s’est qui était réservé aux premiers magistrats romains
moins bien maintenue que dans cwiew. o Quant (dignes du triomphe) et à ces magistrats eux-
an sens concret de *chose cnriense~. spécialement mêmes.
*objet recherché parles curieux* lxv’s.1, s’il décline
aujourd’hui. il a connu une grande vogue aux XV~I”- CURVILIGNE - LIGNE
ti s., parallèlement à l’engouement pour les bibe-
lots et les nouveautés Icabinets de cutisités~. CUTANÉ, ÉE adj. est une formation savante
CURIOSA n. f. pl. (probablement xc? s.) a été fait (1546) tirée, d’après les composés bas latins inter-
comme on neutre pluriel latin pour désigner les cutamws et subcutawus, du nom latin de la peau.
livres libertins prisés par les bibliophiles ~rxn-ienx~. cutis, évincé par peau. Cutis, mot ancien de la
DE LA LANGUE FRANÇAISE CROUPE
sières,, pois -de ses habitudes invétérées~ moment des arnoors~, est l’altération de l’allemand
(av. 1654). grdlm crier- sous lïntluence de 0 crouler.
Le dérivé de crotte, CROTTIN n. m. (v. 13461, nom 0 voir GROUILLER
donné aux excréments de certains animaux (mou-
ton, cheval, âne1 formés d’on amas de parcelles ai-
3k CROUPE n. f., d’abord crupe l1080). est issu
rondies. a donné son nom à un fromage de chèvre
d’un francique “kmppa, que l’on peut dédnire de
sec sons forme de petit cylindre aplati. surtout en l’ancien bas allemand kropt: de l’anglo-saxon cropp,
désignation spécifique krotin de Ckw&oW. du moyen neerlandais trop, de l’ancien norrois
kroppr +bot, panse, bosse,.
CROULER y. intr., d’abord croller tv. 98Ol, est 4 Le mot désigne la partie postérieure de certains
probablement issu d’un latin populaire %otalore animaux (en particulier les chevaux) et a déve-
*secouer+, dérivé du latin impérial crotalum I- cm- loppé très tôt lv. 1174) le sens ironique de derrière
tale). Une hypothèse moins probable le fait remon- humain rebondi> avec des connotations érotiques,
ter à on latin populaire “corrotulars proprement particulièrement à propos d’une femme (16901,
#faire roolep, dérivé de rota l- roue1 par lïnter- dans la mesure où elle est plus souvent que
médiaire de Ocorrotors, largement attesté dans les l’homme considérée comme objet de désir. 0 Par
parlers rhéto-romans et de l’Italie septentrionale analogie, il désigne la partie supérieure d’une élé-
au sens de *tomber en ruines. vation de terrain tapr. 13561, sens assez usuel, et
+Le sens primitif -secouer, ébranler, trembler, va- techniquement on pan de charpente trlangolaire
ciller= (transitif et intransitif), semble confirmer qui constitue l’une des petites faces d’un comble et,
l’hypothèse étymologique de “crotalare. 0 ll a to- en architecture, la partie supérieure et arrondie du
talement disparu en dehors de l’emploi du parti- chevet d’une église.
cipe présent CROULANT,ANTE. quahiïant une . Les dérivés sont nombreux. 0 CROUPIÈRE n. f.
personne âgée t 1155-l lBOl, aujourd’hui irrespec- (v. 1165, cmpiere1 désigne techniquement la longe
tueux et familier (substantivé par les adolescents de crin qui passe sur la croupe d’une monture et
en parlant de leurs parents, y. 1944). ll survit égale- parfois, par métonymie, la partie de la croupe sur
ment dans on emploi transitiftechnique en vénerie laquelle passe la longe. ll entre dans la locution tail-
(17541 en parlant du chien qui agite la queue de ler des croupières à qqn 116161 *l’attaquer rude-
peur. -Une spécialisation de ce sens correspond à mentn par référence à celui qui met en fuite l’en-
&ncer t 1080, crouler un javelot), loi aussi propre à nemi et, le pomsoivsnt par derrière, coupe la
l’ancien lançais. -L’usage moderne se limite au croupière de son cheval. Il a été repris en marine
sens de *tomber en ruines, s’s&isser+ (1177-l 1801 où il désigne le cordage servant à amarrer l’arrière
et à son extension figurée =être surchargé de, acca- du bateau à on quai ou à un navire voisin, sens qu’il
blé pm (1831, en parlant d’applaudissementsl. partage avec le terme spéciiïqne CROUPIAT n. m.
. CROULEMENT n. m., d’abord crozzemnt (1845; 1382, @oupi&; 1694, croupichsl.
Cv. 1 12Ol, a cédé la place à écroulement. -Dans le CROUPIR y. intr., d’abord à la forme pronominale,
cas de CROULIER, IÈRE tv. 1200, crollièrel, la sti- a eu le sens de *se mettre assis, les fesses SUT les ta-
fixation en -tir, -ière d’un radical verbal fait di& lon+ tv. 1178) : celui-ci a disparu, remplacé par s’ac-
mlté, mais elle peut être due à des synonymes, tel croupir (ci-dessous) et a laissé place an sens mo-
mweschiere, CROULIÈRE désignant à I’origlne on derne kvnes.l à partir d’emplois tels que croupir
sol sablonneux et mouvant; de nos jours, il est uni- longtemps dans un endroit (1549l, comportant une
quement employé comme adjectif an sens de *ma- connotation d’xétat pénibles. Dès 1545, son parti-
récageux, monva&. cipe passé a été appliqué à on liquide stagnant qui
Crouler a produit le composé S’ÉCROULER se corrompt. -Du verbe sont issus CROUPIS-
y. pron. (1699; d’abord XI? s., comme verbe transi- SANT,ANTE adl., le terme d’agriculture CROU-
tii?, sémantiquement très voisin. Son premier em- PISSOIR n. m. (18351 <fossé où l’on fait pom?ir des
ploi, avec un sujet désignant une entité abstraite et herbes pour en obtenir de l’engrals~. -CROUPlS-
le sens de =Subir une destruction brutales, date de SEMENT n. m. (1610) et CROUPISSURE n. f. (1886)
la Révolution (17901. 0 Depuis 1880, avec un nom =liquide croupis sont rares et d’usage soutenu.
de personne pour sujet, il signifie *se laisser tom- Le sens physique de croupir s’est maintenu dans le
ber lourdementm (dès 1842, au figwél. La construc- préflxé verbal. S’ACCROUPIR y. pron. Uïn xne S.l.
tion s’écrouler de @eine, rire) redouble crouler de, proprement +‘a.sseoir snr la croupe> klkm animal1
&re accablé de>. -Ce verbe a produit ÉCROULE- et <s’asseoir le derrière sur les talons* (1384l, valeur
MENT n.m. (1587; 1561, ecroUement <action qui a contribué an changement de sens de croupir.
d’ébranler~l, beaucoup plus usuel que CROULE- -En est issu ACCROUPISSEMENT n. m. (1555).
MENT et plus apte que lui à exprimer le sens abs- CROUPON n. m., d’abord crepon (1180-l 190)
trait de =destnxtion complète et soudaines -croupe d’on animal+, est sorti de l’usage avant
(av. 1742). d’être repris en peausserie comme nom de la par
CROULE n. f., Certainement aimkletir à son attes- tie la plus épaisse et la plus ferme d’une peau tirée
tation dans les dic!bOMaireS (18631 et qui désigne de la croupe d’un animal (17231. -ÀCROUPE-
l’appel amonrenx des bécasses à la tombée du jour, TONS ~OC. a&., d’abord an singulier (11%lleOl, a
an printemps kmlisé dans chasse à la croule, est le peut-être subi lïniloence de à bouchetons et dé-
déverbal d’un autre verbe @ CROULER. Celui-ci, signe la position décrite par le verbe croupir en an-
attesté une fois en 1555 an sens de =rouconle~ et cien français, puis par s’accroupir en français mo-
repris fm XI? s. au sens de *crier, de la bécasse an derne.
CYCLAMEN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

.Cyt,em&ique a pour dérivé CYBERNÉTI- nés sur une tige (1865, cycle foZid ou folEre). Cette
CIEN, IENNE n. (19531. valeur de ‘cercle> est réalisée SUT un plan abstrait à
)D’après l’angle-américain, CYBER- est devenu propos d’un ensemble complet’d’œuvres centrées
(mw941 un élément de mots composés à la mode, SUT un même thème ou un même personnage
avec l’idée d’automatisme informatique, de robo- (17981, notamment dans des syntagmes tels que
tique.0 ll s’applique surtout par calque de l’anglo- cycle épique, cycle de cantates.
américain, mais aussi avec des formations spéci- w CYCLIQUE a&. (15831 a été emprunté au latin cy-
fiques au fmnçals. Les composés snglo-américains clicus *du cycle épiques et *périodique (d’une mala-
s’appliquèrent d’abord aux automatismes : cyborg, dieb pour traduire par cyclique escrivain l’expres-
de cyber- et orgknisml, sime corganisme électm- sion d’Horace cycZicu.s scriptor ‘poète épique
nique humanoïde~. Puis ils se spécialisent dans le racontant les légendes des temps héroïques-. De là,
domaine de la <toiles (le web; Internet). Ex. CYBE- il est entré dans poème, poète cyclique (17521. A la
RESPACE n.m., calque de cyberspace; CYBER- suite de cycle, l’adjectif est passé dans les vocabu-
NAUTE n. empr. à l’américain, de cyber- et (as- laires didactiques, en astronomie (16791, chimie
trolnaute, pour -personne qui se déplace (19181, mathématiques, etc. -Il a produit les anto-
l”swfe”1 dans le cyberespacen. CYBERCAFÉ nymes ACYCLIQUE adj. (19331, en Chimie, et AN-
n. m., -café où des ordinateurs sont connectés au TICYCLIQUE adj. (19581. -Au ti s., il a fOUImi
réseau lnternet~, est un composé français. La liste l’élément 0 CYCLO- entrant dans la formation de
des composés est ouverte. composés savants en chimie où il indique que la
molécule forme une chaîne saturée. 0 Cet élément
CYCLAMEN n.m., d’abord écrit ciclamen est présent dans des composés usuels en chimie et
(~V”S.: encore en 17981 puis cyclamen (15791, est en pharmacologie, comme CYCLOHEXANE n. m.
emprunté au latin impérial de même sens cyclami- (19051, de hexane, et CYCLOHEXÈNE n. m. (19031,
nos, transcription du grec tardif kukZaminos. Ce- CYCLANE n. m. (1946 dans les dictionnaires géné-
lui-ci est dérivé de kuklos mue, cercle8 (- cycle) raux) pour ~hydrocaxbure cyclique satut&, CY-
d’après la forme des bulbes de la racine de la CLAMATE n. m. (19571, terme plus courant dési-
plante. gnant un édulcorant de synthèse, CYCLO-
+ Ce nom de plante ornementale est employé par SPORINE n. f., etc.
métonymie pour une couleur rose-mauve, fré- RECYCLER “. tr. (19601 et RECYCLAGE n. m.
quente dans les fleurs du cyclamen (1894. comme (19601 ont d’abord été employés au sens d’sorienter
adjectif; 1924, comme nom). vers un nouveau cycle d’étude*, avant de s’étendre
à toute carrière professionnelle et de se spécialiser
0 CYCLE n. m., avec 0 cycle-ci-dessous - re- en technique dans la fabrication (papier, verre). Le
couvre deux mots introduits en français à plusieurs papier recyclé est à la mode depuis les années 1980.
siècles d’intewslle (Xvp et xm” s.1, le premier par -CYCL~E n. f. (18651, terme de médecine pour
emprunt au bas latin cycZw le second par emprunt l’inflammation du corps ciliaire de l’œil, est direc-
à l’anglais cycle. Ces deux mots remontent au grec tement formé sur le radical du grec kuklos pris au
kuklos *roue, cercle>, employé par extension pour sens concret de =cerclem.
des formes rondes telles que remparts, assem-
blées, joues, orbite... KuMos représente une racine 0 CYCLE n. m. wébicule à deux ou trois rouesm
indoeuropéenne %n’“eZ-*tourner en rond=, bien re- (18871, est un emprunt à l’anglais cycle, abréviation
présentée en latin (+quenouille) et en grec et familière (18811 des mots bicycle, tricycle et de
conservée par le nom de la roue dans plusieurs même origine que le français 0 cycle. 0 Le mot, de
langues (le sanskrit cakrd-, l’anglais wheel, par l’an- sens général, a vieilli par rapport aux termes spéci-
gIo-saxon hwëol). fiques, souvent des composés, et n’a guère d’usage
t Cycle a d’abord été introduit (15341 en astronomie en dehors de la langue administrative. oll est
par emprunt au bas latin cycZu.s *cercle*, lui-même moins usité que ses dérivés et composés, si l’on ex-
spécialisé en médecine et en astronomie. 11désigne cepte CYCLER v. intr. (18921 apédaler, aller à vélom
la période dont le terme correspond au retour de qui n’est plus utilisé, mais dont ll reste le dérivé
certains phénomènes astronomiques : cycle du so- CYCLABLE adj. (18931, qui a éliminé véloçabk
Zeü, puis cycle solaire, lunaire (169Olkf RevoZutionl. (18701, pour qualifier une voie, une piste. -De cycle
Par analogie, il se rapporte à une succession de sont issus CYCLISME n. m. (18861 et CYCLISTE
phénomènes présentant un caractère de périodi- (1883, n.; 1902, adj.1, très courant en l’absence de
cité dans le temps (plus rarement dans l’espace), dérivés vivants de vélo et de bicyclette, bicycliste
sens qui a connu divers développements en étant rare, et utilisé aussi en apposition (coureur
science, spécialement en thermodynamique (18721, Cycliste~, ainsi qu’on grand nombre de mots dont
en économie, en biologie, en géologie, etc. Sans cycle est le premier ou le second élément: BI-
conserver l’idée d’une identité entre l’état initial et CYCLE n. m. (1869, angkismel, TRICYCLE n. m.
l’état final, il s’est appliqué aux divisions d’années (18341, plus vivant, CYCLO-CROSS n.m. (1927).
d’étude dans l’enseignement secondaire et supé- CYCLORAMEUR n. m. (19361, CYCLOMOTEUR
rieur francais ( 19021,d’où premier, second, troisième n. m. (19391 d’où CYCLOMOTORISTE n., CYCLO-
cycle. oL’ancienne valeur concrète de *cercle% POUSSE n. m. (19661, en COIVXIIT~IlCe a”eC VéZO-
(15641. disparue au XVII~ s., a reswgi dans la spéciale- pousse, CYCLO-TOURISME n m. et CYCLOTOU-
sation en botanique, pour la portion de spirale dé- RISTE (1893; 1890, avec un trait d’union). -A côté
crite par les points d’intersection des feuilles alter- de deux ou trois anglicismes, aujourd’hui sortis
DE LA LANGUE FRANÇAISE CRU
s’applique aussi à la partie superficielle du fromage sang, la violences (- cruel) tandis que, sur le sens
(que l’on ne mange généralement pas). de +z+nant~, s’est greffé celui de aon soumis à
. Le dénominatif CROÛTER V. tr., d’abord cmster l’action du feu,, à propos de la nourriture (par op-
(v. 1 1001, a signifié =s’encroûte~ en parlant du pain, position à cactus *cuitnI, d’où -non digérk non di-
puis ~couvrir d’une croûte, (av. 15931. Il n’est guère gestibles, ‘non rnti et, au figuré, =Vigoureux~.
vivant qu’avec le sens argotique (1879) puis familier +L’adjectif français qualZe ce qui n’a pas subi de
de *manger on morceau>. -On en a tiré au xxe s. le cuisson. Par analogie, il se rapporte à une matière
terme d’agriculture CROÛTAGE n. m. <dessèche- première (cuir, soie1 non préparée (1268); en ce
ment de la couche superficielle du sol>. sens, il est aujourd’hui couramment concurrencé
Le diminutif CROÛTELETTE n. f. (v. 12801, formé par brut kuir~ et par son composé écru (soie). De-
en médecine à propos d’une petite croûte sur la puis 1765, il qualifie spécialement une eau trop
peau, désigne aussi (16111 une croûte de psin; il est chargée en sels pour permettre de dissoudre le sa-
quasiment inusité. -CROûTEUX, EUSE adj. von et de cuire les légumes. 0 Le sens second, =hu-
(x19 s.) qualiiïe ce qui forme une couche durcie ou mide et froid= (v. 13601, s’est maintenu dans les par-
qui est recouvert d’une couche durcie. -CROû- lers de l’est et du nord de la France, en Belgique, au
TON n. m., après une attestation obscure (av. 15961, Canada et en Suisse (où il qualifie aussi un lieu, on
a été repris (16691 avec son sens usuel d’=extrémité local). Ailleurs, il est stylistique. OPar lïntermé-
de pains, s’appliquant aussi à un petit morceau de diaire de l’idée d’&sence de préparation, d’atté-
pain frit ou grillé. 0 Le mot partage avec croûte le nuation>, cru s’emploie au figuré pour -exprimé
sens ûguré hmilier de ‘personne bornée, arriérée= sans détours, sans ménagement> (1460). D’abord
(1838) et celui de <peintre qui ne peint que des employé avec une connotation de &anchisem, il a
CditeS* (18081, d’où CROÛTONNER v.tr. (18531 peu à peu glissé vers la valeur péjorative de
~peindre comme un croûton>. -La nourriture re- =contraire aux bienséances, indécentm (18191.
ÇOit avec CROUSTANCE n. f. (XX” s., avec le S&e ~Dans le domaine des sensations visuelles, il si-
de bouffetance1un nom argotique. Croûtonner, à me particulièrement (av. 17541 ~criard, discor-
côté de crowtiUer puis de croûter, s’est employé dant-. o Il est entré en moyen fkmçals (xrv” s.) dans
(1887) pour *manger des croûtons- puis =mal mm- la locution adverbiale à cru, reprise au xv18 s. dans
gel-. l’expression monter à cru (16601 qui exprime l’idée
Croûte a aussi donné des composés verbaux pr& d’un contact direct avec la peau de l’animal, l’ab-
fixés. -~~CROÛTER v. tr. (XII’s., escrouter),propre- sence de selle. -L’emploi substantivé le cru as-
ment =dégsmir de sa croûten, sime technique- sume le sens général de ace qui est crm (Le Cru et le
ment =labourer une terre surperficiellement= Cuit, ouvrage de C. Lévi-Strauss) et spécialement,
(1845). -ENCROÛTER v. tr. (1538) est attesté de- en céramique, le sens concret de <produit séché
puis 1782 avec son sens figuré familier d’eenfermer non cuit>.
comme sous une croûte qui interdit toute vies kuT- . CRÛMENT adv. (1559. cfu?m&?ntl I-édiSe SUItOUt
tout s’encroûter,adjectivement encroûté, ée). 0 Il a des sens figurés de l’adjectif dans le domaine de
produit ENCROÛTEMENT n. m. (15461, au propre l’expression et (1832) des sensations visuelles.
et (1848) aU@Wé, et l’antonyme DÉSENCRO~TER ÉCRU, UE adj. et n., d'abord (1245) dans un emploi
v. tr. (18451, surtout utilisé avec le sens technique de substantivé désignant un vêtement de toile non
-débarrasser un tuyau de ses incrustations=. traitée, est dérivé de cru avec le préfixe é- à valeur
0 “Olr CASSE-caom ht cA.ssEa1 et cao”sTADE. intensive; son sens de & l’état naturel, qui n’a subi
caousTnI.eR, CRUSTACÉ. lNCa”STER. aucune préparation> (1260) s’est spécialisé techI-&
quement en parlant d’on textile, d’un cuir, d’une
CROWN-GLASS n. m. invar. est on emprunt pâte à papier. 0 En référence à la toile, à la soie
scientifique (1764) à l’anglais crown glass -verre écrue, il est employé comme adjectif de couleur.
~glass/ de couronne Icrownl~, attesté en 1706 CRUDITÉ n. f. est emprunté (13981 au dérivé latin
(Oxford dict.). cruditas .+xiigestion~ et, au figuré, =rsnco?ur,
4 Le mot désigne en optique un verre très transpa- amertumes. employé au pluriel pour des aliments
rent servant à faire des lentiies. non cuits, non digérés. L’idée de -non maturité=
(1577) a été éliminé au profit d’cétat de ce qui n’est
CROYABLE, CROYANCE, pas cuit% (1596), dont procède, par métonymie, le
CROYANT + CROIRE sens courant du pluriel crudités *aliments. légumes
consommés crus” (18341. oTransposé au ilgué, le
0 CRU, CRUE adj. est issu (1165-11701 du latin mot s’applique à la brutalité des couleurs (1754) et à
crudus, adjectif dérivé de cruor. Ce nom provient la violence non atténuée de l’expression (av. 1799,
d’une racine indoeuropéenne exprimant les no- crudité des injures), domaine dans lequel on emploi
tions de =Chair crues et de =sang répandu>. repré- métonymique. pour ~discours brusque et désobli-
sentée dans le ssnskrit hravyam -chair cruen, le geants, est attesté dès le XVII~ s. (16901.
grec hreas,kreatos *chair salgnante~ (+ pancréas). CRUOR n. m., emprunt SavSd au latin cruor (voir
En latin, ce sens étant celui de caro (+ chair), cruor ci-dessus), apparaît au XVIII~ s. en anatomie (1765)
s’est spécialisé au sens de ~ssngrépandu~, dil%ren- pour désigner la partie coagulable du sang, par op-
cié de sanguis que les bons auteurs réservent au position à sérum?
sang qui se trouve dans le corps. Crudus exprime 0 voir cawz Écaoum aacaUDEscENcE.
donc l’état =saigoant* et l’action <qui fait couler le
sang=: il a pris la valeur &gurée de ‘qui aime le 0 CRU + CROITRE
CYLINDRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ques emplois figurés par allusion aux qualités sym- CYMBALE n. f. est emprunté (1154-1173, cim-
boliques attribuées à l’oiseau (pureté. grâce): il est bale) au latin cymbalum, surtout utilisé au pluriel
entré dans l’expression le chant du cygne (15461, cymbala. Lui-même est emprunté au grec kumba-
d’où au figuré chanter le chant du Cygne (16401, Zen ~instrument à percussion>, dérivé, avec le
d’après la tradition selon laquelle le cygne exhale même Su&e que krotalon (+ crotale), de kumbê
un chant d’une douceur admirable avant de mou- -coupe, vase=, rapproché du sanskrit kumbha -potn
rir Cette tradition soutient le sens métaphorique et de l’avestique mmba- de même sens, par analo-
de -poète> (16301, le cygne de Mantoue désignant gie de forme; mais kumbê n’est pas avec certitude
Virgile. o Les syntagmes techniques col de cygne et un mot indoeuropéen.
bec de cygne désignent des instruments, en réfé- $ Le mot, qui a éllminé l’ancienne forme kmcisée
rence à la forme du cou et du bec de l’oiseau. 0 En cymbh Cv.1120) et l’ancien masculin cymbals
terme de modes, du cygne a désigné (dep. 18061la (XII” s.), a d’abord désigné, au pluriel, une sorte de
peau avec son duvet. tympanon, instrument à cordes frappées. Ce sens
.Les adjectik synonymes CYCNOïDE (1866) et ayant été assumé par la suite par chvicembcchm
CYCNIFORME (19131Sont fOIll?éS SaVment SUT (-clavecin). cymbale a désigné un instrument à
le radical latin de cycnus. percussion (v. 12781.0 Ce sens a donné un emploi
figuré aujourd’hui disparu, évoquant un bruit vain
CYLINDRE mm., d’abord chilindre (v. 13801, et sonore (1695) et, au singulier, par référence à
refait en cylindre (16061,est emprunté au latin cylin- Paul, 1 Cor, 15.1, un individu vain, futile (18301.oLe
drus, lui-même emprunté au grec hulindros par la singulier se rapporte aussi, concrètement. à des
langue scientifique, comme terme de géométrie, et tuyaux d’orgue de la famille des jeux de mutations
par la langue rustique pour désigner un rouleau. composées (1680) lorsqu’il ne désigne pas un des
Kulindros est dérivé de kuhdein eroulep, qui se disques des cymbales à percussion (1863).
rattache à la rwine indoeuropéenne “k’“el- -tour- t La dérivation consiste dans les mots peu répan-
ner en rondn, bien représentée en latin (+ que- dus CYMBALETTE n. f. kvP s., repris au KX’ s.1,
nouille) et en grec dans kuklos (tcycle) et polos CYMBALIER n. m. (1671) ou CYMBALISTE n. m.
(+ pivot, pôle). (1845) et CYMBALER v. intr. (1838). -Le nom dïw-
+Le mot a été introduit en géométrie comme nom trament folklorique CYMBALUM, CZIMBALUM
d’un solide engendré par une droite qui se déplace n. m. (18871 est on emprunt au hongrois czimba-
parallèlement à un axe. Par référence à un autre lom, lui-même issu du latin cymbalum par l’inter-
emploi du mot grec ou par figure, ll désigne un r-ou- médiaire d’une langue romane (peut-être l’italien
leau permettant de soumettre certains corps à une cembalo).
pression uniforme, en agriculture (1549), un rou-
leau utilisé dans un mécanisme à mouvement r& CYNÉGÉTIQUE adj. et nf. est emprunté
gulier (18011, spécialement en musique (18141, en (1750) au grec kunêgetikos =qui concerne la chasse
horlogerie. o D’après la forme et l’utilisation du vo- avec me meute ou la chasse en générale, de ku-
lume intérieur, il désigne un corps creux servant nêgetein =Chasser (avec une meute)>, lequel est
de contenant, spécialement en mécanique l’enve- composé de kuôn, kunos -chien> (- cynique) et de
loppe de métal dans laquelle se meut le piston agein -mener= (b agonie).
d’une machine à vapeur. puis d’un moteur à explo- +Le mot, enregistré par l’abbé Prévost dans son
sion (v. 190%; de là, son emploi métonymique, au Manuel lexique, qualifie ce qui concerne la chasse
mexulin (19031 puis au féminin (19141 pour dési- (spécialement la chasse avec meute). Contraire-
gner une automobile d’après le nombre de ses cy- ment à chasse, il est d’usage didactique, employé
lindres fww quatre, une six cylWes1: d’où cylin- substantivement pour I’ensemble des coonais-
drée (cl-dessous). sances concernant l’art de la chasse (au chien cou-
c CYLINDRIQUE adj. (1596) qualilïe ce qui est en rant).
forme de cylindre, cependant que CYLINDROÏDE
adj. et n. m., avec un sens voisin, désigne un solide CYNIQUE sdj. et n. est emprunté (1375, écrit
approchant du cylindre (1709) et qualifie, dans le cinique) au latin cynicus, lequel est la transcription
langage didactique, ce qui présente cette forme du grec kunihos, proprement *qui concerne le
(av. 1814,en médecine). -CYLINDRER v. tr. (177%. chien*, appliqué par figure aux philosophes de
employé techniquement en blanchisserie et en tan- l’École d’Antisthène et de Diogène parce qu’ils a&
nerle pour *passer qqch. sous un Cylindre~, réalise chaient une attitude d’indépendance intellectuelle
aussi l’idée de *mettre sous forme de cylindrez et morale. Kunikos est dérivé de kuôn, kunos
(1829). oIl a produit CYLINDRAGE n. m. (17651, -chiens, employé comme injure à l’égard d’une
CYLINDREUR n. m. (1617) et CYLINDRÉ, ÉE adj,, femme efiontée, impudente et, parfois, pour dé-
lequel a développé de manière inattendue le sens signer un gardien. Ce mot appartient au même
figuré familier de ~loufoque~ (v. 19601. -CYLIN- groupe indoeuropéen que le latin canis (-chien),
DRÉE n. f. a été dérivé directement (1886) de cy- le sanskrit du-& le lituanien Sud.
linàre pour désigner le volume aspiré par la course +Le mot a été introduit en histoire de la philoso-
du piston dans un cylindre de pompe ou de moteur phie comme adjectif fphilosophes cyniques1 et
à explosion. Il dispute à cylindre le sens métony- comme nom. Il a développé spontanément son
mique d’eautomobllem (1945, grosse cylindrée), sens courant d’=etionté, sans principes (1674. Boi-
d’usage familier. leau dans un emploi archaïque en poésie : rimes cy-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CUBE

fois employé par plaisanterie à la place de crudité, formé (1771) de crypte- et de l’élément -gcune. oLe
auquel il se rattache étymologiquement. a Tout en mot s’applique, d’abord en latin scientifique. aux
conservant son sens fort originel, cruauté s’est af- plantes dont les organes de fructifwation sont peu
faibli au sens moral de *goût pris à tourmenten et apparents; il s’oppose à phmémgcmes +pha-
&diiTérence~, notamment dans le langage amou- néro-. Comme nom, il désigne (1643. Brongniartl
reux classique. Au XVII~s., il est quelquefois utilisé l’un des deux embranchements du règne végétal.
par métonymie au sens de ‘chose odieuse, fâ- Linné employait cryptogcvniu (1735). d’où cryptoga-
cheuse. peu honnête> (une, des cruautés). mie. 1771. oCRYPTOGAMIQUE adj. (1611) S’est
spécialisé pour =Causé par des champignons~, d’où
CRUOR - 0 CRU ANTICRYPTOGAMIQUE adj. (1896, Année scient.)
syn. de antifongique. oL’élément crypte- tend à
CRUSTACÉ, ÉE adj. et n. m. est emprunté prendre une grande extension dans le domaine
(1713)au latin des naturalistes cru.stacew (14761, idéologique et notamment politique, où il a re-
mot créé par Théodore Gaza à partir de crusta
trouvé on emploi tombé en désuétude depuis le
l- croûte1 dans sa vension latine d’Aristote De Ant- xvf s. hypto-cdtinisme~, ceci en rapport avec la
mdiLms libri, latine, hterprete Th. Gaza. II traduit le multiplication des étiquettes idéologiques et à la
grec mulu.kostmkos & coquille molles. complexité croissante du jeu politique hypto-
+ Le mot désigne un animal de la classe des Artbrc- communiste, 1949; cryptocapitdisme, v. 1960). Dans
podes porteur de deux paires d’antennes et d’une le domaine des sciences humaines et de la psycho-
paire de mandibules. Il est employé couramment à logie notamment, il entre dans la composition de
propos des animaux comestibles de cette classe, plusieurs néologismes servant à désigner, soit des
surtout les homards, langoustes, langoustines. sciences nouvelles portant sur des réalités encore
oL’adjectif se borne à quelques emplois didac- obscores, soit des dispositions psychiques qui ne se
tiques en botanique et en médecine, réalisant l’idée manifestent pas ouvertement hypto-émotit: 19461.
de =qui présente une croûte dures. Les dérivés de crypte sont apparus au xz? s., tant le
substantif d’action CRYPTAGE n. m., par l’inter-
CRYO-. élément de mots didactiques, est em-
médiaire d’un verbe CRYPTER v. tr. hypté, 1951)
pronté au grec hruos #froid> (+cristal). Il fonc- que, SUrtOUt, la Série DÉCRYPTER v. tr. (1929). DÉ-
tionne depuis le début du XI? s.. (cryolithe n. f., CRYPTAGE n.m. (1964) et DÉCRYPTEMENT
1606).
n. m. (1929). fortement concurrencés par les mots
* Parmi les composés usuels en science, on peut ci- issus de code Mécoder, etc.).
ter CRYOGÈNE ~dj. (1903), de gène, d’où CRYO-
GÉNIQUE adj. (av. 19701; CRYOLUMINESCENCE CUBE n. m. est emprunté &III” s.) au latin cubus
n. f. (19%), de luminescence (+ lumineuxl; CRYO- =dé à jouep. #cubes, =mesure~ et =nombre cubique>.
SCOPIE n. f. (av. 1666) d’où CRYOSCOPIQUE Rdj. Lui-même est emprunté au grec kubos dont le pre-
W1031, concernant les lois de congélation des solu- mier sens est celui de sd& et qui, par analogie, dé-
tions étendues; CRYOTHÉRAPIE n. f. (19071. signe toutes sortes d’objets cubiques (gâteaux. mor-
ceaux de bois, de pierre, de poisson salé). L’origine
CRYPTE n. t, d’abord écrit cripte (apr. 13501,est du mot serait lydienne car, selon Hérodote. les Ly-
emprunté au latin cfypta *caveau souterrain*, diens, entre autres jeux, auraient inventé le dé.
-grotte*, lui-même emprunté au grec de même + Cube est apparu en fran@s comme adjectif en
sens kruptê (+ grotte), de kmpteti =cachep, terme arithmétique (nombres cubes) et est attesté depuis
indoeoropéen à rapprocher du vieux slave kryjo, 1377 comme nom avec son sens géométtique, pois
kryti et du baltique kratiti ~entasser~. courant (dans jeu de cubes). 0 Par métonymie, il a
+Le mot désigne un caveau souterrain construit pris le sens de wolume évalu&, surtout réalisé par
sous une église et servant généralement de sépul- l’adjectif cube, noté “’ par opposition à carré, em-
tore, d’où par extension tout caveau souterrain. ployé en mécanique, en parlant de la cylindr&
0 Par analogie, il s’emploie en anatomie à propos d’un moteur. OL’argot scolaire remploie (1878) à
d’une cavité irrégulière à la surface d’un organe et propos d’un élève qui redouble la deuxième année
en entomologie (1845) pour dénommer un insecte préparatoire aux grandes écoles cf. carré.
vivant caché dsns les ceo& d’autres insectes. . Le dénominatif CUBER v. (1549) signifie -élever à
WCRYPTIQUE Rdj. est emprunté (1576) au latin la troisième puissance=, puis également (1754) =&a-
crypticus, adaptation du grec kmptikos “propre à luer un volumes et possède quelques sens parti-
dissimulez. Apparu comme nom au sens de “pro- culiers correspondant à ceux de cube; il a produit
cédé de dissimulations (propre à cette attestation), CUBAGE n. m. (1763) -action de cobep et concrè-
il a été repris au & s., employé en entomologie tement (1845) -quantité d’unités cubiques renfer-
(1620, comme nom) et COuramment à propos de ce mées dans un volume donnés. ~CUBIQUE adj.
qui vit dans les grottes (1852) puis. dans un registre (v. 1360) est emprunté au latin cubitus, lui-même
soutenu, de ce qui est occulte, caché, emploi rare adapté du grec kubik.os*en forme de cube,, terme
ou didactique. d’arithmétique et d’algèbre. Il est employé en géo-
Le grec kmptos *cachés a fourni l’élément CRYPT, métrie et en mathématiques (av. 1362. nombre
CRYPTO- qui entre dans la composition de nom- cubique; 1536, racine cubique). -Au XZFs. est ap-
breux termes didactiques. ll fut très employé au paru le terme d’art CUBISME n. m. (1908); Matisse
xc? s. pour former des termes de botanique, d’ento- le premier parla de petits cubes à propos d’une
mologie, de zoologie. CRYPTOGAME adj. et n. est œuvre que Braque soumit en 1909 au jury du Salon
CYTO- 984 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(18981, d’où CYTOLOGIQUEMENT adv. (19221, CY- (19031 est le nom de l’un des composants des acides
TOLOGUE n. (dès 1860, Cl. Bernard1 et CYTOLO- du noyau.
GISTE Il. (18971. Fikmnment apparaissent CYTOBIOLOGIE n. f.
CYTOPLASME n. In. (1878) désigne ta substance (19701, CYTOPHYSIOLOGIE Il. f., CYTOCHROME
(protoplasme
- plasma1 de la cellule, à l’exclusion n. m., CYTOGÉNtiTIQUE n. f. (V. 1950, a” SeIlS II-IO-
du noyau; il a évincé sarcode (Dujardk, 18351 et a deme de génétique*), CYTOPATHOLOGIE
pour dérivé CYTOPLASMIQUE adj. @in wX”S.1. n. f., etc.
-Au début du & s. sont attestés CYTODIAGNOS- L’élément -IF@, parallèlement productif dans les
TIC n. m. (19001, CYTOLYSE n. f. (19051 de -~y.%?*, domaines de l’histologie et de l’hématologie. appa-
CYTOTOXINE I-I.~. (19091 d’où CYTOTOXIQUE raît dans deux mots d’usage courant : leucocyte* et
adj. (19041 avec toxine*, toxique*. 0 CYTOSINE n. f. zymphocyte*.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CUIRE
logie de forme, désignant une gouge (17041, un ap- issus du latin tardif coriacea (sons-entendu vestil,
pât métallique en pêche (1866). 0 L’argot l’emploie -vêtements de ti, d’un emploi substantivé de
an sens de -main, (18781, essentiellement dans se l’adjectif dérivé de corium l- cuir).
serrerh cuillère. L’expression familière faire qqch. + Le mot désigne la pièce de l’armure protégeant le
en h-ois coups de cxdbr à pot, demeure assez mys- dos et la poitrine tà l’origine en cuir), l’expression
térieuse, se référant peut-être an sens spécialisé de @urée encore usuelle le défaut de la mirasse =le
cuüler =sabre court recourbés komme une mil- point faibles (1718) se référant proprement à l’inter-
ler?). cuikr à pot pouvant n’être qu’on renforce- valle entre le bord de la cnirasse et les autres piè-
ment. ces qui s’y joignent. L’évolution des techniques dé-
. De cuiller sont dérivés CUILLERON n. m. (1352. fensives dans le domaine fmnçais a détourné le
culleronl, -partie creuse d’une cuiller-, par analo- mot de son origine et ll a rapidement évoqué le mé-
gie =Sorte d’écaille on de lame cornée se trouvant tal, non plus le cuir o Par analogie de forme, il a
SUT le corps de certains insectes diptères,, et CUIL- servi à désigner on ancien corsage de femme des-
LERÉE n. f. l1393l, usuel pour ~Contenu alimentaire cendant jusqu’aux hanches et, par analogie de
d’une cuiller-. fonction, s’applique an revêtement métallique pro-
tégeant un char de combat, un navire 118631.
CUIR n. m., d’abord 9uir k. 10601 pois cuir c CUIRASSIER n. m., d’abord cu~mchier (15771 a
Cv. 116Ol, est issu du latin corium =Peau de l’animal désigné à l’origine un soldat muni d’une cnirasse,
(robe, cuir)*, <peau de l’hommem et -enveloppe, pois on soldat servant dans une unité de grosse ca-
peau des arbres et des frnitsn, également employé valerie et, par flgnre, un régiment blindé. -C~I-
à propos de la surface qui recouvre un liquide, RASSER v. tr. (16381. wevêtii une cnirasse~, a déve-
d’une couche de sable. Le mot se rattache à une m- loppé, surtout en emploi pronominal, le sens figuré
clne indoenropéenne Wher- -couper=, =séparep, de sse fortiiïe~ (1803). 0 ll a produit CUIRASSE-
-partagep, la peau étant ce que l’on peut détacher MENT n. m. (18761, assez rare, et CUIRASSÉ n. m.
du reste l-chair, écorce, etc.). (1867l, nom tiré du participe passé qui désigne on
+ En ancien français, cuir désigne aussi bien la peau ancien navire de guerre fortement blindé et armé
de l’homme (1080 que celle de l’snimal lv. 11130); d’artillerie lourde, disparu dans les années 1960
sous la concurrence de peau, il a décliné après le (mais le mot est encore connu, notamment par le
xvue s. en parlant de la peau humaine, exception nom de navires célèbres, tel le cuirassé Potemhinel.
faite de quelques emplois plaisants et de cuir che-
velu (18oOl; en parlant de celle d’un animal, il s’est CUIRE v., d’abord sons l’ancienne forme coi.$
spécialisé, par métonymie, an sens de -peau sépa- troisième personne pronominale du parfait lv. 881l,
rée de la chair, tannée et prépsréem (11701. est hérité du bas latin “cocere, altération du vetie
0 D’après ce sens, il est parfois utilisé par métony- classique coquers. Ce mot signiiïe à la fois «son-
mie (un cuir) à propos d’on vêtement de cuir et, par mettre un objet à la chaleur pour en modifier la
analogie, désigne diverses matières (déterminé substancem mais aussi -brûler, fondre2, -digérer+ et.
dans cuir de laine, des Vosges). -Le sens figuré, an fignré, =méditer mûrement> et *tourmentez. ll
sfante de langage consistant à lier les mots de facon appartient à une racine indoenropéenne “peh”-
incorrectes (1783l, parait entièrement démotivé : il *cuire> et -mûr+, représentée dans le grec pessein
se comprend peut-être par l’expression antérieure (+ peptique) le sanskrit pcic&ni, le vieux slave pekq
écorcher un mot (déjà chez Rabelais) et il est en re- aje ciris>. Les dialectes celtiques et italiques ont une
lation métaphorique avec velours. forme “k’“ekw- où le p initial est devenu h” par sssi-
b CURÉE n. f., d’abord cutie iv. 11601, est un terme milation.
de vénerie qui désigne la portion de la bête que l’on t Le premier sens de cuire est celui de -brûler= en
abandonne aux chiens (généralement étendue sur parlant du corps humain soumis an supplice du
le coir de la bête dépouillée) et, par extension, le feu, sens sorti de l’usage avant 1606. tout comme
fait on le moment de donner cette cnrée. Par trans- celui de +riller, flétrir (des végétaux) sons l’action
position an figuré, il se rapporte à une ruée sur des intempérles~ (v. 1278). -Plusieurs antres va-
qqch., à une dispute âpre et violente autour d’un leurs fignrées, qui donnaient an mot des sens trop
butin, d’une place laissée disponible, sens relative- variés, ont également décliné an cours du xvrr” s. on
ment ancien (1562) et diifnsé par le roman de Zola, au xwse s., dont celles d-élaborer par la digestion>,
La Curée (1871). Le mot est aujourd’hui complète- =mettre sa coniïance en qqn> Qnet&e cuire sur), -ré-
ment démotivé. -CUIROT n. m. 11518) a désigné fléchir à., -comprendre, apprécier- et apréparer
un morceau de cuir, pois s’est spécialisé en -peau (par la penséel~. 0 Le sens de -soumettre à l’action
de mouton séchée et délainée=. du few (1155, char I&&l quite; + chsrcntierl, uti-
0 “or CORl.4cE. CumAsSE, EXCORIER. ROND mom-DE- lisé en parlant d’un aliment ou d’une substance
CUIR,. non alimentaire, est devenu progressivement le
sens dominant, an propre et an 6gm-é. dans les lo-
CUIRASSE nf., d’abord cuirace W2661 puis cutions êIre durà cuire (1611). d’où an xc? s. un dur
cuirasse l1417l, est probablement emprunté, avec à cuire, et Cuve dans son jus (1866, argotiquement).
intlnence de cuir* SUT l’initiale, à l’ancien provençal 0 Par extension, le mot exprime l’idée de -brûler,
coirossa lv. 12001 plutôt qu’à l’italien corazza tiïn faire mal* en parlant d’une plaie Il 180-l 1901 et, an
me s.) ou à l’ancien aragonais cuymça (13621, qui fignré, de =tonrmenter, faire du mal> Iv. 11701, en
semblent plus tardifs. Tons ces mots romans sont particulier dans l’expression impersonnelle en
DADA 986 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

trique (par allusion aux trois phalanges du doigt) et t Le dérivé DAGUER v. s’est d’abord dit en vénerie
comme terme de botanique (par allusion à l’aspect (1572) d’un cerf ou d’un daim dont les bois
de la plante). Introduit en versscation, le mot s’est commencent à pousser; il est encore employé avec
spécialisé ultérieurement en botanique (1803). le sens de es’accouplew (du daim, du cerfl. L’autre
-L’adjectif DACTYLIQUE. d’abord daptüique sens. =frapper à coups de dague,, également at-
(14661 puis dactylique (1581), est emprunté au latin testé dès lafm du XVI” s. (1581, au pronominal), n’est
dactylicu.5, lui-même calqué sur le grec tardif duk- plus guère employé qu’en termes de chasse. En
tdikOS. Suisse, le mot est employé au sens intransitiffiguré
de *pester. enrage-. - DAGUET n. m., diminutif
DADA n. m. est une formation onomatopéique de dague (1655). désigne en vénerie le jeune cerf
du langage enfantin désignant le cheval (1508). Il a qui pousse son premier bois (antérieurement dé-
servi à traduire (1776, traduction de %.stram nommé hagard, me S.). - DAGUETTE n. f. -petite
Shandy de L. Steme) l’anglais hobby-home manie, dagues (1886, Mor&s) est une rareté littéraire.
sujet favori*. Ce dernier, désignation du cheval au-
bin, a été appliqué par métonymie à un cheval de DAGUERRÉOTYPE n. m., attesté pour la
bois (me s.) et, par l’intermédiaire de la valeur af- première fois en 1839 dans le Rapport de M. Arago
fective de ‘jouet favoris, a pris le sens figuré de sur le Dagumréotype, et dans le Jounal de Michelet
-passe-temps favori> (1676). Le calque dada s’est sous la forme dagwxrotype, est composé du nom
mieux répandu que les emprunts ultérieurs hobby de DagueTe (1787-1851) et de l’élément suBïxal
(début x!Y s.) et hobtyhorse (1815). -type*.
4 Le mot désigne le cheval chez les enfants et, au fi- *Dagueme est, avec Niepce de Saint-Victor, l’in-
guré, une manie (1776). employé seul ou en lo- venteur de ce procédé de reproduction : en 1838,ils
cutions lenfmrcher son, un dadal, accompagné obtient une matérialisation indélébile de l’image
d’autres termes figurés du même champ sémm- latente qui se forme au dos d’une chambre noire :
tique. -Dada est devenu au début du >Oc”s. le nom l’année suivante, Dagueme lance l’invention sous le
d’on mouvement artistique créé en 1916 (14 juillet, nom de dagwméotype. Le procédé consiste à pla-
Tristan Tzara, Le Manifeste de M. Anal, pro- cer dans une chambre noire une plaque argentée,
testant par la dérision et lïrrationalité contre l’ab- polie et traitée par des vapeurs dïode. Elle est en-
surdité universelle. Dada a été choisi comme un suite exposée à la lumière pendant quelques mi-
terme volontairement dépourvu de sens, illustrant nutes. L’image latente invisible se révèle en positif
la volonté du mouvement de se libérer des idées quand on l’attaque par des vapeurs de mercure ; un
reçues. Le mot avait été trouvé au moyen d’un lavage à l’eau chaude salée arrête le développe-
coupe-papier glissé au hasard dans les pages d’un ment et rend l’image dé!%itive. Le portrait assura
dictionnaire Larousse par T. Tzara et Huelsenbeck, le triomphe du daguerréotype. Malgré son éclat et
le 8février 1916, à Zurich, au café Temzsse. Il est son extrême finesse, il fut rapidement abandonné
employé comme adjectif et comme nom. au profit de la photographie*, car il présentait l’in-
t Le terme artistique a produit DADAÏSME n. m. convénient d’être unique et de ne pouvoir être re-
(attesté en 1917 chez Courteline) et DADAISTE produit facilement. Le mot concerne aujourd’hui
n. et adj. (1918, Tzara). l’histoire de la photographie.
w Les dérivés DAGUERRÉOTYPER v. tr. (1839) et
DADAIS n. m. est formé Il6421 à parti du rsdi-
DAGUERRÉOTYPIE n. f. (1847, Balzac) ont décliné
cal onomatopéique dad- exprimant l’étonnement.
avec l’usage du procédé.
Les patois possèdent de nombreux mots de sens
analogue (6. aussi dadée aenfantillage, babioles.
xvf S.I. DAHLIA n. m.. terme de botanique, est dérivé
(18041,avec la finale -ia, du nom du botaniste sué-
+Le mot désigne familièrement un jeune homme dois Andr& Dah.! (1751-1789) qui apporta cette
niais et gauche, souvent dans un grand dadais. plante du Mexique en Europe à la fin du XVII~’siè-
DAGUE n. f. (1229) est d’origine obscure. L’hypo- cle.
thèse d’un emprunt à un latin tardif “dma, fémi-
nin substantivé tiré de dam spatha dpée daces. DAIGNER v. tr.. d’abord deg&r (v. 8811 et dei-
par l’intermédiaire de l’italien ou du provençal gnier, est issu du latin tardif d&are, lequel PM>-
daga, se heurte au fait que ni l’italien ni le proven- vient par changement de conjugaison du latin clas-
çal ne sont attestés avant le XIX?siècle. D’autre part, sique dignari -juger dignes puis, suivi d’un infinitif
l’expression dam spath (ou data ensis) n’est pas -vouloir biem, chez les poètes puis en latin chré-
attestée en latin. L’ancienneté du mot sur le terr- tien. Il est dérivé de dignw (+ digne).
taire anglais (1200, dagger; ~U?S., latin médiéval +Le verbe. introduit avec le sens de =vouloir bien,
data chez le gmmmairien anglais J. de Garlandel consentir à-, est, dès les premières attestations,
conduirait à chercher un étymon celtique, que l’on construit avec un infmitii. D’usage soutenu ou iro-
ne peut toutefois identifier avec certitude. nique, il est souvent en tournure négative.
4 Le mot désigne un poignard ou une épée courte .k p&ïXé DÉDAIGNER V. tr.. d’ab0l-d attesté
en usage au moyen âge et jusqu’au XVI$ siècle. Par sous la forme du participe présent desdeinanz
analogie (forme, fonction), il désigne en zoologie (av. 1150) avec le sens ancien de ‘qui s’indigne% a
(surtout au pluriel) le premier bois qui pousse sur reçu sa valeur moderne ‘repousser, méprise-
la tête du cerf ou du daim (av. 1573). (1165-1176). s’opposant à d.aigner, en particulier
DE LA LANGUE FRANÇAISE CUIVFE
ces derniers, il est employé avec des connotations tique, l’ancien cas sujet coistre, quistre Il 1741 cor-
érotiques, en parlant d’une femme (ci-dessous cuti- respondant à l’ancien cas régime coistron, quistron
sage). Il donne lieu à des locutions comme être (se <marmiton, valet de cuisinen (dès 1140, en latin mé-
mire) sorti de Is misse de Jupiter &re exception- diéval quistrun), lui-même issu du bas latin “coquis-
neln. tro, dérivé de coquere (+ cuire) et peut-être à iden-
~Dans un autre registre, cuisse a produit les tifier avec le latin des gloses cocisho sgoûteur des
termes techniques de boucherie CUISSOT n. m. mets+. Le cui- de la forme actuelle s’explique par
(v. 12~0, réservé aux gros gibiers et employé par l’influence phonétique de mots du même groupe
extension pour désigner les cuisses d’un animal, et cuire, cuisine, etc., et le maintien dus répond à un
CUISSEAU n. m. (16511, d’abord dit d’un chevreuil souci d’expressivité.
puis réservé au veau (1725). Ce dernier, sous la +Le mot s’est appliqué au valet, au subalterne dans
forme quissel (1240.K%O), existait en ancien lï-m- un collège, pu& (1640) à l’écolier qui porte le man-
çais comme dénomination~d’une partie de l’ar- teau et le bonnet Unais pas la robe longue). et au
mure couvrant la cuisse. -A partir du sens méto- cuisinier des étudiants. ~C’est vers 1670 qu’il a
nymique de cuisse, -partie du vêtement recouvrant commencé à désigner un homme pédant, ridicule
la cuisse>, ont été dérivés plusieurs termes d’ha- et vaniteux de son savoir, également en emploi ad-
billement. CUISSETTES n.m. pl. (&a) est un jectivé. Un emploi secondaire, à propos d’un
terme de Suisse romande qoi désigne des culottes homme manquant de savoir-vivre, ou compensant
courtes de sport sans poche ni braguette (à la dif- sa pauvreté par sa prétention, est propre à la
férence de short). -CUISSARDES n.f.pl langue classique mais a continué à s’employer en-
(av. 19221, d’abord adjectif dans guêh-e cuissarde suite.
(18941, désigne des bottes qui montent haut sur les
cuisses.-Les termesplusanciens CUISSIÈRE n.f. ~CUISTRERIE n.f.,dérivétardif(1844),désignele
pédantisme dans ce qu’il a de ridicule et, par méto-
(1280) et CUISSARD n.m.(1571) se sontreconver-
nymie, un ou des propos de cuistre (av. 1857).
tis: duvocabulaire de l'armurerie,ils sont passés
dans celui de l’habillement sportif cuissard dési-
gnant la garniture protégeant la cuisse du hoc-
CUIVRE n. m. est issu (v. 1120) du latin cyprurn,
cuprwn =Cuivre=, mot emprunté au grec hupros,
keyeur sur glace (1930) et cuissière celle de l’escri-
nom de l’île de Chypre kl’étymologie inconnue),
meur (1906). -CUISSAGE n.m. (15771, surtout
employé dans l’expression droit de cuissage (17561, d’abord employé dans le syntagme aes cyprium
désigne le droit féodal selon lequel les seigneurs =Cuivre de Chypre>, avant de remplacer le nom la-
pouvaient mettre une jambe nue dans le lit de la tin du cuivre aes (+ airainl. La terminaison -um est
mariée d’un de leurs serfs ou vassaux le jour de ses probablement analogique d’autres noms de mé-
noces, voire (et c’est le sens courant de l’expres- taux (aurum XOTP,ferrum =fer-, argentum -argent>).
sion) passer la première nuit avec elle. Ce droit, qui oLes formes de l’anglo-normand queivre, quivre
pouvait être racheté à prix d’argent, s’est changé (1155). ainsi que coivre, sont généralement rame-
en impôt sur le mariage avant de disparaître nées à des variantes du latin impérial cyptium.
(6. jambage). Cependant, l’expression est encore cupreum, mais l’évolution phonétique est obscure.
employée, adaptée à un contexte moderne (rela- La forme régulière, issue du latii impérial cuwu?&
tiens phallocratiques patron-employée, dénoncées est heure l1288), encore en usage en picard, wal-
par les féministes). ion, franco-provençal et occitan. Le i pourrait s’ex-
Cuisse a fourni deux désignations métaphoriques pliquer par une confusion avec l’ancien français
enbotanique :CUISSE-DE-NYMPHE~.~ kw~Ps.), cuivre an-quois~.
par analogie de teinte et allusion à la peinture du +Le mot, nom d’un métal de couleur rouge-brun, a
temps de Boucher, d’une variété de rose blanche reçu des valeurs métaphoriques (mettant l’accent
teintée de rose, mot également utilisé comme ad- sur la couleur, la sonorité) et des sens métony-
jectif de couleur invariable, parfois renforcé en miques : il désigne, depuis le XY s., un ensemble
cuissede nymphe émue,etCUISSE-MADAMEn.f d’ustensiles de cuisine ou d’objets d’ornement
(1611. cuissedame). par analogie de forme, *variété (1823) et, en musique (18321, l’ensemble des instru-
de poire de forme allongée, de couleur jaune*. -Le ments à vent en cuivre employés dans un or-
composé ÉCUISSER v. tr.. employé en ancien fran- chestre. Cuivre désigne également (1845). en gra-
çais au sens de <couper les cuisses> (v. 1179, escuti- vure, la planche de cuivre gravée et, par
si&, s’est spécialisé en sylviculture (1571) pour métonymie, la gravure elle-même. 0 Il fournit un
<faire éclater le tronc d’un arbre*, d’après l’emploi adjectifde couleur (1818). en concurrence avec cti-
de cuisse au sens de -branche, fourchon*, attesté wé.
vers 1400.
.CUIVREUX,EUSE adj., d’abord cuywewc (1571)
Pour combler la carence d’un adjectif didactique
proprement .-qui contient du Cuivre~, quaMe aussi
relatifà la hanche, on a formé COXAL.ALE.AUX
ce qui a la couleur (1740) et la sonorité (1838) du mé-
adj. (1811) sur le latin coxa -hanche>. oLe mot a
suscité une série scientifique en ~0% avec COXAL-
tal. -CUIVRER v. tr. (1723) est employé en tech-
nique et réalise le sens 6guré de <donner à (une
GIE n.f. (1823), COXITE n.f. (1956) et COXAR-
THROSE n.f. (1956). chose) les caractéristiques du cuivres, avec une no-
0 voir CO"SSIN. tation de couleur, de sonorité et, au figuré,
d’ivresse (1838. Barbey). oson participe passé
0) CUISTRE n. et adj. apparu à l’époque classique CUIVR&ÉE adj. est en passe de Supphnter CUi-
(16221, est, avec une intéressante évolution séman- weux dans sa valeur visuelle (1740) se spécialisant
DAh4 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

w DALTONIEN, IENNE adj. et n. est loi aussi dé- servi à désigner quelques autres produits importés
rivé 11827, P. prévostl du patronyme Do&m. originairement de la ville de Damas, notamment
une sorte de prune dont le plant provient de Da-
46 DAM n. m. est emprunté très anciennement mas, nommée prune de Damas (xv” s.), puis ellip-
1842, damnol au latin damnum =dommage, preju- tiquement damas (1545) Ile bas latii avait damas-
db=. pxte~ et ~dépense=, souvent associé à cem en ce sens]. Au XVII~“~., il est passé en
sumptus <dépense. fralsn (+somptueuxl, @ctum métallurgie, à propos d’un métal utilisé pour les
-perte, dommages et detimentum (+détrhnentl. lames de sabre (d’où le sens métonymique de
Damwm était spécialement employé dans un -%-iblW, 17321, obtenu par un alliage de fer et
contexte juridique pour désigner les dommages et d’acier dont les teintes diverses dessinent des mo-
intérêts payés pour une perte matérielle et, par ex- tifs variés (1762, acier àe Damas; 1783, dam&.
tension, l’amende (le mot propre étant multol ou la
l En est dérivé DAMASSÉ, ÉE adj. (1386). employé
peine là côté de poena). Quoi qu’on ait dit, aucun
eh tissage, également en emploi substantivé 116461,
rapport n’est senti en latin entre damnum et dore
et en métahurgle 11783) où il concwrerice domas-
edonnem (+ donner1 et l’expression damrwm dore
quiné (+ damssqti1. -L’h&ùtifDAMASSER, ihu-
emser un dommages ne réalise pas une *figure
sité, a permis la production de DAMASSURE II. f.
étymologique=. Damnum est peut-être un ancien
(1556) =owrage de linge damassés et ‘dessin 6gu-
terme de la langue religieuse, à rapprocher de
raht sur la toile damsssée~. -DAMASCgNE adj.
daps, dapis n. f. lplurlel : dopas1 +acriflce~, <repas
(in P. Larousse 18701, emprunté ao bas latin, quahiïe
rituel qui soit le sacriiïce~. Ces deux mots latins ont
ce qui est relatif à la ville de Damas, dumu.squin*
été rapprochés de l’arménien towh -fête>, du vieil
étant sorti d’usage en ce sens
islandais ta61 *bête destinée au sacrihce~. suggé-
rant l’existence d’une fsmille ihdoewopéenne. DAMASQUIN, INE adj. et n. est emprunté
t En français, dam, avec son sens de sdommage, (1405-1406) à l’italien domo.sc~ ‘étoffe tissée à la
pl-éjudice de qqn,, s’est effacé à partir du XVI~~. manière de celles de Damas- (XVe s.l, également, en
pour ne plus s’employer que dans l’expression à emploi adjectif xde Damas~ fdrappo dammas-
mon (ton, son, leur) dam (1450. à rostre dam) elle- chino), dérivé de Damasco, nom italien de Damas
même disparue, le dernier usage subsistarrt étant b damssI.
aujourd’hui au grand dam f& qqn). o Le mot a eu
t Le mot désigne une étoffe tissée à la manière de
le sens spécial de ~châtiment éternel qui prive les
celles qui étaient fabriquées à Damas (au ms.sculin
réprouvés de la vue de Dieu,, dans le vocsholaire
puis surtout a* féminin): il a quahi% 11445) ce qui
théologique (15791 l+ damner+
est relatif à Damas, emploi disparu au profit de do
w Dam a été progressivement remplacé par son dé- masquiné.
rivé DOMMAGE II. m. dont la forme primitive do
t Le dénominatif DAMASQUINER v. tr., d’abord
mage (1080) a été modifhe en abroge Cv. 1160).
DAMASQUINÉ, ÉE adj. (1537l, et ses dérivés DA-
dommage, probablement sous l’intltience de l’an-
MASQUINEUR Il. Ill. (1558l, DAMASQUINERIE
cien frmçais dongier (-+dangerl. La forme pre-
n.f. (1571). rare, DAMASQUINAGE ri. m. 11611) et
mière est conservée par I’anglais damage qui l’a
DAMASQUINURE ri. f. (1611l, se rappOrtent à l’ih-
empruntée au liar~çals. Le mot, complètement dé-
crustation à froid de petits fdets kl’or, d’argent, de
motivé, d’usage juridique et co-t, est particuliè-
cuivre) formant décor dans on autre métal
rement employé dans la locution c’est dmnmage
que (1160, ce est domoge que) et dans l’expression
0 DAME interj., attesté pour la première fois en
juridique dommages et intérêts (1690). -Il a pro
1665 (Molière, DomJuan, III. ll, mais U?rh%ihemeht
duit DOMMAGEABLE adj. (1349). antérieurement
antérieur, comme le juron tredame. attesté en 1690,
daf?mgeabIe 113OQl, ainsi que deux verbes pr%xés.
est issu. par ahr&iation, de par nostre dame ou de
ENDOMMAGER v. tr. (1165. en&ma&rl signihe
damedieu, =Seigneur Dieu,, invocation médiévale
&ire subir des dommages. des dégâts à (qqch.l-.
fréquente devenue juron. L’expression existe en la-
0 ll a donné à son tour ENDOMMAGÉ, ÉE adj. et
tin ecclésiastique sous la forme domine deus, de
ENDOMMAGEMENT n. m. km’sl, nom d’action
dominus maître*, de domus *maison= 1+ dôme) et
rare depuis le xv? s.. mais encore I-épertorié par les
oh.9 l+ dieu).
diCtiOnnaireS genéraux. *DÉDOMMAGER V. tr.
(1262) se partage entre on emploi juridique et le t Le mot n’est plus compris et rattaché aujourd’hui
sens iig& usuel de ‘donner en compensation- à 0 dams*: il s’employait encore couramment au
(16651, tout comme son dérivé DÉDOMMAGE- x19 s., en milieu rural, notamment dans dame oui!,
MENT n. m. 11309, desdamagementl, dont la diifw dame non !
sion dans l’usage co-t est attestée à partir de
1723. 0 DAME n. f., d’abord damo (v. 10501. est issu du o>
latin domina, contracté en domna 11”‘s. apr. J.-Cl,
DAMAS I-I.m.
W801, d’abord damasque 113521. =maitresse de maison, épousez, ~arnle~. maî-
est tire du nom de la ville de Damas, en Syrie, une tresse=, =Souveraine*. Le mot est le féminin de do-
des plus importantes villes commerciales au minus l+ dom, domino), dérivé de domus =maison~
moyen âge. (+ dôme).
t Le mot a été emprunté pour désigner une étoffe t Le mot est d’abord l’appellation d’une femme de
monochrome ornée de dessins satinés en relief sur haut rang. par opposition à demoiselle qui désigne
fond mat. formés par le tissage. Ultérieurement, il a la femme d’un bourgeois, au moyen âge et encore
DE LA LANGUE FRANÇAISE CULTE
techniques lmécémique. mines, travaux publics). papes. -CULBUTIS n. m., d’abord cukbutis (16441,
o Le sens moins clair de #perte importante au jeun apparu dans le style burlesque, fournit on doublet à
(1838) est probablement à mettre en rapport avec culbute de sens moins dynamique. -Le participe
culot -partie basse de qqch.n pris avec l’idée d’-infé- présent CULBUTANT est substantivé technique-
riorit&, par exemple dans être culot <être inférieur ment (18451 et repris en argot comme désignation
à son adversaire, au biiard~. 0 Celui d’=action de du pantalon (16721, remotivé d’après cul, culotte.
s’enivrer, état d’ivresse* (v. 18201 se rattache à se -CULBUTACE Il. m. (18531 et CULBUTEMENT
culotter *se colorer comme le culot d’une pipe= n. m. (1884) sont surtout employés en aéronautique.
d’où -se soûlep: ll dépend donc en fait de culot et -CULBUTÉ, ÉE. lui-même, participe passé adjec-
non de culotte. - Comme culot, culotte a produit un tivé (v. 19501, s’emploie à propos d’un moteur à ex-
verbe 0 CULOTTER v. tr. (17921, proprement w%ir plosion dont les soupapes sont comman dées par
d’une culottes, et son antonyme 0 DÉCULOTTER des culbuteurs.
v. tr. (1739, se déculotter1 qui a reçu de nombreux
sens figurh, dont ceux de <faire avouep et &véler CULINAIRE adj. est emprunté (1546, Rabelais)
publiquement* (1894). o Ce dernier sens vit dans au latin culinarius <qui a rapport à la Cuisine~, dé-
les dérivés DÉCULOTTAGE n. m. (18901 a” propre rivé de câlina -cuisine=, synonyme de coquina
et (1895) au figuré. et DÉCULOTTÉE n. f. (19061 *dé- l+cuisine) et également apparenté à coqwre
faite Cuisante~. -Culotte a également fourni le nom bcuirel. Le mot aurait été déformé sous l’in-
de celui qui confectionne des culottes et des panta- fluence de culus (+ cul), les latrines étant souvent
1Om : CULOTTIER n. m. (17901. attenantes à la cuisine à Rome, et culina est attesté
La majorité des pr&xés verbaux dérivés de cul pour *latrinesn. 11 s’agirait donc à l’origine d’un
sont démotivés et devenus autonomes (-acculer, terme dérisoire et péjoratif.
basculer, bousculer, écaler, reculer). -Seul EN- 4 Le mot, ayant complètement perdu ses connota-
CULER v. tr. (1734, Piron) est senti spontanément, tions latines, qualifie ce qui a trait à la cuisine.
avec son sens érotique et même au figuré, comme cLeS dérivés CULINAIREMENT adv. (18251 et
un mot du même groupe. Il a produit ENCULAGE CULINARITÉ n. f. koY s.1 sont peu usités, surtout le
n.m. (19361, ENCULEUR mm. (17901, et EN- second.
CULÉ. ÉE adj. (v. 18501 qui désigne au masculin un
homosexuel passif et est adressé injurieusement à CULMEN -+ CULMINER
un homme (sans préjuger de ses moeurs sexuelles)
et même à une femme. 0 Outre sa valeur érotique, CULMINER v. intr. est emprunté (1751: dès
la série a un emploi métaphorique assez courant, 1708, pour culminant) au bas latin culminare
par exemple dans enculage de mouches minutie -mettre le comble à, couronner-, dérivé du latin
excessive dans la critique de détails (6. pinaillage, classique culmen, culminis *faîte, sommet de
pimtir). qqch.,, forme plus récente de columen (+ colonne).
0 voir ACCLILERBASCULER B0uscuLF.R.-wrsR. Le français a d’ailleurs emprunté le type latin
ém RECVLER
TAPE-CUL
b.lt TAPER,. CULMEN n. m. (18911 comme terme didactique au
sens figuré de acomblem et a” sens concret de =som-
CULBUTER v., d’abord cuUebuter(l534)intram metm en géographie.
sitif, est le composé tautologique de culer (1482,
+ Le verbe a été introduit en astronomie, en parlant
spousser au cul. par derrière~l l+ col1 et de buter*.
On notera que le moyen français connaît mUebute d’un astre qui passe par le point de sa trajectoire le
plus élevé au-dessus de l’horizon. 11 s’est répandu
au sens de cpéniss (xv” s.), composé très clair de bu-
ter et culkr (en emploi transitti ou de cul, qui en géographie à propos d’un sommet atteignant
éclaire le premier emploi rabelaisien. son point le plus élevé (1832) et, dans l’usage cou-
rant, avec le sens 6gwé d’-atteindre son maxi-
+ Le verbe apparaît chez Rabelais dans un emploi
mum> (18451.
érotique. Le sens usuel de -tomber, faire tomber à
la renverse= a donné lui-même le sens spécial érc- t CULMINANT, surtout courant dans le syntagme
tique de *reoveTser (une femme) pour la posséder point cxdmimmt. a suivi la même évolution, de l’as-
charnellement>. o Par la même transposition figu- tronomie (1708), au sens 6guré (18231 et à la géo-
de que renverser, le mot exprime aussi le fait de graphie (18321. -Outre culmen, le français dispose
venir à bout, violemment, de qqch. (16011. de trois 11oms spécialisés et rares : CULMINATION
n.f. (1610. au i?gurél, emprunté au dérivé latin
t Le déverbal CULBUTE n f. apparaît dès le xv’ s.
cdmimtio et surtout utilisé comme terme d’astrc-
sous la forme du surnom Cdkbute (14791, lronique-
nOmie (17521: CULMINAISON n. f. (1910) de sens fi-
ment donné à un moine d’après le nom argotique
guré et d'usage littéraire, enfm CULMINANCE n. f.
du membre viril. Il se répand au xwe s. avec son
(19461.
sens usuel de ‘mouvement de cabriole, chute
brusque, et le sens figuré (16801 correspondant. CULOT, CULOTTE - CUL
-CULBUTEUR n. m. (1599) s’applique en parti-
culier à un acrobate, à celui qui culbute les femmes CULPABILITÉ - COUPABLE
(1610, culbuteur de commères)et, au féminin, à une
femme facile (18521. o Il est usuel comme déslgna- CULTE n. m. est emprunté (1532. selon Bloch et
tion d’un appareil mécanique servant à renverser Wartburg; ou 15701 au latin cultw, proprement -&c-
un objet (18761, sens spécialisé pour désigner une tien de cultiver, de soigner-, mais beaucoup plus
pièce du moteur à explosion agissant sur les sou- employé a” sens moral d’-éducation, civilisations
DAMNER 990 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au xv+ siècle. Il s’agit là d’un développement de sif, comme monsiew SUT sieur, et comme made-
sens d’origine féodale, parallèle à celui de domi- moiselle. ~Cet appellatif a suivi les emplois de
nus, domnus qui, sur le territoire galle-roman, a dame k-dessus), s’appliquant d’abord aux femmes
pris à l’époque des Mérovingiens et des Car~lin des très hautes classes de la société, notamment
gjens, le sens de ‘seigneur, maître d’un fiefm. En an aux souveraines, aux filles de la maison royale (Ma-
cien français, dame s’applique à l’épouse lv. 11751 dame Royale était le titre porté par la hlle aînée du
et, spécialement, dans le langage courtois, à la roi). Au xw” s.. c’est aussi le titre de la femme de
femme aimée @in XII~ s.1, emploi dont témoigne une Monsieur, le frère du roi. o En français classique,
expression comme la dame de ses pensées. 0 Par madame s’applique aux femmes nobles titrées et
extension, le mot commence dès le xsies. à dési- mademoiselle aux nobles non titrées. Cependant,
gner une personne du sexe féminin n’appartenant depuis le xv” s., modome se dit aussi de femmes
pas à la noblesse, mais cet usage ne se développe non titrées et même - probablement plus tard -
qu’au xvie s., toujours avec une nuance de courtoi- de bourgeoises mariées (on a dit : Madame bour-
sie par rapport à femme. ~Depuis l’ancien frar- geoise IFuretièrelj et de certaines religieuses.
çais et d’après le latin, doms entre spécialement 0 C’est au xvse s. que l’appellatif s’étend donc à des
dans l’appellation de la vierge, NOTRE-DAME femmes mariées de la classe moyenne, l’applicz-
Iv. 12201, et a servi à former des titres pour des abs- tion sociale augmentant progressivement, au
tractions féminisées kia’s.. damme ThéoZogkl. xvnf s. et surtout au xr? s., selon les mêmes critères
-Au xvie s., il est entré dans le vocabulaire du jeu qui se sont appliqués à l’usage de monsieur. Cepen-
11508, jeu des dames1 par référence à l’idée de dant, alors que l’opposition mariée-non mariées
-reine> aux échecs et aux cartes, et, en ce qui devient essentielle pour madame-mademoiselle,
concerne le jeu appelé spécifiquement jeu de l’idée hiérarchique ne disparaît pas. Ainsi ma-
dames, puis les darnes (jouer awc dames), par allu- dame, depuis le XVII~ s. (16681, s’applique à la mai-
sion au fait que le pion qui a traversé tout le damier tresse de maison par rapport aux domestiques
peut se déplacer d’un nombre illimité de cases dia- (Madame est senie). oLe mot sert de titre, em-
gonalement, comme la freinez aux échecs. ployé avant le nom patronymique du mari (Ma-
c De dame sont dérivés deux termes de jeu : l’un. dame Bovary) et, récemment, avant le nom même
DAMER Y. tr., est relevé une fois (apr. 12501 avec le de la femme, ou encore avant un nom de fonction,
sens ancien de -proclamer dame, souveraine> en qui peut être au masculin en français contempo-
parlant de la Vierge, puis reformé Il5521 à partir de rain (Madame le Maire), sauf au Québec. Le nom
(jeu del dames, développant dès cette époque le est très usuel en appellatif, seul fooui, Modoms1, ou
sens figuré de =prendre l’avantage sur). souvent qualiilé fchère Madame1. Il s’emploie familière
dans la locution damer le pion à 116681. -Le se- ment pour dame fjouer à la Madame). oUne
cond, DAMIER n. in., existe depuis 1529 pour dé- contrsction populaire (1756, Vadél est marne,
signer le plateau sur lequel on pousse les pions au maame, aujourd’hui archaïque ou comique.
jeu de dames et au jeu d’échecs. Par analogie avec
la surface de ce plateau divisée en carres de cou- DAMNER Y.tr. est emprunté dès le x’s. Iv. 9801
leurs alternées, ll a reçu des acceptions spéciales au latin ecclésiastique damnare &prouver,
en architecture, textile, urbanisme. condamne> (en parlant de Dieu). servant à tra
Avec son sens propre, dame a donné le dlmlnutif duire le grec chrétien amthemttzetn C+ana-
péjoratif DAMERET n. in., d’abord attesté dans un thème). C’est une spécialisation de sens du latin
emploi adjectif sorti de l’usage (av. 1502, œtiodes classique domnore, terme juridique signiiïant
damerettes), puis comme nom (15081 pour désigner &apper dune amende,, plus généralement NI~;-
un homme d’élégance et de manières efféminées, prouver, condamner à un châtiment>, passé dans
De nos jours, le mot n’est guère employé que par l’usage courant au sens de =blâmer, critiquer= et, à
allusion plaisante au moyen âge. basse époque, au sens de *fermer (une portelm. II est
Le COInpOSé DAME-JEANNE n.f. (17011. d’abord dérivé de domnum -dommage. prGjudice= (+ dam).
écrit damejww (1694, Corneille) =bonbonnem, vient
4 Le mot, repris dans sa spécialisation théologique,
de jane cbouteille. récipient pour les liquides-, at-
est employé transitivement et (1172-11741 à la
testé en 1586 et répertorié par Cotgrave en 1611.
C’est un emploi plaisant du prénom féminin forme pronominale se damner. La spécialisation ju-
Jeanne, par allusion à la forme rebondie de cette ridique, reprise en ancien français (v. 10501, a été
bouteille. Le procédé est fréquent: Christine est
réservée à condamner.
employé en Normandie pour désigner une grande t DAMNÉ, ÉE, rapidement sdjectivé. est la sub-
bouteille de grès pour l’eau-de-vie, et Joc9ueZine stantivation du participe passé damné pour dési-
dans le nord de la France pour désigner une gner la personne qui est condamnée aux peines de
cruche de près à long ventre (16401. Il s’agit prc- l’enfer 111601. Par extension, l’adjectif désigne et
bablement d’un ternie forgé par les marins du sud qualiile la personne qui est l’objet de la plus vio-
de la France, car l’on rencontre domoj~~no en pro lente réprobation (14651. spécialement en juron
ver@, damajanu en catalan et domiginna en ita- (damné + nom), et toute chose que l’on réprouve :
lien. Le mot a circulé: anglais dem~joan, arabe en français contemporain, cet emploi semble in
dam&ïna bnot récent et lui aussi emprunté dune fluencé par l’snglais dumned (de même originel
langue européenne). emprunté plaisamment hnll XY s.1 comme inter-
MADAME n. f. (V. 11751, au pluriel MESDAMES, est jection de dépit, d’abord dans des bandes dessi-
formé sur dame avec soudure de l’adjectif posses- nées.
DE LA LANGUE FWCAISE CUPIDE

t La totalité des dérivés et composés de culture CUMULER v. tr. est emprunté (v. 1355) au latin
date du Wp et du ti s., si l’on excepte l’antonyme cumulare -assembler, amassev, dont l’évolution
INCULTURE n. f., d’abord attesté au sens psycho- phonétique a donné combler*.
logique de =négligence* (1783) puis an sens concret *Jusqu’au xv? s., le mot a signi6é =entassef, sens
(17831, avant de sortir à peu près d’usage et d’être réservé depuis à son composé accumuler*. A partir
repris (1860) avec la valeur d’aabsence de culture du XVII” s., cum&r a pris ses sens modernes en se
intellectuelles. -Au Wp s. sont apparus les dérivés spécialisant dans l’usage juridique (av. 1690) et
se rapportant an sens concret du mot, comme dans l’usage admlnistratll(l784). 0 Par extension,
CULTURAL.ALE.AUX adj. (18461 arelatif à la il est employé couramm ent au figuré. &Unir en
culture de la terres et, par extension, eaux cultures une seule personne des caractères~ et *réunir plu-
microbiennes~ (1926). ainsi que la majorité des sieurs choses qui produisent un eiTeb, spéciale-
composés en -CULTURE et -CULTEUR/-TRICE. ment en informatique.
tels apiculture n. f. et apiculteur, bice n. (18451. . De cumuler sont dérivés CUMULATION n. f., mot
HORTICULTURE et HORTICULTEUR. TRICE rare du langage juridique et administratif (1792,
(18281, arboriculture et arboriculteur (+Arbo- cwnukztin des fonctions) où il subit la concurrence
restent), VITICULTURE (1845) et VITICULTEUR de CUMUL n. m. (1692). généralisé au xo?s. et
(1872). PUfiRICULTURE (1865) et PUÉRI- usuel en commerce, comptabilité et en politique
CULTEUR. TRICE (1932). MONOCULTURE (1842) (cumul des fnatits). 0 CUMULATIF. IVE adi.
et POLYCULTURE (19081, ou encore MOTO- (1690) et CUMULATIVEMENT adv. (1549) sont di-
CULTEUR n.m. (1913) *petit tracteur pour la daotiques. OCUMULABLE adj. (v. 1950) se rap-
culture* l+ agriculture). porte surtout aux emplois administratifs de cumu-
Tous les dérivés du sens intellectuel de culture ler et financiers de cumul. o CUMULARD n. m. est
datent du zc? s., après la diffusion de ce sens vem formé (1821) avec le S&e péjoratif-ard pour criti-
lQO0. -CULTUREL. ELLE a& d’abord attesté en quer ceux qui cumulent de manière plus ou moins
1907 au sens particulier de -relatif à la culture reü- scandaleuse plusieurs emplois bien rétribués.
giewe~, a pris son sens général vers 1927. Sous l’ir- Au xc? s., le français a emprunté au latin le subs-
fluence de l’anglais cultwal, ll a reçu (v. 19501 la va- tantif CUMULUS n. m. ‘amas, ta?.~ (+Comble)
leur sp&lalisée de *relatif aux formes acquises de comme terme de météorologie (1830) pour dési-
comportemer&, en ethnologie, avec une opposi- gner on gros nuage de forme et de nature caracté-
tion entre culturel (sociologique) et naturel kola- rlstiques. 0 Par composition. le mot a servi à for-
gique, inné) dans le domaine humain. Depuis les mer d’autres noms masculins de nuages tels
années 1970, l’adjectif a pris de nouvelles connota- ALTOCUMULUS (1889). CUMULONIMBUS (1891)
tions institutionnelles faffoires culturelles). o A son et CUMULOSTRATUS (1830). STRATOCUMULUS
tour. il a produit CULTURELLEMENT a&. (1926), (18941. ~Dans la première moitié du & a, cumu-
les termes de psychologie et sociologie CULTURA- lus a été réemprunté pour désigner un réservoir
LISME n. m., CULTURALISTE n. (V. 1956. em- d’eau chaude. parce qu’il accumule Veau.
prunts à l’anglais pour désigner une école sociolo-
gique) et les Composés INTERCULTUREL, ELLE
CUMULUS + CUMULER
adj., TRANSCULTUREL, ELLE adj. CUNÉIFORME adj. est dérivé savamment
On doit aux ethnologues les termes didactiques (1561). après le latin moderne cwwifonis (1559,
ACCULTURATION n. f (1911; 1880, comme mot dans un texte français), du radical du latin cuneus
c3.nghls1, d’où ACCULTURÉ. ÉE adj. et n. sintépré à =coim (+ coin) avec l’élément sufikal -forme*.
une C!ultures, et DÉCULTURATION n.f. (v. 19631, +D’usage didactique. le mot est employé dans la
DÉCULTURÉ. ÉE adj. et n. (v. 19501. +Toute la sé- description d’éléments naturels en anatomie kI’nn
rie, et aussi CULTURALISER v. tr. et CULTURALI- os, an xvr’ s.l. en botanique (1778) et en minérZdOgle.
SATION n. f. (v. 19681, porte la marque de I’anthn- oll qualifie spécialement une forme d’écriture
pologie de langue anglaise. créée par la civilisation snméro-akkadienne et
CULTURISME n. m. (V. 1950) et CULTURISTE n. dont les caractères sont en forme de coin ou, plus
(1910; repris v. 19501 se rapportent à l’expression exactement, de clou. Bien que ce système d’écri-
culture physique k-dessus). lls se sont spécialisés tore ait servi à noter des langues très diverses dans
pour évoquer une forme de développement de la toute I’Asie antérieure, on a employé impropre-
musculature, donnant lieu à une esthétique du ment au WC” s. l’expression langue cunéiforme pour
corps très artificielle et à des concoutx désigner le sumérien. 0 Le mot est substantivé au
masculin par ellipse de fcaractère~ cunéiforme.
CUMIN n. m., d’abord comk (av. 1188) - encore
au xwf s. -, puis cwnmin I~I$ s.) et cumin, est issu CUPIDE adj. est emprunté (1371) au latin CU@-
du latin cuminum. Lui-même est l’adaptation du dus ~désirew, avide de=, dérivé de cupere ‘désirer,
grec kuninon, nom d’une plante ombellifère orlgi- avoir envie de=, souvent en parlant d’un désir vio-
mire d’Orient, d’origine sémitique (hébreu kam- lent et sensuel. Ce mot est d’origine incertaine bien
mân, akkadien kamünulml). qu’on ait proposé un rapprochement avec le sans-
4 Le mot désigne la plante et, par métonymie, sa krit ktipyati 4 bouillonnes et le vieux slave kupitü
graine aromatique. plus rarement une boisson a,- dl bout>. L’image serait la même que dans arciere
Cooli&e à base de cumin ‘brûler= (- ardenrl.
~Les chimistes en ont dérivé l’adjectif CUMI- * Cupide a progressivement perdu son sens latin
NIQUE (1876). après le XVII~ s. pour se limiter an sens actuel péjo-
DANGER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

çais André. Ce mot désignait, dans la région fronta- est peut-être dû à l’infhience de dom*, l’ancien
lière entre l’Angleterre et l’Ecosse, les jeunes gens français attestant aussi la forme étymologique don-
qui fréquentaient l’église ou la foire annuelle dans gier.
un vêtement excentrique. Vers 1813-1819, il fut 4 Le mot a d’abord eu le sens de sdomination, em-
adopté à Londres à propos d’élégants dont le type pire>, la locution estre en clongier d’aucun signifiant
fut George-Beau B rummell1778-18441, I-éputé pour *être au pouvoir de qqn, à sa mercis. -Le sens mo-
ses aphorismes qui eurent force de loi (<pour être derne de =péril, (13401 s’est probablement dégagé
bien mis, il ne faut pas être remarqués, etc.). de la locution en danger de, qui serait passée de
t Le mot est passé en français avec la vague d’an *au pouvoir de> à aen craignant l’action de,. Ce
glomanie qui déferla vers les années 1820-1830.Les sens a éliminé les autres, dont ll reste quelques
plus notables des dandys parisiens furent Al- traces dans les patois, au XVI~siècle.
fred d’Orsay, Roger de Beauvoir et Lord Seymour. thnger a donné DANGEREUX.EUSE adj.
Le personnage du dandy domine toute l’histoire du (déb. xi? s.l. le latin médiéval attestant Dangerosa,
romantisme français et occupe une place de choix surnom d’une femme, en 1060.Le sens du mot dans
dans les grandes oeuvres de l’époque (en té- les premières attestations n’est pas clair l&ible~?,
moignent de Mamay et Rastignac, personnages de *qui agit inconsidérément~?); du sens de -diiBcile~,
La Comédie humaine de Balmcl. Le soin apporté à il est passé au sens moderne de ~périlleux~, pro
l’aspect physique et à la mise, de même que le bablement en même temps que danger lxrPs.1.
souci d’être mconnw en société caractérisent -En sont dérivés DANGEREUSEMENT adv.
d’ailleurs l’attitude d’un bon nombre d’écrivains ro- l1538).avecsonsens~tuel, et DANGEROSITÉ n. f.
mantiques (Stendhal, Eugène Sue, voire Baude- 119631,terme didactique d’abord employé en psy-
lairel. Dans les années 1830, le phénomène Jeune- chologie, puis en général pour *caractère dange-
France fait du dandysme la base même de sa dé- reux>.
marche esthétique de refus, de détachement
(comme l’humour) et de révolte. Le mot inaugure, DANOIS n.m. est la spécialisation, attestée
avec fwhionable 118041.une série de termes anglais dans les travaux de Buifon (17501, de l’adjectif et
relatii à la mode (fashion*, 1830; snob*, 1857; se- substantif ethnique danois, Oise (1086, Oger Ii Do-
kct*, 1869; smwt*, 18981.En insistant sur les conno- n&). Ce mot est issu du francique “Doni.&, à l’on-
tations éthiques et spirituelles de dandy, dans le sfl- gine de l’ancien nordique Dansk et adapté au latin
lage de Baudelaire, puis de Villlem de l’Isle-Adam, médiéval sous la forme danensis. Danisk- repose
on est passé à certaines valeurs qui excluent même sur Dani-, lui-même rendu par le latin médiéval
l’idée d’élégance ; le concept correspond à àan- Dani, -arum -les Danois~, qui a donné le danois
dysme (ci-dessous). Cependant, dandy désigne Dane et, en composition, le toponyme Danemark
couramment un élégant, un rat&& en parlant de dont le second élément représente mark
toute époque et notamment de l’époque moderne; l+ marche). L’anglais a à la fois Danish kulaptation
il connote souvent une élégance de style brltan de l’ancien français1 et Dane comme nom ethnique
nique, et parfois des caractères empruntés au type et comme traduction 11774, Goldsmithl du terme
de personnage de la tradition littéraire francaise. de zoologie choisi par Buffon. L’étymologie de Dani
s’il s’insère dans le paradigme des termes dési- est controversée, l’hypothèse la plus répandue
gnant l’élégant, il n’a guère de synonyme, à l’excep- avançant =Peuple de la for&.
tion de lion et de fashionable, plus marqués histo- +Le mot désigne un grand chien dune race dont
riquement. Lui-même est devenu un terme l’orlglne danoise est sujette à caution, au poil ras,
historique ou du moins très stylistique. Le mot ne aux oreilles courtes et représentée par deux varié-
s’emploie pas au féminin (Augier utilise en 1858 tés.
l’expression dandy femelle).
DANS prép. est issu, sous la forme dent (v. 11121.
. Il a produit DANDYESQUE adj. (18921 et DAN- du bas latin cf&ttus =au dedans, en dedan.% de de
DYFIER y. tr., aujourd’hui disparu.% -DAN- t+ del et intus =de l’intérieur= puis simplement cà
DYSME n. m. est attesté pour la première fois en lïntérlew, dérivé de in t+ en).
1830 dans le Journal des Débats à propos de Byron
et dans le Traité de la vis étigante de Balzac. C’est +Dans est d’abord employé adverbialement au
un emprunt à l’anglais dcmdyism 118191qui, depuis sens de & lïntérleur+, avant de céder cet emploi à
Baudelaire kle dandysme confIne au spiritualisme son composé dedans k-dessous). Depuis 1170, on
et au stoïcismeml et Barbey dAmwilly, s’applique le trouve employé comme préposition, exprimant
davantage à une attitude esthétique et morale qu’à une idée de lieu, de temps Ixm’s.1. ainsi qu’une dis-
l’élégance matérielle. Dandy et dandysme restent position physique et morale 116671.Rare avant le
vivants comme termes historiques. x@s., il s’est progressivement imposé au détti-
0 voir OUNDEE. ment de dedans et de en, d’usage incommode en
raison de ses formes contractes.
DANGER n. m., d’abord ciongier (11601,est issu ~DEDANS ah., d'abord declenz lv.1050), formé
du bas latin “dominarium, puis Womnatim #pou- avec de’, a donc seulement conservé son usage ad
VO~, dérivé de dominus ~maître, seignew verbial, perdant son usage prépositionnel 110801,
l-dom, domino). Le mot aurait été employé en par exemple dedans la chambre, encore usuel au
Gaule du Nord pour dominium *propriété, droit de mue s. et d’ailleurs condamné par Vaugelas 116471.
propriétés d’où =domlnation, puissance= et wzlmit~. Il est substantivé depuis 1530 Ile declens), symétrl-
de même origine. Le vocalisme initial du français quement à l’antonyme dehors.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CUFUEUX
sens amoLlreux. vivant jnsqn’an XvIes., a disparu. verbes : le su&& CURETER y. tr. et son dérivé
0 Cure s’est essentiellement limité an sens mécl- CURETAGE n. m. (fin xc? s.l sont employés en mé-
cal de w~in, traltement~ base s.l. acquérant an xc? s. decine et chirnrgie, en obstétrique.
la spécialisation de =traitement en station ther- Par préhxation sont formés on terme régional,
male, (1863). En procède l’expression hgwée une ÉCURER y. tr. 1~. 1223, escnrerl ‘mirer complète-
cure de .. .. pour =nsage abondant que l’on fait d’une ment=, qui reste vivant avec une acception tech-
choses. -Parallèlement. dès 1130, à partir du sens nique, et RECURER Y. tr. kvie s. ; XI$ s., rescwer soi
pris en latin ecclésiastique médiéval, le mot dé- -faire toilette,), employé techniquement en agr-
signe la direction spirituelle (spécialement, d’une culture kv1~s.1 et. COnmmment, an sens de -net-
paroissel et, par métonymie, la paroisse où toyer en raclant* 11762). 0 Son dérivé RÉCURAGE
s’exerce cette charge lv. 1220) et le presbytère n.m. (1768; 1509, rescurogel est relativement
(1496l. fréquent dans l’usage domestique.
t Dans cette dernière acception, cure tombe ainsi 0 voir clJa.4Bl.E. -TIF. CURE. INCUFUF..PaocoaER.
dans la sphère sémantique de CURÉ n. m. (1259l,
issu du latin ecclésiastique curatus =qni a la charge 0 CURIE n. f. a été emprnnté (1538) an latin
des âmes, 00’ s. ; très rare an moyen âge). dérivé de curia. Ce mot d’origine obscure, ssns rapport avec
curare =prendre soin de= I+ curer-l. o Curé, propre- cura (+ cure), désigne une division du peuple ro-
ment -celui qui est chargé d’une cure. d’une pa- main à la fois politique et religieuse; les historiens
roisse=, sert à désigner, par extension, tout ecclé- anciens en attribuaient l’institution à Bomnlus et
siastique, tout prêtre (1845) dans des emplois elle serait peut-être d’origine étrusque. Par méto-
familiers, souvent à connotation anticléricale. -Le nymie, ce mot s’appliquait également à l’endroit où
même esprit anticlérical a inspire la formation des se réunissait le Sénat et à cette assemblée elle-
dérivés péjoratifs CURAILLE n. f. cc? s.l *ensemble même.
des prêtres et, par extension, des catholiques prati- *Le mot, repris comme terme d’antiquités ro-
qnants~, CURAILLON n. m. lx? s.l -jeune cor& et maines, s’est appliqué pendant la Révolution aux
son synonyme CURETON n. m. (1916; déjà en 1798, institutions françaises, désignant le Sénat, une as-
dans l’argot des détenus pour le détenu chargé de semblée (1828l, le lieu où elle se réunit (1828). Sous
lire le bénédicité). l’influence de l’italien curia tapr. 125Ol, lui-même
0 voir CuRAnF, CuasR CumEux. INCURIE. MANU-. emprunté an latin ecclésiastique curie Ws.l, il
PROCURER. SÉCURITO. ~~~CURE. SÛR et ses dkivés. s’est spécialisé à propos de l’ensemble des adm-
nistrations dont se sert le pape pour gouverner
CURÉE + CUIR (1845).
CURER y. tr. est emprunté (1080) an latin curare, w L’adjectif correspondant, CURIAL, ALE, AUX a
dérivé verbal de cwro (+ cm-e). Le verbe, signifiant été emprunté lv. 12251 an dérivé latin curialis -celui
=prendre soin de*, *avoir souci de=, a développé qni appartient à une cnrien. adjectivé à basse épo-
dans plusieurs langues romanes le sens de Cnet- que an sens de srelatifà cette cnrie~, dit également
toyep par lïntermédlaire d’expressions comme d’une personne de la coin. Le mot a désigné et qna-
cumm corpus *soigner son corps,. lilté jusqu’au XVII~ s. le courtisan, ce qui est relatif à
+En français, à la dlfference de l’italien curare =soi- la cour. Sa spécialisation dans l’admlnistmtion ec-
gner= et de l’espagnol curw +&n-h-, cette valeur clésiastique pour ce qui est relatif à la paroisse on
étymologique de -soigner- 11160). +sié& (12201, an cm-é. attestée une fois en 1208, ne s’est répandue
s’est perdue (elle reste réalisée dans les emprunts qu’an xvse s., sons lïnflnence de cure et de cuti.
aux dérivés latins curable*, curatif?, l’idée de +oim
étant exprimée par soigner et guérir, 0 Curer ex- Q CURIE n. m. est le nom qui fut donné an
prime donc la notion de nettoyer lune cavité, un Congrès de radiologie de Bruxelles. en 1910, à une
conduit) en raclant, en grattant, appliquée notarn unité d’émanation de radium, en l’honneur de
ment aux fonds recouverts d’eau, aux instruments Pierre (18-W1906) et de Marie (1867-1934) Curie, qui
culinaires, aux cavités du corps. ont découvert le radium.
t Avec cette valeur, curer s’est entonré d’un impor- +Le mot désigne une unité de radioactivité,
tant groupe de dérivés. CURANDIER nm., une qui a été remplacée en 1975 par le becquerel
fols en 1292, repris en 1780, procède du sens spécia- (1 corle = 3.7 Y 10” becquerels).
lisé ancien de -blanchir- ksles.l : il a désigné c En ont été dérivés MICROCURIE n. m. 11950) et
jusqu’au XY s. l’ouvrier travaillsnt an blanchiment MILLICURIE n. m. (1956). - CURIETHÉRAPIE n. f.
des toiles. -CURAGE n. m. (1328) sert de substantif (1920) concerne l’emploi thérapeutique du rsdinm
d’action à cwer tandis que CURURE n. f., formé à et d’aUtK3 éléments radiOaCtif% - CURIUM n. m.
la même époque sons la forme cureure (13481, dé- (19451, latinisation scientifique du patronyme Curie,
signe le dépôt retire des fossés, canaux et mares d’après uranium, plutonium, radttm, etc., se dit
lors de leur corage. -CURETTE n. f. (1415) est un d’un élément radioactif artificiel découvert en 1944
nom d’outil spécialisé en chirurgie, mines et agr- dans les produits de transformation de l’manimn.
Culture. -CURE-OREILLEISI nm. (14161 et
CURE-DENTS n. m. (14161 désignent desustensiles CURIEUX, EUSE adj. et n., d’abord cwius
d’hygiène. Ultérienrement, on formera CURE- (v. 11201, est emprunté an latin cwiosns, dérivé, par
PIPEIS) n. m.. CURE-ONGLES n. m. (1893) selon le l’intermédiaire d’une forme popnlaire Octius, de
même principe. -Curer a aussi produit trois cura -soin, sonci~ l&+ cure1 qui n’aurait pu dlrecte-
DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tandis que la forme algérienne a été adaptée +Le mot est on terme de marine dénommant un
conjointement en derbouha (1847). bassin abrité à l’intérieur d’un port, où l’on peut ef-
+ Introduit à l’époque de la vogue des voyages en fectuer en sécurité la réparation ou l’armement
Orient, le mot désigne un instrument de musique des petits bâtiments. De la Méditerranée. il a gagné
en poterie dont le fond, de peau tendue, constitue d’autres mers.
la surface de percussion. . Quant à DARSINE n. f. -petit port pour radouber
les vaisseaux~, attesté depuis 1690, il est aussi em-
0 DARD n. m. est issu (1080) du francique “do- prunté au génois, mais compris comme un diminu-
roth a-me de jetn que l’on peut déduire de l’anglo- tif de darse.
saxon darod, de l’ancien haut allemand tart et de
l’ancien nordique darradr. Au ti s., le latin médié- DARTRE n. t, d’abord ckrtre ~III’ s.1 puis dartre
val atteste dardus #arme de jet*. Le mot est passé (1478), est issu du bas latin de Gaule derbita
dans les langues méridionales: italien, espagnol (souvent au pluriel derbitae, -arum), également re-
ckzrdo. présenté dans les dialectes de l’Italie septentrio-
+Le sens d’carme de jet* a vieilli avec l’abandon de nale, en rhéto-roman, en provençal et en catalan
cette arme, sauf dans son extension figurée (1165. Derbita, apparu dans les gloses (le latin classique
1176). Le mot s’est maintenu comme dénomination disait impetigol, remonte peut-être au celtique
d’objets fabriqués ou naturels qui fendent OU dé- avec -b- pour -2” (6. gallois tarwyden, anglais teter
chirent : par exemple la langue des serpents, selon de même sens). Il proviendrait d’un thème indoeu-
une ancienne croyance, l’aiguillon piquant de cer- ropéen “derw, “drw, peut-être élargissement de
tains animaux (1668, d’un hérisson, La Fontaine) et. Oder- (représenté dans le groupe indoeuropéen par
par une métaphore banale, le sexe masculin. Par le grec derein Kgrattep).
ailleurs, le mot a servi à former des locutions + Le mot désigne une maladie de la peau se ma-
comparatives où il joue le même rôle que flèche nifestant par des rougeurs et des démangeaisons.
lcomme un dard, -très vite> l+ dare-dareIl. -En re- . De d.arhe est dérivé DARTREUX.EUSE adj-
vanche, l’homonyme ODARD n. m., nom d’un d’abord attesté sous la forme dartreux Km >ov”-
poisson d’eau douce du genre chevesne (15551,est déb. xv’ s.l. -Certains dictionnaires enregistrent
l’altération, sous lïnfluence de Clara, d’un autre DARTRIER n. m. pour un arbre dont la graine est
mot ancien français, dars (1197). lui-même em- utilisée contre les dartres (1845). - DARTROSE n. f.
prunté au latin médiéval dnrsus, probablement amhdie cryptogamique de la pomme de terre= est
d’origine celtique. attesté en 1901.
t@Dard a donné DARDER v.tr. ~V"S.), d'abord
&.ncer une arme de jets, puis, en relation avec DARWINISME n. m. est tiré, avec le sutfixe
dard, &iriger en ligne droite (des rayons du soleilln -isme (18671,du nom du naturaliste anglais Charles
l15531 et *frapper en piquant= (par allusion au sens Darwin (1809.18821,auteur d’une théorie selon la-
poétique de ckwd &ngue des serpents>). Le sens fi- quelle la sélection naturelle est le facteur essentiel
guré de &élancer= a vieilli. -Le participe présent de la transformation des espèces vivantes. Bien que
adjectivé DARDANT, ANTE a été substantivé en la première attestation connue constitue une tra-
argot pour désigner le soleil (1901) et, au figuré, duction de l’italien, le mot a probablement suivi
l'amour (1828-1829). -Le nom d’action DARDE- l’anglais daruinism (1864).
MENT n. m. (1891) est très rare. +Le mot se rapporte à l’ensemble des théories de
Q voir DARE-DARE. Darwin.
t D’autres dérivés, DARWINIEN.IENNE adj. etn.
DARE-DARE IOC.a&., attesté depuis 1640, est (18691,DARWINISTE adj. et n. (1870), ont été for-
d’étymologie obscure, peut-être formé par redou- més à l’époque de la diffusion de la pensée de Dar-
blement expressif de dare, élément verbal tiré du win et du débat surses théories. -NÉO-DARWI-
verbe dialectal (se) durer -s’élancer-, variante de NISME n.I,l.etNÉO-DARWINIEN.IENNE @et
darder* pris au sens de =s’élance~ (xvi” s.) fcowir, n. ne sont attestés qu’autour de 1900 (1898 pour
filer comme un danil. néo-darwinismQ1.
+La locution s’emploie tknilièrement au sens de
&-ès vite, sans délai,. DATCHA I-I.f. est l’emprunt (1843, datscha) du
russe datcha mmison de campagne*, antérieure-
DARNE n. f. est emprunté (1216-1218) au breton ment ~lopin de terrem et =Petite propriété ter-
dam spièce, fragments. riennes, sens eux-mêmes issus de celui de <terre
+Le mot désigne une tranche de gros poisson tai- concédée par un prince>. Ce développement est
lée à cru kfame de saumon dès la première attesta- une spécialisation du sens général de <ce qui est
tion). donné, donm, avec lequel datcha est dérivé de dut
*donner>, mot reposant sur la racine indoeuro-
DARSE n.f. est emprunté (déb. ~V”S.), avec péenne “do-, “da adonner- (+ donner).
chute de la tiale, au génois darsena. Celui-ci. at- +Le mot, attesté en français chez le marquis
testé depuis 1147 en latin médiéval de Gênes, est de Custine qui le donne comme le nom rosse pour
lui-même emprunté à l’arabe ddr a+-@&‘a #ma.- vi.Ua, s’emploie exclusivement dans un contexte
son de fabrications (qui a donné par Venise arse- russe et soviétique à propos d’une maison de cam
.
nal’l. pagne.
DE LA LANGUE FRANÇAISE CYBEXNÉTIQIJE
langue populaire, assez rare sauf chez les écrivains du tube d’un baromètre et, par métonymie, à cette
techniques, appartient à une racine indoeum- partie inférieure (18351, de la partie concave d’un
péenne “Wkeut-, Wkut- -peau,. représentée en élément de l’espace géographique (1966). -Cuve a
grec par skutos *peau travaillées et kutos seme- servi à former un autre nom de récipient, CUVIER
loppem et *cavité, (qui a fourni au français l’élément n. m. (v. 12001,limité à un usage régional au sens de
cyto’., -cyte, cebled. par des mots germaniques. =cuve pour la lessive-, ou à une acception tech-
Sa valeur initiale doit être cenveloppe extérieure nique. -Avec le sufExe -ée, introduisant une idée
ki’un fruit, de la terre),, le sens de ‘cuir que l’on dé- de -contenance>, on a formé CUVÉE n. f. (v. 1220)
coupes étant réservé à coriwn (+ cuir]. qui, dans la construction de ...cuvée. donne une in-
+ Le mot qualifie ce qui a rapport à la peau. est situé formation de qualité concernant d’abord le vin,
au niveau de la peau ou est formé de peau, spé- puis figurément divers produits. -Le dénominatif
cialement en anatomie et médecine. CUVER v. tr. (13731 possède, à côté d’un sens in-
transitif technique en viticulture, le sens transitif
h Outre cutané et SOUS-CUTANÉ, ÉE adj. (17531, plus courant de -dissiper son ivresses (cuver son
le radical de cutis a servi à former les terme didac- vin), au figuré =Secalmer=. 0 À son tour, il a produit
tiques CUTICOLE adj. (ti s.1et CIJTINE Il. f. 11878). quelques dérivés dont le substantif d’action
-Son diminutif cutiula -petite peau” a été em- CUVAGE n. m. (XII? s., cuvaige). spécialisé en vlti-
prunté antérieurement sous la forme CUTICULE culture et attesté avant le verbe. Les autres dérivés
n. f. (15321 -petite membrane très mince*. -Un sufkés, CUVAISON n. f. 11843) et CUVEUR Il. m.
autre composé formé sur cuti- est CUTIRÉACTION (1867) sont apparus bien après les préfixés verbaux
n. f. (&?CI~),désignant une vaccination préventive ENCUVER v. tr. (v. 1400) et DIkUVER v. tr. (1611,
par incision superkielle de la peau, qualifiée selon descuver, ce dernier ne se répandant qu’après
la réaction de positive ou négative, d’où l’abrévia-
1800.
tion familière CUTI n. f. (1946) devenue usuelle et 0 “OLTCOUPE.couPoLF., CLIPULE.
entrant dans la locution 6gurée tir sa cuti *&c-
quérir une nouvelle attitude: accepter de nouvelles CYAN-, CYANO- est un élément tiré du grec
habitudes, par l’expériences. huanos qui désigne un émail de couleur bleu foncé.
0 voir COUENNE. C’est un mot d’emprunt à rapprocher sans doute
du hittite kwvanna =azuritee.
CUVE n. f. est issu du latin cupa ‘grand récipient
*@an- s’est d’abord manifesté en minéralogie
en bois; tonneau, souvent en sapin, pour conserver
avec CYANITE n. f. (1792) emprunté à l’allemand,
des liquides et parfois des grains~. Ce mot latin,
en médecine avec CYANOSE n. f. (18141,désignant
dont une vwiante géminée cuppa est à l’origine de
une maladie où le teint bleuit, et qui a donné CYA-
coupe*, a été rapproché hypothétiquement du
NOSER v. tr. (18541, surtout au participe passé
sanskrit k&+ hou, puits* et du grec kupellon
CYANOSÉ, ÉE adj. et n. (1835). et CYANOTIQUE
-verre à boire>.
adj. (18631.-CYANURE n. m. (1815) désigne on Sel
+Le mot désigne un grand récipient en bois fabti- toxique, plus tard identi6é comme provenant de
gué comme un tonneau mais de forme ronde ou l’acide cyanh@ique, d’où CYANURÉ,ÉE fidj.
ovale. Du XII~ au xvne s. Ile bois étant remplacé au (1846). -CYANOGÈNE n. m., gaz formé d’azote et
xv’ s. par du cuivre], la cuve servait à prendre le de ca&one, a été ainsi dénommé par Gay-Lussac
bain, avant d’être remplacée par la sabotière, puis (1815).
la ba@noire. Dans la liturgie catholique ancienne, CYANHYDRIQUE adj. (1840). de -hydrique, a rem-
elle servait au baptême par immersion. ~Cuve placé prussique dans acide cyanhy&ique.
reste d’usage co-t dans le domaine de la faix- En botanique ont été formés CYANOPHYCÉES
cation et la conservation du vin. o Par analogie, le n. f. pl. (18851, de phukos algue>, nom savant des
mot désigne de grands récipients remplissant une algues bleues. d’où CYANOPHYTIQUE adj.
fonction particulière (en photographie, gravure, (XX~siècle).
chimie, etc.).
. Le dérivé CUVELER v. tr. (v. 1lOO),après avoir ex- CYBERNÉTIQUE n. f. est emprunté (1834) au
primé le fait de blanchir du linge (dans une cuve?). grec kwberdikê -art de gouverner-, substantiva-
s’est spécialisé en mines (1758) a” sens de *revêtir tion du féminin de l’adjedifkubemêtikos, dérivé de
les parois d’un puits de mine de planches, de so- kubeman -piloter, dirigep (+ gouverner).
lives*, produisant CUVELAGE n.m. (1756) et * Le mot a été repris par Ampère au sens étymolo-
CUVELLEMENT Km. (1776). -CUVEAU n.m. gique d’&tude des moyens de gouvernements.
kds., cuvel) est, de même que sa variante mais celui-ci ne s’est pas répandu. Il est réapparu
CUVELLE. en usage dans le Nord de la France et au milieu du >ops. pour désigner l’étude des pro-
en Belgique. cessus de contrôle et de communication chez l’être
L’autre diminutif CUVETTE n. f. (v. 1200) possède, vivant et la machine (décembre 1948), par emprunt
en plus de son sens co-t <récipient pour l’eau à l’anglais cybemtics: ce mot, de même origine
des ablutions~ ( 16301,puis epartie d’un dispositif hy- que le français, venait d’être proposé (1948) par le
giénique recevant l’eau*. de nombreux emplois mathématicien américain N. Wiener (189+ 19641.
spécialisés; par analogie de forme, il se dit par Sans être vieilli, le mot, comme nom féminin et
exemple de la plaque de métal qui couvre en a~- comme adjectif semble être sorti de mode au bé-
rièn? le mouvement de certaines montres (17841, néfice d’autres innovations techniques de nature
d’un petit récipient où plonge la partie inférieure sinformatiquen.
DATATION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

linguistes. Le Dictionnaire étymologique blier la hnalité de leurs dépouillements : la re-


d’A.Dauzat (19391 reprendra le procédé de mise en cause de l’origine d’un mot, de la voie
Bloch et Wartburg. Désormais, de grands dic- de l’emprunt ou de l’histoire de ce mot. Une pre-
tionnaires, tributaires de ces dictionnaires spé- mière attestation n’est en effet intéressante que
cialisés, se limiteront à ne fournir, dans la plu- dans cette perspective car elle n’a, sauf dans les
part des css, qu’une simple date, renvoyant terminologies scientifiques. techniques, etc., pas
implicitement aux ouvrages spécialisés et sur- de valeur intrinsèque.
tout au F. e. w. de van Wartburg. Le Xsor de la Après avoir retrace l’arrière-plan historique de
langue f?anqaise, que sa taille même réserve à la recherche, nous allons à présent nous placer
un public restreint et qui se veut avant tout pli- du côté de l’utilisateur du dictionnaire face à
lologique, respecte la règle des références une simple datation. Comment doit-il lïnterpré-
complètes, alors que le présent dictionnaire, ter? Que doit-il savoir?
comme le Grand Robert de la longue française, 1. Unepremière date estdans la majorité des cas
se range dans le sillage de Bloch et Wartburg. provisoire et aléatoire. Les textes et même les
Les nouvelles orientations en étymologie, axées dictionnrdres sont loin d’avoir tous été exploités
sur l’aspect à la fois sémantique et formel du et dépouillés. On peut donc souvent antédater
lexique, concrétisées au niveau lexicographique un mot ou un emploi. Seuls certains éléments
par le Dictionnaire Général, ont déclenché une des terminologies scientiique et technique
série d’études sur le lexique d’un auteur, dune peuvent être datés précisément grâce aux ren-
époque, etc. C’est grâce à ces études que l’on a seignements fournis par le créateur ou par les
découvert l’importance que revêtait la datation. premiers utilisateurs.
D’où une demande croissante, de la part des 2. Unedate peut correspondre,soit à une attesta-
lexicologues, dune vaste documentation por- tion lexicographique, soit à une attestation tex-
tant sur le plus grand nombre possible de textes. tuelle.
Les repères chronologiques posés à partir du Les sources les plus courantes des attestations,
DictionmUe généml incitent dans un même après le xvi” s.. sont encore et provisoirement les
temps les chercheurs à améliorer ou à rectifier dictionnaires. Ils constituent en effet le corpus le
les datations données par leurs prédécesseurs. plus accessible. Il faut toutefois bien avoir
Des listes de nouvelles datations accompagnées présent à l’esprit que le dictionnaire donne une
d’attestations sont proposées par A. Dauzat ou représentation en différé de la langue. Si le dlc-
R. Arveiller dans des revues comme Le Fronçais tionnaire a I’avantage d’entériner et d’officiali-
modeme (depuis 1930) ou les Cahiers de lexico20- ser l’usage d’un mot, il est certain que celuiici
gie. Ces travaux épars dans diverses revues sont est apparu antérieurement dans un texte ou du
regroupés à partir de 1959 dans une publication moins qu’il était normalement en usage avant
savante que dirige B. Quémada, les Matériau?c d’être enregistré par le dictionnaire. Il n’est pas
pour l’histoire du vocabulaire français, qui porte rare, au rebours, de constater qu’un mot flgu-
comme sous-titre : Datations et documentsleti- rant encore dans un dictionnaire n’est plus ou
cographiqws ID. D. IA et bénéficiera par la suite n’est que très peu attesté dans les textes depuis
des contributions de nombreux amateurs et de cinquante ou cent ans, sans que ce statut d’ar-
quelques spécialistes. chaïsme soit précisé. D’où l’intérêt, dune part,
La date d’apparition d’un mot est de première de posséder de nombreuses attestations tex-
importance pour l’histoire des unités de lexique. tuelles qui permettent de contrôler la vitalité
Mais, si cette date d’apparition donne la possibi- d’un mot et, d’autre part. de connaître les
lité d’étudier les différentes strates de formation sources des dictionnaù-es. Cette connaissance
du lexique, la date de disparition, celle de la der- des sources s’est particulièrement développée
nière attestation après laquelle on n’observe depuis 1959 environ. Elle aboutit à mettre en évi-
plm une forme ou un sens, pmsente elle aussi dence, par exemple, qu’un mot disparu comme
un grand intérêt : elle permet de mettre à jour prwù v. intr. ~démange~. attesté de 1611 klic-
les changements qui s’opèrent à l’intérieur tionmire de Cotgravel à 1669 klictionnske
d’une iàmille de mots, l’attraction d’un mot par d’Oudinl, remonte à une seule attestation tex-
une autre famille, la substitution d’un terme à tuelle : 1578, Erreurs populaires de L. Joubert,
un autre, etc. Mais cette disparition est souvent source de Cotgrave. Nous avons donc, en fait,
inobservable et toujours relative, par le phéno- une seule attestation textuelle et une seule
mène de l’archaisme. Ce qui retient particuliè- date : 1578,Joubert. C’est ce qu’on appelle une
rement l’attention et devient le véritable enjeu attestation isolée ou un hapcx, c’est-à-dire un
des recherches, c’est bien la première date ou la mot qui n’apparaît qu’une fois dans un corpus
première attestation : la *chasse à la première donné, en l’occurrence celui de la littérature
date*. déclenchée par le Dictionnaire général, médicale de la fin du xv8 siècle. Ce verbe a donc
est devenue de toute évidence un sport lexico- au xvne s. une vie purement lexicographique, fic-
graphique. Certains chercheurs vont jusqu’à ou- tive. Un mot peut néanmoins être repris ulté-
DE LA LANGUE FRANÇAISE CYGNE
d’usage, le ftX@S a emprurlté à l’anglais CYCLE- ment circulaire (dans un ouvrage de 1848). Le mot a
CAR n. m. (1914; 1913, cyCk?Car) -VOiturette à p& été formé par cet auteur sur le grec kuklos ‘cercle,
dales-, formé sur le mot car -voiture= (+ car). mouvement circulake~ (+ cycle). Il a été adopté par
Outre cycZi.sme et cycliste, deux dimir&ifs se dé- plusieurs langues.
gagent par leur fréquence de la série des dérivés et +Cyclone, terme de météorologie, est employé
composés de 0 cycle. -BICYCLETTE n. f. est le di- couramment à propos de tempêtes violentes don-
minuGf(1880) de bicy&, ce dernier, nommé en an- nant une impression de tourbillon. Par métaphore,
glais en 1666 (the Fren& bicyck), désignant un véhi- il exprime un phénomène de violence historique.
cule inventé en 1655 et nommé d’après tricycle. Le politique ou économique. oPar analogie, il dé-
bicycle était un vélocipède à roues inégales. dont le signe un appareil à pièces mobiles qui entraîne
perfectionnement, et notamment la propulsion par violemment dans un fluide des déchets, part-
pédales, a correspondu à un allègement, d’où pro- cules, etc.
bablement le diminutif Ce dernier, avec le succès
~Avec son premier sens, cyclone a produit CY-
de l’appareil (attesté dans les années 1880 par I’ap-
CLONAL, ALE. AUX adj. (1663) et CYCLONIQUE
parition des mots cycliste et cycZisme), a dû corres-
adj. (1875), ainsi que CYCLONOMIE n. f., CYCLO-
pondre à des connotations sympathiques, le mot
NOMIQUE adj. (1863) et CYCLOGENÈSE n.f.
prenant une valeur affective (6. la petite reine, sur-
(1950). -ANTICYCLONE n. m. (1870) désigne une
nom de l’appareil). Le mot est devenu moins cou-
zone de hautes pressions, ne retenant dans cyclone
rant à cause de la concurrence de véb et de l’appa-
que l’aspect de la pression et non les effets violents.
rition de synonymes familiers comme bécane (1890,
0 Il a pour dérivé ANTICYCLONIQUE adj. (18971
dans ce sens), et le dérivé populaire biclo (19071,de-
qui semble plus courant que ANTICYCLO-
venu BICLOU n. m. (1951) par attrsxtion de clou.
NAL. AUX adj.
oUn dérivé de bicycle, BICYCLISTE n. (1869) est
Le sens technique &-appareil, pris par cyclone a
tombé dans l’attraction de bicyclette avant de vieil-
produit CYCLONAGE n. m. (1973), =Séparation
lir au profit de cycliste, les autres types de cycles
d’éléments par la force centrifuges.
étant périmés (à part la moto). -Parallèlement à
bicy&-bicyclette, et un peu plus tard, la famille de CYCLOPE n.m., d’abord écrit ciclope (1372)
cycle s’est enrichie de motocycle*-motocyclette,qui puis cyclope Vin xv” s.), est emprunté au latin Cy-
ont vieilli au profit de moto. clops, transcription du grec Kuklôps qui, au singw
0 voir0 CYCLO-.
cYcl.oNE.CYCLOPE.
ENCYCLOPtiIE. lier, désigne Polyphème (dans l’Odyssée d’Ho-
0 CYCLO- est un élément pr&ïxal tiré du grec mère), et au pluriel, les géants n’ayant qu’un oeil
rond au milieu du front Le mot est interpl-été très
kuklos -mue, cercle> (&+cycle) pour former, au x&
probablement comme %Celuiqui a un oeil (ôp.4 rond
et ti s., des mots exprimsnt l’idée de =cercles et,
plus rarement. de scyclen. kk.Zos)~, alors que logiquement c’est le fait de l’œil
unique qui importe; ôps adl~ (-myope).
t Il a servi à former le terme de géométrie CY-
CLOfDE n. f. (16381,le terme de zoologie CYCLO- +Le mot a été repris comme terme de mythologie
STOME n. m. avec le grec stoma -bouche>, pour on grecque (l’ancien frsnçais avait déjà cydopien,
mollusque dont la coquiue présente une ouverture Y. 11901.Par extension, il a désigné un borgne (17321
arrondie (1601). -CYCLOTHYMIE n. f. a été formé et, en zoologie, un petit crustacé dont les yeux sont
en allemand (1882) sur le grec thumos &at d’es- si rapprochés qu’il semble n’en avoir qu’un (1801).
prib, désignant l’âme, le coeur en tant que principe 0 L’accent étant mis sur une autre caractéristique
de la vie et siège des passions, notamment de la co- du géant mythique, forgeron, il est parfois employé,
lère, d’où le grec moderne tkumos -colère*. Il est comme titan, à propos d’une personne qui forge un
souvent rapproché du sanskrit dhürnd, du latin fu- travail considérable, sens induit par celui de l’ad-
mus b fumée), du vieux slave dymü &méem, mais jectif cyclopéen Ici-dessous).
ces rapprochements sont très éloignés pour le . Le dérivé CYCLOPÉEN. ENNE adj. (1808) se par-
sens. Le rapport avec le verbe grec thueh ss’élan- tage entre des emplois didactiques (mythologie, a~-
ter avec fureur et, par là, avec la racine indoeuro- théologie) et li~kk-aires (1823. Hugo), alors avec une
péenne Vhü semble plus vraisemblable. o Cycle- valeur figurée de ~colossal, immenses.
thyV%ie tend, comme le dérivé CYCLOTHYMIQUE
adj. (19071, à prendre dans une langue non tech- CYGNE n. m. est la réfection en cigne (v. 1250)
nique la valeur de =qui a une humeur très instable*. puis cygne (1546). d’après le latin classique, de la
CYCLOTRON n. m. (v. 19301,formé avec le sul%e forme antérieure cime (1170). cine. Celle-ci est is-
d’éZectmn*, désigne un accélérateur circulaire sue du bas latin cicinus, forme attestée dans la Loi
(cycl-l de particules lourdes. 6. aussi 0 cycle-, dé- salique et chez Oribsse et passée dans les langues
rivé de cyclique et de cycle. o De là SYNCHROCY- romanes, issue du latin classique cycnus ou cygws,
CLOTRON n. m. (1950, contracté en SYNCHRO- cignu.s. Ce mot latin. d’usage savant et poétique. est
TRON n. m. (19491 ~cyclotmn synchronisés (le emprunté au grec kuknos et a remplacé le nom la-
second d’après l’anglais sync~tron, 1945). tin usuel de l’oiseau, olor. Le mot grec, que l’on peut
rapprocher du sanstit SOcati &dre~ et Suk-mi
CYCLONE n. m. est emprunté (1860) de l’an- =clair, lumineux, blancp, signifierait proprement <le
glais cyclone, introduit par H. Piddington pour dé- blancs.
signer indistinctement des perturbations atmo- +Le mot, qui entre dans des syntagmes (comme
sphériques dans lesquelles le vent a un mouve- cygne noir, la plupart étant blancs), se prête à quel-
DATION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DATION n. f. est un emprunt ancien (12721 a” cuisson de certaines viandes mijotées à l’étouffée
latin datte, nom d’action dérivé du supin de dare dans une marinade richement aromatisée (gigot2 à
*donne- (- datii. la dobe, 15711.Par métonymie, il désigne la viande
+Le mot ne s’employait plus en français moderne ainsi préparée (16401, en général du bœuf d’où
que dans quelques syntagmes juridiques fdatin de l’expression boeuf en daube, usuelle depuis le
tuteur, de mandat..., datim en paiement) et parfois, me siècle.
didactiquement, pour <action de donnerx Une loi . Le mot a donné 0 DAUBER v. tr. (17431 =ac-
de 1968lui a donné, grâce à A. Malraux, une valeur commoder une daube> là ne pas confondre avec
nouvelle : la dution en paiement, ou dation, corres- l’homonyme @ dauber’l. et DAUBIkRE n. f. (18291
pond à la faculté d’acquitter certains impôts en *marmite allongée particulièrement destinée à la
donnant à l’État des ceuvres d’art; de là oeuvre en cuisson des viandes en daube*.
datton et, par métonymie, le sens d’=ceuvres d’art 0 voir ADouBER
transmises en dations (la datin Picasso de 19791.
0 DAUBER v. Cv.1507)est d’origine obscure.
DATTE n. f., d’abord écrit date(v. 11801,est em- Une extension de sens de l’ancien français dauber
prunté à l’ancien provençal àatü (apr. 1288) plutôt ~crépir, bsdigeonnep (1180) ne pose pas de pro-
qu’à l’italien dattero(av. 13421pour des raisons de blème sémantique mais il est difkile de remonter
convenance phonétique; cependant, la graphie ita- du verbe au latin dealbare =blanchir. crépti, de de-
lienne a pu influencer l’orthographe datte (15751 et album ~blanc= (+ aube) : il est anormal que le de
qui I’a emporté. L’ancien provençal et l’italien sont soit resté si longtemps distingué du verbe, même
tous les deux issus du latin do&vk.s désignant le s’il n’a pas suivi l’évolution régulière en di- et j-.
fruit, lui-même emprunté au grec ciahtios =doi& L’hypothèse d’une forme régionale d’adouber*
(- dactylo-) qui a aussi le sens emprunté, en raison (- aussi daube), dans laquelle la voyelle -o- de l’an-
de la forme allongée de ce fruit, comparé à on doigt cienfrançais se serait conservée, n’est plus retenue
(6. digttalel. L’intermédiaire d’une langue romane par Wartburg à cause des ticultés phonétiques
est nécessaire pour expliquer la forme française. qu’elle soulève.
Le lien étymologique de clatie à ductylw était senti * Ce verbe, qui signifie *frappe- (1507) et plus Pr&
au xvne s. et Furetière écrivait que l’=on devrait es- cisément. selon Furetière (16901,cbattre SUTle dos à
a-ire dactep. coups de poings comme font les petites gens et les
+Le mot, terme de botanique. est quelquefois em- écoliers*, ne s’est conservé littérairement qu’avec
ployé avec une valeur figurée négative (comme le sens figuré de maltraiter (qqn) en paroles*
mkc, guigne, prune), notamment dans la locution (16611.
c’est comme des dattes! (1866. Courteline) -c’est t Le mot a produit DAUBEUR, EUSE adj. et n.
impossible!s, sortie d’usage, et dans la formule de (1671, La Fontaine) -celui qui a l’habitude de se mo-
refus des dattes ! quer d’autrui>, rarement employé pour désigner
bon a formé dessus le nom d’arbre DATTIER l’aide du forgeron employé à battre le fer, ce qui
n. m., d’abord datier (12361puis dattier (16111. correspond au sens initial de ckwber. Les deux va-
leurs sont sorties d’usage.
+ DAUBE n. f., terme culinaire. est emprunté,
sous la forme dobe (15711, à l’italien àobba mmr- 0 DAUBER + DAUBE
nade= (15491,également adobbo (1570) d’où le frar-
çais adobbe relevé à la fin du xv? s. (av. 1598). Le 0 DAUPHIN n. m., d’abord daufin Cv.11501,est
mot italien, fréquent jusqu’au XVIII~s. et conservé en issu du latin populaire “dalphinus (7101, altération
sicilien, est lui-même emprunté, en raison de la du latin classique de même sens detphtms. Ce der-
grande iniluence qu’eut au ~V?S. la cuisine cata- nier est emprunté au grec àelphis, delphinos =dau-
lane sur celle de l’Italie du Sud, au catalan adob de phlm, qui s’est dit aussi de motifs décoratifs et
même sens. Celui-ci est le déverbal de aclobar ma- d’une masse de fer que l’on jetait sur les navires
rine- (14941,et d’abord *apprêter un aliment, prk pour les couler. L’importance du terme est suggé-
parer un plat, ~III’ s.l. Le sens général d’sapprêter. rée par l’épithète d’Apollon (Delphiniosl qui le défi-
préparep provient d’un sémantisme initial féodal nit par un jeu étymologique à la fois comme le dieu
et noble, et adobar signifiait =armer un chevalier. du dauphin (protecteur des marins) et comme le
sens avec lequel il était emprunté, comme l’espa- dieu de Delphes IDelphoi). Le mot, qui présente un
gnol adobar, au français adouber*, lui-même d’or& suf6xe assez rare, est apparenté à delphax, -ahOS
gine germanique @rancique %kbjan>. La famille du &wie, porcs : l’animal, longtemps considéré (avec
mot, venant d’Allemagne, a traversé la France. les autres cétacés1 comme un poisson, serait
s’est répandue en Lombardie, puis dans toute la nommé. à cause de sa forme, le ~goret~ de la mer.
péninsule italienne, et, par ailleurs, en Catalogne. Delphm est lui-même un nom d’animal à sutôxe
pois est revenue en France méridionale, et a gagné -ca de caractère populaire, supposé tiré de delphus
Paris. En français, les deux attestations du mot au *matrice= (delphu ne s’appliquant en effet qu’à la
xv? s. sont probablement, vu leur localisation géo- jeune truie adulte) que l’on rapproche de termes
graphique, des emprunts éphémères à l’espagnol indo-iraniens.
aàobo, attesté au sens de -marinades depuis le
xv” siècle. 0 DAUPHIN n. m., d’abord Dal& (12451et da-
+Le mot désigne une marinade puis un mode de phtn, est le cognomen des seigneurs du Dauphiné
DE LA LANGUE FRANÇAISE CYTO-

niques). par analogie avec les caractéristiques du c Le terme de classlkation zoologique CYPRINI-
comportement des philosophes cyniques. oLe DÉS n. m. pl. est apparu un peu plus tard, élaboré
sens de <relatif au chiens (15521,rare et didactique, en deux temps, cyprinides (1825) cédant la place à
est surtout réalisé dans l’expression médicale cy/~rinidés (1866).
spasme cynique (17521,calquée sur le latin cynicus
spasnus C-spasme), lui-même calqué sur le grec CYRILLIQUE adj. est dérivé (18321 du nom
hunihos sposmos en parlant d’un mouvement francisé Cwe, nom du saint appelé en latin Cyr&
convulsif des joues et des lèvres. ~US,emprunt au grec KyriUos, évangélisateur des
t CYNIQUEMENT adV., attesté une fOiS en 1537, a Slaves avec saint Méthode au IX~s.
été répandu à partir de 1844 dans son acception fi- +La tradition attribue à ces deux personnages l’in-
gurée COUVante. -CYNISME n.m. est emprL&é vention de l’alphabet bulgare et russe. L’adjectif
Cv 1750) au bas latin cynismes <doctrine philoso- qutie l’alphabet propre aux langues slaves de
phique de l’école cyniquem, emprunt au grec kunis- l’Est et du Sud (bulgare, russe, ukrainien, biélo-
mas. Le mot est introduit à la fois dans son accep- russe, serbe). Il semble dater du début du XIX~s. et
tion psychologique courante cv. 1750, traits de est enregistré dans le complément de l’Académie
cynisme) et comme terme d’histoire de la philo- (1838-42).
sophie (1775, Condillac).
CYNORfRlHODON n. m. est emprunté CYST-, CYSTO-, CYSTI- et -CYSTE
sont les différentes formes que revêt l’élément tiré
(1690) au grec kunorhodon, composé de kuôn, km-
nis <chien= b cynique) et de rodon proses (+ rho- du grec kusti *vessie (organe et sa&, *poche gon-
flée., dérivé d’un verbe signifiant SsouftlerB, à rap-
dodendron). la plante ainsi dénommée étant trti-
procher du sanskrit .&.~iti.
tioonellement réputée soigner les morsures de
chien. + Les éléments entrent dans la formation de termes
+ Le mot, synonyme de rosier sauvage et églantier, scientifiques, notamment en botanique, médecine
est surtout employé par métonymie comme nom et zoologie, surtout à partir du zoY siècle. Le plus
du fruit de cet ar+xisseau, utilisé dans la confection courant d’entre eux est probablement CYSTITE
de tisanes, pilules et confitures. n. f. (lEO@, terme de pathologie, d’abord formé en
latin médical (1795, cystiti) =infIammation aiguë et
CYPRÈS n. m., d’abord écrit ciprès (v. 11701,est chronique de la vessies.
emprunté au latin cupressus, cypressw. Les lois de
la phonétique semblent exclure un emprunt direct CYTISE n. m., d’abord cythison (15161, cytison
de ce mot au grec correspondant kupcuissos, qui (1557) d’après le grec, puis citise (1563) et cytise
aurait pu passer en latin par un intermédiaire (16111d’après le latin, est emprunté au latin cytises,
étrusque. Les deux mots, grec et latin, ont proba- transcription du grec kutisos. Ce dernier désigne
blement été empruntés indépendamment à une d’abord la luzerne en ar%re puis également notre
même langue méditerranéenne : Pline indique que cytise; la première de ces plantes étant originaire
l’arbre viendrait de Tarente où il aurait été importé d’Afrique, il pourrait s’agir d’un emprunt.
d’Asie. + Le mot désigne un arbrisseau vivace au bois très
+Le mot désigne un conifère résineux. Son emploi dur, très apprécié des chèvres comme nourriture,
est quelquefois lié à l’évocation de la mort et du et cultivé pour la beauté et le parfum de ses fleurs.
deuil (fin xv? s.l selon une tradition qui remonte à bCYTISÈNE 0uCYTISINE n.f (18421en aété dé-
I’Antiquité (les Grecs et les Romains l’associaient rivé en chimie avec le suffixe -ène, pour un alca-
au culte de Pluton, dieu des enfers). loïde toxique tiié des graines de plusieurs espèces
b Le radical de cyprès a servi à former le terme rare de cytises.
CYPRIÈRE n. f. (1744) =bois planté de Cyprès~. ~AU
XI?~., les botanistes ont emprunté le nom latin CYTO-, -CYTE est l’élément tiré du grec ku-
CUPRESSUS n. m. (1802) comme désignation tas -cavité>, désignant le creux d’un bouclier, d’une
scientifique de l'arIxe et ont formé CUPRESSI- jarre, du corps humain, de la cale d’un navire. Le
NÉES n. f. pl. (18561sur le radical du latin cupressi- sens originel pourrait être celui d’*enveloppep si
nus *de cyprès*, adjectif dérivé de cupressus. l’on accepte le rapprochement avec le latin cuti.~
CYPRIN n.m. est l’adaptation (1783) du latin -peau> (+ cutané), l’ancien haut allemand but, alIe-
scientifique cyprinus (17351,terme de classilïcation mand Haut.
zoologique pour un genre de poissons établi par (L’élément, avec le sens de *cavité, cellule*, entre
Linné, lui-même emprunté au latin cyprinus *es- dans la formation de termes de biologie concer-
pèce de carpe>. Le mot latin est calqué du grec ku- nant la cellule -aux sens biologique et moderne
prinos, mot qui pourrait être apparenté (par allu- de ce mot - et est très productif à partir de 1850.
sion à la couleur du poisson) à kupros =henn&, mot t Quelques mots, aujourd’hui sortis d’usage, sont
probablement sémitique (hébreu koper). Chsn- a&%eUrXtelS CYTOBLASTE n.m.(1855l,mcien
traine, qui fait ce rapprochement, n’évoque pas le nom du noyau, et CYTOGÉNÉTIQUE a.dj. (1855)
nom de l’île de Chypre, Kupros, qui a donné cuivre. -relatif à la formation de la cellule>.
+ Le mot est le nom donné à un genre de poissons CYTOLOGIE n.f (1890, P.Iarousse; mais anté-
d’eau douce ayant pour type la carpe, cyprin doré rieur) correspond à la généralisation de la théorie
désignant le poisson rouge. cellulaire:il a pour dérivés CYTOLOGIQUE adj.
DÉ 1000 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lapr. 9501 contracté en DU avec l’article k sens inverse ou est annulée, est issu de la particule
(de + le > del > deu > du) et en DES avec l’article les latine dis- (ci& devant certaines consonnes). Celle-ci
f& + les > dek > des), ainsi qu’à l’origine de l’article marque la séparation, l’écartement, la direction en
lndéi?ni DES. Il est réduit à d’ devant une voyelle sens opposé et, par suite, le contraire, la négation;
depuis les premiers textes (8421. Contrairement à elle s’oppose à com- koncors/dkcorsJ, de cum
l’usage ancien, la grammaire moderne proscrit b CO-).Cette particule se retrouve en ombrien et
l’emploi haplologique (en construction où il avait peut-être dans le vieil haut allemand zir- (allemand
double emploi) et l’emploi de deux de consécutif% moderne zer-,l élargissement de zi-, ze-, ainsi que
sauf dans le cas où la préposition se présente sous dans l’albanais ts-: le grec dia- l+ dia-l semble aussi
la forme abrégée d’. oEn ce qui concerne parti- apparenté, soit que l’on tienne -a pour une addition
culièrement l’usage du partitif alors que la langue à di-, soit que dia repose sur “disa. En bas latin, di- a
moderne ne permet pas son omission, l’usage an- été souvent confondu avec de-, prévetie issu de la
cien l’autorisait hzgierpaW1 étant possible à côté préposition de (+ del marquant un mouvement de
de mangier du pain) : il nous en reste des traces haut en bas, une action faite sur un objet, l’achève-
dans des locutions proverbiales et des syntagmes ment, mais aussi l’éloignement, la privation, la né-
figés ftirer profit). L’ancienne langue tolérait égale- gation.
ment l’emploi elliptique de de partitif sans l’article REM Les préfixés en aé- qui sont clairement for-
défini ~mangier de pain) : c’était là un héritage du més n’ont pas été renvoyés. On se reportera au ra-
latin tardif fcie pane ederel qui, sorti de l’usage à la dical (ex. dkbarboutller à barbouiller, déboucher à
ti du moyen âge, s’est conservé dans plusiews boucher, etc.).
dialectes et en provençal moderne (on le rencontre
quelquefois dans la bouche de Provençaux parlant 0 DÉ-. Premier élément de mots reprenant-en
françaisl. général par emprunt à un composé latin-le pré-
fixe latin de- servant à former des verbes et présent
0 DÉ n. m.. terme de jeu (av. 11501,est d’origine dans leurs dérivés. Son sémantisme est voisin de
obscure. L’étymon le plus souvent proposé est un celui de dk-, qui a produit le préfixe français 0 dé-.
participe passé neutre substantivé de due *don- Il exprime soit lïntensité, soit au contraire la prlva-
ner- (+ donner) par l’intermédiaire de syntagmes tion. + déambuler, déblatérer, décadence, décan
comme Otesseram, calculum dure, proprement ter, décapiter, décorner, décevoir, déclamer, dé-
-donner le dé, le pion> (+ calcul, tessèrel. Darc est clarer, décliner, déclive, décrire, défection,
bien attesté au sens de -jouer- mais toute preuve défendre, défense, déférer, déficit, définir, déflec-
de cette étymologie manque. teur, défont, dégénérer. déglutir, 0 dégrader, dé-
+Dé, terme de jeu, est entré dans quelques lo- gressif déguster, délecter, déléguer, délibérer, dé-
cutions figurées se rapportant à l’idée de ~hssard, liquescent, délivrer, demander, demeurer,
sort, chances telles coup de dé, les dés en sont jetés démontrer, dénigrer, dénommer, dénuder, 0 dé-
(adaptation, au xv~~s.. de l’expression latine &a pendre, dépérir, déplorer, déporter, déprécier. dé-
jacta est,prononcée par César qui venait de ti- prédation, déprimer, dépurer, députer. dérélic-
chir le Rubiconl. Certaines d’entre elles, en usage tien, dérision, 0 dériver, déroger, descendre,
au xv$s., ont vieilli comme tenir le dé pour <se désert, désigner, désinence, désirer, destiner, des-
rendre maître de la conversations, rompre le dé tituer, détenir, déterger, détériorer, déterminer,
pour 4ntermmpre qqn,, quitter le dé pour cquitter détester, détoner, dévaster, devenir, dévier, deti-
la partie>. flatter le dé pour #détourner la dis- ser, devoir, dévolu, dévorer, dévot.
cossion,; les dés sontpipés (truqués1 s’emploie en- t En français, ce préke revêt d’abord la forme des-
core. o Par analogie de forme, dé est employé en kksraisonnaf~k?, 1370-13721.Il a fonctionné très tôt
architecture (1694%à propos d’un cube de pierre par substitution d’un préfxe de sens opposé
que l’on met sous les pieds d’une statue. Le sens de comme a- (latin d-1 : dériver venant de arriver, dé-
‘pièce cubique* donne lieu à quelques emplois tacher de attacher. Dans la formation des mots plus
techniques et en cuisine (dés de lard, etc., sens récents. il n’exprime plus le sens d’=éloignement-
attesté en 16661. (ce qui est déjà le cas dans des emprunts tels que
déclarer et dans des mots latins conservés tels que
Q DÉ n. m.. d’abord sous la forme duel (v. 12001 défendre, où il n’a pas de sens analysable).
puis, sous l’influence de 0 dé’(1260, ckz au pluriel),
est issu du bas latin digitale, proprement =Ce qui DEALER n. m. est l’abréviation (19751 de l’an-
couvre le doigb, neutre substantivé de l’adjectifdi- glais drug dealer =tmfiquant de drogue*, composé
gttalis-du doigt, de la gmsseur du do&+ (+ digitall, de drug, lui-même emprunté au français drogue*
dérivé de digitus (+ doigt). Une forme deau, attes- (+dmgstorel, et de d.eakr *celui qui distribue>
tée au xrv” s. (écrite deaull, a des correspondants (v. looO1, dans sa spécialisation commerciale pour
dans les parlers de I’Ouest et de l’Est, rarement &&quantn (1611). Deakr est dérivé de to deal
dans le Centre. “partager, distrlbuell, verbe reposant komme ses
+Le mot désigne le petit étui qui protège le doigt correspondants germaniques) sur la racine d’un
qui pousse l’aiguille. Par analogie de forme, dé à substantif dont le sens est spart, portions, d’où vient
coudre s’emploie familièrement pour un petit verre l’anglais dole, anciennement ~pa.16.puis *destin, lot
à boire.
de chacun*.
+ Le mot désigne un vendeur de drogue, en général
CDDÉ- préf., l’un des plus productii de la langue un drogué qui revend de la drogue pour subvenir à
française, indiquant qu’une action s’effectue en ses besoins.
D
DA interj., d’abord attestée sous la forme cùi>a(du D’ABORD + ABORD
début du XII~s. à v. 1356), cette ancienne interjec-
tien est composée des impér&i& de dtie* et aller’ : D’ACCORD + ACCORD
dis et va. A la suite de son emploi interjectif, diva
s’est altéré en dia krves.), puis en dea (13961, da DACTYLlOl- élément préfïxal, est tiré du grec
(1606). daktios #do@, qui est aussi le nom d’une mesure
+ D’abord employés seuls, dea puis da ont servi à de longueur (la plus petite en Grèce) et sert à dé-
renforcer l’aiknation (1396, oil dea; 1606, ouy dal signer différents objets présentant une analogie
[+ouil et la négation. L’usage du mot a décliné, avec le doigt (+ datte). Les autres langues indoeu-
mais certains patois lUilisent comme exclamation, ropéennes possèdent des formes qui ressemblent à
isolément et généralement en tïn de phrase, pour daktios sans s’en rapprocher directement,
renforcer une affirmation. comme le gotique tekan -toucher=, le vieil islandais
taka <prendre* (6. l’anglais to tahe), le latin digitus
@ DAB(E) n.m.. d’abord tio (1579) puis dabe b doigt).
(17251, est d’origine obscure. On a évoqué (Oudin, 6 En fran@s, dactyllo)- entre dans la composition
1642) un emprunt au latin dabo -je donnerai,, pre- de noms et d’adjectifs didactiques dont certains
mière personne du futur de l’indicatif de dam *don- sont devenus co-k. Il y indique une analogie
nep (+donner). mais le développement séman- avec le doigt, dans des termes de zoologie fdactylo-
tique n’est pas clair : Esnault l’accepte pour le sens podote, ck&yZozoiiW et l’utilisation des doigts, spé-
de =Souffre-douleur. dupe> (Vosges, Nord), mais le cialement pour créer un langage.
refuse pour celui de *maître=. Il préfère évoquer
t C'est le cas de DACTYLOGRAPHE n., composé
une parenté avec àâbre, dabier spaysanm. usité en
avec l’élément -graphe* (1832) pour désigner un
Vendée, Anjou et dans le Maine. Le mot a pu être
clavier destiné à transmettre au moyen du toucher
emprunté à l’italien (Larivey, qui l’atteste le pre
les signes de la parole dans la communication avec
mier. est iklianisant) qui a dabo au xwe s. comme
les sourds-muets aveugles. Le sens moderne (19001
terme de jeu.
de ‘personne chargée d’écrire des textes à la ma-
+Le sens de *maître, patron> et celui de =rois chine à écrirez est devenu usuel; il est couramment
kw~’ s.1,spécialement -roi de cartes= (18351,ont dis- abrégé en dactyZ0 (19231,surtout au féminin. -Par
paru au profit de celui de =Père> (1725). Le mot a changement de sutfixe, le mot a produit DACTY-
aussi été employé pour %man& entreteneur* (1878) LOGRAPHIE n. f. (1832) qui a suivi une évolution
par décalque de l’emploi de papa. oLe pluriel parallèle, prenant le sens d’caction d’écrire à la
dubes s’applique aux deux parents, père et mère machine* U900), et donnant à son tour DACTYLO-
(1889). le singulier s’entendant aussi, au féminin, de GRAPHIQUE adj.(1832),attestéavecsonsensmo-
la mère 11883); cet emploi est archaïque. dernedepuis 190O,et, ausecondsens,~~~~~~~-
cDes formations suBxées plus ou moins syno- GRAPHIER ".tI-. (19121.
nymes sont apparues, I'Une au xvf s., DABUCHE Le mot grec est également repr&.enté sous la
Il. m. (1630) anciennement -rois pois spères (18481et formedusecondélément -DACTYLE.-DACTYLIE
-grand-père,, (1876) dénommant aussi, au féminin, dans un certain nombre de mots savank (le pre-
la mère (18351,les autres au XI?~.: DABIER n.m. mier élément indiquant le nombre ou une parti-
(1847). DABMUCHE n.m. (18781, GRAND-DABE cularité des doigts). -Quant à DACTYLE n.m.,il
n. m. (18471,~grand-père., et des substantifs fémi- est emprunté, altéré en &zptiUe (v. 13701,puis resti-
tiDABICHE(1899),DABONNE (1847),DABESSE tué en dactyk (1611), au latin dactylos, lui-même
(1836). Toute cette série argotique est archaïque. emprunté au grec duktulos comme terme de mé-
DÉBÈQUETER 1002 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’usage déréglé et excessif d’une chose, souvent rebiner <faire s’accoupler une seconde fois%.L’idée
sans jugement péjoratif (av. 1872, débauchede cou- première est pour lui celle de se séparer, de se dé-
leurs, Gautier). -DÉBAUCHEUR n.m., créé &LI solklarlser d’un complice en parlant.
xvf s. chez les écrkains religieux (av. 15441comme 6 Débiner est d’abord employé avec le sens intran-
Calvin (1562).est sorti d’usage. -Quant PLI mo- sitif de -passer aux aveux. cesser de se défendre*,
derne DÉBAUCHAGE n. m. (19001,Il répond au be- disparu de nos jours. L’usage moderne réalise uni-
soin de former un nom d’action qui corresponde au quement le sens transitif de -dénigrer (qqn)> (18211
sens de débaucher <faire perdre son travail=, non et par extension .-délivrer le secret de qqch.* (18671,
assumé par débauche.Ainsi, des deux valeurs du par exemple dans la locution débiner le truc, ce
verbe, débauché et débauche assument la pre dernier emploi ayant vieilli, puis disparu.
mière, débauchage la seconde, économique.
t En sont issus DÉBINAGE n. m. (1836). d’abord en
DÉBÈQUETER, DÉBECTER +BEC usage parmi les voleurs pour *aveu*, repris pour
~dénigrement*, et DÉBINEUR,EUSE n.etadj.
DÉBILE adj. et n. est emprunté (v. 12651au latin (1875). -Les rapports existant entre débiner et l’ho-
debüts -faible, intïrme, estropién, en parlant du monyme de construction pronominale SE DÉBI-
corps ou de l’une de ses parties. Tite-Live le joint à NER (v. 18501éprendre la fuite-, sont inced,ins. En
d’autres adjectifs exprimant lïn6rmité, tels clau- se référant à se biner 117711,on peut rattacher le
dus (+ claudicationl, mancu (+ manchot). Il s’agit pronominal à un ancien français s’en bimer -s’en
d’un composé dont le second terme, à b- initial ca- aller secrètementm ~III”~., bignier), d’origine im
ractéristique des mots populaires, est à rapprocher connue.P. GuIraud ne sépare pas sedébiner de &
du sanskrit btiam =forceB, bdtiytin ‘plus fort>, et du biner puisqu’il postule un sens initial =désaccou-
vieux slave bolii eplus grandn (russe moderne plep d’où -séparer-B. -En l’état actuel des
bolche, 6. bolchaih). Le mot n’existe pas en vé- connaissances, les relations qu’il entretient avec un
dique; il est de ceux que le sanskrlt a pu prendre à autre verbe 0 DÉBINER v. intr. <être dans la mi-
des parlers autres que ceux sur lesquels repose le sèren (18081et son déverbal DÉBINE n. f. (18081*mi-
védique. sère*, toujours vivants dans l’usage familier, sont
*Débile a supplanté la forme populaire deible, aussi peu clairs.
deble (1180, dans endiebkl: il a conservé le sens la- 0 DÉBIT n. m. est emprunté (16751au latin debi-
tin mais, au cours du >mps.. a subi un rétrécisse-
tum =dette=, participe passé neutre substantivé de
ment de sens pour désigner presque exclusive- debere (-devoir) dont le pluriel debita a donné
ment une déficience Intellectuelle. Sa défmition
datte*.
moderne en termes cliniques est attestée depuis le
début du xY siècle. o Plus récemment (v. 19601,il + À la différence du mot latin, également employé
s’est largement répandu dans la langue parlée, avec le sens figuré d’-obligation>, débit est exclu-
avec un sens voisin de imbécile, crétin, idiot, s’appli- sivement un terme de comptabilité, le sens figuré
quant aux choses (un film débik, etc.1 comme aux étant réservé à dette.
personnes, avec une valeur proche de nul, autre t Son dénominatif Q DÉBITER v. tr., -porter au dé-
adjectif à la mode. et opposé à génial. bit d’un compte>. est employé depuis 1723. Comme
v La plupart des dictionnaires attestent l’adverbe l’homonyme dérivé de 0 débiter (+ ci-dessus) si-
DÉBILEMENT -mollement, d’une manière débilem gnifie venten, toute vente correspondant à un dû
En xv” s.l. pourtant très rare dans la langue mo- pour l’acheteur, le mot est aujourd’hui senti
derne (une seule attestation dans le corpus du comme appartenant à cette famille étymologique-
T. L. F., chez Laforgue, 18871.-Au début du XI+ s., ment différente.
Sont apparus DÉBILITATION n. f. (13041,emprunté ODÉBITEUR.TRICE adj. etnestemprunté(12381
au latin debüitatio, DÉBILITÉ n. f. (13081,emprunt au latin debitoracelui qui a contracté une detten (au
au latin debüitas <faiblesse, infirmité> et récem- propre et au figwél, dérivé de debere (+ devoir). Le
ment -idiotie, C&tinisme; nullit&; enfin DÉBILI- mot, emprunté avec le sens propre, s’est imposé
TER v. tr. (130% autre emprunt au latin debüitare aux dépens de l’ancien français detor, de formation
‘estropier, réduire à l’impuissance=, tous dérivés populaire, attesté de la première moitié du ~II~s. à
de àebüis.o À la différence du couple débüe-débi- la 6n du XIII~siècle. Il a développé le sens figuré de
lit4 débüiter, son participe adjectivé DÉBILI- spersonne redevable de qqch.met s’emploie comme
TANT, ANTE et débüitatin sont restés proches du adjectif. Ce n’est qu’au xw” s. qu’un autre emprunt
sens latin. au latin l- 0 débit) élargira le lexique de ce do-
maine de la dette.
0 DÉBINER Y.tr., d’usage familier (17901, est
d’origine obscure. Le moyen français atteste rebi- 0 DÉBITER v. tr. est dérivé (1330-1332) de bitte*
rieur squi se rétractez en 1571,mais le rapport n’est <billot de bois sur lequel on enroule les câblesn, au
pas établi. Wartburg voit dans débiner un composé moyen du préfixe d& et de la désinence verbale -er.
de biner* issu de “binare, en supposant le même 4 Débiter signifie -découper le bols en pièces* (éty
type de développement sémantique que dans le mologiquement pour faire des billots ou bittes)
cas de bêcher -dire du mal de qqm. P. Guiraud part d’où, par extension, .-détailler (une matière) en vue
lui aussi de dé- et biner mais prend biner au sens de sa vente, de son utilisation= (15561.Il s’est spécia-
régional de &accoupleF, rattaché au latin bis lisé dans le commerce, sign&mt -vendre au détails
-deux (fois)=, et attesté dans abiner -accoupler- et (14641et, un siècle et demi plus tard (av. 16151au fi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 987 DALTONISME
dans la construction plus tardive dédaigner de et tie, en y joignant éventuellement dailler =mnser,
inhiti, c&ser de>, avec une idée de mépris dire des blagues, (lorrain, vieilli).
(15791. -Alors que le verbe simple n’a pas de défi- +Le mot, d’abord argotique, s’est répandu dans
vés, d&higner a produit le déverbal DÉDAIN n. m. l’usage familier, dans n’enhsrver que dak (1829, je
(v. 115.5, des&&) qui signifie d’abord -attitude mé- n’entrave que le daül -ne rien comprendrw et que
prisable~, éliminé au profit du sens actif de mé- dalle =rien du tout* (1884). Le seul emploi vivant de-
pris, (1172). -DÉDAIGNEUX, EUSE adj. (111% meure que ddk, souvent avec les verbes argo-
1170, desdeignos), de sens actif, a donné DÉDAI- tiques signiiïsnt ~comprendrw (piger, etc.).
GNEUSEMENT adv. (1220, desdai@tet&ement).
-DÉDAIGNABLE adj., après avoir eu le sens actif DALAÏ-LAMA -.s 0 LAMA
‘qui témoigne du mépris> (av. 12701, a reçu comme
la plupart des adjectifs en -abk le sens passif *qui DALLE n.f. est un mot d’origine normande,
mérite le dédain, (1588, Montaigne); il est demeuré d’abord attesté en Normandie (13311, probable-
l-S.l-f2. ment emprunté (peut-être comme terme de nx-
rlne si l’on en juge par le dérivé dolot) à l’ancien
DAIM n. m., d’abord dain CV.1170) et deyme nordique du& *rigole pour l’écoulement des eaux
(132@1350), est issu du bas latin damus (ou dam- à bord d’un navires. Le sens premier aurait pu être
mua) de même sens, type masculin en -us créé celui de -pierre légèrement creusée, servant
pour remplacer l’ancien mot classique dama d’égout>. C’est un mot technique qui a surtout tir-
kiammd, surtout de genre masculin (féminin chez culé comme terme de marine kmglais d.&, espa-
Horace). Le mot est d’origine étrangère, peut-être gnol d& ‘tuyau d’écoulement pour la pompe d’un
celtique (irlandais dam allaià ‘cerf>, de dam naviren).
keuf~l, un rapport avec domare *dompte-
+ Le premier sens attesté, *évier-. est sorti d’usage
(+dompter) étant écarté, faute d’une relation de
au xvf s. mais s’est maintenu en Normandie. Par
sens.
analogie, dde a pris en moyen français son sens
* En français comme en latin, daim est le nom d’un argotique puis familier de cgosier, gorgen (~V”S.,
cervidé. Le mot désigne COnramment, par analogie apr. 1450) dans des locutions comme se Ntcer la
avec la peau traitée de l’animal, un cuir souple dit dalle <boire%. -Le sens moderne de ‘pierre plate
aussi veau retourné, ou -suédé> (exemple veste en pour paver=, indirectement attesté par dauer
daim, de daim). Son emploi figuré, en parlant d’un (13191, est attesté depuis 1676. Le mot, d’abord ap-
homme élégant, vaniteux et crédule, d’un homme pliqué aux pierres plates servant à paver le toit
stupide du beau monde, est propre au xc? siècle. d’un édi6ce et d’où I’eau s’écoule par les gar-
t Le féminin DAINE (d’abord deyme v.1320) et le gonilles et les gouttières. désigne une plaque de
nom du petit de l’animal, DANEAU n. m. (1700) pierre ou de matière dure utilisée pour le pavage,
sont peu usités; pour le second, on emploie faon. et spécialement la pierre tombale fermant une sé-
pulture. Par analogie de forme, du& s’est dit d’une
DAIS n. m., qui I’a emporté (XVP s.) sur ses mn& tranche mince de poisson kvn” s.). Cf. dame.
ples variantes antérieures dek (1165.11701, dois . Le dérivé (dénominatti DALLER v. tr., après une
(av. 13501, ders (1525). est issu, par évolution phoné- première attestation en 1319, n’est employé de ma-
tique, du latin discus *disque, plateau, cymbales nière usuelle que depuis 1800. -Il a produit DAL-
(+ disque). LAGE n. m. (1835) *recouvrement de dalles, et =~ic-
+Du sens de *plateau où l’on disposait les mets>, le tion de daller= (1838).
mot est passé en français avec le sens de &ble Avec son ancien sens normand, àaue a donné dès
d’honneur dressée sur une estrades, en usage du le >a” s. le terme de marine DALOT n. m. (1382. à
XIIe au xw”siècle. Une évolution analogue est Rouen) désignant l’ouverture pratiquée dans le
constatée dans l’italien desco <table, établis, l’an- bordage pour l’écoulement des eaux embarquées.
cien provençal desc stable> (à l’origine de l’anglais Le mot a conservé an Canada certains emplois
desk ~bureaw) et dans l’allemand 7kh -tables ou, d’or@ne normande, notamment =éviep et -linge
par une autre métonymie, l’anglais di& <plat*, ces entortillé protégeant un doigt malades: comme
deux derniers étant empruntés au latin. Par lïnter- ddk, il y signifie =gosiep.
médialre de l’idée de stable surmontée d’une ten-
tnre~, on est ensuite passé an sens de -plafond, toits DALTONISME n. m. est un mot ctié avant
[av. 1350) d’où, avec une spécialisation honofique, 1841 (date où l’on relève le mot en anglais, em-
le sens moderne de -baldaquin> (1525). Celui-ci a prunté en français) par le professeur Pierre Pré-
donné quelques extensions analogiques, notarn- vost de Genève, qui l’a tiré (probablement d’après
ment dans des expressions. l’adjectif daltonien) du nom du célèbre chimiste et
physicien anglais J. D&on (1766-1844). Ce dernier
DAL ou DALLE n. m., d’abord daü (18291, est décrivit ce trouble de la perception des couleurs,
d’origine obscure : on rattachement à dalle* n’est dont il était lui-même atteint. dans une commun%
guère concevable du point de vue sémantique. Es- cation à la Société littéraire et philosophique de
nault écarte aussi les homonymes (à dal & gauche> Manchester (1794).
dans le Nord1 et propose de remonter à ne dire que + Le mot désigne une tiection de la vue caractérl-
0bye dan 0We, que la chamon de daye chndaye sée par l’incapacité à distinguer certaines cou-
&xrron, 1644). onomatopée équivalente à Lon- leurs.
DEÇÀ 1004 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

w Il entre notamment dans la formation des noms +Le mot, d’abord employé au sens concret, &at
du système métrique comme DÉCALITRE n. m. d’une construction qui se dégrade=, s’est restreint
(1795l, DÉCAMÈTRE n. m. (1795). au sens 6guré usuel d’.acheminement vers le dé-
DÉCADE n. f. est emprunté (>w’ s.1au bas latii de- clin, la rulnen (v. 14601.L’idée de décadence, sali-
cas, -o& et decoda, -ae &mlne, nombre dix, es- daire d’une réflexion sur l’histoire, a longtemps été
pace de dix ans, et ‘partie d’un ouvrage divisé en hantée par le déclin et la chute de l’Empire romain
dix-, emprunté au grec dekas, -ados -groupe de d’Occident. La notion de déclin de la civilisation
dix, dizaines, dérivé de deka. Le mot est passé en n’était pas étrangère à la pensée antique, grecque
français avec le sens de -partie d’un ouvrage divisé (Hésiode, Platon) et romaine (Lucrèce. Sallwte. Ci-
en cl&,. Son sens temporel de <période de dix ans, céron) qui en formula les principes interprétatti
ou dix mois,, enregistré par Cotgrave en 1611, dès le Bas-Empire. La pensée chrétienne lui ap-
semble inusité avant 1851 et fait concurrence à dé- porta une explication d’ordre religieux, parvenue à
cennie*. Le mot est surtout connu depuis lïntroduc- maturité au x~~siècle. C’est à l’époque où se dif-
tion du calendrier républicain de 1793 où il dési- fusent les idées de renaissance et de réformation,
gnait une période de dix jours (1793. adoption des mais où tout changement a une tonalité négative,
dispositions générales du projet de Romme, Fabre, que se répand l’idée de décadence (exprimée cl-
David et Ch&ier). Les puristes, qui opposent àé- versement par le mot latin decade&a mais aussi
cennie dix ans+ et décade ‘dix jours>, oublient ou par declinatio, inclimtio, lapsus, vacülatio. eversio,
ignorent que le -de de &cade ne représente pas conversio, pewersio, subversial. 0 Deux siècles plus
dies ejow : leur condamnation de &code *période tard, dans la seconde moitié du xv~n”s., l’analyse du
de dix an.+ vient surtout du fait que cet emploi est déclin de Rome est ajustée aux événements
considéti comme un anglicisme, l’anglais decode contemporains (Gibbon, Guizot. Montesquieu, Her-
ayant conservé la valeur étymologique. L’introduc- derl; la méditation sur les restes des civilisations
tion du calendrier révolutionnaire fut aussi celle du perdues (Les Ruines de Volneyl deviendra un
dérivé DBCADI n. m. dixième et dernier jour de la thème romantique.
décade, jour chômén (17931, dans lequel di repré- . DIkADENT, ENTE adj. et n., formé (1516) à pk32-
sente bien le latin dies *jour- (d’après lundi, tir de décadence, n’est pas attesté entre 1584 et
mardi, etc.). 1834 (Dictionnaire de Boiste, en référence à Bran-
DÉCALOGUE n. m. est emprunté (v. 1450) au latin tômel. oLe mot, appliqué à un mouvement litté-
chrétien clecalogus, calque du grec chrétien deka- raire de la Jïn du ~12s. (av. 1872, Gautier), est
Zogos, formé de deka =dix* et Zogos =Parole> (-- souvent employé par Gautier. Flaubert et Goncourt
logie, loge-1. On désigne ainsi les -dix paroles= qui, dans le sens de -ratfinement littérairen. Pour la
selon la Bible (Deutéronome 5,221, ont été &-es- première fois, la décadence est assumée, car elle a
sées directement par Dieu à l’assemblée de son pour effet d’alléger l’esprit et de lui rendre en quel-
peuple sur 1’Horeb; l’expression se trouve égale- que sorte la liberté par rapport aux conventions so-
ment dans l’Exode (34,281, comme base de l’a,- ciales dans la recherche du nouveau, du rare, de
liance du Sinaï (l’écriture en étant attribuée Moïse l’étrange et de l’artifxiel. L’imaginaire décadent
ou, selon une autre tradition, à Dieu lui-même). Le marque les oeuvres de Baudelaire, Poe, de Qti-
mot recouvre un ensemble de dix prescriptions cey, Flaubert, Gautier comme celles de E. Bourges,
morales (quatre commandements sur Dieu et six J. Peladan, Huysmans. -Le mot de DÉCADISME
sur le prochain) qui furent peut-être, à l’origine, n. m. est forgé par Verlaine (18961qui emploie éga-
une condition d’entrée au sanctuaire. Déposé dans lement DÉCADISTE n. (1887) à la place de àé-
l’arche d’alliance au Temple de Salomon, ces pré- ca&&; cependant. depuis P. Bourget (18901.déca-
ceptes forent la base morale de la législation d’k- disme est concurrencé par DÉCADENTISME n. m.
raël; ils sont toujours celle de la morale juive et de qui I’a supplanté.
la morale chrétienne. -Comme l’expression les
dùc commandenwnts, le mot s’emploie quelquefois DÉCALCIFIER + CALCIUM
par extension pour un ensemble de lois ou de
règles de comportement. DÉCALCOMANIE, DÉCALQUER
D!kAPODE adj. B été formé en zoologie (1804l et + CALQUER
signifie <qui a dix pattes, cinq paires de pattes*.
Substantivé, le mot sert à désigner un sous-ordre DÉCALER --) CALE
de mollusques céphalopodes à huit bras et deux
tentacules, et un ordre de crustacés comprenant DÉCALOGUE + DÉCA-
les crabes, crevettes, langoustes, homards, écre-
visses, etc. DECAMPER - CAMP

DEÇÀ + çÀ DÉCAN n. m. est emprunté (17321 au bas latin


decanus, dérivé de decem (+ dix) sur le modèle de
DÉCADE - DÉCA- primanus, etc., peut-être sous l’tiuence du grec
deka (-+ déca-l. Le mot latin désigne à la fois le chef
DÉCADENCE n.f. est probablement em- d’un groupe de dix hommes, puis des dignitaires
prunté (14131au latin médiéval decadenti, pluriel civils, militaires et religieux (- décanat, doyen). et
neutre devenu singulier féminin du participe aussi, en astrologie, l’étoile qui préside à dix degrés
présent de decodere, lequel a donné déchoir*. du zodiaque.
DAME
~~ : la «dominante »

FI $ domestious 1 domestique

~p “domnicellus ~~.~~--~~- damoiseau

“domnieella - demoiselle
l
dame !

dominarium

I dominium ~ domaine

c dominari ~- dominer
l
1 “dominio donjon

( dies deminicus dimanche

Cp domino domino

espagnol
et italien
dom
don
(don Juan
-I don ..:.; don
portugais ,/ Quichotte)
dom

italien
duomo
~ dôme
CC
église cathédrale s

domicile

domina

LJ
s maîtresse
de maison » madame

l- damer
l- allemand Dame

- italien donna, madonsa ~ madone

espagnol dueiïa ~~~ duègne


DÉCENT 1006 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et -qui revient tous les dix sns=, substantivé au eider par décret,. Ce verbe est composé de de-
neutre pltiel decennalia désignant des fêtes ayant l-0 de-l et cemere, concrètement -passer au
fieu tous les dix ans. Decennalis est dérivé de l’ad- crible, trier- d’où &stinguer (par les sens, l’esprit)-
jectif decennis, formé de decen (+ dix) et de annus et, par affaiblissement, =voir- et cchoislr entre dif-
(-an). férentes solutions, différents projets,. Cemere, dont
*Décenmd, comme le latin, signifie à la fois ‘qui deux composés sont passés en français (- discer-
dure dix ans, et <qui a lieu tous les dix ans, (1762. ner), appartient à une racine indoeuropéenne
tëtes&cenndesl. “krei- =séparem, représentée en grec, italique, cel-
tique et germanique, mais inconnue de lïndoeuro-
w Par changement de sulke, on a formé DÉCEN-
péen oriental, et indiquant l’idée de xcriblep (- crl-
NIE n. f. (18901 -période de dix ans=, concurrent di-
bler). Malgré les apparences, concerner aurait une
rect de décade*; les deux mots sont usités au-
autre origine. Par ailleurs, cemere a pour participe
jourd’hui avec deux valeurs différentes.
passé certatus et certus en dérive.
4 Décerner a eu en ancien français le sens de *dé-
DÉCENT, ENTE adj., d’abord descent (1450),
est emprunté au latin classique decens, employé au clarer, faire savoti. avant de prendre sa valeur
sens moral de -convenable, séant, bienséants et au moderne, &tribuer par décret> (15481, d’abord en
contexte juridique. Par extension, le verbe est em-
sens physique de =bien fait, bien proportionné, bar-
monieux*. Decens est le participe présent de de ployé couramment pour =attribuer solennellement
cere, surtout employé en construction imperson- àr, d’où distribuer, donner à chacun>.
nelle (à la troisième personne decet -il convientm). cLa plupart des dictionnaires généraux enre-
Ce verbe latin est à rattacher à une racine indo- gistrent un dérivé DÉCERNEMENT n.m. (18701,
européenne exprimant l’idée de -se conformer, qui n’est pas répandu dans l’usage.
s’adapter à. que l’on retrouve dans le grec de- 0 voir CERTAIN. DÉCRET. DISCERNER
khesthai axevoir, accepter- et dans le védique
d&i ail rend hommages.
DÉCEVOIR v. tr. est issu (v. 11211 du latin tardif
decipëre (second e long), altération du latin clas-
+ À la différence de certains dérivés de decere pas- sique decipëre (avec second e breD -attraper, trom-
sés en français, où ils se sont limités au sens per, causer une déconvenue>. de de- et capere aat-
concret (+ décorer). décent, comme un autre mot traper, saisti (+ captif, chasser), employé
du groupe de decere, digne*, a été emprunté avec particulièrement au sens figuré de -séduire, abu-
son sens moral, spécialisé soit sur le plan de la seIr. Le traitement du-c-, conservé comme s’il était
bienséance sexuelle, soit de l’acceptabilité selon les à l’initiale, s’explique par la persistance du senti-
normes sociales. ment de la composition, en relation avec recipere
t En est dérivé DÉCEMMENT adv. (15231. -Le nom b recevoirl, concipere (-, concevoirl. Le mot. stric-
correspondant, DECENCE n.f., est emprunté tement galle-roman, correspond à l’ancien proven-
(>w’ s., descente) avec son sens actuel au latin de çal decebre.
centia convensnce~, dérivé de decens. Les trois + Le verbe a eu longtemps le sens de &-ompe~. en-
mots, sdjectif, nom et advetie, se sont spécialisés core usuel au xwe s., et Furetière le glose ‘tromper
en fran@s moderne, à propos d’une attitude I-é- adroitement> (16901. Le sens moderne (v. 1360, au
servée. -correcte>. sur le plan sexuel et senthnen- participe passé déçu *qui éprouve une déconve-
tal, la valeur plus générale de =biensésnce~ tendant nues) ne s’est pas imposé immédiatement si l’on en
à vieillir Enfin, seuls ddcent et décemmentcorres- juge par la glose de déçu kkceu) dans Furetière,
pondent à correct, correctementpour désigner ce -tromp&.
qui est d’une qualité acceptable.
w Le participe présent DÉCEVANT, ANTE est ad-
INDÉCENT. ENTE adj. a été emprunté à la fin du
jectivé koPs.1, tout comme le participe passé (ci-
XI? s. au latin impérial indecens, formé de in-
dessus). -Le dérivé DÉCEVABLE adj. -SUjet à
(+ 0 in-1 et de decens. Indécent a d’abord signifié
n’être pas suivi d’effet* est quali@ de ‘peu usitén
<qui est contraire aux bienséances~ et -qui ne
par le Dictionnaire de Z’Académie(1835 et 18781; il
convient pass kv11~s.1, deux acceptions sorties
est en effet inusité. -Un autre dérivé, DÉCE-
d’usage. À partir du x& s., l’adjectif s’applique en
VANCE n. f. *action de trompe-. employé par
particulier à ce qui choque la réserve requise en
Huysmans comme archaïsme. a été supplanté par
matière sexuelle (16181; par exagération, il s’em-
ploie W s.1 pour ce ou celui qui choque par sa dé-
déception.
DECEPTION n. f. est emprunté (1160-11741 au bas
mesure (6. insolent).o Le dérivé INDÉCEMMENT
latin deceptio saction de tromper, d’être trompés,
adv. (1595, Montaigne1 qui remplace indécentement =illusion*, =séductionm et =impostwe~, formé sur le
(15371 * suivi la même évolution vers le sens mo-
supin deceptum de decipere. Le mot français, long-
derne, relevé en 1829. -INDÉCENCE n.f., em-
temps employé avec le sens hérité du latin, &om-
prunt au latin impérial indecenti, dérivé de inde-
periep. a suivi l’évolution de décevoir vers le sens de
cen.s, désigne une action contraire à la bienséance
=déconvenue. désillusion- (av. 1863); malgré la dif-
KSEI) et, en particulier, contraire à la pudeur (1666,
férence formelle, il est senti comme un dérivé de
Molière), sens devenu dominant.
déCevOti.
0 voir DÉCORER, DCCORUM.
DÉCHAÎNER - CHAîNE
DÉCERNER v. tr. est issu (v. 12471 du latin de-
cemere =décider dem, #juger, régler-, -voteIr et <dé- DÉCHARNÉ - CHAIR
DE LA LANGUE FRANÇAISE DANDY
Le dérivé DAMNATEUR n. m., à date relativement (1840l. pris comme symbole de la condition hu-
récente (1640). a supplanté damnew, seulement at- maine. Ultérieurement, il est passé dans l’usage
testé par le dictionnaire de Guérin (1892) avec la technique comme nom d’une roue hydraulique
mention wieux mots. -DAMNATION n. f. (1172. (1857).
1174, dampnatiuunl est emprunté au latin chrétien
damnatio, -anis #condamnation prononcée par DANCING n.m. est l’abréviation française
Dieu après la morts. spécialisation du sens jur- (1920) de mots anglais attestés depuis le XIX~s., dan-
dique classique de .-condamnation>. Comme dam- cing-fwuse, dancing-mon, dancing-hall *maison,
ner, le mot reste limité à son sens religieux (le sens salle, hall de danse-, et de l’américain dance-hall
juridique étant réservé à condamnationïl, même si (1846). Cew-ci sont formés de todmce -dansen,
quelques dictionnaires du XIX~et du xxe s. réperto- emprunté au français danser*. L’anglais dancing,
rient un ancien sens de damnations -proscriptions, gérondif substantivé, ne signifie que =danses.
interdictions, amendes prononcées par les ou- +La vogue des établissements nommés dancings
vriers soit contre l’un d’entre eux. soit contre les en franc se situe entre les deux guerres, surtout
chefs d’atelier ou les entrepreneurs>. -DAM- dans les années30; elle instaure l’émancipation
NABLE adj., antérieurement dmnpnable (1180. d’une certaine bourgeoisie qui ne se contente plus
1190), est emprunté au latin chrétien dmnnabüis des réceptions et des bals privés, et celle de ses en-
‘condamnable, répréhensible, odieux, mortel (en fants qui sortent sans être accompagnés par les pa-
parlant du péché),, dérivé tardif de àamnare. rents. Institution urbaine, le dancing fut un endroit
chic, à la mode, comme son nom anglais l’indique;
0) DAMOISEAU mm., d’abord dameisel cependant, le mot a vieilli et a perdu son prestige,
(v. 1135). est issu d’un latin populaire Vomnicellus, donnant lieu à des emplois plaisants, prononcé
dimhutif de dominw -maître de maison= (k+dom, dansinge. En français du Canada, dancing (faux an-
domino). glicisme incongru en anglaisl est inconnu en ce
+ Le sens de ce dimlnutifs’est développé à l’époque sens.
de la féodalité, et le mot fi-ançais, au moyen âge, dé-
signe un jeune gentilhomme qui n’est pas encore
DANDIN n. m. est issu (1526-1532) du radical
onomatopéique cland- évoquant un mouvement de
chevalier. En moyen français ~IV”-xv” s.l, il désigne
spécialement le jeune noble accompagnant le châ- balancement : on relève dandin en 1390 au sens de
telain ou la châtelaine à la chasse, à la promenade, cclochette=, et l’anglais a toclanclle adorlotep
et faisant office de messager. Par ironie, il s’est ap- (b dinguer).
pliqué à un jeune homme empressé et galant (1563- t Le mot désignait un homme d’apparence niaise,
1564, Ronsard) et s’est dit d’un jeune homme qui af- décrit par Fwetière (1690) comme =on grand sot
fecte de la recherche dans ses vêtements et qui té- qui n’a point de contenance ferme, qui a des mou-
moigne d’une galanterie efféminée. vements de pieds et de mains déshonnêtes>. Cet
emploi a disparu mais Dmdin demeure dans l’hi-
c Le féminin correspondant DAMOISELLE n. f. ti
taire littéraire avec des noms propres, comme Per-
ti s., ckmwisekl, forme archaïque de demoiselle*, a
rin Dandin, type du juge ridicule inventé par Rabe-
d’abord désigné une &lle de noble condition,
lais (1546, Tiers-Livre) et George Dcmdirx ou le Mari
épouse de damoiseau. En entrant dans l’usage
confondu, titre d’une comédie de Molière (1668).
commun, le mot n’a cependant pas acquis les
connotations péjoratives de damoiseau, et s’est dit +Il est àl'origine dudérivéusuel DANDINER". tr.
d’une femme, même sans titre de noblesse. Il était (1550l, d’abord employé intransitivement puis SUT-
encore employé en droit au XI? s. pour demoiselle tout à la forme pronominale se dandiner (av. 1694).
kzdite damoiselle). Ce verbe signifie aujourd’hui -se balancer mala-
droitement ou de manière embarrassée lorsqu’on
DAN n. m. est l’emprunt (1944) du japonais dan est deboutn et a perdu une partie de ses connota-
qui désigne un degré de qualification, supérieur tions négatives. -Son participe présent DANDI-
aux ceintures, délivré à ceux qui atteignent un haut NANT, ANTE est adjectivé pour qualifier une dé-
niveau dans la pratique d’un art martial, judo ou ti- marche (av. 17501. -Du verbe sont dérivés
kido. Le mot est à peu près contemporain en an- DANDINEMENT n.m. (1585) et DANDINETTE
glais (19411. n. f., vieux terme d’argot désignant une correction
(1866l, une -danse>, puis spécialisé comme terme
+ Dan a été repris avec le vocabulaire des arts mar-
de pêche (1900) à propos d’un appât en forme de
tiaux. dans premier, dewikme, troisième... dan.
poisson, par allwion au mouvement constant de
l’hameçon. -On rencontre également DANDINE
DANAÏDE n. f. est emprunté (1546) au latin im
n. f., surtout au pluriel, avec le sens argotique de
pérlal Damïdes, pluriel qui transcrit le grec Da-
~coups~(1881), DANDINEUREUSE n.et adj.,-,
mides 4lles de Danaosp. Selon la légende, les cin-
etDANDELINERv.,peut-êtreinnuencé pardodeli-
quante filles de ce roi, pour avoir tué durant leur
ner*.
nuit de noces leurs mark sur ordre de leur père,
reçurent aux Enfers un châtiment qui consistait à DANDY mm. est emprunté, sous la forme
remplir éternellement d’eau un tonneau percé. duindy (1813-1814, M’“e de Staël1 puis dandy (1817,
t Le mot a été introduit en français par allwion à ce Lady Morgan) à l’anglais dandy (1780). mot qui
mythe, dans l’expression bussart (-tonneaw) des semble venir de l’écossais, peut-être de Dandy, di-
Damiik (15461.aujourd’hui tonneau desllanaides minutif de Andrew, correspondant au prénom frar-
DÉC1 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dit également d’un malade qui décline et, en nati- manière décidées. Ce sens est aujourd’hui sup-
gation, d’un navire qui sort de sa route. planté par le sens de <en définitive> (1807).
t Le verbe 8. pour dérivé DÉCHÉANCE Il. f., 0 voir DÉcrsroN (et, souscette entrée.DÉCISIF.DÉCISOIRE,
d’abord decaance (1174) &it de déchoir morale- INDECIS.JND$cls10N1.
ment,, qui a développé deux sens particuliers de
caractère juridique : *privation d’un droit destitu- DÉCIMAL, ALE, AUX adj. a été formé à
tions (16361 et =privation d’une fonction*. relevé deux reprises : ll a d’abord été emprunté (iïn XIII~s.1
pour la première fols dans le Discours sur le juge- au latin médiéval cfectiis (9601 ‘qui possède le
ment de Louis XVI de Robespierre (1792). droit de lever la dîme,, dérivé de d.ecina (+ Q dé-
DECHET n. m., d’abord dechié (1270-12801, est le cime). Dans un deuxième temps, il a été dérivé sa-
déve&d de déchoir formé sur les formes fortes de vamment (15201 du latin decimus &ixième~
l’indicatif présent. Par substitution de sufilxe, il a (+ 0 décime), de cfecen (+ dix).
pris la forme déchiet (1328.1342) réduite à déchet. 4 Le sens de esoumis à la dîmes. lié à la féodalité, est
D’abord attesté dans la locution aler en dechié, le sorti d’usage. Une autre acception. ‘qui concerne
mot a pris au >w’s. son sens actuel de =quanWé un sur dix, (15201,latinisme introduit par le traduc-
perdue dans l’emploi d’un produit- (1328-13421.Il teur de Suétone, ne s’est pas maintenue. Décimal
sert quelquefois à désigner péjorativement une est resté courant comme terme du système mn&-
personne dégénérée (18081.o Le dérivé récent Dl% rique avec le sens de *qui procède par dix, a pour
CHETTERIE n. f. est SUrtOut d’usage administratif. base le nombre dix> (1680), substantivé pour dé-
0 “Olr DtiCHE. signer une fraction décimale (17981et spécialement
le Chi&e qui entre dans une fraction décimale.
DÉCI-. élément prétïxal, a été tiré arbitraire- C’est également sous la Révolution que le système
ment du latin decimw &xième= (+ décime.1 pour décimal entre en vigueur, avec son vocabulaire
l’opposer à déca-* dans les noms de mesure lors de propre (formé sur mètre, gramme, etc. avec des
l’établissement du système métrique. préfixes multiplicateurs et diviseurs) qui éliminera
4 Il sert à former des noms savants où il indique la au ~OUISdu Wp s. la plupart des anciens termes de
division par dix d’une unité de mesure. par mesure. Lié au système métrique, le système déci-
exemple dans DÉCILITRE n.m. (17951, DÉCI- mal s’est répandu dans le monde, avec des résk-
MÈTRE n. m. (1795). -DÉCIBEL n. m. est proba- tances, notamment de la part des pays anglo-
blement emprunté (avril 19321à l’angle-américain saxons. Ces derniers l’acceptent progressivement,
&cibel (1881) composé de deci- l+ dé&) et de bel dans la seconde moitié du xxe siècle.
-unité de mesure acoustiques, terme proposé par w Cette évolution a contribué à l’emploi des dérivés
les Américains en l’honneur du physicien écossais DÉCIMALISER Y. tr. (1907) et DÉCIMALISATION
A. GrahamBell (1847-19221, inventeur du télé- n. f. (18971, repris v. 1960 sous l’influence des mots
phone. o Le dérivé D~CIBÉLITÉ n. f., -intensité en anglais correspondants (to decimalize, decimaka-
décibels=, est une création plaisante de FL.Queneau titi. Un autre dérivé. DÉCIMALITÉ n. £ (18771, est
(19591,fondée sur l’emploi de l’unité pour mesurer didactique.
les sons intenses et gênants.
0 DÉCIME n. m. est emprunté (1611) au latin
DÉCIDER v. tr. est emprunté (1403) au latin de- decimw &xièmes, au iïguré ‘gros, considérables,
cidme, composé de de et caedere <couper= (+ cé- substantivé au masculin au sens de edlxième livre=,
sure). proprement &xmche~, employé au sens fi- =dixième jow (respectivement par ellipse de liber
guré de ~trancher moralement*, souvent dans la et de diesl et dérivé de decem (+ dix).
langue juridique -régler un dii?érendm. *Le mot est enregistré par Cotgrave (1611) au sens
+Le verbe est d’abord employé dans la construc- de =dixième partie*: il est employé pour *dixième
tion décider de -se prononcer sur une chose par partie d’un fixnc~ dans la loi du 18germinal de
une décision, un jugement>, revêtue ultérieure- l’an II (17951.Le sens de =%xième ajouté au principe
ment de la valeur &gu&e -être la cause déterrk de certains impôts* remonte lui aussi à la Révolu-
riante de (qqch.1,. en parlant d’un événement tion, qui instaure par décrets un décime sur les
(av. 17041.Au ~V?S., il développe son sens juridique spectacles (1796) et un décime de guerre (1799).
-régler un différend par un jugement*. en construc- w Quant à 0 DÉCIME n. f., il s’agit d’un emprunt
tion transitive directe (15461, transitive indirecte (déb. >ap s.1 au latin decimu (sous-entendu pars
(15801et pronominale (1595, Montaigne), se décider apartle.1, féminin substantivé de decimus employé
devenant ensuite usuel pour &ancher après avoir pour désigner la dixième partie, spécialement un
hésité*. Les autres sens remontent à la fin du impôt d’un dixième et, en latin médiéval. le
XVIII~s. : ~vI”‘~de Staël utilise la construction décider dlxlème des revenus,des produits agraires versé
que, emploie le verbe au sens transitif pour aame- par les fidèles à l’Eglise (volontairement, puis
ner (qqn) à faire qqch., et dans la construction se comme dîme obligatoire). -En français, la décime
décider pour <opter pour (une chose, une per- correspond à cet impôt avant de céder la place à
sonne)* (1786). dûne’, de même origine; le mot s’est ensuite spé-
. C’est également au xv& s., mais plus tôt, que le cialisé pour désigner l’impôt levé par le roi sur les
participe passé DÉCID&ÉE est adjectivé (1725) revenus du clergé, équivalant au dixième des reve-
pour qualifier un être résolu, une chose tranchée, nus d’une année (1511).
et qu’il donne DÉCIDÉMENT sdv. (1762) ‘d’une 0 voir DtiClMAl. DOaMER 0iM.F..
DE LA LANGUE FRANÇAISE 993 DARABOUK
+ DANSER v.. attesté depuis le xse s. tv. 1170). savantes, s’enrichissent d’emprunts, depuis poUza*,
et qui désigne, par opposition aux représentants de mazurka’ (polonais), valse’ tallemandl, jusqu’aux
ballare (+ bal). des formes de danse élégantes ou genres populaires &ncon*...~ et aux importations
solennelles, est propre à la langue d’oïl. De la exotiques, américaines ou autres, du début du
France du Nord, il s’est répandu dans les langues >ops. (tango*, samba*, cake-walk*, charleston*)
voisines (italien dansare, espagnol dartzar, anglais puis au foisonnement contemporain. OEnfin, la
to dance ; dans les langues méridionales, il a gardé découverte et la redécouverte assez récentes de la
un certain caractère littéraire. En raison de ces variété historique et culturelle, des fondements an-
particularités, une origine germanique est pro thropologiques de la danse, liée à l’idée de rythme,
bable, et on a supposé un étymon francique Wnt- de mime et à la musique, ont encore amplifié ce
ian (aboutissant en gaho-roman à “dintjarej, déduit grand domaine lexical, alors même que le sens fon-
du néerlandais deinzen -s’éloigner, reculer= et =Se damental de danse, danser n’a pas changé.
remuep, du frison dkttje =trembler légèrement>. de De danser sont également dérivés les adjectifs tires
l’islandais dynta es’agjtep; cependant, l’hypothèse des participes DANS&ÉE et DANSANT,ANTE
se heurte au -a- de l’ensemble des formes fmn tfm xvse s.J -qui danse>. puis (xvme s.) #apte à faire
çaises. Un autre mot francique, Ylansôn, déduit de danser; rythmés, le nom d’agent danseur (ci-des-
l’ancien haut allemand donsôn &rer=, présente sous), le diminutif DANSOTlTjER v.mtr. (1648,
des ditfïcultés sémantiques (il faut alors supposer .%2Wmn).et CpekpeS mOtS Vieillis OU rares: DAN-
que la danse était une sorte de ronde où les dan SERIE n.f. (av. 1506, Molinetj et DANSEMENT
seurs tournaient en s’entraînantj et ne peut exph- n. m. (18851, variante expressive de danse. 0 DAN-
quer, même à travers un galle-roman Waktsare, SABLE adj. (18451, dune musique, est plus courant.
l’ancien français doncier. Levant la di&ulté for- ~Parmi ces dérivés, DANSEUR n. m. et DAN-
melle, V. Günther a proposé, à partir de l’ancien SEUSE n. f. sont les plus usuels; ils ont suivi l’évo-
haut allemand dansôrr uwiante de l’ancien haut lution des contextes de danse. Le mot concerne à la
allemand dinscm &rer. étendre*). la formation pré- fois les professionnels de la danse classique (avec
coce, vers le VIII~ s., d’un doublet “dans~on. les syntagmes danseur, euse étoile. premier dan-
4 Quoi qu’il en soit, danser en iîxnçais signilïe dès seur, etc.), de la danse folklorique, dy music-hall.
le XI? s. ‘exécuter une suite réglée de pas suivant Des activités spéciales sont désignées par des ex-
un rythme musicale. 11 est également employé à pressions : danseur mondain (vieilli), danseur de
propos d’une chose au sens de *faire une série de corde (au &gure =personne très adroiten). Le mot
mouvements rythmés> (1X0-1220) avec de nom- concerne aussi la danse mondaine; son, sa dan-
breux contextes sociaux différents, selon les épo- seuse étant en concurrence avec cavalier, ière. En
ques t+ ci-dessous danse). 0 Plusieurs extensions, En, au fémimn, danseuse se dit d’une maîtresse
tàmihères, mettent en avant l’idée de violence phy- coûteuse et figurément dune opération de prestige
sique. Le sens argotique de apuep fait probable- coûteuse. -En danseuse qualifie (1919) une facon
ment sllusion au mouvement du fromage coulant de pédaler debout à bicyclette.
(1827) ou à un emploi régional de danser *remuer le CONTREDANSE n. f. est l’ahémtion (16261, d’après
fumier- (Vosges), donc à une image rurale. contre et danse, de l’anglais country donce, où
t DANSE n. f., son déverbal, désigne le mouvement country signifie wxunpagne~ t+ contrée) et dorme
rythmique du corps humain (11721175j et, dès est de même origine que danse. o Le mot désigne
1223, est aussi employé au figure (par exemple en- une danse collective, d’abord campagnarde puis
trer dans la danse,en danse*en action& Par méto- mondaine, qui s’exécute par couples (en général
nymie, il désigne une pièce musicale composée quatre), avec des figures voisines de celles du qua-
pour la danse (une danse1. Le mot, dans son sens drille. +Par jeu de mots, contredanse s’emploie
premier et principal, a des connotations très dif- l1981j pour contravention.
férentes selon les contextes : dune part, chorégra- 0 Var DANCING.
phie (danse classique, entraînant le vocabulaire
propre de la chorégraphie), danses propres à DANTESQUE adj. est tiré, au moyen du suf-
chaque civilisation (antiques et modernes, em-o- 6xe -esque (1830, Lamartine), de Dante, nom du
péennes et exotiques, *orientales*, etc.), danse pro plus célèbre écrivain italien (12%13211, auteur de
fessionnelle moderne liée au spectacle bnusic- La Divina Commedia (La Divine Com&te~, ceuvre
hall. etc.); d’autre part, =activité sociale r&missant qui narre l’itinéraire fictif du poète dans l’outre
hommes et femmes pour dansez. avec une évolu- tombe en trois étapes qui correspondent aux trois
tion historique considérable, des danseries du XVI~ parties du livre (enfer, purgatoire et paradis).
et du Xwe s. aux bals. sauteries, surprise-parties et +Le mot possède une valeur caractérisante assez
aux lieux publics consacrés à la danse Idonckrgs*I. courante, =Sombre, grandiose, vertigineux~, en ré-
OLe vocabulaire de la danse est très riche, férence à la tonalité de l’œuvre de Dante. Il s’em-
puisqu’il comprend celui de la chorégraphie et du ploie aussi avec une valeur déterminative neutre,
ballet, avec de nombreux termes techniques, celui en histoire et en critique littéraire (1834).
de la danse-spectacle populaire et, depuis le début
du xwse s., celui de la <danse de salon-, précédée au DARABOUK n.m. ou DARBOUKA n.f.
xv? s. par les bals de la haute société et la vogue est emprunté (1830) àl’arabe darbuhka, darobuhka
des majtres à danser (Molière). Au WB s., tous ces désignant un tambour Le mot, après une tentative
genres prospèrent et s’organisent; les noms de de francisation en dwnbougue, a été rendu par do-
danse, anciennes et traditionnelles, populaires et roboukah (18401, tarbouka 118531, dombouk (1854j,
DÉCLASSER 1010 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DIkLARATION n. f. (1290) représente le latin Ch.9 propos de la variation de l’aiguille aimantée (16901,
sique deckwatio =action de montrer, manifesta- se limite à des usages didactiques. exceptionnelle-
tion,, à basse époque *explication*, dérivé du supin ment concurrencé par le type savant déclinMon.
de deckzrcwe. Le mot français correspond à l’action -DÉCLINATOIRE n. m. (13801est apparu en droit
de déclarer. concrètement à l’écrit par lequel on à propos des refus, de l’acte de procédure par le-
fait publiquement connaître qqch. et, en particulier quel une partie décline la compétence d’on tribu-
U6001,à l’aveu de sentiments amoureux. Par méto- nal. L’emploi adjectif (av. 15021 correspond au
nymie, il désigne l’énumération détaillée de ce que même sens, aqui refuse*. -DÉCLINABLE adj.
l’on déclare (1680, déclaration des biens). En rela- (tis.1 et son antonyme INDÉCLINABLE a&.
tion avec le second sens de déclarer, il exprime l’ac- (13801sont empruntés au bas latin decknu.btiis et in-
tion de faire connaître officiellement l’existence ckcha.bilis, tous deux spécialisés en grammaire.
d’un fait W390, dam déclaration de guerre, d’après 0 “Olr DÉ-. IN-a
l’emploi correspondant du verbe). -DÉCLARA-
TIF, IVE adj., mot didactique emprunté (fi s.1 au DÉCLIVE adj. et n., d’abord declifsau masculin
dérivé bas latin declarativus -qui montre, qui ma- pluriel ( 14921et, à même date, déclive pour les deux
nifeste clairement-. a dès les premiers textes le genres, est emprunté au latin &&Vis *en pente>,
sens philosophique de =qui développe, qui ex- au figuré WXU-son déclin>. Le mot est le dérivé pré-
pliquez. Il a reçu des sens techniques. en droit et en fixé de clivus “pente,, souvent =montéem, et au fi-
grammaire (av. 18921où il s’applique aux verbes qui gué dif&ulté~, lequel se rattache comme oclinu.s
énoncent une simple communication. -penten et clinare (+ les composés décliner, lncli-
nez-1 à la racine indOeurOpéeMe “klei- kwher,
DÉCLASSER + CLASSE pencher* (- cliver).
*Le mot qutie ce qui est incliné, en pente et. par
DÉCLENCHER - CLENCHE extension, en position basse, spécialement en mé-
decine. Il est substantivé au féminin pour désigner
DÉCLIC + CLIQUE une pente et au masculin pour désigner un des lo-
bules du cervelet.
DÉCLINER v. est emprunté (10801 au latin de
clinare, verbe transitif et absolu, signi&mt -détour- . DÉCLIVITÉ n. f. (14671,emprunté au dérivé latin
ner, éloigner, écarter- et -s’éloigner, s’écartes declititas cpentem, est plus courant que l’adjectif.
avec une idée accessoire de chute (d’où -tomber=), 0 “or c-.
-dévier* ainsi que -parer, éviter? spécialement en
DÉCOCHER --+ 0 COCHE
grammaire =dériver, conjuguer, donner les flexions
d’un motm. Le mot est composé de de et clinare, DÉCOCTION n. f. est emprunté (1256) au bas
verbe essentiellement attesté en composition (- ir- latin médical decocti #action de faire bouillir-n,
clinerl et appartenant à une racine indoeurc- *préparation obtenue par cette opérations, et au fi-
péeone ‘klei- *incliner, pencher* l- cliver). guré ~déconiïhu-e, banqueroutes. Le mot est formé
+Dès ses premières attestations, le verbe s’ap- sur le supin decoctwn de decoquere kit-e cuire en-
plique au soir qui tombe. et (11191 à l’astre qui dé- tièrement*, de de marquant l’achèvement et CO-
croît à l’horizon. Par figure, il signifie -perdre des quere (-+ cuire).
forces, pencher vers sa fins (12001en parlant d’une +Le mot, introduit en pharmacie, a conservé le
personne, puis également d’une entité abstraite. À sens du latin et a pris quelques valeurs générale-
partir d’un sens repris au latin, *s’écarter des ment péjoratives, désignant un mélange liquide
(v. 11201,il a pris la valeur transitive de =refuse~ peu attirant au figuré un assemblage sans génie et,
(av. 13501,d’usage courant et juridique dans l’ex- en argot militaire, ce qui tombe sur quelqu’un.
pression décliner une juridiction (13971 ala rejeter
pour s’en remettre à une autre>. ~Dès les pre- DÉCOLLATION n. f. est emprunté (1227) au
miers textes. ciéckrw est aussi un verbe de parole, bas latin decollati, terme juridique dérivé de de
probablement avec le sens ancien de ‘dire, réciter. collare =Ôter du cou= puis spécialement *décapi-
composer. raconter- (1080) puis, plus technique- ter-. Ce verbe est formé sur collum (+COU) au
ment, *énoncer, exposep (12231, sens aujourd’hui moyen de la particule de indiquant la séparation
restreint à des 1ocuUons comme décliner son iden- b de) et de la désinence -are des verbes de la pre-
oté, et, en grammaire (12361, #énoncer les formes mière conjugaison.
variables des éléments d’on syntagme nominal se- +Le mot, introduit dans un contexte hagiogra-
lon leur fonction grammaticale (dans une langue à phique Oa décolation saint JehanJ,a décliné sous la
flexion),. concurrence de décapitation. Il se maintient dans
t Le déverbal DÉCLIN n. m. (10801exprime, en re- ce contexte, et spécialement en référence à la sec-
lation avec le premier sens du verbe, le fait de dé- tion du cou d’un foetus mort, pratiquée in utero
croître (en parlant d’un astre) et, au figuré, une pour faciliter son extraction.
perte de vitalité. .Le verbe latin a été emprunté sous la forme
DÉCLINAISON n. f. est l’adapk&iOn Semi-pOpU- Q DÉCOLLER V.tr. (v. 9801, encore employé en
laire (12361du latin &cZinati dont les sens corres- terme de pêche pour =trancher la tête de la morue
pondent à ceux de declinare. o Le mot, employé en avant le salage>.
grammaire pour -ensemble des flexions d’un
nom,, puis en astronomie (1583) et en métrologie à 0 DÉCOLLER - COLLE
DE LA LANGUE FRANÇAISE DATATION

DATATION ET ATTESTATION

Ces deux termes - auxquels il faudrait ajouter, de mes soins dans mon dictionnsire=. Trente ans
pour être complet, celui de locali.satin - res- s’écouleront avant que Littré trouve des émules.
sortissent à la philologie, discipline indispen- Pendant ce temps, la recherche étymologique
sable à l’étude historique de la langue et du tendra vers l’histoire du mot tandis que. paral-
lexique. En linguistique. ils s’appliquent, entre lèlement, les recherches philologiques se déve-
autres, au domaine de la lexicographie, de la lopperont. Le Dictionnaire de l’ancienne langue
lexicologie et, par ricochet, à celui de l’étymolo- française et de tous ses dialectes, publié par
gie. Il s’agit de procédés d’investigation sur des F. Godefroy de 1881à 1902,apportera une masse
textes anciens ou modernes, écrits ou oraux, lit- impressionnante d’attestations et de datations
téraires ou non; ils ont pour but de fournir la anciennes puisées non seulement dans des tex-
date d’apparition d’un mot dans la langue (data- tes littéraires mais encore dans des textes d’ar-
tion) et son usage dans un contexte précis (attes- chives. En outre, une revue telle que Romati
tation). Datation et attestation sont en quelque (depuis 1872) ouvre ses pages aux étymologistes
sorte le certiiïcat d’authenticité d’un mot ; elles tel A. Thomas et aux philologues et lexicologues
constituent deux des pierres angulaires de l’édi- comme A. Delboulle. Ce dernier publie en 1880
fice étymologique dans la perspective de l’&&- à Paris un ouvrage portant le titre de Matériaux
taire du mot> et fonctionnent comme garde-fous pour servir à l’historique du fkv,mis, puis, à par-
par rapport aux hypothèses étymologiques. En tir de 1894, une série d’articles intitulés ‘Notes
effet, à la question *d’où vient tel mot?>, à la- lexicologiques* dans la Revue d’histoire litté-
quelle répond l’&ymologie-origines, s’ajoutent raire. Les recherches philologiques concernant
celles-ci : *depuis quand cette forme, ce sens, cet les datations sont également accueillies par la
emploi sont-ils entrés dans la langue?* et <dans Revue de phüokgie française dès 1889.
quels contextes apparaissent-ils?p que pose C’est dans ce climat que naît le projet du Dit-
l’&ymologie-histoire du mots. Les datations tionnaire général de la langue rîmqi.se CD.GJ
corroborées par des attestations pourvues de de Hatzfeld. Dsrmesteter et Thomas. Publié de
leur source permettent au lexicologue d’insérer 1890 à 1900, cet ouvrage marque un tournant dé-
le mot dans une chronologie précise qui incite cisiidans l’histoire de la lexicographie française.
parfois à remettre en cause l’étymologie reçue, La principale innovation I-éside dans la place &c-
en particulier pour les emprunts. Plus le cher- cordée à l’étymologie. Celle-ci, articulation prir-
cheur réunit de témoignages référencés d’un cipale de la description, occupe, grâce à la parti-
mot sous ses différentes vwiantes graphiques et cipation du spécialiste en la matière qu’est
ses divers sens, plus l’histoire du mot sera fine... A. Thomas et du logicien qu’est Hatzfeld, une
et contrôlable. place centrale. Traitée en tête d’article, elle est
Le besoin de dater et d’attester un mot I-épand discutée, si nécessaire. Autre innovation d’ti-
au souci qu’eurent les lexicographes de la portance dans cette rubrique : le D. G. tente de
deuxième moitié du ti s. d’&udier [la langue1 dater précisément chaque mot à l’aide des dé-
à ses différentes phases, [del la suivre dans ses pouillements effectués notamment par Gode-
mouvements plus ou moins brusques, dans ses fmy et Delboolle. Les datations sont accompa-
transformations plus ou moins heureuse+ et de gnées dans la plupart des cas de l’attestation
demander à chaque mot -son origine, l’époque dûment référencée. Cette structure générale
de son introduction dans la langue, le rôle qu’il y (entrée, étymologie et diachronie pois synchn~
a joué avant celui dont il est maintenant en pos- nie) sera reprise par tous les grands diction-
session, les combinaisons dans lesquelles il est naires de langue à vocation historique (excepté
entré, &Dochez, Nouveau Dictiantie d,e la aujourd’hui le ‘Trésor de la langue française
langue hrtqA.se, Paris, 1880, Avertissement 1). IT L. F.1).La structure de la partie étymologique
Dochez est le premier lexicographe français à et historique subira un autre sort. Une atteinte
faire figurer dans un dictionnaire de langue lui sera portée paradoxalement par le Diction-
quelques attestations littéraires accompagnées naire étymologique qu’0. Bloch publie en 1932
de leur source et du siècle où elles apparaissent. avec la collaboration de Walther van Wartburg,
Littti, dans son Dictianmtie de la langue fran- auteur du l+onzOskches Etym~logisches WOrter-
çaise publié de 1863 à 1872, systématise cette in- bwh. Si ces deux auteurs sont tout à fait
tention; il fait suivre la partie descriptive d’une conscients de l’importance des datations pour
partie historique distincte : =SOUS la rubrique bis- l’histoire des mots, ils ont choisi, pour des ra-
~O~@I&T, je cite beaucoup de textes qui, rangés sons éditoriales, de ne donner que des rensei-
par ordre chronologique, montrent l’ordre des gnements minimaux : une date, sans référence,
changements du langage,, écrit-il dans sa Pré- sauf parfois le nom de l’auteur. Ces références
face (1863). et il ajoute dans la préface du Suppi& philologiques seront dès lors explicitées seule-
ment paru en 1877 : =6xer l’âge des mots a été un ment dans les ouvrages spécialisés destinés aux
DÉCOUVFUFI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cendre en cou-a&, =se précipiter-. verbe formé de DÉCRÉPIT, ITE adj., d’abord descrepie
de et currere (+ courir). Iv. 1192). est emprunté au latin decrepitus, mot fa-
+ Le premier sens du mot en !Yançals, -cours, écou- milier employé pour qwlii%er le vieillard et la vieil-
lement des eaux,, est sorti de l’usage au xvu’ siècle. lesse. Il est formé de de et crepitus, de crepare aa
Quant au sens général abstrait de =décllnn (11741,il quer, claquer, pétiller= (+ crépiter), lequel s’est dit
ne s’est conservé qu’en sstmnomie, appliqué à la également des humains, à basse époque, par on
période entre la pleine et la nouvelle lune (v. 1180). changement de sens mal expliqué. Bréal suppose
et en médecine, à propos de la période de déclin que la vieillesse décrépite était comparée à un mur
d’une maladie (1694). qui se lézarde ou à un arbre qui se fend. Cepen-
dant, de- marque ordinairement la cessation, le
DÉCOUVRIR v. tr. est issu (v. 1120, descoutir) manque (-de). à moins qu’il ne suggère l’achève-
du bas latin discooperire #mettre à découverts, ment et que decrepitw ne signifie littéralement
composé de dis- (+ dé-) et de coopetire qui a donné ‘qui achève de se fendre>. C’était en tout cas une
coutir*. Du verbe latin sont également issus lïta- expression imagée familière dont le sens apparaît
lien scoprtre (avec changement de S&e), l’espa- dès les premiers exemples. En français, par étymo-
gnol descubrir et l’ancien provençal descobrir. logie seconde, l’adjectif est rapproché de décrépir,
antonyme de crépir.
+Dès les premiers textes, découtir a le sens abs-
trait de -révéler, montrep dans un contexte r-eh- 4 Le mot qualii%e et. substantivé (1370), désigne une
personne atteinte par la déchéance physique. Par
gieux, puis plus général (av. 1588, descouwant ses
extension, il caractérise également ce qui prend
cartes). De ce sens procèdent, à partir du xv? s., des
extensions pour ‘apercevoir depuis un lieus 115641, l’apparence de la décrépitude (1580, Montaigne) et.
par analogie, une chose concrète qui menace ruine
&ire connaître le premier (une chose ignorée)>
11580, Montaigne) et (1614) *parvenir à connaître (1832. Hugo).
(une chose cachée, ignorée)*. oDès le XII*~., des- w Son dérivé DÉCRÉPITUDE n. f. (v. 13871,formé
couvrir est aussi employé avec le sens physique de avec le s&ixe -itude (avec haplologie de -it-1. est
<dégarnir de ce qui couvre, protèges, se découtir employé au propre 11564)et au figuré (1836, à pro-
correspondant spécialement à *se dévêtir, (1230) et pos de la décadence de l’Empire byzantin).
plus précisément à -ôter son chapeau devant qqn*
(15641; le pronominal est aussi employé, par analo- DECRESCENDO adv. et n. m. est l’emprunt,
gie et d’après un sens correspondant de couvrir, en comme substantif (1837) et comme adverbe (18381,
parlant du ciel qui se dégage (16901. 0 Un emploi de l’italien decrescendo, attesté comme terme de
intransitif ti xw” s.) pour =Cesser d’être recouvert musique depuis le xwe s. pour indiquer une din%
par l’eau> fait pendant à l’expression transitive la nution de l’intensité des sons. Il s’agit du gérondif
mer découvre le rivage (1688). de decrescere, vetie de même origine et de même
sens que le k-ançais décroître (+ croître).
.Le participe passé a donné deux substantif%.
-DÉCOUVERT n. m., d’abord dans la locution ad- 4 Le mot, repris dans sa spécialisation musicale, est
verbiale toujours vivante à découvert (11501,a servi invariable dans les dictionnaires et dans l’usage,
à désigner les champs et les hautes futaies contrairement à crescendo qui semble plus intégré.
(apr. 12501;le mot est réservé de nos jours au sens
spécial de *déficit 6nanclerr (1817). -DÉCOU-
DÉCRET n. m. est emprunté (1172-l 174) au latin
juridique decretwn ‘décision émanant du pouvoir-,
VERTE n. f. est attesté depuis 1209 dans la locution
à la découverte klescoverte~ dont le sens figoré, également employé en philosophie au sens de
aprinclpe, précepte* pour traduire le grec dogma
&znchement, ouvertement>, a totalement disparu
Ila locution s’étant convertie en -en vue d’explo- (+ dogme). Ce mot a été employé en latin chrétien
renl. 0 En relation avec le verbe, découverte a pris comme terme de droit canon et en latin médiéval
(752) pour #diplôme myab. C’est le participe passé
le sens d’caction de trouver ce qui était ignoré ou
caché> (15951,d’abord dans le contexte des grands neutre substantivé de decernere (+ décerner).
voyages d’exploration de la Renaissance appelés + Introduit dans la langue jurldlque, le mot désigne
plus tard les grandes découvertes. La spécialisation d’abord une décision émanant de l’autorité ecclé-
scienttique semble dater du WC”siècle ; elle s’est siastique et, en droit laïc, une décision émanant du
relativement détachée du verbe, et correspond à pouvoir (1193-l 197); ce sens est repris avec une va-
xétablissement d’une vérité par la science*. o Par leur technique en droit constitutionnel, depuis
métonymie. le même mot désigne au théâtre un 1789, alors lié à la séparation constitutionnelle des
élément de décor en trompe-l’oeil (1870). -Le nom pouvoirs, le décret provenant de l’exécutif, alors
d’agent formé sur le Verbe, DÉCOWREUR. EUSE que la loi émane du législatif (6. ci-dessous décret-
n. (av. 1250), a vieilli au sens premier d’&clairew loi). 0 Par extension, le mot se rapporte à une si-
pour s’appliquer plus banalement à celui qui dé- tuation imposée, considérée comme une décision
couvre qqch. (av. 15441.Le mot désigne spécifique- émanant d’une puissance supérieure (Dieu, le des-
ment celui qui trouve, identifie un être, une chose tin, la naturel.
jusque-là dissimulés ou inconnus, alors que I’inwn- . Son dérivé DÉCRÉTER Y. tr., d’abord employé au
teur tire de son esprit, à partir de données exil- sens de #créer, fonder par décretm (1382). signifie
tantes, l’idée d’une technique, d’un procédé neuf. ensuite, en droit, sdécider par décrets (1450) et =OF
Cependant. dans l’usage courant, inventeur tend à dOMer par décret, (1458). 0 Par extension, il s’est
se substituer à découvreur. répandu avec le sens de =décider avec autorit&
DE LA LANGUE FRANÇAISE DATIF

rieurement, comme par exemple amoglossef. que rarement contemporaine de la composition


-plantains. Attesté isolément au >w’s., encore de l’œuvre.
une fois au xv” s. puis en 1611 (Cotgravef, il est à 4. Datations provenant des premier textes hz-
nouveau attesté au masculin de 1822 à 1866; on çais.
parle alors de réattestation. Il s’agit là de formes Le premier texte en &ançais~ date de 842; il
rares, spéciales, disparues et qui n’ont pas leur s’a& des Sermentsde Strasbourg.Aux we, Xeet
place dans un recueil général comme le présent XJ~s., nous ne possédons que quatre ou cinq té-
ouvrage. moignages écrits. Il est clair, dans ces conditions,
3. Datations provenant de textes littéraires mé- qu’aucun mot ne peut être attesté avant 842, et
ciikvaux. fort peu avant la 6n du xr”s., puisque nous ne
Prenons l’exemple d’une date souvent citée: connaissons pas de textes antérieurs. Ceci ne si-
1080, La Chanson de Roland. Que représente goSe nullement que le mot n’existait pas avant
exactement cette date? En fait, celle de la cette date et qu’il n’est entré en wulgaire romanx
composition probable de l’œuvre, les manuscrits (futur ii-ançaisl qu’en 842 ou en 1080.Un mot sïns-
existants étant plus tardifs. Le premier msnus- crlt dsns on long contimwn qui mène par
crit que l’on connaisse de ce texte célèbre est le exemple du latin classique au latin vulgaire. du
manustit d’Oxford qui date du 2e quart du latin vulgaire au roman, du roman à l’ancien
me siècle. Ce qui est attesté en 1080, c’est le sens français. La formule consacrée centré (ou apparul
du mot. le contexte étant établi grâce aux diffé- dans la langue en 108Onest donc trompeuse.
rents manuscrits. La forme graphique de 1080. Pour conclure, il convient d’insister sur le fait sui-
quant à elle, ne nous est pas conservée : elle vant : une simple date, sans attestation ni locale-
n’est pas attestée, mais restituée. Le verbe blê- sation ni référence, si elle est à première vue in-
nir par exemple, est attesté depuis 1080 sous la vérifkble ou incontrôlable, n’a pas été créée ex
forme bksmù, au sens de =meurtrk-. Cette in- nihüo. Elle provient d’ouvrages ou de publica-
formation doit être lue ainsi: 1080 ameurt+; tions spécialisées. tels ceux que nous avons cités
2e quart du xse s. (date effective du manuscrit) plus haut et auxquels le lecteur curieux pourra
écrit blesmie,dans le contexte suivant : -La gent se reporter. Elle correspond à une source PI-&
de France iert Iétaitl blecee et blesmie., Il en va cise, une liste des sources les plus fréquentes
de même pour nombre de textes du moyen âge étant disponible à la 6n de cet ouvrage.
légués par une tradition manuscrite qui n’est M.-J. Brochard

DATE n. f. est emprunté (1281) au latin médiéval tion d’une date d’apparition à un fait de langues
data (data litterra, data charta -lettre données étant (voir l’encadré : Datation et attestation), et en chro-
les mots de la formule indiquant la date à laquelle nologie (datation au carbone 14). - DATAGE n. m.
un acte avait été rédigé). Data y est le féminin du (1962) #action de datep, est peu usité.
participe passé adjectivé &tu.~, de dare (&+donner), Par pré&xation en an&‘, on a formé ANTIDATE
qui a par ailleurs donné l’anglais data -donnée>. n.£, d’abord sdate mise à la place d’une autre*
*Le mot est passé en français avec son sens actuel, (14131,qui a pris son sens actuel sous l’influence du
entrant dans diverses locutions (accompagnant préke ante- -avant.. -Le verbe correspondant,
une préposition, un ver%e: prendre date, faire ANTIDATER v. tr. (14621, est quelquefois employé
date, etc.). au sens figu& de *rajeunir- (1850, Balzac). -Ad
date et antidater ont entraîné la création des anto-
b Son dérivé DATER v. est d’abord attesté par le
nymes POSTDATE n.f. (1740) et POSTDATER
participe passé substantivé daté (13671,puis signifie
v. tr. (17521; tous les quatre sont d’un usage admi-
transitivement -mettre la date sur-. Il se construit nlstratlf
aussi intransitivement avec la préposition de avec
le sens de <s’être produit (à cette datek., spéciale- DATIF n. m. est emprunté Oïn >w” s. : x& s. selon
ment dans la locution à dater de (1772). En emploi certains dictionnaires) au latin impérial des gmm-
absolu, le ver%e exprime, plutôt que l’idée de -mar- mairiens datiws casus, d’où par abréviation dati-
quer une date importantes, celle d’&re démodés vus, de dare (+ donner), le datif étant proprement
(18631.Le ver% a donné quelques dérivés récents. le CBSmarquant l’attribution, la destination (celui à
-DATABLE adj. (1929; déb. Wp s. d’après Dauzat). qui on donne).
-DATEUR.EUSE n.m. et adj. (1929). d’où le 4 Le mot a été repris en grammaire.
COIllpOSé HORODATEUR. fOI-mé comme adjectif t Parallèlement, l’usage juridique a emprunté au
(1927) pour -qui imprime l’heure et la date sur un latin impérial dativus -donné>, son adjectif DA-
document,, aussi nom de l’appareil, HORODA- TIF, IVE (1437) -attribué par décision de justice ou
TRICE n. f. (1974) désignant un autre appareil, uti- par testament, non par la loi=. Ce dernier est sorti
lisé dans les courses automobiles. -DATATION d’usage.
n. f. Km WB s.1,utilisé en linguistique pour ‘assigna- 0 voir DAllON.

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