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DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DE LA
LANGUE FRANÇAISE

DICTICMNAIRES LE ROBERT - PAFUS


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0 1998, Dictionnaires LE ROBERT, pour la présente édition en petit format.
O 1992, Dictionnaires LE ROBERT, pour la première édition.
27, rue de la Glxière, 75013 PARIS.

ISBN 2-85036-532-7
ISBN 2-85036-564-5 (tmm 2)
Tome 2
E-Pr
F
FA n. m. représente Iv. 12231 la première syllabe conversation*, qui sigrdiait en latin chrétien ccba-
du latin famuli, au second vers de l’hymne de saint vardages, mensonges>. Apparu avec le sens de we-
Jean-Baptiste de Paul Diacre, syllabe retenue arbi- présentation imaginaire des fait+ (18301, devenu
trairement par Gui d’Arezzo (995-1050). archtique, il désigne l’organisation des faits qui
+ Le mot désigne le sixième degré de l’échelle mu- constitue la trame d’un rêve (1856) et une produc-
sicale (dans notre système, la quatrième des sept tion imagînake m XIX"~.). +FABULATEUR,
n0ted. TRICE adj. et n. entre dans la Langue 11541)
@ voir GAMME. avec le sens du latin fubulutor *auteur de récits,
conteur= et est aujourd’hui associé à fabulation ti
+% FABLE n. f. vient Cv.1155 par semi-emprunt1 XIX’ S.I.
du latin fubula dcit, proposm, d’où arécit mytholo- AFFABULATION n. f., emprunt au bas latin aRu-
gique, allégorique, conte, apologuen, du verbe fa72 ’ buluth Cv.5001 <~moralité d’une fable», composé de
aparlern, issu d’une racine indoeuropéenne “bhü- fuhluti ou de fubula, est attesté au sens du latin à
aénoncern (-+ faconde, fatal ; enfant). la Cn du XVIII~s. (1798, Académie), sens archtique.
4 Fable apparait au milieu du XII~s. au sens de arécit Le mot est repris au XIX’ s. en littérature 118531 pour
imaginaire, histoire» et d’4légation mensongèrem drame d’un récit, narration-, emploi didactique et
(1160). Le sens de apetit récit moralisant qui met en critiqué par les puristes, puis (xx” s.1en psychologie,
scène des animaux= est lui aussi ancien (1180). Ce d’après la valeur prise par fabulation Ici-dessus).
n’est qu’au début du XVII” s. que le mot désigne la +Le dérivé verbal de ce nom, AFFABULER v.tr.,
mythologie de l’antiquité païenne. s’emploie d’abord pour aorganiser (un récit, une
k Le diminutif FABLIAU n. m. est d’origine picarde narration)~, en littérature (1925, Gide). Il est repris
Ifin XII~s.1 et correspond à l’ancien fkançais (d’Île- en psychologie comme variante de fubuler
de-France) fablel, fableau; il désigne un genre, ce- (mil. XXeS.I.
lui du récit en octosyllabes, moral ou satirique, irn- FABULEUX, EUSE adj. est un emprunt (XIV” s.1 au
portmt aux XIIE~ et XIV~siècles. *Le dérivé FA- latin fabulosus “qui relève de la fable, du merveil-
BLIER n. m. ! 1729) - mot utilisé par d’Olivet, puis leuxn, dérivé de fabula. 0 L’adjectif conserve la va-
Voltaire à propos de La Fontaine - a d’abord dé- leur du latin; il s’applique (av. 1715, Fénelon) à ce
signé un producteur de fables, avant de s’appliquer qui paraît incroyable, sens devenu courant au
à un recueil de fables Il81 1). me siècle. Fabuleux est devenu aussi (xx” s.1un in-
FABULISTE n. m. traduit d’abord (15881 l’espagnol tensif, équivalent d’aexceptionnel, énormen et cor-
fubuhstu avec le sens de =Conteur de mensonges>; respondant à peu près à fomiduble”. +En dérive
chez La Fontaine, où il signifie <auteur de fables»
FABULEUSEMENT adv. 114881.
(16681, c’est un dérivé savant de fubulu. + FABU-
LER v, intr. est emprunté (xv” s.) au latin fabuluti
*parler, causern et Gnventer des fables, des his- FABRIQUER v. tr. est emprunté 1x11”s.) au la-
toires%, dérivé de fubulu; le verbe latin a abouti à tin classique fubtiure <faire (un objetIn, en bas latin
l’espagnol hublur C-t hâbler). 0 ll est introduit avec ~construire, bâtir» et 4ruquern (3 forger), de fuh-ica
ce second sens (xv” s., intr.; XI$ s., tr.). L’emploi di- «métier d’artisan}, <<action de travaillep>, ~Oeuvre
dactique (1892) pour «raconter des choses in- d’art)), ccateliep et spécialement en latin médiéval
croyables> SOLISl’innuence de fabulation, en psy- Nconstruction et entretien d’une églisem. Fubricu dé-
chologie, se répand au milieu du XX~siècle. rive de fuber *ouvrier qui travaille les corps durs}),
-FABULATION n. f. est emprunté au latin cks- sens général précisé par une épithète. Faber avait
sique fubulati (du supin de fubulari1 ~discours, abouti a fèwe 4orgeronm C-+orfèvrei et ne subsiste
FAÇADE 1384 DICTIONNAIRE HISTORLQUE

que dw le patronyme Fèwe ou Lef’èvre, en occitan çade & qqn (1881). Le mot a pris une acception tech-
Fabre, Faure. nique en matière d’assurance (mil. me s.l.
+ Rare avant le XVI~ s., fabr@uer appardt au sens
propre de tifaire (un objet)» et au sens figuré d’&la- +k FACE n. f, est issu IV. 11201 d’un latin popu-
borer de facon à trompern (fabriquer de fuu~ pa- laire “fa& flportrait», du latin classique facies
piersl. II prend le sens plus technique de 4rans- #forme, aspect générale jusqu’à l’époque impériale,
former des matières premières en objets puis spécialement wisagem ; fac& se rattache à fa-
manufacturésB probablement au milieu du me s. cere t+ faire).
(attesté 16901 et, à. partir du ~IX~ s., veut dire <faire + Le mot apparaît avec le sens de wisage»; il n’est
par des procédés lune œuvre qui devrait être conservé en ce sens que dans l’éloquence de la
créée)> (1828). Le sens général de *faire» explique chaire, pour parler de Dieu ou de Jésus-Christ
l’acception familière ((avoir une occupation) (18791. (XVII~s., la Suinte Face). Dans les emplois courants,
des dérivés FABRICATION n. f (1488) ~~FABRI- face est devenu un terme de raiHerie, par exemple
CANT, ANTE n. ( 16041 ont le sens technique du dans des locutions familières comme face de rat!,
verbe et s’emploient au figuré ; l’un comme l’autre fxe d’œuf! -La locution adverbiale face à face
s’appliquent à l’artisanat, avant de suivre Wolu- (1172-1174) a fourni FACE À FACE n. m. inv., asi-
tion de fabtique. Fabricant s’emploie surtout avec tuation de deux personnes l’une en face de l’autrep
un compl6ment pour ~manufacturie~~, puis Gndus- (18421, spécialement avec le développement de la
trie1 qui fabrique (un produitIn (1740). * FABRI- civilisation de l’image <<rencontre entre deux per-
CABLE adj. est d’usage technique (v. 1950) comme sonnages imporkntsa Iv. 19651. +Par figure, face
son dérivé FABRICABILITE n. f (~.iwo). +FABRI- désigne (1265) l’aspect sous lequel une chose se
COTER v, tr. (xx” s.), sufké d’après frkoter, est lit- présente; le mot s’emploie couramment pour par-
téraire et plaisant. +Le préfixé PRtiFABRI- ler de chacun des côtés d’une chose (1370- i3721,
QUÉ, ÉE adj. se dit couramment d’une maison mais est abandonné au sens de ((partie antérieure
montée avec des éléments fabriqués au préalable (d’un bâtiment)» (15523 au profit de fu@e*. II s’est
11932, adj. ; 1963, n. m.3 et s’emploie aussi au figuré spéci&sé en géométrie (1752) et désigne ( 1819) le
(1959); PRÉFABRIQUER V. tr. (19491est plus rare. côté d’une médaille, d’une monnaie qui porte une
PRÉFABRICATION n.f. est attesté en 1943. figure. Dans certains emplois (religieux ou litté-
FABRJCATEUR,TRICE n.,empruntI1279,puisfin raire), il se dit encore pour Nsurfacen Cl61 1; -+ sur-
xv” s.) au dérivé latin fabricator constructeur, a-hi- face). * De nombreuses locutions ont été formées à
sanp, est sorti d’usage pour désigner une personne partir de face, comrne en face lot. adv. ( 1534, faire
qui fabrique qqch. et a pris une valeur péjorative face a, spécialement faire face à hmemi (16571, ù
11648). une dépense (1798) ~~pouvoir payer*.
FABRIQUE n. f., emprunt au latin fabtia (3 forge), b Le diminutif FACETTE n. f. a signif6 ((petit vi-
a désigné (1364) le travail du forgeron et, dans le vo- sagep tm” s., facetel ; il désigne une des faces d’un
cabulaire religieux, la construction d’une église, le corps qui en a beaucoup (1582, fasette), s’est spécia-
conseil chargé de gérer les revenus destinés à sa lisé en joailletie (16711 et en sciences naturelles
construction et à son entretien ( 13861387) et les re- (1845, yeux à facettes des insectes), et s’emploie au
venus eux-mêmes Cxrv”s.l. Fabrique prend le sens figuré (16801. * Son dérivé FACETTER v. tr. 11454
plus large de efabricationn Idéb. xvre s.), resté au- est un terme de diamanterie.
jourd’hui dans marque de fabrique. 0 C’est dans la FACIAL,ALE,ALS OU AUX adj.,dérîvé savant du
seconde moitié du ~VII~s. (16661que la fabrique de- radical du latin W,es, a signifié -de facen (15451 et
vient un 4tablissement où l’on fabriqueti ; fabrique s’applique à ce qui appartient à la face (1800).
implique que I’actitité de i’ékblissement ne re- Le mot fades lui-même passe en hnçais
quiert pas un outillage important lcf manufacture, (mil. xvme $1 en sciences : FACIÈS n. m. reste un
opposé à usine). 0 Le mot a eu le sens de <planta- terme savant, sauf lorsqu’on parle du visage hu-
tion (d’un jardin)* (1600) et s’était spécialisé pour main, récemment dans un contexte raciste, un
désigner des étices dont on ornait le fond d’un ta- faciès fiasu& designant parfois un immigré
bleau ( 1690, n. f. pl.), une construction qui agrémen- maghrébin.
tait un parc 118353. Le composé FACE-À-MAIN n. m. 11872) désigne
FABRICIEN n. m,, dérivé du k&i.n médiéval fcnbricu, une sorte de binocle à manche.
désignait Cl5691 un membre du conseil de fabrique 0 voir EFFACER. FAÇADE. SURFACE. VOLTE-FACE ht.
d’une église ; on disait aussi fabricier (1611). VOLTE).

FAÇADE n. f. est une rbfection (1611) de fassade FACÉTIE n. f. est une réfection (15801 de face&
(15651, emprunté à l’ittien fucciata MI des côtés En xv” s.), emprunté au latin fucetia ~pltisanterie>~,
d’un bâtiments (XIII~s.), dérivé de fuccia, mot issu surtout employé au pluriel facetiae &léga;ncesm,
d’un latin populaire “fac& comme le frm@s face*. draits d’esprit)). Ce mot dérive de facetw Glégant,
+Fa@c conserve le sens de l’étymon, puis dé- bien fait> et «spiritueln, d’origine obscure, qui a été
signe par figure (mil. x19 s.) une apparence qui emprunté en moyen français sous la forme fucet
abuse sur la réalité de qqch. ou de qqn. L’emploi fa- agracieuxx (IXIV”S.I.
milier au sens de *visage>>(1872) provient d’un jeu + Le mot désigne une plaisanterie burlesque et spé-
de mots sur face; il ne se trouve que dans des 10- cialement ~~III~ s.1 un petit écrit plaisant. Comme
cutions, comme se refaire la faqade, démd- la fa- ses dérivés, il appartient à l’usage soutenu.
DE LA LANGUE FRANÇAISE FACONDE

+ Le derivé FACÉTIEUX, EUSE adj. qutie ce qui FACILITER v. tr. est emprunté kve s.) à 1’itaJien fu-
est plaisant Km xv’ s., facecieux), puis une personne ciliture, dérivé de fucilità cfacilitém (du latin fucili-
qui aime à dire ou faire des facéties Cfm xvte S.I. + Il a tus). +fl afourni FACILITATION n.f. (18321 et FA-
Servià former FACÉTIEUSEMENT adv.tixv"s.). CILITATEUR, TRICE adj. (me s.), mots didactiques.

FÂCHER v. tr. ( 1442, fuchier, fuscher) représente FAÇON n. f. est issu (v. 11211 du latin fuctionem,
probablement l’aboutissement d’un latin populaire accusatif de fuctio, -anis uaction et manière de
ofusticure, forme issue par changement de suffixe faireB C+ faction), du supin de fucere (+ faire). Ce
de fustidiure <repousser dédaigneusement, faire le sens général est conservé dans di%rents emplois.
dédaigneuxn; ce verbe, qui a donné par emprunt + Le nom désigne la manière d’être extérieure d’un
(XIVe s.) le verbe disparu fastidier adégoûter, rebu- animal (v. 11213, d’une personne; ce sens est
term, est une transformation du latin classique fusti- conservé à Yépoque classique, entre autres avec
dire acauser ou éprouver du dégo&, dérivé de fus- une valeur méliorative puisque fuçofl se dit pour
tus «dédain, I-t 0 faste). &Sgunce; il est maintenu aujourd’hui, mais unique-
+ En français, le sens de adégofitep (1442, fachier à) ment dans l’emploi du mot au pluriel à comparer à
et la valeur atténuée d’&Tligerm (15391 étaient vi- manières, sauf dans SANS-FACON n. m. inv. wms
vants à l’époque classique. 0 Le verbe signSe au- cérémonie% (16601 et divans gênes (1865). 0 Du sens
jourd’hui (mil. xve s, ; 1480, pron.3 *causer du déplai- de cmanièren (12761, on est passé à celui de *ma-
sir à (qqn), mettre en colère» et se fûcher hvec qqn) nière d’aw (1578) ; à partir de cet emploi sont for-
signSe couramment <interrompre une relationm mées des locutions comme en façon que ( 15801, sor-
(18651. tie d’usage, de fqon que ( 15801, & h fqon de (15801,
de fwon ;i ce que ( 1839) et c’est une fqon de parler
b Le dérivé FÂCHERIE n. f. a suivi l’évolution sé-
(1798). + Façon a Sign%é par ailleurs <<acte, actionD
mantique du verbe ; désignant d’abord (1470) le dé-
(12601, d’où l’emploi pour <action de mettre en
goût pour qqch. et une peine profonde, il a signSé
œuvre)> (13771, en agriculture (16061, dans de la
aussi &acas, ennuin (14841 et *colèrea 11504). Le
Ima...l fqon 11668) ou pour parler du travail de l’ar-
sens moderne atténué de adésaccord, brouilleb est
tiste qui met en œuvre une matière. .
plus tardif (17371. -FÂCHE n. f., autrefois Kcontra-
riétén (v. 15 103, s’emploie encore régionalement bLe dérivé FAÇONNERv.tr.(i175) alesens géné-
avec ce sens. ral de Ktravailler une matière pour lui donner une
FÂCHEUX, EUSE adj. s’est appliqué aux choses forme particulière~~ . Le verbe s’emploie spéciale-
pénibles à accomplir ou k supporter ( 14801, puis ment pour indiquer une action positive sur une
aux personnes d8kiles à contenter (1528). Son em- personne : façonner qqn, c’est le former par l’habi-
ploi substantif (1544) était courant au ~VII~ s. (les I%- tude ou l’éducation ( 1462) ou, dam un usage litté-
cheux de Molière). C’est aujourd’hui un quasi-syno- raire (158Ol, l’accoutumer à qqch. (construction
nyme assez littéraire d’ennuyeux. 611 a fourni avec à). + Le verbe a eu à l’époque classique ( 1671,
FÂCHEUSEMENT adv. (1558). intr.1 le sens défavorable de «faire des façons% et,
par extension, &Wrnuler des sentimentw. Il s’em-
FACILE adj. est emprunté (14413 au latin fucilk ploie comme le nom en agriculture 11751) et, par fi-
Kfaisable», d’où cfacîle à faire= et Gndulgentb, qui se gure (XIX~ s.1, Sign%e acréer par un travail de l’es-
rattache à fucere I+ faire). prit?
FAÇONNAGE n. m. flfOITne, apparenceB ti XII~ s.,
+ Facile qualSe une tâche dont l’exécution ne pré-
isolément) dérive de façon, comme FAÇON-
sente pas de difkultés 114411, avant de s’appliquer
NEMENT n. III. de même sens En XII~ s.l. Eh tant
aux personnes ( 15%) au sens de -conciliant, d’hu-
que dérivé de façonner (15523, il s’emploie surtout
meur agréable et doucem. De l’idée de complai-
au figuré. -9 Fuçonnuge (et façonner) s’emploient
sance, on passe au sens de *sans caractère, faible)>,
spécialement dans la fabrication des livres pour les
encore employé à l’époque classique; c’est de là
opérations succkdant au pliage Imassicotage, etc.1
que vient l’emploi à propos d’une femme qui ac-
et précédant la reliure proprement dite. Dans ce
cepte aisément des relations sexuelles (1761).
sens,on emploie un autre dérivé, @FAÇONNIER
oVieilli en parlant d’une personne qui exéc=ute
n, m. +Le verbe a aussi produit FAÇONNABLE
sans peine qqch. (16131, l’adjectif s’applique ensuite
adj. (18981, technique, et FAÇONNEUR,EUSE n.
(1680) à ce qui semble avoir été fait aisément. Facile
hil. d sd, rare.
ne s’oppose normalement à difficile qu’en parlant
Le composé MALFAÇON n. f. (v. 1260) est Surhd
des choses.
employé à propos des métiers du bâtiment.
b fl a pour dérivé FACILEMENT adv. cv. 1450). @ FAÇONNIER, IÈRE n. et adj., dérivé peu usité
FACILITE n. f. a été emprunté au dérivé latin fuci- de façon, s’est employé à l’époque classique 11549)
Zitas et, comme lui, désigne la qualité de ce qui se pour atisserand%. Il désigne ( 1564, n.1 un ouvrier qui
fait aisément (14551 et la disposition à accomplir travaille à façon et se dit (1639, adj.) d’une personne
qqch. sans peine 11559). Le sens de amanque de fer- qui fait trop de cérémonies.
meté» (1580) est vieux ou littéraire, celui d’&lé- + Voir CONTREFAÇON b-t. FAIRE).
gante aisée% kwe s.1 est péjoratif. 0 Au pluriel, à
l’époque classique, fucilitks Sign%e «concessions~, FACONDE n. f. est emprunté (v. 1150, fucundd
en français moderne <<commoditéss et, en parti- au latin fucundiu afacilité d’élocutionm, atalent de la
culier, <<délais accordés à un acheteur pour payer parole, éloquence>, dérivé de fucundus diserb, ad-
qqch.~ 11901, fuciZit& de paiementl. jectif dérivé de fafi “parler, dire%, gui se rattache à
FAC-SIMILÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une racine indoeuropéenne “bhü- aénoncern leur. * Le mot a produit FACTURER v. tr. ( 1829)
(+ fable, fatal). dont dérivent FACTURATION n. f. (19341 et FAC-
+ Le mot, rare jusqu’au XVII~ s., désigne une élo- TURIERJÈRE n. (18491.
cution facile, abondante et, péjorativement ( 18291,
une trop grande abondance de paroles. FACTICE adj. est un emprunt (1534, Rabelais)
au latin impérial fucticius ccart5cieln, Gmitatifs, dé-
FAC-SIMILÉ n.m. est emprunté (1808; écrit rivé du latin classique fucere I+ faire). Fucticiw
fac simile en 1796) à la locution du latin fut simile avait abouti à l’ancien françtis fuit& faitie qfa-
<fais une chose semblable>>, composée de fac, impé- çonném, abien faitm C-finXI~ s.) [+ fétiche].
ratif du verbe facere ((faire”)) et de simile achose + Factice s’applique couramment El5341 à ce qui est
semblables, subst ant ivation de similis <<semblable, fait artikiellement, à l’imitation de la nature, et
ressembla&, qui se rattache à la racine indoeuro- s’emploie spécialement dans la philosophie carté-
péenne Osem- WIID C+ ensemble). sienne, où idées factices aélaborées par 1’espritD
4 Le mot designe la reproduction exacte d’un écrit, s’oppose à idées innées (1647). 0 Par figure et péjo-
d’un dessin et, par analogie en informatique rativement, l’adjeckif équivaut à afaux, a$ectén
Iv. 19701, un procédé de transmission des images ~~III~ S.I. Il est aussi substmtivé depuis le XVIII~s.
par le réseau téléphonique. (1776, le factice).
k Il a fourni les dérivés d’emploi rare FAC-SIMI- kl?n dérivent FACTICEMENT adv. (1842, Hugo),
LER v.tr. 11831) et FAC-SIMILAIRE adj. (1865). rare, et FACTICITÉ n. f. (18731, spécialisé en philo-
0 De là FAX n. m., emprunt à l’abréviation anglo- Sophie 11943, Sartre) au sens de acasactère d’un fait
américaine pour fac-sinzlle, qti a pour équivalent contingent» ; c’est alors l’adaptation de l’allemand
français télécopie, et le dérivé FAXER v. tr. téléco- Fuktizitüt Mcaractère existentiels, chez Husserl.
pier.
FACTION n. f. est emprunté tv. 1355, fuccionl au
FACTEUR, TRICE n. est un emprunt (1326) latin fucti, -OY& “groupe de gens qui agissent en-
au latin classique fuctor afabricant>>, employé en la- semblem, de factum aaction de faire*, supin de fa-
tin chrétien au sens de <(créateur, autew pour tra- cere (+ faire) ; c’est le doublet savant de façon.
duire le grec paie%; factor dérive de factum, supin 4 Faction désigne un groupe se livrant à une acti-
de kere I-, faire). L’évolution phonétique régu- vité séditieuse (v. 1355) ; le mot s’est employé pour
lière a donné en ancien lançais futtres, fuitor vaction de guerre2 Iv. 15401 et plus généralement
he S.I. pour <<action de fa,irep (déb. ~VII~S.I. Il Sign%e égale-
+Facteur est d’abord un terme de négoce (13261, ment cservice de surveillance d’un soldat armé>)
désignant une personne qui fait du commerce pour 116161, peut-être par emprunt à l’italien fuziow ;
le compte d’une autre, sens encore courant au par analogie de ce sens militaire, il désigne (xx” s.1
xme siècle. 0 A partir du WII~ s., le mot désigne qqn chacune des tranches d’heures entre lesquelles
qui porte des lettres à leurs destinataires ( 1651, fac- sont réparties des équipes assurant un travail
teur de lettres), sens devenu usuel avec l’établisse- continu dans une entreprise.
ment de la «Petite Poste* en 1759. Le mot, toujours wLe dérivé FACTIONNAIRE n. m. s’est employé
courant aujourd’hui et qui a reçu le féminin fac- d’abord comme adjectif Cv.1560) puis comme nom
tic, a été remplacé (mil. me s.1 dans l’adrninistra- (1574) au sens de factieux et désigne (1671) un sol-
tion par préposé. dat en faction. +FACTIONNER v.intr. (xx"s.l est
Parallèlement, facteur s’est employé pour désigner rare.
celui qui crée qqch. 11339, n. m.1 et spécialement, au FACTIEUX, EUSE adj. et n. est emprunté (av. 1468,
XVI~ s., l’écrivdn, l’artiste, comme synonyme de n. ; 1488, adj.) au latin factiosus aEdié à une coterie
créateur, spécialement en parlant de Dieu. À partir politique*, dérivé de fuctio. Il est lié à faction et si-
du xve s., il s’applique spécialement à une personne me (<séditieux, subversifm. Le mot s’est employé
gui fabrique cetiahs instruments de musique spécialement vers 1958 dans le contexte du conflit
(142 1, facteur &Or&es). 0 Par extension, le mot dé- algérien à propos des militaires fknçais partisans
signe en mathématiques 11699) chaque élément de l’Algérie francaise et révoltés contre le gouver-
constitutif d’un produit et 11805) chacun des élé- nement.*Ledérivé FACTIEUSEMENT adv. (16601
ments qui concourt à un r&ultat. a vieilli.
b Quelques termes de commerce ont été dérivés
savamment du latin fuctor : FACTORERIE n. f. FACTITIF, IVE adj. est un dérivé savant
(15681, vieilli, a été en concurrence jusqu’au XVIII~s. 11890) du latin fuctiture Kfaire souvent, habituelle-
avec factorie ( 14141,et FACTAGE n. m. 118421est un mentm, fréquentatif de facere I+ faire).
terme technique. +FACTORIEL,IELLE adj.etn.f. 4 Ce terme signik en grammake qui exprhe que
(1845) est un terme didactique comme FACTORP- le sujet est à la cause de l’action, sans agir lui-
SER v.tr. hd.m"s.1. Ces deux mots corres- mêmeD.
pondent au sens mathématique de facteur. + De là FACTITIF n. m. (1907) werbe factitif~.
0 FACTURE n. f., formé à partir du radical de fac-
teur {{agent commercial», est une ellipse ( 1611) pour FACTOTUM n. m. (15521, d’abord écrit fucto-
lettre de facture ( 15401 désignant une pièce ton (15451,reprend une locution latine de la Renais-
comptable et, par métonymie, la note d’une somme sance, fac totum flftis toutb, composée de l’impéra-
à payer. Il est devenu très courant avec cette va- tif de fucere 1-+faire) et de l’accusatif de totus
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1387 FADET

t-b tout) ; la forme factoton, encore normale à la fin français de France n’a pas d’abrègement pour uni-
du XVIII~s. ( 1798, Académie), transcrit la prononcia- versité (uni en français de Belgique).
tion du latin au xv? siècle. FACULTATIF, IVE adj., dérivé savant de fucultas,
4 Le mot, d’usage littéraire, désigne un employé qui a été un terme religieux 11694) dans l’expression
s’occupe de tout dans une maison et, par figure (fin bref facultatif(par lequel le pape accordait une fa-
me sd, une personne qui se mêle de tout. culté, c’est-à-dire un pouvoir). OL’adjectif s’ap-
plique à ce qu’on peut faire ou non (18361; il est
FACTUEL, ELLE adj. représente (v. 1950) la usuel, oppos6 à obligatoire. - L’adverbe FACULTA-
francisation de l’anglais fuctual adj. arelatif aux TIVEMENT est attesté chez Proudhon 11840).
fait+ (18341, dérivé de fact #fait*, emprunté au latin
factum (+ fait). FADA adj. et n. m. s’est substitué CI61 11à fadas,
+ Cet adjectif didactique est appliqué à ce qui est de fadasse, fac&. Il est emprunté à l’anckn provençal
l’ordre du fait. fudutz ( 1343 ; provençal moderne fadud miais, sotm,
da fourni FACTUELLEMENT adv.C195Oet FAC- de fut (XII~4, du latin fatuus 4nsenséB C+ fat).
TUALITÉ Il. f. (1957). 4 Le mot, repris et diffusé en français central (1891),
ensuite par l’œuvre de Pagnol Murius, 19311,reste
FACTUM n. m. est emprunté (1532, Rabelais) au très régiond, tout en étant connu dans toute la
latin factum signilknt afaitn, supin de facere France.
I--bfaire.) @ Voir FADAISE.

4 Terme de droit sorti d’usage (aexposé des faits


d’un procès4 il désigne aujourd’hui dans l’usage FADAISE n. f. est emprunté (15411 à l’ancien
littéraire ( 16011 un mémoire d’un ton polémique provençal fadaa «sottises (XIII~s.), dérivé de fut
(les Factums de Furetière contre l’Académie). asots, du latin futuus &Sensé* I+ fada, fat).
+ Il s’emploie plutôt au pluriel aujourd’hui, conser-
0 FACTURE n. f. + FACTEUR
vant le sens de &scours ou écrit sans intérêts et
désignant (16501 une chose insignilknte.
0 FACTURE n. f. est un emprunt ~III” s.1au la-
tin classique factura <<fabricationm, en latin médié-
val ~Créature~, ccbâtissen et aussi *magien. Factura, FADE adj. est issu (11703 d’un latin populaire “fu-
dérivé du supin de facere I+ faire), avait abouti à tidus qui serait un croisement du latin classique fu-
l’ancien fiançais faiture <<trait, visage» (1080, d’où tuus “qui n’a pas de goûtn, puis asot, idiotm (-+fatJ,
l’anglais feature), aproductionm et csortilègen (XIVes.l. avec vapidus &Vent& Ià rapprocher de vaporl ou
avec SU~&S, son contraire, de sapere b saveur).
+ Facture a eu le sens de 4rait du visagen (XIII~s.)
Fatuus est d’origine obscure, et semble sans rap-
comme faiture Ccl-dessus). Lié à l’idée de fabrica-
port avec futum C+ fatal).
tion, le mot désigne (XIV~s.) la manière dont est faite
une œuvre d’art ; cet emploi didactique est resté vi- 4 Fade s’est dit (1170) d’une personne, avec le sens
vant. +Comme terme technique lié à facteur*, il de «sans vivacitén, d’où afaiblen et, par extension
s’emploie ( 1548) à propos de la fabrication de cer- (mil. XIII~~., amour Me), s’applique à ce qui
tains instruments de musique. manque de piquant, est ennuyeux, spécialement
dans beauté fade ( 1690). 0 Employé à propos d’un
FACULTÉ n. f. est un emprunt savant (v. 1210) aliment, l’adjectif conserve le sens du latin, ainsi-
au latin classique facultas, -atis acapacité, aptitude, piden (1223 ; 1275, via& fade). Au sens d’aécœu-
possibilité», au pluriel =ressources» et, en latin mé- rantm, en parlant d’une odeur, il est plus tardif
diéval, “genre d’étude, groupe de disciplines% (1803).
Iv. 1184) et afaculté universitaireB (1237). Fucultas b FADEUR n. f., réfection (1376) de fadur
est formé sur l’adverbe archaïque fac& <facile- Idéb. ~III~s.1, a eu le sens de edégoûtm ; il est repris
mentn, de fucere (+ fa;ire3. au XVII~s. (16111 avec ses valeurs modernes. Une,
+ Le sens général du latin est conservé dans une sé- des fadeurs =discours, louange fadep (av. 1778) est
rie d’emplois ; le mot désigne (v. 1210) la connais- vieilli.
sance, le savoir (ce qui peut être xquisl, acception FADEMENT adv. a d’abord eu ( 1548) le sens de
sortie d’usage, puis la possibilité naturelle, légale «sottementn (sens tiré de futurs), puis (15741 sa va-
ou intelle&uelIe de faire qqch. ( 13701, d’où l’apti- leur moderne.
tude à qqch. (xwe s.1et, par extension, les moyens fi- FADASSE adj. est constmit avec le sufke péjora-
nanciers (13931; en ce sens, faculté est aujourd’hui tif -usse, pour parler familièrement d’une nourri-
un terme de droit, au pluriel. o Parallèlement, fa- ture fade (17551, de ce qui manque d’éclat Ixar” s.1et,
culté reprend le latin médiéval et désigne un lieu au figuré, de ce qui manque d’intérêt (1838). - Il a
où se donne l’enseignement universitaire (12611, pour dérivés FADASSERIE n. f. 11756) et FADAS-
puis le corps de professeurs chargés de cet ensei- SEMENT adv. (18891, rare.
gnement ( 1478) ; avec cette valeur, le mot passe au- Le composé AFFADIR v. tr., Sorti d’usage au sens
jourd’hui pour un anglicisme, l’anglais fuculty de <causer du dégoûtm (12261, Sign%e <rendre sans
l’ayant développé avant le français. saveurs kw"s.). +n a fourni AFFADISSEMENT
b Le dérivé FACULTAIRE adj., arelatif à une fa- n. m. (15781 et AFFADISSANT,ANTE adj. (1611).
cultép 119701, est un terme administratif. +L’apo-
cope FAC n. f. E19203 est d’autant plus usuel que le FADET + FÉE
FADING DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FADING n. m. est emprunté 11924 à l’anglais fa- k Pour le dérivé FAGOTER v. tr., les sens de
ding *déclin, évanouissementm (XVI” s.), spécialisé en «mettre en fagots>) Il 260) et, au figuré, de acomposer
radio pour désigner un évanouissement momen- à la hâten (1580) sont peu usités. Pour ahabiller sans
tané du son (déb. xxe S.I. Le mot anglais est le parti- recherche*, surtout ( 1585) au participe passé, le
cipe présent de to fade <s’effacer, dispartitren, lui- verbe est en revanche usuel. *Le verbe a produit
même tiré de l’ancien lançais fade (+ fade). FAGOTEUR,EUSE n. (1215), archaïque,et FAGO-
b Le fiançais, qui a conservé le sens technique, em- TAGE n. m. (15711. -Deux autres dérivés de fagot
ploie le mot en pathologie (1968, fading mental) et a sont régionaux. FAGOTIER n. m., très rare au sens
formé le Composé ANTIFADING n. m. (attesté de ({bûcheron qui fait des fagots)) (déb. XIII~s.), dé-
1929). signe aussi (déb. ti s.1 un endroit où l’on range les
fagots. 0 FAGOTIN n. m. «petit fagot pour allumer
FADO n. m. est emprunté (19071 au portugais le feus ( 1584) est plus connu en français central.
fado ((destin funeste, malheur» (XVL~ s.), désignant FAIBLE adj. et n. m. est une réfection gra-
spécialement un chant populaire sur des poésies
phique tardive (XVII~s.) de faible Cv.11751, antérieu-
sentimentales et dramatiques cv. 18201; le mot por-
rement feble (v. 11601, fieMe (1080), aboutissement
tugais est issu du latin futum adestin irrévocable>
d’un latin populaire “feMis, issu par dissîmilation
I+ fatal) ; il est peut-être en rapport avec l’espagnol
des 2 du latin classique ftebtiis &IIigeant, digne
fandango*.
d’être pleuré>), du verbe flere apleurem qui appar-
+ En tiancais, le mot ne désigne que le genre musi- tient à un groupe de mots indoeuropéens en f-l et
Cd. b-l.
+ C’est du premier sens apparu (10801, «qui manque
FAFIOT n. m. est très probablement formé à
de force, (à propos d’une personnel, que procèdent
partir du radical onomatopéique faf- qui exprime
tous les emplois - dans ce premier sens proche de
l’idée de «peu de valeur); on relève par exemple
la valeur première de imbécile, on dit par plaisan-
faFée <bagatelle, (xv” s.1 et le morvandiau Mons
terie Je sexe ftihle. Faible se dit de ce qui a peu de
amenus objets de toiletten.
valeur (11701, en particulier d’idées, d’arguments
4 Le mot est d’abord utilisé pour désigner une sans force ( 1742). 0 fl s’est employé très tôt (11881
marque, un jeton (1624). On le trouve comme terme pour parler de ce qui manque d’intensité lune lu-
d’argot en 1821 au sens de cpasseportm et de “pa- mière faible), d’ou monnaie faible ( 12261,et en fran-
piern; Balzac l’emploie au sens de abillet de çais classique à propos d’une quantité, d’une
banqueB (1847) qu’il a conservé dans la langue très taille, etc. 11642). Il Sign%e aussi “qui n’est pas ca-
familière. pable de résister)) (XIII~s.) -le nom correspondant
k FAFFEW ou FAF(S1 n. m. a le même sens 118461 à l’adjectif s’emploie aujourd’hui surtout au pluriel
que futit; au pluriel, il s’emploie aussi pour “pa- pour parler des personnes sans défense. 0 Du
piers d’identité, (1829). manque physique on passe au manque de force
morale II 1801, de vigueur intellectuelle 116581, d’où
FAGNE + FANGE Iétyml l’emploi du nom Ve& un faible, un faible d ‘espritl.
0 Faible n. m., <(défaut>, n’est que littéraire au-
FAGOT n. m. appartit au ~11~s. (fagot de jourd’hui; au sens de Npenchant, goûtn, il s’emploie
bûches). Une formation à partir d’un latin popu- à partir du XVIII~s. (1762).
laire “fucus, construit sur fus «torche>>, est peu b Le dérivé FAIBLARD, ARDE adj. (18781, familier,
convaincante : l’évolution phonétique n’aboutirait retient l’idée de manque de force; avec cette va-
pas à fagot et le sens fait problème. Bloch et Wart- leur, ~FAIBLET,ETTE adj. Cx11~s.1 et FAI-
burg ont proposé un emprunt au provençal fugot, BLOT, OTTE adj. (18641 sont vieillis. +FAIBLE-
du grec phukelos refait en “phakos; mais il faudrait MENT adv. (1080, fieblement ; XII~s., faiblement)
que le mot soit apparu d’abord dans le midi de la Sign%e «avec peinem ou ( 1361) pans force)).
France, ce qui n’est pas le cas. On a supposé égale- FAIBLESSE n. f. Iv. 1050, fleblece; ~II~s., foiblesse)
ment une origine germanique en évoquant le nor- était en concurrence en ancien français avec un
végien fagg &s, gerbe». P. Guiraud suggère de rat- autre dérivé, foiblet@, au sens de ((manque de force
tacher fugot au nom latin du hêtre, fagus; la physique)). Faiblesse conserve le sémantisme de
reconstruction d’un doublet du latin fugeus ade l’adjectif : <<perte momentanée des forces phy-
hêtreB, ‘fagicus, permettrait de supposer un roman siquesn 11485; cf. aujourd’hui upte faiblesse),
“fag?cottu, qui en rendrait compte phonétiquement. «manque de solidité (d’une chose)= 11314) ou
+ Du sens de cfaisceau de petit bois> (XII~s.3, on *manque de valeur intellectueflen (1666). Du sens
passe à l’emploi figure de *choses assemblées et de Nmanque de force morales 11265) procède celui
likes)> Iv. 1570). Fagot désignait au xwe s. (av. 1663) d’Gnclination= 11674, avoir une faiblesse pour...) et
un ensemble de nouvelles de peu d’importance. Il celui de adéfaut, fauteti.
est employé dans des locutions; sentir le fagot FAIBLIR v. intr. (1188, flebir par métathèse) est
11594, 4tre suspect d’hérésie}}, évoque le ftit que rare avant le XVII~ s, au sens propre de adevenir
l’on condamnait autrefois les hérétiques au bû- faible physiquement)); peu usité aujourd’hui, sauf
cher; conter des fagots «raconter des balivernesn au sens de adiminuer son efforts, dans le domaine
(XVII~s.1,jouait sur l’homonymie conter-compter; de des sports (1858). AFFAIBLIR, v. tr. aussi affebliw
demière les fagots kme s.1 se dit du meilleur vin, en ancien français, est attesté au début du ~II~S.
qu’on a laissé vieillir en cave. Fusse uffeblil et sirmi-fie arendre plus faible*, aux
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1389 FAIM

sens concrets et abstraits de l’adjectif. Il est écrit uf- peurm (d’après fulEere1 et aqui fait défaut, (d’après
faiblir à l’époque classique. Le pronominal s’a&- un sens tardif de fallere, qu’on a confondu avec "fd-
Blier tend à remplacer faiblir. + Sur s’affaiblir a été lire). II est rare avant le XVIII~s. et, aujourd’hui di-
dérivé AFFAIBLISSEMENT n. m. (12901, qui est de- dactique, beaucoup plus rare qu’infaillible. + FAIL-
meuré courant. LIBILITÉ n. f. 11316-1328, fulibilité, puis 1693)
reprend le latin médihval fullibilitas.
FAÏENCE n. f., qui apparaît 11532) dans tere de INFAILLIBLE adj. (x19 s., infullible), du latin mé-
fuyence, est une adaptation de Fuenzu, nom d’une diéval infullibilis, a Sign%é ~4naltérable» en parlant
ville italienne proche de Ravenne, célèbre pour ses d’une matière, puis (1440-14751 adont l’existence est
poteries émaillées; on relève les formes faenze nécessaire (à propos de Dieu)» et “qui ne peut man-
(15891, fuiance ( 16421 avant la graphie moderne @n quer de se produirem (1580) - d’où son emploi en
XVII~ s.l. L’italien utilise muiolicu, emprunté sous la parlant de qqch. dont le succès est assuré (16691. Il
forme majol~ue. s’appliquait à ce qui ne peut tromper (av. 16621; le
+ Faknce, Npoterie émaillées, s’emploie dans la lo- sens courant “qui ne peut se trompep est attesté
cution familière se regarder en cKexz9 de faïence en 1669. +L'adjectif a fourni INFAILLIBLEMENT
(16901 xavec soupçon, hostilités. adv. kv%.) et INFAILLIBILITÉ n.f., d’abord (1558)
dans un contexte religieux (iafuillibtiité de H&ise1.
,Le mot a deux dérivés courants: FAYEN-
Le composé DÉFAILLIR v.intr. a Sign%é (1080)
CIER, IÈREn.(i666,fayenckr)etFAÏENCERIEn. f.
afaire défaut> jusqu’au XVII~ s. et Kmourir, dispa-
(1691, fuyenceriel.
raître% Ixn” s.l. 11s’est employé (XIII~s-1 pour <<mark
0 FAILLE n. f. est un mot du Nord (ze moitié du quer à son devoirn - d’où sarzs défaillir; à partir du
XIII~s.) d’origine obscure, P. Guiraud y voit le même XVI~s., il s’emploie pour ds’affaibb dans l’ordre
mot que le wallon faille, déverbal de faillir aman- physique ou moral ( 15491,et plus couramment pour
quers C+ faillir), soit alaisser un manque>>. ll rap- ~S’évanouir~~ knil. xvf s.l. +Le dérivé DÉFAIL-
proche faille du provençal falho &leta et de fuio LANCE n. f. (v. 1190) a la même évolution séman-
aendroit d’un tissu moins serré que le restes : failles tique que le verbe (-+ défaut).
désignerait donc les mailles, les trous ou lucarnes, Eni?n le verbe faillir a un dérivé -en français :
dans taffetas à failles. 0 FAILLE n. f. Ce mot, d’abord attesté au sens gé-
néral de clacune, manque» (sans fac, 1130-I 140 ;
4Futile désignait dans la région flamande une v. 1160 en emploi libre), a pris une vakur spéciak
pièce de tissu qu’utilisaient les femmes pour se en wallon, dans le langage des mineurs ( 1619).
couvrk la tête; on trouvait encore ce sens dans le ~D’où son sens géologique de Hfracture, coupure
nord-est de la France au début du XX~siècle. D’où dans un terrab 117711, dont vient SE FAELLER
l’expression tufletus h failles ( 1752) et le nom faille v. pron. Iv. 19001, et une valeur métaphorique
(18293.
«point faible, rupture* (déb. XX~s.), générale mais
différente du sens étymologique kce qui fait dé-
@FAILLE +FAILLIR et @ FAILLE
faut& Voir aussi 0 faille.
0 voir FAKLLITE.
jk FAILLIR v. intr. est issu Iv. 10401 d’un latin
populaire “fallire, pour le classique fdlere fltrom-
FAILLITE n. f. est une adaptation (15661,
persp,&chapper à>>,d’où ensuite le développement
d’après faillir, de l’italien fullita ~III~ s., afaute>), de
des sens afaire défautp, <<commettre une fauten. Ce
fallire <<manquer (de l’argent nécessaire pour payer
verbe (probablement d’abord Ofaldere) est d’étyrno-
une dette)>, de même origine que le fkn@s.
logie incertaine, peut-être apparenté au germa-
nique fallan k-f. l’anglais to fall <<tomber4 Le radical + Terme de droit commercial d’emploi courant,
fui&, régulier à la sepersonne du pluriel de l’indi- fuillite a pris le sens figuré d’&chec» (XIX~S.I.
catif présent (latin “fulliunt) et & l’imparfait (latin wFAILLI n. et adj. est un emprunt (16061 à l’italien
“fdliebum) a été étendu à l’irkitif et au participe fullito. En ancien l?an~ais, failli, participe passé de
passé; la réfection n’a pas été complète mais les faillir, signiiiait atraître, lâchen (d’un sens du verbe,
formes construites sur le radical fuu- (présent et fu- «manquer à ce que l’on doit faire4 et est encore at-
tur de l’indicatif, par exemple) étaient déjà peu usi- testé dialectalement au sens général de xmauvais,.
tées au XIX~ s. ; le verbe s’est dédoublé en fui& et
falloir (+ falloir) au xve siècle. +# FAIM n. f. est issu EV.10501 du latin fumes, fu-
4 Les emplois anciens et modernes sont liés aux mis qui n’a pas de correspondant hors du latin; les
sens du verbe en latin. Faillir ù gqn (1040) n’est plus noms de la faim et de la soif varient d’une langue
que d’un usage littéraire (cf. le cœur me faut), indoeuropéenne à l’autre.
comme faillir à gqch. (1165) amanquer à un devoti + Faim conserve les sens de l’étymon, désignant le
ou, par extension, faillir pour Ncommettre une besoin de manger et simaM Iv. 12003 *désir, envie
faute= (XI” 4. Le verbe s’est employé pour «se trom- de=; ce sens figuré a été concurrencé en ancien
per» (XII~s.1 jusqu’à l’époque classique. 0 Au sens français par talent, usité encore dans les parlers
de amanquer de peu» (15591, faillir Ià, de1 est ar- languedociens (+ talent).
chtique; il est resté courant au passé composé bL'adjectifFAM&LIQUE (1457) emprunte le dérivé
suivi d’un *tif q’ui failli oublier) I 17571. latin fumelicus “qui ne mange pas à sa faim%.
,FAILLIBLE adj. est emprunté h.1265, variante FAMINE n. f. II 155; v. 1130, fumirel, tiré du radical
fullible, fulible) au latin médiéval fullibilis atrom- de fumes, a eu aussi le sens propre de faim (du xvte
FAÎNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au ~VIII~ ~3.1,que l’on retrouve encore, par exemple, langues romanes par l’italien fure, l’espagnol hucer
dans crier famine, un salaire de f-e. (d’où huciendu), le portugais fucer (d’où fuzendul et
AFFAMERV.~~.(XII~S.~ estissu d’un latinpopulaire le roumain face, se rattache à une racine indoeuro-
oaRxmare, dérivé de fumes (cf. italien akmare, an- péenne “dhë- ((placer», comme le grec tithenui ~po-
cien provençal afumur); du premier sens de «ré- ser» I-+ thème, thèse).
duire (qqn3 à la faimm, on est passé par figure à celui +Faire est attesté dans ses premiers emplois
de tcpriverm, <<enlever qqch.», notamment dans le VO- comme suppléant d’un verbe d’action et, suivi d’un
tabulaire technique (1694 ; 1787, affamer un arbre). in&nitif, signiCait &re cause que, attribuer à)b(880).
+Le verbe a fourni AFFAMÉ, ÉE adj. (XII” s.) et AF- Il s’emploie au sens général de ~réahser (une ma-
FAMEUR, EUSE n. et adj. W’W, qui s’est surtout nière d’être), être le sujet de lune activit& (xeS.I. A
employé dans un contexte politique. partir du sens d’q<accomplirs (faire une bonne uc-
Plusieurs composés sont construits à partir d’une tionl, un grand nombre de locutions a été formé;
fomne verbale : MATEFAIM n. m. inv. (15401 est parmi celles qui sont encore vivantes, certaines
moins courant que COUPE-FAIM n. m. inv. (xx” SJ; sont anciennes : faire tant, si bien que Imil. XI~s.1,
ABAT-FAIM n. m. inv. (17321 est sorti d’usage ; ne faire que de, suivi de l’infinitif (v, 11901,n’en faire
MEURT-DE-FAIM n. m. inv. (1690; 1604, moti-de- qu’à sa tête, etc. +Faire a aussi le sens de Ndéteti-
fuh?'d a pour 6quivdent farniher CRÈVE-LA-FAIM ner (qqn, qqch.1 dans sa manière d’être» En xe s.
n. m. im. 11870). pour les personnes; 1080 pour les choses) et de
FAIM-CALLE ou FAIM-VALLE n. f, «faim imp& *donner un caractère à qqna 61 xe s., faire un mi-
rieuse, pathologiquen, est formé Iv. 1150, fainvule) nistre), d’où par extension Cv.1.172) «représenter,
d’un élément d’origine obscure, peut-être du bre- remplir le role den (faire un personnage, fuire le
ton gwul2 CmauvakH; on relève la variante faim- chien). +Avec la valeur générale de &aliser
gale, n. f. (1316-1326). IqqchJ>, on le trouve dans la Chanson de Roland
@ Voir FRINGALE. 11080), en particulier au sens de aconstituerm. Il s’est
spécialisé avec la valeur de ((produire, donner la
FAINE ou FAINE n. f. est issu, d’abord sous la vie à, enfanterp (1372). Par extension, faire équivaut
forme fuvine Il 165) puis faine ! 12581, tidement r& à cproduire (qqch.1 par l’industrie, la culture, etc.m
duite en faine (1600; 1762, fuine), du latin fuginu 11606); et aussi à aobtenir» ( 1837, faire de l’urgent),
&Ut du hêtre,, féminin substantivé de l’adjectif fa- famihèrement à «extorquer, voler> 118081. +Le
@nus, dérivé de fugus nhêtren. Fugus avait abouti à verbe est également utilisé avec un sujet imperson-
l’ancien français fou t-, fouet) et à l’ancien proven- nel Ei1191 pour exprimer les conditions atmospbé-
çal fug, fuu, encore dans des noms de lieux riques (il fuit soleil, beau, muuvuis...l.
Icf La Fuge). À fugw% nom d’arbre indoeuropéen, FAIRE n. m. (mil. XI~s., furel désigne l’action de
correspond le dorique phagos <sorte de chêne», le faire, le fait d’agir 11713) et la manière de faire une
hêtre n’existant pas en Grèce. œuvre ( 17521.
4 Le mot désigne le fkuit du hêtre, qui correspond b De nombreux dérivés et composés ont été formés
au gland du chêne et sert de nourriture à certains à partir de faire ou des dérivés latins de fucere.
animaux. FAISEUR, EUSE n., réfection kv” s.) de fesere dar-
tisan>> 112601, désigne qqn qui agit, dans des expres-
FAINÉANT, ANTE adj. et n. est une altéra- sions ; faiseur de... remplace dans l’usage courant
tion ( 13061, d’après fait (forme verbale de faire1 et le terme technique fabricant. Sorti d’usage pour
néant*, de faignunt, feignant En XII~s.1; ces formes ficréateur>> (fin ~EI~s., fesiere), il s’emploie péjora-
représentent le participe présent du verbe feindre tivement pour désigner qqn qui se livre habituelle-
(10801 au sens de ase dérober, rester inax=tifB et sont ment à une activité lun faiseur & projets1 ; en em-
aujourd’hui considérées populaires. ploi absolu (17891, il désigne celui qui cherche à se
4 Fainéant a une valeur plus forte que paresseux. faire valoir. L’emploi au sens d’ahomme d’a&ires
F Il a produit FAINÉANTISE n. f. 11539; 1739, fui- véreux>> 11786, faiseur d’u!TG-es) est littéraire
nhztise) et FAINÉANTER v.hl&. Il690, f&?kan- (cf. Balzac, Mercadet ou le Faiseur) ; la locution fai-
ter). + L’équivalent familier FEIGNASSE adj. et n. seuse d’anges (1878) s’est employée pour xavor-
a été formé (1890) avec le sufke péjoratif -asse; teusem,
c’est un mot argotique, puis familier (cf. feignuw FAISABLE adj., =réalisable~~ (1350 ; xrve s., var. fui-
tasse, 1927, Mauriac, mot régional). sible), a pour contraire TNFAISABLE adj. Il6 13).
+FAISABILITÉ n. f., terme technique, est une
+# FAIRE v. tr., attesté pour la première fois à la francisation (av. 1974) de l’anglais feusibility (1624,
3” personne du singuher du subjonctif fuzet (8421, de feusible, 1460, lui-même de l’ancien français).
est l’aboutissement du latin fucere. À l’origine, fu- FAIT n. m. est issu (v. 11601 du latin factum, parti-
cere sign%ait <<placer, posep puis a été employé de cipe neutre substantivé de fucere; son premier sens
façon technique, par exemple en religion dans sa- est <<action humainen et notamment Maction remar-
crum fucere «placer un Sacr&e (sur l’autelIn, d’où quable>> (11701, d’où fait d’armes, hauts faits; &rel
((faire (un sacrike)~. Le sens de Nplacern est pris par le fuit de qqn sign%ait 4constituer) sa manière
ponere I+ pondre) et fucere signifie dors CcauserB, d’ae &III~ s.); l’emploi en droit au sens de «part,
aexcitern, 4ravailler5 <(faire artikiellement~ ; il bienn (1283) est sorti d’usage. Fuit a une autre va-
s’emploie aussi en litote et comme substitut d’un leur générale, désignant ce qui est arrivé, ce qui
autre verbe et entre, à l’époque impériale, dans des existe réellement (v. 11601, d’où le sens d’kvéne-
emplois impersonnels. Fucere, représenté dans les ment>> (12681, qui donne lieu à plusieurs locutions
DE LA LANGUE FRANÇAISE FAIRE

adverbiales : tout ti fait (12001, en fait (12681, de fait REFAIRE V.tr., &,ire de nouveau, Cv.1.1551,are-
(12831, etc. ; enfm, par extension, le fait, C'est =le SU- mettre en état, (v. 11601, a pris au XVII~S. la Valeur
jet dont il est questions (1268). +FAIT DIVERS seconde de <<faireautrementn (1611) ce qui est jugé
n. m., a été formé au XIX~ s. (1838) pour désigner une mal fait. Familièrement, le verbe sime *attraper
nouvelle ponctuelle concernant des faits non ca- (qqn))> ( 1846 ; 1700, <duper») ou cvoler Iqqch.l» Il800 ;
ractérisés par leur appartenance à un genre; son 4 réfectionl).
dérivé FAIT-DWERSIER n. m. (18923, terme tech- FORFAIRE v., de fors (du latin loti <<dehors*%),si-
nique critiqué, désigne un journaliste chargé des gni& acommettre Iun délit)» (fin x” s.), emploi litté-
faits divers; on relève la variante fait-diversiste raire et intransitif Iv. 1120); il est archaïque pour
n. m. (19163. *agir en dehors du devoir> I10801. En droit féodal, il
Quelques noms ont été composés à partir de faire : voulait dire *perdre un bien en punition d’un for-
FAIT-TOUT n.m.inv. ou FAITOUT Km. wsten- fait> (1283, tr.). +Le dérivé 0 FORFAIT n. m. dé-
sile de tisine> (1790 en Picardie); FAIRE-PART signe un crime détestable CCnxe s., forsfuit); l’idée
n. m. inv. 11830; 1819, billet, letie de faire-part); d’une violation d’un devoir, attachée au moyen âge
FAIRE-VALOIR n. m. inv. <exploitation d’un do- à FORFAITURE n. f. (1283, forfeture), demeure
maine agricole» ( 1877) et «personne qui en met en dans l’usage juridique du terme (1690).
valeur une autren ( 19021. MALFAIRE v. intr. (XIIes.), “nuirez, s’est maintenu
Le nom AFFAIRE n. f., formé de à et faire (a qui jusqu’au XVIII~~.; reste vhntMALFATSANT,ANTE
est à faire+ est d’abord masculin Iv. 115O),puis des adj. au sens de nméchantn (XI” s.) et appliqué à une
deux genres aux XVI~et xwe s. avant de devenir fé- chose dont les effets sont nuisibles (16861 - d’où
minin. 0 Son emploi, dès l’origine, pour les ques- MALFAISANCE n. f. (17381,littéraire. +L’évolution
tions sentimentales et galantes, est aujourd’hui ar- est parallèle pour les emplois avec MÉFAIRE
chaïque; il est très vivant pour les questions v. intr. (v. 1130, mesfaire) ((faire une mauvaise ac-
d’intérêt, d’où la valeur de <conventionn, ~transao- tien=, sorti d’usage, et son participe passé substan-
tîon*. Les questions pouvant être compliquées, uf- tivé MÉFAIT n. m., toujours utilisé aux sens d’w-
faire désigne (XVII~s.3 un ensemble de faits créant tion mauvaise» ( 1273 ; v. 1120, mesfuit) et de
une situation embrouillée ou constituant des em- arésultat pernicieux de qqch.m 11902). Les verbes
barras ; par extension, le mot signifie (1690) <<pro- malfaire et méfuire ont disparu alors que le nom
cès, alitige>>. ~AU pluriel, les affaires désigne d’agent est resté vivant. +MALFAITEUR,TRICE n.
(15081 l'ensemble des questions d’intérêt public et adj. est la réfection savante Iv. 11553 de I’awien
(1777,les AEaires étrangères1 ou l’ensemble des a~- français muufuiteur d’après le latin mulefuctor
tivités économiques ( 1788). Au niveau individuel, <<homme nuisible, qui commet des actes criminels=,
les affaires sont les objets personnels (1215, repris dérivé de mulefactum, supin de malefucere Kmal
au MT s.1 et, par euphémisme populaire, les règles a@ d’où vient mulfuire, encore vivant dans mul-
d’une femme Iv. 1793). 0 A&ire s’utilise également faisant. 0 L’histoire du mot a distendu son rapport
dans les locutions avec les verbes avoir ( 1172, avoir de contraire avec bienfaiteur : le sens de apersonne
aflaire de <avoir besoin de=) et faire. +À partir d’af- qui commet des actes criminels, des délitsm - avec
faire ont été construits récemment les dérivés lequel il a supplanté le type mulfuisour, et mulfui-
(1926) AFFATRISME n.m. et AFFAIRISTE n. surit, méfuimnt ahsi que nauléf@ue - domine net-
et adj.; 0 AFFAIRÉ, ÉE est plus ancien (1584 au tement le sens moral de <<personne nuisibles
sens moderne; avant 1573 “qui a besoin d’argent-); Iv. 1200).En hnçais moderne, le nom est syno-
de cet adjectif viennent AFFAIREMENT n. m. nyme de délinquant, notamment de voleur.
(1865; attestation isolée au XII~s.) et S'AFFAIRER SURFAIRE v.tr. hes.:sorfeirev. 11741,«estimerà
v. pron. 11876). un prix exagérén, s’emploie surtout au présent de
CONTREFAIRE v. tr. (av. 1155) vient, avec in- l’indicatif et à 1’Mnitif; il s’utilise aussi au figuré
fluence de faire, du bas latin corztrafucere &niters) 117491, seul emploi moderne (16901 de SUR-
(de contra =Contre)), et facere). Le sens de &nulerm FAIT, AITE adj. qui Sign%ait d’abord Cl170) cexces-
(XIV” s.) est vieilli, celui de <<déformer* est sorti sif, immodéré>.
d’usage mais est resté vivant dans CONTREFAIT, ENTREFAITE n. f., participe passé substantivé de
AITE adj. hes., contrefeU arendu difforme». Le l’ancien français entrefaire afaire dans l’intervalle>>,
verbe a aujourd’hui le sens de -reproduire par imi- n’est plus en usage au sens d’«intervalle de tempsn
tation>>, souvent pour se moquer (1549) ou, quand il (déb. XIII~s.) ; il ne s’emploie que dans la locution SUT
s’agit de choses, dans une intention tiauduleuse ces entrefaites kwB s.l.
(déb. XIII~ s.l. +CONTREFAÇON n.f. (1268, d’après BIENFAIT n. m. représente 11120) le participe
façon) a le sens général d’&nitation pour tromper}. passé substantivé (d’après le latin benefactum
DÉFAIRE v.h?.(1080,desfairel ale sens générti de -bonne action,) de l’ancien bienfaire, verbe intra;n-
echanger, supprimer (un ordreIn, d’où *vaincre sitif, «être vaillant au combat- (XIII~s.1 et tifaire du
(qqn)*. + Le participe substantivé DÉFAITE n. f., bien aux autre+ dont reste, peu utilisé, le nom in-
sorti d’usage pour <<action de se défaire de qqch.a variable bz&n-faire ( 12651, courant jusqu’au ~VII~siè-
(XILI~s.1, sime remise en déroulem (14751; DÉFAI- cle. Au sens de <<donation d’argent*, le mot est au-
TISME n. m. et DÉFAITISTE adj. et n. (1915) ont jourd’hui rare ; il est plutôt employé dans le
été formés par l’écrivain russe Alexînsky pour tra- domaine moral et, au pluriel, pour Kaction heu-
duire le mot qu’il avait forgé, porajentchstio. reuse- ( 1752). +BIENFAISANT, ANTE adj. 1117(I),
oDéfaire aproduitdès le xnes.REDÉFAIRE v.tr. “qui fait du bienn, appartient aujourd’hui à un style
11174). soutenu. OBIENFAISANCE n. f. (ti S.), peu em-
FAIR-PLAY 1392 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ployé jusqu’au XVII~s., a été repris 11725) par l’abbé tin ticella «petite corbeille* et, en particulier,
de Saint-Pierre. +BIENFAITEUR,TRICE n. (1181) <<forme d’osier pour égoutter les fromages)>, dimi-
a été concurrencé jusqu’à l’époque classique par nutif de filscus <corbeille>> (3 fisc).
bienfacteur, bienfuicteur, construits à partir du latin + Conservé dans les dialectes avec le sens latin, le
benefuctor. mot a été récemment remis à la mode.
@ Voir FACTOTUM, @ FORFAIT, PARFAIRE.

FAîTE n. m. est d’abord apparu (11351 sous les


FAIR-PLAY n. m. inv. est emprunté (1849, fair formes fest, n. m. et feste, n. f., issues du francique
playl à l’anglais fuir pluy, qui s’emploie à propos des “fwst (cf. bas allemand verst -comble d’un éticem ;
jeux et de toute situation où des rkgles doivent être allemand FM) ; il a été refait ( 15471 d’après le latin
respecttées, et est composé (XVI~s.) de fair Njuste, fastigium, proprement Ntoit à deux pentes-,
loyal> et pluy <<jeu>>.
4 En dehors de son acception technique de npoutre
+Fair-play, &anc-jeu= (équivalent officiel, 19i’3, formant l’a&e supérieure d’un combleti, faite
s’est répandu comme adjectif 11938) - l’anglais ne s’emploie pour désigner la partie la plus élevée de
le connaît que comme nom - sans doute à cause qqch. de haut ( 16361, spécialement d’un édifice
de l’incertitude sur la possibilité d’employer fiuptc- ( 1680). Le sens figuré {au faite de la gloire1 est
jeu comme adjectif : il, elle est très fair-play.
contemporajn (1640).
b FAÎTAGE n. m., ancien terme de droit féodal
FAISAN, ANE n. est l’aboutissement (v. 1170,
11233, formé avec le sufke collectif -uge,
festage),
faisant) du latin phasianus, emprunt au grec phu-
s’emploie au sens technique de f&e (1676) et, litté-
siunos omis, proprement Loiseau) du Phase>, ri-
raire, pour la toiture entière d’un bâtiment 11680).
vière de la Colchide où les Argonautes sont censés
+Un autre dérivé, FAPTIÈRE n. f. 11287, feskière) et
l’avoir découvert.
adj. (15751, s’applique à ce qui appartient au faîte,
+ Le mot, qui a pris son orthographe moderne au d’où lucur?w fuîtière (1676) ou fa%ière n. f. (18451.
xmes. (15523, garde le sens de l’étymon. Fukmne + FAÎTIER, IÈRE adj. Si@ifk centrd* en Suisse,
Cl732 ; 1552, faisanne} s’est substitué à fuisu??& peut-être d’après l’alémanique Duchorgankation
(14931 pour désigner la femelle de cet oiseau. ccorgtisation de contrôlen -qui coiffe, comme le
b On emploie les dérivés FAISANDEAU n. m. toit (de DUC~ NtoitN et orgwisation). -FAÎTEAU
(1393; 1373,fuisunteuu) et FAISANNEAU n. m. n. m. a d’abord eu Zesens de &ile faîtières 1152 1;
(xv” s.1 pour désigner le jeune faisan. Le mot a 1329, festel afaîte>>,hapax), sorti d’usage. C’est le
fourni les dérivés techniques FAISANDERIE n. f. nom d’un ornement qui recouvre le faîtage ( 1824).
(1694; 1669, fézanderie) et FAISANDIER n. m.
(1700; 1552, fuisannkr). FAIX n. m. est la réfection cv.13601 de fuis WBOI,
FAISANDER v. tr. (1393) présente un -d- qui vient issu du latin farcis au sens de <fardeaua, dont la ra-
d’une analogie avec les dérivés des mots en -a&; cine est dans toutes les langues romanes et est pas-
son participe passé a pris au XIX~s. un sens figuré, sée aux langues germaniques (+ faisceau1.
amalsain, corrompu,, par allusion au début de cor- 4 ll est vieilli ou littéraire au sens propre, conservé
ruption du gibier, qui n’est pas consommé frais. dans quelques expressions, comme pfier SOUS le
0 1l en va de même pour son dérivé FAISANDAGE
faix, et au sens figuré (XII~s.1 de *charge peu sup-
n. m. Il852 au fig., Flaubert).
portable>>.

FAISCEAU n. m. représente 1154% une réfec- b Faix a été introduit dans quelques composés.
PORTEFAIX n. m. inv. désignait 11270, portefays)
tion de fuissel, fmsel (XII~s.), issu d’un latin popu-
laire “fuscellus, dérivé du latin classique fasck apa- celui qui portait les fardeaux; c’est devenu un mot
guet lié par une corde>>, le plus souvent afagot, d’historien ou de description pittoresque, +SUR-
botte)} et (<fardeau* (+ faix). FAIX n. m., terme technique (15421, est le nom
d’une pièce de harnais. +ARRIÈRE-FAIX n. m.
+ Faisceau désigne un assemblage de choses liées inv. (1539) est un terme d’obstétrique.
ensemble; le mot s’est spécialisé avec cette valeur 0 voir AFFAISSER.
à partir du XVII~siècle. C’est un terme didactique
(antiquités romaines) employé au pluriel t 1662)
FAKIR n. m. est emprunté 11653; 1690, faquirl à
pour désigner l’assemblage de verges autour d’une
l’arabe fuq2 apauvreb ; l’ancien français connaissait
hache, symbole de l’autorité d’un grand magistrat,
foqui (XIII~s.1 (homme versé dans la connaissance
le licteur” - d’où sa reprise pour l’emblème du fas- de la loi divine>, qui vient d’un autre mot arabe fa-
cisme italien, analogue au faisceau romain (+ fas-
qz32,mais dont le souvenir a pu interférer avec le
cisme). 0 11s’emploie pour un assemblage de fusils
nouvel emprunt.
disposés en pyramide (18511, en physique (1865,
puis mes. pour faisceau hertzien, faisceau d’élec- 4 Du sens religieux, «ascète se livrant à des mort&
@onsI et en mathématiques 11904). Il a le sens figuré cations en public,, on passe par extension et in-
d’cassemblage d’éléments abstraitsn (cf. 1835, fais- fluence des pratiques de certains ascètes indiens à
ceau de preuves). l’acception courante (xx” s.1 de apersonne qui exé-
cute en publicdes exercices di&iles et des tours
FAISSELLE n. f. est la réfection 61 xrve s.) de relevant de lïllusionnisme~.
fissele Km XII~s.1,feiscelle, foisselle ~III~ s.), issu du la- b Le dérivé FAKIRISME n. m. (1890) est rare.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1393 FALSIFIER

FALAISE n. f. apparu au XII~ s. (11821,s’est aussi yoir (xle s.) et estre metier (XII~S.I. 0 La locution ad-
écrit faleise Iv. 11301, faloise et falise. D’abord mot verbiale comme il faut ccomme il convientu, est
dialectal des côtes normandes et picardes, il POU~- d’abord à l’imparfait ( 1548); l’emploi de la locution
rait venir d’un francique “faha, correspondant à adjective est plus tardif ( 1790,des gens comme il
l’ancien haut allemand felisa (cf. l’allemand Fels faut); eue est à peu près lexicalisée. À partir du
(crocheti). P. Guiraud rapproche falotie de l’ancien XVII~ S. CV. 16571,il faut, suivi de kkfhitif, exprime
français falotie <<tromperieN, d’après faillir dont la une supposition propre à expliquer un fait, une si-
variante normanno-picarde fdir est issue du latin tuation. Avec l’omission de il, on relève les lo-
fallere, la falaise étant un rocher qui <<fait défaut, se cutions familières faut voir, faut le faire!, usuelles
déroben (+ 0 faille, à faillir). dans la langue parlée.
4 Le mot est usuel pour désigner un escarpement
rocheux bordant la mer. 0 FALOT n. m. est emprunté (13711 à l’italien
toscan fa20 4’eu allumé pour fêter qqch.*, issu de
FALBALA n. m. est peut-être emprunté (1692) “farh (cf. l’ancien catalan faro, l’espagnol faron, le
au provençal farbella &a;nge, dentelle> (cf. l’italien portugais faroll - le r passant à 1 sans doute en pi-
fardella «pli de vêtement») qui remonterait, comme san, dialecte où ce phénomène est régulier; “fard
l’ancien français felpe <guenilles>, variante de frepe représente une altération du grec phanos atorche,
(+ 0 fipeI, à un groupe de mots contenant la suite lanterneu (+ fanal), la transformation du n en r
f-l-p, désignant des choses de peu de valeur (cf. la- étant due au croisement avec phuros (-, phare).
tin tardif faluppa =brin de paille>>, apacotille)), xeS.I. + Le français falot sime d’abord «torche, grosse
Pour P. Guiraud, falbala étant courant en Norman- lanternen, spécialement comme terme de marine
die, Picardie et Wallonie, pourrait être un composé (16161, et se dit en argot militaire (18901 pour
de baller, au sens de «pendre,, &tre suspendu)) en aconseil de guerre>> (passer au fdotl
wallon et en normand, et de fur-, qui indique l’idée
de mouvement (+farandoleI, le falbala désignant 0 FALOT, OTE adj. est peut-être une adapta-
une bande de tissu qui se balance quand on tion du moyen anglais falfllow accompagnons; l’ex-
marche. pression gentil fallot de la première attestation
+ Quoi qu’il en soit, le mot ne s’emploie plus pour cv. 1450, n. m.1 correspond à l’anglais good fellw
abande d’étoffe ornant le bas d’une robe)) ( 1692) ; il a «bon compagnonti. Par ailleurs, un jeu de mots de
pris un sens extensif au pluriel I1844), cornement Rabelais dans le fiers Livre et la prksence d’archers
de toilette», puis le sens péjoratif d’aomement pré- écossais dans la garde des rois de France rendent
tentieux de mauvais goût= (18721, l’emprunt plausible. Cependant P. Guiraud note la
rareté des emprunts à l’anglais au xve s. ; falot pour-
FALDISTOIRE n. m. + FAUTEUIL rait être mis en relation avec falourde, faloke
atromperiee, l’assimilation du plaisant au trompeur
FALLACIEUX, EUSE adj. est un emprunt étant régulière en kançais; le mot viendrait alors
savant Iv. 1450)au latin impériaJ. fallaciosus 4rom- du latin fallere C+ faillir) ; le radical fal-, désignant
pem, dérivé de fallacia «ruse, tromperie», de fal- des choses vaines et trompeuses, est d’ailleurs
lax, -acis, adj .,4rompeur, petiden, dérivé de fallere présent dans plusieurs dialectes (cf. faloter Mfaiblirm,
I+ faillir). Fallu& a été emprunte sous la forme fal- faleu mfaible, médiocren en Normandie, fallot, fallet
lace n. f. (1223) atromperiem, encore en usage à ctrompeur» en Saintonge et dans les Hautes-Alpes).
l’époque classique. Un peut aussi évoquer faITelu (+ farfelu).
+ Fallacieux, rare au me s. et repris au XVILI”s., a + Falot est employé comme substantif jusqu’à la fin
gardé le sens du latin; par extension, il sign3e du me s. au sens de *plaisant, drôle>>, avec une
aussi =illusoire>> en parlant d’une chose. Il a eu à nuance souvent défavorable à l’époque classique.
l’kpoque classique ( 1647)le sens de <<fourbe». Comme adjectif, il était péjoratif au sens de
kfl a fourni FALLACIEUSEMENT ah(15443. *joyeux> et de agrotesque*. Le sens moderne, 4n-
sign%mt et quelque peu ridicule)), est relevé au dé-
FALLOIR v. impers. apparaît (v. 1160) à l’indi- but du XIX~ s. (1811-1814, oame falote).
catif présent sous la forme fa&. Le latin populaire
“fallire *manquer à», altération du latin classique FALSIFIER v. tr. est emprunté (1330) au latin
fallere atromper, manquer à, échapper àn, a abouti médiéval falsificare flfausser, fals%er>> ( 1remoiti6
à fullir I+ faillir) et falloir; les formes du verbe ont XII~s.), construit à partir de falsus afauxn (+faux),
été construites au xv” s. et au xvre s., d’après la participe passé de fallere <tromper, échapper à»
3epersonne du singulier il fuut Idu latin ofullit), sur (b faillir).
le modèle de valoir. + Falsif’im, pour *altérer dans l’intention de trom-
+ On relève au XII~s. le sens de «manquern dans la pern 113301, se dit au propre et au figuré. o Au
construction peu s’en faut (v. 1160, petit en faut quel, xx’s., depuis les travaux en allemand puis en an-
encore en usage à côté de il s’en faut de peu, de glais de Karl Popper, il est aussi employé en lo-
beaucoup ou de ~XMZ~s’en faut. ~Parallèlement gique cv. 19601, symétriquement à ~érifzer, par em-
! 11651, falloir est employé pour exprimer la néces- prunt de sens à l’anglais to falsify qui, en plus des
sité, sens dominant ensuite. Il faut (quel au sens de sens tiançais, sime <prouver la fausseté de>
*il est inévitable (queIN (mil. xv” s.1 a éliminé deux ( 1449) en parlant d’un énoncé. Le verbe français
autres verbes impersonnels de même sens, esto- convenable serait infirmer.
FALUN 1394 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b FALSIFIABLE adj . (1580) est surtout utilisé de fa- mille=; il en vient à Sign%er «qui est trop libren
qon didactique (v. 1960, par emprunt de sens à l’an- Cxwe s.l. 0 Ce qui est fumilkr est «ce qui est bien
glais fukifiablel, comme son contraire INFALSI- connut t 15801, et familier a le sens figuré (XVII~s.)
FIABLE adj. ( 1867; de 0 in-). 0 FALSIFIABILITÉ d’ctusage habituelm. Le mot s’emploie également
n. f., terme de philosophie des sciences, emprunte (1680, adj . ; 1764, n. m.) en parlant de langage avec
(v. 1960) l’anglais fulsifiability ( 19371. le sens de aqu’on dit ou écrit naturellement en de-
FALSIFICATION n. f., emprunté au dérivé latin hors des relations hiérarchiques, officielles, etc.>>.
médiéval fulsificatio C12051, désigne ( 1369) l’action ~L’adjectif a fourni FAMILIÈREMENT adv. (ti
de falsser, au propre et au figuré. L’anglicisme, en me S.I.
sciences, est remplaçable par infimzutin. +FAL- FAMILIARISER v. tr., d&ivé 0551) du latin fumi-
STFTCATEWR, TRICE n. a été dérivé 11510) d’après liaris, ne s’emploie couramment qu’avec un
le radical du latin fulsificutum, supin de fukikure. complément de chose (1657) ; en dérive FAMILIA-
RISATION n. f. (1855).
FALUN n. m. reprend (17201 un mot dialectal FAMILIARITÉ n. f., emprunt au latin famih-itas
d’origine inconnue. P. Guiraud propose d’y voir un (de fumiliuti), est employé au singulier au sens
composé de l’ancien -français lum, Zun &luvion, li- d’cwnitié, inbnité~~ (XII~s.) d’où, par extension, =li-
mon>), issu du latin limus &nonn et &diment~, et berté qu’on a avec gqw CI3183;de 1àil est uttisé, au
de fuie Npâlen, fa20 «jaune clair», variante fkanco- pluriel surtout, de faqon péjorative pour parler des
provenqale de fauve*. facons trop libres qu’on a avec qqn 116901,spéciale-
4 L’hypothèse s’appuie sur le fait que le falun est un ment avec une femme (1865).
dépôt sédimentaire calcaire, de couleur jaune
pâle. FAMILLE n.f. est un emprunt assez tardif
(13371 au latin classique fumiliu, dérivé de famulus
b Le mot, technique ou d’usage régional, a fourni
aservitew, mot italique isolé dans l’ensemble in-
FALUNER v. tr. (17201, d’où FALUNAGE n. m. doeuropéen. La fumiliu romaine est étymologique-
hxe s.), et FALUNIÈRE n. f, (17201, techniques et
ment l’ensemble des fumuli, esclaves attachés à la
rares. maison du maître, puis tous ceux qui vivent sous le
même toit, maîtres et serviteurs, et sur qui règne
FAMÉ, ÉE adj . dérive Cv.14501 de l’ancien fran-
l’autorité du pater familias, le chef de famille. Em,
çais fume Iv. 11601, ((bruit qui court, renommée, ré-
fumilia s’applique k la parenté et, en latin médiéval
putation>), du latin famu Im&mes sens) qui se rat-
(vm” s.) désigne un ménage de serfs.
tache comme le verbe fari «parlep à une racine
indoeuropéenne “bhti- (+ fable). +Famille a mis du temps à s’imposer face aux
autres termes usités en ancien fdnçais : parenté,
4 Utilisé avec les adverbes bien (xv” sd, mal 11690)ou
purentage t+ parent), lignée*, mesnie (dérivé du la-
des adverbes de sens équiva[lent, famé qualifkt au-
tin mansio qui a donné aussi mahon*l, terme de
trefois des personnes.
féodalité : Kceux qu’unit le lien de vassalité à un sei-
b Seul MAL FAMÉ, ÉE OU MALFAMÉ, ÉE adj. est gneur». 0 Le mot a eu le même développement sé-
courant aujourd’hui, pour parler d’un lieu (1831). mantique que fumiliu; avant le xwe s., il désigne les
FAMEUX, EUSE adj. est emprunté (déb. XIV~s., fu- personnes vivant sous le même toit et encore
mose) au latin famosus COMU, renommé (en bien souvent les domestiques seuls. L’idée de proche pa-
ou en malIn, dérivé de fuma. Il a gardé le sens du la- renté apparaît tard ( 1580) et ce n’est que récem-
tin et Sign%e aussi ( 1730) par extension aremas- ment que le mot évoque à la fois la parenté et la co-
quable dans son genren (la valeur positive ou néga- résidence. Aussi, la Sainte Famille, en peinture,
tive dépendant du sens du nom). ~L’adjectif a comprenait initialement sainte Anne et saint Jean
fourni FAMEUSEMENT adv., peu usité pour avant de se restreindre à la triade formée par 1%~
Nd’une manière remarquableD (1642) et familier fant Jésus, la Vierge et saint Joseph. 0 Par exten-
( 1834) avec une valeur intensive. + FAMOSITÉ n. f., sion, famille désigne la succession des individus
formation savante SU le latin famosus ( 14881, est ayant une origine commune (1611), puis un en-
archaïque. semble de personnes qui présentent des carac-
tères communs (1658) ; de là viennent l’emploi du
FAMILIER, IÈRE adj . et n. est une réfection mot en histoire naturelle (1676) - d’où SOUS-
(v. 1240) de fumelier (v. 11551, emprunt au latin fami- FAMILLE n. f. (1904) - et les sens figurés.
liaris «qui ftit partie de la maison,, d’où par ex-
b C’est le sens moderne qui domine dans l’adjectif
tension w-ni, intime», dérivé de familia (+famille).
FAMILIAL, ALE, AUX h. 1830) et son dérivé FA-
Le mot a divergé par le sens de famille qui met
MILIALEMENT adv. (v. 1950). 0 FAMILIALISME
l’accent sur la parenté biologique.
n. m. <<tendance à exalter le rôle de la famillen et
4 Au premier sens du latin, l’adjectif Ev.1155) est au- FAMILIALISTE adj. sont des dérivés récents
jourd’hui vieilli ou lîttértire, et le substantif (XIII~s.) Iv. 1973).
n’est plus en usage. Il reste vivant au second sens De l’expression suris famille, diffusée par le roman
(1240, adj. ; 1370, n.1 et, par extension, si@e cqti d’Hector Malot 118781, vient SANS-FAMILLE n.
vit habituellement avec qqn* ( 15301, mais seule- (1953).
ment quand on parle des rapports sociaux kela- @ voir FAMILIER.
tiens famili&esI ou par métaphore. Par extension,
fumilier Sign%e Iv. 1265) «simple, sociable)) - C’est- FANAL, AUX n. m est emprunté ( 15541à l’ita-
à-dire ((libre dans ses rapports, comme dans une fa- lien funale 4eu placé au sommet d’une toursp, en
DE LA LANGUE FRANÇAISE FANON

marine (v. 13081, du grec byzantin phunation &II- FANFARON, ONNE adj. et n. est emprunté
terne= (ou de l’arabe funür qui en provient), du grec (1609) à l’espagnol funfurrbn, formation onomato-
classique phanos <<la,nternea (-+ 0 falot) ; le mot s’est péique, comme l’arabe furfar «bavard, léger)
écrit phanars 113691, funar (1372) et phunul (1548, (cf. aussi l’italien funfurone &bleur4.
Rabelais). L’hésitation entre le r et le l tiaux $ Le mot se dit d’une personne qui se vante de sa
marque les deux sources. bravoure, réelle ou supposée.
+Fanal a repris le sens de l’italien, sorti d’usage b Le sémantisme NhâbleurB se retrouve dans les dé-
(+ phare) comme celui de alanterne pour éclairer rivés FANFARONNADE n. f. (15981, FANFARON-
les lieux publiw ( 1756) ; le mot désigne Idéb. xxe s.) NERIE n. f. ( 15981, sorti d’usage, et FANFARON-
la lanterne servant de signal fixée sur un véhicule. NER v. (16421, littéraire+
FANATIQUE adj. et n. est emprunté (1532, Ra- FANFRELUCHE n. f., employé chez Rabelais o>
belais) au latin funuticw =Serviteur du temple> puis (15341, s’est substitué à l’ancien français funfelue
Gnspir& , en parlant des prêtres de Cybèle, (1174-l 1781, funfeluce chez Christine de Pisan
d’Isis, etc., parce qu’ils se livraient à des manifesta- ( 14051. Le mot est issu d’un latin de basse époque
tions d’enthousiasme; funuticus dérive de funum fumfulucu (IX~ s.3, forme conservée par l’italien, al-
<temple* (d’où profunus + profane), qui se rattache tération du grec pomphok abulle d’air= (+ farfelu),
à une racine italique à valeur religieuse Ofès-, fùs-. que l’on rattache à un groupe de mots baltes expri-
+Fanatique s’est appliqué à une personne qui se mant l’idée de gonflement, ce qui implique une ra-
croyait inspirée de l’esprit divin. Par extension, le cine expressive indoeuropéenne.
mot qualse El5801 qqn qui est animé d’un zéle + Du premier sens de ebagatellen, on passe (1541) à
aveugle envers une religion, une doctrine, d’où
celui de ((petite chose qu’emporte le ventB, puis au
l’emploi étendu (1764) pour {{enthousiaste, pas-
sens moderne (16111 de ((petit ornement qu’on uti-
sionnéb . 0 L’abréviation familière FANA adj .
lise dans la toilette)); le mot aujourd’hui est le plus
(xx” s.1 n’a que ce dernier sens, mais elle fut utilisée
souvent employé au pluriel et à propos de la toi-
à la fin du XVIII~ s. (1793) pour désigner les royalistes.
lette féminine ( 16801, avec une valeur proche de
b FANATISME n. m. (1688) a suivi l’évolution sé- celle de fulbulu.
mantique de fanatique. Au XVIII~ s., le mot est op-
posé à philosophie. FANGE n. f. est une réfection Iv. 1170) de func o>
FANATISER v. tr., d’abord au sens de afaire l’ins- n. m. <<boue 1iquideD (fin XI~ s.1, par la forme mas-
pi& (1752, intr.1, a son sens moderne depuis 1793, culine le fange (v. 11201. Le mot serait à rattacher à
contemporain de la formation de FANATIQUE- un type germanique “fungu, variante de “fan@, que
MENT adv. ( 17691. l’on retrouve dans l’ancien gascon funhu, et qui re-
FAN n. (1923 ; une première fois en 1909) est un em- présente le pluriel du gotique funi abouem; une
prunt à l’abréviation de l’anglais funutic; le mot se autre forme ‘fan@, qui a donné l’allemand Fenn
répand vers 1950 pour aadmirateur d’une vedettes. cterrain marécageuxb, a abouti en wallon à fume,
mot usuel en Belgique et passé en franqais général
FANCHON n. f. est l’emploi (1828) comme nom
11838) comme terme de géologie. P. Guiraud re-
commun de Funchon 116801, dimirxhîf de Frunqoise.
marque que fange existe avec le sens de ~pourri-
+Le mot désigne un fichu ou une dentelle que les turc, pus~ en franco-provençal et en franc-comtois,
femmes se mettaient sur la tête, Ies pointes en ce qui suggérerait un rapprochement avec le latin
étant nouées sous le menton. Il reste d’usage régio- tardif fumix aabcès, meurtrissure~~.
nal.
4 Fange, <(boue épaisse», est sorti d’usage au figuré
b Le diminutif FANCHONNETTE n. f. Idéb.xrxes.l pour (<état de déchéance, 11500) ; le mot est d’em-
est sorti d’usage. ploi littéraire au sens de asouillure morale)} : COU-
FANDANGO n. m, reprend 11756) un mot es- vrir qqn de funge ( 1770).
pagnol (17051 d’origine obscure. On y a vu une alté- b Le dérivé FANGEUX, EUSE adj. a le sens propre
ration du portugais fudo (+ fadol, un dérivé de (XII’ s. ; v. 1160, funjosl et le sens figuré Iv. 1770) de
l’arabe fandura <luth à trois cordes», qui corres- fange.
pond au grec punsoura et, par l’espagnol du Pérou,
un mot d’origine quichua. FANION + FANON
+ Fandango, comme en espagnol, est le nom d’une
FANON n. m., réfection (1418) de funun Iv. 1170), o>
danse d’origine andalouse.
est issu du francique Ofuno Gmorceau d’étoffeM (qui a
FANER + 0 FOIN abouti à l’allemand Fuhne <drapeau>), par l’inter-
médiaire du bas latin funo <pièce d’étoffe» Iv. 720) et
FANFARE n. f. est sans doute d’origine onoma- «manipule d’un prêtrem Irx” s.l.
topéique. + Il est d’abord employé comme terme de liturgie
+ outre son sens courant (1532, Rabelais) d’«or- pour désigner le manipule du prêtre Iv. 11701 et
chestre composé d’instruments de cuivren, il dé- plus tard (1418) les deux pendants de la mitre de
signe 11587) par analogie, dans un emploi littéraire, l’évêque. Le sens de *morceau d’étoffen est
un ensemble de bruits éclatants, une démonstra- conservé quand fanon désigne (1549) la pièce que
tion bruyante (+fanfaronnadel. Par analogie vi- l’on suspend au bout d’une lance ; mais on emploie
suelle, on parle (XE? s.l de reliure ti la fanfare. plut6t en ce sens GONFALON n. m. I->nrr”s.1ou gon-
FANTAISIE 1396 DICTIONNAIIRE HISTORIQUE

fanon, d’un ancien haut allemand g~ndfuno aéten- atromper (en falsiiknt la marchandiseIn; une fan-
dard de combatD (de gund <bataille= et de “fano). tasmagorie serait une fausse et trompeuse appari-
0 C’est par une image que fanon a pris le sens de tion ; mais la première hypothèse est sociologique-
arepli de la peau qui pend sous le cou de certains ment plus vraisemblable.
animaux» (1538; 1310-1340 en parlant du coq3 - une + Les premières fantasmagories 11797) étaient des
bannière étant faite d’une bandelette à pendants - images lumineuses et mobiles créées à l’aide d’une
puis de ulames cornées garnissant la bouche de lanterne magique, le funtascope. Le mot prend le
cerbins cétac& (1685). - n s’est opéré une répart- sens de <<spectacle surnaturel et fantastique>> ( 1810)
tion des sens entre fanon et FANION n. m. ( 1673 ; et (18351, désigne dans les arts l’abus des effets fan-
feinion, 11801,autre forme du mot (par changement tastiques.
de stixe) ; aujourd’hui seul fanion désigne un petit
b Le dérivé FANTASMAGORIQUE adj. est
drapeau servant ou non d’emblème; gonfuZouL
contemporain du nom (1798).
s’emploie encore quand on parle du moyen âge.

FANTAISIE n. f., réfection graphique (v. 14501 FANTASME n. m. est emprunté ti XII~s.) au
de funtasie Cv.12001, forme courante jusqu’au xv? s., latin impérial phuntusmu ((fantôme, spectre», en
est emprunté au Latin classique funtusiu ou phanta- bas latin Amage, représentation par l’imagination»,
siu <image, conceptn, et wision» en bas latin, mot transcription du grec phantasmu <<apparition, vi-
employé notamment dans les traductions latines sion, fantômes, de la famille de phuinein “appa-
des textes de Platon et d’Aristote. Le latin l’a repris Atre>> (--+fantaisie). La graphie phantasme a été
du grec phuntasiu ((apparition>, d’où «imagination», aussi usuelle; la tentative de distinguer deux sens
*image qui s’o&e à l’esprit», qui appartient k la fa- selon la graphie, en psychanalyse, a échoué.
mille de phuinein “appartitre>> I+ fantasme, fantas- + Introduit avec le sens dWusion», fantasme a si-
tique ; phatique, pheno-1. gnifié aussi «fantôme> Ixrv” s.1I-+ fantômel. Il devient
+Fantaisie s’est employé Cv.1200) au sens de =Vi- un terme médical, avec le sens d’4mage hallucina-
sionm, puis d’Nimagination» IX+ s.1,jusqu’à l’époque toireD (1832) ; son emploi s’est restreint au sens de
classique. En moyen lançais 113701, le mot prend ((production de l’imaginaire qui permet au moi
par métonymie le sens d’«objet que forme l’imagi- d’échapper à la réalit& ( 1866, Amiel) ; le dévelop-
nation,, d’où de fantaisie “par l’imagination)> ( 17181, pement de la psychanalyse, où le mot marque l’op-
emploi sorti d’usage. L’idée d’imagination s’oppo- position entre imagination et perception réelle, a
sant à celle de contrainte, fantaisie s’emploie pour rendu cette valeur courante au XX~ s. (il traduit chez
nommer un goût passager, un caprice 031 xv” 4, Freud 1’alIemand Phuntusie).
valeur commune aux divers emplois du mot. 0 Il b Le dériv6 FANTASMATIQUE adj., attesté isolé-
désigne une pièce musicale de forme libre (15851, ment au sens de ccfantomatiquen ( 16041, s’applique
dite aussi caprice, une œuvre créée sans suivre de (1837) à ce qui est fantastique, irréel; c’est le sens
règles formelles C16361, un amour passager kvr~” s-1 didactique, “qui relève dufantasmeu unil. xxe s.), qui
et une chose peu utile mais originale, qui pltit domine aujourd’hui. -FANTASMERv.intr., Mavoir
(1690) ; de là vient de fantaisie au sens moderne des fantasmesn Cv.19601,s’emploie aussi transitive-
(1798, objets de fantaisie). Le mot, d’abord mélîora- ment.
tif, en vient à désigner (xx” s.) la tendance à agir par @ Voir FANTASMAGORIE, FANT6ME.

caprice, qu’il soit ou non employé de façon favo-


rable. FANTASQUE + FANTASTIQUE
de dérivé FANTAISISTE n. a désigné (1845) un
artiste, un écrivain n’obéissant qu’à sa fantaisie et FANTAS SIN n. m. est emprunté ( 1567, Baïf? à
s’applique à qqn qui agit sans suivre les usages, qui l’italien funtuccino «soldat d’infanteries (15411, dé-
n’est pas sérieux ( 1850, adj. ; 1855, n.). 0 C’est le rivé de funte, qui Sign%e aussi avalet» et est une
nom (mil. xx” s.1 d’un artiste de music-hall qui se forme abrégée de infante ajeune guerrier>> et apetit
produit surtout dans des numéros comiques. garGon>, du latin infuns, -unti (+ enfant; fantoche).
La forme funtuchin a été aussi utilisée (1578). Des
FANTASIA n. f. apparaît ( 1843) dans le titre d’un
tableau de Delacroix, Ww funtasiu au Maroc, ex- resufkations populaires ont produit funtaboche
(19161 puis funtubosse (19181, sortis d’usage.
posé en 1842 ; c’est une adaptation de l’arabe
d’AfCque du Nord fantaziya Mpmache, ostenta-
FANTASTIQUE adj. et n.m. est emprunté
tionm, auquel Delacroix attribua le sens de adiver- (mil. XIV~~.) au bas latin fantasticus, emprunt au
tissement équestre de cavaliers arabes>); le mot est
grec phuntustikos acapable de former des images,
probablement emprunté à l’espagnol funtasia
des représentations- ou “qui imagine des choses
&naginationn et avanité, arrogance», de même ori-
vaines, se crée des illusionsn, dérivé de phantazes-
gine que fantaisie. thui &rnaginep) (de phainein ccappara&en, -+ fan-
FANTASMAGORIE n. f. est, selon Bloch et t aisiel .
Wartburg, un mot formé savamment ( 1797) du grec + Fantastique s’applique (mil. xwe s., adj. ; 1738,
phantusmu aapparition, fantômen I+ fantasme) et n. m.) à ce qui n’existe pas dans la réalité et a signi-
de lalMgoti, qui pouvait désigner des représenta- fié {(fou, insens& (1536, n. m.). Ces valeurs viennent
tions plastiques. P. Guiraud penche pour une de ce que le produit de l’imagination est considéré
composition populaire à partir de fantasme afan- comme un écart opposé à la raison. Par extension,
tôme, hallucination visuelle» et gourer, agourer le mot qualiEe ce qui paraît imaginaire ( 15801, ce
DE LA LANGUE FRANÇAISE FARAMINEUX

qui présente une apparence étrange. On en vient FAON n. m. représente la réfection El5491 de o>
au xrxe s. au sens courant d’&onnEU& incroyable* feün Iv. 1120), foün iv. 11701, aboutissement du latin
(18331 et à l’emploi du mot comme intensif. 0 C’est populaire Ofetonem, accusatif de “feto, dérivé du
le développement d’un type particulier de nou- classique fetus cenfmtement>> et Mportée Ides ani-
velles et de romans, jouant sur l’extraordinaire, la mauxIn (+ foetus). On trouve aussi la graphie fan au
rupture avec l’ordre reconnu du monde, qui ex- xvf siècle.
plique son emploi nominal ( 1821, Charles Nodierl 4 Le mot a désigné jusqu’à l’époque classique le pe-
pour caractériser un genre littéraire puis cinéma- tit de toute bête (faon pour lionceau est chez
tographique, le fantastique. La Fontaine) ; il est spécialisé au sens de apetit d’un
~FANTASTIQUEMENT adv.kvWasuivil’évolu- cervid&, ceci dès les premiers emplois Iv. 11701.
tion de l’adjectif. b Le dérivé FAONNER v. intr. (112 l-l 134, feün& si-
FANTASQUE adj.re@sente une réfeCtionkv”S., gnif~e cfa,ke ses petits+ en parlant de la biche.
puis 1575) d’après fantastique de funtuste, forme
abrégée de fantastique. L’adjectif s’applique à une FAQUIN n. m. serait un dérivé (1534, Rabelais),
chose qui surprend par son apparence bizarre et selon Wartburg, de l’argot fucque Npoche, sacfi que
est employé chez Montaigne pour afantastiquen l’on trouve au xv” s. (les compuignons de lu fucquel
(1580) ; il qualse couramment une personne sujette et que Rabelais utilise encore; les deux formes
à des sautes d’humeur 116061, + Son dérivé FAN- viendraient du moyen néerlandais f& upoche-
TASQUEMENT adv. (1602) est litthire et rare. (cf. allemand Fath <<compartiment, cases). Pour
P. Guiraud, l’existence du provencal fusco «tas de
FANTOCHE n. m. est un emprunt 11842) à l’ita- gerbe+, celle du moyen français fusquk HchargéB et
lien fantoccio &Poupée, marionnette» ( 1552) et aper- de l’ancien français sosfachier afléchir sous un far-
sonnage inconsistant» (av. 15841, diminutif de funte deaw, dirigent vers la racine fasc-, du latin fuscis
=Valet>> (b fantassin), de infante issu du latin Sans, - afaix% (-+faixl, par le biais d’un verbe ‘fuscure ou
antis (+ enhnt). “fuscicare, qui expliquerait le sens de fuquin.
Uantoche désigne une marionnette articulée + Fwuin a désigné un portefaix (15341, sens vivant
(couramment, on dit marionnette). Au XVIII~ s., on a en italien (1442, fucchino). 0 Le sens moderne,
employé dans ce sens technique funtochin ( 1769) et d’emploi littéraire, *homme méprisable» ( 15611, se-
funtochini Il 792) - de l’italien fantoccino, -ini, dinzti- rait à rapprocher d’une autre acception du mot,
nutif de fintoccio. Le sens figuré moderne de aper- <<mannequin (de paille?) utilisé dans les joute+
sonnage inconsistant> apparaît à la fm du XIX” siè- (16061, qui supposerait aussi le latin fuscis.
cle. OFAR +@FARCE

FANTÔME n. m, vient (v. 1130, funtosmel d’une @FAR *FARINE


forme méridionale “fantuumu, issue du grec de
Marseille (Phocée) par oti le mot a pénétré, à partir FARADIQUE adj. a été formé (1851) sur le
du grec ionien “phuntagma, correspondant à l’at- nom du physicien et chimiste anglais Michael FUYU-
tique phantusma Mapparition, vision)) I+ fantasme) duy (1791-18673, qui énonça les lois quantitatives de
et afantôme>), repris par le latin impérial. l’électrolyse et montra la généralité des propriétés
magnétiques de la matière.
4 kntôpne est introduit en fhnçais avec le sens
d’aillusion trompeuse)), qui existe déjà en latin, et + L’adjeckif s’applique à un courant alternatif ob-
désigne (1165) l’apparition surnaturelle d’une per- tenu par induction et se dit de ce qui se rapporte
sonne morte; par extension, le mot s’emploie pour aux théories de Faraday.
aidée, être imaginairen E15861 et à propos d’une per- b Sur le nom du physicien ont été formés d’autres
sonne ou d’un animal squelettique ( 1690). 0 Il a pris termes didactiques, FARADXSATION n. f. (1858) en
des acceptions techniques, par exemple celle de médecine, FARAD n. m. (1874; 1859, autre sens)
<<fiche pour matérialiser l’absence d’un livre sorti unité de capacité électrique>>, et FARADAY n. m.
d’un rayon)) (1906). (18731, nom d’unité employé dans le domaine de
1’électrolyse .
b FANTOMATIQUE adj., dérivé (1807) d’après le
radical grec du génitif, a pris un sens extensif, FARAMINEUX, EUSE adj. est dérivé
rejoignant presque fantastique. +FANTO- (av. 152 1) de furumine <<bête nuisiblem (XIV” s.1, sur-
MAL, ALE, AUX adj. (1883, Daudet) est un quasi- tout employé dans la locution bête fcmmine, dans
synonyme plus littéraire. l’Ouest et en Bourgogne, nom d’un animal fantas-
=$’ Voir FANTASMAGORIE, FANTASME.
tique et redoutable, analogue à la Tarasque pro-
vençale. Faramine est emprunté au bas latin feru-
FANZINE n. m. est un emprunt C1963) à un mot- mina, pluriel neutre (pris pour un féminin
valise américain (19491, formé de fanfatic) <ama- singulier) de feTamen (VI” s.), dérivé du latin clas-
teur= et de (magalzine Krevue)). sique fera abête sauvage> C-fier). Feramen avait
+Famine, «petite revue (de bandes dessinées, de abouti en ancien fkançais à ferain (XII~ s.1 et à l’an-
science-fiction) éditée par des amateurs>, s’oppose cien provençal ferum dont dérive le méridional fu-
à PROZINE n. m. <<revue éditée par des profession- rumio #bête sauvage>.
nelsb (v. 19701, d’emploi très spécialisé en français, + Cet adjectif, attesté isolément avec un sens obs-
comme zinc, qui recouvre les deux catégories. cur au XVI~ s., est repris et répandu au xlxe s. 11834,
FARANDOLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pharamineux). Il quaMe ce qui étonne par son 0 FARCE n. f. et adj. est un emploi particulier de
étrangeté 11892, faramirxeux) et, par extension, se 0 farce pour #plaisanterie, mauvais tow (1330;
dit de ce qui est anormalement important (1865). cf. farser ase moquer de, au XIII~s.1; il est repris au
Xrxe s. ; furce employé comme adjectif ( 1784 Bachau-
FARANDOLE n. f. est emprunté 11793; 1776, mont) dans ce sens est à la mode tout au long du
farandoule) au provençal farandoulo qui représen- XIX~ s. (il est farce, me chose farce). Du sens de ~~plai-
terait une altération du provençal barundello, dé- santeriea on passe à celui d’nobjet utilisé pour faire
rivé du verbe brunda aremuerm, qui a le même radi- une farces -le mot étant alors le plus souvent au
cal que brandir (+ brandir1 ; la transformation du b- pluriel. 0 Par ailleurs, le latin médiéval fursa ayant
en ft- pourrait venir de MfIuence d’autres mots désigné au XIII~s. les intermèdes en langue vulgaire
comme flandrina &neT», fkandina McajolerB. Pour introduits au cours de cérémonies religieuses,
P. Guiraud le verbe burundelu serait plutôt un comme de la farce dans une viande, farce a pris
composé tautologique, de bar-, variante de fur- in- 113ï’O)le sens d’&istoire plaisante illustrant un pro-
diquant l’idée de déplacement (peut-être du go- posn, puis au xv” s. 11448) de <<petites pièces
tique furun woyager» ; cf. allemand fuhren «allerm), comiquesu, les intermèdes afarcis», séparés de la li-
et de undela, dérivé de uPtda ccourirm (Languedoc), turgie latine, étant à l’origine de notre théâtre
d’un latin populaire oambitwe, du classique umbire comique. Par extension, farce désigne kvr” s.l une
(cf. en Savoie undu &lan»). D’où burundelu ~ourîr action qui se déroule comme une farce.
de travers=, ce qui défmit bien l’allure de la faran- FARCEUR, EUSE n. EV.1450; de farce ou du verbe
dole. furserI désigne une personne qui fait des farces ou
+Le mot désigne une danse populaire provençale qui manque de sérieux, d’où l’emploi sorti d’usage
pour CcdébauchéB (1865, n.); le mot a désigné Idéb.
et au figuré, un cortège dansant @n XDces.l.
XIX~ s.1un acteur spécialisé dans les rôles comiques.
b Le dérivé FARANDOLER v. intr. (1881, Daudet
mais antérieur) correspond au verbe provençal fu- FARD +~FARDER
rundmdu. oce verbe rare a fourni FARANDO-
LEUR, EUSE n. attesté plus tôt (1872). FARDE n. f., attesté en 1812, vient probablement
de l’ancien fYan@s fardes (XII”~.), variante de
FARAUD, AUDE n. et adj. est un emprunt hardes*.
( 17401, précédé par un emploi argotique isolé de fa-
raude ( 17251 pour *madame, mademoiselle=, à l’es- + L’évolution de sens, qui aboutit à *dossier formé
pagnol furuute ((messager de guerre, interprèten d’une feuille de carton pliéen, ressemble à celle de
11492). Ce mot espagnol a désigné ensuite celui qui
chemise*. Le mot est usuel en tiançais de Belgique.
récitait le prologue d’une comédie (16111, rôle
considéré comme ennuyeux par le public, d’oti le FARDEAU n. m. Idéb. XI~I~s.), d’abord furdel
sens de *personne qui cherche à se faire valoirn (12051, dérive de farde n, f. (v. liSO), <charge, ba-
( 1620) ; il est emprunté au français héraut *. gageu, emprunté à l’arabe f&ddh cdemi-charge
d’un chameaw, d’où «balle, paquetm.
+ Le français a repris le sens de <fanfaron, fat%11740,
n. ; mil. XY s., adj.1. Le mot est vieilli. 4 Le mot s’est d’abord employé pour abotte
d’herbe>>, aballots ; aujourd’hui il désigne (déb.
b Les dérivés FARAUDER v. intr. (1881, Fkhepinl XIII~s.) une chose pesante et, par figure Cl” moitié
et FARAUDERIE n. f. (1902, Colette) Sont rares.
du XIII” s.1,ce qui est pénible à supporter.
F Farde, sorti d’usage dans son premier sens, et re-
0 FARCE n. f. représente (XIII~s.1 le féminin de
pris comme terme de commerce ( 17751, a fourni
l’ancien fiançais fars Iv. 12003, issu du latin impérial
deux dérivés. 0 FARDER v. intr. a signîfk «char-
farsus, participe passé du latin classique farcire,
gern cv. 1350, tr.); de ce sens vient @FARDAGE
terme d’élevage et de cuisine Sign%ant <engraisser
n. m. (xv” s. ; 1392, farduigel, autrefois *bagage, far-
(des animaux)» et afarcir*, d’où «garnir, bourrelh au
deaw, aujourd’hui terme technique de marine.
propre et au figuré.
oFurd.4~ a ensuite Sign%é 4titisser, se tassern
4 Farce désigne, comme en latin, un hachis d’ali- ( 1704) ; le verbe s’est conservé en mtie (1834) au
ments k mettre dans une préparation culinaire. sens de =se gonflern en parlant d’une voile.
b FARCIR v. tr. représente le latin farcire, dont il FARDIER n. m. ( 17761, nom d’un chariot servant à
reprend le sens propre Il 174- 11761, spécialement transporter les lourdes charges, est encore d’usage
en cuisine Idéb. XIII’ s.1,et la valeur figurée de «sur- régional.
charger de connaissances, d’idéesm Iv. 12101. 0 Le
sens familier du faux pronominal se farcir gqch., @ FARDER + FARDEAU
“gagner (de l’argent)= (19X?), vient d’une métapho-
risation : d’cabsorbern on passe à aobtenirn. Par an- 0 FARDER v. tr. pourrait être issu Cv.1165) du
tiphrase, se farcir Sign%e aussi asupporter pénible- -francique ofarwidopz deindre, colorep, ce que
ment (qqn)>>; le sens vulgaire de «posséder conkrnerait l’existence de l’ancien haut allemand
sexuellement, vient de l’acception amettre danw de même sens furwjan (cf. l’allemand ftirben =colo-
@FAR n. m. IxY s.1, d’emploi régional (Poitou) rer, teindre4 P. Guiraud, écartant cette origine
pou afarci de légumes)), est une abréviation de germanique, propose un emploi particulier du
farci; il est sans rapport avec le fur breton, appa- verbe 0 fardw (de farde MchargeB; -+ fardeau) au
renté & farine”. sens de echarger le visage>>.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1399 FARINE

4 Farder s’emploie au sens propre de «maquiller» (18381, aussi écrit fétigoule (1866) chez A. Daudet.
et, par figure Idéb. xrv” s.1, de ((déguiser qqch. sous C’est un emprunt au provençal fetigoulo, fatigoulo,
une apparence trompeuse}). de l’ancien provençal ferigola Il 1501, fer-rigola Ifin
w Le dérivé FARD n. m. apparaît tv. 1190, fart) au XIII~ s-1, issu d’un latin populaire “fericula «(plante)
sens figuré de wze qui constitue une apparence sauvage)), dérivé du latin classique ferus csauvagen
trompeuse», «parole trompeusen, qui n’est plus en (3 fier). On a aussi proposé de faire remonter l’an-
usage que dans les locutions littéraires agir, parler cien provençal à un latin populaire “ferricula dérivé
SUIS fard, Le sens propre ( 1213) est demeuré cou- de ferrum (+ fer), sur le modèle d’autres noms bota-
rant et donne lieu à la locution familière piquer un niques comme lenticu2a alentillep ; le mot représen-
fard ~rougir brusquement> 11878). terait, comme le bas latin feparia «sauge verveinem,
0 FARDAEE n. m. est un terme technique (1896) une traduction du grec sidêritis, désignation de
pour mmquillage Ide marchandisesI>. plusieurs plantes dont quelques labiées comme le
thym. On relève aussi la forme tigole (1548) puis f?i-
FARFADET 4 FÉE gaule (16001, empruntée à la variante provençale
frigouzo.
FARFELU, UE adj. et n. vient peut-être (1545)
du croisement de l’ancien fkançais fanfelue, fufellue 4 Fatigoule est le nom Provença[l du thym.
«bagatelle, futilités (courant du xxe s. au xwe s.1avec b FARIGOULETTE n. f., <petit plant de thyms 11914,
le radical expressif faft”- que l’on trouve dans des Claudel) et -lieu planté de thym (19251, est un di-
mots désignant des choses vaines ou trompeuses minutif, d’après le provençal ferigoulete.
(-+ f&ot); fanfelue est l’aboutissement du bas latin
fanfuluca, altération du grec pompholux abulle
FARINE n. f. est issu (v. 1150, Eneas) du latin fa- o>
d’airm E+ fan&-eluche). La forme farfelu viendrait de
rina *farine>) qui a donné l’italien furina, l’espagnol
l’influence d’autres mots en fw- Ifwfouiller, fari-
harina, le portugais furinha. C’est un dérivé de far,
bole*).
furris «blé, épeautrem et aussi =farine)>. Fur, comme
4 Le mot, au sens de cdodu)) chez Rabelais (15451, fuba (+ fève), est bien représenté dans le groupe de
comme faflflelu, est rare au XVII~s. puis dispartit. Il civilisation indoeuropéenne du Nord de l’Europe ; il
est repris en 1921 par Malraux dans ZesLuaes de a pour correspondant en germanique le vieil an-
papier, où le romancier imagine un univers de glais bere «orge», le gotique barizeins, le russe bo-
choses vaines, gonnées d’air, au sens de Kfantai- rosm Nfarine de seigle,.
siste, bizarres, et se répand à partir des années
1950. 4 Fatiw désigne la mouture des céréales et par ex-
tension (1690) celle d’autres plantes que les cé-
FARFOUILLER + FOUILLER réales. Il se dit par analogie (1865) d’une poudre
blanche que l’on met sur le visage. La locution fami-
FARIBOLE n. f., attesté chez Rabelais (1532, fa- lière rouler qqn dans Ia farine 4e tromper» est
ribolle), pourrait être mis en relation avec le moyen construite à partir d’un jeu de mots sur rouler; être
fiançais falibourde, fallebourde «sottisem ( 15441 de pareille farine, être de la même f&e (XVI~s.1,
[cf. l’ancien provençal falabourdol. Ce mot est calque du latin classique ejusdem fminae, se dit par
composé de bourde <<mensonge’> et du radical de dénigrement de choses ou de personnes qui ne
faillir au sens de amentir». L’ancien f?ançais fdir a valent pas mieux l’une que l’autre.
eu le dérivé falourde 4romperien (XI~~s.l. On a aussi
évoqué une altération du latin frivolus (+ frivole). b FARINIER, IÈRE n. (1292, n. m. ; 1453, n. f.1est dé-
P. Guiraud propose pour source du premier élé- rivé du nom ou est emprunté au latin médiéval fari-
ment le latin fallu <mensonge, tromperien, abrévia- narius ~~meunîer~ (x” S.I. 0 Le sens latin a disparu et
tion de fallacia, dérivé de faZlux (3 fallacieux), le se- le mot désigne régionalement depuis le xv” s. (1453,
cond étant I’mcien français bole <<mensonge%; la n. f.1 un coffre à farine ou un champignon à odeur
comparaison avec 1’ancien provençal expliquerait de farine (xx” s., n. m.).
le r comme une assimilation du 1. Le dérivé FARINER v. a signi& ti xve s.) <<prendre
l’aspect de la farine», puis recouvrir de farine)) 11542,
4 Aujourd’hui le mot, au sens de <<propos frivolem ou
tr.) ou *prendre un aspect farineuxn. + Le composé
d’aidées sans consistance~~, s’emploie plutôt au plu-
ENFARINER v. tr. kwe s.) s’emploie spécialement
riel.
au figuré et familièrement dans venir la bouche (la
FARIDONDAINE n, f. est composé (XVI~s.) de guedel enfarinée (16751, <<avecde naïves illusions=,
l’onomatopée dondaine et d’un groupe initial fur- par référence au type de niais de l’mcien théâtre
d’origine obscure. Selon P. Gukaud, il pourrait être au visage couvert de farine,
formé de la racine far-, qui exprime l’idée de dé- FARINEUX, EWSE adj., emprunté au bas latin fa&
placement (germanique far woyagee, gotique fa- nosus, conserve le sens latin de “qui a l’aspect de la
ran aallerm; cf. allemand fuhren Naller4, et d’un de- farines (1539) et s’applique ( 15501 à ce qui contient
rivé de redonder, synonyme de bondir. ou produit de la farine - d’où FARINEUX n. m.
4 Faribndaine est utilisé dans les refrains de chan- (17561. L’adjectif qualifie par extension 116901ce qui
sons populaires; selon les besoins de la rime, on est couvert de farine.
trouvera furi&ndon ou fardondé. 0 FAR n. m. ( 17991, du latin fur, mot régio& de
Bretagne, désigne une sorte de flan, le plus souvent
FARIGOULE n. f. apparaît isolément au XV+I~s. nommé fur breton. En français régional de Bre-
Il5281 sous la forme ferigole, puis est repris au xrxe s. tagne, le mot a d’autres emplois, plus larges.
FARNIENTE 1400 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FARNIENTE n. m. est introduit sous la forme + Il a été employé avec le premier sens du latin et a
italienne far niente ( 1676, Mme de Sévigné), littéra- désigné (1532) un chapitre d’un ouvrage littéraire,
lement «ne rien faire-, de bre afairen et niente d’où l’emploi ( li’93) à propos d’un petit paquet de
wienB hf. le fraqais fuinéantl. feuilles, de cahiers formant une partie d’un ou-
4 Le mot est employé en bonne part : l’oisiveté vrage. 0 Terme de pharmacie (16901, il désignait
agréable s’oppose à la fainéantise. une quantité déterminée d’herbes.
bFARNIENTER v.b'ltr., familier 118991, est sorti FASCINER v. tr. est emprunté hve s.) au latin
d’usage. fascinure tifaire des charmes, des enchantements%,
de fuscinum «charme, maléficen. Le latin avait
FAROUCHE adj. provient (v, 1200, furoche) de abouti à l’ancien français fesnkr, fuisnier; on trouve
l’altération de l’ancien français foruxhe hf s.1 par encore dans l’ouest de la France le verbe fuiner
métathèse des voyelles. Forasck était l’aboutisse- <porter malheurn.
ment du bas latin forusticus cextérieur, étranger» + Le premier sens d’tiensorceler par un charme» est
Ivres.), d’où NsauvageD, opposé à domesticus et dé- vieilli; restent vivants celui de {(maîtriser par la
rivé du latin classique foras adehors>, aau dehors». puissance du regardm (XIV s.) et au figuré le sens at-
Cet adverbe se rattache, comme for& E+ hors), à ténué de acaptiver par la beauté, le prestige, etc.m
une racine indoeuropéenne “dhwer- CtporteB,la no- En XVIes.).
tion étant régulièrement exprimée par des formes
Sign%ant & la porten. dn dérive FASCINANT,ANTE adjJ1834,BalzacI.
* Deux mots ont été empruntés à des dérivés latins
+Farouche se dit d’un animal non apprivoisé du supin de fascinare. FASCINATEUR, TRICE adj.
Iv. 12001 et d’une personne qui craint les rapports et n., attesté au XVI~s. 11550) au sens du bas latin fm-
humains Cv.13981, par extension, du comporte- cinutor acelui qui fascine>, a été repris au XIX~ s. et
ment, des mtières (xv” S.I.Le mot s’applique à qqn s’emploie seulement comme adjectif. 0 FASCINA-
de rude, qui peut agir avec violence (v. 13981,et à ce TION n. f. (14883, emprunt au dérivé latin fascina-
qui a un aspect hostile, est sauvage (mil. ~VI~s.1,no- ti, a des emplois analogues à ceux du verbe.
tamment chez Hugo. Par extension, il qutie ce
qui se manifeste avec vigueur (1644; haine fu- FASCISME n. m. est un emprunt (19211 à lïta-
rouchel . lien ~usci~mo, mot dérivé de fascio «faisceau=, uti-
b FAROUCHEMENT adv. apparaît au XIV~~. lisé comme symbole politique en Italie (+ faisceau),
(av. 1380, ferouchement) mais, rare à 1’8poque clas- du latin fascls de même sens I+ faix).
sique, il n’entre dans les dictionnaires qu’au me siè- + Le mot a servi à désigner d’abord le mouvement
cle, après son usage fréquent dans la poésie de politique fondé en 1919 par B. Mussolini, établi en
Hugo, dep. 1842, *FAROUCHERIE n. f., littéraire, Italie d’octobre 1922 à juillet 1943. Il s’est employé
n’est attesté qu’au ti siècle. pour tout système ou do&rine politique de totalita-
Le composé EFFAROUCHER v. tr., «efTrayer de risme étatique et nationakte. ~Fuscisme a pris, à
manière à faire fuis, s’utilise en parlant des ani- partir des années 1960, des valeurs affectives dans
maux (14951,puis des humains (1585) ; il a voulu dire le discours politique; il s’emploie aujourd’hui pour
cdéplaire à (qqn)> (XVI” s.1 et, à l’époque classique, toute attitude politique conservatrice et autoritaire
&riter (qqn)n (1641; v. 1550, pron.). et, de façon polémique, pour toute docttie ou
comportement opposé à la agauchen; plus large-
FART n. m. est un emprunt 11904 au norvégien, ment encore, hors de tout contexte politique, il
mot peut-être identique à fart «voyage, vitessen, ap- s’utilise pour parler d’une contrainte, d’une auto-
parenté à l’allemand Fuhti avoyage, marche>. rité imposée.
+ Ce terme de ski est le nom d’une substance dont b FASCISTE adj. et n. (19213, emprunt à l’italien
on enduit les skis pour améliorer le glissement. fascistu =Partisan du fascismes Uui aussi dérivé de
b Il a fourni FARTER v. tr. (19083 dont dérive FAR- fascio), a suivi la même évolution sémantique.
TAGE n. m. (1932). 0 On trouve les formes familières FACHO (v. 1968,
à p&ir de la prononciation à l’italienne [faJst]l et
FAR WEST n. m. est un emprunt (18491 à un l’altération FAF, où le second f est inexpliqué.
Du radical de fascisme a été dérivé FASCISER
mot angle-américain attesté depuis 1830, composé
v. tr. (v. 19301 gui a fourni FASCISATION n. f. (1930,
de fur &loigném et de west 43uesta.
Eluard) et FASCISANT, ANTE adj . (1936).
4 Il désigne les États de l’extrême ouest des États- ANTIFASCTSTE adj. etn. (1924 et ANTIFAS-
Unis, d’abord les terres situées à l’ouest des Appa- CISME n. m. (1933) sont d’abord attestés, le second
laches, ces limites reculant au fur et à mesure de la chez Paul Morand, à propos de l’opposition au ré-
conquête. Le mot ne s’est répandu en France qu’au @ne de Mwdirk oNÉO-FASCISTE adj. et n.
début du XX~ s. quand la légende du Far West devint (1945) et NÉO-FASCISME n.m. s’appliquant aux
un des thèmes favoris du cinéma (avec les wes- mouvements politiques inspirés par le fascisme
terns). mussolinien.

FASCICULE n. m. est emprunté (~9 s.) au la- FASÉOLE -, FAYOT


tin fascicuhs apetit paquetp, spécialement cpetit
ouvrage littéraire)), diminutif de fasck (b faix, fas- FASHION n. f. est emprunté (1698) à l’anglais,
cisme1. lui-même emprunt au français façon*, fusoun
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1401 FATAL
Iv. I~OO), faciun qui avait pris les sens de amoden + On a proposé comme équivalents français restau-
Idéb. XVII~s.1,<<gensà la moden (fin XVII~s.l. ration rapide, restaurant rapide, prêt-à-manger,
+ Fashion, attesté isolément pour désigner le ton et mais on se sert plus souvent du nom des chames,
les manières du beau monde, a été repris dans un marques déposées en anglais, souvent d’origine
contexte anglais (1819) puis employé avec le sens américaine. Fast-food s’emploie par figure et péjo-
de csociété élégante)) 11830). ll est sorti d’usage, rativement (v. 1980) pour quaMer ce qui est conçu
comme ses dérivés. pour la consommation de masse.
b FASHIONABLE n. et adj. désigne une personne FASTIDIEUX, EUSE adj. est un emprunt
élégante (17931 puis s’est employé comme adjectif (v. 1380) au latin fastidiosus “qui éprouve ou cause
(1804) et répandu vers 1820 à l’époque du dan- du dégoûtn, dérivé de fustidium vdégoûtm et «dé-
dysme. Ce dérivé anglais ( 1607, au sens de afa- dain, mépristi, lui-même de fustus aorgueil,
çonnablem) était devenu un terme de mode au dé- morgueu (+ 0 faste), Fastidium a été repris en
but du xwe siècle. + On relève chez Th. Gautier le moyen français sous la forme fustide «dégoût>> (du
dérivé rare FASHIONABLEMENT adv.( 1835). XIV” au xvP s.1.
4 L’adjectif s’applique à ce qui rebute en provo-
0 FASTE n. m. est un emprunt de la Renais-
quant l’ennui.
sance (1540) au latin fastus Norgueilw et *air orgueil-
leux,, mot de la langue écrite, d’origine inconnue. d a fourni FASTIDIEUSEMENT adv. (17621, litté-
raire.
4 Le nom désigne le déploiement de magnikence,
la pompe, et s’est employé ! 1554, fastl à l’époque FAT, FATE adj. et n. m. est un emprunt (1534,
classique au sens de avaine ostentatiow. Il est nor- Rabelais) à l’ancien provençal fat Nsotn he s., pro-
malement au singulier mais la forme pluriel Iles vençal moderne afou)& issu du latin futuus “qui n’a
fastes1 est devenue tiéquente par confusion avec pas de goût)> (+ fade), employé également à propos
fastes b 0 faste). d’une personne, et par extension au sens de asot,
b FASTUEUX, EUSE adj. reprend (15371 le dérivé imbécile>>.
latin impérial fastosus, en bas latin fastuosus ((su- + L’adjectif équivalait à csotm,d’où son usage à l’épo-
perbe, dédaigneux»; il s’applique à une personne que classique 116611 comme terme de mépris. 0 En
qui aime le faste ou à ce qui évoque le luxe (1674). 11 *anGais moderne, il s’applique Idéb. xwe s., adj . ;
s’est employé à l’époque classique pour ce qui 1666, n. m.) à une personne qui a peu d’esprit mais
s’étale avec ostentation Km XVI~s.3. *Il a fourni beaucoup de prétention, et se dit spécialement
FASTUEUSEMENT adv. (1558) et FASTUOSITE (18343 d’un homme qui se croit irrésistible auprès
n. f. ( 18651, littéraire et rare. des femmes. Il a vieilli et est devenu littéraire, sauf
dans certains usages régionaux.
0 FASTE adj., attesté au XIV~s. Cv.1355, faustel et b FATUITÉ n. f. reprend Iv. 1355) le latin fatuitus
au xv? s. et repris au XIX~ s. (18381, probablement
asottisem, dérivé de fatuus. Le mot conservait à
sous l’tiuence de fastes Ici-dessous), est un em-
l’époque classique le sens latin il désigne la satis-
prunt au latin fastus dans fustus dies ((jour où il est
faction de soi-même qui s’étale d’une manière ridi-
permis de rendre la justiceti. Cet adjectif latin dé-
cule (v. 1688). Il a vieilli pour parler de l’attitude
rive de fas désignant l’expression de la volonté di-
prétentieuse du fat (16941; on relève avec ce sens
vine, le droit divin Epar opposition à ~USdroit hu-
FATUISME n. m. ti XVI~~s.) qui a disparu.
rnain)J et, par extension, ce qui est licite, juste. Fus
+ Voir INFATUER.
se rattache peut-être à une racine “fes-, fus-, à va-
leur religieuse, que l’on a dans fanum (+ profane),
FATAL, ALE, ALS adj. est emprunté
feriae (4 férié, foire). La graphie fuuste s’explique
Cv.13551 au latin fatal& adu destin», eprophétiquem,
par une confusion avec le latin faustus «heureux, et nfixé par le destin», duneste, mortelm, dérivé de
favorablen, dérivé de fcwere &tre favorablen I+ fa- fatum ~~prédiction~>, ale destina, et spécialement
veur); fuuste est attesté chez Rabelais et Bath au <<destin funesten, *temps fixé pour la vien. Fatum se-
sens latin. rait à l’origine une énonciation divine et se rat-
+L’adjectif est didactique dans jour faste, terme tache, comme furi et le grec phanai nparler», à une
d’antiquité romaine; il s’emploie couramment (at- racine indoeuropéenne “bha NparleP (+ fable; fa-
testé 1893 Goncourt) pour <favorable>. conde). Il avait abouti à l’ancien français fé edémonm
b FASTES n. m. pl. conserve les sens du latin fasti. (-+ fée), à l’ancien provençal fut adestin», au portu-
Il désigne les tables chronologiques des Romains, gais fado (+ fado).
d’abord (1488 ; 1570, fustes consulaires) dans le Livre + L’adjectif conserve le sémantisme du latin. Appli-
des Fastes, traduction d’un ouvrage d’Ovide intitulé qué à ce qui concerne le destin (v. 13553 ou à ce qui
Fa&, et équivaut à aannalesn ( 1620). est marqué par le destin (av. 16151,il est d’usage lit-
0 VO~~NI?FA~TE. téraire, et s’applique spécialement au moment fixé
à l’avance où doit se produire un événement, le
FAST-FOOD n.m. et adj. est un emprunt plus souvent malheureux. 0 Fatal à, pour (16401
récent 11972) à l’anglais des États-Unis ; le mot, dé- qualifie ce qui a des conséquences désastreuses et
signant une restauration rapide et à bon marché, et en particulier ce qui est signe de mort Ixw” s.l. 0 Il
l’établissement ofiant ce type de repas, est s’emploie plus couramment pour <<inévitable,
composé de fust arapide>> et de food ccnourrituren. (av. 1880).
FATIGUER 1402 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

~FATALEMENT adv. Sign%ait à l’époque clas- tigue ; de là vient, d’après infutigubllité Ici-dessous),
sique “par le sortm Idep. 1549 ; il est littéraire au FATIGABILITÉ n. f. I19241. +L’adjectif a pour
sens de <<d’une manière désastreusem (1852) et cou- contraire INFATIGABLE adj., empr'udé (1470) au
rant pour &@itablement~. *FATALISTE n. et latin classique infatigubilis, et qui est passé de
adj. désigne une personne qui pense que les événe- l’idée de force inépuisable à celle d’activité soute-
ments dépendent du destin (1584); le mot, sorti nue, qui ne faiblit pas. 0 Ses dérivés sont INFATI-
d’usage, a été repris (v. 1730) au moment ou appa- GABLEMENT adv. (14861 et INFATIGABILITÉ n. f.
raît FATALISME n. m. (1724) et a été répandu au (16591, littéraire.
XVIII~s. (cf. Jacques le FutaEist;e de Diderot).
FATALITÉ n. f. est emprunté (xv” s.1 au dérivé bas FATMA n. f. inv. reprend (1900) l’arabe F@imu,
latin fatalitas anécessité du destin% et aforce natu- nom de la fille de Mahomet et prénom très ré-
relle ou surnaturelle par laquelle tout ce qui arrive pandu parmi les musulmanes.
est déterminé d’avance=. Il désigne d’abord une + Dans le contexte colonial algérien, il désignait
suite de coïncidences inexpliquées qui semblent une femme du Maghreb et spécialement, dans le
manifester une fmalité supérieure à l’homme et re- français d’Afrique du Nord colonisée, une em-
prend ensuite (av. 15591 les sens du latin. ployée de maison arabe (en français d’Algétie, on
FATIDIQUE adj. est emprunté ti xv” s.1 au latin disait surtout mauresque dans ce sens). 0 Ces va-
fatidicus *qui prédit l’avew et “qui indique une în- leurs ont disparu, mais l’argot français de France
tervention du destin, composé de futum et de di- avait repris le mot, avec le même contenu xéno-
cere I+ dire). L’adjectif est didactique au premier phobe que mousmé ou n&oué, au sens général de
sens du latin et courant avec la valeur du second flfemmeu, qui a vieilli.
Iv. 1850) et comme équivalent de fatal. +Le dérivé
FATIDIQUEMENT adv. (1874) est rare. FATRAS n. m., attesté seulement au début du 6)
FATUM n. m. s’emploie Idep. 15841 avec le sens la- mes. ~fustras), est un mot d’origine incertaine. On
tin de <destin* dans le vocabulaire didactique ou lit- le donne traditionnellement (Wartburg) comme
téraire. issu d’un latin populaire Ofarsuraceus, dérivé du bas
FATIGUER v. est emprunté Idéb. XIVes.) au la- latin fursuru, variante de fartura aaction de bour-
tin classique futigare afaire crever (un animal)~ et, rer, de farcip, lui-même dérivé de furtum, supin de
par affaiblissements successifs, uaccablep, cabattre farcire I+ farcir). Mais il appartit pour désigner une
par la dépense de forcen, en latin impérial Gmpor- pièce de vers extravagante, comme fatrusie
Iv. 1220, fustrasie). Futrusk pourrait être une va-
tuner», wexern. Ce verbe dérive probablement de
futis <fente, crevasse>>, dans l’expression ad fatim riante de l’ancien français fantank (+ fantaisie) et
dont les éléments se sont joints pour former l’ad- fatras un dérivé regressif. 0 P. Giraud associe le
verbe aktim “jusqu’à crever, éclatep puis & sa- mot à fastroillier abavarder» (XIII~s.), de fastroille
tiété». vniaiserie, bavardagen et *tromperien; pour ce lîn-
guiste, on retrouve là un des sémantismes fonda-
+Fatiguer Sign%e d’abord Kdiminuer les forces de mentaux du français, la chose vaine -donc le
km organisme)~, aimposer un effort pénible à (un mensonge - étant assimilée à un feu sans consis-
&e vivant)>>, aussi en emploi intransitif (15491 où il tance, à un fagot, sens attesté pour fustroille, et il
Sign%e «s’épuisep. Le pronominal est usuel. 0 Le postule un latin populaire “fuscitwn, dérivé de fas-
verbe a repris aussi (av. 1660) le sens latin nrebuter cis afagotn (+ faix) qui aurait abouti à “faste, fastre,
par l’importunités et, par figure, a signif& à l’épo- puis par sufkation à fustras, fmtroille.
que classique achercher à faire céder Ila résis-
tance, etc.)}} (1669). OPar analogie, il s’emploie en Uatius désigne d’abord un ensemble confus
agriculture, par exemple dans fatiguer un arbre d’idées ou de paroles et s’emploie avec la valeur
11752) et par extension dans futiguer lu tere ala re- concrète de fouillis (1580). À l’époque Cla&que, il
tourner à plusieurs reprisesm 117731,d’où fatiguer la s’est dit (xv” s.) de choses de peu d’importance,
salade (1845). + En technique, fatiguer, intransitif, - Cette dernière valeur se réalise dans les dérivés
se dit d’une poutre, d’un navire, etc. qui subit des sortis d’usage : FATRASSER v. intr. kvre s.) et FA-
déformations à la suite d’un effort excessif (1756) ou TRASSIER, IÈRE adj. et n. (16111 OU futrusseur
d’un mécanisme (179.2 par la même métaphore (1636).
que peiner. b FATRASIE n. f., terme d’histoire littéraire médié-
b Le deverbal FATIGUE n. f. a suivi une évolution vale (voir ci-dessus), désigne (XIII~s.l une pièce poé-
parallèle, désignant l’état qui résulte d’un effort ex- tique d’un caractère incohérent ou absurde, conte-
cessifkv” s.), un travail pénible (16 111, sens demeu- nant des allusions satiriques. +Le dérivé
rés les plus usuels, Il a désigné spécialement le tra- FATRASIQUE adj. (attesté mil. XX~s.) est didac-
vail des forçats et, à l’époque classique, une source tique.
d’ennuis (16661. Il s’emploie également dans le vo-
cabulaire technique (déb. ti S.I. FATWA n. f., emprunt savant à l’arabe, connu
Le verbe a fourni également FATIGANT, ANTE des spécialistes du droit islamique, s’est répandu
adj. au propre (1668) et au figuré (1666) et le dans plusieurs langues (anglais, fknçais...l en 1989,
composé DÉFATIGUER v.tr. (18361, +FATI- par la condamnation que prononcèrent des imams
GABLE adj. reprend (14861 le bas latin fatigaklis à l’encontre de l’écrivain Salman Rushdie.
“qui fatiguea>; ce sens est sorti d’usage. Lié au verbe, 4 Le mot désigne didactiquement une consultation
il s’applique 11504) k une personne sujette à la fa- juridique religieuse islamique sur un point dou-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1403 FAUTE

teux. Son emploi en franqais concerne une signé par figure 11466) un petit Ca;non en usage aux
condamnation. XVI~ et XVII~s. kf. ci-dessous fuuconneuu). 0 II de-
vient un terme de politique (19601, par calque de
FAUBER ou FAUBERT nm. apparaît au l’anglais des États-Unis huwk, opposé à dwe «CO-
XVII~ s., d’abord écrit fouber (16431, puis fuuber ( 1678) lombe*n pour désigner un partisan de la force dans
et Flaubert ( 16871. Ce mot d’origine discutée pourrait le règlement d’un conflit.
être emprunté au néerlandais de même sens b Le mot a fourni des termes de chasse : FAU-
zwabber, mais le passage à la forme fiançaise n’est CONNIER n. m. (v. 11601 qui correspond au latin
pas expliqué. Wartburg reprend l’hypothèse d’une médiéval fulco~~ri~ (déb. 1~~s.1, FA~ÇONNIÈRE
reprise à l’ancien f&nGais foubert flsot, niaisn (XIIe 53, n. f. (XIII~~.), FAUCONNERIE n, f. h. 1354) =Chasse
emploi particulier du prénom Fulbert. au fauconm et par extension *aux oiseaux de proie)).
4 Ce terme de marine désigne un balai fait de vieux +FAUCONNEAU n. m.( 1498, fuuconne~; 1534, fat&
cordages. Il s’est employé en argot Ii9051 au sens conneuu) correspond au sens de faucon en artille-
analogique de <favoris». rie.
bIZ a produit FAUBERDERV. TR. OU FAUBERTER FALCONIDÉS n. m. pl., terme de zoologie (18681,
(16941, Mnettoyer avec le faubern. est dérivé savamment du latin falco pour désigner
la famille de rapaces à laquelle le faucon appar-
FAUBOURG n. m., d’abord en syntagme fuulx tient.
hors (av. 1404) puis soudé (14781, est une altération,
par croisement avec faz&, de l’ancien français for- FAUFILER + FIL
bore ou forsborc Cv.12001, forbours (v. 12601,
composé de fors *hors dem,issu du latin loti [+ de- 0 FAUNE n. m. est un emprunt (1372) au latin
hors) et de bore (+ bourg), le forsborc étant ce qui Fuunus, dieu de la fécondité, des champs et des
est en dehors du bourg; l’altération par faux pro- troupeaux, très vite identifié au dieu grec Pan et
vient du fait que le faubourg semblait s’opposer au représenté avec des pieds et une queue de bouc,
avrai» bourg. On relève aussi en latin médiéval fui- un torse d’homme et une face barbue. Le pluriel
sus burgus ( 1380). Fuuni désignait de petits génies champêtres. Le
nom de ce dieu bienfaiteur se rattache à favere
+ Fuubourg désigne d’abord, et aujourd’hui en his-
<être favorable>> C-*faveur).
toire, la partie d’une ville située hors de l’enceinte.
Le sens moderne (17281 concerne le quartier qui 4 Faune, d’abord terme didactique de mythologie
correspond à cette partie, aussi dans des noms latine, désigne aussi par extension ( 1839, Balzac) un
propres, par exemple faubourg Suint-Antoine, à homme dont le comportement érotique ou I’appa-
Paris (av. 1850). 0 Par métonymie, la ville et les fuu- rente évoque le dieu romain avec une valeur voi-
bourgs s’est dit pour «toute la populationB f 17181,Le sine de celle de satyre.
mot s’est employé au pluriel (1838) pour parler de ~Les dérivés FAUNESSE n. f. (1842, Banville) et
la population ouvrière des faubourgs. Faubourg est FAUNESQUE adj. (1869) sont littéraires mais vi-
aujourd’hui marqué par rapport à banlieue. vants; FAUNINJNE adj. (18811 est rare; FAU-
Par métaphore, le faubourg étant ce qui prolonge NIEN, IENNE adj. et FAUNIAQUE adj. 11845) plus
la ville et la première partie occupée par l’ennemi, encore.
le mot s’utilise en argot pour «postérieur (d’une @FAUNE n. f. est un emprunt (1783, selon Bloch et
femme))> ( 1612, repris 1878). Wartburg, puis 18021 au latin scientsque du XVIII~s.
.FAUBOURIEN,IENNE n. et adj. désigne une fuuna, attesté dans un titre d’ouvrage de Linné
personne qui habite un faubourg (18011, notam- ( 1746) parallèlement à floru (-+ flore) ; fuuna est tiré
ment un quartier populaire, et s’emploie aussi du latin classique Fuunus (-, 0 faune). 0 Le mot a
comme adjectif avec cette dernière valeur 11838, désigné la description des animaux d’un pays et
accent fuubowierzl. l’ouvrage qui recueille ces observations. II se dit
par métonymie de l’ensemble des animaux d’une
FAUCHER, FAUCILLE + 0 FAUX. région déterminée. Au figuré, il désigne (déb. XX~s.1
de façon péjorative un ensemble de personnes très
FAUCON n. m., réfection (XII~s.1 de ~~~CUTI caractéristiques qui fréquentent un lieu.
(1080), est emprunté au bas latin fulconem, accusa- Faune a fourni en zoologie FAUNIQUE adj. (18961,
tif de falco (IV~s.3.Fulco, qui a donné l’italien fulco, FAUNULE n. f. (1904) et le Composé MICRO-
l’espagnol hulc&, le portugais falcüo, est peut-être FAUNE I-i. f. (xx” s.l.
dérivé de fu& fulcis «faux> (+ 0 faux), à cause de la
courbure du bec ou des serres, ou bien représente FAUTE n. f. est issu (v. 1174 par évolution pho-
un emprunt au gemnanique, mais l’ancien haut al- nétique d’un latin populaire “fallitu Naction de fail-
lemand fulcho (allemand Fulke) semble emprunté lir, manque-, féminin substantivé de “fulliti, alté-
au latin. ration du latin classique falsus, p.p. de fallere
+Faucon conserve le sens latin <<rapace diurne au C+ faillir, défaut).
bec crochu». Son importance vient de l’utilisation 4 Faute désigne d’abord le fait de manquer aux
de faucons dressés pour la chasse au vol, activité prescriptions d’une religion, d’où lu Fuute «le pé-
très vivante pendant tout le moyen âge et qui a eu ché commis par Adam et Eve>),ou à la règle mo-
de nombreuses implications sur le vocabulaire rale. Il était spécialement employé pour parler des
(par ex. le sens de zloZer* Kdérober)). Le mot a dé- relations sexuelles en dehors du mariage; ce sens a
FAUTEUIL 1404 DiCTIONNAIRE HZSTORIQUE

vieilli avec l’évolution de la société quant à la mo- teuil pliant des metteurs en scène constitue un re-
rale sexuelle, comme l’emploi pour le fait de se tour inconscient à l’étymologie du mot.
laisser séduire, pour une femme (XIX~ s.l. 0 Par ex- b FALDISTOTRE n. m., mot de liturgie et d’archéo-
tension, faute désigne en général le manquement à logie, est emprunté ( 16681 au latin ecclésiastique
une règle, dans un art, une discipline intellec- faldistorium, d’origine kancique (ci-dessus), par
tuelle, etc. (15381, d’où faute de goiit amanière l’italien, pour désigner le siège liturgique de cer-
d’agir maladroite ou fâcheusen ( 16653. Le mot entre tains prélats.
dans des expressions, en particulier avec un pos-
sessif hnil. XVI~s., c’est ma faute). FAUTEUR, TRICE n. est emprunté, d’abord
Parallèlement, il a désigné comme le latin, et en sous la forme fateur (12951, au latin classique fautor,
concurrence avec défaut, le fait d’être en moins fautrk <personne qui favorise,, csoutien, partisanp,
(v. 12751, utilisé dans des locutions comme faire du latin archaïque futitor, dérivé de favere 4tre fa-
faute de aomettre de>>(16651, avoir faute & aman- vorablem (+ faveur).
quer dem, sorties d’usage. Faute s’emploie encore
+ Le mot a désigné une personne qui protège et fa-
avec cette valeur dans la locution adverbiale sans
vorise qqn, sens vivant à l’époque classique. Sous
faute & coup sûrm ( 1306) et dans faute de lot. prép.,
I’tiuence de faute, il s’est spécialisé (1596) à pro-
& défaut de- ( 16361, qui remplace par faute de
pos d’une personne qui favorise une action blâ-
(xv” s.), CGfaute de (15491, employés en kançais clas-
mable ; il est inusité au féminin. Détaché de son ori-
sique. Un sans faute, substantivé, vient de parcours
gine tfavorisateurl, senti comme dérivé de faute*, il
saIzs faute (dans un concours hippique, attesté
s’emploie surtout dans le domaine politique tfau-
1968).
teur de troublesl, plus couramment dans l’expres-
b FAUTIF, IVE adj. signifie d’abord <<sujet à faillirm sion fauteur de guerre.
(1440-14751, puis s’applique à une personne qui est
en faute (av. 15891,sens où il est moins courant que FAUVE adj. et n. rn+ est emprunté (1080) au bas
coupable, et à ce qui renferme des défauts ou des latin falvus (IX” s.3,falbus (VIII~-IX~s.1, latinisation du
erreurs (16763. oLe dérivé FAUTIVEMENT adv. germanique falwa cd’un jaune tirant sur le rouxm
(18231 est littéraire. (cf. aussi l’ancien haut allemand fulo, l’allemand
FAUTER v. intr., acommettre une fauteD (1568, re- moderne falb =fauve4. Comme pour d’autres noms
pris déb. xrxe s.), est sorti d’usage. Le verbe ne s’em- germaniques de couleur (blanc, bleu, blond, gris),
ploie plus que par plaisa&erie au sens de use lais- ce sont probablement des soldats qui ont introduit
ser séduirea, en parlant d’une femme (1864). le mot en bas latin.
FAUTEUIL n. m. est l’aboutissement du k-an- 4 Fauve a consewé le sens étymologique (1080;
cique “fuldistôl asiège plia&, reconstitué d’après 1176, n. m. acheval fauve», hapax). H3ktes fauves
l’ancien haut allemand faldstuol (d’où l’allemand Il561 ; av. 1573, n. m.1 désigne les animaux sauvages
Faltstuhl), l’anglais faldstool 110501, le latin médié- au pelage de cette couleur, cerf, lièvre, lion, etc.,
val faldistolium ou faldistorium Iv. 1100). C’est un par opposition aux bêtes noires et aux bêtes rousses.
compose de “fald *plier>) (cf. anglais to fold) et de Le mot s’emploie ( 1790, adj. ; 1791, n. m., Volney)
stôl “sièges. Faldestoel apparaît en français au XX~s. pour les animaux sauvages en général, er&n parmi
IChanson de Rolandl, d’où faudesteuil (XIII~s.), faul- eux pour les animaux féroces (1832, adj. et 1859,
detueil (encore au déb. du XVII~s. dans les diction- n. m. chez Hugo). L’adjectif a beaucoup été utilisé
naires) et enfin 115891, fauteuil. par les romantiques, en particulier par métaphore,
pour quaMer ce qui a les caractères de la bête
+Le mot désigne d’abord un siège pliant, riche-
fauve avec une valeur voisine de farouche.
ment décoré, transporté en voyage par les grands
personnages ; en moyen français kve-xwe ~3.1 le mot, F Au début du XX~s., on a appliqué ce nom ( 1923,
souvent décomposé en faux d’estueil (13963, faux n. m. pl.1 à des peintres tiançais qui utilisaient des
deteil ( 1428) - étymologie populaire (pour faux) qui couleurs pures, violentes; de là viennent FAU-
montre l’oubli de l’origine - désigne un siège de VISME n. m. (1927) pour nommer le mouvement et
parade, facile à transporter. C’est en effet un siège FAUVISTE n. m. synonyme didactique de fauve.
de cour, jusqu’au début du XVILI~s. (il est alors em- FAUVETTE n. f. (1223, fauvete) est le nom d’un petit
prunté par l’allemand Il7131 et l’anglais lli’4411, le passereau, à cause de la couleur de son plumage.
sens moderne n’étant défini explicitement qu’en FAUVERIE n.f.~endroit d'me ménagerier&ervé
1671. Le mot, devenu fauteuil au xv? s., et la chose aux fauvesm Iv. 19491 est un terme technique.
sont usuels sous Louis XIV: ils deviennent bour- \
geois (cf. les commodités de la conversation des 0 FAUX, FAW S SE adj . et n. m. est une réfec- V/
Précieux) et le Roi en fournit l’Académie (les “qua- tion graphique krve s.1 de faus k~” s-1, aboutisse-
rante fauteuils4 0 Depuis le xviue s. et surtout le ment de fais ( 10801, du latin falsus afaux, falsifié,
~IX~ s., le fauteuil devient un siège banal, mais trompeur)), participe passé de fallere 4rompep
confortable; cette idée de confort mène à la lo- 13 faillir).
cution familière arriver comme dans un fauteuil + L’adjectif apparaît dans la Chanson & Roland,
Cv.1889) <avec une avance confortable>, d’abord appliqué à ce qui n’est pas vrai, d’où la substantiva-
dans le contexte hippique. Le sens hiérarchique du tion le faux n. m. ~III~ s-1et le sens de “qui ne corres-
XVII~s. s’est, par ailleurs, conservé dans l’usage mo- pond pas à une réalité profonde> (12731, opposé à
derne, notamment en politique (occuper le fauteuil naturel, spécialement dans une œuvre 11675, n. m.).
monter au fauteuil & la présidence& EMin, le fau- oParallèlement, faux qutie ce qui n’est pas
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1405 FAUX

exact (10801, notamment dans raisonnement, cukul FAUSSAIRE n., réfection Cl2831 de fukuire 6n
fuux (XII~ s.1,par extension ce qui est fondé sur une XII~s.), est emprunté au latin fulsarius; il a sign3é
illusion ou une erreur 11580, hase joie) et ce qui 4rompem) avant de désigner une personne qui
n’est pas comme il devrait (1580, faux mouvement). commet un faux juridique 113131, puis artistique.
Faux se dit aussi d’un esprit qui raisonne mal Faux a produit Ie pr&xé ARCHIFAUX,FAUSSE
(av. 16621.0 Par la notion d’écart par rapport à une adj. (av. 18651 de archi-.
règle, l’adjectif s’applique ensuite à ce qui n’est pas D’autres mots ont été composés à partir de faux
conforme aux exigences de l’harmonie (mil. XVIII~s., parmi lesquels FAUX-SEMBLANT n. m. ! 1176, fuws
voix fausse) ou d’une loi ( 1865). o Dès l’ancien fran- sunblunt), FAUX-MONNAYEUR n. m. (13321,
çais, l’adjectif qual%e ce qui est contrefait, destiné FAUSSE(-)COUCHE n. f. (16711, FAUX-FILET
à tromper (11761, par exemple dans fausse atiaque n. m. (XIX” s.l. Voir l’autre élément.
(v. 12651, et ce qui n’est pas réellement selon son ap- @ VOiI- FAUX-FUYANT.
parence (XII~s., fausse perle). De ces valeurs dé-
coulent divers emplois : “qui ne remplit pas les +# 0 FAUX n. f. représente la réfection gra-
conditions nécessa;ires pour mériter son nom, phique 115871 de fuuz Iv, I 1751, fuuh cv,13601, forme
Iv. 1360, faux plafond), “qui est mal dé&3 ou in- enregistrée par le Dictionnaire de l’Académie
complet> (xv” s., faux air) ou “qui imite les appa- jusqu’en 19%. Le mot est issu du latin fulx, fulcis
rences d’un objet naturel= (av. 1549, fausse barbe). afauxs, aserpe» et aarme de guerrea, probablement
~Faux, n. m., se spécialise pour désigner une emprunté à une ancienne langue de l’Italie et qui a
contrefaçon 116111, notamment en droit ( 1659) et en fourni l’italien fulce, l’espagnol hoz.
parlant d’une œuvre artistique. L’adjectif s’emploie +Le mot désigne un instrument agricole, et aussi
en particulier dans fuw papiers, faux pmse- (1690) une arme formée d’une lame arquée au bout
port, etc., récemment dans le complexe vrai-faux d’un manche; par métaphore, la faux est l’attribut
qualifiant une pièce fausse, mais délivrée par un du Temps et de la Mort (1638). 0 L’usage du mot a
service paralIèle (police secrète, etc.). 0 A faux perdu de l’importance avec la mutation de l’outil-
~OC.adv., sorti d’usage au sens de ~sans raison sti- lage agricole Km xrxes.-xxe s.1,mais il garde ses va-
sante, (16291, s’emploie en architecture (1690, por- leurs évocatrices et symboliques. ~Par- analogie
ter à fa&, d’où en porte ;i faux lot. adj . ( 18651, em- de forme, c’est le nom d’un repli membraneux du
ployk au propre et au figuré. cerveau 11690, fuux du ceweuuk
b L’adjectif a de nombreux dérivés et quasi-dérivés. b FAUCHER v. est la réfection hve s.) de fuuchim
FAUSSEMENT adv. (12731, d’abord fukement Iv. 11751, issu d’un latin populaire “fukure, dérivé de
(11903, a suivi l’évolution sémantique de l’adjectif. faix; le latin classique utilisait metere (-+ moisson) et
0 FAUSSET n. m. EV.11753 est aujourd’hui démo- secare «couperN I+ section), qui a donné l’ancien
tivé; la voix de fausset, voix de gorge, aiguë, donne provençal segar et l’italien segure «faucher», régio-
l’impression d’une voix artikielle, -fausse%, par op- nal. Dans le Sud-Ouest, une forme dalhci, dérivée
position à la voix de poitrine. de dulh afauxn, représentait un latin populaire “du-
FAUSSETÉ n. f. est dérivé de fuk (v. 1120,fuketél, culus, -a Ib dague). *Le verbe a siaé =Couper
faux d’après le dérivé bas latin fukitus dont il a eu (des végétaux) avec une fauxn et par extension 4 la
les sens de «mensonge» Cv.1120) et de <tromperie= machinen, le verbe étant resté au XX~s. plus usuel
(11651. 0 Les valeurs modernes, issues de I’évolu- que son étymon. Il prend tr&s tôt une valeur figurée
tion de l’adjectif en Pan@s, conservent l’idée de et veut dire Hfaire tomber et mourir en grand
«ce qui est contraire à la tianchise, à la vérité, nombre> 6n XI~~s.1,d’où faucher (une tête) aguilloti-
Cv.1138, acaractère d’une personne hypocrite4. nern (1828) et, par tiaiblissement de sens, arenver-
FAUSSER v. tr. (XII~s.), d’abord faker (10801, vient ser’) (xxes.), spécialement en sport, au football (1904)
du bas latin falsure afalsfier, altkrer)) (de fulsus). Il a ou au judo. Il s’emploie dans la locution figurée fau-
sigrGé en droit féodal <dément+> 110801 et veut cher l’herbe sous les pieds de qqn lav. 16151, moins
dire cfalstieru (10803, spécialement dans l’ordre courante que couper”. ..; faucher le grand pré tira-
abstrait (1580, jugement faussé). 11 s’emploie au mer aux galères)) 117151, est archaïque. 0 Par fi-
concret pour aendommagep Iv. 1155 ; xv” s., fuusser gure, faucher a signifié <couper les cordons de (une
u72e clé) et à l’abstrait pour «déformer la réalité)> bourse)», pour la dérober 11713, en wgotl, d’où fa-
(12731. 0 Fausser a si@é dès l’ancien français milièrement achaparder>> 11834) et par extension
<<manquer à sa parole* Iv. 11961, d’où à l’époque -prendre>> (XX” s.l. *Par métaphore, le participe
classique &re Fidèle à ses engagements3 (xv” s., passé FAUCHÉ, ÉE adj. signifie asans argent)>
fausser sa foi), sens qui sunit dans la locution faus- (18761, en particulier dans fauché comme les blés
ser compagnie (av. 15651. (18991,fauché & blanc (18901.
De l’idée d’endommagement vient 0 FAUSSET Par analogie avec le mouvement du faucheur, fuu-
n. m. 113221, acheville pour boucher le trou fait à un cher, v. intr., sign%e *marcher en décrivant un
tonneau en vue de goûter le vin», mot technique demi-cercle avec la jambea (16781, surtout en par-
aujourd’hui démotivé. lant d’un cheval, et s’emploie pour le mouvement
SE DÉFAUSSER v. pron. (17923, vient de fausser de va-et-vient donné à une pièce d’artillerie
4rompers et signifie nse débarrasser-m (d’une carte; (déb. xxe s.l.
au figuré, d’une responsabilité) ; il a fourni le déver- Les dérivés de faucher, termes d’agriculture, s’em-
bal DÉFAUSSE n. f. ( 1949 écrit dkfosse Isicl), terme ploient parfois avec les sens analogiques ou figurés
de jeu. du verbe :
FAUX-FUYANT 1406 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FAUCHAISON n. f. IV. 1160, fdcheison) désigne tension, il s’emploie Iv. 1355) pour parler du crédit
l’action de faucher et la période où l’on fauche. qu’on a auprès de qqn (être en faveur1 et a signifié
+FAUCHEUR, EUSE n., réfection (XIV~s.) de fal- ccressourcex à l’époque classique (1669). 0 Faveurs,
cheor (v. 12 101, s’emploie par métaphore au féminin n. f. pl., s’est spécialisé pour désigner les marques
Ch Faucheuse, pour 4a Mort~, 17451. Faucheuse n. f. de préférence qu’une femme donne à un homme
(1859) désigne la machine agricole qui fauche. ( 163 II, d’on l’expression merder les dernières fa-
+FAUCHET n. m. (1213), d’où FAUCHETTE n. f. vers* 0 Faveur était le nom d’une écharpe I15571,
(18111, ont vieilli, de même que FAUCHkE n. f. aujourd’hui d’un ruban étroit (16901, parce qu’une
(1231, fuuciee). *FAUCHAGE n. m. (1311, faul- écharpe puis un ruban était donné à un chevalier
chage), aussi terme d’artillerie (19091, est familier par une dame, comme marque de préférence
au sens de «chapardage)) ( 19161, vieilli au profit de 11564).
h fauCh&. - FAUCHE n. f, C1360), remplacé en agi’% bFAVORISER v.tr. 11330) a été formé sur l’an-
Culture par FAUCHURE n. f. kvru” s.), s’emploie fa- cienne forme fuvw, ou directement à partir du
milièrement pour avol>>( 19201.4 FAUCHEUX n. m., latin.
autrefois dialectal pour <<faucheur>>( 15351, désigne Sur le nom et le verbe ont été composés les
une sorte d’araignée (1690), peut-être d’après le contraires DÉFAVEUR n. f. (xv” s., ckffaveur) et DÉ-
sens du verbe faucher, terme de manège; dans ce FAVORISER v. tr. (14681, courant au participe
sens on dit aussi faucheur (1756). passé.
FAUCHARD n. m. est une réfection d’après fau- FAVORABLE adj. est emprunté (v. 1150) au dérivé
cher (1352, fuucharl de fausars, faussati (fin XII~ s.1, latin favorubilis adigne d’être favorisé, bien vu, po-
dérivé de faux, désignant une hallebarde k double pulaire>>. 0Il a produit FAVORABLEMENT adv.
tranchant en usage jusqu’au xve s.; c’est aussi le Iv.12651 et le contraire DÉFAVORABLE adj.
nom d’une serpe (17521, aujourd’hui archtique. (av. 1475) -d'où DÉFAVORABLEMENT adv.
FAUCARD n. m. (xwe s.; repris 18381, dérivé du E 17521.
verbe fauquer, forme normanno-picarde de fuu- 0 vOirFAVORI.
cher, désigne une grande faux pour couper les
herbes des marais. +En dérive FAUCARDERV~ FAVORI, FAVORITE adj. etn. est em-
118381, d’où FAUCARDEMENT n.m. (18631, FAU- prunté (1541, favorie; 1546, fworit) à l’itahen favo-
CARDAGE n.m. (1907) et FAUCARDEUR n. m. rito, -itu, “qui est l’objet de la préférence de qqn, en
(me S.I. particulier d’un roi, d’un princeu (xv” s.), participe
FAUCILLE n. f., réfection (XII~s.3de falcille Iv. 11191, passé de favotire, dérivé de favore, du latin favor
est issu du bas latin fukiculu <<faucille, serpe,, dimi- (-+ faveur).
nutif de faix, falczk. Le nom de cet instrument agri- + L’adjectif conserve la valeur de l’italien, d’où le
cole s’emploie en particulier dans la faude et Ie sens du nom f&knin amaîtresse préférée d’un
marteau (v. 19201,ces outils symbolisant les classes roi, etc.)) ( 1690). 0 Les femmes bien en cour gouver-
paysanne et ouvrière et ayant été pris par les bol- nant la mode, la coiffure avec une touffe de che-
cheviks comme emblème des partis communistes. veux tombant sur la joue a été dénommée favorite
Le mot a fourni FAUCILLER v. tr. En XIIIes., fuuci- ( 1700) ; on trouve plus tard 11824) le masdin pluriel
lier),& le diminutifFAUCILLON n. m. (XIII%.), sor- pour désigner les <<pattes)),poils sur les joues mas-
tis d’usage. culines. Par extension du premier sens, favori dé-
FALCIFORME adj. (17661, composé savant de fah, signe le gagnant probable d’une épreuve, sportive
falcis et de forme, signifie üen forme de faux, de ou non (1855, à propos d’un cheval).
croissa&, en sciences naturelles. k FAVORITISME n. m. 11819) est construit sur le
FAUX-FUYANT n. m. représente une altéra- modèle de népotisme.
tion (mil. xwe s-1, sous l’influence de faux”, de fors- FAX -, FAC SIMILÉ
fuyant, composé de fors, issu du latin for& <<de-
hors*-, et de fuyant, participe présent de fuir FAYARD n. m. est un mot d’origine tianco-pro- o>
c- fuir). vençale. Il est relevé dans le dictionnaire de Tré-
+ Le forsfuyant était le serf qui devait payer un droit voux au xvd sous cette forme et il était au-
s. ( 17431
(la forsfuyancel pour passer dans un autre do- paravant écrit fuiard, fuilhurd ( 13731. C’est un
maine. Le sens concret, en vknerie, de achemin d& dérivé d’une forme fay issue du latin fagus -hêtre=
tourné que prend le gibier pour s’échappern est et à laquelle correspond l’ancien français fou
sorti d’usage, mais le mot s’emploie toujours au fi- I--+fouet).
guré (16721. 4 Fayard, nom régional du hêtre, est fréquent en to-
ponymie ; la variante foyard (18651 est courante en
FAVEUR n. f. est une réfection Iti XII~s-1de fu- Suisse romande.
VO~ II 1501,emprunté au latin favor Kmarque de fa-
vewy du verbe fctvere <cfavoriserp, amarquer son ap- FAYOT n. m. est une altération ti du XVIII~s.) o>
probation», d’abord terme de la langue religieuse, de fayolCe1 ( 172 11, emprunté au provençal fatil,
employé a propos de la bienveillance des dieux. fuyol ( 14701, lui-même de l’ancien français fuisol Ifm
4 Il reprend le sens du latin, d’où viennent les lo- XI~ S.I. Ce dernier est issu du bas latin fasiohs, alté-
cutions prépositives en faveur de (xv” s. ; 1315, en la ration du classique fzseohs OU phaseolus avariété
faveur del, à la faveur de (1580), et désigne la dispo- de haricot» qui reprend le grec phusêoIos, variante
sition à accorder une préférence à qqn. Par ex- de phudos <<haricot à cosse allongéen. FatSol est
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1407 FÉDÉRER

devenu fasol (v. 14801 qui se maintient encore au FÉCONDATEUR,TRECE adj. et n. (17621, FÉ-
xvf s. ; par ailleurs fuseolus a été emprunté sous la CONDANT,ANTE adj. (1771) et FkONDABLE
forme fusole krnes.) puis FASÉOLE n. f. (av. 15251, adj. Il8051 - d’où FÉCONDABILITÉ n. f. Iv. 1950).
et désigne régionalement la fève ou le haricot La biologie et la botanique ont construit des compo-
(+ flageolet). sés à partir des mots de cette série: SUPERFÉ-
+ Fayot, aujourd’hui familier, est introduit pour dé- CONDATION n. f. 11883) et SURFkONDATION
signer le haricot sec. Le mot a signifié dans l’argot n. f. (19031, AUTOFÉCONDATION n. f. (1888) et
des marins (1833) «rengagé de la marinem, le mili- S'AUTOFhCONDER V. PrOrI. (I%l), HIfuI au X? S.,

taire revenant à l’armée comme les haricots au INTERFÉCONDATION n. f., INTERFÉCOND,


menu ; ce type de militaire en rajoutant sur ses ONDE adj., S'INTERFÉCONDER v. pron. et
obligations, fayot en vient à désigner familièrement INTERFÉCONDITÉ n. f.
celui qui fait du zèle 11881).
FÉCULE n. f. est emprunté (1679, écrit foecuk
b FAY OTER v. intr. (1936) <faire du zèles a fourni
en 16601 au latin fueczh 4artre (de vin), diminutif
FAYOTAGE n. m. (mil. m? s.l.
de fuex, fuecis &e, dépôt> (+fècesJ.
FAZENDA + HACIENDA 4 Fécule désigne la substance qui provient du
broyage des graines ou des organes souterrains de
FÉAL, ALE, AUX adj. et n. m. vient En mes., certaines plantes.
feawl, par substitution du sufke -a2 à -cil, de feeil bFÉCULENT,ENTE adj. et n.m.reprend (15201 le
(lOSOl, aboutissement du latin Melis (-3 fidèle). latin impérial fuec&entus Nplein de lie, de boue,,
+ L’adjectif qui sime afidèle à la foi juréen, est au- dérivé de fuecula, pour parler d’un liquide qui dé-
jourd’hui archtique et le nom (fin XII~ s-1 d’emploi pose des sédiments. Il s’applique aujourd’hui à ce
littéraire (Rimbaud) ou plaisant, pour désigner un qui contient de la fécule (1823, adj. ; 1845, n. m.).
compagnon fidèle et soumis. FÉCULER v. tr. est dérivé (1865) de fécule, aux sens
de aextraire la fécule de IqqchJn et «ajouter de la fé-
FÉBRIFUGE, FÉBRILE 3 FIÈVRE cule», comme FÉCULERIE n. f. hmes.) <usine où
l’on extrait la féculea et 4ndustrie de la fécule*, FÉ-
FÈCES n. f. pl. est un emprunt Il5151 au latin CULEUX, EUSE adj. (1849) et FÉCULIER, IÈRE
fieces, pluriel de faux arésidu, lie, rebut». (18491. Ces dérivés sont techniques.
+ Il est didactique au sens d’cexcréments» (1515) et FÉCULENCE n. f. est un emprunt (xrv’s.1 au dérivé
sorti d’usage en pharmacie pour <(résiduB (1551). latin faeculentia aquantité de boue, de liem, dési-
b FÉCAL, ALE, AUX adj. (14781 est un mot savant gnant d’abord l’état d’un liquide qui dépose puis
construit à partir du radical du latin. (1845) d’un corps contenant de la fécule.
0 voir FwuLE.
FEDAYIN n. m., parfois écrit fedduyh, reprend
FÉCOND, ONDE adj. est emprunté lti XII~s.1 (19561, avec le sens de ecombattant palestinienB,
au latin fecundus «fertile, abonda&, ucapable de se l’arabe feduyin, fedduytn, pluriel de fedui, feddu2’
reproduire>) ; fecundus, qui se dit des femelles, de la 4celuil qui se Sacr%e=, dérivé de fida <ranGon-. On
terre, etc., est un dérivé en -cutius d’un radical fe- trouve aussi fedcdlai’ en français, ce qui indique que
que l’on retrouve par exemple dm fellare atétep le mot, qui se répand vers 1965, est mal assimilé. +
(+fellationJ, feminu efemme*s, fiüus &ls*». Fe- se Il avait été précédé par fédutte (18381, féduti (18721,
rattache à une racine indoeuropéenne “dhë- atêter, qui adaptaient l’arabe fidfiti amembre de la secte
sucer, traire, représentée dans l’ensemble du do- des ‘assassins’~ et apaladin)).
maine indoeuropéen.
4 C’est l’idée de production abondante qui est rete- FÉDÉRER v. tr. est emprunté pendant la Révo-
nue @n x3 s-1 en parlant d’un inanimé ; l’adjecttif, lution (1792, pron.) au bas latin foedwure wnir par
d’emploi littéraire ou didactique, s’utilise plus tard alliancem, du latin classique foedus, foederis <traité
pour qutier des personnes, au propre et au fi- d’alliance)>, ou encore formé à partir de fédéré, ad-
guré (1690). jectif attesté un peu avant 117901et qu’on trouve iso-
lément en 1521 (wni, alli&).
b FÉCONDITÉ n. f. est emprunté au dérivé latin fe-
cunditas aaptitude à se reproduire», dont le fran- 4 D’abord terme de politique, fédérer (1815) s’em-
çais reprend le sens au propre (1050, feconditet) et ploie par analogie en parlant de collectivités qui
au figuré (av. 1690). poursuivent un but commun.
INFÉCOND, ONDE adj., emprunté au latin infe- F FÉDÉRÉ, ÉE adj. et n. m. sime -membre d’une
cutius, est littéraire pour quatier ce qui ne donne fédération)), et est formé à partir du participe passé
pas de résultat ( 14581, aussi employé avec une va- latin foederutus; c’est un mot de la Révolution fkn-
leur abstraite (1682) ; il est didactique comme équi- çaise, qui sera repris pendant la Commune de Pa-
valent 115731 de stérile. ris pour désigner le soldat insurgé ( 1871). 0 Il dé-
FECONDER v. tr. est emprunté au dérivé latin im- signe aussi d’après l’anglais un partisan du Sud
périal fecundare. Il reprend le sens de *rendre ca- pendant la guerre de Sécession aux États-Unis.
pable de reproduction», rare avant le XVIII~s., et ce- FÉDÉRATION n. f., emprunt au dérivé bas latin
lui de Nfertilisern, au propre (av. 1650) et au figuré foederutio diance~~, a conservé Ixw” s.1 le sens la-
( 17961.+ Sur féconder ont été formés plusieurs déri- tin; comme les autres mots de cette famille, il est
vés : FÉCONDATION n. f. f1488). rare avant 1729. repris à la fm du xvnle s. pour désigner 1e mouve-
FÉE 1408 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment issu des provinces qui tendait à l’unité natio- b FÉERIE n. f. a signifk ~pouvoir magique des fées»
nale en 1789 @te de laFédér&on, le 14juillet 17901. et désigne Cl188, fuerie), dans l’usage littéraire, le
C’est le nom donné 11871) au groupement des monde où s’exerce ce pouvoir puis, par extension
gardes nationaux de Paris. 11prend (XIX~s.) le sens (XIX~ s.), tout monde irrationnel et, spécialement
général d’«association de sociétés, de syndi- (18231, un spectacle qui met en scène des person-
cats, etc., groupés sous une autorité communem. nages surnaturels. - FÉERIQUE adj. (18283 s’em-
FÉDÉRAL, ALE. AUX adj. et n. m., dérivé savant ploie surtout figurément au sens de ümerveilleuxm.
formé sur le radical du latin foedus (cf. le latin tardif FADET, FADETTE adj. et n., terme régional
foederulis Krelatif à un traité-), s’applique ( 1783) à ce (Centre) pour «lutin, petite fée>, est un diminutif (at-
qui est relatif à une fédération. 0 Le nom, réem- testé 1843, n. m.) de fade, n. f. (atteste 1844,Sand),
prunté à l’anglais, désigne les partisans du Nord, emprunté au provençal fada (x” s.1 qui correspond
les Yankees, pendant la guerre de Sécession amé- à fée. 0Le mot évoque surtout le roman de
ricaine 11883, les fédéraux>, puis, par nouvel em- G. Sand, la Petite Fadette (1849). Son attestation
prunt, les agents de la police fédérale des États- écrite et littéraire est certainement très tardive par
Unis. +FI?DÉRALISME n.m. (av.1755 chez Mon- rapport à l’usage oral.
tesquieu; repris en 17891,FÉDÉRALISTE adj. et n. FARFADET n. m., alutinn, est repris (1542, Rabelais)
(17923, FÉDÉRALISER v.tr. (1793) sont formés sur à un mot provençal, formé de fadet, lui-même dé-
fédéral. - FÉDÉRATIF, IVE adj. ( 1748, Montes- rivé de fada, et d’une particule fur- exprimant le
quieu; repris en 1789) est un dérivé savant du latin renforcement.
foederatw ; comme les précédents, c’est un des
mots clés au début de la Révolution française, de FEED-BACK n. m. inv. reprend Iv. 19501 un
même que fédération Cc+dessus). mot américain d’abord utilisé en électricité
FÉDÉRATEUR,TRICE adj. et II., au sens de aqui Idéb. XX~s.) avant d’être employé en cybernétique;
tend à fédérern, est de formation récente 11914, il est composé de to feed Nnourrîrm et de bu& car-
n. m., sur fédérer) et témoigne d’une extension de rièrem.
sens, en politique, influencée par l’anglais (cf. fede- + Il entre en français avec d’autres termes liés au
rutor, 18791. fonctionnement des ordinateurs. Par extension du
CONFÉDÉRER v. tr. apparait beaucoup plus tôt sens technique de 4ispositif d’autocorrection%, il
Iv. 1355) que fédérer; emprunt au composé du bas signifie amotication de ce qui précède par ce qui
latin confoederare *unir par trait& (du latin clas- suit» et équivaut au fkan~ais rétroaction.
sique con- aavec4, il signifie &unir plusieurs Etats
qui COnserVent leur souveraineté)>. *CONFE-
FEELING n. m. est emprunté 11922, répandu
v. 1946) à l’anglais (me s., +entiment>>), participe
DÉRÉ, ÉE adj. et n, m. a désigné des États qui
présent substantivé de to feel Gprouver, ressentti
s’tissent contre un adverstire 11475, n. m. pl.), no-
Eh rxes.), d’origine germanique (cf#allemand füh-
tamment les cantons suisses réunis (xv” s.l. Appli-
qué à une nation qui appartient à une confédéra- len).
tion ( 186 11, le mot s’emploie en histoire pour féderé, + Il équivaut à emressitité dans un contexte de mu-
en parlant des États-Unis ( 1866) et de la Commune sique de jazz ; par extension, avoir du feeling, c’est
11885).4 Du verbe dérivent aussi CONFÉDÉRA- =bien sentir les choses*.
TIF, IVE adj. (17611 et CONFÉDÉRATEUR,TRICE
adj. 11838).
FEIGNANT -3 FAINÉANT
CONFÉDÉRATION n. f., emprunt (1358) au bas la- FEINDRE v. tr. est issu (1080) du latin fingere
tin confoederutio mUia,nce~, désigne une alliance (<façonner, modeler+, d’où Gmaginep puis Gnven-
temporaire pour soutenir une cause. Il se dit d’une ter faussementn, qui se rattache à une racine in-
union durable d’États ( 17941, par exemple dans doeuropéenne “dheig’h- «façonner (de la terre),.
Confédération helvétique (1807). Par extension, le
+ Feindre a d’abord signifié (1080, pron.) cs’imagi-
mot s’emploie pour parler d’un groupement de fé-
ner, se croiren, encore à l’époque classique en em-
dérations (1895, Confédération générale du travail).
ploi transitif (v. 1265). 0 Le verbe correspond aussi
+ Le mot a produit CONFÉDÉRAL. ALE, AUX adj.
à Nfaire semblant (dans le but ou non de trompe&
(1598, en Suisse), qui correspond en Suisse à fédérctl
( 1080; 1280 feindre que, rare) et spécialement à
dans d’autres États fédéraux,
«donner pour réel (un sentiment que I’on n’a pas)*
(v. 1462).À l’époque classique, feindre ù signifie ahé-
FÉE n. f. est l’aboutissement cv.1140)du latin futa siter) (fin xv” s.1. * Le mot s’est employé jusqu’au
«déesse des destinéesn, forme féminine de futum xvrY- s. au sens latin de <former de toutes piècesfi
<énonciation divine», adestins (+fatall qui se rat- Iv. 11763; l’acception amanquer de courage, être pa-
tache au verbe fur-i aparlerm (+ fable). resseux)) (v. 1176) reste dans fainéant*.
4 Fée désigne un être imaginaire, de forme fémi- b FEINTISE n. f, &kmulation~ tv. 1190, du parti-
nine, auquel on attribue le pouvoir d’influer sur la cipe passé) est un archaïsme littéraire. +FEINTE
destinée des humains. Conte de fées est employé n. f., participe passé féminin substantivé, a désigné
par figure (XVI~I~s.) au sens d’«aventure extraordi- une invention poétique 112231jusqu’au XVII~s. et
naire et charmante». Fée entre dans des locutions (avant 15441 le fait de donner une apparence
pour qutier une femme à qui l’on attribue des contraire à la réalité. La valeur <action qui trompe-
qualités hors du commun (belle comme une fée, se spécialise en escrime 11680) et dans d’autres
c’est la fée du logis, etc.). sports, puis feinte prend le sens général Idéb. XX~s.)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1409 FELLATION

de c(ruseB. + FEINTER v., dérivé de feinte, s’emploie FÉLICITÉ n. f. est un emprunt (v. 1265) au latin
d’abord en sports (1859, intr.1 puis familièrement f&citas <<bonheur, chancem, dérivé de felix <<fécond»
pour atrompep (1931, tr.1; dans l’argot scolaire, et aheureux», qti se rattache, comme tellare =Sucer
feinter a repris un sens ancien de feindre ((ne pas Ile lait]», à une racine indoeuropéenne “dhë-
faire son travailfi. ht dérive FEZNTEUR,EUSE n. fltêtern.
(1924). + Le mot est resté d’emploi littéraire, qu’il désigne
0 voir FICTION (v. 1265) un état de contentement intense ou, au
pluriel 116401, un bonheur lié à une circonstance
FELDSPATH n. m. est un emprunt 11773, particulière.
Bloch et Wartburg, puis 1780) à l’allemand Feld- b FÉLICITER v. tr. est emprunté 11460) au b% latin
S~U~/I,proprement «spath des champsm ; le mot est felicitare crendre heureuxn dont procède le sens
composé de Feld <champ> (cf. anglais field) et de moderne de Nfake des compliments à (qqn)= (1630 ;
Spath, nom générique des minéraux à texture en en 16 11, féliciter avec gq!‘& Le pronominal est at-
lamelles. testé à l’époque classique 11690). + Le dérivé FÉLI-
4 Ce terme didactique désigne un minéral qui CITATION n. f., mot peut-être formé à Genève
entre dans la composition de nombreuses roches I 1623, foelicitation, d’ Aubi@) , a signii% longtemps
cristallines et est employé dans l’industrie du verre <<action de féliciter)) avant de prendre, employé au
et de la céramique. pluriel, le sens moderne de ((expression orale ou
.Il a fourni les dérivés FELD~PATHIQUE adj. écrite, souvent par formule convenue, de compli-
(1802) et FELDSPATHISATION Il. f (19303. mentsm.
INFÉLICITÉ n. f., mot de la langue classique em-
FÊLER v. tr. est une contraction 11423, fellé; prunté (1376) au latin iafelicitus, est devenu rare.
XVII~ s., à l’irr&nîtifIde faeler (~III” s.), verbe issu selon
Bloch et Wartburg d’un latin populaire “fagellare, FÉLIN, INE adj. et n. m. est un emprunt (1792,
forme altérée par dissimilation du latin classique in Bloch et Wartburg, puis 1824) au latin felinus, de
flugellare <fouetter, battre%, de flugellum Nfouetn feles =Chat», nom générique des petits carnassiers,
(-, flageller), les fêlures d’un vase ressemblant aux d’où <<chat(sauvage)», k côté de catus dchat Idomes-
traces laissées sur la peau par des coups de fouet. tique)B (+ chat).
P. Guiraud rapproche fêler de L’italien de même 4 Fdin désigne en zoologie ( 1824) un mammifère
sens sfracellare et suppose une forme “fragekre carnassier et quaNe (1833) ce qui concerne le chat.
ubrisern dérivée de frangere I+ fraction) qui abouti- 0 L’adjectif s’applique par figure ( 1845) aux per-
rait à “fratiler, “frêler. 11y aurait ensuite syncope du sonnes - surtout aux femmes - auxquelles on at-
r par dissimilation, ou bien fr- serait devenu fl- par tribue des caractères prêtés au chat (grâce,
assimilation (cf. la forme fléler en normand). Une charme mais aussi petidie.1
autre hypothèse de P. Guiraud rattache fêler à fêle
b Félin a servi à former les termes littéraires FÉLI-
aorte de sarbacanes, mot qui vient du latin ht& NITÉ n. f. (1875) et FÉLINEMENT adv. fi XIX~s.l.
<petit vaisseau, poren (-fistule). La question reste +FÉLIDÉS n. m. pl. est une formation savante
ouverte.
( 18381, de -id&*, d’abord félide adj. Terme de zoolo-
$ Le verbe signifie afendre (un objet cassant) sans gie désignant la famille des mammifères carni-
que les parties se disjoignent» (XIIIes., repris xv” s.3 vores du type chat ( 18921, le mot s’emploie aussi au
et s’emploie par figure au sens de Krendre brouillé singulier (1873, un félide).
Il’esprit)n, surtout au participe passé adjectif,
FÊLÉ, ÉE (16451, qui se dit de l’esprit, de la tête, FELLAGA ou FELLAGHA n. m. est un em-
d’une personne mentalement dérangée. prunt (1915) à l’arabe maghrébin fellügu, pluriel de
b Il a fourni FÊLURE n. f. En du XIII~s., faielure, re- felltïg, désignation des bandits de grand chemin (en
pris v. 1560). Tunisie et dans le Sud algérien); felltig vient de
l’arabe classique faltfiq apotiendew-.
FÉLIBRE n. m. et adj. reprend (1868, Mallarmé) + Le mot est repris vers 1954 pour désigner les par-
un mot provençal signifiant &rivain de langue tisans de l’indépendance algkienne soulevés
d’oc» et tiré en 1854 d’une poésie populaire par un contre l’autorité coloniale francaise, en Tunisie
groupe d’écrivains qui sont à l’origine de la renais- (1954-1956) et en Alg&ie (1954-1962). Le mot, déjà
sance littéraire de la langue d’oc dans sa variante péjoratif a été déformé en felloue par l’argot mili-
de Provence. F. Mistral rattachait félibre au bas la- taire tiançais.
tin fellibris, variante de fellebrls anourrissonl, dérivé
du latin classique fellare «sucep, callaitern, qui se FELLAH n. est un emprunt par l’arabe mag-
rattache à une racine indoeuropéenne “dh- ctêter= hrébin à l’arabe classique fülltï@ *laboureur}>; on
(+ feilation); il partait de l’image ancienne qui fait trouve les formes anciennes féluque (17351, fellach
des poètes les nourrissons des muses. Une autre (18001, qui adaptent la hale de l’arabe, aujourd’hui
hypothèse (fantaisiste) propose de reconnaître amuïe.
dans félibre un calembour sur deux mots désignant 4 Le mot désigne un petit propriétaire agricole
le livre : l’hébreu sefer et le provençal libre. maghrébin ou un paysan égyptien.
b FÉLIBRIGE n. m. ( 18761 et FÉLIBRÉE n. f. (1901;
de felibrèiol sont aussi des emprunts au provençal, FELLATION n. f. est un dérivé savant (av. 19451
diffusés par Mistral. de fellatum, supin du latin fellure ctêtep, d’où =SU-
FÉLON 1410 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ter)) dans le vocabulaire érotique, qui se rattache à ( 18721; femme-objet cv. 1960) s’applique à une
une racine indoeuropéenne ‘dh& &ter)>. femme considérée comme un objet sexuel par les
+ Le mot a une valeur érotique ; on emploie aussi hommes. 0 Le sens d’&pouse» est atteste dès 1080 ;
fkquemment la forme latinisée fellatio, qui n’est il est continué par le sens argotique de -maîtresse;
pas attestée en latin. partenaire sexuelle>>. 0 Femme entre dans plu-
sieurs expressions pour désigner des professions
~FELLATEUR, TRICE adj. et n. reprend (1829,
liées aux activit& ménagères : femme de chambre
Balzac3 le latin impérial fellator, -O~S, dérivé de
116801,femme de charge 06801,femme de ménage
fellatum.
11835 ; régionalement aépouse)) au xfxes.), femme de
9) FÉLON, ONNE adj* vient Iv. 980, feZlon, Melun) service (mes.); -3 Sage*-femme. Voir aussi le
du bas latin fello, -anis (feZZonesest attesté en latin schéma page ci-contre.
médieval en 8581, dont l’origine pourrait être le FEMMELETTE n. f., formé d’après femelle, s’est
tiancique “fille, “fiZlj0 ((qui maltraite les esclavesti, substitué (v. 1365; av. 1350, femelettel à femmette
d’où CcméchantB.Ce mot correspond au verbe fkan- n. f. (XIII~ s.), diminutif de femme. Le mot a d’abord
cique “filljun «maltraiter, flageller>>; on trouve en caractérisé le physique Icfemme malingre))) avant
ancien haut allemand fillen Nbattreb et en moyen le comportement (afemme craintiveA; il s’emploie
néerlandais villen aécorchern. Pour P. Guiraud, si au figwé et famikrement (16801 à propos d’un
fel(2” moitié du x” s.1 signSe &Personne cruelle, dé- homme.
loyale, pleine de rancune)), le bas latin fello pourrait FEMELLE n. f. et adj. est emprunté (v. I 120)au la-
avoir été construit sur kZ2osus, dérivé de fel <<fiels; tin femellu apetite femme*, diminutif de femina. Il
l’existence de felon. au sens de womissement de est introduit avec le sens dknimal qui reproduit
bile>> (XVI~s.) renforcerait cette hypothèse. l’espècen &VI~ s., adjJ+ * C’est aussi un terme de
+ Félon sime d’abord xméchantn ; il désigne très droit féodal, avec le sens de afemmen (1265). Il est
tôt (10803,à la fois comme adjectif et comme nom, la toujours utilisé, hors de ce contexte, dans un sens
péjoratif (1530, Marot; ti XVII’ s., adj.). Par figure, il
personne qui agit contre la foi due à son seigneur
s’emploie dans le vocabulaire technique (16781, op-
et, d’une façon plus large, qui manque de fidélité (à
posé à mûle,
Dieu, au roi, etc.), aujourd’hui par archtisme sauf
lorsqu’il s’agit de l’époque féodale.
FÉMININ, INE adj. est une réfection (XIII~s.1 de fe-
menin Cv.11651,du latin femininus, dérivé de femina
k FÉLONIE n. f., réfection ( 1080)de felunie (10501,a arelatif à la femmen, et indiquant un genre grw-
suivi l’évolution sémantique de félopt. matical marqué. Il est introduit avec ces deux sens,
respectivement vers 1165 et au XIV~siècle. Par ex-
FELOUQUE n. f. est une altération IlSOO), à
tension, le mot s’emploie pour qualZer ce qui est
côté de falouque ( 16801,de Rouque ( 15441.Le mot est considéré comme caractéristique de la femme, se-
emprunté à l’espagnol fuluca, lui-meme du catalan lon une image souvent stéréotypée; il s’applique
falucu ou faluga &VI~ s.l. Faluca est une variante de également (xx” s.1 à ce qui relève de l’activité des
fulua (1371) - d’où aussi l’espagnol fultia - qui est femmes. + FÉMINISER v. tr., tiré du radical latin
un emprunt à l’arabe falwa apouliche- et par analo-
fémin- s’emploie en grwnmaire Ev.15011 et signiEe
gie =Petit navire de charge>>.
adonner un aspect féminin à» 118351. L’évolution de
+ Felouque désigne un petit nace de la Méditerra- la société explique le sens récent Iv. 19601<faire ac-
née orientale, nokrnment en Egypte. céder un plus grand nombre de femmes à une pro-
fession, une activitém. oLe dérivé FÉMINISATION
o> FEMME n. f. est issu Idéb. xe s.1 du latin femina n. f. (1845) a suivi la même évolution sémantique
qui, représentant un participe présent passif, signi- Il868 en gwnmaire). +FÉMINITÉ n. f. h. 1265;h
fiait à l’origine “qui est sucée, qui allaiten et se rat- XIII~s., var. feminage), repris et diffusé seulement à
tache à une racine indoeuropéenne “dti- *téter= la kt du XIX” s., s’emploie pour désigner l’ensemble
comme feilure <<sucer))(3 fellation), felix aheureuxn des caractères propres à la femme; il a une valeur
C+ félicité), etc. ; femina a le sens de afemelle d’ani- péjorative quand il s’utilise à propos d’un homme
mal>>puis de <cfemmenet &pouseB ; il a concurrencé Cav.1880). 0FÉMINILITÉ n. f. (1855, Goncourt) et
mulier efemmep qui a donné l’italien mogke, l’es- FÉMINI?~TÉ n. f. (par ex. chez Baudelaire), de
pagnol mujer, l’ancien français moUtir (jusqu’au même sens, sont inusités.
XIV~s.1et UXOT&pouseB qui a abouti en ancien flan- FI~MINISME n. m. a été formé sur le radical du la-
çais à oissour, attesté jusqu’à la première moitié du tin femina par Fourier ( 18371,pour désigner une
me siècle. doctrine qui propose d’étendre le rôle des femmes
+ Femme est connu depuis la fin du x” s. pour dé- dans la société. Le mot est largement employé à
signer un être humain de sexe féminin et s’est em- partir des années 1960, ainsi que FÉMINISTE adj.
ployé (1829) en parlant de la femelle d’un animal. et n. (1872) qui l’a emporté sur femmiste, formé à la
Le mot entre au fl des siècles dans de très nom- fm du XIX~ s. sur femme.
breux syntagmes plus ou moins figés, qui caracté- On relève aussi, formés sur le radical du latin, les
risent le statut de la femme dans la société : borrne termes didactiques FÉMINOÏDE adj. (1946, de
femme (16681, par exemple, désignait jusqu’au -oi;de) et FÉMINITUDE n. f. Iv.l960),surle modèle
x12 s. une femme pleine de bonté ou une femme un de négdtude, utilisé depuis 1970 par les féministes
peu âgée ; le syntagme est devenu (1926 en argot) pour marquer le statut de la femme d’un point de
IJII équivalent familier de femme. On relève au vue social; en ce sens, on a aussi employé FEMEL-
XI$ s. maitiesse femme (1865) et femme de lettres LITUDE n, f.
Autour du nom de la
FEMME
grec
épithélium

latin

(au
FECUNDUS
fém.: FECUNDA)
Cet dérivés
1 fécond

fé&der

c
fécondité. ..

latin femme

FEMINA ’ FEMINRUS féminin


FEMELLA femelle
EFFEMINARE efféminer

latin
filial
FILIUS
CIrtournsson 11 - filiation

fœtus
faon

latin - félicité
FELIX Iféminlnj - <I favorisé
11qui produit ‘5
des dieux )I--E FE LICITARE p
FELtCiTAS féliciter

fellation
provençal
r< nowrisson félibre
des Muses II

peut-ëtre tatin
I foin
- FENUM CIfoin Il p *FENARE faner
(( produit du pré I) L
FENl(U)CUlUM- fenouil
FÉMUR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Le verh de femme, MEUF n. f, 11981), est un des chaïque au sens de (<fendre à nouveaun (v. 1268) ; il a
mots les plus diffusés de ce type de vocabulaire; il pris des sens techniques (1600, <fendre dans le sens
correspond au familier nana et à fille plutôt qu’à de la longueurn, par exemple) ainsi que REFEND
femme. n. m. (1423, refens Ncloison); ensuite mur de refend,
0 voir EFFET. 1690, bois de refelzd, 1713) et REFENTE n. f. (16001.
FENTE n. f. ( 1332) est issu du participe passé fémi-
FÉMUR n. m. est un emprunt ( 1541) au latin fe- nin “findik, forme populaire pour le participe clas-
mur, -oris cuissen, mot ad’un type indoeuropéen sique de findere, fîssus, &SU.
archaïquen (Ernout-Meillet), qui, gêné par sa res- ‘+ Voir FESSE, FISSILE, FISSION.

semblance avec fimus (+ fumier) a été remplacé


par coxa E+ cuisse) dans les langues romanes. FENÊTRE n. f. est issu (1135, fenestre) du latin 0
fenestru l’ouverture (faite dans un mur)» et achâssis
+ Il s’est spécialisé en -français au sens d’aos de la fermant cette ouverturem. Le mot latin, d’origine in-
cuisse». connue, était considéré par les Anciens comme ap-
ä FÉMORAL, ALE, AUX adj . est emprunté ( 17901 parenté au grec phainein avenir à la lumière, appa-
au dérivé bas latin femorulis <<dela cuisseti. 0 Le la- raîtren; cette relation historiquement fictive a pu
tin chrétien femorulia <haut de chaussesm, nom influencer la vie sémantique du mot. L’hypothèse
neutre pluriel de femoral& avait été emprunté d’une origine étrusque n’est pas sufhunment ap-
sous les formes altérées famuluires (du XII~s. au puyée.
XVI~s.1,refait en femordes Uin xve s.), sorti d’usage +Fenêtre conserve les sens du latin. Le mot a dé-
au XVII’ siécle. signé jusqu’au XVJ~s. l’ouverture d’une boutique et
la boutique elle-même et a connu le sens figuré de
FENAISON 3 0 FOIN <passage, 11433). L’idée générale d’c<ouverturen se
retrouve dans les sens spéciaux du mot; par
FENDRE v. tr. est l’aboutissement (v. 980) du la- exemple, la fenêtre est l’espace libre laissé dans un
tin findere «ouvrir, séparer, diviser,, qui se rattwhe acte 11690) ; par figure, on passe de l’espace au
à une racine indoeuropéenne qu’attestent le sans- temps (métaphore analogue de celle de créneau) et
krit bhinadmi «je fends% et le germanique (cf. go- fenêtre Iv. 19651 désigne en astronautique la durée
tique beita *je mords4 pendant laquelle le lancement d’un engin spatial
$Fendre Sign%e acouper (un corps solidelm tv. 9801, est possible.
sens dont procèdent les divers emplois et plusieurs b Le dérivé FENÊTRER v. tr. (ou FENESTRER) si-
locutions, comme geler & pierre fendre kwe s. ; gnifie d’abord, au participe passé, «garni de fe-
1611, à pierre fendant1 ou, vieillie, fendre Ja tête ri nêtres)> (av. 11881,puis par extension Noù l’on a pra-
qqn afaire un bruit qui le fatigue= (1694 ; cf. casser). tiqué des ouvertures» iv. 1200); à I’actif, fenêtrer a
Par analogie le verbe veut dire 4ouvrir un chemin signi% “garnir de volet9 El4031 et s’emploie en ar-
à travers un fluide>> Iv. 13061 ou & travers une chitecture pour apercer de fenêtre+ (15841. +FE-
massen (v. 1360; fendre lu foule), d’où à l’époque NÊTRAGE n. m. kv~” s.) ou FENESTRAGE (v. 1225)
classique fendre le vent as’échappep (déb. XVII~s.l. s’est employé pour <fenêtre,; ce mot technique dé-
Par extension, il a le sens de <<provoquer une fente signe un ornement imitant des fenêtres ( 13801, l’en-
dans Eqqch,)» (16111. 0 Fendre, intransitif, a signi% semble des éléments composant une fenêtre 11387)
en ancien français «se divisepj (v. 1050). 0 Le prono- et l’ensemble des fenêtres d’un bâtiment (15641.
minal se fendre est attesté au XVII~s. (16481, au FENESTRON n. m., mot régional du sud de la
propre. ll s’emploie aussi par métaphore Imon France pour apetite fenêtre}), reprend Efmxrxes-1un
cœur se fend...) et, par analogie, en escrime (18351. mot provençal (dérivé de fenestru, du latin) et s’em-
Par figure, on dit fasnilièrement se fendre de qqch. ploie dans le vocabulaire technique ( 19751.
pour «se décider à donnec (1846). DÉFENESTRER v. tr., sorti d’usage pour «ôter les
fenêtres>> ( 15641, s’est spécialisé, d’après défenestra-
b FENDILLER v. tr. est un diminutif (1580, pron. ;
tion, au sens de Nprécipiter (qqn) par une fenêtre»
xrxe s,, tr.) d’où vient FENDILLEMENT n. m. (1841).
(1863). 011 a produit DÉFENESTRATION n. f.
FENDANT n. m. a désigné En xv1~s.1 un coup
(18381, surtout employé à propos de l’épisode histo-
d’épée donné de haut en bas (comme pour fendre),
rique dit <<défenestration de Prague-.
d’où le sens de afier-à-brasn (déb. XVII~s.1,encore en Fe&tre a fourni aussi PORTE-FENÊTRE n. f. (1676)
usage en fkanctis du Canada. * C’est aussi le nom désignant une porte* dont la partie supérieure est
d’un cépage (1738, raisins fendu?& & peau qui se vitrée.
fends) et, par extension, celui d’un vin du Valais.
*FENDARD n. m. bu fend&), familier POU- “pan- FENIL + @ FOIN
talonu (18961, vient de fendu, à cause de la fente de
la braguette. *Le verbe a également fourni des FENOUIL n. m. est l’aboutissement (1176, fe- 0
termes techniques, par exemple FENDEUR, EUSE
noil) du bas latin fenucïum ou fenuculum, en latin
n. 114031, FENDERIE n. f. (16031, FENDOIR n. m.
classique feniculum, proprement apetit foinn, dé-
(1701) et FENDAGE n. m. (1845). rivé de fenum (4 0 foin).
Sur fendre ont été construits deux prékés : POUR- + Comme en latin, le mot désigne une plante à goût
FENDRE v. tr. (XIII~ s. ; fin xr” S., PUtiendre) ~fendre anisé.
avec un sabren, d’où figurément (av. 1841) Emettre à b Son parfum rappelant celui du fenouil, une
mal», a pour dérivé POURFENDEUR n. m. 11798, pomme a été dénommée FENOUILLET n. m.
flfanfaron~), peu usité. + REFENDRE v. tr. est ar- (16281, puis FENOUILLETTE n. f. (1738).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1413 FER

FÉODAL, ALE, AUX adj. et nm. est em- apparaissent fer rouge kwûlant), fer h friser (in Fure-
prunté (1328) au latin médiéval feodalis (930, n. m.1, tière, 1690). Par ailleurs fer de lance prend le sens
de feodum «fiefn (+ fiefl. figuré de <unité militaire placée en avant)). Du sens
+Féodal est un des termes qui détissent l’ordre d’aarme blanche- vient l’argot mauvais fer (attesté
politique et social du moyen âge, qui repose sur mil. XX” s.) 4ndividu sournois et dangereux».
l’institution du fief. L’adjectif s’applique 1132B) à ce b L’importance du fer dans l’économie explique le
qui concerne ce régit-ne, le nom désignant un grand grand nombre des dérivés.
seigneur (v. 14601. Par analogie, il est employé en FERRAILLE n. f. (1349) désigne de vieux fers qui,
parlant, en dehors d’un contexte médiéval, d’un donc, ont perdu de leur valeur - d’où le sens (1878)
possesseur de terres avec leurs paysans. de <<menue monnaien et récemment d’cobjet quel-
b Le dérivé FÉODALITÉ n. f., plus tardif(l5151, cor- conque en métkib. 0 Le mot a plusieurs dérivés :
respond au dérivé latin médiévial feodalitas FERRAILLER v. intr., c’était <<se battre à l’épée>>
(v. 1280). Outre son emploi en histoire, il a pris (1654, tr. ; 1665, intr.) et par extension <(faire !a
(xx” s-1 le sens figuré péjoratif de ({puissance Iécono- guerre» (1718) ; de là on passe par figure à
mique, fmancière) qui tend à être autonome dans qcombatke en parolesu (1718) et à ufaire un bruit de
l’État». ferraille>> (18611, sens que l’on retrouve dans FER-
Les dérivés FkODALISME n, m. (1823), FÉODALI- RAILLEMENT n. m. «discussion animéen ( 18721,
SER v.tr. (1831) -d'où FÉODALISATION n. f. <<bruit» (1885) et 0 FERRAILLEUR,EUSE n. m. et
11957) - sont d’emploi didactique. +FÉODALE- adj. (av. 1692; 1765, au fig.). 0 @FERRAILLEUR
MENT adv. ( 1483) est rare. n. m. désigne un marchand de ferraille cl6301 et a
Tous les mots de la série ont une valeur terminolo- supplanté ferron n. m. ( 16711, ankieurement «for-
gique particulière dans le matérialisme historique geronn (v. 11751. De ferron sont dérivés FERRON-
de Marx et Engels, féodal&& caractérisant une Pé- NERIE n.f. @n XIII"~.) et FERRONNIERJÈRE n.
riode de l’histoire succédant à l’esclavage et précé- ( 1332) dont le féminin, «femme de ferronniep>, a
dant le capitalisme, puis le socialisme. pris (1832) le sens d’<<ornement composé d’une
chaînette qui porte un joyau>, à cause de La Belle
+k FER n. m. est issu ti xe s-1 du latin ferrum dé- Ferronnière, portrait de la femme d’un ferrotier
signant le métal et par métonymie l’objet, l’arme en qui porte ce bijou, attribué à Léonard de Vinci.
métal. Le mot latin est d’origine inconnue, la métal- FERRET n. m., diminutif de fer Cdéb. XIV~ s.3, dé-
lurgie de ce métal, postérieure à celle du bronze, signe d’abord un petit objet de fer (ou d’un autre
ne s’étant répandue dans l’aire indoeuropéenne métal) puis ( 1588) l’extrémité métallique d’un lacet ;
que relativement tard Iaaprès la séparation des par extension on parle des ferrets de diamants
Celtes et des Italiotesn, selon Ernout et Meillet) et (cf. les ferrets de la reine dans Les Trois Mousque-
Ies noms du métal dBéra;nt d’une langue à l’autre. fuiresl. Le mot est aussi un terme de verrerie (17041
Certains supposent pour le mot latin un emprunt à et de minéralogie, en physique (4 magnétisme)
l’étrusque. 11704).
+ En français, fer désigne d’abord l’épée, puis 00801 FERREUX, EUSE adj. a signW Kde fern (1611, re-
le métal, non pas pur, mais tel que la métallurgie pris 1752) et est un terme de chimie 118381, comme
des minerais le produit à l’époque. Le mot s’ap- FERRIQUE adj. 117891, FERRATE n. m. (18391 et
plique rapidement à la partie en fer d’une arme FERRITE n. f. (1878).
(d’où fer de lame, etc.1 et à divers objets en fer, sur k COKtpOSé FER-BLANC n.m. t131ï') ont; été
comme Cv. 1176) la bande de métal formant semelle dérivés FERBLANTIER n.m. (1704; 1671, ferblan-
sous les sabots des équidés, appelée plus tard fer ;i nier, hapax) et FERBLANTERIE n. f. qui a pris
cheval. ~Puis, le mot sert à nommer des outils et outre son sens propre El8311 le sens Eguré de
instruments de métal Ize moitié XIII~ s.) et ses deux <<chose sans valeurs (1868).
valeurs évoluent et s’enrichissent, Pour le fer, le FERRUGINEUX, EUSE adj. est un emprunt savant
concept se précise avec l’alchimie, puis la chimie (av. 1594) au latin ferrugineus «couleur de fep> et
moderne Ixvr~~~-xrY s.) avec une extension pour “qui contient du fer>>, dérivé de kmgu ~rouiUe~~ (de
vsels de fer)) (les épinards contiennent du fer), tandis ferrum). 0 Le mot a conservé le second sens du la-
que plusieurs figurés donnent lieu à des locutions : tin, notamment dans eauut ferrugineuses.
de fer équivaut à atrès robuste>> (1225-1230) puis à FERRI-, FERRO-, premiers éléments tirés de fer-
kkbranlablem. Une vaste phraskologie utilise le rum, entrent dans la composition de termes didac-
mot : de fer, en fer se combine avec divers substan- tiques, en chie (1868, ferrocyanure, n. m. ; 1890,
tifs, par exemple dans ligne, voie de fer, seul che- ferricyanure, n. m.), en minéralogie, en physique
min* de fer s’imposant (cf. ci-dessous ferre et fero- (4 magr&isme) et en métakrgk (1889, ferrorzickel,
viaire). n. m. ; 1890, ferrochrome, n. m.).
Même enrichissement pour un, des fers au sens de FERRER v. tr. est issu Cv. 1140) du latin populaire
aobjetls1 en fer». D’abord les fers iv. 1174, d’après le Oferrare, du latin classique ferratus qcgaynl de fer=,
latin, désignent les chaînes d’un prisonnier et au fi- aqui contient du fer)}, derivé de fermm. 0 Le verbe
guré ( 1552) l’esclavage, notamment avec la est introduit avec les sens de agarnir de fer, de mé-
construction dans les fers. Le sens de <<fer à cheval» tal kpécialt les sabots d’un animal)~ et «mettre
donne lieu à la locution en fer à cheval, par analo- (qqn) aux fers* (av. 12331, d’où au XIX” s. {{mettre les
gie de forme et à divers figurés. L’instrument ser- fers à (un forçatIn 11828). 11 s’est spécialisé dans fer-
vant à repasser le linge à chaud reçoit aussi le nom rer le poisson ((engager I’hameçonn (av. 1856).
de fer ( 1660) ou fer à repasser. En fmnçais moderne +L’adjectif FERRÉ, ÉE, participe passé du verbe,
-F&E 1414 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

s’est employé pour qualifier un chemin empierre FÉRIÉ, ÉE adj. est une réfection (XI? s.) de fei
(v. 1175); c’est l’idée de dureté qui était retenue, rié, fuirié (1170, n. ; mil. XII” s.,jour foi&), issu du latir
mais dans voie ferrée c’est le matériau de métal classique feriutus moisif», *de loisirn, en latin chré.
qui est en cause ( 1851; cf. ci-dessous ferroviaire). On tien 4jourI de fêteb. Fetiutus est le participe pass(
dit aussi par extension réseau ferré. 0 Ferré s’est de feriwi «être en fête, en reposs, dérivé de ferk
employé par métaphore au sens de «di%cilea fljours consacrés au reposa (3 foire). Sur feiti avaii
(cf. aujourd’hui dur dans le même emploi), d’où la été formé feirier v. intr. <<chômerfi (v. 1150).
valeur de <sage, habïien (v. 14%) et «instruit, fort» 4 Le mot, rare jusqu’en 1690 Furetiére), se dit d’ur
dans être ferré SUT une question, l’acquisitiofl des jour chômé; son importance a crû au XX~s. avec 1~
connaissances étant considérée comme difkile. droit du travail, et il est entré dans le vocabulak
+ FERRURE n. f. (v. 1150, ferretire) désigne une gar- de l’emploi social du temps, avec fête, pont, week-
niture métallique (1687, en marine) et l’ensemble end, etc.
des fers d’un cheval ( 15301, ainsi que l’action de le
ferrer (15811; dms ce sens actif, on dit plutôt FER- FÉRIR v. tr. est issu (2emoitié x” s.1du latin fer&
RAGE n. m. (d’un cheval, 1338 ; d’un forcat, 1828 ;
&appern, qui se rattache à une racine indoeuro-
dans le vocabulaire de la pêche, 1926). péenne “bher- apercern.
FERRADE n. f. est un emprunt (16241 au provençal
femdo, dérivé de ferra {{marquer au fer rouge (le 4 Usuel jusqu’au XVI~s., le verbe a été éliminé par
bétail)>, du latin populaire “femme. ~L’action de frapper; il a signifié «sefaire aimer deB (fm XII~ s.3, lit-
marquer les bêtes étant l’occasion de fêtes, ferrude teralement &apper au cœur». -=n s’est pourtant
désigne par extension ces fêtes. conservé dans la locution S~~IS coup férir
Le préfixé technique DÉFERRER v. tr. h. 1130, des- (déb. XIII~s., *sans combattre4 s’employant au-
ferrer1 s’est employé au figuré à l’époque classique jourd’bui au sens de <<sansdikulté».
(16401 pour Ndéconcertern. 0 ENFERRER v. tr., ä FÉRU, UE adj. (XI” s., «blessémI s’est utilisé par mé-
rare, veut dire ((percer (qqn1 avec le fer de son taphore au sens d’&prisB (14333, d’où par extension
arme)) (XII~s.1 et a signifié cmettre (qqn) aux fers* (1651) <passionné pour qqch.n.
(XIII~s.3. oLe pronominal s’enferer est d’emploi
courant au sens de «se prendre à ses propres men- 0 FERME adj* et adv. est issu (v. 11401 du latin
songes)) (1632) et de *s’enfoncer (dans une mauvaise fimtus =Solide, résistantm au propre et au figuré,
situation)s. mot d’origine obscure. La forme masculine fem
FERROVIAIRE adj. est emprunté (v. 1910) à l’ita- disparaît avant le xrvesiècle.
lien fmoviario «relatif aux chemins de fep 118771, + L’adjectif reprend les sens latins, au propre ( 11401
de ferrovia Nchemin de fer», composé de ferra Nfen> et au figuré, dr, %xmré~ (11601.
et via =Voie>, de même origine que les mots fran-
qais. Le mot est soutenu par la kéquence du syn- b L’adverbe Ixw” s.1, d’abord écrit fem (11801,
tagme chemin de fer et de l’adje&f ferré. coexiste avec le dérivé FERMEMENT adv. (v. 11301,
au sens d’«avec force,, et Sign%e abeaucoupm (xx” s.,
0 voir MÂCHEFER,IMARÉcw-FERRANT i cHmm.
travailler ferme).
FERMETÉ n. f. est un emprunt au dérivé latin clas-
-FkRE est un second élément tiré du latin -fer
sique fimzitcts «solidit&, puis «forteresse> en latin
“qui porte», de ferre ccporterm qui entrait dans la
chrétien (776) ; il a repris ce sens (11651, comme
composition de nombreux verbes (+ confkrer, défé-
FERTÉ n. f. (XII~s.>,forme issue du latin et conser-
rer, o&ir, préférer, etc.).
vée dans des noms de localités. Femteté a ensuite
+L’élément sert à former des termes didactiques, le sens de q<soliditén (1200, femzeteit) et au figuré
en particulier en botanique konifèrel, en zoologie (12651 d’«assurancex, d’aautorit&.
~mummiférel, en géologie IpétrolifèreI. Quelques Les composés AFFERMIR v.tr, (1372) et RAFFER-
mots, comme aurifère, sont des emprunts directs MIR v. tr. (1394, aconsolidern) s’emploient aux sens
au latin. concret et abstrait pour -rendre (plus) fermem, ainsi
que leurs dérivés AFFERMISSEMENT n. m. Cl5511
FÉRIE n. f. est un emprunt (v. I 119) au latin chré- etRAFFERMXSSEMENTn. m.(1669),ainSique AF-
tien fefia {{jour de la semaine> (III~s.1,dénomination FERMISSANT,ANTE adj. et RAFFERMISSANT,
introduite pour éviter l’usage des ~O~IS païens ANTE adj. Cl904 au figwél.
(cf. encore en portugais segundu feriu 4.lndi~, etc.).
f+ férié, 0 foire1 0 FERME n. f. dérive iv. 11601 du verbe femer,
+ Le mot subsiste dans la liturgie catholique, mais au sens figuré en ancien &ançais d’aétablir d’une
est sorti d’usage au sens de «jour férié chômé, manière solide, fermeD (-+ fermer). On relève dans
EV.1212). + Il a été repris au xrxe s., désignant (1865) le domaine anglo-saxon le latin médiéval fzrm~
un jour pen&,nt lequel le travail était interdit par la &ail à ferme» (1100).
religion dans la Rome antique. + Femte est d’abord un terme juridique qui désigne
b FÉRIAL, ALE, AUX adj. est un terme de liturgie une convention par laquelle un fonds est donné à
(XJ$ s.1 empoté au dérivé latin chrétien ferialis bail ; ensuite, par métonymie ( 15391,le mot désigne
(VIIe-VIIIeS.I. le domaine rural ainsi loué et de là toute exploita-
FER~A n. f. est un emprunt récent à l’espagnol feti tion ou ses bâtiments. Femte a eu le sens jtidique
de même Or@ne que fkie, pour af&em, SpéCide- abstrait de <convention d’exploitation d’un droit*
ment <<fêtetaurine ; ensemble de corridas*. [ 14811, î~~~portant sous l’Ancien Régime puisque les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1415 FÉROCE

impôts indirects étaient mis à ferme (cf. la Feme FERMENTESCIBLE adj. est un dérivé savant
générale établie par Colbert). 0 Aujourd’hui, sauf ! 17641 du latinfemzentescere <<entrer en fermenta-
en droit et en agriculture, le sens dominant et seul tion», dérivé de fennentum.
usuel est <<maison d’habitation d’une exploitation
agricolen. +& FERMER v. tr. et intr. est issu (1080) du latin
classique fimure <rendre ferme, solidem, d’oti qforti-
b FERMIER, I&RE n. a suivi l’évolution de fewne : ce
fier* et (<cloren en bas latin ; fimare, qui dérive de
nom désigne au masculin celui qui tient à ferme un fiwnus (+ 0 ferme), s’emploie par figure pour
droit ( 1207 ; ensuite fermier gé,nér& 1690) ou une <cor&rrner=, «assurern.
exploitation agricole (1282) puis, aux deux genres
+ En ancien fhnçais, fermer Itr.1 Sign%e &xer, atta-
et couramment, la personne qui exploite des
terres, qu’elle en soit ou non propriétaire (1679). Le
cherx IIOSOI, =construire (un châteaulu (11551, Kforti-
mot s’emploie en apposition pour w3latif à la fier Eune place), Iv. 11601; de là un glissement s’ef-
ferrnen ( 1878; 1895, beurre fennierl.
fectue vers l’idée de abarricader)>, de 4oreu (11751
Le dérivé FERMAGE II. m. (1367) désigne le mode et spécialement 11547) de {{supprimer l’accès à
d’exploitation par ferme et, par métonymie, le qqch.m, d’où vient le sens figuré ainterrompre l’acti-
loyer d’une ferme. vité d’un commerce» et avec une valeur abstraite
Le diminutif @ FERMETTE n. f. (1941) S'emplOie (15801 «mettre fm à...», 0De la notion de clôture
plutôt pour un bâtiment aménageable en maison procèdent une autre valeur figurée : <<rendre in-
de campagne qu’au sens normal de cpetite ferme> : fkanchissable> 11606) et <<être, rester ferméw (xv” s.,
le contexte est celui des loisirs bourgeois, non du intr.1. oLe participe passé adjectif s’emploie en
monde rural. phonétique dans voyelle femée 116901, la distance
Le composé AFFERMER v. tr. est aussi un terme
entre la langue et le palais étant faible quand elle
juridique (v. 11701; dans l’ancienne législation, c’est est prononcée.
concéder le droit de percevoir des imp8ts. C’est b Les principaux dérivés de fermer sont FERMOIR
aussi donner à ferme, louer un domaine rural ou, n. m. (1260, femzoir ct I&re) et FERMETURE n. f., le
coura,mment aujourd’hui, un espace publicitaire. -t- de ce dernier a été ajouté (déb. XIV~s.1 par l’in-
4AFFERMAGE n. m. (anciennt U&???%en. f., 13131 fluence de fewneté; l’ancien tiançais avait connu
en dérive ( 1794 ; 1489, Nengagement d’un serviteur plusieurs formes, dont fremedure (61 XI~ s.), fer-
pour un temps déterminémI. meüre (v. 11801 <<forteresse* et &spositif pour fer-
mer>> (11901, sens conservé. oLe mot désigne
0 FERME n. f. + FERMER ~VII” s.1 l’action de fermer, d’abord en parlant des
portes d’une ville gardées par une troupe.
FERMENT n. m. est un emprunt krve s.) au latin 0 FERME n. f. dérive de fermer &xen; ce terme
fementum «levain,, de la famille de fervere abouil- technique désigne un assemblage de pièces qui
lire (3 ferveur). portent le faîtage (13441, d’oti @ FERMETTE n. f.
( 16901, et un décor de théâtre monté sur châssis
+ Le mot apparaît 113801 au sens métaphorique de
(1752).
alevairw, pour uce qui détermine (un sentiment, une
Sur femzer ont été prétiés plusieurs verbes. 0 EN-
idée, un changement)}>, par exemple dans un fer-
FERMER v. tr. (me $1 implique la suppression
ment de discorde. Il n’est attesté qu’au xwe s. II5751
d’une sortie, soit que l’on place dans un milieu clos
au sens latin concret de 4evain» puis de <principe
une personne pour l’empêcher de sortir, une chose
qui motie un corps en l’altérant, en le faisant gon-
pour la ranger, soit qu’on entoure qqch. (1538) de
fleru. Avec la chimie et la biologie moderne, on
haies, de murs, etc. ; d’où le sens sorti d’usage
parle (XIX~ s.1 de femzents fz@ks (micro-orga-
d’ccencerclern 11640) ; dans une course, enfermer un
nismes) et de femtents solubles (leurs sécrétions),
concurrerzt ( 19101, c’est «le serrer pour l’empêcher
enfm de femzent pour tout agent de la fermentation
de se dégager)). Le verbe est aussi utilisé au figuré
(par exemple chez Pasteur, 1861 : 4e ferment boty-
( 185 11,également au pronominal (av. 1778 ; s’enfer-
rique est un infusoire... 4. Le mot a vieilli, femzent
mer dans le silence). 0 11 a fourni ENFERMEMENT
soluble étant remplacé par diastase, puis par en-
n. m. ( 1549). + RENFERMER v. tr. EV.1130) a des dé-
zyme.
veloppements parallèles au verbe simple; EN-
b FERMENTER v. intr., emprunté au dérivé latin FERMÉ, ÉE adj. (16903, en parlant de l’odeur d’un
femtenfare, s’emploie au propre 112701 et au figuré heu mal aéré, a été supplanté par RENFERMÉ, ÉE
(17981, comxne FERMENTATION n. f. 11539, aboli- adj. (1818). Le dernier s’appliquait par figure à une
lonnement, effervescence4 formé à partir du latin personne qui ne montre pas ses sentiments (1747).
chrétien femzentati (du supin de femzentarel; le REFERMER v. tr. a le sens de «rendre plus solideti
mot désigne l’action de faire fermenter d’où Neffer- Iv. 1130; xv” s., pron. 4e raffea}) avant le sens
vescencex (1690) et au figuré l’altération, le mé- moderne Nfermer ce qui a été ouvetim (v. 11751, par
lange Idéb. XVIII~S.I. Avec le sens concret il devient figure au XIX~ s. Iv. 1873).
terme de chimie pour «altération. de composition> 0 voir FIRMAMENT.
(~~III~s-1puis &ansformation moléculaire sous l’in-
fluence d’un ferment)}, au sens pris par femzent en FÉROCE adj. est un emprunt Iv. 1460) au latin
biologie au XIX~ s. : femzentution. vineuse, alcoolique, classique ferox, -0ci.s Gmpétueuxn, <orgueilleux=, et
lactique, étudiées par Pasteur en 1857. en latin chrétien ctcrueln, dérivé de fer-us c(sauvagen
Du verbe dérivent FERMENTATIF, IVE adj. 116911, (+ fier). Féroce et fier, doublets étymologiques, sont
sorti d’usage, et FERMENTABLE adj. (1824). aujourd’hui cum@tement séparés pa;r le sens.
FERRAILLE 1416 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ L’adjectif a repris le sens d’corgueilleuxm Iv. 14601, bois ou de cuir) pour happer la main d’un écolier
sorti d’usage (4 fier), et celui de <cruel, sauvagen en faute 113851,d’où tenir la férule &re régent de
( 16 Ii) ; par extension le mot signifie wiolent, irnpi- collègem 118651,sens sorti d’usage. Par extension fé-
toyable>> 116941; il est aussi utilisé famîlîérement rule correspond à aautorité>) Cv.16661, dans la lo-
comme intensif. cution être sous la f&ule de gqn au propre et au fi-
N En dérive FÉROCEMENT adv. (15301. guré.
FÉROCITE n, f. reprend (xme s.1 le dérivé latin fero- FERVENT + FERVEUR
citas flfougue, arrogancem; il est rare jusqu’à l’épo-
que classique où il a parfois le sens de &erté» FERVEUR n. f. est la réfection kv” s.1de fervor
(av. 1525) et d’knpolîtesse brutale)> (1675). (fin XII~s.), emprunt au latin fervor ~~botionnement,
chaleur, ardeur>>, au propre et au figuré, du verbe
FERRAILLE, FERRER, FERROVIAIRE, fervere <<bouillir» qui se rattache à une racine in-
FERRUGINEUX + FER doeuropéenne signihnt Kbouillonnep, proche par
la forme de celle de ferre «porter)) (cf. fertile).
FERRY-BOAT n. m. est un emprunt du XVIII~ s.
4 Le f?ancais conserve de fervor son sens figuré ti
à l’anglais (14401, mot composé de Leny aendroit où
XII~4, spécialement en parlant du zèle religieux ; le
l’on traverse une rivièrem, dérivé de to Leny @ans-
mot s’était spécialisé à l’époque classique ( 16331au
portep> Ix” s. ; d’origine germanique), et de boat abs-
sens de <passion amoureuse».
teaw.
~FERVENT, ENTE adj. est emprunté (v. ~901 au
+ Le mot, attesté isolément au XVIII~ s. ( 17851 après
latin fervew «bouillonnant de chalet et knpé-
ferry (17821, a été repris en 1848 de l’angle-améri-
tueuxn, participe présent de fewere; il signifie <<en-
tain. Sous l’influence de fer, ferré (dans c!wmirt de
thousiaste» et s’emploie spécialement dans le do-
fer, VO~ ferrée), ferry-boat, d’abord pris au sens de
maine religietu; En XIIeS.I. aLe dérivé
abacn, terme proposé par l’administration ( 1973)
FERVEMMENT adv. (XIII~s.1 est d’emploi littéraire.
pour le remplacer, désigne un navire qui trans-
porte des trains d’une rive à l’autre (d’un fleuve, FESSE n. f. est l’aboutissement EV.1200) du latin @
d’un lac, etc.). On dit tiwersier au Québec, et plus populaire “fi~sa, Sign%ant à la fois ‘+knus= et afessesn
souvent par abrègement ferry en France. (comme cul en kknçais), pluriel neutre, pris
b CAR-FERRY n. m., emprunt (1958) à un Composé comme féminin, du classique f’issum <fente*, parti-
anglais, désigne un bateau qui transporte à la fois cipe passé substantivé de fz&re (+ fendre). Fesse a
des passagers et des voitures. éliminé l’ancien français nache, nage, utilisé du XII~
au xwe s., et issu du latin populaire onaticu, en latin
FERTILE adj. est un emprunt ti mes., classique ~tati, pluriel nutes afessew
fertil) au latin fertilts aproductif-, KabondantB, “qui 4 Fesse s’utilise dans des locutions où il est en
fertilisen, de ferre Hporterm (ancient aporter dans concurrence avec derrière et le plus souvent avec
son ventrepI et, à propos des plantes, «produireB cul : avoir chaud aux fesses ( 17431, montrer ses
13 -fére). Ferre se rattache à une racine indo- fesses et les fesses,lu fesse pour Camour physique,.
européenne “bher- flportep); le Su&e -tiZis est 0 L’expression familière cofiter lu peau des fesses
formé par analogie avec des mots comme ductilis; ((coûter très chers semble postérieure à couter la
on attendrait ferilks (cf. fucilis «facilenI. peau (1897, A. Allais]. Prendre pur lu peau des fesses
+Fertile est introduit avec le sens latin de “qui pro- est attesté en 1904.0 Par analogie, fesse désigne en
duit beaucoup> et s’emploie au figuré (av. 1455 ; marine (1736) la partie arrondie de la voûte d’un
1558, un esprit fertile). navire.
ä FERTILEMENT adv. h~~s.1 estrare.o~~~~I~~- b Le mot a fourni FESSU, UE adj. (12301, “qui a de
SER v. tr. s’emploie (15581 au propre et au figuré ; grosses fessesn, @ FESSIER n. m. familier pour *les
en dérivent, au sens propre, FERTILISATION n. f. deux fesses> (av. 1538) et 0 FESSIERJÈRE adj. et
(17641, FERTILISANT, ANTE adj. (17711, FERTILI- n. m., terme d’anatomie désignant et qualifknt les
SATEUR, TRICE adj. (1854, Nerval), littéraire, et muscles des fesses ! 15601.
FERTILISABLE adjd1865).
FERTILITÉ n. f. est un emprunt (1361; déb. xrve s., FESSER v. tr. ne vient pas, malgré les appa-
fetielitél au latin ferUas aqualité d’une terre fer- rences, de fesse. C’est un dériv6 de l’ancien kan-
tile»; comme fertile, il s’emploie au figuré, en par- çais faisse, fece abande, lien>, du latin fuscia de
lant de l’esprit Cv.16501. même sens I+ faisceau).
INFERTILE adj ., emprunt au dérivé bas latin infer- + Le mot sigr&ait d’abord (1489) -battre avec des
tiks, s’emploie au propre (1434) et au figuré ( 15941;il verges>>,. le rapprochement avec fesse a abouti au
est didactique ou littéraire, comme INFERTILITÉ sens moderne,
n. f. ( 14561,également emprunté au latin. F fl a produit FESSÉE n. f. (1526) et FES-
SEUR, EUSE n. (15491, rare. +De même, FESSE-
FÉRU +FÉRIR MATHIEU n. m. 115701, w3urîer~~ ou ({avarep, au-
jourd’hui archaïque et utilisant une graphie an-
FÉRULE n. f. est un emprunt ( 1372) au latin fe- cienne (un seul t), signifie littéralement keluil qui
rula, dont il reprend le sens en botanique. bat saint Matthieu avec des verges (pour lui souti-
+ Le mot désigne une plante herbacée puis, d’après rer de l’argent)», et pas forcément sur les fesses !
l’autre acception du latin, une petite palette (de Saint Matthieu était le patron des changeurs.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1417 FÉTICHE

FESTIN n. m. est probablement un emprunt + Le mot a d’abord (1050, feste; XVII~ s., fête) le sens
( 1382 ; repris en 1527) à l’italien festino Krepas de de *célébration faite & un jour marqub dans un
fête,, diminutif de l’italien festa afêten, de même contexte religieux, Par extension, il désigne une ré-
origine que le kançais. jouissance qui rompt avec la vie quotidienne En
+ Il conserve le sens de l’italien. XII~ s.), un ensemble de réjouissances organisées
(12731, une cause de plaisir (XIII’ s.), une comrnémo-
w FESTINER v. intr., d’abord <{of%ir un festin à qqnD
ration En xrve s-1 et spécialement le jour de la fête
(1350, intr. puis v. 1583, tr.) puis afake un festin)
du saint dont on porte le nom (1668; mil. XE? s., fête
(1649) est sorti d’usage.
pah-anale), 0 Il s’est employé pour cfoire*>> I~II~~s-1,
FESTIVAL n.m. est un emprunt 11830) à l’an- 4apagen (XIII~ s.1; il désigne par extension toute oc-
glais festival, adjectif, ade fête» (xrve s.) et substantif casion de débauche (18791, surtout dans faire la
<<période de fête= (XVI” s.3, en particulier <<fête musi- f&e. Il entre dans plusieurs locutions comme en
cale*, &rie de manifestations musicales,, sens re- f&e En XIII~ ~5.1,faire fête à qqn (16801, et la formule
pris en français. Le mot anglais vient de l’ancien de menace ironique ça va être ta fête Cv. 1965).
français festival Kde fête, joyeuxn, dérivé du latin k FÊTER v. tr. a signifié (1223, fester, intr.1 <célébrer
festivus loti il y a une fête», de festus (+ fête). une fête>> et prend le sens de ahonorer (un saint)
4 Par extension, festival s’emploie en français dans par une fête, (mil, xwe s.), d’où f&er qqn 117281, et de
d’autres arts que la musique (19303 et, par figure, afaire une fête à l’occasion de Iqqch.l)) Ml. XM~ s.1,
désigne une manifestation compléte des aptitudes, aussi dans FÊTABLE adj. (18841, +Le dérivé FÊ-
du talent de qqn, notamment dans le domaine TARD, ARDE n. (18593, SUrbUt au maSCdin, est fa-
sporkif txxe S.I. milier.
de motafoumi FESTIVALESQUE adj.rare11859, FESTOYER v., réfection (v. 11751 de festeer 4amu-
Berlioz), FESTIVALIER, IÈRE adj. et n. (1955) et serm E11701, dérive de feste (mais Voltaire le moder-
FESTIVALIEN, IENNE adj, 09571 qui ont rapport nise en fêtoyer); le verbe a signifié transitivement
aux festivals organisés, de musique, cinéma, etc. Gn XII~ s., festoierl ((faire fête à qqn)). En français mo-
derne, il n’est qu’intransitif et Sign%e surtout (18641
FESTIVITÉ n, f, est emprunté (XIII~ s.) au latin «participer à une fête, à un festin+. .
festititas agaietén, dérivé de fesbus ade fête)), de Le composé FÊTE-DIEU n. f. (152 11, afête de Dieu>),
festus (-+ fête). est construit selon la syntaxe de l’ancien lançais
4 Du XIII~ au XVI’ s., il sime «fête, réjouksancem ; kf. Hhtel-Dkul. Cette fête religieuse en l’honneur
peu employé ensuite, il n’est repris qu’en 1801; il du saint sacrement a été instituée en 1264 par le
garde ce sens mais est le plus souvent au pluriel pape Urbain IV et nommée Corpus Domini (en ita-
(18951, avec une valeur ironique. lien), Corpus Chtiti (en espagnol), d’où les noms de
b FESTIF, IVE adj., emprunt (A-V” s.1 au latin festi- Corpus (en catalan) et de Corps de Dieu (dans le
YUS, s’est employé dans un contexte religieux Sud-Ouest).
jusqu’au XVII~ s. avant de disparaître. 0 L’adjectif a 0 voir FESTIN, FEsTrvAL. FESTWKTÉ, FESTON, TFkOuBLE-

été repris (v. 1970) à l’anglais festive, adj. Ixw” s-1, de FT?I’E h-t. TROUBLER).
même origine.
FÉTICHE n. m. est une francisation ( 1669) de fe-
FESTON n. m. est emprunté (15331 à l’italien tissa (16051, emprunté au portugais feitiço m%i&
festcm Idéb. ~13s.) ~guirlande~~ et terme d’architec- ciel= ladj.1 et Hsortilège, amulette- (xv” s.), du latin
turc, proprement <<ornement de fête)), dérivé de fucticius C+ factice).
festa, de même origine que fête”.
+ C’est d’abord le nom que les Blancs ont donné
4 Le mot reprend le sens de ~guirlande suspendue aux objets du culte des peuples dits primitik ren-
en forme d’arc» (15333 et l’emploi en architecture contrés au cours d’explorations à visée colonisa-
(1550) ; par analogie, il s’utilise en couture pour une trice. Par analogie, le mot désigne (XIX~s.), ce qui a,
bordure dentelée et brodée (17981, puis en méde- selon une personne superstitieuse, un pouvoir ma-
cine (xx” s., feston girgivull, en géologie, etc. gique et, au figuré IXE” s.), ce qui est admiré sans
b FESTONNER v. {corner de festonsn (1533; 1771, en discernement. Dans un sens technique en psycha-
couture) a eu le sens figuré de tctituberm 11843, intr.), nalyse IX?~.), le fétiche est l’objet libidinal du féti-
sorti d’usage. 0 Le verbe a produit les termes tech- chiste Ici-dessous3.
niques FESTONNEUR,EUSE n. (18331, FESTON- F FÉTICHISME n. m. a d’abord (1756; 1757, Dide-
NAGE n.m. (1867) et FESTONNEMENT n.m. rot) le sens de Nculte des fétichesti et (XIX~ s.) celui
119131. d’ Nadmiration excessivem ; il désigne spécialement
FESTOYER +FÊTE (19063 une perversion sexuelle par le biais d’un ob-
jet habituellement sans signification érotique et qui
FÊTE n. f. est issu Cv. 1050, festel du latin festa tel- devient un cfétiche -.-FÉTICHISTE adj.et n. (18241
lipse de festa dks *jour de fête4 neutre pluriel a suivi l’évolution sémantique de fëtichisme (sens
substantivé de l’adjectif classique festm ade fête» et psychologique, déb. me sd. + FÉTICHIQUE adj.
“qui célèbre la fêteB. Ce dernier, qui a donné l’ita- (1852) et FÉTICHISER v.tr.(v. 1960) sont restés des
lien festu, l’espagnol E&u, se rattache comme fe- termes didactiques.
riae bfériél à une racine indoeuropéenne Ofës-, FÉTICHEUR n. m., autre dérivé de fétiche, courant
fus- à valeur religieuse et représentée seulement en lançais d’Akique, désigne un sorcier qui utilise
en italique. les envoûtements.
FÉTIDE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FETIDE adj. est un emprunt (1464) au latin foeti- même que jouer avecle feu Il 828) ; il n ‘y a pas le feu
dus “qui sent mauvaisn et au figuré <<dégoûtant>, ad- (xx” s.) si@e de même «rien ne presse=. L’idée de
jectif dérivé de foetere gpuern qu’on a rapproché de destruction rend compte de la locution figurée k
fimus (+ fumier). feu et ii sang (1530).
+ Fétide reprend les sens propre (1464) et figuré Un autre sémantisme est gsource de lwntère»
(18223 du latin. (1188) d’où le composé couwe-feu Ici-dessous). Feu
s’est spécialisé au sens de &nal lumineuxn ( 1680)
b Ii a fourni FÉTIDITÉ n. f. (14781, didactique ou lit-
- les feux d’une automobile (1896) - puis au sens
téraire . de 4gnal lumineux pour guider ou régïementerp,
d’où les locutions figurées Iv. 1955-1960) feu rouge
FÉTU n. m. est issu (v. 11701 du bas latin festu- udécision d’interdiren et fev vert =autorisation>>.
cum, variante du latin classique festuca abrin de
+Feu désigne aussi une décharge de matières ful-
paille)> d’une graminée et, par antiphrase, tirnasse
minantes (1572) ; de là les expressions, parfois figu-
pour enfoncer les piquets? rées, faire long feu (18261, mettre le feu aux
+ Le français reprend le premier sens et se dit aussi poudres ( 1690). Le mot concerne aussi ( 1680) le tir
au figuré pour *chose lég&e» (un fétu de paille) et des amzes dites a feu, par extension la guerre (1680,
achose de peu de valeur)} (1170). 0 Fétu a été au aller au feul et par métonymie populaire une arme
XVII~~s. un terme de botanique, remplacé ensuite à feu (1899). La combustion de poudre a introduit
par FÉTuQUE n. f. ou m. 117751, réemprunt au la- feu d’artike (1671; + artSce) et feu de Bengale
tin. (18721, feu grégeois C+ grégeoisl.
Feu s’utilise, comme le latin @Gs et le grec pur,
+k 0 FEU n. m. est l’aboutissement (XII~s.1par les pour parler de l’ardeur des sentiments ; cet emploi,
formes fou, foc (v. 880) du latin classique focus qui aujourd’hui littkaire, apparaît dès le rxes. Iv. 880,
sime <<foyeroti brûle un feu>, d’oti abûchern, «ré- aardeur du regard>> ; 1150, feu de la colère ; v. 1174,
chaudm et, par figure, *famille» ; focs est employé à le feu de I’amour) et est très courant dans le voca-
l’époque impériale comme synonyme d’i&s afeu» bulaire galant du XVII’ s. E-+ flamme), où feu désigne
I+ igné) qui a de nombreux sens figurés : aéclat,, aussi l’inspiration poétique, l’enthousiasme ; la
arougeur», -feu de la colère, de l’amour» ; plus tard, langue moderne en a gardé la locution être tout
les traducteurs de la Bible le prennent pour tra- feu tout flamme aenthousiaste>>. 0 Toujours par fi-
duire le grec pur, puros (3 pyrite). Les Latins rap- gure, le mot désigne une sensation de chaleur in-
prochaient focus de forere achatiern, de la racine tense, notamment dans en feu Iv. 1174, les joues en
indoeuropéenne d’où vient le sanskrit dahati 4l feu), d’où spécialement des maladies, des inflam-
brûlep, de forme causative. mations : une maladie qui ronge le corps (v. 12231,
+ La plupart des sens de feu apparaissent en ancien des rougeurs sur la peau IXVI” s.1,feu Saint-Antoine
français. Lié au sacré, le mot s’emploie pour 43sprit (1606) nommant l’ergotisme. Le mot est sorti
de la Pentecôten tv. 8801 et a sign%é (1120-1150) d’usage pour parler de la saveur forte d’un alcool
«feux de l’enferm ; il désigne aussi le supplice du bti- bnil. XIX~ s. ; 1851, eau de feu aeau-de-vie»).
cher (v. 8801, d’où vient la locution figurée à petit b Les dérivés de feu sont construits sur la forme an-
feu ; de l’épreuve ancienne du feu lordalie) subsiste cienne fou. Du sens de afamille> vient FOUAGE
la locution figurée (av. 15491 kdme& sa main au n. m. km” s.) qui correspond au latin médiéval ha-
feu. &um : c’était, en droit féodal, un impôt qui se payait
Au sens de «dégagement d’énergie accompagnant par foyer.
la combustionn d’où les locutions en feu, prendre FOUAILLE II. f,, sorti d’usage pour «bois de chauf-
feu kwe s.), le mot désigne par métonymie l’étin- fagem (1200, kille), est un terme de vénerie dé-
celle (10801 et, par analogie, la foudre, &feuBdu ciel signant les abats du sanglier cuits au feu et jetés
( 1200) ; on a nommé feu central ( 16901le foyer qu’on aux chiens (1573 ; 1379, fouail).
supposait au centre de la Terre. 0 Le feu est aussi AFFOUAGE n. m. 11256, afouge) dérive de I’a;ncien
l’ensemble des matières que l’on brûle ( 1080). 0 De verbe aflouer (12041 afaire du feu)), Nfournir du
là viennent les sens de «source de chaleur pour chatiagem (12643, terme juridique désigna& le
transformer les ahnentss Ià l’origine un foyer en- droit de ramasser du bois dans une forêt commu-
flammél I 11601, achalew ( 1398) et la locution figu- nale.
rée (18431 SUTle feu <(enpréparation)>. 0 Par méto- COUVRE-FEU n. m., de couvrir Iv. 12601,désigne le
nymie, feu désigne l’endroit où l’on fait du feu ( 1228) signal d’éteindre les lumières et de rentrer chez
et, par extension, en concurrence avec foyer”, l’en- soi, puis l’interdiction de sortir après une heure
droit où l’on habite 11260) ; ce sens a disparu mais Exée. -Le composé CONTRE-FEU n.m., tech-
restent la locution (déb. xwe s.1n’avoir ni feu ni lieu nique, désigne la plaque qui garnit le fond d’une
et le sens de <<famille%(dans un village1 112601.Par cheminée (1531) et un feu qu’on allume pour cir-
extension ont été construits feu de joie 11414), feu conscrire un incendie de forêt (18451. +GARDE-
de la Saint-Jean (1680) et feu de camp (xx” s.1autour FEU n. m. inv., -grille pla&e devant une chemi-
duquel on se réunit, d’où par extension *veillée ré- née>> (168o), s’emploie dans les vocabulaires tech-
créativen. + Par ailleurs, feu a pris le sens de afoyer niques, notaunment comme équivalent 11930) de
destrwteur, incendie» (12131, d’où au feu! (xv” s.1, COUPE-FEU n. m. înv. (18821, PARE-FEU n. m.
feu de cheminée ( 16901et la locution familière avoir inv. (1872).
le feu au derrière laux fesses, au cd duh 116901, 0 voiï”BOUTEFEW hrt.BOUTER),FOC~ FEUFOLLETht.
qui fait allusion au danger que représente le feu, de FOU).FOUACE,FOYER.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1419 FEUILLE

QI FEU, FEUE adj. est l’aboutissement IV. 1050, désigner (attesté 19161 une tranchée, disSimd6e
ma&&) du latin populaire “fatutus “qui a telIe des- par des feuillages, servant de latrines aux troupes
tin&=, d’où aqui a accompli sa destinée>>, dérivé du en campagne (cf. ancien lançais faillie ccabane de
classique fatum ((destin%13 fatal). feuillages~ + 0 folie). * FEUILLAGE n. m., COU-

+Le mot a @pif& adestinée» dans malfeik «gti a ra;mment l’ensemble des fetiesn (1324, fueihige),
désigne aussi la représentation de feuilles ( 15491et
une mauvaise destinéen (auparavant fadude, en-
suite fatil, puis (1172) amort depuis peu de temps)>,
des rameaux coupés (16881. +FEUILLARD n. m.
aujourd’hui dans des emplois littéraires, juridiques qui a signif& «branchage>> (xrve s., foillartl, désigne
(1465, feuillartl la branche fendue en deux dont on
ou plaisants, et seulement antéposé & un nom de
personne. fait les cerceaux de tonneaux et, par analogie, une
plaque de métal large et mince. +FEUILLAISON
FEUDATAIRE n. m. est emprunté (13871, n. f. (1763) vient du verbe @ FEUILLER v. intr.
d’abord sous la forme pheudataire (12821, au latin IX+ s.; v. 1120,fueiZ2ier) use couvrir de feuille+,
médiéval feudatatiw ou feodatarius «possesseur d’emploi rare, comme sa variante FEUILLIR
d’un fief)), dérivé de feodum, feudum I-, fief?. v. intr. (XII~s., fueillirl.
DÉFEUILLER v. tr. (v. 12401, équivalent littéraire
4 Le mot, rare jusqu’au XVIII~s., s’emploie pour par-
de e!hiller, a produit les termes didactiques DÉ-
ler du titulaire d’un fief, dans le système féodal ;
FEUILLAISON n. f. (18031 et DÉFEUILLAGE n. m.
l’emploi adjectif (1611, <tenu en fief>))est très rare.
(1870). + Le composé EFFEUILLER v. tr. Sig?dfE
b FEUDISTE n., mot didactique signifknt aspécia- <<dépouiller de ses feuilles= et par extension népam-
liste du droit féodal>> ( 15861, est dérivé savamment prer (la vigne))) ( 14161, sens répandu en Suisse, puis
de feudum. adépouiller (une fleur) de ses pétalesn ( 1784). 0 Il a
fourni EFFEUILLEUR, EUSE n. @I XIV~s., efueil-
+k FEUILLE n. f. est une réfection (1273) de leur), employé familièrement au féminin pour
fkik, faille Cv.11301,issus du bas Mn folia, pluriel rendre l’anglicisme St!@teaseuse (i949), EFFEUIL-
neutre devenu féminin du classique folium <feuille LEMENT n. m. ( 15461, EFFEUILLAISON n. f. (1763)
d’arbre% - d’où <<feuille d’acanthe Ides chapiteaux et EFFEUILLAGE n. m. (17631, aussi pour =strip-
corinthiens3~ et, au @un& &agatellen - et spécîa- tease% (19701.
lement =feuiLle de palmierB, où la Sybille écrivait
ses oracles, d’où <<feuille d’écriture, de papiern. Le
2.Au sens analogique de feuille. 0 Le diminutif
FEUILLET n. m, réfection Cv.1360) de fotilet «petite
rapport avec le grec phullon afeuille>> 14 -phyUel est feuille de papier} Cv,11301, désigne chaque partie
discuté.
d’une feuille pliée sur elle-même et, par analogie
4 Du sens en botanique Iv. 1130 ; XIII~s., feuille morte) de forme, la troisième poche de l’estomac des ru-
viennent des locutions figurkes comme trembler minants qui évoque une petite pile de feuillets
comme une feuille (av. 16791, précédées en ancien (1690). Le mot a d’autres sens, scient%ques (1832,
français par des comparaisons (... com feuille de lo- feuiUet embryondrel ou technicyues Capr. 1970,
rier, xme s.l. ~Par analogie, le mot désigne une *mémoire auxiliaire d’ordinatew). + Sur feuillet
plaque mince (1200, pour une plaque d’or1 et un ob- est dérivé FEUILLETER v. tr. 115491 Mtourner les
jet qui a cette forme (1680, feuille d’un paravent); page9 et, par extension, ((lire rapidement>> (15801.
c’est le sémantisme de l’anglais film 13 fh1. Feuille Un autre verbe feuilleter hle s.), du sens 1 de feuille,
de chine a eu à8l’époque classique le sens de Mchose signi&it « pousser des feuilles ». ~FEUILLETÉ, ÉE
de peu d’împortanceu (1690). Par extension, feuille adj., d’abord {wnstitué de fedes» (1234), se spé-
s’emploie pour la représentation stylisée de cer- cialise en pâtissetie 11566, gûteau feuilleté), d’oti
taines feuilles (av. 1850, feuille de vigne>, Feuille de feuilleter de lu pûte (16801. L’adjectif a été substan-
chou, par analogie d’aspect, s’est dit familièrement tivk pour désigner un gâteau à pâte feuilletée
pour =Oreille» (18671, d’où être dur de la ferrille (1865). a s’emploie aussi pour ce qui présente une
asourdp (1928). structure en Cries lames (mil. XVIII~s., verre feuilleté).
Feuille a aussi le sens très courant de amorceau de +FEUILLETAGE n. m. s’est employé pour <feuil-
papier rectangulaire> he s., beil; xv” s., feuiile de lagem (XVI~s.), alors dérivé de l’ancien feuilleter. Le
papierl, souvent écrit ou imprimé, d’où son emploi mot se rattache à feuilleté en pâtisserie (16801 et &
en imprimerie (16901, puis dans feuilles volantes feuilleter hrl livre) Il8821 ; au même sens on trouve
(Ii’5 1) «brochures, petits écrits,, bonnes feuilles feuill ettement (XIII~ s. 1.
( 1798). Par métonymie, feuille s’emploie pour ajour- FEUILLETON n. m. est aussi un dérivé de feuillet;
nab I17891, d’où péjorativement fede de chou d’abord au sens sorti d’usage de apetit cahier de
*mauvais journdti (1858). feuillets in-12>> (17901, il désigne (1811) un article de
b À chacun des deux grands sens de feuille corres- parution régulière au bas d’une page et, par ex-
pondent des dérkés et des composés. + 1. Au sens tension, un fragment de roman paraissant régu-
botanique. FEUILLU, UE adj. (déb. xrr” s., foillu), lièrement (av. 1869) -d’où roman-feuilleton, type
“qui a beaucoup de feuilles», signi& par extension de roman populaire par épisodes. c= Il a produit
“qui porte des feuî1Iesp 11872); le mot s’est appliqué FEUILLETONISTE n. (1814) et FEUILLETO-
par figure (1760) à un style touffu, sens littéraire dis- NESQUE adj. (1839) digne du roman-feuilleton
paru. +FEUILL&E n. f., très littéraire aujourd’hui (par le style, l’intrigue compliquée et mélodrama-
pour un abri formé par le feuillage des arbres, a tique)=.
d’abord désigné une branche feuillue Cv.1120, foil- FEUILLANT, ANTINE n., auparava& feuillantin.
leel. *Le mot est encore en usage au pluriel pour (16051, vient (1611, n. m. ; 1680, n. f.1du nom du mo-
FEUILLER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nastère de Feuillants, où fut créé par Jean de sion fève de hadcot 11690) est très probablement à
La Barrière (1586) cette congrégation réformée de l’origine du sens courant de I~ticot”, légume im-
l’ordre de Cîteaux, disparue à la fin du XVIII~ siècle. porté d’Amérique et qui a largement remplacé la
Feuillant est repris en histoire, pour désigner un fève.
membre du parti royaliste constitutionnel dont le ,Le diminutif FÉVEROLE n. f. (1680) ou FAVE-
club siégeait (dep. 17903 dans un couvent de Feuil- ROLE (me s.) est régional. + FÉVETTE n. f. 11835)
lants, près des Tuileries. De cet emploi dérive s’emploie pour une variété de petite taille.
FEUILLANTISME n. m. (17921, terme d’histoire.
* FEUILLANTINE n. f., q&hSetie feuilletée-, re- FÈVRE n. m. (ancien tiançaisj + ORFÈVRE
présente 11653,fueillentine) probablement une alté-
ration de ftorentine, nom donné au milieu du XVII~ s. FÉVRIER n. m. est issu (11191 du bas latin febru-
à une rissole au sucre, d’après feuillantine œreli- rius, altération du latin classique februarius ben-
gieusen, devenu dans une chanson populaire le so- S~I <mois des purXcations» (le dernier de l’an-
briquet d’une femme connue enfermée chez les cienne année romaine), dérivé de febmus
feuillantines. 0 Pour millefeuille + 0 mille. cpticatew, adjectif à valeur religieuse. Un éty-
@ Voir EXFOLIER, FOLIl? ht FOLIACÉ. DÉFOLIER, FOLIOLE~, mon Ofeber,proposé dans l’Antiquité ILydus3 est de-
FOLIO, TRÈFLE. meuré obscur. Le mot est peut-être apparenté à fe-
bris I+ fièvre), d’origine obscure, et qui peut avoir
0 FEUILLER, FEUILLURE + FOUILLER eu à l’origine une valeur religieuse.
4 Second mois de l’année dans le calendrier grégo-
FEULER v. intr. est un mot d’origine incertaine rien, février était partagé entre pZutise* et ven-
( 18433, peut-être onomatopéique ou altération de tôse* dans le calendrier révolutionnaire.
feler, du radical du latin feles ou felk achatm (+ félin).
+ Il est d’emploi didactique ou littéraire pour parler FEZ n. m. est tiré du nom de Fez (arabe Es% ville
du sotiement du tigre ou du chat en colère. du Maroc où l’on fabriquait cette coifkre tron-
b n en va de même pour le dérivé FEULEMENT çonique, de laine rouge ou blanche ( 1677 ; 1672, fesj.
n. m. Ifin xixe s.l. On a d’abord dit bonnet de Fez (1664).

FI interj. est d’origine onomatopéique Il 178).


FEUTRE n. m. est une réfection (v. 1130) de
feltm En mes.1, !T&?e, issus du tiancique ‘filtir + Cette interjection exprimant le dédain ou le mé-
<étoffe obtenue à partir de poil ou de laineB, qui a pris est sortie d’usage aujourd’hui. Elle s’emploie
fourni le latin médiéval “filtrum (VIII~s.1 I+ Ntrel. encore dans la locution faire fi de CdédaignerB
+ Le mot conserve le sens de l’étymon; par métony- (18281, qui vient de fi de suivi d’un nom Idéb. XIII~s.l.
mie, il désigne Cl1603 un objet de feutre, en parti- FIABLE + 0 FIER v. tr.
culier un chapeau et, par analogie, la matière em-
ployée pour rembourrer les selles 11611). 0 C’est FIACRE n. m. est emprunté (1650) au nom de
aussi le nom d’un type de stylo dont la plume est saint I%zcre, patron des jardiniers, dont l’effigie se
remplacée par une pointe feutre 119683. trouvait sur l’enseigne d’une maison de la rue
b FEUTRER v. Sign%e <<mettre en feutren (1752 ; dès Saint-Antoine à Paris, devenue maison de louage
le ~~ s., on a un emploi isolé de laine feltredj ou de cette sorte de voiture.
«garnir de feutreD I 1309 ; v. 1175, selle feutrée). 0 Par + Comme son emploi métonymique pour ccocher
figure, le verbe signifie &touBer un bru&, sens réa- de fiacre)) (17001, le mot a disparu de l’usage, sauf
lisé surtout au participe passé adjectif (1901, à pas en histoire, en même temps que les voitures à che-
feutrés). +Le verbe a pour dérivés FEUTRAGE vaux (cependant, en 1916, on a encore fiacre élec-
n.m. (17231, FEUTRABLE adj. (1865) et son trique).
contraire INFEUTRABLE adj. Iv. 19601,et le pré&&
DÉFEUTRER v. tr. 118701. FIANCER V. tr. + 0 FIER v. tr.
Le nom a aussi fourni FEUTRIER, IÈRE n. (1274,
fuuterierl et adj. 118721, FEUTRINE n. f. (1951). FIASCO n. m., introduit Cv.18221 par Stendhal,
est emprunté à la locution italienne fur fiasco «es-
FÈVE n. f. est l’aboutissement 111701 du latin suyer un échec», qui s’était d’abord utilisée 118081 à
faba; la fève, qui jouait un grmd rôle dans l’ti- propos d’une pièce de théâtre : fiasco C+ Rasquel
mentation des Romains, appartient à la civilisation était un calque en italien de bouteille <<erre-, mot
du nord-ouest de l’Europe kf. slave “bob&); le mot employé en français pour désigner les erreurs de
et ses correspondants supposent une forme initiale langage des comédiens italiens qui jouaient au
“bhabo-, qui n’est pas représentée dans le domaine XVIII~s. en France.
germanique et dont on ne sait si elle est indoeuro- + Chez Stendhal, le mot est employé au sens de
péenne. adéfaillance d’ordre sexuel», et on peut penser à
4 Ftie désigne la graine et la plante (v. 13981, et l’influence de flasque. Par extension, le mot,
s’emploie dans trouver la fève (du gâteau des Rois) d’abord da,ns la locution faire fiasco 118401,se dit
[122Ol. oPar analogie (16111, c’est le nom donné à pour &chec complet, 11865).
des graines qui ont à peu près la même fort-ne, par
exemple fève de cacao pour la graine du cacoyer. FIASQUE n. f. est un emprunt 11580, Mon-
Au Canada, fkve se dit pour le haricot sec. L’expres- taigne) à l’italien ~UXO <bouteille à panse large
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1421 FICHER

garnie de paile* (av. 1342) [du bas latin flUSC0; pour soigner les hémorroïdes et les verrues, nom-
+ flacon1 et amesure de capacités Il4811 HU bas la- mée aussi herbe au fît, chélicEoiW.
tin #Zmca; + 0 fbsquel.
+ Mor&&ne l’emploie au masculin au second sens FICELLE n. f., réfection graphique 115641de fis- o>
de l’italien, sorti d’usage. 0 Le mot a été repris au selle (15241, vient probablement d’un latin tardif “fi-
xrxe s. au premier sens, d’abord au masculin (18031, lice& diminutif du latin classique fzlum (-+ fil1 OU
puis au fkninin ( 1849). d’une forme ofunicelZu (d’ou fincelle, v. 13501, du la-
tin classique funicula (+ funiculaire), dérivé de fu-
FIBRE n. f. est un emprunt 113721 au latin fibru nk *corde», avec tiuence de fil. On relève en an-
<formation d’aspect flamenteux- (végétale OU ani- cien tiancais a ficelés (XII~s.1 et afinceler Iv. 1180).
male) et dans la langue augurale 4ivision du foie}), +Ficelle acorde mince}) désigne spécialement, au
d’ou par extension <entrailles>> et par figure asensi- pluriel, les cordelettes qui permettent de mouvoir
bilit& des marionnettes d’où, au figur6, des moyens d’ac-
4 Fibre conserve le premier sens du latin et est uti- tion dissimulés - avec la locution tirer les ficefles
lisé par analogie dans d’autres domaines ( 1930, - et par extension (18331- aussi au singulier - un
fibre & bois; xx” s., fibre optique, fibre de verre). Par artifice caché ou une ruse, d’où être ficelle nretorsp>
métaphore ou par latinisme (av. 17941, ou encore (17921, d’emploi vieilli. Q Par référence à la min-
d’après fibres nerveuses (15801, il désigne au pluriel ceur de la ficelle, le mot désigne familiérement un
les organes de la sensibilité et, au singulier, s’em- gallon (1895; anciennt aussi une cravate) et une
ploie pour «sensibilité>> na fibre patitique1. sorte de pain (xx” S.I.
b FIBREUX, EUSE adj. apparaît dans racine fi- b FICELER v. tr. (16941 Sign%e «attacher avec de la
breuse 115453 puis qualifie ce qui est de la nature de ficelb, d’où FICELAGE n. m. 117651 et FICE-
la fibre et ce qui est formé de fibres (en physiologie, LEUR, EUSE n. (1838).
Dans un emploi figuré et fa-
en cuisine, etc.). milier le verbe Sign%e uhabillerp (1830, être mal fi-
Le diminutif FIBRILLE n. f. apetite fibre> (1674) est à celé]. *fl a fourni le composé DEFICELER v. tr.
la base de dérivés d’emploi didactique en bota- 11705).
nique ou en médecine, comme FIBRILLAIRE adj. De fielle dérivent aussi les mots techniques FICE-
(18111, FIBRILLEUX, EUSE adj. (18451, FIBRILLA- LIER n. m. (1723, fhzeilier) et FICELLERIE n. f.
TION n. f. ( 1907). Ei8721.
FIBRINE n. f. (18001, terme de physiologie, a donné
FIBRINEUX, EUSE adj. (1837) et FIBRINO-, pre- * 0 FICHER ou FICHE v. tr. est une réfec- o>
mier élément de mots didactiques comme FIBRI- tion Cv.12651 de fichier (v. 11201, issu d’un latin popu-
NOGÈNE adj. I1858) ou FIBRTNoLYSE n. f. 11937). laire %gku~e, puis ‘ticare, du latin classique figere
FIBRANNE n. f. (1941) est le nom d’un textile. <enfoncer», &xeT», fltranspercen? au propre et au fi-
FIBRO-, élément tiré de fibre, entre dans la compo- guré. P. Guiraud suppose une forme “fdicure
sition de mots techniques comme FIBROCIMENT d’après ~&US, doublet de ~US, participe passé de
n. m. (1907), nom de marque déposée (de ciment), figere b fixe). La forme fiche est tardive ( 18071.
et de termes de médecine et de biologie comme FI- +Ficher a sign86 apercer Ila chair)* Cv.1120) et est
BROME n. m. 118561, FIBROSE n. f. (av. 18941, FI-
vieilli au sens de afaire pénétrer et fxer par la
BROSCOPE n. m. et FIBROSCOPZE n. f. iv. 1970).
pointen Iv. 11961, plus courant au participe passé fi-
ché et au pronominal se ficher Iv. 1160, <se planter4.
FIBULE n. f. est emprunté ( 1530) au latin fzbula
Par figure, fîckw l’entendement h signifMt &er
eagrafem et 4guUe de chirurgienne, sans doute pour
son attention sur» I~I~I” s. ; cf. fixer). -Q Ficher le camp
“fwibula uce qui sert & tier», de fwere, variante de
«planter son camp a pris (1752) la valeur plaisante
hgere <ficher, kerm, fltrmspercer> (-, Cxe).
de cs’en allern (sans combattre, saz~ payer
+ Le mot désigne une agrafe (le plus souvent, anti- - cf. planter un dP-apeuu) puis de as’enlùirn. 0 Par
que) qui retient les extrémités d’un vêtement. métaphore, le verbe s’employait au sens de Kpéné-
k INFIBULATION n. f. ( 15781 et INFIBULER v, tr. trer, au cours d’un rapport sexuel= kvr” s., intr.1, qui
( 17981, qui désignent des opérations visant à empê- correspond à foutre. Une ficheuse est au moyen âge
cher les relations sexuellos, notment chez la une femme de mauvaise vie; reste de ce sens, qui
femme, sont des emprunts à des composés latins n’est plus connu aujourd’hui, la locution familière
de fibula -le bas latin intîbulare et son supin. Au envoyer gqn se f&e fiche 11808 ; -+ foutre). À l’épo-
~VIN~s. l’art vétérinaire employait boucler avec le que classique, ficher qqn c’était «le laisser là> (1671).
même sens. 0 Ficher (XIIes.), ou plus courant fzck (au participe
@ Voir- AF’FWBLER. passé fichu, 18111, s’emploient familièrement pour
ujeter avec plus ou moins de force, mettren, au
FICAIRE n. f. est une adaptation (1786) du latin propre et au figuré 0W-w gqn d&o&, et au sens
scientifique fkaria ( 1744, Ranunculus f~atia1, dé- de adonnep (16281; ce sémantisme se réalise dans
rivé du latin impérial fzcw werruen, en latin clas- des locutions comme ficher qqa dedans *l’induire
sique Gfigue*a, qui avait donné l’arxîen françtis fi en erreurn (1872). Dans ces emplois, c’est un euphé-
Iv. 12561, refait en fit 114921, terme de médecine vé- misme pour foutre. Comme ce dernier, le verbe a
térinaire. pris la valeur large de afaire* dans ne rien fiche.
+ Ficuire est le nom d’un genre de renoncule dont Par ailleurs, se ficher de qqfl ou de qqch. c’est fls’en
les racines ressemblent à des verrues et qui passait rnoquerd16911 - d’où je m’en fiche aça m’est égaln
FICTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(1808) et se contiefichr & 118391- toujours rem- &e dérivé FICTIONNEL,ELLE adj.,terme didac-
plaçable par foutre. tique, est récent (vers 19671 pour arelatif à une fic-
w FICHE n. f., déverbal de ficher, a d’abord désigné tion*.
une pointe, une épine (v. 11901, un pic de fer pour FICTIF, IVE adj., attesté isolément au xve s. au sens
planter la vigne 114131, d’où aujourd’hui une tige de &ompew, et repris en 1609, est dérivé du radi-
destinée à être enfoncée (16361, aussi en technique cal de fictus, participe passé de kgere. Il s’applique
(1832, fiche de piano; xxe s., fiche de courantl. Fiche à ce qui est créé par l’imagination (17341, par ex-
désigne aussi un jeton utilisé comme marque dans tension à ce qui n’existe qu’en apparence ti
certains jeux (1675) - de là fzc/w de consolation XXX~s.l. ll s’utilise aussi dans le domaine fmancier
(1786). 0 Le mot s’est dit pour &tiquetteB (18651, avec la valeur de aconventionnels (1731, monnaie
d’où cfeuille cartonnée qui porte des renseigne- fictive). +Il a produit FICTIVEMENT adv. (vers
ments>) en vue d’un classement. On a parlé en mé- 1460).
canographie de fiches perforées. +De ce dernier
sens viennent @ FICHER v, tr. (1934) amettre sur FIDÉICOMMIS n. m. est emprunté (XIII~s.1au
une fiche classée)) et par extension ficher une per- latin impérial fideicommissum, participe passé
sonne; d’où FICHAGE n.m. ~FICHIER n.m. substantivé de fdeicommitiere, proprement are-
t 19X2), qui a des emplois abstraits Liste de noms, de mettre à la bonne foi de Iqqnln ; cette locution ver-
références, parfois informatisées), et FICHISTE n. bale est formée de tii, génitif de fides C+ foi) et de
désignant (mil. xxe s.1 une personne qui gère un fi- commitiere (-, commettre).
chier. ~Fiche a produit par préfixation MICRo- 4 Ce terme juridique désigne comme en latin une
FICHE n. f. (19531, aphotographie d’un document en disposition par laquelle une personne transmet à
format très réduit», appelée courment micro- une autre un bien pour qu’elle le remette à un
film (+-film). tiers; il s’emploie aussi pour le bien transmis.
De fiche, apointe)>, dérive le diminutifFICHET n. m. ä FIDÉICOMMISSAIRE adj.etn.m.estemprunté
qui a désigné un arbre issu d’une bouture (16 111, un (XIII~s.1 au dérivé bas latin fickicommissan’w. 0 Le
morceau de papier en forme de pointe pour cache- mot a vieilli pour désigner (1690) une personne à
ter une lettre 11680) et une petite fiche mise dans qui un bien est remis en exécution d’un fidéi-
les trous, au jeu du trie-trac, pour marquer les commis.
coups gagnés 117401; c’est aussi un terme technique Par ailleurs, FXDÉISME n. m. est un dérivé savant
de tissage (1832). Idéb. xrxe s.1du latin fides, au génitif fdei (-+ foi>. 0 Il
@ FICHU, UE adj. Il61 1, du participe passé) sime désigne dans la théologie catholique la doctrine se-
adétestable= et s’applique, précédé de bien/maZ, à lon laquelle la vérité ne peut être fondée que sur la
ce qui est dans tel ou tel état 116401, d’où &tie mal fi- révélation et sur la foi. -Il a produit FIDÉISTE adj.
chu cn’être pas bien faita et *être un peu malade>> et n. (ISlOl.
( 1679). II s’emploie comme intensif (v. 1770, fichu 0 voir FLDÈLE.
menteur1 et fichu de... Istivi de l’inhitifl a le sens de
acapable de> (1872). + 0 FICHU n. m. vient (1669) du FIDÈLE adj. et n. est une réfection savante
participe passé fichu au sens de amis à la hâte>> ou, 11533) de fidel (vers 9801, fedel, fedeil ( 10801, formes
selon P. Guiraud, de kk <pointe*, le fichu étant issues du latin classique kklis &r, loyalu, <<solîdem
une pièce d’étoffe en pointe. et n. m. uami intimen, puis en latin médiéval digne
FICHTRE interj . est issu 11808) d’un croisement des de fois, <croyant, c-, féalj ; E&lis dérive de fides Kfoim
verbes Mw et foutre*. Le mot, familier et un peu (--+foi).
vieilli, exprime l’étonnement, la contrariété, etc. et
a fourni FICHTREMENT adv. ~extrêmement~ 4 Le nom désigne une personne unie à une Église
par la foi, spécialement une personne qui professe
(1881, L. Michel).
la religion considérée conzne vraie. Plus large-
@ voir AFFICHER, COLIFICHET.
ment, l’adjectif s’applique à ce qui traduit le loyauté
FICTION n. f. est un emprunt (1223) au latin im- (1080, adj. et n.) et qualifie une personne loyale, sin-
périal fictio «action de façonner, créationn et par fi- cère Il 119) ; il se dit de qqn dont les sentiments, no-
gure ({action de feindre et son résultat», terme juri- tamment a!rnoureux, ne changent pas (16511, qui
dique en bas latin et Mtromperien en latin médiéval; n’altère pas la vérité (16701 et à l’époque classique
fictio dérive de fictum, supin de fingere Gnventep d’un serviteur honnête (1673) ; de là vient &e fidèle
b feindre}. à qqch. (16901, ii me promesse (18481, à ses habi-
U’ktion reprend d’abord le sens de &romperien, tudes. 0De l’idée de loyauté, on passe à celle
bien vivant au XVII~s., aujourd’hui sorti d’usage. Il d’exactitude (15841, d’où à l’époque classique les
désigne parallèlement (XIII~s.1 un fait imaginé, op- emplois pour aauthentique= (16611 et «qui retient
posé à réalité - par extension le domaine de l’îma- exactement)) (1690, mémoire fidèle). Fidèle se dit
ginaire ~VIII~ s.1- et s’emploie en droit pour nom- aussi Idéb. me s.) d’un instrument de mesure dont
mer un fait qui r6sulte d’une convention (1690 ; les résultats ne sont pas alterés.
fiction de droit). 0 Le mot est entré au ti s. comme b FIDÉLITÉ n. f. a repris (XIII~s.l le dérivé latin clas-
second élément dans plusieurs composés qui dé- sique M&as qui avtit abouti en ancien tiançais à
signent des genres littéraires ou cinématogra- feelted (vers 11553, feulte, feute. 0 Le mot a suivi
phiques, fondés sur l’imagination prospective; par l’évolution sémantique de Fidèle : Nqualité d’une
exemple SCIENCE-FICTION n.f. (-+Science) ou personne fidèleti (vers 11551, aonstaace dans les af-
POLITIQUE-FICTION n.f. 11965). fections» (1670), l’honnêteté” (16913, sorti d’usage au-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1423 FIER

jour-d’& et par ailleurs <<justesse,vérité* ( 16901 et auprès de son suzerain, mais elle pose des di.%
aexactitudem, en parlant d’un instrument de me- c&és pour l’évolution phonétique, que P. Guiraud
sure (déb. XX~s-1, d’où haute fi&fité (19341, calque lève en proposant un croisement de foedus avec le
de l’anglais high fEdel@, abrégé en hi-fi ( 1956). mot kancique.
INFIDÈLE adj. et n. conserve les sens du composé b Le dérivé FIEFFER v. tr. a si-é apourvoir (qqn)
latin classique infidelk “qui manque à sa paroles d’un fief», «donner tqqch.1 en fief>) cv. 1138) ; il sub-
11488, vieilli aujourd’hui) et +constants &VII~ s.l. Il a siste régionalement (1336) en Normandie au sens
aussi l’acception du latin ecclésiastique GnCdèle à élargi de *vendre ou acquérir contre une rentem.
la loi de Diew (v. 1330) -les infidèles, au moyen +FIEFFÉ, ÉE adj. (v. 1140, fefl’ed) s’est appliqué à
&ge, sont surtout les Musulmans. fl s’applique aussi, celui qui est pourvu d’un fief. 0 ll est employé très
dans l’usage littéraire, à ce qui manque à la vérité tôt au figuré (1245) pour renforcer l’idée donnée
(16Sll. 0 L’emploi galant du nom, pour Kfemme in- par 1e sutsstant8, le fief Co@r& un droit et & son
constanten, a donné lieu à une métaphore, les belles possesseur une grande force ; en retenant l’idée de
infidèles, appliquée aux traductions élégantes et degré klevé, fieft’é signifie (1546, Rabelais) “qui a au
très libres. Cette expression, enregistrée par Littré, plus haut degré (un défaut)».
vient de Ménage (lu belle infidèle, à propos de la 0 voir ~'Eo~~~etses dérivés; FEUDATAIFW.
trad. de Lucien par Perret d’Ablancoti, av. 16931.
- INFIDIbJTÉ n. f. Iv. 1160, plur.1, emprunt au latin FIEL n. m, est l’aboutissement Iv. 11551, par la
infidelitus, a suivi l’évolution sémantique d’infz&le. forme fel 6n x” s.1, du latin fel abile, fiel» et par fi-
FIDELEMENT adv. a remplacé (15311 la forme plus gure <<amertume accompagnée de mauvaise hu-
populaire fedeillement (déb. XII~s.l. ~INFIDÈLE- meuw Le mot est peut-être lié à un groupe de
MENT adv. est attesté vers 1460. termes indoeuropéens indiquant une couleur
FIDI~LISER v. tr. {{rendre fidèle (un clientIN, terme jaune.
de commerce récent (vers 19î'O), a fourni FIDEL& 4 Le mot français reprend le sens propre du latin,
SATION n. f. (1974). restreint aujourd’hui aux animaux de boucherie.
0 voir FÉa L’emploi figuré Iv. 1155) pour *amerturmen est litté-
raire.
FIDUCIAIRE adj. est emprunté (1593) au latin
classique fiduciarius <con% (comme un dép8tk b FIELLEUX, EUSE adj., d’abord terme de méde-
~~provisoire~, d’où l’emploi juridique en bas latin ; le cine, ne s’emploie plus maintenant qu’au figuré
mot est dérivé de fiducia ucotianceb et, en droit, de (1552).
fidus 4 quoi ou à qui on peut se fiep, lui-même de Le composé rare ENFIELLER v.tr. (v.1220) ne
fdere (-+ 0 fier). s’emploie qu’au figuré.
+ Le mot s’applique à ce qui concerne la fiducie FIENTE n. f. est l’aboutissement (vers 1170) du
(cf. ci-dessous), aujourd’hui dans hétitier fiduciaire latin populaire “femita, Ofimita, dérivé de fimetum,
(1596) et est employé en économie (1865, monnaie lui-même de fimus (+ fumier),
fduciaire) pour parier de valeurs fondées sur la
+Fiente, *excrément (de certains animauxIn, dé-
cotiance que l’on accorde à celui qui les émet.
signe par métaphore une chose (1927) ou une per-
b FIDUCIE n. f., emprunté Cxw” s.) au sens du latin sonne méprisable (fg%!, Céline).
fiduciu conhncem, a été repris au XVIII~s. pour dé-
b FIENTER v. intr., «déféquern en parlant de cer-
signer un contrat par lequel l’acquéreur apparent
tains animaux (xrv”-XVe s.1,a aussi Sign%é <fumer la
d’un bien s’engage & le restituer dans certaines
terre- (14681. -Il a fourni FIENTEUX,EUSE adj.
conditions (1752). Ce mot didactique a été repris en
(16 111, littéraire.
philosophie par Valéry.

FIEF n. m. est une réfection graphique (XIII~s.; +k 0 FIER v. tr. est l’aboutissement (1080, pron.1
XII” s., #iefl”él des formes fiet, feu I10801, fk Iv. 11311. du latin populaire Ofidwe, altération du latin clas-
Ce mot très important dans l’organisation sociale sique fkkre cavoir confknce>>, qui se rattache à une
racine indoeuropéenne “bheidh- <<sefier, persua-
du moyen âge est d’origine discutée. Pour Bloch et
Wartburg, il viendrait d’un francique “fehu ~bétail~ ders (-, foi).
(cf. allemand Vieh abétailn) qui aurait évolué vers le 4 Se fier (1080, se tir en), construit aujourd’hui avec
sens de abien, possessionp; désignant un bénéfice ù (13161, demeure courant au sens latin et s’est em-
héréditaire, feudum, feodum (1010; ~III~ s., feus, ployé avec de Iv. 1360) et sur t 1668). En emploi tran-
feupn) succède à beneficium; l’évolution compa- sitif (me s.3 au sens de =cotier=, le verbe était déjà
rable du latin pecunia, de pecus cbétailm, qui passe vieux au xwe siècle.
de *bétail, cheptel> à cargentn est contestée. P. Gui- b FIANCER v. tr. dérive de fiance <serment de fidé-
raud relève l’alternance en ancien français des lit& (1080, de fier), aujourd’hui d’emploi régional
formes en -d- (fi&, fzed, avec pour dérivés feude, féo- ( 1130) pour ~cotiance». 0 Fiancer, c’était d’abord
dal) et en -v- (fieu, fiefl et les dérivés fiever, aSwur en «engager sa parole= Il 170, fiawier) d’oti spéciale-
ancien provençal), qui suggère un -d- étyrnolo- ment {{s’engager à épouser qqnn (vers 1225 ; 1736, se
gique, le passage de -d- à -f- ou à -Y- étant régulier fiancer) et par métaphore Kallier de façon harmo-
dans d’autres mots. Fief aurait alors pour origine nieuseti ( 1833). + Les dérivés du verbe suivent la
foedus «contrat, conventionm, ClienD.L’hypothèse est même évolution : FIANCÉ, ÉE adj. et n. a Sign%é
séduisante pour le sens, puisque le fief est un do- <engagé SUT l’honneurm (1180, adj.1 avant de
maine reçu par un vassal qui s’engage par un pacte prendre son sens moderne Il3671 ; le nom est de-
FIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

venu knil. XX~ s.) un euphémisme pour amant, maî- Le diminutif FIÉROT, OTE adj. et n. ( 1545, adj . aun
tresse. + FIANÇAILLES n. f. pl., autrefois wœu, peu fieI-n ; 1780, n.), qui a remplacé l’ancien francais
promessen (v. 1214, sing.1 d’où «promesse de ma- fieret (xmes,), est repris en 1808 au sens de upréten-
riage>> (12681, désigne aussi (1904) le temps qui tieux, fat,.
s’écoule entre la promesse et le mariage. Le composé FIER-À-BRAS n. m. Nfanfaronn
FIABLE adj., réfection ~XIII~s.1de feaule (v. 11901,est (v. 1330) vient du nom propre donné à un géant sar-
dérivé de se ikr; l’ancien français connaissait aussi razin de chansons de geste IFierubrus est le titre de
feable dr, fidèle* (XII~s.), dérivé de fei <foi>. Rare l’une d’elles, vers 1180) ; ce pourrait être la traduc-
depuis le xwe s., fiable est repris Iv. 1968) pour qua- tion du latin fera brucchiu *bras redoutablesn ; pour
l%er un mécanisme dont la probabilité de tomber P. Guiraud, fîer représenterait l’impératif du verbe
en panne est faible puis, couramment, pour <cré- férir &appern et tirabras sign%erait &appe à
diblep ; FIABILITE n. f. (XIII~s., fiableté wzotiance~) a (tour de) brasD.
été repris et répandu dans les années 1960.
Sur fier ont été formés deux prékés. +DÉFIER FIÈVRE n. f. est issu Cv.1155) du latin febris, 9
v. tr. signSe aaviser que l’on renonce à la foi juréen, d’origine obscure.
aujourd’hui en histoire, d’où =provoquer* (1080) et + Fièvre célévation anonnale de la température»
defier qqn de... de mettre en demeure de (faire s’emploie par figure pour wive agitation- Iv. 1190),
qqch.)n (16611. *DÉFI n. m. 6n xve s.) a suivi l’évolu- spécialement dans C&e de «désir ardent de*
tion de défw dont il est le déverbal; au XX~s., il (1793). De là, la fière de l’or ( 1865) .
prend aussi le sens d’Nobstacle que doit surmonter w FIÉVREUX, EUSE adj. s’emploie au propre
une civilisation dans son évolution» Cv.19651 pour 11155, fzewos) et au figuré (1580); FIÉVREUSE-
traduire l’anglais challenge. Par ailleurs, défier a MENT ah. est surtout utilisé au figuré (18421.
voulu dire (<renieru, aabandonner)) Cv.1130, cksfler), À côté des mots issus de l’évolution phonétique, fe-
sans doute d’après le latin classique difidere (cf. di- bti a fourni des formes empruntées. FÉBRIFUGE
fier, xlle s.l. 0 Se défier signSe littéralement ase mé- adj. et n. m. est emprunté (16661 au bas latin febri-
fier, Iv. 12621. 4 Les dérivés DÉFIANCE n, f. ( 1532 ; fugiu (de fugure; + fuir).
aussi 1170, adéfi») et DÉFIANT, ANTE (XVI~ s.1 sont FEBRILE adj. est emprunté au bas latin febnlis “qui
usuels mais d’usage plus soutenu que méfiance et concerne la fièvre, est causé par la fièvreB ; il s’em-
méfiant. ploie au propre 11503) et couramment au figuré
SE MÉFIER v. pron. s’emploie avec un com- (18313 pour *agité, un peu anxieux». 4 En dérivent
plément de personne En xv” s.) ou de chose (1690) FÉBRILITÉ n. f. (18423, plus courant au figuré, et
et en construction absolue 11868) pour 4tre sur ses FÉBRILEMENT adv. (18451. 4 SUBFÉBRILE adj.
garde+. + u a fourni MÉFIANCE n. f. (xv” s.) et MÉ- (mil. ti s.) qual%e un état légèrement fébrile.
FIANT, ANTE adj. 116421, rarement substantivé
(17811. L’adjectif et le nom, usuels de même que le 0 FIFRE n. m. est emprunté Ixv” s., puis 1507,
verbe, s’opposent à confiant et confiance. fifie) au suisse allemand Pfifer Njoueur de flûte*
0 voir coNFxFa. (cf. allemand Pfeifer), introduit par les mercenaires
suisses. Le mot tient du moyen haut allemand pfife
0 FIER, FIÈRE adj. est issu Iv. 10501du latin fe- &lûte~, repris au latin pipure «pépier)) C+ piper).
rus 4auvagen (+ féroce) au propre - par opposi- + Le mot désigne une petite flûte et (1531, phi#re) le
tion à mansuetus «apprivoiséB - et au figuré; ferus joueur de flûte.
se rattache à une racine indoeuropéenne Ogkwer-
xsauvagem. FIFRELIN ou FIFERLIN n. m. est emprunté
4 mr s’est appliqué à une personne qui s’estime su- 11821) à l’allemand Mflerling ugiroUe>) et Nobjet sans
périeure aux autres, sens vivant à l’époque clas- valeurm (au xv~~s., dans des locutions comme das ist
sique et vieilli aujourd’hui, sauf dans les locutions keiaen IWKerling weti <<celane vaut rienA.
fier collllfle AAaban C1829 dans Vidocq), comme un 4 N?elin <petite choseti, amenue monnaies - sur-
coq, etc, et il n ‘est pas fier; de là vient faire le fier tout en phrase négative : pus un fifrelin ~pas un
=Se montrer suf&ant~ 11692). * Jusqu’au XVI~~s. kr sou»-, est peu en usage aujourd’hui mais il a
signiCe &rouches, “qui a du courage> (1080) et, donné le dérivé régressif 0 FIFRE n. m. (18981,
seulement en parlant des animaux, difkile à ap- terme péjoratif désignant une personne sans va-
procher* (v. 11901, qualfiant aussi ce qui est impé- leur. Cet emploi a disparu, mais le composé déva-
tueux (v. 11901. 0 L’idée de esatisfactionm demeure lorisant SOUS-FIFRE n. m. 11904) est resté vivant
dans l’emploi courant ( 1080) de /Ter de C@I., sans pour asubalterne i.nsignSantn. FIest aujourd’hui dé-
celle de supériorité. Cependant, l’idée de cgran- motivé.
deur> (vers 11601 est conservée dans l’emploi au
sens de afort, fameux>> rune fière chandedel. FIGER v. est la réfection (vers 1225) de fegier 4
b FIÈREMENT adv. (1080) ad’une manière sauvagem IX~” s.) issu d’un latin populaire Ofeticwe <(prendre
et ade façon hautainen a suivi l’évolution de l’ad- l’aspect du foie>, de “feticum afoie%,altération du la-
jectif. + FTERTÉ n. f. (1080, fietiet cchardiessem, tin classique ficutum I+ foie) ; pour P. Guiraud, c’est
d’après le latin feritas Nrn@urs sauvage@) a hi foie qui vient de figer, issu d’une forme populaire
aussi des développements de sens parallèles à tir. “figicare, d’après le classique figere (-, fixer).
La fierté, vertu célébrée au début du XVII~s., est en + Du sens de <coaguler (le sang)= (XII~s.) et d’aépais-
relation avec un idéal moral influencé par I’Es- sir (d’un liquide grasl~Iv. 12251, on passe par ex-
tension à celui de (<rendre immobiles (1592, se
pagne*
DE LA LANGUE FRANÇAISE FIGURE

figer; 1858, tr.), au propre et au figUré Pour le Pro- forme corresponda;nt à une abstraction (1546 en
nominal. géométrie, d’abord asurface ou volume-) OU à une
a,otion programmée (1680, pour la danse) en équîta-
w Le verbe a fourni les dérivés FIGEMENT n. 312.
115491 +ztion de figersp et FIGISME n. m. CV. 1970),
tion, en patinage, etc. +Par spécialisation du sens
didactiques et rares. de Nforme extérieure>, figure s’emploie (milieu
me s.) pour b-me de la face humaine}), qu’il
FIGNOLER + 0 FIN s’agisse de caractériser l’air, la mine 11662) ou de
parler du visage; figure a remplacé, à partir du
FIGUE n. f. est emprunté Iv. 1175; 1170, fige) à XVIII~s., visage et face dans l’usage courant. *Le
l’ancien provençal figu (XII~s.), issu d’un latin popu- mot avait aussi IV. 13751 le sens de <<casexemplaire,
laire “fzca. Ce mot, qui avait abouti en ancien fran- modèlera; de là procède le sens d’&tdividu célèbre,
çais à fbe Cv. 11701, représente l’allteration, d’après remarquable- (1595, Montaigne). 4 Un des sens du
de nombreux noms de fruits en -a, du latin clas- latin figura, celui de asigne, symbole,, est repris
sique ficus «figuen et &guiep (l’italien fico a les Iv. 11211; dans cet emploi, figure, courant encore au
deux sens). Ficus appartient comme le grec sukon xv$ s., est aujourd’hui un terme didackique. De là
à la famille d’un mot méditerranéen pré-indoeuro- vient l’emploi en théologie (XIII~s. ; 1170, aparabole
péen. pour callégorie>>, en rhétorique ( 15801,par exemple
4 Ce nom de fruit entre dans quelques locutions. figures de mots et de pensées , et en logique (xnr” s. ;
Faire k fime ;i (qqn) (12 10) ((se rnoquern est un cal- figures de sylloghw). Voir l’encadré au verso.
que de l’italien far la fica, geste obscène de déri- b FIGURER v. est un emprunt (I~I~s.) au latin figu-
sion, la fica représentant le sexe de la femme, sens rare =représentep, knaginep, «orner de figures
repris du grec et passé en français. 0 Pour expli- (en rhétoriqueIn, dérivé de figura. 0 Le sens de afa-
quer l’origine de mi-fime mi-raisin ( 1487, moiti çonner, donner une formeD a eu cours en français
fi@43 moiti raisin), on a supposé, au XIX~ s., que la jusqu’au XVII@siècle. F@urer, c’est flreprésenter sous
locution évoquait la fkaude d’importateurs de Co- une forme visible)> au moyen des arts Iv. 12651, ou
rinthe qui mêlaient dans leurs expéditions à Venise weprésenter à l’imaginationfi Iv. 1360); ce dernier
de vulgaires figues aux raisins, mais l’anecdote est emploi a disparu, mais le pronominal Se figurer aux
inconnue avant le xrxesiécle. II faut plutôt se souve- sens de &imaginer>> (xv” s.1 et de Hcroire à torts
nir que figues et raisins sont les fkuits secs du Ca- 116501 est encore usuel, comme figure-toi, figurez-
rême. 0 Par analogie de forme on nomme f@e de vous (quel (1690). 0 Dans son emploi intransitif, fi-
Barb;wie (mil. ~VII~s.1 le kuit comestible d’une cac- gurer a signifié (16941 <<jouer un certain rôle» (no-
tée nommée fig~&r de Barbarie ( 1625). tamment à côté d’un grand); aujourd’hui, c’est au
b FIGUIER n. m., réfection Iv. 1200) de f@er contraire ajouer un r61e sans importance>> (cf. 1865;
Iv. 11703, a remplacé fcier, fier Iv. 1120) construit sur ci-dessous figurant) et ase trouver (dans un en-
fie. - FIGUERIE n. f. Iv. 1350) s’emploie encore, ra- semble)» (1827; figurer SUT une liste). +FIGURÉ, ÉE
rement, à côté de FIGUERAIE n. f. (16271,usuel en adj. (v. 1050, abien dessiné4 a suivi une évolution
tiançais du Maghreb. sémantique parallèle à celle du verbe ; il est encore
FICUS n. m. est le nom botanique du figuier très utilisé aujourd’hui pour parler de ce qui est ex-
(v. 1850) et de plantes de la même famille, dont primé par des figures (12001 notamment dans lan-
l’une est cultivée en appartement. guge, si$k figuré (15721, sens figuré (1666). -Il a pro-
duit FIGURÉMENT adv. (déb. XIVes.1,mot usuel.
FIGURE n. f. est emprunté (v. 8811 au latin fi- FIGURATIF, IVE adj. (fin XII” s.) a repris le sens du
@ru, mot polysémique : tiforme, aspect>, d’où =re- dérivé latin chrétien f@mxtivus NsymboliqueD ; il si-
présentation sculptée », emode d’expression*, *ma- gnifie aussi “qui représente la forme des objets»
nière d’être». F@ur~ est formé sur le radical de ( 1740) d’où, par extension, son emploi dans les arts :
fi@ere <<modeler (dans l’argile)» qui a abouti en poésie figurative (1872, vieilli aujourd’hui), peinture
français à feindre*. figurative (1952) utilisé pour s’opposer à peinture
+Dans une pretière série d’emplois, figure a le abstraite. + FIGURATIVEMENT adv. 11495) est lit-
sens général de =formem et de <représentation téraire et INFIGURATIF. IVE adj. est didactique
d’une forme)). Au sens de <<forme extérieure (de (19751, k côté de NON-FIGURATIF, IVE adj.
qqn, qqch.1, allure* (vers 881) il est aujourd’hui litté- et n. m. (19361, synonyme de (art) abstrait.
raire et parfois n’est plus compris, par exemple FIGURANT, ANTE adj. et n. a signif?é (av. 1662) ufi-
dans le Chevalier a lu triste fzgure, calque de l’es- guratif> et a dés@ (1740, adj.; 1762, n.1 des dan-
pagnol Cabullero de la trista: figura, pour désigner seurs qui, dans les corps d’entrée d’un ballet, exé-
Don Quichotte; il a sign%é Cv.1050) ecomporte- cutaient des figures diverses; de là vient l’emploi
menb jusqu’à l’époque classique, entrant dans plu- moderne au théâtre 118003,puis au cinéma. Par ex-
sieurs locutions figurées dont faire Egure gse dis- tension le mot désigne une personne qui, étant pré-
tinguer), courante dans la langue classique et sente, n’a pas de rôle actif 11907).
littéraire aujourd’hui sauf dans faire bonne, mau- FIGURATION n. f. est emprunté (1314) au latin fi-
&Se figure. + À partir du XII~s. (v. 1160) le mot se gurutio, du supin de figurare. Il signifie aforme> puis
dit d’un dessin représentant qqch. et spécialement Mfait de figurer qqch.s (1339, hnagea), d’où par mé-
d’un portrait Iv. 1269, astatues, comme en latin). tonymie ( 14501 &gure qui représenten. 0 Le sens
+Figure désigne aussi la représentation graphique collectif correspondant à figurant (de théâtre) est
d’un ensemble de signes (vers 1269, 4Sfre~1, une plus tardif (18661.
FIL 1426 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FIGURE ET SENS FIGURÉ

La notion de figure est centrale dans toute mise en œuvre dans l’énoncé, on s’aperçoit que
conception de la rhétorique et du discours. Le le très grand nombre de figures répertorié par
terme figure concerne une relation sémantique les rhétoriciens du passé peut être avmtageuse-
et parfois formelle entre deux ou plusieurs types ment réduit.
d’emploi d’un même signe de la langue, notam- Pour ces théories classiques, dont l’ouvrage de
ment un mot ou une locution, ou encore entre Fontanier, les J’&res du discours, représente
des signes simultanément en œuvre dans l’élaboration maximale, les figures sont parfois
l’énoncé. distinguées des tropes, mot d’origine grecque
Cependant, les catalogues de la rhétorique vont utilisé par du Marsais au XVIII~s., à ‘propos des
au-delà de cette définition, certaines figures changements de sens. Ce sont les seules figures
concernant d’autres unités linguistiques, par où le sens s’écarte d’une valeur de référence et
exemple les sons ou les lettres et, au-delà du qui fondent ce que l’on nomme seras figuré.
lexique, les énoncés ou les phrases. Le niveau En effet, traditionnellement, la figure est défmie
d’application de la figure peut lui aussi concer- comme un écart par rapport à une valeur ytor-
ner les sons WaElitérution, par exemple) ou bien male, à ce qui est considéré comme un sens
la syntaxe et le style, c’est-à-dire les relations ~~propre~~au signe, et qui la caractériserait ori-
entre unités présentes dans le même fragment ginellement. keuLs propre se dit depuis l’époque
de discours. C’est le cas de l’antithèse, qui rap- classique.) De cette Npropriété>> vers les figures
proche des mots de sens opposé, de la compa- le chemin est tout tracé, selon des lois omni-
raison, de l’inversion, du chiasme («il faut man- présentes. Mais l’idée d’écart suppose une
ger pour vivre et non pas vivre pour manger»), orientation privilégiée, ce qui est trks contes-
de l’ellipse, qui efface un élément normalement table pour la rhétorique, où une norme, point de
requis, de l’hyperbole, de l’oxymoron, qui réunit départ reçu, «normalx, est une idée préconçue.
des termes normalement incompatibles (*cette Pour s’en tenir à ces figures qui supposent un
obscure clartéA, de la répétition, etc. changement de sens, c’est-à-dire aux tropes, on
On s’attachera ici, s’agissant des unités lexicales peut considérer seulement la CO-présence ou la
dans l’histoire, aux relations qui régissent les si- co-virtualité de deux sens, sans choisir lequel ré-
gnikations et emplois successifs (puis simulta- sulte d’une figure; la sémantique moderne voit
nés, après leur apparition) des mots. Les figures souvent dans un signe tel que le mot un noyau
essentielles se réduisent alurs à l’hyperbole et à sémantique potentiel, réalisé différemment se-
la litote ou à l’euptimisme, à l’ironie, type d’em- lon les cas. La figure, le trope n’est alors qu’une
ploi antonymique, à la synecdoque, emploi d’un façon de voir la pluralité des significations, la po-
mot désignant d’abord une partie à propos du lysémie, et parfois même l’action des contextes
tout, et surtout dans deux figures où certains sur une abstraction, une simple potentialité.
théoriciens ont vu la clé de tout ce système, la Mais ce point de vue fonctionnaliste concerne la
métaphore*, souvent issue d’une comparaison mise ëh discours; il n’est pas valable en lexico-
implicite - une comparaison condensée, plus graphie et dans les dictionnaires, où les rap-
brève, disait Quintilien -, et la métonymie*. Si ports entre les mots et leurs effets de sens,
l’on analyse les procédés logiques de la figure, certes analysés d’après les réalisations obser-
comme l’ont fait les auteurs du “groupe de vables en contexte, doivent donner lieu à des en-
Liège-, adjonction, suppression, substitution (qui sembles cohérents d’effets de sens, de significa-
cumule les deux opérations précédentes) et per- tions, repérables au niveau de l’unité elle-
mutation, procédés pouvant porter sur des élé- même, mot ou locution, et pour toutes ses poten-
ments - ce qui nous intéresse ici - ou sur leur tialités.

DÉFIGURER v. tr. ( 11191 sime urendre mé- +k FILn.m.estissu(v. 1130)dulatinfiZum~~,~a- o>


connaissable en altérant la forme=, en particulier le ment> et «tranchant d’une lame-, &l d’un discours~,
visage, mais aussi les faits, la pensée, etc, &Le dé- &gne, traitu, mot d’origine inconnue.
rivé DÉFIGURATION n, f. 6n xlfle s., defi) a Sign%é 4 Fil, d’abord ((brin tknw, se spécialise très tôt et dé-
&tat de ce qui est défiguré3 avant d’être refomné signe une matière étirée en longueur Iv. 1170, fils
(1866) peu avant DÉFIGUREMENT n. m. (1886) d’or), et le brin long et ti d’une matière textile
avec une valeur active. iv. 11761servmt à coudre ou à tisser. De cet emploi
viennent des locutions figurées comme de fl en ai-
FIGURINE n. f. est un emprunt ( 1578) à l’italien fi- guille (12691, cousu de I?I blanc (1594). Par extension,
gurina kvr” s-3«petite figure» en peinture et «petite fil désigne un brin qui sert à tenir, à attacher (13821,
statuetteB, diminutif de fzguru, du latin f@uru au d’où par figure ne tenir qu’à un iii, avoir un El ci la
sens de cstatue>j. Le mot reprend le premier (1578) patte et dans l’usage technique (18241, fLI a plomb
et le second sens (1829) de l’italien. servant à montrer la verticale. Le i2 à couper Ie
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1427 FIL

L’histoire des mots donne une fondation objec- & l’oeuvre. Les historiens du sens dam les mots,
tive à un ordre des sens; la logique interne du classiques comme ceux de Port-Royal, comme
lexique lui confère une régularité supposée qui duMarsais, ou comme les Anglais Hobbes,
peut être d8érente. Dans les deux cas, on défi- Locke, asensualistes, comme Condillac, sont de-
nit un ordre, chronologique ou logique, que les venus au xrxes. sémanticiens, tel B&al ou avant
dictionnaires le réalisent de manière ambiguë, lui J. S. Mill (qui est en principe logicien), Ils ont
certains plutôt «logiquementn, selon des lois sup- observé les figures, notamment la métaphore, et
posées, d’autres chronologiquement, selon une les changements de sens par 4argissementn et
observation toujours imparfaite, mais de plus en westrictionx (Bréal), plutôt appelés ici extension
plus riche. et spécialisation, soit dans une optique abstraite
Dans les deux cas, des points de départ, des pas- et logique, soit selon un ordre historique. Ces
sages et des points d’arrivée sont mis en rela- études, menées au XX~s. avec un soin extrême
tion. Le point de départ «logique» (supposé tel1 IG. Stern, S. Ullman), dégagent, sinon des lois ri-
est un sens considéré comme propre (on a dit goureuses, du moins des tendances qui
aussi 4ittéral4, que les figures emmènent dans semblent être universelles et qui mènent les
diverses directions, vers des sens qui sont donc signes d’une référence concrète à diverses va-
&gurésD. Le point de départ temporel est soit leurs abstraites (le cas est si tiappant, de la “pe-
une valeur &yrnologique~, c’est-à-dire, dans la séen à la flpensée* par exemple, que concret et
langue grecque qui en a fait la théorie, un sens abstrait semblent souvent, et parfois à tort, syno-
vrai letumosl, soit la première acception attes- nymes de propre et figwé3, ou bien d’une réfé-
tée dans la langue même. La position des An- rente large, générale, à des sign%cations plus
tiens était fondamentalement étymologique. étroites, spétiques - ou l’inverse -, d’une va-
Cette position, illustrée par Cratyle, l’interlo- leur forte à des valeurs plus faibles Détonner,par
tuteur de Socrate dans le dialogue de Platon qui exemple), avec des relations de ressemblance
porte son nom, est en effet dominante dans l’An- (métaphores) ou de contiguïté (métonymie).
tiquité et le moyen âge occidental, puis à la Re- Parmi les chemins de la prolifération des sens,
naissance et à l’époque classique. Ensuite, I’éty- la figure est une voie royale, mais multiple. Dans
mologie prend des contenus plus objectifs, cet ouvrage, elle ne part pas d’un sens supposé
surtout à partir des XVII~et XVIII~s. : elle concerne premier ou naturel, mais d’un sens observé, plus
la source, l’origine et l’histoire des signes. (Voir : ancien, &ymologique~~ comme on entend cet
E@mologie.I À la dif%rence des énoncés figwés, adjectif aujourd’hui - C-uit du hasard de l’his-
de la simcation figurée dans le discours (par taire et de la transmission -, ou encore originel,
exemple dans les textes littéraires), qui suppose temporellement premier (selon nos connais-
une véritable grammaire de la figure - et no- sances). Alors agissent des figures, d’un genre
tamment de la métaphore -, les valeurs fi@.- très particulier, qui résultent de tendances in-
rées des mots, les locutions et expressions fi&- ternes du sens, mais aussi de facteurs sociaux
rées font partie intégrante du lexique, et donc de variés : contextes, domaines d’emploi, tié-
la langue. Les théoriciens des figures Davos le quences - en un mot d’une pragmatique qui en-
langage, dans le code de la langue, distinguaient globe toujours l’histoire sémantique des mots.
donc un sens de départ, qu’ils nommaient primi- Figure, serts fi@.& mettent alors en rapport deux
tif ou naturel (car le «sens vrai», dans la théorie situations comparables et différentes, unies par
classique, est fondé en naturel, ou bien, on l’a vu, la communauté d’un signe du langage : un mot
sens propre ou JittéraE, et des sens figwés, ob- fictivement isolé que ces &gures5 précisément,
tenus “par figure*, remettent dans le mouvement réel du langage.
Ainsi, déjà dans ce <monde clos)) (Benveniste) 0 Voir h4ÉTAPHORE et M&TONYME.

des sens de la langue, une rhétorique interne est A. Rey

bezwe, outre son sens concret (afil métallique à (av. 18481 un moyen secret d’action. 0 Dans le do-
poignées4 symbolise l’invention dérisoire. 0 Par maine technique on relève fil t&gruphique 118561,
analogie le mot s’emploie pour la sécrétion ai- fil téléphonique, d’où coup de iit «coup de télé-
forme (dite filandreI produite par l’araignée (16901, phonem, et le sens de aconducteur électriquem (1890)
spéciallement dans IZ!s de la vierge (1755). Par ah- dans fil électrique. De là, sans fil Ici-dessus), qui pro-
sion au fi1 donné par Ariane & Thésée pour s’orien- vient de télégraphie* sa?‘& fil, et T.S.F. (3 té%gra-
ter da;ns le labyrinthe, IY d’fime (1748) ou fil phie). 0 Dès la fin du XII~s., fil s’emploie aussi au fi-
conducteur se dit de ce qui permet de se retrouver guré au sens de <succession, enchaînement3
dans un ensemble complexe. Dans le même sens, Iv. 1195, fil des idées) -d’où au El des heures
on emploie a rouge (calque de l’allem. roter Fa&n &VI” s.l- et avec une valeur spatiale pour asens
[Goethe] selon Bemet et Rézeau). 0 C’est par ré- d’un cours d’eau>> Iv. 12001, emploi restreint à des
férence aux fils dissimulés qui permettent de mou- locutions comme au iïl de l’eau. 0 Par analogie, fil
voir les marionnettes (cf. ficelle) que fiZ désigne s’emploie 6.nilieu xw? s.1 pour parler de la direc-
FIL 1428 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tion suivie par les fibres du bois, des muscles et à ment usagé. 4Les dérivés EFFILOCHAGE n. m.
propos d’une veine dans une pierre; de droit RI (17611, EFFILOCHE n. f. (18381,EFFILOCHURE n. f.
<<sensdes fils d’un tissun vient par figure le droit i?Z ( 1870 ; 1776, efilogeure) sont techniques. * 0 FI-
@orientation* (1954). d’il <<tranchant d’une lame» LAIRE adj. se dit d’une transmission par I?l
(1559) afournilalocutionfigurée kx”s.1 surleffIdu Iv. 1950). 0 BIFILAIRE adj. (18541, très antérieur à
rasah-. fdaire, est formé de bi-, fil et sufke.
b FILET n. m., diminutif de fil Cl180, <petit filx), a Sur fil ont été composés des termes techniques, des
plusieurs sens techniques, en anatomie (v. 1290, noms comme CONTREFIL n. m. (15401, SERRE-
filet de la Iun@e), en botanique (18651, en reliure FTLSn. m.inv. (18691 OuFIL-À-FILn.m.im. 11930).
(16901, et aussi dans filet d’une vis (16901, etc. Cou- 0 Composé avec l’acception spéciale de 41 élec-
ramment il se dit d’un écoulement ti et continu, trique)), SANS-FIL s'est dit, d’abord au féminin (av,
au propre ( 1306-1307 ; 1393, du sucre en fusion) et 1925, Claudel in T.L.F.) pour télégraphti sun.s fil,
au figuré 11680, un met de w&d. - Filet a pris le sens puis au masculin, pour flmessage ainsi transmis
particulier de <<morceau de viande levé le long de (1927, P. Morand). Le mot, qui a produit SANS-FI-
l’épine dorsale (ou de part et d’autre de l’arête d’un LISTE n. (1912, écrit sanfzliste) est sorti d’usage,
poissonln ( 1393, surtout dit du bœuf et du veau; sauf pour évoquer le passé.
1718, filet mignon), allusion au caractère allongé, et Par ailleurs, fil a servi à former des verbes prékés.
peut-être parce que le morceau est souvent roulé + ENFILER v. tr. signi6e utraverser d’un f& ( f 187)
et entouré d’un fl. *Le mot filet représente aussi et atraverser par une épéem 11595); par figure le
l’altkation de filé n. m. <ouvrage fait de fils» verbe sime <<s’engager tout droit dans une voie)>
Iv. 13801, participe passé substantivé de filer, d’où le 11609) et, en gardant l’idée du fii qui passe, *débiter
sens de &Seau de fil fait de mailles> 114613 spé- de façon continue des propos)) puis, familièrement,
cialement pour capturer les animaux kv~~s.) ; de là =Passer un vêtementm (1866). 0 De l’idée de Ntraver-
au figuré (1615) tendre un @et, attirer qqn dam ses sep vient le sens érotique (~VU” s.1 de <(posséder
Blets. Ce réseau de fl est aussi employé pour enve- sexuellementn I+ filou). +Sur le verbe ont été for-
lopper ou tenir (1690 ; par ex. un filet de ballon, un més des dérivés comme ENFILADE n. f. (1611) ~dis-
filet à provisions) ou utilisé dans certains jeux de position de pièces qui se suivent, ENFILAGE n. m.
balle (1877, pour le tennis). (1697),etks PréfdsRENFILER vh(1580),RÉEN-
Sur filet ont été formés FILETER v. tr. El857 ; 1235, FILER v. tr. (xx” s.), DÉSENFILER v. tr. 116941,
foilleté <fait de fi fin»), terme technique dont dérive rares.
FILETAGE n. m. (15871, reformé (18571 pour @kpO- 0 DÉFILER v. tr., d’abord dans soie défilée “qui
sition des flets d’une vis ou d’un objet n’est pas fléen (12991, Sign%e (1408) <défaire Ice qui
fiketé >>.+Deux préfixés utilisent le sens de filet en est enfM>>, comme désenfiler. Q Le sens familier du
boucherie et en typographie. 0 CONTREFILET pronominal se défiler use déroberm (1860) se rat-
n. m. <morceau de viande)) (XX" s.) et ENTREFILET tache au sens militaire (1829) de défiler *soustraire
n. m., d’abord terme d’imprimerie au sens de apa- les troupes à l’enfilade du feu ennemi>>. + Ce verbe
ragraphe entre deux filets» 11831) et qui a pris par a produit DÉFILAGE n, m. (17841 et ODÉFILE-
extension le sens usuel de acourt article>>. MENT n.m. (1785).
FILIÈRE n. f., dérivé de fil, a signifié en ancienfran- EFFILER v. tr., d’abord attesté dans s’esfiler ase dé-
qais apelote de f&+ ( 1228) puis &l» ( 1352). Outre des faire ti à fl* Km XI’?s., attestation isolée), est repris
emplois spécialisés, il désigne ( 13821 un instrument au XVI~s. 11526) au participe passé effilé &guis&
pour réduire les métaux en fils et, par extension, 0 Le verbe est reformé pour -défaire fl à fil» (1611;
pour Neter en vis (17%). Au figuré, fîliére désigne 1606, pr0n.l et <<rendre allongé et fin, ou pointu,
en commerce un titre à ordre qui représente une (1781, pron.). *Du verbe viennent EFFILURE n. f.
marchandise négociable (12431, rare avant le (16851,EFFILAGE n.m. (17801,EFFILEMENT n.m.
XVIII~s., et par ailleurs (av. 179 1) une succession (1796) et EFFILEWR, EUSE n. (18701.
d’opérations à accomplir avant de parvenir a un ré- FAUFILER v. tr. est un terme de couture ( 1690 ;
sultat. C’est aussi, en physique, une famille de réac- 1684, au participe passé), altération, par attraction
teurs nucléaires qui ont des caractéristiques iden- de faux, de forfiler, foufiler ( 13481, de fors chorsn
tiques (v. 1960). C-, dehors), et fil. -=Au figuré, il a signifié Gntro-
De fil dérivent d’autres termes techniques, comme duîre adroitementn (1696, intr.1, sorti d’usage, mais
FILARDEAU n. m. <jeune brochetn (1392) et ((jeune se faufiler est bien vivant aux sens de us’insinuer
arbre élan& (17711, +FILIN n. m. (1611) est le nom (dans une société)» (16941, <<se glisser à travers des
générique des cordages en marine, mot usuel. obstacles» (1823). +II a fourni des termes tech-
+ FILERIE n. f. (1962) est un terme technique niques, dont FAUFIL n. m. (1865). *SURFILER
d’électricité. v.tr. (18731 est aussi un terme de couture, égale-
FILOCHE n. f., régional, autrefois &et>s (1374, fi- ment employé dans le domaine du textile; en dé-
loiche ; cf. ancien lyonnais filochi @corde>,xrve s.1,dé- rivent SURFILAGE n. m. (1877) et SURFIL n-m.
signe (1743) un tissu à larges mailles, puis une épui- Cv.1964).
sette pour la pêche. 411 a fourni FILOCHER v-h'. FILAMENT n. m. est emprunté ( 15381 au bas latin
118691,terme technique et, antérieurement, EFFI- filamentum aétoffe de Cb, dérivé du latin classique
LOCHER v.tr. (1761; 1657, efdocti, n.m.), régio- filum. Il désigne une production organique longue
nalement efiloquer 11798). Ce verbe signifie ueffiler et fme comme un fl, spécialement (1904) un fl
des tissus pour les réduire en charpie», d’où COU- conducteur très ti. 4Il a pour dérivé FILAMEN-
ra,mment s’effilocher (18513, en parlant d’un vête- TEUX,EUSE adj. (15711.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1429 FILIAL

FILASSE n. f. est issu Iv. 1130, fkcel du latin popu- verbe, désigne 116433un passage encaissé (on n’y
laire Ofilacea, du radical de filurn. II s’est employé peut passer qu’à la file) et la manœuvre des
pour le fd de l’araignée et désigne (XIII~ s.1 une ma- troupesqui détient (1669) ; par extension il s’em-
tière textile non encore tissée. Par analogie, il se dit ploie (1842) pour esuccession* (Concret et abstrait).
de cheveux de couleur blond pâle knil. XVIII~ s.). w @D~HLEMENT n. m., autrefois adéflé de
0 FILAIRE n. f., emprunt (18091 au latin scienti- troupesn ( 18321, est un terme technique (1927).
fique filaria (1787 ; de filum), dési@e en zoologie un FILATURE n. f. désigne l’usine où l’on fabrique le
ver long et fm comme un fl, parasite de l’homme et fl(1724) et les opérations industrielles pour obtenir
responsable d’une maladie nommée FILARIOSE le fl ( 18011, remplaçant le moyen français fzkti
q. f. 11901; de filaria) ; l’anglais a formé plus tôt fila- (XIVes.), dérivé de fil ; le mot s’emploie aussi pour
rimis 118791,puis filariosis (1888). l’action de suivre qqn sans être vu 11829) notam-
FILIFORME adj. composé savant du latin filum ment dans prendre en filature. - FILA-
117621, s’emploie pour #très mince, fin comme un TEUR, TRICE n. <personne qui exploite une fila-
a>>. L’idbe de fragilité est réalisée dans l’emploi fi- ture> (1812) a un homonyme rare, dérivé de filer et
guré de pouls morne atrès faible, ‘filant’=. désignant ( 1879) une personne qui en fie une autre.
0 voir FICELLE, FILER (et FLANDRE,FILATURE),FILIGRANE. F~LANDRE n. f. est une forme altérée 11392) de “fi-
FILON. FILOU. lande, du bas latin filandu ace qui est à filern, de fi-
lare. Le mot a désigné un filet de pêche, au-
FILATURE 3 FILER jourd’hui Exw” s.) une fibre longue et coriace (dans
des viandes, des légumes) mais il est rare, contrai-
FILER v. est issu (v. 11601 du bas latin filare &ti- rement à filandreux. Il sert aussi à nommer le &ln
rer en fk+, afaire couler en fils-, dérivé de fdum de l’araignée. +Le dérivé FILANDREUX, EUSE
I+ cl). adj. (1603) &breuxs est utilisé aussi au sens figuré
+ Filer a si@é ccouler, s’écoulera, valeur qui de- ( 1831) de atoutTu, embrouillém (en parlant d’un dis-
meure en parlant de qqch. qui prend la forme d’un CO~S). +FILANDIÈRE n. f. (1292, fik7&kr, -tire)
fl (16901, mais disparue à propos de personnes <femme qui file à la mainn, sens sorti d’usage, s’est
pour aaller à la me». 0 Parallèlement, fi2er reprend employé pour désigner les Parques (1668, les sœurs
,
le sens de =transformer en fil (une matière textile)m filundikresl .
(XIII” s.1 et par analogie Iv. 1210) signifie =Sécréter FILIPENDULE ad]. est un composé savant, calqué
hn El),, en parlant d’un insecte; et plus tard “pas- du latin moderne, de filum &lp et pendulus «sus-
ser (un métal1 à la filière» 11759). 0 Par métaphore, pendun, d’où «suspendu à un f&. Comme substantif
on dit mer doux Iti xve s.1, allusion au fl que l’on féminin, le mot désigne une araignée et une plante,
déroule lentement pour ne pas le rompre, pour ase la spirée.
plier, accepter une contrainte, obéti. 0 Par exten- D'AFFILÉE lot. adv. & la file= (18531 tient d’un an-
sion le verbe signifie <<dérouler de façon continue>, cien verbe affiler 11671) Nplanter en ligne*, construit
par exemple un câble (av. 1559; 1762, intr.1, d’où par sur file.
figure <réciter d’une manière continuem ( 16111, puis REFILER v. tr., sorti d’usage au sens de &ler de
*développer progressivement » I 1865, filer une mé- nouveau (la laine), (15641, a pris au XVIII~s. la valeur
taphore), en musique filer u?w note (1811). +De figurée de adonner, rendre qqch. de défectueuxm
l’image du déroulement viennent les sens de «s’en- avec l’idée de tromperie; d’abord écrit ratier (1740)
fuir> (1754, intr.1 d’abord en argot, d’où &sparaître dans cet emploi familier, le verbe a produit REFILE
rapideme& (1857, d’une chose) et <aller droit de- ou REFIL n. m., employé dans la locution très fami-
vant soi, à une allure rapide, ( 1783, intr.), d’abord lière der au refile (ou rem womi~ (1883) et équi-
terme de chasse; par ailleurs le verbe sime valant en argot ancien à <marchandise refusée*
flSui!Te (qqn) sans être vu» i 1813) [cf. tiuturel. 0 Le (1902).
verbe a en outre pris en argot le sens de adonnep SURFILER v. tr. (1873, Daudet) correspond à
(18351, probablement d’après refiler (ci-dessous). acoudre à grands points, avec un fil qui passe au-
b Plusieurs dérivés sont employk comme termes dessus>, et (1877) à Maugmenter la torsion de Iun
techniques, principalement dans le domaine du fdb. 0 SURFILAGE n, m. 11875) et SURFIL n. m.
textile comme : FILAGE n. m. (XI~’ s.), FI- (déverbal, 1926) sont plus techniques.
LEUR, EUSE n. (1376, fillour; 1260, fikwesse), FI- 0 Voir FIL, FILON, FILOU, PROFIL.
LOIR n. m. bave sd. -FILÉ n. m., outre des sens
techniques (1265, «fila, puis 1865, &l de métal entou- FILET + FIL
rant un fl de soie>), s’emploie comme terme de ci-
néma (ti s.1 pour un panoramique très rapide. FILIAL, ALE, AUX adj. est un emprunt
FILE n. f., déverbal de filer, désigne une suite dont
(13301 au bas latin fzZiulis, dérivé de ~&US 13 fils).
les éléments sont placés l’un derrière l’autre ( 14641, L’adjectif latin a le sens spécial de “qui concerne les
relations de l’enfant à ses parents>>.
spécialement (mil. xwe s.1 une ligne de soldats; le
mot s’emploie dans les locutions adverbiales à la 4 Filial conserve le sens du latin; il est courant dans
fi!e (av. 1527, b la fille), en me (av. 16951,notamment un sens extensif «digne d’un fis-.
en. ae indienne, et à propos des automobiles en b L’adjectif a servi a former FILIALEMENT adv.
double ï?ZeCv.19501.+ Sur fie a été composé @ DÉ- (v. 14601, FILIALITÉ n. f. (18451, didactiques ou litté-
FILER v. intr. (cf. aussi fiIl au sens de amarcher en raires. +FILIALE n. f. désigne, par métaphore et
frkn (1648) et par extension ase succéder de façon influence du sens figuré de filiation ( 18441, une so-
ininterrompue» (1932). +DfiFILÉ n. m., dérivé du ciété à personnalité juridique distincte mais dont la
FILIGRANE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

moitié au moins du capital appartient à une autre belle*) désigne soit la femme du Cls, soit ! 1570) la
société, dite société mère. me qu’un conjoint a eue d’un précédent mariage.
FILIATION n. f. est emprunté (XIII~s.) au bas latin fi-
liati, terme de droit désignant le lien de parenté 0 FILLETTE n. f. est d’origine obscure; il re-
qui unit un enfant à ses parents, dérivé du latin présente peut-être une altération (1387) d’après
classique filiw. * Le mot conserve le sens du latin; fille de feuilletie (13961 apetite mesuren, attesté en
par analogie il désigne ( 1302, flliacionl l’état d’une Bourgogne et en kanco-provençal (1370, folietiel,
abbaye qui doit son origine à une autre et par ex- de l’ancien folhetu 113751,sans doute dérivé d’un la-
tension c1720) un lien de descendance directe. Par tin populaire “follict Cdéb.IX” s., latin médiéval foliu
figure (17521, il s’emploie pour <<succession, enchaî- *mesure de liquide»), du latin classique follis
nement n. <<outre*, de la même famille que !Jure (+ enfler, fou).
+ Fi&&e désignait ( 1387) une sorte de tonneau ou
FILIGRANE n. m. est emprunté (1665) à l’ita-
de mesure variable de liquides. C’est aujourd’hui le
lien filigruna IXVII~s.), composé de fdi, pluriel de filo
(du latin filum ; + fil), et de grana ~grairw, du latin nom familier d’une demi-bouteille, utilisée surtout
grunum (+ grain), les filets du filigrane (aouvrage pour les vins d’Anjou, et senti comme une méta-
phore de 0 fillette.
d’orfèvreries) ayant d’abord été ornés de grains. Le
mot a souvent été altéré en fili@umme, première
forme attestée (1664) et encore relevée au XLX’ siè-
FILLEUL, EULE n. est une réfection (XII? s.)
de filial II 1211,fillue (XII~SI, issu du latin classique
cle.
fiZio2us dis (en bas âge, ou chéri))), diminutif de fi-
+ À cause du réseau de as placé dans la forme, le lius (-+hls), et qui a pris en bas latin la valeur de
mot désigne ( 1835 ; dès 1818 sous la forme altérée fi- apersonne qui a été tenue sur les fonts baptis-
Zigrummel un dessin imprimé dans la pâte du pa- maux>>.
pier, qu’on peut voir par transparence; de là vient,
4 Filleul conserve le sens du bas latin et est attesté
au figuré, la locution adverbiale (xx” s-1 en -me
=de façon implicite ». kvle s.) dans l’emploi du latin classique, sorti
d’usage.
FILLE n. f. est issu (v. 1050, fille) du latin &a aen-
fant de sexe féminin, jeune personne>>, féminin de FILM n. m. est un emprunt à l’anglais film amem-
filius (b fils). brane» (XI~s.), de l’ancien anglais filmen. Ce mot
4 Le mot conserve le sens du latin et se détit dans trouve des correspondants dans de nombreuses
un rapport de Wation Ila fille de gqn1; par exten- langues indoeuropéennes (vieil allemand Tell, vieil
sion il s’emploie au sens de <<descendanteN (xv” s.1et islandais @Zl, lituanien plenè, latin pellis <peau», ra-
pour désigner (1640) une personne que l’on consi- dical du grec pelmu @semelle [en peaub, etc.). On
dère cmnme sa Elle. Par analogie (2” moitié du rattache ces termes à une racine Opel*envelopper)).
mes.), c’est le nom donné à certaines religieuses En an@is, film a signif% <feuille très rnincen à par-
Willes de la Charité, du Calvaire, etc,) ou à une tir du xwe s. et est attesté en photographie depuis
église qui dépend d’une autre (1690), Au figuré fille, 1845, pour <<couche de gélatine étendue sur la
comme fils, s’emploie (16011 pour une chose qui plaque ou le papierm, d’où cpellicule pour la photo-
naît d’une autre. +Fille s’oppose aussi à gurgon, graphiea (v. 18801.
par exemple dans des syntagmes figés comme pe- + Ce dernier sens est repris en français (v. 18893.
tite fWe, vieille fille <femme célibatairem; il est uti- Film désigne ensuite une <pellicule pour le cinéman
lise absolument (15283 pour jeune fille hze me a 11896) et par métonymie E1896) une œuvre cinéma-
mitlierl, d’où autrefois rester fille, aujourd’hui res- tographique puis l’art cinématographique. Au fi-
ter vieille fWe &libataireB ; avec un qualificatif, fElie guré, il Sign%e ( 1922) *déroulement d’événementw.
s’emploie (xv” s.) pour jeune femme. Flllet-hère M%ns un emploi technique réemprunté à l’an-
(17%‘) est aujourd’hui vieilli (on emploie plutôt mère glais, fiZm désigne ( 1931) une mince couche d’une
célibataire). + Utilisé péjorativement, le mot a aussi matière (film d’air; film dentaire, 1933) ; l’équivalent
valeur de cprostituéeu, en emploi absolu (13871 ou français proposé est feuil.
dans des locutions comme aile perdue (16061, iZ?le F Le lançais a produit des dérivés et des compo-
de joie bme s. ; cf. aussi fille & vie, 1409). * Fille dé- sés. -FILMER v. tr. signiCe <<enregistrer par une
signait aussi une jeune Elle de qualité au service prise de vues cinématographique> ( 1908) et, en
d’une reine Il606 ; file d’honneur, 16551, ou une technique, <<recouvrir d’une pellkule, d’un fîlrnm
jeune me ou une femme employée à un travail IV. 1x0. w DU verbe dérivent FILMAGE n. m.
(me de saLTe,de cuisine, etc.). Cf. les emplois ana- (19121, FILMEUR, EUSE n. (19171, rare, et FIL-
logues de femme*. MABLE adj. (19251. 4 FILMIQUE adj. Nrelatif au
b Le dérivé 0 FILLETTE n. f. ! 1200, fiGete désigne film, au cinéman (1936) est didactique comme FIL-
une petite Me (cf. garçonnet). + FIFILLE n. f. (17831 MIQWEMENT adv. (1952).
est un terme enfantin, passé au x~? s. dans le lan- Plusieurs composés, où film a le sens de aœuvre ou
gage des adultes. + FILLASSE n. f. est péjoratif au art cinématographique)>, sont entrés dans l’usage
sens de *grosse Clle sans grâce>) (15871, archaïque courant. + FILMOGRAPHIE n. f., Composé avec
pour &lle de mauvaise viem (XVI~s.l. -graphie, d’après bibliugraphie, a Sign%é (1922) -ci-
PETITE-FILLE n. f. est formé (XIIIe S.) SUT le même nématographie> et désigne aujourd’hui ( 1947) la
modèle que petit-fils, d’où ARRIkRE-PETITE- liste des films d’un auteur, d’un acteur, d’un
FILLE n. f. (16381. - BELLE-FILLE n. f. cv.1470; de genre, etc. 4FILMOTHÈQUE n. f. (1969; 1958, fil-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1431 FILTRE

mathkque) désigne une collection de microfkns - est filia I+ Elle). Comme fecundus 1-3fécond) filins
et non pas de fk~~ - (cf. cinémathèque, plus cou- se rattache à une racine indoeuropéenne “dhë- &-
rant). 4 FILMOLOGIE n. f. (19461 aétude du ci- ter, suceru ; il a d’abord Sign%é aenfant qu’on élève,
néman est un terme didactique, comme son dérivé nourrisson>, avant de remplacer le nom indoeuro-
FILMOLOGIQUE adj. (1946). péen initial du fk, peut-être fkappé d’interdit.
MICROFILM n. m. 11931) désigne une reproduc- + Fils s’emploie dans fils ok Dku Iv. 980, fils Deu), fils
tion réduite de documents sur m; en dérive MI- de l’homme, désignant Jésus-Christ. Hors d’un
CROFILMER v. tr. t19311. contexte religieux il s’applique Iv. 1050) à tout être
humain de sexe masculin considéré par rapport à
FILON n. m. est un emprunt (1562) à l’italien fi-
son père et à sa mère; il figure avec cette valeur
lone, terme de minéralogie (av. 15371, augmentatif
dans diverses locutions comme le ï2k de la maison.
de fE20&l», du latin fzlum t-+ fil).
*Fils reprend également le sens latin de adescen-
4 Le mot désigne d’abord une masse allongée de dantb) Iv. 11201et par figure le mot s’emploie au sens
substances minérales, d’ou son emploi figuré, de arésultat, effetb en parlant de choses du genre
comme source, veine (av. 1791). Il signi6e «moyen de masculin (~III xrxe s.1,ainsi que dans des expressions
s’enrichira, d’abord en argot (1882, Goncourt, caf- comme fils spirituel adisciplem, fTîi%de ses œutres
faire pour malfaiteurs4. ahomme qui a réussi par lui-même et non par sa fa-
k Le dérivé FILONIEN, IENNE adj . ( 1877) est didac- mille» qui s’oppose à BS de famille (1606) «enfant de
tique. famille aisée» et iT& à papa, locution péjorative ré-
cente. + Par extension, fils s’est employé depuis le
FILOSELLE n. f., réfection (1564) de filloisel XII~ s. Cv. 1196) pour <enfant du sexe masculin>), sans
n. m. (13691, fzlozelle (15421, est un emprunt à ‘t’ita- se substituer au mot normal, garqon. Cet emploi ne
lien dialectal filosello dbourre de soie» (à Sienne, subsiste que lorsque le garçon désigné est consi-
v. 130 1) ; on relève aussi la forme folksello (xnr” s., déré comme un fils ( 12731,usage qui subsiste en ap-
acocon de ver à soie4 que l’on peut comparer à pellatif (mort fils !, fEls!I, notamment en français du
l’italien filugello. Le mot est peut-être issu d’un Latin Midi. 0 La prononciation ancienne fi, évoquant
populaire “fzllocellus apetit sacs, altération du clas- l’exclamation péjorative fi !, a pu susciter des
sique folliculus, diminutif de follis +,ac>) C+ follicule termes d’injures (fils [fil de pute, etc.).
et fou), avec attraction de filo &l*. Selon P. Guiraud,
k Le dérivé FISTON n. m. (1585) s’utilise familière- ’
filoselle serait plutôt une forme apparentée à fi-
lasse, filoche, d’un latin populaire “filocellus apetit ment comme appellatif pour un jeune garçon ou
sacg d’oti «enveloppe de la larve d’un insecte>), mot pour désigner un garçon par rapport à ses parents.
a Le composé BEAU-FILS n. m. (14681, de beau*,
qui correspondrait à une variante de “funicella
I+ ficelle). désigne celui dont on a épousé le père ou la mère;
au sens d’4poux de la frlle~ 05571, il est moins cou-
4 l3loselZe désigne de la bourre de soie mêlée à du
rant que gendre. + Pour la désignation des liens de
coton, employée en bonneterie. parenté ont été aussi formés PETIT-FILS n. m.
FILOU II. m., attesté au XVI~~. (15641, pourrait he sd, ARRIlkRE-PETIT-FILS n. m. (15561 et, r&re,
être une forme dialectale de tîleur, dérivé de filer I3EAU-PETIT-FILS ri. m. (1917).
0 voir FILLE et aussi FTLIAL, FILLATION, FTLLEUL.
aétirer en fil» (+ fier) - filer la carte sign5ait autre-
fois &icher~. Pour P, Guiraud, le filou est celui qui
attire ses victimes dans ses mets ; ce serait un dé- FILTRE n. m. est un emprunt ( 1560) au latin mé-
rivé d’enfiler au sens de &romper* (encore dialec- diéval des alchimistes fzkrwn (12351, adaptation du
tal, 18451,qui correspondrait au moyen tiançais en- tiancique %ltir C+ feutre).
filé *pris dans un fIletm; cette hypothèse semble + Le mot désigne un appareil qui permet de débar-
inutilement complexe. rasser un liquide de ses impuretés, d’où filtre à ca%
+ Filou désigne d’abord une personne qui triche au (18851. Le mot a des emplois spéciaksés en sciences
jeu ou vole avec ruse et par extension, d’abord ( 1904) et désigne couramment le dispositif adapté à
comme adjectif (1714) une personne malhonnête; une cigarette pour absorber une partie de la nico-
le mot s’applique difkilement aux femmes. Il s’em- tine : cigarette avec ou SU~ filtre. Au figuré il signi-
ploie familièrement Ifin XD? s.) en parlant d’un en- fie <ce qui retient en partie)) (déb. XX~s.l.
fant espiègle, comme @edin, coqkpt, baptdit (petit fi- p Le dérivé FILTRER v. (1560, mtis probablement
lou !l. antérieurl s’emploie transitivement, par exemple
b Le dérivé FILOUTER v. tr., vieilli au sens de <(vo- dans fîltier un liquide et, par analogie, la lwnière
ler adroitement (qqch. à qqn)- (16561, signifie au- (18361, etc.; au figuré (déb. D? s.), il se dit à propos
jourd’hui «voler Cqqn)n (1688) ; sur filouter ont été de personnes et de choses abstraites (filtrer des in-
construits FILOUTAGE n. m. (v. 1673-16761, rare, et fomzationsl. 0 Filtrer se construit intransitivement
FILOUTERIE n. f. 116441vieilli. au sens de as’écouler en passant à travers un filtre=
(av. 17141 et, par extension, de <passer en partien
FILS n. m. représente (v. 9801 le cas sujet de l’an- ( 18381, le sujet désignant la lumière, etc. * Du verbe
cien f~ancais Ifil correspondant au cas régime de fi- dérivent FILTRATION n. f, (15781, didadqUe, FIL-
lium) ; fieu (XIII~s.1 est la forme picarde, encore utili- TRABLE adj. (1754 en sciences naturelles), FIL-
sée dialectalement. Le mot est issu du latin TRANT, ANTE adj I (17521, FILTRAGE n. m. ( 1842,
classique filins &ls, enfant de sexe masculins et en en chimie) qui s’emploie au propre et au figuré, et
bas latin au pluriel cdescendantsn, dont le féminin FILTRAT n. m. (18911.
FIN 1432 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

INFILTRER v. tr. et pron. est attesté avant filtrer constructions apparaissent en lançais moderne :
(v. 1370) ce qui laisse supposer un latin populaire finir en (16711, finirpar(et ir&ititY 118051. finir prend
“infikwe tiré de filtrum, 0 Le verbe transitif est au- aussi le sens IXIII~s.1de <<mettre fin à»; en particulier
jourd’hui vieilli ou littéraire, mais on emploie cou- dans les constructions finir de (et infmitifI 115731,en
ramment s’infiltrer v. pron. *pénétrer dans un finir (1798). + Le verbe a servi à former des termes
corps d’une manière lente et progressivem (17621, techniques, coxnme FINISSEUR, EUSE n., rkfec-
d’où vient le sens figuré de =Passer insensiblement* tion de fenisseor (2” moitié du XIII~s.), qui est em-
(déb. >mces.) et, en parlant de personnes, *pénétrer ployé au masculin (1756) puis au féminin (18281, et
sans se faire remarquera, spécialement en termes FINISSAGE n. m. (1786). +FINI, IE p.p. adjectivé,
militaires. Un nouvel emploi transitif ~infiltier une a des emplois spkiaux, <<mené à son termeD ( 16881,
organisatiml en est résulté (att. 19651. +Le dérivé d’où le fini ne m. 117711, <parfait dans son genreb
INFILTRATION n. f. Iv. 1370, en médecine) a suivi (av. 1850 : un coquin fini); &minué, discrédité*
l’évolution sémantique du verbe 11762, aaction, fait ( 1835, un homme fini). En philosophie, il exprime
de s’in&rep ; 1834 pour le sens figurél. *Infiltrer a l’idée de 4imité~ (15803 et s’oppose à infini. La no-
aussi fourni les mots didactiques INFILTRABLE tion de nombre (entier) fini (attesté 1872) est essen-
adj. (1857) et INFILTRAT n. m. IV. 19251. tielle en mathématiques. 0 Au sens de aterminén,
l’adjectif donne lieu à l’expression familière n, i, ni,
0 FIN n. f. est issu (2” moitié du xe s.) du latin finis, c’est IW! (1796). 0 Quelques termes didactiques
mot d’origine inconnue Sign%ant aborne, ltite sont formés à partir du participe passé fini : FINI-
d’un champn, &ontièrep (au pluriel; + confms) et, TUDE n. f. ! 19201, d’après l’anglais finitU& (16441,
au figuré, cterme, but, (finis, en ce sens, traduit le FINITISME n. m. et FINITISTE adj. kx” s,), rares.
grec telos dans le vocabulaire philosophique1 et 0 Le composé SEMI-FINI, IE adj. ( 19271 se dit en
adegré suprême de qqch.x. économie, en commerce, de produits transformés
+Fil~ désigne l’arrêt d’un phénomène dans le incomplètement. *FINISSANT, ANTE adj. tiré du
temps, en particulier la cessation de Ia vie (2” moi- participe présent, est lexicalisé au me s. (le mois
tié du xc s.) et par extension la dernière partie (de d’uoiit finissant, Balzac, Le Lys dans la vallée, 1836).
qqch.) hOSOl, le point auquel s’arrête qqch. (v. 12831, FINITION n. f, krv” s., fini&n &II~), repris au ~IX~ s.
d’où spécialement fins n. f, pl. &ontières~ (XIII~s.1 (18201, est emprunté avec son sens au dérivé latin
jusqu’à la fin du XVI~~siècle. Le mot s’emploie dans classique finitio &mite, achèvement, et désigne
des locutions adverbiales : à la ti (12731, sans CI, aussi l’action d’achever (1846) I
toucher à sa ~TYI,mener à bonne ïYn,par figure faire IN FINE ~OC.adv. reprend (1899, Valéry) la locution
une I!II ese mariep Kn xwe 4. Fin sign5e aussi latine in fine & la &ID et s’emploie dans une ré-
(v. 1300) aterme auquel on tend>> Iqui veutla ~?II veut férence au sens de <dans les dernières lignes (d’un
les moyensl ; c’est un terme de droit C1462Iau sens ouvragelm.
de <(but juridiquement poursuivit d’où ti de non- À côté de finis, son dérivé finalk a fourni une série
recevoir ( 15491. Les locutions en fk de compte, à la de formes. FINAL, ALE, ALS ou AUX, ALES adj.
En du compte ont pris le sens étendu de ce&; emprunte avec son sens (v. 1174) le dérivé bas latin
pour concluren. fvdis “qui est à la tin; il s’applique aussi à ce qui
b Des dérivés du nom reste FINAGE n. m., sous correspond à un but en philosophie (v. 13611,valeur
l’AncienRégime cétendue de territoire soumis à qui existait en latin médiéval (v. 1170 ; =+ ci-dessous
une juridiction» i 123 1, @naige> ; le mot, d’usage ré- t’alité). +FINALEMENT adv. Cv.1280, finalment)
gional (Bourgogne, Franche-Comté), a désigné s’est substitué à finablement (v. 1185) et s’emploie
aussi (XVI~s.1 l’étendue d’une terre exploitée, en couramment comme adverbe de phrase avec la va-
agriculture. leur de apour conclure, enha. - 0 FINALE n. f.,
FINIR v. est une réfection (XIII” s.), d’après fin, de la forme féminine de l’adjectif, est d’abord un terme
forme dissimilée du moyen âge fenir (1080; la va- de grammaire (1718, aélément en dernière posi-
riante finer est moins courante), qui était issue du tion>>),puis de danse, de musique (1721) [+ 0 hale,
latin classique finire (dérivé de fink4 «limiter, ache- ci-dessous1 et de sport (1895) où il est devenu plus
very d’où iîniri <<mettre un terme (à la paroleIn et, courant, ainsi que le COmposé DEMI-FINALE n. f.
au passif, use terminer, mourh. En bas latin, le ( 1898) et que qwwt de finale. De ce dernier emploi
verbe a pris le sens de aavoir un terme)). P. Guiraud vient @ FINALISTE n. *personne qui dispute une
propose, pour aboutir à cette forme fenir, un latin halem (1924). + @ FINALISTE n. et adj. est aussi un
populaire “finiscere à valeur progressive, qui expli- terme de philosophie (1808, n.; 1919, adj.1 tiré de
querait l’idée d’Mamener à sa fk~)> d’où, celle cause fende Condisait cause-finah, 17641, comme
d’aachevers, puis de ~~parfaire~. +Finir conserve les FINALISME n. m. plus récent (1890, Renan). +FI-
sens du latin et a le sens général de amener à sa titi NALITÉ n. f. (1819) désigne en philosophie le carac-
(1080, tr.1 -d’où 4 un point de perfection3 tère de ce qui tend à un but et spécialement, en bio-
(av. 1660). Comme intransitif, il signSe aarriver à sa logie, l’adaptation (d’un organe, d’un être vivant) à
fur, dans le temps ou dans l’espacem (v. 11301, plus une ti (1864, Renouvîer). + FINALISÉ, ÉE adj.
tard eavoir telle issues ( 16693. Par ailleurs, la forme (xx” s.), d’abord 4 quoi on donne une fm=, a pris
finer, issue du latin classique finire, a signifié aussi le sens de emis au point de façon détailléeti
Nmettre à son terme (une transaction)b, d’où par calque de l’anglais fznalized, dérivé d’un verbe
apayers he s.), sens disparu qui est à l’origine de fi- de meme origine. Le dérivé FINALISATION n. f.
nance*. ~AU sens général du verbe d’autres est à la mode.
DE LA LANGUE FRANÇAISE FINANCE

@ FINALE n. m. est emprunté ( 1779) à l’italien fi- GNOLAGE n. m. (1874). +FINES n. f. pl. (18651,
nale, terme de musique (av. 17421, de fine &P, lui- substantivation du féminin de l’adjectif, et FINERIE
même du latin finis. C’est un terme de musique, dé- n. f. %III XIX~s-1sont des termes de métallurgie.
signant le dernier morceau d’un mouvement ou Sur fin ont été construits plusieurs préfixés : EX-
d’une composition. L’emploi féminin 11797, une fi- TRAFIN,INE adj. (18271, SUPERFINJNE adj.
nale) se confond avec la substantivation de l’adjectif (16881, SWRFIN, INE adj. (18281, appliqués à des
fmal; on écrit aussi un final (1802). produits commerciaux très fms, et, pour superfin, à
+ Voir AFIN, CONFWS, DÉFINIR.ENFIN. 0 FIN, FINANCE, IN- diverses choses (concrètes et abstraites).
FINI. AFFINER v. tr. <rendre plus délicatn (12231 et ~~puri-
fier>>(12853 a sign5é <<tromper en usant de kessen
+k 0 FIN, FINE adj. vient du même mot latin fi- EV.15101 encore au XIX~ siècle. De ce verbe dérivent
nis I-+ 0 Gn) pris adjectivement, à partir de l’emploi AFFINEUR.EUSE adj. etn. 113021, AFFINAGE
figuré de “qui est le point extrême)) et correspond n. m. (13901 et AFFINEMENT n. m. (1576 ; 1532,
au latin médiéval fznw ~~rtinén. ((tromperie))). *Le composé en re- de affiner, RAF-
+Appliqué à ce qui prksente un caractère de per- FINER v. tr., est employé au sens concret (1468, raf-
fection ( 10801, fin dans des emplois concrets se finer le sucre) et abstrait (1650) et, comme verbe in-
trouve dans des locutions comme argent GI, d’où transitif, au sens de «rechercher la fmesse». 0 Au
par ellipse du fi Ix? s.l «de l’argent}) Icf. finance*), sens concret correspondent les dérivés RAFFI-
or I%I (1080, d’où du fin n. m. 16901, I?II~ ffeur, au NAGE n. m. (1611),RAFFINEUR,EUSE n(l611) et
propre et au figuré, fies herbes ( 18291, d’abord RAFFINERIE n. f. (16661, ce dernier rkcemment
herbes fines (16901, c’est-à-dire «au parfum subtilm, appliqué au pétrole; au sens abstrait, RAFFINE-
Eau-de-vie iine substantivé en &e n. f. 118771ou en- MENT n. m.(l600),et RAFFINÉ, ÉE adj.qui se dit
core Ie ffii du ti n. m. <ce qu’il y a de mieux dans le ( 1690) d’une matière rendue plus pure et s’emploie
genre=, huîtres fines d’où des A!nes de claire n, f. pl. aussi au sens abstrait (1642).
0 Dans un emploi abstrait, fin se dit (mil. XIII~s.1 de
ce qui est d’une extrême acuité, au propre et au fi- FINANCE n. f. dérive cv.1280) de l’ancien fkan-
guré; il quame une personne habile et rusée çais finer <<mener à sa fm (une transaction)>) ( 1080)
h. 1320 ; un fh renard ou très adroite (1770 ; un fin d’où “payer)) (XII~ s.1, altération de finir sous l’in-
joueur). OFin dans un emploi adverbial sign8e fluence de fin <<argent» (XII~s.) I+ fMr, à, 0 fml. Le la-
~complètement)) (XII~s.; être fin @CI, précédé à tin médiéval finare t6n x” s.), dérivé de finis, a
l’époque classique de tout pour renforcer un ad- d’abord Sign%é «mener à bout» puis «exiger de
jectif (XIII~s.) : tout fin. ol’adjectif s’est appliqué à l’argent>> (1212) et «donner de l’argent>> (1234).
ce qui est dans la partie la plus éloignée &n xve s-1, 4 En français, finance a signifié d’abord «versement,
emploi sorti d’usage sauf dans des locutions ranqonn, d’où *argent)) ( 13771- sens conservé dans
comme le I?~I fond 115071, le lin mot (d’une bis- la locution moyertnant tiance et dans l’emploi fa-
taire, etc.) [ 18651; on disait en moyen tiançais milier la finance (XIV~s.l. 0 Le mot désigne ( 14001
(XIV~~3.1savoir le fin de gqch. flen connaître les rai- les ressources dont on dispose, sens encore en
sons et le détailn. usage au pluriel ti’état de ses finances). 0 Au plu-
Fin s’applique également à ce qui est très petit riel 11314, fzneances), finances se dit toujours des re-
(1432) et, couramment, à ce qui est mince (14501, venus de l’État (Trésorier des Finances, xve sd, par
très aigu (1690; pointe fine>. À cette valeur, corres- métonymie des services qui gèrent les fonds pu-
pond aussi un emploi adverbial, par exemple dans blics ( 1832 ; 1690, &scd Au singulier, le mot était
écrire fin (1890). sous l’Ancien Rkgime le nom de la régie des impôts
k L’adjectif a de nombreux dérivés. ~FINEMENT ( 1549; cf. feme) ; il désigne aujourd’hui l’activité
adv. est le premier attesté cv,1176). + L’évolution de bancaire ( 1678) et par métonymie l’ensemble des
FINESSE n. f. est parallèle à celle de l’adjectif. Le personnes qui ont de grosses tiaires d’argent
mot a sign8é cruse, tromperie>> tdéb. xrv’s.1 et dé- (1770, la haute finance). La graphie cocasse phy-
signe la qualité de ce qui est fin Ixve s.), d’où par ex- nance est due à Jarry (la pompe ù phynunces).
tension (1580), surtout au pluriel, une chose difkile b FINANCER v. ne s’utilise plus, sauf par pkxisante-
à comprendre et la délicatesse de forme ou de ma- rie, au sens de «fournir de l’argentm 11544; intr.1 ni
tière (xv” s.l. + On est passé de ftnesser (1649) à FI- pour <payer une somme comptantu (1636; tr.). Le
NASSER v. intr. il6801 par la sufkation péjorative verbe Sign%e aujourd’hui &n XM~ s.> =Soutenir fi-
en -asser. Ce verbe a pour dérivés FINASSERIE nancièrement (un projet, une entreprise, etc.)&,
n. f. 117181, FINASSIERJÈRE (17181 et FINAS- d’où le dérivé FINANCEMENT n.m.11845, attesta-
SEUR,EUSE adj. et n. (17401, qui Ont vieilli. tion isolée), diffusé au DP s., et les composés AUTO-
FINETTE n. f. ((sorte de vêtement de coton» repré- FINANCÉ, ÉE adj. (19521, S'AUTOFINANCER
sente la substantivation de Cnet, ette 61 xve s., satin v.pr. (1966) et AUTOFINANCEMENT nm. (1943).
finet), diminutif de fin, fine. FINANCTER,I&RE n.et adj. (v. 1420, fznunchiere
FINAUD, AUDE adj. (av. 1762 ; xv” s., dialectal) est 4zelui qui finance»; 1440, ~proprGtaire4 désigne
lui aussi dérivé de l’adjectif fin. +Il en va de même Km du xv” s-1une personne qui manie des affaires
pour FIGNOLER v. tr., d’abord 11743, intr. ; va- d’argent et, par extension (17761, qui s’entend à la
riante fintilerl ara&erm, aujourd’hui aexécuter gestion de l’argent. Sous l’Ancien Régime, le mot
avec un soin méticuleuxn (1872). Q ce verbe a servi désignait depuis le xvle s. (1549) celui qui gérait des
à former FLGNOLEUR, EUSE adj, et n. 11845) et Ft- fmances publiques, fermier général ou autre. C’est
FINIR 1434 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

la deuxième moitié du XVIII~ s. et le ~LX~s. qui ont vu FIORITURE n. f. est introduit au pluriel (1823)
le développement des activités kancières capita- par Stendhal comme mot italien, avec le sens d’aor-
listes ; le passage des tities d’argent de l’État, do- nement» ; c’est le pluriel de l’italien fioriture 4orai-
minantes du XIV~s. au XVII~s., aux a&ires privées, sonp puis «ornementsU dans le domaine musical
est sensible dans les datations du vocabulaire, no- Ixvwe s.), d&ivé avec un sme collectif de fzotire
tamrnent dans l’apparition de l’adjectif finaptcier deurir~, de même origine que le français.
(17521, puis du dérivé FINANCIÈREMENT adv. 4 Fioriture, souvent au pluriel, est d’abord un terme
( 1829). + FINANCIÈRE n. f. (1755) ou sauce fman- de musique employé dans d’autres domaines
ciére ( 1778 ; autrefois aussi b la financière), nom hil. XIX~ sd, en particulier pour parler d’une orne-
d’une sauce garnie d’éléments coûteux (ris de mentation excessive.
veau, tties, etc.), évoque la table riche des anciens
fermiers généraux. -
Les p&xéS PRkFTNANCER v. k. et PRkFTNAN-
FIRMAMENT n. m. est emprunté (1119) au la-
tin chrétien fiwnamentu~~~ désignant la voûte cé-
CEMENT n. m. (1963, dans les dîCtiOmX&eS)
leste auquel les astres semblaient kés, en latin
concernent un crédit antérieur au l?nancement
classique <<soutien, appuin, au propre et figuré.
proprement dit.
C’est un dérivé de fimzare arendre ferme, solide%
(+ fermer).
FINIR + 0 FIN
+Le mot français, d’abord religieux, est resté d’em-
FINISH n. m. est un emprunt (av. 1863) à l’an- ploi poétique et évocateur.
glais finish &r+ ~VIII~ s.), et spécialement &n d’une
course, d’une chasse, d’un combat)) (xnr” s.1, du FIRME n. f. est emprunté (18441 à l’anglais firm
verbe to fînkh «terminer*, issu au moyen âge du &gnatureB ( 15741, puis araison sociales (1744) et
hnçais finir (+- 0 &II. <<maison de cornmercep; l’anglais est emprunté,
4 En français, le mot a désigné un établissement où comme l’allemand Fiez, à l’espagnol fimza <<signa-
l’on va fmir une soirée, puis la fm d’une épreuve turem, issu du latin fimzus, comme fart en anglais
sportive (18871, surtout comme terme de turf, Il (+ 0 ferme) ; cf. aussi le latin médiéval fima
s’est particulièrement répandu en boxe et pour aconvention avec garantien.
parler de l’aptitude à se surpasser à la fin d’une 4 Fimze a signifié dtraison sociale* (18441, d’abord en
compétition (1934; gagner au MId. Belgique selon Littré. Il est utilisé aujourd’hui pour
désigner une entreprise commerciale ou indus-
FIOLE n. f. est emprunté Iv. 1180) au latin médié- trielle.
val fiola cpetite bouteUe>>, forme altérée du latin
classique phiala «coupe>, emprunt au grec phiaZG. FISC n. m,, réfection ti xV s.l de tique (12781 en
+Fiole conserve le sens latin et s’emploie pour usage jusqu’au XVIIes., est un emprunt au latin fEs-
=têt@ 11848; sepayerlafio1e de qqd par une méta- tus «panier pour recevoir l’argentn, d’où au figuré
phore usuelle (cf. carafe, carafon). «trésor publicm (4 faissellel.
+ Le mot a désigné le trésor de l’État, du souverain
@ FION n. m. est un mot d’origine obscure, attesté et est aujourd’hui, depuis le WY s. (attesté 16901, le
(1744) au sells de acoup>> Vkher un fion puis de nom courant de l’ensemble des administrations
«dernière touche qu’on donne à un ouvragem (17923, chargées des imp8ts.
aujourd’hui familier et vieilli, sans doute plus an-
cien car le mot est passé en québécois. 11repré- ~FISCAL, ALE, AUX adj. 114611, rare avant le
sente peut-être une altération d’un dérivé de figno- XVIII~s., est emprunté au latin impérial fkcalk (de
ler (--+ti) ou est d’origine onomatopéique comme !%cud et a don& FISCALITÉ n. f. (17491, hgime
terme évoquant un coup; cette valeur est conser- des impôts», FISCALEMENT adv. (1791), FISCA-

vée en Suisse où fioïz s’emploie pour «remarque LISTE n. (mil, d s.) et le verbe FISCALISER v. tr.
(mil. XX~ sd, d’où FISCALISATION n. f. et DÉFIS-
blessante, injure mordanten Idep. 17931.P. Guiraud
propose de reconntitre plutôt dans fion le résultat, CALISER v. tr., mots techniques.
par dissirnilation du premier -n-, de l’évolution
d’un latin populaire oflnionem (dérivé de finis + kd FISSILE adj. est emprunté (1566) au latin Gssilis
qui aboutit à fignon. “qui peut être fendw, d&ivé de &SU~, supin de
findere I+ fendre).
+ L’hypothése expliquerait le sens de fion aderrière,
postérieur>), c’est-à-dire ce qui est à l’extrémité du 4 Le mot, isolé au xwe s., est repris au XVIII”s. en mi-
corps ( 18803. néralogie au sens de “qui tend à se fendreu. L’em-
F De même, cette hypothèse éclaire le sens du ploi du mot en physique Iv. 19501, appliqué à des
Composé TROUFIGNON I’Lm. ou TROUFION
éléments chimiques susceptibles de subir la fission
canusn Iv. 16101, compris
au XVIII~ s. comme altéra- nucléaire, est emprunté à l’anglais.
tion de trou migwn, et (chance>> par figure (me s. ; wFISSION n. f. est aussi emprunté à l’anglais, pour
cf. cul). Troufion s’emploie (fin >mr”s.) pour *soldat-, désigner la rupture d’un noyau d’atome 11942;
argotisme obtenu par substitution de fmale de trou- v. 1940 en anglais), sens répandu après 1945. L’an-
pier (cf. par ailleurs troubu&, 18591,sous l’innuence glais itssion emprunte le latin fGssi0,-onis aaction de
de troufion ~mnus~ et, par figure, comme pour CUZ, fendre*, de findere, et a été utilisé d’abord en biolo-
con, au sens de <homme sob (1875, en argot). gie ( 1841) pour ~division cellulaire par scissiparité=,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1435 FLACON

sens passé en lançais plus tard (attesté 19%). sitif semant à fixer)) ( 1879) spéciahsé en ski et
+Fission a fourni en physique IV. 1950) FISSIBLE diverses acceptions didactiques (1923, en psycha-
adj., synonyme de fissile, et FISSIONNER Vu na[lyse>. + FIXEMENT adv. (1503) ne s’utilise cou-
ramment qu’avec des verbes comme re@r&r.
FIS SURE n. f. est une réfection Cv.1500) de e FIXITÉ n. f. 11603) s’emploie pour parler du re-
kure ~13141,
emprunt au latin ~KSUYU,de fissus, gard ou de ce qui est constant. +FIXISME n.m.
participe passé de fmdere afendre», dont il garde le (1922; 1894 en apiculture) et son dérivé FIXISTE
sens de <<fente, crevasse>; rare avant le XVIII~s., il adj. et n. ( 1931; 1878, en apicdture) sont des termes
s’emploie aussi au figuré (v. 17701, comme brèche, didactiques (histoire des sciences3 concernant les
rup turc. théories qui défendaient, après Cuvier, la fixité des
~FISSURER v. tr. (16101, repris au XIX~s., S'utilise espèces vivantes, s’opposant au knsfomzisme, à
au propre et au figuré &n xrx’ s.) et a fourni FISSU- i’évolutionnisme.
RATION rd. (1834). Les autres dérivés du verbe sont des termes tech-
Le composé MICROFISSURE n. f. est un terme de niques : FI~ABLE adj. (v. 1516, en alchimie, repris
géologie (v. 1968). 18721,FIXAGE n. m.(1845),FIXATEUR,TRICE adj.
et n. m. (1824, adj.1 surtout employé comme nom
FISTULE n.f. est un emprunt (13141, d’abord ( 1865, en photographie ; xxe s., en biologie) et FIXA-
sous la forme latine Ixm” s.), au latin !?stula atuyau TIF, IVE adj. (1803) et n. m. (1853).
(d’eau), conduit>>, d’où «flûte de Pan>>, utilisé aussi 0 voir CRUCIFIX
comme terme de médecine pour désigner un canal
anormal donnant passage à un produit physiolo- FJORD ou FIORD n. m. est emprunté 117951
gique. au norvégien Gard ((golfe s’enfonçant profondément
dans les terres>). Le mot est très ancien, comme le
+ Fistule demeure un terme de médecine.
montre la forme archaïque fior& (ancien islandais).
k Il a servi à former FISTULISATION n. f. (1896; +Le mot s’emploie en géographie pour toute for-
1878, ftsfuhtion). FISTULEUX,EUSE adj. est em-
mation analogue mais l’usage courant ne l’ap-
prunté (1490) au latin classique fL!&dosus, FISTU- plique qu’à la Scandinavie ou à l’Ecosse.
LAIRE adj, kv"s.1 aubaslatin fistulati, et FISTU-
LAIRE n. f. (18031 au latin classique fï&&tia, pour FLA n. m. inv. est une onomatopée ( 1815, écrit
nommer un poisson très allongé au museau tubu- fflu) désignant un double coup de baguette tiapp&
laire, dit aussi bouche en fltite. sur un tambour et, par extension, évoque ( 1853,
Goncourt) le bruit d’un choc (cf. flac!). Elle est sortie
FIXE adj. est un emprunt (v. 1265, &A au latin d’usage.
~US, participe passé de figere «enfoncep (-, 0 fi-
cher) et au figuré aattacherm. k FLAFLA ou FLA-FLA n. m., familièrement <<re-
cherche de l’effet}) 118301, est considéré comme un
4 Fixe a été utilisé en alchimie (v. 12651, appliqué à redoublement de fia avec influence du radical de
un gaz qu’on ne pouvait liquéfier. 1l s’emploie pour flatter* alouep IWartburg).
quamer ce qui ne change pas de position kwe s.,
des étoiles) et en parlant du regard ( 1680). De là, FLAC interj. est une onomatopée 11464) imitant
l’interjetition fixe! (1845) comme commandement le bruit de l’eau qui tombe, d’un corps qui tombe
militaire et le sens Rétabli d’une manière durable dans l’eau ou à plat (1549, faire un flac). L’influence
dans un état déterminés (18351, par exemple dans de la famille de Raccus I-+flaque) est probable.
beau fixe, au propre et au figuré, ou dans la lo- b On emploie aussi @ FLOC interj. (v. 14801, d’où
cution idée fixe «dont on ne peut se détacherm (x~~s.1 fuire floc, et FLIC FLAC inkrj. 116461, qui
(XIX~ s.l. 0 Par ailleurs, fw s’applique (1690) à ce qui suggère un clapotement.
est réglé d’une façon défkitive (revenir à dafe fixe1 flac a fourni FLAQUER V. Kjeter violemment (un li-
d’oc le sens de «régulier>>, comme dans revenu fixe quide)% cv. 1560, tr.1 et <<clapoter)) 11583, intr.1, sens
(1844, n. m.).
disparus. Le verbe demeure comme terme tech-
b FIXER v. tr., autrefois utaxer (qqn)n (13301, a eu nique de pêche dans flaquer la morue 4’ouvrir et
une évolution sémantique paralléle à celle de fwe. l’aplatirn (18721. 4 En argot, fluquer signifie (1835)
Fixer, c’est «établir d’une manière durable dans <<déféquer>, d’où flaquader ( 1876) resufké en FLA-
une position déterminée>, d’où fixer Ies yeux [sur GADA ! amerde !JJ(19171, passé de l’argot des Poilus
gqn, sur 4qch.l Ixv” s.l et par extension fixer qqn à l’usage familier comme adjectif pour <mou, fati-
( 1760). * Le verbe sime aussi <déterminer qqch.>> gué> (19361, alors avec influence de flasque”.
(1672 ; fixer un rendez-vous) et &tablir d’une
manière durable dans un état déterminées ( 16901, FLACCIDE + FLAQUE
d’où son utilisation en photographie (1895). Avec
un complément nom de personne, fixer Sign%e FLACON n. m. est issu (1260, flascon) du bas la-
afaire qu’une personne ne soit plus inconstante, tin fiasco *bouteille pour le vin);, qui représente le
qu’une chose ne soit plus changeanten (1878 ; 1680, germanique “Alaska abouteille clisséen (cf. allemand
se Cxer 6). FZasche).
Fixer a une nombreuse dérivation. FIXATION n. f. 4 Le mot a d’abord d&igné une bouteille et désigne
(1432, en alchimie; repris au XVII~s.1 a le sens géné- 11314) un récipient plus petit, de forme non cylin-
rai d’aaction de déterminer, de réglern E1669) et ce- drique et par extension Il6901 certains récipients
hi d’aackion de ker>> (1862). De là le sens de dispo- de verre.
FLAGADA 1436 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

attesté régionalement depuis 1705 sous les formes


flujolet, flugeolle. Le mot vient peut-être d’un croi-
sement entre fagiuolo (XIVes.1,emprunté à l’italien,
et flageolet 4lûten, par allusion aux propriétés fla-
tulentes du haricot. Pour P. Guiraud, le recours à
l’italien est inutile; le croisement serait entre le
nom de l’instrument et une forme régionale, soit le
picard fugeolet (diminutif de fageole), issue d’un la-
tin populaire Ofabeo1us (de fubu; +fèvel, soit le
franco-provençal fugeolle, de “fabeolu (cf. dans
l’Ain fajoulu, dans le FMne fîugeola Npetite fève4
[de fubal. On évoque aussi le latin phaseolus, va-
riante de phaselus Nharicot)), emprunt au grec pha-
~210s (+ fayot>, d’où l’ancien provençal fulzol, l’ita-
lien fagiuolo.
+Le mot aurait donc désigné une variété de fève,
avant d’être appliqué au légume d’origine améri-
caine qui a progressivement remplacé la fève
(3 haricot).

FLAGORNER v. tr. est un mot d’origine inter- 4


taine (1464). On l’a rapproché de l’ancien français
flageoler (xrrr” s-1 Njouer du flageoletti et <dire des
sornette+, 4rompern ; on y a vu un croisement
entre natter* et corner «souBler dans un COT~mais
aussi flrépandre une nouvelle avec insistancem.
P. Guiraud suggère une composition à partir du
moyen français #Tuer CsoufIlers (issu du latin fture;
+ 0 flageolet) et *corneT».
+ Flagorner a signifk «bavardem (14641, adire à
l’oreillem (xv” s.l. Il a pris la valeur spéciale de «flat-
ter bassement» 11562) qu’il a conservée et a été uti-
lisé dans la locution ffagorner aux oreilles arappor-
FLAGEOLER v. intr. appardt au milieu du
ter des nouvelles avec maliceB.
xvd s. (17521, antérieurement (MO41 sous la forme
flaioller. Le mot, d’origine incertaine, pourrait être b DU verbe dérivent FLAGORNEUR,EUSE adj.
un dérivé de flageolet 4lûte à becD au sens ancien cv.14403et FLAGORNERIE n. f. ( 1582, flmensonge»).
de *jambe grêlen I-3 0 flageolet), mais cet emploi
n’est attesté qu’au xrxe s. ; un ancien verbe flageoler FLAGRANT, ANTE adj. est un emprunt
IXILI~s.) cjouer de la flûte, (4 flagorner) a disparu. (av. 1413 au latin classique flugru72s ((brûlant, en-
P. Guiraud propose de le rapprocher de l’ancien flammé)), du participe présent de flugrure &m-
fkan@s flaeller 4tre agile, palpiter>>, du latin impé- bern, utilisé au figuré kwisible et immédiat comme
rial flugellare abattre avec le fléau, (-+flagelIer), le feu4 en bas latin juridique dans la locution flu-
d’où aagiter>>. grunti crimine aen flagrant délit*. FZugrure se rat-
tache comme fulgur (+foudrel à une racine in-
+ Du sens d’«avoir les jambes qui tremblentn, on
doeuropéenne “bhleg- cbrillern.
passe par figure 51celui de eprendre peurB (me 4.
+ L’adjectif s’applique à ce qui est commis sous les
F De flageoler dérivent FLAGEOLANT, ANTE adj. yeux de la personne qui le constate, en parlant d’un
11833, G.Sand) et FLAGEOLEMENT nm. (1894,
délit (av. 1413, faict flugruntl, d’où flagrant défit
Goncourt). (av. 1615) abrégé plus tard en argot ( 19351 en kg,
0 FLAGEOLET n. m. est le diminutif (1230, fhgue. Par extension (av. 18503, l’adjectif qualifie ce
fiajolet) de l’ancien fknçais flujo2, flageo2 4lûte» qui n’est pas niable.
(v. 11601, issu d’un latin populaire oftabeolum, dé- b FLAGRANCE n. f., terme de droit ( 1611) repris au
rivé du bas latin ftabrum, du classique flubru, plu- XY s., est demeuré rare.
riel neutre signZant NsoufBes (du vent)», de flare,
flubellure asouBler=. Ce verbe se rattache à la ra- FLAIRER v. tr., réfection (XIII~s.1 de ~uirier Sn <
cine indoeuropéenne “bhl- &otier>> (+ enfler, souf- XII~s-3,est issu d’un latin populaire *flugrure qui al-
fier) . tère par dissimilation le classique frugrure aexhaler
une odeur agréablem Ed. fiugrunce1 et au contraire
+ flageolet =flûte à bec)) a eu par analogie de forme
«puerm.
le sens de ajambe grêlen, attesté seulement au
xrxe s. 118133 mais qui serait plus ancien s’il a servi 4 flairer a eu le double sens du latin En XII” s.) et si-
d’origine à flugeoler (voir ce verbe). me aussi =découvrir par l’odeur» (12001, d’où
<<sentir pour découvrir qqch.)) (16361, notamment en
0 FLAGEOLET n. m., d’abord dans l’expres- parlant des chiens de chasse. Au figuré ( 1538) il
sion haricot flujolet ( 1813 en tiançais général), est équivaut à <<pressentir>>.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1437 FLAMENCO

w Le déverbal FLAIR n. m., d’abord Nodeur>> Le verbe a aussi fourni FLAMBAGE II. Xl. @CtiOII
Cv. 1175) et désignant l’odorat Cv. 1265, d’un homme), de flamber-m ( 177 11, FLAMBEMENT n. m. rare, aussi
ne s’emploie plus qu’à propos du chien ( 15551 et gé- terme technique 11922). 0 FLAMBEUR, EUSE Il.
néralement des animaux. Figurément, il se dit de Kjoueur qui joue gros jeu)) 11885) est d’abord argo-
l’aptitude instinctive à deviner kxe s., avoir du tique puis familier.
hir; cf. avoir du nez). FLAMBE n. f. &mme~~ a été repris pour désigner
FLAIRE~R, EWSE n. et adj+ s’emploie (1539; adj. une variété d’iris en forme de flamme (13141 et une
v. 19001 au propre et au figuré. épée à lame ondulée. 4 FLAMBOYER v. tr. est une
réfection (XII~s., flamboierl de flambeier &tinceler*
FLAMAND, ANDE adj. et n. est la réfection ( 10801, dérivé ancien de flambe &mme~~ ; il si@e
sufkale de flameng 110801, du germtique fia- aussi ( 1690) <(jeter des fkmmes~ et, par extension,
meng, adjectif ethnique correspondant aux aune lumiére éclatanten. - @ FLAMBOYANT,
Flandres. ANTE adj. et n. m., resufkation de flambeant
+Le mot qualiCe et désigne les personnes et les (xrle s.1, a des sens parallèles à ceux du verbe; il
choses des Flandres, aujourd’hui néerlandaises, s’utilise aussi en architecture 11830 ; mil. xrxe s.,
belges ou françaises, notamment pour quatier une n. m.) pour quamer le style gothique du xve s., à
école de peinture. oLe flamartd n. m. désigne cause de la forme ondulée de certains ornements.
(1842) l’ensemble des dialectes néerlandais parlés ~FLAMBOYANT n. m. (1895) est le nom d’un
en Belgique. arbre tropical à fleurs rouge vif. +FLAMBOIE-
MENT n. m. &clat de ce qui flamboie>) (xv” s., flam-
FLAMANT n. m. est emprunté d’abord comme boyementl est repris au xrxes. (1839) pour «couleur,
adjectif (1542, oranges ftammans, Rabelais) au pro- aspect de ce qui flamboie>).
venqal flamenc, dérivé de flamma &mme~ FLAMBARD n. m. (XVIII~s.) ou flarnbati (1285) dé-
b-dhnme) à cause de la couleur du plumage. Le signait, comme l’ancien dérivé flambat, la graisse
mot correspond au grec phoinikopteros aaux ailes qui provient de la cuisson des viandes, et est le nom
d’un rouge de pourpre» I-+ phénix). donné (1690) au charbon à demi-consumé. 0 Par fi-
+ Le nom désigne un grand échassier au plumage gure, il a Sign%é agai luron)) (18371, encore dans la
en général rose vif Iflamant rose). locution faire le flambard 4e fanfaron>>, et comme
adjecttif, <<quia belle allure# (18973 ou aprétentieux%.
FLAMBER v. est dérivé Cv.1165) de flambe *feu FLAMBEAU n. m., autre dérivé de flambe avec le
cltirn (1080; jusqu’au XVII~s.), forme dissimilée de s&xe -eau C13931,désignait une grosse torche de
flamble &mrne~, issu du latin flammula, diminutif cire, d’où au figuré se passer, se transmettre le
de flamma &rnrne”~. Il a remplacé l’ancien verbe flambeau, par allusion à la course des flambeaux
flammer (XIII~s.1 qui venait du latin ttammare. dans la Grèce antique ; par métonymie @n XVI~s.1il
+ flamber en emploi intransitif a eu Iv. 1165) le sens se dit d’un candélabre. 0 Au figuré et littéraire, le
de abrillep (en parlant d’un métal). oDe l’accep- mot s’applique ( 1690) h ce qui éclaire intellectuelle-
tion concrète de ubrûlern IXIL~~s.) tient celle de *pro- ment (cf. lumiérel ; il s’emploie aussi par métaphore
duire une vive lumîèren (1552) et, au figuré, cêtre (mil. xvre s.) dans des locutions sorties d’usage ou
animé d’une vive ardew Iv. 15701, plus tard et sorti littéraires : le flambeau de la guerre 11594, de Ja
d’usage aattirer l’attention sur soi par son éclat)) victoire, de la liberté.
(18431. Q Par ailleurs, employé transitivement @ Voir FLAMBERGE, FLAMME.

flamber Sign%e ( 1393) *passer (qqch.3 à la flamme», FLAMBERGE n. f. est une altération (15813,
d’où 11680) Marroser (un mets) d’un alcool que l’on de flambe <flamme>>I+ flamber), de
par attraction
brûle>>, emploi courant au participe passé (crêpes noberge Cv.11801,nom de l’épée d’un héros de
ftambées, omelette flambée, etc.). Q Par figure, le chansons de geste, Renaud de Montauban ; le mot
verbe a Sign%é aruiner (qqn) au jeu>> ( 16761 puis, reprend le germanique “Troberga, attesté comme
sans complément, cdépenser beaucoupm (1865,
nom féminin.
intr.1; II. reste aujourd’hui dans l’argot du jeu pour
-jouer gros jeun (1878, intr.). hre flambé <ruiné, + FZamberge a désigné jusqu’au XVIII~s. une longue
épée à lame fine et s’utilise encore dans la locution
perdw s’est employé plus longtemps que l’adjectif.
En ces sens, la métaphore n’est pas seule en cause, mettre ffamberge au vent (1629) <<tirer l’épée>) et, au
figuré, ((partir en guerren ( 1673).
le verbe se rattache à un emploi de flambe n. m.,
forme abrégée de flambeau ((jeu d’argent» 11845) : FLAMENCO n. m. et adj- est un emprunt à
on plaçait autrefois les enjeux auprès d’un flam- l’espagnol flamenco adjectif signSant autrefois
beau, en pleine lumière (cf. l’ancienne expression ~originaire des Flandres, flamandn kwe s.), em-
mettre une somme au flambeau, 1829). prunté au néerlandais flaming et attesté depuis
k FLAMBÉE n. f., d’abord «embrasementa Iti 1870 pour désigner les Gitans d’Espagne qui étaient
XII~s.), désigne un feu vif de peu de durée 11320) et, venus des Flandres.
par figure, l’explosion d’un sentiment violent 11848) + Le mot a d’abord désigné en lançais Za langue
ou une brusque hausse des prix (xx” S.I. des Gitans (1890) et les Gitans eux-mêmes ( 1899) ;
FLAMBANT, ANTE adj. s’applique à ce qui a l’éclat c’est aujourd’hui le nom d’un genre musical anda-
du feu (v. 11701 et au propre Ixvr” 5.1à ce qui flambe ; lou qui associe le chant dit tante jondo <chant pro-
l’adjectif s’employait seul au figuré ( 1837) au sens fondm et la danse ( 1838, adj. ; 1927, n. m.) ; da;ns le
de csuperbe», valeur qui subsiste dans flambant contexte de cette musique, flamenco peut s’appli-
ne&tout ne6 E1808). quer à des personnes 119261,à la guitare.
FLAMINGANT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FLAMINGANT, ANTE adj. et n. est dérivé + Le mot conserve le sens de l’étymon, &ncetten ; la
( 1432, de fiamerzg, forme ancienne de
flamngmz.d confusion avec QI flamme s’explique par les em-
flamand. Le verbe picard tiaminguer <<parler fla- plois figurés.
mandm n’est relevé qu’à l’époque moderne.
4 L’adjectif se dit d’une personne qui parle fla- FLAMMÈCHE n. f., réfection (v. 1280) de flam- @
mand. Il a pris au XVII~~s. une valeur particulière, mesc!w (XII~s. au XVI~s.), représenterait un croise-
s’appliquant (172 1) à une personne qui, défen- ment entre le hancique “fuluwisku Ireconstruit
dant la culture flamande, s’oppose à l’tiuence d’après l’ancien haut allemand fuluwisca acendre
de la France et au français en Belgique; de là chauden, le moyen allemand vulwische &m-
pati flamingant ( 19011 et l’emploi comme nom mèche4 et le latin flummu I+ 0 flamme). On trouve
( 1902). aussi en ancien tiançais les formes fulemesche,
fuumes Idéb. XIII~s.1,et les formes dialectales Ne-
.Le dérivé FLAMTNGANTISME n. m. désigne vache, fulivoche au xvie s. (cf. aussi l’italien ar-
Idéb. me s.) la doctrine des flamingants. chaïque falaveskal. Pour P. Guiraud, si ces formes
@ voir FLAMENCO. dialectales sont peut-être issues du germanique, le
mot Rummesche =Parcelle enflammée issue d’un
0 FLAMME n. f. vient Gn xe s.1du latin fiarnma foyern et sa variante norrnanno-picarde fulemesche
«flamme, feu, au propre et au figuré, formation ex- (XIII~s. et XIV~s.1 seraient des composés de flummu
pressive issue de Oflags-ma, qui se rattache à une et du moyen timçais esche aamadow, acception
racine indoeuropéenne “bhleg- abrillep, comme dérivée de esche* «amorce pour le feu)) (du latin
fulgur (+ foudre), flugrure (-+ flagrant). escu flnourrituren puis ((amorce, appâtA.
4 flamme, par extension du sens propre apartie vi-
sible du feu= En x” s.), s’emploie au pluriel pour Gn- FLAN n. m. est l’aboutissement En XIII~s.) de $
cendie}) ( 1617) et spécialement asupplice du feu> fluon Iv. 11801, lui-même de fludon (fin XI~s.1, issu
(16901, par exemple dans p&-ir pur les ftammes mx d’un francique “flado restitué d’après l’ancien haut
le bûchep). 0 Utilisé par métaphore pour apassions allemand ~~UG!O «galette, crêpeB (cf. allemand
en ancien &ançais (v. 11761, le mot a le sens de (<vive Fhden) .
ardeur, enthousiasme)) ( 15801, en particulier dans 4 Le mot a d’abord 61x1~ s.) le sens technique de
être tout feu tout flamme, et à l’époque classique 4îsque destiné à recevoir une empreinte par pres-
de <<passion amoureuse> (déb. xwe S.I. Il se dit éga- sion>, d’oh son emploi tardif en typographie (18721.
lement d’un éclat brillant (av. 1648). +Parallèle- 0 Il est utilisé comme terme de cuisine, désignant
ment flamme prend des valeurs analogiques une crème que l’on fait prendre au four dans un
d’après la représentation ondoyante des flammes. moule (XIII@s. ; 1180, ftuon), comme le bas latin flado
C’est le nom d’un étendard de forme allongée I~I~s.1,emprunt au germanique. L’expression fami-
(v. 12101, aujourd’hui encore en marine, d’un ome- lière en être (en rester) comme deux ronds de flan
ment long et ondé (1690), d’une sorte d’iris (1872; (c’est-à-dire comme deux QSOUS~«être ébahi= (1892)
cf. flambe + flmber) et de la marque postale allon- vient peut-être de ce sens mais n’est pas expliquée.
gée apposée à coté du cachet sur une lettre (xxe S.I. Les locutions familières à lu flan, au ïZun ~sans soin ;
0 Flamme (voir ci-dessous) s’est rattaché à ce sé- au hasard» et l’exclamation du flan! (1843) ne sont
mantisme . pas plus &ires.
b Le mot a fourni quelques dérivés techniques ou
archaïques : FLAMMETTE n. f., autrefois <<petite +k FLANC n. m. a probablement été refait (10803 4
flamme* (13721; FLAMMEROLE n. f., sorti d’usage sur l’ancien français fEanche (XI” s.), issu d’un fran-
pour cfeu follet>) (xv” s.), aujourd’hui <banderole, pe- cique “Mankza cpartie latérale du corpsn, sens ana-
tite flanxmen en marine 11872) ; FLAMMÉ, ÉE adj. logue à celui de côte, côté et attesté par l’ancien
Nen forme de flamme- (17801. - FLAMICHE n. f. haut allemand lartchu, le moyen néerlandais lanke.
( 1568) mot régional du nord de la France Murnique, 4 Le mot français a gardé ce sens, employé dans
xve s.1désigne aujourd’hui une tourte aux poireaux flanc ;i ffanc ~OC.adv. (15581 et diverses locutions fi-
(en français régional Ramique aux potins). gurées comme se battre les flancs (17641, familier,
Le composé LANCE-FLAMMES n.m.inV. 11916; être sur le iknc (1865) &puis&. Par extension En
de lancer) désigne un engin de combat projetant XII~s.) il a pris celui de Mpartie du corps où la vie
des liquides etiammés. semble logée, car les organes vitaux [cœur, foie1
@ Voir ENFLAMMER. FLAMANT. FLAMBER, @ FLAMME. sont latéraux, cependant que les flancs de la
FLAMMkCHE. femme désignent (1273) l’utérus (comme, par une
autre métonymie, le sein). 0 Par analogie, fluptc dé-
0 FLAMME n. f. est la réfection, d’après signe la partie latérale de qqch. En xrr~~s., flanc
@ #Zumme Idéb. x~? s., flame), de flemti (XI~s.3, d’une montagne)+ Une valeur spéciale 11559)
flieme EV.12001, issu d’un latin populaire “fletomus, concerne le côté droit ou gauche d’une troupe, par
altération du bas latin Rebotomus, phlebotomus opposition au centre (cf. aile), d’où la locution pti-
<<lancette de vétérinaireB @II we s-1;le latin reprend ter Ie flac A.. ( 17401, au propre et au figuré.
le grec phlebotomos, composé de phleps, phlebos b Le mot a fourni plusieurs dérivés et composés,
<<vaisseau sanguh et de temnein «couper+ qui se soit de #Zunc,soit de la forme ancienne flanche. * Le
rattache à une racine indoeuropéenne Otem- «cou- diminutif FLANCHET n. m. (1376, &hnc4 désigne
per’) (+ -tomiel. un morceau du bœuf ! 1393).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1439 FLASH

On doit distinguer deux verbes transitifs FLAN- FLANELLE n. f. est emprunté Iv. 1650) à l’an-
QUER ; le premier est attesté depuis le XVI~S. (1555, glais flunnel attesté depuis 1503 pour désigner un
Ronsard) au sens général de «garnir les flancs, les tissu de laine. Le mot anglais représente le moyen
côtés» ; il est utilisé dans le domaine militaire 11564) anglais flanen, issu du gallois gwlunen cvêtement
et architecturale (1568) et signi& par extension *se de lainem, dérivé de gwlan <laine}), mot rattaché à
trouver près de qqch.>>. -Le second FLANQUER une racine indoeuropéenne ‘wel ~+laine), qui a
(1596, aattaquer de flanc4 est probablement une ré- donné pool en anglais.
fection de l’ancien verbe ftaquer Iv. 1560, alancer + Le mot fait partie d’une série de noms de tissus
qqch. brusquement, ; +flaic) SOUS l’influence de empruntés à l’anglais, ce qui s’explique par l’im-
flanc au sens militaire. 0 D’usage familier, il signi- portante de l’industrie textile en Angleterre. F’la-
fie (1680) “appliquer (un coup) brutalement ou brus- nelle, employé dans des syntagmes usuels @et,
quement, et par extension ajeter, lancer rude- ceinture de flunellel, est devenu par figure le sym-
ment» (1808; av. 1850, f&mquer gqn à la porte) et bole d’une vie douillette (v. 1850).
«donner>> (un coup, la tiousse, etc.), dans le même
type d’emplois que ficher et foutre. Le pronominal FLÂNER v. intr., attesté tardivement (18081 en
réfléchi est attesté depuis 1690 (se flanquer par français général, est un verbe d’origine dialectalle
terre). (en Normandie, flann&r ctparesserm, 1638) que l’on a
Encomposition flancasemiàfomerBAT-FLANC rattaché à l’ancien scandinave ftunu mourir çà et
n. m. inv. ( 1881, bas-flanc, plus tôt en Anjou; de lb (cf. norvégien flana ase promenera).
battre) désignant la cloison qui sépare les chevaux + Fhîner si@e cse promener sans hâten et <<rester
dans une écurie puis un lit de planches. + Un autre à ne rien faire».
composé est EFFLANQUE, ÉE adj. 11S73, esflan- b Il a servi à former plusieurs dérivés. *FLÂ-
qué; 1390, efnanctie ttmaigrem, c’est-&-dire adont les NEUR, EUSE n. CpersoMe qui flâne*, attesté isolé-
flancs sont creusés4 ; lu rage efhnchée 113901est la ment au XVI’ s. (15851, a été repris ( 1803) puis utilisé
rage qui épuise, fait maigrir l’animal. comme adjectif (1829). -FLÂNERIE n. f. 11826) est
EnkTIRE(-)AU(-IFLANC n. m.inv. (1887) vient de d’abord dialectal ( 1622, en Normandie). + Le déver-
l’expression tirer au flanc &er (s’en aller) sur le bal FLÂNE n. f. (1866) est assez rare, comme les dé-
côtén, c’est-&-dire <<sedérober» (comme tirer au cul rivés FLAN~CHER v. într. 118621, précédé par
Ben arrière4; d’abord utilisé dans l’armée pour FLÂNOTER v, intr. (18391, archaïque.
parler d’un soldat qui cherche à échapper aux cor-
vées, le mot a le sens générai de aparesseuxm. FLAPI, IE adj. est peut-être dérivé (18901 d’un
@ Voir FLANCHER. verbe banco-provençal flupir +m~oXlir, abattre»
(xv” s. ; cf. fluppye MabattueB, 14861,d’une racine flup-
FLANCHER v. intr. est d’origine incertaine «flétri, moun : (l’adjectif flup est attesté dans les par-
(1835). Il pourrait venir, par changement de conju- lers de la Suisse romande). Cette racine est formée
gaison, de l’ancien français flenchir {(faiblirm (XIII~s.1; à partir d’un latin populaire “falappu, altération du
ce verbe était issu du fkancique “hlankjun -plier, latin médiéval faluppu «brin de paillen Ix” s-1[+ en-
fléchir= devenu “hlenkjan (cf. moyen haut allemand velopperl .
lenken), mais l’écart chronologique fait difkulté et + FZapi qutie familièrement une personne très fa-
les sens argotiques antérieurs à 1850 semblent sans tiguée et s’emploie surtout comme attribut.
rapport. On a supposé aussi que flancher était une
altération de fiacher CmollirD, construit sur flache FLAQUE n. f, est la réfection (1564) de flasque
(+ flaque). P. Guiraud suggère que flancher est un (fin XIII~ s-1 qui représente la forme picarde de
dérivé de flanc; du sens de atomber sur le flancn, on flache Klieu plein d’eau et de boue* (13411, substanti-
passerait à celui de ((se détourner du combat>>, en- vation de l’ancien adjectif tZuche «mou, creux». Il
fm à c<cédep : évolution satisfaisante pour le sens s’agit du féminin de tiac Iv. 11801,issu du latin flac-
(cf. tirer au flanc) mais hypothétique. tus, de même sens. Cet adjedif, probablement in-
doeuropéen, a un dérivé fluccidus qui est à l’otigine
4 Le verbe a signifk en argot mjouer>>( 1835) et cplai-
de 0 flétrir et a donné le mot didactique FLAC-
santep (18461, peut-être d’une autre origine, et
CIDE adj. &squeB> 11611) d'où FLACCIDITti n. f.
s’emploie pour <<céder, faiblir>> 11862). Il est devenu
(1756). Dans le nord de la France, flache a pu être
courant et à peine familier.
rapproché du moyen nherlandais vlucke aétang
b Le dérivé péjoratif FLANCHARD, ARDE adj. maritime».
(1880, Verlaine) semble avoir précédé FLAN-
+flu+e désigne une petite nappe de liquide sta-
CHEUR,EUSE adj. 11943).
gnant. Dans le Centre, on emploie encore le mot
pour *creux dans une route-.
FLANDRIN, INE adj. et n. dérive (2” moitié
du xve s.) de Hun&e, nom géographique. b FLACHE n. f, reste d’emploi régional (Rimbaud
l’utilise) et a aussi des sens techniques.
4Le mot désigne (xv” s., adj.), presque toujours De l’ancien flache «~OU~ dérive FLACHERIE n. f.
dans grund flandrin (16401, une personne élancée (1870-18711, nom d’une maladie mortelle des vers à
et molle, qutication injurieuse venant de la répu- soie, qui les rend flasques.
tation des valets flamands, souvent de grande + Voir 0 FLASQUE.
taille, à comparer avec celle des Picards. L’adjectif
a Sigdé au mes. (av. 15251 tide Flandre» (-+fla- FLASH n. m. est emprunté (1923; 1918 comme
mandl sans valeur péjorative. mot anglais1 à un nom anglais Sign%ant «éclair,
FLASQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lueur soudaine, (15661, du verbe to flash d’origine cencourager avec une complaisance blâmableD
onomatopéique. Ixvne S.I.0 Par extension, le verbe correspond à aaf-
4 Terme de cinéma ( 19231 d’après un emploi rkcent fecter agréablement les sens» (16311 et acauser une
de l’anglais flash (19131, flash &clair~ est pris au vive satisfaction* (1643).
sens temporel k-f. en français une guerre éclairl, dé- b Les dérivés FLATTERIE n. f. (12651, qui désigne la
signant une scène rapide d’un fYrn. Par extension, qualité de flatteur et (une flatieriel une parole flat-
il équivaut à «courte nouvelle transmise en prio- teuse, et FLATTEUR, EUSE n. (13421, resukation
rité>) (19391 et, spécialement, à abref compte rendu>> de flateour (12201, aussi adjeckifI1558; mil. xv” s., fla-
(à la radio, à la télévision). Dans le domaine photo- teresse), ne s’utilisent pas à propos de caresses
graphique (v. 19501, il signSe &clak lumineux>> mais seulement en parlant de louanges. L’adjectif
(l’anglais emploie fhshlight, 1890). 0 Par réem- est souvent employé en négation ke n’est pas ht-
prurit à l’anglais, flash se dit Iv. 19i’31 d’un état de teurl.ofl a servià former FLATTEUSEMENTadv.
plaisir provoqué par la drogue d’où FLASH& ÉE 11552).
adj.
b FLASH-BACK n. m. s’est introduit dans le voca- FLATULENT, ENTE adj. est un dérivé sa-
bulaire du cinéma (1923 pour parler d’un retour en vant (15751, peut-être sur le modèle de féculent, du
arrière dans un film - par extension dans un récit latin flatus asotie, vent- et <gaz accumulés dans
119551.Le mot est composé en anglais de fla& et l’intestin», nom dérive de flare «soufIlep) (+ enfler).
back aen arriére>). + L’adjectif est un terme de médecine, qutiant les
gaz intestinaux.
0 FLASQUE adj. serait selon Bloch et Wart- ä Son dérivé FLATULENCE n. f. (17471 appartient
burg une simple variante de flaque* (14211, le s au même usage. +Avec d’autres Su&es, FLA-
ayant été prononcé pour rendre le mot plus ex- TUEUX, EUSE adj. ( 1538) qui correspond au latin
pressif. Pour rendre compte de ce S, P. Guiraud m%iévd fhtuosus (x# s.) et FLATUOSITÉ n. f.
suggère l’existence de dérivés gallo-romains de (1552) sont plus rares.
flaccere cdevenir moun (dérivé de ftaccw -3 flaque)
sous les formes “flaccitare, “flaccïkare; on connaît FLEAU n. m. est l’aboutissement (XIII~ s.) de II&~ a
plusieurs variantes de flasque: flac, flache, flaqw En x” s.), flael I~II~s.), formes issues du latin clas-
flacque encore au xwe siècle. sique flagellum afouet» et au figuré ~cakmité~ (di-
U’lusque est utilisé d’abord en parlant de l’eau, minutif de flagrum <fouet%,S~IIS origine connue) ; il
probablement au sens de astagnants (14211. Au- se spécialise en bas latin Irv” s.1 au sens d’&stru-
jourd’hui il se dit 11540) d’une personne sans force ment à battre le blé», de Npunition (venue de DieuIs
morale, d’un style urnow et qualiCe 115921 ce qui et de Npeinen en latin chrétien.
manque de fermeté. 4 E%au a repris ces deux valeurs du latin. 11 est
‘$’ Voir FXAGADA b-t. FLAC). d’abord attesté au figuré, au sens de Npeine» En
x” s.) et désigne encore depuis le XVI” s. (15801 une
0 FLASQUE n. f. réfection Exwes.) de !Esche personne ou une chose funeste qui semble être
EV.12001, flaske (13221, vient probablement, comme l’instrument de la colère de Dieu, d’après le latin
flacon, du bas latin fiasco ebouteille pour le vin) flagellum domini nfléau de Dieu*, notamment em-
(aussi flasca, VII~s.1,dérivé du germanique *fluska. ployé à propos d’Attila. 0 Depuis l’ancien fknçais,
4 Il a désigné une bouteille (13221, aujourd’hui fléau désigne l’instrument servant à battre les
(18721 un petit flacon plat. grains de céréales ( 11781, ainsi qu’une arme de
Le sens ancien de apoire à poudres 115351 est un guerre de forme analogue, dite fléau d’armes
emprunt au catalan fiasco, de même origine. Iv. 1130). Le mot s’applique aussi 11549) au levier
d’une balance.
FLATTER v. tr. vient Iv. 1165, flater) d’un fran-
cique “flatjan <passer le plat de la main+, de “flat 0 FLÈCHE n. f. est probablement issu En du @
eplatm (cf. l’ancien haut allemand flux, l’anglais flat) ; XI~s.) d’un francique “hgika, forme restituée
l’ancien français avait aussi le verbe Mer, flatir Kje- d’après le moyen néerlandais vlieke ((penne, arme
ter à plat» Iv. 11553. de trait= et l’ancien bas allemand fliuca w-me de
+FZatier, d’abord au figuré, a signifié achercher à trait}), du verbe “fliugon wolerm. Le mot francique se
tromper en déguisant la véritéB d’où à l’époque serait appliqué à l’arme de trait, par une méta-
classique se flatter use bercer d’illusionsn (av. 15591, phore très naturelle. Pourta;nt P. Guiraud propose
aujourd’hui Uter gqn de qqch. 4aisser qqn faus- de voir dans fléck le déverbal de fléchir*, d’un latin
sement espérer» (1669). Par extension ktier signi- populaire o#Zectiçare, issu du latin flectere <plier))
fie @louer excessivement ou faussement (qqn) pour parce que le verbe signifSt aussi knprimer une
le séduireu CMO, d’où vient le sens de tifaire pa- direction-, la flèche étant aussi ce à quoi on im-
raître plus beau que la réalitém I 16671et se flatter ati- prime une direction. Quoi qu’il en soit, le mot fléche
rer orgueil den (1661). * Natter Sign%e concrète- a éliminé l’ancien français suiete, suete (mil. me s.3,
ment (xv” s-1ccaresser avec le plat de la mainm d’où, issu du latin classique sagttia (cf. les mots savants
par extension et sorti d’usage, cmanier Iqqch.) avec sagittaire, su@talI.
douces (15321, Spécia[lement à l’époque classique + flèche <trait qu’on lance» En ~~ s.1 a pris dès le
aapaiser une douleur morden (1580) et 4raiter moyen âge le sens figwé de ccc qui avance en
(qqn1 avec trop d’indulgence> 11580), aujourd’hui pointe» (1380, fEesche; cf. attelage en. ftèchd et plus
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1441 FLÉTRIR

tard ~VII~ s.1 celui de <<pointe d’un clochern. * Par meur, mucusti, repris par la langue médicale au
métaphore de la flèche et de l’arc, fièche est em- grec phlegma (+ phlegmon).
ployé en géométrie (1690 J553, attestation isolée) +D~IX la médecine ancienne, flegme désignait
au sens de ~per-pendiculaire abaissée au milieu l’une des quatre humeurs du corps (cf. lymphe) a&
d’un arc de cercle sur la corde qui le sous-tendn. tachée à un type de compotiement (cf. humeur) et,
0 L’idée de vitesse se retrouve dans partir comme comme en latin, une mucosité (av. 1593; 1510,
une flèche et celle de projectile dans les locutions fleurne). Le flegme, humeur eoide, correspond à
faire ffèche (faire flèche de tout bois, 1611, déjà ccomporkement calme>>, sens devenu courant ( 1651,
v. 1300, faire flèche du meillor fust) et en flèche; Scarron) .
l’emploi métaphorique ( 1690) dans les fléches de b FLEGMATIQUE adj ., réfection (14951 de fleurna-
I’amow, de Cupidon, etc. est vieilli; au figuré (17011, tique II~I~>, est emprunté au bas latin phlegmati-
le mot désigne une Maque tigUsée, un trait que tus, lui-même pris au grec phlegmatikos, dérivé de
l’on lance à la &I d’une conversation Icf. aussi la phïegma. 0 Le mot s’est employé en médecine et a
ff&che du Parthe), par allusion aux Parthes qui ti- suivi l’évolution de fEeE;lme,prenant ( 1674) le sens de
raient en fuyant. 0 Par analogie, le mot désigne un <calme et froida. Aujourd’hui détaché de la physio-
symbole représentant une flèche notamment pour logie des humeurs, flegmatique était autrefois lié à
indiquer une direction ( 18531, d’où les dérivés fié- bile Mieuxl, atrubile Catrubilairel, sang kanguin1.
cher, fléchuge (ci-dessous). Culturellement, le flegme caractérisait à l’époque
b FLÉCHETTE n. f. diminutif de flèche, est employé classique les Espagnols, ce caractère passant au
au propre (1895) et au figuré (18961. Le mot au plu- XIX~ s. aux Britanniques. dl a pour dérivé FLEG-
riel désigne aussi par métonymie le jeu qui MATIQUEMENT adv. (1772). +FLEGMATISME
comporte des fléchettes lancées sur une cible. XI.m. (1946, Mounier) est d’abord un mot didactique
FLÉCHER v. tr. «atteindre d’une flèchen (lX’31, sens de caractérologie.
disparu, signSe aujourd’hui “garnir de flèches (un 49 voit-FLEMME.
iktératieb (av. 1933) et a fourni FLÉCHAGE n. m.
(mil. xxe s.) et le participe adjective FLÉCHÉ, ÉE FLEMME n. f. est un emprunt (1821, flème; fin
adj . ( 1913, Proust), par exemple dans parcours fié- XVIII~s., en apposition) à l’italien flemmu alenteur,
Ché. placiditéu (XVI” s-1, désignant d’abord l’une des
quatre humeurs du corps (XIII~s.1, lui-même em-
0 FLÈCHE n. f. représente (2” moitié du XIV~~.) prunté au bas latin phlegma C+ flegme).
un croisement entre l’ancien picard flec Mpièce de +En fi-ançais moderne, le mot sime familière-
larda (v. 12501, emprunté au moyen néerlandais ment flparessefi.
vlecke, et l’ancien français fliche (v. 1175). Ce der-
b En dérivent FLEMMARD, ARDE adj. et n. ( 1874,
nier mot est une réfection du normand clique, issu
fléwLar& sur lequel a été formé FLEMMARDER
de l’ancien nordique flikki se rattachant à un type
v.intr. (19051, qui a éliminé FLEMMER v.intr.
germanique “fEatikoz, cornme l’anglais flesh et l’al-
(1894) dérivé dire& de ~~~~~~,~~FLEMMARDISE
lemand Heisch «chaira. L’influence de 0 flèche,
n. f. Cv.19501.
s’agissant d’une pièce allongée, n’est pas exclue.
Le dérivé plakant FLÉMINGITE n.f. est formé
$ Ce terme technique désigne une pièce de lard le- d’après méningite pour désigner familièrement
vée sur le côté du porc. une paresse &guën comme une grave maladie.

FLÉCHIR v. intr. est une variante k. 11601,par FLÉTAN n. m. est d’origine incertaine (1554); il @
substitution de désinence et avec changement de pourrait être emprunté au néerlandais “vleting, de-
conjugaison, de l’ancien français fiechier (v. 11301, rivé du moyen néerlandais vlete «sorte de raien ; ce
issu d’un latin populaire Oflecticwe, kéquentatîf du dernier a été emprunté en lançais sous la forme
latin ckwique flectere Mcourber, ployer-, <<faire cé- flet n. m. ~III” s-1,nom d’un poisson plat comestible,
der qqn>’ et aussi Gnfkhir, dirigerm (+ flèche). dont pourrait dériver flétan.
4 Le verbe conserve les sens propre (v. 1175) et fi- + Le mot désigne un grand poisson plat comestible
guré (v. 1160) du latin, d’où les emplois pour ({cesser des mers froides, plus connu dans le nord de l’Eu-
de résisterm (v. 1190) - aussi fléchir 9, encore à rope qu’en France : de là l’emploi sporadique de
l’époque classique - et adiminuer d’intensité, de l’anglais hulibut pour le désigner.
vtieurn (1580). 0 Par extension ii a signifié «modi-
fier (une forme linguistique) par une flexion)) I& s.), 0 FLÉTRIR v. tr. est un dérivé Iv. 1120, fleistrir, o>
va[leurconsewée par FLÉCHI,IE adj. (1916). ink. ; v. 1160, fiestir) de l’ancien adjectif fluistie,
bFLÉCHISSEMENT n. m. est aussi employé au fiestre &squem (XII~s.), aboutissement oral du latin
propre 11314, flecissement) et au figuré. +FLÉ- flaccidus, de même sens, dérivé de flaccw
I+ 0 flasque).
CHISSEUR adj. et n. m. (1575) est un terme d’ana-
tomie, désignant un muscle qui ufait pliern. 4 II signiCe <<faire perdre sa fomne, ses couleurs (en
@ Voir FLEXIBLE [et FLEXION), INFLEXION [et INFLI?CHIR). parlant d’une plante), sa fraîcheur (en parlant du
corpsl~; il s’emploie dès l’origine au figuré, au sens
FLEGME n. m. représente ~III~~., en ancien lié- de afaire perdre la puretéb Ià un sentiment, etc.).
geais; 1538, @leme) une réfection étymologique, .Le dérivé 0 FLÉTRISSURE n. f. (XV” s., fletrts-
par emprunt au latin, de l’ancien fiançais fleurne seurel a des sens parallèles à ceux du verbe. + FLÉ-
(12563 ou fleugme (12731, du bas latin phlegtnu ahu- TRISSEMENT n. m. ~1912) s’emploie pour une
FLÉTRIR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plante qui flétrit & cause d’une maladie et, à propos fleurm ; au figuré, il se disait d’un propos galant
de personnes, au sens de wieiUissement> 119351. 116331, sens encore vivant dans conter fleurette
bme s.).~FLEURETERv.intr. Signifïaitenmoyen
@ 0 FLÉTRIR v. tr. représente une altération fkançais (XVI” s.1 woler de fleurs en fleur+. Son em-
(mil. xv” s., ne&+), d’après 0 flétrir, de flustrir ploi pour afaire la cour, conter fleuretten tient de
( 12501, lui-même de l’axien verbe flatir *tomber ou l’anglicisme flirter* - et non l’inverse, comme on le
jeter par terre= Iv. 11751, issu probablement d’un croit souvent.
tiancique “Ratjan <passer le plat de la main sur...~ FLEURIR v. est une réfection (XIII~ s.) de titir
(-+flatter), de “flat aplatn, radical qu’on retrouve (XII~s.1, d’abord attesté au participe passé dans
dans plusieurs langues germaniques, notamment barbe fleurie (10801, attribut traditionnel de l’empe-
l’angltis. reur Charlemagne dans les chansons de geste. Ce
4 Le verbe sime d’abord (1250, flaskk) «marquer verbe est issu d’un latin populaire “flotire, altéra-
d’un fer rouge en punition d’un crimeB, spécialisa- tion du classique florere Gtre en fleurs, au propre
tion liée au droit criminel médiéval. Par extension et au figuré, dérivé de flos. +Le verbe apparaît en
-et comme l’expression marquer au fer rouge - emploi métaphorique et signifie as’épanouirn au
et par influence de flétrir pour la péjoration, il a pris propre Iv. 1160, intr.) et au figuré à propos des arts,
le sens de avouer à l’opprobre» I1611, titrirl. des talents, etc. Iv. 11601. Il veut dire egalement
b Le dérivé 0 FLÉTRISSURE n. f. a suivi l’évolution Cv.1180, tr.) aorner de fleurs>, aussi au figuré surtout
sémantique du verbe : amarque au fer rouge2 ( 1404, au participe passé (1680, style Freud +Les dérivés
flasttisure), *grave atteinte à l’honneur» (1611, fies- FLEURISSANT,ANTE adj. 115%) et FLEURISSE-
MSSeUWl. MENT n. m. Il604 ; déb. xr? s., florissement) sont lit-
téraires. + FLORIR v. intr., rare depuis la fm du
o> +k FLEUR n. f. est l’aboutissement krr” s.) de flor, xv? s., ne subsiste au sens de Nprospérem Iv. 11601
flur (10801 issu du latin flores, accusatif de flos, #Zo- qu’à l’indicatif et à l’irnpatiait, dans un usage ar-
ris aflew et apartie la plus tic de qqch.m (par ana- chaïsant, et surtout dans le dérivé FLORIS-
logie, la fleur étant à la sommité de la tige) d’où SANT, ANTE adj. (15301, rbfection de fleurissant
«parDe la meilleuren, «partie supérieures et «sur- (XIII~ s,), appliqué par extension à ce qui est sain
faces. Le radical de ce mot italique appartit sous la ( 1849, mine ftotisante). Le nom d’un orchestre ba-
forme *bhlo- dans des dériv& germaniques et cel- roque, les Arts flotisunk, reprenant une désigna-
tiques, par exemple le gotique bloma 4lew (cf. al- tion du XVII~s., a redonné au mot une vie culturelle.
lemand Hume, anglais bloom). +Le préfd DEFLEURIR v. krves.) s'emploie au
+ Fleur reprend (1080) l’emploi initial du latin ; de là propre et au figuré, Opposé à REFLEURIR v.
viennent le sens de aplante cultivée pour ses fleurss Iv. 1120).
(16801, fleur atiitiklle (1865) et de nombreuses lo- 0 FLEURAGE n. m. désigne (15521 un ensemble de
cutions : dire qqch. avec des fleurs, couvrir qqn de fleurs décoratives sur un tapis ou une tenture.
fleurs, une vie semée de fleurs,etc., être fleur +FLEURISTE n. et adj. a désigné dans la langue
bleue «être sentimental» (dans le langage des classique (1658) un amateur de fleurs ; c’est au-
fleurs, le bleu pâle exprime la tendresse); c’est jourd’hui la personne qui les vend 11680) et son ma-
aussi l’origine d’emplois figurés : co13une une fleur gasin
adoucement*, faire une fleur caccorder une faveur+ FLORAISON n. f. est une réfection d’après le latin
d’où le sens argotique ( 1954 de une fleur Kcadeau ( 1731) de fleuraison. (16691 qui avait été employé par
intéressén. 0 Heur de lis h” s., écrit fleur de lys) Malherbe, lui-même motication d’après fleur de
désigntit l’emblème de la royauté (d’où le dérivé flotion ( 15751, floraison (xmes., estre en floraison Eau
FLEURDELISÉ, ÉE adj. h5021, <corné de fleurs de comble du bonheur4. Le mot signifie &panouisse-
lis& -Par figure, fleur se dit d’une femme jeune et ment>> au propre et au figuré. 0 Il a pour prétié
jolie Ipar plaisanterie fleur de macadam tcprosti- PRÉFLORAISON n. f. El803 sous la forme préfleu-
tuée4 et équivaut aussi à <éclat, fraîcheurm, valeur raison) qui désigne la disposition des pièces du pé-
aujourd’hui vivante seulement dans en fleur adans rianthe (calice, corolle) dans le bouton floral.
la fkaîcheur de la jeunesse» Iv. 1360) et dans IàI Ia @FLEURER v. tr., terme technique (1832) dérivé
fleur de Cl’ûge, la jeunesse, etc.) [xv” s.l. Par méta- de fleur (de farine), sl@e <<saupoudrer (le pain) de
phore, fleur se dit en rhétorique d’un ornement son fk- d’où @FLEURAGE n. m. 118321.
poétique (16801, 0 Fleur sig&e aussi &lite~~ (1080). Deux mots apparentés sont formés d’après des dé-
~AU sens spéciaJisé de &ne farine)}, fleur est at- rivés de l’italien fiore #fleur,, de même origine que
testé Iv. 1119) avant même que n’apparaisse le mot le fraqak. +FLEURON nm., réfection 11312) de
fatine. +Au sens général de <+wrface~, le mot n’est floron ( 13021, reprend probablement le sens de l’ita-
usité que dans la locution prépositive à i7eur de lien ftorom; il désigne un ornement en forme de
Iv. 13541, par exemple dans à fleur d’eau hve s., a la fleur en architecture (13121, en typographie (1680);
fleur de l’eau) et pour parler de la face tannée d’une au figuré (1872) il se dit d’une acquisition de haut
peau (16111, opposé à poil. Cette acception se re- prix, & partir du sens de fleur 4a partie la meil-
trouve dans afleurer et effleurer (ci-dessous). + Par leure». 011 a fourni FLEURONNERv. (v. 1440-
analogie, le mot s’emploie ( 16111pour désigner des 14751, +FLEURET n. m. (1608; 1580, floret) est
champignons microscopiques knycodennes) qui se l’adaptation de l’italien fioretio Kpetite fleur»
développent à la surface du vin ou du vinaigre. (déb. xrve s.1 et terme d’escrime, à cause du bouton
b Le dérivé FLEURETTE n. f., réfection (v. 15401 de du fleuret comparé à celui d’une fleur. Le mot dé-
florete Cv.1I 191,est sorti d’usage au sens de wtite signe l’art-ne blanche et le sport d’escrime qui l’uti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1443 FLIBUSTIER

lise. +Il a pour dérivé FLEURETTISTE n. (1901) et b FLUVIAL, ALE, AUX adj. correspondant à fleuve,
FLEURETTISME n. m. (1911), plus Rire. a été emprunté (1314, en médecine) au dérivé du
Le composé AFFLEURER v., de l’expression à fleur latin flutiulti <de fleuve>>; l’ancienne langue avait
de (ci-dessus), s’est employé En XIV~s.1pour Heffleu- aussi flueZ(12681, dérivé de flue. + FLUVIATILE adj .
re~; repris en technique, il signiCe dmettre (deux ( 1559) est un emprunt au dérivé latin classique Ru-
choses) au même niveau>>11704,tr.) et couramment viutilis «du fleuven. +L’élément FLUVIO-, créé à
<être au niveau de qqch.a (1752,tr.1 d’où, au figuré, partir de flutius, entre dans la composition de
<émerger, percerti 11845). 0 Le dérivé AFFLEURE- termes didactiques comme FLUVIOMÈTRE n. m.
MENT n. m. 11593) s’emploie aussi au propre et au ( 18651, FLUVIOGLACIAIRE adj. (18863, FLUVIO -
figuré. MARIN, INE adj. (18861, qui témoignent du déve-
EFFLEURER v. tr. 11549; Mou&e, av. 1236) est loppement de la science géographique et en parti-
sorti d’usage au sens de «dépouiller de ses fleurs=; culier de l’hydrographie à cette époque.
il signiCe <<entamer légèrement la surface de)) 0 voir FLUCTWER, FLUER, FLUIDE. FLUOR, FLUX.
(16111, de Fleur wxfacen, d’où au figuré *faire une
légère atteinte àa (1693) et atoucher légèrement=, FLEXIBLE adj. est emprunté (13143 au latin
dans un contexte concret (1578) ou abstrait ( 1611; flexibilis dont il reprend les sens et qui dérive de
eï?leurer un sujet). - son dérivé EFFLEUREMENT flexum, supin de flectere (+fléchirI.
n. m. aaction d’effleurer; son résultat» 11578)est as- + He3cibEese dit de ce qui fléchit aisément, d’où au
sez rare ou littéraire, me s. transmission flexible (1930, n. m. un flexible) ;
0 Voir FIORITURE, FLORAL (et FLORE. FLORtiGE), FLORkS. par a;nalogie (16301, il s’emploie pour souple lune
FLORIN; D&%ORER, EFFLORESCENCE ; CHOU (CHOU- vuix ffexiblel. ~AU figuré, dans un contexte psy-
FLJXIFU, MILLE ~MUJXFLEURS~. chologique, il signifte t 1509) Mdocile, souple» et, en
parlant des phénomènes économiques (mil. ti s.),
0 FLEURER v.tr. dérive hves.) de l’ancien
français fleur aodeur» (mil. XIII~s. ; v. 1175, fluor), issu twsceptible d’adaptation, valeur adoptée dans
l’usage administratif Iv. 1970, horaire flexible).
d’un latin populaire “flator, altération, peut-être
sous l’influence de foetor Rmauvaise odes>, du la- k FLEXIBILITti n. f. ( 1381 au figuré) a des sens pa-
tin classique flatus «sotie, vent», dérivé de flare rallèles à ceux de l’adjectif. Son emploi en écono-
aotier» t-3 enfler). mie s’applique à la souplesse d’application des
+Le verbe, d’emploi littértire, signSe <répandre règles sur les horaires, les salaires, l’emploi et cor-
une odeur agréable» (fleurer bon) et, rare, asentir respond aux dogmes du libéralisme.
(ce qui a une odeur agréable)*, valeurs probable- INFLEXIBLE adj., emprunté au latin infletibW
ment influencées par fteur, étymon populaire ksen- ( 1314; de ipt- négatif), s’emploie rarement au sens
tir bon, comme une fleurn). Fleurer s’est employé au concret; il Sign%e <que rien ne peut émouvoirti
figuré comme sentir, pour «évoquer l’idée de>> Edéb. xwe s.1 et “que rien ne peut abattre, ébranlepj
(18911, emploi littéraire et rare. (1601, volonté inflexible) ; comme l’adjectif, IN-
FLEXIBILITÉ n. f. ( 1611; inflectibilité, 1314) s’em-
FLEUVE n. m. est une réfection Ixvr” s-1 de ploie surtout au figuré (1718). 4 INFLEXIBLEMENT
eueve, fluive Cv.11301, emprunté au latin fluvius adv. est attesté au début du xwe siècle.
Keau courante, rivières, de Buere acoulera. nuere a FLEXION n. f., emprunt ( 1411) au latin classique
pour correspondants dans d’autres langues in- fletio (de flexum), désigne le mouvement par lequel
doeuropéennes Isanskrit, grec1 des mots qui se rat- une chose ou une partie du corps fléchit. Le mot
tachent à une base Osreu- =coulers ; il pourrait résul- s’emploie aussi en linguistique 11804; auparavant
ter d’un croisement entre cette base et la racine on disait inflexion) : ce sens, qui existait en bas latin,
“bhleu- qui indique l’émission d’un liquide. +L’an- est attesté d&s 1605 en anglais et concerne la modi-
cien français emploie aussi les variantes évoluées fication d’un mot à l’aide d’éléments exprimant
phonétiquement fluk Cv.11601,flue Cv.1170). certains rapports grammaticaux (cf. &sinence); de
4 Fleuve s’emploie couramment pour désigner un cet emploi dérive FLEXIONNEL, ELLE adj. (1864;
cours d’eau important; cependant, la terminologie fletinel, 1846). * FLEXURE n. f., emprunt (1520)au
géographique lui donne une autre valeur, opposée latin flexuru «action de courber, (de flexuml et à
à titire par l’écoulement direct dans la mer, in- l’origine au sens de creplin, est un terme de géolo-
dépendamment de l’importance Meuve côtkr1. gie 11901) pour un mode de plissement, d’abord ap-
Dans la mythologie grecque, Fleuve est le nom paru en anglais et en allemand.
( 1690) de la divinité du fleuve, symbole de fécondité FLEXUEUX, EUSE adj. reprend (15491 le latin
et de puissance et, par extension, de la figure allé- ftexuosus &nreuxB (de flexum), didactique comme
gorique qui la représente. 0 L’image du hzgffeuve FLEXUOSITÉ n. f. (1541) emprunté au dérivé bas
tranquille a été banalisée au figuré dans les années latin flexuositas.
1980. -Par figure, fleuve se dit de ce qui coule en
abondance ( 1640, par exemple dans un fleuve de FLIBUSTIER n. m. et adj . représente (1666 ;
IarmesI ; de 1à vient son emploi récent en composi- aussi flibutierl me adaptation de l’anglais flibutor
tion pour désigner un récit très long : roman-fleuve ~XVI~s.), lui-même emprunt au néerlandais vrijbui-
119303 et, sur ce modèle, dkours-neuve, débat- ter cpillardm, littéralement <celui qui fait du butin li-
fleuve, etc. *Le mot désigne aussi ce qui s’écoule brement* (cf. ancien liégeois wibute, vributeur wo-
régulièrement, concrètement (1872) LUI fleuve de leur de grand chemine); ce mot se compose de yrii
boue, de Iave et abstraitement (1680; par exemple <<libre&et buiter ((butin,, d’origine germanique. L’an-
dans le fleuve de lu vie). glais a eu aussi la forme fiebetier, devenue free-
FLIC 1444 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

buoter -d’où en &U@S la variante fribustier <déprimé, dégoûté,. +Le verbe a lui-même pour
(1667) jusqu’au début du XVIII~ siècle. dérivé FLINGUE~R, EUSE adj. et n. Iv. 19501 ap-
4 Introduit d ans la région des Antilles, le mot dé- pliqué à un personnage qui se sert de son art-ne.
signait autrefois - et aujourd’hui en histoire - les
0 FLIPPER n. m. est un emprunt Cv. 19601 à
pirates qui écumaient les c8tes d’Amérique; il est
l’anglo-américain flipper nageoireti, puis amain* en
aussi adjectif ( 1722, barque fiibustiére) ; par exten-
argot (~IX” s.1, employé pour désigner dans un bil-
sion, il s’est dit pour «brîgan& Il7583 et par atténua-
lard électrique le dispositif qui permet de renvoyer
tion a désigné un ahomme malhonnête- (1828).
la bille. Il est dérivé de to flip cheurter, kappern.
b FLIBUSTE n. f. désigne en histoire la piraterie
+ Le fraçais, qui disait btilard électrique, emploie
des flibustiers Iv. 1642, fribustel -on a dit aussi FLI-
aussi flipper par métonymie pour l’appareil et le jeu
BUSTERIE n. f. (18361--, par métonymie l’en-
(alors qu’on dit en anglo-américain pinball ma-
semble des flibustiers (1689). Au figuré, il équivaut & chine) ; il est souvent abrégé en flip ( 1975).
<(escroquerie% ti XE~ s.; 1841,flibusteti), sens de-
venu archaïque. Le mot est rare, même en histoire, Q FLIPPER v. intr. est une hncisation h. 19701
et littéraire (cf. Graal fïibuste de R. Pinget). wFLX- de l’anglais to flip aagiter, faire bougerb qui a pris
BU~TER v. 11701, intr.) ne s’emploie aujourd’hui par extension en anglo-américain le sens de wdeve-
qu’au sens familier et vieilli d’aescroquern (1845, tr.). nir enthousiaste, excitén (v. 19501, d’abord dans
to flip on& lid, O&S whig *faire sauter son cou-
FLIC n. m., d’origine obscure (18561, ne s’est ré- vercle, sa perruquen.
pandu qu’au début du XX~ s ; dès 1828 on observe la 4 Le verbe a eu ce sens en fknçais, en particulier
forme Bique <<commissaire,. fl vient peut-être de en parlant des effets de la drogue, mais aujourd’hui
l’argot allemand FG& CgarçonB (dès 1510) ou de il n’est guère utilisé qu’au sens à peu près opposé
Fliege *mouche, moucharda (cf. le français mouche de =Se sentir déprimén (qui n’existe pas en anglais) ;
~policier4. L’existence de flic à dard 11836, fligue & le passage d’un sens à l’autre peut s’expliquer par
dard) pour désigner un sergent armé appuie la se- la rupture de l’état d’excitation que provoque la
conde hypothèse. Pour P. Guiraud, flic serait le dé- drogue.
verbal de flica «claquern, variante de flaquer «don-
de participe présent FLIPPANT,ANTE adj<
ner des coups de fouetu, d’origine onomatopéique
Iv. 19701 est d’usage courant dans la langue parlée,
ou qui se rattacherait soit au latin /Zigere ebattreh)
pour dkprimant.
(sous la forme populaire “fligicare) soit au germa-
nique Ri&e &apperB, avec la même image que FLIRTER v. intr. est une francisation (1855) de
dans cogne. l’anglais to flirt aagiter, remuer vivement» kvf s.1,
4Pk, d’abord Nagent de police>, se dit par exten- Nbadiner, être inconsta&m Ixvre s.), puis Nfaîre la
sion de tout policier, la valeur péjorative et popu- cour h ~VIII~ s.1 d’origine obscure, peut-être ono-
laire initiale S’effaça;nt jusqu’à l’emploi du mot par matopéique. On a longtemps rattaché le mot an-
les policiers professionnels eux-mêmes Okkwi~~s glais au moyen français #Zeureter (XVI~ s., -voler de
d’un. flicl. Par extension et péjorativement, le mot fleur en fleur4 mais celui-ci n’a eu le sens de afaire
s’applique à toute personne susceptible de jouer un la COU-B qu’à la fm du XD? s. et conter fleurette ne
rôle de répression et de surveillance. date que du xwe siècle (-, fleur).
k Le mot a fourni la variante péjorative FLICARD + En français, flirter (avec qqn) Ravoir des relations
n.m. (1883) et FLICAILLE n. f. (1939) apolicem. amoureuses plus ou moins chastes% a pris le sens fi-
+ C’est l’idée de surveillance (par la police ou non) guré II 913, Péguy1 de ase rapprocher d’un groupe=.
qui est conservée dans les dérivés FLIQUER v. tr. b FLIRT n. m. et adj ., emprunt 118661 à l’anglais flirt
(v. 1970; 1915, cliqué <<arrêté par les gendarmespI et k&iquenaudeB puis <<femme débauchée» au xwe s.,
FLICAGE n. m. (v. 19701, développement lié à l’atti- acoquette- au ~VI~I” s.1, désigne la personne avec qui
tude antirépressive du milieu étudiant fran@s en l’on flirte (LUI flirt1 ; l’adj ectif ( 1888 : ti, elle est flirt> est
1968. vieilli. +Au sens de <relation amoureuses pris par
Le verlan modifié de flic, KEUF n. m. Watt. par écrit fli?$ (18791, le tiançais avtit emprunté FLKRTATION
en 1978) est répandu dans l’usage familier urbain. n. f. (1817, mot cité, puis 18331, encore en usage à la
h du XD? s., et formé le dérivé FLIRTAGE n. m.
FLINGUE n. m. représente une forme abrégée 118551. 0 Par figure flirt se dit d’un essai de rap-
( 18811 de hgot d’abord mot de l’argot militaire prochement entre deux groupes 11889, Barrès, flirt
( 1858, dusil d’infanterie4. FLINGOT n. m. au- uvec le divinl
jourd’hui vieilli, est emprunté à 1’allema;nd dialec-
0 FLOC +FLAC
tal (Bavière) Flinke, FZingge, variante de Flint &sil~,
0 FLOC + FLOCON
avec le stixe populaire -0t; flingue a pu être k-an-
cisé directement à la suite de l’occupation de Paris FLOCON n. m. est un dérivé El1781 de l’ancien
en 1871. français floc n. m. <<petite houppe de lainem (v. 11301,
4 Le mot désigne couramment toute arme & feu issu du latin floccus 4locon de lainea, mot expressif.
portative (revolver, etc.). 4FJocon. apetite totie (de laine, de soie)m désigne
b Le dérivé FLINGUER v.tr. (1947) équivaut fami- par extension une petite masse très peu dense, no-
lièrement à Ntirer sur qqn avec une arme à feu%, tamment de neige E1622).
se flinguw à «se suicider)) ou à ase d&espérern ; d’où b De flocon. dérivent FLOCONNEUX,EWSE adj.
les emplois figurés et récents de FLINGUÉ, ÉE adj. (18021 et FLOCONNER vhtr.(180l);le verbe avait
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1445 FLOT

existé en moyen français (1410) au sens de tifabri- la description des plantes d’une région, puis par
quer un habit avec de la Iainen. ODe 18 FLO- métonymie le livre qti contient cette description.
CONNEMENT n. m. (1874). Par extension, il se dit de l’ensemble des plantes
FLOCULER v. htr. est un dérivé savant 119 111 du d’un pays (cf. fcww, qui a connu le même déve-
diminutif bas latin ftoccu2us apetit flocon- ; terme de loppement sémantique). Par analogie, flore s’em-
chimie, il sime Kprécipiter de sorte que les parti- ploie en médecine (1893, flore bronchiqu$. +FLO-
cules d’une solution colloïdale forment des masses RÉAL n. m. a été formé par Fabre d’Eglantine,
floconneusew dl a pmhit FLOCULATION n.f. créateur du calendrier républicain 11793, sur le la-
(19083et FLOCWLEUX.EUSE adj.C19M. tin classique Florent 4leurim pour désigner le hui-
FLOCAGE n. m. est dérivé (19381 du radical de flo- tième mois de l’année (du 20 ou 21 mai au 20 ou
con (plutôt que de l’ancien flot) d’après l’anglais 21 juin). + FLORILÈGE n. m. est un emprunt (16971
Stock ((bourre de lainen, lui-même emprunté au au latin moderne florileg&m, formé à partir de flos,
kançais. Ce nom technique a entraîné la création floris et de legere EchoisirB sur le modéle du latin
d’un verbe FLOQUER, d’où 0 FLOC n. m. 119731 classique spicilegium qui a donné spicilège’.
<<ensemble de fibres textiles courtes collées sur 0 C’est un terme didactique désignant un recueil
un Support~, DfiFLOQWER v. h-. et DÉFLO- de pièces choisies et, au figwé (xx” s.), un choix de
CAGE n. m. choses remarquables ; il correspond à l’hellénîsme
anthologie *.
FLONFLON n. m. est d’origine onomatopéique
(16801 par le procédé du redoublement. FLORÈS CFAIREI IOC.verb. vient peut-être
+Onomatopée de certains refrains, il a signi% (1638, Richelieu) du provençal faire floti «être dans
11680) uair de chansons ; aujourd’hui, employé au un état de prospérit&, flori étant tiré du latin ftori-
pluriel, il désigne (18721 les accords souvent dus &ti, couvert de fleurs>> Ide flos, f2oti;
bruyants d’une musique populaire, + fleur), et faire ayant le sens de «jouer le rôle de-.
4 Faire florès a signiM *faire une dépense d’éclat>;
FLOP onomat. et n. m. vient (1952) de l’anglais to
la locution, qui est d’usage littéraire, a aujourd’hui
flop ase laisser tombern, d’origine onomatopéique;
le sens d’aobtenir du succès, (mil. xwe S.I.
flop a pris Cv.1850) en anglais des États-Unis le sens
figuré d%checb.
FLORIN n. m. est adapté ( 12781, d’après flor,
4 RU~, onomatopée pour un bruit de chute, sign%e forme ancienne de kkur*, de l’italien fiwkw, dérivé
aussi dans l’argot du spectacle &chec» (19651, par de fiore 4lew.
exemple dans faire un flop asubir un échecn - équi-
+Le mot désignait l’ancienne monnaie florentine
valent de four” au théâtre.
(12521, marquée d’un lis fleur qui fgure SF les
FLOPÉE n. f. est la substa;ntivation (18431 du armes de Florence), qui se répandit dans les Etats
participe passé d’un verbe argotique floper CbattreD italiens et européens.
(18161, mot construit sur ‘te radical latin mMiéva1 flotin est aujourd’hui (1748) le nom de l’unité mo-
faluppa -balle de blé% par une forme populaire “fe- nétaire des Pays-Bas.
luppa (-, envelopper).
4 flopée appartit au sens de wolée de COU~D, sorti
FLOT n. m., d’abord attesté en Normandie
(Y. 11381, est issu, comme 0 flotter, du radica[i fran-
d’usage, et prend par extension ( 18661 la valeur de
cique “fEoC-,F(action de couler à flots>> (cf. le moyen
Ngrande quantitéti, d’emploi familier et usuel.
néerlandais vlot aflot>>et vloten <(être emporté par
FLORAISON + FLEUR les flotsm et cnager4 par l’ancien nordique fl6d
&x~, pour le premier sens. On peut supposer,
FLORAL, ALE, AUX adj. est emprunté avec P. Guiraud, un croisement du latin ftuctuare
comme terme d’antiquité romaine ( 1520) au latin (b fluctuer, flux1 avec le radical germanique. L’an-
floruhk <relatif aux fleurs~, dérivé de fEos, fEoris cien français a également eu fluet afleuve» et 4lotn
(+ fleur). (mil. XII~s.), issu d’un tiancique “fluod.
+Terme d’histoire littéraire, jeux floraux (1549, + flot désigne au singulier (v. 1138) le flux de la ma-
Du Bellay) est le nom d’un concours littéraire occi- rée et, au pluriel Cv.11761,toutes les eaux en mou-
tan, toulousain Eà partir du xrve s-1où les laurkats vement Cilesflots de la mer]. Au figuré, il désigne ce
recevaient en prix des fleurs d’or ou d’argent, qui est ondoyant (1552, à propos des cheveux).
*Floral est repris en botanique (av. 1778) et s’ap- * Par analogie, il s’emploie pour *grande quantité
plique à ce qui a rapport aux Beurs (1905, art ftorul). de personnes= (XIV~s.1 ou cde choses> 11645) et, par
w FLORALIES n. f. pl., du latin floralia, désigne métaphore, pour aécoulement abondantn (1662).
( 1546) comme en latin les fêtes célébrées dans l’An- Q flot entre dans la locution adjectivale à ffot “qui
tiquité en l’honneur de la déesse Flore @ZO~U~.Au flotte» (de l’ancien français flot wwface de l’eau&
sens d’gexposition de fleur+ (18751, le mot est re- Au figuré, êtie k flot signifie wcesser d’être sub-
pris du latin floralia Uocal 4îeu gti de fleurs», mergé par les difkultés~ et metie, remettre à flot
pluriel neutre de floralis. qqn (av. 1636) cmettre, remettre en état d’am.
Plusieurs mots ont été empruntés & des dérivés de b @ FLOTTER v. id-., formé ~1080, floterl à pa&k
fEos, floti. *FLORE n. f. est un emprunt (1771) au du radical francique “flot-, influencé par le latin
latin flora <<déesse des fleww ; le latin scientsque fluctuare, Sign%e &re porté sur un liquide>.
employait ffora pour <<herbier» (1656). flore désigne 0 L’idée de mouvement propre au flot explique les
FLOTTE 1448 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sens qu’a pris le verbe : «bouger, remuer au gré du b FLOTTILLE n. f., emprunt (1691) à l’espagnol flo-
vent” Iv. 12001, <être instable» (16691, Nne pas être tilla, diminutif de flota (emprunt au français flotte),
serrés en parlant d’un vêtement (XK” S.I. En parlant a désigné l’escadre que le roi d’Espagne envoyait
d’une monnaie, il signiCe -fluctuer), (1971). dans certains ports d’Amérique; il est repris (1802)
@ FLOTTE n. f. s’est employé dans a noCe (12601, en pour parler d’une réunion de petits bâtiments et,
flotie Cl4151 «en le laissant flotterm. Le mot désigne comme flotte, s’emploie pour une formation a&
un corps flottant sur l’eau, synonyme de flotteur rienne (1932).
dans le vocabulaire de la pêche ( 1407) et régionale-
ment un train de bois flottant (15511. Il s’emploie FLOU, FLOUE adj. et n. m. est repris (16761 o>
comme terme technique en charronnerie 11397, de l’ancien fiançais flo, flou, qui signifiait Gncuke,
«rondelle métalliquemI, acception dont le lien avec désert (lieu),, (1200), Nfatigué, épuisém (12743, *fané,
le premier sens n’est pas clair. fksquen, et était issu par évolution phonétique du
Par ailleurs, de flot vgrande quantitém vient latin tZuvus «jaune,, (cf. l’ancien français floe
@ FLOTTER v. tr. +riguer,, E14091,sorti d’usage ; le ajaunen, XIII~s-3 et, par une métaphore agricole,
verbe s’emploie dans un sens technique 11690 tr. ; ~fané?
1611 p. p.1: iIotier du bois, c’est le lâcher sur l’eau
+ flou est d’abord repris comme terme d’art ; Féli-
pour le transporter. +Ce sens tient de 0 tlotte bien écrit (16763 : <C’est un vieux mot dont autrefois
(cf. ci-dessus) et plusieurs dérivés s’y rattachent :
on se servait pour exprimer en termes de peinture,
FLOTTABLE adj.(1572), d’où vient FLOTTABILITÉ
la tendresse et la douceur d’un ouvrage,, Le mot se
n-f. (1856);FLoTTAGE n. m. (1611);FLOTTAISON
difkse au XVIII” s. aussi adverbialement I1771,
n. f. 11752 ; 1691 comme terme de marine) surtout
peindre flou Kd’une manière tendre, légère*), Par
dans ligne de flottaison d’un navire. ~Rottuge et
extension, il prend kdj., 1855, Goncourt) le sens
flottaison avaient déjà été produits pour &riga-
d’aindécis, indistinct», sens où il est substantivé (Je
tien), Iflotaige et flottaison, 14461. d flottage s’em-
flou, 19041. Rou quaMe et désigne spécialement
ploie aussi (ti s.) à propos d’un procédé d’eti-
(xx” s.1 en photographie, au cinéma, l’effet obtenu
chissement des minerais, mais on dit plus souvent
volontairement en diminuant la netteté des
FLOTTATION n. f. (19231, adaptation d’après flotter
images. 0 Son sens en mathématiques kous-en-
de l’anglais floatation (19083, derivé de io floaf,
semble floti correspond à la traduction (v. 1970) de
verbe emprunté au lançais. +FLOTTEMENT
l’anglais fuzzy ketl.
n. m., autrefois ((mouvement des flots)> (13201, dé-
signe un mouvement d’ondulation ( 1556 ; ti XVI~s., b FLUET, ETTE adj. représente une altération
<mouvement d’un objet qui flotte sur l’eau4 et, au ! 1690) de flouet Cv.1450; encore da,ns les diction-
sens psychologique, un mouvement d’hésitation naires du XVIII~s.), ancien dérivé de flou; mtis il
(1801). +FLOTTEUR n. m. apparaît au sens de =OU- n’est plus rattaché à son origine dans la conscience
vrier employi! au flottage du bois3 (1415, puis 18031, des locuteurs. Il a d’abord le sens d’Happarence fra-
sens disparu. 0 Il désigne aujourd’hui un objet flot- gilen (en parlant du corps) et se dit aussi, par ex-
tant à la surface d’un liquide (1832, terme de tension (18581, d’un son, d’une voix faible, grêle.
pêche). -FLOTTANT, ANTE adj. kvrc s., du parti-
cipe présent de flotter) a le sens général de “qui FLOUER v., mot d’origine incertaine, vient e)
flotte- et s’emploie comme le verbe, au figuré, par peut-être de frouer Oicher au jeun (v. 1460, Villon),
exemple dans monnaie flomte & cours non frxen. mais le sens de ce verbe dans les BulUes en jur-
0 FLOTTER v. impers. est d’otigîne incertaine gon. est incertain Vromr aux arques sign3ïe peut-
11886,mais antérieur, cf. 0 flotte) ; probablement lié être «fracturer des cofkes»). Rouer serait alors un
à son homonyme, et employé familièrement pour emploi figuré de l’ancien français froer cse briser,
*pleuvoir>>, il vient peut-être 11886) de 0 flotter au rompreb 1x11~au XIVes.1, employé pour des armes
sens de <couler’, Iv. 11801,probablement par l’inter- qui se rompaient au combat et trompaient donc
médiaire d’emplois dialectaux, OU d’un emploi ar- l’attente du combattant. Froer est issu du latin f?uu-
gotique (1842) de faire ftotter anoyer,,, de flotter Mna- dure 4romper en tiaudanta (+ fraude).
ger)> (1836). +O FLOTTE nf. apparaît au sens de + flouer s’emploie encore faznilièrement au sens de
Kbainm (1883) puis s’emploie familièrement pour atrompep, mais il est sorti d’usage au sens de &-+i-
Neaun (substance ou étendue) Il8861 et ccpluien; c’est cher au jeu* (1827, intr.).
probablement un dérivé (déverbal) du verbe, mal-
~Les dérivés FLOUEUR.EUSE n. (1771) et FLOUE-
gré son attestation un peu antérieure.
RIE n. f. 11840) sont peu usités.
0 voir FLENFLOUER.
0 FLOTTE n. f. est emprunté iv. 1138, Rote) à FLOUSE n. m. apparaît (av. 1840) dans l’argot
l’ancien scandinave Roti @radeau». Le mot s’est marseillais, écrit Mous; on trouve ensuite les gra-
croisé avec l’ancien fiançais Rote «multitude, foulen phies flouse, flousse ( 18951, flous, ftouze. C'est un
Iv. 11811, du latin classique fluctus LUXE (-+fld emprunt à l’arabe maghrébin flt&, arabe classique
peut-être par l’italien flotta tattesté XIII~ s.1 : dans ce f&, <l’argent>>, pluriel de fuk, fils, nom d’une an-
sens il est aujourd’hui sorti d’usage. cienne monnaie arabe. Le mot avait été cité comme
+ Il désigne une réunion de navires et, par exten- mot arabe (1512, flu3c) ou adapté (1670, felourd dans
sion 118351,les forces navales d’un pays ; par analo- des récits de voyage.
gie, fi s’emploie pour une formation d’avions (19321 +D’abord argotique, il équivaut familièrement à
et, récemment (19741, pour un ensemble de véhi- *argent», avec de nombreux synonymes dont
des. l’usage se répartit selon la mode.
DE LA LANGUE FRANÇAISE FLÛTE

FLUCTUER v. intr. est emprunté (v. 1364) au FIANT, ANTE adj. et n. (18561, didactiques.
latin fluctuare <<être agité, (en parlant de la mer) o FLUIDIQUE adj. 118561correspond à l’emploi de
d’où, au figuré, «être irrésolu>>, dérivé de flu~tuS fluide en occultisme, en parapsychologie.
dob, ttagitationn, &oublem, lui-même de fEuere
FLUOR n. m. est un emprunt (17233, antérieure-
couler> (+ fleuve).
ment sous la forme flueur (15541, au latin fh.kOr
+ Il s’emploie rarement au sens concret Iv. 1364, NdiarrhéeB et en particulier <flux
&coulementB,
&tre agité par le ver&) mais pLutht au sens figuré menstruels dans menstrui fluores. Ce dérivé de
krf s.) pour ahésiter, être changean& avec la fluere (couler>) (+ fleuve, fluer) est à l’origine de l’an
même valeur que 0 flotter”.
cien français flurs (déb. XII” 4, flors cmenstruew
b FLUCTUATION n. f. est un emprunt (v. 11201 au
+ 11s’est d’abord employé pour désigner les acides
dérivé latin impérial flwtuatio aagitation» et <<hési-
restant fluides, ptis les minéraux fusibles. Le mot a
tations, du supin de fluctuare. Q Il s’emploie, sur-
été repris (18231 pour désigner un corps simple,
tout au pluriel, au sens figuré de warîations succes-
dont l’existence avait été signalée en 1812 par Am-
sives de sens contraires Iv. 1120) dans le domaine
père et qui ne sera isolé qu’en 1886 par Moissan,
des sentiments comme en économie, où il est usuel
gaz verdâtre, très dangereux à respirer, et qui est
Ifluctuatin des monnaies, des COU~S~.C’est aussi
le premier élément de la série des halogènes.
un terme de physique Iv. 1361) et de médecine
(~~~O~FLUCTUANT,ANTE adj.reprendIv. 1355) F Le mot a fourni des termes de chimie parmi les-
le latin fluctiaw aflottant, irrésolw (participe quels : FLUORURE n. m. (18201,désignant un sel de
présent adjective de ftuctuare), avec des sens cor- l’acide fluorhydrique, FLUORHYDRIQUE adj.
respondant à ceux du nom. 11838) quatiant un acide qui est une solution
aqueuse de fluorure d’hydrogène. +FLUORINE
FLUER v. intr. est emprunté (1281) au latin fEuere n. f. (1833) Sign%e &rorure de calcium minéral%.
couler, s’écoulec, =glissern, <<sefondre, se relâ- w FLUORÉ, ÉE adj. (1838) a pour prétiés bi-, tri-
chep (-, fleuve). fluoré, ée.
FLUORESCENCE n. f. est emprunté (1856) à l’an-
+ Le verbe conserve le sens latin de acouler, s’écou-
ler=; devenu archaïque, il s’emploie spécialement glais fluorescence, créé (18521 sur le latin fluor

en médecine 113701 à propos de liquides orga- (d’après l’anglais opalescente); le mot désigne
niqueS.
l’émission de radiations lumineuses par un corps
qui reçoit des radiations non lumineuses. +FLUO-
b FLUENT, ENTE adj., tiré du participe présent, RESCENT, ENTE adj. dérive de fluorescence (1864)
s’applique à ce qui est fluide IXIV” s.1,seulement en ou reprend L’anglais 118531.* FLUORESCÉINE n. f.
médecine El8001 ; il se dit en philosophie Ixv~”s.) de s’emploie en chimie (18781, FLWORESCER v. intr.,
ce qui s’écoule et au figuré pour #changeant, versa- en physique ( 1962).
tile, (17671, emploi rare. + FLUAGE n. m. est un FLUEURS n. f. pl., emprurkt ancien et francisé au
terme technique 11922) comme FLUÉ, ÉE adj.
latin fluor, s’est employé pour &coulementn (xv” s.1
119221.
et spéci&ement pour ~menstrues~ (15521. n est à
@ Voir AFFLUER, CONFUER, FLEUVE, FLUIDE, INFLUER, RE-
peu près sorti d’usage.
FLUER.
FLUO-, FLUOR-, FLUORI-, FLUORO- sont des
FLUET -+ FLOU
éléments tirés du latin fluor ou de fluor n. m. au
sens chinique, qui entrent dans la formation de
FLUIDE adj. et n. m. est un emprunt (1356, termes didactiques, spécialement en chimie et en
adj. et n.1 au latin fluides «qui coule%, au figuré physique : FLUOROSCOPE n. m. (18981, FLUORO-
emou», eéphémèren, de fluere acoulern I-, fleuve). SCOPIE n. f. (18971, FLUOSILICATE n. m. (1865).

4 L’adjectif a sigUI% Mliquiden et se dit aujourd’hui FLUSH n. m. est un emprunt Il8963 à l’anglais
d’un liquide ou d’un gaz qui s’écoule aisément flush kwe s.), spécialisé comme terme de jeu pour
(1611, de l’eau); il s’emploie au figuré (1549, DuBel- 4union de cinq cartes de même couleur au po-
lay), à propos de la façon de parler et d’écrire, puis kep, peut-être emprunté lui-même au moyen fran-
par extension se dit (déb. XVII~s.) de ce qui est di& çais flus Iftux*I, qui designait ( 1490) une série de
cile à saisir et par analogie, de la circulation rou- quatre cartes de même couleur au jeu de prime.
tière (v. 1964). 0 fluide n. m. désigne (1764) un
+ Le mot a gardé le sens de l’étymon. Il s’emploie
corps qui épouse la forme de son contenant et
adjedivement dans quinte flash.
s’écoule, par ex. dans fluide parfait (18831. On a
parlé de fluide &ctrique ( 1767). 11 est aussi employé FLÛTE n. f. apparaît d’abord sous les formes
(v. 1850) au sens de aforce mystérieuse qui émane- flaiite Cv. 11651, flehute (XII~ s.3, puis sous la forme ré-
rait (‘coulerait’) des astres, des êtres ou des duite flewte (12203, fluste (XTves-1,enfm flûte ~VII” s.1
chosesa. [cf. aussi le provençal flatit, d’où viennent l’italien
b FLUIDITÉ n. f. s’est d’abord utilisé au figuré ftauto et l’espagnol flautal. Le mot est probable-
(15481, puis au sens concret de NquaLité de ce qui est ment d’origine onomatopéique; la suite originelle
fluide)) (1649, fluidité de Z’onde) ; d’autres sens figu- des voyelles a-u est régulièrement employée pour
rés dépendent des emplois récents de L’adjectif restituer le bruit du vent qui passe dans un tuyau;
(fl~idib%e~aCim&ti?& 1967).+FLUIDIFIERv. tr. fl- vient sans doute de mots groupés autour du latin
(1830, Balzac) s’emploie au propre et au figuré ; fi a flare asotiers, (+ enfler, soufIler). P. Guiraud pro-
produit FLUIDIFICATION n. f. 118321 et FLUIDI- pose de voir dans ce nom le dbverball de fluhuter
FLUX 1448 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

*faire hu en soufflants, composé de tlaer asoufIler» F. M. n. f. est une abréviation (mil. xxe s.) de l’an-
(du latin ftare) et de buter «appeler de lotin (en Nor- glais frequency modulation (19221, en fkançais mo-
mandie ; de hue) ; cette hypothèse est discutée mais dulation de f&quence, dénomination également
rend compte de l’élément -/wte, -üte. usuelle. L’abréviation normale en hnçais, Ad.F.,
4 8’kite désigne Iv. 11651 un instrument à vent et, par est plutôt interprétée dans le domaine rtiotech-
metonymîe, la personne qui en joue (XIX~ s.l. L’îns- nique comme «moyenne fréquence)}.
trument est allongé, percé de trous dont l’obtura- + Un sigle homonyme mais masculin, d’usage cou-
tion module les sons. Il peut comporter plusieurs rant dans l’armée, correspond à fusil*-mitrailleur.
tubes de longueur inégale Otite de Pan1 et, pour le
tube unique, être joué transversalement IfZiite tra- FOC n. m. est une réfection du XVIII~ s. (1722) de
versrérel. Mais la disposition en long Cet le tube Locke (1463, hapax; 1602, focque mast; foque, 17021;
unique) commandent le sémantisme. 0 Par analo- c’est un emprunt au moyen néerlandais Locke ami-
gie de forme, fliite s’emploie pour désigner un saine>> (cf. aussi le bas allemand vocke, l’allemand
verre à pied, haut et étroit ( 1669, fleuste), familière- Fock).
ment et au pluriel les jambes (17561, un pain de 4 Le mot désigne une voile triangulaire à l’avant
forme allongée 11793; 1806, pain en Aiite). 0 L’inter- d’un navire, par une métonymie entre le mât et sa
jection flûte (1858) marque la déception (cf.zut). voile 11771, Sand foc, petit foc).
b Les dérivés FLÛTEAU n. m. E1600, flusteaul, aupa- FOCAL, ALE, AUX adj. et n. f. est un dérivé
ravant flaihutel (v. 1230, de flehute), et FLÛTIAU savant 11761) du latin classique focus Nfoyern (3 feu,
n. m. ( 1833) désignent une flûte sommaire, le se- foyer); on relève en latin médiéval le dérivé focalti
cond avec un suBixe senti comme rural, la forme “qui concerne le bois à brGlerB (13201 et en moyen
centrale étant -a1 ou -el. -FLÛTER v. (XIII~s.), réfec- fr-ançais tenir focale résidence <avoir feu et lieun
tion de flaüter Cv.11601, est sorti d’usage au sens de (xv” s., attestation isolée).
«jouer de la flûten et signSe <produire un son flûté>> 4Focal s’emploie en physique, sans qu’il y ait un
(xxe s,), valeur issue du participe adjectivé flûté souvenir d’un emploi ancien, et signSe “qui
dans VO~ blutée (1740). Il s’est dit familièrement concerne le foyer d’un instrument optique,. D~Z-
pour Nboire>>(av. 17201, d’abord dans Reuter pour le tance focale ( 1761 au sens mod.) s’emploie aussi en
bourgeois ((boire beaucoup>> ( 1640) ; cf. sifner. + FLÛ- photographie d’où la focale nom féminin pour cclon-
TISTE n. ( 1828, Nodier) s’est substitué à FLÛ- gueur focale>>.Au figuré, l’adjetiif Sign%e acentralm
TEUR, EUSE n. (v. 15341, réfection de fleütor (1245). Cmil. XXeS.I.
~FOCALISER V. tr. 11929, sans doute antérieur:
FLUX II. m. est un emprunt (1306) au latin &,UUS
cf. localisation) s’emploie en physique et au figurk
aécoulement)>, dérivé de fluxum (3 fluxion), supin
( 1967) pour aconcentrer en un poinh + En dérivent
du verbe ftuere <<couler» (-, fleuve, fluer, fluide).
FOCALISATION n.f, (18771, FOCALISABLE adj.,
4 Il a le sens d’kcoulementm à propos d’un liquide FOCALISATEUR,TRICE adj. (m%.), FOCALI-
organique (13061, de l’eau ( 14701, s’emploie spécia- SEUR n. m. Emir.XX~S.I.
lement dans flux menstruel 115521 et, au figuré, si-
me Mgrande quantitén El5321 d’où (déb. XVII~s.1 FOEHN n.m. est emprunté (1760, foen; 1810,
l’expression sortie d’usage flux de bouche abavar- feune) au mot suisse allemand Ehn, foen, issu du la-
dage* (cf. flot). F’Zux désigne aussi Il5801 le mouve- tin favonius «zépm (vent d’Ouest), dérivé de fa-
ment de l’eau, pour une riviére, la marée montante vere Gtre favorableB (+ faveur).
et, au figuré, un mouvement comparable à celui de 4 Terme géographique ou régional, foehn désigne
la marée En XVII~ s.l. Par analogie, le mot s’emploie un vent sotiant dans les vallées du nord des
en physique Flux lumineux (18971, puis flux de parti- Alpes.
cules, d’électrons) et en économie (xx” s.1. k En Suisse, le dérivé FOEHNER v. intr. est usuel.
b Le composé REFLUX n. m., qui correspond à re-
fluer*, s’emploie au propre 11532 ; on a utilisé aussi FCETUS n. m. est une réfection étymologique
reftot) pour désigner la marée descendante et au fi- (1541; 1478, fetus) de fete Iv. 13701, emprunté au latin
guré ( 15731,pour «mouvement de retrait>>. classique fetus (foetus en bas latin) *enfantement)),
<<portée (des animauxl~ d’où <<nouveau-n& et cgéné-
ration)>. Fetus est la substantivatiun de l’adjectif fe-
FLUXION n. f. est un emprunt (XIV~s.) au bas la-
tus, feta «fécond&, dont le radical fe- se rattache à
tin fluxio «écoulement», de fEu~um, supin de fluere
une racine indoeuropéenne “dh& atéterm C-tfécond,
vcouleru I+ fleuve, fluer, fluide, flux).
femme).
4 Il désigne un aflux de sang, couramment dans la 4 F&us, mot savant, s’emploie au sens de (<produit
locution ffwk~ de poîkine flcongestion pulmo- de la conception, chez les animaux vivipares,
naire>) (16351, ou un gonflement tiammatoire dû à quand il commence à présenter les signes distinc-
une infection dentaire Cv.1500). 0 Le mot latin a été tifs de l’espèceti. Il est synonyme partiel d’embryon.
repris par Newton Idéb. xwe s.) en mathématiques
wEn dérive FATAL, ALE, AUX adj. <relatif au fœ-
pour désigner ce que l’on nomme aujourd’hui dkri-
tus, 11813; 1890, ?yhme fœtab
vée.
@ voir FAON, SUPERFÉTATOIRE
wFLUXIONNEL,ELLE adj. (17971, dans calcul
flutinnel, est un terme de mathématiques sorti FOI n. f. est l’aboutissement (XII~s.1 par une série o>
d’usage remplacé par différentiel. de formes intermédiaires : feid Cv.10501, feit, fei
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1449 FOIN

(XII” s.1, du latin classique fides <<foi, confmnce~, du -d- en -r- (1080, Chanson de Roland) ; partièle-
4oyautén, «promesse, parole donnéen ; le latin chré- ment, ficatuwz. s’était altéré en Ofecatum k s’ouvre
tien a spécialisé l’emploi du vocable au sens de en ë), à l’origine du tiançais feie (XII~s.) puis foie
acotiance en Dieu>>; le mot se rattache à une ra- (XIII~s.), avec l’évolution habituelle de la prononcia-
cine indoeuropéenne “bheidh- *avoir cotianceti. tion oye - wé - wa. Pour Bloch et Wartburg, l’ancien
+ Dès le xres., le mot fkançais apparaît avec ses &mçais fzeger <coaguler (du sang)> - plus tard fi-
deux valeurs fondamentales, d’engagement et ger, sous l’influence du picard fie - viendrait du
d’assentiment. Dans un sens objecM, foi contient type “fecatum, fetium. Pour P. Giraud, au
l’idée d’engagement, de promesse (1080) ; la foi contraire, ficatum, figatum aurait perdu tout lien
dans le système féodal, est le serment de fidelité avec figue - ce qui est très probable, l’engraisse-
(-+ fidèle1 prêté par le vassal et par extension la cé- ment des oies avec des figues n’étant que méditer-
rémonie symbolique qui liait le vassal à son sei- ranéen -et a été compris comme «sang figés,
gneur ; ce sens de &délité» vit encore dans foi <sang moulé*, par référence aux verbes latins fzgere
conju&e (1636, foi; cf. aussi la locution ancienne <4xer» et fingere <modeler, façonnerm (3 figer).
112731jurer sur sa foi); reste aussi la formule d’as- 4 Foie désigne d’abord un viscère humain puis
sertion ma foi NcertesB (ti xwe s.), autrefois par ma Exvr”s-1celui de certains animaux (cf. la répartition
foi (XII~s.), sur ma foi, etc. 0 Au sens de agarantie de rognon et rein). Le mot est utilisé dans plusieurs
(résultant d’un engagementIn, foi est encore em- locutions : le foie, organe vital, a été considéré dans
ployé dans des expressions comme sur Ja foi de de nombreuses cultures comme le symbole du cou-
(qqn, qqch.1 [ 12733, sous la foi de, sous la foi du ser- rage et sa perte de couleur supposée comme un
ment, faire foi 112831, en foi de guoj (attesté XVII~s.) signe de peur; de là viennent avoir les foies blancs,
dans le domaine juridique; le mot survit aussi au d’où avok les foies (1872 ; v. 1840, foie blanc
sens de déloyautés dans borne foi EV.1180) et mau- 4raitre4 savoir peur>>, donner (ficher, etc.) les foies
vaise foi (xv? s. ; 1283, male foi). à qqn. Cependant c’est cœur, dont courage est un
Dans un sens subjectif, le mot foi aa foi de qqn en, dérivé, qui assume ce rôle de manière privilégiée
pour...) signifie *fait de croire (qqn)>>- d’où ho~nme en français. 0 Au sens de *foie d’animal>>, le mot
de foi Ix19 s.1 et depuis l’époque classique ajouter entre dans de nombreux syntagmes courants : foie
foi à (15411- cette acception se retrouvant au- de veau, de génisse, de canard, d’oie, de volailles,
jourd’hui dans quelques emplois comme d.&e de notamment dans foie gras (1690) qui s’applique sur-
foi, et qconfknce absoluem Iv. 11801, surtout avec le tout au foie d’oie et de canard, et dans p&é de foie
verbe avoir (avoir foi en, dans, mil. XVIII~s.1, 0 Il qui a des emplois figurés, comme avoir les jambes
s’emploie surtout couramment au sens de en @té de foie *molles 8. + Le mot est resté isolé ; on
*croyance en une religion». Employé absolument, s’est servi de l’élément hépatloI-, tiré du grec.
foi désigne dans le monde occidental les dogmes
du christianisme. Par métonymie 11539, le mot dé- +# 0 FOIN n. m. reprend ti xve s-1 une forme
signe la religion elle-même kz-GcIe de foi, 1632) et dialectale de l’Est (Bourgogne, Lorraine) issue,
s’emploie dans les locutions R ‘avoir ni foi ni loi comme l’ancien français fein I ire moitié du XII~ s.1 ou
(16671, la foi du charbonnier 11656) et, ironiquement,
foens Cfin XII~sd, du latin fenum afoinm; le mot est
il n’y a que la foi qui sauve. 0 Profession de foi si- peut-être lié (radical fe-1 à fetus !+ fœtus), signi&nt
gnifre d’abord adéclaration de sa foi% (1593, alors littéralement aproduit (du pré)>. La forme fein,
Henri Iv) puis l’expression se laïcise et correspond fain a été utilisée jusqu’au xv” s.; l’adoption de foin
a pu être facilitée par le fait qu’elle évitait l’homo-
à adéclaration de principesn. 0 Par analogie, foi se
nymie avec faim.
dit (18171 de toute croyance fervente, hors d’un
contexte religieux aa foi dans la vie). Cependant, +Du sens d’cherbe fauchée (ou destinée à l’être)
l’importance religieuse du mot qui désigne dans le pour servir de fourrage» viennent des emplois en
christianisme l’une des trois vertus théologales est locutions; c’est l’idée d’eélément de peu de valez
toujours sensible dans ses emplois. qui est retenue dans bête à manger du foin
0 voir FÉAL.FKDÉKCOMMIS, FmlkE. (mil. X*VIII~s.1 ou celle de adensitép, de ((tas impor-
tantm par exemple dans chercher une a&uilZe dans
FOIE n. m. est l’aboutissement (XIII~s.) du bas la- une botte de foin (1690) ; de foin <de pacotille)>, cou-
tin ficatum, d’abord «foie gras*, puis en général rant au XI$ s., était vieilli au XVII~siècle. Rhume des
afoies, formé sur ficus &guem. Flcatum est un calque foins (1873, fikvre des fohsl s’emploie couramment
du grec V@arl sukôton, littéralement 4foiel de pour désigner un type d’asthme. ~Faire du foin
figues (de sukon Que>), c’est-à-dire afoie d’un ufaire du tapagea ( 1903 ; fm XIX~s. xdu scandale4
animal engraissé avec des figues*. Le mot grec est reste inexpliqué.
resté longtemps connu dans les pays de langue la- F FANER v. tr. (v. 1360) est une altkation de fener
tine et sa prononciation selon les lieux explique la (v. 12001, issu d’un latin populaire Ofenare (de fe-
variété des formes romanes issues de ficatum : par numl. Q Du sens de aretourner un végétal fauché
exemple, déplacement de l’accent en espagnol pour le faire séchep proprement agricole, on est
d’où higado; la métathèse des consonnes c et t Pfe- passé à celui de 4létti Idéb. XIII~s.); l’emploi in-
ticuml donne le catalan fétge, le wallon péte. En transitif du verbe (XVI~s., fanir, fenerl correspond
français, par changement d’accentuation, ficatum pour le sens à se faner et à fané, plus courants dans
devient fkitum, d’où la forme @Mo (VIII~s.), puis, cette valeur extensive.
par métathèse des consonnes, fidicum, à l’origine Le déverbal FANE n. f. a désigné le foin
du picard fie et de la forme fitie, avec changement (déb. XIII’ s.1, une feuille sèche 11385) ; aujourd’hui,
FOIN 1450 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fane sigr&e couramment, au pluriel, atiges et merce, à la vente. Dans ce sens et dans le pré-
feuilles &kissées après la récolte)>> (1690) et (<feuille cédent, foire est en relation sémantique avec fo-
sèche tombée d’un arbre)) ( 18%). ruiyL*, qu’il a probablement tiuencé. Par analogie
Sur faner et fener ont été dérivés des termes tech- avec l’animation, le désordre, etc., de la foire, le
niques d’agriculture : FANEUR, EUSE n., réfection, mot si@e (19221 dieu bruyanta, atumulte, dé-
d’abord sous la forme faneur ( 14021,de feneor sordre> en concurrence avec bordel en français
(XII~ s.1 sur fener, s’emploie aujourd’hui beaucoup contemporain, et, par une métaphore plus voisine,
moins que FANEUSE n. f. (18551amachine à fanera. avec cirque, cinéma.
+ FANAGE n. m. ( 1690; 1411, fanaigel reprend fe- &e dérivé FOIRAIL ouFOIRAL n. m. (1864),dté-
nage (1312). +FENAISON n. f. (1275, femisons) a ration du provençal kiral, fie& attesté dès le
pris le sens de &poque où l’on fait le foins)> et reste moyen âge, désigne régiontiement (limite sud du
le seul mot de la famille à conserver le e de fener et domaine d’oïl) le champ de foire.
du latin : la variante normalisée fanation ( 1762)n’a
pas vécu. 0 FOIRE n. f. est l’aboutissement ti XII~ s.) par o>
FENIL n. m. (XII’ s.) &serve à foin* est emprunté la forme feire (1165) du latin foria «diarrhéep, d’ori-
au latin fenile dérivé de fenum, et reste attaché à gine obscure.
l’agriculture traditionnelle.
4 Le mot n’est plus utilisé que dans la locution figu-
Le composé ABAT-FOIN n. m. (1803, en architec-
rée et familière avoir la foire aavoir peur, (attesté
ture; de abatPeI est un terme d’agriculture.
18651, qu’on rapprochera de avoir lu colique, faire
+ SAINFOIN n. m. (1572; 1549, sain&foin, par
dans sa culotte.
confusion de sain et suint) est le nom d’une plante
herbacée utilisée comme fourrage. b FOIRER v. intr. (15761,précédé par le composé
0 Voir @ FOIN.
intensif tresfoitir En XII~ s.), ne s’emploie plus
qu’au figuré en parlant d’un explosif qui fait long
0 FOIN interj. bme s.) est d’origine incertaine; il feu Iv. 1600), évolution de sens à comparer à celle
représente une altération de ft* ou un emploi parti- de péter*, et par extension dans d’autres domaines
culier de 0 foin dans la locution bailler foin en au sens de Kmal fonctionnerm (1865). Dans un
corne (xvP s.) <<vendre une mauvaise bête)) ou contexte abstrait, il signSe Gchouer)) et, en parlant
«tromper)); l’expression vient de la coutume de si- de personnes, ccrenoncerm (1886).
gnaler les taureaux dangereux par une touffe de FOIREUX, EUSE adj. sime d’abord “qui a la
foti liée aux cornes, habitude qu’avtient déjà les diarrhéen En XII~ s., foiroux), acception sortie
Romains : hubet fenum in cornu (41 a du foin aux d’usage; il s’emploie au figuré pour <<peureux>
cornesp se disait d’une personne dangereuse. i 1388; repris 18121, en relation avec péteux, et pour
4 Cette interjection, courante en fkançaîs classique, w.ns valeur-, «qui échoue>> 11872 ; un projet foireu3c).
marque le mépris ou le dédain; elle se construit - FOIRADE n. f. au propre (1793) et au figuré (1920)
avec de... a vieilli,comme~~~~~~~,~~~~ adj. (1534); FOI-
RON n. m. ~~derrière» (1837) est sorti d’usage.
0 FOIRE n. f. est l’aboutissement I~II~ s.) de feire 0 voir ENFOIRÉ.

Iv. 11301,issu du bas latin feriu <<marché, foken, du


latin classique fer& n. f. pl. <jours consacrés itu re- FOIS n. f. est l’aboutissement (XII” 5.1par la forme o>
posa d’où <jours de fête)), les foires ayant lieu les feiz (v, 1050 ; fm xes., ancien provenqal vez; cf. l’es-
jours de fêtes religieuses. Le latin médiéval avait pagnol vezl du latin classique vices, nominatif et ac-
conservé feti pour désigner cette réalité sociale et cusatif pluriel de vti «place occupée par qqn, suc-
commerciale (VIII~ S.-IX~ S.I. Feriae se rattache à une cession>> I-, vice-), seulement utilisé à certains cas
racine indoeuropéenne “tes-, “fas- à valeur reli- et dans des locutions adverbiales comme linlvicem
gieuse, qu’on ne trouve qu’en italique (+ férie [et fe- & la place de>>puis «au tour de>>- d’où l’emploi du
rial, férîé1. mot en latin impérial pour Ntour, foism. Vix se rat-
+ Foire désigne d’abord un grand marché public en tache à une racine indoeuropéenne “weih- #céder,
milieu rural, tenu à date et lieu fixes, où se vendent Cd.en germanique ‘wikon &der la place, succé-
des marchandises diverses, des outils, des ani- deph).
maux, spécialement où l’on vend un certain genre + Le mot, employé avec ou sans préposition,
d’articles (cf. foire aux puces, En xrxe s,) puis, avec le marque le degré de Mquence d’un fait (v. 1050, une
développement de l’industrie, une grande réunion feiz, soventes feiz ; 1080, ceste feizl. Il entre dans de
où l’on présente des marchandises, hors du nombreuses locutions : ;i cette fois IIOSO), sorti
contexte rural (déb. XX~ s. on dit aussi foire-ewosi- d’usage, une fois pour toutes Cv.13601,toutes les fois
tien). Alors que la foire rurale a de nombreux syno- que (12301, à la fois (<en même tempsn (1530 ; apar-
nymes régionaux, cette extension est normalisée foi+ en ancien frarqais). Une fois Cv.1170) a une va-
en français. 0 On a retenu du premier emploi leur temporelle forte, par exemple dans il étajt une
l’idée de «fête= et foire a pris aussi (ti XIX~ s.) le sens fois pour commencer les contes de fées (1697,
de afête localen, généralement annuelle et ac- Ch. Perrault); une fois gue (XIX~s.1 correspond à aà
compagnée d’attractions diverses, d’où des syntag- partir du moment où» ; des fois pour acertaines foism
mes comme un Hercule de foire, et la locution figu- ( 18531, familier, s’emploie dans des formules de
rée faire la foire afaire la fête, à propos de laquelle protestation (non, mais des fok.1. 0 Fois s’emploie
on peut évoquer l’ancien fknçais mettre son Corps aussi, précédé d’un numéral, pour marquer le de-
en foire ((se prostituer}}, où foire fait allusion au com- gré de grandeur; le mot sert d’élément multiplica-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1451 FOLKLORE

teur (14871 ou équivaut à un Superlatif ( 1661; avoir même temps que DÉFOLIANT adj. et n. m. (em-
cent fois, mille fois raison). prunté à l’anglais defoliantl; le verbe correspon-
b À partir de fois ont été formés plusieurs adverbes dant DÉFOLIER v. tr. Iv, 1965) reprend le latin
préfixés. ~AUTREFOIS adv. (1160, autiefeiz), de d’après to ckfoliute.
autre, signifie «dans un temps passé» ; il est attesté FOLIOLE n. f., terme de botanique (17491, est une
comme nom au sens de «temps passé, (1848 ; on dit adaptation du latin scientsque foliolum 11744,
encore dans le Sud-Ouest les autrefois pour <(autre- Linné), emprunt au latin impérial foliolum, dirninu-
foisn). *TOUTEFOIS adv., forme avec tout 11456; tif de folium.
toutefois que, 1370, est sorti d’usage), veut dire aen
considérant toutes les raisons et malgré ellesD; il a FOLIO n. m. est un latinisme de la Renaissance
une valeur logique et non plus temporelle. (15711, mais l’abréviation fol. est déjà employée au
+ QUELQUEFOIS adv. 11539; variante qudques- milieu du xve siècle. Le latin folio est l’ablatif de fo-
foi3 s’est écrit quelque fois 114901, queEques fois Ziuna afeuille= (3feuillel.
&VI” s.3; au sens de «une fois, un journ, il est sorti 4 Folio désigne en français un feuillet de registre
d’usage. En knçais moderne, quelquefois s’em- Ispécialt, des manuscrîtsl et (1757) le cbifke numé-
ploie pour ~parfois~~. rotant chaque page d’un livre.
@ Voir PARFOIS.
w Sur le dérivé FOLIOTER v. tr. anuméroter (un
feuillet, une page)» (1832) ont été formés des termes
FOISON n. f, est issu Gn XI” s.) du latin fusio
teChniqueS,FOLIOTAGEn. m. (1845),FOLIOTEUR
«écoulement, action de se r6pancke~ (+ fusion), de n. m. (18921,FOLIOTEWSE n. f. (18721, plus coumnt,
fusum, supin de fundere <fondre)). et FOLIOTATION n.f. Iv. 1950).
+Le mot s’est complètement détaché de son ori- IN-FOLIO adj. et n. m. (1560 comme adj.), formé
gine. L’emploi de fokora. au sens de agrande quan- avec le latin ~TZ*dmsm, est un terme d’imprimerie et
tité>>, c’est-à-dire ace qui se répand», n’est au- signifie <dont la feuille d’impression est pliée en
jourd’hui courant que dans la locution adverbiale Q deux>>; par métonymie, le mot qualifie un livre in-
foison Iv. 1140, a fuison). folio (16881 et est substantivé (18851, recevant dans
›L~ dh-ivé FOISONNER v. intr. (v. 1160-1170; la langue courante la valeur de “gros livre ancien>>.
v. 1155, ne pooir fuisoner ane pouvoir stire4 s’em- Ce format, le plus grand, est en effet plus répandu
ploie au sens d’<tabonder>> d’où foisonner en, de dans l’édition ancienne (XVI~-XVIH~s.1 que de nos
(v. E%O1. Avec une valeur didactique, il signifie jours.
Maugmenter de volumen (1864; 1771, en cuisine). INTERFOLIER v. tr. est composé (1798, selon Bloch
-En dérivent FOISONNANT, ANTE adj. (1551) et et Wartburgl à partir du latin inter- (+ inter-) et fo-
FOISONNEMENT n. m. <<action de foisonner, son hum; l’angkb to interfokute est phs ancien (16961.
résultat> (1554). 0 D’emploi technique, le verbe Sign%e «intercaler
des feuilles de papier blanc entre les feuillets (d’un
0 FOLIE n. f. représente (1185 dans des noms de livre, d’un manuscrit, etc. à brocherIn. ell a pro-
lieux) une altération, d’après 0 fo.Ge I+ fou), de duit INTERFOLIAGE n.m.(18731.
feuillée *abri de feuillage)) I+ feuiIle1; on relève en
picard des formes anciennes comme faillie, fuilie. FOLKLORE n. m. est un emprunt (18771 pré-
+ Le mot a désigné ( 16901une riche maison de plai- cédé par fok-lare ( 1872 ; folk lare, 187 1) à l’anglais
sance; le rattachement à @ folie a été justtié par folklore <science du peuple)) 118461, de folk
l’idée de dépense extravagante Me à ces construc- apeuplen ( 10001, d’un germanique “folkom (cf. aile-
tions . mand Volk) et de l’ancien mot lare asavoir, connais-
sance)>, d’un germanique “luizü (cf. allemand Lehre,
0 FOLIE --, FOU anglais to Zeum).
4 Le mot a désigné (1877) la science des traditions
FOLIÉ, ÉE adj. est un emprunt du xwIIe s. 11713) populaires d’une région, d’un pays; dans cet em-
au latin foltutus “garni de feuillesm, dérivé de Podium ploi, il est en relation avec l’ethnologie, l’histoire et
(+ feuillel. l’étude des cultures et des traditions populaires.
+ Il conserve le sens latin en botanique et s’ap- Couramment il se dit (1904) de l’ensemble de ces
plique aussi (18.21) à ce qui a la forme, l’épaisseur traditions et, par rejet de ce gui est considéré
d’une feuille. comme démodé, d’une chose pittoresque mais
F FOLIACÉ, ÉE adj. 11751) calque un autre dérivé sans importance (1962; sens inconnu en anglais);
de foZk~~, fo&ze~ds; l’adjectif est aussi un terme de de là vient la locution c’est du folklore œcen’est pas
minéralogie ( 1865, roche foliacée) . sérieux)).
Sur folium ont été formés d’autres termes didac- b Le dérivé FOLKLORIQUE adj. 11884) urelatif au
tiques, comme FOLIAIRE adj. 11778) et FOLIA- folklore, de folklores a pris familièrement le sens
TION n. f. en botanique il7573 et en minéralogie de «peu sérieux» 09633; l’abréviation foklo (v. 19661
(XX” s.l. +Ce dernier a produit DÉFOLIATION n. f. n’a que cette vdew figurée. *FOLKLORISTE
( 1801) <chute prématurée des feuilles d’un arbre» ; n. et adj. est resté un terme didactique (1882) au
le mot a pris au ti s, un sens technique, adestruc- sens de «spécialiste des traditions populaires>.
tion artificielle des feuilles d’un arbre- (v. 19851,em- FOLK n. m. et adj. est une forme abrégée (19661 de
prunt à l’anglais des États-Unis Mo&~tion, de folk23oflg (1935, attestation isolée, repris en 19541,
to Mol&e (cf. latin defoliaw adéfeuiller4, en mot anglais pour achanson populaire tradition-
FOLLICULAIRE 1452 DICTIONNAIRE HISTORIQ UE

nellen, de foIk llpeuplen (+ folklore) et sang achan- d’une charge (1566) et par une extension tardive
sonm. Folk désigne en fkan@s, d’après l’anglo-amé- (début du xrxe s.1la profession comme contribuant à
ricain, une musique traditionnelle modernisée qui la vie sociale. Le mot entre dans des locutions,
s’est répandue aux Etats-Unis, puis en Europe, à comme faire fonction de wemplir une charge sans
partir des années 1960; elle est liée à un retour aux en &re titulaire= ( 1835 ; 1671, faire la fonction del,
cuItu.res régionales, conjuguée avec l’influence gé- des syntagmes, tel le terme de droit fonction pu-
néralisée des États-Unis; cf. rock. blique (xx” s.l. 0 A propos des choses, fonction a de-
puis le français classique le sens général (1680) de
0 FOLLICULAIRE n. m. a été tiré (17591 par wble actif caractéristique, dans un ensemble» Iles
Voltaire du latin folliculus, diminutif de follts «enve- fonctions de nutrition, les fonction de l’esprit, etc.1
loppe, sac, I+ 0 follicule), avec un jeu de mots sur et il est employé dans divers domaines scienti-
folium (+ feuille 1. fiques : en mécanique (18451, en chimie (18651, en
4 ll désigne un journaliste ou un écrivain médiocre, grammaire (18031, etc. * Le mot a aussi une spécia-
sans talent. lisation comme terme de mathématiques (16941 in-
b 0 FOLLICULE n. m. (1770) C<œuvre d’un folli- diquant un type déterminé de relation entre deux
culaireti, n’a pas eu le même succès. quantités, d’où son emploi dans fonction directe, in-
verse et par extension le sens de ace qui dépend de
0 FOLLICULE n.m. est un emprunt qqch.>>, dans des locutions comme en fonctim de
(déb. XIVes., folicule) au latin folliculus «petit sacs qui hnil. xrxesd, être fonction de.
s’employait en botanique et en anatomie, diminutif ä Les dérivés ont sélectionné certaines des valeurs
de follis Henveloppe, outren I-+ fou). du mot. +FONCTIONNAIRE n. (1770, lkgot) se
+ C’est un terme didactique utilisé comme en latin rattache au premier sens de fonction. Son succès
en parlant des plantes Edéb. XIV~s.1 et en anatomie est lié au développement du rôle de l’État dans
(15601. l’administration civile et militaire et, au XIX~s., à ce-
b En dérivent 0 FOLLICULAIRE adj. (1814) après lui de la bureaucratie’. *En dérivent, construits SUT
FOLLICULEUX,EUSE adj. (17701, FOLLICULINE le radical, des termes didactiques : FONCTIONNA-
n. f. 11932; 1827, Gnfusoire4 désignant une hormone RISME n. m. (v. 1850, au sens péjoratif de cpr$pon-
produite par le follicule ovarien, d’où FOLLICULI- dérance gênante des fonctionnaires dans un EtatnI,
NIQUE adj. (19511, FOLLICULINOTHÉRAPIE n.f. FONCTIONNARIAT n.m. (18651, FONCTIONNA-
(19511, etc. +FOLLICULITE n. f. 11836) concerne le RISER v. tr. (1931; 1933 au p. p.1, probablement an-
follicule pilo-sébacé de la peau et en désigne l’in- térieur (d’après fonctionnarisation, 1912).
flammation. FONCTiONNEL,ELLE adj. (v.1830) a un sens di-
dactique (mathématiques, sciences), Sign%ant «re-
FOMENTER v. tr. est une réfection 11314) de latif aux fonctionsm ; dans un emploi plus courant il
foumenter Iv. 12201, emprunt au bas latin médical quaMe ce qui remplit une fontiion pratique Irnobi-
fomentare, du latin classique fomentwn ((calma&, lier fonctionnell. *FONCTIONNELLEMENT adv.,
au propre et au figur& CcataplasmeB, dérivé de fo- attesté plus tOt que fonctionnel (av. 17551au sens de
vere cchatiern ; le mot a déjà le sens figuré de “sou- <<relativement à une charge*, qui a disparu, s’em-
lagementn en latin classique. Le verbe latin a des ploie en biologie (18581 et d’après le sens courant
correspondants dans d’autres langues indoeuro- de l’adjectif. +Le dérivé FONCTIONNALISME
péennes. n. m. 118661 est didactique et correspond à l’aspect
+Au sens médical, “appliquer un médicament dynamique des processus étudiés par la science,
chaudn, fomenter est vieilli. Il prend des valeurs fi- notamment (depuis 19581 dans une perspective
gurées : ccexcitep (v. 1350, fomentir), afaire durer (la structurale (cf. structure, structuralisme), comme
paix, l’amitié)~ (xwe s.) à l’époque classique et signi- FONCTIONNALISTE adj.etn. Iv. 1936). +FONC-
fie aujourd’hui ( 1595) Rentretenir, provoquer un TIONNALITÉ n. f. (av. 1966) signifte Caractère
sentiment ou une action néfaste>. fonctionnelm et FONCTIONNALISER v. tr. (19651
.FOMENTATIONTl. f. 11314),emprUIIt aubas latin arendre (plus) fonctionnel>>.
fomentati xce qui sert à réchauffer, à soulager-B, du FONCTIONNER v.kh. (1787; 1637, IîmctinPter
supin de fomentare, ne s’utilise qu’au figuré (15421, aremplir une charge4 a le sens général de (remplir
seulement de façon défavorable (16361, comme FO- sa fonction* en parlant d’un mécanisme, et dans le
MENTATEUR,TRICE ?J. (16133 ou FOMEN- domaine abstrait krx” s.1,à propos d’une personne,
TEUR,EUSE n. (1864). +Tous les mots de la série celui d-exercer une fonction*, etravaillerm, par ana-
logie familière avec un mécanisme, et aussi em-
sont littéraires.
ployé ironiquement ( 1837). 4 Le dérivé FONC-
FONCER -, FOND TIONNEMENT n. m. (18381 ((action de fonctionnep
se dit d’un mécanisme et ne s’emploie que fami-
FONCTION n. f. est emprunté, d’abord sous la lièrement pour des personnes. 0 Les deux mots,
forme simplifiée funcion (1370) puis par réemprunt très courants, ont un vaste registre d’emplois, al-
fonction 11566) au latin classique functio +w lant de l’action des instruments, outils et méca-
complissement, exécution,, et en bas latin jti- nismes aux processus des organisations humaines,
tique <(service public>>, cofficem; functi dérive de des systèmes abstraits, voire des organismes vi-
functim, supin de fungi as’acquitter de, accomplip. vants. Comme l’adjectif fonctionnel, le verbe fonc-
4 Foncti!on est repéré isolément ( 13701 pour =exé- tionner et son dérivé, mis à part leurs usages fami-
cutionp et repris au xwe s.; il désigne l’exercice liers, trouvent leur unité dans le concept de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1453 FOND

«fonction», évolutif suivant l’état des connaissances fond se dit dans différents emplois de ce qui sert de
dans difT&ents domaines. base ou représente une base : bruit de fond ( 1885) ;
Enfm, de fonction au sens mathématiques vient fond musical; en cuisine, fond de sauce; Je fond de
FONCTEUR n. m. (19641 désignant un opérateur l’air (1800) ; fond de teint 11910). +Fond, par figure,
logique. désigne ( 1585, en droit) un élément essentiel qui
apparaît derrière l’accidentel. Il s’emploie en ce
* FOND et FONDS n. m. est issu (1080,funz; sens à propos d’une personne (16561, par exemple
ensuite fonz, fans, puis avec le d étymologique dans la locution avoir un bon fond (XIX” s.1,ou d’un
1128011 d’un latin populaire fuptdus, OfiLndotis, en la- fait humain lun fond de vérité). Spécialement, fond
tin classique fundus, lundi <<fond de tout objetn se dit (1657) de ce qui fait la matière d’une oeuvre ;
-d’où alimite, point extrême>> et, par figure, «par- la locution adjectivale de fond (1834, artick de
tie essentielle de qqch.n - *fonds de terrem et en fond, équivaut à =essentiel». 0 Par extension, dans
droit “garant de qqch.>>.Fundus est apparenté & un le domaine sportif (1757, à propos du cheval), le mot
groupe de mots dont les formes dif&entes ne per- s’emploie pour <<qualités physiques essentielles de
mettent pas de poser une racine indoeuropéenne, résistance- (1863, course de fond; 1869, en cy-
par exemple l’ancien haut allemand bodam <sol>>, clisme; 1909, en ski, en natation). Entré dans une
le sanskrit budhn* ~sol, base>>, le grec puthrnê~~ terminologie sportive précise, celle des courses, le
afond, pied (d’une montagne)>>. Fond et fonds re- mot s’oppose au composé DEMI-FOND n. m. (1897)
présentent en français deux variantes graphiques ; et à vitesse.
c’est à partir du XVII~s. que chaque forme a pris des b FONDS n. m. ne correspond k l’origine qu’à un
sens particuliers, mais la confusion entre fond et sens particulier de fond, anciennement tûnz, ~OU
fonds, surtout pour les sens figurés, subsiste en- Cv.12001, <terre qui est cultivée ou sur laquelle on
core. bâtitn. Il s’est spécialisé au sens d’ccirnmeubles ou
+ Fond désigne 11080, fund la région basse d’une meubles incorporels>), par exemple dans fonds de
chose creuse, qu’il s’agisse d’un récipient, d’une terre (xv” s.1,fonds de commerce (1680). Par exten-
dépression naturelle ou, spécialement, du sol où sion (15911, fonds désigne le capital dont on dispose,
reposent les eaux d’un lac, d’une mer, etc., et de par exemple dans les locutions être en fonds <<avoir
l’intérieur d’une exploitation minière 11872) ; par de l’argent disponible>> (17041, les fonds sont bas
métaphore, le mot Sign%e «le point le plus bas>>Ue (1762). + Couramment, le mot a pris le sens ( 1606)
fond de la misèrel. 0 Par extension, fond se dit de de ucapital qui sert à fmancer une entreprise>>, d’où
la partie la moins exposée au regard et au jour, en à fonds perdus (XVII~s-1, fonds publics (1757); par
parlant d’un heu (v. 1190) ; de là la locution Je ti métonymie, il désigne 11924) l’organisme chargé de
fond de <<lapartie la plus lointaine- (1580) ; ce sens a fmancer (au singulier seulement). +Par figure
diverses spécialisations : en parlant d’un vêtement fonds se dit de l’ensemble des qualités d’un in&
11306, le loti de ses braies), de la scène d’un théâtre vidu (16621 et par extension de l’ensemble des res-
11543).Fond se dit aussi de la partie opposée à l’ou- sources qu’on peut exploiter (16901, d’où le fonds
verture (le fond d’un tiroir1 ou à l’otite Cv.1256 ; le d’un musée (18471, le fonds d’une bibliothèque
fond de la gorgejO Par métonymie, le mot désigne ce (1854). +BIEN-FONDS n. m. (av. 1794; de bien au
qu’il y a au fond de qqch. kîder ses fonds de tiroh-1, sens matériel) Nbien immeuble> est un terme de
*Par métaphore, fond s’applique à ce qui est consi- droit. +TRÉFONDS n. m, (XIII" s. ; de @es-, du latin
déré comme l’élément véritable, au-delà des ap- bans- <<par-delà,) est vieilli comme terme de droi?
parences de l’aspect sensible, en parlant des senti- au sens de ~~SOUS-sol possédé comme un fonds> ; par
ments Iv. 1200) et de la réalité intellectuelle Ivotile attraction de fond, il désigne (1690) ce qu’il y a de
fond des chosesl; de ces emplois viennent les lo- plus profond, au propre et au figuré.
cutions adverbiales itoufond ! 1585, <<enréalit&) ou Sur fond ou l’ancienne forme fans ont été dérivés
familièrement dans Ie fond ( 16571, tout au fond plusieurs mots et construits des composés. +FoN-
( 1539, «complètement~). À fond (16561, intensif, re- CER v. ( 1375 au participe passé, amuni d’un fondmI
prend métaphoriquement l’idée d’extrémité ; B s’emploie transitivement aux sens de “garnir d’un
fond de titi (1872 ; etipt à fondl & toute allure>> est fond)) spécialement en cuisine ( 1802 ; 1757, en pâ-
probablement construit sur le modèle de locutions tisserie), par ailleurs de (creuser» (16051, d’où, tech-
anciennes comme à fond de cave, à fond de cuve nique, npousser au fondn (1752). 0 Le verbe Sign%e
( 1548, au figuré) en passant de l’idée de {(profon- aussi ( 1740) <charger en couleur pour rendre plus
deur maximalen à celle de agrande intensité)> (cf. la sombre>>, la teinte sombre paraissant comme en-
locution récente à fond la caisse aà toute vitesse>>, foncée. Dans cette valeur, le participe passé
d’une voiture ou *caisseA. +Fond désigne aussi, FONCÉ, ÉE, devenu adjectif 116901,est très courant
spécsquement (12801, ce qui sert d’appui, de base, et s’oppose à clair. ODans un emploi intransitif
en particulier ce qui supporte un édtice; de là foncer représente une altération de fondre et signi-
vient la locution faire fond sur (16571, employée au fie Nsejeter SUT~El6801 d’où, par extension et fami-
figuré au sens d’Mavoir confrance en» (proprement, lièrement, «aller devant soi, très viten (18661; cette
=f&e les fondations-). oLes idées conjuguées de valleur est liée à l’emploi de à fond (voir plus haut);
ace qui sert d’appui, et de ace qui est derrièren se de là vient FONCE~R, EUSE n. et adj. (19141 ady-
retrouvent en arts décoratifs, où fond désigne le namique et audacieux». +FONÇAGE n.m.,teme
support sur lequel un décor est brodé, des motifs technique, désigne l’action de garnir d’un fond
imprimés (1677) ; en peinture, c’est lkrrière-plann (18401, celle de creuser un puits 118671,plus rare-
(1636 ; à propos d’un paysage, 1547). Par extension, ment d’enfoncer un pieu (18731, enfin l’opération
FONDATION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

par laquelle on enduit le papier peint d’une couche d’eau (XII~s.1et par analogie un trou bourbeux dans
qui sert de fond (1874). 0 De cet emploi vient FON- un chemin défoncé 11843).
CEUR n. m. (1872) et FONCEUSE n. f. (19461. 0 Voir EFFONDRER, PLAFOND, PROFOND.
+FONCIER, IÈRE adj. correspond à la fois à fo&
et à fond; d’une part il se dit ( 13701 de ce qui consti- FONDATION, FONDATEUR + FONDER
tue un bien-fonds ou y est relatif, d’autre part il si-
@Se 114701 “qui est au fond du caractère de qqn» FONDAMENTAL -3 FONDEMENT

(des qualites foncièresI, sens auquel se rattache au- FONDEMENT n. m. est emprunté (1119) au la-
jourd’hui FONCIÈREMENT adv. adans le fond, in- tin classique fundamentum <<fondation, baseN au
timements (av. 17551; cet adverbe existait comme propre et au figuré, <<anus>en bas latin médical. Le
terme de droit 113901et a pris la valeur de & fond, mot est dérivé de fundare (+ fonder).
complètementti (av. 1475).
+Le sens figuré de xfesses, anus~, devenu rare,
ENFONCER v. sime en emploi transitif afaire al-
constitue un euph&nisme pour cul, (comme der-
ler vers le fonda> (12781, d’où les locutions figurées
Gre). 0 L’emploi en architecture ( 11201 est au-
enfoncer qqch. dans le crâne de qqn, enfoncer le
j ourd’hui archaïque, le mot étant remplacé par fon-
clou -expliquer avec insistanceB, et le sens d’aen-
datinkl. Par extension, plutôt au singulier
traîner (qqnl dans une situation comparable A un
Iv. 1179, fondement désigne ce sur quoi repose un
abîîe>>. 0 En emploi intransitif, enfoncer c’est =al-
ensemble de connaissances (cf. la locution sans
ler vers le fondB (1544). 0 Par extension, le verbe
fondement). Il s’utilise par métaphore Iv. 1265) le
s’emploie (1635) pour «briser en poussant» et, par
plus souvent au pluriel Iles fondements de I’Etatl.
analogie, aux sens de <<culbuter tune troupe)n (1580)
et de asurpasser qqn> 11820) avec le sémantisme de .FONDAMENTAL,ALE,AUX adj.est unemprunt
battre. +Le dérivé ENFONCEMENT n. m. désigne (av. 1475) au dérivé bas latin fundamentalis “qui
une partie en retrait (xv” s.1, la partie creuse de constitue la base de qqch.B. Il conserve ce sens en
qqch. (1690) et l’action d’enfoncer, le fait de s’enfon- fi-ançais moderne, y compris dans des emplois par-
cer (1690). 4 Sur enfoncer a été construit RENFON- ticuliers : en musique, son fondamental ( 1701), note
CER v. tr. cregwnir d’un fonda (1335, une huche) et fondamentale (1721) “qui sert de base à un accordn ;
«enfoncer plus avant», au propre et au figuré C15491, en sciences, recherche fondamentale (1960) -orien-
d’où RENFONCEMENT n. m. (1611). -Par ailleurs, tée vers les domaines fondamentaux d’une disci-
enfoncer a servi à former ENFONCEUR n. m. pline3 s’oppose à appliquée. L’adjectif a servi à for-
(15851, surtout employé dans enfonceur de portes mer plusieurs dérivés. +FONDAMENTALEMENT
ouvertes, ENFONÇOIR n. m. (18391, nom d’outil, et adv. signifiait en architecture (av. 1475) “jusqu’aux
ENFONÇURE n. f. réfection Iv. 1580) de enfossure fondationsm et correspond à l’adjectif (mil. xwe s.>.
Cv. 1365) ccreuxn. -FONDAMENTALISME n. m. désigne h. 19203 un
DÉFONCER v. tr. kve s.), *briser par enfoncement» courant théologique qui s’en tient à une interprkta-
dans divers emplois techniques, a pris dans l’argot tion littéraire de 1’Écriture (donc, aux fondements).
de la drogue (v. 1960) le sens de <<provoquer un état Le mot s’est étendu (v. 1980) à d’autres religions,
hallucinatoires, en parlant d’un hallucinogène avec une valeur proche d’intégtime. +FONDA-
-de là vient DÉFONCE n. f. (1972) - et par ex- MENTALISTE adj. et n. ! 19661, outre son sens en
tension, à la forme pronominale se défoncer, celui religion, Sign%e aqui se livre à la recherche fonda-
de Msedonner à fond à une tâche, etc.». 4 Le verbe a mentale,.
produit les dérivés techniques : DÉFONCEMENT FONDER v. tr. est emprunté (déb. XII~ s.) au latin
n, m. (16531, DÉFONÇAGE n. m. (17971, DfiFON- fundare <fonder, bâtirn et Gtablir)), de fundus
CEUSE n. f. 11855). !+ fond).
TIRE-FOND n. m., terme technique, de tirer (15491,
+ Il s’emploie dès l’origine au sens matériel d’&ta-
désigne une longue vis dont la tête est un anneau et
blir sur des fondation+, d’où vient l’emploi méta-
spécialement une grosse vis à bois qui sert à divers
phorique et littéraire de fonder sur le roc, sur le
assemblages ( 18743. C’était aussi le nom d’un ins-
sable, métaphore biblique Ixwe s.) en concurrence
trument chirurgkalI1611). 4E.n dérive TIREFON-
avec bktir, construke. Fonder signifie aussi (1160) au
NER v. tr. (déb. xx” s.l.
figuré et comme en latin Gnstituer, établirm en par-
BAS-FOND n. m. (1690; de bus) désigne la partie
lant d’une ville, d’une entreprise, etc. et dans le do-
du fond Mbne masse liquide) où l’eau est peu pro-
maine abstrait Rétablir (qqch.1 sur une base déter-
fonde. Un bas-fond est aussi un terrain bas, enfoncé
minée» Iv. 1190; fonder un raisonnement sur).
(18031, d’où son utilisation figurée au pluriel 11840,
0 Fonder signXe par ailleurs (1478) ~(pourvoir d’un
Balzac) pour désigner les couches les plus misé-
fondement rationnel)), surtout dans fonder en..., et
rables d’une société. +HAUT-FOND n. m. (1716;
en droit (1690) <~fournir les fonds nécessaires à la
de haut), qui utilise une des spéc5cations de fond,
création de qqch.* À cette acception correspond un
a seulement le sens de wmmet sous-marin recou-
emploi du pronominal se fonder ! 1561).
vert d’une eau peu profonde>). *ARRIÈRE-FOND
n. m. (1842 ; de atière) désigne la partie la plus se- F FONDÉ, ÉE adj, «versé dansn est attesté au XII~s.
IV. 11603: en vient fondé n. m. (1297) puis fondé en
crète ou l’arrière-plan de qc@.
FONDRIÈRE n. f. est un dérivé savant (XII~s., attes- pouvoir I1601), aujourd’hui FONDÉ DE POUVOIR
tation isolée, repris en 1459) du latin médiéval fun- (SI n. m. (1792).
dora (VII~ s.), pluriel de fundus, -oris. *Le mot dé- b Deux mots ont été empruntés au supin de fun-
signe un affaissement de terrain souvent envahi &Te.+ FONDATEUR, TRICE n.eStWle fOI-?TtEhiOn
DE LA LANGUE FRANÇAISE
FONGUS

savante (1330) $ partir du latin tindator acelui qui l’image, du son, d’où ( 19221 fondul-Ienchahé.
fonde OU a fond& Il a éliminé en ce sens l’ancien +FONDUE n. f., participe passé de fondre, a été
timçais fondeor, fondeur (1150) issu par voie orale substantivé au féminin au sens de <fonte= (1432). Il a
de fu~tdam. ~FONDATION n.f. reprend (XIII~~.)~~ désigné un mets composé d’oeufs brouillés et de
latin chrétien fundatti, -anis action de fondern et fromage fondu (1735 ; fondue d’œufs Kfondue aux
Kfermetém ; seulement pluriel en latin classique, œuf&, 1669) puis, avec un sens spécialisé propre au
fundutiows était un terme d’architecture Monde- domaine Franco-provençal (Savoie, Dauphiné,
ment, base& -=+ondatiort désigne l’action de fon- Suisse), un plat fait de komage fondu dans lequel
der, d’établir au propre et au figur6; spécialement, on trempe du pain (cf. raclette). De ce sens vient
il se dit (mil. XVI~s.) pour la création d’un établisse- fondue suvoyarde et fondue bourguignonrw
ment d’utilité publique par voie de donation et, par (d’abord en Suisse) où on cuit soi-même des mor-
métonymie (16901, pour l’établissement lui-même. ceaux de viande dans un corps gras bouillant, par
-Fondation a également conservé Il3911 le sens du analogie de préparation, puis fondue chinoise, etc.
latin classique et désigne l’ensemble des travaux et FONDANT, ANTE adj. tiré du participe présent,
ouvrages qui assurent les fondements d’une d’abord attesté au sens de aoù l’on enfonces (15531
construction, sens où il a supplanté fondement. Il puis de “qui fondn 116111, a pris des valeurs figurées
est alors le plus souvent au pluriel et a des emplois ( 1874, tons fondants «dégradés4 et s’est spécialisé
mktaphoriques et figurés. en cotiserie, dans bonbons fondants «qui fondent
REFONDATION n. f. (1991) et REFONDA- dans la bouche)) d’où, en français de Suisse, des fon-
TEUR, TRICE adj. et n. ( 19891,s’emploient en poli- dants. 0 & métallurgie (17321, le mot est aussi
tique à propos de la réforme en profondeur d’un substantif, pour =Substance ajoutée à une autre
parti, d’une organisation politique (d’abord du parti pour en faciliter la fusion>).
communiste, en France). Le verbe REFONDER Plusieurs dérivés sont liés au sens technique de
(19933 est peu usité. fondre «fabriquer avec une matière fondue>.
~FONDERIE n. f. désigne la technique et l’indus-
FONDRE v. est l’aboutissement (v. 1050, intr.) trie de la fonte des métaux ( 1680) et l’usine où l’on
du latin fundere crépandrem et Nfondre (un métal)», fond le minerai (v. 1540). On trouve auparavant
puis adisperserm et aabattrem. hzdere vient d’une ( 1373 fondtie au sens de <action de fondre, fusionB.
racine indoeuropéenne ‘gheuw- ou ‘g!zeu- expri- +FONDEUR n. m. (déb. XIV~s.), réfection de fon-
mant l’idée d’un liquide versé abondamment et de deres 11260), désigne celui qui fait des objets en mé-
façon continue, et représentée en grec par kheeifi tal fondu. -FONDEUSE n. f. est un terme de mé-
*verser, répandrem I+ chyle), ainsi que dans plu- tallurgie 11907).
sieurs langues gemnaniques (par ex. le vieil islan- 0 FONTE n. f. est probablement issu de “fundita,
dais geysir cgeyser”», l’allemand giessen wer- féminin substantivé du latin tardif”funditus (au lieu
sern, etc.). de fususl, ou bien est formé SUT fondre. On relève
+ D’abord employé au sens de «s’effondrer, être dé- au xve s. l’expression fer de fonte “alliage obtenu par
truit*, relevé jusqu’au XVIII~s,, fondre prend au XII~s. le traitement des minerais de fer» (14721, mais fonte
ses principales valeurs modernes : il Sign%e en em- est antérieur comme l’atteste le dérivé fontaille
ploi transitif «répandre, versers (11121 et en emploi Nfonte>B(12271.0 Fonte désigne l’action de fondre ou
intransitif c<cotiern Iv. 11601, d’où viennent la lo- de se fondre (1488, la fonte des neiges), spéciale-
CUtiOn figurée fondre en humes h. 12233 et le sens ment des métaux et, par extension, la fabrication
de «s’épancher, se laisser attendrir» (déb. XIV~s.; d’objets avec du métal fondu 11551; 1567, en typa-
cf. faire fondre la gkce). 0 Parallèlement, le verbe graphie). 4 Par métonymie, le mot se dit 114773 d’un
s’emploie transitivement avec une valeur tech- alliage de fer et de carbone. Comme fonderie, fonte
nique Il 174-l 1763 pour «fabriquer au moyen d’une dans ce sens fait partie de la terminologie métal-
matière en fusion,, en particulier wendre liquide lurgique; les spécialisations et la diffusion de ces
en chaufkntm (v. 11901, puis intransitivement pour mots sont liées à l’histoire des techniques, et à leur
cdevenir Iiquide)) (déb. XIII~s.); il se spécialise plus importance grandissante aux XV+~& siècles.
tard en métallurgie (17081. o Par ailleurs, abstraite- REFONDRE v. tr. s’emploie en métallurgie (v. 11301
ment fondre v. tr. veut dire (XIII~s.1«combiner en un et, par figure (16791, pour Nrefaire en fondant des
tout-, spécialement en peinture (1685, au p. p.; parties les unes avec les autres» ; en dérive RE-
1770, se fondre) et, attesté au XVI~s. mais probable- FONTE n. f. (1594). *Le COmpOSé PARFONDRE
ment antérieur, &ssoudre dans un lîquide~ (1580). V. tr. (XVI~s. ; 1382, cfondre complètement~) est un
Par figure, fondre v. intr. signifie &minuer rapide- terme technique.
ment* (1575) et, en parlant de personnes, <~maigrîr 6 Voir MORFONDRE, F’USION.
beaucoup» Km xrves.l. o EMn, fondre sur «s’abattre
avec violence, se précipiter sur» Il 1951, d’abord FONDS + FOND
terme de fauconnerie, s’est répandu à partir du
XVI~s. mais est resté littéraire. FONGWS n. m. est un emprunt, d’abord fran-
b FONDU, UE adj. et n. m. (1170, «détruit, effon- cisé en fange (xrves.1,puis sous la forme latine fun-
d6) se dit de ce qui est conduit à l’état liquide $Us ( 1560) écrite fongus (17521, au latin fun@,s
(XII~s.) et par extension de ce qui est flou (16853, d’où Nchampignon» et par analogie de forme, en méde-
en peinture le fondu (185ll. o Fondu n. m. désigne cine (excroissance de chati; fungus est sans doute
dans le domaine de l’audiovisuel (1908, cinéma) emprunté à une langue méditerranéenne comme
une apparition ou une dispatition graduelle de le grec spongos “épongent.
FONTAINE 1456 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot est conservé en botanique (XIVes.) et en abourse* ti XIII~ s.1et <étui à pistolets% (16961, du bas
médecine Cv.1560, Paré). latin funda apetite bourse%, en latin classique
+ FONGUEUX, EUSE adj. Cv.15601, emprunt au bas &-onde= Icf. l’ancien provençal fondu apetite
latin fungosus aspongieuxm, et son dérivé FONGO- bourse où l’on met un projectile)&
SITÉ n. f. (1561) sont des termes de médecine. *On + Le mot désigne, le plus souvent au pluriel, chacun
a tiré de fongus les éléments FONGI-, FONGO- des étuis de cuir attaché à l’arçon d’une selle pour
pour former des termes didactiques : +FONGI- y placer des pistolets.
CIDE adj. (1867; de -ci&*), FONGIFORME adj.
(1836; de fomte), etc. +Cependant, en botanique et FONTS n. m. pl. est une réfection Cv.14621 de
à la di%rence de l’anglais, où les emplois de fwa- funz (10801, fore (v. 11601, issu du latin ecclésiastique
gus (scientifique3 et mushroo~ (usuel) sont nette- fontes, pluriel du latin classique fons, mot dont un
ment répartis, c’est champignon qui est utilisé, sauf d&rivé a donné fontuine*.
exception, en français.
+ C’est encore un terme de liturgie, presque tou-
jours employé dans le syntagme les funts baptîs-
FONTAINE n. f. est issu (v. 1130) du bas latin
maux (15241.
fontana «source, fontainen, féminin substantivé de
l’adjectif classique fontanus =de source», de fans,
fontis source», mot sans doute d’origine religieuse FOOTBALL n. m. est un emprunt 11888; 1872
(cf. fontsl. Les mots issus de fontuna ont été utilisés dans un contexte britannique) à l’anglais foot-bal1
au sens de <source)) ou de «fontaineb dans toutes les (xv” s.), d’abord aballon de piedn puis =jeu avec ce
langues romanes : ancien provençal fontunu, vieil ballonn, composé de foot xpieda>, d’une forme ger-
espagnol hontana, italien fontunu afontaines et manique de même racine que le latin pes k+ pied),
fonte =sourcen qui correspond à fon, fans dans le et bal1 «ballonn.
sud de la France (cf. en occitan Font-Romed. +Le mot, déjà signalé dans un texte fkan@s
4 Du sens initial d’«eau vive sortant d’une source>), comme mot anglais (1698 puis 17281,désignait à la
par exemple dans fontaine de jouvence (xv” s-1, on fois ce qu’on appelle en France football et le rugby
passe par extension (fin x13 5.1à celui de aconstruc- I+ rugby), ceci jusque vers 1900 ; on distinguait le
tion aménagée pour l’écoulement de l’eau)} et spé- football association (familièrement, l’assoce) et le
cialement E16901 «construckion monumentale avec football mgby; seul le premier a continué à être ap-
un ou plusieurs bassin+. De là borne-fontaine II. f. pelé football. 0 En français du Québec, football dé-
au XIX~ s. ( 18351. c= Fontaine, par analogie, désigne signe au contraire ce qu’on appelle parfois en
aussi ( 1281) un récipient qui contient de l’eau pour France football américain ou rugby américain et le
les usages domestiques et en pâtisserie un creux jeu de pied se dit, comme en anglais, soccer : le pre-
ménagé dans de la fasine I18451.0 Le mot s’est em- mier de ces sports, typiquement nord-américain,
ployé pour «fontanellen (v. 1290) et comme désigna- n’est que rarement désigné en Europe, sauf sous le
tion de la partie supérieure de la tête du cachalot nom de rugby apnéricuin, *Par analogie, football
(1872). désigne un jeu de table, nommé couramment
baby-foot, pseudo-anglicisme.
bFONTAINIER n. m. hves.) ou FONTENIER
112921,autrefois fabricant et vendeur de fontaines, a b FOOTBALLEUR n. m. (1892) et FOOTBALLEUSE
désigné celui qui s’occupe de fontaines publiques n. f. Iv. 1960) sont les seuls dérivés de football
(1396) puis celui qui fait des sondages pour décou- (cf. l’anglais footballer, 18801.+ L’abrkgement FOOT
vrir les eaux souterraines (1538). n, m. (19241 est très courant en France pour afoot-
FONTANELLE n. f. représente une réfection 116901, balla.
d’après le latin médical fontundlu Ixv~”s.), de l’an-
cien francais fonteneltik (XII” s-1*petite fontaine>) et FOOTING n m. est peut-être un emprunt
(1200) chaut du crânep, diminutifde fonteyne attesté Il8921 à la forme anglaise footing, qui n’existe pas
dans ce sens au XIII~siècle. *Le mot dkigne, par dans cette langue au sens de «marche ou course à
analogie avec la forme d’un bassin de fontaine, l’es- pied en terrain libre)), mais sign3e <position stable,
pace membraneux situé entre les os du crâne des fondement*. Le mot anglais a pu être formé à partir
nouveau-nés. de foot <<pieds,tiré de foot-bail, mais en français les
composés en -ing ont pour racine un verbe. Le
FONTANGE n. f., relevé chez Regnard 116881, verbe to foot (XVI~s.1, vu la date de l’emprunt, n’est
est certainement antérieur : on le trouve dans un pas en cause; on dit to go on foot <<aller à piedm,
texte anglais publié entre 1681 et 1689. Le mot vient <<marcher>>. Ce pseudo-anglicisme a été quelque
du nom de la duchesse de Fontanges qui fut la ma?- peu évincé par jogang.
tresse de Lotis XW en 1679 et 1680 : au cours d’une
partie de chasse elle noua ses cheveux d’un ruban FOR n. m. est un emprunt (16111 au latin clas-
au-dessus du front ; la coifkre plut au roi et devint à sique forum qui a sans doute désigné l’enclos au-
la mode; elle était encore portée au XVIII~siècle. tour de la maison, puis a pris le sens de aplace pu-
blique, marché» ; les affaires publiques ou privées
0 FONTE + FONDRE se discutaient sur le forum, d’où la valeur de
Nconventionx, «tribunal, juridictionn puis, en latin
0 FONTE n. f. est une adaptation (17331, pm at- ecclésiastique, ~~juridiction de l’kgliseg. C’est de
traction de 0 fonte I+ fondre), de l’italien ~O&U cette spécialisation religieuse que tient le sens fi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1457 FORCE

guré de cjugement de la conscience>> (cf. aussi en (XVII~ s.), en concurrence avec bagnard, d’où la lo-
ancien provençal for ~juridiction, loin, et l’espagnol cution travailler comme un foqat ( 18651. Forçat
fuera Mloi, statut,). Forum se rattache à une racine s’emploie aussi au figuré pour «homme réduit à un
indoeuropéenne “dhwer- NporteD (où le w aboutit à travail pénible9 Eapr. 18503.
fl [+ foruml.
+k FORCE n. f. est issu (1080) du bas latin fotiu o>
4 En histoire, par emprunt à l’ancien provençal, for (<actes de force ou de couragen, d’où CforceB dans la
signSe <<coutume, privilèges Ixwe s.), en parlant des langue de l’Église, pluriel neutre pris pour substan-
@ions françaises méridionales. Le mot a désigné tif féminin de l’adjectif foti afort, courageuxs
une juridiction ecclésiastique (1694) et une cour de (+ fort).
justice (1611). OLa locution figurée fox intérieur
( 1635 ; aussi for de la conscience) a signi% 4ribunal + Force désigne (1080) la puissance d’action phy-
intime de la consciences ; for ne s’emploie plus au- sique d’un individu, un ensemble d’énergies parti-
culières et, par extension à l’époque classique
jourd’hui que dans la locution dans (en1 mon (ton,
( 16691, la capacité de l’esprit dans l’ordre intellec-
son1 for intérieur <<dans le secret de ma (ta, sa) pen-
sée)). tuel et moral. Ces emplois sont illustrés par de
0 voir FUR. nombreuses locutions et expressions : à la force du
Ides1 poignetlsl, au figuré #sans aide)), ne pas senti
sa force, être dam la force de I’iige ( 17641, etc., la lo-
FORAIN, AINE adj, et n. est issu Iv. 1155) du cution adverbiale de force 11865, tour de force, tra-
bas latin foranus “qui dépasse à l’extérieur*, d’où vail de force) ; faire force à (<faire violence à» (XVI” s.1
&trangerB, du latin classique foris adehorw, avec était déjà archtique à l’époque classique. 0 Par ex-
attraction probable de foire (cf. la forme dialectale tension, force désigne <<lapuissance, le pouvoir d’un
foirain). Du même mot latin vient l’ancien proven- groupe>) (par ex., dans être en force) et, au pluriel
çal forun ktrangep I+ dehors, fors).
Il 1761, un ensemble de troupes, d’ou forces poli-
4 Forain s’est d’abord applique à ce qui est à l’ex- tiques, forces comewutices 11797, au singulier), etc.
térieur (v. 1155, de forain), encore en ce sens au -En parlant des choses, force signifie Gntensité,
xme s. dans Tue foraine &artéem Cdep. XII~ s-1 et au- pouvoir d’action> (v. 1200, lu force d’un sentiment;
jourd’hui dans rude foraine {couver-te au large)) 1690, lu force du sang; cf. aussi force du style, 1690,
(1770). Parallèlement, le mot a signifié tv. 1170) “qui et la locution dam toute la force du teme et, par
vient de l’extérieurn, élimik au bénéfice d’étrun- extension (15661, «e%caci%, au concret fia force
ger, aussi comme nom Il 1791. 0 11 ne s’emploie au- d’un ressort) comme à l’abstrait (force d’un urgu-
jourd’hui qu’au sens de “qui vend sur les foires, les menti +Dans le contexte des rapports sociaux,
marchés», les marchands forains étant à l’origine force s’emploie au singulier pour apouvoir de
des marchands Kvenant d’ailleuw iv. 1400~14171, contraintea ( 10801, seul ou dans des expressions
puis parcourant les villages (15493, aujourd’hui qui avec de (11761, par exemple coup de force ou mmi-
installent leur étal sur les marchés et les foires sole de force (1834); de cette acception dépendent
( 17571. Par extension, le fomin n. m. est celui qui se les emplois la force publique, la force armée Mis-
produit dans une foire (1738, cbateleur4, d’où la tinct de les forces, ci-dessus) et récemment force de
spécialisation de l’adjectif dans tM&-e forain ade frappe (1959). Par extension, force de (qqch.1 signifie
foire, (1836) et dans fête foraine (déb. XX~ s.l. *caractère irrésistible», par exemple dans cits de
force majeure (1690). De ce sens tiennent plusieurs
FORBAN n. m. est dérivé (1247) de l’ancien locutions adverbiales, de force, par fome, à toute
français forbannir <<bannir, reléguer>> (XIII” s,), d’un force. +Dans des spécialisations de plus en plus
tiancique “firbunnjun t<bannirm (moyen néerlandais précises et scientfiques, force, qui désigne très tôt
et allemand moderne verbunnen). Le préfixe fw- (XIII~ s.1 le degré de puissance d’un agent physique,
(cf. allemand ver-1 a été altéré sous l’influence de la signifte aussi cprincipe d’action, physique ou mo-
préposition fors I+ fors). Le bas latin connaissait for- ralen, correspondant à une énergie ou à un travail
bannire (VI” s.), de même sens. (1580, force attractive, Montaigne). Ces notions se
sont mises en place avec l’évolution de la physique
+Forban signifiait cbannissementm en droit féodal.
et, aujourd’hui, force correspond à acause qui dé-
Par ailleurs, il désignait (v. 1273, fombun; 1505) un
forme un corps, en motie le mouvement, etc.)>,
marin qui exerçait la piraterie pour son propre
spécialement en dynamique (force vive, 1740 ; force
compte (sens voisin de corsaire); par extension, le
tangentielle, 1806, Biot ; force centrifuge, par
mot sortant du domaine maritime a pris le sens
exemple). 0 Dans un sens général et non scienti-
d’ahomme sans scrupulem, par exemple dans for-
fique, le mot s’emploie au propre (1783, les forces de
ban litteraire Km XVIII~ s.1, puis de NbanditB (1831).
Eu naturel et au figuré par métonymie : c’est une
force de la nature aune personne énergique, in-
FORÇAT n. m. est un emprunt (1528) à l’italien domptable}} ; la valeur est alors proche de celle de
fomuto Kgalérien» Ixvr” s-1, participe passé substan- pouvoir, puissance.
tivé de forzure *forcerfin au sens de ccondarnnerm; Enfm, force s’emploie comme adverbe de quantité
forzato a été aussi adapté sous la forme forcé (1534, Cv. lZOOl ; force moutons <(beaucoup de>> (XIII~ s.), à
Rabelais) et l’on a employé forsaire (xw” s., de l’ita- force &eaucoupv sont sortis d’usage; restent en
lien fomuro), fkançais moderne la locution prépositive à force de
$ Forçat a désigné autrefois le criminel condamné 1déb. xwe s.1 et la locution adverbiale à force & la
aux galères, puis le condanm6 aux travaux forcés longuen, qui a pris une valeur temporelle.
FORCENÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

w FORCER v. vient (XI” s.) d’un latin populaire “for- coup d’efloti valait pour <coup d’éclat,. Il est vieilli
tiare, dérivé de fotia. Le verbe s’emploie d’abord au sens métonymique de «douleur musculaire due
dans fomer une femme <<la violentep); plus géné- & un trop grand effort>> (1678). E#oti est aussi un
ralement, forcer signifie *faire céder (qqn, qqch.1 terme de sciences correspondant à «force exercée
par la force)} Iv. 12001, sens réalisé dans le domaine par un corps=.
militaire (1230) et par les locutions figurées fomer RENFORCER v. tr. est composé (v. 1155, r&wCier)
le suc&, le destin (15521, forcer la main à qqn de Te-* et de l’ancien verbe enforcier (v. 1130) ou en-
Cxvue s.l. 0 Par extension, forcer signifie <obtenir le forcir (XII” s.), lui-même construit à partir de force. 11
passagem, par exemple dans la locution forcer la sime <(rendre plus fort, au propre et au figuré,
porte de qqn (1573). 0 De l’idée de «faire cédep, on mais ne s’emploie plus en parlant de la force phy-
passe k celle de csoumettre à une pressionm sique kf. fotiikrl. +Le déverbal RENFORT II. m.
Mil. xv” s.1 et à celle d’aobtenir par la contrainte ou désigne ce qui sert à renforcer, à rendre plus fort,
par son ascendant» (forcer I’estiel. Par extension, plus important. Le premier sens attesté (1340) est
forcer sime -passer au-delà de la limite normale* *enchères=, l’acception générale étant un peu plus
(1210) dans des emplois spécialisés vari& : forcer tardive ( 14091. Le mot s’emploie couramment dans
w~ animal 4e poursuivre en l’épuisantm 115733 et, la locution prépositive à grad renfort de Cl5341 et,
abstraitement, forcer l’allure, forcer son talent par figure, au sens de *ce qui s’ajoute}} 11665). +Le
(16681, son style (16901, forcer le sens d’un mot «le verbe a aussi produit RENFORCEMENT n.m.
déformep kf. aussi forcer la vé&9. Une autre spé- (1388) et au &s. RENFORÇAGE n.m. (1865) et
cialisation concrète est forcer des @antes (1605) RENFORÇATEUR n. m. et adj. m. (18981, mots
=les faire pousser plus vite, (3 ci-dessous forcerie). techniques.
0 Dans un emploi intransitif, forcer s’utilise surtout 0 Voir FORT, FORCING, FORCIR h-t. FORT).
aujourd’hui avec un sujet nom de personne, au
sens de afaire un gros effort, physique ou moral>> FORCENÉ, ÉE adj. et n. représente la modif!-
118592. cation Iv. 11753 de forsenede adj. Iv. 10501, participe
Le dérivé FORÇAGE n. m. a signi% wiolencen passé de l’ancien verbe forseaer «être hors de sens,
(v. 1174) jusqu’au xv” s.; il s’emploie dans foqxge rendre fous (attesté v. 11191, composé de la préposi-
des plantes 11873) et pour l’action de forcer (xx” s.l. tion fors (3 fors) et du substantif sen qraison, intel-
+FOR&MENT adv. est con&& En ~III”~., for- ligence=, du germanique “sinno «sensm et 4irection
cieement ade force4 à partir du participe passé dans laquelle on marchen, emprunté par le latin de
for& et s’emploie aujourd’hui [I 792) au sem lo- l’époque impériale kif. antien provençd forsew,
gique de Nd’une manière nécessaire)>, d’après les italien forsennare) ; le -c- vient kwe s.) d’un rappro-
emplois figurés de forcé : c’est for& <c’est obliga- chement erroné avec force.
toire, nécessaires (et non plus aimposé par la force», +Force&, au sens de ((personne en proie à une
sinon par celle du destin, des lois naturelles). crise de folie furieuse>>, ne s’emploie aujourd’hui
+ FORCEMENT n. m. n’est plus utilisé aux sens de que comme nom (v. 1175; v. 1050, adj.) et Sign%e
wiols (13411 ou de *contrainte- kvre 5.1, mais seule- par extension apersonne qui semble foUen En
ment dans un sens concret 11611). XII~ S.I. 0 L’adjectif signifie par exagération <<fou de
FORCERIE n. f., autrefois cviolencen (v. 12331, est colère>> et, par extension, Nemporté par une folle ar-
sorti d’usage. 0 Le mot a été reformé à partir du dem 115801 et ~passionné~~. Il équivaut aujourd’hui
sens spécial du verbe, désignant une serre chauffée quasiment à enrugé b rage3 et a gardé une valeur
Pour (tforcelb les plantes ( 1862). + FOR- très forte. Le nom est l’appellation conventionnelle
CEUR, EUSE n., autrefois «celui qui attaque par de tout auteur de violences dont on ne comprend
force)) ( 1507, n. m.1, désigne en français moderne pas les motivations.
une personne qui dirige une forcerie (19W et un
chasseur, un animal qui force le gibier (déb. XX~ S.I. FORCEPS n. m. est emprunté (16921 au latin
Le CWipOSé S'EFFORCER v. pron. (v. 1050, se es- médical forceps, -ipis ctenailles (de forgeron)> et
forcer) s’emploie au sens de amettre toutes ses *pinces (de dentiste&). Ce mot semble apparenté à
forces pour atteindre un but, vaincre une résis- fon’ex, -icis, qui désigne un instrument analogue, et
tanceP, il est littéraire en emploi absolu Iv. 11651 dont la racine a été rapprochée de celle du sanskrit
pour afaire effort sur soi-mêmen. + Le déverbal EF- bardhuk* ~Coupant~, et du grec peptein Kdé-
FORT n. m. (1547; 1080, esfom) désigne toute acti- truiren, avec, pour le latin, des phénomènes de dé-
vité d’un être conscient qui utilise ses forces pour formation ; ainsi Festus le rapproche de formus
résister Cou vaincre une résista;ncel, dans l’ordre <<chaud%, mot indoeuropéen apparenté au grec
psychique ou physique : effort au xwe s. pouvait si- thermos.
gniEer aatteinte, coups. Par extension le mot, de-
puis la Renaissance (15471, signifie aaction éner- + Le mot désigne un instrument en forme de pince
gique,. Spkialement, dans la langue classique se & branches séparables, spécialisé en obstétrique.
faire un eFoti correspondait à +e faire violence>>;
aujourd’hui, faire WI ef&?s’emploie dans de nom- FORCES n. f. pl. est issu (av. 1135; aussi au sin-
breux contextes ; en matière d’argent, l’expression gulier en ancien français, 11761 du latin forkes <<ci-

équivaut à aapporter une aide tiancièrea. ~Par sailles>>, pluriel de forfex, qui se rattache peut-être
métonymie, e#oti a le sens de arésultat de l’effort» au sanskrit burdhak@ coupants I+ forceps).
(1559) ; il s’employait à l’époque classique pour <ré- +Forces désigne de grands ciseaux utilisés pour
sultat important, d’où ahaut fait* (un bel eFoti1, et tondre les moutons, couper les étoffes, etc.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1459 FORGE

FORCING n. m. est un emprunt (1912) à l’an- a signîfré en moyen tiançais (1467) aoffice du fores-
glais forcing, participe du verbe to force dorcern ; tier*, a été repris 119461,d’abord sous l’influence du
forcing n’est nominalisé qu’en -français. français québécois où il est usuel, pour désigner les
+ 11s’emploie dans tous les sports au sens d’Action techniques et connaissances nécessaires à l’exploi-
d’attaquer sans répit>> (premier emploi en boxe) et tation rationnelle des forêts, en concurrence avec
par figure, hors du domaine sportif, ( 1968) pour gat- arboriculture forestière et sylviculture.
taque à outrance>). Il s’utilise aussi au figuré 11953) DÉFORESTATION nf. ((action de détruire une
au sens d’aentrakement intensif>. partie de forêt> est formé (18741 à partir du bas latin
forestb; par changement de préfixe. 0 On a aussi
FORCIR + FORT en sylvicukure le contraire AFFORESTATION n. f.
(19081 ou, plus couramment, REFORESTATION
FORCLORE 3 CLORE n. f. (1932).

FORER v. tr. est emprunté En ~II~s.), peut-être 0 FORFAIT -3 FAIRE


par l’intermédiaire de l’italien forare (ou du pro-
vençal forarI, au latin forare apercer, trouern qui se 0 FORFAIT n. m., réfection 11639) de fuyfort
rattache à l’ancien haut allemand borOn apercer? ( 15801,est composé de fuit, forme verbale de faire,
au grec paros aterre labourbe>>. et de for, altération de fuer EV.11601, fur* ~IV” s.1
+ Forer a gardé le sens de <percer (un trou, une ex- ataux>>,sous l’influence de 0 forfuit.
cavatio&. + Le mot désigne une convention par laquelle il est
b Les dérivés FORAGE n. m. (v. 13301 <<action de fo- stipulé un prix fké par avance pour l’exécution
rep, FORET n. m. (XIII~s-1&Wrument pour forer)), d’une prestation, d’où couramment à forfait, au
FOREUR n. m. et adj. m. (18381, FOREUSE n. f. forfait, ~OC.adj. et adv., et l’emploi en droit fiscal.
(1884, foreuse électrique) et FORURE n. f. Iv. 1280; b For%ait a produit FORFAITAIRE adj. 119101,dont
repris en 1676) <trou fait avec un foretp, sont des dérive FORFAITAIREMENT adv. WB41, et FOR-
termes techniques. 0 Les quatre premiers se sont FAITISER v. tr. cv.19651,terme technique d’écono-
difFusés avec le développement de la prospection mie.
petrolière En XIX~S.I.
@ Voir PERFORER.
0 FORFAIT n. m. est une adaptation 11829) de
FORÊT n. f. est probablement issu (v. 112 1, forest) l’anglais fotieit, emprunté lui-même (xnr” s.) à l’an-
du bas latin ksilvul foresti (encore attesté dans les cien fiançais forfet, forfait wime~ b 0 forfait).
capitulaires de Charlemagne3 qui @nifAt eforêt + II désigne, dans le vocabulaire des courses ~VII~ s.
relevant de la cour de justice du rein. Foresti est en en anglais), une indemnité que doit payer le pro-
effet un dérivé de forum &ibunal~ I+ for) et a dé- priétaire s’il ne fait pas courir un cheval qu’il avait
signé (648) le territoire dont le roi se réservait la engagé dans une course. ~Par extension, la lo-
jouissance. Cette valeur juridique des premiers cution d&kwer forfait (1892, cyclisme) signiCe
emplois rend peu probable une origine francique, à cabandonner une épreuve)) et au figuré (XX”~.)
partir de “fo&Gst &Me de sapinsm (cf. allemand cabandonner=, en emploi général.
Ftihre “pin sylvestreB1. On a aussi rapproché forestis
stiva de l’italien et de l’ancien provençal forestier0 FORFANTERIE n. f. est un dérivé (1582; 1578,
aqui est en dehors (de la commune)>, dérivé du la- opposé à poltronnerie1 de forfunt, fotiunte *coquin»
tin foris (4 fors) ; la silvu forestis aurait été un bois (1546) puis afanfaron>>, emprunt à I’itahen fotiunte,
hors des limites, et donc de la juridiction, de la fur-funte (même sens), participe présent adjectivé
commune (opposé à silva communalis). La graphie de C&ure, lui-même emprunté à l’ancien français
atielle n’apparaît qu’au XVI? siècle. forfuire au sens de «faire du mal, du tortB (1080;
+Forêt, en concurrence avec bols, a éliminé l’an- + &Lire~.
cien tia~~caîs selve, du latin silvu <<forêt=,qui ne sub- +Forfanterie a signifA à l’époque classique xtrom-
siste que dans des noms de lieux (à partir de silva perieB (1582) et LUE forfanterie WI acte de violence»
ont été construits plus récemment des termes (16001; ces valeurs ont disparu quand le sens mo-
techniques ; + sylv-1. Le mot désigne une vaste derne s’est imposé. 0 Le mot désigne une action de
étendue couverte d’arbres cv.I 121) et, par analogie, vantard (WI” s-1; sous l’inkence sémantique de
forêt de... se dit Ixrv” s.1 d’une grande quantité d’ob- fanfaron, il s’emploie 116691à propos du caractère
jets longs et serrés (comme les arbres d’une forêt). d’une personne qui se montre impudemment van-
Par métaphore, le mot sime (1857) <<ensemble tarde; son sémantisme est très proche de celui de
complexe et inextricable>. vantardise. Le passage a pu s’opérer dans le
b FORESTIER, IÈRE adj. et n. est dérivé IV. 1140) contexte de la comédie italienne, cornrne pour ma-
de l’ancienne forme forest ou vient du bas latin fo- tamore.
resturius (667) &gisseur d’une forêt royale ou sei-
@eurialem ; le nom désigne aujourd’hui celui qui FORGE n. f. est issu (v. 1160) du latin fubricu
exerce une charge dans une forêt, souvent en ap- <atelierB et spécialement <<atelier de forgeron2
position dans =cIe forestier; l’adjectif signifie *qui (+ fabrique) ; on relève aussi faverge Iv. 1175). Fa-
est couvert de forêt, qui est relatti à la for& (1538; brica est dérivé de fuber aartisan qui travaille les
d. le CO& forestier, ~~~~~.+FORESTERIE n. f.,gti corps durs»; la spécialisation a d’abord été pré&
FORMALISER 1460 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sée par un adjectif Ifaber uwurius Mfondeur de FORMATAGE n. m. (v. 1970, dérivé français
bronze4 puis Mer ne s’est employé que pour ie d’après l’angkiis fomating), avec les préf&s RE-
travail des métaux kf+ otif%e1. FORMATER V. tr. et REFORMATAGE n. m.
4 Dés l’ancien tiaçais, forge désigne un atelier où Cv. 1980).
l’on travaille les métaux puis, par métonymie, le
fourneau de la forge (1690). Par extension, avec le FORME n. f. est emprunté (En xr” s.) au latin
développement des techniques, forge prend au fomu flmoulen, aobjet mou& et *forme>, qui
xwe s. le sens de egrand fourneau où l’on fond le semble lié au grec morphê par un rapport de méta-
thèse et lui correspond pour le sens (+ morpho-1;
minerab, d’où (1770) celui d’GnstaUation où l’on fa-
foutu a peut-être été emprunté au grec par l’inter-
çonne les métaux)). Cette acception a viefi à partir
du xrxe s. avec l’expansion progressive de la métal- médiaire de l’étrusque.
lurgie lourde et de sa terminologie (haut four- 4 Fomze a développé le sens général d’aapparence
neau*, etc.) ; le sens d’aentreprise de fabrication du sensiblen (v. 1119) ; de là le mot désigne l’ensemble
fep ( 16901, lié à un état de l’industrie, est au- des traits qui rendent l’identification possible (11551
jourd’hui sorti d’usage. et, par métonymie, ce qui est confusément percu
b FORGER v. tr. est une réfection (XIII~s.1de for@er ( 18351. Le mot s’emploie pour désigner une réalisa-
(v. 11201, issu du latin fctbtiare afaçonner, fabri- tion concrète particulière -que l’apparence soit
quer* n; les formes fuwechkr, fuwrgzkr sont aussi occasionnelle (par ex., dans la forme d’une phrase
attestées. oLe verbe s’est spécialisé au sens de et les locutions en forme de [v. 11651, être en forme,
&availler (un métal> $ chaud%, «faFonner un objet prendre la forme de...) ou non -; fomte en ce sens
de métalm (v. 11303. Au sens figuré de Ncréern s’emploie dans des contextes divers : <contour
(v. 11201, forger n’est plus en usage ; il reste littéraire (d’un point de vue esthétique)= 11668) ou encore Kor-
pour flimaginer, inventen (v. 11201, plutôt avec ganisation (d’une société)= (XI? s.), et au pluriel
l’idée d’aeffortp et souvent de 4romperiem (15801. pour contours du corps humainm Irnil. xwe s.l. 0 Il
+Les principaux dérivés se rattachent au sens se dit couramment de l’expression sensible d’une
concret du verbe. FORGEUR, EUSE n. (XIII~s., for- pensée par le langage krve s.1 -d’où, par exten-
ge& s'e~p~~k aussi au figuré (1559). +FORGE- sion, wrangement de mots» et aussi (18351 <<aspect
RON n. m. 11538 ; xrves., l’orjeroal, aussi adj. au sous lequel se prbsente un termefi aa fome du
xwe s., a éliminé l’ancien français f&vre En XII~s.), du masculin, du pluriel...~. Fome désigne un type sur
latin fuber. Verbe et substantif dérivé ont servi à le modèle duquel on construit une œuvre d’art
former un proverbe : c’eti en forgeant qu’on de- (1661; v. 1265, cmodèle à imiter>), en particulier
vient forgeron En me s., ù forger on devient forge- dans poème à forPne ke et, par métonymie, fome
ron), traduction du bas latin fabticando fit fuber. fixe. ~Forrne désigne aussi comme en latin
oFORGEABLE adj. (16271 et FORGEAGE n.m. («moule4 ce qui donne sa forme à d’autres objets,
(17551 sont des mots techniques. dans divers emplois techniques : en cordonnerie
FORGERIE n. f. a Sign%é Mmachinationm (13791 et Gin XI~ s.1,en imprimerie 115491, en papeterie 115551,
*métier de la forges Ixvr” S.I. Il conserve le sens de d’où, par exemple, l’expression papier a lu fomze,
Nce qui est fabriqué, imaginé, 118701,peut-être sous en chapellerie ( 1636 ; d’où le composé haute-forme,
l’inhence de l’anglais forgery =contrefwon)>. haut de fome qualiknt un chapeau d’homme). Par
Le composé REFORGER v. tr. (1416, reforgiw) ne ailleurs, forme est par métonymie le nom d’objets
s’emploie qu’au propre. qui possèdent une forme caractéristique : <<ban-
quette% Iv. 1200J en archéologie, <gîte du lièvres
FORMALISER, FORMALISME (v. 13001 autrefois en vénerie, -bassin» 113861 en ma-
+ FORMEL rine. *Du sens général vient celui d’uapparence,
organisation conforme à une norrnen et, spéciale-
FORMAT n. m. représente probablement un ment *manière d’agir selon les règles établie+
emprunt (1723) à l’italien formato &mensions du Ixv=?s-1avec la spécialisation du pluriel les fomzes
papierm Exwe s.1,démesure, dimensionn kve s.1,par- ~ma&res courtoises» (xv” s.), déjà en 1280 au sens
ticipe passé du verbe fomzwe aformep, emprunt de ~mani&e d’ag+, d’où les locutions dans les
au latin fomzure I+ former, fort-ne). formes kme s.), pour la forme 11665). 0 D~JE le do-
+ Le mot désigne la dimension caractéristique d’un maine juridique, fom (15491 désigne l’aspect ex-
imprimé ou d’une feuille de papier (donnée alors térieur d’un acte, d’où les locutions en borne et
souvent par son mgrane) et par extension les di- due forme adans les règlesm I1700) et sans autre
mensions d’un livre (ex. : grand format, format de forme de pmcès (1585) mm discussions, employée
poche). Par analogie (me s.1, format s’utilise à pro- au figuré. C’est cette acception que satirise Beau-
pos d’un tableau, d’un disque, etc. 0 Le mot équi- marchais dans le Mutiage de F&wo aa fo-o-o-bel.
vaut 11872) à &nension, tailles à propos d’une per- Du latin médiéval fomca (~III~s.1a été retenu le sens
sonne lun homme de grand format et, par de <principe interne d’unité des êtres» en philo-
métonymie, WI grand, un petit fomatl. oFomat sophie El2701 et en logique, sens qui se prolonge en
s’emploie aussi en infomnatique ( 1955) par emprunt psychologie et en biologie, où théorie de Ja forme
à l’anglais Comtat, de même origine, au sens de (ti s.1 traduit Mlemand Gestulttheorie, cfT.Lu PSY-
*modèle détissant les règles à observer pour les chdogk de lu fome, Paul Guillaume, 1937. Dans de
dimensions des informations et leur disposition=. nombreuses valeurs, l’opposition fome-fond reste
wDe ce dernier emploi sont issus les dérivés FOR- très active, malgré son caractère supeticiel. +Le
MATER V. tr. Iv. m'o, de l’angltis to fomzut) et sens de «bonne condition physiquem (c’est-à-dire
FORME
r formeret
formette
forme
-+- forme
L plate-forme

t fourme

formatif
formable
formage
anc. fr. prforincr

- performance

italien
formater
formare, ~0mat0 -format -r
formatage

F
formatio formation
formator formateur
formans - allemand fomlans - formant

-L conformare conformer
l-- deformare déformer

F
informare informer
praeformars préformer
reformare réformer
transfwmare transformer

formulation
informulé
formula . formule formuler
formulette
formulable
formulaire

l-
l-
conformis
informis
conforme
informe
t--- uniformis uniforme - uniformité
FORMEL 1462 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

abonne apparence4 a été emprunté (1858) à l'an- @(SE) FORMALISERv.pron.ettr.,eskOn~h"uith


glais fom (17601 de même origine que le fran@s partir du latin fomzulz& <<relatif à la formeD. II sime
fomte, d’abord en parlant d’un cheval, puis d’un ese choquer d’un manquement aux formes, aux
sportif (18841, d’où les locutions courantes êtie en conventions, (15391. Le verbe a eu en moyen fian-
forme 119331,en grande, en pleine fome, et par ex- çais un emploi transitif (~VI~s.), «offenser qqn-.
tension le sens d’«aptitude à a@. 0 Dans cet em- @FORMALISERv. tr. estco~truitI~~.19443àp~-
ploi, le prétié SUPERFORME n. f. cv. 1970) est tir de fomzel (dans son emploi didactique), d’après
usuel. Voir aussi le schéma au recto. l’anglais to fomzalize au sens de adonner une forme
à» (attesté dès 1597 et courant à partir du XVII~S.I.Le
wÀ partir de fome ont été dérivés quelques termes
sens didactique de «donner des caractères formels
techniques : FORMERET n. m. (14901, d’abord four-
(à une théorie, eto.)mest apparu en anglais & la fin
moyet ( 13971, issu de fome au sens spéciial Car- du xrxesiècle. 4A partir de fomtaliser ont été
chaTque de «fenêtre d’église», désigne en architec- construits des termes didactiques : FORMALI-
ture un arc dans l’axe d’une voûte; FORMETTE SABLE adj.(av. I~~~),FORMALISANT,ANTE adj.
n. f. s’emploie en imprimerie 1x9 s.); FORMER hibz"s.~ et FORMALISATION n.f *réduction
n. m. en cordonnerie ( 12201et en chapellerie 11680). aux structures formelles>> (av. 1944 ; probablement
+Le composé PLATE-FORIWE n.f. CKV%, de ph$, d’après l’anglais fomzalizatiort attesté dès 1682 en
adj.1 désigne une surface (Nune formea plane, plus philosophie, et en 1875 en logique). Ce mot, comme
ou moins surélevée, spécialement la partie ouverte le suivant, est lié au succès de la notion de fomze*
d’un véhicule public et, par extension, un wagon en philosophie et en sciences humaines.
plat. 0 Le sens d’aensemble d’idées, de prin- FORMALISTE adj. et n. (1585 ; du latin ~O???I&S)
cipes, etc. qui servent de base pour présenter une s’emploie à propos des relations sociales et, à par-
politique, (dans plate-forme électomZe1 est em- tir du XX~ s., en philosophie (18451 et en sciences
prunté tH55, rare av. 1950) à J'anglo-améticain humaines. ~FORMALISME n.m., dériv& de for-
platform (1844 en ce sens), lui-même emprunté au mel, d’après le latin formalis, se rattache aussi à
fiançais. des emplois différents de forme. Il signifie *attache-
-FORME est ~11 second élément tiré du latin -for- ment aux forme+ en tant que conventions (1831,
mis, dt+ foma <formeD, utilisé pour construire des Michelet) et, en esthétique, désigne la tendance à
mots savants (cf. morpho-; -oi'de). Le préfué MUL- rechercher la beauté formelle en art. pomzalisme,
TIFORME adj. se trouve dans Lamarck 11778). dans un emploi didactique, se dit de la tendance à
L'eXpreSSiOn htine PRO FORMA s’emploie en considérer la forme comme principe d’unité des
fonction d’adjectiftdep. 16031pour une facture anti- êtres dans un objet de pensée 11823, en philosophie
cipée, établie dans les règles, mais ~pour la formeD, à propos de Kant, et chez Maine de Biran). oLe
sans entrtier de conséquences juridiques. mot a &é introduit d’après l’allemand Fomtulismus
0 Voir FORMEL, FORMER, FORMULE. FROMAGE. en logique mathématique, au sens de <<développe-
ment de systèmes formels= Idéb. XX~s.) et au sens
de &-wture formelle (d’une théorie), ( 1928,
FORMEL, ELLE adj. est un emprunt Cv.1270)
d’après le mathématicien allemand Hilbert).
au latin classique fomzalis “qui a telle formen, en la-
FORMALITÉ n. f., dérivé savant (1425) du latin for-
tin médiéval «qui est suivant la forme* en droit, et
malis, se dit au pluriel de ce qui est prescrit par la
terme de philosophie en latin scolastique, dérivé
loi, la règle Ues fomalités de douanel, mais est rare
de fomza I+ forme).
pour parler d’un acte, d’une parole prescrits par le
4 Dans la scolastique Iv. 1270, cause fomzelle), l’ad- respect des conventions, des formes (1666). Par ex-
jectifest appliqué à ce qui a une existence effective, tension Idéb. me s.), fomzalité désigne un acte qu’on
repris chez Descartes dans r&aJ& fo~-~&Je (18473. Il doit accomplir mais auquel on n’accorde que peu
reste comme terme de philosophie et de logique, d’importance : cette valeur correspond à celle de
lié aux valeurs spétiques de fomze. ~FO~L se fome dans pour Ia forme, et appartient au même
rattache & un autre sens de fomze et signifie ( 15603 champ sémantique que se fomullser.
=qti est enoncé de façon détemée» (ordre for-
FORMER v. tr. est emprunté (v. 1135) au latin
mel). +Enfin, fomzel qualtie (ti s.1ce qui concerne
fomure CdoMer une formem, d’où afaçonner, for-
la forme, soit à propos de ce qui repose sur la forme
mep, aarranger&, &struiren, &glep, dérivé de
et, cmramment, de ce qui prend plus en cumpte la foma b formel.
forme que le contenu (un ensei@ement fomzell,
soit à propos de ce qui privilégie les formes sociales + L’idée de création l’emporte dans une série d’em-
plois : le verbe signifie =créep (v. 1150 ; Dieu a fomé
hne politesse formellel, de ce qui est fait pour res-
Z’hmnme) et par extension aémettre hors de soi, for-
pecter la forme (accord fomel1 ou de ce qui est fait
muler-n Il 1721, sens sorti d’usage aujourd’hui
dans les formes. comme ceux de tifaire entendre* (1664) et aengen-
b FORMELLEMENT adv. (XIV” s., fouwnelement) a drers (1647). 0 Da;ns l’usage moderne, fomer se dit
remplacé fomteement au sens de aclairement, cer- pour *concevoir par I’espritn E16041,donner une
tainement* ( 1478-1480) et dans un emploi didac- forme>> en grammaire ( 1680) et ({faire exister selon
tique (xx” s., (<en considérant la forme4. une formeb ( 16901. Le noyau sémantique semble
Les dérivés du latin fomtalis ont seni, avec formel s’être déplacé de *créer>>, afaire exister (par une
et le mot anglais de même origine to forrrdze, à forme)>> à aorganiser,. Mais l’idée d’4tre la cause
produire une série de mots courants ou didac- de qqch.m domine encore dans certains sens du
tiques. verbe : fomzer signifie alors <prendre la forme deu
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1463 FORMULE
riant>> et (1826) comme superlatif en général lauda-
tif, sans application sémantique particulière
(cf. pour la même évolution sensationnel, extraor&
nuire, etc.). Fomtidable est alors souvent abrégé
par apocope en formi 119591,formkk UEï’), formid
Cv.1960). -Formtiuble n. m. (mil. ti s.1 désigne
une chope de bière de grande contenance.
F FORMIDABLEMENT adv., autrefois *d’une ma-
nière qui fait pew (17691, est surtout employé au
sens extensif familier (1873). - Malgré les critiques
inlassables des puristes, fomtidable et son dérivé
sont aujourd’hui complètement détachés de I?dée
étymologique de Nterriblea, sauf dans des emplois
littéraires.
FORNIQUER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

.Le dérivé FORMULER V. tr. ~IV” s., {{exprimer de mots dont peu sont restés en usage (forjeter, for-
avec ou sans précisionn, mais rare avant le 3~111~s.1 ligner, forlonger, fortrait... ont disparu).
a le sens didactique de <<mettre en formule, faire @ voir FAUBOURG. FAUFILER, FAUX-FUYANT, FOR, FORAIN.
d’après une formule, ( 1740, en médecine) ; par ex- FORBAN, FOURBU, FOURVOYER; CLORE (FORCLOREI. VOIE
tension (18451, il Sign%e couramment aexprimer de (FOURVOYER).
façon précise» et, plus largement, cexprimep.
0 Du verbe dérivent FORMULAI~LE adj. (18661 FORSYTHIA n. m. est un terme du latin bota-
-d'où INFORMULABLE adj. (1927ket FORMU- nique (1803; 1823, forsythie, qui ne s’est pas imposé)
LATION n. f. h. 1840). + SIX le participe paSSé a été construit sur le nom de l’horticulteur écossais For-
construit INFORMULÉ, ÉE adj . (1855). syth (1737-1804).
LepréhéREFORMULERv.tr. (attesté 1954)etSOn + Il désigne un arbuste ornemental, d’origine ex-
dérivé REFORMULATION n. f. (1968) sont didac- trême-orientale.
tiques.
FORMULETTE n. f. (1954, autre dérivé de fownule, FORT, FORTE adj., n.m. et adv. vient En
désigne une brève formule récitée (comptine) ou xe s.1du latin fortis arobuste, courageux», mot d’orî-
chantée (refrain). gine incertaine; fort a été la forme commune aux
FORMULAIRE n. m. est dérivé de fom24k, d’après deux genres jusqu’au ti siècle.
le dérivé latin impérial formularis adj., substantivé 4 Dans le domaine abstrait, fort se dit d’une sensa-
au sens de Njuriste connaissant les formulesn. 0 Il tion, d’un sentiment qui est ressenti avec acuité 6n
désigne en français un recueil de formules (Xnp s.1 x” s.), de ce qui est fondé, emporte l’adhésion (13061,
et, spécialement 119321, une formule comprenant sens utilisé dans la locution à plus forte raison
des questions en face desquelles on doit inscrire (15801, ceci en particulier quand il s’agit des moyens
des réponses (+ fortran). d’expression (av. 1662; un style fort, une œuvre
forte). L’adjectif a pris @n XIVes.1 la valeur spéciale
FORNIQUER v. intr. est un emprunt du Nexagéré, excessifm (ex. : une plaisanterie un peu
moyen francais (XIVes.) au latin eccl6siastique fomi- forte), entre autres dans des locutions familières
cure <<s’adonner à la débauchen et par figure & la comme c’est un peu fort, c’est trop fort (1692, c’est
corruption>>, du latin classique fomix wotitem qui fort), etc. +L’adjectif fort exprime aussi, dès le X-I~s.,
avait pris par métonymie le sens de 4ieu de prosti- un pouvoir d’action dans différents domaines. II
tutionn, cprostituées : les prostituées, à Rome, se te- s’emploie à propos de la force physique d’un indi-
naient dans des chambres voGtées ffomiced creu- vidu (10801 et entre alors dans des locutions (être
sées dans les murs des maisons. Fomix est fort comme un Turc f16901,comme un boeuf [18651)
peut-être de la même famille que fumus I-+ four), et dans des expressions plus ou moins lexicalisées
un four étant en forme de voûte. 11762, le sexe fort des hommes4 ; au figuré, la ma-
+ Forniquer est un terne religieux (xrves.) relatif au nière forte Id s.1se dit pour -la violencem ou fll’au-
péché de chair, c’est-à-dire aux relations char- torité sans contrôlen Irecourir à la manière forte).
nelles des personnes non mariées ; il s’emploie par - Fort n. m. h. 1186) se spécialise au sens de aporte-
extension, et souvent par Pla;isanterie, pour *avoir faix, crochetew (16001, d’où fort des Halles (1732,
des relations charnellesb ( 1870, Mériméel. les forts de la Halle). 0 Par figure, il désigne ce en
b Deux mots ont été empruntés à des dérivés de quoi quelqu’un excelle (XIV~s.1,aujourd’hui dans ce
fomicah?z, supin de fomicare: FORNICATION n’estpas mon fort (1648). 0 L’adjedf exprime plus
n. f. EV.1120, fomicatiun), emprunt au latin ecclé- tard (1659) un pouvoir d’ordre intellectuel; par dé-
siastique fomicatio <péché de la ch+ kcintragem nigrement il n ‘est pas krèsl foti Sign%e Gl n’est pas
en latin classique), et FORNICATEUR,TRICE n. très inteiligentm (1865). ~L’idée de volume étant
kw@ s. ; v. 1200, fomicator), emprunt au latin ecclé- liée à celle de force, fort signZe aussi ade grande
siastique fomicator, -ti, qui ont une évolution pa- dimensionm Il580 ; xwe s., MZ fort) d’où, par euphé-
rallèle à celle du verbe. misme, agros, corpulent)) (souvent en parlant d’une
femme, emploi où forte est un euphémisme poli
FORS prép. (lOSO), d’abord dans foers de ahors pour grosse).
den (938-9501, est issu du latin classique forts ((de- L’idée de solidité se rattache aussi à celle de force,
horsD, employé comme préposition en latin impé- et l’adjectif s’utilise pour qutier des choses (10801,
rial I- hors, dehors). d’oti place forte (v. 1160-I 1741, château fort (+ ci-
4 Fors <<excepté, hormisY, remplacé par hors*, n’est dessous forteresse3 ou encore coffre-fort. Il s’ap-
plus qu’un archaïsme; seule reste connue la for- plique à des personnes avec la valeur de afermeb,
mule tout est perdu fors I’homeur qu’aurait pro- acourageuxm &n XII~s. ; 1835, n. m-1 que connaissait
noncée François Ier après la défaite de Pavie. L’épo- le latin fortis (il peut s’agir d’un réemprunt). De
que classique employait aussi fors excepté 11665) ; cette acception vient esprit fort uathée=
Vaugelas recommandait 11647) de bannir fors de la tdéb. xw” s.1 et à l’époque classique apersonne non
prose et, si Furetière (1690) retient le mot comme conformiste>> (16901, puis par déviation péjorative
vivant, Richelet (16801 et l’Académie (1694) le aforte têtem 118611. * L’adjectif s’emploie aussi en
donnent comme sorti d’usage. Fors s’est employé parlant de ce qui agit avec force et marque un haut
comme adverbe en ancien français ti x” s.1 au degré d’intensité (1080, un vent fort) et, spéciale-
sens de cdehorsn. ment, se dit de ce qui agit sur les sens en produi-
Par ailleurs fors, avec ce dernier sens, est devenu sant souvent une impression pénible (1080, une
très tôt (XI~s.1 un préfixe, entrant dans la formation odeur forte); par métonymie, il s’applique à une
DE LA LANGUE FRANÇAISE: 1465 FORTUNE

substance, notamment une boisson alcoolisée NdoucementB ; + piano) pour afort puis doucementn
(1220, vin fort), un mets épicé Cànoter que l’anglais (avantun passage). FORTE-PIANO n. m. (17681 dé-
emploie alors la notion plus sensible de achaleurn : signait aussi un instrument de musique à clavier,
hotl, une infusion (1890, café fort). * L’idée d’efka- nommé également piam et forte 117661, puis piano
cité étant souvent liée à celle de force, l’adjectif fort forte (+ piano). +FORTISSIMO adv. 117053etn.m.
s’emploie au sens d’4nfluent , puissant= Cv.1160- (1845) reprend un mot italien, superlatif de forte et
i 1741 en parlant de personnes et dans des lo- équivaut à &ès fortn.
cutions : être fort de Il’aide de qqn), se faire fort de
(XIV~s.l. Q Par extension, il s’applique à celui (ou à FORTIFIER v. tr. est emprunté (1308) au bas la-
ce1 qui a la force ou qui emploie la force (un Etat tin fotificare arendre plus fort-, composé de fortis
foti, une amzée, urw police fotie; cf. aussi au jeu une Nfort*n et de fucere «faire*“.
carte forte) et à ce qui agit eficacement {un argu- + Fortifier signZe urendre plus vigoureux= C13081.
ment fort). 0 De cette acception viennent plusieurs Par extension, le verbe si@e (v. 1560) <<donner de
emplois techniques, au sens de “qui est plus accen- la solidité à (qqch.3a, «accroître les forces physiques
tué que les autres, (en musique, temps fort; en ver- de (qqn)% (15801 et, spécialement, ((munir d’ou-
sification, syllabe forte). Par extension, fort s’em- vrages de défense>> ffi xwe s.3, sens renforcé par
ploie pour qualifier ce qui dépasse la normale l’emploi correspondant de fort n. m., forteresse, for-
(mil. XVI~s.1, par exemple dans les locutions prix tin et fortification (cf. ci-dessous). 0 Le verbe s’em-
fort, monnaie forte (xx” s.1. ploie aussi au figuré [ 1580, fitifier i’amitié; 1651,
Le mot s’emploie comme adverbe de manière pron.).
(XII~s.), par exemple dans frapper fort et au figuré y b FORTIFIANT, ANTE adj. et n. m., du participe
aUer fort (19161, et comme adverbe de quantité présent de fotitir, désignait celui qui fortsait une
(xv” S.I. ville (1543) et s’applique à ce qui fortse ( 16901. Le
.Le dérivé FORTEMENT adv. 112451, refait sur nom s’emploie pour flaliment, médicament qui for-
forte, a remplacé fownent W s.), fortment @n x” s.l. t%e» (18331.
0 Comme fort adv., il exprime la quantité, l’inten- FORTIFICATION n. f. (13601, emprunt au latin loti-
sité &ïn xes.), la manière Iv. 1050, <<avecviguew ; @x50, dérivé du supin de fotificure, désigne l’ac-
v. 1274, «solidement>4 tion de fortfier un lieu et, par métonymie (v. 14601,
FORCIR v. intr., dérivé d’après force, forcer, signZe souvent au pluriel, un ouvrage défensif. Le mot dé-
*devenir plus fortn ( 18651 et familièrement -prendre signe en moyen français et à l’époque classique un
de l’embonpoints. Le p. p. FORCI, IE est plus ou des domaines les plus importants de la guerre.
moins lexicalisé comme adj. (1857, Flaubert). +L’abréviation FORTIFS n. f. pl. 11920; 1881, for-
FORTERESSE n. f+est dérivé de l’adjectif fort, fotie tifes) s’employait à propos des vestiges des an-
dans un emploi spécialisé t’place forte). Il désigne ciennes fortikations de Paris, autour de la ville,
Iv. 1130) un lieu fortsé et métaphoriquement Ide- devenus une zone mal famée.
puis Calvin, 1541) un lieu de sûreté, un refuge. Une
spécialisation de l’époque romantique (1810) cor- FORTIN n. m. est un emprunt 11642) à l’italien
respond à #château fort servant de prisow + La lo- fortin0 (16241, diminutif de forte n. m., «fort», du latin
cution forteresse volante (v. 1943, désignant un fodis C-3fort).
avion bombardier, est une traduction de l’anglais
+ Le mot désigne un petit fort militaire.
flyingfortress Cmotdemême origine).+~~~~ n.m.
est la substantivation kuu” s.l de l’adjectif dans FORTRAN n. m. est la reprise (19%) d’un mot
des emplois comme chbteau foti, en concur- valise anglais FOHmulal TK4ZVk~atio~1 titraduc-
rence avec forteresse. -) Fortin. tion formulaire*,
FORTICHE adj. s’emploie familièrement pour =ro-
bustes (18971 et uintelligent, malin» (1915). 4 Il est utilisé en informatique pour désigner un
Les différentes acceptions du composé CONTRE- langage adapté aux calculatrices électroniques
FORT n. m. (XIII’ s.; de contre1 retiennent l’idée de (cf. algol, busic, cobol, formations analogues).
arenforcement>> : le contrefort est un pilier qui ren-
force un mur ou une pièce de cuir qui renforce le
FORTUIT adj. est emprunté krv” s.) au latin for-
tuitus <<dûau hasard,, de fors <sort, hasard)>, seule-
derrière d’une chaussure (1572 ; v. 1268, <renfort en
cuir4. Cette valeur technique est reprise au XX~s. ment utilisé au nominatif et à l’ablatif forte comme
kontiefort d’un pneu). Contrefort se dit également nom commun et à tous les cas comme nom propre,
(18351 d’une chaîne de montagnes qui semble être associé alors à Fortuna I+ fortune). Fors est tradi-
un appui pour une autre. tionnellement rattaché à ferre <<porte- (3 o&ir,
+ Voir FORTIFIER, FORTE, FORTIN; EAU-FORTE h-h. EAU),
préférer,, hypothèse discutée par Ernoult et
W-FORTE h-t. EVLAIN).
Meillet.
+Fortuit s’emploie pour <<de hasard», CaléatoireB
FORTE adv. et n. m. inv. est emprunté (1705) à (av. 1784, n. m.1 dans un style soutenu.
l’italien fotie adv., «fort» en musique, pour indiquer de dérivé FORTUITEMENT adv. 115623 appar-
la nuance d’un passage (du latin fort& + fort). tient aussi à l’usage soutenu.
4 On employait auparavant en musique fort, ad-
verbe. FORTUNE n. f. est emprunté CV.1130) au latin
,Le fI”anÇaiS a aussi emprunté FORTE-PIANO fotiuna <divinité qui symbolise le sort= IFortunal,
adv. et n. m. ~IV. Il8291 à l’italien Ide forte et piano abonne ou mauvaise chancen, puis abonne fortunem,
FORUM DICTIUNNAIRE HISTORIQUE

acondition, destin et spécialement, au pluriel, Sri- bliqueti ; récemment le Forum des Halles, à Paris, a
chessesn. Le mot se rattache à fors, fortis +ort». diffusé cet emploi, variante noble du Centre
+En emploi didactique, le mot désigne (souvent (d’achats, etc.). Il a reçu dans les années 1960 une
avec F majuscule) la divinité qui présidait aux ha- valeur moderne, tiréunion, colloque, débat publicm
sards de la vie, sa représentation (v. 11301, et dans (19551, sens relevé chez A. Maurois dès 1946 à pro-
un emploi aujourd’hui littéraire la puissance qui pos de la vie publique américaine ; il pourrait s’agir
dispense au hasard les biens et les maux. Le sens d’un américanisme, le mot ayant des valeurs figu-
de =ce qui advient d’heureux ou de malheureuxm rées en anglais depuis le XVII~siècle. 0 Autre amé-
Cv. 12651, qui équivaut au sens originel de heur, de ricanisme, le sens de 4îeu d’échange de messages,
chance, est repris du latin : d’où les locutions bonne sur un système télématique* EV.1997).
~mauvaisel fortune Cv.13601, chercher fortune (fin
XVI~s., courir fortune de) et la locution sortie d’usage FO S SE n. f. vient (1080) du latin classique fossa
dire la bonne forturte ala bonne aventurem (16361. À <<excavation, trou» et &ombeaw en latin chrétien,
cette acception se rattache courir la fortune du pot participe passé féminin substantivé de fodere
as’exposer à faire un mauvais repas en arrivant & acreusern (-+ fouir).
l’improvîste~~, locution qui a donné ( 1762) diner à la 4 Fosse a le sens ghnéral de acavité naturelle ou ar-
fortune du pot GXUIS façon>. +Fortune a sign%é tikielleu. Désignant une cavité creusée pour servir
euccès galants, sens resté vivant dans borne for- de réceptacle (10801, le mot a des acceptions spé-
tune (av. 1648, avoir de bonnes fortunes). 0 Le sens cialisées; il désignait (XII~s.) un cachot : on disait
de ~malchance~, «malheur* (déb. xv” s.1existe dès le busse-fosse (xv” s.l pour un cachot profond d’où CU/
latin populaire et à partir du XIII” s. (v. 1265) en fran- (fond1 de basse-fosse; il s’emploie pour un trou
çais dans l’acception spéciale de atempêten (cf. an- constituant un piège (1690) ; la fosse aux ows, aux
cien provençal fortuna de mm, xrrres., et Zeroumain Lions (1890) est l’emplacement creusé où l’on tient
futiun~ <<malheur sur mer4; cette acception sub- des ours, des lions en captivité; la fosse d’aisances
siste dans faire contre Imauvaiselforhme bon cœur (16941, ou fosse, est le trou qui recoit les matières fé-
( 1678) et dans fortune de mer ccaccidentn. La voile cales ; cette valeur très spécialisée est sémantique-
dite de fortune est ainsi nommée par une métony- ment, sinon référentiellement, voisine de fosse
mie de cet emploi. 0 Par extension, fortune équi- d’orchestre (déb. z? s.l. Le mot désigne aussi 11802)
vaut à ccc qui arrive du fait du hasard». Le mot, l’ensemble d’une exploitation houillère. + Par spé-
quand le caractère heureux ou malheureux du fait cialisation, fosse se dit Il 1701 du trou creusé en
n’est pas précisé (v. 1265, fortune d’or nor trouvé par terre pour l’inhumation des morts (1872, fosse com-
hasardnI, n’existe qu’en emploi littérajre (1688, la mune); de ce sens viennent les locutions figurées
forttuie d’une ouvre), à l’époque classique dans de creuser sa fusse #préparer sa mort= 118291,êti SUT
fortune (15801 ou par fortune Cv.1534) “par hasarda. Ie bord de sa fosse et 11690) avoir un pied dans la
En ce sens, fortune désignait aussi (déb. xvf s.1 la si- fosse 4tre près de rnoti ; tombe est plus courant
tuation où se trouvait qqn et, spécialement, une si- dans ces emplois. +Fosse désigne aussi une cavité
tuation élevée (16401, à l’époque classique dans naturelle en anatomie ( 1180-l 190 ; par ex. fosses na-
faire fortune &ussir dans la vieB (16881, expression sales), en géologie C1932; fosse marine).
comprise aujourd’hui dans un autre sens ki-des- b Le diminutif FOSSETTE n. f. Iv. 1121) ne s’em-
sous), et perdre fortune. Le mot s’emploie encore ploie plus au sens de apetite fosse* ; par analogie il
parfois par analogie au sens de «succès)) (av. 1778) ; signSe (1245) <<petit creux dans une partie charnue
mais on préfère suc&, réussite, ou de manière du visage ou du corps»; c’est aussi un terme d’ana-
neutre, cam’ère. 0 Fortune s’emploie couramment tomie (1611). Daas ces emplois modernes, il est sé-
depuis le xv” s. pour ((ensemble de richesses» et en mantiquement détaché de fosse.
particulier quand on parle de richesses impor- FOSSOYER v. tr. ne s’emploie aujourd’hui qu’au
tantes (faire fortune, 1837) ; par extension une, kks) sens de acreuser une fosse= Ixme s.); au sens de
fortunekl désigne des sommes d’argent impor- <creuser un fossén, il est sorti d’usage. -En dérive
tantes, d’oh vient par métonymie l’emploi de for- FOSSOYEUR n. m. 11328) <celui qui creuse les
tune pour <(situation de qui possède une fortunem fosses dans les cimetièresu; par métaphore, la fos-
(1704). soyeuse n. f. désigne la mort (av. 18341; par figure,
F FORTUNEE, ÉE adj. est formé d’après le latin for- fossoyeur s’emploie (av. 1872) pour Npersonne qui
tunatus, participe passé de fortunare afaire r&ussirn anéantitfi.
(de fortuna). 0 Au sens de cfavorisé par la fortune)) FOSSOIR n. m. est issu Km x? s.1du bas latin fosso-
(1319-13401, le mot n’existe plus aujourd’hui que tium &w&ument pour creuser ou bêcherm, neutre
dans un emploi littéraire Ià propos des choses, substantivé du bas latin fossotius “qui sert à creu-
1654) ; en revanche, il s’applique couramment ( 1787) sep, du supin de fodere. Ce mot technique désigne
à qqn qui possède des biens, de l’argent (cf. riche). une houe employée en viticulture ou (ti s.) une
0 voir INFORTUNE. charrue vigneronne.
FOSSÉ n. m., réfection (XII~s.) de fosset (10801, est
FORUM n. m. est un latinisme, emprunté au issu du bas latin fossatum afossém,participe passé
XVIII~s. ( 1757) au latin forum, qui a donné for*. substantivé de fossure, kéquentatif de fodere.
$D’abord mot d’antiquité, il désigne pa;r figure o Fossé s’emploie au sens concret de Mfossecreu-
(av. 1813) tout lieu où l’on discute des afkires pu- sée en long dans le solm, pour faire circuler des
bliques. Par extension, il a pris ( 1910, R. Roussel) le eaux ou, spécialement (16291, pour servir de dé-
sens architectural et urbanistique de Rplace pu- fense. Par figure, en retenant l’idée d’obstacle
DE LA LANGUE FRANÇAISE FOU

-réalisé concrètement pour désigner les ob- anciennement exprimée par l’adjectif pOUr flex-
stacles creusés sur un parcours hippique- fmk trêmen Id&. xues., foie pour *peur follePI. Comme
signik (1916) divergence de vues, 6épmatiOn~ Ile un fou s’emploie pour <<exagérément, extrême-
fossé des générationsI; il s’emploie aussi dans des ment% ; de même on retient l’idée d’excès dans fou
locutions figurées, comme sauter le fossé ase déci- de aplein dem Exwe s., fou de joie, de colére; 1669, fou
dec ( 16901. d’amour) ou aqui a une passion pour» (1669 ; il est
0 voir FOSSILE fou de musique). +Fou désigne encore une per-
sonne dont le comportement est jugé extravagant,
FOSSILE n. m. et adj. est un emprunt (1556) au parfois sans idée de péjoration, et l’adjectif qutie
latin fossiZis atiré de la terres, construit probable- ce qui est estimé contraire à la raison, à la sagesse
ment sur fossum, supin de fookre xcreuser= (10801, par exemple dans la folle du logis Gmagi-
b fosse). nation)) ou dans têt, folle (16901. 0 Fou a sigrk6é
+ L’emploi comme adjectif, au sens repris du latin, <dévergondés Cv. 12001, d’où en particulier folle
est sorti d’usage; fossile se dit aujourd’hui (1713, femme tiprostituéea (XIII~ s.1,encore dans la locution
adj. et n. m.) des débris ou des empreintes d’orga- femme folZe de son cosps (rmr” s.); aujourd’hui,
nismes conservés dans des dépôts sédimentaires. FOLLE n. f. (xx” s.) se dit d’un homosexuel qui se
C’est alors l’un des mots clés d’une science qui ap- comporte de façon très efféminée (comparer avec
paraît au xwle s., en relation avec les théories du la métaphore de l’anglais gay; -3 gai). *Fou s’em-
déluge et des révolutions de la Terre, et se déve- ploie par extension pour désigner une personne
loppe au XIX~ s., la paléontologie. La géologie tout d’une gaieté exubérante ( 1690 ; faire le fou), d’où le
entière est d’ailleurs tributaire des recherches sur proverbe plus on est de fous plus on rit. +Par exa-
les fossiles, connus sous d’autres noms avant le gération, l’adjectif équivaut ( 1793, prix fou) à <extra-
xme siècle. 0 Au figuré, fosstie sime ( 18271 adé- ordinaire, énormep (ex. un monde fou [18131,passer
modé, suranné~ (pour une personne; 1833, n. m.). un temps fou), *Par analogie, fou s’emploie pour
b FOSSILISER v. tr. s’emploie dans un contexte di- qualifier un mécanisme dont le mouvement est ir-
dactique (1832, pron. ; 1867, tr.), souvent au parti- régulier ou incontrôlable (roue folle; aigulUe folle
cipe passé (av. 1850) et aussi au figuré (1845, pron.); d’une boussole) et, par extension, dans d’autres do-
en dérivent des termes d’emploi didactique maines : folle avoine aqui bouge au ventD ( 15471,foZZe
comme FOSSILISATION n. f. (18323. +FOSSILI- furine ( 16 111, folle brise <<dont la direction change
FÈRE adj., formé avec -f&e du latin ferre aportew sans arr& (18451, patte folle (familier) Njarnbe qui
signifie 11837) “qui contient des fossïlesm (d’un ter- semble ne plus obéir aux ordres de la tête> En
rain). mxesd, herbes folles (av. 1891).
Autrefois le substantif masculin, dans fou du roi ou
% FOU (et FOL), FOLLE n. et adj. est issu
fou de COUT(1580, Montaigne), désignait un bouEon*
(1080, fol1 du latin classique follis asotiet pour le
attaché à la personne d’un haut personnage dont il
feun et =Outre gonflée, ballon)) qui a pris par méta-
paroditit le comportement et celui de son entou-
phore ironique le sens de «sot, idiot)} en bas latin
rage. Ce sens se rattache sans doute à des pra-
(cf. en français ballot); follis repose sur une forme
tiques anciennes, comme la F&e des fous, fête bouf-
indoeuropéenne “bhol-, d’une famille de mots avec
fonne au moyen âge où étaient parodiés les offices
“bhl- à l’initiale, que l’on suppose de formation ono-
matopéique - les bilabiales b et fexprirnant et pro- religieux (cf. pour l’Antiquité, les Satur&es).
duisant le soufIle - et qui exprime l’idée de ~souf- Au jeu d’échecs, fol Cv.12751, puis fou (16133, a rem-
flerm, *gonfler». placé alfin, aufin (du mes. au xve s.3, emprunté à
l’arabe aZ fil (probablement par l’intermédiaire de
+ Fol s’est employé (331~s.1jusqu’au xve s. au sens la- l’espagnol alEZ; cf. encore l’italien moderne alfierel,
tin de <<soufUeb,mais depuis l’origine le sens domi- cl’éléphantn, la pièce ayant été représentée à l’ori-
nant et courant (1080, n. et adj.1 est «personne at-
gine par un éléphant. La dénomination vient sans
teinte de troubles mentaux-. Fol n. m., encore
doute de la position de la pièce, auprès du roi et de
employé par archaïsme ou par plaisanterie, est
la reine, et de son type de déplacement krégu-
considéré comme vieilli à partir du XVII~s. ; l’adjectif
lier», en diagonale.
masculin s’écrit fol devant une voyelle ou un h as-
Par ailleurs, fou désigne (1725 ; av. 1677, fol ; aussi
piré, ou dans des locutions toutes faites (bien fol est
fou de Bassanl un oiseau palmipède, par référence
qui sly fiel C’est au xxe s. que fou, comme folie, a
au fait qu’il se laisse approcher imprudemment par
disparu de la terminologie médicale, où Gment a
l’homme (cf. pour un comportement analogue, le
par ailleurs une valeur spéctique, diBérente de
docZo1.Une autre explication du nom concerne le
l’emploi usuel et où l’on utilise malade mental et
des termes spéciEques, tel psychotique; on disait comportement imprévisible ou incompréhensible
autrefois maison de fous ( 1890 ; av. 1662, hdpitd de
de l’oiseau, seul et en groupe.
fous1 pour Masile d’aliénés>> (aliéné étant devenu le b FOUFOU, FOFOLLE adj. et n. (me s. par redou-
terme administratif au & s.1; aujourd’hui, par blement) et TOUTFOU adj. m. et n. m. Ixxe s., de
exagération, maison de fous désigne un lieu où les tout) se disent de qqn d'un peu léger, F~LINGUE
habitants agissent hors des normes recues (cf. aussi adj. (1935 ; formé avec le Su&e populaire -ingue)
histoire de fous <histoire absurdea ou Gncroyablen). correspond à cun peu déséquilibré%. +FOL-
*Pour l’ensemble des emplois du nom ou de l’ad- DINGUE adj. est plutôt un jeu sur fokngue et
jectif, c’est l’idée de <hors des normesp, par l’oppo- dingue qu’un emploi de l’ancienne forme fol.
sition ration-folie, qui domine. Cette idée est très Plusieurs mots sont formes à partir de la forme fol :
FOU 1468 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

@FOLIE n.f. (1080) a suivi une évolution séman- «devenir, être fow, ase conduire comme un fou%
tique parallèle à celle de fou, On l’emploie toujours (XII~S.I. Affoler s’emploie par affaiblissement de
couramment au sens de ctrouble mental» (10801, sens pour <<faireperdre la tête à qqn par l’effet
par exemple dans la locution courante folie fu- d’une émotion violente>, spécialement et vieilli
rieuse aujourd’hui aussi au figuré, mais il est sorti <rendre amoureux de qqn> (18451. 4 C'est aussi un
d’usage au XX~ s. en psychiatrie où par ailleurs dé- terme technique qui signk6e <<rendre libre (une par-
mence, qui a pris une valeur spécsque, ne l’a pas tie d’un mécanisme)», d’où aussi s’affoler ase déré-
remplacé; le terme le plus général est psychose. glern ou ts’emballerm ; dans ce sens, iI s’emploie par
4 Par extension, folie désigne couramment (XIII~ s.1 exemple en physique (aft”oler une boussole, 1863 ;
le manque de jugement, de bon sens, d’où en inter- boussole affolée, 16901,cf. déboussolé. 9 La variante
jection vieilLie c’est folie !, folie ! cc’est de la folie* et AFFOLIR v.intr. *devenir foum (1694; afolir, tr.
la locution adverbiale à la folie (av. 1704)*extrême- crendre fow, x9 s.1 est sortie d’usage. 0 AfToler a
ment% (aimer à la folie), 4 Par extension, une folie plusieurs dérivés. +AFFOLEMENT n-m. El2171
s’emploie pour désigner toute idke ou action esti- tifait de s’tioler)) Sign%e par extension «hâte, préci-
mée extravagante (v. 12831,spécialement da!ns dire pitation*. +AFFOLANT, ANTE adj. @in XVII~s.) se
des folies (mil. XVI~ sd, faire me Med folielsl ane dit de ce qui trouble beaucoup, d’où le sens parti-
sottisem kvf s.), en particulier eune dépense exces- culier Sexcitant érotiquement» qui correspond à
sive% (1843,Balzac) [+ 0 folie]. Par exagération, folie AFFOLEUSE n. f. (mil.~~"~.) afemme qui chercheà
désigne dans l’usage courant un état d’exaltation susciter le désir». Dans un contexte négatif, ce n ‘est
où semble avoir disparu tout contrôle du compor- pas très affolant, il correspond à ccpassionnantp.
tement, ce qui correspond à peu près en psychia- + AFFOLAGE n. m. (1842; xve s., ufolie», emploi
trie à l’emploi de manie. 0 Par extension, folie se isolé) est un terme de botanique désignant l’état
dit (1690) de ce qui échappe ou semble échapper au d’une plante qui présente des anomalies géné-
contrôle de la raison Eabsolt, la folie 4irratlonneM. tiques.
FOLLEMENT adv. Iv, 1135) s’emploie aussi comme Le composé RAFFOLER v. tr. ind. a signiM Hêtre
intensif (mil. XVI~ s.) : il est fdkment doué. +FOL- foun kwe s.1, <(rendre amoureux~~ &VI” s.1; il s’em-
LET, ETTE adj. et n. Iv. 1165,n. m. htin~), diminu- ploie avec de au sens dkimer follement qqch. ou
tif de fol et sorti d’usage au sens d’wn peu fous qqn)) 11762; cf. &e fou del.
Iv. 11751, s’emploie encore dans esprit follet Mlutin
malicieux> (16771,d’abord follet n. m. tv. 12651,et 0 FOU n. m. ehêtre» -, FOUET
s’applique à ce qui a quelque chose de capricieux
(mil. xwe s.; 1530, n. m., <<duvet d’un oiseaumI. 0 Feu
FOUACE n. f. est issu Iv. 1200)d’un latin popu-
follet (1611; 1549,follet n. m.), & cause de son mou- laire “focacia, de focacium Ipanid Spain) cuit sous
vement agité, désigne une petite flamme née de la
la cendre», dérivé du latin classique focus afeu*a.
combustion de gaz issus de la décomposition de
matières organiques; par figure, feu follet désigne 4 Le mot reste vivant régionalement à côté de fouée
une chose fugace, une personne insaisissable, n. m. (1680).
instable. b Son dérivé FOUACIER n. m. (1307) est sorti
FOLÂTRE adj. ( 1394, folastre WI peu fou4 est d’usage sauf par allusion à une anecdote de Rabe-
vieilli pour qutier une personne qui aime à plai- lais.
santer (15281, mais on dit encore une humeur fo- FOWGASSE n. f., équivalent de fouace dans le midi
Gtre. Le mot est formé avec le s&xe péjoratif et de la France, est emprunté Il6011à l’ancien proven-
approximatif--astre, -âtre. -En dérivent FOLÂTRE- çal fogatza (11351, fogasa (1182) de même origine.
MENT adv. 115391, vieilli, et FOLÂTRER v.intr.
(xv” s-1, d’abord au sens de edivaguern, ~sortir de ce FOUAILLER + FOUET
qui est raisonnable)), puis ujouer, s’agiterm. 0 Le dé-
rivé FOLÂTRERIE n. f. «action folâtres (v. 15401,
FOUCADE 3 FOUGUE
vieilli ou littéraire, a remplaoé folasti, fol&ie et la
variante folûtetie C1534, Rabelais),
FOLICHON, ONNE adj. (1637; 1615, n. f., ((petite 0 FOUDRE n. f. et m. est l’aboutissement pho-
fille folâtreB), avec le sufke diminutif -ichon, signi- nétique ti XII~s.) de &ldre (1080) issu du latin po-
fie <<léger, gain et ne s’emploie aujourd’hui que dans pulaire “fulguru, neutre pltiel pris pour un fémi-
un contexte négatif ke n’est pas folichod La paro- nin, dérivé du latin classique fuZgur &clair», de
nyrnie avec polisson est probablement active. +Le Mgere «brillerm (en parlant de l’éclair et des astres).
dérivé FOLICHONNER v.intr. (17861, analogue à Ce verbe appartient à une famille issue d’une ra-
cine îndoeuropéenne “bhel-, ‘bhleg- *briller>>. Fui-
fo&rer, est vieilli, comme FOLICHONNERIE n. f.
~LU en bas latin élimine le latin classique fulmen.
(1858).
KfoudreD (+fulminerI, de même origine indoeuro-
FOLASSE adj. d’abord régional et axien, comme
nom pluriel, pour aherbes folles>> (15361, a été re- péenne ; son dérivé fulgurure a donné fdgurant!
formé, avec le sufke péjoratif -asse, et s’applique à +L’idée de décharge électrique qui se produit
une femme un peu déséquilibrée, aussi comme entre deux nuages, retenue das le sens propre,
nom. explique diverses acceptions de foudre : par
Le composé AFFOLER v. tr. a d’abord eu les sens comparaison (au masculin, 1642) le mot désiae le
de <<rendre fou», ~~cornmettre des folie+, adevenir faisceau enflammé attribut de Jupiter; par analo-
fou% tintr.) [11741et l’ancien n3nçais a connu Mer gie avec la puissance destructrice, foudre s’est dit
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1469 FOUGÈRE

de la puissance de feu d’une arme. 0 AU figuré, par i&ligé avec un fouet (domer le Pouetl et, au figuré,
allusion à la soudaineté de la foudre, coup de une critique violente (XVIII~s. ; le fouet de Ia Satie),
foudre (1642; dkb. XVII~s., foudre n. f.1 a désigné un sens devenu archtique. Le mot entre dans des lo-
événement qui déconcerte ; aujourd’hui (dep. 18131 cutions figurées : de plein fouet *horizontalementn
l’expression s’emploie pour #amour subit et V~O- ( 1835, en parlant d’un tir) et au figuré Carrément,
lent,. OPar allusion aux anciennes croyances, où violernment~ ; coup de fouet ace qui stimule>), utilisé
la foudre représentait une manifestation de la co- également (1845) au sens de wive doulew (prove-
lère divine, le mot signifie 115941 =Condamnation, riant par exemple d’une déchirure musculaire).
reproches», aujourd’hui au pluriel (1728) ; par ex- b FOUETTER v. s’emploie au sens général de &ap-
tension, on dit les foudres de I’bloquence ( 16903en per à l’aide d’un fou& Il5 14); de là viennent les lo-
parlant des arguments de l’orateur qui confondent cutions iI n’y 51pas de quoi fouetter un chat (16901,
l’adversee. + Par analogie avec la puissance de la fournir des verges pour se faire fouetter (18651, au-
foudre, le mot s’est employé au masculin (1559) au jourd’hui vieilli (à cause de verge) et remplacé par
sens de aguerrier de génien, aujourd’hui ironique- des bâtons pour se faire battre. L’expression fouette,
ment et seulement dans l’expression un foudre de coder!, incitation à partir ou à aller plus vite, fi-
guerre. gure chez Marivaux ( 1734. Par métaphore, fouetter
b FOUDROYER v. tr., formé avec le sufke verbal s’est employé 11580) pour Ncritiquer de façon
-oyer, s’emploie au sens propre de afrapper de la a,cerben ; par analogie quant au résultat de l’action,
foudres (1180-1190) et, par analogie, pour %néantir il se dit encore pour &imuler* (1784; avec un
avec soudaineté et violence- (1316- 13281, par exten- complément abstrait, déb. XD? s.l. 0 Par extension,
sion au sens de «tuer soudainementm et d&néantir fouetter s’emploie au sens de *battre vivementm
moralement> (1651). Par métaphore du premier (1690, en cuisine), paralklement à l’acception spé-
sens, foudroyer sime (1838) Ksembler lancer des ciale de fouet et, par analogie de mouvement, pour
éclairs (de haine, de colère)n - le sujet est alors re- &apper de plein fouet> (1690). + En emploi intran-
gard, yeux. 0 Un usage technique, au sens concret, sitif fouetter Sign%e &apper comme le fait le
correspond à qfaire s’écraser par explosifs lune ga- fouet, et, par métaphore très familière, «puer»
lerie de mines) ». 4FOUDROIEMENT n. m. (XIIIes.) (1878) ; il se dit aussi ( 1946, argot des lycéens) au
est littérue. +FOUDROYANT,ANTE adj. (1552) sens d’cavoir peur-n, peut-être à partir de Nsentir
s’emploie pour parler de ce qui a la soudaineté, la mauvais=, la persorme e&ayée lançant de mau-
vbhce,etc. de la foudre. +FOUDROHAGE n.m. vaises odeurs (cf. péteux), ou par compartison avec
est technique 11893). une pièce mécanique qui tremble quand elle
+’ voir FULGURANT; FUSER, FUSION. fouette, c’est-à-dire tourne à vide. +FOUETTÉ, ÉE
adj., du participe passé, s’est appliqué à des fleurs
0 FOUDRE n. m. est emprunté (16691 à l’alle- ou à des Cuits tachetés de raies 116901; il est cou-
mand FI.&~ woiture de charge> et «mesure de li- rant dans crème fouettée ( 1690) et s’emploie en
quideB (cf. ancien haut allemand fotar, fodar *char- chorégraphie dans pirouette fouettée, nommée
rette,, moyen haut allemand vuoder acharretéen et aussi FOUETTE n.m. (av. 1872). 4FOUETTEMENT
«mesure pour les liquides4 On relève en picard YO- II. m. a une valeur concrète ( 1564) ; il est rare pour
der *sorte de mesure> (XIII~s.) et aussi isolément uexcitationw (av. 1896; cf. coup de fouet). -FOUET-
voudre (xv” s.1 *tonneau pour le vin du Rhinn, issu TAGE n. m. (17813 est un terme technique.
du moyen néerlandais voeder <<mesure pour le viw, Le dérivé avec le sme péjoratif -ard, FOUET-
lui-même emprunté à l’allemand. TARD adj . m., ne s’emploie que dans une locution,
+ L’homonymie avec 0 foudre n’a pas éliminé le comme pseudo-nom propre. Le père Fouettard, la
mot, mais il est resté technique ou rare pour mére Fouettard kvme s., frère foëtard) sont des per-
“grand tonneau) (de 50 à 300 hectolitres). sonnages dont on menace les enfants (cf. croquemi-
tain& 0 Substantivé, fouettard a pris le sens (1935)
FOUDROYER 4 @ FOUDRE de apostérieurs, (endroit fouetté ou qui fouette, sent
mauvais).
FOUET n. m. représente (2” moitié XIII” s.1 le di-
Un verbe antérieur à fouetter, FOUAILLER v. tr.,
minutif de l’ancien français 0 FOU Nhêtre}} Iv. 1200)
vient de fou uhêtren et du sufke à valeur itérative
encore d’usage dialectal, aboutissement du latin fa- -ailler. Il a signifk Iv. 1330, pron., foueillier) asetiap-
gus; éliminé par titre, d’origine germanique per les flancs de sa queue (d’un animab ; le sens de
I+ hêtre), surtout quand 0 fou se substitue à fol, il (<fouetter* (16801 a donné naissance à des méta-
subsiste dans des toponymes (fuge, fuye, faiel. phores : (animer, exciters et 4ustiger par des cri-
+ Le mot est probablement passé du sens de apetit tiques3 (1848, Hugo). Mot littéraire, démotivé,
hêtrep à celui de abaguette de h&tren puis de NfouetB fouailler n’est plus compris; on le confond plus ou
Cv.1379; deuxième moitié du XIII~s. au sens de ebri- moins avec fouiller dans ses emplois figurés, le sens
ganda>, attestation isolée et mal expliquée), Fouet, concret ayant à peu près disparu.
nom de l’instrument fait d’une corde, d’une lanière 0 voir FoumE
attachée à un manche (pour conduire les animaux,
happer), désigne par métonymie une petite corde FOUGÈRE n. f. est une réfection (1600) de fou-
(1680 et, par analogie, un instrument destiné à giere Iv. 1175) ou fouchiere, fuZgime Iv. 11401,issus du
battre des sauces (déb. XX~s. ; aujourd’hui concur- latin populaire “filicaria Mfougeraie» (attesté en latin
rencé par les batteurs et autres mixers). Par méto- médiéval, 8921, dérivé du latin classique fiEix, filicis
nvmie, fouet désire (XVI~s.1 un châtiment ancien afougère>, sans origine connue.
FOUGUE DICTIONNAIRE HISTORIQUI

4 C’est un terme de botanique désignant au- (1784). Par figure, fouiller veut dire &udier à fond]
jourd’hui un concept class%catoire précis Uci- ( 1580 ; fouiller un problème). Par analogie, le verbe
nées ou filicophytesl, incluant de nombreuses s’emploie 11704) en sculpture au sens de acreuse]
plantes fossiles. + Par métonymie, la cendre de fou- pour accentuer le reliefn. Voir aussi le schéma pagr
gère entrant dans Ia composition du verre, foug&re ci-contre.
a désigné un verre à boire ( 1671; vexe de fougbe, b FOUILLIS n. m., d’abord (fin xwe s-1 <action de
1690; de feugière, xrf s.l. fouillers, s’emploie pour parler d’un entmsemenl
b lt a produit FOUGERAIE n. f. (1611, -cr;yel et FOU- d’objets disparates, au propre &I xwie s.l et au fi-
GERoLE n. f (18173. guré (av. 1803). +FOUILLEUR,EUSE adj. et n
! 1511) se dit de celui qui fouille, spkcialement pour
FOUGUE n. f. est traditionnellement tenu pour des recherches archéologiques (1854) et aussi au fi-
un emprunt ( 1580, Montaigne) à l’italien foga 4uîte guré (18621. oFOUILLEUSE n. f. (1874) désigne
précipitée» et par extension aardeuru (fin XIII~s.), du une femme (services de Police, des Douanes) char-
latin tigu <fuite» (+ fugue) ; cependant, comme le gée de fouiller les femmes.
souligne P. Guiraud, la fougue n’est pas une +$uite» @FOUILLE n. f. (1578, faire fouille {{fouillerm), déver-
mais un «feun IHardeurn, aenthousiasme Le mot bal de fouiller, a des sens parallèles à ceux du
pourrait alors être le déverbal du provençal fouga verbe : <<action de fouiller la terre)) t16551, cexcava-
«s’emporters, qui suppose un latin populaire Ofocwe tion pour mettre à jour ce qui est enfouin (1704 ; au
<<faire du feu», dérivé de focus afew (-+ feu). pluriel, 1811, en archéologie), <<action d’explorer
+Fougue s’emploie dans un style soutenu au sens pour découvrir ce qui est caché>> (av. 18251, d’abord
d%rdeur impétueuse)) - d’où à l’époque classique achercher sur (qqn) ce qu’on le soupçonne de ca-
udélire, transe- (1622) - et, par extension, au sens chern ! 1794.
de «mouvement hardi qui anime un artiste ou une -À partir du verbe ont été composés FOUILLE-
oxwre- (1835). MERDE n. m. inv., synonyme familier de boustir
(1542) et aujourd’hui, au figuré, <<personne indis-
.Le dérivé FOUGUEUX. EUSE adj. (1615) et son
crète qui recherche des histoires scandaleuses>>
propredérivé FOUGUEUSEMENT adv. (1840) sont
( 1690) ; FOUILLE-AU-POT n. m. inv., autrefois Npe-
d’un style soutenu.
tit marmitonn ti XWI” s.) et rare pour «mauvais cui-
FOUCADE n. f. (1614,mettreenfoucade <mettre en
sinier>) (xx” s.l.
folie4 aemportement passager» ( 18351, mot vieilli,
Plusieurs verbes prékés ont été formés. +FAR-
est une altération de fougade Km xvres. ; seulement
FOUILLER v. h. 1546) avec l’élément initia,l fur qui
régional aujourd’hui) dérivé de fougue.
porte l’idée de mouvement, c’est «fouiller en boule-
versant tout> et, au figuré, &Occuper de façon em-
0 FOUILLE n. f. apparaît sous la forme fueiUe
brouillée)). En dérivent FARFOUILLAGE n. m.
<<bourseBau xv’ s. lav, 1463 ; 1486, foulle). Il est peut-
b%.)ouFARFOUILLEMENT n. m. (1852)etFAR-
être issu par métonymie de fueil «doublure de
FOUILLEUR,EUSE n. (1872) <<qui aime à farfouil-
bourses Cv.12601, déverbal de foillier «mettre une
len. +TRIFOUILLER v. Cv.1808) vient du croise-
doubluren, dérivé de fueille, feuille*; on trouve pa-
ment de fouiller et de ttipoter (cf. ttiputouillerl; il
rallèlement feuillouze aboursen (14551, follome
signSe ((mettre en désordre en remuantn. ~Les
(15273, devenu fouiilouse (1546, Rabelais). On en fait
dérivés TRIFOUILLAGE n. m. (f8781etTRIFOuIL-
traditionnellement le déverbal de fouiller; ce verbe
LEUR, EUSE n. et adj. 11904) sont peu employés ;
a certainement motivé les formes en fouill-, mais
cela n’explique pas les formes du type fueiile qui TRIFOUILLÉE n. f. est sorti d’usage au sens de
rend plausible l’origine par feuille, même si la «suite de coups rapprochésn (18771; il s'emploie
pour Ngrande quantitén (19641, + REFOUILLER
proximité sémantique de poche-fouiller a pu jouer.
v. tr. afouiller de nouveaw (XVI~s.) est aussi un
+ Le mot est un équivalent argotique, puis très fa- terme de stipture (1834). *AFFOUILLER v.tr.
milier, de poche, par exemple dans c’est dans la (1835) est didactique; il se dit, en parlant des eaux,
fouille, au figuré. pour acreuser par l’effet des courants (sur la
rive, etc.)n; en dérive AFFOUILLEMENT n.m.
0 FOWILLE + FOUILLER (1835).
0 FEUILLER v., variante de fouiller (1357, fueller),
FOUILLER v., réfection Ixvr” s.) de fooillier est un terme technique sign&nt ~enta;iller par une
(v. 12501, est l’aboutissement d’un latin populaire rainureti. 0 Il a produit FEUILLURE n. f. (1334,
“fodiculare, dérivé du latin classique fodicwe, de fo- feuilleure).
due <percer, creuser” (3 fouir). 0 voir BAFOUILLER, CAFOUILLER.

4Fouiller Sign%e «creuser Ila terre),, spécialement


<pour trouver qqch.* (v. 1250, d’un animal), d’où f+x- FOUINE n. f., antérieurement foine Cv.11603, re-
plorer soigneusement en tous sens* (1559). Pius présente (XVI” s.) une altération de faine (attesté
tard, se fouiller sime achercher dans ses poches» 12601, d’après la forme fou chêtren (k+fouet) ; f&ne
(av. 1709) ; au figuré, II peut se fouiller! ( 1872) cor- est issu d’un latin populaire “fugirzu Imustelul
respond à 41 n’aura pas ce qu’il pense obtenk (et <<martre du hêtrw (la fouine est la ~~hêtrière4.
donc ne peut le trouver sur lui qu’en se fouillant). +DU sens de «petit mammifère carnassier, on
Quand la recherche est d’ordre intellectuel (fouiller passe (fm XIX~ s.1par analogie, à cause du caractère
les bibliothèques, les archives, etc.), le verbe corres- qu’on prête à la fouine, à celui de <personne rusée-
pond à <faire des recherches minutieuses dan+ OU aindiscrète)), souvent avec l’idée de nuire.
FOUILLER
.
(populaire)
fouir

latin
populaire fouillis
FODICARE *FODtCULARE-
fouille

(variante)
feuilfer - feuihre

(savant)
’ FOSSIUS fossile - fossiliser

bas latin (populaire)

FOSSATUM fossé

INFODERE - “INFODIRE

ancien français
(populaim)

IIRCUMFODIRE serfouir - serfouette


FOUIR 1472 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ä FOUINER V. intr., d’abord (1749 afuir, se déro- ä Plusieurs termes techniques dérivent de fouler.
berm, signifie ase livrer à des recherches méti- + FOULAGE n. m. C1284, folage) a d’abord désigné
culeusesB comme la fouine qui fourre partout son un droit féodal, perçu sur la mouture (sur ce qui est
museau I 18201, emploi péjoratif courant (cf. fureter). foulé) ; c’est aujourd’hui l’caction de foulexk, dans
oEn dérivent FoUINEUR,EUSE adj. et n. (1866) divers domaines techniques, fabrication du drap
et FOUINARD,ARDE adj. et n. (1867). ~VI~S.), en imprimerie (1765). +@FOULE n. f., dé-
CHAFOUIN, INE n. et adj., composé de chat et de verbal de fouler, est sorti d’usage au sens d’aaction
fouin, masculin disparu, s’est employé comme de foulern Iv. 12651, spécialement, les draps, le
terme d’injure ( 1508) et pour <(putoisB ! 1611) ; il qua- feutre (16903 ; c’est encore un terme technique en
liCe une personne sournoise (WY s.), et il est sorti tissage (19301, historiquement1 précédé par des va-
d’usage comme substantif. leurs plus spécia[les : (<moulin à fouler les draps»
El3043 et dans le domaine de la pêche ( 1829, pêche à
FOUIR v. tr. est issu (XIII~s.1par les formes foir et la foule). +FOULANT, ANTE adj. (17041 “qui foule,
fuir Iv. 1120) d’un latin populaire “fodrlre, altération est un terme technique et, au figuré, d’après se fou-
du classique fodere ncreusern, d’origine indoeuro- ler, un équivalent fanrilier de ((fatigantn (xx” S.I.
péenne comme l’attestent des formes en baltique On relève aussi FOULEUR, EUSE n. (XIII~s., fouleur
kf. lette bedù ~je creuse-1 et en slave kf. vieux slave de vendange3 d'où FOULEUSE n. f., nom de ma-
boa@ aje piquemI. chine (18901, FOWLERIE n. f. (1260, <métier de fou-
+ Ll conserve le sens latin, aujourd’hui en parlant lon»), FOULOIR n.m. (1274, follour). +FOULURE
d’animaux, n, f. était à l’origine un terme de vénerie ti XI~s.,
foledures) pour parler des marques laissées par les
.En dérive FOUISSEUR, EUSE n. m. et adj.
pieds d’un cerf. D’abord employé au sens de ables-
h. 1250; n. m. pl. en zoologie, 18031.
sure3 Capr. 12501, le mot désigne une légère entorse
0 Voir ENFOUIR.
(16111. JI s’est aussi employé comme terme tech-
nique ( 16361,lié à foulon*.
FOULARD n. m. est un mot d’origine incer-
0 FOULE n, f. vient d’une spécialisation à partir de
taine (17471; il se rattache peut-être à la famille de
fouler apressers kf. italien folla, a;ncien provençal
fouler”, par l’intermédiaire du provençal foulat
fola; pour la même évolution, cf. presse) ; le mot dé-
Nfouk et &ap léger d’ét&, participe passé du
signe E1172) une multitude de personnes qui se
verbe correspondant à fouler. Foulé, participe
pressent, d’où les locutions en foule aen grand
passé substantivé, est attesté au sens de <drap lé-
nombreu IXVI” s,; aussi à lu foule à l’époque clas-
ger” au XIT siècle.
sique) et une foule de wn grand nombre de* ( 15381.
+ Foulard désigne une étoffe (de soie, etc.1 très lé- Par extension, la foule désigne la majorité, la
gère et couramment (18321, par métonymie, une masse humaine (16701, opposé alors à élite. +Le
pièce d’etSe servmt d’écharpe. +On a parlé mot familier FOULTITUDE n. f., <<grande quantités
119891de foulard islamique & propos du voile tradi- 118481,vient du croisement de foule et de multitude.
tionnel des musulmanes Ile tchadd. FOULÉE n. f. (v. 12901, réfection de fouleie «foule*,
désigne l’empreinte laissée par un animal qui foule
+k FOULER v. tr. est l’aboutissement (fm ~II~s.) la terre Iv. 1375 ; au pluriel) ou (1835) l’appui pris à
par foler CfmXI~ s.1d’un latin populaire “fzdlare afou- chaque pas pw le cheval au galop (cf. battue)et la
ler une étoffe>>,construit d’après le latin classique distance couverte à chaque temps du galop (1877).
fullo adégraisseur d’étoffes)) (--+foulon). Par analogie, foulée s’emploie pour l’enjambée du
+ Le verbe a gardé le sens technique de Npresser en coureur; de là vient la locution dans la foulée =der-
appuyant à plusieurs reprise+, d’où fouler le raisin rière qqn>> et, au figuré (xx” s-1, <dans le prolonge-
(XIII” s.1, fouler du drap 11260) et un emploi en im- ment (d’un événementIn. 0 En architecture, foulée
primerie (1845). 0 Par figure (v. 11351, il a signifié équivaut (1752) à <<dessusd’une marchen, partie qui
«écraser (les mauvaises action&, puis <<opprimer>> est foulée aux pieds.
Cv. 1160-l 174; fouler le peuple), sens sorti d’usage, et $’ Voir REFOULER.

atrtiter avec mépris* Cv.1190). Le même séman-


tisme est réalisé par la locution métaphorique fou- FOULON n. m. vient Iv. I 160- 1174) du latin M~O-
ler aux pieds ( 15381, par la même image que piéti- nem, accusatif de fullo <<celui qui presse les étoffes
r-w. Du premier sens est issue par extension Il6901 pour les dégraisçern, mot sans origine certaine,
l’acception *presser le sol en marchant dessus), dont le dérivé a donné fouler*.
d’où vient un emploi en vénerie ( 1778). $ Le premier sens, l’ouvrier qui foule les étoffes%,est
Par analogie, on passe de l’idée de <presser>> à celle sorti d’usage, l’ouvrier ayant été remplacé par la
d’tiendommager en pressant> (1600) et, spéciale- machine dite fouleuse. Foulon ou (13601 moulin ù
ment, au sens de ~luxer~~ en parlant d’une articula- foulon désigne une machine pour fouler les
tion (1549) surtout au pronominal, d’où le dérivé cuirs, etc.
foulure (ci-dessous), Au figuré, se fouler la rate Gn b Le dérivé FOULONNER v. tr., ancien synonyme
XIII~s,) signZe aavoir un point de côté, (après un ef- (1611) de fouler dans l’industrie textile, a fourni
fort) d’où, par extension, <se donner du main FOULONNIER n. m. 11723) et FOULONNAGE
presque toujours dans un contexte négatif (1838) : d n. m. 119071.
ne s’est pas foulé la rate et il ne se Ilal foule pas;
l’expression continue l’ancien français se foler ((se FOULQUE n. f. ou m. est emprunté (15341,
fatiguern et foulé cfatiguéa (1280). d’abord sous la forme altérée fourque 61 XIV~sd, au
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1473 FOURBIR

latin fulica n. f. (aussi fulix, n. m.1, sans doute par substances sont fondues; utilisé en alchimie et en
l’intermédiaire de l’ancien provençal folca Ifm chimie (16681,le mot a perdu sa valeur diminutive :
XIII” S.I. pour le minerai de fer, haut fourneau (17833 a rem-
+ Le mot désigne, comme l’étymon, un oiseau aqua- placé forge (mais son complémentaire bas four-
tique proche de la poule d’eau. neau n’a pas vécu) ; ces termes viennent d’emplois
techniques du genre de fourrzeau à charbon ( 1636)
FOUR n. m. est l’aboutissement (XIII~s.), par l’ir- où l’on fabriquait le charbon de bois. Couramment,
termédiaîre de fom (10801, du latin fiLmus <<four(à fourneau se dit (1690) d’un appareil utilisé pour la
pain), qui se rattache comme le grec themzos cuisson des aliments et, par extension, d’un grand
<chaud* (--+thermo-1, l’arménien ,Vemz, le sanskrit poêle; par référence aux cuisinières équipées de
gharm~-, à une racine îndoeuropéenne “gwher- plusieurs foyers, être aux fourrzeaux (av. 1880) signi-
CchaleurD. fie <faire la cuisinez. 0 Par analogie de forme ou de
+ Du sens premier, uouvrage de maçonnerie où l’on fonction, on parle d’un fourneau de mirie acavité
fait cuire du pain, etc.» (ex. four ù ban, bannal, bun- qui contient une charge d’explosifs pour faire sau-
nier [16061, où l’on cuisait le pain en payant une re- ter un rocher, etc.b 116713 et d’un fourmeau de pipe
devance au seigneur), viennent plusieurs locutions apartie évasée où brûle le tabac, (1808). 4’oumeau
figurées : il fait noir comme dans un four (xv” s.), a été utilisé au XIX~s. comme terne d’injure 11881) :
être à la fois au four et au moulin upartout à la fois> il designait à l’origine un vagabond (1833) qui fié-
(16851, il fait chaud comme dm un four (av. 16481, quentait les fourneaux de charité, ancêtres des
etc. + Par métonymie de pièces de petit four (18031, flsoupes populairesn. 4FOURNAISE n. f. repré-
le petit four, collectivement ( 1803) puis des petits sente (vers 1121, fornuise) le féminin de l’ancien
fours 11864) se dit de petits gâteaux kuits au four). français fornuiz (11551, du latin fomm, augmentatif
*Par analogie de fonction, four désigne (18333 la de fumus. oLe premier sens de agrand four>> est
partie close d’une cuisinière, où l’on cuit certains sorti d’usage. Par métonymie, fournaise s’emploie
aliments. 0 Le mot s’emploie par analogie dans le en particulier pour <<feude l’enfer) (vers 1190) et
domaine technique Iv. 1560) pour un ouvrage ser- afoyer ardentB ( 1654, lu foumuise de Z’Eha). 0 Four-
vant à la transformation de diverses matières sous naise se dit par analogie d’un endroit surchauffé
l’effet d’une grande chaleur (1564, four à chaux, (1823) et, par métaphore, d’un centre d’intense acti-
nommé aussi chaufour; 1311, chauffeur; 1248, cuuf- vité (vers 1830; cf. pour la même évolution ébulli-
for; de chaux) en particulier dans le contexte de la tion).
métallurgie Kn XIX~ s.; four Martinl, également ENFOURNER v. tr. Cv.1200) <mettre dans un fow
knil. xxe s.) dans four sokire. Par analogie, four à s’emploie aussi par analogie au sens d’ccavaler ra-
cristaux ( 1829) est le nom donné à une cavité tapis- pidement» ( 1849) et, par figure, pour Gntroduire ra-
sée de cristal de roche. ~AU figuré, faire un four pidement tqqn)s et <(fourrer IqqchJB; en dérivent
11690; 1656, faire four), en parlant d’un spectacle, si- ENFOURNEMENT n. m. (1559) et ENFOURNAGE
gniCe d’abord ((renvoyer les spectateurs)) puis n. m. (1763) <<action d’enfourner*, au sens propre.
céchouerm et par extension (1872) four équivaut à +DÉFOURNER v. tT. cv. 1300, desfomer) est un
Gchecn; la locution vient probablement du fait terme technique signsant <<tirer d’un four)), d’où
qu’on éteignait les chandelles faute de spectateurs, tient DÉFOURNAGE r-k In. 11876) ou DÉFOURNE-
et la salle devenait obscure comme un four; Es- MENT n. m. (1845).
nault suggère un lien avec le sens argotique d’éclai- 0 Voir FORNIQUER,
rer upayern : la salle saris spectateurs n’est pas
Gclairée~, ne rapporte pas d’argent. FOURBIR v. tr., réfection hf s.1 de furbir
(10801, forbir ~II’ s.1, est issu d’un francique “furbjtzn
b Les dérivés et les composés sont formés à partir
de l’ancienne forme fom, fowtx -FOURNAGE
Nnettoyer)) (cf. moyen haut allemand vürben Knet-
n. m., d’abord Iv. 1175) fcfournaisen, se disait (12311 toyer4 comme l’italien forbire ou l’ancien proven-
de la redevance perçue pour la cuisson du pain au çal forbir.
four banal ou de la taxe payee au fournier (XIII~s.1 + Le verbe sign3e Nnettoyer en frottant (une arme)>
[ci-dessousl. + FOURNIER n. m. est issu (1153, for- ( 1080) et par métaphore ({préparer soigneusement
neirs) du latin impérial fumarius aboulangerm. Le (ses arme& d’ou au figuré, fourbir ses armes «s’ar-
mot a été remplacé par boulafiger mais demeure mer, se préparer au combatn, <se préparer à aon-
comme nom patronymique. c Fournier (av. 17731 ter une épreuvem ( 1850) ; par extension, fourbir
désigne aussi un petit passereau d’Amérique du s’emploie (xx” s.) pour «préparer soigneusement»
Sud qui construit un nid en forme de four. (fourbir ses arguments).
FOURNIL n. m. désigne (XIII’ s. ; v. 1180, fond le Fourbir, en argot ancien (1223, forbirl, a signifk wo-
lieu où se trouve le four du boulanger et ou l’on pé- lerm (cf. italien forbo, ancien fiançais forbeter 4rom-
trit la pâte avant d’enfourner. + FOURNÉE n. f., ré- pern, XIII~s.) ; on relève un déplacement sémantique
fection (v. 1283) de fomeie Iv. 1lESO), désigne la quan- analogue avec nettoyer, laver et polir.
tité de pain cuit en même temps dans un four et, k Du verbe dérivent au sens propre FOURBISSE-
par extension, un ensemble d’objets cuits dans un MENT n. m. (1270) rare, et FOURBISSAGE n. m.
four 11680) d’où au figuré (XIII~s., après 1250) un en- aaction de fourbti (1402). + FOURBISSEUR n. m.
semble de personnes qui accomplissent ou su- Iv. 13001,d’abord forbkseor Cv.11751,désignait l’arti-
bissent qqch. en même temps. san qui montait les armes blanches.
FOURNEAU n. m. représente le diminutif de forn De fourbir wolep, vient le sens des déverbaux
t1165, fownetl et désigne un appareil où certaines FOURBE n. &ompew, I’USé et mahOm&e~~ (1643 ;
FOURBU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

1455, n. m., ~oleur~~ en argot), devenu adjectif France qu’au xv? s. sous l’influence de l’Italie; le
(16381 et conservé en français moderne dans ce mot est utilisé dans des locutions comme la four-
dernier emploi, et FOURBE n. f. &+omperie» (1460, chette du pére Adam cles doigtsm (18081, avoir un
forbel. +Ces deux mots vieillis -le dérivé FOUR- joli coup de foumhetie (18653 et par métonymie être
BER v. tr. ( 1643) est sorti d’usage - ont été rempla- une beLle fourchette (1890) N&e un gros mangeurv.
cés par FOURBERIE n. f. &omperîes ( 16401 et dis- 0 Par analogie, comme fourchdz, fourchette s’em-
position à tromper, ( 16551, avec des valeurs ploie pour désigner des objets dont la forme
psychologiques issues du sens de fourbe. évoque une fourchette à deux dents 11680, en gan-
FOURBI n. m., du participe passé, se trouve chez terie; 1752, en horlogerie, etc.1 et, abstraitement, un
Rabelais (1532, fourby, jeu de Gargantua) dans un écart calculé en balistique 119301, en statistique
sens non élucidé, rattaché à l’idée de ~voG ou à une I~L~S.). +Le dérivé FOURCHERIE n. f. (18291
métaphore obscène sur afourbirp I«I?-otter, mastur- est rare.
beau). Le mot est repris en 1835 au sens de ajeu, FOURCHER v. (mes.; XII~~., forchier v. intr.) ne
puis de Kjeu tiauduleuxn (18401 et en argot militaire s’emploie plus au sens de *se diviser en forme de
(186 1) de &-tic malhonnête)>, -choses voléesn, lié à fourche= mais seulement dans la locution figurée
l’emploi argotique ancien de fourbir. Dans l’argot (1558) la langue lui a fourché; c’est aussi comme
de Saint-Cyr I1893), peut-être par croisement avec verbe transitif un terme d’agriculture t18003, d’oh
le radical de foumiment et par référence au sens FOURCHEUR n.m. (18771, motrégiond. +FOUR-
de fourbir n’astiquera>, le mot désigne l’ensemble du CHU, UE adj. «qui a la forme d’une fourche, fait une
matériel et des armes du soldat: par extension, il fourchem Ixrne s., forchu) s’utilise surtout dans quel-
se dit des saires de qqn ou 11883) d’objets en dé- ques emplois (pied fourchu, langue fourchue1 où
sordre, d’où son emploi comme substitut de ce que l’image du diable-serpent est souvent active.
l’on ne peut pas nommer ( 18881, analogue à celui de - FOURCHON n. m., réfection Cl5301 de forchon
truc, machin, bidule. 6n XII~s.), désigne techniquement chaque dent de
la fourche.
FOURBU, UE adj. représente 11546, Rabelais) ENFOURCHER~~ (mes.), sorti d’usage ausens
le participe passé de l’ancien verbe forboire (1400) propre de apercer d’une fourchem, se dit par analo-
<boire à l’excès= d’où, par extension, “se fatiguer de gie, à cause de la forme des jambes, pour -monter à
trop boire», composé de fors* et boire*. califourchon* (un cheval)* 11553) et, par extension,
+ Il qualifie une personne très fatiguée (1546) et aune bicyclette, etc.=. Au figuré et par référence à
s’applique à un cheval atteint d’une inflammation enfour&er un dada* En xrxQ.3, enfourcher une
des tissus du pied ( 1563). idée, c’est se complaire à la développer.
+ voir CALIFOURCHON, CARREFOUR.
b Le dérivé FOURBURE n. f. ( 1611) désigne l’inflam-
mation du cheval fourbu. 0 FOURGON n. m. est une réfection @n ~III~ s.)
de forgon (av. 11051, mot issu d’un latin populaire
FOURCHE n. f., réfection (XIII~s.1 de forches En “furico k&ument pour fouillep, dérivé d’un verbe
XI’ s., au pluriel), furche Iv. 11401,est l’aboutissement “fkicare <fouiIlern qui a donné l’ancien fiançais for-
du latin furca {{fourche à deux dents), employé gkr <<fouiller>>Ifm XII~s.1 et l’italien kugare, l’espa-
pour tout instrument en forme de fourche, et spé- gnol hurgar. “Futicare est dérivé du latin classique
cialement &strument de supplice}>. Furca n’a pas furure avoler», dérivé de fur avoleur* (-+ furet).
d’origine connue. +Fourgon désigrre une barre métallique utilisée
+Pour désigner le gibet, composé à l’origine de pour remuer les braises d’un four.
deux fourches f&es en terre, le mot est ancien ti b En dérive FOURGONNER v. intr. (XIII~s.1aremuer
XI~s.) et remonte au latin, mais fourches patibu- la braiseB et familièrement par extension 11690)
Iaires parait plus tardif 116901. Fourche est au- cfouiller dans qqch. en remuant toutm.
jourd’hui et depuis le XLI”s. (1160-l 174 forches) le
nom d’un instrument agricole à long manche muni 0 FOURGON n. m., attesté au me s. (v. 16401,
de deux ou plusieurs dents et, par analogie de est d’origine incertaine. On a proposé de le ratta-
fort-ne, d’une série d’objets à deux branches cher à 0 fourgon qui aurait d’abord désigné le bâ-
(fourche d’une bicyclette, 1897). + Par analogie, ton de la ridelle, puis la ridelle et la voiture à ri-
fourche se dit @n XII” s.l de ce qui a une disposition delles; l’ancien provencal fourgoun a les deux
en forme de fourche : fourche d’un chemin ~XIII~ s., derniers sens (cf. aussi l’évolution de guimbarde)
forc), d’un arbre, etc. Les Fourches Ca&nes (16901 mais cette évolution n’est pas attestée pour le f?an-
désignent un défié étroit en forme de fourche, si- çais.
tué près de Cuudium, où les Romains battus par les +Aux sens de wéhicule hippomobile couverts
Samnites (321 av. J.-C.) durent passer sous le joug; Cv.1640) et de &hicule de chemin de fern Iv. 18251,
de là vient la locution figurée passer sous les le mot n’est plus en usage : fourgon désigne 11826)
fourches caudines Nsubir des conditions déshono- das un train de voyageurs le wagon où sont trans-
rantes> Km XVII” s.l. portés les bagages, aussi dans fourgon à bagages.
b Le dérivé FOWRCHÉE n. f. (17691 ccc qu’on peut +Le ~~~~~~FOURGONNETTE n. f. upetitecamion-
prendre d’un coup de fourche», est demeuré rare. nette automobilep (1949) est d’usage courant.
Le diminutif FOURCHETTE n. f. (xv” s. ; 1302, four-
chete) est le nom d’un instrument de table, d’abord FOURGUER v. tr. vient probablement (18211,
à deux dents, dont l’usage ne s’est répandu en Dar métathèse du -r-, de l’italien frugure dotiers
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1475 FOURNIR

krve s.), issu d’un latin populaire “furicare ccfouillern est une réfection de formilliere iv. 11951, formiiere
b 0 fourgon). h. 1180, et encore au xw’s.), fomtiere (h xwe s.l.
4 Fourwr est d’abord un mot argotique et Sign%e 0Le mot désigne l’habitation des fourmis et, par
cvendre les objets vol&+ (1835; 1821, 4es acheter4 métonymie, une colonie de fourmis (18371. Fourmi-
d’où adénoncer à la police> (1958 ; cf. vendre qqn). Il l@re s’emploie au figuré, comme ruche, au sens de
s’emploie par extension Il90 11pour <<vendre, placer amultitude de personnes» 115871,d’où <lieu où ha-
(une marchandise)~~. bite cette multitude}} (17621. + FOURMILIER n. m.
désigne le tamanoir ( 1756, aussi fouwnilier) et un oi-
w FOURGUE n. m. est une variante (1835) de l’an- seau ( 17781, qui se nourrissent de fourmis, ours
cien dérivé FOURGAT n. m. 11821) signîhnt «rece-
foumtier ! 15751, UfourmilierB, est une traduction de
leurn, d’où lu fourue &a& du receleur» (1866) et, 1%alien ors0 fomzigaro.
par extension, *marchandises voléesn. Ces dérivés
Le composé FOURMI-LION (ou FOURMILION)
n’ont pas la fréquence du verbe et sont restés très
n. m. (1745 ; 1372, fourmilleon) continue l’ancien
argotiques.
lançais forrkoleün Iv. 1121-1134, emprunt au bas
FOURME n. f. représente la reprise (1845) d’une latin fowniculeon (VICs.3 composé altérant mme-
variante ancienne de fomze* au sens d’Mobjet qui a co.leOn, hellénisme formant image : l’insecte, qui
une forme caractéristique- (XVI~s., Mforme à fko- ressemble à la fourmi, est féroce comme le lion.
-3 Formica-le0 ( 1704) est une variante savante em-
mage+), d’où forme comme nom de ce fromage
(1803).
ployée aux XWI~ et xrxe siècles.
+ voir FORMIQUE.
+Le mot, d’abord régional (Centre), s’est diffusé
dans toute la France, pour désigner plusieurs types FOURNAISE, FOURNEAU, FOUR-
de komages (du Cantal, d’Ambert, à moisissures, NIER, FOURNIL --* FOUR
etc.).
FOURNIR v. tr. est issu (XIII~ s.1, par les formes
FOURMI est issu (vers 1121-1134,
n. f. fowniz) du fumir Il 1191,fomir Iv. 11301, d’un kancique “frumjun
latin classique formica, mot résultant probable- <<exécuter, faire» (cf. ancien haut allemand frum-
ment d’une dissimilation de ‘mo~mi-, attesté par le mari, allemand frommen Gtre utile, servir à qqn&
grec murmêx, lui-même apparenté à plusieurs L’ancien provençal forrMr et le toscan frummiare
formes îndoeuropéennes. Le fknco-provençal for- représentent directement la forme germanique ; le
miga a continué la forme latine tandis qu’en wal- français comme l’italien fondre auraient substitué
lon, en picard, dans le Dauphiné et le Rouergue, les -n- à -m- sous l’influence de garnir, de sens très
formes dialectales sont l’aboutissement d’un latin proche (cf. italien garnire) [Bloch et Wartburgl. Ce-
de basse époque “fotie; une grande partie du pendant, selon P, Guiraud, l’ancien français formir
territoire français restant a pour départ la forme -exécuter, faire savoir, fournir>> pourrait être issu
Ofonnicus avec changement de genre : foumi d’une forme populaire Oforminure, du latin clas-
(15501, forwzi est le plus souvent masculin jusqu’au sique fomzure au sens de <<former, instruire>~ : forcir,
XVII” s. (face à fomzk, féminin, XIII~S.I. pwfornir <<accomplirn sont à mettre en relation avec
4 Foumi, désignant un insecte dont le nom latin est l’ancien français parformer de même sens et avec
déjà chargé de contenus métaphoriques, entre l’ancien provençal formit (achevé, parfaits. Fomzir
dans des locutions figurées : avoir des fowmis dans signiEerait donc acompléter une forme» en y ajou-
Iles membres1 1183 11, par comparaison avec la sen- tant les accessoires nécessaires (armement pour
sation que provoqueraient des fourmis courant sur une place, provisions pour une armée, etc.), le sens
la peau (cf. latin fownkare et ci-dessous foumzikrl ; étant voisin de garnir.
se faire plus petit qu’zme fotmni, la fourmi étant, $Fournir a signifié uajouter les éléments néces-
après et avec le Mon, le symbole de la petitesse; saires pour qu’il ne manque rien* (11191, encore à
c’est une fourmi (av. 1664) Mune personne labo- l’époque classique, d’où «achever, exécuters,
rieuse et économe-, par allusion au travail obstiné Iv. 1130). 0 Il a le sens général de «donner, pro-
des fourmis, comparaison popularisée par La Fon- curer (ce qui est nécessaireIn 1x11~ s., fournir un ef-
taine (cf. aussi un travail de fournu?. Par méta- fort), également dans fournir ù gqch. “y pourvoir=
phore, le mot s’emploie au pluriel en parlant d’une (v. 13731, littéraire, fournir de s@%. 6 qqn) 115381 à
foule humaine. l’époque classique. De là viennent différents em-
b FOURMILLER v. mtr. (1552) représente une ré- plois, par exemple au jeu 11865, fournir une cartel,
fection, avec le suf%xe -iller, de l’ancien frmqais for- dans un contexte abstrait (1580, fournir un prétexte),
mkr (me s.), puis fourmier, du latin impérial form- et les sens de <<présenter» ( 1690, fournir la preuve),
cure edémangern kf. fiomkr *s’agiter», ti xre S.I. «produire>) par exemple en parlant d’un sol (XVII~s.),
0 Le verbe est utilisé (1552) comme en latin et aussi aconstituer la matière de= en parlant d’une chose
au sens de *s’agiter en grand nombre> 11587 ; XIII~ s., (16351.
pour fomzier), par extension ~~prolif&er~ (sans idée w FOURNITURE n. f., d’abord fornesture cprovi-
de mouvement); avec foumziller de... IE93, oti les sion+ Iv. 11851, puis fowniture Ih xwe 9, désigne
idées de nombre et d’agitation sont retenues l’action de fournir ( 1436, foumeture) et, par métony-
(cf. grouiller). +Du verbe dérivent FOURMIL- mie, ce qu’on fournit (1596; surtout au pluriel), ce
LANT, ANTE adj. (1608) et FOURMILLEMENT qui complète qqch. (parex., 1680, dines herbes
n. m. (16361, qui remplace foumzkment (1545) de la pour la salade4 ou un matériel En XIX” s., fourni-
forme fourm7kr. +FOURMILIÈRE n. f. (déb. XV~~s.) tures de bureaul.
FOURRAGE 1476 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

FOURNISSEMENT n. m., autrefois *action de pro- fkncique “fodr «fourreaw (qui serait alors un ho-
cureD (XIII~s., fomissementl, s’est spécialisé comme monyme de “fodr Nfourragen ; + fourrage), reconsti-
terme de commerce, désignant (1723) les fonds que tué d’après l’ancien haut allemand fôtur &tui~ et le
chaque associé met dans une société, et comme latin médiéval fodorus Iv. 11003. Pour P. Guiraud,
terme de droit (18353, Il a vieilli. “fodr (<paille» et “fodr afourreaum représenteraient
Le dérivé FOURNIMENT n. m. a signifié agarni- un seul mot, le fourreau ayant d’abord été un sac
ture, doublure)) (1260, fournement) et était le nom garni de paille.
de l’étui à poudre des soldats (15571.Le mot désigne + Le sens de againe= (1080) s’est d’abord utilisé pour
(1750) ce qui compose l’équipement du soldat et par les armes blanches puis, par analogie de forme,
extension 11841) le matériel propre à une profes- pour d’autres objets Ifourreuu de purupluiel. Par
sion, une activité. +FOURNISSEUR, EUSE n. analogie de forme, fourreau désigne ce qui re-
(1415,repris au XVIII~s.1 se dit de qui fournit des couvre qqch. d’allongé en en épousmt la forme, en
marchandises 11636, fournisseur mStie1 d’où botanique et en zoologie ( 1554) ; il s’est employé
l’emploi courant du mot au sens de <commerçant)) (av. 16 141 à propos d’un habit militaire étroit, au-
(par rapport aux clients). jourd’hui Iv. 1780) pour une robe de femme qui
L~COmpOséPARFOURNIRv.tr.~1690;l598, <<four- moule le corps.
nir pour complétep ; v. 1155, parfur& flaccomplir4 0 Voir FOURRER..
Sign%e, en droit, (contribuer subsidiairementn.
FOURRER v. tr. est une réfection (XIII~s.) de for-
@) 0 FOURRAGE n. m., réfection (XIII~s.) de for- rer EV.1165). On le considère habituellement
rusge Cv.11601, foura@e (fin XII~s.), dérive, comme comme le dérivé de l’ancien fiançais fuerre *four-
feuillage dérive de feuille, de l’ancien français reau* avec le sens de <<mettre dans le fourreaua.
feurre apaillen (v. 1165, fuerre), issu d’un francique Pour P. Guiraud, il y aurait eu, pour la formation du
“fodr, “~O&U upaillem. Feurre ou fouarre a aussi dé- verbe, un croisement entre fuepre afourreau» et
signé (déb. XVI~s.) la paille longue employée pour fuerre apaillen (fourrer <bourrer de paille& ; + four-
empailler les chaises. rage); il faudrait supposer non pas deux fwme ho-
+ Fourruge anourriture pour le bétail)> Cv.1160, aller monymes mais un seul mot C+ fourreau).
en. forrmge3 s’est dit spécialement pour ~~pillage~ + Le premier sens général bien attesté du verbe est
(xv” s.), les soldats ayant l’habitude de voler les <<doubler (un vêtement) avec de la fourrure»
vivres nécessaires à leur entretien. Cette dernière (v. 11651,d’où se foumer *s’habiller chaudement* @n
acception a disparu. XIV~s.), sorti d’usage. + Par analogie, fourrer Sign%e
b FOURRAGER, ÈRE adj. et n. Sign%e “qui fournit “garnir intérieurement (qqch.)n, par exemple en
du fourrage» (18291 ou “qui a rapport au fourrage>> cuisine (12281. II se dit aussi pour “garnir extérieu-
(1872). ~~FOURRAGÈRE n. f. désigne (1822) un rementn, par exemple en orfèvrerie (1464).
champ produisant du fourrage, puis (18361 un Un second ensemble d’emplois se rattache à l’idée
cadre à claire-voie, une charrette pour le transport de afaire entrer» (comme dans un fourreau),
du fourrage. + FOURRAGER v., d’abord foragkr, a d’abord en parlant de personnes (1419, pron.1, en
eu le sens (v. 13571de acouper du fourrages et s’em- particulier par figure dans ne pas savoir oti se four-
ploie encore régionalement, en Suisse, pour &stri- rer 11690). Par extension, il si@e «faire entrer
buer du fourrage>. 0 Par figure, il équivaut à «fouîl- avec peu de soins (15801 d’où les locutions figurées
ler, fourgonnern 11684, tr.; 1691, intr.). Par ailleurs, fourrer son nez partout ( 16901, fozu-rer qqch. dans
fourrager v. tr. a signi% ((ravager en s’approvision- l’esprit ~VII~ s.), dans le Mine de qqri, se fomer le
doigt dans l’œil(l88OL fumer tout le monde dans
nant en fourrage» Km XII~ s., forugier) et par exten-
le même s2wz(me s.) et, au propre et au figuré, s’en
sion ( 16841 Ndévaster, saccager>>, sens disparu, d’où
fourrer jusque-l& 119321.Fourrer Sign%e aussi plus
aujourd’hui amettre en désordren 6n XVII~s.l.
généralement ( 1690) aplacer (sans soink + Par ana-
-FOURRAGE~R n. m. a designé un soldat qui al-
logie, fourrer se dit vulgairement ti XVII~ s.1 pour
lait aux vivres &n xrve s.1et par extension un pillard
%Posséder sexuellement>> (cf. foutre). Fourrer au
( 1553) ; par figure il se dit d’une personne qui prend
sens de adonner, flanquer* (19071, équivalant à fi-
son bien çà et là (av. 1859). C’était aussi le nom
cher, foutre, est aujourd’hui vieilli.
(1841) d’un cavalier d’un peloton qui combattait en
ordre dispersé. .Le dérivé FOURRURE n. f. désigne une peau
dhnimal avec son poil Iv. 1130, for-retire) utilisée
0 FOURRAGE n. m. 4 FOURRER comme doublure ou pour servir de vêtement et par
métonymie le vêtement lui-même (ces deux accep-
0 FOURRAGÈRE n. f. -, 0 FOURRAGE tions apr. 1250) ; c’était le nom (1690) de la robe four-
rée ou garnie de fourrure des magistrats et des
0 FOURRAGÈRE n. f. vient peut-être (18501 docteurs, et par métonymie du magistrat lui-même
d’un sens virtuel de fourrager dj., dans corde four- (1689). Fourrure s’emploie (mil. XVIII~s.) à propos
rug&e “pour serrer le fourrage, (+ 0 fourrage). d’un poil d’animal particulièrement beau et dé-
+ Le mot désigne un ornement en forme de cordon signe en général tout vêtement de fourrure
de l’uniforme militaire. Cdep. 18161. o Par ailleurs, le mot désigne dans di-
vers domaines techniques une garniture etié-
o> FOURREAU n. m., réfection (XVI~s.1 de fouml rieure ou intérieure (1690, en marine).
fore,! 111743, fwrel (10801, est un dérivé de
(XII~ s.1, FOURRÉ, ÉE adj. a le sens général de adoublé*
l’ancien français fuerre “gaine de l’épéen, issu d’un (1228); le mot signifie *garni intérieurementm ou
DE LA ~ANCXJE FRANÇAISE 1477 FOUTRE

“garni extérieurement>> dans divers emplois, en type d’emplois est certainement antérieur. Au sens
particulier au &y-& : paixf~~6e Kde pure formeD de afaire», foutre s’emploie 11790) comme ficher”
tfïn me s.), coup fourré, en escrime (fin XVI~ sJ et par Ipar exemple dm foutre le camp; + ficher), qui ne
métaphore <coup, attaque où entre de la traîtrise» semble pas en être l’euphémisme : n’en avoirrien à
( 1640). Q Fourré, sous l’influence de fourrure, s’em- foutre use moquer de», foutre gqch. à qqn Gntéres-
ploie spécialement pour Ndoublé de qqch. de ser» (dans quelques constructions : gu ‘est-ce que ÇZI
chaudn, extérieurement, seulement aujourd’hui te fout 7), etc. Q La valeur de amettre)) et spéciale-
pour parler du poil d’un animal (1678, cf. chat ment celle de «donner un coup” (1789, foutre son
fou&1 ou intérieurement ~VI”S.~. Par analogie, pied qe@e part) vient du rapport établi entre
fourré si~e Répais)) (comme une fourrure>; en ce l’acte sexuel de l’homme, considéré comme le pro-
sens l’adjectif (1690, bois four& a cédé la place au totype de toute action, et le fait de happer. Foutre,
substantif FOURRÉ n. m. (1761, un fourré de brous- avec la valeur de «mettre> (avec ou sans violence) et
saillesl . de edonnerm, entre dans de très nombreuses lo-
FOURREUR n. m. (12601 désigne la personne puis cutions : en foutre un coup, foutre Iqqch.1 en I’air
l’entreprise qui fabrique ou qui vend des vêtements <démoliru et, au figuré, <(sedébarrasser de>>,foutre
de fourrure. 43 FOURRAGE n. m. (1489, fouruge son MZlet à qqn que... hi assurer quen, foutre la
<(métier de fourreur») signik «adion de protéger paix à qqn ( 17901, foutre la trouiHe, ça Ia fout mal
un câble-, en marine (18361, et aaction de doubler «c’est fâcheuxn ou <<c’est inadmissibles, etc. + Se
de fourrurem (1930). foutre de, s’en foutre ase moquen et se foutre que...
LecomposéFOURRE-TOUT n. m.inv. Cdetoutl dé- crie pas s’intéresser àn apparaissent au début du
signe une pièce, un meuble, etc., ou l’on dépose en XVII~ S. ; il semble bien que se foutre ait d’abord été
désordre des objets ( 1857, <<cabinet de débarrasnI et employé comme moyen de renforcer un blas-
spécialiement un San de voyage 11917). phème ; le terme, provocateur, ne semble pas avoir
eu de connotation sexuelle. *Foutre s’emploie
FOURRIER n. m., réfection (XLI~S.) de forier comme interjection (1618, peut-être emploi excla-
Cv.11351, pour fuetir, est un détivé de l’ancien matif du verbe ou du substantif, vieilli aujourd’hui)
français fuerre C-bfourrage). et comme adverbe; le sens non sexuel est assuré à
4 Le mot a d’abord dési@ le soldat qui prélevait partir de la Révolution franCaise, en particulier
sur les paysans le fourrage, puis par spécialisation avec les textes d’Hébert (dans son journal le Père
fv. 12801YuBcier chargé d’assurer le logement d’un Duchesne). +Le substantif FOUTRE n. m. (XV” s.) a
prince et de sa suite, d’oh vient le sens moderne gardé sa valeur sexuelle, désignant au moins
( 1452) de Msous-officier chargé du cantonnement, jusqu’à la hn du xD[es. le sperme ou les sécrétions
de la distribution des vivres». 0 Dans un emploi fi- vaginales, par ignorance quant aux causes de la gé-
guré et littéraire, foumér de... désigne ce qui an- IléMiOIl.
nonce, prépare Iqqch.1 [12681; en ce sens, il était wLes emplois de FOUTU, UE adj., participe passé
aussi employé au féminin à l’époque classique, et de foutre ( 1416, <méchants), correspondent partiel-
depuis le début du xvres. (av, 15141, lement à ceux du verbe, avec le sens de «fait» (bien/
b FOURRIÈRE n. f., autre dérivé de fuerre, est at- mal foutu1 d’où par extension ( 1789) celui de <<mau-
testé Iv. 1225, furiere) au sens d’&curieB puis de MS, désagréablen («mal fa&). +Foutu s’emploie
<<grenier à fourrage)) et, en général, abâtiment où aussi aux sens de aperdu, très malade» (av. 1772) et
l’on garde des provisiorw (1319, fouwièrel. 6 La lo- de <<capable» dans être foutu de et surtout n’être
cution mettre en fourrière 11740; 1574, mettre en pas foutu de, suivi d’un infkitif E1888). + Le pré&&
~OUI&) a signi@ “garder (un animal) jusqu’au paie- INFOUTU,UE adj. Gncapable Ide)s est récent
ment des dommages par son propriétaire=; de la hil. me s.) et familier.
vient le sens moderne de foutiére ( 18391, alieu où Une partie des dérivés de foutre a perdu dans
sont retenus des animaux errants ou des véhicules l’usage un lien fort avec la sexualité. + C’est le cas
saisis*, aujourd’hui très employé à propos des auto- de FOUTREMENT adv. (1891, de l’adverbe foutre)
mobiles et seul emploi vivant du mot. -précédé par FOUT~MENT ixwr%.I de foutu
CbeaucoupD. ~FOUTAISE n. f., autre dérivé du
FOURVOYER + VOIE verbe, d’abord pseudo-nom propre, avec une va-
leur érotique (16881, signZe aujourd’hui achose
FOUTRE v. tr. est issu Iv. 1175-l 180) du latin fu- wns intérêt» 11775). *FOUTRAL, ALE, ALS adj+,
tuere uavoir des rapports avec (une femmeIn, en de l’adverbe (19381, d’abord dans l’argot des Gran-
parlant d’un homme, mot d’origine inconnue. des Ecoles, correspond à *extraordinaire>>; FOU-
+ En ce sens resté usuel mais souvent tabou jusqu’à TRIQUET n. m., du ver%e 117911,à *personnage in-
la ti du ~IX~ s., foutre est vieilli, ainsi que la locution signifia&+,
se faire foutre 4e faire pénétrer sexuellement» Trois autres dérivés ont longtemps conservé la va-
(1731; en parla& d’un homme ou d’une femme). leur érotique de foutre. FOUTERIE n. f. est à peu
Foutre, comme terme général, a été éliminé par près sorti d’usage ( 1521, <<choseobscène» ; 1534, <<a~-
baiser et faire Z’amour. Au figuré Idéb. XVIII~s.1dans tien de foutreB ; 1851, =sottise»). + FOUTOIR n. m.
envoyer qqn se fe foutre Renvoyer au diable>>, va ~VI” s., foutouer «engin de guerren; cf. aussi foutoire
te ftie foutre, l’emploi du verbe est démotivé. n. f., «pénis~ à I’epoque classique3 a eu des sens liés
+ Foutre s’emploie aujourd’hui familièrement aux à l’activité sexuelle : dit de repos, sofa, etc.B
sens généraux de faire et mettre; les premières at- (déb. XVIII~s.), epièce réservée aux ébats &otiques»
testations se trouvent au milieu du ~~III~s. mais ce (17321, par ext., <<petit appartement de célibatairep,
FOX-TERRIER 1478 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

correspondant au moderne garGonnière, et *mai- Avec le sens fondamental de «feu> qui produit de
son de toléranceB fwr” S.I. 0 Le sens figuré 11857) l’énergie, foyer sime Klieu où le feu prend et se
tient d’un glissement de &eu où l’on foutB à -lieu développe», en forêt, etc. (foyer d’ince&&, et aussi
en désordre», parallèle à celui de bordel. +FOU- hnil. XVIII” s.) Mlieu d’où rayonne la chaleur ou la lu-
TEUR n. m. (XIII~s., fouteor), de foutre OU du dérivé mièrem (en optique, 1637, Descartes); par analogie,
latin futuor, est sorti d’usage avec sa valeur éro- il est devenu un terme de géométrie ( 1690).Foyer se
tique, encore usuelle & la ti du XVIU~s. (Sade), puis dit au figuré (av. 17041 pour Kpoint central à partir
a été remplacé par baiseur; il s’emploie familière- duquel se développe un processusm, génértisation
ment avec un complément (fauteur de désordre, de d’un sens médical antérieur asiège d’une maladie,
merdel. (1575). 0 L’application en économie à <<groupement
on emploie aussi les composés REFOUTRE v. tr. géographiques est récente II& s.1, par exemple
<remettre)> ( 179 1; 1790, <<envoyeP ; se refoutie ase re- dans un foyer industriel.
metbw, 17901, SE CONTREFOUTRE v.pron. ase
moquer> 11790). +JE-M'EN-FOUTISME n. m. FRAC n. m., attesté chez Beaumarchais 117671,
(18911, précédé par je-m’en-fous n. m. 118791, est fa- est emprunté à l’anglais fio& 11719) dont le -o- très
milier, comme JE-M'EN-FOUTISTE n. et adj. ouvert a été interprété comme un -a- ; l’anglais
Cl884I. frock avait été emprunté à l’ancien tiançais froc
@ Voir JEAN (JEAN-FOIJTFLEX
!+ fioc).
+Au XVIII~s., le mot a désigné un vêtement
FOX-TERRIER n. m. est emprunté d’abord d’homme serré à Za taille, avec deux longues
par l’abréviation fox n. m. inv. 11839, Stendhal) à basques ; le frac est aujourd’hui une tenue de céré-
l’anglais fox terrier =Chien pour débusquer le re- monie, à basques dites en queue de morue.
nard)), de fox arenard» et terrier, emprunté à l’an-
cien kançais chien tenier ( 13751 achien qui fait sor- FRACASSER v. tr. représente un emprunt
tir les bêtes de leur terriep> (3 terrier, à terre). (1475) à l’italien fracassure <<briser avec violenceu
(attesté depuis la fin du XIII~s.), construit sans doute
$Le mot (1865 en français) désigne une race de par croisement du latin frangere <brisen (+fkc-
chien terrier d’origine anglaise. tien) et du latin qwsare, fréquentatif de quatere
aagiter, secouep I+ casser).
FOX-TROT n. m. est emprunté Cv.1919) à l’an-
4 Le verbe conserve le sens de l’étymon et s’em-
glais fox-trot, de fox urenardp et trot, déverbal de to
ploie aussi au pronominal (1588).
trot atrottep, lui-même emprunté à l’ancien fran-
çais troter (-, trotter). b FRACAS n. m., emprunt à l’italien fracassa (dé-
rivé de fracassure) ou déverbal de fracasser, appa-
+ Le mot avait désigné en anglais le trot du renard
raît Il4751 au sens d’aaction de tiacasser}}, disparu
puis une sotie de trot du cheval. Il a été appliqué
comme la valleur extensive de crixen iapr. 16501,
par plaisanterie à la danse, au début du XX~s. en
dont procède la locution moderne avec perte et
américain et abrégé en fox. En fknçais, foztrot se
frac&~ «brutalement>. Le mot s’emploie aussi (16781
dit aussi de la musique.
au sens de abruit qui résulte de chocs ou d’une rup-
.FOX-TROTTER v. intr. et FOX-TROT- ture violente>, sens encore usuel, et au figuré (1661)
TEUR, EUSE n. ( 19191 ont été à la mode en même pour aagitationb, vieilli, et ceffet retentissmt pro-
temps que la danse mais sont sortis d’usage. duit par qqn ou qqch.m (16653, littéraire. +FRACAS-
SEMENT n. m. (1579) est rare. +FRACAS-
FOYER n. m., réfection tardive (XVI~s.1 de foier SANT, ANTE adj. (18711, du participe présent,
Iv. 11351, est l’aboutissement d’un latin populaire s’emploie au propre et au figuré (déb. xx” s., une dé-
“focarium, substantivation de l’adjectif bas latin fo- claration fracwsmte~.
curius adu foyer, “qui concerne le foyern, et n. m.
<cuisinier, marmiton=, dérivé du latin classique fo- FRACTION n. f. est un emprunt Cv.1187) au bas
tus afoyeP> C-+feu). latin fractio, -OMS aaction de briserti, terme de ma-
4 Au sens générti, foyer désigne le lieu où l’on fait thématiques en latin médiéval (11501, 4îvision~ ; ce
du feu, d’où par métonymie le feu lui-même et la mot dérive du supin du latin classique fra@ere
dalle placée devant le foyer pour isoler le feu du abriser» qui se rattache, comme le gotique brihn
abriser* (cf. anglais to break, allemand brechen), à
sol, et par extension ( 1680) la partie d’un appareil
une racine indoeuropéenne “bhreg- <briser».
de chauffage OU btie un combustible. +Foyer se
dit par ailleurs (15721 du lieu où habite une famille + Fraction est encore un terme de liturgie, au sens
-par exemple, au pluriel, dans rentier dans ses d’«action de briser (le pain eucharistique)» (v. 1187) ;
foyers (av. 17431, plus récemment, au singulier, être le sens général d’eaction de brisep Cv.1400) est sorti
sans foyer (xx” s.) - et par métonymie ! 1673 ; fonder d’usage, fraction ayant été remplacé par fraction-
un foyer) de la famille même, un jeune foyer éqti- nement ou par brisure, cassure. *Le mot désigne
valant à aun jeune ménage)). +Dans un théâtre, la couramment par réemprunt une partie d’un en-
salle où se réunissaient spectateurs et acteurs pour semble (12731, notamment en arithmétique (1538);

se réchauffer était nommée foyer; par extension, le ce sens a succédé à celui de &visionn Ize moitié du
mot a désigné la salle où se rassemblent les acteurs me sd, disparu.
11752, foyer des artistes~ et celle où vont les specta- F L’idée de 4ivision~ est retenue dans les dérivés.
teurs pendant les entractes (av. 1709, foyer du pu- +FRACTIONNAIRE adj. (1725) «sous forme de
bkl . fkction~~, en mathématiques. * FRACTIONNER
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1479 FRAIRIE

V. tr. ( 1789 ; au pronominal, 1827) diviSer en patiies, FRAGILITÉ n. f. (v. 11191, empIIXIt aU latin ChS-
en fractions» d’où FRACTIONNEMENTn. m. El8381 siquefragi&s &-agilité (physique et moraleIn, de
aaction de fractionner*. +FRACTIONNEL, ELLE f~-@lis, a remplacé l’ancien franqais fraileté (XIIIeSI,
a,dj. 11925) ({qui tend à diviser>, en politique (cf. éga- dérivé de fi&. o Le mot, sans rapport aujourd’hui
lement FRACTIONNISME n. m. (1925) et FRAC- avec fi&, a suivi une évolution parallèle & celle de
TIONNISTE adj. et n., av. 1959). l’adjectif, dans le domaine moral (XII~s.1 et aussi
FRACTAL, ALE, ALS adj. est un dérivé savant concret : <facilité à se briser» (16421, & être détruitn
(B. Mandelbrot, 1975) du latin fi~tus <<brisé>>,parti- 11890). Fragilité signSe aussi par extension acarac-
cipe passé adjectif de fra@re. Terme didhique, tère éphémère}} (15411.
fractal se dit d’une figure dont la forme est irrégu-
lière et fkagmentée, la fragmentation étant quanti- FRAGMENT n. m. est une réfection savante
fiable dam son irrég~Ia&é. 4En dérive FRAC- Iv. 1500) de la forme ancienne frament Cv.1250; fin
TALE n. f. ( 19751 Mobjet fractaln. XII~s., frmnente n. f.), emprunt au latin tiumentuwL
0 voir FMClWRE, FFLAGLLE, @ FRAIS h. Ill. pl.). <morceau d’un objet brisé», dérivé de fragmen
«éclat, débris», lui-même de frangere ctbriserm
FRACTURE n. f. est un emprunt savant I-, kaction).
(2” moitié XIII~s.) au latin fractura «éclat, fragment> + Frumeat désigne un morceau,de ce qui a été
et afracture d’un membrem, du supin de frangere brisé (fiament d’os, v. 15601. A propos d’une
abrise- (+ fraction) ; l’évolution phonétique avait œuvre, le mot se dit de ce qui en subsiste quand
abouti en ancien tiançais à fraitire 61 XII~ s.1 l’essentiel a été perdu ( 16361, d’un extrait (1680) ou
-comme fiagilti a donné Ne- de sens plus d’une pièce qui en a été isolée 11803, souvent au
étendu et en concurrence avec frainture, de pluriel). Rugment s’emploie dans le domaine abs-
fiaindre ebriserm, issu lui aussi du latin frangere. trait (1868, hgment du passé), en concurrence
4 Fracture, comme en latin, désigne une lésion os- avec morceau*.
seuse; il est sorti d’usage au sens général de abris, FRAGMENTAIRE adj. s’applique à ce qui existe à
rupturen 11391) remplacé par efiaction. Le mot l’état de fragments (1801) ou procède par frag-
s’emploie pour désigner l’état de ce qui est rompu, ments (1918) ; l’adjectif est péjoratif et suppose un
spécialement en géologie pour «cassure de l’écorce caractère incomplet (cf. Lacunaire). 0 Il a fourni
terrestres (1827). 0 Par métaphore, on parle depuis FRAGMENTAIREMENT adv. (~~~O~FRAGMEN-
les années 1990 de fracture sociale, expression à la TER v. tr. Cv.1845; au p. p. dès 18081, c’est upartager
mode en politique (J. Chirac), et qui a entrahé des en tiagmentw. 451 dérivent FRAGMENTATION
emplois analogues. n. f. (18401, qui a pris des valeurs techniques dif’-
w FRACTURER v. tr. (~III XVIII~~1 apparaît dès le férentes de celles de fractionnement, et FRAG-
XVI~s. dans os fracturés (1560) et s’emploie pour MENTABLE adj# (v. 1969).
cbriser par violence ou avec effotim ! 1807 ; fracturer
un cofie-fort). + En dérivent FRACTURATION n. f., FRAGON n. m. est une réfection 11379) de fie- @
terme technique (mil. ~~~s.1 notamment utilisé gort (XII~s.), issu du bas latin tico ahouxn, peut-être
dans l’industrie du pétrole, et FRACTURABLE adj. d’origine gauloise.
(xX"S.), ra,re. +FRACTO- est Un él&?Xnt tk6 de 4 Le mot désigne un arbrisseau vivace.
fracture pour composer des termes techniques,
~~~~~FRACTOGRAPHIE n. f. (1960; de-gruphie) FRAGRANCE n.f. est un emprunt ancien
cétude scientifique des cassures des métauxp. Ixmes., fiaghncel, repris au xwe s. sous sa forme
0 Voir FRACTION, FRAGILE. moderne, au latin chrétien C-ugranti aodeur
suave>, du latin classique fiugrure uexhaler ou sen-
FRAGILE adj. est un emprunt Iv. 13613 au latin tir une odeurs (+ flairer).
/kg& {cassant, frêle» et <faible, périssable», de + Il a été repris (1825) au sens d’eodeur agréable>,
frangere <briser» t-+ kaction, kacturel ; Yévolution devenu archaïque.
phonétique régulière a abouti en français à frêle”. b FRAGRANT, ANTE adj. (1516, fiuflantes fleurs;
4 L’adjectif a d’abord signifG «de peu d’impor- repris 18361, emprunté au latin ckssique fragruns,
tance>. Le sens général de fia&e est “qui se brise participe présent de fragrare, est également ar-
facilementn (15411 d’où vient par extension (16511 la chaïque et littéraire.
valeur de «qui manque de solidité, est sujet à être
détruit*. L’adjectif s’emploie spécialement pour FRAI +FRAYER
qual%er les personnes de constitution délicate ou
un organe de fonctionnement délicat et par figure FRAIRIE n. f. apparaît sous la forme frati o>
ce qui est facile à ébranler, n’étant pas sur des Cv. 1165) issue du latin tiutria, emprunt au grec
bases fermes, en parlant des sentiments. À l’épo- phratriu I+ phratrie). Il a pris aussi les formes fierie
que classique, il a signSé *faillible* en religion (1543, sous l’influence de tière, et phruk 05343,
( 16511, aujourd’hui dans d’autres domaines lune sous l’inkence du grec, et s’est écrit -ai- par réac-
économie fragilel. tion étymologique.
b FRAGILEMENT adv. 11580) est demeuré rare. 4 Le mot a désigné une compagnie, une confkérie
+FRAGILISER v. tr. (1956; suf?ixe -tier) crendre EV.1165) puis une fête consacrée au divertissement
fragile Iqqch., qqn)>) a pour dérivés FRAGILISA- (1543) et se dit régionalement (av. 1553) d’une fête
TION n. f. et FRAGILISANT,ANTE adj.Iv. 1965). patronale.
FRAIS 1480 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

@) 0 FRAIS, FRAÎCHE adj. est une réfection exemple la fraîcheur d’une nouvelle (14121, la fraî
krve s., Irak, fiuischel de freis, fresche, attesté dans cheur du teint (15801, La frakheur d’une impresstir:
la Chanson de hkxnd hOSOl ; il est issu d’un fran- (17561. 4 FRAICHIN 11.m. est un mot d’origine dia
cique “frish &a& (en parlant de la température) 1ectaJe (ouest de la France), altération C15731de fies.
d’oti par figure &centD, anon flétri (d’un végétal)~ chume Iv. 1534 ; dérivé de fresche), pour désigne]
(cf. allemand /Esch, anglais fresh et dans les l’odeur du poisson frais. +FRAÎCHIR v.intr. est la
langues romanes l’espagnol fresco, l’ancien pro- réfection d’après frais, fraîche (d’abord freschil
vençal tiesc). v. tr., v. 1200, «redonner des forces à Iqqnl4 de l’an-
+En tiançais, fruis conserve les deux sens géné- cien fkançais frescir Iv. 1120; de fresc). Le mot es1
raux. Il se dit !IOSOl de choses corruptibles en état rare avant le xwe siècle. Il s’emploie notamment en
d’être consommées (aet& kuis, etc.) et, par exten- parlant du vent ( 1678 ; 1616, afmischirl et de la tem-
sion, de ce qui est consommé sans être conservé pérature ( 1626).
Iv. 1160-l 174, fmis mi salé ni fumém, d’une viande), Le composé RAFRAÎCHIR v. tr. et intr. apparaît au
par exemple dans légumes frais. oDe là frais XII~s. (rufreschir, refreschir) ; il correspond à arendre
prend le sens général de “qui est d’origine ou d’ap- plus fkaisn, l’adjectif étant pris dans ses différentes
parition récente>> (v. 1355) dans difErents emplois; acceptions. 0 Une première série d’emplois se rat-
on parle de nouvelle &&II~, mémoire fr&che, bles- tache à l’idée de -froid= (en emploi intransitif, 1690,
sure encore frati/ze. En emploi adverbial, frais signi- le vent rufraîchit renforce fra&it); un second en-
fie &cemmentB ( 13931,par exemple dans &e frati semble est lié à la notion de =nouveautéa, de «re-
sorti, émoulu de Z’école. Le mot entre dans la lo- nouvelleme& d’où l’acception <redonner de la vi-
cution adverbiale de B=ais (1552, être rasé de frais). talité* Ixrr” s-1ou, dans l’ordre psychologique, ade la
~Par extension, l’adjectif s’emploie pour ce qui vivacités ~VII” s., rafrticti la mémoire). Le sens de
vient d’être appliqué (1643, peinture fraîche) et *remettre en état, est sorti d’usage en parlant de
aqyent fiais équivaut II5631 à <fonds nouveauxu. personnes, mais on a conservé r&zkîcti Ies che-
+Dès les premiers emplois, frais s’applique figuré- veux (16801 &Couper légèrement*. + Le dérivé RA-
ment à des personnes ou à des choses qui gardent FRA~CHISSANT,ANTE adj.11579) aquirakakhitB
des qualités de vitalité, de jeunesse Il 160 ; v. 1165, et, spécialement, “qui désaltèren, se dit aussi
en parlant de fleurs), à ce qui donne une impres- (mil. me s.) de ce qui Pla?t par sa simplicité. -RA-
sion de jeunesse, de pureté Cv.1155; En me s., un FRAÎCHISSEMENT n. m. s’est d’abord utilisé au
rire frais; 1752, frai& cdorid; par ironie, il Sign$e sens d’«action de revigorers Cv.1460) : par métony-
Ndans une mauvaise situationm 11808; nous voti& mie, il a désigné ce gui restaure les forces. Le mot
I%s!, $ rapprocher de VOUSavez bonne mine!1. est lié à l’idée de arefroidirn ~VII~ s.) ; il s’emploie au
Par ailleurs, l’adjectif signiCe alégèrement tioidm pluriel (1765) pour désigner des boissons fraîches,
Cv.1200) - d’où substantivement Zefi-ais 4air fraisé autrefois aussi des glaces, etc. +RAFRA~-
II5491 avec la locution prendre le &a& (16601, aupa- CHISSEUR n. m. 11842; terme technique, 18121
ravant comme adverbe dans il fait fiais (XIV~sd- et s’est substitué à ratiukhissoir (mil. xwe s.) mais tend
aagréablement f?oidm CeeaufiaîcI&. oDe là vient, à être remplacé par seau à glace.
substantivement, au frais Ndans un endroit fkaisp DÉFRAiCHIR v.tr. (18561 s’emploie rarement au
(XVI@s. au frazk de ce bocage, Pasquier in Nicotl et, sens de 4létti mais plutôt comme verbe pronomi-
par plaisanterie, mettre (qqn1au &Cs 4e mettre en nal et au participe passé DEFRAICHI, IE adj. pour
prisonn (16851, synonyme de mettre à l’ombre. * Au *perdre sa fraîcheurs, en parlant d’une couleur,
fguré, frais sime nsax~3cordiallitén (un accu& très d’une étoffe.
fraisI. + EnCn, en parlant du vent, frais équivaut en
marine à “qui soutne avec une certaine force favo- 0 FRAIS n. m. pl. représente (12601 le pluriel de
rable à la navigationp ( 15593, d’où le Car& n. m. l’ancien fbnçais fret, fiait <dommage causé en bri-
(1643). sant qqch.n kniI. XIII~s.1, d’oti ddépense destinée à
b FRAÎCHE n. f., substantivation de l’adjectif au fé- réparer le dommage- Iv. 12761, par l’intermédiaire
minin (fin XVII~s.1, s’est employé dans une locution de la locution puyer le fret “payer le dégât> (1216).
exclamative, à la ti&he ! ! 16891, cri des marchands Fret, fiait est issu càu latin médi&aI kactum <dé-.
ambulants de produits fkais. Aujourd’hui $ la pensen ~III” s.1, neutre substantivé du latin clas-
fdche ~OC.adv. 11842) Sign%e & l’heure bu dans sique krachs, participe passé adjectivé de kangere
un endroit) où il fait fraiw Terme de marhe, le <briser» (+ fraction, fragiIel. Mais P. Guiraud note
nom désigne un vent faible du matin ou du soir que fiait n’aurait pu aboutir en ancien fiançais au
11691). +La fraîche, en argot, équivaut à “argent verbe frayer <faire les &a& (cf. ci-dessous defrayer) ;
f?ais~ (19481, emploi précédé par fraîcheur eremise il pose au singulier “frai, issu du latin fia@um abris,
dlargenb 61845i. +FRAICHEMENT adv. IV. i 150, éclat» (of. ancien provençal frugurl d’un verbe %-a-
freschmnent &nmédiatement4 a des sens parai- gure; les frais seraient alors les sommes réparties
lèles à ceux de l’adjectif: #récemment% Cv.12251, (&agmentées»l aux dilErents postes d’un devis et
«avec hostîlitém En XVII~s., repris Cn ti s. : être uc- non pas destinées à réparer des dégâts.
cueilli frakhement). +FRAÎCHEUR n. f., rare +Bals a le sens général de adépenses occasion-
jusqu’au XVI~s., est une réfetiion Ixrv” s., fraischeur) néesm (12601, d’où son emploi spécial à propos d’un
de fraiscor Iv. 1200) tiendroit où il fait doux)); fi se dit acte juridique 11549) et du fonctionnement d’une
de la qualité de ce qui est frais Ides fleurs : 1288 ; du entreprise, au xrxe s. (frais de production, frais géné-
poisson : 13791 et d’une température tiaîche ruw, etc.). 0 Au figuré, il se dit d’une dépense,
(av. 1528) ; il s’emploie au figuré, Comme frati : par d’un effort notamment fait POU~ plaire (XW’ s.) d’où
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1481 FRANC
la locution se mettre en frais E1668 au propre ; 1872 boulangerie, est fraser (1730; fraiser, 1680). 4e
au figuré). ~Frais entre dans de nombreuses lo- sens de apercepa ou &vaser en tronc de cône>> à
cutions (adverbiales, prépositives, verbales), em- l’aide de l’outil appelé fraise (ci-dessous), en géné-
ployées au propre ou au figuré : ;i peu de frais ral considéré comme dérivé de ce substantif,
(av. 16131, à ~!?MisC~IWTWIS 116661,faire les frais de constitue peut-être une autre spécialisation Il 676) ;
qqch. (1666; 1802, ...de la conversation), en être pour frase, puis h-aise C~outil~~,serait alors le dérivé (dé-
ses fiais (16901, etc. Les faux frais sont 4es dépenses verbal).
occasionnées en dehors des frais légauxm 116901, w De kaiser, en ce sens technique, dérivent FRAI-
d’où couramment ((toute dépense hors de ce qui est SAGE n. m. (18421, FRAISE~R n. m. ~Ouvrier qui
prévW. fiaise» (19301, précédé par FRAISEUSE n. f. ama-
b Le préhé DÉFRAYER v. tr. (1378, &hyer), de chine à biser» (18731, FRAISOIR n, m. 11752) et
l’ancien verbe kuyer -faire les frai+ ( 12601, s’em- FRAISURE n. f. (1792). + Dans l’hypothèse adoptée
ploie au sens de <décharger qqn de ses frais». Au fi- ici, @ FRAISE n. f., k&wnent pour fkaisep (16761,
guré, défrayer la conversation correspond à <<en est aussi un dérivé du verbe. Fraise s’est appliqué
faire les frais)) ( 1640, défrayer la compumie de bow plus tard à la chirurgie dentaire et aussi aux tra-
mots “l’amusera), défrayer la chronique <<faireparier vaux publics (xx” s.l.
de soi>>. +En dérive DÉFRAIEMENT n. m. 0 FRAISE n. f., d’abord hripes, Iv. 11301 et dési-
(mil. XIVes., desfiayementl {(action de défrayerm, qui gnant (1300) la membrane plissée enveloppant les
a remplacé l’ancien déverbal défiai (14031. intestins de veau, d’agneau, est en général consi-
déré comme dérivé du verbe fraiser; cependant ce
0 FRAISE n. f. serait une altération Cv.1174 dernier apparaît plus tard et n’a jamais signifié
1178, freise), d’après frambetie &amboiseD, d’une aenvelopper», mais *dépouiller de son enveloppe))
forme “fraie issue d’un latin populaire “fiaga, plu- par spécialisation du sens général. *Fraise n. f.,
riel neutre pris comme féminin singulier du latin <collerette tuyautée et plissée3 (1585) portée au
classique ku&rn &aise (des bois)>) : on trouve des XVI~s. et au début du xwe s., est un emploi peu clair.
formes du type fraga en wallon, en gascon, en Il peut s’agir d’une analogie de forme avec les
Suisse romande. P. Gtiraud, qui doute de ï’in- tripes, ce qui supposerait un début d’emploi bur-
fluence de framboise sur fi-aise, pose une parenté lesque ou ironique. 0 Le mot s’emploie aussi dans
entre les différents mots fraise gui sergent tous dé- des sens techniques, par exemple pour une pallis-
rivés de l’ancien fknçais kaiser ubroyer>) (--+titi- sade hérissée, au sommet d’une escarpe (16281.
ser); toutes ces &aises>> ont la même caractéris-
tique d’être des objets divisés en compartiments
FRAMBOISE n. f. est peut-être issu par dissi-
séparés (mais on peut objecter que ccbroyern et milation Cv.1175) d’un francique “brambasi amûre
Nsubdiviser)> ont peu de rapport). La graphie mo- de ronce» (cf. ancien haut allemand braPnberi, alle-
derne apparait au XVI~ siècle. mand Brombere); on trouve la forme framboses
+ L’évolution des cultures rend nécessaire l’opposi- dans des glossaires latin-allemand du x” s. ; le f- ini-
tion fraise des bois-fMse tout court, ce dernier dé- tial viendrait de l’influence analogique de fraie, m-
signant les gros fruits forcés. La locution aUer aux cêtre de fraise*. P. Guiraud voit plutôt à l’origine de
fraises aller cueillir des C-aises des bois>>s’est em- frurnboise une forme “fmbritia, dérivée de fimbtia
ployée par plaisanterie pour ealler dans les bois en &angen, c’est-à-dire *dont les bords sont déchique-
galante compagnie)) (anciennt, cueillir la fraise). Su- tés> (pour la métathèse du r, cf. l’ancien italien
merles fraises Id s.), par analogie de mouvement, frambe, frambao ~e&angé4.
se dit pour <être agité d’un tremblement încontrô-
+ Les fraises et les framboises sont restees associées
laMea>, d’où <<être gâteux-. + Par analogie de forme,
dans la culture. Ihmboise adj. inv., par référence à
fiaise s’emploie (1872) pour un type de kion de la
la couleur du fkuit, se dit d’une couleur ( 1907, Co-
peau. + I%nargot (métaphore assimilant la tête à un
lette).
fkuit ou légume), il signifie qwisagen ( 1901) et par ex-
tension <personne, himener sa &&e, 192 1). k Du nom dérivent FRAMBOISIER n. m. (1306) dé-
S@txLnt la phnte qui porte le fhit, FRAMBOXSER
ä De fraise dru& dérivent FRAISIER n. m., réfec-
v. tr. ( 1651) amêler de jus de framboisen et ~parfu-
tion hwe s.) de h&er (h XII~ s.1, FRAISERAIE n. f.
(19141, qui a remplacé fraisière (18231, de fraisier, et mer à la fiamboise», d’où FRAMBOISÉ, ÉE adj.
quelques termes techniques. (1690). +FRAMBOISIÈRE n. f. (18721, qui a eu en
ancien français ( 1314) le sens de &amboise>>, est un
FRAISER v. tr. apparait au xrves. (fiuser mais synonyme vieilli de FRAMBOISERAIE n. f. (1922).
on trouve le patiîcipe passé féminin dès 1200 (fèves
hsées «écosséesnI; le mot est issu du latin clas- +k 0 FRANC, FRANCHE adj. vient IV. 10501
sique (fabu fresa <(fève) broyéep, de fresum supin du nom ethnique Frunc* (4 0 Franc); le latin mé-
de fiendere œbroye- ou d’un latin populaire ‘fiesare diéval francus avait le sens général de alibre>> En
adépouiller de son enveloppen. Rendere est appa- v? s.), avec une spécialisation juridique (IX~s.) ; le
renté au germanique @tian (cf. anglais to grindl. mot est passé en espagnol, en italien Rruncol et en
4 Fraiser a signifié aécosser, dépouiller de son enve- ancien provençal tfrancl.
loppen puis (1572, pain fraisé1 ~mélanger de la pâten + L’adjectif fraac s’est appliqué à un homme libre,
en kagmentant les éléments, d’où vient le sens spécialement de naissance noble (1080, Chunson. de
( 16901 de cbriser la pâte>>; le terme technique, en Roland) et, par extension Iv. 14601, a pris le sens de
FRANC 1482 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

umoralement librem, courant à l’époque classique le composé INFRANCHISSABLE adj. (17921, au


(franc arbitre *libre arbitre%). De cette première va- propre et au figuré.
leur, on est passé à celle de ~sans entrave-, toujours FRANCHISE n. f s’est employé à l’origine au S~I~S
vivante dans la locution avoir ses coudées franches, de acondition librem (v. 1130); en droit ancien (12151,
et en sports dans coup ihnc (1900, au football; 1901, le mot a désigné un droit qui limitait l’autorité du
au rugby) acoup tiré sans opposition de l’adver- souverain au profit d’une ville, d’une corporation
sairen. +Franc de Cv.1170) Sign%e comme fruncus (notion alors aussi importante que celle de ~OUF-
en latin médiéval alibéré de (certaines servitudes),, geokd, d’où &eu del franchise «lieu d’asile)) ( 15381
d’où en droit &mc et guitte Iv. 1175, quitie et franc) ; à l’époque classique. Aujourd’hui, dans divers em-
en commerce, i?wc de port (1723) se dit d’une mar- plois, fiunchise signi6e (v. 1138) encore Nexemptionn
chandise dont le destinataire ne paie pas les frais (d’une taxe), SexonérationB (d’un droit) : franchise
de port ; on dit aussi 0 FRANCO adv. (1754 ; de l’ita- postale (18781, franchise dow&re. 0 En parlant de
lien franco, abréviation de fiunco porto *port personnes, fiunchzke se rattache aux valeurs psy-
franc4; franc employé seul signifie aussi *exempt chologiques de franc; il signZe d’abord (v. 1150)
de taxesm, cexonérén [zone fran&el. Knoblesse de cœur* puis 11559 Ncaractère d’une
De l’idée de 4îberté~, on est passé à celles de &n- personne qui dît la vérité>>, par exemple dans en
C&e~, 4roiturem , {(absence d’artikem ; l’homme toute franchise.
franc est celui qui parle ouvertement 11611; mté- FRANQUETTE n. f. est employé dans la locution
rieurement, on disait surtout vrai); de là vient la lo- adverbiale ri Ia bonne franquette I 17411qui succède
cution ancienne frunc comme l’osier (l’osier ne pré- à à lu franquette (mil. mes.) à l’époque classique
sente pas de noeuds) atrès franc», remplacée «franchement*, aujourd’hui <<sanscérémoniem.
beaucoup plus tard par franc comme l’or (1865 ; par Une série d’emplois du préfixé AFFRANCHIR V. tr.
jeu de mots avec la monnaie d’or). L’adjectif quali- (XIII~ s.; d’abord pron, fin XII~s.1se rattache au pre-
fie (mil. me s.) les actes qui ne présentent aucune mier sens de fraptc; c’est à l’origine arendre (qqn3
dissimulation, d’oti jouer franc-jeu aen respectant de condition librep, d’où (rendre indépendants (un
les règles» (av. 1850 ; anciennt y aller de fpanc jeu; pays, etc.) et «délivrer de ce qui gêne psychologi-
cf, fair-play). Par analogie, franc se dit des choses quement» (XV~~s.l. *En argot, le verbe a le sens
qui présentent des caractères de naturel (1269, yin (18371 d’eapprendre à vivre en marge des lois,,
franc) ou de ce qui est entier (1585, jour fram ujour c’est-à-dire de s’en libérer, et par extension la va-
complet4. Spkialement, en art, franc qualii5e leur de <<faire connaître, informer+ (cf. ci-dessous
( 1762) ce qui est hardi, sti dans la manière. 0 Par affranchi). + Afiunchir, dans des emplois spéciaux,
ironie et comme yrai, frccutc(devant un nom) s’em- est lié à d’autres sens de frunc *rendre exempt de
ploie (av. 16301 pour “qui est véritablement telD (une taxe (un envoi) pour un destinataire> (1752) d’où,
frmche mapdel. l’idée initiale n’étant plus sentie, <mettre un timbre
Frac s’utilise aussi comme adverbe Iv. 14501, à*. Afiunchir une carte ala rendre maîtresseB (1877)
moins couramment que le dérivé FRANCHEMENT relève du même sémantisme. Au me s., affranchir
adv., employé autrefois pour *librement)> Iv. 1120) était en concurrence avec franchir : d’où, en équita-
et NnoblementB (v. 11653 et sig&ant anettement>, tion, ukw&ir un fossé de fr-ancti ( 15831. - On
«sans détourm (dans les rapports hum-1 115361,
retrouve ce partage des sens dans les emplois du
ad’une manière hardien Ixnr” s.1; dans cette accep- dérivé AFFRANCHISSEMENT nm.: d’abord
tion, on emploie aussi l’abréviation 0 FRANCO terme de droit pour aaction de libérer (d’une taxe,
d’un droit, etc.)>) ( 12761, d’où vient affranchissement
(1879).
d’une lettre (18351, ufiunchissenwtt désigne aussi
b FRANCHIR v. tr. s’est d’abord employé Iv. 11701 l’action de rendre libre (qqn) [16111.- AFFRANCHI,
aux sens de Nrendre francm, c’est-à-dire &Trancti IE adj.et n. 116401, hors son premier emploi (<(es-
et {{accorder en possession franche)) (libre), puis de clave qui a été afEanchi4, permet d’opposer un uf-
4ibérer (qqn) d’une charge>> (1245; cf. afianchirl. franchissement propre aux femmes, vis-à-vis de la
0 Ce sont les emplois de droit commercial, morale sexuelle, et un autre, propre aux hommes,
<rendre libre, aErancti, qui ont produit le sens à l’égard de la morale juridique (n. m., wne per-
moderne de wendre libre au passage, dégager» sonne qui mène une vie hors de la morale cou-
puis <passer par-dessus (un obstacle), traverser» rante>>, d’où en argot [ 18211 <(qui vit en marge des
(apr. 13501 : franchir un col, une montugne, c’est en lois> puis *homme du miXeu», opposé à cuve n. m.3.
disposer librement. Par extension, franchir Sign%e Dm plusieurs composés, franc a le sens de =dé-
(1580) 4ler au-delà d’une limiten et, au figuré, «sur- pourvu de liensB : FRANC-ALLEU n. m. (v. 1125,
monter lune diikulté)~, d’ou franchir le pas alob; 1258, franc ubi) l+ aIleu cterre de pleine
(av. 1615) adécider après avoir hésitép. De l’idée de propriétén ; FRANC-FIEF n. m. cv. 1283 ; --+ fief) -fief
atraversep, on passe à celle dkller d’un bout à non assujetti à l’hommage». *FRANC-PARLER
l’autre den, dans le temps ( 15801, par exemple dans n. m. signi& 117651uliberté de langagen. +FRANC-
franchir les siècles, et dans l’espace (av. 1841). TIREUR n. m. (de tireur; + tirer1 désigne d’abord
-FRANCHISSEMENT n.m., d’abord &Fan- (1792, répandu à partir de 18701 un soldat membre
ctissements (& s.), a signi% tddépassementm d’un corps franc, c’est-à-dire d’une unité de volon-
1x1~”s.) et NexemptionD (IXE), avant de se res- taires («qui s’engagent librement4 ; aujourd’hui
treindre à son emploi moderne : <action de passer, franc-tireur se dit de celui qui n’appartient pas à
de parcourir, de traversers, (1864). 4 FRAN- une arr&e régulière (pendant l’occupation aUe-
CHISSABLE adj. (1831) est beaucoup plus rare que mande de 1940- 1944, les F.T.P., francs-ï%reUrS et par-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1483 FRANÇAIS

tisansl. Au figuré le mot s’emploie à propos d’une kxe s.) l’unité monétaire d’autres pays Ifranc belge,
personne qui n’observe pas la discipline collective franc suisse, franc luxembourgeois), et dans le
d’un groupe. C&e colonid et post-colonial franc CFA, etc. Franc
Dans d’autres composés, franc a le sens d’xexempt employé seul dépend du contexte national.
de redevances>> : FRANC-BOURGEOIS n.m.
hIIe s. ; + bourgeois) désignait l’habitant d’une ville
FRANÇAIS, AISE adj. et n., réfection tar-
dive~xvrnes.ldefi-ance~(1080,Chansonde Rohd,
exempt des charges municipales.
françok (XII” s.1,est un dérivé suffixé de France, du
bas latin Francis “pays des Francs=, nom de la ré-
0 FRANC, FRANQUE II. et adj. apparaît
comme adjectif dans la Vie de saint Léger (2" moitié gion de Gaule romanisée située au nord de la Loire
et qui fut occupée par les Francs (cf. le latin médié-
xe s.1puis comme nom 110503, issu du bas latin fran-
val franciscus arelatif à la France», we s.) ; Francis
43.4sadj., Francus nm., emprunt au francique
dérive de Francus (+ 0 franc).
ofmnlz, nom d’une peuplade germanique puis
ahomme libren (+ 0 fkanc). + L’adjectif signîfre <qui est relatif à la France, à ses
habitants et à sa languep, l’entité juridique France
+Le mot désigne le peuple germanique qui OC-
englobant selon l’époque considérée des territoires
cupait les rives du ‘Rhin et la partie maritime de la
non métropolitains. Le mot est utilisé en kançais,
Belgique et de la Hollande. On a donné le nom de
hors de France, dans des emplois qui seraient
Francs aux Européens, dans les ports du Levant (at- considérés comme pléonastiques en France
testé 1606 mais évidemment antérieur). Langue
(par ex. : du vin fran@l ; il peut avoir une valeur
franque (1670) a désigné un mélange de langues ro-
culturelle et linguistique, non pas nationale (Cana-
manes utilisé dans le Levant (terme remplacé en-
dien français). Dans lungw française, l’adjectif
suite par hgua franca).
s’applique à toutes les variantes parlées en France
w Le dérivé FRANCIQUE n. m., attesté comme sur- (usages régionaux1 et hors de France. Dans une
nom (1643) sign&W «vainqueur des Francsn, a conception normative de la langue, fran@s se dit
voulu dire apropre aux Francs» (1838 ; cf. bas latin pour “qui appartient au “bon” français» (ce n’est pm
franck~cus =des Francs& Il désigne aujourd’hui fran@sI. 0 La locution adverbiale a la fiançaise
(18721 l’ensemble des dialectes du germanique oc- équivaut & la mode fran@se~ (ex. : jardin à lu h-an-
cidental, langue reconstruite de façon hypothé- çuise). + Le nom Cm. et f.1désigne une personne de
tique et dont de nombreux mots sont passés en nationalité française, surtout de la métropole (ou
fhnçais (on dit aussi ancien bas franc@que pour le hexagone), les autres emplois étant plus ou moins
distinguer de dialectes modernes de l’allemand). naturels ou acceptés. +FRANÇAIS n. m.tixn”s.;
Voir l’encadré p. 1508. v. 1265, parler français) Sign%e «la langue fran-
FRANCISQUE n. f. est un emprunt (1599) au bas la- çaisem, qu’il s’agisse de la langue maternelle ou de
tin francisca, ellipse de secuti francisca Nhache la langue officielle. Le mot s’emploie dans des lo-
kanquem (secuti dérive de secare ccoupern; cutions : parler frmç&s &&ement~ ( 15801, d’où
-3 scier). La francisque à deux fers a été prise ( 1940 vous ne comprenez donc pas le français? wous
à 1944 comme emblème par le gouvernement de n’avez pas compris ce que je tiens de vous dire?>,
Vichy, comme les faisceaux de Meurs étaient le et en bon fk311çais <<pour parler plus clairementti
symbole du fascisme. (v. 1360). Le français désigne spécialement cette
la;ngue, considérée comme une matière d’ensei-
0 FRANC n. m., au sens de amonnaie%, apparaît gnement Cclusse de frctnçuk1. Voir l’encadré
pour la première fois en France dans une ordon- pp. 1484 à 1499.
nance du 5 décembre 1360. Le mot vient peut-être b Plusieurs mots sont formés à partir de France ou
de la devise inscrite sur les premières pièces, fian- de français. e FRANCIEN n. m. et adj., mot créé
corum rex «roi des Francs> I--+0 f~ancl. par les romanistes 11889 ; de France), se dit du dia-
4 Le franc correspondait alors à une livre* tournois lecte de lange d’ofi pelé au moyen âge en ne-de-
Imonnaie de compte non matérialiséel; les francs France et en Orléantis, qui supplanta les autres
furent happés jusque sous Henri IV (cf. louis). Le dialectes d’oïl (normand, picard, lorrain, etc.1 pour
franc devient l’unité monétaire légale de la France aboutir au français, (Voir l’encadré p. 1506 et aussi
sous la Convention ( 1795 ; 18 germinal an III), sous Le francique p. 1508.1
la forme d’une pièce de 5 g d’argent; la loi du FRANCISER v. tr. (v. 1534 ; de Fe-un@.~; cf. la va-
26 mars 1803 en fait une monnaie de compte et ins- riante françulser, XVI~s.3,c’est d’abord xdonner une
titue le biméttisme (or et argent), qui subsistera forme française à (un mot étranger)* et par exten-
jusqu’en 1914. Nouveau franc (N.F. ; familiérement sion (1698) adonner un caractère franqais à (qqch.1,
franc lourd) 118 novembre 19591se dit de la nouvelle Ifmnciser un usage); en dérive FRANCISATION
unité qui vaut cent fois le franc précédent (dit alors n. f. (1796). + FRANcXTÉ n. f. 11943, mais répandu
ancien franc, familièrement franc léger). Après une v. 1965 ; de France) est un terme didactique signi-
longue période d’adaptation, franc employé seul fiant acaractères propres à la culture française ou à
désigne en général la nouvelIe unité, mais on la communauté francophones.
compte encore en anci8ns francs, en centimes, sur- FRANKAOUI n. (déb. XX~s., de frun$ais, avec un
tout pour les grosses sommes; le synonyme d’ori- élément tial arabe), utilisé péjorativement en
gine populaire bulle accroît encore la confusion. Afrique du Nord avant l’indépendance par les au-
On dit franc fran@s dans le contexte intematio- tochtones d’origine européenne Iou pieds-mirsl,
nal, dans la mesure où le franc désigne aussi désignait les Français de Métropole.
(Suite page 1400)
LE FRANÇAIS 1484 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LE FRANÇAIS : ÉVOLUTION D’UNE LANGUE

Comme toute langue, le fhnçais est une ab:- français ; elles sont beaucoup plus nombreuses
traction qui recouvre une multitude de faits. A dans les noms de lieux que dans les mots de la
chaque époque, dans chaque milieu, selon langue. Le françati et la France même doivent
chaque situation, un système de règles et un en- leur nom aux Francs, envahisseurs gertna!niques
semble mouvant de signes que ces règles venant des rives de la mer du Nord et qui appor-
mettent en oeuvre construisent une identité. Ce tèrent leur langue, le francique*. Mais ils en per-
système et ces signes sont une réserve poten- dirent vite l’usage et apprirent les dialectes
tielle où la smiété puise ce qui lui est nécessaire galleromans, cependant que cette langue, an-
pour assurer la communication entre ses cêtre du néerlandais, nous a laissé, le plus
membres et l’expression de chacun. Comme souvent par le latin parlé alors, des mots impor-
toute langue, le français est constitué par un sys- tants et assez nombreux. De meme, les
tème fonctionnel de sons, une aphonologien ins- chommes du Nordn venus du Danemark au me s.
crite dans une phonétique et qui peut se trans- abandonnèrent rapidement leur idiome, le nor-
crire en marques graphiques, par exemple en rois, en se tiant en Normandie. Plusieurs siè-
lettres, et par un autre système appelé agram- cles s’écoulèrent entre la colonisation romaine
maireB. Ce dernier fait correspondre les formes et l’arrivée des Germains (Ve-we s.1,entre celle-ci
du langage et les sens, ceux des mots ~morpho- et YEmpire carolin@en, son partage et l’élection
logie), ceux des énonces (syntaxe) dans le dis- de Hugues Capet (987); ce sont, du point de vue
cours. Ces systèmes s’exercent sur des éléments du langage, des siècles obscurs. On parle alors
identtiables, éléments minimaux et leurs en Gaule un latin très modi%, rompu par des
combinaisons codées : amotsn, asyntagmes*, ulo- usages g6ographîques variés puis, peu à peu,
cutiorw. Le tout évolue sans cesse. Pour le fran- une langue <<rustique et vulgaireb qui est l’em-
çais, mille ans d’activité, de nombreux milieux bryon du tiançais. Les sources écrites ne
géographiques et sociaux, des fonctions de plus concernent guère que le latin, dont on observe
en plus complexes font que la multiplicité et le d%cilement l’évolution, car la langue quoti-
mouvement l’emportent sur l’homogénéité et la dienne coexiste avec un latin plus archtique,
tité par ailleurs nécessaires pour étudier la conservé par l’Église et plus volontiers écrit.
langue. Nécessaires aussi à la reconnaissance L’absence de témoignages oraux est dif&ile-
d’une loi unique du sens formé, d’un ensemble ment compensée par Yexploitation des lois as-
net de règles qui permettent l’apprentissage et sez rigoureuses de l’évolution phonétique, éta-
la communication. C’est pourquoi les linguistes blies au xwe siècle. En outre, la acile notation
font mine d’explorer un état de langue fictif, ins- d’une langue populaire en gestation, mouvante,
tantané (une qnchronie~) pour le décrire; c’est variée, par une écriture traditionnellement
pourquoi la société a besoin d’une référence consacrée à la transcription du latin d’Église, la-
unique, la norme. Pourtant, on sait bien que tout tin quasi classique, bien différent de la langue
ceci recouvre la variété et l’évolution inces- spontanée, pose des problèmes d’interprétation
sante : le lexique, mots et locutions, le montre supplémentaires. Tout ceci fait que notre
clairement, Ce mouvement du lexique, ses ori- connaissance du plus ancien français, issu pro-
gines, l’évolution des formes et des sign%cations gressivement de ce «vulgaire romanp si mal
en français, sont l’objet de ce livre. connu, est attachée à de trop rares témoignages
écrits, aussi précieux qu’insuf6sants. Le premier
LES OFWJNES. en date est célèbre. En l’an 842, les héritiers de
La langue franCaise est pour l’essentiel sortie Charlemagne, Charles le Chauve et Louis le
d’une forme tardive du latin, langue importée Germanique, s’accordent pour s’opposer aux
en Gaule et en Belgique par l’envahisseur, le co- entreprises de leur fière Lothaire, qui ne se
lonisateur que fut l’Empire romain. Le français contentait pas de sa part et qu’on Senta;it avide
fait donc partie des langues romanes*, naguère de conquêtes. A Strasbourg, le Rhin formant
appelées néo-latines, avec par exemple l’italien, frontière naturelle, des serments réciproques
l’espagnol, le portugais, le roumain. Le passage d’assistance furent alors prononcés. Deux
du latin dit cvulgaire)>, que nous préférons appe- groupes, ethniques, politiques, militaires et lin-
ler ici NpopulaireD, latin parlé et écrit au moyen guistiques, étaient concernés, l’un germanique
âge dans une bonne partie de lXmpire, aux ou germanisé, l’autre romanisé, puis lui aussi
idiomes qui en sont issus fut, on s’en doute, in- germanisé; deux langues modernes, distinctes
sensible. L’élimination des langues usitées en du latin, furent utilisées et juxtaposées. Pour
Gaule avant la romanisation, langues dont la l’une d’elles, le «romarw, c’est le premier docu-
plus importante est évidemment celle des ment disponible, transmis par le témoignage de
Celtes (voir Gaulois), a été à peu près complète. l’historien Nithard et dans une copie exécutée
Seules des traces de ce ((substrat>> subsistent en vers l’an 1000.Le fait qu’il s’agisse d’un texte juri-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE FRANÇAIS

dique solennel et d’importance historique ga- tés, mais elles restent utiles et parfois indispen-
rantit une fidélité assez grande par rapport à sables. En sirnptiant beaucoup, on peut dire
l’usage du ti s., mais limite la portée linguis- que 1’a;ncien français ke-XIVe ~3.1est par rapport
tique du message. Cet *acte de naissa;ncej) du au Tran@s actuel une langue étrangère. On a
f&nçais concerne une langue hybride, art& ensuite tiaire a des états de langue parfois as-
cielle, officielle, qu’on peut bien appeler roman, sez éloignés du f?ançais d’aujourd’hui pour être
et qui n’est évidemment plus du latin. Cette peu compréhensibles, mais qui représentent
langue commençait à affleurer dans 1’Histotie clairement la m6me langue.
avec le concile de Tours (813) qui recommandait
L’ANCIEN FRANÇAIS : DE LA FIN DU Xe SIÈCLE h Y A
aux prédicateurs l’usage de l’idiome maternel,
UN MLLï?NAlRE~ AU MILIEU DU d SIÈCLE.
germanique ou <<roman rustiquem, à côté du la-
tin. Nous connaissons cet usage par les notes Cette langue, moyen d’expression d’une société
d’un prédicateur, pour un sermon en latin sur féodale qui va dispazdtre, occupe une partie du
JO~, autour de 950. Dès le début du x” s. territoire de la France (le Nord), de la Belgique
(v. 9001, un court poème religieux attestait cet et, sous une forme un peu différente (voir
état de la langue de manière plus naturelle que Franco-prover@), de la Suisse. Au sud d’une
les Serfnents; on le nomme Séquence de sainte ligne qui va de la Gironde à la Savoie, c’est l’es-
Euhlie. Ces premiers textes du plus ancien pace d’oc dont les pratiques de langage in-
fkançais seront suivis par d’autres écrits reli- fluencent fortement le fran@s. Aux six angles
gieux, une Passion ICIermont, v. 10001, la Vie de de I’&exagonem, d’autres langues sont; prati-
saint Léger transcrite à la même époque dans la quées : le flamand, le breton, le basque, le cata-
même ville. Il ne faut pas négliger des Gloses lan, l’italien, le germanique d’Alsaice; elles ont
antérieures (VU”s., pour celles dites de Reiche- toutes survécu, les romanes comme les germa-
nau, rédigées dans la France du Nord) qui inter- niques, la celtique comme la plus étrange, non
prètent par un mot latin wulgairem les termes indoeuropéenne, l’euskara (basque).
plus classiques de 1’Ecriture sainte qui parais- Dialectes. À I?ntérieur même de I’arkien fran-
saient obscurs aux lecteurs du temps. On peut çais, des territoires dialectaux se perçoivent,
comparer cette langue nouvelle, populaire et avec des variantes phonétiques et morpholo-
mal connue, que l’on parlait en Gaule après le giques, et des originalités dans le lexique, mais
v” s., à un créole latin, comme il existe à partir sans que se dégagent de véritables langues dif-
du xwte s. des créoles tian@s, anglais, portugais férentes. Un groupe de l’Est (lorrain, bourgui-
ou hollandais. En effet, non seulement les mots gnon), un autre au Nord-Est (picard et wallon),
du latin évoluent, en s’usant et par des proces- un groupe de l’Ouest (normand, avec son ex-
sus réguliers que décrivent les lois phonétiques, tension en Angleterre - maladroitement nom-
mais la grammaire même, ce cœur du système mée anglo-normand* -, angevin, poitevin) en-
de la langue, s’écarte visiblement de celle du la- tourent un groupe central parfois appelé
tin. Cette langue Nromane» qui va devenir le francien*. Mais, à part quelques traits indis-
fkmçais s’éloigne aussi des idiomes vema- cutables, les différences dialectales de l’ancien
culaires d’Italie, de ceux de la péninsule Ibé- tiançais (y compris ce francien) relèvent d’une
tique et aussi en Gaule même de ceux que l’on illusion historique. Ce qui est devenu le français,
parle au sud des territoires gallo-romans, re- ce n’est pas un dialecte, celui d’Ile-de-France,
groupés sous le nom d’occitan (voir Occitan). On parmi d’autres dialectes, mais déjà une langue
ne décrira pas ici le bouleversement du système largement partagée, diffusée par le pouvoir
des voyelles latines, la diphtongaison, l’appari- royal : l’influence uni-flcatrice de la région pari-
tion de nouvelles consonnes (notre ch, notre j, sienne est très forte dès les XII~et XILI~siècles. Les
d’abord tch et dj, qui continuent le h ICI et le d la- personnes cultivées du domaine d’oïl s’expri-
tins, par exemple dans chevul, jour), ni les hési- ment alors en français, avec une coloration dia-
tations de l’écriture, avant une ortho-graphe, lectale ; le plus grand poète cfranqaisn du XII~ s.,
&riture droite=, quelque peu wif&e bd s.l. On Chrétien de Troyes, est champenois ; Adam de
évoquera à peine les spectaculaires change- la Halle, qui est d’Arras, et Conon de Béthune
ments de la morphologie (du nom, de l’adjectif, laissent bien échapper quelques mots de leur
du verbe) ou de la syntaxe. Ces évolutions re- terroir, mais ils s’expriment admirablement
lèvent trop étroitement de la technique linguis- dans ce &an~ois» du roi.
tique (voir ci-dessous la bibliographie). Il faut ce- Le système de l’ancien fraqais. Cette langue,
pendant rappeler quelques traits caractéris- bien étudi& d’après un matériel abondant de
tiques des trés grandes périodes, après celle qui textes à partir du XI~s. - dont ce dictionnaire
voit la naissance du français. On parle commo- porte la trace par toutes les datations* qui y cor-
dément d’ancien et de moyen fiançais, puis de respondent, depuis 842 -, est bien différente du
français classique Cet post-classigue) enk de latin et du français actuel. Elle voit une forte évo-
français modene et contemporain. Ces dénomi- lution de sons : le u de mur et de dur succède à
nations recouvrent chacune bien des completi- ou, des o en revanche passent au ou (dans lowr,
LE FRANÇAIS 1486

cour.. .3.La nasalisation h, onI, inconnue du la- l’importance plus grande prise par les temps
tin classique, se répand. Ainsi le stock de composés, importante innovation par rapport
voyelles s’est enrichi, et les diphtongues se ré- au latin. Pour ces questions et pour la syntaxe de
duisent lue donne le son e écrit œ; oi, prononcé la phrase, on se reportera aux manuels signalés
OC devient wé, avant d’aboutir àwa). Des ci-dessous.
consumes, comme un th & lhnghise~~, dispa- Le lexique de l’ancien français. Quant au vocu-
raissent au cours du XI~s. ; des sifkntes encore buluire, objet de cet ouvrage, on doit faire une
écrites ne se disent plus : teste, asne se pro- première remarque. Les mots «grammaticauxp,
noncent quasirnent comme auj ourd’huî, à la lon- articles, pronoms, conjonctions, sont, pour l’es-
gueur près. D’une manière générale, voyelles et sentiel, acquis au XII~siècle. Ensuite, le fonds du
consonnes flpures> l’emportent sur les sons lexique nous est progressivement r&véïé par le
complexes tpar exemple les diphtongues) de la hasard des écrits conservés, entre les Semzents
période précédente. Les résultats de ces évolu- de Strasbourg (qui attestent de0 adieu>), amor
tions sur l’orthographe, qui bouge moins vite, flamourn, poblo flpeuplen, etc.) et le XIII~siècle.
sont un écart plus grand entre écriture et pro- Ceci pour souligner l’arbitraire des datations*,
nonciation. Ainsi, le 1 latin (dans certaines posi- de 842 à 1300 au moins, malgré la multiplication
tions) ayant produit la diphtongue OOU,réduite à des textes au XII~siècle. Ce fonds lexical français
ou, ces deux lettres ne notent plus qu’une procède de deux sources. La première est le bas
voyelle simple (que d’autres langues notent ~1; latin, puis latin populaire des Gaules, qui fournit
ai, ancienne diphtongue laD qui continue à par une lente évolution phonétique les princi-
s’écrire ai, se simplifie en è. En outre, de nom- paux vocables de l’ancien français, souvent sous
breuses lettres parasites sont ajoutées, pour di- des formes assez éloignées de celles que ces
verses raisons, intellectuelles ou ornementales. mots ont pris en frmça,is moderne, L’homogé-
Enfm, en l’absence d’une écriture unif%e (ortho- néité de ce fonds latin oral est totale avec
graphe) et généralisée, les habitudes d’écriture la grammaire de la langue, avec sa morpholo-
sont très variées selon les régions, les ateliers de gie. Signalées dans ce dictionnajre par la
copistes : les formes anciennes de nos mots héri- marque o>, les entrées concernées sont souvent
tés du latin en portent la trace, on le voit souvent des mots essentiels, polysémiques, dans la
dans ce dictionnaire. - Quant à la grammaire, lmgue d’aujourd’hui. Leur forme, tiectée par
un ouvrage entier serait nécessa;ire pour la dé- des siècles de prononciation et de circulation so-
crire. On se contentera de noter le maintien ciale, ne permet pas toujours de reconn$tre
d’une déclinaison des noms et des adjectifs, ap- spontankment l’étymon bas latin, qui peut lui-
pauvrie par rapport à celle du latin, mais bien vi- même conserver (ou non) la forme du latin clas-
vante. Pour les noms, elle a deux grands types : sique. Ainsi aqua, à l’accusatif aquum, fia par
le premier, au masculin est par exemple li murs, être prononcé par une seule voyefle, 0, seule
sujet; le mur, complément (ou cas régime); le fé- l’écriture (eau3 rappelant de loin l’évolution
minin reste invariable au singulier, sans s: la dont témoignent les formes intermédiaires me
rose. Au pluriel, ce type de noms donne ti mur (pronon& &Vii, ewoel. Ainsi augustum, par
4es murs~, sujet et Ees murs, comme au- ugosto puis aosto, aboutit à notre août prononcé
jourd’hui, en complément. Le pluriel du féminin ou et out. - Mais le latin n’est pas seul en cause.
est les roses, sujet ou complément. - Un autre La langue des Francs (voir franciquel, envahis-
type, plus complexe, connait une variation de la seurs germaniques qui se sont mis à parler ro-
forme du mot, qui tiecte surtout les voyelles : li man, véhkule d’autres mots dont la pénétration
cuem de comte-, li bers de baron* donnent suppose souvent un passage par une forme la-
comme compléments le ou lo cunte (ou comte), tine médiévale. La proximité de ce latin et du
et le baron. Le fiançais moderne n’a conservé, très ancien français (le aroman rustique4 est
on le voit, que la forme du complément, mtis il telle, en tout cas dans le vocabulaire, qu’il est
arrive que ces deux formes aient donné deux très difkile de montrer le cheminement de ces
mots distinck en français moderne: pûtre vocables, que certains considèrent comme des
CpastreI et pasteur, par exemple. Quant aux plu- emprunts. Mais leur ancienneté, leur modika-
riels, ils sont, au cas sujet li comte, au cas régime tion profonde, liée à la transmission orale, les
les comtes. Ce sont là aussi les formes du apparentent sociologiquement aux mots du
complément ou régime qui ont fourni celles du fonds latin ; ainsi le IV initial germanique a fourni
tiançais moderne. Elles provenaient de l’accusa- WI g écrit gu (wku>gulse). Des domaines entiers,
tif latin, murum, rosam pour mur et rose. - Ces comme la guerre, certains sentiments lorgueil),
declinaisons, qui tiectent aussi les adjectifs, des noms de couleur Blanc, @s, bled et même
permettent à l’ancien kançtis une grande b- des Su&es (le -ak, d’abord -ois, de kunçati, qui
berté dans l’ordre des mots, puisque leur fonc- tient du germanique -isk; OU encore -wd) té-
tion est parfois notée; cette hberte, cette sou- moignent de l’importance de ce second fonds,
plesse est cependant bien moindre qu’en latin noté dans ce dictionnaire par un o> CG pour
La CoPzjugaison évolue aussi, avec notamment germanique). Ces Sig;nes, qui marquent l’origine
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE FRANÇAIS
1

latine ou germtique ancienne et orale, sou- sieurs formes quand les voies d’emprunt sont
lignent que les deux stocks fournissent l’essen- multiples ou lorsqu’il est remanié. Pour l’ancien
tiel - et de loin - des mots de l’ancienne &mçais, la première source d’emprunt est, en-
langue. L’importance de ce fonds gemanique, core et toujours, le lutin. De là une situation
passé par le latin populaire, a probablement été étrange ; le fonds hérité et les premières vagues
surestimée, notamment par von Wartburg; les de mots transférés semblent provenir de la
étymologies ainsi critiquées, ramenées à d’hy- même langue. Mais ce n’est qu’une apparence.
pothétiques sources latines, sont discutées par Socialement, l’opposition est aussi grande entre
exemple dans un ouvrage récent de P. Guiraud. ces deux types d’origine, dont l’un met en œuvre
On pourra s’étonner de l’absence du gaulois de un latin parlé, populaire et transfonni! ou au
ce stock primordial. En effet, le fonds celtique, si contraire un latin écrit et conservé, que l’est
l’on néglige les noms propres de lieux, ne fournit pour la langue anglaise celle qui existe entre le
qu’un maigre contingent de mots qui désignent fonds germanique hérité et la vague d’emprunts
soit des réalités naturelles Icctillou), soit de mots romans (français et latins) des XI~+-~II~siècles,
de civilisation concernant des realités in- après la victoire de Guillaume le Conquérant à
connues des Romains Ibruiesl. En outre, la na- Hastings (1066). Dès la Séquence d%ulalie, des
ture gauloise de ces vocables, toujours passés mots comme diuule (d’où diable) ou figure, où le
par le latin médiéval, est encore plus difIicile à di et le g sont conservés, témoignent, puisqu’ils
établir que la nature germanique des mots d’ori- échappent à l’érosion par laquelle diumum a
gine contestée, dont il vient d’être question (voir donné jour et te@& tiule, puis tuile, d’un phéno-
bec, tonneau). Des étymologistes celtisants mène d’emprunt. Dans ces emprunts, qui se
furent naguère victimes d’une illusion culturelle multiplient dès le XI~ et le XII~ s., la source n’est
comparable à celle des humanistes du XVI@s. qui plus le latin parlé et populaire, mais celui des
Voula;ient à tout prix kvoquer le grec, voire l’hé- clercs d’Église, véritable conservatoire du latin
breu biblique, alors que, la plupart du temps, appris et récité. Les autres emprunts de l’ancien
c’est le latin tardif, oral, qui contient la réponse. français concernent les dialectes romalzs, qu’ils
Mais ce fonds lexical hérité (on dit dans les ar- soient d’oïl (notamment picard et normand) ou
ticles de ce dictionnaire «issu des, *hérité dem, d’oc. Dans le premier cas, il s’agit souvent de va-
(aboutissement du latin X*l, pour essentiel et riantes phonétiques (cwetie pour chevrette3, à
profond qu’il soit, ne représente, on le consta- moins que le normand n’ait fait transiter des
tera vite, qu’une minorité dans la nomenclature termes maritimes des Vikings (équiper). Dans le
de l’ouvrage, qui concerne, rappelons-le, le fran- second, il s’agit d’emprunts à la langue d’un
çais actuel et non pas les formes disparues de pays étranger : la Provence ne sera incluse dans
l’ancien et du moyen français. En effet, deux le domaine royal qu’en 1481. - Les langues ger-
phénomènes ont motié fortement le tableau, mun@ues autres que le francique, donnent une
et ce, dès l’ancien tiançais. Le premier de ces contribution spécialisée : c’est le cas de la ma-
processus est négatif : de nombreux mots dispa- rine, avec les Vikings romanisés de Normandie,
raissent ou vont disparaître, victimes d’évolu- qui ont apporté des mots norrois céétrave, quille,
tions, dont la plus évidente est l’usure phoné- ti1Zac.J les Frisons de Hollande lupnusser, le
tique, cause de confusion : ainsi, les mots latins saur de hareng saur), les Angle-Saxons : nord,
suis luvisl aoiseau>, à l’accusatif uvem, et upem sud, est, ouest, bateau (ce dernier, par dériva-
aabeille» avaient tous deux donné ef ou e, rem- tion) sont les premiers mots que le tiançais a
placés pour des raisons de clarté par les mots is- pris à l’anglais. Un autre champ d’emprunts est
sus de dérivés latins (voir oiseau, abeille, pois- fourni par l’arabe avec des mots que relaye I’Es-
son.. J. Le second est positif : c’est l’apparition de pagne de la Reconquête, puis que vont chercher
mots français d’une toute autre nature. les croisés : termes savants (alchimie, alcool, al-
Les emprunts. À c6té des mots hérités, parlés, gèbre - où l’on reconnaît l’article arabe al -,
travaillés par la communication sociale - mots zéro, etc.), termes de civilisation (jupe, mate-
populaires, si l’on veut, comme est apopulairem Zas...l.
la grammaire entière - apparaissent dès le x” s. Un autre procédé d’enrichissement du vocabu-
des formes que l’on nomme des emprunts (voir laire est la morpholo&e; l’ancien français s’est
Emprunt). Ce sont des mots pris tous vifs dans aussi enrichi par d&ivation avec des suf5xes
une langue étrangère, soit oralement, soit, plus provenant du latin ou du francique ; par prétia-
souvent, par voie écrite. Ceci sufEt à leur donner tion, elle aussi latine (contredire, déguerpir, tres-
un statut social entiérement différent de celui passer1 ou germanique (mesuvenkwe, mes-
des mots hérités, qui sont usés, patinés par cheant [méchant], formé sur le verbe che0ir.J ;
l’usage social le plus spontané. L’emprunt se composition d’ailleurs beaucoup moins produc-
manifeste en outre dans la rapidité de transfert tive que dans les langues germaniques ou dans
que permet l’écriture, alors que les mots hérités les langues slaves.
changent lentement. L’emprunt est plus figé, L’héritage. L’ancien tiançais, à son apogée (XI~-
plus stable, alors même qu’il peut adopter plu- XIII~ s.1, correspond à l’univers roman et go-
LE FRANÇAIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

thique. Il en a la richesse et la beauté, avec des dictionnaire ne peut contourner cet écueil;
réussites littéraires très supérieures à leur noto- ma&, renonçant aux mots disparus, se bornant
riété. Seuls les contenus narratifs gardent au- aux stades anciens de formes encore vivantes, il
jourd’hui une vitalité culturelle : chansons de subit moins que d’autres le poids de cette im-
geste, romans du cycle arthurien, qui adaptent mense difkulté de traduction.
la légende celte, grands mythes, comme celui de
Tristan et Iseult, et aussi thèmes poétiques ou LE MOYEN FRANÇAIS (1350-1610~.
verve populaire du Roman de Renati. La langue Le moyen fYan@s, que l’on fait commencer vers le
de ces œuvres, qui fait leur irremplaçable milieu du xrves., correspond à une profonde évolu-
beauté, nous est trop proche pour rendre très tion sociale : liquidation de la féodalité et établisse-
supportable la traduction en lançais d’au- ment de l’administration royale en France; appa-
jourd’hui, et trop lointaine pour rendre lisibles rition des valeurs précapitalistes et de la
ces textes admirables. Lacune culturelle im- bourgeoisie parlementaire ; mutation des idéolo-
mense qui prive les francophones de Chrétien gies. Sur le plan du langage, c’est le recul du latin
deTroyes, de Conon de Béthune, de Marie et des dialectes au détriment d’un français <ccen-
de France -trois parmi les plus grands poètes trab, c’est l’importance accrue de la langue écrite,
européens - et de ces auteurs souvent ano- surtout à partir d’une innovation majeure, l’irnpri-
nymes, de ces trouvères plus chanteurs, décla- merie, qui aura de grandes conséquences sur la
mateurs et musiciens qu’krivainsn. Cette litté- graphie du français. Culturellement, l’art, qui voit
rature, à côté de celle de langue d’oc, tout aussi le raement de la fin du gothique, devenu inter-
belle, a été redécouverte au me s. et célébrée au national, et le début de la Renaissance k l’ita-
x9 siècle. L’accès en est barré pour des raisons lienne, symbolise cette époque de transition so-
linguistiques, on le voit, mais aussi culturelles ciale, politique, économique et idéologique qu’est
car la société qui y est évoquée nous est compk- Z’~~Automnedu moyen ûge» (Huizinga).
tement étrangère. Du point de vue de l’histoire Quant au cœur de la langne, qui est sa gram-
des mots, l’ancien tian~ais marque la constitu- maire, l’ancien français est atteint dès le milieu
tion d’un vocabulaire fondamental, aujourd’hui du XII? s. lorsque la déclinaison à deux cas se dé-
souvent méconnaissable, appauvri de nom- fait, puis dispartit. C’est à cette époque que Phi-
breux vocables, mais qui fournit au fkançais ac- lippe leBel organise un royaume français
tue1 une bonne part de ses mots les plus usuels. agrandi ( 1285-1304). Un peu plus tard, Philippe
L’étrangeté de la syntaxe, la disparition d’une de Valois (13281 symbolise la ti d’une symbiose
partie du vocabulaire sont pourtant moins gê- avec l’Angleterre ; c’est alors que le tiançais de
nantes que l’extrême différence de prononcia- France s’affirme comme langue nationale, et
tion par rapport à la notation par l’écriture. que le français d’Angleterre Il’anglo-normand)
Celle-ci était beaucoup plus fidèle aux sons que est éliminé. Après la guerre de Cent Ans,
l’orthographe moderne. Mais la musique de Louis XI, roi de France en 1461, fait triompher
cette littératwe semi-orale nous échappe large- l’unité politique, ce qui donne au timqais sa
ment. En outre, la sémantique, compte tenu des chance historique : le parler normalisé de Paris
profondes différences culturelles dues au devient la ,langue d’un des plus grands pays
temps, est d’une redoutable difkulté. Les textes, d’Europe. A la même époque, les techniques
avant le xrve s., attestent des habitudes d’expres- prennent un essor considérable, entrakant de
sion tout droit héritées de l’oralité, la précision nouveaux besoins de désignation. Toutes les
de la pensée étant obtenue, non pas par cet em- conditions sont réunies pour un bouleversement
ploi du <mot juste- que le lançais classique pré- du lexique. Ce mouvement s’accélbrera au
conisera, mais par des procédés très souples, XVI~s., période très originale quant à la langue et
souvent allusifk, de mise en discours : groupes quant à la réflexion propre sur la langue.
de mots de sens voisin dont les connotations au- Le système de la langue. La phonétique en
jourd’hui nous échappent, usages variés d’une moyen français change peu, en tout cas beau-
même forme. On en conclut souvent, et à tort, coup moins qu’auparavant. En grummaire, la
que la valeur des mots en ancien français est disparition de la déclinaison a de nombreuses
vague et mouvante -ce qui est beaucoup pIus conséquences : sur l’emploi des prépositions,
vrai du moyen francais -, alors que les ambigul- sur l’ordre des mots, plus stable Isujet-verbe-
tés sont maîtrisées par tout un monde de ré- complément), sur les déterminants, démonstra-
férences suggérées. De là toutes les dîfkultés tifs, possessifs, sur les pronoms personnels deve-
d’interprétation, dans les textes mêmes et, plus nus indispensables. La conjugaison des verbes
encore pour défmir abstraitement tel ou tel vo- se motie par disparition des changements vo-
cable. Aucun recueil d’ancien français n’est par- caliques : alors que le passé simple d’avoir fais&
venu à transcender le statut du dictionnaire bi- alterner eti Etu eii3, vous etites) et 0 Ij’oi, il otl, on
lingue maladroit, où deux ou trois équivalents conjugue aux xrve-xves. comme aujourd’hui
en français moderne cernent très mal la ri- j’eus.. ., il eut, ... ils eurent. En outre, une impor-
chesse de sens de ces anciens mots. Le présent tante redistribution de fonctions entre prono-
DE LA LANGUE FRANÇAISE
LE FRANÇAIS

titi et passif
aboutit à plus d’homogénéité. *moyen français> -, fi même dans celle du vo-
Le lexique. sont surtout les vocabulaires gui
Ce cabuhire, encore que de nouvelles sources
évoluent avec l’expansion du tiançais, <langue d’emprunts viennent s’ajouter aux autres, mais
vulgairefi maintenant socialement unifiée, aux par un nouveau statut social et par une prise de
dépens du latin mais aussi des dialectes deve- conscience explicite quant à la langue. En outre,
nus dans le domaine d’o’ïl des patois. Le tiançais si l’imptierie s’est diffusée entre 1438 et la fm
doit alors assumer l’expression de domaines du XV~s., c’est au XVI~s. qu’elle a en France tous
spéciaux jusqu’alors latins, comme le droit, la re- ses effets. Les imprimeurs font en effet des ten-
ligion, la médecine. Ce transfert est d’inégale im- tatives multiples, et donc peu efficaces, pour
portante selon les disciplines. Ainsi, alors que aboutir à une norme graphique : le XVI~s. est une
les medecins parlent et écrivent latin, les chirur- période de guerre de l’orthographe, avec des
giens, encore associés aux barbiers, ignorent hardiesses qui rendent bien dérisoires les réac-
souvent la langue de Cicéron. C’est pour eux tions apeurées d’aujourd’hui devant toute modi-
que le traité de chirurgie de Mondeville est tra- fication. Comme l’a souligné Marcel Cohen, les
duit du latin en tianqais en 1314. Entre ce texte imprimeurs de la Renaissance continuent sur ce
et ceux d’Ambroise Paré, au milieu du xv? s., le plan d’agir comme leurs prédécesseurs clercs et
vocabulaire anatomique et médical se francise. copistes; des lettres parasites compliquent la
De même, la religion commence à s’exprimer transcription : <(orthographe pour l’esprit>, par
en langue maternelle, en dehors des simples allusions étymologiques d’ailleurs souvent fau-
prêches, et les traductions philosophiques d’un tives; aorthographe pour l’œib, par goût orne-
évêque, Oresme (av. 13801,sont essentielles pour mental Wstoire d’une langue, p. 164).
tout le vocabulaire intellectuel. Ces grandes tra- Cet intérêt créateur pour la langue se marque
ductions du latin deviennent abondantes à par- aussi dans la naissance d’une grammaire vrai-
tir du milieu du ti s., notamment avec Bersuire ment française (Meigret) et d’une lexicogra-
(1352) : c’est une mine d’emprunts. Le besoin phie : le Dictionnaire français-latin de flobert Es-
d’un vocabulaire savant en tiançais incite à de tienne ( 1539) inaugure une tradition féconde,
nombreuses créations. La plupart se font donc celle des &résors des mots-, En& le français est
par emprunt savant au latin, ce qui est très nur- défendu, décrit, ~618x6, comparé aux langues
mal, puisqu’on en traduit tout un corps de anciennes : Lemaire de Belges, Lefèvre
connaissance. Dès lors, on peut dire avec Pierre d’Étaples, traducteur des textes sacrés, GeofTroy
Guiraud que & moyen français fournit pEus de la Tory, Pierre Saliat au début du siècle, puis
moitié de notre dictionnaire actueb Ue Moyen fitienne Dolet, Peletier du Mans et, bien sûr, Du
Françati, p* 51). L’tiuence du latin est alors im- Bellay et Ronsard ont, à côté des érudits comme
mense, directement par ces emprunts qui, plus Pasquier, tenu pour le français un discours de
encore qu’en ancien francais, fournissent des combat qui a pesé dans son évolution.
couples : mot hérité-mot emprunté (doublets), Le XVI~s., on le sait, est l’époque d’une crenais-
comme nager-naviguer; grief-grave; frêle-h-u- sance> venue d’Italie et faisant référence à l’anti-
gik; entier-intè@e; hustel-hspitul... ; indirecte- quité - on dit alors restitution, restauration -;
ment par la morphologie : suffixes et préties c’est aussi le temps d’un humanisme à tendance
fonctionnent de plus en plus, produisant des ad- individualiste Ile mot individuel apparaît en
jectifs (par exemple en -uble, &Je), des substan- 14901, mais qui promeut un savoir européen,
tifs abstraits et concrets, des adverbes... Les mots fondé sur le latin (Érasme en est le symbole).
anciens, hérités par voie orale, ne sont pas tou- C’est er&n l’époque d’un affrontement, au sein
jours épargnés : certains sont abandonnés (es- de la chrétienté omniprésente, entre Rome et la
mm cède la place à estimer, aerdre à adhérer), Réforme ; celle-ci s’exprime certes en latin, mais
d’autres, surtout des emprunts jugés imparfaits, aussi en f&n@s, en allemand, en anglais; sans
sont latinisés, parfois sans lendemain knedicin jouer un rôle aussi essentiel que Luther pour
au lieu de r&decin). Quant au sens des mots, l’allemand, Calvin est un protagoniste de la nou-
l’influence de la =relatinisationm est aussi no- velle prose fiançaise.
table : il arrive - surtout au XVI~s. - qu’un sens La littérature témoigne alors d’une maîtrise
classique du latin vienne s’adjoindre à celui du nouvelle du tiançais, non seulement chez ceux
mot fianqais qui en est issu, et qui reflète la va- qui sont nés dans cette langue, comme Ronsard,
leur du bas latin : à hostie, pris au sens religieux, Du Bellay ou Rabelais, mais aussi chez des Occi-
s’ajoute pour un temps, au XVI~s., la valeur de tans, comme Montaigne. On verra là un signe
KvicAimex qu’avait hosti en latin classique. d’expansion, comparable littérairement à l’ex-
pression française d’un Beckett, d’un Ionesco de
LE XVIe SIÈCLE.
nos jours, mais sociologiquement tiérent.
Le xv? s., temps de la Renaissace, occupe une Si la grammaire change peu, la prononciation
place à part, non pas dans l’évolution profonde évolue encore fortement : certaines consonnes
de la langue, qui suit son cours normal - et hales Is du pluriel, r des infinitif%, t de petit)
en cela, ce siècle appartient entièrement au cessent de se prononcer, et la plupart des diph-
LE FRANÇAIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tongues qui subsistent encore disparaissent tau- l’Académie (16941, après des années de gesta-
tant passe de aoutant à la prononciation MO- tion, donne de la graphie, est conservatrice et
deme). stabilisée : tout en unifiant des variantes qui
Le vocabulaire au xvre siècle. Le lexique s’enri- s’étaient multipliées au me s. avec les doctrines
chit de plus belle par emprunts au latin encore réformistes et les techniques d’imprimerie, elle
et, maintenant, aussi au grec. Cette langue avait consacre les écarts entre écriture et prononcia-
déjà fourni de nombreux mots au français, mais tion, et conserve une grande part des ajouts de
par le latin, grand emprunteur et transmett;eur lettres étymologiques ou décoratives qui en-
de la sagesse hellénique; les nouveaux em- combrent la notation des mots. Alors que l’Aca-
prunts sont directs, par translittération Iphkno- démie espagnole, entre le XVII~ et le XVIII~ s.,
mène, hygiènel; les hellénismes anciens, issus donne au castillan un système d’écriture écono-
du latin, sont parfois repris par conformité. L’or- mique et rationnel par rapport à la phonétique
thographe du fiançais y gagne des groupes de de cette langue, le français restera, comme l’an-
lettres, comme ph 09, th, ch 021, r/2, ainsi qu’un y glais, victime d’un double principe phonétique
voyelle (4 grec))), qui signalent le mot c3avantp. et visuel : «une orthographe fmée crée une image
Ainsi s’est instauré le matériel de ce que l’on ap- graphique obsédante qui L.1 finit par obscurcir
pellera plus tard un <jargon des sciences*. Autre les autres modes de réalisation du mot)) (J. Chau-
source, on l’a dit, l’italien. Malgré de vives réac- rand, p. 703, Cette image graphique conduit déjà
tions, comparables à celles de la guerre perdue à la prononciation de lettres adventices, phéno-
du franglais au XX~ s., l’italien fournit alors un as- mène évident en f&nçais moderne. Cependant,
sez grand nombre de mots courants : banque, à l’intérieur de normes simples, chacun peut se
cotonet, soutane.. . D’autres langues ewo- permettre, au XVII” comme au ~~III’ s., des fantai-
péennes sont concernées, tels l’espagnol, mais à sies que le xïxe s. interdira. - Si la syntaxe évo-
peine, et l’allemand, qui avait déjà fourni quel- lue aussi, notamment celle des déterminants,
ques mots au xv” s. et suscite alors bikre, coche des relatifs, des adverbes et des prépositions
(voiture), halte parmi quelques dizaines de (sur et dessus par exemple prennent leurs fonc-
termes. L’influence de ces langues sur le pan- tions actuelles) ou celle des pronoms complé-
çais restera limitée, et l’heure de l’anglais n’est ments (je le VOUS assure devient je VOUS Z’assurel,
pas encore venue. -Enfin, grâce aux voyageurs, si la conjugaison et la structure de la phrase se
les premiers emprunts 4méricain9, par réorganisent, le système générale de la langue
exemple ceux que rapporte du Brésil Jean de semble dès lors plus stable.
Léry, sont faits à des langues indiennes. Vocabulaires et terminologies. Les principales
Cet état de la langue, kuit d’une évolution de modifkations du fkançaîs, dans cette période,
deux siècles et demi, se prolonge au début du concernent trois domaines : le lexique, la situa-
XVII~ s., avant que ne s’instaure l’esthétique du tion sociale de la langue et la perception de
baroque, puis l’&ge de la raison classique. celle-ci par les usagers. Le Yocabulaire est en ef-
fervescence. Tandis que les gmmmairiens et les
LE FRANÇAIS CLASSIQUE.
gens de goût s’emploient à l’épurer, ce qu’on ob-
Cette désignation, aussi discutable que celles de serve dans la littérature surtout après 1650, les
«baroqueB en art ou de «classicismes, concerne besoins de désignation des sciences et des tech-
un moment privilégié de la culture et du pouvoir niques, ceux du droit et de l’économie, des
politique de la France, symbolisé par ce bref beaux-arts et de la musique, domaines en plein
siècle de Lotis XIV%, qui couvre les derniéres essor, induisent de très nombreux emplois nou-
décennies du xwre s. et le début du XVIII~ siècle. veaux. Certes, après la prolifération de la Re-
Cette période s’instaure bien avant la Royauté- naissance, après la fantaisie verbale de la pre-
Soleil, dans les années 1630; l’action de Mal- mière moitié du XVII~ s,, période de littérature
herbe et les premiers succès de Corneille en baroque, qui fait suite à celle du moyen tiançais,
sont l’indice encore isolé. les discours littéraires s’appauvrissent volontai-
Phodipe, écriture. L’évolution phonétique rement, mais les arbres bien taillés de ce parc
continue alors celle du me s. : suppression des littéraire à la LenOtre ne doivent pas nous ca-
dernières diphtongues conservées, de consonnes cher la forêt des signes. Ainsi, le mince vocabu-
fmales : on dit couri, mouchai (M. Cohen), laire de Racine, génialement mis en œuvre, ne
mise en place des nasales et, vers la ti de la correspond nullement à la réalité sociale des VO-
période, remplacement du wb de roi par wa cabulaîres fran@s. L’évolution des sens, l’appa-
dans l’usage le plus vulgaire auquel résiste la rition de nouvelles manières de dire, après
langue distinguée, qui &+&a par céder aussi à l’abondante phraséologie familière et truculente
l’évolution. Le I =palatab noté IL recule devant le qui s’observe du xwe au xvle s., et surtout la
son [jr Icailloul, le r roulé est concurrencé en mi- constitution de terminologies propres aux nou-
lieu urbain par le r agrasseyén. Plus notable est veaux domaines du savoir enrichissent le ta-
l’évolution de l’orthogr@e vers une norme re- bleau beaucoup plus que les beaux esprits et les
connue et unique : l’image que le dictionnake de doctes ne l’appauvrissent. Et même là, en lit-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE FRANÇAIS

térature, le burlesque, la préciosité - à la fois ~~Agréables conférences de deux paysans de


puriste et novatrice - donnent du XVII~S. me Saint-Ouen et de Montmorency* (1649-1651) où
tiage opposée à celle qu’en propose Boileau et l’on satîrise Mazarin. Par ailleurs, le français ne
qu’en a trop longtemps retenue la postérité. Ce- cesse de gagner du terrain sur le latin dans l’en-
pendant, il est vrai, comme le note Bouhours, seignement et dans les sciences : en 1637, Des-
que la dérivation et la composition, si appré- cartes publie en français son Discours de LU KO&
ciées des hommes de la Renaissance, sont ap- thode, fait inaccoutumé en philosophie. Enfin,
pauvries, presqu’exsangues. Dans le même après les «défenses et illustrations>) du XVI~ s., le
temps, les besoins d’expression suscitent des combat pour le français prend deux formes nou-
mots et des termes nouveaux : la science, la velles. Combat pour la connaissance, par
technique, là encore, n’ont cure des interdits. exemple avec Ménage gui donne le premier re-
Norme et dictionnaires. Ce qui est clair, c’est cueil étymologique scientifique de notre langue
qu’une nouvelle norme lexicale se construit, du ( 16501, ceci grâce à une intuition historique très
4mn usagen de «Yhonnête hommen (deux forte : ce n’est pas du latin classique qu’il faut
concepts éminemment classiques) au Elangage partir, mais du bas latin exploré par Du Gange.
des art+ (techniques), sans omettre la re- Malgré ses faiblesses, inévitables à l’époque, le
connaissance de la langue populaire, chez Scar- recueil de Ménage résout bien des problèmes, et
ron ou chez Charles Sorel, et chez Molière ses erreurs mêmes procèdent d’une démarche
même. On le voit bien lorsque le dictionnaire de à la fois hardie et prudente. À côté des savants,
l’Académie, paru en 1694, est accusé par les pu- grammairiens, logiciens (Port-Royal), philo-
ristes de donner asile au langage des Halles, ou logues et étymologistes, une rme nouvelle se
lorsque Furetière, entreprenant de décrire les manifeste, celle des auteurs de remarques sur la
mots nouveaux de la science et des techniques, langue, surtout Vaugeks U3e%wques, 16471, très
suscite de la part de l’Académie, qui a expulsé pragmatique, et Bouhours, plus théoricien. Avec
ce trublion mais qui se sent durement concur- d’autres, ils cherchent à hisser le fran@s au ni-
rencée, Xe dictionnaire complémentaire de Tho- veau de pureté du latin classique ou plutôt de
mas Corneille. En effet, ce lexique français en l’image très fk-ée qu’ils en ont. L’idée d’wsagen,
mutation est maintenant décrit dans son en- c’est-à-dire d’une pratique partagée résultant
semble; après les dictionnaires bilingues du d’un choix collectif, donne à la société, aux
XVI~ s. et quasi unilingues kançaisl du début du mœurs, une importance décisive. Mais les juge-
xwe s. (le Trésor du diplomate Jean Nicot - ments, la norme sociologique viennent d’une
l’homme de la nicotine -, en 16061, plusieurs ou- collectivité choisie, d’une oligarchie arktocra-
vrages paraissent entre 1650 et 1700. Ils sont tique et, de plus en plus, bourgeoise. La raison -
didactiques, comme le dictionnaire du jésuite c’est-à-dire le système, l’analogie - doit s’incli-
Pomey, qui inclut du latin, comme celui du ner devant cet usage, notion ambiguë comme
pédagogue Richelet, exclusivement français tout concept lié à la hiérarchie sociale. Le rôle
(16801, ou institutionnels (l’Académie, 1694) ou de conseiller-observateur de la langue est donc
encore culturels et terminologiques (Furetière, de promouvoir le abon usageB réalisé par le beau
1690; Thomas Corneille, 1694). Ces recueils per- style, selon une hiérarchie de genres stricte-
mettent de ker assez fidèlement l’état du ment cotiée, du sublime au bas, des vers à la
lexique. En même temps, ils témoignent d’un prose, mais à la belle prose de Guez de Balzac et
souci nouveau de décrire, d’inventorier, de de Voiture (la spontanéité aristocratique de
comprendre le langage en devenir, d’épuiser les M?” de Sévigné, pour admirée qu’elle soit, reste
ressources de cette langue devenue omnipré- en marge).
sente en France, le français. LE XvIlf SIÈCLE,
Le statut social du français. Car le statut du fmn- On qual%e parfois le français du xwe s. de
çaiS se motie. Si la campagne parle patois, et langue post-classique. Cependant, par sa struc-
le sud de la France occitan, les rapports entre ture et ses usages, par ses tendances et son
langues évoluent. Certes Racine, allant de Paris idéologie, le lançais du siècle des Lumières ne
à Uzès, cesse après Lyon de pouvoir communi- fait que prolonger celui de la deuxième partie
quer dans sa langue, utilisant à son arrivée en du me siècle. Les évolutions phonétiques se
Provence l’espagnol et l’italien qu’il connaît poursuivent, parfois avec inversion de ten-
pour se faire comprendre. Mais, dans les gran- dance: ainsi les r finaux disparus réappa-
des villes, le français progresse et le bilinguisme raissent : si tiroir était vulgaire face à tiroi, c’est
s’instaure : à Marseille, on parle provençal en fa- l’inverse au ~VIII~ s. (Cohen, p. 221). La gram-
mille, tiançais dans les afkires et l’on n’écrit maire change peu ; la créativité lexicale et ter-
P~IS guère que le fiançais. Si la langue de Paris minologique s’accentue. Les mutations idéolo-
Ila wille,) et celle de la Cour se fixent, Xes varia- giques ont peu d’effet sur les structures
tions demeurent; des formes de fkançais régio- profondes de la langue. Comme il est devenu
nal patoisant se manifestent même en littéra- normal depuis la fin de la Renaissance, ce sont
ture, chez Cyrano, Molière ou dans ces les vocabulaires qui se moment, ainsi que la
LE FRANÇAIS 1492 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

perception de la langue et les actions de poli- cours théorique font usage des éléments grecs
tique langagière (éducation, critique des usages, en francais (Lavoisier et Guyton de Morveau l’il-
traduction...) qui en découlent. lustrent avec la chimie : wyg&w, hydrogène),
L’évolution de l’orthog@w imposée manifeste mais aussi en anglais, en allemand, et ces termi-
cette réflexion active sur la langue. L’Académie, nologies prennent leur visage moderne au
dans son édition de 1740, procède à une remar- XvJn”s. : il se précisera et deviendra plus
quable simplîkation : 5 000 mots du diction- complexe au XIX~ siècle. Déjà, peu aprés 1750,
naire sont touchés, sur 20 000. Ainsi, le s non des synthèses lexicographiques manifestent
prononcé devant consonne est supprimé, clairement ces tendances : l%ncyc2opédie sur-
l’accent circonflexe apparaît alors : US~ devient tout (17651, mais aussi les enrichissements du
ûine, le verbe estre devient être; des lettres su- dictionkre de T&oux (issu du Furetièrel ou le
perflues sont élirninées, des y fkaux sont rem- Manuel lexique de l’abbé Prévost ( 17501, qui re-
placés par i koil, les accents aigus et graves sont flètent tout comme les œuvres didactiques de
généralisés. Certaines lettres non prononcées, Voltaire, diffuseur des idées et de certains
et ah-s supprimées (le pluriel enfants devient termes newtoniens, l’énorme tiuence de 1’An-
enfans), seront rétablies au XIX~ s., mais, dans gleterre.
l’ensemble, l’orthographe de 1740, perfection- LE FRANÇAIS RÉVOLUTIONNÉ : LJI RkVOLUTION ET L’EM-
née en 1776 (le ez des noms en é, au pluriel, de- PIRE.
vient ésl, est presque celle du fknçais contem- Xl peut sembler paradoxal de placer la Révolu-
porain. Heureuse époque, penseront certains, tion et l%mpire 0789-1815) dans cette langue
où la norme de l’Académie correspond à un ef- apost-classique>. Il est pourtant très raisonnable
fort vers la clarté et vers la simptication, où de le faire, en y voyant aussi une transition vers
l’évolution de l’usage est entérinée par l’auto- le français moderne. En effet, phonétique et
rité ! En comparaison, la fm du xx” s. peut pa- grammaire ne bougent guère alors, et ceci ma-
raître un sommet d’intolérance peureuse : mais, nifeste la grande indépendance des structures
en fait, les conditions sociales d’exercice du lan- du langage par rapport à l’histoire immédiate, si
gage ont changé; au ~III~ s., écrire est encore décisive soit l’influence de celle-ci sur la société,
l’apanage d’une minorité de favorisés. sur les idées et sur le lexique. En revanche, et
Quant aux vocabulaires, ils reflètent l’évolution comme auparava;nt, le statut du lançais, sa ma-
de la société : non seulement les concepts évo- nipulation institutionnelle, les terminologies qui
luent avec les termes qui leur sont attachés, permettent la maîtrise intellectuelle du monde
mais des mots nouveaux apparaissent par dki- reflètent bien les bouleversements historiques
vation ou par emprunt. C’est ainsi qu’après l’ita- de la grande mutation <<démocratique», cotis-
lien et l’espagnol, à côté du latin dont la science quée après les excès de la Terreur (plus robes-
fait grand usage, l’anglais, langue de l’innova- pierriste que prolétarienne) par la bourgeoisie
tion scienti-fique et technique et de l’évolution 117941, et retournée en monarchie expansion-
politique, devient une source essentielle pour le niste par Napoléon. Dans les discours, les conte-
tiançais. Les anglicismes de l’époque sont nus les plus nouveaux tiectent une forme tradi-
souvent visibles @&get, club), mais plus souvent tionnelle : Robespierre, dans sa phrase, parle
encore discrets, et même secrets. L’anglais four- cjésuiten - en tout cas, parle ce français post-
nit en effet des mots d’origine latine ou tiançaise classique que les Jésuites enseignaient fort
qui s’adaptent à merveille aux structures du vo- bien -; Marat fait usage d’un rousseauisme pé-
cabulaire ; certains dérivés semblent indigènes, dantisé. Cependant, l’inflation lexicale se déve-
alors qu’ils sont créés outre-Manche Igouveme- loppe au rythme des innovations : non seule-
mental, sentimentaZ...l. F,nfm, bien des change- ment politiques et idéologiques, comme il se doit
ments de sens doivent quelque chose à l’anglais. alors, mais aussi scientifiques, la science entrant
Si rkvolution, terme d’astronomie et de chrono- directement dans l’institution (le système mé-
logie kretour des choses, terme4 passé dans la trique). Cette explosion se marque dans la mor-
langue générale au xwe s., s’emploie depuis la phologie (la seule série de dérivés du mot-sym-
seconde moitié du XVI~”s. (Retz, puis Bossuet en bole révolution en fournit la preuve); dans la
témoignent) à propos de bouleversements et de composition gréco-latine ; dans l’emprunt; peut-
luttes politiques, parfois violents, c’est en partie être surtout dans la rhétorique des signika-
à cause de l’emploi du mot revolution en anglais, tions, avec des extensions, des spécialisations,
lors de la restauration qui a suivi la dictature de des métaphores portant sur les mots les plus
Cromwell ; cet usage encore très flou a été usuels. C’est à cette époque que le débat sur la
conceptualisé en France, notamment par Mon- création de mots nouveaux débouche sur des
tesquieu, mais la politisation bu mot doit beau- recueils, qu’ils soient systématiques Wocabu-
coup à la langue anglaise. - A côté de l’anglais, luire des nouveaux privatifs, de Pougens ou non
le grec, par les éléments «savantsu utilisés très CLa Néologie de Sébastien Mercier, 18011, sans
largement depuis la Renaissance, est un gros parler des dictionnaires &volutionnaires>> des-
fournisseur de termes : les sciences et le dis- tinés aux étrangers ou aux Français. Le sen-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE FRANÇAIS

timent de choses nouvelles à exprimer l’em- pendant la Révolution, devient alors - comme
porte en général sur le souci puriste. Cet im- le souligne très bien Cohen - un objet d’admi-
mense apport de la Révolution au vocabulaire nistration centralisée. Ainsi, la liberté indivî-
français a été remarquablement étudié au début duelle dans l’orthographe, qui suppose une pe-
du xxe s. par Max Frey, puis par F. Brunot. tite élite d’écrivants et qui explique en partie 1%
La Révolution est un des grands moments de réformes assez hardies du xvme s., fait place à
l’ainstitution de la languea IR. Balibar). Le jeune une codifkation beaucoup plus contraignante,
Talleyrand en 1791 plaide pour un véritable plan liée à l’intention d’enseignement généralisé. De-
de perfectionnement du tiançais (en fait, du puis 1832, l’orthographe du français n’est plus
lexique). La Révolution se fait aussi par le fran- seulement «d’Académîem, mais ad’Etat» : sa
çais, par le langage, et le pouvoir nouveau croit connaissance devient indispensable pour accé-
qu’à l’Ancien et au nouveau Régime corres- der au moir$re emploi public. L’enseignement
pondent un vieux et un nouveau langage : on primaire d’Etat, évident progrès démocratique,
prétend &volutiunnerm le français, Tout à fait coïncide avec l’échec d’une Restauration immo-
fausse quant au système de la langue, cette idée biliste ( 1830). Une gramnwire normative (No!1 et
n’est pas absurde quant aux mots. Elle est Chapsal, 1823) est obligatoire et requise. A la
presque exacte quant aux rapports entre pou- même époque, les réformes orthographiques de
voir politique et langue française. Des conven- l’Académie deviennent de simples réformettes
tionnels, surtout Barère et l’abbé Grégoire, font F1835 : fran@!? remplace kunçois, prononcé &;
la guerre aux dialeties et aux langues étran- enfans redevient enfants); mais ces change-
gères en France; surtout, on organise un ensei- ments modestes et ces pahnodies paraitraient
gnement pour la nation entière : 1’4nstitution>~ auj ourd’huî d’efkoyables révulsions. C’est dire
du peuple va donner naissant à l’&&ituteurs~. que, sur ce terrain du mot écrit et de la phrase
Au-delà des exaltations du discours convention- correcte - l’un et l’autre étroitement défmis par
nel, un fait essentiel sera acquis : entre 1789 et la pédagogie -, tout se fige, tout s’immobilise.
1815, le nombre des Français parlant tiançais C’est un nouveau paradoxe puisque cette épo-
(des Belges et des Suisses aussi, d’ailleurs) a for- que est particulièrement turbulente, kvolutive,
tement augmenté : outre les intentions d’ins- révolutionnée, même Si l’on n’envisage que les
truction généraliske, qui se réaliseront de ma- usages de la langue, que les changements du
nière moins fantasmatique et très progres- discours littéraire, scienttique ou technique.
sivement au xrxe s., le brassage militaire y aura Langue trés vivante, d’un côté ; quant à la lettre,
étk pour beaucoup. Cependant, la Révolution langue morte ou du moins immobilisée. Alors, et
crée l’école primaire et les écoles centrales, l’Em- pendant deux siècles, le francais de l’école, fn&
pire les lycées. Si le rôle du latin, éliminé en in- ou presque, se répand en tuant les patois, en
tention par les conventionnels, reste important blessant mortellement le breton, le flamand de
avec l’Empire et la Restauration, celui du fran- France, en attaquant l’occitan, le catalan, le
çais ne cesse de croître en France. Cependant basque. Le germanique d’Alsace doit en partie
les tentatives de réformes linguistiques en pro- son salut à la victoire allemande de 1870; le dia-
fondeur - notamment celles de l’orthographe : lecte italien de Corse doit le sien à l’insularité.
Restif, Domergue - ont toutes échoué. Les Unité française, démocratie, réduction des dif-
seuils ne sont en effet pas marqués par la férences et violence culturelle marchent d’un
science ni par la volonté, mais bien par l’équi- même pas. - Passons sur les évolutions de la
libre social dans sa globalité. phonétique et de la syntaxe : elles ne sont pas
essentielles, au moins dans l’illusion unitaire de
LE mdw.yk3 Momm (DE LA RESTAURATION A LA la langue nationale. Le XIX~s., comme la ~XI du
TROISIÈME RÉPUBWQUE)
.
français dit post-classique, se marque par l’évo-
Le français moderne, défki non sans arbitraire, lution des vocabulaires, par les changements de
commence avec une période de réaction poli- statut du français, lequel devient plus complexe
tique, la Restauration. Le XIX~s. en entier vit une hors de France (il va falloir dire «les francais~1, et
contradiction : les pouvoirs conservateurs et au- par l’impossibilité de faire évoluer les images so-
toritaires (par exemple le Second Empire) cor- ciales de la norme, malgré les efforts des savants
respondent à une évolution rapide de la société : et des intellectuels.
science, techniques, idéologie, rnœurs. À la va- Les mots, la langue et son image Il848-1920). Les
riété accrue des pratiques sociales veut corres- lignes de force qui semblent gouverner l’évolu-
pondre une tication de la langue, sans doute tion du lançais au xrxes. conduisent à distinguer
POU~ conjurer les risques d’éclatement national. - certes artifwiellement - deux périodes, la se-
La plupart des linguistes pensent, avec Marcel conde allant de 1848 aux lendemains de la
Cohen ou WaIther von Warkburg, que rien d’irn- 43rande Guerre>>. Au cours de la première, on
portant n’a changé entre 1815 et 1848 dans le vient de le voir, un fknçais ofkiel s’était fixé;
système de la langue. Ce qui est notable, c’est ensuite il se répand dans la société. Pour les vo-
que le tiançais, objet d’une volonté politique cabulaires, la seconde moitié du siècle voit l’ap-
LE FRANÇAIS DICTIONNAIRE HISTORIQUE

phcation sociale massive des découvertes scien- encore vivace, la langue étudiée et ses usages
tsques fondamentales de la première : des di- tendent, surtout à partir du tiançais classique, à
zaines de milliers de termes apparus entre 1730 être confondus avec les discours littéraires et
et 1860 environ, demeurés l’apanage des mi- aussi avec les attitudes de la société quant au
lieux spécialisés, passent dans l’usage commun. langage. Cette tendance devient excessive pour
Les attestations de nos dictionnaires historiques le français du XIX~ et du xx” siècle. Ce n’est pas
reflètent mal ce mouvement, pourtant sociale- un hasard si 1’Histoire de la langue française, ch-
ment essentiel : les mots et les termes enregis- rigée par F. Brunot, admirable pour la période
trés depuis cinquante ans et plus deviennent en classique et la Révolution, devient avec Charles
quelques annees des vocables de tous les jours. Sruneau en ce qui concerne le XIX~ s. une mince
Aujourd’hui cette vulgarisation est quasi immé- stylistique historique, n’étudiant plus que la poé-
diate, du fait des médias. Vers 1830 ou 1860,le sie et la prose des écrivains *romantiquesB, puis
passage était lent, progressif. À la ti du XIX~ s., la wéalistes», ainsi que quelques grammaires et
situation est intermédiaire : la presse et les dictionnaires. Certes, les discours littéraires
transputis ont déjà vécu leur mutation. Ainsi, le sont des représentakions essentielles du français
vocabulaire de l’électricité, constitué au XVIII” s. à cette époque; mais, déjà instisants pour
puis dans la première moitié du x& s. kurtout l’étude uexterneb, ils le sont davantage pour
en anglais, avec Faraday), deviendra populaire l’étude <<interne»; ils rendent compte de la réa-
entre 1850-1860et 1914;celui des chemins de fer, lité inaccessible de la langue comme une galerie
venu pour partie d’Angleterre entre 1830 et de glaces déformantes, non comme un instru-
1860,s’implante déjà plus vite. Ceux de l’avia- ment d’optique fidèle.
tion, de la bicyclette, de l’automobile, puis du ci- Il est pourtant vrai que les grands courants litté-
néma ou de la télégraphie sans fil, constitués raires révèlent des tendances profondes : mais
avant et pendant la guerre de 1914-1918,se ti- n’oublions pas la lucidité critique de Hugo :
fusent en une ou deux décennies. Ce rythme ((guerre à la rhétorique et paix à la syntaxeu. Car
lexical deviendra assez effréné au &Siècle. II en la syntaxe (et de manière générale la langue) ré-
va de même pour les emprunts culturels : un pond à d’autres lois. L’usage reconnu du fran-
premier voyageur emploie le mot originel, le çais, cotisqué par l’épurateur du classicisme,
transmet, souvent le déforme. La plupart de ces s’ouvre avant et avec la Révolution (RestK.1 aux
<<mots de relationm, qui apparaissent en nombre aspects souterrains et réprimés des usages so-
au XVI~ s., qui se multiplient en kançais classique ciaux. Les romantiques mettent alors en scène
et déferlent au ti s., restent virtuels et ne sont les richesses du passé (moyen âge et Renais-
pas réemployés; certains, pour des raisons va- sance, puis baroque : les agrotesques» de Gau-
riables, s’imposent et se répandent. Le phéno- tier changent l’image littéraire du XVII~ S.I. On
mène de diffusion, secondaire pour le philo- prend conscience de la variété des usages : du
logue, est primordial pour le sociologue du français hors de France, des dialectes et des pa-
langage. Ces mouvements de diffusion, d’os- tois, des habitudes de langage des parias de la
mose sont à l’œuvre depuis l’ancien fknçais société (l’aargot> chez Balzac, Sue, Hugo). Mais,
mais plus signifkat& à l’époque moderne. Très ceci, éclatant, ne tuera pas cela : le *bon tian-
délicats à appréhender, ils sont de plus en plus ça&. Ce lançais national, dont la nature est
dficiles à décrire. plus fantasmée que connue, fait l’objet d’un res-
Un autre problème, qui concerne l’histoire des pect universel, depuis le savant et l’écrivain
notions, est posé par les temtinologies, scienti- jusqu’au paysan, qui devient peu à peu honteux
fiques, techniques, juridiques, économiques, ins- de son dialecte, jusqu’au prolétaire et même
titutionnelles... Chaque terme, apparu dans un jusqu’au hors-la-loi, qui a conscience d’em-
contexte de connaissance, est sujet à évoluer se- ployer un langage second, utile et protecteur,
lon ces connaissances. Des mots anciens comme mais sans mesure commune avec ce &an@s»
atome ou acide sont d’histoire plus complexe des bourgeois, qu’on enseigne. Hors de France,
qu’un terme créé pour correspondre à une no- au XIX~ s, comme au début du E? s., le souci de
tion nouvelle, comme électron ou oxygène. Le parler comme à Paris correspond au souci de
sens général des premiers, comme l’apparition faire comme dans la capitale, qui affecte les cou-
des derniers, peut être repéré et daté avec pré- tumes et les modes visibles. Le langage mater-
cision ; mais l’évolution des notions qu’ils dé- nel (créoles, français que l’on continue d’appeler
notent n’est pas aisée à cerner. Tous ces faits ne &gionauxs de Belgique, de Suisse, du Bas-Ca-
sont pas nouveaux ; leur multiplication au XIXe s. nada) est souvent un pis-aller, moqué ou répu-
souligne à quel point l’histoire du hnçais dé- dié par ceux qui le pratiquent, Ce triomphe à
borde la linguistique historique, à quel point il peine contrarié de la norme officielle était sans
s’agit d’histoire des usages sociaux de la langue, doute nécessaire pour insérer une partie plus
du langage, des signes. importante des populations dans le progrès in-
Études et points de vue sur le français : la pro- tellectuel et social ; cependant ni la variété des
blématique. De par une tradition universitaire &scours littéraires, ni la prolifération désigna-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1495 LE FRANÇAIS

tive, ni les luttes d’opinion quant au langage, ni ment généralisé, transports, urbanisation, luttes
les acquis du savoir sur la langue, tous fort bien d’idées, révoltes, mais absorption du prolétariat,
étudiés, ne nous renseignent sur l’essentiel. triomphe du capitalisme bourgeois, expansion
Comment, et où, va désormais le français? coloniale, d’abord militaire, puis politique, enfin
Alors que les meilleures études nous éclairent économique.
en profondeur sur l’évolution de cet idiome du De 1848 à 1914, le système de la langue, tel que
meau XIII~s., puisdu xw” au début du xwe s., c’est nous pouvons le percevoir, continue sa très
en fait l’histoire du lexique et celle des pratiques lente évolution : un Français de 1910 aurait
ou des institutions langagières - l’institution lit- compris, même à l’oral, ù peu près l’immense
téraire, la pédagogie... - qui prend en charge le majorité des phrases produites en 1870, en 1848
eançaîs classique et, surtout, le tiançais mo- et même en 1800. Mais cet &-peu-près>> n’est pas
derne. On en trouvera l’indice très clair dans le peu ; en outre, on peut comprendre identique-
travail fondateur de Ferdinand Brunot pour ment et parler tout autrement. Des change-
1’Histoire de la langue et de la littérature fran- ments phonétiques, des usures syntaxiques se
Cuises de Petit de Juleville, qui couvre les dix sont produits : l’imparfait et le plus-que-parfait
siècles s’achevant à sa publication 119001.Ce qui du subjonctif disparaissent de la langue parlée ;
est dit dans cette étude sur l’évolution de la le passé simple se raréfie; l’inversion interroga-
langue entre 1815 et 1900 n’a guére été déve- tive n’est plus vivante que dans certains usages
loppé depuis, et une synthèse analogue, pour le oraux tau Canada, par exemple).
XX~s., se fait attendre. Il faut noter ce disparate Face à ces mouvements globaux, les usages ré-
pour ne pas tomber dans deux illusions : celle gionaux bougent certainement plus vite, dans la
d’une immobilité fondamentale; celle, qui s’est mesure où le français gagne sur des langues
exprimée vers 1950-l 960, d’un m%-frmçak, et maternelles qui exercent sur lui un véritable ef-
qui sert de correctif à la première, dans l’excès. fet de substrat. Au XVII~s., les provinciaux de
Commencer un roman, comme ie fait Queneau, langue occitane étaient des étra;ngers a l’accent
par doukzipudonkztan ?, c’est refaire le coup astu- pittoresque, à la langue fertile en fautes dont on
cieux et juste de Hugo dans Les Misérables, avec se moquait à Paris. Au XIX~s., s’instaurent des
kekcéksa et kekçaa; ce n’est pas révéler une variétés régionales à l’intérieur d’une même
langue nouvelle mais bien le français de mainte- langue et, à côté des patois déclinants. Ces va-
nant. En effet, l’évolution si évidente des vocabu- riétés sont trop mal connues : aujourd’hui en-
laires, des attitudes et des pratiques langa- core, la prononciation des dictionnaires, et
gières, concernant plus la sociologie et I’histoire souvent celle de l’école, écarte l’usage vivant
générale que la linguistique, masque une im- d’un tiers de la France. Ainsi, dans ce f&nçais
mense obscurité. Les carcans politiques et insti- reel d’occitanie, le e dit <(muet» se prononce, le
tutionnels - évolution et révolution correspon- pronominal a d’autres usages qu’en abon fran-
dant plutOt à des durcissements - ont-ils ou non çaisn («je me la prends et je me la mange, la
agi en profondeur sur la langue? Il est clair pommenI. C’est qu’entre 1790 et 1910, la propor-
qu’ils ont agi sur le langage, sur les usages, sur la tion de Français connaissant le tiançais est
manière d’agir par la parole et l’écriture; mais passé de 50 à 90%, cependant que ((plus de la
sur le système et les structures? Une seule ré- moitié de la population continue à comprendre
ponse est honnête. Nous n’en savons à peti près le patois local et l’utilise largement- CP.Gtiaud,
rien. En ce qui concerne le xrxes., F. Brunot po- Patois et dialectes tiançais, p. 28). Ainsi, la dis-
sait vers 1900 l’existence de deux langues, ma- persion des idiomes, héritée de la féodalité, a
nifestées par deux MgwnmairesB : une langue fait place à la différenciation interne des usages
esavante, écrites, une autre cpopulairen. Cette d’une langue uniEée, La situation ne devait pas
séparation, ajoutait-il, ne semble pas près de dis- être très différente en Wallonie et en Suisse ro-
paraître= et surtout «cette dualité est un danger mande. Les villes qui s’industrialisent sont des
assez semblable à celui qui a occasionné la mort laboratoires où cette différenciation se marque
du latin littéraire (nous préférerions, ‘clax- avec le plus d’évidence. La variété des paroles
sique%. Il convient, à la lumière du passé récent, sociales s’est toujours manifestée en littérature.
de s’interroger sur cette redoutable prophétie. Mais cette manifestation resttit discrète en fran-
çais classique, ou cantonnée à des milieux fer-
LE FRANÇAIScoNTEMPoRAm. més et utilisée avec grand artSce (la littérature
Les strates de la langue: différenciation des KpoissardeB, la parade de foire, au XVIII~ s.l. Au
usages. On ne peut aborder le fiançais contem- contraire, après Restif, très marginal, après le
porain, qui s’orgtise à partir des années 1920, Diderot de Jacques le fataliste, inconnu avant la
sans un bref retour en arrière sur la période qui ~III du XIX” s., les grands romanciers du XIX~ s. ex-
suit les rbvolutions de 1848, et qui voit se mettre plorent ces régions obscures. Leurs œuvres
en place, en France comme en Europe, les construisent le lieu fictif et fidèle où se ras-
conditions sociales modernes de la vie du lan- semblent et s’enchaînent les produits d’énoncia-
gage : démocratisation et un%cation, enseigne- tions socialement &ontées. Le f&nçais du
LE FRANÇAIS 1496 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

récit, où le style transfigure la langue correcte riser le français contemporain qui, gros de
de l’école, est confkonté avec d’autres langages toutes les évolutions antérieures, se manifeste
par le jeu des dialogues, du discours rapporté. des années 1920 à l’an 2000? Comment appré-
Ces langages, non moins fiançais, étaient hender le terme, par nature provisoire, d’un
jusqu’alors à peine entrevus. On trouve ainsi millénaire de spécificité langagière? Tous les
dans Balzac, dans I;es Misérables, puis chez Flau- mouvements profonds décrits ou décelés pour
bert, les Goncourt, Maupassant, Zola, Huys- les époques antérieures se continuent sans au-
maris, le témoignage d’une vitalité puissante et cun doute, malgré le masquage de «l’institution
confuse. Non seulement le pittoresque des voca- du Pan@s=. Le tiançais d’aujourd’hui est carac-
bulaires secrets ou violents (l’argot), mais un térisé banalement par une continuité et par des
mouvement dans l’essence même du langage. ruptures. Les tendances du XIX~ et du début du
C’est là qu’tieurent, derrière le français de XX~s. se prolongent et s’ampl%ent, mais elles ré-
l’École, tiançais bourgeois, fkancais unique et vèlent des situations inconnues. L’histoire pro-
correct, des usages qui trahissent des tendances fonde de la langue semble inaccessible. Ce sont
cachées et réprim&s. L’évolution de l’interroga- dors des facteurs sotioculturels, économiques,
tion est entendue par Hugo, oreille incompa- intellectuels, techniques qui semblent prévaloir.
rable : «Où elle va? - ... je le sais - oh va-t-elle D’un côté le français, promu au xvle s., précisé au
encore ?gLa première phrase, sans inversion, est xvrf s. par une norme exigeante, a reçu au XIX@s.
une notation nouvelle. Ou encore, dans la une défmition contraignante qui semble l’immo-
bouche de Gavroche: <Moutards, n’ayez pas biliser. Instrument de l’école et de l’État, il s’ins-
peur!>>, puis <(aies pas peur!>> et phonétiquement titutionnalise de plus en plus, notamment par
aye pas peur)), (ceille pas pem Ues Misérables, l’écriture. Mais ce français ainsi déterminé, plu-
Pléiade, pp. 1001, 1010). Il faut aussi relire les tôt bourgeois, plutôt urbain, plutôt francilien, est
scènes d’Henri Monnier pour se faire une idée menacé de l’intérieur. L’apparente unité ne par-
de ce français apopulaire» de Paris vers 1850, vient plus à cacher les complexités; l’apparente
butte témoin d’un stade d’évolution qui serait, tité - exemplaire pour l’orthographe - ne
sans cette littérature, entièrement perdu. Non peut pIus masquer les transformations. Parlant
seulement le fkançais de la comédie humaine et en 1939 du passé récent du français, Marcel Co-
sociale est varié, mais encore il bouge : aucun hen posait avec lucidité Ie problème Wktoire
$stantané n’en rend compte que dans l’instant. d’une langue..., chap. XVI et mesurait les d&
A la même époque, de nouvelles images de la cuités : excès de faits et de documents, subjecti-
langue s’élaborent : c’est le temps de la philo- vité d’un sentiment de <<crisen,voire de débâcle
logie, qui triomphe avec Renan; c’est le temps du tiançais, clivage entre 4rançais écritx et
des dictionnaires (Littré, Pierre Larousse); c’est 4rançais par& dont il faut ajouter qu’il se ré-
aussi le temps des prophètes (Auguste Comte) vèle très complexe et parfois trompeur. Il répon-
et des poètes (Mallarmé); c’est enfk le temps dait à ces défis avec discernement, par un outil
des linguistes. Ceux-ci, en France, transmettent d’analyse indispensable : la sociologie du lan-
d’abord, comme le fait Littré, la science tie- gage (on dira plus tard socidinguistiquel. Dans
mande (Friedrîch Diez, le grand romaniste; ce cadre, les évolutions très nettes de la pronon-
Bopp, le créateur de la linguistique; Hum- ciation, de la grammaire, etc. ne peuvent plus
boldt ...). À la fm du siècle, s’élaborent une sé- être étudiées abstraitement et généralement,
mantique IBréal), une phonétique moderne comme on le fait à propos du passé lointain de la
(Rousselot), une dialectologie (Gilliéron) appli- langue, à la fois par absence d’informations et
quées au franqais. fl est difkile de mesurer l’im- par des choix SimplifxMs. Pour le kangais d’au-
pact du savoir historique, puis structural sur le jourd’hui, nous sommes dans l’eau du bocal,
kançais, sur cette langue même en son évolu- noyés dans l’information, en proie aux préjugés
tion : il est à peu près nul, sans doute. Comme et postjugés contradictoires : on nous parle d’un
est resté sans effet notable le retrait vers le français éternel, brigue humaine* plus que
passé, le purisme sémantique quasi platonicien toute autre, et qui pourtant se perd dans une in-
de Ma&rn~é, relayé par Valdry. Pourtant, ces culture envahissante.
attitudes hautaines et isolees ont leur petite Cependant, les Mérences de perspective n’ex-
monnaie sociale : le purisme esthétique de pliquent pas tout : la complexité sociale du fran-
Gourmont, celui d’Abel Hermant (qui signait çais s’est objectivement accrue, en France et
Lancelot) ont tenté vainement de compenser le hors de France. Plus de locuteurs, des villes pro-
déferlement moderniste des vocabulaires es- liférantes, des contacts cent fois plus rapides,
tampillés par Pierre Larousse, Camille Flamma- des déplacements incessants, une marée de pa-
rion puis Aristide Quillet depuis les mées 1850 roles et d’images instantanément véhiculées. En
(le (<Petit Dictionnaire complet> de Pierre La- outre, certaines frontières linguistiques sont de-
rousse) et pendant les *années follesn jusqu’à la venues à peine perceptibles, entre fkaqais d’o’il
Deuxième Guerre mondiale. et de zone &anco-provençale>> - Lyonnais,
Après 1920 : problématiques. Comment caracté- Jura, Suisse -, entre ces domaines et celui d’oc,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1497 LE FRANÇAIS

entre Bretagne romane et pays bretonnants. américain, essentiellement québécois, lui-


D’autres, en revanche, comme la tiontière ro- même complexe, en cours de normalisation,
mano-germtique, ne sont brouillées que par parfois beaucoup plus vigoureux dans son aI5r-
endroits (Bruxelles) et résistent aux siècles : à mation que les usages fiançais de l’Europe, mais
Biel-Bienne, en Suisse, depuis des siècles on subissant les mêmes types de contraintes avec,
parle germanique d’un côté de la rue, tiançais en outre, la pression immédiate et puissante de
de l’autre. Quant aux frontières politiques, elles la langue anglaise dans un contexte social nord-
se traversent de plus en plus : si le tourisme américain, très peu britannique, malgré l’appar-
donne lieu à de pittoresques sabirs, les immîgra- tenance nominale au Commonwealth. II s’agit là
tiens ont créé au XX~s. en terres tiancophones de types de français à la fois proches et distincts
(Belgique et France urbaines, Québec) des situa- du &ançais de France», S~JISmême parler de
tions linguistiques nouvelles. Dans une direction ces dialectes hyperinstitutionnels que sont les
opposée, centrifuge, les colonisations du xrxe s. &ançais officiels d’administrationn et qui
et de la première moitié du XX~s, avaient pro- existent en France même, en Belgique, en
curé au français, promu langue officielle ou Suisse. Dans la Confédération, on parle ironi-
langue seconde, des lieux d’expression nou- quement de &ançais fédéral», jargon distinct
veaux et des sociologies différentes. des usages cantonaux spontanés du pays ro-
Le fhnçais normalisé de l’école et de l’adminîs- mand. Ces langages d’institution coupés de la
tration subsiste à l’écrie. Il y est à la fois rude- société existent aussi en Afrique, et même dans
ment maltraité et superbement exalté, ce qui est les tours de Babel administratives et normali-
le fait de toute langue ((de culture». À l’oral, la sées de New York, Bruxelles, Genève, Paris, que
spontanéité, l’illettrisme, l’inculture même, ne sont les communautés européennes, lONu,
sont pas ses pires ennemis : bien plutôt les in- 1’uNEscO.
tentions rhétoriques et brutales de la communi- Il faut pourtant, et on le doit, parler encore du
cation de masse. Celles-ci découpent la parole français, mais en sachant que toute description,
au mépris de la morphologie, de la syntaxe et du d’usage, de norme et peut-être même de sys-
(bon) sens, fabriquant un aécrit-par16 dont l’arti- tème, ne concerne qu’une partie des faits lîn-
fice, multiplié par le discours politique et publi- guistiques pertinents, Jusqu’au début du XW~s.,
citaire, ne peut pas rester sans effet sur les mil- malgré la complexité sociale des usages, on
lions d’oreilles qui le subissent. Dans tous les pouvait décrire le tiançais sans autre précau-
cas, il s’agit de ce francais (incultivée, ou ~~SOU- tion détitoîre. À la f3 du ti s., toute observa-
tenuN, ou anon marqué>>, ou acentraln...), dont on tion sur les tendances de la prononciation, de la
a&-me qu’il est en crise. Ce fiançais, bien ou grmaire et plus encore du lexique demande
mal employé, interdit presque de percevoir à 6tre d&erm&e socialement, et d’abord géo-
d’autres usages, aussi vivants, mais plus divisés graphiquement. Il en va de même pour l’anglais,
et moins prestigieux. Ainsi, les f&nçais régio- l’espagnol, le portugais, l’arabe ou le russe...
naux, ruraux et urbains, reconnus à leur phoné- Quant au afrançais de France», sa situation est
tique (les aaccents et à leurs vocabulaires, par- déjà fort complexe, apparemment moins que
fois à des traits de grammaire, survivent et celle de l’italien ou de l’allemand, de par la cen-
parfois prospèrent. trtisation et le recul des dialectes, qui créent
Ces usages sociaux de la langue forment des fa- l’illusion de stabilité déjà évoquée. Cette illusion
milles où l’on retrouve les grandes zones dîalec- constitue en elle-même une importante caracté-
tales du passé, que le fiançais y soit seul prati- ristique qui touche doublement à la langue : dî-
qué (avec l’agonie des patois, en phase rectement, parce qu’elle favorise l’immobilisme
terminale après 1945; avec le recul de langues, et confère aux dynamismes langagiers - engen-
comme le breton, qui continuent à agir en tant drés par ceux de la société même - un carac-
que substrats...) ou en situation bilingue (en Eu- tère négatif et perturbateur; indirectement,
rope, avec le flamand, les dialectes allemands, le parce qu’elle interdit aux francophones, surtout
basque, le corse, le catalan...), Se joignent à ces européens, surtout français, de percevoir la va-
usages des formes de hnçais plus nettement riation et le mouvement de leur propre usage.
différenciées par rapport à la référence acen- Ainsi, certaines tentatives puristes intelligentes,
traie)} et cultivée mentionnée plus haut : parler comme celle d’Étiemble [contre le «babélienm ou
de français &gionauxB n’est d’ailleurs plus li- le &angla&, en fait contre l’influence améri-
cite, s’agissant de l’élément f&ncophone des caine à travers l’emprunt lexical) ou celle des
plurilinguismes africains, de 1’ensembIe créole- institutions langagières officielles de France, du
hmpis des Gar&es ou de l’océan Indien, de Québec, se heurtent aux caractéristiques so-
l’usage institutionnel ou subi du français au ciales du système qu’elles défendent; ce para-
Maghreb, d’ailleurs en recul devant l’arabe et doxe est bien analysé, mais nul ne peut aller là
gravement compromis, par les a&ontements contre. La créativité lexicale du français - sa
politiques et culturels. Echappe plus encore au morphologie - est à demi paralysée depuis le
4gionalisme * l’ensemble francophone nord- grand réglage classique; dès lors, devant le
LE FRANÇAIS 1498 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

besoin de nommer les nouveautés (de la pensée, parfois excellents et enrichissants pour la
de la mode, du désir), pas d’autre réponse que langue, mais entièrement intégrés au système
l’emprunt. Que la source principale, pour de dominant. Parmi les procédés de création argo-
nombreuses langues dans le monde, en soit au- tiques, à côté des codes folkloriques, javanais,
jourd’hui les États-Unis d’Amérique et leur an- loucherbem (que les bouchers ont oublié depuis
glais décolonisé, enrichi et troublé, n’a rien à belle heurette), un seul est aujourd’hui actif, le
voir avec la linguistique. verlan, Né avant le mélange culturel des grands
Tendances et tensions. Parmi les tendances qui ensembles des banlieues, il s’y est épanoui :
caractérisent l’évolution du français après la quelques-uns de ses produits s’intègrent au
Deuxième Guerre mondiale, quelques-unes lexique français (de France) ; leur diffusion passe
sont connues, d’autres se développent sournoi- par les médias. Un cas notoire est le tipou, ou
sement. Un a décrit l’évolution confuse des pro- policier pourri; le film qui lançait le mot hors de
nonciations, par perte d’oppositions vocaliques, son milieu d’origine portait en titre écrit Les Ri-
affaiblissement articulatoire de plusieurs poux, appliquant le scolaire pluriel en -0~3~ dicté
consonnes, réapparition en français ccentraln du par la série sacrée : bijou, chou, genou, dans la-
e dit amuet, qui cesse souvent de l’être Irensei- quelle pou n’est pas oublié.. . Ainsi, la règle créa-
gnement est plus courant que renseign’mentl, in- trice orale et banlieusarde a été immédiatement
fluence de l’orthographe sur la prononciation, soumise à la loi scolaire. Par ailleurs, le verlan
avatars de la liaison (fautive, ou pédante et hy- enrichit peu à peu le dictionnaire: heur, meuf.
percorrecte, voire plaisante : oti-t’est-ce ?); on L’argot, tel qu’il s’est pratiqué dans le *milieu-,
connaît les malheurs de certains temps verbaux, probablement depuis le moyen fkançais et
l’importance accrue de l’article, le recul du jusqu’à 1950 ou 1960, est mort, embaumé au ci-
verbe par rapport au substantif, la réduction de néma et en littérature. Mais l’argot est devenu
la phrase par rupture et reprise ; on a montré et un jeu, une illusion dans le langage. I?n re-
dénoncé l’abondance d’un nouveau type de vanche, le franqais parlé est immortel - ou c’est
création lexicale, par abréviation, siglaison et le français qui mourra.
acronymie. Mais ceci vise surtout la langue Pour revenir au lexique, objet de cet ouvrage, on
écrite soutenue et correcte, par rapport à la- y constate que l’évolution accélérée au XIX~ s. se
quelle on défmit des écarts. - Pour les autres continue jusqu’à nos jours, malgré une morpho-
états de langue, les descripteurs objectik tels logie déficiente. Certains procédés de création,
A. Martinet et H. Walter pour la prononciation, comme ceux que fournissent les déverbaux (la
de nombreux grammairiens, depuis les admi- boufle, la g&te, etc.), les abrégements et S&a-
rables et ésotériques travaux de Damourette et tiens ~populaires~~ Ifastock, cinoche, coolos sur
Pichon, sont trop peu entendus. Pourtant, ils l’anglicisme cool), les sigles et les acronymes, in-
tentent de dégager les lois du lançais parlé nombrables, quelques préfixations le&&, su-
ainsi qu’écrit, ou bien, comme le font les psycho- per-...) enrichissent le vocabulaire -d’une ma-
linguistes, celles du langage enfantin qui donne nière monotone)>; en effet, peu de sufExes sont
à la langue officielle des leçons d’économie et aussi producti& que par le passé; certains se
d’efficacité. La phrase parlée est par nature spécialisent étroitement, comme le -crie de
rompue, fragmentée; une partie de son sens ré- croissanterie, gtigetietie, d’autres ne servent
side dans des traits phonétiques : accents de plus. Pourtant, les mots sont en effervescence :
hauteur, d’intensité, que l’écriture annihile. Le nos dictionnaires en témoignent. Les gros
français vivant est là, il se porte à merveille; ses contingents viennent des emprunts anglo-amé-
seules <fautes>>sont l’échec expressif et commu- ricains, des formations savantes gréco-latines
nicatif. Mais il est mal connu et sa variété se dis- internationales. L’abondance des emprunts, en
simule derrière les discours appris. On mesure principe sans effet sur le système, mofidie les
mal le pouvoir d’une langue sans tradition habitudes graphiques : on s’habitue à trouver ee
d’écriture, comme le furent les langues afri- pour i, 00 pour OU,ew pour iou; certains procé-
caines avant une période récente ou le français dés habituels à l’angle-américain, comme la
avant le xrve siècle. On mesure encore plus mal création par addition syllabique, s’instaurent en
le pouvoir et les faiblesses d’une pratique orale français au mépris de la morphologie : d’après
dans une société 0-Ules mots, les phrases sont informatique on a bureautique, confortiqw, etc.
pris dans des images graphiques que l’école gé- Ce qui reste très actif, c’est la création de syn-
néralisée a imposées. Les médias de masse ont tagrnes et de locutions, certes avec des em-
peut-être redonné force à l’oral, mais en le sou- prunts, mais adaptés et rapidement intégrés.
mettant secrètement à l’écriture. Il en va de Relayant le proverbe ancien et l’expression poé-
même pour des pratiques langagières d’abord tique, le slogan et les jeux verbaux de la publi-
spontanées, tel l’argot. Le matériel de vocabu- cité alimentent une phraséologie très vivante.
laire fourni par l’argot du milieu, code secret La créativité du tiançais s’exerce beaucoup plus
jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, a donné sur le groupe de mots, la locution semi-figée ou
lieu à de la littérature, à des dialogues de ms, le terme complexe, que sur le mot lui-même; là
DE LA LANGUE FRANÇAISE FRANÇAIS

réside aujourd’hui son génie propre. Le tiançais F. BRUNOT, Histoire de la langue française des ori-
contemporti tient au classicisme par la volonté gines ù nos jours, 13 vol., Paris, A. Colin, 1905-1958;
rééd. 1966- 1968.
d’unité et parfois de fixité. Cette volonté est kus-
trée, contredite par la liberté d’expression et de F. BRUNOT, Ch. BRUNEAU, Précis de grammaire bis-
torique de la langue française, Paris, Masson ; réé-
communication, qui apparente l’époque à la Re- dité en 1964.
naissance, par le flot d’influentes et d’emprunts.
La plupart de ces traits sont communs à toute J. CHAURAND, Histoire de la langue française, Paris,
Que sais-je ?. - Introduction à l’histoire du ~ocabu-
langue qui se trouve dans une situation histo- luire français, Paris, Bordas, 1977.
rique analogue. Le fhnçais, créole latin enrichi M.,COHEN, Histoire d’une langue, le français, Paris,
et normalisé, va-t-il s’épanouir dans l’ouverture Editeurs français réunis, 1947; réédité en 1967.
et l’anarchie qui défmissent une langue vivante, DAMOURETTE, PICHON, Essai de grummuire de la
ou, comme le latin du moyen âge, se Cxer, s’em- langue frurqaise, 8 vol., Paris, 1968-1971.
baumer et donner naissance à un nouveau A. DAUZAT, liistoire &z lu langue franqaise, Paris,
créole, candidat au statut honoré de langue de Payot, 1930. - Les Etapes de lu langue française,
culture? La seconde hypothèse serait vraisem- Paris, P. U. F., 1944.
blable, si les conditions culturelles n’avaient pas A. FRANÇOIS, Histoire de la langue française culti-
tant changé depuis la naissance de cet idiome. vée des origines ù nos jours, 2 vol., Genève, 1959.
Devenu langue institutionnelle et écrite, langue G. GOUGENHEIM, Les Mots français dans l’histoire et
de tradition mais aussi langue de modernité, ré- dans la vie, 2 vol., Paris, 1962 et 1966.
pandu sur les quatre continents, appris dans le A. G. HAUDRICOURT, A. G. JUILLIAND, Essai pour
monde entier, menacé par 1’indifErence et les une histoire structurale du phonétisme français, Pa-
ris, Klincksieck, 1949.
idées fausses plus que par l’anglais, défendu par
tous ceux qui le font vivre, fit-ce par transgres- J. HFBMAN, précis d’histoire de la langue française,
Budapest, 1967.
sion, le français n’est pas en train de disparaître.
Son évolution, largement imprévisible, est inéti- L. KUKENKEIM, Grammaire historique de la langue
table. Refuser les changements c’est préparer française, 2 vol., Leyden, 1967-1968.
une somptueuse agonie à la manière latine; les H. MITTERAND, Les Mots frctnçati, Paris, Que sais-
accepter sans règle, c’est tolérer l’éclatement - je?,n” 270, 1968.
géographique et social, Ce que la société défait, Kr. NYROP, Grammaire historique de la langue fran-
ce qu’elle bloque ineptement - l’orthographe çaise, 6 vol., Paris (Picard)-Copenhague, 1914-1929.
-, la société le reconstruit et, sans le savoir, le G. PICOCHE, C. MARCHELLO-NIZIA, Histoire de lu
débloque. Le français est une langue en danger, langue française, Paris, Nathan, 1989.
une langue vivante. Ch. VOSSLER, Langue et culture de la France. His-
A. Rey taire du français littéraire des origines Ctnos jours,
trad. sur l’éd. de 1929et préface d’A. Juilliand, Pa-
BIBLIOGRAPHE ris, 1953.
Ch. BRUNEAU, Petite Histoire de la langue française, W. von WARTENJRG, Jbolution et structure de la
Zvol., Paris, 1955-1956. langue fiançaise (refondu en 19581, Berne, Framke.

FRANSQUILLON n. m., empmt (1867, en argot) 0 FRANCO- est un élément invariable, tiré du ra-
au wallon frunskilion (17391,de français avec un suf- dical de fruvuis, utilisé pour composer des adjec-
tic péjoratif, désigne parfois en Belgique franco- tSs et des noms, comme FRANCOPHILE adj. et n.
phone une personne qui parle le francais avec des (1591, repris en 1834; +-philel,d’oti FRANCOPHI-
tournures et l’accent du lançais parisien et, en LIE n. f. latt. 19161, FRANCOPHOBE adj. et n.
Belgique néerlandophone, un francophone. Par ex- (1864; + -phobe) et FRANCOPHOBIE n. f. 118771.
tension, il s’emploie péjorativement pour 4mnçais~ +FRANCOPHONE adj. et n. (18801, inusité avant
(1910). On reléve en argot fratncillon dès le XVII~s. 1930 et répandu surtout vers 1960, correspond à
(1628; 1594 à Anvers). *qui parle habituellement ou normalement fkan-
Le composé ANTIFRANÇAIS,AISE adj. et n. ça&. +FRANCOPHONIE n.f. (apparu dès 1880;
(1790, anti-français) Sign%e ahostile à la France)). difksé après 19601, notion controversée, désigne
FRANGLAIS n. m., de fran(çtis) et (m)gbis 119551, l’ensemble des personnes de langue fYan@se ma-
répandu par Étiemble (1964, Parlez-vous frangZais ?, ternelle ou seconde (souvent langue officielle), de
titre), désigne un usage de la langue française où par le monde, ainsi que le statut du français langue
l’inkence anglaise est trés sensible. Le mot a eu maternelle, véhiculaire et parfois langue étrangère
plus de succès que kg&, de f?un@s et espugnol, apprise, dans le monde. Noir l’encadré ci-contre
qui l’a précédé. pp. 1500 à 1504.)
NÉO-FRANÇAIS n. m. a été introduit vers 1980 FRANCILIEN, IENNE adj. et n. est une création
par Raymond Queneau, pour désigner la langue récente à partir de fie-de-France.
française contemporaine, en tant qu’elle présente
des structures nouvelles. 0 voir FRANCIUM.

(Suite page 15041


LA FRANCOPHONIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LA LANGUE FRANÇAISE DANS LE MONDE - LA FRANCOPHONIE

Le français européen. En Belgique comme en Suisse, c’est une propor-


Si le français est la langue nationde et au- tion notable de la population, sur un territoire
jourd’hui très majoritaire des Français, nul continu et bien déterminé (à l’exception de
n’ignore que cette langue, sous des formes di- Bruxelles) et en continuité spatiale avec la
vergentes mais en général @tercompréhen- France, qui parle un français très proche du
sibles, est aussi celle d’autres Etats, et celle de franqais hexagonal, en tout cas pas plus marqué
départements et territoires administrativement ou moins marqué que celui de nombreuses
français, mais relevant d’autres cultures. zones à substrat occitan en France même. Les
La notion ambiguë de &ancophonie>> réunit des kontières politiques peuvent correspondre à
situations linguistiques très différentes. Elle ne des Wérences linguistiques Gisoglossesn pho-
peut avoir qu’une nature politique. Ses effets nétiques ou lexicaux) : c’est le cas de la frontière
culturels et intellectuels ne sont pas négli- franco-belge; mais de nombreux traits régio-
geables, mais l’unité de pensée que l’on évoque naux sont communs au nord-est de la France et
à ce propos identse abusivement la commu- à la Belgique, ou au français de l’espace franco-
nauté d’un système d’expression, de communi- provenqal, de la Savoie, et de la Suisse romande.
cation, et un rapprochement de sensibilités et Les di%rences les plus évidentes concernent les
d’attitudes mentales, toujours réducteur et terminologies d’institution (que le linguiste
souvent démenti par les faits (par exemple au belge Jacques Pohl nomme des ~statalismes4,
Maghreb, à Madagascar ou même, tout autre- c’est-à-dire une partie très précise du lexique :
ment, au Québec). en effet bourmstre et échevin ont cours en Bel-
L’expansion géographique du français, dont gique seulement, gymnase en Suisse, oti captto-
l’histoire commence avec la langue même, na1 n’a pas la même valeur qu’en France. Ces
conduit à distinguer plusieurs domaines d’em- traits nationaux divergents du fiançais sont
ploi pour cet idiome, le clivage premier se fai- nombreux, mais lexicaux et terminologiques,
sant entre le statut de langue maternelle majori- superficiels par rapport au systéme de la
taire sur un territoire donné Rance, Suisse langue, lequel est modulé régionalement de
romande, Belgique wallonne, Québec...) et celui Liège à Marseille, de Bordeaux à Lausanne ou à
de langue véhiculaire, en général d8érente de Neuchâtel, sans aucune rupture.
la langue ou des langues maternelles, quel que Cependant, à l’équilibre des langues en Suisse
soit par ailleurs son statut ofkiel (langue natio- et aux cotits langagiers et sociaux de la Bel-
nale, officielle, étrangère, langue d’enseigne- gique s’oppose la domination accrue d’un fran-
ment, etc.1 et son statut réel, de nature sociale çais écrit normalisé et objet de l’institution pé-
(langue des riches, de l’élite intellectuelle, d’une dagogique, usage commun en France ; mais c’est
minorité urbaine, scolarisée...). ce même français qui est adéfendu et illustrém en
Trois États européens, kontaliers avec la Suisse romande comme en Belgique wallonne.
France, sont partiellement tiancophones : la Une renaissance des régionalismes - surtout
Belgique, le Luxembourg, la Suisse. Dans deux lexicaux - se fait sentir de manière très ana-
d’entre eux, le français est la langue maternelle, logue dans les trois communautés nationales
assez souvent unique, d’une certaine proportion tiancophones d’Europe, après une période de
de nationaux (+ Belgique, Suisse). La situation purisme centralisateur, et comme pour
du Luxembourg est di%rente, puisque la compenser dans le sentiment d’identité cultu-
grande majorité des autochtones y a pour relle locale la disparition ou l’tiaiblissement
langue maternelle un dialecte germanique, le des dialectes, On notera à ce propos la re-
luxembourgeois, l’allemand étant (depuis 1984) connaissance accrue des variations lexicales ré-
langue nationale et le français langue enseignée gionales qui atteint aujourd’hti les dictionnaires
et effectivement pratiquée dans les relations so- ~centraux~.
ciales. La plupart de ces Luxembourgeois auto- L’ensemble kancophone européen se complète
chtones sont trilingues, et utilisent de préfé- sur le mode nostalgique par le Val d’Aoste, où le
rence comme langue écrite l’allemand commun français, qui fut vivement combattu par le ré-
(49 %) ou le français 128%). Le français, moins gime fasciste italien, est partout dominé par
spontané que le dialecte maternel et même que l’italien, malgré le statut de région autonome
l’allemand standard, est une variante rkgionale ( 1945- 1948). Le dialecte i?anCO-prOvenÇd est
peu marquée - certainement moins que bien néanmoins toujours pratiqué par les Valdot-.
des fran@s régionaux de France - de ce qu’on En revanche, la région niçoise et Monaco ont vu
pourrait nommer le français européen. Sa situa- retsuler leurs dialectes italiens au bénéfice du
tion sociolinguistique est comparable à celle de fkmçais, qui ne s’y est implanté qu’au xY siècle.
l’Alsace*, et, quant à la position du fiançais par En Piémont, le fkançais n’est plus qu’une langue
rapport à l’allemand, complémentaire. étrangère, d’ailleurs souvent maîtrisée par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1501 L,A FRANCOPHONIE

l’élite intellectuelle. En Corse enfm, territoire mondiale du fkan@s, à l’exception des traces
kançais au statut évolutif, le dialecte italien, importantes du colonialisme du XIX~ s. ki-des-
proche du pisan, est extrêmement vivant, mais sous), est aujourd’hui celle de la résistance à
l’italien commune concurrence nullement le l’anglophonie. Trois régions du monde en té-
français régional de Corse, marqué surtout pho- moignent différemment, en cette fin du xx” s. :
nétiquement par le substrat. l’est du Canada; une partie de la zone cartibe;
l’océan Indien.
L’expansion du français et son histoire.
De ce noyau francophone européen, il faut dis-
Le franpis en Amérique et aux 4lew I1534-
18151.
tinguer les divers groupes sociaux où k franqais
s’est implanté, hors d’Europe. L’un d’eux est Après les explorations de Jacques Cartier qui
dans une situation comparable à celle du tian- embouche en 1534 le grand fleuve qu’il nomme
çais européen, celle de langue maternelle Saint-Laurent, il a fallu un siècle pour que le
unique ou très majoritaire sur un territoire traité de Saint-Germain (1632) délimite les
donné, et possédant un statut officiel dominant zones de colonisation française (Champlain :
sur une entité politique : c’est - depuis peu 1604 en Acadie, 1608 à Québec, suivi par les Ré-
pour le dernier caractère - le fkançais québé- collets et les Jésuites). Le XVII~s. voit la fondation
cois (voir: Québec et Canada). En revanche, de Montréal 11642) et un début de colonisation
d’autres témoins de la première expansion colo- de peuplement : le traité de paix avec les Iro-
niale tiançaise, dans l’océan Indien et aux Ca- quois ( 1701) semble assurer des possibilités de
rtibes, ont des caractéristiques différentes : le développement aux établissements français, en-
français y est un élément dans une «diglossien tièrement organisés par 1’Eglise (outre les Récol-
(emploi de deux langues hiérarchisées) avec un lets et les Jésuites, les Sœurs Hospitalières de
créole (voir Antilles et océan Indien). Dieppe, puis les Ur&ines). Cette époque est
Ces situations variées résultent d’une histoire, aussi témoin de l’implantation française en
où la France, &ontée à d’autres puissances co- Louisiane, gigantesque territoire englobant la
lonisatrices, notamment l’Angleterre, a souvent vallée du Mississippi, aux Petites Antilles, à
été en difkulté, l’expansion du lançais s’en Saint-Domingue, à la Guyane, à l’île Bourbon
trouvant limitée ou contrariée, mallgré un pres- (Réunion), et de comptoirs isolés en Akique ISé-
tige international qui fut à son apogée au XVIII~ et négal), aux Indes. Daïzs le même temps, les fli-
au xrxesiècles. bustiers tiançais ont évincé les Espagnols à la
L’histoire du tian$ais hors de France commence Martinique (1625) et à la Guadeloupe (1635).
avec les Croisades. Celles-ci, du & s. (1099, prise Presque partout, cette présence est insufkante
be Jérusalem) aux échecs du XII~”s. (perte des pour assurer une prépondérance durable. Là où
Etats &ancsa du Levant, 12913, sont à l’origine les difkultés naturelles, d’ailleurs tragiques,
d’un système linguistique latino-lançais de ca- sont surmontées, la force et la politique vont irn-
ractère utilitaire, la Zingua franca, encore active poser la domination anglaise.
au xwe s. si l’on en croît le reflet littéraire qu’en Le XVIII~s., époque de lkniversalité de la langue
donne Molière dans la turquerie du Bourgeois françaisep et de son apparent triomphe en Eu-
gentilhomme. Ce «pidgîn» latinisant a joué un rope, est aussi hors d’Europe celle des occasions
grand rôle dans les échanges économiques manquées ou perdues, au bénéfice de l’anglais,
entre l’Europe et le bassin méditerranéen, puis le plus souvent. Le traité de Paris (17631 cède la
a disparu. rive gauche du Mississippi aux Anglais, la droite
Autrement importante est l’aventure médiévale aux Espagnols (très provisoirement) ; les colons
de l’anglo-normand, gui a fait hésiter linguisti- français d’Acadie, passés sous domination bri-
quement les îles Britanniques entre sa langue tannique en 1713, sont déportés par les Anglais
germanique, jamais éliminée mais infériorisée (1755).
pendant deux siècles, et le français. Ce dernier, Aux Indes, malgré Dupleix qui aurait permis à
éliminé au xwe s., a laissé de nombreuses traces la France de contrôler un tiers de cet immense
dans le vocabulaire de 1’angIais (voir Anglo-nor- territoire, le traité de Paris ne laisse que quel-
mand et langue anglaise*). ques bribes. Ce traité concède à la France les
cinq comptoirs indiens et plusieurs îles : Gorée
L’héritage du premier colonialisme. (Sénégal), Bourbon (Réunion), l’île de France
Vint le xvf siècle. Peu après les aventures colo- (Maurice), Saint-Pierre-et-Miquelon, une partie
niales immenses de l’espagnol, du portugais, de Saint-Domingue IHtiti), la Guadeloupe et la
puis du néerlandais, le fknçais s’est à son tour Martinique. En effet, Québec vient d’être repris
lancé à la conquête du monde, pour des raisons par les troupes anglaises ( 1759). Outre le peu
économiques et idéologiques. Une volonté poli- d’intérêt de la royauté pour la colonisation, d’ail-
tique plus faible et donc des moyens plus réduits leurs vivement dénoncée par les «philosophesm,
l’ont souvent soumis, à partir du XVII~s., à l’ex- notamment l’abbé Raynal, la faiblesse de l’im-
pansion concurrente de l’anglais. La présence plantation démographique a joué : en 1763, il n’y
LA FRANCOPHONIE 1502 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avait en Amérique que 60000 colons hnçak font l’objet d’un intérêt religieux missionnaire,
pour un million de Britanniques (selon puis économique. Les missions catholiques im-
A. Sauvyl. plantent aussi les intérêts fraçais en Polynésie
Aux Antilles, le premier peuplement, au XVII~s., et en Nouvelle-Calédonie (découverte par Cook
est le fait de travailleurs libres et surtout, à en 1774). Les îles Gambier, Wallis-et-Futuna, la
l’exemple des Espagnols, d’esclaves noirs trans- Nouvelle-Calédonie ( 1853) sont évangéhées
portés d’AI?ique dans des conditions inhu- avant d’être colonisées politiquement.
maines. La mise en valeur de ces îles - canne à La grande action coloniale française de la Res-
sucre, tabac et coton - exigeait une main- tauration est celle de Charles X en Algérie
dhuvre que les Indiens caraïbes, d’ailleurs peu (18301. C’est alors une conquête militaire (reddi-
nombreux, ne voulaient et ne pouvaient pas tion d’Abd-el-Kader, 18471 précédant une orga-
constituer; ces Indiens furent exterminés Iré- nisation administrative complexe et spéctique,
volte de 16541. En 1700, les Caraibes ont à peu où la langue tiançaise est un moyen de pouvoir.
près disparu; les iles sont peuplées de 70 000 es- La colonisation proprement dite ajoute à l’usage
claves africains et de 25 000 colons blancs. français des militaires et des administrateurs
La colonisation tiançaise dans l’océan Indien est celui d’agriculteurs (2 000 familles en 18471, pre-
plus modeste : l’île Bourbon compte une cen- mier noyau d’une population qui deviendra un
taine d’habitants en 1671; les Français occupent creuset culturel méditerranéen, frmco-italo-es-
en 1715 sans la mettre en valeur une autre île Pagnol, promis à la destruction après l’indépen-
abandonnée par les Hollandais (île de France : dance de l’Algérie (voir MagIu-ebl.
Maurice). Quant à l’île Dauphine (Madagascar), Sous le second Empire, l’action colonisatrice
la pr&ence tiançaise y est i&ne. Ces îles porte sur l’Algérie, sur le Sénégal (Faidherbel et
servent surtout d’escales sur la route des Indes, sur l’Extrême-Orient. Là, les missions tiçaises,
où Pondichéry est le plus important comptoir effectivement persécutées, induisent une action
français (fondé en 1673). politique à fhalité économique : protectorat sur
Haïti étant devenue république indépendante, le Cambodge (18631, création du port de Saïgon.
en 1804, les traités de Paris de 1814 et 1815 ré- Après 1870, l’Algérie française se développe,
duisent les colonies françaises aux cinq avec des mesures politiques négatives pour la
comptoirs de l’Inde, à Saint-Louis et à Gorée au communauté musulmane (code de I’indigénat,
Sénégal, à la Guyane (récupérée sur les Portu- 18811. La troisième République est surtout res-
gais), à Saint-Pierre-et-Miquelon, à la Marti- ponsable de l’empire -fraxlçais subsaharien;
nique, la Guadeloupe, 1’2e Bourbon rebaptisée comme en Algérie, l’armée - S. de Brazza
la Réunion ; l’île de France passe aux Anglais qui conquiert le Gabon et le Congo; la France an-
la renomment Maurice. Une présence linguis- nexe le Soudan, le Niger, le Dahomey (1893-
tique française se manifeste sur tous ces terri- 1894). En 1885 Léopold II de Belgique est désigné
toires. À Saint-Pierre-et-Miquelon, elle esl du par la conférence de Berlin comme souverain
type nord-américajn canadien; en Inde, elle fait d’un UEtat indépendant du CongoB. Même
partie d’un plurilinguisme complexe et va re- schéma militaire à Madagascar avec Gallieni
culer. (protectorat - 1895, puis colonie - 18961. Ma;is,
En Guyane, Martinique et Guadeloupe, comme si le français remplit aux colonies les m&mes
à la Munion et à Maurice, le français est l’élé- fonctions, militaires, administratives, écono-
ment supérieur d’une «diglossiem, la langue ma- miques (les missionnaires d’Afrique noire
ternelle infériorisée mais très vivante étant un tentent plutôt d’employer les langues mater-
créole. nelles), les milieux colonisés sont très différents
Malgré les dates, une situation entièrement dif- linguistiquement. Au Maghreb, deux gtats
férente est celle du Liban et de la S~I%, terres constitués sont subjugués, la Tunisie étant
christianisées, puis incomplètement islamisées, contrainte au protectorat français (1881) avant le
où le français s’est implanté dès le XVII~siècle. Maroc (1912, Lyautey), tandis que l’Alg&ie 4ndi-
Mais c’est au XD? s., avec une présence politique gènen tend peu à peu à se penser comme nation,
liée à la deuxième colonisation française 11815- la langue française acquiert des fonctions insti-
19391, que cette 1a;ngue est devenue le support tutionnelles par rapport à peu de langues ma-
d’une vie culturelle active, à côté de l’arabe (voir ternelles, la principale, l’arabe, étant certes re-
plus loin); phénomène qui s’est étendu à présentée par des dialectes parlés peu
l’Egypte. prestigieux, mais non séparés de leur source,
l’arabe littéraire, garantie par l’islam. Les par-
Le français colonial [après 1815). lers berbères, notamment kabyles en Algérie,
Après 1815, les destins de la langue tiançaise la ne bénéficient pas de cet arrière-plan culturel
conduisent en Afrique, avec la colonisation et de grand prestige et d’importance intematio-
par l’action de deux Etats, la France et la Bel- nale. En revanche, l’mque subsaharienne
gique. Ce sont d’abord des comptoirs français parle une grande quantité de langues qui ne
existants comme Saint-Louis du Sénégal qui sont ni écrites ni décrites, très différentes les
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1503 Lu4 FRANCOPHONIE

unes des autres, ce qui crée un évident besoin Situation du fmnçais dans le monde.
d’idiome véhiculaire. Plus encore que 1’a;nglais Ainsi, hors d’Europe et du Canada, le tiançais
aux Indes, et comme l’anglais en Afrique de ne conserve une importance institutionnelle et
l’Est, le français prend rapidement une place culturelle majeure qu’en Afrique - avec deux
institutionnelle dans les pays du Sahel et en situations très différentes : Maghreb et mque
tique occidentale EAOF) ou équatoriale (AEF). Noire - et dans des 4lesB où, souvent, il se pra-
En Nouvelle-Calédonie, face à la culture orale tique en même temps qu’un créole issu de lui,
kanak, représentée par un petit nombre de lo- mais qui est fonctionnellement une langue in-
cuteurs de plusieurs langues très différentes dépendante. Le reste (Inde, Asie du Sud-Est,
(moins de 20 000 en 1917, les Européens étant Moyen-Orient) ne relève plus que d’une ter-
plus de 18 0001, l’emploi du français s’impose en- taine influence culturelle. Celle-ci est impor-
core plus facilement. tante dans le monde, mais, on l’a vu, partout en
Après la guerre de 1914-1918 et la défaite alle- butte à la concurrence inévitable et en général
mande, l’emploi du tiançais dans le mole aug- triomphante de l’anglais.
mente encore, par l’entremise de deux Etats : la En effet, si la présence institutionnelle du fian-
France (Togo, Cameroun; au Proche-Orient, Sy- çais est notable sur le plan international, la réa-
rie et Liban) et la Belgique (Ruanda et Burundi lité fonctionnelle dément souvent cette impor-
s’ajoutent au Congo abelge»). tance. Certes le français, langue de travail et
En revanche, dans les domaines scienttique et langue officielle de lUNU, ne partage ce privi-
technique, le français, depuis le début du xtxe s., lège qu’avec l’anglais, l’espagnol, le russe, le
recule en général devant l’anglais et, dans plu- chinois et l’arabe. Mais, dans cette assemblée
sieurs domaines, subit aussi l’influence de l’alle- comme en d’autres, une langue parmi ces
mand. L’usage du français dans les couches éle- idiomes égaux est «plus égale que les autres>>
vées de la société, assez norma[l en Europe (pour reprendre la formule d’un auteur anglo-
centrale et en Russie au XVIII~s. et dans la pre- phone, George Orwell) : c’est précisément l’an-
mière moitié du & s., tend à disparaitre avec la glais, langue dans laquelle sont rédigés, dit-on,
renaissance culturelle et littéraire des langues 90 % des documents préparatoires. De même,
nationales, dès le XVIII~s., et surtout après les ré- dans l’égalité fictive des langues de l’institution
volutions nationalistes de 1848. européenne, le tiançais et l’anglais sont favori-
À l’exception du Canada, le tiançais hors d’Eu- sés, même par rapport à l’allemand, à l’espagnol
rope tend donc à être une langue de pays coloni- et à l’italien. À terme, il serait étonnant que l’an-
sés. Ceci entraîne pour lui diverses caractéris- glais ne l’emporte pas en Europe aussi sur toute
tiques sociolinguistiques communes, avec de autre langue si les principaux partenaires ne
fortes variables. En dehors de l’Afrique*, des An- parviennent pas à imposer un plurilinguisme
tilles* et de l’océan Indien, les zones d’emploi du très coûteux. Dans ce cadre, les revendications
français sont en régression. Au Proche-Orient, normales et prévisibles de l’allemand pour-
la Syrie devenue indépendante en 1943 a opté raient créer les conditions d’un équilibre à trois
pour l’arabisation totale, les principales langues qui ne serait pas défavorable au fYançais, dans la
étrangères enseignées étant l’anglais - souvent mesure où il limiterait la prépondérance de
transmis par des professeurs palestiniens - et l’anglais.
le hnçais, en grand recul. Le cas du Liban, dé- Le français est soutenu, en Europe et dans le
chiré par la violence, est tout d8érent; le fkan- monde, par l’action religieuse lœuvres catho-
çais, surtout en milieu chrétien, y conserve une liques, alliance israélite universelle, etc.), laïque
grande importance culturelle. Mais l’avenir de (Alliance française, fondée en 1883 et très active ;
la région est très incertain et I’équilibre lingis- Mission hiiue française, et&, et gouvememen-
tique, normalement favorable à l’arabe, laisse tale tAffuires étrungères, Agence de Coopéra-
peu de place au tiançais comme langue se- tin...I. Sur ce plan, les instituts français, belges,
conde, dans la mesure où les communautés québecois, les lycées français, les attachés cultu-
chrétiennes de Syrie et du Liban sont en difk rels tfonction créée en 19201 et linguistiques
cldté. (1958) jouent un rôle essentiel.
Un autre héritage fkncophone colonial en per- D’autres organismes pédagogiques viennent s’y
dition est celui de l’Asie du Sud-Est. Au Vietnam ajouter, et l’action d’États comme la Belgique, le
indépendant, le français est devenu une langue Québec, le Canada, avec des organismes inter-
étrangère parmi d’autres, l’occupation améri- nationaux, introduisent une nouvelle réalité ins-
caine du sud du pays (1963-72) ayant développé titutionnelle.
l’usage de l’anglais. Cependant, pour certaines LA ~COPHONIE. Ce mot didactique, créé par
fonctions intellectuelles, le français, à côté de Onésime Reclus en 1871, a été repris et illustré à
l’anglais et du chinois, joue un certain rôle. Dans partir de 1962 par des non-França;is, essentielle-
l’ensemble, le Laos et le Cambodge ne ment des Africains (Senghor, Hamani Dior?,
conservent que des traces de leur ancienne pra- Bourguiba) et des Asiatiques (Norodom Siha-
tique du fiançais. nouk). Des associations groupant des journa-
FRANCHISAGE 1504 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

listes, des radiotélévisions, des universités Il’AU- 20millions qui manient un français rudimen-
PELF, association des universit& partiellement taire ou très altéré - car les 200 millions de
ou entièrement de langue française, 19611 exis- francophones parfois évoqués relèvent du
taient déjà. S’y ajoutent d’autres institutions, mythe Ile même mythe qui fait de Kinshasa,
françaises, québécoises, internationales comme avant Montréal, la deuxième ville &ancophoneD
le CILF (Conseil international de la langue fkan- du monde) - sont moins nombreux que les lo-
çaise) ou 1’ACTT (Agence de coopération cultu- tuteurs de l’anglais, du chinois, du hindi, du
relie et technique, fondée en 1969-1970 à Nia- russe, de l’espagnol, de l’arabe et même du por-
mey) groupant 41 États. En France, un Haut tugais. En revanche, l’usage du français est géo-
Conseil 119841, puis un mintitère de tu fiunco- graphiquement plus diversifié que celui des
phonie (1988, d’abord secrétariat d’Etat, 19861 autres langues, à l’exception de l’anglais. La pré-
jouent un rôle de consultation et Ithéorique- sente technique et litt&aire du français est elle
ment) de coordination dans ce domaine. Juger aussi remarquable, mais sur ce plan, d’autres
de leur efficacité et de leur rôle n’entre pas dans langues de culture, l’allemand par exemple, ou
mes intentions. Il suffira de noter qu’entre les le japonais, s’ajoutent à celles qu’on tient de ci-
enjeux et les moyens, relativement minces, une ter en tant qu’honorables concurrents. Il faut
contradiction est visible, sauf peut-être au Qué- aussi noter que, dans quelques secteurs scienti-
bec et au Canada. Il en va de même pour les fiques ou érudits (mathématiques, médecine,
moyens d’expression ; en effet, le cinéma, la sciences sociales, histoire...), le kançais résiste
chanson et les créations télévisuelles en français convenablement à l’anglak.
pèsent assez peu devant leurs concurrents an- Quant à la présence pédagogique de la langue
glophones, l’édition et la presse fkncophones hors des territoires et Etats où elle reste privilé-
sont exsangues en dehors de la France, de la giée, elle est variable. L’enseignement du fran-
Belgique, de la Suisse et du Québec (dans l’édi- çais dans le monde, repérable par le pourcen-
tion, ces quatre pays ensemble atteignant à tage des élèves de français par rapport à la
peine la production éditoriale allemande de la population scolaire et enseignée d’un pays, était
RFA avant la réunikationl. L’effort radiopho- en 1985 importante en Europe occidentale
nique tiancophone, qualitativement notable (21%) et en Amérique du Nord ( 13 %), plus faible
(RFI), est notoirement insuf5sant. au Moyen-Orient (environ 10 %), faible mais de
Cet aspect international du tian@s relève bon niveau en Europe centrale et orientale
d’une idéologie nouvelle, plus remarquable par (moins de 5 %), encore appréciable en Amé-
ses effets culturels que par ses moyens institu- rique latine (3 %3, me sauf au niveau universi-
tionnels, à la fois faibles, mal perçus et dis- taire dans le reste du monde non 4rancophonen.
cutables. De toute façon, les quelque 60 millions E&n, à côté de la question brutale et déjà
de locuteurs du français mtitrisant bien la complexe de la pratique du français par rapport
langue en mque, et dans les «île+, et même les à celle d’autres laslgues, se pose celle, inkiment

FRANCHISAGE n. m. représente la fkancisa- sise (mot pris abusivement comme synonyme de


tion 11973) de l’anglais franchisi~~ (1574, repris clarisse). +Comme adjectif, le mot qualZe ce qui
v. 1966 au sens moderne; introduit en frm@is en concerne ces ordres, puis ce qui est cara4ztéristique
19691, de to franchise, emprunté à l’ancien français de saint François dIssise.
franchir” c-4 0 fimlc). b De la FRANCISCANISME n. m. 11938,in TL.F.1
4 C’est un terme de commerce désignant un qui désigne l’esprit franciscain.
contrat par lequel une société (le fiunchtieur, n. m.,
de franchtierl, moyennant redevwces, concède à
FRANCIUM n. m. a été construit (1939) sur
France, patrie de Marguerite Perey, physicienne
un commerçant Ile frunchisé, n. m.1 l’exploitation
qui découvrit cet élément radioactif.
d’une marque.
ä II- frunchtiuge a été dérivé le verbe FRAN- FRANC-MAÇON n. et adj. est une adapta-
CHISER v.tr. (1973). tion (1737 ; varia&es par emprunt frey-maçon, fri-
masson, et fn-magonl de l’anglais free nwson, de
FRANCISCAIN, AINE n. et adj. est un dé- masovt *maçon> et free alibrem kv” S.I. Free TYUSOTI
rivé 11757, avec le sufke -a&; 1544, tiuncisquinl du s’est d’abord dit d’un maître mwon expérimenté,
latin médiéval Franciscus <François>> d’après le la- qui voyageait à son gré selon les demandes de tra-
tin ecclésiastique Franciscanus ( 1537). vail et se faisait reconnaître comme tel par des
4 Le nom masculin désigne un religieux de l’ordre mots de passe et des signes secrets (les artisans, or-
mendiant fondé par Francois d’Assise au début du ganisés en corporations, ne travaillaient pas où ils
XIII~ s.; aujourd’hui les Franciscains comprennent le voulaient). Le mot a ensuite désigné des archi-
les Conventuels, les Capucins et les Frères mi- tectes nommés luccepted masor& comme
neurs. FRANCISCAINE n. f. se dit I&I XIX~ s.1 d’une membres honorakes des corporations d’artisans
religieuse du tiers ordre régulier de François d’As- libres, position socialement recherchée dès le mî-
DE LA LANGUE FRANÇAISE FRANCOLIN

plusdélicate, de la aqualité de la langue,. De ce orthographique rejetée par le public. Rares sont


point de vue, toutes les langues sont en crise, et les kancisations ou refrancisations lexicales
les problèmes du français sont ceux de tout réussies lordinateur, baladeur1 ; plus encoura-
idiome comparable (anglais, russe, espagnol...). geantes les éliminations Sponta!nées d’anglî-
Ils dépendent d’attitudes mentales, de moyens cismes, dans les sports populaires, par exemple
et de politiques pédagogiques, de situations so- Iles sports de luxe, comme le golf, s’expriment
cioculturelles variées. En Europe, comme l’alle- en anglais ; seule leur démocratisation constitue
mand et l’italien, comme l’anglais britannique une chance d’évolution). Les reproches mutuels
même, le fkançais s’américtise par le lexique que se font Français et Québécois, chacun trou-
- avec des effets plus graves, en profondeur, sur vant chez l’autre des anglicismes qu’il a lui-
la morphosyntaxe. En outre, sournoisement, les même écartés ou ignorés, soulignent que
médias de masse, et notamment la télévision, chaque situation sociolinguistique modse le ta-
véhiculent des dialogues calqués sur un original bleau. Enfm, le problème de la <qualité du fran-
américain, où les procédures de discours - ça&, là où il n’est pas langue maternelle, est
comme les personnages et les lieux présentés - tout différent : c’est alors l’école qui détient
sont étrangères aux habitudes de parole auto- presque toutes les clés (voir Akique, Maghreb).
chtones Ion y dit : <<mon nom est Martin- et non Partout, l’idée de norme évolue : la rigidité n’est
pas aje m’appelle Martin4. Cette langue hy- plus possible, la variation est parfois valorisée,
bride, issue des contraintes du doublage, n’est mais plus souvent réprimée : le divorce entre
pas étudiée; elle n’est pas même perçue et langue institutionnelle et usages spontanés s’ac-
s’amalgame aux prétentionnismes plus sponta- croit. Mais la vitalité du lançais n’est pas en
nés de la mode, bourrés d’américanismes d’ail- cause.
leurs mieux digérés, de la publicité et des talk- A. Rey
shows du prime-time, Ces anglicismes lexicaux
sont déjà excessifs, mais c’est l’américanisation BlBLIOGR4PHE
des imaginaires - en français comme en alle-
mand, en italien comme en arabe - qui est alors F. BRUNOT, Histoire de la langue française des
la maladie la plus grave. O@~S 9 nos jours, 13vol., Paris, A. Colin, 1905
1958; rééd. 1966-1968. En parkulier : t. 1 à III, V,
En effet, contre l’anglicisation des terminologies, VIII, x.1
on peut lutter. On le fait très activement au Qué- X. DEMAU, La FruncopbGe, Paris, Que sais-je?,
bec, plus symboliquement en France (avec les n”2111, 1988.
commissions de terminologie des ministères et Fr. SCHOFU, La Langue française dans le monde,
diverses initiatives privées). Cette lutte est Français moderne, 1956.
souvent décevante, car la pratique du langage A. VALDMAN (sous la diredion de), Le Français hors
ne se laisse pas régenter par décret : on l’a vu en de fiance, Pwîs, Champion, 1979.
1991 à propos d’une très prudente proposition A. VIATTE, La Francophonie, Paris, Larousse, 1969.

lieu du xvue siécle. L’association, au XVUI~ s., a en- 17971. Les connotations de ces mots ont profondé-
globé toutes sortes de personnes (mais les femmes ment changé, du ~~III~s., où l’idée de société
en étaient exclues) et s’est répandue en Europe ésotérique unie pour le progrès de l’humtité est
avec la fondation de confréries ou 4ogesD, en dominante -la franc-maçonnerie par exemple a
France à partir de 1730. inspiré Lu Flûte enchantée de Mozart - au me s. et
+Le sens de franc alibre> (+ 0 ~%KW) était encore au ti s., époques où le contenu politique, l’idéal
bien compris au we s. et la dénomination Manon- Pac&te et cosmopolite, les pratiques de solidarité
libre, aujourd’hui sortie d’usage, est apparue en ont été dénoncées pw les adversaires, en général
1735. J’~~-ma~on. désigne un membre de la conservateurs ou nationalistes, qui associent
FRANC-MAÇONNERIE n. f., réfection en 1747 de souvent dans leur hostilité fkncs-mwons, juif% et
franche-maçonnerie 117421, tiré de l’anglais fieemu- socialistes.
sonq société organisée en loges, dont les
membres sont lies entre eux par une grande sali-
0 et 0 FRANCO - 0 FRANC
darité. Par extension (18331, franc-maçonnerie 0 FRANCO- +FRANÇAIS
s’emploie pour une alliance entre personnes qui se
sentent solidaires les unes des autres. +Franc-ma- FRANCOLIN n. m. serait selon Bloch et Wart-
çon est abrégé en MAÇON (17821, reprise S~JX burg un emprunt ( 1298 ; mil. XLII~s., k~nquilinl à
doute de l’anglais mason, qui alterne avec fiee mu- l’italien francolino <petite perdrix>>, d’origine ob-
son dès 1425; maqonnerie pour franc-maçonnerie scure. Cependant P. Giraud rappelle que colin
est attesté à partir de 1766 (anglais masonry, 16861. désigne des oiseaux divers (<<espèce de goéland>>
b FRANC-MAÇONNIQUE adj. n’apparaît qu’en km” s.-XVIII~s.1, ~perdrix d’Amérique~ ii 7591,etc.) et,
1855 Anglais freemasonic, 1835) alors que ma- dans les dialectes, que colas se dit pour le canard,
çonnique est attesté dès 1778 (en anglais, maso?&, le coq, le dindon; colin est un nom de personne
FRANGE 1506 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Frange reprend le premier sens latin; par analo-


gie, le mot désigne ce qui rappelle une tiange de
LE FRANCIiW vêtements 11830; cf. déb. D? s., frange Me che-
veux11 ; en optique (18721, frange désigne spéciale-
ment une raie lumineuse dont la partie centrale est
Le terme francien a été créé en 1889 par le plus brillante ou plus sombre que les bords (frange
philologue Gaston Paris et remplace celui de d’hte&rence, 1877). Par métaphore, le mot dé-
dialecte de I’he-de-France. Ce dialecte fan- signe (déb. XX~ s.) une limite imprécise entre deux
tôme - pour reprendre l’expression du dia- situations, deux états, etc., et en particulier (v. 1966)
lectologue R. Loriot - serait une variété de la partie minoritaire (d’un groupe humain), plus ou
frangeais d’oïl parlée au moyen &ge. On n’a au- moins marginaJe.
cune donnée sûre à son sujet avant le XIII~ s. et
b Le dérivé FRANGER v. tr. 6n XII~ s., frengé Gdé-
les témoignages ultérieurs sont du domaine
de la langue écrite littéraire. L’objet n’est coré de franges4 signSe “garnir de franges, 11367,
variante fringerl ou <garnir d’une bordure sem-
donc plus le meme quand on sait que cet hy-
pothétique dialecte a été promu au rang de blable à une frange» Iv. 13981; franger, c’est aussi
langue Littéraire, langue qui s’uniformise au <(constituer la tiangen et par analogie (av. 1854)
XIII’ s. pour devenir le fiançais, au détriment aborderu.
des autres dialectes, qui, eux, se di%rencient Le composé EFFRANGER v.intr. (18633 si@e
alors fortement. Est francien, en fait, tout ce <<enfiler un tissu de manière que, sur les bords, les
qui n’est ni picard, ni normand, ni bourgui- fis pendent comme une kangem.
gnon, ni poitevin, tout ce qui ne possède donc FRANGIN, INE n. pourrait représenter 118211 4)
pas de traits linguistiques spécgques et dis- un emprunt à un mot d’argot italien, ce qu’atteste-
tinctifs en domaine d’oïl. L’aire de ce dialecte rait l’existence de l’argot piémontais franzino
recouvrirait donc le territoire qui s’étend du
&èren (déformation du piémonttis fradel, d’après
Maine à la Champagne ; il faudrait l’interpré- cüzin). Le mot pourrait être aussi un emprunt à
ter, à une plus large échelle, comme adia- l’argot des canuts lyonnais et frangin serait alors un
lectex du centre de la France. dérivé de frange -ouvrier qui ftit des fbngew Dans
Le terme de francien qual%e plus justement ces deux cas, frangin pourrait aussi bien être le mot
ce que les philologues appellent une scripta, source. On a aussi suggéré un croisement de frère
c’est-à-dire un dialecte médiéval écrit reflé- avec franc. P. Guiraud voit dans le mot un dérivé
tant des habitudes graphiques propres à une de fran&r *briser» (du latin frangere; + fraction) en
région, que le copiste a accommodées à son s’appuyant sur la relation entre des formes dialec-
parler local. L’étiquette &ancien) appliquée
tales cfranzin, fragrtu, fieci et des dérivés de frêle
au dialecte est «une commodité appréciable
(fralin, frelotl, ainsi que sur l’existence de l’ancien
dans des types de recherches déterminéss
français fi-arin “pauvre, débile».
(Chaurand, op. cit., p. 92); elle ne correspond
à aucune réalité Linguistique orale et n’est 4 Le mot, attesté au sens de copain- 1182 1, en ar-
pertinente que Ndans un classement pbilolo- got), est un équivalent familier de frère (1833). Fraa-
gique touchant la scripta>> (tbid,, p. 99). gine «sœur» a également le sens général de
M.-J. Brochard «femmen ( 1901, afemme facile- ; encore au sens de
«prostituée» en argot) et, spécialement, celui de
areligieusem ( 1850 ; jeu sur sœur*).
BIBLIOGRAPHIE

J. CHAUFLAND, aPour l’histoire du mot “fmn- FRANGIPANE n. f. est une adaptation


cien”B, in Mélanges de dialectologk d’oti à la Iv. 1646, gants de frangipane) du nom propre Fran-
mémoire de Robert LorZot, Fontaine-lès-Dijon,
1983, 91-99. gipani, nom d’un seigneur romain inventeur du
parfum dont on imprégnait les gants à partir du
xvre s. ou responsable de sa vogue. On a d’abord la
variante gants de fiang@ani puis la variante fran-
chipauLe (av. 1648).
mais beaucoup d’oiseaux en reçoivent un (pierrot, $ Le mot désimait un parfum Iv. 16461, me liqueur
guillaurne, etc.). Le francolin pourrait être un colin parfumée (16901, aujourd’hui une crème composée
franc, c’est-à-dire &bre>> donc <<sauvage)‘. d’amandes, de pralines, etc., utilisée en pâtisserie
+ Le mot désigne un gallinacé plus grand que la (17401 et, par extension (17321, le gâteau garni de
perdrix. cette crème.
k Frangipane désigne aussi 11708) le tit du FRAN-
FRANGE n. f. viendrait (v. 1190) d’un latin popu- GIPANIER n. m. 117001, arbrisseau exotique dont
laire “frimbria, altération du latin classique fimbria, les fleurs ont un parfum qui rappelle celui de la
surtout employé au pluriel fmbriae, cbord d’un vê- frangipane.
tementn et *tresses d’une chevelure> (cf. roumain
kkghte wzordeB ; l’italien frangia, l’allemand Franse 0 FRAPPE n. f. + FRAPPER
sont des emprunts au franqais). P. Guiraud postule
plutôt un dérivé d’un latin populaire “fiangiare, du 0 FRAPPE n. f. représente (1888) une apocope
latin classique frangere ccbr-isep> (+ fiaction), qui de frapouiile,qui serait une altération de fripouille,
rendrait compte des formes romanes. sous l’influence de frapper (cf. aussi l’ancien fran-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1507 FRATERNEL

çais hpaille anaille~~, XII~ au xv” s.). Frapouille a tat», s’emploie dans divers domaines, notamment
d’abord signi% «guenille» (1735, frappouille, en Lor- pour caction ou manière de taper à la machine à
raine) et en argot Mmalfaiteurm ( 1866). Dans ce sens &rire~~ (me s.) et par métonymie “page dactylogra-
initial, il se rattache à des mots dialectaux comme phiée> [envoyer la frappe à I’imprimeurl. De là l’ex-
le savoyard frape &angeB ou (Centre) frupa =gue- pression usuelle faute de frappe. En boxe t 1921), la
nille>, mots peut-être issus du bas latin faluppa frappe est la manière d’attaquer l’adversaire, au
(3 fripe). football la manière d’attaquer le ballon (cf. aussi
force de frappe; -+ force). +FRAPPEMENT n. m.
Wruppe se dit aujourd’hui familièrement pour
(M]I~s.) sign3e <action de tiappep et par extension
woyou~.
«bruit produit par ce qui tiappe* tav. 18851,- FRAP-
PEUR, EUSE adj. et n. (fin XTVeS.), flpersonne qti
FRAPPER v. est peut-être issu (11781 d’un fkm-
fkappen, est utilisé dans des emplois techniques ; il
cique “hrappan cwrachersl à l’origine de l’allemand
est rare au féminin. L’adjectif masculin entre dans
rappelez et de l’anglais to rap <frapper à la portes ;
l’expression esprit fkappeur (1857) aesprit qui, dans
on a proposé aussi une origine onomatopéique as-
les séances de spiritisme, répond en frappant des
sez arbitraire, frap- marquant un choc violent.
COUPS.
+Le sens premier est flatteindre d’un coups, d’où FRAPPANT, ANTE adj. est surtout employé
plus tard au figuri, &tre atteint d’une maladie mor- (av. 1742) avec la valeur de “qui suscite un vif inté-
telles (av. 1590, fruppé de peste), notamment dans la rêtm (voir ci-dessus au verbe), d’où (mil. ti s.1 Ntout
locution frapper à mort 117561.De l’idée de «but à à fait évident% mais, par jeu de mots, il reprend le
atteindrem on passe a se frapper flse jeter violem- sens concret du verbe dans arguments frappants
ment, s’élancerp en parlant de qqn ou d’un animal &milier) QCOUPSY+FRAPPAGE n. m., outre l’em-
Exn”s.1et aux emplois, également disparus, de frap- ploi technique (frappage d’un velours, 18381, dé-
per du+ hve s., intr.) et de se frapper <se répandre signe 119223le refroidissement d’une boisson dans
violemment (d’une épid&nieIb (xv” S.I. + Frapper de la glace,
gqn adonner un coup=, aussi intransitif Iv. 14601, a Le préké SURFRAPPE n. f. (18741 est un terme
fourni des locutions comme frapper comme un technique (anouvelle frappem, pour une monnaie,
sourd (1690) et au figure se happer la poitrine «re- une médaille qui porte déjà une empreinte). -RE-
gretter qqch.s kxe s-1, le vrai pronominal Iréci- FRAPPER v. tr. (XII@s.1est demeuré rare.
proque et réfléchi1 étant attesté au xvrr” s. (16641.
+Par figure, le verbe veut dire <s’imposer avec FRASQUE n. f. est une adaptation (1440-1442)
force à (qqn)* (1580 ; 1640, en parlant des sens), puis de l’italien frasche, pluriel de fi-usca qbranche
aaffecter d’une impression vive et soudaineB (1669 ; d’arbrem et =balivernem (déb. XIVes.1, Ncaprice, acte
frapper de stupeur) et sm complément second, stupide> (2” moitié XIVes.1, lui-même d’origine obs-
Gmpressionnern : sa mort l’a firappé; par extension cure; fraca pourrait être dérivé d’un latin popu-
il équivaut à Ksurprendre en excitant l’imagination, laire Ofruxicare, tiré de “fra3cus pour fractus, parti-
l’intérêt, etc.>>(av. 1742, cela mz plt’a pas frappé), en cipe passé de frungere <<briser= C+ fraction).
particulier au pronominal se frapper &nquiéter> 4 Les sens d’«extravaganceb (1440- 14421, *mauvaise
et <s’émouvoir%, surtout négatif (1865, suris se fpap- pkisanterie~ (1522; encore vivant au XVIII~s.) sont
per esans se faire de soucid Par ailleurs, frapper sortis d’usage ; par extension, frasque Sign%e (1762)
s’emploie pour ainfliger un châtiment à Cqqnln <écart de conduite% mais a perdu de sa force depuis
(1656). Frapper asonner}, en parlant d’une horloge le xrxe s. et s’emploie, souvent au pluriel, pour des
116081,s’employait à l’époque classique ; plus géné- écarts bénins.
ralement le verbe signSe aheurter (qqn, qqch.)B en
parlant d’une chose (1665). 0 Frapper qqch. corres- FRATERNEL, ELLE adj- est un dérivé sa-
pond à -donner un coup à» (av. 1704; cette valeur vant (mil. XII~s.1 du latin fratemus, de frater
s’est spécialisée au théâtre dans happer les trois b fi-ère).
coups 118651.Les emplois les plus Réquents sont fi- + Il qualifre d’abord les relations qui unissent des
gurés: frapper un @ranc?l coup (1647, frapper le chrétiens, aujourd’hui dans chanté fraternelle. Par
coup). En construction transitive indiretie, frapper ailleurs, il s’applique Iv. 136 1) à des personnes qui
à toutes les portes signSe 4’adresser à tout le se traitent en k-ères et qualifie Ixw” s.1 les relations
monde)), happer à la tête as’attaquer aux respon- entre frères, soeurs (cf. sororall.
sablesn. +Par analogie, frapper urne boissorz, c’est bfl a fourni FRATERNELLEMENT adv.Iv. 1360).
lui donner l’knpression de la glace où on l’a pla- FRATERNISER v.htr.,construitsurle radical de
cée)> 11835).Dans ce sens, les premiers emplois sont fratenzelI15481 au sens d’Navoir des relations de fra-
au participe passé (frappé de glace, 17711. +Le ternit&, s’emploie spécialement En XVIII~s.1en par-
verbe a divers sens techniques liés au sens géné- lant de soldats qui refusent de se battre - considé-
ral : frapper la mowz&e 4a marquer d’une em- rant que les adversaires font partie de la CfamiUe
preinte= 116361; en marine, i?apper un cord&ge cle humainem ; en dérive FRATERNISATION n.f.
tierm (16901, frapper la toile adonner le coup qui 117921,lié à cette dernière acception.
permet de serrer les Bs de la trame, au passage de FRATERNITÉ n. f. (v. 1140, fratemited) est un em-
la navette, (16901, d’où au participe passé adjectif prunt au latin classique fratemitus <relations entre
velours frappé. frères, entre peuples)), en bas latin «entre chré-
b @FRAPPE n. f., ( 1178, estie en mule frape &re en tien+, dérivé de fratemus. 0 Comme terme de pa-
situation diSc5le4 *action de frapper et son résul- renté (16901, fraternité est rarement employé au-
FRATRICIDE 1508 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LE FRANCIQUE

Le fkancique est une langue indoeuropéenne Louis le Germanique et Charles le Chauve s’al-
disparue, de la famille du germanique occiden- lient contre leur frère Lothaire pour garantir le
tal, parlée par les Francs (4 0 kanc),Elle est re- partage des États que Charlemagne leur avait
constituée à partir des langues germaniques du légués. Ce traité d’alliance est connu sous le
moyen âge, à l’aide des noms de lieux Itopo- nom de Semzents de Strasbourg et constitue le
nymesl et des noms de familles knthropo- premier document en cromana, plus exacte-
nymesl cités par des écrivains comme Grégoire ment en fknçais d’oïl, par traduction de la ver-
de Tours dans son Histoire des Fmncs, rédigée sion germanique ou du latin sous-jacent aux
en latin (5?‘5-vers 5901, ou inscrits sur des mon- deux versions.
naies mérovingiennes. Une autre source est Les Francs avaient gardé leurs coutumes et leur
constituée par les gloses de la Loi Salique &ex langue bien qu’ils eussent parfaitement assimilé
Salical. Le kancique est l’ancêtre du néerlan- la culture et la langue latines; les influences
dais actuel. Cette langue est appelée par les lin- étaient d’ailleurs réciproques. En linguistique,
guistes ancien bas fruncique pour éviter la on parle de superstmt germanique pour dési-
confusion avec les dialectes du haut allemand : gner une langue - le francique, en l’occurrence
francique rhénan, francique mosellan et tian- - qui s’introduit sur l’aire d’une autre langue -
cique oriental parlés jusqu’à nos jours. le bas latin dialectalisé, en Gaule -, sans s’y
Il est difkile de distinguer avant le v” s., date des substituer, mais en y laissent des traces aussi
grandes invasions germaniques en Europe oc- bien syntaxiques qu? morphologiques, phoné-
cidentale, les apports des différents peuples ger- tiques ou lexicales. «A quelques exceptions près
maniques. Ce n’est qu’à cette époque, en effet, (emprunts aux fédérés Gots) les mots fran@s
que les Francs se posent en conquérants. Il est d’origine germaniques empruntés à l’époque
certain qu’à partir de la fin du 11~s., ils oc- gallo-romaine l’ont été aux populations wes-
cupaient des postes de direction dans l’arrnke tiques [Germaniques de l’Ouest1 établies sur le
romaine. Au tout début du v” s. 14061, par sol de la Gaule, Bataves, Suèves, Alamans et
exemple, ils aident les Romains a repousser les Francs, sans qu’il soit possible de distinguer l’ap-
Barbares qui essaient d’envahir le nord du terri- port de chacun de ces peuples)> CL.Guinet,
taire. Aux III~ et rves., colons et &tesa (Barbares op. cit., p. 15). Il est donc relativement d%icile,
établis dans l’Empire romain pour cultiver et dé- dans l’état actuel des recherches, en particulier
fendre la terre1 reçoivent des Romains des onomastiques sur les noms de lieux Itoponymie3
terres abandonnées par les Celtes romanisés. et de personnes (anthroponymiel, de distinguer
Avant le v” s., donc, les Francs s’étaient implan- les différentes strates d’emprunts aux langues
tés au nord de la Gaule où ils s’étaient intégrés à germaniques et au fkancique. Il est sûr, néan-
la population, mais il faut attendre Clovis et la moins, qu’avant le ve s., il y a eu des emprunts di-
prise de Soissons (486) pour parler vraiment rects au germanique commun: il serait souhai-
d’une conquête banque. En 536, les descendants table, dans cette optique, de considérer tout le
de Clovis établissent leur suprématie sur les domaine roman.
autres peuples germaniques (Wisigoths, dans le Considérant le domaine galle-roman et l’action
sud-ouest de la Gaule, Ostrogoths dans le Midi, du superstrat fkncique, on peut établir les don-
Burgondes dans le Sud-Est) et par là sur la plus nees suivantes. À partir du milieu du ve s. la si-
grande partie de la Gaule romanisée. Ce sont tuation s’éclaircit : des critères Phon&iques et
d’ailleurs les seuls qui laissèrent leur nom à un de distribution géographique permettent de
État. En 842, les petits-fils de Charlemagne, mieux distinguer les divers apports et on peut

jourd’hui; le premier sens, <lien entre des 5e (<qui a rapport aux relations entre confrkres et
personnes se considérant comme appartenant à la consoeurs»; en dérive CONFRATERNELLEMENT
famille humaine», est toujours vivant. Par exten- adv. (18921.
sion, katemité se dit pour des liens qui établissent FRATER n. m., sorti d’usage, est un mot latin em-
des rapports fraternels (1764, fraternité d’amesl. prunté sous la forme fratie au sens de <<frère>
Désignant des communautés, religieuses ou (déb. XIII~s,l et repris au XVI~s. par ironie pour
laïques, le mot reprend (me s.) un sens de l’anglais flmoine » (1532). Il a désigné un barbier chirur-
fratemity.+ Son dérivé FRATERNXTAIRE adj. et n. gien (1649) et un k-ère lai employé aux travaux
(d’après humanitairel, qualifzW ce qui est relatif à domestiques 11872). Tous les emplois sont
la fraternité humaine (1855, Baudelaire; 1842, archaïques.
cmembre d’une secte>>),est sorti d’usage.
CUNFRATERNIT~ n. f. 112831, terme didactique, 0 FRATRICIDE n. m., réfection (xv” s.1de fia-
est composé d’après fratewcitk. +Le composé trecide (v. 11701, est rare jusqu’au XVII~s. où il est vi-
CONFRATERNEL adj. (1829, de con- *avec>) signi- vement critiqué ; il est emprunté au bas latin fratti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1509 FRAUDE

parler vraiment d’un apport tiancique distinct. lonisation au nord de la Loire pendant la pé-
On lui attribue des effets d’importance à quatre riode mérovingienne. La troisième catégorie
niveaux : typologique, phonétique, syntaxique et d’emprunts pénètre par l’intermédiaire du latin
lexical; les changements sémantiques sont trop carolingien jusque dans les régions au sud de la
peu explorés pour qu’on les commente. Loire. Ces mots sont pour la plupart des em-
1. On a voulu (Jud, Wartburg) expliquer la fkag- prunts interromans, que l’on retrouve dans
mentation linguistique de la Gallia Romania (en d’autres langues romanes. 520 vocables environ
zone d’oil et zone d’oc) par l’influence du tian- sont passés en français (il y en a eu jusqu’à
cique. Or, cette séparation existait auparavant : 700 en ancien français). IIs touchent le domaine
«la barrière géographique, ethnique et linguis- de l’administration : sétichal, maréchal, baron;
tique préexistante fut renforcée par la ligne de on peut les classer pamzi la troisième catégorie
contact des zones d’tiuence franque au nord et d’emprunts déjà latinisés par les Francs. Les
wisigothique au sud de la Loire dans la seconde mots de la vie agricole, de la végétation ou ceux
moitié du x” s.~ (Pfister, op. dt., p. 51). On ne peut des sentiments et des couleurs sont également
pas dire, en outre, que la frontière linguistique nombreux : hêtre (opposé à fuu < lat. fugm, en
entre le wallon et le flamand, frontière qui ne occitan), houx, oster ou bien honte (opposé à ver-
correspond à aucun tracé politique et s’établit gonhu < lat. veregundiu, en occitan). Les seuls
vers l’an 700, soit en rapport direct avec la colo- domaines oti l’on ne retrouve pratiquement pas
nisation franque ; cette région était bilingue bien de mots d’origine francique sont le commerce et
avant cette date-là. l’artisanat, secteurs aoù sans doute les indigènes
2. Dans le domaine de la phonétique, on a par- conservaient leur supériorité, et de la religion,
fois attribué la diphtongaison de a, en syllabe par suite de l’influence du clergé)> (Wom, op. cit.,
libre, qui a eu lieu vers le VI~ s, dans le nord de la p. 591.
France, au superstrat fkncique; on peut seule- L’influence du superstrat francique est encore
ment a&mer que leur diffusion est en rapport controversée en ce qui concerne la fkonUère lin-
avec les zones d’influente des Frmcs dans cette guistique entre oil et oc. II en va de même de
partie de la Gaule. Ce qui est certain, en re- l’apport et de l’influence des autres peuples ger-
vanche, c’est bien l’attribution au superstrat maniques dans la fragmentation linguistique de
francique de la réapparition du h aspiré, qui la Romania. Les recherches se poursuivent se-
avait disparu en latin, et celle de l’apport de la lon la connaissance grandissant; de ces langues
bilabiale w, souvent articulée gw > g ou w, dans disparues. Elles nécessitent un travail de colla-
un mot comme guk)rre, du fkancique ‘werru “que- boration entre linguistes, historiens et archéo-
relle%. logues. Voir : germaniques (langues), gotique,
3. En syntaxe, on notera l’antéposition de l’ad- longobard, romanes (langues).
M.-J. Brochard
jectif, particulièrement kappante dans les noms
de lieux : à Castelnau, au sud de la Loire, corres- BIBLIOGRAPHIE
pond Neufchûiteau au nord. L. GUINET, Les Emprunts galle-romans au germa-
4. Quant au lexique - et c’est peut-être le do- nique Idu F 9 la fzrt du v” siéclel, Paz%, Bibliothèque
Française et Romane, Série A, T. 44, 1982.
maine le plus intéressant et le plus riche -, on
M. PFISTFB, MLe superstrat germanique dans les
peut distinguer les emprunts en trois catégories langues romanesn, in Ati del XV Congresso inter-
suivant leur répartition géographique. Certains ruzztinale di Eingutstica et filologia romc~nza,
emprunts lexicaux, dans une zone située entre Naples, 15-20 avril 1974, Naples, 1, 49-97, 1978.
la Picde et la Lorraine, remontent à la pre- Ph. WOLF’F, Les Origines linguistiques de l’Europe oc-
cidentale, Toulouse, Association des publications
miére colonisation. D’autres, qui ne dépassent de l’université de Toulouse-Le-Mirail, Série A,
pas le sud de la Loire, témoignent d’une forte co- T. 48, 1982.

cidium *meurtre d’un Er&e, d’une soeur», composé 4 Il désigne (en ethnologie, en démographie) l’en-
à partir de fmter C-, tière) et de caedere *tuera. semble des tières et sœurs d’une même fa;mille.
4 Le nom conserve le sens du latin.

0 FRATRICIDE n. et adj. est emprunté FRAUDE n. f., réfection Iv. 12831 de fraulde
Iv. 1450, n.1 avec le sens du latin classique tiutn’cida (12552, est un emprunt au latin fruus, fmudis <tort
Npersonne qui tue son frère ou sa soeurs. fait à qqnm, <<dommage résultant d’une erreur ou
d’une tromperie», d’où ensuite 4romperieB
4 Le mot a conservé le sens de son étymon; au fi-
Icf. flouer1 ; fiuus n’a pas d’origine connue.
guré (18711, l’adjectif quame ce qui conduit des
hommes d’une même communauté à s’entretuer +Fraude se disait (1255) d’une action faite de mau-
(par ex., une guerre fi&&&). vaise foi pour tromper; le mot s’est spécialisé et, au
sens courant mais aussi en droit, désigne ( 16821 une
FRATRIE n. f. est un terme didactique, dérivé fakikation prouvée par la loi, spécialement ( 16901
Cv. 19701 du latin frater &èren I-, tière). un acte acccomplî dan5 l’intention de porter at-
FRAYER 1510 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

teinte aux droits d’autrui ; la locution adverbiale en abruit éclatant, vacarme», dérivé de frwgere abri-
fraude sign5e au figuré (1690) tien cachette». ser>> (3 fraction); la forme et le sens de frayeur
b FRAUDER v., emprunté au latin classique frau- viennent d’un rapprochement avec effrayer*.
dure cfaire tort par tiaudeT>, dérivé de fi-sus, est + Le mot a signi@ «vacarme)) (v. 1165, fEor et dé-
sorti d’usage au sens de Mtromper (qqn)* (v. 1330, signe Iv. 11351 une peur violente, souvent passa-
tr.); le verbe s’emploie aujourd’hui avec un gère, provoquée par un danger réel ou supposé.
complément désignant une personne morale (fin Cet emploi est resté usuel, mais seulement dans un
XIV s.; frauder Zu loi) ou (av. 1865, într.1 au sens de registre soutenu.
<commettre une tiaude* (frauder à un examenl.
-En dérive FRAUDEUR,EUSE n. (v. 1370) cper- FREAK n. m. est un mot emprunté (19661 à l’an-
sonne qui fraudem, mot qui s’est aussi employé glais freuk <<monstre» (1847; 1563, «saute d’hu-
comme adjectif (13401. -FRAUDULEUX,EUSE meur4; aux États-Unis, le mot s’est surtout appli-
adj. est un emprunt (v. 1361) au dérivé bas latin qué aux monstres exhibés dans les foires; fieuk a
fraudulosus aentaché de -fraude>>; en dérive FRAU- été largement dEusé par la bande dessinée de
DULEUSEMENT adv. (~~3981. G. Shelton, The Freuk Brothers.
FRAYER v. est une réfection ktve s.) de koyer, 4 Freak se dit d’une personne jeune qui refuse les
frakr (XIII~s.1,frekr (v. 11%) ; le mot est issu du latin valeurs de la société sans pour autant appartenir à
fricare &otter>>, flpol%, seulement au sens concret, un mouvement ou adopter une tenue, un style de
peut-être d’origine expressive. P. Guiraud suppose vie précis (comme les punks ou les hippies); le mot
une influence de frayer &agmenter= (-, 0 frais s’emploie aussi Iv. 1980) pour désigner un toxi-
pour cette hypothèse) qui expliquerait les diffé- comane adepte des drogues dures.
rentes acceptions de ce verbe, impliquant souvent
non seulement un <<frottement>>mais aussi l’idée de FREDAINE n. f., réfection (1420) de friduinne @
afragments qui se séparent». (v. 13101,représenterait le féminin de l’adjectif fre-
+ Rayer <frotter IqqchJn est sorti d’usage, sauf dans duin ~~mauvais~),emprunt avec tiaiblissement de
quelques emplois particuliers : en vénerie (2” moi- sens à l’ancien provençal frudin (v. 1060) 6célérat>j
tié XIII~s-1 afrotter son bois contre les arbresm (en (cf. ancien provençal fiudel, v. 1060, apauvreb et
parlant du cerf); frayer une monnaie «la rogner en =scéléraM, peut-être issu du gotique “fv‘a-uitheis
imitant l’usuren 11757). Dans l’usage courant, kuyer <<rebelle dissident- (cf. ancien haut allemand freidic,
signifie depuis le XIV~s, (v. 1360) ctracer (un chemin3 id.). P. Guiraud relève que fredaine a sigr&é atrom-
par le passage>> Iétymologiquement, par le frotte- perie, moquerie)) (~VI” s-1, sens que l’on retrouve
ment des pieds), d’oti ~(ouvrir (un chemin) en écar- dans fieduin et l’ancien provençal ; le mot se rat-
tant les obstacles>> (1690) ; au figuré (1275-12801, tacherait selon lui à farder «déguiser Za vérité,
frayer le chemin, Ia voie sime ~pltir les dif% I+ farder; cf. refurder *trompw , 1234; ruFarder ase
CukéS~. -Par ailleurs, frayer s’est spécialisé moquep, XIVes.l. Freduin viendrait alors d’un latin
(v. 1121) au sens de &sposer ses œufs», en parlant populaire “fardunis, avec métathèse de l’r, comme
de la femelle du poisson qui tiotte son ventre pour bedaine dans calembredaine hdin et fradel
contre le sable pour faciliter l’émission (même provenant de “furdinus et “frudellusl. La fredaine se-
image en espagnol) ; par extension Iv. 1560) le verbe rait une tromperie, une dissimulation, image qui
sigr&e Nféconder les œufw, en parlant du mâle. aboutirait au sens moderne.
- Par figure (fin XVII~s.1 &ayer avec qqn, ensemble + Le mot est attesté au sens de <chose sans impor-
s’emploie pour «avoir des relations suivies», au- tance>) Cv. 1310) et dans faire des fredaines cfaire
jourd’hui avec une nuance péjorative. l’importa&; le sens de Ktromperiea kv~~s.) n’a pas
b Le déverbal FRAI n. m., réfection (XVII~s.1 de Foi vécu. 11 désigne aujourd’hui t 1547) un écart de
113881, fri ( 13403, désigne la ponte des œuf& leur fé- conduite sans gravité, en général dans le domaine
condation et, par extension (du frai, le frai), les très sexuel.
jeunes poissons utilisés pour le peuplement d’un
lac, etc. 0 Le mot est vieilli pour parler de l’usure FREDON n. m. est sans doute issu (xv” s., puis 0:
des monnaies en circulation (1690 ; v. 1560, afrotte- 1546) par l’intermédiaire d’un dialecte du Midi
ment))). (cf. ancien provençal fredoun <(motif, air4 du latin
De frayer dérivent plusieurs termes techniques classique fitinnire (<gazouiller, bredouiller» (avec
comme FRAYÈRE n. f <<lieu OÙ frayent les pois- changement de suf5xe, déjà en bas latin), verbe
sonsB(1812).+FRAYEMENT n. m.(mes., froiement xexpressifm rattaché à fringil2u.s apinson+.
&oissements) est spécialisé en médecine vétéri- +En français, le mot a d’abord désigné un orne-
naire (1872). * FRAYOIR n. m. (mil. XVIeS.; v. 1354, ment mélodique improvisé par le chanteur, en par-
freour), autrefois alieu où les cerfs vont frotter leurs ticulier au refrain, puis par analogie (1890) un re-
bois=, si@e en vénerie Nmarque faite sur un arbre fiain, une chanson, également un air chanté à
par un cerf qui tiaye son boisn. mi-voix ~I%IXIX~ s., concurrencé par fredonnement),
FRAYAGE n. m. (v. 1946) est un terme de psycho- un bruit indistinct. Dans ces diverses acceptions, le
physiologie et de psychanalyse qui traduit l’alle- mot a vieilli.
mand Bahnung, de buhnen. &ayerm et rouvrir la
b FREDONNER V. (15491 signifie d’abord corner (un
voie*.
air3 de -fredonss ; il s’emploie aussi intransitivement
FRAYEUR n. f. est la réfection ( 1470) de frëor dans ce sens (1665). Le verbe a pris dès le XVI~s. sa
Iv. 11351,issu du latin frugorem, accusatif de frugor valeur actuelle de Mchantonner à mi-voix sans a~%-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1511 FRÊLE
culer les paroles>) (mil. xv? s.), se détachant alors de -morsn, employé aussi au figuré, ace qui arrête,, dé-
fiedon, qui vieillissait, alors que fredonner devenait rivé de fretire abroyep I-, fraiser).
plus courant, aussi comme transitif (1834,fredonner + Frein a désigné comme le mot latin le morceau de
un air, etc.). 4 apour dérivé FREDONNEMENT la bride qui entre dans la bouche du cheval, dont la
n. m. (1546, Rabelais). pression sur les barres sert à le retenir; la langue
courante a conservé ce sens dans la locution figu-
FREESIA n. m. vient (1872, freesu) du nom d’un rée ronger son frein d<contenir son impatience, sa
médecin allemand, Freese, par stixation en -a,
colère>>, comme un cheval impatient (déb. xv” S.I.
puis -ia. Le mot a été formé par le botaniste Ecklon
Par figure et comme en latin, frein s’est dit dès l’an-
en l’honneur de son ami. On relève les variantes
cien français (1172) de ce qui ralentit le développe-
fraisia (1872) encore en usage, écrit d’après fraise,
ment de qqch. Ue &eh de la Ioi, etc., S~~ISfr&
freesea I 18861,tiesia.
asans limites4. Par analogie de fonction, le mot a
4 Le mot désigne une plante ornementalle à bulbe, pris au XVII~s. 11690) en anatomie le sens de arepli
originaire d’Afrique du Sud. ou ligament qui sert à retenir un organe* ne frein
de lu langue). - Par extension fieirt se dit, d’abord
FREEZER n. m. est emprunté iv. 19%) à l’an-
en meunerie ( 1680,frein d’une roue de moulin), d’un
glais freezer (18601<glacière>>, @éfrîgérateur puis-
dispositif servant à ralentir, éventuellement à arrê-
sant», de to freeze <geler*, spécialisé ensuite au
ter le mouvement d’un ensemble mécanique, et
sens de «partie d’un réfrigérateur où se forme la
couramment du dispositif adapté aux roues d’un
glace)).
véhicule hippomobile puis Ifm XD? s.l automobile, le
4 C’est cette valeur que le français a repris, cet an- référent technique devenant de plus en plus
glicisme étant concurrencé par congélateur. complexe. De là vient la locution figurée coup de
frein (xx” s.1 caction qui vise à diminuer une évolu-
FREGATE n. f. est un emprunt (1525; 1536, fié-
tion*. Par extension, on désigne par frein moteur la
gatie3 à l’italien fiegutu, mot diffusé à partir de l’Ita-
lie méridionale (napolitain et sicilien tiagutu) dans
résistance opposée par le mouvement du moteur à
tous les ports de la Méditerranhe, d’où la variante
la rotation des roues.
fiuaute (15251,le proven@ tiuguto, le catdan, l’es- w FREINER v. est une réfection de frener, issu du la-
pagnol et le portugais kugafa. L’origine du mot ita- tin frenare abridep, au propre et au figuré; il s’em-
lien est obscure ; on a supposé un type “furgutu, du ploie (2” moitié XIII~s.1 au figuré pour &frénep
latin médiéval infurchatum *pourvu d’un bordage ISOLEla forme frener, du XILI~au XVI~s. ; cf. réfréner3 et
mobile*, calque du grec aphruktos unon enclos>, au propre *ralentir qqn, qqch. dans son mouve-
d’où <sans ponts, mais sans résoudre les dif5cultés ment)); en ce sens (attesté 1899, mais antérieur) le
morphologiques et phonétiques. La frégate étant à verbe s’oppose à accélérer (comme keirt à acc&&u-
l’origine un bâtiment à rames non ponté, destiné à teur) et a servi à former freinage, +FREINAGE
alléger une galère ou à en recueillir l’équipage en n. m. (18921,adion, manière de -freiner» et asys-
cas de naufrage, on a aussi supposé nuufragatu tème de freins%, est employé aussi au figuré dans le
(participe passé du latin classique nu&rugure, dé- domaine économique. +FREINEUR n.m. (18851,
rivé de nuuffugus; -3 naufrage), avec chute de la aouvrier chargé de ralentir la marche des wagons-
première syllabe identique au substantif nuu abs- puis <<personne qui commande les freins de voieH,
teau» Inen; mais le sens de naufruguta “qui fait est peut-être dérivé de frein, le verbe semblant un
naufrage2 convient très mal. Pour P. Guiraud, l’ita- peu plus tardif en ce sens.
lien kgata représenterait plus simplement un la- 0 Voir EFFRÉNÉ, R~FRltNER.

tin populaire “kagatu, participe passé de Okugere


<brise-, doublet de frungere (cf. l’ancien provençal FRELATER v. tr. est emprunté (apr. 13501au
tiugur Nbrîsep ; + fraction), ce qui suppose que la moyen néerlandais verluten dransv%er (du vinIn.
poupe du bateau était coupée pour former un plan 4 Il est utilisé en ce sens puis, le vin étant transvasé
incliné; mais nous ignorons les caractéristiques pour des motifs con3-nercia~ peu recomman-
des premières frégates. dables, au sens dkltérer la pureté d’une substance
4 Le mot est emprunte avec le sens de l’italien, puis en y mêlant une substance étrangèren, le seul
s’est appliqué à divers types de navires. Aux XVIII~et conservé aujourd’hui ( 1660). Relater s’emploie
xrxe s., la kégute était un b&timent de guerre à trois aussi au figuré (1546, Rabelais) pour (<faire perdre
mâts; aujourd’hui c’est un bâtiment d’escorte anti- sa pureté à (qqch.Is.
sous-marin. -Par analogie avec la rapidité du ba- F Du verbe dérivent FRELATÉ, ÉE adj., au propre
teau, frégute désigne un oiseau de mer (16371. Par 11690,boissons tielatées) et au figuré kentiments
allusion au navire & voilesB, frégate s’est dit en ar- frehtésl, FRELATAGE n. m. 11684; 1655, aaction de
got (1821) d’un jeune homosexuel. transvaser4, FRELATERIE n.f. (17921, sorti
b Le mot a fourni FRÉGATON n. m. agrand navire d’usage, et FRELATEUR, EUSE n. Il660 ; 1604,
en usage dans la marine vénitienneb (16431, sorti n. m., =Celui qui transvase le vin*), mot peu usité.
d’usage, et FRÉGATER v. tr. diner les formes de
(un bateau) pour le rendre plus rapiden (v. 16801, FRÊLE adj. est une réfection tardive (XVI” s.,
aussi au participe passé adjectif FRÉGATÉ, ÉE. freslel, peut-être sous l’influence de gruisle, presle,
de fielle (XII~s.1,fi-utile (mil. XI~s.1,issus du latin im-
FREIN n. m. représente l’aboutissement (1080) périal kgilis afriable5 &-agile= au propre et au fi-
de l’évolution du latin frenum -bride de chevaln, guré (3 fi-agile).
FRELON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Frêle s’emploie d’abord au figure pour qutier ce b En dérive FRÊNAIE n. f. (XVII~s.; 1600, fresnaiel,
qui est facile à ébranler, périssable knil. me s., à pro- dont l’ancienne forme fregnee (1280) correspond à
pos de la vie) ; l’adjectif s’applique ensuite à une une variante ancienne et qui pourrait continuer le
personne qui semble manquer de force (11351, seul dérivé bas latin fruxinetum, latin populaire “k&-
emploi usuel, et se dit de qqch. (mil. XV~~s.) dont netu. +Le diminutif FRÉNETTE OU FRE~NETTE
l’aspect ténu donne une impression de fragilité. n. f. 11930) est le nom d’une boisson fermentée à
b Le dérivé FRÊLEMENT adv. (1841) est rare. base de feuilles de frêne.
Le latin I?knw sert à former plusieurs termes de
FRELON n. m. est issu Iv. 1180, frelun) d’un fran- botanique en k&-.
cique “hurslo (cf. moyen néerlandais horselj par le
bas latin furlone Ivres.1,cas régime de “furlo. FRÉNÉSIE n. f. est un emprunt (v. 1223) au latin
médiéval phrenesiu, du latin classique phrenesis,
+ Le mot désigne une grosse variété de guêpe. Il a repris au grec phrenêsis, lui-même dérivé de phr&
été employé au figuré (v. 1664, LaRochefoucauld) <esprit- I-, phréno-1.
au sens de epersonne incapable qui, dénigrant les
travaux d’autrui, cherche à en tirer profitB, car on 4 c’est jusqu’au XVIII~s. un terme médical, dési-
pensait que les frelons pillaient le miel des abeilles. gnant un délire provoqué par une affection céré-
brale ; de là tient par analogie Ixwe s.1 l’emploi
FRELUQUET n. m. serait un dérivé 11609) de vieilli d’&tat d’agitation fébrile, d’égarement,
freluque n. f. (attesté v. 14i’8) «méche (de cheveux)», (comparable à l’état du malade atteint de délire).
Depuis le xwe s. (1544) le mot désigne le degré ex-
variante de freluche (1611, aornement, petite chose
trême atteint par un sentiment, un comportement.
de peu de valeurnI, venu de fanfreluche par aphé-
rèse de la première syllabe I+ ftieluchel. P. Guî- b FRI~NI~TIQUE adj. (v, 1200) est emprunté au latin
raud conteste cette origine, et propose de voir en d’origine grecque phreneticus ; l’ancien français fer-
freluche un dérivé de fresler <briser)), de fresie nicle wiolent, hardi)) provient (v. 1185) d’une forme
I-+ tiêlel ; la freluche serait alors une fiange (de che- syncopée “frenicus. 0 Frénétique a suivi l’évolution
veux, de vêtements), et le freluquet un homme paré sémantique de frérzésie. Terme d’histoire littéraire
d’ornements vains, prétentieux la valeur au sens (ne s.1,il qutie les membres d’une école littéraire
étymologique pouvant être attestée par le mot dia- qui a porté à leur paroxysme certaines tendances
lectal normand ferluquet *mince, grêlew. du romantisme, et leurs textes. 4n dérive FR&
NÉTIQUEMENT adv. (1615).
+Freluquet a désigné un jeune homme de mise soi-
gnée. Le mot est aujourd’hui péjoratif et s’applique
FRÉQUENT, ENTE adj. est un emprunt (fin
à un personnage frivole et prétentieux (1660).
XIV~s.) au latin frequelzs, -enti, terme d’agriculture
signSant &ien garni, abonda&, puis adjectif
FRÉMIR v. intr. est issu t1080S d’un latin popu- d’usage courant au sens de q+wiidun, &équentm et,
laire “fremire, altération du latin classique ffemere par la suite, de «nombreux)), <peuplé>>.
agronder)) (pour tout bruit grave et violent), d’ori-
gine expressive. + Fréquent a signifié &équenté, peuplé-. L’adjectif,
qui s’oppose à rare, a pris (xv” s.) un des sens du la-
4 Ce sens fort, aujourd’hui sorti d’usage, est le pre- tin, aqui se reproduit souventp, d’où par extension
mier en tiançais, le verbe voulant dire avibrer, re- acourant, ordinaire» (opposé à exceptionnel). En
tentir)) avec un sujet désignant le vent, les armes. médecine, pouls kéquent signSe “qui bat à un
En parlant d’une personne (v. 11201, fi&& se dît rythme rapiden ( 1694).
pour 4tre agité d’un tremblementm; il est assez
rare en emploi concret et concurrencé par trem- b 11a fourni FRÉQUEMMENT adv. ad’une manière
bler; par figure, frémir (de colère, etc.), c’est ares- fréquente= (v. 13801, mot usuel.
sentir une vive émotion, une agitation moralen FRÉQUENCE n. f., emprunté au latin frequentia
Cv.11301, * Par tiaiblissement, frémir sime «être &luence, foulex et par extension «abondance, fré-
agité d’un faible mouvement qui produit un son quence », &équentation>) (de freqwnsl, a eu le sens
confuse Idéb. HI~ s.1, spécialement en parlant d’un de cfoule, grande assemblée, (v. 1190) jusqu’à la ti
liquide sur le point de bouillir (fin ti s.), d’où par du XVII~siècle. +D’après le sens temporel pris par
extension t 1721) <cuire doucement». l’adjectif, il désigne 115871le cara&re de ce qui ar-
rive plusieurs fois et, spécialement, de ce qui se re-
k Construits sur la forme longue du radical, tié- produit périodiquement Ifm XVII~s.) ; de cette accep-
miss-, les dérivés FRÉMISSEMENT n. m. h. 1120) tion viennent plusieurs emplois spéciaux : en
et FRÉMISSANT, ANTE adj. (1480, WetentiSSmb) médecine ( 1704, fréquence du pouls -rapidité anor-
ont eu une évolution sémantique parallèle à celle maleN), dans des domaines techniques Il753 en
du verbe. J’rémissement a reçu un sens figuré alé- physique, 1890 en électricité), <<nombre de cycles
ger mouvement (de l’opinion, d’un marchéIn. identiques d’un phénomène par unité de tempsm
[d’où haute fréquence, 1895) et aussi en statistique.
FRÊNE n. m. est une réfection (1501, fiesne) de De fréquence en physique vient le composé AW-
frezkne (v. 11801,kz&ne ( 10801, formes à diphtongues DIO-FRÉQUENCE n. f. (1942).
issues du latin classique ti&nus, mot sans origine FRÉQUENTER V. est empI-UIté (V. 1175) aU latin
connue. frequentare aêtre assidu quelque part», «employer
+ Le mot désigne un arbre des régions tempérées fréquemmentm, acélébrer en foule,, dérivé de fie-
et, par métonymie, le bois de cet arbre. quetas.Le verbe français, qui a signi% acélébrern
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1513 FRESSURE

(v. 11901, est détaché par le sens de fréquent-fré- (mil. xve s., frère utérin), on dit plutôt demi-frére. De
quence. Il s’emploie au sens d’ccaller habituellement cette acception viennent ressembler à qqn comme
dans (un lieu))) Iv. 11751 et signifie par extension WI frère, tire colflllle des frères: par extension
arencontrer, voir habituellement cqqn)m cv. 1380) frère de lait 11538) se dit du fils d’une nourrice par
avec des emplois spéciaux 11848, aavoir des rela- rapport à celui (ou à celle) qu’elle a nourri. -De-
tions aYnoureusesn1 et au figuré Ev.1530, frequenter puis l’ancien français (v. 1050), le mot se dit de
un auteur ((le lire souventm). &FRÉQUENTÉ, ÉE l’homme en tant que membre de la <<famille» hu-
adj. ti xv” s.) s’est spécialisé pour -où il y a habi- maine, en particulier en religion (1690) en parlant
tuellement du monde% (1629). 0 Le prétié INFRÉ- des hommes en tant que créatures du même dieu.
QUENTÉ, ÉE adj. (15713 est beaucoup moins usuel. Spécialement fière désigne (v. 1175) les membres
-Le dérivé FRÉQUENTABLE adj. (18381 «que l’on de certaines communautés religieuses et est le
peut tiéquenter)) s’emploie le plus souvent dans nom que se donnent les tiancs-maçons ( 1764). Par
des constructions négatives ou restrictives. Le mot extension frères au pluriel se dit, comme en latin,
avait existé en moyen français (av. 1526) au sens de de l’homme par rapport à ceux qui partagent les
afréquent». -INFRÉQUENTABLE adj ., proposé mêmes sentiments, intérêts, etc.; frères d’armes a
comme néologisme au XIX~ s. (18421, est ensuite at- désigné (mil. xv” s.) des guerriers unis entre eux
testé au début du xx” siècle. par une alliance et s’applique aujourd’hui à ceux
FRÉQUENTATIF, IVE adj. est emprunté (xrves.) au qui luttent pour la même cause, aux membres
latin impérial frequentatiws aqui marque la répéti- d’une association, etc. Les pirates des Antilles, aux
tion», devenu terme de gr-ammaire (dérivé du su- XVII~et XVIII~s., se donnaient le nom de frères de la
pin de frequentare); l’adjectif tiançais s’applique à C&e, 0 Faux frère Cl6681 Sign%e «traître à ses asso-
une forme qui exprime la répétition. ciés)) et, par extension, nhypocriten. Enfm, le mot
FRÉQUENTATION n. f. (déb. XIV~s., a-fréquence, s’emploie en parlant d’une chose, d’une idée, liée à
manière d’être4 est un emprunt au latin frequentu- une autre par un rapport d’analogie Cl678 ;
tio aabondance, emploi fréquent>> et sert de subs- cf. sœurl.
tantif à fréquenter; il a le sens général d’ccaction de k FRÉROT n. m. CV. 1534, COmpagMnd est un di-
tiéquentep Iv. 13501, se dit en partioulier des rap- minutif familier de frtke. Il est concurrencé par
ports sociaux habituels et par extension ( 18531 des frungin*.
personnes que l’on fréquente, souvent au pluriel ; fi- BEAU-FRÈRE n. m. (1386; de beau, terme d’tiec-
gurément, il équivaut à <<pratique> (1580, ta fréquen- tionl, dans le système de parenté, désigne le tière
tation des livres). du conjoint (pour l’autre conjoint) ou le mari de la
soeur d’une autre personne. 0 Un personnage créé
FRÈRE n. m. est issu (10803, par l’interrnédiaîre par le dessinateur Cabu, utilisant l’abréviation
de la forme romane fradre (8421, du latin tiater BEAUF n. m. pour beau-frère, a donné à ce mot
&-ère par le sang- (au sens large, la parenté étant une valeur nouvelle de type social : homme gros-
précisée par une épithète : pour le tière consan- sier, phallocrate, intéressé, borné et exprimant les
guin, frater gemanus, ou germanus; cf. espagnol idées les plus conventionnelles et rétrogrades. La
hermano, portugais imtao) et &ère par alliance>>; forme du mot (of. B.O.F., boeuf) a facilité son succès.
fruter s’employtit aussi comme terme d’amitié @,J Voir CONFRÉFLIE, FRATERNEL, 0 et @ FRATRICIDE, FRA-
(dans la langue érotique -amant>>), au sens d’qqalliém, TFmL
<membre d’une confrérie>> et pour désigner des ob-
jets de même nature. Fruter représente en latin FRESQUE n. f. est emprunté (1550, peinture 8
une forme indoeuropéenne “bhruter (cf. le sanskrit fresqud à l’italien Wpingere a) fresco <<peindre à
bhratar, le grec phrutêr, le vieil irlandais brathir, le bis kur le plâtre frai& fkncisé au XVI~s. ( 1596,
vieux slave bratru, etc.); dans le système patriarcal peindre à fiuis, au frais). L’italien fresco a la même
ancien, le mot désignait sans doute les hommes ap- origine que frais (+ 0 tiais); la fmale -que explique
partenant à une même génération mais qui que fresque soit devenu féminin.
n’étaient pas issus nécessairement d’une même + Employé seul à partir du XVII~s. (16691, le mot dé-
mère et d’un même géniteur : la notion de frère se signe un procédé de peinture murale consistant à
d&nissait par rapport à celle de père, le mot ne dé- peindre, à l’aide de couleurs délayées, sur un en-
signant pas toujours le géniteur. On trouve des rap- duit frais ; par métonymie 116801,fresque se dit de
ports comparables, sous l’influence des langues l’œuvre peinte et, par une extension peu correcte
africaines, en français d’Af?ique. C’est pour dési- dans le langage technique mais usuelle dans
gner le lien fraternel au sens étroit, exprimé par l’usage général, de toute peinture murale de gran-
rapport à la mère, qu’appartissent de nouvelles des dimensions. Au figuré (1842, Banville), le mot se
formes : par exemple le grec adelphos se substitue dit d’une composition littéraire qui présente l’en-
à phrut&r, désignant le membre d’une «phratrie>) semble d’une société, d’une époque, etc.
(+ parenté).
b Le dérivé FRESQUISTE n. et adj. «peintre de
+ La complexité de la construction et de l’évolution tiesquesn (18651 n’est pas entré dans l’usage géné-
du vocabulaire de la parenté explique les diverses ral et courant.
acceptions du mot Ere en fkançais. Celui-ci dé-
signe une personne de sexe masculin par rapport FRESSURE n. f. est une réfection Kn XIII~s.) de
aux enfants de mêmes parents (XLII~s., Eres ger- froissure Iv. 12301, issu du bas latin frixuru apoêle à
mains); dans le cas du même père (XIV~s., frère &ire», ((morceau à tire> (on faisait des fricassées
consung~~inl ou de la même mère seulement avec ce morceau), dérivé du bas latin frixare ((bien
FRET 1514 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

rôtir>), fréquentatif du latin classique Mgere <faire I’ancien verbe freitire, fraitire abriser= C1080), issu
rôtir, Cire*>>. Le e est peut-être de à l’influence de du latin frangere cbrîserm I+ enfreindre, tiaction).
freser (-, 0 fraise). 4 Au premier sens de amenus débriss fretin est sorti
4 Fressure désigne les gros viscères d’un animal d’usage; par analogie, fretin désigne Ixvr” s.3 des
EV.1230, aussi wiscères humains4 et n’est plus senti poissons trop petits pour être pris en compte dans
comme un nom de mets. une pêche (une paronymie avec fritire peut être
évoquée), notamment en parlant des morues,
FRET n. m. est probablement un emprunt (XIII~s.1 menu fretin se disant encore 11606) des normes de
au néerlandais wecht, vracht “prix du transport» dernière qualité (autrefois opposé à meilleur fretin).
(cf. allemand Fracht et anglais freight ; l’ancien pro- Au figuré, Imenul &etin s’emploie (1606) pour par-
vençal freit vient du français>. P, Guiraud postule ler de personnes ou de choses considérées comme
un ancien français fret au sens de ace que coûte insi~mtes.
l’exécution ou l’entretien d’un ouvrage=, en liant le
mot à fiak asomme fragmentée des dépensesu FRETTE n. f. est une réfection tardive (1690) de
(+ 0 tiaîs) mais il pourrait s’agir d’une confusion fiete En me s.1, probablement issu d’un kancique
paronymique. “fefur =cha*men.
4 D’abord en droit maritime, fret désigne le prix du +Le mot, d’emploi technique, désigne un anneau
transport par mer de marchandises (XIII~ sd- au- métallique dont on entoure une pièce pour l’empê-
jourd’hui aussi par route, par avion -, par métony- cher de se fendre.
mie et couramment la cargaison elle-même ( 15961, k n a produit FRETTER v. tr. (16941, qui remplace
le prix de location d’un navire (1606) et le louage freter Iv. 12001 et dont dérive 0 FRETTAGE n. m.
d’un bateau de transport utilisé au transport des (1865).
marchandises (1681, ù fret), puis s’applique à tout
moyen de transport. La variante OFRETTAGE FREUDIEN, IENNE adj. est dérivé (19101 du
n. m. (17231 a disparu. nom de Freud 11856-19391, fondateur de la psycha-
b Le dérivé FRÉTER v. tr. Sign%e d’abord (XIII~s.1 nalyse.
<équiper un moyen de transport>) puis (1639) «don- 4 Le mot désigne ce qui est relatif à Freud.
ner en location (un navire, puis tout moyen de
b Un autre dérivé, FREUDISME n. m. (19131, dé-
transport)~, en concurrence avec noliser, et
signe l’ensemble des théories et des méthodes psy-
Nprendre à tietm (1690) ; il est utilisé abusivement
chanalytiques de Freud et de ses disciples.
pour son complémentaire (comme louer, qui a les
Comme pour tous les adjectifs de ce type, des
deux valeurs). -Le préhé AFFRÉTER v. tr.,
composés préfixés (pré-, post-, asti-l sont apparus.
d’abord 113221 Kéquiper un navires, sigMe au-
jourd’hui (dep. 16393 aprendre (un navire, puis FREUX x1.m. est une réfection b1931 par resuf-
XXes., un avion, etc.) en location>>. &Sur fréter ont fixation des formes anciennes fru Iv. 1280), h-w
été dérivés FRETEMENT n. m. Idéb. we s.) et FR& Iv. 1220) d’un fkancique Oh& (cf. ancien haut alle-
TEUR n, m. (1609; fm XVI~s., adj.1. -Sur affréter ont mand hruohl.
été construits AFFRÈTEMENT n. m. (1366) &qti-
4 Le mot désigne une espèce de corneille, parfois
pement>> puis «location (d’un navireIn (1584) et AF-
en apposition (corbeau freux).
FRÉTEUR n. m. (1678).

FRÉTILLER v. intr. Sera;it, selon Bloch et Wart- FRIABLE adj. est un emprunt (1535) au latin îm-
burg, un dérivé Cap.I 150) de l’ancien français fieter périal friubilis, dérivé du latin classique friure *ré-
duire en morceaux, broyer-, terme technique.
&otter)), issu du bas latin tictare (VII@s.1,d&ivé de
frktum, supin du latin classique tiare afrotter» + Il s’applique à ce qui peut se réduire en menus
I-+ frayer); le sens moderne viendrait par analogie fragments.
des mouvements qu’on fait en fkottant. P. Guiraud b FRIABILITfi n. fa est un dérivé savant ( 16411,
trouve l’explication peu convaincante, remarquant d’après le radical latin.
que freter au sens de &otter* n’est attesté que tar-
divement. Il rapproche fretiller de tietin amenus dé- FRIAND, ANDE adj. et n. m. représente
bris» (1193) et de fretille (CpaiUe hachée)> (XVI~ SJ ; le Cv.1179) l’ancien participe présent de frire (+ tire).
sens de k&lZer viendrait alors d’une analogie avec 4 11sime d’abord aavide, ardent au plakti, par
les mouvements des débris de paille remués ou des une métaphore claire (*chaud, brûla&). Les va-
petits poissons (sens de fretin). leurs culinaires de frire ont pu l’entkner vers le
+ Le verbe Sign%e -remuer par petits mouvements sens devenu archaïque de “qui apprécie la tic cui-
rapides>>, au concret (poissons, etc.1 et, en parlant sine)) (XIII~ S.I. L’adjectif est couramment employé
des personnes, avec des connotations psycholo- depuis le mle s. au sens figuré avec un complément
giques d’excitation et de plaisir. en de pour “qui aime qqch. avec empressement>>
Iv. 1265). Il se dit aussi Cv.1300, friiund d’un aliment
b Sur frétiller ont été dérivés FRÉTILLEMENT
n. m. (1370-1372, fretilement), FRÉTILLANT, ANTE
délicat au palais et, à l’époque classique, d’une
adj. Ifh XV s.) et FRÉTILLON n. m. (av. 1493) aper- femme attirante (16651, souvent dans le syntagme
un morceau friand. Tous les sens de l’adjectif ont
sonne qui ne cesse de s’agitep, sorti d’usage.
vieilli. +Substantivé en nom masculin, le mot dé-
FRETIN n. m. est un diminutif Iv. 1193) de l’an- signe El9061 une pâtisserie, salée (garnie de viande3
cien français kit, fret adébrisn, participe passé de ou sucrée.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1515 FRICHE

b FRIANDISE n. f. (1342, comme personnifkation extension (18471, tout mets simplement cuisiné
de la gourmandise) a disparu de l’usage au sens de (faire k fricot #faire la cuisinen). +FRICOTER v.
«goût pour la bonne cuisinen Iv. 13801, remplacé par 11807, intr., <<fairebombancemI signifie ((faire la cui-
gourmandise. 0 Le mot désigne depuis le XVI~s. sines ( 18251; le sens extensif de <<dépenser en bom-
(15411 une sucrerie et au figuré (1837) équivaut à bance» 11843) est sorti d’usage. Au figuré, en emploi
=Chose trés agréable, régaln. intransitif, le verbe sime ( 1867) amener secrète-
ment une affaire» et spécialement MfalsSer des
FRIC n. m. est peut-être (1879) une abréviation comptesn ; fricoter avec qqn a le sens (1868) d’&tre
de fricot k4ricasser) abombancem, à cause de de connivence avec qqnB et spécialement d’&tre en
l’argent nécessaire à des festivitks, mais cette ori- relations amoureuses avec qqn» ( 18831, acceptions
gine n’est pas prouvée. On peut penser aussi à un analogues à celles de mijoter. C’est la valeur que
dérivé de ticwser, tire, désignant la nourriture conservent les dérivés FRICOTAGE n. m. (1895;
(cf. blé, galette pour 4rgent»I et à l’ancienne ex- 1856, ticotage de petits plats &dic malhonnêtenI et
pression de fric “par acquisition malhonnête=, qui FRICOTEUR,EUSEn. «persomIequifkicote= (1843;
survit dans fric-frac, mais n’est pas expliquée. 1812, +.oldat maraudeur>>; 1825, «mauvais cuisi-
+Fric, familier et très usuel, signSe flargent». nier& 4Mïn le verbe qui correspond familière-
F Le dérivé FRIQUÉ, ÉE adj. correspond à <riche)> ment à afairem, comme fabriquer, a fourni le nom
Iv. 19301, plaisant Fricotin. rendu célèbre par la traduction
fkançaise d’une bande dessinée méricaine (Bibi
FRICANDEAU n. m. serait dérivé 11548) selon Fricotin et évoquant les petits méfaits d’un enfant
Bloch et Wartburg de fric-, radical obtenu, contre turbulent.
l’étymologie effective, en interprétant le verbe fri-
casser comme un dérivé en -asser. P. Guiraud rap- FRICATIF, IVE adj. et n. f. est un dérivé sa-
proche fricandeau amorceau de viande cuit dans vant (18731 à partir du latin fricutum, supin de ti-
son jusp de fricasser et fricot (+ ticasser). De toute cure &otter» qui a donné frayer”.
façon I’élément -arukau n’est pas expliqué. +En phonétique, une fricutive est une consonne
4 Le mot s’est spécialisé pour désigner, soit une (par ex. f: vl dont l’articulation comporte un simple
noix de veau lardée et braisée, soit un pâté. resserrement du canal vocal, le mouvement d’expi-
ration déterminmt un bruit de frottement.
FRICASSER v. tr. serait (xv” s.l selon Bloch et
Wartburg le résultat du croisement de frire et de FRIC-FRAC n. m. est une formation dite ono-
casser. On peut noter qu’en latin Kgere &ire*, matopéique ( 1545, dans la locution ne fkic ne frac
frime abriser, concassep, fricare &otterB sont paro- «rien du tout4 et en fait mal expliquée, qu’on sup-
nymes et que le latin médiéval a pu fournir l’occa- pose devoir traduire un bruit fait en frappant d’un
sion d’un jeu sur les formes. P. Guiraud part du fait côté et de l’autre (d’où le premier sens). Ce qui tint
que ce modèle n’existe pas par ailleurs; il relève de fric s'en vu de fruc Iv. 1640) signi&it ace qui est
que la série fricasser, fiicundeuu et fricot comporte mal acquis se dissipe akémentn.
une idée de bonne nourriture («régal», ~~bombance~) De là vient fie-~XC n. m. wol avec effrmtionjj
-mais le dérivé fricasseur fournit un contre- (d’abord argotique, 1836, cefiaction4, spontané-
exemple -et il y associe des formes du type figo- ment rapproché de fric CargentB.
ler Kfaire bonne chérem, figousse ( 1772, abonne
chère4. Dès lors, il postule une forme gallo-romane FRICHE n. f. appartit au XIII~s. (1251); on trouve 9)
‘ticare construite d’après le verbe attesté tiare aussi du XJY au XVIII~s. et encore aujourd’hui dans
-cuire a point» (dérivé du supin tium, du classique des dialectes la forme fresche Iv. 12803 ou freche
higere &Are~~), idée commune à tous ces mots. ( 1287). Pour Bloch et Wartburg, le mot serait un em-
4 Le verbe frkasser signifie <<faire cuire en ragoûtm prunt au moyen néerlandais vers& ou tirs&
kv” s.3,d’où régionalement (nord de la France, Bel- &aisB, employé régulièrement avec 2unt uterre»
gique) fricasser des œufs 11690). Il s’est utilisé au fi- pour désigner la terre gagnée sur la mer grke aux
guré (1611) au sens de adépenser sans discerne- digues et destinée aux cultures; la forme friche
ment= et est relevé & l’époque classique au sens de viendrait de l’influence des parlers rhénans où
afaire périrn ( 1636). fris& s’appliquait à une terre nouvellement déti-
chée. P. Guiraud préf&re rattacher le mot à fwsche,
b FRICASSÉE n. f., au sens propre IV. 1450) Gagdit
féminin de freis &a+, attesté en ancien français
de viande cuite dans une saucen, s’est dît au figuré
au sens de «bien repos& (de même freschir <<restau-
115401 d’un mélange de choses confuses, par une
rer les forces de qqw ; + 0 hisI; la variante friche,
métaphore fréquente (cf. sal&, par ex.). Au-
frisque &ais~ est bien attestée en moyen tiançais.
jourd’hui fricassée de museaux (1881) signiEe <<em-
brassade générale3 (l'idée de «mélangeB est rete- +Friche désigne depuis l’ancien français une terre
nue). 0 Fncussée a désigné (18081 une danse à qu’on laisse reposer, notamment dans l’expression
figures irrégulières, puis une chanson formée de en friche (v. 1270). Au figuré friche se dit (v. 14601 de
fkagments d’autres chansons (xx" s.l. eFRICAS- ce qu’on laisse sans soins et spécialement d’un do-
SEUR, EUSE n. se disait (déb. XVI~s.) d’un mauvais maine intellectuel laissé inexploité.
cuisinier et est rare pour désigner une personne b DÉFRICHER v. tr. (1356) s’emploie au propre et
qui fricasse qqch. (av. 1646). au figuré, comme ses dérivés DÉFRICHAGE n. m.
FRICOT n. m., relevé (1767) au sens de abom- (15191, DÉFRTCHEMENT n. m. (14863, à peu près sy-
bance~, désigne (18001 une viande en ragoht et, par nonymes, le second plus courant, et DÉFRICHEUR
FRICHTI 1516 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

n. m. (1541, de/kkheur). + INDÉFRICHABLE adj. FRIGIDE adj. est un emprunt (1706) au latin fiz’-
11779) est rare. gidus &oid>> au propre et au figuré, dérivé de fri-
gus, -oris &oid= et, au sens moral, &oideur».
FRICHTI n. m. est considkré par Bloch et Wart-
+ II ne s’emploie plus au sens concret mais au fi-
burg comme un emprunt Cl8341 à l’alsacien frtsti&,
guré, comme froid ou ghcé, pour parler du
correspondant à l’allemand FruhstiicJz <<déjeuner
comportement. Il s’est spécialisé lav. 1841) pour dé-
du matinn. P. Guiraud observe qu’aucun témoi-
signer qqn et notamment une femme Km me s.1qui
gnage ne corrobore cette hypothke, que le petit
ignore le désir sexuel.
déjeuner tiançais a rarement l’allure d’un bon re-
pas, et on peut ajouter que le traitement phoné- &e dérivé littéraire FRIGIDEMENT adv. (1855,
tique de l’emprunt serait anormal. ll propose de Goncourt) est très rare.
rapprocher frichti de frkotis ( 1849) qu’on peut ratta- FRIGIDITE n. f. ( 1330 ; variante fregidité, ti XIV~s.),
cher à fricot; frichti et ses doubles fristi, distille vien- emprunté au bas latin figtiitas <froidure, froid>>(de
draient d’une variante d’un gallo-roman *fTi3cicwe fri@dusl, est rare au sens concret. Il a désigné l’im-
I-+ fricasser). Mais le passage de te- à ch- rend cette puissance sexuelle 11495) et, peu usit6 avant le
hypothèse douteuse. XIX~ s., s’emploie surtout à propos d’une femme
118451.
4 hichti (18551, d’abord écrit frichti (18341, a signif&
*festin, repas d’extra)>, puis équivaut fa!milièrement
à repus (1864, en argot militaire), seulement dans le FRIGORIFIQUE adj. est un emprunt (1676)
contexte de la préparation de la nourriture, de la au latin fngorificus, adjectif composé de figus
cuisine (faire le fricMil. &oid», et de -ticus Ide facere Nfaire*=).
+ Il signSe *qui sert à produire du froidn, d’où vient
FRICTION n. f. est un emprunt (1538) au latin l’emploi substantif: un EgotiQue (ou une installa-
impérial frictio naction de tiottern, dériv6 de fric- tion figorifique) servant à produire un fkoid art%-
tum, supin du latin classique ticare I+ tiayer). ciel (1876, comme nom d’un bateau conservateur
+Fnctirt a conservé le sens général d’aaction de de viandes). +En ce sens le mot est abrégé en
fi-otterB, en particulier en médecine 115381, en phy- FRIGO n. m. ( 19413 qui désignait déjà, par abrége-
sique (17521, en mécanique. 0 Par métonymie, une ment du participe passé du verbe, de la viande fri-
fiction désigne le liniment administré par fiction gorifïée (19191. figo est senti comme lié à k@daire,
(1872); par analogie, il se dit du nettoyage des che- dont l’abréviation américaine est tige.
veux avec une eau aromatisée (18721. +Par plai- b FRIGORIFIER v. tr. (18941, c’est <<soumettre au
santerie le mot s’emploie pour aréprimanden froidB - d’où être ftigo aavoir tioidj) (1918, adj. inv.,
(cf. savon). Friction a pris couramment au figuré par apocope de tigorifzél - et, par métaphore, &-
( 1922) le sens de <désaccord> Iz~n poht de friction ger, ne pas faire évoluer>> (19131, moins courant que
~un sujet de mésentente& geler.
b Le dérivé FRICTIONNER v. tr. ( 17823 s’utilise au D’autres termes techniques ont 6té composés ou
sens de *soumettre à une friction, et dans la lo- dérivés à partir de l’élément figo-, Igor-, tiré de
cution figurée ( 1946) tictionner la tête Iles oreilles1 f?“&S, -mis, par exemple: FRIGORIFÈRE
B 4~ «le réprimander= kf. laver, savonner la tête ù n. m. et adj. (18421; FRIGORIE n. f. 118901, <<unité de
qqn). *Ce verbe est courant, à la différence de froid>, formé d’après calorie; FRIGORISTE n.
FRICTIONNEL, ELLE adj., <relatif à la f?iction>>, (1948) aspécialiste du fkoid industriel}}.
utilisé en mécanique et au figuré en économie
( 1962). FRILEUX, EUSE adj. et n. est l’aboutisse- 01
Le préhé ANTIFRICTION adj. inv. 11845) qualifie ment Cv.13601, par les formes frillous h. 13301, frïe-
un métal, un alliage qui atténue les frottements, en Zeus (v. 12231, du bas latin figorosus &oid, glacial,,
mécanique. aussi substantif, <<letioidm, devenu après amuïsse-
ment du g et changement du second r en 1Uissimi-
FRIGIDAIRE n.m. est un emprunt francisé lation) fauleus Ixm” s. ; X~I~s., fmileusl. Le bas latin
( 1636) au latin impérial frigidatium <chambre froide dérive du latin classique fizgus, -oris (+ fYoid1.
Ides Thermeslu, dérivé du classique frigidus &oidB 4 Frilew est sorti d’usage aux sens de “qui a froid>>
I-, figide). (me s.) et ((où l’on sent le froid> En Xnp s.1; il s’em-
+ Le mot, didactique, est abandonné au profit de la ploie pour “qui craint le froidn Iv. 1330) et, par ex-
forme latine (voir ci-dessous) ; il a été repris en 1920 tension, pour aqui dénote la crainte du froid>>. Par
en angle-américain, probablement sans connais- métaphore récente, il Sign%e Mcraîntif, pusilla-
sance de l’emploi en français classique, par la com- nimen, emploi répandu en politique. 0 Une fileuse
pagnie General Motors qui a déposé ce nom. Il s’est a désigné par métonymie ( 1849) une coiffure en
souvent appliqué à tout réfrigérateur (malgré l’op- laine pour se protéger du koid,
position du propriétaire de la marque). La locution ä L’adjectif a pour dérivés FRILEUSEMENT adv.
figurée mettre qqch. au kigidaire 11956) sigle ale (1842; fin xrve s., kdousement) et FRILOSITÉ n. f.
mettre en attenten (pour l’utiliser plus tard). ( 1845 ; fin XIVes., fnllouseté), forme savante obtenue
b FRIGIDARIUM n. m. (1838) est utilisé pour dé- à partir du radical de fnlem.
signer la partie des thermes où l’on prenait des
bains froids dans l’antiquité romaine. FRIMAS n. m. dérive (1456, Villon) de l’ancien 4
+ voir FRIGO ht. FRIGORIF+IQUE). lançais frume, frime «gelée blanchen cv.11501, issu
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1517 FRIPON

d’un kancique ‘hti~~~ (cf. ancien haut allemand htifo de son dérivé frirtwr *rincer des verres* 11590, tr.),
&uidn, moyen néerlandais tij&. mtis le passage de cgambaden à aremuer dans
+ Le mot désigne un brouillard épais qui se congèle l’eau Ides verres))) ne nécessite pas cette hypo-
en tombant, d’où par analogie (1825, Stendhal) être thèse, Pour P. Guiraud Engues pourrait être ratta-
coifE poudré à ftias Navet une légère couche de ché & une riche famille de mots d’ancien fkmçais, à
poudre sur la chevelureu qui s’emploie à propos laquelle correspondraient trois groupes de sens :
des modes du XVILI~siècle. asauter, gmbader, se divertir», cbriller par l’élé-
gance, surtout vestimentaires et «courtiser une
b FRIMAIRE n. m. amois des frimas)) est un mot
femme>>; P. Giraud postule pour rendre compte
créé ( 17931 par Fabre d’Églantine, pour désigner le
de cet ensemble un galle-roman Ohmicare,
troisième mois de l’année républicaine (du 21 ou
d’après le bas latin frumere aconsommer, jouir>>, 1’~
22 novembre au 20 ou 21 décembre).
entre deux labiales ayant donné i dans fingues et
FRIME n. f. apparu au xv” s. Cv.1450, faire frime) fingant en fhnçtis moderne.
est d’origine incertaine. Le mot représente peut- 4 Fkhgues, repris au XE? s. et alors déverbal de fin-
être un croisement de mine et de l’ancien français guer, signifte d’abord atoilette de luxe>> (1878, au sin-
fiurne amine», peut-être issu du bas latin frumen gulier), se dit familièrement par extension pour
{(gosier, gueule& (cf. au x1? s., faire frume ~~manifes- avêtement+ (1886).
ter de la mauvaise humeur& wFRINGUER v., de même origine que le moyen
4 Le sens de «mine, grimaceH a disparu; au XVI~~s. fiançais fringues, a eu le sens de <<gambaderm
faire la frime de signifM *faire semblant de» (1611). Cv.1462, intr.), de +e faire valoir, parader= Cv.l440-
Par extension, fkne a pris 11835) le sens de ctrom- 1466, intr.1 puis par extension de Mfaire l’élégant>>
perle, apparence trompeuse)>, surtout dans des lo- (17431, d’où celui de avêtir Chien ou mal))), transitif
cutions comme pour la frime “par supercherie)} (18781, qui a donne naissance au moderne fkingues.
11865) et par extension *pour rien, (pour sauver les FRINGANT, ANTE adj., du participe présent de
apparences) ou encore c’est de la me! ace n’est fringuer, se dit ( 1478-14801 d’une personne dont l’air
pas sérieux!>> décidé, la mise élégante dénotent de la vitalité,
b Le dérivé FRIMER v. intr. (1836, tr.1, aenvisagep puis par extension (16871 d’un cheval plein de vi-
puis (1878, tr.1 aremarquern en argot, se dit pour gueur.
aavoir bonne (mauvaise) apparence- et familière-
ment (1867) ((faire de l’esbroufen ; dans ce sens, il 0 FRIPE n. f. est une variante 11616, f?-ippel de
s’est diffusé récemment produisant un déverbal la l’ancien Wnçak frepe (fin XII? s.), felpe, ferpe kme s.1
frime, distinct du substantif ancien, et FRI- 43on, vieux vêtementm, mot issu du bas latin fu-
MEUR, EUSE adj. et n. Cv.19721. buppa dïbre, chose sans valeurn, d’origine inconnue
0 voir FRIMOUSSE. C-+envelopper).
+ Fripe, sorti d’usage au sens de avieux vêtementn, a
FRIMOUSSE n. f. est peut-être un dérivé pris récemment le sens de avêtement d’occasionn,
(17431 de frime, lui-même d’origine obscure par référence A fripier, friperie et en concurrence
b fi-ime). Ce mot est ancien dans les dialectes, sous avec fringues.
des formes pseudo-savantes et plaisantes (phli- w FRIPER v. tr., variante (1534, Rabelais) de l’ancien
mousse, phPimouse, 1577, etc.). français freper, signiCe d%kîchk en chiffonna&
+ Frimousse s’est dit pour «visage>>,il s’emploie plu- (1840, pron.1; par analogie friper sign%e arider>>, en
tôt aujourd’hui 118333en parlant d’un visage jeune parlant d’un visage (1865, pron.). +FRIPÉ, ÉE p. p.,
et gacieux Id’enfmt, de jeune me). a été adjectik ( 1611, vestemens fripez), aussi au
sens de «marqué, ridé>), en parlant du visage (1879).
FRINGALE n. f. représente (1774, fingalle, au FRIPERIE n. f. (1541; v. 1268-1271, frepetie) se dit de
figuré) une altération, sans doute d’après fingant*, vieux habits sans valleur, par extension du com-
de faim-valle, de faim I-, faim1 et du breton gwul2 merce de vieux vêtements 11690) et par métonymie
umauvais)) qui désignait une boulimie subite des du magasin où on les vend (1587). 0 Par métaphore
chevaux. (16901 friperie d&ignait de vieilles choses rebattues.
4 Le mot s’est employé pour faim-vde et par ana- +FRIPIER, IÈRE n. 11485, fripph; v. 1268-1271, fie-
logie s’est utilisé & propos des personnes (18071. Pa;r pierl désigne la personne qui vend de vieux vête-
figure E1774fringale se dit d’un désir violent ments.
(comme soif: faim).
0 FRIPE -3 FRIPON
FRINGUE S n. f. pl., apparu (XIII~s.) au sens de
<<gambade* k-f. xve s., faire (des) fringues hnser, FRIPON, ONNE n., d’abord mot argotique
gaznbader4, est d’origine incertaine. On a supposé ( 1547, mais sans doute plus ancien: cf. ci-dessous
un radical onomatopéique fring- exprimant l’allure friponnerl, est dérivé d’un verbe friper Iv. 1265)
sautillante et le chant du pinson (cf. en latin friCnI <s’agiter», puis <<manger goulûment* ( 15451, d’où par
guttire achanter*, en parlant du pinson, et fi-ingillu extension <<consommer, dissiper» et <<dérober%
=pinson4; on a aussi proposé un radical germa- Dans les dialectes de l’Ouest @FRIPE UUFRIPPE
nique, le francique “hringila «bouclem (cf. ancien n. f. désigne tout ahrnent qui peut s’étalier sur du
haut allemand hreinjun =putierB) - d’où l’alle- pain Ixrx” s. ; 1655, amangeaille,). Friper a peut-être
mand rein «~ur4. nour expliauer un sens disnaru la m6me origine que friper <difYonner» (-+ 0 fripe).
FRIPOUILLE 1518 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4Fripon a eu le sens de agourmand, bon vivant> sentis comme régionaux. + FRTTEUSE n. f. (1954)
11547) et a signi% ( 1558) <personne sans scrupules, désigne un récipient destiné aux fritures.
malhonnêten; par affaiblissement de sens, fripon FRITURE n. f. est issu (v. 11201du bas latin ficturu,
désigne (16783 quelqu’un qui aime les tours mali- dérivé du supin de frigere. Le mot désigne les ali-
cieux. Au xwre s., il s’employait aussi pour aper- ments qu’on a fait frire (cf. friture de poissons); em-
sonne égrillardes et, au féminin (1666, Molkel, dé- ployé seul, friture équivaut (en France, et non pas
signait une jeune femme coquette, sens usuel en Belgique, on l’a vu) k *poissons kitsm. +Il s’em-
encore aux XVIII~et xrxesiècles. Appliqué à un en- ploie ensuite pour la matière grasse servant à tic
fant joueur et turbulent (16361, le mot est resté k& s.1et pour l’action de kire (1690), spécialement
usuel. Son emploi adjectif (1665) est littéraire. en parlant d’un aliment Iti XIX~ s.l. 0 Bruit de fri-
k Le diminutif FRIPONNEAU n. m. (1665, La Fon- turc, outre son sens propre, se dit par analogie
taine) est devenu rare aujourd’hui, comme FR& (1894 ; d’abord dans friture téléphonique, 18851 du
PONNER v. tr., d’abord Rfaire bonne chèren grésillement qui se produit parfois à la radio, au té-
(v. 13401,puis woler de petites choses* (15801 et aes- léphone, etc. -Ses dérivés FRITURIER,&RE n.
croquer qqn* 115851. (1826) et FRITURERIE n. f. (1877) sont peu em-
FRIPONNERIE n. f., «débauche» (15301, aujourd’hui ployés.
<(malhonnêtetés, caractère du tipon~ 117901, a FRITTE n. f. (1690) est un terme technique dési-
mieux résisté au vieillissement, mais est très litté- gnant un mélange auquel on fait subir un commen-
raire. cement de fusion pour former le verre, la céra-
mique, etc. ; en derive FRITTER v. tr. ( 17651, d’où
vi& FRITTAGE n. m. (18451, tous termes tech-
FRIPOUILLE n. f. est sans doute (1797) un dé-
niques.
rivé de frepe &iBon, haillona I+ 0 fripe).
0 voir FRESSURE, FRIAND; aussi FFLICASSER.
+Le mot a signi@ *bon à rien>> (ce qui vaut peu, CHEFRITEI.
comme le haillon), puis misérable» (18371, accep-
tions disparues aujourd’hui. Il s’emploie (1851) 0 FRISE n. f. serait la réfection (1524 ; 1520, tiel
pour désigner une personne dénuée de scrupules, de freti Nbmdeau brodé d’op Kn XI~s.1 selon la tra-
par influence très vraisemblable de fripon, dont fri- dition kf, Bloch et Wartburg), emprunt au latin mé-
pouille semble être l’intensif et qu’il tend à rempla- diéval frtsium, autre forme de fi&um, phrygium
cer. abroderie, frange, (phy@um opus aouvrage phry-
~Les dérivés FRIPOUILLARD,ARDE n. (1882) et giens, à cause de la renommée des Phrygiens dans
FRIPOUILLERIE n. f. (18973 Sont peu usités au- divers domaines artistiques), sur le modèle de
j ourd’hui. ph ygiae vestes ou ph ygiae Gtoffes brochées d’op,
chez Virgile. Le mot aurait été utilisé en architec-
FRIRE v. est issu (v. 11801du latin Kgere, d’abord ture par comparaison des ornements avec une bro-
*faire sécher par la cuissons puis &tir, grillep, derie. Frise a pu être emprunté par 1’intermédia;ire
mot expressif apparenté au grec phmgein cfaire de l’italien du Nord f?iso, freso, variantes de fie&,
griller-n, ainsi qu’au sanskrit kwy&i Gl fait grillerm ; attesté dès 1235 comme terme d’architecture et
ces formes semblent se rattacher à une racine in- issu du bas latin ph ygiurn. P. Guiraud propose une
doeuropéenne “Cher-. autre hypothèse qui associe frise à friser (+ friser).
4Frire s’est spécialisé au sens de <faire cuire dans 4Frise désigne la partie de l’entablement entre l’ar-
un corps gras bouillant» (d’abord intransitif, 1668) ; chitrave et la corniche et par extension (1694, en
par figure de l’emploi transitif, être frit Sign%e menuiserie} une bordure ornementale (d’un mur,
iv. 1460) {{être perdu*, en parlant d’une personne d’un vase, d’un meuble, etc.); il se dit aussi 11842)
(cf. de même être cuit). d’une bande de toile fixée au cintre d’un théâtre
pour représenter un ciel, un plafond.
b Le participe passé FRIT, FRITE est adjectivé dans
de nombreux syntames usuels. *Il est substantivé b 0 FRISETTE n, f. (1928) apetite fkise de parquet>
en FRITE n. f. 118423,ellipse de pomme de terre frite se dit par extension d’une planche fine.
(1808, Stendhal), le plus souvent au pluriel. Le suc-
cès de ce plat, plus ou moins symbolique de la 0 FRISE n. f., utilisé dans cheval de frise (1642;
nourriture française et belge, explique que frite 1572, de frizzes), pourrait être IBloch et Wartburg) la
s’utilise dans plusieurs locutions : en rester, Iêtrel traduction erronée du néerlandais tise miter Kca-
comme deux ronds de frite &upéfaitjj ; avoir la frite valier de la Frisen, ainsi nommé parce que ce sys-
(1965) <être en forme>> - ici la métaphore reste ob- tème de défense, constitué de pièces de bois héris-
scure. + FRITERIE n. f. ( 19091 désigne l’installation sées de pieux, aurait été inventé dans la province
pour la friture des poissons, dans une conserverie de la Frise, pendant la guerre de libération contre
ou, rarement, une baraque de marchand de frites les Espagnols (cf. la dénomination en allemand
(1930) ; on dit plutôt marchand de frites en France et spanischer Reiter, proprement acavalier espagnols).
friture en Belgique. +D’autres mots sont dérivés du Cependant P. Guiraud lie le mot au verbe fier
participe passé frit : FRITOT n. m. (1815) très m- (b fkiser).
cien sous la graphie friteau, fritel (XIIIes.1flpâte frite=
puis abeignets+; FRITONS n. m. pl. (1907; aussi fit- FRISER v. est attesté au xves. ( 14481, mais frisé
tons) <résidus kits, de porc ou d’oiem; FRITTOLE n. m., nom d’une ktoffe, apparaît dès 1407. L’origine
n. f. (18451 agâteau frit dans I’huileB. Ces mots sont du verbe est incertaine. Bloch et Wartburg pro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1519 FRIVOLE

posent de faire dériver friser du radical fris- que FRISQUET, ETTE adj. et n. m. est un dérivé
certaines formes de frire présentent (du X~V~ au (1827, n. m.1 du wallon fisque afroid>), emprunté au
XVI~s.1: les aliments qu’on frit dans l’huile pren- flamand fris& WI peu froid% (cf. moyen néerlan-
draient la forme de mèches frisées ; ce développe- dais frise &ais+ de même origine que frats”.
ment sémantique aurait été facilité par le conflit 4 Frisquet, etioid vifa Cn.m.) et «un peu froidm 11845)
entre tire et frir =férir, fYapper>>.Pour P. Guiraud, la - d’où avok tique& faire Hoquet - s’emploie
relation entre un radical fris- et le verbe frire est dif- aussi au figuré (déb. ti S.I.
ficilement soutenable; il suggère l’existence pos-
sible d’un gallo-roman “fietiare conduler», d’après FRISSON n. m. est la réfection graphique
le latin fretum «flot qui se brise contre le rivage> ; ce IXW” s.) de friçolz ti XI~s-1, resté féminin jusqu’au
sémantisme lui permet de rattacher @ fie et XVI~siècle. Il est issu d’un latin populaire Ofictio,
0 frise à friser; dans les deux cas il s’agit d’une -anis &isson~~, en bas latin tictlo <<action de frotter,
ligne qui se déroule : en architecture, la frise on- fiction*», rapproché par étymologie populaire de
dule le long du chapiteau, et la kise défensive est figere *avoir tioidu et au figuré atrembler». figere
placée le long d’une fortifkation. dérive de frigus ((le froid*n.
+ Friser gqch. ( 14481, c’est lui donner la forme d’on- +M~ort a Sign$é <<tremblements qui précèdent
dulations, d’ou eêtre ou devenir fris& 11552, intr.1. les menstrues» C&nXI~s.) et, par extension Iv. 11701,
Par ailleurs friser équivaut à &olerm, au propre se dit d’un tremblement accompagné d’une sensa-
( 1504 ; la balle kke le filet) et au figuré (1690 ; friser la tion de froid, par figure (v. 1131) d’un mouvement
quarantaine). Friser s’emploie aussi en typographie convulsif accompagnant une impression vive, pé-
(1694, Ndonner une impression de tremblénI et en nible ou agréable. Par analogie, il désigne un léger
musique (1857, <<rendre un son tremblé»). mouvement se propageant par ondulation kkson
b L’ensemble des dérivés conserve l’idée d’condula- de l’eau) ou le bruit qui accompagne ce mouve-
tionu et plusieurs concernent les cheveux. ment ( 1839, Balzac). Par figure ( 1859) frisson. signse
FRISÉ, tiE adj. &sposé en boucles fmesn (1564, en «courant d’émotion qui se propage dans un
parlant des cheveux) se dit par analogie de plantes groupea; on pense au kkson nouveau créé par
ou d’objets dont le bord est ondulé ( 1680, salade fri- Baudelaire, selon Hugo.
sée ou FRISÉE n. f.). 0 Frisé désigne aussi (av. 1613) b FRISSONNER v. intr. (13681 a eu une évolution
une personne qui frke, alors aussi substantivé sémantique parallèle à celle de frisson. +En dé-
(Cf. le Composé plaisant FRISE-À-PLAT n. rivent FRISSONNANT, ANTE adj. CV. 1540) et
Edéb. xxe s-1<<personne à cheveux plats, raides4. FRISSONNEMENT n. m. cv. 15401, qUi est resté
@ FRISETTE n. f. (1827) se dit d’une petite boucle r-axe.
de cheveux, comme FRISON n. m. (15601, utilisé
aussi pour désigner une rognure de bois, de mé- FRITTE est dérivé de formes en frit- du verbe
tal, etc. 4 FRISURE n. f., terme d’architecture frire. Il est antérieur à 1690.
(1539, cinceaux enroulésn), désigne (av. 1560, + Le mot désigne un mélange de sable et de soude
Du Bellay) l’état des cheveux frisés. auquel on fait subir une demi-fusion.
FRISEUR, EUSE n. (1782; une fois en 15523 s’em- + Le dérivé FRITTER v. tr. ( 1763) est plus courant
ployait autrefois pour acoiffem) (sens passé en alle- au participe passé (verre, nickel fritte) et a pour dé-
mand moderne). - FRISOIR n. m. 11640) Sign%ait rivé FRITTAGE n. m. (1834) Wittication prépara-
autrefois <<ferà friserm ; +FRISAGE n. m. (1827) cor- toire» et *agglomération de poudres métalhques
respond & F(action de friser-, par chauffageen.
Le diminutif FRISOTTER v. si@e &iser par pe-
tites bouclesm (1552, tr.) ou &iser légèrement* (1612, FRITZ n. m. inv. est une dénomination péjora-
intr.1; en dérivent FRISOTTANT, ANTE adj. (18731, tive 11914) pour *Allemand>>. Fritz est un prénom al-
FRISOTTEMENT n. m. (18871, d’emploi rare, et lemand courant, diminutif de Friedtich Ecorrespon-
FRISOTTIS n. m. ke s.i, synonyme littéraire de fri- dant à Frétiric).
sette. F Le mot a été altéré en FRISÉ n. m. (1914) et, pen-
FRISELER v. tr. signifie <<plisser ~égèrement~ dant la Seconde Guerre mondiale (19401, en FRI-
(19261, le sujet désignant le vent, l’air; en dérive SOU n. m., par influence du verbe friser, peut-être
FRISELIS n. m, (18641, littéraire, sur lequel a été dans des désignations ironiques, du type frise-ù-
construit FRISELISER v. intr. (xx” s.l.
plat I+ fi-iser).
Les préfixés sont REFRISER v. (1690 ; v, 1550, se re-
FRIDOLIN n. m., emprunt ( 1880) au prénom de-
Kser, -s’épanouir de nouveau», d’une feuille) &iser
mand Fridolin, diminutif de Friedo (de Fritzl, s’est
à nouveau» et surtout DÉFRISER v., employé au
employé pour <(homme drôle>; repris pendant la
propre au sens de ({défaire ce qui était frisén Ixwe s.1
Première Guerre mondiale ( 19171, ce surnom s’est
et, au figuré, pour ((déconcerter, désappointern
diEusé de 1939 à 1945 comme variante de fitz.
(18081, familier. +INDÉFRISABLE adj. et n. f.
11846) a vieilli comme nom d’une opération de coi& FRIVOLE adj. est un emprunt Cv.1265; 1246,
fure durable ( 19301,concurrencé par pemtanente. n. f. pl.) au latin classique favolus #vain, futilen Eper-
sonnes) et -sans valeur)) (choses), surtout utilisé en
0 FRISETTE + 0 FRISE latin impérial et chez les auteurs chrétiens. %VO-
lus, d’origine incertaine, est peut-être rattaché à
0 FRISETTE + FRISER friure casser, concasser= C-t friable), d’origine indu-
FROC 1520 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

européenne incertaine (par l’idée de petitesse, + Comme le mot latin, froid est employé au sens
d’élément insignifiant). concret de “qui est à une température inférieure à
~Frivole conserve les sens du latin. Le mot a dé- celle du corps humain», en parlant de l’atmosphère
signé des choses futiles (1246); comme adjectif, il et plus généralement Iv. 11961. Une valeur un peu
s’applique à ce qui a peu de sérieux (v. 1265) ou à Mérente est aqui est habituellement froids (11211.
une personne qui s’occupe de choses futiles (16781, 0 Le nom s’emploie en parlant de la température
qui est volage (1832). ambiante (1080, les @an& froids) et d’une manière
générale (v. 12401.ce nom est souvent qualifk et les
w Le dérivé FRIVOLEMENT adv. (1384) est de-
intensifs sont nombreux, y compris des lot. figu-
meuré rare et littéraire. +FRIVOLIT& n. f. Sign%e
rées, comme un &-uid de CZWUY!(de chasse au ca-
(av. 1718) <caractère de ce qui est frivoleti ; le sens
nard) att. en 1907 chez Hector France, ou encore un
de «choses, propos fivoles- (1760) est aujourd’hui
froid de gueux. Le nom s’emploie aussi pour la sen-
peu en usage. 0 Au sens concret, fivolité (au plu-
sation provoquée par le manque de chaleur (1273,
riel) se dit d’objets dont on considère qu’ils n’ont avoir froid) ou par une émotion vive (1677). Cette
pas grande utilité d’où, par extension WW, de pe-
notion, en physique, donne lieu à l’expression froid
tits tiicles de mode, de parure. Frivolité désigne absolu (1793, Lavoisier). L’évolution technique a
aussi Il8121 un type de dentelle dont on fait des or- ajouté au froid naturel le domaine du froti artificiel
nements. ou ~ndustri& (1872). 4 Par analogie, froid s’applique
(1273) à d’autres domaines de perception kmiére,
FROC n. m. est issu Iv. 1138) d’un francique
couleur froide, soit hi&. Par extension, l’adjectif se
“hroJzk kf. ancien haut allemand rock &niqueB, al-
dit de ce qui s’est refkoidi (XIII~s.1 et par analogie de
lemand Rock ahabita ; latin médiéval hroccus, 817,
ce qui n’a pas fonctionné depuis longtemps 11890,
&-oc de moine*).
en parlant d’un moteur). +Dans le domaine de la
U’roc, atteste isolément au sens de amanteau% cuisine, froid signifie “qui a été cuit puis refroidim
Cv.11381, a longtemps dési& (v. 1155) ce qui dans ( 18351,d’où -composé de plats froids+ à propos d’un
l’habit du moine couvre la tête, les épaules, la poi- repas (18651 et l’emploi adverbial manger froid; par
trine puis par extension ( 1608) l’habit monacal tout figure l’expression viande froide a pris en argot la
entier, le froc (xv” s.1 s’appliquant abstraitement à valeur de *cadavre,. En biologie, le mot n’est plus
l’état monacal ou ecclésiastique; de là les expres- utilisé : l’opposition animaux à sang froid (179Wà
sions prendre le &oc ase faire moine ou prêtren, sang chaud est remplacée par à température va-
porter le froc et guitter le &OC ~XIV”s.), aujourd’hui riable, constante.
(depuis le XVI~s.1jeter le &OC aux orlies aquitter les Froid, en ancien tiançais au figuré, pour 4risteB
ordres~ (pour un homme ou une femme), qui s’em- Iv. 11501, s’emploie à propos de personnes, au sens
ploie aussi par analogie pour flabandonner sa pro- de “qui ne s’émeut pas aisémentn cv.12231,par suite
fession%. Froc, par référence & l’katit du moine, a du contr0le exercé sur soi (v. 13001 -d’où tient
désigné 11547) un lainage grossier. - Du sens d’eha- (av. 16961 garder, ~VO* la tête froide- ou à cause
bitm, on est passé (d’abord en argot, 19051 à celui de de son tempérament 11791) et dans le domaine
qpantalonm - d’où des locutions comme kker son sexuel adépourvu de sensualitén (1771); comme fn-
froc flse sournettrem. gide. Par extension, titi se dit Iv. 1360) d’une per-
b FROQUER v. tr. (fîn XVI~s.) afaire entrer (qqn) en sonne, puis (1580) du comportement dont la ré-
religiong et FROCARD n. m. ti XVII~s.) #moineD serve marque l’indiEérence, la distance ; sens
sont sortis d’usage. retenu dans des locutions comme Iaisser qqn &oid
DÉFROQUER v. tr. (xv” s., defiocquer) signifie (16991, (a ne me fait ni chaud ni froid, bakre froid à
afaire quitter le froc*, c’est-à-dire «l’état ecclésias- qqn ( 16901, anciennement faire froide mine ù qqn et
tiqueB et se tifroquer (15631 el’abandonnep. Le par- avec le nom masculin jeter un Awjd (xx” s. ; ancien-
ticipe passé DÉFROQUÉ, ÉE adj. (16803 est aussi nement, 1890, jeter du froid). De 18 vient le sens
substantivé. *Le déverbal DÉFROQUE ri. f. est d’Gnsensible» Cl732) et l’emploi comme nom mas-
sorti d’usage aux sens de cmalheurn kv%.1, sdé- culin pour asituation où l’on se traite tioidementx
pouillement, pillages (16111, wieux habits et objets (16671, d’où la locution être en &oid avec qqn et
que laisse un moine en mourant, (16801. +Le mot (1669) la valeur de “qui ne suscite aucune émotion»
est devenu courant au sens étendu de wîeux vête- (personnes, œuvres). +La locution guerre &oide
ments3 11623) et désigne par extension, péjorative- (19241 traduit l’anglais cold war pour désigner des
ment, un habillement bizarre. hostilités sans opérations militaires puis (apr. 19451
l’état de tension entre les puissances capitalistes et
FROID, FROIDE adj. et n. m., d’abord écrit socialistes.
fioit, froide (XI” s.3puis froid Ixrv” s.), est la réfection k Froid a de nombreux dérivés. * FROIDEUR n. f.,
des formes freit, freti (1080) issues du latin clas- réfection kv~” s.1 de fioidour (fin XII~s.1, freidur
sique f@idw afroid*, dérivé de ~@US, -oti 4roidn IV. 11211,s’emploie pour &oid- ou 4mpression de
au propre et au figuré (frigor à partir de saint Au- tioi&, surtout à propos d’autres domaines que ce-
gustin) ; en bas latin, le i long de la première syllabe lui de la température (par ex. : Ea froideur d’um lu-
est devenu bref, ce qui explique l’évolution phoné- mière). oI+oideur s’utilise parallèlement à froid
tique. F@US est apparenté au grec rhigos &oid pour aabsence de sensibilitém (av. 15591, <manque
VS, ce qui permet de poser une racine indoeuro- d’empressement- ( 15801, spécialement pour
péenne “stig- ; l’hypothèse d’un rapprochement <manque de sensualité= (av. 1799) et dans le do-
avec des mots baltes est ~1~s douteuse. maine esthétique amanque de chaleur, d’émotionn
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1521 FROMAGE

116641. +FROIDURE n. f., réfection (XIII~ s.) de frei- ment de ce qui est koissé ; au figuré froissemevtt si-
dure (v. 1120) ne s’emploie plus au sens de asaison gni& (<vexation* (18293, <friction, heurt> (1831). de
froide» Iv. 11201, mais s’utilise encore pour cternpé- dérivé FROISSABLE adj., autrefois (WI@ s.) «peu ro-
rature £roideB (v. 11601, notamment en français du buste» en parlant du corps, s’emploie au propre et
Canada. au figuré (1865). +Le contraire préké INFROIS-
Le verbe FROIDIR Iv. 1165, Intr., edevenîr froid=) est SABLE adj, a seulement une valeur concrète
aujourd’hui sorti d’usage; au sens concret de (19123.+Le verbeprétié DÉFROISSER v.tr. (1935)
-rendre &oidB (XII~ s., tr.1 comme au figurk arendre est usuel; il a pour dérivé D~FROISSABLE adj.
moins actif (un sentiment, etc.), krx” sJ il a été rem- (attesté 19641.
placé par le préké. +Celui-ci, REFROIDIR v. FROISSANT, ANTE adj. 11845) est surtout employé
(1080, refi-eidkr «se reposer4, est attesté très tôt au au sens figuré de ablessant».
sens concret W s.1 puis au figuré Ev. 1355, tr.1; d’où
les locutions ksser refrojdk qqch. <attendre que FRÔLER v. tr., variante graphique (1670, Mo- @)
les passions soient apaisées3 (xwe s.) et refroidir hère) de fi-auller ( 14581, a peut-être une origine ono-
qqn, le cœur de qqn ale décourager> (déb. XVII~ s.l. matopéique, la séquence f-r-I- évoquant le bruit
+ Par figure refroidir Sign%e familièrement 11828) d’un objet qui passe. P. Guiraud relève dans les
atuewk, et en argot ult refroidi (1836, n. m.) a Sign%é dialectes les sens de &otters, aeffeuillers, &niet-
wnca,davre~+Ce verbe aservià former REFROI- terri et dans l’argot ancien celui de <<médire de
DISSANT, ANTE adj. (16113, employé au propre et qqn* ; frôler représenterait peut-être un latin popu-
au figuré, ~~REFROIDISSEMENT n. m. ((abaisse- laire “fruudulare au sens d’<cendommagern, du clas-
ment de la température)) ( 1314 ; XII~ s., refroidepnent). sique fruudare afaire du tort)) (cf. aussi botter), sans
Le mot se dit par extension (176.2) d’une indisposi- que soient exclues les connotations onomato-
tion causée par cet abaissement de chaleur; au fi- péiques.
guré le mot désigne ( 1636) une diminution de la + Le verbe serait passé du sens de &otters, non at-
force des sentiments. testé, à celui de ebattreti (14581, puis à ceux de 4ou-
FROIDEMENT adv. Idéb. me s.1 n’est plus en usage cher légèrement, efIleurern (16701, <passer très près
au sens concret ; il s’emploie au figuré avec les sens de>) au propre (1877) et au figuré (déb. XX~ S.I.
de aavec calme)) (av. IX~), «avec fkoidew
b FR~LAGE II. m. (xx” s.) «action de tiôlern est
(mil. XVI” s.), *avec insensibilités (18321 et «sm éclat,
moins cowax-hpe FROLEMENT n.m.(1?001, de
terne» ( 1663).
même sens. +FRôLEUR,EUSE adj.etn. (1876,
‘+ voir CHAUD-FROID (art. CHAUD); PISSE-FROID M-t. PIS-
branches kôleuses), <qui frôle>, désigne qqn qui
SER): SANG-FROID CaIt. SANG); FRIGIDAJRE, FRIGIDE, FRI-
cherche à kôler d’autres personnes pour obtenir
GORJFIQUE. FRILEUX.
des émotions érotiques (18791, spécialement une
FROISSER v. tr. est la réfection (XIII~ s.1 de fruis- femme provocante ( 1882, n. f.).
ser ( 10801, issu d’un latin populaire “titiare
amettre en pièces », dérivé du latin classique frus- FROMAGE n. m. procède (v. 1135) d’un bas la- o>
tum Nmorceau (surtout à propos d’alimentsIn; ce tin Ccaseud fomaticus 4fromage) fait dans une
dernier semble indoeuropéen (irlandtis bruti ail formeb, fonnaticus dérivant du latin classique
brisen, mots slaves, etc.). fomza I+ forme, fourme). fromage, à côté de la
+Le verbe a longtemps signifié, comme en latin, forme attendue for-mage attestée en 1180, provient
abriserm (1080) et abattre qqn» Iv. 11651, puis par ex- d’une métathèse qui a détaché le mot de son ori-
tension ~meurtrir par un heurt, blesser= Iv. 131% gine.
13221; par tiaiblissement de sens, froisser signZe à +Fromage entre dans des locutions comme entre
l’époque classique et depuis le moyen français la poire et le fromage (av. 16601 & la fin du repas,
EV. 1360) ~meurtrir par un choc viole&, aujourd’hui quand les propos sont moins sérieuxa ou en faire
<contusionner» 11651; se froisser un muscle). 0 Le tout un fromage (grossir l’importance d’un fait3
verbe s’emploie en parlant d’un tissu, d’un papier (19283. 0 Au figuré, fromage se dit ( 19321 pour asi-
Iv. 1456-1467) pour Nfaire prendre de nombreux plis, tuation de tout repos» d’abord dans se retirer dans
des faux plis>> (déformation sans déchirure>. un fromage (18731, d’après Le rat qui s’est retiré du
OFroisser, comme blesser, signifie figurément monde, fable de La Fontaine. Dans l’argot des
(1829) coffenser par un manque d’égards» ; ce sens théâtres, le mot désigne ( 19051 l’emplacement
n’a rien à voir avec la valeur figurée de l’ancien d’une tiche où le nom d’une vedette est inscrit en
fiançais Cv. 11801 avaincre, domer>> et constitue grosSes lettres. 0 Par retour à son origine, fromage
une métaphore de cplisser en désordre>), non plus désigne des plats que l’on prépare dans un moule,
de briser. une forme : fiomuge de cochon (18031, fromuge de
k FROISSIS n. m., d’abord «heurtn (v. 1155, froti- tête ( 1835) et absolt. fromage (18041. 0 Les Su&a-
sek), est littéraire pour abruit de choses froissées}} tions populaires fromlejgi ( 18781 et from~ehon ( 1.888)
hihw~"s.). -FROISSURE n.f, autrefois <(brisure, sont construites à partir de from’, frome (18561,
fkacture>~ (fin XII~ s.), reste rare pour désigner la abréviation de fromage, avec le suExe argotique -gi
trace laissée par un koissement (1803). +FR~IS- ou le sufke diminutif -ton.
SEMENT n. m., en ancien français (v. 1275) «action b 0 FROMAGER, ÈRE n. et adj. désigne le fabri-
de mettre en morceauxp puis ({fatigue, peinen Km cant ou le vendeur de fromages 11254, fromuiger;
xrve s-1, se dit en emploi concret de l’action de frais- 1313, fomzagiere, fromu&ere) et FROMAGIÈRE n. f.
ser Iv. 15601 et par métonymie t 18271 du bruisse- un appareil pour faire le fromage blanc k’ s.3 ; en
FROMENT 1522 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

moyen hnçais (XVI’ s.), hwgkr avait désigné un rapport avec fions, fiontk &ont*a et d’or&ine in-
égouttoir à fromage. L’adjectif signSe *relatif au connue).
komagen (1846; 1571, sens obscur). +Sont aussi dé- 4 Frondaison se dit en botanique de l’apparition des
rivés de fromage: FROMAGERIE n. f. (1636; for- feuilles sur les arbres et, plus couramment
mage& av.1320, nom de rue à Paris) et FROMA- (av. 18501, du feuillage lui-même.
GEUX,EUSE adj.bx"s.).
@ FROMAGER n. m. est la dénomination (1724; bFRONDESCENT,ENTE adj. (18651, emprunté au
participe présent de frondescere navoir des
1664, fromu@erI d’un arbre tropical, par comparai-
feuille+, inchoatif de frondere (dérivé de tiens), si-
son de son bois très mou avec le fkomage.
gn%e “qui se couwe de feuillageB; il est didactique
et rare.
FROMENT n. m. est issu (XIV” s.), par les formes
kommant Cv.12681, furment Iv. 11211, du latin fru-
@FRONDE -+FRONDAISON
mentum, terme général pour toutes les céréales à
épi et, spécialement, le blé. Le mot est lié séman- 0 FRONDE n. f. est probablement issu Iv. 1240; f
tiquement à ikuges qui désigne les produits issus de variante flotire, XIII~s.) d’un latin populaire Ofun-
la terre, par opposition à fiuctus I+ titi pour les dulu, diminutif du classique fundu &ondea, mot
produits des arbres ; il appartient & la même fa- adont l’origine indoeuropéenne est douteuse> CEr-
mille que tiui (dont dérive fiucti) «avoir la jouis- nout et Meillet) et qui a donné l’ancien mot fonde
sance dem, ajouir des produits dem. (déb. XII~s.3, encore employé au xv~~~siècle. Fonda:
+ Froment ne s’emploie aujourd’hui que dans le vo- désignait par analogie tout objet comparable à la
cabulaire agricole pour blé, et C1342) gruin du blé. fronde (chaton de bague, bourse, etc.).
Par extension, le mot s’emploie (18721 dans des syn- 4 Fronde a conservé les sens du latin : «arme de jet))
tagmes pour désigner diverses graminées (froment Iv. 12401 et par analogie de forme Kjouet d’enfantn
des haies, froment & vache, etc.). Adjectivement, il 116781, passant du sens initial, où le projectile est
s’applique par métonymie à la couleur blonde de lancé par rotation, à *lance-pierre3. Le mot désigne
certains bovidés tdéb. XX~s.l. aussi 11732) un bandage (la forme du bandage rap-
›FR~MENTAL,ALE,AWX adj.et n. m.,dérivé de pelant celle de la fronde).
froment ou emprunté au bas latin fromentah <de b FRONDER v. s’est substitué 11611) à fonder 1x11~ s.,
blé>), est rare au sens latin (Cn XII~s., fomtentuill. <jeter>>; de fonde); le verbe n’est plus utilisé au sens
Comme nom, le mot désigne l’avoine fourragère propre de alancer un projectile avec une frondeti
(17611. + FROMENTÉE n. f. <bouillie de farine de 11611, tr.). ~Par métaphore, fronder sime
komentp (~12801 est sorti d’usage. *FROMEN- (av. 1662) aattaquer (qqn ou qqch.1 en usant de la sa-
TACÉ, ÉE adj. et n. f. est un terme de botanique tire, de la moquerie*; cet emploi est littéraire; en
11732) d’après le bas latin frumentucew ede blé* ; il a histoire, fronder (1649, intr.1 est lié au sens spécia-
vieilli et a été remplacé par FRUMENTACÉ, ÉE lisé du substantif (ci-dessous).
adj. et n. f. ( 1865, Littré). 0 FRONDE n. f. Cl649 ; avec F majuscule) est la dé-
nomination de la sédition qui éclata contre la reine
FRONCE n. f. est donné habituellement comme Anne d’Autriche, régente, et contre Mazarin pen-
issu ti XI~s.1 d’un francique “hrunk@ criden, mot dant la minorité de Louis XIV; par extension (1651)
restitué par le moyen néerlandais fronce, rowe «pli, le mot a désigné le parti des insurgés. Au figuré et
ride>, l’ancien scandinave hmlzku et l’allemand tardivement ( 18731 un esprit de fronde équivaut à
Runzel, de même sens. P. Guiraud voit plutôt dans aun esprit de révoltes.
fronce le déverbal de froncer, mot roman dérivé de FRONDEUR, EUSE net adj., dérivé de brider
front”, par une forme populaire “frontire “agir (16481, a désigné autrefois un soldat armé de la
avec le fkontx au sens de *plisser le front,. fronde 11290, fonduour, fondeur; de fonde). oIl ne
+Fronce au sens de “pli de la peaun 6n XI~s.1 est s’emploie plus qu’au figuré au sens historique
sorti d’usage; le mot reste employé @II XI~s.) en (1662) de «personne appartenant au parti de la
couture, FrondeB et pour désigner (1690, n. ; déb. xrxes., adj.1
b FRONCER v. tr., réfection (av. 1191) de fronckr une personne qui critique sans retenue les per-
Km XI@s.1 aplisser, rider en contracta&, est surtout sonnes au pouvoir, les autorités, etc.
utilisé dans froncer Ielsl sourciIlsl Ila bouche;
v. 1155, le nez1 et est aussi employé en couture 051 +b FRONT n. m. est issu (1080) du latin fronts, 0
XI~ s., froncer une étoffe) comme le préfd DÉ- frontis &ontD (de l’homme, des animaux), mot obs-
FRONCER V. tr. ~III~ s.l. +Le verbe a pour dérivé cur kans rapprochements indoeuropéensl qui re-
FRONCEMENT n. m. xaction de tioncer (en géné- prend tous les sens du grec langue où le *ont était
ral le sourcil), son résultat% (1530). + FRONCIS considéré comme le miroir des sentiments (en par-
n. m. (15633 <<suite de plis faits à une étoffe2 est dé- ticulier de la pudeur et de l’impudence) ; fions avait
aussi le sens de adevant d’une chose», notamment
rivé de h-once au sens moderne. *FRONÇURE n. f.
(1606) est demeuré rare. dans le domaine militaire.
+ AU sens propre, front désigne (1080) la partie su-
FRONDAISON n.f. est un dérivé (1823) de périeure de la face humaine (ou de certains ani-
@ FRONDE n. f. kve s.), terme de botanique (dis- maux, 16681, d’où par métonymie C112l- 1134) la tête,
pain au sens de &ondtison4, emprunt au latin le visage, surtout dans des emplois figurés du type
fions, fion& <feuillage>, singulier collectif (S~JJS courber le front. Le mot s’emploie aussi ti XIIes.)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1523 FRONTON

pour désigner le siège de la pensée et du sentiment publiquement*, d’où par métonymie ! 1690) Nhonte
et par extension se dit du visage dans ce qu’il a éprouvbe par celui qui subit un aErontp et par ex-
d’expressif ( 16Il). 0 À l’époque classique, front Si- tension aéchec humilia&. +AFFRONTERIE n. f.
gn$a;it par métonymie (15591*air, apparence» et, Eap. 1535) aaction de tromper impudemment> est
spécialement, ((air intrépiden ( 16621;il en reste des sorti d’usage, ainsi qu’AFFRONTEUR Il, m. ~15363
expressions comme avoir le front de... - Le mot a au sens d’knpostew . Cependant, afionteur aper-
repris le sens latin de aface antérieure d’une chose> sonne qui &ontem ( 1589,d’un choc) est resté dans
(v. 12251,Nproue d’un navire, et, dans le domaine l’usage littéraire. Le mot désigne aussi un instru-
militaire (v. 11651,de &oupe rangée face à l’en- ment chkrgicàl. +AFFRONTEMENT II. ?II. aren-
nemi= ; de là viennent outre le mot frontière* les lo- contre face à face> (av. 15401,sorti d’usage au sens
cutions faire front afaire face- (mil. xvre s-1au propre de <tromperie>> (mil. xvre s.), s’est spécitisé dans le
et au figuré, de Pont (v. 1170; lot. adv.1 ((du côté de domaine militaire (15871,en médecine 08461 et en
la facem (1635,emploi figuré : attaquer gqn, une opi- technologie 11866).
nion de front directement4 et asur la même lignen EFFRONTÉ, ÉE adj. et n. (v. 1278,esfronted Sign%e
(XIV” s. au propre, 1716au figuré, mener de front). proprement +2ns tionta, le front figurant le siège
~L’expression froti de mer «avenue, promenade des sentiments ; il quaI3e et désigne comme nom
en bord de mep (qui fait face à la mer1 semble ré- une personne qui n’a honte de rien et manifeste
cente. *Employé absolument, le fiont (1914) dé- sans honte sa liberté de mœus, d’où le sens de 45
signe la zone des batailles, d’où le composé AR- cencieux* . *I?n dérivent EFFRONTÉMENT ah.
RIÈRE-FRONT n. m. 119221<<enarrière de la zone (ti XIK~S., efionteyement~ et EFFRONTERIE n.f.
des combats-. Par analogie, front se dit kx” s.1 de (mil. XIVes., enfionteti). Efionté et ses dérivés sont
l’union entre des partis ou des individus qui s’ac- devenus moins usuels en français moderne.
cordent sur un programme (d’où ~TOT&populaire, 0 voir FRONTALIER, F’RONTIÈRE. FRONTISPICE, FRONTON.
front national; emplois communs au fiançais et à
l’espagnol fiente). -Front est également utilisé au FRONTALIER, IÈRE adj. et n. est em-
sens de aface, plan vertical>> (1875, dans une mine, prunté (1730; repris en 1827) au gascon frountulié
ti-ont & taille) et en météorologie (xx” s. ; front froid, WountaZé ahabitant de zone frontièrenI, dérivé de
chaud). froun &ontm, du latin fions (4 front).
,FRONTAL,ALE,AUX n. m. et adj. (av. 1105) + Le mot désigne un habitant d’une région frontière
vient à la fois de front au sens propre et du bas latin et, comme adjectif, se dit de ce qui est relatif à une
front& &onteau, têtière des chevaux,. Il se dit frontière. Il est aujourd’hui senti comme le dérivé
(av. 1105)d’un bandeau de front et de la pièce de aberrant de froM&e.
casque couvrant le front; il a désigné 115941un iris- FRONTIÈRE n. f. est un dérivé (12131de front
trument de torture avec lequel on serrait le £ront Ifaire front), le sem moderne venant sans doute
et, par métonymie (16903,le supplice ainsi infligé. d’expressions du type pays de frontière, c’est-à-dire
C’est aussi le nom d’une partie de la têtière du che- gardé par une armée, une place forte qui fait front
val, nommée également FRONTAIL n. m. ( 1762; à l’ennemi; le moyen fiançais conntit l’adjectif
1559,«bandeaw). L’adjectif frontal <(relatif au fronta frontier, d’où Yille frontière.
est attesté au xvre s. puis (16111dans os frontal. *Le
+ En ancien kmçais, le mot désigne le kont d’une
dérivé FRONTALITÉ n. f. @inme SJ désigne le fait
armée, puis (1292) une place fortiGe faisant face à
de se présenter de face et s’emploie en art.
l’ennemi. Fronk(ère se dit aujourd’hui de la limite
FRONTEAU n. m. (13931,réfection de front&! he s.1,
séparant deux Etats Iv. 1360)et par extension de la
lui-même doublet de frontal, possède diverses ac-
limite d’un territoire. Par an%&& on parlera
ceptions liées à l’idée de &Ont* ou de afacen : *bijou
porté sur le frontm CXI” s.1, ubandeau sur le front>>,
W’701des frontières d’une r&ùm ou de frontires
linguistiques, etc. Au figuré frontière s’emploie
spécialement (1704) Kbandeau ftisant partie du vê-
tement de certaines religieusesn, *petit lYonton>
( 1700) pour 4imitea) séparant des domaines abs-
traits ou concrets.
(16111,etc.
0 voir FRONTAMER.
FRONTISTE adj. et n. est dérivé de Front national,
nom d’un parti d’extrême droite français (un élu FRONTISPICE n. m. est emprunté (1529;
frontiste ; des Frontistesl. 1528,variante aitérée frontepie) au bas latin front&
AFFRONTER v. tr., composé à partir de front, a eu picium cfaçaden, composé de fions, fronti I+ front)
en ancien français le sens (1160) d’aabattre en tiap- et du verbe archaïque specere, spicere aregardera,
pant sur le tionta et par figure sign$&e (XIII~~3.1aaller qui se rattache à une racine indoeuropkme
hardiment au-devant d’une difkulté, d’un adver- “spek- <<contempleru 13 spectacle).
saire, etc.> et, par affaiblissement (1501-15163,=op- + Frontispice s’est employé en architecture au seIls
poser face à face B,&+Ont à fr-ontn, d’où en médecine de Kfaçade principale d’un bâtiment>> ; il désigne au-
(18351afionter tes bords d’une pi& ales mettre en jourd’hui le grand titre d’un ouvrage, placé à la
conta&. Au figuré, le verbe a signi% aussi première page (16471,d’où par extension 118721le
(déb. XVI~s.) <être limitrophe (d’une terr&. o De titre. II désigne en outre une gravure placée avant
kont asiège du senttientn viennent pour ce verbe la page de titre ou face au titre (av. 16951.
des emplois sortis d’usage : ~couvrir de hontem
112211,<perdre toute hontem En XIII~s.) et «tromper» FRONTON n. m. est emprunté (1624) à l’italien
bm"s.). +De là, le deverbal AFFRONT n. m. frontone, mot d’architecture (xv” s.1,augmentatif de
Iv. 1560; 1588,4romperie*) gui Sign%e <<offensefaite fronte 4rontB du latin fions, fronth 13 front).
FROTTER 1524 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le mot désigne un ornement de forme triangu- provenant de contacts dîf&ilesB (1811). +FROTTIS
laire ou en segment de cercle couronnant l’entrée n. m. est vieilli au sens général d’aaction de frottep
principale d’un édifice et, par extension, la partie (16111 mais s’utilise par métonymie pour désigner
supérieure de la façade principale d’un bâtiment. ce qui est frotté, au sens concret (1850, en peinture ;
Frontort s’emploie aussi pour désigner la partie su- 1896, en biologie) et au sens figuré 11888, =connais-
périeure du mur contre lequel on joue & la pelote sance superkielle4. -FROTTÉE n. f. désigne une
basque (1897) et la plate-forme devant ce mur tartine frottée d’ail (16111 et une volée de coups
(1910). (18071 -d’où au figuré *défaiten (me S.I.
FROTTEUR, EUSE n. (1372) apersonne qui fkotteu,
FROTTER v. est une variante graptique hw” s.1 spécialement «les parquets, Ixwrre s.1, est devenu
de froter (v. 1121-1134). Bloch et Wartburg, notant aussi un terme technique (xx” s., n. m., *pièce desti-
que l’ancien provençal fretar et l’a;ncien français née à produire un frottement}). 0 Le mot désigne
freter ont le même sens, et évoquant l’existence de aussi (En xrxe s.1 celui qui cherche à aguicher par
l’italien frettare (nettoyer avec un balai la partie des contacts physiques plus ou moins furtifs.
submergée d’une barque>, proposent pour origine +Cette valeur sexuelle de frotter, demeurée vi-
à ces verbes un bas latin tictare &otterm (VII~s.1, vante, se retrouve dans le composé expressif
fréquentatif de fricare I+ &ayerI, mais le rapport FROTTI-FROTTA n. m. U%i’; par redoublement)
entre les formes en -e- et celles en -o- reste obscur. &ottement dans un sens puis dans un autrem et,
P. Guiraud rapproche fi‘otter de Mer, tous deux spécialement, Mcontact plus ou moins érotique
ayant eu le sens de crosseT», et suggère une forme entre des personnes qui se frottent>>.
gallo-romane “frauditare, dkivée du latin classique
fiuudare <&rompec, «faire du tort>; on serait passé FROUER v. intr. est un mot d’origine peu claire
de l’idée de <faire du tort à qqn> (cf. latin frauckm (1732) ; il est peut-être de formation onomatopéique
ferre1 à celle de (causer un tort physiquen ; fiotiw, - cf. frou-frou - mais on y voit aussi (Bloch et
c’est alors user et détériorer la surface d’un objet; Wartburg) un emploi figuré de fi-ouer «tricher au
mais cette hypothèse est sémantiquement faible. j eua (v. 14601, antérieurement froer cbriser» (XII~s.),
+ Au sens général, frotter Sign%e dès le début du du latin fimdure <<tromper>>(+ flouer, fkauder).
XII~s. aexercer sur qqch. une pression accompa- 4 Rouer est un terme de chasse SigIlifI~t 4miter le
gnée d’un mouvement)>, spkialement sur le corps cri du geai, de la chouette, pour attirer les oiseauxn.
pour le laver (v. 1175) ; de là viennent des locutions b ti dérivent FROUEMENT n. m. (18381 et
comme se frotter les yeux, au figuré &tre très SUT- FROUÉE n.f (1875),termes techniques.
pris>, se frotter les mains, au figUre ase réjouir», et
fi-otier k?s oreilles i qqn ale punirm (16691 corres-
FROUFROU ou FROU-FROU nm. est
une onomatopée redoublée ( 1738 puis 1787, faire
pondant t3,un sens archtique <<donner des COU~S~~
frou-frou; 1829, n. m.1 construite SUTl’initiaJe de k6-
Iwr” s.1;une autre valeur spéciale, érotique, est res-
ler, froisser.
tée vivante en français moderne. Frotier qqn signi-
fie par extension <<lefrictionnerti (1273) et frotter 4 Le mot évoque ou désigne un bruit léger, produit
gqch. arendre qqch. plus propre en tiottantm 116901, par le frolement d’une étoffe soyeuse, etc. ; par mé-
d’où par plaisanterie botter le parquet «dansern et tonymie, froufrou se dit d’un vêtement féminin
la locution figurée, en Belgique, fkotter la manche aguichant. La mode de ce mot dans les dernières
&atterm (avec le composé frotte-manche 4latteur4. décennies du XE? s. est attestée par l’apparition des
Le verbe s’emploie aussi avec un nom de chose dérivés.
pour sujet 11604). + Spécialement, frotter de (~III” s. ; b FROUFROUTER v. intr. 11876) «produire un frou-
se frotter cle, v. 1160) correspond à <<enduire par tiot- frow, a lui-même pour dérivés FROUFROU-
tement*, d’où au figurk (1839) &re frufi!é de Iconnais- TANT,ANTE adj. 11883),FROUFROUTEUX,EUSE
sance, etc.1 ((avoir un vernis de...=. +Au figuré, fiot- adj. (~~XIX?.) et FROUFROUTEMENT n.m.Cl9071.
ter veut dire Mfaire entrer en relation3 surtout au FROUSSE n. f. pourrait avoir été formé 118581,
pronominal et se frotter& gqn a signSé <<avoircom- selon Hoch et Wartburg, par allongement conso-
merce avec qqnm (av. 16131, auparavant aattaquep nantique de frou, onomatopée (-&oufrou), et au-
(xv” s.l. Ces emplois sont sortis d’usage, sauf le der- rait d’abord désigné une peur causée par un bruit
nier dans quelques locutions (qui s’y frotte s’y subit. Pour P. Guiraud frousse, comme trouille,
pique, etc.1. concerne la forme de peut- qui se manifeste par la
b FROTTAGE n. m., attesté isolément (1327, fro- colique, et le mot serait issu de fhxu “qui coules,
taige) pour désigner un droit féodal, Sign%e aaction doublet savant de flux* (flux de dysenterie, en an-
de tiotter>) (1690 ; le frottage du linge) ; il se dit spé- cien français); les formes en -r- de flux existent
cialement (me s.1d’un procédé pictural où l’on pro- dans les Vosges et en Franche-Comté I~Kx, fru3;
cède en fkottant ou grattant et par métonymie de frousse suppose alors une origine dialectale ou un
l’œuvre obtenue par ce procédé. +FROTTOIR croisement avec l’onomatopée flou, frou, à cause
n. m. désigne un objet utilisé pour frotter : <linge du brtit du flux qui s’échappe.
pour essuyer)} (14231, tiotioir ù uh.uneties (18651,etc. + Le mot est un synonyme familier de peur.
+FROTTEMENT n. m. Cl4901 se dit du contact de b FROUSSARD, ARDE adj. et n. “qui a la frousse>)
deurr coqs dont l’un au moins se déplace par rap- 118901est resté usuel, comme frousse.
port à l’autre, d’où vient l’emploi du mot en phy-
sique. 0 Au figuré, frottement ne s’emploie plus FRUCTIFIER v. intr., réfection (v. 11801 de
pour &équentation)> (18203 mais pour Ndésaccord fructefier Iv. 11651, est emprunté au latin impérial
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1525 FRUIT

fructificare aproduire des fruitsn et en bas latin prunté plus tard au latin juridique (XVI~s., au plu-
*procréeru, composé du radical de fruct~ (-, fr-uit, riel). +Ma;is le mot s’emploie Iv. 11651 au sens
fructueux) et de fucere (+ faire). concret pour aproduction des plantes apparaissant
+ FKW%%Y a le sens général de *produire> : d’abord après la fleurm et spécialement &uit comestible»
par figure des résultats avantageux Iv. I 1651, puis ( 16901; par extension, fruit s’est dit 11580) autrefois
des récoltes Iv. 1180), des kuits (v. 1190) et, par ma- du dessert. +Au sens de aproduits de la terre ser-
vant à la nourriture> Iv. 1283; au pluriel), il ne s’uti-
logie, des bénéfices (1667).
lise plus que dans l’expression les fruits de lu terre.
.FRUCTIFICATEWR,TRICE adj. (1865) s’emploie Par calque de l’italien fmti di mure, fiuits de mer
au sens concret et au figuré. (av. 1709) désigne les produits comestibles de la
FRUCTIFICATION n. f. est un emprunt au bas latin mer. + Au sens restreint, botanique et le plus usuel,
fructificatio, du supin de fructificare; le mot est l’expression &&s rouges 11704; en Suisse, petits
d’abord utilisé IXIV s.1pour *fait de ticMer; bén&
fruits) désigne des baies rouges. +Fruit entre dans
fice, (au figurél, puis en botanique au sens de «for- plusieurs locutions : le J%& défendu ( 16821,c’est ce-
mation des fruits> 117821. lui de l’arbre de la science du bien et du mal, identi-
FRUCTUEUX, EUSE adj. est emprunté fié à la pomme a cause du latin pomum &uîts: et
(v. 1200, fructuous) au latin fructuosus &uctueux, que Dieu avait défendu de manger à Adam et Eve
fécond>, dérivé de fructus I+ fr&, fructfier). et, au figuré (18291, une chose dont on doit s’abste-
nir. Mt vert (xx” s.1 se dit par métaphore d’une
+ Fructueux s’applique à ce qui donne des résultats très jeune me kqui n’est pas épanouie%), && sec
avantageux; le sens concret (xv” s.1 dqui donne des (18313 d’une personne qui n’a rien donné de ce
kui& est sorti d’usage. qu’elle semblait promettre dans la vie. - D’après le
b Le dérivé FRUCTUEUSEMENT adv. (13501 est di- latin ecclésiastique tictus, fruit (dans le fruit de)
dactique. équivaut à uenfantm (v. 11651, en tant que -produit>
L’antonyme INFRUCTUEUX,EUSE adj. est em- de la mère ; cet emploi est exceptionnel, sauf dans
prunté (1372) au latin infhduosus; en dérive IN- les prières (Eefruit de Vos entrailles est bérxil.
FRUCTUEUSEMENT adv. (1488).
wLes dérivés se rattachent au sens concret du mot.
~FRUITERIE n. f. a désigné d’abord (12611 l’en-
FRUGAL, ALE, AUX adj. est emprunté
semble des fruits, puis (xv” s.) l’office de la maison
11534)
au latin impétial fhgalb *qui produit*, d’où
du roi chargé des fruits, aujourd’hui un local où l’on
Gconome- et Nsobremdès l’époque classique sous la
forme comparative tigalior, Le mot est dérivé du
conserve les fkuits (13281 et, plus couramment
(18291,une boutique où l’on vend des tits. + FRUI-
latin classique frugi “sage, tempéra& (d’abord
TIER, IÈRE adj. et n. désignait (12771 un officier
dans la locution esse frugi bonae 4tre capable de
chargé de la fruiterie de la Cour puis (fm xwe s.1la
donner une bonne récolten), ancien datif de fi-u3c,
personne qui tient une fruiterie (attesté plus tard
k@s &uit, produit du solm, de la famille de k&
(3 bit). dans ce sens). L’adjectif sime “qui donne des
fruits comestiblesfi (1528). + Le nom masculin s’em-
4 hgal Sign%e (1534) “qui se contente d’une nour- ploie pour un lieu planté d’arbres frultiers (av. 15891
riture simplep - d’où &mple et sobre» (1690, vie et pour un local où l’on garde des fruits (1636). Par
frugale1 et “qui consiste en aliments simplew extension (1890) le mot s’applique à une étagère à
ä Endérive FRUGALEMENT adv.05471. claire-voie où l’on étale les fruits et, autrefois, à une
FRUGALITÉ n. f. est emprunté au dérivé latin fru- coupe à fi-uits CXVI”s.1. * En Suisse, fruitier, tire dé-
galitus Ide tigalk) Krécolte de fruit+ et *modéra- signe (1872) un fabricant de komages : fruit est alors
tion, sobriétém. Il sign.Ze aqualité de celui (ou de ce) pris au sens de cproduit agricoleD et spécialement
qui est kugalB (XIV” s.1 et *fait de se nourrir sobre- de aproduit laitier=. -FRUITIÈRE n. f. s’emploie
mentm (18971. depuis le xwe s. (1524) en Suisse, en Savoie et en
Franche-Comté pour désigner le lieu où les tio-
+k FRUIT n. m. est issu (x” s., fruit esptrituel) du mages sont fabriqués. +FRUITÉ, ÉE adj. (1690,
latin classique fructus «revenu, profitti, d’où au sens comme terme de blason) se dit ( 1907) de ce qui a un
concret &coltem, Nproduits de la terre, des arbres, goût de fruits fiais (huile, vin, etc.). +FRUITER v.si-
d’un animal- et en latin médiéval <enfant*, consi- gnifie d’abord adonner des fruits- 11872,intr.1 et au-
déré comme le produit de la génération. Fructus jourd’hui arendre fkuitém Cd s., tr.).
vient de frui #avoir la jouissance des, que l’on rap- Quelques verbes pr&xés sont formés & partir de
proche de mots germaniques comme le gotique fruit.
brukjian, le vieil anglais btican wtiliser*, ce qui AFFRUITER v. s’employait en ancien tiançais pour
permet de poser un radical Ofrug-, présent dans 4tre fructueux= (fin xlle s., s’afiuiterl et &tre utile*
fruges, fmgis &-+frugal). Le français a distingué le Iv. 1200, intr.1. Au sens de =plantep> (12841, il est en-
terme général latin fructus de pomum &uit d’un core en usage régionalement mais ne s’emploie
arbre>, spécialisé au sens de KpommeB (+ pommel. plus que comme terme technique au sens de <se
+Fruit sime d’abord arésultat avantageux que mettre à produire des fkuits» (1863, s’affruiter).
produit qqch.}} Ex”s.1,«bénéfice tiré (de qqch.)n (1K?O- * DÉFRUITER v. tr. ( 1232, se ddhtcter aperdre ses
11501, d’où autrefois faire du fruit (15801, et les ex- fruits-) est rare dans le sens de CcueillirB (18031;
pressions sm fruit (16431, avec fzwit *avec profit3 ; c’est un terme technique (av. 19031 si@& <en-
par extension (v. 12251,le mot désigne l’effet, bon ou lever le goût du fruit &Y *EFFRUITER v. tr.équi-
mauvais, de qqch. 0 Le sens de arevenu% est em- vaut (12131 à &Puiser une terre&, c’est-à-dire alui
FRUSQUIN 1526 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ôter la possibilité de produire des fruitsm (cf. efiter) raissent sous une forme atténuée; il reprend alors
et régionalement 1169 1) à «dépouiller un arbre de le sens du latin frustareO
ses fkuits~.
Le COmpOSé FRUITARIEN,IENNE adj.&n. (1909; FRUSTRER v. tr. représente un emprunt
d’après &gétarien) est un terme didactique, dans Iv. 1330) au latin classique frustiare *rendre vain% et
régime fruitariert aoù l’homme ne s’alimente que de atrompern, dérivé de l’adverbe tistru Menvainm, qui
fruits>>. +FRUTTTcULTURE n. f. (mik~“S.) et était tiéquent dans k~~tra esse &tre dupes, frustra
FRuITICULTEWR,TRICE n.(1973) sont destermes habere ctrornper)) ; fmstru, d’origine obscure, était
techniques spécialisés par rapport à arboriculture, rattaché pour les Latins à fracs (-, kaude).
-culteur. 4 Frustrer Sign%e apriver (qqn) d’un avantage es-
FRUCT-, FRUCTX- sont des éléments tirés du radi- compté>> et, par extension (fin XVII~s.1, ane pas ré-
cal du latin fructus servant à produire des compo- pondre à une attente,. Le verbe a pris, par l’usage
sés savants, par exemple : FRUCTIFÈRE adj. 11505 ; en psychanalyse, le sens devenu usuel de <mettre
-+ -fère) “qui porte des f?uitsB; FRUCT~SE n. m. (qqn) dans une situation de déception» (mil. XX~s.l.
11924; 4 -ose) asucre d’origine végétale» («sucre de
bFRUSTRANT,ANTE adj. (1967) et FRUSTRA-
fruit& -Ces éléments tendent à éliminer fî-u&-,
TEUR, TRICE adj. et n. (mil. XX~s.1 sont des termes
tiié dU latin ~I%X, frugis, qu’on trouve dans FRUGI-
de psychanalyse, passés comme le verbe et le parti-
FÈRE adj. (1842; -3 -fère), mot vieilli, ou FRUGI-
cipe passé FRUSTRÉ, ÉE adj. et n. dans l’usage
VORE adj. (1762; -+ -vore) “qui se nourrit de fruits,
courant.
de végétaux».
FRUSTRATOIRE adj., terme de droit 113671, est
FRUCTIDOR n. m. est un composé savant (1793, emprunté au dérivé bas latin frustruto~&s Ntrom-
Fabre d’kglantine) du latin fructus et du grec tiron pew ; l’équivalent FRUSTRATIF, IVE adj. (1845;
=don, présent». Le mot désigne le douzième mois, le de frustrer) est rare. ~FRUSTRATION n. f.
<<mois des fkuits>>, dans le calendrier républicain ( 18 (mil. xv” s., frustrucion) est emprunté au dérivé latin
ou 19 aofit au 17 ou 18 septembre). Q FRUCTIDO- frustratio aaction de trompera), adéception»; il se dit
RIEN n. m. se dit en histoire (1823) d’une personne de l’action de lustrer ou du fait d’être frustré
favorable au coup d’État du 18 %uctidor. (v. 1950, frustration sexuelle).
6’ Voir FRUCTIFIER, FRU-UX.

FRUSQUIN [SAINT) n. m. est d’abord un FUCHSIA n. m,, mot du latin botanique (1693, a
mot d’argot 11628, fiusquin Nhabit4 d’origine incer- été créé par un botaniste, le père Plumier, en l’hon-
neur de Fuchs, botaniste bavarois du ~VI~siècle.
taine ; il vient peut-être de l’adjectif tique «pim-
pantn (v. 13601, altération sous l’tiuence de fiesche 4 Le mot désigne un arbrisseau d’origine exotique.
(ancien féminin de frais*), de frique ~III~ s.), d’un 0 voir FuCHSrn.
francique ok&. Pour P. Guiraud, ce serait un em-
prunt à l’italien fizLsco, issu du latin impérial fn~tu- FUCHSINE n. f. serait un mot formé Il8591 par
lum cmorceaw Ediminutif de frustum; Ai-uste), le chimiste Verguin à partir de Fuchs, traduction
cette idée de xmorceau)) étant à la base des emplois en allemand de Renard, nom de l’industriel lyon-
de frusquin (pièces de vêtement, d’outillage, de nais pour lequel il travaillait. Pour d’autres, qui re-
monnaie), d’où le sens d’uargentm en argot ancien jettent l’origine anecdotique, le mot vient de fuch-
(dep. 16683. Le mot, depuis le XVII? s., n’est utilisé siu, à cause de ses fleurs pourpres.
que dans l’expression saint-frusquin, selon un pro- 4 La fuchsirte est une matière colorante rouge, dé-
cédé de formation populaire Icf. saint-crkpin aoutils couverte par le chimiste allemand Hermann.
du cordonnier-).
+ Saint-frusquin (17101, écrit avec un trait d’union FUCUS n. m. est un emprunt 11562, phucus, sous
depuis 1740, se dit de ce qu’on a d’argent, d’effets l’influence du grec) au latin fucus, emprunté au
et, par extension, à la fm d’une énumération pour grec phukosaalguep.
Mettout le reste-, + Mucus désigne une algue brune appelée couram-
b FRUSQUES n. f. pl. (1800 au pluriel ; 1790 au sin- ment varech.
gulier, en argot, <(habitnI est un dérivé régressif qui b Les dérivés FUCACÉES n. f. pl. (18131 et plus ré-
Sign%e «habitsn et spécialement Nhardesn. cemment FUCALES n. f. pl, C& s.) sont des termes
de taxinomie botanique ts&es -acées et -des) dé-
FRUSTE adj. est un emprunt (1580) à l’italien signant une famille et un ordre d’algues brunes
fruste ws& II”moitié xwe 4, dérivé de fwstare auxquels appartient le fucus.
((user,, lui-même du substantif frusto, du latin frus-
tum Mmorceaw (-, koisser). FUEL n. m. est emprunté 11944, d’abord sous la
4 Au sens d’ws6 (15801, c’est un terme technique forme fuel oil 119211, à l’anglais fuel oil (18931,
aussi substantivé (le fruste,1691) comme au sens ex- composé de fuel acombustiblen et de oil Qhuileb; fuel
tensif <<dont le relief est grossierB ( 1871, Goncourt). est attesté en anglais dans ce sens depuis 1886 (de-
Par extension, fruste s’applique à une personne puis le XIII~s. pour désigner une matière combus-
mal dégrossie (183 11,peut-être sous l’influence de tible qui sert à alimenter un feu). L’anglais a em-
rustre - responsable aussi avec le verbe frustrer de prunté fuel à l’ancien français fouaille n. f. (v. 12001
la forme altérée frustre, fautive et courante. R7kste abois de chauffage; tout ce qui sert à chauffer», de
est aussi un terme médical (18971, employé à pro- fou, forme ancienne de feu*; oil est aussi un em-
pos d’une maladie dont les symptômes appa- prunt à une forme ancienne de huile*.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1527 FUIR

+ On a récemment francisé la graphie de cet a;ngli- FUGATO n. m. reprend 11866) un mot italien dé-
cisme, concurrencé par le mot d’origine russe ma- rivé de fuEla et désigne en musique un passage fu-
zout, en fioul. gué.

FUGACE adj. est emprunté (1550, attestation FÜHRER n. m. est un emprunt ( 19341 à l’dle-
isolée, puis 1726) au latin imp&id fuEraX diSpOSé 21, mand fihrer tiguideg, titre que prit Hitler en 1934,
fuim, d’où “qui fuit,, de fugere (-, fuir). équivalent en allemand de l’italien duce. Führer dB-
+Au sens latin de “qui s’en&& (en parlant d’un rive de fiikwen NconduireM, d’un germanique “fôrjun
anirnall, calque du latin bestia ferae bguces *bêtes afaire se mouvoti.
qui fuient par frayew, le français tigwe est ar 4 Le mot est devenu synonyme de dictateur, dans
chaïque. 0 Terme de botanique (1772) au sens de un contexte évoquant le nazisme.
“qui se détache très tôt= (en parlmt d’un organe),
kgace se dit plus généralement de ce qui dure très FUIR v. est l’aboutissement Km mes., tr.1 du bas o>
peu (1826) et, en parlant de l’état d’esprit 118341,de latin fugire (IX~s.1, altération du latin classique fu-
ce qui change rapidement. gere duir, s’enfuh, 4tre exilé, banni». Ce verbe se
rattache à une racine indoeuropéenne “bheug-, at-
k En dérivent FUGACITÉ n. f. (1791) et FUGACE-
testée en sanskrit, en grec, dans les langues baltes.
MENT adv. (ti s.1,mots d’usage littéraire.
4 Fuir qui est aussi intransitif (1080) a conservé le
-FUGE, second élément, est emprunté au latin premier sens latin. II a pris au xne s. (v. 1176-l 181) le
-fugu “qui fuitB (de fugere; -+ fugace, fugitif, fuir1 et sens de acéder sous l’effet d’un contacts ne sol
“qui fait fuir> (de fugarel et entre à partir du XVIII~ s. fuyait sous luil. C’est l’idée d’&loignement= qui est
dans la composition de termes didactiques. Cer- retenue dans les diverses acceptions, quand on
tains composés sont directement empruntés au la- parle d’une chose qui s’éloigne par uu mouvement
tin (par ex. fébrifuge, subterfuge). rapide (1640) ou par analogie de ce qui est éphé-
mère (1640; le jour fuit). Fuir s’emploie (av. 17041 en
FUGITIF, IVE adj. et n., réfection (av. 1380) de parlant de ce qui paraît s’éloigner, par l’effet de la
@$is (adj., fin xme s.1, représente un emprunt au perspective dans un tableau ou par le mouvement
latin tigitivus “qui s’enfuit3 C&propos d’un esclave, de qqn qui regarde (av. 1841; voir fuir les arbres).
d’un soldat déserteur), de tigwe (+ fuir) ; fugitif a +Par analogie, le verbe s’emploie à propos d’un
remplacé l’ancien francais fW3 Iv. 1155, jusqu’au contenant (1762) dont le contenu liquide s’échappe
XVII~sd, issu du latin. et par extension ( 1872) sime us’échapper par une
4 Au sens de “qui s’enfuitb, le mot est plus souvent issue étroiten en parlant d’un contenu (cf. ci-des-
employé comme nom ti xwe s.) que comme ad- sous fuite). 0 Les sens figurés, aéchapperm (1538, tr. ;
jectif Par extension fugitif a signifié CexW Iv. 1355) par exemple dans le sommeil me fuit1 et cchercher
et se dit (av. 1678) de ce qui est de brève durée lune à échapper à des difkultés d’ordre moraln 115491
idée fugitivel, d’oti spécialement I:1704) piéce fugitive sont devenus assez littéraires.
en poésie pour désigner une petite pièce verstiée b FUITE n. f. représente (v. 1190-1200) une réfection
sur un sujet léger; l’adjectif qutie ensuite ce qui d’après suite de l’ancien français fuie, issu de “fu-
s’éloigne rapidement 11690 ; vLszbpt fugitive) et par fi- gitu, féminin du participe passé du bas latin @ire,
gure ( 1770) ce qui s’écoule rapidement, en relation du latin classique fugere; l’ancien FUIE n. f.
avec certains emplois de fuir, s’enfuir Ià propos du (v. 11351, d’abord 4uitem, puis <<refuges, désigne en-
temps). core régionalement une petite volière (12481.
b b dérivent FUGITIVEMENT adv. (1828) assez ~Fuite désigne figurément l’action de fuir par fi-
wdd et FUGITIVITÉ n. f. (18301, littéraire. gure en parlant du temps (av. 1662) ; dès le xme s.,
fuite désignait aussi au figuré (v. 1270) l’action de se
FUGUE n. f. est un emprunt ti XIII~s.) à l’italien dérober (à une difkultél. Par extension, il se dit de
fuga &iteB et <départ subit% I~w~s.1, puis terme de la disparition de gqn gui a fui, d’où en droit délit de
musique depuis le xwe s., emprunté au latin tigu fuite et la locution figurée (19681 fuite en avant ac-
cfuiten, de tigere (+ fuir). figa avait abouti à l’an- célération d’un processus politique ou écono-
cien fkançais fue &iten (XII~4, éliminé ensuite. miquem. * D’après fuir, fuite se dit d’un écoulement
+ Outre un emploi isolé au sens de 4uiten Km de fluide par une issue (1845, hite de gaz1 et, par
xn~~s.), fugue désigne 11598) un type de composition métonymie, de l’issue elle-même ; il s’emploie, sur-
musicale où plusieurs parties <se poursuiventu. tout au pluriel (1899 ; sens répandu à partir de l’af-
0 Le sens du latin a été repris plus tard (17281,mais faire Dreyfus), pour 4isparition de documents qui
dans une acception plus restreinte : caction, fait de devaient demeurer secrets>>. Fuite est aussi em-
s’enfuir momentan6ment du lieu où l’on vit*, d’où ployé en peinture et en géométrie (1802, point de
son emploi comme terme de psychopathologie fuite). - Sur fuite a été dérivé le verbe familier FUI-
(19011. TER intr. et pron. afuir>>(1910).
b Du sens en musique viennent FUGU& ÉE adj. FUYARD, ARDE adj. et n. m., formé sur le verbe
xdont la forme est comparable à celle de la fugueB (fuyant, il fuyait...) avec le s&e -urd, désigne la
(1817),@ FUGUER v. intr. (1803), et le dimi?mtifFU- personne qui s’enfuit (15381 et spécialement (1610)
GUETTE n. f. (1914). -Le composé CONTRE- le soldat qui abandonne son poste. L’adjectif est
FUGUE n. f. (1680) sime dugue inverséeb. +Le peu utilisé au sens propre (1690, “qui fuitu) et est
second sens a donné FUGUEUR, EUSE adj. et n. d’emploi littéraire au figuré ( 1792, yeux fuyards;
I1930‘1 et 0 FUGUER V. h-h-. IV. 19601. 1834, à propos du temps). 4 FUYANT, ANTE, par%
FULGURANT 1528 DZCTIONNAIRE HISTORIQUE

cipe présent de fuir, est d’abord attesté comme FULMINER v. est emprunté 11330) au latin clas-
nom 112131, emploi où il a été éliminé par fuyard. sique hlminare alancer la foudrem, en latin médié-
Comme adjecttif, il se dit 115391 de ce qui s’enfuit, val «lancer les foudres de l’excommunications,
êtres animés et choses et, au figuré ~VIII~ s.1,de ce cdonner des arguments foudroyants*. Ce verbe dé-
qui semble se dérober, s’éloigner (alors en relation rive de fulmen afoudren, qui se rattache conzne fui-
avec fuir et fuite, employés en art). De là un emploi gur (t foudre) à une racine indoeuropéenne Obhel-,
courant pour “qui est inwé vers l’wrière~ “bhleg- cbrillel-> .
(2” moitié me s. : France, Bourget). À l’abstrait, + Fulminer s’est employé (1330, intr.) au sens du la-
fuyant s’applique (1884, Zola) à ce qui se dérobe, en tin classique. Par emprunt au latin du droit canon,
parlant des regards, des pensées et aussi des per- il signifie en emploi transitif 113681 &ncer une
sonnes En me s.l. condamnation dans les formesm et par extension
Le composé S’ENFUIR v. pron. ( 1080, s’en fuir) a, «formuler avec véhémence, (XVI~s.1,d’où <(selaisser
dans ses différents emplois propres et figurés, le aller à une explosion de colèren (av. 1655). Par ana-
sens de <<s’enaller, s’échapper». Comme fuir, il se logie, le verbe a pris dans le domaine de la chimie
dit du temps qui passe, de ce qui est éphémère, de (mil. ~VIII~s.) le sens de afaire explosion>.
la vie.
.FULMINANT,ANTE dj. as@‘&é *quilanCe la
@ voir FAUX-FUYANT, FUGACE, -FUGE, E”UGJTIF, FUGUE.
foudre> Uin xv” s.), puis *qui est chargé de menacesm
FULGURANT, ANTE adj. est un emprunt 11663). Par analogie, il s’applique en chimie ( 16901 à
( 1488) au latin fulguruns, participe présent de fulgu- ce qui détone.
rare <<fairedes éclairs>, de Ugur nfoudre*m. FULMINATION n. f. ( 1406, d’après le latin classique
fuhdnutio) et FWLMINATOIRE adj. (1636; 1512,
4 Du sens de Qquî produit des éclairw et d’un em-
<<qui lance la foudre», d’un dieu ; cf. latin médiéval
ploi didactique et rare, on est passé par analogie
fulminutorius) sont des termes de droit canon.
des idées de vivacité, de rapidité, de soudaineté, à
Ehhn, FULMI-, élément tiré du latin fdmen, -inis
l’emploi en médecine ( 1564, fièvre fulgurante) et
cfoudrem, entre dans la composition de quelques
couramment krx” s.l aux sens de “qui frappe sou-
mots savants: FULMINATE n. m. (18231, FULMI-
dainement l’esprit= et de arapide comme l’éclair=.
NIQUE adj. (18241, FULMICOTON n. m. (1847; de
Par ailleurs, l’adjectif a la valeur moins précise et
plus courante (d’après fulguration) de “qui jette coton), nom d’un puissant explosif.
une lueur vive et rapide comme l’éclairn (XE? S.I.
* 0 FUMER v. est issu (v. 1120, intr.) du latin fu- o>
b FULGURATION n. f., emprunt au dérivé latin ful- mure adégager de la furnéen, dérivé de fupnw =fu-
gurutio Klueur de l’éclair*, en conserve le sens mée>), sans origine connue.
(1532) et par extension (1155) se dit d’un éclat lumi-
neux ; au figuré (18431, une fu@urution est une ïllu-
4 Fumer a conservé le sens latin ; par extension, il
mination soudaine qui traverse l’esprit. sime très tôt (1178) &isser passer la fuméen et
FULGURER v. intr. ( 18451 soit est un emprunt au aexhaler de la vapeurn. En emploi transitif, il s’uti-
latin fulgurure, soit a été refait à partir de fulgurant. lise pour CcenfumeP (1565) et, spécialement (16111,
Le verbe a les valeurs propres et figurées de fulgu- -exposer hne denrée) à la fumée, à la vapeur=.
~Par spécialisation il s’emploie (1664, intr,) pour
rant et a donné FULGURANCE n. f (18661, syno-
nyme littéraire de fulguration <faire brûler du tabac, etc. en aspirant la fumée par
la bouche>, Cette valeur, liée à une habitude so-
FULIGINEUX, EUSE adj. a été emprunté ciale (cf. tabac, pipe, cigare et dérivés), est devenue
115491 au bas latin Uginosw «couvert de suie*, de- dominante, en emploi transitif et absolu (défense de
rivé du latin classique Mgo, -inis <suie» qui se rat- fumerl. ~Par figure, le verbe intransitif signifie
tache à une racine indoeuropéenne “&UlG-. aussi *s’exciter)) 61 ti s.) et par extension (1456-
+ Fuliginew, introduit avec le sens de aqui a la cou- 1457) ((se mettre en colèren.
leur noirâtre de la suie>>, est utilisé en médecine b FUMÉE n. f., déverbal de fumer, s’emploie au
( 18141 pour parler de la bouche quand elle est re- propre (déb. ~II~s.), éliminant l’ancien fiançais tirn
couverte d’un enduit noirâtre et s’emploie au fi- k-dessous 0 fumage), d’où plusieurs locutions fi-
guré pour obscur (18421, comme fumeux*. Le mot gurées comme se dtssiper en fumée (1640), s’en d-
est littéraire ou (au figuré) plaisant. Ier en fumée 116711, il ny a pas de fumée sans feu
Idéb. XV” s., onq~s feu ne fut sans fumée). Le mot
FULLERÈNE n. f. est emprunté v. 1990) à l’an- désigne spécialement au pluriel la griserie due à
glo-américain fullerene, mot créé par R. 0.~1, des causes morales (vo 1230, fumée de I’orgwil), les
H. Kroto et R. Shalley, prix Nobel 1996, et dérivé du vapeurs supposées monter au cerveau sous l’effet
nom de l’architecte américain R. Buckminster Fui- de l’alcool (déb. xv” s., au singulier) et, par meta-
Zer, auteur du dôme géodésique de l’exposition de phore, (av. 15591 des choses fugitives ou des propos
Montréal, en 1967. imprécis. Le sens propre est très vivant, surtout en
4Le terme s’applique à un type de molécules parlant de la fumée des foyers et des industries, ou
stables, formées de 60 atomes de carbone et plus, encore de celle du tabac (16901.
en nombre pair, et assemblés en hexagones et pen- 0 FUMAGE n. m., qui vient de l’ancien mot fum
tagones, eux-mêmes disposés en feuillets - <4umée~~Idéb. ~II~s,, du latin furnus; cf. italien furno,
comme le graphite - et refermés sur eux-mêmes. espagnol humol, a désigné (132 1) un droit levé sur
Ces molécules ont des propriétks spécsques im- certains étrangers faisant feu et fumée. *Son ho-
portantes en chimie industrielle. monyme usuel dérivé de fumer, 0 FUMAGE n. m.,
DE LA LANGUE FRANÇAISE FUMEROLLE

sign%e aaction d’exposer à la fuméem (pour une FUMIGÈNE adj. et n. m. (1909, adj. ; 1932, n. m.1
denrée, 1845); dans ce cas on dit aussi 0 FUMAI- aqui produit de la fumée> et FUMIVORE adj, (1799 ;
SON n. f. (1865). terme d’alchimie, au XVII~s.1“qui absorbe la fuméem
Plusieurs dérivés sont liés à l’emploi du tabac Iou sont formés sur le radical de fumus.
d’autres substances). +FUMEUR, EUSE II. 11690) FUMETERRE n. f. est emprunté (v, 1350) au latin
apersonne qui fumen désigne spkcialement un fu- médiéval tirnus terrae lav. 12501, littéralement du-
meur de tabac lun grund tirnew) ; sur le mot a été mée de la terre,, le jus de cette plante faisant pleu-
composé NON-FUMEUR n. m. (mil. XX~~3.1,en une rer les yeux comme la fumée, selon 0. de Serres.
opposition liée à l’usage du tabac et à son inter- ENFUMER v. tr. h. 11503 sigde “emplir, environ-
diction de plus en plus tibquente. +FUMERIE n. f. ner de fumée% (le contraire est DÉSENFUMER
117861designe l’action de fumer et, par métonymie v. tr. 1184513,d’où par extension unoircir par la fu-
118631, le heu où l’on fume l’opium. + FUMABLE mée, (emploi technique) et Gncommoder par la fu-
adj. El8291 Sign%e “qui peut être fumém, d’où le méeD (1636). Au figuré enfumer s’est dit 116741 pour
composé INFUMABLE adj. (1868). +FUMOIR n. m. «troubler l’espritn par des vapeurs d’alcool, des
se dit d’une pièce où l’on se tient pour fumer ( 1859 ; bouffées d’orgueil, etc. +Dérivent du verbe les
1846, salon-fumoir); le mot s’emploie également termes teCh?IiqUeS ENFUMAGE n. m. (1846) et EN-
11821) pour désigner le local où l’on fume des den- FUMOIR n. m. (18451.
rées. 0 voir IfwMxROLLE,FTJMIGER.
FUMEUSE n. f. Iv. 1868, par abréviation de chatie
fumeuse3 asiège bas muni d’un coiTret contenant 0 FUMER v. tr. est une réfection kr? SJ, par at-
l’attirail du fumew, est vieilli. + FUMAILLER v., traction de @ fumer, de femer Cv.11801,issu, comme
c’est &Uner un peu> (1883 ; en ce sens, aussi FU- l’ancien provençal femar, d’un latin populaire “fe-
MASSER, 1918) ; le verbe s’emploie aussi pour <<dé- mare, du bas latin “fernus, altération du latin clas-
gager un peu de fumé@ (1843). + FUMETTE n. f. sique fîmus 4kmiern, sans origine claire. 0 C’est la
(1978; du radical de fumer) se dit pour adrogues confusion entre femus et son homonyme issu de fe-
{<herbes à fumer) et désigne le fait de fumer du has- mur (-+ fémur) qui a motivé l’emploi d’un mot issu
+isch, de l’opium. de coxa (+ ctissel.
A partir de fumer ont été aussi composés FUME-
+Le verbe a signi@ afaire du fumier» en parlant
CIGARETTE n. m. (1891) et FUME-CIGARE n, m.
d’un animal (v. 11801, aujourd’hui arépandre du fu-
(1871).
mien Iv. 1200).
D’autres dérivés renvoient à des valeurs tié-
rentes du verbe fumer. -FUMET n. m. désigne ä Les dérivés 0 FUMAGE n. m., altération de fe-
I 1558) l’odeur agréable émanant d’un vin puis d’une mage (13561, et @ FUMAISON n. f. (18651, moins
préparation c&naire 116703, d’une viande (16901. courant, désignent I’actAon de fumer une terre.
Cette formation radical verbal plus -et est rare et * FUMURE n. f. désigne l’amendement d’une terre
correspond plut3 à un nom d’instrument (foret, de que l’on fume ( 1327 en picard) et par métonymie la
forer) ; -etie est plus nOI+‘ma[lhk.U?wtte, etc.). + FU- quantité de fumier incorporé ( 13%‘).
MERON n. m. désigne ( 1611) un morceau de char- FUMIER n. m. est hi aussi I’dtkration Iv. 11753 de
bon de bois insu&amment carbonisé, qui jette en- l’ancien fiançais fernier Iv. 11551,issu d’un latin po-
core de la fumée et familièrement 119131une petite pulaire ofematium &s de fumier-, de Ofemus. Ce
lampe portative (qti fume). oLe dérivé FUME- dernier avait abouti ~II” s-1 à fins, employé
RONNER v. htr. (déb. xx@ s.) est rare. +FUMISTE jusqu’au xwe s. et plus tard régionalement;
n. m. (1735) <<personne qui installe ou répare les cf. fknte. 0 Le mot désigne le résultat de la dé-
cheminees et, par extension, les appareils de composition des litières et des déjections des bes-
chauffages, sime depuis 1885 (mais fumiste% tiaux, des chevaux et par extension des détritus
semble antérieur1 apersonnage peu sérieux~; on pouvant servir d’engrais (16901. Par métonymie, il
pense en général que ce sens vient de l’expression se dit pour w~~as, tas de furnierm. Par métaphore
c’est une farce de fumiste, répétée par le héros d’un fumier est le symbole de la misère (1690, le fumier
vaudeville 6% Famille du timkte, 18401, un fumiste de Job), de la saleté et de la corruption morale; le
enrichi qui se vante de ses bons tours. Mais P. Gui- mot est courant comme terme d’injure Idéb. XX~s.,
raud a fait remarquer que le fumiste peut être qqn cf. ordwe1. * Son dérivé FuMIÈRE n. f., autrefois
qui produit de la fumée, une parole trompeuse 4kniern Cv.15301, désigne régionalement une fosse
(cf. le latin fumator ctrompeur, hâblew, c’est-à- à fumier (1869).
dire aqui débite de la fumée>). 4 De fumiste dérive
FUMISTERIE n. £, employé au propre pour K&- FUMEROLLE n. f. est une adaptation 118261,
tier, activités du fumiste~~ (1845) et au figuré (1852). d’abord sous la forme fumades (18241, du napoli-
fié au sens de fumer &re en colère>, dérive FU- tain fumurlulola CorSce de cheminée>>, utilisé de-
MASSE adj. Ixxe s.) *furieuxy, familier. puis le xvre s. pour parler des dégagements de gaz
FUMEUX adj. est emprunté au dérivé latin furno- naturel de Pouzzoles. Le mot correspond au toscan
SUS<<quirejette de la fuméen. Il en conserve le sens fumuiluloZo et est issu du bas latin fumariolum, di-
Iv. 1175). Il s’est employé au figuré au sens de qwio- minutif de fumarium *cheminée», dérivé de furnus
lent, querellew Iv. 13701 et en parlant d’une subs- b 0 fumer>, Cependat on trouve en Normandie
tance enivrante 11377; av. 1590, vin fumeuxl. 11s’em- et dans le centre de la France fumerolle, formé en
ploie par métaphore, comme fuZi@w~~, pour cpeu fknqais comme fumeron (+ 0 fumer), dont il a le
clairn 11777; 1840, poéte fumeux). sens.
FUMTGER 1530 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot designe l’émanation de gaz qui s’échappe l’américain funerul home ou funerul purlor) désigne
d’un volcan ; au sens de <crevasse d’un volcan d’où le local d’une entreprise de pompes funèbres, où
sort de la furnéem, il n’est plus en usage. l’on expose les cadavres embaumés.
FUNÉRARIUM n. m. est COnStruit cv.1970) SUT f-k
FUMIGER v. tr. représente un emprunt nérUes, d’après crémutorium, pour désigner l’éta-
(v. 13001, rare jusqu’au xvwe s. où il est repris blissement où les familles des défunts se réunissent
d’après fumigation, au latin fumigwe afaire de la fu- avant les obsèques.
mée» et terme de médecine, dérivé de fumus
(+ 0 fumer). FUNE STE adj . est un emprunt (v. 13551au latin
funestus 4unèbre~~, «morteln, &nistren, dérivé de
+ Furniger *soumettre à des fwnigationsfi est didw- funus &nérailles~ I+ funérailles).
tique et rare.
4 Funeste, littéraire, conserve les sens du latin : il
F Du verbe ont été dérivés les mots savants FUMI- s’est appliqué & une personne dans le deuil
GATOIRE adj. (15031 et FUMIGATEUR n. m. (18031 Cv.13551,valeur conservée à propos de choses. Re-
<celui qui fumigem puis (1929) «appareil pour fumi- pris au sens de «mortel>) (15641, il se dit (15963 de ce
gationsn. qui évoque des idées de mort, inspire le désespoir.
FUMIGATION n. f. est emprunté (13141 au dérivé Par extension, le mot s’emploie aux sens de aqui
bas latin fumigatio et se dit d’une production de va- porte avec soi le malheurm 11660, une guewe ti-
peurs (pour désinfecter un local; xv” s., pour traiter neste), “qui annonce un malheur)) (1666, présages fu-
certaines maladies, etc.). nesfees); par tiaiblissement de sens 116111, l’adjectif
équivaut à <<mauvais, nuisible, hduence funestel.
FUNAMBULE n. m. est un emprunt (av. 1528) ,En dérivent FUNESTEMENT adv. (16131, mot
au latin tinarnbulus, composé de funis ecorde)}, rare, et FUNESTER v. tr. &Par&e k malheur
sans origine connue, et de ambulare ctmarchern surn (XVI~s., puis 17563, sorti d’usage.
(+ aller).
+ Le mot désigne une personne qui marche sur une FUNICULAIRE adj. et n. m. est dérivé sa-
corde raide et, au figuré I& s.1, une personne qui vamment (1725) du latin funiculus, diminutif de fu-
se tire d’tiaire par son habileté. nis <<corde>>C+ funambule).
b FUNAMBULESQUE adj. 11857), “qui a rapport à + Cet adjectif didactique signSe “qui fonctionne
l’art du funambule)), signSe par figure Nextrava- aux moyens de cordesn (1811, polygone funiculaire).
gants Cl9071; cette valeur peut provenir du titre des Funiculaire est employé couramment cornmenom
Odes funambulesques de Th. de Banville (1857). (1890) par abréviation de chemin de fer (18721, trum-
wuy funiculaire.
FUNÈBRE adj. est un emprunt (XIV~~.) au latin
funebti arelatif aux funéraillesn, dérivé de funus FUR n. m., réfection krve s.1 de fuer Iv. 11303,feur @
(+ funérailles, funeste). (v. 1268; encore déb. xvf s.1, est issu du latin clas-
sique forum amarché B,<(opération faite au march&
4 Funèbre conserve en fiançais le sens de funebti, et en latin médiéval <prix du marché> (744) I+ for].
par exemple dans oraison funèbre ( 1514, pompes
funèbres ( 1835) ; par extension il Sign%e “qui évoque + D’abord dans la locution figurée à nul fur & au-
l’idée de la mort)> (1562 ; des idées funèbres) et “qui cun prixn, le mot se dit jusqu’au XVIII~s. pour NtauxB
se rapporte à la mort>> (1801, lit funèbre <<lit de (v. 1155 ; aussi a1 fuer de aau prix de4 ; l’expression
mortnI. au fur & proportion» apparaît dans la seconde moi-
tié du xrve s. (au tier; 156 1, au fur), précédée par au
feur que & mesure quen (v. 1306), Le mot ne s’utilise
FUNÉRAILLES n. f. pl. est emprunté (XIV~s., aujourd’hui que dans la locution au fw et A mesure
puis 1406) au latin ecclésiastique funerdia (x” sd, «en même temps et proportionnellement, ou suc-
pluriel neutre du bas latin funerulis, adjectif dérivé cessivement)) ~VII~ s.1; du XVII~ s. au XIX~ s., on trouve
du classique funus &.mérailles)~, souvent employé aussi à fur et à mesure, à fur et mesure. Cette lo-
au pluriel collectif funeru, le deuil comprenant plu-
cution pléonastique, où mesure reprend le sens de
sieurs cérémonies; ~US se disait en poésie pour
fur devenu obscur, est entrée dans la langue géné-
~~rnor%~puis ~destrutiion~. Le mot est sans origine
rale vers le milieu du XIX~s., avec l’emploi prépositif
connue.
luu fur et à mesure de...).
+ Funérailles tiensemble des cérémonies pour
rendre les derniers devoirs à un mortn s’emploie FURET n. m. représente l’aboutissement (XIII~s.) 4$
abusivement par extension pour <mise en terre)). d’un latin populaire “futittus<<petit voleur*, dérivé
0 Le mot est utilisé dans le midi de la France (il du latin classique fur «voleurs, mot sans doute em-
n’est attesté par écrit qu’en 1935) de façon exclama- prunté par l’intermédiaire de l’étrusque. L’ancien
tive, pour marquer la déception, le dépit. français avait aussi fuiron (v. 11781, d’un latin popu-
b FUNÉRAIRE adj . est un emprunt (1565) au bas la- laire ofurionem, accusatif de “furie, forme élargie du
tin funerurius, dérivé de funus. De arelatif aux funé- bas latin furo dureh (dérivé de fur), qui a donné
railles>>, on est passé par extension 11807) à arelatif l’ancien provençal furon, l’espagnol huron.
aux tombes, qui commémore les mortsm (ex. : dalle + Comme tiro, furet désigne un mammifère car-
funéraire) ; le mot s’emploie aussi figurément pour nassier, utilisé pour la chasse au lapin, qu’il pour-
&-iste~~ (1866). Au Canada salon funéraire (d’après suit ou fait sortir de son terrier. Par figure Cetdé-
FURET : il court... et il <<vole )>

i-l
furtum furtivus
Mvol “, furtif
<<secret )a
(( ruse secrète b’ I
furtivement

-1 l--
latin populaire ancien français
furo
1~f uret ” “furio fuiron

ancien fraqais
furunculus
~ « tiae secondaire ---- ferongle
de la vigne >a, feroncle
<cgourmand ‘>,

(- furoncle

L-...-+ furonculeux

I-furonculose

“furittus --~
CCpetit voleur » I I
k I
I I I I I
I I t
fureter
I
fureteur
italien I allemand
furetto I Frettchen

néertandais + -I norvégien
fiet ,-* fritte

italien argot
fiugure - - fourguer
ccvendre les
objets volés ba
I
I
fourgue, n-m.
c<receleur 1)

fourgon
cctisonnier >>,
I
I
“furie0 cc ridelle
tt instrument
pour fouiller BB (bâtT) “’
cc voiture à
ridelles “,

tt voiture pour
marchandises »
FUREUR 1532 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tournement du sens étymologique) il se dît d’une FURIE n. f. est un emprunt krve s.) au latin fu&
personne qui cherche partout pour découvrir qqch. qui avait abouti on ancien francais à fuire n. f.
(1636) et d’une personne curieuse; cette valeur (XII” s.l. Furia, surtout au pluriel pour cdélire, égare-
semble procéder du figuré de furetw. + Par analo- ment furieuxD, désigne dans la mythologie chacune
gie avec le comportement du furet, le mot désigne des trois divinités des Enfers CAlecto, Mégère, Tisi-
aussi 11832) un jeu dans lequel les joueurs assis en phone), d’où l’emploi au singulier pour parler
rond se passent rapidement un objet (nommé par d’une femme; le mot dérive de furere (+ fureur).
métonymie le furet), tandis qu’un autre joueur +Furie s’emploie d’abord comme terme de mytho-
placé au milieu du cercle doit deviner qui le dé- logie et par extension s’applique (1549) à une
tient. Ce sens, comme le genre de jeux de société femme que la méchancetk emporte jusqu’à la fu-
qu’il illustre, a V&U au XIX~s. et au début du XX~ siè- reur (cf. mégkre). W~.HQ double fureur (sauf pour
cle.
le sens de *folie4 et se dit kv” s.3 d’une colère via-
b FURETER v. intr., d’abord *chasser le furet>> lente ceenfuriel; le mot a aussi le sens d’aemporte-
(XIV~sd, a pris au ~2s. (15471 la valeur figurée de ment manifesté avec éclat)) (16351 et, à l’époque
*chercher avec curiositén (comme fouiner, de classique 116671, de *passion violente>>. Par exten-
fouine). ~FURETEUR,EUSE netadj., autre dé- sion, il s’emploie 11668) en parlant des choses (la
rivé de furet, a été précédé par la forme fuireteor mer, l’orage), au sens d’ccagitation violente,.
(1285) =Officier de vénerie qui a soin des furets*; il
b FURIEUX, EUSE adj, (v. 12903, emprunt au latin
est sorti d’usage au sens de =Celui qui chasse avec
fu~sus aen délire>>, dérivé de furia, s’emploie au
un furet- (1514, n. m-1. Il se dit pour ~Curieux~, dé-
sens général de aen fureur, plein de furet ; son
rivé alors de fureter, comme nom Il61 1) et est aussi
évolution sémantique est parallèle à celle de futi.
adjectif (1806) ; cf. fouheur. + FURETAGE n. m., dé-
0 Le mot a signifk qen proie à la folie* E14371 mais
rivé de fureter, s’emploie comme terme de chose
n’est plus utilisé en psychiatrie : un fou furieux
(1838; 1811, terme technique des Eaux et Forêts) et
(18531ne se dit plus qu’au figuré. L’idée d’&art>j est
rarement au figuré (1865).
présente dans le sens (av. 15591 d’tiexcité par une
@ voir l?VFLAX Ca,& FURIE), FURONCLE, FlJFUIF.
passion intensen et dans l’usage pour *excessif, ex-
FUREUR n. f. est emprunté (après 950, furor) au traordinaire)>, propre à la langue classique et pré-
latin furor afolie, égarements; selon Cicéron, c’est cieuse CWLI”s.l. Furieux, par un Saiblissement de
un accès qui peut frapper même le sage, alors que sens Ixvxes.1 observé aussi pour fureur*, Sign%e
l’insania (la démence) ne peut l’atteindre. Furor est «plein de fureur, très violentB (1669, en parlant des
le déverbal de furere &tre fow, &tre furieux>). L’ori- éléments). +Le dérivé FURIEUSEMENT adv.
gine de ce verbe est peu claire; on le rapproche du Iv. 13601, comme furieux, a été fort 8 la mode au
grec thorek as’élancer)) et de l’avestique. sens d’cextraordinairementm U?n XVI~s.1, notam-
Uureur, dans ses différents emplois, conserve ment chez les précieux du xwe s. IMolière s’en est
l’idée d’&cart de la raisonm, qu’il partage avec fo- moqué).
lie*, et souvent celle de =violence>>. Il Sign%e FURIQSO adj. et adv. est emprunté (1836) à l’ita-
d’abord <colère folle, sans mesuren, au pluriel lien furioso afurieux, fou% (cf. Orlando futiso PRO-
(1651) <<mouvement de colère extrêmen. Le sens éty- land furieuxs, de 1’Arioste); c’est un terme de mu-
mologique, d’emploi littéraire, de afolie conduisant sique qui signifie “qui a un caractère violent)>, <avec
à la violence, est repris en 1596. Par analogie violence>>. 4 FURIA n. f. est aussi emprunté (1867,
(&cart de la raison4, fureur se dit (1542) du délire Verlaine) à l’italien (utilisé dans des expressions
poétique de l’inspiration. *Outre colère et folie, le comme fwia fruncese), du latin furiu; il se dit d’un
mot évoque dès le xwe s. EV.1265 au pluriel ; av. 1559 emportement enthousiaste.
au singulier) la passion. Le sens s’affaiblit au XVII~s., FURAX adj. inv. (v. 1944 est formé sur furieux et
comme pour furieux et tirieusement, dans avec fu- est un équivalent familier de furieux. La forme du
reur ou fureur de 11689; cf. la fureur du jeu> et plus mot, peut-être sur une sufkation en -w3e, évoque
encore dans la locution verbale 11835) faire fureur plaisamment le latin (mais furax est un dérivé de
<<exciter l’intérêt». En parlant des éléments ( 16401, fururi wolera et signifie woXeur4.
seule l’idée de violence est retenue (la tireur de la
tempête «l’extrême violence4; dans cette accep- FURONCLE n. m. est une réfection d’après le
tion, le mot est sorti d’usage en parlant d’actions, latin (1538) de ferorgie (13721, feroncle (v. 13761, issus
de sentiments. du latin impérial fuwtcuZw. Ce dernier, au sens
wFURIBOND, ONDE adj. est un emprunt Cv.1250, d’kfection de la peaw qu’a gardé le mot français,
furibonde au masculin, puis v. 1355) au latin fwi- vient par analogie de forme du sens «bosse de la
bundus ~délirant, égarén, dérivé de furere. Il s’ap- vigne à l’endroit du boutonu. Il signifie proprement
plique à qui ressent une grande fureur (au sens de apetit volew, parce que la sève de la plante est
@colère>>)et par extension signXe Cl704 «d’une fu- adérobéen Con a le même genre de métaphore avec
rieuse violencen. gourmand n. m.1; c’est probablement un diminutif
de furo, dérivé de fur Nvolew I-+ furet).
Par substitution de terminaison a été formé FURT-
BARD, ARDE adj. %n XIX~ s.1. +Les dérivés formés 4 Le mot continue à s’employer, tant en médecine
au XIX~S.,FURIBONDERIE n.f. 11833,Balzacjet FU- que dans l’usage courant ; la notion s’est précisée
RIBONDEMENT adv. 11871, Goncourt), n’ont pas avec les connaissances, désignant une infection du
vécu. follicule pilo-sébacé, causée par un staphylocoque
0 voir FWRLE et dérivés. (Pasteur, Émile Roux).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1533 FUSER

FFURONCULEUX,EUSE adj* (18341 et FURON- XIII~ s.), est sorti d’usage; par analogie de forme, fu-
CULOSE n. f. (1864) ont été formés à partir du radi- s& a pris diverses acceptions techniques (1680, en
cal de fzwnculus. horlogerie; 1845, en mécanique, etc.) pour les-
quelles fuseau aurait convenu. *Par analogie de
FURTIF, IVE adj. est un emprunt (1370) au la- forme, tiée a pris le sens général de Mprojectile
tin classique furtivus <secret» et en latin impérial propulsé par réaction% ; pour P. Guiraud, il y aurait
«dérob& de furtum =VO~)), dérivé de fur woleur)) alors eu croisement entre fuseau et fuser «fondre,
(3 furet). se répandrez (+ fuser), la valeur de «se répandren
+ L’adjectif signZe d’abord (1370) “propre au vo- se retrouvant dans le sens populaire de fusée ~VO-
leur)), sens sorti d’usage, puis par extension ( 1545) missure~ 116401 où il est dérivé du verbe. *Fusée
“que l’on cache» - comme un voleur ferait d’un lar- désigne donc Iv. 1400) une pièce de feu d’artike;
cin ; Furetière (1690) relève que l’adjectif ne s’utilise par analogie avec le trajet de la fusée et par in-
en ce sens que dans amours fwtives. 0 Par afki- fluence de fuser, fusée sime <<jet de liquide qui
blissement de sens 115491, furtif a pris sa valeur mo- gicle, ; par figure, le mot s’est dit (1760) d’une ma-
derne, aqui se fait à la dérobée>> et “qui cherche à nifestation rapide et éclatante (une fusée de rires).
passer inaperçu)} ; il est littéraire pour qual%er une Une fusée est également ! 17361 une composition fu-
chose qui passe presque inaperçue ( 1775). sante servant $ mettre le feu à un explosif’. 0 Dans
b FURTIVEMENT adv. CV. 1350, au sens ancien de son sens de Nprojectile>), fusée a occupé trois
furtif) a évolué comme l’adjectif. champs désignati& successi&, la pyrotechnie (du
début du xve s. à nos jours), la technique militaire,
FUSAIN n. m. est issu Cv. 1180) d’un latin popu- et em ( 1933 celui, militaire et civil, de la propul-
laire “fusago, à l’accusatif ‘fusaginem, dérivé du la- sion spatiale. Ce dernier sens tend à dominer les
tin classique fusus (+ fuseau, fusée), le bois de fu- autres emplois (d’où lanceur de fusées, fusée à
sain étant utilisé dans l’antiquité pour faire des étages, etc.). Les emplois métaphoriques Ipartrir
fuseaux. comme une fuséel, issus d’autres valeurs, sont au-
jourd’hui rapportés à ce contexte.
+Fusain désigne un arbre originaire du Japon, le
bois de cet arbre et spécialement 11704) le charbon k FUSETTE n. f., dérivé ( 1936) de fusée 4keaw, dé-
fait avec le bois, dont on se sert pour dessiner, Par signe un petit tube sur lequel est enroulé du N ;
métonymie, on nomme fusain 11853) le dessin exé- c’est un mot technique assez rare.
cuté avec un fusain. Le COmpO& FUSÉONAUTIQUE n.f est formé
(v. 1960) d’après astronautique. +RÉTROFUSÉE
l FUSINER v. tr. (1867) #dessiner au fusairw est dé-
n, f., de rétro-, désigne une fusée servant au frei-
rivé de fusin, varhnte de fusain. +On dit FUSI-
nage ou au recul Iv. 19601.
NISTE n. (1867) OUFUSAINISTE n. (1877) POIX dé-
0 voir FUSER (pour Ie second sens.1 et aussi LANCER ILANCE-
signer l’artiste. FWSÉESI.

FUSEAU n. m. est une réfection (xv” s.1 de fui- FUSER v. intr. est d&ivé savamment ( 1544, tr.)
seau Cv. 12681, fusez hf sd, diminutif de l’ancien du latin fusus, participe passé du latin titiere
fknçais fus, issu du latin ~US 4useaw, employé «fondre, coulep (-+ fondre).
surtout au pluriel, et d’origine inconnue. 4 Fuser, terme technique, a signif@ <<faire fondreti
+ Le mot désigne (XII~ s., fuse,!) un instrument en (1544, tr.), ase déliterm (15621,au figuré +e répandres
bois, renflé au milieu et terminé en pointe aux en parlant de personnes Cv.17433; il est employé en
deux extrémités, utilisé pour filer, puis reprend au chimie I Ii’571 et pour Mse répandre en fonda&
latin le fuseau cks Parques hil. xwe s.l. 0 Par ex- 118021, puis par métaphore (1866) pour <(se ré-
tension En xve s.1 il se dît de la forme de cet instru- pandre peu à peu>>. + Sous l’influence de fusée*, le
ment len fuseau; d’oti aussi pantalon-fuseau ou verbe a pris ( 18683le sens de <partir comme une fu-
119411 un fuse&. Par analogie de forme le mot dé- séen, au figuré #retentir de façon soudaine= (1877). Il
signe des objets, des formations naturelles (1566, a eu par ailleurs, toujours d’aprés fusée, le sens po-
“piquant de porc-épicnI, des organismes (1736, pulaire de womir~ (1901).
<genre de mollusques4; il est aussi employé en k FUSANT, ANTE adj. (18451, participe présent de
géométrie 11757, fuseau sphérique) et plus récem- fuser “qui fusen, s’emploie comme terme technique
ment en géographie, dans fuseau horaire (18941, et au figuré. -FUSEMENT n.m. (1845) Kaction de
syntagme devenu usuel avec les voyages en avion. fusem est un terme de chimie.
w FUSELÉ, ÉE adj. est dérive de fusel, fuisel FUSIBLE adj. et n. m. est dérivé savamment
Iv. 1393, fuisel& et signiCe tien forme de fuseau» ; en (v. 1265) de fwwn. Le latin médiéval connaisstit fu-
dérivent FUSELERv.tr.tl838)etFUSELAGE n. m. sibilis “qui peut fondren, altération du latin clas-
(19081, terme d’aviation qui désigne la partie fuse- sique fusilis (qui avait abouti à fusile), dérivé de fu-
lée du corps de l’avion et ne semble pas avoir eu la sum. 0 L’adjectif fusible s’applique à ce qui peut
valeur de substantif d’action. fondre. Le nom désigne (1897) un petit fil d’un al-
0 voir FUSAIN. lwSl%. liage fondant facilement, pour interrompre un cir-
cuit électrique en cas de surtension (familier : les
FUSÉE n. f. est dérivé (12301 de l’ancien fknçais plombs). 0 Fusible s’emploie au figuré en politique
fus, aboutissement du latin fusus 4useau*u, 11990) pour C&lément, personne dont l’élimination
+ Le premier sens du mot, <<quantité de El enroulé peut protéger un système (on peut le faire saute+.
sur un fuseau», d’où par métonymie «fuseau> En + Ont été construits à partir de fusible, FUSIBILITÉ
FUSIL 1534 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

n. f. 116411,INFUSIBLE adj. Cl7601 aqui ne peut être corps liquéfié. Par analogie, le mot s’emploie ( 1690)
fondun, d’où INFUSIBILITÉ n. f. 111691, et SURFU- pour désigner la dissolution d’un corps dans un li-
SIBLE adj. (18721, quide et, par extension, tl signiEe gcombintison de
deux corps= - d’où son emploi récent en physique
FUSIL n. m. est issu Iv. 1244) par les formes fois& (fusion IthemoInucléaire, 19%). Par métaphore, fi&-
fuisil (av. I1051, focil Iv. 11741 d’un latin populaire sion désigne Cl8011 l’union résultant de la combinai-
“focilis <qui produit du feu}) dans “focilti petra son ou de l’interpénétration de choses ou d’êtres,
«pierre à feu)), dérivé du latin classique focus wfeun avec des valeurs spéciales en économie ( 1865, fu-
(+ feu). sioa de soctités) et en linguistique (19431.
b FUSIONNER V. (1802) ne s’utilise qu’au sens fi-
4 Fusil désigne d’abord une pièce d’acier avec la-
quelle on bat un silex pour faire jaillir des étincelles guré, «unir (plusieurs éléments) par fusionn et in-
(sens demeuré dans pieme à fusil), Par analogie, le transitivement (1860) =s’unir par fusion,. + En dé-
rive FUSIONNEMENT n. m. 118613.
mot s’emploie aussi (~III” s.) pour la baguette d’acier
avec laquelle on aiguise les couteaux Cfusil de bou- Le composé SURFUSION n. f. (1856) désigne l’état
cher). Dans les anciennes armes à feu, mous- d’une substance qui demeure à l’état liquide au-
dessous de son point de solidification.
quet, etc., le fusil était (v. 16301 une pièce d’acier
contre laquelle venait kapper un silex. OPar m&
tonymie Iv. 16701, fusil a désigné l’arme à feu qui FUSTANELLE 4 FUTAINE
comportait à l’origine cette pièce. Cet emploi, ap-
pliqué aux armes à feu les plus modernes, a FUSTIGER v. tr. représente un emprunt
concurrencé et parfois éliminé les autres termes Cv.14001, rare avant le XVIII~s., au bas latin titigare
désignant l’arme à feu individuelle à canon long. œfrapper à coups de bâton>>, dérivé du classique fus-
Par métonymie, fus2 s’emploie pour @tireur au fu- tis «bâtonn I-+ fût).
silm (1888). En emploi figuré changer son fusil + En ce sens, et par extension acorriger à coups de
d’épazde, c’est =Changer de projet, d’opinion, etc.m verges%, fustiger est Sorti d’usage. Il ne s’emploie
(1894); un coup de fusil d6signe par métaphore plus qu’au figuré pour acritiquer violemment3
( 1887) une addition très élevée (dans un restau- (av. 18421, et il est alors littérajre.
rant, etc.).
k FUSTIGATION n. f. aaction de fustigep (14111 et
b Le dérivé FUSILIER n. m. a désigné celui qui en- FUSTIGATEUR, TRICE n. (17851, dérivés à partir
flamme comme une pierre à fusil ( 1589) puis a pris du supin du verbe latin, sont des mots Littéraires et
la valeur moderne de <<soldatarmé d’un fusil>>( 1649, rares.
fusilier Ù cheval; 1671, fusilier du roi) ; le mot se dit
aujourd’hui d’une sp&ialité dans la marine mili- * FÛT n. m. est issu IHBO, fi.A du latin chssique o>
taire (fusilier-marin, 1888). fustis *bois coupé *, <<bâton, pieu>), en bas latin ctige,
FUSILLER v. tr. ( 17321 sigr&e cher par une dé- tronc)); fùstis a fourni l’italien fusto “tige, troncs,
charge de coups de fusils~ dans le contexte spécial l’ancien provençal fust <bâton, tonneau, bateaw. La
de l’exécution par les armes à feu (alors que le po- graphie fit n’apparaît qu’au XVII~siècle.
pulaire fringuer, de flingue -arme à few, est de sens
4 Le mot désigne ( 10801 la partie d’un arbre entre le
plus général); l’extension <(tuer (ou tirer sur) qqn
sol et les premiers rameaux et par extension ( 1176)
avec une arme à few rd&. ti s.> est restée rare.
le tronc d’un arbre, d’où arbre de haut f&t. P~I- ana-
Par métaphore, fusiller s’emploie Cl9111 au sens de
logie de forme, fût est employé en architecture
Ndétérîorer, détruiren (fusiller un moteur) et de <dé-
(16801 au sens de «tige d’une colonne, entre la base
penserti (1878). ~DU verbe dérivent FUSILLEUR
et le chapiteau> et en vénerie (17571 cornrm nom de
n. m. 117971 ((celui qui fusilleur d’où par extension
la branche principale du bois d’un cerf. Par ail-
«celui qui donne l’ordre de fusiller> I& s.l. +Un leurs, le mot désigne (1080) un objet en bois, un bâ-
autre dérivé, FUSILLADE n. f. 11771) <décharge de ton, et le bois sur lequel était montée une arme de
coups de fusils5 sign%e par extension flcombat à trait puis une arme à feu (1690, le fut d’uvt fusill, un
coups de fusik, dans le contexte du combat et non outil, un instrument 116801, etc. 0 Spécialement fut
plus de l’exécution. désigne un tonneau 112601,et en particulier au-
Le composé FUSIL-MITRAILLEUR n. m. (1919 ; de jourd’hui un tonneau en tôle d’acier destiné aux
mitrailleur1 désigne une arme militake collective produits pétroliers.
automatique, dans l’infanterie (à côté de pistolet-
mitrailleur, individuell: il est couramment abrégé w FUTAIE n. f. 1x1~~s.), refection de fustoie, fustaye
en F. M. h. m.). (déb. XIII~s.1,se dit d’un groupe d’arbres de haut fût
et, par extension, d’une forêt d’arbres élevés kw” s.,
haute futaie) : le mot désigne spécialement (1865)
FUSION n.f. représente un emprunt (1578; des arbres issus de semences et destinés à at-
1547, en attestation isolée au sens latin) au latin teindre un plein développement avmt d’être ex-
classique fusil aaction de répandren (qui a abouti à ploités, +FUTAILLE n. f., d’abord fustaille cmor-
foison*) et en bas latin <<fonte des métaux,, dérivé ceaux, objets de bois» (fin XII~s.1 et aussi waisselle
du supin CWWTIde fundere (+ fondre). en boisn (XIVes.1, sens disparus, désigne (xv” s.)
+ Fusiopt, substantif verbal de fondre, se dit du pas- d’après un sens spécialisé de fût Ici-dessus) un réci-
sage d’un corps solide à l’état liquide sous l’action pient en forme de tonneau et s’emploie comme
de la chaleur et, par métonymie, de l’état d’un nom collectif 11857). + Les composés ENFUTAIL-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1535 FUTUR

LER v. tr. (17221, de futaik, et ENFÛTER V. tr. L’évolution sémantique se serait faite & partir du
(v. 12851, de fit, siment <mettre en fût, (d’où EN- vocabulaire rural.
FOTAGE n. m., 1870). + fite s’applique à une personne pleine de tiesse,
AFFÛTER v. est construit à partir de fût «piéce de comme quelqu’un qui, à force d’expérience, a ap-
boiw. S’afuster Efïn XII~ s-1 a signifié “s’appuyer, se pris à esquiver les coups, à éviter les pièges. 11équi-
mettre en positions ; il n’est plus utilisé au sens de vaut à malin, rusé en français moderne, où il est de-
<<seposter derrière un arbreb et est vieilli pour venu familier, notamment au négatif lil n’est pas
echasser à l’af%t~ ~VI” s. ; v. 1354, s’afuster). Afûter très futé), aussi abrégé et redoublé en fut-fut.
reste un terme technique au sens d’ailleurs ancien
( 14113 de amettre en batterie=. 0 Le verbe a eu le
FUTILE adj. a été emprunté (xv” s.) au latin futi-
sens de <<mettre en état de sewirn (XII~s.1et d’eajus-
lis “qui laisse échapper ce qu’il contient- (en par-
ter un outils (15641, d’où est venu par extension
lant d’un vase), d’où au figuré <<dépourvu de fond,
( 1680) celui d’4guîser un outil tranchant», seul
de sérieux> ; futilis se rattache à une racine indoeu-
sens très vivant en franqais contemporain, comme
ropéenne ‘g!wu- <<fairecoulep (cf. fondre).
dans affiitage, afEteur, ai%toir. Au figuré, en sports
119061,il signifie apréparer soigneusement (un che- 4 C’est le sens figuré du latin qui a été retenu en
val) pour une coursen. +Le déverbal AFFÛT n. m. tiancais moderne ~V”S.), le mot s’appliquant par
désigne (1448, affeul) le support de divers appareils extension à une personne qui s’occupe de choses
et spécialement (1458) le bâti d’un canon. Il est sans importance (17573.FutiEe s’était aussi employé
resté courant dans le vocabulaire de la chasse au sens propre du latin 114881, rapidement sorti
116381 aux sens de «poste pour attendre le gibier>> et d’usage. Il se dit au sens moderne de choses (ac-
par métonymie amoment où l’on guette le gibiern. tions, propos) supeticielles et vaines.
La locution à l’titit <en train de guetter sa proie>> ,En dérive FUTILEMENT adO 17691.
(1671) s’emploie au figuré. 6 AFFÛTAGE n. m. FUTILITÉ n. f. (xvrcs., futileté), emprunt au dérivé
(1421, ahtaige cmise en batterie4 caction de dispo- latin futilitas <<caractère de ce qui est futilen, Sign%e
sern dans des emplois techniques, a désigné par achose futile)> et ( 16901 ccaractère de ce qui est fu-
métonymie E16801 l’assortiment des outils néces- tile)).
saires & une technique. Aujourd’hui afitage signb
fie (1752) aaction d’aBûter, d’aiguiseru. + AFFÛ-
TEUR, EUSE n. ti XV”~., Mcelui qui pointe un FUTON II. III., emprunt au japonais, est attesté
canon4 est sorti d’usage au sens 117001 de <chas- en 1917 dans un texte d’Alexandra David-Neel.
seur à I’aEût~ et s’emploie dans le domaine tech- + D’abord terme de voyageur, le mot, qui désigne
nique (18971 pour désigner la personne qui aEûte un matelas mince, souple et pliable, s’est dîfksé en
les outils (aussi AFFÛTEUSE n. f., v. 1920, nom de tiancais après 1980, quand les futons furent com-
maChine). 0 AFFÛTEUR n. m. alime pour redres- mercialisés en Occident sous ce nom.
ser les scies= a remplacé AFFÛTOIR n. m. (1890).
AFFÛTIAUX n. m. pl. (16801, de aliter disposerti, FUTUR, URE adj. et n, m. représente un em-
mais démotivé, ne s’utilise que régionalement pour prunt (12 19) au latin futUrus adj. & vem et n. uave-
aobjets, outilw II se dît familièrement par exten- nirj), participe futur de esse “être*», et qui repose,
sion pour <petits objets de paruren. comme le parfait fui =je fus», sur une racine indoeu-
+’ voir FUSTIGER. ropéenne %heW, bhti- (<croEtren.
+ Futur a le sens de mqui sera, arriveran 112191;dans
FUTAINE n. f. est une fkancisation (XII~s., fus-
la langue religieuse, la vie future hme s.1 se dit de
tain& 1234,fustane) du latin médiéval fusteanum
celle qui doit succéder à la vie terrestre. Spéciale-
(1103- 11131,
littéralement =tissu d’arbre». Le terme,
ment, l’adjectif s’emploie (1651) pour “qui sera teb
dérivé du latin classique fiLsUs abois d’arbre», re-
(sa future épouse, d’oti substantivement son futur,
présente sans doute un calque du grec @iraa
sa future1, *Dès le XIII~s. (1275-12801, l’adjectii est
4tissul venant de l’arbre>> (de xulon -bois))), c’est-à-
substantivé ne futur) pour 4avenirn. La répartition
dire &su de coton>>.
des emplois entre avenir et futur a été motiée à
+ Futaine désignait un tissu croisé (chaîne en Cl et partir des années 1960 au bénéfice du second, sous
trame en coton). l’iniluence de l’anglais future, lui-même objet d’un
b FUSTANELLE n. f, ( 1844 ; 1834, foustanelle), tiré emprunt dans l’expression no future “pas d’avenir*.
du latin médiéval fustana, est le nom d’un court ju- Cette mode a inspiré des composés, tel Futuro-
pon masculin, faisant partie du costume national scope, nom d’un parc d’attractions. 0 Le terme de
grec. grammaire futur n. m. krv” s.) désigne le système
des formes verbales qui situe l’énoncé dans un mo-
FUTÉ, ÉE adj. représente (1645) le participe ment après l’instant présent.
passé de l’ancien verbe se fuster «échapper au b FUTURISTE adj. (1892, adj. ; 1896, dans littérature
chasseur, éviter les fletss (av. 162 11, d’origine incer- futuriste) est un emprunt à l’anglais futurist 4oumé
taine. Il pourrait venir de fuster abattre)> Iv. 11741, vers l’avenir» (18481, puis à l’italien futurista (19091
«tromper» (XIII~s.), dérivé de &st (+fGt), ou re- au sens de <<partisan du futurisme>>; le mot s’ap-
prendre un latin tardif “fustare «bâtonner>>, doublet plique aussi couramment (mil. mes.1 à ce qui
du bas latin fustigare I---Pfustiger). On y a vu aussi un évoque les étapes futures de l’évolution de l’huma-
dérivé d’une forme dialectale (Ouest1 de fuite*. nité; il est abs tiré du hnçais futur. +FuTU-
FUTUR 1536 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

RISME n. m. représente (19091 une adaptation de des recherches prospectives sur le futurm. Il a eu
l’italien futurisme de futuro 4utur)) (du latin futurus) ; son heure de succès.
le mot a été créé pour désigner la doctrine esthé- FUTUROLOGIE n. f. h. 19681, composé avec -(o)Eo-
tique formulée par le poète Marinetti, exaltant tout gk, désigne l’ensemble des recherches prospec-
ce qui dans le présent préfigure le monde futur. tives concernant l’&olution future de l’humanité;
FUTURIBLE n. et adj .11966), formé anormalement en dérivent FUTUROLOGIQUE adj. (v. 19681 et FU-
sur le modèle de possible, signif?e “qui s’adonne à TUROLOGUE n. 11968).
G
GABARDINE n. f. représenterait un emprunt sonne, gabarit équivaut à *taille, stature» ( 1909 ; par
( 1925) à l’anglais gubardiw ( 1904) ou a l’espagnol métonymie un petit, un grand gubufit).
gubardina (dès 1423, *espèce de justaucorps>>), ce b @ GABARIER v. tr. 11764; 1680, gubutier) et son
dernier étant probablement issu d’un croisement dérivé GABARIAGE n. m. (1845 ; 1829, en marine)
de gabun Mpaletot>B(3 caban) avec tavardinu, tabar- sont des termes techniques.
dinu, diminutif de tubardo ((manteaua, lui-même
repris à l’ancien lançais tubart, d’origine incer- GABARE ou GABARRE n.f. est un em-
taine. Le mot existait en moyen français sous les prunt (1338) à l’ancien provençal gubaru -bateau
formes guverdine ( 14821, guvardine ( 14911 aman- plat à voiles et à rames» (sous la même forme en ca-
teau, cape*, emprunté à l’espagnol ou peut-être au talan, en espagnol et en portugais) qui serait em-
moyen haut allemand Wulle~ati cpèlerinage)}. prunté au grec hurubos abateau de chargen, mot
Quant à l’anglais, relevé dès 1520 Iguwburdine, ga- bien attesté dans la marine byzantine et qui a pu
berdinel au sens de <manteau)), il reprend le moyen donner par altération une forme ‘guburos. C’est un
fiançais. Cependant P. Guiraud rappelle l’exis- sens métaphorique, apparu assez tardivement,
tence de gulbe adevant d’un pourpoint, pourpoints pour le grec classique kwubos &ngousten. Le mot
(16111, de galbe ou garbe “qui moule le corps2 ayant été d’abord répandu dans la région de la Ga-
(4 galbe) et suppose une dérivation. ronne, guburru pourrait aussi être un emprunt au
+ Gabardine désigne un tissu d’armure façonnée basque Izuburru, issu par métathèse du latin curu-
et, par métonymie 09321, un manteau de pluie en bus *barque recouverte de peaux= I+ caravelle), qui
gabardine. reprend le grec. P. Guiraud voit dans @barre une
forme substantivée du latin gubburus ({grossier)>, la
GABARIT n. m. est un emprunt (1643, guburi3, gabarre étant une embarcation plate servant au
d’abord comme terme de marine, au provençal gu- transport des marchandises (donc une nef gros-
butit <modèle d’un bateau à construiren, altération sière).
par croisement avec gubuwu C+ gabarre), de gurbi b @ GABARlRlIER n. m. (1478) <<patron ou matelot
*grâce, gentillesse>>, d’où abelle forme)> puis c<rno- sur une gabarre>p n’est plus en usage.
dèle#. Gurbi est issu d’un gotique ‘gurwi “prépara-
tionn (cf. moyen néerlmdtis gerwen <<mettre en GABEGIE n. f. serait un dérivé (v. 17901 du radi-
ordre)>, ancien haut allemand gwuwi apréparation* cal de guber (+ gaber), mais l’élément -egie reste
et allemand gerben <<préparer [le cuirl%), dérivé de obscur. Pour Bloch et Wartburg, une influence de
‘garçon arrangera. Mais pour P. Guiraud, gabarit tabagie est possible ; pour P. Guiraud, on peut rap-
est de la famille de galbe, gurbe, et composé de gur- procher gabegie de fiomegk (ancêtre de l’argo-
bit participe passé, variante de gurbé, et d’amer tique fromgi &omage*), les deux mots étant dans la
<disposer>> (d’où une composition possible en même aire (le Nord-Est), 0-U -ie représente -iee;
garb t ati : aensemble de barres galbées>>). l’hypothèse suppose un ‘gabuge sur lequel aurait
4 Gabarit conserve le sens du mot provençal; par été formé gubugiée aensemble de tromperiesn.
analogie il désigne, dans divers corps de métier, un + Au sens de «tromperie, fraude» (gubgk, 1807;
modèle pour construire et, par extension (18771, mais certainement antérieur), gube@ est sorti
pour vétier des dimensions, des formes. Par mé- d’usage. Le mot désise aujourd’hui un désordre
tonymie, gubutit a pris 11872) le sens de <<forme et issu d’une mauvaise administration, valeur inko-
dimension déterminée d’avance>, d’oti par exten- duite vers Ii’90 et qui se rattache à des sens dîalec-
sion celui de aforrne typen. 0 À propos d’une per- taux kf. normand gubiller agaspiller, gâteru).
GABELLE 1538 DICTIONNAIRE HISTORIQtTE

GABELLE n. f. représente un emprunt (1267, Q GÂCHE n. f., réfection (1489, gaschd de @)


gabeie) à l’italien gubella qui désignait des impôts guiche (12943 et mot d’aire gallo-romane, représen-
sur toutes sortes de denrées Idéb. XIV~s.; cf. le latin terait le tiancique ‘gaspiu «boucle, crochetm, re-
médiéval de Sicile gabella, 11291, probablement constitué d’après le moyen néerlandais gespe, gesp
emprunté par l’Andalousie à l’arabe qubüla, dé- de même sens. P. Guiraud propose cependant de
signant un impôt. le rattacher au bas latin vuscus cobliquen.
4 GubeUe a désigné une taxe sur des produits di- 4 Gûche, autrefois acrampon”, désigne (14891 une
vers (drap, vin, sel, etc.), sens archaïque dès le pièce de métal munie d’une ouverture dans la-
XVII~s.; le mot s’est spécialisé ( 1342) au sens d’kn- quelle peut s’engager le pêne d’une serrure.
pôt indirect sur la vente du selm, monopole d’État; k GÂCHETTE n. f., réfection (1676 ; 1611, gascheties
par métonymie, la gabelle a désigné le grenier où en médecine) de glachetie (14781, se dit d’une tige
l’on entreposait le sel ( 133 1) et l’administration métallique à encoches où pénètrent les saillies de
chargée de recevoir l’impût (1652). la queue du @ne. oPar analogie, le mot désime
k GABELOU n. m. 115851, forme dialectale (Ouest) (17621 dans une arme à feu la pièce qui immobilise
de gubeleur 115481, désignait un commis de la ga- le percuteur puis, par une extension critiquée
belle. Par extension, il a désigné un employé de (XIX~s.), la détente de l’arme (dans appuyer SU la
l’octroi et, aujourd’hui péjorativement, un employé &Mette) et, par métonymie, le tireur lui-même
de la Douane ( 1807). lune i%e gichetiel.

GABER v. tr. représenterait (1080) l’ancien scan- @ GÂCHE -, GÂCHER


dinave gubbu araillep, proprement couvrir grand
la bouchem, de même que l’ancien substantifgub re- GÂCHER v. tr. est une réfection graphique 9)
prenait gabbu araillerie- Icf italien gubbure, portu- kvne s.l de guscher (xv” s.), guschkr 112601, issu du
gais gubar Mvanter+. P. Guiraud y voit plut&, le mot francique “wuskôn alaver, détremper, restitué
étant panroman, une formation onomatopéique à d’après l’ancien haut allemand wuscun et le moyen
partir de la base méditerranéenne indoeuro- néerlandais wasschert (cf. allemand wuschen, an-
péenne ‘guba Kgorgen (cf, la base gobb- <<enflé,gon- glais to wa&~l. P. Guiraud suggke pour origine un
flé, qu’on retrouve dans gober). gallo-roman “vaslcure {(touiller comme le raisin
+ Gaber flplaisanter, railler&, vivant en ancien fran- dans la cuve%, dérivé de vus *vases I-+ 0 vase;
çais, archaïque à partir du xv” s. et sorti d’usage au cf. italien vasca acuve du pressoti).
XVII~ s., avait été repris au XIX~ s. par plusieurs écri- + C&her a signi% cremuer dans l’eau, laver som-
Vains. mairement* (d’abord, le poisson pour le dessaler),
k Le dérivé GABEUR na m. (*moqueur=, v. 1160) a d’où vient Idéb. XIV~s.1@cher du mortier, du plâtre
été repris lui aussi au XIX~~. comme terme du <le délayera. 0 De ce sens, évoquant comme le pre-
moyen âge. mier un travail rapide et parfois sommaire, sont
0 voir GABEGIE. probablement issus les sens figurés edonner sa
marchandise trop bon marchés 11741) puis afaire un
GABIER n. m. est un dérivé (16781 de l’ancien travail sans soin» ( 1808 ; cf. bousillera et, par figure,
gubie n. f. <hune, ( 14801, emprunt au provençal gu- -manquer qqch. faute d’en tirer profitn 11872).
biu flcagen Ilre moitié xrve s.1et par extension terme b 0 GÂCHE n. f., d’abord (1376, guichd «razneM
de marine, issu du latin cavea acagen. (avec laquelle on remue l’eau), se dit (16363 de l’ou-
+ Gukr désigne dans la marine à voile le matelot til avec lequel on gâche le plâtre. Les autres dérivés
chargé de l’entretien et de la manœuvre du grée- de gûcher s’utilisent au propre et au figuré. + GÂ-
ment. CHAGE n. m. signi-fie <<action de gâchep (1807 au
propre, 1890 au figuré). + GÂCHEUR n. m. (1292,
GABION n. m. est emprunté (1525, Bloch et guscheeur) désigne un ouvrier qui gâche le
Wtiburg; puis 15431 à l’italien g&btim, terme de plâtre, etc. et GÂCHEUR, EUSE n. une personne
fortikation depuis le début du XV~~s., augmentatif qui bâcle un travail (18081 ou gaspille (1846). + GÂ-
de gubbiu ticage*, du latin cuvea (+ cage). CHIS n. m. désigne d’abord (guschis, 15641 de l’eau
jetée par mégarde, puis (16 113une éclaboussure. Le
4 Gubion désigne un cylindre clayonné, qu’on rem-
sens technique <action de délayer de la chaux»
plit de terre pour servir de protection ; en termes
0 vient du sens correspondant du ve&e (1636) d’où
de chasse Km me s.1, c’est un abri pour les chas-
(1660) le sens moderne *mortier de chauxm. 0 Le
seurs de gibier d’eau. mot a pris les valeurs figurées du verbe 11775, <<si-
k SU~ le dérivé GABIONNER v. tr. (1540) sont tuation confusen).
construits GABIONNAGE n. m. (1832) et GABION-
NEUR n. m. (xd $1. GADGET n. m. est un emprunt (‘944, chez
Sartre; répandu v. 1965) à l’anglais des Etats-Unis.
GABLE ou GÂBLE n. m. est issu h. 1200) du Le mot anglais (Y. 1850) est argotique et d’origine
bas latin gubulum, altération du latin classique gu- obscure; il est peut-être à rapprocher du français
bulus <gibet, potence*, d’origine celtique (cf. ancien gûchet~e appliqué à des mécanismes, ou du dialec-
irlandais gabul, breton g& afourchea). tal gugée &Petit outil, petit accessoire> ; il a pris vers
+Terme d’architecture, guHe désigne un pignon 1915 le sens de «bibelot, objet amusant sans utilité, ;
décoratif aigu, notamment dans l’art gothique. la famille du mot s’est développée sur l’idée d’ain-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1539 GAGE

gétieux mécanisme~~ et non sur celle d’ccobjet plai- double acception de gafle aperche pour passer un
sa&. guéri et emaladresse du piéton qui patauge dans la
4 En tiançais, gadget signifie ccobjet ingénieux, amu- boue du gu&
sant et nouveau* (souvent sans utilité) et, par ex- 4 Une guft’e est une perche servant a manoeuvrer
tension, aidée ingénieuse mais dont le sérieux est une embarcation. 0 Le sens de lcmaladressem (1872)
contestable-; dans ces deux valeurs le mot s’em- s’est développé en tiançais ou vient du provençal
ploie comme élément de composés Iuppareil-gad- guf
get, culture-gadget, etc.). b Le dérivé GAFFER v. si&e «accrocher avec une
F Gadget a donné en français les dérivés GADGÉ- gtie>j Ctr., 16871et, d’après le sens correspondant
TISER v.tr. (19701 (d’où GADGÉTISATION n. f, de gu#e, acommettre une maladresse)) (intr., 1883).
19681,GADGETTERIE n. f. (19791, familier, Gaffer, d’abord en argot (1829, guferl, Sign%e aussi
wn-veiller-, aguetterm II8371 et xregarder attentive-
GADIN n. m. est connu d’abord El9141 dans I’ar- mentm (1879,tr. ; 1901,intr.1; il s’agirait d’une méta-
got des aviateurs au sens de achute- (d’une per- phore sur *accrocher Idu regard)». +De ce sens
sonnel. D’origine obscure, ce mot vient peut-être vient le déverbal 0 GAFFE n. f. dans faire gaiXe
de gadin &te, vieux chapeau* ( 18673,d’où COUP ((faire attention)) ( 1926) et un gaffe, en argot agar-
sur la tête*, directement ou par le sens dérivé de dien, surveillant de prisonn (*qui gaffenI. On relève
ajeu de bouchonm (18671, le jeu consistant à faire isolément gaiTre NsergentB I:1455) puis rester en
tomber un bouchon assimilé à une tête. Il y a peut- g&e <<fairela sentinellen (17981, et on a rapproché
être eu influence du radical de gadoue kf. faire ga- gaffe, gufer de ce guffre qui serait emprunté à l’al-
din-gadouille «tomber de cheval>, 1915); la forme lemand Gaffer abadaud>>, du moyen haut allemand
lyonnaise gadin +xiUou~ ainsi que la varia&e @lin. kupfea, guflen <(regarder bouche bée)}, ou dérivé di-
(Est, Sud-Est) et l’ancien normanno-picard gaZ rectement de gaflen.
ccaillow (+ galet) suggèrent au départ le radical GAFFEUR, EUSE n. (18861désime une personne
cal (+ cailloul; cf. cuillou &tem. maladroite qui ftit des gaffes.

GAG n. m. est emprunté (1922) à l’anglais gag,


GADOUE n. f., mot apparu au XVI~s. (15611,est
mot ancien 115531,qui a au xrxe s. le sens d’&istoire
d’origine obscure; P. Guiraud le rapproche de son
drôle» (18051,puis de apartie d’un dialogue improvi-
doublet g&ouiUe, dérivé de gack *bouefi (d’un
sée par un actes> et en anglo-américain d’«objet
gallo-roman “vadita, issu de vudum agué, ou d’un
de risée, de raillerien (1840). Le sens cinématogra-
kncique owa& ; + gué); il suggère un croisement
phique est né aux États-Unis vers 1920, où gag a la
de gudoui2le avec doue *fosséD (3 douve) ou <<canal
valeur générale de Kremarque drôle~~.
pour l’écoulement des eaux, (du latin dux, ducis;
+ duc, dans aqueduc), le composé désignant la 4 Gug désigne d’abord en français un effet comique
boue des fossés. visuel rapide (au cinéma, à la télévision) puis s’uti-
lise dans d’autres domaines; il s’est répandu après
+ Q&ue désigne un mélange de matières fécales
1945.Par analogie, il s’emploie pour une situation
et d’immondices autrefois employé comme engrais burlesque de la vie rkelle (1939, Montherlantl.
et, par extension (xx” s.1, une terre détrempée.
Q Par figure, gadoue s’est dit pour <<femme mal- k Le français a aussi emprunté le composé GAG-
propreB, c<prosWuéem Il8671 et, comme merde, mer- MAN n. m. ( 1922 ; de mari ahomme «auteur de
dier, désigne une situation désastreuse (xx” S.I. gags>>,

GAGA n. et adj. est une formation onomato-


GAÉLIQUE adj. et n. m. attesté isolément au péique 11879)faite à l’imitation du bredouillement
XVII~s. sous la forme guidehch (16 141, repris au
des personnes retombées en enfance; le rappro-
d s. (18281, est emprunté à l’anglais gaek, chement avec la première syllabe de gbteux s’im-
d’abord appliqué aux Celtes d’Écosse Il596, adj.) et pose, gaga en ayant le sens. Par extension, le mot
désipant ensuite les dialectes celtiques d’Irlande équivaut à knbécilee 11916, Barbusse).
et d’Ecosse 11775, n.). Gaelk dkive de GM, nom
des peuples celtiques, altération de l’ancien écos- * GAGE n. m. est issu (XII~s.1, par l’intermé-
sais Guid-heal. diaire des formes gwage Cv.11301, guuge Iv. 1135,
+ Le français emprunte ces mêmes emplois (1828, mettre guage <<en jeu4 de l’ancien tiancique
adj.; 1865, n. m.1. On a dit auparavant galique “wtidi, restitué par le gotique wtii “gagen et I’an-
h761), gukkque* 11804). cien haut allemand wetti (cf. allemand Wetie aga-
geure4; le mot est attesté en bas latin Iwadlum,
0 GAFFE n. f. est un emprunt (1393; puis 1455) à 6433.Du français viennent l’italien guggio, l’espa-
l’ancien provençal guf n. m. (provençal moderne gnol et le portugais gage. P. Guiraud voit dans gage
gafo n. f.1, dérivé de gafur (XIII~s-1. Selon Bloch et un déverbal de gager, croisement du germanique
Wartburg, gaffer viendrait du provenqal gufar ‘waddi avec un latin populaire “vudicure ou “vu-
(verbe identique en espagnol et en portugais) qui diare, d’après le latin classique vota«cautionn, vador
représenterait un gotique ‘gaffôn t4aisirm par l’in- «assigner en justice (en faisant donner une cau-
termédiaire d’un latin médiéval gaffare; pour tion)*. Les deux origines ont pu se croiser.
P. Guiraud, les sens en ancien provençal du verbe + Guge, couramment et en droit, a le sens de <dépôt
gctfw *passer à guém et =pataugw)) expliquent la fa& à titre de garant& Cmetie gqch. en gage, pr&er
GAGNER 1540 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

surgugesl; il est concurrencé par caution, gc&ranti. résistance> (1560 ; aujourd’hui archtiquel, me1
Par metaphore, guge équivaut (déb. XV~s.1 à pro- r;19nde vitesse (1762, au propre et au figurkl, @mer
messe ou à preuve, selon que la garantie porte sur du terrain sur qqn (1646) et, par ellipse, gagner SUI
l’avenir, ou sur le présent et le passé. Par malogie qqn, sur qqch. 11559, intr.) as’étendre aux dépens
f 15381, dans les jeux de société, guge désigne un ob- deqqn,qqch. ». 0 De l’idée d’aobtenirj, on est passé
jet que le joueur dépose à chaque fois qu’il se à celle d’<atteindren, dans di%rents emplois; ga-
trompe. Par extension (16941, il se dit de ce qti est m signifie fiagir sur qqns, en parlant du sommeil,
laissé entre les mains d’un tiers, en cas de contesta- de la faim, etc. ( 1256, isolément ; puis 15871, aat-
tion entre deux personnes, pour 6tre remis à celle teindre en se dépl%antD (1548, gagner le haut ns’en-
qui aura gain de cause. ~Employé au pluriel, fui?; on dit encore gagner le lm, 1862). 0 Une
gages a désigné très tôt Iv. 11551une rétribution et, extension du sens de <<remporter, dans une rivalités
spécialement, le salake d’un domestique (au- Cci-dessus), par calque de l’expression anglaise to
jourd’hui, en parlant du passé) ; de là vient la lo- tin the war, est apparue en 1918, souvent attribuée
cution êW aux gages de qqn t6n XVII~s.l. La lo- à Lloyd George (par ex. dans Proust, le Temps re-
cution B @ges “payé pour remplir tel rôle* ( 17131 hr>uvé : agagner lu @erre, selon la forte expression
s’emploie surtout aujourd’hui dans tueur ii ms. de M. Lloyd Georges).
bGAGISTE n. m. «homme qui reçoit des gages, F Le dérivé GAENABLE adj., d’abord wzultivablen
sans être domestiques 11680; 1666, auteur gugiste) Cv.1150, guu@uble), aujourd’hui aqui peut être ga-
ne s’est conservé qu’en droit (18901 au sens de ccper- gnéB, est d’emploi rare, contrairement à son anto-
sonne dont la créance est garantie par un gagen. nyme ingugnable (1773). + GAGNAGE n. m.
-GAGER v. tr. Iv. 1080, @u@er) vient de gage, du (v. 1155, guuainuge) sime d’abord <produit de la
francique Owadjure, ou d’un verbe roman wudkzr~ terren, puis 4erre de labow Cv.11601, apâturagem
(776). Wl ne s’emploie plus au sens de «déposer 115651, sens qui s’est maintenu régionalement (dans
qqch. comme gage dans une contestation- Ipre- l’est de la France). * GAGNANT, ANTE adj. et n.
mier emploi) ni de “payer par des gagess @rnxrve s., (1226, bien guugnant Gndustrieuxm) désigne une
gugkr). Guger se dit pour <parien (fin XX? s. ; v. 1200, personne qui gagne qqch. (16601, spécialement en
soi gag& <parier4 et, par Wblissement de sens sports U8871. Comme adjectif (17981, il se dit de ce
hil. xP s., gugier quel, pour exprimer un simple qui fait gagner qqch. + GAGNEUR, EUSE n. et adj.,
avis Ism rien engager); il sime aussi en écono- en ancien français acultivatew cv. 1174-I 178, gui-
mie Il8721 Ggwdir par un gageH. +GAGEURE neor), désigne une personne qui fait un profit
n. f., dérivé de gager avec le sufke -ure, s’est utilisé EV.1160, guuigneorl et si@e avainqueurm (1645-
ti XII” s., faire wugeurel en droit au sens de apro- 1648). dh mgot, GAGNEUSE n. f. désigne une
messe réciproque de payer le gage convenu si on prostituée qui rapporte beaucoup 11873). 0 Au-
perd un paria (d’où soutenir la gageure, 1678) et par jourd’hui, sous l’influence de l’anglais tinter, g&
métonymie pour la chose gag6e (1636 ; XIII~ s., wa- gneur désigne une personne combative, qui
gour, emploi isolé) ; par extension Il 6841 le mot dé- cherche à réussir, à dominer. + GAIN n. m., déver-
signe une action, une opinion, etc. dont le caractère bal de gugmr, désigne ce qu’on gagne, le profit
de diWulté fait penser à une espèce de pari; il (v. 1145) et le fait de vaincre (1539, dans gain de
tend à être remplacé par défi, sinon par challenge. cause). En ancien kançais, gain si@& aussi
La graphie a suscité une prononciation erronée, “époque de la récoltem t-t regain), d’apr&s le sens
en-cure. originel de gagrw. -À partir de gagner ont étk
@ voir &GAGE% ENGAI;ER. composés quelques noms : GAGNE-PAIN
n. m. inv. 11292, gaa@ze pain), d’abord <ouvrier qui
+k GAGNER v. tr., réfection graphique Ixv~” s.) reçoit un petit salairem, désigne (15081 ce qui per-
de gaigner unu” s.1, guuignkr Iv. 11351, est issu du met de gagner sa vie. + GAGNE-PETIT n. iw.,
francique “waidanjan, sans doute à l’origine ase d’abord <rémouleur ambulantp Il 5971, aujourd’hui
procurer de la noumiture, faire paître le bétail,, flpersonne qui a un métier peu rémunérateurs,
sens conservé par le dérivé allemand Weide @tu- (16401, a remplacé GAGNE-DENIER n. m. inv. de
rages et, en français, dans l’emploi régional de gu- même sens (1376, guignedenier), lui-même em-
gnage I&dessousJ, de BU@~ <brouter> en vénerie ployé à la place de gagne-pain (voir plus haut).
et ccultivep (11551, les pâturages étant labourés au REGAGNER v. tr., c’est <obtenir de nouveau>
moyen âge par le système de l’assolement Cetpen- (1549 ; v. 1175, reguai$nkrJ et erevenir à un endroitm
dant longtemps dans l’Est). 11559). -0 REGAIN n, m. (1666, reguuin de jeu-
+ Gugner a rapidement pris le sens général de nesse) en a été tiré sous l’influence de guin.
as’assurer un profit matériel>> par un travail cv.1135) @ voir Q REGAIN.
ou par le jeu, par un hasard favorable ( 1remoitié
xme s.l. Par extension le verbe sime w~@rir un GAI, GAIE adj. est peut-être emprunté
avantage non matérieln, d’où CobteniT par le mé- (2 demoitié XI~s.1 à l’ancien prover@ gui, terme
riteN et aavoir les dispositions favorables de (qqn)= employé par les troubadours et que l’on considère
(12694278, gaaigwr un ami). +Parallèlement, gu- en général comme germanique, issu du gotique
g~~r s’emploie pour <obtenir, remportep dans me Og&& &npétueuxB ou plus vraisemblablement de
fiv&té IV. 1135), au jeu Iv. 12231, dans un procès l’antien haut allemand gak” (même sen~l, ce qui
(12831, et à Yépoque classique pour *obtenir la main explique la forme iui au XIII~siècle. P. Gdmud
d’une femnm> (1636); de là viennent les 1oCUtiOnS constate que l’idée de <liber& est plus forte dans
gagner qqch. SUTqq <obtenir en triomphant de sa beaucoup d’emplois anciens que celle d’aimpétuo-
GAINE

r 3@Aincr
(xllres.)
- dégaine
(XVIes.)

- *wagina- pifie engainer rengainer rengaine


(XIVes.) (XVPs.) XVIF s.)

t
~iMi4Y
(XIIIe s.)

gainer gainage
(XVIIIe 5.) (xx” s.)

invagination

vagine
(1611)
(t fourreau d’épée II

vaginal
vagin
(XW s.) vaginite
L vaginisme
espagnol
GAILLARD 1542 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sité* kf, en termes de blason cheval gai asans bride F GAILLARDEMENT adv., autrefois <<avec zèle=,
ni harnaisp, avoir Z’outi g& <entendre facilement4 Navet courage et décisionB ClOSO), ne Sign%e plus
et, sans rejeter un croisement avec le gotique, voit que <<avec entrain 115961. +GAILLARDISE n. f.
aussi à l’origine de gui le latin VU~ <errant* et (av. 1514, @et&>) est d’emploi vieilli aux sens de
amobilen (en parlant du sable) et au figur6 4ibreB (à <<gaieté un peu librep (16361 et, d’après un sens spé-
propos des mœurs, du style1 (+ vague) ; il relève cial de gaillard, de acomportement libertinu.
également que la terminologie (occitane) des trou- - GAILLARDE n. f. 11548) désignait une danse, en
badours est entièrement latine. vogue au xvle s., caractérisée par une allure vigou-
+ En lançais, gui se dit d’une personne animée par reuse.
une disposition heureuse et vive, et, spécialement, @ GAILLARD n. m. est la substantivation (1573) de
dont la gaieté provient d’une légère ivresse (1611; chûteuu guillard <château fortD (15161, une sorte de
d’où par métonymie avoir le vin gai, 1740) ; gui qua- château fort étant autrefois élevé à l’avant et à l’ar-
lifk aussi les choses qui marquent la gaieté ou l’ins- riére des grands vaisseaux. Gaillard désigne en-
pirent Iv. 1300). 0 La reprise du mot au sens de l’an- core sur un voilier la partie extrême du pont supé-
glo-américti gay ahomosexuel masculin+ est rieur.
récente; elle concurrence la forme anglaise gay, Le Composé RAGAILLARDIR v.tr. appartit au
employée comme nom et comme adjectif Iv. 1965; me s. Cl5441 au pronominal se regutilurdir, en
des revues guy ou gaies); dans cet emploi, le mot même temps que la variante vieillie reguillardir
anglais est apparu dans l’argot des prisons (19351 et (1533). * Il sime <<redonner de la vigueur ou de
s’est répandu après 1945. l’entrain) et s’est employé à propos d’une chose
~GAIEMENT COU GAIMENT) adv. iv.1280) GWW abstraite (1667, ragaillardir I’uffection).
gaietén, s’est employé au sens de asans effortn.
-GAIETÉ (ou GAÎTÉ) n.f Iv. 1150; fin mes., wai-
GAILLET - CAILLER (CAILLE-LAIT).

te&, qui a signifk d’abord =Passion déréglée*, a des GAILLETIN n. m. est un dérivé (1853, Bloch et
valeurs parallèles à celles de gui; le mot est em- Wartburg; puis 1877) de guilletie Nmorceau de
ployé dans la locution adverbiale de gaieté de cœtw houille= ( 17701. C’est un mot wallon, gayetie, dimi-
avolontairement et volontiers>> (15491, qui succède à nutif de guille Nnoixn, ce charbon se présentant en
de guyeté ade propos délibéré)) 11309). morceaux de la grosseur dune noix. Guille est issu
Le verbe préfixé ÉGAYER v. tr., en ancien français du latin médiéval Cnuxl gullica =Cnoixl gauloise>
ase dispersern, en parlant de personnes IV. 1f 75, sui (nr” s.1comme l’ancien français mis gauge IF@moi-
esgai&, et Xs’épanouirB Iv. 12251, a supplanté tié XIII~s.), le noyer ayant été très tôt cultivé en
ugueer ase réjo- Iv. 1228) et signifie par extension
Gaule.
115473-rendre (plus) agréable}). L’idée de 4iber6,
invoquée pour l’origine latine par Yum, est + Gailletin est le nom donné à de petits morceaux
conservée dans un emploi technique du verbe : de houille destinés à l’usage domestique.
égayer un arbre, c’est l’élaguer. +Les dérivés
GAIN + GAGNER.
ÉGAYANT, ANTE adj. (H~O), ÉGAIEMENT n. m.
Iv. 1175, esgaiement) et ÉGAWWI~, EuSE n. +k GAINE n. f. est issu Cv. 1200) du latin vagirta
(av. 18961 sont peu employés. afourreau (d’une arme)>; &tui (en générabu, puis
0 GAILLARD, ARDE adj. et n. représente <sexe de la femme» dans Plaute (+ vagin), mot de-
probablement (10801 un dérivé du gallo-roman ‘ga- venu ‘wugina sous l’influence du germanique.
Ziu aforce}) (cf. italien gugkdo, espagnol gullardo, + Gai~ conserve le sens latin d’ktui de protection
portugais galhurdol, construit sur un ra&cal cel- ou de rangement»; il s’emploie dans divers do-
tique gui- (cf. irlandais gui abravoure que P. Gui- maines spécialisés, en architecture ( 16761, en ana-
raud rattache à une racine indoeuropéenne ‘M&Z- tomie 116951, en botanique 117041, etc. 0 Gaine, qui a
ccroulerm et <<courir en s’éknçant* (en parlant d’un pris le sens spécial en mode féminine de GOUS-
animal), ~sotiir en bouillonna&, retrouvée dans vêtement qui serre les hanches, la taillem (19091,
une famille importante de mots à base gui- (galant, équivaut par figure à acontrainte qui entrave un dé-
galoper, etc.) ; cf. l’ancien français galier achevalm veloppement>) (1844 ; cf. corset). Voir le tableau page
(coursier), gulir &élancer, jtillip) (+ jaillir) avec des prkédente.
valeurs de sens voisines de celles de la famille du b GAINIER, IÈRE n. a plusieurs sens liés à l’idée
latin jacture (+ jeter; 6ja4zler, galant, galet, galvau- d’&uiB ; il a désigné (1252, gainnier; 1293, gwnierel
der). un fabricant, un marchand de fourreaux; par ana-
+ Gaillard Sign%e =Plein de vie (du fait de sa consti- logie, au mascvh, guinier est le nom (15871 de
tution robuste)» d’où par extension Nplein d’entrain l’arbre de Judée, dont la gousse ressemble à une
et de gaieté% (1266), sens vieilli aujourd’hui, et spé- gaine. 0 Au féminin, le mot se dit 6n me s.1 d’une
cialement ad’une gaieté un peu libren, à propos du variété de guêpe ou d’abeille (dite aussi faiseuse
discours I:Y moitié xvre s.3.Nom masculin depuis le d’étui). +GAINER v. tr. si@e amettre une gaine
XVI~s. d’abord au sens de “garçon vigoureux%, guil- àm(1773, gainer une voile), d’où le terme technique
lard équivaut aussi (1690; comme appellatif, XIX~ s.1 GAINAGE n. m. (19301, et <<mouler comme fait une
à “gars, lascar=. 0 L’emploi du début du XVI~s, en gaine>> 11907). &Le verbe pré&& DÉGAINER v. tr.
parlant d’un château (cf. ci-dessous 0 gaillard (XIII~s., deswai~r) sime «tirer une arme blanche
n. m.1 montre que l’adjectif s’est appliqué à des de son fourreaun et, par extension, =m pistolet de
choses au sens de afort, résistant=. son étuin. +Son déverbal DÉGAINE n. f., d’abord
La famille germanique --de GALANT -

-(_ galle-roman

“WALARE

I
I ancien provençal provençal provençal
.---_- --. --- gaEjade
I se gala galeja galejado
!
I
galéger
i

espagnol
! gale ---- gaza gala

ancien français
- waler 7
galer /
I

galanterie

well

allemand
wohl
GALA 1544 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

action de dégainer» CXVI”s.1, a pris le sens 11611) gères ( 17651; on a dit U?Wgalante n. f. kv~” s.1 dans
d’aattitude ridicule,, d’aallure extérieure bizarren. ce sens. 0 À propos de choses, l’adjectif s’emploie
-ENGAINER v. tr. au sens de emettre dans une pour qutier ce qui a rapport à l’amour (16473; il a
gaine% ~IV” s.1 est moins courant que rengainer ki- si@é (15481 «agréablea, en parlant d’une descrip-
dessous); il s’utilise au sens (av. 1665) de Tenir tion et, en peinture, fête galante désigne un ta-
serré*; en derivent ENGAINANT,ANTE adj.r 17981 bleau, surtout au XVIII~s., qui met en scène des per-
et ENGAINE, ÉE adj. (18641. +Le Composé REN- sonnages de la comédie italienne.
GAINER v. tr. (15261, Nremettre dans le fourreau, la F GALANTERIE n. f. (1535, <mauvais to~lh, du sens
gaine», se dit au figuré familièrement (1646) pour de guler &muse& a signifié dans la langue clas-
«interrompre, renoncer à (ce qu’on voulait dire)>, sique (16 111 cdistinction, élégance dans les ma-
d’où rengainer son compliment ( 16641. Ce sens est nièresti, d’0-U par métonymie (1630) <<procédé ga-
probablement à l’origine de rengaine*. lant)> Ien particulier, <cadeau offert a une femme>>),
apropos flatteur, écrit galant)) Iv. 16401. Par exten-
GALA n. m. est un emprunt (1670, à propos de sion, le mot désigne (1667) la courtoisie témoignée
l’Espagne1 à l’espagnol gala <vêtement d’apparat* aux femmes et, spécialement, l’empressement ins-
(mil. xve s.1,lui-même emprunté à l’ancien f?ancais piré par le désir de conquérir une femme (cf. la lo-
guk 4 jouissmce~ bd sd, déverbal de gazer 1-3 ga- cution ancienne courtier de galanterie centremet-
lant). tev) ; le sens d’&ttigue amoureuseD (mil. XVU~s.,
+ G~lu, d’emploi généralisé au XVIII~s. (gulla, 17361, une gulanterie) est sorti d’usage. -GALANTIN
désigne une grande fête, généralement de carac- n. m. et adj . m. (1555, galentin ~Vigoureux~), formé
tère officiel et, par analogie, un repas somptueux avec le suffixe péjoratif -in pour désigner (17983 un
(1787). galant ridicule, est un mot archaïque ~GALAM-
MENT adv., jusqu’au me s. galantement (1532)
({avec élégancen, est sorti d’usage aux sens d’aavec
GALACTIQUE, GALACT- - GALAXIE
courage)) et aavec adressem IXVII~ s.); il s’emploie en-
core pour aen galant homme% 116361 et, couram-
GALANDAGE n. m. représenterait (17061 un ment (v. 17001, pour Navet une politesse qui vise à
dérivé de garlunde ou gala& aguirlandea, em- plaire aux femmes ». *GALANTISER v.tr. estissu
ployé par métaphore comme terme de construc- de guluntkse n. f. II” moitié me s., <<galanterie*), re-
tion depuis le milieu du XIII’ s., d’où garlander aor- pris par Huysmans par archaïsme au sens de “pro-
ner, parern, puis (1387) *pourvoir de créneaux, de pos galant,; ce verbe siflait dans la langue clas-
cloisons3. Cependant P. Guiraud, qui sépare gur- sique <courtiser= (1637, v. tr.1 ; l’emploi intransitif au
lande de guirlande, relie gurlander à gatir aproté- sens d’cavoir des relations gakntesm (16451 est sorti
gerss I-+ guérirl; même si l’on adopte cette hypo- d’usage.
thése, une influence de guirlande ace qui entoure la 0 ~~~~GALONNER (de guler).
tête% sur l’ancien français gurlun& (guirlande%
n’est pas exclue. GALANTINE n. f. est une altération Iv. 1223,
+ Galunduge désigne une cloison légère de briques. gulentind de galatine, probablement emprunté au
dalmate de F&use (aujourd’hui DubrovnikJ, ville
GALANT, ANTE adj. et n. représente d’où l’on exportait au moyen âge des poissons en
Idéb. XIV~s.1 le participe présent de l’ancien verbe gelée, et où gulatinu est attesté dans des textes en
gazer &rnuser~ ( 1223, wuler), issu du gallo-roman latin médiéval. Le mot est dérivé du latin classique
“wahre ae la couler doucen, du kancique owalu gelare E+ geler), le passage de e à a étant régulier
<bien» ladv.), restitué par le moyen néerlandais dans le domaine dalmate, On a proposé de voir
wde, wel kf. l’anglais welll. Mais, comme le sou- dans gulatinu une variante de geEatina (-+ gélatine),
ligne P. Guiraud, la dérivation de ‘walure à partir par l’intermédiaire d’un verbe gallo-roman ogulure
d’un adverbe est étrange; le verbe galer compor- (pour gelare), reconstitué d’après l’ancien français
tant l’idée d’un mouvement vif, “walare serait plu- gulée *gelée*.
tôt issu d’un germanique wallen &élancer, bouil- 4 Galuntim est le nom d’un mets (charcuterie) à
lonnep, dont le radical WC& est de même origine base de viande froide seni dans de la gelée.
que le radical celtique gai- kf. gutilardk Voir aussi
le tableau page précédente. GALAPIAT n. m. (1833; 1792, gulipiut) est peut-
+ Guk& a eu le sens de W$ entreprenant*, d’où les être composé a partir du radical guZ- exprimant la
locutions vert galant, qui a désigné, par jeu sur le paresse, le manque de vergogne, de l’ancien verbe
sens de vert (xv” s.), un homme entreprenant avec guler qs’amusep I+ galant). Dans les dialectes
les femmes et gala& de la fedZZée un ba;ndit se pos- existent de nombreuses variantes, qui s’expliquent
tant dans les bois (1471). 0 Galunt adj. s’est dit d’un souvent par un croisement avec un terme de sens
homme distingué et poli WI” s.), aux sentiments voisin kf. le ticois galapin influencé par galopin).
délicats, et s’applique aujourd’hui (XWI@s.) à un Le provençal galupian, de son côté, est un emprunt
homme empressé auprès des femmes, mais galant déformé à galopin.
n. m. (1606) est vieilli. E;mployé au féminin, l’adjectif 4 Galapiat, familier et régional pour <homme gros-
a quali% une femme qui recherche les intrigues sier, vaurienm, appartient à une famille de mots qui
amoureuses 115481; le mot est maintenant péjoratif, désignent celui qui fait mal son travail, perd son
femme galante désignant une femme de moeurs Ié- temps, etc. (cf. galf&-e, gulopinl.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1545 GALÉNIQUE
GALAXIE n. f. est emprunté (1557) au latin ga- chitecture). 0 Avoir du galbe (1853) <<avoirde l’élé-
laxias, lui-même au grec galukias @2uJzlos1aVoie ganceB,commele dérivé GALBEUX,EUSE adj.&
lactée*, dérivé de gala, galuktos &itn. la moden 11865, mot répandu jusqu’à la ti du
4 Galaxie reprend le sens latin et signîfre au & s. me s.1,témoignent de la durée de l’emploi général,
wnas d’étoiles. Une galaxie est un amas d’étoiles non artistique, du mot; ces emplois sont sortis
constituant la structure fondamentale de l’Univers. d’usage.
Selon leur forme, on distingue des galaxies spi- b GALBER v. tr. (19071, qui continue se gurber <(se
rales, elliptiques et irrégulières. Notre galaxie, ap- parep (15751, Sign%e adonner du galbe à* et a pour
pelée la Gulti ou, plus poétiquement, la Voie luc- dérivés GALBAGE n. m. (mil. mf s.1, terme tech-
tée, est une galaxie spirale comprenant environ 100 nique, et GALBÉ, ÉE adj. (1578, gurbé aélégantb;
milliards d’étoiles, dont le Soleil Une nébuleuse 1611, =gracieux-1 qui prend au XVII~s. la valeur artis-
désigne un objet céleste d’apparence diffuse, tique “qui présente un galbe caractéristique)> (16761
c.-à-d. une galaxie ou un nuage de gaz et de et Sign%e par extension (déb. ti s.1 Kbien fait)> (à
poussière. 0 Par métaphore galaxie se dit (xx” s.) propos du corps humain).
pour <<ensemble très important d’éléments>> ; la mé-
taphore est appuyée par l’anglais : cf. La Gak&e GALE n. f., après gale (v. 11001 est considéré
Gutenberg (19701, traduction de T%e Gutenberg comme une variante 11508 ; v. 1160, julel de galle*,
Guluxy, titre d’une œuvre de McLuhan. mot employé pour désigner la gale des végétaux
puis celle des animaux. Pour P. Guiraud, gale
b GALACTIQUE adj., emprunté au dérive grec gcL- (nommée aussi puttel dérive de guler (+ galant),
Euktikos Kblanc comme du laitm, s’est employé ( 1782)
synonyme de jeter c(suppurern et, dans les dialectes,
en chimie dans acide galactique <<dula& Il signifie
ase couvrir de boutonsti.
en astronomie “qui a rapport à la Voie lactée> (18771
et (xx” s.l “qui appartient à une galaxiem. +Gale désigne une maladie prurigineuse et, par
GALACT-, GALACTO-, élément tiré du grec g&, analogie, une tiection cutanée qui s’accompagne
guluktos, entre dans la formation de mots savants de démangeaisons; la locution figurée méchant
directement repris du grec, tel GALACTOSE n. m. coIf2me la gaie 118071 Sign%e atrès méchants ; gale
en chimie (1793; 1665, <formation du lait dans les
d%spame (1550) a désigné la syphilis,
mamelles» ; grec galaktôsisl, ou dont le second élé- b Le dérivé GALER v. tr. Iv. 13601 agratter, frottep,
ment est emprunté au grec, comme GALACTOR- employé jusqu’au mue s., a complètement disparu.
RHÉE n. f. (1855, + -rrhéel en médecine. + GALEUX, EUSE adj. et n, 11495) <(atteint de la
galem est précédé par galeus *calleux> Cv.1330); il a
GALBANUM n. m. est un emprunt (mil. XIII~s.3 produit la locution figurée brebis galeuse riper-
au latin classique et chrétien gulbunum, lui-même sonne dangereuse dans un groupe% ( 1648) et les ac-
emprunté au grec khalbaPte qui désigne une plante ceptions *méprisablem (1656, n.>, *sale> 6n d s.l.
ombellifère de Syrie et la résine que l’on en tire ; le
mot est issu de l’hébreu @èlbena. Galbunum, avec GALÉE + GALÈRE

des changements d’accentuation par rapport au la- GALÉJADE n. f. représente un emprunt 11881,
tin classique, avait abouti en ancien fiançais aux A. Daudetl au provençal galejudo *plaisanterie,
formes galme Cti XI~ s.) et galban, galbanen raillerien, dérivé de guleju aplaisanterm, lui-même
cv. 1200).
de se gala +‘amuseT», qui correspond à l’ancien
+Le mot désigne une gomme-résine balsamique, français guler b galant).
utilisée autrefois comme antispasmodique ; l’ex- 4 Demeuré régional (Provence), guléjude se dit
pression figurée donner Ivendre) du gulbunum d’une histoire inventée ou exagérée, destinée à
adonner des illusionsu 11740) est sortie d’usage. myst%er.
b Du mot dérive GALÉJER Cou gdéged v. intr.
GALBE n. m. représente un emprunt de la Re-
118881,d'oùGALÉGEUR.EUSE adj.et n. 119231.La
naissance ( 15781, d’abord écrit gurbe Il 5501, à l’ita-
série fait partie du folkIore lexical provençal et
lien gurbo (av. 1529) <manière dont une chose est
marseillais dX-usé par les écrivains, de Daudet à
faitem. Garbo est considéré par Bloch et Wartburg
comme un dérivé de g&are «plaireb (xv” s.1, issu Pagnol.
d’un gotique ‘guwon Karrangen (+ gabarit); GALÈNE n. f. est un emprunt 11553) au latin gu-
P. Guiraud préfère rattacher gurbo au latin gulba lew «minerai de plombn, du grec galênê, pour dé-
Mventrw (sans doute emprunté au gaulois), d’après signer le sulfure naturel de plomb.
le sémantisme “gros ventre, rotondité, prestancem
+ Un emploi technique du mot, en radio, dans poste
qu’il reconnaît dans la fa;mille du mot (cf. le sa-
à galène, lui a donné une kéquence importante
voyard garbo aembonpointm et, en moyen français,
dans la langue courante (dans les années 1930-
porter soTt garbe haut aavoir une fiére allure4
1940).
4 Ce mot, d’abord attesté en provençal (15301, a eu
le sens de @ce, manière gracieuse> (gurbe, 1550 ; GALÉNIQUE adj. est dérivé (1581; puis 17231
cf. de gurbe =de bonne g&e», chez Ronsard, 1551) ; de Gaknw, nom latin de Gulien, médecin grec
il S’est appliqué (1578) à une gentillesse gracieuse. Iv. 131-v. 201) qui exerça dans la Rome ancienne ; il
0 Galbe désigne aujourd’hui (av. 1574, traduction développa la théorie des quatre humeurs (+ hu-
de Vasari) le contour harmonieux (d’un corps, d’un meur) qui influença la pratique médicale euro-
visage) et le contour d’une oeuvre d’art ( 1676, en ar- péenne jusqu’au XVII~siècle.
GALÈRE 1546 DfCTIONNAIRE HISTORIQUE

+ L’adjectif appartient à l’histoire de la médecine ; il vert> (1331) puis, par extension, asalle où l’on réunit
s’applique à ce qui concerne les théories de Galien des collectionsn (1690) et, par métonymie, vcollec-
et se dit aussi d’un remède tiré des plantes. tion d’objets, dans un musée, etc.n (1807, galerie de
b sur cideus ont été également formés ( 17711 GA- tubleu&, d’où par figure guleti de portraits 11831,
LÉNISME Il. m.et GALÉNISTE adj.etn.cpartisan Sainte-Beuve). ~AU jeu de paume, le mot a dé-
des théories de GalienD. signé (1555) l’allée couverte d’où l’on regardait les
joueurs; par extension il s’emploie pour un em-
GALÈRE n. f. est un emprunt (1402) au catalan placement réservé à des spectateurs et, par méto-
galeru (terme de marine depuis 12371, issu par nymie (19011, pour l’ensemble des spectateurs
substitution de sufExe du latin galea, qui reprend le d’une réunion sportive; d’où le sens de <<publica,
grec byzantin galea, probablement variante du d’ccopinion)) ( 17943, par exemple dans les locutions
grec classique galeos wequinn, à cause de l’allure figurées pour Ia galerie *aux yeux du monde, pour
rapide du bateau. Le latin avait abouti en ancien faire illusionm, faire galerie arester en témoin pas-
tian@s aux formes galée 11080), @lie, aujourd’hui sif~ 11837, Balzac) aujourd’hui sortie d’usage, et
archaïques ou historiques (gaEée, ci-dessous). + Ga- amuserla Merie (18811.0 Dans un théâtre, galerie
lion. désigne 115011 un balcon à encorbellement à plu-
sieurs rangs de spectateurs. 0 GuEerie s’emploie
+ Galère désigne un bâtiment de guerre, à voiles et
aussi pour désigner un passage, souterrain ou cou-
à rames, en usage dans 1’Antiquité et, par exten- vert, creusé pm l’homme Km XVI~s.1,spécialement
sion, un bâtiment de guerre ponté, à faible tirant
dans Ie domaine militaire (16261 ou celui des mines
d’eau, ordinairement à rames, utilisé jusqu’au
(17701, concurrencé au xrxe s. par tunnel*, ou par di-
xwte s. ; la locution vogue la gaZère! <<advienne que
vers animaux fies galeries d’un terrier).
pourra!» (1552) reste vivante. +La peine des ga-
lères, elliptiquement les galères (15491, se disait de +k GALET n. m., mot emprunté (av. 1188, galeitl
la peine de ceux qui étaient condamnés à ramer à l’ancien dialecte normanno-picard EV.1195, @et),
sur les galères de l’État et, par extension, des tra- est un diminutif de gui ~~caillow, peut-être du gau-
vaux forcés (les galères ayant été abolies en 17911. lois ‘gullos *pierre, rochep) (cf. ancien irlandais gull
Au figuré galère désigne (1690) un métier, une si- «pilier de pierre, pierre n + caillou). Selon P. Gui-
tuation, un séjour très pénible. Ce sens métapho- raud, galet pourrait être un doublet de &uiZ apetite
rique est d’emploi littéraire avant une lexicalisa- pierre>), issu du latin callum adurillon)> (-+ cd, cail-
tion (v. 19701 où c’est la gaZère ! correspond à =C’est lou, galgal), avec influence possible de gui- &ncer=
pénible>, d’où adjectivement c’est galère (dans les I+ gaillard), le galet ayant souvent été un projectile
années 19801 et le dérivé verbal ci-dessous. (cf. arbalète ù julets “qui lance des cailloux4
b GALÉRER v. intr. (19801, qui témoigne de ce re- + Galet désigne un caillou poli par le frottement et,
gain d’usage, ne s’emploie qu’au figuré. + GALÉ- par analogie de forme, en technique 11832) un
RIEN n. m. arameur sur une galére>> (15681, puis disque, une petite roue de bois, de métal (1956, gu-
ahomme condamné à ramer sur les galères)> 11611) Zet-guti d’un projecteur de cinéma).
et «bagnard» ( 18231, s’emploie seulement dans des F De galet caillou= dérive k111~s.1GALETTE n. f.,à
locutions figurées (mener une vie de ga&ien, 1830; cause de sa forme ronde et plate (cf. ancien nor-
travail de galkienl. mand gale, XIII~s., *gâteau plat& Galette désigne un
GAL&E n. f., qui reprend une fomne ancienne ki-
type de gâteau et, par analogie, un objet plat de
dessus), désigne (15231, par analogie de forme avec forme analogue kpécialt 1952, cinéma, flenroule-
le navire, une planchette rectangulaire utilisée par ment de film non maintenu par des joues4 0 Par
le typographe. malogie avec les pièces de monnaie rondes et
plates, et par la métaphore usuelle argent-aliment
GALERIE n. f. est emprunté (1316; variante primordial (cf. blé), gulette se dit pour KargentD
guerrerie) à l’italien galleriu, du latin médiéval gule-
11849 dans Labiche ; dès 1837, mangeur de galette
riu (IX” s.), peut-être issu par dissimilation ou par ahomme vénalHI. Q De ce sens dérive l’adjectif fa-
changement de suExe de g&Zeu «porche d’église,
milier GALETTEUX, EUSE (1891) *qui a de la for-
de monastère)) (la forme gultlée se trouve aussi en tune=. + GALETTI~RE n. f. désigne régionalement
ancien fknçais, XIII~s.1; c’est un emploi figuré du (18651 une poêle pour fake cuire les galettes. 4 De
nom propre GuliEaeu ~~GaIilée» : sous ce porche galet terme technique dérive GALETER v. ix.
étaient les laïcs à convertir (par opposition à (xx” s.) Mmunir de galets».
l’Église), de même que la Galilée dans la Bible est
considérée comme le pays des Gentils par opposi- GALETAS n. m. vient (1532; 2 demoitié XIVes.,
tion à la Judée, patrie du peuple élu. Pour P. Gui- gulutus) du nom de Xatour Galutu, haute de plus de
raud, galeti désignant un passage pourrait être cent mètres et dressée au point culminant de
rattaché à la racine gul- <<s’élancer, courir» I+ gail- Constantinople.
lard); se disant d’un passage couvert, le mot pour- + Galetas a désigné un logement placé sous les
rait être lié au latin galerus <<bonnet>) (cf. galeritus combles et, par extension aujourd’hui ( 16781, un lo-
<<couvert d’un bonnets) par l’intermédiaire d’un dé- gement misérable.
rivé ‘guletiu. Ces diverses possibilités ont pu se
croiser et asurdéterminerm le mot. GALFÂTRE n. m. est en général considéré 8>
4 Galerie, en lançais, est passé de aporche d’église>> comme issu (1835 ; dès 1808, surnom d’un valet
11316) à «lieu de passage ou de promenade, cou- d’auberge), par altération au moyen du sufke pé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1547 GALLIQUE

joratif -âtre, de gulefretier uouvrier calfat, (1542) et (-galère), un grand bâtiment de guerre armé
figurkment abon à rien, (1564), dérivé de gullefreter ( 1626) surtout utilisé par les Espagnols du xv~~au
acalfatern ( 15421. Ce verbe est une altération de ga- XVIII~S. pour transporter l’or et les marchandises
lefeustrer ( 1478 ; + calfeutrer), ou selon Bloch et des colonies d’Amérique.
Wartburg représente un dérivé de g&ut, forme b GALIOTE n. f. est le féminin (apr. 1250) de guliot
dialectale (Ouest) de calfat. Le sens de cparesseuxa (même sens1 qui vient de gulti, formé sous l’in-
viendrait du fait que le calfat, qui reste presque irn- fluence de l’italien galeotia Il 1961, dérivé de gulea
mobile pendant son travail, semble ne rien faire. agaléem (-+ galère).
On peut penser aussi, pour gullefreter, à une méta-
phore du type de g&hw. Pour P. Guîraud, gulfûtie GALIPETTE n. f. est attesté tard (1883); c’est @
appartient plutôt à la famille de galer as’amusers, sans doute un mot d’origine dialectale (cf. dans
(+ galant1 et serait composé par juxtaposition de l’Ouest calipetie, v. 1865, cabriole*, gdipote
radicaux synonymes (procédé fréquent dans le sys- acourse efiénée*), peut-être dérivé de gulipiu
tème explicatif de l’auteur des Structures étymolo- agotiea 117921,variante de g&piutk
mues) : guler et l’ancien français futrer Nravauderm, + Galipette signifie acabriole, culbuteB; au figuré
à l’origine de futrasser, fatrouiller «gâcher l’ou- faire des galipettes se dit pour <avoir des ébats éro-
vrage,. Gulfûtre, sorti d’usage aujourd’hui, a été tiquesn.
employé après 1850 par Huysmans, Zola, et jusque
vers la fin du ~IX~siècle. GALLE n. f. est emprunté @II xre s., gales) au la-
tin impérial gulla =gallea.
GALGAL n. m., terme d’archéologie, a été + Galle désigne une excroissance produite sur les
construit (18251 par redoublement de l’ancien fran- tiges et les feuilles de certains végétaux, provoquée
Ga;is gui acailloum, peut-être mot gaulois C-galet), par des insectes parasites (d’où l’expression au-
pour désigner un tumulus mégalithique. jourd’hui plus courante : noix de gaLle, XIII~s.1 et,
par métonymie, l’insecte responsable.
GALHAUBAN + HAUBAN
wEn dérive 0 GALLIQUE adj. ( 17891 “qui provient
GALIBOT n. m. est un mot du vocabulaire de la de la noix de gallen, terme de chimie.
mine (18711, formé à partir du picard gulibier, dé-
formation de guluubkr ~polisson~, d’origine încer-
GALLICAN, ANE adj. et n., réfection Iv. 13551
de gullikun (12941, est un emprunt au latin médié-
taine. On trouve en ancien et moyen français gu-
val gullicunus employé Iv. 7301 à propos de l’Église
loberie (mil. XIII~s.l fldîvertissement~, qui serait issu
de France, à l’époque classique <gaulois-, dérivé de
du croisement de guler 4amuse~ (3 galant) et de
gullicus agaulois*, lui-même de Gallia c<GauleB.
loibeti *cajolerie trompeuseB fdéb. XIII’ s.1,dérivé de
lober Ntromper+, du francique “lobbon +-guettern ou 4 Gdlicun aqui est relatif à l’Église catholique de
du moyen haut allemand loben *louer=. Pour Francem a pris le sens spécial (n. et adj.1 de “(qui est)
P. Guiraud, gulobkr est un doublet de galopin, et partisan des libertés de cette Eglisen (1831, Lamen-
représenterait un composé tautologique, formé de nais).
gulir <s’élanceru I+ gaillard) et de hober asautep F GALLICANISME n. m. Iv. 18091 se dit des prin-
(du moyen néerlandais hubben qu’on retrouve dans cipes et des doctrines de l’Église gallicane.
hobereau).
+ Ce mot technique désigne un jeune manoeuvre GALLICISME n. m. est un dérivé savant (1578)
employé au service des voies dans les houillères. du latin gu1licu.s agauloiss, pris au sens de &ançaisB
Iv. 7301.
@ GALIMATIAS n. m. est relevé chez Mon- +Le mot désigne une construction propre à la
taigne (1580, jargon & gdimuthias; 1576, gulimu- langue française; il s’emploie aussi pour désigner
tian). Son origine est discutée; on l’a rattaché au (1690) un mot f?ançais introduit dans une autre
bas latin ballemuti achansons obscènesm, au grec langue et appartient à une série cohérente CungZi-
Katu Mutthuion aselon (Sa;int) Matthieu» par allu- ctime, gemtunisme, etc.).
sion à des psalmodies plus ou moins parodiques ä GALLICTSANT,ANTE n. et adj., terme didac-
(du genre de celles des G-oliardsI, au provençal Ga- tique également dérivé (1912) du latin, désigne un
limutié, nom d’un pays imaginaire (par altération spécialiste de la langue frmçaise; il est moins cou-
de Arimathiel et également au jargon des étu- rant que francisant.
diants, le latin gullus =coqmdésignant au moyen âge
les étudiants qui participaient aux discussions ré- GALLINACÉ, ÉE adj. et n. représente un
glementaires, avec la terminaison grecque -math& emprunt (1770, BuEon) au latin impérial g&n42-
<science% d’ou ogullimuthiu. Pour P. Guiraud, le cew ade coq, de poule-, dérivé du latin classique
mot a été de toute fqon influencé par guJer ~&mu- gullinu apoules I+ gélinotte).
ser, se moquer= I+ galant); le galimatias discours 4 Gallinacé Sign%e =qui se rapporte au coq et à la
confus serait un langage de farceur. poules; le nom In. m. pl.) se dit d’un ordre d’oi-
seaux terrestres auquel appartient le genre guZZLls,
GALION n. m. est un dérivé Iv. 1208) de l’ancien le nom singulier désignant un individu de cette es-
français gdie I+ galère) ; il désigne au moyen âge et pèce.
à la Renaissance un petit navire de guerre puis, par
influence de l’espagnol gale& 05281, de guleu 0 GALLIQUE - GALLE
GALLIQUE 1548 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

0 GALLIQUE adj. est un terme didactique, gaulois @os Npierre plate)> (+ galet) à cause de la
emprunté Iv. 1460) au latin gallicus Ngaulois)> (+ gd- semelle épaisse. On a aussi fait appel à deux éty-
liCan). mons grecs de sens équivalent : kalopodion. «chaus-
4 Il sigrGhit Rrelatif aux anciens Gaulois}}. Il s’est dit sure de boisu, de kalon CcboisD et podion, de pou, po-
aussi pour gaélique*. dos upiedn, par le latin populaire “cu2opia, et
“kulochtion, de même sens, variante de “kalotion,
GALLIUM n. m. a été d&ivé (1877; 1875, dans de kalon chois>>et artion, de atiên «chaussuren, par
un journal anglais) du latin gailus CON C+ géli- le latin caloctium. La variante ‘kalochtin, d’ori-
notte), traduction latine du nom du savant français gine massaliote, aurait été diffusée à partir de la
Lecoq (de Boisbaudranl, lequel découvrit ce corps Provence (cf. l’ancien provençal galochus, XIII~S.I.
simple en 1875. Le suf6xe latin -ium est employé P. Guiraud suggère à son tour deux étymons latins
pour ce genre de désignations Cfrancium, etc.). croisés : culum amorceau de bois3 et culhn apeau
épaisse>> (cf. gullicula Kpetite galochea et gulliculu
GALLO - est un é@ment tiré du latin gallus «enveloppe de la noix verte%, d’après gallum et cul-
<gaulois>> (dérivé de Gullia Caule4, utilisé pour luml.
former quelques mots composés, en histoire et en + Galoche désigne une chaussure montante à se-
linguistique. melle de bois épaisse et, par extension (XVI” s.), une
,LeS plus connus Sont GALLO-ROMAIN,AINE chaussure en forme de sabot, à semelle de bois,
adj. et n. (1833, de ropnain) erelatif à la civilisation portée par-dessus des chaussons. Le mot est utilisé
issue du mélange des Gaulois et des Romains au figuré dans la locution menton en galoche (1704,
aprés la conquete de la Gaulen et GALLO-ROMAN menton de galoche). 0 Par analogie de forme, c’est
n. m. (1887, de roman1 <langue romane (latin popu- un terme de marine (XVI” s., Npoulie dont la caisse
laire) parlée en Gaule avant le roman>>, en suppo- est ouverte sur l’une de ses faces)) ; 1848, *pièce de
sant - ce qui était de règle au XIX~ s. - un fort subs- guidage à encoche4.
trat gaulois. G&o- est concurrencé par franco- ä GALOCHARD,ARDE adj. (19331, *en galochen,
(+ itxnçais). s’est dit (1882, n. m.1 d’un vendeur au rayon de
GALLOPHILE adj. et n. (1786) et GALLOPHILIE n. chaussures. +Quant à 0 GALOCHE n. f., <baiser
f. (att. 1912) se sont employés pour francophile et lingualn dans rouler une Moche, il vient peut-être
-philie. de galoche achaussureu, d’après rouler un patin,
par le sens *chaussure, qu’ont les deux mots.
GALLON n. m. est un emprunt ( 1669) à l’anglais
gallon (v. 1300) lui-même issu du normanno-picard
GALONNER v. tr. a été considéré comme un
dérivé (v. 1160) de galer (+ galant), mais le rapport
galon (XII~sd, nom de mesure pour les liquides, les
de sens des deux mots - galonner signkhant <orner
grains, les terres, contemporain du médiéval gala
les cheveux de rubans, etc.,- est un peu vague
II 135 11391.Toutes ces formes sont peut-être à rat-
(idée de réjouissance?). P. Guiraud rattache galon
tacher à l’ancien français jalaie <<mesure de capa-
à jalon <<scion,baguettem, d’où le sens de 4ienn 13 ja-
cité= (1175- 11801, au latin médiéval galletu de même
lon). On peut également relever l’identité de sé-
sens Ix” s.1et d’origine incertaine (y correspond l’al-
mantisme des familles de galon et de guirlande :
lemand Gelle ~~seaw). Pour P. Guiraud, galon est la
galonner et l’ancien frmçais gurlander, galender
forme normande de jalon abaguette>> (le jalon de-
<<parermse rencontrent en contextes identiques ; on
vant servir de jauge; -+ jalon).
relève également dans les dialectes gurluunde
4 Gallon se dit en tiançais d’une mesure de capa- acouronne de I?ls de métalm (surtout d’or), gwrlan
cité utilisée dans les pays anglo-saxons. ccgtiture de dentellesn.
+Le sens du verbe galonner a suivi celui qu’avait
GALLUP n. m. est un emprunt ( 1948) au nom pris son dérivé gulon, aborder, orner d’un galon*
propre Gallup (abréviation de l’américain Gallup (16111.
poli <<scrutin de Gallup4 du nom d’un journaliste et
b GALON n. m. 113793 désigne un ruban pour bor-
statisticien américain qui fonda un institut de son-
der ou orner un vêtement, un rideau et, par ex-
dage d’opinion en 1935.
tension, se dit pour bordure. Le mot s’emploie
+ Le mot, répandu dans les années 1950 par le jour- comme si@e de fonctions militaires (17791 puis ci-
nalisme, est beaucoup moins employé aujourd’hui viles ( 18391, constitué par un galon de tissu. Dans
que sondage Cd’opinionl. l’armée, galon, @ne distinctif des grades et des
fonctions», se dit par extension des insignes quel-
0 GALOCHE n. f., attesté en 1351, est proba- conques d’un grade; ce sens donne lieu à des lo-
blement antérieur puisque galochier afabrîca& de cutions : prendre du gaIon amonter en gradeb et, au
galochesm appara?t en 12% et qu’une forme latini- figuré, &tenîr une promotiow, se doriner du ga-
sée, au pluriel, calages, est attestée en 1263. L’ori- ion ((se donner un rôle qu’on n’a pas-. -GA-
gine du mot est incertaine; les correspondants ita- LONNÉ, ÉE adj. et n. m. kvrf s.1,<orné de galonm et
lien, espagnol, anglais et allemand semblent avoir =qui porte des galons», se dit 11916, n. m.1 pour <(offi-
été empruntés au français. On a proposé diverses cierm (également GALONNARD n.m. péjoratif,
origines ; le mot pourrait être issu du bas latin galli- 1920) ou asous-officiep.
cula apetite (chaussure) gauloisen, diminutif du la-
tin classique gallica ; galoche a été parfois consi- * GALOPER v. est une variante (v. 1155) de @
déré comme un dérivé normanno-picard du gualoper CV.11401.Le mot serait issu, selon Bloch et
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1549 GALVANISER

Wartburg, du kancique “wala hlaupan, composé de d’aventures galantesB kf coureur); il désigne un


%laupan Nsauter, cour% Irestitk par le gotique cheval qui a des aptitudes pour le galop Idéb. XX~ S.I.
us-hlaupun <bon&, l’ancien haut allemand hlau- +GALOPADE n.f. désigne (1611) un galop rat-
fin, hlaufôn acoti et l’allemand Zaufen, même courci et ralenti, puis une course au galop 11696) ;
sens), et de wala abien= I+ galant; cf. allemand aujourd’hui le mot s’emploie surtout Idep. 1878)
wohl). Mais la valeur de cet élément owala n’est pas pour acourse précipitéen, d’où à la galopade aen
claire (voir ci-dessous galop). Rejetant cette origine hâte et sms soim 11888). +GALOPE n. f.,nom d’un
germanique, P. Guiraud rattache galoper à galir outil de relieur (18201,a désigné une danse au mou-
as’élancers I+ gaillard) qui a donné en ancien ~%II- vement rapide 118301, comme gulop (ci-dessus) et
çais gulier acheval, coursier)>. Galoper pourrait être est un équivaJent vieilli (1885) de 8 lu galopade.
aussi un dérivé de gulop, la dSculté étant alors re- + GALOPANT, ANTE adj. 11836) “qui galope% s’em-
portée au substantif. ploie au figuré : “qui a une évolution très rapiden
4 Galoper 4ller au galopn h. 1140, intr.) et <faire al- 11832, phtisie galopante; cf. 1674, anglais gulloping
ler au galopa (v. 1155, tr.) s’emploie par métonymie consumptionl et par extension “qui a une crois-
pour Nmonter un cheval qui va au galopm (v. 1140). sance très rapide)) k&utio~ gulopuntel.
Par analogie, le verbe Sign%e (XIII~ s. intr.,) <courir
rapidementn et, au figuré, <faire vite, se hâtep GALOUBET n. m. est un emprunt (1767, Rous-
(16551. Dans la langue classique, galoper gqpz. se di- seau}, antérieurement sous des formes variables
sait pour <le poursuivre au galop>> ( 1458) ; galoper (1731, galobet; 1764, guloubé &mbourk&), au pro-
une femme ala poursuivre de ses assiduité+ (16963 vençal guloubet aflûte rustiquem 117233, peut-être
est lui aussi sorti d’usage. Cf. courseT. * Au sens de dérivé de guluubur <<bien jouer (d’un instrument)~,
Ndanser le galop» (18301, le verbe est dérivé du nom de l’ancien verbe guluubeiar aagir habilementm
(ci-dessous); cet emploi a disparu. (XII” s.), issu de guluubiu afasten, venu du gotique
w GALOP n. m. est le déverbal de galoper ou est di- “gduubei agrande valeur= (cf. gotique guluufs apré-
rectement issu du tiancique ‘wulhlaup acourse cieux4 Cette origine germanique est contestée
vers le champ de bataille d’un cavalier, accompa- par P. Guiraud, qui propose un étymon à valeur
gné d’un fantassin qui se tient à la crinière du che- fréquentative gulober (+ gaIhbot3 asautern, puis-
val*; ce mode de combat, connu du temps de Cé- qu’on danse la farandole au son du gaoubet.
sar, s’était répandu en Europe et avait été adopté
GALUCHAT n. m. vient ( 1762; 1755, galuchul
par les contingents germains des armées ro-
de Galuchat, nom de l’inventeur d’un procédé de
maines; owc&laup est composé de “wul achamp de
traitement de la peau de certains poissons.
bataille* (cf. ancien haut allemand wu2, même sens,
et ancien nordique val amorts sur le champ de ba- 4 Le mot désigne un produit de maroquinerie ob-
taille4 et de “hluup <coursen (cf. ancien haut alle- tenu par ce traitement.
mand hluuf: moyen haut allemand loufet allemand
GALURIN n. m. représente une altération
Laufl. Si l’élément “hlaup est cohérent, wul est alors
( 1866) de l’ancien kançais guleron (XIII~s.) <chapeau
interprété autrement qu’il ne l’a été dans galoper
de fauconnerie)), probablement emprunté au latin
Ici-dessus). + Galop (1080, en emploi adverbial au
galerus <bonnet de fourrureB puis aperruqueti, de
sens général de <précipitation*) désigne (v. 11651
l’allure la plus rapide que prend le cheval lancé à guleu ccasquen. GaZeu représente le grec guleê abe-
fond de train et, par métonymie, la course et le lette, martreo, parce qu’à l’origine le casque du
bruit d’un cheval au galop, d’où la locution 8~ gahp guerrier était recouvert de la peau d’un petit car-
(1585). 0 La locution @op d'essai (1872) Kpetit ga- nassier, censé transmettre sa force au combattant.
lop pour tester la forme d’un chevalB si@e au fi- On rencontre en moyen français gulere uchapeau»
guré &Preuve d’essaiu. Au figuré, galop équivaut à (1540). 4 GALURE n. nl. (18811, également familier
emouvement extrêmement rapide» (av. 16601. + Au pour xchapeaum, est une abréviation de galurin.
xrxe s., le mot a désigné ( 18291 une danse d’origine
GALVANISER v. tr. est formé (1~99) à partir
hongroise dont le rythme rappelait celui du galop
du radical de gulvurtisme, lui-même du nom de
(1835) et l’air sur lequel se faisait cette danse. + En
Galvupzi, médecin et physicien italien ( 1737-1798).
médecine et par analogie, bruit de galop 11847)se
dit d’un bruit lié à un rythme cardiaque anormal à 4 Terme de physique, galvaniser sime &lectriser
trois temps. au moyen de la pile> et, spécialement en biologie,
GALOPIN n. m., d’abord (v. 1179) nom propre et “appliquer les courants électriques dits gulva-
surnom de messagers, de coursiers, a désigné niques à des structures vivantes (nerfs, muscle+.
(1388) un jeune garçon chargé des commissions 0 Le verbe a rapidement Sign%é Nmettre en mou-
d’où, par extension 11671, alors très péjoratifI, un vement ce qui était inerteb et, par métaphore
gamin qui court les rues et en même temps, par af- (18311, Manirner d’une énergie soudaineti (cf. électri-
faiblissement de sens, un enfant espiègle. Par per- serl. Il a aussi reçu un emploi technique (186 11&xer
sonnification, guZopin s’est dit de plusieurs réci- un dépôt électrolytique (sel métallique) sur un mé-
pients : <demi-setier (de vin), 116801, apetit verre (de tal pour le préserver de l’oxydation)>.
vin, de bièrelti (1881) +Le dérivé GALOPINER F GALVANIQUE adj . ! 17971arelatif au galvanismem
v. intr. I 1873, Zola) est sorti d’usage. est construit à partir du nom de Gulvani comme
GALOPEUR, EUSE n. (1583, gdopeur *qui ga- GALVANISME n. m. 11797) qui désigne les phéno-
lope%) est sorti d’usage au sens (18401 de adanseur mènes électriques découverts par Galvani et s’uti-
de galop* et vieilli Cdéb.me s., n. m.1 pour acoureur lise aussi au figuré (1829, <force qui galvanisenI.
GALVAUDER DlCTIONNAIRE HISTORIQUE

+ GALVANISATION n. f. s’emploie (1802) avec dérivé de cumbo, gumbo, du bas latin gumbu
toutes les valeurs du verbe, par ex. dans galvanisa- NjambeB 13 jambe), comme l’italien gumbatu croc-
tion du fer .(18391. +GALVANISANT,ANTE adj. en-jambe» ~VI” s.), de gunabu.
(1858, participe présent de galvankerl ne s’utilise 4 Gumhxk se dit d’un saut avec mouvement des
qu’au figurk. 4 GALVANO-, élément tiré du nom jambes (ou des pattes) exprimant la gaieté, la viva-
de Galvani, sert à composer des termes scienti- cité, etc., d’où le sens érotique, pour &batsm; la lo-
fiques et techniques, par exemple : GALVANO- cution figurée payer en gambades 4uder le paie-
MÈTRE n. m. (1802, de -m&e), GALVANOPLAS- ment d’une detten Cl61 1) faisait allusion aux
TIE n. f. ( 1840, de -plastie), d’où GALVA- jongleurs, qui faisaient danser leur singe pour s’ac-
NOPLASTIQUE adj ,(1840),GALVANOTHÉRAPIE quitter d’un droit de péage (cf. monnaie de singe).
n. f. 11860, de -thérapie), GALVANOTYPE
n. m. h.1900, de -type) et GALVANOTYPIE n.f. FGAMBADER v.intr. (1526; 1425, gumbadir, en
(1845). Suisse romande) tifaire des gambades» s’emploie
au figuré pour edivaguer gaiementn 11808). *Il a
GALVAUDER v. est d’origine incertaine pour dériv6 GAMBADEUR,EUSE n. 117881;le fé-
(1690). On le fait généralement venir d’un croise- minin est employé au sens figuré de «femme lé-
ment de l’ancien lançais gazer &amuser= I--+ ga- gèreb dans Proust ( 1922).
lant) et de Iralvauder (+ ravauder) par contamina-
tion ironisante ; P. Guiraud propose d’y voir un GAMBAS n. f. pl. se r6pand dans les années
composa tautologique de galir <sautera (+ gaillard) 1960; c’est un mot emprunté au catalan gumbes
et d’un normand “vauder aaller d’un côté et de (pl.1 puis gambu, issu (comme l’ancien espagnol
l’autre>> (manifeste dans le dhlectal ruvuuder 4ure- gambaro [variante de cumaronl et l’italien gam-
ter, chercher une piste», et dans vaudeville). bero) du latin populaire “gambas, du latin impé-
+Ceci explique le premier sens de gulvuuder: rial cummurus <crevette, écrevisse>>, lui-même em-
<<poursuivre qqn et le maltraiter)), relevé par Fure- prunté au grec kummaros.
tière (16901, dont procède le sens figuré moderne + Le mot désigne de très grosses crevettes de la
( 1770) de <compromettre par un mauvais usage (un Méditerranée.
avantage, un don, etc,))), d’où se galvatir vs’abais-
ser, se compromettre* (1836) et gahmder un mot 0 GAMBE n. f. est une ellipse de viole de
<<en aIfaiblir la portée». Par extension (18103, g& gambe, emprunt 11646) à l’italien viola du gumba
vauder signifie <mettre en désordre, gâter (qqch.lm. (16401, cet instrument à cordes se jouant tenu entre
0 Dans l’emploi intransitif, au sens de <traîner sans les jambes comme le violoncelle moderne; l’italien
rien fairem ( 1887 ; surtout régional), ce sont les idées gumba (1303-13061 est issu du bas latin gumbu
de “gaspillage> et de Nmouvementn qui sont rete- (+ jambe).
nues.
kGALVAUDEUX,EUSE n.(1865), variantedegul- 0 GAMBE n. f. est un terme de marine (1677) re-
vuudeur *homme hargneux- (17781, est un mot présent& la forme normanno-picarde de iambe*
vieilli simant «paresseux, propre à rien%; il s’uti- ou emprunté au provençal cambo (du bas latin
lise encore dans un sens atténué pour ttpolissonn. cumbu, gumbu ~~jambe4 de même sens.
+Le dérivé GALVAUDAGE nm. (1842) est d’em- + Gumbe s’emploie par analogie avec la fonction
ploi rare. d’appui de la jambe pour -double cordagen.
GAMAHUCHER v. tr., terme érotique et litté- b En dérive le terme technique de marine GAM-
raire ~VIII” s.), est d’origine obscure. On a pensé au BIER (1838) ou GAMBEYER v.tr. (1922). + GAM-
verbe hucher, huchier ucrier, appeler)) en ancien BETTE n. f., variante picarde de jumbette” (Y moi-
fmlçais (v. 1135; + hucherl; on a aussi évoqué tié XIII~ s., guflbetel, est un équivalent très familier
l’arabe C&Z#~adamctsî 4cuir) de Gadames» (en Tri- (1880, argotiquelde jambe. -GAMBILLER~.~~~~. a
politaine) qui a abouti à GAMACHE n. f. (1595 ; par remplacé la forme picarde gumbier cserrer entre
l’intermédiaire de l’espagnol guadumeci, 11401, à ses jambes, puis ((marcher>> (xrve s.), «faire un croc-
gamachu en ancien provençal 113951, désignant en-jambe» (xv” s.1 et ccenjamberm 11530). 0 Le verbe
une longue guêtre qui se portait au xwe s. pour pro- est vieux au sens d’flagiter les jambes en les laissant
téger le bas de chausse. E-t godemich3. pendantesn (1609 ; 1535, se gumbuyer <agiter les
jambes») ; il s’emploie par analogie 1182 1) pour
+ Mais ces éléments ne conviennent guère pour le
«danser sur un rythme très vi&. -En dérive GAM-
sens, gumuhucher signiknt «faire des caresses
BILLE~R, EUSE n. (xx” s-1 «personne qui gambillen.
buccales, aux parties génitale+.
+GAMBILLE n. f. se dit familièrement pour
GAMAY n. m. est le nom d’un village de Bour- ajambe- (1773, en argot; déverbal ou dérivé de
gogne (Côte-d’Or), pris comme nom commun. gambel ou pour “dansez (ti s.l.
+ D’abord écrit gumes (17281, puis gamet (175 11, en-
ti gamay ( 18161, il désigne un cépage, aujourd’hui GAMBERGER v. est d’origine incertaine.
courant en Beaujolais, en Touraine. C’est peut-être une variante (1844) de gamberger
acomptern ( 1836 ; 1835, ane rien perdrepI ou comber-
GAMBADE n. f. est probablement emprunté ger «comptern (1836) et &fléchir, caktier» ( 18991,
( 14801 à l’a;ncien provençal cambctdo, gamba& ré- qui pourrait être une altération de compter et de
pandu dans la plus grande partie du domaine d’oc, combiner.
DE LA LANGUE FRANÇAISE GAMME
4 Il a simé acomptern ( 18441 et s’emploie très fa- GAMIN, INE n. et adj. est attesté dans l’Ency- 8>
milièrement (1926) pour -calculer, combinern ttr.) clopédie 11765, tome XVII, article Verrerie) pour dé-
et aujourd’hui pour ~réfléchir= lintr.1. signer un jeune aide du verrier. L’origine du mot
b En dérive GAMBERGE n. f. ( 19521<<action de gam- est incertaine ; il a peut-être été formé (en Lorraine)
bergerti. à partir d’un radical germanique gumm-, que l’on
retrouve dans l’alémanique gamme2 =joie
bruyante» et «jeune homme dégingandé, vaurien=.
GAMBETTE - JAMBE
D’après le sémantisme &êleu associé à l’ado-
lescent apprenti, on peut y voir un emprunt au pro-
GAMBIT n. m. est un emprunt ( 17431,peut-être
vençal gumo crachitique, rabougri» (Guiraud).
par l’intermédiaire de l’espagnol gambito, à l’ita-
lien gambette, d’abord ccroc-en-jambe* et terme de 4 Gamin a Sign%é Njeune garçon qui sert d’aide ou
jeu d’échecs depuis 1622-1634, dérivé de gumba, du de commissionnairen (on dit aujourd’hui gurçon),
bas latin gamba (+ gambade; jambe). puis <petit garçon ou petite Hle qui passe son
temps à jouer dans les rues” (1805 ; aussi gamin. des
4 Gumbit désigne un coup aux &hecs, qui permet
rues ; cf. Galopin) ; on retient aujourd’hui l’idée
d’assurer une bonne position d’attaque ou de dé- d’Kespièglerie= et de NjeunesseB t 1836 ; 1844, adj.)
fense.
pour un garçon, une me et, par extension, un
adulte. Couramment, le mot s’emploie pour =gar-
GAMELLE n. f. est emprunté (1584) à l’espa- çon ou Nie dans l’âge de l’enfance» I1803, <<petitgar-
gnol gumellu <<récipient» (~III XLII~s.), du bas latin gu- çow) et, spécialement (18831, pour &ls ou fille en-
mella (11~s.) - à l’origine de l’ancien fran@s gu- core jeunep.
mele cpetit bateau* (~III” s.)-, altération du latin
b Les dérivés GAMINEMENT adv. (18813 et GAMI-
classique cumellu ccoupe à boiren, peut-être dimi-
nutif de camera C+ chambre) ou dérivé de camelus, NER v. intr. 11836) sont d’emploi littéraire. *GA-
MINERIE n. f. (18363 Genfantîllage, espiègleriem est
variante ocu~lZ~ (+ chameau).
plus courant.
4 Gamelle a désigné une grande écuelle dans la-
quelle plusieurs matelots ou soldats mangeaient GAMMA est un mot grec désignant 11829,trans-
ensemble, d’où être Imangerl à la gamelle cmanger cription) la troisième lettre de l’alphabet Ir, y cor-
à I’ordinairem ( 17403,par métonymie lu gumelle ala respondant au G dans l’alphabet français).
vie militaire, (18291 et dans la marine «table com-
4 Le mot a été utilisé pour désigner des papillons
mune des officier+ (1845). Le mot désigne au-
(1803, gamma doré) d’après la forme des taches de
jourd’hui une écuelle individuelle et, spécialement
leurs ailes. Le symbole est employé aujourd’hui
C18311,un récipient individuel muni d’un couvercle.
dans des expressions scientsques : en physique
0 Par analogie de forme, gamelle se dit familière-
dans rayon gamma ( 1922) et comme abréviation du
ment Id s.1pour *projecteura (cf. casseroZe1. 0 Ra-
millioniéme de gramme; en astronomie dans point
rna~~ une -elle <ctombep), «subir un échecm est
gammu <intersection de l’écliptique avec le plan de
d’origine peu claire (répandu v. 19301; peut-être
l’équateur», d’où vient (1862) par analogie l’argot
s’agit-il d’un renforcement anecdotique de rumus-
scolaire point gumma cfête de 1’Ecole polytech-
ser ase baisser brusquement en avantm (cf. ramasser
niquem, qui a lieu le jour de l’équinoxe de prin-
une bliche, U~K pelle, etc.); la métaphore de la tête,
temps.
présente dans gadin, n’est pas exclue.
F Le dérivé GAMMÉE adj. f. (1872) employé dans
GAMÈTE n. m. représente un emprunt savant croix gummée, dont les branches sont coudées en
(1872) au grec gumetê aépouse* ou gumetês forme de gamma, a connu un succès imprévisible
&pouxn, de gumos <union, mariages. Mais c’est un et déplorable avec l’adoption par le parti nazi de ce
emprunt indirect, d’abord par le latin moderne gu- symbole religieux indoaryen, la Svastika.
met& ( 18421 pour désigner (1872) un coléoptére. Ce
4 C;awzmu est un éIément formateur de composés
sens est recouvert par la désignation du ~ZOOS- scient~ques et techniques, par exemple GAMMA-
pore=, en biologie végétale, par l’allemand Strass- GLOBULTNE n. f. 11950, de globuline), GAMMA-
burger, utilisant le latin savant gumetu, de même GRAPHIE n. f. 11953, de IruyolzsI gamma, et -gru-
origine. phie), GAMMATHÉRAPIE n. f. Nil. &s., de
frayons1 gamma et -thérapie).
4 Le mot se trouve en lançais en botanique (1884, @ Voir GAMME.
Van Tieghem), puis en biologie générale, pour ecel-
lule reproductrice sexuéen. GAMME n. f. est un emprunt (v. 1155) au latin
b Gamète est à la base de composés, comme GA- médiéval gamma, du grec gamma, nom de la troi-
MÉTOGÉNÈSE n. f. Iv. 1950, de genése), GAMÉTO- sième lettre de l’alphabet grec, utilisé en musique
PHYTE n. m. (1897; de -phyte, tiré du grec phuton par Gui d’Arezzo (mort en 1050) pour désigner la
*plantemI, ou, comme deuxième élément, MACRO- première note de la gamme, puis la gamme elle-
GAMÈTE, MICROGAMÈTE, ZOOGAMÈTE, etc., même ; il nomma les six notes de ut à la d’après six
gamète étant devenu un terme clé de la génétique. syllabes de l’hymne à saint Jean Baptiste, de Jean
-GAME, -GAMIE, GAMO-, éléments tirés du grec Diacre (Ut queant laxis resonare fibris mira gesto-
gumos, entrent dans la composition de termes di- rum fumuli tuorum, salve pulluti laabii reatum,
dactiques, en botanique et ei biologie (idée de are- Sancte Johannes); ut était également désigne par
production»), et en sociologie (idée d’=unionn). gamma, d’où le terme gummhht.
GANACHE 1552 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Gamme désigne, dans un système musicaI donné, GANDOURA n. f est un mot emprunté (1845;
la suite des notes comprises dans l’intervalle d’une 1756, gandou& à l’arabe d’Algérie gandtira, de
octave; do f&e ses mes Iau pimol %.n xrxe s.) l’arabe classique qandiiru. Le moyen français ar-
vient par métaphore le sens d’c<exercicea; changer candore (14081, urcundolle (1459) avait été em-
de gamme s’emploie au figuré (1665) pour amodi- prunté à l’arabe par l’intermédiaire de l’espagnol
fier sa manière de parler, d’agir} ; chanter à 9~ sa alcandora csorte de chemise> (me S.I.
gamme nlui énumérer les reproches qu’on lui fait>> +Le mot désigne une longue tunique sans
I16~4 est archtique. ~Par analogie, gamme se dit manches, en pays arabe.
d’une série continue (1830,gamme du talent; 1837,
gamme des sensations) oti tous les degrks sont re- GANG n. m. a été introduit au ti s. (1831,gang
présentés, en particulier 11845) d’une succession criminel), chez Mérimée (1837) isolément au sens
(de couleurs, de teintes) en gradation naturelle et, de abande, clan) ; il est repris au W s. 11930, chez
par extension (19391, d’une série de produits com- P. Murmd comme mot amérkain> et à partir de
mercialisés considkée comme cohérente. D’où 1946après l’adoption de gangster (voir ci-dessous).
(v. 1965) la locution très fréquente haut Ibasl de Ce sens de l’anglais subsiste au Québec sous la
gamme cle plus (le moins) coûteux*, dans une série forme gagne n. f. (cf. toute la gagne titout le
de produits. groupenI. Le mot a été emprunté à l’anglais gang
Nensemble d’objets ou de persomesm MIO), puis
GANACHE n. f. représente un emprunt (1642) “équipe de travailleurs) (XVII~s.1 et Mbanden, appli-
à l’italien ganascia amâchoire de l’homme> (XIII~s,), qué péjorativement aux malfaiteurs.
ades animauxp Id6b. XVI~s.1,issu du bas latin d’Italie
ganathos «mâchoire» (x” s.), emprunté au grec gna- + Au sens de Nbande organisée de malfaiteurs~,
ths. Gn&bs est apparenté au latin genus, de gang est venu de l’américain.
même sens, à rattacher à plusieurs noms indoeu- b GANGSTER n. m., emprunté EV.19251 au dérivé
ropéens désignant la mâchoire, la joue ou le men- angle-américain (1896) amakiteur qui travaille
ton : latin genre, vieil irlandais gin, gotique kim- avec me bande orgtiséen, a été répandu par les
mus, etc., ainsi que l’anglais moderne chin. fis arh-icains. *GANGSTÉRISME n.m. (19341
+ Ganache se dit de la région latérale de la tête du dérive de gangster ou est un emprunt à 1’américa;in
cheval; au sens de amâchoire, têten (av. 16611,le gangstetim. 4Le composé ANTIGANG adj, et
mot n’est plus en usage. 0 rexpression chargé de n. m. (1965; -+ 0 anti-1 est surtout fréquent dans
ganache aqui a l’esprit lourdm ( 16901, la forte mâ- l’usage journalistique.
choire étant interprétée comme un signe de gros-
sièreté, a entraîné (17401 ganache <(personne sans GANGLION n. m. est un emprunt Iv. 1560)au
intelligencea et, spécialement (av. 1815 ; av. 1850, bas latin gangko~ «sorte d’enflureb, du grec go-
adj.1, <vieillard radoteur= (souvent vieille gunache). glion, gugglion <tumeur sous-cutanée, glande>.
0 Le mot a désigné aussi (18371une sorte de fau- 4 Le mot désigne un petit retiement sur le trajet
teuil capitonné à la mode au xrx’ s. ; la désignation des vaisseaux lymphatiques et de certaks nerfs.
tient au fait que ce fauteuil était souverd réservé F End&ive GANGLIONNAIRE adjJ1816).
aux personnes âgees. *Un homonyme récent
(ti s.1, peut-être d’origine régionale, désigne une GANGRÈNE n. f. est un emprunt (1538) au la-
crème au chocolat; il ne semble pas apparenté. tin gunfluenu flgangr&neB au propre et au figuré,
b Le dérivé GANACHERIE n. f. (18921, acaractère repris du grec gangainu de même sens; le mot,
de vieillard ridicule~~, est archaïque. qui subsiste en grec moderne et a été largement
emprunté par les langues d’Europe, vient de graein
GANDIN n. m. et adj. m., attesté en 1710 au adévorerm, cf. sanskrît grksati cil dévoren, latin gru-
sens de anigaud, niais= en Dauphiné et répandu men <<herbemI+ gramînéesl, ancien islandais bras
vers 1855, a passé pour être dérivé du nom du bou- &ian~se~~. La forme cancres (v. 1370)vient d’une
levard de Gand Ià Paris ; devenu boulevard des &a- altération d’après cancer au sens ancien de
liens), qui fut longtemps le rendez-vous des élé- achancrem.
gants. Un personnage de la pièce de Barrière, Les + Gangrène garde les sens du latin, au propre cmor-
Patiiens (18551,a contribué à mettre le mot à la ttication et putréfaction des tissusm et au figuré
mode. Cette origine anecdotique est en fait une in- (1561) <ce qui pourrit, corromptti. Cf. Cancer,
vention postérieure. Le mot est peut-etre issu d’un chancre.
dialecte du Sud-Est : le dauphinois gundina
b GANGRENER v. tr. (1503,gangrené, adi. ; gungré-
«femme de basse conditionn date du XVII~ s. ; gandin
ner, jusqu’au mes.), c’est &ecter de gangrènen
4gaudn est formé du radical gand- (ancien fran-
(employé surtout au pronominal, 1680)et au figuré
çais gandir ee sauver>, XII~sd, issu du fkancique
(av. 1692; av. 1865, pron.1 &érer profondément,.
%undfan hournern Icf. le moyen nkerlandais wen- +Le dérivé GANGRENEUX,EUSE adj. 115391
ckn et l’ancien haut allemand wantjan). s’emploie aussi au propre et au figuré.
+ Gandin n’est employé que par ironie, au sens de
ajeune élégant ridiculea, ce qui appuie l’hypothèse GANGUE n. f. est d’abord un mot du vocabu-
de l’origine régionale (anigaud%). laire de la mine ( 1552)emprunté à l’allemand &ng
F Les dérivés GANDINERIE n. f. (1863) et GANDI- <chemin» puis &lon)j dans des mots composés
NISME n. m. (1865) sont sortis d’usage. (cf. Erzgung &lon métallique4
DE LA LANGUE FRANÇAISE GARANT

+ Le mot désigne une substance qti entoure un mi- gantelet (1611) ((faire acte de soumissionn, donner le
nerai et, par analogie, une matière qui enveloppe gantelet (1680) aappeler au combatm, prêter le gante-
qqch. (18653, Dans un emploi figuré (1857), gangue let (1704) {{accepter le défi)) (cf. ci-dessus jeter, rele-
se dit de ce qui enferme un sentiment, une ver... le gant). o Gantelet désigne aussi 116801 un
idée, etc. morceau de cuk avec lequel certains artisans se
protègent la paume. 4GANTER v., <<mettre un
GANSE n. f. est peut-être un mot emprunté ganb (1488; 1690, pron.), signifie par extension =en-
(1594; variante gante jusqu’au >mces.) au provençal fier sa main dans qqch.n et, par analogie, «gainer
moderne ganse ((gansen et Nboucle, noeud, anse, étroitementB (deb. XX~ s.1; ganter, en parlant des
bordm, représentant l’adjectif grec gampsos <<r-e- gants, Sign%e ( 16901 ((aller à qqn, à sa mainm et au fi-
courb&, de gnanaptein aplier, fléchir>>. Cependant guré (vieux aujourd’hui) <<convenir» (1843). 4 De
P. Guiraud propose pour origine à ganse le latin GANTIER, IÈRE n. et adj. (1260; 1240, wuntier;
carnpsa 4chose) courbe>>, de campsare 4ourner>>, 1197, au féminin), «personne qui confectionne ou
dont la racine vient du grec (cf. kumptein Nfléchirn, vend des gant+, dérive GANTERIE n. f. (1292, I-W
de karnpê acourburen). de la Ganterie).
4 Ganse désigne un cordonnet OUun ruban servant DÉGANTER v. tr., attesté dès le XIV~ s., est formé à
à broder, à orner, etc. et, par métonymie, l’attache partir de gant, au sens d’aenlever les gants de
faite avec ce cordonnet. (qqn)», et s’emploie notamment au participe passé
DÉGANTÉ, ÉE adjective
k En dérivent les termes techniques GANSETTE
n. f. Cl7541 et GANSER v.tr. (1765) “garnir d’une GAP n. m. est emprunté ( 1948) à l’anglais gup,
ganses. d’abord <brèche>> (XIV” s.), puis <<manque> (XVII~s.1 et
kart, distance considérable (entre des choses abs-
GANT n. m., réfection (v. 1155) de guant I10801, traites)» (XIX” s.l.
est issu du fkncique ‘want Mmoufle, mitaine%, resti-
+Le mot est venu au français par I’aznéricain au
tué par le moyen néerlandais want, l’ancien haut
sens de <fossé, décalage- entre des personnes, des
allemand wantus, le latin médiéval wantus
pays ou des choses+ ; il peut être traduit par retard,
+ Gant, «pièce de l’habillement qui recouvre la deficit, phturie selon le contexte.
mainp (10801, se dit par extension (1872) d’un dispo-
sitif qui recouvre la main. Cette valeur extensive GARANCE n. f. et adj. inv., réfection Iv. 1175)
reprend le sens ancien (v. 1360) mais postérieur à de warance En xre s-1,par une forme latini&e wa-
guntelet <<pièce de l’armure couvrant la mainn, au- rantia, warentia (VII~s., en Gaule), vient du fran-
jourd’hui gant (de boxe], gant de crin, etc. Les cique “wru@ agarance» (cf. ancien haut allemand
Francs ayant l’habitude d’ofEir une paire de gants rezzal, qui représente un emprunt au latin bractea,
en symbole de la remise d’une terre, gant Iv. 11501 a brattea <<feuille de métaln, confondu sémantique-
été un des termes juridiques de l’investiture; de là ment avec blatta, -ea <<pourpre».
vient la valeur symbolique du gant, qu’on retrouve 4 Garance désigne une plante (En XI~ s.) et, par mé-
dans les locutions. tonymie cv. 1165, warance), la teinture qui en est ti-
Le mot est entré dam de nombreuses locutions fi- rée et la couleur rouge vif de la teinture cv.1265,
gurées : jeter le gant «provoquer, défier-m (1432) n. m. ou adj. inv.).
vient d’une coutume par laquelle, au moyen âge, F De garance dérivent des termes techniques, par
un chevalier qui en défiait un autre au combat lui exemple GARANCER v. tr. (déb. xrves. ; 1283, WU-
jetait son gant, que ce dernier ramassait s’il accep- ranchtir et GARANCIÈRE n. f. *champ semé de
tait le combat ; la forme initiale ( 1080) est présenter garancefi ( 16003, puis 11829) aatelier de teinture avec
sun guunt; de là vient (1803) ramasser, relever le la garance~. Q De gUrUncer vient GARANÇAGE
gant ee disposer à la riposte, ; aller colflllle un gz~2t n. m. (16711 deidure avec la garancen.
signifie (1558) xconvenir parfaitementb (comme le
g23nt qui épouse la main) et prendre des gants GARANT, ANTE n. et adj. représente (1080,
(1808) «agir avec ménagement». 0 Avoir les gants guurunt) le participe présent d’un ancien verbe ga-
de gqn, qqch. (1488) aen avoir la première idée> ou tir, issu du francique ‘wavan <<désigner qqch.
ale profit}}, locution sortie d’usage, vient de l’espa- comme vraim restitué d’après l’ancien haut alle-
gnol para guantes apour les gant+, désignant le mand Ibilwatian &prouver, vétiern, formé à par-
pourboire qu’on donnait au messager d’une bonne tir du radical wari- ~~54 - cf. allemand wahr
nouvelle ; on dit aujourd’hui se &mer les gants de «vraim I+ warrantl ; wa@un se rattache à la racine in-
qqch. (1872) <(s’en attribuer le mérite» (souvent mal doeuropéenne ‘wer- kf. latin Ver&s «vrai)&
à propos). + Le sens premier de garant est Npersonne qui cer-
k Plusieurs plantes ont des fleurs en fort-ne de tfie la vérité de qqch., qui répond de qqch+ d’où
doigts de gant lancolie, campanule, digitale) et sont apersonne qui répond de la dette d’autrui- (v.1283)
nommées couramment d’après gant: GANTELÉE et ((personne qui est caution d’une autren Cv.1260)
n. f. hifs.; gauntelge, v. 1215) ou GANTELINE n. f. et, par métonymie Iv. 11551,uchose qui garantit>. Le
t18201, GANT DE NOTRE-DAME (15381,GANT DE mot, d’usage juridique, a reçu des emplois courants
BERGÈRE. +Le diminutif GANTELET n. m. dési- dans la locution être [se potier1 garant ( 1403, entrer
gnait (12601 un gant couvert de lames de fer, pièce en garand et par ses dérivés. * Par analogie, le ga-
de l’armure d’un chevalier. De là viennent les lo- rant étant ce qui sauvegarde, garant désigne ( 1516)
cutions figurées sorties d’usage aujourd’hui plier le un cordage employk pour former un Palm.
GARBURE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b GARANTIR v. tr. a le sens général de urépondre est restitué d’après l’ancien haut allemand hrechjo
de, se porter garant de qqch.m (1080, guaruntir3 d’où abanni, guerrier à la solde de l’étranger)) (d’où alle-
couramment adonner pour Vrai~ (1663) et, par ex- mand Reche ahéros%), l’ancien saxon wrecca &gi-
tension, &kmer qqch. en rkpondant de son au- tif, malheureux> (cf. l’anglais wretch amalheureux,
thenticité)) ( 187%. En droit ( 16901, le verbe sime scélérats), le moyen néerlandtis Recke abanni».
<<fournir l’assurance de qqch.» (1872, <<contenir la ga- Pour P. Guiraud qui rejette l’origine germanique,
rantie de>) et, par extension, adonner l’assurance garçon, comme l’italien gurçon, l’espagnol gurzon,
de la qualité de qqch.» (18651, à propos du futur est d’origjne romane; le mot pourrait être issu de
<(promettr-en (av. 1850). 0 Parallèlement garanti ‘cu~ptio, doublet du latin curptor <(esclave chargé de
Iqqn contre, del s’est employé i1080, guarantirl au découper les mets)>, d’un verbe OcaTptiure -dé-
sens de «mettre qqn à l’abri d’un inconvénienta, chirer, couper en morceaux,, altération du latin
d’où l’emploi en droit Cv. 1283). -GARANTIE n. f. curpere <<déchirer».
(fin XI~s.1, déverbal de guruntiir, a le sens général 4 Quoi qu’il en soit, garçon si@& au moyen âge
d’aaction de garantti, «ce qui garantit» ; il a si@é ajeune homme de basse conditionn 11080), l’enfant
en particulier (v. 1160) aprotection, défensem. ‘En noble étant appelé valet, vurlet (cf. bachelier, du-
droit (17891, il se dit de dispositions juridiques qui moiseau qui faisaient ressortir le jeune âge, et non
protegent certains droits sans garantie du gouver- l’origine sociale) ; à ce sens se rattache (10801celui
nement, (cf. 18721, abrév. S. G. D. G., est une formule de Nvalet, domestique» Ià l’armée, à la cuisine, etc.1 ;
pour les brevets; au figuré 11580) il désiee ce qui par extension (1554, garçon coustutir), gurqon dé-
est le gage de qqch. + GARANTIQUE Il. f. (attesté signe un homme en service ou un employé subal-
en 1983 ; de garantir, d’après des mots comme in- terne, généralement charge de servir la clientèle
fomatique) est un terrne d’informatique désignant (cf. 1837, garçon de buread, spécialement dans
l’ensemble des techniques et des théories qui l’hôtellerie ( 1750, gurson <serveur dans un ca%),
concourent à la sécurité des transmissions de don- sens très vivant en français contemporain, ainsi
nées. que le syntagme garçon de café 11729).- Depuis
l’ancien français (v. 11301, gqon se dit aussi d’un
GARBURE n, f. est un mot emprunté (1767) enfant de sexe masculin, d’où les locutions petit
sous diverses formes Cv.1655, carbure; 1735, gai- garçon, grand gazon et, au figuré (déb. XVIII~ s.),
heure; 1739, gulbure) au gascon gurburo asoupe aux faire le petitmofl. * Par extension 115303,gurgon
choux et au cotit d’oie ou de canard>>, dont il garde si@e <jeune homme» ou <homme jeunes ; de
le sens. Gurburo, apparenté à l’espagnol gurbias cette acception viennent les locutions beau, joli
<<sortede ragoûtm (15251, est peut-être d’origine pré- garçon ( 16761, bon, brave garçon et mauvais garçon
romane ou, selon P. Guiraud, viendrait du gascon ( 1538). Spécialement, garçon s’est dit d’un jeune
gurbo ugerbes (+ gerbe), la garbure étant un plat homme non marié, d’un homme célibataire (1636) ;
composé comme la gerbée est un fourrage mé- cet emploi est vieilli mais a fourni les locutions vi-
langé; l’hypothèse, qui part de l’assimilation de la vantes vieux mon, mener une vie de g-on
nourriture humaine à la nourriture animale, est (16371,enterrer sa vie de mon (19291 et mon
étayée par l’exemple de dragée I-+ dragée). Le mot d’honneur (1865). Du sens d’flenfant mâlem on est
a pris sa forme moderne au XVIII’ s. (17671, d’abord passé au XVI~s. à celui de &k (1564). 0 Le sens
( 1750) comme nom masculin. récent de asoldatm (surtout dans nos garçons) vient
d’une traduction maladroite de l’anglais boy.
GARCE + GARÇON b GARÇONNE n. f., utilisé par Huysmans (1880,
aadolescente aux formes encore enfantines>& avait
0 GARCETTE n. f. vient peut-être @II xvle s.; été attesté isolément au XI~I~s. («femme volage,). Le
av. 1610, Ct la garcetie) de l’espagnol gurceta ((ai- mot se répand avec le roman Lu Garçonne 11922,
grette (du héron)> et *cheveux tressés sur la V. Marguerittel au sens de «jeune femme menant
tempe», d’origine incotiue. P. Guiraud fait de gur- une vie indépendante,. La locution $ la gqome
cette un dérivé d’un verbe ‘gurcer, issu d’un latin Iv. 1925) s’est employée à propos d’une coiffure fé-
populaire ocuTptiure, construit à partir de curpere minine (cheveux courts). *GARÇONNET n. m.
<(déchirer; cardern (cf. italien garziure NcardeM ajeune garçon, Cv.1185) s’est spécialisé au XIX~ s.
4 Le mot désigne une ancienne Coif!fure féminine comme terme de mode (commerce des vête-
espagnole, portée en France sous Anne d’A&-khe. mentsl . + GARÇONNIER, IÈRE adj. et n. f. s’em-
0 Il s’emploie ensuite comme terme de marine ploie surtout de façon péjorative en parlant d’une
pour une petite tresse faite de vieux cordages f9le dont le comportement rappelle celui d’un gar-
( 16361, autrefois utilisée pour fustiger les marins çon (18031, puis au sens de “qui convient plutôt à un
punis (18351, notamment dans coups & gurcetie. garcon» ( 1862). Le mot avait eu des connotations
sexuelles : dès l’ancien français Il 176, adj.) il signi-
@ GARCETTE + GARÇON fie “qui se livre aux goujats» (en parlant du corps
d’une femme1 et sprostituéem @II x3 s,), repris au
+b GARÇON n. m., ancien cas régime de gars, XVII” s. ( 1640, adj. et n. f.1 afemme qui airne les
est considéré comme issu ( 1080, gurçun. agoujat, va- hommes». 4 GARÇONNIÈRE n. f. (1835) désigne le
let») du kancique ‘wrukjo «vagabond» (qui aboutit à logement d’un homme célibatslire et, par exten-
gars), cas régime owruk~jone, devenu ‘wrukjo~ sion, un logement pour une personne seule. 4 Le
(cf. la forme latinisée wurucionem, VIIes., et le nom composé BON GARÇON adj. m. kxes.) corres-
de personne Wrucchio au IX~S.I. Le mot francique pond à agent& (en parlant d’un homme), avec une
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1555 GARDER

idée de bonne humeur simple. 0 Son dérivé BON- Se garder signi&it (fi xe s.l <se tenir sur ses
GARÇONNISME Km. (18833 a vieilli. gardes)> dans un contexte religieux, dans l’usage
GARS n. m., cas sujet de garçon en ancien français général plus tard (v. 1160). Dans une série d’em-
cv.1130, gam), a d’abord été un terme d’injure ami- plois, garder signSe «veiller sur» Iv. 10501 et en par-
S&able, lâche>> puis a désigné EV.1155) un valet et ticulier <<empêcher une personne de sortir d’un
(11701 un garçon, un jeune homme ; il sime, spé- lieu» (1080; d’où ensuite garder q@ à vue 1690). Par
cialement ( 17591, ugarçon résolun. Le mot est aussi extension, garder prend l’acception de *rester dans
employé en appellatif (1835) ; L1est plus usuel en mi- un lieu a&n de surveiller, défendrep Iv. Il303 d’où le
lieu rural. + GARCE n. f. et adj. f., féminin de gars, sens de <<demeurern Iv. 11381, surtout dans des lo-
ne s’utilise plus au sens de <<jeune me>> (usuel du cutions Cv.1265, garder la chambre). 0 De l’idée de
XIII~au XVI~s.3 que dans la région méditerranéenne <<veiller>),on passe (v. 1131) à celle de aprotégep
(dans une belle garce) ; le mot apparaît El165) au (d’un mal, etc.) et à celle de uprendre soin de, sur-
sens spécial et péjoratif de «jeune me ou femme veiller (qqn, un animal)~~ Iv. 1050). OPar extension,
débauchée% (cf. les emplois de garçonne et gar- garder signSe aconserverx, spécialement ((mettre
çonnier), d’où procèdent les acceptions modernes : (qqch.1 de côté» Cv.1131) : gurder une place, au figuré
garce équivaut à salaud Cdéb.XX~ s. ; av. 1880, adj .) et 11690) garder une poire pour la soif et ((mettre
s’emploie par analogie (1865) en parlant d’une (qqch.1 en lieu sûrn Cv.1334). Le verbe s’utilise en
chose désagréable (garce de vie), +Le dérivé particulier au sens de cconserver Iqqch.1 sur sois
@ GARCETTE n. f. (v. 12231désignait une jeune fille Iv. 1265) : garder son chapeau, puis de -conserver
de basse condition et a été employé comme syno- qqn’ : garder un employé ( 16751, gurder qqn à dîner
nyme de &llette+ ( 1736). 0 L’idée de Mretenirj s’applique aussi à des
éléments abstraits : garder, c’est «continuer à avoir
GARDÉNAL n. m., nom (1920) déposé en 1926 (une qualité, une idée, un sentiment, etc.)» (v. 1155 ;
d’un phénobarbital, est composé de garder et nul, d’où garder le silence, 1636, garder qqch. en mé-
d’après l’avis exprimé par un chimiste de l’entre- moire, 1820, garder rancune, 18721 et ane pas divul-
prise Rhône-Poulenc qu’il fallait «garder nub, élé- guer» (déb. XIII’ s.; garder un secret, 1647) ; garder
ment tial de véronal, dans le nom à donner au s’emploie aussi au sens de (retenir, veiller sur
nouveau produit. Cette étymologie illustre un phé- qqch. qui règlen et d’dobserver avec soinn Cv.11451
nomène sémantique exceptionnel dans les termi- d’où garder la mesure (16751, garder ses dïstances
nologies n-mis fréquent dms l’usage spontané et (16871.
étudié par les folkloristes. F Les dérivés sont liés au sémantisme général de
garder asurveillern (pour prendre soin, pour dé-
GARDÉNIA n. m. reprend (1777) un mot du la-
fendre). - 0 GARDE II. f., déverbal de garder, est
tin scientgque moderne (1760 en anglais), tiré du
d’abord employé au sens d’qtaction de garder avec
nom de Gurden, botaniste écossais du XVIII~siècle.
attention, Iv. 1050, guarde); ce sémantisme est do-
+ Il désigne un arbuste d’origine exotique et sa minant dans les différents emplois : l’accent est mis
fleur. sur l’idée de surveillance (action d’éviter un dan-
ger, 10803 ou sur celle de protection (action de
GARDEN-PARTY (plur. PARTIES) n. f.,
mettre qqch. à l’abri d’un danger). La garde, c’est
est un emprunt 118821à l’anglais, de gar&n ajardin>>
notamment le service de surveillance qui revient
et party 4union sociale>>.
périodiquement (v. 1297) d’où monter et descendre
+ Le mot désigne une réception mondaine donnée la garde (16901, médecin de gz&e est récent (xx” S.I.
dans un jardin. Ce sens produit des locutions : au figuré en garde
b L’anghk gar&n a suscité k@icisme GARDEN (<dans un état de vigilance~~, suTses gardes (1552) ; la
CENTER n. m. ( 1968) Ncentre commercial vendant locution prendre garde cv. 1190) «faire attention}) si-
des produits pour le jardinage>. gr@e par extension cine pas faireB ( 1679) comme
n ‘avoir garde de (faire qqch.1as’abstenir soigneuse-
+i@GARDER v. tr. est issu @II x” s.1 du gerrna- ment- ; se domer&e de &viter» (v. 1170) est sorti
nique “urardôn «regarder vers> reconstitué par l’an- d’usage. +La garde (valeur collective) désigne
cien haut allemand wurten {regarder, se garder I~II” s.3 l’ensemble des personnes qui gardent pour
de*, le moyen haut allemand wutien aregarder; défendre, protéger, en particulier les soldats qui
prendre soin de*, le moyen néerlandais waerden occupent un poste, d’où corps de garde (XVI~s.1; de
{(veiller sur ; se garder de» {cf. aussi allemand wur- là le sens d’aescortem (1538) et par extension le
ten, anglais to wurd). La base germanique ‘WW- acorps de troupe)), Garde impériale (créée en 1804)
&re attentif» se rattache à la famille (cf. garer, gur- et au figuré (xx” s.1 vieille garde wnis fidèles d’un
nirI d’une racine indoeuropéenne “suer, variantes chef d’Etat, etc.». +Ch& se dit de l’action de sur-
Oser- et “wer- (cf. grec horun @voir, surveiller», latin veiller pour conserver qqch. (v. 1360) ou protéger.
vereri «craindrem, arespecter=; + serD. De là des expressions comme Que Dieu ROUSait en
+ En français, contrairement aux autres langues ro- garde (1690) et des emplois juridiques, droit de
manes, le sens de cregarder- (v. 9803 a disparu, gur- garde (16901, garde judkz’aire (1865). ~Une valeur
der étant remplacé par esgurder (--+égard) puis re- spéciale concerne la surveillance des prisonniers
gurckr. En même temps que le sémantisme aveiller (16861, aujourd’hui iv. 1960) dans garde à vue;gurck
sur, prendre soinn, se développent parallèlement signifie aussi <<surveillance pour assurer la sé-
les sens de aconserver», d’aobsewvern, de <veiller à curité)) (mil. XVI~s.), d’où ( 1636) faire bonne garde et
ce que qqch. soit respect&. 118571 chien de garde. - Il désigne spécialement
GARDON DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une position de défense pour éviter un coup, un l’abréviation (1835) de prenez garde à vous et s’em
danger (1671; 1690, en escrime), notamment dans ploie aussi comme nom masculin en termes mili
en garde! *Par ailleurs, garde se dit de choses qui taires lav. 18501; il se dit, par analogie (19231, pou
gardent (idée de aprotection : la garde d’urw épée aattitude contrainte>.
(mil. xv@s.1, d’oh les locutions figurées s’enferrer GARDE- est un élément trés actif de mots compo.
jusqu’ti la garde et s’en donner jusqu’à la garde sés, tiré du verbe gurder ou de 0 garde. Ce sont le:
amanger, boire trop- (1651). 0 Cet emploi a des idées de surveillance, de protection ou de conser
spécialisations techniques : aux jeux de cartes vation qui dominent dans le sens des mots compo-
carte de garde (1690), d’où avoir garde A cwreatt sés. *GARDE-ROBE n. f. <<pièce cv.1190), arrnoir~
(18353; en serrurerie les gardes Iv. 12681, en reliure lapr. 12501 oti l’on range les Mement et par mé-
pages de garde ou gardes ( 1743). tonymie ( 1540) &tements», se dît également (1541‘
0 GARDE n. m. @II xEs.), dérivé de @ gmde, est d’une plante odorante qui protège le linge des
surtout employé au pluriel en ancien fhnçais. Le mites. Au XVI~s. et dès 1314 dans un texte anglais, IE
nom masculin correspond à la valeur collective de mot s’est dit du lieu où l’on plaçait la chaise percée
gurde n. f. ; il désigne une personne armée qui dé- et par métonymie pour aexcrémentss. *GARDE-
fend, protège Iv. 11701, d’oti garde du ~OI;~S aqui MANGER n. m., d’abord <<officier de bouche» (1286
garde la personne du souverain- (16801 et, pain ex- garde mun@erl, a désigné [1X141 une pièce dans la-
tension, garde asoldat d’une gardeb (16901 par quelle on garde les aliments et aujourd’hui un pla-
exemple dans garde rouge (1917 en U. R. S. S., 1964 card pour le même usage (1538). * GARDE,
en Chine). + Depuis le moyen âge, garde s’applique MEUBLE n. m. (13521, -officier préposé à la garde
à celui qui surveille lun prisonnier, XII~s.), avec des des meubles du roi*, est devenu le nom du lieu où
développements administratifk au début du xrxe s., l’on garde les meubles ( 1836). + GARDE-FOU n. m.
et à celui qui conserve ou garde qqch., un lieu (1805, 11400, gurdefo2) signifie wambardem. + GARDE-
garde f0restkr; 1790, garde charnpêtrel. Le même MAIN n-m. ~VI~S.~, <(partie de la garde d’une
sémantisme rend compte d’une fonction plus épéen, a pris une autre valeur (18291 <<feuille mise
haute, celle de garde des Sceaux (18411. sous la main pour protéger le papier». +GARDE-
* 0 GARDE n. 11165,n. f.) se dit d’une personne qui COTE n. m. signifie d’abord (15991 <<service de
garde ksurveille4 un enfant, un malade. 0 Dans ce guetm, puis waisseau cuirass& ( 1690) et <<petit ba-
cas, on dit aussi GARDE-MALADE n. ( 1754 ; 1684, teau qui surveille la pêche>> 11845). +GARDE-VUE
garde de maludel. n. m. désigne une sorte d’abat-jour 116421, puis une
A partir de garder ont été formés plusieurs dérivés. visière (17571. +GARDE-CHASSE n. m. appardt
~GARDABLE adj. sime d’abord (XIII~s., qu’il en même temps (1669) que GARDE-PÊCHE n. m.
faut observep, à propos de règles, de lois) puis Nagent chargé de surveiller la pêche>> (16691, puis
(1690) “que l’on peut garder». * GARDERIE n. f. «vedette pour surveiller la pêche)} (19071, mais
(1832 ; v. 1540, gurderye asalle de garde4 qui a pris garde-chusse est plus courant. + GARDE-CENDRE
de l’impor-taxe avec les garderies d’enfants. n. m. (1831) est resté un terme technique, alors que
+ GARDEUR, EUSE n. (1247; v. 1160, gardeor), rare GARDE-BARRIÈRE n. m. (1845) est devenu usuel
du fait de la synonymie avec garde, sauf dans gur- avec le chemin de fer et les passages à niveau.
deur de avec un nom d’animal. +GAR- +GARDE-FREIN n. m. (1857) appartient aussi au
DIEN, IENNE n., réfection (1255 ; 1264, gurdiain) de vocabulaire des chemins de fer. +GARDE-BOUE
guurdenc (v. 1130, dérivé de gurderl, désigne une n. m. (1869) et GARDE-CROTTE (18451, le second
personne qui doit garder I+urveillepl qqn, un ani- éliminé à cause de l’évolution de sens de crotte,
mal, un lieu, etc. (d’où gardien de but, 1871; traduc- sont passés de la terminologie des voitures à cheval
tion de l’a~@ais goal Jzeeper; + goal) ou qui défend, à celle de l’automobile et de la bicyclette En XIX~ S.I.
protège (16561 d’où gzkr&en de k paix Ca&té du +GARDE-VOIE n. m. 118721, terme de chemin de
8 septembre 1870). oGwdien était depuis long- fer, a vieilli. + bfm GARDE-BUT n. m. (1894) est
temps employé comme adjectif: le père gardien rare Icf. gardien, ci-dessus, et goal).
(XIII@~3.1<(le supérieur%, dans certains couvents et MÉGARDE n. f. déverbal (mesgarde, 1138) de mes-
ange gardien (1636). 0 l?!xt dérive GARDIENNAGE garder, de garder et préf. mes- (-me) a Sign%é <<faute
n. m. (18031. + À gurdien correspond la forme pro- d’attention)), valeur disparue, avant d’entrer au
vençale GARDIAN n. m. (1409, du verbe ancien XV$ s. dans l’expression pur mégurde. Celle-ci est
provençal gardurI empruntée (19 II, n. m-1 pour dé- restée en usage, pou +kns fake attention, sans
signer les gardiens de taureaux en Camargue. VOulOiP.
À partir de 0 garde ont été formés plusieurs 4$ voir CHIOURME IGAFL13E-CHIOURME~i 0 FEU (GARDE-

composés. +AVANT-GARDE n. f. (XII~S., UVUnt- FEUI.

garde; de avant), d’abord terme militaire puis, au


figuré (XVI” s.), aensemble des groupes qui jouent un GARDON n. m. est d’origine incertaine (v. 1220 ;
rôle de précurseursn; le mot a deux dérivés, Va&nte guerdon, au XVI~S.I. Le mot pourrait être
AVANT-GARDISME n. m. 119181 et AVANT-GAR- UII dérivé de garder cregardern, à cause des yeux
DISTE adj. et n. (1918; le sens de <<milicien fasciste rouges de ce poisson, ou de garder ~~surveik~
italien> est emprunté à l’italien uwngwrdistu). parce qu’il a l’habitude de revenir sur les mêmes
+ARRIÈRE-GARDE n. f. (av. 11501, réfection de re- lieux. P. Guiraud rattache gardon à gurd, iurd, d’un
regarde ( 10801 de l’ancien lançais rere <<enarrière* latin populaire “carpitum, du latin classique car-
(du latin retrol, et un terme militaire également perec&chiren, ce poisson ayant une chair de qua-
employé au figuré. *GARDE-À-VOUS IOC. est lité médiocre, remplie d’arêtes.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1557 GARGARISER

0 GARE inter-j. est une forme abrégée Iv. 1165, garded’éviterfi(cf. la locution figurée [déb. ti s.1se
g~ar «prends garde !»I de l’impératif de garder, rat- garer des voitures <se mettre à l’abri de tout
tachée à garer. risqueu).
+ Gare s’emploie pour avertir de se garer et, par F Le déverbal QJGARE n. f. a signifk «distancem
extension, de prendre garde à quelque éventualité (1533)et s’est dit (1690) de la partie d’une rivière,
fâcheuse, d’où la locution figurée sans &er Fe d’un canal oti les bateaux peuvent se croiser, se ga-
GXEE avertir= (autrefois sans dire gare, v. 1500, SU~IS rer. + Le mot est sorti d’usage avec cette valeur qui
dire gaire, xve S.I. s’est étendue (1831) au vocabulaire des chemins de
fer où il a designé la portion de voie, alors double,
0 GARE 4 GARER où les trains peuvent se croiser. 0 De là, gare dé-
signe très tôt (1835) l’ensemble des installations
GARENNE n. f., réfection (XVI” s.1 de garanne pour l’embarquement et le débarquement des
Iv. 11601, warenne Cv.12831, est un mot d’origine dis- voyageurs, des marchandises (on a aussi employé
cutée. On le donne comme un emprunt au latin embarcadère, jusqu’aux années 18601. Par analogie
médiéval wurennu (10861, terme de droit féodal dé- on parle de gare matitime (18731, de gare routière,
signant un terrain où les seigneurs se réservaient
puis de gare aérienne (-+ aérogare).
le droit de chasse ou de pêche. Warenna pourrait
GARAGE II. m. a d’abord désigné (1802) l’action de
être un dérivé du germanique Owurdon I+ garder)
faire entrer les bateaux dans une Mgares d’eau ; par
ou de ‘warôn I+ garer), ou encore se rattacherait à
extension ( 18651 le mot s’emploie à propos d’un vé-
gurir <<protégera (+ guérir). On d&ive aussi gurenm
hicule ou des wagons de chemin de fer, d’où la lo-
du gaulois “vawos ((poteau», restitué par l’irlandais cution voie de garage flvoie où l’on gare les trains>>
fart cpoteau», et par des noms de famille gaulois, (xx” s.), au figuré flactivité sans aveti>. 0 Par ex-
wurenna ayant pu si@er «étendue entourée de
tension, garage désigne ( 1891)un bâtiment destiné
piquets*; la forme garenne viendrait d’un croise-
à garer des véhicules, puis une entreprise qui
ment avec garder (cf. les variantes du type garer&,
garde, entretient et répare les véhicules notam-
1297). ment les automobiles (18961.C’est le sens le plus
+ Garenne, en ancien français <étendue de terre- usuel aujourd’hui, d’où vient le dérivé GARA-
(v. 1160) et «domaine de chasse réservén Iv. 12833, GISTE n. 119221,mot courant, à côté de mécanicien,
désigne ( 1366) par analogie un endroit où la pêche et où l’origine (gurerl n’est plus perçue.
est réservée puis, par extension (14861, une éten-
due boisée où les lapins se multiplient à l’état sau- GARGAMELLE n.f. est un mot emprunté
vage, d’où lapin de gareme (1575) et par ellipse un C1468) au provençal gargamella <gorge, gosier, issu
garenne. du croisement entre culumellu &Chalumeau*>> (XIV~;
XII~s., caramel) d’ou au figuré Hgorge», et la racine
+k GARER v. tr. est d’abord un mot du vocabu- onomatopéique garg- flgorgem I+ gargariser).
laire maritime; il ne semble pas avoir été utilisé à
l’intérieur des terres avant le xv” s. 11415, guerrerI + Le mot est aujourd’hui d’emploi régional (Pro-
sauf (v. 11801 Yurer a <<sedéfendre contre,, attesta- Vence).
tion isolée en Bretagne. Le mot viendrait de l’an-
GARGANTUA n. m. est le nom d’un person-
cien nordique “vurask Gtre sur ses gardesn, qui se
nage de Rabelais doué d’un prodiaeux appétit
rattache au germanique ‘warôn <veiller à, se proté-
( 1532, Puntug?uel, filz du grand géant Gurguntuu,
gerv (cf. allemand wahren), d’une racine indoeuro-
péenne “suer, variantes Oseret ‘wer <faire attentionn titre). Il est formé à partir de la racine onomato-
(-, garder, g;amirI. P. Guiraud établit une relation péique $urg- NgorgeB I+ gargariser).
entre vurer <<garer un navire>) et l’ancien provençal + Gargantua a signi% (1707)<homme très grand>>et
vurur &ncern et Gchouer (un navire))) dont la est utilisé au sens de gros mangeur 118021.
source pourrait être le latin vara titraverse)) (dérivé F En dérive GARGANTUESQUE adj. 118361, pré-
de vams <<qui a les jambes tournées en dedans>>) : cédé par garguntuélien, ien~~ tl617) digne de Gar-
on fait glisser le navire sur des traverses de bois gantuaa.
quand on le tire pour le mettre à l’abri ; cette hypo-
thèse n’exclut d’ailleurs pas un croisement avec GARGARISER v. tr., réfection graphique
garer aprotégep>. La forme moderne n’apparaît Iv. 1560) de gargatiier Iv. 13501, gargarissier (XIII~s.),
qu’au XVII~s. Ixwe s., garrer). est un emprunt au latin gargurizure, du grec garga-
4 Garer a Sign%é Il4151 carnarrer un navires puis rizein agargarisep et xgargouillels, forme à redou-
s’est employé par extension (1564, garer) au sens blement suggérant un bruit de gorge ou un liquide
de *mettre à l’abri un bateaum, d’où viennent les qui bouillonne. La racine onomatopéique garg- ap-
sens courants actuels flse ranger pour laisser pas- paraît dans de nombreuses langues avec des voca-
serB ( 1611, dans se gurer), «mettre un véhicule à lismes divers (cf. anglais to gargle, italien gurgatiz-
l’écart de la circulation- (1865) et le sens technique zare, espagnol gorgotear, allemand gurgelnl.
de Nranger (un convoi) hors de la circulation pour 4 Gurgatiser, au sens de alaver (la gorge, l’arrière-
laisser passer un autre convoim 11723, se garer pour bouche) avec un liquide médicamenteux~ (XIII~s.),
un bateau; 1865 en chemin de fer). Au sens de s’emploie surtout pronominalement (16361; mais il
Nmettre à l’abri}}, garer s’emploie aujourd’hui sans a eu l’emploi transitif de aboires (15341.Au figuré, se
préposition. *Le pronominal se garer de En gargariser de Sign%e famihèrement (18651 ae dé-
XVIII~s. ; 1635, se vurer à un danger) Sign%e «prendre lecter en se vantant de Cqqch.ln.
GARGOTE 1558 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b GARGARISME n. m. est emprunté (av. 10281 au w n a pour dérivés GARGOUSSIER n. m. (1722) et


bas latin gargarisma, du grec gar@timos, dérivé GARGOUSSERIE n. f. (XX” s.).
de gargakein.
GARNEMENT n. m., réfec%ion Cv.1300) de
guamemeat (lOSO), est un dérivé démotivé du
GARGOTE n. f. est attesté à la fm du XVII~s.
verbe garnir”.
(16801 mais est probablement ant&kur~ le dérivé
gargotir étant relevé dès 1642. Le mot est le déver- 4 Le mot s’est d’abord employé pour désigner
bal de l’ancien verbe gargoter abouillonner* 115841, l’équipement d’un soldat et, par métonymie (10801,
Kmanger, boire malproprement> (16751, dérivé du unhommearmé,puisunvaurienCll76-118l,gam-
moyen français gurgotte «gorge, gosierm (15491, va- mant), spécialement autrefois dans faus garnement
riante de garguette 11419; cf. latin médiéval gar- Cv.13001, malves garnement Iv. 13341, faux et mau-
geta, v. 13001, issu de gargote Il 1551,mot formé à vais étant fréquemment utilisés pour désigner des
padir de la racine onomatopéique gurg- agorges objets usés. * Par a$aiblissement de sens, game-
(4 gargariser). ment se dit seulement aujourd’hui (17841 d’un en-
fant ou d’un jeune homme insupportable.
4 Gargote se dit d’un restaurant bon marché où la
cuisine et le service sont de qualité médiocre; il a +k GARNIR v. tr. est issu @II x’ s.) du fkancique
vieilli, sauf en emploi stylistique. “wum~un. <<prendre garde à qqch.n, restitue d’après
F Le dérivé GARGOTIER, I&RE n. désigne une l’ancien haut allemand wam6n Mavertir, protégerm,
personne qui tient une gargote (16421 ou un mau- le moyen néerlandais wuemen aequiper= (cf. alle-
vais cuisinier (1680). -GARGOT n. m. a Sign%é mand wumen, anglais $0wuml; Owumjan se rat-
<ragoût> (av. 1665) et s’est employé comme syno- tache à une racine indoeuropéenne “suer, va-
nyme de gargote (1859); il a désigné aussi un gros- riantes Oser et ‘wer afaire attention, (3 garder,
siste en porcs 11794). garer).
+Le verbe a eu le sens de amettre en garde qqn
GARGOUILLE n.f., variante (1313) de gar- contre qqch.n En x” s.1 puis par extension celui de
gaule (12941, est composé de la racine onomato- ase tenir sur ses gardesm Iv. 1119, soi garnir1 dans le
péique garg- cgorgen (3 gargariser) et de l’ancien domaine militaire. +Le passage au sens moderne
fkançais gaule agueule*n. vient de garnir Cg&. ck, avec qqch.1 sign$&
+ Le mot désigne d’abord un dégorgeoir à distance (1080) #munir d’B1éments destinés à protéger, gar-
des murs par lequel s’écoulent les eaux de pluie, der, renforcern. Par extension, garnir qqch. corres-
souvent orné d’une figure humaine ou animale pond à amunir de tous les éléments dont la pré-
grotesque et, par métonymie, la figure elle-même. sence est nécessaire ou normale* Iv. 1207) d’où
Par extension, gargotik? se dit (18451 d’un conduit l’emploi en industrie textile (1723) et avec un sujet
servant B l’écoulement des eaux pluviales. de chose pour qrempti, recouvrh h-d. XVIII%.~.
0 Par extension, garnir (qqn, qqch.) de @qch.1 se dit
F GARGOULETTE n. f., de la forme gwgoule, s’est Cv.1260) pour amunir d’éléments mcessoires ou or-
dit d’une petite gargouille 11337) et d’un bec ver- nementauxp et signiEe spécialement aaccompa-
seur (13971; il designe aujourd’hui 11686) un vase gner (le plat principal) d’une garnitureti ( 1721).
poreux dans lequel un liquide se rakaîchit par éva-
b GARNI, IE adj. et n. m. sime Mapprovisionnén
poration (par influence du provençal gargouleto
Cv.1125) et apourvu des (v. 1165). De l’idée de <<pour-
acruchon + GARGOUILLER v, (15941 signife
VO~ vient le sens de Nmeublém dans chambre gar-
«produire un bruit analogue à celui de l’eau qui
nie (16091 et hotel garni ( 1724) d’où un garni (1829) et
tombe d’une gargouillep; le verbe s’est employé an-
par sufkation populaire Cl8671 un ganto, mot po-
térieurement au sens d’aarticuler des paroles in-
pulaire en usage au début du XX~siècle. +GARNI-
compréhensiblesn (xv” s. ; xrve s., jar~oillier cgazouil-
SON n. f. a eu en ancien français des acceptions
ler4, il est alors dérivé de jargonner, gargonner par
liées à l’idée de protection, de défense, d’équipe-
substitution de Su&e. 0 En dérivent GARGOUIL-
ment (comme garnir) Mdefensem En XI~s.1,«approvi-
LEMENT n. m., réfection 11532) de gargodement
sionnement>> (11553, &quipementB Iv. 1176-11841,
(14783, et GARGOUILLIS n. m. (1581). 0 GAR-
«ville fortfiée~ (1213). Se sont conservés les sens de
GOUILLADE n. f. s’est dit (1747) d’un pas de danse
atroupes mises dans une place pour la défendrem
et désigne (18341 une vocalise mal exécutée évo-
h. lZOO1 et de AlIe où sont crasemées ces troupes,
quant le bruit de l’eau tombant d’une gargouille (ce
(1283; 1835, tilk de garnison). 0 Au sens d’aaction
sens, dérivé du verbe gargouiller, est peut-être an-
de munir d’éléments supplémentaires» (16231, gar-
térieur au premier).
nison est sorti d’usage sauf dans des emplois tech-
niques (cf. 1690, en orfèvrerie, @ce de garnison,
GARGOUSSE n. f, représente une altération 1633). +Dérivent de gumzkoïz, GARNISONNAIRE
(1687) du provenqal cargousso, gargousso acharge n. m, (17431, COntmcté en GARNISAIRE n. m.
de poudre à canon dans son enveloppe,, dérivé de (17843, celui qu’on établit en garnison chez des dé-
car@x, qui correspond à charger (+Charger). La biteursn, d’un sens spécial de garnison Etablisse-
forme plus ancienne 11505) gargouche vient d’un ment de sergents chez les débiteurs», et GARNI-
croisement avec catioucI~. SONNER v. (17941, tous deux sortis d’usage.
+ Le mot, qui conserve le sens du provençal, s’ap- +GARNISSAGE n. m., autre dérive de garnir, si-
plique aujourd’hui & un cylindre métallique empli gnifie *action de garnir ; son résultat> ( 18403dans di-
de noudre. vers emplois techniques ( 1785, *action de rendre
DE LA LANGUE FRANÇAISE GASPILLER

laineuse la surface des draps>). bGARNIS- attesté qu’au XIII~ s. alors que gurrot est courant en
SEUR, EUSE n. désigne l’ouvrier qui pose des gar- ancien francais, et on a aussi proposé pour origine
nitures (1260, pour celui qui garnit les chapeaux) et le IYancique Owrok dcpartie noueuse d’un tronc
( 1845, n. f,) une machine à garnir le drap. + GARNI- d’arbres, dérivé hypothétique de owohkon. Pour
TURE n. f. (1327 ; V. 1260, gumture) se dit de ce qui P. Guiraud, garrot pourrait avoir été formé à partir
sert à garnir, à orner (1570, en tapisserie; 1672, du latin vuru atraverse en boisn, de VUTUS*de tra-
terme de marine; 1872, en céramique; 1930, d’un vers», l’influence du francique se limitant au pas-
dispositif assurant l’étanchéité, etc.1 et, spéciale- sage du v au g-.
ment, de ce qui accompagne un mets (17211. + Garrot a désigné Qde moitié XII~s.1 un bâton, sens
Gmnir a servi à former deux préfixés. -DÉGAR- encore présent chez Furetière ( 16901, et spéciale-
NIR v. tr. (1080, préfure dé-), c’est tienlever ce qui ment un trait d’arbalète. Le mot se spécialise
garnit>, spécialement au participe passé (1798, front comme nom d’une barre de bois passée en travers
dégumil; en dérivent DÉGARNISSEMENT n. m. d’une corde pour la serrer (1611; xve s., guaroc).
(XII; repris mil. XVIII~ s.) et DÉGARNISSAGE n. m. 0 Garrot, par analogie, se dit 11598) d’un instru-
(1933). +REGARNIR v.k., en aben f&KtÇaiS ment de supplice, un collier de fer qu’on serre avec
h” s.) uforttier de nouveaw, signifie (XIII~s.1agarnir une vis pour étrangler, également nommé GAR-
de nouveaw, ~pourvoir d’une nouvelle garnitures ROTTE n. f. ( 1647). Dans cet emploi, les deux
(1549hde dérivé REGARNIS n. m. (1875; 1869,re- formes sont empruntées à l’espagnol garrote, sens
gumi) est un terme technique de sylviculture. spécialisé (1570) de gamote NbâtonB Cv.13001, lui-
@ voir GARNEMENT. même emprunté à l’ancien français garrot. -3 Par
extension, garrot se dit (1814) d’un lien qui sert &
GAROU -+LOUP (LOUP-GAROU) comprimer l’artère d’un membre pour arrêter une
hémorragie ainsi que d’une ligature ( 1757) par la-
GARRIGUE n. f. est un emprunt (1544, &nde4 quelle on corrige la direction d’un arbre.
au provençal gutigu cv.11201 désignant un terrain
aride de la région méditerranéenne. Le mot est F GARROTTER v. tr. dattacher, lier comme avec un
issu de l’ancien prover@ gw$c, n. m., Kchêne ker- garrot= (1535; xv” s., «serrer fortement un objet))) a
mès», qui correspond dans le domaine d’oïl à @Me été précédé par les formes wuroqutir ( 1470) et ga-
Iv. 1150, f&nco-provençal; cf. aussi v. 1170, juti rocier (attestation isolée, XZII~s.); il s’emploie aussi
&&On tWé dans un chêne kermh4 et au latin
au fi&& (15801. oEn dérive GARROTTAGE n. m.
médiéval ganica, garrigu (8171, utilisé dans le do- C1588).
maine d’oc jusqu’au milieu du XII~siècle. Ces mots
font partie d’un ensemble désignant des terres in-
GARS + GARÇON
cultes ou des plantes épineuses, mots en usage de
la péninsule Ibérique à l’Italie du Sud; ils auraient
GASCON, ONNE adj. et n. est issu (1080, li
Guscuinz; v. 1180, adj.) du latin impérial Vuscoms,
pour origine un type préroman cura- cpierren
nom d’origine préromane qui désigne un peuple
(cf. le dérivé gascon CUITOC, gurroc erocher}), le
établi sur les deux versants des Pyrénées, devenu
suisse allemand Kurren arochers cakaires4, les
Wuscones Ivres. ; + basque).
sols pierreux donnant naissance à une végétation
épineuse (cf. espagnol camasca «yeuse*, catalan + Le mot s’est employé au figuré de façon péjora-
gutic <<chêne& Pour P. Guiraud, c’est plus souvent tive 11622) pour parler d’une personne qui a les
la plante qui donne le nom au lieu, ce qui l’incite à traits que l’on attribuait (notamment aux XI? et
voir dans gurrigm un mot de la famille de gart, jurd XVII~s.) aux Gascons, supposés vantards et malins.
@@lion» et de carder, chardon, mots issus du la- b GASCONINJISME n. m. s’est dit (1584) d’un tour
tin carlrlere *carder» (+ jarre). gascon et en général occitan employé en tianqais,
dans le contexte de la normalisation de la langue
@) 0 GARROT n. m. est peut-être un emprunt française et, beaucoup plus tard ( 18231, d’une van-
( 1549 ; 1444, la forme gemot) au provençal gur-
sous tardise de Gascon, ce que signiCe aussi GAS-
rot (<partie du corps située au-dessus de l’épaule, et CONNADE rd. CXVII~S.;av.1611, à la gasconna&).
qui prolonge l’encolure)) (chez les grands quadru- +GASCONNER v.s'ernploie pour <<se vanter»
pèdes), de l’ancien provençal garru *jambe, jarretm, 11613, intr.), mais les sens de wolers (1611, tr.) et de
issu du gaulois ‘gurru (-+ jarret). P. Guiraud met en (<tromper qqn par des vantardisesm ( 1778, tr.) sont
rapport garrot aencolure>> avec gurrot Nb&ton)) (+ 0 sortis d’usage ; le verbe a également signifk *parler
garrot) qu’il propose de former à partir de vuru avec l’accent gasconfi (av. 1607, tr.1.
*traversen.
+ Le mot désigne le support en travers duquel est GASPACHO n. rn. est un emprunt (17761 à l’es-
placé le joug. pagnol guzpucho 116071, mot d’origine obscure sans
doute préromane.
9) 0 GARROT n. m. est un mot d’origine discutée 4Guspuchodésigne une sorte de soupe tioide; le
Qd” moitié XIII~S.I. Attesté aussi sous la forme gua- mot, qui avait été repris par Mérimée 11830) sous la
roc (xv” sd, il est donné comme dérivé du verbe forme espagnole, ne s’est répandu qu’après 1950
guro-hzier abarrer la route à qqn,, issu du francique avec le développement du tourisme en Espagne.
owo12zizon fltordre avec force}}, restitué par le moyen
néerlandais wroegen Ndénoncer, torturer, tour- GASPILLER v. tr. est peut-être issu 11549) du @)
mentern , WI-OC«rancunem . Cependant gurohkr n’est croisement d’un terme dialectal de l’Ouest gakl
GASTÉRO- 1560 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pailler arejeter les balles de blé>, puis arépandre la dont il ne nous reste que des témoignages indi-
paille du bléa, avec le provençal guspilha egrapiller, rects.
gaspillern qui correspond au moyen tiançais gapil- 4 Le mot désigne l’art de la bonne chère d’où, par
ler (attesté 1578). Gaspailler est un dérivé de l’an- extension, l’art de préparer de bons repas, la haute
cien f2ança;is guspail, attesté vers 1200 dans jeter 9 cuisine.
wuspail, en rapport avec le latin médiéval vaspale FE~ dérivent GASTRONOME n. 118031 et GAS-
«balles de blés (11941, le provençal gaspa apetit laits
TRONOMIQUE adj. (1807), devenus usuels avec
Il4501, le wallon wèspa <déchets de paillem, le poite-
gu.stronomie, depuis l’ouvrage célèbre de Brillat-
vin gaspailles, de même sens I 15 161. Guspail est issu Savarin, la Physi&@ du goiit 11826).
d’un type *wa~pa adéchetsm, peut-être gaulois, si-
gni&mt -nourriture> puis <nourriture de bétail, dé- GASTRULA n. f. est un mot du latin scienti-
chet» (de “wes- ~nourrir~ et d’un s&e pré-indoeu- fique moderne (18741, diminutif du latin classique
ropéen -p $ valeur diminutive). Pour P. Guiraud, gastru cvase ventruti, du grec gastêr, gastros
qui affectionne les formations doubles, guspiller se- *ventre, estomacn C+ gastéro-1; le mot a été créé en
rait un composé par juxtaposition de radicaux sy- 1872 par le biologiste allemand Haeckel(1834-1919).
nonymes, g&er cgûterl ou une variante de casser
(la forme gmse pour casse se trouve dans les dia- + Il désigne un stade du développement embryon-
lectes du Centre et du Poitou) et piller adétacher, naire; il est passé rapidement dans les langues eu-
déchirern (cf. pille «balle de blé, pelure4 soit agâte, ropéennes.
pillem.
GÂTEAU n. m. est issu cv. 1138, gastels, pl. ; o>
4 Gaspiller signifie <dépenser sans discemementm, v. 1170, li gmtiax, cas sujet singulier) d’un latin po-
au propre ( 15491 et au figuré (1829). pulaire *wastellum, probablement du tiancique
b En dérivent GASPILLEUR, EUSE n. (15381, GAS- owmtil «nourriture” (ancien et moyen haut alle-
PILLAGE n. m. au propre 117321 et au figuré (1872). mand wist anourriture4, dérivé de ‘wahs =Cire»
0 -pillage a été abrégé en GASPILLE n. f., (cf. anglais WCKKet allemand Wachs 4reDI. P. Gui-
terme régional 118221, et (1979) en GASPI n. m. aa raud rapproche gustel du moyen français gusche
chasse au gaspi1, terme proposé par l’administra- <galetteB, dérivé de gûcher* amouiller le plâtre% et
tion et d8usé par les médias, lors d’une campagne suggère un étymon gallo-roman “Vusitare *faire
pour l’économie d’énergie. une pâten. On a écrit gmtiau Iv. 1265) puis gmteau
(xv” s.); la fort-ne moderne est relevée en 1636.
GASTÉRO-, GASTR-, GASTRO-, 4 Du sens de gûteau cpâtisserien viennent les lo-
-GASTRE, -GASTRIE sont des éléments ti- cutions figurées avoir part au @item El5411 et ré-
rés du grec g&êr, gustros cventre, estomacm, de cemment c’est du &eau! (cf. tarte). 0 Par jeu de
grmin adévoreru (4 gangrène), qui entrent dans la mots avec gûter, papa gâteau (1785) se dit d’un père
composition de nombreux mots savants. qui gâte ses enfants (ensuite appliqué à d’autres
b GASTÉROPODES ou GASTROPODES n. m. pl. substantiM. 0 Par analogie de forme, gûteuu s’em-
(1795, de -po&) d’animaux qui marchent sur le ploie dans des acceptions techniques 11680, gûteau
v&re, c’est-à-dire les escargots. 4 GASTRf Ol- d& cire, & miel; 1676 en sculpture, etc.).
sert à former de nombreux termes médicaux tels
GASTRALGIE n. f. (1824, de -a@%) edouleur d’esto- j% GÂTER v. tr. est issu (10801 du latin vustare o>
macs ; GASTRECTOMIE n, f. (1879, de -tomiel; adévaster, ruiner=, «dépeupler+, dérivé de mstus
GASTRO-ENTÉRITE n. f. (b enter-) ; GASTRO-IN- “ravagé, désolé* (+Vaste), devenu “wmture SOUS
TESTINAL, ALE, AUX adj. (1808, de intestinal), etc. l’tiuence du germanique ‘wôstjan (restitué par
0 voir GASTRIQUE. l’ancien haut allemand -Stan, l’allemand wer-
uzlsten <dévaster, ravager-; cf. gûtine), d’où le g-
GASTRIQUE adj. est un dérivé savant (1560, initial comme dans d’autres langues romanes Iita-
n.1 du grec gustêr, gustros «ventre, estomacn (+ gas- lien guastare, espagnol et ancien provençal gustarl.
téro-1. + Gûter a le sens général de amettre une chose en
4 Le mot désigne un vaisseau sanguin proche de mauvais état, ; il a signi% {{dévaster, ravagern (10801
l’estomac, et s’applique aujourd’hui (17621 à ce qui a jusqu’au XWI~s. et <endommager gravement qqch.u
rapport à l’estomac. (v. 12001, jusqu’au mx” s. et encore régionalement;
b GASTRITE n. f. est lui aussi un dérivé savant du cf. 1662, se gûter ase détériorer4 0 Par extension,
grec gustêr (1803) par le latin moderne gustiti gâter se dit spécialement pour cdétériorer en pour-
(1795, dans une traduction), pour désigner une in- rissant~ (1636; 1538, au pronominal et, par a&i-
flammation de la muqueuse de l’estomac; comme blissement de sens, pour &aiblir, diminuer en pri-
dans d’autres termes médicaux en -ite, le latin mé- va& de ses effets agréables, favorable+ ( 1640, @ter
dical moderne s’est créé dans la terminologie mé- le métier et, par litote, av. 1778, la locution ce qui ae
dicale anglaise, au xvme siècle. @te rieri. 0 L’emploi au sens de Hpriver qqch. de
ses qualités n&urellesB Km XII~s.; aussi v-ter
GASTRONOMIE n. f. représente un em- +ouiller~I est vieilli ou littéraire. 0 Depuis le XVIeS.
prunt (1800 ; 1623, attestation isolée) au grec gastro- le verbe Sign%e 11530) ctraiter un enfant avec une
nomiu (cf. gustro- et -nomiel -art de régler l’esto- trop grande indulgence, qui risque de corrompre
mac». C’est peut-être le nom d’un traité culinaire ses qualités*; aujourd’hui seul le participe adjectif
écrit par le Grec Arkhestratos (IV” s. av. J.-C.) et (enfant gûté> est courant. Enfm, par oubli de son
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1561 GAUCHIR

sens initial, gûter s’emploie par extension (fm gauche remplace senestre (-+ senestre), alors que
WLI~ s.1 au sens de <traiter qqn en le comblant de droit se substitue à destre (1471, adj., la main
prévenancesn. g&che) ; d’où la substantivation la guuche et la lo-
b Le dérivé GÂTERIE n. f. (1815; 1609, attestation cution adverbiale ;i gauche. L’équivalence droit-
isolée pour (<altération d’un texte>)1 est lié au der- adroit a pu influencer ce nouveau sens de gauche.
nier sens mentionné pour le verbe; le mot désigne Désignant une orientation de l’espace, l’adjectif
aussi un petit cadeau (apr. 18501, et, en langue po- s’emploie dans plusieurs locutions figurées, dont :
pulaire, une fantaisie érotique (att. 1951). * GÂ- mariage de la main gauche ~Con lîbreb 11680) ; au-
TEUR, EUSE n. ((personne qui détériore qqch.n trefois un noble donnait la main gauche au lieu de
(1680; v. 1213, gwteur acelui qui gaspille%) est sorti la main droite, lors de la cérémonie nuptide, s’il
d’usage. * Il n’en va pas de même pour la variante contractait un mariage avec une femme d’une
péjorative GÂTEUX, EUSE n. et adj. dérivée à condition inférieure ; passer l’arme A gauche E1832)
l’aide du stixe -eu% (forme dialectale de -eurI Sign%e {crnourirn en contexte militaire. +Depuis la
d’abord dans l’argot des hôpitaux ! 1835) ((personne Révolution, la gauche désigne 11791) les membres
atteinte d’incontinence et donc qui @te ses draps>) d’une assemblée politique siégeant à la gauche du
(cf. en ancien fkançais gûter «gaspiller, répandre un président et professant des idées progressistes
liquidep et soi ganter «se souillep, XII~S.I. c= Par ex- (adj ., 1672, traduction de l’anglais left) ; en effet, en
tension, gûteux se dit (mil. ti s.) d’une personne 1789 les royalistes se placèrent à droite du pré-
dont les fonctions intellectuelles sont troublées sident et les partisans de la Révolution s’înstal-
(souvent à cause de l’âge>; par hyperbole (18721, il lèrent à sa gauche ; cette disposition a été mainte-
équivaut à Nidiota. +En dérivent GÂTISME n. m. nue (d’où les locutions à gauche, de gauche; cf. les
(1868) et GÂTIFIER v. intr. (v. 1950, d’après bêtifEer) gauches, n. f. pl.), mais ce sens politique n’est plus
13 gaga). senti comme lié à la répartition dans l’espace.
GÂTE- est tiré du verbe gûter pour former des b À chaque sens de gauche correspondent des dé-
mots composés comme: GÂTE-BOIS n. m. inv. rivés. +De gauche amaladroit}) viennent GAUCHE-
«chenille qui creuse des galeries dans le bois- ( 1829 ; MENT adv. (1575) et GAUCHERIE n. f. Wn91. GLU-
1397, umauvais menuisier}}; de bois); GÂTE-PA- cherie est aussi un terme didactique, au sens de
PIER n. m. ktle s. ; de papier) autrefois <<mauvais ((prédominance fonctionnelle de la main gauche ou
écrivainn ; GÂTE-SAUCE n. m. d’abord amauvais de l’œil gauche> (1858) ; la notion était aussi expri-
cuisinier= (1804; de sauce), aujourd’hui *marmiton>> mée par gauchisme (1858). + GAUCHER, ÈRE adj.
(1840). On a suggéré comme origine l’expression et n. ( 1549, n. m. ; 1444, adj . gauschier) Sign%e ccqti
gars de sauce, qui paraît inventée pour l’occasion. se sert ordinairement de la main gauchen.
Comme terme de politique, gauche a plusieurs dé-
GÂTINE n. f,, réfection graphique tardive rivés : + GAUCHISTE n, et adj. a d’abord Sign%é
~VII” s.) de gastine Iv. 11381, guastine Cv.11201, pour- “qui appartient à l’opposition de gauches (1839 ;
rait être un dérivé de l’ancien adjectifgast ou guast cf. aussi 1831, chez Balzac, gaucher “qui est de
&xuke, désert)> (10801, <<dévasté))h. 11751, issu du gauchenI avant de désigner un partisan extrême
latin vmtus «ravagé, désol (4 vaste) avec l’in- des solutions de gauche; dans cette acception le
fluence du germanique Owost (cf. allemand wüst mot, utilisé au XIX~ s. en concurrence avec gau-
~désert4. Le mot pourrait aussi provenir d’un fran- chard ! 1877,), s’est répandu d’abord sous l’influence
cique “wôstina, dérivé reconstruit & partir de l’an- de Lénine qui y voit la ((maladie infantile)) du com-
cien haut allemand wostina, n., d<désertB. munisme (19201, pu& vers 1965-1968, +GAU-
4 Gûtine désigne une terre stérile, surtout au- CHISME n. m. (1838) a suivi la même évolution.
jourd’hui comme terme de géographie (la forêt de +Gauchiste a donné l’abréviation familière
Gatine, par exemple). @GAUCHO n. m. (1974) +SEGAUCHISER
v. pron. si@e Cv.1968) <tendre vers une politique
GAUCHE adj. et n. est d’origine incertaine
de gauche», d’où tient GAUCHISANT, ANTE adj.
(v. 1225, guauche). Lui assigner une origine germa-
et n. (attesté dès 1959).
nique en le considérant comme un dérivé de guu-
chir (3 gauchir) soulève des difkultés; P. Guiraud GAUCHIR v. est sans doute une altération
propose pour étymon, sans preuve à l’appui, un Iv. 1181) de ganchir, gumchir <<faire des détours»
galle-roman ovaZ@cus,d’après le latin valgus aqui a (XII” s-1,issu du francique ‘wenkjan <vaciller>) Iresti-
les jambes tournées en dehorsp (nom d’une ink- tué par l’ancien haut allemand wanhôn, le moyen
mité), invoquant l’ancienne fomne gaulche 114711. néerlandais wenken, l’allemand wanken), peut-
+ Gauche s’applique à ce qui présente une dévia- être avec influence de ‘guuchier (cf. gauchie, XIU~s.),
tion Cv. 1225; xrve s., adv., cde travers). En géomé- métaphoriquement C£ouler la vérités, d’où {(défor-
trie, gauche Sign%e «non coplanaireB>. Un quadri- mers, issu du francique owa2~urt afouler» (cf. ancien
latère gauche, par exemple, est une figure dont les haut allemand walchan Nroulerm, moyen néerlan-
quatre sommets ne sont pas situés dans un même dais waken et allemand wulken ~fouler4, Dans
plan. Le sens de déviation est donc plutôt lointain cette hypothèse, guuche, adjectif, viendrait du
et pourrait ltisser supposer qu’une courbe gauche verbe. P. Guiraud voit plutôt dans gauchir l’abou-
est une courbe «qui tourne brusquement ». tissement de l’évolution d’un verbe gallo-roman
0 Gauche se dit des personnes maladroites (16603; “valgicare, formé à partir du latin valgus ade tra-
le nom masculin, un gauche En XVII~ sd, est ar- versa>(+ gauche); cette hypothèse galle-romane lie
chaque. +Au xve s,, pour des raisons inconnues, aussi le verbe à l’adjectifguuche qui a de toute ma-
GAUCHO DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nière influé sur guuchir par son sens initial, à partir 4 Gaufre désigne une pâtisserie (v. 11851,sens usuel
du XIV~ siècle. et qui donne lieu à des syntagmes (moule 9
+ Gauchir a d’abord signi% ese tourner, se diriger guufres, etc.), et un rayon de miel (1559, Ronsard).
vers» (v. 1181). Il a pris le sens de =déviep Iv. 13981, b De gaufre Ngâteaum dérivent GAUFRETTE n. f.
d’où par extension #s’écarter de la direction ini- 11536; attestation isolée guufietes, XJ? s.) et GAU-
tiale» (1580). Le verbe s’emploie intransitivement FRIER n. m. ( 1393; 1377, wufier) «appareil pour
Km xrve s.1 pour aperdre sa forme* et comme transi- faire les gaufresm. +GAUFRERv.tr. paran~ogie
tif, au sens de NdéformeP, au propre 11549, gauchir avec le dessin en relief de la gaufre Sign%e 11565)
une pianchel et au figuré (v. 1210, gauchir un fait). hnprhner des motik, en relief ou en creux (sur du
b En dérivent peut-être gauche (selon l’hypothèse cuir, du papier, etc.lB; le participe passé est plus
de P, Guiraud; -3 gauche) et à coup sûr GAU- ancien ( 1439, rocheties gaufre& 0 En dérivent des
CHISSEMENT n. m. employé au propre (1700 ; termes techniques : GAUFRURE n. f. (xv” s.); GAU-
1547,4léchissement~) et au figuré (déb. xxe S.I. +Le FRAGE n. m. (1806; attestation isolée guufiuge,
composé DÉGAUCHIR V. tr. 11397, desgauchirl si- 16701, précédé par gofiuge uouvrage en forme de
gnifie crendre droit, unin et, au figuré (18011, ~orri- gaufre (rayon de miel)m (1573) ; GAUFREUR n. m.
ger la gaucherie de qqnn. o Il a donné les termes (16041 et GAUFREUSE n. f. Kmachine à gaufrep
techniques DEGAUCHISSEMENT n.m. (15131 ou (1907); GAUFROIR n.m. (1785).
DÉGAUCHISSAGE n.m. 118381, et DÉGAU-
CHISSEUSE n. f. (1888). GAULE n. f., réfection (13061 de wuulle (12781,se-
rait issu du kncique ‘N&U «bâtonY, restitué
@ GAUCHO + GAUCHISTE (à GAUCHE) d’après l’ancien nordique Y@, le gotique N&US et
l’ancien anglais walu <marque laissée par un coup
0 GAUCHO n. m. est un mot emprunté 11826), de fouet*; P. Guiraud, à partir des anciennes
d’abord écrit guoucho (18221, à l’espagnol formes vale, gale, rattache guule au latin vullus
Idep. 1782, en Argentine). Ce pourrait être un em- apieu* ; I+ intervalle).
prunt à l’araucan ou au quichua cachu =Camarade*
+ Gaule désigne une longue perche 112781,spéciale-
(ou aindigent, pauvre,).
ment pour abattre certains h-uits 115341, et une
4 Le mot désigne un berger, un cavalier gardien de canne à pêche ( 15541; au sens de abaguette pour
troupeaux, en Amérique du Sud. frapper une personne, pour diriger des animaux*
(15301, le mot est vieilli.
8> GAUDRIOLE n. f. est un dérivé 11761) du
verbe aujourd’hui sorti d’usage gtxudir, sur le mo- b GAULER v. tr., réfection (1534) de wuder ( 13601,
dèle et avec la fmale de cabriole. Gaudir (v. intr. et signifie afrapper lun arbre) avec une gaule pour
pron., v. 1242, arailler>) est peut-être emprunté au faire tomber les fruits* (13601 et, par analogie, &ap-
latin classique gau&re use réjouir», altéré en gau- per qqnu aussi, en argot familier, ({attraper,
dire (-* jouir) et passé sous cette forme dans le latin prendre>> (se faire gaule??. + fl a pour dérivés GAU-
ecclésiastique (cf. aussi l’ancien français goder LAGE n. m. (18451, GAULÉE n. f. avolée de coups%
[v. 12231 araillep), [v. 13101 ase réjouir& mais c’est Il6 11) et Nquantlté de fruits abattus à la gaule=
un terme dialectal, ce qui rend ticile l’hypothèse (18741,et GAULIS n. m. (1661; 1655, gdys), réfe&On
d’un emprunt. 0 Selon P. Guiraud, le verbe serait de waulich Kclôture de gaules> 113921, qui se dit d’un
plutôt l’aboutissement d’un gallo-roman “gubitare, taillis dont les branches peuvent être utilisées pour
dérivé d’un galle-roman ‘g&a Ngosiep, d’une ra- faire des gaules.
cine onomatopéique “gub- (-, gober).
GAULLISTE n. et adj. dérive (1941) du nom
4 Gaudriole se dit d’une plaisanterie un peu leste,
propre de Gm.dle général français (1890-19701, qui
d’où l’emploi de la gaudriole pour 4’amour phy-
organisa à partir de 1940 les Forces françaises
sique, le libertinage, (1872, Zola).
libres contre l’occupant allemand et devint après la
b GAUDRTOLER v. intr. (1860) est sorti d’usage. Libération un chef de parti et un homme d’Etat.
Le verbe guudir avait produit deux dkivés: GAU-
+ Le mot désigne un partisan du général de Gaulle
DISSERIE n. f. (h xv” s.) ~moquerie~ et GAUDIS-
à l’époque de la Résistance et de la Libération, puis
SEMENT n. m. (18551 ~plaisir~ Ce dernier est un
un de ses partisans comme homme politique
archtisme, parallèle à des emplois de guudir,
Iv. 1954, après la Libération, et spécialement
se guudir, au wle siècle.
comme président de la République (décembre 1958
o> GAUFRE n. f. est une réfection (v. 1398) de à 1969).
gofie Iv. 12681, aboutissement de wdfre (v. 11851, b À partir du nom de De Gaulle ont été aussi déri-
probablement issu du francique ‘wutia, peut-être vés GAULLISME n. m. (1941) et GAUL-
déjà au sens de cgâteaun et de “rayon de mielm, sens LIEN, IENNE adj. (v. 19581, antérieurement par
qui existent en roman et dans les langues germa- plaisanterie ( 19471 déti comme *habitant de la
niques (moyen néerlandais wufek, ancien haut al- Gaulliem. + À guukme et gaulliste correspondent
lemand waba, wubo, allemand Wube arayon de desprétiés. ANTIGAULLISME n. m. WW,ANTI-
mielpI; l’ancienneté du mot en roman rend peu GAULLISTE adj. et n. (1941) et APRES-GAUL-
vraisemblable un emprunt au moyen néerlandais LISME n. m. 11964) sont relativement usuels. 0 Le
wafele, seulement attesté à la ti du XIII~siècle. La nom a fourni égaLement l’élément GAULLO- em-
forme tiançaise s’explique par une anticipation du ployé à partir des années 1960 pour former quel-
-2 de IV&~, suvie d’une dissimilation des deux 1. ques noms et adjectifs 11967, guullo-arabe).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1563 GAZ

GAULOIS, OISE adj. et n. gui a remplacé v. 1295, gaivel, issu d’un préroman *@bu, ‘@Va
(XV”s.) gudeis CI~ss),dérive du nom propre Gaule agorge, gosier-, peut-être d’origine gauloise
II 1551, issu du tiancique “Walha ales Romans>> ; la I+ joue).
forme galois (qui se réfère surtout au celte, en an- 4 Gaver, efaire manger (qqnl jusqu’à l’excès- (16421,
cien français) serait issue du francique “1Yalhisk se dit au figuré pour aemplira 118521et, par exten-
~~roman». sion (av. 18651, à propos d’un animal à engrtisser.
+L’adjectif s’applique à ce qui se rapporte à la F C’est dans ce dernier sens que sont employés les
Gaule (xv” s. ; 1155, gualek agalIolsd et le nom dé- dérivés GAVAGE n.m. (1877) etGAVEuR,EUSE
signe la langue celtique parlée en Gaule (v. 1285, n. (1870; 1889, n. f., amachine à gaver»), surtout ap-
wuZuis 4a lmgue d’oïl=) [voir l’encadré pp. 1564- pliqués aux oies et canards.
15661. alois *gai, joyeuxu, en parlant d’un son
Iv. 1205, de galer as’amusep) -, galant), s’est trouvé GAVOTTE n. f. représente un emprunt (15881
en homonymie avec gaiois issu du tiancîque. De là au provençal guvotu *danse des Gavots=, dérivé de
galoy (13141, guulois 11640) pour “pkis~t, ken- Guvot, ote, n. et adj., cchabitmt de la partie mon-
cieux et comique”, motivé par l’idée reçue de la tagneuse de la Provencen [forme latinisée gavotus,
truculence de “nos ancêtres”. 0 Par ailleurs, gau- 12681, issu du préroman peut-être d’origine gau-
lois a eu dans la langue classique 11671) une autre loise “guk, Oguva <<gorge, goitrem I-b gave) ; le goitre
valeur : “qui a le caractère inculte, grossier des an- étant une maladie tikquente chez les monta-
ciens temps)} (par référence à l’époque où vécurent gnards, on les aurait nommés gwots (cf. aussi an-
les Gaulois, cf, gothiqw) ; cet emploi est sorti d’usage. cien provençal gava& amontagnard, rustre3 et
b C’est l’idée de (grivoiserie>> qui est retenue dans aussi crétiin).
les dérivés GAULOISEMENT adv. IV. 17201, + Gavotte se dit d’une danse ancienne et, parméto-
d’abord <librement, sincèrement» puis, par allusion nymie (16741, de l’air de cette danse, devenue
à la réputation de liberté de l’esprit médiéval, ade entre-temps cknse de cour, et non plus rurale.
manièretruculenteetlicencieuse)),et GAULOZSE-
RIE n. f. (1865). ~GAULOISE n. f. I19101 désigne GAVROCHE n. m. vient (18661 du nom du per-
une cigarette kançaise de la marque de ce nom sonnage des Misérables 11862) de V. Hugo.
(par symbole timçais, comme Celtique). +Le mot désigne un gamin de Paris, spirituel et
moqueur.
GAUSSER (SE) v. pron., variante (15833 de
gosser (15611, a une origine incertaine. C’est peut- w Les dérivés GAVRQCHZEN, IENNE adj. (Va&s,
être un emprunt à l’espagnol gozarse ase réjouirm 18851, GAVROCHERIE n.f. (18891, etc., n’ont pas
Cv.13301,dériv6 de gozo «joie* issu du latti guudium survécu & une mode,
[-+ joie). P. Guiraud rapproche le mot du dialectal
gausser cgaver (les oiesIx, dérivé de gausse, gosse GAY - GAI
«gorge-, et de gouailler &amuser, se moquern :
* GAZ n. m. inv., d’abord gus (16701, est un mot
tous ces mots supposent une origine commune,
créé par le médecin et chimiste flamand Van Hel-
“guba dégorges, gausser étant alors l’aboutissement
mont (1577- 1644) d’après le latin chaos, la graphie
d’un gallo-roman ‘gubiciare, fréquentatif de ‘guk-
g- venant de la notation flamande de ch- prononcé
tare (qui aurait fourni se gaucher ase moquer)),
comme une gutturale.
1569, Ronsard).
4 Le mot a d’abord désigné une vapeur invisible,
+ Se gausser crtien (1583 ; 1568, se guuchw) est
une émanation: gaz est aujourd’hui Idep. 1787) un
d’emploi httérctire ; gausser =plaisa;nter= (1580, titr.1
terme génkique pour désigner un corps à l’état de
et gausser gq?% <(s’en moquer» 115611 sont ar-
fluide expansible et compressible, par ex. dans gaz
chaiques.
parfait tlB68) en physique. 11 se dit spécialement
des dérivés GAUSSERIE n.f. 115521, GAUS- d’un gaz utilisé pour l’éclairage, le chatiage, etc,
SEUR, EUSE adj. et n. 11584; 1553, gozzeur), mots (18261, d’où bec cle gaz, gaz de vilk et gaz naturel
de la lângue classique, et le déverbal GAUSSE II. f. (18861. - Au pluriel, les gaz désigne (1825) les gaz
=mauvaise phisanterie~ (1842 ; 1611, écrit gosse) accumulés dans le tube digestif lavoir des gaz1 et
sont eux aussi des archai;smes Littéraires, s’ils n’ont sert d’euphémisme pseudo-savant pour pet. + Gaz
pas disparu. se dit en particulier (av. 191.53d’un corps gazeux
GAVE n. m. est un emprunt; @n xr~e s., ~rhssart ; ayant des effets nocifs sur l’organisme, utilisé en
rare av. 1614 ; variante gaure, 1562) à l’ancien gas- temps de guerre 11916, guz asphyxiants; v. 1943,
con gave, gube (1188; cf. également gaver, XI~s., chambre & gaz). 0 Le mot désigne (déb. XX~s.3 le
gauer, 1160) ; ces mots semblent issus d’une base mélange gazeux qui fait fonctionner les moteurs à
préromane Ogabuw, ‘gubam4 qu’attestent le latin explosion, d’où les locutions à pleins gaz 119291,
médiéval gubarus En ~III~ s.-d&. rires.> et les déri- mettre les gaz.
ves Gabarret, G&arrot. On a aussi proposé une b Le mot a produit de nombreux dérivés. + 0 GA-
base préromane “gava «cours d’eau-. ZER v., terme technique ( 1829) pour 4la;mber (au
+ Gave reste vivant comme terme régional IPyré- gazi=, a pris (av. M51 le sens d’&toxiquer par un
nees) pour désigner un cours d’eau torrentiel. gaz de combatfi, d’où pour ces deux acceptions le
dérivé GAZAGE n. m. (1873). +Le préfixe DÉGA-
GAVER v, tr. est un dérivé (1642, pronom.) de ZER v., terme de chimie (1838, v. tr.), s’emploie
l’ancien mot picard guve <<jabot, gosier>> (XIII@s. ; aussi dans l’industrie pétrolière cv.19711, comme
(Suite page 15681
LE GAULOIS 1564 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

La relation du tiançais et des francophones tien éduenne, centl-ée sur le Morvan (Bibracte)
d’aujourd’hui avec cette langue est paradoxale. et l’actuelle Bourgogne, e’cqui, au re’s., englobait
Parlé pendant plus de quinze siècles sur tout le au nord Lutèce, à l’ouest les terres bituriges
territoire actuel de la France, de la Belgique et (Bourges, alors Avaricum). Les Éduens avoisi-
de la Suisse, le gaulois est à peu près inconnu, naient une autre puissance, celle des Arvernes
malgré une forte présence symbolique récem- (actuelle Auvergne). De telles nations avaient
ment exaltée par les exploits d’Astérix. une orgtisation politique élaborée avec k leur
tête un magistrat élu annuellement, dépourvu
Les Celtes en Gaule.
de charge militaire, le vergobret. Dans cette
Le gaulois, gui appartient au groupe celtique Gaule politiquement divisée, mais organisée et
(4 celtique), fut parlé par les populations venues assez prospère, les places fortes loppidal, les
d’Europe centrale, qui s’étaient établies dans la ports et les marchés marquent l’emplacement
zone d’Europe occidentale correspondant à la des futures grandes villes. Une population esti-
Belgique, la France, la Suisse et une partie de mée proche de 15 millions donne à la Gaule des
1’Espagne actuelles. Cette zone était peuplée de- premiers siècles une importance certaine au
puis des millénaires. On sait que les sites préhis- sein de l’Empire romain.
toriques knçais et espagnols sont nombreux et
riches. Mais on ignore absolument tout des par- La langue.
Ier-s des populations préceltiques, c’est-à-dire On connaît beaucoup mieux, par l’archéologie
pré-indoewopéennes, à une exception près : le et les textes latins, la tivilisation matériefle, in-
seul qui soit encore représenté en Europe oc- tellectuelle, artistique et religieuse (les fameux
cidentale est le basque (euskara). druides1 de ces Gaulois que leur langage, mais
Les Celtes, comme l’ont établi d’Arbois de Ju- ce sont pourtant les noms de personnes et de
bainville à la fin du XD~~s., puis Henri Hubert, lieux, lesquels se conservent à travers les siè-
@ce à l’étude des noms de lieux et & l’archéo- cles, qui ont permis de reconstituer pour ptie
logie, venaient des régions situées autour du l’histoire politique et économique de la Gaule
Haut-Danube, et notamment d’Allemagne méri- celtique.
dionale, comme l’avtit pressenti Hérodote. Leur Des rudiments de morphologie lexicale se dé-
habitat primitif se situait peut-être plus à l’Est. gagent de l’analyse de ces noms. Le plus fameux
lis seraient parvenus dans ce gui alla& devenir sans doute, Vwcingetoti, s’analyse en un pré-
les Gaules entre 1600 et 1300 avant notre ère, se tic majoratif ver-, trois syllabes qui corres-
déployant et s’accroissant en nombre pendant la pondent à aguerriers et un élément rix qui cor-
pkiode dite <<du bronzen. Leurs tumulus carac- respond au latin rex KroiB, non par emprunt,
téristiques se multiplient pendant la période de mais par communauté d’origine indoeuro-
Hallstatt, notamment dans l’actuelle Côte-d’Or p6enne. D’autres Cingetorix, un chef trévire, un
et dans le Jura. La ti de cette période protohis- roi du Kent, manifestent l’unité de la langue Ià
torique (de - 700 à - 5001 voit une immigration ce niveau). De même Eporedotix était le <chef
considérable. Vers 400 avant J.-C., les Celtes at- Iti des cavaliers D.HL’absolue identité des noms
teignent Za colonie grecque de Phocée IMar- de personnes et de lieux à travers tout le do-
seillel; se mêlant aux peuples que l’on appelle m2Wne gaulois> IE. Thkvenotl incite à penser que
Ibères, ils franchissent les Pyrénées. Vers 200 la langue gauloise présentait peu de variantes
avant J.-C., ces populations, qui avaient déjà co- dialectales, qu’elle était comprise sur tout le ter-
lonisé les îles Britanniques, occupaient I’intégra- ritoire. Selon saint Jérôme, au we s., cette homo-
lit4 du territoire que César allait subjuguer. généité s’étendait jusqu’aux colonies celtes
L’organisation des Celtes en Gaule, à leur apo- d’Orient, aux Galates. En revanche, quelques
gée (ler s. av. J.-C.), est un ensemble fluctuant de siècles plus tôt, César, informateur essentiel,
tribus associées de manière variable en «pays, distingue Gaulois, Belges et Aquitains “par la
OU acitésm formant des sortes de nations. langue, les institutions et les loism. Phrase d’in-
Celles-ci sont 4’aboutissement d’un processus terprétation difkile, mais qui suggère soit un
perpétuel de formation et de dislocations plur&nguisme (avec une langue germanique et
(H. Hubert). Ces entités géopolitiques et écono- le Mceltibèree, ou le basque), soit une variation
miques actives constituèrent les limites et l’arti- linguistique celte d’importance, sur le continent
culation interne des provinces romaines, puis même. Il convient donc d’être prudent sur ce
des grandes regions qui formèrent la France. thème, notre conntissance du gaulois se bor-
Outre cette zone, la Rhénanie des Trévires, la nant à des listes lexicologiques et à des re-
Belgique, l’Helvétie, une partie de l’Espagne constructions douteuses, appuyées sur les
étaient entièrement celtisées à l’arrivée des RO- langues celtiques parlées dans les aes, gallois et
mains. Le centre de cet ensemble a connu une irlandais, qui pouvaient avoir divergé fortement.
volonté politique ambitieuse avec la confédéra- L’absence d’écriture, pendant des siècles,
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE GAULOIS

aggrave encore notre ignorance. L’adoption de devient vite indispensable en dehors des rela-
l’alphabet grec au III~ s. avant notre ère, par l’en- tions famUles quotidiennes. Les techniques
tremise de la colonie phocéenne, n’a d’ailleurs nouvelles (construction en pierre, culture de la
conduit qu’à des inscriptions sommaires sur les vigne, etc.) véhiculent avec elles leurs terminolo-
monnaies, à des contrats commerciaux, des gies entièrement latines. En outre, le brassage
listes de noms, un &lèbre calendrier. La littéra- des Celtes recrutés dans les armées romaines,
ture gauloise, lyrique et didactique, religieuse celui des commerçants itinérants, surtout peut-
par sa fonction, est restée entièrement orale et être la conversion volontake ou forcée de l’aris-
s’est défktivement perdue. tocratie gauloise à l’ordre romain, imposèrent
Quelle que soit sa variété, le celte de Belgique, très rapidement l’usage du latin; On le constate
des Gaules, d’Helvétie et d’Aquitaine, au moins à l’évolution des patronymes. E. Thévenot cite
dans ses usages nobles, politiques, religieux, ly- un Caius Julius Eporedorix dont le fils se
riques, devait présenter la relative unité néces- nomme déjà, à la roma,ine, Caius Julius Magnus.
saire à l’expression d’une civilisation commune. Les personnages influents, qui après avoir été
Cependant, une variation locale, dans cet uni- des chefs de guerre et des dirigeants politiques,
vers sociopolitique très subdivisé et mouvant, et deviennent entre le ler et le III~ s. des riches pro-
par ailleurs rural, est plus que probable. En priétaires et des administrateurs romains,
outre, la frontière entre ~gaulois~ et =celtibèrem, furent sans conteste les v&kules de la langue
langue s’il se peut encore moins connue, ne pou- latine. Certains étaient éduqués dans des écoles
vait pas être nettement tranchée. romaines. Sous Tibère, la plus prestigieuse était
La langue gauloise, et plus largement le celte celle d’Autun (Augustodunum), fréquentée par
continental, dans ce que l’on en sait, présentait ales fils des plus grands personnages des “Trois
de nombreuses analogies, à l’intérieur de l’en- Gaules”)) (Tacite). L’accession au titre de citoyen
semble indoeuropéen, avec le groupe des romain était subordonnée à la connaissance du
langues italiques, et parmi elles avec l’ombrien, latin. Partant du sommet de la hiérarchie so-
lui-même assez proche du latin. Cette concor- ciale et des villes, le latin a dû gagner succes-
dance ne se marque pas seulement par le sivement les couches moyennes, Ia campagne
lexique Con vient de noter le I%X gaulois et le rex par les propriétaires terriens, et halement
latin), mais par des traits de structure (génitif toute la population. Les stades de bilinguisme, la
en i des thèmes en o; forme du futur en bo-, par géographie sociale du gaulois subsistant aux II~
exemple). La phonologie, elle aussi, &ait assez et me s. nous demeurent inconnus. Si les inscrip-
proche, et ces ressemblances s’expliquent peut- tions écrites, même sur les objets les plus mo-
être pa,r l’origine géographique de ces deux destes, montrent l’absolue prépondérance du
peuples, celte et italique, venus d’Europe cen- latin, on ne peut rien dire de la langue parlée, en
trale. Le gaulois était, comme le latin, une situation privée ou en milieu rural modeste.
langue flexionnelle, à déclinaisons Cc& et conju- L’impact des invasions germaniques du III~ s.,
gaisons ; il connaissait probablement les déter- avec leur cortège de violences, de désordres, de
minants (démonstratik, peut-être l’article). La déplacements de populations, ne saurait être
morphologie, on l’a vu, est mieux connue, grâce sous-estimé, non plus que le redressement et les
aux noms propres : Za dkivation était riche, la transformations sociales du we s. À travers ces
composition abondante. Au-delà, notamment conditions très contrastées, le mouvement lin-
pour la syntaxe, notre ignorance est quasi guistique est paradoxalement toujours le
totale. même : le latin l’emporte partout. Parallèle-
Nous n’en savons guère plus sur la d!@a&io~~ ment, l’influence chrétienne, surtout au IVe s. où
du gaulois, entre le ler et le ve s., et sur son rem- elle devient générade et profonde, contribue cer-
placement par un latin régional, qui donnera tainement & la disparition de l’ancienne langue
naissance aux dialectes d’oc, d’o’ïl et &anco- celtique et d’une civilisation transformée en un
provenqauxn. Ni sur le rôle précis du substrat hybride «galle-romain>.
gaulois dans l’évolution de ce latin avant l’appa-
rition des wulgaires roman+ dont l’un va deve- Les traces du gaulois en français.
nir le français. Les historiens expliquent l’effon- En latin des Gaules, en «vulgaire roman» et enk
drement rapide et, en fait, peu compréhensible en francais, le gaulois a laissé peu de traces,
du gaulois par des fa4kurs historiques aussi gé- sauf, on l’a vu, dans le domaine des noms de
néraux qu’hypothétiques : attraction des Gau- lieux. La langue celte a Cependa;nt quelques té-
lois pour la civilisation méditerranéenne (in- moins dans le vocabulaire français, en général
fluence grecque pour l’écriture, liens com- par l’intermédiaire du gallo-roman (latin des
merciaux avec Rome par la Narbonnaise, etc.), Gaules), quelquefois par l’entremise du breton,
admiration pour le mode de vie romain, qui ap- langue importée en Armorique par d’autres
paraît dans les villes. Plus évident est l’impact Celtes, venus des îles Britanniques aux v” et VI” s.
de la romanisation politique, administrative, À cette époque, le gaulois ne devait plus être
commerciale et juridique des Gaules : le latin pratiqué que dans quelques zones rurales d’Ar-
GAZE 1566 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

morique (peut-être autour de Vannes), outre les réalités rurales : animaux d’élevage Imoutonl,
vallées isolées des Alpes helvétiques. techniques du bois (bille de bois). Dans certains
Les étymologies gauloises sont d’ailleurs dit% cas, selon Wartburg, le mot gaulois était utilisé
des à retracer, que les mots aient transité par le pour la production agricole, le terme latin
breton (c’est peut-être le cas pour balai, dont chaque fois qu’il y avait échange, commerce;
l’origine est discutée) ou, beaucoup plus c’est ainsi qu’on explique que miRI continue le
souvent, par une forme latine régionale et tar- mot romain, ruche un mot celtique.
dive. Certains mots, comme ah, aloie qui a Les exemples sont peu nombreux (entre 100 et
donné alouette, viennent d’un alauda considéré 150 mots) par rapport à ceux que fourniront plus
par les Romains comme gaulois, mais on n’en tard le tiancique. Même en tenant compte des
sait guère plus. Le trajet probable qui mènerait effets de substrat, par lesquels le gaulois a in-
d’un gaulois “aPnbacto au latin ambactus (lui- fluencé le latin populaire et par lui le roman,
même pris à un mot germanique, qui l’aurait puis le français (palatalisations, évolution du u
emprunté au celtique), puis du latin à l’italien, latin loul au u fran@s, vocalisation du 11,la pré-
de là au fran@s et à l’anglais, est trop complexe sence gauloise est, sinon infnne, du moins im-
pour qu’on puisse retenir l’image simple d’un perceptible et très profonde, en français.
mot <(gauloism dans ambassade. De même, l’ori- A. Rey
gine gauloise d’un mot courant, trou, est sujette
à discussion. BJBWOGRAPHIE
Hormis les noms de lieux, les formes d’origine
G. DOTTIN, La Langue gauloise, 1920.
gauloise en fiançais sont donc peu nombreuses.
Cependant, certaines sont sign%catives de la H. HUBERT, Les Celtes, 1932.
culture celte. On peut citer cewoke, brasser et C. JULLLAN, khktoire de Iu Gaule, 8 vol., 1908-1926.
brasseti (d’un ‘bruces =maltB)), tonne et tonneau M. LJZJEUNE, Recueil des inscriptions gauloises,
C. N. R. S., 1984.
totonnul, braie d’où brugwtie (sans allusion
F. LOT, La Gaule, 1947.
<gauloise4 chunue et soc, arpent et lieue, et
aussi chemin, avec d’autres termes de transport.
É. THkVENOT, Hktdre des GUU~O~S, Paris, Que sais-
je?, no 206, 1946. -Les G&o-Romains, Paris, Que
Il en va de même pour les noms de quelques sais-je?, no 314, 1948.

son dérivé DÉGAZAGE nm. 11929). +@GAZER cause de la pénurie d’essence), d’où tv. 1942) wéhi-
v. intr. ( 19151, emploi familier et métaphore sur cule à gazogène=. + GAZOMÈTRE n. m. s’est
mettre Ies gaz flaccélérep, signiCe *aller à souhait» d’abord dit d’un appareil pour mesurer le volume
et htler viteb. II a vieilli. +GAZEUX, EUSE adj. si- des gaz 11789, Lavoisier) ; puis il a désigné l’appareil
gnifie 117751“qui contient du gaz* (d’où boisson ga- réglant le débit du gaz de ville (18091 et, plus cou-
zeuse) et «relatif aux gazn ( 1809). + GAZIER, IÈRE ramment, une construction dans laquelle on met le
adj. et n. <<relatif au gaz de ville» (adj., 1802) désigne gaz en réserve ( 1858). +GAZODUC n. m. est
con-une nom un employé du gaz (1865) et, assez ré- construit (19581 d’après oléoduc. + GAZOLINE n. f.
cemment, dans l’usage familier, un individu quel- est plus courant (1890) que GAZOLÈNE n. m.
conque; ce sens, apparu d’abord dans l’argot rnilî- ( 1878) ; ces mots sont empruntés à l’anglais gaso-
taire (1945 ; répandu v. 19501, a pu tirer son origine Line, gasolene I 18711,avec -ol tiré de bemol, pour
d’une paronymie (gars et gaz), renforcée par l’em- désigner l’éther de pétrole. 0 Guzoline a produit
ploi de compagnie (la lw compagnie et la Compa- DÉGAZOLINER v. tr. (19481, d’où DÉGAZOLI-
gnie du gaz). NAGE n. m. (19481, termes techniques écrits aussi
GAZÉIFIER v. tr., formé avec le stixe -if&, signi- avec -s- (1961). +GAZOLE n. m. représente (1973)
fie 11802) <<fairepasser à l’état de gaz>’ et, spéciale- une adaptation de l’anglicisme GASOIL n. m.
ment (xx” s.3, Nfaire dissoudre du gaz carbonique 11920) ou GAS-OIL; l’anglais gas oil, composé de
[dans un liquidel*. +En dérivent des termes tech- gas «gazn et de oil ahuile-, dkignait a l’origine tout
niques : GAZÉIFIABLE adj. (l&ll), GAZÉIFICA- hydrocarbure produisant des gaz par distillation.
TION n. f. (18241, GAZÉIFICATEUR mm. (19301.
+GAZINIÈRE n. f. (mil. XX~s.), formé à partir de GAZE n. f. est d’origine incertaine; c’est peut-
gaz et de kuis)tnière, désigne commercialement être un emprunt ( 146 11à l’arabe qazz abourre de
une chinière à gaz. soie», lui-même du persan, ou un dérivé du nom de
GAZO-, élément formé sur gaz, sert à former des la ville de Gaza (Palestine). L’anglais gauze, l’alle-
termes techniques. +GAZOGÈNE n.m. (de -gène) mand Gaze, l’espagnol gasa sont empruntés au
a désigné un appareil pour fabriquer l’eau de Seltz français, mais on ignore comment le mot et la
(eau gazeuse) (1832) ; c’est un terme technique chose ont pénétré en Europe.
(1844) qui désigne un appareil transformant un + Gaze, ((tissu léger de soie, de lin ou de laine,, avait
combustible solide en gaz. Le mot a eu une brève et pris dans la langue classique (16751 la valeur fige-
intense fortune, de 1941 à 1945, à la suite de l’utili- rée de ace qui adouoit la penséen et, par analogie
sation de tels appareils pour les automobiles (à (18721, s’est dit d’un voile transparent. Vieilli dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE GECKO

cet emploi, gaze désigne spécialement (1907) un adj.Cl791 ; 1611, glasonneux), est rare; GAZON-
tissu utilisé pour les pansements. NIER n. m. 11955) est un terme tectique.
F Le dérivé 0 GAZER v. tr. 11762)sime «couvrir GAZOUILLER v. intr. est un dérivé (1316) du
d’une gazem et, au figuré (av. 17421, mais sorti radical onomatopéique gas- G+ jaser).
d’usage ou du moins très archaïque, <<voiler légère-
ment (ce que l’on dit)». 4 Il s’emploie, tout d’abord en parlant d’un enfant,
au sens de afaire entendre des sons articulés*. Il si-
GAZELLE n. f. est une réfection tardive 11690) gnifie par extension <produire un bruit léger et
d’un emprunt ancien, sous plusieurs formes: ga- douxs (v, 1380, à propos de la perdrix) et devient
cele Iv. 11951,puis gasek (1298) et guzel @mXIII~s.), a aussi transitif (av. 1525).
l’arabe classique &zül (cf. latin médiéval gazela, F GAZOUILLEMENT n. m., d’abord guzoillement
v. 1110). h. 1360-1365)à propos des oiseaux, prend sa forme
+Le mot désigne un mammifère ruminant actuelle au XVI~s. (v. 15601et se dit aussi de l’eau
d’Akique et d’As&. (1636) et en parlant des sons émis par un petit en-
fant (1787). +Le verbe a aussi fourni GAZOUIL-
GAZETTE n. f. est un emprunt ti XVI~s.1à l’ita- LEUR, EUSE adj. (1611; rare av. fm XD? s.) et GA-
lien guzzetta #feuille volante d’informationn ZOUILLIS n. m. 11552, Ronsard), synonyme p&iel
(av, 15801,du nom d’un journal créé à Venise f&- et poétique de guzouillement.
zeta de Eenwitel, qui coûtait une gazeta, nom d’une
pièce de monnaie tiappée à Venise en 1539 (le fran-
GEAI n. m., d’abord gai (v. 11701, puis modifié
phonétiquement en @i (11751, écrit geai au XVII~ s.,
tais gazette a le même sens, chez d’Aubigné1. Le
est issu du bas latin guius ugeain, probablement tiré
vénitien guzeta est dérivé de guzza amonnaiem,
du nom propre Guius, courant comme sobriquet
d’origine incertaine ; gazza serait issu du latin gaza
«richessesb (mot iranien venu par le grec) ou du vé- populaire, selon un procédé habituel pour désigner
nitien gaza epien (de même origine que geai*). des animaux familiers.
L’existence en moyen français de guser ababiller* 4 Cet oiseau, capable de reproduire certains mots
(3 jaser) a certainement favorisé l’emprunt, la ga- ou sons du langage humain, est souvent désigné
zette étant liée à l’idée de bavardage (ce trait peut par des noms d’hommes, comme d’autres oiseaux
être lié à l’hypothèse de gaza @en). (cf. par ex. pierrot).
4 Gazette désignait un écrit périodique contenant GÉANT, ANTE n. est une réfection cv.1170)de
des nouvelles (cf. journal); le mot entre dans un jaiant (1080); ce mot, comme l’ancien provençal
titre en 1609 ; il se dit au figuré d’une personne ba- iatin (v. 11201, guiunt, est l’aboutissement du latin
varde &n XVI~s.1 et d’un récit détaillé de petites populaire ‘gagantem, accusatif de gugus, altération
nouvelles (av. 16541. du classique Gigas, -dis, du grec Gigas, @gantos.
b En dérive GAZETIER, IÈRE n., mot sorti d’usage Gigas, d’ordinaire au pluriel Mes GéanW, est dans
au propre (1633) et au figuré (17’52). la mythologie grecque le nom de monstres brutaux
et gigantesques, nés de la Terre et du Ciel, frères
GAZON n. m. est une réfection (~III WI~ s-3de ga- des Titans, et que Zeus dut vaincre avec l’aide des
son ( 12131, aboutissement de wason (11781, issu du Olympiens avant de devenir le maître des dieux.
tiancique ‘waso amotte de terre couverte d’herbe)), 4 Géant s’est d’abord dit d’une personne d’une
restitué d’après l’ancien haut allemand wuso et le taille anormalement grande (1080; v. 1240, adj.1. Le
moyen néerlandais wase k-f. allemand Rasen, Wu- mot désigne dans les légendes (v. 1170) un être fa-
sen «gazonpI. Le mot a été introduit comme terme buleux, gigantesque, considéré comme l’ancêtre
juridique dans la Galle-Remanie : lors d’une inves- de l’espèce humaine. A la ti du XVII~ s. (1699; 1791,
titure, les Francs ofient une paire de gants adj.), il s’applique aussi à des choses. En astrono-
I+ gant) et une motte de terre, symbole de la re- r-nie, on appelle géantes un type d’étoiles de faible
mise d’une terre. densité (emprunt probable à l’angl. giunt, 1912).
4 Gazon désigne (1178)une motte de terre couverte Voir ci-dessous super-géante. ~AU figuré, géant
d’herbe (emploi technique : un, des gazons); par s’emploie (av. 1778,vohire) pour ~~personne très
extension le gazon désigne une herbe courte et fme remarquablea; cet emploi est resté très vivant, par
(fin XI? s.) et la surfme qui en est couverte (1690; exemple dans la locution les géants de la route
1865, <pelouse artificielle>). 0 Gazon s’emploie fa- (1900). +L’adjectif connaît Iv. 19851 une vogue nou-
milièrement pour acheveux> ~~III~ s., Kperruquen). velle, comme majoratif, avec une valeur voisine de
b Le dérivé GAZONNER v., réfeckion I:1328) de wus- celle de super ou de génial [c’est géant!).
sonner (12951 <lever des mottes de terren, Sign%e bhpr&xéSUPERGÉANTE n.f. (empr.àl’anglais
cevêtir de gazon, et <pousser en gazon, (1862, supergiant, 1927, Russell) s’applique à un type
intr.), use couvrir de gazons 11874).0 Il a deux déri- d’étoiles géantes encore plus vastes et très peu
vés, GAZONNAGE n.m. (av.16831 et GAZONNE- denses.
MENT n. m. (1701). + Le verbe a servi à former DÉ-
GAZONNER v. tr. (18633, d’où DÉGAZONNAGE GECKO n. m. est emprunté (1769) au latin scien-
n. m. 119221 qui l’a emporté sur a!égazonnement tsque gehko 117341, puis gecko (17471,repris du
(1863). +REGAZONNER v.tr. est aussi ancien que néerlandais Gecco Il6311 qui transmet un mot ma-
le verbe simple, sous la forme mwasonner Iv. 1328). lais CgekopI, sans doute d’origine onomatopéique.
+Un autre dérivé de gazon, GAZONNE~~, EUSE 4 Le mot désire un reptile saurien.
GÉGÈNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

GÉGÈNE n. f., mot de l’argot militaire (av. 1958, gélatineux, devenu quelque peu péjoratif, Par ex-
Mauriac), est formé à partir de (groupe électro) tension, le mot s’emploie 11888) pour désigner une
gèw, par abréviation et redoublement, avec un jeu substance détonante d’aspect gélatineux.
de mots sur le prénom populaire Gégène (Eugène). bEn dérivent GÉLATINEUX,EUSE adj. (1743),re-
+ Il désigne un groupe électrogène portatif et, spé- lativement courant, et des termes techniques
cialement, l’usage de cet instrument aux fms de comme GÉLATTNISER f 18501, GÉLATINÉ, ÉE adj.
torture (peut-être avec le rappel inconscient de (18651, GÉLATINER v.k (1885, pron.).
gêne, géhenne), GÉLULE n. f. a été formé (19091 d’après capsule à
partir de géKatine1 pour désigner, en pharmacie et
b En dérive (v. 1960) GÉGÉNER v. tr. dorhrer avec
couramment, une capsule gélatineuse.
la gégène>>.
GELÉE 9 GELER
GÉHENNE n. f. est repris (v. 1265, aussi je-
benne) du bas latin ecclésiastique gehenna, issu par GELER v. est issu (v. 1140) du latin gelare «des-
l’intermédiaire du grec geenna de l’hébreu bi- cendre à une température qui provoque le gel.rp,dé-
blique géy-bintim <vallée de Hinnomn. Ce topo- rivé de gelu Ici-dessous gen.
nyme désigne un lieu situé près de Jérusalem où + Geler conserve le sens latin Iv. 1440, irnpers.). I1
des Israélites idolâtres sacrifkrent des enfants par s’emploie ensuite au sens transitif de <transformer
le feu ; le lieu fut maudit et son nom désigna l’enfer. en glaceD (v. 1174- 11801,puis d’ccendommager par le
+En français, géhenne reste dans le langage bi- tioid)> ( 1578). 0 Les emplois intransitifs corres-
blique pour aEnfep> (v. 1265). Q Par croisement avec pondent à &re endommagé, tué par le fkoidu
g&e*, le mot a dési@ 6n XVI’ s.) la torture appli- (par ex. d’un végétal; v. 1393 et à Gtre pris en
quée aux criminels; dans un emploi figuré, gé- glace)> (16903. Le verbe Sign%e aussi, par exagéra-
hen?w se dit aussi (1580) d’une sotiance intense. tion, ~~souf&ir du froid>> (15671, sens qu’a aussi se ge-
$’ voir GÊNE. ler Iv. 1660). Par extension, geler Sign%e
(mil. XVIII~s.1 <durcir par le tioidm, par exemple à
0 GEINDRE v. intr. est une réfection (v. 1155, propos du sol, valeur plus ancienne (v. 1600) pour se
geint, 3e pers. du sing.1 de gzkmbre (v. 1200) par ana- geler. 0 Il s’emploie au figuré dès le xwe s. (15521, à
logie avec les verbes en -eindre [cf. craindre). Il est propos des personnes, pour <mettre mal à l’aisen;
issu du latin gemere ase plaindre, gémir» (+ gémir). on peut rapprocher de cette valeur la locution ar-
chaïque avoir le bec gelé «se taires ( 1611) qui est
+ Le sens latin ne s’est maintenu que dans un style une métaphore du sens propre. 0 À propos de
soutenu (v. 1155; & propos de choses, 1573); geindre choses, le verbe se dit pour abloquer une activité,
s’emploie couramment depuis l’ancien français un processus» Cv.19301, Narrêter la circulation de
(12801 de façon péjorative. Il’a,rgentb.
bLe dérivé GEIGNARD,ARDE adj. Il8671 est k GÉLIF, IVE adj* (15191 est un dérivé didactique
formé avec le sufke péjoratif-a&. + GEI- dont viennent GÉLIVURE n. f. (17371, GÉLIVITÉ
GNEURJUSE adj. (~~~~),GEIGNANT,ANTE adj. n. f (18451 et G&LIVATION n. f. (D?L%). +Un autre
(1856 et Journal des Goncourt) et GEIGNEMENT dérivé, GELURE n. f., s’est d’abord dit pour =geléen
n. m. (18421 sont d’un emploi rare. (15381, puis pour eengelurem (1542); repris en 1807,
le mot a été dénoncé au XIX~ s. comme un barba-
0 GEINDRE + GINDRE risme. -Quant ~ENGELURE n. f,c’estun dérivé
(XIII~s.1 de l’ancien verbe engeler <geler complète-
GEISHA n. f., d’abord fkancisé en gtichas ( 1887, ment>> k# s.1; sorti d’usage, ce nom désignait une
Loti), a été réécrit geisha 11899) par translittération enflure douloureuse, accompagnée d’ampoules, et
d’un mot japonais. due au froid.
Plusieurs verbes ont été construits à partir de geler
+ Il désigne une danseuse et chanteuse qui se loue
ou sont issus d’un composé du latin gelare. *DÉ-
pour divertir les hommes par sa conversation, sa
GELER v., d’abord sous la forme &sgeZer Il2 131, est
musique et sa danse. Désignant une réalité cultu-
l’antonyme de geler, au propre et au figuré ( 1875,
relle qui n’est pas sortie du Japon, le mot fait partie
pron. asortir de sa réserve>& spécialement Kdéblo-
de la terminologie propre à cette civilisation, qui
quer, des crédits Cl9411 ou une situation (1963).
fascine l’Occident depuis la fin du XIX~ siècle. En
0 Son dérivé DÉGEL n. m. est le contraire de gel,
français, on donne parfois au mot, erronément, une
au propre (1265) et au figUré (18341. ODÉGELÉE
valeur érotique, assimilant la geisha à une courti-
n. f. (17901 ((volée de coups= vient sans doute d’un
sane.
emploi dialecttal dcavalanche, averse». * CONGE-
LER v. tr. (1265, au participe passé) est emprLUIt6
GEL +GELER au latin congelare, dont il conserve le sens, <<faire
passer à l’état solide par l’action du tioid,; par ex-
GÉLATINE n. f. est emprunté ( 16111 à l’italien tension il Sign%e ( 1636) <soumettre à un froid in-
gelatina <gelée comestible>> (2” moitié XII? s.), dérivé tense pour conservera. oCONGÉLATION n. f.,
du verbe gelare, emprunt au latin gelare cgeler*n. emprunté (XVI~s.1au dérivé latin congelutio, a suivi
4 À Ia ditTérence de son concurrent plus ancien, ge- l’évolution sémantique du verbe ; il a désigné aussi
lée*, gélatine a reculé pour désigner une substance une concrétion calcaire 11676). 0 Congeler a plu-
comestible, probablement à cause de son dérivé sieurs dérivés tiançais : CONGELABLE adj. attesté
DE LA LANGUE FRANÇAISE GÉMIR

en 1612 est repris en 1800; CONGELAT, IVE adj. t0 call qappelers. La forme g&r;notie ( 15341 vient
m XV~s.1 est sorti d’usage; CONGÉLATEUR n. m. peut-être d’un emprunt au provençal galinoto
a d’abord désigné (1845) un appareil qui congèle les ccpodette, géhnotteti ; gelinette apetite poule)> Cgeli-
liquides (cf. réfigérukeur, qui l’a éliminé) puis (me S.) nete V. 12001,puis agélinotte%, est d’emploi régional.
la partie d’un rékigérateur qui conserve les ali- + GéUmtie, autrefois epetite poulen C15303, désigne
ments et l’appareil qui conghle les aliments (à (1552) un oiseau très voisin de la perdrix, CO~~U-
- 3001. +SU- congeler a été composé DÉcONGE- nément appelé acoq des marais~.
LER v. tr. C1907) et sur congélation son contraire
DÉCONGÉLATION n. f. 11893). eREGELER v.tr., GÉMEAU, GÉMELLE, GÉMEAUX adj.
<geler de nouveau% (1447, de geler), a produit le dé- et n. est une réfection savante h. 1165, n. ; v. 1170,
rivéREGEL n. m. (17771, demeurérare. +3URGE- adj .) de jumeau, du latin gemellus (+ jumeau), demi-
LER v. tr., apparu au milieu du ti s. Iv. 1960, au nutif de geminus C-+géminerl.
participe passél, est comme congélateur hé aux
techniques de conservation des aliments par le +En français, gémeau est synonyme de jumeau
froid, de même que SURGELÉ n. m. Iv. 19701,très jusqu’au XVZI~siècle. Les Gémeaux n. m. pl. (1546,
courant pour Naliment surgel&. SURGÉLATION Rabelais), d’abord les &meZs (XIII~ sd, désigne une
n. f. 11948, d’après congélation) et SURGÉLATEUR constellation zodiacale (Castor et Pollux3 par tra-
n. m. (1966, d’après congélateur). duction du latin gemirti (pluriel de geminusl et, en
GELÉE n. f. est issu (10801 du bas latin gelata astrologie, le troisième signe du zodiaque. Dans cet
(~1~ s.1, participe passé féminin substantivé du emploi, le moyen frmCais avait aussi par emprunt
verbe classique gelare. Le mot désipe l’état de la au latin gemins (1488).
température quand elle provoque la congélation b Le latin gemellus est à l’origine de dérivés sa-
de l’eau (1080, qhre, glxea1 puis l’eau congelée vants: GEMELLER v.intr. (1556) se dit encore en
12demoitié XIII~s., blanche juke; plus tard gelée emploi didactique pour Nmettre au monde des ju-
blanche). *Par analogie de consistance avec la meaux» (cf.jumeler). +GÉMELLATRE adj. (1842)
glace, gelée se dit d’un suc comestible (1393, gelée “qui se rapporte aux jumeauxn a pour dérivé GE-
de poisson), puis d’un jus de fruits cuit avec du MELLARITÉ n. f. !& s.1 *fait d’être jumeaux».
sucre, qui s’est coagulé en se refroidissant (1605, ge- + GÉMHLITÉ n. f. (18661 a le même sens et se dit
Iée de coing) ou d’un entremets (1825). 0 Par ex- aussi au figuré du caractère de deux choses exac-
tension, gelée désigne tout corps de consistance gé- tement semblables.
latineuse 118051,par exemple dans la locution gelée
royde; c’est aussi par analogie ( 1765) le nom cou- GÉMINER v. tr. est emprunté (v. 1486) au latin
rant d’une espèce de méduse. geminure adoublerm, Nmettre deux choses en-
GEL n. m. est une réfection (XII~~s.) de gkl (10801, semble=, dérivé de geminus *jumeau», «double))
aboutissement du latin gelu egelée, glace, et, par I-+ jumeau).
tiaiblissement, *grand froid-; gelu se ratkhe à 4 ll s’est employé d’abord au sens de ~joindre~, puis
une racine indoeuropéenne ‘gel- &oid» (cf. glace). (1561) de adiviser en deuxB et, en droit (16111, aréité-
+ Gel désigne d’abord le fkoid qui provoque la gelée rer (un jugement)>. ll signifie aujourd’hui agrouper
puis le fait de geler, d’être gelé en parlant de l’eau deux par deux» unil. XX~s.l.
(1584); le mot dispartit de l’usage courant jusqu’au
milieu du ti siècle. Il s’emploie figurément (ti s.l ä GÉMINÉ, ÉE adj., dérivé du verbe, est sorti
à propos du blocage d’une activité, d’un processus. d’usage au sens général de «doublé, répétés ( 15291
Par analogie d’aspect, gel désigne en physique une mais s’utilise comme terme d’architecture pour
substance transparente (1898) ; c’est aussi un terme adoublem ( 1694) - notamment fenêtres géminées -
de cosmétique Iv, 19681. *Les dérivés et composés et en linguistique 11802, lettres géminies) ; comme
sont d’usage techno-scientifique : GÉLIFIER v. tr. gémination, c’est aussi un terme de botanique
(au participe passé, v. 1900; 1906, se gélifier) a pro- ( 17971 et d’enseignement (mil. xxe s., classes gémi-
duit à son tour GÉLIFICATION n. f. tav, 1890) et nées).
GÉLIFIANT, ANTE adj. unil. ti s.1, employé aussi GÉMINATION n. f. reprend d’abord (14781 le sens
comme nom masculin, devenu courant en indus- du latin geminuti (de geminutum, supin de gemi-
trie alimentaire. +AÉROGEL n.m. est formé nure &pétition de mots& Il s’emploie au sens
(19311 à pastir de ukro-*. +ANTIGEL n.m. (1923), d’aétat de ce qui est disposé par paire* en rhéto-
formé à partir de anti-, est le seul terme courant, rique, en botanique 116451,en linguistique (ti s.) et
de par son emploi pour l’automobile. dans l’enseignement Cv.1960).
0 voir GÉLATINE.
GÉMIR v. est emprunté Iv. 11703 au latin gemere
GÉLINOTTE n. f. 11519, Npetite poulefi) est un ase plaindrez, tcdéplorerm, sans étymologie certaine,
dérivé ( 1530, Marot) de &LINE n. f. (v. 11401, an- qui a abouti à geindre 13 0 geindre).
cien nom de la poule krcha’ique depuis le XVIII~s.), 4 Il conserve le sens latin -exprimer sa sou&ance
issu du bas latin galina, du latin classique gullinu, d’une voix plaintive% Iv. 1170, intr.1; l’emploi transi-
dérivé de gullus acoq=. Galles est peut-être le tif (v. 12401 pour CdéplorerB, aujourd’hui Iv. 1540)
même mot que gullus <<gaulois%ou est construit à afaire entendre en gémissanb, a souvent la valeur
partir d’une racine expressive indoeuropéenne si- dépréciative de cse plaindre sans cessem. Gémir se
Want acrier, appeler)), attestée par le gallois galw dit par analogie en parlant de certains oiseaux
xappelefi, le vieux slave glas6 VO&, l’anglais (v. 15301,par extension à propos de choses 116481et
GEMME 1570 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

figurément 116601 pour +rouver des tourments)), + Gencive se dit par extension de la bouche, de la
en emploi poétique et archaïque. mâchoire (cf. la locution figurée lxx” s.1 dans les
F GÉMISSANT, ANTE adj. a suivi l’évolution sé- gencives Gdans la figurenI.
mantique du verbe (av. 1502 au sens propre,
av. 1848 pour des choses) comme GÉMISSEMENT GENDARME n. m, représente une contrac-
n. m. EV.1120 ; av. 1654 à propos de certains oi- tion (1440-1475) de gents d’unnes (déb. xrve s.1,
seaux; 1675 au figuré). 0 GtiMISSEUR, EUSE n. et composé de gens (+ gens1 et d’ame c-t arme),
adj. (1464) est rare. + Ckrts d’umzes, au pluriel, a alors le sens de GO~-
@’ Voir GltMONlES. datsm(gens armés) puis se spécialise au sens de «ca-
valiers» 11352- 1356). Gendumze conserve le même
GEMME n. f. est emprunté (mil. XI~s-1 au latin sémantisme et a désigné un homme de guerre à
gemma d’abord ((bourgeon, œil de la vigne>, sens cheval fortement armé ( 1440-1475, escuier gen-
moins fkéquent que celui de <pierre précieuse», dé- dumze) ; au XVII~s., le mot se dit spécialement d’un
rivé par analogie de forme et de couleur; l’ancien cavalier attaché à la Maison royale ( 16801. Par ana-
fkan@s a connu aussi la forme autochtone jume logie, il s’emploie 11680) pour parler d’une per-
Iv. 11701, S~~ISdoute par le biais des parlers du Sud- sonne à l’air revêche et autoritaire. 0 Le sens mo-
Ouest kf, Périgord gema «résine>> IxIIe s.1,forme éty- derne, qui succède immédiatement à la création
mologisante, et le moyen tian@s geme «poixn de la gendumzerie, date de 1792 (décret du 26-
L139111. 27 aotit 1792) mais le mot s’était employé pour
4 C’est pour désigner une pierre précieuse que le aagent de police> I.1790) ; de là vient l’emploi du mot
mot est d’abord introduit en français, d’où sel comme symbole de la force publique (1872) et des
gemme ( 1561; sd gemme, XII~ s.) ; gemme désigne locutions comme jouer au gendame et au voleur
aussi ( 13911la résine du pin (qui sort en gouttes bril- (1845), dormir en gendamze (19071, etc. + Par analo-
lantes), rare avant le XIX~siècle. Le sens latin de gie gendarme a pris divers sens figurés : il désigne,
abourgeonm a été repris en 1808 (on disait aussi par allusion à la raideur, un hareng saur ti x~? s. ;
gemma); aujourd’hui, il est sorti d’usage mais 1477 en auvergnat) et une saucisse sèche et plate
gemme est resté comme terme de sciences natu- I>ar”s. ; d’abord en Suisse romande, par traduction
relles, abourgeon constituant le rudiment d’un nou- de l’allemand); gendamze s’est dit aussi familière-
vel animal ou d’un nouveau végétaln (1845). ment ( 1690, n. f. pl.) de flammèches qui s’échappent
F Au premier sens se rattachent le composé GEM- du feu.
MOLOGIE n. f. d’introduction récente (xx” s.1 et le F GENDARMERIE n. f. a désigné (1473, gendamze-
dérivé GEMMER v. (1080, gemél qui correspond au rye) un ensemble de gens en armes formant une
latin gemmare -être couvert de pierres pré- cavalerie lourde, puis le corps d’élite attaché à la
cieuses)), <<couvrir de gemme+; gemmer est aussi Maison royale I16801. Le mot prend son sens mo-
un terme d’arboriculture (1820, sens du verbe gaz+- derne (1791) en même temps que gendumze et, par
con gemal. 0 n a pour dérivés GEMMAGE n. m. métonymie, il désigne (1865) la caserne où les gen-
(18641 et GEMMEUR n. et adj. m. (av. 1874). darmes sont logés. -GENDARMER (SE) v. pron. a
*D’autres dérivés et composés de gemme sont des signifk agouverner despotiquement)) (1547, tr.) et
termes de botanique ou de zoologie, comme GEM- aprendre une attitude belliqueuseu (1566). 0 Il si-
MIPARE adj. (17711, GEMMATION n. f. (1798, dé- gnifie aujourd’hui ase mettre dans une attitude
rivé savant du latin gemmure «bourgeonnep), d’opposition* ( 1622) et <<s’emporter pour peu de
GEMMAIRE adj. ! 18461. + GEMMULE n. f. ( 18081, chose* ( 1666). 0 GENDARME s QUE adj .,formation
terme didactique, est un emprunt au latin gem- plaisante en -esque, quame le comportement et
muh, diminutif de gemmu. -GEMMAIL, AUX surtout le langage attribué aux gendarmes.
n. m., nom déposé 119571,est composé de gemmle)
et de (vitrkl, suscité par le pluriel gemmaux, ho-
GENDELETTRE - GENS
monyme de gémeaux.

GÉMONIES n. f. pl. est un emprunt (1548) au GENDRE n. m. est issu (1130) de genewPn, ac-
latin gemoniae Iscalael <((escalier) des gémisse- cusatif du latin gener amari de la Ule)) par rapport
ments%, désignant un escalier situé au flanc du Ca- au père et à la mère de celle-ci (cf. l’italien genero,
pitole et où l’on exposait, à Rome, les cadavres des l’espaeol yemo, l’ancien proven@ genre), de la fa-
condamnés après leur strangulation, avant de les mille de @gnere ccengendrerm (3 genre), qui se rat-
jeter dans le Tibre. Ge~~~oniu est un dérivé de ge- tache à un radical indoeuropéen “gentel-, ‘gti- «en-
mere gémir*“. gendrer>> et <<naître>>.Le nom du agendre-, comme
tous les noms relatifs à la famille de la femme, n’a
+D’abord terme d’archéologie, gémonies est de- pas de forme ke en indoeuropéen. Dans les par-
venu usuel, au XIX~ s., dans la locution figurée titi- lers galle-romans, gendre est concurrencé par
ner, vouer qc;ln BUX gémoxUes (1820) aaccabler pu- beau-fils.
bliquement de méprisn.
4 Le mot a gardé le sens de l’étymon latin.
GENCIVE n. f. est une réfection (XII~s.1de gen-
chives (v. 1130, en wallon), jencives En XII~s.), issu du GÊNE n. f. est une réfection de la Renaissance
latin @@vu <lgenciven, avec dissimilation du se- (1538) de gehenne (13901, qui représente une altéra-
cond g (+ gingival). tion, par croisement avec géhenne*, de l’ancien
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1571 GÉNÉRAL

français gehine atortureb (v. 12001, dérivé de gehir -GÈNE élément tiré du grec -ge&s, de gents
<avouer par la torture>> Iv. IIZO), qui viendrait du (3 gène), entre dans la composition de noms et
francique “jehhjan <<avouer)), restitué par l’ancien d’adjects scienttiques.
haut allemand jehan aavouep. On trouve le parti- F De -gèw est issu le suffixe -ÈNE employé en
cipe passé jectus dans la loi salique et des formes chimie bzf acétylène3.
anciennes gessir, gissir pour le verbe, ce qui pour
P. Guiraud fait de gehtne l’aboutissement d’un latin GÉNÉALOGIE n. f. est un emprunt 6n ~II~s-1
“jacim 4it (de torture)-, du latin classique jacere au bas latin genealogia, hellénisme. Le grec genea-
&tre étendu, et *dires C-+gésir); P. Guiraud rap- Zogia est dérivé de genealogos epersonne qui étudie
proche mettre à la gehine *mettre à la torture pour la généalogiem, composé de genea (-+ gène) cespèce,
faire avouera), de gésine aposition de qqn qui est famille ; générationn et Eegein (+ -1ogie).
couché)) et suppose que gehir est le résultat d’un + Généalogie désigne la suite d’ancêtres qui établit
croisement entre le francique et le latin jacere. On une tiation Km XII~s-1, le tableau de cette Sliation
relève au XVI~s. les variantes genw 115501, gelne (xv” s.1 et, par métonymie (17131, la science qui a
(1580).
pour objet les origines familiales. Par analogie, le
4 Gêw, d’abord MtortureB et, par métonymie, tins- mot s’emploie 117311à propos des animaux de race
trument de torturen Iv. 15601, a gardé jusqu’à la ti (cf. pedigree) et, en biologie (xx” s-1, des espèces vi-
de l’époque classique le sens très fort de atourment vantes. Par figure, il désigne dès le XVII~s. l’histoire
moral, (1541, géhenne), par exemple dans mettre d’un développement successif (16741.
qqn à la gêne 116711. + Par tiaiblissement de sens,
b GÉNÉALOGIQUE adj. arelatif à la généalogie*
gêne Sign%e depuis le XVI~s. (1580, geine) ~~ahise
( 14801 s’emploie dans arbre généalogique au propre
physiquen (gêne dans la respirationJ800). A partir
( 1671) et au figuré pour 6kssifkation des sciences
du XVII~s. 11606, gesne), le mot se dit d’une
dans le système de Bacons (1810). oLe dérivé GÉ-
contrainte, d’une incommodité puis, spécialement
NÉALOGIQUEMENT adv. est didactique (1845).
( 17901, d’une situation embarrassante due au +GÉNEALOGISTE n. est attesté chez Cyrano
manque d’argent. Gêne désigne par extension et
de Bergerac (1654).
couramment (v. 1770, Rousseau) une impression
désagréable due à la timidité, à la honte, etc. 0 De
GÉNÉRAL, ALE, AUX
adj, et n. est un em-
là vient SANS-G&NE adj. inv. 118291, lot. adv. prunt (v. 1121-1134) augenerak
latin terme philo-
11835; probablement antérieurl, n. m. pour flatti- sophîque au sens de «qui se rapporte à un genre ou
tude impolie- ( 17831 et n. *personne impolie* ( 1842
à une espèce)) qui, s’opposant à specialis, à si@&
Bdzac). *particulier», en est venu à prendre le sens de agé-
b GÊNER v. tr. reste courant jusqu’au XVII~s. sous la nérals. Genercdis, dérivé de genus, generis
forme geknner (1363 ; aussi gehinner, 138 11, au sens (+ genre), se rattache à une famille indoeuro-
de amettre à la torture,; la graphie gesner est em- péenne de radical gen(eI-, gne- Nengendrer» et
ployée du xvreau XVII~ s. à coté de gêner (1530). 0 Le flna&en (+ engendrer, générer, génie, gens).
verbe a suivi l’évolution du nom : il a signifk *tour-
4 Général est introduit dans la langue philoso-
menters) (1515, gehaind jusqu’au XVII~~s.; il prend
phique avec le sens latin de “qui se rapporte à un
le sens de Ncontraindre* ( 1549, gehinnerl, Ncauser ensemble de cas ou d’individus>>, opposé à pati-
une gêne physique>> ( 1569, genJter1, knposer une
culier; substantivé Cdéb. XIII~s.), il donne naissance à
contrainte morales (1565, gesner; se gêwr, pron.,
la locution adverbiale en générdad’un point de vue
1580) puis c<embarrassern (av. 17033; on relève en-
générala iv. 12701, puis <<leplus souvent- t 15381.Par
suite être gêné aêtre dans une situation financière
extension Cv.11903 l’adjectif prend le sens de “qui
embarrassanteu (1768). +Du verbe dérivent GÊ-
intéresse, réunit tous les éléments d’un ensemble))
NANT, ANTE adj. kvf s., gehinnunt; 1690, gesnant)
et, plus tard, s’applique à ce qui s’étend à la majo-
et GÊNEUR, EUSE ri., qui apparaît sous la forme
rité d’un ensemble de personnes ou de choses, par
gehinneur abourreaun 0474, achkve son évolution
ex. dans assemblée g&érule ( 15743,puis se dit d’une
au & s. kmportun~, 1863).
science qui couvre toutes les spécialités d’un même
genre kxe s.l.
GÈNE n. m. 11935) est un mot formé en allemand Joint à des noms de fonctions ( 1330, vicaire général;
par le biologiste danois W. Johannsen (1909; dès
1365, généraux trésoriers), il qutie le titulaire d’un
1911, gene en anglais) à partir du grec genos Knais-
grade supérieur dans une hiérarchie et s’emploie
sance, famille, race», à rattaicher à gïgnesthui
au sens de “qui embrasse l’ensemble d’une organi-
œnaître)) et «devenir» I+ génétique, genre).
sation}) @II XVI~~.); d’où UYIgénéral n. m. 11463, dré-
4 Ce terme de biologie désigne LUI élément du sorier général4 pour une personne placée à la tête
chromosome, responsable d’un facteur hérédi- d’un corps, d’une administration, notamment dans
taire. Le concept est primordial en génétique*. le domaine militaire (1549) d’après un emploi de
F En dérive GÉNIQUE adj, (xx” s.1 -relatif aux l’adjectif, capitaine général (1507-1508). Ce sens est
gènesm. +ANTI&NE n.m., asubstance qui peut devenu dominant pour le nom, avec des syntagmes
engendrer des anticorpsn 0904, est un terme de correspondant aux grades (général de btig&, de
biologie et de médecine qui a produit quelques division1 signalés par un certain nombre d’étoiles.
mots didactiques comme ANTIGÉNIQUE adj. Mon général est l’appellatif en usage. 0 Le mot dé-
Iv. 19201. signe aussi celui qui est à la tête de certains ordres
0 Voir -Gl?NE. G&N&IJQUE. religieux El6 113,notamment des Jésuites. 0 Au fé-
GÉNÉRER 1572 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

minîn, la générale s’emploie en religion pour dé- tin generare, et spécialisé (xx” s.) en mathéma-
signer la supérieure de certains ordres religieux tiques, puis en linguistique, au sens d’aengendrer,
(1740) ; cette reconnaissmce des fonctions diri- produire et décrire de manière explicite des
geantes féminines contraste avec l’emploi du nom règles*. C’est la grammaire chomskyenne, dite,
féminin gétirule ( 18021 pour &pouse d’un généra[l>). d’après l’anglais, générutive tiuwformatinnelle,
+Au me s., général prend le sens de “qui intéresse qui a relancé en fra;nçais cette série morphologique
toutes les pa&esn (18511, d’où répétition générale et disparue, à l’exception du substantif bien vivant gé-
le nom féminin la générale (déb. ti s.l. nération. Par anglicisme encore, générer s’emploie
+Dérivé de l’adjectif, GÉNÉRALEMENT adv. est pour cproduire, engendrer de manière formelles,
sorti d’usage au sens de ~sans exception* (v. 11901; notamment en informatique.
il a pris la valeur de asans considérer les détail+ ä GÉNÉRATION n. f., réfection (XII~~s.1 de genera-
(déb. xrve s.) et de *d’une manière générales 11538). tiun (v. 11201, est un emprunt au latin classique ge-
OGIZNERALITE n.f., emprunt au bas la% philo- wr&ti Mengendrement, reproductionD et en latin
sophique generulitus, dérivé de generulis, a signi% chrétien «descendance», du supin de generure «en-
aespèces Iv. 12651 et se dit, dans un contexte philo- gendrers,. 0 Génération est introduit avec le sens
sophique (v. 1275-12801, pour Mcarackre de ce qui d’«ensemble d’individus engendrés à la même épo-
est général, ; de cet emploi vient l’acception ti que, qui ont à peu près le même &ge»; le mot a
XVII~s., surtout au pluriel) d’aidée généralen et, par aussi (ti me s.1 le sens du latin classique <(action
péjoration, de «propos de caractère trop généralB d’engendrer*, d’où l’acception figurée (v. 1361) de
(1740) ; généralité a désigné aussi l’ensemble des in- -création)). La valeur physiologique d’aacte sexuel>
dividus (ti xve s.1 et on parle encore de lu généru- ( 1580) est sortie d’usage. 0 Le sens de adescen-
lité~scas.-OGENÉRALITE n.f, déri~édegéné- dance» est repris au latin chrétien Id&b, xv” s. ; h
ml, a désigné sous l’Ancien Régirne (1443) une XIII~ s., Ntribu, faxnille4 et, par métonymie, généru-
circonscription financière dirigée par un trésorier tin désigne ( 1511) le degré de filiation en ligne di-
général puis, comme dérivé de gétirul n. m., a dé- recte, puis ( 1564) l’espace de temps correspondant
signé ce grade militaire Ixvr” s-3 et l’état-major des à l’intervalle séparant chacun des degrés d’une fi-
officiers généraux (ti xwe s.), emplois disparus au liation. 0 Le sens général d’aaction d’engendrer, de
xrxe s. + Au premier sens, le mot a été remplacé par produiren se spécialise en mathématiques ( 1752, en
GÉNÉRALAT n. m. ( 1585) qui s’emploie aussi (1680) géométrie) et, avant les travaux de Pasteur, en bio-
en parlant d’un ordre religieux. Le mot est em- logie (1859, gédration spodwéd. C’est par figure
prunté à l’italien generuluto Ix# s.), dérivé de gene- sur les générations humaines successives que gé-
raie, adj. et n. m., de même origine que général. tirution s’emploie (v. 19701 à propos de chacune
+ 0 GÉNtiRALISSIME n. m., Mgénéral comman- des phases successives d’une série d’objets tech-
dant les autres générauxn, est un emprunt 6n niques et, par métonymie, de la série de produits
me s.) à l’italien generulissbno, supdatif de gene- apparentés. 0 Générution est entré dans le voca-
rule agénérala. + On relève @ GÉNfiRALXSSIME bulaire de la linguistique (v. 19651, par calque de
adj. *tout à fait généraln ( 15581, sorti d’usage, em- l’anglais generatin aaction de produire du dis-
prunt direct au bas latin generulissimus, superlatif COUTS~,de to generate (cf. ci-dessus g&&er). Les va-
de generulti. leurs dynamiques du mot Iuproduction, engendre-
GÉNÉRALISER v. tr., c’est arendre généraln d’un ment4 sont, dans les terminologies savantes, plus
point de vue abstrait 11600-1612; 1751, en emploi ab- ou moins parasitées par l’anglais to generate et ses
solu) ou au plan concret ( 1784). - Du verbe dérivent dérivés; mais le sens chronologique et humain
GÉNÉRALISATION n. f. (1773; 1845 au sens abs- (agroupe d’humains du même âge4 conserve au
trait. GÉNÉRALISATEUR, TRICE adj. (179.23 et mot ses caractères originaux.
GÉNÉRALISABLE adj. (18451. +GfiNÉRALISTE GÉNÉRATIF, IVE adj. est un emprunt ( 1314) au
n. m. est formé Iv. 19601 à partir de kG&cinel gé- bas latin generutivus “qui engendre, relatif à la g&
nérale sur le modèle de spécialiste. nérationn, du supin de generure. Ce sens repris au
latin a disparu en tiançais moderne, comme l’an-
GÉNÉRER v. tr. représente un emprunt cien verbe générer*. ~L’adjectif moderne, employé
(v. 1180) au latin classique generure ctengendrern, en linguistique ( 19651,est un autre mot, emprunté à
aproduirep, wzomposer>b, dérivé de genus, gm.enS l’anglais genmutive (1413, en biologie; 1955, en lin-
(-+ genre). Ce verbe a pris en latin chrétien le sens guistique), notaunment dam grummaire générutive
de *régénérer par le baptemem ; gért&er s’est substi- (adaptation de generutive grwwzur) concept et ex-
tué à la forme gendrer (XI~s.1,issue de l’évolution du pression lancés par Noam Chomsky pour Ndescrip-
verbe latin avant d’être quasiment éliminée par le tion systématique de la génération des phrases
verbe préfixé c-t engendrer). d’une la,nguea, En ce sens l’adjectif générateur, trice
4 C’est d’abord le sens religieux qui est introduit en (ci-dessous), qui aurait fourni un équivalent, a
ancien fkançais et il est usuel pendant tout le échoué face au terne nouveau, soutenu par l’em-
moyen Age. Le sens d’aenfmterm (15181, qui corres- prunt du verbe correspondant Ici-dessus, générer).
pond à la valeur physiologique, voire sexuelle, de + De cet emploi technique dérivent (v. 1965) GÉNÉ-
génération*, est lui aussi sorti d’usage: celui de RATIVISME n. m.et GÉNÉRATIVISTE adj. et n.
c<produirep (1875) est d’emploi rare. (peut-être directement emprunt& à l’angltisl.
La réapparition du verbe est due à un emprunt. Gé- GÉNÉRATEUR~TRICE adj. et n. est un emprunt
nérer est devenu un terme de linguistique (v. 19601 (1519) au latin generutor acelui qui engendre, qui
par adaptation de l’anglais to generute C15091,du la- produit-, du supin de generare tlengendrern (@né-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1573 GENÊT

rer, ci-dessus). 0 Générateur est introduit avec le teurs, etc.]. Ce terme fait certes allusion au *genre>
sens latin ( 1519 ; 1575, adj . “qui sert à la reproduc- de film annoncé, mais son choix n’est pas claire-
tion») ; cette valeur biologique reste dans l’emploi fi- ment expliqué (un emprunt est possible, mais pas à
guré aquiest à l’origine de>>11580). 0 Le mot s’est l’anglais).
spécialisé en sciences, notamment en géométrie b GÉNÉRIQUEMENT adv. (1843) est d’emploi di-
&hérattice, n. f., 1704; n. m., 1752). Au XIX~ s., géti- dactique (plus que spécifiquement).
rateur n, m., par ellipse de appareil générateur
(1857; 1845, &audièreBI, devient un terme tech- GENÈ SE n. f. est une réfection tardive 11660) de
nique : le mot se difkse avec la cgénérationn de genesie (161 II, antérieurement genese n. m. (15541,
courant alternatif (1885, L. Gaulard) et le moteur à dès l’ancien français genesin Iv. 1119) ; c’est un em-
induction, inventé par Nikola Tesla en 1888 ; GÉNÉ- prunt au latin ecclésiastique genesis <naissance, gé-
RATRTCE n. f. est une ellipse de machine généra- nération)), du grec genesis, de même sens.
trice (18831. -Sur le nom masculin a été composé + Le mot nomme d’abord et exclusivement pendant
SURGÉNÉRATEUR XI. m. (OU &&UT SuFgénha- longtemps le premier livre de l’Ancien Testament
teurI 119673 en concurrence morphologique avec qui contient l’histoire de la création du monde.
surrégénérateur, de régénérer. 0 Les emplois biologiques ( 16 11, genesie; 1660, pow
genèse : la genèse des espèces) et techniques t 1721,
GÉNÉREUX, EUSE adj. est emprunté (13701 <<formation de certaines figures géométriquesn, en
au latin generosus <<de(bonne ou noble) racem, en relation avec génératrice, générateur) appar-
parlant des hommes, des animaux et, par suite au tiennent à la langue classique. 0 Genèse désigne
figuré, ((qui a des sentiments nobles ou généreux}}, aujourd’hui ( 18491 l’élaboration, la formation d’une
par une assimilation fréquente de la bonne héré- chose, d’une pensée, etc. aa genèse d’un ouvragel.
dité à la qualité morale. L’adjectif latin est dérivé
k GÉNÉSIQUE adj. ( 18251, d’abord en concurrence
de genus, generis <naissance, race* 1-+ genre).
avec géaét@ue 13 génétique), est un terme didac-
+ Généreux a d’abord signi@ “qui est capable d’en- tique qui désigne ce qui est relatif à la sexualité.
gendrers (au figuré, en parlant de la grammaire), GÉNÈSE, -GENÈSE, -GÉNÉSIE sont des élé-
sens où un lien fort est gardé avec générer. 0 L’ad- ments savants tirés du latin genesis, du grec genesis
jectif reprend ensuite le premier sens du latin ~naissance, originen, de la famille de gignesthai
(1540, n. ; 1556, adj. ; 1567, par analogie à propos ccnaîtren et Ndeveniraa (+ genre) ; ils entrent dans la
d’animawrl aujourd’hui disparu, ainsi que celui de composition de mots savants féminins, principalle-
«brave, chevaleresquen (16111, qualité attribuée au ment en biologie et en médecine. Voir le premier
noble. 0 Parallèlement le mot s’emploie ( 15563 à élément.
propos de sentiments nobles, portant au dévoue-
ment. Des valeurs figurdes concrètes l’appliquent GENET n. m. est un emprunt Ekn XIV~s. ; 1374, ge-
au vin (1611) puis à des choses diverses Isol géné- ne& à l’ancien espagnol Icwallol ginete «petit che-
reux, poitrine généreuse «abondante>>, me s.l. 0 Par val rapide>> ( 1348 ; cf. espagnol jinete «cavaliernI et
extension, généreux s’applique à ce qui manifeste <<cavalier chevauchant avec des étriers cour%, em-
la générosité (1667) et sime <<quidonne plus qu’il prunté à l’arabe zc’nütti, nom d’une tribu berbère
n’est tenu de faîren ( 1677) et cclément, indulgentn connue pour sa cavalerie légère.
(1690) ; ces valeurs, apparues dans la langue clas- + Genet «petit cheval de race espagnole» est au-
sique et soutenues par les dérivés, l’emportent au- jourd’hui un terme didactique.
j ourd’hui. b 0 GENETTE n. f. ( 1455-14751, terme de manège,
b GÉNÉREUSEMENT adv. a suivi l’évolution sé- s’emploie dans la locution adverbiale chevaucher ii
mantique de l’adjectif; sorti de l’usage au sens de la genette *monter à cheval avec des étriers courk
ade façon courageuse>> (av. 15801,il Sign%e aen mon- (calque de la locution espagnole a la gineta) ; le mot
trant de la grandeur d’âme= (1636) et «avec libéra- désigne aussi (16 111une espèce de mors qu’on utili-
lité» (1798). +GÉNÉROSITÉ n. f. est emprunté au sait pour guider le genet.
dérivé latin generositas <<bonne racem puis Nmagna-
nimit&. C’est le sens de «noblesse», aujourd’hui ar- GENÊT n. m. apparaît comme nom propre
chaïque, qui est d’abord introduit (1509 ; 1551, =no- (v. 1160-l 174, Plante &nest, la dynastie des Plan-
blesse d’âmem, acception encore vivante), puis le tagenkts). Ce nom, comme genest (XII~s.l et genêt
second sens du latin ( 1564). Comme pour généreux, (16OOl, est tiré de l’ancien français geneste n. f. “ge-
c’est l’idée de libéralité qui devient la plus courante nêta EV.11751, encore vivace dans les dialectes de
dans la seconde moitié du XVII~s. ( 1677). l’est du domaine d’oL1 et issu de genesta, variante
du latin genista n. f., probablement d’origine dialec-
GÉNÉRIQUE adj. et n. m. est un dérivé savant tale ; le latin a fourni aussi l’ancien provençal gene-
! 15961 du latin genus, generis <<genre>>(+ gknéral, tas, l’italien ginestra, l’espagnol hiniesta. Le chan-
genre). gement de genre, venu de la partie occidentale de
+ Géné~ue adj., d’abord pour agénéral» et signi- la Gallo-Romtia (latin médiéval genestrum), est
fiant “qui appartient au genre>) (16471, est un terme dû au fait que la forme féminine a été sentie
didactique (cf. aussi 1806, expression génémuel qui comme un collectif (cf. en ancien fkanqais feuil/
demeure plus rare que spécifique. 0 Il n’en va pas feuille). La plante s’appelle fréquemment genêt à
de même pour le nom masculin (19341 qui, dans le balai et se dénomme régionalement balai.
domaine du cinéma et de la télévision, désigne la b GENÊTIERE n. f. aterrain couvert de genêtsn
présentation générale d’un fXm (titre, nom des au- ( 1829; genestrière, 16111 a remplacé les formes de
GÉNÉTIQUE DICTIONNAIRE I-IISTORIQUE

l’ancien fknçais genestoi n. m. ; genestok n. f. viennent les sens figurés en latin impérial : 4ncli-
(XIII~ s.) et genestee n. f. Ixwe s.l. nations naturelles », flpouvoir intellectuel et moral,
(où genius double ingenium ccaractère inné», *dis-
GÉNÉTIQUE adj. et nf. apparaît d’abord positions naturelles de l’esprit4. Genius dérive de
( 18001 dans une citation philosophique traduite de genus, generis E+ genre). Ces acceptions ont été re-
l’allemand (Herder); le mot ne se répand qu’après prises en français, à différentes époques.
1840 ( 1846, in Bescherelle). C’est un emprunt, par
4 Génie Sign%e d’abord «caractère, tendances na-
l’intermédiaire de l’allemand genetisch, au grec
turelles-, sens qui se maintient jusqu’à la fm du
gennêtikos “propre à la génération>, à rattacher à
XVIII~ siècle. Le mot désigne aussi les dispositions
la racine indoeuropéenne ‘gencel-, ‘gne- aengen-
naturelles pour qqch. ( 1549 ; le gétie du mal, 1~~0,
drep et <tnaîtren (-+ générer, genre).
puis tout ensemble de caractères qui forment l’in-
+ D’abord terme philosophique, au sens de “qui est dividualité d’une chose 116401; c’est l’idée de parti-
relatif à la genèse de qqch.>>,génétigue est employé cularité qui i’emporte dans le sens d’maptitude su-
ensuite en physiologie connue variante de géné- périeure de l’esprit>) (av. 16741 d’où par métonymie
sique. 0 Quant au nom féminin la génétique, dé- un génie *homme supérieur> 11686). 0 Génie a re-
signant la science de l’hérédité, il a été créé en an- pris 11571) le sens latin de =divinité>>, d’oti vient celui
glais (proposé le 18 avril 19051,par W. Bateson, l’un d’aesprit, bon ou mauvais, qui influe sur notre desti-
des premiers biologistes (après Mendel, dont il fut née>> ( 16371, bon, mauvais gétie (de qqn1 désignant
l’éditeur1 à étudier les variations dans une optique par analogie une personne qui a une influence sur
mutationniste. Genetics a réussi (1”’ Congrès en qqn 11689). Par extension, génie désigne un être al-
1907) et est passé en diverses langues (génétique, en légorique personniknt une idée abstraite et sa re-
français, attesté 1911, probablement dès 19073. En présentation W’O41 puis, dans les récits fantas-
anglais genetic adj . et genetics n. avaient eu une va- tiques, un être surnaturel doué d’un pouvoir
leur d8érente en biologie à la fin du XIX~siècle. magique (179 1, Volney). +Sous l’influence de ingé-
0 L’adjectif, certainement postérieur à l’anglais ge- nieur (-+ ingénieur), le mot a pris dans le vocabu-
netic (1908, Bateson), correspond à <<del’hérédité laire militaire (av. 1708) un sens tout différent, dé-
(étudiée scient%quement)>>. Il est de plus en plus signant une activité technique inventive : w-t de
courant, meme en dehors des contextes scienti- forMer les places>, d’ou 11835) génie des Ponts et
fiques (maladies génétiques; test, expertise géné- Chaussées et 11845) génie titi. Par extension génie
tique1. Les manipulations génétiques concernent désigne le setice technique chargé des travaux.
l’agronomie, la zootechnie. *Par ailleurs, au sens EmpIoyé comme équivalent moins embarrassé que
général, <d’une genèse, d’un développement*, l’ad- ingénierie à l’anglais engineering, génie a acquis des
jectifgénétique a pris des valeurs spéciales (psycho- emplois spécialisés, comme génie génétique, où il
logk génétique, déb. ti s., diffusé par Piaget). correspond à ~application technique d’une
ä Le dérivé GÉNÉTICIEN, IENNE n. uspécialiste de sciencen, ou g&e chimique ladapt. angl. chemical
la génétique>> (1931 ; cf. anglais genetickt, 19131 a engineeting, v. 19201.
rHnpk%Cé GÉNÉTISTE n, ti xtxe s.), employé seu-
k GÉNIAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1509) au
lement aujourd’hui au sens de «relatif au géné-
latin geniah arelatif à la naissance*, <<nuptial» et est
tismem. - GÉNÉTISME n. m. @n xrxe s.3 uthéorie de
introduit au sens de avoluptueux, agréable>. 0 Les
la perception de l’espace acquiseti est un emprunt
sens modernes de l’adjectif se rattachent à celui de
à l’anglais genetism, du radical de genetics «géné-
génie *aptitude supérieure)) : “qui porte la marque
tique>> (du grec gennêtikosl. - GtiNÉTIQUEMENT
du génie>> (18371, “qui a du génie, (18881 et, par afki-
adv. (1949) est fréquent en biologie et dans les tech-
blissement W s.1, 4ngénieuxB. Récemment, l’ad-
niques de l’alimentation (organisme génétiquement
jectif a pris une valeur majorative vague ; dans le
modifié ou 0. G. M., auquel correspond le composé
langage des écoliers, il est EV.1980) quasi synonyme
TRANSGÉNIQUE adj. L19841, par ex. dans ma&
de super, de géant. *De génial dérivent GEN~A-
trunsgénique, empr. probable à l’anglo-amér. [cf.
LITÉ n. f. (18651, d’emploi rare, et GÉNIALEMENT
transgenesis, 19731).
adv. (1613, rare av. 18691, assez usuel.
@ Voir GÈNE, GENÈSE, GÉNOTYPE.

0 GENETTE + GENET GENIÈVRE n. m. est l’aboutissement (1377)


d’une série de formes : iewre agenévrier» et «baien
0 GENETTE n. f. représente un emprunt (1260) (h XI~s.); geneivre (v, 1160); genoivre Iv. 11751, ge-
à l’arabe d’Andalousie et d’Af?ique du Nord gamaj. newe ktve s.). Le mot est issu d’un latin populaire
t, sans doute par l’intermédiaire de l’Espagne ou du “jeniperus (cf. bas latin ziniperus, giniperus; v. 800,
Portugal (1284, catalan juneta; espagnol jineta; geniperus), altération du latin classique juniperus
1137, portugais janeta). ~genévrier». La forme genihre s’expliquerait par
+ Le mot désigne une espèce de civette. analogie avec des couples tels que lkwier/Zièvre.
+ Genikvre, nom régional du genévrier, désigne
GENÉVRIER + GENIÈVRE
aussi et surtout le kuit de l’arbuste 6n XI” s. en ju-
GÉNIE n. m. est emprunté (1532, Rabelais) au la- déo-fiançais; 1256, genoiwe) et une eau-de-vie de
tin genius désignant d’abord une divinité généra- grains (18351 parfumée au geniewe, comme le gin
trice qui préside à la naissance de qqn, puis la divi- anglais I-b gin,.
nité tutélaire de chaque individu, avec laquelle ä GENEVRIER n. m. ( 1522 ; gennouvrier, ti XIII~ s.)
celui-ci se confond. De cette conception animiste désigne l’arbuste.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1575 GENOU

o> GÉNISSE n. f., réfection 11538) de l’ancienne qui engendre* parce que ce cas marque notam-
forme genice ( 1160- 11741, est issu d’un latin popu- ment l’origine. +Un autre emprunt GÉNITIF, IVE
laire “junicia altéré en “jenicia (par affaiblissement adj. (XIII~s.1 signiCait nqui a la faculté d’engendrer
du u atone), du latin classique junix, junicis Njeune jusqu’au début du XVII~s., et l’on relève les génitifs
vaches), mot de la famille de juvenis ajeunen. pour <<testicule9 Ixme5.1,comme génitoires (3 géni-
+ Génisse désigne une jeune vache qui n’a pas en- tal1.
core vêlé et, par métonymie, la viande de cet ani- 4 Génitif désigne, dans les langues à déclinaisons,
mal (ex. fok de génisse). Dans la langue classique, le le cas exprimant une relation de subordination
mot vache étant considéré comme très bas, c’était dans un syntagme nominal et, par extension, dans
génisse qui assumait en poésie et dans la prose de les langues sans déclinaisons nominales, une tour-
style élevé tous les emplois de vache. nure comportant un complément de nom (1606).
b GÉNISSON n. m., *jeune taureau ou jeune bœufa GÉNOCIDE n. m. est composé Iv. 1944 du grec
(1561; génichon, 15531, est un terme régional. genos -naissance, race, (-+ gène, genre) et de l’élé-
ment -ci&*; le mot a été créé en anglais Cgenocidel
GÉNITAL, ALE, AUX adj. apparaît au plu-
en 1944 par l’Américain Lemkîn, d’origine polo-
riel Iv. 13781 dans le syntagme membres génituulx
naise, et doit être contemporain en français.
“qui servent à la générationa, la forme génital, au
singulier, n’étant relevée que vers 1560. C’est un + Génocide, d’abord employé à propos des nazis et
emprunt au latin genitalis “qui engendreu, de geni- de leur <solution fmale= du problème juif, se dit de
tum, supin de genere, forme archaïque de gigwre la destruction méthodique d’un groupe ethnique
wengendrerfi (-+ engendrer, géniteur, génitif, genre, et, par extension (v. 19701, de l’extemnination d’un
gens). groupe en peu de temps; le mot s’emploie aussi au
+ Génital, terme d’anatomie, se dit de ce qui se rap-
figuré (génocide scientifique, politique).
porte à la reproduction sexuée et, par extension, GÉNOIS, OISE adj. et n. est dérivé (1625) du
de ce qui concerne la sexualité adulte normale nom hn@s de la ville italienne G&es; il a rem-
Id’oti en psychanalyse, stade génital et n. m. le géni- pla& l’ancien gene&s (13361, dérivé de Genwa,
tal). nom italien de la ville.
b GÉNITALITÉ n. f. (18771 est un terme de biologie 4 Le mot designe et qualtie ce qui est relatif à
et de psychophysiologie. + GÉNITALEMENT adv. Gênes; le féminin s’est spécialisé et génoise n. f, se
(1946) est d’emploi didactique. dît en cuisine 11735) d’une sorte de gâteau à pâte lé-
GÉNITO-, élément tiré de génital, entre dans la gère, puis en architecture k~” s.1 d’une sorte de
composition d’adjectifs dans le domaine de l’anato- fi-ise. 0 Quant au masculin, génois n. m., il désigne
mie : par exemple, génito-urinaire (1840, de uri- Iv. 17851 les parlers italiens de la région de Gênes.
nuire), génito-crurul (1877, de cruraZ).
GÉNITOIRES n. f. pl. (XIV s.) a remplacé l’ancien GÉNOTYPE n. m. est un mot créé en allemand
français genitaires I1121-11341, puis genetoires (En (1909, Genotypusl par le biologiste danois W. Jo-
XIII~s.1,et reprend avec substitution de suf5xe le la- hannsen à partir du grec genos «naissance, race,
tin genitdia <<parties génitalesn, substantivation du (+gène) et de type*, pour designer le patrimoine
pluriel neutre de genitalis; genitalia avait été em- génétique d’un individu ; le mot a passé dans plu-
prunté sous la forme genituilles Iv. 1180). 0 Le mot sieurs langues Igenotype 19 10, en anglais ; av. 1930,
ne s’emploie plus que par plaisanterie pour dési- en français).
gner les testicules. b En dérive GÉNOTYPIQUE adj. (19361, qui semble
propre au kançais. + GÉNOME n. m. est lui aussi
GÉNITEUR, TRICE n. est un emprunt (11371 formé en allemand Gmom, Winckler, 19201 sur
au latin genitor, genitrix <celui, celle qui engendre, Gen agènem et la hale de chromosome; le mot a été
a engendré,, forme nominale de gignere Kengen- emprunté en anglais 11930, genome1, en franqais
drerm (+ engendrer, génital, génitif, genre, gens); la (atteste 19361, etc. Il désigne le lot chromosomique
distinction entre pater et genitor est souvent abolie, haploïde du gamète et par extension, celui des cel-
d’où le sens de <<père» et par extension de #fonda- lules somatiques (diploïdes). oLe dérivé GÉNO-
teur, créateurs. MIQUE adj. semble récent (mil. xx” S.I.
4 Géniteur, dans le premier sem de genitor, est un
terme didactique ou s’emploie par plaisanterie ; au GENOU n. m. est issu EV.1360) du pluriel, genolz o>
masculin pluriel, /es géniteurs est devenu syno- En xes.) puis genou& du singulier genoil (10801,
nyme de ~~parents~~,0 Repris en zoologie (18651, gé- aboutissement d’un latin populaire ogenuc~ul-lum
niteur se dit d’un ankal mâle destiné à la repro- «genou%, altération du latin classique geniculum,
duction. lui-même diminutif de genu, qu’il a tendu à rem-
placer. Genu a des correspondants dans plusieurs
GÉNITIF n. m. est un emprunt (1380; v. 1373, se- langues indoeuropéennes (dialectes îndo-iraniens,
lon Bloch et Wartburg) au latin genetivus ou geniti- ainsi que le grec gonu =genow). Le nom du genou
VUSarelatif à la génération=, dérivé de genus, gene- dans ces langues est sans doute à rapprocher de la
ris unaissance, race>>, de gignere aengendrera racine ‘gne-, ‘gen[eJ anaître> (latin gignere, grec gi-
(4 génital, génîteur, genre, gens). Le mot latin s’est gnesthai, + genre) selon l’usage ancien de faire re-
employé comme terme technique de grammaire connaître le nouveau-né en le mettant sur les ge-
dans le syntagme genitiws cusus, proprement acas noux de son père.
GENRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Genou, w?iculation du fémur et du tibia ( 10803, grammaticales, la répartition s’effectuant selon un


désigne par analogie (1690) l’articulation du modèle d’oppositions naturelles (sexe) ou cultu-
membre antérieur des quadrupèdes; le mot est relles. 0 Genre s’emploie par extension en philo-
employé au sens général d’Narticulation3 dans des sophie Iv. 1300) au sens d’«idée générale d’un
domaines techniques (1573, comme terme de ma- groupe d’&res ou d’objets ayant des caractères
rine ; 1845, en mécanique). Il entre dans la composi- communs*, puis désigne 116453 une catégorie
tion de nombreuses locutions; la locution adver- d’oeuvres détie par des caractères communs Esu-
biale à genoux s’emploie au propre (1273) pour ales jet, style, etc.), d’où le sens de amanière propre à un
genoux en terre>) et au figuré (1665) pour désigner artistem et l’emploi technique du mot en musique
une attitude soumise [demander qqd. à genoux); ( 1690, &vision du tétracorde& 0 Depuis le milieu
plierles genorrx, au figuré <<montrer de la servilité-, du ~VIII~s. genre désigne en taxinomie la subdivi-
est attesté au début du xwe s. et ( 1690) au sens de sion de la famille, au-dessus des espèces, d’où
cs’humiliep ; être auxgenoux de qqn (17821, corres- SOUS-GENRE n. m. 11798, Cuvier). oLe sens de
pond à Gtre obéissant=. Plus récent, être suT les ge- Ksorte, type3 apparaît au début du xv” s. d’où en
ROUX s’emploie pour *être très fatigués (1900, en rdansl son genre ( 1690) et genre de vie 11690) <façon
équitation ; 1926, en cyclisme). de vivre d’un individw, puis l’acception Nmanières
b GENDWILLhRE n. f. est un dérivé ancien Iv. 1570) de parler, de se compotiers (en 1835, bon, mauvais
de la forme genoil, écrit d’abord genoillere Cv.1130) genre; en 1845, se donner un genre). Récemment,
au sens de apièce d’armure couvrant le genou,; il genre suivi d’un adjectif ou d’un nom attribut
s’emploie ensuite pour désigner ce qu’on attache constitue un tour à la mode. oEn attribut (être
sur le genou pour le protéger (1680) et, dans des do- genre), le mot signSe uprétentieux, fkimeuxh, re-
maines techniques, au sens de acharnière mobilen trouvant le sémantisme de genreux en 1900 ki-des-
11690). sous).
Le COmpOSé AGENOUILLER v. pron. et tr. (XI~~.) b De ce dernier emploi dérive GENREUX, EUSE
s’emploie au propre +e mettre à genouxa et au fi- adj. (18781 “qui a du genre-, mot en vogue vers 1900
guré, gs’abaisser, s’hurniliep. + En dérivent AGE- et qui a disparu, le substantif étant aujourd’hui
NOUILLEMENT n. m. kve puis XVI~s., rare avant le isolé morphologiquement et ayant pour adjectif gé-
milieu du XIX~~.) et AGENOUILLOIR n. m. (1552). nkriQue*.
+ Le dérivé AGENOUILLÉE n. f. -prostituéen (1886; + Voir GÉNÉRAL. GtiNÉRIQUE.

métaphore analogue à celle de horizontale pour in-


diquer une position érotique) est sorti d’usage. GENS n. m. et f. pl. représente (~III xe s.) l’ancien
@ Voir GÉNUFUXION. pluriel de gepzt, mot ancien issu du latin gens, gen-
ti, n. f., dérivé de gignere aengendrer», que l’on rat-
GENRE n. m. est une réfection Iv. 1200) de tache à une racine indoeuropéenne ‘gentel-, Ogw-
gendre tv. 1121-l 1341,usiti: jusqu’au xv? siècle. C’est <engendrer» et flnaîtrem (-, engendrer, genre, etc.).
un emprunt au latin geptus, genenS Knaissance, Gents, gentis désigne d’abord le groupe de ceux qui
races (souvent employé en bonne part), puis aré- se rattachent par les mâles à un ancêtre commun,
union d’êtres ayant une origine commune et des la communauté d’origine de tous les membres se
ressemblances naturelles= Igenus humanum ale révélant par la communauté du nom ~gentilictum
genre humains), dans des emplois concrets et abs- nomenl de l’ancêtre éponyme. La notion de clann
traits - d’où le sens de aclasse». Dans le domaine s’effaçant, geuLs a désigné par spécialisation la fa-
philosophique, sur le modèle du grec, où gents est mille, la descendance et, par extension, la nation, le
opposé à eidos, le latin genw s’est opposé à pars, peuple; à l’époque impériale gentes se dit des na-
species (cf. partie, espèce). Genus est issu de @gare tions étrangères, par opposition à popuZ~45Roma-
Mengendrern ; comme le grec g@esthai *naître> et nus ale peuple romaînm. De là vient son emploi dans
adeveti, ainsi que les mots de cette famille, genos la langue de ‘l’Église pour désigner les ptiens
anaissance, races C+ gène), genea xgénérationn !+ 0 gentil); en même temps gentes est devenu sy-
I-, généalogie), genesis anaissance, origines> (+ ge- nonyme de homines dési@& un ensemble d’êtres
nèse), gigwre se rattache à une racine indoeuro- humains (cf. les hommes), d’où le genre masculin
péenne ‘gencel-, ‘gne- aengendrep et anaître>> pour cet emploi.
(cf. aussi le sanskrit jknate). La forme de l’ancien + Gens est introduit à la fin du x” s. au singulier et
fkançais gendre vient sans doute de l’influence du au pluriel est le plus souvent féminin au moyen âge
verbe gendres, issu du latin generwe (+ engendrer). (au masculin dms quelques exemples au XIII@s.),
+ Genre a d’abord la valeur latine de <catégorie, comme le singulier (une, la gent. ..l Employé seule-
type, espèce» (v. 1121-1134, gendre), liée au sens de ment comme nom féminin singulier, GENT a le
«race*, qui a disparu depuis l’époque classique; le sens latin de <nation, peuplem (1080) jusqu’au XVII~s.
sens de usexe>) Iv. 12001, étroitement lié à gignere où est reprise la valeur de tirace, espècem ( 1648;
Rengendrer- et qui a subsisté dans génération, dans cf. la gent trotte-menu Nies souris», La Fontaine,
génésique, ne s’est pas maintenu. 0 C’est l’idée gé- 1668). Cet emploi classique est aujourd’hui ar-
nérale de (groupement, catcLgoriem qui domine l’en- chaïque, mais il est repris dans l’usage familier,
semble des emplois au cours de l’histoire. Ainsi, avec Eu gent et adjectif féminin (la gent automobi-
genre kutr~ain est attesté au début du ~III~S. Chu- liste, pietonne, etc.) d’où, par erreur, l’emploi de
maine genre); le sens général de groupement,es- gente, pseudo-féminin. oLe sens de «peuple* de-
pèce> explique l’emploi du mot en grammaire meure dans droit des gens (26683, traduction du la-
IV. 12451 pour désigner chacune des catégories tin juridique classique jus gentium,
DE LA MNGUE FRANÇAISE 1577 GENTIL

Gens s’emploie d’abord En x” s. aussi au sing.) pour


un nombre indéterminé de personnes; de là
viennent deux séries d’emplois. D’une part, gens
désigne par restriction de sens un groupe placé
SOUS l’autorité de qqn (1080) et, spécialement,
prend les sens de adomestiques, serviteurs=
Iv. 11301 puis de asoldats>> (12731(les gens de... hn
prince, un chefl). oD’autre part, les gens Sign%e
Cv. 1207) ules humains en générab, d’où viennent les
emplois avec un adjectif ou un déterminatif:
bonnes gens Cv.12071,petites gens (fin xvesd, tieik
gens (v. 15301,jeunes gens ( 1538; cf. li jwene gent,
13501, ce dernier servant en fkançais moderne de
pluriel à jeune homme et à jeune fille I+ jeune);
geas avec cette acception est aussi employé avec
un nom désignant une profession ou un état :,gew
d’armes Idéb. XIV~s. ; --+gendarme), ge72s d%glke
b.l360), gens de robe (15301,gens de k&eS (1544)
-qui a donné le composé plaisant urx GENDE-
LETTRE (1843,Balzac) -, gens de mer (16361,gens
de cour ( 1642). 0 Repris didactiquement au latin,
gens est utilisé 118343comme terme technique au
premier sens du latin (la gens Fubia; dans ce cas, 1’s
final se prononce).
b GENTILICE n. f. et adj. (1541) est emprunté à
ge&$cius apropre à une famille>, de gentiles dérivé
de gens. C’est, comme gerzs dans son dernier sens
mentionné, un mot didactique d’historien. 0 GEN-
TILÉ n. m. (17521,emprunt oral au latin gentile (no-
men) Sign%e <<désignation des habitants d’un lieu
dérivée du nom de ce lieun. Le mot est surtout en
usage au Québec,
@ Voir @ GENTIL.

0 GENT -3 GENS
0 GENT, GENTE adj. attesté en 1080; pro-
bablement antérieur, l’adverbe dérivé gentement
&gnement- l’étant v. 1050, est issu du latin genitus
an& et par extension ((bien ném, d’où «noble, gra-
cieux)). Gen&s est le participe passé de gignere
aengendrer* (-+ gens).
+ Gent au sens de ugracieux, jolin, sorti d’usage de-
puis le XVI~s., est utilisé par archaïsme, comme gen-
tement, adv. «gentiment*. Il a été en partie rem-
placé par ge&P.
‘+ Voir AGENCER.

GENTIANE n. f. est un emprunt (apr. 1250) au


laUn gentiana qui vient peut-être de Gentius, nom
d’un roi illyrien qui aurait découvert cette plante.
4 C;entine désigne par métonymie 11890) une li-
queur à base de la racine de la plante, à goût amer
et tonique.
0 GENTIL n. m. est un emprunt 11488)au latin
chrétien gentiles, nom pluriel désignant les païens
dans l’Ancien et le Nouveau Testament, par oppo-
sition au peuple de Dieu, le peuple d’Israël. Gen-
Mes est la substankivation de l’adjeotif du latin clas-
sique gentilis =qui appartient à la famille, au
peuple », puis arelatif aux nations étrangères>>
(+ gens) ; le mot est alors synonyme de barbarus, de
pere@w et, à l’époque chrétienne, de puganus,
correspondant à l’hébreu gOflm Rpeuples non juifs»
t-3 goy).
GENTLEMAN 1578 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

noblesse dans ses sentiments (+ gentleman) ; li6 à tin classique genu (+ genou) et flectere ccourber,
la notion de unobles sous l’Ancien Régime, le mot, fléchb (+ flexion).
tout en prenant un contenu moral, continue à faire 4 Génuflexion, qui désigne l’tiion de fléchir un
allusion à un état ancien de la société. +De gentil-
(les3 genou(x) en signe de respect et de soumission,
homme dérivent GENTILHOMMIÈRE n. f. (1606)
s’emploie au figuré ( 1872) pour parler d’un acte de
<maison de campagne d’un gentilhomme» puis par respect ou de soumission, comme se mettre à ge-
extension apetit château à la campagnes et GEN- Plmdx.
TILHOMMERIE n. f. autrefois employé ironique-
ment (1669) au sens de -qualité de gentilhommey, et
qui désigne (av. 1825) l’ensemble des gentils- # GÉO-, premier élément de mots savants
hommes. construits, tiré de composés grecs comme geônu-
@ voir GENTLEMAN, GENTFLY.
phiu, geômetria, représente le grec gê =TerreB qui
prend en composition la forme geô. G~O- entre
GENTLEMAN n. m. est un emprunt (16951, dans la composition de nombreux mots, notam-
d’abord adapté en gentilleman ( 15581, à l’angltis ment dans le domaine des sciences physiques,
gentleman (XIII~s .), calque du tiançais gentilhomme, chimiques et naturelles. Le développement des
de gentle Iv. 10503 avec le sens de l’ancien fkançais sciences de la Terre et la collaboration entre les
gentil” Nnoblem et de mari *homme=. disciplines scientsques et techniques expliquent
4 À la ti du xvr~~s. le mot est introduit en français l’usage croissant de géo- dans la formation de
pour distinguer, quant aux Anglais, le gentilhomme composés.
qui implique la noblesse héréditaire, de la noblesse b GfiOCENTRIQUE adj. est la tiancisation (1721)
non titrée tgentkmud I+ gentwj. GeMkman ne se du latin moderne geocenticm 116361,tiré de geo- et
répand qu’avec le romantisme et au D? s. se dit centmm acentrem, sufhxé en -~CM; l’anglais geocen-
d’un homme distingué, d’une parfaite éducation tricJz est attesté en 1686. L’adjectif s’oppose à hé-
par référence au &ic britanniquem (cf. le gentle- hcentnque. +G&OCHIMIE n. f. est un emprunt
man cambrioleur Arsène Lupin). Gentleman, adjec- (1838, Schonbein) à l’allemand Geochemie, qui a dU
tif (18581, est sorti d’usage. passer dans les principales langues européennes
F Le terme a connu un grand succès en français et a vers la ti du XIX~s. (anglais geochemical, 1888; geo-
donné lieu à la construction de composés : GEN- chemistry, 19031; le dérivé GÉOCHIMIQUE adj.
TLEMAN-FARMER n. m., attesté en anglais en n’est attesté en hnçais (provisoirement) qu’en
1749 (de l’anglais fumer ccfermiersp, de même oti- 1924 et GEOCHIMISTE n. semble régent. -GÉO-
gine que femte), est attesté en français en 1801 et a PHYSIQUE adj. et n. f. semble formé à la fm du
été utilisé en 1822 par Chateaubriand parlant des XIX~ s. [cf. anglais geophysics, attesté en 1889 et geo-
Anglais ; le mot s’est répandu en France à la fm du physicul, adj., 1888); on en a tiré un dérivé GÉO-
XY siècle. + GENTLEMAN-RIDER n. m. (de l’an- PHYSICIEN, IENNE n. cv. 1944). *GÉOMOR-
glais rider cavahep> de to ride *monter à cheval4, PHOLOGIE n. f. semble issu de l’anglais geomor-
*gentilhomme cavalier= en anglais au début du phdogy, mot formé par W. J. McGee en 1893,
XIXe s., est introduit vers 1839 avec le sens de ejoc- d’après l’expression geomorphic geology (Powell)
key amateursP ; il a été utilisé jusqu’à l’organisation (-+ géologie); attesté dans les dictionnaires géné-
professionnelle des courses de chevaux. +GEN- raux français en 1939, iI est Certa;inement bien anté-
TLEMEN’S AGREEMENT ou GENTLEMAN’S rieur, comme l’adjectif GÉOMORPHOLOGIQUE.
AGREEMENT lot. m. est une expression améri- + GEOPOLITIQUE adj. et n. f. est emprunté au
caine (aaccord entre gentlemen%, de ugreemmt suédois geopolitisk, adj. IR. Kjellén, 18891,peut-&re
«accord>>, de même origine que agréer), attestée en par l’anglais geopolttics (1904). Il n’est attesté en
1886 et introduite @n x~? s.) en France, pour dé- français qu’en 1924. - GÉOCHRONOLOGIE n. f.
signer un accord où la loi n’intervient pas, en poli- provient Cv.19431 de l’anglais geochronology
tique, puis en a%ires. IH. S. Williams, 1893) avec pour dérivé GÉOCHRO-
NOLOGIQUE adj. + GÉOMAGNÉTIQUE adj.
GENTRY n. f. est emprunté (1669) à un mot an- (v. 1960) et GÉOMAGNÉTISME n. m. h. 1953) sont
glais qui si@e d’abord (XIV~s.1 <qualité de gentle- eux aussi empruntés à 1’angltis Igeomagnetim,
man,, puis «ensemble des gentlemen» et *noblesse S. Chapman, 1938 ; geomu@z&c, dès 19033.* GÉO-
non titrée* ; il représente probablement une altéra- BOTANIQUE adj, 11893,Encycl. Berthelot) et n. f. et
tion de gentrke (XIII~s.1 venue de l’ancien français GÉOBOTANISTE n. sont employés au début du
gentetie (XII~s.; puis genterie, gentrie, me s.), va- me s. (cf. anglais geo-botany, 1904 ; geo-botunic,
riante de gentelise anoblessex (~II” 4, dérivé de gerz- 1904 ;geo-botunist, 1901) ; le mot est en concurrence
ta*. avec phytogéogruphie. -GÉOLINGUISTIQUE adj.
4 &&y est en français un terme didactique, db et n. f. (mil. ti s.) et GÉOHISTOIRE n. f, (mil. x=? s.)
signant une réalité anglaise, la noblesse non titrée sont peut-être formés en -français. *GÉOSTA-
(opposé à nobility «noblesse titréen). Il désigne par TIONNAIRE adj. (1966) est en revanche une adap-
extension (18461 la haute société tiançaise, le tation probable de l’anglais geostatinury (196 11,
cmonde>>. pour quaMer l’orbite d’un satellite artificiel qui
reste au-dessus d’un point terrestre, et ce satellite
GÉNUFLEXION n. f. représente un emprunt lui-même.
(XIV~s.) au latin médiéval genuflezh, dérivé du latin 0 voir GÉODÉSIE, GÉOGRAPHUL GltO’iDE, GÉOLOGIE, GGO-
ecclésiastique genufEectere afléchir le genow, du la- MANCIE, GÉOMÉTRKE.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1579 GÉOLOGIE
GÉODÉSIE n. f. est un emprunt (1644) au grec générale, universelle, syntagmes plus anciens) ou
geôdakia “partage de la Terre», composé de gê encore géographie économique sont plus tardives.
*Terre= b géd et de dais, dtitos wze gui est par- Le mot désigne alors par métonymie la réalité qui
tagéa Ià l’origine le repas où chacun a sa part), de fait l’objet d’étude de la science géographique
daiein (diviser, partager». Attesté en 1644, il est très (1835). Une autre extension, réflière pour ce
probablement antérieur (anglais geodesy, 1570, genre de mots, est <<ouvrage, traité de géographien
Dee; et géodésique). (18661.
+ Le terme désigne la science qui a pour objet b Du tiançais géo@u@xk ne dérivent que deux
l’étude de la forme de la Terre, la mesure de ses di- mots rares : GÉOGRAPHIEN n. m. (1544) qui est
mensions. éliminé par géo@uphe, et le verbe GÉOGRA-
b En dérivent GÉODÉSIQUE adj. (15841, d’où l’ad- PHIER v. tr. 11833) qui a eu une existence éphé-
verbe GÉODÉSIQUEMENT 11829) et GÉODIb mère.
SIEN, IENNE n. (1866, n. m.1 spécialiste de geodé- GÉOGRAPHIQUE adj. 11532) est emprunté au bas
sien. ~Une géodésique n.f. correspond à aligne, latin geogruphicus, du grec geO@uphikos, de geô-
courbe gkodésiquem Notion importante en phy- gruphiu; en dérive GEOGRAPHIQUEMENT adv.
sique relatitiste). GÉODIMÈTRE n. m. est formé (av. 15591. 4 GÉOGRAPHE n. 115321 est aussi un
(apr. 1948) sur le radical du grec geôdaisia et du emprunt au bas latin geogruphus, du grec ge@ru-
sme -mètre (-, mètre) ; il désigne un appareil de phos.
mesure des distances géodésiques inventé par le
Suédois Bergstrand en 1948. GÉOÏDE n. m. est un emprunt (av. 18901 au grec
geoeidês, de gg «Terre>> et de endos *forme, I-o&1
GÉOGRAPHIE n. f. représente un emprunt formé en allemand par Listing 118721.
(1513) au latin geogruphia, du grec geô@a@Ga udes-
+ Le mot désigne la surface théorique (un ellipso’ide
cription de la Terre», de gê *Terre* et de @@ein
de révolution) utilisée comme modgle de la surface
I+ graphe).
terrestre en géodésie.
+ Géogruphie conserve le sens étymologique, mais
la valeur terminologique du mot a évolué avec le * GEÔLE n. f. est l’aboutissement (XIV~s-1, par o>
concept et sa scienti%ation. ~Exprimé en latin les formes @de 11101~11061, juiole @II x11~s.1,du
@eo@-a@&), le concept dépend d’abord de la va- bas latin caveoh, diminutif du c2asslque cavea
leur des mots grec et latin, qui font référence à la «cage*>.
pratique de 1’Antiquité. Celle-ci est à la fois géomé-
trique, cartographique (Claude Ptolémée, traduit +Geôle est archaïque ou didactique (en his-
en latin en 1414) et historico-descriptive (Hérodote, toire, etc.1 au sens de *prison» ~1101-1106); par ex-
Strabon, imprimé en 15161.Les grands géographes tension et seulement littéraire, le mot désigne
arabes ont exercé peu d’influente sur le moyen $ge (1580) un lieu dans lequel on est comme dans une
français. En latin et souvent sous le nom d’imugo prison et a signifié par figure (<asservissement mo-
mundi, la géographie médiévale est cosmologique, ralm (XI~” s. ; fin XII~s., en ma juzble tien mon pou-
descriptive, anecdotique. Le mot géo@u@G, né au voirn).
début du xwe s., correspond à cette valeur, qui de- .Le dérivé GE~LIERJÈRE n. (v, 1225, gaiolier,
vient plus scienttique à la ti du siècle, avec la car- jaiol&; 1298, jeolier) au propre et (av. 1549) au fi-
tographie moderne (Atlas de Mercator : 1595) et au guré a résisté plus longtemps. Les deux mots
XVII~s., avec des synthèses comme la Geogruphiu conservent une certaine vie en poésie jusqu’au
generalti du Hollandais Varenius (1650). Au XVIII~s., xxe s. (où I’on traduit encore le recueil de Wilde :
le domaine commence à se préciser: on parle de Ballade de la geôZe de Reuding).
géographie physique et naturelle (un recueil de Le composé ENJOLER v. tr., autrefois Remprison-
cartes de 1756) pour cgéologie et description phy- ner* Idéb. XIII~s., enjaoler), a pris le sens figuré
siqueB. Géog-ruptzie physique, selon le dictionnaire d’abuser par de belles parolesn. 11est sémantique-
de Trévoux (17401, serait calqué de l’anglais IWood- ment et graphiquement VI détaché de geôle et a
wardl. Géogruphie historique, civile, politique sont cessé d’être courant. +Son dérivé ENJÔ-
dans l’Encyclopédie Il7571 avec géographie sucrée, LEUR,EUSE n. (15851 est plus vivant, passant du
ecclésiastique. D’autres branches de cette science domaine de la tromperie intéressée à celui de la
sont nommées au XIX~ s. : géogruphie botanique, séduc%ion érotique, notamment comme adjectif
zoologique au milieu du siècle (le premier dans 11870).
Bescherelle 18451,géographie politique est chez Mi-
chelet. L’expression géocuphie comparée C&I GÉOLOGIE n.f. est un mot savant (17511
XY s.l procède de 1’AUemand IRitterl. C’est aussi compose de géo-, du grec g& «Terre)) I+ géo-1 et de
en allemand que Friedrich Ratzel réintroduit Jo&, du grec legein «dire, (-+ -1ogie). Il apparaît en
l’étude de l’homme en société dans l’espace avec latin médiéval (13451 sous la forme geolo@u, em-
son anthropogéogruphie (1882-18911. Vidal de la ployé par Richard de Bury en Angleterre au sens
Blache au début du ti s. emploie l’expression géo- de asciences des choses terrestres (et non divines)»,
graphie humaine ; dès lors, on enseigne séparé- c’est-à-dire le droit, et giologiu 11603) en italien. En
ment, à la Sorbonne, la géographie physique (de italien encore, F. Sessa emploie geologia en astro-
Martonne) et la géographie humaine (Demangeon, logie, pour qinnuence de la Terrea. ~Après une
1912). Des expressions aujourd’hui usuelles, œuvre en latin moderne, la Geolo@a Nowegica de
comme géographie régionale (opposé à géographie M. P. Escholt 116571,1’AngIais E. Warren emploie le
GÉOMANCIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot dans le titre d’un 4iscours concernant la lon la tradition grecque, la géométrie en Europe oc-
Terre avant le délugen (1690). Le mot est anglicisé cidentale dépend d’abord de la transmission des
en geology au XVIII~s. (17351. textes grecs par les Arabes puis (xv” s.) par les trai-
4 Géologie, escience du globe terrestre%, est men- tés byzantins. Liée au xwe s. à la cartographie, la
tionné dans le Système des co~aissances hu- géométrie s’enrichit alors des méthodes projec-
maines% de l’Encyclopédie (tome 1, 1751) comme tives. Au XVII~s. le concept se morne et se scinde,
une partie de la cosmologie et déme comme la du fait de l’apparition de l’algèbre moderne et de
uscience des continen9, ma& le terme n’est pas l’analyse : application de la méthode analytique* au
traité dans l’ouvrage. Il reste rare en &ançtis au domaine par Descartes (16371, développement
XVIII~s. et n’entre dans le dictionnaire de l’Acadé- d’une agéométrie projectivem par Desargues (16391,
mie qu’en 1835, dors que le dictionnaire de Pascal, LaHire. Mais les concepts modernes de
S. Johnson enregistrait geology en 1755. La notion agéométrie analmuen (Clairault, Euler, Lagrange,
générale se précise à la fin du siècle (en anglais Monge) et de agéométrie proiectiven (Mange, Lazare
chez J. Hutton, 1~151 en @science de la croûte ter- Carnot, Poncelet, Chasles) datent de l’époque 1760-
restre et de son histoire», liée au xn? s. à la minéra- 1830. L’expression géométrie desrriptive (c’est-à-
logie*, à la paléontologie* et à la connaissance des dire non analytique, synthétique) appartit chez
fossiles, puis à la stratigraphie et à la tectonique. La Monge 11795). Au XIX~ s. la notion prend une exten-
périodisation (en ères) s’effectue à cette époque, sion nouvelle par l’apparition de ce qu’on appellera
avec d’orbigny et surtout l’Anglais Lyell. Les rap- plus tard les géométries non euclidiennes (Lobat-
ports avec l’anatomie comparée (Cuvier) puis le chevski, Bolyai, Riemann, après les intuitions de
transformisme (Brongniart, Darwin), et donc les Gaussl. Elle est analysée par Klein (programme
progrès de la paléontologie, développent la géolo- d’Erlangen, 1872)en géométrie projective, géométrie
gie, qui se subdivise au XX~s. en géolog& histo~-@ue, affiiw, géométrie rnéh-@w et géométrie euclidienne
géolo& générale (géomorphologie, sédimentolo- Iles équivalents fr-ançais des termes allemands ont
gie, pétrographie...), géolog& structurale Cettecto- dû s’employer dès la I~I du XIX~ s.3.Les geométries
nique), géologie marine, hydrogéologie, pédulo- non euclidiennes sont alors dites géomém hyper-
gie, etc. Ses rapports avec la géophysique sont bo2iqw (Lobatchevski, Bolyail , elliptique Remannl .
étroits et ses applications (ingénierie géologique1 Apparaissent ultérieurement la géométrie infinité-
de plus en plus importantes. simale, puis différentielle E. Cartan, S. Lie), et au
me s. la géométrie algébrique, enrichie d’emprunts
F En dérivent : G~~OLOGIQUE adj. (17971 qui s’ap-
à l’analyse et à la topologie, et qui est une branche
plique à la fois au savoir et à son objet ~couches géo-
de l’algèbre. oPar métonymie, géométrie sime
h@@h& 0 n a pour dérivé GÉOLOGIQUEMENT
titraité de géom&rie= et s’emploie pour <<forme ca-
adv. 118431. +GÉOLOGUE n. (1797) xspécialiste de
ractéristique d’un objet techniquen Ixx”s.1, d’où
la géologie}} a été un moment en concurrence avec
vient à g&métie variable, qutiant un avion dont
GÉOLOGISTE n. (18011, leur sens a évolué d’après
la voilure peut être modi%e, ptis au figuré (v. 19703
le substantif.
en parlant d’un espace dont la disposition, le fonc-
GÉOMANCIE n. f., d’abord joman& Ixrrr” s.1 tionnement peut varier.
relatinisé sous la forme actuelle (14951, est un em- b GÉOMÉTRISER v. tr. (av. 1593, au participe
prunt au bas latin geomanti, du grec tardif geo- passé), introduit en sciences comme intransitif
mante& composé de gê CTerrem (3 géo-1 et de (1749) pour (<procéder géométriquementm, est un
manteti *divinations I+ -manciel. terme didactique, comme ses dérivés GÉOMÉTRI-
SANT, ANTE adj. 11907) et GÉOMÉTRISATION
4 Comme en grec et en latin, le mot se dit de la divi-
n. f. 11932). + GÉOMÉTRIQUE adj. “qui concerne la
nation par l’examen des figures que forment la
géométrie* 11370- 1372) est un emprunt au latin geo-
terre, les cailloux, la poussière, jetés au hasard sur
metricus, du grec geômetihos; par extension
le sol.
(mil. XVI~s.), il se dit pour “qui procède avec la ri-
b La variante GÉOMANCE n. f. (1577) n’a pas Vécu. gueur mathématique= et s’emploie par analogie au
- GÉOMANCIEN, IENNE II., attesté chez Rabelais sens de &gulier (comme les figures géomé-
( 15321, désigne la personne qui pratique la géoman- trique& (1831). 0 GÉOMtiTRIQUEMENT ah.
cie. ad’une manière g6ométriqueB (1561) est vieilli au
sens extensif de *mathématiquement%. L’adjectif et
GÉOMÉTRIE n. f. est un emprunt Iv. f 1501 au l’adverbe ont suivi l’évolution conceptuelle du nom.
latin geometi, hellénisme, du grec geômetria ~GÉOMÈTRE n. “qui s’occupe de géométrie> est
I-, géo-, et -métrie). emprunté Cv.1300) au latin geometres, du grec geô-
4 Géométrie a d’abord désigné l’arpentage avant de met& Kgéomètre, arpenteurm. Par extension (1637)
se dire de la science mathématique de l’espace, à géomètre désigne le technicien qui s’occupe du
date incertaine (XIII~-XIV~s. ?). Le mot s’est utilisé au levé des plans ; le sens de qmathématicien) (1655)
XVII~s. au sens extensif de amathématiquesp (attesté est sorti de l’usage. Le mot a conservé la valeur pri-
en 1655, mais antérieur; cf. géom&mw), emploi mitive d’arpentage, tout en acquérant les contenus
qui est celui de Pascal. Comme pour mathéma- modernes de géométrie. 0 Par analogie, à cause de
tiques et algèbre, le concept a évidemment beau- la démarche des chenilles qui semblent mesurer le
coup évolué entre le XII~s. Ixw” s. pour géométrique) sol avec leur corps, on a nommé GÉOMÈTRE n. m.
et notre époque. Consacrée pendant tout le moyen (18031 un papillon d’une famille appelée plus tard
&ge à l’étude des propriétés des figures simples se- les GÉOMÉTRIDÉS n. m. pl. hf S.l. *GÉOMÉ-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1581 GÉRER

TRAL, ALE, AUX adj., terme didactique atteste au «mettre les céréales en gerbes>) (1890). Enfin, le nom
XVII~s. ( 16651, est antérieur à cette attestation ; en ef- est courant, comme le verbe, en manutention.
fetson dérivi! GÉOMÉTRALEMENT adv. apparaît + GERBEUR, EUSE adj. et n. &VI” s.1est surtout un
un siècle plus tôt (1547). terme technique d’agriculture, comme GERBÉE
n. f. (1432). +GERBIER n. m. Il4601 cqrnetie)>, s’est
GÉRANIUM n. m. est un empmt (1545) au la- dit aussi (18721 d’une construction mobile destinée
tin des botanistes gerunium, réfection du latin clas- à abriter une meule. + Enfk~ le déverbal argotique
sique gerunion, du grec gerunion de même sens, 0 GERBE n. f. IV. 19801, déverbal de gerber womir=,
dérivé de @anos (+ grue), le fruit de cette plante s’emploie surtout au sens figuré (c’est la gerbe
ressemblant au bec d’une grue. La forme gemnion =C’est écœurant4.
( 1550) a été reprise et employée au XIX’ s. E1803).
+ Malgré sa forme latine, le mot est devenu cou-
GERBOISE n. f. représente un emprunt (1712),
d’abord sous les formes ierbuuh (16551, gerbo 117001,
rant, non pas dans sa valeur botanique, qui
au latin des naturalistes gerbou, lui-même em-
concerne une plante dicotylédone, sauvage, mais
prunté à l’arabe &rbü.
pour désigner le pélargonium, dans ses variétés
cultivées pour ses fleurs ornementales. + Le mot désigne un petit mammifère rongeur, vi-
vant dans les déserts d’Afrique, d’Amérique et
b De gérunium dérivent des mots savants : GÉRA-
d’Asie.
NIACÉES n. fpl. (1820; sufke -ucées) et GÉRA-
NIALES n. f. pl. 11962) en classtication botanique. @ GERCE + GERCER
+ GÉRANIOL n. m. ( 1900) formé avec la fmale de
alcool est un terme de chimie. +GÉRANIUM- 0 GERCE n. f., mot argotique (attesté en 18861, @)
LIERRE n. m. 119081, composé de gérunium et de est d’origine incertaine. Il pourrait être issu d’un
lierre, est le nom usuel du pélargonium-lierre. terme régional (Ouest1 d’origine obscure, gerce
cjeune brebis qui n’a pas encore port&, ou repré-
0 GERBE n. f. est issu (XIV~s.), par la forme gurbe senter une altération de garce, féminin de gurs
Cv.11701, du francique ‘gurba (cf. allemand Garbe; (+ garçon), avec l’influence sémantique de 0 gerce
ancien provençal garba). «teigne)> (+ gercer).
+Le mot désigne dès son apparition Cv.1170) une 4 Gerce s’est dit, dans le vocabulaire argotique,
botte de céréales coupées et liées. Le mot a eu au pour &Ile, femme, garce»; usuel jusqu’en 1930, il
moyen âge un emploi administratif, concernant un est aujourd’hui sorti d’usage, sauf comme terme
impôt en nature : jurbe C1180-1205) agerbe qu’on régional pour désigner, au figuré, une teigne, une
prélevait pour la dîîe>>. 0 II s’est dit d’une botte de peste.
barres métalliques (1396) et plus tard d’une botte
d’osier (1690) ou de fleurs 11747). 0 Par analogie de GERCER v. est une réfection graphique (1690) 8>
forme, on a désigné par une gerbe ce qui s’élance, de gerser (mil. XIV~s.1,lui-même de iurser En XII~ s.1,
jaillit (1690, gerbe d’eau) ou (mil. XVIII~~.) un en- d’origine incertaine. Ce verbe est probablement
semble de choses allongées lune gerbe de co- issu du bas latin charuxure <couper, incisep, fré-
lonnes~ ; par la même figure, gerbe s’emploie en ar- quemment écrit caraxure <&llonner, décb.ireB. On
tillerie Idéb. ti s.) pour afaisceau de projectiles-, en fait remonter ce verbe au grec Izharassein <faire
physique (gerbe de particulesI, en mathématiques une entaille>> (dérivé de lzhuras Gchalas, pieu*), et
11962). Par métaphore, le mot se dit (1864) d’un en- on suppose que le mot latin est devenu ‘gurussare
semble de choses semblables réunies, puis par dissimilation ‘garsare.
F Le dérivé 0 GERBER v. s’est employé d’abord + Gercer a signifk #blesser, endommagera En
comme transitif (XIII~ s.) au sens de ymettre (le blé1 XII~s.1; le sens de asctierm (apr. 1250), déjà attesté
en gerbes», d’où le composé ENGERBER v. 11226, dans le composé grec enkharassein, a disparu
*remplir de gerbe+1 dont l’évolution &ma.ntique avant le XVI~s. (cf. le wallon gursi aventousern). Le
est identique. 0 Par analogie, gerber sime (1567) sens moderne de <<faire de petites crevasses (en
Kmettre en tas (des fits) dans une cave>>,valeur à parlant du fkoid, du vent))) ( 1530, tr.1 serait alors une
l’origine du sens moderne de «procéder à la ma- extension.
nutention de marchandises en hauteur>>, usuel en F 0 GERCE n. f. a désigné (XIII~s., jarse) une hn-
technique. Le mot s’est dit par métaphore («mise en cette utilisée pour saigner; le sens de <<teigne qui
cave>>, 1815) pour <condamner)), en emploi argo- ronge les étoffes, les papiers> (1607) vient de gercer
tique. Gerber s’emploie intransitivement (1866) au XendommagerD, celui de <(fente dm le boism 11777)
sens de udonner beaucoup de gerbes- (d’un ter- du sens moderne. *GERÇURE n. f. a d’abord si-
rain). 0 Cet emploi n’a rien à voir avec un autre in- gni% Kscarikation)) ( 1375-1379). Le mot désigne
transitif 0 GERBER, lié au sens figuré de gerbe une petite fente, en parlant de la terre, d’un arbre
(gerbe d’eau) et synonyme argotique de ~VO- En xrve s.) et une petite fissure au niveau de la peau
(1925) ; d’où au figuré, qa me fait gerber ((ça ( 1548, jurceure) - seul sens usuel, comme pour le
m’écœuren. +De gerber dérive GERBAGE n. m. verbe. +GERCEMENT n. m. Il8661 est beaucoup
En XVI~s., Mensemble de gerbes)?), alors que l’ancien moins fréquent.
lançais gerkge i121.13 adroit sur les gerbes3 vient
de iurbe, gerbe (voir plus haut). * C’est une autre GÉRER v. tr. est un emprunt (v. 1558; 1445, selon
valeur du sufExe -uge qui donne à gerbuge le sens Bloch et Wartburg) au latin gerere aporter (sur soi)» ;
d’aaction d’enlever les gerbes d’un champB puis de le verbe comporte I’idee d’activitk propre du sujet
GERFAUT 1582 DICTIONNAIRE HISTORKJWE

et si@e aussi <prendre sur soi, administrerti, par $ Germain, <qui appartient à la Germaniem en bis-
extension cexécuter, faire, Cd’oti gestum + geste). toire, est devenu le radical correspondant à alle-
+ C’est avec ce dernier sens qu’il a été introduit en ??Wld.
tiançais. Il reprend au XVII~~. le sens juridique b fl a pour dérivé GERMANISER v. aemployer des
d’aadministrer lune affaire, des intérêt& (1671) et mots allemands, (1556) et arendre germaniqueti
Sign%e par extension ( 17643 adiriger (ses a&iresls 11755, intr.), d’où vient GERMANISATION n. f.
et (mil. XX~ s.) ms’occuper de (qqch., qqn), de manière (1876).oGERMANISANT,ANTE adj.et nasigni-
suiviez. fié (1844) “qui a l’accent allemandn. 4 GERMANO-
.En dérivent GÉRABLE adj. (19681, GÉ- est tiré du latin gemzunw pour former des compo-
RANT,ANTE n. (17871,sur lequel sont formés GÉ- sés concernmt les Allemands, l’Allemagne,
RANCE n. f. (18431 et CO&RANT, ANTE n.Ixx”s.); comme: GERMANOPHILE adj. et n. (1894; de
COGÉRANCE n. f. est attesté en 1869. Gérance et -@de), GERMANOPHOBE adj. et n. (1894; de
gérant ont acquis des valeurs plus précises que le -@de) et GERMANOPHONE adj. et n. h.19451
verbe et, comme gestion, plus techniques. +AUTO- “qui parle allemand», qui figure dans l’abondante
GÉRÉ, ÉE adj., composé de 0 auto-, est de forma- série récente quaIfiant l’emploi d’une langue.
tion récente (1964). ll correspond à autogestion. GERMANIQUE adj. est emprunté 115321 au latin
@ VOirGESTION. gemankus «de Germanie», issu de Gem~ania, et
ne peut être dissocié de germain. Le mot sigr&e
GERFAUT II. m. est la réfection XILI~s. de gir- “qui a rapport aux Germains- (1532, en langue ger-
faus Iv. 1180, pluriel), composé de l’ancien français manique), puis Hrelatif à 1’Allemagnen (17031. Voir
gir wautow Iv. 12001 emprunté de l’ancien haut al- aussi l’encadre page ci-contre. +Sur son radical
lemand gk, de même sens, et de faus Cv.11751, cas ont été construits GERMANISME n. m. 4oumure
sujet singulier de faucon; + faucon (cf. germanique propre à l’allemand% (1720) et uemprunt à l’alle-
gitiulco3. mandB (xx” sd, GERMANISTE n. =spécialiste de l’ai-
lemand, des langues germaniques)) (18661, et GER-
4 Le mot, qui a eu en ancien français la variante ier-
faus tCn xrn”-déb. XI? s.1,signiEe étymologiquement
MANITÉ n. f. (1800, repris en 19473 «caractère
«vautour-fauconn et désise un oiseau de proie de germanîque~. *Se GERMANISER est attesté en
1903.
grande taille utilisé en fauconnerie.
@ VOirPAN-(PANGElXMANIQUE).

GERIATRIE n. f. est un composé récent (1915) GERMANDRÉE n. f., d’abord gemaadree


du radical du grec gerôn <vieillard» (-*gérante) et
(XII* s.1,représenterait selon P. Guiraud une altéra-
du stixe -iatrie, du grec iatreiu <traitements.
tion du latin médieval calumendria, croisement
4 Le mot signifte <<médecine de la vieillesse» ; il est probable de ocalam~ntum asorte de menthen avec
appuyé par un terme apparente et plus récent, gé- camedria, latinisation de chamoedys, emprunté
rontologie I+ géronto-1. au grec khamaidys, proprement ({chêne nains, de
b Le dérivé GÉRIATRIQUE adj.(l%92est d’un em- dys NchêneB (4 dryade), et kbmai aau ras du sol%.
ploi didactique. * GÉRIATRE n. (av. 1959 ; suffixe 4 C’est la plante désignée par chamoedys (et non
-iatre, du grec iatros *médecin4 désigne le ou la par “culumentum) qui correspond à gemLandr6e.
spécialiste de gériatrie.
GERMANIUM n. m. est composé (18851 du ra-
0 GERMAIN, AINE adj. et n. représente
un dical du latin Gewnunia aGermanie» et du sufke
emprunt (v. 1160) au latin germanus *naturel» et -ium des métaux.
~germain~, de gemLen, -WS au sens de aprogéni- 4 Le nom désigne un métal rare découvert en AlIe-
turc, qui est du même sane (4 germe). De cet éty- magne en 1880 par Winkler, après avoir été prévu
mon viennent l’espagnol hemtano, -a et le portu- par Mendeleieff en 187 1. Le mot peut être consi-
gais imza0, -a afrère, sœurw déré comme un emprunt au latin moderne ou à
4 &rwzuin adj- et n. Iv. 11601 s’est longtemps em- l’allemand.
ployé au sens de &ère ou soeur de mêmes pa- b GERMANITE n. f. (xx” s, ; sufke -ite) désigne le
rentsm (1646, les germains, n.), mais n’est plus au- sulfure naturel de germanium, de fer et de cuivre.
jourd’hui qu’un terme juridique (on oppose
germain à utérin et à cortsanguin). Le terme n’est GERME n. m. est un emprunt Iv. 1120) au latin
couramment employé cv. 1160, adj.1 qu’avec cousin. gemen agerme b, abourgeon, rejetonn et, par exten-
dans les expressions cowins gemains et cousins sion, adescendance*, de la famille de gignere *en-
issus de gtmmins (16801. Le nom u72 gemzuin. s’est gendres, qui se rattache à la racine indoeuro-
dit (16421, pour cmembre de la même famillen et péenne “genlej-, ‘gne- Nengendrep et anaître>
l’adjectif a quali% (1580) ce qui présente des traits C+ engendrer, genre, gens).
communs; on dit aujourd’hui cousin gemzain. 4 Geme apparaît en français avec le sens de “par-
tie de la semence qui se développe en formant la
0 GERMAIN, AINE adj, et n+est un emprunt pla,ntem ; cette acception vague n’a pas de caractère
11512)au latin gemnanw, peut-être composé du tel- scientzque et s’applique par exemple aussi bien
tique guir ~voisim et de maon, mun apeuple%,nom au gamète qu'à l’embryon ou à la graine. De là
que les Gaulois donnaient à leurs voisins de l’Est. vient l’emploi courant pour nommer la première
On relève à la ti du XIII~s. la forme sufkee @ma- pousse qui sort de la graine, du tubercule (1580).
nias t 1284). u Le mot désigne ensuite (XIV” s.) la forme initiale
DE LA LANGUE FRANÇAISE GERMON

LES LANGUES GERMANIQUES

Les langues germaniques font partie de la fa- variété de gotique a été relevée encore en 1560
mille des langues indoeuropéennes. Elles dé- en Crimée. Le longobard a laissé quelques
rivent d’un gemzanique commun, non attesté, traces en italien. Le burgonde, quant à lui, ne se
qui s’est développé - indépendamment de l’in- retrouve que dans des noms de lieux du sud-est
doeuropéen - vers 500 av. J.-C. Le plus ancien de la Gaule.
témoignage d’une 1a;ngue germanique remonte Le troisième groupe est le germanique occikkn-
au ~“3. av. J.-C. ta1 ou westique. Font partie de ce groupe le
On distingue trois groupes parmi ces langues : francique ainsi que le haut allemand (base de
septentrional, oriental et occidental. Le groupe l’allemand moderne) et ses dialectes : bavarois
septentrional ou aordique>> est le plus ancienne- et alémanique, le bas allemand auquel se rat-
ment attesté; le plus ancien stade de la langue tachent le hollandais, dialecte de base du néer-
appartenant à ce groupe est appelé norrois. Dès landais, le flamand et le frison ; e&n, Yangla&. 11
le xe s., ce groupe comprend cinq grands dia- faut également rattacher aux langues germa-
lettes : le danois, le féroïen (langue des îles Fé- niques le yiddish, langue des Jti asbkénazes
roc), le norvégien, le suédois et l’islandais. - Le établis en Allemagne (et en France) dès Charle-
groupe oriental ou ~ostique~ est constitué de magne. Cette langue composite, qui apparaît au
langues aujourd’hui disparues : celle des Goths, XI~s. en Rhénanie, est la fusion de trois compo-
le gotique, celIe des Longobards, des Burgondes santes : l’hébréo-araméen, langue de la vie reli-
et celle des Vandales. Très tôt (av. 2501,les Goths gieuse I+ hebreul, les dialectes du haut alle-
se scindent en deux peuples : les Ostrogoths et mand, parlers de la population environnante, et
les Wisigoths. Le seul document que nous possé- des vestiges d’un parler antérieur des commu-
dions en gotique consiste en des tiagments de la nautés juives, à base de français et d’italien. Au
Bible, traduite par l’évêque wisigoth WuKla XVIII~s., l’allemand évince le yiddish, mais ce der-
(mort en 3831. En Occident, la langue des Goths nier a survécu dans les ,communautés juives
persista jusqu’au début du wt” s. Qstrogoths en d’Europe centrale et des Etats-Unis.
Italie et Wisigoths dans le sud-ouest de la Gaule 6’ Voir ALLEMAND, ANGLAIS, BUBGONDE, FRANCIQUE,
et en Espagne), époque où elle se fond rapide- GOTIQUE, LONGOBARD. ROMANES kU’gIJ&.
ment avec les idiomes romans. En Orient, une M.-J. Brochard

d’un &re vivant, spécialement le rudiment de cer- Mom n. m. (17001 et les prékés ÉGERMER v. tr.
taines parties organiques (1762, gem des dents) ; Cmf s., esgermer Kgermer4, repris Km xrx’s.1 au
cet emploi a disparu, à la différence du figuré 11679) sens technique d’cenlever le germen. oUn autre
pour Nélément de développement Ide qqch.12. préfxé, DEGERMER v. tr. (18741, de sens voisin, a
0 Avec les progrès de la biologie, gemme désigne fourni au xxe s. DÉGERMAGE n. m. et DÉGER-
(1860) un micro-organisme capable de provoquer MEUR, EuSE n.
une maladie. GERMINATIF, IVE adj. est un dérivé savant (15511
b En dérive GERMICIDE adj. t 17841 “qui tue les formé à partir du verbe latin geminare, comme
germess. 4 Le mot latin GERMEN n. m. est entré GERMINER v. k. agermerm @??%i~U&, v. 1120),
dans le vocabulaire de la biologie 11901) par l’alle- sorti d’usage du XVII~ au xxe siècle. + GERMINA-
mand (1883, Weismann) au sens d’ccensemble des TION n. f. est un emprunt au latin gemtinati, du
cellules reproductrices d’un être vivant* Ecf.sema). supin de germinare; il a été employé au sens de
+À partir du latin germen ont été dérivés : 0 GER- <<descendance)> Cdéb.xwe 4. 0 Il représente au-
MINAL n. m. ! 1793, Fabre d’kglantine) *septième jourd’hui le substantif de germer au sens propre
mois du calendrier républicain%, mois de la gerrni- (1580) et au figuré adébut d’un développementti
nation (du 21 ou 22 mars au 18 ou 19 avril); 0 GER- (1835). +Sur son radical a été formé GERMINA-
MINAL, ALE, AUX adj., terme de biologie (1831) si- TEUR, TRICE adj. (i7i’O) en botanique et n. m.
gnifiant (<relatif au germe, à la germination>>. Un (19621, terme technique,
emploi métaphorique a été rendu célèbre par Zola, @ voir @ GERMMN.
dont le roman GewninaZ évoque un printemps so-
cial et humain. GERMON n. m. sous la forme gemon ktve s.), de
GERMER v. est issu Il 120) du latin gemtinare Hger- sens discuté I&nche 9, wariété de thon4, puis ger-
merm et kisser poussern, dérivé de gemzen ki-des- mon <variété de thon blanc de l’océanm ( 17691,est
sus, gemzel. Le verbe s’emploie au sens de xpousser un mot poitevin toujours d’usage régional, d’ori-
un germe* en parlant d’une graine, d’un bulbe gine incertaine. On peut penser à une dérivation, à
(v. 1120, intr.); l’emploi transitif afaire germep’ partir de gemme, du latin germen <germe, bour-
(1174-l 1761est aujourd’hui littéraire et rare. Une geon}} dans un emploi figuré (+ germe). On relève
valeur figurée (1165) correspond à ccommencer à gemon 1x1~~s.) et gemon I ~HO- 1475) au sens de
se déveIoppeP. +Le verbe a fourni le dérivé GER- =germem.
GÉRONDIF 1584 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

GÉRONDIF n. m. est une réfection (16471 des populaire ‘gizerium, variante du latin classique gi-
formes gerundif: n. m. (14641, gww?&w, adj. (152 1) ; gerium, seulement au pluriel @geria eentrailles de
c’est un dérivé savant du latin tardif gerun-dium, -i volaille», peut-être emprunté à une langue ira-
ou gerundi Imodusl, terme de grammaire, dérivé nienne.
de gerundw <mode de l’action à accomplirm, de ge- 4 Gésier, en ancien frarqais afoien (av. 11541, dé-
rere au sens d’aexécuter, accompb I-* gérer). signe, chez les oiseaux, la troisième poche diges-
+ Gérondif désigne en français une forme verbale tive (déb. XIII~s., aussi wiscères))) et, familièrement
en -an& généralement précédée de la préposition @II xwe s.), l’estomac d’une personne. En entomolo-
HZ; le mut est utilisé pour désigner (18661, en latin, gie le mot s’emploie Id s.1à propos des insectes et
la forme verbale qui constitue la déclinaison de l’in- d’autres invertébrés pour désigner une partie de
fmitif. On l’emploie aussi en grammaire anglaise I’appareil digestif.
(anglais gerund).
GÉRONTE n. m., attesté d’abord comme nom +k GÉSIR v. intr. défectif apparalt au passé o>
propre 116361, est un emprunt au grec gerôn, -ontos simple Qdemoitié x” s., ~OUI);le verbe est issu du la-
wieflard%, d’une forme ancienne de participe tin classique iacere (@ce0 à l’indicatif, Ire pers.1
présent à rattacher au sanskrit jdrunt-. &re couché, être étendu>>, proprement &re dans
+ Au XVII~s., dans la comédie, c’est le nom propre l’état d’une chose j etéem,valeur résultative par rap-
habituel des personnages de vieillards faibles et port & iacere (jucti à l’indicatif, Ire pers.3 hncer, je-
crédules. Le mot est utilisé en histoire 11704) pour te-, d’une famille à racine indoeuropéenne “ye-
désigner, dans l’ancienne Sparte, un membre du cjetern. En latin, le verbe est surtout utilisé aux
Sénat élu à vie, & partir de 60 ans. Par extension temps de l’&fectum= ; en français il ne s’emploie
(1828-18291, le mot s’est dit d’un vieillard naïf facile aujourd’hui qu’au présent et à l’imparftit de l’indi-
à berner et, par atténuation, d’un homme âgé ; il est catif, et au participe présent I+ gisant, jacentl.
aujourd’hui archtique. 4 Gésir reprend d’abord le sens latin d’&tre cou-
F GERONTISME n. m. (18661, terme didactique, dé- ché, et si@e spécialement (1080) dêtre couché
signe en médecine un vieillissement prématuré et dans la tombe5 d’où la formule d’épitaphe c+&
aussi un régime politique où des vieillards gou- Iv. 1170). Par figure (v. 11601gésir en, dans a en an-
vernent. cien français le sens de arésider dansx. Le verbe si-
GÉRONT-, GÉRONTO-, éléments tirés du grec ge- gn%e dans l’usage classique (16681 cse trouvep (en
rhn, gerontos, servent à former des mots savants. parlant d’une chose enfouie, cachée). Le sens d’aac-
* GÉRONTOCRATIE n. f. (1825 ; sufbe -cru&, du coucher de= (v. 1180) est en relation avec le substan-
grec krutos <<force,puissance*) est un terme didac- tif gésine. Ces emplois ont disparu en français clas-
tique qui désigne le gouvernement des vieillards sique.
(cf. gérontisme). Le substantif semble fomné après
l’adjectif GÉRONTOCRATIQUE (av. 1755). + GÉ- b GÉSINE n. f. est issu cv.1160-l 1741du latin popu-
RONTOLOGIE n. f. kufke -logie) est attesté en laire “jacina «couche», dérivé de jucere, et attesté
1950, ainsi que son dérivé gérontologue. Mais ces par l’ancien provençal &zina egésine, litière)), le ca-
termes, comme GtiRONTOLOGUE n. (19531, sont labrais jacim *grabat*. Le mot Sign%e <accouche-
bien antérieurs. Gérontologie pourrait avoir été ment= et s’emploie surtout dans en gésine, *en train
créé par le biolo@ste rmsse Metchnikov, car c’est d’accoucherm; il est devenu archaïque. +Le parti-
dans une traduction de ce dernier que geronto&y cipe présent de &sir, GISANT, ANTE adj. -qui est
apparaît en anglais (avec thanutologyl, en 1903. Gé- étendu immobile= (12601, s’emploie comme nom
rontologie est en concurrence avec gétitrie. Ces masculin Il9 111pour désigner une statue représen-
mots attestent les développements de la médetie tant un mort étendu Icf. orunt1.
spécialisée ~gétiti1 qui se double d’une étude 0 GfTE n. m. représente l’ancien participe passé
systématique Uo@eI de la physiologie du vieillisse- substantivé de gésir. Il s’emploie pour désigner un
ment. lieu où l’on trouve à se coucher, à se loger (1176-
0 voir GÉRIATRIE 11811, d'où @te d'étape (18661 et récemment @te IU-
rai ( 19651; il se dit aussi du lieu où s’abrite (gît) le gi-
GERZEAU n. m. (17521, qui a eu pour variante
bier Iv. 13541,spécialement (1552) le lièvre. Par ex-
jardeau (v. 1330,aespèce de niellenI et apparaît
tension @te s’est appliqué à des choses placées
aussi sous la forme jemeu he s., +raien), est d’ori-
dans un endroit caché ou enfoui : @partie inférieure
gine incertaine. Bloch et Wartburg le rapprochent
de l’ancien fr-ançais gurdeti <&raie>> (v. 11761, va- de la tisse du bœufn (1393 ; @te à la ?I&X, 18381;
riante de jurdwk EV.11681,dérivé de l’ancien kan- <dépet de minerai= (18111, ce dernier en relation
çais gwt (attesté 12601 «long poil dur de la kinea avec gisement. 4 0 GÎTE n. f. est un terme de ma-
13 0 jarre). Cependant P. Guiraud lie jarzeu à l’an- rine désignant le lieu OU s’est enfoncé un bateau
cien franc& @we &ncetteD, dérivé de iarser +Ca- échoué (18591, puis (19011 l’inclinaison latérale d’un
rifïern (+ gercer). bateau (le bateau =se couche, @t4. +Le dérivé ver-
bal GîTER v. a d’abord signi% «avoir son gîte quel-
+ Le mot désigne une plante à feuilles lancéolées (la
que partn kntr., 1210-1230; tr., apourvoir d’un gîtes,
nielle) ou à feuilles en forme de lames aplaties Ila
~VI~S.); ce sens a vécu pour parler du gibier (fin
gesse ; cf. gesse).
xwe S.I. 0 Gîter s’emploie au figuré (av. 18901 pour
GÉ SIER n. m. est une réfection (v. 1560) de g2sier &tre situé», et comme terme de marine (1859) au
(av. 1154, &er Idéb. XIII~S.I.Le mot est issu du latin sens de «donner de la gîtep. 4Ie @te ucontrée
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1585 GESTE

contenant des gisements- dérivent les termes di- aporter en Iit%rem et «porter un enfants (par substi-
dactiques Iv. 1960; de -logkl GÎTOLOGIE n. f. et tution à ferre à l’époque impériale) ; gesture est le
GÎTOLOGUE n. fréquentatif de gerere aporter» (+ gérer).
GISEMENT n. m. est un dérivé de gésir, sur le radi- + Gestation était un terme de médecine (1550) pour
cal gis-. Le mot a d’abord eu le sens d’caction de se désigner un exercice qui consistait à se faire porter
couchers Iv. 1200). Il s’emploie en marine (16321, pour réparer ses forces ; il se spécialise en biologie
puis dans le vocabulaire des mines au sens de adis- ( 1748 ; 1585, selon T. L. F.1pour I’ét at d’une femelle
position des couches de minéraux3 (17211 et, par vivipare qui porte son petit, de la conception
extension, de tirnasse de minéraux exploitablesm jusqu’à l’accouchement. 0 L’emploi figuré atravai2
11834) ; par analogie gtsement se dit d’une masse de d’élaboration qui précède la mise à jour d’une
matières non minérales ti 33xes.3 et, par méta- oeuvre, d’une idée, etc.m semble assez récent (1862,
phore, comme mine, pour ((ce qui contient des ri- Hugo).
chesses à exploitep (xY s.l.
0 GESTE n. m., réfection (1495) de gest EV.12131,
GESSE n. f., réfection (1457) de jesse @n XI~ s.1, est un emprunt au latin gestus aattituden, amouve-
juisse (10801, est emprunté au provençal geissa ment du corpsn, «mimique, jew, de gestum, supin
(XII” s.; cf. dès 1107 en Rouergue le latin médiéval de gerere au sens d’*accomplir, faire» (+ gérer,
geissus caninas wesces de mauvaise qualité [pour 0 geste).
les chiensM. Geissa pavait être issu du latin 4 Geste appartit avec le sens latin de *façon de se
VabaI Aegyptia &ève) d’Egyptes. P. Guiraud rap- compotierm (1213) et désigne ensuite les mouve-
proche gesse de ses synonymes jurasse, gwoche, ments du corps, volontaires ou involontaires 11495) ;
ainsi que de jarre acuscuteb, mots qu’il lie à jarre/ puis il prend le sens de dmple mouvement ex-
jurd I-, 0 jarre) ~aiguillon~, &ngue de serpents : la press% (1662). Au figuré et par métonymie Eabs-
gesse comme la nielle (cf. gemeaul présente des traction ftite du mouvement corporel) le mot s’em-
feuilles lancéolées. Dans cette hypothèse, gesse re- ploie pour aactionn, notamment dans les locutions
présenterait un doublet galle-roman, sous la forme faire un geste, un beau geste, etc.
Ojuceus, du latin juculum atrait, dard=, dérivé de ja- d l’époque contemporaine, des dérivés didac-
cere «lancep) (-+ gésir).
tiques ont été formés, le geste étant étudié comme
signe. ~GESTUEL, ELLE adi. et n. f. 11937 dans
GESTALT n-f. est un emprunt h l’allemand
Zanguge gestuel; d’après manuel) a pour dérivé
( 19451 le mot, sign&nt
où &ructure, forme, coti-
GESTUALITÉ n. f. (v. 19601. - GESTIQUE n. f.
guration)), est entré dans le vocabulaire de la psy-
(19641 est didactique et rare pour {(ensemble de
chologie 11912, Wertheirnerl avec l’apparition de la
gestes et d’attitudes en tant que moyen d’expres-
Ckstultiheorte, qui étudie la structure à laquelle
sionn. *GESTUAIRE n. m., aensemble cofidié de
sont subordonnées les perceptions. Le terme,
gestesn, est un dérivé savant (1957) à partir de ges-
adopté par les psychologues sous sa forme alle-
mande, a été ensuite traduit par fomte konfiguru- tus.
tio~, en an@is).
GESTTCULER v. într. représente un emprunt
(1578) au latin gesticulari afaire des gestes, mimern,
b GESTALTISME n. m. est construit ( 19461 à partir de gesticulw =Petit gestem, diminutif de gestus; ges-
de gestult pour traduire l’allemand Gestalttheorte ticuluri s’est substitué à gestire afaire des gestes vio-
(théorie de la forme u. oEn dérive GESTALTISTE lents sous l’effet d’une émotion,, d’où aêtre trans-
adj. et n. (mil. & s. [attesté 19531; sufhe -istel.
porté)} et le sens abstrait de Ndésirer ardemment».
* GESTALT-THÉRAPIE n. f. cv. 19601 représente Gesticuler, #faire beaucoup de gestes>> (15781, est
un calque de l’angltis gestult-therupy (de therupy, vieilli au sens de amimerm. +En dérivent GESTI-
de même origine que thérapid.
CULANT, ANTE adj. (1758) et GESTICULATOIRE
adj. &MX%.). -GESTICULAIRE adj.nqui arap-
GE STAPO n. f. est un mot emprunté ( 1936) à
l’allemand Gestapo, terme composé à partir des port aux gestew 11699) a dispwu. +Deux substan-
tifk plus anciens viennent du latin: GESTICULA-
initiales de Gelheimel StaCats3 PoUizei) apolice se-
TEUR, TRICE n. et adj. est un emprunt (1578) au
crète d’Étatm, de geheim adj. «secret», Stuut <État)>,
et Polizei Mpolices. dérivé latin gesticuEator “qui fait beaucoup de
gestesn, flmimen. 0 GESTICULATION n. f. est em-
+ Gestupo (par abréviation, v. 1945, gestape, n. f.1dé- prunté au latin gestiuluti <action de gesticuler» et
signe la police politique de l’Allemagne nazie et, Sign%e d’abord Il4951 Rmouvement rapide> avant
par analogie, se dit d’une police secrète qui em- de prendre son sens moderne 11552). Une exten-
ploie la torture. Pendant l’occupation allemande & sion de sens récente correspond à aa&ivité pu-
Paris, la Gestapo a été appelée en argot lu cur- blique démonstrative et inefficacea, notamment en
ii~gue, par allusion au nom d’un café du XVI” ar- politique.
rondissement, fréquenté par les agents en civil de
la Gestapo. 0 GESTE n. f. est un emprunt (10801 au latin
F GESTAPISTE n. m. s’est dit (1945) d’un membre classique gestu aactionsm et spécialement flex-
de la Gestupo. ploitsm, pluriel neutre substantivé du participe
passé de gerere I+ gérer, @ geste1 au sens d’aac-
GESTATION n. f. est un emprunt ( 1537, sens complir, faire>; gesta a été ensuite utilisé en latin
inconnu ; puis 1550)au latin geshti aaction de por- médiéval au sens de *récit, histoire», dans des titres
tep, du supin de gestare aporterp et, spécialement, d’ouvrages historiques Cestu FrancorumI.
GESTION 1586 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Francisé en nom féminin singulier, geste désigne matériel, mais interprétéecomme l’abréviation de
(1080) les poèmes épiques relatant les exploits d’un gmemment issue afourniture du gouvernement>>.
même héros et, par extension [XII~ sd, equivaut à G. L, qui en américain contient l’idée d’apparte-
&popée)) ; l’expression chanson de geste, désignant nance à l’armée et de conformité à ses règlements,
un de ces poèmes, est attestée vers 1170 ; elle a été est une marque placée sur les effets des soldats de
reprise en histoire littéraire au XIX~ s. (1831, chan- l’armée américaine et s’est appliquée plaisamment
son de bonne geste, Fauriel). Q Le sens latin d’«ex- aux hommes.
ploits, hauts fa& (XIII~ s.1reste vivant jusqu’à l’épo- 4 Cet anglicisme s’est répandu pendant la guerre
que classique; geste subsiste encore en ce sens de 1939-1945 pour désigner un soldat de l’armée
dans la locution les faits et gestes Ide qqn1 <<sesacti- américaine.
vités)> (16151, mais il y est alors compris comme re-
présentant l’homonyme 0 geste. GIBBEUX, EUSE adj. est un emprunt (xv” s-1
au bas latin gibbosus Nbossw, du latin impérial g&-
GESTION n. f. est un emprunt (1481) au latin bus ccbossen,variante du classique @Mer.
gesti ktion de gérer, exécutionn, du supin de ge- 4 Gibbeux Sign%e aqui est pourvu d’une ou de plu-
rere <<faire, exécuter)) (+ gérer). sieurs bosses» et, par analogie (av. 15901, -qui a la
+ Gestion, d’abord seulement terme de droit, signi- forme d’une bossea.
fie Kaction de gérep (les tiaîres d’autrui et, par ex- F GIBBOSITÉ n. f. (1314, *partie en stiea) est un
tension, ses propres affaires). dérivé savant de gibbosus, sur le modèle du latin
b GESTIONNAIRE adj. (1874) et n. (1876) désigne médiéval gibbositas (12503 ; le mot désigne (14901
spécialement (1922, n.1 un officier ou sous-officier une bosse produite par une difTotité de la co-
chargé de l’administration d’un établissement mili- lonne vertébrale et, par analogie (18033, une proé-
taire. +Le composé AUTOGESTION n. f. (1960, de minence en forme de bosse. Les deux mots sont di-
@auto-) a fourni AUTOGESTIONNAIRE adj. dactiques.
(19701 formé d’après gestionnaire. Cette série,
comme gérant et gérance, est plus technique que le GIBBON n. m. est un mot introduit en France
verbe gérer. (1766) par Dupleix pour désigner un singe d’Asie.
Selon Buffon, il serait emprunté à un parler des
GEYSER n. m. est un mot emprunté (1783, Indes orientales, mais on n’a pu en retrouver l’ori-
comme nom propre; 1824, nom commun), par l’in- gine. P. Guiraud fait l’hypothèse. d’un néologisme
termédiaire de l’anglais gqser, à l’islandais Geysir, de naturaliste, à partir du radical du latin @bus
nom propre d’une source d’eau chaude du sud de abosse» (+ gibbeux), en raison de l’allure voûtée de
l’Islande et qui signifie acelui qui jaillit,, du verbe l’animal.
geysa +LiuiP>.
GIBECIÈRE n. f, est considéré comme un dé- @)
4 Geyser désigne toute source d’eau chaude qui rivé (1280) de gibiez (XII~s.), ancienne forme de g&
jaillit par intermittence et, par analogie d’aspect hier (+ gibier). Sans exclure l’attraction de gibier,
(18951, une grande gerbe jaillissante. P. Guiraud rapproche g&eciere asac porté sur la
bLe dérivé GEYSIkRIEN,IENNE adj.(1913) arelatif cuissen, de ‘gibe ecuisse, fesse, aile>> (parties du
aux geyser+ est d’emploi didactique. corps formant une abosse»), forme hypothétique
provenant d’un ‘@asse issu d’un @o-roman ‘g&-
GHETTO n. m. est un emprunt (1536, gwtto, à bacea, du radical latin gibb-, à partir de gtbbus
propos de Venise ; ghetto, 1690) à l’italien gktto <bossu, voûté, (+ gibbeux, regimber).
115161,du nom d’une petite île de Venise dénom- 4 Gibectire «sac (de cuir) dont se servent les chas-
mée ghetto «fonderie>, mot dérivé de gkttare aje- seursa 11280) a eu aussi le sens de Ebourse qu’on
ter= (italien gettare). C’est dans cette île que les porte à la ceintures (1316) et a désigné le sac qu’uti-
Juifs de Venise furent assignés à résidence à partir lisaient les prestidigitateurs (16801, d’où l’expres-
de 1516. On parle aujourd’hui à Venise de Giu-
sion tour de gibekre «tour de passe-passe= et la
decca. locution figurée avilir plus d’un tour dans sa gibe-
+ Ghetto a désigné tout quartier où l’on obligeait les cière (1848). Par analogie de forme, g&eciére s’est
Juifs à résider, en Italie (15361, puis dans certaines dit d’un sac de femme (1820) et d’un cartable d’éco-
villes d’krope, (1690). Par analogie, le mot s’em- lier 11900).
ploie (1873) pour désigner un lieu où une commu-
nauté (ethnique ou religieuse) vit, isolée du reste de GIBELET n. m. est l’état tial(16061 d’unmot at- @
la population ; il est appliqué, d’aprés l’anglais, aux testé sous diverses formes : guibelet En xrve s.1,
quartiers noirs de certaines grandes villes des guinbelet (14121, gymbellet (15341, gibkt (1549). Ce
Etats-Unis. Au figuré, ghetto si@e (mil. xxe s.1 Msi- serait une adaptation régionale (partie ouest de la
tuation de ségrégation et d’oppressionB. Gallo-Romtial de timbelquin, ancienne forme de
Ilapourdérivés,au ~~~~,GHETTO~SER v.tr. et vilebrequin (-+ vilebrequin), par substitution de gu- à
GHETTOÏSATION n. f (19721. w-, et du suf5xe diminutif -et au suffixe néerlandais
-kijn, mais le passage de gui (dans les formes plus
G. 1. n. m. représente Iv. 19421 l’abréviation de anciennes1 à gi reste inexpliqué. Pour des raisons
l’expression américaine familière galvanized iron, phonétiques Iles variantes nasalisées et vélariséesl
proprement afer galvanisé*, employée pour dési- et sémantiques (@eZef désigne un petit foret, donc
gner toutes sortes de contenants dans des listes de un instrument «tordw), P. Guiraud rattmhe le mot
DE LA LANGUE FRANÇAISE GIFLE
à la racine @b-, tirée du bas latin g&bus abossu, par ailleurs, de cdomaine dont on fait sa notiture
voûtés (4 gibbeux). intellectuellen (v. 15401, d’où la locution vieillie ce
n’est pus o!42votre gistir ade votre r-essor-b (v. Z5601.
GIBELOTTE n. f. est issu 11617), par change- F Sur le radical de gihr a été formé GIBQYER
ment de subie, de l’ancien français @belet &Plat de v. tr., d’abord achasser aux oiseauxB (XIII~ s., giboier),
petits oiseauxm ~III” s.3, diminutif de @tir altkant puis <chasser= WI” s.1, la poudre d aboyer (16791
un hypothétique ‘gtieret (+ gibier) et à l’origine de étant une cpoudre de chassem. Le verbe est sorti
l’anglais g&let <abattis de volaille)). Le sens de @be- d’usage comme le dérivé GIBOYEUR n. m. (1581).
kt suggère à P. Guiraud une dérivation du verbe 431 revanche le dérivé plus tardif GI-
gibeler <s’ébattre*, aruep dans l’acception, non BOYEUX, EUSE adj. (17001, <<riche en gibier et, par
attestée, de <remuer les ailesm et donc <voler=, la extension, «en poissons, est resté vivant.
gkbelotte étant d’abord une wolée de petits oi-
seaux”; g%eZer dérive de aber (attesté 13811, d’un GIBOULÉE n. f. 11547) est d’origine obscure. Le a)
radical g&- c-t regimber). mot est peut-être du domaine occitan (cf. gibou-
+ Gibelotte apparaît Il6 173dans la locution à la gi- ludo, gibozmho, même sens; le verbe gibour-na
belotie *manière de préparer les poissonsti; le mot qg--ésiller=) ; il se rattacherait à I’amien verbe gibkr,
désigne une fricassée de lapin au vin blanc (1708, gibeler as’agiter, s’ébattren et spécialement avolerm
&icassée de poulet4. I+ gibelotte), mais ce sens n’est pas attesté. C’est du
moins l’hypothèse de P. Guiraud, qui relève le sé-
GIBERNE n. f. serait issu 115733du bas latin za- mantisme analogue de volée et de moulée k-f. ré-
berna hve 9, gubama, gaberinu aorte de bissac», gional volée flaversem et aussi secotke, même sens).
d’origine inconnue. P. Guiraud rattache @berne, 4 Giboulée se dit d’une pluie soudaine et, par figure
d’abord esorte de sacoche>, à ‘@e acuisse, fessemet
(18661, s’est employé pour &rie de coups% (qui
donc à g&eciére; l’italien gibema kixe s.1est un em-
tombent drus, comme la giboulée ; cf. voke).
prunt au français.
4 Giberne s’est spécialisé (1748) au sens de aboîte re- GIBUS n. m. est emprunté (18431à l’anglais @-
couverte de cuir pour mettre les cartouches- (équi- bus (ou gibus-h&, calqué Il8721 en ckpeau-g2w.s).
pement militaire). Par extension Idéb. XX~s.) a- Il vient du nom propre Gibus, fabricant de ce cha-
berne s’est dit d’un sac d’écolier. peau en Angleterre brevet déposé en 18341; le mot
est passé en hnçais avec d’autres termes de
GIBET n. m. est un mot d’origine discutée ; ce se- mode.
rait un diminutif (v. 11551 du fkancique ‘g&b abâton
fourchw (cf. l’anglais @b <<bâton recourbém, le bava- GICLER v. intr. est attesté de facon isolee au o>
rois gippel Ebranche fourchue4 P. Guiraud rat- XVI~ s. 115421 au sens de afaire jailli et n’est repris
tache le mot, comme plusieurs autres en @b-, au qu’en 1810. Représentant d’une famille de mots ré-
radical latin de gibbus {cbossemI-, gibbeux) à cause pandue dans le domaine gallo-roman, ce verbe est
de la courbure. probablement emprunté au franco-provençal jicler,
+ Gibet, d’abord -bâton servant d’armem, désigne gi&r, du provenqal cischr, gk&ur Imil. xme s,)
(déb. xme s.1 la potence où l’on exécutait les =Crier, sifElep et =pleuvoir, ventem, apparenté à
condam& à la pendaison et les fourches patibu- l’ancien français czkcler (v. 11201 afouettep (cf. dia-
laires où l’on exposait leurs cadavres. Par métony- lectal cicler, ciglerl. On a supposé pour origine
mie, le mot se dit ensuite 116901 d’un lieu de sup- commune une forme “cisculure, altération du latin
plice, puis de l’instrument k&ialt, 1804, Zegibet du fisMare *jouer de la flûte, (de fistulu 4lûte4 sous
Christ) et du supplice lui-même (mériter le gibet; l’tiuence de sibilure + sifner, mais des raisons
mais potence, corde sont plus usuels). phonétiques excluent ce croisement. P. Guiraud
relève que les sens de la famille <crier; faire jaillir;
GIBIER n. m., traditionnellement considéré fouetter% correspondent à ceux du latin ciere 6~ ex-
comme un mot germanique, est issu, par substitu- citer; inciter) ; d’après le dérivé citare, il propose un
tion de stixe, de l’ancien fkançais @bkz (v. 1176, doublet ocicu~e, à l’origine d’une forme fréquenta-
aler un TenI gibiers &ler à la chasse,), du francique tive (avec l’idée de répétition dans crier, fouetter,
Og&aiti, ‘g&aiti achasse au faucon, (radical “hait-; juaW, ociculure et Ociulare, ce qui expliquerait les
cf. allemand Beize «chasse aux oiseaux de proie-). diverses formes.
Sans exclure cette influence du kancique, P. Gui- + Gicler ~jaillir en éclaboussa& en parlant d’un li-
raud rapporte gibier à un gallo-roman ‘gibburius quide (18101 s’emploie aussi par figure (1913) pour
*relatif au voly (et gibkz à un doublet ‘&bbucew, ase répandre-. OIl a pris récemment la valeur
sur une aire normanno-picarde), sens attesté dans d’aêtre projet& et, pour les personnes, <partir ra-
gaule gibière “qui sert à la chasse au voln (1611) ; pidement et involontairement, être renvoyé>.
‘gibburiw aurait la même origine que “gibe k De @er dérivent GICLfiE n. f. (18521, d’où GI-
amembre qu’on agite, jambe, aile» t+ gibecière, gi- CLETTE n. f. Npetite giclée- (me s.), GICLEUR n. m.
got, guibole). (1907), GICLEMENT n. m. 119181et GICLURE n. f.
4 Gibier, wiande d’oiseaux chassésB (13771, désigne (1926).
par extension ( 15393 l’ensemble des animaux bons
à manger pris à la chasse. Le mot prend le sens fi- GIFLE n. f. apparaît d’abord (v. 1220) sous la o>
guré Iv. 14601de npersome que l’on poursuite (1528, forme @Fe puis gifle (15311 avec le sens de -jouey
gibier & pnwost; puis 1668, gibier de potence) et qu’il conserve jusqu’au xvl~~siècle. Le mot, d’origine
GIGA- 1588 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dialectale (picard, wallon), est issu du tiancique “ki- + Le mot conserve le sens du grec et du latin et, par
fel <<mâchoire= restitué par le moyen haut allemand métonymie (16441, désigne une œuvre qui repré-
kifel, l’allemand Kiefer, de même sens. La forme sente ce combat.
gifle (au lieu de gifle) est sans doute due à l’in-
fluence de mots comme soufler, gonfler, etc. GIGOGNE n. f. est d’abord employé (1659) dans
+ Le changement de sens du mot s’explique par la Mère Gigogne ou Dame Gigogne, personnage du
valeur péjorative qu’il avait dès l’ancien lançais théâtre des marionnettes créé en 1602, femme
(cf. 1649, le nom propre Giflati <<homme aux grosses géante des jupes de laquelle sortait une foule d’en-
joues* ; 1743, gif7Zes floreillons~). La métonymie qui fants. Gigogne paraît être une altération de cigom
donne à gifle (1807, certainement antérieur dialec- C+ cigogne), cet oiseau étant réputé pour son
talement) le sens de <<coup donné du plat ou du re- amour maternel. Mais, selon P. Guiraud, ce trait
vers de la main sur la joue de qqnm (cf. la locution est secondaire et gigogne viendrait du verbe @go-
familière tête ;i @fZesI en a fait un mot courant, qui mer, doublet de gigoter (cf. dame gigonne *dansen,
a remplacé, sauf dans un usage très soutenu et lit- in Littré) : la gigogne primitive est un mannequin
téraire, le mot soufflet (avant d’6tre lui-même en aux longues jambes I+ 0 gigue) qui dansait un bal-
concurrence avec des mots famihers, tel baffe). let burlesque (+ gigoter).
Gifle se dit aussi au figuré ( 1887) d’un &Ont, d’une + Mère CSgo@e se dit (1842, Balzac) d’une femme
humiliation. qui a beaucoup d’enfants. oPar analogie, gigom
F Le sens moderne a produit immédiatement GI- s’emploie (comme second élément du nom
FLER v. tr. «sotieter» (1808) et, par métaphore composé) au sens de acomposé d’une série d’élé-
(19061, -humilier, offenser». ~DU verbe sont issus ments de taille décroissante, s’emboîtant les uns
I’adjektifrare GIFLABLE 0886) et GIFLEUR,EUSE dans les autres* (tuble gigogne, 1901; lit gigogne,
n. (1899). poupée gigogne, etc.).

GIGA-, élément tiré du grec ~@US, gigantos GIGOLO n. m. est un mot d’origine incertaine.
~géant~ (+ géant1, est utilisé en métrologie : placé Créé (1850) en même temps que @golette n. f. (at-
devant un nom d’unité, il la multiplie par un mil- testé seulement en 18641,gigolo et son féminin sont
liard. peut-être des dérivés de gigue cjambe, cuissen et
b GIGAWATT n. m. (mil. xxe s.; de watt) «un mil- aussi afemme gaie, enjouée)) (+ 0 gigue); l’anglais
liard de watts», GIGAHERTZ n. m. inv. (1962; de giglet, giglot (av. 1325) cfemme de mauvaise vie ;
hertz) en physique, an milliard de hertz» W- jeune femme gaie)) a peut-être influencé la forrna-
quence) et GIGANNÉE n. f. El973 ; de antie) en as- tion des deux mots.
tronomie, unité de temps valant un milliard d’an- + Gigolo, qui si@e d’abord amant d’une me fa-
nées, sont des termes techniques assez rares. cile, d’une gigoletten, se dit d’un jeune homme éE-
GIGAÉLECTRON-VOLT n. m. est employé en gant dont les moyens d’existence sont suspects
physique nucléaire. *GIGA,commeméga,esten- ( 1894) et d’un jeune amant entretenu par une
tré dans le langage à la mode Cv.198519901, comme femme (1901); @golette sime <fille délurée, fa-
élément pr&xé et adjectif, alors utilisé comme cileH. Par substitution de S&e, l’argot a créé gi-
géant. golpince <maquereau élégant)).

GIGANTESQUE adj. représente un emprunt GIGOT n. m. est en général considéré comme


( 1598) à l’italien gigantesco ((d’une taille supérieure dérivé @n xwe s.) de l’ancien français @gue (v. 1K?O-
à la normalen Qdemoitié xrve s-3, dérivé de gigante 1150) 4nstrument de musique à trois cordesn, par
agéants de même origine que le francais; gigun- analogie de forme avec cet instrument (on peut
tesque peut aussi représenter un dérivé savant du penser aussi à une métonymie possible, si l’instru-
latin gigm, giguntis (-+ géant). ment se tenait comme une viole de gambel; gigue
4 Giguntesque s’emploie au sens de “qui tient du est emprunté à l’ancien haut allemand gïgu 4ns-
géant* et, au figuré, signifie «démesuré> (1718; 1775, trument à cordes, ht” s.1.P. Guiraud fait plutôt de
n. m.1. gigot un dérivé de l’ancien verbe giguer agamba-
der, agiter les jambes% kv” s. ; voir @goter), lié à g-G
FGIGANTESQUEMENT a,&. (18471 et GIGAN-
ber asecouer en jouant des bras et des jambesB
TAL, ALE, AUX adj. (av. 1553; dérivé savant de @-
gas, gigantid sont d’emploi littéraire. +GIGAN-
113811, d’un gallo-roman Ogibbicure, de même ori-
gine que gibecière et guibole (voir ces mots).
TISME n.m., autre dérivé savant de gigas,
s’emploie au propre (mil. XVIIIes.1 et au figuré 4 Quoi qu’il en soit, gigot désigne la cuisse du mou-
Id s.). ton, du chevreuil, coupée pour être mangée et, par
plaisanterie 116441, s’emploie pour ajambe, cuisse
GIGANTOMACHIE n.f. est un emprunt d’une personne>) d’où remuer le gigot acoïteru C16501
(1611) au latin impérial. giguatomuchia, du grec gi- et «danser» ( 16951, sorti d’usage ; par extension, gi-
gantomukhia Ncombat des Géants et des dieuxn, got s’est dit au pluriel des jambes de derrière d’un
formé de gtgw, gIguntos Ngéantm et de mukzhê cheval (17401. 0 Par analoge de forme, le mot dé-
-combat>) I+ -machie). Ce terme fait référence à la signe un type de manche bouffante aux épaules,
lutte des Géants contre Zeus et les dieux de ajustée dans le bas ( 1832, manche à gigot).
l’Olympe, théme mythologique qui a tenu une F GIGOTER v. intr. est soit un dérivé de gigot soit
grande place dans l’art et la littérature. le tiéquentatif kuExe -Oter1 de l’ancien verbe gi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE GINGWET

mer. Il a si@% adonner des coups de piedm (16941, 4 Gin désigne une eau-de-vie de grains parfumée
*agiter ses pattes* (1718, en parlant d’un animal à au genièvre, fabriquée essentiellement dans les
l’agonie). Gigoter veut dire aujourd’hui 11743) Nagi- pays anglo-saxons.
ter vivement les jambes> (d’où, vieilli, le sens de b Le mot s’emploie en composition pour désigner
edanserm, av. 1778) avec influence évidente de des cocktails : GIN-FIZZ n. m. inv. 11924; attesta-
gigue. +En dérivent GIGOTEUR, EUSE n. (18421 et tion isolée en 1895 ; de fizz n. <boisson effervescente,
GIGOTEMENT n. m. (1884). -0 GIGUE n. f. est pétillanten, d’origine onomatopéique) designe un
tiré de @go& d’après cu~~e/cuissot; il s’emploie au cocktail à base de gin et de jus de citron rafr&hi.
sens de ajambeu (1650) ; le sens ancien de &Ue gaie * GIN-TONIC n. m. inv. (1962) est une abréviation
et enjouéen 11650) est sans doute lié à giguer agam- de gin and tonic Iwaterl, de tonic Cwaterl 4eaul to-
baden. Par métonymie, grande @gue Sign%e &lle niquem (-, tonique).
grade et maigrep (1650, utilisé à Park et en Nor-
mandie selon Ménage). 0 G&w s’emploie aussi GINDRE ou GEINDRE n. m., est la réfection
pour @got dans g@ue de chevreuil 118381. de joindre @II ~~ S.I. L’ancien français joindre re-
présente un ancien cas sujet issu de “jiinior, altéra-
@ GIGUE -3 GIGOT tion du latin classique jiinior, comparatif de l’ad-
jectif juvenis ajeuneB I-, jeune). En bas latin le mot,
0 GIGUE n. f. est emprunté (1650, Ménage) à
comme substantif (IV~-V~s.3, est attesté aux sens de
l’anglais jig 4r d’une danse vive, cette dansen mot
cjeune soldat, recrue, et Cv.720) d’ccapprentin. L’an-
attesté en 1560 ; jig est peut-être un emprunt à
cien français a gi$nor n. *aide d’un maître artisan,
g@e ainstrument de musiquem I-, gigot). De toute
(v. 11601, issu de juntirem, accusatif de junior. La
façon, dès que le mot a 6té assimilé en français, il a
graphie geindre est introduite au xrxesiècle.
été motivé par giguer «gmbadep> @goterI.
+Les acceptions initiales de joindre «apprenti* En
b GIGUER v. intr. adanser une gigue» (attestb, 18411
XI~s.), cadet> Cv.1175) se sont donc effacées au pro-
est sorti d’usage.
fit d’une spécialisation de sens aouvrier boulangep
GILET n. m. est un mot emprunté 11664, gilletl, Cv.12681.Le terme est sorti d’usage, semble-t-il, au
par l’intermédiaire de l’espagnol Jleco ou @eco début du & siècle.
(cf. portugais juleco ; sicilien gileccu, cileccu), à
GINGEMBRE n. m. est une réfection Cv.1330)
l’arabe maghrébin &Z~a «casaque des captifs
des formes jenjevre KDI XI’ s.) et gk@re i 1174-I 176).
chrétiens chez les More+, lui-même emprunté au
Le mot est issu du latin zingiberi, -cris (ou zingiber),
turc yelek qui a désigné aussi un vêtement à
du grec zingibeti CgWgembrem, d’origine tamoule
manches amples et longues.
(langue dravidienne du sud de l’Inde).
+ Gilet, d’abord *camisole sans manchesn, se dit
4 Gingembre, «plante tropicale» et, par métonymie,
Il 736) d’un vêtement d’homme court sans manches
crhizome de cette plante>, désigne aussi un
et, par extension, d’un sous-vêtement porté à
condiment.
même la peau ou sur la chemise CgiIet de peau, de
flandel, d’un tricot de femme ouvert devant C1900). b GINGER-BEER n. m. &oisson gazeuse aromati-
Le gilet initial donne lieu à locutions (pleurer dans sée 6 l’origine) au gingembre, est emprunté (18331
le @et de qqn).Au XTxes. le vêtement est intégré au à un mot anglais (am&icainl, composé (18091 de
costume trois-pièces masculin et se porte sous la @nger agingembre= et de beer Nbièren. Cet angli-
veste. 0 Par analogie de forme, le mot s’emploie cisme a pour tiancisation au Québec btire d’épi-
dans divers domaines : @let d’armes (18721, gilet nette,
pure-balles, gilet de sauvetage.
GINGIVAL, ALE, AUX adj., réfection
+ GILETIER, IÈRE n. (1828) s’est dit d’un ouvrier en (18371, d’après le latin, de gen&val(1825), est un dé-
@et. + GILETIÈRE n. f. (18721, vieilli, désigne une rivé savant du latin @@Va <<gencive- (+ gencive).
ch&e de montre, Cxée à l’une des boutonnières
4 Le mot signifie “qui est relatif aux gencives-.
d’un gilet.
b À partir du latin g%n&va ont été dérivés des mots
GIMMICK n. m. est emprunté (19671 au mot an- en medecine, dont GINGIVITE ri. f. (1832 ; sufbe
glo-américain familier @mm& Il 9261,d’origine in- -iteI kfhmmation des gencives» et GINGIVECTO-
certaine, désignant d’abord un procédé malhon- MIE n. f. (1951; élément -ectomie) *excision des
nête pour tricher au jeu, un truc. Gimmic~ pourrait gencives».
être une altération de gimac, anagramme de ma-
giC. GINGUET, ETTE n. m. et adj. est un dérivé
4 Le terme a le sens d’aastuce, procédé ou objet as- 11549,n. m.1 de ginguer v. intr. Ix@ s.; v. 1440 au par-
tucieux>; il reste assez rare en tiançais, à la dif- ticipe présent) «s’agiter, sauterm, flfolâtrern, au-
férence de gadget. jourd’hui régional, et variante de &guer lb@
g&uel. Ginmet conserve le sémantisme du verbe,
GIN n. m. est un emprunt (1759) à l’anglais gin soit qu’on considère que le vin vert fait sursauter,
( 17141, abreviation de geneva (ou genever). Le mot soit qu’on retienne l’idée de achose sans impor-
désignait d’abord une eau-de-vie hollandaise, et tancen, afaribole= impliquée par «folâtrew
adaptait le néerlandais genever/jemer, mot de 4 Ginguet sime «un peu aigre, acide, (1567 ; 1549,
même origine que Yancien frmçais geme I-t ge- boire du ginguet), en parlant du vin. On relève les
nièvrel. variantes GINGLET (18521, GTNGLARD n. m.
GIN-RUMMY 1590 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

118781, d’où REGINGLARD n. m. avin aigreletn nique (1787) à la grappe de fleurs de certaines
( 18601, ginguelet11878). Tous ces mots sont as- plantes. +Probablement par attraction de guir-
chaïques. 0 Ginglet s’est dit aussi par extension lande, le mot désigne couramment une guirlande
pour amédiocreu, ade peu de valeur* (1718) et par lumineuse C&LXIX~ s.; cf. 1866, par métaphore v;Ggne
ailleurs 116941 s’est appliqué à un habit étriqué. en girandole).

GIN-RUMMY ou GIN-RAMI + RAMI GIRASOL n. m. apparaît au xwe s. (1562, giru-


sole), d’abord (1505, emploi isolé) adapté en giresol
GINSENG n. m. est une translittération 11663; =Chicorée sauvage*. C’est un emprunt à l’italien gi-
aussi iin-seng, 1850, Hue) du chinois @n shên, mot rusole (x19 s.1,composé de giru, forme du verbe gi-
composé de jên qqhommem et de shên aplante,, en rare &ourner», du bas latin gyrure I+ girie), et de
raison d’une certaine ressemblance entre la racine sole «soleil% (+ soleil).
de cette plante d’Extrême-Orient et le corps hu- + GimsoZ désigne ( 1562 ; XVI” s. en italien3 une va-
main, évoquée aussi pour la mandragore. riété d’opale dont les teintes varient avec l’orienta-
4 Ginseng désigne la plante et, par métonymie, la tion de la lumière. 0 Le mot a été au XVII~s. i 1630,
racine. girusol) la désignation du tournesol, comme l’italien
girusole (xwe s., en ce sens).
A GIORNO ~OC.adv. est un emprunt (1838) à
l’italien a giorno ~par la lumière du jom, du latin GIRATION n. f. apparaît isolément au XIVes.
diumus, comme jour II-+jour). 11377, girucionl et est repris au XIX~s. ; c’est un dé-
rivé savant du supin gyatum, du bas latin gy?we
+En français, la locution adverbiale ou adjective
*faire tourner en rond, tournen (+ giriel.
qutie une lumière artticielle aussi claire que la
lumière du jour (éclairage a gkmo1. + Le mot désigne un mouvement circulaire (autour
d’un axe).
GIP SY n. est un mot emprunté ( 1796, gipsies cité b GIRATOIRE adj. et n. m., autre dérivé savant de
comme mot anglais, puis 18161 à l’anglais @psy ou gyrutum, d’abord terme de science ( 1773, mouve-
gmsy (~II” s.; d’abord gipcyan, 15141, altération ment girutoirel, est devenu courant lorsque la
d’Egwtian #égyptien3 car l’on attribuait aux Bohé- langue administrative l’a adopté pour la circulation
miens une origine égyptienne (cf. l’espagnol gi- automobile : sens giratoire. 11est aussi nom mas-
tuno; -+ gitan). culin dans un emploi technique ( 19621. Ces deux
mots sont isolés en français, le verbe girer I+ @rie)
GIRAFE n. f. est un emprunt (1298) à l’italien gi- ayant été abandonné.
rufa (zdemoitié XLU~s.), lui-même emprunté à
l’arabe zarüfu qui était passé à l’ancien français GIRAUMONT ou GIRAUMON n.m.,
sous les formes girus (mil. XII~~s.1et orufte ti XILI~s.) d’abord giromon tl614i, est emprunté h719; 1645,
(cf. aussi l’ancien espagnol uzorklufu. 1. giruumon) au tupi ancien ojirumum, la transcrip-
tion ayant pu être influencée par gker CtournerB
+ La morphologie particulière de l’animal a donné
(-+ girond) ; en tupi, on relève les formes jirimum, ji-
lieu à différentes acceptions figurées; ainsi, girafe
rumu, gerumu, etc.
se dit 11828) familièrement d’une personne grande
et maigre (cf. aussi, 1900, la locution cou de girtie). 4 Le mot désigne une variété de courge d’Amé-
* La locution peiper la &&e (déb. XX~s.3équivaut rique nommée aussi bonnet turc.
à cfaire un travail inutile ou fastidieuxn ou à (<ne
GIRIE ou GYRIE n. f. est formé (1789) à partir
rien faire». Son origine a été expliquée anecdoti-
du radical de l’ancien verbe gker ctourner sur soi-
quement, mais elle provient plutôt d’une image
mêmeB 11265 ; archaïque après le XVI~s., parfois re-
érotique de masturbation, avec l’idée courante
pris à la ti du XIX~s.), emprunt au bas latin gyrure
dans branler, glander ((ne rien faireD. 0 Dans le do-
<<faire tourner en rond, tourner)), dérivé de gyrus.
maine technique, &rufe désigne par analogie ( 193 f 1
Ce dernier est emprunté au grec guros acercle que
une longue perche articulée.
l’on fait faire au cheval3, mot de dresseur de che-
b De girafe dérive GIRAFEAU n. m. (1874) ou GI- vaux et, en général, acercleu t+ gyro-1.
RAFON n. m. (xx” s.) <petit de la girafe».
+ D’abord au sens de <manière hypocrite d’aw
117891, puis de *douleur feinten (18081, girie, par ex-
GIRANDOLE n. f. représente un emprunt
tension, ne s’emploie plus que rarement (surtout
11571) à l’italien girundola cfaisceau de jets d’eau,
au pluriel) pour désigner des manières tiectées
de fusées)) ( lx moitié XVI~s.), diminutif de girunda
(1840).
agerbe de feu- (d’où en français girande, 1694). Le
nom italien dérive de &rure 4mprimer un mouve- GIRL n. f. représente l’abréviation fiançaise
ment circulairen, du bas latin gyrure (+ girie). (1910) de l’anglais chorwgirl UKKd, mot composé
+ Girandole est introduit avec le sens de l’italien, de chorus achœur (de danseurs, de chanteurs),
aujourd’hui sorti d’usage, puis désigne par analo- troupe de music-hall)) (-+ chœur) et de girl <(jeune
gie de forme limage du (<faisceau») un chandelier à fillen (XLII~s.) et dont l’origine est incertaine; il re-
plusieurs branches, souvent orné de pendeloques monte au moyen anglais, mais l’ancien anglais
(16691; par référence à ces pendeloques, il s’ap- l’ignore; il est apparenté à l’ancien bas allemand
plique 11740) à un assemblage de pierres pré- g& <garçon>> et pourrait être une forme féminine
cieuses formant pendants d’oreilles et en bota- d’un ancien anglais O@U«adolescent>>.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1591 GISQUETTE

+ l!!h français le mot girl ajeune danseuse de musk- personne assise. o Par métaphore, c’est l’idée de
hall)) a un peu vieilli. Girl cjeune me anglaise> protection qui est retenue et girort s’emploie au fi-
comme emprunt direct à l’anglais (1884, P. BOIE- guré comme sein (cf. me s., geron de l’Église, attes-
get) n’est plus utilisé. tation isolée, puis 1563 ; 1544, wded. 0 Par ado-
b Girl est aussi un élément de composés améri- gie de forme ksurface triangulaire4 giron est
cains introduits en français, et plus ou moins assi- devenu un terme de blason il61 1; 1581, geronl et
mllés : CALL-GIRL n. f. (19601 de cal1 *appel (télé- d’architecture ( 1676, le gbon d’une marche).
phonîquelB «prostituée de luxe qu’on appelle par b Le dérivé GIRONNÉ, ÉE adj., d’abord au sens de
téléphones, GIRL-FRIEND n. f. (1940; de frkrzd “qui a des pans), en parlant d’un vêtement iv. 11801,
«aminI «petite amie>. Eti, GIRL-SCOUT n. f. est devenu un terme technique de blason et d’ar-
(déb. ti s.; de scout &claireur~) a été formé en an- chitecture (écu giron&, v. 1250 ; marches gironnées,
glais par attraction de boy-scout. 1694). +Son dérivé OGIRONNER v.tr. apparu
(1537, gyronner) au sens d’4ler en rond>, s’emploie
GIROFLE n. m. est un mot issu (11651, par évo- en orfèvrerie (1600) et en architecture (ti s.l. @ GI-
lution phonétique d’une altération latine tardive, RONNER v. tr., aprendre (qqn) dans son giron=
de caryophyElort +giroflier, girofle*, transcription du 118811, est sorti d’usage.
grec kw~~~hullo~ ~C~OU de girofle%, peut-être
adaptation d’un mot exotique (cf. sanskrit ka$uka- GIROND, ONDE adj., attesté en argot (18151, @)
phalal. Le mot latin était devenu gariofîlum C~I”s.), est d’origine incertaine. Il se rattache peut-être à
gatifolum (cf. l’italien garofano). Le mot et l’épice girer dournep, issu du latin gyrare k+ girie), par al-
qu’il désigne se sont répandus par l’intermédiaire lusion à des formes rondes, comme l’attestent, mal-
des marchands et, par voie orale, de foire en foire, gré le hiatus chronologique, gironde cmédaillon cir-
ce qui explique l’évolution phonétique irrégulière. culaire~~ ( 16821 et le nom propre de femme
Girond&e, dans le refrain d’un motet du ~III~s. IIe
+ Giro#Ze désigne le bouton floral du giroflier, utilisé
l’arui / l’amour de la belle Girorxdelle). P. Guiraud
comme épice, plus couramment nommé clou de gi-
suppose un croisement avec ronder 4ailler en
rofle (1225, clos de gimflel.
rondp, de gironner downeT», issu de gker qui a
ä GIROFLÉE n. f. représente (13931 le féminin sub- donné en argot girurd (15623, giraud, etc. <<beau>>. Le
stantivé de Yadjectif girofté cfrn XIII~s.1 *du girofle; mot a certainement subi l’attraction de rond, au
parfumé au girofle», d’où Iv, 1275) le giroflé mas- sens de *bien en ch&.
culin substantivé, *boisson à la girofle». 0 La giro-
4 Cet adjectif argotique puis familier signiCe cbeau,
flée, plante vivace odorante sans rapport botanique
bien tourné», en parlant du corps humain.
avec le girofle, doit son nom à l’odeur de clou de gi-
rofle qui émane de ses fleurs. 0 Au figuré, gkofl6e GIROUETTE n. f. pourrait être une altération 8>
à cinq feuilles kxe s.3se dit de la marque des cinq Il50 1, gyrouetel de l’ancien normand tir&te ( 1160-
doigts laissée par une gifle, d’où giroflée pour 11741, wkwire, peut-être contaminé par le latin po-
@le>>. La locution recevok des giroflées &tre ré- pulaire “tirare (+ virer); ce mot serait rattaché à
primandén (1874) est apparentée à ce sens, qui pro- l’ancien scandinave Yedrviti «girouetten. Wirewite
vient non d’une métaphore claire, mais d’un jeu aurait été motié sous l’influence de girer @tour-
sur gi-ne ou gi-fié. +L’adjectif féminin GIROFLÉE ner= (--+girie> et de pirouette. Pour P. Guiraud, gi-
ou GÉROFLÉE (18351, dans l’expression canwk rouette est un composé tautologique de girer -tour-
giroflée, a désigné l’écorce du @oflier. +Le dérivé nerm et rouer* &ourner», & valeur intensive et
GIROFLIER n. m. (1542) est d’abord apparu sous la fkéquentative.
forme girofir (1372) pour désigner la plante qui
+ Girouette désigne une plaque métallique qui,
produit le girofle.
tournant autour d’un axe vertical au sommet d’un
GIROLLE ou GIROLE n. f. est peut-être dé- étice, indique la direction du vent. U s’emploie au
figuré (1640) pour apersonne versatile, qui change
rivé (1513)de l’ancien français girer atourner* 1126%
aisément d’avisn, sp6cialisé aux me-mes. en poli-
I+ girie), la tête de ce champignon semblant dé-
tique (cf. le Dictionnaire &s girouettes).
crire un mouvement de révolution ; le mot pourrait
être une adaptation de l’ancien provençal gkoilla
GISANT, GISEMENT + GÉSIR
(13971, dérivé de l’ancien provençal gir (déb. XIII~s.)
4ournoiementn, du latin gm,, étymon de cette sé- GISQUETTE n. f. est attesté au me s. (1925) @}
rie. comme nom commun pour désigner argotique-
ment une jeune fille de mauvaises moeurs mais ap-
GIRON n. m. est une réfection (WI” s-1de gemn paraît au XIX~s. comme prénom (Glsquette la Gen-
&IV” s.), gerun (v. 1MO), issue du tiancique ‘gêro tienne, dans Notre-Dame de Paris de Hugo, 18311.
<piece d’étoffe coupée en pointen, restitué d’après On a donné pour origine à ce mot le nom du préfet
l’ancien haut altemand gero et le moyen néerlan- de police Gisquet (1792-18641, qui imposa une
dais ghêre, de même sens. «carteB aux prostituées, mais l’écart chronologique
+ Le mot s’est introduit avec ce sens en ancien kan- entre cette mesure Iv. 1834) et l’apparition de gzk-
tais et pour désigner un pan de vêtement, en parti- quetie rend peu probable l’hypothèse. On peut rap-
culier allant de la ceinture au genou. Par exten- procher le mot, avec Cellard et Rey, de frisquette
sion, giron désigne (v. 11791 la partie du corps ajeune ale viven, de l’ancien français frique, kisqz~
comprise entre la ceinture et le genou, chez une *pimpant, vifm(XII’ s. ; du francique %Y&).
GITAN 1592 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Gtiqwtie s’est dit pour <prostituée* (1925 ; cf. 1928, GLABRE adj. est un emprunt (1545, en bota-
~maîtresse4 et équivaut plus tard à «jeune Nie, nique; 1549, glubere) au latin glaber «sans poils,
jeune femme- cv. 19451. chauves et n. rn. uesclave kpi%, apparenté à quel-
ques mots germaniques de même sémantisme et à
GITAN, ANE n. m., réfection 11823) de @tuin initiale gl-, comme l’ancien haut allemand gkt
n. m. (1661) @yptien)>, puis guytano n. m. (17843 spoli, brillant>>, le vieux slave glud&Jzü apoli~
&oh6mienm, est un mot emprunté à l’espagnol gi- 4 Glabre s’applique (15481 tant au corps humain (ou
tano, gitana 115701 abohémien} et &gyptien~ à mal) qu’aux plantes (dès 1545).
l’époque classique, @su par aphérèse de Eg?ptano,
d&rivé de Egipto *EwteB (du latin Aegyptanus +k GLACE n. f. est issu Iv. i 1301 du bas latin gla-
c<Egyptienm,Aegyptus aEgypte On croyait que les cia Iti s.1 pour le latin classique glacies aglace» et
Gitans (<tsiganes d’Espagne» venaient d’Egypte au figuré *dureté>), de formation peu claire, que
(cf. aussi GipsyI. certains rattachent à une racine indoeuropéenne
4 Gitan, aujourd’hui, désigne comme bohémien un ‘gel- &oid» I+ geler).
tsigane, quelle que soit son origine géographique. 4 Glace =eau congeléen Iv. 1130) est demeuré usuel,
Au féminin, cependant, il désigne une femme ap- avec des syntagmes courants comme casser la
partenant à la communauté tsigane d’Andalousie, glace, patins à glace. 0 Le mot s’emploie trés t&
et notamment une danseuse, les Gitans d’Espagne Iv. 1165) au figuré comme en latin, la glace étant le
étant les créateurs d’une admirable musique. symbole de la froideur, de l’insensibilité; le mot fi-
0 C’est dans ce sens que Gitane, n. f., est le nom gure avec cette valeur dans plusieurs locutions,
donné Iti s.1à une cigarette brune fabriquée par la comme rompre la @Xe, d’abord wsumer les pre-
Régie française des tabacs. mières démarches d’une entreprise, kvre s.1 puis
adissiper la gêne» (16781, d’abord sous la forme
GÎTE, GITER -+ GÉSIR fondre, briser la glace (av. 16131OU encore être de
gZace (déb. XVII~s.l. 0 Par extension, glace désigne
GITON n. m. est un mot formé (av. 1714, Vol-
un bloc de glace 11434, ensuite une boisson ou une
taire, I’Anti-Gitan) à partir de Gito, nom d’un jeune crème congelée (1669) malgré l’ambiguïté, levée en
homosexuel du Sutiricon de Pétrone.
fbnçais canadien par crème gkcée. 0 Le mot s’est
4 Gitan signifie djeune homme entretenu par un ho- dit pour la température à laquelle se forme la glace
mosexuel». (1835). + Par ailleurs, par référence au poli, au bril-
b Le dérivé GITONISME n. m. (18981 est littéraire lant, à la translucidité de la glace, le mot désigne
et rare. dès le XII~s. (v. 11651une plaque de verre non éta-
mée, puis étamée Iv. 11751,par métonymie le châs-
GIVRE n. m. n’est attesté sous cette forme qu’au sis vitré d’une voiture Il 6801, autrefois d’une fenêtre
3x1~ s. Il61 11, mais on relève joivre au xv” s. et geu- I1802, cf. titre), et enb un miroir (18251, y compris
Yneuse -couverte de givre* au début du xrves., qui aujourd’hui de petite dimension, le mot miroir ten-
suppose une forme Ogeuvre. Le mot est probable- dant à se spécialiser. 0 Par analogie du sens initial,
ment d’origine prélatine, avec deux bases, ‘~MO glace s’emploie en joaillerie 116601 et en cuisine
(d’où givre, sans doute venu du domaine d’oc) et pour acouche lisse comme un vernis dont on re-
‘gwero, “geyro (d’ou joivre). Pour P. Guiraud, le pro- couvre certains gâteauxti (attesté, 1660) et Kcouche
vençal g%ro postule un b ou un p intervocalique, ce de gelée* 11866).
qui suggère pour Or@ne le latin tirare &inceler,
F GLACEUX, EUSE adj. (14003 apparaît avant glace
brillern (cf. l’ancien français Yivrée =givreB, 13501.
en joaillerie.
4 Givre &ns cristaux de glaceD se dit aussi (18661 de Le dérivé GLACERIE n. f. désigne l’industrie des
substances analogues, par la même image que glaces de verre (17651,puis le commerce du glacier-
glace. limonadier (1845). -0 GLACIER n. m. achamp de
F GIVRER v. «couvrir de givren s’emploie comme glace éternelle> (1757) est longtemps en concur-
verbe impersonnel (v. 1130, givlet 41 givre-, attesta- rence avec gZaci&e 11757,en ce sens), jusqu’à la dis-
tion isolée). L’emploi transitif semble récent t 18791. tinction établie par Horace Benedict de Saussure à
+ L’adjectif GIVRÉ, ÉE (1829,du participe passé) se la ti du xwe siècle. Le mot est repris du franco-
dit familièrement I& s.) pour =Me» et afow, provençal ( 1332, pays de Vaud ; 1349, Valais) ; en dé-
l’ivresse et la folie assommant comme un froid très rive GLACI~RISTE n., gui a désigné la personne
vif. e GIVRAGE n. m. 119%) est un terme tech- qui étudie les glaciers (1875 ; variante ghciairiste,
nique, comme les composés prékés ANTIGI- 1866, de glaciaire) et est employé aujourd’hui pour
VRAGE n.m. (mil.&%) et ANTIGIVRANT 11.m. désigner ( 19493un alpiniste spécialiste des glaciers.
(19491, ce dernier correspondant à GI- + @ GLACIER n. m. est vieilli au sens (17411 de afa-
VRANT, ANTE adj. =qui givreB (mil. & S.I. + Sur gi- bricant de miroirsb mais s’emploie encore pour dé-
weraété compose DÉGIVRERv.tr.El939 enaéro- signer (1797) la personne qui fabrique ou vend des
nautique), d’ou DÉGIVREUR n. m. ( 1943) et glaces, des sorbets, + GLACIÈRE n. f. a d’abord dé-
DÉGIVRAGE II. m. (19491, rendus usuels par l’au- sig& 11640) une cavité souterraine dans laquelle on
tomobile. 6 Les dérivés GIVREUX, EUSE adj. conservait la glace produite l’hiver: par extension
(1829) et GIVRURE n. f. ( 1866 ; 1755, selon Bloch et le mot se dit (18503 d’une armoire ou d’un récipient
WartburgI sont des termes de joaillerie, construits contenant de la glace arti-ficielie, sens très vivant
sur un sens technique et analogique de givre, jusqu’àl’apparition du froid artsciel et des réf?@-
<tache blanche*. rateurs. Au figuré, glacière sisse ( 1718) 4eu ex-
DE LA LANGUE FRANÇAISE GLADIATEUR

trêmement froid B. + GLAÇON n. m. est plus ancien (que constituent des Etats indépendants mais sou-
(v. 1175). Il se dît d’un morceau de glace de taille mis à l’influence de l’État qui se protège). 0 Glacis
moyenne ou petite et s’emploie au figuré (16261 a pris aussi des valeurs techniques liées à glacer
pour <personne froiden. C’était le nom d’un bijou cdonner un aspect poli-. +Deux dérivés sont liés au
taillé 11380) et d’un ornement 11694). Au sens sémantisme du froid, au propre et au figuré. GLA-
concret, il désigne (xx” s.1 un petit cube de glace ar- ÇANT, ANTE adj. (XII~s., <~glissant~), qui ne S’em-
tscielle . ploie plus au sens propre (cf. glacial), est courant
Parmi les composés, certains emploient glace au au figuré (1716). - GLACIATION n. f., d’abord Eac-
sens d’aeau congeléen. ~BRISE-GLACE n. m. tion de (se) transformer en glace* (15601, s’est spé-
11704, en architecture) ; est repris en marine (1836) cialisé comme terme de géologie (19001, comme
au sens de anavire destiné à rompre la glace sur les son dérivé GLACIÉ, ÉE adj. (xx” s-1 et son composé
canauxn ; puis (1867) pour #éperon d’un navire pour DÉGLACIATION n. f. (1911).
rompre la glace>; et enfm (1898) au sens au- Outre glacis, une série de dérivés vient de glacer
jourd’hui courant de Nnavire à étrave renforcée adonner l’apparence de la glaceti. +GLAÇAGE
conçu pour la navigation arctique ou antarctiquen. n. m., caction de donner un aspect lisse et brillant=,
~D’autres composés procèdent du sens de est un terme technique (1857 pour le papier),
Nplaque de verren : dans le domaine de l’automo- comme GLACE~R, EUSE n. (1829) ~ouvrier em-
bile ESSUIE-GLACE n. m. (3 essuyer), LAVE- ployé au glaçage» et GLACEUSE n. f. (1962) ((ma-
GLACE n.m. (19621, LÈVE-GLACE n.m. (v. 1980). chine effectuant le glaçage des épreuves photogra-
Sur le radical du latin gkies ont été dérivés GLA- phiques*. 41 GLACIS n. m. désigne (1757) une
CTAXRE adj. apropre aux glaoîersb ( f 847) et GLA- tic couche de couleur transparente (comme une
CIOLOGIE n. f. Nétude des glaciers)) 11892, de -Jo- glace1 étendue sur des couleurs sèches pour leur
gk) d’où GLACIOLOGUE n. (1907; variante donner du brillant; le mot s’emploie au figuré @n
glaciologiste, 1901). 4 GLACIEL, ELLE adj., em- XIX~ s.1 au sens d’ttaspect brillant qui cache la réa-
ployé en géographie (19591, qualtie de manière di- lité, (comme vemisl. -GLAÇURE n. f., terme de
dactique ce qui est relatif aux glaces flottantes et céramique (18441, est une adaptation de l’allemand
vient de glace. Glasur «vernis de la porcelainem (de Glus =Verre» et
@ Voir GLACER, GLACIAL; VJZKXAS. sufke -UT); Glasur est cité en 1771 dans un traité
sur la porcelaine et alors traduit par couverte.
+k GLACER v. tr. est issu (v. 11601 du latin gla- Adopté en tiançais, il est interprété comme un dé-
ciare «changer en glace, se figep et au figuré ugla- rivé de glacer.
ter d’effroi}}, <<durcir», dérivé de glacis (+ glace). Le verbe préfrxé DÉGLACER v. tr., rare au sens de
+Dans ses premiers emplois glacer équivaut à <faire fondre la glace>> (14421, s’emploie pour -ré-
aglisser, faire glisser* (v. 1160, tr, et intr.1 et sime chauffer- au propre (15871, mais a été remplacé par
au figuré adécourager (qqn) par sa -froide- dkgeler au figuré (xwe s., déglacer Z’atmosphère3.
(v. 11601, sens demeuré vivant. Toujours dès le 0 C’était un terme militaire lié à gZacis En xve s.,
XIIes., il s’emploie pour fltransformer en glace, degZachier1 au sens de <renverser, abattre,, et il
(v. 1175) aussi au pronominal (v. 1500) ; de cette va- s’est employé comme glacer pour <(glisser>>(1522) ;
leur viennent divers emplois figurés : <<frapper ces acceptions ont disparu. *Par analogie, dégla-
d’une émotion violenten (1673, dans la métaphore cer a pris des sens techniques (1906, déglacer du pu-
glacer les veines), *diminuer la chaleur de la jeu- pierI et s’emploie couramment en cuisine. +Les
nesses (16111, littéraire, et k l’époque classique <<en- dérivés DÉGLACEMENT n. m. (18701 et DEGLA-
nuyep (mil. xwe S.I. 0 Par ailleurs, glacer s’emploie ÇAGE n. m. ( 18901 sont techniques, le second sur-
concrètement aux sens de acauser une sensation tout culinaire.
de froid* (v.17401,&e glacé correspondant à geler”, 0 voir GLACIAL.
et aretioidir à la glace» (1845). 0 Glacer, c’est aussi
11549) <<donner une apparence polie, brillante GLACIAL, ALE, ALS ou AUX adj. est at-
comme celle de la glacem, d’où l’emploi technique testté isolément au XIV’ s. en médecine iv. 13801 au
du verbe, comme terme de cuisine ( 16801 ou au sens de «cristallin», puis en 1534 [mer glaciale1 et
sens de “garnir d’un apprêt= (1611, glacer une ~OU- chez Montaigne 11580, <couvert de glacenI; il est re-
blure), aussi au participe passé adjectivé (1680, taf- pris en 1611. C’est un emprunt au latin gZacialk
fetas glacé). <glacial>>, dérivé de gZucies (-+ glace).
F Le dérivé 0 GLACIS n. m. s’est employé en an- $ Il s’emploie à partir du XVII~s. au sens de <<très
cien français comme adjectif (v. 1160) pour aglacial» froid, (16111, ensuite au figuré comme quasi syno-
et, toujours lié au sémantisme du froid, a désigné nyme de glagunt, Nd’une froideur qui glaces (1740 ;
un endroit rendu glissant par le verglas ( 1611). 1866, d’une personne).
0 Par ailleurs, il se rattache à glacer au sens ancien F GLACIALEMENT adv. (1860) ne s’utilise qu’au fi-
de (cglissep>; le mot se dit d’une pente douce et unie guré.
et s’emploie comme terme de fortîkation en 1421
(1345, in Bloch et Wartburg) pour «talus incliné qui GLADIATEUR n. m. est une réfection (1580)
rend ticile l’approche>, en architecture ( 1694) de gladiator k111~s.1,emprunté au latin gladiutor
apente pour l’écoulement des eauxs, en géologie <homme qui combat avec le glaive* et, comme
asurface d’érosion en pente-; glacis s’emploie par terme d’injure, aspadassin)). Ce mot est dérivé de
métaphore pour <protection>> et, spécialement, en gladiw &pée= I+ glaive), au propre et au figuré,
politique (mil. XX~ s.1 au sens de =Zone protectrice>> d’où «métier de gladiateur», mot probablement in-
GLAGLA DICTIONNAIRE HISTORIQUE

traduit en latin par les invasions celtiques, comme + Glaise uterre grasse compacte», spécialement
car-rus achar*n. employée dans la fabrication de poteries, s’emploie
4 Gh&uteur s’emploie à propos des jeux du cirque couramment dans teme glaise Iv. 13001, altéré au
de I’Antiquité romaine ; par extension ( 16461, le mot XVI~s. (15491 en tewe glisse.
s’est dit à l’époque classique pour uduellistem. On F GLAISEUX, EUSE adj. et n., d’abord glaiseux
relève (av. 1650) jusqu’au xwe s. le f&ninin ghdia- Il= moitié XIII~s.) puis glazeux (16111, sime *qui
trice, <<femme qui combat avec I’épéem. est de la nature de la glaisen ( 1752 sous cette forme)
puis acouvert de glaise> (19181, d’où vient l’emploi
GLAGLA onomatopée formée probablement péjoratif (nom, 1927) pour “paysan>> kf, bouseux).
sur gZucé est attestée par écrit en 1947 hgluglu, - GLAXSER v. tr. signifie aenduire de glaise- (1690)
FL Fallet). et wnender un sol en y mêlant de la glaise* 11771).
+ Plus que l’onomatopée glu-glu, c’est la lot. a ou à +GLAISIÈRE n. f. (1759kt GLAISIER n.m. (1955)
g.Za@a qui est courante, comme adj. INgelé, glacé, sont des termes techniques.
frigorif et dans les avoir & gluglu.
F Le dér. GLAGLATER v. tr. signifie Ktrembler de GLAIVE n. m. est issu ( 1121-l 134) du latin gZa- o>
froid)). dius &péen. L’évolution phonétique aboutit à glai
Isous cette forme en ancien franco-provençal;
GLAiEUL n. m. apparaît sous les formes glu- identique à ghi ~~glaïeub, + ghïeull ; le -v- a été ex-
vi.42 (XII~ sd, glugous iv. 12001, jugheil ~III” s.), gluiol, pliqué par un croisement entre gludius et gZuvus
gluiuel (id.), la forme actuelle (1541) restixa;nt (JV-V~S.), mot bas latin lui-même issu du croise-
cette variante. Le mot est issu du latin giudiolw ment de gZadius et clava amassue)>. Pour Fauché,
&pée courte>> et aussi «glaïeul)), à cause de la forme glaive viendrait d’un type brittonique “?&Wo, d’un
&ncéolée~~ des feuilles de cette plante. L’adjectif celtique “Madyo (d’où le latin gkzdim proviendrait),
latin est dérivé de ghdius &péeB, «glaîve~, qui avait introduit en Gaule à partir de 460 et devenu ‘glu-
probablement déjà pris, en bas latin, une acception fuio sous l’influence de ghdius, puis OgZuvido,gluvie
botanique ; d’où l’ancien fi-ançais gZuid «glaïeub @II et enk glaive. La forme gladie knce~ (zd” moitié
XI~ s.), glai Cv. 1160) éliminé par la forme longue du xes.1 est un emprunt direct au latin.
fait de sa brièveté et des homophonies possibles. 4 Glaive, aépée», s’est employé par figure pour
GLAIRE n. f. est issu En XI~ s.1 du latin populaire <<massacre à l’arme blanches (v. 11351, «épidémie,
Oclareu puis oclutiu, dérivé de l’adjectif du latin clas- calamités Cv.1210) et pour cdéchirement, douleurn
sique clurus (+ clair); Ocluria est devenu ‘gkia, Iv. 11651. Par métonymie, il a servi à nommer un
peut-être sous l’influence du latin classique ghreu soldat armé d’une lance Ixrv” s.l. Le mot, par une
=graviern, voisin phonétiquement (cf. au XIVe s., nouvelle métaphorisation propre à la rh&orique
glaire <gravier4 et {peut-être1 par analogie de cou- classique, a été utilisé comme symbole de destruc-
leur. tion (1642) et de guerre ( 16901, l’expression tirer Ie
glaive signiknt cs’apprêter à combattreB, aentrer
+ Glaire «matière visqueuse et claire sécrétée par
en guerres. Glaive s’emploie comme symbole de la
les muqueusesn a signifié aussi <blanc d’œuf cru»
puissance divine kwe s-1 - d’où le glaive spitituel
(ire moitié XII~ s.), valeur qui a perduré dans les par-
11686)- et du pouvoir judiciaire (av. 1681). Dans
lers picards et méridionaux et dans le vocabulaire
tous ses emplois, le mot est didactique (histoire) ou
de la reliure (1827; cf. aussi l’italien chiaru *blanc
poétique.
d’œuf4. Par analogie (1690) glaire désigne, en joail-
@ voir GLADLATEUFL
lerie, une tache semi-opaque qui ternit l’éclat d’un
diamant. GLAND n. m. est issu (av. 1105, gZant) du latin o>
F De glaire dérivent GLAIREUX, EUSE adj. gluns, gZandis n. f. &uit du chêne* puis, par analo-
iv. 1256) avisqueux>> et le verbe GLAIRER tr. (16803, gie de forme, «objet en forme de gland>>, spéciale-
terme technique de reliure - d’où GLAIRURE n. f. ment <balle de plomb d’une frondeu et <<extrémité
( 1810) et GLAIRAGE n. m. 11866). 0 Des connota- antkieure de la vergem ; ce mot se rattache, comme
tions positives de clarus-clair, glaire et ses dérivés le grec halanos, à une racine indoeuropéenne
sont passés, sous l’influence de son acception do- gwele- aglandw.
minante, à une valeur négative, plus ou moins ré-
+ Gland est d’abord introduit pour désigner le fruit
pugnante (sauf régionalement et dans les sens
du chêne (le féminin est attesté en ancien français
techniques).
et en ancien provençaJ, gk), puis comme en latin
GLAISE n. f. apparaît sous cette forme très tôt un projectile lancé avec une tionde (12131, au-
(fin IX~s., puis 13061, mais est aussi relevé avec les jourd’hui (1379) des objets (morceau de bois, de mé-
graphies gkse (v. 1165; terne gksse, 15491, gbise tal, etc.) ou des coquillages (1558, gland de mer), des
Iv. 11751, gluse ( 1393, tewe glase). Ce serait un mot fruits (16 111 ressemblant au gland. 0 De l’emploi
d’origine gauloise, ce qu’attesterait le composé la- anatomique tiré du latin (1538, ghnd) vient le sens
tin glisomurgu {{espèce de marne= ; @SO-, qual%ant figuré d’&nbécile* 11901) par une évolution sem-
murga, serait un dérivé du celtique (cf. irlandais gel blable à celle de couillon.
«blanca) ou serait apparenté à glu”. Pour P. Gui- k 0 GLANDAGE n. m. (av. 1589; 1443, en ancien
raud la forme glise représenterait le latin gltteLls prover@; de gland ou de ghder1 et GLANDÉE
aglaiseux», dérivé de glis &ise, terre grasse»; la n. f. (v. 15003 sont des termes vieillis d’agriculture,
variante gleise serait issue d’une forme OgEteus. également d’anciens termes juridiques si@ant
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1595 GLAUQUE

&Oit de ramasser les glands en forêt)) (glanda@, glane, notamment en parlant d’informations sa-
1866 ; ghndée, 1936). w GLANDER V. itltl’-. a été elll- vantes, philologiques.
ployé aux sens de <<produire des glandsfi (~III XIV~s.,
hapax1, {ramasser des glandsm (15 13, rare ; repris GLAPIR v. intr. représente peut-être une alté-
par Valéry, 19261. 0 Vieilli dans ces emplois OÙil a ration (v. 12101,d’après japper*, de l’ancien français
probablement été confondu avec glaner*, &nder glutir 11080) aaboyer, glapir>), issu du latin impérial
s’emploie familièrement au sens d’cattendre en glutire “japperu. Ce mot serait d’origine onomato-
vain= (19411, aperdre son tempsm, probablement à péique et se disait spécialement du cri des jeunes
partir de gland de la verge (avec l’idée de mastur- chiens; il a fourni l’espagnol et le portugais latir,
bation, cf. branler), et du sens figuré d’&nbécilen l’ancien provençal glutir.
(glander =se comporter comme un gland4 ; on peut + Glapir s’applique d’abord aux animaux puis par
supposer aussi une intluence de gland& *ramas- extension (v. 1585) aux êtres humains, aux bruits
sage des glandsn, activité considérée comme peu naturels (1831, le vent glapit).
productive. Glander, en construction transitive, si- F De glupir dérivent GLAPISSEMENT n. m. ( 1538,
gn%e <<faireune chose inepte»; de ces emplois dé- animaux; 1690, personnes), GLAPISSANT, ANTE
rivent GLANDEUR, EUSE n. (mil. xxe s.), GLAN- adj. (16231 et GLAPISSEUR, EUSE n. (1552, adj.1,
DOUILLER v. intr. (1938) et 6i'~GLANDAGE n. m. mot rare.
tifait de glandep (mil. me s.l. GLATIR v. intr. s’est spécialisé (1690) au sens de
criern, en parlant de l’aigle.
@ GLANDE n. f. est issu t 13141d’un latin populaire
‘gkznda, altération du latin classique glas, glatiis GLAS n. m. est issu (v. 11401 du latin populaire
n. f. (+ gland) ; par ailleurs, l’ancien francais em- oclussum, du latin classique classicum asonnerie de
ploie glandre @n XII~s., «tumeurnI, issu du latin clas- trompettesn, dérivé de classis, sans doute d’abord
sique et médical glandulu (ordinairement nom fé- “appel)) I+ classe). La forme glus (aussi clas en an-
minin pluriel) «glandes (du cou)*, diminutif de cien français) s’explique par l’assimilation du c- ini-
glaw, glandis. Les deux mots se sont confondus. tial à la consonne sonore suivante.
+ Glu&, “organe dont la fonction est de produire + Le mot a d’abord désigné diverses sortes de son-
une sécrétion)>, prend Iv. 1560) le sens spécial de neries Iv. 11401,en particulier la sonnerie de toutes
“ganglion lymphatique>) et paT extension celui les cloches d’une église (1160- 1174) puis, spécide-
d’&fknmation de ces ganglionss. De là, dans ment, le tintement d’une cloche pour annoncer
l’usage familier récent, av& les glandes (ou les l’agonie, la mort ou les obsèques d’une personne
boules) Gtre contrarié, ou dégoûté (de qqch.lm. (v. 1225, ghs) - d’où au figuré ( 1837) sonner le &s
F GLANDULE n. f. (1370) *petite glande>, emprunté de ~C@I.; par extension (1803) glas désigne les
au latin gland&, est wchtique, mais son dérivé salves d’artillerie tirées à des funérailles.
GLANDULAIRE adj. ( 16111 “qui est relatif aux
glandes, qui a la nature d’une glande= reste vivant. GLASS n.m. appartit d’abord 11628) adapté
+GLANDULEUX,EUSE adj., emprunté i1314) au sous la forme glace n. m. (<verre à boire» ; c’est alors
latin classique et médical glundubsus, de ghdulu, un mot de l’argot militaire, emprunte à l’allemand
est devenu aussi un terme de botanique (18661. Glas everreb, sans doute introduit par les merce-
naires. Sous la forme glass ( 1886) il est repris à I’an-
@ GLANER v. tr. est issu (1223 ; déb. xmes., va- glais -de même origine que l’allemand.
riante gkner) du bas latin gZenure (VI” s.1, dérivé + Le mot, resté argotique, désigne un verre d’une
d’un radical gaulois OgZenn-(cf. ancien irlandais do- boisson alcoolisée.
glinn -il ranrassem et anglais to gleun qqglmern, d’ori-
gine celtique). GLAUQUE adj., réfection ( 15031 de gluuke
+ Glaner, c’est wamasser les épis laissés par les (apr. 12501, est un emprunt au latin gluucus ad’un
moissonneurs=, d’où au figuré Cav.1613; fin xnf s., vert Iou d’un bleu) pâle ou grisa (l’ancien provencal
gluiner) arecueillir çà et là (des éléments Isolés) gkc est antérieur, déb. XII~s.3. Gluucus est em-
pour utilise-. Par extension (1830), gher corres- prunté au grec gluukos qui n’a pas une valeur péjo-
pond à *ramasser, cueillir au hasard>> (du bois, des rative et se dit de ce qui est à la fois clair et brillant
fleurs, etc.), ce verbe prenant en particulier la place (de la mer, de la lune ou d’yeux bleu clair).
de glander, avec lequel il n’a aucun rapport étymo- + Glawue se dit d’un vert qui rappelle l’eau de mer
logique. et, au figuré (récemment), de ce qui inspire un sen-
b Le déverbal GLANE n. f. a eu le sens (1223) de timent désagréable, un malaise, à cause d’un as-
=Poignée d’épis glanés= - d’oti glane d’oignons pe& trouble. Un autre adjectif descriptif, blême, a
(1660) - et désigne (XIII~s.3 l’action de glaner. De pris vers 1990 la même valeur. 0Un sens figuré
ces sens viennent les acceptions figurées de glane récent (v. 19851, usuel chez les jeunes, correspond à
<petite quantité» et ace que l’on recueille derrière «lugubre, sinistre» (une ambiance gZuuque1, parfois
les autress (1611). - GLANAGE n. m. (1596, glui- à csordide».
nage) et GLANEMENT n. m. (1552) sont plus rares. ä GLAUCOME n. m. est emprunté ( 1649) au latin
+GLANEUR, EUSE n. (XV~”s.), Rpersonne qui impérial gkcomu (variante gluucwnul, du grec
glanen, a remplacé gleneor (1291). +GLANURE gluuk6mu, de gk&os, à cause de la couleur que
n. f., terme didactique pour ace que l’on glanen prend le fond de l’oeil. Glaucome, terme médical,
(1562, glenure), s’emploie au figuré (1696) comme designe une tiection de l’oeil.
GLAVIOT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

GLAVIOT n. m. représente probablement une sur laquelle on glisse, (1606 ; dès 1308, gkhouere,
altération (18621, d’après @aire*, de clatit (18081, aconduit pour écouler l’eau%), puis (1883) acouloir
lui-même variante régionale de claveau descendant de manutentionm. + GLISSE n. f., dé-
(déb. XIII~s., clavel), nom donné à la morve des mou- verbal de glisser, désigne régionalement (Suisse)
tons atteints du claveau, maladie éruptive. Claveau un traîneau d’attelage utilisé l’hiver (17931, puis une
est lui-même emprunté au bas latin clavellus gpus- luge (18421. oLe mot a été repris comme terme
tule*, diminutif du classique clavus qui a donné technique <<façon de glisser Ides ski& (v. 1950) et
clou*, aussi terme de médecine. aqualité de fabrication par laquelle les skis glissent
+ Glaviot, d’abord argotique puis très familier, biens (1969). + GLISSOIR n. m. s’est employé au fi-
s’emploie pour Ncrachatm. guré (1613) et pour «glissoire>> (1636). C’est au-
jourd’hui un terme technique désignant un couloir
b ti dérive GLAVIOTER v. (18661, glavioter sur qqn
aménagé pour faire glisser des troncs d’arbres
siaant au figuré ~l’insulte~, comme cracher.
118201 et un petit coulant où glisse une chaîne
GLÈBE n. f. est emprunté (xv” s.) au latin gleba, (18723, -GLISSANDO n. m. (19033, en musique
glaeba Nboule, morceau, et spécialement cmotte de apassage progressif d’un son à un autre>, est
terre)> -d’où dans la langue poétique désole,puis à construit sur le modèle des mots italiens en -ando,
basse époque &npôt sur la terre>>. GZeba se rat- -endo Ischerzando, crescendo).
tache à une racine indoeuropéenne ‘gel- *rouler en Glisser a plusieurs autres dérivés. + GLIS-
boule%, SEUR, EUSE n. (16361, «personne qui glisse sur la
glacea, a été repris en mathématiques ~i9301 pour
+ GZèbe s’est dit (xv” s.) pour *motte de terrem et, en «vecteur glissantp. -GLISSIÈRE n. f. (18101, a&-
droit féodal (16111, d’une terre à laquelle étaient at- sotie? sime de nos jours «dispositif de fermeture
tachés les serfs, d’où vient le sens (17671 de aterre COUhSSmte)~ (1816). + GLISSAGE n. m. (1866) est un
cultivée}}, dans lequel glèbe, mot littéraire ou histo- terme technique ainsi que GLISSANCE n. f. (at-
rique, survit. testé, 19371.
Le composé HYDROGLISSEUR n. m. (19141, de hy-
GLIS SER v., réfection Iv. 1380) de gZici+w
dro-, désignant un bateau mû par une hélice aé-
(av. 11911, représente le croisement de l’ancien
rienne ou un moteur à réaction, a remplacé dans
tiançais gliier ccglissern, issu du kancique ‘glidan
l’usage courant hy&o$ane n. m. 11907).
(cf. le moyen néerlandais gZi&n, l’allemand gleiten)
et du verbe gZackr (-+ glacer) employé au me s. au GLOBE n. m. est un emprunt du XIV’S.
sens de uglisser=. (apr. 1350) au latin gZobus <<boule, balle, sphèren et,
4 Glisser, Nse déplacer d’un mouvement continun dans la langue militaire, «peloton> d’où cfoule
(av. 1191, intr.1, d’où glisser sur la glace (15301, s’em- dense» ; ce mot est sans origine connue.
ploie par extension au sens de «pousser (qqn ou 4 Globe a si@é <rouleau (de drap)> lapr. 13501,
qqch.l» Cv.1320, gZiciRr). A partir de ces deux em- puis a repris le sens latin de <<sphèreB et se dit spé-
plois les acceptions du verbe se développent : cialement pour «sphère d’un astren Iv. 1560). Ce
aavancer comme en glissant>> (déb. xwe s.1,d’où par dernier sens est aujourd’hui vieilli, mais on dit en-
métaphore apasser légèrementx (mil. XVI’ s.1ou 4n- core globe terrestre (1616 ; globe de la terre, 15521ou
sensiblement~ 115803 et, par extension 11607; ghbe; par métonymie I 16161,le mot sign%e ~sphère
mil. ~VI~s., pron.1, «avancer, pénétrer de manière matérielle représentant le globe terrestre)) (on a
progressive» ; de là vient le sens de cse laisser aller> aussi gZobe &Zeste, 1616). 0 Par analogie de forme,
(av. 17501. En emploi trmsitif, glisser Sign%e ( 1636) globe s’applique à des parties du corps qui ont une
afaire passer adroitement ou furtivement (qqch.I*, forme sphérique IgZobe oculaire, 1690 ; globe utérin,
adire en cotidence» (173% 0 C’est l’idée de légè- 1833, archaïque). Il désigne également (1770, Zan-
reté qui est retenue dans les emplois figurés «ne terne en globe) une sphère ou demi-sphère creuse,
pas approfondir= (1671) puis cceffleurep (fm XVII~ s-1, de verre, de cristal, etc.
<<ne faire qu’une impression faible ou nulle sur F GLOBAL, ALE, AUX adj. (1864, sans doute anté-
(qqn)> (16801, avec gZtiser sur (sujet nom de chose). rieur, cf. globalement) dérive du radical de globe,
b G~IS~ANT, ANTE adj. s’emploie au sens concret au sens figuré de ((masse totale de qqch.n En XVI~s.;
(fm XIV s. ; v. 1265, ghçant) de aoù l’on glisse facile- déjà en latin) et sime “qui est pris en blocm, d’où
ment>, d’où par métaphore ( 15801 <dangereux, ha- en pédagogie méthode gZobaZe Idéb. ti s.1 et le
sardeuxb (terrain glissatU 0 Glissant Sign%e aussi sens abstrait de *considéré dans son ensemble-
“qui glisse facilement (entre les mains)» C1671) et, au (va19601. +Le dérivé GLOBALEMENT adv. «en
figuré knîl. XVI~s.1, <<fuyant, instable)). +GLISSE- bloc» (1840) signifie aussi cd’une manière générale»
MENT n. m., <adion de glisser, mouvement de ce (xx” s.l. +Le terme didactique GLOBALISME n. m.,
qui glissem (14601,s’emploie au figuré pour apassage équivalent de méthode globale, est aussi employé
progressif et continus (av. 1914, en politique). en philosophie (1923) et en économie (1965). * GLO-
- GLISSADE n. f., <<action de glissera 11553 ; sur la BALISER v. intr. sime ( 1965) aconsidérer un pro-
glace, 16901, s’emploie spécialement en danse blème dans son ensemble; présenter d’une ma-
(17251, en alpinisme (1876) et en aviation (1916) ; au nière globale)) ; en dérivent GLOBALISANT, ANTE
figuré il se dit 116601pour afaux pas, faute-. 0 Par adj . 11966) et GLUBALISATION n. f. ( 19683.
métonymie, gZks& désigne (1829) une surface De globe sont également issus GLOBAIRE adj.
aménagée pour glisser, avec une valeur très voi- (1866) Mformé de globules>, d’emploi rare, et GLO-
sine de ceUe de GLISSOIRE n. f. Nsurface glacée BIQUE adj. (19621 “qui a la forme d’un globe=,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1597 GLOIRE

terme didactique. 4 GLOBEUX,EWSE adj. (1611, «honnew>, très courants au XVII~ s., aujourd’hui ar-
du dérivé latin gJobosus1, <arrondi en globe)>, est chaïques; ces valeurs demeurent dans se fake
sorti d’usage. aLe composé ENGLOBER v.tr. est gloire de (1611) et, cowamment, &&Vahk pour la
en revanche courant. Il Sign%e <faire entrer dans gloire (18721. Du sens de «renommée* est issu Celui
un bloc>) (1611) d’où, par extension (17641, ohnir en d’=orgueil», lui aussi archaïque après l’époque &s-
un toutti. oEn dérivent ENGLOBEMENT n.m. sique et, par péjoration, celui de <vanités En XII~s.,
11861; M~,~&~~W~)~~ENGLOBANT,ANTE adj. vaine gloire) et amanifestation de la vanitém (144O-
(fin xti S.I. 14%).Par métonymie, une gloire se dit 11639) pour
0 Voir GLOBULE. «personne célèbreti. Ce champ sémantique, très vi-
vant et riche aux XVII~et XVIII~ s., s’est efkité et a qua-
GLOBE-TROTTER n. m. est cité comme mot siment disparu aux me et XX~ s. + Dans le domaine
anglais ( 1873) puis utilisé à partir de 1880 ; il est em- des beaux-arts, gloire désigne (1622) l’auréole enve-
prunté à l’anglais globe-trotter (mil. xrxe s.1 woya- loppant le corps du Christ (cf. la locution en gloire
geur qui parcourt le monde>, mot composé de areprésenté dans une gloire4 et, par extension, la
globe Nglobe terrestreB, de même origine que le représentation picturale du ciel avec des anges et
lançais, et trotter &otteur», de to trot &rotterm. Le des saints ( 16363,plus tard une machine employée
mot a pénétré en français à une époque où quel- dans les pièces féeriques (1690) ; de là, au figuré, le
ques individus privilégiés, souvent anglo-saxons, sens d’Nauréole, nimbem. 0 L’utilisation de gJoiTe, en
parcouraient le monde ; il s’est démodé avec la gé- astronomie, pour <<nimbe lumineux entourant le
néralisation des grands voyages. Soleil lors d’une éclipse totalen ( 1868) est une a,nalo-
gie du sens pictural.
GLOBINE +HÉMA-, HEMO- (HÉMOGLO- k Le mot latin GLORIA a été repris en 1680 h. m.)
BINE) pour désigner l’hymne chantée à la messe, et
commençant par les mots Gloria in excelsis Deo.
GLOBULE n. m. est attesté (av. 1662) dans
l’œuvre de Pascal; le mot est emprunté au latin L’ancien français employait en ce sens glorie En
xne s.), forme kn@se ancienne de gloire. 0 Gloria
globulus Npetite boules, diminutif de globes
a désigné (1816) un café mélangé d’eau-de-vie, le
1-+ globe).
mélange étant considéré comme excellent.
+ Globule a d’abord le sens repris au latin de ~COT- GLORIETTE n. f., diminutif de glorie, par référence
pustule sphérique* ; il est devenu un terme de phy- à l’idée de richesse, se dit d’une petite pièce
siologie, désignant (1742) un élément de forme plus (av. 1188; v. 1160, comme nom du palais de Guil-
ou moins sphérique en suspension dans certains li- laume d’Orange puis d’une chambre surélevée
quides organiques et notamment dans le sang : gZo- (14171, enfIn d’un petit pavillon (1548) et spéciale-
bule rouge (17651, globule blanc (17701, puis en em- ment d’un pavillon de verdure dans un jardin. Glo-
bryologie globule polaire 11875). Il a aussi désigné b&e a désigné aussi ( 13041 une grande cage à oi-
11834) une petite pilule sphérique. seaux en forme de pavillon.
F Le dérivé 0 GLOBULAIRE adj. si@e ((composé Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés ou
de globulesn (16791 et “qui a la forme d’un globen composésdulatingloria. +GLORIEUX,EUSE adj.
(1866) ; il est spécialement utilisé en physiologie est emprunté (1080, Deu le Gloriosl au latin clas-
(18563 et en astronomie (mil. mes., amas globu- sique gZoriosus #plein de gloire» et, péjorativement,
luire). +Son homonyme 0 GLOBULAIRE n. f., “qui aime la gloire, fanfaron» ; le mot prend en latin
Mplante vivace (dont les fleurs sont ramassées en chrétien le sens de aresplendissant, plein de
forme de petites boules)>>, est un emprunt (16943 au gloire,. 0 C’est d’abord un substantif utilisé pour
latin scient%que globularia (1570- 15761, d&ivé de parler de Dieu et des élus ; il est ensuite adjectif
globulus. +Le dérivé GLOBULEUX, EUSE adj., Cv.1120, gioriosl, comme terme religieux, et si@e
<<formé de globules» 115711, a remplacé gZobeux “qui participe de la gloire céleste»; d’où en théolo-
(3 globe) ; il Sign%e “qui a la forme d’un globulen gie CO~S glorieux (1690) =état après la résurrection
(1611) et cdont le globe est saillant (en parlant de des corps des bienheureux». ~Dans le domaine
l’œilb (déb. me S.I. +À partir de globule ont été dé- profane, glorieux reprend les sens du latin; il signi-
rivés des termes didactiques de physiologie, tels fie Iv. 11553“qui s’est acquis de la gloires et, en par-
GLOBULINE n. f. (1830; en botanique en 1827 au lant de choses, “qui donne de la gloire, est plein de
sens de evésitiem), GLOBULIN n. m. (18441, gloire)) En XII” S.I. 0 Comme en latin (le fameux
miles glotisus), il Sign%e péjorativement (v. 12201
+k GLOIRE n. f., variante (1080) de la forme gZo- “qui a trop bonne opinion de lui-même)> (mil. XVI~s.,
rie Cv.10503, est emprunté au latin classique gloria n., faire le gJorieux) ; le mot, appliqué à une per-
<renommée>, puis par spécialisation «bonne re- sonne, avait à l’époque classique surtout ce sens
nommée, réputation» ; en latin chrétien, gioti si- péjoratif et Voltaire en proscrivait l’emploi pour *il-
gnifie spécialement *majesté (de DieuIn, <béatitude lustre)). Au milieu du xrxe s. CBaudelaire) glorietl3c
éternelle (de Dieu, des élu+ et apalme du martyre, prend le sens de cplein de splendeur», probable-
glotication~ . ment d’après l’anglais gZotius asomptueux, magni-
4 Gloire a d’abord emprunté le sens religieux de fiquew (de même origine). 0 Une substantivation au
«béatitude céleste,, puis a pris au latin classique le féminin concerne les trois Cjournéesl Glorieuses,
sens de arenommée, célébrité, (v. 1130-l 1401, d’où les journées révolutionnaires des 27,28 et 29 jtiet
vient celui d’&lat dont la grandeur est environ- 1830, à Paris (d’abord : trois glorieuses journées, BaJ-
néem Iv. II601, et par extension KrnagnikenceB et zac 18411.+ L’adverbedérivé GLORIEUSEMENT a
GLOSE 1598 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

suivi l’évolution sémantique de gJorieu3c ( 1549 ; fin omettant les mots de la langue courante, usuelle,
me s., glotisementl. ce qui le distingue de vocabulaire et dictionnaire.
GLORIFIER v. tr. a été emprunté cv. 11201 au latin
chrétien glorificare uglotier (Di&s, composé de -GLOSSE, GLOSS(O)-, éléments tirés du
gloria et de fucere «faire*=. Le verbe conserve le grec ionien glôssu &nguen I-, glose, glotte), sont
sens du latin et, par extension Iv. 11701,Sign%e Kap- utilisés dans la composition de mots savants.
peler (qqn) à la gloire célestev. Par extension, dans b GLOSSOGRAPHE n., d’abord «personne qui étu-
un contexte profane, gloti&r s’emploie au sens de die les termes anciens et obscurs» 116191, du grec
<proclamer la gloire de qqn (en exaltant ses mé- glossogruphos “qui explique les mots difkiles
rite+ Iv. 1155, pron., <<tirer gloire de& Le verbe, au d’une langue)), aujourd’hui (1890) n. m. “appareil
XIX~ s. (1835, se glorifier dans), prend le sens de qui reproduit la parole en utilisant les mouvements
amettre sa gloire en (qqch., qqn)a. Il s’utilise dans un de la languen. +GLOSSIEN, IENNE adj. (1811) et
emploi littéraire (19281 pour ((rendre plus beaw GLOSSIQUE adj, (1845) sima& {{relatif à la
d’après le sens de glorieux; ~magnifique~~. +Du @yen. +GLOSSOLALIE n.f. (de -lalie) xfaculté
verbe dérivent GLORIFIABLE adj. (1580) et GLO- de parler toutes les langues, accordée aux apôtres
RIFIANT,ANTE adj. Il 8461, assez littéraires. par le Saint-Esprit, (1866) et, en psychiatrie (19511,
*GLORIFICATION n. f. est emprunté au latin =utilisation d’un discours formé de mots en partie
chrétien glorificatio aacte de glor%er» et s’emploie inventés». -Au sens anatomique de langue, on a
dans un contexte profane Iv. 1300, glmificussion) et par exemple GLOSSALGIE n. f. (1808; de -ulgieI
religieux (XT+ s.l. ~GLORIFICATEUR, TRICE adj. &vralgie linguale% ; GLOSSODYNIE n. f. (1890;
et n. Kn xv” s.1 est littéraire et rare. du grec odu& *douleur4 *douleur localisée à la
GLORIOLE n. f. est un emprunt (1735) au dérivé la- langueu.
tin gloriola apetite gloiren, et Sign%e waine gloire,.
GLOTTE n. f. est emprunté (16183 au grec gZ&u
GLOSE n. f. est un emprunt (v. I 175) au bas latin 4anguen (cf. les mots savants en -glotte, comme po-
glosa 4erme rare, peu usité (qui a besoin d’une ex- lyglotte), puis aglotten, 4uette» chez Galien. Gl&u,
plication)», aexplication d’un terme rare>, variante qui est la forme attique pour glôssu b glose,
du classique glossa, du grec ionien gZôssa (attique -glosse), se prête, dès le grec ancien, à différents
gtittu + glosse, glotte) &nguem et, en grammaire, emplois métaphoriques (par exemple *anche d’une
<<motrare ou dialectalm. flûtenI.
$ Terme d’anatomie, glotte se dit aussi (18723 de la
4 Glose désigne une annotation qui explique un
languette d’une flûte, en parlant de 1’Antiquité.
mot difficile cv. 11751, spécialement dans le do-
maine religieux ; de là la glose de qqch. Iv. 12401 et b De glotte dérivent les termes didactiques GLOT-
gson explication>, et le sens de ~commentaire, note TAL, ALE, AUX adj. et n. f. (1888) en phonétique,
explicative ou critique à propos d’un textes (15081. GLOTTITE n.f. (1845; + -itel, en médecine, et
*Par ailleurs, glose s’est spécialisé pour désigner GLOTTIQUE adj., terme d’anatomie 118561 et de
un commentaire malveillant, sur un texte ou une linguistique (av. 1877).
personne (v. 1220; v. 1209, 4primande4 Le mot a
GLOUGLOU n. m. est une onomatopée (attes-
été appliqué par hellénisme Iv. 15501 à un mot vieilli
tée en 16191 qui rappelle le bas latin ghtght.
ou difkile, recueilli dans un auteur grec et expli-
4 Le mot désigne le bruit d’un liquide qui s’écoule
qué.
dans un conduit et, par analogie (ou comme déver-
b GLOSER v. tr. sime (v. 1170) fiexpliquer par une bal de glouglouter), le cri du dindon (17211, le rou-
gloses (gloser sur qqn, qqch., 1130-I 1403. Par exten- coulement du pigeon 11770).
sion, gloser comme glose s’est dit Itr. ou intr.;
bGLOUGLOUTERv.intr., afaireunbruitdeglou-
1” moitié xrve s.) pour <critiquer, blesser)) et, à l’épo-
glow (15691, s’emploie par analogie en parlant du
que classique, pour *ajouter des détails sur toutB
cri répétitif du dindon ; il représente alors proba-
116901. +Du verbe dérive GLOSEUR, EUSE n.
blement une altération ( 1721, glougloter; 1752, glou-
(16361 qui reprend gZossere aglossateurm (w” s.) et
g1outier1 de l’ancien cZouclouqwr Ngloussern (1611;
désigne une personne malveillante dans ses pro-
+ glousser}. ~DU verbe dérivent GLOUGLOU-
pos {emploi sorti d’usage). + GLOSSATEUR n. m. TANT, ANTE ctdj. (1901) et GLOUGLOUTEMENT
Kauteur d’un recueil de glosesn 11669 ; 1426, glosu- n. m. 119261.
teurl est un dérivé savant de g!,osa, glossa.
@ voir GLOSSAIRE. GLOWS SER v. intr. est une réfection (1600) de
gEosser ( 15381, altération de clousser (X~V”s. ; v. 1350,
GLOSSAIRE n. m. représente une réfection clocier) du latin populaire “clociare, lui-même alté-
( 16661 de glosaire (15851, emprunt au latin impérial ration du latin classique glocire ~glousse~~, verbe à
gJossa&m =dictionnaire où l’on explique les mots valeur expressive (cf. l’ancien provençal gkir,
rares OU vieilliw, dérivé de glossu (+ glose). Le rap- XII~S.I. Le mot, par son évolution phonétique, a
port avec glose est encore senti, si l’on en juge par perdu sa valeur onomatopéique, autrefois rétablie
M. Leiris : <Glossaire, j’y serre mes glosew dans les parlers populaires par la création de
4 Glossaire a conservé le sens du latin et se dit spé- formes comme cloquer agloussem, et par réduplica-
cialement (1835) du lexique d’un dialecte, d’un pa- tion de clo- Iclocloqued.
tois, puis d’un domaine spécialisé, avec une idée + Glousser s’emploie d’abord (XIV~s., clousser, clo-
d’explication sommaire ou rapide et de sélection c&) en parlant du cri émis par certains volatiles et,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1599 GLUTEN

par extension ( 16901, à propos des personnes, au terme de physique qui désigne une particule quan-
sens de F(rire en poussant de petits crh. tique assurant la cohésion du noyau atomique; le
b De gZousser dérivent l’adjectif GLOUS- mot est formé en anglais sur glue =Colles, de même
SANT, ANTE (16001, GLOUSSEMENT n.m. (16901, origine que le tiançais glu. oEn moyen français,
réfection de glocement (xv” s.1, qui a eu pour va- une forme gluon s’est employée (v. 1354) pour
riante classement ( 15381, cri de la poulen et, par gluau et s’est dite de l’attrait du mâle (15841.
analogie ( 18571, arire étouffé,. + Un dernier dérivé, @ voir AGGLUTtNER. GLUTEN.

GLOUSSÈTE OU GLOUSSETTE n.f. 11829;stixe


-ète, -etie), est le nom régional de la poule d’eau. GLUCIDE n. m. est un mot formé (1826) par le
chimiste Guibourt, composé de gludol-, du radical
o> GLOUTON, ONNE adj. et n. m., réfection du grec glukus *doux, sucré-, et du sufke -ide.
Iv. 1361) de gZuton, gloton n. (1080), représente un 4 Le mot désigne en biochimie une substance na-
ancien cas régime issu de glutionem, accusatif du turelle ou artificielle composée de carbone, d’hy-
latin populaire gZutio <cgloutonn, dérivé du latin irn- drogène et d’oxygène. C’est un synonyme savant
périal glutltlus NgosierB; du cas sujet gluz (1080) de sucre, au sens le plus large.
provient l’archtisme marotique glout, conservé
F Il a pour dérivé GLUCIDIQUE adj. (mil. XX~ s.l.
jusqu’au XVII~siècle. Gluttus semble formé à partir
4 Le grec glukus a seM à former des mots savants,
de l’onomatopée glut- (b glouglou, engloutir).
essentiellement dans le domaine de la chimie.
4 Glouton s’est employé dans la Chanson & Roland Sous la forme gluc(oI- : GLUCINE n. f. (1798 ; sdïxe
comme terme d’injure ktraître, canaillea); il a le -id; GLUCOMÈTRE (18721 ou GLYCOMÈTRE
sens latin de Ngoirke» Iv. 12231, puis une valeur fi- (1866) n. m. (de -mètiel; GLUCAGON n. m. kxes.;
gurée équivalant à aavide* (1580). 0 Glouton n. m. élément -agon, tiré du grec ugein *amener,
(16711, substantivation de l’adjectif, désigne un conduire4 +Avec la forme glyco- : GLYCOGÉNIE
mammifère carnivore appelé aussi goulu. n. f. (1853; élément -g&ie) ou GLYCOGÉNÈSE n. f.
b GLOUTONNERIE n. f. (XIII~ ~3.1, aupamvmt sous Il876 ; élément -génèse; + genèse); GLYCOCOLLE
les formesgZutunkIv. 1119),glotoneti Iv. 1145),@u- n.m. (1855; de colle); GLYCOGÈNE n. m. (1855
tunede (XII” s.1, s’emploie au sens propre et au fi- comme adjectif; élément -gène ; + gène) ; GLY COL
guré (1886). +GLOUTONNEMENT adv. a rem- n. m. (1855 ; élément -ol; à cause de sa saveur su-
placé l’ancien français gloutement Idéb. XIII~s.) et crée); GLYCÉMIE n, f. (1872; sufke -émie du grec
s’emploie au propre (XVes.1 et au figuré (1863). haimu, haimatos +anp + héma-); GLYCOLYSE
+ GLOUTONNER v. intr., amanger ou boire goulû- n. f. (1896; élément dyse); GLYCOPROTÉINE n.f.
ment*, est d’emploi familier et semble récent. ( 1908 ; de protéine) ; GLYCORÉGULATION n. f,
(1929, de régulation); GLYCON~OGENÈSE n. f.
GLOXINIA n. m. est un mot du latin scienti- (mes.; éléments Go- et -@&Sd; GLYCOLIPIDE
fique moderne 117841 hncisé au XIX~ s. en glotine ou GLUCOLIPIDE n. m. Iv. 1970 ; de Ii@&3 <<lipide
( 1832) et en gZotink (1870). Il est formé d’après le contenant des sucres>.
nom de B. P. Glotin qui décrivît la plante, GLUCOSE n. m. (1838; la variante glycose ne s’est
+ Le mot désigne une plante ornementale d’origine pas imposée) est aussi un dérivé savant du grec
tropicale. glukus. Ce terme de chimie désigne le sucre, glu-
cide répandu dans la nature. *En dérivent des
o> GLU n. f., réfection (v. 1165) de gZud En XI~s.1,est termes didactiques Ichîmie, biochimie) comme
issu du bas latin glus, glutis, dérivé du latin clas- GLUCOSIDE n. m. (1859; s&xe -id&) et GLU-
sique gluten, gZutin& ((glu, gormne, collen, qui se rat- CONIQUE adj. (1890).
tache à une racine indoeuropéenne ‘gel- <<coller)>, @ voir GLYCÉRINE, GLYCINE.
arouler en boulem (cf. ancien islandais Mina et an-
cien haut allemand Jzlenan <<enduiremI. GLUME n. f., attesté une première fois au XVI~s.
+ Glu a conservé les sens du latin sans avoir la fré- (15841, est réemprunté 11797-1798) au latin gluma
quence de colle ni sa variété d’emplois; le mot ce- ~pellicule des graines », Kballe du blé», dérivé de glu-
pendant a désigné par figure ce qui retient en sé- bere <écorcer, peler>> qui se rattache à une racine
duisant (XII” s.), encore & l’époque classique, et indoeuropéenne “glubh- =Creuser>) que l’on re-
s’emploie pour parler de personnes importunes trouve en grec (+ glyphe).
dont on ne peut se dégager 11863). + Glume, terme de botanique, conserve le sens du
b Le dérivé GLUAU n. m. (1376, ghkiau; stixe -d latin.
devenu -au d’après le pluriel glu&, gluuusl dé- F En dérive GLUMELLE n. f. (1817).
signe une branche enduite de glu pour prendre les
oiseaux. 4À partir du dérivé GLUER v. tr. <en- GLUTEN n. m. est un emprunt (15153 au latin
duire de glu», rare (v. 11901,ont été composés EN-
gluten eglu, colle, gommen (t glu).
GLUER v. tr. «prendre à la glu> (v. 11701 puis aen-
duire de glun hv"s.l et DÉGLUER v.tr. (1213, + Il a si-é CcsubstaJlcequi lie, glw 115151, puis a
&~~Z~~).~GLUANT,ANTE adj.estdevenubeau- pris une valeur scientsque (1787) : =Substance vis-
coup plus usuel que le verbe; il Sign%e ~collant~ queuse contenue dans la graine des céréales)).
(v. 1265) puis arecouvert d’une matière gluanteti ä À partir du radical de glutm, au sens moderne,
(v. 1530) et s’emploie aussi au figuré Id 4, comme ont été formés des termes didactiques : GLUTA-
cothnt. *GLVON n. m, h. 1974, stixe -on) est Un MIQUE adj. (18721 de umlidel et -iqu~; GLUTA-
GLYCÉRINE 1600 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

MATE n. m, (1898) et GLUTOSE n. m. (me s. ; suf- Gn&on le savetier, compère de Guignol. Pour
fixe -ose). P. Guiraud, gr& est construit à partir d’une base
GLUTINEUX adj. (emprunt au latin gZutinosus, de onomatopéique na@-, variante de nifi, qui a donné
gluten) a sign3é wisqueuxx Iv. 12651,aujourd’hui dans des dialectes des verbes au sens péjoratif
ade la nature du glutens ( 1787) et “qui contient du amanger avec bruita Ign&erl, d’où des substantfi
glutens Il 866). comme gwfron =gloutonB.
4 Na#- désigne le nez, le museau, d’où gwffe -gros
GLYCÉRINE n. f. est un dérivé savant (18231 museaw et aindividu lourd, stupide»; le mot s’ap-
du grec glukeros Hdouxm (doublet de glukus + glu- plique péjorativement à l’ouvrier non qutié, d’où
cide) avec le sufExe -ine. amauvais ouvrier maladroib et savetier, opposé à
+D’abord terme de chimie, glycérine est passé cordonnier. Au sens de *cordonnier ou savetier», le
dans la langue courante (pommade à la glycé- mot est d’usage régional; par retour aux valeurs
rine, etc.), à cause des emplois de la substance en initiales, gnaf s’est dit pour *maladroit, gâcheur*
cosmétique. (1839).
w Sur glycérine, ont été dérivés et composés des
termes techniques ou scientgques de chimie GNANGNAN n. et adj. est attesté une pre-
parmi lesquels : GLYCÉRINÉ, &E adj. (1856); GLY- mière fois (1825) dans une lettre de Talma (des
CÉRIQUE adj. Iv. 1862; sutbe -iqud ; GLYCtiROLÉ gnuns-gains, au pluriel, en parlant de mauvais
n. m. (1866; de gZycérine, -02 et -é) synonyme de rôles de théâtre) et repris en 1842(adj.1 avec une
GLYCÉRÉ n. m. 11878; de glycérkel); GLYCÉ- valeur plus générale. Le mot est sans doute d’ori-
RIDE n. f. (1868; sufbe -de); GLYCÉROL ou GLY- gine onomatopéique réalisée par les variantes m-
CEROL n. m. (1905; du radical de glycérine et -013 ma et @ian-g?%iarz (1784,Beaumarchais1 pour irni-
synonyme de gZycérine; GLYCÉROCOLLE nf. ter les pleurs, les plakttes de quelqu’un. On y a vu
(1872; du radical de glycétine et de colle); GLYCÉ- aussi la forme redoublée de l’adjectif nk&, niant
ROPHOSPHATE n. m. (1872; de phosphate); GLY- ou gnant aia&, anulm, aparesseux,, forme adjecti-
CÉROTANIN n. m. 11962;de ta?tin). vale de néant E-+nknt), sous l’influence de fa@nunt
(cf. fainéant); mais cette hypothèse est discutée.
GLYCINE n. f. représente un dérivé savant 4 Gnang~~~n se dit, familièrement, d’une personne
117441 du grec ghkus <douxa (et sufExe 4~); + glu-
molle, sans énergie. L’emploi substantif a été ré-
cide.
cemment diffusé par une bande dessinée de Claire
+ La plante, d’origine exotique, a été ainsi nommée Bretécher.
à cause de l’élément visqueux qu’elle contient; le
mot, aujourd’hui démotivé, est assez courant. GNARD ou GNARE n. m., mot argotique (at-
testé 1903; cf. awsi gdurd 1936, et niard, repré-
GLYCO- + GLUCIDE sente peut-être une aphérése de mi@wd ( 1714,
anourrisson ou momignurd (1829) composé de
GLYPHE n. m. est un mot emprunté (17011 au
môme et de mignard.
grec glup% aciselure, ouvrage gravés, de gZupheirz
<tailler, graversp, que l’on rattache à une racine in- 4 Gnurd, de même sens, signZe aussi 4ndividw;
doeuropéenne ‘gZubh- ccreusep (cf. ancien haut al- dans cette acception, dont la forme initiale est
lemand Mioban NfendreB, vieux saxon clioban ase gntire ou nière hi&, 1836; gniaire, 18441,le mot, qui
fendremI. a pris la valeur péjorative d’knbécile~ probable-
ment sous l’intluence paronyrnique de niais, a pour
4 Terme didactique, glyphe désigne en archéologie
variante l’argotique GNASSE n. m. (variante
un trait gravé en creux.
gwce, gMu.sse, niasse) 4ndividw et ( 1878)élément
b -GLYPHE, comme second élément de composi- lexical de pronoms personnels: mon, ton
tion, entre dans la construction de mots savants gnusse, etc., Nmoia, Ntoin,etc. 0 L’emploi substantif
comme ANAGLYPHE n. m. (1495, apzagltfe; repris &dividw, aenfant% est attesté un peu plus tard
et écrit à la grecque au xwle s.), du grec ana wers le (1895).
hautw, et TRIGLYPHE n. m, 115451, de tn- 4roism
(-, biéro&phe). GNEISS n. m., attest6 sous cette forme 11779)
GLYPTIQUE n. f., emprunt6 (1796) au grec gtupti- chez le géologue de Saussure (kneiss, en 17591,est
kos <relatif à la gravure, (de glu@& “graveur% mot un mot emprunté à l’allemand Gn& (XVI~s.) aroche
tardif issu de gluphein), désigne l’art de graver sur cristallophyllienne composée de quartz, de mica et
pierres fmes - d’où GLYPTICIEN, IENNE n., at- de feldspath,.
testé en 1979.otTn élément savant GLYPTO- est
tiré du grec ghptos <gravéme &n dérivent les adjectifs didactiques GNEIS-
SIQUE (1846) et GNEISSEUX, EUSE 11877).
@ GNAF ou GNIAF n. m. a été relev6 sous dif-
férentes graphies : gkaf (16911, gode h. 17701, GNOCCHI n. m. pl. est un emprunt 118641,
g& mfe (1808). La locution plus ancienne dire aussi francisé en niocki (1851; d’abord nioc, 17471,à
gnaf de gqn aen dire beaucoup de malm (XII~~s.1 cor- l’italien grwcchi, attesté au sens de Nboulettes de
respond sans doute à l’une des valeurs initiales de pâtem depuis le ~VI~s., pluriel de gwcco, d’abord
na& ma!?- (voir ci-dessous). &&Serait repris du <petit pain rond à l’an& Izdemoitié xv” s.l. 0 Le mot
lyonnais gwfre acordonniew cf. le personnage de est d’origine vénitienne, apparenté à l’ancien véni-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1601 GNOU

tien @IOCO anœud da!ns un tissu» (13391, et peut-être GNOMON n. m. est emprunté (15471 au latin
issu par métathèse de nocchio çnœud dans le boiw gnornon tiaiguille de cadran solaire)), du grec @16-
d’origine incertaine. mon, d’abord =ce qui sert de règles, wégulatew,
de même origine que gnômê (4 gnomique). Le mot
GNOGNOTE OU GNOGNOTTE n-f. ap- a surtout des emplois techniques et désigne des
paraît (av. 1831) dans le titre d’une chanson Ik instruments comme l’equerre ou le cadran solaire.
Gaogwtiel, puis est attesté comme nom commun + Gnomon, terme didactique, désigne l’instrument
(1840). Le mot appartient probablement à la même permettant de mesurer la hauteur du soleil et, par
famille onomatopéique que gnan-gnan I+ @an- métonymie, la tige verticale, le style de cet instru-
gnan3, ou représente une forme régionale de niais. ment.
4 Gnognotte, terme familier, est seulement em- ,En dérive GNOMONIQUE adj. (1547) et n. f.
ployé dans l’expression : c’est de la gnognotte! (16601.
ac’est qqch., qqn de tout à fait négligeablem.
GNON n. m. est issu (1651) par aphérèse de oi-
GNÔLE n. f., attesté au XIX~s. (18221, s’est sans mon*, l’enflure provoquée par le coup ayant pu
doute répandu au cours de la Première Guerre être comparée à un oignon.
mondiale. C’est d’abord un mot dialectal (Bour-
4 Par métonymie (18531, gnort signif?e <<coup))et en
gogne, Lyonnais) peut-être issu de yole, variante de
particulier «coup de poings valeurs dominantes
hikUe* (asureau dont on fait de l’eau-de-vie*), par
aujourd’hui. 0 Gnon est aussi un équivalent argo-
mauvaise coupure de une yole. P. Guiraud voit plu-
tique de <postérieur)) ; il représente alors une abré-
tôt dans mie une variante de nielle <ivraie eni-
viation de fignon, issu par aphérèse de troufzgnon
vrante>, évoquant les variantes vosgiennes noyelle,
(XVI~s,, écrit trou finon) ~~~LISY qu’on rapproche un
nide, de même sens, ces noms convenant à une
peu facilement de trou mignon, mais qui pourrait
mauvaise eau-de-vie (cf. les dénominations vitriol,
lui aussi provenir de oignon, qui a cette valeur dans
pétiole, tord-boyaux, etc.); il pourrait aussi y avoir
la langue populaire.
un croisement avec le dialectal mie <brouillard))
@ Voir FION. ,
(du latin nebulu; + nébuleux), par approximation
entre brouillard et bouillon, ou allusion aux effets
de l’ivresse. Mais ceci reste très hypothétique. GNOSE n. f., attesté chez Bossuet, est un mot
emprunté au grec ecclésiastique gnôsis ~comais-
+Le mot, de populaire, est devenu familier pour sance*, issu de gignôskein Kconnaîtres, d’une racine
désigner toute boisson alcoolique forte, mais il a indoeuropéenne Ognë-, O@o- *connaîtrem, que l’on
vieilli. retrouve dans le latin noscere «connaître*».
4 Gnose Sign%e d’abord «connaissance suprême
GNOME n. m. représente (1583) un emprunt au
des mystères de la religionb, sens sorti d’usage, se
latin des alchimistes gnomus, mot utilisé par Pa-
dit aujourdlhui 118401d’une doctrine chrétienne re-
racelse, alchimiste du XVI~s., comme synonyme de
jetée par l’Eglise, qui prétend expliquer le sens des
Pygmuei C@g?néesI, et dont l’origine est discutée. Il
religions par une connaissance parfaite des choses
s’agit peut-être d’une altération de ‘genomus, d’un
divines, puis, dans le vocabulaire de l’occultisme
type grec ‘gkomos «habitant de la TerreD, de
construction identique à thulussonomos ahabitant (xx” s-1, d’une connaissance initiatique et ésoté-
rique.
de la mep, avec l’influence possible de gnômê ((opi-
nionn, *pensée)) et <intelligence, ; les gnomes *petits b À partir du grec gnks ont été formés les termes
génies laids et difformes, présidant à la terre)> ayant philosophiques GNOSIE n. f. (1937) aperception,
pu être considérés comme doués de pouvoirs intel- COnmisSmCe élémentaire)) et GNOSÉOLOGIE
lectuels (cf. démon). n. f. (1954 in T. L. F. ; de -logie) <<théorie de la
connaissanceb. -GNOSTIQUE n. et ad]. (1586, n.),
4 Par affaiblissement de sens (18671 gnome a pris le
Mhérétique» et, sorti d’usage, apersonne qui a la
sens de apersonne de petite taille et difforme)).
connaissance des mystères de la religionn @n
F En dérive GNOMIDE n. f. ( 167’01, <<femme de XVII~s., Bossuet), est emprunté au bas latin ecclé-
gnomes), terme didactique peu usité. siastique @oski n. m. pl., emprunt à l’adjectif grec
môstikos “qui sait, savant, sagen (substantivé au
GNOMIQUE adj. est un mot emprunté (16161 pluriel gnôstikoi =Ceux qui savent, les Gnostiques»J,
au grec gnômikos «en forme de sentence, de pro- autre dérivé de gignôskein; il est repris comme ad-
verbe>, comme le furent les œuvres de poètes dits jeckifaugrecgtistikos(1721).+LedérivéGNOSTI-
<gnomiquesB, tel Solon. Gtimikos est dérivé de CISME n. m. 11828; cf. anglais gXostiism, 1664) dé-
gnômê =Opinion, penséen, de la famille de gignôs- signe l’ensemble des doctrines de la gnose. Par
kein <<connaîtrea I+ gnose). extension (xx” s.1 gnostique, comme gnose, désigne
+ Gnomique, terme didactique, s’applique à un ce qui est relatif à toute doctrine secrète de salut.
poète qui s’exprime par sentences E16 161, d’oti poé- @ Voir AGNOSTIQUE, GNOMIQUE. GNOMON.
sie gnomique 117061, par extension les gnomiques
n. m. pl. =les poètes gnomiquesp ( 1866). L’adjectif est GNOU n. m, apparaît d’abord sous les formes
usité (1933) en grznmaire grecque laoriste @w- nou 11775, cité par Buffon) et, d’après l’anglais, gnoo
miquel pour exprimer une vérité d’expérience. ( 1778, Second Voyuge du capitaine Cook), puis @ou
0 voir GNOMON. ou niou (1782, B&on).

-
GNOUF DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 C’est un mot hottentot qui désigne une grande b De gobelet dérivent les termes techniques GOBE-
antilope d’Akique australe. LETERIE n. f. (17423, GOBELETIER n. m. ( 17911qui
Ont PI% Une valeur @US h-ge. +GOBELOTIT)ER
@) GNOUF n. m. repr&ente ( 1938) une forme abré- v. intr., dérivé lui aussi de gobelet, avec altération
gée (par aphérèse) de big~~o~f: qui serait à rappro- vocalique (16801, Sign%e <boire de l’alcool avec ex-
cher, selon Esnault, de bignou Ntrow, mot dialectal cèsu. 0 n a pour dérivés GOBELOTITIAGE n. m.
d’origine obscure &UIS rapport avec le breton bi- &n XP? s.) et GOBELOT(T)EUR, EUSE n. (1845). Le
ni0Z.d. verbe de sonorité proche gobichonner I+ gober) est
+ Gnouf: sous plusieurs variantes @Gouf: 1955, Cé- employé à peu près à la même époque.
line et gwufe, niouf), désigne en argot une cellule,
GOBELIN n. m., attesté une première fois
un cachot (mettre gqrt au ~MuB.
Iv. 11951 peu après le latin médiéval gobelinus
(av. 1141) et repris au début du XVI~s., est peut-être
GO n. m. est la translittération (19641, d’abord gô
issu, par l’intermédiaire du latin chrétien ‘gobalus
(18931, d’un mot japonais.
-génie domestique)>, du grec kobalos waurien, fi-
+ Go désigne un jeu japonais d’origine chinoise lou- et, plaisamment, mlutin, génie malfaisantti
Inommé wei-ch’il, constitué d’un damier tgobanl et kf. allemand Kobold =Min> + kobold3.
de pions blancs et noirs Igo-ishi1.
4 Gobelin Klutina est sorti d’usage. Il a donné par
GO [TOUT DEI + GO3ER emprunt l’mglais goblin Cv.13271,toujours vivant et
dont l’influence par des récits, des jeux de rôle, ont
GOAL n. m. reprend (18821 un mot anglais signi- redonné vie au mot français. oLe toponyme les
fiant d’abord abut d’une coursen, alimite» (v. 1315, Gobelins, nom d’un quartier de Paris, est devenu
go21 puis apoteaux entre lesquels la balle doit pas- celui d’une célèbre manufacture de tapisseries
(1662).
serm Ixw” s.) et Mbutm; goal, d’origine incertaine, cor-
respond peut-être à un germanique OgaZ- aobs- GOBER v. tr. d&ive Ixrrr” s., soi gober) d’un galle-
tacle*. roman “gob <bouche, bec,, d’un radical gaulois
4 En hnçais, goal ( 18821 abut» n’est plus en usage ; Ogobbo- abouchen (cf. ‘guba, + gaber), avec in-
le mot a conservé le sens de egardien de but- (18941, fluence probable du radical onomatopéique “gobb-
qui représente l’abréviation tiançaise de I’anglais Renflé* que l’on a pu évoquer pour gobelet*.
goal-keeper n. (1658 ; de Izeeper agardiend, passé en + Se gober a voulu dire ase vantersa(XIII~s.l. Gober si-
français avec les autres termes de football entre gn%e «avaler sans prendre le temps de mâchersp
1870 et 1914. Il tend à être éliminé par gurdien. 115491; le verbe s’emploie ensuite au figuré pour
F GOAL-AVERAGE n. m., composé des mots an- croire sans examens (1650; cf. avaler au figuré3,
glais goal et uverage CmoyenneB, a été emprunté en d’oti gober le morceau (16621, gober I’hameçon
fmnçais en 1927. ( 16691 ase laisser trompen et gober les mouches
<perdre son temps en rêverie+ (16901, sorti d’usage
8> GOBELET n. m., réfection 11345) de gubulet mais continué par le composé gobe-mouches Ici-
(XIII” s.; déb. xrves., gobeloz en Franche-Comté), est dessous). 0 Gober par figure et familièrement si-
un dérivé de l’ancien provençal gobel <récipient me aussi 11846) capprécier qqns, souvent en pro-
pour boirem (attesté 13101. Bloch et Wartburg dé- position négative Ine paf pouvoir gober ane pas
rivent gobe1 d’un gallo-roman ‘gob *bouche, becs, suppotier4, et se gober <<serengorgep (18561, ce qui
qui représenterait le gaulois ‘gobbo de même sens évoque le premier emploi du verbe.
(cf. irlandais gob; + gober). Cette hypothèse s’ac- k GOBAGE n. m. (1870) s’emploie au propre et au
corde mal à la réalité, le gobelet étant démuni de figuré, comme GQBEUR,EUSE n. <personne qui
bec verseur. Aussi P. Guiraud fait-il remonter go- gobe> 11670; nom propre, 1524) et acrédule- (172 1).
belet wécipient sans a,nse ni pieds à la racine ‘gobb- +GOBIB)E n. f., sorti d’usage aux sens de cforte
{arrondi, renflé>>, d’un galle-roman ‘&bbus aenflé* bouchées h. 1625-1651) et de nboulette empoison-
(comme l’italien gobbo abossun) variante du latin néen (1690) Sign%e aujourd’hui (1866) abol pour en-
gibbus abossem(+ gibbeux). graisser la volaille 3. + GOBICHONNER v. htr. cfes-
+ Gobelet a désigné, outre le récipient, un office de toyep est composé (1835) de gober et bichonmr”; le
la maison du roi (16113, le service de la table, l’une verbe est sorti d’usage, comme ses dérivés GOBI-
des fonctions de l’échanson étant de présenter le CHONNEUR, EUSE n. 118391, GOBICHONNAGE
gobelet au roi. Par analogie de forme, le mot a été n. m. (18441 et GOBICHONNADE n. f. (18441, et le
employé dans divers domaines. Il a désigné 11549) verbe quasi contemporain et de sens voisin gobelot-
un récipient ayant la forme d’un gobelet à boire, ter I+ gobelet).
utilisé dans les tours de prestidigitation, d’où autre- DEGOBILLER v. (1611) vient de dé-, gober et du suf-
fois joueur des gobelets wolexk CI61 11,joueur de go- tic -Iller (cf. oSgober dans l’Ouest); il équivaut à
belet ufourbes 11690); gobelet désigne aujourd’hui womi13 et constitue un synonyme moins vulgaire
(xx” s.) un récipient tronconique servant à jeter les de dégueuler I-+ gueule). +Le dérivé DÉGOBIL-
dés, o Il se dit aussi d’une taille d’arbres fi-uitiers LAGE n. m. (18091 est plus rare.
en forme de gobelet El872 ; 1845, goubekt), régio- GOBE-MOUCHE61 Xl. m. appax’dt (1547, Gobe-
nalement de diverses plantes à fleurs (1549, pour la ~OU.SC/M) comme surnom d’un personnage bon vi-
renoncule) et, en botanique, d’une tige qui porte vant, Le mot désigne (1611) un oiseau qui se nourrit
plusieurs fruits (1690; 1549, acupule de glamb). de mouches et d’insectes happés en vol puis, par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1603 GODET

reuu, ou à goguer *plaisantera (-+ goguenard), d’où


goguelureuu. La seconde partie du mot viendrait
de galureau agalant, mignon>> 11530), composé de
guler (-+ galant1 et de beau. Pour P. Guiraud, go-
delureau provient du radical ‘god- avec une idée
d’etiure et de fainéantise Ides go&, godon, go-
del; + gobelet) et de lureuu, Varia;nte de luron”:
seul ce second élément fait l’unanimité des étymo-
logistes.
+ Goo!&reau, familier et péjoratif, se dit d’un jeune
homme aux manières affectées qui aime à courti-
ser les femmes.

GODEMICHÉ n. m. a remplacé (1611) les


formes godmicy ( 1578, Ronsard), gockmichi (1583-
1584). On a proposé pour origine l’impératif latin
guude mihi <<réjouis-moi» (gaudemichi en latin mé-
diéval), de guudere <jouir» C+ jouir). Pour A. Tho-
mas, le latin n’aurait eu qu’une influence se-
condaire et le mot serait emprunté, par
l’intermédiaire du catalan godomucil ( 1409, à l’es-
pagnol guudumeci fuir de Gadamesn ( 1140 ; em-
prunt à l’arabe I@d1 &&mas~, +gamahucher)
avec influence de M&et. Miche& Miché sont des
variantes du prénom Michel qui a eu des valeurs
érotiques. Pour P. Guiraud, goderniché serait un
composé de goder (à l’impératif) <<tromper, plaisan-
tep>, et du même Mi&, Mi&&.
+ Goderniché uphallus artifïciel~ a été abrégé
Iv. 1930) en gode.

0 GODER v. intr. est formé (1762) sur le radical


GODAILLE n. f., d’abord sous les formes go- de godron n. m., lui-même dérivé de godet C-t 0 go-
dale Iv. 1223, eorte de biére») et gouda& (1568, det).
amauvaise bièrenI, se trouve dans la locution faire + Le verbe signSe «faire de faux plis en bombantti,
godaille ((se livrer à une débauche de tablem ( 1650). en parlant d’un vêtement (on dit aussi, par dériva-
Godaille serait un emprunt au moyen néerlandais tion, godailler, XX~s.1 et par analogie ese boursou-
goed ale <bonne bièrem (avec -aiEle péjoratif). Cette fier, se bombem, en parlant d’un papier, d’un car-
étymologie qui semblait claire est pourtant contes- ton.
tée par P. GCraud, qui dérive godaille d’un dialec-
F En dérivent GODAGE n. m. 117741, texme tech-
tal goudi amanger avec aviditém (soit «se remplir la
nique, et 0 GODET n. m. (1849) d’abord adjectif
panse>), qu’il rattache au radical ‘godd- <(en%,
@plisgo&CsI qui se dit spécialement, en couture, de
d’un galle-roman “gobiture ase remplir la panse>‘,
plis souples qui tombent en s’évasant.
de ‘gubbus <<enflé>> I+ gobelet). Un croisement n’est
d’ailleurs pas exclu.
+ Godaille, familier, a pris par extension (18081 le
sens d’excès de table)>.
,Fh dérive GODAILLER v.intr. (17501, d’où GO-
DAILLEUR,EUSE n. (1835; 1821, adj.1.

GODASSE 4 GODILLOT

GODELUREAU n. m. s’est substitué 11648)


aux formes gwdelureuu (av. 15453, guodelureuu
(15521, gogueiureau (16111. Pour Bloch et Wartburg,
le mot serait composé de l’onomatopée go&, cri
pour appeler les animaux domestiques et souvent
employé pour les désigner 11478-1480, gode <vieille
brebis,; aussi atruie n, «oie)>,etc.); des mots formés à
partir de go& ont désigné péjorativement des per-
sonnes dès le XT s. : ainsi vers 1160 godel q#ow, au
d s. godon, surnom donné aux Angkis. On a rat-
taché aussi la première partie du mot à guuder/
guudir =se réjotin ~III~-XVI~ s.1 du latin guudere
t-* jouiri, &où les graphies guudelureau, guod&-
GODET

0 GODET n, m. est expliqué traditionnellement b GODILLER v. intr. emanœuvrer une embarca-


par un emprunt II” moitié XIVe s.1 au moyen néer- tion avec la godille> 11792, goudtiler) est aussi un
landais kodde amorceau de bois de forme cylin- terme de ski (v. 19303. +Il a pour dérivé GODIL-
driquem (cf. l’allemand Humpen, d’abord «morceau LEUR, EUSE n. (18401.
de boisp puis *hanapmI. Refusant cette origine ger-
manique sémantiquement lointaine (mais qui GODILLOT n.m. est issu (18691 du nom
convient assez bien pour le dérivé godron), P. Gui- d’Alexis Godillot 11816-18963, fabricant de brode-
raud rattache godet au radical ‘go&- nenU>, de quins militaires, qui créa ce soulier. P. Guiraud rat-
même origine que Ogobb- 14 gobelet), pas l’inter- tache ce mot au radical go&, godillot ayant pu être
médiaire d’un gallo-romm supposé ‘gobitare, issu interprété comme une sorte de godet *objet creux
d’une base Ogubbus, variante du latin gibbus abossem et renflé)} C+ 0 godet), reprenant inconsciemment,
C-t gibbeux), peut-être l’argot ancien gobelets <soulier% (15661.
4 Godet a été utilisé, comme gobelet, au sens de 4 Godillot désigne faxnilièrement un gros soulier et
cpetit récipient sans pied ni anses. Par analogie de par figure, une personne qui suit un chef sans dis-
forme If 5081 le mot désigne un petit récipient sans cuter Iv. 1960-1970, d’abord à propos des gaullistes
pied, utilisé pour délayer, recueillir un liquide et, inconditionnels).
spécialement (1690) un auget. k GODAS SE n. f., formé par resmation sur go&
b GODENOT n. m. (16441 dérive du radical de go- lot, désiee familièrement une grosse chaussure,
det (avec changement de sufke, probablement puis une chaussure en général (1888) ; il est de-
dialectal ; cf. en Poitou godeneau arécipient pour la meuré plus usuel et moins spécial que godillot, qui
cuisine, la rôtie*); le mot désignait autrefois une fi- évoque l’armée.
gurine de bois qu’escamotaient les joueurs de go-
GODIVEAU n. m. représente (1546) une aké-
belets et, au figuré dans la langue classique (16511,
ration, sous l’tiuence de veau, de gaudebillaux
un petit homme difforme (cf. pot). *Un autre dé-
ctripes grassesn (1534, Rabelais), le poitevin gode-
rivé ancien, goderon (13093, puis GODRON n. m.
beilla, “gras doublen, est encore attesté. Gaz&&&
115771,se dit d’un ornement renflé aux bords de la
laux est composé du radical god- kf, goder, go-
vaisselle d’argent ; puis, par analogie de forme, go-
di&el et de beilk aventre», forme poitevine de
dron est un terme de broderie ( 15771 et désigne
l’ancien français buille uboyauxn, du latin botulus
( 15811 un gros pli rond et empesé (d’une k-aise, d’un
aboudins, aboyauxn, mot sans doute emprunté à
jabot, etc.) et ensuite un ornement renflé sur des
l’osque, langue parlée avant le latin en Italie. Selon
ouvrages d’ébénisterie, d’architecture (1676). 0 En
P. Guiraud, godiveau <sorte d’andouillette- ( 15461
détive ie terme technique GODRONNER v. tr.
représenterait un composé de gode aenflé, bourré
(v. 1600; 1379, goderonné).
de nourrituren et de -iveuu sur le modèle de bu&
0 voir GoDuLE. veau, soliveau; le mot serait à rapprocher de gogue
cboudinn (régionaN.
GODICHE adj. est d’abord attesté comme nom
4 Godiveau désigne en cuisine un hachis de viande
propre (1743) puis comme adjectif (17523; le mot est
utilisé comme farce.
probablement issu, par substitution de suike, de
Godun, forme hypocoristique de Claude, régîonaJe- GOÉLAND n. m., sous cette graphie chez Buf-
ment Glande, appliqué, d’après Ménage, aussi bien fon (1781), a eu de nombreuses formes, gu&lans
aux petites filles qu’aux garçons. Godiche a pu être 114841, goihnt Km mes.), goilan (1642), goiland
rapproché de dérivés dialectaux construits à partir 11757). Cette hésitation formelle est normale, s’agis-
du radical go& =niais~ Selon P. Guiraud, ce serait sant d’un emprunt ancien. En effet, le mot est em-
un dérivé de gode au sens d’tcenflé, gavém, d’où astu- prunté au breton gwelan amouetten, d’un ancien
pide- ; + 0 godet (cf. l’ancien et moyen lançais go- celtique “voilenno- (correspondant à l’ancien écos-
don ~goinfre~, cpoltrona, aventrum). sais gûrplan, au gallois gwkn). Goélu& est encore
+ Godiche Sign%e familièrement aniaisement mala- écrit goëland dans Littré. La prononciation tianci-
droita. Le substantif n’est d’usage courant qu’au fé- sée l’emporte, hors de Bretagne, où l’on dit tgwaldl
minin. et igw461, par abkviation IgwEll.
FE~ dérive le synonyme Su&é GODICHON,
GOÉLETTE n. f. a probablement été formé
ONNE adj. et n. 11752).
( 17401 - la variante goualette ( 1752) attestant un
emprunt oral - sur goélund, avec substitution de
GODILLE n. f., attesté d’abord sous la forme sufke. La graphie goëletie (1835, Académie) se
goudilEe (f7921, reste d’origine obscure. Pour trouve encore chez Littré.
P. Guiraud ce mot régional, bien attesté dans les
+ Le mot désigne un navire léger à deux mâts d’où,
dialectes de l’Ouest, serait un dérivé de godiller, par métonymie, le sens sorti d’usage (XIX” s.1 de
lui-même issu de goder afaire des plisn I+ 0 goder), Mvoile auriquem. C’est aussi le nom régional de i’hi-
ce qui correspond au mouvement de l’aviron.
rondelle de mer ( 1767).
+ Gm.iiZle désigne un aviron placé à l’arrière d’une
embarcation; par analogie, à la godille sime GOfiMON n. m. se substitue (1686) aux formes
( 1922, a,rgot des cyclistes) «en zigzag*, d’où Ken mau- goumon IX# ~5.1, gouesmon (16811. Le mot est em-
vais étatnE ; godille est devenu un terme de ski prunté au bas breton gwemon mvarechm(cf. le galois
(me s.) désignant un enchaZnement de virages. gmon et l’irlandais femmuin, de même sens).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1605 GOL
Comme pour goéland, la prononciation originelle tiançais gogue &jouîssance~, abonne humeur*
Igw&-, gwa-1 subsiste seulement en Bretagne. (XIII~s.) dont l’origine est discutée et qu’on retrouve
+ Goémon désigne, par extension, l’engrais fait de dans ù gogo, gownard. C-o* pourrait être issu
goémon. d’un radical onomatopéique gag-, correspondant
pour la partie vocalique à Kok- (cf. coq). Selon
b E?n dérive GOÉMONIER n. m. (19221 cpersonne
P. Guiraud, gogue serait un déverbal de go@er
ou bateau qui recueille le goémons.
<railler, plaisante-, d’un galle-roman ‘gobbicure
GOGO n. m. appara& (18341 comme nom d’un <goder le jabot- I+ gober).
personnage crédule, qu’on trompe facilement; le + Gogu&e s’emploie dans la locution familière &e
mot vient de Robert Macaire (pièce de Saint- en goguette (1704) <(être en partie tie3 ; chanter go-
Amand, Antier et F. Lemaître), personnage popula- guette à q@ &njurierD (av. 1650) est aujourd’hui
risé par Daumier. Gogo est sans doute formé par sorti d’usage. 0 Par extension, go@etie est ensuite
redoublement de la syllabe initiale de gober avec le nom donné (1829) à Paris à des sociétés chan-
influence probable de niguud. tantes d’où, par métonymie (mil. )mces.), à un caba-
ä Sur le mot a été composé ATTRAPE-GOGO ret, emplois disparus.
n. m. (19363 aruse grossière%, variante formelle de @ voir GOGUENARD.
attrape-nigaud. GOÏ, GOiM + GOY
À GOGO ~OC. adv., attesté chez Ch. d’Orléans GOINFRE II. m., attesté En xvre s.1 chez d’Au- 9)
(av. 14651, représenterait un redoublement plaisant bigné avec un sens inconnu et à nouveau en 1611,
de l’ancien français gogue 4iessea 13 goguette} ou, est d’origine obscure. L’hypothbse qui rattache
selon P. Guiraud, serait à rattacher à gob, attesté goinfre aux noms propres Gal&e, Golafre, noms de
dans l’expression tout de gob, tout de go I-t gober), héros de chansons de geste, est peu convaincante.
boire li gogo étant interprété comme aboire trait P. Guiraud rapproche ce nom de goulafre et gou-
sur tra&. gâtifier (cf. ce mot), qui seraient composés de lafier,
4 À gogo se dit familièrement pour aabondamment, @afer amanger goultients et d’un verbe ‘gouer
à discrétions. <<seremplir le jabot» t-+ s’engouer, gou&llerl. Mais le
gou- de goutre (goitre), de gaule (variante de
GOGUENARD, ARDE adj. est un dérivé gueule) peut être évoqué.
( 16071 de l’ancien français gogue «liessen (-+ go- + Goinfre au sens de adébauche, parasite>> (1611) est
guette); la fmale -enard s’expliquerait par l’in- sorti d’usage (encore chez Taine, 1867) ; le mot dé-
fluence du moyen français mentenard Nmenteurm signe aujourd’hui une personne qui mange avec
Iv. 13801. excès et salement (16131.
4 L’adjectif signiEe *qui plaisante en se moquant= et b GOINFRER est sorti d’usage ou d’emploi régio-
s’applique par extension aux comportements, aux nal comme v. intr. C1642) mais se goinfrer est usuel
apparences luir goguenard), aux paroles. (xnr”s.), et correspond àse farcir*. *GOINFRERIE
bI1 apourdérivés GOGUENARDER v. intr. (1611; n. f, (1646) est courant. GOINFRESSE n. f. (1649,
1609 en emploi réfléchi); GOGUENARDERIE n.f, Scarron) «femme qui se goinkem ne s’utilise plus.
(1651; variante goguenardk au XVI~s.), aujourd’hui
remplacé par GOGUENARDISE n. f. (1853). GOITRE n. m. est une réfection (1552) de o>
goyetre C1492), gouistre Cl5301 ; mot d’origine dialec-
@ GOGUENOT n. m. est un mot d’origine incer- tale, de la région rhodanienne, c’est un dérivé ré-
taine (18051. Bloch et Wartburg y ont vu un dérivé gressif de l’ancien fran@s goitron «gorge, gosiers,
burlesque de goguenard*, peut-être sous l’in- (v, 1120, jusqu’au Xnre s.1, puis goetron figoitre*
fluence du dialectal godeneau wtse à boirefi. Pour (v. 15601, issu du latin populaire oguti~nem, ac-
P. Guiraud on retrouve dans gownot le séman- cusatif de oguttuti, lui-même dérivé du latin clas-
tisme *objet creux et renflé>> de gobelet et de godet; sique guttur agosier, gorgen, d’origine obscure. La
le mot serait donc construit sur le radical gog- Ken- graphie goitre (1762, Académie) est encore dans
fléa qui, par l’intermédiaire d’un galle-roman ‘gob- Littré.
bocare, remonte à gibbus ubossen I+ gibbeux). + Le mot désigne l’augmentation de volume de la
4 Goguenot a désigné un gobelet pour boire 118051, glande thyroïde, qui déforme la partie antérieure
et s’emploie encore dialectement (Normandie) du cou puis, par analogie (18371, un gonQement du
pour “pot à cidre»; par extension plaisante il se dit cou chez certains animaux.
( 18311 d’un vase de nuit puis des lieux d’aisance, au F GOITREUX, EUSE adj. et n. 11411) dérive du ra-
pluriel les goguenots (1861). 0 L’abréviation GOGS, dical de goitron, C’est le goitreux qui, dans le do-
GOGUES (1888) est demeurée usuelle en langue maine alpin, a été dénommé crétin*, l’hyperthyroY-
trés familière, mais le mot est plus amarqué* et plus die pouvant être associée à un quotient intellectuel
rare que chiottes appartenant au même registre anormalement bas.

e} GOGUETTE n. f. appartit 11462) dans les ex- GOL n. et adj., attesté en 1982, est formé d’après
pressions fuire gogheties use régaJersp, êtie à go- mongolien, avec les variantes gohb hf5xé en -01,
guette Ken être aux caresses (avec une femmeIn, gogol (réduplication d’après gaga, guignoil.
puis dans êke en ses gogueties 4tre de joyeuse hu- +Le mot Sign%e knbécile, crétin, tar&, dans le
meur> 11549). Ce nom est un dérivé de l’ancien langage des jeunes.
GOLEM 1606 DICT1ONNAlRE HISTORIQUE

GOLEM n. m. est emprunté 11877) à un mot hé- du portugais, dans lesquels les formes golfe et
breu signiikmt d’abord <<masse informe, embryonB goulfe (adaptation de l’espagnol ou du portugais
(hébreu biblique), puis amasse, tasn (hébreu de la golf01 désignent les golfes des Indes orientales ou
Mishnahl. occidentales knérique). Golfe, en emploi absolu,
+ Le sens moderne du mot, &tre artiiiciel à forme se dit aujourd’hui du golfe dit Persique ou Arabique
humaine, animé par un texte biblique hé sur son Cile Golfe; les pays, la guerre du Golfe). 0 Par analo-
frontn, apparaît en hébreu médiéval (XII~s.1dans les gie, le mot désigne 61834) en anatomie une partie
légendes juives d’Allemagne. de la veine jugulaire.

GOLF n. m. est attesté une première fois sous GOLIARD n. m., d’abord golias, gouhar &III~ s., @)
Cette forme au XVIII~s. ( 1776 ; 1792, gofi comme <glouton, gourmand4 puis goliard (XIV~s.) dési-
terme de voyage concernant l’Écosse, et repris en gnant un bouffon, est d’origine obscure. Le mot
1872 lorsque le sport est importé en France. C’est pourrait être dérivé, avec le sufke -ard, de l’ancien
un mot anglais, d’origine écossaise, lui-même de français gole, gaule I+ gueule), le -i- provenant du
forme variable : golf: gouff (xv” s.1, d’où les diffé- nom du géant Goliath kf. en latin médiéval golias
rentes graphies du terme. II est peut-être issu du *gourmand4; goliard pourrait aussi provenir d’un
néerlandais kolf <<bâton, batte», mot d’une famille élément goli-, représentant le radical d’un verbe
germanique (allemand Kolben). Mais les jeux néer- germanique *goZjun <<crier, chanter, se divertb at-
landais (exportés en Amérique du Nord au XV# s.1 testé par l’ancien islandais goela Nfaire rire qqn>, le
joués avec ce bâton étaient assez difErents du jeu moyen haut Allemand goln =Chanter à voix haute,
écossais et aucune forme en k ou c n’est attestée en plaisanter, etc., Goliard «bouffon, jongleuru aurait
anglais d’Écosse. La prononciation écossaise origi- donc été rattaché à goEe, gaule (d’où le sens de
nelle est [gufl ; la graphie golf est attestée dès 1451. agourmand et à Goliath, symbole des ennemis de
Le jeu, qui se joue alors avec des balles de cuir, est l’Église.
pratiqué par les souvertis d’Écosse eux-mêmes + Le mot s’est dit aux XIVe et xve s. d’un étudiant
(notamment Marie Stuartl. Les règles du jeu s’éta- mendiant, vivant en marge de l’Église, par emprunt
blissent au XVIII~s. (Club de St. Andrews, 1754) et il au latin médiéval goliardus &tudiant vagabonds
se répand en Angleterre à partir du milieu du (av. 1219). C’est aujourd’hui un terme d’histoire.
me s. (1864, dans le Devon).
+ Colt qui désigne un sport d’origine écossaise, se GOLMOTTE n. f. représente (1900, aussi gel-
dit par métonymie ( 1901) du terrain, en concur- melle) une variante régionale, par changement de
rence avec terruin & golf et l’anglicisme ceen. s&xe, de colmotte ( 1845) ou coulemelle (v. 16001,
+ L’emploi au pluriel de g&!fs n. m. pl. ( 1941) pour columelle En xvre s.1, emprunt au latin columella
culottes, pantaton de golf h. 19401 est rare, de apetite colonne%, dérivé de columna t-+ colonnel.
même que golf *gilet de laine)> ( 19091. - Le vocabu- + Golmotte est le nom courant d’une amanite ; il dé-
laire du golf, essentiellement composé de mots an- signe aussi (19001 la lépiote élevée I+ coulemelle).
glais, est mal assimilé en France où ce sport ne
jouit pas d’une faveur populaire. Alors que d’autres GOMBO n. m. a été emprunté (1764; 1757, gom-
sports anglicisés, comme le football, francisent en buut) à l’angle-américain gumbo, gombo; Mymon
partie leur vocabulaire, celui du golf est formé est un mot bantou de région angoltise, kil
d’emprunts, ce qui reflète le caractère social de sa ngombo, introduit par les esclaves noirs en Amé-
pratique, qui tend néanmoins à se diffuser da;ns les rique et qui était en usage dans le sud des États-
pays francophones, après 1960- 1970. Unis (chez les Créoles de la Louisiane) et aux Ca-
b De golf dérive GOLFEUR, EUSE n. emprunté raîbes.
(v. 1900) à l’anglais golfer qjoueur de golf3 (18481, et + Le mot désigne une plante tropicale (emploi di-
fkancisé par le suf3xe. +Le syntagme golf &a- dactique) et par métonymie ses fruits comestibles
turc et le composé MINI-GOLF n. m,, formé en (emploi courant en fkançais des Antilles).
français ( 19301, désignent un jeu di&ent, inspiré
du golf. GOMINA n. f. est l’emploi comme nom com-
mun (1935) du nom d’une marque déposée (19261,
GOLFE n. r-n. est une réfection (15281 de golf
qui reprend l’espagnol d’kgentine gomina apom-
(v. 12841, guolf ( 1418). Le mot est emprunté à l’italien
made pour fixer les cheveuxn, dérivé de goma de
golfo (attesté depuis le début du XIVes.1,issu du bas
même origine que le français gomme”.
latin culfus, coZfu.s,altération du latin classique col-
pus, emprunté au grec kolpos “pli, creuxn, d’où 4 Le mot a vieilli avec l’évolution des cosmétiques.
«golfes. La forme gofie, qui se maintient jusqu’au b Il est moins vivant que SE GOMINER v. pron.
début du XVII~s., vient directement (v, 1196) du bas CV.mol et GOMINÉ, ÉE adj., du participe passé
latin I-+ gouffre). ( 19311, souvent appliqué péjorativement à la per-
+ Golfe a longtemps concurrencé goufie, notarn- sonne.
ment avec les variantes goulfe (1451-14551, goultie,
goulphe, les deux mots n’étant nettement distincts 0 GOMME n. f., d’abord gome Iv. 11651, est em
dans leur forme et leur sens que depuis la seconde prunte par un latin populaire o&~ma au latin
moitié du XVII~s. 11680). Golfe a pu s’imposer par les classique cummi, gummi, lui-même du grec
récits de voyage du XVI~s., traduits de l’espagnol ou kommi, d’origine égyptienne.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1607 GONDOLE
+ Gomme designe d’abord une substance mucilagi- b À partir de gonade M@ande génitale» ont ét6 for-
neuse provenant de l’exsudation de certains végé- més des termes de biologie: GONADIQUE adj.
taux, d’où les syntagmes gomme arabique (v. 15601, 119365; GONADOSTIMULINE n. f uni2. XXe s., de
gomme-gutie 11654,emprunt au latin moderne stimuline, du radical de stimulerI, GONADOTRO-
gummi guticc Ixvr~” s., du classique g~ttu; -+ goutte), PHINE n. f. (mil. ti s., de -troph- et -ine); GONA-
et gomme-résine (1694). 0 Par analogie (de aexsu- DOTROPE adj. (1938, de -trope).
dation d’un liquide4 gomme se dit de la maladie GUNU-, élément tiré du grec goms, gonê, est em-
de certains arbres Cl7421 et, en médecine, d’un type ployé dans la formation de termes de médecine et
de lésion inflammatoire (1842). 0 Gomme désigne de biologie. -GONOCOQUE n. m. (18901, kancisa-
ensuite d’autres substances ayant des propriétés tion du latin scîentsque gonococcw (18851, formé
analogues (élasticité, plasticité), par exemple dans avec -coque, est le nom du microbe de la blennorra-
les locutions borrle de g0me (18351, gomme à m& gie, découvert par Neisser en 1879. *GONOR-
&er W s. ; + chewing-gum). Par extension, le mot RHÉE n. f., réfection (15501 de gomorree 114951, est
désigne un bloc de caoutchouc servant & effacer un emprunt au bas latin médical gonorrhoea, lui-
118661, et aussi la substance caoutchoutée d’un même pris au grec gonowhoiu *écoulement de la
pneu (ti s.l. 0 De cette dernière valeur viendrait semence, C-, -rt-héel, les Anciens pensant que
l’expression familière mettre &OU&~ la gomme l’écoulement urétral de la blennorragie était un
Il9251 Kactiver l’allure (d’un véhicule, d’un moteurla écoulement de sperme.
et, par extension Cv+19601, =faire porter tout son ef-
fort sur qqch.s. ~Voir ci-dessous Cr. la gmme GOND n. m. succède Iv. 1360) aux variantes an-
(après gommeux, gommeuse). ciennes goat Cv.11001, gon cv. 1175) ; c’est un mot
issu du latin impérial gomphw ularge chevilk en
b GOMMER v. tr. (xwe s., Cire gommée amêlée avec
forme de coin>, emprunté tardivement au grec
de la gommeA sime cenduire de gornmen (1464)
gomphos de même sens.
et, par extension, <mélanger de gomme- ; le sens de
qpommadep ( 16901 est sorti d’usage. Gommer si- + Gond, <pièce de m&aI servant de pivotti, s’em-
gniCe aussi ceffacer avec une gomme, (xx” s.1et, au ploie au figuré (v. 1535) dans la locution faire sortir,
figuré, Hatténuer, minimisersp Cv.19641, d’ou GOM- mettre qqn hors de ses gonds Nhors de soi*, qui suc-
MAGE n. m. (1832). + Le verbe a produit des pré- cède à se tenir sur ses gonds (XVI~s.1 <rester raison-
tiés techniques, ENGOMMER v. tr. il581, au p. p-1, nable* et @W hors des go& &* .. BrarMme,
d’où ENGOMMAGE n. m. (1864) et DÉGOMMER Montaigne).
v. tr. (16531; ce dernier s’emploie par figure : dé- w GONDER v. tr. (18453 est peu usité, mais le
gommer qqn dui faire perdre sa place, (1833) ou de COmpOsé DÉGONDER v. tr. (1606 ; desgonter, 15143
tues 11845). oSon dérivé DÉGOMMAGE n. m. est employé dans l’usage technique (surtout au
11767) se prend aussi au figuré (1842). + GOMMIER participe passé).
n. m. (16453, dérivé du premier sens du mot, dé- ENGONCER v. tr. (1643 ; 1611, au participe passé ;
signe l’arbre à gomme. ~GOMMEUX, EUSE adj., de en- et suBxe verbal) doit son sens à une compa-
“qui produit de la gomme% C1314) ou ade la nature raison, aujourd’hui effacée, entre une personne gê-
de la gomme, (xv” s., substance gommeuse), est née dans un vêtement et une porte dont les pivots
aussi utilisé cornme nom. Le passage du nom, au sont enfoncés dans les gonds ; le mot s’emploie plus
sens aujourd’hui archaïque de =jeune homme que couramment au passif et au participe passé
son élégance excessive et sa prétention rendent ri- (cf. aussi, au figuré, avoir l’air engoncé). a Du verbe
dicule~~ 118421,est peu clair; il vient peut-être de se engwcer dérivent ENGONCEMENT n. m. [1803),
gommer ee pommader= ou de vêtements gommés, ENGONÇANT, ANTE adj. (18951, ainsi que EN-
c’est-à-dire aempesésa; pour les Goncourt, gom- GONÇURE n. f. (déb. W s.1 et ENGONÇAGE n. m.
meux serait un terme de mépris pour désigner 119511,peu usités.
ceux qui mettaient de la gomme dans leur absinthe
(donc ceux qui n’étaient pas de wrais hommes>), * GONDOLE n. f. est un emprunt (15491,après
mais cette explication =d’époquea n’est pas corro- des emplois isolés au x19 s. 11246, gondde) et au
borée. * GOMMEUSE n. f. a dkigné (1873) une me s. (1382-1384, gondre), à l’italien gondola, d’ori-
chanteuse de café-concert. +De gommeux vient le gine vénitienne et attesté dès le XI~s. par le latin
nom féminin @ GOMME 118751 censemble des médiéval gondola 110981à Venise. Le mot vient lui-
gommeux& et <élégance, chic des gommeux» ; si ces même, par l’intermédiaire d’une forme condura
valeurs ont rapidement vieilli, l’expression à la (XIII~s., aussi à Venise), du grec byzantin kontoura,
gume M%?l), qui viendrait de gomme chiquée n. f., de ko&ouros 4 courte queuem, composé
d5gance gommeuse tiectéem et sig-de ans va- de kontos ~ourtm, qui figure uniquement dans
lew, est bien vivante, sans que son origine soit des compo& tardifs, et de ouru *queue, arriére,
perçue. E-+-ure). La forme gotire reprend la variante gé-
noise govtdoru.
GONADE n. f. est un dérivé savant (1893) du + Go;adoZe est introduit en français avec le sens de
grec goti ce qui engendrem d’où asemencem, «or- cpetite barque attachée au service d’un navire>
ganes de la génération*. Le terme a probablement (12461; le mot désigne ensuite (15493 une petite em-
été créé en anglais Cgonad, 18801; le grec goti se barcation et, spécialement, la barque vénitienne
rattache à la racine indoeuropéenne ‘genlel-, ‘~TI& caractérisée par ses extrémités relevées et recour-
n’engendrera et m&e- qu’on retrouve da;ns @&Se bées, et la Cour;bure de son axe longitudinal (1558,
et génétique. gondollel. 0 Par analogie de forme, gondole s’est
-GONE 1608 DKTIONNAIRE HISTORIQUE

dit 11589) d’un récipient à boire, long et étroit, sans ment, 4a puissance d’un moteurB (emploi récent).
pied ni anse, aujourd’hui terme d’archéologie, puis *Par une autre figure, gonfler correspond à aen-
d’une chaise à dossier incurvé ( 17841, nommée nuyer, être insupportable à qqn> (tu w~e gonfles).
chaise gondole, et enCn d’un comptoir de vente F Plusieurs dérivés se rattachent à gonfier au sens
dont la base est légèrement rentrée et les extrémi- concret: GONFLAGE n. m. (18931, GONFLEUR
tés relevées lapr. 19501, notamment dans téte de n. m. 119111, GONFLABLE adj. (x~~s.1. ~GON-
gondole désignant un emplacement de présenta- FLANT, ANTE adj. 11925, “qui gonfle d’orgueil4 si-
tion convoité, dans les commerces de grande sur- gnSe fiqui fait gonilem, “qui gotien (n. m., le gon-
face. flant d’un tissu) et au figuré <amusants (cf. pour la
b GONDOLIER, IÈRE n. (1532) est emprunté à l’ita- même image gondolant). + GONFLE n. f. (15391 dé-
lien d’origine vénitienne gondoliere (XVI” s.3, dérivé signe régionalement une congère (du sud de la
de gondola. Lorraine aux Alpes du Nord), c’est-à-dire de la
Le dérivé récent GONDOLIÈRE n. f. désigne l’em- neige entassée quand le vent sotie; au figuré le
ployée qui garnit les agondoles)> d’un magasin. mot s’emploie pour 43Taire compromettantes.
Le dérivé français GONDOLER v. tr. a subi une Q Gonfle (1553,«vessie de porc» à Genève) est ré-
évolution imprévisible. Il a ét6 utilisé comme terme gionalement synonyme de gonflement kpécialt
de marine avec la valeur d’aêtre relevé de l’avant et <<hydropisie>>,valeur conservée régionalement, par
de l’arrière comme une gondolem ( 1687, au parti- exemple dans Lu Gonfle, récit patoisant de Martin
cipe passé), ~AU sens moderne de +e déformer du Gard) et de gonflé. 0 Gonfle se dit aussi (Suisse)
en se recourba&, il est très postérieur ( 18451;c'est ~OUI- scboursotiure, aznpouleB. + GONFLEMENT
son pronominal, particulièrement courant lune n. m. (1542) s’emploie au propre et au figuré.
planche qui se gondole), gui a donné naissance - GONFLETTE n. f. Cv.1970) désigne la muscula-
(1881) au figuré se gondoler *rire beaucoup» (cf. se tion culturiste, le volume musculaire obtenu étant
tordre de tire) ; en argot ancien, on a aussi se go&- assimilé par dérision à une baudruche gonflée.
ler ase reposern, par image du bois qui se gondole Le composé DÉGONFLER v. afaire cesser d’être
au soleil (1881). -Du verbe dérivent GONDOLAGE gon& (1558, se desconfler; à nouveau 1802, tr.)
n. m. El8451 =fait de se gondolen>, GONDOLEMENT s’emploie au figuré pour adénoncer des préten-
n-m. (XX”~.) et, au sens figuré, GONDO- tions exagérées, (18621; se dégonfler équivaut à
LANT, ANTE adj. &IXIX~S.) &-ès arnusanb. <<manquer de courage», courant dans l’usage fami-
lier Iv. 1913). +En dérivent DÉGONFLEMENT
-GONE est un second élément tiré du grec gôniu n. m. (1790), DÉGONFLAGE n.m.aupropre 11887)
wngle)> et entrant dans la composition de mots sa- et au figurk (19291 et, employ& au figuré (de se dé-
vants, surtout en géométrie, dont le premier élé- gonfler), DÉGONFLARD,ARDE n. (1932) et DÉ-
ment est le plus souvent d’origine grecque (--+pen- GONFLE n. f. C19401. -REGONFLER v. (1527; 1530,
tagone, polygone). intr., reconfler) agonfler de nouveaup et <enfler de
b GONIO-, également tiré de gônia, entre comme nouveau% 118351s’emploie aussi au figuré (19181,pa-
premier élément dans la formation de quelques rallèlement à se dégonfler, pour Nredonner du cou-
termes didactiques Cgonio&tieI. rage)? oEn dérivent REGONFLEMENT n.m.
11542) et REGONFLAGE n. m., employés presque
GONFALON 3 FANON exclusivement au sens propre.
GONFLER v. est un mot originaire du Sud- GONG n. m., d’abord cong 11681) puis sous la
Ouest ( 1559; 1555, confier) issu du latin classique forme actuelle C17011,est un mot d’origine malaise
conflal-e «activer le feu en soufIlants, d’où <(fondre @kng; javanais go@.
(une statue, etc.13 et au figuré aforger, réuniw de- + Ce mot désigne un instrument à percussion;
venu en bas latin synonyme de inflare Ngonflern jusqu’au début du XIX~ s. le terme n’est employé
(-+ enfler). Conclure est composé de con- cavecn et qu’en parlant des pays d’Extrême-Orient. Par ex-
flare NsouBler» et «fondre*, qui se rattache à une fa- tension, gong se dit d’un instrument analogue, ser-
mille de mots indoeuropéens ayant à l’initiale “bhl- vant de signal (1899, en marine; sorti d’usage), spé-
exprimant l’idée de NsoufIlep et de <gonfler». cialement en boxe (19103, d’où coup de gong
+ Gonfler s’emploie au sens latin d’uetier% (1555) (indiquant la ti d’un round).
puis de *faire augmenter de volume* (1559; v. 1560,
se gonfler). Le verbe trouve un important domaine GONIO- est un élément tiré du grec gôniu
d’application au début du XX~s. avec l’invention des aangle%, entrant dans la composition de quelques
pneumatiques (voir les dérivés). *Au figuré, gon- termes savants.
fler se dit à propos des personnes pour «remplir b GONIOMÈTRE n. m., formé avec -mètre, désigne
complètement ou à l’excèsa avec difTérentes spé- un instrument à mesurer les angles 11783) dans dif-
cialisations au participe passé, par exemple coeur férents domaines, par exemple en optique, en ar-
gonflé de chagr$n (av, 16061, gonflé d’uuduce *plein tillerie, en physiologie, etc. 0 GONIO n. m. (1935)
d’audacea (1667). ORepris au XIX~ s., GONFLÉ, ÉE, en est l’abréviation par apocope. +GONIOMÉ-
absolument, Sign%e acourageuxm (18421, puis (1919) TRIE n. f. ( 17241, mot créé par le mathématicien
aplein d’audace> ; être gonflé ù bloc crempli de cou- Lan-Lagny, est aussi abrégé en @IGONIO n. f.
ragen évoque le gonflage des pneus. 0Le verbe, (1951).
toujours au figuré, signi& aussi aexagérer, suresti- RADIOGONIOMÈTRE n. m. (1906) et RADIOGO-
mer (un chiEre)>> 11884) et CaugmenterD, Spécide- NIOMÉTRIE n. f. (19221, formés avec le premier
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1609 GORGE

élément radio-, sont eux aussi abrégés en 0 GO- cutions aujourd’hui démotivées mais toujours bien
NIO. vivantes : gorge chaude s’étant dit de la chair en-
core chaude qu’on donnait à l’oiseau, faire gorge
GONO-+GONADE chaude a si@é flse régaler=; au figuré faire gorge
chaude de qqn (1690) correspondait à =se régaler de
GONZE n. m. succède (1684, qpeux*) à conce plaisanteries à ses dépens* ; la locution est devenue
(1628) et est emprunté à l’argot italien goWo ~niais, fah des gorges chaudes de qqn. Rendre gorge se
1ourdaudB (av. 15611, d’origine incertaine. P. Gui- disait de l’oiseau rendant la viande avalée, puis a
raud rapproche conce du latin consciw acotident, signi& VO* ( 1535, rendre su gorge) ; rendre
complicem, composé de scius, de scire <savoir» (1628, gorge s’emploie encore aujourd’hui au figuré ( 1598)
conce du castuz <domestique d’hôpital%). pour arestituer par forcen. * Gorge a repris aussi le
+ Gonze conserve la valeur de l’italien gonzo au sens d’<ouverture rétrécien (1269- 1275). fl s’emploie
XVIII~~., puis prend le sens g6néral d%ndividu, dans divers domaines au sens général de 4ieu ou
hommem (17531, spécialement *homme énergique,, objet creux et étroit», spécialement pour désigner
*patrons au XIX~ s., se valorisant progressivement un passage étroit entre deux montagnes (16751; la
alors que mec a suivi le chemin inverse. cannelure d’un objet concave 116801, etc.
F GONZESSE n. f. (18111, féminin de gonze, se dit b GORGERETTE n. f., diminutif de gorgère de
pour «femme, fïllem et spécialement pour Kprosti- même sens (1266, gorgière), lui-même dérivé de
tuéen& Le mot s’emploie pour parler d’un homme, gorge Npartie du cou”, désignait une collerette cou-
avec une valeur péjorative khomosexueln ou vrant une partie de la poitrine d’une femme 11319;
4âche4, et n’est usuel au sens de cfemmem que d’abord 1260, -pièce d’une armure protégeant le
dans l’usage régional du sud de la France, où il est coud + GORGERIN II, m. 114191, également dérivé
connoté sexuellement Idiscours masculin). de gorgère, était; un synonyme de gorgeretie. C’est
aussi un terme d’architecture (15641 au sens de
GORET n. m., qui apparaît (1297) dans un sur- Kpartie étroite d’un chapiteaw et, comme gorge lui-
nom IRobeti le Gorrezl, représente un diminutif de même, *cannelure *. 4 GORGET n. m., terme tech-
l’ancien fknçais gare +uie», attesté au début du nique, vient de gorge dans ce même sens, et dé-
xve s. (1415-14161. are serait formé sur la racine signe un rabot qui fait des gorges (1757) et, par mé-
gorr-, d’origine onomatopéique, imitant le grogne- tonymie (17851, une moulure («petite gorgeu).
ment du porc kf. allemand gorren ~grogne~4 ou, Plusieurs autres dérivés sont liés à gorge cgosierb.
selon P. Guiraud, représenterait un déverbal du GORGER v.tr. (1220, gorgier; v 1393, gorgé de),
normand gourer -se gorger de nourriture», hypo- aremplir de nourriture jusqu’à la gorges, s’emploie
thèse appuyée sur le cas analogue de gode &+uiem, surtout au figuré (1580) au sens de «pourvoir à pro-
d’après goder ase gorger de nourriture». Ce verbe fusionn, et plus souvent au pronominal (mil. xwe S.I.
gourer est issu du latin ‘vorure <dévorer*». +GORGÉE n. f. désigne la quantité de liquide
+ Goret, ajeune cochon-, se dit par figure (1694) d’un qu’on avale en une seule fois cv.1223, gorgie); au
balai destiné à nettoyer la Ca&ne d’un navire et, mes. (v. 11751, dire sa gorgk sime 4ire ce que
par une métaphore plus banale (18081, d’une per- l’on a sur le cœw. *GORGEON n. m. Sign%e
sonne sale (cf. cochon, porc...), souvent d’un enfant. 11840) <petit coup à boiren (ce que l’on a dans la
gorge1 et, spécialement, averre de vina, *boisson al-
+# GORGE n. f. est un emprunt Idéb. XII~s.1 au coalisée%; le mot est &gîonal et familier.
latin populaire ‘gorgu, variante du bas latin gurgu Plusieurs mots sont composés à partir de gorge
agosier> I~I” s.3,du latin classique gurges atourbillon <partie du cou, : COUPE-GORGE n. m. (v. 1210,
d’eau-, *gouEre, ab*kneB et, par figure, cgosiep; tope gorge), de couper, a d’abord désigné Ix13 s.) un
gurges se rattache aux racines indoeuropéennes coutelas, puis un lieu dangereux, où l’on risque de
“gwei-, ‘gwer- Navalerp. Le kançais a repris les sens se faire égorger. -ROUGE-GORGE (1464) désigne
du latin. l’oiseau dont la gorge est rouge. + SOUS-GORGE
4 Gorge a d’abord Idéb. XII~s.) les valeurs de *partie n. f. a désigné le dessous de la gorge d’un animal,
antérieure du COU~et de agosiep. Par extension, le en vénerie hf sd, puis en hippologie ( 1611) la par-
mot désigne les seins d’une femme (1228; emploi tie du caveçon qui passe sous la gorge du cheval.
vieilli aujourd’hui, qui s’est conservé dans soutien- + GORGE-DE-PIGEON adj. inv. ! 1640) s’applique à
gorge I+ soutenir), mot qui a succédé à maintkw une Codeur irisée. +De gorge «gosier» vient AR-
gorge .(18891, sorti d’usage. o II entre dans des lo- RIÈRE-GORGE n. m, (18311,
cutions figurées : prendre gqn 24la gurge En XVI~s.), Plusieurs verbes usuels ont été composés à partir
se couper la @m ase tuep) et aussi cse battre à de gorge <<gosier>. +DÉGORGER v. appartit au
l’arme blanches (1664, cette dernière valeur est sor- pronominal au sens d’aépancher ses eaux= (1299)
tie d’usage aujourd’hui), avoir le couteau SOUSla en parlant d’une rivière. Comme transitif, il est
gorge, puis sut-la gorge (1866). 0 À partir de gorge d’abord attesté pour <dire ce que l’on a tu long-
agosiem ont été formées des locutions où le mot dé- tempsu Cv.13001,d’où dbavardern (v. 15301,CcchanterB
signe le lieu de production de la voix : rire A gorge Iv. 1560) ; le verbe a pris la valeur de afaire sortir de
déployée (1585) et, au figuré, fah rentrer à qqn des soin en parlant d’un contenant (1501 tr. ; au xwe s.
mots dans la gorge. +Pas métonymie, gorge a dé- intr., <déborder4 d’où celui de wider (qqch.1 de son
signé ( 1280) ce qui entre dans la gorge, dans le jabot trop pleinm (1611) dans divers emplois techniques.
de l’oiseau de proie, c’est-à-dire le repas d’un oi- oEn dérivent des termes techniques D~~GORGE-
seau de chasse 113761; de là tiennent plusieurs lo- MENT n. m. (15481, DlkORGEOTR n. m. c1505, des-
GORGONE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gorgeoir) Gssue par laquelle un trop-plein dé- sans étymologie connue, qui a donné gorges *ter-
gorgen, mot qui a pris diverses valeurs techniques, ribles. Dans la mythologie l’une des trois Gorgones,
avec les sens d’Kouti1 à dégorgerm, (<lieu ou on met Méduse, pour avoir passé une nuit avec Poséidon,
qqch. à dégorgerm,etc. ~D~GORGEUR n. (1860; fut changée par Athéna en un monstre ailé, à la
1555, au figuré, isolément) s’est spécialisé pour dé- chevelure de serpents et à la bouche ouverte, qui
signer la personne qui fait dégorger les vins mous- pétri-fiait les humains qu’elle regwdait.
seux. 0 DÉGORGEAGE n. m. (ti. XVIII~s.3 est $ Le mot apparaît en français comme terme de my-
technique (teinture, oenologie). +ÉGORGER v. tr. thologie; par métonymie, il désigne en sculpture
(1450, esgorger), concurrencé par esgorgeteer (plus une représentation du monstre (1831) ; par figure, il
courant au XVI~s., ((tuer en coupant la gorgen, 15421, se dit (av. 18481, comme harpie et mégère, d’une
s’est employé au figuré ( 1690) pour <ruiner qqn par femme méchante, mais cet emploi a vieilli. 0 Gor-
ses exigencesm (comme ussassinerl et par atténua- gone est devenu à partir du XVIII~s. 11775) le nom
tion pour aattaquer violemment qqn, Edéb. XVII~ s.l. d’un animal marin dont le polypier corné, à rami&
oLe dérivé ÉGORGEUR, EUSE n. (1606; adj. au cations arborescentes, rappelle la tête d’une gor-
XVI~s.) s’emploie au propre et au figuré (1837). 0 Du gone.
verbe égorger dérive aussi ÉGORGILLER v. tr.
(av. 17991, aujourd’hui archa,ique . * EN GORGER GORGONZOLA n. m. est emprunté (1890) à
v. tr. a d’abord signi% amettre en gorge, avalep un mot italien désignant un £romage à pâte fer-
(XII~s.), aujourd’hui aobstruer par l’accumulation de mentée ; lui-même reprend le nom d’une ville de la
matières étrangèresn (16 11; 1690, en médecine) et province de Milan, réputée pour ses fromages.
par analogie «causer un embarras de circulation
(1911, au participe passé)~. OLe préf& DÉSEN- GORILLE n. m. est la forme tiancisée (18541 du
GORGER v. tr. 11870) est d’emploi technique. latin scienttique gori& nom donné en 1847 par le
0 ENGORGEMENT n. m. (xv” s.3 <action d’avaler, missionnaire américain Savages à cette espèce de
d’engorgern s’emploie comme le verbe au sens singes, d’après le grec godillai qui, dans la traduc-
d’obstruction (1611; 1707, en médecine ; XX~s., en tion grecque du Périple d’i-iannon (voyageur car-
parlant de la circulation1 et au figuré ( 17671 pour thaginois du ve s. av. J.-C.), désigne des êtres velus
désigner I’encombrement du marché; en procède rencontrés par ce navigateur sur les côtes
DÉSENGORGEMENT n. m. (1870). +REGORGER d’Afkique 11759, attestation isolée de Gorilles dans
v. intr. apparait avec le sens de Nfaire refluer un cette acception). Gorille serait à rapprocher de la
fleuve- en parlant de la mer (v. 1360, tr.), encore à racine kor-, gor- ou gur-, signifiant ahommen dans
l’époque classique, et a signifG cdéborden Cv,13401, plusieurs langues actuelles du Sénégal.
arendre par la gorgea (1580). 0 Il s’emploie encore
4 Gorille se dit par extension (18901 d’un homme
au sens d’&tre très abondants (regorger de, xve s. ; laid ou brutal. L’emploi r6cent pour Ngarde du
1672 en parlant de personnes). 0 Le dérivé (parti-
corpsm (v. 1950-1955) est l’adaptation d’un emploi
cipe adjectivé) REGORGEANT, ANTE adj . (1635)
argotique de l’américain gotillu 119101, de même
arempli)) est sorti d’usage. 0 REGORGEMENT
sens et de même origine.
n. m. aaction de regorger, ( 1522) s’emploie surtout
en médecine (1560). -RENGORGER (SE) vpron.
GOSIER n. m., réfection Cv.1393 de joskr
correspond au sens propre, «gonfler la gorge» (XIII~s.), est issu du bas latin gewiue <joue, bords du
(15491, peu après avoir correspondu à <avaler glou- gosiers, d’origine gauloise ; le passage de i à g s’ex-
tonnement>) (15301, emploi disparu. Il ne s’emploie plique soit par l’influence des mots désignant la
aujourd’hui qu’en parlant d’un oiseau et surtout fi- gorge, soit par une forme “gousia ou ‘gausiu; le suf-
gurément pour «prendre une attitude avanta- fixe -tir vient probablement de l’influence de gésier.
geusen 116601, ce dernier sens étant seul usuel. Dès
l’ancien fiançais l’adjectif engorglé correspondait à 4 Comme gorge, gosier «arrière-gorge» désigne par
“qui se pavane- Iv. 1270). Le comportement des oi- extension (XVI~s.) le siège de la voix, par exemple
seaux (plumage, chant, jabot, roue du paon3 est très dans les locutions ii plein gosier, coup de gosier
productif dans ce champ sémantique. 0 RENGOR- (1835). Par analogie le mot désigne techniquement
GEMENT n. m. 11688) correspond à se rengorger. (17571 la partie d’un orgue par laquelle passe l’air.
RÉGURGITER v. tr. est un dérivé savant du latin ,Le préfixé D&GOISER v., d’abord uchanterm Cfm
gurges; il s’est employé intransitivement (15401 au xrrles.1, s’emploie ensuite phjorativement pour
sens de “regorgera, adébordern et est devenu au Nparlers> Ixr? s., intr.1 et araconter des mensonges’}
xY s. un terme de physiologie, signifiant (1842) kve s.), «parler sans discrétion>> (1535; cf. jaser).
afaire revenir de l’estomac dans la bouche%. +Le oEn dérivent DÉGOISADE n.f. 118531, aujourd’hui
dérivé RÉGURGITATION n. f. est aussi didactique ; sorti d’usage, et DÉGOISEMENT n. m. h. 1400,
autrefois équivalant à «débordement d’un liquiden achant d’oiseau>>), <<bavardage- (1845). - S’ÉGOSIL-
(15673, il désigne en médecine le reflux du sang vers LER v. pron, est formé de -4, et du radical de gosier.
le cœur (1573) et le retour des aliments (1824). @,gosiller, v. tr. a si@% ( 1488) &gorgerB, c’est-à-
@ voir SOLmmm (SOUTIEN-GORGE). dire <0zouper le gosiern. Le pronominal s’emploie
pour ase fatiguer la gorge à force de crier, de chan-
GORGONE n. f. est un emprunt de la Renais- ter>> (1653) et <<chanter longtempss (en parlant des
sance (av. 1560, &rgonne) au latin impérial &r- oiseaux, 1671). 0 Le dérivé ÉGOSILLEMENT n. m.
gonu, altération du classique Corgo (OU GoWfi), a siaé ( leos)caction d’égorgern avant de coires-
Gorgonis, lui-même empaté au @ec Go@, mot pondre a s’égodler au sens moderne (1802).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1611 GOTHIQUE

GOSPEL (ou GOSPELSONGI n. m. est un jeune=. o L’homonyme du francais canadien farni-


anglicisme (1958 pour gospel soflg), emprunté de lier, signifiant fltesticulen, est apparenté à gousse”
l’américain gospel sang, de gospe2 NEvangilen Ilui- et rend l’emploi du français de France impossible
même de good spell <bon réc&) et sang achantm. au Québec.
4 Gtxpel, achant religieux des Noirs d’Amérique du .Les dérivés de gosse aenfantm sont GOSSE-
Nord>, tend à se substituer à negro-spiritual qui LIN, INE n. 11827, n. m. ; 1836, n. f-1,synonyme sorti
vieillit. d’usage de Ngaminp; GOSSAILLE n. f. (1922) cen-
semble de gosses= et GOSSERIE n. f. (1931) =ga-
@$ GOSSE n., attesté depuis 1796 selon Esnault rninerieb, l’un et l’autre d’emploi rare.
(1808, gousse), est d’origine obscure. On l’a rappro-
ché de guwser*, mais la relation sémantique entre GOTHIQUE adj. et n. est emprunté (v. 1440) au
les deux mots est peu convaincante; un emprunt bas latin gothicus «relatif aux Gothsn, du bas latin
évoqué au suédois gosse est quasi invraisemblable ; Gothi, latin classique Gotones, Gutones, issu du go-
la relation avec gonze soulève des dif&ultés tique Gut-thiuda.
d’ordre sémantique et phonétique. P. Guiraud pro- + Gothique est d’abord employé par Lorenzo Valla
pose pour origine le provençal gous &ien)j et sa pour désigner l’écriture du moyen âge, comme
variante gousse @owsset, goussoun apetit chien4 l’adverbe gothice ( 1435-1444, <d’une manière go-
sur le modèle de chiot *jeune chien et gaminm et thique4. L’adjeotif s’applique ensuite péjorative-
de cadet <<petit d’un chien et ajeune homme»; gous ment (16153, aux XVII~ et XVIII~s., à la période artis-
R&ien= pourrait représenter le bas latin CO~USaboi- tique comprise entre l’art antique et celui de la
teux, cagneuxn (du latin impérial coxa <<hanche4 : Renaissance que l’on pensait dominée par les
c’est ce sémantisme =homme mal développén qui Goths ; en ce sens gothique est probablement repris
serait maintenu dans gosse “gamin, apprentiti. à l’italien gotico; il est aussi substantivé (le go-
4 Gosse aenfant- signifie par extension 4do- thique, 1716). Pendant la période classique, le mot,
lescent, ente» et, à l’égard de la fiation, aenfant assez rare et à valeur pseudo-historique, est forte-

LE GOTIQUE

Le gotique est une langue indoeuropéenne au- leur langue probablement vers le milieu du
jourd’hui disparue qui forme, avec la langue des VI” siècle. Un certain nombre de mots de cette
Burgondes et celle des Vandales, le rameau du langue ont donc eu des continuateurs en fhn-
germanique occidental. Très tôt, les Goths se çais. Parmi les idiomes germaniques qui ont
scindent, en Ukraine, en deux peuples : les Os- ltissé des traces, en particulier en tiançais, le
trogoths (peut-être 43oths de 1’Estm ou alors gotique occupe une place spéciale. Il est, en ef-
aGoths brillants4 et les Wisigoths (42oths de fet, la seule langue germanique dont on possède
1’Ouestn ou CGoths sagew). Les Ostrogoths s’ins- un témoignage écrit et ce, déjà au rvesiècle : des
tallent en Italie et y forment un royaume qui f?agments importants de la traduction de la
subsiste pendant une cinquantajne d’années Bible par l’évêque wisigoth W&la (né v. 311-
(493-555); ce peuple disparaît de la Romania au mort v. 383).
vresiècle. Les Wisigoths, quant à eux, occupent Les emprunts lexicaux français au gotique re-
dans l’Empire romain, au debut du rves., l’ac- présentent environ 11 % du legs germanique, la
tuelle Bulgarie. Vers 412, ils s’établissent dans le grande majorité étant constituée par les em-
sud de la Gaule jusqu’à Bordeaux. Ils fondent le prurits au tiancique. Mais, sur les 76 étymons go-
royaume wisigothique d’Aquitaine, avec pour tiques que le FranzOsisches Etymologisches WOr-
siège Toulouse, et forment, pa;raI.Ièlement un vé- terbuch enregistre, 28 sont attestés, alors que
ritable État d’un côté et de l’autre des Pyrénées. sur les 485 étymons franciques seuls 27 le sont.
En 507, la victoire des Francs près de Poitiers Parmi ces 76 mots gotiques, dont certains ont
anéantit le royaume wisigothique d’Alaric II en été transmis en galle-roman par l’intermédiaire
Gaule. Les Wisigoths, aidés des Ostrogoths, s’im- du latin populaire, 24 ont encore des représen-
plantent plus tard (vers 550) en Espagne, où ils se tants en tiançais moderne. II s’agit surtout de
tient à Tolède. Ce n’est qu’en 711, après la termes spécialisés, mais aussi de mots de la
conquête de l’Espagne par les Arabes, que les langue courante, tels choisir, gotique ‘kausjan;
Wisigoths disparaissent. fange, gotique fani; gai, gotique ‘gaheh, ou en-
La langue des Goths a laissé des traces, dans la tore tache, gotique tuihs. D’autres mots d’ori-
Remania, non seulement dans les noms de lieux gine gotique survivent encore dans des parlers
ou de personnes, mais aussi dans le lexique de fi%nçais.
l’italien, de l’espagnol et du français. En ce qui 0 voir FRANCIQUE. GERMANIQUES hrgues), ITALIEN,
concerne le français, c’est surtout l’influence LONGOBARD. ROMANES hIgueS).
wisigothe qui se fait sentir. Les Wisigoths, for-
tement romanisés, ne parlent déjà plus J.-M. Brochard
GOUACHE 1612 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment péjoratif. Molière parle du <fade goût des or- testé en 1837 et variante probable de gouai&r*. On
nements gothiquesm. L’origine de gothique n’est ce- peut aussi rapprocher gouuler de formes régio-
pendant plus toujours rapportée aux Goths : nales couûler, cozkler, en parlant d’animaux à cri
Fénelon pensait que l’art “gothiqueti venait des désagréable, construites sur le radical imitatif
Arabes. La réaction à ce rejet intervient en France couu- (cf. coasser, croasser).
SOUSl’influence de savants nomnands (qui ont créé b De gouder dérive GOUALEUSE n. f. 11836 ; goua-
puis imposé roman en art), inspirés d’auteurs an- leur n. m., 1822, est archaïque) Kchanteusen et spé-
glais ainsi que de Chateaubriand. Ces auteurs an- cialement achanteuse des ruesm (cf.Lu Gouuleuse,
glais de la ti du xvme s. distinguaient déjà l’ancien surnom d’un personnage des Mystères de Paris de
gothique appelé plus tard romun et le gothique E. Sue, 1842). +Par croisement avec gueuler*, gueu-
nouveau. 0 Gothique désigne ensuite (1824, adj.) le lunte s’est employé dans ce sens.
style, répandu du XII~ au XVL’:s. en Europe, notam-
ment caractérisé par l’ogive; il est en ce sens en GOUAPE n. f. est emprunté (18401, par l’inter-
concurrence avec oghml, qu’il élimine dans les der- médiaire du provençal moderne gouupo agueuxm, à
nières décennies du XIX~ s. après avoir été dominé l’argot espagnol guupo n. m. Nbrigandn (depuis le
par lui. +Gothique s’est appliqué à la langue des xv” s.1, puis adj. availlant» et agalant, amoureux,;
Goths (1545, adj.; 1840, n. m.1; le mot est remplacé guupo est probablement emprunté à l’amien pi-
aujourd’hui dans cette acception par sa variante card wupe, gupe qui signSe initialement qinsipidex
graphique GOTIQUE (1901): le gotique est attesté (en parlant d’aliments], &aibli» (en parlant d’une
par la traduction de la Bible, dite de Wulfila, du personne) et a été utilisé comme terme d’injure
mes. +Gothique désigne aussi un type d’écriture ( 1379). Il est issu du latin vuppu avin évent& qui si-
(1585, adj. ; 1835, n. f.1 à caractères droits, à angles gniCe déjà au figuré avauriens; ce mot populaire
et à crochets, utilisée en Allemagne jusqu’en 1941. est peut-être apparenté à vupor I+ vapeur).
Voir l’encadré page précédente. $ GoLlape a d’abord les sens de -monde des débau-
,De gothhque dérivent GOTHIQUEMENT adv. chéss (la gouape, 18401, wivew (1847, un goipel,
(180 1; en 1534 <<enécriture gothiquea) & la façon go- «ivrogne m(1852) et adébauché» (1861) ; il équivaut
thicp.w et GOTHISME n. m. 11878) ((époque go- aujourd’hui familièrement à <mauvais sujet, voyou»
thiquep puis 11907) “goût pour le style gothiquem, au- (1867).
jourd’hui archaïque. F Le verbe GOUAPER intr., d’abord écrit gouëper,
a signifié (18351 wivre sans logisv puis *faire la noceB
GOUACHE n. f. est emprunté (1746) à l’italien
(1847, goîper) ; il est probablement emprunté à l’es-
guazzo, proprement ((terrain inondé, marécagem
pagnol guupear <faire le brave> (déb. xvm” s.), dérivé
(depuis le début du xrve s.), attesté comme terme de
de &apo (voir ci-dessus). +Du verbe vient GOUA-
peinture depuis la première moitié du xwe siècle,
PEUR, EUSE n. et adj. *homme sans asile> (18271,
En 1684, on rencontre l’emprunt peinture u guazzo
«noceur tapagew (18341, &~OU>> (1847, adj.), ar-
4 la détrempe*. Le mot est issu du latin impérial
chaïque.
aquati ((lieu où se trouve de l’eaw, en latin clas-
sique *action de faire provision d’eau)), du radical GOUDRON n. rn. apparu au xwe s. sous cette
de aqua (-, eau). forme 11647) était attesté depuis longtemps sous
4 Gouack, cpréparation de matières colorantesn, d’autres formes : cutrun (v. 11951, puis goutren
se dit par métonymie 1175’9) d’une peinture à la (1309), gotrun (13811, f)o~&ron 11611). Le mot est un
gouache. emprunt à l’arabe d’Egypte su@&; le Cha;ngement
F En dérive GOUACHER v. tr. (18471, d’où GOUA- de la première voyelle est mal expliqué.
CHEUR,EUSE n. (18811, ra,re. + Le mot désigne d’abord une substance visqueuse
obtenue par distillation, d’où autrefois en pharma-
GOUAILLER v. serait issu (1732) d’une racine cie eau de goudron. 07453 et, selon le mode de pré-
méditemméenne pré-indoeuropéenne, de nature paration, goudron de houille ( 180 11, goudron miné-
onomatopéique, ‘g&a HjabotB, que l’on retrouve ral ou de pétrole ( 1832) casphalte ou bitumen ; par
dans gaver, s’engouer. P. Guiraud préfère rattacher extension, il désigne un revêtement routier kxe S.I.
gouailler au radical gobb- (4 gober), le verbe étant F GOUDRONNER v. tr., c’est aenduire de goudronm
construit à partir d’un thème gdo-roman ‘goba- (1481; 1457, goutrenner, terme de marine) et +evê-
CUZ-. tir (une route) de goudron, ke S.I. +De là GOU-
+ Gouuilkr signSe ase moquer grossièrementti DRONNAGE n. m. (1675, en marine ; 1903, pour
(1732, tr.), seulement aujourd’hui en emploi intran- une route), GOUDRONNEUR n.m. 11532, gud-
sitif. dronneur) et GOUDRONNEUSE n. f. (19181, dési-
p En dérivent GOUAILLE n. f. (17481, plus courant gnant une machine. +De goudron dérivent aussi
que GOUAILLERIE n. f. ( 1819, gouilleti), et des termes techniques : GOUDRONNERIE n. f.
GOUAILLEUR,EUSE adj. (1843; dès 1755, (1834; fin XVII~s., ((préparation du goudronn), GOU-
gouyueuse, n. f.1. X)RONNEUX, EUSE adj. 11841) “qui a la consis-
0 voir GouALANTE. tance, l’aspect du goudrom et GOUDRONNIER
n. m. (1877).
GOUALANTE n. f., terme de l’argot familier
(18211 POU- «chanson, complainte>>, représente le GOIJFFRE n. m., variante Ifm XII~s., goufrel de 03
participe présent substantivé de goder, verbe at- gofre (v. Il@), vient du latin tardif COlpUS, COlfus,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1613 GOUJON

emprunté lui-même au IV’s. au grec kolpos “pli, ajeune servante, dérivant à son avis de l’idée de
creux>, d’ou les sens de cgolfe, repli de la côten et <<maldéveloppé, rabougrim (+ gosse).
de avallée encaissée~~. Le mot a pu être emprunté 4 Gouge «servantes est un mot régional (Sud-
directement aux Grecs de la côte méditerra- Ouest); le sens de &lle» ou <femme>>,avec l’idée de
néenne, le galle-roman ayant conservé les sens de <<femme facile, débauchée=, attesté dès le xve s. et
<(golfe» et de avalEen, alors que le latin n’a retenu peut-être influencé par gouce, gousse &ieme*
que le premier. Goufie, avec ses variantes (gZoufe (+ @ gousse), est aujourd’hui sorti d’usage.
en ancien français), a été confondu longtemps avec
golfe, dont il a été distingué au XVII~ s. (+ golfe). GOUGNAFIER n. m. est un mot d’origine in- @}
+ Gouffre cabîîe où l’on risque d’être engloutin certaine attesté en 1899. On peut le rapprocher de
EV. 11651 s’emploie par figure au sens de uce qui en- gougniafiasse <<goinfren (18911, l’un et l’autre peut-
gloutit comme un gouffrem, et spécialement de “go- être dérivés de gougne Gprostituéen, variante de
sier, cv.13301, d’où procède la valeur de <<personne gouine*, ou de gouillafe, variante de goulafre
qui engloutit de la nourriture> @II xrve S.I.Une autre agoinfre» (av. 1639; v. 1220, golafre isolément), dé-
métaphore, retenant l’idée de danger, produit le rivé de goule, gueule*.
sens de <situation déplorables (av. 15251, 0 Par ex- + Gougnaikr Sign$e ((bon à rien, rustre».
tension du sens concret, goufie équivaut ensuite à
«courant tourbilLonnaire>> (1538) et, par métonymie, GOUINE n. f., variante ( 1675) de gougne Iv. 1625- e)
désigne une cavité creusee par les eaux. 0 Par fi- 16551, est un mot normand, féminin de gouain «sa-
gure, goufie se dit ensuite d’une personne très dé- laudu (16251, autre forme de gouin 4ourdaud»
pensière qui <engloutit> l’argent (16 11) et, par ex- (xv” S.I. Ce mot vient peut-être de l’hébreu goyim,
tension, d’une chose ruineuse ( 16901. pluriel de gOy Knon juif)) (-, goy; 0 gouge, goujat),
b ENGOUFFRER v. tr. signifie aentraîner dans un mais ce passage suppose un milieu judéo-chrétien
gotie» (av. 1525) d’où s’engouffrer «être entraîné non identtié.
dans un gouffre)> ( 15381, par extension <se précipiter + Gouine désignait autrefois une prostituée ; il se dit
dans un passage= (1541); il s’emploie dès l’origine aujourd’hui (av. 1867) pour <homosexuelle*.
En XII~s.) au figuré pour <<manger avidement, en- F Le dérivé de gougne GOUGNOTTE n. f. 11858) est
suite pour aengloutir (des biens, de l’argent)>> (1694). synonyme de gouine. *Il a pour dérivé le verbe
A partir des emplois extensifs et figurés, le rapport GOUGNOTTER (tr., 1858) <avoir des relations ho-
avec gouffre s’estompe. +Du verbe dérive EN- mosexuelles avec (une autre femmeIn.
GOUFFREMENT n. m. (16861, mot rare.
GOUJAT, ATE n., apparu sous la forme gou-
0 GOUGE n. f. représente l’aboutissement fat- geas (pluriel) au xve s., est un mot emprunté à l’an-
testé 1344, mais antérieur1 du bas latin gubia (va- cien provençal gojat Ngars>>( 13391, dérivé de I’hé-
riante gulbid cburin, gouge», mot d’origine proba- breu gOy& aservante chrétienne> (+ 0 gouge),
blement celtique, qui a donné aussi l’ancien féminin de gOy Knon juifD C+ goy). P. Guiraud rat-
provençal goju, l’espagnol gubia. Une variante tache pourtant goujut, comme 0 gouge, à 0 gouge,
masculine de gubiu, ‘gubius a donné gouet aserpeu le goujut «valet d’arméen ayant pu être celui qui
11382) qui correspond à goy en franco-provençal portait une gouge, «bâton emmanché d’une serpem;
(13251, aujourd’hui terme régional. cette hypothèse est assez gratuite.
+ Le mot désigne un outil formant un demi-tube et + Goujat, d’abord «valet d’armée>>, puis Napprenti
servant à creuser. maGonD (1676, gou@I encore régional, ahornme
b De gouge, aoutil creusé en canaln, dérivent des grossieru (v. 17201, rare aujourd’hui, se dit par ex-
mots techniques dont : 0 GOUJON n. m. «cheville tension d’une personne sans usage dont les ma-
de bois ou de métaln Cv.1170, st.dke -on), Naxe d’une nières sont offensantes (spécialement s’agissant
poulien ( 15671, Gpetite gouge de scxdpteur>> (1690) et d’injures faites à une femme). Le féminin Efm XVI~s.1
apièce de métall d’un appareil télégraphique)) est peu utilisé.
119241. oDe ce nom dérive GOUJONNER v. tr. F Le dérivé GOUJATERIE n. f. signifie d’abord -en-
(1467; 1364, goujonnier) «assembler avec des gou- semble des valets d’armées Cl6 11) puis <caractère,
jons,. * Gouge a aussi pour dérivés GOUJURE n. f. acte de goujat Eau sens moderne), impolitessen
( 1694, de gouge) «cannelure d’une poulien, GOU- (1853). +Deux autres dérivés, GOUJATISME n. m.
GETTE n. f. 11757) apetite gouge de menuisier>>, (1885) et GOUJATEMENT adv. (18963, sont peu usi-
GOUGER V. tr. (1767) «travailler (le bois) avec la tés.
gougen.
0 GOUJON + @.IGOUGE
0 GOUGE n. f., attesté au milieu du xve s. (1456-
14671, est emprunté à un dialecte d’oc comme l’an- 0 GOUJON n. m., réfection Iv. 1398) de gujon
cien gascon goya, gotya {{servante, fillen 11483) ; l’an- Edéb. XIII~s., cf. les variantes régionales gouvion,
cien provençal gouge E14731,l’ancien béarnais goye goiffon), est issu du latin impérial gobio (accusatif
#fille non mariée» (xv” s.l. Le mot remonte à l’hé- de gobioneml, du latin classique cobius puis gobius,
breu gOy& «servante chrétiennen (4 goujat, gouinel, emprunté au grec kôbios, nom de petits poissons
féminin de goy I+ goy). Refusant cette origine hé- de mer (ci-dessous gobie3 ou d’eau douce.
braïque, P. Guiraud attribue au mot la même ori- F De goujon <(petit poisson d’eau doucen, symbole
gine qu’à 0 gouge, l’idée de =jeune apprenti>>, de la pêche en rivière avec le gardon, dérivent les
GOULAG 1614 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

termesde pêche GOUJONNIER n.m. (18451, GOU- GOULU, UE adj. est attesté (av. 1493) au sens de
JONNIÈRE adj. f (18451 et un terme de cuisine “qui mange avec avidité)+ de là, par figure, la valeur
GOUJONNETTE n. f. (1933). de Ravide de>>(par métonymie, 1643, regards gou-
Le latin gobio a bté déformé en latin scienttique hs), 011 a pour dérivé GOULUMENT adv. (15461,
moderne en gobius 11748) d’où, par emprunt, le employé au propre et au figwé. + GOULOTTE n. f.,
fknçais GOBIE n. f. (1803) aussi appelé goujon de diminutif de go&, a le sens de -petite rigole qui
mer, poisson qui se fixe au rocher par une ven- permet l'écoulement des eaux> (16941 et technique-
touse. ment de Mconduit calibrém (18901.
GOULEYANT, ANTE adj., attesté en 1931, est em-
GOULAG n. m., attesté comme nom féminin prunté au fkançais régional (de l’ouest, du franco-
(19381 avec le sens russe, s’est répandu vers 1974 provençal, de Suisse) où on le relève au XIX~ siècle.
avec la traduction du livre de A. Soljenitsyne, L’Ar- Le mot se dit en parlant d’un vin qui se boit facile-
chipe1 du Goulag. Le mot représente l’abréviation ment d’ou, au figuré (mil. me s.), le sens (<agréable*.
russe de Glavnoie Upravlenie Lagerei’ 4Xrection E& GOULAFRE adj. et n., dérivé de la forme
générale des campw. gole, est attesté isolément en ancien français
4 G&ag (souvent avec une majuscule) désigne Cv.1220, go2afie) appliqué au diable, puis au XVII~s.
l’institution des camps de travajl forcé dans l’an- écrit gouitkafre (av. 16393, sans doute par infknce
cienne Union soviétique et, par extension, la mise à de goliard”. La graphie goulafre n’appardt qu’au
l’écart, dans un régime totalitaire, des éléments ju- XIX’S. (18211. Le moyen âge connaissait le surnom
gés indésirables, ou (un, des goulagsl un camp de Gulafrius 111061.+Le mot, encore employé dans le
travail force. Des extensions plus vagues ont donné nord-est de la France et en Belgique, équivaut à
au mot une valeur proche de celle de gktto. goinfre.
F En dérive GOULAGUIER n. m. (19781 xgardien, Le composé ENG0ULERv.tr.h. 11701, Kavaler,en-
partisan d'un goulaga. gloutirn, est sorti d’usage ou régional, comme le dé-
rivé ENGOULEMENT n.m. (x~"s.). *ENGOU-
GOULASCH ou GOULACHE n. m. ou f., LEVENT n. m., proprement “qui avaie le vent=, est
variante (1914, goulasch, n. f.1 des formes gulasch, au moyen âge un nom propre (1292, de engoder et
godiasch en 1893, est un mot emprunté par l’de- vent), encore chez Rabelais, nom d’un géant de l’ar-
mand au hongrois mlyck, abréviation de guly6.s mée de Picrochole. Il a eu le sens d’ahomme qui
hUs, formé de guiy& ccbouviep et de h&s Mande>). boit et mange beaucoup, ( 1656). 0 Il désigne en-
+ Goulasch, <ragoût de bœuf assaisonné à la mode suite 11778) un passereau au bec largement fendu,
hongroise>>, est plus courant au masculin (le mot, en sens où il reste vivant.
hongrois, n’a pas de genre). Le sens du français est @ Voir DÉGOULINER.
plus tributaire de l’allemand que du hongrois origi-
nel, où gulyas désigne une préparation liquide, une 0 GOULE n. f., attesté (17121 dans la traduction
soupe. de Galland des Mille et Uw Nuits, est emprunté à
l'arabe &A udémod qui dévore les hommes+, au plu-
+k 0 GOULE n. f. est la reprise (18081 de la riel @fin d'où la forme gailan (1697).
forme ancienne de gueule, attestée à la Cn du xe s.
@oluI, et issue du latin gula “gorge, gosiep, + Guule désigne un Va;mpire femelle des légendes
abouche des animaux» (t gueule). orientales et, au figuré (ti xIxe s.), une femme las-
cive, insatiable, dans un usage littéraire.
+ Le mot s’emploie régionalement pour gueule; il
est resté vivant par ses dérivés GOUPIL n. m. représente l’aboutissement
bGOUL&E n.f, qrosse bouchée, gorgée», est (me sd, par les formes goupku ke s.1,@pi2 (v. 11191,
d’abord attesté sous la forme golee Il 176, au figuré1. gulpil Iv. 11551,du bas latin vulpiculus (cf. ancien ita-
GOULET n. m. est un diminutif de gaule; le mot a lien ~olpiglio), dérivé du latin classique vulpecula
le sens général d’<<ouverture étroite=. Il a désigné apetit renardB, diminutif de vulpes, volpes <renard»,
un ruisseau 113581, puis l’embouchure d’un cours mot sans origine connue. Le g initial provient d’une
d’eau (15061, la partie étroite d’une bouteille 115441, influence germanique, le bas latin ayant fourni par
sens déjà vieilli au XVII~ s. et éliminé par un autre ailleurs les formes vo?@ Iv. 11751, volpil Cv.11801.
dérivé, goulot. 0 Goulet prend au xwe s. le sens de 4 Goupil, éliminé par renard*, se maintient comme
((passage étroit- Il 5551, spécialement <entrée
archtisme littéraire.
étroite d’un portb 117431, et est utilisé comme terme 0 VOirGOUPILLE.
technique (1752, <<trou par lequel on introduit la fu-
sée de la bomben ; 1759, terme de pêche, aouverture GOUPILLE n. f. est le féminin lexicahé (1439)
d’une nasse>>). 0 Au ti s, goulet s’emploie au figuré de l’ancien français goupil Nrenardb Cv.1119 ; + gou-
dans goulet d’étranglement (1959). pil).
GOULOT n. m. n’est plus utilisé au sens de “pas-
sage par où Yeau s'écoule>) (14151, mais on dit ce- + Le mot désigne une cheville utilisée pour assem-
bler deux pièces (cf. les sens techniques de renard).
pendant, outre gouZet, goulot d’étiagement (alors
senti comme une métaphore du sens ~01 de bou- b Le dérivé GOUPILLER v. tr. appartit dans une
teilleN1. 0 Goulot s’emploie familièrement pour acception technique “garnir de goupilles) 11670).
«gosier- (16 161, sens remotivé plus tard par goulot 0 Goupiller, au sens de *combiner, arrangerB
«col d’une bouteille» ( 16801, qui est la valeur domi- 11900), mêle probablement une dérivation de gou-
nante du mot en français contemporain. pille et une variante de goupiner (+ gouspin). *DU
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1615 GOURER

verbe viennent GOUPILLAGE a.m. (1885) et le Le préfixé ENGOURDIR v. tr. sime d’abord
composé DÉGOUPILLER v. tr. (174% SpéCidiSé Iv. 1260; v. 1195, au participe passé) flpriver en par-
dans dégoupiller une grenu& (apr. 1916). tie de sa mobilité>) (un membre ou le corps), d’où
par extension C~SSS)Kmettre dans un état de ralen-
$J GOUPILLON n. m., variante Cv.1460) des tissements, au propre (en parlant des fonctions vi-
formes guipellort Iv. I 1801, guipillon ~IV” s.1, est dé- tales). Au figuré ; engourdi est, de nos jours, plus
rivé de l’ancien français guipon, sous l’influence de courant que gourd. 4 Les dérivés ENGOURDISSE-
écouvillon. On considère souvent guipon, attesté MENT n. m. (1539) et ENGOURDISSANT,ANTE
tardivement (13421, comme issu du francique ‘wisp adj. s’emploient au propre et au figuré.
abouchon de pailleb (cf. la forme wispeilon, XIII~s., et DÉGOURDIR v. tr. s’emploie lui aussi au propre
encore le normand vipillon, 1416); le breton guis- Iv. 1442) et au figuré, attesté longkemps après (1588)
pan, emprunté au tiançais, hdiquerait que 1’s que le pahcipe tijeckivé DÉGOURDI, TE km” s.) wif,
contiennent certaines formes est étymologique. On prompt>), substantivé en moyen français (1391, Je-
a aussi proposé pour l’étymon l’ancien nordique ban. le Desgourdi, surnom). 0 Au sens de «chauffer
vippa, d’un radical vip- «se balancera; il s’agit en légèrementm (1694, f&e dégourdir de Z’eaul, le
tout cas d’un mot d’origine germanique. verbe a vieilli. 0 Il a produit le terme technique
+ Goupillon, <(tige garnie de touEes de poil, dont on DÉGOURDI n. m., @pièce de céramique soumise à
se sert pour asperger d’eau béniten, prend le sens une première cuisson> (1782) et ~cuîsson légère
de abrosse à long manche>> (16111 sous l’inken,ce de pour ôter l’excès d’eau dans une pâte de porce-
écouvillon. Le mot désigne figurément 1’Eglise laine* (1844). Dégourdir a signifié <<manger vite et
(1835) dans la locution le sabre et le gtwpih~. goukknent~ Iv. 11501, valeur relevée jusqu’au milieu
,En dérive GOUPILLONNER v.tr. (1680; 1597, du XVIII~s. dans les dictionnaires.
guespilloner *asperger4 unettoyer avec un goupil-
lonn. GOURDE n. f. s’est substitué (KV~) à garde o>
(XIII~s.1 et représente une altération de l’ancien
GOUR ou GOURD n. m. apparaît sous les français coorde (XIII~s. ; + courge), du latin cucurbita
formes gort Iv. 1112, «cours d’eau»), $Ors he s.), puis courges et agourde)}, probablement sous l’in-
gour Idialecke des Dombes, 13851 qui reprksentent fluence de l’ancien provenqal cogorda, de méme
l’aboutissement du latin gorges 4ourbillon d’eau>, origine.
CgoufTre, abîmem (+ gorge). 4 Gourde conserve (XIII~s.1 le sens du latin, *fruit de
4 Gour est resté un terme régional (Centre, Sud et certaines cucurbitacéesn et, par métonymie, dé-
Alpes1 pour désigner la partie creuse d’un cours signe aussi le récipient constitué par ce Mt vidé
d’eau et (en Auvergne1 un lac profond. Cv. 1520, caourde pleine de vin). Par analogie de
forme, gourde se dit d’un récipient portatif ( 18281.
GOURBI n. m. apparaît dans un récit de 0 Au figuré, sous l’inkence de l’adjectif gourd, le
voyage, écrit gurbk (17431, puis au xrxes. (1841); mot sign%e «personne nitise et stupide* (1886) ; il
c’est un emprunt à l’arabe d’Alg&ie gurbï, <<maison est adjectivé peu après (il, elle est gourde, 1895).
de terre, chaumière,, peut-être lié à l’arabe clas- b C’est ce dernier sens qui est retenu dans les déri-
sique qurba ~proximité~. vés GOURDASSE n. f. bf s.), rare, et GOURDI-
4 Gourbi, *habitation sommairen, a désigné par FLOT n. m. (XX” S.), avec le même stixe argotique
analogie (1855) un abri de tranchées et, par exten- que atiflot l’artilleur)).
sion (1878-18791, une habitation misérable et sale.
GOURDIN n. m. représente un emprunt (1526,
@ GOURD, GOURDE adj,, réfection (v. 1160) gordin), par lïntermédkire du provenqal “gordino
de gurt Iv. 11121, est issu du latin impérial gurdus attesté par le latin m&Iiéval gordinum à Marseille
<lourdaud, grossiera, puis en galle-roman &ntnobi- ( 12981, à l’italien cordino, dérivé de corda acordem
hé par le froidn, le mot latin étant d’origine ibère (-+ corde).
loti il sign%e agros, bien nourri-; cf. espagnol
+ Le mot a désigné d’abord (1526) une corde utilisée
gordd.
pour Miger un supplice aux forçats puis, par ex-
+ Le français gourd a signU *sans mouvement- en tension et sous la forme moderne gourdin ( 16223, un
parlant du vent Iv. I 112) et s’applique à ce qui est gros bâton lourd et solide.
engourdi Iv. 1160, main gourde). 11s’est dit, comme
en latin, pour <<lourd, grossier» 113421, d’où le sens GOURER v. tr. appara3 d’abord au participe e}
de amaladroitm cv.1498). Q Par ailleurs, l’adjectif passé sous la forme gorré (zd" moitié XIII~s., attesta-
s’est employé jusqu’à l’époque classique au sens de tion isolée) et tardivement comme verbe pronomi-
*pompeux, opulent, richeB (v. 14601, en parlant de nal t 17903; il est probablement formé à partir du ra-
personnes, de vêtements, etc., valeur venue du do- dical gor- I+ goret). Pour P. Guiraud, les sens de
maine d’oc où goti abien nourri» apparaît dès le gor- peuvent être classés en trois groupes : 1. *dé-
XII~ siècle. Cette acception disparaît sans laisser de vorerm : en Normandie, se gourer a Sign%é =se gor-
traces vers la fm du XVII~siècle. ger de nourriture, (3 goret); 2. Mmener une vie de
.De cet emploi dérive GOURDEMENT adv,, en débauche» ; 3. atrompern ; le passage de egourmand,
moyen français {{beaucoup, (xv” s.l d’après le sens débauchém à &ompeur)> appartient d’ailleurs, tou-
de <wichem,sens disparu au xvresiècle. L’adverbe est jours selon Guiraud, à un sémantisme fondamental
rare pour <<avecles mains gourdesv. de la langue.
GOURGANDINE 1616 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Gourer apparaît avec le sens de 4rompep (XXI” s., 4ourmenterm Iv. 1378) et {{manier durement (ur
puis 1460 au participe passé) valeur aujourd’hui cheval)> (16111, ces deux sens sous l’influence de
sortie d’usage, alors que reste vivant se gourer gourmer I+ gourme). Par extension, gownander SE
11807; 1790, se gourrer), Par extension, le verbe s’est dit ensuite pour aréprimander vivementu (16301 el
dit pour =falsifîerm (18321, spécialement Nfals%er un cdomîner (ses passions)u (1660). + Du verbe dérive
remède= (1845); cet emploi familier a disparu. GOURMANDEUR, EUSE adj. «glouton» ~VI” s.), re-
b Le dérivé GOURANCE n. f. 11899, au sens de pris au XIX~ s. au sens de “qui a l’habitude de répri-
flsoupçonm) cerrew ( 19131 est très familier, comme mandern, d’emploi rare (1880). + GOURMANDISE
GOURANTE n. f. Ixxe s.) qui en procéde. 0Le dé- n. f., autre dérivé de gourmand, s’est substitué
verbaI GOURE n. f. (1562, &rndation)>) est sorti C1400-14031 à gourmundie (1342) et goumta&&
d’usage. (1357). Le mot a eu une évolution sémantique paral-
lèle à celle de gourmand. Il sigrGe aussi «mets
GOURGANDINE n. f. est un mot d’origine kiandm ( 1835, surtout au pluriel).
dialectale (attesté 16401, probablement composé du
radical de gouret, goret que l’on retrouve aussi dans GOURME n. f., recensé au XIII~s. (12281 sous la
le moyen tiançais gorre +5yphilis~, gorrasse «CO- forme gomme &rouelles», viendrait du tiancique
quettem, le dialectal gare, goure cfemme de mau- Oworm (ou ‘wunnj flpus~, restitué à partir de l’an-
vaise vie% (d’où le verbe provençal gourru ~owir cien haut allemand wurm, du néerlandais womz,
les femmes4 et d’un dérivé dialectal de l’ancien tOt répandu dans Ia Romanîa (cf. ancien provençal
français et de l’ancien provençal gander, gandin; womt Kmorve de chevalm, x9 S.I. P. Guiraud préfère
+ gandin (cf.gandine Nfernme de mauvaise viem, dès rattacher le mot à la base galle-romane qu’il extrait
le XVII~ s. 1. oOn trouve aussi El6131 le masculin d’une série de mots d’origine obscure ou douteuse,
gourgandin (utilisé par Céline). ogoum- “gorgea (-, gourmand). Dans les deux cas,
le sémantisme partit quelque peu sollicité.
4 Gourgandine, «femme facilen, Nprostituée, (16401,
est peu usité aujourd’hui, Le mot a désigné aussi 4 Gourme désigne depuis le xrve s. (v. 1350) une ma-
(1694) un corsage lacé devant, qui fut en usage au ladie de la gorge du cheval, d’où jeter sit goumie
xme siècle. (XVI~s.) *être a$ecté de la gourme pour la première
fois» et, au figuré, en parlant d’une personne (15591
b Le dérivé GOURGANDINER v. htr. (1867) et son
cfaire ses premières frasque9 ; par analogie, le mot
dérivé GOURGANDINAGE n. m. 11895) sont sortis
est devenu un synonyme familier de impétigo.
d’usage.
0 Gourme a été utilisé ! 1405, mors a gourme) pour
désigner la chaînette appelée un peu plus tard
GOURMAND, ANDE adj. et n. est un mot
gourmette (ci-dessous), peut-être parce que la chaî-
d’origine incertaine ( 13541.Rattacher le mot à gour-
nette provoquait pour le cheval la même gêne que
met” (avec un changement de sufke) soulève des
la maladie de la gourme, mais cette évolution de
dikultés, gourmet ne prenant un sens analogue
sens n’est pas claire.
qu’au XVIII~s., très probablement par iniluence de
gouxwnd; on peut partir à la rigueur du sens de b GOURMER V. tr. est attesté Iv. 1300) au participe
avalet, qu’a eu goumzet : l’évolution sémantique se- passé Cgomz61, qui simait “qui a la gourmem.
rait alors analogue à celle de goinfre aparasite>), Goutter s’est dit figurément pour acritiquer sévè-
puis <<glouton>>. P. Guiraud propose une base rement)) (1580) et Nbattre à coups de peine 6n
gourm “gorge», commune à gourmand, gourme, XVI~s. ; cf. se gourer, 1583-15901, peut-être en rai-
gourmet, gourmette, issue d’un gallo-roman son des marques laissées par les coups, analogues
oculmus puis ocomzu, du latin calamus achalu- a celles qui résultaient de la gourme, ou, selon
meaw et Ktrachée-wtèren (+ chalumeau) ; oculmus P. Guiraud, parce que gourmer signiCerait mdonner
serait à l’origine de l’espagnol cuelmo et du portu- un coup sur la gorgen. Le verbe, qui a inkencé le
gais colmo, de l’occitan auvergnat comlel apipeaw dérivé de goumzalzd, gourmander”, s’emploie aussi
(Aurillac); là encore, gourmand serait un doublet au sens de «brider un cheval avec sa gournre ou
de gourmet avec la hale -a& appliquée à des mé- gourrnetten (attesté en 1611, mais regoumzer est re-
tiers (marchand, truandl. levé dès 15491, d’où au figuré à celui de <<rendre
raiden ; en ce sens, le pronominal se gouwner ( 1563)
+ Goumzati s’est dit longtemps ( 1354, adj-1 pour
et surtout l’adjectif GOURMÉ, ÉE 117321, qui avait
“qui mange avec avidité~. Au figuré, le mot signkk
signifié en moyen français «goitreux)> Ev.13001, sont
aavide de connaître, qui aime beaucoup* 11550,
plus courants. +GOURMADE n. f. (de gourmer)
goumzand de). ~Par extension du sens propre, <coup de poing Ii51 xwe s.1est archtique.
gourmand se dit d’abord en emploi adjectif (16881, GOURMETTE n. f. a remplacé (1442) gourme pour
puis comme nom masculin 117001,d’une pousse qui désigner la chaînette qui tic le mors dans la
tire la sève à elle. Pois gourmand désigne une va- bouche du cheval. Par analogie, le mot désigne au-
riété de petit pois. 0 Le mot a perdu sa connotation jourd’hui ( 1895) une cha*me de montre, un bracelet
négative au XVIII~et au XX~s. ; l’adjectif, dans des em-
en mailles de métal.
plois extensifs, est devenu synonyme de gmtrono-
mique (chronique gourmande, etc.). GOURMET n. m. est une altération, par méta-
F Le verbe dérivé GOURMANDER a Sign%é ccdévo- thèse ( 14021, de groumet (13921, auparavant au fémi-
rerB (v. 1330, d’abord tr.), encore au xrxes. (Littré). nin (v. 1330, groumete <<courtière en vins4 ; cette
Cette valeur disparue était rattachée à l’adjectif; il forme a triomphé, probablement par attraction
n’en va plus de même pour d’autres acceptions, d’autres mots en goumz-. Ce nom est issu de l’an-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1617 GOÛT

cien fiançais grammes «valet> (1352) dont l’origine d’ail (XIII~s.1,un ornement architectural 116761, puis
est discutée; il est soit rattaché à l’ancien anglais le fruit des légumineuses 11701) et, en termes de
grom Kjeune garçon)> (1225) puis =vaktB (1297) pêche, une masse lestant les flets (17831.
E+ groom), et, par influence sémantique, à gour- b De gousse dérive GOUSSET n. m., d’abord gou-
ma&, soit rattaché CP.Guiraud) à la racine cet (1278 ; cf. aussi gocet, 11801, de sens incertain. Le
Ogoum- «gorgen (4 gourme), issue du galle-roman mot a désigné d’abord une pièce de l’armure pro-
“culmus, doublet de calamus (3 chalumeau) au tégea;nt l’aisselle ( 13021, puis le creux de l’aisselle
sens de achalumeau>), flpipetb (servant à goûter). il2781 et, par extension, une pièce placée à la
Mais cette dernière hypothèse ne tient pas compte manche d’un vêtement ( 13981, ensuite dans la cein-
des formes initiales en grou-. ture d’un pantalon. De cette dernière acception
4 Gourmet, d’abord walet chargé de conduire les viennent les sens modernes de cpetite bourse>>
Vins~, s’est dit (14581 pa;r élargissement de ficelui qui (16421, d’abord portée SOUSl’aisselle, et de <<petite
déguste du vin, qui sait l’apprkier)), d’où, par assi- poche de gilet ou de pantalonn (1757). 0 Par analo-
milation probable à gourmand*, le sens moderne gie, gousset, terme technique, désigne une console
(peu av. 1757) de <personne qui apprécie la bonne de bois ( 14381, une traverse soutenant une autre
chère-. pièce de bois (15511 et, à l’époque actuelle, une
plaque de tôle servant de renfort (1930). +Le
GOUROU n. m. est une adaptation (1732, Tré- composé VIDE-GOUSSET (1835, de rider) s’est em-
vo& de gurü wénérableB, mot hindi issu du sans- ployé pour &OU, voleur>), par allusion archaïque
krit gunih <<lourd, grave)>, qui trouve des correspon- (mais le mot n’est pas attesté anciennement).
dants dans plusieurs langues indoeuropéennes: +GOUSSAUT n. m. (1615, n. m.; 1678, adj.1, terme
grec barus I+ baryton), latin grw& (+ grave), go- technique, désigne, d’après l’image de la gousse
tique kaurus. bien remplie, un animal au corps trapu.
+ Gourou, nom donné à un maitre spirituel, à un @ Voir GOSSE hd CaJxhd, 0 GOUSSE.

précepteur religieux dans la religion brahmanique, 0 GOUSSE n. f., attesté en argot au xrxe s,
a été repris et diffusé au mes. (1946; répandu (18651, est peut-être issu de l’ancien français gouce
v. 1960) pour parler d’un maître à penser, sans
ahiennes Iv. 13301, féminin de gos <&ien>> Cv.1175 ;
doute sous l’influence de l’anglais.
+ 0 gousse), ou serait le dérivé (déverbal) de gow
ser «mangers I1460), k-même formé sur gos ou
GOUSPIN n. m., d’origine incertaine (16491,
gousse avec la valeur de Nmanger comme un chien,
pourrait être composé à partir de gousser uman-
grossièrement>>. Un rapport avec 0 gouge” n’est
ger» (v. 1537 ; de l’ancien provençal gosa <chienne)> ;
pas exclu.
+ gousse) et de pain (cf. huppelopin <vaurien*,
XVI@s., proprement ((celui qui vole un morceau4 ; il 4 L’assimilation de <chienne- à afemme débauchéen
représente peut-être un dérivé de gousse, forme conduit au sens initial de gousse Nfemme lascive,
ancienne de gosse mais qui n’est attestée qu’au débauchée> (encore attesté en 1878) puis au sens
me siècle. moderne d’~~homosexuelle>~, peut-être sous l’in-
fluence de la série gougne, gougnotte, gouine
+ Gouspin, terme argotique, apparaît au sens de
(-+ gouinel.
apolisson, vaurienu ; il désigne un factotum El8081 et
un clerc de notaire ou d’huissier (1847). +k GOÛT n. m., réfection graphique tardive
b &I dérive peut-être le verbe GOUPINER atravail- (XVII~s.) de goust (déb. XIII~s.1,gost (XII~sd, est issu du
lern I~~II~ s.1 puis afaire son travail (en parlant de latin gustus aaction de goûter, dégustation, puis
voleur& (17991, sans doute influencé par goupiller «goût d’une chosex, au propre et au figuré; gustus
Mruser- (+ goupiller). se rattache à une fanrille issue de la racine indoeu-
ropéenne ‘geus- &Prouver, goûter, apprécierm, fa-
0 GOUSSE n. f., réfection tardive (1538) de gose mille à laquelle appartient le germanique kuusjan
(v. 1200; variante gosse, v. 12251, est d’origine incer- &prouverm (+ choisir).
taine. Il représente peut-être l’ancien français + Comme en latin, goût s’emploie au propre et au
gouce chienne» Iv. 13301, féminin de gos *chien figuré dès les premières attestations. Le mot signi-
En XII~s.1 qui correspond à l’ancien provençal fie au XIII~s. «sens par lequel les saveurs sont distin-
gossa chiennes hnil. XII~ s.l. On connaît des créa- guéess Cv. 12821, d’où par métonymie “saveuT»
tions métaphoriques analogues : cui’eu, et roumain (xtle s.), par exemple dans la locution disparue
cûtel de wturoiu cgousse d’ail>), de ccttel apetit ( 1617) [plat) de haut goût 4rès épicé>>. 0 Par ex-
chienn. Gos Nchien)) est supposé d’origine onomato- tension, goût désigne une impression forte sur les
péique. 0 Selon P. Guiraud, gousse (comme sa va- sens (quand il ne s’agit pas d’aliments), au propre
riante provençalle golsa) représenterait un gallo- ( 1564 ; cf. odeur1 et au figuré. Dans des expressions,
roman ovoZsu,synonyme du latin volva aenveloppe)> il équivaut 11379) à Kappétit, envie,, d’où la locution
(qui a donné l’ancien lançais VOUS,vowse «courbé, figurée faire perdre Qxsserl à qqn le goût du pain
bombé4 dérivé de volvere, et de volvus cbulbe)>. La ((le tuer» (16561, précédée par perdre le goût du
gousse serait donc un Kobjet voûté>>,ce sémantisme pain Krnoti 11616) et par extension &û faire
rendant compte de tous les emplois du mot et de perdre l’envie de recommencer (qqch.l>).
ses dérivés. GoLit s’emploie dès le XIII~s. au sens figuré (1276, ve-
4 Gousse, d’abord ((enveloppe des graines des légu- nir bkn a goust aplaire, convenir4; il Sign%e apen-
mineuses~, désigne par analogie de forme un caïeu cknt, dispositions (1538, le goût de ta1 qqch.; d’où
GOUTTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

en goiit [av. 16131, par go& etc.1 et, spécialement, figuré (16361 pour *aversion morale (pour qqch. ou
kxlination amoureuse* 11676). 0 Parakkment, qqn)=, Ncessation du pltisir que procure qqch.p Km
goUt se dît (15641 pour <aptitude à discerner les XVI"~.~. +DÉGOûTANT,ANTE adj. Sign%e -qui
beautés et les défauts- (faculté analogue au sens du inspire du dégoW (16421, dans un contexte concret
goût), en particulier dans les domaines esthétique ou moral. Il se dit aussi pour ufastidieuxs 11790) et
et inteHet=tuel i1643, le bon go& d’où de bon hau- <<trèsmauvaiw
va.&~goût (1690), dans le goût de, Ipersomel de SUr goût Ont été également COmpOSéS AVANT-
goût, avoir du goût, être sans goût, etc. GOÛT n.m. (16101, employé au figuré, et AR-
b 0 GOÛ‘TER V. est issu du latin gu&aw agoûtep, RIÈRE-GOÛT n. m., “goût qui reste dans la bouche
au propre et au Gguré, et Nfaîre collation-, dérivé de après l’absorption de certains aliments ou bois-
gustus. 0 Goûter s’emploie comme gout au sens son+ 117981,qui s’emploie aussi au figuré (XIX~S.I.
propre Iv. 1130, goder de; 1155, guster, tr.1, d’où @ voir DJkGUSTEFL
goûter de «boire ou manger une chose pour la pre-
mière fois, (XIII~s.), et au figuré ti XV s.1 cappré- % 0 GOUTTE n. f. est issu (v. 13603, par les
cier, trouver à son go& (mais goûter gq72est sorti formes goute (XIII~s.), gute, d’abord gote (v. 9801, du
d’usage), «faire Mpreuve de qqch. pour la première latin gutta agoutte de liquides, <tache en forme de
foisn (goûter de, 1580). 0 Le français reprend le sens goutte», au figuré apetite partie, parcelle>, et aussi
latin de <faire une collation dans l’après-midi> terme d’architecture, mot de formation expressive.
(1538, intr.), d’où vient @ GOÛTER n. m. (15381 dé- + Le mot conserve le sens latin de <petite quantité
ger repas entre le déjeuner et le dîner+ (régionale- de liquide de forme sphétique* Iv. 9801, d’où la lo-
ment, GOÛTERON n. m., attesté mil. XX~s.), À cution adverbiale goutte a goutte, au propre ! 11703
l’époque classique, on préferait à la Cour collation, et au figuré (av. 16541,et ensuite les locutions figu-
et gotifer était jugé <populaire et bourgeoisn (Riche- rées : se ressembler comme deux gouttes d’eau
let , 16801; dès le XVIII~s., le nom s’emploie surtout en 116641, ne pas avoir me goutte de sang dans les
parlant des enfants (Académie, 1740). + De 0 goû- veines Il 8351, avoir la goutte au nez E1866). 0 Paral-
ter dérivent également GOÛTABLE adj. 114951, lèlement goutte, représentant une petite quantité
d’emploi rare, GOS‘TEuR n. m. (15791 et GO& En xrf s.1,s’emploie avec ne pour former une néga-
TEUX, EUSE n. 11910, de gofiter) et adj. (de gotitl tion renforcée avec certains verbes (ne veoir gote,
“qui a bon goût, savoureux%. v. 1130, =ne rien voir»). Cet usage correspond aux
RAGOÛTER v. tr., formé (déb. XIII@s.1 de re- et a- emplois négatifs de pas, point, pnie (archaïque) et
(du ad latin), signifie aplaire à qqn), opposé à dé- est aujourd’hui plaisant ~OIIn’y voit gouttel. 0 Par
goiiter, mais est demeuré plus rare et s’emploie extension, goutte désigne en pharmacie une unité
surtout en construction négative. Par extension, il a de mesure (1700; 1721, des goutiesl, une petite
sign%é aréveiller le désir, la passion de qqn» 6n quantité de boisson, spécialement de boisson al-
xrve s.1et <qremettre en appétitn (1660). + Le déverbal coolisée 11795, <eau-de-vie» dans boire la goutte et
RAGOÛT n. m. n’apparaît qu’au xv18 s. où il a dé- quelques emplois), et aussi donner la goutte, fami-
signé un mets qui excite l’appétit (1623, rugoustl, le lier et vieilli pour <<donner à téter* (19071. ~Par
mot apéritifk étant très postérieur, puis un assai- analogie, comme en latin, goutte se dit d’une tache
SOnnement (16901, également au figuré (1647). qui ressemble à une goutte, spécialement en archi-
0 Puis ragoiit, détaché de son origine, s’est spécia- tecture (1568) au sens d’aomements de forme
lisé (16651 pour nommer un plat de viande Cou de conique-, et en osfèvrerie 0820, goutte d’euzd pour
poisson) et de légumes. * Au figure, c’est un terme désigner une pierre taillée en forme de goutte.
de peinture (1767) désignant une facture grasse et w @GOUTTE n. f. est le nom d’une maladie (v. 1170,
expressive, acception sortie d’usage au x& siècle. male gote ; puis v. 1200, goutel ainsi nommée parce
bRAGOùTANT,ANTE adj. s’applique à ce qui qu’elle était attribuée à des gouttes d’humeur vi-
plaît (16721 et à ce qui excite l’appétit (16731, surtout ciée. Le mot s’applique surtout à une diathèse ar-
en construction négative ; l’antonyme dégoûtant est thritique manifestée par des dépôts d’urate et des
beaucoup plus usuel et contamine le sens du mut. douleurs articulaires ai&&. Par extension, on a
-Le dérivé régional et populaire RAGOUGNASSE parlé aussi de goutte viscérale et le mot s’est appli-
n. f. 118811, formé avec l’initiale gougn- C+ gougna- quk à d’autres tiections. Très courant du XVI~ au
fier) et le suff. péjoratif -mse, désigne une cuisine XVIII’ s., le mot est ensuite marqué, puis archaïque.
infecte. dn dérive GOUTTEUX,EUSE adj. et n. “qui est
DÉGOÛTER v. tr. (de @ dé- et goLit) a signifk, atteint de la goutten (XVI~s. ; 1174-l 176, gutusl et,
d’abord au participe adjectif &goW, ée ( 1379, puis beaucoup plus récemment, “qui se rapporte à la
au pronominal (tis.1 et er&n comme transitif goutte* II 9001.~&dmhutifGOUTTELETTEn. f.
(1538) Noter l’appétit à (qqn))), et au figuré ainspirer <(petite goutte= (apr. 1250, gouteletee)et au figuré
un ennui extrême= Cfrn XVI@s.), d’où kloigner deu, <(petite quantité)>, dérive GOUTTELER v. intr., at-
en usage jusqu’à l’époque classique. 0 Par exten- testé au D? siècle. +GOUTTER v.intr., dérivé de
sion, dégoiiter signifie aprendre en dégoût, En goutte au sens premier ou emprunté au dérivé bas
xv” sd, &coeurer a, webutep 11538) puiseôter l’envie latin gutiare, signZe vtomber goutte à gouttem
dea (fm XVI~s. ; 1756, par p&,anterie si vous n’aimez kme s., gutieir; v. 1320, gouterl et Mfaire couler
pus ~a, n’en dégoiitez pu8 ks autresl Se &goUter, goutte à goutte- IXIV” s.l. 0 Il a pour dérivé le terme
en ce sens, est attesté depuis le xvre s. (après 15503 technique GOUTTEUR n. m. (mil. ti s-1.
.+DÉGo~T n. m., déverbal de dkgoiîter, s’emploie Parmi les autres dérivés, GOUTTIÈRE n. f. a dé-
au sens de <manque de goût, d’appetit}) ( 15801,et au signé la partie inférieure d’un toit, d’où l’eau tombe
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1619 GOUVERNER

goutte à goutte Cv. 11201, aujourd’hui le toit luî- comme <s’occuper de l’éducation de (un enfant)*
même dans sa partie inférieure (xwe s.), et un canal (~III XIV~s.1, ou sont littéraires, #dominer-n, avec un
tié au bord inférieur du toit (mil. xve S.I. 0 Par ex- sujet nom de chose EV.11901. 0 Gouver?%er a aussi
tension, gouttière s’est dit (15801 d’une fissure par dès le XI~s. (1080) le sens latin de «diriger un na-
où l’eau pénètre goutte à goutte à l’intérieur d’une vire>>, d’où viennent le sens de <<conduire, : gouver-
maison. 0 Par analogie, le mot désigne un objet qui ner une voiture (1689) et au figuré : gouverner son re-
rappelle, par sa forme demi-cylindrique, une gout- gurd, et celui, régional (encore en Suisse), de
tière : en anatomie 118051, en chirurgie (18451, en ar- #soigner le b&il».
mement C1845, goutièw d'urne &del, etc. 0 Le de-
b Les dérivés de gouverner se rattachent à ses trois
rivé GOUTTEREAU n. m. (1398, goutterot) est un
sens principaux.
terme technique.
GOUVERNEMENT n. m., d’abord au sens disparu
DÉGOUTTER v, intr. sime =Coder goutte à
de gouvemr Naction de diriger qqch. ou qqnp Km
gouttem Cv, 11191, d’emploi rare (d’où le diminutif
XI? s., govemement; cf. latin médiéval gubemamerz,
DÉGOUTTELER v. intr. [XIII~ s.; nZpris au xrxe s.11, et
xle s.1,prend Cv.1265) le sens d’Naction d’exercer le
&isser tomber goutte à goutte> (v. 1120).
pouvoir politique sur un groupe social>> (valeur de-
~ÉGOUTTER v., *débarrasser Iqqch.3 d’un liquide
venue littérairel. D’où ( 1462) en droit ancien l’ac-
en le laissant s’écouler goutte à goutte», est attesté
ception de *direction d’une ville, d’une pro-
au ~III~siècle. Le pronominal s’égoutter, Nperdre son
vince, etc.m, par métonymie, Mcirconscription régie
eau goutte à goutte», est courant Iv. 1268, Ksetarir%
d’une source). -ÉGOUT n. m. (XIII~s., esgorz), dé- par un gouverneur) ( 1462) et de acharge d’un gou-
vemeurn (1461-1466). + C’est à la Renaissance que
verbal de kgoutter, désigne ce qui permet l’écoule-
ment des eaux de pluie et des eaux ménagères le mot prend une valeur politique, désignant (1588)
(v. 1260, esgos) et l’eau qui s’écoule peu à peu (15381. la structure selon laquelle est régi un Etat, puis le
oLe sens actif est rare et le pluriel, les égou& est pouvoir qui assume la direction d’un Etat (1648,
devenu usuel au XIX~ s, avec le développement de mais répandu au ~~III~s.1 et spécialement le pou-
l’hygiène urbaine; le mot n’est alors plus senti voir exécutif (1762) par opposition au législatif: puis
comme dérivé de égoutter, Au figuré, le mot signi- l’administration centrale d’un État et em, avec la
fie &eu où aboutissent les gens Jes plus vils, les III” République, la partie du pouvoir exécutif res-
vices, etc.> (1692 ; cf. bourbier). * A partir d’égout ponsable devant le Parlement (attesté, 1887). +De
sont construits le dérivé EGOUTIER, IÈRE n. m. et gouvernement dérivent GOUVERNEMENTAL,
adj. (1824) et le composé TOUT-À-L'ÉGOUT ALE, AUX adj. «relatif au pouvoir (politique, exé-
n. m. inv. (1886, de tout nominal). -Du verbe égout- cutifl ou au ministère9 (1801) et “qui soutient le gou-
ter dérivent aussi ÉGOUTTAGE n. m. (17781, vernement, le ministère)) ( 18661. Dans le premier
ÉGOUTTEMENT n. m. (13301, EGOUTTOIR n. m. sens, on parle d’orgwisutiorts gouvernementales et
(15541, spécialement de nos jours égouttoir 9 vais- aussi, sur le plan de l’action humanitaire, d’or@-
selle, ÉGOUTTURE n. f. Ifm XVII” s.1 et le régional sations non gouvernementales, abrégé en 0. N. G.
ÉGOUTIS n. m. Iégouttîs à Troyes, 1887). 0 GOUVERNEMENTALISME n. m. (18401 et
COMPTE-GOUTTES n. m. inv. (av. 1850, de GOUVERNEMENTALISTE adj. et n. (18621,termes
compter) désigne un appareil servant à doser les li- vieillis. Tous les emplois à partir du milieu du
quides et se dit au figuré lau compte-goutied pour XVII? s. et jusque vers le milieu du ~LX~s. ont subi
aavec parcimonie>). +Le composé GOUTTE-A- l’influence de l’anglais gwemment, de même ori-
GOUTTE n. m. 119311, de la locution goutte à gine, et de ses dérivks. 0 Gouvernemental a pour
goutte, désigne en médecine une perfusion lente et préké INTERGOUVERNEMENTAL, ALE, AUX
l’appareil qui la permet. +Enfin, GOUGOUTTE adj. (1946) “qui concerne plusieurs gouvernements>>
n. f., mot familier signXlant upetite goutte-, est et au Québec Idep. 1967) “qui concerne les relations
formé (xx” s.1 par redoublement. entre le gouvernement québécois et d’autres gou-
vernements~. 0 ANTlGOUVERNEMENTAL, ALE,
GOUVERNER v. tr. est l’aboutissement AUX adj. (18301 est dans Balzac en 1832. - Fdn,
Ixur” s.1,par la forme g~~emer Iv. 10501, du latin gu- SELF-GOVERNMENT est l’emprunt graphique
bemare cdiriger un navire» et «diriger, gouverners, 11831) d’un composé anglais en self csoi-mêmen
emprunt technique de la langue nautique au grec 13 self), qui s’applique à un système britan-
kubeman, de même sens (+ cybernétiquel. nique d’administration, puis à l’autonomie d’un
+ Gouverner a d’abord le sens d’eexercer le pouvoir Pays.
politiquen, transitif et en construction absolue, et GOUVERNE n. f., déverbal de gouverner, a le sens
celui de *diriger la conduite de qqch. ou de qqn, ; en général d’«action de gouvemerm 11292, estre en le
ce dernier sens, certains emplois du verbe sont au- gouvieme ok -être dirigé parn; en 1240, gweme est
jourd’hui sortis d’usage : aentretenir des per- en outre attesté au sens de ~nourriture»), sorti
sonnes, pourvoir dem (XIII~s.1, d’où <soigner un ma- d’usage en parlant du commerce ( 1723) ou d’une
lade)) (1425) encore au ti siècle. En moyen personne, sauf dans la locution (1829) pour ma
fhnçais, le verbe gouverner gqn a eu le sens (ta, etc.1 gouverne. 0 Le mot s’est cantonné à des
d’aavoir une conversation avec* (XVI~s.1 puis &re sens plus spécialisés, en marine «action de diriger
en relation avecn Cfinxvle s.), et gouverner qqch, uen une embarcationn (1866, aviron de gouverne], par
avoir soînm (13601, spécialement <administrer avec métonymie (18723 &spositîf pour changer de di-
épargne» (1611). En grammaire le verbe a signi@ rection (cf. gouvernail) et, par extension 119301,
&gin iapr. 1650). ~D’autres sens ont disparu, «dispositif mobile servant à diriger un engin aé-
GOY 1620 DICTIONNAIRE HISTORTQUE

riena (cette extension est postérieure à l’emploi de 17951.Le mot vient de l’hébreu biblique où il Sign%e
gouvernail). <peuple, nationp puis “peuple d’Israël» et enh
GOUVERNANT,ANTE n. et adj., a eu comme «peuples non juif&.
nom mascuh ( 1437) le sens de «gouverneurm et de + Goy est le nom donné par les israélites aux per-
cconduiten Cv.1550); le mot désigne (17891, surtout sonnes étrangeres à leur culte, en particulier aux
employé au pluriel, ceux qui détiennent le pouvoir chrétiens.
politique (opposé à gouvernd 0 Le nom féminin 0 Voir @ GOUGE, GOUINE. GOUJAT.
gouvernante, d’abord ufemme d’un gouvernant*
c’est-à-dire d’un gouverneur ( 14771, désigne une GOYAVE n. f. succède (16141, avec la variante
femme qui s’occupe de l’éducation d’un enfant gouyave (16431, à la forme gouiave (1601-1603) et
(1534); par extension, le mot s’est dit 11651) d’une s’est introduit en tiançais par des traductions de
femme chargée de surveiller une jeune fille et il l’espagnol, sous une forme empruntée à l’arawak
s’emploie encore quelquefois 11690) au sens de brgue an-h-indienne des Caraibes) guayaba
afemtne qui s’occupe du ménage d’un célibatairem. ( 1555 ; forme employée en espagnol, 15261, du ca-
*GOUVERNANCE n. f., d’abord équivalent de raibe guava.
gouvernement (xrn” s.), puis terme de droit (14781 et
#Le mot désigne un fruit originaire d’Amérique
au sens de Ncharge de gouvernanteB (16792, s’em-
tropicale à saveur parfumée et sucrée.
ploie aujourd’hui au Sénégal, par l’action philolo-
gique et politique du président Senghor, pour dé- F L’arbre qui produit ce fruit exotique a été nommé
signer les services administratif% d’une région. GOYAVIER n. m. (1647; 1601-1603, gouiuvier).
+ GOUVERNABLE adj. ( 1823) «susceptible d’être
gouveméb Ià propos d’humains) est postérieur à GRAAL n. m. représente (mil. XII~s-1une forme
INGOUVERNABLE adj., attesté en 1713 à propos occitane @ré, gréau, grid en domaine d’oc) issue du
des sentiments, et aujourd’hui terme de politique. latin médiéval @adalis *plat large et creuxu (10101,
Deux mots de la même famille sont empruntés à mot d’origine incertaine, dont on sait qu’il est lié à
des dérivés latins. -GOUVERNAIL n.m. est issu une réalité rurale. Gradaks pourrait provenir du
(v. 1130 ; ti XI~s., govemail) du latin gubernaculum latin populaire ‘crutah, issu du latin classique cra-
uaviron à large palette servant à diriger un navire» tis 4tie>>; on a proposé aussi pour étymons les
et employé au figuré, du verbe gz&ewLare. 0 Gou- mots classiques crater avase> (+ cratère3 ou gradus
vernail conserve les sens latins au propre WrnXI” s.1 adegré, (parce que dans le récipient les morceaux
et au figuré Kgouvemementn (XIV” s.1,Nconduite des sont disposés l’un après l’autre).
affaires publiques, du gouvernement, etc.D (15341; + Graal a repris le sens du latin médiéval, puis le
ces emplois métaphoriques ont vieilli. 0lZn re- mot s’est spécialisé au sens de cplat de la Cène,
vanche, le transfert de toute une partie du vocabu- (v. 1200; nom propre). Le Graal était au moyen âge
laire de la marine aux engins aériens a donné à le symbole du salut spirituel et la quête du Graal
gouvernail une valeur nouvelle en aviation 0909). est le thème central des légendes celtiques du
(Cf. ci-dessus, gouverne.1 cycle d’Arthur.
GOUVERNEUR n. m. ( 1130-l 140, gOUVwwres) est
issu du latin gubewtator acelui qui tient le gouver- GRABAT n. m. est un emprunt (11903, d’abord
na& et, au figuré, «celui qui dirige (un État)>),formé sous la forme grubatum (10501, variante tardive du
sur gubematum, supin de gubemare. 0 Le mot dé- latin grubatus amauvais litm, du grec krubbatos œpe-
signe d’abord celui qui dirige qqn, d’où spéciale- tit lit ba+, qui n’est pas un mot hellénique, mais un
ment (v. 1165, governere) un chef militaire, puis en emprunt occidental, sans doute macédo-illyrien.
droit ancien @n XII~s., guvemre) le fonctionnaire 4 Grabat, peu attesté avant le xvre s., a conservé le
qui gouverne une province, une ville; le mot a éli- sens du latin; le mot s’est dit 11690) d’un lit de ma-
miné gouvernant” dans son sens ancien. On parle lade.
surtout aujourd’hui de gouverneur militaire.
ä n a pour dérivé GRABATAIRE adj. et n. av. 1720,
0 Gouverneur a ensuite désigné ti xv” s.1 celui qui
asectaire qui n’acceptait le baptême que sur son lit
dirigeait l’éducation d’un enfant, d’où (16901 sous-
de mort%, désignant ensuite Il?‘ï’?‘I une personne
gouverneur xgouvemeur en second>), sorti d’lage.
qui (par maladie, faiblesse, inikmitél ne peut quit-
Q Spécialement, il s’est dit du chef mis par 1’Etat à
ter le lit. Le mot est aussi adjectif, dans ce sens
la tête d’une grande institution financière Ixme s. ;
(17621.
mais dès 1492, gouverneur &s finances), d’où
SOUS-GOUVERNEUR n. m. (1806). 0 Le mot a dé-
GRABUGE n. m., variante (15361 de gubwge
signé (1645 ; repris au x# s. en droit coloniall le
(15261, est un mot d’origine discutée. Un y voit tradi-
fonctionnaire représentant dans une colonie l’auto-
tionnellement un emprunt au vénitien garbugi0,
rité métropolitaine, le chef de l’administration. Il se
correspondant à l’italien garbugh 4umuhe, dé-
dit, par adaptation de knglais gûvemcor, à propos
sordre, confusion= (2” moitié xve s.1, à l’origine du
des Etats-Unis, du chef du pouvoir exécutif d’un
moyen francais garboutie ou garbouille cquerellea
fitat fédéré.
(1536). Garbuglio pourrait lui-même être issu de
GOY n. m. apparaît au XVI~s. (selon Dauzat) et est l’ancien italien garbugliare -embrouiller, boulever-
repris sous les formes gai’ (18441, goye et gop au ser* Idep. XVI~s.1,composé pour le premier élément
pluriel (1878). Le mot est emprunté à l’hébreu mo- d’une racine onomatopéique gurg- évoquant la
deme gOy, pluriel gGyirn «non juifn et en particulier gorge (celle de gargouiller) et de bugliare as’agitep
&rétien>~ (cf. le provençal gouien 4es chrétiensm, (XIVes. ; altération du dialecte italien septentrional
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1621 GRÂCE

boghre, pour bollire dmilIir4~ Mais le grand -charme d’une choses, puis (fm XI~~s.) «d’une per-
nombre de formes dialectales relevées dans le sonne». Au pluriel les &râces de qqn signifie cses at-
nord de la France permet d’autres hypothèses; trait+ (vieilli). Par extension, bonne rmauvaisel
ainsi, selon Bloch et Wartburg, grabuge représente- grâce krve s.1se dit d’un comportement qui plaît (ou
rait une altération, par substitution de stixe déplaît) ; de là viennent avoir bonne ( 15841, mau-
(d’après déluge), de grubouil, garbouil (attesté 15361, vaise (1611) grâce à et de borne Imauvaisel grtwe
déverbal de grubouilEer, gurbouiller ufaire du tu- (1637). 0 Au pluriel, les trois Grâces désignent
multem (XVI~s-1, lequel serait empruntk au moyen (1550) les trois déesses qui personntiaient le don do
néerlandais crabbelen Négratigner, griEonnern. plaire, et g&es signSe <<manières gracieusesn. A
0 Selon P. Guiraud, enh, grabuge serait issu du cet emploi seul correspond l’adjectif grctcie~~
verbe dialecttal grubber ~saisir par des cramponsm (cf. ci-dessous).
Bethune, 14961, comme le picard et le normand b GRACIER v. tr, est probablement un emprunt au
gmbuche; il serait formé sur la racine grab-, exprî- latin mkkiéval gratiare (formé sur gratis), plut&
mant l’idée de «grifTem,de acrampon», à l’origine du qu’un dérivé de grûce. Le verbe a d’abord Sign%é
néerlandais grabben +aisir* (cf. anglais to cmb, «rendre grâce (à Dieu)>> (v. 10501puis «remettre une
meme sens; allemand grabepz. «creusepI. P. Gui- amende> ( 1336) et, attesté tardivement ( 18321,<faire
raud évoque, par ailleurs, le latin carabus Kcrabem grâce à hn condamn&. + D’où le dérivé (en droit)
en proposant des formes hypothétiques ocurub~- GRACIABLE adj. 116901, d’abord au sens de «re-
culare, ocurubuciure agratter, fouiller comme un connaissablem C13 11, attestation isolée).
craben. GRACIEUX, IEUSE adj. est un emprunt ancien
+ Grabuge se dit familièrement pour dispute, que- (1176) au latin grutiosus “qui est en faveur, accorde
relle bruyante= ; par extension, le mot Sign%e une faveurm, <<faitou obtenu par favew, dérivé de
aéchauffourée>, -remue-ménage» (av. 1850). 0 Il a grutiu. 0 L’adjectif Sign%e d’abord “qui témoigne
désigné par analogie (1855) un jeu de cartes. de bienveillances Il 1761,en parlant des personnes
puis des choses En XIV’ s., salon gracieuse); ce
+% GRÂCE n. f. est un emprunt Iv. 10501, pré- sens a vieilli, à la différence d’un autre sens médié-
cédé par la forme latine @aha (2” moitié xe s.), au val “qui a de l’agrémentm (1176- 1181). Gracieux s’ap-
latin classique grutiu «reconnaissancep (abstrait), plique ensuite à une personne qui est aimable,
uacte par lequel on s’acquiert de la reconnais- cherche à être agréable (av. 1473). Vers 1530, l’ad-
sancem, d’ou cservke rendu>; le mot est Equent jectif Sign%e “qui accorde des grâces à qqnm, d’où
dans la langue politique, pour <<faveur, crédit, in- en particulier gracieux souverain “qui accorde sa
fluencem puis aagrément, beauté, grâce,, le latin grâcem (av. 17781, acception disparue; au XIX~s., par
chrétien ayant développé la valeur religieuse cfa- extension, il prend la valeur de “qui est accordé
veur divine». Grutia vient de l’adjectif latin grata sans contrepartie (comme une gr&ce>* (18661.
-accueilli avec faveurn, <<reconnaissant». -+ gratser, 0 Gracieux a eu 11831, n. m.) le sens de <bouffon de
gré. comédie% ; c’est alors un emprunt à l’espagnol gru-
4 Grûce, à partir du XII~s., développe trois sens cioso <cgracieuxn, attesté depuis le début du XVII~s.
principaux conservés du latin : ~reconnaissance~, au sens d’aacteur spécialisé dans les rôles
ace qu’on accorde à qqn» et <<agrément>. Grûce si- comiquesn &rucioso avait été emprunté en tiançais
gnifre d’abord Iv. 1050, pur la Deu gracel Nfaveur de en 1715). -L’adjectif a servi à former GRACIEUSE-
Dieu)), aaide de Dieu qui rend l’homme capable de MENT adv. (13021, GRACIEUSETÉ n. f. amanière
parvenir au salut», d’où plus tard les locutions an airnablea (14621, <don gracieuxn (14621, terme litté-
de grâce Iv. 13601, état de &ce 114561,à la grâce de raire, comme GRACIEUSER v. tr., aUtrefOiS drai-
Dieu (attesté anormalement tard, 18721, Etat de ter qqn avec grâce% 115841, qui a pris le sens de
grûce a été repris en politique pour asituation où le <<rendre gracieux>> ( 1853 ; 188 1, pron.).
pouvoir bénéficie d’une opinion favorable». oLe DISGRÂCE n. f. est un emprunt de la Renaissance
mot, dans le domaine profane, a pris le sens latin (1539) à l’itakn disgrctziu, composé de dis-, du latin
de afavew, spécialement de <(pardon, remise dis-, et de graziu, de même origine que le fran@s
d’une peinew Iv. 1174-l 176) et «disposition à faire gritce. Le français emprunte le sens d’&vénement
des faveurs» &III~ S.I. À partir de ce sens sont malheureux> 115391, sorti d’usage. Le mot signSe
construites une série de locutions : rentrer en encore aujourd’hui aperte de la faveur de qqnm
grâce (15381, faire grâce à qqn de qqch. (1588, au (1564; XVII~s., en religion). Une troisième valeur,
propre et au figuré), de g&e (1636) d’abord “par <<manque de grâcesD (15641, est littéraire et a vieilli,
bontén, faire à qqn la pâte de Nie plaisir>> (16361, +Le fhnçais a également repris à l’italien, au
fmuver grâce CplaireD (16541, bonnes &Ces ( 16571, XVI” s., un composé de graziu. DISGRACIÉ, IÉE
coup de grke “qui termine les souffrances>> (1690 ; adj. et n. (15461, emprunté à l’italien dkgraziuto, a
1758 au figuré). 0 Grkce s’emploie aussi pour are- les deux valeurs de okgrûce (1601, dksgracti de lu
merciementn Il 1351,spécialement dans la locution nature) et a fourni DISGRACIER v. tr. ( 15521, fitté-
action de &.celsl atémoignage de reconnaissance mire. +DISGRACIEUX, TEUSE adj., formé
rendu à Dieu», d’où (fin XIII~s.1 par extension les d’après gruciem, apparaît au début du XVI~s. ( 1518,
grâces <<prière de remerciement après les repas». desgruciez~~l au sens de adésagréable}), qui semble
De là viennent par ellipse gkke (en soit rendue) à rare avant le xrxe s. et reste littéraire. L’adjectifs’ap-
Dieu ( 15491, grâce au tiel( 1665) et la locution prépo- plique surtout (attesté depuis 1578, mais ahrieur)
sitive (1564) grâce à. 0 Depuis le milieu du XII~ s. à une personne, une attitude qui manque de grâce.
g&e signifie enfm, par réemprunt au latin, oLe dérivé DISGRACIEUSEMENT adv. est at-
GRACILE 1622 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

test6 plus tôt ( 1518) avec cette valeur. 0 Disgra- gie gradient barométrique),
(1876, en électricité
cieux a signifié aussi <d’une manière peu heu- (19071
et en biologie (mil. Icx” s.l.
reusem N’sz), et le dictionnaire de Trévoux le note -GRADE est un élément emprunté au latin -gradus
comme terme nouveau à la mode. (lui-même servant à former en latin des adjectifs
savants), du substantif @a&.,~ “pas; marche; de-
GRACILE adj., attesté en 1515, abandonné en- gré>. -grade sert en français à former des mots
suite et repris en 1867 IBaudelaire), est emprunté dans certains domaines techniques et en zoologie
au latin gracilis ({maigre, mince, grêle>; c’est un notamment (ex. : ant&o@& Nqui se déplace vers
doublet savant de grêle (-+ 0 grêle). l’avant)); plantigrade “qui marche sur la plante des
b En dérive l’adverbe rare GRACILEMENT (1929). pieds4
0 GRACILITÉ n. f. 114881 est un emprunt au dérivé GRADUS n. m. représente l’abréviation 118211 de
latin gracilitas &nesse, forme élancéeb. Gradus ad Pumassum <Degré vers le Parnasse*,
titre (1702) d’un dictionnaire latin du jésuite alle-
GRADATION n. f. est emprunté (1464) au latin mand Aler dans lequel étaient notés la métrique
gradatio ~gradin~, aussi terme de rhetorique, dé- des mots, les synonymes, etc., pour faciliter les
rivé de gra&s Ct gradel. exercices de versfication ; ce terme didactique
s’emploie par extension pour parler d’un diction-
+ Gradation désigne d’abord en rhétorique et
naire poétique (1825, gradus frayais).
comme en latin (1464) une succession de mots de
@ Voir DÉGRADER, GRADIN, GRADUEL, GRADUER.
force croissaulte ou dkcroissante; le mot prend
(15951 le sens générzil de cprogression par degrés
successifs» et s’emploie spécialement en peinture GRADIN n. m. est emprunté 11643) à l’italien
(16761 et en musique (18651. gradino apetite marchep (déb. XVII~s.), diminutif de
grado, de même origine que grade*.
GRADE n. m. est emprunté (15781 à l’italien 4 Gradin reprend le sens de l’italien puis s’emploie
@ado ou au latin gradus ~pasa>,d’où Kmarche, al- par analo@e : grudin~ d’un jardin (17041, d’un am-
lure, étape% et, dans la langue militaire, Kpositionm; phithéâtre (17271, chantier en gradins (18661.
gradus, dérivé de gradi cmarchern, s’est spécialisé
dans le sens de “pas fait pour grimper une échelle, 0 GRADUEL n. m. est un emprunt (1374) au la-
un escaliern, d’où le sens de adegré», au propre et tin médiéval gradualis, variante sous l’influence de
au figuré, puis de ~anp. gradus du latin chrétien gradalis dont l’évolution
4 Grade est introduit en tiançais avec l’un des sens avait abouti en ancien lançais à grael Idéb. XI$ S.I.
analogiques du latin, «degré d’honneur, de dignitég, Gradalis s’est employé dans gadales psalmi W s.),
cmrant à l’époque classique et aujourd’hui sorti littiralement {{psaumes des degrés», parce qu’ils
d’usage comme celui de «marche d’un escalier, es- étaient chantés par les pèlerins montant vers Jéru-
calierB (1611). oLe mot se spécialise ensuite au Salem ou (par figure) parce que certains mots
sens de *degré d’une hiérarchies ( 16901, en parti- étaient repris d’un vers à l’autre; gradulk est dé-
culier dans grade universitaire ( 1718) et grade mili- rivé de gradus <marche> I+ grade).
taire ( 17981, emploi d’où vient la locution en $ Graduel désigne une portion de l’office de la
prendre pour son grade (av. 1908). +De là aussi messe, qui se disait autrefois sur les marches de
SANS-GRADE n. m. apersonne de situation subal- l’ambon et, par métonymie (1375- 13761, le livre de
terne)), qui fait allusion à un vers célèbre d’E. Ros- chants pour la messe.
tand, dans 1’Aiglort I~les obscurs, les sans-grades&
- Grade est introduit en géométrie (1803) avec le
sens particulier d’aunité de mesure des angle+, GRADUER v. tr. représente un emprunt (1545;
pour désieer la centième partie d’un angle droit. dès 14% 1417,au participe passé) au latin médiéval
*Suivi d’un numéro, dans le domaine de l’indus- graduure -conférer une dignitb, dérivé du latin
trie pétrolière, la catégorie S. A. E. (Society of Auto- classique grudus au sens de Nran@ (4 grade).
motive Engineers) le mot indique le degré de visco- 4 Graduer s’emploie d’abord au sens de <<conférer
sité d’une huile de graissage, le mot est emprunté un grade universitaires (14004417). ll se dit ensuite
(1960) à l’anglais @a&, de m&me origine. (de gradus ~degré4 pour aaugmenter par degrés
b GRADÉ, ÉE adj. 4soldat) qui a un grade, en parti- (qqch.I» 115451 et pour 4iviser en degrés lun instru-
culier un grade inférieur* ( 1796) s’emploie par ana- mentIn ( 16431.
logie dans d’autres domaines. Il est substantivé b GRADUATION n. f., dérivé de grudus ou em-
(18421, aussi au féminin lune fladée, après 1960). prunt au latin médiéval graduatio, du supin de pu-
+Du sens de grade en géométrie dérivent les duure, a été employé au sens de adosage% (1495, at-
composés didactiques, oti fi sert de S&e, CENTI- testation isolée) et se dit de l’action de graduer et,
GRADE (18111, DÉCIGRADE (19221, MILLIGRADE par métonymie, des divisions obtenues en gra-
(19231, tous noms masculins. duant (17181.4 @ GRADUEL, ELLE adj. représente
GRADIENT n. m. a été construit (attesté 1876, gm- un emprunt Il560, en droit) au latin médiév& gra-
dient barom&i.quel à partir du radical de gradus et dualis “qui va par degrésti, dérivé de @&.I,s, dont il
de 1’81ément -knt, sur le modèle de quotient. Le reprend le sens. Il passe du sens juridique k une va-
mot, d’emploi scientifique, a le sens général (1890) leur générale (1688) et a produit GRADUELLE-
de <taux de variation d’une grandeur physique en MENT a&. ( 1596 ; 1374, en liturgie ; cf. @ graduel).
fonction de la di&anceD ; il s’emploie en météorolo- - GRADUALISME n. m. aattitude réformatrice
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1623 GRAIN

procédant pu paliers* et GRADUALISTE adj. sont est relativement usuel pour -qui a l’appxence du
des termes didactiques récents. graillon, sent le graih~. +@ GRAILLE Il. f (1929)
0 voir aUSSi GRADtN, 0 GRADUEL. est un synonyme familier de unourriturem, d’où
vient un nouveau verbe très familier (d’abord asgo-
GRAFFITI n. m. pl., atteste au XIX” s. (1856, tique) 0 GRAILLER v.tr. ama;ngerB (19441. Ces
Grafiti de Pompéi, titre), est emprunté au pluriel deux mots ont perdu la valeur péjorative de @uil-
italien grafiti (16571, dérivé de grufio, du latin @a- lon.
phium cstyletn, avec influence de @fiare cder>.
Graphium a abouti en français à gaffe”. 0 GRAILLON n. m. représente El8081 une va-
4 Graffiti, terme d’archéologie, désigne aussi cou- riante de craillon, du radical germanique kzrakk-,
ramment des inscriptions ou dessins griffonnés sur ou vient de 0 graillon (à cause de l’aspect des mu-
des murs. On relève rarement le singulier grufito cosités expectorées).
118661 et la forme francisée GRAFFITE n. m. (1878) F En dérive 0 GRAILLONNER v. intr. familière-
qui s’est spécialisée Cv.1975) en archéologie pou ment atousser pour expectorer des graillonsm (1808)
désigner une inscription faite sur une céramique. et, par extension, eparler d’une voix grassen (18971.
-Dans un autre contexte, grafiti a été repris à ~DU verbe viennent GRAILLONNEUR,EUSE n.
propos de surfaces décoratives élaborées, tracées à (17563, OGRAILLONNANT,ANTE adj. (fin XIX~&)
la bombe et différentes des tags *. Avant que ce mot et GRAILLONNEMENT n.m. (18901.
ne soit acclimaté en fkançais, grafiti incluait les
tags. J@GRAIN n. m. est l’aboutissement (v. 11601 du o>
latin graPzum agrain, graine*, et, par extension, de
b Le dérivé GRAFFITEUR,EUSE n. aauteur de
parcelles d’autres substmces; granum se rattache
graEti% (attesté 1943, Drieu La Rochelle) a été re-
à une racine indoeuropéenne “ger- Kgrainem,
pris dans le contexte récent Iv. 19901 des tags et
comme le germanique ‘kwmam (cf. allemand KO~,
spécsquement des graffiti au sens moderne Mors
anglais cor-n).
distinct de tagueurl. 0 GRAFFITER V. intr. 11924,
puis 1968) correspond à atracer des gra&i», au sens 4 Grain désigne Cv.11601 comme en latin le kuit
d’inscription sur un mur; comme v. tr. (1976) il cor- comestible des graminées et s’emploie par analo-
respond à atracer des tags>, puis ades grafBi> au gie pour désigner d’autres fruits ou graines Cv.1225,
sens moderne !+ taguer). grain de raisin), l’aspect d’une surface grenue
Iv. 11701, une aspérité grenue (v. 1188) d’où grah de
0 GRAILLER v, intr. est dérivé 115521 de beauté, et grain d’orge <orgelet> (1660). Il se dit
0 GRAILLE n. f. (av. xwe s.), nom régional de la cor- aussi de petits objets arrondis qui rappellent un
neille, issu du latin gracula -femelle du geai», fErni- grain Cv. 1200). 0 Le mot s’est employé (v. 1200) au
nin de graculus <<geai>, d’une famille de mots in- sens de ctrès petite quantitén dans une phrase né-
doeuropéens k gr- initial, désignant des bruits, gative, comme goutte, mie et pas, point, qui se sont
comme le slave grajati *croasserm, l’ancien haut al- imposés, alors que ne ... grain est sorti d’usage en
lemand krüjart Nchantern (en parlant du coq). moyen kançais. 0 Ls grain, collectivement, dé-
+ Grailler, terme didactique qui signZe acriern (en signe surtout la partie des céréales que l’on peut
parlant d’une corneille), se dit parfois par analogie réduire en farine, et aussi (1538) les grains destinés
El61 1) pour *parler d’une voix enrouéen. Son homo- aux semailles. Moudre le pain a suscité l’expres-
nyme familier, signifkmt <mangera, se rattache à sion figurée avoir du gmin ii moudre cavoir des élé-
graillon *. ments à traiter, des sujets intéressants à envisa-
F En dérive GRAILLEMENT n. m. (mil. XIVes., gra- ger». 0 Dès le XIII~s. Iv. 1245) il s’est employé au
liement =cri d’oiseau-1 qui a pris au XVII~ s. (16711 figuré pour aorigine*. + Probablement par réfé-
l’acception <son de voix enrouée-. rence aux grêlons de certaines tempêtes, grain dé-
signe un vent violent de peu de durée, souvent ac-
0 GRAILLER + 0 GRAILLON compagné de grêle, de pluie ou de neige 11552); de
là vient vetier au @ait& au propre ( 183 1, langue des
0 GRAILLON n. m. est un mot dérivé (1642) de marins1 et au @LX&
l’ancien français gra3liw, graeillier &tir sur un
F GROS-GRAIN n. m. est composé de gros <gros-
grilm qui a vécu dialectement : normand @ailler
sien et de pain atexture d’un corps, (1611; pro-
MgrillerB, berrichon grillons (t gril, grille).
bablement antérieur, comme l’anglais flogruy~~
$ Graillon a d’abord désigné ( 1842, au pluriel1 les emprunté au français; + grog) ; le mot désigne un
restes d’un repas, autrefois récupérés et revendus. tissu de soie à côtes plus ou moins grosses.
De l& par analogie, le sens technique de <rognures De nombreux dérivés et composés sont formés sur
d’un bloc de marbre ou de pierre)} (1723) et, par ex- le radical gren-. + GRENER v. h. 1180-l 185, hdr.1 a
tension, codeur ou gofit de graisse brûléeD (1798; eu le sens de cmonter en graine> et Sign%e ensuite
1762, à propos d’une nourriture avariée). Le mot se par extension Nproduire de la graineb d’oti, par
dit ensuite de morceaux de gras frits non consom- analogie, faire grener le ver ù soie (16001; il se dit
més ( 18291 et s’emploie péjorativement pour Kmau- pour &duire en grains~~ (1593, au participe passé ;
mise cuisine» (déb. XX~s.1; l’initiale commune de 1723, tr.1 et pour <rendre grenw (1745; en 1753, cuir
gras a joué un rdle dans l’évolution. grainél, notamment en gravure. 0 On emploie
b De graillon dérivent 0 GRAILLONNER v. intr. aussi en ce sens le dérivé GRENELER v. tr. ( 1752 ;
(18661, d’où OGRAILLONNANT,ANTE adj. ti 1553, pierre grenelée). - De grener dérivent d’autres
XIX%~. +GRAILLONNEUX,EUSE adj. ECn xnr”s.l termes techniques : GRENAGE n. m. (1730) Nréduc-
GRAISSE 1624 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tion en grabm, GRENAISON n. f. (1752) *formation nille). - Gmine se dit de la partie des plantes à
du grain des céréales» ; au XV~ s., wécolte*. GRENE- fleurs qui assure leur reproduction (1176) ; par ana-
TIS ou GRÈNETIS n. m. ( 1676) «cordon de petits logie de forme, il désigne les œufs du ver à soie
grains au bord des monnaiesn, dérivé de l’ancien (1600). 0 Le mot s’emploie aussi au figuré, les lo-
tiançais greneter «greneler, grenen (1294). + GRE- cutions mauwkse graine 11690, meschante graine),
NEUR n. m. (1867) désigne un ouvrier qui donne le graine de (potence, etc.), monter en graine ( 1690,
grain aux plaques ou aux pierres de gravure. wieillir sans se mariepI s’appliquant péjorative-
+ GRENURE n. f. (1757) s’applique à la manière de ment à un être humain qui grandit Ila paronymie
grener une gravure. 4 GRENU, UE adj., du radical grand-gruine a pu jouer). Par métaphore @ruine,
gren- de grener, triche en grain+ (1205-12501, se dit c’est-à-dire <blé* pour apain»), casser la Me
ensuite par analogie (à propos de la peau, du (1926, d’où GRAINER v. intr., 1935) Sign%e aman-
cuir, etc.1 de ce qui semble formé de petits grains gew *De graine dérivent aussi des termes tech-
(av. 1690 ; 1866, n. m.1. R est alors courant et en par- niques, GRAINIER, IÈRE n. (1672) <personne qui
tie démotivé. 4Le composé ÉGRENER v. tr. a si- vend des graines>, GRAINEUR n. m. ( 1859) cpro-
gnifG 11180-1185, intr.3 cs’ébrécher (d’une armeIn ducteur ou négociant de graines de vers à soies.
jusqu’au XX$ s. ; le verbe a pris le sens transitif de -Le composé AGRAINER v. tr. Iv. 12201 “produire
«dégarnir de ses grairw ( 1600) d’où, par analogie, des grainesa s’emploie spécialement (1834) pour
&z-ener son chapelet Cv.18301 et au figuré <présen- <attirer le gibier avec des grainesm (cf. ci-dessus
ter un à un (des SOIE)~ (1842). +De ce verbe db- 0 engrener). ~GRAINETIERJÈRE n.,d’abordRe-
rivent des termes techniques: ÉGR~NEMENT neter ~II~ s.1 aofficier du grenier à seb, dérive de
n. m. ( 1606, esgrewment), ÉGRENAGE n. m. ( 18351, grenier; il correspond au latin médiéval granatu-
ÉGRENE~R n. m. (18761, ÉGRENE~~E n.f. 11870) rius <préposé du grenier (1152) et à l’ancien pro-
qui tend à remplacer ~~GRENOIR n. m. (1785). vençal granutir (14721. Sous les formes grenotir
@ ENGRENER v. tr. (parfois engrainerl, terme 11484, Saintonge), grenetier (1660, jusqu’au me s.),
technique d’agriculture, signifie «emplir de grains gruinetier (17711, le mot est lié sémantiquement à
(XII~ s., un grenier; 1232; la trémie d’un moulin) et gmin et désigne la personne qui vend des graines.
<engraisser avec du grains (1690). 0 Le dérivé +Le dérivé GRAINETERIE n. f., d’abord aoffice du
@ENGRENAGE n. m. (1876) %ction de mettre du juge du grenier à sel* ( 1328, greneterie), est tiré de
grain pour attirer le gibiepj est demeuré rare. grainetier; il désigne aujourd’hui le commerce du
* 0 ENGRENER v. (peut-être par influence de en- grainetier (1845 ; 1660, greneterie).
mené aentaillé de crans~, 1506; + cranl si@e @ voir GRANGE, GRANULE, @ GRENADINE, GRENIER.
afaire entrer les dents d’une roue dans les espaces
séparant les dents d’une autre roue, (1660; 1740, * GRAIS SE n. f. représente l’aboutissement
pr0n.J. MXs le XI$ s., il a pris le sens figuré de Cv.11701,par les formes cruisse Cv.11201,puis gresse
«commencer (une action)n et l’on relève au XVII~ s. EV.11501, d’un bas latin ocrassiu, substantif abstrait
bien engrener <bien s’engager dans une affairem formé sur l’adjectif classique crussus dont le sens
11656).Le verbe prend ensuite le sens de abien s’en- est allé de &paiw à ~gras~ t+ gras).
Ch&er» (1777, s’engrener dans/uvec), resté en + Graisse désigne dès son apparition la substance
usage. + Son dérivé Q ENGRENAGE n. m. s’utilise animale onctueuse, qui se développe dans le tissu
au propre (1709) et au figuré, alors sut-tout dans des sous-cuta&, et ceci dans deux contextes : humain,
locutions (1843, mettre le doigt dans I’engrenagel. en relation avec la grosseur, et animal, pour l’éle-
Ce mot, qui symbolise le monde déterministe du vage, et donc alimentaire. Le premier contexte a
machinisme, est devenu très courant. +Du verbe produit (assez tard) diverses expressions, comme
dérivent plusieurs termes techniques : ENGRÈNE- fkire de Ia Imauvaisel graisse, crever de graisse;
MENT n. m. (1730; 1912, en médecine), ENGRE- mauvaise ga&e s’employant aussi au figuré. Pour
NEUR n. m. (18361, ENGRENURE n. f. (1640; 1803, le second, il faut au moins signaler la locution an-
en a;natomid. oLe composé DÉSENGRENER cienne de haulte @esse Nbien engraissé, Iv. 1393 il-
v. tr. 11699, pron. ; 1752, tr.) ne s’emploie qu’au sens lustrée au figuré par Rabelais. oLe mot désigne
propre, +RENGRENER ou RENGRÉNER v.tr. par analogie Iv. 1245) la partie riche des sols (cf. en-
s’emploie en agriculture 11549) et dans le vocabu- grais). 0 Par métonymie, graisse se dit de la même
laire technique (1680), comme RENGRÈNEMENT substance d’origine animale servant à d’autres
n. m. (16113. usages qu’alimentaires et, par analogie, pour tout
GRENAILLE n. f., qui reprend le moyen français =CO~~Sgras~ ( 1768 pour *cambouis& 0 k outre,
greignaille (1354, agrainsm), désigne un rebut de graisse dési@e (1767) une altération du vin qui lui
graines (17981, mais d’abord du métal réduit en donne une consistance visqueuse. 0 F.,nftn,graisse,
gains (1542). +Enproviennent GE1ENAILLERv.k. en imprimerie, correspond à Gpaisseur et force
( 17571 <<réduire en grenailles, et ses dérivés tech- d’un caractèren.
niques GRENAILLAGE n.m. (1757),GRENAILLE- b GRAISSER v. a SUpphté Oindre* et Sign%e aen-
MENT n.m. (1866) et GRENAILLEUSE n. f. (1976) duire d’un corps gras» (tr.; déb. xwe s., gressees) au-
*machine qui décape par projection de grenaille». jourd’hui surtout en contexte technique, d’où par
GRAINE n. f. est issu du latin populaire grana, plu- extension atacher de graissen (1542, tr.1; il s’emploie
riel neutre de granum, pris comme féminin S&Y- ensuite au figuré dans la locution @sserlapatie ;i
lier; graine ateinture d’écarlateu (v. 1150) est un cal- qqn (1633, graisser les ?naim). 0 Graisser, v. intr.,
que de l’arabe @zbbu (une baieu, de habb &a& titomer en graisse (en parlant d’un vinIn, est at-
désignant par métaphore la cochenille (cf. C&M- testé en 1767 comme graisse dans ce sens. + Le dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE GRAMMAIRE
rivé GRAISSAGE n. m., d’abord <matière grasen centre d’une terminologie technique, tend à se dé-
11460, gressugel, signifie aujourd’hui aaction de tacher de son origine.
graisser- IXVI” s.l. ll s’est spécialisé au XTxes. en mé- @ voir GRAS.
canique, et il est usuel à propos de l’automobile
(par exemple dans oridaflge gratisage]. *GRAIS- GRAMINÉE adj. et n. f., attesté isolément au
SEUR n. m. et adj., d’abord chez Rabelais (1532, xv” s. comme nom (gruminee Nherbe commune4
gresseur de botes, peut-être d’après dégresseur), est puis (v. 1500) comme adjectif Egruminé wecouvert
repris au XIX~ s. comme terme technique d’abord de gazon*), a été repris comme terme de botanique
comme nom masculin (1861),4ispositîf servant au (17321; c’est un emprunt au latin grum&eus «de ga-
graissages, puis comme adjectif (1877). - GRAIS- zonm, dérivé de gramen Nnourriture du bétail,
SIN n. m., d’abord <ensemble des graisses, herbe)) puis Ngazon>>,peut-être apparenté à la ra-
unil. xrve s., gressin), ~engrais~ (15831 puis &xme cine sur laquelle repose Vorure t-, vorace).
qui surnage où les poissons f?aientB ( 17951,désigne F Graminée dbigne couraznment la famille des
en termes de pêche une amorce faîte de têtes de GRAMINACÉES n. f. pl., dérivé savant 117541 de
poissons hachées (XX%.~. +GRAISSEUX,EUSE purniww. -GRAMEN n. m., employé comme
adj., dérivé de graisse, signifie «taché de grtissem, mot latin pour aherbe, 113721, est repris (15421 en
“qui contient de la graisse> et est attesté en 1598 botanique.
(1532, in Bloch et Wartburg). + GRAISSOIR n. m.,
de graisser, est aussi un terme technique I~V. 1866 ; GRAMMAIRE n. f. représente (1121-1134) un
1802, au sens d’pauge pour le graissage de la laine4 dérivé inrégulier du latin @ummatica, emprunté
Le préfixé DÉGRAISSER v. tr. a le sens général au grec grummutikê agrarnmairea à l’époque clas-
(XT” s.1 de {{débarrasser de la graisseB. Le verbe sique et plus tard NcultureB, &udition~, substanti-
s’emploie depuis peu au figuré (1974, emploi ab- vation de lbdjectif grummatikos qui connaît les
solu) en économie, pour aeffectuer des économies%, lettres*, d’où *cultivé)) (cf. 2etié1, de @wnmu, -atos
notamment en licenciant du personnel (comparé alettre, caractère d’écr-iture~, de gruphein &rire~~.
de manière déplaisante à une grtisse inutile). + Grammaire désigne d’abord le premier des arts
* DÉGRAISSAGE n. m. s’emploie dans les mêmes libéraux, constitué de l’étude du langage correct et
sens, propre (17541 et figuré 09741. +Du verbe dé- de la littérature tdéb. XII~ s., livre de flummairel; ce
rivent aussi plusieur termes techniques : DÉ- sens de grummuire comme aétude des règles)> est
GRAISSEURJWSE n. (15321, DÉGRAS n.m. dominant jusqu’au xrxe s. et reste vivant; de là les
11723, avec influence degrml, DÉGRAISSEMENT emplois anciens ~III~ s.1 pour 4atin, «ouvrage en
n. m. (1752, moins courant que &@.ssuge), DÉ- latin* et Kbelles-lettress. Mais le mot se spécialise
GRAISSOXR n. m. (17521, DÉGRAISSANT,ANTE aussi très tôt (v. 1200) au sens d’&tude systéma-
adj. et II. (1844). tique des éléments constitutik d’une la;nguen, d’où
ENGRAISSER v. est issu du latin populaire Ire- grw0maire générale 116601, puis grammaire philo-
constitué) Oingrussiare, pour Oincrassiure, du bas la- sophique (XVIII~s.1, grammaire historique (attesté
tin incrussare aengraissern (formé sur crussus). 18671,grammaire strxcturale (ti s.1,grummuire gé-
0 Le verbe signifie arendre gras~ Iv. 1050) et spé- nérutive*, etc. Aujourd’hui, en linguistique, grum-
cialement m’enrichir une terre,) Exur”s., encruk&er lu maire désigne l’ensemble des structures et des
terre) : cumme les animaux rendus gras, la terre règles qui permettent de produire tous les énoncés
doit produire des substances comestibles. La va- d’une langue ; il est alors voisin de syntaxe. 0 Par
leur intransitive Iv. 1360) correspond à adevenir métonymie (15501, le mot désigne un livre de gram-
gras>>, d’où le sens figuré de s’engruisser *devenir maire d’abord au sens normatif, puis descriptif
riches. Enpuisser a été remplacé par gruisser au (jusqu’à parler de la gmmmuire des fuutes). 0 À
sens d’eenduire d’un corps gras, (XII~s.l. L’accep- partir du XIX~ s. 118231, le mot s’emploie dans
tion esouiller de graissen (Xnp s.), relevée jusqu’au d’autres domaines, au sens d’ccensemble des règles
me s., a aussi disparu au bénéfice de graisser. Par d’un art% (la grummaire de lu peinture, du ci-
figure,leverbe asignif& (1611) <se gâternenparlant néma, etc.).
du temps. -Du verbe dérivent ENGRAISSEMENT bGRAMMAIRIEN,IENNE n. et adj. (1245, n. m.;
n. m. (déb. ~III~s.1 afait d’engraisser> (intransitîfl et av. 1654, n. f-3 s’est substitué à grumuire h. 12001, du
<<action d’engraisser» (tranSitif), ENGRAISSEUR latin @ummaticus flgrammatiew. II a eu une évo-
n.m. (1636; xvies., engresseur) et ENGRAIS n. m. lution sémantique parallèle à celle de flanxmuire.
11510, terre & I’engraisl. Ce dernier, déverbal de en- bGRAMMATICAL,ALE,AUX adj+ kv”s.,inBloch
@uisser, s’applique, comme engrabsement, aux et Wartburg; 1536, in F. e. IV.) représente un em-
animaux (mil. XVI~4, dans la locution adverbiale ii prunt au bas latin grummuticalis; d’abord crelatif à
I’engmk qui succède à d’engrais (1611, bœuf d’en- la grarnmairen, l’adjectifs’applique aussi (16901 à ce
grais). Q Mais on parlait depuis le XIII~s. de engrais- qui est conforme à la grammaire normative, puis
ser les terres, et engrais a pris au XVII” s., employé Csurtout fm me et xx”s.1 décrit ou prevu par la
seul (attesté 16901,le sens aujourd’hui dominant de grammaire descriptive. 0 En dérive GRAMMATI-
«substance pour fertiliser le sol>>.Les valeurs du CALEMENT adv. (1529. + Sur grammatical ont été
mot ont fortement évolué avec les techniques agri- dérivés et composés des termes didactiques dans
coles, de l’engrais naturel (fait surtout d’excré- la seconde moitié du XX~s., liés à l’évolution de
ments d’animaux d’élevage) aux produits l’étude de la langue; GRAMMATICALISER v. tr.
chimiques Izde moitié xrxe et surtout xxe s.l. Les (au participe passé en 1845) adonner à un terme un
connotations ont ainsi changk et le mot, devenu Statut grammatical>) dont d&"kent GRAMMATI-
GRAMME
CALISATION n. f. (1912 Meilletl et GRAMMATI- w DIGRAMME n. m. (1838) désigne un groupe de
CALITÉ n. f. Cv. 19601 acaractère d’un enoncé deux lettres ayant une unité fonctionnelle (ex. ch
conforme à la grammaire descriptive d’une en fknçais).
langue=. + AGRAMMATICAL, ALE, AUX adj. @ voir Tl?I-KA-rIYÉTRAG-1.
(1929) et AGRAMMATICALITÉ n. f. (v. 1960) sont
formés avec a- privatif. + On emploie en pathologie GRAMOPHONE n. m. est un emprunt (1901)
AGRAMMATIQUE adj + (chez Ombredane, 195 11, à l’anglais Grummophone ( 18871, nom déposé (par
aussi substantivé (1968, aajouanine), et AGRAM- l’Américain E. Ber%ner) d’un phonographe à
MATISME n. m. (18841, tirés du grec agrummatos disques; le mot, formé par inversion de l’anglais
cillettrém, de a- privatif et grummatos, de grumma. phonogrum «enregistrement d’un son)}, est
Ces termes concernent un type d’aphasie, par composé d’éléments issus du grec, grummu &ri-
trouble de l’orgtisation syntactique. tweB b grammaire) et phôti voix, sonm. Grumo-
Parmi les mots didactiques tirés du grec gw~~mu, phou~e ne s’emploie plus, depuis 1930 environ, qu’en
deux sont remarquables. + GRAMMATISTE n. m. histoire des techniques.
est emprunté ( 15751 au latin impérial grammutitu
«celui qui enseigne la lecture et l’écriturem, du grec * GRAND, GRANDE adj. est issu (v. 8811 du
gmmmatist&, formé sur le verbe grummutizein, de latin grundk agrandi, aavancé en âge, et, appliqué
@ammu, -atos asigne écrit». Le mot, appliqué au au style, {{sublime, imposantD ; grundis karts origine
monde grec, garde sa valeur antique; il a désigné connue3 était plus usité dans la langue parlée que
aussi (17431 un grammairien trop attaché à l’appli- mugnus (-+ magn3erl. En ancien français, grand
cation des règles. + GRAMMAToLoGIE n. f. a été n’avait qu’une terminaison pour les deux genres,
composé En XIX~ s.1du grec gramma et de -logk. Le d’où pendant longtemps l’usage de l’apostrophe
mot sign5ait «traité des lettres, de l’alphabet, de la pour ce qui était senti comme une élision du e
syllabation, de la lecture et de l’écritures. 0 Il a été Igrund ‘mère ; la graphie grand-mére étant re-
repris (19671 par le philosophe J. Derrida pour dé- connue par l’Académie depuis 1932) ; il reste de cet
signer la science générale de l’écriture et une phi- état ancien des expressions où @UT& ne s’accorde
losophie de la langue graphique. Pas*
0 VO~IT aUSSi GRIMOLRE. + Comme grandis en latin, grand s’emploie dans
l’ordre abstrait et concret au sens général de “qui
GRAMME n. m. attesté en 1793 kéance de la dépasse la moyenne ; qui a une valeur supérieuren.
Convention du 13 novembre), est un emprunt au Grand, en ancien tiançais, est d’abord utilisé dans
bas latin grummu, emprunté au grec grumma au l’ordre qualitatif (v. 881, grund honestet Ngrande ho-
sens de wîngt-quatrième partie de l’oncem; le latin norabihté4, d’où par exemple ~RUT& ami (XIII~s.l.
classique scrupulum, de merne sens (dérivé de L’adjectif porte ensuite (10803 l’idée généralle de *ce
SCrUpus flcaillou pointw et au figuré flanxiété, qui distingue parmi les autres>>, par exemple dans
souci4 a été interprété comme un dérivé de SC& des locutions comme se donner de grands airs Cfin
bere &rîre» et donc comme l’équivalent du grec me s.l. 0 À propos de personnes, il Sign%e Iv. 1130-
@umma, proprement -lettre>) (grumme est attesté 11401 *qui a le ra,ng le plus élevé» d’où un grund
dans ce sens en français I17901). n. m. cv.1500). 0 À propos de choses, l’adjectif s’ap-
plique à ce qui est considéré comme essentiel et,
4 Gramme est défini comme l’unité de masse du
spécialement En xve s.), à ce qui a une importance
systéme métrique, ses composés Wogrumme sur-
particulière dans le domaine politique ou écono-
tout) étant devenus très courants. II se dit par ex-
mique. De là l’emploi au XX~ s. de : les Gra&s eles
tension, au figuré, d’une très petite quantité,
grandes puissances)) (apr. 1950) et les grands ales
F À partir de gramme ont été formés des composés entreprises qui occupent une place dominantea
désignant une quantité de matière : CENTI- Iv. 19601. C’est dans le premier de ces contextes
GRAMME n. m. (de centi-1, DÉCAGRAMME n. m. qu’appartit dans les années 60 le composé SUPER-
(de déca-), DÉCIGRAMME n. m. (de déci-), HEC- GRAND n. m., qui éqtivaut à superpuksance.
TOGRAMME n. m. (de hecto-), MILLIGRAMME 0 Grupzd se dit depuis le xvre s. pour “qui a le titre le
n. m. (de milli-3 et, sorti d’usage, MYRIAGRAMME plus élevé» (15461, par exemple (déb. XVII~s.) dans
n. m. (de myriu-3, tous formés en 1795 (loi du 18 ger- Grand d’Espagne, calque de l’espagnol Grunde de
minal an III, qui fonde le système métrique). Leur Espufiu. 0 Il Sign%e par extension “qui a de la va-
usage est variable, kilogramme” (souvent réduit à leur (mérite, talents, etc.))), d’où l’emploi ancien
Mo) et à un moindre titre hectogrumme et milli- kv” s.) de le gruti (comme le beau) n. m. <<cequi est
gramme ayant mieux pénétré dans l’usage cou- noble, élevén (av. 16791, la locution adverbiale dis-
rant. +Les dérivés : GRAMMAGE n. m. ( 1939) parue à la grande Mavec faste, comme les grands
Npoids de l’unité de surface d’un papier et GRAM- seigneursn (16601 et l’emploi avec un nom propre
MER v. tr. «déterminer le grammage”, sont tech- (fm XVII~s.; le grund Corneille, Louis le Grund).
niques. 0 C?uti, avec une valeur qualitative, équivaut à un
superlatif (1611, U?T grund sot).
-GRAMME, élément formant tiré du grec Dans l’ordre concret, grand a très tôt &I xe s.> le
grummu, -utos, clettre, écrituren, (+ grammaire), sens de *qui atteint une taille notablem et, comme
entre dans la composition de nombreux mots sa- en latin, de aqui est avancé en âge». La substantiva-
vants exprimant les notions d%nscriptionB, d’cen- tien les grands «les adulte+ (v. 1050) et l’expression
registrement ». grande personne sont demeurées usuelles dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1627 GRANIT

l’opposition avec petit pour <enfant)>. Dans @a&- De nombreux composés retiennent une des
père, grand-mère I+ père, mère), grati a aussi valeurs de grand: <<de dimension importante*
cette valeur d’âge plus élevk. 0 Grand si@e éga- (grand-angle, grand4 surface, etc.); ale plus élevé*
lement ( 1080) (<dont la hauteur, ou la dimension, dé- (grand-croix, grund-duc, etc.) ; &géB Cgrund-mère,
passe la moyenne>; de là vient (1080) l’emploi au grand-parent, etc. 1.Voir l’autre élément.
sens de 4rès importants et de <très abondant, : le 0 Voir GRANDILOQUENCE. GRANDIOSE.
grand tige (15381, le grmdjour (15491, au figuré faire
qqch.au grand jour (16gO), le gm& air (16761, le GRANDILOQUENCE n.f. a été formé
( 1544) sur le latin @undiloquLLs “qui a le style pom-
grand public Irrx” s.1,etc. ou encore la locution ad-
peuxn, de grandis asublimen (+ grand) et loqui <par-
verbiale en grand (1671).
lerm (+ loquace), d’après éloquence.
b GRANDEUR n. f., dans son premier emploi at-
+Le mot, devenu rare et archaïque, a été repas
testé Iv. 11201, sime apuissance, splendeur (de ( 1859) pour <manière emphatique, très noble de
Dieu),. Le mot a aussi, dès le XII’ s., les sens de Nca- s’exprime-.
ractère de ce qui est grand pour la dimension, la
b En dérive GRANDILOQUENT, ENTE adj. (1876)
taille- (v. 1155) et de edimension, étendue= Iv. 1165,
qui a remplacé GRANDILOQUE adj. et n. m.
vieilli). Du sens de (cpuissancel viennent ceux de
( 1519 ; repris au XRces. comme archaïsme : L. Bloy,
<caractère de ce qui est important* (xm” s.1et Isur-
les GoncourtI, celui-ci ayant une valeur nettement
tout au pluriel) d’aaction d’éclatn (1559) et de Idi-
péjorative depuis le zxe siècle.
gnité, honneur>> (16401, d’emploi littéraire au-
jourd’hui, enfm de 4istinction particulière, dans GRANDIOSE adj. et n. m., attesté en 1798,
l’ordre moral, spirituelm bme sd, d’où vient la lo- doit être antérieur (1787, grundiosité) ; le mot,
cution courante grandeur d’ilme (1736). 0 À partir d’abord le plus souvent employé comme nom mas-
de la valeur de xlimension,, le mot est employé culin (18041, est emprunté à l’italien @andioso “qui
dans le domaine scientiCque : Nunité de mesure de a un caractère de grandeur imposant>) Ix-w” s.1,
l’éclat des étoiles>> Ixwe s., notamment dans : de pre- formé à partir de grande, du latin @utils
mière, deuxGme... grandeur) et qce qui est suscep- (+ grand).
tible de variation)) Iv. 1650) ; la locution de fonction .L’adverbe GRANDIOSEMENT (1852) estd’emploi
adjectivale grandeur nature, <<aux dimensions très littéraire, à la difEérence de l’adjectif, de style
réelle+, est attestée au début du XX~siècle. soutenu mais assez courant, comme de nombreux
~GRANDEMENT adv. est d’abord utilisé au sens intensifs (sublime, etc.).
de dconsidérablement, à un degré élevé% Cv.1165,
grcxmwnt).+~~~N~I~ V. sifled’abord IV. 1280) GRANGE n. f. représente l’aboutissement
Idevenir plus granda lintransitif), dans l’ordre iv. 1160) du latin populaire ‘grunicu, dérivé du latin
concret et abstrait; il s’emploie ensuite transitive- classique flunum I-+ grain).
ment @n xv?., rare avant le XIX~ s.), au sens de 4 Grange, qui désigne initialement et encore au-
arendre plus grand%, au propre et au figuré (1834, j ourd’hui un bâtiment destiné à abriter les récoltes,
uexagérer& oh dérivent GRANDISSANT,ANTE s’applique par extension, régionalement, à des bâ-
adj. (18451, GRANDISSAGE n. m., sorti d’usage au timents servant aussi d’habitation ; dans le sud de
sens dkction de grandir= (1845), utilisé en optique la France, le mot signifie ~métairie~ CXIIPs.1 et, en
(1870, Goncourt) comme synonyme rare de ~OS- montagne, N&age où logent les troupeaux* (1636,
sissement et comme terme technique; GRANDXS- &tables)>). Les @anges ont aussi désigné un établis-
SEMENT n. m. (18453, employé aussi en optique sement agricole monastique Cv.1220, graingel.
(1956). +Sur@wxk a été formé AGRANDIR v. tr. ,De grunge dérivent GRANGÉE n. f. Cl5641
(1265) *rendre plus grand (notamment une image))) <contenu d’une granges, GRANGER, hRE (1600) ou
et «plus puissant»; en dérivent AGRANDISSE- GRANGIER, IÈRE n. (1195) «métayerso, d’usage dia-
MENT n. m., autrefois 11502) &Iévation en pouvoir), lectal (et courant comme nom de familles et GRAN-
puis (1680) <<action d’agranti, et (1800) AGRAN- GETTE n.f. (13741, rkgiond. +ENGRANGER v. tr.
DISSANT,ANTE adj. ~AGRANDISSEUR n.m, Iv. 12601 composé de en- et d’un suExe verbal, est
apparaît en 1611 (attestation isoke) et est repris en un verbe technique, mais s’emploie aussi au figuré
photographie (1897). IMM pour &unir Ides informations, des connais-
GRANDELET, ETTE zidj. (1380) est un dimîmtif de sance&. 0 En dérivent ENGRANGEMENT n. m,
grand, comme GRANDET, ETTE adj. (v. 12501, au- (1611) aux sells concret et figuré, et ENGRAN-
jourd’hui d’emploi régional. GEUR, EUSE n. (XX” s.1,terme d’agriculture.
GRANDESSE n. f., adignité de grand d’Espagnen,
représente un emprunt (1664) à l’espagnol grun- GRANIT, GRANITE n. m. est une adapta-
deza kwe s.), dérivé de grande Ide EspafiaI. tion (1665, granite, graphie conservée en sciences ;
Grandesse, dérivé de grand, avait eu le sens de 16 11, dans granit oriental, emploi isolé) de l’italien
agrandeurn (XII~s., gru&cel. gmnito, désignant une roche dure composée de
GRANDISSIME adj., familier pour atrès grandn, feldspath, de mica et de quartz (fm xve s.), forme
est un emprunt (déb. me s., isolé; puis 15311 à l’ita- substantivée de l’adjectif @wCto, participe passé
lien grandtisimo, superlatif de grande agrand%. Il de grunire <(former des grairw, dérivé de @wo, du
s’est substitué aux formes issues du superlatif latin latin granum I-, grain).
grandissimus et usitées au moyen âge, grandesme, 4 Granit signiCe donc étymologiquement <pierre
grandisme (1” moitié x” 5). grenuem. Le mot désigne en sciences Iécrit gw&e3
GRANULE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une roche de composition précise, et, par analogie sentation du rapport de deux variables (av. 1877 à
d’aspect, une matière ayant l’aspect du granite propos d’un appareil enregistreur) et la représen-
proprement dit 11810, granit). Au figuré, il symbo- tation graphique d’un phénomène Iv. 1900). * De là
lise l’insensibilité k-f. marbre). naît la graphique, qui recouvre aussi bien l’univers
b De granit dérivent des termes de minéralogie et des diagrammes et des réseaux que celui des
de technique. + GRANITEUX, EUSE adj. (17831; cartes et qui est devenue, liée à l’ordinateur, un ins-
GRANITOÏDE adj. (1783); GRANITIQUE adj. trument de recherche et un moyen de traitement
(1783) usuel pour qualSer des roches, des terrains ; de l’information.
GRANITISER v.tr. (1852) &ansformer en gran& bLe dérivé GRAPHIQUEMENT adv. “par des
d’où GRANITISATION n. f. (19623. + GRANITELLE moyens graphiques) (17621 a été précédé par un
adj. et n. f. ( 16941 est un emprunt au dérivé italien homonyme sorti d’usage ( 1669, Molière) signSant
grunitella Exwf S.I. +GRANITÉ,ÉE adj. et n.m. Navet précision>> ; l’adverbe était alors un calque du
(1842 ; spécialt, 1888, n. m., 4issu à gros grain4, dé- latin grufice aartistement, parfaitement,, dérivé de
rivé de granit, a été probablement repris à l’italien grufïcus, gruphicus *dessiné de main de maîtren,
@unita <<sorbet granuleux* (déb. xx” S.I. 0 Le verbe d’où <parfait», lui-même emprunté au grec gruphi-
GRANITER semble un peu postérieur à l’adjectif kos.
(1866, tx.). GRAPHISME Il. m., <<manière de représenter le
langage par l’écrituren (18751, est passé dans le vo-
GRANULE n. m. est emprunté (1832) au bas la- cabulaire des beaux-arts (1912, É. Faure), produi-
tin grunulu~ {(petit grainm, diminutif de granum sant alors GRAPHISTE n. cv.1965).
C+ grain), dont il garde le sens. GRAPHO- est le premier élément de mots compo-
4 Par analogie de forme, il sign3e ensuite (1858) sés tiré du grec gruphein &rirea. 0 Les principaux
Npetite pilule- en pharmacie. sont GRAPHOMÈTRE n. m. ( 1597 ; de -mètre), &w,-
wGRANULAIRE adjO en est dérivé 11834). +GRA- trument de mesure des angles», d’abord en topo-
NULER v. tr. Kréduire en granules% est un dérivé graphie, puis (déb. xrxes.) en cristallographie et
savant (1611) de grunulum; en sont dérivés GRA- dans diverses sciences, GRAPHOMANIE n. f.
NULÉ, ÉE adj. et n. m. (1798), devenu courant (1782 ; de -madel, d’où GRAPHOMANE adj. et n.
comme nom masculin en pharmacie ( 18931,surtout (1791; de -mur& qui concernent la manie d’écrire.
au pluriel, et les termes techniques GRANULAGE - Le seul composé de la série à entrer dans l’usage
n. m. (1845) et GRANULAT n.m. (v. 1900). +À par- courant est GRAPHOLOGIE n. f., mot forgé par
tir de grunulum ont été dérivés et composés des l’abbé Michon (1868?; son Système de gruphdogk
termes didactiques ou scientifiques, notamment est publié en 1878). Le mot désigne ce qu’Édouard
médicaux dont : GRANUL~E n. f. 118661 *forme ai- Hocquart nommait en 1812 l’Art de juger de l’esprit
guë de tuberculose>>, GRANULIFORME adj. (1803; et du caractère des hommes sur leur éctiture. La
de fomze) =en forme de gr&m, GRANULITE n. f. scientssation de ce domaine eut lieu à la ~III du
(18661, nom d’une roche granitoïde, GRANULOME xrxe s., avec Preyer, Meyer en Allemagne, J. Cré-
n. m. (1869, dans une traduction de l’allemand) atu- pieux-Jamin en France, puis Karl Klages 119173,
meur inflammatoires, avec le dérivé GRANULO- Max Pulver, en relation avec la psychanalyse et
MATOSE n-f., nom de maladie, qui entre lui- tout un courant lié à l’étude de la symbolique. À
même en composition. 0 GRANULOCYTE n. m. c8té des travaux de cette nature, développés au
Imil. me s.) désigne un leucocyte à cytoplasme gra- xxe s., et de l’utilisation de cette technique en psy-
nuleux. ~GRANULINE 11961) n.f. se dit d’uneva- chologie du travail, une activité pratique intense
riété d’opale. 0 GRANULOMÉTRIE n. f. «mesure donne parfois à la graphologie (dans une acception
des éléments d’une substance pulvérulenten a pour différente) un statut social comparable à celui de
dérivé GRANULOMÉTRIQUE adj.(l928). l’astrologie. 0 Les dérivés GRAPHOLOGIQUE adj.
@ voir GRAIN. (1891),GRAPHOLOGISTE ouGRAPHOLOGUE n.
(1877) se sont aussi répandus au XX~siècle.
GRAPHIQUE adj. et n. est un emprunt du -GRAPHE, -GRAPHIE, -GRAPHIQUE sont des
XVIII~s. (17571 au grec gruphikos aqui concerne l’ac- éléments entrant dans la composition de nom-
tion d’écrire, l’art d’écrire et la peinture>>, dérivé de breux mots (formés sur le modèle de mots grecs
fluphein &rirefi. Ce verbe est apparenté à des terminés par -gruphos, -graphiu, du radical de gru-
termes qui, en vieux slave et haut allemand, signi- phein 4xire4 relatifs aux domaines de l’écriture,
fient =Couper, entailler)) et que l’on rattache à une de l’imprimerie et de l’enregistrement.
racine indoeuropéenne *gerbh- de même sens. GRAPHITE n. m. est un dérivé savant (1801) par
+ Graphique est introduit en astronomie dans opé- suf35xation en -ite du radical du grec gruphein
rutiorzs gruphiques, aujourd’hui nomogaphie. Plus &crire>>. Graphite désigne une variété de carbone,
largement, l’adjectif s’applique à ce qui représente naturel ou artsciel, nommé couramment mine de
qqch. par des figures (1762), spécialement dans arts plomb, qu’on emploie en particulier dans la fabri-
graphiques désignant (1872) les arts plastiques fon- cation des crayons, puis en technique, en électri-
dés SU le dessin, mais lu graphique n. f. (fin ~IX~ s.1 cité, en mécanique (lubrifiantsI, etc. + Ce mot a
ne s’emploie plus en ce sens. 0 Le mot se spécialise fourni des termes techniques ou didactiques
dans le vocabulaire didactique ; il qual%e ( 1801) ce comme GRAPHITEWX,EUSE adj. (av. 18451,GRA-
qui est relatif à une écriture (cf. fluphie) et @u- PHITIQUE adj. (1866) et GRAPHITER v.tr.
phique n. m. est employé pour nommer la repré- (déb. XX~s.1 <(enduire ou mélanger de graphitem.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1629 GRAS
GRAPHIE n. f., d’abord attesté (1762, n. f-1 comme chets. De l’idée de acrochet d’abordagen vient l’em-
élément de composition, au sens de adescription? ploi métaphorique, notamment dans la locution
est un dérivé savant du radical du grec @a@wi~~ En XVI~ s.1 mettre le grapph sur tqqd.
&crire~. ~Terme didactique, graphie est repris GRAPPA n. f. <<eau-de-vie de marc de raisin* est un
aux sens de <(manière d’écrire un motn (18771, sans emprunt (1936) à l’ittien grappu 118761,de même
l’idée de norme liée à orthographe, et de «mode de origine que grappe.
représentation du phonème dans l’écritures (1878). Le préfxé EGRAPPER v. tr. udétacher Iles kui&)
GRAPHE n. m., attesté en 1926 kertainement anté- de la grappe» (av. 1732) a produit ÉGRAPPOIR
rieur), est un emprunt A hnglais gra@~, abréviation n.m. 11785; 1761, en métahrgie), ÉGRAPPAGE
de graphie formula aformule graphique%, @a@&, n. m. (1845) et ~GRAPPEuR,EUSE n. (1845)
comme le français grapI~ique, provenant du grec
graphein &rire~. ~D’abord appliqué en chimie, GRAS, GRASSE adj. est issu (v. 11701du latin
oti il correspond à un diagramme muni de sym- crussus, qui Sign%e d’abord &paism puis <cor-
boles, le concept a été étudié par Sylveste, qui l’a pulent, gros)}, probablement sous l’influence du la-
appliqué (avec le mot graph) aux mathématiques tin impérial @ossus; crassus, sans étymologie
Iv. 18803; l’usage du terme s’est rkpandu en algèbre connue, a éliminé pinguis qui n’est représenté dans
(1886, in. Oxford), puis, dans un sens plus large, il les langues romanes qu’en italien (pingud.
correspond à “graphique, diagramme=. 0 Avec sa + Gras signifie d’abord *bien en chairn puis, en rela-
valeur stricte, graphe désigne en mathématiques tion avec le substantif graisse, de même origine
l’ensemble des couples d’éléments vérifiant une re- (3 graisse), ({formé de graisse3 W’quart du XIII~s.1,
lation donnée, et la représentation graphique d’où le sens de “qui contient de la graisse= (XIII~ s.,
d’une fonction. Le mot, support de diverses notions gras tiomagesl. Comme graisse, l’adjectif a de nom-
correspondant à des syntapes Cgru@ws orik&s, breux emplois culinties, comme C~OU gras d’où
non orientés; graphes topologiques, graphes de vient la locution figurée en faire ses choux gras
flw, etc.), est devenu très important en mathéma- 11478). ~Dans ce sens, gras est substantivé pour
tiques avec l’élaboration de la ttiorie des graphes, «partie graisseuse>> Ile aas, 1265). 0 Par extension,
reconnue et développée dans les années 1960 (mais gras se dit de ce qui a beaucoup de graisse I~II~ s.,
dont les problèmes et certains principes remontent grasse viande), d’où le sens de ade basse qualité,
à Euler et à W. R. Hamilton, mil. ~IX~ S.I. oDes grossier)) (XIII~S.I. 0 Par analogie, gras s’applique à
composés, SOUS-GRAPHE n.m., HYPER- ce qui évoque la graisse (xlrr” s.1,d’où l’emploi @uré
GRAPHE n, m., manifestent sur le plan lexical (XIII~s.) au sens de {{fertile, abondant>, aujourd’hui
cette évolution. vieilli et qui correspondait aux valeurs de enpais-
0 Voir DYS- (DYSGRAPHIEI, ORTHOGRAPHE, RADIOGRA- ser, evt@uis (+ graisse). De l’idée d’abondance on
PEUF.. est passé à celle de temps agréablement prolongé,
dans la locution grasse matide (1478). 0 Gras
s’emploie aussi pour kencieuxs (14011, par allu-
+k GRAPPE n. f. est issu (1121-1134) du fran- si,on aux écarts de hgage permis les joursgras, où
cique “krappa <crochet» (reconstitué d’après le 1’Eglise permet de manger de la viande. Cet emploi
moyen néerlandais trappe, l’ancien fkanç& crape se retrouve dans dimanche @US (xv” s.), mardïgrs,
CagrafeD (1213). plus courant, et cause grasse (15491, plaidée le
+Le sens moderne viendrait dlune metaphore, mardi gras parce qu’elle portait sur des sujets li-
d’après la forme de la grappe de raisin. 0 Le sens cencieux. 0 Par extension gras se dit Izdemoiti6
étymologique de Mcrochet)) ( 12131se maintient dans XI? s-1pour ctaché ou enduit de graisse>, dévelop-
des emplois techniques : Kcollier métallique garni pement paraMe à celui du nom graisse. 0 Par
de pointesn, en archéologie ( 13851, acrampon à analogie, gras s’emploie en parlant des sons (parler
glace, sur un fer à chew& 116251,sorti d’usage (voir gras, av. 1540, avec une valeur adverbiale; voir ci-
ci-dessous grappin). Par analogie, grappe s’emploie dessous gmsseyer). ~Une autre extension
(1558) au sens dksemblage serré de petits objets concerne I’art : gras Sign%e knportant par le vo-
ou de personnes=. lume, trop épaisn en architecture (16761, et alarge,
F Le dérivé GRAPPER (OU cruper, déb, XIII~s.) appuyé» en imptierie 11775, adj pet n. ml; là en-
cueillir les raisins> a été éliminé par son dérivé core, le parallélisme avec graisse est notoire.
GRAPPILLER; du sens de *cueillir les raisins qui b GRASSEMENT adv. d’abord sous la forme cras-
restent après les vendangess ( 15491,on passe par fi- sement signifie aabondamment)) 112901 et «avec in-
gure à celui de aprendre de ci, de là (des objets, des décencen Cv.1350, parkr crassement). + 0 GRAS-
connaiss~ces, etc.)n 11566) et, en particulier, afaire SET, ETTE adj. Iv. 1265; v. 1180, crasefI a été
de petits profits, souvent illicites% 11679, tr. ; 1683, remplacé par le diminutif grassouillet (ci-dessous).
intr. et absolument). *Du verbe dérivent GRAP- 0 Le substantif grasset kv” s, ; 1286, grmet3 rem-
PILLAGE n.m. (15371 etGRAPPILLEUR,EIJSEn. place des formes issues du latin crussus kruisset,
(1611) qui ne s’emploie plus qu’au figuré. +Le dimi- fm XIII~ s.) pour désigner une petite lampe à graisse.
nutif GRAPPILLON n. m. désigne une petite Comme terme d’anatomie animale (1757) et de
grappe (1584). boucherie (18721, gw~et est la substantivation de
GRAPPIN n. m. (1382) est un dérivé de grappe «cro- l’adjectif ancien. * Emprunté au proven@,
chetn; d’abord terme de marine (1382, Kpetite @ GRASSET n. m. désigne aussi (17781 régionde-
ancren ; 1466, <crochet d’abordage,), grappin se dit ment la sarceue d’été. +GRASSEYER v.intr.,
par analogie II7011 de tout instrument muni de cro- d’abord gmssier (15301, correspond à parler @as.
GRATIFIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Graissuyer (16111, grusseier (16941, c’est parler avec chîrer, gratter, graver», le moyen haut allemand
une prononciation gutturale des r (r grasseyé); krutzen, kretzen, d’où l’allemand krutzert =gratten>.
cette prononciation constituait à l’époque classique Le mot germanique a pénétré en latin populaire,
une marque d’déterie. ~DU verbe dérivent d’où le latin médiéval grattari (10231, l’italien grut-
GRASSEYEMENT n. m. (1665) et GRASSEYANT, tare, l’ancien provençal grutur. Cette explication
ANTE adj. Iv. 1780). ~GRASSOUILLET, ETTE adj. classique est contestée par P. Guiraud, qui pense
diminutif de grus (1690) a remplacé grasset, avec que gratter serait à rapprocher du latin crutire
une nuance hypocoristique. vherser», d’aprés cruti *claie, treillisn, qui aurait eu
À partir de grus ont été composés GRAS-DOUBLE un dérivé gallo-roman “crutiture.
n. m. (16111, de double, n., au sens de <<panses, 4 Goutter, attesté au XII~s. comme intransitif et pro-
compris ensuite comme Kdeux fois grasm, et GRAS- nominal (av. 11741,puis comme transitif (1180- 11901,
FONDU n. m. terme de médecine vétérinaire a d’abord le sens de &ot ter, racler légèrements,
(16151, de fondu, participe passé de fondre, d’après d’où par extension celui de {{fouiller le sol (avec la
l’ancien tiançais graisse-fondre, se graisse fondre patte, le sabot, etch (1176-11811, celui de Mlabourer
<(fondre de chaleur*. supeticiellement~~ (v. 1223, intr.) et de &otter qqch.
de dur en entamant la surface, tv. 12601.II a signi%
GRATIFIER v. tr. représente un emprunt
au figuré jusqu’à l’époque classique aflatter= (XIV” s.,
Il3661 au latin gYutifzcari ((être agréable à» et ccaccor-
gratter qqn). Par extension, gratter Sign%e (1283)
der comme faveurti, composé de putus adj. I+ gré)
aenlever en grattantn et ((faire entendre un gratte-
et de fucere «faire”n.
me& (1663, grutter à lu porte). Le verbe s’emploie
4 Grutitier conserve un des sens du latin ( 1366, @u- par extension (1723, intr.) au sens de aprovoquer
tifier de>, aussi g&Xzer 2t (1534) à l’époque classique une sensation d’irritation>>. 0 De l’idée d’eenleverp
où le verbe a également signi@ <<être agréable à viennent les sens figurés de grecueillir tout ce qui
(qqn))> (1609). 0 À partir du milieu du XVIII~s., gruti- peut être utilisén (18471, (<voler, pillern et de ((dépas-
fier s’entend par antiphrase ( 1769) au sens d’cinfli- ser un concurrentn ( 1894, argot cycliste) d’où <dé-
ger un désagrément à (qqnb, mception qui tend à passer (en voiture)», mot qui fut à la mode dans les
se substituer à la précédente. Le verbe a aussi pris années 1920-1930. Q Du sens de afrotter>> vient celui
au XVIII~s. le sens de asatisfairen 117871,aujourd’hui de *jouer médiocrement d’un instrument à cordes>>
avec un sujet de chose ( 1823) aêtre cause de plaisir ( 1853). 0 Gratter équivaut aussi à atravaillern 118891,
pour qqn,. 0 Em, le sens psychologique de walo- sans doute à partir d’expressions telles que gratter
riser ou revaloriser (qqn) à ses propres yeux= la terre ( 1690) ou, dans un autre domaine, flatter le
(v. 1950) vient du vocabulaire de la psychanalyse en papier (1866 ; 1690, @Mer le parchemin agagner sa
opposition avec frustrer, et est repris de l’anglais to vie à copiermI.
gratif)r «donner de la satisfaction, faire plaisir àn
b Le déverbal GRATTE n. f, a le sens général de ace
Ixvr” s. ; issu du sens originel du verbe français).
que l’on peut gratter» avec diverses spécialisa-
+De ce sens vient GRATIFIANT,ANTE adj. tions : par exemple agalen (~III XIII~s., peut-être de
(mil.~~"~.), opposé à frustiunt. *GRATIFICATION gratelle), ~Coup, rosséen Il7331 et apetit profits, resté
n. f., emprunt au dérivé latin grutificutio ebienfai- usuel et familier (1838). Un autre sens général est
sance, faveur», se dit d’une libéralité, d’un don fait à ce qui sert à gratterm, d’où (1773) en marine et
qqn, en particulier en récompense d’un service 11803) Nsarcloirn. OAU sens récent de aguitare%
113621, spécialement en parlant d’une somme 11977), le mot correspond à ace que l’on gratte>).
d’argent ( 16793.Le mot a pris au xv” s. 11475) le sens - GRATTELLE n. f. (fin XII~ s., grutele) cgde légèrem
de Mreconnaissance, faveur*, encore à l’époque est sorti d’usage, comme son dérivé GRATTE-
classique. 0 La valeur psychologique, csatisfaction LEWX, EUSE adj. (~111~ s.l. +GRATTEMENT n. m.
qui valorise ou revalorise à ses propres yeux celui aaction de gratterfi ( 1509) Sign%e aussi <<bruit de ce
qui était frustré,, est reprise (av. 1951) de l’anglais qui gratten (1841).
grutifzcution (dérivé de to grutify, cf. ci-dessus). GRATIN n. m. désignait autrefois (1564) la partie
GRATIN et dér. 3 GRATTER d’un mets qui s’attache au fond d’un récipient et
qu’il faut gratter, racler pour la détacher. D’où le
GRATIS adv., d’abord attesté comme nom mas- verbe gratiner au sens ancien (1825) ((attacher en
culin ( 14681,est un emprunt à l’adverbe latin gruti, cuisant%, voisin de cramer. De ces valeurs néga-
forme contractée de gratiis agracieusement, par tives, on est passé à l’idée d’une préparation volon-
complaisances>, ablatif pluriel de @+utiu (-, grâce). taire. Grutin se dit (1811; au grutin 18031 d’une ma-
4 Gratis n. m. a désigné un &anchissement d’im- nière de cuire en formant une croûte à la surface
pôts (14681 et une gratfication (1474). Employé du plat. Par figure, le mot désigne (18811, souvent
comme adverbe, le mot sig&e (14%) «sans qu’il en ironiquement, l’élite d’une société (cf. créme, fleur).
coUte rienn, et s’emploie comme adjectif invariable 0 GRATINER v. a suivi l’évolution de gratin et si-
Il811 ; spectacle gratis 1. gn%e -faire cuire au gratinm (1829). Ses dérivés sont
0 Voir GRATUlT. GRATINÉ, ÉE adj. ccuit au gratinx ( 1829) et au fi-
guré aextraordinaire> 11936); GRATINÉE n. f.
GRATITUDE 4 INGRATITUDE
(1912), qui désigne surtout la soupe à l’oicon grati-
GRATTER v. est issu (1160-l 174) du francique née. + GRATTAGE n. m. <action de gratter; son ré-
ou du germanique okruttôn ((frotter en raclantm, qui sultat» ( 17661 est également un terme technique
se rattache à une racine g&i- et est reconstitué ( 1786). e GRATTELER v. k. est k diminutif (18391
par l’ancien haut allemand kruziun, kruzôn =dé- de grutter. +D’autres dérivés de fl&er, GRAT-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1631 GRAVE

TO~RE n. f. (15561, GRATTURE a.f 11283, @-atire) rivé du supin de gr&luR «remerciep, ((féliciter=
sont des termes techniques. +GRATTOIR n. Ill., (d’où est tiré en moyen fkançais le verbe grutuler,
d’abord terme d’armement désignant l’écouvillon v. 13551, issu de grutLLs areconnaissmt, chaxmantp
pour nettoyer le canon d’une arquebuse ( 15711, est (+ gré>.
devenu courant pour 4nstrument qui sert a grat- + Grutdution, aremerciementx, est d’un emploi lit-
tep (1611~.~GRAT(T~OUILLERv.(1881,mtisanté- téraire et rare, déjà archaïque à la fm du me S.
rieur régionalement) est probablement une altéra- (cf. l’emploi archaïsant de grutuler chez HUYS-
tion, d’après chatouiiler, de grutiller «chatouiller», mans). SeuIs les composés latins comme congrutu-
mot ancien répandu en provenqal et en kanco-pro- lari ont donné des formes courantes en lançais
vençal, attesté indirectement par grutilleux (xv” s.1 (+ congratulation).
et par l’ancien provençal faire putil arire, Pl&an-
tep (XII~ s.1, eux-mêmes dérivés de gratter au sens GRAU n. m. est un emprunt II?@I, puis 17691 à
de <flattern. 0 GruCMouilZer <gratter légèrement» l’occitan gruu xchenal par lequel un étang ou une
Il90 11, <gratter maladroitementn, afaire éprouver rivière débouche dans la mer-u; ce mot est soit em-
une démangeaison, et au figuré <flatter)) (18811, a prunté au catalan grau, soit représente une altéra-
POIX dérives GRAT~TIOUILLEMENT n. m. (x~~s.1 tion du provençal gru, grus tdéb. XIVes.1 sous l’in-
et GRAT(T)OUILLIS n. m. (XX"~.). +@GRATTON fluence de gruu, n. m., issu de grava <grève*,; le
ou GRATON n. m. (1949) désigne, en alpinisme, catalan et le provençal sont issus du latin gradus
une petite aspkité servant de prise; de là GRAT- I+ grade, degré) qui, à partir de l’époque impériale,
TONNER v. intr. (1949). Il s’agit sans doute d’em- s’employait à propos du mouvement des fleuves.
plois régionaux. *@GRATTONS n.m.@. se dit 4 Gruu reste vivant en Languedoc, en particulier en
régionalement de résidus de la fonte de morceaux toponymie C,e Gruu du roi).
de graisse animale, plus ou moins attachés dans le
récipient par la même image que grutin. GRAVATS n. m. pl., réfetiion graphique tar-
Le préfixé REGRATTER v. a signi% cfaire de petits dive hw” s.1 de gruvuz (15001, gruvutz (1523) et gru-
bénéfices en vendant de seconde mainD (XIII~s.1 et vw (1548-15501, représente une altération, par
afaire de petites économies en épluchant les substitution du s&xe -us (d’après plûtras), de gru-
comptes* (1694) ; ces emplois intransitifs ont dis- vois adébris- (1342) et <(partie la plus grossière du
paru au ~IX~ siècle. Le verbe transitif a eu le sens de plâtres ( 16941, attesté aussi au sens de “gros sable»
aremettre à neuf (un objet) pour le vendrex 11538) et (xv” s.l. Grav~is est une nouvelle graphie pour l’an-
-corriger (une œuvre littéraireIn (av. 1613); fi signi- cien français flwoi QJ?OSsable% lgruvei, v. 11651,dé-
fie Ngratter de nouveaw, en particulier les pierres rivé de gruve, variante de grève (+ grave, grève).
d’un bâtiment ( 1675). + Liés aux emplois anciens du
4 Gravats a signifié ~gros graviersm !1500) puis adé-
verbe, les dérivés REGRATTIER,IÈRE n. h. 11801,
brisn (15231, aujourd’hui seulement ( 16801 en par-
REGRATTERIE n. f. (1260) et REGRAT n.m.I1279)
lant des débris provenant d’une démolition. 0 On
sont sortis d’usage. 0 REGRATTAGE n. m. ( 16601
dit aussi GRAV~IS n. m., forme ancienne (ci-des-
est le seul terme de la série qui se soit maintenu
sus) dans le vocabulaire technique (1680). 0 Le sens
avec la valeur technique du verbe (1680).
technique de gruwts <<partie du plâtre qui ne tra-
GRATUIT, UITE adj. est un emprunt (attesté verse pas le tamisé) ( 1798) est aujourd’hui sorti de
1495) au latin classique gratuitus ugratu& <désin- l’usage.
téressé>), en latin impérial <sans mot& dérivé de wEn dérive le terme technique GRAVATIER n. m.
l’adjectif gruti (+ gré). (1762).
+ Gratuit conserve le sens latin -accordé par libéra-
lité> (1495) ; l’adjectif s’oppose aujourd’hui (1519 à +# 0 GRAVE adj. représente un emprunt
payant. Gratuit se dit ensuite, comme en latin, de (déb. xwe s.) au latin gruti apesant, lourd>, qui se dit
ce qui n’est pas fondé, justfié ( 17 18, supposition gru- des sons Cabas>4du climat, des aliments, etc.; dans
tuitd et de ce qui n’est pas déterminé par des l’ordre moral, gruvis sime *qui a de l’autorité, de
considérations rationnelles (1831, des crimes gru- l’importance>), ~~puissantp, &rieuxn, <embarrassé,
tuits, Michelet). De là, l’expression acte gratuit. pénible%; gruvis appartient à une famille issue
d’une racine indoeuropéenne ‘gwer- alourdm à la-
F Le dérivé GRATUITEMENT~~. asuivilamême
quelle se rattache le grec burus, de même sens
évolution sémantique : aans avantage en retow
(+ baryton). Le français grave, qui a éliminé l’ad-
( 1400) ; *sans fondement» (1671). + GRATUITÉ n. f.
jectif gri& g&e I+ grief,, a repris une partie des
est un dérivé savant du latin grutuitw ou un em-
sens du latin.
prunt au latin médiéval grutuitus c<favew> ( 1273).
* Le mot a Sign%é Cv.1350) aexemption de payep ; 4 Grave, introduit avec le sens de “qui a de l’impor-
il désigne ensuite l’action d’accorder qqch. par fa- tance> (aujourd’hui archaïque en parlant de per-
veur (14601. Par extension, grutuité Sign%e wzarac- sonnes), a pris par extension et innuence de sens
tère désintéressé (d’une actionlo (1541). À partir du latins la valeur de Kqui peut avoir des conséquences
XIX~ s., il s’applique au caractère de ce qui s’obtient mauvaisesa (1580) et spécialement en morale de
sans payer 11866 ; lu gratuité de Z’enseignementl, au ccondamnablen (1690, faute gruve), d’où en religion
caractère de ce qui est non motivé ( 1884). péché grave ( 16903. De maladie grave, blessure
grave (17641, on est passé au xxe s. à l’emploi ex-
GRATULATION n.f. est un emprunt tensif et très contestable de Rgravement atteintm
lav. 1380; une fois au XIII~s.1 au latin gratuluti, dé- Cbtessé gruvel. Par ailleurs le mot s’est afftibli,
GRAVE 1632 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme son quasi-synonyme sérieux. OL’adjectif déverbal de aggraver. 0 Simat d’abord aacca-
s’emploie comme en latin (xv” s.1 pour qualser un blement (moral)» 1x19 s.), ug@uvution s’est spécia-
son. Au xvre s. grave s’utilise en grammaire (1533, lisé en droit à parb du XIX~s. (1835, uggravution de
accent gruvel. 0 II s’applique aussi (1542)à une per- peine) et désigne couramment le fait d’empirer,
sonne qui se comporte avec dignité et réserve d’abord en médecine ( 1838).
- auparavant en parlant de l’habillement ( 1440- 0 Voit- GRAVIDE, GRAWTER, GRÈVE, GREVER.

1475)- d’où, par extension, à ce qui exprime la


gravité, qu’il s’agisse du comportement 11638)ou de * 0 GRAVE n. m. et f. représente
ti XII~s.)
la pensée, du style 116801.0Il s’est employé au sens une variante de gr&ve*.
propre latin, <lourds ( 1690; 1757,le gruvel. + L’em- 4 Comme grève, le mot a désigné un terrain sablon-
ploi récent pour <abruti, idiotn est en fait un abrège- neux au bord de la mer ou d’un fleuve En XII~S.I.Il
ment oral de gravement atteint. s’est employé pour -gravier>> 11390) et se disait
b GRAVEMENT ah., ad’une manière importantes (1690) du rivage où les pêcheurs de Terre-Neuve
(13961, prend les sens modernes au xve s. ( 1440-1475 faisaient sécher la morue, encore au XIX~siècle.
~~dignement4 et au ~IX~s. (1838, gravement blessé). 0 Le mot, dans son premier emploi, s’est spécialisé
+ GRAVITÉ n. f. est emprunté (v. 1200,gruviteit) au pour désigner des terrains caillouteux situés dans
latin gravitas apesanteur, lourdeurn, et au figuré la région bordelaise, qui conviennent pour la
4mportance, dignité », #duretéa, 4ncommodité», dé- culture de la vigne ( 1525,graves, n. f. pl. ; 1545,vin
rivé de @-unis; gravitas avait abouti à @té (attesté de Graves1 ; par métonymie gjraves n. m. est le nom
XIII~ S.I. * Gravité signiEe d’abord =Caractère de ce du vin de ces vignobles (1829).
qui est réfléchi, sérieux> (v. 12001.Le sens physique F Le dérivé GRAVIER n. m., en ancien français
apesantew est repris en 1377,d’où au xwe s. (1672) <grève, rivage>> Iv. 11351, se spécialise très tôt pour
la locution centre de gravité. Les autres emplois désigner un sable à gros grains cv.11551, et plus
classiques sont passés à gravhxtio~ (voir ce mot à tard par métonymie un des petits cailloux consti-
graviter). 0 Gravité a Sign%é comme en latin <diE- tuant le gravier 11838).Par analogie il s’est employé
cultéu (15201,(chose grave» (15541, acception dispa- en médecine (av. 1662) pour calcul*. don dérivé
rue aujourd’hui, le mot ayant pris les sens d’kn- @ GRAVIÈRE n. f., réfection (1385) de gruvere
portance~ I 16111et de <(caractère dangereux» (18291, En XII~ s.) *lieu couvert de graviers, désigne une
en particulier en pathologie (18451, 0 Comme carrière d’où l’on extrtit le gravier (1876).
grave, mais plus rarement, @uVité s’emploie aussi + @GRAVIÈRE n. f. a désigné (1780, BuEon) l’oi-
pour parler d’un son ( 16801. - GRAVI- est un pre- seau appelé plus tard gruvelot (--+gravelle). + GRA-
mier élément de composés tiré du latin gravk ape- VILLON n. m., cpetit caillow (1558, puis 16111,sorti
San& et utîlis6 pour la composition de mots dîdac- d’usage, a été repris à la fin du XIX~ siècle. 0 Le mot
tiques en sciences, technique. On peut citer a, fourni au XX~~. GRAVILLONNER v.tr. (attesté
GRAVIMkTRE n. m. (17971, GRAVIMÉTRIE n. f. 19311, d’où GRAVILLONNEUSE n. f. (iwf), GRA-
(1904, mais antérieur), GRAVIMÉTRIQUE adj. VXLLONNAGE n.m. (V. 1950).
(1832) et, plusrécemment, GRAVIDÉVIATION n.f. Le préfd @ ENGRAVER v. tr., terme de marine
Iv. 19701, GRAVICÉLERATION n. f. (1973; de (1636) aussi au pronominal s’engruver ( 16361,s’em-
hckéiératin), GRAVISPHÈRE n. f. (1973). ploie par ailleurs 11817) au sens de «recouvrir d’une
AGGRAVER v. tr. est emprunté (déb. XII~s.) au la- couche de graviep. 0 Son dérivé ENGRAVEMENT
tin uggruvare, formé sur gruvis, et en reprend les n. m. ( 17981est seulement un terme de marine.
sens ; d’abord au participe passé ugmvet Cv.10501,il 0 voir GRAVELLE, GRÈVE.

s’est le plus souvent écrit ugrever en ancien fran-


çais par contamination avec *uggrwure, formé sur GRAVELLE n. f. est un dérivé Cv.1120,gravele)
la variante *gr&s ; la graphie avec -a- semble s’îm- de 0 grave* *gravierfi, autre forme de gr&e*.
poser après 1350.+Le verbe s’introduit aux sens de + Gravelle a eu le sens (v. 1120) de <sable, graviep
<<rendre plus dangereux9 en parknt d’une maladie du xxe s. jusqu’à la ti du XIVes. 0 Gravelle cconcré-
et de acharger, alourdir)), emploi qui se maintient tions rénalesm (XII~s.1 et, par extension, &fe&ion
da;ns la langue classique. Il Sign%e ensuite arendre provoquée par ces concrétions, (1580) est au-
plus violent IqqchJ) tapr. 12501, crendre plus jourd’hui archtique.
condamnable (une faute, un tort)- (13401,employé à ä GRAVELEUX,EUSE adj. (XIII”~.; V. 1200,gruvil-
partir du XVII’ s. en théologie à propos d’un péché lous puis graveleux, xrr? s.l *qui contient du gravier»
(16801et en droit en parlant d’une condamnation est attesté comme terme de médecine en 1478
(1690). 0 Par ailleurs le verbe conserve en droit ca- (gravelle& ; aujourd’hui sorti d’usage. Par exten-
non (1480) un sens du latin médiéval, «prononcer sion, il sime =qui a une chair pierreuse, (en par-
un second avertissement d’excommunicationn. lant d’un fruit1 (1671). 0 Le sens figuré de atrès li-
+AGGRAVANT, ANTE adj. du participe présent cencieux}}, aproche de l’obscénité>, appara3 à la ti
(XVI” s.) s’emploie en médecine et en droit Icir- du XVII~s. et correspond à une métaphore selon la-
constances aggravantes). *AGGRAVEMENT quelle ce qui est licencieux est pénible pour la
n. m. 11547)est rare. 0 Il est à peu près éliminé par conscience, comme la gravelle l’est pour le corps.
le nom d’action emprunté au dérivé bas latin ag- + De là vient GRAVELURE n. f. ( 17071,d’emploi
gruvuti ((surchargem et <coppressionD, devenu un rare, et GRAVELEUSEMENT adv. (19101,littéraire.
terme de droit canon en latin médiéval. OAG- 4 GRAVELOT n. m. (1899;grwelotie, n f., 1817)est
GRAVATION n. f. a repris cet emploi (xv” s.1mais a le nom régional d’un petit échassier du genre plu-
été ensuite remplacé par AGGRAVE n. f. C1655), vier; il a succédé à 0 graviere.
DE LA LANGUE FRANÇAISE GRAVITER
GRAVER v. tr. est issu Cv. 1200) de l’ancien fran- GRAVIDE adj. est un mot emprunté ! 1863) au
cique “graban wzreuserm (cf. allemand g~+uI~e~ Ncreu- latin gravidu ((enceinte)), féminin de g~~idus
ser-1. «charge* ; arempli de qqch.>>, dérivé de gruvis
$ Graver est d’abord attesté au sens de «faire une JourdB, qualiEant en particulier l’état de lourdeur
raie dans les cheveux». Avec sa valeur moderne, d’une femme enceinte (+ grave).
&acer sur une matière dure en l’entaillantn, le 4 L’adjectif Sign%e aqui contient un embryon)).
verbe n’est atteste qu’au xve s. ( 14751, mais on relève b Dans le vocabulaire de la médecine ont été déri-
le composé regraver en 1346. Par figure, graver si- vés GRAVIDIQUE adj. (1857) et GRAVTDXSME
me Iav. 15581 <rendre durable>> @aver qqch. n. m. Cl8661, sorti d’usage et remplacé par GRAVI-
dam le MEUT de qqn) et <rendre manifeste, par DITÉ n. f. ( 18721, emprunt au latin gruviditas, dérivé
qqch. de remarquableD 11636). 0 Par spécialisation de gruvidus.
du sens propre, grwer prend le sens (v. 16501 de
vtracer (un dessin, un texte) sur une matière dure, GRAVIR v. est traditionnellement considéré
en vue de les reprodtien, d’où par métonymie gra- comme issu (v. 1180) du francique krawjan. us’aider
ver une médaille et, par extension, «reproduire par de ses griffes>>. Ce mot, reconstitué grâce au moyen
le procédé de la gravuren (par analogie, mil. xx’ s., néerlandais ‘Jzrauwen, l’ancien haut allemand
graver un disque). kro~won, l’allemand krauen, est dérivé de “Jzrawu
~griffe~~, qui a donné l’ancien fhnçtis Poe (XIII” s.);
F Les dérivés de graver sont liés au sens technique
selon une autre hypothèse, gruvir serait à rattacher
du verbe. e GRAVURE n. f. a eu le sens général de
au latin grudus “pas Y, «marcheu d’ou viendrait un
vsillon, rainuren avec des emplois spéciaux (XIII~sa,
verbe populaire hypothétique ‘grudivire, issu de
gruveure *rainure d’arbalèteB1, sens conservé dans
gradu ire <aller de marche en marche».
des domaines techniques (architecture, cordonne-
rie, 16801.0 Le mot, sufE& en -ure comme peinture, 4 Gravir est d’abord employé intransitivement avec
sculpture, etc., prend au XVI~ s. une signikation ar- le sens de *monter avec effort en s’aidant de ses
tistique, uaction de graver un dessin pour le repro- mains3 jusqu’au xwe s., et encore dans les diction-
duire» (15381, ce qui conduit à la notion d’art de naires du XVII~ s. En emploi transitif, il Sign%e, à
gravers,. Si l’action de graver une matière dure partir du xv? s., par tiaiblissement, <(escalader,
dans une intention artistique est aussi ancienne monter péniblement>> Iv. 1530) d’où, au figuré, &-an-
que 1’art, le fait d’encrer une plaque incisée pour en chir, parcourir progressivement» ( 1835).
reproduire le dessin (sur papier) remonterait k l’or- des dérivés GRAVISSEMENT n.m. (1906) et
fèvre italien Maso Finiguerra (mort en 1464). GYU- GRAVISSABLE adj. (attesté 1943 ne sont pas
vure dans ce sens pourrait être un aemprunt cdtu- d’emploi courant.
rel» let non pas linguistique, l’italien dit inckione1 à
l’Italie, ma& seulement en ce qui concerne les pro- GRAVITER v. intr. est introduit en fkançais
cédés sur métal, car la xylographie (dite plus tard (1732) par emprunt au latin scientsque gravitare
gravure sur bois) est pratiquée au xv” s., notamment 116861, lequel est formé sur gravitas, -atis apesan-
en Allemagne, pour la production d’aestampes*u teurn (4 gravite), ou à l’anglais to gravitate <(exercer
(ce mot étant un italianisme de la Renaissance). un poids, une pressiow (16441, puis «être a$ecté par
* Une gravure Sign%e par métonymie “ouvrage de la gravitationa (16921, lui-même d’origine latine.
graveur-m ( 1568) et par extension Il 8291 toute image 4 L’emploi en physique 11732) pour «tendre et peser
imprimée reproduisant un tableau, etc. * Sur gra- vers un point-, d’où au figuré atendre vers tqqch.)n
vure ont été composés des termes techniques dé- (17701, n’est plus en usage. Graviter Cautour del a
signant les différents procédés de gravure et qui pris d’après gravitdort le sens de Rtourner autour
équivalent à des syntagmes comme gravure sur (d’un centre d’attraction)» (1734, et au figuré celui
bois, sur acier..., en taille douce, etc.: HÉLIOGRA- d’&voluer autour de (qqn)>> (1835).
VURE n. f. (18731 de hélio-, tir6 du grec h&lios «SO- ~GRAVITATION n. f., introduit en 1717 (en
le& d’où HÉLIOGRAVEUR,EUSE n. 119o51, concurrence avec gravité), est emprunté à l’anglais
d’après graveur; PHOTOGRAVURE n.f. (1887, de grutituttin ( 1645) ou au latin scientifique grutitutio
photo-), d’où PHOTOGRAVEUR n-m. (19011; PY- Idérivé savant de gruvitas3 et répandu en tiançais
ROGRAVURE n. f. (18881, de pyro-, tiré du grec pur, par la traduction des œuvres de Newton. La théorie
puros feu, - d’où PYROGRAVER v. tr. (1888, sur de la gravitation universelle, essentielle en
gruver), avec pour dérivé PYROGRAVEUR (1907); sciences, se diEuse à partir du milieu du xwe s.
SIMILIGRAVURE n.f. (1890, de simili-l, du latin si- 0 Malgré l’importance essentielle du concept de
milis usemblable». *GRAVEUR, EUSE n. 11398) gravitation dans la pensée scientifique, à partir du
précédé par le féminin paveresse Iv. 13301 prend XVII~~ s., le mot n’a provoqué que récemment la for-
au xwe s. le sens correspondant à gravure. + GRA- mation d’une série morphologique. + GRAVITA-
VOIR n. m. est la réfection 11426) des anciens fémi- TIONNEL, ELLE adj . (19121 <<relatif à la gravitation»
nins gravouere ( 13 161, gravoire ( 135 1) ; le mot a signi- a été formé d’après l’angkis gruvitutiond; GRAVI-
fié «peigne» d’après le premier sens attesté de TATOIRE adj. (xx” s.), de même sens, est moins
gruver. Le sens technique moderne apparaît au dé- usité. + GRAVITON n. m. (av. 19621 est construit à
but du XIX~~. (18031. *Le préfixé @ENGRAVER partir du radical de grwiItation1, et de l’élément
v. tr. était sorti d’usage dès le XVII~ s. au sens de -on des particules. des composés AGRAVITA-
ccgravers (15321 mais est resté comme terme de TION n. f. (~1960; de a- privatif) et ANTIGRAVI-
constructtion U?n XV~” s.l. TATIUN n. f. bd. X? s.; de unti- Contre=) Sont
GRAVOIS 1634 DICTIONNA3RE HISTORIQUE

aussi des termes didactiques. +Un élément grw& syntagmes figés, spécialement comme terme de
sert à former d’après accélération et o%célérution droit kaccord4. Ce sens s’est conservé dans l’em-
GRAVICÉLÉRATION n. f. (1973) ~accélération (po- prunt fait par l’anglais ugreement &gentlema;n
sitive ou négative) d’un engin spatial utilisant l’at- agreement). Le mot a eu Ta valeur de acharrne, at-
tractiond’uncorpscéleste~~. ~GRAVTDÉVIATION trait>> à propos de personnes Il4761 ; le sens d’aome-
n. f. Iv. 19701 a le même sens. ment- (1502~1503, en serruretie; ~HI XVII~ s., en im-
GRAVIFIQUE adj. ( 1782) est un dérivé de gravis primerie) n’existe plus qu’en musique ( 1706) ou à
«lourdn . propos du style. *Sur agrément a été dérivé
AGRÉMENTER V.tr. (h XVIII~~.) «améliorer par
GRAVOIS + GRAVATS des agréments», d’oti vient le terme technique
AGRÉMENTISTE n., synonyme de agriministe
+k GRÉ n. m. est issu Izde moitié xe s., gredl du la-
(1766) puis ugréministe ( 17823, refait sur agrément
tin g&um, neutre substantivé de l’adjectif gMus
en AGRÉMANISTE ~x"s.). *AGRÉATION n.f.
<<accueilli avec faveur, agréable, bienvenu), &-
Ixv” s.), dérivé de agréer, est utilisé en Belgique
mable» et ~reconnaissant~; grutus est probable- 11874) au sens d’aagrément, accord donné à un acte
ment un ancien terme religieux, qui répond au
administratifn.
sanskrit giirtd,@ et au lituanien gitias ((célébrén.
MALGRE prép., formé avec mal adj. «mauvais» et
+ Gré a d’abord le sens latin de CconsentementD. Il gré, représente (x19 s.1 une réfection de maugré
reprend les sens de <reconnaissances Cv. 1050, sa- I~II” ~3.1 utilisé jusqu’au ~VI~ siècle. Tl s’emploie au
vuir bon gré; aujourd’hui savoir@, XII~ s.), devenu sens &ymoTogique de *contre le gré de Eqqnb
archaïque en emploi libre; il s’est employé au sens Cv. 1160, muugré qqn ; maugré quel et par extension
de ccfaveurp (XIII~ s.), eamitiém (XIII~ s.1 et <(don (1451). ( 1650 ; v. 1250, maugré) équivaut à aen dépit de* ;
Dès le moyen âge, gré s’emploie surtout dans des l’expression ma&+ tout est attestée en 1867.
locutions : de gré 6pontanément>> (1080), continué +MAUGRÉER v. mtr., {{manifester son méconten- ’
aujourd’hui dans de mon (ton, ...Ipkh gré (1636) et tement=, dérive Il%‘91 de l’ancien tiançais maugré
de gré ou de force ( 1866 ; de force ou de gré est an- n. m. ~déplaisir, peine» W s.3, composé de mal adj.
térieurl, savoir gré Ide qqch.1 à (qqn) I~II” s.), au gré et gré. Le son gr-, qu’on trouve dans grotier, grom-
de <selon Ta volonté>> (12801; bon gré, mau gré (1330) meler, a infléchi son sens vers l’idée de manifesta-
devenu bon gré mal gré (XVI”s.1; ensuite sont for- tion orale.
mées les locutions de gré à gré & l’amiable- Cxvr” s.), @ voir GRÂCE, GRATUIT, INGRAT.
avoir, prendre en gré «trouver agréableD (3 agréer).
F Sur gré ont été composés de nombreux mots. GRÈBE n. m. est un mot d’origine obscure @
-AGRÉER v., formé fv. 1160) de a-, gré, et sufExe 115571. P. Guiraud suggère pour étymon le latin cre-
verbal au sens d’&re au gré Ide qqn)>), a pris, en pare *craquer, faire entendre un cfiquetisu ou en-
construction intransitive, le sens de <<consentir, ap- core un dialectal grabber <<fouiller en grattant*
prouver) Cv. 11701. Sa construction normale est (4 grabuge).
agréer à qqn (comme plaire àl, mais on trouve aussi
4 Grèbe, nom d’un oiseau aquatique, désigne I1844
agréer que, suivi du subjon&f (16601. + De ce verbe
par métonymie ses plumes.
vient AGRÉABLE adj. qui a eu Iv. 1165) jusqu’à
l’époque classique le sens de Nqui est au gré (de
qqnh par exemple dans la locution avuk tqqch.1 GREC, GRECQUE adj. et n. représente un
pour agréable 4rouver bon» 115383. Ce sens vieilli emprunt Iv. 1165) au latin Gruecus agrec», du grec
est celui de l’anglais moderne (emprunté au fran- Graikos. Gr&os est cependant très rare dans la
çais) agreable. 0 L’adjectif a aussi (XII~ s-1 le sens de littérature grecque où le terme normal et courant
“qui plaît, éveille l’tiectivité» ; il est substantivé est Hdlên, -&OS (-+ hellénique) : c’est sans doute un
( 1658, n, m.1 pour Nce qui est agréablem et (1720) mot étranger (peut-être illyrien) passé très tôt en
Kpersonne agréablem, au masculin et au féminin. Ce latin par l’intermédiake de l’étrusque. Grec s’est
dernier sens a donné lieu à l’expression f&e substitué aux formes issues de l’évolution phoné-
l’agréable. L’adjectif s’est également appliqué à un tique de gruecw griu, gtiois, grézois b gregeois),
vent favorable (14861. oEn dérive AGRÉABLE- griesche (b grive).
MENT adv. (Lde moitié XIII~ s.) œvolontiers)) puis (1343) 4 Grec cde Grècem (v. 1165, la langue grecque;
«d’une manière agréable>. +Le préfk DI%A- v. 1208, n., le grec) s’est employé au ~VI~S. 115271
GRÉABLE adj. appardt au XIII~ s. 11275, desu- pour <<helléniste, personne qui connaît le grec* (ceci
gruuble); il succède au composé verbal désagréer encore au XVII~ s.); d’où au figuré les sens de csa-
krr” s.1, me pas convenir A..., causer du déplaisirs, et vanta (1640, adj.1 et <habile>> (16511. 0 Quant au sens
si@e d’abord “qui ne convient pas, qui déplaîtn, d’Khabile à trompern ( 15781, allusion à une ancienne
en parlant des personnes et des choses; mais il réputation de ruse des Grecs (-+ grigou), il a produit
semble avoir assez tôt des emplois sans celui de atricheur au jeu* 117211, courant au XIX~ s.,
complément, proches (au moins en apparence} de spécialisation qui provient sans doute d’un croise-
l’usage moderne, alors que ugkuble, avant le ment par calembour sur graisse aprofit)) et Grèce.
XVII” s., signiCe toujours “qui agrée, convient à qqn>. 0 La locution à la grecque (1584) & la manière des
uI1 apourdérivé &~AGRÉABLEMENT adv.àla Grecs>) s’emploie en reliure ( 1635) et aussi en cuî-
fin du xrve siècle. sine (par ex. champ@ons à lu grecque]. 0 Par allu-
AGRÉMENT n. m. n’est employé au sens d’wtion sion à la Grèce antique et en particulier à Socrate,
d’agréer, approbation>> Cv. 1465) que dans quelques Je vice grec a désigné l’homosexualité masculine
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1635 GRÈGE

(d’où la locution moderne se faire voir chez les GREFFE n. m. et f. est issu (mil. XI~s.) du latin
Grecsl. Voir aussi l’encadré pp. 1636 à 1639. gruphium Nstylet, poinçon à écrire>>, emprunt au
dxtÉcrsm v. dniter la langue grecques (1551, grec gapheion (de graphein &crire~~ ; + gra-
intr.1 est un emprunt au dérivé latin graecisare; au @que); l’ancien -français a connu (Ire moitié du
sens transitif de &mner me forme grecque (à un me s.) la variante grafie.
mot))) (1674, le verbe dérive de l’adjectif grec. + Greffe a eu le sens latin de <stylet>>,aujourd’hui
+ GRÉCITÉ n. f. (1800) caractère grecm est un sorti d’usage, puis a pris celui de <<bureau où l’on
terme didactique: il a été employé au sens figuré garde les minutes des actesm (déb. xrves. ; 1278, aof-
d’aavarice)) (1808). +GRECQUE n. f. est un terme fice chargé des comptes de l’hôtel royal4 -d’où
technique, en reliure d’abord (1701, =Scie de re- celui, aujourd’hui archaïque, de qcharge de gref-
liewh ; 1810, <<encoche au dos du livre4 et en archi- fiers (1636).
tecture (1828; 1765, cornement-), dési@ant une Par ailleurs, grefle n. f. 11538) d’abord écrit greife
forme décorative. Du sens technique en reliure (re- Iv. 12401 est un emploi métaphorique de greffe &y-
lierà lagrecque, 1635hient le dérivé GRECQUER let)> pour <<pousse d’une plante que l’on insère dans
v. tr. ( 17011 Mpratiquer des saignées dans le dos des une autre=. Le mot s’emploie ensuite pour <<action
volumes pour loger les attaches de la couture)), qui de greffen 116901 ptis par analogie en parlant
adonné GRECQUAGE n. m-et GRECQURE n.f. d’êtres animés (1782, gre#e animale). Le développe-
(attestés XX~ S.I. *un premier élément GRÉCO- se ment de la chirurgie lui a donné de nombreux em-
combine avec des adjectifs ethniques, comme latin, plois récents CgrePks d’organes, etc.), ainsi que des
romain ( gkco-romain 1829). composés (ci-dessous).
@ voir aussi GRÉGEOIS. GRÈGUES, GRIGOU, GRIVE, GRI-
kDe gre#e n. m. dérive GREFFIER,IÈRE n. (12781
VOIS. aofkier du greffe»; le mot désigne ensuite I15713
une sorte de chien de meute (la race provenant,
0 GREDIN, INE n. est une forme -francisée dit-on, de la chienne d’m greffier). + Il équivaut en
(1640) avec un suffixe en -in du moyen néerlandais argot à chat ( 1821, sans doute plus ancien), par rap-
gredich aavide, ; on relève les variantes régionales prochement avec @‘Te Qes mots greffe et ~MQ sont
gredan <gredin», gueurduud <<mendiantD (Centre), sémantiquement reliés par le sens d’égratignure;
grelot cvagabon& IBerril. cf. aussi grifle ((paraphe& +De greffe n. f. dérive
+ Gredin. a d’abord désigné un mendiant, un truand GREFFER v. tr. (1536) qui a remplacé gru& ( 14961,
(au sens ancien) (16401, d’où l’acception moderne employé au propre et au figuré. ~DU verbe de-
(1653) de {{personne vile, méprisable)), et par tiai- rivent GREFFELJR,EU~E n. Edéb. x~r~s.1, GREF-
blissement (17753 de Nmauvais garnement}}. FOIR n. m. (17001, GREFFON n. m. (1552, grufon)
wLe dériv6 GREDINERIE n-f. (16901 est au- rephs en 1872 en botanique, en horticulture, puis
jourd’hui vieilli. en médecine, GREFFAGE n.m. (18721,
@ GREDIN n. m. désigne aussi, peut-être par alté- GREFFÉ, ÉE adj. et n. “qui a subi une greffe» et le
ration de grondin (et il s’a@rait dans ce cas d’un ho- préfixk REGREFFER v. tr. 11676).
monyme sans rapport étymologique), un chien de Grefe a fourni plusieurs composés, en horticulture
petite taille (1755, BufYon; 1746, chienne gredine). (PORTE-GREFFE n. m., 1877; GUIDE-GREFFE
n. m., xxes.) etsurtouten biologie IHOMOGREFFE
GREER v. tr. a remplacé (16661 grayer (16361 et n.f. f18993, HÉTÉROGREFFE n. f, (19001, AUTO-
vient de l’ancien nordique greida eéquiper, arran- GREFFE n. f. (1920), XÉNOGREFFE n. f. (1973).
ger* auquel correspondent le moyen néerlandais
et moyen haut allemand gereiden ; la forme agreier GRÉ GAIRE adj. représente une adaptation
(v. 1170) &quiper, mettre en étatn et (v. 1180) apour- tardive (1829) du latin gregarius “qui fait partie de la
voir un navire de ses accessoires» vient sans doute troupe» (en parlant d’animaux, de soldats) : grega-
de l’influence de verbes comme ubiller ((préparer, riw miles kmple soldatm figure en 1520 dans une
apprêtera It habiller, à btile) ; la forme simple a pro- traduction de Suétone. C’est un dérivé de grex, gre-
bablement été introduite pour éviter l’homonymie gis &union d’animaux ou d’individus de même es-
avec agréer Ntrouver à son gr& (-, gré,; cependant pèce)), qui se rattache à une racine indoeuro-
agréer, terme de marine, est encore utilisé au péenne *ger- «assemblern. Le troupeau en tant que
me s., et agrès* est usuel. bétail se disait pecus I+ pécore, pecule).
wGRÉEMENT n. m. (1670) a remplacé le dérivé de 4 Grégaire, terme didactique, se dit des espèces
agreier, agrément Cdéb.XVII~s.) ; il signiEe vensemble dont les individus vivent par troupeaux ( 1829, ins-
du matériel nécessaire k la propulsion d’un voilierm tinct gréguire) ; le mut s’emploie couramnmt au fi-
et caction de gréer> ( 18011, en concurrence avec guré, appliqué à des êtres humains 11909, Poin-
GRÉAGE n. m, (1865). +GRÉEUR n-m. (1834) dé- caré), en parlant de ce qui provoque le groupement
signe la personne responsable des gréements sur ou qui en résulte.
un chantier naval. b À partir du radical latin de grégaire ont été for-
RAGRÉER v. tr. a été formé (1554) sur l’ancien més les termes didactiques : GRÉGARISME n. m,
verbe agréer Ici-dessus); il est employé dans le VO- (18761, GRÉGARISATION n. f. (déb.xx”s.1 et GRÉ-
tabulaire du bâtiment et en arboriculture. 0 Se ra- GARITÉ n-f. hnik&s.l.
gréer cremettre en état le gréements 1x1~~ s.1 n’est
plus en usage: on utilise en marine REGRÉER GRÈGE adj. est un emprunt ( 1576) à l’italien
v. tr., prétié plus ancien (1666) de gréer. Iseta) greggia 4soie) brute)>, féminin de l’adjectif
(Suite page 16401
L;E GREC DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LE GREC 1
La longévité de la langue grecque est surpre- Le mycénien.
nante : plus de trente-cinq siècles séparent les Le plus ancien témoignage du grec remonte au
premières attestations que l’on en possède - le milieu du II” millénaire avant J.-C. : c’est le my-
mycénien - du grec moderne, descendant di- cénien, déchi&é en 1952 à partir de documents
rect du grec ancien. découverts en Crète, à Cnossos, et dans le Pélo-
Cette langue, qui fait partie du groupe indoeuro- ponnèse, à Pylos et à Mycènes. Les documents
péen, apparaît comme isolée dans cet en- que l’on possède sont nombreux, environ 5 000,
semble : elle présente cependant quelques ti- et sont constitués pour l’essentiel de listes de
nités caractéristiques avec le groupe personnes, d’inventaires d’objets et de relevés
indo-iranien, et surtout avec l’arménien. de comptabilité. Le mycénien ignore l’écriture
Origînw et formation. alphabétique : il s’écrit à l’aide d’un Syllab&e
lourd et mal adapté, couramment appelé &-
Le grec garde d’irnportants éléments indoeuro- néaire BD, et hérité d’un système inventé pour
péens comme peuvent en témoigner sa gram- une langue préhellénique non encore déchiffrée
maire, sa morphologie et une partie de son vo- Uinéaire A). Malgré ces handicaps pour les cher-
cabulaire. Mais il a également été marqué par cheurs, on peut se faire une idée de la langue
les langues de substrat parlées dans la pénin- que parlaient les envahisseurs helléniques.
sule et les îles avant les différentes invasions hel-
léniques, qui ont eu lieu au cours du II” millé- Les poèmes homériques.
naire avant notre ère, dans des circonstances Entre le mycénien, dont les derniers textes
totalement inconnues de nous : c’est ainsi par datent de 1200 avant J.-C., et le premier témoi-
exemple que les Hellènes ont emprunté aux gnage que l’on possède d’un grec 4îttéraireBB, les
peuples qu’ils ont envahis un certain nombre de poèmes homériques écrits au WI” s. avant J.-C.,
mots désignant des réalités qu’ils ne connais- aucun document ne nous renseigne sur l’évolu-
saient pas C’est le cas du nom de l’olivier, ela tion de la langue. Cependant, un fait d’impor-
lutlia, emprunté par le latin olivu. Le nom de la tance a eu lieu : la naissance, sans doute au dé-
mer, réalité nouvelle pour des envahisseurs ve- but du 1”’ millénaire avant J.-C., de l’alphabet
nus du continent, a été emprunté à une langue grec, adapté du phénicien, beaucoup plus précis
autochtone : c’est thalussa Id’oti en français tha- et plus commode que le vieux syllabaire mycé-
lassothérapie, etc.). Cette tendance explique que nien. L’épopée homérique, qui conserve quel-
nombre de mots venant du grec ne peuvent se ques traits du mycénien, est elle-même écrite
comprendre par une origine îndoeuropéenne : dans une lwe élaborée et artscielle, c’est-à-
on dit qu’ils sont ((préhelléniques>> (d’avant l’arri- dire normalisée et contrôlée, qui correspond à
vée d,es Hellènes) ou *égéensu (indigènes de la un mélange de différents dialectes grecs.
mer Egée).
Le grec a eu en outre, dans l’ensemble indoeuro- Les dialectes.
péen, son évolution propre, et s’est vite constitué Le grec ancien est en effet divisé en plusieurs
comme une langue originale : son lexique s’enri- dialectes dont on a - et c’est là chose inhabi-
chit de mots abstraits et ignore certains tabous tuelle dans les langues indoeuropéennes an-
linguistiques propres aux autres langues du ciennes - un assez grand nombre d’attesta-
groupe. Trois caractéristiques phonétiques, dif- tions, tant par la littérature que par les
férencimt le grec, ont pu se répercuter dans les inscriptions. Cette diversité est due aux condi-
langues modernes. Le grec a eu tendance à sup- tions historiques : les Hellènes sont arrivés du
primer, à l’initiale et entre voyelles, trois pho- Nord par vagues successives, chacune ayant un
nèmes et leurs trois notations, le s, le w (noté F dialecte défmi; les langues de substrat étaient
~digamma4 et le y (notre 13 : il a remplacé le s elles-mêmes difFérentes dans les diverses ré-
par une aspration 011, a supprim6 le w, et a gions de Gr&ce. À la base de ces différenciations,
remplacé le y par une autre lettre Ipar exemple existe une cause naturelle : le relief tourmenté
zl. Cela explique certaines formes de prime de la Grèce, constitué de montagnes entourant
abord divergentes que prennent des mots des des vallées et qui a longtemps favorisé le mor-
langues modernes se rattachant à une même cellement linguistique.
racine indoeuropéenne, selon qu’ils sont passés, Les dialectes grecs anciens se divisent en quatre
respectivement, par le grec ou par une autre groupes : l’ionien-attique, l’urcudo-cypriote (ca-
langue : on a ainsi herpés à côté de la série à la- ractéristique de 1’Arcadie et de la plus grande
quelle appartient serpent; organe et ergono- partie de 1% de Chypre, et constitué de l’arca-
mique, du grec ergon «travailB, à côté de l’anglais dien, du cypriote, et du parnphylien) l’éolien
work ou de l’allemand Weerk; zeugma à côté du (comprenant le béotien, le thessalien et l’éolien
latin jugum «joug*, etc. d’Asie) et enfm le dorien Nom de la dernière
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1637 LE GREC

vague d’envahisseurs). Ces dialectes ne sont pas maine de l’&ypte (30 avant J.-C.), les conditions
également connus, en particulier parce que, ex- sociolinguistiques changent du tout au tout. Le
cepté l’ionien, l’attique et, dans une moindre grec, jusqu’alors langue de culture, mais parlée
mesure, l’éolien de Lesbos avec Sappho et Al- sur un petit territoire, devient la langue officielle
cée, aucun d’entre eux n’a eu d’existence litté- du vaste empire d’Alexandre, puis des
raire. royaumes de ses successeurs, les diadoques :
c’est la langue littéraire, administrative, la
L’ionien et I’attique. langue de l’institution et des échanges. Parlé
Deux dialectes, à l’origine apparentés, ont eu par une multitude d’individus dont ce n’était pas
une influence prépondérante parce qu’ils ont la langue maternelle, le grec subit d’impor-
été véhiculés par des cités importantes et parce tantes tra,nsformations, aboutissant à ce qu’on
qu’ils ont été largement difksés par la littéra- appelle le “grec communs ou Fzoinè, qui repose
ture : l’ionien et l’attique. Le premier, géogra- essentiellement sur l’attique. La koinè a totale-
phiquement disséminé, était parlé dans des ment éliminé les dialectes et se trouve à la base
points très éloign& les uns des autres : dans les du grec byzantin et du grec moderne. Les trans-
aes (les Cyclades, autour de Délos, lieu de culte formations les plus sign%catives vont dans le
ionien, et l’Eubée), sur les côtes d’Asie Mineure, sens de la simplification syntaxique et morpho-
en Sicile, en Italie et jusqu’en Gaule, où Mar- logique, avec la suppression de l’optatif, un
seille (Phocée) et Agde sont des colonies io- mode dont les emplois doublaient ceux du sub-
niennes. C’est en dialecte ionien qu’est née la jonctif, la disparition du duel, forme qui s’ajou-
prose littéraire au VI~ s. avant J.-C., avec les pre- tait au singulier et au pluriel (au-dessus de
miers philosophes, Héraclite, Parménîde, et deux), la simplifkation des déclinaisons et des
avec Thalès de Milet. C’est aussi en ionien conjugaisons. Pour ce qui est du lexique, la
qu’ont écrit, à l’époque classique, Hérodote et koinè s’est beaucoup enrichie, en évitant en gé-
Hippocrate. Quant à l’attique, parlé autour néral les emprunts aux langues qu’elle doublait
d’Athènes et géographiquement limité, il s’est ou supplantait.
répandu avec l’extraordinaire expansion
d’Athènes après les guerres médiques : c’est en Naissance du grec chrétien.
attique qu’ont écrit la plupart des écrivains de la Cette extraordinaire expansion du grec a été à
période classique, Eschyle, Sophocle, Euripide, l’origine de l’existence d’une littérature grecque
Thucydide, etc. chrétienne, très importante également durant
Les particularités dialectales expliquent que des la période tardive et byzantine. Dès l’époque
mots grecs ont pu se transmettre en latin, puis hellénistique, au III~ s. avant J.-C., la Bible est tra-
en fkançais avec des graphies un peu diffé- duite en grec, d’abord pour les besoins cultuels
rentes : ainsi ti en attique est noté et prononcé ss des juifs hellénophones : c’est ce que l’on ap-
en ionien [ainsi que dans la koi&, voir ci-des- pelle la version des Septante, texte adopté par
sous). Un mot comme glôtta(attique1 correspon- les chrétiens, et dont l’influence culturelle sera
dant à glôssa (ionien) -langue>> a pu aboutir & la immense. Plus tard, pendant la période ro-
fois à glotte et à glossaire. maine, le grec sera le grand véhicule de la
donne nouvellen, du message chrétien. Les
Evolution du grec. Évangiles sont écrits en grec, ainsi que les écrits
Les articles de ce dictionnaire font référence, formant le Nouveau Testament. Les premiers
pour caractériser les étymons, au agrec» parfois textes chrétiens sont rédigés dans la langue
quaIif% : <grec hellénistique, tardif, byzantin», grecque parlée alors, la koinè; par les traduc-
qïec chrétiens, <<grec modernes. 4k-ec~~ em- tions latines, beaucoup d’élhents passeront
ployé seul désigne le grec ancien, archaïque et dans les langues européennes modernes.
classique : c’est en gros la langue que l’on trouve
dans la littérature grecque depuis Homère Grec tardif.
(~III~~. avant J.-C.), jusqu’à la ti de l’indépen- La période qui suit l’époque hellénistique est
dance des cités, marquée par la conquête celle du grec tarti, qui va de la conquête ro-
d’Alexandre (IV” s. avant J.-C.). Sauf lorsque maine 130 avant J.-C.) à l’Empire byzantin, né en
c’était nécessaire pour la compréhension d’un 330 de notre ère : avec la conquête romaine, le
terme en fknçais, il n’a pas été fait de di%- grec, en tant que langue internationale, 1a;ngue
rentes entre les dialectes - ce qui n’aurait cor- des échanges, s’est trouvé concurrencé par le la-
respondu, la plupart du temps, qu’à noter des tin. C’est en réaction contre l’importance prise
variantes. par la langue latine et par nostalgie pour la belle
époque du grec que certains écrivains des pre-
Grec hellénistique : la koinè. miers siècles de l’ère chrétienne ont eu ten-
À partir de la mort d’Alexandre, qui marque le dance à revenir artsciellement, à l’encontre de
début de la période dite «hellénistiquen (323 l’usage parlé et de celui de la littérature he&-
avant J.-C.) et s’ktend jusqu’à la conquête ro- nîstique, à l’atticisme le plus pur, à la langue de
LE GREC 1638 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Thucydide ou de Platon. Cette tendance touche grec. Or, on sait que le latin s’est constamment
aussi bien les auteurs cptiens- que chrétiens, enrichi par des emprunts à cette langue ; il y eut
avec les premiers apologistes, puis les grands d’abord de nombreux emprunts anciens par
docteurs de l’école d’Alexandrie, comme Ori- voie orale, relatifs, la plupart du temps, à un vo-
gène ou Clément d’Alexandrie : seuls les textes cabulaire concret. Ces mots ont pu être soumis
formant le Nouveau Testament avaient été aux lois de la phonétique latine et subir cer-
écrits dans la langue parlée, la koiné. Ce désir taines transformations : ainsi le grec porphuru a
d’un retour à la langue des auteurs classiques a donné purpuru en latin (d’où pourpre en tian-
suscité une opposition entre une langue litté- çaisl. Ensuite, au fur et à mesure que les contacts
raire, de plus en plus éloignée de l’usage cou- ont été plus importants entre les deux civilisa-
rant, et une langue parlée qui évolue. Cette op- tions, le latin a emprunté des mots grecs par
position a marqué toute l’histoire du grec voie écrite, en leur laissant cette fois leur forme
jusqu’à nos jours. originelle. C’est alors que sont apparus en latin
des doublets comme purpuru et porphyretus, qui
Grec byzantin. rappellent les nombreux doublets tiançais pro-
La même dichotomie existe en effet sous l’Em- venant du latin par voie orale, puis écrite. Une
pire byzantin, de 330 à 1453, date de la conquête grande partie du vocabulaire philosophique et
de Constantinople par les Turcs. La langue offi- scientifique du latin a été soit emprunté, soit cal-
cielle et littéraire, tant celle des auteurs chré- qué du grec de la koinè, et c’est ainsi que le grec
tiens - comme saint Jean Chrysostome ou saint hellénistique a eu une influence prépondérante
Grégoire de Nazianze - que profanes, reste au- sur le vocabulaire, non seulement du lançais,
tant que possible proche de celle de la rhéto- mais de l’ensemble des langues d’Europe occi-
rique classique ; la langue parlée, qui évolue, est dentale : le latin conscientia calque suneidêsis,
représentée par une littérature jugée wulgaire», hummitas rend philanthrôpia, etc. Par l’inter-
«populaire> : d’abord écrits monastiques, puis médiaire des traductions latines de la version
hagiographies, chroniques historiques et plus des Septante, beaucoup de mots du vocabulaire
tard cantiques populaires, poésie satirique. La religieux venant du grec sont passés en français
langue commune subit alors d’importantes mo- (baptême, etc.). Le latin de Gaule a lui aussi em-
tications, avec de nouvelles simpliikations des prunté au grec des mots dont le sens ou la forme
déclinaisons (et notamment, la disparition du ont pu se transformer profondément : ainsi en
data ainsi que des conjugaisons. La prononcia- est-il de mots concrets comme cathedra
tion se motie profondément avec la tendance dmise~, encuustum a-me=, de mots du do-
- déjà amorcée lors de la période hellémstique ma;ine pharmaceutique comme butyrum corps
-à prononcer i les diphtongues oi et ei ainsi que gras~ (passé plus tard au sens de <<beurre4 du
ê et u, et à supprimer l’aspiration initiale. Le domaine médical comme gumbu ejambeu (grec
lexique s’enrichit par l’introduction de termes kampè ~courbure4.
maritimes et commerciaux d’origine vénitienne,
et aussi de mots d’ancien fiançais, lors des croi-
Empruntsdirects. Les emprunts directs au grec
débutent à la Renaissmce, lorsqu’on s’est à nou-
sades. Quant au domaine où est parlé le grec, il
veau intéressé à cette langue, ignorée au moyen
revient petit à petit à ce qu’il était avant la
âge sinon par l’entremise des textes arabes.
conquête d’Alexandre.
L’entrée du grec dans le ~~colinguisme~ euro-
Grec moderne. péen, à titre de source et de symbole, est essen-
Le grec moderne, descendant direct de la koinè, tielle pour l’histoire des mots. Les emprunts du
est à peu près formé au xv” s. de notre ère. L’oc- français se sont multipliés à tel point que l’on ne
cupation turque, longue de quatre siècles, n’a pourra qu’indiquer des domaines, en les illus-
pa,s transformé la langue en profondeur, se bor- trant de quelques mots signikatifs. Si, à la dif-
nant à fournir d’importants apports lexicaux. férence des emprunts indirects, le grec sert en
Quant à l’opposition entre une langue des pu- général à former des mots savants (littéraires,
ristes, proche du grec classique, et le grec cou- scientsques, techniques), nombre de ces termes
rant ou démotique, elle a suscité de nombreuses sont passés dans le langage courant, dans leur
polémiques aux xixe et xxe s., polémiques dont le intégralité lorsqu’ils étaient courts et assez
usuels Csymptôme, époque), souvent tronqués
grec courant, cependant normalisé, sort e&
victorieux. s’ils étaient trop longs, comme c’est le cas des
composés savants qui ont donné sténo,stylo, télé
Influence du grec sur le français. ou cinéma.
Emprunts indirects. L’inIluence du grec sur le Les emprunts savants directs au grec ont
français est indirecte lorsque ce dernier a em- commencé au XVI’ s. par la médecine avec Arn-
prunté des mots latins venant eux-mêmes du broise Paré, à qui on doit des mots comme
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1639 LE GREC

hygiène, péricarde, diarthrose; œdkne, symp- rie, aérobie... Les sciences humaines voient le
tôme et larynx datent également du XVI~ s. Rabe- jour, et c’est la naissance de la sociolo&e, de
lais, à la fois médecin et humaniste, est un im- l’ethnographie; les sciences du langage aussi
portant témoin de ce processus. Le domaine sont concernées, avec philologie, puis phonk-
médical, dont l’expression en France reste long- tique, sémantique. Dans le domaine des tech-
temps le latin, a depuis, à la suite des illustres niques, le ~IX~ s. voit naître le cinémaltographel,
prédécesseurs de langue grecque Hippocrate et la photographie, le téléphone. Depuis la
Galien, abondamment puisé dans le fonds grec deuxième moitié du xwe s. et surtout au XIX~ et
pour former les mots dont il avait besoin, puis- au XX~ s., la chimie, la physique, la biologie, la
que actuellement plus de 4 500 mots - soit 66 % médecine, puisent dans le fonds grec, surtout
du vocabulaire médical - viennent de cette lan- par l’anglais, l’allemand et le lançais, des élé-
gue. Les poètes de la Pléiade, quant à eux, n’ont ments ou des mots convenant à leurs besoins.
fourni qu’un petit nombre de termes venant du Beaucoup vieillissent ou restent étroitement
grec : anagramme, attie, enthousiasme et quel- spécialisés, mais d’autres se difksent durable-
ques autres. On forme également des mots que ment : échographie, élection, cyclotron. Les
le grec n’a pas connus, par dérivation et compo- noms des nouvelles branches scientsques
sition, un procédé qui comlaî- co1I1wle biophysique ou biotechnologie sont dans
tra par la suite une grande fortune : ainsi en le même cas. Sym~oskm double colloque et la
est-il de symptomatique, académicien, htiro- langue courante forme également des néolo-
glYPhe* gismes souvent à l’aide d’éléments <<opérateurs>
Malgré la répugnance des puristes d’alors pour comme les nomme P. Guiraud, tels hyper-,
les néologismes, le XVII~ s. fournit lui aussi un auto-, télé-, pseudo-, néo-, méga- : ainsi les hy-
certain nombre de mots venant du grec : ana- brides pseudo-policier, néonazi ou hypermarché.
chronisme et poZygZotie, anecdote et époque en Les procédés de formation de mots savants à
font partie. Au XVIII~ s., par suite des progrès partir du grec - comme du latin - ne sont pas
scientfiques, les emprunts au grec se sont mul- toujours très rigoureux, et cela dès le XVIII~ s. :
tipliés dans tous les domaines, tant intellectuels ainsi existe-t-il des pseudo-hellénismes, des
que scientifiques et techniques : ainsi sont nés, formes qui n’ont jamais existé en grec : c’est le
avec les débuts de la chimie (Lavoisier et Guy-ton cas de microbe pour microbie <petite vie- ou de
de Morveau), oxygène et hydrogène, parmi beau- bactérie. On a pu extrade d’un mot déjà existant
coup d’autres tennes. Le grec tiendra une une fkale dont on a fait un stixe autonome :
grande place dans la formation du lexique très -ose, en médecine, a pu former demtatose ou
organisé de la chimie moderne, avec des mots leucocytose (parmi 886 termes), sur le modèle de
parfois très simples, comme brome, chrome ou ecchymose. Les stixes -on et -tron - qui sont
iode, qui datent aussi du XVIII’ s. Le Suédois Linné simplement des hales en grec - ont pris une
cotie le vocabulaire de la botanique et celui de grande extension dans la physique moderne,
la zoolo&e (terme né à l’époque), deux branches notamment & partir de électron Icyclotron, mé-
du savoir qui voient fleurir les emprunts au grec. gation, nucléon, m&on...I. Edn, tant les termes
Le vocabulaire philosophique s’enrichit (cy- scientifiques et techniques que les mots cou-
nique, sceptique) et les débuts de I’économie rants peuvent être <<hybrides», formés d’un élé-
voient naître économiste, tandis que économie ment latin et d’un élément grec (ou d’une autre
chmge de sens. Le lexique politique se déve- langue) : ainsi en est-il de automobile, de télé-
loppe avec par exemple les dérivés de monar- vision ou de hypemzarché, de microprocesseur
chie Cnaowcia&ne, antionarchiquel et physio- ou de microfilm. Malgré les critiques des pu-
crute, qui ne durera pas, mais permet à ristes, ces formations hybrides, OU un élément
l’élément -crute de servir à la formation de nom- non grec est directement compréhensible,
breux mots nouveaux (tels bureaucrate & la fin connaissent une large diEusion.
du XI& s. et, récemment, technocrate).
C. Goulet
Dès la fm du XVIII~ s. et jusqu’à notre époque, la
formation de nouvelles techniques, de sciences,
appelle des termes souvent formés à l’aide du BII3LIOGRAPETlE

grec. La naissa;nce du système métrique en


P. S. COSTAS, An Outline ofthe History ofthe Greek
France à la ti du xv& s. inaugure mètre, Langmge, Chicago, Ares Publishers h-x., 1979
grumme, et leurs composés, tel kilogramme, etc. Il” éd., 19361.
Si beaucoup de mots ainsi formés appartiennent J. HUMBFBT, Histoire de la langue grecque, Paris,
au vocabulaire savant, nombre d’entre eux sont Que sais-je?,n"1483, 1972.
également passés dans le Jangage courant. A. MEUT, Aperçu d’um hhtuire & la langue
Ainsi, au XIX” s., la biologie crée microbe, bacté- grecque, Paris, Klincksieck, 1913.
GRÉGEOIS

greggio aqui est à l’état naturelm (XVe s.1, peut-être mais sans doute antérieur : on reléve graisle n. m.
issu d’un latin vulgaire ‘gwdius *propre au trou- asorte de trompette, (1080 ; v. 1150, sonner en grêlel.
peau>, c’est-à-dire & l’état natureln (comme la L’adjectif s’est spécialisé en anatomie dans inte&
laine non lavée), dérivé du latin classique grec, fie- grêle (16901, opposé à gros intestin.
& «troupeau>) I+ grégaire). b Plusieurs dérivés techniques conservent l’idée de
+ Grège a conservé le sens du mot italien et se dit, minceur. @I GRÊLER a signifié =s’aminc~
v. tr.
par analogie, de la couleur (beige et grise1 de la kd s., greslir, intr. et pron.1, asonner de la trom-
soie grège. pettem tixv~” s., intr.1 et veut dire wnincir en
forme de rubann (1757). * GRÊLOIR n. m. a dési-
GRÉGEOIS adj. m. représente une altération gné un appareil pour couler la cire en forme de ru-
Cv. 1190 av. 1188, gdgeoh)
; de grezeiz, grezoti agrecs bans (17001. + GRELIN n. m., réfection (1694) de
Cv. 1130 ; cf. ancien provençal grezesc) issu d’un latin gredin (av. 15291, est le nom en marine d’un cor-
populaire ogr~ciscus, dérivé de flwcus CgrecB dage plus mince que le câble; on disait aussi guer-
C-* grec). lin 11634).
+Le mot a signi% &ngue grecquen (av. 1188,
n, m.1, puis s’emploie dans l’expression feu grb- 0 GRÊLE + 0 GRÊLER
geais *mélange incendiaire= (v. 1190; v. 1160, feu
eezeis). Le cfew, qu’utilisaient les Byzantins sur- 0 GRÊLER v. impers. (1176-1181, gresler) serait @
issu du fkancique ogrisiZôn «grêler» I+ gr&il;
tout dans les combats navals fut connu par les Oc-
cf. moyen néerlandais grîseikn), qui a éhniné en
cidentaux au cours de la troisième croisade. 0 Gti-
Gaule le latin grauzdo Ngrêlem, grundinare dgrêlep.
sou” semble être une altération de grdgeois.
Selon P. Guiraud qui récuse l’origine germanique,
GRÉGORIEN, IENNE adj. est un emprunt @êler serait à rapprocher de l’ancien français (et
IMO) au bas latin gregoriunus dérivé de Gregotius dialectal1 g6ler wiblen, d’après un latin populaire
«Grégoire~~, nom de plusieurs papes. Le latin em- *matella (crible», du classique crutis 4reillisD
prunte le grec Grêgorios, tiré de grêgo;ros “qui (+ grille; grésiH. La graphie grêle apparaît au
veille*, de grêgorein. aveiller=, «être éveil&, terme me siècle.
hellénistique apparent6 au sanskrit itigüra aje + Grêler s’emploie couramment dans son acception
veillem. étymologique lil g&leI. Le verbe s’est employé tran-
+ Par référence à Grégoire Ier, eau grbgorienne dé- sitivement (15521, et encore régionalement avec le
signe une eau bénite mêlée de vin, de sel et de sens de <gâter, dévaster (une récolte, un lieu3 par la
cendres et employée pour ptier une église pro- grêle-, d’où IXXI” s.1 GRÊLÉ, ÉE adj. 0 Par analogie,
fanée. La plus connue des motications liturgiques le verbe transitif s’emploie pour afrapper, marquer
attribuées à ce pape, dont l’ensemble est dit rite comme par des grêlonsn c’est-à-dire de petites
grégorien 118651, concerne le chant liturgique, marques en creux. De là (v. 11803greslé amarqué de
nommé chant gégorien, dénomination beaucoup petites tachesn puis (1611) Kmarqué par la petite vé-
plus courante que plain-chant b plain) ; le latin role%.
médiéval employait dès le XII~s. cantus @ego&- k Le déverbal 0 GRÊLE n. f. (@esle, fm XI~ s-1apluie
nus. 0 C’est à Grégoire XIII, pape de 1572 à 1585, qui tombe en grain+ s’emploie dans des locutions à
que l’on doit le demkiergrégorien (expression at- valeur métaphorique lune @le de...1 dès le xne s.
testée en 1704, réforme du calendrier julien et (v. 1150, en parlant de flèches). 4 En dérivent I’ad-
fondé sur une valeur proche de celle de l’année jectif GRÊLEUX, EUSE ~VI~ sd, rare, et GRÊLON
tropique. ~Enfm, plus récemment, on a désigné n. m. (av. 1626, geslon) qtxin de grêle». +À partir
par réfome grégotinrz l’action d’un autre pape, de grêle ont été formés des composés comme PA-
Grégoire VII, qui, à la ~III du XI~s., œuvra pour réta- RAGRÊLE n. m. et adj. (1810) et, plus récemment,
blir l’esprit religieux de 1’Eglise et l’émanciper du ANTIGR~LE n. m. et adj.
pouvoir temporel.
GRELOT n. m., réfection (1565) de @ot ~13921, o>
GRÈGUES n. f. pl. représente Iv. 1470) un em- est considéré comme issu d’un radical germanique
prunt au provençal gréga cgrecm, du latin puecus à alternance vocalique g6, greZl-, groll-, griill-,
I+ grec), ce pantalon large ayant eté nomme évoquant des sons (cf. moyen haut allemand gden,
d’après l’habillement grec; il disparut au xwe s. grelkrt vcrierp et moyen nkerlandais grollen *ma-
(cf. encore 1668, tirer ses gègues au figuré «s’en- nifester sa colère, grogner4; le mot est entré en
füb). 0 Les formes gregesqw (chausses Ccla gre- gallo-roman avec ces variantes vocaliques ; l’ancien
gesque, 15781, gargesqw, viennent de l’espagnol francais grouller ( 1342) *désapprouver*, le namu-
gregiiescos eorte de culotte large Ià la mode aux rois gdler ~murmure~, l’ancien bourguignon Mot
xwe et xwe s.1~dérivé de @go «grecB. agrelotu et l’antien français grelee ({cri de la poule%,
(~III” s.1 se rattachent à la même série, et il y a pro-
0 GRÊLE adj. est la réfection ~III” s.) de greille bablement eu interférence avec certains noms dia-
(v. 11901, ( 10801, issu du latin gracilis @maigre,
@utile lectaux du grillon (franc-comtois @Zlot cgrelotn et
mincen, emprunté ensuite I-, gracile). ~grillon~). Pour P. Guiraud, la synonymie et la paro-
+ Grêle conserve le sens du latin (10801, sans l’idée nymie de Mot, grelot, grillon, etc. correspondent
de fragilité gracieuse qu’a sacile. L’adjectif s’em- au fait que grelot, déverbal de grelotter, est de
ploie par analogie pour qual%er un son a&u et même origine que grêler C+ grêler), le grelot étant
sans intensité ; ce sens est attesté au XIVes. (v. 1360) asimih5 à un caillou secoué sur un crible ; mais une
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1641 GRENAT

tiuence de ce type ne permet pas d’écarter l’hy- comme nom (grenate, v. 1314 aux dialectes de l’Ita-
pothèse d’une origine germanique. lie du Nord, avec adaptation à la base française gre-
+ Grelot, <petite sphère de métal contenant un (cf. piémontais pum guna, lombard pom @artut),
corps dur et servant de sonnetten (13921, s’est em- où porno remplace melo apommen dans l’expres-
ployé dans la locution trembler le grelot 11555 ; 1547, sion melo grunato Ngrenaden, emprunt au latin ma-
trembler le grelet) <trembler de froid ou de pew lum grunatum, littéralement ~~pomme à graîrw ; en
(de sorte que les dents en claquent; cf. ci-dessous latin malum a servi à désigner tous les fruits à pé-
grelotter), d’où vient avoir le grelot (Lorraine, 18071, pins ou à noyau (par opposition à nux); grunutum
sorti d’usage, puis avoir les grelots *avoir pew est un dérivé de ganum agrain, graine% (-, grain).
(1915). ~Par analogie de forme, grelot se dit pour + Grenade, nom de fruit, est entré par analogie de
<en forme de grelot>> ( 1771, en botanique, fleurs en forme dans le vocabulaire militaire pour désigner
grelot; 1830, [bouton1 grelot). ~!?AI wgot les grelots ont I15581 un projectiie explosif lacé à la main, puis
désigné les testicules et cette valeur attestee au avec une arme (fusil Ictnce-grenades).
& s. doit être ancienne, si on en juge par grelu- b I)u nom du tit dérivent : 0 GRENADIER n. m.
thon* et les formes dont ce mot procède. * Coup (14251, réfection de grunatier @n XIVes.1, qui a rem-
de grelot se dît familièrement (xx” s-1pour croup de placé pomCmlier grenat, de grenade Cv.1200, utilisé
téléphonem (objet qui produit une sonnerie). jusqu’au début du me s.) ; 0 GRENADINE n. f., asi-
b Le dérivé GRELOTTER v. intr. a si@é (1562, en rop fait avec du jus de grenade= 118771,qui vient de
franc-comtois, grilloter) afaire un bruit de grelotn, sirop grenadin asirop de grenade contre la touxm
puis se dit, d’après la locution trembler le grelot, 08661; à la fm du xrx’ s., grenadine (comme limo-
pour «trembler de froid et avoir les dents qui nade) désigne une boisson rafraîchissante parfu-
claquent de l?oidn (av. 1630) -d’où GRELOT- mée artticiellement.
TANT, ANTE adj . 11848, Flaubert). 0 Grelotter veut De grenade aprojectilem viennent trois dérivés :
dire ensuite d’après @Glotte aémettre un bruit de @ GRENADIER n. m. (1671) signi& asoldat spécia-
grelot)) (1853). - GRELOTTE n. f. ctpeurm (xx” s.) est lisé dans le lancement des grenadesfi et, par analo-
un déverbal argotique. +GRELOTTEMENT n. m. gie de forme (1870), «poisson dont le museau
apparaît sous la forme mllotement aaction de se- conique a été comparé à un bonnet de grenadiew
couem (15621, et est refait sur grelotter avec la va- + GRENADIÈRE n. f. Ngibecière à grenades) (16801,
leur afaire un son tremblé, comme un grelot- sens vieilli, se dit d’une bague métallique reliant le
(1829) ; il Sign%e ensuite (1863) <action, fait de gre- canon au fut d’un fusa ( 18031. 4 GRENADER v. tr.
lotter» (de fkoid, de peur). +GRELOTTE~~, EUSE (1918 au participe passé), précédé par le dérivé
n. a désigné un(e) élégmt(el (18841, car la mode GRENADAGE n. m. (v. 19141, a vieilli ; ce verbe a
prescrivait des habits courts et ajustés dans les- un autre dérivé, GRENADEUR n. m. <<lanceur de
quels on était supposé grelotter de koid, et a eu le grenades>> (v. 1950).
sens de ({prostituéen ( 1884) parce qu’elle est court GRENADIN n. m. par analogie de couleur désigne
vêtue; il signi.Ee ensuite Nmiséreux qui grelotten une tranche de noix de veau braisée ( 1755, grena-
(1886). din de mouton), puis de volaille ou de poisson; on
relève plus tôt grenade avec cette valeur (1705).
GRELUCHON n. m. est issu 11725) du nom Grenadin s’est employé ( 17781 pour nommer un pe-
d’un saint imaginaire du Berry, censé guérir la sté- tit oiseau d’Afrique et reste pour une espèce d’œil-
rilité (mil. XVI~s. ; variante Grelichon, 1560 ; Guerli- let rouge.
thon, 15661. Le mot est peut-être issu d’un calem- 0 Voir GREWADILLE, GRENAT.
bour sur grelot Ntesticulesn I+ grelot) ou de grelu
KmisérableB (attesté 17431,dérivé de 0 grêle”. GRENADILLE n-f. est un mot emprunté
(1598, bois de grenadille) à l’hispano-américain gru-
4 Greluchon, mot vieilli, sign%e «amant de cœur
nudillo Nbois dur d’un brun rougeâtreu (dit aussi
d’une femme entretenue par un autre homme»,
ébém rouge), ckninutif de grunadu grenade}), à
puis (xx” s-1-jeune homme insignif?ant~.
cause de la couleur de ce bois (-+ grenade).
b Son dérivé régressif GRELUCHE n. f. (v. 1930) a le 4 Grenudille désigne aussi un arbuste qui porte des
sens de ajeune femme de meurs légèresn et par
fruits dont le goût rappelle celui de la grenade
extension <jeune femme sotte)>.
(16021; le mot est alors emprunté à l’hispano-améri-
cain grenudillu, également diminutif de grunadu.
GRENACHE n. m. représente une altération
Cv.1360) de gamasse ( 13161,lui-même de vemache 0 GRENADINE -+ GRENADE
(zd” moitié XIII~s.1, emprunts à l’italien vemaccia
“cépage à gros grains doux)) et «vin produit par ce 0 GRENADINE n. f., homonyme du nom de
cépage>, issu du nom de la ville de Vernuzza, située boisson, est dérivé ( 1813) de grenade, nom d’un
dans une importante région vinicole (près de tissu (17233 employé au XVIII~s. et dans la première
La Spezia1. On a d’abord la varhnte vemache (vin moitié du xrxes. Grenade provient de gruin*.
vemache, XIII~sd, puis vin de Grenache (mil. xrves.1 4 Le mot désigne une soie grenue.
et enfin, par un processus classique (du bor-
deaux, etc.), du Grenache (18461. GRENAT II. m. et adj. inv., réfection (xv” s.) de
grenat Cv.1130, adj.1, est probablement tiré de gre-
GRENADE n. f. a sans doute été emprunté nute dans pome grenute *grenade>>, où grenute a été
comme adjectif (plume grenate, v. 11652 puis pris pour un adjectif de couleur (-+ grenade).
GRENIER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Grenat s’est d’abord appliqué comme adjectif à la des sports.


couleur rouge sombre de pierres précieuses 0 Voir HOMME (HOMME-GRENOUILLE).

Iv. 1130) avant de s’employer plus généralement


(16221. Le nom désigne une pierre tic de couleur GI&S n. m. est issu ~1176-1181) du tiamique
rouge (v. 1265). Ogeot Ksable, gravier», reconstitué à partir du
moyen néerlmdais @et usable grossier, gravier» et
GRENIER n. m., réfection (déb. xd s.1 de guer- de l’ancien haut allemand gziez <<sable%.
nier cv. 11551, est issu du latin granariurn <<endroit
4 Gk semble Sign%er d’abord =bloc de pierren et
où l’on conserve le grain», souvent employé au plu-
prend au XIII~ s. Iv. 12231 sa valeur moderne : aroche
riel, grunuti, et dérivé de grunum Ib grain).
formée de petits cléments unis par un ciment natu-
+ Grenier conserve le sens du latin et, par extension rel». Tl désigne spécialement (1330) une terre glaise
(15701, désigne la partie d’une maison située sous mêlée de sable fin utilisée pour faire des poteries
les combles ; une autre extension lui donne le sens et, par métonymie (18371, une poterie de grès.
de magasin (par ex., à sel, 1342). Par figure, grenier
b De grès dérivent des termes techniques, dont :
désigne 116901 une r6gion qui produit beaucoup de
bl6, de céréales. 0 Par analogie, le mot se dit d’un GRÉSER v. tr. (1676) *polir, poncer avec une meule
plancher mobile protégemt des m~chandises de grèsn; GRÉSEUX, EUSE adj. 11774) ade la na-
( 1736, en marine) et s’emploie dans l’expression au- ture du grès>; GRÉSIÈRE n. f. (1801) acarriére de
jourd’hui sortie d’usage ck-ger en grenkr rien grèsa; GRÉSEUSE n. f. (19621 ((machine à gréserx
vracn 11680). Grenier désigne aussi un lieu de spec-
tacle (18631 et un lieu de réunion (en 1887, le grenier
GRÉSIL n. m. est habituellement considéré
cmune le.dérivé Ii0801 de 0 GRESILLER, v.im-
des Goncourt) situés à un étage élevé.
pers. Iv. 1130, gresilherl, d’emploi rare, adaptation
GRENOUILLE n. f. représente une réfection du moyen néerlandais grkelen atomberm (en par-
(15031 de l’ancien français g~noile 11225). C’est une lant du grés& du francique ogrisiZôn =grêlerm
altération de l’ancien renoilk ~III~ s.), issu d’un latin (+ grêle). Pour P. Guîraud, gksil viendrait d’un dé-
populaire orunucuh (d’où aussi italien ranocchiul, rivé galle-roman “crisiculum *crible, treillis)>, issu
altération de la forme classique rununculus Npetite du latin impérial chiure ase tortilleru, par assimila-
grenouilleb} (qui a donné renoncule), diminutif de tion des grains de grésil aux graviers passés dans
runa (+ rainette); renouille se trouve encore régio- un crible. Grésil est souvent attesté au moyen âge
nalement (Est) et l’ancien fkançais ruine, de ranu sous la forme féminine grés& (v. 11601, sans doute
(cf. aussi italien, espagnol et ancien provençal d’après grêle.
runa se maintient dans quelques dialectes (par ex., 4 Grésil designe une précipitation de cristaux de
wallon, picard). glace et de neige. II n’est usuel que régionalement.
+ Grenouille, nom d’un batracien, a désigné par
analogie une tirelire en forme de grenouille et se 0 GRÉSILLER V. tr. et intr. représenterait
dit par extension (17%) d’une somme d’argent mise ! 1360-I 3701une altération, d’après grkiller xfaire du
en réserve par un groupe, d’où les locutions mari- grésillé, du moyen français @-edillier, forme dialec-
ger 117931, faire sauter la grenmdk UM2). 0 Le tale (Normandie) de griller, dérivée de gredil agrib,
mot a pris divers sens techniques, tel récemment issu du latin classique crutiulu #petit gril,, diminu-
[v. 19701 le sens d’<cengm pour le pilonnage et le tif de crutiis aclaie, grille>> !+ grille). Pour P. Gui-
compactage des terres, se déplaçant par bondsfi. raud, qui rejette cette étymologie, le verbe vien-
b Les derivés exploitent surtout les valeurs f@urées drait du latin impérial ctiare centortiller*, ce qui
du mot. *Cependa;nt GRENOUILLÈRE n. f. dé- gresille n’étant pas simplement flgriW, mais plissé
signe (1299) un lieu ma;récageux Mquenté par les sous l’influence de la chaleur 13 grésil1.
grenouilles), d’où par extension un lieu humide + Gr&iller a d’abord eu le sens 11360-13701 de abrû-
11694). Vers la ~III du xrxe s., le mot s’applique à un ler en grillant-, puis de &iser (les cheveux3 au fer
lieu de baignade. +GRENOUILLETTE n.fa euk chaud> (1538) et, par analoae, de «déterminer un
sens C1538) de <petite grenouille}} ; ce diminutif dé- plissement sous l’action de la chaleur> (1575). 0 Le
signe figurément une renoncule d’eau (15491 et une verbe, en emploi intransM, par rapprochement
tumeur dans la région sous-linguale (16151, w GRE- entre une matière ~grésillée= et le bruit du grésil
NoUILLER v. tr. est sorti d’usage aux sens de Nbar- qui tombe (ou d’une matière qui grille), signifie en-
boters (15271, aboire abondammentu Cl5551 et <<boire suite (1832) «produire un crépitement rapide et as-
beaucoup d’eau» (1865). 0 Jl s’emploie au Quré sez faible> et Ncrier» (en parlant du grillon et de
(av. 1945) pour =Pratiquer le grenotiage>>, GRE- quelques insectes) ( 18961.
NOUILLAGE n.m. signifiant k&îgueS, ma- k Le dérivé GRÉSILLEMENT n. m. si@e uaction
noeuvres malhonnêtesm (mil. D? S.I. 0 Du verbe dé- de racornh 117211, «léger crépitement>> (1785) et,
rive aussi GRENOUILLEUR, EUSE n. *personne d’emploi rare, <cri du grillonw ( 18621.
qui pratique le grenouillages. *L’idée d’eau froide
est présente dans GRENOUILLARD, ARDE +4+0 GRÈVE n, f. est issu (v. 1140) du latin popu-
n. et adj., vieilli, aamateur de bains froidsti laire “gruvu qr-atier~~ (en latin médiéval, 876,
(av. 18781, en relation avec @nouillère <baignade +age»I, probablement d’origine prélatine. P. Gui-
encombréen. Des analogies de comportement raud rapproche ~I+V~ du latin gr~ti «dur, difacilep
(sauts, marche accroupie1 se retrouvent dans gre- I-b 0 grave) : l’ancien français connaît graisse qgra-
noutkd (<footballeur maladroitti Il 9311 en argot vier, ca,illou>~, variante de grosse cgraviep. Gréve
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1643 GRIEF
agravier» se maintient en champenois, en lorrain, 4 Le mot qutie une sauce relevée (huile, vinaigre,
dans l’Ouest (forme gw4 et dans des parlers mé- moutarde, jaune d’œti durs, etc.) servie en géné-
ridionaux. ral froide avec des viandes ou des poissons.
+ De grtie, aterrain constitué de sable et de gravier
Iau bord de la mer ou d’un cours d’eauIn, vient l’ho- GRIBOUILLER v. est d’origine incertaine.
monyme 0 GRÈVE (18051, du nom de la place de Pour certains, il s’agirait d’un emprunt ( 16111 au
Grève Cl2601 au bord de la Seine à Paris, où se réu- néerlandais kiebelen efourmiller, démanger* et
nissaient les ouvriers qui attendaient l’embauche; =grBonnerp, avec substitution de Su&e, -outiZer
les valeurs métaphoriques de gr&e cplacex, être étant plus expressif en eançaîs que -eZer; @bouiZ-
SUT Ia grève équivalant à être sur le sable, sur le ler existait sans doute dès le XVI~s. si l’on en juge
pavé, ont pu jouer leur rôle. 4 Fke gréve 11805) a par les dérivés. On a proposé aussi de rattacher ce
d’abord signSé aquitter l’ouvrage [pour demander verbe à l’ancien grtiouilkr &rbouiller, @on-
une augmentation))), mais l’exemple d’emploi est ners> en picard c-t grabuge), mais le passage de @u-
isolé. Être en grève (av. 18501 avait le sens de (<cher- à gti- reste inexpliqué. Pour P. Guiraud enfin, gr-
cher du trava& (attendre l’embauche en place de houiller serait un composé de gripper *grifTep
Grève). +Par métonymie, fltie désignait le lieu où (+ gripper) et de houiller <<fouiller l’eau*, gbrouillep
les ouvriers sans emploi se réunissaient ; le passage (-+ écrabouiller).
au sens moderne de acessation volontaire et collec- 4 Gribouiller a eu le sens de Ngargouillep (en par-
tive du travail, se produit vers 1845-1848 : une lo- lant des intestins) (161 II. 0 Peu avant 1700, le verbe
cution comme mettre un patron en gr&e (18481 si- s’emploie pour &crire, peindre d’une manière
gnifmit arefuser de travailler pour lub. C’est alors confuse>>, rejoignant le sémantisme de barbouiller,
que @&e passe d’aabsence subie de travaib (chô- gti/XonPzer (et grabouiller, ci-dessus). Il pourrait
mage) à *refus de travail)>. Par extension, grtie a s’agir de deux mots différents et homonymes.
pris le sens d’aarrêt d’une activité», par exemple b GRIBOUILLIS n. m. se trouve chez Rabelais
dans les locutions grève de la faim 119061ou grève comme nom propre d’un diable (15321, puis d’un
de I’hpût knil. me s.l. cuisinier (1552 ; cf. gribouille comme nom propre).
b Le dérivé GRÉVISTE n. apparaît Iv. 1844) au mo- Ce nom, peut-être apparenté à gdbouti flrevenant»
ment où S&e prend le sens moderne; le mot est en moyen français, et aux dialectaux @@pi
déjà ernployi3 par Chateaubriand en 1822, ma& diable», gripé*esprit follet, lutin)), serait lié au &-an-
avec une valeur toute di%rente, pour opposer les cique ‘&pan =saisir~ (--+gripper). La relation de ces
Royalistes aux Grkvistes, *amateurs d’exécutions mots avec la série du verbe gribouiller n’est pas
en place de Grèvev. Gréviste de la faim, de I’im- nette. En revanche, le sens attesté au début du
pôt, etc. correspondent aux extensions de g+e. xvrie s. (1611) <cborborygmem est parallèle à celui de
0 GRfiVETTE n. f. agrève de petite duréeN est at- gribouiller. 0 Il en va de même pour le sens mo-
testé vers 1972. +Le composé ANTIGRÈVE adj. derne (d’après gribouillage> attesté en 1826. Par ex-
date de 1948 mais anti&wiste adj. et n. est relevé tension, gribouillis, terme d’art, Sign%e ( 1926) (<ha-
plus tôt (19281. chures en tous senw *GRIBOUILLE n.m., du
@ Voir @j GRAVE. GRAlTJLE. radical de gribouiller, est le nom d’un personnage
na8 et sot (av. 1522 IKoopmansl, en proverbe Toute
GREVER v. tr. représente un emprunt (v. 1160) femme fillant quenoille / Est plus sotte que n’est Gri-
au latin grwwe Nalourdk) et abstraitement wca- bouille). Un gtibouille désigne une personne naïve
bler, oppressern, dérive de gruvis 4ourdD C-, grave). et malavisée. -GRIBOUILLETTE n. f. se disait
+ Le verbe est sorti d’usage dans son premier sens, (1690) d’un jeu qui consiste à se saisir d’un objet jeté
conservé du latin et qui correspond à *accabler au milieu des joueurs. +GRIBOUILLAGE n.m.
Cqqrz)m.0 Par analogie, grever s’emploie cinq siècles aaction de gribouillep se dit pour &riture illisibleti
plus tard ! 1636) pour {accabler (qqn) de charges fi- 11741) et cdessin informe)> ( 17431,synonyme alors de
nancièresti, puis au figuré au sens de «porter at- gribozdks. bGRIBOUILLEUR, EUSE n. désigne
teinte à, limiter IqqchJm. (1782) une personne qui gribouille.
k Le préfixé DÉGREVER v. tr., qui a en ancien fkan-
GRIÈCHE -+~PIE (PIE-GRIÈCHE)
çais le sens de <dédommager» (1319, &grwerI et
adéchargeru (v. 14501, est repris au sens moderne
GRIEF n. m. représente (1269-1278) le déverbal
dklléger la charge fiscalen; cet emploi date du
de grever* ou est une substantivation de grkf:
XVIII~s. (attesté 1792, mais antérieur, puisque le dé- me, adj . (+ griévement).
rivé DÉGRÈVEMENT n. m. est repéré en 17331.
+ Grief a d’abord eu le sens de “peine, dommage
GRIBICHE adj., attesté Iv. 1900) dans sauce go+ subi,. Aujourd’hui, grief s’emploie au pluriel et en
biche <sauce relevée servie froide>>, est un mot locution au sens de Nmotif de plainte» (15491,
d’origine incertaine. On a proposé une création 0 Grief: encore utilisé ou plutôt repris par ar-
fantaisiste à partir du normand gtiiche afemme chaisme au sens de agravem (XIX” s.1puis de adoulou-
méchanteB, issu du moyen néerlandais kribbich reuxn par Mor&s, Claudel, est issu du latin popu-
agrognon,, mais l’évolution sémantique reste in- laire ‘grwis, altération du latin classique fluti
compréhensible. Un nom propre, comme dans (+ grave3 d’apres levis 4égep.
beaucoup de désignations analogues, ou un régio- b GRIÈVEMENT adv., réfection (1457, griefiement)
nalisme, est plus vraisemblable. de evement Iv. 11751, est un dérivé de l’ancien ad-
GRIFFER 1644 DICTIONNAIRE I-IISTORIQUE

jedfgrkf, @ve El 130-11401, d’abord (10801 sous la au sens C1584 de apersonne gui écrit mal*, s’em-
forme gref *pénible à supporters. 0 Grièvement a ploie plutôt au figuré C=mauvais écrivains, XXe s.l.
remplacé l’ancien grimnent Iv. I 130,aussi dérivé de +GRIFFURE n. f. &gra@nure~ appardt en 1494
grkfl et Sign%e à l’origine afortement%, puis prend (attestation isolée) et est repris au me s. (1867); par
sa valeur moderne en moyen francais (1457, “grave- analogie, le mot se &t pour &raflure, rayure=.
mentm). ll ne s’emploie plus qu’avec un adjectif si- +GRIFFADE n. f. <coup de griffep (1564) est ar-
gnifiant =Physiquement atteintn Igriévemenl Mess& chaïque ou régional et familier. 40 GRIFFON
+ GRIÈVETÉ n. f. (v. 13601, de grikve, a été rem- n. m. est un terme technique désignant des objets
placé par gravité*. quigrBent:ilaeulesensde~crochet~1161i~,sedit
d’une lime d’orfèvre 11642) et d’un hameçon double
+% 0 GRIFFER v. tr. est un emprunt Cv. 13401 à ( 18661. L’homonymîe avec le nom d’oiseau t-t 0 grif-
l’ancien haut allemand @fan Nprendre, saisir* fon) a empêché le mot de devenir courant. * GRIF-
(cf. allemand greifenl, aboutissement du francique FAGE n. m. (1827) «action de griffern correspond
‘@pan qui a aussi donné gripper, ou vient directe- surtout aux sens techniques du verbe. ~GRIF-
ment d’un autre mot francique, ‘tif: restitué FEUR, EUSE adj. et n. (1901) s’emploie au sens
d’après l’ancien haut allemand @f wtion de sai- propre du verbe.
sirn, le moyen haut allemand mfet l’allemand GriF,
de même sens. @ GRIFFON 9 GRIFFER
+ Gtiffer entre en tiancais avec le sens d’kgrati-
gner d’un coup de griffe ou d’onglen 11340, emploi 0 GRIFFON n. m. est dérivé @n XI~ s., grifonl,
absolu; 1386, tr.). Il s’est employé au figuré pour aussi écrit grifun (10801, de l’ancien tiançais m(
<blesser (qqn) par des critiques méchantesa kx” s.). sans rapport étymologique avec grife, puisqu’il
0 Au me s., par extension du sens concret, griffer vient par emprunt du latin chrétien gryph~ (de-
éqtivaut à <gratter, érafier>> 11866). venu grippus au moyen âge) qui, à la suite d’une
b Le verbe a donné naissance à plusieurs substan- substitution de consonnes inexpliquée, a remplacé
tifs. * GRIFFE n. f. est soit le déverbal de @%Fer, soit le latin classique gypw aoiseau fabuleux», variante
un emprunt au francique Ogtif (cf. ci-dessus le de gyps du grec @PS, gmpos. Le terme grec dé-
verbe). ll sime d’abord *ongle pointu et recourbé signe à la fois un animal mythique (sans doute
de certains animauxn; d’abord masculin 11175- d’origine orientale) qui joue un rôle dans la décora-
11801, il devient féminin au me s. 11469, cf. aussi la tion dès l’époque mycénienne, et un oiseau réel, le
forme ctifle du XIVe au xw’s.1. Par métonymie il se gypakte.
dit pour cpatten (v. 1500) et, par analogie, amain ar- 4 Le simple @ups, gryps, g?%9 et le dérivé en -on, les
mée de griffes>; mfle devient ensuite un symbole formes en -p Cfmnçais, langues germaniques) et
d’agressivité, de méchanceté (16231 et entre dans la celles en -f @Mon, l’espagnol et l’italien gr$ol dé-
locution coup de me (1694). 0 Griffe est dès le signent, comme l’étymon latino-grec, un animal fa-
xvre s. tl5451 le nom de divers outils, instruments, buleux à corps de lion, tête et ailes d’aigle. Ce sens
pièces en forme de griffe, et ce dans des domaines est le premier en *ançais. 0 Cependant le latin
très divers (plomberie, chirurgie, marine; cinéma chrétien gryphus comme l’ancien français @@on
en 1923). Le mot se dit en particulier 11798) d’un ins- (v. 1265) désignent un oiseau de proie; le français
trument qui sert à faire une empreinte imitant une tiflon prend cette valeur à l’époque classique pour
signature, d’où le sens de *signature apposée au désigner le vautour fauve 116721, ptis le martinet
moyen d’un cachet>> 118351 et au figuré 0852, Flau- noir (1762). - Par deurs g?+?on avait repris le sens
bert) la valeur de amarque de la personnalité de du provençal moderne @fo, mfoul *fontaine pu-
qqn dans ses œuvres ». 0 Par métonymie, gtifle asi- blique jaillissanteD, qui continuait l’ancien proven-
gnature)} désigne (19511 un carré d’étoffe cousu à çal grifol (d’un bas latin @oulus, diminutif de m-
l’intérieur d’un vêtement, portant le nom de celui phusl, les anciennes fontaines publiques étant
qui l’a fait. +De ce sens vient le verbe @ GRIFFER souvent ornées de têtes de dons. Par extension
(1970), précédé par DÉGRIFFER v. tr. (1965) tien- grSon désigne en hydrologie (1866) l’endroit d’oc
lever la griffe d’un créateur sur (un vêtementb, sort une source minérale.
d’ailleurs plus courant, surtout au participe passé
~aticks dé@Tésl. ~GRIFFU,UE adj. -armé de 0 GRIFFON n. m., désignant un chien de
griffes- (1552, Ronsard; 1863, en parlant d’une chasse, le barbet a poils longs 11608, écrit ~lryphonl
main) s’emploie à partir du XIX~ s. au figuré ( 1846) ; il vient de l’ancien nom @Fe n. m. &rnierm (16111. Si
est dérivé de @Fe. +GRIFFONNER v. kd’abord le dérivé moderne a subi l’influence probable de
au sens d’krire d’une façon confuse>> (16101, suc- griffon «oiseaun, pour la forme, $nfle doit vraisem-
cède à l’adjectif GRIFFONNÉ, ÉE <<dessiné grossiè- blablement se rattacher à la famille de @fer, qui
rement, ( 1555). 0 Le verbe s’emploie ensuite par comprend un autre dérivé gdflon.
extension (1643) pour <<rédiger à la hâten. * Il a plu- 0 voir GRIFFER.
sieurs dérivés. GRIFFONNAGE n. m.se dit d’une
écriture peu lisible ( 16081, d’un dessin informe GRIGNOTER v. dérive au xwes. (1537, tr.;
11690), de ce qui est rédigé hâtivement ( 17381. 1535, @noter, intr.1 du verbe transitif g@ner, cou-
+ GRIFFONNEMENT n. m. aaction de @onner= rant en ancien français, uplisser les lèvres en mon-
Cv. 1630) est d’emploi plus rare. +GRIFFONNIS trant les dents- (v. 1170, gre@er; 1243, gruingnier
n. m., terme de beaux-arts, a désigné une esquisse les dms) et par extension afaire la grimace> 11174-
à la plune 11642). ~GRIFFONNEZJR,EuSEn,,rase 1178, grinier). Conservé dans les dialectes et en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1645 GRILLE

fmnça;is régional, gtigwr a été repris par analogie GRILL n. m. est l’abréviation de ~I%I-room, n. rn,
en couture au sens de -faire des fi-onces» ( 1890). Ce (18931, mot vieilli, emprunté à l’anglais grill-room
verbe est issu du francique ‘@nûu~ <faire la mou@, (1883 ; abrégé lui aussi en gtim, de &U grillades et
reconstitué par le moyen néerlandais greinen <faire zoom asalle». Grill vient du verbe to @%U,apparenté
la grimacem, l’ancien haut allemand &aan et le à griller.
moyen haut allemand gken <grommeler, gro- 4 Le mot ne s’est répandu en tiançais que vers 1950,
gner= (cf. allemand greinen =pleurnicher> et anglais lorsque ce genre de restaurant (où les viandes et
to grin agrimacer»). Grigner v. tr. reste vivant dans les poissons sont préparés sous les yeux des
certains dialectes au sens de ~~pleurniche~. clients) s’est implanté en France.
+ Gti@,oter signSe amanger petit à petit, lente- +# GRILLE n. f., sous ses formes successives at-
ment, en rongeant, ( 1535) et par extension *manger testant l’évolution phonétique : gradilie Km x” s.1,
très peu-. Le verbe s’emploie au figuré au sens de gruille (v. 12OO),greille (13721, est issu du latin clas-
-faire de petits profits dans une affairen ( 16901 d’où, sique cruticula apetit gril>>, diminutif de crati N&ie,
par extension 118421, -s’approprier une petite grillen; les formes crille (14021, @le 11466) et enfm
chose)> puis ~détruire peu à peu, lentemer& (1846; gn;lle (1538) proviennent d’une altération sous l’in-
gr@&er Z’adversaire, spécialement, comme terme fluence du i- initial de mots de même sémantisme,
militaire et terme de sports). issus d’un galle-roman “ctiiculum I+ grésil).
F Il a lui-même plusieurs dérivés. + GRIGNOTAGE + Cet ensemble de formes désigne d’abord un as-
n. m. s’emploie au mé aux sens de adestruction semblage de barreaux entrecroisés qu’on utilise
lente= (18821 et, récemment, de &ctique d’usurea pour l’exposition directe au feu Km xes., comme
C1952).~GRIGNOTEMENT n.m. se dit de l’action instrument de supplice3, sens qui sera éliminé au
de grignoter 117%) d’où, par analogie, du bruit pro- profit du masculin gril (ci-dessous) ; par analogie de
duit (1848). + GRIGNOTIS n. m. désigne d’abord forme, elles s’appliquent (v. 1200) à une clôture for-
(v. 15001 ce qui est grignoté. Repris au XVIII~s. mée de barreaux. Gtille s’emploie ensuite comme
comme terme technique de gravure (17451, il est à terme technique Imétallurgie, 1680; archéologie,
nouveau dérivé de @@Oter au sens de abruit de <barreaux de la visière du heaumem, attesté tar-
rongement> (>cx”s.), comme synonyme plus rare de divement chez Furetière, 1690, etc.). ~Par rhfé-
gtigrbotement. +GRIGNOTEUR, EUSEadj.etn.se rente à la disposition des barreaux, fille désigne
dit pour 4personne) qui mange en grignotant» un carton a jours pour la lecture de textes rédigés
(1564, n. m-1 ; au sens figuré de «personne qui en langage chifW Il 8331,une disposition en tableau
commet de petits larcins~, le mot est vieilli. 0 GI-- à cases Cdéb.XX~s., @ZEe de mots crotiésl, puis une
gnoteuse n. f. a étk repris pour désigner une ma- feuille quadrillée (mil. me s.), un tableau présentant
chine-outil (attesté 19301. une organisation chifkée IgrUe d’horuires, grille
Outre gr@oter, l’ancien verbe grigner a produit des progrummesl et cette organisation elle-même.
plusieurs dérivés. + GRIGNON n. m. est d’emploi + GRIL n. m., forme masculine de gtille (1393, pré-
régional au sens de amorceau croustillant pris sur cédé par grudil, xle s. ; grëel, XIII~s.1, s’emploie
le côté le plus cuit du pain% 11553, Ronsard). C’est comme grille jusqu’au xv” s.; la spécialisation qui
de ce nom que vient @n XIX~ s.) l’argot g@&et détache les deux formes n’est acquise qu’au XVII~s.
apainn, et la variante conservée bti@olet. ~AU Gril est probablement issu de craticulum, masculin
sens de atourteau d’olivesti (17831, grignon est em- latin plus rare que cruticulu; on trouve aussi en
prunté au provençal @@oun, de même origine, moyen fknçais la forme clee, issue de crutis (attes-
Nrésidu du marc d’olives)>. + GRIGNE n. f. est un tée au XIVes.l. 0 Gril - comme @le désigne
dérivé de grignon au sens de ccouleur dorée du d’abord un instrument de supplice, d’où ( 1740) la lo-
pain bien cuits (17821, puis de afente que le boulan- wtion figurée être surle gril (comparable à être sur
ger fait sur le pain* 11839). 0 Au sens technique des charbons urdentsl. Comme grille, il se dit d’un
Gnégalité du feutre- 118231,grigne est dérivé (dé- assemblage à claire-voie pour fermer un pasage
verbal) de gr@er, comme l’adjectif grigne aridén (XIII~~.). oLe sens moderne, 4nstrument de cui-
CI611). 0 Le mot avait signi% en ancien hnçais sine)), apparaît en moyen fiançais (1393). À partir
KmécontentementB (déb. XII~s., peigne, @-inne), va- du milieu du XIX~s., le mot prend divers sens tech-
leur encore attestée dans les dialectes de l’Ouest et niques, mais le sens culinaire (cuire sur le gril, etc.)
en argot 11881, au sens de ~grimace4. reste dominant.
0 voir GRINGUE. De @Ue dérivent deux verbes griller, utilisant deux
sémantismes, le plus courant étant aujourd’hui as-
GRIGOU n. m. représente (av. 1650) un em- sumé par gril n. m. +O GRILLER v., d’abord "SU~-
prunt au languedocien @gou agredin,, qui corres- plicier par le feuB (v. 1155) et «brûler, détruire par le
pond au gascon gregoun (16101, dérivé de @ec, qui a few (1180-l 1851, prend (v. 1200) le sens moderne de
pris le sens de flou dans le sud de la France arôtir, csuire sur un gr%. Il signifie par extension
(-+ grec). -soumettre à une chaleur (trop) vivemCl5501 et, avec
le développement des techniques, s’applique à di-
4 Gtigou a depuis Molière le sens d’chomme avare verses opérations de chauffage (comme cuire et
et déplaisant% et s’emploie surtout dans le syn- d’autres verbes) : au XVIII~s. I175ï’) @Zer du minerai,
tagme vieux mgou. Puis, par affaiblissement de sens, il correspond à
b Le dérivé GRIGOUTERIE n. f. I19341 est d’emploi abrûler légèrement, torréfierm 11840) et, dans
rare. l’usage familier, *fumer (un cigare, une cigarette)>
GRILLON 1646 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

( 186 1). Spécialement, en conservmt l’idée d’excès GRIMACE n. f. est issu kve s. ; aussi @mach4 o>
de chaleur, @ZZer Sign*e (xx” s.) *mettre hors par substitution de sufke de l’ancien français @?-
d’usage par un excès d’échauffement)). 0 Au fi- muche (v. 1200) qui, comme le latin gtimutio (XIIes.,
guré, le verbe s’emploie depuis le xvre s. @M!er comme surnom3, si&e 4igure grotesque)). Le mot
de + nom; 1546) pour &re en proie (à un sentiment vient d’un francique O&~U {{rnasquem (cf. le moyen
extrême d’impatience, etc.)*, comme btiZer de. néerlandais grime et l’ancien nordique @ma>
L’idée de destruction (par le feu) explique divers I-t grimaud).
sens figurés argotiques et vieux, «prendreu 118271, 4 Grimace a dès son apparition Qdemoitié XIV~s.1 le
@omper>> ( 18811, «dénoncerm ( 18861, et celui de «dé- sens de Kcontorsion du visage= ; il est aussi employé
passer (un véhicule)~ 11911) gratter. 0 Sont restées au figuré dans f&e la @Ytnace IA qqd alui faire un
vivantes les valeurs de <<dépasser sans s’arrêterm accueil hostile» (ti ti s.3,ce genre de métaphore
(xx” s., cf. gtiller un feu rouge1 et de <supplanter (un se retrouvant dans des locutions qui ont perduré,
concurrent)>> 11907). +De ce verbe gr&r dérivent comme soupe à la @mace aaccueil hostile (d’une
plusieurs noms. + GRILLADE n. f. ( 1623) C&ent épouse)> c= Grimace désigne aussi, étymologique-
grillé)) est spécialisé pour les viandes et les pois- ment, une figure grotesque, et spécialement une fi-
sons et plus usuel depuis le mes. où, sous lïn- gure sculptée sur les sièges des stalles d’une église
fluence anglaise, la gastronomie se modSe. (13871.0 Par figure du sens dominant, le mot signi-
+O GRILLAGE n. m. sime aaction de grillep fie ensuite (1632) Ncomportement faux et trom-
(1735, en métallurgie). +GRILLOIR n. m., terme peur)), et spécialement (au pluriel, 1663) emanières
technique (1819), désigne divers appareils pour tiectée9, sens toujours vivant. 0 Par analogie, @6
griller (notamment le café, mil. XX~s.l. bGRIL- mace a, en couture, le sens de tifaux pli (d’un vête-
LEUR, EUSE n. est un mot argotique ancien pour ment)- ( 1690) ; le sens spécial de aboîte de pains à
«délateur» ( 1887 ; de @%Mer adénoncer4. + GRIL- cxheter dont le couvercle est une pelote à
LURE n. fa, terme technique Cxxes.), se dît notam- épinglesu (1721) est sorti d’usage.
ment d’une marque de moisissure sur les feuilles
bGRIMACER v. (1428, @bnachier) a suivi l’évolu-
de la vigne.
tion sémantique de gtimace 11669, au figuré ; 1690,
Le sens aujourd’hui dominant de gtille &%re~~ a
en couture). 4 En dérivent GRIMAÇANT, ANTE
donné pour sa part 0 GRILLER v. tr. aentourer
adj. 11660, au figwél, GRIMACERIE n. f. (16681,
d’une grille» attesté en 1572 (1463, d’après Bloch et
@ GRIMACIER n. m., {{sculpteur de grotesquesm
Wartburgl ; il a Sign%é, par une extension analogue
( 15801, a disparu. +O GRIMACIER, IÈRE adj. et n.
à celle de cadenasser, ((enfermer derrière une
( 1660) signSe “qui a l’habitude de faire des gri-
grille» ( 1616, au participe passé ; spécialement @9Z-
maces”, au figuré *hypocrite» (1665, n. ; 1690, adj.1;
Zerune fille «la cloîtrer dans un couvent4. Ce verbe,
le sens figuré de «minaudier~~ (av. 1701) est vieilli,
du fait de la concurrence homonymique, est assez
celui d’w%ste comiquem (WI, n. m,l sorti d’usage.
rare. +Plus ancien que lui, et donc directement
GRIME n. apparaît d’abord au féminin dans l’ex-
issu de grille, le substantif 0 GRILLAGE n. m.
pression faire la grime <faire la moues Il6941 et
( 1328) désigne un treillis, le plus souvent métal-
vient probablement de grhace. Repris comme
lique, utilisé comme clôture; rare avant le XVIII~s.,
nom masculin, il a désigné un rôle de vieillard ridi-
le mot prend ensuite des acceptions techniques (en
cule au théâtre ( 1778, grimme) et un acteur qui joue
construction, 1733; comme terme de pêche, 1866).
ce rôle (1825) ; grime s’est dit aussi d’une ride fabri-
0 En dérive GRILLAGER v. tr. 11832;1802, au par-
quée artficieuement 11894, n. f.). +GRIMER v. tr.
ticipe passé), qui pallie en partie le vieillissement
vient de grime agrimace, ride%; le sens initial de
de griller «clôturer= ; il ne concerne pas une grille ri-
wmarquer un a&eur de rides pour le vieïll+ (1823)
gide, mais une clôture relativement souple.
est archaïque; le pronominal se @mer est attesté
0 voir GRILL; PAIN IGRILLE-PAN.
en 1819. Le verbe, par extension, Sign%e (1827) afar-
der, maquiller>> et s’emploie au figuré (comme ma-
GRILLON n. m. est attesté au xve s. (14851; l’in-
quiller). -Le dérivé GRIMAGE n. m., comme le
secte que ce mot désigne a éti! auparavant nommé
verbe, s’emploie au propre 11860) et au figuré. Il est
grillet (Normandie, Centre, Est, domaine franco-
beaucoup plus rare que maquillage et, comme gC
provençal ; cf. au XIII~s., ancien français grisletl et
mer, ne s’emploie guère que dans le contexte du
également grille, grillot (1690) ; ces formes dérivent
théâtre.
d’un type gr& Icf. ancien provençal grilhl, issu du
latin grilhs, gryllus, par l’intermédiaire d’un galle-
GRIMAUID n. m. et adj. représente probable- o>
roman ogriXus. On trouve aussi sesillon. Km XIIes.1,
ment un emploi fi@.ré (1480, gdmaultl du nom de
dans un triangle dont les pointes seraient Bayeux,
personne Gtimaud Iv, 1180, Grimuusl, issu du fhn-
Paris et LaRochelle, dérivé des formes seill, grel,
cique *Grimwald, dérivé de *g?îmu emasquem
comme grelet et guerlet, qui sont issues d’un gallo-
I-t grimace; cf. en ba latin Gtimouldus, v. 644, et
roman ogrUCihs. Grdlon viendrait d’un croisement, l’ancien français @mouart -moue dédaigneuse4
peut-être dans la région parisienne, des deux avec une innuence possible de grimoire”. P. Gui-
formes grill- et (grés)iZlon. P. Guiraud évoque aussi raud, sans exclure ce croisement, rapproche &-
une contamination par grelot «sonnette, clochette)) muud &coliern (donc ngr8onneur4 du normand
(+ grelot) et ses doublets dialetiaux grillon, grésil- @mer aégratigner, grif!fers (de même racine que
Zen, le bruit produit par le grillon s’apparentant au
gribouiller).
son grêle du grelot.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1647 GRINGO

+ Grimaud &colier» puis Mhomme inculte ou pé- doublet de ctiser*, mot d’origine germanique,
dant, (1550) et «homme désagréablen (1611, n. ; 1830, peut-être avec une iniluence de grigner I+ grigno-
adj.1 est sorti d’usage. ter).
.Le dérivé GRIMAUDAGE n.m. (1622) a disparu 4 Le verbe s’emploie d’abord dans grincer des dents
encore plus rapidement. ~grincer les dents, tr., me s.; intr., 1490 Le sens du
verbe ne s’est &endu que beaucoup plus tard (1805,
GRIME, GRIMER - GRIMACE mais certainement antérieur, cf. grincement) : <pro-
duire un son aigu, désagréabk d’où, au figuré
GRIMOIRE n. m. represente Ixw” s., grymoirel (mil. ti 4, amanifester de l’aigreur, de l’hostilité>.
une altération de grumaire (v. 1165, <livre de ma- OFJI ce sens on trouve aussi @GRINCHER.
gied qui désignait au moyen âge la granmkre en v. intr., forme dialectale de grincer, employé en
latin, inintelligible pour le commun des mortels, moyen kançais au sens propre (1530; cf. gk+2ge
probablement sous l’influence de g-rimer agriffepj amauvaise humeurti, 1784).
(+ grimaud), selon P. Guiraud, le grimoire appa-
rajssant comme un qgiBonnage~ et souvent b Le dérivé GRINCEMENT n. m. (XV” s., @cernent)
comme I’œuvre du «grB& (du diable, sens aussi de a eu une évolution sémantique parallèle à celle du
g-rimaud) . verbe ( 1541, grincement de dents; 1770, par exten-
sion). * u en va de même pour GRINÇANT, ANTE
+ Grimoire désigne un livre de magie puis, par ex-
adj . 118461, du participe présent.
tension, un discours incompréhensible Iav. 1475) et
GRXNCHEUX,E~SE adj. Il8441 est dérivé degrin-
un ouvrage inintelligible ( 1668) ; il entre dw quel- CJW ou représente une vtiante dialectale de grin-
ques locutions, comme entendre, savoir le grimoire ceur ( 1611) “qui grince facilement des dent+, em-
&re habileD 116561, sorti d’usage. Le mot, mal ploi disparu ; il Sign%e «d’humeur maussade,
compris aujourd’hui, désigne plutôt des vieux revêches ( 1872, caractére grincheux1 et s’emploie
livres, toujours avec l’idee de &fkile à lire)). aussi substantivement (1866). + GRTNCHU, UE adj.

GRIMPER v., attesté à la ti du xve s. ( 1495- (18681 est une variante, encore usitée en Suisse, de
14961, représente sans doute une forme nasalisée grincheux.
de gripper 4accrocher pour montep (déb. XIV~s.3,
0 GRINCHER + GRINCER
peut-être d’après ramper auquel il est apparenté
par le domtie d’emploi et le sens primitif C+ grip- 0 GRINCHER v. tr. homonyme de grincher o>
per); l’hypothèse d’un étymon germanique “krim- 13 grincer), mot d’argot ancien (1800), représente
pan 4accrocher, se contracter* a été exclue à une variante nasalisée d’un verbe issu du francique
cause de la date tardive d’apparition de grimper. o@îpjun akir, agripper=, formé sur Ogrîpan
+ Gtimper se dit d’abord pour «monter en s’aidant I+ gripper) et restitué d’après le moyen haut aUe-
des mains et des piedsn (1495, intr.) puis s’emploie mand &pfen +aisir~ Dans le domaine d’oi3
par analogie pour une plante (15381. Par figure, existent les formes analogues ugric~r, ugkhir
grimper signik (16691 4élever dans l’échelle so- =agripper=.
ciales. 11 s’emploie transitivement I@mper qqch.1 F De grincher woler= dérive GRINCHE n. m. (18003
au début du xvrres. (1609) et se dit par extension wolp, lui aussi sorti d’usage.
Il6801 pour monter avec effort sur Iun lieu élevé)-.
*Par figure et allusion à la Gmonturem, grimper GRINGALET, ETTE n. m. et adj., d’abord 8>
s’emploie populairement (183 1) pour =Posséder attesté ( 1611) au sens de abouffon amusants, est
sexuellement (une femme)>>. d’origine incertaine. Il vient peut-être d’un mot
b GRIMPANT, ANTE adj. et n. m. apparaît au supposé suisse allemand Ogrtinggeli ahomrne peu
xwe s. comme adjectif (plante @mpanteI et s’ap- considérablea, diminutif de Ogrunggel «homme ché-
plique aux êtres animés au XVII~s. 116911. 0 Par tifn, qui aurait 6té introduit en France par les mer-
substantivation et métaphore, wz ghmpunt se dit cenaires suisses. On a aussi proposé pour origine
familièrement pour apantalon> ( 18721. + GRIMPÉE l’ancien français grhgalet Mbeau chevalm (1165-l 170 ;
n. f. (1811) et le diminutif GRIMPETTE n. f. (1855) ne nom du cheval de Gauvain, dans 1’Erec de Chrétien
conservent que l’idée de *pente» lou -rampe>, ache- de Troyes), adaptation du gallois Keinkuled, de hein
min montant4 + GRIMPEREAU n. m. (15551 dé- cbeau= et kuled <dur, vigoureux>; si le mot était en-
signe un passereau qui grimpe le long des arbres core connu au début du XVII~s. -ce qui est peu
(cf. gtimpeur). +GRIMPER n. m. (le grimper), subs- vraisemblable -, il aurait alors été employé par
tantivation du verbe, désigne l’aaction de grknpep une antiphrase ironique peu explicable.
(1805) et, spécialement, une épreuve d’athlétisme 4 Gringalet s’emploie encore aujourd’hui au sens
(1902). * GRIMPEUR, EUSE adj. et n., “qui a l’habi- d’chomme chétif}} (1785 ; 1835, adj.) ; le féminin est
tude de grirnpern 115961, désigne un ordre d’oi- peu courant.
seaux qui grimpent aux arbres ( 1788, au singulier ;
1798, oiseaux grimpeurs, d’où les grimpeurs, 1803). GRINGO n. m. vient (18991 de l’espagnol
oLe mot s’emploie spkialement en alpinisme d’Amérique où il est utilisé pour désigner les étron-
(1855) et en cyclisme (1894). +Le composé RE- gers, en particulier les Anglo-Saxons (Américains
GRIMPER v. est attesté en 1549. du Nord). Le mot serait une altération de grigo,
griego (grec», mot espagnol qui avait pris le sens de
o> GRINCER v. intr. représente (XIV” s.1 une va- <jargon incompréhensiblep, le -ing évoquant un élé-
riante nasalisée de grisser (xnr”s.1, de même sens, ment fréquent en anglais. L’hypothèse semble plus
GRINGUE 1648 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

vraisemblable que celle qui recourt à l’expression (1578) - cf. ci-dessous grippe - et «prendre au col-
Green, go out <vert (c’est-à-dire asoldat yankee4 let hn voleur)» (1649) ; gripper a dès lors pris dans
fous le campn ou à une vieille chanson anglaise des locutions la valeur d’aattrapern (&tre grippé de
commençant par green grow&e... kVerts croissent gqch. aêtre entiche de qqch.», 16841. Tous ces em-
Iles joncslB). plois sont aujourd’hui sortis d’usage. 0 Gripper
s’utilise ensuite de façon plus restreinte dans des
GRINGUE n. m. est d’abord relevé ( 1878) au contextes techniques Iv. intr.) : flse £roncerD (en par-
sens de apains. Le mot serait à rattacher au moyen lant des étoffes) ( 17401; le participe passé a Sign%é
lançais gtignon (<morceau de pain» (15641, dérivé &onc&, d’où en médecine faciès grippé ( 18141.
de g@wr (3 grignoter). 0 EnCn, le verbe s’emploie en technique pour «s’ar-
4 La locution faire du @pe «faire l’aimableD rêter par excès de kottement de ses pièces» (en
(19011 s’expliquerait peut-être par une transposi- parlant d’une machine) ( 1757) d’où gripper Cv.tr.1
tion de la métaphore des pêcheurs faire des petits ((provoquer un @ppageD (déb. ti S.I.
pains <<fairel’aimable pour appâterm et, par exten- F GRIPPE n. f., déverbal de gtipper ou issu du kan-
sion, tifaire la cour à une femrnen, sens qu’a pris peu cique ‘grip, Sign%e d’abord <<griffe, crocn En XIII~-
après (19 11) l’expression faire du gringue (ù qqn). déb. XIV~s-1et au figuré ((querellem ( 13061,amésaven-
turc*, c’est-à-dire ace qui saisit* ; de là vient ensuite
@ GRIOT, GRIOTTE n., variante (1688) de gui- son emploi au sens de afantaisie soudaine, capricem
tit ( 1637) pour désigner les musiciens ambulants ( 16321,également disparu. Par antiphrase de grippe
du Sénégal, est d’origine incertaine. Il vient peut- «caprice>>, la locution prendre (qqn, qqch.1 en
être, par l’intermédiaire d’un parler portugais grippe *avoir une antipathie soudainen ( 1751) est
créolisé, du portugais ctiado <<domestique» (1001; restée usuelle. + Parce que l’indisposition saisit
de criar *élever un enfant ou un anîmaln, propre- brusquement, grippe sert à dénommer (17431 une
ment flcréer4, le griot, poète musicien, ayant été au maladie infectieuse ; ce sens est devenu très cou-
service de souverains ou de chefs. rant , le mot n’étant plus compris étymologique-
+ Le mot reste jusqu’au xrxe s. un aterme de rela- ment. *Dans ce sens, grippe a pour dérivés
tion+, connu seulement des voyageurs et des spé- GRIPPÉ, ÉE adj. 117821,GRIPPAL,ALE,AUX adj.
cialistes de 1’Akique. L’époque romantique voit sa (18711, les préfixés ANTIGRIPPAL,ALE,AWX adj.
diffusion avec des déviations pittoresques (dans le et ANTIGRIPPE adj. (1926) “qui agît contre la
même registre que sorcier, etc.). +Au XX~s., en grippe)).
fkançais d’Akique où il désigne une réalité quoti- De gripper au sens technique dérivent GRIPPAGE
dienne, et dans le public tiancophone cultivé, le n. m. (1869) et GRlPPEMENT n.m. (1845; Kaction
mot et la notion redeviennent plus précis : le griot de saisti en 1606). *DÉGRIPPER v.tr. afaire ces-
est un poète-musicien profeçsionnel, comparable ser le grippage (d’un mécankme)n et son dérivé
aux trouvères médiévaux. DÉGRIPPANT n. m., du participe présent, sont ré-
cents (v. 1950). -De gripper aaisin vient le
GRIOTTE n. f. vient ( 1505) de la forme agriotte composé archtisant GRIPPE-SOU n. et adj. qui a
Ixv” s., selon Bloch et WartbuTg; en usage aux XVI~- désigné (1680) celui qui, moyennant un sou par
XVII~s.), après élimination de l’a initial confondu livre, se chargeait de toucher les rentes d’un parti-
avec celui de l’article la. Agriotte est lui-même un culier; par extension, le mot s’est dit ensuite pour
emprunt au provençal ancien agriota acerise aigre>> xusuriern ; il s’emploie encore aujourd’hui au sens
(XIII~ s.; provençal moderne ugrioto, gtito), dérivé de «personne avme qui économise sur touts
de agre aaigrep, issu du latin acer, actis *âpre, pi- (av. 17781,mais il connote alors le passé.
quant, aigre, I-+ âcre). Le préhé AGRIPPER, v. tr. apparaît vers 1200
4 Par analogie de couleur, motte acerise aigre» dé- Bien avant l’emploi écrit de gripper, on l’a vu) au
sens d’aarracher*, de gripper «saisirm ; il signifie asai-
signe aussi 11752) un marbre tacheté de rouge.
sir violemment» xve s., sens répandu avec le vieil-
F Le dérivé GRIOTTIER n. m. E1583 ; 1557, gryotierl lissement de gripper. En argot, il s’est dit pour adé-
désignant l’arbre producteur est d’emploi rare. rober adroitement)) ( 1752). +Le verbe a servi à
former AGRIPPEMENT n.m. (1929) et AGRIP-
o> GRIPPER v. est probablement issu (14251 du PE~R, EUSE n. et adj. woleurm IlSOS), repris
bncique “gripan aempoiper, saisti> reconstitué comme adjectif assez récemment 11883).
par l’ancien haut allemand @fan, le moyen haut
allemand grifen, d’où l’allemand greifen. Gripper est +@GRIS, GRISE adj. et n. est issu (11401 de
sans doute apparu beaucoup plus tôt comme en té- l’ancien tiancique O@~S~gris~, restitué d’après (no-
moignent agripper Cv.12001, gripaille (XIII~4, mais tamment) l’ancien saxon grGs,le néerlandais gtiis.
son emploi a longtemps été limité à la langue des 4 Grts s’emploie d’abord comme nom 111401et dé-
voleurs, d’où son introduckion tardive dans la signe la fourrure de l’écureuil appelé plus tard pe-
langue écrite. Pour Bloch et Wartburg, le verbe tit-gris, et comme adjectif en parlant de la couleur
pourrait être dérivé du substantif grippe, lui-même de la barbe Cv.1150) puis de la couleur d’un vête-
du francique ‘grip, altération de ‘gtiftn_ (+ griffe). ment avec une substantivation Cv.1165, n. m. ; 1440,
+ Gripper Iv. tr.) a longtemps le sens général de vêtu de gris). Le contexte initial du poil, avec l’idée
=saîsîr violemment, agripperp (14251: on le trouve de l’âge qui fait agrisonner}), s’est donc rapidement
au sens de <<saisir avec les griffes)) (15093, de &~OU- élargi. ~Par métonymie, gris s’est dit d’un gros
ter= 11585) puis de (saisir en parlant d’une maladie drap 11270, n. m.1. Dans des syntagmes nominaux,
DE LA LANGUE FRANÇAISE GRIVE

l’adjectif sert à désigner certains objets et certaines (1536,adj J. Le mot désigne ensuite l’âne (1644) et Se
espèces ( 1549, un temps grh; en imprimefie,Wm dit d’un domestique sans livrée, vêtu de @S (16851,
grises, 1556 ; papier gris, 1609 ; vin gris, 1690, aussi et aussi (1640) d’un flou vêtu en gris. Ces emplois
n. m.). Il sert à former des locutions, comme la nuit des XVI~et XVLI”s., alors usuels, ont tous viefi après
tous les chats sont gris (16903, d’abord de nuit tous l’époque classique. +De grison vient GRISONNER
chats sont go& ( 1640) et des adjectifs composés : @S v. &Venir grisé en parlant du poil (intr., 1740;
souris (1850; gris de souris, 16601,gris de fer (16901, d’abord pron., 15271. Au sens transitif de «rendre
devenu @s fer. 0 Gti s’emploie au figuré dans la gris- (15561, le verbe est sorti d’usage ; il S’emplOie
locution faire gz%e mine à ggn (1460-1466) puis au au sens technique de «teindre en grism t1900). 0 Du
sens Ix& s.) de aterne, sans éclata. 4Jn emploi premier sens viennent GRISONNANT,ANTE adj.
spécial aujourd’hui vieilli s’applique aux personnes (15461, courant et GRISONNEMENT n. m. (1546).
=près d’être ivres~ (attesté 16901, sans doute parce o Gt-ison et grisonner, après d’autres dérivés an-
que dans cet état les choses apparaissent comme ciens de @, reprennent la première valeur attes-
une grisaille, un brouillard. tée de cet adjectif, qui, on l’a vu, concerne la cou-
b GRTSÂTRE ad]. s’emploie au propre IlSlOl et au leur des poils, animaux et humains. *Le composé
figuré. + GRISER v. tr. s’est d’abord employé ( 1538) PETIT-GRIS n. m. c1621) désigne une espèce
au sens de grisonner; il Sign%e ensuite <colorer de d’écureuil de Sibérie et, plus tard, une sorte d’es-
gris)) (1609; le sens <devenir grisn Il6711 est sorti cargot.
d’usage); de là viennent les termes techniques @ Voir aussi GRISBI,GFUZZLY.
GRISAGE n. m. (16713 et GRISÉ n. m. (1873). 0 À
partir de g~4~ wn peu ivren, griser s’est employé GRISBI n. m., apparu en 1895 Igrisbisl et ré- e}
(1718) comme verbe transitif (griser qqn) puis au pandu à partir de 1953 par le roman Touchez pas
pronominal se grker (1732) pour xenivrepp ; il prend au grisbi de A. Simonin, serait composé de go&
au figuré le sens d’eexaltep (1835; pron., 1842) et <<monnaie gris@ 11784 ; cf. le rouchi grket <<pièce de
par analogie celui d’&tourdirs (pron., 1846; tram. six liardsn, 1834; et gtiette amonnaies, v. 1634)et de
1855). *Gris aun peu ivrem et &er ont produit GRI- l’élément bi- d’origine obscure; grkbi, <<argents en
SERIE n. f. alégère ivresses (18381,qui s’utilise aussi argot, pourrait être un composé tautologique de
au figuréEmil.~es.)comme~~~~~~~,~~~~ adj. gris et bis.
(1877) <exalta&. -Le préhé DÉGRISER v. tr. Si-
gn%e <<détruire l’enthousiasme, (1580, pron.) et sti- GRIS-GRIS ou GRI-GRI n.m. s’emploie
rerdel’étatd’ivressen (17711; de IàDÉGRISEMENT d’abord (1557, @gril au sens de (diable, esprit mal-
n. m. (1823). faisant (en Guinée))), puis d’aidole représentant un
GRTSAILLE n. f. est d’abord utilisé comme terme diable> (av. 1637) et, sous la forme g?is gris (16371,
technique (1625)pour désigner une peinture en ca- pour apetit objet magique>> (en ce sens gagri, 16431.
maïeu gris qui donne l’illusion du relief; le mot se Le mot est d’origine inconnue, probablement issu
dit par analogie (1865) d’un ton analogue et, au fi- d’une langue de Guinée ou du Sénégal. Des in-
guré ( 18841,de ce qui manque d’éclat ; en dérive fluences paronymiques @ri%, @Fe, etc.) ont pu
GRISAILLER v. 11649,au participe passél. jouer.
Gti est aussi à l’origine de derivés désignant des
êtres humains, des animaux, des plantes, etc., dont
GRISOLLER v. intr., apparu au XV~I~~s. (1718; o>
gtioler, 1803) pour qutier le cri de l’alouette,
la caractéristique est la couleur grise. + GRISARD
reste un mot d’origine obscure, probablement issu
n. m., d’abord adj. (gkati Mgrisâtrea, 13511,désigne
d’un radical onomatopéique.
comme substantif le blaireau 115491, une sorte de
goéland (15621, le peuplier blanc 11786)et enfm un + 11 a pour dérivé GRISOLLEMENT n. m. (18591,
type de grés (1783). + GRISET n. m., de l’ancien ad- rare.
jectifgrket wn peu grism (en parlant d’un vêtement)
(xrrr” s. ; cf. aussi en ancien fknçais grisle <gris [d’un GRISOU n. m., attesté à la fin du xv& s. 117961,
chevalk v. 1150,et grisez, 1350,qui a donné l’anglais représente la forme wallone de g&geois, en ancien
grizzly*l, désigne un petit passereau (172 11,une es- franqais gresok, mois; on connaît aussi la forme
pèce de requins ( 17801, l’argousier Il79 11,plusieurs liégeoise @yeU, en ancien kançais @i!& (-+ gré-
champignons, etc. +GRISETTE n. f., également geais).
issu de l’adjectif @et, s’est dit d’une étoffe gros- $Le mot, d’abord dialectal pour qutier un gaz
sière (16511. 0 Par métonymie pour (&Ile vêtue de combustible propre aux mines, se répand au x& s.
grisettemI, le mot a le sens (16651, aujourd’hui vieilli, avec d’autres termes de la mine. La forme btiou
de &lle de condition modeste, de mœurs faciles,. ( 1753, Encyclopédie, feu btiou) est due à l’influence
Cet emploi évoque surtout l’époque romantique où de briser. L’emploi le plus usuel est coup de @ou,
la grisette est un type social reconnu et littéraire- désignant l’explosion souterraine, souvent cause
ment très exploité (autour de bohème, artiste, etc.). d’accidents.
0 Régionalement, grisette désigne aussi des ani- ,Le dérivé GRISOUTEUX, EUSE adj. (18761 et le
maux (la fauvette grise, 1721; un papillon diurne, composé GRISOUMgTRE n. 111. (1876) sont des
1791) et des champignons (un agaric, 1816; une termes techniques.
amanite, 1858).0 Le mot a aussi désigné une mon-
naie (v. 1634). -GRIS~N,ONNE adj.etn. s’em- 0 GRIVE n. f. était considéré traditionnellement @
ploie d’abord pour ud’un gris léger en parlant d’un comme le féminin (1280-1290) de l’ancien français
cheval (1449, adj.; v. 1470, n. rn.1 et d’urï homme grieu, griu qrecm Il 1191, du latin grwcus I+ grec),
GRIVE 1650 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

parce qu’on pensait que la @Ve, oiseau migrateur, b GRIVÈLERIE n. f,, autrefois lié au premier sens
hivernait en Grèce. Selon P. Guiraud, grive repré- du verbe ~VI” s.1,est un terme de droit et désigne le
sente plutbt, par l’intermédiaire du catalan grivu, fait de ne pouvoir payer sa note, dans un restau-
une forme du latin ctiw?~ <<crible)) : de nombreux rant, un hôtel (av. 1892, Code pénal 1; GRIVELAGE
animaux tachetés sont en effet désignés par le nom n. m. est sorti d’usage (1807). + GRIVELEUR, EUSE
de la marque qu’ils portent ; on trouve également la n. (16421, terme de droit, correspond à g; L&eti.
forme grive1 (du diminutif bas latin cribellum
ccrible4, à la fois nom du crible et de différents ani- GRIZZLI ou GRIZZLY n.m. est emprunté
maux tachetés. De fait, ce type d’image est constant avec des graphies variables IgtiJy, 1860; gkzly,
dans la désignation des oiseaux et de certains 1866 ; grizzli, 1902) à l’anglais grizzly 118081, abrévia-
mammifères, la qualikation d’origine, plus rare, tion de grizzly bear «ours grisâtrem ; l’anglais grizzly
étant en génkal transparente (dinde, etc.). est dérivé de gtizzle, adaptation de l’ancien km-
+ Le mot désigne un petit passereau au plumage çais grkd, griseau ~gris~, dérivé de gis*.
brun, voisin du merle, à chair très estimée, d’où le 4 Le mot ne s’applique qu’à l’ours gris d’Amérique
proverbe faute de grives, on mange des merles 4 du Nord, et reste exotique.
faut se contenter de ce qu’on a». La locution saoul
comme une gxbe ~I&%I, précédée par étourdi GROG n. m. est emprunté ( 1776 ; 1757, selon
cow1yIzeune g&e (v. 14561,vient de l’habitude qu’a Bloch et Wartburgl à l’anglais mg 117701, d’abord
la grive appelée grive des vigrxes 117671 de se gorger aration de rhum coupé d’eaw, tiré de 02d Grog, so-
de raisin au moment de la vendange et surtout de briquet donné à l’amiral Vernon qui portait habi-
son comportement vif et imprévisible, assimilé à tuellement un manteau de eogrum (etissu côtelén ;
celui d’un ivrogne. du &ançais gros-grain ; + grain).
b GRIVETTE n. f. (1611) est un dirnînutif de grive. + Cet amiral prescrivit en août 1760 l’ajout de moi-
@ Voir GRIVJILER. tié d’eau dans la ration de rhum des matelots. Le
grog des marins était bu S-oid, puis chaud au xrxes.
0 GRIVE n. f., attesté en argot ~ISZSl, est d’ori- dans les chats humides des tropiques. Cette bois-
gine obscure. On a suggéré un emploi métapho- son s’est répandue hors du milieu des marins vers
rique de grive aoiseau», ce passereau étant très 1850 (Littré, 1866, signale qu’on le sert alors da;ns les
querelleur, explication peu convaincante. On rat- cafés).
tache aussi le mot à l’ancien adjectif gtief: @kve @ Voir GROGGY.
Mpénible, douloureux» I+ griefl, avec influence pos-
sible du nom de l’oiseau. Un rapport avec mveler GROGGY adj. inv. est emprunté (1910, boxeur
est plus que vraisemblable. groggy) à l’anglais groggy &re, alcoolique)> ( 17701,
+ Sorti d’usage au sens de <guerren (16281, le mot dérivé de grog (-, grog); le mot a pris en anglais le
s’est dit pour 4roupe, armée3 (1821, corps de sens de aqui a les jambes faibles), en parknt d’un
garde4 spécialement pour <infanterie>), sens en- cheval 11828) puis, d’abord en argot, a quaNé ( 18321
core usuels en argot, au xxe siècle. un homme titubant après un choc.
hGRIVETON n. m. ou GRIFFETON, GRIFTON, + Groggy s’est introduit en hnçais da;ns le contexte
kmple soldat>> (18811, dérive de gMet <<fantassins de la boxe, puis se dit familièrement pour <as-
08611, issu de grive. +GRZVOIS,OISE n.etadj., sommé par un choc physique ou moraln (19 171; le
également dérivé de grive, a eu aussi (1690) ce sens sens anglais initial de etitubant d’ivresses est repris
de ((soldat, fantassin). 0 Mais le mot a changé de en 1941, mais en français le mot évoque surtout le
domaine et de statut Ide I’argot à la langue litté- boxeur 6onn&
raire) en s’appliquant aux personnes de mœurs
libres (16961. Il s’emploie aujourd’hui comme ad- GROGNER v. intr. représente (1190, gromier)
jectif (1707) pour <(d’une gaieté un peu licencieuse-, une altération, d’après groin, de l’ancien fiançais
0 L’adjectif a pour dérivés GRIVOISERIE n. f. gronir amurmurer pour manifester son méconten-
(1843) et GRIVOISEMENT adv. (attesté en 1910, tement» Il 174-l 1751, issu du latin grunnire <qro-
Colette). gnern (en parlant du porc), variante de grundire
+ Voir GRIVELER.
(+ gronder), d’une base onomatopéique en-
(cf. aussi l’ancien tiançais pommer; -+ grommelerl.
GRIVELER v. intr. représente pour Bloch et 4 Le verbe s’emploie en parlant d’une personne qui
Wartburg un dérivé (16201 de grive, cet oiseau étant bouge, proteste (11903 et du cri d’un animal
connu pour son avidité à piller les vignes. Selon (av. 11231, ce dernier sens étant appliqué à l’homme
P. Guiraud, le verbe dérive plutôt de grivel wiblen, pour aproduire un bruit inarticulé et continu>. Il
du bas latin crhllum de même sens kf. le dialechl s’est dit pour &tre hostile à qqn» (déb. xv” s.) puis
@&eler aexaminer soigneusement»), et est un syno- pour <gronder qqnn (1835). 0 Le sens de gro@r,
nyme de ctibler* au sens de <prendre le meilleur cmanîfester son mécontentementn, se retrouve
d’une récolte, triera. Le rapport avec la grive Nia dans le déverbal GROGNE n. f. 11364, grongne),
guerres, assimilée au pillage, est sémantiquement vieilli, puis repris, avec la hargne et la ro@, dans
évident C-+0 grive). un célèbre discours du généra1 de Gaulle, qui lui a
4 Le verbe, d’emploi vieilli, signîfre Mfaire des profits donné une seconde carrière.
illicitesm (1620) et ~~consommer sans avoir de quoi b Les dérivés GROGNERIE n. f. (xv” s., grongnerie),
payerv (1901). GROGNE~R, EUSE adj. (xv” s., grongneurl, GRO-
DE LA LANGUE FRANÇAISE GROS

GNON, ONNE adj. et n. (1721, mère Grognon, sur- tales gremeler, grimoler viennent du néerlandais
nom donné par les pensionnaires à la religieuse grimmelen -geindre, se plaindre>>, de grimmen,
chmgée de leur éducation) exploitent cette même gremmen, variantes de @ommen.
valeur, grogwn étant le plus courant; son propre + Sémantiquement, grommeler ((exprimer son mé-
dérivé GROGNONNER V. tr. (1634, selon Bloch et contentement de manière îndistincte~ est influence
Wartburg), -faire le grognon>> se dit aussi en parlant par flog~~r et grondera
d’un ~~II~~.+GROGNARD,ARDE adj.KmxIr~“s.) b En dérive GROMMELLEMENT n. m., réfection
signifM cqui groflen ; il a été concurrencé par @o- (15671 de grumeslement Ixrrle s.), d’abord appliqué
gneur, puis éliminé par flogwn. 0 Le mot a été re- au cri d’un petit animal (de souris, au XIII~ s.), sens
pris en 1812 (n. m.1 pour désigner un soldat de la sorti d’usage. Le mot correspond à grommeler, en
vieille garde, sous Napoléon Ier, 4ls grognaient tou- parlant des humains unil. x19 s.1 et, par extension
jourw +GROGNEMENT n.m.se dit du cri d’un plus ou moins antl2ropomorphique, des animaux
animal kve s., grongwmens) et en parlant de per-
11861).
sonnes (1530) a seulement le sens physique de gro-
g!?& *GROGNASSE n. f., terme péjoratif formé à GRONDER v. est la réfection (v. 1230, aussi o>
partir de grogner (1883, sufbe -usse), désigne une grundire) de grondre, grandir (v. 11701, formes is-
femme laide et d’humeur acariâtre (“qui grogne4 sues du latin mndire, variante de grunnire (+ gro-
et, par extension, se dit injurieusement pour gnerl
<(femme>> (en relation avec d’autres termes d’injure
+ Le verbe s’emploie d’abord en parlant d’un chien
en -usse : poufiasse, etc.).
Iv. 11701, puis d’une chose (v, 1230) sans idée de me-
GROIN n, m. est issu, sous la forme gming nace, et d’une personne Iv. 1230) pour qromme-
Iv. 1174-l 1761, du bas latin grunium agroin de porc’, lern. En ancien et moyen français, gromer, grom-
dérivé d’une forme non attestée “grunire, altération meler et gronder interfèrent pour le sens. Gronder
du latin classique grunnire b grogner). s’en détache lorsqu’il s’emploie transitivement
(16551 au sens de créprimander qqnm. En emploi
+ Le mot s’applique au museau du porc, du sanglier
transitif, il a Sign%é 4ire à mi-voixa (XIV” s,).
et, par extension, à un museau court et tronqué. Il
s’emploie métaphoriquement en parlant des hu- b GRONDEMENT n. m. (ti XIII~ S.) est utilisé en
mains. parlant de certains animaux ou de choses.
-GRONDERIE n. f. s’est dit (15981 du grognement
b Fn dérive le verbe intransitif GROINER (variante
du porc, puis pour cpltitesm (16203 ; ix a pris ensuite
grouiner; 1881, au participe présent), d’emploi rare.
le sens de «réprimande> ( 16941, seul vivant au-
GROLE ou GROLLE n. f., attesté indirecte- jourd’hui. + GRONDE n. f. ( 1801) en ce sens est au-
ment au XIII~ s. (le dérivé grolkr =Savetier> est re- jourd’hui seulement d’usage régional. + GRON-
péré en 1289) comme terme dialectal (Ouest, DEUR, EUSE adj. 11586) ne s’emploie plus comme
franco-provençal), est passé en argot parisien au nom. +GRONDIN n. m. s’est d’abord dit du porc
XIX~ s. ; le mot vient d’un latin populaire ‘grolle, at- (1598) avant de désigner un poisson de mer ( 17693,
testé par l’ancien provençal grola wieux soulier, ainsi nommé à cause du grondement qu’il fait en-
(mil. XIII~ sd, d’origine inconnue. Grole, Sign%ant tendre quand il est pris (aussi en apposition rouget
également, en ancien français, dwase en forme de grondin).
flaconti (cf. aussi croie aécuelle de gueux*, 15961, a le
sémantisme d’aobjet arrondi et creux»; de là GROOM n. m. appar& (1669) dans un ouvrage
P. Guiraud propose de rattacher le mot à grouEer sur 1’Angieterre au sens de waletm; le mot est em-
Ksecouer- (@oler et croler en ancien et moyen fkar- prunté à l’anglais groom d’origine incertaine, peut-
çais) issu d’un galle-roman Ocorrotulare, intensif de être issu de to m <grandir, poussep, En anglais
“rotulare, dérivé du classique roture afaire tourner* le mot a en effet signi% <petit garçon>> (1225) puis
(de rota; + roue), d’où l’idée de =Secouer» et d’aar- <waleb (XIII~ s.) et, spécialement, Hvalet d’écurien
rond++. Cette reconstitution reste très hypothé- km” S.I.
tique. + C’est ce dernier sens qu’a repris le français (1822,
+ Le mot est un équivalent argotique, puis familier, sorti d’usage), presque uniquement à propos des
de chaussure. pays de langue anglaise. Groom n’est que très peu
utilisé en France avant la Restauration, époque où
GROLLES n. f. pl., attesté en 1910 dans la lo- il eut aussi le sens de *laqua& d’un jeune homme
cution avoir les grofles flavoir peur”, représente le élégant>> (18261. Le sens moderne (1828) ne semble
déverbal de l’ancien français grouler ~grouîlle~ se répandre qu’à la ti du xrxe siècle.
(-3grouiller1, qui a pris régionalement le sens de
&embleru ( 1771, grulkr, en champenois et en bour- +k GROS, GROSSE adj., adv. et n. est issu o>
guignon) 1 Il0801 du latin impérial grossus *gros, épais>) (f’ s.1
et <rude, grossiep en latin chrétien. Le mot est une
GROMMELER v., réfection 113821, peut-être altération phonétique -la voyelle -o- évoqwmt
d’après @omer, de grumeler (13421, est dérivé de mieux la grosseur - et une spécialisation du latin
l’ancien français grommer ccgronderm (XIII~ s.), em- classique crassus (3 gras) qui remplaçait pinguis au
prunt au moyen néerlandais grommen agronder, sens de ~grasn.
grognern ou à l’allemand gw?zmeln œgrogner* + Gros a pris, comme dans les autres langues ro- o>
Iménanie, Allemagne du Nord1. Les formes dialec- manes les mots issus de grossus, un sens général :
GROS 1652 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

«de volume ou de dimensions importantsti 11080 ; laire moderne). oLe ~0s s’emploie en même
aussi adv., en gros, «en grandes dimensions>>), en temps pour 4ensembk le tout> (v. 1265) puis POU~
parlant de choses ou de personnes. II est immé- ulapartie la plus importante)> (1549, le plus gros est
diatement employé dans des comparaisons (1080) fait. * Un gros a désigné une monnaie à cause de
@os comme ade dimensions aussi importantes l’épaisseur de la pièce (v. 1340) puis (16061 un poids
quem,puis «de la taille de» (1678- 16791.0 11a prk par correspondant à celui de la pièce de monntie.
transposition (ler quart XIII~s.) une valeur acous- *Par emprunt au latin médiéval grossum, neutre
tique : «de volume sonore importantn. 0 Par exten- substantivé de grossus, designant le revenu annuel
sion, il signiCe aabondant> (adv., en gros, I” moitié d’un bénéfice, le gros s’est dit du revenu d’une re-
XIII” s.1, <en grande quanti& et pans entrer dans devance 11379). *Du sens évaluatif de l’adjectif
les détails», sens également de l’adverbe grosse- =sans fmesse*, SOS s’est dit d’un tissu à gros grain
ment (ci-dessous). Dans toutes ces valeurs, la ré- ( 1391) d’où gros de Naples asorte de ttietas épaisn
partition d’emplois entre grati et @-os est plus dé- IISSS~.De la locution en ~OS aen grande quantité*
licate que les interférences avec @us, réservées vient commeze de gros (1704), qui s’oppose à uu dé-
aux personnes @os et gras1 et aux maux. 0 Par tail, d’où Eegros (et le détail1. + GROSSE ~1.f. s’em-
extension, SOS se dit de ce qui entre dans la caté- ploie au sens de Ndouze douzaines* (du sens de
gorie des choses importantes ti Xnp s., le gros @- l’adjectif’, Mgrande quantité4 ; le latin médiéval
hier; 1538, gros bétail). 0 Au sens le plus général, grossa ~III~ s.) a déjà ce sens. -+ Comme terme de
proche de grund, @os s’emploie Iv. 1225) avec une droit, grosse désigne l’expédition d’une obligation
valeur amplikatrice, au sens de Ntotal, entier% notariée, dont les caractères sont plus gros que
pour renforcer un adjectif 11440~14751, puis pour ceux de la ~wGnute~~ (1464) ; c’est alors un emprunt
renforcer l’expression d’une qualité, d’un état, etc. au latin médiéval grossa qui désignait des expédi-
11661-1679). 11 prend spécialement la valeur de tions d’actes du pape Innocent III Idéb. xme s.1 rédi-
afoncé, intense%, en parlant d’une couleur (17963. gées en grosses lettres. +De cet emploi vient
+Parallèlement, gros se dit de ce qui est tempo- GROSSOYER v. tr. <<fairela grossem ( 13353. Le sens
rairement ou anormalement de dimensions impor- d’kriture en gros caractères>> est relev6 au XIX~ s.
tantes ; grosse, au féminin, sime El130-l 140) uen- (18351.
ceinten (d’où grossesse, ci-dessous) et gros, passe, GROSSEMENT adv. demeure rare pour ~gran-
aux deux genres, aerdé, goni% (v. 1165, mer dementn ( 1188) et cd’une manière grosse, (1566 ; du
grosse; mil. XIII~s., gros temps «tempête*). latin grosso modo, emprunté au XVI~s. - voir ci-
L’adjeckif s’emploie aussi au figur6 Iv. 1165, k cœur dessous).
grosl, en particulier dans être ~US de, d’abord GROSSESSE n. f., qui signZe d’abord W s.1“gros-
*avoir envie deD (1450-1465, sens disparu) puis au- seurm, se spécialise avec l’adjectif féminin grosse
jourd’hui aqui recèle en germe)) 115491.AU XVII~s., Nenceinten et Sign%e <état d’une femme enceinte>
gros s’emploie au sens de <grossi pour impression- (12831; dans ce sens spécial, il a éliminé @osseur.
ner» (1718, faire le gros dos; 1784, faire les gros -GROSSEUR n. f., qui a eu le sens très général de
yeux; 1837, la gosse VO~). ~L’adjectif a pris en dimension, taillen (déb. me s.), analogue à celui de
outre une valeur a$ective ou ironique (1740, mon grandeur, a en effet eu t 1283 et jusqu’au xv? s.) celui
gros ami1 ; il en reste l’appellatif mon gros ( 1808, à d’&tat d’une femme grossem. 0 Le mot prend en-
suite les sens modernes d’&paisseur excessive=
un enfant), où il est substantivé.
(13141, de wolume qui passe l’ordinaire)) 11538).
Gros s’emploie depuis le début du XIII~s. au sens
d’knportant par sa situation sociale, sa puis- 0 Spkialement, une grosseur se dit ( 1694) d’une
enkre & la surface de la peau.
sance, etc.m; il est alors synonyme de gw~d (gros
GROSSIER, I~RE adj., de l’adjectif gros au sens
roi, v. 12 10) ; de là l’emploi pour Gmportant , in-
d’&nporkW~, a désigné 11260, n. m.1 un ouvrier
tense* (v. 1274, grosse peine), aconséquenem (ESO>. Si
travaillant de grosses pièces de fer et 11305, n. m.1
ces emplois ont vieilli, d’autres, où gros a la même
un commercant en gros (on dira beaucoup plus
valeur, restent usuels : un gros travail (1306, grosse
tard grossistel. 0 Les emplois modernes de grossier
besognd, le gros lot «le plus important= 116901. À ce
dérivent d’un sens spécial de @os ar-uden (voir ci-
dernier emploi se rattache l’usage adverbial ga-
dessus) et d’un emploi de gros pour arustre» ; SOS-
&ner gros abeaucoupn (16781. 0 Le sens spécial de
sier signifie «rustre, incultem 11550, grosse multitude,
Trudeau est introduit au XII~ s. Iv. 1150, gros mot). Sauf
Ronsard), d’emploi littéraire aujourd’hui, et <fait
dans gros mot, cet emploi sera éliminé par le dé- sans hesse>> (1555, laine grossière, Ronsard). 0 Par
rivé grossier (à partir du XVI~s. + ci-dessous). 0 Au
extension, grosster se dit de ce qui est digne d’un
concret, gros qutie ce qui est d’une aconsistance homme peu cultivé, peu évolué (1604, flossiére er-
peu fmeb 11174 et, au @uré, asans Gnesse d’espfitu reur) puis de ce qui est choquant et offense la pu-
Iv. 1265). ~Par extension l’adjectif correspond à deur VIII XV# s.); dans cet emploi, il a éliminé gros
ctrop évident» ( 1269-12781, d’où plus récemment sauf dans gros mot. + Grossier a deux dérivés cou-
c’est un peu gros. ra,&. GROSSIÈREMENT adv., d’abord U881
b GROS n. m. et GROSSE n. f. représentent l’ad- «sans complicationn, signiiie ensuite 6ommaire-
jectif substantivé. Au masculin GROS n. m. dé- ment» IlSSOl et, d’après la valeur prise par @Osier,
signe d’abord (1080, le gros de) la partie la plus cde manière inconvenante ou blessante> (1694).
épaisse, puis un gros W’quart XIII~~3.1
une personne + GROSSIÈRETÉ n. f. est sorti d’usage au sens de
corpulente et, au figurk, une personne puissante, <<manque de délicatesses (1640-16421 et de =manque
riche (les nos, emploi très vivant en langue PoPu- de Va[leur= (1690). Il s’emploie pour Ncarac&re de ce
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1653 GROTESQUE

qui offense les bienséances}} (av. 1696) et de amot diéval grosellarius ++oseillier~ ~XI”s-1 est un em-
grossierm Il 732). prunt au francique.
Le verbe tiré de @os, GROSSIR, sime <<devenir + Groseille «baie du groseillier-n s’emploie par méto-
gros, s’enfler>> ( 1317, d’un cours d’eau1 et «rendre nymie comme apposition ou adjectîfE1841) pour dé-
plus intense» Imîl. xwe s.; 1368, pron.). De là signer un rose vif; le mot désigne en effet couram
viennent les sens : efaire paraître important, exagé- ment la groseille rouge. Groseille noire (16901 est
reIs, ( 1580) et arendre plus volumineuxa ( 1595) puis beaucoup moins usité que cassis”. * Groseille &
arendre plus puissant, apporter du renfort» (1647) maquereau (1866) est le nom d’une grosse baie
et ufaire appartitre plus gros par un procédé op- ainsi appelée parce qu’on l’emploie dans une sauce
tiques (1671, d’où verre grossissant3. 4 Ce verbe a accompagnant le maquereau.
pour dérivé GROSSISSEMENT n. m., qui désigne
le fait de devenir plus gros ( 1560, crossissement) ou F GROSEILLIER n. m. s’écrit d’abord groselier
plus dense 115721,d’augmenter de volume (15883.Le Cv.11201,dérivé de l’ancienne forme grosele.
mot sime ensuite Maction de rendre gros» (16111,
de «faire apparaître plus grosm (au propre, valeur GROS-JEAN + JEAN
liée au développement de l’optique, et au figuré,
1842). -GROSSISSANT,ANTE adj. (1763) est tiré GROTESQUE n. et adj., attesté d’abord sous
du participe présent. +GROSSISTE n. aremplacé la forme crotesque ( 1532, n. m.1, sous l’influence de
grossier au sens de «marchand en grosn ; il vient En crote, croute (+ grotte), est un emprunt ( 1540-15501
XIX~s.) de gros, n. m., dans commerce en gros ou de à l’italien (pitturd grotiesca, proprement ({peinture
l’allemand Grosskt, attesté en 1800. - GROSSIUM de grotte=, désignant un type de décoration murale
n. m. vient 11899) de l’adjectif gros et d’un sufke qui appardt en Italie au milieu du xve s. Gvotiesca
pseudo-latin -ium, ou de g’ros siam anégociantn, de est un adjectif féminin dérivé de gratta, de même
siam <<boutiquier>> (1895), d’origine obscure; ré- origine que grotte*, parce que ce genre de peinture
pandu dans les années 1900 au sens d’cchomme représentmt des figures caricaturales s’inspirait
riche, importants, le mot est argotique. des décorations de la Domus Aurea de Néron, que
De gros par préfixation et suExe verbal vient DÉ- les fouilles (l’excavation archéologique étant appe-
GROSSIR v. tr. (1611) tcerdever le plus gros)), qui lée grottal découwirent au moment de la Renaîs-
s’emploie aussi au figuré pour adonner les élé- sance italienne. Le nom italien prend au ~VI?s. le
ments essentiels de qqch.m (av. 18481 et «donner à sens de «peinture licencieuse et fantaisiste ou cari-
qqn des rudiments de forrnationm. Le participe caturalem et cette valeur évaluative et morale, non
passé est adjectivé dans l’expression mal dégnxsi plus descriptive et esthétique, colore toute l’his-
agrossiern. +En dérivent DÉGROSSISSEMENT toire du mot en français. L’évolution de baroque*
n. m. (~~~~~~~DÉGROSSISSAGE n.m.(1799Idont est comparable.
les emplois se répartissent selon les contextes. + Cependant, grotesque apparaît au XVI~ s. comme
Les composés formés à partir de @-os retiennent terme d’art, désignant 11540-1550) les ornements
soit l’idée de &ille importante* ou de «grande ca- antiques des ruines, puis les ornements modernes
pacité)), soit l’idée de *rusticité». +Parmi les pre- (à l’italienne) qui en sont inspirés. Au figuré (Mon-
miers : GROS-BEC n. m. (1553) et une série très ré- taigne) le mot correspond à peu près à <<chimère>).
cente : GROS-CUBE n. m. Iv. 197’0; de [centimètre1 0 Déjà adjectif en ce sens ( 15661, le mot prend dans
cube); @ GROS-CUL n. m. ~carnion~ (v. 1965) de cul cet emploi, dans la première moitié du XVII~s. ( 1636,
pour C.U. acharge utile)); GROS-PORTEUR Corneille), une valeur voisine d’xextravagant> (gro-
adj. et n. m. (19691 qualiknt ou désignant un avion. tesques aventures, Saint-AmandI et de aburlesque)).
*Avec l’idée de <grossier* : GROS-GUILLAUME Mais dans imaginations grotesques (chez Pascal},
n. m. en 1642 apain grossier-n (qu’on donnait aux va- l’adjectif sime plutôt NfarWstique, fou» que arîdi-
lets de ferme, d’où guillaume), puis cépage de rai- culej). 0 Le sens actuel de =ridîcule~~, probablement
sin rouge (1821); 0 GROS-WL n. m. atabac dit influencé par grosskr, et qui n’implique pas la bi-
gris» f1914-1918, argot de la guerre) de tut, syno- zarrerie, semble ne se dégager qu’au XRces., mais le
nyme argotique de tiède «tabacn. + GROSSO mot a, pour les romantiques, une valeur positive
MODO ~OC. adv. Nen grosn est l’emprunt (1566) en qui l’apparente à baroque : Gautier emploie et
concurrence avec grossement, employé en françtis lance avec cette valeur l’appellation les Grotesques
classique, d’une locution du latin médiéval krve s.), pour désigner les écrivains baroques du début du
composé de l’ablatif de grossus et de modus XVII~s. français. Par ailleurs, le grotesqw chez Gau-
(+ mode) et signiknt proprement ad’une manière tier, Hugo, puis Baudelaire est une catégorie esthé-
grossew. tique essentielle («j’appellerai désormais le gro-
+ voir ENGROSSER et aussi GRAIN (GROS-GRAIN), CEUVRE
tesque comique absolus, Baudelaire). Par rapport
(GROS CEUVRE).
au burlesque (comique de situation et d’observation
GROSEILLE n. f. appartit sous la forme gro- réaliste), le grotesque implique imagination fantas-
sele (attesté ~III XII~s., mais antkieur), devenu gro- tique. Ceci n’empêche pas la langue courante
seille (15361 sous l’influence du dérivé groseillier d’employer grotesque adj. avec la simple valeur de
n. m. (déb. XII~ s., aussi groselierl. Grosele est issu du 4dicule=.
francique okrusil groseille&, d’un adjectif ok~s dé- wDe ce sens tient GROTESQUEMENT adv. (16231
signant la forme de la baie (cf. moyen néerlandais alors que GROTESQUERIE n-f. Iv. 1850, Baude-
kroesel, de Izroes <crépw, allemand dialectal ~V&U- laire) fait référence, au moins au début, à la catégo-
selbeere, proprement &aie crépue=). Le latin mé- rie esthétique.
GROTTE 1654

GROTTE n. f., attesté à la f!n du X~II~s. (1280, la France), et qui est issu du germanique oh-u~pa
grote), est un mot rare (attestations isolées au <masse arrondie)} E+ croupe).
xrve s-1avant sa reprise au XVI~s. (1537, grotte). C’est + Groupe est introduit en français avec le sens de
un emprunt k l’italien pottu «cavité naturellea l’italien (cf. aussi ensemble n. m., emprunt de va-
(v. 1300-13131, d’abord Nescarpementn (mil. XIII~s.), leur analogue). Il s’emploie ensuite 11726) plus gé-
issu du latin cypta, prononcé crupta (+ crypte), du néralement pour «ensemble d’êtres ou de choses
grec Izruptê usouterraîn, crypten (de hruptein «COU- ayant des caractères communs, qu’on utilise pour
vr+ir», «cachernI. Grotie a éliminé l’ancien tiançais les classer>>, d’où le sens d’«ensemble de symboles,
CT&, croute caverne, (v. 1223 et jusqu’au XVII~s., de Sign%a& ayant une unit& (1732, en musique) et
encore attesté dans des dialectes), qui est issu di- les emplois en physiologie, groupes sanguins,
rectement de cryptu. groupes tissulaires (me S.I. Le mot s’applique au-
+Le mot, en fkançais moderne, ne s’applique jourd’hui à la classikation des voitures de course
qu’aux cavernes naturelles, mais il désignait en (de 1 à 9). 0 Groupe se dit couramment (17553 d’un
français classique une construction décorative arti- ensemble de personnes ou de choses réunies dans
ficielle à la manière italienne. Lu grotte satyrique, le même lieu, puis d’un ensemble de personnes
imitant par son apparence une caverne naturelle, ayant un point commun lopinions, goûts, etc.1
relie clairement le mot à grotesque; il est réem- (1790). 0 Repris en sciences humaines Isociologie),
prunte dans ce sens à l’italien, qui désignait par en économie, où groupe correspond (19081 à =en-
potta l’excavation et l’architecture excavée par semble d’entreprises liées entre ellesn, le mot est
l’archéologie (d’où le sens de grotesque). protique en valeurs spéciales et en syntagmes.
+ voir GROTESQUE. 0 Une spécialisation importante en mathéma-
tiques (1898, Hadamard) correspond à une théorie
e} GROUILLER v. intr. est une altération (14801, et à un domaine devenus essentiels Ithéorie des
sous l’innuence de verbes en -ouiller (comme fouil- groupesl, domaine exploré au début du XIX~ s. par
ler), de l’ancien français grouler cs’agiter, s’ébran- Évariste Galois mais alors non dénommé. oEn
ler-)) (v. 1280) d’origine incertaine. Grouler peut re- technique (emploi concret), on parle de groupe
présenter une variante de crouler <agiter, secouep électrogène”.
Ix” s. ; + crouler1 comme l’italien grokre à c&é de b GROUPER v. tr. signZe d’abord ( 1680) adisposer
crollure, ou encore un dérivé du dialectal grouée en groupem, en terme de beaux-arts (aussi 1694,
afoule, masse)) (Poitou), qui se rattacherait au pro- grouper des colonnesl, sens du verbe préké au-
vençal grou 45%~ et @ova «frayer, pullulep, d’ori- jourd’hui sorti d’usage agrouper v. tr. 11669). 0 Par
gine incertaine. extension, grouper Sign%e dans l’usage courant
+ Grouiller a le sens de =fourmillera (14801 d’où, par <<mettre ensemble* Wï’70). +Ce verbe a plusieurs
extension, en parlant de personnes ou d’animaux, dérivés. 0 GROUPAGE n. m. ~~8061est spéciaké
<<s’agiter en tous sensn (1549) et <<bouger, remuer» pour uaction de réunir des colis pour les expédiern.
( 16251, valeurs aujourd’hui régionales, conservées +GROUPEMENT n.m.aacttion de groupep (1801)
notamment au Canada, sans les connotations de vi- est devenu usuel au sens métonymique de tiré-
tesse du fiançais familier de France. 0 Par exten- union (de personnes, de chosesIn entrant dans des
sion, en effet, grouiller v. într. et se grouiller si@- syntagmes comme groupement tactiQue, groupe-
fient <se dépêcher* ( 1645, pron.), d’usage familier. ment agricole d’achat.. . Ipersonnesl et groupement
+ Grouiller ((produire un bruit sourd et continu>> (en végétal, fonctionnel... (choses). Le mot est courant
parlant des intestins) 11718) pourrait être un autre en chimie, Pour 4ssociation fonctionnelle
verbe, une altération du moyen français grouller d’atomes dans une molécule)). 0 Il a pour composé
<gronder>) (xrv” s-1, sous l’influence de verbes en SOUS-GROUPEMENT n.m. (XX"~.). -GROU-
-ouilZer, emprunté au moyen néerlandais grollen PEUR, EUSE adj. et n. (1797, en politique) a été re-
«grondep ; (+ grelot). pris (1872) d’après groupage pour acommission-
b De grouiller dérivent : GROUILLANT, ANTE adj. naîre qui groupe des colis pour plusieurs
11540) qui correspond au premier emploi de flouil- expéditeurs>>.
ler, et GROUILLEMENT n. m., d’abord <<bruit que Le composé DÉGROUPER v. tr. est un terme tech-
font les intestins> (1770-1783) dors dérivé de la nique (i933comme son dérivé DÉGROUPEMENT
deuxième acception du verbe, puis généralement n. m. (v. 19501 utilisé par exemple pour la sépara-
<mouvement de ce qui grouille}) (1798) et enfin aen- tion, dans un dictionnaire, des homonymes tradi-
semble mouvant>> (1884). +GROUILLOT n. m., tionnellement considérés comme un mot unique.
forme masculine de groule <<apprentie qui fait les 4 REGROUPER v. tr. Ifm xrxes. ; pron., 1926) a pour
cowsw (18471, désigne, en Bourse, un jeune em- ~~~~~~REGROUPEMENT n. m.@nxrx”s.l, d’usage
ployé qui porte les ordres d’achat ou de vente et, assez général, 4 Sur groupe ont été composés
par extension, un garçon de courses. SOUS-GROUPE n. m. (1891), didactique, et TN-
Le préfk se DEGROUILLER v. pron. 118981vient TERGROUPE adj. et n. m. fv. 19491,terme de poli-
de l’argot des écoliers et Sign%e ase dépêchern. tique.
GROUPUSCULE n. m., formé 11932) d’après le di-
GROUPE n. m. est un mot emprunté (16681 à minutif en -icule comme minuscule, ne se répand
l’italien gruppo &union de plusieurs figures for- qu’à partir de 19%. Le mot, plutôt péjoratif, désigne
mant un ensemble, dans une œuvre d’art» (&I xve- un petit groupe politique, qui défend souvent des
déb. XVI~s-1, qui a dû d’abord simer anœud, as- thèses extrémistes et qui est estimé peu représen-
semblage>) (cf. encore grup anœudn dans le midi de tatif. Groupuscule devient courant au moment des
DE LA LANGWE FRANÇAISE GRUMEAU

troubles universitaires de 1968, où ceux qui contes- femme à l’air gauchem (1466, «personne sotte4 au-
tèrent les institutions appartenaient à des organi- jourd’hui sortie d’usage. - Parallèlement, grue est
sations de très peu d’adhérents et s’opposaient aux attesté au xve s. en technique pour «appareil pour
partis politiques en place. Le mot, d’abord employé soulever les fardeaux)) (14671, avec itiuence du
à propos de petits groupes marxistes, s’applique moyen néerlandais craw, de même sens; par ex-
aussi à toute formation politique de petite taille et à tension, le mot désigne au XX~ s., dans le domaine
un groupe minoritaire dans une organisation. cinématographique, un appareil articulé permet-
0 Sondérivé GR~UPUSCULAIRE adj.!v. 1968)est tant les mouvements de la caméra (attesté 1952).
rare. F Du premier sens de grue dérive 0 GRUAU n. m.
GRUPPETTO n. m. est emprunté (1810) en mu- (1562; 1547, @yau) ou GRUON n, m. (1636) «petit
sique au diminutif italien de @po =groupeB, de de la grue)), termes peu usités. +Du sens technique
même origine que le français ; il désigne un groupe dérive GRUTIER n. m. (déb. xx%.), courant en
de quelques notes composant un ornement, sens technique.
du mot italien depuis le xwe siècle. .
GRUGER v. tr. est un emprunt (1482, grugier) au
GROUPIE n. f. est un mot emprunté (v. 19701 à néerlandais gruizen &crasep), issu comme fiau
l’anglais des États-Unis @oupie (19671, de l’anglais d’un francique *g&C 13 gruau).
group, de même origine germanique que le mot
4 Les sens propres de <réduire en grairw 11482) et
fknçais C-t groupe).
en particulier Nbriser avec les dents» d’où, par ex-
+ Le mot désigne une jeune admiratrice fanatique tension, amangern 116401, se sont effacés en français
qui suit un musicien, un chanteur d’un agroupes de d’Europe (ils sont restés usuels régionalement, no-
musique pop dans ses tournées et, par extension, tamment au Québec) au profit du sens figuré : adu-
une femme partisan inconditionnel. Le mot, rare per qqn en affaires; le dépouiller de son bienn
au masculin, s’emploie au pluriel et peut alors dé- (16681.0 Le sens étymologique de «broyer, écraser»
signer un ensemble d’hommes et de femmes. est à l’origine des acceptions techniques en
sculpture et en miroiterie ( 1676) notamment.
0 GRUAU n. m., réfection ( 1390) de g-2
(v. 11701, est dérivé de l’ancien tiançais e «grain k Ce sont surtout ces emplois technjrques qui ont
grossièrement moulu>, issu du Wncique Og&t, res- produit les dérivés : GRUGEOIR n. m. (1606) hts-
titué par l’ancien haut allemand gruzzi, l’allemand tnïment servant à gIvgeP> et GRUGEAGE n. m.
Gtike, le moyen néerlandais goti, le néerlandais (1870, au figuré) et un verbe préfrxé. - Ce dernier,
goti ou gr& (-+ gruger). P. Guiraud fait l’hypothése ÉGRUGER V. tr. (1556, s’esgmger), sime «réduire
d’un croisement du francique avec le latin crudus en poudre)> puis (1617) aégrainer (du chanvre))> ; en
abrut, non façonné» (+ cru), dont un dérivé gallo- sont dérivés les termes techniques ÉGRUGEOIR
romain “crudalk expliquerait mieux la forme ndn. Clsll), ~GRuGEURE n. f. 11680), ÉGRU-
gruau, GEUR,EUSE adj. (1860) et EGRUGEAGE n. m.
(18881.
4 Le mot désigne, comme @ l’avait fait, le grain
d’une céréale broyé, débarrassé du son et, en parti- GRUME n. f. est un emprunt 115521 au bas latin
culier (18351, se dit de la f?ne fleur de Froment. Il est grumu dcorce d’un fYuitn (IV~ s.), dérivé régressif de
aujourd’hui surtout en usage dans pain de gruau gwmulu «cosse, coquille», obtenu par dissimilation
11660). d’une forme oglumuZa, elle-même dérivée du latin
classique gluma <pellicule (des grains), ballen.
0 GRUAU + GRUE
Gluma est un dérivé de glubere &corcer, peler»,
GRUE XI. f. est une adaptation du XII~ s. (112 1- verbe technique qui correspond à l’ancien haut a&
11341 du latin populaire Ogrua, issu du latin clas- lemand Mioban et au grec ghphein atailler, gravep
sique @-w, mis Mgruem, et nom d’une machine de (4 glyphe).
guerre en latin impérial. Ce mot repose sur une ra- 4 Grume, terme régional, désigne le grain de raisin
cine *ger-, d’origine onomatopéique, et attesté dans (1552, Bourgogne, Beaujolais) et, terme technique
plusieurs langues indoeuropéennes comme le grec 116841, l’écorce revêtant un tronc coupé d’où, par
gerunos qui désigne l’oiseau et l’instrument pour métonymie, bois de/en grume #couvert de son
lever les poids, le vieux russe ieramy le vieil anglais écorce». LaFontaine et Furetière ont échangé des
cran knglais moderne crune), le gallois garan, etc. épigrammes, le second reprochant entre autres
+ Grue désigne d’abord (déb. XII” s.) un oiseau choses au premier d’ignorer, malgré son ancienne
échassier qui a la particularité de se tenir fréquem- fonction d’officier forestier, le sens exact de bois de
ment sur une patte, d’où la locution figurée faire de grume et bois marmenteau.
lu gwe (av. 15441, remplacée par faire le pied de F GRUMIER n. m. (mil. XX~ s.1 désigne un camion
me (1608). 0 Par métaphore, me prend très tôt servant au transport des grumes.
le sens de <prostituéen 11415, grus> par allusion à la
station prolongée sur les trottoirs, exemple de l’as- GRUMEAU n. m. est un mot issu (1265, gru-
similation kéquente, dans le langage populaire, miel1 du latin populaire ‘gmmellw, altération du
des femmes de mœurs légères à des oiseaux latin classique @w&us, diminutif de @~US
(cf. poule). Grue <<prostituées semble être sorti «tertre-, terme technique peu usité.
d’usage jusqu’à la seconde moitié du xrxe s.; Littré 4 Grumeau a le sens de apetite masse de matière
ne retient que l’acception figurée de agrande agglomérée)) ( 1265) comme l’ancien proven@ g?w
GRUYER 1656 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

meE <<peloton de frln, et en particulier celui de peinture, un assemblage étrange de figures d’ani-
«masse coagulée mal dissoute dans un liquide)) maux.
(1866) qui est resté courant. 0 Par extension, gru-
meau désigne une petite rugosité qui apparaît sur GUAI ou GUAIS adj. m., d’abord hareng gai
une surface lisse. (17231, représente probablement (1812) une va-
b À partir de l’ancien fknçais grumel, forme an riante graphique de l’adjectif gai (-+ gai) dans l’ac-
tienne de grumeau, ont été formés deux dérivés. ception figurée (depuis le XIII~~.) de 4, pétulant)>
+ GRUMELER v. tr., d’abord au participe passé ad- qualif!ant un animal. Ainsi, le terme de blason che-
jectivé (v. 1200, «ridé, flétri* ; 1548, sang grumelé Hen val guais (1690) signiikit MUX bride ni harnais}}.
grumeaux4 puis sous la forme pronominale se c- + Guai, terme technique de pêche, se dit du hareng
meler ( 17181, concerne l’action de Ise) mettre en qui, après avoir fkayé, est vide de laitance et d’œufk.
grumeaux. 0 En dérivent le terme technique GRU-
MELURE nf. (1668) etlecomposépréké ENGRU- GUANO n. m. est un mot emprunté (1598 ; va-
MELER v. tr. (1549) «mettre en grumeaux>>, peu riante guana, n. f,, 17851 à l’espagnol guano (15901,
usité. + GRUMELEUX, EUSE adj. “qui contient des lui-même du quîchua huano ou huanu aengrais, ?Tu-
grumeaux» (zde moitié XIII~ s., grumele& s’emploie mier}), forme reprise en fknçais au XIX~ s. mais qui
ensuite par extension au sens de “qui contient des ne s’est pas imposée.
granulations% Il 783, racine grumekuse). + Le mot désigne une matière composée de déjec-
tions d’oiseaux marins, dont les vertus fertilisa;ntes
GRUYER n. m., terme de droit féodal, est pro-
étaient connues depuis longtemps par les Péru-
bablement issu ( 1247,écrit grukr) d’un gaUo-roman
viens. Par extension ( 18751, guano se dit d’un en-
‘grodiarius <maître forestiers, dérivé du francique
grais obtenu avec des déchets d’origine animale.
‘gr6di «ce qui est vert)) (cf. ancien haut allemand
gruoti, de même sens), qui a donné l’allemand gtin k En dérivent : GUANINE n. f. (18581, terme de bio-
avert». La vitalité de la série, attestée par le latin chimie désignant aujourd’hui l’un des quatre nu-
médiéval gruarii (12181, l’ancien fiançais gruage cléotides de 1’A. D. N., d’où GUANIDINE n. f. ( 19051.
droit sur la forêt)) et par gru (fin XVI~ s.1 <<produit de ~AU sens premier du mot, GUANIER, IÈRE adj.
la forêtB, correspond à l’importance de l’exploita- (18771et GUANEUX,EUSE adj.( 19281,peuusité,si-
tion forestière et du droit forestier (XIII~-XV~ s.l. Au gniEent flrelatif au guanos
XIII~ s., parallèlement à gruyer, le mot verdier uoffi-
cier des Eaux et Forêtsn a été formé sur le nom de GUARANI adj. et n., d’abord écrit guarini chez
la couleur verte. 0 P. Guiraud préfère rapprocher Chateaubriand (1803) dans Le Génie du christia-
gruyer et gru du latin crudarius, d’après crudus nisme, est un emprunt (1840) à la langue d’une po-
ubrut, non façonné», évoquant l’ancien français pulation indienne du Paraguay; Guarani est le
cmière ujachère>>, le gru étant un produit 43rut~ par nom que se donnent ces Arnérindiens. Le mot s’est
opposition aux produits des champs. probablement introduit par l’intermédiaire de l’es-
+ Gncyer (aussi seigneur gmyer, adj ., 1718) désignait pagnol ou il est attesté dès le XVII~ s. dans les récits
sous l’Ancien Régime un seigneur qui avait un de voyage et des lexiques ( 1639, Tesoro de la Zengua
droit d’usage sur les bois d’un vassal, et un officier guarani) .
préposé aux délits commis dans les forêts. + Le mot désigne et quaMe en lançais une popula-
F En dérive GRUERIE n. f., en latin médiéval gma- tion indienne du Paraguay et est le nom donné à sa
ria, @aria II 1531,«privilège royal ou seigneurial langue Cguarani, n. m.1, voisine du tupi”.
sur les bois», attesté en 126 1 dans cette acception et
en 1509 dans celle de ajuridiction des Eaux et fo- 0 GUÉ n. m. est issu (1080) du tiancique “wad
rets)). <<endroit guéable-, attesté par l’ancien haut alle-
mand wat et watan Npasser & gué*, le moyen néer-
GRUYÈRE n. m., qui apparazt sous la forme landais wat, et qui correspond au latin vadum, d’où
gruière (1655, dam fromage façonné b la mode de viennent le roumain vad, le portugais vau et l’es-
gruière; puis 1680, gruière), vient du nom d’une ré- pagnol vado. “Wad et vadum se rattachent à une
gion du canton de Fribourg, en Suisse racine indoeuropéenne ‘wadh- <<aller».
-la Gruyère - où ce fkomage a d’abord été fabri- + Gué conserve le sens du francique. 0 Le mot a eu
qué. aussi le sens de 4nare, abreuvoir% iv. 1200 ; aussi
+ Par extension, gruyère est employé pour désigner sous la forme weis, 12801, sens qu’il tient du f?an-
d’autres tiomages analogues, comme le comté et cique (cf. l’usage de guer <<abreuver)> dans les dia-
surtout l’emmenthal, la distinction entre ces types lectes du Nord et de l’Est). Gué est entré dans la
étant mieux faite en tiançais de Suisse. composition de proverbes et locutions comme A
gué, ~OC. adv., par exemple dans passer à gué.
GRYLLE n. m., attesté au début du XVII~ s. k GUÉER v. tr. est la réfection (xv” s.) de guaër
(av. 1614) et repris en 1834, est emprunté, par l’in- Idéb. xr~~ s-1, issu du bas latin vadare <<passer à gué)>,
termédiaire du latin grylEus, au grec grullos xdanse dérivé tardif de vadum. Ce verbe assez peu cou-
grotesque ou inconvenante>>, mot hellénistique, rant sime par extension hf s.1 afaire baigner
emprunté par Pline au sens de <caricature>>. dans un gué» (un animal, du linge). +En dérive
+ Grylle désigne, dans les ouvres antiques de la GUÉABLE adj. @II xve s. ; v. 1160, gaak>Ee) “qu’on
&ptique, un monstre et, par extension (1901) en peut traverser à guéri.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1657 GUÊPE

0 GUÉ înterj., attesté en 1666 (au gué!; Molière, nuée de toute vigueur physique et morale (1846 ;
Le Mi+santhrope) mais plus ancien dans les refrains cf. chiFe).
populaires, reprkente une variante de gui*, gay wDe guenille dérive GWENILLON n. m. <<petite
(1534, @ay, guay!, Rabelais, Gargantua). guenille» (16521, au figuré (archaïque) apetit écrit de
+ La locution interjective 8 gu& exprimant la joie ne peu de valeur>> (1679) et <fille déguenillée>> 11808)
survit que dans des refkains de chanson. peut-être avec influence de souillon, ces trois ac-
ceptions étant sorties d’usage. + GUENIL-
GUkDE n. f. est un emprunt ancien En XI~s., LEUX, EWSE adj. (1765, Diderot), autre dérivé, est
guet&, gesdd, aussi écrit waide (v. 1.165) au moyen moins courant que ey1guenilles; le mot s’est em-
âge, à un germanique *waizda- restitué d’après ployé au figuré (1776) pour +&ns valeur». +Le
l’ancien haut allemand weit et le moyen néerlan- composé DÉGuENILLE, ÉE adj. et n., attesté en
dais weed (cf. allemand Waid). On relève dès le 1671 chez We de Sévigné, est courant.
VIII~s. la forme latinisée waisdo, le mot germanique
supplantant le latin vitrum (+ verre). GUENIPE 3 GUENILLE, GUENON
+ Gtide, synonyme de pastel* mais plus didactique,
désigne une plante à fleurs jaunes dont les feuilles GUENON n. f., attesté au début du XVI~s. (15051, @)
fournissaient en teinturerie une matière colorante est généralement rattaché au radical de guenipe
bleu foncé ; c’est aussi le nom de la teinture. II-, guenille), par allusion à la longue queue traî-
nante de l’espèce de singes que désigne d’abord le
GUÉDOUFLE n. f., forme refaite (15321 de can- mot. P. Guiraud rapproche guenon, comme gue-
toufle (13023, est (selon Saînéan) un emprunt au nille, du latin vunus &tilen et «fourbe, mentem, les
provençal gudoufle, goudoufle aflacon garni de naturalistes décrivant ce singe, en général, comme
paille», mot formé sur le radical onomatopéique un voleur.
god- exprimant l’idée de godement, peut-être
+ Au XVII~s. le mot, d’abord au figuré, prend la va-
avec influence des dérivés du latin conflare «gon-
leur de *femelle du singe* et non plus d’espèce ani-
flerm (cf. le dialectal goundounfle flenflé=).
male, pour des raisons formelles (un-mot féminin
+ Guédoufle s’est dit (1532) d’un flacon rond em- peut désigner une espèce, mâle et femelle compris,
ployé pour divers liquides et semble avoir été re- mais la transgression de genre est dî&ile pour un
pris au XIX~s. à partir d’un usage régional resté vi- animal aussi anthropomorphe). Guenon se dit par
vant, pour designer un couple de flacons accolés figure ( 1640) d’une femme laide puis ( 1678) de la fe-
(huilier et vinaigrier) destiné à la table. melle du singe. 0 Par extension 116861, guenon a eu
le sens de «femme de mauvaise vie-, celle-ci étant
GUENILLE n. f., attesté en 1611, mais plus an- couramment dotée, dans le langage populaire,
cien, est un mot emprunté aux dialectes du Centre d’un nom d’animal.
et de l’Ouest. Il représente une altération de gue-
F Du radical de guenon dérive GUENUCHE n. f. qui
nipe (14961, aussi attesté sous la forme gnippe
a désigné d’abord ( 1608) un jeune singe du genre
Nchiffonm( 16051, par substitution de stixe, sous l’in-
guenon, et a pris à la fk~ du XVII~s. les acceptions fi-
fluence de mots Su&és en -ille, comme fondrille,
gurées de guenon ( 16801. 0 On trouve aussi les va-
broutille. Guenipe, mot sorti d’usage, dont la hale -
riantes GUENICHON et GUENICHE, Nfemme de
ipe est probablement due à l’influence de l’ancien
mauvaise viem et <poupée)> (1615, Lorraine).
fknçtis chipe (variante de chiflon), serait dérivé du
verbe dialectal guener <mouiller, trotter» qu’on re-
trouve dans gasne NmareB, guna asentier fangeuxn GUÉPARD n. m. relevé sous cette forme chez
(1502, Creuse; 1586, Haute-Manche). Ce verbe est Buffon (1765) représente le latin scientsque gapur-
issu d’un radical gaulois “wudanu- <<eaumqui repré- dus (16221, adapté précédemment par les formes
senterait la racine indoeuropeenne ‘wed- (cf. go- @pur (16371, gupurd (17061. c’est l’adaptation de
tique wuto <<eau)),latin un&, grec hutir; + hydr-, l’italien gutto-pardo, proprement Kchat-léopard))
onde). Ainsi menille devrait son nom au fait que les (déb. XVI? s.), mot composé de gutio achat*, du latin
pauvres, en marchant, traînent leurs hardes dans impérial cattus (+ chat) et de pur& k-f. en français
la boue. OP. Guiraud, sans écarter totalement chut-pard, 16901 du latin pardus issu du grec purda-
cette hypothèse, propose un rapprochement avec lis Mléopard, pantheren. Le mot grec est lui-même
le latin populaire “vuniculu, du classique vunus un emprunt oriental; la forme guépard reste mal
*vtin*,, d’où le sens de guenille <objet sans valeur=. expliquée; elle est peut-être due à une dissimila-
tion des deux a ou à la prononciation parisienne
+Le mot désigne d’abord un chiffon, une loque
des fourreurs.
(16111, d’où le sens de Mvêtement sale et déchiré*
(1664) proche par le sens de haillons. 0 Par figure +L’animal, connu dès le moyen âge, a longtemps
(1672, Molière) guenille se dit d’une chose mépri- été désigné par d’autres noms tels que léopard,
sable, sans importance, puis au xrxe s. d’une per- lynx, once, etc.
sonne vieille, sale et mal habillée (1808, vieille gue-
nille). 0 De même guenipe avait (1496, guenyppe; GUÊPE n. f., réfection ( 1636 ; XIII~s., guespe) de o>
1606, gumipe) le sens de cfemme malpropre>>, wespe Iv. 11801, est issu d’un galle-roman “wespu,
afemme de mauvaise vieu, peut-&re influencé par obtenu par croisement du latin vespu aguêpen
le mot guenon au figuré. 0 En outre, guenille, par (cf. l’italien vespu, l’espagnol uvispu) et du kancique
une autre métaphore, se dit d’une personne dé- “waspu de même sens (attesté par l’ancien haut al-
GUÈRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lemand wefsct) qui a subi à son tour l’influence du celle-ci». Cette valeur évoque l’ancien et le moyen
latin; le mot germanique a donné l’allemand fhnçais guerredon <(prix d’un servicen, issu du tian-
Wespe, le néerlandais wesp. cique ‘widurlon «récompense=. On serait donc
4 Par analogie de forme avec l’insecte, le mot s’em- passé, par métonymie, de guerredon ((somme
ploie dans l’expression taille en guêpe ( 17831 puis payée pour le flambeau, déposée près du flam-
taUe de guêpe i 1829) &ille très tien. 0 GuEpe s’est beaum à guerredon 4krnbeau» et atableau suppor-
aussi employé pour désigner une femme maligne tant le flambeau». Mais ceci n’explique pas les pre-
(1850; 1829, <<personne railleuse4 d’où la locution miers emplois.
vieillie une fine guêpe (1850; cf. une fine mouche) et 4 Guéridon a désigné un genre de chanson (1626,
la locution moderne pas foUe la guêpe ! (xx” s.l. Nvers pour les guéridons et les chansons nou-
k Le dérivé GUÊPIER n. m. (1376, gespier) est le velles>>). Le sens moderne ( 16501 de apetite table
nom donné à un oiseau qui se nourrit surtout ronde, pouwue d’un seul pied central* -à l’ori-
d’abeilles et de guêpes. Le mot désigne ensuite gine ce pied avait souvent une forme humaine figu-
(1636 ; d’abord au féminin guespière, n. f., 1567) un rant un Maure porteur de flambeau - vient peut-
nid de guêpes. 0 L’acception figurée de (<position être d’une analogie avec le personnage GU&Y&~
critique>> apparaît au XVIIT~s. d’abord dans une mé- qui, dans la danse du #branle de la torchen, tenait
taphore (1775, se fourrer la tête dam un guê@erl. un fkmbeau pendant gue les autres danseurs
+ L’expression taille de guêpe a donné naissance au s’embrassaient.
verbe GUÊPER tr., (18571, vieilli, et à GUÊPIÈRE
n. f. Iv. 19451,nom déposé d’un corset très étroit qui GUÉRILLA n. f. représente un emprunt (18121
souligne la taille. à l’espagnol guerillu (15351 «petite formation mili-
taire offensive», diminutif de g~rru, de même ori-
GUÈRE adv. est issu (1165-1170; 1080, gine que guerre b guerre).
ne.. . guaires, ne.. . gueresl du frmcique “waigaro 4 Introduit avec les guerres de Napoléon 1” en Es-
«beaucoupn, reconstitué par l’ancien haut alle- pagne, le mot a désigné (1812) une troupe de parti-
mand uueigiro apas très, peu”, le moyen haut alle- sans; le sens métonymique de «guerre de harcèle-
mand unweiger “pas très=. mentB est plus courant, mais une &etiUct semble
4 Guère, employé avec ne, signifie “pas très, pas avoir repris la valeur initiale par influence de gue-
beaucoup}} ou «pas longtempsm (1080). L’ancien rillero.
français avait guire au sens de =beaucoup)) Cl 188) ; .GUÉRILLERO n. m., &Combattant de guérillan,
cet emploi sans négation, rare à partir du XVI~,s. est est également emprunté ( 18121 à l’espagnol (1808 ;
sorti d’usage au XVII~s. Guère précédé d’une prépo- de guerillul ; moins courant que guérilla, il entrake
sition reste d’un usage vivant jusqu’à l’époque clas- des connotations hispaniques, notamment his-
sique; il est aujourd’hui archaïsant ou littéraire, pano-américaines
sauf dans certains usages régionaux.
+ Voir NAGUÈRE. GUÉRIR v. est une variante régionale En du (
XIII~s. en Champagne) de guatir (v. 10501, issu du
GUÉRET n. m., mot originaire de la région francique “wu~urz «défendre, protéger» restitué par
Ouest et du Sud-Ouest, est la réfection ti xnres.) l’ancien haut allemand wetiun, de même sens, l’al-
de guaret ( 10801, aboutissement par l’intermédiaire lemand wehren d<défendren. Guutir (ou, plus cou-
d’un gallo-roman ‘waracto du latin vervactum aja- rant, gatir, v. 1150) et guétir coexistent jusqu’au
chère>, formé sur le supin de vervagere «défricher, XVII’ siècle.
retourner une terre en jachère)) d’origine obscure. + Guétir a eu le sens de <protéger, garantirti Quatir,
Le mot latin a subi une double altération : la chute v. 10501, puis, intransitif signifie arecouvrer la
du -v- qui suit le r (d’où l’ancien provençal garug), santé> (1080, guurir) et, par extension (1176-11811,
et le passage du v- initial à gu-, g-, peut s’expliquer ase cicatriser», en parlant d’une plaie. 0 Un emploi
par un croisement avec un mot germanique, peut- transitif s’ensuit (v. 1130) pour Krendre la santém (au
être le francique ‘wuruitu «champ labour& ou par pronominal soi gutir, v. 12 lO- 1225). Guérir s’emploie
la prononciation germanique du v- initial. au figuré pour 4tre soulagé (d’un mal moral, de
+ Guéret, qui a conservé le sens du latin, s’est dit qqch. de pénible13 Ifm XII~ s., intr. ; 1564, tr.1.
aussi (16671, dans la langue poétique, d’un champ F GUÉRISON n. f. a suivi une évolution sémantique
couvert de moissons. parallèle à celle de guérir. Le mot signSe d’abord
(1080, guurGson1 «défense, protection>, puis aaction
GUÉRIDON n. m,, attesté au XVII~s. (16501, de guérirb (11551. Le sens figuré de Nprotection, etc.n
vient peut-être du nom d’un personnage de farce appara3 vers la -fin du XII~ siècle. + GUERISSABLE
nommé Guéridon ( 16 141 et introduit à la même date adj. Iv. 1360 ; v. 1300, gatisable) a pour contraire
dans un ballet; ce nom est probablement né d’un INGUÉRISSABLE adj. Il61 1; v. 1460, ingutisuble),
refkin de chanson contemporain (cf. ô gué et luri- qui s’emploie aussi au figuré (1773). 4 GUÉRTS-
don) ou, pourquoi pas, du calembour attesté plus SEUR, EUSE n. et adj. apersonne qui guérit=
tard (si t’es) gui, ti donc! Q Selon P. Guiraud, qui krves., gukseur) s’applique depuis le XVII~ s. à un
rejette en général les origines anecdotiques, le gk- médecin hédecin guérisseud. Il se spécialise
tion est un flambeau, c’est-à-dire (d’après le sens (av. 172 11, en opposition à médecin, réservé aux
de =maison de jeu4 «la somme laissée sur le thérapeutes formés et reconnus par l’institution
meuble qui porte la chandelle pour la fourniture de universitake, et peut-être avec une intention iro-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1659 GUÊTRE

nique à leur égard, pour désigner une personne dernières grandes guerres, celle de 1914-1918, puis
qui fait profession de guérir, sans avoir la qualité of- celle de 193% 1945.
ficielle de médecin. -Le composé GUÉRIT-TOUT F De ces derniers emplois viennent les composés
n. m. inv. 11835, Balzac) est d’emploi régional. APRÈS-GUERRE n. m. (1903), AVANT-GUERRE
@ voir GUkRITE. n. m. ou f. (19131, et ENTRE-DEUX-GUERRES
n. m. inv. (19151, appliqué spécialement à la pé-
GUÉRITE n. f., réfection Iv. 1360) de gMte riode 1871-1914 et, plus tard, à 1919-1940.
(v. 12201, est probablement une adaptation avec Le composé familier VA-T'EN GUERRE n. m., at-
substitution de stixe, de l’ancien tiançais garrette testé en 1918 dans Romain Rolland, vient de I’ex-
Cv. 1200) dérivé (sur le modèle de fuir-/fuite) de gua- pression populaire il s’en va-t’en guerre, diffusée
rir ou gurir <protéger>> ; t guérir. L’ancien provençal par la chanson Malbrougk. Il désigne un belliciste
a déjà garida C<abri sur les rempark Cv.1219) de et un agresseur militaire.
même origine. GUERRIER, IÈRE n. et adj. apparaît comme nom
masculin (1080, guerrer) au sens de *personne qui
+ Le mot est introduit dans la locution a la gante!
aime la guerre=. Mot noble par rapport à soldaft qui
(v. 12201asauve qui peut» et en emploi libre au sens
l’emporte à l’époque classique, il ne s’emploie au-
d’couvrage de protection* (1223, guurite). 0 A partir
jourd’hui que pour parler des gens de guerre du
du xrve s., guérite n’a plus que la valeur d’aabri. pour
passé. -L’adjectif (v. 1200, orne guetir, attestation
une sentinelle)}. L’idée de protection a donné le
isolée) signifie au xvre s. <<relatif à la guerren ( 1562) et
sens analogique de «refugem, aujourd’hui sorti
“qui a des dispositions pour la guerre- (1580).
d’usage. Guérite s’est dit aussi d’un siège à capote,
-GUERROYER v. (1080, intr.1 *faire la guerre,
servant à s’abriter du soleil ou du vent (19071. 0 Le combattreB est aujourd’hui d’emploi littéraire, et
mot désigne, par plaisanterie, un confessionnal sorti d’usage comme verbe transitif (1080,
(1889).
(<combattre qqn>>). oDu verbe dérivent GUER-
ROYE~R, EUSE adj. et n. (XIII” s. ; v. 1155, guer-
GUERRE n. f. est issu (1080) du francique ‘werra reeurl, rare, et GUERROYANT, ANTE adj. (XI$ s.1,
«troubles, désordren, aquerelle)), attesté par l’ancien littéraire. + GUÉGUERRE n. f. (19451,formé par re-
haut allemand werru uscandale, querellen, le doublement de la syllabe initiale, signifie *petite
moyen néerlandais werre adésordre, guerre>>; dès guerre» et est surtout employé au figuré.
le D? s. en latin médiéval, le mot francique a éli- &fBl, le composé AGUERRIR v. tr. (1535) sime
miné le latin classique beilum querren qui a pour- aaccoutumer qqn aux dangers de la guerrep et, au
tant donné par ses dérivés des mots empruntés figuré, <aux choses pénible+. 0 Son dérivé
(+ belliqueux). Cette substitution correspond à la AGUERRISSEMENT n. m. (1552) a vieilli mais le
germanisation des armées romaines, puis à leur participe passé AGUERRI, IE est usuel.
remplacement par l’organisation militaire fkanque. 0 Voir aussi le schéma p. 166 1.
+ Guerre a dès le XI~ s. le sens de *lutte armée entre
GUET-APENS n. m. représente une altéra-
groupes humains ou entre Étatsm (1080, faire lu
tion (1508, g& a pens) de la locution d’ugks apen-
guerre) et, par métonymie, se dit de tout cotit lo- s& uavec préméditation* ( 13531, d’abord en aguet
calisé dans l’espace et le temps, souvent précisé- upensé (12831, composée de uguet et du participe
ment désigné: cette valeur a donné lieu à de nom-
passé de l’ancien français apenser &fléchir, s’avi-
breuses expressions, comme guerre civile
ser de, (v. 11501, dérivé de penser (-, penser). L’an-
Km x19 s.), guerre de religion, guerre sainte (16901; cien fiançais a eu aussi de ugwuit purpensé Il 1501,
la locution nom de guerre <que prenaient les sol- de même sens, composé de ugmt et du participe
dats en s’enrôla& 11660) équivaut par figure à passé de porpenser =réfléchir, songer à)) (v. 10501,
pseudonyme ( 1671). Guerre révolutionnaire est dans dérivé de penser. 0 Par de guet a pens ( 15461,l’ex-
Hugo (1842). 0 Pour l’expression gagner la gueme, pression guet apensé est peut-être devenue guet
+ gagner. 0 Si bataille et conflit sont anciens (mais upens d’après upens <réflexion, pensée)) lav. 1191)
moins employés au moyen âge que estorl, combat utilisé dans des locutions comme de fuit et upens
n’appa;raît qu’au XVI~s. et guerre a peu à peu pris la (15561, de fait upens [ 16051 <<avecintention= ou en-
valeur de *vaste ensemble d’opérations militairesti, core par agglutination de a pens (de guet a pens,
par rapport à ces mots. 0 Guerre a aussi très tôt le 1546). L’tiuence de guet n. m., dérivé de gu&ter*,
sens figuré de «querelle, dissension entre parti- est par ailleurs évidente.
culiers~ (v. 1150, &knitiéB), d’où faire la guerre d
4 Guet-apens signifie en droit et couramment *em-
gqn (16401, et d’xaction entreprise pour supprimer, buscadem (1508) ; le mot s’emploie ensuite au figuré
détruire, Iv. 1190), dont procède l’expression JXW~Y
au sens de amachinationn Il 690) et, par plaisanterie,
en guerre contre qqch. ou qqn. Par extension, la pour *chose, situation soigneusement préparéen
guerre se dit (1680) pour qles questions militaires ; (1903, Huysmans).
l’organisation des arméess. De guerre -lutte armée,
viennent des locutions comme petite aerre C&I GUÊTRE n. f. est la réfection (1538, guestiel de
xwe s.; av. 1850, au figuré), k la guerre comme a la guestes ( 14261, guietres ( 14321, probablement issu du
&uerre ( 16901, de guet lasse (av. 1755) aen renon- francique *tit <cou-de-piedu, d’où sans doute par
çant à combattre)), de ibome @erre autrefois <<en métonymie «ce qui couvre cette partie du corpsn ; le
respectant les lois de la guerres (av. 1679, Retzl d’où fkncique est restitué par le moyen haut allemand
par extension “par des procédés loyaux)>. Dans tit, le moyen néerlandais gewreste et l’ancien an-
l’usage courant, la guerre, absolument, désigne les glais whist (d’où anglais WK& =poigneW. Gu&e,
GUETTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’apparition tardive, est sans doute k l’origine un est une réfection 11671) de agaitir Iv. 11201, aguei-
terme rural. ter Cl1771,dérivé de gaitier, ancienne forme de guet-
4 Le mot désime une pièce de tissu ou de cuir qui ter. 4 D’abord au sens disparu d’aembuscadem dans
recouvre le haut de la chaussure et s’emploie dans un texte de latin médiéval, le mot s’est employé
les locutions figurées tirer ses guêties ccpartirn seul Il 160, aguit) jusqu’à la fin du XVI~ s. au sens
(mil. XVI~ s.), laisser ses g&tres (quelque part) d’c<embuscade», d’où en agait ((en éveil, en train de
arnoti (attesté 17621, sorties d’usage, mais en- guetter>> Km XII~ S.I. II reste d’usage courant dans la
core connues par la littérature, et &&er ses locution adverbiale aux aguets «en position de
guêtres (quelque part1 “y allern, probablement is- guetteurb, puis (<sur ses gardes,, apparue au xvrre s.
sues du contexte militaire. oDe ce contexte, le ! 1636).
mot est passé au xtxe s. à celui de la mode mas- 0 voir ÉCHAUGUETTE.

culine, ceci jusque vers 1940. +b GUEULE n. f. est issu, sous les formes gode
F Le dérivé GUÊTRER v. tr. (1549, au participe et gueule Cv.1175; + gaule) précédées par gola Cfin
passé3 est rare. 0 GUÊTRON n. m. (1808) a dis- x” s.) puis gole Cv.11351,du latin gula cgorge, gosier*,
P=u* abouche, palais~ et, à l’époque impériale, agour-
mandise}}. Gula se rattache aux racines indoeuro-
GUETTER v. tr. est la réfection 11538) de guitir péennes ‘gwel-, ‘gwer- aavalern, probablement ono-
Cv. 11551, guaitier (10801, issu du kancique “wahtôn matopéiques.
asurveiller>>, restitué par l’ancien haut allemand + Gueule s’est d’abord dit pour «gorge, gosier>> 6n
wahten «faire le guetn, le moyen néerlandais wach- xe s.) et a même désigné (v. 1135, os de la gole) la
ten Nsurveillerjj, l’anglais to watch; ‘wahtôn dérive partie du cou où se placent les vertèbres cervicales.
d’un nom ‘wahta (voir ci-dessous guette). Le mot se dit ensuite de la bouche d’un animal
4 Guetter -surveiller* a été en ancien fknçais en (1176-1181) ou d’un être humain, spécialement,
concurrence avec garder (-garder), ce qui ex- comme organe servant à crier Cv,1174-l 1771, à
plique en partie son évolution sémantique. Le manger ou à engloutir (XIII~S.I. Appliqué aux per-
verbe a d’abord le sens de %Veiller (un mort)» (1080, sonnes, ces deux sémantismes ont produit de nom-
guaitier), puis celui de +nrveiller des personnes breuses locutions, comme fort en gueule ( 16561,
(pour les protéger)» Cv. 1130-I 140, gaitkrl, comme coup de gueule &lat de voix> ( 18911, taire (popu-
garokr. 0 Guetter, s’appliquant plutot à la surveil- laire) et fermer sa gueule (1747, tais ta gueule),
lance en cachette, prend aussi le sens d’flobserver gueule de buis cbouche sèche pour avoir trop bu))
(qqn) avec de mauvaises intentions}} Cv. 1135, @ai- (19021. 0 Le mot a pris par extension (XII? s.) le sens
tir), de <surveiller pour surprendren Iv. 1160-l 174, de Ngloutonnerie, gourmandisefi et par métonymie,
gaitir) et d’«attendre avec impatience (une chose à de agourmandn ; de là tic gueule cgourrnetn
venir), (XII~ s.l. Le sémantisme est acquis dès le erre s. Cv.18901, précédé de êtPe une EUX gueule (18471.
et tous les dérivés sont anciens. + Parallèlement, gueule s’emploie par analogie au
b GUETTE n. f., issu du fkancique ‘wahta <<le guetn sens d’aouverture béanten ( 11761,par exemple dans
(attesté par l’ancien haut allemand wahtu, la forme meule d’un canon, d’un four. -De gueule <bouche
latinisée wacta Iv. 8001 et l’allemand Yacht ala humainefi, emploi toujours plus ou moins grossier
garde»), a désigné un homme qui fait le guet ou péjoratif, vient le sens extensif et d’origine po-
Cv. 1135, guaitel. 0 Par attraction de guetter (sa pulaire wisage, figure» Km xvCdéb. XVII~s.), d’où
forme en faisant un déverbal) guette a eu le sens de procèdent une série d’expressions : Xagueule enfa-
avigilancen &n XIII~ s., waitesl et d’aaction de guet- rinée (XVII~s.; 1656, venir la gueule enfarkée), faire
term. Le mot est seulement d’emploi régional au- une gueule, avec adjectif 118981, une sale gueule
jourd’hui. * Guette, en parlant du moyen âge, se dit ( 19031, des termes d’injures, et des locutions
d’une tour d’où l’on guettait (attesté XVI~ s.), autre- comme gueule cassée cmutilé de guerre blessé au
ment dit tour de guet, et d’une trompette dont on visage», gueule noire amineur de charbon» (1894 ;
sonnait pour réunir le guet kvr” S.I. diffusé par le titre d’un ouvrage de E. Morel, Les
GUET n. m., déverbal de guetter, ou masculin de gueules noires, 19071. Ces derniers emplois at-
guette (voir ci-dessous), a désigné Cv. 1155, gatt) la testent un usage non péjoratif, comme une belle
garde chargée de la surveillance de nuit -d’où gueule, gueule d’amour et le dérivé de même sens
l’expression wrer de gait <être de garden (XIII~ s.l. GUEUGUEULE n. f. (fin XIX~ s.l. *Par extension
~Guet signifie ensuite ({action de guettep> (1225- Idéb. xx” s.3gueule prend le sens de <forme, aspect
1230, fere le guiet et <surveillance de nuits Cv. 1360). (d’un objetIn, par exemple dans les expressions
De guet correspond à «d’où l’on surveillen, par avoir de la gueule =de l’allure>, une drôle de gueule
exemple dans tuur de guet. «une allure curieuse».
GUETTEUR, EUSE n. et adj., apersonne qui fait le ~Ile gueule <<orgmepourcrie~~ dérive GUEULER
guetn En XII~ s., waitorl, a désigné spécialement v. <parler, crier, chanter très fort% (1660; 1648, selon
l’homme qui, placé en haut d’un befioi, était Bloch et Wartburg) qui se dit par extension pour
chargé d’annoncer toute espèce de danger. Guet- «faire du bruit- 118721et, par figure, au sens de “pro-
teur se dit en particulier (v. 13601 du soldat qui duire un effet très fortu (déb. XX~s., des couleurs qui
veille. oLe mot est aussi employé comme adjectif gueulent). 0 Gueuler est aussi un terme de chasse
hx” S.I. au sens de «saisir par la gueule>> Itr., 1762) ; l’emploi
AGUET n. m. (1065) est le déverbal de aguetter transitif au sens de Ncrier)> paraît récent CCnti s.l.
Kguetten, aujourd’hui d’emploi régional; ce verbe + GUEULADE n. f. US501 a-b est sorti d’usage,
GUERRE
t guerre

guerroyer
t
guerrier

francique t aguerrir

*V&I?RA
espagnol
GUERRA

guerilla - guérilla
t guerillero - guérillero

latin pris comme dérivb de


- duel
DUELLUM
J italien
BELLUM duello + duellista - duelliste

- DfLLfCVS bellicisme, -iste


L tdicosws belliqueux

- BELLARE
ancien français
I id?CllA?T - rcvcfcr se rebeller

rctcllio rébellion
t rctcflis rebelle

- BELLIGERARE
L bClligClWS

L 4 si vis paccm pArA tcflwwl P9


t
allemand
t PARABELLUM - paral3elIum

indoeuropbn
POLEMIKOS polémique
“El-
11agiter ~5 polémiquer
t polémiste
gr=
POLEMOS POLEMARKHOS
polémarque
(( chef de guerre $3
GUEUSE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

remplwé par GUEULEMENT n. m. «cri, hurle- en-, gueule et le s&e -él amal embouché)) 115811.
ment)) (av. 1870). *GUEULANTE n. f, quis’est em- +En dérivent ENGUEULEMENT n. m. 118401, EN-
ployé pour goualante, Mchanson populaire>>, signifie GUEULAGE n.m.(1&53),tieihetENGUEULADE
ais, clameurs)) (19391, comme GUEULÉE n.f. n. f. (18461, usuel avec le sens affaibli du verbe.
(v. 1175, geulbe; XII~~., goulée). -0 GUEU- Gueule entre enk dans la composition de noms et
LARD, ARDE adj. Sign%e «bruyant» ( 15671 et au fi- d’adjectifs. BÉGWEULE adj. et n. (de bée; + béer)
guré hnil.x~%.) «criard)). -0 GUEULARD n. m., appardt d’abord comme terme d’injure (14701,
employé en argot pour <<petitcanonn (17911, désigne sous la forme béegueule “qui tient la bouche ou-
enmarine (1904hnpotie-voix.+GUEULOIR n.m. verte>, puis bégu&e ssotte>>.0 Le sens moderne de
abouche (comme instrument à gueuler% est attesté <<prude» n’est attesté qu’au XVIII~s. ( 1746). + En dé-
en 1862 chez Goncourt mais est sans doute anté- rivent, aujourd’hui vieillis, BÉGUEULERIE n. f.
rieur Selon P. Bourget, le mot était utilisé fké- (17543 et BÉGUEULISME n.m. (17501. +GUEULE-
quemment par Flaubert pour désigner le bureau BÉE n. f. (de gueule réouvertures et bée ; + béer3 est
de travail où il clamait ses phrases pour en éprou- un terme technique qui signiCe atonneau à un seul
ver le style. fond» (1606 ; 1409, gueules bayéesl et <<décharge d’un
De gueule «organe pour mangern dérive GUEWLE- réservoir)) E1&2&1.-GUEULE-DE-LOUP n. f., terme
TON n. m, (1743) Nbon repasa, devenu familier au technique où gueule Sign%e <ouverture>, désigne
XIXe s., d’où GUEULETONNER v.intr. 11838). (apr. 1750) un tuyau coudé qui surmonte une che-
*@GUEULARD,ARDE n. (18081, vieilli déjà au minée et (1832) l’assemblage de deux pièces par
XIX~ s., signiCe encore régionalement <<porté sur les une surface courbe; le mot désigne plus courarn-
plaisirs de la table-; en dérive GUEWLARDISE n. f. ment, gueule ayant alors le sens de <<tête»,le muflier
11867) qcgourrnandise>> ou (amuse-gueule». Ces va- des jardins 11809). La variante gaule a produit elle
leurs sont anciennes sous les formes GOULIART aussi une série de dérivés.
(XIII~ s., godiars, golias), GOULARDISE (16111. +Le 0 voir DÉGOULINER, COULE (et GOULET, GOULOT. GOU-
sensfiguréd'~ouverhre béantenafournî @GUEU- LEYANTI.
LARD n. m. Cmil. XVIII~ s. ; 1395, en picard gheular
{(grosse cruche de laitier)), terme technique dési- 0 GUEUSE n. f. aurait été emprunté (15431,
gnant notamment l’ouverture supérieure d’un haut avec la variante guise au XVI~s, et encore chez Lit-
fourneau. + Gueule wisage~ a pour diminutif tré, au bas allemand ghe, pluriel de gos <coien(cf. al-
GUEULETTE n. f. (1933, aujourd’hui vieilli, comme lemand Gctns); le terme, utilisé par les fondeurs al-
GUEWGUEULE n.f. (tixrx”s.). lemands pour désigner les morceaux informes de
Gueule est à la base de plusieurs verbes pr%xés. fer fondu, aurait été introduit par les mineurs du
+DÉGUEULER v. tr., littéralement <<sortir de la Harz venus en France au xwe s, pour organiser l’in-
gueule>> (intr.), a eu le sens de Mparlep> 11482). OLe dustrie minière. Mais l’analogie de forme invoquée
sens moderne de ~womir~~ est attesté au XVI~”s. entre le corps de l’oie - en effet massif et gros-
11680) ; il est resté très marqué et vulgaire. + En dé- sièrement triangulaire - et le morceau de fer ne
rivent des termes vulgaires eux aussi, DÉGUEULIS convainc pas les ktymologistes. Ainsi, P. Gukaud
n. m. ~womîssure~~ (mo), DÉGUEULASSE adj. voit dans gueuse une variante normanno-picarde
(1867, dégueulas), assez démotivé et d’usage fami- de cueux, tueuse, qui tiendrait d’un participe passé
lier pour asaleB, <désagréable% et, au figuré, pour ocoxus, CO~U du latin populaire Ococere, pour le
Gnfâme~~. 0 Sur dégueulasse ont été formés, em- classique coquere ficuire)> et <<fondre» (+ cuire).
ployésaupropre et au figuré,DÉGUEULASSERIE
+ Gueuse, terme technique, désigne ( 15431 une
n. f. (1920) et DÉGWEWLASSER v.tr. (1963). +DÉ-
masse de fer fondu, telle qu’elle sort du haut four-
GUEULANDO adv. et n. m., aen détonant vers le
neau et, par métonymie, le moule dans lequel on
grave)‘, a été formé plaisamment sur le modèle des
coule le fer en fusion (ce sens est considéré comme
termes de musique empruntés à l’italien (cf. glis-
le premier par le dictionnaire de Thomas Cor-
sando). + D’autres dérivks du verbe, tels DÉGUEU-
neille, 16941.
LEMENT n. m. (18631 et DÉGUEULATOIRE adj.
(1907) “qui fait dégueuler, écœurant}} sont plus
rares. - Enfm &gueuZasse est abrégé en D~GUEU GUEUX, GUEUSE adj. et n. est en général
adj., surtout employé dans c’est pas dégueu <<c’est considéré comme emprunté (mil. xve s.3 au moyen
bien, c’est bon-. néerlandais guit *coquin, fripon>; le féminin,
ÉGUEULER v. tr., qui a eu le sens d’&gorgep> d’abord gueue I14541, a été refait sur le modèle des
113961, a pris au XVII~s. ( 16901le sens de <<détériorer mots en -eux, -euse. Selon P. Guiraud, gueux serait
un récipient par l’otite» Iwpar la gueule>4 plutot un doublet de queux ~~cuisinier», et à ratta-
* ÉGUEULEMENT n. m. (1617) Ggorgemenh puis cher au latin coqusre ucuire*u, #faire fondre» et
aaction d’égueuler>> (17981 en est issu. + S'ÉGUEU- Ntourrnenter, importunerm, tous les noms du men-
LER v. pron. ( 15641 (<sefatiguer la gorge à force de diant comprenant l’idée d’aimportuns (cf. truati,
crier}} est vieilli. coquin, taquin, etc.).
ENGUEULER v. tr., d’abord <<mettre dans la + Gueux a d’abord eu le sens étyrnolo@que de «CO-
gueule)) kwe s.1, a pris le sens moderne d’kwecti- quin)) Imîl.xv" S.I. oDès le XV”~., le nom féminin
ver grossièrement qqn)> au XVII~ s. (1783). Cet em- 0 GUEUSE désigne 11454 une femme de mauvaise
ploi, influencé par gueuler ccrier)), s’est a&ibli en vie, d’oti la locution courir la gueuse ase débau-
(critiquer, faire des reproches)). Le verbe avait été cherm (18081, 0 Parallèlement, gueux s’est dit d’une
précédé par l’adjectif ENGUEULÉ, ÉE (formé SUT personne qui vit d’aumônes 11458) d’où, par exten-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1663 GUIDE

sion, les sens aujourd’hui vieillis de «personne GUICHE n. f., réfection (XIII~s.>de &ige (108Ol et o>
pauvrem (1545) et de =Personne qui n’a pas de quoi guinck, est probablement issu du francique “whi-
vivre selon son étatn (1654). Ces deux derniers sens tig &en d’osier».
fournissent au xvrie s. des emplois adjecta (respec- + Guiche désigne la courroie utilisée pour SUS-
tivement 1654 et 1648) ; dès 1615, gueux est attesté pendre un bouclier, un cor de chasse, aujourd’hui
comme adjectif avec la valeur de w,oquin ; ces va- terme d’archéologie ll se dit aussi Cl7041 d’une
leurs sont archtiques. bande d’étoffe attachée de chaque côté de la robe
Gueuse n. f. a désigné figurément, au sens de «Pau- des chartreux. +Le composé ENGUICHURE n. f.
vressem, une variété de dentelle (16691 puis une (1351) appartient au vocabulaire de la chasse.
étoffe sans valeur (17231, * Gueux n. m. (1830) ou Un autre sens de guiche *accroche-cœuru est peut-
gueuse n. f. (1851) se disait d’un pot de grès dans le- être issu (1876) d’une analogie avec la guiche des
quel on pla@ des braises; ces sens viennent sans chartreux. Selon Esnault, le mot, dans ce sens,
doute du fait que les personnes utilisant ces objets viendrait du nom de Louis Henri Casimir, marquis
ou ces tissus étaient de condition pauvre. de la Gui& 11777-18421, promoteur de cette coif-
w Les dérivés de gueux sont aujourd’hui sortis fure où les cheveux étaient collés aux tempes (1847,
d’usage. + GUEUSER v. intr. 11501, in Bloch et favoris taillés ù lu Guiche) ; il s’agirait alors d’un ho-
Wartburgl *vivre en gueux, mendierm, GUEU- monyme, mais cette étymologie a pu être suggérée
SAILLE n. f, 11630) «groupe de mendiantsn, EUEU- a posteriori. Guikhe aaccroche-cœur’ s’emploie
SARD, ARDE adj. et n. (1807). *GUEUSERIE n. f. couramment au pluriel (1878) ; par métonymie, le
*condition de gueuxm ( 1606) puis *chose de bas prixm mot a désigné Il8761 le monde des souteneurs,
( 1624) et -action vile, (1808) se dit encore en histoire ceux-ci portant des favoris & la Guiches.
de l’art, à propos du XVII~s., d’une peinture repré- 0 Voir AGIJICHER.
sentant des gueux Iles gwusetis de Callotl.
GUICHET n. m. est probablement issu (v. 1130) @)
0 GUI n. m., attesté en 1372 (peut-être guy en de l’ancien nordique vik abaie}}, et Kcachette, re-
1347, mais le sens est douteux), est issu du latin ti- coinn, avec l’tiuence, pour l’ancienne forme @is-
cum comme l’ancien provençal vesc (erresJ. Vis- Aet, de uisset km” s.1,diminutif de uis, huis aportes
cum, qui signifie egui~ et Nglw, est peut-être ap- I+ huis). Pour P. Guiraud, l’existence de l’ancien
parenté au grec ikzsos <glus; son dérivé ticosus a provençal guksqwt (variante visquet) rend peu pro-
donne tiqueux*. Les formes tic, vkt, tif ti x19 s.3 bable cette origine; rapprochant guisqu& de vis-
viennent de l’influence des mots issus de hibiscus curd, visquetahabile, éveillé= et guisquetde @~~COS
(+ guimauve) ; le gest sans doute dû à l’influence de arusé, habilem, il suggère de rapporter l’ensemble
l’ancien francique “tihsila CgriotteB (-+ guigne), les de la famille au latin Yisere avoirs, par l’intermé-
fruits des deux plantes ayant quelque ressem- diaire d’un gallo-roman “vlsicare, doublet de visi-
blance. tare I+ visiter). La formation serait analogue à celle
de l’ancien provençal guinchet aguiche& sur le
+ Outre une valeur symbolique de plante du nouvel
verbe @inchar wegardep.
an hu gui l’un neufl, le gui évoque les coutumes re-
ligieuses de l’ancienne Gaule Iles druides, etc.), + Guichet a désigné Iv. 1130) une petite porte prati-
thème développé particulièrement par Chateau- quée dans une porte monumentale, une muraille,
briand et les romantiques. d’où l’ancienne locution passer le guichet aentrer
en prison- Cv.15901.0 Par analogie, le mot s’est dit
.Le dérivé GUIAGE n. m. (1879) Sign%e wra-
d’un passage étroit 11690, les gkchets du Louvre),
chage du guk il est rare.
puis désigne (17671 une petite ouverture pratiquée
dans une porte, un mur, par laquelle on peut faire
0 GUI n. m. est un emprunt ( 1687) au néerlandais
passer des objets, ou parler à qqn, valeur spéciali-
gi&, gijk.
sée (18621 pour la petite ouverture par laquelle le
4 Terme de marine, il Sign%e aespar wrondi sur le- public communique avec les employés d’une ad-
quel se borde une voile à corne,. ministration; le mot demeure utilisé même quand
les opérations se déroulent de part et d’autre d’un
GUIBOLLE n. f. représente une altération simple comptoir.
(1836) de la forme guibonne <<jambe- ( 1836) encore b GUICHETIER, IÈRE n. a désigné ( 1611) la per-
chez Richepin à la 61 du x~? s., et sans doute déri- sonne qui ouvrait et fermait le guichet dune prison
vée du normand guibon acuissen (2” quart de et, par extension, un geôlier ( 1668). 0 Au sens mo-
XVII~s.1,qui est apparenté à l’ancien verbe @er ase- derne de apréposé à un guichetp, le mot est attesté
touer, remuer bras et jaTnbe+ (xrr” s. ; cf. re@ber en 1941 au féminin mais doit être antérieur.
aruerp ; + regimber) ; le passage de g- à &- est dû à
l’inlluence de mots à initiale gamb-, de la famille de GUIDE n. m. et f. est un emprunt (1370, n. f.1 à
iambe (mais ogamboZle n’est pas attesté), l’ancien provençal guida acelui qui conduitB
+ Guibolle, équivalent familier de jambe, surtout en (av. 12921, et aussi -conduiten Ixme s.), déverbal de
tant qu’organe de la marche, s’emploie par gutir *condtiren C2demoitié xie s.), ou à l’italien
exemple dans la locution en avoir plein les gui- guidu de même sens Iv. 13003,déverbal de guidare
bolles (xx” s.1 <être très fatigué d’avoir longtemps flaccompagner qqnp ~III” s.3.L’un et l’autre sont is-
marchém et aen avoir assez de qqch.» (cf. plein les sus du gotique Owidan, attesté dans le dérivé gu-
pattes). widun Natteler ensemble*. Guide s’est substitué à
GUIDER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’ancien francais guie achef, guide>> (XIII~ s.), déverbal compagnie d’où, par métonymie (16111, celui qui
de guier (3 guider). porte cet étendard. De là viennent les sens de
+ Guti conserve le sens étymologique de riper- ((fanion utilisé pour détemniner l’alignement dans
sonne qui conduit)), au propre (13701 et au figuré des manœuvres d’infanteries (1825) et, vieilli (18911,
(xv” s.) ; il s’emploie aussi au féminin jusqu’au «fanion d’une équipe sportive)). 0 Depuis le XVI~s.
xvf siècle. Il s’est par ailleurs spécialisé au xrxe s. guidon, comme guide nom masculin et féminin, dé-
pour désigner la personne qui conduit des ascen- signe 11503) un ouvrage qui donne des rensei-
sionnistes en montagne (1821) et des visiteurs dans gnements sur un sujet ; le guidon des finances a été
un lieu d’intérêt touristique ( 1842) ; d’où l’expres- célèbre au XVII~s. (1668). Ces emplois ont été élimi-
sion suivez le gu&. 0 Par analogie, guide se dit au nés par guide, n. m. 0 Parallèlement, guidon s’est
XVI~s. d’un principe directeur qui inspire qqn ( 1534, dit (15291 de ce qui sert de signe pour se guider et,
n. m.). 0 Par extension le mot s’emploie à propos par analogie (16221, d’un signe de renvoi dans un
d’un ouvrage qui renferme des conseils d’ordre texte. Le mot prend ensuite 11673) le sens de <<pièce
mord, spirituel (1552, n. f. ; déb. XVII~ s., n. m-1. À la en saillie sur une arme à feu qui aide à viser, qui
même époque apparaît le sens moderne aouvrage guide le regard>) et une acception technique en mu-
destiné à aider les voyageurs (en donnant des înfor- sique ( 1680). +Au XIX~ s. guidon désigne (1869) le
mations sur un pays, etc.1))La Guide des chemins de tube métallique qui permet d’orienter Ide guider)
fiunce, de Charles Estienne semble le premier du la roue directrice d’un véhicule à deux ou trois
genre (zde éd., 1552). roues. Ce sens s’est implanté et est devenu courant
Appliqué à des choses, le mot prend, à partir du avec la diffusion de la bicyclette ; des syntagmes
XVII~s., d’abord en fkancais populaire (1607, 1609 correspondent aux différentes formes : guidon de
[P. Rézeaull, les sens techniques de crênesn (1676, course, guidon droit, etc., mais les guidons ont été
n. f. pl.), en menuiserie (1676) aappareil pour guider éliminés par les volants en automobile. +De gui-
l’outib puis ( 1757, n. m.) d’«organe mécanique qui don dérivent GUIDONNAGE n. m. 118691, équi-
dirige un mouvement>>. En électronique enfin, on valent technique de Nguidage», et GUIDONNER
nomme guide d’ondes un système transporteur des v. intr. EV.19701,terme de moto.
ondes radar. oDésignant des personnes, guide se
dit du militaire sur lequel on règle l’alignement et
0 GUIGNE n. f., réfection Ixv” s.1 de guine 9)
Iv. 13931,est un mot d’origine incertaine. II est peut-
la marche (1825). + Une guide, n. f., désigne ( 19301
être issu du francique “wihsila NgriotteB}, restitué
une jeune me qui appartient à un mouvement de
par l’ancien haut allemand tihselu (cf. allemand
scoutisme féminin -d’où GUIDISME n. m. (1960;
Weichsel), mais cette hypothèse ne permet pas
d’après scoutisme3.
d’expliquer le -II-, que l’on retrouve dans les formes
b GUIDEROPE n. m., introduit (1856, guide-rope) dialectales kmgevin guindole, provençal gkndol) et
par Baudelaire dans une traduction de E. A. Poe, romanes (espagnol guindai. 0 Pour P. Gukaud,
est emprunté à l’anglais guide-rope (xrv” s., gyde- guigne comme griotte désignant une cerise à sa-
ropel, de gui& emprunté au tian@s, et Tope veur acide, le mot pourrait représenter l’adjectif la-
acorde>. tin vineus «de vin», dérivé de vinum kn*~, par l’in-
termédiaire d’une forme “vineu 4hitl ayant
GUIDER v. tr. représente une réfection ( 13681, l’acidité du vin)) ou &-uitl ayant la couleur du vin»;
d’après guide (+ guide), de l’ancien tiançais guier les dérivés latins de vinum rendraient compte de
=Conduire, guidep (10801, issu du francique ow~~~~ l’ensemble des variantes du mot I’tinula pour
gmontrer une direction} attesté par l’ancien haut guinle, “vinitu pour guinde).
allemand tizan et l’ancien saxon ~I!~II Mreprocher
+Le mot, devenu rare ou régional, survit dans
(qqch. à qqnb et l’anglo-saxon wisian <<observer,
l’usage général par la locution s’en soucier comme
suivre une direction,.
d’une guigne (187’7, Zola), laquelle, comme des
4 Guider conserve son sens initial, {{accompagner mgnes! arien du tout>) (vieilli), correspond à un sé-
(qqn) en lui montrant une direction» d’où (1516) mantisme usuel (le petit fruit est assimilé à une
se guider «trouver son cheminn. Le verbe signSe fi- quantité négligeable, cf. des nèfles, pour des
gurément (1433) «conseiller, aider (qqn1 à choisir prunes...l.
une directionn; il se Spécia[lise ensuite, avec un su-
F GUIGNOLET n. m. <<liqueur de cerises= est formé
jet nom de chose, aux sens d’Maider $ trouver son
(1823) sur guignole, variante normande de guigw,
chemin» t 15491, d’où {{être le principe directeur de
issue de Otineola, dérivé de vineus.
(qqchb 115851, et de «diriger, faire aller dans une
certaine directions Il 550). 0 GUIGNE + GUIGNER
b De guider dérivent : GUIDAGE n. m. au sens gé-
néral d’Action de guider» (1611), surtout utilisé GUIGNER v. tr. est probablement issu (v. 1175, o>
dans des emplois techniques &Mallation servant à guignier; xve s., guigner) d’un gallo-roman “gwi-
guider)> (18721, puis en aéronautique (19481, en as- nyure, lui-même aboutissement par dissimilation
tronautique (1973). + GUIDANCE n. f. Iv. 19503 Se consonantique d’un fkncique oti~&~ afaire
dit d’une méthode d’assistance aux enfants. * Ces signe», variante de Owinkjun, restitué par l’ancien
dérivés restent motivés, alors que guidon a pris une haut allemand winchjan, l’allemand tinken.
existence autonome. 4 Guigner a signif& en ancien français «faire signe
GUIDON n. m., avec le sens général de <<cequi de l’œil Ià qqn)* (v. 1175) et dans plusieurs dialectes
guide>>, a désigné d’abord ( 13731 l’étendard d’une 4oucher» (Est, Sud-Est) et aremuer, en provençal.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1665 GUILLOCHER

Par extension, le mot prend le sens de cregarder à L’ancien français gelde, au moyen âge Nbande de
la dérobéen (1536) et par figure de <guetter avec soldats à piedn( 11551,d’où l’ancien -français geldon
convoitise» Il 640). <<soldatD (me s-1, est sans doute issu du kancique
“gilda, de la même famille que le moyen néerlan-
F Le dérivé GUIGNON n. m. (1609) correspond au
dais gilde; ce sens vient probablement du fait que
sens eregarder de côté de façon défavorable>);
l’idée de «mauvaise chancen vient de la superstition certaines fonctions des associations avaient un ca-
commune du amauvais œiln. 40 GUIGNE n. f. a le ractère militaire. Avec la hanse, la guilde fait partie
même sens ! 1811; 1866, potier h guigne) et on des institutions fondatrices de l’économie mo-
trouve aussi avoir la guigne 4ouchera> ( 1864). * Plus derne.
vivant que guimn, qui évoque le XIXes. (en parti- GUILLEDOU n. m., attesté en 1620 dans la lo-
culier Baudelaire), guigw amalchancen a pour cution courir le guildmu 11640, ... Ee guilledou), est
équivallent argotique, d’aprés le sens de l’homo- d’origine incertaine. Le mot est peut-Sire composé
nyme, cerise. 4Le composé de guignon, ENGUI- du radical de l’ancien français guiller 4romper, sé-
GNONNÉ, ÉE adj. (1813) «qui a du guignon>> est duirem (XII~s. ; + guilleret) et de l’adjectif doux”, au
sorti d’usage. ~GUIGNARD,ARDE adjA8801etn.
sens de «tendre, agrbablem.
(18861, dérivé de guigne ou de guigner, est vieilli,
plus encore que guignon. + Le mot n’est usité que dans courirle guilledou aal-
0 Voir GUIGNOL.
ler en quête d’aventures galantes>.

GUILLEMET n. m. représente probablement


GUIGNOL n. m. est l’emploi comme nom com- un diminutif (1677) de Guillaume, d’après le nom ou
mun 11847) du nom du canut lyonnais Gui@~~l (va-
le prénom de l’imprimeur qui inventa ce signe, ap-
riante Chignol), dont Mourguet fit le héros de son
paru pour la Premiere fois en 1527 mais pas encore
théâtre de marionnettes, à la ti du XVIII~s. à Lyon;
désigné sous ce nom. Les expressions guillemets
guignol, proprement <<celui qui cligne de l’œilm, est
ouvrants, femants sont plus tardives (1806). La lo-
dérivé de guigner (-, guigner).
cution figurée entre memets ID? s.1 marque
4 Au milieu du XIX~ s., un guignol, <<marionnette sans qu’on ne prend pas & son compte le mot
-fils, se dit par analogie d’une personne involon- a qu’on em-
ploie.
tairement comique ou ridicule (18561; il a aussi le
wLe dérivé GUILLEMETER v.tr. (18001 ({mettre
sens de Ncabotînn. oLe mot désigne par métony-
entre guillemets> a fourni GUILLEMETAGE n. m.
mie (1866, après théûtie à la Guignol, 1852) le
(xx” S.I.
théâtre de marionnettes et les pièces dont Guignol
est le héros. GUILLERET, ETTE adj. est probablement
F Le dérivé GUIGNOLADE n. f. a désigné une farce dérivé fv. 1480) de l’ancien lançais guiller, guiler
proche de celle du théâtre de marionnettes (me s. ; «tromperx (XII~s.), de guile <<ruse,tromperieN (xn” s.),
variante guignoleti, 1904, utilisée par F. Janmes); issu du francique Owigila aruse», restitué par le
par analogie le mot signSe ((situation, discours ri& moyen haut allemand gîlen «se moquer de)>.
wle)),sens que l’on a dans GUIGNOLESQUE adj. $ L’adjectif s’est employé au xve s. au féminin
(me s.l. +GUIGNOLER v.intr. (19181, «faire le gui- Cv. 1480, guillerette) pour (<pimpante, séduisante%.
gnol>), est d’usage littéraire et rare. +Le composé 0Le sens moderne, “qui manifeste une gaieté
GRAND-GUIGNOL n. m., nom d’un théâtre pari- vive=, apparu au xvre s. (15361, est resté courant, et
sien spécialisk dans les pièces d’horreur tragi- se soutient par la paronymîe de l’initiale gui- avec
comique, est très employé pour désigner un genre gui.
de spectacle hotique et sanglant d’un mauvais bLe dérivé GUILLERETTEMENT adv. (18451 est
goût outrancier. on a pour dérivé GRAND-GUI- rare.
GNOLESQUE adj. ahorrifique, grotesquement hor-
GUILLERI n. m., mot sorti d’usage, également dé-
ribleti.
rivé de l’ancien verbe guiller, a désigné (16081 le
chant du moineau et par métonymie C17751un moi-
GUILDE ou GILDE n. f. est un emprunt (1282,
neau; c’est aussi le nom CCornpère Guilleri) d’un
@de; 1260, en ancien picard geuckl au latin médié-
personnage de chansons populaires.
val gilda (11251, forme latinisée du moyen néerlan-
dais gilde U&nion de fête, banquet de nature syrn- GUILLOCHER V. tr., apparu au participe
bolique et religieuse)). Ce mot etait surtout utilisé passé au milieu du XVI~s., représenterait un em-
dans les régions bordant la mer du Nord (ancien prunt modSé à l’italien du Nord gkocciare “gout-
nordique gildi, ancien tison jelde, allemand Gilde), tep) (attesté en 15851, variante de gocciare sous l’in-
et en était venu à désigner des associations de mé- fluence de ghiotio <glouton» (du latin populaire
tiers dans les villes flamandes. ogluttus; + glouton) ; ghiocc&e a dfi Sign%er «orner
4 Le mot entre avec cette valeur en Picardie et en de lignes entrelacées> - l’italien gocciu et le fran-
Flandre : il se dit d’une corporation de marchands çais goutie ayant eu un sens architectural au
(1260, picard gez.&3, d’artisans (1282, gilcid puis xvle siècle. Gocciare est lui-même issu du latin po-
tombe dans l’oubli ; on retrouve guilde au xvme s. pulaire gutiure, dérivé du classique gutta <<goutte,.
(17881 comme terme d’histoire médiévale. Guilde 0 Pour P. Guiraud, &Hocher serait plutôt un dé-
prend par extension au milieu du axes. le sens rivé de guille, variante de quille comme le dialectal
d’aassociation qui procure k ses adhérents des guille <<cheville, chevronn, le guillochis étant en
conditions commerciales particulières)). forme de traits entrecroisés et non en forme de
GUILLOTINE 1666 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gouttes; mais cette évolution de sens, par la valeur raud part du fait qu’en provençal guimbard Sign%e
de goutte aornementp, n’est pas à exclure. aboiteuxm et désigne divers instruments de fqon
b Guillocher -orner de traits gravés en creux et en- péjorative (des instruments qui wont de traverw,
trecroisésm a fourni les termes techniques GUIL- au propre et au figuré) pour supposer que guim-
LOCH~S n. m. (1555) <ensemble de traits guillo- barde est un composé tautologique de guinguer
chésn , archaïque; GUILLOCHEUR n. m. (17561, *sauter de travers* et de barder aglisser en traversm.
GUILLOCHAGE n. m. (17651, GUILLOCHURE n. f. 4 Guimbarde s’est appliqué au début du X~~II~s. à
(1858) et GUILLOCHE n. f. (18663, tous techniques. une héroine de roman (attesté 16201, d’où l’emploi
du mot pour désigner une mode 11622, mode CGlu
GUILLOTINE n. f. a été formé (1789) à partir guimbarde), puis une danse (1625). On peut y ratta-
du nom d’un médecin, Guilloti~t f1738-18141, qui cher le sens ancien de afemme méprisablem (1671),
préconisa l’usage de cet instrument de supplice in- encore utilisé par Zola et quelques auteurs au dé-
venté par le médecin Louis Conl’appela la Zoutsetie) but du ti siècle. 0 De là vient sans doute aussi
pour abréger les soufEances du condamné à mort; guimbarde =nom de la reine de cœw et -jeu où la
un instrument analogue à la guillotine était utilisé reine de cœur porte ce noms (17521. +Guimbarde
depuis le XVI~s. en Italie, remplaçant la décapita- se dit ensuite ( 17231 d’un long chariot couvert,
tion à la hache ou au sabre. parce que les cahots donnent l’impression que Ta
+ Apparu en français en 1790, le mot est tristement voiture danse; par extension, le mot signii?e (1828-
typique de l’époque de la Terreur ; après la Révolu- 1829) #lourde voitures, puis t 1862) <mauvaise voi-
tion, il est resté l’emblème de la peine de mort en turen, seule valeur moderne, appliquée plus tard à
France, avec ses appr&s plus ou moins synibo- l’automobile. *Par analogie de forme avec les ri-
liques, jusqu’à l’abolition de cette peine. 0 Par ana- delles des voitures, gUmburd.e désigne aussi (1739)
logie, le mot est utilisé dans la locution adjective à un petit instrument de musique fait de deux
guibtie ( 1830, fen&e, cisaille Ù guillotinel. 0 Par branches de fer et d’une languette métallique puis
métonymie (18723, guillotine se dit du supplice. divers instruments de musique rudimentaires et,
spécialement ( 18531,une mauvaise guitare. Par une
b Du nom a été dérivé GUILLOTINER v. tr. C17901,
autre analogie de forme, le mot désigne aussi (17711
d’où (également en 1790) GUILLOTINAGE n. m.,
un outil de menuisier.
GUILLOTINEMENT n. m., d’emploi rare, GUIL-
LOTINEUR n. m. (17973, employé par extension b De l’emploi en musique vient le dérivé GUIM-
pour <responsable des exécutions par guillotinem, BARDIER n. m. cjoueur de guimbardem (18481,
et GUILLOTINADE n. f. (17971, formation analogue comme la variante GUIMBARDISTE n. (1866).
à noyade.
GUIMPE n. f. est une altération (1564) de o>
GUIMAUVE n. f. succède (XXII”s.) à wid malve, @impie (v. 11401issu du tiancique Owimpil &Chu de
wimauve (me sd, composé, pour le premier élé- têtew, attesté par l’ancien haut allemand wimpal et
ment, d’une forme issue du latin impérial hibzkum le moyen néerlandais wumpel acoiffe»; l’allemand
@mauve=, emprunt au grec hi&&os <mauve% Wimpel abanderole>).
(-+hibiscus), après aphérèse (d’où “viscul, et sous 4 Le mot désigne d’abord un morceau de toile qui,
l’influence du germanique oti~& (-+ gui) - d’où couvrant la tête, encadre le visage cv. 11403, spé-
un passage de v- à g-w ; le second élément malve, cialement d’une religieuse ( 1225- 1230, guimpk;
mauve est emprunté au latin classique malvu 1660, guimpe de rel&Jkuse) ; par extension, il se dit
flmauve*m. On a de même en italien et en espagnol d’un volant de dentelle (1812, robe à guimpe) et
malvwisco, a partir de omulwz viscu. d’une chemisette de femme en tissu léger (18401.
+ Guimauve est le nom d’une plante herbacée de la F Le dérivé GUIMPER v. tr. a si@é Iv. 1170, soi
famille des malvacées C+ mauve); par métonymie, guimplerl *vêtir d’une guimpe% et, par allusion à la
le mot désigne dans pâte de guimauve (1811) une guimpe des religieuses, Nfaire entrer au couventm
fkiandise, pâte molle et sucrée, parfumée à la gui- (1691). oLe verbe est ensuite devenu un terme
mauve. 0 Guimauve en ce sens s’emploie au figuré technique, probablement par métaphore sur le vo-
Qde moiti6 me s.1en parlant de ce qui est fade, sans lant de dentelle ou encore sous l’tiuence de gui-
expression, dans un récit. per*, au sens (xx” 5.1 de ~recouvrir (un ti1 de plu-
sieurs cl!!5torsadés~.
GUIMBARDE n. f. est un emprunt (1622) au
provençal moderne guimbarde 4nstrument, out& GUINCHER v. intr. représente peut-être une 6)
amauvaise barquen, relevé dès le WII~ s. au sens de variante (attesté en 1821) de l’ancien lançais gwn-
*dansen (1617, à Toulouse ; aussi achansonn 1622) et chir <obliquer, esquivep ~E”S.), du francique
peut-être dérivé de guimbu csauten ~VII@s.; + gui- “wenkjan avaciller, chanceler, (+ gauchir).
bolle; regimber). Ce verbe correspond à l’ancien
provençal guimar Kbon& Il 150-l 173, au figuré), 4 Le verbe, qui signifie d’abord adanser au cabaretm,
s’emploie ensuite pour CdanserB en général (1866).
venu du gotique ‘timon (attesté par l’ancien saxon
up-wimon as’élevepb, l’ancien haut allemand we- Il est d’usage familier comme ses dérivés.
môn &otter, ondoyer»). Le passage de III- à mb- est b GUINCHE n. f. et m. signifie *danses (1821, n. f.1
dû à l’influence de cuPnbo =jambeB; il se pourrait et, par métonymie, ubal, (1879, n. f.; 1855, n. m.).
aussi que, le gascon mod%ant mb- en m-, -gUima + 0 GUINCHE~R, EWSE n. (me s.) adansew est
ait été senti comme une forme gasconne. * P. Gui- resté, comme guinche, plus marqué que le verbe.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1667 GUIRLANDE

0 GUINCHE~R adj. et n. m. est un dérivé de l’an- P. Guiraud, & guingois «de travers>> (aussi au xve s.,
cien verbe guenchir. Terme d’hippolo@e, guin- a gingois) s’apparente plutôt à guincher, issu du
cheur se dit (1877) d’un cheval qui, en approchant timcique Owenkjan, variante ‘wing@n (-, guincher).
de l’écurie, Cappe du pied et cherche à mordre. +L’expression est familière pour ade traversn.
+ Guingois n. n-r., dans le dictionnaire de l’Acadé-
GUINDAILLE n. f., mot wallon d’argot estu- mie depuis la première édition (16941, n’est pas at-
diantin 118801, est sans doute une altération de go- testé auparavant; on n’en trouve que très rarement
daille* sous l’influence du picard et du wallon des exemples dans l’usage moderne (un chez
guinse «beuverie » (du francique “winst ((bénéfice, Huysmans, 18791.
gain4 ou de l’argotique GUINDAL, n. m. <<verre à
boire)) ( 18441, d’origine incertaine : on le trouve GUINGUETTE n. f. représente la substantiva- e)
dans l’argot des bouchers (18671, et faire guida1 tion ( 1694) du féminin de l’adjectif guinguet &roitB
&-înquer~> est attesté (18921 dans l’argot des étu- (en parlant d’un habit), issu selon Bloch et Wart-
diants. burg de l’ancien verbe ginguer esautep>(xv” s.), dou-
+ Guindaille se dit régionalement (Belgique) d’une blet de giguer 13 gigue), ce qui est peu satisfaisant
réunion et d’une beuverie d’étudiants et, par ex- quant au sens. P. Guiraud rattache le mot au fran-
tension (19121, d’un repas bien arrosé. cique owen~~un par l’intermédiaire d’un germa-
b En dérivent GUINDAILLER v. intr. (xx” s-1 et nique ‘wi&an (cf. l’ancien haut allemand tinkan
GUINDAILLEUR, EUSE n. «marcher de Côt&), mais la date d’attestation pa-
raît alors bien tardive.
GUINDER v. tr. est une réfection de M&er + Guinguette s’est dit ( 1694) d’un café où l’on danse,
Iv. 11551, issu de l’ancien nordique vinda «brandir; surtout dans le milieu urbain, de la fm du xrxes. aux
enroulern, mot introduit en Normandie par les Vi- années 1930. c=Le mot a désigné aussi (1718) une
kings. maison de campagne, sens disparu au me s.
4 Guinder est employé à l’origine comme terme
technique de marine pour <<hisser au moyen d’un GUIPER v. tr. est issu (13501 du tiancique ‘w@un o>
treuil>>. De là vient le sens figuré Ixvre s.) de udonner <<envelopper de qqchm, restitué par le moyen néer-
une élévation, une tenue factice qui s’accompagne landais wîpen <couronner» et le moyen haut alle-
d’un manque de naturelb et adonner un tour af- mand wîfen 4ortiller~~ ; le w- étant passé à g-, le mot
fecté», plus courant au participe passé et au prono- a du être introduit en gaUo-roman bien avant le
minal kvIt” S.I. xrve siècle.
F GUINDÉ, ÉE adj. signi& d’abord aserré (dans ses 4 Guiper est d’abord un terme de passementerie au
vêtement& (15801, puis “qui manque de naturel- sens de apasser un brin de soie sur ce qui est déjà
(1643) d’où, par extension 116541, decté, ampou&, tors)); il a pris plus récemment diverses acceptions
en parlant d’un écrivain et du style. +De guinder, techniques, notamment en électricité (xx” s.) <<en-
terme technique, dérivent dans le vocabulaire de la tourer (un fil) d’un isolant3.
marine GUINDAGE n. m. (13861, GUINDERESSE F Du verbe dérivent GUIPURE n. f. (1393,ghippurel,
n. f. (1525) “gros cordage pour guinder», GUIN- plus courant que le verbe et qui a des emplois figu-
DANT n. m. ( 1643, gindunt) ahauteur utile (d’un rés bf s.), et les termes techniques GUIPOIR
mât)>>. n. m. ( 17233 nom d’instrument et GUIPAGE n. m.
GUINDEAU n. m. ( 16421, (<sotie de treuil>>, vient par (18671,nom d’action.
substitution de suffixe de l’ancien français guindas
(11551, issu de l’ancien nordique vindbs, du verbe GUIRLANDE n. f., réfection (15401 de guer- 6)
tinda et de kss «barre)); on relève aussi guindaulx lande (14031, est un emprunt à l’italien ghirZun&
((treuil d’arbalètel (1436). L’expression virer au couronne de fleurs ou de feuillages» Ixnr” s.), lui-
guindeau est connue par les chansons de marins. même emprunté à l’ancien provenqal guirlanda
aouro~e de fils d’orm 12de moitié me s.1 -d’où
GUINÉE n. f. représente une francisation ( 16691 guirlundar 4Yubler dune coifIùren Iv. 1200). Le pro-
de l’anglais guineu 11664)de Guineu, nom anglais venqal, comme l’ancien fran@s gurlan& (du XIII~
de la Guinée, parce que les premières pièces au xve s.), a pour base un tiancique ‘wëra, devenu
furent frappées avec l’or provenmt de Guinée. Iv. 800) ‘weara Id’oti garlartde et guerlundel et
+ Le mot désigne une ancienne monnaie anglaise, “tiara (d’où guirlanda) et désignant un bijou porté
frappée de 1663 à 1813, vahnt 21. shi&ings et servant sur la tête comme diadème ou couronne, sens at-
encore de monnaie de compte. + Guinée est par testé par l’ancien haut allemand wiuru, wieru. On
ailleurs le nom d’un tissu, tiré (1682) de l’expression explique la Enale -ande en supposant une dériva-
toile de Guinée (16661, du nom de la région a& tion en -anda à partir d’un ancien verbe en -eler,
caine, sans doute parce qu’on se servait de ces -elar (formé sur un francique OtiurOn, “tirMI.
toiles grossières pour le troc avec les Africains ; le Pour P. Guiraud, guirlande est sa rapport avec
mot est tombé en désuétude en ce sens. garZa& <<cloison, créneau, (qui serait un déverbal
de garlander), et -ande est un collectif, sur le mo-
GUINGOIS (DE) ~OC.adv. apparaît au xve s. dèle de tivenda, legenda, etc.
Cv.1440- 14423 et dériverait selon Bloch et Wartburg + Guirlande a eu le sens de «couronne de métal
du radical de l’ancien verbe ginguer, guinguer asau- précieux» puis, par extension, de acordon dé-
(1403)
ter» (xv” s.1, doublet de &uer (3 gigue, gigot). Pour coratif (de fleurs de papier découpé, etc.) pendu en
GUISE 1668 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

feston, enroulé en couronne, etc.» ( 1540; aussi gir- guitare)) (x& s.); par figure, le mot se disait (1858)
lande, 15491.Au xwe s., le mot désigne au figuré un pour {{rengaine, bmalité rebattue, (cf. aujourd’hui
recueil de poésie Eu Guirlande de Julie, recueil de disque). 0 Par analogie de forme, guitare s’emploie
madrigaux composés pour MIle de Rambouillet, comme terme technique 11866) pour désigner un
ainsi nommé parce que chaque feuillet était orné type d’assemblage de charpente. oL’instrument
d’une fleur). 0 Par analogie le mot désigne (1835) de musique à amplificateur a donné naissance à
ce qui par sa disposition évoque une guirlande Ivé- l’expression guitare élec&Que, et par contraste à
gétation, objets, etc.). guitare sèche.
.Le dérivé GUIRLANDER v.tr. aorner de guir- b Le dérivé GUITARISER v. intr. (1654) est tombé
landesn (XVI” s.1 a été remplacé par le préké. +EN- en désuétude. +GUITARISTE n., attesté en 1821,
GUIRLANDER v. tr. (15551, devenu rare au sens est en revanche courant. + GUXTERNE n. f. 11280)
propre depuis la diffusion des figurés, a signi% et la variante quinterne Exd s.1 est aussi un em-
acouvrir d’éloges3 ( 18193 et, par métaphore, Marner prunt, avec une altération mal expliquée de l’es-
un discours» kxe s.), sens qu’a eu aussi guirhder pagnol guiturru; le mot désigne un ancien instru-
(1833). oUn autre sens vient d’un jeu sur engueu- ment, voisin de la guitare, en usage aux XVI~ et
ler : *attraper, réprimander}) 11922).Cette dernière XVII~siècles.
acception familière colore aujourd’hui tous les em-
plois du mot. GUITOUNE n. f., forme refaite Iv. 1860-18701 de
guitour n. m. ( 18381, est un emprunt à l’arabe ma-
+k GUISE n. f., réfection Iv. 1050) de wise @II ghrébin gitiin «tenten, de l’arabe classique qaitin,
xes.), est issu d’un germanique “tia *manière, fa- lui-même emprunté au grec tardif kohn
çonn, reconstitué par l’ancien haut allemand wisa, «chambre-.
le moyen haut allemand wke (cf. allemand Weisel.
+ Guitoune est introduit en français dans l’argot des
+ D’abord attesté en emploi libre au sens de l’éty- troupes d’Algérie, avec son sens étymologique,
mon En xe s., wke), le mot reste courant dans la lo- puis en argot militaire, il s’est dit en général pour
cution prépositive en guise de *en manière den atente de campementD tv. 1860) et, par extension,
d’ailleurs très ancienne Iv. 10501, comme ii ma Ita, pour uabri de tranchéen 11914). Le mot s’est em-
sa1 guise aselon mon (ton, son) goûtB Il 188, a Iàl sa ployé dans l’argot des prostituées au sens de
@ST); d’autres locutions comme en cette guise, de <chambres ( 1881, @itoume), avec l’idée d’abri pro-
telle guise, à lu guise, etc., vivantes à l’époque clas- visoire; il se dit ensuite familièrement pour (<mai-
sique, sont archtiques. sonu (19011.0 Guitoune a repris le sens de atente de
b Le composé DÉGUISER v. tr. est formé (1155, soi campeurti au milieu du XX~s. (19521, et a vieilli dans
desguiser) de dk- (du latin dis marquant la néga- ses autres acceptions.
tion1 et de Dise au sens de amanière d’êtren, avec
le Su&e verbal. 0 Le verbe s’emploie au sens de GUIVRE n. f. est issu (1080) du latin viperu (+ vi-
wecouvrir Cqqch., qqn1 pour rendre méconntis- père) altéré en “wipera sous l’influence de mots
sablen, d’où, par extension (15591,les sens amodifrer germaniques en w-. La forme vouiwe” est encore
pour trompep (au propre et au figuré) et 4issimu- employée régionalement.
lep (déguiser lu vérités. 4311 dérive DÉGUISE- 4 Guivre désigne au moyen âge et jusqu’au xve s.
MENT n. m., rare au sens d’ccaction de déguiser, une espèce de serpent fantastique; aujourd’hui
Cv. 12001. Le mot désigne ( 1672) ce qui sert à dégui-
terme de blason (dep. 15811, le mot est parfois uti-
ser 11538 en parlant de marchandises) et s’emploie lisé pour désigner la représentation de ce serpent.
figurément depuis le XVI~s. ( 15491. + Le verbe et le 0 voir V0uTvRE.
participe passé adjectivé, comme le nom dérivé,
s’emploient par analogie pour 4kknuler (une
GUS n. m. est une apocope Cl9541 de Gugusse
chose concrète)s; on parle en confiserie de &U&S
(18831,forme populaire de Augwte, prononcée Au-
déguisés <enrobés de sucre».
gus’, avec redoublement. Le gugusse est d’abord un
auguste (un clown maquillé), pu& le mot signSe
GUITARE n. f. est emprunté au XIU’ s. (1275-
=Personnage ridicule5 comme g~~i@wl ou charlot.
1280, quiturrel à l’espagnol guitarra; on connaît une
représentation de la guiturru moriscu (guitare mo- 4 GUS s’emploie d’abord en argot militaire pour
resck en français, 13491 de la Zdemoitié du XII@siè- «simple soldatu, puis comme gugusse au sens de
cle. Le mot espagnol remonte au grec kitharu (+ ci- atype», sans péjoration. +L’awien argot gus
thare), peut-être par l’intermédiaire de l’arabe “gueux, fiponD (19041, emprunt au provençal gus,
kitiùru. Le rapport avec le persan sih tar #trois de même origine que gueux, représente un autre
cordew nom d’instrument, et des mots apparentés mot.
(égyptien, chaldéen), n’est pas clair. Le nombre de
cordes variant (sept en Grèce), plusieurs instru- GUSTATIF, IVE adj ., dérivé savant (v. 13701
ments sont désignés par ce nom. L’espagnol mé- de gustutum, supin du latin classique @tare
diéval conna& la guitarra lutina, proche de notre (+ goûter), qutie ce qui a rapport au goût.
guitare actuelle, et la WGoresca à trois cordes, F GUSTATION n. f. est un emprunt de la Renais-
proche du luth et de forme ovoïde. sance (1530) au latin impérial gustutio *action de
+ Guitare, 4nstrument de musique à cordes pin- goûterB, dérivé de gustutum. Ce terme didactique
céesm, s’emploie par métonymie pour Njoueur de désigne la perception des saveurs par le goût.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1669 GYNÉCÉE

GUTTA-PERCHA n.f. est un emprunt im- (17011, comme gymnase, pour désigner le maître
médiat ( 18451 à l’anglais gutta-percha (18451, du ma- qui, dans l’htiquité grecque, formait les athlètes.
lais getah «latex» et percha, nom de l’arbre qui sé- Par extension, il Sign$e 11855) celui qui s’adonne à
crète cette substance. la gymnastique)) et spécialement «professeur de
+ Le mot désigne la gomme tirée du latex de cer- gymnastique>> (I%X), sens archaïque. + GYMNAS-
ttins arbres poussant en Malaisie et le ruban TIQUE adj. et n. f. est un emprunt Iv. 13611 comme
gommé préparé avec cette substance. adjectif au latin gyrnnasticm, grec gumnastikos
“qui concerne les exercices du corps» OU udoué
GUTTURAL, ALE, AUX adj. est un dérivé pour la gymnastique» et, comme nom féminin au
savant (1542, Rabelais) du latin guttur agosier, grec gumnustikê Ctechnêl <<artde la gymnastique>,
gorge}), mot expressif d’origine obscure. substantivation de l’adjetiif. oLe mot s’emploie
par figure (17781 dans le domaine spirituel, inteuec-
4 Guttural se dit de ce qui appartient au gosier
( 1542; 1771, artère gutturale) d’où son emploi pour
tue1 Igymnustique &ébrate, etc.). * Il a pour de-
rivé GYMNASTIQUER v.intr. (18911 <<faire de la
qutier un son qui semble venir du gosier ( 1578,
gymnastique%, mot rare.
lettres gutturales, d’où une guiturde (1834). 0 Le
sens (17911 de «rauque’> Ivoix gutturale1 est le seul
usuel. GYMNCOI- est un élément tiré du grec gumnos
“nu, sans vêtements2 ou “sans armen, mot ancien
GYMKHANA n. m. est un emprunt (1899) à qui est représenté dans les langues indoeuro-
l’anglais gymkzhana ( 1861, annQe où fut institue le péennes par des variantes élargies, soit du fait de
premier gymkhanaj, adaptation de l’hindi gend- dissimilations, soit d’un tabou linguistique (vieux
khünu Mmaison de danse*, avec substitution du slave nugü, latin nudus, etc.). Gy.mnlol- est repré-
gym- de gymnastics Mgymnastique». senté dans des mots empruntés du grec par le latin
4 Le sens premier est Hfête de plein air, avec des et dans des formations françaises.
épreuves d’adresse,. Gymlzharza désigne par ex- F GYMNIQUE adj. est emprunté (15421 au latin
tension (1914 une épreuve reservée à des automo- gyrnnicus ade luttem, puis au grec gumnikôs. 11est
biles, motocyclettes, etc., se déroulant sur un par- substantivé au XVIII~s. (lu gymnique, 1723). +GYM-
cours semé d’obstacles, et dans laquelle une NOTE n. m., emprunt ( 1777) au latin scientgque
grande adresse est nécessaire. gymnotus (17381, signifie proprement <<dosnw, du
grec gumno, et tifos WCIOSK 0 Le mot désigne un
GYMNASE n. m., réfection kv~~s.) de gymnasy poisson dépourvu de nageoire dorsale. + GYMNO-
( 1” moitié XIII~s.3, est un emprunt au latin gymnu- PÉDIE n. f., emprunt tardif (18651 au grec gumno-
sium 4eu public destiné aux exercices du corps, paidia, désigne des fêtes annuelles, à Sparte, célé-
chez les Grecs», du grec gumnasion, de gumnuzein brées par des danses d’enfants et d’hommes nus.
=S’exercer aux exercices gymniques>>; le verbe est Le mot a été mis en honneur par Éric Satie, en titre
formé sur gumnos anun (+ gymno-) parce qu’on d’une composition pour piano.
avait coutume en Grèce de pratiquer nu l’exercice GYMNOSOPHISTE n-m. est un emprunt du
physique; il a également le sens plus général de moyen français (1488) au latin gymnosophistae, pris
e’exercem au grec gumnosophistai, de gumnos et sophistes
4 Le mot s’applique d’abord à la réalité de l’Anti- I+ sophiste). - Le mot désigne un ascète hindou de
quité grecque ( lR moitié XIII~s.), avec la variante gy- YAntiquité, un yoga.
nuise au XIVes.; il est repris au début du XVIII~s. Sont formés en français les termes de botanique
C1704). Il désigne aussi (15961 un établissement d’en- GYMNOBLASTE adj. (1866; du grec blastos ccbour-
seignement secondaire, en Allemagne (allemand geow), GYMNOCARPE adj. (1823; + -carpe),
Gymnusium) et en Suisse. oLe sens moderne GYMNOSPERMES II. f. pl., où gymno- a la valeur
d’&tablissement où l’on pratique les exercices du d’ttapparentn et sperrnu <<semence)‘, emprunt au
corps% est attesté au ~~III~s. 117571, mais l’emploi composé grec gumnospermos, employé pour dé-
special asalle aménagée à cet effets est beaucoup signer en botanique (av. 1776, Rousseau) les phané-
plus tardif ( 18881. rogames à graines nues (conifères, etc.).
0 VOil- GYMNASE.
des dérivés GYMNASIAL,ALE,AUX adj, et
GYMNASIEN, IENNE n. nélève d’un gymnase>
(me s.1sont utilisés en Suisse ; le second correspond -GYNE, élément tiré du grec gunê *femme, fe-
à @éen. +GYMNASIARQUE n, m.,emprunté au melle>, entre dans la composition de termes didac-
latin gymnusiarchus achef de gymnase», hellé- tiques, surtout de botanique. Quelques noms sont
nisme, du grec gumnusiarkhos, sime <chef d’un empruntés au grec par l’intermédiaire du latin
gymnase antique>> (1530) puis -professeur de gym- (+ androgyne, misogyne).
nastiquen (XIX~ s.) et cgymnste professionnein @ Voir GYNÉCÉE, GYNÉCOLOGIE.

(1840).
GYMNASTE n., emprunté au gec gumnustês *en- GYNÉCÉE n. m. est la réfection (17011 de gy-
traîneur» (mot technique), est d’abord utilisé au nuices (15681 puis gynuecée (1694). Une forme déri-
XII~s. comme adjectif au sens d’ahabile dans les vée gyneconitis est antérieure ( 1547). Le mot est un
exercices% puis par Rabelais comme nom propre emprunt savant au latin gynaeceum «partie de l’ha-
Il5341 : c’est celui du maître de gymnastique de bitation réservée aux femmes)) (en Grèce), qui re-
Gargantua. 0 Le mot est repris au début du XVIII~s. produit le grec tardifgunuikeion (forme classique
GYNÉCOLOGIE 1670 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gunuikeid, dérivé de gunê, gunuïkos <<femmea k Le mot a fourni les termes didactiques GYP-
(+ gynécologie). SEUX, EUSE adj. Iv. 1370) et GYPSIFÈRE adj.
+ Gynécée conserve le sens du mot latin, en parlant (18111 de Yére.
de 1’AntiquiG. Il s’emploie ensuite sans référence à
l’Ant,iquité 11767, Rousseau). + En botanique, gy&- GYRO-, élément tiré du grec guros ccerclen, a
cée s’emploie (1845) comme synonyme de pistil. servi, en bas latin et surtout en fknçais, à former
des composés savants.
GYNÉCOLOGIE n. f. est un composé (18231
F Le terme didactique GYROMANCTE n. f.
de gy&co-, formé à partir du grec gunê, gunaikos
composé Iv. 13601de mancie, du grec manteia di-
=fenxne>j (-+ -gyneJ, et de -loge. Gunê a des corres-
vinationx, désigne un mode de divination qui se
pondants dans un grand nombre de langues in-
pratique en tournant sur soi-même, au milieu d’un
doeuropéennes comme le sanskri~ gnü <femme,
cercle portant des lettres tracées au hasard sur SP
déesse>>, l’avestique ganü, le gotique qino, etc. On a
circonférence ; les prédictions se tirent des mots
hésité pour former le mot et on relève les variantes
formés par une réunion des lettres sur lesquelles le
gynéologk, gynologie (18261, qui ont disparu.
consultant kit par tomber étourdi. ~GYRO-
+ Le mot recouvrait au XIX~s. l’étude scientsque de VAGUE adj. et n. m. est emprunté (1501, giro-
la femme, au sens le plus large, puisqu’elle incluait vague) au bas latin ecclksiastique girovugus
la psychologie. Il s’est spécialisé en médecine <<(moine) erra&, de @are «tourner» (dérivé de gy-
Iv. 19001, désignant l’étude des organes sexuels de TUSacercle>, du grec guros), et du latin classique VU-
la femme et des maladies qui leur sont propres; il gw <vagabond»; il a remplacé l’ancien français gi-
est abrégé couramment en GYNÉCO n. f. (attesté revus Idéb. XIII~ s.l. Moine gymvague ou un
19751. gyowgue désignait un moine qui errait sur les
,En dérivent GYNÉCOLOGIQUE adj. (1873) et routes en demandant l’aumône.
GYNECOLOGUE n. (1832; 1901, au sens moderne) Au xrxes., l’élément gyro- devient productif en
qui, en concurrence avec GYNÉCOLOGISTE n. science et en technique. +GYROSCOPE n. m.
(18451, l’a emporté; il est abrégé en GYNÉCO 11832 ; de -scopel désigne l’appareil inventé par
hnil. XXeS.I. Foucault en 1852 pour fournir une preuve expéri-
mentale de la rotation de la Terre et des lois du
GYPAÈTE n. m. représente une composition mouvement pendulake; en dérive GYROSCO-
savante (1800) à patiir du grec gups, g~pos avau- PIQUE adj. (1852). - On relève également, formés
tour, oiseau de proie*, probablement apparenté à d’après gyroscope, GYROSTAT n. m. (1901) du suf-
grup~, grupos (+ griffon), et de aetos ccaiglem. ke grec -stutês, astabilisateurm, crégulateursp, de
+ Le mot désigne un grand rapace diurne. histanai, dressep, hep; GYROCOMPAS n. m.
(1914; de compas). * GIRAVION ou GYRAVION
GYPSE n. m. est un emprunt kv” s., gipse), re- n, m. (mil. ti s.) de avion, a concurrencé GYRO-
pris en gyipse d’après le grec ( 17191, au latin gyp- PLANE n. m. ( 19071, mais les deux mots sont de-
sum, lui-même au grec gupsos <gypse, plâtre, meurés rares, à côté de hélicoptère. *D’autres
chaux vive»; l’évolution phonétique de gypsum composés désignent des dispositi& techniques.
avait abouti à l’ancien français gip ( 1” moitié XIII~s.), Seul GYROPHARE n. m. (v. 19701,désignant un feu
encore en usage en franco-provençal. rotatif clignotant disposé sur certains véhicules
+ Gypse désigne en minéralogie le sulfate hydraté (voitures de police, ambulances, etc.), a une cer-
de calcium, communément nommé pieme à plâtre. taine fkéquence dans l’usage général.
H
HABEAS CORPUS n.m. est emprunté tis (apr. 1650). Qual%ant des actions, habile quali-
(1672) à l’expression anglaise médiévale hubeas fie ce qui est fait avec adresse, intelligence (1687).
corpus (XIII~ sd, mots latins Sign%ant «que tu aies le b Le dérivé HABILEMENT adv. a suivi une évolu-
corps>>, abréviation de habeas corpus subjickndum tion sémantique parallèle à celle de l’adjectif :
atu présenteras le corps)) (c’est-à-dire la personne d’abord aux sens de «de la manière la plus apte>>
en chair et en os) devant la cour. L’expression dé- 11374) et de cpromptement» (14271, il signtie ( 1538)
signe à l’origine un acte ~1yriU délivré par la juridic- <<d’une manière adroite ». +HABILETÉ n. f. est em-
tion compétente pour noMer que le prévenu doit prunté au dérivé latin habilitas ou est dérivé de
comparaître devant le juge ou devant la cour, pour l’adjectif habite. Le mot est sorti de l’usage aux sens
qu’il soit statué sur la validité de son arrestation. de <capacité, aptitudeu (15391 et de Nrapidité, prompti-
Ensuite habeas corpus est le nom de la loi qui insti- tude>> Exwe s.1; il s’emploie 11549) pour <<adresse)>.
tue l’obligation de cette pratique (1679 sous INHABILE adj., de in-, et du latin habilis, d’abord
Charles II ; Hubeus Corpus Actl, en vue d’assurer la pour “qui n’est pas apte>> (v. 1369, sorti de l’usage),
liberté individuelle. prend un sens juridique 11384) puis signifie (1611)
+ Le mot ne se répand en français qu’au milieu du “qui manque d’adressen, sens que conservent les
XVIII~ s., en tant que symbole de garantie juridique dérivés aujourd’hui d’usage littéraire, INHABI-
de liberté individuelle. LETÉ n. f. (1390; rare avadexIx"s.)etINHABILE-
MENT a&. (1596). +MALHABILE adj. “qui man-
HABILE adj. représente un emprunt ti XLT~~s.1 que d’habiletés (1538) est composé à la fin du xve s.
au latin classique habilis “qui tient bien>, d’où chien de @ mal d’abord au sens de difkile~, en parlant
adapté)) et csouple>>, CpresteD, qui prend en latin im- des choses; il s’applique plus tard aux personnes.
périal le sens juridique de Mpersonne légitimée à En dérivent MALHABILETI? n. f. (xv” s-1 tombé en
qqch.m; habilis dérive du verbe habere c&enir, se te- désuétude, et MALHABILEMENT adv. ( 1636).
nir» (+ avoir). Habile a remplacé la forme normale- $’ voir HABlLl’IER

ment issue du latin, uble, aule (en picard et en lor-


rain depuis le XII~ s. ; cf. anglais uble). HABILITER v. tr. est emprunté Iv. 1300, ubilleté
4 Habile est introduit avec le sens étymologique de a1 au bas latin hubiliture, dérivé du latin classique
<<convenable, propre» en parlant des choses, d’où le habilis I-, habile) avec le sens de *rendre capableB,
sens juridique ( 13901 de “qui remplit les conditions spécialement en droit 113791 pour arendre légale-
requises (pour exercer un droit))), spéciallement ment capable de», sens repris au latin médiéval.
«qui a le droit d’hériter (1461; 1694, habile k succé- b Le composé RÉHABILITER v. tr. a d’abord un
der), toujours en usage (cf. habiliter). 0 Il a aussi en sens juridique ( 1234, reubiliter urw ville a maire ((lui
moyen fkançais, comme en latin, les sens de rendre le droit d’avoir un maire>>) ; dès le xve s. le
«souple, agiien (xv” s.l et de «rapide>> (14931, Wlisés verbe a signifié <rétablir (un fonctionnaire, après
jusqu’à la ~XT du XVI~ siècle. 0 Par extension, habile une déchéance) dans l’exercice de ses fonctionsn
sime ( 1478-1480) “qui exécute ce qu’il fait avec ( 1440-14751; de là viennent en droit ancien rétablir
adresse, compétence» et il est substantivé dans ce un noble ului restituer ses titres et ses prérogatives»
sens (les habiles, déb. xv” s., ules ingénieux)}), la (16801 et, à partir du xrxe s., l’acception de «rendre (à
construction habile à datant du XVII~ s. 11636). un condamné3 ses droits perdus et l’estime pu-
0 Spécialement, l’adjectif se dit pour ((prompt à blique> (18231. Sans référence juridique, réhabiliter
comprendre, à apprendrem, asavantm ( 1555, Ron- si@e urétablir dans l’estime- 11740, réhabiliter lu
sard), sens qui s’applique à une personne qui utilise mémoire de qqn; 1754,se réhabiliter). 0 Le verbe a
les moyens les mieux adaptés pour parvenir à ses pris récemment (av. 1968) le sens de «remettre en
HABILLER 1672 DICTIONNAlRE HISTORIQUE

état, rénover (un quartier, etc.)m emprunté à l’an- 4 Habiter signifie d’abord Iv. 10501 <rester quelque
glais to rehabilitate (av. 1966). Q Le dérivé RÉHABI- part, vivre dans un lieu>>, spécialement .occuper
LITATION n. f. a suivi l’évolution sémantique du une demeurem, le sujet désignant une personne ou
verbe : il a l’emploi juridique 11401) puis signifie un animal Iv. 11201; il a disparu en emploi pronumi-
afait de restituer ou de regagner l’estime perduen na1 (148 1). L’emploi figuré avec un sujet abstrait ap-
(1762, Voltaire) et &novationa lav. 19683, d’après paraît en termes de dévotion (XIII~s.), par exemple
l’anglais rehabilitation. 0 Le verbe a aussi fourni en parlant de la paix qui habite Iwègne dans»)
RÉHABILITABLE adj. (1845). + HABILITE n. f., J’âme. La même valeur donne lieu à l’époque clas-
emprunté au latin classique habilitas, a eu les sens sique à habiter la guerre <avoir souvent la guerrem
d’uaptitude légale?) ! 1365) et de Gqutité qui rend (15781, au xrxe s. à habiter son fauteuil =y rester tou-
apte à» Iv. 13701; il est archaïque. + HABILITATION jours>> 118661, emplois disparus. 0 Par extension
n. f. (1470; 1373, Lebilitacion), emprunté au latin mé- habiter avec si@% &équenter (qqn)» (v. 12251, en
diéval juridique habilitatio, du supin de hubiliture, particulier dans le style biblique Navoir des rela-
reste un terme juridique. NNHABILITÉ n. f. tions charnelles (avec qqnlB. 0 11prend en moyen
(13611, d’après habilité, ou emprunt au latin médié- tiancais le sens de aremplir (un pays) de villes>)
vaJ inhabilitas Gncagacitég 112701,est sorti d’usage 113931, d’où qpeuplern (16291, sens qui subsiste au
(employé parfois pour inhabileté), participe passé lune région kbitéel. Voir aussi le
schéma pp. 1674- 1675.
HABILLER + @ BILLE
F HABITANT, ANTE n., participe présent substan-
HABIT n. m. est emprunté (11551 au latin habitus tivé du verbe 11” quart XUI” s.), se dit d’un être vi-
<<manière d’être, maintien>>, d’où amise, tenue, vête- vant, en particulier une personne qui vit dans w!
me&, dérivé de habere au sens de ase tenir* lieu, d’où les emplois en périphrases à partir de
(-, avoir). Le substantif a influencé le verbe habiller, l’époque classique : les habitants de l’Olympe ales
dont l’orig-ine est tout autre (-+ bille). dieux~ (1671, bcinel, les habitants de l’air 11677,
+Habit a d’abord seulement désigné un vêtement Boileau), les habitants de l’eau, des ondes, Npois-
de reli@eux, donc caractkkkique d’une actititk sons, oiseaux-. Habitant a désigné une personne à
(1155, abit), d’où Ixrrres,l le proverbe l’habit ne ftit laquelle le roi accordait des terres dans une colo-
pas le moine, traduit du latin médiéval hubitus non nie (1654) et, de là, a pris au Canada (1675) le sens
fa& monachum, sed professio regulati. Dans la spécial de «personne qui cultive la terre>) (cf. puy-
même acception (v. 1350)prendre l’habit de religion sari, de pays3. ~Habitant a remplacé habiteur
devient ( 1676) pxlendre I’habit, et guitter l’habit (v. 11201,plus employé en ancien fkançais et encore
(16901 sign%e <<sedéfroquerp ; habit est alon syno- mentionné en 1842 dans le dictionnaire de l’Acadé-
nyme de froc. oLe mot s’emploie au singulier mie. -HABITAT n. m. II812 ; 1808, d’après Bloch et
(ler quart XIII~s.1pour désigner l’ensemble des vête- WartburgI, d’après le sens général du verbe, dé-
ments (ce mot étant plus ancien) qui couvrent le signe le lieu occupé par une plante à l’état naturel,
corps, sens qui demeure jusqu’à l’époque classique, puis I z86 11le milieu géographique favorable à la vie
où l’habit inclut toujours la chaussure et la coiffure ; d’une espèce, végétale ou ank&e, spécitiement
l’emploi moderne, au pluriel (les habits), est attesté (1902) le mode d’organisation, de peuplement par
vers 1360 ; la locution marchand d’habits désigne l’homme du milieu où il vit Chubitat rural, urbain)
spécialement le fripier ( 19001. 0 C’est à la NUI du d’où, en partkukr, l’ensemble des conditions de
xmes. Iav. 1288 au pluriell que le mot s’utilise au fi- logement (19253.
guré pour <(apparence*, valeur abstraite qui rap- Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés du
pelle le sens latin et disparaîtra avant l’époque verbe latin. +HABITABLE adj. IiiSS, abitable), du
classique. 0 Le mot habit, qualif%, désigne ( 1360) latin habitabilis +ù l’on peut habitem, a servi à for-
un vêtement caractéristique d’une époque, d’un mer le dérive savant HAMTABILITÉ n. f. (18011 qui
usage ou d’une certaine fonction, d’où à l’époque a pris au me s. le sens de <qualité de ce qui o&e
classique habit court pour <<vêtements ordinairesn plus ou moins de place à occupern Wxubitabilité
116591,opposé à habit long propre à certaines fonc- d’une voiturel. 0 INHABITABLE adj. reprend Iti
tions 11659). Habit rouge désigne (1822) la tenue des XI~I~s.l le latin classique inhabitabilis aIlieu qui ne
soldats angIais jusqu’en 1914 et par métonymie ces peut être habité=. 4 HABITACLE n. m., empmtk
soldats ; habit vert (19021 s’applique à la tenue des Iv. 1120) au latin ecclésiastique habitaculum <petite
membres de l’Institut de France. AU XVII’ s., habit se mtisow, n’a pas conservé le sens de cddemeuren ; le
dit spécialement (1666, Molière) d’un veston de cé- mot a pris une valeur spéciale en marine (16431, dé-
rémonie; de là vient l’emploi, sorti d’usage au- signant I’armoir-e qui contient les instruments de
jourd’hui, de habit-veste, nom masculin 11760) -ha- bord, puis par mktonymie le poste de pilotage où se
bit à basques courtes>. Le sens moderne de trouvent ces instruments ; cette dernière acception
costume de cérémonie» est a,ttesté en 1845 ; i3
est reprise au D? s. en aviation.
s’emploie surtout dans I’expression en habit, qui
HABITATION n. f. est un emprunt (v. 1120, habita-
correspond à tenue de soirée, comme la jaquette et
ciun) au latin k&itatio «fait d’habiter un lieue, ade-
le smoking. Voir aussi le schéma pp. 1674- 1675.
meurp, dont il a conservé les sens. Le mot a eu
HABITER v. est emprunté (v. 1050) au latin ha- d’autres sens Liés à des valeurs spéciales du verbe
biture Ravoir souvent-, «demeurern, -fréquentatif de habiter: ((coït)) Id&. xme s.1, emploi sorti d’usage
habere <<avoir»13 avoir), au supin habitum, d’où ha- après l’époque classique, aprésence de Dieu dans
bitudo (+ habitude). l’âme,> (15611, &tablissement fait dans une colonie,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1673 HACHE

( 16581, d’où Nbien possédé par un COlOnn (17’23). + Habituer s’est dit pour ((habiller>> (13301 jusqu’au
Comme terme juridique il a désigné (1690) le droit me s. (cf. habit); au participe passé adjectivé, il
d’habiter une maison, pour l’épouse, après la mort s’emploie au sens de “qui a acquis l’habitude de))
du conjoint. 0 Le sigle H. L. M. n. f. et n. m. 11951) chez Oresme (1370-13721; le verbe signifie ensuite
pour habitation à loyer modéré est passé d’une va- «s’établir, s’installer en un lieu (1475, pronom.),
leur administrative précise au sens de *grand im- sens en usage à l’époque classique et encore relevé
meuble populaire%. 0 Le composé @INHABITA- par Littré ; d’où prêtre habitué ou habitué (1477,
TION n. f. ((état d’un lieu qui n’est pas habité» (1829) n. m.1, terme d’histoire aujourd’hui au sens d’«ec-
est rare. oEn revanche COHABITATION n. f. clésiastique attaché au service d’une paroisse sans
(XIII~~.), qui était employé à côté de COHABITER y avoir de charge>>. Le sens moderne, repris au latin
v. intr. (fin xrve s.) au sens propre de «[fait d’l habiter médiéval, est attesté en 1549 (tr. et pron., s’hubi-
ensemble>>, a reçu dans Yorganisation politique de tuer); le participe passé substantivé HABITUÉ, ÉE
la V” République, après la présidence de F. Mîtter- est employé au sens de <<personne gui fr-équente ré-
rand ( 19811,une valeur précise : <coexistence d’un gulièrement un lieu)> ( 1778).
gouvernement et d’une majorité parlementaire F HABIT~ATION n. f., terme didactique, désigne le
“de droite” et du président socialiste», ou l’inverse. fait de s’habituer à quelque chose (v. 19601.Le mot a
Cette valeur pourrait évidemment être appliquée à été employé pour ccoutumen (15491.0 Il se dit aussi
une autre situation concrète, et correspond au jeu d’unprêtrehabitué (1743).+HABITUEL,ELLE adj.
des institutions de ce régime serni-présidentiel.
est un emprunt (1617; ha&tuuZ, 16111 au latin mé-
0 INHABITATION n. f., emprunt (attesté v. 1950)
diéval habitualis, dérivé de habituari; l’adjectif,
au latin chrétien inhabitatio aprésence de Dieu
comme en latin, sign3e «passé à l’état d’habitude>>
dans l’âme en état de grâce» (de in locatif; + 0 in-),
Ixrv”s.1 puis par extension “qui est constant ou
est un terme de théologie.
fkéquentn ( 1671) ; de là viennent les sens du dérivé
+ Voir HABlTUDE, HABITUER, HABITUS.
HABITUELLEMENT adv. (v. 1389) et du préfixé IN-
HABITUDE n. f. a été emprunté (1365) au bas HABITUEL, ELLE adj. (18291, relativement usuel.
latin habitude ~~manière d’être, aspect physique>>, 6' Voir E-IABITUDE.
«relation), dérivé du supin habitim de hubere <<se
tenir, se trouver dans tel état2 (-3 avoir). Le rapport HABITUS n. m. reprend un mot latin (1586) qui
étymologique avec habiter n’est plus perçu. Sign%e <<manière d’être>>, dérivé de hubere au sens
4 Habitude a été introduit avec le sens de <relation, de Nsetenir>> I+ avoir).
rapport>> et, également chez Oresme, avec celui de 4 Rare en français avant le ~LX~s., le mot conserve le
&sposition générale (du corps), complexion» sens d’cqaspect général>>, spécialement en méde-
(1370-13721, valeurs encore en usage au XVII~s. et cine, où l’apparence générale est vue comme reflet
aujourd’hui archaïques. Le mot prend, dans la se- de l’état de santé, et en sociologie où il se répand
conde moitié du xv” s., le sens de <<relation de tous vers 1980.
les jours avec qqn, fréquentation ordinairem (1440-
14751, toujours très vivant à l’époque classique, HÂBLER v. intr. est un emprunt (1542, tr.) à l’es-
comme le pluriel habitudes pour arelationsm ; en re- pagnol hublur <<parler> (fabulur en 1115, fublur,
vanche, le sens de <<contrée habitée}) Iv. 1501) ne verbe, 1140, puis hublar3, issu du latin fubuluri “par-
s’est pas maintenu. +Habitude, sous l’influence du ler, raconter qqch.u, dérivé de fubulu ((conversa-
verbe habituer, est employé ensuite (1580) au sens tion», puis crécitm (+ fable).
moderne de <manière d’être, disposition acquise + Le verbe, avec le sens de l’espagnol, est tombé en
par la répétitionm, d’où les locutions par habitude désuétude; Th. Gautier l’emploie, mais il s’agit
(16941, d’habitude (1845). La locution usuelle dés le d’un hispanisme. Hcibler prend rapidement ( 1575)
xwe s., avoir I’habltude 4tre accoutumé)) a rem- le sens de aparler avec forfanterie%, emploi au-
placé l’ancien verbe soloir ou souloir En xe s. ; du la- jourd’hui vieilli ou littéraire.
tin solere <<avoircoutume>>), dont La Bruyère relève
F II en va de même pour le dérivé HÂBLERIE n. f.
la disparition; ont également disparu : avoir hubi-
(16281; seul HÂBLEUR,EUSE n.m. et adj. 11555)
tude en un lieu <<avoiraccès à>>kvrr” s.) et être d’hubi-
tUde ((être attaché à ses habitudes) (1787). reste courant; Céline emploie une variante, avec
stixe péjoratif, HÂBLARD, ARDE n. et adj. (1932).
b HABITUDINAIRE n. m., dérivé savant, a été em-
ployé comme adjectif aux sens de “qui a l’habitude HACHE n. f. est issu Iv. 1140) de happju {(instr-u- o>
de qqch., qui y est habile>> 114871,“qui est passé en ment tranchantn, mot de l’ancien haut allemand du
habituden ( 16 111. Le mot est repris comme nom domaine francique.
masculin en théologie (av. 18661pour désigner celui
qui commet habituellement le même péché. +IN- +Huche conserve le sens étymologique, d’abord at-
HABITUDE n. f. (17581 -absence d’habitude>> est à testé pour désigner une arme offensive Cv.1140)
peu près inusité. puis un instrument servant à couper, à fendre
(XIII~ s.) ; de ces emplois viennent huche d’umzes
HABITUER v. tr est un emprunt (1330, ubituer) (15301, huche de guerre (17701, huche à main (18021,
au bas latin hubituuti <<avoir telle manière d’être, hack d’uborduge ( 1902). Le mot s’emploie à partir
être pourvu de», d’où le latin médiéval hui5ituure du XVI~ s. au figuré, par analogie de forme, dans en
«accoutumer» Iv. 12901. Habituari est dérivé du latin huche <en forme de hache)) ( 1551, champ en huche),
classique hubitus <(manière d’être», de hubere puis dans les locutions fait (17871, taii% (18733 à
(-3 habitude, avoir). coupsde hache qrossièremenb et porter la hache
HABIT et HABITER
les voies parallèles
du maintien (manière d’être)
latin
et de lbccupation (être là)

*c occuper, posséder r

latin
- habilitare ~ habiliter
LI rendre apte n (droit)

q avoir -----

HABITATIO
(n logement u
cs domicile aa

lattn
*a avoir souvent b*
HABITARE . 10 occuper 31
n habiter
(fréquentabfj

P-
habitant

latin

t HABITACULUM habitacle
14 demeure
(du corps, de l’âme) aa
HACHISCH 1676 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(dans une administration3 “y supprimer les abus», CHOT n. m. (XVI”, repris mil. XX~s.), ainsi que les
par allusion au Comité de la hache, chargé en 1938 termes techniques HACHOTTE n. f. (17893 et HA-
de réformes administratives (la métaphore a été CHARD n. m. (1838) désignant divers instruments.
remplacée par celle du dégraissage).
b HACHER v. tr., dérivé de hache (v. 12251, est sans HACHISCH -+ HASCHISCH
doute antérieur; en effet, le composé dehachier est
relevé en 1176-l 181 (de même sens, il est utilisé HACIENDA n. f. est un mot emprunté (1827) à
jusqu’au XVII~S.I. Hacher, (couper en petits mor- l’espagnol hacienda <<exploitation agricole)) (xv” s.),
ceaux avec un instrument trancha&, s’utilise par surtout utilisé en ce sens en Amérique latine; l’es-
analogie, en gravure 113761, pour Mllonner de ha- pagnol est issu du latin facienda (participe neutre
churesm, d’où hacti &sel& Ixrv” s-1 puis -couvert pluriel substantivé de facere «faire,; + faire)
de hachures» 116901, et aussi au sens d’ttentailler ((choses à faire)}, d’où l’ancien espagnol faciendu
avec une hache ou un ciseau= (16111. Le verbe s’em- ~&kîre, occupationn Il 1151, puis hacienda <travail»
ploie à partir du XVII~s. au sens de acouper gros- (déb. XVII~s-1, ensuite ubiens, richesses» et &-ou-
sièrement>> (1690) et, par analogie, cendommager peau, ferme>>. De là viennent aussi l’ancien proven-
en brisant en petits morceaux, détruire~~ (1694). 0 À cal fazenda ((petite ferme>, et le portugais fuzendas
la même époque, hacher est utilisé au figuré; la lo- «grande propriété au BrésilB (18221, parfois em-
cution se faire hacher sime «être disposé à tout ployé en fkançais à propos du Brésil. Hacienda
supporter pour défendre qqch.= ( 1693) et <<sedé- même n’est utilisé que pour parler de l’Amérique
fendre jusqu’au bout>> (17591, d’où haché menu latine.
comme chair A pâté ~<massacr&. 0 La locution ha-
cher de la paille s’est dite pour <<parler (de manière HADDOCK n. m. est une forme reprise en 1708
saccadée) allemandn 118671, ((parler en marquant Ihadock, graphie donnée encore par Littré) A l’an-
fortement les accentsn (18731, sens lié à celui de ha- glais haddock (xwe s., haddm, hadokel aaiglefk
cher, gentrecouper, interrompre>) (1877) antériewe- fumé>>.On trouve en ancien français hadot, pluriel
ment relevé au participe passé adjectivé (17981. hados, en usage du XIII” à la fin du XVII~s. (1285, at-
Sur hacher ont été formés des termes techniques, testation isolée hadoc, 1555 hadou, hadoche), hudot
les dérivés HACHE~R, EUSE n. ~IV%), HA- «aigleti» au XIII~s., hadoc en anglo-normand et
CHEUSE n. f. (18733 et les composés, tous n, m. inv. haddocus en anglo-latin. L’ensemble est d’origine
HACHE-PAILLE (17651, HACHE-ÉCORCE (18661, obscure. +Le mot désigne l’églefm fumé.
HACHE-LÉGUMES 118661, HACHE-FOURRAGE
( 190.21 et HACHE-MAÏS (igoz). + HACHIS n. m. dé-
HADRON n. m. est un composé savant (v. 19651,
signe un mets de viande hachée (1538; v. 1280, ha- d’abord formé en russe ladron, 19621, du grec ha-
gis), hachis Parnwttir, <<aux pommes de terren, dros (<abondant)>, et de -on (de éleckon) qui désigne
n’étant attesté qu’au me siècle. Le mot a été un une particule lourde. Il s’oppose à lepton (b lepto-1.
terme technique ( 1355, hache& &avail au burin)))
et s’emploie au figuré pour Nmise en pièces, des-
trutiion~, =réunion informe de kagments>>, comme
HAGARD, ARDE adj., attesté sous la forme
hugurt comme terme de fauconnerie (v. 13931, est
compote et marmelade. + HACHEMENT n. m., au
d’origine incertaine. On l’a considéré comme dé-
pluriel comme terme de blason ( 13491 «découpure
rivé de hague (13411, forme normande de haie.
des lambrequinsn, ne s’emploie plus pour Naction
Hague a donné le dialectal hugue «palissade)> ( 1780)
de hacherm IlSOS), alors remplacé par HACHAGE
et ((bâton, trique)). Un faucon mué de haie Ksauvagen
n. m. ( 1866) ; il est utilisé 11962) comme terme tech-
s’opposait à mué de fewne ((domestique)). Le mot
nique, en maçonnerie.
pourrait être emprunté à un moyen anglais “hug-
HACHOIR n. m. désigne 11471) la planche sur la-
ger Nsauvage)‘, d&ivé de hag {(sorcièren (cf. alle-
quelle on hache et le couteau pour hacher, cette
mand Hugetialk «faucon sauvage>>).
dernière acception étant plus tardive selon T. L. F.
(1701, date du F. e. w. pour la planche). Le mot s’ap- 4 Hagard s’est dît en fauconnerie de l’oiseau qui,
plique plus tard à un instrument mécanique (xx” s.1, capturé adulte, restait trop farouche pour être ap-
aussi nommé HACHE-VIANDE n. m. inv. 11893). privoisé (opposé à niais apris au nid>>, et à SOTS(<en
-HACHURE n. f. est comme hache??Wnt un terme plumage brun de jeune4 Le mot s’applique ensuite
de blason (1450, hacheure, Kcordon liant les lambre- aux personnes ti xwe 51, mais cet emploi au sens
quins4 avant d’être utilisé en gravure (1675) pour de <<farouche>>est aujourd’hui littéraire. 0 On ne
désigner l’un des traits qui marque les demi- retient ensuite que le sens de afarouche- en parlant
teintes, les ombres, et dans le vocabulaire tech- du sentiment : tueur hagati «sauvagen (déb. xve s.),
nique ( 1723). Le mot prend ensuite le sens figuré de puis de l’expression regard hagati (15771 et oil bill
&agment d’un ensemble qui paraît brisé)> (1770) hagard ( 15853. Le mot, surtout à partir de son em-
puis désigne l’un des tra,its qui figure, sur une carte, ploi par Hugo à côté de farouche, fauve, etc., se dit
les accidents du terrain, etc. ( 1873). 0 En dérive de ce qui rend l’homme hagard.
HACHURER v. tr. 118931, SUrbUt au participe
passé, d’oc vient le terme technique HACHURA- HAGIOGRAPHE adj. et n. est un emprunt
TEUR n. m. (1907). savant Km xve s., agyogmphe, n. m-1 au bas latin hu-
Sur huche ont été dérivés les diminutifs HA- gtigraphu, pluriel neutre, emprunté au grec ecclé-
CHETTE n. f. apetite hache, (XIV~s. ; 1250, hachete), siastique hu@ogrupha Cbiblictl «les livres hagio-
HACHEREAU n. m. (14561, terme technique, et HA- graphes de la Bible>>, composé de hugios <<saint,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1677 HAIRE

Sacréÿ, et de -~~C@OS ce qui est écrits, de graphein. + En français, le mot conserve le sens du japonais et
&rire~~ C-t graphe). désigne par ailleurs un poème construit selon la
+Hugiogruphe a eu ce sens étymologique comme structure syllabique du hui32uï.
nom et comme adjecttif ( 1704, livre hugiogruphe). Le k HAIKu n. m., autre emprunt (attesté 1922) au ja-
mot s’emploie ensuite Idéb. xv” s.1 au sens d’Mauteur ponais, représente la contraction de ti’hai’-hokhu,
qui écrit la vie des saints>>, composé alors de hugio-, hokku désignant d’abord le verset initial d’une sé-
de ~@OS, et de l’élément -gru@e. Par extension le quence, puis un verset détaché. Ce mot a été pro-
mot a pris la vaJeur de xbiographe qui embellit la posé en 1891 par l’écrivain Masaoka Shikî 11867-
vie de son héros%. 19021 pour désigner un poème de même structure
dn dérive HAGIOGRAPHIE n.f.(1813),d’où vient que le haïkaï, mais composé hors de toute pré-
HAEIO GRAPHIQUE adj. (1840), souvent employé occupation d’enchamement . En français, les mots
par extension pour *absolument laudatif>. hailzai’ et huiku sont employés, hors du cercle des
HAGIOLOGIE n. f. 11840; composé savant du grec spécialistes, indîfTéremment avec le même sens.
hagios, et de -logie) est un terme didactique dé-
HAILLON n. m. a été emprunté (1391) au
signant l’étude de la sainteté.
moyen haut allemand hudel, variante de haler,
HAIE n. f. est issu Iv. 11201 du tiancique “hagti Mlambeau, guenille», ou bien dérivé kufke dimînu-
«haiem (d’arbres, etc.), qui correspond à l’ancien tif -on) de huilles aguenilles=, emprunt au moyen
haut allemand hegga (<pieu, palissaden, au moyen haut allemand. Huilles est relevé seulement au
néeriadais kgge -haie, clôture>> ; le latin m@iéval xme s., avec divers sens, dm plusieurs dialectes
huju est attesté au sens de *hale)) au me siècle. (wallon, picard, champenois) mais est beaucoup
plus ancien, comme l’indique son aire d’extension
+ Haie conserve le sens étymologique, avec les syn-
très large et celle de ses dérivés.
tagmes haie vive et haie rnuti~ 11600). 0 Le mot
prend le sens d’«obstaclea Km XIII~s.) en parlant b HAILLONNEUX, EUSE adj. “qui tombe en lam-
d’une file de choses qui interdit le passage, d’où son beauxp, vieilli aujourd’hui, se trouve chez Ronsard
emploi en hippisme ( 1853) et en athlétisme (18841. (1569) ; le mot s’emploie ensuite au sens de «vêtu de
0 Par analogie et au figuré, haie désigne Iv. 1360) haillorw 115801.
une fie de personnes bordant une voie, notam-
HAIR v. tr. est issu (10801, antérieur sous la forme o>
ment dans les locutions faire, former la haie. 0 Par
prékée enhadir (v. 10501, de l’ancien francique
ailleurs, haie est un synonyme vieilli 02801 de fl&&e
%utjan ahaïrn, restitué d’après l’ancien haut aIle-
(en parla,nt d’une charrue).
mand hûzen, hmkn, le moyen haut allemand haz-
b Le dérivé HAYON n. m. s’est employé diallectale- zen kf. allemand hussen, anglais to hatel.
ment pour «étal, échoppe= (12801, c’est-à-dire cclaie
MI&, Gprouver un sentiment de haine envers
sur laquelle on place les marchandises)); le mot a
IqqnlB, s’emploie d’abord en parlant de personnes
encore dans des dialectes le sens de 4aie formant
II 160, en construction absolue), ensuite de choses
abrin (relevé par Littré en 1877). Huyon prend en-
( 11651; les constructions II& Ctet haïr de, courantes
suite le sens de <panneau amotible~ 11872, pour
à l’époque classique, sont aujourd’hui tombées en
une charrette, mais antérieur; 1926 pour un ca-
désuétude.
mion). De ce sens vient (1867) la forme agglutinée
avec l’article layon (pour l’huyon). k Le dérivé HAINE n. f. (v. 1360) appar& sous la
forme ha& Iv. 11501 puis hame (12831. La locution
HAIK n. m. est emprunté (1725 au féminin, 1830 en haine de (1644, Çgmeille), vieillie aujourd’hui,
nom masculin), d’abord sous la forme tiancisée tend $ être supplantée par parh&e de (xx” S.I.Ré-
bque (16541, à l’arabe maghrébin hayk, issu du cemment, avoir la haine &tre furieux, en colère= a
verbe h@zu 4issern et désignant une longue pièce donné lieu à un emploi elliptique, la haine!, avoir lu
d’étoffe dans laquelle les femmes musulmanes se haine dans le langage des jeunes (années 19801, à
drapent. Le mot a connu de nombreuses variantes : propos du ressentiment social.
huyque 116671, uEhuique (16701, eque (16751, hai;que De haine Vient HAINEuX,EuSE adj., à l'origine
(16831, huyc (16861. adétesté, ha& II 155, tinusl; l’adjectif prend aussi
(v. 1165) le sens de anaturellement porté à la haines,
HAÏKAÏ ou HAf-KAÏ n. m., attesté chez Paul d’où “qui exprime la haine, est inspiré par la haineB
Eluard 11920) dans un titre de recueil Wour vivre ici, 11365). 0 L’adverbe dérive HAINEUSEMENT est
onze hui’lzat;s), est la translittération d’un mot japo- aujourd’hui d’emploi littéraire @n xv” ; mil. XIV” s.,
nais, attesté en 905, comme titre d’une section haingneusement). 4 HAISSABLE adj. a été
d’une mthologie, sous la forme ha&&ha-. C’est un construit (1569) à par& du radical du participe
terme d’origine chinoise Sign%ant (<poème mettant présent et de l’imparfait de haïr (la forme huuble,
en oeuvre les jeux de l’esprit>> ; associé avec ce sens me s., vient de haï’). - Ledérivé HA&SEUR,EUSE
au renga (1356, haikaï renga), le hai7zui’ devient un adj. et n. est aujourd’hui d’emploi rare ( 1566) ; il
genre autonome à partir du ~VII~s., en particulier s’est substitué aux formes huyor Idéb. XIII~s.), havre
avec l’école de Bashô (1644-1694) ; œuvre collective, Iv. 12453, de haïr.
les haïkaïs sont construits à partir d’un thème, lors
de séances qui rétissent plusieurs poètes, et ils HAIRE n. f. vient (lE moitié x” s.) de l’ancien frm- o>
s’enchtient. Chaque huikui’ se compose, comme cique ‘ha?@ <vêtement grossier fait de poils, resti-
le renga, d’une strophe de 17 syllabes 15/7/5) issue tué par l’ancien haut allemand huma et qui a abouti
d’un genre ancien, le tunku (5/7/5/7/7). à l’allemand Huur et à l’anglais hair Ncheveum.
HALBRAN 1678 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ En français, la hrïire est d’abord une chemise faite raire (cf. baleinée dérivé de haleine chez Giono).
de crin, que l’on porte par esprit de mort%cation; 0 voir HALETER.
le mot s’emploie ensuite (v. 11701 par extension
pour désigner un tissu grossier qui n’a pas été sou- 0 HALER V. tr. est emprunté (déb. XIF s.) au ger-
mis au foulage ( 1723, drap en haire). 0 Par figure, manique occidental “hulôn aamener, aller cher-
haire a signi% en ancien tiançais (v. 11501 utour- chern restitué par l’ancien haut allemand hulôn,
ment, peine>>, d’où l’adjectif haire ~malheureux~ holôn, le moyen haut allemand halen, holen -faire
Cv.12501. venir, chercher à atteindre, tirer hors dem et le
moyen nkerlandais halen aaller chercher, aller
HALBRAN n. m. est un emprunt (v. 1393, hale- prendreB ; en normand, haler a gardé le sens géné-
bran) au moyen haut allemand halberant, propre- ral de «tirer».
ment ademi-canard}), parce que le jeune canard
sauvage est petit; on trouve la forme albran chez + Le verbe, terme de marine, sime d’abord atirer
sur (un cordage, un câble, etc.Im, puis EV.1180) équi-
Fkbelais (11552)et la forme moderne est attestée en
1636.
vaut à <<tirer au moyen d’un cordagem et, par ex-
tension, à Nremorquer (un bateau) au moyen d’un
b Le dérivé HALBRENER v.intr. &VI~S.; 1373 au cordage qu’on tire du rivage» (XIII~s. ; se haler, 18331.
participe passé) «chasser le halbrann est sorti
d’usage. WHALBRENÉ, ÉE adj. (v. 12001, ancien b Les dérivés de haler appatiiennent au vocabu-
terme de fauconnerie (faucon halbrené, “qui s’est laire de la marine : HALAGE n. m. (1488) *action de
brisé des plumes en halbrenant4, s’est employé au halerx est usuel dans chemin de halage 1169 1).
figuré au sens de <rompu de fatigue- (xvre s.), <<en + HALEMENT n. rn, (1660 aaction de haler,, emploi
mauvais états 11694). disparu, a été repris (16761 comme terme de char-
penterie. +HALEUR, EUSE n. (16801, <<personne
HALEINE n. f. représente, d’abord sous la qui hale>), a ét6 repris comme nom masculin (1931)
forme aleine (10801, le déverbal de I’ancien verbe pour atreuil pour remonter les flets-. -E&m, HA-
ulener (ci-dessous). LIN n. m. «cordageH ( 16791 est sorti d’usage.
+Haleine signifie d’abord ((air qui sort des pou- Le composé DÉHALER v. tr., terme technique (de
monsD et par métonymie «soufBe)) (1080) ; par analo- 0 dé-) au sens de cdéplacer (un navire) au moyen
gie, il désigne plus généralement ce qui s’exhale de ses amarresa (1529, deshaler), s’est employé au
comme un souf?le Edéb. XIII~s., asotie du vent4, en pronominal pour Navancer, marcherv dans l’argot
particulier une odeur qui se dégage (1690). oHa- des marins 11883, Corbièrel. 4 a fourni DÉHA-
leine a pris, surtout dans des locutions, le sens fi- LAGE n.m. (xx"s.).
guré Cl5951 de <capacité de soutenir un effort intel- De nombreux composés ont eu cours en marine,
lectuel prolongé)), littéraire aujourd’hui. Haleine tels HALE-À-BORD n. m. (16911, HALE-AVANT
=respiration» entre dès le moyen kge dans la forma- n. m. (1772),HALE-DEDANS n. m. (18361,etc.
tion de locutions : reprendre haleine ~III~ s. ;
prendre haleine est archtique), au propre et au fi- 0 HALER -+ HALLALI, HARO
guré; en haleine (14561, c’est-à-dire dans un état tel
qu’il n’est pas nécessaire de s’arrêter pour re- HÂLER v, tr. est d’abord attesté (v. 1180) comme
prendre haleine, surtout au figuré dans tenir qqn participe passé adjectivé (baston halé, <<sec,dessé-
en haleine (1580) ; d’une haleine mns s’arrêter ché,) et au XIII~s. (v. 1225-12301 à l’infmitif; on relève
pour respirer} Cv.1460) d’où au figuré ~JE pause>> au moyen âge les formes hwler, haller, hasler. L’ori-
(1677) ; hors d’haleine Cv.1460) ; de longue haleine gine du mot est incertaine, peut-être un latin popu-
( 1595) “qui dure longtempsn et aujourd’hui “qui de- laire Oassulare, altération du latin classique assure
mande beaucoup de temps)). La locution adverbiale *rôtir», le h provenant d’un croisement avec le
ii perdre haleine (av. 1634) est toujours en usage; k néerlandais hael Mdesséché» (ou un autre mot de Ia
perte d%aleine ( 16731, de même sens, est ar- famille du francique “hullôn. «séchepI; le verbe
chaïque, comme être saxzs haleine mns forceD, pourrait être issu directement de “hallôn.
perdre haleine umourir» et perdre haleine signifie $ Hûler a eu pour premier sens «dessécher Iles vé-
depuis le XIX” s. (av. 18341<ne plus pouvoir respirer, gétaux))), en parlant du soleil; le verbe s’emploie
à la suite d’un effort trop soutenu». ensuite pour <<rendre (la peau, une partie du corps)
ä HALENER,HALEINERV. tr.,àl’origine dunom, plus ou moins brunn (v. 1225-1230 ; 1690 au pronomi-
est issu du latin populaire Oulenure, altération du nal, peau qui se hâle).
latin classique anhelare <<respirer difkilement, ex- b Le déverbal HALE: n. m., sous cette forme au
haler*, par métathèse de n et 2 (cf. italien alenare, XVII~s. C1176, hasle : XIII’ s., halle, puis haie, du début
ancien provençal ulenur) ; le h initial vient d’une ré- du xve jusqu’au xwe s.1, a eu une évolution séman-
fection orthographique, d’après le latin halure tique parallèle à celle de hûler, le sens de Ncouleur
«soufllep. 0 Le verbe a été repris à la ti du XIX~s. prise par la peau exposée au soleil et à l’air* &ant
par Mor&s, Huysmans et reste d’usage littéraire. attesté en 1690. - HÂLOIR n. m. est un terme tech-
Halener, tr. WeineP; v. 11651,a signifié «exhaler son nique, lié au premier sens du verbe, qui désigne un
haleine, et, par extension, <csouBler> ~VI” s.); séchoir (pour le chanvre, 1752, pour les tiomages à
comme v. intr., hulener a eu le sens figuré (alainer, pâte molle, 1895). +HALETTE n. f., mot régional
V. I 1701de ((deviner, pressentirn kf. flairer). - Le dé- (Lorraine) attesté en 1903, désigne une coiffe proté-
rivé HALENÉE n. f. (1180- 1190, denee) «sotie, res- geant du hâle; I~lot, nom mas& (18761, a le
piration» est aujourd’hui seulement d’usage litté- même sens.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1679 HALLIER

Le pr&xé antonyme DEHÂLER V. tr. (1690, dehM- nymie, le moment où l’animal est mis à mort (1877,
ler) Kfaire perdre son h&le à [qqn), est demeuré Zola). 0 Le mot s’emploie au figuré pour adernier
rare. temps d’une poursuiteu, Kapproche de la fm, de la
mort>> (aussi au figuré sonner Z’hallali, 2emoitié
9) HALETER v. in&., attesté au XII~ s. Iv. 11651, a XIXe s.l.
été considéré IBloch et Wartburgl comme un dé-
rivé d’aile, sur le modèle voler/voZeter, signifiant HALLE n. f. est issu (1213, hale) de l’ancien fran-
proprement Nbattre des ailes>> (cf. en Anjou et en cique “hulla waste emplacement couve& restitué
Poitou, da2eter abattre des ailes4 appliqué par mé- par l’ancien haut allemand halla, le moyen haut al-
taphore au CEUT; le h serait d’origine expressive. lemand halle (cf. l’allemand Halle) -+ hall.
Haleter pourrait être aussi un dérivé d’un ancien +Halle conserve le sens étymologique au sujet de
verbe haler de même sens, maintenu dans les dia- l’emplacement oti se tient un marché ; au singulier,
lectes, et issu du latin classique halare uexhaler le mot ne s’emploie aujourd’hui qu’en parlant de
lune odeur, un sotieIn d’origine incertaine, dont bâtiments anciens ou dans des locutions Ih&Ze cuzx
un composé a donné haleiner (-+ haleine). vins, halle auxpoissoml. 0 Les halles (v. 1260, hales)
4 Le sens de «palpiterB demeure aujourd’hui dans designe l’emplacement où se tient le marché cen-
quelques emplois. Haleter prend au XVI~s. le sens tral des denrées alimentaires d’une ville Wï’3 en
de crespirer bruyamment, être essou@& (1538) et emploi absolu : les Halles, celles de Paris). En lo-
s’emploie au figuré pour @aspirer ardemmentti cution kc!ela halle, des halles), le mot s’utilise pour
(15591, usage archaïque auquel s’est substitué celui connoter un ton ou un langage considéré comme
d’&re tenu en haleineti. Par analogie, haleter s’em- populaire 11595, Montaigne, mots C...)qui servent
ploie aussi (1873) au sens de afaire un bruit qui aux hales, puis Boileau (16741, le langage des
évoque un halètementn. halles). Ainsi, le dictionnaire de l’Académie ( 16941
fut considéré par certains comme le &ztionnaire
b HALÈTEMENT n. m. (1495), très peu employé
des Halle+, à cause des emplois jugés vulgaires.
jusqu’au milieu du xrxe s. puis assez usuel, et HALE-
TANT, ANTE adj. ( 15%) ont eu une évolution sé- *Par analogie de dimension, halle a désigné une
mantique parallèle à celle du verbe. grande salle (16901 et, spécialement, un grand ate-
lier de verrerie C17841; au sens de “grande salle*, le
HALF-TRACK n.m. est un mot emprunté mot est encore en usage en Suisse, dans halle &
(1946) à I’américaIn half-tiuck, littéralement asemi- gyrnmstique, halle des fêtes id. l’anglicisme halll.
chenil6 de half Kdemi-, et track au sens de ache- F HALLAGE n. m. a désigné (v. 1260, halage) un
nille». droit payé sur les marchandises vendues aux
+ Le mot a désigné une semi-traction par chenilles halles, puis à partir du XVIII~ s. ( 1723) la taxe payée
Iles roues avant restant libres), puis le véhicule mi- par les marchands cpi y vendent. + 0 HALLIER
litaire lui-même. n. m., réfection bme s.) de hulier Iv. 12601,a disparu
au sens de <<gardien des halle+; il n’est employé
HALL n. m. est un emprunt (16723 à l’anglais hall, que par archaïsme pour cmarchand qui vend aux
de l’ancien francique ohulZa ou “hulu (+ halle); en halles» (1723).
anglais le mot a signifié d’abord uhallem (XII~s.1 puis
HALLEBARDE n. f., réfection (1448) de alla-
a désigné toute grande salle et toute demeure
barde 11333, est emprunté au moyen haut alle-
ayant une telle salle (manoir, maison de ré-
mand helmburte, littéralement «hache &artel à
union, etc.); ensuite hall prend le sens d’aentréen,
poignée, C~&I, haZm1; + heaume.
pièce plus vaste des grandes demeures anglaises.
+ Le mot désignait une arme à longue hampe, lm-
+Le mot est introduit en français pour désigner
portée en France d’Allemagne, de Suisse, et utili-
une réalité anglaise, la maison oti se réunissent les
sée du xv” au xwe siècle. La hallebarde est conser-
membres d’un corps de métier; il n’est repris que
vée comme arme d’apparat. Le mot est toujours
dans la seconde moitié du XIX~ s., toujours à propos
employé dans la locution figurée il pleut lil tombe1
de l’Angleterre, au sens de <grande salle ou galerie
des hallebardes ail pleut à verses. * La locution at-
d’un châteaum (1872, Taine). ~Hall désigne ensuite
testée au XVIII~s. rimer comme hallebarde et misé-
(1879) wre grande salle par laquelle on a accès à ricorde, signifiant wimer très mal-, est vieillie; eue
l’intérieur d’un étice public ou privé. Hull est en-
a reçu une explication anecdotique au mes. : elie
tré dans le vocabulaire technique El973 hall d’as-
proviendrait d’une épitaphe rédigée par un mar-
sembluge, en astronautique).
chand à qui on avait assuré que l’identité des trois
0 voir MUSIC-HALLEOUSMUSIQLJEI. dernières lettres du dernier mot de deux vers SUIE-
sait à faire la rime,
HALLALI n. m. et inter-j. est un terme de
chasse à courre, d’abord attesté (1683) sous la, b Le dérivé HALLEBARDIER n. m. est d’abord at-
forme ha lu ly; la graphie moderne est relevée en testé 11483) sous la forme hulburdier.
1751. Le mot est composé de haler <exciter les
0 HALLIER + HALLE
chiens> I-+ 0 haler, haro), et de à lui, sous la forme
réduite a li (donc <<hale à lui4 0 HALLIER n. m., réfection (déb. xwe s.1 de
+ Hallali est le cri qui annonce que la bête poursui- haillier (mil. xve s.1,est issu par substitution de suf-
vie est aux abois, d’où le nom Il8661 désignant ce cri Cxe de l’ancien français haWot dbuisson, saule à
ou la sonnerie du cor (sonner E’hullctlil et, par méto- tête% 11283-12861, mot encore vivant dans les dia-
HALLUCINÉ 1680 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lettes normand et picard. HuWot est issu du latin maines de la biologie, de la botanique et de la
médiéval hasla crameau)>, lui-même du francique chimie.
“husal abuisson du noisetiers, reconstitué par l’an- w HALOPHILE n. m. ( 1817, de -phile) aussi adj.
cien haut allemand hasala, le moyen haut alle- ( 1840) se dit
de plantes qui croissent en terrain salé.
mand et le moyen néerlandais hasel (cf. allemand * HALOGRAPHIE n. f. ( 1819, de -gruphiel cétude
Hwel et anglais hazel). des sels%, est archaïque. + HALOMÉTRIE n. f.
4 Le mot désigne un groupe de buissons serrés et ( 1866, de -métrie) concerne la détermination du
touEus. titre des solutions salines,
HALOGÈNE n. m. (1826, de -gène), nom d’un élé-
HALLUCINÉ, ÉE adj. et n. est un emprunt ment chimique, voisin du chlore, est devenu usuel
( 16 11, hall~inél au latin classique hallucinatus, au- dans lampe ù halogène ou hulogéne, n. m. Iv. 19701.
paravant alucina~, participe passé de hallucinari oEn dérivent des termes de chimie comme HA-
cdormir debout)), <divaguer, rêver)) et, en bas latin, LOGÉNATION n. f. (19301, HALOGÉNURE n. m.,
Kavoir des hallucinations, se tromper)). Ce verbe, qui ne concernent que la valeur chimique de hulo-
non attesté avant Cicéron et peu employé à l’épo- gène (1934). +HALON n. m. est construit à partir
que classique, est dérivé du grec uluein *errer», du radical de halo@ne, et du sufExe -on, sur le mo-
*être agité, hors de soi». dèle des noms de gaz rares [néon, argon, etc.).
4 Le mot est introduit avec le sens de “qui a des hal-
lucinations>> ; il est repris au mes. comme nom HALTE n. f. est emprunté (1566, faire hu2t3 à l’al-
(1845) et adjectif, au sens de “qui a le caractère de lemand Huit w-r&, terme militaire, impératif
l’hallucinationn 118511, au figuré dans le titre Les substantivé de halten aarrêter», du francique “huit
Campagnes hallucinées, de Verhaeren (18931. qui avait donné en ancien picard huit (XII~s,), alieu
F Le v. tr. HALLUCINER, au sens de aprovoquer où l’on séjourne=. La variante alte, utilisée du XVL~
des hallucinations-, est relevé chez Hugo (1862); il au XVIII~s., est due à l’italien alto <arrêt au cours
prend à la fm du xY s. le sens de arendre halluciné, d’une marche>>, en parlant d’une armée U?n xv”-
obséder> (1891) et se diffuse dans le langage «des déb. xwe s., dans l’expression fare uEto &wêter+
jeunes» hnnées 19801 comme intransitif, pour wê- lui-même repris de l’allemand.
vep Cj’hullucim : <<c’est fou, absurde, on croit rê- 4 Halte s’emploie d’abord dans faire halte. Le mot
ver& +En dérivent HALLUCINATEUR, TRICE est ensuite usité comme interjection, d’abord dans
adj. (1835) d’emploi littéraire, et HALLUCI- les commandements militaires (16361, où halte si-
NANT, ANTE adj. ( 18621, qui s’applique d’abord à me atemps d’arrêt consacré au repos}), puis au fi-
ce qui hallucine ; par tiaiblissement de sens, hullu- guré pour arrêter quelqu’un dans ses propos, ses
cinunt s’emploie comme intensif 11866, une netteté actions ( 1669, Molière ; aussi ulte-là !1.Halte désigne
hallucinante, Flaubert> puis qualifie ce qui a une ensuite par métonymie (17941 le lieu où I’on s’ar-
grande puissance d’évocation (19081. rête, d’où son emploi dans le vocabulaire des che-
HALLUCINATION n. f. est emprunté ( 1660) au la- mins de fer (18661, distinct de celui de gare, Au fi-
tin impérial hallucinutio améprise, hallucination>, guré, halte sime ensuite *moment de pause-
du supin du verbe classique. Terme médical pour Il 830, Lamartine) et spécialement <diminution tem-
«perception pathologique de faits qui n’existent poraire d’un main ( 1843, Balzac).
pasn, le nom prend le sens figuré et courant au-
jourd’hui ( 183 1, Balzac1 d’aerreur des sens, illusions. HALTÈRE n. m. appar& une première fois,
*Sur le radical d’hallucination, ont été dérivés sous la forme alteres, chez Rabelais EM; le mot,
HALLUCINATOIRE adj. (18721 et les composés repris en 1636, est rare jusqu’au xrxe siècle. h est
HALLUCINOSE n. f. (1908; de -ose), didactique, et emprunté au latin impérial hulteres (pl.), du grec
HALLUCINOGÈNE adj. et n. m. ( 1934 ; de -gène) hultêres «balanciers pour le saut, la danse», du
qui s’applique notamment aux drogues. verbe hullesthui csauterm, apparenté au latin sulire
et sulfure (+ saut).
HALO n. m. est emprunté (v. 1360) au latin halos,
+ Haltère s’emploie le plus souvent au pluriel, no-
hellénisme. Le grec ha& désigne une aire à battre
tamment pour désigner l’exercice sportif qui
le blé et, par extension, toute surface ronde comme
consiste à soulever des barres de métal munies de
une aire, spécialement un cercle lumineux autour
boules à leurs extr&nit& (poids et haltères).
du soleil et de la lune.
F Sur haltère a été composé HALTÉROPHILE
+ C’est avec le dernier sens qu’est introduit le mot
n. et adj. Cl903 ; de -phiEel, d’où HALTÉROPHILIE
en tiançais. Par extension, halo désigne une au-
n. f. (1924).
réole lumineuse autour d’une source de lumière
(1884, Huysmans), en partinilier en photographie
HALVA n. m., réfection (18901 de halwuh 118261,
(18911 - d’où ANTIHALO adj. et n. m. 11907; de
est un mot emprunté au turc hulvu, de l’arabe .
0 anti-1. o Au XX~s. halo a pris des valeurs scienti-
hulwü adoucew.
fiques (halo galactique en astronomie; halo gluu-
comateux en ophtalmologie) et s’emploie égale- + Il désigne une cotiserie orientale, d’origine
ment au figuré (1908, R. Rolland) comme aura! et turque.
rayonnement.
HAMAC n. m. apparaît sous différentes formes,
HALO- élément tiré du grec huis, hdos asel* est du début du XVI” jusqu’au milieu du XVII~s., dans des
utilisé pour former de nombreux mots dans les do- traductions de récits de voyage (d’abord italiens) et
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1681 HAN

des histoires des Indes : vers 1525, amache; 1532, -garnir d’un hameçonp. Le sens figuré de «séduire=
amacca; 1545, hamaca; 1568, hamacque; 1640, ha- est relevé une première fois en 1589 et repris en
mat; il est attesté sous la forme actuelle en 1659. Le 1832. La métaphore est celle de uprendre à l’appât)).
mot est emprunté à l’espagnol hamaca
115191, lui-même emprunté au ttiïno (langue in- HAMMAM n. m. est un mot emprunté (1655),
dienne disparue) de Haïti, hamacu. par 1’internGdiaire ciu turc, à l’arabe hammam
-bain chaud>, avec les varimtes hummuns 116631,
4 Il désigne un rectangle de toile (ou un Net) sus-
hammamût ( 1873).
pendu, qui sert de lit dans les régions tropicales. Il
a été répandu par son usage dans la marine. 4 Le mot désigne un établissement de bains de va-
peur, d’étuves, en Orient et, par extension, dans
HAMADRYADE -3 DRYADE d’autres pays; un synonyme est bain turc.

HAMBURGER n. m., attesté en tiançais chez 0 HAMPE n. f. est une altération (14711 de l’an-
P. Morand (1930~, est emprunté à l’américain ham- cien tiançais hanste ( 1080) <javelot» ou hante
burger (1902, proprement hambourgeokl, de Ham- élance, bois de lance, manche, tiges I1165-1170, aja-
burg, nom anglais (et allemand) de Hambourg. velotp), lui-même issu d’un croisement entre le la-
C’est l’abréviation de hamburger steak (1889) tin classique hanta <lance, piques (d’où ha&*) et le
<steak hambourgeoiss; on ignore la raison pour la- francique “hant crnainm restitué par l’ancien et
quelle ce plat a été qual%é aux Etats-Unis de ha- moyen haut allemand hant (cf. allemand Hand et
bourgeois. anglais handl. Le passage de hante à hampe est
peut-être le résultat d’un croisement avec empe,
4 Le mot, qui désigne un bifteck haché servi dans
forme lorraine du français ente ascion qu’on greffes
un pain rond (ou, en France, recouvert d’un œuf au
(cf. encore, en Lorraine, ampe et hampe; (hlamper
plat), ne s’est répandu en français qu’à partir de la
«greffer& La forme hante, usitée jusqu’au XVII~s.,
Seconde Guerre mondiale, sous l’influence des sol-
est encore en usage en normand, picard et man-
dats américains. Aux États-Unis, la référence à
ceau.
Hambourg s’est perdue (mais le français du Qué-
bec la rétablit en traduisant hambourgeois), d’où 4 Hampe, qui désigne à l’origine un long manche de
l’utilisation de -burger dans la formation de très bois supportant une arme d’hast, un drapeau, une
nombreux composés comme cheeseburger aham- croix, prend des sens analogiques à partir de la ~III
burger au fromage>, - de ckese &omageB - par- du XVIII~s. : en botanique (1771; la hampe d’un ro-
fois utilisés comme emprunts en fra;nçais. seau) et dans le domaine de l’écriture ( 1939; la
hampe d’une lettrel.
o> HAMEAU n. m., réfection (XIII~s.) de hame2
(v. 11701, est un diminutif de l’ancien français ham, 0 HAMPE n. f., terme de boucherie (12701, est @
d’origine incertaine; le mot est peut-être issu d’un
attesté surtout dans des noms de lieux (France sep-
croisement de l’ancien haut allemand wampa
tentrionale), lui-même issu du francique “haim ape-
tit village» (cf. allemand Heim adomicile, foyern, an- Kventre, panses (d’où l’allemand Wampe, autre
forme de Wamme cfanon, peau du ventren, et le
glais home, de même sens, et les toponymes
vosgien wambe #fanon4 avec le francique “hamma
français Le Hamel, Hamelin, etc., les patronymes
Duhamel, Duhameau, etc.). «jarret, cuisse», restitué par l’ancien haut allemand
hamme ajambon>> (cf. anglais moderne ham); le
+Hameau, qui désigne un groupe d’habitations ru- croisement se sera3 produit dans le francique
rales situées à l’écart d’un village, est aussi (19681 parlé en France septentrionale avant 800. P. Gui-
un terme militaire (hameau stratég@ueI. Le mot raud rapproche hampe du dialectal lampe afanon
appartient au domaine d’oïl; dans la France du de bœufm, emploi figuré de lampe amorceau, lam-
Sud, on emploie toujours village pour hameau. beaug, issu du francique “Zabba (+ lambeau).
0 voir HANTER.
+ Le mot est d’abord attesté comme terme de véne-
o> HAMEÇON n. m., réfection d’après le latin En rie tapoitrine du cerfnI et, par la suite 11690), désigne
XIII” s.1 de esmeçon, ameçon II 174-I 1871, est dérivé une partie du bœuf, du côté de la cuisse ; l’évolution
(à l’aide du suffixe -lelçon, -teIsson, sur le modèle de sens (vers Mpartie allong6e4 a pu se faire par
de poinçon, écusson) de l’ancien tiançais aim, ain l’influence de 0 hampe.
(ti XI~ s.), issu du latin classique humus «hameçon,
HAMSTER n. m. est un mot emprunté (1765,
crochetx, d’origine inconnue.
Btionl à l’allemand Hamster ou hamustra (XIII~s.1,
+Hameçon, qui désigne d’abord un instrument de attesté au sens de Kver du blé, charançon, (par l’an-
pêche, est très vite employé au figuré (1269-1278, cien haut allemand hamustrol.
ameçonl au sens de “piège, appâtm, notamment
+ Hamster est le nom donné à un petit mwnmifère
dans des locutions (1669, mordre à I’hameçon, go-
rongeur, ce qui suppose que la valeur de <rongeur&
ber I7mneçonl.
a été seule retenue dans l’étymon.
b HAMEÇONNER v. tr. appartit d’abord au parti-
cipe passé sous les formes humessonnes «recotié, HAN inter-j. est une interjection onomatopéique
crochu> ti XTV”s.1,hamensonné apris à l’hameçonm s.1 figurant un soupir, un gémissement, em-
(XIII~
114641et *garni d’hameçonsa) ( 16061.0 Le verbe actif ployée 11306) comme interjection afrmative. Au
hameçonner aprendre à l’hameçonti est attesté au ~VI~s., chez Rabelais (15521, le mot traduit le cri
début du xwe s. r16091; LLa aussi Il6111 le sens de d’une personne gui fournit un effort Cnotamment
HANAP 1682 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

un bûcheron). Hari est employé comme nom mas- b En dérive HANDBALLEUR, EUSE n. (1934.
culin en 1834 (faire, pousser un ha& 0 voir HANDICAP.
b Le dk'ivé HANNER v. intr. ( 1841, Flaubert) 6ouf-
HANDICAP n. m. est emprunté (1827) à l’an-
fler, soupirer>> est sorti d’usage (cf. ahan&.
glais handicap, qui représente probablement une
contraction de hund in cap, proprement <<lamain
HANAP n. m., autre forme (v. 112 1) de henup
OWKU dans Cinl le chapeau kupk Le mot, en an-
Iv. 11001, est issu, par l’intermédiaire du bas latin
glais, a désigné (XVII’ s.1 un jeu où l’on se disputait
anuppw Iwe s.1, hunuppus kxe s.), du francique
des objets personnels dont le prix était proposé par
“Iznup «écuelle>> que l’on restitue d’après l’ancien
un arbitre, la mise étant déposée dans une coiffure
haut allemand hnupf: l’ancien nordique hnuppr
(cf. l’allemand Nupf Gcuelle »3. IcupI et, par la suite, sous la forme contractée hun-
dicup, une compétition entre deux chevaux ( 17541,
+Le mot désignait, au moyen âge, une grande puis des courses de chevaux ( 17801, le glissement
coupe à boire en métal, munie d’un couvercle; il de sens s’expliquant par l’idée de jugement compa-
s’emploie encore par archaïsme et en histoire. ratif de la valeur (des objets, puis des chevaux).
+Handicap est introduit en lançais, comme
HANCHE n. f. représente l’aboutissement
d’autres termes de hippisme, avec l’idée d’égaliser
Iv. 11551 du germanique “hu&u cchanchem,restitué
les chances des concurrents en imposant aux meil-
d’après le moyen néerlandais de même sens
hanke, qui a aussi produit l’italien, l’espagnol et leurs de porter un poids plus grand ou de parcou-
rir une distance plus longue. Par extension, le
l’ancien provençal uncu. Le mot s’est substitué au
latin classique coxu (+ cuisse), qui avait lui-même terme s’applique (1854) à d’autres sports puis par
remplacé le latin femur ~cuîsseg devenu homo- métonymie ( 1888, en cyclisme) se dit de tout désa-
nyme de femus, mot qui a donné fumier. vantage imposé dans une épreuve à un concurrent
de qualité supérieure. De là vient (1913 le sens fi-
+Hanche est d’abord un terme d’anatomie; il a guré d’aentrave, gêne>, Gnfériorité~~ et, par exten-
produit l’expression le poing, la main sur lu hanche sion (1964, celui d’kSriorité momentanées en
(1845) pour désigner une posture qui marque le parlant d’une collectivité par rapport à une autre.
défi. Par extension, hanche s’utilise en parlant de Handicap a aussi pris la valeur sociale de handt-
certains animaux Cxnr”s-1,d’où (1678) mettre UYL che- cupé (ci-dessous).
val sur Zes hanches et un emploi en entomologie
wHandicap a produit très tôt des dérivés en fran-
(1832). 0 Par analogie, le mot a pris des acceptions
çais : HANDICAPER v. tr. (1855; 1854 au participe
techniques en marine (16781 et pour désigner les
passé; d’après l’mglais to handicap) s’applique
montants d’un chevalet (1832).
d’abord aux sporks puis signifie au figuré (1888)
.Le dérivé HANCHU, UE adj. (16111, qui a rem- Mmettre (qqn) en état d’inférîorité~. +Le participe
placé l’ancien français huinchous, est d’emploi lit- passé HANDICAPÉ, ÉE adj. et n., d’abord en hip-
téraire. +HANCHER v., d’abord hunchier <<donner pisme (18541, se dit (18893 d’une personne désavswl-
un croc-en-jambe» (1397) d’un sens donné à hanche tagée et, notamment, d’une personne a$ectée
en ancien fkançais Ihaulte hanche «croc-en- d’une déficience physique ou mentale (1957, tra-
jambe4 est attesté en 1835 (intr.) avec le sens de vailleur handicapé) ; le terme tend aujourd’hui à
<<secamper dans une posture qui fait saillir une remplacer infîrvxe, mais il est plus large (défi-
hanchem (aussi, 1877, se hancher) et en 1902 Itr.1 ciences mentales, etc.); il est devenu très courant,
avec celui de <<représenter (un personnage, une parmi les euphémismes sociaux masquant les réa-
statue) de manière à faire saillir une hanche». 0 Du lités pénibles Icf. mal voyant, malentendant, etc.).
verbe dérive HANCHEMENT n. m. ( 1867) aattitude 0 Handicapé est à l’origine du composé HANDIS-
hanchée>>. Les deux mots se substituent à une par- PORT adj. (1977 ; de hundilcapél et sport) (relatif
tie des emplois de déhunchw, déhanchement qui aux sports pratiques par les handicapés phy-
sont antérieurs. +À partir de hanche a été siquesti, qui est un mot-valise à l’anglaise particuliè-
composé DÉHANCHER v., d’abord verbe transitif rementmti f0rn-k en fkn@S.+HANDICAPEUR
(1555)formé avec le préfixe dé-. Le verbe signiEe n. m. (1855; 1854, handicupper), dérivé du verbe
<porter (qqch.1 en l’appuyant sur la hanche)), et handicaper, est resté un terme de turf.
s’emploie ensuite couramment au sens de cse ba-
lancer sur ses hanches, en marchant)) (XVII~s.l. HANGAR n. m., réfection graphique Cl3373 de o>
-DÉHANCHÉ, ÉE part. passé adj. s’emploie hunguti (11351, est issu du tiancique “huimgurd
d’abord (mil. xvres.) en parlant d’un cheval dont la 46ture autour de la maisonn, composé de haim
hanche est déplacée, puis des personnes. ~DU <petit village» (-, hameau) et de gurd aenclos>>
verbe dérive DÉHANCHEMENT n. m. (1693). (t jardin). P. Guiraud, pour mieux justfier la gra-
phie de hangar, fait l’hypothèse d’une composition
HAND-BALL n.m. est un emprunt (19M à de garer «mettre à l’abri)) (+ garer) et de hum «gîte,
l’allemand Hundbull, (<balle à main», composé de retraite», Kabri pour le bétail» (du fkncique “haim) ;
Hund <<main)) et de Bull <<ballon>>.Cependant, au quoi qu’il en soit de l’hypothèse, l’influence de garer
rugby, handball Njeu à la main> (1930) est un em- est probable.
prunt isolé à l’anglais hund hall, littéralement «(jeu + Hangur, d’abord attesté (1135, hunguti) comme
del balle à la mainn. toponyme en Picardie, où les bâtiments de ferme
+ Le mot désigne un sport d’équipe qui se joue uni- sont traditionnellement disposés autour de l’en-
quement avec les mains et s’oppose alors à footbull. clos, désigne une construction sommaire qui abrite
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1683 HAPPER

du matériel agricole, des récoltes ou des marchan- hanter s’utilise en parlant d’un esprit, d’un fantôme
dises et, au xx” s. (19221, m abri pour les avions, puis (1800, Delille, puis 1823 Hugo), aussi au participe
pour toutes sortes de matériels, véhicules. passé adjectivé hantb, 6, (av. 1848, chambre hantée,
Chateaubriand). L’emploi vient de l’influence de
HANNETON n. m. représente Km XI~s., hane- l’anglais to haunt,par l’intermédiaire des romans
ton) un diminutif non attesté du francique 'hano fantastiques CA.Badcliffe, H. Walpolel, le verbe an-
«coqn, qui a servi à désigner (souvent en composi- glais étant issu de l’ancien français ; on peut aussi
tion) divers insectes dans les langues germa- penser à l’influence du normand hanté cfréquenté
niques: néerlandais kliehctantje warabée qui vit par les spectres», hunt &ntômem. Par extension,
dans les lis-, en allemand de Bhénanie Wuhn “pu- avec un sujet abstrait, hanter équivaut à epour-
naise des baies>, en anglais cockzchafer <hanneton,. suivre, obséder, Il 836, Stendhd).
4 Par allusion au vol lourd et maMrolt de l’insecte w HANTISE n. f. au sens de &équentations (12281
apparaissent, à partir du XVII~s., des locutions figu- se prenait plutôt en mauvaise past à la fin du XVII~s.
rées : être étourdi comme un hanneton (16111, au- et est sorti d’usage aujourd’hui; il s’emploie depuis
jourd’hui sorti d’usage d’où kweton «individu le XIXes. 11860, Baudelaire) au sens d’aobsessiow
étourdi, (1675, adj. ; 1787, n.); avoir un kameton -HANTEUR, EUSE adj. et n. ~VI” s., qx”iS en
dans le cerveau ((être un peu dérangé> (d’où 1675 18651, lié au premier sens du verbe, et HAN-
un hanneton <<lubie, manie4 et, plus récemment, TANT, ANTE adj. (1884) cqui obsèdem, sont d’emploi
n’êlrepaspiqué deshannetons (1821) &tre intense, rare.
extrêmem.
F HANNETONNER v. intr., d’emploi rare au sens HAPAX n. m. est emprunté au grec, d’abord
dans l’expression hapax legomenon en 1909, puis
de adétruire les hannetons)> ( 17671, a aussi Irare-
ment) une valeur figurée ( 1907, Gide) pour 4ler et apax (1919) et hapax Il 922) ; l’expression est compo-
sée de hupax aune foi+, mot qui repose sur la ra-
venir de manière désordonnées. +Le dérivé HAN-
cine indoeuropéenne du latin pactus (3 pacte), et
NETONNAGE n. m. (18351 ne concerne que le sens
legomenon cditn, participe présent passif de Zegein
concret du verbe.
dires Ib -logie, -1oguel; elle a été utilisée dans un
HANSE n. f. représente un emprunt Iv. 1223) à texte anglais dès 1654.
l’ancien haut allemand hansa 4roupe de soldats>> 4 Hupux, terme de linguistique, désigne un mot,
qui, en moyen haut allemand tinse Cv.le XI~-XII~sd, une forme dont on ne peut relever qu’un exemple à
a pris le sens d’=association de marchaudsn. Le latin une époque donnée.
médiéval hansa (1199) est attesté dans cette accep-
tion et dans celle de {cotisation dès 1127 le hnçais HAPLO- est un élément tiré du grec k@ous
a eu aussi ce sens de <cotisation» (v. 1223 payer la 4mplen, entrant dans la composition de mots sa-
hume). vants comportant l’idée d’aune seule fois, une seule
chosep, panni lesquels :
+ Hunse désigne depuis le milieu du XIII~s. Iv. 12401,
en particulier sur les bords de la Baltique, une as- b HAPLOGRAPHIE n. f. (1898; de -graphie) et HA-
sociation de marchands ayant Le monopole du PLOLOGIE n. f. 11908; de -lo@), terme de phoné-
commerce par eau (la Hawe germanique et, abso- tique, concernent le fait de n’écrire et de ne pro-
lumknt, la Havtse). Par extension, ha-e est le nom noncer qu’une fois un élément redoublé.
donné à certaines corporations, Avec guilde, hanse HAPLOÏDE adj. Idéb. ti s.; de -oti), terme de bio-
représente l’une des institutions originelles de logie emprunté à l’allemand haploid, mot formé
l’économie moderne. par le botaniste E. Strasburger en 1905 par adapta-
tion du grec, quaMe les gamètes après la m&ose,
b HANSÉATIQUE adj. (1690; 1605, unskutique), em- quand un seul chromosome de chaque paire est
prunté au dérivé médiéval hunseaticw, corres- conservé ; HAPLOPHASE n. f. (mil. ~2 s.; de
pond à l’allemand hanseutich #relatif à la Hanses, -phase), aussi terme de biologie désigne la phase
seulement attesté au XVIII~s. ; c’est un terme didac- correspondante.
tique comme HANSÉATE adj. et n. 11878) arelatif
aux villes d’une hansem et <habitant de ces villes-. HAPPENING n. m. est un emprunt récent
@ Voir IkONOMIE hmdrél. (1963) à l’anglais happening aévénementm IXVI” s.),
participe présent substantivé de to h5ppen *arr%
HANTER v. tr. représente, d’abord en Norman- ver, avoir lieu, se produirem, d’origine germtique.
die, un emprunt (XII~s.3 à l’ancien scandinave
+ Le mot a pris aux États-Unis (1959) le sens repris
heimta <conduire à la maiso@, dérivé de heim
en français de aspectacle qui laisse une part essen-
amaison=; ce mot repose sur une base germanique
tielle à l’imprévu et à la spontanéitép. Par exten-
“haim- -d’où viennent l’anglais home et l’alle-
sion, happening se dit d’un événement collectif
mand Heim, et qui est peut-être liée au sanskrit
comparé à ce type de spectacle Cv.1980). On a sug-
Jzshëma- asécurité= I-, hameau).
géré de remplacer ce mot, difkilement assimilable
4 Hanter s’emploie d’abord au sens de afréquenter en fkqtis, par impromptu.
(qqr&, encore en usage au XVI? s. mais estimé vieilli
à la fin du siècle. Le verbe sigr&e par extension HAPPER v. est issu &n XII~s.) d’un radical ono-
(1121-l 134; aussi HANTÉ, ÉE adj. MI~ s-1<fréquenter matopéique happ-, indiquant un mouvement de
un lieu d’une manière régulièreb, aujourd’hui saisie brutale et rapide que l’on retrouve dans les
d’emploi littéraire. 0 Depuis le début du XIX~ s., langues germauïiques : néerlandais happen es&+,
HAPPY END 1684 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

bas allemand huppen achercher à saisir>>, flamand des privilégiés Iles gens fortunés, l’élite intellec-
huppen Mparler aigrement-, danois hap <<bouchéen; tuelle, etc.).
mais ces formes sont attestées plus tardivement
que le mot français, ce qui semble exclure pour HAQUENÉE n. f. est emprunté Iv. 13603 au
happer une origine germanique. moyen anglais huquenei (~IV” s. ; attesté d’abord
4 Les principales acceptions de happer appa- sous la forme latine huqueneiu en 12921, devenu
raissent à la f?n du XII~ et au début du XTII~s. : <saisir huckney au XVI~siècle. Le mot vient du nom d’une
brusquement Iqqch., qqn)* ( 11931, spécialement en bourgade de la région londonienne réputee pour
parlant d’un piège, d’une machine (1275-1280) et en ï’élevage de ses chevaux. Cette origine topony-
particulier, en parlant d’un animal, cattraper dans mique ne satisfait pas P. Guiraud, pour qui le mot
la gueule>> (v. 1200). Le sens figuré apparaît au XIII~ s. anglais serait un emprunt au tiançais; haquenée
(v. 1245). ~L’emploi intransitif, aujourd’hui sorti Njument qui va l’amble» dériverait de haquener,
d’usage, est attesté 11785) dans l’expression hupper doublet de haqueter (+ baquet) selon l’analogie
ù la langue <<adhérer fortement>>, en parlant de l’ar entre l’amble du cheval et le mouvement de ba-
gile, par exemple. lancement.
b HAPPE n. f., déverbal de happer, a le sens géné- + Haquenée s’est d’abord dit iv. 1360) d’un petit che-
ral de acrampon> (1260, hapel ; c’est un terme tech- val ou d’une jument que montaient les dames, d’où
nique utilisé dans divers domaines, par exemple ensuite les sens figurés et péjorati& de ufemme de
ccrampon qui lie deux pierres, deux pièces de boisn mauvaise vie» (1805, Stendhal), peut-être par assi-
(1611). milation entre amazone et courtisane, et selon la
HAPPEMENT n. m. aaction de happern, au- métaphore habituelle de la ((monture>> (cf. chu-
jourd’hui peu usité, appartit au XTV’s. (13301; il meau). Une autre valeur figurée est Mfemme laide,
s’emploie concrètement ( 1845) en parlant de d’allure masculine)) (1841, Balzac), par référence
l’adhérence (de l’argile, etc.) sur la langue, et au fi- explicite à l’animal kf jument). 0 Haquenée n’est
guré. +HAPPE~R, EUSE n. et adj. (18703 est peu plus en usage depuis la fm du XVI~s. mais reste évo-
usité comme nom. + HAPPEAU n. m. (18721 se dit cateur du moyen âge, comme destier ou palefroi.
encore dialecttalement pour «piège pour prendre
les oiseaux>) (+ appeau). HAQUET n. m., relevé en 1606, est antérieur,
HAPPE-, élément tiré de happer, entre dans la comme l’atteste son dérivé Ici-dessous). Le mot re-
composition de mots aujourd’hui sortis d’usage, présente peut-être un emploi métaphorique de
comme HAPPELOURDE n. f. composé, comme at- l’ancien français huquet (v. 14801 «cheval (propre à
trape-nigaud, de lourde, féminin de lourd, au sens tirer ce genre de charretteIn. Ce dernier pourrait
de afemme qui manque de finesse, de subtilité; être une altération de haquenée (+ haquenée) par
sotte-. Le mot apparait d’abord E15321chez Rabelais substitution de suffixe Icf. huque ccheval hongren,
avec le sens de aséducteur qui trompe les femmes» du radical de haquenée). Cependant, P. Guiraud
et, plus généralement (av. 15731, de *personne qui suppose comme origine commune à baquet «che-
trompe sur les apparencess; par extension il dé- vals et à haquet Mcharretten le verbe huqwter, va-
signe (16361 une personne d’aspect agréable, mais riante onomatopéique de hoqueter <<secouer, caho-
dépourvue d’esprit, et par analogie (15641, une ters, attesté par le normand huqueter -avoir le
fausse pierre précieuse. hoquet+, abégayer>>; cette hypothèse n’est pas ap-
On relève aussi HAPPE-CHAIR n. m., attesté à la puyée par les textes.
ti du xwe s., repris en 1684 par LaFontaine (de
+ Le mot désigne une charrette sans ridelles.
chair), HAPPE-BOURSE n. m. 11834; de bourse) et
HAPPE-LOPIN n. m. (mil. XIX~ s. ; de lopin). F HAQUETIER d. m. (1481) désignait le conducteur
de baquet.
HAPPY END n. m. ou n. f. représente un em-
prunt (19451 à l’anglais happy end (normalement HARA-KIRI n. m. est une lecture des carac-
happy ending), composé de happy <<heureux» et de tères d’un mot japonais (attesté en 1863 : hara-kiri
end &m. ou sep-kou), qui Sign%e aouverture du ventre>; la
$ L’expression, empruntée en franqais à l’améri- lecture normale des caractères japonais, seule usi-
tée au Japon et chez les spécialistes, est seppuku.
cain comme terme de cinéma, s’applique d’abord
au dénouement heureux d’un film tragique et, par 4 Guru-kiki désigne en tiançais un mode de suicide
extension, se dit familièrement (v. 1970) de la ti par éviscération, considéré comme très honorable
heureuse d’une histoire tragique. Généralement au Japon ; autrefois, les samouraïs condamnés à
employé au masculin, happy end est parfois doté mort en avaient le privilège. Par figure, la locution
du genre féminin, sous l’influence de fin, nom fémi- se faire hara-I&i <<sesuicider)) (1881) se dit pour ase
nin. sacr%er pour une cause- 11933).

HAPPY FEW n. m. pl. inv., employé par Sten- HARANGUE n. f., attesté chez Villon (v. 14613,
dhal (1804 à propos de ses lecteurs présumés, et est un emprunt à l’italien urWinga 4iscows pu-
repris dans l’exergue de Lucien Leuwen ( 1836 ; to blicm (XIII~ s.1, d’où viennent aussi au XIII~s. l’ancien
th,e happy fw), est une expression anglaise qui si- provençal arengua et le catalan urengu; urldinga
gn%e proprement «un petit nombre &w1 heureux est sans doute formé sur arlrlingo «arènem et «lieu
(happy)»; cet anglicisme désigne le petit nombre de rassemblement» (cf. latin médiéval arrengum,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1685 HARDI

13281, mot issu du gotique Ohtiggs qui correspond 0 HARDE n. f,, réfection IXVI” s.3 de herde 9)
au kancique Ohring ~wlneau, cercle>> (cf. anglais CV. I 1401, est issu du francique “herdu (cf. allemand
titig et allemand Ring). Herde et anglais herd 4roupeau4; le sens de «trou-
+ Hurungue se dit d’un discours solennel devant peau)} est conservé dans les dialectes galle-romans
une assemblee, un haut personnage (1689, ha- du Nord-Est : hard& Sign%e agardien de trou-
rangue d’ouverture à Z’Université), puis le mot peaux)‘, en Lorraine.
prend les sens péjoratik de discours ennuyeuxm + Le mot désigne une troupe de bêtes sauvages vi-
Iv. 15301, <<longue remontrance)) Il61 f). vant ensemble.
b HARANGUER v. tr., directement emprunté b En dérivent les termes techniques de vénerie :
114141 au dérivé italien amingare fdéb. XIV” s.1,s’em- HARDÉES n. f. pl. (16901, HARDÉ, ÉE adj.
ploie d’abord au sens de <<lire en public», puis de (déb. xxe s.; enhurdé, 1867) et SE HARDER v. pron.
<faire UXI &scours~~ I1514, emploi absolu; 1547, ha- 119021.
runguer qqn) et de <<sermonner, faire des discours
ennuyeux» Il 573). +HARANGUEUR, EUSE n. est 0 HARDE -5 HART n. f.
vieilli au premier sens d’aorateurn (15271, littéraire
dans son emploi figuré 11652). HARDE S n. f. pl. est une forme issue (1480) de la
prononciation gasconne de l’ancien tiançais farde,
8> HARAS n. m. (12801, d’abord sous la forme hu- écrit farde en ancien gascon (1376-1378) et en an-
raz est peut-être issu de l’ancien scandi-
Iv. 11601, cien béarnais ( 1385) mais où le f: comme en espa-
nave hû~ «qui a le poil grism, d’après la couleur la gnol, devient normalement h. Furde =Charge, ba-
plus fréquente de la robe des chevaux. P. Guiraud gaw et «vêtement+ lapr. 1170, furdres) est
préfère un @mon gallo-roman supposé OhuruciUs emprunté à l’arabe farda <<balle de vêtements,
du latin classique huru «abri pour les animaux (les d’étoffes, de marchandises» (+ fardeau), comme le
porcs, les oie& - qui a donné l’italien dialectal uru catalan alfurda Gpièce d’habillement portée par les
«abri pour les chevaux)). femmes (au moyen âgela, l’espagnol ulfurda et le
+ Haras a d’abord eu le sens de <<troupe d’étalons et portugtis ulRur& de même sens.
de juments destinés à la reproduction>); par méto- +Hardes se dit encore régionalement pour dési-
nymie, le mot désigne (1280) un établissement des- gner l’ensemble des effets personnels ( 14801, sens
tiné à la reproduction et à knélioration des races encore conservé dans le langage juridique. L’ac-
de chevaux; par analogie, haras s’emploie pour ception péjorative de =Vêtements pauvres et usa-
l’élevage d’autres animaux et en parlant de l’es- gé+ appara3 au XVUPs. (1771).
pèce humaine (XIX” s.l.
HARDI, IE adj., relevé dans Lu Chanson de Ro- o>
HARASSER v. tr. est dérivé (1527) de l’ancien land (10801, est le participe passé d’un ancien
fiançais hurache kme s.), haruce krv” s.1, surtout verbe, hurdir <<rendre, devenir dw, d’où «rendre
employé dans les locutions COU~ a la harache courageux>), issu du fkncique ‘hardjan -rendre
Mpoursuivre» (xwe s.1,prendre a lu huruche ((prendre dur», dérivé de “hurt cdurn (cf. allemand hurt <durs
qqn de force>, lui-même de hure (-, haro1 Sri pour et hürtert ~~durcir~~,anglais hard «durnI.
exciter les chiens», avec le suBxe -ace.
$ L’adjectif s’emploie dès son apparition (1080) au
4 Harasser a Sign%é Kharceler)) (1527) puis, par ex- sens de «courageux, vaillants, d’où «téméraire*
tension, ((épuiser de fatigue)) 11562 au participe Iv. 1160-l 174). Par extension, hurdi se dit de ce qui
passé), seul sens usité aujourd’hui, surtout aux dénote ou exige de l’audace (1273 ; projet hardi, re-
temps composés. gurd hardi) et, par péjoration, s’emploie pour Gn-
b Le dérivé HARASSEMENT n. m., «tracas, tour- solent# (v. 12831, sens vieilli, encore usuel au xwe s.,
ment)) (15721, puis (1609) <état d’une personne ha- de même que «provocant, impudique>>. Ce sens ne
rasséeB, est aujourd’hui rare, contrairement au dé- demeure aujourd’hui qu’en parlant d’écrits libres
rivé HARASSANT, ANTE adj. (18451, usuel en sans être inconvenants. 0 Depuis le XVII’ s., hardi se
parlant d’un travail. dit aussi de ce qui est audacieux avec bonheur, spé-
cialement dans le domaine de l’art, de l’expression
HARCELER v. tr. représente (v. 1478-1480, hur- E1648, Voiture) ; à la même époque, l’adjectif qutie
cellerl une variante de herseler, herceler (seulement des doctrines qu’il est dangereux de soutenir ( 2690 ;
relevé en 1530 mais antérieur), diminutif de herser ouvrage hardi). 0 L’emploi de hardi comme inter-
employé au figuré en ancien français au sens de jection pour encourager est attesté chez Molière
<<malmener» de la ti du XII~au xve s. (-, herse). (16601, aujourd’hui seulement dans des locutions
4 Hurceler s’emploie d’abord au sens de tcprovo- comme hardi les gars! ou hardi petit! 0 L’emploi
quer, exciter (qqn1 pour l’excéderm, d’où spéciale- adverbial et dialectal au sens de «beaucoupB, relevé
ment upresser (qqn) d’aw et, par extension, «SOU- chez Hugo (1866 ; îles anglo-norma;ndesI, est tombé
mettre (l’ennemi) à de petites attaques réitérées>) en désuétude. Il continue un autre mot, lié au fran-
(16483. cique “herdu <<troupeaua (+ harde).
b Le dérivé HARCÈLEMENT n. m. (1632) est de- b HARDIMENT adv. Iv. 1160, hardiement) a le sens
venu un mot d’emploi soutenu, jusqu’à la difksion général de cd’une manière hardie>>; dans l’emploi
du mot par calque de l’angle-américain huruss- laudatif de hardi en art, il est relevé chez Hugo
ment (+ harasser), dans hurcélement sexuel. HAR- (18311. +HARDIESSE n. f. s’emploie à la -fin du
CELEUR, EUSE adj. (1898) est rare. XII~s. lurdiesce1: <manière d’être hardie)) et Naction,
HARDWARE 1686 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

parole hardie)) lune, des hardiessesI; il est pris mot demeure avec la valeur figurée t1618) de
(1538) dans une acception péjorative, aujourd’hui afemme grossière, criarde>, par allusion aux cris de
vieillie, puis dans un sens laudatif en parlant des la marchande et en relation avec les usages et le
productions de l’esprit (16691; le mot désigne en- langage des huiles” (cf. poissarde). +Plusieurs déri-
suite (1690) la qualité qui dénote de l’audace. 4 Le vés de hareng sont des termes techniques. 0 HA-
composé ENHARDTR v. tr. urendre hardi, P~LIS RENGEAISON n. f. *pêche au hareng (1690) et
hardia est formé au xue s. (v. 11551.0 Son dérivé EN- HARENGAISON (1615; anciennement hurengue-
HARDISSEMENT nm., qu’on relève chez Gide son, 1357, et hurenghison, 1262)sont des quasi-syno-
(19161, est rare. nymes. 0 HARENGUIER n. m. kcx” s,) ebateau
pour la pêche aux harengs}}, a pour synonyme HA-
HARDWARE n. m. est un emprunt Iv. 19651 à RENGWEUX n. m. (18771, aussi <pêcheur de ha-
l’anglais hardware tti s.1 -quincaillerie, ferronne- rengw 0HARENGUIÈRE n. f. (17271 &let pour la
rieD, composé sur le modèle de ironwure, de hard pêche aux hareng+, a lui aussi un équivalent sé-
Ndurmet ware carticles (manufacturé& Dans le mi- mantique, HARENGADE n. f. (1834).
lieu des ingénieurs américains de l’informatique
naissante ( 19471,le mot a pris plaisamment son HARGNE n. f., d’abord sous la forme hwne
sens moderne d’aéquipement électronique de l’in- Iv. 12651, est le déverbal d’un ancien verbe hargwr,
formatique* (par opposition aux moyens et pro- hergner ase plaindre, querellep, attesté seulement
grammes d’utïlisation, nommés, par calembour, en 1426.Ce verbe est d’origine incertaine. Il serait
softwarel . issu d’un ancien kmcique “humjun &sultep, res-
titué d’après l’ancien haut allemand hamLjan ain-
+ Le mot a été introduit en français vers 1965,avec sulter, tourmentep, le groupe -mj- se transfor-
d’autres termes provenant de l’électronique. Hard- mant phonétiquement en -n+. Selon P. Guiraud,
wure (ou l’abréviation Ile1 hard) résiste chez les spé- hermr serait plutôt un doublet de heticer, herbier,
cialistes à l’emploi d’équivalents comme quincaille- dialectalement hercier, issu d’un gallo-roman Oh&-
de, quincaille (Louis Armand) et même de ciniare, dérivé du latin hericinus de hérissom
matériel* (officialisé en 1974, Journal officiel), alors I+ hérisser), ce que confirmerait l’existence des
que logkkl (-+ logique) l’a emporté sur software. formes heregwr, hure@w, ha@ner equereller*; il
y aurait peut-être eu une influence de tirer cexci-
HAREM n. m., variante 116731de huru ( 16321, ter les chiens en criantn I+ haro). Mais aucune hy-
puis harem Iv. 16601, est un emprunt à l’arabe ha- pothèse n’est stie.
ram <chose interdite et sacréen, appliqué aux +L’ancien français hargw disparaît en même
femmes qu’un homme étranger à la famille n’a pas temps que le verbe (v. mil. xv” s.?1.C’est à partir de
le droit de voir: harum, en français, est attesté hurgneux, adjectif (voir ci-dessous), qui s’était
11559) au sens de “grand péché,, mais ce sens n’a maintenu, que le substantif s’est reformé avec le
pas vécu. sens de &sputeB, vivant au XV~ s., et encore attesté
+ Harem désigne, dans la civilisation musulmane, aujourd’hui dans des dialectes, à côté du sens
l’appartement des femmes, interdit aux hommes; d’eaversep. Le mot connaît une nouvelle éclipse
le mot a longtemps été confondu avec sérail (cf. les - Rousseau, vers 1770, emploie hargnerie pour
Lettres persanes de Montesquieu). Harem se dit par aquerellen- et ne réappwtit que vers la ti du
métonymie (166 1) de l’ensemble des femmes d’un ti s. (attesté 1899)au sens de ~~mauvaise humeur
harem. Par extension Idéb. me s.) harem se dit par se manifestant par un comportement agressifn, va-
plaisanterie d’un groupe de femmes entourant un leur liée à l’adjectif.
homme. b HARGNEUX, EUSE adj., d&ivé du verbe au sens
de “qui est d’une humeur agressiveB, est employé
HARENG n. m. est issu (w” s-1du francique “hû- depuis le XII~ s. cv.1160,Iw-g~~sl; la forme moderne
ting, nom d’un poisson de mer, restitué d’après apparaît à la fm du xwe s. Iv. K3931comme nom mas-
l’ancien néerlandais et l’ancien haut allemand ha- culin, l’adjectif au me s. ( 1572,paroles hargneuses).
tint (uriné en bas latin). -L’adverbe HARGNEUSEMENT est formé au
ti s. 11876,A. Daudet).
4 Le mot s’emploie dans plusieurs locutions : être
serrés comme des harengs (av. 1850, Balzac; HARICOT n.m., pour le francophone d’au-
cf. comme des sardines), sec, mai@t~ comme un ha- jourd’hui, évoque la gousse ou la graine comestible
reng saur bxf s.l. Hareng Isuur~ a eu (1876)le sens, d’une plante légumineuse. C’est pourtant un sens
abandonné aprés 1930, de Hgendarmeb, par méta- tout di%rent, aragoûta, encore connu par l’expres-
phore portant sur la raideur (cf. inversement gen- sion hunkot de mouton (voir ci-dessousl, qui est à
darme pour hareng saur depuis le XVI~s.1et la cou- l’origine. Hericot (v. 13981, haricoq (déb. xv” s.; l’alté-
leur dorée des galons. ~Peau d’hareng(l919 dans ration en -coq est inexpliquée), em hutiot ( 15961
Dorgelès) est l’une des innombrables désignations semble être le déverbal (qui devrait être ohu@ot ou
péjoratives formées avec peau. 0 Hareng, par assi- %ligot) de l’ancien verbe hangoter ou huligoter
milation à maquereau, désignation ancienne du (v. 1175, Chrétien de Troyes) <couper en morceaux,
souteneur, s’emploie depuis le début du XX~s. pour mettre en lambeaux*, dérivé probable d’un fian-
aproxénètem. cique“hûtin (une prononciation “ha@& serait à
~AU sens de <vendeuse de poisson+, HAREN- l’origine de l’allemand verheeren -ravager, dé-
GÈRE n. f. (1226, haranchkrel est sorti d’usage; le truire>>) simifmnt dchep, et neut-être aabîîer en
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1687 HARLE

catmnt, en déchirant)). “Harion a donné en moyen hardi», 1849,


puis <personne maigre> (un WU~ hari-
français le verbe harier, I-w-& «harceler, tourrnen- cet, Zola); en lOCUtiOn,
1882 être mime comme un
ter-m, d’ou ha&, puis aria, nom masculin, gennti, haricot vert, la fipe harîcot vert. oEmploy6 seul,
diEculté>> (encore au XIX~ S.I. Hutigoter, refait en ha- le mot a donc pour Va[leur dominante cgraine mûre
ricoter, a eu de nombreux sens, <perdre du temps à du haricot blanc)); elle donne naissance par analo-
un travail difficile>>, acultiver une mauvaise terre» gie de forme à table haricot, au sens argotique
(1769), “agir mesquinement= (18381, alors avec in- d’torteib (18831, d’où apied>, qui explique en partie
fluence évidente de huticot &gumineuse~. courir, taper sur le haricot l’ennuyez (mais haricot
+ Le haricot, ragoût de mouton, était en géneral ac- a pu Sign%er etesticulen, comme l’atteste hatico-
compagné de fèves. Au début du XVII~s., on trouve céle, nom masculin, ((testicule atrophié>, 1907).
en effet l’expression fwes d’aricot ( 16281, febw de 0 Des haricots Nrien du tout>> 11911) correspond
haricot, qui semble avoir produit la forme abrégée probablement à l’emploi de haricots secs (ou de
(attestée en 1640, par le dictionnaire français-es- fèves) comme enjeu fictif, et aussi du verbe hurico-
pagnol de Oudin : huticot, febve de haricot). On par- ter (voir ci-dessus) ; de là vient peut-être aussi la fin
lait aussi de pois d’haricof 11701). Il faut cependant des haricots ala ti de tout)) (xx” s.l.
noter que le dérivé Idéverball de hutigoter, sous di-
HARIDELLE n. f. est attesté une première fois
verses formes (herig’aut, v. 1300; herguut, 13541, a
chez Villon dans un emploi figuré Iv. 14601, pour
désigné une housse, un vêtement de dessous, et
«grande femme s&che et maigren, selon l’assimila-
qu’une comparaison avec la gousse de légumi-
tion habituelle chevuZ/femme (cf. jument). Utilisé au
neuse n’est pas absurde. On trouve d’ailleurs
sens propre au milieu du xvie s., hamlle est un
concurremment la variante rapidement éliminée
mot d’origine discutée. Il est peut-être composé du
féve de cullicot (1654) puis calicot kullicot, 1651) due
radical germanique hiiw agrism (cf. scandinave hûrr
à la croyance que ce légume venait des Indes, Cctli-
«grisonnant») qui exprime la notion de cchevaln
cet étant le nom ancien de Calcutta. En fait, ii pro-
dans de nombreux mots dialectaux (+ haras). Se-
venait des Indes occidentales, c’est-à-dire d’Amé-
lon P, Guiraud, le mot serait plutôt dérivé de aride
rique centrale et méridionale, d’où il avait été
(13601, emprunt savant au latin andus adesséchén,
rapporté en Italie (1528) et nommé fu@volo (du latin
d’où adéchamén, &érile~. La forme primitive de
phuseolus; + flageolet), d’où en provençal fuyol, qui
haridelle, cmauvais cheval eflanquém (15581, serait
a donné fayot. C’est à la demande du pape Clé-
aridelle au sens de +queIette» (15821, qui se serait
ment V que le haricot mexicain est titivé en Italie,
croisé avec harin, hmigne, hurotie, hurousse, hu-
d’où il serait passé en France à l’occasion du ma-
rauque wieux cheval3, sans doute dérivés de tirer
riage de Catherine de Médicis. Mais le phuseolus
<<exciter (les chiens, les chevaux)n t+ harol, le
latin était une plante différente. La traduction du
«vieux cheval IsquelettiquelB étant un animal que
latin par haticot, aux X~%VIII~ s., n’est qu’un indice
l’on «harasse n («harigne m,=harotte») de cris pour le
de la confusion entre la légumineuse antique et le
faire avancer. Le mot aurait donc d’abord désigne
haricot ; une autre confusion avec fubu et fbve (la fé-
un <squelette> par la même évolution sémantique
verole est un haricot) et même avec pz2wn et pois
que carcan *carcasse)) et «vieux cheval».
(poisanglais et pois d ‘Anjole, au XVIII~s., désignent
des haricots en provenance des Antilles, + pois), HARIS SA n. f. est un mot emprunté (1930,
rendent la terminologie très complexe. Cepen- urissu) à l’arabe harisa, dérivé du verbe hurusa
dant, le légume appelé haricot, que l’on croyait au- ((écraser, piler, broyer)).
tochtone, est bien identif2 quant à son origine bo- + Il désigne une poudre ou purée de piments, em-
tanique dans la seconde moitié du XIX~ siècle. C’est ployée comme condiment dans la cuisine tuni-
à cette époque que l’on croit trouver son origine sienne.
dans le mot indien du Mexique, uyucotl : Heredia
invente une forme uyucot, aussi imaginaire que les HARKA n. f. est un mot emprunté (1907) à
fuburicus, fibuticotus invoqués imprudemment l’arabe maghrébin @T~U -expédition, opération
par Ménage, en 1690 pour rattacher haricot à militaire», issu de l’arabe classique hur&u «mauve-
fubu. .. ment)).
Le sens initial, <Tago&>, seul en usage avant le + Hurtm a désigné en f?anqais ( 19071, employé à
XVII~s., ne swvit que par le syntagme haricot de propos du Maroc, un coup de main organisé contre
mouton, qui n’est plus compris, le sens moderne un poste; ensuite le mot s’est dit par métonymie
(1640) l’éliminant peu à peu. 0 Lorsque le haricot d’une troupe d’insurgés rassemblés pour opérer
supplante en partie la fève, et que le mot haricot un coup de main, puis C1914, J. Jaurèsl d’une troupe
devient très usuel pour désigner la graine, appa- de supplétifs renforçant l’armée régulière, dans
raissent des syntagmes pour designer des variétés l’armée tianqaise d’AI?ique du Nord.
botaniques (haricot noir, le do& ; haricot rouge, es- b HARKI n. m., ((membre d’une harka=, est un mot
pèce réimportée d’Amérique) et surtout des états arabe répandu en tiançais vers 1960. oLe mot a
de la partie comestible : haricots blancs (grains pris des connotations particulières avec la guerre
miirsl, huticots verts (gousses vertes), haricots d’indépendance algérienne, où les harkis combat-
mange-tout (gousses et graines non mûres). oLe taient aux côtés des troupes françaises.
-français moderne développe une opposition entre
huticot employé seul Chari~ot blanc1 et haricot vert HARLE n. m., d’abord herle Iv. 1290) et attesté
(1708, Académie), véritable composé donnant lieu à sous la forme actuelle au xwe s. (15551, est un mot
d’autres effets de sens (en argot woleur jeune et dialectal hivernais) d’origine inconnue.
HARMATTAN
4 Le mot désigne un oiseau palmipède ressemblant position et de l’enchaînement de lignes mélodiques
aux canards. indépendantes les unes des autres, en particulier à
partir de Guillaume de Machaut. ~DU premier
HARMATTAN n. m. est un emprunt ( 1753, emploi viennent I’hamtonie des sphères (1555, Ron-
harmutun, graphie moderne en 1840) au fanti hara- sard) *sons harmonieux que les pythagoriciens
mata, nom donné au Ghana à un vent très chaud et croyaient produits par le mouvement des corps cé-
sec qui souftle de l’est, en AfVique occidentale. lestesn, puis plus tard 2’hamtonie de la nature,
4 Le mot, attesté en anglais dès Ze XVII~ s. (1671, har- qu’exalta le romantisme et qui participe aussi du
metan), conserve le sens de son étymon. sens élargi. A la ti du XVI~s., harmonie reprend ce
sens de ejuste rapport,, usuel en grec hors de la
HARMONICA n.m. est un mot emprunté musique (par exemple chez Aristote), et se dit des
(1765) à l’anglais hamzonica ( 1762, amzonlca). C’est rapports, envisagés d’un point de vue esthétique,
le nom donné par Benjamin Franklin à l’instru- existant entre des éléments d’une oeuvre d’art,
ment de musique qu’il mit au point, d’après la d’un objet, etc. (1574, Amadis Jamin,.
forme fdmlnine de l’italien amtonico “qui est en C’est à partir de ces deux sens, dans le domaine
harmonie, qui produit de l’harmonie=, du latin bar- musical et hors de ce domaine, que les emplois du
monicus I-+ harmonie); amtonica a été latînisé en mot se développent ensuite. Les harmonies désigne
harmonica. les accords conformes aux règles de l’harmonie
11662, Racine ; exemples plus tardifs harmonies
+ L’instrument de Franklin était constitué de réci-
consonantes et harmonies dissonantes) ; par analo-
pients de verre que l’on faisait résonner par frotte-
gie, le mot désigne l’ensemble des caractères
ment, et qui produisaient des sons différents. Le
-combinaison de sons, rythmes, accents- qui
mot est repris ensuite pour désigner difErents ins-
font qu’un discours est agréable à l’oreille (1672,
truments à touche (hamzonica à clavier, 1788) et di- Boileau). 0 Hamzo& s’emploie également au sens
vers instruments nouveaux Ehamzonica chimique, de <<rapports justes entre les parties d’un tout, qui
18661, en particulier l’eolhamzonica ( 18593. - De là font que ces parties concourent à un même effetn
vient harmonica au sens moderne 11902 ; cf. alle-
(dictionnaire de Richelet, 1680) ; de là, par exten-
mand Harmonika «accordéonm, 1829) ; pour cet ins-
sion, l’emploi au sens de abonnes relations entre
trument, l’allemand a Mun&amzoni& ({accordéon
des personnes* (1689, Racine) et en philosophie,
à bouchefi d’où l’emploi autrefois en français d’har-
I’humnie préétablie de Leibniz (1716, Fontenelle).
monica à bouche (analogue à l’angltis mouth organ
0 C’est dans le Traité de Pwmonk 117221 de
=Orgue à bouche»). Aujourd’hui, le premier emploi
J.-Ph. Rameau que sont fixés les sens musicaux
est oublié et harmonica est redevenu monosé-
d’hamzonie, aensemble de principes sur lesquels
mique; pour l’instrument ancien, on dit humtonica est basé en musique l’emploi des sons simultanés~
de verre.
et athéorie des accords et des simultanéités~. Le
b Le dérivé HARMONICXSTE n. ( 1953) désigne un concept d’harmonie musicale ne sera modiE
joueur d’harmonica. qu’avec B. Bartok au début du XX~s., en particulier
par la combinaison d’un mode de fa et d’un mode
+k HARMONIE n. f,, d’abord armonie (v. K!O- de ré; la rupture avec l’harmonie classique s’opère
1150 et jusqu’au XVI~s.1, est un mot emprunte, par surtout, au début du ti s., avec l’utilisation des
l’intermédiaire du latin hamzonia, au grec harmo- douze sons du total chromatique, par A. Schanberg
nia Ncheville, jointm, par exemple en maçonnerie, Ile dodéca@,w&7w *).
d’où wsemblagen, ajuste rapportm et en particulier Du sens général de ajuste rapportm viennent la lo-
eaccord des sons)), qui se rattache à une racine in- cution en hamionie (1802, Chateaubriand) et l’em-
doeuropéenne ‘are- ou Or@- aadapter, ajusten ploi du mot dans les doctrines économiques et so-
(3 art), sous la forme élargie our-sm-o-, que l’on re- ciales du XJ? s. : IXS klarmonks économiques de
trouve par exemple da,ns le latin amta (3 arme). Bastiat 118491, l’harmonie Isociulel <l’époque de
Dans la Grèce classique, harmonia se dit de la dis- prospérité qui doit succéder, selon les fouriéristes,
position type des tons qui contiennent l’octave et de à l’etiance de l’humanitéb (av. 18661. 0 De là vient
la succession caractéristique des intervalles qui sé- le dérivé didactique HARMONIEN, IENNE adj.
parent les tons ; la musique grecque sélectionnait (1822, Fourier, union harmonienne; le mot est at- ’
sept sons en fonction des intervalles obtenus par la testk isolément au sens d’qharmotieuxn, à la fm du
division d’une corde vibrante (par moitié, tiers, XIVes.1, 0 HumorGe est devenu aussi au ti s. un
etc.), ce qui aboutit à la gamme diatonique Ihumzo- terme de mathématiques, au sens de arelation ca-
nie dorienne), échelle juxtaposant deux groupes ractéristique entre plusieurs grandeurs>.
de structure identique, de chacun quatre notes; En musique apparaît cor, trompette d’harmonie
ce mode dorien reste à la base du plain-chant mé- (18201, permettant de produire les sons de la
diéval. gamme (opposé à cor de chasse, à trompette de ca-
4 Harmonie, jusqu’à la h du XVI~s., se rapporte à vuleriel ; Z’hamzonti d’un orchestre désigne par mé-
l’ordonnance et à la perception des sons. Le mot se tonymie ( 1866) les bois, les cuivres et les per-
dit Iv. 1120-I 1501de l’ensemble des sons perçus de tussions , d’où musique d’harmonie et une
ma&ère agréable par l’oreille, puis, de mtière hamonk, l’hamzonie municipale, etc. (dep. 18211,
plus technique, de l’accord de divers sons perçus #orchestre composé de ces instrumentsp.
dans leur simultanéité (13771. L’évolution - de la b HARMONIEUX, EUSE adj. apparaît aU XIIIe S.
succession à la simultanéité - vient de la super- dans le syntagme armonieus ~072set sous la forme
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1689 HARNAIS
actuelle au xvre siècle. D’abord appliqué aux sons PHILHARMONIE n. f., autrefois <<amour de la mu-
agréables à l’oreille, puis à un instrument qui pro- siques> ( 18451, aujourd’hui <<société philharmo-
duit des sons agréables ( 1671, Molière), le mot qua- nique», est &SU de PHILHARMONIQUE adj.
lifie par extension le langage, le style (1669, Boi- composé de pMol- et humzoniu, d’après l’italien
leau). À partir du XVIII” s., il s’emploie par figure en filumzonicu. Philhumonique a autrefois désigné
parlant de ce qui forme un ensemble équilibrb par emprunt (1739, n. m.1 un membre d’une société
(ainsi dans les arts plastiques, couleurs humo- littéraire de Vérone. oComme adjectif Elï’97) il
n&uses, 1765). 0 De l’adjectif dérive HARMONIEU- quame les personnes qui aiment la musique, puis
SEMENT adv. (1636; 1512, amonieusement). une société d’amateurs de musique ( 18051, enfin
HARMONISER v. tr., attesté au milieu du XV~s. au une formation musicale locale et (par réemprunt)
sens de *mettre en harmonie (des chose&, est très certains grands orchestres de musique classique.
peu usité dans la langue classique. Le verbe est re- HARMONIQUE adj. et n., attesté en 1377 chez
pris (1893, pronom., «se mettre en harrnonie4, Oresme, est emprunté au latin hamzonicus <bien
après la création de HARMONIER v. tr. (17841, au- proportionné, harrnonieuxn, lui-même pris au grec
jourd’hui sorti d’usage, classé parmi les enouveaw humzonihos, en musique (<conforme aux lois des ac-
verbes complétement barbares* par Necker, mais cords», dérivé de hamtoniu. 4Le mot conserve
fréquemment employe par Bernardin de Saint- chez Oresme le sens du latin et est aussi employé
Pierre, Chateaubriand et Balzac. 0 Humtoniser comme terme de mathématiques pour qutier
s’emploie comme terme de musique au sens de une bonne proportion entre des nombres Ipropor-
«combiner (une mélodie) avec d’autres parties en tionnalité double ou triple). Au XVII~s., on emploie
vue de réaliser un ensemble harmonique> et, spé- harmonique avec le sens de <<donttoutes les parties
cialement ( 18391, de «régler le timbre des tuyaux sont en harmonie* (1662, La RochefoucauldI.
d’orguen . +À partir du XIX~ s. sont dérivés des 0 C’est à partir du XVIII~s., surtout d’après le Traité
termes qui se rattachent à l’un des deux sens ou de I’huwnonie de J.-Ph. Rameau (voir ci-dessus),
aux deux sens du verbe : HARMONISANT, ANTE que le mot se spécialise en musique et en acous-
adj. “qui harmonise>> ( 1839 ; participe présent du tique : division humtonique est attesté en ~‘03, son
verbe), repris comme terme de biologie au xxe s. huwnonique (1732) s’emploie au sens de %Sonmusi-
pour “qui régularise>>; HARMONISATION n. f., en cal simple dont la fréquence est un multiple entier
1842 en musique El873 en phonétique, hamzonisa- d’un son de référence», dit fondamental (d’où un
tien vocdiquel; HARMONISATEUR, TRICE n., at- harmonique, n. m.). 0 Le mot est repris en mathé-
testé en 1846 en musique (emploi figuré en 1878, matiques I17041, au début de ce qui aboutira à
Cl. Bernard, systèmes nerveux et musculaire har- l’analyse humzonicyue (traitement des fonctions pé-
monisUt&rs) ; plus récemment, appara;it HARMO - riodiques, et leur représentation par des séries tri-
NISABLE adj. “qui peut être harmonisé, s’harrno- gonométriques). Au me s., les harmoniques, n. f. pl.,
niserm ( 1949). désigne figurément ce qui produit un effet compa-
HARMONISTE n. m. est d’abord attesté comme rable à celui d’un harmonique d’un son fondamen-
terme de musique (1767, Rousseau) et de peinture tal ( 1922, Proust ; cf. résonance). 0 Le mot est utilisé
(av. 1784, Diderot); le mot n’est plus usité dans ce par extension en ethnologie, comme adjectif, pour
dernier emploi. Au XIX~s. humaniste a été repris quamer une structure de parenté où la règle de fi-
dans le domaine de la religion pour désigner celui liation et de résidence sont semblables. + Le dérivé
qui montre l’harmonie des Évangiles (1863, Renan). HARMONIQUEMENT adv., d’abord aavec harmo-
0 Humzoniste se dit par ailleurs 11866, Littré) d’un nien dans un contexte politique (15761, s’emploie en
membre d’une société religieuse et communiste musique W’O51 et au sens d’Nharmonîeusement»
(1837, Balzac), puis aussi en mathématiques (1866).
fondée aux États-Unis par G. Rapp en 1803; le mot
est alors emprunté à l’américain humton&, issu de -L’adjectif préhé ANHARMONIQUE (1837 ; pré-

Hurmony, nom donné à la ville de Pennsylvanie tic un-) est un terme de mathématiques.
créée par cette communauté. ENHARMONIQUE adj. est un emprunt IV. ESO-
HARMONIUM n. m., mot savant, a été créé (1840) 1377, Oresme) au composé bas latin enhamonicus,
d’après humzonie par A. Debain pour désigner un lui-même pris au grec enhumon&os «harmo-
instrument à clavier et à sotierie comme l’orgue, nieux)). Ce terme qualfie l’un des trois genres de la
mais muni d’anches libres au lieu de tuyaux. -Le musique grecque et s’applique, dans la musique
moderne (17551, à des notes de noms distincts et de
composé HARMONICORDE n. m. (1819; probable-
caractères harmoniques différents (par exemple
ment d’après l’allemand) a désigné un instrument
do dièse et ré bémol), représentés dans les instru-
inventé à Dresde par Ka&na,nn, puis cet instru-
ments par un son unique intermédiaire. 0 Le dé-
ment perfectionné par A. Debain (1854).
rivé ENHARMONIE n. f. (18491 est formé d’après
Sur harmonie a été composé le terme didactique
humzonti.
INHARMONIE n. f. «défaut d’harmonie> ( 1765, Di-
0 Voit- HARMONICA.
derot); en dérive l’adj, INHARMONIQUE ti
XVIII~s.), employé au propre et au figuré. 4 DY S- HARNAIS ou HARNOIS n. m. est une ré-
HARMONIE n. f. (18391 ou DISHARMONIE (XX” s.), fection (1230) de hemeis 11155) ; la graphie harnais
de dys-, terme didactique au sens d’aabsence d’har- ne s’impose qu’au XVIII” s., mais hurnak subsiste par
monie)), est employé spécialement en médecine archtisme dans quelques expressions. Le mot re-
(ti. Ioi” s.l. 0 fl a pour dérivé DYSHARMONIQUE présente une adaptation de l’ancien scandinave
adj. OU DISHARMONIQUE 119251, terme didac- “hemest «provisions pour l’armée-, issu d’une
tique. forme “hur-inest, composée du f&ncique “huri, ‘titi
HARO 1690 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

*arméen (cf. allemand Heer) et de nest ~provîsions~ ; 4 Haro, comme terme de droit (v. 11801, s’est em-
la seconde syllabe a été modifiée sur le modèle du ployé pour exprimer l’appel à l’aide qui rendait
suExe -eis/-ois. C’est à cause du prestige de la che- obligatoire l’intervention de ceux qui l’entendaient;
valerie française que le mot a été emprunté par de là vient par extension 11529) la locution tier
d’autres langues; italien anse, espagnol ames, haro sur gqn adénoncer qqn à l’indignation de tous,
anglais hamess, allemand Humisch. s’élever contrem ; crier haro sur le baudet, popula-
4 Hamuk, attesté une seule fois en 1155 avec le risé par LaFontaine, signifie <<dénoncer un in-
sens étymologique de aite d’une armée, ba- nocent, désigner un bouc émissaire».
gages-, s’est spécialisé pour désigner l’équipement F 0 HALER v. tr., terme de chasse sorti d’usage, est
complet d’un homme d’armes Iv. 1160- 11741, d’où le dérivé de hure par dissimilation des deux t dans
sens moderne d’ahabit militaire*, d’wniforme~ certaines formes verbales ; le mot apparaît d’abord
(av. 1825); de là viennent les locutions endosser le sous la forme hurer ( 13773, l’altération haler étant
hammiwle harnais 116361, blanchir sous le harnais attestée vers 1460.
(ou Ie hamois, par souci d’archtisme, 1669). Par ex- 69 voir K-UUALI, HARASSER.
tension du sens d’aéquipementn, humais se dit au
moyen âge pour {vêtements, atours, (12281,d’où les HARPAGON, ONNE n. m. et adj. est attesté
locutions aujourd’hui tombées en dkuétuck 3ue~ comme nom commun en 1696 et comme adjectif en
dam son hamuis «être trop vêtu-, s’échuu#er dans 1719 ; il vient du nom propre Harpagon, person-
son harnais as’énerverm (15521 et, plus tard, la va- nage principal de L’Avare de Molière (16681, em-
leur péjorative de <vêtement peu commode ou ridi- prunt au latin hurpugo qharponm et au figuré ara-
cule>), qu’on relève par exemple chez Balzac (1841). pacex, lui-même formé sur le grec hurpugê
C’est au XIII~s. que le sens d’&quipementj) s’em- arapinem, «proiem, crapacité», de hurpuzeirt apillerso,
ploie par extension à propos du cheval (12301, puis d(enleversB,mot d’origine indoeuropéenne, de la ra-
de tout animal de trait Ifm XVII~s.1; aujourd’hui, cine siaant {crochu) (+ 0 harpe, harpon).
dans l’usage courant, humais se dit surtout des piè- 4 Harpagon, terme littéraire, se dit d’un homme
ces souples de l’équipement. 0 Le mot a eu la va- d’une grande avarice.
leur métonymique de avoiture avec son attelagen
b Le dérivé HARPAGONNERIE n. f., attesté chez
(13013 et aensemble formé par les chevaux et la voi-
Balzac 11850), n’a pas de vie réelle.
turen (16941. 0 À partir du XVIII~ s., par analogie,
humais prend des acceptions techniques : il dé- 0 HARPE n. f. est issu Cti xr” s.1du germanique
signe par exemple l’ensemble des pièces d’un mé- “hurpu Gnstrwnent de musique à cordes% restitué
tier à tisser 11765; aussi humut, n. m.) et, récem- par l’ancien haut allemand hutiu et le moyen haut
ment, un système de sécurité utilisé par les allemand hûrpe (cf. allemand Hun’e; anglais harp3,
alpinistes Iv. 1960 ; cf. baudrier, ceinture). introduit en bas latin par les légionnakes d’origine
b HARNACHER v. tr. est une réfection (15641, qui germanique Ihurpu, meS.I. P. Guiraud rapproche le
semble postérieure à celle du dérivé humuche- mot du roman tirpu agriffen et de l’ancien tiançais
ment, au moins sous la forme wwchement, de hur- hurper misb (-+ harpon), la harpe étant un instru-
nessier Km mie s.), lui-même de huneker acarguer ment dont on pince les cordes en les saisissant du
(les voiles)= En me s.1, au participe passé hamesi2 bout des doigts; la racine hup #crochets est à la
Iv. 1230). 0 Le verbe s’emploie d’abord Idéb. XIII~s.1 fois latine et germanique.
en parlant d’un cheval puis par analogie de per- 4 La forme de la harpe change au cours des siècles ;
sonnes : «accoutrer)) ( 14931, d’où HARNACHÉ, ÉE
au XVI~s., le mot désigne un instrument analogue à
adj. &fublé, accoutréb relevé chez C. de Bergerac
la lyre et au luth. C’est au début du xti s. que harpe
(16511. +Le dérivé HARNACHEMENT n.m. (1561;
désigne le grand instrument ,à cordes que nous
humusment au XIV~s.1 désigne d’abord (14941495,
connaissons, perfectionné par Erard. Le nom de cet
amechement) l’équipement des chevaux et ani-
instrument de musique apparatt dans des syntag-
maux de selle, puis l’action de harnacher ( 1636) et
mes comme harpe de Duvid, désignant par méta-
par extension un habillement lourd et incommode
phore, comme lyre dans le contexte grec, la poésie
(1834, Stendhal). + HARNACHE~R n. m., qui a dis- (1820, apoésie sacrée,, Lamartine), les harpes cé-
paru au sens de afabricant de harnaisb En xwe s. ;
Zestes. 0 Par analogie de forme avec l’instrument
1402, hamicheur), désigne depuis 1611 un palefie- mcien, hurpe est aussi le nom ( 1742) d’un mol-
nier qui harnache les chevaux. lusque.
HARO inter-j. et n. m. inv., attesté vers 1180, est b 0 HARPER v. intr. (XII~ s.1 ajouer de la harpen, est
comme les variantes hurou, hureu (v. 13601 un dé- aujourd’hui sorti d’usage. +HARPISTE n. 116771
rivé de tire (12041, mot issu du francique “huru &A, s’est maintenu contre le terme concurrent plus tar-
de ce côté, restitué par l’ancien haut allemand dif HARPEUR, EUSE n. (1808). + Par analogie avec
heru et le moyen néerlandais hare (cf. allemand her le mouvement du bras d’un harpiste, un autre
de même sens). C’était le cri par lequel on mw- verbe @ HARPER Y. intr., terme technique, a signi-
quait la En d’une foire ou de la vente d’une denrée fié En XIII~s.1, en parlant d’un cheval, alever une
(1204) ; l’interjection fut ensuite utilisée (13731 dans jambe de derrière plus haut que l’autre sans plier
le vocabulaire de la chasse pour exciter les chiens. le jarreb; il s’emploie encore avec le sens de 4lé-
Le composé hurlou (1569) ou hurloup ( 1604) est une chir les jarrets dans le pas et le trot» ( 1678).
contraction de hure-loup, interjection qu’on utilisait
à la chasse au loup. @ HARPE + HARPON
DE LA LANGUE FRANÇAISE HASARD

HARPIE n. f., d’abord arpe au xwe s., stixé en ment de forme crochue aa,«fer coud& (14091, asaillie
expie vers 1420, arpye en 1537, et sous la forme ac- d’une pierre de taille* (1485); en vénerie 115491,il
tuelle chez Ronsard 115551,est un mot emprunté, est emprunté au provençal harpu qrBe de chiem,
par l’intermédiaire du latin Hurpyia, ordinaire- lui-même du latin harpe.
ment au pluriel Hurpyiae, au grec Hurpuia (plus
souvent au pluriel, Hurpuiui). HART n. f. est issu ( 1160-l 174) selon Bloch et
Wartburg du francique “hard &lasse» kf+ moyen
4 C’est le nom donné, dans la mythologie grecque,
néerlandais hede cfibre de linn, allemand Huur &-
à des divinités des tempêtes, monstres à corps d’oi-
lasse>>, peut-être apparenté à Huur ccheveun;
seau comme les sirènes, aux griffes acérées, et à
+ haire) ou du fkncique “hard abranche)} (cf. ancien
tête de femme; en ce sens, le mot s’est parfois écrit
haut allemand hard, moyen néerlandais hurt «fo-
hawe, hurpyie. 0 Dès le xwe s., harpie est attesté
rêt», et le nom géographique allemand Hard& dé-
avec le sens figuré de apersonne avide, rapace>>
signant un massif boisé au nord des Vosges).
E15853,déjà utilisé en latin, spécialisé pour désigner
une femme mkchante, acariâtre, au début du 4 Hurt s’est dit d’abord d’une corde avec laquelle on
XVII~ s. chez d’Aubigné (cf. furie, mégère). 0 À la Cn pendait les condamnés, sens qui ne subsiste que
du xvme s., harpie est le nom donné à un genre de dans certaines formules judiciaires au XVII~s. [à
chauve-souris (1775 ; du latin scientifique harpyju, peine de lu hurtl, encore au xrxe s. par archaïsme lit-
1767) puis (1808) à un oiseau rapace vivant en Amé- téraire, chez Hugo par exemple. Par métonymie,
rique du Sud. hart a eu le sens de =pendaîson» 11265). Le mot a
aussi désigné En du XII” s. ; v. 1200, hard) un lien de
HARPON n. m. est un dérivé Iv. I 1301 du verbe bois flexible pour attacher les fagots, aujourd’hui
hurper (XII~s.1 ~sakir~, qui serait issu d’un gertna- d’emploi régional. Enfm, hati fut le nom donné
nique “hurpun wisir», ou du latin harpe Kfaucille>> ( 1704) dans le rnilîeu des peaussiers et des gantiers
et aespèce d’oiseau de proieu, du grec ha@ ((objet à un instrument servant à étirer les peaux.
crochu%, ufaucon- Eà rattacher à hurpuzein; + har- b @ HARDE n. f. (1391) représente la forme fémi-
pagon), avec une influence phonétique de l’ancien nine de ha& Le mot sime d’abord «corde»,
scandinave harpu <<action de tordre, crampea (dans comme hurt, et spécialement en vénerie (XVII~s.) le
munn-hurpu <<tordre la bouche»I, du verbe “hurpun. lien servant à attacher les chiens par couples (1671)
+ Hurpon est d’abord apparu en anglo-nomnand au et, par métonymie, un groupe de chiens de chasse
sens d’aagrafe (de parure)»; le mot est rare jusqu’au ainsi attachés (1625, au figuré).
xv” s., où il est employé comme terme technique De harde dérivent les termes techniques HARDER
(1474, herponl au sens de cpièce métallique coudée v. tr. 11561) avec un composé de hart, ENHARDER
qui relie deux pièces de maçonnerie>). Le mot dé- v. tr., <<lier avec une cordem, attesté plus tht Cv.12001,
signe ensuite (1516) un instrument en forme de et HARDILLIER n. m. ( 17231,nom d’un crochet de
flèche pour prendre certains gros poissons et les métal utilisé dans la tapisserie de haute lice.
cétacés, sens toujours vivant, puis un grappin tran-
chant utiké pour l’abordage d’un vaisseau ennemi HASARD n. m. représente un emprunt Iv. 1150,
(16113. Par analogie de forme, harpon se dit égale- husurt) à l’arabe uz-zuhr, ajeu de dés-, par l’inter-
ment (mil. ti s.) d’une arme connue dès la préhis- médiaire de l’espagnol uxx (1283) «jeu de dés, et
toire, flèche terminée par un crochet ou munie de coup défavorable au jeu de désa. Le mot arabe
crocs latéraux, et au xxe s. d’un double-croc em- vient de zuhr 4lemB (espagnol uzuhur xfleur
ployé comme grappin par les sapeurs-pompiers. d’orangeM, les dés ayant porté une fleur sur l’une
b Le dérivé HARPONNER v. tr. ((accrocher avec un des faces, soit du verbe yusaru «jouer à un jeu de
harpons (1613) s’emploie au figuré pour Car&ter, hasard>. Le h- est dû au fait qu’au moyen âge les
saisir brutalement>> (aaccaparerti, Balzac, 1830; mots à initiale vocalique, d’origine étrangère,
cf. les emplois figurés de grappin). *Du verbe dé- étaient régulièrement écrits avec h.
rivent des termes de pêche, comme HARPON- 4 Hasard a désigné au moyen âge un jeu de dés et
NAGE n.m. (17691 ou, rare, HARPONNEMENT s’est dit (12001 d’un coup heureux & ce jeu (le six).
n.m.(1886) propre oufiguré.~HARPONNEUR n. C’est de ce premier sens que vient l’expression jeu
(1613) est plus courant. de hasard ( 15383,mais aujourd’hui la référence au
Le verbe 0 HARPER tr., sorti d’usage aux sens de jeu de dés est oubliée, hasard étant toujours
~MP (1376) ou au figuré de Nvoler», en argot (at- compris au sens absolu et philosophique.
testé en 1882, mais sa;ns doute plus ancien), est lui Husurd prend dans le premier quart du XIII~s. le
aussi un terme technique de pêche, comme ses dé- sens figuré de «mauvais COU~P, d’où celui de
rivés attestés au me s., tel HARPAGE n. m. +Le dé- arisque, danger>> (xv” s.), sens vieilli dans l’emploi au
rivé HARPAILLER v. tr., proprement arnti saisirm, singulier - Voltaire n’admettait dans cette accep-
a eu le sens de -malmener» (1556) d’où l’emploi tion que mettre au hasard; la locution êtie au ha-
pronominali pour Mse querellep ( 17181, encore re- sard (1538) est tombée en désuétude. Restent au-
levé par le dictionnake de l’Académie en 1878. Le jourd’hui Ies hasards de la guerre et, comme terme
verbe est entré dans le vocabulaire de la vénerie technique de golf, les hasards Nies obstacles natu-
(17941, au sens de <<prendre le change sur des rels», mais dans cet emploi le mot a été emprunté
biches, en chassant le cerf» (donc, <<mal saisirpI. ( 1906) à l’anglais huzurd; cependant, un sens ana-
0 HARPE n. f. est aussi un dérivé du verbe humer; logue est attesté en 1717 au jeu de mail. 0 Par ex-
c’est depuis ses premiers emplois un terme tech- tension, on passe du sens de arisque» à celui de
moue. oui a le sens général d%nstrument ou élé- «cas, événement fortuit>> (déb. XVI~s., husati). Au mi-
HACSKHICS3CH 1692 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lieu du XVI” s., comme sort et fortuw, hasard s’em- + HA(SlCHISCHIN n. m. est l’étymologie tradition-
ploie absolument pour <cause qu’on attribue à ce nelle, mais très probablement erronée, de assassin
qui arrive sans raison apparenten, d’où ensuite (3 assassin) ; elle date du début du xrxe s. et a été re-
l’emploi en sciences Iles lois du hasardl. De l’idée prise littérairement pour quamer les musulmans
de <<fortuit» vient un ensemble de locutions adver- ismaïliens censés s’adonner à l’usage du haschich.
biales : a~ hasard (1580, Montaigne) Sign%e «sans Le mot, emprunté à l’arabe &WE ou ~a~~Sï, signi-
direction déterminéen [aller au hasard) et ~WUISré- fie normalement <personne qui fume le haschich));
fletiom (parler au hasardl, puis céans évolution il est littéraire et rare en français, tant comme nom
prévisible)) 11695, Fénelon) ; à tout hasard Km XVI~ s., Il8603 que comme adjectif (1860, Baudelaire).
d’Aubig&l, d’abord pour cquoi qu’il puisse arrivern,
équivaut aujourd’hui à ((en prévision de ce qui peut HASE n. f. représente un emprunt (1556 ; 1547 en
arrivep ; par hasard (1636) a remplacé l’emploi ad- wallon) à l’allemand Hase «lièvre» issu, comme l’an-
verbial de hasard ( 1532, hazart) au sens de afor- glais hare, d’un germanique “kuzon-, qui se rat-
tuitement». La locution prépositive au hasard de tache à une base indoeuropéenne ‘~US- «sautern,
(1580, Montaigne) a signifA «au risque dex et au- représentée en sanskrit. Hûve” lui est apparenté.
jourd’hui <<selon les hasards de)) ( 1883, P. Loti). De + Le mot désigne la femelle du lièvre ou du lapin de
hasard s’est employé 11694) pour <<d’occasion-, garenne.
c’est-à-dire <ce qu’on trouve par hasard» (mur- 0 voir HÂVE.
chandise de hasard) jusqu’à la fm du XIX~ s. (encore
chez Flaubert, 1869). HASSIDIM n. m. pl. représente l’hébreu @si-
b Les dérivés sont usuels. HASARDER v. tr. s’est dîm «pieux», transcrit en grec asidaioi (Septante),
employé au sens de Njouer aux dés» ; c’est la réfec- en latin assiduei (Vulgate), qui a donné ussidiens au
tion de hmeter, intr. (lm moitié du XIII~s-1, d’abord XVII~ s. (traduction de la Bible} puis ussidéen au
au participe passé huzurdk ~Comme pour le XVIII’ siècle. La forme actuelle n’apparaît qu’au dé-
nom, on passe ensuite à l’idée de «risquer>> ( 1389, but du XX~s. ainsi que la variante graphique chasi-
huzardé Nhardi, impertinent}}) avec le sens de ali- dim (1886).
vrer aux aléas du sort)) (14071, devenu d’usage litté- +Le mot désigne, dans l’histoire de la judaïté, les
raire ; de là viennent des emplois maintenant sortis juifs orthodoxes qui s’opposèrent aux tentatives
d’usage, hasarder qqn «l’exposer à un danger= d’hellénisation de la Palestine par la Syrie Iv. 175
Iv. 1500; pronom., v. 14601 et de hasarder qqch. UT&- av. L-C.1 puis, dans l’Allemagne des XII~et XIII~s., les
quer>> (1622, d’Aubigné, hasarder le combat). oLe juifs pieux se réclamant du hussidisme ki-des-
verbe s’emploie aujourd’hui au pronominal : se ha- sous) ; enfin, depuis le XVIII~s., ceux qui se réclament
sarder 2r, construit avec un Wnitif ase risquer àt» du hassidisme restauré par Ba’al Shem Tob.
(1642, Corneille) et se hasarder <<serisquer (en un ,Le dérivé HASSIDISME n. m. (1923) a désigné
lieu où il y a du dangerIn (18351. Musarder Sign&e différents mouvements juifs de dévotion ardente,
par extension (1532) <<faire (qqch.) en risquant de stricte observance et de tendance mystique.
d’échouer», - emploi réalisé dans démarche hu- + HASSIDIQUE adj. apparaît au XX~siècle.
sardée ((dont l’issue est douteusen (XIX~s.) -, d’où
(1579) <se risquer à exprimer une opinion qui peut HAST n. m. ou HASTE n. f. apparaît d’abord
déplaireti (exemple : u72e tic hasardée ‘(peu sûre)), au féminin iv. 1188, hustel ; on relève amze d’ast en
XVIII~ S.I. Spécialement, hasarder un mot, une ex- 1542 ; la réfection en hmt dans umze d’hust, n’est at-
pression Sign%e ul’utiliser alors que son usage n’est testée qu’en 1636. Hast est issu du latin husta, nom
pas bien établi)} (1670). +HASARDEUX, EUSE adj., férnînin, <<lance, pique, javelotm, qui se rattache à
tiré de hasard erisquen, Sign%e, en parlant de per- une base indoeuropéenne “-z-db comme le go-
sonnes, “qui s’expose au risquen ( 1552) et, par ail- tique @zds 4guillonB, l’irlandais gat cverge}}, gus
leurs, “qui expose au risque, comporte des risquesm ((tige>>.
11580, Montaigne). 0 L’adverbe dérivé HASAR- 4 Le mot a conservé les sens du latin dans le voca-
DEUSEMENT, au sens de «d’une manière risquéen bulaire de l’archéologie. Arme d’East désigne par
11554, d’emploi rare aujourd’hui, s’est dit aussi extension toute arme emmanchée au bout d’un
pour afortuitement>> (1624). long bâton. Il est enk possible que hast cmanche
de pique» soit à l’origine de l’expression familière
HAISICHICSICH n. m. est une adaptation de us de pique.
l’arabe ha&2 aherbe, foinn et achanvre indien,. Le b Le dérivé HA~TÉ, ÉE adj. (1789) se dit, en bota-
mot est introduit, dans un récit de voyage en 1556, nique, de ce qui a la forme d’un fer de lance.
sous les formes ashy et hasis; la graphie haschisch
est attestée en 1773, hachisch, huchich, hatschisch HÂTE n. f. est issu Iv. I 135, en haste) du francique
(Nerval), etc., au XIX~siècle. “hai.st <<violence, vivacitén, reconstitué d’après l’an-
+Le mot, abrégé en HASCH n. m. (v. 1968) et H cien gotique huifsts 4ispute» et l’ancien haut alle-
( 19731, conserve le sens étymologique de cchanvre mand heisti <violent>> ll’allemand moderne Hastest
indien> (il correspond à herbelb emprunté au fkançaisl. On trouve très tôt en gallo-
b Haschisch a eu à partir des années 1840 des déri- roman la forme hust; la graphie moderne est attes-
vés, qui n’ont pas vécu, exprimant les effets du has- tée au XVI~siècle.
chisch : HASCHISÉ, ÉE adj . E18451, HAS- + Hûte est introduit avec le sens de «précipitation,
CHICHÉ, ÉE adj. (18711, HASCHIDÉ, ÉE adi. (1886). empressement» Iv. 11703, d’abord dans la locution
DE LA LANGUE FRANÇAISE HAUSSER

adverbiale en h%e <<avec rapidit&, d’où ensuite à la 4 Huubert désignait au moyen âge une chemise en
h&te eau plus vite» (1538, d’abord a haste, mil. xv” s.) mailles munie de manches, d’un gorgerin et d’un
et avoir h&e de ( 15381. capuchon, que portaient les hommes d’armes. En
b HÂTER v. tr. est attesté en 1080 (haster; v. 1160, droit médiéval, un fief de haubert se disait ( 1409)
pron.) au sens de ((s’empresser de, faire diligencen, d’un fief dont le possesseur devait servir le roi à la
d’où viennent les sens de <(faire arriver qqch. plus guerre, acquérant ainsi le droit de porter le hau-
vite)) (mil. me s. ; hûter le pus, 1580) et de ((faire dépê- bert, symbole de son rang. 0 Par analogie, haubert
cher (qqn)b Iv. 11551,sorti d’usage. L’emploi transitif s’est employé pour gcosse de fève>>,d’où une méta-
est peu à peu devenu d’usage soutenu, seul le pro- phore pour désigner le sexe de la femme ( 1550).
nominal reste courant. 4 Ledérivé HÂTIFJVE adj. b Les dérivés, aujourd’hui termes d’histoire, sont is-
est employé dans La Chanson de Roland (1080, has- sus des formes ancieumes en -erc, -erg: HAUBER-
tifi au sens de “qui se hâte, précipitées. Il se dit Kn GEON n. m. (1170 ; v. 1165, hauberjonl «haubert
xrves.l en parlant d’un fruit qui vient avant son court)) ~~HAUBERGIER n.m. (XIII~s.1 «fabricant OU
temps et au xv? s., en emploi figuré, en parlant vendeur de hauberkk.
d’une intelligence, d’un esprit rapidement déve-
loppé (1559). Au XVII~ s., hûtif est utilisé pour +k HAUSSER v., attesté vers 1130 sous la forme
<pressé>>( 16801, emploi rare repris au & siècle. Par halcier, devenu haucier au XII~s. par vocalisation du
extension, l’adjectif se dit, à la f?n du & s., de ce I-, puis hausser par influence de haut, est issu d’un
qui se fait ou a été fait trop vite. 0 HÂTIVEMENT latin populaire “ultiare, dérivé de altus “qui a
adv., sous cette graphie, depuis 1694, est attesté grandi>) E+ haut); le h initial provient de haut.
vers 1140 #xwtivementl. +I-IÂTIVEAU n.m., + Hausser s’emploie d’abord (v. 1.130) au sens de
d’abord hastivel (v. 1223) <<saison hâtive>>, désigne <<mettre à un niveau plus élevé, lever», d’où “aug-
aujourd’hui un kuit ou un légume hâtif 11611,hasti- menter>> Cv.12081, aujourd’hui d’emploi vieilli sauf
veau), emploi conservé régionalement. L’extension dans quelques contextes : hausser les prix, se haus-
s’est faite par des expressions comme poire de bas- ser sur lu pointe des pieds tv. 12651, hausser les
tivel Iv. 13001. épauEes. 0 Le verbe s’emploie parallèlement
Iv. 1155) au sens de «relever» chausser uyt mur1 et
HAUBAN n. m. apparaît sous les formes lobent spécialement Iv. 1199 <<augmenter l’intensité de
cv. 11381,hoben, hoban (11551, auban (15731 et enk (un son))). L’emploi figuré pour &leverm (XIII~s.;
hauban 06761. Le Illot est issu de l’ancien scan&- v. 1265 au pronom.) est devenu archkkant ; l’emploi
nave Gfudbendu <câble principal d’un navire>>, intransitif de hausser pour Naugmenter, monten}
composé de deux mots germaniques, hofud <<tête)) (mil. xv1~s.1,concurrencé par celui de monter, est
(cf. allemand Haupt, anglais head) et de benda lui aussi vieilli.
(<lien» (cf. allemand Band, anglais to bind alier))).
b Le déverbal HAUSSE n. f. est attesté au XIII~ s. (ju-
+ Huubun, terme de marine, conserve le sens éty- déo-timçais, hulce) pour <<orgue%; lié au sens fi-
mologique (v. 11381 de acordage servant à assujettir guré de hausser; cet emploi abstrait ne s’est pas
un mât>; par analogie, le mot se dit ensuite (1359, maintenu. oLe mot s’utilise ensuite depuis le
hoban) d’un cordage ou câble métallique servant à xw” s. au sens de «dispositif servant à hausser>>
maintenir et à consolider; au xx’ s. (v. 19291 il s’in- ( 13761, d’où viennent divers emplois techniques, en
tègre au vocabulaire de l’aviation. musique (1680, hausse d’un archet), en imprimerie
wDe hauban dérive le verbe HAUBANER tr. ( 16761, (16901, plus tard dans le domaine de l’armement
terme de marine et d’aviation. *HAUBANAGE (18 19). 0 Au xve s., on trouve hausse pour qcaugrnen-
n. m. (19.27) dérive du verbe au sens de Kconsolida- tation de prix, de valeur)> ( 1443, lu haulce d’un de-
tion par des haubansn et du nom kufke collectif nier), d’où hausse des actions ( 1771) et l’expression
-age) pour celui d’qqensemble des haubans». en hausse ( 1886). 0 Au xrxe s., le nom s’emploie
À partir de haubun ont été composés des termes dans un contexte concret pour Mfait de s’accroître
de mauine: PORTE-HAUBAN n.m. (1611; aussi en hauteur> (1874, hausse du buromètrel. OLe dé-
porte-haubanne, 1552, aujourd’hui sorti d’usage) et rivé HAUSSETTE n, f. (déb. XX~s., stixe -ette),
GALHAUBAN n. m. (1634) altération de cale-hau- terme technique, Sign%e ((paroi surélevéen. +Sur
ban (de caler Habaissep>; -+ 0 caler). hausse, terme de finances, a été dérivé HAUSSIER
n. m. en 1823 pour désigner la personne qui joue à
HAUBERT n. m. est une réfection (déb. xrve s.) la hausse les valeurs boursières. + HAUS-
des formes huberc, halberc (1080) puis par change- SIER, IÈRE emploi adjectivé du nom sime (1968)
ment de fmale uubeti (XII~s-1. C’est un mot issu du “qui est favorable à la hausse des prix)). +Sur
francique “halsberg (que l’on peut restituer d’après hausse <<augmentation>> a été composé l’adjectif in-
le moyen néerlandais halsberch et le moyen haut variable ANTIHAUSSE 11955 : mesures anti-
allemand halsberc), proprement «ce qui protège le hausse).
COU~,composé de hals «cou> et du verbe correspon- HAUSSEMENT n. m., dérivé de hausser, est at-
dant à l’allemand bergen ((mettre en sût-et&. La testé de façon isolée au XIII~s. (judéo-français, hoce-
forme osberc (1080), sans doute empruntée comme ment) au sens d’&lévation, montagne»; le substan-
d’autres formes anciennes sans h à l’ancien pro- tif d’action, repris C1358) au sens d’qqaction de
vençal ausberc, est dans le vocabulaire une des hausser qqch.n, demeure aujourd’hui seulement en
traces du commerce d’armes actif entre le Nord et parlant d’une partie du corps ( 1585, haussement
le Midi d’épuulesl; l’emploi figuré, apparu au XWI~ s., n’est
HAUT 1694 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plus en usage (1763, haussement de valeur numé- protégeait la base du cou. De là s’explique son rat-
raire, Voltaire). tachement au verbe hausser manifesté par les gra-
Le composé HAUSSE-PIED n. m., d’abord SOUS la phies huuscol114471, haukecol(1559, e&n huusse-
forme hauchepied (13361, a le sens général de «ce col I1671). Le mot a aussi désigné (16801 un croissant
qui fait lever le pied-; il s’est employé pour amar- de métal doré porté jusqu’en 1881 par les officiers
chepied,, comme terme de vénerie (1377-1389, d’infanterie en grande tenue. Le mot a été repris au
“piège à loups4 et de fauconnerie (av. 1690); le mot XX~s., comme terme technique en médecine, pour
est repris au xrxe s. comme terme technique (<pièce désigner un appareil qui immobilise partiellement
d’une bêches, d’abord en 1840, hoche-pied, par la colonne verthbr‘ale cervicale (cf. minerve).
confusion morphologique avec hocher, puis en \
1893). HAUT, HAUTE adj., n. m. et adv. est issu 0 I
Sur hausser ont été formés plusieurs verbes pré- Iv. 1050) du latin &US, ancien participe passé de
fïxés.+EXHAUSSERv.tr. aveclepréfkees-, refait alere -nourrir, faire grand+, qui s’est spécialisé
ensuite sur le modèle du latin, a d’abord le sens aux sens de @haut,élevé)), au propre et au figuré, de
(1119, eshalckr) d’aélever, donner plus de dignité àn ccprofondmet au figuré, de arecuk, le sémantisme
et de clouer, glotiern Cdéb.XII~s., exalcier), d’em- commun étant l’intensité; ctltus a été remplacé en
ploi littérale aujourd’hui. 0 Le verbe signiEe aussi latin par ulitus. Alere se rattache à une racine in-
(v. 1174- 1176, heshukkrl *écouter favorablement doeuropéenne “ul- anourAr». Le h initial de haut
(une demandeIn, par extension du premier sens vient d’un croisement dans le domaine d’oïl avec le
-d’où *élever qqn pour la satisfaction de ses francique “huuh, %6h de même sens (cf. allemand
voeux» - ou peut-être sous l’influence du latin hoch, anglais high) ; ce h n’apparaît pas dans les re-
exuudire CexaucerB. Avec ce sens le verbe devient, présentants romans de &US, l’ancien provençal
sous la forme exaucer*, distinct de exhausser qui ah, uut, l’italien, l’espagnol et le portugais alto, le
consewe le sens concret de <relever» E1352- 1355, catalan ait; la forme au provient d’une vocalisation
exhausser une cheminée). +EXHAUSSEMENT du 1.
n. m. signSe d’abord xaction de gloser, de célé- + L’essentiel des valeurs de haut, qui existent en la-
brer>> ( I 1651, 4évation~ ( 1176- 11841, sells disparus tin, est attesté entre 1050 et le XIII~siècle. Dans le
au bénéfice de l’emploi concret en architecture premier emploi connu (v. 1050) haut signiEe 4evé
(av. 1570; cf. aussi arc exkussé ~surhaussé~). dans l’échelle des valeurw (v. 1145 comme ad-
REHAUSSER v. tr., formé au XII~s. tv. 1185, reuu- verbe) ; il a le sens concret d’&levéu dans Lu Chan-
ckr), a d’abord le sens concret de Mhausser davan- son de Roland I 1080; fm xe s. sous la forme ultu) ; au
tagen; apparaissent ensuite les sens figurés : aaug- XII~s. Iv. 1165) l’adjectif est utilisé à propos des per-
mentep, sorti d’usage, et xfaire paraître sonnes. 0 En 1080, haut est aussi employé par mé-
davantageB ( 1580 ; cf. rehausser le mérite de qqn). taphore en parlant de la voix, signi&mt “qui atteint
Par extension, rehausser s’emploie comme terme un niveau d’intensité élevén boix hultel, et à propos
tectique pour adonner plus de relief», en dessin et d’un instrument, d’un son, pour 4gu~, d’où hauts
en peinture ( 16901, adonner plus de goût», en cui- et bus instruments (1467). Le mot a très tôt (10801 un
sine (cf. relever). +Le déverbal REHAUT n. m. emploi adverbial, qui se trouve couramment au-
(1552) est un terme technique de peinture, comme jourd’hui dans parler tout haut, au sens propre et,
le dérivé REHAUSSAGE n. m. formé en 1871. oLe au figuré, pour cparler kanchement, sans arn-
dérivé REHAUSSEMENT n. m. (1552, replis 1600) bagess (parler haut, 1461 puis 1661). À ce sens se
s’est employé en parlant des monnaies, des prix, en rattachent aussi les anciennes locutions prendre le
concurrence avec hausse, comme REHAUSSE n. f. haut ton, le prendre d’un ton haut, etc., puis avoir le
(1371,rehuuce, graphie moderne au XVI~s.), qui est verbe haut (1835). 4 C’est encore dans I;a Chanson
ensuite repris comme terme technique en fonderie de Roland qu’on relève le sens métaphorique de
au milieu du XX~siècle. anoble, fies @uroZes haltes), encore vivant à l’épo-
SURHAUSSER v. tr. a eu en ancien lançais des que classique, archaïque aujourd’hui, ainsi que la
sens figurés; d’abord pour <fêter avec éclat)> valeur générale de atrès grand>; en ce sens l’em-
(v. 1131, sorhulcier) et <rendre plus puissa& ploi de haut est très répandu à l’époque classique,
b. 1150, sorhuucierl, le verbe s’est employé au sens sans acception de valeur : on trouve aussi bien
de adonner plus de valeurs (à une monnaie, etc.3 haute sottise que haute piété ; de cet emploi restent
Iv. 13981. Le verbe signiCe ensuite wendre plus les expression leticalisées haute trahison ( 16691,
haut» (16101, comme exhausser, sens qui demeure haute estime, avoir une haute idée de soi, de haute
surtout dans l’emploi du participe adjectivé en ar- qualité, etc.
chitecture (1676; YO& surkussée). 0 Comme le À partir du sens concret d’&levé= se développent
verbe, le dérivé SURHAUSSEMENT n. m. ne s’em- plusieurs autres acceptions. Haut se dit de ce qui
ploie plus au sens d’&lévation de valeur} ( 15781, est dans une position élevée (1119 en parlant des
mais seulement à celui d’aaugmentation de hau- astres) ; de là vient l’emploi adverbial pour aen posi-
teurn, CwrélévationD (1706). tion haute» : en 1119, porter haut la tête, puis
HAUSSE-COL nm., attesté en 1415 sous les (v. 1160- 1174 voler haut et ( 1267) haut pendu, ainsi
formes housecol, houchecol, est d’origine incer- que l’ancien commandement haut les brus! (16401,
taine. D’abord relevé en Flandre, il vient peut-être aujourd’hui haut les mains! (1922) ; haut lu main ne
du moyen néerlandais ohuZskote, composé de h& s’emploie plus qu’au figuré (<<de manière aisée,
«COU~et de kote <<vêtement de dessusm. +Le mot a SEKIF,effort))), -+De ce sens sont également issues
désigné jusqu’au XVIII~s. une pikce d’armure qui plusieurslocutions adverbiales : en haut Iv. 11201
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1695 HAUT

s’utilise au propre et au figuré; l’emploi adverbial, au sens de <<noble, élevé,, déjà vieilli à l’époque
SOUSles formes enhaut, en-haut; est sorti d’usage; classique, l’idée de fierté et d’arrogmce l’empor-
de haut Iv. 11701 <<d’un endroit élevéD ; tomber de tant au début du xwe s. ( 13201; seul le sens défavo-
haut (15801 est employé au figuré au XIX~~. (1821, rable est donné par les dictionnaires à partir du
Hugo) ; de haut en bas (12681 s’emploie aussi au fi- XVII~siècle. o De l’adjectif dérivent l’adverbe HAU-
guré pour dam le malheurmi plus tardivement I;i- TAINEMENT (13651, maintenant d’emploi litté-
haut (15531 sime d’abord ((dans le cieln, d’où en- r&e, et HAUTAINETÉ n. f. (XIV~s.l. +L’homonyme
suite d’en haut <<duciel>> (1669). ~Vers 1121, haut HAUTAIN (1605) OUHAWTIN n.m.( 1562, aussisous
reprend un des sens du latin, «profond,, d’où haute la forme autin) est un terme technique qui désigne
mer Wtum, en latin) et hauts-fonds. une vigne cultivée en hauteur ; la forme hautain (vi-
Vers 1170, le nom masculin haut, construit avec de vante en Anjou, dans le Lyonnaisis) est due à l’attrac-
ou du, équivaut à hauteur (vingt pieds de haut) ; de tion de l’adjectif hautain.
là viennent les locutions de haut en bas (XII~s., d’aut HAUTEMENT adv. s’est d’abord employé (1080,
en basl, puis, en usage à partir du xwe s., tomber de haltement) au sens de & haute voix>, sorti d’usage
son haut 116431. À la fin du XII’S., haut, toujours à la fin du xwe s., puis au sens de <<d’une manière
comme substantif Ile haut del, si@e cpartie haute très honorable)) (11651, d’où par extension «parfaite-
(d’une chose)*; en ce sens le mot est utilisé à partir ment, excellemment* (v. 12201. Au sens figuré de
du XVII~ s. comme terme de mwine (1676,2es hauts ed’une manière hardie, résolueD Cv.12201, c’est un
d ‘ult nuvire). terme d’emploi courant à l’époque classique; il est
C’est le sens d’«élev& qui est réalisé dans l’an- vieilli au sens de «fièrement)> (attesté depuis le
cienne désignation le haut bout de la table C15301, XIV” s., v. 1330). 0 Il demeure aujourd’hui au sens fi-
cette partie étant surélevée & l’origine. Au début du guré de &anchement, netteme& (v. 12501 et à ce-
XIII~ s., haut, avec le sens d’&levé dans l’échelle des lui de *fortement, à un haut degré» (déb. XX~s., de-
valeursn , s’emploie dans haute cour COUT plé- vant un adjectti.
nière>, expression qui à partir de 1791 désigne un HAUTESSE n. f. est soit dérivé de haut, soit issu du
tribunal d’exception. 0 Par extension, le nom haut bas latin ultitia ((hauteurm (we s.) formé sur alius
s’emploie au sens de <<situation élevée Cv.1283b: de (-+ altesse) ; il a eu au moyen âge le sens de «lieu
là le haut d’une hiérarchie et la locution des hauts élevé>, spécialement xcielm ( lm moitié du XII” s., hul-
et des bas ( 17401,dès le xve s. les hauts et les bas tece) et celui de -haut rang Cv.1155). ~D’où son
Iv. 1461). 0 L’adjectif se dit de ce gui atteint un ni- emploi jusqu’au xvrle s, pour &re honotique
veau élevé dans l’ordre intellectuel, esthétique, etc. donné à certains personnagesm (XIII~s., hautece), en
(1493, hautes vertus), d’où l’idée d’une difkulté su- particulier au sultan de Turquie (votre hautesse, sa
périeure Chautes mathkmutiouesl. *Haut reprend hautesse, etc.), en concurrence très partielle avec
le sens latin d’&loigné dans le tempsn et s’emploie altesse.
depuis le XIII~s. (1267) pour &rdif, tard, (au plus Un autre dérivé, HAUTEUR n. f. a au XII~ s. le sens
haut le jour; fin xrve s. atard», dans l’année). +L’idée de adimension dans le sens vertical» (1155, holtur)
de <(position au-dessus de la moyenne» est conser- et au figuré de asituation élevée (d’une personne)»
vée avec le sens de “qui a de l’éclatm 11531, haute [v. 11801. Du sens concret viennent l’emploi en as-
couleur), sorti d’usage, sauf dans haut en couleur tronomie C1529, prendre la hauteur du soleil), le sens
«coloré= (15381, employé aussi au figuré. ~Haut si- de aprofondeur=, au propre 11553; fm xwe s., Npro-
gnifie aussi “qui atteint un prix elevé» (adv., 1408, fondeur de la mer>)) et au figuré kv~~”s., la hauteur
attesté comme adj. seulement en 15383; cet emploi des jugements de Dieu, aleur caractère impéné-
est sorti de l’usage comme celui de haut pour tire- trable-1 et celui de <latitude)> (d’une ville, d’un lieu)
levé, for% (haut goUt, 17151. +À partir du xwe s., [15531.0 Hauteur se dit ensuite pour apartie hauteB
haut s’emploie en parlant de la partie d’un pays d’une région (1671) ; au sens de ataille (d’une per-
plus élevée qu’une autre ou plus éloignée de la mer sonne)u, le mot est attesté en 1678, mais cet emploi
(16251; d’où ( 1656) 1e haut allemand pour désigner a vieilli. 0 Du sens figuré de hauteur découle par
le dialecte de la haute Allemagne; ensuite, l’ad- extension l’emploi pour Korgueil, fermetéa, sorti
jectif se dit à propos de la partie d’un cours d’eau la d’usage, comme l’acception *marques de dédainn
plus proche de sa source (16941, puis de la part+ la (au pluriel ; 1654) ; reste le sens de xcondescen-
plus élevée d’une ville ( 1834, lu ville haute). 0 A la danceti. Depuis la fin du XIV~s., hauteur s’emploie
fk du XVII~s., c’est la valeur temporelle de haut qui en parlant du caractère d’une personne qui a des
est reprise du latin, et haut si@e «près de l’orî- sentiments élevés, puis ( 14581 de ce qui est supé-
gine>) (1690; d’où haute époq&, d’où aussi (voir1 rieur; au xwe s., le nom s’utilise plus largement
plus haut au sens de <<précédemment>>. pour désigner ce qui est grand, important, difkile,
HAUTE s’emploie au XIX~s. comme nom féminin, honorable, etc., spécialement ce qui est d’un ordre
par substantivation de l’adjectif, au sens de ace qui élevé pour l’esprit (1685) ; ces emplois ont disparu
est le plus élevé dans un ensemblem; lu haute, en sauf dans quelques locutions, comme hauteur de
argot (1844 ; 1821, être de lu haute «en fonds»), dé- vue et (familier et courant) être à la hauteur 117921.
signe la fraction supérieure d’une socikté, puis 4 Le dérivé HAUTURIER, IÈRE adj., terme de ma-
l’emploi passe dans la langue courante (1854, une rine, Sign%e crelatif à la haute mer-n (1632, pilote
femme de la haute). haututir).
F Le dérivé HAUTAIN,AINE adj. (1080, SOUS la À partir de haut ont été formés de très nombreux
forme altainl a été un équivalent de haut dans une composés. + HAUTBOIS n. m., sous la forme hault-
partie de ses emplois ; le mot se spécialise Cv.12003 bos en 1455 (haut bois, 1490, forme moderne en
HAVANE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

1586; de bois), désigne un instrument de musique; 1877, inf). C'est un mot dialectal (wallon) d’origine
le mot se dit par métonymie du joueur de hautbois incertaine; il pourrait être rapproché de l’aile-
(1508, haukzbok), comme HAUTBOISTE n., formé mand hauen «abattre, entailler», issu du fkncique
plus tard 117791, emprunt à l’allemand Hoboist, de “huuwa (cf. ancien haut allemand houwu, moyen
E-loboe, adaptation du lançais hautbois. haut allemand haue ((piocher>>) ou venir du néer-
HAUTE-CONTRE n. a d’abord désigné un baryton landais schaven aracler)). Selon une autre hypo-
( 1486, haulte contre) avant de se dire d’une voix thèse, huver serait une variante de chuver, chever,
masculine plus étendue dans le haut que celle du issu du latin excavure acreuser», dérivé de cuvure
ténor 11553, n. f,) - cf. aito - puis, par métonymie, (cf. escaver <<extraire en creusant*, v, 1300 ; + caver).
du chanteur qui a cette voix (1671, n. m.). Ar- + Haver «entailler et abattre (le minera% est à l’ori-
chaïque après le ~~II~-~~III~ s., le mot a été repris gine de plusieurs dérivés techniques :
avec le renouveau de la musique ancienne et la
réapparition de ce genre de voix (v. 1960- 1970) ; voir b Les dérivés HAVEUR n. m, (1568 en wallon), KO~-
aussi contre-ténor (sous ténor). +On trouvera vrier qui creuse>>, HAVAGE n. m. (18121, «adion de
d’autres composés à l’élément qualifié + chausse, bavera), HAVEUSE n. f. (18671 xmachine pour le ha-
commissaire, cœur, corps, fidélité, fond, forme, four- vagew et HAVÉE n. f. (xx” s. ; participe passé subs-
neau, lisse, parleur, relief. tantivé de huver) asurface de taille dégagée par le
0 Voir HAUSSER.
havage», sont d’emploi technique.

HAVANE n. m. vient du nom tiançais de la ca- HAVRE n. m. existe au moyen âge sous deux
pitale de Cuba (espagnol Hak>ctna) renommée pour formes : huvene (v. 1138) et havre Iv. 1165) ; c’est un
ses cigares. emprunt au moyen néerlandais hufen ou havenle)
4 Le mot désigne 118381le tabac qui provient de la «par%, mot d’origine germanique (cf. allemand Ha-
partie ouest de l’île de Cuba, au sud de LaHavane fen, anglais huven de même sens). La forme huvre
t& havane1 et, par métonymie (un huvunel, un ci- s’impose à partir du XVI~s. avec la création du
gare fabriqué avec ce tabac. Huvane s’emploie Havre de GrCice à l’estuaire de la Seine 11517).
comme adjectif au sens de <couleur marron clair>> + Huvre s’est d’abord dit d’un port de mer (v. 11381
(celle du tabac) 11858, Goncourtl. et désigne encore régionalement un petit port na-
turel ou artificiel ; le mot prend dès le XII’ s. la va-
HÂVE adj ., qui apparaît chez Chrétien de Troyes leur de «refuge sûr» (v. 1190, hafne3 en marine, d’où
11176-11811, est issu du kancique “huswu, propre- le sens figuré tv. 1420) d’ccabri)), de «refuge» (un
ment <<gris comme le lièvres (cf. allemand Hase havre de puix), d’emploi littéraire.
(~~f&-e),; + hase) d’où <<pâle, mat, terne», adjectif
que l’on peut restituer d’après le moyen haut alle- HAVRESAC n. m. est introduit tardivement
mand heswe ap&le, blême)) et l’ancien anglais fI680). La variante hubresac (16941, vivante encore
huswe ade couleur sombre, obscure)> (v. 1250). On dans les dialectes, résulte d’un emprunt au haut a,-
trouve la graphie avec l’accent circonflexe à partir lemand Hubersack, proprement <sac kack1 à
de Ii’40 dans les dictionnaires. avoine Ihube&, introduit par les soldats revenant
+ Hûve est d’abord attesté comme terme de jeu d’Allemagne lors de la guerre de Trente Ans. La
d’échecs où il semble correspondre à ccbattun (in- forme havresac, ou parfois havre-suc, est probable-
dépendamment de ma& terme d’échecs emprunte ment issue du bas allemand”Huwersuciz (cf. bas al-
à l’arabe : l’adjectif mut, Pnute a suivi la même évo- lemand Huwer ccavoine4.
lution de sens d’vabattu, afIlig6, à Hsombrem, puis
+ Huvresuc s’est dit autrefois d’un sac se portant
<non brillantn. Hûve au X~II~s. sime en effet
sur le dos et contenant l’équipement du fantassin
«sombre» en parlant d’une cave (1269-1278). À la fm
(on dit aujourd’hui sac, parfois qualifk) ; par exten-
du xrv” s., hûve qual%e une terre en mauvais état, sion (1735) le mot désigne un sac du même genre,
en friche. 0 C’est à partir du XVI~s. que le mot s’ap- servant à transporter de l’outillage, etc.
plique à la personne humaine ; h&ve a eu le sens de
<<terne, vitreux)) en parlant des yeux (1536) puis
HAYON + HAIE
s’emploie par métonymie au sens dkmaigri et
pâli» ( 15601, seule valeur aujourd’hui en usage [teint
hâve). HÉ interj. d’origine onomatopéique, d’abord écrit
e h. IOSOl- hé attesté en 1655 chez Molière -, sert
+HA~IR v., dérivé de have (ancienne forme de à appeler, interpeller. Redoublée, l’interjection
hbve), d’abord attesté (1306) comme transitif au s’emploie avec des nuances qui varient selon le ton.
sens de <<désirer ardemment>>, Sign%e par la suite
11564) ~~brûler, dessécher, hâler)), puis (11680) qcdessé- b OHÉ interj. pour appeler (cf. latin ohel, comme
cher et brûler en surface (la viande) sans cuire en hé, est attesté en 1215 sous la forme 06; la graphie
dedans>; cette dernière acception, seule en usage moderne est relevée en 1834.
aujourd’hui, est d’emploi rare comme se huvir ((se HÉLAS interj. est attesté au xrre s. (1176-1184, eh)
s.1 et ti! las; le mot est formé de
desséchern 115721 et huvir <<sebrûler extérieure- aussi E, lus! (fin XII~

ment)) (1718). hé et de l’ancien fkançais 2~s <<malheureu% Les


deux composants restent autonomes en ancien
HAVER v. tr., attesté une première fois chez f&nçais et on a longtemps accordé las : on se ser-
Froissart t6n XIV’ s.), puis en 1407, n’a été repris et vait de hélasse au féminin. kklus s’emploie comme
répandu en français qu’au XIX’ s. (av. 1873, au P. P.: nom masculin depuis le xve s. (1458).
DE LA LANGUE FRANÇAISE HÉBREU

@ 0 HEAUME n. m., atteste sous la forme latini- bergen, de même sens (allemand beherbergen); le
sée helmus (VIII~ s., Gloses de EZetchenau), apparaît verbe tiancique est composé de “heri, “huri aarrnéen
sous les formes Mme, healme dans La Chanson de (cf. héraut) et de “bergan «protéger». Le sens étymo-
Roland ( 10801 puis par vocalisation du 2 heaume logique est en usage au moyen âge; on le trouve
(xTI~s.). C’est un mot issu du francique “!Mm dès 811 dans le latin médiéval heribergure “pro-
acasque)) restitué par l’ancien haut allemand helm curer le @te aux guerrier+.
(cf. allemand HeZm1 d’où viennent aussi l’italien et + Héberger a pris Cv.1150) le sens moins restreint de
l’espagnol elmo, l’ancien provençal e2m. aloger qqn chez soin ; par extension, le verbe signifie
+ Heaume, aujourd’hui terme d’histoire, désignait en général *recevoir sur son sol, accueti) Iv. 1125-
au moyen âge un grand casque que portaient les 11.30,hebergiwl. En construction intransitive, héber-
hommes d’armes. Il est employé comme terme de ger a signifié du XII~Iv. 1196) au W s. &re logé de
blason 11690, Furetière, évidemment antérieurl et a façon temporaire* (héberger chez gqnl. 0 Le verbe
été par analogie la désignation d’un récipient en a eu aussi à partir du XIII~ s. (1235, hierbegier) le sens
chimie (1735). de wzonstrull-e un étice3, qui continue le latin mé-
.En dérivent des termes didactiques : HEAW- diéval heribergure Cl1871, d’où au xv? s. s’héberger
MIER, IÈRE n. (1260; aussi hiaumier) «fabricant de Ns’adosser sur un mur mitoyenm ( 1580).
heaumes>>, dont le féminin Heaulmière 11462, Vil- ~Des dérivés, seul HÉBERGEMENT n. m. est
lon : la Ballade de la Belle Heaumiére) désignait d’emploi courant aujourd’hui ; d’abord Mlogement ,
l’épouse. - HEAUMERIE n. f. (xrrr” s-1 ((fabrique de habitation} ( 1155, herbergement; graphie moderne
heaumes>> et HEAUMET n. m. ~XIII~s.), diminutif au XIII~ s.1,le mot prend au me s. le sens d’«action de
emprunté par l’anglais O&met Mcasque4 sont ar- loger)) (1586). ~&BERGE n. f. (v. 1208; v. 1050, her-
chaïques. berge à côte de la forme masculine héberc, de
même sens) eut au moyen âge le sens de <<loge-
0 HEAUME + JAUMIÈRE ment)). Il est attesté comme terme de droit à partir
du XVI” s. (1552) alors lié à @berger Kconstruire*.
HEBDOMADAIRE adj. et n.m. est em-
prunté (1.220, n. m.) au latin ecclésiastique hebdo- HÉBÉTER v. tr. est un emprunt (xrve s.1au latin
madatius acelui qui assure un service pendant une hebetare &mousser, enlever la finesse>), dérivé de
semainen, dérivé du latin impérial hebdomus, hebes, hebetis &moussé, qui manque de vivacité»,
-udos «semaine>>, utilisé comme nom et comme ad- M-même dérivé de hebere &tre émoussées, <<être
jectif, emprunt au grec Izebdomos cseptiéme,, dé- engourdi*, verbe d’origine incertaine qui n’est pas
rivé de hepta aseptn qui se rattache à une racine in- attesté avant l’époque impériale.
doeuropéenne “sepm t+ hept-, sept). +Hébéter est introduit avec le sens étymologique
4 Hebdomadaire a d’abord désigné comme en latin d’«tiaiblirs El’activité physique, intellectuelle) 11355
un moine en fonction pour la semaine (cf. semai- au participe passé; 1587 pronominall, d’emploi
nier). De ce sens vient l’emploi adjedivé, attesté en rare aujourd’hui. oLe verbe, sous l’influence de
1501 : les serviteurs hebdomadaires sont ceux qui se bête, a pris à partir du XVII~s. le sens de ({rendre
renouvellent chaque semaine ; puis l’adjectif quali- (qqn) stupide-, d’où le participe passé HÉBÉTÉ, ÉE,
fie ce qui s’accomplit en une semaine, s’étend sur adjectivé et substantivé (1631, un hébété).
une semaine 114601.Au XVIII~s. le mot, comme nom k HtiBÉTEMENT n. m. est attesté isolément au
masculin, désigne une publication qui paraît XVI’ s. (1586) et repris au xrxe s. (1832, Stendhal).
chaque semaine ( 1758, Voltaire). 0 L’abréviation HÉBÉTUDE n. f. représente un emprunt (15301 au
HEBDO n. m. est récente (1947). dérivé bas latin hebetudo *état d’une chose émous-
ä L’adverbedérivé HEBDOMADAIREMENT est at- séen et +tupidit&. Le mot s’emploie, d’abord en
testé en 1781. médecine, au sens d’aengourdissement de l’esprit,,
À partir d’hebdomadaire ont été formés les compo-
sés BIHEBDOMADAIRE adj. et; n.m. (18661 qui a HÉBREU adj. et n. m. est un mot emprunté
signîf% <qui a lieu, paraît toutes les deux semaines» I~V.11191 au latin chrétien hebraeus, lui-même du
et correspond aujourd’hui à @qui paraît deux fois grec hebrak, de l’hébreu biblique ‘ibrî, ‘ibrity par
par semaine)), sens où, selon fittré, semi-hebdomu- l’intermédiaire de l’araméen.
daire eût été plus juste. +L’adjectif TRIHEBDO- +Le mot est introduit au sens de <<langue hé-
MADAIRE appardt chez Littré &pplément) en braïque= Cv.1119, I’hebreusl et comme adjectif
1872. +Le latin ecclésiastique hebdomadatius a été lebrieu, fm XII” s.l. Hébreu s’emploie ensuite iv. 1190,
emprunté avec son sens sous la forme HEBDOMA- ebtieu, adj., XIII~s. ebris, n.1 comme terme d’histoire
DIER, IÈRE n. Cl51 1; XIII~s., ebdomadier1; ce terme ancienne pour désigner la personne qui appartient
de religion a pour équivalent semainier (-+Se- au peuple issu d’Abraham dans la Bible; par ex-
maine). tension, le mot Sign$e <<celui Ecel qui appartient
aux descendants du peuple hébreu>>; il est alors sy-
Q) HÉBERGER v. tr. représente Cv.1050, herber- nonyme de juif et israélite; de là, par extension,
gerl une adaptation du francique “hetiergôn «lo- l’emploi de État IGbreu pour Israël. Q Sans doute
ger, campera (en parlant d’une arrnéel, restitué par référence aux caractères de l’écriture, le mot
d’après le germanique haribergôrt (+ auberge), est utilisé dans la locution figurée c’est de I’hébreu
l’ancien haut allemand hwibergon *loger>>, le Nc’est inintelligible>> 11530, parler en hebrieu),
moyen haut allemand et le moyen néerlandais her- cf. aussi c’est du chinois.
HÉBREU 1698 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LA LANGUE HÉBRAÏQUE

L’histoire trirnillénaire de la langue hébraïque a gré la concurrence de l’aramhen et celle du


connu des rebondissements surprenants qui en grec, langue administrative de l’Empire romain,
font un cas tout à fait à part. Alors que la règle jusque vers la fm du II~siècle.
générale veut que toute langue qui n’est plus Précieusement préservé dans les communautés
parlée finisse par s’éteindre, on assiste en effet juives à travers le monde dans les siècles qui ont
de nos jours à une véritable résurrection de l’hé- suivi la perte de l’indépendance nationale, l’hé-
breu. breu s’est maintenu comme langue liturgique et
L’hébreu est, semble-t-il, dès la fin du second langue d’érudits. Les Juifs se sont exprimés dans
millénaire avant l’ère chrétienne, la langue des des dialectes lyiddish, judéo-espagnol, judéo-
Beni Israël, descendants de Jacob. Ceux-ci, arabe, judéo-grec, judéo-persan, etc.1 qui sont
lorsqu’ils se présentaient à d’autres peuples, se des variantes des langues des pays où ils vi-
donnaient le nom d’firim (Hébreux). Les pre- vaient, adaptées aux réalités de la vie juive. Cer-
mières attestations archéologiques de leur tains ont laissé des textes écrits en caractères
langue ne sont pas antérieures au x” siècle. L’hé- hébraïques. Ces langues vernaculaires sont à
breu y apparaît très proche d’autres langues de distinguer d’emplois spéctiques de langues, tel
la région de Canaan connues par des inscrip- le ajudéo-français)> des Gloses de Raschi, qui est
tions, comme le phénicien ou le moabite. de l’ancien français très pur.
Ces langues, dont on a décelé la parenté avec Le renouveau littéraire de la Haskala (17~ f 8803
l’araméen, l’arabe, la majeure partie des vit apparaître en Allemagne, puis dans les pro-
langues éthiopiennes, l’assyro-babylonien (dé- vinces polonaises d’Autriche et de Russie, une
chif&é après 1850) et l’ougaritique (déchiré en littérature profane en pur hébreu biblique.
19301,se classent dans le groupe dit &mitique>a, Celle-ci aurait pu rester sans lendemain si un
terme créé en allemand en 1781 à des fins uni- jeune juif russe, Eliézer Perlman, plus tard ap-
quement linguistiques à partir du nom biblique pelé l3en Jehuda, influencé par l’éveil des natio-
de Sem, et qui a remplacé la dénomination trop nalités qui associtit peuple, terre et langue,
vague de alangues orientales,. C’est dans le n’avait dès 1881 entrepris avec une exception-
sous-groupe du nord-sémitique occidental au- nelle ténacité de redonner vie à 4a langue an-
quel appartient l’hébreu qu’est apparu l’alpha- cestrale sur la terre ancestralen. L’écho qu’il ren-
bet. L’hébreu utilise lui-même un alphabet contra auprès des pionniers jti établis dans
consonantique. Cet alphabet hébraïque, très des villages agricoles (de Palestine) dès la kn du
proche de l’alphabet phénicien avant l’exil des >mces., permit le développement d’écoles où dès
Judéens à Babylone (- 5861, a pris une autre le plus jeune âge l’enseignement de toutes les
forme, inspirée de l’écriture araméenne, au re- matières était donné en hébreu. C’est ainsi que
tour de cet exil. C’est cette forme à peine modi- se créèrent de nouvelles générations succes-
fiée qui reste en usage de nos jours. sives d’«hébréophonesn. En 1922, l’hébreu devint
La langue hébraïque ne serait pas ce qu’elle est une des trois langues officielles (avec l’anglais et
si elle n’avait produit un monument littéraire l’arabe) du mandat britannique institué en Pa-
considérable : la Bible. Encore faut-il noter que lestine.
les écrits qui composent la Bible hébraïque Avec la création de l’État d’Israël en 1948, l’hé-
s’échelonnent sur plusieurs siècles : du breu normalisé et modernisé a conquis tous les
- vwe s. ( ?), date présumée des premiers livres domaines de la vie publique. Des centaines de
historiques, jusqu’au - 11~s., puisque le Livre de milliers d’immigrants l’ont appris, des enfants
Daniel semble avoir été rédigé vers - 167. l’ont enseigné à leurs parents. La langue compte
C’est une question très discutée que de savoir actuellement en Isrtil environ 4 millions de lo-
jusqu’à quelle date l’hébreu fut effectivement tuteurs.
parlé en Palestine meme. Sur la foi de l’évi-
dence interne de la Mi&na, recueil rabbinique L’apport de l’hébreu au franqaîs
rassemblé vers l’an + 200, et de découvertes ar- La principale contribution de l’hébreu au fkan-
théologiques récentes (notamment les lettres de çais s’est faite sans conteste par l’intermédiake
Bar Kokhba, t 135, rédigées soient en hébreu, des traductions bibliques dont les expressions,
soit en araméen, soit en grec), il semble que l’hé- reprises par les prédicateurs puis les écrivains,
breu ait survécu en Judée sinon en Galilée, mal- pénétrèrent ainsi dans la langue tiançaise.

F HÉBRAÏQUE adj. est emprunté (v. 1450) au latin HÉBRAïSER v.


est l’adaptation (1752, mais anté-
chrétien hebruicus ((hébreu)), du dérivé grec hebraË- rieur; infkal du grec tardif hebruizein
cf. hébruïsant,
!ZZOS.+En dérivent les termes didactiques HÉ- <parler la langue hébraïque>), dérivé de hebruïos. Le
BRA&ME n. m. (1566) et HÉBRAÏSTE n. (1839). verbe s’emploie d’abord pour aemployer des tour-
nures propres à la langue hébraïque>>, puis cadop-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1699 HÉBREU

Cette influence du texte a été plus faible sur le bis égarée (ou : sans pasteur), la caverne de bri-
fkançais que sur l’allemand et l’anglais, faute gands. ..
d’une version en langue vulgaire largement dif- La langue de certains auteurs français comme
fusée. Agrippa d’Aubigné, R&e ou Victor Hugo dans
Il faut distinguer les mots d’emprunts, les cal- La Légende des siècles est particulièrement in-
ques syntaxiques, les citations, les images et fluencée par la Bible.
comparaisons. Il faut ajouter qu’un grand nombre de prkwm
français parmi les plus courants est d’origine bi-
Les mots d’emprunts sont assez peu nombreux. blique : Jean, Anne, Suzanne, sans parler des
Trois au moins ont pénétré dans la langue litur- noms thkophores : Daniel, Michel, Joël, Emma-
gique par l’intermédiaire du latin d’Eglise : nuel, Raphaël.
amen, hosanna, alleluia. Satan, devenu nom À cet apport de la Bible qui est de loin la plus im-
propre Il’hebreu, comme l’arabe, dit le Satan), portante contribution de l’hébreu au fkançais, il
Messie (de masi& Nointnj, ont été francisés. Les convient d’ajouter un petit nombre de termes
chérubins et les séraphins étant évoqués en qui se répartissent en deux catégories très ti-
troupes, le latin, puis le français, ont emprunté férentes.
les pluriels hébreux de kerub et sur& avec va- Les préjugés dont ont été victimes les Juifs pen-
leur de singulier. Il a également transcrit le mot dant des siècles ont fait attribuer un sens ex-
hébreu pour une institution spécgque comme trêmement péjoratif au nom du jour de repos
le jubilé CyobeZI ou encore pour la manne. Cer- hebdomadaire : le sabbat &union de sortiersm
tains termes ont subi une évolution sémantique et à celui de leur tradition mystique : la cabale,
qui les a totalement &ïcisés~. C’est le cas de tandis que l’adjectif cabalistique prenait le sens
tohu-bohu (le mot hébreu désignant à l’origine d’&trange et incompréhensible)). Ajoutons que
la matière informe précédant la Création) et de capharnaüm est à l’origine le nom d’une localité
gêne, contraction de géhenne qui vient de g&- du lac de Tibériade où prêcha Jésus.
hinom, vallée de Hinom, devenue synonyme De nos jours un certain nombre de mots d’hé-
d’Enfer en hébreu plus tardif. breu moderne en transcription phonétique pé-
Les calques spWpes constituent de v&i- nètrent dans le vocabulake international parce
tables hébraïsmes en français. D’origine litté- qu’ils désignent des réalités spécifiques d’Israël.
raire, ils gardent le plus souvent ce caractère C’est le cas de kibboutz ou sabra (enfant né en
dans les adaptations grecque, latine, puis fran- Israël). À la faveur de l’actualité dont Israël fait
çaise. Ainsi en vérité; voie d’iniquité ou parole -fréquemment les titres, les journaux utilisent
de vérité (au lieu de l’adjectif); vanité des vani- également Tsuhul (sigle formé des initiales des
tés, cantique des cantiques, saint cks saints, ou mots Zkvu Haganah le Tsraë2) <<armée de défense
encore belle entre les femmes (pour exprimer le d’Israël» et Knesset &assembléeB pour le parle-
superlatif), aller en paix, dormir du sommefi, ment. La presse familiarise également les lec-
trouver grâce aux yeux de... teurs francophones avec les formes hébraïques
Beaucoup de formules hébralques de la Bible de prénoms jadis latinisés Moshé (Moïse),
sont entrées dans l’usage courant, parfois par Shlomo (Salomonl, Hans (Anne), Johanun
l’intermédiaire de leurs citations dans le Nou- (Jean); ces formes passent parfois par l’usage
veau Testament. C’est le cas de : aimer son pro- des communautés juives les plus médiatisées,
chain comme soi-même, l’homme ne vit pas seu- comme celles, anglophones ou bilingues (avec le
lement de pain, manger son pain à la sueur de yiddish) des Etats-Unis.
son front, enfanter dans la douleur, qui s&me le M. Hadas-Lebel
vent récolte la tempête, œil pour @il, dent pour
dent, rien de nouveau sous le soleil, etc. BIBLIOGR4PHll?
L’hébreu biblique contient de nombreuses com- D. COHEN et H. ZAFRANI, Grammaire de l’hébreu vi-
paraisons, dont certaines ont été reprises : vant, Pa&l, 1968.
comme la rosée du matin, sécher comme l’herbe, E. DEIROME, Lange et écriture sémitiques, Paris,
nombreux comme les étoiles du ciel et le sable de 1930.
lu mer, et un répertoire dïmages : le lis des val- M. J!lADAS-LEBEL, Histoire ck la langue hébraïque
des origines à l’époque de la Mishnu, 3 vol., Paris,
Ides, le veau d’or, l’arbre de vie, les années de 1976-81.
vaches grasses (ou maigres), lu valtie des larmes, E.-Y. KUTSCHER, A History of the Hebrw language,
le pain de misère, s’appuyer sur un roseau, la bre- R. Kutscher, Jérusalem-Leyde, 1982.

ter les coutumes, la culture hébraïques* ( 1776, Vol- étudie la langue hébraïque, en particulier les textes
taire ; intr.1. C’est seulement au xixe s. qu’il Sign%e sacrés hébreux (1586 selon Bloch et Wartburg, puis
aétudier l’hébrew 11834, intr.3. Au sens de <rendre 1699) ; le mot s’emploie aussi ( 1756, adj. et n.1 pour
hébreus, hébraiser est attesté en 1873. +HÉBRAÏ- (<juif converti resté fidèle à l’Ancien Testament».
SANT, ANTE adj. et n. désigne une personne qui
HÉCATOMBE 1700 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HÉCATOMBE n. f. est un mot savant em- Cl550 ; italien moderne egira) ; l’espagnol hegira
prunté (15131, par l’intermédiaire du latin heca- n’est attesté que depuis 1601.
tombe, au grec hekatombê, proprement &acrifice 4 L’hégire désigne l’an 1 de la chronologie musul-
del cent boeufs», composé de hekaton acent> mane, marquée par la fuite de Mahomet de
(+ hecto-) et de bous «bœufD. Dès Homère, le mot La Mecque à Médine en 622 de l’ère chrétienne et,
s’applique à un grand sacrike public, aussi bien de par extension, l’ère des musulmans.
bœufs en nombre variable que d’autres animaux
k Le dérivé didactique HÉGIRTEN, IENNE adj. est
(douze boeuf& cinquante béliers, etc.).
attesté au XX~siècle.
$Au début d u XVI~ s., le mot désigne le sactice
d’un grand nombre d’animaux. Par analogie, à par- HEIN inter-j. apparaît sous di%rentes formes à
tir du me s., il se dit couramment du <massacre partir de la ti du XII~s. : ahene EV.11781, ahen,
d’un grand nombre de personne@ (1667, Corneille) ahene (XII~ s.1,hen (mil. xve s.1,heim 11691) et se tic
d’où, par la suite, les emplois figurés d’khec d’un dans sa graphie actuelle au début du XVIII~s. ( 1724,
grand nombre de candidats>>, lors d’un examen ou Marivaux). Le latin hem, exprimant divers senti-
d’une compétition Ixx” s.) et de <<destruction d’un ments pénibles et marquant aussi l’interrogation,
grand nombre de choses ou d’animauxu (xx” s. ; hé- est à l’origine de cette interjection employée pour
catombe routirel . inviter à répéter un énoncé mal entendu, ou que
l’on feint d’avoir mal compris, ou à expliciter un
HECTARE + ARE propos. Hein, joint à une phrase interrogative ou
exclamative, de formation beaucoup plus tardive,
HECTO-, tiré du grec hekaton Ncentb), est un élé- serait la survivance de l’ancien fknçais ainz, ains
ment servant à former des mots savants de me- Nmais, mais plutôtn, du latin populaire Ountius =plus
sure. tôt, C+avant), comme doublure nasalisée de Eh!
6’ VoirARE, GRAMME, LlTRE, MÈTRE, STHÈNE. WATT: HÉCA-
dans son rôle interrogatif aussi bien que de protes-
TOMBE.
tation.
0 voir mm.
HÉDONISME n. m. est un dérivé savant (1877)
du grec hêdonê ~~plaisir~~, dérivé de hkdein créjouir, HÉLAS + HÉ
charmep, qui se rattache à une racine indoeuro-
péenne “swfid- aêtre agréable* kf. latin suavis; HÉLER v. tr. représente une adaptation (1531)
+ suave). du moyen anglais heilen (anglais moderne to bail)
4 Le mot désigne, en philosophie, une doctrine qui <(saluer, appelern Cv.12001, de heil, bail asantk, pros-
prend pour principe moral la recherche du plaisir. péritéu, abréviation de wassail, issu de l’ancien
Il est ensuite utilisé, au XX~ s., par les économistes scandinave yes heill usoyez en bonne San& (cf. alle-
( 1956, Romeuf) et par la psychanalyse EV. 1960, hédo- mand Heil Msalute). Heler (1374-13871, Kboire en-
nisme oral, anal, g&zitaD. semble, se souhaiter la santé>>, employé dans le
b De hédonisme dérivent HÉDONISTE 11884-1885, nord de la France, se rattache au moyen néerlan-
n.) apartisan de l’hédonisme)) (1943, adj.1, ou HÉDO- dais heeE correspondant au moyen anglais.
NISTIQUE adj. (1907) et HÉDONIQUE adj. (1926 ; 4 Héler est attesté comme terme de marine au dé-
du radical du grec h&doptê) d’emploi didactique. but du XVI~s. avec le sens d’aappeler (une embarca-
0 De ce dernier dérivent HÉDONIQUEMENT adv. tion) à l’aide>>. Par extension, il signifie Rappeler de
11926) et HÉDONICITÉ n. f. ( 1946). loin par geste ou avec la voix> (1830, héler un fiacre).

HÉGÉMONIE n.f. est un mot savant em- HÉLIANTHE n. m. est emprunté 11615) au latin
prunté ( 1840 ; mais on trouve égimonie en 1815 sous botanique helianthus désignant une plate mal
la plume de J. de Maistrel au grec tigemonia <au- identif%e (camomille ?), mot composé à partir du
to&& et spécialement aprééminence, souverai- grec hêlios ~4eil~~ (4 hélio)- et anthos 4lew I+ a;n-
neté d’un État grec sur le reste de la Gréce%, dérivé thologie, chrysanthème).
de hêgemôn achef, guideu, de hêgekthai amarcher $ Hélianthe désigne couramment le tournesol lap-
devant+, d’où ccommander, diriger,. Ce verbe se pelé aussi soleil).
rattache à une racine indoeuropéenne “sag- Ncher- F En dérive le terme de chimie HÉLIANTHINE n. f.
cher, quêtern Cenpa&u~t du chien de chasse), d’oti
(1890; Su&e -ine).
aavoir du flalru, comme le latin sagire aavoir du HÉLIANTHÈME n. m., réfection ( 17321 de ekn-
flain (+ sagace). terne 116941, est emprunté au latin botanique he-
+ Hkgbmonk, terme didactique, se dit par exten- lianthemum 116151, du grec hêlios et anthemon
sion du sens initial, qui concerne l’antiquité deum, dérivé de aathos. Le mot désigne cornrnu-
grecque, de la suprématie politique et militaire nément une plante nommée <<gerbe d’orB ou «herbe
d’une vîlïe, d’un État, d’un peuple sur d’autres. d’or».
FEn dérive HÉGÉMONIQUE adj. (1876, Renm), di-
dactique, mais relativement usuel. * HÉLICE n. f. est un emprunt savant (15471,
par l’intermédiaire du latin helti, -icis, au grec he-
HÉGIRE n. f. est un emprunt (1556, dans un lk, -&Os (spirale» qui désigne aussi tout objet en
texte traduit de l’italien) à l’arabe hi&a Miafuite (de forme de spirale (coquillage, repli de l’oreille, VO-
Ma,homet)B par l’intermédiaire de l’italien hegira lute d’une colonne, etc.). Helix se rattache à une ra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1701 HÉLIUM

cine indoeuropéenne “wel- arouler>> (cf. anglais mauvaise coupe dégage& un pseudo-prétie
Wh&d . HÉLI-, plusieurs termes techniques se rapportant
4 C’est d’abord un terme d’architecture employé à l’usage de cet appaTei1: HÉLIGARE n. f. (1957; de
en parlant d’une volute ornant un chapiteau corîn- gare3 ne s’est pas imposé à côté de son équivalent
thien, puis de la forme en vis d’un escalier (1690, es- HÉLIPORT n. m. (19%; de port; + aéroport) qui ap-
calier en hélice). À la ti du XVII~ s., le mot est attesté parait dans un arrêté du Journal oficiel de 1959,
comme terme de géométrie (1684, Furetière) ~~~~HÉLISTATION n.f. (de station) et HÉLISUR-
acourbe engendrée par enroulement sur un cy- FACE n. f. (de surfad 0 De HÉLIPORTÉ, ÉE adj.
lindre de révolution*, et d’anatomie, remplacé par (1955 ; de porté1 «transporté par hélicoptèrem dérive
HÉLIX n. m. ( 1690; latin moderne, du grec hek), HÉLIPORTAGE n. m. (19621; ces deux mots ont
également employé comme nom scientifique de pour équivalents HÉLITRANSPORTÉ, ÉE adj.
l’escargot (1802; latin des naturalistes, 17581.0 k?é- (mil.~~"~.) et HÉLITRANSPORT mm. (mil.&~.).
lice désignmt une courbe dans l’espace reste un 0 Plus récemment ont été formés les mots HÉLI-
mot savant, concurrencé par spirale (qui devrait GRUE n.f. (1974; de me), H~LXTREUILLER v.tr.
désigner une courbe plane, mais on dit escalier en ( 1974 ; de treuiller, dérivé technique de treuil) et HÉ-
spirale). Le mot n’est entré dans la langue courante LITREUILLAGE n. m. 11977; de treuilluge).
que par la technique. +Par analogie de mouve-
HÉLIO- est un élément tiré du grec Mios cso-
ment, hélice désigne en effet (1803, hélice à vapeur)
le& qui se rattache à de nombreux termes indoeu-
un appareil constitué de plusieurs pales, consti- ropéens désignant le soleil. Hélio- sert à former des
tuant l’organe de propulsion ou de traction de ba-
mots savants,
teaux et, au début du XX~ s., d’avions (avant la pro-
pulsion par réaction). Le remplacement des avions wHÉLIOCENTRIQUE adj. (1721; de centre), sign5e
à hélice par les avions à réaction a fait baisser la “qui a pour centre le Soleil> ; c’est un terme d’astro-
fréquence du mot dans ce contexte. nomie à partir duquel a été fort& HÉLIOCEN-
TRISME n. m. (xx” s.);
F À partir d’hélice ont été dérivés au xx” s. les
HÉLIOSTAT n. m. ( 1746) du grec -stutês, en compo-
temestectiques HÉLIÇAGE n.m.etHÉLICIER
sition “qui stabilise ou régulep, de histanai &xer,
n. m. ( 19291. + Sur hélix aescargot- ont été compo- arrêtern ;
sés des termes didactiques comme HÉLICIDÉS HÉLIOGRAPHIE n. f., terme d’a&OnOmie pour
n.m.pl (1902; 1873, hékctis), HÉLICICULTURE (<description du sole& (18021 de -gruphie, désigne
n.f (1914) et HÉLICICULTEUR,TRICE n. (19221,
aussi un procédé photographique de gravure
concernant l’élevage des escargots.
(18291, d’où HÉLIOGRAPHIQUE adj. (1842);
HÉLICOIDE adj. et n. est emprunté 117041, par l’in-
HÉLIODORE n. m., composé (1873) pour désigner
termédiaire du latin des mathématiciens helicoi’des
une variété de tulipe (du grec doron NdonB), se dit
parubola En xvf sd, au grec helikoetis een forme
aujourd’hui (1962) d’une pierre fme formée de béryl
de spiralen, composé de helk et de endos =formen
jaune.
I+ stixe -otiel. Ce terme de géométrie Sign%ant Au me s. apparaissent de nombreux composés
<en forme d’hélice}) est attesté comme adjectif en parmi lesquels HÉLIOTHÉRAPIE n. f. 11900; de
1704 Iparabole héZicoZe1 et comme nom masculin ~~~~U~~~;HÉLIOMARIN,INE adj.(I933;demarin),
en 1832. -+En dérive l’adjectif HÉLICOÏ- terme de médecine; HÉLIOTECHNIQUE n.f.
DAL, ALE, AUX (1854) d’emploi didackique au sens (mil.~~"~.; de technique); HÉLIOTHERMIE n.f.
de aen forme d’hélice* Mouvement héltcotial1. (v. 1960; de tkmzie), dont dérive HÉLIOTHER-
- HÉLICON n. m. est formé (av. 1902, Larousse) à MIQUE adj. (19721.
partir du grec tardif helikôn. (dérivé de Mti, -~OS 0 voir aussi &LIOGRAVURE (à cxktvml, mkIomoPE. &-
<spirale»), qui désigne un instrument de musique. LIUM.
L’inventeur étant Stowaerrer, de Vienne, le mot, en
anglais (dès 1875) et en tiançais, est probablement HÉLIOTROPE n. m. et adj., réfection à la Re-
emprunté à l’allemand; il désigne un instrument à naissance (1546) de elyotrope (XX” s. ; 1372 ektropie,
vent et à pistons que sa fortne circulaire permet de en botanique), est emprunté au latin impérial helio-
porter autour du corps, en le faisant reposer sur tropium *pierre précieuseu et fllplante) qui se
une épaule Icf. saxhoml. tourne vers le soleils, lui-même emprunt au grec
HÉLICOPTÈRE n. m. appartit pour la première tiliotropion, doublet de hêli~tropos, composé de
fois en 1861 dans une demande de brevet rédigée hAios <soleil> et de -tropos “qui se tourne versm de
en anglais, déposée en Angleterre par Ponton trepein &ournerk). Le mot, en grec comme en latin,
d’Arnécourt, puis en 1862 dans un contexte fran- désigne à la fois une plante et une pierre.
çais. C’est un mot formé savamment à partir du + Le mot reprend le sens du latin et du grec, en mi-
grec hdix, &OS et de pterort *aile%, pour désigner un néralogie (XIII’ s. ; 1611, hdiotrope) et en botanique
appareil volant propulsé a l’aide d’hélices ; le mot a ( 1546, Rabelais), sens où il succède à ehtiopie (1372).
eu aussi le sens d’aaéronef>) 11862 ; aussi <<jouet d’en- 0 L’emploi adjectivé au sens de “qui se tourne vers
fant%). On rencontre l’abréviation familière HÉ- le soleiln est attesté en 1803 ; le mot se dit ensuite de
LICO depuis ~~~~.PoRTE-HÉLICOPTÈRES n.m., la couleur violette des fleurs d’héliotrope (18921.
désigne, comme porte-atiuls, un navire de guerre b Du nom dérive le terme de chimie HÉLIOTRO-
spéciaJisé (dep. 19561. ~HÉLICOSTAT n. m., mot PINE n. f. (v. 1900).
composé (1938) de hélice (ptère) d’après aérostat, a
désigné un type d’hélicoptère stabilisé par un bal- HÉLIUM n. m. est repris (1875) au latin scienti-
lon. + A partir d’hélicoptère ont été formés, par une fique moderne helium, créé en angltis (18681 à par-
HELLÈNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tir du grec tilios <(soleil» (-, hélio-1 par l’wtrophysi- tr. ; 1860, pron. ; cf. gréciser). Le verbe prend ensuite
cien J. Norman Lockyer, sur le modèle de termes le sens (1845, intr.1 d’«étudier la langue et la civilisa-
comme selenium Cfmnçais sélénium). L’existence tion grecques>, d’emploi rare. +Il a deux dérivés,
du corps simple gazeux désigné par ce mot a été HELLÉNISATION n. f. (1876) et HELLÉNI-
établie par l’observation spectroscopique du soleil. SANT, ANTE n. et adj., d’abord terme d’histoire
b Le dérivé HÉLION n. m. (1923, Marie Curie), équi- des religions 11840) pour désigner un juif’ parlant
valent ancien de hélium, désigne le noyau d’hé- grec, se dit ensuite (1888, A. Daudet) d’une per-
hn, particule du rayonnement a (alpha). sonne qui s’occupe d’études grecques (cf. hellé-
nistel.
HELLÈNE n. apparait tardivement, comme
HELMINTHE n.m. est un emprunt au grec
n. m. pl., chez Bossuet 11681, Discours sur l’histoire
helmins, -inthos <<verintestinal», pour désigner une
univer-selEel, dans un contexte religieux, au sens de
classe de vers parasites de l’homme et des ani-
%Païen de l’Antiquit&; c’est un mot emprunté au
maux. D’abord écrit elminthe (15381, il a été corrigé
latin Hellenes, um 4es Grecs}}, lui-même du grec
en helminthe E1803).
Hellên, ênos, terme qu’utilisaient les Grecs pour se
désigner. k D’où HELMINTHOLOGIE n. f. <<étude des versn,
branche de la zoologie des invertébrés 11791; 1778,
+ Le mot, à partir du début du XIX~ s., s’emploie au helmon tologiel .
sens de ((de la Grèce, ancienne (Hellade) ou mo-
dernen, mais il est concurrencé par grec*. HELVÉTIQUE adj. est un emprunt (1656) au
b HELLÉNISME n. m, est un emprunt au grec hel- latin helveticus «de l’Helvétie», dérivé de Helvetii
lênismos Ide hellênizein) (<fait de parler grec’} et <<les Helvètew, Ii-même de He2vetia ~Helvétie~~,
parfois en grec tardif, «fait de parler le grec hellé- partie orientale de la Gaule qui correspond à peu
nistiquen (par opposition à l’attique) ou <<d’adopter près aujourd’hui au territoire de la Suisse.
les mœurs ou la religion grecques (par opposition 4 IIelvétique arelatif à la Suisse>> s’emploie surtout
aux mœurs ou à la religion juive), 0 Le mot s’em- dans des contextes juridiques ou politiques IConfé-
ploie en fknçais (15803 pour ((construction propre dération helvétiquel; dans l’usage courant on dit
au grec>> puis, par extension (17043, pour atour em- plutôt suisse.
prunté au grec)). Au XIX’ s., il a signSé ugoût pour la b L’adjectif a fourni HELVÉTISME n. m. 11845) qui
civilisation grecque)} (1829) d’où, par extension, désigne une tournure française propre aux habi-
l’usage d’hellénisme en histoire pour désigner l’en- tants de la Suisse (cf. suissismel.
semble de la civilisation grecque et, spécialement Par ailleurs on reléve HELVÈTE adj. et n. (18311,
(18661, l’esprit grec. En histoire des religions, hellé- terme d’histoire qui renvoie à une réalité ancienne,
nisme désigne (x1~~s.1la religion répandue dans l’Helvétie, et est emprunté au latin Helveeii. 0 Son
l’Empire romain, où dominait le pagtisme d’ori- dérivé HELVÉTIEN, IENNE n. dpersonne de natio-
gine grecque. + HELLÉNISTE n., attesté en 1598, nalite suisse» (XVIII~s.1 est sorti d’usage.
est une adaptation du grec hellênistês ~~partisan de
la Imgue, des coutumes grecquesn (de hellênizeird HEM interj. est relevé chez Marot (av. 1544 ; n. m.,
d’où, pour les chrétiens, <<païen>).Q Le mot, en his- 1646); cette onomatopée est certainement anté-
toire des religions, désignait un juif converti au pa- rieure, hem servant à attirer l’attention étant déjà
ganisme grec d’où (16431 ~~juifvivant en Grèce>>.Hel- attesté en latin E+ hein). Avec des emplois proches,
téniste s’emploie ensuite au sens de <<personne qui on relève aussi hum (1611, humhuml et la variante
s’occupe de philologie ou de littérature grecque> hom 11680) qui n’est plus en usage.
(1661, péjorativement; repris en 1808). oEn dérive
HELLÉNISTIQUE adj. employé d’abord dans un HÉMA-, HÉMAT-, HÉMATO-, HÉMO-
contexte religieux (1671, Bossuet) & propos des bel- sont des éléments tirés du grec haima, hatmatos
Zénistes. Aujourd’hui, cet adjectif qualifie (1880) ce «sang, utilisés pour former de nombreux compo-
qui est relatif à l’époque qui va de la conquête sés savants, en particulier en biologie, en médecine
aAlexandre he s. av. J.-C.) à la conquête romaine, et en chimie.
période où s’effectue une fusion entre la culture F Les plus répandus sont HÉMATURIE n. f. (17711
grecque et celle des grands royaumes orientaux de -UT%$ HÉMATOLOGIE n. f. (18031 de -bogie; HÉ-
conquis par Alexandre. MATOME n. m. 118551 de -orne; HÉMOPHILIE n. f.
HELLÉNIQUE adj. (17121, “qui a rapport à la Grèce (1855) de -philie; d’où HEMOPHILE adj. et n.
antique>) Coumoderne, dans un usage littéraire), est (1866)*. Ces deux termes s’appliquent à une ano-
un emprunt au grec he2lênikos (de Hellên), de malie héréditaire impliquant un défaut de coagula-
même sens. +Le composé PANHELLÉNIQUE adj. tion du sang et pouvant entraîner des consé-
s’emploie (1868 ; de pan-), à propos de YAntiquité, quences dramatiques (hémorragies, notamment) ;
au sens de “qui appartient à l’ensemble des Grecs» Ia dernière en cause est, de par la nécessité de
et quant à l’époque moderne, comme PANHELLÉ- transfusions, Le risque de transmission du sida.
NISME n. m. (18681, à propos du système politique 0 HÉMOGLOBINE n. f. (18731, du radical de globu-
tendant à réunir les Grecs en une seule nation. line, désigne la substance contenue dans les glo-
HELLÉNISER V. est une adaptation du dérivé grec bules rouges du sang; il a pour dérivés HÉMO-
hellênizein «parler grec>) et, en grec tardif, &tudier GLOBINIQUE adj . (19041, Par composés
le grec anciew ; il est employé au sens de adonner HÉMQGLOBINURIE n. f. (18881, HÉMOGLOBINÉ-
un caractère grec (à qqch.)» par P.-L. Courier (1808, MIE n. f. (1904). 0 HÉMOCYANINE n. f. (av. 189.2)
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1703 HÉMISTICHE

du grec huanos ablew; HÉMOLYSE n. f. (1901) de des spectateurs ou aux membres d’une assemblée
-Z~~~;H&M~DIAGNOSTIC n.m.(1904) de diugms- (en 1844, hémicycle de l’Assemblée nutionde~.
tic; HÉMOGRAMME n. m. 09381 de -gramme.
0 Récemment, on peut signaler : H$MODIALYSE HÉMIONE n. m. est emprunté 117931 au latin
n. f. (apr. 1947) de dialyse; HtiMATOCYTOLOGIE scientsque lequud hemionus, du grec timlonos
n. f. (mil. XX~s.l de -cytologk; HÉMOBIOLOGISTE amulet*, proprement <<demi-ânem, de hêmi
n. 11962) de biologiste: HÉMOCOMPATIBLE adj. (b hémi-), et onos &em.
Iv. 1970)de compatible. 4 Le mot désigne un mammifère qui tient de l’âne
Plusieurs mots contenant l’élément haima sont et du cheval, propre à l’Asie occidentale.
empruntés au grec ou au latin. + HÉMATOSE n. f.
(1628) est emprunté au grec haimatôsis, issu du HÉMIPLÉGIE n. f., réfection étymologique
verbe haimutoun <ensanglanter, transformer en Il7071 de émiplegie (16581,d’abord hemipleti (15731,
sw. +HÉMOPTYSIE n. f. (16941,emprunt au bas est un emprunt au grec timiplêx, -6gos & moitié
latin haemo@ykw, lui-même du grec h&noptui- frappé», composé de hêmi I+ hémi-) et de -plêx, de
~OS“qui crache le sanp, de ptuein <crache>. *HÉ- plettein &apper, battre».
MOSTASE n.f. (1812; 1748, hémostasid est em- + Hémip@ie, qui désigne une paralysie partielle ou
prunté au grec haimostasis, de stasis arrêts et complète d’une moitié latérale du corps, a été en
HÉMOSTATIQWE adj. et n. (17481qui s’applique à concurrence avec la forme timipleti jusqu’à la fin
un agent de coagulation capable d’arrêter les hé- du ~IX~siècle.
morra@es, au dérivé grec haimostatikos. * H&MA- b Le dérivé HÉMIPLÉGIQUE adj. et n. appartit en
TOPOÏÈSE n. f. (18881, d’abord hématopoèse (18731, 1795. OD’autres composés avec l’élément -P@ie
est un emprunt au grec haimatopoiein <changer en
ont été formés depuis (paraplégie, tétrap&ie, etc.).
sari@, de huimu et poiein cfairep.
@ voir HkMORRAGlE, H&MORROliDE.
HÉMISPHÈRE n. rn. représente un emprunt
(v. 13201,d’abord sous la forme emispere, au latin
HEMÉROCALLE n. f., réfection graphique hemisphaerion, variante hemisphuetium (moitié
( 1628)de h6merocullis 115731,est emprunté au latin quelconque de sphère ; coupole», lui-même du grec
impérial hemerocalles, transcription du grec tirne- hemisphuitin, de timi (+ hémi-) et sphuiru CO~~S
roWZes littéralement «belle d’un jour% nom d’un rond)> (+ sphère).
lis jaune dont les fleurs ne durent chacune qu’un
+ Le mot, introduit pour parler d’une moitié quel-
jour, de hêmeru Njow, et kullos <<beauté>,dérivé de conque du globe terrestre, retrouve le h étymolo-
kulos abeaum (+ cally-1.
gique en 1544 CM.Scèvel. Hémisphère désigne aussi
ti À partir de Iwrwr~o)-, tiré du grec hêmeru ejourm, à partir du XVII~s. chacune des deux moitiés du
ont été composés des mots didactiques comme HÉ- globe limitée par l’équateur et chacune des deux
M~~RALOPE n. et adj. 117551et HÉMÉRALOPIE moitiés d’une sphère limitée par un des plans pas-
n. f. ( 1755)où timera a la valeur de ajow opposé Zt sant par le centre, ces deux acceptions étant rele-
anuitm et de O~S, opos aœ&, d’après nyctalopie, ou vées par Furetière C16901.Le mot est ensuite utilisé
encore HÉMÉROLOGIE n. f. (18661 du grec hême- en anatomie 11776, hémisphères cérébraux). 0 Au
rologein acompter jour par journ, de hêmeru <<jour>) mes., hémisphère devient également (1866, Littré)
et legein acompterb. un terme d’astronomie au sens de gmoitié de la
sphère célestes. 0 En physique, les hémisphères de
HÉMI- est un élément tiré du grec hêmi Ndemin, Mugdebourg désignent les demi-sphères creuses
mot ancien attesté en composition, qui correspond utilisées en 1654 par Otto de Guerick, bourgmestre
au latin semi-, au sanskrit s&pni-, etc. Tous ces mots de Magdebourg, pour démontrer l’existence de la
se rattachent à une racine îndoeuropéenne “sem- pression atmosphétique.
wn*, qui semble avoir été employée très tôt pour
F Le dérivé HÉMISPHÉRIQUE adj. “qui a la forme
exprimer l’identité C+simiIitudel et, par ailleurs, d’un hémisphèreti est un emprunt (1551) au latin
l’unité (mais le latin utilise unw; 4 un). médiéval hemisphericus, de même sens h. 1115).
Wémi- sert à former des noms et des adjectif% + HÉMISPHÉROÏDE adj. et n. m. (de -OC&) est
dans le vocabulaire scientsque. L’élément appa- formé d’après sphéroti (1716).
raît dans des mots empruntés au grec par l’inter-
médiaire du latin. HÉMISTICHE n. m. est emprunté (1548) par
0 voir HÉMICYCLE. HÉMIOm. HÉMPLI?GLE, H&MISPH&tE, Thomas Sébillet dans son Art Poétique, au bas latin
i-@MIsTIm. hemtitichium xmoitié de vers)‘, lui-même pris au
grec timistikhion, composé de tirni (+ hémi-) et
HÉMICYCLE n. M. a été emprunté (15471 au de stikhos arangéep, &gne= et particulièrement
latin hemicyclum ademi-cercle, amphithéâtre*, aligne d’écriture*, d’où wersn (+ stichomythiel.
transcription du grec timikuklion, désignant tout +Terme de versscation, hémistiche désigne
objet en forme de demi-cercle, composé de tirni jusqu’au XMBs., la moitié d’un vers, et spécialement
cdemim t-+ hémi- et de kuklos ccercleb (+ qclel. un alexandrin, d’où son emploi par métonymie
4 Hémicycle s’emploie d’abord au sens de pour césure (1690, Furetière). C’est la transforma-
Kconstrwtion en demi-cercle%, puis est repris au tion des règles qui aboutit à ce qu’hémistiche se
~VIII~s. avec la valeur d’wnphith&tre» (1762) et dise également des deux parties d’un vers, qu’elles
pour désigner les rangées de gradins destinées & soient ou non égaies C18431a
HÉMO- 1704 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HÉMO- --, HÉMA- HENNÉ n. m., d’abord henne (15411, puis henné
( 16811,est un emprunt à l’arabe hinnü’ ~henné~~, par
HÉMORRAGIE n. f. est emprunté sous la I?ntermédiaire du latin médiéval benne Ex~~s.1,
forme emoragie iv. 1370)au latin impérial haenzor- dans la traduction d’un médecin arabe du IX~ siècle.
rhagia 4lux de sanp, emprunt au grec haimorrha- On trouve au moyen âge les formes ulchunne
@a, de hatimorhugês =dont le smg se répand à (XIII~ sd, encunne (1240-12441, ulcunne (12561,adapta-
flots=, adjectif formé de haima pan@ et de rtigu- tions du latin médiéval ulchunnu (mil. XI? s.), qui
nui Mrompren, «faire jaillir (en parlant de pleurs, de traduisait l’arabe ÜZ-hinna ale henném (avec article
sources, de sang) ” I+ -rragiel. La réfection étymolo- agglutiné), d’un texte du xF s. du médecin persan
gique aboutit à hemomgie C15391; on trouve aussi Razi. La graphie henwh est relevée par Littré et
le calque du latin hémorrhugie 11768, Géraud), gra- utilisée par Flaubert (1862).
phie reçue au XIX~ s. et recommandée par Littré. + Le mot désigne une plante nomm6e par les bota-
+Hémorragk désigne un épanchement de sang; nistes luwsonia, dont l’écorce et les feuilles four-
par figure 117671, le mot prend le sens d’koule- nissent une poudre colorante, et par métonymie
ment abondantn puis, au XIX~ s., de ((perte de vies cette poudre (18353, utilisée pour la teinture des
humaines3 (1862, Hugo), et enfm, dans la première cheveux, des doigts, etc., notamment dans les pays
moitié du me s., le sens large de aperte de biens, de musulmans.
moyen9 .
HENNIR v. intr. est un emprunt (1080, henir) au
b HÉMORRAGIQUE adj. 117% ; variante -rrh- dans latin hinnire <<hennir» (en parlant du cheval), ono-
Littré1 est un terme médical usuel. matopée avec un h initial d’origine expressive.
+ Dans Lu Chanson de Roland, le verbe s’emploie
HÉMORROÏDE n. f. est une réfection (1549)
en parlant d’êtres humains, puis il s’utilise en par-
de emoroyde kwe s.1; le mot est écrit krnorrhoi’de
lant du cheval (v. 1121-1134). Par analogie, hennir a
par A. Paré vers 1560 par réfection étymologique,
pris le sens de ((faire un bruit évoquant le cri du
graphie encore relevée dans Bescherelle en X845.
chevaln (XE? s.1 et, spécialement, celui de =rire
Le mot est emprunté au latin impérial haemor-
bruyamment> k& s.l.
roidu n. f. pl. “qui souEre d’un afflux de sanp, de
IbtaemorrhoËs emprunt au grec haimorrhois, -dos, b Le derivé HENNISSEMENT n. m. Ix$ s.), d’abord
compos6 de huima «sang, et de rhoos <écoule- hunissement Iv. 11201, s’emploie au sens propre et
mentm, du verbe &eia acoulep). Rhein a des corres- au sens analogique du verbe.
pondants dans diverses langues indoeuropéennes
et on le rattache à une racine ‘SM+ acouler)), sans HEP interj. d’origine onomatopelque, servant à
doute liée à Oser- Hramperp !-+ herpès, serpent). appeler, est attestée dans le dictionnaire de I’Aca-
démie en 2694; elle est employée aussi comme
+ Le mot s’emploie surtout au pluriel pour désigner nom masculin hxe S.I.
les tumeurs formées par la dilatation des veines de
l’anus et du rectum. HÉPATIQUE n. et adj., réfection étymolo-
k Les dérivés H~~MORROÏDAL,ALE,AUX adj. gique (1538) des fomnes eputic ( 1240,aloes eputic),
(1559) et HÉMORROÏDAIRE adj. et n. (17%) eputique ( 13141,est un emprunt au bas latin heputi-
restent d’emploi didactique. + H&MORRO~SSE cus Mrelatif au foien, “qui a le foie maladex, lui-
n. f. apparaît dans les traductions de l’Évangile même pris au grec h&atikos, dérivé de hêpar, he-
(15981, par emprunt au latin ecclésiastique haemor- putos afoiem.
rhoissa ((femme qui a des hémorroïdes)) (du grec +Le mot désigne d’abord une plante dont une va-
huimorrhois) ; il ne s’emploie que p?ur parler de la riété [anémone hépatique ou hmbe de la Trinitkl
femme guérie par le Christ IEvan&Ze selon était employée pour soigner les dections du foie.
suint Matthieu, IX, 18-22); on trouve avec le même 0 Le sens médical, <<qui a rapport au foie>, repris au
sens la graphie étymologique hémorrhokse (encore latin, est attesté en 1314 Ivuine eputiquel puis le mot
chez Claudel, 19471. oHÉMORROÏDESSEn. f.est s’applique 0561, A. Parél à une personne qui a le
dériv6 de hémorrokk (1874, Flaubert). foie malade. Hépatique entre ensuite, comme
terme d’anatomie ou de médecine, dans des syn-
HENDÉCA-, élément tiré du grec hendelzu tagmes comme canal hépatique 117701, colique hé-
*onze*, de ben. WI» et deka &o, entre dans la patique (18631. 0 Comme nom féminin, hépatique
composition de mots savants emprunt&. Cl314 au singulier3 désigne une classe de plantes
~HENDÉCASYLLABE n. m. se trouve chez cryptogaunes.
Du Bellay 11549 ; de syllabe) ; c’est un terme didac- w De hépatique au sens médical dérivent des
tique pour désigner un vers de onze syllabes. termes didactiques de médecine, comme HÉPATI-
~HENDÉCASYLLABIQUE adj.enaétédérivéau SATION n. f. (18201, HÉPATISME n. m. (1887).
xwf siècIe . +@HÉPATITE n.f est une adaptation,attestée en
HENDÉCAGONE n. m. (1676, endécugone; avec h- 1660, du bas latin hepatites, heputiti Mde la nature
initial en 1762dans le dictionnaire de l’Académie; du foie», emprunt au grec hgpatitis, -iti&s udu foie»,
depuis 1652, d’après Bloch et Wartburgl est em- dérivé de hêpur, hêpatos afoie)). Hépatite désigne
prunté au bas latin hendecugonus <polygone de une tiection inflammatoire du foie ; ce mot médi-
1 I côtés>, formé à partir du mec hendeku et @nia cal est employé couramment dans le syntagme hé-
canglem. patite virale.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1705 HERBE

Un autre mot 0 HÉPATITE n. f., attesté à partir de divement en galle-roman sous la forme “hetiwuld,
1542, pour désigner une pierre précieuse dont la le mot français est à l’origine de l’italien uruldo, de
couleur rappelle parfois celle du foie, est un em- l’espagnol heraldo, de l’allemand Herold, de l’an-
prunt au latin impérial hepatites, de même sens. glais heruld.
L’élément HEPAT-, &PATO-, tiré du grec hêpar, +Héraut (ou héruut d’armesl désignait au moyen
hepatos, entre dans la composition de termes de âge un officier de l’office d’armes, chargé de trans-
pathologie et de médecine, parmi lesquels : H&PA- mettre des messages importants, de régler les cé-
TOLOGIE n. f. (fin XVIII%), d’où HÉPATOLOGUE rémonies, de s’occuper des blasons. Le mot prend
n. ouHÉPATOLOGISTE, abrégés en HÉPATO, et h” s,) le sens figuré de <<personne qui a pour
HÉPATOGRAPHIE n. f. (1866). charge d’annoncer la venue de qqn ou de qqch,»,
d’emploi littéraire aujourd’hui.
HEPT-, HEPTA- est un élément tiré du grec
heptu csept», qui se rattache à une racine indoeuro- b De héraut dérive HÉRAUDERIE n. f. qui a dési-
péenne “S~@I (+ sept), utilisé dans la composition gné l’héraldique Iv. 1570) et ensuite en histoire
de mots savants ou contenu dans des mots em- (18023 une province dont un héraut portait le nom.
pruntés au latin.
b HEPTAGONE n. m. est emprunté (1542) au bas +k HERBE n. f. est l’aboutissement (10801 de
latin heptagonus =figure qui a sept angles égauxn, l’évolution du latin classique herbu aherbem, et éga-
du grec de même sens heptagones, formé de hepta lement *mauvaises herbes), «jeune poussen Ispé-
et de gôka c<anglen. cialt en parlant des céréales) et ((plante)) en géné-
HEPTAMÉRON n. m., mot qui entre dans le titre ral; en latin, herbu est souvent accompagné d’un
(15591 d’un recueil de récits de Marguerite de Na- nom au génitif (par ex. herbu Herculis) ou d’un ad-
varre, est composé du grec heptu et de hêmeru jectif (par ex. herbu admirubilis) qui en précise le
<<journ, d’après décaméron. Ce nom désigne un ré- sens ; mot rural prélatin d’origine inconnue, herbu
cit en sept parties distribuées en sept journées. a donné en italien erbu, en espagnol yerbu.
HEPTACORDE adj. et n. m. est un emprunt au bas $ Herbe est introduit avec le sens de Nplante à tige
latin heptucordus & sept cordes>, & sept sons», du non ligneuse)) et en même temps, en emploi singu-
grec heptukzhordos, composé de hepta et de izhordê lier à valeur collective, avec celui de (<végétation
-corde*. En musique ancienne (1578, eptuchorde et naturelle de plantes herbacées», d’où la locution
heptuchordd, le mot désigne l’échelle musicale de mule herbe Exnf s.), puis mauvaise herbe (13161,
7notes composant l’octave (1721, adj., “qui se pour désigner une herbe sans utilité pour l’homme,
chante sur 7 notes))). 0 Le sens de alyre à 7 cordes)) locution qui prend un sens métaphorique dans la
est attesté dans le Dictionnaire de lu musique de seconde moitié du XVII~ s. (cf. mauvaise gruine),
Rousseau 11768, eptczcorde; on trouvait en 1634 lyre d’après des expressions du type pousser comme de
heptucordel. la mauvaise herbe. 0 Vers 1160, herbe est attesté au
HEPTAÈDRE n.m., terme de géométrie, est sens de «plante qui a des vertus médicinales>>; au-
composé (1772) à partir du grec heptu et du grec he- jourd’hui, en ce sens, le mot est quali& par médici-
dru Nsiège, base)> I+ -èdre). 4 On trouvera d’autres nale (xv” s.), officinale; cf simple. 0 À partir du
composés au second élément I+ par exemple syl- ~III~ s., herbe est souvent qutié, comme en latin,
labe). pour désigner une plante spécsque; les syntag-
HEPTAMÈTRE n. m. (1816) est emprunté au bas la- mes, extrêmement nombreux, contiennent un élé-
tin heptametrum pour 4versI de sept pieds>>. ment qui rappelle une caractéristique de la plante,
HEPTANE n. m. (18901,de -ane, désigne en chimie parfkn, forme, couleur, usage domestique, etc. :
un hydrocarbure saturé à sept atomes de carbone. herbe ù balais Grical; herbe à cuiller Igailletl ; herbe
au citron (mélisse); herbe aux murailles (parié-
HÉRALDIQUE adj. et n. f, est un dérivé sa- taire) ; herbe aux neuf chemises (ail) ; herbe ù tein-
vant El6801 du latin médiéval heruldus km” s.1, ture (genêt), etc.; l’élément ajouté peut aussi indi-
transposition de héraut (+ héraut). quer un usage médicinal : herbe 9 dartre Icassial;
+ Sign&nt «relatif au blasonn ( 1701, colonne hérul- herbe uux engelures (jusquiame); herbe à lu gule
dique), le mot entre dans le syntagme art héral- (solarium) ; herbe ù tous les maux, herbe sucrée (ver-
dique <<art du blason, ( 18391, puis est utilisé seul veine), etc. ; dans ce cadre les noms de saints ont
comme nom féminin avec ce sens (18451, éliminant été largement mis à contribution : herbe de Suint-
l’ancien héruuderie, dérivé de héraut. Benoît ou herbe bénie/benoîte, herbe de Suint-Pu&
F HÉRALDISTE n. «personne versée dans l’héral- (primevère), herbe de Suinte-Murk Cbasalmine)
dique>>, formé aussi à partir de heruZdus, n’apparaît etc.; herbe de lu Suint-Jean désignait des herbes
qu’au XIX~s. (1873). Cueillies le jour de la saint Jean, auxquelles on at-
tribuait des vertus magiques, De là la locution au-
HÉRAUT n. m. est attesté d’abord sous la forme jourd’hui vieillie employer toutes les herbes de la
hyruut k!‘a~esl chez Chrétien de Troyes Il 176- Saint-Jean (mil. XVI~s.) «employer tous les moyens
1 181). Le mot est issu du francique “hetiwuld, forme possibles pour réussir».
infléchie de “huriwuld, proprement (chef d’arméeu, En herbe se dit (1225-1230, G. de Lorrisl des cé-
composé de “huti aarmée>> (d’où vient “haribergon réales encore jeunes, vertes et courtes comme de
+ auberge, héberger) et de ‘wuld «qui règne)> que l’herbe, puis au sens figuré ( 1558) pour «en puis-
l’on trouve dans le nom Churiovaldu, chef batave sance, virtueln 11558, cocu en herbe) et pour “qui a
chez Tacite, ou l’anglo-saxon Huruld, etc. Passé tar- des dispositions pour qqch.)), en parlant d’un en-
HERBORISTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fant. Herbe s’emploie seul, au pluriel, pour désigner voisin de l’ancien f?ançais; herbier a signifG aussi
(1306) les herbes aromatiques utilisées comme as- aendroit où l’on conserve l’herbe coupée pour le
saisonnement, dites ensuite fînes hrbes ( 15403. bétail- (17713.0 Le mot a désigné (16901 la poche de
0Le mot a eu le sens g&éraI de &gumes verts et l’estomac des ruminants, oti s’accumule l’herbe.
salades>> (14141, d’où bouillon uux herbes ade lé- ~HERBIÈRE n. f. (XIII~s.), comme d’autres dérivés
gumes», marché aux herbes, la locution ancienne d’herbe, a Sign%é en ancien francais 112301“pré, ga-
l’herbe lui manque SOUS les pieds *il manque de zow. Les emplois aux sens de afemme qui recueille
moyens d’existence», et couper l’herbe sous le pied des herbes médicinalesm (v. 12453, puis de Nfemme
G qqnl Kle frustrer d’un avantage en le devançant» qui vend des herbesti (15961, ont disparu. 0 L’accep-
kvre s.), devenu couper l’herbe SOUSles pie& de tion apoche de l’estomac des ruminants& a été rem-
qqn (1611) toujours en usage. placée par herbkr Ici-dessus>.
Au mes., Baudelaire appelait le haschisch herbe WERBU, UE adj. (1080) s’applique à un endroit ou
0860, Les Paradis urt%c~ls3 ; le mot, dans l’argot de l’herbe est abondante. 0 HERBUE n. f. désigne une
la drogue, se dit aujourd’hui, d’après l’anglais terre utilisée pour les pâturages ( 1264) ; le mot, re-
gras, d’une herbe qui se fume (marijuana). pris au XVIII~s+(1761, harbwl, se dit d’un fondant ar-
~Herbe s’est employé aussi pour tabac, seul ou gileux mêlé au minerai de fer dans les hauts four-
qualifk (autrefois krbe à Nicot, herbe aux grunds neaux.
prkurs). HERBEILLER v. intr. Nbrouter l’herbe, (12791 ne
b Les dérivés et composés sont liés aux diverses ac- s’emploie plus qu’en vénerie (1561).
ceptions. 4 HERBAGE n. m. se dit Iv. 1135) d’une Le composé DÉSHERBER v.tr. <enlever les mau-
prairie naturelle où paissent les troupeaux. Her- vaises herbesm est attesté en 1837 (préfure dés-;
buge a désigné plus généralement à la fkr du XIII~s. -dé-l; en dérivent DÉSHERBAGE n.m. (19071
des herbes de toutes sortes (au singulier collectif ou ~&DÉSHERBANT,ANTE n.m.etadj.(~e~.), de
au pluriel), puis l’ensemble des herbes cueilties C&I même sens que le composé savant HERBICIDE
xv” s.) et spécialement les plantes potagères (15991, n. m. et adj. ( 1903 ; de -cide). + Ont été aussi formés
sens encore en usage au ~IX~siècle. 0 Herbage était sur herbe, HERBICOLE adj. (1828; de -cale), au sens
aussi le nom (XIII~s.1 d’un droit perçu sur les pâtu- de =qui vit dans l’herbem et, beaucoup plus courant,
rages jusqu’au xv13 siècle. 4 Du premier emploi HERBIVORE adj., au sens de “qui se nourrit
tiennent HERBAGER v. tr. (1420) amettre à ptitre d’herbeti (1748; de herbe, ou du latin herbul, puis
dans un herbage>) et HERBAGER, ÈRE n. et adj. n. m. pl. chez Cuvier (1805) pour <ensemble des es-
aéleveur qui engraisse des bestiauxn ( 1732) ; au sens pèces animales qui se nourrissent de végétaux*
de cmarchand d’herbes (de légumes verts))) (18321, (opposé à camkre).
le mot est tombé en désuétude; comme adjectif, HERBACÉ, ÉE adj. signifie aqui a les caractères de
herbager Sign%e (1842) Kcaratiérisé par des her- l’herbe* ( 1542 ; 1762, plante herbucée) ; c’est un em-
bage+. -Le dérivé HERBAGEUXJXJSE adj.acou- prunt au latin impérial herbaceus ade couleur
vert d’herbages* (1611) est archaïque. d’herJoe)+dérivé de ~&XL+HERBEUX,EUSE adj,
HERBER v. tr. a eu en ancien français le sens est un emprunt ancien resu&& (1080, herbousl au
dkromatiser avec des herbes> Cv.1170 au participe latin impérial herbosus -couvert d’herbem, dérivé
passé, Beroul, tiptz herbezl et, comme intransitif, de herba.
celui de cpâturerm Iv, 12901, Le verbe est repris au 0 voir HEFw3oFwTE.
XVI~s. par Rabelais 11534, pron.) pour «s’étendre sur
l’herbe)}, acception qui ne survit pas, et à nouveau HERBORISTE n. est un emprunt (1442, herbo-
au ~~III’ s. au sens technique d’aexposer (de la toile) Ztitel aux parlers d’oc, où il correspond à un dérivé
au soleil, sur l’herbem (17231, auj ourd’hti archaïque. de erbolu, dérivé du latin herbulu apetite herbea, di-
*Il en va de même pour un autre dérivé de herbe, minutif de hwbu; on trouve en ancien provençal er-
HERBERIE n. f. *lieu où l’on herbe la toilen (17301. bolaria, erbolîera 11366) amarché aux herbesn, er-
Herberie avait désigné (XIII~s.) une collection bolestier (1379) *marchand de légumes verts)). Les
d’herbes et un marché aux herbes (potagères, am-
formes en -ar (1499, urboliste) viennent d’une hési-
matiques et médicinaJes1, puis un jardin potager tation en moyen kançais entre -ur et -er; le F,initial
rl555). est une réfection étymologique d’aprés herbe ou
HERBETTE n. f. s’est dit d’une herbe courte et Crie d’apr&s le latin, et le changement du 2de herboliste
(v. I 170, Beroul) et s’employait pour #herbe médici- en J” 11545, herbotitel est dû à une influence de
nales (1611) ; le mot, au pluriel, équivaut en Suisse arbre ou à l’assimilation de ce I au r précédent.
romande à fines herbes. -HERBIER n.m.aeu en 4 Herboriste a d’abord désigné celui qui connaît les
ancien et en moyen français le sens de #terrain her- vertus médicinales des plantes, puis équivaut ( 15451
beuxB Iv. 1165) et est encore employé en Norman- 21,notre actuel botaniste, acceptions sorties d’usage.
die et en Picardie comme synonyme de Iwrbes et C’est à partir du XVII~s. que le mot désime une per-
de mauvaises herbes. Il a désigné un herboriste sonne qui vend des plantes médicinales (1690, Fu-
~III” s-1jusqu’au xvn” s. et un ouvrage qui traite des retière) ; jusqu’au début du xx” s., un herboriste
plantes (xv” s.), sens emprunté au bas latin herba- vendait aussi des drogues simples, des produits hy-
rhum, qui donne celui de acollection de plantes giéniques.
conservées séchéesn CI7041 puis de ccollection de b Le dérivé HERBORISER v. intr. a gardé le pre-
dessins représentant des plantes)> (1783, herbier lur- mier sens attesté, wecueillir des plantes pour les
tificieZl). 0 Au XVIII~ s. également, herbier désigne étudier, les collectionner ou les vendrem Ii61 1,
un banc d’herbes au milieu des eaux (17691, sens d’abord écrit urbotier; 1534, Rabelais); le verbe ne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1707 HÉRÉDITÉ
s’emploie plus au sens de <saigner avec des plausible - un emploi substantivé de l’adjectif
plantesn (16343. oEn dérivent HERBORI- haire <<malheureux, pauvrem Iv. 12501, issu de ce
SEUR, EUSE n. (16361, synonyme de HERBORISA- nom (+ hairel.
TEUR, TRICE n. 118451, d’emploi rare, et HERBU-
RISATION n-f. (1719). +Le dérivé HERBO- HÉRÉDITÉ n. f. est un emprunt (v. 1050) au la-
RISTERIE n. f. ((commerce d’herboristeti (1838) tin hereditas <<ce dont on hérite» (sens abstrait et
s’emploie aussi au xx’ s. comme terme didactique concret), dérivé de tires, heredis ~héritier~~, nom
au sens d’&ude des propriétés médicinales des mas& jusqu’à l’époque impériale, seul l’enfitnt
plantes}. mâle pouvant hériter.
+ Hérédité a désigné comme en latin l’ensemble des
HERCHER v. intr. est d’abord un mot wallon biens laissés par une personne en mourant (1050,
Iv. 1385, heirchkr &-aînepj), issu d’un bas latin “hir- au pluriel, ereditez; puis déb. XII~ s., au singulier, he-
picare (d’où proviennent aussi des formes ita- redite); dans ce sens il est resté terme juridique
liennes comme erpicare) dérivé du latin classique jusqu’au XIX~ s. (Code civil; 18041, supplanté ensuite
hirpex, -icis I+ herse). par héritage. Toujours en droit, Médité désigne
+ Le verbe est attesté en fkançais central 11769) sous ensuite ( 1538) la qualité d’héritier et le droit de re-
la forme hiercher au sens de «pousser les wagons cueillir une succession (accepter I’héréditél, puis
contenant le minerai>>; il est écrit ensuite herscher &~II~ s.1 la transmission par voie de succession Eat-
118731, puis hercher (1875). testé 1690).
+ comme le dérivé HERCHEUR, EUSE n. (1769, Le mot est repris en biologie ( 182 1) pour désigner la
hiercheur; forme moderne en 1774, et variante transmission des caractères d’un être vivant k ses
herscheur en 18731, hercher, mot du Nord, s’est ré- descendants. Le développement de la génétique”
pandu en France par Zola, avec Gemzinal ( 1885). donne à la notion un contenu plus précis; ce n’est
+ Les autres dérivés sont HERCHAGE n. m. ( 1769, qu’au début du ti s. que l’on met au jour les lois de
hierchagel et HERCHE n. f. k& s.1, déverbal. l’hérédité, liées à l’organisation cellulaire des êtres
vivants; on distingue ensuite l’hérédité me&&
HERCWLE nm. est emprunté comme nom lienne, le matériel génétique chromosomique etant
commun par Ronsard (1550) au latin Hercules transmis lors de la fécondation par les gamètes, et
(cf. grec Hêruklês), nom d’un demi-dieu de la my- l’hérédité non meno!&enne, qui vient de la pré-
thologie gréco-latine, fils de Jupiter et d’Alcr&ne, sence d’A. D. N. dans certains organites cellulaires.
poursuivi par la jalousie de Junon, l’épouse de Ju- 0 Dans la seconde moitié du XIY s., hérédité s’em-
piter, et réputé pour sa force et pour les épreuves ploie au sens figuré d’aensemble des dispositions,
que lui imposa Junon (les douze travaux d’Hercule, des aptitudes, etc. qu’une personne reçoit de ses
comprenant des luttes contre des monstres, etc.); akux~~, largement attesté chez les écrivains natura-
le mot est attesté comme nom propre vers 1150. listes (cf. en particulier Zola, Le Roman emétimen-
4 Hercule désigne un homme d’une force physique tull. Par extension le mot désigne les caractères
exceptionnelle, par analogie avec le personnage propres a un milieu Social, géographique, etc., qui
mythologique, et au XIX~ s. un lutteur qui fait des semblent se transmettre de façon héréditaire
tours de force (hercule de foire). Il a eu pour syno- (xx” S.I.
nyme un alcide. -3 Par figure, le mot a signiCé en b HÉRÉDITAIRE adj. est emprunté (1459) au dé-
argot (déb. XX~ s-1 aforte somme=, ((billet de mille rivé latin hereditarius “qui se transmet par droit de
tiancs~; ce sens a disparu. successionn et “qui se transmet des parents aux
b HERCULÉEN, ÉENNE adj. sime ((digne d’Her- descendantw Le mot est probablement antérieur,
cule, d’un herculem ( 1520 ; variante herculien en son dérivé HÉRÉDITAIREMENT adv. étant attesté
1512) ; il continue le dérivé latin herculaneus. en 1323.0 Le premier sens latin est repris en 1459 ;
de ce sens vient monarchie héréditaire ( 15491; le se-
HERD-BOOK n.m., emprunté à l’anglais cond est introduit en 1549 ~uptitudes héréditaires).
Iv. 18393 et signalé par Littré (18661, Sign%e «livre Par extension le mot a pris le sens large de “qui est
généalogique des races bovines)); l’anglais herd- transmis par habitude, par tradition, etc.n Ixvne s. ;
book (18221, littéralement «livre de troupeaun, est cf. ennemi héréditaire). 0 Héréditaire est repris
composé de boolz &vre>> et de herd qqtroupeaun comme terme de biologie au xrx’ s. selon l’évolution
(+ 0 harde). de hérédité (putrimoine héréditaire, caractères hé-
rédituiresl
a> HÈRE n. m. est sorti d’usage sauf dans la locution L’élément HÉRÉDO- est tiré de heres, heredis <<hé-
pauvre hère, attestée chez Rabelais en 1534 @ouvre ritiep; il a été utilisé, représentant I’adjectifhMdi-
huyre) et signî&W <<homme misérable)). Le mot est taire, pour composer des mots en médecine, à la fm
d’origine incertaine. On a fait de hère un emprunt à du XJY et au début du ti siècle. Ces mots sont sor-
l’allemand Herr aseigneur>>, employé par dérision; tis d’usage ou vieillis à partir des années 1940-1950 :
le suisse alémanique en amze her correspond au les travaux de la génétique ont distingué précisé-
hnçais un pauvre hère et on relève par ailleurs ment ce qui est transmis héréditairement (lie aux
l’ancien fiançais herre, here au sens de «seigneur» gènes et aux chromosomes1 et ce qui est acquis
(1314; cfvariante her chez Rabelais, 1534. Hére pendant la grossesse ou les premières années de la
pourrait &tre, au sens de apèlerin qui porte la vie. +Parmi les composés qui furent le plus en
haire>, un emploi métonymique du nom féminin usage, on relève : HÉRÉDOCONTAGION n. f.
haire, ou -cette dernière hypothèse paraît plus 11897, de contagion), HÉRÉDOSYPHILIS n. f. 11899,
HÉRÉSIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de syphilisl, d’où le dérive HÉRÉDOSYPHILI- sive mais on peut penser à l’influence du latin hir-
TIQUE adj. et n., par abréviation HÉRÉDO (1916), sutus (+ hirsute1 sinon au fait que le latin archaïque
qui a eu les deux valeurs (la maladie et surtout le a un h initial.
malade), avant de sortir d’usage. +Hérisser s’emploie d’abord au sens de adresser
=+ Voir HhlTER, H#?RITlER.
ses poils, ses plumes» comme intransitif (v. 11401,
pronominal tv. 1160) et transitif (v. 1165); hétisé @II
HÉRÉSIE n. f., réfection étymologique cv. 1140) XII~s-1prend le sem d’&pineuxn. Depuis le XVI~s., le
de eresie (1121-l 1341, est un emprunt savant au latin verbe s’applique aux personnes (1595, au pronomi-
classique hueresis *doctrine, système-, spéciale- nal chez Montaigne). Le verbe pronominal a égale-
ment en latin ecclésiastique adoctrine contraire ment et très tôt @n XII~s.1le sens figuré de as’oppo-
aux dogmes de l’Église catholique%; le latin repré- ser, se révoltep, d’oti celui de &ndisposer,
sente le grec hairesis achoix)> puis, en grec tardif, s’irriter)). Au transitif, hérisser signSe “garnir de
*école philosophique», *secte religieuse» d’où Nhé- choses pointues, aiguës~ Uin XII~s., au participe
résieti, dérivé du verbe hairein <<prendre, choisin. passé titié), sens tiré du latin ericius; au xwe s., le
4 Hérésie, qui s’oppose à orthodoxcie, garde le sens verbe est attesté en ce sens à la forme pronominale
du latin ecclésiastique ; au cours des siècles, les hé- ( 1558). II prend par extension comme le verbe in-
résies condamnées par l’Église catholique ont été transitif L!e poil hérissé1 le sens de =se dresserm
nombreuses, comme les noms d’hérésie : celles des ( 1585); seul le transitif ( 16741et le pronominal se hé-
adamiens (ou adamisme3, des albigeois ou cathares tiser (1794) sont vivants avec cette valeur. 0 Le
(catharismel, des ariens (ariantime1, des bogo- verbe s’emploie aussi au figuré pour <garnir de
miles, des manichéens Imanichéismel, des quié- choses rébarbatives, difkiles, choquantes)}, d’où au
tistes ~quiétismel, des sociniens, des unitaires ou participe passé adjectivé (1586) le sens de “par-
unitariens, etc. Les convictions religieuses de Cal- semé de difkultés- et la valeur archaïque “qui af-
vin et de Luther, qui ont abouti au protestantisme, fiche d’une manière désagréable son éruditionn
comme celles de Jansénius, sont pour le catholi- (être hérissé de grec).
cisme, surtout depuis la Contre-Réforme et jusqu’à ~Par analogie (présence de piquants), HÉRISSÉ
une époque récente, des hérésies. Par analogie, hé- n. m. est le nom donné à divers poissons, HÉRIS-
résie désigne très tôt En XII~ s., iresid une doctrine, SÉE n. f. celui de la chenille de noctuelle. *Le dé-
une opinion contraire aux opinions généralement rivé HÉRISSEMENT n. m. 11418, héricement) s’em-
admises ; on relève là aussi un parallélisme avec or- ploie au propre et au figuré.
thodmie. 0 voir HÉRISSON.
b L’étude des hérésies a donné naissance à une dis-
cipline, ~'HÉRÉSIOGRAPHIE n. f. 11846;de -gru- HÉRISSON n. m. est un dk-ivé (déb. ~II~s., heti-
~~~)OUHÉRÉSIOLOGIE n. f. I1892,Renan;de-lo- çud d’une forme “eriz Cavecle suBixe -on), attestée
gie), et à des spécialistes, nommés HÉRÉSIO- indirectement par l’ancien provençal aritz, l’italien
GRAPHE n. 118463ou HÉRÉSIOLOGUE n. (1920). ticcio, l’espagnol erizo, mots issus du latin classique
HÉRÉTIQUE adj. et n. a remplacé les formes is- ericius chérissons et <machine de guerre faite d’une
sues du latin hetite 11080, d’après sodomite auquel il poutre garnie de pointes de fer}}; une forme du la-
était souvent associé) et erege, Iwege Iv. 11651;hé- tin populaire Oeticio, -onis aurait abouti à “erçon.
rétique est emprunté au latin ecclésiastique haere- Ericius est dérivé de er, cris avec une forme ar-
ticus 4personne) qui professe ou soutient une héré- chaïque her, heris; apparenté au grec kh&, nom
sie*, du grec huiretikos aqui choisit+ et, tar- rare du hérisson couramment appelé ekhinos
divement, «sectairem, <tenant d’une hérésieB, dérivé (3 échina-1. Le mot semble en relation avec une sé-
de hairesis. ~Hérétique, attesté comme substantif rie de termes désignant des piquants durs (ancien
au xnre s. Cberetiquel avec le sens du latin (1656, & haut allemand grot =Pointe de rocher, arête de
propos d’écrits, d’opinion& se dit par analogie de poissow, irlandais gurb wude», etc.), que l’on rat-
ce qui est contraire aux opinions admises ( 16471, tache ordinairement à une racine indoeuropéenne
par exemple un hérétique en médecine. + HÉRÉTI- Og/wrW ase raidir, se hérissern. Dès les premiers
CITÉ n. f. <<caractère de ce qui est hérétique)) est un emplois, le mot a dû être senti comme un dérivé en
terme didactique, dérivé savant Km XVI? s.1du latin -on du verbe hérisser, de même origine.
haeretius. 4 Hérisson conserve le sens Cdéb. X~I”s.1 de “petit
HÉRÉSIARQUE n. m. est emprunté @n XVIes.; mammifère couvert de piquants» ; en ce sens le fé-
1524, erursiarge) au latin ecclésiastique haere- minin titisonne, d’emploi rare, n’est attesté qu’en
siarches, mot grec lui-même composé de haeresis 1937 (Giraudoux). 0 Le mot reprend également un
et de urkhein wzornmandep (+ -archie). Terme di- sens technique du latin Iv. 1155,hé?-&on), désignant
dactique, hérésiurque signifie comme en latin aau- un élément mobile d’un réseau barbelé. 0 Par ana-
teur d’une hérésie *, achef d’une secte hérétique*. logie, c’est le nom donné à des animaux de mer
0 Voir DtiRlbE. garnis de piquants ~XJV s., tirissort de mer aoursinn ;
en latin, echinus désigne à la fois l’oursin et le hé-
HÉRISSER v., d’abord écrit hericer Ev.11401,est risson comestible). Le mot s’applique plus tard à
issu d’un latin populaire OeTiciure, dérivé du radical l’enveloppe de la châtaigne ( 1866 ; cf. bogue). * DU
du latin classique etiius (-+ hérisson) ; on relève au sens technique viennent des emplois variés pour
IXes. le latin médiéval iriciatus, participe adjectivé. désigner par analogie de forme ( 1370,hireçon) des
Le h initial *aspi& est peut-être d’origine expres- briques dressées de chant sur un mur, et pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1709 HERMAPHRODITE
nommer des appareils, des instruments ou des dis- emprunt savant au latin exkedare (de ex- «horsb
positifs garnis de pointes ; Kroue dentelée>> 116761, et heres, heredis «héritier>), et EXHÉRÉDATION
&gouttoir à bouteilles>) ( 16801, aensemble de n. f. C14371,du latin ex!wreduti.
pointes garnissant le haut d’une grille ou d’un mur»
(18403, ((rouleau pour écraser les mottes de terre)) HÉRITIER, IÈRE n. est issu Ev.1135, eritier) de
(18401, -outil de ramoneur)) (1866). 0 Le mot a pris, l’adjectif latin classique heredituriw Nhérédittire,
comme terme de marine ( 16781, le sens de “grappin requ par héritage», puis en latin médiéval chéritien
à 4 becsn, avec influence de ruchon de même sens (1012-1018, n.1, dérivé de hereditas (4 hérédité). On
(15 121, mot d’origine obscure, devenu roisson (15211, relève au moyen âge les formes iretkr, iritier
resson (1525) puis ~~SO?I (15391, ainsi remotivé. ~III~ s.l. Le h étymologique a été restitué en moyen
0 Au XVIII~s., hérisson, par analogie de forme, a dé- fhnçais Iheretier, 1324).
signé une coiffure de femme dans laquelle les che- + Heritier désigne, comme le mot du latin médiéval,
veux étaient relevés au-dessus de la tête II 7801. le parent qti recueille la succession d’un défunt; en
0 Au XX~ s., il revient dans le domaine militaire ce sens le mot est en concurrence en ancien -fran-
pour *point fortifk d’un front discontinu» (~140, se çais avec heir (10801, HOIR n. m., issu du latin popu-
mettre en hérissonl. laire “herem pour le classique heredem Cheres, here-
b Le dérivé HÉRTSSONNER v. tr. a eu le sens de dis). &Voir, au féminin hoiresse (XII~s.1, n’est plus
«garnir d’objets pointus» (v. 1175, heriçonné; cf. hé- utilisé que par archa,ïsme littkire ou comme
risser) ; il signZe ensuite, d’après la valeur tech- terme d’histoire, sauf en Suisse où il Sign%e Rhéri-
nique du nom CxvW, acouvrir d’une couche de tier directl.
mortier qu’on garde avec ses aspérités». 0 Comme Héritier, appuyé par héritage, a supplanté hoir. Le
terme de fauconnerie, il s’emploie comme intransi- mot prend le sens large Iv. 1360) de Mpersonne qui
tif (17211, ptis au pronominal, pour <<hérisser», reçoit des biens en héritagen, d’où le composé CO-
HÉRITIER, IÈRE n. (1411), terme de droit. 0 Il ac-
HÉRITER v. tr. doit représenter une réfection quiert d’autres valeurs au XVII~s. : <<enfant>>(16481,
(v. 1140) de “hereter, issu du latin chrétien heredi- aujourd’hui seulement par plaisanterie ; entin, h&i-
tare adonner ou recevoir en héritage», dérivé du la- tier désigne 116681 une personne qui continue une
tin classique kes, heredis ~héritier>>, d’après étité tradition ties hétitiers d’une civiltsution~. À la fm du
n. f. «h&itageB (v. 11053, de hereditas (b hérédité); XVII~s., le mot s’utilise au féminin en parlant d’une
les formes ireter, e&er se mkntiennent jusqu’au fYle unique qui doit hériter d’une succession im-
XV~siècle. portante.
+ Hériter s’emploie d’abord pour *donner Cqqch.) en w D’hoir dérive, après la disparition de érité n. f.
héritage à qqn puis pour <recevoir (qqch.1 en héri- c{héritagen, HOIRIE n. f, (1318, huerie), qui ne s’uti-
tagep (1160- 1174, eriter), d’où l’emploi moderne sans lise plus que comme terme de droit, dans la io-
complément direct (1655, hériter de qqn). ~Par fi- cution juridique avancement d’hotie et, en Suisse,
gure, hériter se dit pour arecevoir, recueillir)) ( 16501, au sens d’flensemble des héritiers indivis».
par exemple hép2’tw une k&itiE’opt, des tiées; par
extension il sime <recueillir la jouissance, l’usage HERMAPHRODITE n. m. et adj. est la ré-
de Iqqch. qui a été donné)» [16901. fection étymologique U551) de ewnefrodis ~II” s.1,
hermofrodite Ixv” s.), empruntés au latin impérial
de dérivé HtiRITAGE n. m. désigne d’abord
Hennaphroditus, du grec Hemtuphroditos, nom
Iv. 1135, erituge) un patrimoine transmis par suc-
cession. Par extension, le mot s’est dit 11228) d’un d’un personnage mythologique, E~Sd’r-lennès (mes-
sager d’Apollon) et d’Aphrodite (Vénus), représenté
bien immeuble faisant ou non l’objet d’une succes-
sion, sens toujours vivant à l’époque classique, où il comme bisexué ; le mot est déjà adjectivé en grec
et en latin.
désignait aussi un domaine, un fonds de terre, à
chaque fois qu’il s’agissait d’une possession durable 4Le mot se dit d’un &re humain qui a les deux
[dont le type est 1~bpropriété hér6ditaireI ; l’emploi sexes; on distingue au sens étroit l’hermaphrodite
est alors analogue & celui de patrimoine. 0 Par fi- qui porte un ovaire et un testicule, et au sens large
gure, hkituge s’emploie comme terme religieux Cpseudo-hermctphroditel l’individu qui a les glandes
Il 189- 1193, iretaige) dans Z’héritage du Seigneur génitales d’un sexe et les caractères secondaires
pour <<laTerre sainte>>,l’hérituge céleste pour (<lePa- de l’autre sexe. L’adjectif, atteste plus tard, s’em-
radisn, expressions encore usitées à l’époque clas- ploie d’abord en parlant d’un animal (1562, jument
sique. Par métaphore, héritage prend ensuite le hervnafroditesl, ensuite d’un humain 11573). 0 Her-
sens de Nce gui est transmis par tradition, comme maphrodite s’emploie aussi au figuré ( 1615, n. m.)
par succession% Chéritage culturel). pour ace qui présente une ambiguïté, une double
sur hériter a été Composé DÉSHÉRITER v. tr. nature>. 0 Le mot est utilisé ensuite en botanique
(v. 1130) Mpriver (qqn) de la succession sur laquelle il (1704, adj .), en parlant des espèces (très normales)
pouvait compterm. Dkstitifer, qui a pour détivé où le même sujet porte les fleurs mâles et femelles,
DÉSHÉRITEMENT n. m cv.1160, deseritement), ou dont les fleurs sont hermaphrodites; le mot
rare, s’emploie aussi au figuré (av. 1203) au sens de s’emploie également en zoologie.
cpriver IqqrïI de ses avantages naturel+. + CO-HÉ- F Le dérivé HERMAPHRODISME n. m. s’emploie
RITER v. tr. (1866) est un terne de droit gui corres- au propre (1765) et au figuré ( 1797, Beaumarchais3 ;
pond à co-héritier (+ héritier). 4 On emploie dans le une variante HERMAPHRODITISME n. m.
vocabulaire juridique EXHÉRÉDER v. tr. 114681, Cv.1780) est utilisée par Huysmans et Proust.
HERMÉNEUTIQUE 1710 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HERMkNEUTIQUE adj. et n. f. est un em- d’une expression, d’un visage. Q Le mot s’emploie
prunt savant Cl7771 au grec hermêneutikê IteJzhn& couramment depuis le ti s. (1837, Balzac) pour
aart d’interpréter, de faire comprendrem, du verbe qual5er une fermeture aussi parfaite que le sceau
hemêmuei~ ~interpréter, expliquer-n. hermétique des alchimistes et, figurément, ce qui
4 Le mot est introduit dans l’Encyclopédie pour dé- empêche toute communication (des frontires hw-
signer l’art de découvrir le sens exact d’un texte, métiqued. C’est à ce sens concret que se rattache
d’où son emploi spécial en théologie (1803, n. f. : le dérivé HERMÉTIQUEMENT adv. (1608l. +HER-
Z’heméneutique sacrée, 4interprétation de la MÉTISME n. m. n’est attesté qu’au xrxes, pour dé-
Bible, des textes sacrés», et adj.1; on le relève à la signer l’ensemble des doctrines des alchimistes
fin du x~l~ s. au sens large d’4nterprétation des 11832, Hugo) ; par extension, le mot Sign%e ccarac-
symbolesn (1890, Huysmans). 0 Au XX~s., le mot si- tère de ce qui est incompréhensible, obscw, sens
gnZe spécialement dans le contexte de la sémiolo- relevé chez J. Peladan (1884). + HERMÉTICITÉ n. f.
gie, «système d’interprétation d’une séquence de 11866) est très didactique.
signes (symboles, etc.) et des codes qui l'orga- 0 voir I-?ERIMAPmoDm.
nisent» ; dans le domaine des textes, l’herméneu-
tique moderne, développée après les travaux de HERMINE n. f. représente (v. I 140, ermine) le
Husserl et, en français, de Ricœur, insiste sur la di- féminin substantké de l’ancien adje& emzin, her-
vergence et la multiplication des sens. min (XII~s., ed’hermine4, issu du latin classique Ar-
menius a-ménien~, dans l’expression “mus Ame-
F HERMÉNEUTE n,, terme didactique (19001, dé-
nius (<rat d’Arménie*, pour désigner un animal
signe In. m.1 un spécialiste de 1’Écriture et par ex-
qu’on trouvait en quantité en Asie Mineure.
tension (apr. 1960) la personne In. m. et f.) qui inter-
prète un système Sign%ant. + Le mot désigne (v. 1140) ce mammifère carnivore
et, par métonymie, sa fourrure blanche. Cher-
HERMÈS n. m. représente un emprunt savant mine, avec une forte valeur symbolique liée à sa
(1732) au latin HerPnae (pluriel de Hemtes) againes couleur kpureté4, est un terme d’héraldique Ifm
surmontées d’une tête d’Hermèsn et par extension XII~s.1et se dit d’une des dem fourrures du blason
*buste ou tête surmontant une gaine*. Hemzês est kf.vuir), d’oùle composé CONTRE-HERMINE n. f.
le nom d’une divinité grecque correspondant à (1690). Le mot désigne aussi une bande de fourrure
Mercure, messager des dieux, mais aussi dieu du fixée au costume d’apparat de hauts dignitaires de
commerce et des voyages, interprète des l’État, de l’Église, de l’Université. 0 Par analogie,
oracles, etc. Ces deux sens du mot viennent peut- hermine (ou blanche hemziw) s’emploie comme
être d’une confusion avec hema, nom de la borne symbole de l’innocence et de la pureté kxe s.l.
aux carrefours des routes, où l’on représentait ce ä HERMINÉ, ÉE adj. est sorti d’usage au sens de
dieu. fifourré d’hermine~ C12281,mais le mot subsiste
+ Ce terme de sculpture conserve en lançais les commetenne deblason (1285). -@HERMINETTE
sens du latin. n. f., diminutif d’kmzine attesté (v. 1223, erminetel
au sens de *petite hermine>, est repris au xxe s.
b HERMETIQUE adj. (hemzetic, mil. XVI~s.1 corres-
pour désigner l’hermine quand elle a sa fourrure
pond aux deux sens du latin. Colonne herrn&qw,
fauve d’été. Le mot est aussi utilisé (19493 comme
acolonne surmontée d’un buste- 116941, est un
nom commercial du lapin blanc. +O HERMT-
terme technique d’architecture. 4 Hermétique, lié
NETTE n. f. (15183, aussi écrit ERMINETTE 11.8351,
au nom du dieu Hermès, est surtout un terme d’al-
désigne une hachette à tranchant recourbé, par
chimie, parce que cette divinité représentait chez
analogie de forme avec le museau de l’animal.
les Grecs le maître des arts, de la science des
nombres et des signes, et a été assimilé (sous le
nom d’Hemzès n-ismégiste atrois fois très grandnI
HERNIE n. f. représente un emprunt savant
(v. 13701 au latin hemiu <tumeur formée par un or-
au dieu égyptien Trot, considéré comme le fonda-
gane sorti par un orSce, naturel ou accidentel, de
teur de l’alchimie; pour Platon, le nom d’Hermès
la cavité qui le contientp. On relève aussi en ancien
venait de hmnênew «celui qui interprètem I+ her-
français des formes ~~populaires~, issues de l’évolu-
méneutique). ~L’adjectif a d’abord qutié une
tion phonétique de krnti : heme {{bosse, défautn
manière particulière de boucher les récipients,
En XII~s.), puis les variantes herg?w 115381 et hargfie
réalisée par les alchimistes 11554, hermetic vuse ;
( 15641, encore en usage au XVII~siècle.
1620, fermeture hermétique). Hermétique a été un
équivalent d’alchimique (16 10, pierres hermétiquesl ; + Le mot garde le sens du latin et, par analogie, se
il sign5e ensuite crelatif à la partie occulte de l’al- dit (xx” s.3 d’une excroissance formée par une
chimies, d’où !wmtétique n. f. ( 1762) calchimie oc- chambre à air.
culte>>,parfois aussi employé comme nom masculin F 0 HERNIAIRE adj. arelatif à la hemieB f 1704,
au sens de <<personne versée dans I’hermétismeb; chirurgien heMaire est un terme de médecine,
on dit plus tard HERMÉTISTE n. (1884, Péladan). ~~~~~HERNIEux,EUSE adj.etn.Natteint d’une
0 Par extension, hemzétique se dit de ce dont le ca- hernie* 115451 et HERNIE, ÉE adj. usorti par hernie,
ractère peu compréhensible vient d’une volonté de (18361. ~@HERNIAIRE n.f se dit Il6111 d’une
secret Idéb. xrx” s.1; l’adjectif équivaut ensuite 11843, plante vivace, appelée aussi HERNIOLE n. f.
Gautier) à 4fkile ou impossible à comprendre», IV. 16001,qu’on utilisait pour traiter les hernies.
en parlant d’un texte, d’une œuvre, etc., et à cimpé-
nétrable» à propos d’une personne, spécialement 0 HÉROÏNE 4 HÉROS
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1711 HERPÈS

0 HÉROÏNE n. f. est probablement emprunté (1734,le héros du jour (1874, Mallarmé). +Héros
(1903) à l’allemand Heroin ( 18981, la substance ayant s’emploie aussi (déb. XX~s.1 au cinéma et dans
été d’abord mise au point en Allemagne; le mot a toutes sortes de narrations Bande dessinée, télé-
été fort-né à partir du grec hêrôs I+ héros), par ana- vision, etc.) Dans le domaine de la création litté-
logie entre la fougue du héros et l’exaltation provo- raire, cinématographique est apparu le person-
quée par la drogue. nage qui n’a aucun des caractères du héros
traditionnel, YANTIHÉROS n. m., de un& 11940);
4 Héroiize désigne un médicament et un stupéfiant,
ce mot n’a pas de féminin. + SUPERHÉROS n. m.
tiré d’un ester de la morphine ; le mot a été abrégé
(1968, in P. Gilbert], francisation et généralisation
famikk-ement en héro (19601.
de la série de mots américains en super- dont le
wEn dérive HEROÏNOMANE n. et adj, (1906, de premier est superman E+ superman), s’applique
-mand, 4ntoxiqué par l’héroïne)), d’oti HÉROÏNO- aux héros surhumains des comic books améri-
MANIE n. f. (1906, de -manie), didactique. CdilS.
F HÉROIQUE adj. est un emprunt au latin heroicus
HÉRON n. m., réfection (1320) des formes hairon
arelatif aux héros (de la mythologie)>, <<relatif à la
Iv. 11501, heiron cv. 11751, est issu du francique “hui-
gro restitué par l’ancien haut allemand heigir et le poésie qui célèbre les hérosn, du grec hêrokos, de
hêrôs. + Il a d’abord ces sens chez Oresme (1370-
moyen néerlandais heger; hairo est attestée en la-
1372, heroÿque), d’oti en particulier l’emploi comme
tin médiéval (XI~ S.I. La forme aigron a donné ai-
terme de prosodie, vers héroi’ques désignant l’hexa-
grette?
mètre des Grecs et des Latins, utilisé pour chanter
4 Le mot désigne un grand oiseau échassier à long les héros, et l’alexandrin fknçais, plus rarement le
bec. décasyllabe (mil. xwe s., Du Bellay) ; Oresme em-
+Héron a fourni plusieurs dérivés. +HÉRON- ploie aussi le mot comme nom masculin pour flper-
NIER, IÈRE adj. qutie un faucon dressé pour la sonne exceptionnelle>>. Du premier emploi vient la
chasse au héron (av. 1188, faucon haironnierl et locution temps héroïpes au sens d’&poque très
s’employait à propos d’humains, avec la valeur de reculée-. 0 L’adjectif s’emploie ensuite avec la
#maigre et long» ( 1532, cuisse heronniere). + Hti- même extension que héros et s’applique à une ca-
RONNIÈRE n. f. désigne un endroit aménagé pour ractéristique digne d’un héros (1381, eroyque), puis
l’élevage des hérons (1304, haironnierel et le lieu où au xwe s. à ce qui appartient à l’épopée (1572 ; cf. au
les hérons font leur nid. +HÉRONNEAU n. m. XVII~s., l’héroique <<legenre héroïquenI. Depuis le
ajeune héron)) (1542) est d’emploi rare. XVII~s., il s’emploie pour ((brave, courageux>>. Par
extension, le mot a été utilisé pour &nergiques en
HÉROS n. m., héro’ïne n. f. est un emprunt parlant d’un médicament ( 18001, puis d’une action
(Oresme, 1370-13741 au latin classique heros Ndemi- (1866). 0 L’adverbe dérivé HÉROÏQUEMENT est
dieu), ahomme de grande valeur>>, du grec tirôs attesté en 1551 (Pontus de Tyard). + HÉROÏSER
achef», désignant les chek militaires de la guerre v. tr. s’emploie d’abord au sens de 4iviniser» 11554,
de Troie comme Ulysse ou Agamemnon, puis, avec heroizer), à propos de Mntiquité; on trouve la
une signikation religieuse, «demi-dieu» et forme pronominale se heroizer «se rendre hé-
<(homme élevé au rang de demi-dieu après sa roïque)> à la ti du xwe s., puis le verbe est repris au
mort>>. Le mot était sans doute un terme de respect XN~ s. au sens de Ndonner le caractère d’un héros))
et de politesse. oHéroiite est emprunté plus tar- (v. 1840) ; de cet emploi vient au XX~ s. le dérivé HÉ-
divement au latin heroine, du grec tiroi6, qui sert R~&ATION n. f. (19361. HÉROÏCITÉ n. f., de hé-
de féminin à hêrôs. oLe mot est passé par em- roLque, est un équivalent didactique (1716) de hé-
prunt dans de nombreuses langues indoeuro- rokme.
péennes (par ex. anglais hero, russe geroil, HÉROÏSME n. m. est dérivé au XVII~~. de héros,
d’après héroique, avec le sens de «force d’âme qui
+ C’est avec le sens de ademi-diew que h&os est in-
fait les hérosm ( 1658). Il est rare avant le XVIII~siècle.
troduit, aujourd’hui en emploi didactique; tiroiize
Par extension, il désigne le caractère de ce qui est
est employé dans un contexte mythologique, au
héroïque ( 1696).
sens de <femme qui s’est distinguée par une
HÉROI-COMIQUE adj. est issu (1640) par haplolo-
grande action> ( 1578, chez Ronsard). La glotica-
gie de “héroi’co-comique (de hérolco-, tiré du latin
tion des exploits militaires désacralise l’emploi du
heroicus, et de comique); le mot se dit d’un genre
mot qui, comme en latin, prend le sens figuré
littéraire qui tient de l’héroïque et du comique et
d’cchomme de grande valeur* (1555, herôs, Ron-
s’apparente au burlesque. Par extension, l’adjectif
sard), puis par extension d’chomme digne de l’es-
s’applique (déb. XX~ s.1 à un événement où se
tirne publique, par son génie, sa force d’âme, etc.n
mêlent le cocasse et l’héroïque.
(être le héros ck qqn). L’idée d’ahomme au-dessus HÉROIDE n. f., terme didactique, est un emprunt
du communs explique l’emploi au sens de cperson- ( 15121 au latin d’origine grecque herois, -O~%S
nage principal dans une œuvre littéraire)> ( 1651, «femme illustre>>, tcdemi-déesse=; au pluriel, le mot
Scarron), d’où vient par figure l’expression un hé- latin est le titre d’un recueil élégiaque d’Ovide où le
ros & roman pour parler d’une personne qui a poète fait parler des héroïnes connues. Le mot dé-
vécu des aventures extraordinaires (167 1) ; héroiite, signe une épitre élégiaque que l’auteur attribue à
au sens de Mpersonnage principal féminin (d’une un héros ou à une héro’ine célèbres.
œuvrela est attesté dès 1554 (Ronsard). Ensuite,
c’est l’idée de {{personnage principal>> qui est rete- HERPÈS n. m. est un emprunt (XIII~s.) au latin
nue avec le héros d’une aventure, le héros de lu fête impérial herpes, -etis «maladie de la peau>>, lut-
HERSE 1712 DICTIONNAIRE HISTORIQUE
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1713 HEUR
zoologie ( 18161, en biologie (18321, en minéralogie ployé par Gautier ( 1863). 0 Cette série n’a pas d’op-
(1917). +HÉTÉROMÈRE adj. 118391, du grec meros posé en homo-.
((partie a); aussi n. m. pl. <<groupe de coléoptères
Comprena;nt ceux qui possèdent cinq articles aux HtiTÉRODOXE + ORTHODOXE

deux premières paires de tarses et quatre seule-


ment aux tarses postérieurs)). + Citons encore HÉ- HÉTÉROGÈNE adj., d’abord écrit eterogenée
TEROGAMIE n. f. (18423, de -garnie. *HÉTÉRO- au féminin Iv. 13701,forme en usage jusqu’au XVI~ s.,
DONTE adj. (18461, de -odonte ((dent= (1877 en puis hétérogène (1657-16581, est un mot emprunté
anglais, Encyclopédie btitaM& ; aussi les HÉTÉ- au latin scolastique heterogeneus, lui-même au
RODONTES n. m. pl., d’où HÉTÉRODONTIE n. f. grec heterogenês <<d’un autre genre, d’une autre es-
(1969). +HÉTÉROLOGWE adj* (1853),dugreclogos pèce)), employé par exemple chez Aristote, à pro-
crapportn, est beaucoup plus rare que homologue. pos des noms qui changent de genre au pluriel,
+H&TkRONYME adj. ( 1866 en biologie1, de composé de heteros (3 hétéro-I et de -gen&, de ge-
-onyme, du grec onoma {<nom)),Sign%e notamment nos «genren (-* -gène).
en linguistique (xxes.) “qui n’a pas le même nomm, +Hétérogène est d’abord attesté, au xwe s., avec le
et, comme nom masculin, désigne l’équivalent d’un sens aujourd’hui archaïque de ((qui est de nature
mot dans une autre langue (heteronymeus en an- diSrente>> : il s’oppose à homogène. Au XVII~s., le
glais, 1734; cf.homon)vne). +HÉTkROCHROME mot se dit au propre de ce qui est composé d’élé-
adj. (18731, de -chrome, du grec khrôma <couleur)), ments de nature différente, dissemblables (1690;
d’où HÉTÉROCHROMIE n.f. 118961. +HÉTÉRO- corps hétérogène), puis au figuré à la fin du XVIII~s.
DYNE n. f. et adj. (d’un récepteur de radio) est em- (17981, par ex. dans nation hétérogène, y compris en
prunté (déb. XX~s.) à un terme allemand créé par parlant d’une seule entité (notion, concept hétéro-
Fessenden (av. 1908). 0 De là le préhé SUPER- gène). Il s’est aussi employé en grammaire au sens
HÉTÉRODYNE adj. (1932 dans les dictionnaires), étymologique ( 1866, substantif hétérogène).
d’après l’anglais (1922, Armstrong), qualsant un bHÉTÉROGÉNÉITÉ n.f,emprunté (1586) aulatin
récepteur de radio muni d’un changeur de fré- scolastique heterogeneitus, a été formé d’après ho-
quence. *On peut encore citer HÉTÉROTROPHE mogénéité (suffixe -if&. OHÉTÉROGÉNIE n. f.
adj. (19051, de -trophe, d’où HÉT&ROTROPHIE n. f. (18371, didactique, désigne une origine multiple.
Imîl.x~~s.1; HÉTÉROCHRONE adj. h”s.1, de
-ckwor~ «tempsn ; HÉTÉROPLOÏDE adj.kx”s.1 M- HÊTRE n. m., d’abord sous la forme hestre o>
lemand heteroploid, Winkler 19161, de ChulpLoi’de, (v. l.ZO), est un mot issu du fkancique “huistr
d’après diploïde ; HÉTÉROCENTRIQUE adj . ( 19481, (cf. néerlandais heester), dérivé, à l’aide du suf&xe
de centre, d’après unthropocentique, géocen- -tr servant à former des noms d’arbres, du radical
trique, etc. de “huki cbuisson, four&>; ce dernier terme, entré
0 voir FIÉTÉROCLITE, HÉTÉROGÈNE, HETÉR~D~xE fà OR- en gallo-roman sous la forme “husiu, a donné en
THODOXEI, HÉTÉROSEXUEL (à SEXE), FtÉTÉROZYcIOTE tà ancien fkançais baise n. f. Nclôture de branches en-
ZYGOIMA). trelacées> et haizier. “Huistr s’est romanisé plus
tard que “huisi, ce qui explique le passage de ai à e.
HETÉROCLITE adj. apparaît d’abord (v. 1440) Hêtre a longtemps coexiste avec l’ancien français
sous la forme réduite etroclite &range)) puis (1549) fou, issu du latin fugus (cf. encore, régionalement,
comme terme de grammaire, kit hetheroclite. fuu, fayard, fouet), qui désignait les grands arbres
C’est un emprunt au latin des grammairiens hete- de l’espèce destinés à la reproduction.
roclitus &+&ulier, qui a une forme irrégulières), 4 Hêtie était le nom donné aux jeunes troncs de
lui-même du grec heterokzlitos ((dont la déclinaison cette espèce coupés rég-ulièrement et qui repous-
procède de thèmes dBérentsn, composé de heteros saient sur les souches. Cette distinction s’est per-
(-, hétéro-) et de kllnein Nincliner)), recoucher”, qui se due par la suite et I&re, éliminant fou (lui-même
rattache à une racine indoeuropéenne “hlei- 4ncli- abandonné par conflits homonymiques), a désigné
nerm, <<pencher-n. fmakment l’arbre adulte (13011 et, par métonymie,
le bois de cet arbre.
4 Hétéroclite est d’un emploi didactique dans Ze
sens grammatical qu’il a conservé du grec Mot hé- b En dérive HETRAIE n. f. C17011 qui s’est parfois
téroclitel. 0 Il s’est dit au figuré (xv” s.3 de ce qui écrit hêtrbe.
s’écarte d’une norme, se comporte d’une façon sin-
gulière, notamment (déb. XVII~s, ; v. 1440, etioclite) HEU interj. et n. m., onomatopée attestée au
en parlant d’une personne, de son comportement. xve s., marque l’embuas, le doute, etc., comme la
Le mot, appliqué aux arts, qualse par extension variante euh (11708)autrefois employée pour expri-
une œuvre constituée de styles ou de genres dif- mer la contrariété ( 1662, Molière).
férents, d’où le sens courant de “qui est constitué
* HEUR II. m. apparaît d’abord sous les formes o>
d’éléments de nature, de provenance, etc., dB-
oür, uür (v. 11211, puis eür (v. 1170) avant d’être at-
rentsm.
testé sous la forme actuelle, en 1306. Le mot est issu
k Du sens étymologique d’I&éroclite dérive le par évolution phonétique normale du latin impé-
terme de linguistique HÉTÉROCLISIE n. f. (me S.I. rial ugurium, altération du latin classique augu-
*Des autres emplois dérive un mot didactique et tium aprésage (favorable ou non))), d’où <<chance,
rare, HÉTÉROCLISME n. m.hihx”s.; 1835,hété- bonne ou mauvaise% et plus spécialement abonne
roclitisme). HÉTÉROCLITEMENT adv. a été em- chance)); ce mot appartient à la famille du verbe
HEUR 1714 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

augere Ns’accroîtrea, qui se rattache à une racine d’où par extension aqui a été béatitié par I’Églken
indoeuropéenne kwg- I-, augure). À la suite d’un avec un emploi comme nom masculin, d’abord au
glissement de sens qui s’explique par le recul des pluriel, les bienheureux ( 16901. +L’adverbe dérivé
croyances ptiennes, le mot a pris les sens de «sort, BIENHEUREUSEMENT (xrle s., attestation isolée,
condition, destinées. puis 15573 a conservé son emploi dans le vocabu-
+ C’est cette acception qui apparaît en ancien fran- laire reli@eux ; il est rare au sens profane de aavec
çais dans le syntagme bon. oür wfatalîté heureuse, plaisir*.
chance- Iv. 11211,puis en emploj absolu (v. 11901, et BONHEUR n. m., formé avec l’adjectif 0 bon, est
demeure au XVII~s. (chez Corneille, Molière); re- attesté vers 1121 au sens de *chance, fatalité heu-
gretté par La Bruyére, heur vieillissait après 1660- reusen, d’où avoir du bonheur &tre favorisé, et la
1670 et est considéré comme KbasDet <(peu usité» locution verbale usuelle potier bonheur qotier
par Richelet (16803. Le mot ne subsiste aujourd’hui chance-. La locution adverbiale par bonheur “par
que dans la locution avoir l’heur de plaire A qqn, chance» est attestée en 1668 (La Fontaine). Bonheur
alors que ses dérivés et composés sont bien vivants. (le bonheur-1 au sens d’xétat de la conscience pleine-
F HEUREUX, EUSE adj. et n. m., dérivé de heur ment satisfaiteti (xv” s.) s’emploie aussi dans un
ccchancw, a dès ses premiers emplois le sens géné- contexte politique ne bonheur des hommes1 et reli-
ral de “qui a ou marque du bonheurs. Le mot signi- gieux ne bonheur étemell; par extension, le mot se
fie d’abord “qui bénéficie d’un destin favorable>> Uin dit pour «ce qui rend heureux, kf. le proverbe
XII~s., euros), d’où la locution un heureux mortel et l’argent ne fuit pas le bonheur]. - Le composé BON-
des constructions comme être bien) heureux de, HEUR-DU-JOUR n. m, (v. 1160, écrit sans traits
s’estimer heureux de, que... Depuis le début du d’union) désigne un petit bureau de fackre très
XIII~s., l’adjectif s’emploie, toujours en parlant de soignée, souvent en bois précieux. Le nom du
personnes, au sens de ~qti conna le bonheur,, par meuble est probablement lie à la grande vogue
exemple dans il iz toutpour être heureux ou en ex- qu’il connut au mue s., mais aussi à la position qu’il
clamation heureux celti gui... ! (15581; au COUS du occupait, généralement près d’une fenetre, ou
XIII~ s., il se dit [choses aurousesl pour <<favorable, entre deux fenêtres, et ainsi éclairé par la lumière
avantageux,. L’adjectif a pris ensuite par extension du jour.
le sens de amarqué par le bonheur», aoù règne le MALHEUR n. m. apparaît d’abord ( 1174) dans la lo-
bonheurn (1558, heureuse Ve,. oCe n’est qu’au cution a mal eür <<defqon funeste>> et sous la forme
XVII~s. que l’emploi d’heureux comme substantif mal eiir IlZOO), pour coup funeste du sorts Sous la
masculin Ile féminin n’est pas usité1 est attesté, au graphie moderne malheur (av. 15261, le mot se dit
pluriel ( 16541, d’où ks heureux de ce monde ( 16731, d’un événement qui tiecte péniblement. Il donne
f&e des heureux Il7011 ; le singulier semble beau- lieu à un proverbe E15691: à quelque chose mdhew
coup plus récent (faire un heureux, 19001. 0 Du est bon, et à quelques expressions attestées à partir
sells de afavorablen viennent par extension la va- du me s. : avoir des malheurs 11834) est employé
leur de “qui est signe ou promesse de succès)> 0669; par ironie pour parler d’ennuis et au sens affaibli
un heureux; présage), la locution avoir kà main heu- d’névénement regrettable» (cf. c’est un petit nu-
reuse (1690, d’abord au jeu puis au figuré) et l’em- heur) ; faire un malheur, d’emploi familier (18671, si-
ploi impersonnel (c’est heureux pour VOUS~.C’est gnifie «faire un éclat qui pourrait avoir des consé-
aussi k l’époque classique que l’adjectif est employé quences fâcheuses- ; l’expression, apparue en argot
pour aqui marque une disposition favorable, remar- du spectacle @r allusion aux manjfestations de la
quable en son genre» (1674, un heureux caractère), salle et par antiphrase), se dit couramment pour
spécialement dans un contexte esthétique lune ins- ~~remporter un énorme succès*. 0 Malheur (le mal-
piration heureuse). 0 L’adverbe HEUREUSEMENT heur, 1529) se dit pour <situation pénible, doutou-
s’emploie d’abord ( 1351) pour «par une fatalité favo- reuse>, dans laquelle on voit souvent l’action du
rable>. Au xwe s., le mot prend les sens de <(avecdu mauvais sort; de là tient le sens de ((mauvaise
bonheur, dans le bonheurm, aujourd’hui tombé en chance». De ces emplois sont issues les expressions
désuétude 115571, et de <d’une manière réussie,, et locutions porter malheur ( 16321, malheur à et
spéciialement dans un contexte esthétique (1560- pronom complément nui, tok.1 L6601, pour mon
156 1). L’emploi, le plus courant aujourd’hui, “par malheur (1670), de malheur (16961, et l’interjection
bonheur», est atteste en 1756 ; l’adverbe dans ce cas malheur! pour exprimer le désespoir, le désap-
est généralement en tête de la proposition et est pointement, etc.; cette interjetiion, dans le midi de
détachk par la ponctuation ; de là viennent heu- la France, s’emploie aussi par affaiblissement pour
reusement que «il est heureux quen ( 1784) et heu- exprimer la surprise, l’admiration, etc. + Le dérivé
rewemerd pour (moi, toi, etc.) bzf s.l. 4 REUREU- MALHEUREUX, EUSE adj. et n. a d’abord le sens
SETÉ n. f. (déb. xvrres.1 aqualité, état de ce qui est d’eaccabl6 de mtiheurn (1155, adj.; 1176-1181, n.1;
heureux*, encore dans Littré, n’est plus en usage. par extension, le mot s’emploie pour adigne de
L’adjectif composé BIENHEUREUX, EUSE, formé commisération)> ( X176- 1181, n. et adj.), d’où spécia-
avec bien comme bonheur l’est avec bon, est la ré- lement <<pauvre, mis&able». c= Depuis le xve s.,
fection (v. 1190) du très ancien français boneüré, malheureux Sign%e aqui a une issue fâcheuse»,
bueneüré (8741 puis biemüré Iv. 11601 aux sens de d’où une entieptie malheureuse 116801,puis «qui ne
aqui jouit d’un bonheur parfait- et, en parlant de réussit pas, Ides personnes); cet usage est illustré
choses, “qui donne la félicité», devenus tous deux par le proverbe malheureux au jeu, heureux en
d’emploi littéraire. Le mot se dit aussi, dans le voca- ~LIIIOW. Mari malheureux correspond à <mari
bulaire religieux, pour <qui jouit de la béatituden, trompén. L’expression avoir la main malheureuse
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1715 HEURE
sigde ccasser tout ce que l’on touchen et, au fi- cution pour l’heure au sens d’& ce moment-là& (fin
guré, <<faireun mauvais choix>>. Au XVI~s., malheu- du XIVes.), puis adans le moment présent))
reux prend le sens de &nesten (1558, Du Bellay) et, (mil. xve s.1; on relève également tv. 1450) l’heure Cde
par tiaiblissement, aregrettable> C15673. 0 Au g@ pour 4es derniers moments, l’heure de la
xwe s., à partir du sens de epitoyablen, l’adjectif s’est mort)) (son heure a semé; mourir avant l’heure,
employé pour améprisable, méchant- ( 1656, Pascal1 1580) et ensuite pour Mmoment de la vie= lavoir son
et en exclamatif pour exprimer la colère, l’indigna- heure de gloire). 0 Plus tard, le mot entre dans les
tion (1672, Racine); ces valeurs subsistent régiona- locutions I’heure actuelle 08031 ou I’heure (les pro-
lement. Du sens tiaibli vient celui de asans impor- blèmes de l’heure), I’heureH (expression de la
tance>>, relevé par Furetière 116903. 0 L’adverbe guerre de 14-18 [attestée en 19171, comme jour 1.1.
MALHEUREUSEMENT, rare aujourd’hui au sens 0 Heure, aindication exacte du moment de la jour-
de ad’une manière fâcheuse>> ! 13791,s’emploie cou- néen, est attesté en 1505 Monnw l’heurel, d’où (1580)
ramment au sens de “par malheur- (1687). si l’heure convenue, fiée, dite... et prendre heure
<<convenir d’une heure%. Puis le mot est employé
HEURE n. f., attesté sous les formes ure CV.10501, pour indiquer une heure précise : il est trois heures
are Il 130- 11401, puis heure avec le rétablissement du sonnant (16901, battant OU battantes (18561, tapant
h étymologique Iv. 1150l, est issu du latin hors! aunité (xx” S.I. oLe moment exact indiqué par une me-
de mesure du temps (pour distinguer un point dans sure est nommé au ~IX@s. heure Ié@e, en France
le temps ou une durée)>>, lui-même emprunté au celle du méridien de Greenwich avancée d’une
grec hôru, qui désigne une période détie du heure Il866). Dans le décompte, les heures de 1
temps considérée dans son retour cyclique, saison à 11 de la première moitié du jour sont précisées
ou moment de la journée, et, plus spécialement, le en ajoutant du matin, celles de la seconde en ajou-
moment propice ou habituel pour une action, heure tant de l’après-midi ou du soir. Le décompte numé-
du repas, du coucher, âge du mariage, etc. rique s’est répandu dans l’usage avec la diffusion
4En français, heure conserve les deux sens géné- des montres à quartz et des horloges à afkhage
raux du latin ; la plupart des locutions ou entrent le numérique, et l’on dit couramment aujourd’hui il
mot apparaissent avant le xvY siècle. Heure est at- est deux heures quarante au lieu de il est tiois
testé vers 1050 au sens de Npoint situé dans le heures moins vingt ou quatorze heures quinze au
temps, momentn, puis spécialement ( 1130-1140) de lieu de &UX heures un quart (4 demi, quart).
amoment de la journéen; au milieu du XII~s., heure C’est au xwe s. qu’on trouve Itou0 a ceste heure
désigne une unité de duree Iv. 1150, en si poi d’ure pour -tout de suite, maintenant, à l’instant où»
-en si peu de temps»). ( 15491, aujourd’hui sorti d’usage ; la locution modi-
Du sens de Nmomentm, devenu relativement rare en fiée en tout à l’heure (cf. tout 8 coup) garde ce sens
emploi libre, tiennent de nombreuses locutions et encore chez LaFonttie, puis marque un passé
plusieurs acceptions. Dans la première moitié du proche (1647,4 y a un instant4 et un futur proche
XII~s., on relève tutes ures & tout moments, au- (1694, <<dansun moment4 Heure, pour désigner le
jourd’hui à toute heure; de bene heure Sign%e chilYre qui indique le temps présent sur une hor-
Cv.10501, sans doute sous l’influence de /wur loge, n’est attesté qu’en 1751.
(+ heur), & un moment favorable%; la locution de- A partir du sens d’wnité de durée-, heure Sign%e
vient a bow bore (CI XII~s.1puis, à la ti du XIV~s., à au XII~s. 4ivision - un douzième - du jour= (1160-
Ia bowre heure & Propos~, à quoi s’oppose, encore 1 174) et par extension se dit pour 4empsm (1176-
en usage à l’époque classique, & la male heure; a la 1 18 1, ore passe). Depuis le XVII~s., le mot s’emploie
bonne heure a si@é aussi au xwe s. <prompte- pour désigner cette division du temps mesurant
mentn. * Depuis la seconde moitié du XII~s. sont at- une activité (1662, Pascal, une heure de peine), et
testées diverses acceptions : <(moment de la jour- spécialement un temps de travail : par heure (1694)
née prévu pour une activité particulières puis à l’heure (1740) ; de là vient la locution famî-
(1160- 11741, cmoment où a lieu une activité d’heure hère s’embêter ii cent SOUSIdel l’heure, et des syn-
régulière3 ( 1172-l 175, are de souper), d’où à la pre- tagmes comme heure supplémentaire (1870).
mière heure drès tôtn et, au figuré Cxx” sd, les ~Heure s’emploie dès l’époque classique pour ex-
combattants de la premiére heure, de la dernière primer une durée longue égalant ou déposant
heure, et la locution à ses heures 4 certains mo- l’heure et opposée aux petites durées que sont la
ments>. 0 De là également tient la valeur spéciale minute et la seconde (16691,d’où une Borzne heure,
de heures, au pluriel, (<prières dites à heures régu- une pande heure (1862). Le mot est également uti-
lières> Il 174- 11761, d’où I.ke d’heures =de prières% lisé comme unité de mesure d’un trajet (1690 ; être
Cv.12501, conservé dans les Bricks Heures... OA ore à deux heures [d’un keul); de cet emploi viennent
atout de suite* ~1171-1181) devient en I’ore Cv.12101, ensuite les locutions faire tant de kilomètres à
la locution moderne SU l’heure étant attestée en I’hewe (18861,battre Ie record de l’heure (19091.
1540, mais Ctl’heure dans ce sens archtique est en- +Au même sens se rattachent les emplois en
core utilisé au XVII~ siècle. Dans la seconde moitié composition, -HEURE. comme second élément
du XLII~s., on relève de bele heure au sens de dôb, lumpère-heure, kilomètre-heure, kilowatt-heure1 ou
devenu de bonne heure au xvres. 11539) avec ce premier élément heure-muchinel, entrant dans la
sens et pour cavant l’époque habituellem (16913. formation de termes techniques. Voir aussi le
oLa locution d’heure en heure signse d’abord schéma p. 1717.
Iv. 1260) ((d’un instant à l’autre>), puis (1288) doutes de composé DESHEURERv.tr.,attesté aumilieu
les heures>>. Par ailleurs, le mot entre dans la lo- du XVII” s. au pronominal ERetz), n’est plus en usage
HEUREUX DICTIONNAIRE HISTORIQUE

au sens de ccmodtier ses heures habituelles»; il si- maine de l’esthétique picturale, poétique. Heurt
gnifie aujourd’hui Idéb. xxe s.1 «retarder (un train) s’est imposé en face de deux autres dérivés de
par rapport à son horaire normaln. ODÉS- heurter. *HEURTEMENT n. m. Nfait de (se) heur-
HEURÉ, ÉE adj. krxe s.1 s’emploie dans horloge ter» (v. 1200, hudement; 1538, heurtement) et
désheurée, puis (me s.1 train désheuré. HEURTÉE n. f. «combat, mêlée)) krr~” s., hutiee) sont
+ Voit’ HOFLUFLE. LURETTIL aujourd’hui archaïques. +HEURTOIR n.m., sous
la forme hutieuw (v. 1280-1290) puis hutioir en pi-
HEUREUX 3 HEUR card en 1302, est un terme technique qui désigne
d’abord une pièce (de métal, de bois) servant de bu-
HEURISTIQUE adj. et n. f. est un mot em- tée à un objet mobile, puis (1345, hortoirl le marteau
prunté (av. 18451 à l’allemand heutistik, heuristich de la porte extérieure d’une maison. oLe terme
C1?‘50),adaptation du latin scientsque moderne technique ancien HEURTEQUIN n. m. (15971,
heuristica E1734 en Allemagne), forme dérivée du formé par substitution de sufke à l’aide de l’élé-
grec hewistik4 CtekhnêI qwt de trouver», du verbe ment -quin, issu du néerlandais -kijn (cf. viIebre-
heutikein «trouver*, d’une racine indoeuropéenne quin, troussequin), vient de heurter ou de heurtoir.
OWer-. À partir de heurter ont été formés deux composés :
4 Le mot, parfois écrit euristique, est un terme di- AHEURTER V.tr. et S'AHEURTER v.pron.
dactique signifiant “qui a pour objet la découverte (mil. XII~s.3 {(heurter, arrêter devant un obstaclem,
des faits», employé notamment dans le domaine devenu archtique, comme son dérivé AHEURTE-
philosophique ( 1845, adj., méthode heuristique ((qui MENT n.m. knil, xr1"S.l. *ENTRE-HEURTERIS'
sert à la découverte>>) et scientifique (1845, n. f., v. pron. (xv” s.; v. I 155, entrehutier), <<seheurter mu-
I’heuristique de la science), et par extension Cxx”s-1 tuellement>>, est rare de nos jours.
dans d’autres domaines (pédagogie, histoire).
HÉVÉA n. m. apparaît sous les formes hhkvé
Q) HEURTER v. apparaît au XII’S. sous la forme 11751, La Condaminel, puis h&vé (1769); hévéa (1802)
hurler Il 119) ; la forme en heur- est attestée à la ti représente la forme, latinisée par les botanistes au
du XIV~s. et ne s’impose qu’au XVI~s., époque où le XVIII” s,, d’un mot emprunté au quichua, hywe
son u s’est ouvert en œ devant r, notamment en Pi- carbre à caoutchouc>>. Le mot a été importé en
cardie. Le mot est probablement dérivé d’un tian- France en même temps que caoutchouc*.
cique “hz% que l’on peut restituer d’après l’ancien + C’est le nom communément donné à un arbre de
scandinave hrzîtr <<bélier>>;le verbe aurait donc si- grande taille originaire de la Guyane et d’An&
gnifk proprement <cogner à la faqon d’un bélier». tique tropicale, puis cultivé en Asie du Sud-Est,
Cett;e étymologie est discutée par P. Guiraud qui, dont on extrait la gomme élastique (cf. caout-
d’après certaines formes romanes comme l’italien chouc).
w-tare, rapproche hurler d’un ancien mot huron,
issu du latin urus CbisonB, ce qui permettrait de HEX-, HEXA- est le premier élément, tiré du
supposer un gallo-roman %titclre <<frapper comme grec hex; kx~, que l’on rattache à une racine in-
un bison», l’adjonction d’un ?cinitial ayant soit une doeuropéenne ‘ehs (cf. latin ex-1, de mots composés
valeur expressive soit une origine germanique. savants. Beaucoup, d’attestation ancienne, ont été
+Les principaux emplois du verbe apparaissent empruntés au grec, directement ou pas l’intermé-
dès le XII~s. ; il a le sens propre d’qcentrer rudement diaire du latin.
en contact avec,, en emploi intransitif Il119 ; hutier wHEXAMÈTRE adj. et n. m. (1488 ; d’abord SOUS la
Ù la porte, v. 11351 puis transitif (1160) et pronomi- forme exametre, 1450) est emprunté au latin clas-
nal : soi hurter à <<secogner àn (v. 1170). Le sens fi- sique hexameter, du grec hexametros (de metron
guré de «contrecwern est attesté vers 1180 (intr.1, <<mesure, mètre»). Terme de versscation grecque
celui de ((contrarier (qqn))) vers 1280 (tr.1, d’où par la et latine, le mot d&igne un vers de six pieds (adj. et
suite la locution heurter de front ( 1668, Molière) et n. m.). Il est employé pour alexandrin, déti alors
pronominalement se heurter ((se contrarier mutuel- comme vers de six pieds de deux syllabes chacun.
lement>> (av. 1662). 4HEXACORDE n. m. (1690, Furetière), emprunt
k L’adjectif HEURTÉ, ÉE s’applique (XVII~s.) spécia- au latin hemchordas, formé sur le grec hexu et
lement au domaine de la perception auditive chordê I+ corde), désigne, en musique, une gamme
(voyelle heurtée, Boileau, Art poétique3 et plus tard de six sons. ~HEXAÈDRE adj. et n. (1701, exaedre)
visuelle C1752, dessin heurté et couleurs qui se est un terme de géométrie emprunté, par l’inter-
heurtent) pour caractériser une œuvre d’art (aussi médiaire du bas latin hexahedrum, au grec hexae-
style heurté). dros & six côtés>>, de hedm (<basen. oEn dérive
Tous les dérivés de heurter apparaissent d’abord, HÉXAÉDRIQUE adj . 11846). *HEXAPODE
comme le verbe, avec lavoyelle u. +HEURT n. m. adj. et n. m., terme de zoologie, est emprunté
Iv. 14501remplace huti (v. 1120). Le mot est d’abord ( 1762) au grec hexupous, hexapodes «à six pieds ;
attesté au sens propre de =Choc, coup donné en long de six piedsn, de pous, podos (-, -pode).
heurtant» d’où (1694) <<marque laissée par un COU~~ Plus récemment, hex-, hem- a servi à former des
(rare). Les emplois figurés apparaissent au xrx” s. termes de chimie désignant des composés dont la
avec le sens général d’ttopposition>>, (av. 18461 en molécule contient six atomes d’un élément. Par
parlant des sons de l’harmonie, (1882) d’une oppo- exemple : HEXOSE n. m. (1905), suffixe -ose;
sition entre deux tempéraments, ( 18971 dans le do- HEXAFLUORURE n. m. (xx's.); HEXOL n-m.,
horographie

horo- horokilométrique

t horodateur

latin
HORA heure heurette - lurette

HÔRA - illa hors - I0r5 lorsque


d* toute divkion
du temps 11

-*hine ad oram - encore

#ôROLO
-JiORO
-
latin médiéval
- horaire
WRARJUS -

c
latin

- horloge - horloger - horlogerie


<<qui dit l’heure >>

grec latin
HÔROSCOPOS- HOROSCOPUS- horoscope horoscopie
<cqui examine l’heure
(de la naissance) >b
HEXAGONE DICTIONNAIRE HISTORIQU

contraction de HEXALCooL ~1. m., lui-même adj., attesté (15323 chez Rabelais, est un emprur
formé de alcoot. savant au bas latin hibernalis, de l’adjectif htbemu
0 Voir HFXAGONE. (<d’hiver*. * Cette série de mots didactiques po:
sède des valeurs spécaques par rapport à la séri
HEXAGONE adj. et n. m. est emprunte (1377, de hiver, hiverner.
Qresme, exugone), par I’intermédiaire du latin im- 0 voir HIVER.
périal hexugonum ou hexugonus, au grec hexagô-
nos & six angless (de hex &x* I-, hexa-1 et @nia HIBISCUS n. m. est emprunté (1786) au latti
~angle4. scientsque moderne hibiscus (1798, Linné), du latil
4 Hexagone désigne 11651, n. mJ un polygone à six impérial hibiscupn @mauve?> (+ guimauve); OI
côtés et, par analogie 116901, un ouvrage de forts- suppose que ce mot est emprunté au celtique.
cation composé de six bastions. 0 Au xxe s., par 4 H~biscus désigne un arbre tropical.
métonymie, le mot est ernployk (1934, De Gaulle3
pour désigner la France métropolitaine à cause de HIBOU n. m. apparaît sous la forme huiboua
la forme de sa carte (d’où absolument, I’He3cagone). (15301, hybou (1535, Rabelais), enCn hibou. Le mo
Q Le mot est sorti d’usage en tant qu’adjectif (13771. est probablement d’origine onomatopéique (cf. le:
w Il est remplace par son dérivé HEXAGO- variantes dialectales boubou en Normandie, hou
NAL, ALE, AUX adj. 116321 qui, outre son sens en rou en Gascogne), à rattacher à une base ou-, u- ex
géométrie, s’emploie (xx” s.) en parlant, parfois primant le cri du loup et de certains oiseaux, no
avec une valeur péjorative ou ironique, de ce qui tamment des rapaces nocturnes, comme en latir
concerne la France métropolitaine; de là ~'HEXA- upupa «huppe>, ut& «chat -huaniD.
GONAL n. m. (v. 1969) ala langue française telle + Hibou, nom de rapaces nocturnes s’emploie au fi
qu’elle est pratiquée par les médias de masse, l’ad- guré à partir du XVII~s., sous forme de locutions, er
ministration~. parlant de 1’aspeti lavoir des yeux de hibou) ou du
comportement de certaines personnes (1640, être
HIATUS n. m. est un emprunt (15211 a;u latin un vieux, un vrai hibou, faire Je hibou) ou de l’as
hiatus qcouverturen et, en rhétorique, (rencontre de pect d’un lieu Cl690 ; WI u~ti de htboux ~+xnevie&
deux voyelles)), dérivé de hiare ccs’entr’outi, béer-B maison inhabitée»).
et, en rhétorique, <<présenter des rencontres de
voyelles)). Hiare peut être mis en relation avec HIC n. m. reprend (1690) un mot latin signSan1
d’autres fomnes indowropéennes, mais son ori- «icin dans la locution hic est quaestio *c’est là la
gine reste obscure. question= C+ ici).
4 En fkançais, le mot reprend d’abord le sens tech- + Dans Ia langue du Palais, il était employé dans la
nique du latin (1521, attestation isolée, &sion» ; marge d’un acte pour attirer l’attention sur un
1690, ((rencontre de deux voyelles& À la ti du point important et en éviter ainsi la lecture dm
XVII~ s. (1690 au théâtre) apparaît le sens figuré de son entier. De là l’emploi du mot au sens de «point
Gdécalage dans l’espace ou Le temps>) en pa;rla~Q de clifkile (d’une chose, d’une affaireIn, notamment
personnes, de notions abstraites; par analogie, le dans les expressions voilà le hic, c’est @enl Ia le
mot prend le sens de «solution de continuité entre hic:
deux choses* (1835). 11 est aussi employé (XIX~ s-1 en b HIC ET NUNC ~OC.a&., mots Latins Sign%ant ki
anatomie, pour désigner un otice étroit et allongé. et maintenant%, attesté en 1750 au sens de ~sur-le-
P De cette acception dérive 1e terme didactique champa; cet emploi est aujourd’hui didactique ou
HTATAL, ALE adj. (V. 1900). littéraire. Au xx” s., hic et nunc s’emploie en philo-
Sophie au sens latin comme locution adverbiale et
HIBERNER v. intr. est un emprunt (1805,
nom masculin (19491.
Cuvier) au latin classique hibemare 4tre en quar-
tier d’hiver (à côt15 de hiemure <<passer l’hivern, issu HIDALGO n. m. apparaît d’abord sous les
de hiems, hiemis amauvaise saison, hiver>& dérivé formes hydate (av. 1525, dans un récit historique1
du latin classique hibemus *d’hiver>), lui-même de puis indalgo (1534, RabeMs) ; la forme actuelle,
hians, d’une base indoemopéenne “g’hi-m gui dé- celle de la source, est attestde en 1579. C’est un mot
signait l’hiver, la neige. Le bas latin hibemum a emprunté à l’espagnol hidalgo ~XVI”s.) ugentil-
remplacé hiems et est passé dans les langues ro- homme, noblem, qui représente une contrwtion de
manes. hijo de ulgo, proprement <fils Ihijo) de quelque
+Hiberner s’emploie en parlant de certains ani- chose @go; du latin u2iquw)», c’est-à-dll-e =per-
maux qui passent l’hiver dans un état d’engour- sonne pourvue de biens, d’une naissance>> k-f. en
dissement. espagnol les formes fijo dalgo, v. 1140 ; fZhl@S,
bSon dérivé HIBERNANT,ANTE adj. (1824; 1808, v. 1197).
hybemantl quaMe les animaux qui hibernent. 4 En français, le mot, autrefois tian&sé en hidu&@
+ Hibemare a donné en bas latin hibematio hiver- 11640) designe un noble espawol de vieille souche
nagen, emprunté en tiançaîs SOUS la forme HIBER- chrétienne; il équivaut plus Ou moins à CUVUZiW
NATION n. f. (1829). Ce nom, employé d’abord en pour l’italien; c’est un type social bien caractérisé
parlant des animaux, s’applique par extension à aux xvrr” et xwle S.
l’homme, en particulier dans le domaine médical
#-&em&iun artificiellel et se dît au fig~é (1966) HIDEUX, EUSE adj., réfection 0273) des
pour-k~a&ion,passivité~, +HIBERNAL,ALE,AUX formes hisdos, hydus Cv.1MO), est un mot d’origine
DE LA LANGUE FRANÇAISE HIÉRARCHIE

discutée : il peut être issu du latin classique htspo- HIÉMAL, ALE, AUX adj. apparait au XIII~s.
dosus attesté chez Catulle, dérivé de hispidus <<hé- sous la forme hyemul (1246- 12483, graphie qu’il
rissé, velu», ou être un dérivé de l’ancien français conserve jusqu’au XVI” s. (1580, hiemul). C’est un
hisde, hide <horreur, frayeum Ce dernier est clas- emprunt savant à l’adjectif latin hiemulis, dérivé de
siquement considéré comme issu de l’ancien haut hiems &ivep t+ hiberner, hiver).
allemand “egisti ahorreurn (devenu eiisde en + Hiémul est un terme d’emploi aujourd’hui litté-
gallo-roman), dérivé du verbe “egis8n aefkayern. raire au sens latin d’&ivernal», et didactique en
Mais selon P. Guîraud, l’ancien tiançais hisde se- parlant de plantes ou de certains animaux comme
rait issu du latin hispidus, le h- initial, normalement synonyme de hibernai.
effacé dans un mot d’origine latine, étant ici de na-
F HIÉMATION n. f., emprunté (1866)au dérivé latin
ture expressive.
hkmati, est un terme didactique et se dit spéciale-
4 Hideux a conservé le sens fort qu’il avait au XIIes. ment de la propriété qu’ont certties plantes de
Chydus “qui inspire l’horreur*) : “qui est horrible à croître en hiver.
VO~, <<d’une laideur repoussante- et au figuré
11694) -qui provoque le dégoût moraln ; il garde plus 0 HIER -3 HIE
de force qu’afiem ou horrible, sauf dans un emploi
étendu, en parlant de ce qui choque le bon goût. 0 HIER adv. et n. m., réfection (1176-1181)des
b En dérive HIDEUSEMENT adv. (v. 1185,hisdose- formes ier, er (10801,est issu du latin heri (adv.1
ment, hidusement ad’une manière effrayanten). &ierB. Les formes venues de l’indoeuropéen sont
+De l’ancien français hi.& est issu HIDEUR n. f. simples, comme celles du latin, ou comportent un
qui apparaît, comme hideux, au début du XII~s. sous groupe initial : sanskrit hy@, irlandais in-dE Le h
la forme hisdur =efTroi, horrew, puis hidor «laideur initial a été rétabli au moyen âge pour éviter la lec-
extrêmen (v. 1210) et sous la forme actuelle vers ture ier.
1240 au sens d’«efRob, d’où celui de achose hor- 4 Hier se dit d’abord du jour qui précède immé-
rible, hideusen Iv. 1393. ~Hideur, peu usité aprés diatement celui où l’on est (1080, adv, ; 1350, n. m.) ;
le xvre s., qualifié par Littré d’aancien mot fort né- cet emploi est souvent précisé par d’autres indica-
cessaire> (1866) et donné comme vieilli par Hatzfeld tions temporelles : hier soir, hier mutin (1080, ier
à la ti du XIX~s., est rappelé à l’usage par l’Acadé- main). Dès la fm du XII~ s., par extension, le mot
rnie (1935) ; il a dû être repris littérairement autour s’emploie à propos d’un passé récent (av. 1188,ier
de 1900 (Bloy écrit : des hideurs sociales). Il reste ce- & une date récente,), ceci jusqu’au XVI~s. et les ex-
pendant d’emploi littéraire. pressions je m’en souviens comme si c’était hier, il
me semble que c’était hier, et les locutions farni-
HIE n. f. est emprunté (v. 1220) au moyen néerlan- lières Ine pasl être né d’hier <(avoir de l’expérienceti
dais heie abélielb; il a été importé en français par (17561, ne pas dater d’hier &re anciena.
des Néerlandais occupés à des travaux hydrau- Le composé AVANT-HIER adv. est une réfection
liques en France. Le passage du -ei- à -i- peut s’ex- graphique Iv. 1220) de avant ier (v. 11701,désignant
pliquer par l’influence des verbes à alternance vo- le jour qui a précbdé hier (aussi employé comme
calique comme preîer/prier. Le déverbal de hier substantif).
kf. ci-dessous), hic ecoup~ était usité en ancien
fkançais dans les expressions a hic «avec force, & HIÉRARCHIE n. f. est une réfection étymolo-
coups redoublésm Il 176-11813 et a une hie <d’un gique (15451de gerurchie ( 13321,mais la prononcia-
coup» (1174-1177).Sa date d’attestation laisse sup- tion gerurchie se maintient jusqu’à la &II du XVII~s.;
poser que le verbe est plus ancien et donc directe- le mot est emprunté au latin ecclésiastique hkrur-
ment emprunté au moyen néerlandais, hie venant chia kxes-1, du grec ecclésiastique hkrarkhiu egou-
soit de cette langue par emprunt, soit du verbe. vernement des choses sacrées>, composé de hier-os
+Hic, d’abord amaillet de fer pour défoncer les csacréu (3 hiératique, hiéroglyphe, hiérophante) et
murw, désigne un instrument servant à enfoncer de arkhê <commandementD I-+ -archieI.
les pavés (v. 14151, aussi nommé dame, demoiselle. + Au début du XIV” s., hiérarchie est un terme de
b Le verbe 0 HIER Iv. 1200, hi&) sime en emploi théologie; il se dit de l’ordre et de la subordination
intransitif <(frapper avec un maillet, un bélier>> des chœurs des anges (1332; 1521, zkrurchtez ce-
(cf. moyen néerlandais heien, de même sens); il est lestes), puis Cv.13891des divers degrés de l’état ec-
peu usité au sens technique (1611, tr.) d’aenfoncer clésiastique. En même temps apparaît Iv. 13891,par
avec la hien, 0 Le dérivé HIEMENT n. m., terme extension, le sens d’cordre et subordination des
technique 115491, peu usité, s’écrit aussi himent rangs, des pouvoirs, dans une sociétéa, d’où plus
(xx” SJ. tard l’expression hiérarchie militaire knil. xrxes.1,Le
sens figuré de 4ass%cation selon une échelle de
HIÈBLE ou YÈBLE n. f., attesté sous la forme valeur, de grandeur ou d’importance% est attesté
ybles au XU~s. (hieble, déb. XIV s.), est issu du latin au XVIII~ s. (1784).
ebulum, mot d’origine incertaine qui a donné l’ita- ~HIÉRARCHISER v. tr., dérivé de hiérarchie, est
lien ebbio, l’ancien provençal wol. Le h initial est attesté en 1834 (chez Balzac) avec le sens d’aorgani-
apparu au moyen âge pour éviter la prononciation ser selon une hiérarchie~~; il signZe par extension
jèble. ticlasser selon un ordre de valeur ou d’impor-
4 Hiéble désigne comme le mot latin un sureau à tancen; le participe passé est adjectivé (1840). 0 En
tige herbacée, communément appelé petit sureau. dérive HIÉRARCHISATION n. f. (1840).
HIÉRATIQUE 1720 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Deux autres mots sont empruntés au latin. HIÉ- glyphe. L’adjectif qualtie une écriture formée
RARCHIQUE adj. IXVI” s.) apparaît d’abord sous les d’hiéroglyphes égyptiens lescriptures hierogly-
formes ierurcicque (XIV” sd, iherurchique (xv” sd; phiquesl et ce qui apparait énigmatique.
c’est un emprunt au latin ecclésiastique hierw- Tous les dérivés français sont postérieurs à Cham-
chicus (v. 1238) Mrelatif à la hiérarchie>, dérivé de pollion, ce qui manifeste aussi la *sion des mots
hierurchia; il est employé dans un sens religieux hikroglyphe et hiéroglyphique. *A partir d’hiéro-
jusqu’au XVIII~ siècle, L’extension au domaine pro- gZyphe ont été formés les termes didactiques HIÉ-
fane apparaît avant 1752 (Voltaire). oLe dérivé ROGLYPHITE n. m. (1858, Th. Gautier), nom
HIÉRARCHIQUEMENT adv. (1690) est assez usuel. donné, en parlant de Wntiquité égyptienne, à un
HIÉRARQUE n. m. est emprunté ( 1551, hierarche) savant expert en hiéroglyphes, mot sorti d’usage.
au latin ecclésiastique hkrarcha (19 s.1,titre hono- * HIÉROGLYPHISME n. m. (18721, asystème
tique employé pour un éveque, du grec hierur- d’écriture qui fait usage d’hiéroglyphes>>, est au-
khês «grand prêtre du culte impérial dans les pro- j ourd’hui archaïque. -Les adjectifs HIÉROGLY-
vinces de l’Empire romain%; le mot désigne les PHÉ, ÉE Mcouvert d’hiéroglyphesn (1851, Murger) et
hauts dignitaires de l’Église orthodoxe puis, par fi- HIÉROGLYPHIÉ, ÉE 4ransformé en hiéro-
gure (xx” s.1 dans un emploi littéraire, un person- glyphesm 11830, Balzac) sont attestés une seule fois.
nage important dans une hiérarchie. +De l’adjectif hi&ogZwhique dérive HIÉROGLY-
PHIQUEMENT adv. (1822, Champollionl, d’emploi
HIERATIQUE adj. et n. m. est un emprunt sa- didactique.
vant ( 1562) au latin impérial hieruticus, du grec hk-
ratihos ((de prêtre» ou “qui concerne les usages sa- HXÉRO GRAMME -3 HIÉRATIQUE
crésn, de hieros +acrén.
4 Hiératique, “qui concerne les choses sacrées, la li- HIÉROPHANTE n. m. est un emprunt savant
turgien, a qualifk au milieu du XVI~s. une sorte de ( 1535) au latin chrétien hierophuntes, du grec hiero-
papier utilisée dans 1’Antiquité pour les livres sa- phuntês <<prêtre qui explique les mystères sacrés»,
crés. ~AU xY s., l’adjectif 11822, ChampolIion) se mot composé de hieros <sacré, et du radical du
dit de l’écriture cursive ancienne des Égyptiens verbe phuinesthui afaire brillern, Nfaire voir>, xpa-
(opposé à éctiture domotique et à écriture hiérogly- raîtrem.
phique). Q L’adjectif s’emploie aussi (1843, Gautier1 +Hiérophunte, terme didactique, désigne en par-
en art, à propos d’un style imposé par une tradition lant de l’Antiq$é grecque le prêtre qui présidait
sacrée puis, par extension, hors de tout formalisme aux mystères d’Eleusis et instruisait les initiés, d’où
religieux, de ce qui semble réglé par une tradition, le sens figuré de cprêtre, pontife>>.
un rite, etc, 11862, Flaubert) : un visage hiératique. .En dérive le terme didactique HIÉROPHAN-
0HIÉRATIQWEMENT a&. est attesté en 1855 et TIQUE adj. (1852, Nerval). + Le mot apparenté HIÉ-
HIÉRATISME n. m. en 1858 (Goncourtl. + HIÉRO- R~PHANIE n. f. <<manifestation du sacrés a été
GRAMME n. m. est un composé savant (1830) du forgé par l’historien des religions Mircea Eliade
grec hieros et de -grumme, du grec gravnma, pour Ipubl. 19491,
ccaractère de l’écriture hiératique)). Toute la série
est d’emploi didactique ou littéraire. HI-FI + FIDÉLITÉ (à FIDÈLE)
+ VOiI- HIlkROGLYPHE, HIÉROPHANTE.
HIGH-LIFE n. m., mot anglais introduit (1818)
HIÉROGLYPHE n. m. est un dérivé régressif par A. de Mareste dans une lettre à Stendhal, est
(1546) de l’adjectif hi&ogZyphique, emprunt savant composé de high Mhautle)>> et life <vie», employé
(1529) au bas latin hkroglwhicus, hellénisme, du avec le sens de <haute société, grand monde>. Ce
grec hkrogluphikos désignant l’&criture sacrée)) terme, à la mode au x~l~ s., est aujourd’hui ar-
des anciens Égyptiens, mot composé de hieros usa- chaïque. L’emploi adjectival a été peu répandu
cré)) et d’un dérivé du verbe gluphein ugravem (1874).
+Hiéroglyphe s’emploie en parlant du caractère p Les dérivés HIGHLIFEUR n. m. (1866) amondain,
des anciennes écritures égyptiennes et par exten- et HIGHLIFER v. intr. (1869) wivre selon la high-
sion ( 1690) des signes de l’écriture utilisée en Asie life>) ont été utilisés dans les années 1870.
Mineure, du xrve au VII~s. av. J.-C. en Syrie du Nord. HIGH TECH adj. et n. m., emprunt Il9801 à l’anglo-
Le mot désigne ensuite tout signe d’une écriture américain, abréviation de high technology, s’ap-
qui fait usage de figures ou d’idéogrammes. Le sens plique à un style d’architecture utilisant des élé-
figuré de <<signe, écriture impossible à déchifYrern ments industriels.
apparaît à la fin du XVII~ s. (1689, M?” de Sévigné>,
d’où l’emploi littéraire du mot pour parler d’une HI-HAN onomatopée, est attesté en 1670, après
chose obscure, énigmatique. ~L’étude des hiéro- hi ha, 1606.
glyphes égyptiens au XVII~ s. et surtout leur dé- + Le mot, aussi substantif (des hi-hans), note le cri
Chi%-age par Champollion Ci8221 aboutissent à une de l’âne, un braiement.
meilleure analyse de ce type de caractères, mi-
idéographique, mi-phonétique et donnent au mot HILARE adj ,, réfection de la Renaissance ( 1519)
une valeur plus précise (distincte de pictogrumme, des formes hyluire (XIII~s.,Dauzat, mais le texte cité
tiogrumme). est sans doute du xve s.), isluire (1360-13701, est un
b HIÉROGLYPHIQUE adj. est directement em- emprunt savant au latin hiluris (d’abord hilum),
prunté au grec et est attesté (1529) avant hibo- lui-même du grec hiluros ajoyeuxn.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1723 HIPPIE

4 Le mot hilare est très peu usité entre le xwe et le b HIPPIATRIE n. f. ( 1534, Rabelais), dérivé savant
XIX~ s. et n’appara3 dans les dictionnaires que vers du grec hippiutros, de -~&OS ((médecin=, est un
la Cn du XIX~ s. ; il est admis par l’Académie en 1935. terme didactique signi&nt amedecine des che-
Des variantes sont attestées dans Trévoux MU- vauxB. 4l a été concurrencé puis remplacé par
rieu, 1771) et chez Chateaubriand Ihilareuxl. Le HIPPIATRIQUE n. f. (17501, aussi adjectif ( 18231, du
mot Sign%e “qui est dans un état d’euphorie, de grec hippiatikos equi concerne l’art vétérkMre*
douce gaietés et se dit par métonymie de ce qui tra- (de hippiutrosl . HIPPIATRE
+ n. (1772, du grec hip-
duit cet état (~72 visage hilare1 ; il s’emploie au fi- piutros) est vieilli.
guré, en parlant de choses, avec le sens de HIPPODROME n. m. est un emprunt (XIII~s.) au la-
Hcomique , plein d’ entrainm . tin classique hippodrome, du grec hippodromos
F HILARITÉ n. f., d’abord tiarité (XIII~4, hylarité (de dromos ccourse»; -) -drame). *Le mot est at-
11374), sous la forme moderne au xwïkes. 11769, Vol- testé isolément au XIII@ s. Cypodromel au sens de
taire), est emprunté au dérivé latin hilaritas, Le *cirque pour les courses de chevaux}}, à propos de
mot, comme hilare, s’est peu employé entre le XVI~ Z’Antiquité ; il est repris chez Rabelais 11534) avec ce
et le XVIII~s. et a eu d’abord le sens de ajoie douce et sens. Par extension, il désigne un champ de
calmem ; le sens moderne, abrusque accés de courses (1828) et est devenu courant avec la vogue
gaieté}}, appartit au début du XIX~ s. (1820, Michelet). des courses de chevaux.
+ HILARANT, ANTE adj. est emprunté (1805) au WIPPARQUE n. m. est un emprunt didactique
latin hilaruns, participe présent de hilurare ( 17651 au grec hippurkhos =Commandant de cavale-
rie- (de arkzhein ecommander4, dont il garde le
(rendre gain. D’abord attesté comme terme de
sens en parlant de YAntiquité grecque. +HIPPAR-
chimie (18051 dans gaz hilarant <gaz qui produit
CHIE n. f. <division de cavalerien est emprunté
une sotie d’exaltation>, il est employé assez vite au
(1832) au dérivé grec hippurkhia.
sens général de “qui rend gai, provoque le riren
HIPPOPHAGE adj. et n., terme didactique (1827,
(1834; 1832, hihriantl. 4 Son équivalent EXHILA-
de -phugel signifie «qui mange de la viande de che-
RANT, ANTE adj . (16691, tiré du participe présent
val>>. +l?n dérive HIPPOPHAGIE n. f. 11832, de
de l’ancien verbe exhilarer, est d’usage littéraire.
-phugie), d’où HIPPOPHAGIQUE adj. (1836), plus
HILE n. m. est un emprunt savslllt ! 1600) au latin usuel dans boucherie hippophagique (qui tend à dis-
hilum apoint noir au haut d’une fèvem et au figur6 paraître après 1950).
an rien, petite parceUeB. HIPPARION n. m. est un emprunt (1843) au grec
hippurion «petit chevaln ou ajeune cheval)), dérivé
4 Hile est d’abord attesté comme terme de bota-
de hippos; il est utilisé en paléontologie pour dé-
nique, acicatrice laissée par le tégument d’une
signer un mammifère fossile du tertiaire considéré
graine par la rupture du funicule>>, puis au XIX~ s.
comme l’ancêtre du cheval.
(1845) par analogie, comme terme d’anatomie avec
HIPPOLOGIE n. f. (1855, de -logiel, terme didac-
le sens de &Point, généralement déprimé, par où un
tique, signifie aétude du chevals. + ll a pour dérivés
viscère reçoit ses vaisseaux et ses nerfs-. HIPPOLOGIQUE adj. (17761 et HIPPOLOGUE n.
b Du second sens dérive l’adjectif didactique HI- (1866).
LAIRE (1834 ; ganglions hiluires). HIPPOMOBILE adj. et n. f., terme didactique (de
-mobile, d’après automobile), sime (1897) amû par
HINDOU, OUE adj. et n., aussi écrit itiu, est un ou plusieurs chevaux>, *qui utilise des chevaux» ;
un dérivé 11653) du nom propre 1nde I+ indien) le nom féminin (18961 est à peu près sorti d’usage,
d’après la forme autochtone hindu-; la graphie hin- après avoir eu des emplois administratifs assez
dou n’apparaît qu’au début du XX’ s. (attestée 1832). courants, en opposition avec automobile, quand ce
4Hindou, ade l’Inde et relatif à la civilisation brah- dernier mot était nouveau.
maniqueti, est parfois employé pour indien*, à HIPPIQUE adj. représente un emprunt (1842) au
cause de l’ambiguïté de ce dernier terme. grec hippikos arelatif aux chevaux>, dérivé de hip-
+Le mot a fourni tardivement les dérivés HIN- pas, Le mot conserve le sens du grec puis signSe
DOUISME n. m. (18761, Rreligion brahmanique pra- surtout crelatif aux courses de chevaux- (cf. chroni-
tiquée en Inde-, et HINDOUISTE adj. et n. 119511. queur hippiquel. +En dérive HIPPISME n. m. (18981
HINDI n. m. et adj., attesté en 1815, est un emprunt ~sports hippiques), équivalent de l’anglicisme turf:
à l’une des principales langues parlées en Inde, 0 voir HIPPOCAMPE, HIPPOGRIFFE. HIPPOPOTAME.

pour désigner cette langue qui appartient au


HIPPIE ou HIPPYn. et adj., répandu vers
groupe indoeuropéen oriental et dérive du sans- 1967 en françak, est emprunté à l’américain hippy
krit. +On l’appelle aussi HINDOUSTANI n. m. et n., d&ivé de hip (variante hep1 “qui est initié, au
adj. Il 8 141, antérieurement l’indistunni (16531, du courant de ce qui est nouveau)), d’origine inconnue.
nom géographique Hindoustan, partie principale
+ Le mot, d’abord en américain, désigne des per-
de la péninsuIe hindoue.
sonnes, en général jeunes, qui rejettent les valeurs
HIP (répété) + HOURRA sociales et culturelles de la société de consornma-
tion (mode de vie, recherche de l’argent, gofit de la
HIPP-, HIPPO-, premier élément tiré dugrec technologie, etc.1 et le nationalisme. En 1990, hippie,
hippos achevalu qui se rattache à une racine in- comme beatnik, évoque surtout la décennie 1960-
doeuropéenne “ekwo- acheval (-, équestre), entre 1970, mais le mot reste vivant pour évoquer un état
dans la composition de mots savants formés en d’esprit, tout comme baba cool, autre anglicisme
français ou empruntés au grec ou au latin. vieilli, écoto, etc.
HIPPOCAMPE 1722 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+Les dérivés HIPPISÉ, ÉE adj. (1968) et HIP- HIRONDELLE n. f. a été emprunté (1546, hy-
PYSME n. m. (1968; parfois écrit hippkme par plai- rondelle, Rabelais1 à l’ancien provencal irondela
santerie) ont eu une existence éphémère. (XI” s-3, diminutif de irunda (XII” s.), issu d’un latin
populaire “hironda, déformation du latin classique
HIPPOCAMPE n. m. est un emprunt (1561) au hiWnd0.
latin hippocampus, nom d’un poisson qui porte la
4HirondeUe s’est substitué à l’ancien français
tête inclinée contre la gorge, comme le cheval dont
ARONDE n. f. ClOSO,de hirundo) et à son dérivé
il rappelle le profil, et nom d’un animal mythique
ARONDELLE n. f. (XII” s.1; uron& survit dans cer-
avec un corps de cheval et une queue recourbée de
tains parlers régionaux et s’emploie comme terme
poisson ; le latin est emprunté au grec hippokam-
technique : à queue d’aroti ( 1458; 1409, queue
pos, composé de hippos Nchevala> et de kzampos
d’alonck) se dit d’un assemblage dans lequel le te-
<<sorte de poisson>>, de kzampê <courbure>>.
non s’élargît en forme de queue d’hirondelle;
+ Le francais conserve les sens de l’étymon. Malgré queue d’aronde El6901 ou aronde désigne en archî-
sa nature savante, le mot est usuel; dans la tecture un crampon de même forme; on dit aussi
conscience populaire, l’animal marin qu’il désigne queue d’hironde Il 6941, d’hirondelle. 4 Hirondelle
n’est pas considéré comme un poisson. 0 Par ana- désigne un oiseau migrateur à queue fourchue et,
logie de forme, hippocampe désigne en anatomie qualifk, d’autres oiseaux 11611, hirondelle de mer
Id s.1 une région du cerveau. ccsterne4. 0 Le mot entre dans la locution tid d’hi-
HIPPOCRATE n. m. est emprunté (av. 1845) rondelle (1878) désignant abusivement les matières
au nom propre Hippocrate, célèbre médecin grec végétales malaxées par un autre oiseau, la salan-
du v” s, av. J.-C., par le latin Hippocrates. gane, mets apprécié en Extrême-Orient.
Par analogie Iforme qui rappelle l’hirondelle ou ses
+Le mot s’utilisait, écrit avec ou sans majuscule,
ailes), hironckile (d.e mer1 désigne parfois un pois-
par plaisanterie, pour ~~médecin>.
son, l’exocet volant ( 1553) et le mot s’est dit d’un pe-
b HIPPOCRATIQUE adj., attesté en 1658, est cer- tit bateau à vapeur rapide (1626). Il s’est employé fa-
tainement antérieur, comme le montre le dérivé milièrement (17041 pour dénommer certaines
HIPPOCRATIQUEMENT adv., relevé en 1579. religieuses (leur voile allongé étant comparé à une
0 L’adjectif est emprunté au d&ivé bas latin hippo-
aile1 et comme équivalent d’aagent cycliste- (1837,
craticus (rv” s.l. Il se dit de ce qui est relatif à Hippo-
hirondelle de la grkve, Balzac ; 1915, ~~gendarme~),
crate et à sa doctrine, puis il signifie ( 1814) digne
probablement par allusion au vktement de l’agent
d’I-lippocrate~~, d’où (digne d’un médecin>. Le mot
volant au vent. Par allusion aux migrations de l’oi-
est employ6 ensuite comme terme de médecine
seau, hirondelle désignait diverses professions sai-
dans des syntagmes: face, fac& hippocratique
sonnières, par exemple le ramoneur, le marchand
i 1862), doigts hippocratiques (ou hippocratisPne dia-
de marrons ( 1873, hirondelle d’hiver), qui venaient
tal, 1876). *Un autre dérivk didactique du nom
dans les villes, notamment SCParis, au début de l’hi-
propre, HTPPOCRATISTE n. apartisan de l’hippo-
ver.
cratisme}}, apparaît à la -fin du xves. (1478- 1480, ypo-
crutite); il est employé par Claude Bernard dans HIRSUTE adj. est un emprunt savant (1802) au
son 1pttioduction ct la médecine expétimePztale latin classique hirsutus ~hérissé~, spécialement
(1865). +HIPPOCRATISME II. m. (1719) désigne la terme de botanique. Le mot, probablement d’ori-
doctrine hippocratique. gine populaire, semble dérivé d’un nom en u- non
attesté, “hirsu-, (cf. comu/comutus) et est sans
HIPPOGRIFFE n. m. est emprunté (1556,
doute lié à l’adjectif classique hitius apointu, plein
Ronsard, hippomfe) à l’italien ippogrifo, mot
composé par 1’Arioste dans Le Roland furieux à d’aspérités)).
partir du grec hippos (cheval}> (+ hipp-, hippo-1 et 4 Il est introduit en botanique au sens de ((garni de
de l’italien @-SO~~grif?on~~ I+ @on). longs poils fournis*. Par métaphore (av. 18411,il se
4 Le mot designe, comme son étymon, un cheval à dit pour «bourru, @ossier)); par extension @n
tête d’oiseau, né d’une jument et d’un griffon. Mal- ~IX’ s.1 appliqué à une personne, il signSe &bou-
larme 11898) l’utilise figurément. ri%, échevelé)) We hirsute) d’où, par métonymie,
personne hirsute. -+Le mot substantivé, en histoire
HIPPOPOTAME n. m., d’abord attesté sous littéraire, désigne un cénacle parisien de la ti du
la forme ypopotamox (1180- 11901,sous la forme mo- XIX” siècle.
derne en 1546 (Rabelais), est emprunté au latin îm- F HIRSUTISME n. m., terme de médecine (19201,
périal hippopotamus, du grec hippopotames, pro- Sign%e «développement excessif du système pi-
prement <cheval du fleuve)) (spécialement du Nil), leux».
composé de hippos uchevalm (+ hipp-, hippo-1 et de
potamos deuve» ; on trouve, formées par haplolo- HISPANIQUE adj. est un emprunt Il5251 au
gie, les graphies ypotume (v. 12651, ipotham latin impérial hispanicus, dérivé du classique H~T-
(v. 13301,encore au XVII~s., et hipotame 116801. pania NHhpanieB, de Hispani, nom de peuple, plu-
4 Le mot conserve le sens zoologique, désignant un riel de Hispunus. Le mot, attesté isolément en 1525
gros mammifère ongulé; par figure, il signSe Nper- (1527, yspuniqud, est repris au x& s. (1832).
sonne énorme)> (1856, Hugo). + 11signSe “qui a trait à l’Espagne, aux Espagnols)).
.En dérive HIPPOPOTAMESQUE adj. “qui rap- F En dérivent HISPANISME n. m. (1725, sur le mo-
pelle un hippopotame>> (1838) ; Th. Gautier utilise la dèle de angkisme, etc.) et HISPANISANT, ANTE
variante HIPPOPOTAMIQUE adj. (1838). n. (1863) ou HISPANISTE n. cv.19%).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1723 HISTOIRE

HISPANO-, élément tiré du latin hispanus Respa- me racine indoeuropéenne oweid-, Comme le Sa31s-
gnob, entre dans la composition de plusieurs mots : krit Yédu et le latin Vi&re woiw
HISPANO-AMERICAIN, AINE adj. et n. 11845); + Histoire a d’abord eu, avec diverses formes, MO-
HISPANO-ARABE adj. (1867); HISPANO-MAU- &, stoti et pour le suffixe francisé -oire, estotie
RESQUE adj. (18981, spécialisé en art décoratif (dominante au moyen âge>, le sens de wécit des
k-f. mudéjur et mozarube, en histoire de l’art); HIS- événements de la vie de qqnD (déb. XII~s., istoti;
PANO-MEXICAIN, AINE adj. (ti S.I. V. 1105, storie). Puis le mot prend un sens plus large
CV, 1155, hystoire) *récit des événements relatifs à
HISSER v. tr., d’abord sous la forme de l’impé- un peuple, à l’humanité en général*. A partir du
ratif, inse 11552, Rabelais) puis ysser (15731, est un XII~ s., il désigne l’ensemble des connaissances sus-
emprunt au bas allemand hissen aélever à l’aide ceptibles de prendre une forme narrative, et rela-
d’une cordes (cf. moyen néerlandais hischen, hij- tives à l’évolution de l’humanité Cv,1265, i-store); il
schenl, qui serait de formation onomatopéique. recouvre alors ce qui met en jeu la mémoire et
+ Le verbe garde le sens de l’étymon et s’emploie s’oppose & la poésie kréationl, à la philosophie (sa-
couramment dans hisser k drapeau, les couleurs. gesse) et aux beaux-arts. 0 De la valeur générale,
L’interjection hisse! oh! hisse, tirée de l’impératif aobjet de mémoire et de narration>, vient histoire
du verbe, est attestée en 1773 ( 1701, hisse!). Se his- naturelle Gvre décrivant les choses de la nature*
ser signifie par extension (av. 1794) «s’élever avec (15511 puis (1765) «étude des corps observables dans
effortp, puis s’emploie au figuré (déb. XX~s.) au sens l’univers, spécialement sur terreD (botanique, géo-
de -s’élever-n. logie, comme dans l’H&oire naturelle de Pline);
l’expression est remplacée aujourd’hui par
HIST-, HISTIO-, HISTO-, élément tiré du sciences naturelles. 0 C’est au ~II~ s. que sont at-
grec hlstos *métier de tissera;ndm d’où, par exten- testés le sens de am6moire que la postérité garde
sion, ace que l’on tisse», dérivé de histunui &es- du passé, 116461 et htitoire peinte (16111, puis tu-
ser». II entre dans la formation de mots savants bZeuu d’histoire (16801, aoù le peintre représente un
(biologie, biochimie, médecine). faits ( 1690, peintre d’histotrel. 0 Philosophie de I’his-
ä HISTOLOGIE n. f. (1823, de -LO@~I ascience qui taire, ascience des lois qui régissent les événe-
traite de la structure des tissus et des cellulesn, mentsm, appardt au xvr$ s. (17651, mais s’emploie
d’où HISTOLOGIQUE adj. (18323, HISTOLOGISTE surtout à partir du xrxesiècle. *En même temps
n. 118401, variante HISTOLOGUE, forme une Série que son acception généraJe teensemble des
de termes très vivants. + HISTOGÈNE adj. (1873, connaissances. A, à partir du XIII~s. histoire anarra-
de -@ne) “qui donne naissance aux tissus VivantsD tiens désigne la représentation d’une scène à plu-
et nom masculin 119311, Ksubstance qui favorise la sieurs personnages (v. 1240, hystoire); cette valeur
régénération d’un tissu,. + HISTOLYSE n. f. (18901, se développe ensuite et le mot s’emploie pour des
de -Zyse, succède à hystolisie, histolysie ( 18751 dis- œuvres qui représentent de telles scènes, une ta-
solution de tissus vivantsb). - HISTIDINE n, f. 11897) pisserie (En XIVes-1 ou un ouvrage de sculpture
est emprunté au mot allemand créé par A. Kossel (14171, d’où tailieur d’histoire wulptew (v. 15601,
(1896) à partir du grec histos pour désigner un et, par ailleurs, un jeu mimé (14491, un mystère En
acide ami&; de histidiw et amine* vient HISTA- XVe S.I.
MINE XLf. Imz” s.; 1913, en anglais, histumin). 0 Ce Parallèlement aux emplois concernant la collecti-
terme de biochimie a fourni HISTAMINIQUE adj. vité, histoire se dit à partir du XVII~ s. d’une aventure
Mil. XX~ s-1, qui a lui-même donné ANTIHISTAMI- arrivée à une ou plusieurs personnes (16361, puis
NIQUE adj. et n. m. 11950) aqui combat les effets de une succession d’aventures (16701, et désigne des
l’histamine~. + HISTONE n. f. ( 1904, du grec histos propos mensongers, pour tromper et mystser
et suffixe -one; cf. 1900, histon) est le nom d’une (16631, devenant un équivalent de abalivernes, niai-
protéine simple, créé en allemand fiiston) par serie= (16681. Ces emplois extensifs donnent lieu à
A. Kossel (1884). une série de locutions, comme des histoires *des
0 voir HISTOGRAMME. manières a$ectéess ( 16901, faire hherclierl des bis-
toires <des difkult&, des embarrasm (17321, c’est
HISTOGRAMME n, m. est un emprunt (1956) une autre histoire ac’est une chose bien &fErentem
à l’anglais histogrum 11891, Karl Pearson), du grec ( 16901, faire une belle histoire <exciter des rumeurs~
histos titissuD (+ hi&-), pris au sens de <réseau, ( 17471. 0 En marge de ces emplois, on peut men-
graphem, et de -grum I+ -gramrneI. tionner une spécialisation concrète, où histoire cor-
+ C’est un terme de statistique qui désigne un gra- respond à un euphémisme Cachosem, ~rnachin~)
phique représentant la densit6 d’un effectif en pour aparties sexuelle+ ( 1611, au plurieLl.
fonction des valeurs d’un caractère. Histoire, on l’a vu, contient depuis la latinité Ihkto-
riu1 l’idée de wécitn fondé sur l’établissement de
+k HISTOIRE n. f. est un emprunt adapté, faits observés Wymologiquement, wrs~) ou in-
d’abord sous la forme ~S~OI%Idéb. XII~s.), au latin venté. Mais le mot n’a pris le contenu que nous lui
historiu arécit d’événements historiquew, <objet de connaissons que depuis le xY s., même si une ré-
récit historiqueb, mais aussi arécit fabuleux, sor- férence à l’évolution de l’humanité est introduite
nette% lui-même pris au grec histotiu <recherche, dès le XIII~ siècle. Le récit des événements, construit
enquête, informationn et &sultat d’une enquêteu, dans beaucoup de documents ou à partir de té-
d’où Nrécitb, *œuvre historique)>. Le mot appartient moignages, a gardé longtemps des buts moraux ou
à la famille de etin& usavoirn, gui se rattache à a été utilisé comme argument de polémiques; au
HISTORIER 1724 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

moyen âge, les chroniques Vidée dominante est logie de l’histoire, figurent dans la traduction de
alors la temporalité), les hagiographies ne se sé- Berdiaev par S. Jankélétitch (19481.
parent que très lentement de l’épopée. Les re- @ Voir HISTORIER, HISTORIOGRAPHE, HISTORIQUE.
cherches archéologiques ou numismatiques, nées
à la Renaissa;nce, relèvent de la curiosité d’ama- HISTORIER v. tr. est un emprunt (fm mes.,
teurs et de la sensibilité esthktique ou morale sans hystoryerl au latin médiéval historiare Cv.11501,déjà
être encore exploitées comme docwnents. Avec le en bas latin au sens de achercher à s’informer)), dé-
romantisme, l’histoire explicative trouve d’autres rivé de historiu (+ histoire).
motifs; Michelet ouvre son Histoire de Z+unce par + Le verbe a d’abord signi% Mracontep et s’em-
un tableau géographique, interprétant les faits pas- ploie, dans le domaine des arts 11409-14101, au sens
sés par le milieu et la race; l’histoire positiviste de <<décorer de scènes à personnages», en parti-
IA. Comte) présente le passé en un récit de causes csulier de scènes tirées de la vie des saints, appelées
et de conséquences. Enfin, après 1850, la méthode histoires au moyen âge. Par extension ( 15421, hbto-
critique d’analyse des documents est établie, elle rier sime aornep.
aboutit a un effacement de l’historien, qui se veut .De ce verbe dérivent HISTORIEUR n. m. 11495)
comme un naturaliste devant l’archive. C’est aussi <<artiste qui enluminait les manuscrits~) (cf. enlumi-
dans la seconde moitié du xr9 s. que se construit neud et HISTORIk ÉE adj. (1487, histoiré), terme
une histoire spécialisée (histoire de Z’ati, de la litté- d’art employé dans un contexte religieux ou pro-
rature, etc.). La rupture avec cette histoire qui re- fane. Le manusctit historié comprend des figures
fuse l’interprétation s’effectue au xxe s. avec la col- (enluminures, miniatures) impliquant un contenu
lection MÉvolution de l’Humanité» 11920, H. Berr) narratif; la notion exclut donc en principe les illus-
puis la revue «Annales d’histoire économique et so- trations d’une autre nature (décor géométrique,
ciale» (1929, L. Febvre et M. Bloch) ; c’est alors qu’on végétal, etc.). A l’époque classique, ouvrage historié
oppose une histoire événementielle, voire une pe- (16361 désigne un jardin artticiel, une peinture ou
tite histoire anecdotique, à la nouvelle histoire, qui un dessin de jardin.
élargit ses objets, scient%se ses méthodes (sciences
HISTORIOGRAPHE n. est un emprunt
annexes de l’histoire3 et participe à l’interprétation,
(1213, hystotigrphe) au bas latin historiogruphus,
parfois à l’explication des évolutions humaines.
du grec historiogruphos «historien>>, de historia
wPlusieurs mots sont des dérivés savants du latin (+ histoire) et gruphein &rire~ (+ -graphe). On re-
historia. HISTORIEN, IENNE n., attesté en 1213 lève en ancien français la forme storiogruphe
sous la forme ystorien, Sign%e <<auteur d’ouvrages (v. 13001; à partir du xv” s., plusieurs termes
d’histoireb (le contenu de la notion ayant changé au coexistent avec historiographe : histotigrlpheur,
cours du temps, voir ci-dessus) et, spécialement au- hktotigruphten (xv” s-1,histokegruphe En xv? s.l.
jourd’hui, 6pécialîsk de la science historiquem ; on + Le mot désigne un écrivain chargé ofkiellement
a aussi employé hystoristre 112131,hktotiur 11393) d’écrire l’histoire de son temps, sens courant aux
et historieux (xv” s., n. m.; XII~s., adj., kistoriqueu). XVII~-XVIII~ s. Ihistotigraphe du roi, titre porté par
Par extension, le mot a désigné un peintre d’his- Racine et Boileau), et s’emploie par extension au
toire krxe s.1 et se dit pour ((étudiant; en histoire)) sens d’&istorienn ou plutôt d’krivain historiquen.
CxY s.l. Au sens figuré de apersonne qui raconte ~HISTORIOGRAPHIE n. f., attesté d’abord au
une suite d’événements)), le mot est vieilli. Le fémi- sens d’((histoire)) ( 1498-15021, est un dérivé d’hzkto-
nin historienne est rare jusqu’au XIX~ et ne se ré- riographe ou un emprunt au latin médiéval histo-
pand que dans la deuxième moitié du XX~siècle. riographia Cv.9421,repris du grec. 0 Le mot, d’em-
Voir aussi historique. +Le dérivé fknçais HISTO- ploi didactique, désigne le travail de l’histo-
RIETTE n. f. ( 1650, M”” de Sévigné) désigne le récit riographe 11750, Voltaire écrit historiographerie) et,
d’une petite aventure. par métonymie (18451, un ensemble d’ouvrages
PRÉHISTOIRE n, f., composé 118721 de pré- et bis- d’historiographes, puis le discours historique sur
taire, d’après préhistorique attesté antérieurement, un sujet ou une période. oF!,n dérive l’adjectif
et employé comme substantif (+ historique), dé- HISTORIOGRAPHIQUE (1832).
signe l’ensemble des faits antérieurs à l’apparition
de l’écriture, incluant alors la protohistoire, et, plus HISTORIQUE adj. et n.m. est un emprunt
strictement, antérieurs à la première métallurgie. (seconde moitié du xve s.1 au latin historicus, du
Le mot Sign%e également flscience qui étudie ces grec hktorikos aqui concerne la connaissance
faitsn. -PRÉHISTORIEN,IENNE n. (d’après hkto- d’une chose>>,en particulier ad’histoire ou d’histo-
rien), =spécialiste de la préhistoireu, est attesté en rien; historiquen, de historiu (+histoire).
1874. +PROTOHISTOIRE n.f, terme didactique + Hktomue Sign%e aqui a rapport à l’histoire, au
(1910, de prote-3, a été formé pour désigner les évé- sens d’étude du passé», d’où =Utilisé par l’histoire*
nements immédiatement antérieurs à l’apparition Documents historiques1 et “qui s’intéresse aux as-
de l’écriture, contemporains de la première métal- pects historiquesn (dictionnaire historique1 ou <<qui
lurgie. 0 En dérivent PROTOHISTORIQUE adj., résulte de l’histoiren cu72enécessité htstoriquel. A
atteste antérieurement 11877, d’après historique), et partir du XVII~s., histotiqw s’oppose à fabuleux, au
PROTOHISTORIENJENNE n. (mil.mes., d’après sens ( 1694) de “qui relève de faits avéré@. 0 Il s’em-
historienl. ploiecommenom masculin (av. 17551au sens d’uex-
MÉTAHISTOIRE n. f. et M~TAHISTORIQUE adj., posé chronologique des faits)), puis de <narration,
employés à propos de la philosophie ou épistémo- I-é&, d’où fuire I’historique d’une question et, par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1725 HIVER

ailleurs, I’historique d’un mot ILittr6). *Historique, Hister (ou Mer), nom latin du Danube inférieur, qui
adjectif, se dit en particulier ( 1740, temps histo- traversait l’lstrie : les Anciens pensaient que les
riques) de ce que l’on peut étudier à partir de docu- premiers acteurs venaient de cette contrée située à
ments écrits (opposé à préhistorique; ci-dessous) ; il l’est de l’Adriatique.
s’utilise spécialement à partir du ~VIII” s. 11763) dans +Histrion est d’abord employé pour désigner un
roman historique, œuvre dont l’intrigue est em- acteur de I’Antiquité romaine jouant des farces
pruntée en partie à l’histoire, puis dans piéce histo- grossi&es ; par extension, le mot prend péjorative-
rique, peinture historique, fdm historique. Depuis le ment le sens de «comédien, (1690). À partir du
WI’ s., historique signifie par extension “qui est ou XIX~ s., il s’emploie pour <charlatan, personne qui
mérite d’être conservé par l’histoire» Ijourmée bis- joue un rôle)> (1819). Le féminin HISTRIONNE est
toripe, etc.), d’où musée historiwe (1840) et la lo- attesté chez Diderot et Huysmans.
cution !19001 monument historique.
wHISTRIONNER v.intr., attesté chez Voltaire
b kk?koti$w a remplacé HISTORIAL, ALE, AUX 11758) au sens de ccabotiner)), est sorti d’usage.
adj., emprunt savant Iv. 13273 au bas latin hidoti- + HISTRIONISME n. m., d’abord C1842) =profession
lis, dérivé de hktoria. Le mot s’était employé au de comédien), se dit ensuite pour <<cabotinage))
XIII~ s. à propos de la Bible dans un sens difkile à (xx” s.1; le mot est également employé dans le do-
déterminer. oLe dérivé inattendu de cet ar- mainepsychiatrique ~~~I~).+HIsTRI~NIQuE adj.
chtisme, HIST~RIALISER v. tr. (<donner une di- (relatif à l’histrion~ (1944) est d’emploi littéraire.
mension h$torique à (qqch&, est attesté en 1943
(Sartre, L%tre et le Néant]. ~L’adverbe HISTORI- HITLÉRIEN, IENNE adj. et n. est dérivé
QUEMENT est attesté en 1627. (1930) du nom d’Adolf Hitler.
De historique, employé substantivement au xwe s. + Le mot concerne le nazisme et son action, plus
Iv. 1510) au sens d’kistorien), dérive HISTORI- que la personnalité d’Hitler.
CTEN n. m. (1567) pour &istoriographeB, disparu au
ä HITLÉRISME n. m. (193.21désigne la dockine et
XVII~siècle.
la politique d’Hitler, le nazisme”.
HISTORICITÉ n. f., <caractère de ce qui est attesté
par l’histoire)~, est un dérivé savant (1866, Amiel) de HIT-PARADE n. m. est un mot anglais des
historique; il a pris spécialement en philosophie États-Unis, emprunté en 1956 (av. 1950, en tiançais
11943, Sartre3 le sens de adimension historique de du Canada) et sigr3ant littéralement Nparade des
1’eXiStHXe~.
succèsm. Il est formé de hit <SOU~~ (de to hit C&ap-
HISTORICISME n. m. 11908) ou HISTORISME,
per>) puis <chance» et usuccès» (déb. XLX~s.1, et de
termes de philosophie, désignent une doctrine se- parade, emprunté au français I-, parade) ; hit «SUC-
lon laquelle toute vérité évolue avec l’histoire et, cès* avait été emprunté antérieurement en fran-
par extension, la tendance à accorder la première
çais (1930).
place à l’histoire pour expliquer tous les faits.
À partir d’historique ont été formés plusieurs + Hit-parade Sign%e <<palmarès des meilleurs suc-
composés. + PRÉHISTORIQUE adj. et n. m. (1864, cès de vente, dans le domaine des disques de varié-
de pré-j est plus courant aujourd’hui que ANTÉ- té+; le mot s’emploie par extension à propos de
HISTORIQUE adj. (1828, de anté-) au sens de “qui toute forme de spectacle ou de manifestation (au
est antérieur à l’apparition des témoignages écrits hit-purude de l’actualité <(au premier planer).
et à l’usage de métauxn. fiéhistorique s’est employé
comme nom masculin ( 18881 pour préhistoire
HITTITE adj. et n. est un emprunt (1884) à l’an-
glais hitite, qui apparaît dans les anciennes traduc-
(+ histoire) qui L’a supplanté. À la fm du XIX~ s., l’ad-
tions anglaises de la Bible, écrit Hettite; les traduc-
jectif s’emploie pour <<relatif à la préhistoire»
tions françaises donnent Hbthben ou Btéen. Le
Iv. 18901 en tant que période, puis ke s.) qualifie la
mot est une adaptation de l’hébreu hite ~MI) et Hé-
science Canthropologk préhtstorique1 et son objet
théen vient de la forme Hethaei de la Vulgate.
d’étude Itechniqua préhistoriques; flore, faune pré-
historiquesl. 0 Par analogie, l’adjectif s’emploie fa- 4 L’appellation hittite s’est imposée en archéologie
milièrement au sens Il9031 de <<très ancien, dé- pour désigner un peuple de Mntiquité, établi en
modé)). Asie Mineure au second miLlénaire avant notre
HISTORTCO-, tiré du radical latin de historicus, est ère, différent de la tribu cananéenne désignée par
utilisé pour former des adjectifs composés, dont le les mots hitt et Hethai. Le nom masculin désigne
sens est «relatif à une discipline considérée sous (xx” s.1la langue parlée par les Hittites, dont le dé-
l’angle de l’histoire>> et <<relatif à la fois à une disci- C=ernent a commencé au début du xxe s. et qui
pline et à l’histoire». On reléve par exemple HIS- constitue un nouveau témoin dans l’ensemble des
TORICO-ROMANESQUE (1833, Musset), HTSTO- langues indoeuropéennes.
RICO-PHILOSOPHIQUE 11853, Flaubert),
HISTORICO-LINGUISTIQUE (1926, L.Febvre),
HIVER n. m. est emprunté (XI” s., iver3 au bas la-
tin hibemum ahivern, du latin classique hibemum
HISTORICO-CRITIQUE (19331, HISTORICO-MY-
tempus ((la saison hivemde~~ ; hibemum s’est substi-
THIQUE bd. mes.), HISTORICO-PSYCHOLO-
tué au classique hiems hiver* (cf. italien inve?no,
GIQUE (1957).
espagnol intiemo; -+ hiberner, hiémall : le h étymo-
HISTRION n. m. est emprunté (1544) au latin logique a été introduit au XIII~s. (1282, hyveir1.
histrio (mime, comédiens et, au figuré, «fanfaron, + Hiver désignant la plus froide des quatre saisons
faiseur d’embarras>. Le mot est peut-être dérivé de de l’année, s’emploie au sens de «température
H. L. M. 1726 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

froide> (v. 1695) et dans quelques syntagmes usuels, enfantsn kwe s.), d’ou cpasse-tempsm (16761, puis est
comme sports* d’hiver. 0 Le mot est utilisé au fi- devenu avec ce sens hobby au début du xrxe siècle.
guré comme symbole de tristesse (av. 1560, Du Bel- + Hobby-home, arnanien en français (+ dada), n’est
lay, Z’hyver de mes ennuis) et de vieillesse 11629, I’ht- plus en usage. Hobby s’emploie au sens de Npasse-
ver de la vie) ; il signifie GannéeB dans le contexte de temps pour se distraire=,
la vieillesse Isokante hivers).
b HIVERNER v., d’abord sous la forme ivemer, est HOBEREAU n. m., réfection (1377) de hoberel
emprunté d’après hiver au latin classique hibemure (v. 11951, est dériv& avec modikation, de l’ancien
&tre en quartiers d’hivern, dérivé de hibemus tian@s tibel désignant un petit oiseau de proie
b hiberner). 0 Le mot sign3e (1190-1205, intr.3 (attesté au XIII~s. ; cf. les variantes hobé, ti XIII~-fm
apasser l’hiver à l’abrin en parlant des troupes, des XIV s., hobier, fm XIV~s.l. Hobel dérive de l’ancien
navires, puis des animaux I~I# s.1, spécialement verbe hobeler Iv. 11951, hober (déb. x~urv”s., par réduc-
des graines, des oeufs de vers à soie (1763). Hiverner tion) <harceler l’ennemi, piller3, lui-même em-
sime aussi alabourer lune terre) avant l’hiver prunté au moyen néerlandais hobfijelen abouger,
(1600, à propos de la vigne). Par extension, il a pris se démeneru (cf. néerlandais hobbelen Nse balan-
le sens de apasser l’hiver (quelque partlm Ix12 s.l. cerd. Ce dernier vient d’un germa;nique “hubbon
+HIVERNAGE n. m., réfeckion &VI~” s.1 d’après hi- t+ aubin).
ver de ybemage (12261, aussi yvrewge (XIII~s.), a +Hobereau, terme de fauconnerie (1377 sous la
d’abord eu le sens de #semailles d’hiver (en latin forme moderne), désigne un oiseau rapace diurne,
médiéval hibemticum et hivernuticum, v. 868). À un faucon de petite taille qui se nourrit de petits oi-
partir du XVII~s., le mot désigne l’action d’hiverner seaux. Par analogie, et employé péjorativement, le
(16361 et prend des sens spéciaux : «labour qui pré- mot se dit ensuite 11579, hobreau) d’un gentil-
cède I’hivern ~VII~~s.), <temps de relâche pour les homme campagnard de petite noblesse qui vit sur
navires- (1797) et, par métonymie, ~Port où les na- ses terres.
vires rel&chentn 11823, eséjour des bestiaux à
l’établen (18673, etc. En français d’Afrique, où les HOCHE n. £, réfection (15901, sous l’inkence de a)
noms des “quatre saisons» ne correspondent pas à @ hocher, des formes esche Iv. 11701, och fv. 12601,
des réalités climatiques tropicales, hivewcage dé- pourrait être issu, selon Wartburg, d’un terme
signe ( 18021 la saison des pluies, qui correspond d’origine gauloise, ‘OSU, déduit du cymrique osg
d’ailleurs plutôt à l’été dans l’hémisphère Nord. <entaille, cochem et du breton ask de même sens ;
+HIVERNATION n. f., encore employé pour les l’hypothèse s’appuie sur le fait que le mot est
plates, est un synonyme sorti d’usage 118291 de hi- présent dans l’ensemble du domaine galle-roman,
bernation; le mot est utilisé (xx” s-3 comme terme par l’ancien provençal osca ~entaille~ (v. 12281,l’an-
technique, dans le domaine de l’élevage des vers à cien gascon osca &rèche dans un terr&nB (13841,
soie. + HIVERNE~R, EUSE n. 118741,<<personne qui des formes du nord de l’Espagne et du nord de
passe l’hiver quelque partn, est un mot vieilli, rem- l’Italie; le basque osca serait un emprunt à une
placé ~WHIVERNANT,ANTE nA8901. +HIVER- langue romane. On a rattaché cette famille à une
NAL, ALE, Aux adj. est un emprunt (11191 au bas racine préromane oosku, les mots du domaine
latin hibernalis, d’après hiver; il signifie =de l’hiver)). gallo-roman remontant alors à un substrat pré-in-
Course hivernale ouHIVERNALE n. f (19611 se dit doeuropéen. P. Guiraud, qui met en doute cette
d’une ascension effectuée l’hiver en haute mon- origine, évoque un déverbal du verbe hocher, issu
tagne. d’un galle-roman oosckure, doublet du latin clas-
@ Voir HIBEFINER.
sique oscitare rouvrir la bouche%.
H. L. M. +HABITATION ~HOC/~ a eu le sens d’aentaille sur une lameb
(v. 11701,encore dans Littré, aujourd’hui disparu. Le
HO interj. est une onomatopée (1223) d’abord uti- mot, usuel en ancien et moyen fhnçais, désigne
lisée pour halte! encore régionalement une entaille naturelle (XZI~s.1
+ Cette interjection sert à appeler (1345, eh, hé1 ou à et spécialement (v. 12601 une entaille faite sur une
exprimer l’étonnement (153% hohd; dans ce der- planchette pour tenir le compte des denrées ven-
nier cas, la graphie la plus courante est oh*. dues à crédit.
b HOLÀ interj. et n. m., foTf& avec ho et lb ,O HOCHER v. tr. cmarquer d’une hochem est
(v. 13501, est utilisé pour appeler. L’emploi de holù tombé en désuétude Iv. 1160, au participe passé os-
pour modérer, arrêter, est vieilli ; on dit plutôt ti, chié; oschier Nébrécherm, v. 1210; déb. ti s., hos-
lù! Holà, comme nom masculin, entre dans la lo- chier). Si l’on adopte l’hypothèse de Guiraud, il se-
cution mettre le holà 116441qui reprend faire holà rait d’origine galle-romane et c’est tiche n. f. qui
11594 Nfaire cesser une querelle, qqch. jugé déplai- en serait issu.
SZdl~.
0 HOCHER + HOCHE
HOBBY n. m. a d’abord 6té emprunté (18151 à
l’anglais sous la forme complète hobby-home et ne 0 HOCHER v. tr., d’abord sous la forme hochier 9)
s’est répandu sous la forme abrégée que vers 1930. (11551,est issu du tiancique “hottisôn asecouern, dé-
Hobby-home est composé de hobby ((petit chevala et rivé de “hotton afaire balancep, que l’on restitue
de home wzheval)) ; le mot anglais a été francisé en par le moyen néerlandais hutselen, hutsen et le
hobin, 1534 I+ aubin), pour Ncheval de bois pour les néerlandais hutsen <secouer, balancera
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1727 HOMARD

+Hocher a eu en ancien français le sens de tire- HOLISME n. m. est un emprunt (attesté en


muer, secouer5 encore employé régionalement 19391 à l’anglais holism, terme forgé en 1928 par le
Chocher un arbre1 et un emploi érotique (cf. brun- biologiste sud-africain J. C. Smuts, à partir du grec
Zer). Q Le verbe s’emploie encore dans la locution holos dout entier, completn, correspondant au
hocher la tête ~III~ s. ; v. 1170,hoquer le chiefl; la lo- sanskit S&a-, au latin salvus 4ntactm I+ sauf).
cution hocher du nez ((manifester son mécontente- + Le mot, d’emploi didactique, désigne la théorie
mentn est sortie d’usage. selon laquelle l’homme est un tout indivisible qui
,Le dérivé HOCHET n. m. a désigné autrefois ne peut être expliqué par ses différents compo-
(13811
un jeu d’osselets (que l’on secoue). Le mot se sants isolés les uns des autres (cf. globalisme).
dit ensuite 11391) d’un jouet d’enfant, qui est secoué b HOLISTE adj. et n. (mil. XX~ s.) a été formé sur le
pour faire du bruit. Par figure hochet signifie (1745) grec holos; on dit aussi HOLXSTIQUE adj.
<chose futile qui console l’esprit». 4 HOCHEMENT hnil, XX~sd, emprunté à l’anglais hotisti, de même
n. m. *action de secouer, d’agiter)) (1”’ tiers du origine.
xrve s., hoquement) a eu aussi le sens de <<coït»(1550). HOLO-, premier élément tiré du grec holos, entre
Le mot s’emploie dans la locution hochement de dans la composition de nombreux mots savants.
tête (1552). HOLOPHRASTIQUE adj. 118661, du grec phrasti-
De hocher viennent des composés aujourd’hui Jzos =qui concerne la pwoleu, dérivé de phruzein
d’emploi régional. -HOCHEPOT n. m. IV. 1220, de diren b phrase), terme de graxnmake, se dit d’une
pot) désigne un ragoût de bœuf et de volaille (on re- langue dans laquelle une phrase entière s’exprime
mue le pot pour que le contenu n’attache pas). par un seul mot. WHOLOCÈNE adj. et n. m. (1907,
*HOCHE-QUEUE ou HOCHEQUEUE n. m. (1549, de -cène), du grec haines «nouveau, récent)), est un
hoque-queue; variante hausse-queue, 1557, par terme de géologie, concernant la période la plus
confusion avec hausser) est un des noms de la ber- récente de l’ère quaternaire. *HOLOGRAMME
geronnette (qui remue la queue en sautillant). n. m. a été formé en anglais Ihologram, 1949, D. Ga-
borl. 0 À noter que les formations halo- + -graph&,
HOCKEY n. m. est un emprunt (1876) à l’anglais -graphie ont désigné à l’époque classique un docu-
hockey 11527, attestation isolée ; hoclzie, puis hoc- ment entièrement écrit par la main de l’auteur (par
key, 17851, probablement issu de l’ancien lançais le bas latin olographus) : testament holographe
hoquet abâton recourbé>, du fkancique “II&. (1603; altéré en orographe, 1275). 0 HOLOGRA-
+ Le mot désigne un jeu d’équipe où l’on utilise une PHIE n. f, Cv.1950, de Iphotolgruphie), d’après holo-
crosse aplatie dans sa partie courbe pour faire pas- gramme, désigne une méthode de photographie
ser une balle de cuir entre deux poteaux restituant le relief des objets. 0 En dérivent HOLO-
(cf. crosse); de là, hockey sur glace, oii la balle est GRAPHIQUE adj. Cv.1970 ; anglais holographie,
remplacée par un palet 11897, hockey sur la glace). 19641, HOLOGRAPHIER v. tr. et HOLOGRA-
PHISTE n., apparus tous deux vers 1975.
bHOCKEYEUR,EUSE II. (1924; hockZeyer, n.m.
0 voir HOLOCAUSTE.
1910) est un dérivé fknçais ; l’anglais dit hocky
player.
HOLOCAUSTE n. m. représente un emprunt
(v. 12001 au latin chrétien holocaustwn ~sactice
HOIR, HOIRIE - HÉRITIER
dans lequel la victime offerte à Dieu est entière-
ment consumée par le feu» (en parlant des Hé-
HOLDING n. m. représente (19301 l’abréviation breux des temps bibliques), du grec ecclésiastique
de l’anglais holding company Il 9061,de holding “qui holokauston, de holos aentiew et kauston, adjectif
possède, contrôle}), dès le XVI~s. au sens de ((pro- verbal de haiein <allumer, faire brûlern, peut-être
pri&ire de parts, (de to hold <tenir, détenir4 et pour évoquer le terme hébraïque ‘olüh désignant
company =Compagnie>>. ce sactice.
4 I3olding apparaît en fr-ançais en même temps que +Holocauste est introduit avec le sens de ~sacri-
son équivalent société de portefeuille; société de fice»; le mot est masculin ou féminin jusqu’à l’épo-
participation est plus récent ( 1948). que classique. À la ti du XVI~s., holocauste désigne
un sacrifice total, de caractère religieux ou non ; cet
HOLD-UP n. m. a été emprunté (19251 à l’anglo- emploi littéraire reste vivant dans des locutions
américain hold-up, désignant des 1837 une obstruc- verbales : s’ofkk en holocauste (à me cause, etc.),
tion à l’avance d’un véhicule (de to hold ureteti, faire Z’holocauste de ses goiits. Au XVII~s., le mot, par
empêcher4 puis en 1878 un vol à main armée; le extension du premier sens, Sign%e <Sacr&e san-
hold-up dans un lieu public apparaît das les viLles, glant, de caractère religieux= (1691) et, par métony-
aux États-Unis, au début du xxe siècle. Hold-up est mie, ~wictime», dans un sacrike 11690). Au XIX~s.,
la substantivation de to hold up, littéralement «te- holocauste est repris au sens de (<massacre, géno-
nir, retenir vers le hautB, attesté en 1851 au sens de cide, (1855, Sand); au xx” s., en emploi absolu avec
*voler sous la menace d’une arrne à feu (dans une l’article déti, il sert à désigner l’extermination des
diligence, un train)>; l’explication du nom à partir Juifs par les nazis (attesté 1958, Mauriac), en
de hold up your hands!, de to hold up one’s hands concurrence avec le mot hébreu shoa.
<tenir les mains en l’air-, convient mal, haut les
mains! se disant hands up! en anglais. HOMARD n. m., variante 11547) de hornmars,
4 Le mot a conservé le sens de l’étymon. houmctr (15251, est probablement emprunté au bas
HOMBRE 1728 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

allemand hummer, issu de l’ancien nordique hum- b HOMkOPATHIE n. f., introduit en français (1827)
marr, pour désigner un grand crustacé marin. par J. Bigel, est adapté de l’allemand Homoopathie,
+Homard désigne un crustacé comestible d’une terme créé par S. Hahnemann (1796) à partir du
autre espèce que la langouste (cf. en anglais, pour grec !~~motis et pathos ace que l’on éprouven
la même désignation, lobster ichomardm et &II- I-, -pathieI. La graphie homœopathk (Claude
goustem). Par allusion à la couleur du crustacé Binet) ne s’est pas imposee. Le terme désigne une
quand il est cuit, il s’emploie dans la locution rouge méthode thérapeutique qui consiste à soigner les
comme un homard (cf. écrevisse). 0 fl s’est dit 118471 malades au moyen de remèdes qui seraient ca-
des soldats anglais à cause de la couleur rouge de pables, à des doses plus élevées, de produire sur
leur uniforme. l’homme sain des symptômes semblables ho-
moios à ceux de la maladie à combattre. Au Eguré,
F Du mot dérivent les termes techniques HOMAR- le mot sime 11846,Proudhon) &aitement du mal
DERIE n. f. (19041 et HOMARDIER n. III. (1907).
par le malm; une autre valeur figurée est attestée
chez Balzac (1833). 0 L’adjectif HOMÉOPA-
HOMBRE n. m. représente un emprunt (1657) à
THIQWE s’emploie au propre (1827) et au figuré
l’espagnol timbre <homme, de même origine que
pour ain&nea (dose homéoputh;tqw, 1846, Baude-
homme*, attesté comme nom d’un jeu de cartes à
laire). 0 Cet adjectif a pour dérivé HOMEOPATHI-
partir du xwe siècle.
QUEMENT adv. 11830, Mérimée, oméopathique-
+Wombre désigne un ancien jeu de cartes fondé ment). 0 HOMÉOPATHE n. et adj. est attesté en
sur l’alliance de deux ou plusieurs joueurs contre 1827.
un seul, l’hombre, qui mène le jeu. Le mot s’écrit HOMÉOTHERME adj. et n., terme de biologie
aussi ombre. (1878, homoeothenne de -therme; cf. anglais /ID
moeothermal, 1870), d’après l’allemand homoo-
HOME n. m. est emprunté (1807, W” de Staël) à therm C. Bergmann, 18471,se dit des animaux qui
l’anglais home, de l’ancien anglais hum avillagen présentent une température constante. oEn dé-
(3 hameau); en anglais le mot conserve des em- rive HOMÉOTHERMIE n. f. (attesté XX~ s.l.
plois larges, qui vont du foyer au pays tout entier, HOMÉOSTASIE n. f. (av. 19453est emprunté au la-
parfois opposé à ubroad aà l’étrangers. tin moderne, forgé en anglais, homoeostask (1926,
4 We de Staël, dans Corinne, lui donne le sens de Camonl puis homeostasy (1945), de homoeo- Equi-
<chez nous%, qui n’a pas vécu ; ensuite le mot s’em- valent de homéo-1 et -stusis Npositionn b stase); le
ploie Iv. 18151au sens de adomicilem, considéré sous mot signiCe *stabilisation des différentes
son aspect intime et familial. Introduit en même constantes physiologiquesm. 0 HOMÉOSTATIQWE
temps que confort, confortable, il a servi à parler adj. ( 19541,d’après statique en est dérivé, ainsi que
des intérieurs anglais, puis s’est appliqué aux inté- la variante HOMÉOSTASIQUE adj. (19631. +HO-
rieurs franqais, avec une pointe de snobisme. L’ern- MEUSTAT n. m. désigne un système ou une ma-
prurit ut home & la maison, chez soin est attesté en chine homéostatique; le mot a été forgé en anglais
1826. Puis, home est utilisé comme équivalent de par Ashby Il 9481 pour désigner un mécanisme au-
*foyera C18951 et, par extension, au sens de <<centre tocontrôlé (dans le cadre de la cybernétique*).
d’accueil)> dans home d’enfants 119391, home de
semi-liberté (apr, 19601.
HOMÉRIQUE adj. est un emprunt (1548) au
latin hametius «propre à Homère, relatif à Ho-
HOMÉLIE n. f. est un emprunt (fin me s., ome- mèreB, du grec Hom&&os, dérivé de Hom&os ~HO-
lie) au latin ecclésiastique homilia *entretien fami- mère)).
liern, désignant en particulier l’explication simple + HomérQue est introduit avec le sens du latin puis,
d’un texte biblique, donnée du haut de la chaire à partir du x& s., employé dans la locution rire ho-
aux fidèles rassemblés; homtlia est emprunté au métique ( 1825) <<fourire bruyantm, semblable à celui
grec homilia &union» et, en grec tardif, aconversa- que prête Homère aux dieux de l’Olympe à la vue
tion, entretien familier, leçon d’un maître>>, de ho- du boiteux Hephaïstos Wulcain) Uk&, Il. Par ex-
milos atroupe, rassemblement”. Homilos est tension, homérique se dit ensuite (18331 de ce qui
composé de homos &homo-3, mais on ne s’ac- est digne d’Homère Myle, personnage homérique1
corde pas sur la seconde partie du mot, qui est soit et, par figure, de ce qui est plein d’événements
il& Ktroupen, soit un su&xe inexpliqué -ilos. spectaculaires, digne des scènes décrites par Ho-
mère (1842, une bagarre homériquel.
4 Homélie est introduit avec le sens religieux, qu’il
b HOMÉRIDE n. m., terme didactique (1810, Cha-
conserve. Par extension, dans un emploi littéraire,
teaubriand) emprunté au dérivé grec homêrid&
le mot a pris (1815, Chateaubrimdl le sens de
est employé au sens étymologique de ((rapsode qui
alongue et ennuyeuse leçon de morale>).
chantait les poèmes d’Homèrw et s’emploie en-
b HOMILAIRE n. m., réfection étymologique (18661 suite pour <descendant présumé d’Homère>.
du dérivé ancien omeliaire (XVI~s.), vrecueil d’ho- HOMÉRISME n. III., dérivé didactique ( 1865,
mélies», est tombé en désuétude. Sainte-Beuve) de Homère, désigne la théorie au-
jourd’hui abandonnée qui attribue le corpus homé-
HOMÉO-, premier élément, tiré du latin ho- rique à un seul auteur et, par ailleurs, une parti-
meo, lui-même du grec homoios ~~semblable~ cularité linguistique propre à Homère 119011.
(+ homo-), sert à composer des termes didackiques
dont le second élément est le plus souvent tiré du 0 HOMICIDE n. et adj. a été emprunté Cv.
grec. 1150, omicide) au latin horntiti <personne qui tue
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1729 HOMME

(a tué) un être humain», composé de homo considéré comme un hommage. Depuis la fin du
&ormw (t homme) et de caeckre #tuer)’ b -cide). XVII~s., hommuge s’emploie avec une valeur très af-
faîblie dans les formules de politesse 11694,présen-
+ Homicide conserve le sens du latin comme nom
Iv. 1150) puis comme adjectif krv” s.), par archaïsme ter ses hommages>. 0 Par ailleurs, Lié à certaines
acceptions de homme, hommage s’est employé en
littéraire de nos jours; par extension kw” s.), homi-
cide adj. se dit en emploi littéraire de ce qui tue ou ancien fiançais pour <nature humaine% (XIII~s.1 et
pour &hiR~~ CXItIes.l.
sert à tuer (un poignard homicide; au figuré WI re-
gard homicick ; cf, assassin, meurtrier). Au XVII’ s., ~DU premier sens viennent les dérivés, au-
homkti prend au figuré le sens de apersonne qui jourd’hui termes d’histoire du moyen âge, HOM-
cause la perte morale de qqnu (1643). MAGER adj. et n. m. WG%) “qui doit L’hommage» et
b L’homonyme 0 HOMICIDE n. m., réfection ( f 160-
HOMMAGE, &E adj. Cv.1570) ((tenu en hommages,
en parlant d’un fief, d’une terre.
1174 de omecide (v. 11551, est un emprunt au latin
bmicidium Naction de tuer un être humainn, dont +& HOMME n. m., attesté en 980 sous les formes o>
il garde le sens; homicidium est composé de homo hom et om I+ on), en ancien fiançais hom, hume,
et de caedere. home, est issu du latin classique horninem, accusa-
tif de homo <<être humain)); à partir de ce sens gé-
HOMINIENS n. m. pl. est un dérivé savant néral se sont développées plusieurs acceptions à
118771, avec le suf6xe zoologique -iens, du latin l’époque TrnpérMe : <créature raisonnable)) Ipar
homo, hominis ahomme)) (+ homme). opposition à fera {{bête féroce4; homo se substitue
4 Hominiens désigne le sous-ordre de primates qui alors à tir (+ viril, vertu); au pluriel, le mot latin
comprend plusieurs genres fossiles et un seul re- prend le sens de <csoldatsB,spécialement de {{fantas-
présentant actuel, l’homme. sins~~;il sign%e aussi (au singulier) 4vant», par op-
position aux morts et aux dieux. Homo, littérale-
b HOMINIDES n. m. pl. Il8451, succédant à homi- ment Hné de la terres, se rattache à une racine
nides (18341, dérivé savant de même origine qu’ho- indoeuropéenne Oghyom- <<terre>>.
miniens, sign5e XfWe de primates qui
comprend le genre homo avec une seule espèce vi- + L’essentiel des sens du latin est attesté en tian-
çaîs avant la ~III du xrve s. À la fin du x” s., homme
vante et plusieurs groupes fossiles? + HOMINISA-
TION n. f., dérivé savant Iv. 1850) de même origine, s’emploie au sens d’«être humain>> (mâle ou fe-
se dit de l’ensemble des processus qui carradé- melle), les hommes dans ce cas correspondant tou-
risent le passage du primate à l’homme (homo sa- jours aujourd’hui à les humuins; de ce sens viendra
pkns). 0 On en a tiré HOMINISÉ, ÉE adj. et HO- ensuite homme sauvage (v. 17001, puis homme des
MINISER v. tr. 11955). bok (1794, d’abord pour <orang-outann, au-
jourd’hui au sens d’<homrne sauvage, primitif~~.
0 Depuis les premiers textes, homme s’emploie
HOMMAGE n. m. est un dérivé (XII~s.1 de aussi au sens de acréature de Dieum, d’où les lo-
homme qui a eu au moyen âge (comme en latin) le cutions, homme de péché <<pécheur» et (1564) le
sens de <<soldatn et celui de wassab. vieil homme al’homme qui a des habitudes de pé-
+ Son premier sens est Natte par lequel le vassal se ché, le pécheur avant sa régénération par la grâce»
déclare l’homme (homme lige) de son seigneurB (vocabulaire biblique), d’où se dépouiller du vieil
Cv.1160, homage), d’où plus tard le sens de efief homme (16941,et le fils d’hom?e Iv. 1300) puis le fi
pour lequel on prête hommage)) 114631et la locution de I’home &SUS~~ (13641. 0 Egalement depuis la
foi et humage, dans tenir en foi et en hommage fin du xe s., homme se dit pour <<être humain de
(15491,tenir ù foi et hommage (1671) {{posséder une sexe masculin» : l’emploi individuel (un, des
terre comme vassales; ces emplojs subsistent en his- hommes) l’emporte sur le général (les hommes).
toire du moyen âge (3 lige). 0 A la même époque, -=Vers 1050, hume est attesté au sens de *marin;
le mot est employé au sens de (<marque de défé- l’emploi assez fkéquent du mot en ce sens n’a pas
rence, de courtoisie Ekune femmelw EV.11651 et de entra%& sa lexicalisation au meme niveau que
amarque de vénération, de soumission Eà Dieu)» femme au sens d’&pouse)) : mon Iton...) homme est
(XII” s.), sens général que l’on retrouve dans l’ex- toujours en usage, mais d’emploi populaire, puis
pression rendre hommage et dans plusieurs em- familier. 0 Dans La Chanson de Roluti IlO801,
plois attestés surtout au XVII~siècle. Hommage se hume est utilisé au sens de ~guerrier~; le mot est
dit (1644, Corneille) en parlant d’un témoignage de toujours usité pour <csoldatm,opposé à {gradé, sous-
respeti, de reconntissance, d’admiration, etc., d’où ofkier, 035cîer~, aussi dans homme de troupe.
spécialement rendre hommage à la beauté d’une 0 Le sens féodal de wassal>> est aussi attesté en
femme, 4a cél&rer>>, dans le vocabulaire précieux 1080 kne s., homme lige; +lige et le dérivé hom-
du XVII~s., et en hommage «en signe d’hommage>> mage).
61 XVI~s.l. Le mot prend par extension le sens de Depuis le XII~s. cv.11551,homme se dit d’un être hu-
Ndon respectueux)), aujourd’hui vieilli Il65 1, faire main considéré dans les qualités et les défauts
hommage de). ~Par tiaiblissement de ce sens gé- propres à la nature humaine Iv. 1155, ce n’est qu’un
néral, hommuge s’emploie également au pluriel, homme); il se dit également d’un être humain par
au sens d’aactes, paroles par lesquels un homme rapport à son origine sociale ou ethnique (1160-
donne à une femme un témoignage d’appréciation 1175). Par extension (v. 1260, orne), le mot se dit d’un
Cnotamment galante Il67Olb et désigne spéciale- individu caractérisé par sa fonction, sa situation; à
ment ~VII~~s.1 le fait d’avoir des rapports sexuels, partir de cet emploi, homme de suivi d’un nom ou
HOMNJE l Les noms indoeuropéens de l’homme:
l’espèce humaine et le mâle

chtonien

-- -_- autochtone

humus

-~~----___ - humble
(( près de la terre >>

hominem
(accusatif)
(1 né de laterre ~a \ homo
?- on
(nominatif)

humain

irlandais

gallois
.---- e- -- dYn
tt homme >>

andreas André
<<viril >>

alexandros Alexandre
t( qui protège
les hommes s)

racine
indoeuropéenne androgunos latin
“NER- I
- (de gUfI6 androgynus -~---- androgyne
(( l’homme mâle 3)g <<femme -)
44te guerrier )> I I
I
grec
anthrôpos anthropo-
CCêtre humain >>
l i--

Néron
-- virilis -~- viril

l
latin
vir, viri
1.4~ homme )B opposé virago
virago
à c( femme, enfant ‘> (( femme forte ‘)
2. 4~mari, époux ~s
3. bqsoldat b’

virtus vertu
c<courage, force >’

francique latin médiéval


ower-Wulf . . --- (loup)-garou
l-- gerulphus
4’homme >>, opposé à cc homme-loup >>

ancien haut allemand allemand


weralt Welt
cctemps de l’homme; vie ” ct monde 1~
gotique
wair
CChomme 1)
anglo-saxon anglais
weorold UJOdd
tt temps de l’homme ; vie BB ccmonde BB
HOMME 1732 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’un adjectif a donné naissance à de nombreux BONHOMME n. m. (au pluriel bonshommesl,


syntagmes, dont certains sont lexicalisés : homme composé de 0 bon et homme, est attesté au ~II~s.
de guerre Kmilitairen (15301, précédé par homme au sens d’uhomme bon>) (v. 11751, aujourd’hui ar-
d’armes; homme politique (15521, homme de chtique. Il s’emploie aussi au moyen âge (XIII~s.1
lettres” (15801, homme de métier +xkm~~ (16061, pour «paysan, manank sens disparu dont il reste le
homme de robe ((magistratm (16361, remplacé par surnom donné au paysan fkançais de l’Ancien Ré-
homme de loi (1718); homme d%tat 116403,homme gime, Jacques Bonhomme (1359, Jaques écrit;
d’é@e militaire de carrièren ( 16591, sorti d’usage 3 Jacques). 0 C’est i’idée d’infériorité sociale qu’on
comme homme de cheval <cavahep, homme de retrouve dans les emplois aujourd’hui désuets au
qualité, de condition (av. 16751,opposé à homme du sens d’«homme naïf et crédule> (1665) et comme
commun. (remplacé aujourd’hui par homme du appellatif (à un homme d’une condition inférieure,
peuple) ; homme d’&ise [ 16901, homme d’affaires xwe s.l. Le mot s’est employé aussi pour amari
(16901, autrefois &nancier, intendant» et au- trompés (XIV~s.), ahomrne d’âge mûr ou avancéa
jourd’hui «homme qui a une fonction de direction ( 1536) et reste au sens d’chomme- dans le discours
ou de décision dans l’économie privée)). On peut familier, Petit bonhomme (1762) se dit pour apetit
encore citer homme de rnep; archaïque, homme de garçonn. 0 Dans la locution aller (continuer, etc,)
chambre avaleta>(15601, disparu alors que femme de son petit bonhomme de chemin (18031, le renforce-
chambre est en usage, puis /%omme ( 1596) en ce ment de chemin par petit bonhomme reste inexpli-
sens. Le mot désigne plus largement ( 1690) un exé- qué. * Par figure, bonhomme sime (183 1) aforme
cutant dans une hiérarchie. Par ailleurs, des ex- humaine dessinée ou façonnée grossièrementn
pressions professionnelles comme femme de mé- &onhomme de neige). Le pluriel enfantin des bon-
nage ont suscité homme de ménage I1972). Au XX~s. hommes s’est répandu au xxe siècle. +Le dérivé
sont formés l’homme de la rue ( 19351, après BONHOMIE n. f., tardivement attesté ( 1736, bon-
Z’homme dam la rue Il933 traduisant l’anglais th,e hornmie; v. 1300, bonomiu en ancien provençal), si-
mari irt thestreei, 1931; l’italien dit uomo qualunque gnSe krnplicité dans les manières liée à la bonté
4’homme quelconquen, et aussi l’homme du jour du cœurm.
“qui a la notoriété du moment)). De nombreux syn- SURHOMME n. m. est attesté en 1892 (aussi super-
tagmes de ce type n’ont pas de correspondant avec homme), formé de sur, et homme, d’après l’alle-
femme, mais femme d’État, d’affaires commencent mand Ubemzensch répandu par le Zarathoustiu
à s’employer. (1885) de Nietzsche, qui avait pris le mot chez
Dans la dernière partie du XIV” s. est attesté le sens Goethe Wuust, 1, 1). Surhomme, chez Nietzsche, dé-
d’&re mâle ayant atteint sa maturité, physique- signe le «type d’homme supérîeurn qu’engendrera
ment et moralement>> ( 1383, omme), d’où homme à l’humanité quand elle se développera selon la «vo-
femmes ( 1837) “qui séduit les femmes», et celui lonté de puissance-. Le mot, au début du me s., se
d’4wWdu considéré par rapport aux qualités et dit pour *homme mythique, supérieur à l’homme
aux défauts dont il fait preuve)} 1139 1, homme de actuel>) (+ superman), puis pour ahornme supérieu-
bien); de ce sens viennent les locutions disparues, rement doué». &SOUS-HOMME n. m. (1859) dé-
homme de rien, homme de Dieu adévot> et honnête signe péjorativement celui qui n’a ni les qualit& ni
homme I-, honnête) ou grand homme qui équivaut la liberté requises par la dignité d’homme. Voir
à «personne, être humain remarquable et célèbreti. aussi humain (sous-humain, sous-humanité).
0 Du sens d’&tre humain mâle>> est issu mon Eton, Homme est utilisé comme premier élément de
son, etc.) homme au sens de ((l’homme dont il est mots, composés à partir de la -fin du & siècle.
question)) (xve s.; voilà mon homme), employk aussi -HOMME-SANDWICH n. m. (1881) traduit 1’an-
à l’époque classique au sens d’cchomme qui ne cède glais sandwich-mun (18641, de sutiw.kh* et mun
pas* 11663, trouver son homme -son maître))), puis <homme» ou elliptiquement sandwich ( 1836- 1839
de 4’hornme qui convient}) ( 1866, c’est votre homme) en ce sens) ; il a remplacé homme-at?îche (1833,
et aussi de <<mari, amant>), emploi populaire. oLa Th. Gautier); HOMME-RÉCLAME n. m. 11921; de
locution d’homme à homme &rectement» est at- réclame) ne s’est pas imposé. -HOMME-OR-
testée au milieu du xwe s., être (4 homme à &tre CHESTRE n. m. (de orchestre) est attesté en 1842
capable dea en 1647. au sens propre de amusicien qui joue simultané-
Le syntagme jeune homme pour ((homme jeune>> ment de plusieurs instruments~, en 1920 au figuré
est relevé au 33~1~ s. ; il s’emploie couramment au- ahomme qui accomplit des fonctions diverses dans
jourd’hui pour ejeune homme célibatairen ou agar- un domaineB. ~HOMME-OISEAU n. rn. a designé
çon pubèreu, d’où par extension populaire au sens un être mythique 11828, Sainte-Beuve), mi-homme
de 4s~ I& s., avec un possessif : son, votre jeurze mi-oiseau; le mot a été repris vers 1935 et fut à la
homme) et pour appeler un adolescent trop jeune mode jusque vers 1940, pour désigner un homme
pour qu’on lui dise {CMonsiew. Voir aussi le qui, largué d’un avion, effectuait de longs vols pla-
schéma pp. 1730-1731. nés au moyen d’une voilure dorsale. +HOMME-
.Le dérivé HOMMASSE adj. est attesté en 1535 GRENOUILLE n. m. (19493 se dit d’un plongeur qui
Chomucel comme nom féminin au sens de «femme travaille sous l’eau, muni d’un scaphandre auto-
virile>>; le mot est sans doute antérieur puisqu’on nome. +Homme, comme premier élément, s’em-
relève l’adverbe hommassement & la manière ploie aussi dans de nombreux composés libres,
d’un homme>> (en parlant d’une femme) à la EII du tous noms mascuhns, comme HOMME-LOUP
XIVeS. (1393, mot sorti d’usage. L’emploi adjective (1831, Michelet), HOMME-NATION (18311,
de hommasse, seul vivant, est relevé en 1584. HOMME-FÉE (1877, Hugo), l”HOMME-DIEU dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1733 HOMONCULE
sus-Christ)) (19201, HOMME-MACHINE, HOMME- matiques par Pascal ( 1657-1658, sundeurs homo-
ROBOT (1948, Cendrars), HOMME-SERPENT gènes; ensuite fonction hopnogéne, espace homo-
(1948, Cendrars), etc. gène). Au xvr? s., homogène se dit de ce qui
@ HOMO n. m., mot emprunté au latin hopno, ho- présente une grande harmonie, une grande unité
minis uhomrnem, est un terme didactique utilisé entre ses divers éléments (1733, UYEgroupe, une
pour désigner l’espèce zoologique formée par oeuvre homogène).
l’homme au sein des Primates; homo est surtout ,Le dérivé HOMOGENÉISER v. tr. (1837) sign3e
utilisé dans des syntagmes latins (tel Homo supiens (rendre homogène (qqch.))), d’où lait homogénéisé
créé par Linné, 17351, Homo Mer, Homo erectus en (xx” s.l. +Du verbe dérivent le terme technique HO-
particulier pour désigner des hommes fossiles MOGÉNÉISATEUR,TRICE adj.etn.m. 119071 et
Homo neandertalensisl ou pour qutier des as- le terme didactique HOMOGÉNÉISATION n. f
pects de l’activité humaine au xx” s. (homo oecono- (19071, rendu plus usuel par les techniques.
micus, homo ludens formé par Eiuîzînga, etc.). HOMOGkNÉITÉ n. f. est un empmu?t savant (15031
@ voir GENTILHOMME, HOMINIEN, HOMMAGE, HOMON- au dérivh latin scolastique homogeneitas Cv.1360) ;
CULE, HUMAIN, ON, PRUD’HOMME (art. PREUX).
le mot désigne le caractère de ce qui est homogène
et, par extension dans un contexte abstrait (17691,
0 HOMO + SEXE
sigr&e <<cohésion, harmonie, unît&.
HOMO - est un premier élément, tiré du grec ho-
mos <<semblable)> servant à former des mots compo- HOMOLOGUE adj. et n. est un emprunt sa-
sés. L’adjectif grec homos est d’origine indoeuro- vant (1585) au grec homologos “qui exprime par la
péenne kanskrit sknub-, vieux Perse huma-, vieux parole un accordn, «qui est en harmonie>>, <<quicor-
slave samti, gotique sa, sama, etc.), apparenté au respond àm, composé de homos esemblable))
latin similis et à sa famille (--+sembler, similitude). (-+ homo-) et de -loges, de loges au sens de «rapport,
proportion)).
b HOMOGRAPHE adj. et n. m. (1823, de -graphe)
se dit des mots qui ont la même orthographe. 4 Homologue est d’abord utilisé en géométrie 11585)
0 HOMOGRAPH~E n. f. (de -graphie) et le dérivé dans termes homologues “qui se correspondent
HOMOGRAPHIQUE adj. sont des termes de géo- exactement>> puis ( 1680) dans côtés homologues (de
métrie, formés par Chasles (v. 18501, comme HO- deux triangles semblables). 0 Le mot s’emploie en-
MOTHÉTIE n. f. (du grec ihesis <(position4 et le dé- suite, à partir du xrxe s., au sens d’&quivalent, sem-
rivé HOMOTHÉTIQUE adj. (attesté en 1846). blable> (18031, emploi courant aujourd’hui, et dans
+ HOMOGAME adj . ( 1866, de -game; cf. anglais ho- des domaines spéciaux (en chimie, 1844 ; en anato-
mogumow, 18421, terme de botanique, Sign%e <<qui mie, 1866). Au XX~s., homologue, nom, se dit d’une
ne comprend que des fleurs du même sexeB. +HO- personne dont la fonction, l’activité est semblable à
MOPTÈRE adj. etn. m. (1866, n. m. pl. pour celle d’une autre personne Il’homologue de X, son
l’ordre ; adj ., 1873) est emprunté au grec hornopte- homologue).
~OS,composé de homos et pteron «aile>>.Le mot dé- k HOMOLOGIE n. f. est un emprunt savant (1822)
signe des insectes qui ont quatre ailes de dimen- au grec homologia <<accord>, ((convention», <conces-
sion ou de consistance analogues. sion» (de homologosl. Terme de sciences, homolo-
HOMOMORPHISME n. m., de -morphisme, terme gk est employé en mathématiques (1822) et en
de sciences et de mathématiques (cf. anglais homo- chimie (1844). 0 En dérive HOMOLOGIQUE adj.,
morphism, 18721, est attesté au début du xxe s. spécialisé en géométrie (1822) et en chimie ( 1&58),
EV.1935, en mathématiques), comme son synonyme d’oùvient HOMOLOGIQUEMENT adv. (1866).
HOMOMORPHIE n. f., qui a aussi le sens de -ho- HOMOLOGUER v. tr., réfection (1461) de emolo-
mogénéité des formes>>et HOMOMORPHE adj. Iat- guer ( 1329) par dissimilation, est un emprunt au la-
testé 1903 ; cf. anglais homomorph, 1886; homomor- tin médiéval homologure C12681, lui-même em-
phous, 1854). prunté au grec homo2ogein &tre d’accord,
HOMOPHILE n. m. (v. 1970, de -pMe; cf. anglais reconnaître-, de homologos. 0 Le verbe, d’abord
homophile, 19601, terme didactique, signifie terme de droit, signîfre (<approuver (un acte) par
((homme qui éprouve une a&rité sexuelle pour les une mesure qui lui donne une force exécutoire>)
personnes de son sexe, sans avoir forcément des Homologuer une adoptionl. Homologuer est aussi
pratiques homosexuelles=. employé au début du XX~s. Il9021 dans le domaine
+ voir HOMOGÈNE, HOMOLOGUE;, HOMONYME, HOMO- des sports, au sens de {reconnaître (un record),
PHONE, HOMOSEXUEL hrt. SEXE), HOMOZYGOTE (art. ZY- après vér-%cation de la conformité à certaines
GOMA). normesn. -L’adjectif dérivé HOMOLOGATIF,IVE
(18391, terme didactique, a seulement le sens jur-î-
HOMOGÈNE adj. est emprunté (1503, homo- dique. w HOMOLOGATION n. f. s’emploie en droit
gé&e) au latin scolastique homogeneus (av. 12001, U611; 1313, emologation) et en sports (18861,
lui-même emprunté au grec homogenês ((de même comme HOMOLOGABLE adj. (1866, en droit).
race, de même sorte>+ composé de homos Ksem-
blablem I+ homo-1 et de -ge&, de genos (<race, HOMONCULE n. m. est un emprunt savant
genre> (+ -gène). (1611) au latin homunculus <<petithomme)), diminu-
+Le mot est introduit en français avec le sens de tif de homo 13 homme) ; on trouve les variantes ho-
((de même nature en toutes ses parties)) (en parlant muncule (18731 et, par emprunt intégral au latin,
d’un tout). Il est employé comme terme de mathé- homonculus ou homunculus.
HOMONYME DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Aujourd’hui terme d’histoire des sciences, le mot par Magyar. Le grec byzantin correspondant, OYGO-
a désigné un petit être vivant à la forme humaine, gowoi, permet en effet de reconnaître le turc 072
que prétendtient fabriquer les alchimistes (1611), 4ix~; l’identité du second terme est incertaine,
puis au XVIII~s. ( 1749, Buffon) le petit être préformé mais il paraît s’agir du nom propre d’un groupe qui
que les biologistes croyaient voir dans l’ovule ou le devait compter dix tribus.
spermatozoïde. Par extension, homoncule s’est dit + La spécialisation du mot en français vient du fait
(apr. 1750) pour apetit homme contrefait= (cf. uvor- que l’usage de châtrer les chevaux a été emprunté
ton), emploi sorti d’usage. à la Hongrie ; honee s’emploie aussi comme nom
masculin (15721. Le mot est sorti d’usage au sens
HOMONYME adj. et n-m. est un emprunt d’tchomme châtrén ( 16111, aujourd’hui réservé à
(xv” s-1 au latin homonymw =de même prononcia- custrut, eunuque.
tion mais de sens différent» Càpropos des mots), lui-
b Le dérivé HONG-RER v. tr. (1613) achâtrer (un ani-
même du grec homônumos “qui porte le même
nom, qui emploie la même dénominationn, mal)>> est d’emploi technique, comme son dérivé
composé de homos (+ homo-3 et de onoma anom)), HONGREUR n. m. (mil. xrxe s.l.
HONGROIS, OISE adj. et n. est un dérivé (XIII~ s.,
qui correspond au latin nomen C+ nom).
J. Bode11 de Hongre, au sens ancien de <&longr-ois)).
Womonyme apparaît dans le syntagme vers ho- Hongrois, nom pour {(personne d’ethnie magyare
monyme avers léonines : il est utilisé ensuite ( 15341 au ou habitant la Hongrie)) (XIII~s.3et adjectif pour “qui
sens de «personnes, villes, etc., qui portent le même se rapporte à la Hongrie>> (apr. 12501, désigne aussi
nom>> puis, devenu terme de grammaire, se dit comme nom masculin ( 1701) la plus importante des
comme en latin de mots phonétiquement iden- langues fmno-ougriennes, qui s’écrit en caractères
tiques mais de sens dif&ents In. m., 1572 ; adj., latins.
1616). 0 Homonyme devient au XIX~ s. un terme de
HONGROYER v. tr. dérive (17341 de Hongrie dans
médecine; l’adjectif employé au pluriel se dit de cuir de Hongrie, par suf3kation -oyer, peut-être
troubles, de lésions localisées symétriquement par d’après corroyer. Terme technique, le verbe sime
rapport à la ligne médiane du corps (1866). =Préparer (le cuir) à la manière des cuirs dits de
b HOMONYMIE n. f., emprunté au latin impérial Hongrieb. 011 a fourni HONGROYEUR, EUSE n.
homonymia (du grec homônumia &nilitude de (1734) et HONGROYAGE n. m. (1804).
nomn et asens ou mot équivoque4 apparaît en 1534
(Rabelais) au sens de ccalembow, aujourd’hui HONGROIS 4 HONGRE
sorti d’usage. Un peu plus tard ( 15821, le mot signi-
fie acaractère de ce qui est homonyme>, en patii-
HONNÊTE adj. et n. m. est emprunté
(mil. xl” s.1 au latin /zonestus digne de considéra-
culier en parlant des unités lexicales, mots et lo-
tion, d’estimem, djuste, conforme à la moralen,
cutions ; par extension, il s’emploie au sens
abeau, noble-, défivé de honos, honoris d’après une
d’Gdentité des noms». oEn dérive HOMONY-
flexion Oho72os,honeris b honneur).
MIQUE adj. (me S.I.
+Le mot s’utilise d’abord en français au sens de
HOMOPHONE adj. et n. m. est un emprunt ((juste, honorablep. Au XII~s., il qual5e ce qui est
savant 11822, Champollion) au grec homophônos conforme aux bienséances, aux convenances
*qui parle la même languem et “qui rend le même (v. 1160) et ce qui est noble, digne d’estime, en par-
son, qui est à l’unisson*, composé de homos ccsem- lant de personnes Iv. 1174-l 1761, valeur sortie
blablen !-+ homo1 et de @on& csonm,woix, langage> d’usage comme l’emploi extensif pour «magni-
(+ phonetique). fique> (1440~14751, qui subsiste jusqu’au me siècle.
+ Ce terme didactique sign3e d’abord “qui a le 0 Par extension, il prend le sens Iv. 12801 de «COUT-
même sonm, également nom masculin pour flson tois, civil,, devenu lui aussi archtique. 0 Au milieu
homophonem 11824) ; il s’emploie ensuite comme du xve s. Ihonnestes femmes), se rattachant à son
terme de musique, au sens de “qui correspond premier emploi, honnête s’applique à une femme
exactement au même son>>. qui pratique la vertu en matière sexuelle; le mot
tend à vieillir en ce sens; avec l’kvolution des
b HOMOPHONIE n. f., emprunt savant ( 17521 au
moeurs sexuelles, il est appliqué au xrxe s. à une
dérivé grec homophonia aidentité de langage> et
femme qui, ayant eu des relations extra-conju-
aressemblance de sons”, est d’abord employé pour
gales, a su sauver les apparences, 0 Dès le début
désigner la musique de 1’Antiquité qui s’executait à
du xwe s., hontite se dit de ce qui convient à l’usage
l’unisson; il s’oppose à polyphonie. Champollion
auquel on le destine (1501) et, en particulier (15081,
l’emploie ensuite 11822) pour désigner l’identité de
de ce qui convient à la condition sociale d’une per-
sons représentés par des signes différents. Au
sonne, Cette valeur se développe, spécialement
me s., le mot se dit également du caractère homo-
avec l’expression honnête homme, attestée en
phone de deux notes.
1538; elle se répand au sens d’ahomme tiable, de
HOMOSEXUEL + SEXE conversation agréableD (chez Montaigne, 1X30),
mais désigne aussi une notion complexe : honnête
HONGRE adj. et n. m. est attesté comme nom homme idéal, selon Faret dans L’Honnête Homme
masculin au xwVes. (1372) ; le mot représente une ou l’Art de plaire à la Cour ( 16301, était un gentil-
spécialisation de Hongre, Ortgre &Iongrois>> ( 10801, homme qui joignait à la Nnaissance>> les dons du
du latin d’Allemagne Hungwus, ungurus. Le mot corps, la culture de l’esprit, le goût de la poésie, le
est d’origine turque ; l’ethnie elle-même se désigne courage, la probité, les vertus chrétiennes; on em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1735 HONNEUR

ploie aussi huwzêtes gens en ce sens (Académie, probit& (18641, d’emploi rare, et celui de çmauvaise
16941. Dans cette acception, le mot est aujourd’hui foi)) (1883,maZhon;aêteté intellectuelle). Le sens tar-
d’emploi didactique pour parler du XVII~ s. en dif 11902) d’aindécencen est tombé en désuétude.
France. oDe l’idée de <convenances viennent 4MALHONNÊTEMENT adv.est relevé en 1665.
d’autres emplois, surtout à l’kpoque classique; on
parle d’un prktexte honnête afondé sur une appa- HONNEUR n. m., apparu dans la deuxième
rence de raisow Iv. 15501, d’un hubit honnkte @en- moitié du xes. rhonorl, est issu du latin impérial ho-
core assez bon pour être port& (16901, d’une nais- nor, honorem, en latin classique honos, «honneur
sance hon&te 11690) : le sens de <<convenable, rendu aux dieux, décerné à qqn, Ile sentiment de
approprié)) a vieilli (1680, un cadeau honnête), mais l’honneur étant plutôt désigné par honestuml,
on qutie encore d’hontite un vin, etc. 0 C’est <charge honotiquea (au pluriel honores ((les hon-
aussi au XVII” s. que le mot prend le sens (16693 de neurs4, cmagistrature, fonction publiquem. Les
“qui respecte le bien d’autruifi (en locution trop p& formes onor, enor, eneur de l’ancien français sont
pourêtrd2oMête). devenues honneur par réfection étymologique.
F HONNÊTEMENT adv., dans sa première attesta- L’essentiel des sens du latin est repris avant la fin
tion (1121- 1134, onestement) signi&it <selon la mo- du xze s.
rale>>, d’où ensuite Cv.1485) <selon le devoir, la pro- + Depuis le we s., honor se dit de charges octroyées
bité, etc.*. 0 L’adverbe correspond ensuite à un comte, à un duc, aux oaciers royaux, qui s’ac-
El 174-1176, honestementl à aselon les normes compagnent de revenus fonciers; avec le temps,
moyennes ou raisonnablesm. De là hortnêtement l’honneur se confond avec le bénéfice, devenu héré-
puyé w.&samment>j ( 16111. 0 Aux sens de Mselon ditaire; aussi trouve-t-on au xe s. honneur avec le
les bienséance+ ti XII~sd, de aen honnête sens d’aoffice, charge)), puis de ((possession, fief»
homme)>, le mot est aujourd’hui vieilli. (1080; & s., honorl. Ces emplois ont disparu, mais il
HONNÊTETÉ n. f. représente la réfection Iv. 12651, en reste les honneurs ales titres, les charges, les dé-
d’après honnête, de l’ancien onesté (v. 8811, em- corations, etc. qui sont appréciées dans la société>
prunt au dérivé latin classique honestas, -MS Nhon- (par ex., dans être comblé d’honneurs). Spéciale-
neur, considération, beauté morale, vertu-. *Le ment, le mot reprend le sens du latin,cursus hono-
mot a eu une évolution sémantique parallèle à mm «carrière des honneurs», hiérarchie des fonc-
celle d’tinnête. Au XIII~s., il s’emploie au sens de tions publiques, avec le sens de Ndignité d’une
~biensémce, convenance-, d’oti les emplois au- carrièreb ; par métonymie, il sime 4nsignes ho-
jourd’hui vieillis pour «témoignage de politesses norifiques>> (pour la célébration de grandes céré-
( 1532,Rabelais) et pour &vilité, bienveillancen, aen- monies) et désignait une personne qui porte ces in-
semble des qualités de l’honnête homme, (1538). signes ( 1752). +Dans la seconde moitié du xe s.,
0 Il s’est dit aussi 11275-1285) pour 4ignité, no- honneur a le sens général de Nmarque de vénéra-
blesse», valeur aujourd’hui archalque mais d’où tion, de considération» {attachée à la vertu, au mé-
viennent le sens demeuré courant de <<faitd’être rite, etc.), d’où en ancien et moyen français celui
conforme à la probité, ( 1538; XII~s., honesté), et celui d’caction honorable)) (depuis le XI~ s.l. De ce sens
de <décence, pudeur)) ( 15381, qui ne subsiste au- viennent acquérir dx Z’honneur, sorti d’usage et
jourd’hui que dans des expressions (choquer, bles- remplacé par s’en tirer avec honneur; pour I’hon-
ser l’honn&eté~. new <<defaçon désintéressée=; rendre homeur à
DÉSHONNÊTE adj., composé au XIII~~. (de dés-; =célébrers (comme rendre hommage) ; au XVII~s., en
40 dé-), a signifié wilain, a&euxn (en parlant humeur se dit à propos de choses pour aapprécié,
d’une chose) puis (v. 1265) a pris le sens d’qinconve- estin& (mettre qqcrh. en honneurl. D’honneur
nant, contraire à la pudeur*, encore en usage, et s’emploie depuis le XVIII~s. dans champ d’honneur
ceux de Ndéshonorant» (xv” s.1 et knproben 115381, Nchamp de bataille>> (où l’on acquiert de l’honneur1 ;
disparus. +Le dérivé DÉSHONNÊTETÉ n. f. la locution a été reprise dans le domaine des
km” s. ; me s., déshmesté) est noté comme vieux sports, dans faire un tour d’homieur.
par l’Académie en 1798. +DÉSHONNÊTEMENT Dès le milieu du XI~ s., honneur est attesté au sens
adv. h. 12303 est rare. de <considération, estime dont on jouitn et est em-
MALHONNÊTE adj., dans son premier emploi at- ployé ( 1080)pour abien moral, sentiment qu’on a de
testé (1406, de mal, adv.1, signifie Kdélabrém. L’ad- sa dignit&. De là viennent veuve d’honneur <<femme
jectif s’emploie ensuite Cv.1462) au sens de *qui qui a perdu son honneurm, en usage à l’époque clas-
manque à la décence>, aujourd’hui archaïque en sique, et l’honneur d’une femme Cv.11451,expres-
parlant d’une personne. Au XVII~s., malhonnête ac- sion vieillie aujourd’hui, pour désigner la réputa-
quiert plusieurs valeurs : malhonnête homme “qui tion attachée au caractère irréprochable de ses
manque aux usages de la société» ( 1668)s’oppose à mœurs; de là l’expression rendre l’honneur à une
honnête homme et l’adjectif s’applique à quelqu’un femme <<l’épouser après l’avoir eue pour ma%
qui manque à la civilité; ces emplois, sauf le der- tressen, sortie d’usage. Reste de cette acception la
nier, marqué comme populaire (cf. malpoli), ont locution moderne en tout bien tout honneur. Hon-
disparu aujourd’hui. ~Enfin le mot Sign%e “qui neur [d’un homme1 au sens de <<réputation liée au
manque & la probit& ( 16741,sens le plus courant comportement de sa femme» est archaïque et hon-
aujourd’hui, +Le dérivé MALHONNÊTETÉ n. f. est neur <<parties sexuelles de la femme)) (16901 n’a pas
attesté au XVII~s. (1676) aux sens de ((manque de po- vécu. Ces valeurs sociales sont liées dans la langue
Messen, archaïque, et de amanque de probité=, d’où classique au sens correspondant de honnête. 0 On
viennent par extension celui d’<(acte contraire à la emploie aussi honneur en parlant d’une collecti-
HONNIR 1736 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

vité, d’une profession, etc. (l’honneur de la famille, me <<garder la considération qu’on a en la


l’honneur militaire, etc.). +Du premier usage sont payant)> (1679), faire honneur à qqch. (av. 1690) “y
issues de nombreuses locutions, en particulier à rester fidèle, s’en montrer digne» se dit familîère-
l’époque classique, où l’honneur fait partie inté- ment par extension quand la chose semble être
grante de la morale : pkz~t d’honneur ((chose es- traitée de façon flatteuse (faire honneur Ct un repas
sentielle quant à l’honneur* est attesté en 1580 Ise <<en manger logement>>, 1694).
faire un point d’honneur del ; la locution se piquer k Le composé DÉSHONNEUR n. m., attesté dans
d’honneur (1657, Pascal) est vieillie aujourd’hui, La Chanson de Roland (1080, de db-; 3 0 dé-), si-
comme piquer d’honneur qqn (fin XVII~ s.); M&e me *perte de l’honneurn, <<état d’une personne
d hnneur Koù l’honneur est engagé>> ( 16901 prend gui a perdu son honneur>>, d’où la locution presser
le sens spécial de edueL au XVIII~ s. ; en l’honneur, qqn de son déshonneur ((lui faire commettre des
d’honneur, devenues archaïques, ont cédé la place actes qui le déshonorent>>, sortie d’usage. Le mot a
à SUT 111un honneur Il 6901, elliptiquement SUT I%on- désigné des paroles ou des actes outrageants 11425)
rieur 118351. Parole d’honneur est attesté en 1694, et, par ailleurs, l’état d’une femme qui s’est laissé
auparavmt avec une valeur spéciale, dans porter b séduire (v. 1485). +HONORIS CAUSA ~OC.adj. et
quelqu’un une parole d’honneur <<l’appeler en duel)) adv. est emprunté (1894) à la locution latine signi-
(1671). On relève aussi mettre son homewà (qqch.l fiant (<pour I’honneurn, de causa à l’ablatif, <<pour
et sauver I’honneur, cette dernière locution étant cause de, en raison de2, et du génitif de honos, ho-
utilisée aujourd’hui dans le domaine des sports, en noris xhonneurx. La locution s’emploie dans docteur
parlant d’une rencontre qui a tourné au désavm- honoris causa, titre conféré à des personnalités que
tage d’une équipe. l’on veut honorer, bien qu’elles ne remplissent pas
En emploi absolu, honneur (1080), parfois écrit avec les conditions normalement exigées.
une majuscule, se dit du sentiment qui pousse à ob- @ voir HONORABLE, @ HONORmE, HONORER, HONORI-
tenir le bien moral qu’est l’honneur. De là viennent FIQUE.
homme d’homew, d’abord <<homme d’un certain
rang> ( 1461) et ensuite apersonne animée pa;r le HONNIR v. tr. est issu (1080, hurcir) du francique
sentiment de l’honneur>>, d’où par extension “haunjwz <<railler, insultep (+ honte), que l’on resti-
«homme de probit& (159.21, et bandit d’honneur tue d’après l’ancien haut allemand Iz&w~ et le
{(celui qui est devenu bandit par honneurm, spécia- moyen néerlandais honen «déshonorerD, «cor-
lement en parlant des bandits corses (cf. vendetta). rompre>> kf. allemand hUmen {(railler, bafouer>>).
0 Honneurs au pluriel se dit pour aéloges> W s.l.
+ Le verbe est d’emploi littéraire au sens de <<vouer
De ce sens viennent, de nos jours, des syntagmes
au mépris public, couvrir de hontem, venu du pre-
littéraires, h0mew-s funèbres, suprêmes (15521,
mier emploi, archtique, de <<déshonorer)).
aussi en emploi absolu à patiîr du XVI~” s. (16421, et
ä Le participe passé adjectivé HONNI, IE (1269-
les derniws honneurs thn mue s.l. Autrefois, avoir
les honneurs du Louvre (1672, M”” de Sévignél se di- 1278, /%oni) est également d’emploi littéraire, en
sait de ceux qui avaient certains privilèges, en par- particulier dans la formule honni soit gui mal y
ticulier celui d’entrer à cheval dans la cour du pense «honte à celui qui y voit du mal>>; cette for-
Louvre. 0 Au XVIII~ s., les honneurs de Ia guerre mule enregistrée par Furetiére (1690) est beaucoup
( 1732) désignent la condition stipulant que la garni- plus ancienne : elle a été la devise en fraz~@s de
son qui se rend peut se retirer libre d’une place ; au l’ordre de la Jarretière, en Angletem;e; elle s’em-
figuré, sortir d’une discussim avecles humeurs de ploie avec ironie pour blâmer ceux qui verraient
Ia guerre Sign%e <(en sortir sans rien perdre de sa une allusion scabreuse dans les actes ou les propos
dignité)~. Honneurs militaires (18233 se dit encore les plus honnêtes.
aujourd’hui des saluts, salves d’artillerie, etc., ren-
dus à des chefs d’État, des drapeaux, etc. HONORABLE adj. est emprunté k. 11.251au
Depuis le me s., honneur a aussi le sens de ((traite- latin honorabilis “qui fait honneur», udigne d’être
ment destiné à honorer qqn», par exemple dans la honore)), employé corne titre honotique en bas
locution en I’PlorrneuP de qqn (XI~II’s., en I’onor del latin, dérivé de honorure (4 honorer).
tien vue de lui rendre honneur)) (à l’honneur de, de + Honorable conserve le sens latin de «digne de res-
même sens, est sorti d’usage1 ; en I’Iwmeur de a pect)) Iv. 1125, en parlant d’une personnel, d’où
pris aujourd’hui le sens d’& cause den dans un re- «noble>> (qui subsiste dms la locution I’honorabJe
gistre faer (cf. aussi en quel honneur? & cause compagnie), puis s’emploie comme épithète hono-
de qui, de quoi ?w). Tenir Ct Z’honneur <considérer tique (1276, honoruble homme), titre donné en-
comme un honneur>) est archaïque; avoir, f=zire ;i suite aux marchands et aux artisans, par opposi-
qqn l’honneur de Istiti de l’hfhWf? 4’homeur gui tion à la noblesse (16903; cet usage a disparu
consiste à» est devenu par affaiblissement une for- officiellement en 1791 par décision de l’Assemblée
mule de politesse (en particulier dans le style épis- législative, qui supprime l’usage de honorable
tolaire). 0 D’honneur, apr&s un substantif ~VIII~ s., membre. En ancien fr-a;ncais, l’adjectif a eu d’autres
relevé par Richelet, 1680) marque à l’origine gue la valeurs : «respectueux, disposé à faire honneur))
personne ou la chose est destinée à recevoir ou à (XIII~s-1- d’où son emploi appliqué à une personne
conférer un honneur @résident d’honneurl. 0 Faire qui observe les règles de la bienséance (xv” s-1- et
I ‘honneur 8 g$pt (mil. xvrre s.1 correspond à <<lui valok wénérable>~ en théologie (XIII~s.1,encore au XVI” siè-
de l’honneura; dans le même sens, faire de Z’hon- cle. Amende honorable, relevé au xwe s. 115491,dé-
rieur est sorti d’usage. Faire honneur à une dette si- signait une peine infmante (susceptible
DE LA LANGUE FRANÇAISE: HONTE

de réparer la faute), pu& une réparation faite à qqn + Le verbe est introduit avec le sens, toujours en
(16361, valeur cpi demeure a$aibhe dans faire usage, de <<rendre hommage par des marques de
amende honorable (1672). 0 Depuis le milieu du respectn Ihonorer ses parents, la mémoire de qqn) ;
XVI~s., honoruble qualiCe une chose considérée l’emploi dans le langage de la politesse ne subsiste
comme attirant la considération, digne de respect qu’au participe passé et au passif Ciesuis très ho-
kme profession honorable); au début du XVII” s, est noré; cf. aussi l’emploi comme nom féminin 118731,
attesté le sens affaibli de aconvenable, stisantn avec ellipse du mot lettre : j’ai reçu votre honorée
(d’Aubigné). L’adjectif, en termes de blason (1690), du...). Il s’emploie en particulier (XIII~s.1 au sens de
conserve son premier sens, dans pkes honorables CgratSer (qqn) d’une récompensen. oPar exten-
<pièces principale9 (on dit aussi pièces & premier sion, le verbe si@e 11580, Montaigne) <tenir en
ordre). Depuis le XIX~s. Iv. Hugo, 18291, honora@e haute estime>>, d’où honorer lu paresse, etc.
s’emploie comme terme de déférence, dans la (av. 16501. 0 En emploi pronominal, s’honorer
langue parlementaire, d’où l’emploi du mot prend le sens de atirer honneur de>>(mil. XVI” s.1 et,
comme nom masculin au sens de Ndéputé, parle- dans un emploi péjoratif, celui de &rer v@té de-
mentairen ( 18451; cet emploi est un emprunt à l’an- (mil. XVI~s., s’honorer de ses richesses). 0 A partir
glais honouruble El&même issu de honorable) uti- du XVII~s., honorer signifie Nfaire honnew (attesté
lisé en ce sens depuis 1450 pour s’adresser à des 1690, honorer son puys). Le verbe entre au xvme s.
personnages de haut rang ou appartenant à cer- dans le vocabulaire du commerce et Sign%e sac-
tains corps; en anglo-américain, honoumble se dit quittepj (afin de afaire honneurs à un engagement,
à partir de 1640 des magistrats. 1723). oPar euphémisme, il s’emploie ke s.) pour
b HONORABLEMENT adv. est attesté au xxe s. ((avoir des relations sexuelles avecn (honorer su
( 1160- 11741. * HONORABILITÉ n. f. appa&t sous femme; cf. hommage).
la forme onorubleté Cv.1265; usitée jusqu’au XVI~s.) ä DÉSHONORER v. tr. (fk’~ XI~~ s., sous la forme &s-
aux sens de «caractère honorable (de qqn ou de honret; puis deshonorez, déb. XIII~s.) signiCe <<priver
qqch.)m et de acapacité d’honorer)) ; la forme est re- (qqn) de l’honneur-, cporter atteinte à l’honneur de
faite d’après le latin honombilitus (de honorabilis) (qqn)». Par référence à la morale sexuelle tradi-
en onorabilité (1464, attestation isolée) au sens de tionnelle, déshonorer une femme, c’est la séduire,
<<qualité de ce qui est honorables. 0 Le mot est re- abuser d’elle ti XII~S.I. Par extension le verbe,
pris au XIX~ s. Ihonorubilitél et Sign%e aqualité d’une dans un emploi aujourd’hui littéraire, se dit pour
personne honorable>; il s’emploie par métonymie, afaire tort à Iqqch.)~ IXW” s.l. +Le d&ivé DÉsao-
mais rarement, pour <personne honorable)) (1857, NORABLE adj. Iv. 12651, archtique, a été remplacé
Baudelaire ; cf. notable). par DÉSHONORANT, ANTE adj. (17481, demeuré
usuel.
0 HONORAIRE adj. représente un emprunt
(14963 au latin honoruks Nhonorable>>, puis en latin HONORIFIQUE adj. est un emprunt savant
juridique «donné à titre d’honneurm, dérivé de ho- ( 1488) au latin honorificus “qui honore, procure les
nos, honoris (4 honneur). honneurs>, dérivé de honos, honoris (+ honneur).
+Honoraire s’applique à une personne qui, sans + Le mot conserve le sens du latin; aujourd’hui
exercer une fonction, en a le titre “par honneur= terme d’histoire, droits honotifiques désignait sous
11496, tuteur honoraire) puis par extension ( 1680, l’Ancien Régime un ensemble de droits & certains
conseiller honoraire) à une personne qui garde le honneurs réservés aux seigneurs. L’adjectif, sur le
titre d’une fonction, ayant cessé de l’exercer (cf. en modèle d’expressions comme & titre gratuit, oné-
Belgique, émérite). reux, s’emploie dans ù titre honotifîcyue pour céans
F En dérive le terme didactique HONORARIAT autre droit qu’un titre honorifiqueti.
n. m. (1841, sur le modèle de notariat). F HONORIFIQUEMENT adv. (14881 est sorti
d’usage.
0 HONORAIRE n. m., l%ONORAIRES
n. m. pl. a été emprunté 11597, au singulier) au la- HONTE n. f. est issu (1080, hunte) du fkancique
tin impérial honorurium Idonuml, neutre substan- “huunipa, “huunitu =mépris, raillerie>> (cf. honnir),
tivé de honmurius <<don honorableD, d’où &tribu- restitue d’après l’ancien haut allemand h6nidu
tion d’une chargen. <<déshonneur>>, le moyen néerlandais hoonde (cf. al-
+Lemotad’ abor d eu le sens de *rétribution hono- lemand Hahn).
rable», aujourd’hui archaïque. Homraire, par spé- +Honte a d’abord le sens de adéshonneur hurni-
cialisation, prend ensuite le sens de &tribution ac- liant)>, d’où celui d’&kontB, d’*humiliationa II ii’&
cordée aux personnes exerçant une profession 11761, spécialement dans la locution faire honte à
libérale, en échange de leurs services> ( 17471; le qqn <<l’outrager= (331~SI, et par extension &tre un
mot s’emploie au singulier ou au pluriel au xvr# s., sujet de honte>> Cfin XII~ s.1; de cette acception pro-
seulement au pluriel de nos jours; il s’oppose à sa- cède aussi k la honte de qqn <<enlui tigeant un
laire. déshonneur>. Au début du XIII~s., on relève la lo-
cution aujourd’hui archtique boire honte *éprouver
HONORER v. tr. a été emprunté (première toutes sortes d’avaniesm, puis avoir toute honte bue
moitié du x” s.1 au latin honorare wendre hom- (xv” s. ; av. 1450, avoir toutes ses hontes bues) au sens
mage)), agratZer», corner>>, dérivé de honos, honoti de *devenir inaccessible à la hontes (pour avoir
(+ honneur). subi trop d’avanies). 0 Le mot s’emploie ensuite
HOP 1738 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour Mpudeur>> (xv” s.), puis désigne une chose, un Ospitale Jherosolimitanum, correspond par
fait honteux ( 15381et un sentiment pénible d’humi- exemple à la même notion que hôtel*-Dieu. Étendu
tiation devmt autrui, d’indignité devant sa à des établissements laïcs analogues, le mot est
conscience (sens attesté en 16111; en est issu un alors un quasi-synonyme de hospice*. De ce sens
nouveau sens de la locution faire honte IA qqn1 viennent des locutions plus ou moins archaïques et
<faire des reproches à qqn (pour lui inspirer de la qui seraient aujourd’hui mal comprises, où le mot
honte)> (apr. 1650). *La locution courte honte symbolise la misère : le @uvLdl chemin de 1’Mpitul
&chec, insuccèsn (1552,Rabelais), encore courante (1640), &tre réduit à Z’hôpitul, etc., ainsi que des a~=-
au XVIII~ s. (Rousseau) est tombée en désuétude. ceptions figurées, fltaudis» ( 17041, voire en argot
0 Au XV? s., apparait par titiblissement (av. 15531 <<prison» (1837).
le sens de «sentiment de g&ne éprouvé par timidité, La spécialisation médicale apparaît au XVII~ s, dans
par pudeur, par crainte du ridicule, etc.»; c’est ce hôpital pour les malades ( 16711, mais la distinction
sens affaibli qu’on trouve ensuite dans les locutions nette avec hospice ne se fait que dans la seconde
maudse honte (1660),fausse honte (17355 <<honte moitié du XVII~siècle. En lançais classique, le
éprouvée à propos de qqch. qui n’est pas blâ- contenu du mot est encore axé sur l’hébergement
mable>>. Honte entre dans les expressions gueUe gratuit, même si l’établissement dispense des
honte! c’est me honte! (16901Sign%ant «c’est une soins : hôpital des orphelins 116903aorphelinatm, ti-
chose honteuse%, puis, par exagkation, <<c’est la- pitul général 117041 <hospice pour tout indigents).
mentable)), d’où, récemment, Ic’estl la honte! ainsi Depuis le début du XIX~s., hôpital est usuel pour dé-
que dans l’exclamation d’emploi littéraire honte à signer un établissement public recevant et traitant
celui, ù ceux... 118371. des personnes nécessitant des soins (malades, bles-
b Le Composé AHONTER v. tr. cv. 1188; avec un sés, femmes en couche...) pendant un temps rela-
autre suhe ahontir, v. 1120) a signiM rouvrir de tivement limité.
honte)) ; le verbe est sorti d’usage depuis le xvwe si& Dès le XVIII~s., la spécialisation médicale paraît
cle. claire en contexte militaire, avec tipitul ambulant
HONTEUX, EUSE adj. est dérivé au XII~ s. du nom ( 17621,qui prépare ambulance thôpitul militaire est
(v. 1135, hontes) avec les sens de “qui éprouve de la attesté tardivement, 18931,et dans la marIne 117211,
honte» et Iv. 11651 “qui cause de la honte,, d’où les où l’on emploie par apposition Wzwau h@Ltal
emplois devenus archaïques de être honteux ct qqn I1773). 0 Senti comme une sufkation argotique ir-
«mériter l’ignonkien. oLes interdits sexuels ex- réguliére de h&ituZ et hospitalier, hosto est en fait
pliquent l’usage de parties hontewes uorgaes gé- une variante de hôteE*,
nitaux» (xv” s.), vieilli aujourd’hui, et de maladie &HOSPITALIER,IÈRE adj .estemprunté (1174)
honteuse pour maladie vénérienne (mil. XVI~ ~3.1. au latin médiéval hospituEariw, dérivé attesté au
0 Depuis la fin du XII~ s., honteux sign%e par tiai- XII” s. ( 11091 du bas latin hospitule, de hospitulis ade
blissement “qui éprouve de la confusion, de la l’hôte>) (ci-dessus). Le mot quaMe d’abord les reli-
gêne>>, vieilli de nos jours, puis par extension @n gieux qui recueillent et abritent des voyageurs ou
XIII~ ; déb. XVII~ s., apudiquen) “qui dissimule (son état1 des indigents; il est aussi substantif (au féminin,
par gêne- km pauvre hmteu3c); de là vient la lo- XI~I~s.) alors par dérivation probable de hospital.
cution familière le morceau honteux pour désigner 0 Parallèlement à l’évolution de sens de hmpitaZ/
le dernier morceau dans un plat, que personne hôpital, il se dit au XVII~s. de ce qui concerne l’ac-
n’ose prendre IXVI~ s.l. -HONTEUSEMENT adv, cueil des indigents et aussi les soins aux malades.
Iv. 1120, huntusement) est d’emploi littéraire au De là un emploi substantif d’abord attesté en
sens de ((d’une manière honteuse,, mais courant Suisse (vaudois espituley, 14011,aussi au féminin
pour <<d’une manière très insuf%anten. (hospitulkre, 1532, Rabelais), puis adjectif Ixv$ s.1
pour 4personnel qui soigne les maladesm (cf. en
HOP interj., attesté sous la forme houp en 1652 et fkançais moderne, infimier-infimzière). + Depuis le
hop vers 1828, est une onomatopée certainement moyenfrançais, @HOSPITALIER,XÈRE adj.s’em-
antérieure : le dérive houper <<appeler qqnn est re- ploie pour quamer le bon accueil des hôtes,
levé à la fm du me s. IFrolssarU ; ce verbe archaïque d’abord dans Jupiter osp~tulier (14881,puis en par-
est encore dans le dictionnaire de l’Académie en lant des personnes (15861, des lieux (16711 accueil-
1935. lant bien les étrangers, d’où agréables, accueillants
Mop sert à stimuler, à faire sauter (hop lù! et va- (déb. XB? s.l. 0 Cet adjectif a pour dérivé rare HO%
riante houp là!). oL’exclamation hip hop! 119911, PITALIÈREMENT adv.I159o) etpourprétié auto-
lice au rap et à d’autres mouvements de jeunes, est nyme INHOSPITALIER, IÈRE adj ., d’abord attesté
probablement reprise à l’anglais, et suggère la vi- pour les lieux (1649, Scarron), puis les personnes
vacité (d’un rythme, figurément d’une actionl. 116713,l’accud, les coutumes (1776, Voltaire).
oSon dérivé INHOSPITALIÈREMENT adv. (1838)
HÔPITAL, AUX n. m., d’abord opital iv. 1170) est rare.
puis hospituZ(11903, est emprunté au nom bas latin HOSPITALITÉ n. f. est emprunté Iv. 1206) au latin
hospitulk (WI” s., Bède), de l’adjectif h0spituk.s dans hospitulitus, dérivé de hmpitu2i.s. Le mot désigne
hospitulis domus <maison hospitalièren. Hospitulis l’hébergement gratuit et l’attitude charitable qui
est l’adjectif de hospes, qui a donné Cte. correspond à l’accueil des indigents, des voyageurs
4 Le mot s’applique d’abord à un établissement re- dans les couvents (dans les hospices* et hepitaux*).
ligieux recevant des personnes démunies, men- Au xwe s. ( 15381, il est réemprunté (après !%ospitu-
diants ou non. OspitaE de Jemsulem (11801, du latin lier, semble-t-il) dans le contexte antique pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1739 HORDE

<<droit réciproque de protection et d’abri», parall- +Hoqueton a désigné une veste de grosse toile,
lèlement à l’emploi général pour «fait de recevoir, portée par les hommes d’armes sous le haubert, du
loger, nourrir qqn sans contrepartie)) (1530) et par moyen âge à la Révolution ; le mot s’est dit ( 1180-
extension *bon accueilu. 0 En histoire, par calque 1190) aussi pour Gtoffe de coton>>. Au xv” s., hoque-
du latin médiéval hospitalitw, hospitalité se dit du ton est le nom de la casaque brodée, portée par les
système obligeant les occupants d’un territoire de archers du roi (1465) ; par métonymie ( 16361,il a dé-
l’Empire romain envahi par les Germa;niques à signé ces archers eux-mêmes. 0 Par extension, le
leur céder une partie des terres, en les accueillant mot a désigné (1549) une casaque de paysan ; il n’est
en tant qu’xhôtesm. Le premier emploi en français plus employé en ce sens, mais se dit encore régio-
(166 1) dans ce sens concerne les Burgondes. *HO~- nalement pour une sorte de cape.
pitukté a pour préfixé antonyme INHOSPITALITÉ
n. f. ( 15301, qui correspond à inhospitulier mais qui, HORAIRE adj. et n. m. représente un emprunt
à la différence de l’adjectif, est devenu archaïque. t 1532) au latin médîévd horarius “propre aux
Par ailleurs, en relation avec h6pital et hospitalier, heures liturgiques*, dérivé de hors (+ heure).
le latin hospitales a servi à former HOSPITALISER + C’est chez Rabelais un latinisme de l’écolier li-
v. tr. ( 1801, Mercier), d’abord au sens de «soigner et mousin employé dans un contexte religieux, les
accueillir (les indigents)>), puis, en relation avec precules horaires désignant les prières dites aux
l’évolution de hepital, aadmettre (un malade, un heures canondes. L’adje&f est ensuite utilisé par
blessé...) dans un hôpitalm (1875, comme HOSPITA- Pontus de Tyard dans moment horaire, pour «mo-
LISÉ, ÉE adj., aussi substantivé). 0 Ce sens est an- ment compris dans une heuren W moitié XVI~s.) ;
térieur aux attestations puisque le dérivé HOSPI- mais il s’agit d’un emploi isolé et le mot reste rare
TALISATION n. f. est enregistré avec Cette valeur avant la seconde moitié du ~VII” siècle. Horaire s’ap-
en 1866. Le mot est usuel en relation avec l’accep- plique alors 11680, cercle horaire) aux cercles qui
tion moderne du verbe. +HOSPITALISME n. m. marquent les heures sur les cadrans solaires ; il si-
est emprunté ( 19491 à l’anglo-américain hospita- @e encore «relatif aux heures, aux temps, aux
likm ISpitz, 19451,dérivé de hospitul qui correspond angles mesurés des heure+ (172 1, mouvement ho-
au fknçais hôpital. Ce terme de psychiatrie raire des plunètesl, puis horuire se dit de ce qui a
concerne les troubles liés & la situation d’hospita- lieu toutes les heures M@aux horaires1 et de ce
hé. qui correspond à une durée d’une heure (vitesse
HOSPITALO-, &émerit tiré du latin &~pituks, horairel.
entre dans HOSPITALO-UNIVERSITAIRE adj. Comme nom masculin, horaire est attesté en 1866
(19581, qual%ant en France un centre qui associe les IAmiel) au sens de «relevé des heures de départ,
soins et la recherche médicale, le syntagme centre d’arrivée des services de transports régulierw,
hospitalo-universitaire étant abrégé en C. I-3.U. d’où par métonymie l’emploi pour <<tableau indi-
quant un horairepi ce sens vient peut-être de l’ita-
HOQUET n. m., réfection kv”s.1 de hoqtis lien oratio (dérivé de oru aheure%). Au xxe s. le nom
(13101, a été formé à partir d’une onomatopée, hok-, désigne aussi un emploi du temps heure par heure,
qui exprime un bruit de choc. d’où vient le sens de arépartition des heures de tra-
+ Hoquet est attesté en 1310 comme terme de mu- vail exigéesm ( 1972, horaire vuriable, mobile, à la
sique, désignant une alternance de deux voix se ré- carte), 0 En relation avec le substantif, l’adjectif, en
pondant, dans la polyphonie médiévale. Le mot se parlant de personnes, se dit (19681, pour “qui est
dit ensuite pour <coup, choc+ (13851, archaïque au- payé à l’heure, (opposé à mensuel), d’où une autre
jourd’hui comme son emploi figuré au sens d’c<em- valeur du nom horaire (1968 ; les horaires et les men-
pêcheme&. 0 Le mot prend au xve s., alors sous la su&).
variante loquet (14641, le sens de ccontraction spas- b HORO-, premier élément tiré du grec tiru
modique du diaphragme, qui produit une vibration aheurem, sert à composer des termes didactiques,
des cordes vocale+, d’oti par métonymie ccbnrit qui comme HOROGRAPHIE n. f. 11644, de -@a@&}
en résultep. Les locutions Ie dernier hoquet 11608, aart de tracer les cadrans solairesm -qui a fourni
aux derniers hoquets), le hoquet de la mort, dé- HOROGRAPHE n. m. ~TI"s.) et HOROGRA-
signent le hoquet qui accompagne parfois le râle PHIQUE adj. (1866) - ou techniques, comme HO-
des mourants. Par analogie, hoquet se dit (18441 du RODATEUR, TRICE adj. et n. (19271, de dateur,
bruit qui accompagne une respiration brutalement d’emploi courant pour désigner un appareil ser-
contrariée ; par extension, le mot s’applique à un vant à imprimer la date et l’heure. Le nom féminin
état caractérisé par des hoquets répétés, d’où avoir est attesté en 1974.
le hoquet. 0 voir HOROSCOPE.
F HOQUETER v. intr. ( 1538) sime <<avoir le ho-
queta; le verbe s’est employé comme le nom dans HORDE n. f. apparaît Iis59) dans un récit de
un contexte musical Cdéb.XIV~s.l. voyage en Turquie; le mot était connu en Europe
dès le XIU~s. : on relève le latin médiéval or& pour
HOQUETON n. m., sous les formes alqueton -camp rnilitaireB vers 1240; par ailleurs borda est
Cv.11301, auqueton (1180-11901, huuketon (XIII~s.1 et attesté en allemand en 1429. Horde, or& et hmda
la forme hoqueton en 1465, est emprU”hé, par l’es- constituent un emprunt au turco-mongol orda,
pagnol, à l’arabe gutn <le cotow (+ coton); le h ini- hordu «camp militaire5 mot apparenté au turc
tial est sans doute dû à l’influence de l’ancien tian- ordu «année, camp militaire>, et au mongol ordu,
çais heuque, huque «sorte de capem. ordu <<camp,horde)) Icf. ourdou, nom de langue).
HORION 1740 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Horde est introduit avec le sens de ((tribu errante, entre dans plusieurs expressions et locutions : Z’ho-
nomades en parlant des peuples de l’Asie centrale ; rizon social, Z’horizon politique ala situation envisa-
cet emploi est aujourd’hui didactique. Le mot gée# (18391, tour d’horizon ((examen généra3 d’une
prend au XVII~ s., par analogie, le sens de <<troupe questionn, nouvel horizon, Inouveauxhorizonsl <do-
d’animaux* (1669, LaFontaine, repris au me s.; maine encore inexploré-, ouvrir les horizons, etc.
cf. 0 harde, meute 1 et, par extension (16903, celui Au XI? s., horizon désigne aussi le cadre (social,
de atribu errante, peuplade de nomades)). Le mot culturel, etc.) qui limite les aspirations d’une per-
utilisé ensuite avec une valeur péjorative, signifie sonne lun horizon étroitl, 0 À Z’horizon. .. suivi d’un
(17671 atroupe d’hommes indisciplinés, nuisibles)), millésime, pour <<dans la perspective de (l’année in-
sens courant aujourd’hui, puis (1769) Nfoule quel- diquée)>> est attesté récemment (v. 1971).
conque= «groupe très nombreux)) (péjoratifl, sens ~HORIZONTAL, ALE.AUX adj. et n. f., attesté en
utilisé dans le slogan d’une organisation de 1545 flignes horizontalesI, se dit (adj.1 au propre de
voyages, «voyagez hors des hordes)). 0 Au xrxe s., ce qui est parallèle à l’horizon astronomique, et au
horde en emploi figuré ( 1848, Chateaubriand) signi- figuré de ce qui réunit des individus, des éléments
fie <grand nombre (de choses qui apparaissent sans appartenant à un même niveau (opposé à vertical)
ordreIn; en ce sens le mot est rare. *Horde est uti- et alors employé dans concentration horizontale,
lisé au XIX~ s. Itrad. de Darwin) dans La horde primi- en parlant de la réunion d’entreprises. oHORI-
tive pour désigner un groupe humain primitif do- ZONTALE n. f, «position horizontale>> (16901,
miné par un <mâle puissank l’hypothèse de la <<droite horizontal+, s’est dit en argot (18811, par
horde ptimitive a été reprise par Freud. analogie de position, pour «prostituée>>. +De hofi-
zontuldérivent :HORIZONTALEMENT adv.0~961,
HORION n. m., attesté (v. 1285) chez Adam HORIZONTALITÉ n. f. (1786) et, au mes., des
de la Halle, est un mot d’origine incertaine, repré- termes didactiques issus de certains emplois figu-
sentant peut-être une altération de l’ancien fran- rés :HORIZONTALISTE adj.etn, 11908),terme de
çais orillon, oreillon (dérivé de oreille) «coup sur musique, “qui privilégie la mélodie U’écriture hori-
l’oreillem, avec adjonction d’un h à valeur expres- zontalel par rapport à l’harmonie=, se dit aussi d’un
sive. P. Guiraud, relevant qu’en ancien français ho- catholique dont la tendance est appelée HORI-
rion désigne un coup (de lance, d’épée) et une ma- ZONTALISME n. m. Iv. 19651, aprimauté donnée
ladie qui frappe, épuise, rattache le mot au latin par certains catholiques à l’action envers les
classique hautire <<épuiser>> ; l’hypothèse s’appuie hommes>> (opposé à vetic&.smel.
sur le fait qu’à des locutions du latin classique Ihau- HORIZONNER v. tr., dérivé de horizon, attesté en
rire latus gladio apercer le flanc d’un glaive4 cor- 1839 (E. de GuérinI, peu usité au sens de <<borner
respondent en ancien français des locutions par un horizon», est employé comme terme de
comme férir- (avec Z’épkel le premier horion. peinture.
4 Rare aujourd’hui au singulier, horion a gardé le 0 voir DIORJTE.
sens de <coup violentn.
HORLOGE n. f. est une réfection graphique,
HORIZON n. rn, est une réfection étymologique d’après le latin (xv” s.), des formes au masculin oti-
tardive (déb. XVII~ s-1 de orizortte (apr. 1250) puis ori- loge, orloge (v. 1170-I 1801, reloge; le féminin appa-
zon 11328). C’est un emprunt savant au latin hori- raît au XIII~ s. mais ne s’impose qu’au XVII~ s. ; le mas-
zon, -OI&S, terme d’astronomie usité au sens de &, encore attesté au XIX~ s. (Stendhal, Hugo) ne
<borne de la vue>>, lui-même au grec hotizôn #w- s’est conservé que dans quelques dénominations
klosl 4cercle) qui borne la vue)), du verbe horizeirt (par ex. le gros horloge à Rouen). Horloge est issu
&niter)), dérivé de haros Nborne, limitez. du latin horologium, lui-même du grec tardifhôro-
+Horizon est introduit avec le sens de <limite cir- Zogkn, littéralement ace qui dît l’heure}), désignant
culaire de la vueu (pour la personne qui en est le des inskuments comme le cadran solaire ou l’hor-
centre), d’où la locution la I@e d’horizon, de I’hori- loge à eau. Le mot est composé de hQra I-+ heure) et
mn “qui semble séparer le ciel de la terre (ou de la d’un dérivé de Zegein “dire, parlep, qui a pour cor-
mer)*. 0 Par extension, hotion se dit des parties respondant le latin Zegere (-, lire).
de la surface terreste et du ciel voisines de l’hori- 4 Horloge a d’abord conservé le sens étymologique
zon visuel (1611, pour le ciel; 1671, pour une éten- de &spositifindiquant l’heure)) (comme le cadran
due de paysage); de là viennent les expressions solaire, la clepsydre ou le sablier), aujourd’hui sorti
voir, apercevoir gqch. ti Z’horizon et, avec une valeur de l’usage ou terme d’histoire. La valeur moderne
caractérisante, bleu horizon (par allusion à la cou- d’aappareil muni d’un mécanisme pour indiquer
leur des uniformes français pendant et après la l’heure au moyen d’un signal sonores est attestée
guerre de 1914-1918). Q Par extension, horizon dé- vers 1230 ; de ce sens vient la locution (1547) me
signe tout l’espace visible au niveau de l’horizon. heure d’hodoge «une heure entière)). Par analogie,
0 Le mot, au XVII~ s., prend en astronomie (1611) le le mot se dit ensuite k-v” s.1 de ce qui règle ou régu-
seL1s de <<cercle théorique divisant la sphère céleste larise qqch., par exemple dans les locutions une
en deux parties égales)), d’oti horizon rationnel précision, une ponctuulik?, (etc.1 d’horloge, ou dans
C1680). 0 Horizo?~ géologique Il 867) s’applique à une être réglk comnze une horloge. 0 Par métaphore,
couche de terrains bien caractérisée. *L’emploi horloge est adopté par les botanistes au XVIII~ s. :
abstrait, figuré, se développe au début du XIX~ s. ; horloge botanique (1764) et horloge de nore (1797)
horizon signSe alors cdomaîne qui s’ouvre à la pen- désignent un classement des plantes tel que leur
sée ou à l’activité» Iv. 1820). Avec ce sens, le mot ouverture et leur fermeture constituent une suc-
DE LA LANGUE FRANÇAISE HORREUR

cession ckironolo@que kf. aussi, xx” s., horloge phy- neuro-; attesté en angkis, 19411; PHÉRO-HOR-
siologique). La locution horloge de la mort (ou hor- MONE n. f., composk fiançais en phéro-, éliminé
loge-de-mort) se dit (1776) par analogie d’un insecte par la forme PHÉROMONE n. f. (av. 1969) empr&
qui, en rongeant le bois, produit un bruit régulier, à l’anglais pheromone 11960, du grec pherein apor-
analogue au tic-tac d’une horloge. 0 Après 1965, ter,transporter*),d’où PHÉROMONAL,ALE,AUX
les progrès techniques introduisent des appareils adj. (av. 1980); ANTIHORMONE n. f. (av. 1973).
de mesure du temps de haute précision désignés
par les syntagmes horloge ù quartz*, horloge élec- HORO- +HORAIRE.
tronique, horloge atomique.
HOROSCOPE n.m. est un emprunt savant
F Le dérivé HORLOGER, ÈRE n. et adj, est d’abord (1512 ; aussi sous la forme oroscope chez Rabelais,
attesté comme substantif, sous les formes aulo&ier 1529) au latin horoscopes flconstellation sous la-
(1292), puis horlo&r (136@1393, Froissart), graphie quelle on est n&, lui-meme de l’adjectif grec hôros-
en usage jusqu’au xwe s., ainsi que la variante hor- topos aqui examine l’heure nataleN d’où “qui tire de
Ioeur. Au figuré, le mot désigne Dieu, créateur de certains éléments observés lors de la naissance des
l’univers Ciegrand horloger). L’adjectif n’est attesté prévisions pour la vie? mot kéquent dans le voca-
qu’en 1867; il s’emploie surtout dans industrie hor- bulaire de l’astrologie. Le mot grec est composé de
logère. tira éheurea C+ heure) et de skopein aobserver,
HORLOGERIE LZf., qui appartit au xvtt’ s. Ide ho!= examinexk I+ -scopie).
loger), se dit de la fabrication et du commerce des
instruments de mesure du temps (1639-1642) et par
4 Horoscope, qui a conservé sa valeur étymologique
11512, wzonjonctions astrales lors d’une naissance4
métonymie (1762, ouvruge d’horlogerie) des objets
se dit de l’examen des influences astrales lors de la
ainsi fabriqués, plus tard d’un magasin d’horloger
naissance d’un individu, en vue de prédire sa desti-
(1800). Au figuré (XIX’ s.), une pièce d’horlogerie se
née. Vers le milieu du XVII~s., le mot prend par ex-
dit d’un mécanisme délicat, complexe.
tension le sens de (<prédiction de l’avenir*, fondée
HORMIS + HORS ou non sur l’astrologie.
b En dérivent les termes didactiques et peu usités,
HORMONE n. f. représente un emprunt Cat- HOROSCOPISTE n. Iv. 1765, Diderot), synonyme
testé 19111 à l’anglais hormone, terme proposé par d’astrologue ou de voyantlel, et HOROSCOP~E n. f.
W. M. Bayliss et E. H. Starling en 1904 et formé à (18121 qui a pour dérivé HORUSCUPIQUE adj.
partir du grec homzan <mettre en mouvement, ex- (1839).
citeru. Le mot est cependant précédé par homo-
nique, de même origine (1738, pilules harmoniques, HORREUR n. f. représente un emprunt
attestation isolée). Cv.1170) au latin horror <<hérissement, kissonne-
+ Hornzone, terme de physiologie, designe une ment-, &isson d’efioim puis <terreur sacrée>, dé-
substance chimique élaborée par un groupe de tel, rivé de horrere +.e h&Qser, trembleru, &+Sonner
lules ou par un organe qui déclenche une action d’horreur+, <avoir horreur dem I+ horripiler).
spéctique sur d’autres organes ou tissus. Par ana- +Les premières attestations en français corres-
logie, le terme a été emprunté par les botanistes pondent à acaractère de ce qui inspire un senti-
Ihormone véghtalel. oLes homzo~ws de synthèse ment d’efioi, de répulsion)), sens utilisé dans la lo-
sont, en particulier, utilisées pour accélérer la cution faire horreur à erépugnerm, et dans
croissance des animawr domestiques, d’où la lo- l’acception devenue littérale, de <terreur sacrée,
cution familière récente poulet aux homones ( 16751. L’idée de répulsion, prise concrètement ,ex-
atraité aux horrnonesti, qui constitue une apprécîa- plique l’expression l’horreur du vide, appliquée
tion péjorative. d’après le latin à la nature (1648, chez Pascal). De-
,De homzow dérivent HORMONAL,ALE,AUX puis le XIII~s., horreur Sign%e Iv. 1225) <sentiment
adj., attesté en 1932 (l’anglais hormonal, adj., 1926) violemment défavorable qu’une chose inspirem
qui a supplanté une variante harmonique 119131, et ilhorreur du crimel, avec les locutions avoir hor-
HORMONER v. tr. Iv. 1980) qui se dit familièrement rew de, en horreur et être en horreur b qqn, être
pour 4raiter (un animal) aux hormones)). l’horreur & qqn ( 15871, expressions sorties d’usage.
Homtone, comme premier élément, entre dans la 0 Au xwe s., le sens latin, concret, de &-issona est
composition (sous la forme homtono-1 de termes de repris 11547); il a disparu. 0 Le mot désigne (une/
physiologie ou de médecine comme HORMONO- des horreurs) ce qui inspire un sentiment d’horreur
THÉRAPIE n. f. (1938, de -th&upiel d’après l’an- à propos d’une personne, sens archaïque au-
glais homzone therupy (1914) 4raitement par les jourd’hui (15871, puis ~VIII~ s.) à propos d’une chose,
hormonesm, HORMONOPOÏÈSE n. f. (XX” s.), formé d’où par affaiblissement, l’emploi familier pour
à l’aide du grec poiêsis cformation)), de poiein <chose, personne repoussante ou très désagréable))
afairen. +HORMONOGENÈSE n. f. Imil.x~~~.I, de et l’utilisation du mot comme exclamatif, pour mar-
genèse, sign3e aproduction d’hormone+. 0 HOR- quer le dégoût Cqwlle horreur!). *Au pluriel, hr-
MOGÈNE adj. (1959, de -gène> et HORMONOLO- reurs sime Naspects horribles d’une chosem
GTE n. f. (mil. XX~s., de -logid &ude des hor- (déb. xwte s., 2es ?IOYY~UYS de la mort, d’Aubigné),
mones’>, sont des termes didactiques peu usités. d’où par métonymie le sens d’aobjets horribles»,
+Howycow, comme dernier élément de composi- par exemple dans l’expression le musée &s hr-
tion, apparaît dans NÉCROHORMONE n. f. (1941, reurs. 0 Le mot s’emploie ensuite 11655) au sens de
de nécro-1; NEUROHORMONE (mil.~~"~., de asentiments criminels, actes infâme+ [qui inspirent
HORRIPILER 1742 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’horreur) et, spécialement ~VII~ s.), pour désigner - HORRIPILATION n. f. est un emprunt (1495) au
des imputations outrageantes sur le compte de bas latin hoti@Zatio, de horripilare, dont il conserve
qqn. Par extension du sens de <choses horribles)), le jusqu’au XIX~ s. le sens de «hérissement des poils,
mot passe 11866) à <<propos obscènes~. 0 Dans ces frisson>>. Le sens courant et figuré, Mritation ex-
différentes acceptions, horreur a été utilisé de fwon trême>, est relevé chez Flaubert ( 1862). 0 Une va-
hyperbolique du XVII~ au début du xrxe s., en parti- riante HORRIPILEMENT n, m. est attestée isolé-
culier dans la langue du théâtre, usage que ment en 1885 (Goncourt).
condamnait Voltaire.
b HORRIBLE adj . et n. m. est emprunté Cv.1138) au HORS adv. et prép. est tiré Iv. 1050) de dehors
(+ dehors); hors coexiste longtemps avec sa va-
latin classique hotibilti <<qui fait horreur», dérivé
riante phonétique fors, qui ne subsiste depuis le
du verbe horrere. oHorrible, d’abord attesté au
xvf s. que sous forme de préfixe I+ fors).
sens étymologique, est employé à partir du XVI~s,,
par exagération, pour qual%er qqch. d’excessif 4 Hors apparaît d’abord dans hors de..., locution
(1534, Rabelais, atrès grand, énorme4 ~Cet em- prépositive, avec le sens de aen dehors de>>(sens lo-
ploi hyperbolique s’est restreint depuis le XVII~s,, cal ou temporel d’extérioritél, courant aujourd’hui ;
époque à laquelle le mot a pris le sens tiaibli, au- le mot est employé ensuite Cv.1135) comme ad-
jourd’hui courant ( 1672, Molière) de cqtrès laid, très verbe de lieu, sorti d’usage, pour (<dehors> luller
mauvais)). -En dérive HORRIBLEMENT adv. hors). Au xwe s., hors de pouvait être suivi des pr&
II 174- 1176) qui a subi le même affaiblissement de positions auprès, avec, dessus, il n’admet de nos
sens que l’adjectif (1559, au sens d’~extrêmement4. jours que chez O~rs de chez lui) ; hors de s’emploie
HORRIFIER v. tr. représente un emprunt tardif dans la locution familière être hors du coup (OP-
(mil, XIX” s., G. Sand) au latin classique honificare posé à &re dam le COL@, et dans hors d’5ge =ar-
~hérisser*, &pouvmtera), de hotificus “qui fait hor- chaïque>> et, en parlant d’un alcool, atrès vieux>>.
reur)), composé de horror (-, horreur), et fucere 0 La préposition, hors 4 l’extérieur de», ((au
(+ faire). +Honifier s’est introduit avec sa valeur delà-dem, est construite directement avec son ré-
étymologique d’((emplir, frapper d’horreur>> ; le mot gime (mil. xr~~s., hors la villel, cette construction est
se dit ensuite par a&iblissement de sens pour archaïque sauf dans quelques expressions Mzier
ascandaliser, choquer>> (xx” s.), en particulier au hors piste1 ou avec un complément abstrait (hors
participe pass4 adjective. C’est un mot relative- catégorie, hors jeu au propre et au figuré, hors ser-
ment rare, notamment au sens IfIn XIX~ s.) de vice, etc.). L’emploi de hors au sens d’& l’exclusion
-rendre horrible)>; en ce sens, on a dit hotiMer de)>,courant au XVII~s., est sorti d’usage. -=Hors de
knd,x~r"s.3. +En dérivent HORRIFIANT,ANTE est employé dans des locutions metaphoriques ou
adj. (1862, Villiers de L’Isle-Adam), qui a souvent figurées dès la fin du XII~s., pour indiquer l’exclu-
une vdew ironique, et HORRIFICATION n. f. sion, sans rapport concret au lieu ou au temps :
CM%, Verlaine), terme peu usité, innuencé formek hors d’état d’agir, de nuire, hors de Ii & part celae,
lement par hotifîque. +HORRIFIQUE adj. em- être hors de sens, hors de son bon sens Cv.1276, hors
prunté (av. 1500) au même mot latin, hotificus, dou sens) - cf. forcené -, hors de soi (de lui, etc.),
dont il conserve le sens, était courant au XVI~s. autrefois aen proie à une grande agitation>>, puis
(cf. Rabelais, La Vie très hotificque du grand Gur- Ndans une colère extrêmea. 0 Hors gue, locution
gant& ; il n’est employé aujourd’hui que par plai- conjonctive 11666J, est archaïque.
santerie. k HORSAIN n. m., formé au XIII~s. (aussi variante
IZnfïnJecomposé latin abhorrerea donné ABHOR- horsin) à l’aide du sufExe -ain tiré de forain, est un
RER v. tr. ( 14881avec la variante abhotir en moyen terme régionall (Normandie) pour designer un
français (de 1492 au XVII~S.I. Depuis le début du étranger.
XVII~s., le verbe se construit avec un complément HORMIS prép. qui apparaît vers 1360 IFroissark)
nom de personne. Le verbe est littéraire et ses déri- sous la forme hors mis que (~OC.pré@, représente
vés (&horrable, adj. ; ubhorrement, n. m.) inusités. la lexicalisation du syntagme hors mis &ant mis
0 voir HORRIPUR. hors)), participe passé de mettre hors aexcluren
(1260, hors mise). Homzzk, vieilli ou d’emploi litté-
HORRIPILER v. est un emprunt tardif (1843) raire, est remplacé couramment par excepté, su&
au latin impérial homipilare ((avoir le poil hérissé>>, Horn& que lot. conj. est un archtisme littéraire.
composé du latin classique horrere ase dresser» (en 0 voir HORS-BORD (a??. BORD), HORS D’WJVRE kUt
parlant des poils du corps), sans étymologie IEWVRE), HORS-LA-LOI h-t. LOI).
connue, et qui a donné horror !+ horreur), et de pi-
lus epoil». HORTENSIA n. m. est un mot du latin mo-
derne des botanistes, rapidement francisé (1789,
4 Le sens étymologique, d’emploi didactique, est li- hortense3 puis repris sous la forme latine (17961,
mite à la physiologie; il appartit en même temps créé par le botaniste Commerson (1727-1773).
que le sens figuré courant «exaspérer, provoquer D’après Jussieu, la plante avait d’abord été dénom-
l’agacement> ( 1843, mais antérieur ; cf. horripilant). mée peuutiu caelestinu, en mémoire de W Ni-
b Le dérivé HORRIPILANT,ANTE adj. est relevé cole Reine Lepaute, mathematicienne célèbre du
en 1806 dans cette acception (d’une manière hoti- XVIII~siècle (qui ne se prénommait pas Hotiense).
pilantel. + Du sens propre du verbe dérive le terme Hortensia est probablement tiré de flor hotiorum
d’anatomie HORRIPILATEUR,TRICE adj.etn.m. «fleur des jardins)) (horkemiu étant pris comme fé-
(18241, qui se dit du muscle qui relève chaque poil. minin de hotiensius =de jarclim), parce que cette
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1743 HOSTILE

fleur était cultivée dans les jardins de Chine et du au pied de laquelle on chantait 1’Hosanna le di-
Japon. manche des Rameaux.
+ Cette plante, originaire d’Extrême-Orient, est en
HOSPICE n. m. est issu (1294, hospise) du latin
effet nommée rosier du Jupon. Employé comme ad-
classique hospitiumdhospitallltém et concrètement
jectif invariable ( 1920, Proust), le mot signifie ade la
agîte hospitaliers, dérivé de hospes I+ hôte). Hospi-
couleur (en général bleu clair ou rose) de I’horten-
tium a pris en latin médiéval la valeur de adroit
sia>>.
d’hébergementp (8651, puis de «lieu d’un monastère
où l’on reçoit des h&esv ke s.l.
HORTICOLE adj. est un dérivé savant (18291,
formé d’après a@coZe, du latin hortus *jardins, qui + Le mot Sign%e d’abord, en général et abstraite-
se rattache à l’indoeuropéen og/-wdo cenclow Hor- ment, arefuge, dans prendre hospice (12941, puis
tus a abouti à l’ancien tiançtis art, hoti Iv. 11501, donner hospice (17981, rare, ainsi que &eu d’asilem.
d’où en ancien picard ortilkr <cultiver un jardinn Dans la seconde moitié du ~VII~s., hospice
(v. 1275). commence à s’appliquer à une maison, dans un
couvent, recevant les étrangers de l’ordre 116901,
4 Horticole se dit de ce qui est relatif à la culture des
puis des pèlerins, des voyageurs laïcs (1721). 0 Le
jardins.
sens moderne ( 1770) concerne un établissement où
F Sur la même base latine ont été formés deux sont abrités, recueillis des enfants sans famille, des
composés. 4 HORTICULTURE n. f. (18241, <<art de vieillards, des XII-KWS, etc. ; le mot se distingue de
cultiver les jardîrw, est formé d’après ugriculture, plus en plus de hûpitul, dans la mesure où il n’îm-
peut-être par l’intermédiaire de l’anglais horti- plique pas de soins médicaux, mais un simple asile,
culture gui est attesté depuis 1678 Ide même forma- et s’y substitue au x19 siécle. Distingué au x& s.
tion). Ml a pour dérivé HORTICULTURAL,ALE, d’asile (hospice des aliénés, Dictionnaire de l’Aca-
AUX adj. (1839). +HORTICULTEUR,TRICE n. démie, 18251, il ne concerne plus que les vieillards
(1825, Brillat-Savarin) est formé d’après agriculteur. indigents et tend à disparaître au profit d’euphé-
@ voir HORTILLON. mismes.

HORTILLON n. m., attesté à la En du xv” s. HOSPITALITÉ + HOPITAL


( 14921,est un mot d’origine picarde, dérivé de l’an-
cien picard ortel Kjardinn cv.12001, issu du bas latin HOSTIE n. f. est attesté au XIII~s. sous la forme
hotielllw Npetit jardinm Ivres.), diminutif du latin hoistie qui a remplacé l’ancien oiste, oeste (du XII”
classique hortus ajardinm I+ horticole). au XIV s.1; le mot est issu du latin ecclésiastique
+ Hortillon. est aujourd’hui seulement d’emploi ré- hostia (19 s.) *offrande de son corps (m2lrtyrelm, =vic-
gional au sens de ~maraiche~; il désigne encore, time eucharistique, hostiem. Le latin hostia, à l’épo-
en Picardie, un terrain conquis SUI”les marais de la que classique, désignait une victime offerte en ex-
Somme et propre à la culture maraîchère. piation aux dieux, en compensation pour une faute,
par opposition à tictima kctime offerte en remer-
b En dérivent les termes régionaux usuels HOR- ciement=. Hostia a été donné par le grammairien
TILLONNAGE n.m. (1870) et HORTILLONNEUR
Festus comme un dérivé de hostire &appep, lui-
n. m. (1873).
même de h0sti.s cétranger, ennemi%, mais les
exemples fournis sont obscurs. Selon Benveniste,
HOSANNA n.m. est emprunté @II x9.,
hostiu correspond à l’idée de qcompensatiow (latin
osanna; ossunnd au latin chrétien hosanna,
1276,
hostire &galisep) que l’on trouve aussi dm hostis
transcription, par l’intermédaire du grec hosanna,
(+ hôtel et hostilk (+ hostile).
de l’hébreu tiZ&nü asauve(-nous), de grâce)>.
Cette formule de supplication, composée de h&% +Du latin chrétien tient le sens religieux, resté
<sauve !» (impératif de ytia”) et de la particule na, courant, de Kpetite rondelle de pain azyme que le
éttit répétée par les juifs pendant les sept jours de prêtre consacre pendant la messe-. 0 Le sens du
la fête des Tabernacles (Psaume 118,251. latin classique, wictime~, repris en français au
x19 s., se répand au XVI~s,, mais vieillit rapidement
4 Dans la religion chrétienne, hosun~ a pris la va- dès le début du XVII~s., subsistant dans une langue
leur d’une acclamation En x” s., osanna *acclama- poétique archtisante. Par extension, le mot a été
tion à l’adresse de Jésus>>), d’une louange utilisée couramment employé par les prédicateurs du
dans les cérémonies. Le mot s’est dit pour cdi-
xvrle s. pour désigner une personne qui se consacre
manche des rameauxn (1276, ossanne), jour parti- à Dieu.
culier où l’on chante la gloire du Christ. Par ex-
tension, il désigne une hymne que l’on chante le HOSTILE adj. appar& au me s. (av. 1525) après
dimanche des Rameaux (1752) et par extension un la variante sufExée tistif ( 14501; c’est un emprunt
cri de joie, de triomphe, de louange ( 1762, comme au latin hostilis, dérivé de hosti au sens d’aétran-
exclamation ; déb. XDEes., comme nom masculin), ger, ennemi potentielp. Le latin hostis, qui corres-
aujourd’hui d’emploi littéraire. Dans le religion pond à des mots indoeuropéens, germaniques (go-
juive, hosanna se dit du refrain d’un hymne de la tique gasts, aujourd’hui anglais guest), slaves (vieux
synagogue (1721) et Grand Hosanna désigne (1721) slave go&; cf. le russe gospodin’ amonsiem, terme
la fête des Tabernacles. d’adresse), comme l’attestent ces corrélats, corres-
F Le dérivé HOSANNIÈRE adj. f. (XVI~s., osaniére), pond d’abord à «hôte» ; mais ce sens est accaparé
aujourd’hui terme d’archéologie, quaWe une croix en latin classicwe par la forme détivée hospes
HOT-DOG 1744 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(+ hote). Hostis lui-même semble exprimer origi- tem, selon Benveniste, pet- ou pot- correspond à
nellement, comme le grec xenos, l’idée d’aétran- l’idée de «mtitre» ; on le retrouve dans le sanskrit
gew Le latin avait pour cette notion pere&nus (qui p&ih <<maître» et «époux-, dans le grec posis
a donné pèlerin); comme le rappelle Benveniste, &pouxn et son composé despôtes, d’abord amaître
l’hosti est un *étranger Ipwe@ws) de droit égal*, de maison>) (-+ despote), dans le latin “potere, d’où
les hostes étant ((pari jure cum populo Romano>) possurn «je peuxn. L’origine indoeuropéenne de
tFestus1. La relation de l’hôte Chostisl et de celui cette racine serait dans la notion de Nsoi-mêmem,
qu’il visite Cho~pes1 est une relation de compensa- ki-même)), attestée par le hittite, l’iranien, le litua-
tion, tout comme l’hostia «victime)) (=+hostie) est nien (pats Nlui-mêmen), d’où une idée d’identsca-
destinée à acompensern la colère ou la mauvaise tion absolue et de domination. Hospes aurait donc
volonté des dieux (notion exprimée par le verbe la- la valeur de ((maître de l’hôte (au sens d’étrange&.
tin hostire &galiser)>). De la compensation au statut Le latin hospes, -itis a donné l’italien ospite, l’espa-
d’étranger reçu par compensation, c’est-à-dire gnol huésped, le portugais hospede. 0 En droit mé-
d’hôte, on est passé, comme on l’a fait en grec pour diéval, hospes a reçu Iv. 1100) une acception pré-
xenos, xenia, qui impliquent d’abord l’échange de cise : *personne de statut libre qui a une tenure à
dons, à l’idée d’xhomme extérieur à la comrnu- censn, d’où une valeur spéciale de hôte (attestée
nauté, à la civitas~ (en Grèce, à la polis), puis d’<<en- v. 11801, en ancien et moyen f&nçais, qui a donné
nemi potentielm et d’<<ennemi» tout court [cf. cer- lieu au dérivé médiéval hostise ((exploitation rurale
tains emplois d’étranger, en français). Ceci tenue par un “hoste “B et droit payé par 1”‘hoste”n
explique que hostile, hostilité et l’ancien français 11287; aussi droit d’hostise).
ost 4rmée», remontent à la même famille étymolo- 4 Écrit oste puis hoste avec un h étymologique
gique que hôte*, hôpital, hospice, hotel, à laquelle (v. 11951, le mot désigne aussi, dès le XII~s. loste,
appartient aussi hostie. v. 1150; hoste, 14371, un aubergiste, notamment au
4 L’idée originelle remonte aux <institutions d’ac- féminin hostesse Eostesse,v. 1150). Mais la valeur de
cueil et de réciprocité grâce auxquelles les cpersonne qui accueille, reçoitn étant très vivante,
hommes d’un peuple trouvent hospitalité chez un ce sens spécial, aaubergiste, cabaretier», encore
autre et les sociétés pratiquent alliances et usuel au XVIII~et au début du XM~s., tend à se fondre
échangesn (Benveniste, Vocabulaire des Institutions dans l’emploi plus général. Ainsi, la locution table
indoeuropéennes3. Hostile était sorti d’usage à d’hôte 116061, par métonymie arepas en commun à
l’époque classique, et semble avoir été repris pen- prix &e», n’est plus clairement comprise à partir
dant la Révolution (Di&ioM&e de l’Académie, du milieu du xrxe s., tout en restant en usage.
1798). Il qutie ce qui manifeste une attitude d’en- ~Dans cet emploi, on relève des locutions, tel
nemi, souvent construit avec ù et, par extension, ce compter sans son hôte <oublier le principal inté-
qui est défavorable ou malveillant. ressé)) Cl6063 et des spécialisations, comme «per-
bL’adjectif a pour dérivé HOSTILEMENT a&. sonne réquisitionnée pour recevoir et loger des sol-
(14181, probablement repris après tistile. eHOS- dat+ ( 16901, apersonne qui loue (donne à loyer) un
TILITÉ n. f. est emprunté ( 13.53)au bas latin hostili- logement> (16061, (un bateaux (17691, tous ces em-
tas, dérivé de hostilis, pour désiaer un acte d’en- plois ayant disparu. + Parallèlement à cette valeur,
nemi en guerre, sens archtique (remplacé par acte hôte et hôtesse (jusqu’au XVII~s.1désignent depuis le
d’hostilité, 16361, puis au pluriel Iv. 1500) les opéra- XII~s. h. 1175, oste) la personne qui est reçue (latin
tions de guerre elles-mêmes et spécialement des hostis, et non hospes), aujourd’hui surtout dans le
ravages ou pillages (17181, et par extension une contexte de l’invitation privée (M&e puyant ayant
lutte par écrit (1829). 0 Le mot a été repris ( 1606) un statut différent du client1 et par extension de
avec la valeur abstraite de «disposition, sentiment l’accueil par un pays. Dans ce sens, la femme qui
hostile-, d’où aopposition, attitude contraire> (18351. est reçue est aujourd’hui appelée hôte, et non hô-
Le préfié antonyme INHOSTILE adj. (1838) n’a tesse. 0 Cette acception donne lieu à des méta-
pas vécu. phores pour “qualité qui réside en qqnm ti XIII~s.1
et <être qui vit dans un liew, en poésie 116461, dans
HOT-DOG n. m. est emprunté (19291 à l’anglo-
des syntagmes comme les h6tes de l’air =les oi-
américain hot-dog, composé de hot <chaud>> et dog
seauxa, des bois, etc., fréquents dans la poésie clas-
R&ien-, expression d’argot américain désignant
sique (cf. Habitant). +Par ailleurs, avec la valeur
depuis 1900 une saucisse servie chaude dans un
complémentaire de aqui reçoitm, hote s’emploie par
petit pain allongé et ainsi appelé par allusion plai-
figure ( 1897) en zoologie et en botanique pour cor-
sante à un chien basset. On rencontre parfois la
ganisme qui héberge un parasite= puis pour <<sujet
traduction littérale chien chaud au Canada franco-
qui reçoit une greffe)). Voir aussi le schéma page
phone.
ci-contre.
4 Le mot, d’abord employé pour parler d’une réa-
b HÔTESSE n. f., indépendamment de ses emplois
lité américaine, s’est d8usé en France avec la
anciens (ci-dessus), a été repris (v. 1950) dans hô-
vente de ce type de sandwich (v. 1960).
tesse de l’air, calque de l’anglais des Etats-Unis air
HÔTE n. m. est issu Idéb. XII~s., oste) du latin hos- hostess 119341ou hostess 119361, ce sens de hostess
pitem, accusatif de hospes =Celui qui donne ou re- étant apparu (1931) à propos de jeunes femmes em-
çoit l’hospitalitén. Hospes est formé sur hosti et sur ployées dans des tiztght-clubs, puis, employé seul et
un élément “pet-; il a pris le sens de hostk, c’est-à- dans des syntagmes (hôtesse d’accueiZ...I, POU~
dire ahôte,, le mot hostis ayant pris la valeur «jeune Clle ou femme chargée de l’mcueil des visi-
d’&trangern et d’ttennemi» (3 hostile). Dans hospi- teurs, clients, etc.n.
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KLOH V
HÔTEL 1746 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Enfm, un dérivé ancien de hoste, hostage, s’en est ce sens se généralise vers la fk du xv” s., mais est
detaché par le sens I-+ otage). concurrencé par les autres sens du mot en fiançais
classique : d’où hôtel gumi, meublé pour lever l’an3
HÔTEL n. m. est issu, d’abord sous la forme ostel biguïté. Cet emploi a dû être soutenu par celui de
(v, 10501 du bas latin ZwspitaZe kcubiculuml hôte* et titesse pour *aubergiste)) et, dès le XVII~s.,
{chambre pour les étrangersn, neutre substantivé ce genre d’établissement, lorsqu’il est relativement
de l’adjectif hospitalis 13 hopitall, dérivé de hospes, important et confortable (16771,est nommé hhtd
hos@is E+ hôte). Du même mot latin viennent lïta- Ititel d’Anjou, du Pérou... à Paris, irt Furetière,
lien spedale, os@& ahôpitalm, d’où l’allemand t 690). C’est dans la première moitié du XLxes. que le
Spital. mot et l’institution commerciale se généralisent,
4 Ce mot, écrit hostel à partir du xme s., sime d’abord dans les villes, faisant reculer auberge :
d’abord en générale <logement provisoire, heberge- l’hôtel, jusqu’alors lieu où l’on loue des logements
menb, *campement)> (10801, puis ademeure, logîsn pour des périodes assez longues, prend les fonc-
cv.11351,d’où tenir ostel Iv. 11651 et spécialement tions de l’hôtellerie et de l’auberge, mais avec plus
Iv. 1225) &eu où l’on reçoit les h6tes d’un monas- de prestige (ceci depuis le xwe s.l. Les connotations
tèren (cf. hospice et hospital, en ancien français), du mot sont aujourd’hui neutres, celui-ci designant
d’oti HÔTEL-DIEU Iv. 1250, Ostel désignant un toutes les catégories d’établissements, du petit hô-
hospice et un hôpital, mais signiknt Nmaison de tel économique au palace. Son emploi est li6 au dé-
Dieu>. 0 Cette valeur de 4ogementa a vieilli à veloppement fulpant du tourisme au mes.
l’époque classique, hôtel ayant acquis deux accep- khaîws d’hdtels, etc.). C’est enEn dans ce sens que
tions spécialisées et désignant des résidences plus le mot français titel, comme restaurant, est de-
ou moins prestigieuses : le Dictionnaire de Ni&, venu international.
en 1606, a&rme : & present on n’attribue ce mot
d’hostel a Paris et autres villes, si ce n’est keule- b Ce derniers sens a absorbé les dérivés. HÔTEL-
ment1 par certaines prerogatives aux logis des LERIE n, f’. Iv. I 130, hostelerie) désime d’abord le
Princes, grands seigneurs et du publique (... l’hostel bâtiment d’une abbaye destiné à recevoir les étran-
de ville) et les autres domiciles appelle-on maisons gers, plus ou moins distinr=t de hospice. Des le
ou logism; l’usage du mot pour des logements «au XIII’ s., le mot devient laïc. Du XVI’ (attesté 1606) au
dessous de ce qualibre, ajoute ce dictionnaire, n’est XJX~s., le mot désigne une auberge plutôt rustique
qu’abus ou folle outrecuidancen (en fait il pouvait par rapport à titeï. Cette acception a vieilli, mais le
ne s’agir que d’un archaïsme). En ancien français, mot a été repris au xx* s., souvent écrit hosteZ2eti
ostel désigne aussi la maison où l’on habite (v. 1135) Csprononcé), pour désigner un hôtel campagnard
et de nombreuses formes dialectales IJw&Z, hos- et luxueux à la fois. 0 En outre, hôtelkti désiee
teau, en provençal et occitan ostal, oustal, oustau...) depuis le xv” s. (hostellerie, 14981, en relation avec
assument ce sens général, d’autres servant à dé- hotelkr, la profession d’hôtelier. Au XX~s., peut-être
signer la cuisine. d’abord en f?anGais de Suisse, le mot s’applique &
En français central, la première spécialisation ap- l’industrie du logement des voyageurs et touristes
paraft à la fin du xrve s. et serait issue d’expressions dans les hotels et établissements analogues, dans
où ostel, au sens de <(maison, logisp, s’appliquait à le contexte du tourisme. 0 m, deux mots pro-
des lieux officiels, y compris le palais royal cv.12253, venqaux, osta~ (correspondant de oste2, titel) et
d’où juger en Z’ostel le roi (Coutumes de Beauma- le dérivé oustuluu (parfois semi-fkncksé en owtu-
noirl; elle correspond à <demeure citadine d’un lot), servent de nom à des établissements hôteliers,
grand seignew (v. 14151, puis *d’une personne dans le sud de la France.
richeB. Ce sens, courant jusqu’au tiieu du XY s., a HÔTELIER, IÈRE n. apparaît dès le XII~s. cv.1138,
vieilli avec la diffusion du second sens spécialisé; ostelerl en contexte religieux conventuel k&eZkr
on emploie plut& hOte~particuZier, sauf en histoire, au xve s.) pour désigner le moine responsable d’une
en architecture II’h&el de Bourgo@w, Eeshôtels du hôtellerie de couvent. Le sens moderne est ancien
Murais, à Paris). 0 C’est de cette acception que dé- (1260, Zw&eZierl, en relation avec les emplois les
pendent les syntagmes maftre d’hûtel En XIV s.) plus anciens de hostel en ce sens; il a suivi l’évolu-
*majordome d’un riche particulier ou d’un grand tion de h&eZ, éliminant peu à peu aubergiste; oste-
seigneurs, puis @n XIXes., dm les dictionnakesl lier, osteZiere étant déj& attestés en ce sens au xme s.
acelui qui dirige le service des tables dans un res- cv. 1250, au féminin; hôtekèére, 1636) et concurren-
taura&, d’où sauce 8 la maltie d’hotel I18551,puis çant hôte*, hôtesse. *Comme adjectif, le mot, qui
maîtie d’h6tel en apposition, qualiknt une recette. correspondait en ancien tiançais à hospitdier, a
0 Une autre spécialisation de ce sens est hOtel de été reformé d’aprés hôtel au début du ti s. (19061;
ville (15381,qui a remplacé hosteZ commun. (1478, à de là industrie, école, chuîrbe hôtelière, équipement
Rouen; encore pendant la Révolution), pour dési- titelkr, en relation avec touristique.
gner la maison de ville, plus tard appelée mairie. Au sens général de 4ogis~, Hostel a servi à former
0 Au XVII~s., le mot s’applique aussi au lieu où loge de nombreux dérivés disparus en f?mçais clas-
un officier de justice, et l’expression hôtel des mon- sique, comme le verbe hosteler alogep) I10801,les
nates est enregistrée par Furetière. substantifs hostelke ahabitants d’une maisonB (XIV”-
La seconde valeur spéciale du mot, par rapport au xv” s.1, hostelage *hospitalités (xm” s.3, aussi nom
sens général de 4ogis3, est celle de œmaison meu- donné à des taxes (12701,des redevances (jusqu’au
blée servant de logement payant et d’aubergen. Né xvmes.), hostelement dogis* (v. 12301 et l’adjectif
au MII~ s. dans les riches villes du Nord (M. Blochl, hostelter chospitalierm (XIII~s.l.
DE LA LANGUE FRANÇAISE HOUE

Enfm HOSTO n. m., aujourd’hui senti, grâce à hos- synonyme de hotu <<poissona,repris péjorativement
pitalier, comme provenant de hôpital, est une re- en argot).
stixation populaire ( 1807) de hostau, variante de
hostel CcmaisonB.Le mot a désigné le logis, le chez- HOU interj. d’origine onomatopéique, apparaît
soi, avant de s’appliquer par ironie à la salle de po- vers 1285 (Adam de La Halle). Elle s’emploie seule
OU redoublée, SOUS forme de cri (par exemple en
lice (1842) puis à l’hôpital 118861,sens qui est resté
bien vivant dans l’usage familier. vénerie, pour exciter les chiens, XIV” s.) OU d’appel
(~OU! ~OU!, variante de ho!). Couramment, le mot a
HOTTE n. f. représente l’aboutissement ti une valeur de moquerie ou de réprobation (15071,
XIIIe s. ; V. 1230, hote) de l’évolution du fkmcique par exemple dans hou ! la vilaine; hou! à lu porte !
“botta (cf. les dialectes allemands du Sud-Ouest b Le composé HouHou n. m. et onomatopée
Hutte, Hotte). Ixvr” s-1s’est dit d’abord d’une vieille sorcière, puis a
+ Le mot conserve le sens de l’étymon “grand pa- désigné (1582) le cri du hibou et par métonymie (ti
nier fixé sur le dos à l’aide de bretelles» ; la locution XVIII~ s.> le moyen duc, le hibou ou le chat-huant
figurée porter la hotte (attestée 1838) «être épuisé, à ( 1856, en Normandie).
bout de force» (en parlant d’un animal, à la chasse)
a disparu. 0 Il a désigné une cuvette qui reçoit les HOUBLON n. m., d’abord oubelon et houbelon o>
eaux d’écoulement 11470). À partir du XVI~s., hotte E1407), est attesté sous sa forme actuelle en 1444.
désigne, par analogie de forme, une construction C’est un mot dérivé de l’ancien substantif hoppe
raccordée à un conduit de cheminée ( 1543, «pente (<bière houblonnée)> (13911, en usage dans les par-
intérieure d’une cheminée de cuisine4 et par la lers du Nord et wallons (d’où houppe en moyen
suite tout dispositif permettant une aération lau- français, 1537) et issu du moyen néerlandais hoppe
jourd’hui, hotte aspirante). c=L’emploi métony- Khoublon, bière houblonnée>> Ile néerlandais a hop,
mique pour <contenu d’une hotten est ancien; il a de même sens). La sonorisation de la consonne p
donné lieu à un emploi figuré pour «foule (de per- reste sans explication. L’élément final -Lon s’ex-
sonnes))) I 144O-14751. (Voir ci-dessous bottée) 0 A plique par l’influence du judéo-franqais homlon
partir du début du xxe s., le mot passe dans le lan- Nhoublonn (XI~s.1,dont il reste des traces dans les to-
gage familier avec des valeurs métaphoriques; ponymes de l’Aisne et de la Somme. Cet hornlon
hotte se dit par exemple d’une voiture, en parti- représente le kncique “humilo, de même sens
culier Il9241 d’un taxi, le mot evoquant le transport (cf. flamand homme& attesté pa;r le latin médiéval
de clients kssimilés à une marchandise) plutôt que humulo hne s.l. Ce mot germanique d’origine fran-
le déplacement; un mot dialectal hotte apetit tom- cique a étk évincé par la forme néerlandaise ap-
bereau servant à transporter le fumier>> est attesté portée avec les progrès dans la technique de bras-
par Littré (1866). 0 Hotte est aussi relevé avec le serie aux Pays-Bas et en Flandre,
sens de «ventre» 119471,antkieurement dans se ta- 4 Houblon désigne la plante dont les cônes entrent
per lu hotte <<bien mangern ( 19161, acception sortie dans la fabrication de la bière (par exemple dans
d’usage. perche & houblon), et par métonymie les cônes de
b Les dérivés du sens premier de hotte sont tombés cette plante.
en désuétude. 4 HOTTIER n. m. (12201, «personne
b Le mot a pour dérivés HOUBLONNIÈRE n. f.
qui porte une hotte>>, a été en concurrence avec (1535) ucharnp de houblon*, HOUBLONNIER, IÈRE
HOTTEUR, EUSE n. (1307, de hotterl. + HOTTÉE
(1873, n.; 1877, adj.1 et le terme technique de bras-
n. f. (hostee au XN” s.1 Kcontenu d’une hotte>> s’est dit
serie HOUBLONNER v, tr. (16941, d’où HOUBLON-
au figuré (1546) d’une grande quantité (de per- NAGE n. m. ( 1874).
sonnes, de choses), par exemple dans une bottée
d’injures (XIX” s., Maupassant).
HOUE n. f. est un terme technique issu Iv. 1170) @
HOTTEREAU n. m., apetite hotte>> (v. 1344, et la va-
du francique “huuwu ahoue, pioche, binetteb, resti-
riante HOTTERET n. m. (1743) sont rares et ar-
tué par le moyen néerlandais houwe, l’ancien haut
chaïques, de même que HOTTER v. tr. 11412)
allemand houwa (cf. allemand Huue).
<<transporter dans une hotte».
4 Le mot désigne couramment une pioche dont on
HOTU n. m., attesté en 1873 (Larousse du XIX~ s.), se sert pour le binage (v. 11701. Par extension (1755,
est un mot wallon ( 1845-1847 à Namur, titu), va- houe à ckal), il se dit d’une charrue à un ou plu-
riante, par substitution de s-e, d’une forme hô- sieurs socs. Houe a pris d’autres acceptions tech-
tiche, hôtitcti &VIII~ s.), désignant un poisson d’eau niques, par exemple dans le domaine de la faïence-
douce (avant l’âge de deux ans, il est désigné par le rie (1866).
nom de bulowe). Le mot wallon est probablement F Du premier sens de houe dérive HOUER v. tr.
issu du moyen néerlandais houtic, nom d’un autre &-avtiller la terre à la houe&, d’abord d’usage in-
poisson, le corégone. transitif Idéb. XIII~s., hoër) puis iv. 1274) transitif
4 Le hotu, poisson vorace et sans valeur culinaire Choer) ; ce verbe est sorti d’usage comme ses déri-
venant de la région de Namur, s’est répandu dans VéS HOUAGE n. rn, (13361 et HOUEMENT n. m.
la Seine et dans 1’Yonne à partir de 1940, dépeu- (15383.
plant ces rivières; de là viendrait l’emploi péjoratif HOYAU n.
m. appar& 61 xrve s.) sous les formes
du mot dans le vocabulaire argotique 11944, pour réduites hoel, hue2 (ze moitié du XLII~s.1puis heviuux
désigner une personne, et spécialement une (13121, hewel (13351. C’est un diminutif de hoc ou
femme stupide, sans intérêt, ltide kf. aussi nuse, “hâve, formes anciennes de houe, par adjonction
HOUILLE 1748 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

du suffixe -eau (du latin -eMusI. -Le mot désigne lemand a hohle ISeel <houle, grosse mep,
une petite houe, mais sa forme le dissocie de houe proprement *mer creuse>>.
dans la conscience du locuteur moderne. +Houle a pris en fknçais le sens de «mouvement
ondulatoire de la mern et s’emploie comme collec-
HOUILLE n. f. qui appar& sous les formes oille tif pour cgrosses vaguesm. Par analogie, il se dit,
(de charbon) (1502), puis ouille (1590), est attesté dans un emploi littérair?, d’une surface ondulée na
sous la graphie houille en 1611. C’est un emprunt, houle de la chevelure). A partir de la seconde moi-
par le wallon hoye (aujourd’hui tige), à l’ancien lié- tié du XIX” s., le mot appara3 aussi dans divers em-
geois hulhes (1278; 1295, hulhes ou cherbons), la plois métaphoriques ou figurés nu houle d’un
houille ayant été en effet découverte et exploitée champ de blé, des montagnes).
en Hesbaye vers 1195. Hulhes reptisente un fran- F Houle a fourni deux dérivés. ~HOULEUX, EUSE
cique “hukila *bosse, tas, motte>), diminutif de adj& (1716) a eu la même évolution sémantique que
“hukk- (cf. moyen néerlandais hokke et allemand le substantif. Au figuré, Zemot qutie notamment
Hocke 4as4 gui est attesté dans les dialectes nker- ( 1870) une foule, une assemblée, un débat agités
landais sous les formes heukzel, eukel. On peut sup- (cf. orageux). +HOULER v. intr., attesté en 1852
poser, d’après l’aspect phonétique du mot, que le
(Gautier) et peu employé en parlant de la mer, est
terme waUon a été emprunté très mciennement usité par analogie avec le sens d’conduleru (18791,
au francique. en parlant d’une foule, et de abalancerm (son corps)
4 Houille est aujourd’hui surtout d’emploi didac- Idéb. XX~si, peut-étre sous l’influence de rouler.
tique et on dit couramment charbon, la houille +Le composé HOULOGRAPHE n.m. (mii.;Icx”~.),
étant le meilleur des charbons naturels. Par analo- formé avec -gru@~, désigne un appareil qui enre-
gie d’utilisation, le nom de ce combustible minéral gistre la houle.
est appliqué, à l’époque moderne, à des sources
d’énergie électrique, avec un quticatif de cou- HOULETTE n. f. est dérivé (v. 1285) de l’ancien
leur : par exemple houille blanche &lectricité four- tiançais bouler ajeter, lancep (XUI~s.) : la houlette,
me par les chutes en montagne* (18891, houile bâton de berger, était munie à son extrémité d’une
verte, fournie par le courant des fleuves (19061, plaque en forme de gouttière, servant à jeter des
houdle bleue aénergie fourme par les vagues et les mottes de terre aux moutons qui s’éloignaient du
maréess Il 922). troupeau. Houler, en raison de son aire Picardie,
b À partir de houille ont été formés plusieurs déri- Normandie, Champagne), est probablement issu
vés. + HOUILLEUR n. m. (V. 1360; cf. mCien hé- du verbe hncique qui a abouti au moyen néerlan-
geois hulhier, v. 1260) s’est dit d’un ouvrier travail- dais hollen ~courir impétueusement* Icf. l’alle-
lant dans les mines de houille. +HOUILLER, &RE mand de Rhénanie holdem «faire du bruit», I&tem
adj. 61793 ade ia houiUeB s’emploie par exemple =travtier d’une manière désordonnée&
dans ipzdustnes houillères et en géologie dans pé- 4 Au sens de <(bâton de bergerB, houlette est sorti
ride houillère. +HOUILLÈRE n. f. est une réfec- d’usage ou d’emploi didactique; par analogie de
tion (18111, d’après la forme moderne houille, de forme, le mot ( 1530, hol2etiel a eu le sens de abâton
ouike 115901,de l’ancien liégeois huilhier, nom fé- pastoral d’un évêquem ; reste la locution sous la hou-
minin, =mine de houillem (14381, dérivé de huhle. lette de «SOUSla conduite dea. Houlette a pris par
+ HOUILLEUX, EUSE adj. (1835) s’est dit d’une ailleurs des sens techniques : apetite bêche en
roche contenant de la houille. 4nCn HOUILLIFI- forme de houlette)) 116801, acuiller utilisée pour pré-
CATION II. f. #transformation en houillen est un dé- parer les sorbetss 11753). 0 Le mot désigne em
rivé savant ( 19071 en -li)fîcation. (1832) la coquille bivalve d’un mollusque des mers
chaudes, à cause de sa ressemblance avec le fer
HOUKA n. m. apparaît (17711 sous la forme d’une houlette.
hoku dans une traduction; on trouve ensuite en
1813 EIouJza-Berdar ahomme dont la fonction est HOULIGAN n. m. représente une adaptation
d’allumer les pipesB, puis houJza ( 1831, Balzac). Le Iv. 19581,d’abord sous la forme hooligun ( 1926) de
mot est emprunté, par l’intermédiaire de l’ourdou l’anglais hooligan Gjeune voyoup (18981, d’origine in-
à l’arabe huqqa <<vase,bocal> et spécialement da- certaine : le mot représente un nom propre irlan-
con où passe la fumée du tabacs d’où apipe à réser- dais ou une mauvaise interprétation de Hooley’s
voirs, analogue au narguilé, sens qui est passé en gang 4a bande à Hooleys; il a pénétré en fkançais
français. par l’intermédiaire du russe, langue où il est fié-
quemment employé (depuis le début du D? siècle3
HOULE n. f., attesté à la fin du xv” s. 114841,avec pour désigner un jeune accusé de comportements
la variante ode jusqu’à la fin du XVII~s., est pro- asociaux. Le mot, sous la forme kouligane, avait
bablement le même mot que le normand houle ca- déjà été employé par Gaston Leroux 119121.
vité,, notamment acavité où se retirent les poissons + Houligun s’emploie en français pour désigner un
au bord d’une rivière>, ce mot ayant des dérivés : jeune asocial qui exerce le vandalisme dans les
houlette atrou de lapin>, se ddhouler <sortir à regret lieux publics. Le mot, utilisé en russe sous le stali-
de son lit ou de chez soin. Ce mot dialectal, comme nisme pour désigner les jeunes hostiles au régirne,
l’ancien picard hauk qportp, est emprunté à l’an- est passé dans les années 1980 dans le vocabulaire
cien scandinave ho1 <caverne*, sans doute en rai- courant, d’abord dans un contexte britannique,
son de l’aspect du creux des vagues; de même l’al- pour parler d’un jeune appartenant à une bande
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1749 HOURIZA

qui provoque des violences, notamment lors de b Le dérivé verbal HOURDER v.tr. s’est employé
manifestations sportives. au sens de c<consoIider (un bateau))} Iv. 11651 et de
<garnir de hou&, fortifier» (fin ~II’ S.I. Le verbe
b HOULIGANISME n. m. tl958) s’emploie dans des
prend ensuite le sens (15473 de CgmaConner gros-
contextes relatkfs à l’ex-Union soviétique, puis aux
sièrement avec du pl&tre)), et spécialement celui de
violences des houligans en gén6raL
apréparer (un plancher) en garnissant l’aire de
lattes et d’un hourdis de plâtreB (1610, hourder un
HOUPPE n. f., attesté v. 1350 (écrit houpe;
plancher). À la différence de hourd, c’est un terme
houppe, au XVI~ s.1, est probablement issu du fran- vivant.
cique “huppe 4ouffe)> que l’on restitue par le fla- Du verbe dérive 0 HOURDIS n. m. ; le mot s’est
mand happe atouffe d’herbe= et le rhénan hupp, employé ( 1180-1205, hordeiz) comme synonyme de
huppen 4as en forme de pyramiden. hourd, dans le domaine des fort%cations et au sens
+Le mot désigne d’abord un assemblage en touffe de «maçonnage grossieru rI5531. II désigne au-
de brins de fil, de laine, etc., qui sert souvent d’or- jourd’hui des blocs reposant sur les poutrelles d’un
nement (cf. pompon);par spécialisation, il se dit plancher de béton. *Il a pour synonyme HOUR-
également (XVI~ s.) d’un instrument utilisé pour DAGE n. m, (1553; fm xve s., &chafaudage>J, autre
poudrer Ihouppe à poudre, à poudrer). 0 Par analo- dérivé de hourder qui designe aussi (mil. X? s.) un
gie de forme, houppe désigne une touffe d’éléments dispositif de soutènement, dans une mine. +Un
naturels : houppe d’un arbre (14091, houppe de autre @HOURDIS n. m., attesté au XIX~ s. 11831, in
plumes (d’un oiseau) (15591,houppe de chmeux par- T. L. F.1,est un terme de marine signifiant &lément
fois employé absolument CRiquet a lu houppe 116971, de la charpente qui renforce la poupen; il se rat-
personnage et titre d’un conte de Perrault), fleurs tache peut-être à hourdis Mhourdn mais la graphie
en houppe, etc. ; le mot s’emploie spécialement en antérieure hourdi 11643, lisse de hourdy) pourrait
anatomie ( 1748, houppes nerveuses). suggérer une autre origine.
b HOUPPETTE n. f. «petite houppe>> (1399) s’em-
ploie en particulier tdéb. me s.1 dans houppette à HOURI n. f., emprunt du xvres., se trouve sous
poudre de riz. +HOUPPER v. tr. agarnir de les formes horu, horhin en 1574; la graphie houri
houppe», 4isposer en houppe> 11680) est un terme est attestée en 1654. Le mot est emprunté au per-
technique; le participe passé est attesté à la fin du san @Uri;dérivé avec le suf%xe d’unité persan -i, de
xme s. huppé, hqé qui a une houppeB; houppé l'arabe hiir, pluriel de @zurà’, féminin de ‘@war,
v. 1530) ; se houpper (1587) Sign%e +e garnir de adjectif, “qui a le blanc et le noir des yeux très tran-
houppe» Eà propos de la toison d’un bélier). chés%.
~HOUPPIER n. m., terme technique, a le sens de + Houri s’emploie au sens de cbeauté céleste que le
=Sommet d’un arbre ébranchén (1343, houpkrl et Coran promet au musulman fidèle dans le paradis
par métonymie désigne cet arbre ( 1536). Le sens d’AUah» ; par extension (17511,le mot se dit d’une
ancien de afabricant de houppesn ( 13771 est sorti femme très belle (dans un contexte qui évoque
d’usage. l’orient).

HOUPPELANDE n. f., attesté au XIII~s. 11281), HOURRA inter], et n. m. est attesté sous les
est d’origine inconnue. On a évoqué une adapta-
formes houzaye (1694), huzza, houzza (1718) et, le
tion de l’anglo-saxon hop-pâti *pardessus>), mais
son z passant à r, houru (17181, hourra 118021 puis
la fkncisation du second élément est difkile à ex-
hurru (1830, MériméeI, hurrah dans Littré (graphie
pliquer, le premier ayant subi une évolution phoné-
anglaise). Ces graphies correspondent à des ori-
tique analogue à celle de houppe. Le moyen anglais
gines différentes. La forme houzuye et ses variantes
a houpeland krv” s.,l pris au fknçais, l’espagnol ho-
sont alors empruntées à l’anglais huzzu ( 15731, cri
palanda. P. Guiraud rattache d’ailleurs le mot à la
d’encouragement des marins au XVII~et xwe s. ; on
famiLle de houppe Ihoupper <peigner la laine>>,
l’a rattaché au verbe to keze ~I&X», dont un dé-
houppelé “garni de houppe>> en moyen lançais);
rivé, heisuu, «cri poussé en tirant les voiles>>, est at-
houppelande désignerait alors un vêtement long
testé en 1549. La forme houm est un emprunt à
ouaté, garni de houppes &ocom de laine», le stixe
l’anglais hurruCh1 [depuis 16861, altération de huzzu
-un& se trouvant expliqué par aensemble de
peut-être sous l’influence de l’allemand.
choses destinées à une opération)).
+Hourra entre en fiançais comme cri d’acclama-
+ Le mot subsiste dans l’histoire du vêtement ou est
tion puis comme nom masculin «cri d’acclamation
d’emploi littéraire.
poussé par les marinsfi. La forme renforcée hip, hip,
hip, hourra Ehurra3 est attestée en français chez
HOURD n. m. est issu (mil. XIII~s., hoti) du fran- Zola (Carnets, av. 1882). 0 Par analogie, le mot a
cique hurd «claie~~, que l’on restitue par l’ancien été employé au sens d’aémeutem ( 18021.
haut allemand hurd et le moyen néerlandais horde, Un second emprunt de hourra, archaïque au sens
hurde. de <<cri de guerre des cosaques» (18141 vient du
+Terme technique, le mot se dit encore pour dé- russe uru, que l’on a rapproché du turc vumark,
signer une charpente en encorbellement au som- <<frapper, battre* (d’où l’impératif, 3” personne du
met d’une tour ou d’une muraille; il a désigné une singulier, <<qu’il frappe !»), mais le mot a plus vrai-
estrade pour les spectateurs d’un tournoi 61 semblablement été repris par le russe à l’anglais
XIII” s.3et un échafaudage t139ï’). (ou à l’allemand) par l’intermédiaire des marins.
HOURVARI 1750 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HOURVARI n. m., attesté au xwe s. Il5711 HOUSSE n. f., réfection (XVI~s.1 de houce (XII~s.3, a)
comme la variante horvari C1561), est probablement est peut-être issu du tiancique “hulftia @couver-
composk de horva ail va en dehors, il sort (de la ture*, devenu “hultia (cf. l’ancien haut allemand
piste suivie)>>, attesté en 1561, et du cri hari, va- hulft) .
riante de haro I+ haro>, relevé du XIII~ au xvre s. Wousse s’est introduit avec le sens de arobe
comme cri de ceux qui conduisent les animaux, et d’homme portée SUTle surcots (XII~s.) puis de COU-
au ~VII~s. comme cri des chasseurs pour appeler verture de selle3, la locution en housse Ifm xwe s.1
les chiens; horva hari a été contracté en horvati, le ayant signifié aà cheval,. Puis, house se dit spé-
passage à hourvari s’expliquant par l’influence de cialement Ifin ~~~ s.1de la couverture qui protège la
cris de chasseurs comme hou, heure. Le rappro- croupe du cheval kf. caparaçon). Avec cette idée
chement de hourvari et de charivari explique l’évo- de =protectionB, le mot désigne une enveloppe qui
lution de hourvati. recouvre une chose En XIII~s., houce d’urne épée>,
+ Hourvari est d’abord un terme de vknerie, dési- qu’il s’agisse d’un lit ( 15381 ou d’un meuble I 16681,
gnant le cri des chasseurs ou une sonnerie de plus tard du siège d’un cocher ( 17401, puis d’un
trompe, pour ramener les chiens tombés en défaut siège automobile (xx” s.l. Il s’emploie aussi dans des
(1561) ; cet emploi a disparu mais le mot se dit en- domaines techniques, désignant par exemple une
core de la ruse d’une bête traquée, gui revient à peau de mouton fourrée pour cerkns colliers
son point de départ pour mettre les chiens en db- (16801, aussi nommée HoUSSÉE n. f. (1845).
faut (1577; dès 1571 dans apprendre toutes ruses et b Le dérivé @ HOUSSER v. tr. (1260, houchkrl si-
tiurvarkl. De ce dernier sens vient l’emploi figuré, gn%e *recouvrir d’une housse». +HOWSSET n. m.
qu’on trouve dans la langue classique, de acontre- (17651, autrefois houssetie, nom féminin (xv” s.),
temps, désagrément imprévun (1676, W” de Sévi- terme d’archéologie, est le nom d’une petite ser-
gné). 0 Du premier sens est issue la valeur figurée rure qui se ferme d’elle-méme lorsqu’on rapproche
(fin xvne s.) de “grand tumulte)> (un houwari de ctij, ses deux kléments.
toujours vivant, Par figure, le mot a Sign%é (1691)
atempête aux Antillesn. 0 HOUSSER -+ HOUSSE

HOUSEAU n. m., réfection (1556, housseau) de


hmsse~ Iv. 12101, lui-même de huesel (v. 11701, re-
0 HOUSSER -+ HOUX

présente un dérivé de l’ancien tiançais hose, huese


HOUX n. m., attesté v. 1200 r)tos, housI, est issu @
Nbotte, guêtren Iti XI~ s.1,devenu heuse, puis heusse
du kancique “hz& cchouxmque l’on restitue par
au xrve siècle. Ce dernier est issu du fkancique
l’ancien haut allemand hulis, huis et le moyen
“hosa de même sens (cf. allemand Hose -culotte,
néerlandais huis.
pantalon&
4 Houx désigne un arbuste à feuilles luisantes et co-
+ Houseau, employé généralement au pluriel, dé-
riaces, persistantes.
signait une jambière dont le bas s’adaptait sur la
chaussure ; le mot a subsisté dans l’histoire du vête- F HOUSSAIE n. f., 4ieu planté de houxm (mil. XILT~s.,
ment. La locution figurée laisser ses houseaux hulseiel, a pour synonyme HOUSSIÈRE n. f. (1341);
arnoti (14531, encore chez La Fontaine, est sortie ces mots sont plus fréquents comme noms propres
d’usage. ~Probablement par ellipse d’épingle ù de lieux que dans l’usage de la langue. +O HOUS-
houseau, houseau (1752) ou housseau (1803) est le SER v. tr. est attesté indirectement Iv. 1179) par
nom d’une grande épingle qui sert à réunir des houcepingnier (4 houspiller), et directement vers
bandes d’étoffe. 1200 au sens de umaltraitern, disparu; il sign3e
11269-1278) {{nettoyer avec un houssoîr~ Le verbe
HOUSPILLER v. tr. représente (1454, housse- s’était spécialisé dans divers domaines, par
pillier) une altération de l’ancien français houce- exemple pour aramonen (1410, osserl, Ksecouer (un
pingnier Cv.11791 ou houssepignier Ixrv” s.), sous l’in- arbrelB (1530). 0 FB dérive HOUSSAGE n. m. (17431
fluence des verbes en -iZler ou celle du verbe piller. «action de housserm, aujourd’hui sorti d’usage.
Houcepingnkr est le résultat d’un croisement de + HOUSSOIR n. m. h” s.1 vient de hous, forme an-
houcer <<maltraiteru I-+ 0 housser, à houx) et de pin- cienne de /ZOU~G; le mot est vieilli pour designer un
@Ger au sens figuré de Kbattrem I-+ peigner); ces balai de crins ou de plumes (cf. plumeau). 4 HOUS-
verbes synonymes étant associés pour renforcer SINE n. f., proprement Mbranche de houx» (xv” s.,
une expression kf. pour le même mode de forma- hussinel, est vieilli au sens de *baguette flexiblen. Le
tion tournevirer). Le verbe est aussi relevé sous la dérivé HOUSSINER v. tr. (1611) abattre avec une
forme gouspiller ( 14991, peut-être par croisement houssinen est tombé en désuétude.
avec gaspiller dont il a eu le sens (1583).
4 Houspiller a d’abord signi@ œmaltraiter qqn en le HOVERCRAFT n. m. est un emprunt (1960) à
secouant ou en le grondant)), Le verbe est vieilli au l’anglais hwercruft (1959; enregistré comme
sens de <<maltraiter>), 4mportunerm (1611, au prono- marque en 19611, composé du verbe to hover (1400)
minal) et demeure, dans un emploi littéraire, au Kplanepj, &tre suspendu en l’tir~ et crufi Kembar-
sens de amaltraiter en parole9 (cf. critiqwr, répri- catiow
mander). + Malgré la présence d’uérogkeur, Wercraft s’est
b Le dérivé HOUSPILLE~R. EUSE n. apersonne imposé, soutenu par la prépondérance des entre-
qui houspille)) 118731, puis adjectif 11920) est d’em- prises britazmiques pour le transport des passagers
ploi littéraire. entre Calais et l’Angleterre; le mot s’utilise plutôt
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1751 HUGUENOT

comme nom propre @rendre 1’HovercrafiI que droite (dia, pour la gauche), d’où la locution an-
comme générique. cienne il n’entend ni a hue ni a dia ( 1721) <on ne
parvient pas à lui faire entendre raison; au-
F Le composé anglais HOVERPORT n. m. (de ho-
jourd’hui on dît tirer à hue et à dia {{aller dans des
vercraft et port) s’emploie aussi en France (19731.
directions opposées>> et, au figuré (18351 aagir sans
HOYAU --i HOUE esprit de suiten. o On trouve aussi la forme HU-
HAU (1866, T. I,. F.1 de hu et ho, huu, autre inter-
HUBLOT n. m., attesté au XVIII~ s, ( 17731, est jection.
d’origine incertaine. Il représente peut-être une al- wLe verbe dérivé HUER, dans son premier emploi
tération de l’ancien terme de marine hulot Mouver- attesté Cv.1160) Sign%ait &ncer (un chien) par des
ture pratiquée dans la muraille d’un navire}} ( 16941, cris>> puis, en particulier ( I 174- 1200) a-ier pour
qui serait un dérivé du normand houle au sens de faire sortir le gibier>) (au XIII~s. en parlant d’un
brèche, cavité (4 houle) ; on a supposé que le -b- ve- loup). Le verbe se dit aussi (1174-I 176) pour rouvrir
nait de la rencontre de Mot avec Ie mot poitevin (qqn) de hukesn, sens courant aujourd’hui. En em-
loubier wsistas, lucarne>> ou le nantais hubiau ploi intransitif, huer side Cv.1175) <<crier>>et , spé-
csorte de cornet pour aérer les greniers)). On a éga- cialement (12791, seul sens encore vivant, <<pousser
lement proposé de voir en hublot une altération de son crin, en parlant du hibou, de la chouette
l’ancien français huvelot, dérivé de huve #coiffe, (-chat-huant). oOn a employé aussi HELER
bonnetm Iv. 12251, mais le sens de huvelot, attesté v. intr. I~II~ s., hoiler), mot d’origine onomato-
isolément, est peu clair. péique.
+ Hublot «fenêtre ronde qui permet de donner du HUARD n. m., dérivé de huer à cause du cri de l’oi-
jour dans un navire tout en assurant l’étanchéité>), seau, a désigné le milan If51 xm”-déb. XI? s., hüati),
s’emploie par analogie dans le domaine de l’avia- la buse (1611) et aujourd’hui, régionalement, le py-
tion ( 1933 ; on dit aussi fektrel. Hublot désigne éga- gargue (rapaces). 0 Le mot québécois hua& aplon-
lement (v. 19601 la partie vitrée d’un appareil ména- geon arctique>>, oiseau palmipède (1632; 1613, huat),
ger, qui permet d’en surveiller l’intérieur. 0 Le mot est à rapprocher de l’ancien et moyen français hua
se dit aussi familièrement pour knettes)), et de là ((chat-huant, hibou, milan)> (v. 1200) dérivé lui aussi
pour <<yeux*. de huer. +HU~~E n. f. s’est dit Cv.1119) pour 4a-
meur de la foule*, Le mot est ensuite usité en véne-
HUCHE n. f. attesté au XII~s. EV.11701 avec la va- rie au sens général, aujourd’hui vieilli, de ucri)),
riante huge, est issu du latin médiéval hutica pour faire lever le gibier ( 13761, le rabattre ( 15501,
EVIII~s.) co&en; la géographie du mot et de ses dé- indiquer que le sanglier est pris 11690). Par spécialli-
rivés (Normandie, Picardie, Flandrel et le h initial sation de sens, huée désigne des cris de dérision ou
suggèrent une origine germanique qui reste incer- de réprobation (162 11, le mot étant aujourd’hui cou-
taine. P. Guiraud rapproche de ce mot huche, at- rant au pluriel; le singulier (1630) est vieilli ou
testé au sens de «boutique où les marchands d’emploi littéraire. + HUETTE n. f. (15551, autre dé-
étalent leurs marchandises~~ (ancien et moyen fran- rivé du verbe huer, est une désignation régionale
çais) et huche <réservoir à poissons» (mots d’habi- de la hulotte.
tude considérés comme distinctsl; il fait alors de
hutica un dérivé gallo-roman du germanique HUERTA n. f. est emprunté (1907, Claudel) à
“butta I+ hutte), la huck étant un abri aménagé l’espagnol huerta «vaste terrain pour la culture des
(cf. par ailleurs l’ancien français huche <<arche de légumes et des arbres fruitiers» (v. 11401, féminin de
No&). huetio c<jardinB, lequel est issu du latin classique
hortus ajardin> (3 horticole).
+ Hu&e désignait au moyen âge un grand coffre de
bois à couvercle plat Mistinct de bahut), qui tenait 4 Le mot garde le sens de l’étymon, pour désigner
lieu d’armoire, de malle et de table. Un emploi spé- une réalité espagnole.
cial est huche à lad pain aoù l’on garde le pain>,
HUGUENOT II. et adj. est emprunté
aussi appelée KW~. Le mot a pris ensuite un sens
(mil. xvre s.) au genevois eyguemt ((confédéré gene-
technique 11%‘3), désignant en minoterie un coB-e
vois adversaire du duc de Savoie)). Eyguenot 115201,
où tombe la farine; il se dit aussi d’une caisse per-
avec des variantes (uguynos, 1519; licignot 1520) est
cée de trous, que l’on immerge pour placer le pois-
une altération du suisse alémanique EtigwsseW
son que l’on veut conserver.
~confédér&s)~, correspondant au moyen haut alle-
b Le dérivé HUCHIER n. m. (1226, huichier) s’est dit mand de même sens eitgenb (d’où en lançais es-
pour <fabricant de huche+. guenotz désignant des soldats, 14831. Le mot, dès
1315, désigne oficiellement les membres de la
+@HUE ! inter-j. est attesté à la CII du xf s. Confédération suisse : il se dit d’abord de ceux qui
(v. 11801 mais dans un emploi obscur. Il représente luttent contre les tentatives d’annexion du
une variante de l’onomatopée hu, relevée comme duc de Savoie, oHuguenot devient, du xvf au
nom masculin en 1080 au sens de <<clameur XVII? s., un terme de mépris par lequel les catho-
confuse*, puis comme interjection pour faire peur liques désignaient les Réformés (la majorité des
(v. 11651, pour avertir (1176-1181) et pour exprimer confédérés était favorable à la Réforme); avec ce
le dédain (2” quart du XIII~s.l. sens, il se répand en Suisse romande puis en
4 khe est relevé au XVII~s. (1680; 1653, hu) comme France. La forme française huguenot viendrait de
cri pour faire avancer un cheval, le faire tourner à Touraine, où les habitants rattachèrent le mot ey-
HUILE 1752 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

guenot à un roi Hugon, populaire auprès des Réfor- une huile Km ~IX%.) pour wn tableau peint à
més de Tours, ou selon d’autres, au nom d’un chef l’huilea. + Huile, qualiE, désigne le produit obtenu
genevois Hugues de Besançon. Le mot, péjoratif’ à à partir d’une huile Crie et de substances végétales
lkigîne, sime aprotestant calviniste>> (1552, n.1 ou animales : huile aromatique, huile camphrée,
puis il est employé comme adjectif (1570) et dans à huile solaire, etc. Huile minérale désigne un liquide
la huguenote & la manière des huguenots)> 115723. gras naturel dénommé selon son origine, sa qua-
b HUGUENOTTE n, f. a désigné (1660) une petite lité, etc. : huiles lourdes (18571, huiles de pétrole,
marmite de terre sans pieds, parce que les hugue- huile de schiste, etc. 0 De l’emploi technique
nots se servaient de ce type de marmite pour cuire récent de certaines huiles pour la lubrification des
leur nourriture, les jours de jeûne. Le mot, dans mécanismes et des moteurs viennent mettre de
tous ses emplois, a vieilli ou est devenu un terme Ikile dans les rouages <apaiser les dissensions, et
d’histoire. 0 Les dérivés HUGUENOTERIE n. f. (mil. XX~s.1 baigner &MIS l%uiZe <fonctionner par-
(1852, Sainte-Beuve) et HUGUENOTISME n. m. faitement, aller bienm, souvent elliptiquement bai-
11900, Francis Jammes), attestés isolément, sont gner*.
restés très rares au xxe siècle. Huile s’emploie familièrement de nos jours pour
apersonne importante, Muenten et, en particulier,
HUILE n. f. est issu dans la première moitié du pour (<officier supériew~, en argot militaire. Cet
XII~s. sous la forme oile (variante olie) du latin clas- emploi vient de la locution, aujourd’hui disparue,
sique oleum (+ oléo-) <huile (d’olive)>>, latinisation nager dans (parrnil les huiles Fréquenter des per-
du grec elaion; le grec a une origine méditerra- sonnes influentes), 18871, d’origine obscure.
néenne pré-indo-européenne reconstituable en b Le dérivé HUILER v. tr. appar& avec le sens gé-
oeluiwon (cf. olive, de même famille). En français, néral de &otter, oindre avec de Yhuile» (XIV~s., huy-
uile est attesté au XIII~ s., huile en 1260 : le h a ét6 in- ler les pluies; 1488, se frotter d’huile). Huiler =assai-
troduit pour éviter la lecture [vil], u notant aussi V. sonner avec de l’huile comestiblen (15461 s’utilise
4 Sortant du bassin méditerranéen, huile désigne surtout de nos jours au participe passé. Dans un
rapidement d’autres liquides gras que celui qu’on emploi technique (agriculture), le verbe Sign%e
extrait des olives. Le mot est qualifié dès 1260, et on <laisser suinter un liquide grasm, dans plante qui
relève dès l’ancien fiançais huile d’olive, d’amande, huile (1771,intr.). +Le dérivé HUILAGE n. m. (18381
de noix, de chènevis, de pavot; on trouve plus tard et le préfxé DÉSHUILER v.tr. Menlever de l’huilep
huile d’arachide 118011,huile de ricin. (18311, utilisée (1838) sont des termes techniques, comme les déri-
comme laxatif, huile de foie de morue C18361, etc. vés duverbepr&é, DÉSHUILEURn.m.kes.)et
0 Pas allusion à la fluidité de l’huîle, le mot est uti- DESHUILAGE n. m. Cv.1960).
lisé dans des locutions : mer d’hw% <SUIS vaguesn De huile dérivent aussi quelques mots plus cou-
(comme une nappe d’huile); tache d’huiJe, au rants. - 0 HUILIER n. m. afabricant d’huile)) 11260)
xwr” s. achose irréparable> tà cause de la diEculté à puis <<ustensile contenant deux burettes pour
nettoyer l’huile), d’où +&ont, atteinte à l’honneur>> l’huile et le vinaigre>) (16931. +HUILEUX, EUSE
!à cause des connotations morales de tache); ces adj., “qui a la consistance, l’aspect de l’huile>j ( 1538 ;
valeurs de l’expression ont disparu et la locution se 1474 selon Bloch et Wartburg), est usuel. 0 De là
dit maintenant ! 1872) de ce qui se propage de façon HWLEUSEMENT adv. (19051 peu usité. +HUILE-
insensible mais continue. ~Par référence au ca- RIE n. f. 115471, 4ieu où l’on fabrique l’huile*, au-
ractère combustible de l’huile, on trouve jeter jourd’hui appliquée à une usine. *I%&I 0 HUI-
hettre, verser1 de l’huile sur le feu aenvenimer LIER, IÈRE adj. (1867; poisson huilier “qui fournit
une dispute- (XVII~s.l. 0 L’allusion à l’huile d’éclti- de l’huile))) a été repris pour crelatif à la fabrication
rage existe dans la locution, aujourd’hui vieillie de Yhuile)).
kw” s.), sentil’htie «porter la marque de longs ef-
forts», en parlant d’une œuvre (par allusion aux +k HUIS n. m. est issu d’abord sous la forme US 4
nombreuses veilles devant la lampe qu’elle avait dû 0050) du bas latin ustium, altération du latin clas-
coûter à son auteur). II n’y a plus d’huüe dans la sique ostium «entrée, ouverture*, d’où ((porte-. Ce
lampe se disait familièrement au XVII~s. à propos mot dérive de os, oti «bouche, et <entrée, orSce>>,
d’une personne proche de la mort (l’huile désigne remplacé dans les langues romanes par buccu
alors métaphoriquement l’énergie vitale). Huile de (+ bouche) ; le thème os- se retrouve dans plusieurs
bras (1867) ((force musculaire)) est concurrencé au- langues indoeuropéennes knskrit ksfi)yam, tiejl
jourd’hui par huile de coude. +Au WI” s., suint islandais Oss «embouchuren, irlandais a Nbouche4.
huile se disait pour <<extrême-onction>); dans la li- Le h a été introduit (1549) pour éviter la lecture vis,
turgie romaine, les saintes huiles désignent encore u notant aussi v.
les huiles réservées aux divers sacrements ; ensuite + Le mot, apparu avec le sens de «porteN, était de-
huile sainte, huile consacrée ou huile désignent venu archaïque ou littéraire dès le XVII~s.; il est
kwt” s-1l’huile à onction utilisée pour sacrer les rois concurrencé par porte* dès l’ancien français
dans les religions chrétienne et juive, où l’huile est - comme le latin ostium avait peu à peu éliminé
signe de bénédiction, symbole d’énergie vitale. iarws. u Huis est encore employé dans la locution
Huile, employé seul, désigne également un mé- à huis clos 4 portes fermées> (1549) et, au figuré,
lange d’huile de lin ou d’oeillette et d’une matière «en petit comité-; huis clos est un terme juridique
colorante (qui se substitue à la détrempe dés le comme nom masculin (18351, opposé à publicité
xve s.); cet emploi n’est attesté qu’au ~VIII~S. dans (cf. demander le huis clos) ; à huis ouvert Ii5491 ne
peindre ù l’huile (17521, peinture & I’htie (1768), puis s’est pas maintenu.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1753 HUÎTRE

b HUISSERIE n. f., sous la forme uisserie en judéo- lînetl. + HUITAINE n. f., réfection ( 14371de la forme
fkançais (av. 1105) «chambranle de porten puis oise- huitine (1260), signik <<ensemble de huit chose+
ries Cv. 11601, est attesté sous la forme moderne (cf. octave); en emploi absolu, une huitaine signihe
d’après huis en 1260. Le sens de «porte)), encore (<huit jours>> et, par extension <<semaine>>.
employé au xrx” s., est sorti d’usage. HUITANTE adj. et n. est issu Cv.1MO, oitantel du la-
HUISSIER Il. m., dérivé de us cussier, v. 1140) de- tin octo&ta <quatre-vingts>>. En ce sens, le mot ne
venu huis, peut être rapproché du latin classique s’utilise aujourd’hui qu’en Suisse (terme officiel
ostatius cportier, concierge», en latin ecclésiastique dans le canton de Vaud; cf. octante) ; il n’est plus
=Portier>> (le dernier des ordres mineurs), et dé- employé en Belgique, où il était en usage avant le
signe en latin médiéval un officier de ménage, un XIX” s. (par emprunt au waIIon ctante, de Ut «huit»).
dignitaire aulique. 0 Le mot, qui est usuel en k-an- En France, quatre-vingts, malgré l’abandon du type
çais moderne, à la différence de huis, apparaît au de numérotation vigésimal (par 201,s’est maintenu.
sens de agardien d’une porte=; il désigne un navire Sur h& ont été formés plusieurs composés. HWIT-
de transport muni d’une grande porte à la poupe RESSORTS n. m. inv. (1866, de ressoti) s’est dit
111881, puis un fabricant de portes Iv. 1260); tous ces d’une voiture à chevaux de luxe, suspendue sur
emplois sont archaïques. Du premier sens vient huit ressorts. + HUIT-REFLETS n. m. inv. (1907, de
l’acception d’aofficier dont la charge était d’ouvrir reflet) désigne un chapeau de soie haut de forme,
et de fermer une porte Y 0 Le mot désigne celui qui sur le fond duquel on distingue huit reflets. + Du
annonce et introduit les visiteurs (dans un minis- format en huit millimètres au cinéma, vient SU-
tère, par exemple). Par extension ~XIV~ s.>, tzuksier PER-HUIT adj. et n. m. (attesté 19651, qualsant et
se dit de celui qui est préposé au service de cer- désignant un format de cinéma d’amateur înter-
taines assemblées ( 1320, huissier de parlement) et médiaire entre le huit et le seize miUim&res.
spécialement (1538) d’un officier ministériel chargé 0 voir SIX (SIX-ml, ROIS ITFmIs-HuIT~.

de simer les actes de procédure.


HUÎTRE n. f. représente, sous les formes oistre,
HUIT adj. et n. m. înv. représente sous la forme uistre (v. 1270) l’aboutissement de l’évolution pho-
oit (v. 1130) puis uit, l’aboutissement de l’évolution nétique du latin classique ostrea, du grec ostreon
phonétique du latin classique octo; le h a été ajouté (+ ostréo-1, apparenté au nom de l’os, ostoun, ces
au XV~’ s. pour éviter la prononciation [vit]. mots désigna;nt des objets durs. La forme oistre est
4 Huit, adjectif numéral cardinal, s’emploie par ex- en usage jusqu’au début du XVII~s. ; le h initial a été
tension dans la locution huit jours -une semaine» ajouté pour éviter la lecture vitre, le 2.4et le v se
d’où donner ses huit jours à qqn vie renvoyer et lui confondant (xv” s., huistie).
donner la rémunération d’une semaine de travail + Tout en gardant le même sens, le mot a subi deux
en dédommagement>> et, pour un employé, <quitter évolutiuns qua& a ses applications. D’une part, l’os-
son emploi» (en s’engageant à travailler encore une trea edulis, espèce que désignait le mot latin, puis
semaine ; cf. rendre son tablïkr) ; la locution fait ré- tiançais (aussi nommée gravette), dépérit en
férence à un état archaïque du droit du travail. France entre 1750 et 1850. C’est au milieu du XIX” s.
0 Huit est aussi adjectif numéral ordinal invariable que l’élevage apparaît, alors même qu’un autre
(ex : page huit). 4 Nom masculin invariable, un, le mollusque, importé par hasard des Indes au Portu-
huit désigne, en particulier, la carte à jouer mar- gal Ixv” s.), se fixa, aussi par accident, dans la Gi-
quée de huit points (1690) ne IN.& de pique); il se dit ronde et les Charentes (18681. Engraissées et a&
également krx” s.) du Chi%e qui représente le nées en bassins (appelées claires), ces huîtres
nombre 8. 0 Comme terme de sports, il s’emploie portugaises ou huitres creuses se sont développées
(1895) en patinage à propos d’une figure de base en aux dépens des anciennes espèces, dès lors nom-
forme de huit. Avec un autre sémantisme, il s’ap- mées hu3res plates (celles de Belon sont célèbres),
plique ( 1906) à une embarcation de huit rameurs en avant d’être elles-mêmes menacées par un virus et
pointe et un barreur lune course ù huit). remplacées par une nouvelle espèce importée du
ä HUITIÈME adj. et n. a remplacé CV.1170, huk- Japon, la @gai) 11971). Dès lors le mot désigne plu-
tieme) les formes uitme, aisme, oitme (depuis 1130) sieurs espèces, I’ostrea initiale étant minoritaire. -
formées d’après setme, sesme (de septimus; + sep- Par ailleurs, l’htitre, mangée crue à Rome et en
tième). Huitième s’emploie dans la locution la hz& Gaule, f!ut longtemps l’objet de préparations cti-
tième merveille du monde, <chose qui Par&t pou- naires élaborées : civé d’oitires (Ménagier, v. 1393,
voir s’ajouter aux sept merveilles traditionnelles>+ pastez d’huistres (16041, ragoût, beignets d’huistres
0 Huitième s’emploie aussi comme nom (XII~s.) : et huistres rosties (1664). Au XVII~~ s., on mange
être leAu huitième; il se dit également d’une frac- l’huître soit crue, soit au gril Ihufties saucées, 17741.
tion d’un tout divisé également en huit, comme ad- C’est au XIX~ s. que l’huître crue l’emporte en
jectif et nom masculin : un. huitième 4a huitième France, alors que les anciennes recettes, passées
partien Iv. 1283). Dans cet emploi, un sens spécialisé par la Louisiane, sont pratiquées aux États-Unis;
( 1932) en sports est huitième de finale. Le dérivé cependant, les suuces d’huks à la mode chinoise
HUITIÈMEMENT adv. est attesté (1480; av.xv%, et les huitres chaudes se sont récemment imposées
huytiesmementl en France, à coté des huîtres crues, largement ma-
HUITAIN n. m. s’emploie du xrle (v. 1160, uitain) au joritaires et consommées par douzaines. ~Hu%re
xrve s., au sens de <<huitième)) ; le mot, d’emploi di- s’emploie, par référence au comportement du mol-
dactique, désigne ensuite un poème, ou une lusque, dans plusieurs locutions : b%Z!er comme
strophe, de huit vers Ifm xve s., vers huytains, J. Mo- une huître <<en ouvrant largement la bouche>>, se
HULOTTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

fermer comme une huître Msereplier sur soi,, être maines, opposées à divines, désignant un savoir hu-
plein comme une htitre *être ivre)>. 0 Il s’est em- main et non pas inspiré; le syntagme sera repris
ployé pour <personne sotte* (16601. avec une autre valeur 13 science). 0 Au début du
+ Le dérivé 0 HUÎTRIER n. m. est d’un emploi rare XVII~s., le nom masculin désigne ce qui appartient à
(1718, huist%rl pour ostréiculteur; le mot désigne l’homme n’humuin et le divinl. Dans le vocabulaire
aussi ( 17811un oiseau échassier qui se nourrit sur- religieux, l’adjectif s’applique à ce qui est conforme
tout d’htitres; on dit aussi huîtrier pie. + 0 HUf- à la nature humaine, en tant qu’imparfaite (16711,
TRIER, I&RE adj. arelatif aux huîtres, à leur éle- d’où moyens humains <moyens pour parvenir au
vage, etc.> est attesté en 1801. *HUÎTRIÈRE n. f. salut sans la grâce= (1690).
sign3e <banc d’huîtres> (1546, hukstnere) et &tablis- b HUMAINEMENT adv. Sign%e Cv.1180, humeine-
sement où se fait l’élevage des huîtres» (1867). ment) Hselon la nature de l’homme>>, d’où la lo-
cution humainement parlant (xv” s.1, et surtout
HULOTTE n. f., attesté au ~VI~s. (15301, est dé- =avec bonté- En XII~s., humainement). + HUMANT-
rivé du verbe (ancien et moyen français) uller puis SER v. tr, dérivé savant de humain (15541 d’après le
huiler, huler <pousser des cris stridentsu (v. 11651, latin humunus, a d’abord le sens de arendre hu-
issu du latin impérial de même sens ululare I+ hu- mains, de nos jours d’emploi littéraire; il se dit en-
lulerl; le latin impkial ululu avait déjà le sens de stite 115591pour (<mettre à la Port&e des hommes%
<<chouette,efkaîem. [humaniser UIW doctrine1 et, en théologie (15841,
+ Hulotte désigne un oiseau rapace nocturne appe- adonner la nature humaine-, en parlant d’un sacre-
lée aussi huetie (de huer 3 hue !). ment. Au XVII~s. (1657, scarron), le verbe prend le
sens de «rendre bienveillant, plus sociableni cette
HULULER v. intr. est un emprunt (xv” s.) au la- valeur, on l’a vu, correspond au latin humanus et à
tin impérial ululare «hurlerm d’origine onomato- l’adjectif humain, comme à humanité Ici-dessous).
péique G+ hurler). oLe dérivé HUMANISABLE adj. est attesté en
1834; HUMANISATION n. f. en 1845.0 Sur huma-
4 Le verbe, écrit aussi ululer, s’emploie pour acriern,
niser a été composé DkSHUMANISER v. tr. (1647,
en parlant des oiseaux de nuit.
repris déb. ti s.1, d’où dérivent DÉSHUMANISA-
b II a pour dérivé HULULEMENT (aussi ululement) TION n. f. (1936, Martin du Gard; 1870, selon Dau-
n. m. (1541). zat) et DÉSHUMANISANT, ANTE adj. 11944.
À partir d’humain ont été formés plusieurs adjec-
+k HUMAIN, AINE adj. et n. m. est un em- tifs prétiés. * SURHUMAIN, AINE Sign%e
prunt Cv.1160) au latin humanus <<propre à d’abord ( 1555, sur-humain) “qui apparaît au-dessus
l’homme= d’où acultivé, policé=, HbienveiUat» et des forces et des aptitudes nortnalesm (un efiort sur-
“qui peut arriver à un homme mortel>), d’origine humai&, puis daTis un emploi littéraire (16011 “qui
obscure : humunu.~ correspond à homo, ivLis très relève ou semble relever d’un autre monde que le
précisément pour le sens et l’usage, mais est in- monde humainm. Il est (rarement) substantivé (le
dépendant quant k l’étymologie (comme publicus surhumain, 1926). 0 En dérivent, liés au premier
par rapport à populus, rappellent Emout et Meil- sens, SURHUMANITÉ n. f. (av. 1896 ~Société for-
letl. Cependant, au niveau plus ancien où homo se- mée d’hommes supérieurs», Goncourt) formé
rait lié à humus, par l’idée de 4errestre)>, un rap- d’après humanité, <état du surhommen 119101 et
port formel entre homo et humanus est plus que SURHUMAINEMENT adv. (1900, après un
vraisemblable. exemple isolé v. 16 151, tous deux d’usage littéraire.
4 Humain reprend Iv. 1160) le sens apropre à 0 SUPRAHUMAIN, AINE adj. (1907, Pauhard est
l’homme- (comme dans : respect humain); par ex- une variante littéraire de surhumain, avec une va-
tension, il s’applique Iv. 1165) à ce gui possède les leur sémantique distincte.
caractéristiques de l’homme (un &e humain1 ; de ANTIHUMAIN, AINE (1855, G. Sand; de anti-) se
là l’emploi analogique dans voix humaiw pour dit pour «contraire à la nature de l’hommen, ahos-
nommer un jeu d’orgues gui imite les voix hu- tile & l’homme ». + ANTÉHUMAIN, AINE, terme di-
maines ( 1680) et la locution n’avoir plus figure hu- dactique (1864, de anté-), sime “qui a précédé
maine &re laid, d8ormen (1718). Depuis le XII~s., l’apparition de 1’Homo supikns~. +A-HU-
l’adjectif se dit (v. 1175) pour Mcomposé d’hommes>> : MAIN, AINE IV. 19201, *qui n’a rien d’humainn, est
la race puis l’espèce humaine. *Le sens de abien- utilisé, dans un emploi littéraire, pour éviter inhu-
veillant,, réemprunté au latin, est attesté vers 1200, main, qui a aussi le sens de Ncruelm. *SOUS-HU-
d’où ensuite l’emploi, aujourd’hui archtique, en MAIN, AINE (mil. XX~ s.), terme didactique, si@e
parlant d’une femme aaccessiblen (1558 ; XII~ s., en “qui est incompatible avec la nature de l’homme>>,
ancien provençal) par opposition à prude, inhu- alors que SUEHUMAIN, AINE adj. (mil. me s.1sup-
maine. +Hum&~ s’emploie à partir du XIVeS. pose un état de l’évolution des Hominiens anté-
comme nom maswlin au pluriel CIMI, li humains1 rieur à 1’Homo sapiens.
pour ales hommes- ; il est rare en ce sens au S&~U- L’adjectif le plus ancien où l’on retrouve humain
iier i 1630, I’humain cla nature humaine4 + Par n’est pas formé en tiançais. *INHUMATN, AINE
spécialisation du premier sens, humain, adjectif, si- adj. (1373) est un emprunt au latin inhumanus pou
gni& <<qui a l’homme pour objety 11552, Rabelais, “qui manque d’humanité~~, devenu archaïque. AU
les lettres humaines <<lalittérature profanen, par op- me s., le mot s’emploie au sens de “qui semble ne
position aux l&itures) et a signifd a&tivén ( 16361. pas appartenir à la nature humainen ( 1546, cris in-
C’est dam un autre sens qu’apparaît S&mes hu- humairzs) d’où par extension titrés pénibleb (un tra-
DE LA LANGUE FRANÇAISE HUMBLE

vail inhumain). 0 11se dit aussi d’une femme qui ne des XV” et XVI~s. et a désigné celui qui enseignait les
répond pas à l’amour qu’on lui porte 11555, Ron- humanités (1740). 0 Au XIX~s., humaniste, appuyé
sard, n. ; XVII~ s., adj.1, d’abord opposé à humaine, par humanisme, devient adjectif (18481, puis est uti-
disparu plus vite en ce sens ; le mot s’emploie main- lisé en philosophie au sens de apenseur qui prend
tenant par plaisa&erie; d’où (1867) cette femme l’homme comme valeur suprême2 118731.0 Il a un
n’est pas inhumaine <elle accorde facilement ses fa- préfixé antonyme ANTIHWMANISTE adj. (1936).
veurs)) . 0 INHUMAINEMENT a&. , d’emploi litté- +HUMANISME n. m. est attesté isolément en
raire, est attesté au milieu du xwe siècle. 1765, au sens de <philanthropies ; iI est alors en rela-
HUMANITE n. f., attesté avant humain Iv. 1119, hu- tion avec humain et humanité au sens latin de
munitet), est emprunté au latin classique humani- abienveillant, bienveillance>. ~Puis le mot, dérivé
tus aensemble des caractères qui défissent la na- de humaniste, est repris vers 1840 11846, chez Prou-
ture humaine)>, {{sentiment de bienveillancep et dhon), probablement sous l’influence de l’allemand
«culture>> (ce qui est propre à l’homme), dérivé de Humanismus <<humanisme>> (dérivé de l’adjectif hu-
humanus. 0 C’est le premier sens du latin qui est mun Nhumain4. Le mot désigne la doctrine qui
d’abord repris, aujourd’hui en usage en philoso- prend pour fm la personne humaine puis (1877) le
phie et en anthropologie, puis le second, Nbienveil- mouvement représenté par les humanistes de la
lance>> (v. 1170, humanited) : de là, à la fm du XV$ s. Renaissance. Le sens général CEtistentialisme est
dans un contexte religeux, l’acception de cfai- un humanisme, titre de Sartre) et la valeur spé-
blesse humaine*. *Le mot a désigné les parties ciale, historique, coexistent aujourd’hui. +C’est
sexuelles du XIII~ (1244) jusqu’au XVI~s.; Rabelais cette dernière valeur, liée à humaniste, qui se réa-
emploie petite humanité pour apénis* (1564). Une lise dans HUMANISTIQUE adj . 11924, écriture hu-
autre acception concernait une autre caractéris- munistique), terme didactique qui s’applique à
tique de l’homme, les biens du monde terrestre l’écriture utilisée par les humanistes de la Renais-
Iv. 1270). oPar extension du premier sens, le mot, sance italienne pour transcrire des œuvres de l’An-
resmé en humanité, se dit Cv,1450) pour <en- tiquité. +Humanisme a pour contraire le prétié
semble des hommes>); ce sens, courant de nos ANTIHUMANISME n. (19361.
jours, est rarement attesté avant le ~VII~s., époque HUMANOTDE adj. et n. est un dérivé savant (1851)
oti humanité prend d’autres valeurs influencées du latin classique humanus, avec le su%xe -oi;de.
par celles d’un mot de la Renaissance, humaniste L’adjectif, d’emploi didactique, s’applique à ce qui
(voir ci-dessousl. 0 Humanité s’emploie dans ce rappelle l’homme, d’un point de vue zoologique ; le
contexte, au singulier (1615, Pasquier), puis au plu- nom est d’usage plus courant et désigne un être
riel, pour &ngue et littérature grecques et latinesn voisin de l’homme, le plus souvent en parlant
et pour leur étude (1671, faire ses humanités; d’êtres imaginaires, dans un contexte de fiction
cf. déb. XVI~s., le latin moderne studia humanitasl. scienttique (cf. extra-terrestre). Dans ces deux em-
Le mot s’emploie par extension au sens d’aétudes plois, le mot a pu transiter par l’anglais : humanoid
secondaires-, vivant en fhnçais de Belgique. + est employé par F. G. Ritchie Il9181 et comme nom
SOUS-HUMANITÉ n. f. (1938) correspond à sous- en 19% (J. A. Thomson1 en anthropologie ; l’emploi
humain (ci-dessus) et à sous-homme 13 homme). en science-fiction semble américain ENabokov,
*Le dérivé HUMANITAIRE adj. “qui vise au bien 1952).
de l’humanité>, propre à la période romantique, est
relevé en 1835 (hrnarhne); le mot a été employé HUMBLE adj. est la motication Iv. 11203 des
péjorativement, surtout dans la seconde moitié du formes humete ilO801, humk iv. 11201, emprunt au
XIX~ s. d’où le dérivé HUMANITAIRERIE n. f. (1836, latin classique humilis <<bas,près de la terren, d’où
Musset), aujourd’hui sorti d’usage. *De humani- au figuré ((modeste, faible, et, surtout en latin chré-
taire dérivent aussi (1837, Balzac) les termes didac- tien, <conscient de sa faiblessea; humilis dérive de
tiques, souvent péjoratifs, HUMANITARISME
humus Kterren I+ humus).
n. m. et HUMANITARISTE adj. et n., en concur- + Humble reprend (1080) le sens de *qui s’abaisse
rence au XIX~ s. avec philunthropisme et philun- par humilité% (à propos de personnes), d’où en par-
thrope. lant de choses 116361 “qui marque de l’humilité)),
INHUMANITÉ n. f. est un emprunt au latin cIas- dans un contexte chrétien et éthique. Par exten-
sique inhumanitas, de humanitas. Le mot est d’em- sion, l’adjectif s’applique ( 15641 à une personne qui
ploi littéra;ire au sens de acaractère d’une personne est d’une condition sociale inférieure ou à une
ou d’une chose inhumaine- (1312) ; il est archaïque chose qui en est la caractéristique; il s’emploie en
au sens d’cacte inhumain>) ( 13761, didactique pour ce sens comme nom, le plus souvent au pluriel
<caractère non humain>>. Il Sign%ait Ampolitessem (1564 ; les humbles). 0 Dans un emploi aujourd’hui
(1530) jusqu’au début du XVIII~siècle. littéraire, humble, adjectif, prend au xwe s. (1576) le
HUMANISTE n. et adj. est un emprunt de la Re- sens de esans éclatm, «médiocrep.
naissance ( 15%) au latin moderne humunista (at- F HUMBLEMENT adv., réfection Cv.1175) de hume-
testé en 14901, dérivé de humanus. + Le mot dé- lement kf sd, Sign%e <<avechurnilité~> et s’est aussi
signe d’abord un lettré qui a une connaissance employé pour <dans l’humilité> Cl611).
approfondie de la langue et de la littérature anti- HUMILITÉ n. f. est emprunté (XII~; Zdemoitié xe s.,
ques, grecques et latines, domaines dont l’étude est humilitiet) au dérivé latin classique humilitas
appelée studia humunitas et, plus tard en tiançais, <faible élévation, petite taille)) et au figuré, <état mo-
humanités (voir ci-dessus). Humaniste, pris spécia- deste, bassesseB, puis en latin chrétien amodestie,
lement, devient 11677, n.) Ie nom donné aux lettrés abaissement devant Dieu». + C’est ce dernier sens
HUMECTER 1756 DICTIONNAIRE FIISTORIQUE

qui apparaît d’abord en fkançais; le mot s’est em- méral désigne la bande d’étoffe couvrant les
ployé Cv. 1120) pour «humîliation~, encore au xve s., épaules du prêtre.
dans faire humilité à qqn <<sesoumettre>> ( 1440-
1475). 0 Puis (16061, le mot si@e «état d’infério- HUMEUR n f. est emprunté ( 1119) au latin clas-
rité de la nature humaine (“bassesse”) ou d’une sique humor, humoris ~~humidité>~ (concret et abs-
condition sociale», l’obscurités et par extension du trait), C&lément liquide)), <<liquide, en général)), (chu-
premier sens <grande déférence}}, d’où les emplois meur» (du corps humain), dérivé de humere cêtre
péjoratifs pour «servilité» et dans l’expression ept humide)> (+ humide).
toute humilité 4e plus humblement possible}}; hu-
+ Humeur a d’abord désigné l’eau (1119) comme
milité au sens de «platitude)) k’abaisser à des humi-
élément nécessaire à la vie, symbolisant l’amour,
lit& est archaïque.
puis a été employé pour «humidi& (apr. 1150)
6 voir HUMIMER.
jusqu’au XVIII~siècle. 0 Le mot s’est dit ensuite
Iv. 1175, B. Latini) au sens de «liquide organique du
HUMECTER v, tr. est un emprunt savant (1503; corps humain>>, le plus souvent au pluriel dans l’an-
1505, humetterl au latin classique humectare cienne médecine; le dosage des «quatre humeursm
<<mouiller>>, dérivé du radical de humectus, luî-
(v. 1265) bile, atrabile, flegme et sang, était supposé
même du verbe humere I-, humide). déterminer le tempéra;ment (humeur utrabttake,
4 Le mot français conserve le sens du latin, égale- humeur noire, 1631). Le sens étendu de asève))
ment employé au pronominal (1636) ; par extension, (XIII~s.1 a disparu mais au sens de <(liquide orga-
s’humecter le gosier se dit pour ccboiren (1845 ; 1718, nique)) ( 1314) le mot conserve aujourd’hui quelques
s’humecter le pectoral). emplois, comme humeur aqueuse (1680), humeur
wHUMECTANT, ANTE adj. s’est dît en médecine vitrée de l’œil (ou corps vitré). L’hésitation entre
Iv. 1560) de ce qui rend le sang plus fluide, et donc masculin et féminin ne disparaît qu’au XV~?siècle.
humecte les organes. +HUMECTAGE n. m. %c- +Humeur, par extension, prend le sens, toujours
tion d’humecter% 11873) a Dx’@cé HUMECTA- en usage dans un emploi littéraire, d’qtensemble
TION n. f., emprunté (v. 1314) au bas latin humecta- des tendances dominantes qui forment le carac-
tio, du supin de humectare. -Le dérivé tèrev (xv” s.), au pluriel les humeurs (1555, Ronsard,
HUMECTEUR n. m. (1842) est un terme technique. in 5”.L. F.1; de là vient le sens, dans un usage au-
jourd’hui littéraire, d’=ensemble de tendances
HUMER v. tr., apparu (av. 1105) en judéo-fkan- spontanées» (opposé à raison, volonté), usité dans
çais, puis réattesté vers 1150, est probablement issu un homme d’humeur c(capricieuxn, devenu ar-
d’un radical onomatopéique hum-, exprimant l’as- chaïque, et dans upte critique d’humeur &rite se-
piration; P. Guiraud propose de rapprocher le lon l’humeur du moment> qui s’emploie toujours.
verbe du latin classique humere (+ humide). 0 De l’idée de +pontanéité», on passe ~VI” s.) à
celle de <(fantaisie» Ides humeurs imprévisiblesl.
+Humer Sign%e d’abord «boire en aspirant>), en
0 Humeur désigne aussi à partir du XVI~ s. une dis-
emploi littéraire aujourd’hui; mais le verbe s’est
position momentanée, qui ne constitue pas un trait
employé pour aboire en ivrogne> à l’époque clas-
de caractère (1578); en viennent plusieurs lo-
sique (1611). Il se dit ensuite, en parlant d’un animal
cutions : humezw de (suivi d’un nom ou de 1’înfirûtîfJ
(13661, pour <<flairer)) et a Sign%é <<aspirer la fumée
«disposition &, vieilli; être d’humeur à ( 16431, en
du tabacm (1575). 0 Le sens moderne d’ctaspirer par
humeur de Isuivi d’un ~L~IIW 4isposé à»; mau-
le nez pour sentir>> est attesté depuis 1611; puis hu-
vtise humeur (déb. XVII~s., Malherbe) et de même
mer prend le sens figuré d’ttaspirer avec délices»
sens, méchante humeur, humeur de chien, etc. ;
( 1644, Scarron). bonne humeur (déb. XVII~s.), belle humeur (16361,
k Du verbe dérivent HUMAGE n. m., d’abord «bois- archaïque sauf dans (être1 en belle humeur. 0 Em-
son>>(xv” s.1,aujourd’hui terme de médecine 115301, ployé seul, humeur sime 11643) adisposition à la
et HUMANT, ANTE adj. ( 19361, d’usage rare. plaisanterie» et @n XVII’ s. ; au pluriel, 15831 ccmau-
vaise humeur>>, d’où la locution prendre de I’hu-
HUMÉRUS n. m. est un emprunt savant (1579, mezw <<sefâcherx (1788) ; les deux emplois antino-
chez A. Paré) au latin humerus Népaule>>,générale- miques n’ont pas coexisté et seul le second est
ment de l’homme (par opposition à amzus), «partie resté, le premier étant éliminé par humour (+ hu-
supérieure du brasn et par métaphore cmiliew l?JOWl.
(d’un objet), <<dos,flanc>~ (d’une montagne1 à l’épo- w HUMORAL, ALE, AUX adj. est un emprunt
que impériale; on trouve au XIV s., dans un texte Iv. 13701 au latin médiéval humorulis, de humor;
italianisant, la forme humre pour désigner l’épaule terme de médecine ancienne, le mot Sign%ait «re-
d’un chien et la partie supkieure de l’aile d’un oi- latif aux humeurs du corps>>. + À partir du latin hu-
seau. mer a été formé @ HUMORISME n. m. (18253 pour
+Hum&us, terme d’anatomie (d’abord écrit sans désigner la théorie ancienne des quatre humeurs.
accent -graphie latine), se dit de l’os long qui 0 voir HUMORISTE, HUMOUR.

constitue le squelette du bras, de l’épaule au coude.


F HUMERAL, ALE, AUX adj. est un dérivé savant HUMIDE adj. est un emprunt au latin classique
E1541) du latin humerus. Terme d’anatomie sign- humidus <<humide, mouill&, dérivé de humere
fiant «relatif à l’hun-&us~~ ; l’adjectif fait aussi partie &-e humkb, d’origine peu claire (+ humeur, hu-
du vocabulaire de la liturgie catholique : voile hu- mecter). La forme première est humiz au masculin
DE LA LANGUE FRANÇAISE HUNE
krv” s,l et c’est la forme du féminin qui l’emporte latin humor (+ humeur), désigne un médecin parti-
pour les deux genres 114951. san de la théorie des humeurs ou humotime : dans
4 Humide s’est introduit en fkançais avec un sens cet emploi, c’est aujourd’hui un terme d’histoire de
aujourd’hui archaïque, “qui tient de la nature de la médecine. 4 Le dernier emploi, qui a supplanté
l’eaum (l’humide élément, ~~l’eau~). Il prend au xwe s. les autres, est attesté en 1793 comme adjectif; hu-
(1528) le sens moderne, {{chargé, sans en être péné- moriste est alors une fkancisation de l’anglais hu-
tré, de liquide>) (cf. pnouillé, trempé, de sens plus mon3 ou humoutit (attesté en français en 1788;
fort). Dans ce sens, l’adjectif est substantivé U’hu- + humour), emprunté lui-même au fknçais humo-
mide et le sec1 au XVI~ siècle. Le mot entre dans la lo- tite (dans son premier sens) ou à l’italien umotitu
cution la paille humide des cachots ala prison*. et qui a pris la valeur de Npersonne facétieuse, en-
b HUMIDIFIER v. tr., terme aujourd’hui technique,
jouée>>en 15%. Le français humoriste, substantivé
(18311, est rattaché à humour*, mais semble plus
Sign%e t1649, Scwronl wzndre (plusl humide=; il
détaché de son origine britannique.
correspond au bas latin humificare, de humere.
0 En dérivent les termes techniques HUMIDIFI- b HUMORISTIQUE adj. est emprunté (1801; 1869,
CATION n. f. (1875) et HUMIDIFICATEUR, TRICE humouristique, Sainte-Beuve) à l’anglais humoristic
adj. et n. m. (18%). En XVIII~ sd, dérivé de humotit, et signifie ((relatif à
Le composé HUMIDIFUGE adj. (1829 ; de -fuge) est l’hurnourm, «empreint d’humours et plus générale-
didactique. + HUMIDIM~TRE n. m. ( 197.2; de ment *drôle» (xx” S.I.Balzac l’emploie ( 1847) au sens
-mètre) est un terme technique. de <relatif aux humeur+, qui n’a pas survécu. C’est
HUMIDITÉ n. f. est emprunté 12”moitié xrve s.) au allers un dérivé savant du latin humor ou de humo-
dérivé bas latin humiditas; il a suivi l’évolution de *te. oLe dérivé HUMORISTIQUEMENT adv.
l’adjectif, de «nature aqueusen à acaractère de ce ((avec humours 11874) est d’emploi rare. + 0 Hu-
qui est imprégné légèrement de liquide». MORISME n. m. (1818) est sorti d’usage.

HUMILIER v. tr. représente un emprunt HUMOUR n. m., attesté isolément en 1725


Cv.11201au latin ecclésiastique humiliare *abaisser, #wumourl puis repris en 1745, est un emprunt à
rendre humblem, dérivé du latin classique humilis l’anglais humour, lui-même de l’ancien français hu-
C-Phumble), meur et ayant eu la même évolution (-+ humeur).
4 Au XII~s., le verbe a le sens d’«abaisser (la tête, le L’anglais a repris au français le sens de disposition
à la gaiet& Ixwe s.1; le français humeur ne conser-
fiont avec soumissions, aujourd’hui disparu, et ce-
vant que celui de «disposition à l’imitation}}. En an-
lui de «rendre humble>, employé dans le vocabu-
laire religieux; humilier a aussi à partir du XII~s. le glais, le sens du mot a évolué pour désigner dans le
sens d’cqabaisser (qqn1 d’une manière avilissante ou courant du XVIII~ s. la faculté de présenter la réalité
de manière à en montrer les aspects plaisants, in-
outrageanten dans un contexte profane, également
au pronominal. Le verbe prend ensuite le sens plus solites ou parfois absurdes, avec une attitude em-
faible de ((couvrir de honte, de confusions. preinte de détachement.
b Le verbe a fourni les dérivés : HUMILIANT, ANTE
+En fkançais, humour a d’abord un sens proche
adj., d’abord chumble» (XII~s., humeliant «courtois, d’flesprits; Littré définit encore le mot par <gaieté
charitablen, s’applique à ce qui cause de l’humilia- d’imagination, verve comiquen; le sens propre de
tion ( 1668) ; + HUMILIATEUR, l’anglais est utilisé à la ti du XIX~ siècle. Si la notion
TRICE adj. et n.
11904, Claudel) est rare et d’emploi littéraire. est adoptée en France, l’humour est toujours consi-
HUMILIATION n. f. est emprunté au latin chrétien déré comme une spécialité anglaise (on emploie
humiliutio aaction d’abaissern et au figuré (<action souvent le mot dans le syntagme humour anglais),
d’humilier)), par mortjkation, dérivé de humiliare. alors que humoristique est relativement plus auto-
+C’est d’abord un mot du vocabulaire religieux nome.
(av. 1449) désignant le fait de s’humilier devant 0 voir HUMORISTE.
Dieu. 11prend ensuite le sens, hors d’un contexte
religieux 114951, d’(<action d’humilier ou de s’humi-
HUMUS n. m. est un emprunt savant (1765, En-
cyclopédie) au latin humus <<terre, sol>),qui se rat-
liewsB,d’où ensuite kw” s-1 (<sentiment d’une per-
tache à une racine indoeuropéenne ‘ghyom
sonne humiliée)) et <(ce qui blesse l’amour-propren
<<terres.
(1683, Bossuet).
0 voir HUMBLE. +Le mot Sign%e Mmatière organique du sol, issue
de la décomposition des végétaux)).
HUMORISTE n. et adj. est apparu à diverses .En derivent les termes didactiques HUMIQUE
périodes, avec des origines différentes. ll est adj, 118341, d’emploi rare, et HUMINE n, f. (1866,
d’abord emprunté (1578) à l’italien umotita (capri- stixe -ine). +Les composés HUMIFICATION n. f.
cieux, fantasque», dérivé de umor, équivalent à hu- (19221, HUMIFÈRE adj, (xx” s.) et HUMICOLE adj.
meur et de même origine. (mil. D? s.) sont aussi d’emploi didactique.
+ Comme nom, il Sign%e alors {{personne de carac-
tère ticile, d’humeur fâcheusen, sens disparu au- HUNE n. f. est un emprunt effectué en Norman-
jourd’hui, comme celui de *commentateur malveil- die (v. 1180) à l’ancien scandinave hûw, terme de
lant, (1785, Beaumarchaisl. +Au ~V&+S. 117521, un marine désignant une plate-forme arrondie à
nouvel emprunt au latin savant humotita, formé l’avant, reposant sur les bas-mâts.
par le médecin flamand Van Helmont à partir du 4 Hune conserve ce sens en français.
HUPPE 1758 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b En dérive HUNIER n. m. (15571, woile du mât de rone), à cause de la coiffure de plumes des Indiens.
hune*. Ensuite huron désigne une langue de la famille de
l’iroquois parlée par ce peuple Cn.m. et adj.1.
HUPPE n. f. est issu CI121-1134) du bas latin Le verbe AHURIR s’emploie aujourd’hui au figuré ;
uppa, lui-même du latin classique upupa Nhuppen il est d’abord attesté au participe passé Iv. 1270,
par syncope (cf. ancien fknçais hupupel, d’origine ahuri “qui a une t&e hérissée») puis au xv” s. à l’ti-
onomatopkique; le h a une valeur expressive. Le u nitif au sens de «jeter (qqn3 dans la stupéfactiorw, ale
du bas latin aurait dû aboutir à ou, attesté dialec- déconcertep et, par extension, «rendre (qqn) stu-
talement avec les formes heupe, houppette; il s’est pide)) ( 1596, ahun’). 4 En dérivent AHURISSEMENT
peut-être maintenu à cause d’un croisement avec n. m. (18531 et AHURISSANT, ANTE adj. ti
l’ancien verbe huper, hupper acrier haut et loin>>,la xtf S.I.
huppe étant criarde. Huppe, par ailleurs, a été al-
téré en dupe (+ dupe). HURLER v. est emprunté Cv.1385) au bas latin
+ Le mot désigne d’abord un oiseau passereau por- urulare «hurler)) (personnes ou animaux), *appeler
tant une touffe de plumes. Au début du XIV~s., par des hurlements>>, issu par dissimilation du latin
huppe prend le sens de atouffe de plumes que cer- classique ululare C-, hululer), d’origine onomato-
tains oiseaux (dont la huppe1 ont sur la têtea ; le mut péique, qui a abouti en ancien français à ulCUer, us-
est peut-etre antérieur en ce sens (cf. huppé) qui ler Cv. 1175). Le h dans huler, huiler, puis hurler est
provient probablement d’un croisement avec d’origine expressive.
houppe (4 houppe). ~Par analogie, le mot s’em- Wurler conserve le sens latin Npousser des cris
ploie 115981 pour 4ouffe de cheveux hérissés~~ prolongés>> ien parlant d’un animal, d’une per-
(cf. houppe). sonne), d’où la locution figurée hurler avec les
loups Cv.1385) (ifaire une action cruelle, s’acharner
b HUPPÉ, ÉE adj., d’abord attesté sous la forme
comme ceux avec qui on se trouve». Le verbe a pris
dupé IlXW, en anglo-normand) au sens de <<portant
par extension le sens de Nprotester violemment%,
une houppe>>, signifie Iv. 1420) =de haute tatien, sens
surtout dans la locution à hurler “qui incite à hurler
sorti d’usage, et figurkment (déb. xve s.) ade haut
d’indignations, valeur reprise par l’emploi récent,
rang, haut placé%, spécialement ccrichen. À l’époque
qui conserve l’idée de force, de hurler de rire cire
classique, le mot ne s’employait qu’au comparatif
bruyamment4 0 Depuis le milieu du XV~~s., hurler
et au superlatif relatif C!esplus huppes; il est des
s’emploie transitivement pour &re en criant très
plushuppés) et dans le syntagme haut huppé, main- forts (comme beugler, brailler), puis au milieu du
tenant disparu. À partir du xwe s., huppé s’est dit
XVII~s., le verbe en emploi intransitif sign5e “par-
pour “qui porte une touffe de plumes> (15321.
ler, chanter, crier de toutes ses forces+. ~Par ana-
logie, hurler s’emploie en parlant de choses 11672,
HURE n. f., attesté isolément au XII~s. CV.11751,
intr. ; Pa;r ex. sirèw qui hurle). 0 Hurler se dit aussi
est d’origine inconnue, probablement germanique
pour parler de choses incompatibles qui pro-
en raison de la répartition des formes dialectales
duisent un effet violemment discordant (1778).
(France du Nord). P. Guiraud suggère d’en faire un
dérivé du latin w-us ccbœufsauvage, (mot cité par b HURLÉE n. f. (v. 1340, urlee &anulte, mêlée») a
César, probablement d’origine germanique), par disparu au bénéfice de hurlement, comme hulée
l’intermédiaire de l’ancien verbe hurer <<hérisser la ahurlementn (XVI” s.l. *HURLEMENT n. m. (v. 1175,
crinière», prolongé par les verbes dialectaux hou- uslement, de usler; XIII~sa, ulement, de uler; puis
rer, se hurer ase ruer tête baissée>). 1509, urlement) a suivi une évolution sémantique
parallèle à celle du verbe, comme HUR-
4 Hure apparaît avec le sens de <bonnet de four-
LANT, ANTE adj# kwe s.1 devenu usuel au figuré.
ru-eV et signifie (v. 1200) <<tête hirsute> (d’un san-
+HURLE~R, EUSE n. et adj. est attesté sous la
glier), puis en parlant d’un homme (XIII~ s.) *tête
forme hulleur Cv.1350) au sens disparu de «crieur
ébouriffée», sens aujourd’hui littéraire. 0 Le mot
publicm ; il est repris (1606, hurleurl au sens de ~per-
désigne ensuite la tête coupée d’un sanglier ou
sonne qui hurle» ; il devient aussi adjectif ( 1766). lb
d’un autre animal. 11se dit par extension du mu-
zoologie hurleur ou singe hurleur CBuffon) désigne
seau de certains poissons à tête allongée 116601,
l’alouate. Au XX~ s., par analogie, le mot désigne un
comme le brochet. Par métonymie 118661,il désigne
appareil de signalisation électrique muni d’un
une préparation de charcuterie faite avec des mor-
puissant haut-parleur. + HURLADE n. f. ( 16801,
ceaux de hure (de sanglier ou de porc). ~Hure
d’emploi rare et littéraire, se dit du ftit de hurler,
s’emploie aussi (1920) pour «tête>>(cf. gueule), mais
en parlant de personnes.
cet usage est resté rare.
b HURON, ONNE n. et adj* est attesté 11360) au HURLUBERLU n. m. est attesté sous la forme 6
sens de “qui a la tête hérissée)), sens disparu, et qui hurluburlu en 1564, comme nom d’un Sa;int imagi-
correspond à l’ancien lançais hurepé ( 1135). Luron naire (Rabelais), puis comme interjection en 1581
a été utilis6 pour désigner un paysan insurgé dans (A. du Ba,ïf, hurlu burlu); il est aussi relevé comme
une jacquerie ( 13601, puis une personne grOSsière adverbe au sens de <(brusquement= (1640, Oudin) et
(1380). À la fin du Xnp s., le mot s’emploie à propos comme adjectif par Furetière ( 1690, hurlubrelul. En-
d’un soldat qui pose des mines pendant un siège & la forme hurluberlu adverbe, adjectif et substan-
(cette valeur précise est inexpliquée). +Huron est tif, se trouve en 1718 dans le dictionnaire de l’Aca-
repris au XVII~~. pour dénommer un xsauvagem démie. Le mot est d’origine incertaine ; on y a vu un
d’Amérique du Nord (1671, We de Sévigné, hu- composé de ‘hurelu &bouriW, dérivé de hure; hu-
DE LA LANGUE FRANÇAISE HYACINTHE
relI15 11) <<homme aux cheveux hérissés~ est isolé et famille de mots germaniques (anglais but, par
ensuite interprété comme une forme lorraine de exemple); c’est probablement une désignation de
hiruut <héraut>). Ber2u “qui a la berlue, excentrique)) constructions militaires provisoires. La racine hud-,
est dérivé de berlue, comme berluer uvoir mal)) hid est celle de l’anglais to hide Mcachern (ancien
I 1549 ; + berlue). Le mot pourrait être aussi un croi- anglais hydunl.
sement de l’ancien fmnçais hurepé «qui a la tête hé- 4 Le mot a d’abord désigné un dispositif (une es-
rissée» (1135 ; 4 hure) et de <hurlera. On a enfm pro- péce de chaumière) permettant aux eaux fluviales
posé un emprunt à l’anglais hwly-buriy <confusion, de s’écouler dans les pâturages; on en trouve la
tumultem (attesté en 15391, altération de hurling and trace dans des toponymes. oLe sens moderne
burlirg (v. 15301, de hurling &ouble» (de to hurl d’eabri rudimentaire3 (de bois, de branchages, etc.,
&ncer violemment4 et burling, réduplication ex- grossièrement assemblés et servant parfois d’habi-
pressive de hurling. tation) n’est attesté qu’en 1358; le mot est peu uti-
4 HurluberZu est de toute façon une formation ex- lisé en ancien tiançais dans la langue littéraire, 0-U
pressive; il désigne une personne extravagante, ce genre de construction était désigné par feuillée
qui se comporte de façon bizarre, inconsidérée (hutte couverte de branchages) ou loge.
(cf. écervelé, furfelul On relève le mot au féminin b En dérivent HUTTER v. tr., sorti d’usage (1594 au
vers 1770. participe passé; 1635, se butter <se logers, en par-
lant d’un fantassin), et les termes techniques HUT-
HUSSARD n. m., attesté sous cette forme en TIER n. m. cchasseur dissimulé dans une huttefi
1605, se trouve sous les graphies hmmrd, houssuti (1874) et HUTTEAU n. m. ({petite hutte, abri démon-
(15321, houssur 116241, housart 11660) ; le mot est em- table>> (1877).
prunté, par l’intermédiaire de l’allemand Nusar, 0 voir CAHUTE.
Husser Hcavalier de l’armée hongroise) (Ire moitié
xwe s.), au hongrois huszur qui Sign%e 4e ving- HYACINTHE n. f. est emprunté (1523, hia-
tième>> d’où Kcavalierm (déb. xv~~ s.), parce que le tinte) au latin hyacinthus, lui-même du grec hua-
gouvernement hongrois ordonna la levée d’un kthos désignant la jacinthe (+ jacinthe et aussi 0
homme sur vingt pour former une cavalerie légère, jargon, zircon) ainsi qu’une pierre précieuse et, tar-
au moment de l’invasion turque en Hongrie, en divement, une étoffe de couleur bleue ou rou-
1458. Le mot est connu en France avec ce sens au geâtre. Une légende fait naître la fleur du sang du
moment de la guerre de Trente Ans; les variantes jeune Lacanien Hwhinths, aimé d’Apollon qui le
avec l’alternance u et ou correspondent aux deux tua involontairement avec son disque; le person-
voies de l’emprunt (écrit pour u, oral pour OUI. nage représente sans doute une divinité préhellé-
+Hussard conserve le sens de l’étymon, puis se dit nique évincée par Apollon.
par extension (1721) pour <soldat de la cavalerie Zé- Wyucinthe a d’abord désigné une pierre pré-
g&eB, dans diverses armées ; de cet emploi vient la cieuse, variété de zircon d’un jaune tirant sur le
locution sortie d’usage hussards de lu guilloke rouge. Le mot s’est employé ensuite (1559, Ronsard)
pour agendarmesn (1841, Balzack 0 Le mot est uti- pour désigner la fleur, emploi où jacinthe l’a em-
lisé au féminin dans la locution à la hwsarde signi- porté. 0 C’est aussi à partir du xvre s. ( 1564) qu’il dé-
fiant 4 la manière des hussardsn; cette locution signe une étoffe couleur hyaointhe et par exten-
vient de la formation en France ( 1691) d’un régi- sion, dans un usage littéraire, une couleur jaune
ment de hussards : couper les crirxs de chmuux à la rougeâtre. Au sens de ableu tirant sur le violetb
hussurde (17181, puis danse à lu hussurde, pantalon (18401, hyucinth,e ne se trouve que dans des traduc-
à lu hussarde I 1798). La locution s’emploie au figuré tions de la Bible (du latin chrétien hyucinthus
(1815, à lu housarde) au sens de abrutalement, sans aétoffe de couleur pourpre-violet&
retenue ni délicatessen, notamment en parlant du 0 Voir JACINTHE.

comportement amourewr. 0 Au début du ti s., on FHYAL-, HYALO- est un élément tiré du grec
a appliqué l’expression figurée les hussards noirs huulos Nmatière transparenten, désignant l’albâtre,
de la République, lancée par Péguy (19131, aux iris- le cristal ou le verre, et que l’on trouve dans quel-
tituteurs de l’école laïque et publique. +Hussard ques termes didactiques.
est aussi employé comme terme technique, pour HYALIN, INE adj. est attesté isolément au xv” s.
désigner un grain de malt dont la plumule dépasse (1450-1452, iali~t “qui a kped du verre»); il est re-
le grain, par analogie avec le chapeau à plumes de pris au début du XIX~ s. en minéralogie (1801, quartz
certains hussards. *Le sens initial a été repris en ialinl au sens de «transparent» ; c’est un emprunt
littérature pour désigner un groupe de jeunes écri- au bas latin hyulinus «de verre)}, et <ver+, du grec
vains huul;Gnos, dérivé de huulos.
b Le dérivé HUSSARDER v. intr., disparu de nos HYALOÏDE adj. est emprunté (1541) au bas latin
jours, est attesté en 1765 au sens de w battre à la hyaZo&s “qui ressemble à du verre», grec huuloei-
manière des hussardsm ; il est repris par Huysmans des, composé de hualos et de etis *formeD. Le mot,
d’après l’expression ù lu hwsurde, pour <agir avec au sens de aqui a la transparence du verren (15411
hardiesse, violence dans les entreprises galantes}} est attesté isolément; il est repris au XVIII~ s. en ana-
(18841, +HUSSARDE n. f. (1721) *danse hongroise,, tomie pour qualifier l’humeur vitrée de l’oeil ( 17651;
vient de danse à la hussurde. il s’emploie ensuite dans membrane hyuloük ou
hyulokk, nom féminin (1805, Cuvier), déjà dénom-
HUTTE n. f. est un emprunt (XII” s., bute) à l’an- mée en grec médical moderne hyuloeides (1670, en
cien haut allemand huttu ccabaneb à l’origine d’une contexte anglais).
HYBRIDE 1760 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HYALE n. f., emprunt savant au grec hualos 11805, composition), mot qui trouve des corresponda&
Cuvier), designe en zoologie un mollusque à co- dans de nombreuses langues îndoeuropéennes,
quille réduite et à corps transparent. ombrien utür, sanskrit udchi~-1, gotique wato, ainsi
HYALOGRAPHE n. m., terme didactique (1839; de que l’anglais water, l’allemand Wusser, etc. Ils
-~upM, désigne un instrument formé d’un car- entrent dans la composition de très nombreux
reau de verre servant à dessiner selon la perspec- mots scientsques et techniques, où ils indiquent
tive. c= h dérive HYALOGRAPHIE n. f. (18661. une relation avec l’eau, ou un autre liquide (hydr-,
HYALOPLASME n. m,, terme didactique (19031 qui hydre- comme premiers éléments, -hydre comme
a supplanté hyuloplasma 119081,de glasme, se dit élément terminal).
de la substance du cytoplasme formée d’une masse b HYDROGRAPHIE n, f. 11551, de -gruphiel désigne
géIatineuse transparente ; c’est probablement un la partie de la geographie physique qui traite des
emprunt à l’anglais hyaloplasm Dallinger, 1886). océans, des mers, des lacs et des cours d’eau, et
l’ensemble des cours d’eau et des lacs d’une région.
HYBRIDE adj. et n. m. est un mot emprunté 0 XI a pour dérivé HYDROGRAPHIQUE adj. (1551).
11596, hibride) au latin classique ibrida (<bâtard, de
HYDROGRAPHE n. est attesté en 1548. - HYDRO-
sang mêlé-, et spéciallement Nproduit du sanglier et
LOGIE n. f. 11614; de -logiel, signîh &ude des
de la truien, devenu hybrida par rapprochement
eaux, de leurs propriétés>> et, spécialement ! 18241,
avec le grec hubris *excès>.
de leurs propriétés thérapeutiques. 0 En dérivent
+ Hybride signSe d’abord “qui provient de deux es- HYDROLOGISTE n. (1753), remplacé par HY-
pèces différentes,, et aujourd’hui en biologie ade DROLOGUE (18271, et HYDROLOGIQUE adj.
deux espèces ou de deux variétés dSérentes» ; le 118321.* HYDROPHOBE adj., emprunt (16401 au la-
mot est réservé en zootechnie aux hybrides d’es- tin hydrophobus (4 -phobe), terme de médecine si-
pèces comme le mulet, hybride de l’âne et de la ju- gnifknt “qui a une peur morbide de l’eaun, s’est
ment; il s’est dit des animaux, puis des humains employé au sens de “qui est atteint de la rages, la
CXVIII~s.1 et des plantes Hybtia en latin scienti- peur du liquide étant un symptôme, d’oti plaisam-
fique, 17881.0 Dès le XVII~s., l’adjectif s’utilise 11647, ment “enragé>, IKIX” 5.1.Terme de cimie, le mot si-
ib&l dans mots hybrides, pour parler de mots for- gn%e (XIX” ~5.1aque l’eau ne modifie pas» et “qui re-
més d’&ments issus de deux langues di%rentes, pousse l’eaw (1915, en a,ngkisi 0 HYDROPHOBIE
notamment latin et grec. 0 11est employe deptis le
n. f. ( 1314, ydroforbiel est un emprunt au bas latin
me s. (1832, Hugo) pour qutier ce qui est composé hydrophobiu, du grec hudrophobia (4 phobie), et
de deux éléments de nature difIérente anormale-
HYDROPHOBIQUE adj. (1314) au bas latin hy&o-
ment réunis et ce qui participe de deux ou plu- phobicus en médecine. +HYDROPHILE n. m. et
sieurs ensembles. adj., proprement «qui aime l’eau>> C+ -phile), dé-
b HYBRIDATION n. f. s’est d’abord employé en bo- signe comme nom masculin (1762) un insecte co-
tanique 118261,en zootechnie (18421 puis en biolo- léoptère qui vit dans les eaux stagnantes ; comme
gie. 11s’emploie aussi en physique et en chimie. Le adjectif, fi est sorti d’usage au sens (1859) de “qui
sens figuré correspondant à celui de l’adjectif est aime l’eau, vit dans l’eau>>; il si@e aujourd’hui
attesté en 1884. +HYBRIDITE n. f. est un terme di- ( 19021“qui est capable d’absorber l’eau, un liquide>>
dactique (1828, en botanique; 1840, en grammaire1 notamment dans coton hydrophile.
comme HYBRIDISME n. m. (1826, en botanique) HYDRATE n. m., terme de chimie (1802, hidrute), a
Nhybridation entre espèces très voisines*, en biolo- designé ce qu’on a appelé plus tard I~y&oxyde
gie ; il a eu (18663 la même valeur que hybriditk ( 1842 ; cf. l’anglais hydre-oxyde, 1826). Il s’emploie
0 Ce nom a servi à former le composé POLYHY-
ensuite au sens de <composé contenant de l’eau% et
BRIDISME n. m. 11904, de p0Zy4. +HYBRIDER entre (1872) dans le syntagme hydrate de carbone
v. tr. (attesté en 18621 s’emploie en élevage, en agri- pour désigner un composé organique constitué de
ctiture, mtis le composé REHYBRIDER v, tr. (re-
carbone, d’hydrogène et d’oxygène. +Le mot a
levé en 1830) est un terme de biologie; la variante servi à former HYDRATER v. tr., d’abord au parti-
HYBRIDISER est WI emprunt à l’angks to hybri- cipe passe hydraté ( 1805, puis 18361,aussi au prono-
dize (1845). Hybride~ a pour dérivé le terme tech- minal 118451846) «combiner avec de l’eaw, d’oti
nique HYBRIDEUR, EUSE n. (19251,utilisé en agri- sont issus des termes scientsques et techniques :
culture et précédé en anglais pa;r hy&?&zer et HYDRATATION n. f. (1845-1846 en chimie; 1927 en
hybridist 11849). 4HYBRIDOME n. m. est un em- médecine), HYDRATE~R n. m. 11934). 0 HYDRA-
prunt (av. 1980) à l’anglais (v. 19751,où il a été formé TANT, ANTE adj. et XI.m. (av. 18771, du participe
du radical grec de J~ybti& et du stixe -orne; ce présent, s’emploie spécialement dans crème hy-
mot de biologie désigne une formation cellulaire dratante. + Le pr&xé DÉSHYDRATER v. tr. (1850
hybride.
au Pa;rticipe pzsé, puis 18641 a pour dérivé DÉS-
HYDNE n. m. est un emprunt 11783) au latin des HYDRATATION n. f. 11844). + HYDRIQUE adj.
botanistes !L~&UJTL du grec hudnort qui désigne (1826, Berzeliusl, “qui a rapport à l’eau>, entre en
des tubercules et notamment la truffe. médecine, dans le syntagme diète hydrique Cl8741
4 Hydne, en fknçais, désigne un genre de cham- «dans laquelle seule l’eau est permisen.
HYDROFUGE adj. et n, (1826; + we>, terme di-
pignons dont une variété est parfois appelée pied
de mouton. dactique, signSe “qui préserve de l’eau, de l’hti-
dit& (cf. imperméables; en dérive HYDROFWGER
+& OHYDR-, HYDRO-, -HYDRE sont v. tr. (1933). - HYDROTHÉRAPIE n. f. (1840; de
des éléments tirés du grec hud& ((eau>>Ihudro- en -thérapie) se dit de l’emploi thérapeutique de l’eau
DE LA LANGUE FRANÇAISE HYDROCÉPHALE

SOUS toutes ses formes. oll a pour dérivés les quage,et désigne un procédé de r&age du pé-
termes de médecine : HYDROTHÉRAPIQUE adj. trole par craquage en présence d’hydrogène.
(18441, HYDROTHÉRAPISTE 0. (1955) ; HYDRO-
THÉRAPEUTE est attesté en 1844 (de thérapeute). HYDRANT n. m. ou HYDRANTE n. f. est
+ HYDROPATHE adj. et n., terme didactique emprunté (1872, n. m.; 1876, n. f.1 à l’allemand Hy-
(1843) est formé avec -pathe, probablement par l’ai- drant &ouche d’incendien (XIX” s.1,dérivé savant du
lemand, Preissnîtz et Grafenberg ayant commencé grec hudôr aeau» (+ 0 hydr-1.
leur traitement médical en 1825. Le mot désigne 4 Le mot s’emploie en tiançais de Suisse au sens de
une personne qui soigne et prétend guérir tique- l’étymon.
ment par l’eau. Il a servi 2t nommer les membres
d’une société littéraire créée en 1878 et groupant HYDRATER + @ HYDR-, HYDRO-

des poétes ~~décadents~, pamU lesquels M. Rollinat


HYDRAUIJQUE adj. et n. f. est emprunté
(Maupassant en fit partie). oLe dérivé HYDRO-
Idéb. XVI~s., orgues ydruuiicques) au latin impérial
PATHIE n. f. 11843) est sorti d’usage. + HYDRO-
hydruulicus, emprunt à l’adjectif grec hud~uulikos,
LYSE n. f., terme de chimie (1895; de -Zyse; en
dérivé de hudruulis aorgue hydraulique>, lui-même
anglais hydrolysis est attesté en 1880, H. E. Arm-
composé de hudôr ceauv et de aulein Kjouer d’un
strong), sime «décomposition d’un corps sous
instrument à vent)), de uulos <tuyau, flûte*.
l’action de l’eaw. oEn dérivent des termes de
Chimie, HYDROLYSER v. k. 118981, HYDROLY- 4 L’adjectif conserve le sens de arnfi par l’eaw. Hy-
SAT n. m. unil. EC’ s.). *HYDROCUTION n. f. draulique, comme nom féminin (16901, désigne la
119501,mot valise formé en français sur hydre- et science qui traite des lois du mouvement des li-
(électro3cutin, est un terme de médecine qui dé- quides et, spécialement, la branche de la technique
signe une syncope due au contact trop brutal avec qui comporte les applications pratiques de l’hydro-
l’eau; on a aussi HYDROCUTÉ, ÉE adj. etn. dynamique. Le syntagme énergie hydraulique dé-
(mil. me s.) d’après électrocuté. + HYDROPO- signe l’énergie fournie par les chutes d’eau, les
NIQUE adj. (1951; du latin ponere aposer’}; courants et les marées.
+ pondre) est un terme technique qui désigne la .En dérivent les termes techniques HYDRAULI-
culture de plantes dans I’eau sans recours au sol CIEN, IENNE n. (1803) et HYDRAULICITÉ n. f.
(type de culture dénommé aussi aquaculture); le (19283.
mot semble emprunté à l’anglais hydroponic adj .
(1940) ou au nom hydroponics (attesté 1937, créé HYDRE n, f. est un emprunt Cv.1250, écrit ydre,
par W. A. Setchell). - HYDROPTÈRE n. m. Iv. 1960 ; idrel au latin hydru <hydre)) (serpent d’eau), dit no-
de -@ère), terme technique, se dit d’un navire ra- tamment de l’hydre de Lerne, lui-même du grec
pide dont la coque est munie d’ailes sustentatrices hudra, dérivé de hutir Geaun b 0 hydr-1. Le mot,
immergées; le mot a été proposé pour remplacer rarement employé jusqu’au xwc s., a longtemps été
l’emprunt hydrofoil11955), mot anglais composé de au masculin (exemples chez La Fontaine, et encore
hydro- et de foi2 Mfeuille, surface planen. chez Hugo).
HYDROÉLECTRIQUE adj. appar& au XVIII~~. 4 Hydre est introduit pour désigner un animal my-
(1781) pour <relatif& l’eau et à l’électricitém avant de thique, L’hydre de Leme, serpent à sept têtes, auquel
prendre une valeur plus précise en physique (18231, il en renaissait plusieurs quand on lui en coupait
puis (xx” s.) de ({relatif à la production d’électricité une et qui fut vaincu par Hercule. 0 Le mot s’em-
par l’énergie hydrauliquen. 0 À ce sens correspond ploie ensuite 11562) comme terme de zoologie, au
HYDROÉLECTRICITÉ n. f. (mil. XX~s.), sens de «serpent d’eau>>,par réemprunt au latin hy-
ANHYDRE adj., en chimie cqui ne contient pas drus. Par métaphore, hydre (16283 est le symbole lit-
d’eau>> ( 1820), est un emprunt savant au grec anu- téraire d’un mal qui se renouvelle, malgré les ef-
dros, de an- à valeur négative. +En dérivent AN- forts faits pour s’en débarrasser, 0Le mot est
HYDRITE n. f., terme de minéralogie (18451, et AN- ensuite employé en zoologie (1762 ; latin moderne
HYDRIDE n. m., en chimie (18593, de ~ctcbk. hydru), par allusion à la mythologie, pour désigner
+ HYDRO- sert & former divers composés I+ avion un polype d’eau douce qui porte une couronne de
(hydravion), carbure, dynamique, glisseur, sta- tentacules i3iformes autour de la bouche et qui a la
tique...I. faculté de régénérer les parties de son corps qui
+ Voir HYDFWNT, HYDRAULIQLY& HYDRE, HYDROCÉPHALE. sont coupées.
HYDROGkNE, HYDROMEL.
HYDROCÉPHALE n. et adj. est un emprunt
0 HYDR-, HYDRO-
est l’élément corres- ( 1575) au grec hudrokephalon, terme de méde-
pondant à hydrogène” (à l’orde alphabétique), qui cine composé de hudro-, de hz&& <eau)> b
entre dans la composition de mots didactiques, 0 hydr-1 et de kephaZ4 4êten (+ céphalée).
pour indiquer en chimie une bation d’hydrogène 4 C’est d’abord un nom désignant l’anomalie, nom-
sur un corps. mée plus tard hydrocéphalie, puis (17821 un nom et
b HYDRURE n. m. (1789 ; de -ure) désigne tout un adjectif Sign%ant Gqui a une quantité anorrnale-
composé que forme l’hydrogène avec un corps ment élevée de liquide céphalo-rachidien dans les
(simple ou composé) et, spécialement, un composé cavités du cerveau».
binaire d’un métal avec l’hydrogène. +HYDRO- b HYDROCÉPHALIE n. f. (18141, désigne l’anoma-
CRAQUAGE n. m. ( 1968) est l’adaptation de l’an- lie, appelée auparavant hydrocéphale ou hydropisie
glais hydrocracking Ide crackingl d’après cra- de ta tae.
HYDROGÈNE 1762 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HYDROGÈNE n. m. est un mot créé (1787) par giène corporelle-, sens devenu le plus courant; il
Guyton de Morveau, Lavoisier, Betihollet et Four- est vieilli ou didactique quand il correspond à
croy, & partir de hycko- du sec hudôr <<eau>> (conforme aux principes de l’hygiène>>, <bon pour la
(4 0 hydr-> et de -gène (+ -gène). santé)). * Hygiénique s’emploie par euphémisme
+Le sens propre est “qui produit de l’eau>>, mais, dans quelques syntagmes, au sens de <(relatif à l’hy-
s’agissant d’un corps essentiel, cette propriété ana- giène, en ce qui concerne l’évacuation des excré-
logue à celle qu’évoque à la même époque oxygène, ments)) (seau hygiénique, papier hygk’niq& et «re-
n’est rapidement plus sentie. Le terme désigne un latif à l’hygiène intime de la femme- (tampon
corps simple, gaz incolore, inodore et sans saveur hy&éniqwI. Ces désignations pourraient être iris-
(symbole M, qui entre dans la composition de l’eau. pirées par l’emploi de toilet en anglais dans toilet
puper (18841, toilef pail Il8581 et pour la dernière par
k En dérivent, HYDROGÉNER v. tr. (1804; 1802, hy-
drogéné), d’où HYDROGÉNATION n. f. (18141, et sanitury dans sunitury towel ( 18811 puis sanitory
pad (19171;par aiueurs l’adjectif anglais hygienic ne
HYDROGÉNITE n. f. 11922).
se d&eloppe dans d’autres emplois qu’après 1833.
HYDROMEL n. m, est un empnznt (1324, ydro- oLe dérivé HYGIENTQUEMENT adv. est attesté
meO au latin impérial hydromeli, lui-même au en 1837. *De hygiénique dérivent également HY-
grec hudrmneli, composé de hzudb ((eau>> GIÉNJSTE n. (1830, Bdzac), HYGIÉNISER v. tr.
(-+ 0 hydr-1 et de meli (-, miel). (1913), rare, et HYGIÉNISME n. m., terme didac-
tique attesté au milieu du xx@s. et probablement
+Hydromel, terme didactique d’antiquité ou mot
sans rapport avec l’anglais hygknism (18641 devenu
régional (Bretagne notamment), désigne une bois-
rapidement archaïque. + Le préké ANTIHY GIÉ-
son, souvent fermentée, faite d’eau et de miel.
NIQUE adj. IlSSOl sign%e {{contraire à l’hygiène,.
HYDROPISIE n. f., d’abord ydropisie (1174), HYGIAPHONE n. m., nom déposé (19651, de
est un emprunt au latin impérial hydropisis, du -phone, désigne un dispositif formé d’une plaque
grec hudreps, -@os uépanchement de liquide dans transparente perforée permettant de se parler &
une cavité du corps%, de ptti& <<eau»(+ 0 hydr-1. un guichet en évitant toute contamination.
+ Le mot conserve le sens de l’étymon.
HY GR-, HY GRO-, éléments tirés du grec hu-
HYÈNE n. f. est emprunté (ire moitié du XII~s.) au gros ahumide>), entrent dans la composition de
latin tipbal hyaena «hyènen, du grec huaina mots savants, comme :
<<bête féroce de Libye)), dérivé de bus, huos «porc, b HYGROSCOPE n. m. (1666; attesté, 1665 en an-
truie>) (avec suf6xation dépréciative -aina), par une glais) de -scope, terme de physique désignant un
analogie d’allure; hus a des correspondants dans hygromètie (voir ci-dessous) d’absorption, qui n’in-
plusieurs langues indoeuropéennes, comme le la- dique qu’approximativement le degré d’humidité
tin sus I+ souiller), le sanskrît sü-kar@h ou l’ancien de l’ak. En dérive HYCROSCOPIQUE adj. 07%~
haut allemand sü. 1801). + HY GROMÈTRE n. m. (1666, Hatzfeld) de
+ Hyéne désigne un mammifère carnassier -mètre, terme de physique, désigne un instrument
d’Akîque et d’Asie. oLe mot s’emploie au figuré qui sert à mesurer précisément le degré d’humi-
(1835, Balzac) au sens de ((personne féroce et vilen, dité de l’ak oDe 18 vient HYGROMÉTRIE n. f.
la hyène ayant la réputation d’être à la fois féroce 117831«(degré d’> humidité de l’air», d’où HYGRO-
et craintive, et de ne s’attaquer qu’aux animaux MÉTRIQUE adj. (17831. ~HYGROSTAT n.m.
blessés ou malades. Iv. 1960) se dit d’un dispositif permettant de mainte-
nir dans un local un degré d’humidité constant
HYGIÈNE n. f. est emprunté (1575, A. Paré, hy- (cf. humidificateur) ; le mot est emprunté à l’anglais
@aine) au grec to hugieinon ((santé)), neutre subs- hygrostut (R. C. Carpenter, 19151, de -stat, du grec
tantivé de l’adjectif hugieinos <<sain, qui maintient stutos astationnaîre)k
en bonne santé» lequel est dérivé de kg& «sain,
bien porta&. Hugiês est composé de deux racines HYL-, HYLE-, HYLO- sont des éléments ti-
indoeuropéennes, l’une Iosu-1 simant «bien,, la rés du grec hulê <<boisn, <matière dont une chose est
seconde wivren. faite- et génkalement flmatièreb, en pkilosophie.
$ Le mot désigne la partie de la médecine traitant Ils entrent dans la composition de mots savants,
du mode de vie propre à conserver et à améliorer parmi lesquels :
la santé et, par métonymie, les principes et les pra- wHYLÉ n. f., emprunt ancien Iv. 1230, yk) au grec
tiques relatifs à cette En. Couramment, hyg2ne se hulG au sens philosophique, se dit de la matière en
dit pour hygiène corporelle et sime apratique de tant que support. Le h initial date du début du XVI~s.
la propreté corporelle». Le mot entre au début du I15263.
XIX~s. dans la composition de plusieurs syntaees : HYLOZOÏSME n. m., composé de hulê et de zôê
hygiène mentale (18081, hygiène publique (1833), hy- «vie= (17651 se dit de la doctrine antique de Thalès,
giène préventive, etc. des Stoïciens, selon laquelle la matière, ou l’univers
F HYGJlkNIQUE apparaît isolément (1611) comme dans son ensemble, sont doués de vie. L’adjectif
nom féminin U’hygSniquel au sens de ccmkdecine HYLOZOÏSTE en est dérivé au début du xx”siècle.
préservatricepj ; repris en ce sens en 1803, il a été ra- +HYLÉMORPHISME n. m. (1904, du grec morphê
pidement remplacé par hygiène. * L’adjectif signi- <(forme»1désigne, en philosophie, la théotie Id’Aris-
fie d’abord E1791) <(relatif k l’hygièneu puis (<de l’hy- tote) selon laquelle les êtres corporels sont consti-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1763 HYPER-

tués de deux principes complémentaires, la ma- .Le dérivé d’emploi didactique HYMNIQUE adj.
tière et la fomne. oLe dérivé HYLÉMORPHIQUE est attesté en 1839.
adj. (1931) est très rare. HYMNODE n, est emprunté (1765) au grec hum&-
dos, composé de humnos et de ad& echantep; le
@ HYMEN ou HYMÉNÉE n. m. sont intro- mot désigne dans 1’Antiquité un chanteur
duits en tiançais comme noms propres en 1548 d’hymnes. +HYMNOGRAPWE n. m., WrqXUnt
(Ronsard). Hymen et Hyménée sont empruntés res- (1765) au grec humnographos (de humnos, et @a-
pectivement à deux mots latins hymen adieu du phein; ‘graphe) conserve le sens d’Kauteur
mariage, et hymenaeus achant de mariage>. Ces d’hymnes ou de panégyriquesm. OHYMNOGRA-
mots viennent du grec humên, -e12os qui désigne le PHIE n. f. a été composé 118321à partir d’hymrce et
cri rituel poussé lors du mariage et vient peut-être de -gruphie, pour désigner l’art de composer ou
de humên ttrnernbranem (voir ci-dessous 0 hymen). d’étudier les hymnes, puis un recueil d’hymnes
+ Les deux mots, utilisés dans la poésie classique et (18421,
demeurés littéraires (aujourd’hui archtiques ou
plaisants), Sign%ent *mariage, union conjugalen
HYOÏDE adj. et n. m. est emprunté 61541) au
grec médical huoeid&s ~ostounl dos) en forme
(hymen, 1560 ; hyménée, 1580). La locution les &‘uh
de l’hymen ales enfantsm (1670) est sortie d’usage. d’u, de upsilonn, du nom de la lettre et de eidos
Au figuré, hymen s’emploie m x& s.1 quelquefois I-+ -oïdel.
au sens d’+wociation, union= (cf. matiuge). Hymé- + Os hyoide désigne en anatomie un os situé à la
née s’est employé au sens latin de achant de ma- partie antérieure du cou.
riages (16691, aujourd’hui disparu, et pour mma- F En dérive HYOÏDIEN, IENNE adj. (1654) arelatif à
riage». l’os hyoïdew.
F Le dérivé HYM&EN, ÉENNE adj. (fm XVI~s.1
-de l’hyménée, du mariagen est sorti d’usage. HYPALLAGE n. f. est un emprunt Iav, 1596) au
@HYMEN n. m. a été emprunté par ailleurs (1520) bas latin hypalluge, lui-même au grec hupallugê
au bas latin hymen, du grec humên, -enos umem- &Change, interversionm de hupdluttein, composé
brane, peau tien. C’est un terme d’anatomie dé- de hupo «au-dessous, en-deça- I+ hypo-1 et de allat-
signant la membrane qui obstrue partiellement tein, dérivé de allas <<autre)>.
l’otice vaginal de la femme vierge. On a tente de +Terme de rhétorique, hypdhge désigne une fi-
rapprocher les deux termes grecs humén: si le gure de style qui consiste a attribuer à cerkns
même mot désigne l’hymen de la jeune file et le cri mots d’une phrase ce qui convient à d’autres (de la
poussé lors du mariage, ce cri serait une plaisante- même phrase), par exemple retire gqn ù la yie
rie rituelle. oEn dérive HYMÉNAL ou HYMÉ- pour rendre lu vie ù qqn.
NkAL, ALE, AUX adj., terme d’anatomie (xnr” s.l.
HYMÉNOPThRES n. m. pl. est empr+Uhé (1765) au HYPER-, préke tiré du grec huper eau-dessus,
latin moderne hymenoptera ( 1748, Linné), du grec au-del&, entre dans la composition de nombreux
humenopteros #aux ailes membraneuses>, mots scientgques len physique, en médecine, en
composé de humên amembranen (+ hymen) et de biologie, etc,), le plus souvent pour exprimer le plus
pteron aile n (+ -ptère). +Le mot désigne un ordre haut degré, l’exagkration, l’excès (cf. super-, sur-,
d’animaux dans la classe des insectes, caractérisés ultra-). Hyper-, dans la langue courante, sert à for-
par quatre ailes membraneuses transparentes. mer des adjectif% ou des noms, mais est moins em-
ployé que super-. L’opposition hypedhypo-, fré-
HYMNE n., réfection étymologique (v. 12003 de quente, n’est pas systématique.
ymne (v. 11201,est emprunté au latin hymnus, nom b HYPERESTHÉSIE n. f. (18031 est emprunté au la-
masculin, lui-même du grec humnos désignant un tin médical moderne hyperuestheses ( 1795) formé
chant ou un poème, en particulier en l’honneur du grec aisthêsis «sensation, sensibilité>, et se dit
d’un dieu ou d’un héros; les auteurs chrétiens re- pour asensibilité exagérée>. 4 HYPERALGIE n. f.,
prennent le mot pour désigner un chant à la synonyme de hyperulgésie I+ analgésie), du grec al-
louange de Dieu, et les Psaumes Hymne est le plus gos adouleur*, n’est relevé qu’en 1957. + HYPER-
souvent au féminin au moyen âge et encore ordi- MÉTROPE adj. et n. (1866) est formé à partir du
nairement au XVII~s. (1680, Richelet); le passage au grec hupermetros aqui passe la mesurem (de huper,
masculin semble parallèle à celui de psaume. et metron =mesureBI et -ôpas “qui voit* I+ -0pe); le
+Hymne est introduit en fkançais avec le sens de mot, relativement courant dans le système myope-
ucantiquen. Au début du xwe s., le mot prend le sens presbyte-hypermétrope, se dit d’we personne at-
du grec *poème, chant à la gloire des dieux, des hé- teinte d’HYPERMÉTROPIE n. f. (1866) mot qui dé-
ros» ; il est alors écrit ine, puis (1545) hymne et du signe l’état de l’oeil dans lequel les rayons paral-
masculin. Il s’emploie ensuite avec la valeur ex- lèles provenant d’une source éloignée vont
tensive (1537, Marot1 de achant, poème célébrant converger au-delà de la rétine. Ce nom est, soit dé-
une personne ou une chosem, d’où plus tard spé- rivé de l’adjectif, soit emprunté au latin savant hy-
cialement <chant solennel en l’honneur de la pa- permetropia, formé à partir du grec.
triea. 0 À partir du xw” s., hymne désigne comme HYPERTÉLIE n. f. est emprunté (mil. ti s.) à l’de-
en latin ecclésiastique un chant chrétien à la gloire mand Hypetielk (C. Brunner, 1873; passé en an-
de Dieu ; le mot est utilisé au masculin et plus ké- glak, dès 18751, du grec hupetielês <qui s’élève au-
quemment dans la liturgie catholique au féminin. dessus de=, de tetos &n, temne3; le mot désigne en
HYPERBOLE 1764 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

biologie le developpement excessif d’une structure gions du Grand-Nord>> (cf. arctique), comme HY-
anatomique; il a été précédé par hypetiélisme. PERBORÉAL, ALE, AUX adj. 11891, P. Loti), de bo-
HYPÉRoN n. m. 119531est tiré de hyper- et de l’él& réal. offyperboréen, nom, désigne aussi un
ment -on de élection (l’anglais hyperon. est contem- habitant du Grand Nord.
porain); il désigne une particule élémentaire peu
stable, de masse supérieure à celle des nucléons. HYPERTROPHIE n. f. est composé (1818) de
HYPÉRONYME n. m. (v. 1980, de -onpeI se dit en hyper- et de -trophie, littéralement <<excèsde nutri-
linguistique d’un nom dont le sens inclut celui tlon .
d’autres noms (il s’oppose à hyponyme). + Ce terme médical désigne l’augmentation de vo-
Parmi les nombreux composés en hyper- avec un lume d’un organe, avec ou sans altération anato-
adjectif ou un nom, on peut signaler HYPERACTIF, mique (cf. atrophie). Par analogie, hypertrophie
IVE adj. et n. Cdéb. XX~s.) et HYPERACTIVITÉ n. f. s’emploie ( 1865) au sens de <<développement exces-
(19001, ou encore HYPERÉMOTIF, IVE adj. et n. sif>, au concret, puis à l’abstrait thypertrophie du
(1913) et HYPERÉMOTIVITÉ n. f. (1905). moi).
@ VOk+ HYPERBOLE, HYPERBORÉE, HYPERTROPHIE. et aIlSSi
F Liés à ces deux acceptions, en dérivent HYPER-
MARCHÉ, RÉALISME, TEXTE. TENSION (hypertension), @ SON
TROPHIER v. tr. (18331 et HYPERTROPHIQUE
IhypersoniqueL
adj. (1832).
HYPERBOLE n. f., réfection graphique
HYPNOTIQUE adj. est un emprunt au bas la-
d’après le latin (1520) de yperbole (~III~ s.), rare
tin hypnoticus, hellénisme du grec hupnôtikos adu
jusqu’au me s., est un emprunt au latin hyperbole,
sommeil,, dérivé de hupnos ~sommeil~, mot de la
du grec huperbolê, dérivé de huperballein ujeter au-
famille indoeuropéenne en “sup-nos à laquelle ap-
dessus)), <<dépasser la mesure>>, composé de huper
partiennent le latin somnus, le vieux slave sünü, le
«au-dessus, au-del& I+ hyper-1 et de ballein &n-
verbe sanskrit mcipiti, au participe suptk
ter, jeter}.
+ On trouve hypnotique, comme adjectif et nom
4 Terme de rhétorique d’usage relativement cou-
masculin, ~médicament qui provoque le sommeil»,
rant, hyperbole désigne une figure de style qui
dans un passage d’Ambroise Paré édité en 1628
consiste à mettre en relief une idée en exagérant
(Paré étant mort en 15901. Bloch et Wartburg date
les termes employés (opposé à litote).
le mot de 1549 ; le sens est alors *narcotique, somni-
b Le dérivé HYPERBOLISER v. intr. <employer un fères et le mot semble rare à l’époque classique,
style hyperbolique}} (xwe s.) est sorti d’usage. +HY- comme hypnologie (grec hupnologti) «régime du
PERBOLISME n. m. «emploi excessif de l’hyper- sommeil>>, créé par Linden au xvme s. UZncyclopédk,
boleu (1829) est d’emploi rare. 1765). 0 C’est un siècle plus tard que le médecin
HYPERBOLIQUE adj. a été Wnprwde 115411aubas brittique J. Braid crée neuro-hypnotim 118421,
latin hyperbolicus, du grec huperbolikos Nexcessik abrégé en hypnotim ( 18431, sw le grec hupnos et
dérivé de huperbolê. Il s’emploie en rhétorique d’après l’adjectif hypnotic (de même formation que
pour acaractérisé par l’hyperbolen et, par analogie, le français), pour désigner le processus par lequel
sigi%e ( 1546) aqui a un caractère excessif>. Typer- on plonge une personne par suggestion dans un
bolique s’emploie parfois, par métonymie (1690), état comparable à un profond sommeil. Le mot est
pour parler d’un auteur, d’une œuvre. 0 En dérive alors en relation avec somnambulism, magnettsm. ..
HYPERBOLIQUEMENT adv., terme de rhétorique Il passe dans les principales langues européennes
11561). et le français HYPNOTISME n. m. est attesté en
Une autre série d’emplois apparaît au XVII” siècle. 1845, avec la même valleur que l’anglais.
Hyperbole est, depuis Descartes ( 16371, le nom
w D’après l’anglais to hypnotize 11843, Braid), on
d’une courbe à deux foyers. 0 Il a dans ce sens trouve HYPNOTISER v. tr. (18551, et le sens nou-
pour dérivés HYPERBOLIQUE adj. (16461, notarn- veau de hypnotic 11843) donne sa valeur actuelle à
ment dans fonctions hyperbokques, et HYPERBO- hypnotique (1855). Les trois mots, hypnotique, hyp-
LOÏDE, d’abord usité comme adjectif 11765) puis notisme et hypnotiser, deviennent courants avec le
comme nom masculin (1830, Cauchyl. développement des recherches médicale? et psy-
chologiques sur le sommeil provoqué. * A preuve
HYPERBORÉE adj. est emprunté au latin hy- les nombreux dérivés : I-IYPNOTIQUEMENT adv.
perboreus, lui-méme, puis au grec huperboreos asi- (1924, chez Valéry ; certainement antérieur) ; HYP-
tué à l’extréme nord>>, composé de huper (+ hyper-1 NOTISANT, ANTE adj. 11886), HYPNOTISABLE
et de boreas, cpi désigne le vent du nord et, par ex- adj. (même date), HYPNOTISATION 118941,HYP-
tension, les régions du Nord. Iperbore, nom d’une NOTISEUR n. a. 11860); HYPNOTISTE (1890) est
montagne de la Grèce du Nord est attesté dès le
un anglicisme. +En 1862, Danjais emploie HYP-
XLTI~s. Iv. 1265) et Yperborée ((Extrême nordn au NOSE n. f. pour distinguer l’état provoqué du pro-
XIV~ s. (13721.
cessus qui le provoque et des phénomènes qui l’ac-
4 Le mot, repris en 1728 comme adjectif, sime «si- compagnent (appelés depuis 1860 environ
tué à l’extrême nord>>; il est d’usage littérajre. hypnotisme). En 1893, Breuer et Freud créent en al-
b HYPERBORÉEN, ENNE adj. et n., attesté en 1542 lemand l’adjectif hypnoid, adapté plus tard en
con-me nom masculin pluriel, est un emprunt au HYPNOÏDAL adj. 11903) et HYPNO~DE adj. @OO),
dérivé bas latin hyperboreanus: le mot Sign%e, pour quatier un état proche du sommeil. A la
dans un emploi didactique ou littéraire, <des ré- même époque, hypnotique, hypnotisme et surtout
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1765 HYPOCRISIE

le verbe hypnotiser prennent des valeurs exten- HYPOCONDRIAQUE adj. et n. est un em-
sives Is’hypnotiser sur qqch., 18971 évoquant un état prunt (av. 1560) au grec hupokhondriakos <<malade
psychique de fascination. 0 Cette série est le té- des hypocondres», de ta hupokhondria, désignant
moin d’un stade essentiel de la psychologie expéfi- la région du corps située sous les fausses côtes. Le
mentale, avec Charcot et Janet en France, et de la mot est composé de hupo E-, hypo-1 et de khondros
naissance de la psychanalyse. {cartilage des côte+.
D’autres formations sont issues du grec hupnos. +Dans la médecine ancienne, le mot Sign%ait
+ HYPNAGOGIQUE adj. 11855) «qui précède ou (av. 15901 “qui a rapport à la partie du corps appe-
suit l’endormissementn et HYPNOPOMPIQUE adj. lée hupokhondrian. 0 Il s’applique aussi (av. 1572,
Id s., créé en mgltis hypnopumpic, par Myers, mélancolie hypocondtiaque) à une personne qui a
1901) <<relatif à l’état précédant le réveiln ont vieilli. une crainte pathologique des maladies, puis qui est
+ HYPNOTHERAPIQUE adj. 119111 et HYPNO- d’hwneur triste et capricieuse ; dans ce sens, il est
THÉRAPEUTE 119121,avec le recul de l’hypnose, aussi substantivé.
ont eux aussi vieilli. 0 Liés à l’étude scientsque du F 0 HYPOCONDRE adj. est un dérivé régressif de
sommeil, HYPNOGENE adj. ( 19%) et HYPNO- hypocondriaque. ll a eu comme nom masculin le
GRAMME n. m. (attesté 1974 sont très didactiques (1.6091, qui a disparu.
sens d’cchypocondriew
mais vivants. 0 Comme adjectif, il est d’abord attesté avec la va-
leur de ((déraisonnable, foun (1667) qui a disparu; le
HYPO-, prétie tiré du grec hupo <<au-dessous, mot subsiste mais est rare, pour «atteint d’hypo-
en-de&, entre dans la composition de nombreux condrie)) (1653, Molière). 0 @ HYPOCONDRE n. m.
mots scientzques (chimie, biologie, médecine) et est attesté au XIV~s. au pluriel; c’est alors un em-
exprime la diminution, I’insufBsance, la situation prunt au bas latin (pluriel neutre) hypochondrict,
inférieure, au propre et au figuré. Il se rattache à emprunté au grec. Le mot désigne en anatomie
une racine indoeuropéenne “upo- (cf. sanskrit tipd. chacune des parties latérales de la région supé-
b HYPOGASTRE n. m. est emprunté (15363 au grec rieure de l’abdomen; en médecine ancienne, il
hupogastrion «le bas-ventre)), substantivation de s’appliquait aux organes situés au niveau des hypo-
hupogustdos aqui est sous Chupol le ventre>, adjectif cendres. +HYPOCONDRIE n. f., attesté isolément
formé sur gastêr, gastros wentre, estomacn. Le nom au xv” s. (ipocondrie), écrit hypo- avant 1478, a été
désigne la ré@on médiane inférieure de l’abdomen repris en 1781 (d’Alembert1 avec la variante dispa-
appelée communément bas-ventre. + En dérive rue hypocondrerie. C’est un dérivé de hypocondre
HYPOGASTRIQUE adj. (v. 1560). ou un emprunt au bas latin hypochondria. Il dé-
HYPOGLOSSE adj. est un emprunt (1752) au grec signe une disposition obsessionnelle caractérisée
hupoglôssios cplacé sous la langueB, de gZôssa par un état d’anxiété du sujet à propos de sa santé.
<langue>>; le mot signXe en anatomie “qui est sous
la languen (ex ; nen’grund hypoglossel, HYPOCORISTIQUE adj., attesté en 1893
HYPODERME n. m. ( 1884, en botanique) aurait, se- (l’anglais hypocotistic date de 17961, est un emprunt
lon P. Larousse, été créé en allemand en 1877 IPfit- au grec tardif hupokoristikos acaressa& et, chez
zer) ; on relève en anglais hypodema en entomolo- les grammairiens, &ninut~~. Cet adjectif grec
gie dès 1826. Terme de botanique, le mot désigne le vient de hupokorizesthai aparler avec des diminu-
tissu situé sous l’épiderme ; en anatomie 118931,hy- tifs>, composé de hupo «SOUS»(3 hypo-1 et Izorizes-
podewne se dit du tissu sous-cutané. +Son dérivé thai <cajoler)), dérivé de korê ((jeune fille)>.
HYPODERMIQUE adj,, attesté en 1854, est devenu 4 Le mot, did act’lque, conserve le sens de l’étymon.
relativement usuel dans seringue hypodermique.
HYPOTROPHIE n. f. (18551, de -trophe, se dit du dé- HYPOCRAS n. m., d’abord sous la forme ipo- @
veloppement insufEsant de l’orgtisme, avec re- cras (13771, représenterait une altération, d’après
tard de la croissance (cf. atrophie et hypertrophie); les mots en hypo-, de l’ancien borgeruste <boisson
en dérive HYPOTROPHIQUE adj. (xx” s.l. ~HYPO- aromatique)), variante boucrustCe3 (v. 12751, peut-
ALGÉSIE n. f., (1897) du grec dg&is <douleur)), si- être d’un bas latin “hippocrusticum GwwJ 4vin)
gn%e en médecine &minution anormale de la hippocratique», du nom d’H@pocrute auquel on at-
sensibilité à la douleur-m ; hypalgesia ou hypalgia ont tribuait l’invention de ce breuvage. Une autre hy-
été proposés en allemand ou en anglais par Eulen- pothèse, à considérer avec prudence, veut que bou-
berg (18811. crustCel soit une altération du grec byzantin
HYPONYME n. m. Iv. 19601 de -onyrne, terme de hupokeruston #légèrement mélangé,, adjectif ver-
linguistique, désigne un nom dont la compréhen- bal de hupokerunnunui «mélanger légèrementn,
sion logique est incluse dans celle d’un autre mot; terme très rare.
le mot a été employé auparavant en taxinomie bo- 4 Le mot désigne un vin sucré où l’on a fait infuser
tanique (1904, en anglais). +ll s’oppose à hmer- de la cannelle ou du girofle.
onyme et a pour dérivé préfixé COHYPONYME
n. m. qui désigne un parmi plusieurs hyponymes HYPOCRISIE n. f. est un emprunt (1176, ypo-
du même mot. crisye) au bas latin hypocrisis, du grec hupokrlsis,
0 voir HYPALJXGE, HYPOCONDRIAQUE. HYPOCORIS- proprement <réponse>> dans un dialogue de
TIQUE, HYPOCRISIE. HYPOGÉE, HYPOSTASE, HYPOTJbUSE. théâtre, d’où ajeu de l’acteurs puis ((feinte, faux-
HYPOTHÈQUE; Voir aUSSi TENSION (hypotension), TWAJXMUS semblant,. C’est un dérivé du verbe hupokrinesthui
Ihypothalamusl. &pondreB, <jouer un r6lem et ((mimer, feindrez. Le
HYPOGÉE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

jeu de ressemblance de l’acteur, du mime, est dé- désigner la substitution d’une catégorie grammati-
nommé d’après la caractérisation imparfaite de cale à une autre.
I’objet imité. b En dérive HYI(PO~TASIERV.~~.(~~~~~ aconsidérer
4 Hypocrisie en fiançais, change de registre : de comme une substance (ce qui n’est qu’une idée)».
l’idée de l’imitation volontake, on passe à celle HYPOSTATIQUE adj. (1474, yposthpd est em-
d’artike, de fausse apparence, sur le plan moral, prunté au latin médi6val hypostaticus lapr. 13001,
et le mot désigne le caractère d’une personne qui du dérivé grec hupostatikos. +D’abord terme de
déguise ses pensées, ses opinions, et spécialement médecine, le mot est ensuite utilisé dans le vocabu-
(XVI~~s.1 l’attitude qui consiste à a$ecter des senti- laire de la théologie (1674).
ments religieux, illustrée par Molière dans le per-
sonnage du faux d6vot Tartuffe, oLe mot s’em- HYPOTÉNUSE n. f. est emprunté (1520) au la-
ploie aussi à partir du XVII~ s. pour ((acte hypocritem tin hypotenusa, transcription du grec hupoteinowa
(16691, aujourd’hui littkraîre et vieilli, et ensuite au 4hypoténuse~, proprement <<setenant sous Iles
sens de <caractère de ce qui est hypocritem 11775 ; angle&, participe pksent du verbe hupoteinein
1’h~octiie d’un procédé). <tendre au-dessousti, composé de hupo *au-des-
bHYpoCRITE n.etadj. aété emprunté I1176,ipo- SOWP !-+ hypo-1 et de teinein atendrem.
crite) au bas latin hypocrita *mimea, du grec hpo- +Hypoténuse désigne, dans un triangle rectangle,
ktit& =Celui qui interprète (un songe, une vision)%, le côté opposé à l’angle droit ; le mot est usuel en
puis “actelus) et, tardivement, qfourben, issu du géométrie élémentaire.
verbe hu@3-i!nesthai. +Le mot a eu une évolution
sémantique parallèle à celle d’hypocrisie; en dérive HYPOTHÈQUE n. f., d’abord sous la fort-ne
HYPOCRITEMENT adv.(15841. ypotecyue (XIII~s.), est emprunte au latin hypothecu,
du grec hupothêk6, littéralément qui sert de fon-
HYPOGÉE n. m., attesté chez Rabelais (15~, dementn, d’où “gagea, de hupotithenai, composé de
est un emprunt au latin hypogeum, du nec hupo- hupo asous* (-+ hypo-1 et de tithenaicplacew
geios eoutemaim, composé de hupo <sous* + Hypothèque, &Oit r6el accessoire accordé à un
b hypo-1 et de gê 4erre)>. créancier sur un bien,, s’emploie dans le langage
+ C’est un mot d’archéologie Sign%ant aconstruc- juridique et dans l’usage courant. U s’utilise au fi-
tion souterraine3 et désignant spécialement une guré (comme gage), notamment dans la locution
sépuhre souhmine (17653. Par métaphore, il prendre une hypothéque sur l’avenir Ndisposer
s’emploie ensuite pour Rabri souterrain>) f 1611, d’une chose avant de la possédern et, récemment,
Npartie souterraine d’une maisonn à propos de dans le vocabulaire politique au sens d’vobstacle
YAntiquité). qui empêche l’accomplissement de qqch.u.
La forme homonyme HYPOGÉ, ÉE adj., emprun- de dérivé HYPOTHkQUER v.tr. (1369, ypotb-
tée (1831) au bas latin hpgaeus, de même origine qued s’emploie au propre, en droit, et au t2guré
que hypogeum, sign5e <(situé au-dessous du niveau (1580); en estissu HYPOTHÉCABLE adj. (16751.
du sol» et se dit en botanique pour “qui se déve- HYPOTHÉCAIRE adj. est emprunté (1305) au dé-
loppe sous la terrem Icotylédons hypogésl. rivé bas latin hypothecatius Comme pour hypo-
theque, son emploi en droit est Exé par le Code civil
HYPOPHYSE n.f. est un emprunt (1818) au rl804J. Terme de droit, il signiGe <relatif à l’hypo-
grec hupophusis «croissmce en dessous», dérivé de thèque>, *qui est garanti par une hypothèque)).
hupophuein <naître ou croître sous», lui-même *Le détivé HYPOTHÉCAIREMENT adv. 11414) est
formé de hupo (+ hypo-1 et de phuein apousser*. rare.
+Terme de biologie, le mot désigne un organe
neuro-ghndulaire situé à la base du crâne. HYPOTHÈSE n. f. est un emprunt (1539, J. Ca-
b Il a fourni le dérivé HYPOPHYSAIRE adj4894) nappe) au latin hypothesis aargumentm, lui-même
et les composés HYPOPHYSECTOMIE n. f. (19071 au grec hupothesis wtion de mettre dessous»,
et ANTtiHYPOPHYSE n.f. ~mil.&~.), d’où vient *base d’un raisonnementn, asupposition>>; ce mot
ANTÉHYPOPHYSAIRE adj.bikx"s.). est dérivé de hupotithenai, composé de hupo GO~+
!+ hypo-1 et de tithenui +acern (+ thèse).
WYPQSTASE n. f. a été emprunté (1398, ypos- + Hypothéss est d’abord employé dans un contexte
tasiel au grec hupostasis eaction de placer en des- médical et désigne une proposition relative à l’ex-
sous)’ d’où <<support, sédimentm en médecine, et plication des phénomènes naturels et admise pro-
-substance= en philosophie, dérivé du verbe hu- visoirement, concept qui joue un r6le essentiel
phistanai <<placer sou+ I+ hypo- ; et stase). dans les sciences exactes et les sciences humaines.
+ Le mot est sorti d’usage au sens médical (1398) de Jusqu’à la fm du XVIII~s., le mot s’est employé pour
wdép& d’un liquide organiquen. 0 ti philosophie, il toute proposition reçue pour en déduire d’autres,
reprend le sens de asubstancem et en théologie sans souci de sa vérité ou de sa fausseté. Dans
(1541, Calvin), il désigne dans le dogme chrétien, l’usage courant (XVII~s.), il se dit d’une conjecture
comme le latin eccl6siastique hypostasis, chacune sur la possibilité d’un événement, ou propre à l’ex-
des trois personnes de la Trinité, en tant que subs- pliquer. Enfm, il s’est spécialisé en grammaire.
tantiellement distincte des deux autres. 0 Hypo- F HYPOTHETIQUE adj. reprend le bas latin hypo-
stase est repris au ti s. en philosophie Cl9261 au theticus (grec hupothêtios); d’abord 11290) nom fé-
sens d’aentité fictives et, en linguistique 119331,pour nkin pour ahypothèseb et écrit ypotetique, il s’em-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1767 HYSTÉRIQUE

ploie ensuite comme le nom, avec une valeur culté, de même que pour le sanskrit uttara- «ce qui
didactique (fin xwe s.1 et dans l’usage courant est au-dessus)). Par tieurs, le rapport avec le nom
k1~~s.1.4 Sondérivé HYPOTH~~TIQUEMENT a&. du ventre (grec uderos, sanskrit udaram) n’est par
(1617) est didactique, comme le composé rkent éclairci.
Imïl.tis.l HYPOTHÉTICO-DÉDUCTIF,IVE adj. + Hystérique s’est d’abord employé uniquement en
qualifiant une science fondée sur l’hypothèse et la parlant des femmes, au sens de “qui présente des
déduction (logique, mathématiques). troubles psychiques>>, parce qu’on pensait que cette
maladie avait son siège dans l’utérus et qu’elle était
HYSOPE n. f., réfection (v. 1170) de ysope liée à des accès d’érotisme morbide. Puis le sens
Cv.11.201,est un emprunt au bas latin hyssopus, du s’étend aux hommes avant l’évolution de la notion,
grec hussôpos, lui-même d’une langue sémitique et qui devient essentielle en psychiatrie et en psycha-
apparenté au babylonien züpu et à l’hébreu ‘ez6b nalyse, à la h du me siècle.
qu’il traduit dans la Bible.
F Au XVI? s. en effet était formé 11731, puis 17711 le
+Hysope désigne un arbrisseau vivace, à feuilles dérivé régressif HYSTÉRIE n. f. qui désigne
persistantes et à fleurs bleues; la locution figurée d’abord l’ensemble des troubles. Par analogie avec
depuis le cèdre jusqu’à l’hysope ((du plus grand au ces troubles, le mot prend (1834) le sens d’uexalta-
plus petit>> Iv. 11701 est tirée du premier Livre des tionn, par exemple dans c’est de l’hystérie!, «de la
Rois; elle a été usuelle, mais n’est plus qu’une allu- rage, du délire ». 0 Depuis les travaux de Charcot,
sion érudite à la Bible. hystérie désigne (v. 1880) un ensemble de symp-
tomes prenant l’apparence d’tiections organiques
HYSTÉRÉSIS n. f. est un emprunt 11890; 1903, sans lésions décelables; le mot s’emploie ensuite
hystérèse) à l’anglais hysteresis, formé en 188 1 par en psychiatrie, puis en psychanalyse pour parler
le physicien J. A. Ewing ( 1855-1935) à partir du grec d’un type de névrose. *De même, l’adjectif HYS-
tardif husterêsis <manque, dénuement>>, dérivé de TÉRIQUE s’emploie en relation avec le sens cor-
husterein 4tre en retard, rester en arrièrem. respondant du nom, pour CcexcessifB(1837) et aner-
+ Terme de physique, hystérésis se dit de la persis- veux, exalté» (18441, en parlant d’une personne
tance d’un phénomène quand la cause qui le pro- avant de suivre, en psychiatrie, puis en psychana-
duit cesse (hystérésis d’électrique, 1925). lyse, l’évolution de sens du nom. -HYSTÉRIQUE-
MENT adv. 11893, ~erhine) est lié à l’emploi figuré
HYSTÉRIQUE adj. et n. est emprunté (1568, de hystérique, ainsi que le verbe HYSTÉRISER
hystéticque) au bas latin hystericus, du grec husteti- (1864, pron, ; 1874, tr., Concourt), d’emploi litté-
kos aqui concerne la matrice>>, *(femme1 malade de raire. - HYSTÉRISME n. m. (17681, dérivé de hysté-
l’utérus~ de husteru ~utérus~. Il se rattache peut- rie au premier sens, était un terme didactique; il
être à une racine indoeuropéenne concernant ((ce est sorti d’usage. ~HYSTÉRO~DE adj. (mes.1 de
qui est en arrière)) (-+ hystérésis), qu’on retrouverait -oide, terme de médecine, sime “qui a les carac-
dans l’anglais out «dehors)), mais le sens fait dif& tères de l’hystérie>> Ictise hystéroi’del.
IAMBE OU jiAMBE n. m. est un emprunt sa- création récente Eapr. 1950 ; de -génie), se dit d’une
vant du XVI~ s. (1555, J. Peletier du Mans, pi4 I~&T; pathogénîe d’origine médicale ou médicamen-
l’emploi de Jumbus, par Rabelais, 1532, est douteux teuse; en dérive IATROGÈNE ou IATROGÉ-
quant au sens). Il est pris au latin iambus, du grec NIQUE adj. (av. 1970).
iambos dont les sens sont repris en français. Littré -~ATRE, -IATRIE, éléments de même origine, sont
notait que le tréma était inutile; les spécialistes ne utilisés pour désigner des médecins spécialistes
le conservent pas, cependant il est maintenu par la (cf. psychiatre3 et des spécialités Ipsychiatriel.
plupart des écrivains et des dictionnaires.
IBÈRE adj. et n. est un emprunt savark Cl5521 au
+ Le mot désigne, en parlant de la versscation anti-
latin Iberus ou Hiberus, Ud’Ibériea, lui-même du
que, d’abord comme adjectif puis comme nom
grec Ibêr, J%ros.
( 16051, un pied composé de deux syllabes, l’une
brève, l’autre longue. Par extension (av. 1589, + Il qualse ce qui est relatif à l’Ibérie, ancien nom
A. de Bti, le mot se dit d’un vers @ec ou latin de de Ia péninsule hispanique et au peuple qui l’habi-
six pieds, dont le deuxième, le quatrième et le tait. Le mot s’est employé en poésie (av. 17191pour
sixième sont des ïambes; ce vers était d’abord uti- <<espagnol».
lisé dans la poésie satirique. Par métonymie, le mot b IBÉRIQUE adj . est un emprunt (1765) au latin im-
désigne un poème formé d’ïambes. ~Par réfé- périal ibericus ou hibbericus ~d’lbérie~, du grec ib&i-
rence aux iambes des poètes anciens, le mot dé- ~OS. Le mot, didactique au sens de <<relatif à l’Ibérie
signe depuis A. Ch&ier, dans la littérature fran- antique)), s’emploie couramment pour Nrelatif à
çaise, une pièce de vers satiriques, composée l’Espagne et au Portugal)) (1840, péninsule Ibétique)
d’alexandrins et d’octosyllabes à rimes croisées. et spécialement POU <<espagnol». *IBÉ-
b ÏAMBIQUE adj. 11486) est un emprunt au latin RIEN, IENNE adj. et n. ( 1797, Chateaubriand), dé-
iambicus, lui-même emprunté au grec iambikos rivé de Ibérie, est sorti d’usage. +IBÉRISME n. m.
-composé d’hmbes~. (1839, Mérimée), tiré de ibérique «particularité ibé-
À partir de iambe ont été formés des termes didac- rique>), est didactique comme IBÉRISER v.tr.
tiques, uniquement empIoy&s à propos de la mé- (me S.I.
trique ancienne, ÏAMBÉLÉGIAQuE adj. 11867, Lit- IBÉRO-, premier élément, représente l’adjeckif
tré; de élégiaque) et IAMBO-TROCHAÏQUE adj. ibérique et entre dans la composition de termes di-
( 1893 ; de trochai’que, de tioch&. dactiques, comme IBÉRO-ROMAN,ANE adj. et
n. m. (xx” s.1 aensemble des parlers romans de la
IATR-, IATRO- sont des éléments tirés du péninsulerbériquem, IBÉRO-AFRICAIN,AINE adj.
grec iatros Hmédecin», entrant dans la composition (xx” S.I.
de mots scientfiques et indiquant une relation avec 0 voir aussi CELmÈm (B CELTE).
le médecin ou la médecine.
IBIDEM adv. est un emprunt (1693 selon Bloch
k IATROCHIMIE n. f. (1752 ; de chimie), aujourd’hui et Wartburg) au latin ibidem <<icimême>, adverbe
terme d’histoire des sciences, désigne une doctrine dérivé de ibi <<dans ce lieu» qui se rattache à un
médicale du ~II” s., selon laquelle tous les actes vi- thème indoeuropéen “ei-, “i- (3 idem).
taux dépendent de combinaisons chimiques (fer- + L’adverbe Sign%e Mdans le même passage)> (d’un
mentation, distillation, etc.) ; le dérivé IATRO- ouvrage déjà cité3 et est abrégé en ibid. ou ib.
CHIMIQUE Etdj. est attesté en 1803. (cf. idem) ; il est surtout écrit.
+IATROPHYSIQUE n. f. 11803; de physique),
terme sorti d’usage, désignait la physique dans ses IBIS n. m., réfection du XVI~s. C~%G’)de ibex (1I~I--
applications à la médecine. WIATROGÉNIE n. f., 11341, ibe iv. 12651,est emprunté par l’intermédiaire
ICARIEN 1770 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

du latin au grec ibis. Le mot grec vient lui-même de +ICHTYOLOGIE n. f. (16493, emprunt au latin
1Iégyptien hL% et désigne un oiseau adoré par les scienttique ichthyologiu (154O),formé sur ichtyo- et
Egyptiens. -1ogia (+ -logiel, désigne la partie de la zoologie qui
4 Le mot désigne un oiseau de l’ordre des Échas- traite des poissons. *Il a pour dérivés ICHTYO-
siers, caractérisé par son bec long, mince et re- LOGISTE n. (17651, ICHTYOLOGUE (1840), ICH-
courbé. TYOLOGI&~E adj. (1770, ichtblogique). 4 ~CH-
TYOSAURE n. m. (1828, ichthyosaure) est un
ICARIEN, IENNE adj. est dérivé (1721) de emprunt au latin scientfique ichthyosaurus (1824)
Icure, du latin Icaru~, emprunt au grec Ika~os, nom du grec sauros 4ézardm I+ saurien); ce terme de
d’un héros de la mfihologie grecque. Fils de Dé- paléontologie désigne un grand reptile fossile de
dale, il put s’échapper du Labyrinthe de Minos en l’époque secondaire. +ICHTYOSE n. f. est un em-
Crète grâce aux ailes que lui fabriqua son père, prunt (1813; 1810, ichtyosis) au latin scientsque
mais comme il s’approchait trop du soleil, la cire moderne ichthyosis formé en anglais (18011 avec
qui maintenait ses ailes fondît : il tomba dans la -ose*; le mot désigne une maladie congénitale de la
mer qui porte son nom. peau, caractérisée par un épaississement de l’épi-
+ L’adjectif qualse ce qui a rapport à l’hrie, île de derme et la formation de grosses écailles. + ICH-
la mer Égée (mer icatinne, 17211, et ce qui est rela-
TYORNIS n. m. a été formé en k~tin moderne par
tif à Icare ou à sa légende (1829, jeux icariens eexer- Marsh (1872 ; de omis, -ithos aoiseau%) pour dési-
cices de voltige» ; 1832, ailes icatinnes) . gner un oiseau fossile I-+ omitho-).

ICI adv. est composé Cv.10501 de ci* et d’un i- id


ICEBERG n. m. est attesté isolément comme
tial provenant de l’ancien français iluec &, ad-
emprunt direct à une langue nordique (1715, ys-
verbe (2” moitié xe s., illo: XI~s., iluec); iluec est issu
bergh), puis sous la forme ice-berg (1819; 1839, ice-
du latin illoc *là-bas, là>. Ci a été renforcé d’autres
bergl comme emprunt à l’anglais iceberg; le mot
façons, par exemple en champenois Ctoutcil, en
anglais est une adaptation ( 17741 d’une des formes
wallon tdroitci1. La forme phonique kit, régionale,
de langues germaniques nordiques (néerlandais
est parfois écrite icite, icitte, notamment en français
ijsberg, danois isbjerg, suédois kberg), composé de
québécois.
is =glacem et de berg t<montagnen; il a d’abord dé-
signé un glacier côtier en forme de colline et a pris 4 Dans ses premiers emplois EV.10501, ici adverbe
son sens actuel au me s. (on disait ice kland 4le de de lieu signifie =dans cet endroitn, Ndans le lieu 0-U
glace>& La forme abrégée berg (1823) est apparue se trouve celui qui parlen (1080, d’ici qu’en *depuis
aussi comme variante en fkançais (18531. ce lieu jusqu’àp, forme disparue). OIci est égale-
ment employé Iv. 1130) comme adverbe de temps,
+Iceberg, umasse de glace flottante, détachée d’un
combiné avec de, pour marquer le point de départ
glacier polake OU de la banquisen , s’emploie dans
dans le temps, le point d’aboutissement étant indi-
la locution figurée Ia pde cachée de l’iceberg, ins-
qué par une date ou un adverbe (d’ici & demai&
pirée par un emploi métaphorique du mot en an- ~L’adverbe de lieu désigne par extension Km
glais (1962, Webster).
XII~s.1 un endroit précis, d’où les emplois avec un
b Le terme ICEBLOC n. m. a été employé (1906) par autre adverbe de lieu (d’ici là -d’ici à cet en-
J. B. Charcot pour désigner les petits icebergs de la droit-k, d’ici ù, v. 11801, avec une préposition (d’ici
Nouvelle-ZembIe. <<dece lieu», v. 1265, @dece pays))); ici dedans, ici au-
tour, encore employés à l’époque classique, sont
ICE-CREAM n.m. est un emprunt (1895) à sortis d’usage ou devenus régionaux. 0 Au milieu
l’anglais ice cream 117691, déformation de iced du XVI~s. (Ronsard), ici est employé au figuré pour
cream acrème glacée-, composé du participe passé désigner, en corrélation avec Iù, des actions, des
de to ice (de ice aglacen, vieil anglais is) et de cream circonstances successives et opposées. Ici, joint à
«crème*> ; ice cream a produit par ailleurs le calque un substantif désigné par un démonstratif (1580,
crème gl a&. Montaigne, ce mortde ici), a été remplacé par ci; au
+ Cet anglicisme ne sert qu’en parlant des réalités mie s. cet usage, selon Vaugelas ne se maintenait
des pays anglophones. Il désigne une glace à base que dans la langue parlée. La locution adverbiale
de crème len français, un putiait) ou une glace, au ki-kç t 1544 a disparu au sens de aci-dessous, par
sens strict, par opposition à sorbet. Crème gk332e en la sutte» et a pris le sens II6681 de asur la terre=, par
est le calque. opposition à la-haut désignant l’au-delà. Ici s’em-
ploie (1637, Descartes) au sens de & l’endroit oti
ICHTY-, ICHTYO- sont des éléments tirés du l’on se trouves, que l’on désigne dans un discours,
grec iltzhthus, ~0s cpoisson*, mot qui a des corres- un écrit (opposé à ailleurs), d’où par extension
pondants en arménien et en lituanien et doit donc (1674, Racine1 #dans ce domaînen. 0 Ici! s’emploie
relever d’une racine indoeuropéenne. La graphie seul en exclamation pour Vie~ ici! (1668, Molière),
ichthyo- est courante jusqu’au XIX~ siècle. surtout aujourd’hui pour appeler un chien. 0 Avec
FICHTY~PHAGE adj. et n. est un emprunt l& l’adverbe permet d’opposer deux lieux, sans
Cv.1265, ictiofagi; 1532, ichthyiophage, Rabelais) au idée d’éloignement ou de présence (1668 ; ici... Zù, ici
latin ichtyophagus, du grec ikhthuophugos <<qui se et la) ; par iCr équivaut à <<dansles environs, dans ce
nourrit de poissonn (de phagein. qui sert d’aoriste à paysti (16681, adans cette directionn ti xvrle S.I. 0 ki
esthiein amanger>> ; -P -phagel; en dérive ICHTYO- adverbe de temps, souvent au sens de «en ce mo-
PHAGIE n. f. (1546, ichthyophagie, Rabelais). ment, maintenant}} au xvrres., notamment chez
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1771 ICÔNE

Molière, s’emploie encore aujourd’hui avec cette composé de eih5n et de gruphiu (+ -graphie). *Le
valeur dans jusqu’ici ajusqu’à présenta> (1667, Ra- mot désigne l’étude des représentations d’un sujet
cine). Au XIX~ s. sont attestés dki hi (av. 1850, Bal- et, par extension, l’étude des sujets, des thèmes,
zac) et d’ici peu (1869, Flaubert). Au XX~s., ici ad- des allégories de l’art figuratif puis, par métonymie
verbe de lieu s’emploie, notamment au téléphone (18731, l’ensemble de ces représentations, en parti-
suivi du nom, pour indiquer l’identité de celui qui culier l’ensemble des représentations plastiques
appelle; d’ici ade ce lieu>> entre dans la locution fi- d’un personnage, d’un sujet. Iconographie a pris au
gurée je vois cela @a1d’ici «j’imagine la chose». XX~s. le sens d’«ensemble d’images (dans un livreIn
on trouve en argot les formes ICIGO El821 ; sdke et, par métonymie, celui de arecueil de ces images»,
-go propre aux adverbes de lieu) et ICICAILLE ainsi que <métier, travail de l’iconographe». Dans le
(18621, toutes deux sorties d’usage. sens courant <<ensemble d’imagesn, il est abrégé en
ICON0 (cf. illustration). oEn sémiotique, le mot
+# @ICÔNE ou ICONE n. f. est un emprunt désigne EV.19701 le code des représentations vi-
( 1838) au russe ikona 4mageD, lui-même du grec suelles en usage dans un groupe social à une épo-
byzantin eikom prononcé avec i initial, du grec que donnée. +En dérivent les termes didactiques
classique eihôn, onos <<image>>,mot qui n’est pas re- ICONOGRAPHIQUE adj. (1762) et ICONO-
présenté dans les autres langues indoeuro- GRAPHE n. (1803) qui désigne au XX~s. le spécia-
péennes. L’ancien fknçais icoine <k-nage>>Iv. 1220) liste de la recherche des documents figurés.
était un emprunt au bas latin iconia IV~”s.), du grec ICONOSCOPE n, m. de -scope* a désigné 11866) un
byzantin eikonia, pluriel de eikoniorz <<petite appareil d’optique donnant l’impression du relief;
imagen; la forme ancone -enseigne des Byzantins>> le mot s’est dit ensuite (1902) en photographie du
(v. 12081est probablement un emprunt à l’italien. dispositif à lentille divergente d’un viseur, permet-
tant de voir l’image réduite d’une scène à photo-
+ Le mot désigne une peinture religieuse sur,pan- graphier. 11désigne aujourd’hui ( 19471 le tube qui
neau de bois (et non pas une fresque) dans 1’Eglise analyse les images dans les caméras de télévision.
d’Orient. ICONOPHILE adj, et n. (1801; de -phile*), sorti
b ICONISER v. tr., «représenter figurativementa, d’usage au sens d’amateur d’images, d’estampes»,
introduit par Saint-Paul-Roux (19011, est un terme a été repris au XX~ s. pour “qui est favorable aux re-
didactique et rare. présentations figuratives>>. 0 L’antonyme JCONO-
0 ICONIQUE adj., attesté isolément en 1562 au PHOBE adj. et n. (de -phobe*) est attesté en 1927.
sens de arelatif à l’image» (sens qui sera repris au +ICONOGkNE n. m. (18991, peut-être pris à l’tie-
xrxe s.1,est employé à nouveau dans l’Encyclopédie mand Iconogene (18891, se dit d’un sel de sodium
(17651; le mot est un emprunt au latin iconicus afait employé comme révélateur photographique.
d’aprks nature%, du grec eikonikos “qui reproduit +ICONOTHÈQUE n. f. (1968; de -théque*) désigne
les trait+, dérivé de eikôn. +L’adjectif qualifie une une collection d’irnages, d’illustrations. 4 ICO-
statue grecque antique de grandeur naturelle, éri- PHONE n. m. (1970 ; de icone- réduit à ico-, et
gée en l’honneur d’un vainqueur aux jeux sacrés. -phone) se dit d’un appareil qui permet une repré-
@ ICONE n. m. ou n. f. est un emprunt récent à sentation graphique de la parole.
l’anglais icon, terme introduit par le philosophe ICONOCLASTE n. et adj. est un emprunt savant
américain Ch. S. Peirce à la fin du XIX~ s. et formé 11557 d’après Bloch et Wartburg, 1605, in T. L. F.1 au
comme @ icône à partir du grec classique eihôn grec byzantin eiktonoklustês -briseur d’images»,
Gmagen. -Le terme, chez Peirce, désigne un signe composé du grec classique eikôn, eikonos
qui renvoie à ce qu’il dénote (l’objet) en vertu de ses C+ 0 ic8ne) et d’un dérivé de klun <<briser)>: on
caractères propres, et qui a avec cet objet des ca- trouve aussi en latin moderne les formes iconoclas-
ractères communs, d’ordre abstrait et relationnel, tue (1596) et iconoclastes (1610). - Comme terme
c’est-à-dire concrètement une similitude, une res- d’histoire religieuse, le mot désigne les partisans
semblance. Il s’oppose à indice et à symbole. des empereurs byzantins qui, aux VIII~et IX~s., s’op-
-0 ICONIQUE adj. tv. 1970) est emprunté k Tan- posèrent à l’adoration des images saintes. Icono-
glais iconic, dérivé de icon, pour qualser un signe claste se dit aussi d’une personne qui proscrit la re-
ayant les caractères de l’icône chez Peirce. présentation des personnes divines, des saints et,
ICONIOJ-, élément tiré du grec eihk Mimage)), sert par extension, des œuvres d’art (1690, adj.). Le mot
à former des mots savants. *ICONOLOGIE n. f. a pris au XIX~ s. le sens péjoratif de “qui est hostile
est un emprunt (1636) à l’italien iconologia, adapta- aux traditions, aux formes héritées du passé,
tion du grec eikonologia ((langage figuré>, formé de jusqu’à les détruire)). - De iconoclaste dérivent
eikzôn et de -logis (+ -1ogie). Le mot désigne l’art de ICONOCLASTIQUE adj. (17051, ICONOCLASME
représenter des figures allégoriques avec leurs at- n. m. (1832) ou ICONOCLASTIE n. f. (av. 1868, Biir-
tributs distinctifs, la connaissance de ces attributs ger).
et, par métonymie, le répertoire de ces représenta- ICONOLÂTRE n. (1701, Furetière), attesté plus tôt
tions. Par extension, iconologie se dit (xx” s-1 de en anglais 116541,a été emprunté au latin médiéval
l’étude des modes de la représentation en art. iconolutres <<adorateur d’images», lui-même du
oEn dérive ICONOLOGUE n 11756) ou ICONO- grec ecclésiastique eikonolatiês, d’un dérivé de lu-
LOGISTE (1834). truein <<adorer>). Ce terme didactique est le nom
ICONOGRAPHIE n. f. est une adaptation (1680) du donné par les iconoclastes aux catholiques. 0 Il a
grec tardif eikonogruphiu <<peinture de portraits>) produit IcONOLÂTRIE n.f. (17691, d’où ICONO-
(d’où le latin iconographiu w-t du dessin4 LÂTRIQUE adj. (1832).
ICTÈRE 1772 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ICONOSTASE n. f. (1843) a été précédé par ikonos- le beau idéal, dms l’art (17601, opposé à la beauté
tas et iconastw ( 1786) ; c’est un emprunt au russe naturelle. L’adjectif est passé à la même époque
ikonostus, nom masculin, lui-même pris au grec dans le vocabulaire de l’économie (1766, monnaie
tardif eikônostasion, de staks <<action de poser de- idéale) et plus tard dans celui des mathématiques
bouts I+ stase). + Ce mot didactique désigne, dans (début XX~s., nombres idéaux). 0 Dans la la,ngue
les églises orthodoxes, une cloison décorée courante, idéal a été un équivalent de himérique,
d’icônes. irréeln Il 762) et se dit ( 18121 de ce qui semble avoir
ou a toutes les qualités que l’on peut souhaiter
ICTÈRE n. m. est un emprunt savant (1578) au (cf. parfait).
latin impérial icterus, du grec Ikteros ujaunîsse)) et b @ IDÉAL n. m. est à la fois un emprunt (1746) à
nom d’un oiseau censé guérir cette maladie. l’allemmd philosophique Ideul, lui-même du latin
+ I&re désigne une maladie dont le symptôme est médiéval idealis, et la substantivation de idéal, ad-
une coloration jaune de la peau (cf. jaunrkse, d’em- jectif; les deux pluriels idéals et idéaux sont en
ploi courant). Le mot se dit aussi en médecine usage. +Le mot est d’abord attesté chez l’abbé Bat-
(1902) d’une coloration jaune de la peau et des mu- teux pour désigner l’ensemble des représentations
queuses, sans autre symptôme de maladie. abstraites les plus adéquates se rapportant à un
b ICTÉRIQUE adj. est une réfection 11579) des ktre, un objet particulier; il est ensuite employé
formes populaires itetite E2emoitié XIII~s., nom, (1765, Diderot) au sens aujourd’hui vieilli de
<personne atteinte d’ictéreti), itherique Cfm XIII~s.l, <conception que l’artiste a dans l’esprit* puis se dit
puis icterite ! 1495). Le mot est un emprunt au latin 11799, Senancour) de ce qu’on se représente
impérial ictericus “qui guérit l’ictère,, puis <(atteint comme type parfait, dans l’ordre esthétique, intel-
de jaunissen, du grec ikzterikos arelatif à la jaunissem, lectuel ou pratique. 0 Par extension, idéal, em-
de ikteros. M&@ue, adjectif 11704, signifie -qui se ployé absolument 1183 1, Hugo), désigne un en-
rapporte à l’ictère=. semble de valeurs esthétiques, morales ou
intellectuelles, par opposition aux intérêts maté-
ICTUS n. m. apparait isolément sous la forme riels ; de là vient le sens de <ce qui r&ise la perfec-
francisée icte (1558, Rabelais), puis est repris en tion dans un domaine, et donne une parfaite satis-
1861 sous la forme du latin ictus «coup, chocs et faction>> (1836, Stendhal). Le mot devient un terme
abattement de mesure)), dérivé de ictum, supin de essentiel de l’esthétique romantique, surtout à par-
icere ~~f?apper~, sans origine connue. tir de 1848 où la notion est souvent personnifiée,
+ Rabelais a employé le mot au sens de COUP~. Re- par exemple chez Hugo (18541 ou Baudelaire. À la
pris au XIX~ s., le mot désigne en médecine une ma- fm du xwe s., il prend la valeur familière (av. 1902,
nifestation morbide violente et soudaine qui tiecte Zola) de <<lemieux, la meilleure chose> n’idéal, ce
le système nerveux. -Mctus est ensuite introduit serait de... que...]. 0 Parallèlement, idéal est utilis6
(1866, Littré) pour désigner, en versikation anti- dans des emplois didactiques, en mathématiques
que, un battement de la mesure dans le vers puis, ( 19031,en psychanalyse UG!&X~du moi, xxe s.3,en phi-
en musique, une note très accentuée soulignant le losophie ( 1926) au sens d’Gtre individuel dont tous
rythme En XIX~ s.l. les caractères sont déterminés par l’idéen (Kant).
0 Par extension du sens de atype parfait)), idéal se
ICULE + 0 -IL. dit 119351 d’un individu qui est le modèle d’un
genre. +IDÉALEMENT adv. sime <<enidée, en
0 -1DE est un élément issu du grec -13, pluriel imaginationti (1551) puis «parfaitementm. + IDÉA-
-ides, par l’intermédiaire du latin -ides ou idis; suf- LISTE adj. et n. désigne d’abord (av. 1716, nom,
ke patronymique, -ide indique l’appartenance, la Leibnitz) un philosophe qui voit dans la forme l’es-
descendance (par exemple la napoléonide <<des- sence des choses (1810, philosophie idéaliste). Le
cendance de Napoléon Ier4 ou un être issu de cette mot prend ensuite le sens aujourd’hui courant
descendance, notamment en mythologie (par ( 1839, G. Sand) de “qui a un idéal=, d’où péjorative-
exemple Euménides). ment de *qui vit de chimères>> En ti S.I. Le nom
s’emploie dans le domaine des arts pour apartisan
0 -1DE est un élément tiré du grec -eidês, de ei- de l’idéalisme» (1846, Baudelaire). + IDÉALISME
dos ((forme, apparence» (+ idée), qui entre dans la n. m. est dérivé de idéal au XVIII~s. 11749, Diderot,
formation de nombreux mots savants indiquant Lettre sur les aveugles1 pour désigner un système
des formes (en chimie, en médecine, etc.), sous la philosophique qui ramène l’être à la pensée ( 1801,
forme -ide ou -otie. idéalisme transcendantal de Kant). Le mot se dit
ensuite 11828, Villemain) d’une conception esthé-
IDÉAL, ALE, ALS OUAUX adj. est un em- tique qui donne pour fin à l’art la représentation
prunt (1551) au latin médiéval idealis <<relatif à d’une nature idéale (par opposition à réalisme, na-
l’idéen, dérivé du latin classique ides, mot grec turalisme). 0 Il désigne couramment ( 1863, Renan)
(b idée). Le masculin pluriel, peu usité, est idéuu~ une attitude qui subordonne la pensée, les
ou idéals. conduites à un idéal; il a pris aussi une valeur péjo-
+ Idéal est introduit en français avec le sens de aqui rative 11904, R. Rolland) et se dit d’une tendance à
est conçu et représenté dans l’esprit, sans être négliger le réel, A se nourrir d’illusions. bIDEA-
perçu par les sensm.L’adjectif s’applique ensuite à LITÉ n. f. est sorti d’usage au sens 11770) de dispo-
ce qui atteint la perfection ou réunit toutes les per- sitien de l’esprit à donner aux choses un caractère
fections que l’on peut concevoir ( 1758, Btion), d’où idéal» (cf. tia&rne) ; signiknt «cara&ère de ce qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1773 IDENTIFIER

est idéal)>, le mot s’emploie en philosophie ( 1789 ; singulier et dans quelques expressions, I?dée si@-
d. idéel à idée*> et en art (1829). Par métonymie, ïi fie aussi ( 1666, La Fontaine) 4’esprit qui élabore les
se dit pour =ce qui n’existe que dans l’imagination~~, idées>> Ise mettre qqch. dans l’idéel. * Du sens de
surtout au pluriel (1839, Vigny). Au xx” s., on parle #vue élaborée par l’intelligence>> vient celui de
des idbalités mathbmatiques. + IDÉALISER v. tr. ((projet, dessein)> (attesté au XVII” s.; 1670, Molière),
signi&e <<revêtir d’un caractère idéal>> E1794 ; 1835, par exemple dans lancer une idée. Au X~X~s., idée
pron.). 0 En dérivent IDÉALISATION n. f. 07941, est employé pour 40nction d’élaboration des
IDÉALISÉ, ÉE adj. (18281, assez usuels, et IDÉALI- idées>>, notamment par Hugo ; le mot est rare en ce
SABLE adj. (~1840, A. Comte), XDÉALISA- sens.
TEUR,TRICE adj. et n. (1845) et IDÉALI- b IDÉER v. tr. (1800) est d’emploi didactique et rare
SANT, ANTE adj. (me s.1,plus rares. au sens de Nformer l’idée de (qqch.))), cconcevolr».
0 Voir IDEE, IDÉOLOGlE. +IDÉEL, ELLE adj. ade l’idée, des idéesm, d’emploi
didactique, est attesté isolément en 1671 et repris
+k IDÉE n. f. est issu ( 1119, ickesl du latin philo- au XIX~ s. (1843, Proudhon), peut-être par emprunt à
sophique tia 4ype de choses% et, en latin tardif, l’allemand ideel (néologisme du XVIIJ~-XIX~s.1, pour
<<forme visible», emprunt au grec idea <<forme vi-
éviter l’ambiguïté de idéal (cf. concept&). + IDÉA-
sible, aspect», d’où (espèce, catégorie)) et, chez Pla- TION n. f. est formé (1870, Th. Ribot) d’après l’an-
ton, Nforme idéale concevable par la pensée)); en glais ideation ((formation et enchahement des
grec tia est dérivé du verbe idein, qui sert d’ao-
idées,, mot créé en 1829 par J. S. Mill (1773-1836) à
riste à horan «voir= et se rattache à une racine in-
partir de idea, de même origine que idée. 0 Ce mot
doeuropéenne “weid- woir, percevoir par la vue»,
didactique conserve le sens de l’anglais ; en dérive
que l’on retrouve dans le latin videre Ib voir). IDÉATIONNEL,ELLE adj. 11890). WIDÉAT n. m.
+ Idée désigne d’abord les formes des choses pré- est un emprunt (1842, Ch. Renouvier) au latin philo-
sentes de toute éternité en Dieu, puis, chez sophique du XVII~s. ideatum abjet auquel corres-
Oresme (1370- 13721, écrit ydee, l’essence éternelle pond une idée= Eàpropos de Spinozal, mot repris
et purement intelligible des choses sensibles (cf. ar- au latin scolastique ideatum «objet produit confor-
chétype), la notion intellectuelle préexistante d’un mément à une idée préconçue)j, dérivé du latin
être, d’un objet particulier. Le mot désigne ensuite classique ides.
( 1458, ydee) la vue que l’intelligence élabore dans le 0 voir IDÉAL,IDltO- Ul3ÉOLOGUEl.
domaine de l’action. Il reprend à la même époque
le sens étymologique de ((forme, image>> ( 14871, d’où IDEM adv. est un emprunt (v. 15013 au latin idem
vient une valeur plus courante : Gmage (d’un être, NIamême choses>,au neutre <<lemême>>, -aussi>>,re-
d’un objet1 telle que les sens la per$oivent», <vue posant sur Ois-dem qui exprime l’identité, “is se rat-
approximative>> (1552, Ronsard), réalisée dans les tachant à un thème indoeuropéen “ei-, “i-.
locutions n ‘avoir pa.s la mhzdre idée de, avoir peu +Idem est repris avec le sens de 4e même (être,
d’idée d’une chose (vieillie), OJIn ‘a pas idée de cela objet)-, pour éviter la répétition d’un nom dans une
«c’est impensable, anormal)). 0 En outre, idée dé- énumération, surtout par écrit sous la forme abré-
signe (1583) l’image de qqch., de qqn, telle que l’es- gée id. Dans un emploi familier, l’adverbe signifie
pfit la forme par l’imagination, ou la conserve dans (18 12) cde même, pareillementn.
le souvenir; dans ce sens didactique (logique, philo-
sophie) on emploie plutôt idée gén&aIe (usage psy- ,Le composé IDEMPOTENT,ENTE adj.,attestéau
chologique) ou les mots concept et notion. Cette no- milieu du xxe s. (du latin potens; -+ potentat), est un
tion de dcconception imaginaire)) se retrouve dans terme de mathématiques; il s’applique à une ma-
pur idée (16161, archaïque, en idée cen imagination)) trice carrée égale à toutes ses puissances.
C16431, dans les locutions j’ai idée que 4 me semble
IDENTIFIER v. tr. est un emprunt (1610) au la-
que>) (1775, Beaumarchais), se faire des idées
tin scolastique identificare arendre semblablen, at-
<&maginer des choses sans rapport avec le réel, le
testé vers 1300 en AngIeterre, et composé du latin
passible> et familièrement cette idée, dr6ie
classique idem 4e même>> et de facere ~~faire”~~
d’idée, etc., ainsi que dans l’emploi de une idée de
(+ identique, identité).
Cqqch.1 ~un tout petit peu de)), la chose étant en si
petite quantité qu’elle semble à peine réelle, o Au + Identifier est introduit en français avec le sens de
sens large et courant, le mot désigne (1637, Des- tcconsidkrer comme identique à autre chose>>,d’où
cartes) toute représentation élaborée par la pensée s’identik ( 1764, Rousseau) <<seconfondre, en pen-
individuelle, qu’il existe ou non un obj et qui lui cor- sée ou en fa&. Le verbe signiGe aussi <<reconnaître
responde. Les idkes s’applique 11656, Pascal) à l’en- qqn, qqch.>a (1784, tr., Mm” de Staël). *Il s’est em-
semble des opinions d’un individu, d’un groupe so- ployé, rarement, au sens étymologique pour
cial, d’où la locution familière être dans les idées de ({rendre identique>> 11836, Montalembert). 0 Par ex-
qqn.Une valeur particulière du mot correspond à tension du premier sens, il signifie (18641 l<re-
<<façon particulière de se représenter le réel, de cormartre la nature de (qqn, qqch&, spécialement
voir les chose+, par exemple dans les locutions ju- Km )rmes.) ~reconnaître du point de vue de l’état ci-
ger, agir selon son idée, ne faire qu’à son idée. vilm,puis ( 1935) ~~reconna?tre comme appartenant à
Deux emplois qualifiés, avec une valeur parti- une classe, une espèce» lidentifier un accent1.
culière, sont idée repe <<banalité, poncif>>, illustré b Le dérivé IDENTIFIABLE adj., proposé par Ri-
au XIX” s. par Flaubert qui en fit un dictionnaire, et chard de Radonvilliers E18451, ne semble usité que
idée fie «obsession=, commenté par Valéry. u Au depuis le début du xx’s. (1905, in T. L. F.).
IDENTIQUE 1774 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’étude des idées, au sens général de faits de


conscience, de leur origine, de leurs caractères et
de leurs lois, ainsi que l’étude des rapports que les
idées entretiennent avec les signes qui les repré-
sentent. Le terme s’emploie dès avant 1800 & pro-
pos du mouvement intellectuel dû aux promoteurs
de cette science. En ces sens, tiologk apparknt à
l’histoire de la philosophie. ~Vers 1800, les adver-
saires de I’idGologie, notamment Napoléon,
donnent au mot un sens péjoratif qu’il a conservé :
~discussio~s, analyses portant sur des abstractions
sans rapport avec les faits et la réalite positives.
+ Le mot est ensuite employé (1842, Reybaud) au
sens d’wensemble d’idkes qui inspire un gouverne-
ment, un parti)) ; c’est avec cette valeur qu’il est re-
pris et diffusé à la fin du XIX’ s. par le marxisme qui
l’oppose aux faits économiques et à l’infiustnccture
et lui dome la valeur d’<<ensemble des idées, des
croyances propres à une époque, à une société ou à
une classez. Par extension idéologie désigne un sys-
tème d’idées, une philosophie du monde et de la
vie, en particulier Cv.19651 une théorie mettant en
valeur un aspect de l’activité sociale Citiologie de
comommationl.
b Le dérivé IDÉOLOGUE n. désigne, avec une va-
leur péjorative (v. 18001, une personne qui se laisse
diriger par les thkories plus que par les faits, et un
penseur admettmt la perfectibtité de l’esprit hu-
main; au sens de <partisan de l’idéologie>> 0802,
Chateaubriand), en histoire de la philosophie, le
mot a remplacé IDtioLOGISTE n. m., qu’avtit in-
troduit Destutt de Tracy (18011. + IDÉOLOGIQUE
adj. 0801, DestuttI a suivi une évolution séman-
tique parallèle à celle d’idéolo&e; en dérive IDÉO-
LOGIQUEMENT adv. (déb. xx” S.I. + IDÉOLOGI-
SER v. tr., cdonner une valeur idéologique à
(qqch.b, est formé avant 1964, le nom d’action dé-
rivé, IDÉOLOGISATION n. f., avant 1968.
Le grec ides a ensuite servi, sous la forme IDÉO-, à
former plusieurs mots didactiques. - IDÉOGRA-
PHIQUE adj. (1822, Champollîonl de -@@Que*
se dit d’une écriture qui traduit direckment les
idées par des signes (ou idéogrammes) susceptibles
de suggérer les objets. Chez Champollion, l’adjectif
sert à caractériser les hiéroglyphes égyptiens#
0IDÉOGRAPHIQUEMENT adv. se trouve égale-
ment chez Champollion (1822). 4 IDÉOGRAPHIE
n. f., asystéme d’écriture idéographiqueti, est at-
testé peu après (1840). +IDÉOGRAMME n. m,
(1859, Renan), de idéographique et -gramme*, dé-
signe un signe graphique suggérant par sa forme
une ou plusieurs unités de sens; il s’applique no-
tamment aux caractères chinois ; le mot est attesté
en anglais dès 1838 lideogrum1. Par extension
Id& XX~s.1,le mot se dit d’une représentation styli-
sée et symbolique et, spécialement cv.1970, H. Har-
tungl, désigne dans une œuvre picturale abstraite
un signe évoquant une expérience. oLe composé
PICTO-IDÉOGRAMME n. m. est attesté au milieu
du XX~s. Ide picto-gramme).
IDÉOMOTEUR, TRICE adj. est formé (1879, tio-
moteur) de l’adjectif moteur, d’après l’anglais tio-
motor 11874, W. B. Carpentier) ; ce terme de psycho-
physiologie s’applique & un mouvement déclenchk
directement par une représentation mentale.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1775 IDIOT

IDÉOPHONE n. m. (mil. XX~s.; de -phone*I désigne + Ce mot didactique désigne d’abord un parler
en linguistique un vocable exclamatif tra,nsmettant propre à une région; ensuite (16111, il se dit à l’épo-
une impression par des moyens onomatopéiques que classique de ce qui est particulier à une
(par ex. plot! flot! ou l’anglais splatCh!3. langue ; iz s’emploie aussi, au XVII~s., pour désigner
un moyen d’expression autre que le langage (sens
IDES n. f. pl. est un emprunt (1119) au latin clas- vieilli) et l’ensemble des moyens d’expression
sique idus, nom féminin pluriel, 4es ides», peut- d’une communauté, la langue et, par extension du
être d’origine étrusque. premier sens IXVIIX~s-1, la manière de s’exprimer
4 Ides désigne, en parlant du calendrier romain an- propre k une époque, un groupe social, une per-
tique, une division du mois qui tombait le 15 en sonne. 0Le sens de <<particularité propre à une
mars, mai, juillet et octobre, et le 13 les autres mois. langue= est repris au XXes., par emprunt à l’anglais
Les Mes de mars, par référence à l’assassinat de idiom de même origine, qui signSe en linguistique
César, s’emploie pour parler d’une période que =locution, syntagme lexical%) (+ 0 idiotisme).
l’on considère comme dangereuse à passer. bIDIOMATIQUE adj., attesté isolément en 1547
(G. Budé) au sens de aparticulier Ià une nationIn, est
-1DÉS ou -IDES, sufExe taxinomique, est tiré un emprunt au grec tardif idtimati!zos ~~particulier,
du grec -id& (pluriel tis; -+ 0 -ide 1 par l’inter- spécialn, dérivé de Mma. Au sens de “propre à un
médiaire du latin -idcw.
idiome», idiomatique est dérivé ( 1815) de idiome.
+ Il est utilisé en sciences naturelles pour former
des noms de famille d’animaux dont la base, re- IDIOSYNCRASIE n.f. est un emprunt sa-
prise au latin ou au grec, désigne l’animal type de vant ( 1581) au grec tardif idiosunkrasia ctempéra-
la famille (exemple ; bwtis, du latin ~OS, bwis; ment particulier», composé de idios “propren
-+ bœuf). Le suExe a été introduit par Vigors et Les- (-3 idio-) et de sunlzrasis cmélange, et tardivement
son à partir de 1830 sous la forme féminine -idées. &empérament», de krusis =mélange>> (+ crase).
On a hésité entre -id& et -in& formé à partir d’ad- + Ce terme de médecine désigne la disposition par-
jectifs en -in du type bovin. Le suExe -inés s’est spé- ticulière d’un organisme à réagir aux agents ex-
cialisé pour désigner les sous-familles d’animaux térieurs. Par extension, il se dit (1856, Baudelaire)
(exemple : bovinés). pour Ntempérament personnel». 0 Par emprunt de
sens à l’anglais idiosyncrusy de même origine, il dé-
IDIO-, élément initial tiré du grec titis apropre,
signe en pharmzologie la réaction individuelle
particuliern, sert à composer des mots didactiques.
11887, en anglais) et, en linguistique, la tendance
b IDIOPATHIE II. f. est un emprunt (1586, idiopi- des individus à organiser les règles d’une langue
thie) au grec idiopatheia, de idios et -patheia selon leur tempérament.
(+ -pathie); c’est un ancien terme de médecine qui
b Le nom a fourni IDIOSYNCRASIQUE adj. (18321,
Sign%e amaladie qui existe par elle-même, ne peut
être rapportée à aucune autre)) ; en dérive l’adjectif precédé par la variante IDIOSYNCRATIQUE
(1808, Caban&).
IDIOPATHIQUE (1802). + TDIOMORPHE adj. de
-~O@H*, créé en paléontologie au sens de afossile=
(18171, est aujourd’hui un terme de minéralogie; il IDIOT, IDIOTE adj. et n. est un emprunt (61
s’applique à des cristaux intégrés à une roche qui
XIII~s., idiote, adjectif masculin) au latin classique
ont une forme propre. +IDIOGLOSSIE n. f. (1912)
idiotu ou idiotes ahomme qui n’est pas connaisseur,
de -@os& (+ -glossel, terme de médecine, signifie ignora&, adjectif en latin chrétien. Le mot latin est
&ngage incompréhensible)) (pour une autre per- emprunté au grec idi8tês 4rnple particulier> (par
sonne). -1DIOPHONE n. m., emprunté (xx” s.) à opposition à un magistrat, à un homme public ou à
l’allemand Idiophone ( 1913, désigne un instrument un spécialiste), d’où gnon technicien, et Ggnoranb,
*homme sans éducationm ; idiôtês est dérivé de idios
de musique dans lequel le son est produit par la
C+ idio-l
mise en vibration du corps même de l’instrument
(par ex. les cymbales). +IDIOLECTE n. m., terme + Idiot (1370-1372, Oresme), d’abord idiote, a le sens
de linguistique, est un emprunt (v. 1960) à l’anglais latin d’aillettré, ignora& comme adj e&f et comme
idiolect, de idio- et (diallect dialecte*“, emprunté nom Iv. 1225, ydiotes) et le conserve jusqu’au
au fiançais ; le mot désigne l’utilisation particulière XVI~siècle. OPar extension, le mot s’applique
de la langue par une personne; il a fourni IDIO- (v. 1225, adj.1 à une personne qui manque d’intel-
LECTAL, ALE, AUX adj. (v. 1960) d’après dialec- ligence, de bon sens, d’où l’emploi de l’adjectif en
tal *. ~DIORYTHMIE n. f. 11962; de rythme*), parlant d’actes et de comportements, de faits, etc.
terme de religion, se dit d’un genre de vie reli- (1612, écrit idiotie; 1719, idiot préjugé). ~L’emploi
gieuse où les moines peuvent s’organiser indivi- substantif, en ce sens 112831, donne lieu à des lo-
duellement. cutions, comme faire I’idiot, I’idïote et à des appel-
@ voir IDIOME, IDIOSYNCRASIE, IDIOT, @ IDIOTISME. latif% injurieux. Idiot prend vers le milieu du XVII~s.
(1660, Retz) la valeur de <<personne d’un niveau in-
IDIOME n. m. est une francisation (1558) de idio- tellectuel anormalement bas>> (comme innocent,
mat (15271, emprunt au bas latin idiorna, lui-même simple) puis, dans le domaine médical (16901, de
du grec idtima, idiômutos ({propriété particulière» apersonne atteinte de l’état le plus grave d’arriéra-
et tardivement ~~particularité de stylem, de idios tion mentalen (en termes modernes débile profondl.
<particulier» (+ idio-) ; en bas latin, idioma signifie Le mot est en concurrence partielle, surtout dans
également &ngue pafiitièrem (attesté en 6151. l’usage courant, avec MkciZe et crétin.
IDIOTISME 1776 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b Le dérivé 0 IDIOTISME n. m. a d’abord désigné elle-même. Le sens dknage vue dans un miroir~~
(1611) l’absence de culture, puis la stupidité (v. 1270) ne s’est pas maintenu, non plus que l’em-
Cv.1730). Dans l’usage courant et comme terme m& ploi pour Nombre, fantôme» En ~V~S.) et le sens fi-
dical (attesté 17731, il est sorti d’usage. ~IDIOTIE guré de ((personne dénuée de volonté» (mil. XVI’ s.),
n. f., attesté en 1818 en médecine, a remplace idio- ((de sensibilités (1635) par allusion à l’immobilité
tisme à cause de l’homonymie avec 0 idiotisme. Le d’une statue. *Au figuré, idole désigne une per-
mot si@e couramment 11893) (<manque d’intel- sonne ou une chose qui est l’objet dune sorte
ligence* et, par métonymie (déb. XX~s.), une idiotie d’adoration, de culte (16311; en particulier (1834,
désigne une action, une parole, etc., qui dénote le Bahac) un acteur ou une actrice cé@bre enfin, au
manque d’intelligence, de bon sens. HDIOTISER xxe s., un chanteur, une chanteuse à la mode au
v. tr. (rendre idiot)) (1845 ; le participe passé est at- point d’être l’objet d’un véritable culte, par
testé en 1835 chez Balzac) a été remplacé par IDI@ exemple dans idole des jeunes.
TIFIER v. tr. (relevé en 1886 au participe passé, wIDOI,ÂTRE adj. etn. est un emprunt (1268, ido-
mais on trouve IDIOTIFIANT, ANTE adj. en 1835). lustre; haplologie pour “idololatre) du latin chrétien
-1DIOTEMENT adv. apparaît en 1845;il est peu idololatra, -MES, emprunt au grec eid6lolat&, qui
usité. apparaît chez saint Paul et fait partie d’une irnpor-
tante famille de mots dans le vocabulaire chrétien.
Le terme est composé de eidolon h-nage)> et d’un
0 IDIOTISME n. m. est un emprunt (1558) au dérivé de Zatreuein {{adorer, servir*. ~Idol&e au
latin idiottsmw Mexpression propre à une langue», sens de “qui rend un culte aux idoles}) (cf. gentil,
du grec tardif idZtismos <<genre de vie, habitude, palen) est substantivé au xwe s. (15301. Par analogie,
langage d’une personne simple>>, puis <langage le mot signik ensuite qui voue un culte Ià qqn,
particuliers, dérivé de idiôtês kmple particulier» qqch.)j> (1567, ydolastre, Ronsard), ainsi que ccexces-
E+ idiot). si6 en parlant d’un sentiment (v. 1600). Ce sens,
usuel au XVII~~. ! 1680, honneur idolbtre), est sorti
4 Terme de linguistique, idiotisme désigne une d’usage. +L’adverbe IDOLÂTREMENT Idéb. WI” s.,
forme, une locution propre k une langue, impos- ydolatrement3 est rare. *IDOLÂTRERv.tr. est au-
sible à traduire dans une autre langue même de jourd’hui vieilli pour ((adorer les idoles>> (2” moitié
structure analogue; par extension, le mot se dit du xwe s., ydolatierl et d’emploi littéraire au sens
(XIX~ s.) d’une tournure propre à quelqu’un. Dans d’cairner avec passion (qqn)>> 11547-1549, Ronsard).
son sens initial, idiotisme est moins courant que les +IDOLÂTRIE n. f. est, par haplologie pour “idole-
mots spéctiques en -isme où le radical désigne une Zatie, un emprunt Iv. 1170, écrit ydolatk) au latin
langue Ihellénisme, latinisme, gallicisme, hispa- chrétien idololatia, du grec chrétien eidôlolatieia,
nisme, etc.). dérivé de eidôlalatrês. 0 Le mot d’abord a été em-
ployé Iv. 1170) pour aidole>>; à la fin du xme s. il est at-
IDOINE adj. est un emprunt 112161,qui succède
testé au sens extensif d’flamour passionné» (1635).
à la forme adaptée aoine Il 174-l 1761, au latin ido-
0 On rencontre avec ce sens la variante IDOLÂ-
neus «approprié, propre à>>, d’étymologie incer-
TRERIE n. f. (début XVI~s.1, dérivée de idolûtrer.
taine. Il peut s’agir d’un dérivé de “id-do avers cecim
ou de ideo, de l’ablatif de E’d(ceci pour que>‘,apour
Idolûtie Sign%e ensuite ! 1310) <<culte rendu à une
idolen; par métonymie, le mot s’est dit pour <<acte
cette raison,, en rapport avec idem*.
idolâtre>. +Idol&e a pour dérivé IDOLÂTRIQUE
4 Idoine a conservé le sens du latin, mais ne s’em- adj. ( 1560) d’emploi didactique.
ploie plus qu’en droit, ou par plaisanterie au sens
de <<qui contient parfaitement» en parlant d’une IDYLLE n. f., sous les formes idilie (1555)puis au
personne, d’un objet (emploi qui semble récent). masculin idyllie ( 1565) et idille (16381, ne s’est fixé
F IDONÉIT~ n. f., emprunt au dérivé bas latin ido- sous la forme moderne qu’en 1674 au féminin. C’est
neitas <<faculté, capacité», attesté à la fin du XI@ s., un emprunt à l’italien idillio ((petit poème pastoral,
est repris au XIX~ s, (1812, Boiste) mais est demeuré (XVI~s.1, du latin de la Renaissance idyllium (pluriel
rare, idyllia), calque du grec eidullion <<petite poésiem,
mot utilisé au pluriel par les érudits byzantins pour
IDOLE n. f., attesté sous la forme ydele (1080). ré- désigner les poèmes de Théocrite, nommés
duite en ydle (Y moitié XII’ s.), refaite en ydole jusqu’allors eldogai (3 églogue) ou boukolika (-, bu-
Cv.12201,idolbe(15301 et enfin id& 115X3,est un em- colique). EidulEion est dérivé de &OS {image, fi-
prunt au latin idolum, Amage, spectre)) à l’époque gure)), qui avait pris à-Byzance le sens de apoème
impériale et *idole)) en latin chrétien. C’est un em- lyriquen, d’après le pluriel eid8 (titre des Odes de
prunt au grec eidôlon Gmage, fantômen et en grec Pindare). Le latin classique idyllion et le grec eidul-
ecclésiastique «idole)> ; eidôlon dérive de eidos lion Sign%ent «petit poème>>. Eidos se rattache à
af orme», qui se rattache à la racine indoeuro- une racine indoeuropéenne ‘weid- =voir*)~.
péenne ‘weid- woir)) (t idee). Les formes idele, idle 4 Idylle désigne un petit poème à sujet pastoral et
viennent d’une accentuation du mot latin sur la amoureux et, par extension, une œuvre de prose
première syllabe ; elles ont disparu au XIII~siècle. (17211, puis une peinture, une œuvre mUSiCaie
On trouve parfois le masculin, de 1080 au XVII’ s., à (1867) inspirée du même sujet. 0 Le mot se dit figu-
cause de l’étymologie. rément ( 1851) d’une aventure amoureuse naïve et
+ Le mot désigne d’abord une image représentant tendre, souvent chaste, puis il s’emploie, dans un
une divinité. adorée comme si elle était la divinité contexte politique, social (1871, G. Sand) POU~ dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1777 IGNÉ

signer une relation caractérisée par une parfaite -IF, -IVE, stixe, du latin -~VUS,se développe
bonne entente, souvent avec intention ironique. surtout entre le XIV~s. et l’époque classique.
b Le dérivé IDYLLIQUE adj. (1845) a suivi I’évolu- + Il est joint à des adjectifs Itardifl, des verbes Cpen-
tion sémantique du nom; comme lui, il est souvent sifI ou des noms tproductiB pour former des a&
ironique. jectifs.

-IE, suExe, est issu de mots latins en -ia (par IGLOO ou IGLOU n. m. est un emprunt (1865,
exemple envie, de tnditia) et en -ies Icalvitk, de cal- i@oo), adapté ensuite en iglou (18801, à l’anglais
vities) ou gréco-latins en -ia (pWosophie, de philo- igloo, attesté dès le XVII~ s. et transcription d’un mot
sophial et en -is (poésk, de poesis). Le sufke cesse inuit (eskimo), iglo, signifiant <<habitation+.
d’être productif à la fm du moyen âge, sauf pour +Le mot désigne ~II abri en forme de dôme,
former des noms de pays. Dés l’ancien français, il construit avec des blocs de glace ou de neige. TAS
est concurrencé par -erk Ifourbeti1 et -ke Itian- spécialistes utilisent aussi le féminin lune igloti,
dise). Il est entré dans la formation d’un grand parfois au sens originel d’ghabitationm, le sens cou-
nombre de termes didactiques. rant de l’emprunt correspondant à l’inuit igZouliak,
4 -ie se joint à des noms ou des adjectifs pour for- de liuk aneiges.
mer des noms féminins désignant la qualité Icour- IGNAME n. m. apparaît d’abord dans les tra-
toisiel, le lieu de profession hzairiel ou un état pa- ductions ; la forme igname ( 151% vient d’un texte
thologique Cparalysie). italien, lui-même traduction d’un ouvrage portu-
gais ; inhume (1602) vient d’un texte latin, lui-même
-&ME est un sufke issu du latin -imus, -esimus,
du portugais ; iniamo (1605) du néerlandais ; on le
servant à former les nombres ordinaux (sauf pre-
retrouve dans une relation de voyage d’un Français
mier).
C16541, alors emprunt par voie orale. Le mot est un
emprunt au portugais inhame (v. 15001, première
-IEN, -IENNE, su%xe, est issu du sufXxe latin
langue européenne à l’utiliser, d’après une langue
-anum kain en ancien fknçaisl précédé d’une pa-
bantoue d’Akique, dont cette plante est Origin&e;
latale, comme dans doyert (de &canu), moyen (de
les Portugais l’ont introduite en Amérique du Sud
medianu), ou d’un sufke latin -ianum.
lackuel Brésil).
4 Joint à des noms, ce sufke sert à former des ad- 4 Le mot désigne une plante tropicale, vivace et
jectifs ou des noms désignant la profession, la na- grimpante, à gros tubercules farineux utilisés pour
tionalité, etc, Ce sufke, très productif au xrxes., le l’alimentation ; il est resté didactique ou pitto-
demeure au XX~s., surtout pour les formations à resque, sauf en kan@s d’Akique où il est usuel.
partir de noms propres.
IGNARE adj. et n. est un emprunt (1365,
-IER, -IÈRE est issu du sufke latin -arius, Oresme) au latin ignarus cignorantp, de i- négatif et
-aria, -arium et, dans quelques cas, du sufke latin gnarus (<qui sait>, de la famille d’une racine indoeu-
-ati, -are (par ex. ecoler, XIII~s., écolier, 1206, de sco- ropéenne “genë, ‘gno- aconnaîtrem (-+ connaître,
lU?tS). gnose, ignorant).
+ Ce suke, très productif dès l’ancien fiançais, 4 Ignare, au sens de aqui n’a reçu aucune instruc-
sert à former des noms de métiers, des noms tion)> f 13653, est devenu littéraire ; le mot, d’abord
d’arbres (d’après celui du fruit), des noms expri- substantivé, s’applique (XIV s.1 à une personne
mant un contenant, et des adjectif%. 0 -ier tend à d’une ignorance complète, sorti d’usage dans la
l’emporter sur -er à partir du XII~s. ; en revanche, il construction ignare de ( 1440- 1475, ignaire de) ; rare
s’est réduit à -er après g et ch (par ex. dangier de- jusqu’au XVIII~s., il est usuel dans ce sens avec une
venu danger); cette évolution a commencé dès la valeur péjorative depuis le milieu du XIX~s,, et
seconde moitié du XII~s., mais la diphtongue était constitue un quasi-équivalent de ignorant.
encore prononcée au XVI~siècle ; la graphie corres- b Les dérivés IGNARDISE n. f. (1886, VdlèS) et
pondant à la prononciation ne s’impose qu’au TGNARERIE n. f. (19063 sont à peu près inusités.
XVII~siècle.
IGN&, ÉE adj. est un emprunt (mil. xve s.1au la-
IF n. m, est issu (1080) du gaulois ‘Wos, attesté par tin igneus <<defeu, enflammé*, &tinceIant, ardent*,
l’irlandais eo, le cymrique y~ et par plusieurs dérivé de ignis afeu-, concurrencé par focus, plus
langues germaniques, où le morphème serait un courant, seul représenté dans les langues romanes
emprunt au celtique (ancien haut allemand îwa, al- (3 feu). Le mot indoeuropéen correspond au sans-
lemand Eibe et anglo-saxon îv, anglais y& ; le bre- krit agni& de caractère religieux, et au vieux slave
ton ivin est peut-être emprunté au français. ognjLv,au lituanien ugnis.
4 Le mot désigne un arbre décoratif à feuilles per- + Au sens étymologique de “qui est de feu, a les ca-
sistantes et à fruits rouges. Par analogie avec la ractères du feu)>, l’adjectif est d’emploi littéraire.
forme de cet arbre lorsqu’il est taillé en pyramide, Fluide igné désignait dans la physique ancienne un
le mot se dit ( 1834 d’une pièce de charpente légère liquide en fusion issu du Soleil, alimentant toute vie
de forme triangulaire, montée sur pied, sur la- sur la terre et occupant l’univers (l’éther); il s’est
quelle on dispose des lampions pour les illumina- employé au figuré (16 16) pour aardent». 0 Le mot
tions ; on trouve aussi if ;i bouteilles 118581 pour s’emploie encore en géologie (1835) au sens de
&gouttoir» . “produit par l’action du feu% (roches igné&
IGNOBLE 1778 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

HGNESCENT,ENTE adj., tiré du participe sente de renom’), composé de in- négatif et de nobi-
présent latin &wscens, de ignescere (prendre feu, litas *noblesse», dérivé de nobilis. 0 Sorti d’usage
s’enflammer= (dérivé de ignk1, est attesté au figuré aux sens anciens de l’adjectif, acondition non
pour w-dent>> chez Beaumarchais (av. 1789) ; il est noble>> ( 14821, aqualjté de l’homme qui n’est pas
rare au sens de “qui prend feu, est en few, apparu à connw C15091,il n’est guère plus usuel pour ~carac-
la fm du XVIII’ s, +IGNITION n. f. est formé à partir tère de ce qui est vil» E154745491. Les quasi-syno-
du bas latin ignitum, supin de ignire «brûler)), de nymes infamie, @nominie ou abjectin ne lui ont
igniz Le mot est attesté isolément aux sens de ccbrû- pas laissé de place.
Iurea ( 13701 et de «combustion>> kwe s.1; il s’est em- 0 va- IGNmbmaE.
ployé ensuite en chimie 116111pour désigner l’état
d’un métal chauffé au rouge sans se fondre; igni- IGNOMINIE n.f. est un emprunt savant
tien se dit en physique depuis le WLII~s. (1765) de (av. 14751,avec une variante ignomenie (15871,au la-
l’état d’un corps en combustion. tin ignominia! «déshonneur», «honten, formé de in-
IGNI-, élkment tiré du latin ignti, sert à former des négatif C-, 0 in-) et de gnomen, ancienne forme de
mots savants. 4IGNICOLE adj. et n. (1732) de nomen (<nom” ». Le rapport entre ignobilis anon
-COE, «qui adore le feu)), et IGNIFÈRE adj. (18171 nobleD et ignominia «absence de norn~j est évident,
de -fere*, “qui transmet le few, sont rares. +IGNI- au moins sémantiquement dès le latin 13 ignoble).
FUGE adj. 11890) de -tige* “qui rend inin&m- + Ignominie, mot d’emploi littéraire, désigne un
mables les matières combustibles- est beaucoup déshonneur extrême causé par un outrage public,
plus courant, du fait de l’évolution des techniques une action infamank et (1587 ; une ignominie) une
(amiante, etc.). 0 fl a servi à former IGNIFUGÉ, ÉE action, une situation qui cause l’ignominie.
adj. 118WJe plus courant dela série, plis IGNIFU- b IGNOMINIEUX, EUSE adj. 11455, mais antérieur1
GER v.tr. 119oo) dont dérivent IGNIFUGATION
est un emprunt au dérivé latin ignominiosus “qui
n. f. (1900)JGNIFUGEAGE n. m. (19061 et IGNIFU-
GEANT, ANTE adj. et n. m. ( 1907). 4 IGNIPUNC- cause de I'i@ominie*.oLe dérivé IGNOMINIEU-
SEMENT adv. est relevé avant 1429.
TURE n. f. est un terme de médecine (18701, forme
sur le modèle d’acupuncture, pour désigner une
IGNORER v. tr. est un emprunt savant (v. 1330)
méthode de cautérisation.
au latin ignorure ane pas connaître>>, dérivé de @na-
IGNITRON n. m. (19311, de la fmale d’ékctron, dé-
rus, de in- (+ 0 in-) et @aaLs «qui saitm F+ ignare).
signe un tube redresseur dans lequel l’amorçage
est renouvelk pétiodiquement par une électrode + Ignorer s’est introduit en français avec le sens du
spéciale. +Celle-ci est nommée IGNITEUR n. m. latin, «ne pas connaître>>, et avec une valeur ob-
( 19621,tiancisation de l’anglais @GM ( 1887) ou igni- jective et subjective ; il a signifk Gtre négligent, En
ter, dérivé de to ignite ({chauffer au rouge)), du latin xrves., intr.). Il s’est spécialisé aux sens de ((ne pas
ignitus. connaître l’existence, ou le mérite, de qqn> 115641,
d’où *faire semblant de ne pas connaître2 117141,et
IGNOBLE adj. est un emprunt savant IGn XIV~s.1 de <<nepas vouloir se mêler de qqch.a 11690). La
au latin imbilis «de basse naissance>>, d’où Gn- construction avec de @norw de qqcIz.1 est un ar-
connu, obscur>>, formé de in- négatif I-, 0 in-1 et de chakme littérale, comme en ignorer <<n’en rien sa-
noms c-, noblel. voira (15793, encore vivant en emploi négatif surtout
+ i@oble a d’abord Sign%é étymologiquement are- dm l’usage juridique (pour gue nul n’en ignore).
turier, non nobles>, ceci jusqu’à l’époque classique, S’imrer «ne pas se conna?tre soi-même)) (av. 1662,
Par analogie, le mot est devenu (xv” s.) un terme de Pascal) signifie aussi cse juger trop modestement%
fauconnerie qualsant les oiseaux de proie qui re- 11707). Ignorer les hommes s’est dit pour fine pas
fusent de se laisser dresser pour la chasse. Il a re- conntitre le cœur humain, 11787).
pris au xv~~s. le second sens du latin, Gnconnu~, qui bIGNORANCE n. f. est un emprunt (lEmoitié
a disparu. Imoble s’applique à une personne sans ~II” s.) au latin ignorantia (<état d’ignorance=, le plus
distinction et à des manières ( 1694, Académie), puis souvent volontaire et blâmable, en latin chrétien
s’oppose ensuite à noble au sens moral par trans- @norance de la religion, de Dieu)} et cfaute, er-
fert de la hiérarchie sociale à la morale; dans ce reur)> ; ignorantta est dérivé de ignorans (ci-dessous
sens, il est enregistré par I’Académîe 117181,mais ignoranti. + D’abord terme de religion, @norame a
doit être très antérieur (cf. ignobilité ci-dessous). eu le sens du latin chrétien, mais il désigne dès le
+ U s’est répandu avec la valeur de “qui est morale- xoes. Iv. 11651en général l’&at d’une personne qui
ment bas»; opposé à beau, l’adjectif s’applique ne sait pas, ne connait pas Marts I’imrunce de) et,
aussi à ce gui est d’une hideur a%euse, d’une sa- spéciakment En XIV~s.), l’état de qqn qui n’est pas
leté repoussante (18351, d’un goût détestable, averti des réalités de la vie, en particulier de la vie
comme hideux et immonde. Par exagération, il si- sexuelle. Depuis le début du XVII~s., il se dit d’une
gni6e 4r&s déplaisa& ; la valeur de l’adjectif est faute qui indique le manque de connaissances
plus forte en français moderne qu’à l’époque clas- (1607). OIgnorance a pris par extension (1611) le
sique et proche de répugnant, dégotitant. sens de amanque d’instruction, de savoirm, aabsence
b IGNOBLEMENT adv., réfection de la forme @X0- de culture générale>>; par métonymie, une igno-
bilement 115761,a le sens moderne au XVIII” s. (1762, rance designe une manifestation, une preuve
Académie) ; il est usuel. + IGNOBILITÉ n. f. est em- d’ignorance.
prunté (1509; 1482, innobihtél au latin igwb&tus IGNORANT, ANTE adj. est un mqx’un~ (lE moitié
waîssance obscure>+ d’où <<qualité inférieure)), eab- XIII~s.) au latin ignoruns, -antis, participe présent de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1779 IL

ignorure. L’adjectif s’est d’abord appliqué aux per- landais t-dl db, le vieux slave Zani Nl’année der-
sonnes qui sont dépourvues d’instruction, de sa- nièreB. Au XVII~s., la prononciation courante ils Ont
voir; dans ce sens il est substantivé (2” moitié du était ilon, la prononciation soigke izon, la pronon-
XIV” s.l. 0 Il SignSe ensuite Iv. 13551 “qui n’est pas au ciation aujourd’hui normale ilzon a été répandue
courant (de qqch.)», d’où faire de l’ignorunt ffm par l’école. Cependant, l’usage familier actuel éli-
xv” s.1,sorti d’usage, puis faire I’@ormt Mfaîre sem- mine la consonne, au singulier et au pluriel, devant
blant de ne rien savoir (de qqch.)n 116431. ~L’ad- consonne lidi pour il dit1 et au pluriel devant voyelle
jectifqualse à partir du XVI~s. une personne qui n’a izon pour ils ont, retrouvant la diction soignbe du
pas de connaissances dans un certain domaine tiançais classique.
115491, spécialement, à l’époque classique, qui est En latin classique, ille CilEu,illudl s’emploie pour dé-
inhabile dans sa profession (1668, Molière, d’un mé- signer l’objet éloigné, opposé à hic, Gste;le pronom
decin). 0 Le dérîv6 IGNORAMMENT adv. (v. 12831, n’était usité que pour mettre en valeur le sujet,
“par ignorancen, s’est utilisé jusqu’au xvUesiècle. puisque la désinence verbale sufkait & marquer la
+TGNORANTISSIME adj. et n. est un calque personne; cependant, dans la langue parlée, par
11593) du superlatif italien ignoruntisssimo, de igno- exemple celle de la comédie, ille tenait souvent le
runk; le mot s’est surtout employé à l’kpoque clas- rôle de la 3e personne.
sique. -IGNORANTIN, INE n. m. et adj. est dérivé 4 Dans Jes premiers textes tiançais, l’emploi du
d’t@orant avec le su%xe péjoratif -in*, par a;nalo- pronom personnel sujet a une fonction d’insis-
gie avec augustin, cupuc& et peut-être sur le mo- tance, de renforcement : aime correspond à notre il
dèle de l’italien Ignorarttelli, qui désignait les aime, et il aime à lui, il aime. II au masculin singu-
Frères des écoles chrétiennes. Frères ignoruntins lier a pour variante el Iapr. 9501 par influence méri-
(17521, et les igmruntins (1829,XI.m.), nom pris par dionale. n pronom sujet représente un nom mas-
humilité par les Frères des écoles chrétiennes, a culin ou féminin qui vient d’être exprimé ou qui va
été utilisé péjorativement aux époques d’anticXfi- suivre I2” moiti6 x” S.I. Le pronom perd sa fonction
calisme, l’enseignement des Frères n’éta& d’ail- de renforcement et devient la marque normale du
leurs pas d’un niveau remarquable. 0 Avant l’ap- pronom sujet au début du xrrr’ s. dans les textes en
parition du dérivé, Frères ignorants a désigné aussi prose. Il, employé en ancien français comme appo-
les Capucins 11594) et les Frères de la Charité sition au sujet Iv. 1190, il et su compaignie), sera
(1690). + IGNORANTISME n. m. ( 18291,variante remplacé ensuite par lui (v. 1200, lui et su gent;
rare d’obscuruntisme, désigne la doctrine de ceux -+ lui), -3 Le pronom masculin était également uti-
qui considèrent l’instruction nuisible; le nom a lisé comme pronom complément tonique (937-952,
fourni IGNORANTISTE adj. et n. (1842). au pluriel sous la forme els) et atone (mil. XI~s., au
pluriel, ek; 1080, comme objet d’un verbe pronomi-
IGUANE n. m., qui apparaît au xvre s. sous les nal) ; dans ces fonctions on utilise ensuite lui (eux au
formes iuana 115331,iguanné (15791,yquane (15981, pltiel) et se, alors que elle reste employé comme
est un emprunt k l’espagnol iguana (1519, ya- complément (v. 1160, pluriel, eks; 1284, singulier,
guana), lui-même emprunt à l’arawak, langue in- ele). 0 Jusqu’au XVII~s., le pronom sujet pouvait
dienne des Caraïbes; la forme isolée iuuna vien- s’omettre, en particulier après et et tant; au-
drait du taino, les formes avec -g- du goaxiro, autre jourd’hui l’omission n’est régulière que dans quel-
langue indienne. Le mot est d’abord introduit en ques contextes admînistrat& (citations à l’ordre du
fiançais (1553, 1579) par des traductions de textes jour, motifs de punition) où le nom de l’intéressé
italiens ; la forme actuelle appara3 au XVI~~s. t 16581. est généralement placé en tête et détaché du
+ Le mot désigne un reptile saurien herbivore de contexte. La langue classique employait souvent il
l’Amérique tropicale et des 2es du PacSque, ayant en reprise; cette construction se rencontre encore
l’aspect d’un lézard de grande tailie. quand le nom et le verbe sont éloignés ou que l’on
b IGUANODON n. m. (1825) est un emprunt à l’an- veut insister sur le nom sujet; la langue parlée a
glais iguanodon, mot composé de l’anglais iguunxn tendance à ajouter le pronom même quand le sujet
<iguane>, et du grec ~&US, odontos cqdentn d’après est proche du verbe Ison fils, il gagne plus que lui).
mastodon amastodonte>>. 0 En paléontologie, le 0 En ancien français et jusqu’au 331~s., ils s’em-
mot désigne un reptile dinosaurien fossile, de ployait avec une valeur indéfmie ; Lepronom pluriel
l’époque crétacée. désigne encore aujourd’hui un nombre indéter-
miné de personnes qu’on ne mentionne pas mais
IL, ILS pron. pers. m. est issu (842) du bas latin qu’on tient responsable d’une action désignée par
illi acelui-là», altération du latin classique ille dé- le verbe (gouvernement, riches, etc. ; par exemple
monstratif, sous l’influence de qui. Devant ils ont augmenté Z’essence).
consonne, on trouve en français la forme i au singu- Le pronom neutre il introduit un verbe imperson-
lier Iv. 11781; le cas sujet du pluriel (937-952, il) a pris nel ou employé impersonnellement (mil. XI~s.l. En
un -s vers le milieu du XIII~s., par analogie avec la ancien français et jusqu’au XVIIes., il neutre était
flexion nominale. Le pronom neutre sujet tl vient souvent omis ; cet usage se maintient en fhnçtis
du latin populaire illurn (latin classique illud); la moderne dans des locutions figées telles que m’est
forme el, avec les variantes al, ol en ancien fkançais, uvk, peu importe, reste que, etc. 0 Jusqu’au ~VII~s.,
a été éliminée par il (mil. XI’ S.I. & se rattache sans il éttit kéquent en valeur dknonstrative et pouvait
doute à une base indoeuropéenne voyelle + I, indi- renvoyer à un pronom neutre (ce qui, ce quel ou à
quant l’objet éloigné et réalisé dans ulius, alter un indéfini ; cet emploi est aujourd’hui un ar-
(-+ autre); ultra 13 outre1 et, par ailleurs, dans l’ir- chaisme littéraire; par ailleurs, I’usage litléraire
-IL 1780 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

emploie encore à peu près intiéremment il ou ce meubles>>, d’où ELOTIER n. m. 11893) et ILOTAGE
dans certains tours Gilest possiblek’est possible). n. m. Iv. 1972).
~LIEN, ÎLIENNE adj. et n. désigne (18001 une per-
0 -IL, sufke representanl le Min -de, a servi à sonne qui habite une île, spkcialement sur le Mo-
former quelques noms indiquant le dépôt (par ex. ral breton (3 insulaire). +PRESQU'ÎLE n. f. (15461,
fenil) ou l’abri (pour les aaux ; par ex. chenil). composé de presque” et d’île, est le calque du latin
paeninsula fomné de puene <<presque, et de insulu
0 -IL, suffixe représentant le latin -icuZum, pro- I-, péninsule).
duisait des diminutifs (par ex. coutil, grésil). Par ail-
leurs, -icuZum apparaît sous la forme -1CULE dans ILIAQUE adj. est un dérivé savant Iv. 1370) du
des mots empruntés (par ex. pédicule, ventricule) et latin classique dia, nom féminin pluriel, désignant
sert à former quelques diminutifs savants comme les entrailles et plus généralement les flancs, mot
animalcule. sans origine connue. Un homonyme apparu plus
t8t (XII~~s., yliaque) est un emprunt au bas latin iliu-
ÎLE n. f. est issu (déb. XII~s., kle) du latin insula tus, adjectif, ((qui concerne l’obstruction de l’întes-
GleD et Glot de maisonsn, L’étymologie du mot latin tiw (v” s.1, substantivé pour désigner l’occlusion et
est ignorée; insula viendrait peut-être d’un thème la personne qui en est atteinte ; iliacus est un dérivé
méditerranéen pré-indoeuropéen “nasa- ou Onsa- de iieus <occlusion de l’intestin grêle>>, emprunté au
Glem,représenté en grec par nasos en dorien, et ti- grec eileos de même sens, dérivé de eilein afaire
SOS en attique, mais cette hypothèse reste indé- tourner, roulern !+ hélice). U s’est employé comme
montrable. nom avec le sens latin et comme adjectif au figuré
$ fie désigne une étendue de terre émergée d’une ~VI~ s., ilyaque passion).
manière durable dans un océan, une mer, sens + Iliaque, terme d’anatomie, s’applique & ce qui est
conservé depuis l’origine. La graphie EZeest attes- relatif aux hanches (v. 13701, notamment dans veine
tée au XVIII~s., mais isle reste employé jusqu’au mi- iliaque (1562), os iliaque (1814).
lieu du XJX”s. et encore par archaïsme pittoresque
au XX~s. fles MesI. Le mot a repris à la Renaissance k ILION ou ILIUM n. m. est un emprunt au latin
Il 520, dans une traduction de Suétonel le sens latin ilium «partie supérieure de l’os de la hancheB, sin-
aîlot de maisonsn, mais cette acception est sortie gulier refait de ilia, pris pour un mot grec. Le mot
d’usage (-+ îlot). Il a désigné, au pluriel (XVII~s., les conserve le sens de l’étymon. D’abord adjectif (os
îles), les Antilles; cet emploi est archaïque ou pit- ilion, 1562; os ilium, 15501, il s’emploie comme nom
toresque, sauf dans les expressions oiseau des fles, depuis A. Paré (1560).
bois des ses et anciennement tabac des iZes,Le mot ILtiON n. m., réfection (1562, A. Paré) de yléon
sert à former divers syntagmes, au sens propre Me (xv” s.), est un emprunt au latin médiéval ileum,
déserte, île au trésor, etc.) et des désignations géo- ileon (v. 12 10 dans le domaine anglais), dérivé du
graphiques (les 2es Sous-le-Vent, etc.). Par exten- grec eilein <<fairetourner, rouler%, à cause des cir-
sion, 2e & glace (XIX~ s.) s’est dit pour Gceberp; il convolutions de l’intestin grêle. Ce terme d’anato-
est sorti d’usage. 0 Par analogie, île flotite (xx” s.1 mie désigne le troisième segment de l’intestin
se dit d’un entremets formé de blancs d’oeufs bat- grêle. + 11a produit en médecine ILÉITE n. f. (18321,
tus sur de la crème anglaise. IL&OSTOMIE n. f (19381, ILÉAL,ALE,AUX adj.
h. 19701, etc.
b BLET n, m. (v. 1155, illet) «petite île» ne s’emploie
plus qu’en ikançais des Antilles; le mot est sorti ILLÉGAL + LfiGAL
d’usage (17801 au sens d’*ensemble de maisonsp au
bénéfice de kt. - ~LETTE n. f. (v, 1225, islete; XVI~ s., ILLETTRÉ + LETTRE
illetiel a également disparu ; ces mots ont été rem-
placés par îlot. 0 On relève aussi islel (v. 1155) en ILLICO adv. est un emprunt 11417-1435) au latin
ancien tiançais et isleau (1575). ilico «sur le champ », «sur la place=, tardivement il-
fLOT n. m., formé avec le Su&%e -ot, est attesté au lico, par rapprochement avec illic «là-bas>). Cet ad-
XVI~s. (1529, islot) au sens de <très petite île> et s’est verbe, peu usité après Cicéron, est composé de in
substitué aux autres diminutifs de 2e. 0 Il prend le «dans)) et de loto, ablatif de locus *lieu, momentn
sens 11834) de apetit groupe de maisons, isolé des (b lieul.
autres constructions~, et désigne un lieu (réel ou
+ Cet adverbe s’emploie familièrement pour +ur-
abstrait) où s’exerce une influence particulière,
le-champ», comme la locution adverbiale illico
d’ordre culturel, politique ( 1838) ; puis, par analogie
presto, de l’italien presto.
11866, P. Loti), un espace, un objet, isolé dans un es-
pace d’une autre nature (lot & verdurel, 0 La ILLOCUTOIRE adj. et n. m. est emprunté
même image s’applique en physiologie pour dé- 11970) à l’anglais illocutory (1955, Austin), de illo-
signer un groupe de cellules dans un tissu de na- cution, composé de locution *action de parler% de
ture différente (1871, îlots hépatiques; ~LO~S pancréa- même origine que le mot français locution.
tiques ou, 1905, îlots de Langerhans). 0 Au xxe s., îlot
est utilisé dans divers domaines avec la valeur klé- 4 fllocutoire quame ce qui produit un effet par
ment isolé, espace réservé>). L’acception urbaine l’acte de parole même.
«groupe de maisons » recoit une valeur spéciale F ILLOCUTIONNAIRE adj. 119651, emprunt à l’an-
avec î.bt &rmhidratif: chef d’îlot (1942- 1943) ares- glais illocutinary (1962, Austin; de illocution), est
ponsable de la défense passive d’un groupe dïm- un doublet inutile et lourd.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1781 ILLUSTRE
ILLUMINER v. tr. est un emprunt Cv. 1200) au chrétien illuminator, du supin de illuminare, =Celui
latin classique illuminare &lairer, illuminer=, cor- qui éclaire> (au figuré), =Celui qui rend la vie>>, “qui
nep, au figuré cmettre en lumière, rendre illustrefi, révèle, qui inspire3, d’où ((maître». 0 Le nom est at-
qui a pris en latin chrétien le sens de *rendre la testé au masculin dans les emplois de *personne,
vue=, Gclairer, instruirez et, spécialement, &clai- chose qui illuminez. Au figuré il est repris comme
rer l’&ne par la grâce, inspirer». Le verbe est formé dérivé du verbe, au sens de Kpersonne qui s’occupe
de il- pour in- et de Zumen, -Etais *moyen d’éclai- des éclairages- dans un théâtre (18031 (cf. éclairu-
rage= puis 4umière~ (+ lumière), issu de “leuk-s- gistel. L’adjectif, rare au sens propre, est littéraire
men, d’une racine indoeuropéenne “le&- &tre lu- au figuré (xx” s.>.
mineux, éclairer>>. ‘Leuk- a donné naissance à une
importante famille de mots, d’où viennent le latin ILLUSION n. f. a 6té emprunté Cv. 11201 au latin
lux, lucis Ib luirel et le grec leukos ~blanc~~ classique illusio <<iranien en rhétorique, qui a pris en
(+ leuco-1. latin chrétien les sens de amoquerie, objet de déri-
+ IZZuminer a d’abord signi%, comme en latin chré- sionm et aussi <<erreur des sens, tromperie», mi-
tien, arendre la vue (à un aveugle)» puis Cv. 13501 rage, déceptionm. Le mot est dérivé de illwum, su-
«éclairer (qqn) par la lumière de la vérit&, dans un pin de illudere cse jouer, se moquer de», formé de
contexte religieux, et <<éclairer d’une vive lumièrex. il- (-+ 0 in-l et de ludere ccjouep, de la famille de lu-
11 s’est employé du XIV~ (av. 13501 jusqu’au XVII~ s. au dus ajeu>> I+ ludique).
sens d’enluminer* et signiCe ensuite (1694) =Orner + Illusion est introduit en français avec les sens du
de lumières lun monument, une rue, etc.Im. latin chrétien amoquerie>), aobjet de riséem qui ont
b ILLUMINÉ, ÉE adj. et n. Sign$ant &clairé d’une disparu. Le mot désigne ensuite Iv. 12231 une fausse
vive lumière> a eu les sens abstraits (1564) dXntel- apparence, l’erreur de perception dont elle est la
ligenta et de <saisi brusquement (par une idéeIn, un cause, d’où spécialement ihsion d’optique (17561
illuminé désignant (16253 un esprit éclairé. Le nom ou iikion optique ( 1761, Rousseau), au figuré <ter-
désigne en histoire des religions un mystique reur de point de vue>>. Par extension, illuszbn se dit
croyant à l’ilknination intérieure ( 1625) et un vi- d’un trucage, d’un tour de passe-passe (1611), no-
sionnaire ( 1690) ; par extension, il se dit d’une per- tamment (1765) en art dramatique. 0 Abstraite-
sonne dont le comportement suit aveuglément les ment le mot désigne une opinion fausse que forme
inspirations. -Plusieurs dérivés se rattachent au l’esprit et qui l’abuse par son caractère séduisant
sens religieux du verbe. 0 ILLUMINATIF, IVE adj. (16111, par exemple dans les locutions S~IIS illu-
(av. 1429) Sign$e “qui illumineB (de la lumière cé- sions, se faire des ihsims, faire fldon 4rompep
leste) ; iz a eu un emploi concret (1488). 0 ILLUMI- (1767).
NISME n. m. ( 1791) désigne en histoire des reli- b ILLUSIONNER v. tr. <séduire ou tromper (qqn)
gions le mouvement et la doctrine de mystiques par l’effet d’une illusionm (1801) est beaucoup moins
comme Swedenborg, Saint-Martin, dits illuminés courant que S'ILLUSIONNER v. pron. (18221. 4 Le
ou ILLUMINISTES adj. et n. (xx” s.l. Par ailleurs le dérivé ILLUSIONNISME n. m., attesté isolément
mot, alors emprunté à l’italien illuminisme, de (18451 au sens de Ntendance a illusionner les autres
même origine, se dit du courant rationaliste du ou soi-mêmem, est repris en 1891 en arts. Le mot dé-
xvm” s. italien, correspondant à la philosophie des signe ensuite (1922) l’art de créer une illusion par
Lumières en France. Illuminisme est aussi employé des tours de prestidigitation, des trucages. Par ana-
en médecine (xx” s.) pour désigner un état d’exalta- logie, le mot désigne en philosophie ( 1947, Sartre)
tion pathologique accompagnée d’hallucinations. la recherche de l’illusion du réel dans le roman, la
* ILLUMINABLE adj., d’abord terme de théologie peinture,etc. ~ILLUSIONNISTE adj.etn. (18881 a
(18661, s’emploie aussi ID? s.) au sens concret. des valeurs parallèles à celles de illusionnisme.
ILLUMINATION n. f. est emprunté au dérivé bas - ILLUSIONNEL, ELLE adj. “qui correspond à une
latin illuminatio aaction d’éclairer» et en latin chré- illusionb est littéraire (av. 1886, Villiers de l’kle-
tien capparition n, &.u-nière de la vérité religieuse-, Adam). +ILLUSOIRE adj. est emprunté @n XIV~ s,l
ainspiration, conversion,. 0 En lançais, le mot au bas latin illusorius “qui est propre à engendrer
s’emploie d’abord ( 1370-1372, Oresme) dans un l’illusion=, dérivé de illusio. Le sens repris au latin
contexte religieux, au sens de <lumière que Dieu est sorti d’usage et l’adjectif s’applique aujourd’hui
répand dans I’âxne d’un homme)). II désigne ensuite à ce qui peut faire illusion mais ne repose sur rien
(mil. XVI~ s.) l’action d’éclairer et son résultat de réel. OLe dérivé ILLUSOIREMENT adv.
(cf. éclairage, éclairement), spécialement Il 6 111 l’ac- (v. 1530) qui a les deux sens successifs d’illusoire est
tion d’illuminer par de nombreuses lumières déco- littéraire.
ratives et, par métonymie, l’ensemble de ces lu-
mières. 0 Illumination, d’après le sens ILLUSTRE adj. est un emprunt 11440-1475) au
correspondant de illuminer et illuminé, s’est dit latin illustris <éclairé, bien en lumières, <éclatant,
pour illuminisme ( 1796) et équivaut à <Gnspiration manifeste», d’où <brillant , en vueD, mot formé de il-
subite>>. 0 Dans le titre du recueil de Rimbaud, Les (+ 0 in-1 et de “luskum &clats, dérivé non attesté
flluminutins (1873-18751, le mot sigle «ehmi- de lux, luck 4umièren (-, lucide), avec 3nfluence de
nurem, sens ancien repris (1636) à l’anglais illumina- illustrare Ib illustrer).
tion (de to illuminate Nenlumineru) : Verlaine écrit 4 Uustre s’applique à une personne dont le renom
Les Illuminécheunes dans une lettre du 27 octo- est éclatant du fait de ses qualités, d’où naissance
bre 1878. +ILLWMINATEUR,TRICE adj. etn. illustre enoble» ; le mot s’est employé comme nom
11403; 1447, selon T. L. F.1 est un emprunt au latin masculin au XVII~ s. Cav. 1660, Scarron). L’adjectif si-
ILLUSTRER 1782 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

@ait aussi (XVII~ s.), comme en latin, (<bien en vue, des commentaires, des exemplesni le mot est en-
manifeste, éclatant}), en bonne ou en mauvaise core chez Littré au sens de «noten. Il se dit plus tard
part. lhstre est aujourd’hui moins courant et plus (1870) de ce qui éclaire en conkmant, mais cette
littéraire que célèbre. valeur n’est pas entrée dans l’usage au même titre
bILLUSTRISSIME adj., emprunt (1481) à l’italien que le sens iconographique. 0 Au xrxe s., comme le
illustrissimo (xwe s.) (superlatif de illustre, latin illus- verbe illustrer, illustrution change de domaine éga-
KS), est encore utilisé comme terme d’adresse lement par emprunt à l’anglais ; il se dit (1825)
pour certains dignitaires ecclésiastiques. + ILLUS - d’une figure illustrant un texte imprimé, puis dé-
TREMENT adv. (15551 est littkraire et rare. signe ( 1845) l’ensemble des techniques mises en
Enfkt, le verbe ILLUSTRER, en relation séman- œuvre pour illustrer les textes, le genre artistique
tique étroite avec illustre du xve au XVIII~s., s’en est lui-meme et le fait d’illustrer un texte; l’anglais il-
détaché (3 illustrer), notamment aprés les em- h.&ration, de meme origine que le mot fiançais,
prunts à l’anglais qui lui ont donné, comme à illus- était récent dans ce sens : 4llustration destinée à
tration, une tout autre valeur. éclairer un texte>>( 18131 et ((dessin, gravure rehaus-
sant un texte>> 11816). +ILLUSTRATEUR,TRICE n.
XLLWSTRER v. tr. a été emprunté en moyen s’est employé au masculin (mil. XIII~ s.1 au sens du
franCais Il 486 ; v. 1350, selon F. e. ‘w.1 au latin ~~~US- latin chrétien illustrutor <<celui qui donne du lustre,
tiure &lairer, illuminern et au figuré <mettre en de l’éclat» ; le mot latin se disait aussi pour Minspira-
lumière~~, {{donner de l’éclat}) ; le verbe est formé de teur=, en parlant de Dieu. 0 Au XIX~ s., alors ratta-
il- (+ 0 in-) et de lustrure &lairer>> (différent de ché à illustrer «orner de figures+ et à illustration, le
Zustrare qtpurXer4, dénominatif de “lwtrum &lat», mot désigne un artiste spécialisé dans l’illustration
dérivé non attesté de lux, lucis <tlumièren, de la fa- 11845, Gautier). ll se dît Capr. 1850) d’une personne
n-de indoeuropéenne de “le&- «être lumineux, qui orne qqch. par une œuvre d’art. ~ILLUSTRA-
éclairera> (-, illustre, lucide, lumière). TIF, IVE adj. s’applique à ce qui est explicatif,
+ Jkstrer signik d’abord (1486) klairern, en par- d’abord en philosophie ( 1847, V. Cousin) ; là aussi, le
lant de Dieu, de la foi, sens en usage jusqu’à la fin mot est un emprunt à l’anglais illu&-utive “qui sert
du XVI~s. (1580, Montaigne). 0 Le sens de xrendre il- à expliquern (16431, dérivé de to ikhstrute. -dUus-
lustre)) (15081 s’est employé plus longtemps, mais tratiif: lié à illustration, signîCe parfois <relatif à l’il-
est archtique; il a été remplacé par enrichir, orner lustration en tant que genre)).
lune œuvre ou la langue). onlustrer reprend au
début du xwe s. le sens latin de *rendre plus clair ILOTE n. m. est un emprunt savant iav. 1593) au
(par des explications) », Nmettre en lumière (par des latin ilotae, lui-même emprunté au grec heilôs,
exemples)» ( 15091. + C’est par emprunt (1825) à -ôtas, Glotea, mot désignant les esclaves de l’État à
l’anglais to illustrate, de même origine que le verbe Sparte, généralement des serfs attachés à la terre,
fkançais, que illustrer prend le seul sens courant dont les conditions de vie étaient très dures. Le
aujourd’hui, aorner d’images en rapport avec un mot, que l’on a rapproché sans raison valable d’un
texteD. verbe grec signZant aprendre, capturep, est sans
b ILLUSTRANT, ANTE, participe présent adjectivé étymologie. La forme grecque explique les gra-
(av. 14751, a signifk <<brillant, illustre)) ; cet adjectif a phies hélote 116621, heilote (17521, hilote (1812) beau-
disparu. 4 ILLUSTRÉ, ÉE adj. et n. m. ne se rat- coup plus rares.
tache qu’à la valeur empruntée à l’anglais C<orné 4 note est introduit avec le sens de l’étymon, en
d’illustrations)} ; il désigne par métonymie ( 18941 un parlant de 1’Antiquité grecque; par référence à la
périodique qui comporte de nombreuses illustra- tradition selon laquelle les Spartiates enivraient les
tions, en particulier des bandes dessinees; ce sens ilotes pour inciter leurs enfants à la sobriété, la lo-
a vieilli. 4ILLUSTRATION n.f. est un emprunt cution un Jote iwe 11794, A. Ch&ier) désigne une
(2” tiers du XIV’ s. ; XIII” s., isolément) au latin impé- personne qui a un vice dont le spectacle préserve
rial illustiutio <<action d’éclairer, de rendre bril- les autres, Par analogie, ilote a désigné un opprimé
lant», terme de rhétorique qui a pris en latin chré- (1793, Robespierre) et, dans un usage très soutenu
tien les sens de ~(glorifîcation, gloire>>, ((apparition (18193, une personne asservie, réduite à la misère
lumineuse», «inspirationn; le mot dérive du supin ou au dernier degré de l’ignorance.
de illustrare. 0 Illustration s’est d’abord employk b ILOTISME n. m., terme didactique, désigne
dans le vocabulaire religieux au sens de &mière (1819) la condition d’ilote dans 1’Antiquité; le mot a
resplendissante>> et désigne ensuite dans le voca- remplacé ilofie nom féminin (1568; repris en 1748,
bulaire théologique (1636) l’illumination que Dieu par Montesquieu), emprunt au grec heilôteia. Ilo-
répand dans l’esprit. 0 Il a repris au XVI~ s. E 1509) les time s’emploie aussi au sens figuré de ilote 11833,
sens latins, également sortis d’usage, d’ccaction de Balzac).
rendre illustre », cchonnew> et, spécialement,
<<marque d’honneur qui illustre% (1549, Du Bellay, +k IMAGE n, f. est une réfection Iv. 11601 de la
Deffence et iilustiution de la langue frunçoise). Une forme imagine, imugene EV.10501; c’est un emprunt
iLE&&ion pour <<unpersonnage célèbre» (18341 est au latin imaginem, accusatif de imugo GmageB,
archaïque et littéraire. + C’est par emprunt à l’an- puis <<représentation>), ~~portrait}~, «fantômep et aap-
glais, de même origine que le lançais, qui avait parencem par opposition à la réalité, également
pris à la Cn du XVI~s. les sens d’&laircissement» terme de rhétorique comme &~a. Imugo suppose
( 15813, «exemple» (15851, que ih&dion Sime en- un radical im-, d’origine obscure qui serait à la base
suite Cl61 1) <action d’éclairer par des explications, du verbe imitari (4 imiter).
DE LA LANGUE FRANÇAISE IMAGE
+ Image a d’abord eu le sens latin de astatue» ; dès aussi l’élément visuel, au cinéma OU à la télévision
le me s., le mot désigne aussi Iv. 1160) une vision au (afl& sur Z’imugel. 0 Par ailleurs la locution image
COUTSd’un r&e et se dit également (1176, yma@), de marwe se dit (av. 19601 de la représentation
par extension du premier sens, de la représenta- qu’a le public d’un produit, d’une marque commer-
tion graphique d’un objet ou d’une personne, sens ciale, etc. et, par extension, sime flreprksentation
d’ou viennent les locutions une beUe image aune collective d’une personne, d’une institutiow
femme au visage inexpress% CISSO),sortie d’usage h IMAGIER, IÈRE n. et adj. désigne d’abord, en re-
à la différence de sage comme une image (1690) ; lation avec le premier sens d’imag”e, un sculpteur
ces deux expressions - comme l’usage du mot ( 1260, yma@@-; 1364, ymuger), puis Lin peintre ( 1549,
idole dans ce sens - font allusion à l’immobilité de Ronsard, imager), sens qui évoque aujourd’hui le
l’image par rapport à l’être reprkenté. Le mot moyen âge. Le mot se dit ensuite (1636) avec sa va-
s’emploie aussi pour désigner ce qui reproduit ou
riante imuger I16803 de qqn qui vend des images. Il
imite qqch. ou qqn, en particulier dans à I’Una@ de
équivaut enf?n à enlumineur (1833, maître imugim).
& la ressemblmce den Cv.1180). 0 Edn, dès l’an-
0 L’adjectif est rare au sens d’&nagés 11899, Bloyl.
cien français, ‘image Sign%e Il 180, Marie de France)
+IMAGERIE II. f. s’est d’abord dit CfmXIII~s.1 d’un
areproduction inversée qu’une surface polie donne
ensemble d’objets sculptés. Le mot est repris au
d’un objet qui s’y réflécbitm. 0 Abstraitement,
Mxe s. pour désigner la fabrication et le commerce
image entre comme en latin dans le vocabulake de
d’images 118291, puis un ensemble d’images de
la rhétorique 0265, B. Latin& pur ymuge u par
comp&sonl ; le mot se réfère à l’évocation dans le même origine, au propre (1860, Baudelaire, I’ima-
discours d’une réalité différente de celle à laquelle gerk orientale; 1866, l’imagerie d’l?pinall et au fi-
renvoie le sens propre du texte, mais qui reste liée guré (1867, Baudelaire). ~Dans un usage didac-
à elle par une relation d’analogie; la locution faire tique (xx” s.), image& se dit d’un ensemble
image correspond à koquer qqch.a Ien t& d’images dans un discours et d’un ensemble
qu’image1 l-+imagél. Image désigne ensuite (1550) d’images mentales. *Le mot est repris en tech-
la manifestation sensible de qqch. d’abstrait ou nique pour désigner un ensemble de productions
d’invisible et ce qui évoque une réalité de nature d’images par divers procédés Cimagerk médi-
différente, en raison d’un rapport de similitude cakl. +IMAGÉ, ÉE adj. est d’abord attesté CxrVes.,
Id. figure, symbole). 0 A partir du XVII~s., image de- hywzugikl au sens ancien de areproduit par
vient un mot-clé de la psychologie ; le mot désigne l’imagen, puis de <orné d’irnages, décorés (1481,
(1647, Descartes) la reproduction mentale d’une ymaigié). 0 Il s’emploie pour “qui contient des
perception ou d’une impression, en l’absence de images rh&oriquesB (1795, une langue imagée) et
l’objet qui lui avait donné naissance; en ce sens, lié en parlant d’un étit (1842). +Le verbe IMAGER
à imugkztion (ci-dessous), on a utilisé indistincte- v. tr. (1584) est beaucoup moins courant que imagk.
ment idée ou image jusqu’au milieu du XVIII~siècle ; -IMAGEANT,ANTE adj. (194o, Sartre3 “qui pro-
ensuite image s’oppose d’une part à la réalité, aux duit des images mentalesn est un terme de philo-
choses, d’autre part au concept, à l’idée abstraite. sophie. ~IMAGISTE adj. et n. a désigné (17753 WI
Par extension (XVII~s.1,image se dit d’une vision in- vendeur d’images. Au sens de “qui concerne un
térieure plus ou moins exacte de qqch., et d’un pro- mouvement poétique anglo-saxon du début du
duit de l’imagination. ~Par extension du sens me s.p, c’est un emprunt à l’angltis imugist ou imct-
d’ccapparence visible>, le mot s’emploie aussi, litté- giste 11912, Ezra Pound), dérivé d’image, lui-même
rairement, pour «aspect particuher, évocatew emprunté au français. +IMAGISME n. m. (1931;
( 1795, W” de Genlis, 1‘image du repos). 0 Au XIX” s., de l’anglais imagism ou imagbne, 1912, Ezra
l’importance des représentations planes, jus- Pound) désigne le mouvement des imagistes.
qu’alors limitées à un nombre restreint, notam- IMAGINER v. tr. est emprunté (1290) au latin impé-
ment par la gravure, s’accroît avec l’apparition de &l imaginati -se figurer, s’imaginery dérivé du la-
nouvelles techniques. Mïses en rapport ou non tin classique imago. *Le verbe s’emploie d’abord
avec des textes imprimés (cf. illustration, illustrer*, au sens de ((former dans son esprit l’image d’un
repris à l’anglais à cette époque), les images sont être, d’une chosem, puis de cconcevoir l’existence
reproduites (cf. reproduction) par la photographie de qqch.» (1314, imuginer que1 et <<avoir l’idée de
(image est attesté dans ce contexte en 18401, puis qqch., inventer+ 11440-14751. S’imaginer (15533
par diverses techniques (1850). hmge d’l?,@~d prend ensuite le sens (1636) de *croire à tort3 ; la
11873) désigne une image de facture souvent naïve, construction s’imagimr de Csuivie de l’k&nitii est
produite par la célèbre imprimerie d’ÉpîmJ au sortie d’usage. +IMAGINANT,ANTE adj.,tiré du
XIXe s., puis toute image populaire et naïve ; par fi- participe présent, est attesté au sells de &n, ha-
gure, l’expression se dit d’un lieu commun large- bile= Cv.1360); il a ensuite eu le sens de “qui ima-
ment répandu. En ce sens, un côté naïf ou religieux gineB, en parlant des facultés (av. 1662, Pascal);
reste souvent attaché à image par rapport à illus- noté wieuxm au XIX~ s., l’adjectif est aujourd’hui
tration OU à reproduction cles belles images, etc.1. rare.~IMAGINATEUR,TRICE n.,uilisé auxvIes.
0 Au sens de weprésentation mentalen, jusqu’à la au sens de <<personne qui se livre aux écarts de
ti du xtxe s., le mot ne s’applique qu’aux images de l’imagination* 11578, H. Estienne ; cf. latin moderne
la vue; puis il s’étend aux autres impressions sen- imuginator, 15641, a été repris au ti s. pour cper-
sorielles (1883, image sonore, auditive; déb. mes., sonne qui a de l’imagination, inventem (1856, Gon-
image acoustiqu, graphique d’un signe, en linguis- court); le mot est rare, comme I’est imagineur, at-
tique chez de Saussurel. 0 Au 19 s., image désigne testé chez Valéry 11899).
IMAM 1784 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Les dérivés de imugo et de imaginati ont fourni sens dérive IMAGO~QUE adj. (mil. XX~ sd. ~MA-
plusieurs emprunts . - IMAGINABLE a@., em- GINAL, ALE, AUX adj., déri savant 118931du la-
prunté (v. 1375, ymuginable) au bas latin imaginabi- tin image, imugink, correspond à l’emploi de
lis aque l’on ne peut concevoiru, conserve le sens de image en biologie.
l’étymon et est employé (xw” s.1avec une valeur in-
kz?dve; h’donme prétib INIMAGINABLE adj. IMAM ou IMAN n. m. est un emprunt d’abord
est attesté en 1580 CMonta&ne). Il est plus coura~~t transcrit iman (1559 ; 1697, imuml à l’arabe ‘imüm
que imaginable, surtout au sens tiaibli de =Scanda- <celui qui se tient devant>>, «président=, d’où ami-
leux, inacceptable et étonnant-. Cf. Invraisem- nistre de la religion musulmane)}, celui qui se met
bhble. 0 Le dérivé INIMAGINABLEMENT adv. devant les fidèles en prière. C’est un dérivé de
11838) est rare. + IMAGINATIVE n. f. est emprunté “umma flmarcher en t&ten, ~ptisider~.
11314) au latin médiéval imaginutivu afaculté, puis- +Dans ses premieres attestations, le mot désigne
sance d’imaginer)) iv. 1270, dans le domaine an- en eançais un ministre de la religion musulmane,
glaisl; encore employé comme archakme plaisant qui préside à la prière dans une mosquée. Le mot
au me s., le mot a été remplacé par imugkati0n. s’emploie ensuite comme titre de Ali 06532, de Ma-
~IMAGINATIF, IVE adj. a, par emprunt au latin homet (16971 et de leurs successeurs (dans l’islam
médiéval bnuginutiy~ls (1250 dans le domaine an- chiitel, puis 11721) comme titre du chef de chacune
glais), le sens de <<habile, fm» (dernier quart du des quatre écoles juridiques et théologiques sun-
XIV~s.l. Le sens moderne “qui a l’imagination fertiles nites. Imum a été utilisé (1752) comme titre du sou-
apparaît au XVI~s. (La Boétie, av. 15631, c=En dérive verain du Yémen. ~Par extension du premier
IMAGINATIVEMENT adv. (1847) j rare. sens, le mot a désigné au XVIU’ s. (1771, d’Alembert)
IMAGINATION n. f. est un emprunt Iv. 1175) au la- tout ministre d’une religion, de manière plaisante
tin impkial imaginutio &nage, vision)), de imugi- et péjorative.
nuti participe passé de imuginuri, et se dit
b IMAMAT n. m. Sign%e (1697) cdignité d’imam» et
d’abord d’une image de rêve. ~Par extension, le
désigne aussi un territoire dépendant de l’autorité
mot désigne (1269-1278) la faculté d’inventer des
d’un imam (1867, Littrél. La graphie imunut (1765)
images et, depuis le XIV~s., de fomner des combinai-
est archaïque.
sons nouvelles d’images. 0 Se détachant de l’idée
d’image, le mot en vient à une valeur plus abstraite,
IMBÉCILE adj. et n. représente un emprunt
afaculté de créer en combinant des idéesn, spkia-
114954 4961 au latin k&&kks, proprement <(sans
lement #inspiration artistique ou littéraire)). Une
bâton, sans soutien>> d’où <(faible (de corps, d’esprit)n
imagination, par métonymie, se dit (v. 1370,
et «sans caractèrea. Le mot est formé de im-
Oresme) de ce qui est conw par l’esprit; il est éga-
13 0 in-) et de bucillum, diminutif de buculum cdbâ-
lement employe (av. 1593, Montaigne) pour dési-
ton>, qui se rattache & une racine indoeuropéenne
gner Ia faculté d’évoquer les images des objets
“buk- abâton». La graphie imbecille ( 15081, courante
qu’on a déjà perqus, sens plus usuel jusqu’au début
au XVV s., se rencontre encore au début du XIX’ siè-
du XVI# siècle. +IMAGINAIRE adj. et n. m, est de.
emprunté ( 1496) au latin impérial i~nu@nurius asi-
muk, <<qui n’etiste qu’en imagination%, dérivé de + 1Pnbécile s’est d’abord dit, comme en latin, d’une
imugo. 0 L’adjectif s’applique d’abord à ce qui n’a personne physiquement faible ; ce sens est toujours
de réalité qu’en apparence. Au XVII~s., il est em- vivant & l’époque classique, ainsi que la locution Ie
ployé par Descartes en mathématiques (1637, ru- sexe imbécile ii580, Garnier) pour désigner les
ches imaginaires, nombre imaginaire; av. 1650, es- femmes. 0 L’adjectif sime ensuite <<dépourvu
puces imaginaires), et par Pascal (1658) au sens de d’intelligence- I 1541, im&cille jugement; 1595, en
aqui n’existe quE: dans l’imagination3 (1673, malade parlant des personnes). Cet emploi vient d’expres-
imaginaire). ol’tiaginaire n. m. 0820, Maine sions comme imbecik de sens afaible d’espritfi
de Biran) désigne l’ensemble des produits de l’ima- 11509) où l’adjectif a encore la valeur originelle de
gination, le domaine de I?magination; le mot est faible)). Le sens moderne donne lieu à diverses ex-
utilisé en psychanalyse (1966, Lacan) pour designer pressions comme imbécile heureux«personne bête
un des registres du champ psychanalytique, carac- et satisfaite d’elle-memes. Comme terme d’injure,
térisé par la pr&lence de la relation à l’image du le mot est plus ou moins vidé de son sens Cespéce
semblable. +Le dérivé IMAGINAIREMENT adv. d’imbécile1 et a des emplois analogues à ceux de
(1540) est d’emploi didactique ou littérâire. idiot, crétin. - Le mot a pris au xvres. le sens latin de
Le dernier mot de la série est un emprunt de la edépow de force morale ou intellectuellen (15411,
langue scient%que au latin : in3ugo I+image). courant à Z’époqUe classique, ainsi que imbécile [cl,
IMAGO n. f. désigne en biologie 118661 la forme pour) <<incapable (de)». imbécile s’est employé (1671)
adulte défmitive de l’insecte sexué & métamor- en médecine pour <<faible d’esprit=. Ces valeurs
phoses ; le mot image a été utilisé en ce sens (1845). sont archaïques.
0 Image est devenu 119291un terme de psychana- b IMBÉCILEMENT adv. (1542, imbéd~ement) a eu
lyse, par emprunt à l’allemand, d’abord dans le ro- le sens de c~faiblement~~,le sens courant moderne
man Imugo de Spitteler 119061, puis chez Jung étant attesté chez Saint-Simon Idéb. XVIII~s.l. e Les
Cl9111 et Freud (av. 1915); le mot désigne un proto- verbes dérivés IMBÉCILLIFIER v. tr. (1875 au par-
type inconscient acquis par le sujet dans l’enfance ticipe passé, Goncourt) et IMBÉCILLISER v. tr.
(en particulier, image du père, de la mère) et qui (1888, Léori B~OY) n’ont pas vécu. +IMBtiCILLITÉ
oriente ses relations înterpersonnelles. oDe ce n. f. est emprunté C3equart du xnr” s.l au dkivé latin
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1785 IMITER

imbecillitas <faiblesse physique>>, «faiblesse d’esprit, IMBROGLIO n. m., attesté en tianqais chez
de CaractèreB. oLe nom, dans ses premiers em- Bossuet En du XWI~s.1, est un mot repris à italien
plois, Sign%e Kmanque de force physique>>, sens en- (XIV~s.), déverbal de imbrogliure <tembrouîllerm. Le
core vivant au XVIII~siècle, 0 Il désigne ensuite verbe est un préfixe de broghure, du provençal
(15091 un grave manque d’intelligence, seul emploi brolhur, équivalent du français brouilZer*. Le mot a
aujourd’hui vivant, et s’est dit ( 15413 pour *faiblesse été tiancisé au XVUYs. sous les formes imbroille
morales. Il s’emploie, comme imbécile, au sens mé- (dictionnaire de l’Académie, de 1762 à 18351, dispa-
dical (1680). a se dit edn (1756, Vohire) par méto- rue, et embrouille”.
nymie d’un acte, d’une parole imbécile (une, des +Imbroglio, d’abord au sens de «confusion, em-
imbécilliW, valeur souvent affaiblie en cparole, brouillement>>, signiCe depuis le XVIII~s. ( 1762- 1779,
acte, chose inintéressante, insi@ante~~. Tous les Diderot) Ksituation embrouillée». Le mot s’emploie
emplois sont proches de ceux d’idiotie. spécialement Idéb. X~X’ s., 1829, chez Sainte-Beuve3,
en parlant d’une pièce de théâtre, pour 4ntrigue
IMBERBE adj. est un emprunt savant (1509, difkile à suivrem; par métonymie, il désigne la
0. de Saint-Gelais) au latin imbe&is “qui est sans pièce qui a une telle intrigue (1839, Balzac).
barbe*, formé de im- C+ 0 in-) et d’un dérivé de
barba (4 barbe). IMBU, UE adj. représente une réfection Ixve s.,
+Imberbe est introduit avec le sens du latin qui tmbëu) de embu, participe passé de emboire*,
équivaut à glabre. Au figuré, l’adje& équivaut à d’après le latin imbutus «imbibé, împrégné~~, parti-
ctrès jeune, sans expérience», c’est-à-dire comme cipe passé de imbuere knprégner», au physique et
un jeune homme qui n’a pas encore de barbe au moral, sans origine connue. Il a été emprunté au
(cf. blanc-bec). début du XVI’ s. sous la forme imbuer pour ccpéné-
trer», «imprégner» (1500) et kFh+uire~~ (1542).
IMBIBER v. tr. est un emprunt, d’abord attesté + Imbu sime, en parlant de personnes, apénétré
au participe passé (14783, au latin imbibere ccabsor- (de sentiments, d’idées, etc.)» et être imbu de soi-
bern, +e pénétrer de>>,formé de im- (+ 0 in-1 et de même se dit pour ase croire supérieur aux autres))
bibere (-P boire). Idéb. xxe S.I. Q L’adjectif s’est aussi employé au sens
+Imbibé Sign%e d’abord “qui a pénétré dans concret d’aimbibé» 11438, imbeu de vin).
qqch.n ; s’imbiber Cv.1500) puis imbiber, transitif b IMBUIRE v. tr., réfection d’après imbu du verbe
(15551, s’emploient ensuite pour «pénétrer d’un li- emboire*, est d’emploi trés littéraire au sens d’+n-
quide>) et, depuis le xvrie s., avec un sujet désignmt prégner (d’une influence))) 11572, «se pénétrer de4
le liquide, Au ~~III~s., le verbe s’utilise au figuré et d’usage technique 11845) comme synonyme de
comme imprégner. Dans l’usage familier s’imbiber emboire.
sime <<boire beaucoup}} (1873, probablement anté-
rieur). IMBUVABLE + BOIRE
b IMBIBITION n. f. est un emprunt (v. 1377, imbibi-
cion) au latin médiéval imbibiti ((absorption)) IMITER v. tr. est un emprunt du moyen français
Il250l. Le nom désigne l’action d’imbiber, de s’imbi- (av. 14931 au latin classique imitari «reproduire par
ber, et son résultat; comme le verbe, il s’emploie au imitation», ((être semblable à» et, en parlant d’une
figuré pour &nprégnation)) (1857, Michelet). peinture, <exprimer, représenter)}, puis en latin
chrétien (VII~s.) ((reproduire des exemples de vertu,
IMBRIQUÉ, ÉE adj. est précédé par une im- un modèle idéal,; le radical im- de imitari, d’ori-
briquée, nom féminin, dérivé savant 11555) du latin gine obscure, se retrouve dans imugo (3 image).
classique imbrex, -MS <<tuile creuse>>, sur le modèle + Imiter Sign%e d’abord <<chercher à reproduire ce
des adjectiIk latins en -iceus, pour désigner une que fait qqn, à suivre son exemples, spécialement
tuile concave. L’adjectif actuel est un emprunt dans le domaine religieux (imiter Jésus). Puis, le
(15841 au latin ckssique irnbricutus “ayant la forme verbe s’emploie dans le domaine des arts, de la lît-
d’une tuile creuse», <<disposé comme les tuile+, térature ( 1549, Du Bellay) au sens de Nprendre pour
participe passé de imbricare, d&ivé de imbrex. Ce modèle (une œuvreIn. Imiter depuis le début du
nom dérive de imber upluîen, d’origine incertaine, xwe s. ( 16 111 se dit pour <<chercher à reproduire» (le
supplanté par pluviu dans les langues romanes comportement d’une personne, d’un animal; des
(+pluieI et emprunté isolément au mes. 11510, voix, etc.). Par extension, le verbe sigrCfie (1663, Boi-
ymbre). leau) acontrefaire (une marchandise, une écri-
+ L’adjectif se dit de ce qui est formé d’éléments se ture, etc.)» et «agir comme (qqn)». 0 Dans le do-
recouvrant parCellement, à la manière des tuiles maine des arts, il s’emploie ( 1674, Boileau) au sens
d’un toit. Il s’emploie au pluriel (mil. XE~ s.) en par- de «reproduire l’aspect sensible de la réalité>>; cet
lant d’éléments attachés les uns aux autres et signi- emploi est aujourd’hui péjoratif, le mot n’ayant
fie figurément (mil. &s.) adans des rapports plus les connotations positives d’imitution, EUAsens
d’étroite dépendancex. de mimesis (ci-dessous). Imiter sime ensuite
b Les dérivés IMBRIQUER v. tr. 118361, plus courant 11690) ((produire le même effet que (qqch.1)).
au pronominal s’imbriquer, au propre comme au fi- b IMITATION n. f. est un emprunt (v. 1236, imita-
guré, et IMBRICATION n. f., également employé cion; 1488, ymitationl au dérivé latin imitatio Gmi-
au propre (18121 et au figuré Eav. 1922, Proust), sont tation, copie », afaculté d’îmiter~ et, en latin chrétien
moins usuels que l’adjectii. (VII~s-1, 4mîtation d’exemples de vertu>>. + Le nom
IMMACULÉ 1786 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

désigne d’abord l’action de chercher à reproduire philosophie, il Sign%e *qui est impliqué dansm, d’où
(une attitude, un geste, etc.) et, spécialement, le fait immanent à ( 1867, Littré ; immanent à la nature) et
de prendre qqn pour modèle dans l’ordre moral. justice immanente (1865, Proudhon) «dont le prin-
C’est le sens qu’a le mot dans Lymitation de J&~US- cipe est contenu dans les choses elles-mêmess.
christ, ouvrage adapté en vers par Corneille (16511 Dans ces emplois didactiques, l’adjectif s’oppose à
et attribué à Thomas a Kempis (v. 1380-1471) sous le transcendant.
titre Imitatio Christi, d’abord traduit en 1447 sous le F Sur l’adjectif ont été formés les termes de philo-
titre InterneZle ConsoZation. 0 Imitation s’emploie sophie IMMANENCE n. f. (1840, P, Leroux), l’ex-
ensuite dans le domaine littéraire (1549, Du Bellay) pression principe d’immanence étant attestée à la
pour *action, fait de prendre une œuvre pour mo- h du XIX~ s. (18931, et IMMANENTISME n. m.
dèlen, sens aujourd’hui péjoratif, mais qui ne l’était (av. 1907, Bergson), d’où vient IMMANENTISTE n.
pas avant le XIX~siècle; les théoriciens du théâtre, (1920) et adj. (1936).
au XVII~ s., conservent à imitation le sens du latin
imitati traduisant le grec mimesis : Nproduction IMMARCESCIBLE adj. est un emprunt
par l’art d’effets analogues à ceux de la r&Iité~ ; les (1482, écrit inmarcessiblel au latin ecclésiastique
textes classiques, qui se réfèrent aux concepts aris- immarcescibih “qui ne se flétrit pas,, formé de im-
totéliciens, donnent à la notion la valeur active C-t 0 in-) et du latin classique marcescibilis, dérivé
qu’elle a chez Aristote : «processus de création res- de marcescere ase flétrira, de marcere -être fan&
pectant un certain nombre de qualités naturellew au propre et au figuré, verbe d’origine expressive.
Imitation. se dit par métonymie (1690) d’une œuvre La graphie immurcessible, encore utilisée par quel-
qui est le produit de ce processus, puis, péjorative- ques auteurs, a hé abandonnée par l’Académie en
ment, d’une œuvre sans originalité. 0Le mot 1878.
prend au XWI~ s. le sens de «reproduction volon- + D’emploi didactique ou littéraire, immarcescible
taire ou involontake (d’actes, et& (1762, Rous- conserve le sens du latin, au propre et au figuré.
seau) ; il est sorti d’usage pour désigner une œuvre
imitée de la nature, valeur attestée elle aussi chez IMMATRICULER - MATRICULE
Rousseau ( 17631. 0 Au xrxes., imitation équivaut à
=contrefaçon, reproduction (d’un objet, d’une ma- IMMÉDIAT, ATE adj. et n. m. a été em-
tièrelm (18451, d’où en imiktio~~ <<enmatière imitéen prunté ( 1382) au bas latin immediatus, formé de im-
(186 1).Arts d’imitation ( 1857, Delacroix) désignait la (+ 0 in-) et d’un dérivé du latin classique medius
peinture et la sculpture, par opposition à la mu- acentralm, Gntertnédiaire n, <moyen>> (+ médiat), qui
sique, la poésie, pourtant relevant aussi de la mi- se rattache à un thème indoeuropéen “medhyo <qui
mesis chez Aristote et chez les théoriciens du est au milieu-.
XVII~ siècle. +IMITATEUR, TRICE n. et adj., aper- 4 Immédiat s’applique d’abord à ce gui préckde ou
sonne qui imite», est un emprunt (1422, immitateur) suit qqch. sans intermédiaire, dans l’espace. Puis,
au latin imitator, féminin imita&&, de imitatum, su- le mot est attesté en moyen français comme terme
pin de imitari; le féminin imitatrice est attesté en de droit 11474) dans seigneur immédiat, pour parler
1530. 0 Un emploi spécial récent concerne un ar- d’un seigneur relevant directement du souverain.
tiste qui imite la voix et le comportement de per- Au sens abstrait de «qui opère, se produit sans in-
sonnes célèbres. + IMITATIF, IVE adj. (14661, em- terrnédiaire~, il apparaît au XVII~s, chez Pascal
prunt au dérivé bas latin imitativus “qui reproduit)), (av. 1662, sentiment inbkieur et immédiut). De là
<qu’on fait par imitations. Il s’emploie notamment viennent les emplois en philosophie et en logique
dans les syntagmes musique imitative ( 1761) et har- dans cause immédiate, déduction immédiate ou
monie imitative (1771). +IMITABLE adj. est dérivé dans le titre bergsonien Essai sur les données im-
(av, 1520) de imiter ou emprunté au latin imitabih, médiates de la conscience 11888). 0 Immédiat est
dérivé de imitari; en dérive IMITABILITÉ n. f. aussi employé (1830, Balzac) pour asans intervalle
(xx” s.l. 0 L’antonyme INIMITABLE adj. est em- (dans le temp+, d’où l’emploi courant (XIX~s.1pour
prunté Idéb. XVI~ s.1 au latin inimitabih, de in- néga- “qui est du moment présent, a lieu tout de suite* et
tif. Il a pris une valeur majorative ai excellent la substantivation l’immédiat ale moment mêmeB
qu’on ne peut l’imitera. ~Les dérivés INIMITA- ( 1864, Sainte-Beuve), fréquente sous la forme dans
BLEMENT adv. (18011 et INIMTTABILITI? n. f. l’immédiat <dans un avenir brefm ou =pour le mo-
(xx” ~3.1sont rares. ment)}.
b IMMtiDIATEMENT ah. a Suivi une &OhtiOn Sé-
IMMACULÉ 4 MACULER mantique parallèle à celle de l’adjectif; le mot si-
gn& directement, sans intermédiaires (15341 et
IMMANENT, ENTE adj. est un emprunt
atout de suite avant ou aprèsp, dans le temps 11602)
(v. 1370, Oresme) au latin scolastique immanew
ou dans l’espace (1616). + IMMÉDIATETÉ n. f. a
(v. 13001,participe présent du latin classique imma- d’abord été employé comme terme de droit féodal
nere <<demeurer dans=, de im- adansm (+O in-) et
(av. 16881, puis pour <qualité de ce qui est immé-
manere #demeurer », arester, être dansfi (-+ manoir). diatm (1721). Le mot est didactique ou littéraire.
+Immanent est attesté isolément chez Oresme
pour “qui demeure dans la penséem, valeur reprise IMMÉMORIAL -3 MÉMOIRE
au XVI~s. (1570) et sortie d’usage. L’adjectif s’ap-
plique ensuite en théologie ( 1690) à ce qui réside IMMENSE adj . est emprunté ( 13601 au latin im-
dans le sujet agissant (cause immanente). *En memw asans limite, inhim, formé de im- (+ 0 in-1
DE LA LANGUE FRANCAISE IMMOBILE
et de mensum, supin de metiti <<mesurer>>, qui se b b revanche, le participe IMMIGRÉ. ÉE adj. et n.,
rattache à une racine indoeuropéenne ‘me- (+ me- d’abord ( 1769) au sens de “qui est venu de l’étran-
surer, mètre). ger)), se dit plus couramment aujourd’hui
4 Immense est attesté d’abord au sens de Ntotal, (mil. xxe s.1d’un ouvrier étranger, souvent issu d’un
sans réserve)) dans donation immense, emploi au- pays peu développé, qui travaille dans un pays in-
jourd’hui disparu. 0 L’adjeckif Sign%e ensuite dustrialisé, +IMMIGRATION n. f., formé à la
(av. 1453, Villon) (<dont l’étendue, les dimensions même époque ( 17681à partir du verbe latin d’après
sont considérables>> et “qui est considérable en son émigrution, désigne l’entrée dans un pays de per-
genre par la taille, la quantité)), concrètement et sonnes non autochtones qui viennent générale-
abstraitement ; par afkiblissement, il s’emploie ment pour trouver un emploi. On dit par analogie
pour <<très grand)>. 0 Immense s’est employk Ixvr” s.) immigrutiofl interne, régionale (me s.l. Par métony-
au sens latin &irAnig tDieu est immensel. Le mot mie, le mot désigne (mil. me s.l un ensemble d’im-
s’est appliqué au x& s. à qqn dont la personnalité, migrés de même origine. +IMMTGRANT, ANTE
les aptitudes sont très grandes. Ces deux emplois adj. et n. (1787,n.), désignant la personne qui arrive
ont disparu. de l’étranger, le futur immigré, est peu employé
F Le dérivé IMMENSÉMENT adv. (déb. XVIII~s., comme adjectif (1845).
Saint-Simon) est assez rare, sauf dans quelques 0 voir EMIGRJzR.MIGRER.
syntagmes, avec le sens d’&normément>a limmen- IMMINENT, ENTE adj. est un emprunt @n
sément richel. * IMMENSITÉ 12. f., emprunt ( 1374, xrve s.) au latin imminens, participe présent adjec-
immansité) au latin immensitas, dérivé de immen- tivé de imminere <<s’élever au-dessus>, Gtre très
SUS,signi-fie d’abord ((état de ce qui est îmmensem, proche)) et «menacer”, formé de im- (+ 0 in-) et de
{grandeur sans bornes>>. Le nom désigne ensuite minere <<avancer, être en saillie». Ce verbe se rat-
11495) une étendue trop vaste pour être aisément tache au latin minae ~saillie, surplomber, à minas
mesurée, puis la grandeur considérable de qqch. I+ menace, menacer), à eminere (+ éminent). Tous
( 16711,seul emploi aujourd’hui usuel. ces mots remontent à une racine indoeuropéenne
IMMERGER v. tr. est un emprunt isolé du dé- “men- «être saillant», qui figure aussi dans le lat.
but du XVI~s. (X01), à nouveau au XVII~s,, au latin mons, mentis I+ mont, monter).
immergere <<enfouirn, <<plonger dans>>, de im- (-+ 0 + Imminent appartit En xrves.1 avec le sens étyrno-
in-) et mergere, mersus <<plonger? qui se rattache à logique de aqui va se produire dans un avenir très
une racine indoeuropéenne “mezg- que l’on re- proche,, en parlant de ce qui menace (péril im-
trouve par exemple dans le sanskrit mujj&i ail minentl. L’adjectif est ensuite employé 11831) sans
plonge», et madg& désignant un oiseau aquatique. idée de menace (une arrivée imminentel.
$ Immerger est attesté isolément (15011 au sens F IMMINENCE n. f., emprunt au bas latin imminen-
d’aenfouira, dans un emploi figuré. Le verbe actuel tia, dérivé de imminens, désigne le caractère de ce
apparaît au participe passé au xw” s. Iv. 1650, Pas- qui est imminent, avec l’idée d’une menace (1787,
cal) puis à l’actif (1823) au sens de «plonger dans Necker) puis ( 1821,Hugo) sans cette idée de me-
l’eaw. 0 Par figure, immerger sime (attesté 1895, nace. Ce nom est plus didactique que l’adjectif.
Huysmans) aplonger (dans un milieu, une atmo- + IMMINER V. intr. (1896, Willy), du radical de l’ad-
sphère, etc.))), d’où l’emploi au pronominal Is’im- jectif est très rare.
merger dans le travail).
IMMISCER v. tr. est un emprunt, d’abord au
ä IMMERSION n. f. est emprunté (1374) au latin im- pronominal (1482, soy imiscer), au latin immiscere
mer&, de immersum, supin du verbe immergere. (<mêler àn (aussi se immiscerel, formé de im- I+ 0
Le mot signil?e «action d’immerger» et «état de ce in-) et de miscere, midus emêler*».
qui est immergé>, au propre et au figuré. II s’em-
ploie spécialement en astronomie ( 169 1) pour =dé- + S’immiscer a le sens de 4introduire mal à propos
ou indûment (dans une aCre,etc.l», d’où tient
but d’éclipsea, puis en optique (1865, point d’immer-
l’emploi juridique (15833s’immiscer dans une suc-
sion; 1902, objectif à immersion). 4 De là
cession. L’emploi transitif (15991,pour amêler (qqn3
IMMERGENT, ENTE adj. ( 1873; de immerger) qui
à une afkire~~, est rare.
pénètre dans un milieu~~, en parlant d’un rayon lu-
mineux. + IMMERSIF, IVE adj. (16901,de immer- b IMMIXTION n. f. est emprunté au bas latin im-
sion ou du latin immersum, <(qui se produit par im- mixtio aaction de mêlern, &équentation>>, de im-
mersion)), est un terme didactique. mixtum, supin de immixere. Le nom, attesté isolé-
0 ~~~~ÉMERGER. ment ( 1573, tmixtton) avec le sens de Kmélange,
mixture,, est repris en droit 117011, puis au sens
IMMEUBLE + MEUBLE d’«action de s’immiscern en général (17481.
IMMIGRER v. tr. représente un emprunt IMMOBILE adj. est un emprunt (1370-1372,
(1840) au latin immigrure <venir dans, s’introduire Oresme) au latin immobilis “qui ne bouge pasm
dans», formé de Em- (+ 0 in) et de mipure «changer (+ immeuble), au figuré cinébranlablem, de im-
de résidence> (+ migrer). (+ 0 in-1 et mobilis Kmobîle*». On relève isolément
+ Le verbe transitif, relativement récent 11840) qui immobil, nom masculin, <knmobilit&, antérieure-
signifie aentrer dans un pays étranger)), est resté ment (XIII~ s.l.
rare; la spécialisation de sens s’est effectuée en + L’adjectif a conservé le sens général du latin s’ap-
rapport avec le sens d’émigrer*. pliquant à des choses ou à des personnes; par ex-
IMMOBILIER l-788 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tension, immobile signifte ( î636, Corneille) “qui F IMMOLATION n. f., eaction d’immoler~, est anté-
reste sans mouvement, sous l’effet d’une émotion rieur au verbe (Y moitié du XII~s.l. C’est un em-
violente>). Il qualifle, comme en latin, ce qui est fkk prunt au latin immolatio, de immolutum, supin du
une fois pour toutes, invariable ! 15803 et s’applique verbe latin ; le mot est didactique ou littéraire
à une personne ferme, inébranlable ( 1573). 0 Im- comme immoler. 4 IMMOLATEUR, TRICE n.
mobile ù qqch. ainsensiblen s’est dit dans la Iague 11534, au mascW, emprunt au latin immolator
classique et a disparu. MsacrikateurB, du supin de immolare, est quasi-
F Le dérivé IMMOBILEMENT adv, Ixv” s.) est rare.
ment sorti d’usage.
+IMMOBILISER v. tr. est attesté en 1654 (Cyrano
de Bergerac) au sens de arendre immobile, arrê- IMMONDE adj. est un emprunt (v. 1225) au la-
tep ; on trouve au xwe s. la forme immobiliter, verbe tin immundus <<sale», knpur~, formé de im- négatif
transitif, avec ce même sens 115071; s’immobiliser (--+0 in-1 et de mundus -propre, soigr6 I-, émon-
n’est relevé qu’à la fin du xW s. chez les Goncourt. der).
0 Le verbe est employé en droit ( 1802) au sens de
aconvertir fictivement en immeuble», du sens spé-
cial de immobilis en latin. ImmoWser s’emploie
ensuite spécialement en médecine (1864 ; immobili-
ser un membre fracturk). oLa valeur générale a
donné les sens figurbs aempêcher le progrèsn (1839,
G. Sand), *rendre incapable d’agir, paralyser))
(1857, pron., Flaubert), et l’emploi dans le domaine
économique (av. 1902; immobtiker des capitaux).
Le verbe a plusieurs dérivés. + Le nom d’action IM-
MOBILISATION n. f., d’abord terme de banque
11819), puis d’emploi générti 11832, Balzac), a des
selzs padkles à ceux du verbe. +IMMOBILI-
SABLE adj. et IMMOBILISANT, ANTE adj. he s.1
sont surtout vivants dans des emplois spéciaux
(droit, tiances pour le premier; médecine pour Xe
second). + IMMOBILISME n. m., attesté ckrez Fou-
rier (18291, comme IMMOBILISTE adj. et n., dé-
signe la disposition à se satisfaire de l’état pr6sent
des choses, notamment dans le domaine écono-
mique et social.
IMMOBILITÉ n. f,, emprunté (1314) au latin impé-
rial immobilitus, dérivé prétié de mobilitas
d’après immobi&s, d&igne l’état de ce gui est im-
mobile, au propre et (1658) au figuré.

IMMOBILIER + MOBILE

IMMOLER v. tr. est un emprunt Iv. 14601 au la- + Immortel s’est d’abord employé au sens de “qui
tin immolare, de im- I+ 0 in-1 et de molare, dérivé n’entraîne pas la mortm @luies immortelzl comme
de mola UmeuleB, d’oh afarinem, spécialement contraire de motiei; ce sens a disparu. 0 L’adje&
employé pour désigner la farine de blé torréfiée s’applique ensuite (v. 1330) à ce qui n’est pas sujet à
que l’on mélangeait de sel pour la répandre sur la la mort, d’où l’emploi nominal, un immortel =un
tête des victimes au cours d’un sactice. Mola se dieu* ( 1578, Ronsard). Par extension, immortel
rattache à une racine indoeuropéenne Ornez- prend le sens de “qui survit dans la mémoire des
xmoudren. hommesm (1352-1356, Bersuire), puis si@e au
+Immoler, dans toutes ses acceptions, est didw- XVL~s. (av. 1525, G. Crétin) {{qu’on suppose ne devoir
tique ou littéraire. Le verbe apparaît d’abord dans jamais fkira. oDe là vient IMMORTELLE n. f.
un contexte religieux (v. 14601 en parlant du sacri- (16651, nom d’une plante dont l’involucre ne change
fice de J&us, sur la croix, et renouvelé dans la pas avec le temps quand la fleur se dessèche.
messe. Par extension 115381, immoler si@fle atuer 0 Par référence au sceau portant la formule A Z’im-
(une personne, un animal) en Sacr&e à une divi- mortalité, donné par Richelieu à l’Académie fran-
nité-. Le verbe est ensuite employé Idéb. XV[I~s.1au çaise, immortel, nom, désigne (1833) un académi-
figuré au sens de arenoncer àn Exwe S.I. Cet emploi cien, le féminin étant normal dès lors que
(immoler ses intérêts, etc.) 116401, comme celui de YAcadémie admet les femmes.
s’immoler 11668, Molière), a vieilli puis a disparu. b IMMORTELLEMENT adv. (XV” s-1 est littértie.
Par extension du premier sens, immoler a le sens +Le dérivé IMMORTALISER v. tr. sime d’abord
vfaire péti) Ii6gi 1,sorti d’usage, alors que s’immo- 11544, M. Scève, se bnmortuliser) <rendre irnmor-
ler (pur le feu, etc.) peut encore se dire. Dans tous tel-, sens aujourd’hui rare. Au figuré, il sime
les emplois, sauf en histoire des religions, le verbe (1554, Tahureau) ((rendre immortel dans la mé-
est remplacé par sacrifier. moire des hommes,, emploi vieilli avec un sujet de
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1789 IMPARTIR

personne. oCe verbe a fourni IMMORTALISA- IMMUNO-, premier élément tiré du latin immunis
TION n. f+11580, Montaigne). et du radical d’immunité, a seti à former de nom-
IMMORTALITÉ Il. f. est un emprunt (fm XII” s.) au breux mots en biologie et en médecine, surtout
latin immortuZitas, dérivé de immortaks. Le mot avec le développement des études portant SUT les
d’abord écrit immotialiteit, puis (v. 1220) immorta- réactions immunitaires. + IMMUNOGÈNE adj.
lité, désigne d’abord l’état d’une chose, d’une per- (1906); IMMUNOLOGIE n. f. (19243, dont derivent
sonne immortelle ou considérée comme telle, d’où IMMUNOLOGIQUE adj. (1928) et IMMUNOLO-
spécialement l’immortalité de l’âme (av. 1662, Pas- GISTE n. (mil. ti s.l. +IMMUNOTHÉRAPIE n. f.
cal). Au figuré, il désigne (1532, Rabelais) la quditk 11938); IMMUNOTRANSFUSION n. f. &-‘it im-
de ce qui survit longtemps dans la mémoire des muno-transfusion en 1927) ; IMMUNOGÉNÉTTQUE
hommes, d’où la formule doMée par Richelieu à n. f. (mil. XX~ s.); IMMUNOSUPPRESSION n. f.
l’Académie française, À I’immofi-talité (cf. ci-dessus, (mil. xxE $1; IMMUNOGLOBULINE n. f. IV. 1958) OU
immortel). 0 Au début du XX~s., par extension du IMMUNOGLOBINE n. f. ; IMMUNOCHIMIE n. f.
premier sens, immortalité se dit d’une durée dont (1959); IMMUNODÉPRESSEUR adj. et n. m. (19671,
on ne voit pas le terme. du radica1 du latin depressus «abaisséx (-+ dépres-
seur; sida), synonyme de IMMUNOSUPPRES-
IMMUABLE + MUER SEUR n. m. 11967).
IMMUTABLE adj. est un emprunt (14101 au la-
IMMUNITÉ n. f. est un emprunt 11341; dès tin immutabilis “qui ne change pasn, formé de im-
1276, selon Bloch et Wartburg) au latin immunitas privatif C-, 0 in-) et de mutabilis, dérivé de muture
«exemption, dispense, remise-, dérivé de immunis «changer* C+ muer, muter).
*dispensé de toute charge, d’impôt», formé de im-
+ Le mot, qui a repris le sens du latin, reste inusité
privatif (-, in-) et de munus <<charge, (-, co~yïmun,
jusqu’au xrxe s. et demeure rare.
municipal, munikence), le pluriel munera signi-
fiant afonctions officielles» et Ncadeau que l’on faitD; b IMMUTABILITÉ n. f., emprunt au dérivé latin im-
munus se rattache à une racine indoeuropéenne mutabilitas, est d’usage didactique ou littéraire
Orne& ((changer>>, &changern. (14701, ou employé comme terme de droit 11804).
+ Immunité est introduit en lançais avec le sens la- IMPACT n. m. est un emprunt tardif (1824) au
tin, ((exemption=, en parlant de charges, d’impôts ; à latin impactum, supin de impingere Mfrapper
l’époque franque, l’immunité est une des institu- contre)), <jeter contre)), dérivé de pangere ccenfon-
tions qui annoncent la féodalité. L’idée de &an- cerB, qui se rattache & une racine indoeuropéenne
chise» explique que le mot ait eu en moyen f!rançaîs “pag-, “pah- «enfoncer, tiers, comme pax (3 paix),
le sens de «droit d’=ile» (1367). 0 Immunité, tou- pala b pelle), PU@S I+ pays).
jours avec l’idée de &anchise~, devient ensuite 4 Impact a le sens de <<heurt, collisiona, surtout dans
(1890) un terme de droit constitutionnel (immunité point d’impact Nendroit où un projectile vient frap-
parlementairel et international (immunité diploma- per’); par extension, le mot désigne la trace laissée
tiquel. 0 Le mot a été repris au XIX~s. en biologie par un projectile. 0 Par figure, impact s’emploie
(1865, Littré et Robin) pour désigner la propriété couramment (v, 1955) pour <<effetd’une action bru-
que possède un organisme d’être réfractaire à cer- tale)), «retentissementn et, par tiaiblissement de
tains agents pathogènes, par exemple immunité sens, pour Gnfluence (d’une personnalité))).
acquise (1867).
b De ce sens vient IMMUNITAIRE adj. (mil. & s.), IMPAIR + PAIR
sur le modèle communautéhommunautuire, et la IMPARFAIT + PARFAIRE
formation d’une série de mots, ainsi que le sens
nouveau de immun (ci-dessous), + IMMUNISER IMPARI- est un premier élkment, tiré du latin
v. tr. est en effet un dérivé savant (1894, au participe impur, imparis, qui entre dans Ia composition de
passé, A. Calmette) du latin immunis. Formé en re- quelques termes didactiques.
lation avec le nom immunité*, ce verbe a le sens de k IMPARISYLLABE 11784, adj, ; 1840, n. m.) de sy-
<rendre réfractaire aux agents pathogèness; il hbe* ou IMPARISYLLABIQUE (1812, adj.; 1882,
s’emploie figurément pour <<protégerfi. 0 Sur le n. m-3 de syllabique* se dit, en grammaire grecque
verbe ont été formés IMMUNISATION n. f. (1894, et latine, d’un adjectif ou d’un nom qui n’a pas le
A. Calmettel, IMMUNISANT, ANTE adj. et n. m. même nombre de syllabes aux cas obliques du sin-
(1895) et IMMUNISINE n. f. (1933) avec le Su&e gulier qu’au nominatif. + IMPARINERVÉ, ÉE adj.
-ine. (18381, de nerfvurel, et IMPARIPENNÉ, ÉE adj.
Le latin immunis avait été emprunté sous la forme 118381, de penné, sont des termes de botanique.
IMMUN, UNE adj. et n. m., qui a eu en d.roit ancien
( 1431) le sens latin de «non soum& à (une obliga- IMPARTIR v. tr. est un emprunt (1374) au bas
tion)n, <(exempt (d’impôts)~ et a signifG aussi en latin impurtire, impartiri <<fairepart de)>, altération
moyen français aindemne» Cv.f4801* *La même du latin classique impertire, impertiri apartager, ac-
forme, en biologie (19 161, correspond à un emprunt corder, consacrer)), sans doute sous l’tiuence de
de sens à I’mglais immune 11881), de même origine partire, partiri <<diviser en par@ I--+part). L’italien
que le français, sous l’influence d’immunité; l’ad- impurtire et l’espagnol impartir viennent aussi du
jectif qualifie un organisme immunisé ou une su&- verbe latin, lequel se rattache à une racine indoeu-
tance immunisante. ropéenne ‘per- «procurer>.
IMPASSE 1790 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Impartir signifie dès les premiers emplois <<don- une erreur)) C+ pécher) ; on trouve aussi le simple
ner en partage)), mais n’est usité aujourd’hui qu’à peccable *capable de péchern.
l’infinitif, au présent de l’indicatif et au participe + Impeccable est introduit comme terme de théolo-
passé ; le verbe Sign%e en droit Cl8003 aaccorder, gie, reprenant le sens du latin chrétien. L’adjectif
kern (impartir un délail. s’applique à partir du XVII’ s., dans un contexte pro-
F Le dérivé IMPARTITION n. f., relevé au XVI~s. au fane, à une personne qui ne commet aucune erreur
sens d’«action d’accorder (une gr&celn (15801, a été 11668, Racine), sens devenu archaïque. 0 Il s’em-
reformé au XX~s. pour désigner, dans la gestion des ploie ensuite par extension pour usans défaut>> en
entreprises, la sous-trait ance partielle. parlant de choses (1856, Baudelaire), cd’une tenue
parfaite)> en parlant de personnes (1926, Girau-
IMPASSE -3 PASSER doux). En français moderne, il est utilisé comme
simple mélioratif, équivalent de aremarquable>,
IMPASSIBLE + PASSIBLE abrégé alors en IMPEC adj. inv. (mil. XX~s.), mais
qui n’a plus à la ti du XX~s. la vogue qu’il a eue,
IMPATIENT -+ PATIENT d’autres mélioratif% l’aymt remplacé.
IMPATRONISER v. tr. a été formé 11552) par d'adjedf a fourni les dérivés IMPECCAI3ILITÉ
n. f., terme de théologie (15781, didactique ou litté-
préfixation en in- (-+ 0 in-1 à partir du latin patio-
raire pour parler de ce qui est parftitement exé-
nus cprotecteur des plébéiens», «ancien maître
cuté (1865, de l’expression), de ce qui a un spect
d’un esclave a&anchi~, adéfenseur en justice=
impeccable (1921, AragonJet IMPECCABLEMENT
(+ patron1 ; l’italien impatronare provient du même
mot latin. adv. d’usage courant ( 1769).
4 Le verbe, d’abord pronominal Is’impatroniser IMPÉCUNIEUX -, PÉCUNIEUX
de.. .I, a signifie <<serendre mtitre (d’une ville, d’un
pays)s. Il s’emploie ensuite ( 1613, Régnier) au sens IMPÉDANCE n.f. représente un emprunt
de ((s’établir comme chez soi>> M’impatroniser à, (18921 à l’anglais impedance (18861, terme d’électri-
dans, enl. oEmployé transitivement, il s’est dit cité créé par Heaviside à partir de to impede aem-
(1828-1829) pour *introduire, établir (qqn) en pêcher, retenirm. Le verbe anglais est un emprunt
maître*, d’où knposer (qqch.1 avec auto&&, plus au latin impedire aentravep, aempêcher de mar-
courant au pronominal. cher,, de la même famille que pes, pedzk 13 pied).
,Le nom d’action IMPATRONISATION n.£, at- 4 Le mot désigne, dans un circuit parcouru par un
testé isolément (1611) et repris au xixe s. (1842, Bal- courant alternatif, la grandeur qui mesure le quo-
zac), est demeuré rare. tient de la tension par l’intensité.
b Le mot a fourni le composé d’usage technique IM-
IMPAVIDE adj. est un emprunt tardif (1801,
PÉDANCEMÈTRE n-m. (1952).
S. Mercier) au latin impatius vinaccessible à la
peur, calme>, de im- négatif (+ 0 in-1 et de puvidus IMPEDIMENTA n. m.pl. est un emprunt
<craintif, e&ayén, dérivé de pavere wedouter*, lui- récent (18761 au latin impedimentum uempêche-
même de paver I+ peur). ment à qqch.n, employé spécialement au pluriel im-
4 L’adjectif conserve le sens du latin ; il est d’emploi pedimenta pour *bagages d’une armée en cam-
littéraire. pagne* (qui embarrassent la marche). C’est un
w 11en va de même pour ses dérivés IMPAVIDITÉ dérivé de impedire *entraverY, aempêcher de mar-
n. f. (1884,Péladad et IMPAVIDEMENT adv.(1886, cher», verbe de la famille de pes, pedk, (-+ pied).
L. Bloy3, 0 La forme impedimentum a été employée au fi-
guré (1859, Goncourt) pour Nhandicap entravant
IMPEACHMENT n. m. est un emprunt (1778) l’activité» ; la fomne tiawisée empediment se trouve
à l’anglais impeachment <<obstacle», ctdommagen en ancien francais Cv.980) au sens de atourment,
114321, qui a pris un sens constitutionnel en 1680. Le embarras)) ; impédimenf pour NempêchementB est
mot est dérivé de to impeach <<empêcher», de relevé comme latinisme par l’Académie en 1840.
même origine que empkcher”. 4 Impedimenta désignait comme en latin les équi-
+ Impeachment, mot institutionnel anglais, désigne pements d’une armée en campagne. Le mot s’em-
la procédure de mise en accusation d’un élu de- ploie encore au figuré, depuis le début du me S.
vant la Chambre des lords (en Grande-Bretagne) ( 19071, pour désigner ce qui entrave I’activité, le
ou le Sénat (aux États-Unis>. La kancisation par mouvement.
empêchement entra*kierait une incertitude quant
au sens et l’on conserve impeuchment dans la ter- IMPÉNITENT + PÉNITENT
minologie du droit international et en parlant des
institutions. IMPÉRATIF, IVE n. m. et adj . représente un
emprunt iv. 1245) au bas latin imperutivus “qui a été
IMPECCABLE adj. est un emprunt (14781 au ordonné», employé comme terme de grammaire
latin impérial impeccabilk Gncapable de faute* et, W-ve s.), et “qui commandeB (VI~s.1,de imperutum,
chez les auteurs chrétiens, Nincapable de péchk supin de imperare. Ce verbe si@e à l’origine
formé de im- négatif(-+ @in-) et d’un dérivé de pec- aprendre les meSw8s pour que qqch. se fasse*, tifOr-
tare &ire un faux pas», d’où Ncommettre une faute, ter à se produire» puis, dès 18 latin classique,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1791 IMPÉRIAL

<commander en maîtres; le verbe est composé de respond au latin scientfique imperutoriu (1623); le
im- (+ 0 in-) et de parure <<fairedes préparatifs», qui nom de cette plante de la famille des ombellifères
se rattache A une racine indoeuropéenne ‘per- s’explique par les propriétés médicinales de sa ra-
aprocurern. cine.
4 Impératif: terme de grammaire Iv. 1245, n. m.), dé-
IMPERCEPTIBLE + PERCEPTION
signe le mode du verbe qui exprime le commande-
ment, la défense, le souhait; il est aussi adjectif IMPERFECTIBLE - PERFECTION
( 1607). 0 L’adjectif s’applique ensuite ( 1486) à ce qui
exprime ou impose un ordre puis, par extension IMPÉRIAL, ALE, AUX adj. et n. est un em-
(16901, à ce qui est empreint d’autorité. Des spécia- prunt du XII~s. Cv.11761, aussi écrit imperïuus
lisations dans le domaine du droit ( 1718, loi impéra- Cv.1165) et emperial (XII~sd, au bas latin imperidis
tive) et de la politique ( 1789, mandat impératifi ade l’empereur>>, dérivé du latin classique impe-
apparaissent au XVIII~siècle. -3 impératif: nom mas- hum <(ordre, commandement>> E+ empire).
culin, est introduit en philosophie avec le sens par-
+ Imphiul s’applique d’abord à ce qui est d’une
ticulier de =proposition ayant la forme d’un
qualité supérieure, digne d’un empereur, par
commandement>>, par traduction de Kant ( 1801, im-
exemple en parlant d’une étoffe richement déco-
pératif catégoti~e). Par analogie, le nom signiCe rée Cv.1165) ; en ce sens l’adjectif entre dans les dé-
(XIX~ s.) nprescription d’ordre moral% d’où, par ex-
nominations de certains objets, d’animaux ou de
tension 11924, Montherlant), ccc qui s’imposea; il est
plantes : papyrus impérial, jupon impétiul, serge im-
alors le plus souvent employé au pluriel. L’emploi
périale ou impériale, n. f., prune impériale, etc.
adjectif Cil est impératif de. ..I semble contemporain
oImpétiuZ est également attesté dès le XXI~s.
des emplois récents du nom.
Cv.1176) au sens propre pour qualifier ce qui appar-
w 1mpérutifadjectif a servi à former IMPÉRATIVE- tient ou est propre à un empereur, à un empire,
MENT adv. (1584) et IMPÉRATIVITÉ n. f. (19281, d’où l’emploi comme terme d’histoire dans Ies im-
d’emploi rare. pétiaux pour désigner les Partisa;ns ou les soldats
d’un empereur (XIII~s., emperiuux) et, spécialement
IMPÉRATRICE n-f. est un emprunt du ( 15521, les troupes de l’empereur d’Allemagne,
moyen lançais ( 1482) au latin classique imperu- ainsi appelées jusqu’en 1806, et dans vUes hzpé-
trix, -icis (celle qui commande>> et Gpouse de l’em- riales willes libres d’Allemagne>> ( 153 13. Latin impé-
pereurti, féminin de imperutor, qui a abouti à empe- tial désigne le latin parlé dans l’Empire romain.
reur*, lui-même dérivé de imperium t+empîreJ. + IMPÉRIALE, n. f. (15451, dénommait un jeu de
Impératrice s’est substitué à la forme issue du latin cartes dans lequel la série as, roi, dame, valet (dite
par évolution phonétique empereriz Cv.1175) ou em- sétie impériale) est gagnante. ~Par analogie de
periere EV.1460, Villon). forme avec la couronne des empereurs, lit ù l’impé-
+ impératrice s’est employé au xve s. ( 1482) comme de (15661, puis IMPÉRIALE n. f. 115891, se dit d’un
adjectif pour impériale. Le nom féminin est attesté dais surmontant le ciel d’un lit à colonnes; le mot
en 1527 pour désigner l’épouse d’un empereur. désigne ensuite ( 1648) le dessus d’une voiture, à
~Impératrice-mère, nom féminin (1810, M?‘” de l’origine en forme de dôme, pouvant recevoir des
Staël), est un titre créé sous le premier Empire na- voyageurs et est un terme d’architecture 116711.
poléonien et imp&utrice-régente, nom féminin 0 A J’YznpétiaZe,locution adjectivée, signifie & la
(18701, fut le titre donné à l’impératrice Eugénie manière d’un empereur)> et s’emploie dans barbe à
quand elle devint régente sous le second Empire, I’hzpériale (18171, dite aussi IMPÉRIALE n. f. 11830,
en aotit 1870. 0 Impératrice se dit aussi (1766, Vol- Balzac), <touffe de poils que l’on laisse pousser sous
taire) de la souveraine d’un empire. Le nom entre la lèvre inférieure» à la mode en particulier sous le
dans des locutions : Q I’?rnpérahice eavec les carac- règne de l’empereur Napoléon III ; le mot rem-
téristiques propres à une impératrice)) s’est em- place royale.
ployée en parlant de préparations culinakes, par w De I’adj ectif procède IMPÉRIALEMENT adv.,
réfkrence à la richesse des ingrédients (cf. à l’impé- d’emploi rare (1508; v. 1208, emperiulment). +IM-
riale) ; prendre des airs d’knpératice ( 1853) ades PÉRIALISTE n. et adj. a d’abord désigné ( 15251 un
airs supérieurs= vient probablement de l’tiuence partisan d’un empereur, spécialement en parlant
de imp&kux*. des partisans de l’empereur d’Allemagne, puis
b IMPERATOR n. m. est un mot emprunté au latin 11823) de ceux de Napoléon Ier; en ce sens le mot est
au XVI’ s. 11559). Le moyen fiançais avait francisé un terme d’histoire assez rare. 0 IMPÉRIALISME
imperutor en imperateur, signifxW #empereur)) n. m. désigne dans ses premiers emplois (1832) la
(14711 puis <<chef d’armée)) (15211. OImperutor, tendance favorable au régirne impérial instauré
terme d’histoire, désigne un titre décerné à un gé- par Napoléon Ier, par opposition à royalisme et à ré-
néral victorieux de la République romaine et un publicanisme. &Les valeurs modernes de ces deux
des titres que prirent les empereurs. mots proviennent d’une évolution de sens propre à
~MP~RATOIRE adj. est un emprunt (av. 14531 au l’anglais, où imperiulism (1878) a pris le sens de “po-
dérivé latin imperutorius <<relatif à l’empereur, au litique d’expansion coloniale dans le cadre de l’Em-
chefn. Le mot, introduit avec ce sens, est aussi un pire britannique», d’après le sens spécial des mots
terme de religion signifiant aqui a une valeur abso- anglais imperial et empire. Imperialist a pris le sens
lues. +MPÉRATOTRE n. f., terme de botanique, correspondant vers la ti du xrxe s., l’adjectif fran-
est une substantivation de l’adjectif (xwe s.) qui cor- çais impérialiste étant attesté dans ce sens en 1893
IMPÉRIEUX 1792 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

et le nom, pour <partisan de l’impérialisme colo- IMPERSONNEL + PERSONNE


nial>>, en 1901. Impérialisme, d’abord appliqué à
l’Empire britannique (1‘impétialisme anglais, Bar- IMPERTURBABLE - PERTURBER
rès, 1900), fut écrit en hnGais imperiaksm (1880).
IMPÉTIGO n. m. est un emprunt Cv.1240) au la-
Comme en anglais, le mot se dit de, la politique tin impetigo, impetiglnis kuption cutanée, dartre»,
d’un Etat qui vise à mettre d’autres Etats sous sa
de impetere <<sejeter sur, attaquep, formé de im-
dépendance, notamment par Ia colonisation (cf. co-
(-+ 0 in-) et de petere =Chercher à atteindre>, qui se
lonisation) ; par métonymie, le mot désigne la doc-
rattache à une racine indoeuropéenne “pete-
trine des partisans de cette politique. Le mot, appli- us’élancer ver+, peut-être apparentée à “pet-, “ped-
qué en anglais à la politique de Disraeli, n’a pris <<tomber>>C-+pire1 ou à ‘pot- «pouvoir*>>.
une valeur péjorative qu’à partir de sa prise en
charge par le vocabulaire mamriste-léniniste au 4 Impétigo, terme de médecine, désigne comme en
début du XX~s. où l’impérialisme est considéré latin une maladie de peau. * On relève les formes
comme le astade supreme du capitalisme, (Lénine). tiancisées impetige, impetigine Iv. 15601, la seconde
Par figure, irnpétialisme Sign%e Cv.1954) «domina- employée archaïquement par Huysmans (1903,
tion morale, intellectuelle, psychiquen. L’OblUt).
b IMPtiTIGINEUX, EUSE adj. 11812) et n. httesté
wLiés aux emplois politiques d’impérialisme et im-
@idiSk, les préfxés ANTI-IMPÉRIALISME n. m.
milieu XX~s.1est un emprunt au dérivé bas latin im-
(XXe s.) et ANTI-IMPtiRIALISTE adj. et n. (k xxe s. ;
petiginosus; c’est un terme de médecine comme
IMPÉTIGINISATION n. f., dérivé savant du latin
mais le mot s’était employé avant 1870 pour chostile
(mil. XXeS.I.
au régime impérial de Napoléon III») sont moins
courants que leurs homologues formés sur colonia- IMPÉTRER v. tr., réfection (12681 de l’ancienne
lisme, Se. forme empetier Cv.1155, 4clamer4, est un em-
prunt, d’abord adapté avec le préfixe tiancais en-,
IMPl?RIEUX, EUSE adj. est un emprunt au latin impetrare aobtenirm, formé de im- I-+ 0 in-)
(av. 1435) au latin impetisus “qui commande>, dé- et de putrure aprononcer un serment en tant que
rivé de imperium C+ empire), qui désignait le pou- pater putiutus~ (titre du chef des eféciauxm ; + patri-
voir souverain (du père sur ses enfants, du mtitre cien); le verbe est dérivé de pater (b père).
sur les esclaves), d’où dans la langue politique le 4 Terme de droit aujourd’hui rare, impétrer Sign%e
sens de <commandement» et en particulier de (1268) (<obtenir Iqqch.) de l’autorité compétente, à la
cpouvoir suprême qu’avaient certains magistrats suite d’une requête». Dans un emploi religieux ti
romtins>> .
xv” s.), le verbe équivaut à <obtenir de Dieu)}.
+ Impérieux est introduit avec le sens de aqui force b IMPÉTRATION n. f., emprunt 0345) au dérivé la-
à cédera, en parlant de choses. Il reprend U544, tin juridique impetratio Naction d’obtenir*, est di-
M. Scève) le sens latin, aujourd’hui vieilli, de “qui dactique et rare. +IMPÉTRANT, ANTE n. (h
comrnandeu, s’appliquant aux personnes. Impé- xrves.1 succède à empetrant ( 13501 et désigne en
riew s’applique Iv. 15701, dans un style soutenu, à droit une personne qui obtient qqch. et, spéciale-
ce qui marque le commandement. ment (18341, une personne qui a obtenu un di-
de dérivé IMP~~RIEWEMENT adv. (1512) et IM- plôme. + IMPÉTRABLE adj., ancien terme de droit
PlkRIOSITÉ n. f., dérivé savant de imperiosus sign%ant “qu’on peut obtenirs ( MIO), est dérivé du
(v. 1584, Brantôme), sont rares. +Le mot latin IM- verbe ou emprunté au latin classique impetrabilis.
PERIUM a été repris en hnçais (1841, MériméeI;
terme didactique, il conserve en histoire romaine IMPÉTUEUX, EUSE adj. est un emprunt
le sens latin. ancien Iv. 1223) au bas latin impetuosus wiolenh,
dérivé du latin classique impetus <élan, attaque», de
IMPÉRITIE n. f. est un emprunt Cv.1490, impe- impes, de même sens. Ce dernier mot est formé de
riciel au latin imperitia amanque de connaissaxe)), im- I-+ 0 in-) et d’un dérivé de petere <<chercher à
4nexpérience)), dérivé de imperitus Gnexpéri- atteindren, qui se rattwhe à une racine indoeuro-
mente, inhabilen. L’adjectif est formé de in- négatif péenne ‘pete- as’élancer vers», peut-être apparen-
et de petitus, adj., ((qui sait par expériencen, tée à ‘pet-, “ped- qqtombern I-, pire) ou à ‘pot- <pou-
aadroitm; petiti est le participe passé d’un ancien voir*s I-+ impétigo). Impetus avait abouti à ente
verbe latin non attesté, “petiri C+ expérience3 que h's., estre a ente ~~pénible4.
l’on rattache à une racine indoeuropéenne ‘per- + impétueux, d’emploi littéraire, signiCe depuis
aaller de l’avar&; il est en rapport avec le grec l’ancien français #violent et rapiden ; il ne s’emploie
peina kpreuven et empeiros <<expérimentéa, d’où aujourd’hui qu’en parlant d’éléments naturels ou
empeitikos (+ empirique). Le moyen français em- de personnes.
ployait la forme hncisée impérice (13951, et imperit F Le dérivé IMPÉTUEUSEMENT adv. (1370-1372,
@norantn ( 14981, emprunt à imperihs. Oresme) est lui aussi littéraire, comme IMPÉTUO-
+ Imp&iti, mot didactique ou littéraire, a conservé SITÉ n. fa,emprunt6 Cv.12233 au dérivé bas latin im-
le sens latin de Nmanque d’habileté)), d’où cincapa- petuositus <caractère de ce qui est impétueuxn,
ci&, notamment dans l’exercice d’une profession dont il a conservé le sens. + IMPETUS n. m., terme
+ voirEMPIRIQUE,FXPÉRIENCE. scienttique employé au xv? s. au sens d’&lan mo-
teur», appartient aujourd’hui à l’histoire des
IMPERMÉABLE + PERMÉABLE sciences.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1793 IMPLIQUER

IMPIE adj. et n. a été emprunté (XVI” S.; xve s., TE~R, TRICE adj. et n. (1901, Claudel, repris au
d’après Bloch et Wartburg; on trouve le dérivé im- milieu du XX~s.l est ra,re au sens de «(personne) qui
pieux en 1482) au latin impius “qui manque aux de- implante (qqchJ», comme IMPLANTEUR, EUSE
voirs de piété, sacrilège>>, dérivé par préfixation im- adj. et n, (1938, Claudel, repris au milieu du me S.I.
(4 0 in-l de pius (+ pieux). o IMPLANTEUSE n. f. désigne une profession-
+ Impie, adjectif, se dit d’abord des personnes, puis nelle qui insère des éléments tis, comme des che-
(1636) des choses qui n’ont pas de religion ou of- veux, sur une surface, travail dénommé IM-
fensent la religion. L’adjectif est moins usité que le PLANTE n. m. (19111. * IMPLANT n. m. (1932) se
nom (av. 16361, qui a été employé au XVI~s. (1544, dit en médecine d’une substance Ikagment de
M. Scève) au sens de ((personne sans pitié», disparu tissu, prothèse, etc.) qu’on introduit sous la peau ou
en français classique. ~L’adjectif s’est appliqué dam un autre tissu en vue d’un effet thérapeu-
par extension (1606) à ce qui contrevient aux va- tique ; le mot s’emploie spécialement (apr. 1960) en
leurs reçues dans une société. chirurgie dentaire. + IMPLANTABLE adj. est at-
testé au milieu du XX~ siècle. +Le préfixé RÉIM-
F IMPIÉTE n. f. est un emprunt EV.1120) au dérivé
PLANTER v. tr. s’emploie en chirurgie (1879)
latin impietas ((manquement aux devoirs envers les
comme RÉIMPLANTATION n. f. (1879),
dieux, les parents, etc.>>. *Le mot est attesté au
XII~s. au sens de <<caractère de ce qui est impie)),
mais il est rare avant le me s., où il prend Iv. 15621 le
IMPLEXE adj, représente un emprunt savant
( 1669, Corneille) au latin implexus, participe passé
sens de (<mépris pour les choses de la religion». Lié
de implexer <<entremêler, enlacer dans, mêler à)),
à impie, impiété a eu le sens de «manque de pitié>>
formé de im- (3 0 in-) et de plectere Rentrelacer,
(1544, M. Scèvel et, par extension, de <<mépris pour
tresserg.
ce que tout le monde respecte)) 11606).
4 Implexe s’est applique jusqu’à la fin du XIX’ s. à
IMPITOYABLE -+ PITIÉ une pièce, un ouvrage dont I’intrigue est compli-
quée. Le mot s’emploie quelquefois en philosophie
IMPLACABLE adj. est un emprunt (1456) au (xx” s.) au sens de <<quine peut se réduire à un seul
latin implacabilis “qui ne peut être apais&, formé schème>k, en parlant d’un concept. * Implexe, nom
de im- négatif (+ 0 in-) et de placabilis, dérivé de masculin, est tiéquent chez Valéry pour désigner
plucure ((tâcher de faire agréeru, <apaiser, adoucir)), un ensemble complexe résultant de la combinai-
de la famille de ptacere ~~pla,ire~C-t plakîr‘l. son d’él6ments h&érogénes.
+ Implacable Sign%e d’abord <<donton ne peut apai-
ser la fureur, la violencen. Par extension, l’adjectif IMPLICITE adj. et n. m. est un emprunt (1488)
Sign%e (XVII~s.1 ((sans pitié, sans humanité» et s’ap- au latin implicitus «enveloppé», d’où {sous-en-
plique à ce que rien ne peut arrêter ou modifier tendu*, une des formes du participe passé du verbe
(av. 1664, destin implacable). implicare (+ impliquer).
b Le dérivé IMPLACABLEMENT adv. (15461 est lit- + Le mot apparaît en premier lieu dans un contexte
tkaire, comme IMPLACABILITE n. f. (17431, plus religieux, foy implicite désignant la foi sans
rare. connaissance parfaite de la doctrine. 011 est at-
testé ensuite aux sens de acompliqué)) (15491, ccobs-
IMPLANTER v. tr. est un emprunt ( 1539) au la- cur» (16711, qui ont disparu, puis s’applique (1690,
tin médiéval implantare ou, selon Bloch et Wart- Furetière) à ce qui, sans être formellement ex-
burg, une adaptation de l’italien impiantare, de im- primé, est virtuellement contenu (dans un fait, une
plantare, formé de im- (3 0 in-) et du latin proposition); de ce sens aujourd’hui seul vivant
classique plantare (-+ planter). viennent des emplois spécialisés en philosophie, en
+ S’imphnter sign%e d’abord en anatomie ( 1539) logique, en linguistique. Le mot s’oppose à explicite.
ase fixer SUT~; le verbe transitif est rare au sens gé- b Le dérivé IMPLICITEMENT adv. a signifié (1488)
néral (16111 de &xer, insérer- et sime cowxm- (<en combinant avec d’autres actions>, puis, lié au
ment ((introduire et faire se développer d’une ma- sens de l’adjectif, csans faire appel au raisonne-
nière durable dans (un nouveau milieu)>>. mentn, en matière de religion (1541, Calvin) et
*Implanter prend en médecine (17191 le sens ud’une manière embrouillée~~ (15961. Le sens mo-
d’Gntroduîre lune substance) dans l’organisme derne est attesté en 1690 (Furetière).
pour en modser le caractère» ; le sens moderne de
Hpratiquer l’implantation de (un élément thérapeu- IMPLIQUER v. tr. est un emprunt (1377,
tiqueIn date du milieu du xxe siècle. 0 S’implanter Oresme) au latin implicare ((plier dans, entortiller,
khez gqnl “s’y incruster>) (1864) est famer, le pro- emmêler>>, utilisé en droit et en logique; le verbe
nominal s’employant aussi au sens de <(s’établir so- est formé de im- E+ Q in-1 et de plicure Mplier, re-
lidement>> 118731 en parlant d’une idee, d’une plier)) (-, plier), lié à plectere, plexus {tresser, en-
mode, etc. lax=ern. Implicare a abouti en tiançais à employer*.
w IMPLANTATION n. f. (1555, en anatomie) +&ion La variante empliquer ( 14771est obtenue par substi-
d’implanter, de s’implanteras ne s’est étendu dans tution du préfixe -français en- à fort-ne fatine in-.
d’autres domaines qu’au XX~s. [architecture, + Le verbe s’emploie d’abord dans le syntagme im-
économie, commerce). Le mot désigne en méde- pliquer contradiction &tre contradictoire» E13771;
cine El9041 l’introduction sous la peau d’un implant en emploi absolu (1381, isolément ; puis 1641, Des-
(en chirurgie dentaire, apr. 1960). +IMPLANTA- cartes), impliquer est sorti d’usage. 0 Impliquer est
IMPLORER 1794 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

attesté au xrve s. au sens d’aengluer, embarrassep, IMPLUVIUM n. m. est emprunté 11837) au la-
notamment au participe passé impliqué aembar- tin irnpluvLum qui dérive du verbe impersonnel im-
rassén 11477) et au pronominal se implicquer 4’em- pluere <pleuvoir dansp, formé de im- (+ @ in-) et de
barrasses ( 14821. 0 De cet emploi disparu vient le pluere ~~pleuvoi? ».
sens d’*entraîner (qqn3 dans une affaire fkheuses 4 Le mot désigne, dans I’Antiquité romaine, un bas-
(15961, d’où en droit ( 1611) -mettre en cause par une sin creusé au milieu de l’atrium des maisons pour
accusation% et dans l’usage courant aengager (qqn, recueillir les eaux de pluie.
qqch.) dans une action». +Du premier emploi vient
le sens de acomporter de façon implicite, entraker IMPOLI + POLIR
comme conséquencem ( 1803, Chateaubriand) puis
en logique ( 1904) ~constituer une implication*.
0 IMPORTABLE - 0 IMPORTER

b IMPLICATION n. f. est un emprunt Iv. 1447) au la- 0 IMPORTABLE 3 @ IMPORTER


tin implicrltio NenchaînementB, aentrelacementn,
CqembarrasB, dérivé de impliccktum, supin de impli- @IMPORTABLE + PORTER
cure. +Le nom s’est dit pour afait d’être em- * 0 IMPORTER v. intr. et tr. ind., attesté
brouil& puis s’emploie en droit (16111. Il a eu en chez Rabelais ( 1536) au sens de <nécessiter,
logique le sens de ~contradiction~ (1718; 1636, imph- comporter,, représente sans doute une réfection,
cution de contredits uconfusion résultant de décla- d’après l’italien importure ou d’après le latin, de
rations contradictoires4, puis désigne une relation l’ancien français emporter acomporter, avoir pour
logique où une assertion en suppose obligatoire- conséquence» ( 12831,sens encore relevé au xvie siè-
ment une autre (1904). 0 Par extension, implication cle. L’italien impotiare acomporter, impliquer, en-
désigne couramment ce qui est impliqué par qqch., traîner- En xwe-déb, xrves., Dante), puis anécessi-
mais non exprimé ; au pluriel (mil. xx” s.1, implica- ter, réclamer» Idéb. x9 4, emprunte le latin
tion23 équivaut à ttconséquencesti. classique importure aporter dansa, d’ou <<causer)>,
0 voir IMpLIcm. aentraîner». Ce verbe est composé de im- (+ 0 in-)
et de portare E-, porter). Le verbe italien Sign%ait
IMPLORER v. tr. est un emprunt (1280) aulatin aussi *concerner, présenter de l’intérêt* (xv” s-1; de
implorare «demander avec des larmesn, Gnvoquer>, ce sens viennent les valeurs de impotiunzu et im-
composé de im- I+ 0 in-1 et de plorure =Pleurer**. portance.
+Le verbe signiik *demander (une faveur, une + Seul ce sens propre à l’italien aavoir de l’impor-
aide) avec insistance, (1380, pour sa gmce implo- tance, concernep, lié à importance, subsiste en
rerl; il s’emploie ensuite (1549) au sens de -supplier français où il est attesté en 1543 ; importer à Cqqn,
d’une manière humble et touchante=. qqch.1 est relevé en 1552, l’emploi absolu en 1587.
b Le verbe a fourni les dérivés IMPLORATION n. f. *@‘importe gue, suivi de l’indicatif, apparaît
(1549 ; 1317, imploraci&, peut-être emprunté au chez Montaigne 115951;on relève ensuite iI importe
dérivé latin impl~dio, IMPLORATEUR,TRICE de, suivi d’un infinitif Il61 11, il importe qw suivi
n. et adj. (1530, imploreur; chez Rousseau, 17701, d’un subjonctif (16361, il n’importe et n’importe
IMPLORABLE adj. (15571, rare, et IMPLO- (XVII~s.l. N’importe fait partie de locutions pronomi-
RANT, ANTE adj. (av. 17631,littéraire. nales indéties Nil. XVIII~s.), comme n’importe gui,
quoi, lepel, de locutions adjectivées, comme n’im-
porte quel, guelle (1782, Rousseau), et adverbiales
IMPLOSION n. f. est une formation savante In’impotie comment, oti, qumdl.
(1897, abbé Rousselot) à partir de e@ostin*, par
b Le dérivé 0 IMPQRTABLE adj. “qui a de l’impor-
substitution du préke im- 1-+ 0 in-), à a-*; I’an-
glais implosion, de formation identique, est attesté tance)) ( 1509) est sorti d’usage.
en 1877 en phonétique. IMPORTANCE n.f. est sans doute un emprunt
(1440-1475) à l’italien impotiunza Eifaitd’être impor-
+ Le mot désigne d’abord la première phase de tant}) En xrv”-déb. xve s.), {{autorité, influence, pres-
l’émission d’une consonne occlusive (par ex. Ip, bll. tigeu (1” moitié xv” s.1, dérivé de impotiure ki-des-
- Il est repris en physique (v. 1960) aux sens de cex- sus). * Importance a d’abord désigné un
plosion ou série d’explosions tigées vers I’inté- événement remarquable, un accident (sens dis-
rieurm, Grruption d’un fluide dans une enceinte paru) et s’est employé pour «autorité, influence
dont la pression est beaucoup plus faible que la d’une personne>, que lui confèrent ses responsabi-
pression extérîeure~ haplosion d’zkn i!de de télé- lités, ses talents, etc. 0 Le nom se dit ensuite ti
vision). -=DPar analogie, impbslon désigne en astro- xv” s.) du caractère de ce qui a de grandes consé-
nomie Iv. 1962) l’effondrement d’une masse ga- quences et de la valeur que l’on attribue à une
zeuse, quand les pressions internes sont chose. Au xwe s., la locution adverbiale d’impor-
instisantes pour équilibrer les pressions ex- -ce, très tiéquente, signifie <<beaucoup, forte-
ternes. mentm (1636) ; aujourd’hui littéraire, elle n’est plus
F IMPLOSIF, IVE adj. et n. f., formé sur explosifw, employée avec un adverbe de quantité (assez, trop1
est d’abord un terme de phonétique (1888 ; anglais ni avec une négation. I~npotiunce Gautoritén est em-
implosive, 1877) et s’applique aussi (v. 1960) a Ce qui ployé péjorativement au xwie s. (1659, Molière faire
est relatif à une implosion. *IMPLOSER v. intr., Z’hmnme d’importance) ; de là vient 11772) le sens de
formé (v. 1960) sur exploser”, signifie &ire implo- mffisance, arrogance=, aujourd’hui vieilli (cf. îrn-
siens . portantl.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1795 IMPOSER
IMPORTANT, ANTE adj. et n. ( 1476, selon Bloch et bordable)} et au figuré «incommode, désagréablem,
Wartburg; puis 1528) est lui aussi un emprunt à formé de im- (+ 0 in-1 et d’un dérivé de portus ~OU-
l’italien importante “qui a de l’importance>> et, spé- verture, passage>, d’où aentrée d’un port* et uport,
cialement, *de l’intérêt stratégique, politique)) (at- refuge> (+ port).
testé au xv” s., au superlatif impotiuntisimo~; c’est +L’adjectif a d’abord quatié une demande, une
le participe présent adjectivé de impotiare. + L’ad- supplication pressante, puis il s’est appliqué
jectif français s’applique d’abord à ce qui importe, (v. 1450) à une personne dont la conduite n’est pas
qui a un grand intérêt, des conséquences notables, en accord avec le rang. 0 Par extension, importun
d’un point de vue qualitatif ou quantitatif. Il s’em- signifie “qui poursuit d’une manière continue, ré-
ploie également depuis la fm du XVI’ s. en parlant pétéeti, d’où “qui ennuie par une présence ou une
de personnes, péjorativement comme nom au conduite hors de propos>>, en parlant d’une per-
XVII~s., dans faire I’hpohnt (165 1; 1630, faire de sonne (1540) ou d’une chose 11558). L’adjetiif est
I’impotiant) et comme adjectif kvme s.l. 0 L’IM- d’emploi littéraire, seul le nom est courant ; &e im-
PORTANT n. m. Nce qui împor-ten est attesté chez portua ù soi-même &tre pour soi-même une cause
Beaumarchais ( 179.21. d’embarrw ~VII” s.) est sorti d’usage.
0 IMPORTER v. tr., attesté au XIV~s. (1369 en F Le dérivé IMPORTUNÉMENT adv., ade manière
Normandie, puis en 13821, est un emprunt au latin importune», est littéraire et rare (15273. Ce dérivé
importare ((porter dans)) (+ 0 porter) et employé existait déjà en ancien fkn~ais (XIII~s-1au sens de
comme terme de commerce. asubitementa ; isolément le mot a aussi signifié
+Importer s’emploie d’abord pour capporter (de Nd’une manière pressanten 11400-14501. + IMPOR-
l’argent) dans une entreprise commerciale*, rem- TUNER v. tr. 11456-14671, peut-être pris au latin mé-
placé en ce sens par investir. Il reprend ensuite le diéval importunare (12201, sign5e flennuyer par ses
sens du latin, 4ransporter dans un pays Ides pro- assiduités, gêner par une présence ou un compor-
duits en provenance d’autres pays)» (1396) ; on tement lassant>>; le verbe est d’emploi littérall-e ;
trouve aussi au xv~~s. emporter dans cet emploi. s’importuner Hêtre contrarié> (1637, Malherbe) est
0 Le verbe devient courant à partir du XVII~ s. ( 1669, sorti d’usage. +IMPORTUNITE n. f. est emprunté
Colbert) avec le développement des échanges ( 1326) au dérivé latin classique impofiunitus dif&

commerciaux et l’influence de l’anglais t;o import cuité d’accès d’un liew et par figure #caractère dé-
(1548, dans ce sens ; 1508,4ntroduire une chose ve- sagréable d’une personneti, puis en latin médiéval
nue de l’extérieurfi), lui-même emprunté au moyen 4ollîcitation pressante>) Iv. 10901. OLe mot est in-
français. Il s’oppose alors à exporter. 0 Par exten- troduit avec le sens du latin médiéval qui a vieilli
hne, des importunités). Il désigne ensuite (1572) le
sion, importer Sign%e aintroduire dans un pays
lune espèce animale) pour l’y aicclimater~ 11755) ; le caractère de ce qui est importun puis Iv. 1600) une
verbe s’emploie ensuite au figuré (1801) en parlant chose importune.
d’idées, de moeurs, de mots, etc.
+k IMPOSER v. tr. est une réfection (13021, par
,Le verbe a fourni deux dérivés. IMPORTA-
latînisation du préke, de la forme empeser ( 11191,
TEUR, TRICE n. et adj., employé au propre (1756-
francisation d’après poser; le verbe est emprunt4
1758) et au figuk Idéb. xrxe S.I. Importeur ( 1764) au
au latin imponere cplacer sur= et CIétablir sur,, <<don-
sens propre ne s’est pas imposé. + @ IMPOR-
ner (à qqnl la charge de IqqchJ), arendre obliga-
TABLE adj. est quasi contemporain (18021 du
toire (un tribut, une loi), et gabuser Iqqnl». Imponere
composé R~IMPORTER v. tr. (1792) dont dérive
est formé de im- (+ 0 in-1 et de ponere <poser, dé-
RÉIMPORTATION n, f. (1835).
posep (+ pondre), issu de “po-sinere; sinere, situs si-
IMPORTATION n. f. est un emprunt (1734) à l’an-
gnikkît à l’origine alaisser, placern, puis à l’époque
glais iT?I~O&tiOpt «action d’importers, (16011 et
classique «permettre* (4 situer).
«marchandise importéep (16641, dérivé de to impoli.
Importation, introduit en même temps que ewor- + L’ensemble des sens du latin a été repris en fran-
tation”, a eu une évolution sémantique paraSle à çais. Emposer Sign%ait <<donner (un nom) à» puis au
celle du verbe importer; terme de commerce ( 17341, xtre s. (av. 11503 aplacer sur». Dans son premier em-
il s’emploie au figuré (1770, Voltaire, I’importation ploi attesté (13021, imposer sime Nattribuer faus-
des idées) et désigne ce qui est importé (1770, Ray- sement Iqqch, à qqn)> Id. imputer), acception dispa-
nal) ; le mot reste d’emploi technique au XVIII~siècle. rue mais encore courante à l’époque classique. De
IMPORT-EXPORT n, m., anglicisme, provient d’un là vient ensuite le sens de «faire croire une chose
syntagme attesté chez J. Laforgue 11885, import et faussen Il536 ; 1596, KtromperBI, vieilli aujourd’hui,
exportl; le nom est composé des mots anglais im- mais courant au XV# s. où imposer en emploi ab-
port ( 1690, «ce qui est importé>> ; 1797, ~&ion d’im- solu équivalait à mentir (+ imposteur). OAU x13 s.,

porter4 et ewoti (1690, <<cequi est exportéti ; 1804, se développe le sens général de Kcontraindrem ; le
#action d’exporteD1. + IMPORT n. m., attesté chez verbe se dit pour aprescrire à qqn (une action, une
Claudel en 1907, représente un nouvel emprunt a attitude difkile, désagréable)», sens devenu cou-
l’anglais import au sens particulier de {contenu, si- rant ( 1342, imposer silence). 0 fl S’H’IIplOie aussi
gnifkation d’un mot, d’un textes ; ce mot est didac- pour afaire payer autoritairement> I+ impôt), spé-
tique. cialement <assujettir à l’impôts (1332, impouser à
qqn Nsoumettre à un impôtm; puis 1422, imposer
IMPORTUN, UNE adj. et n. m. est un em- qqn); il est sorti d’usage pour &apper (qqn) d’une
prunt (1327) au latin importunus, proprement aina- peine3 (1370-1372) mais s’est étendu aux choses
IMPOSTE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec sa valeur fiscale, pour epercevoir une taxe SUT~, participe passé du verbe importe ({mettre SUT*,
SUT~ (1690, Furetièrel, 0 Le sens de <mettre sur)) ap- du latin imponere Nmettre sur» 13 imposer). Im-
paraît dans imposer WI nom (à une chose, etc.), qui posta désigne Iv. 1465) une tablette saillante posée
reprend le sémantisme initial, =la désigner par un sur un pilier de nef, puis (av. 15743 la partie supé-
nom spécîaln (14991, puis dans l’emploi général rieure d’une baie de porte ou de fenêtre.
(15301, encore attesté chez Furetière en 1690 et en- 4 Imposte a repris les sens de l’italien, en archi-
core vivant dans le vocabulaire liturgique (1541, tecture ( 1545) et au XIX~s. en menuiserie (1828).
Calvin ; imposer les mains, dans certains sacre-
ments). 0 Le verbe signifie aussi (xvre s.) «faire une IMPOSTEUR nm. représente un emprunt
forte impression, commander le respect, I’admira- 11542, Rabelais) au latin impérial impostor, -or&
tionn, dans la construction ( 1538) imposer h gqa, fltrompeurn, dérivé du latin classique imponere au
remplacée par en imposer à qqn (1735). À ce sens sens d’Nabuser (qqn)» (+ tiposerl. On trouve aussi
correspond le dérivé imposant (ci-dessous). chez Rabelais la forme francisée emposteur (1532).
*S’imposer au sens moderne de Nse faire ad-
mettre, reconnaîtreB est attesté depuis Guizot + Le nom désigne d’abord une personne qui abuse
(1828). L’idée de contrainte se retrouve dans l’em- de la crédulité d’autrui par des discours menson-
gers; il s’est dit dans la langue classique pour <ca-
ploi pronominal s’imposer qqch. ( 1552) Ns’en faire
lomniateur)} et désigne (16691 celui qui cherche à en
une obligationn, dans l’acception Kfaire accepter
imposer par de fausses apparences. Ces emplois
par une contrainte moralen ( 1564) puis, au XVII~s.,
correspondent à ceux du verbe imposer et sont
ufaire accepter (qqn) par force, autorité, etc.n (1664).
0 Le verbe s’emploie en imprimerie par spécialisa- comme eux sortis d’usage. 0 En revanche, l’accep-
tion contemporaine ( 16681 <(personne qui usurpe un
tion du sens de amettre sut-~ : imposer une feuille
nom, une qualité qui ne lui appartient pas)) est res-
(16901, c’est grouper les pages de composition.
tée vivante.
b La famille du mot est importante. +IMPOSE~R
n. m. s’est employé 11340) au sens de ccelui qui b IMPOSTURE n. f. a été emprunté une première
règle la répartition de l’impôts; le mot désigne au- fois au XII~ s. (1174-l 1761, sous la forme adaptée em-

jourd’hui (18021 l’ouvrier imprimeur qui impose la posture, au latin impérial imposture «tromperien,
feuille. *Le dérivé IMPOSABLE adj., “qui peut dérivé de imponere. *Imposture est à nouveau
être soumis à l’impôt», est relevé en 1454. +IMPO- emprunté au xvres. (1534, Rabelais) et désigne l’ac-
SANT, ANTE adj ., tiré du participe présent, ne re- tion, le fait de tromper (par des discours menson-
tient qu’une valeur du verbe; il signiEe, en parlant gers), sens qui correspond aux emplois d’imposteur
d’une personne ou de son comportement, etc., aqui et du verbe imposer; ce sens a vieilli. Le nom a dé-
fait une forte impression, inspire le respectm (1715, signé au XVII~s. une imputation mensongère, une
Lesage, air imposant), puis prend le sens de “qui calomnie (1643) et une fausse apparence, une illu-
impressionne par la quantité, l’importance~~ (1732, sion. Il reste littéraire aux sens de <tromperie d’une
faste imposant1 et, par extension, bquivaut à &n- personne qti se fait passer pour ce qu’elle n’est
portants (1825). Imposant se dit aussi d’une person- paso (1670) et d’aapparence trompeuseD.
nalité de forte corpulence, qui en impose par sa
taille (18551. -Imposer a fourni deux verbes pré- IMPÔT n. m. est un emprunt adapté (1399, im-
fixés. RÉIMPOSER v. tr. (1549), teI?me teChiqUe
postl au latin impositum «ce qui est imposén, neutre
de impositus, participe passé de imponere (-, impo-
aujourd’hui spkialisé en imprimerie, dont dérive
ser). Il a été francisé comme dépôt.
RÉIMPOSITION n. f. (1683) ; SURIMPOSER v. tr.
-frapper d’un impôt supplémentaire>> (16741, vieilli 4 Fe nom désigne tout d’abord le prélèvement que
au sens de {<placer par-dessus> (1766) ; en dérive l’Etat opère sur les ressources des particuliers ;
SURIMPOSITION n. f. (1611). sous l’Ancien Régime, ce prélèvement était en na-
IMPOSITION n. f. est emprunté au latin impositio ture (corvée, dîme) ou pécuniaire (aide, capitation,
caction de mettre SUT~,capplicationn, dérivé de im- gabelle, taille). Le mot s’applique ensuite (1767) à
positum, supin de imponere. *Le nom a suivi une l’ensemble de ces redevances; on distingue au
évolution sémantique parallèle à celle d’imposer, XVI~~ s. les impôts indirects (17681 des impôts directs
mais ses emplois sont plus restreints. Il est d’abord (appelés Droits réunis sous l’Empire). Ces derniers
attesté au sens de «charge financièreB (v. 1228, im- seuls sont appelés impôts dans la langue courante.
poskion; fm XI~” s., au pluriel; 1538, <action d’impo- o Par figure, impbt s’emploie (1817-1823, Lamen-
serA; il a vieilli comme terme technique synonyme nais) pour t<contTibution, obligation% ; I’impot du
d’impôt (12881.0 Il désigne ensuite l’action de don- sangdésignant 11842, Balzac) l’obligation du service
ner un nom ti XVI@s. ; 1317, en parlant de l’action militaire. OPar métonymie, le mot s’emploie au
d’imposer un sceau), valeur qui subsiste de nos pluriel [XIX~ s.) pour désigner l’administration char-
jours en parlant des mains (1535; calque du latin gée de déterminer et de recouvrer les prélève-
impositio manuuml. 0 Imposit-Eon entre également ments ; il est alors synonyme de fisc.
dans le vocabulaire de l’imprimerie (1690). *Aux
sens d’Naction de contraindrw (1694) et d’ainjonc- IMPOTENT, ENTE adj. et n. est un emprunt
tionD (av. 17553, il est sorti d’usage. ! 13191au latin classique impotens &npuissant, inca-
0 voir IMposrE, IMPOSTEUR. IMPbT.
pable, faiblem, formé de im- Ib 0 in-1 et de potens,
potena ccpuissit;nt*, Mmaître>), qui servait de parti-
IMPOSEE n. f. est emprunté (1545) à l’italien cipe présent à passe apouvoizs,. Potens a servi de
imposta, féminin substantivé de imposto <glacé base à la chation du latin populaire “potere (- pou-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1797 IMPRESSION

voir), qui a remplacé posse; le mot se rattache à un gnucion) au dérivé latin impraegnutio <<action de
thème indoeuropéen “poti-, qui désignait le chef concevoti, dérivé de impruegnare, ou est un derivé
d’un groupe social (famille, clan, tribu). savant du verbe latin. 0 Ce nom a eu une évolution
+Impotent s’applique d’abord à une personne qui sémantique parallèle à celle du verbe; il s’est em-
ne peut se mouvoir ou ne se meut qu’avec diffk ployé (fin XIV' s.1 pour -fécondation= jusqu’au
cuité, substantivé tardivement ( 1798) ; par exten- XVI~I~s., par exemple chez B&on; puis il a désigne
sion, il s’emploie I18353 en parlant d’un membre (1690, Furetière) la pénétration d’une substance
ljambe impoten tel. dans une autre et la pénétration d’un fluide dans
un corps quelconque ( 1765). Au xrxe s., le mot s’em-
F IMPOTENCE II. f., emprunté (1269-1278) au dé- ploie au figuré (1858, Michelet). La valeur en biolo-
rivé latin impotentia 4mpuissance, faiblesse-, dé-
gie (1858)pour 4nfluence héréditaire>> vient du pre-
signe l’état d’une personne impotente et s’emploie
mier sens et n’est plus vivante qu’en histoire des
spécialement en medecine (impotence fonction-
sciences. 0 Du sens propre viennent des emplois
nelle, 1894).
spéciaux en technique ( 1859, imprégnation des
IMPRÉCATION n. f. est un emprunt savant bois), en biologie (1923) où imprégnation désigne
Iv. 1355, imprecacion) au latin imprecatio, <prière une méthode de coloration des cellules, en patho-
par laquelle on vouait qqn aux dieux de l’Enfer» logie (1928) où le mot se dit de la pénétration d’un
puis ~bénédiction~ her s.), dérivé de imprecati Mprier agent nocif dans l’orgtisme (1933, imprégnation
pour obtenir (un bien ou un mal pour un ennemi)». alcoolique) ; imprégnation est également devenu un
Ce verbe est formé de im- E+ 0 in-) et de precati terme d’éthologie.
I+ prier), dérivé de pre~, precti üprièrem.
IMPRESARIO n. est un emprunt (1753,
+Le nom perdant sa valeur positive, vivante en (k!îm~& à l’itahen impresario ccentreprenew) I1644-
moyen français CI374 où imprécation désignait le 1683)et spécialement <<organisateur de spectacles-
fait d’appeler la bénédiction de Dieu sur soi-même, Idéb. XVIII~s.l. Ce nom est dérivé de impresa dentre-
a conservé le sens de =malédiction~ dans le prisen (d’où en moyen lançais imprese, 15781, férni-
contexte de 1’Antiquité cv. 13551. Par analogie, im- nin substantivé de impreso, participe passé de im-
précation désigne (1564) un souhait de malheur prendere aentreprendrem, issu du latin populaire
(contre qqn); par référence à cette valeur, le mot “imprehendere, composé du latin classique prehen-
s’emploie en histoire littéraire à propos des malé- ckre I+ prendre). On trouve aussi la graphie franci-
dîtiions proférées par un personnage dans une tra- sée imprésario qui semble récente (19491.
gédie ( 1680).
4 Le mot a désigné le directeur d’une troupe théâ-
F h-npréca~n a fourni les derivés IMPRÉCATOIRE trale ; il désigne aujourd’hui (1867, Taine) une per-
adj. @n XV~ sd, libhire, et IMPRÉCATEUR, sonne qui s’occupe de la vie professionnelle d’un
TRICE n. (16641, mot très rare, repris dans
le titre artiste, d’un groupe artistique.
d’un roman de R. V. Pilhes (1974, où il faisait figure
de néologisme. * IMPRESSION n.f. est un emprunt
(mil. XIII~ s.1 au latin impressio <<action d’appuyerti,
IMPRÉGNER v. tr. est la réfection CISOO), Grruption, choc, attaque*, apressiow et, au figuré,
d’après le latin, de empreignier II El-1 134 ou em- <<effetqu’une cause produit dans l’espritm. Le nom
preigner II 130- 11401, pour éviter la confusion avec est dérivé de irnpressum, supin de imprimere
certaines formes de empreindre. Le verbe sous ses (-, imprimerI.
deux formes est issu du bas latin impraegnare ccfé- + En ancien tiaqais, impression s’emploie concrè-
condera, formé de im- I+ @ in-1 et de praegnans, tement pour désigner la marque laissée par un
-antis “qui est près de produire*, CcenceînteB- em- corps pressé sur une surface, l’action de presser
prunté par l’anglais premnt -, -gros, gonflé». (mil. XIII~s.1 et, abstraitement, l’effet qu’une cause
C’est un composé de prue aavant» et de gnasci, extérieure produit dans l’esprit de qqn ! 1269-1278);
forme archaïque de nasci C-t IX&~). ce sens aujourd’hui courant sera repris au XVII~s.
4 Le verbe a signifk comme intransitif «être fé- après une période où il n’est plus représenté. Un
condée, devenir enceinte>> (1121-11243 et comme autre sens figuré, <<acte de contraintea I1359, est
transit;if <rendre enceinte, fécondera, (1130-I 140); il sorti d’usage. -Q Dans la dernière partie du xve s. le
s’est employé au figuré en ancien français (XIII~s.1 mot s’introduit dans le vocabulaire de l’imprimerie
pour <remplir (qqn d’un sentiment)}}. 0 Par coti- naissante (voir l’histoire du verbe imptimer*, dont il
sion avec certaines formes du verbe empreindre, est alors le substantif); impressiun désigne l’action
qui en retour est attesté au sens d’aengrossern d’imprimer un livre (1475; cf. imptimerie), le résul-
( 15301, imprégner prend au début du XVII~s. ( 1620) le tat de l’opération (14971 puis équivaut à wproduction
sens de <pénétrer (un corps) dans toutes ses par- des livres+ (15001,sens sorti d’usage et remplacé
ties*, en parlant d’une matière quelconque (16711, par édition. c=Par extension, le mot se dit d’un pro-
puis d’un liquide 117621,seul emploi moderne, en cédé de reproduction par pression d’une surface
concurrence avec imbiber en ce sens. Au fiwé sur une autre, qui en garde la marque 11570, en
(1740-1755, Saint-Simon), le verbe Sign%e ccpéné- parlant de la frappe de la,monnaiel, cette marque
trer, influencer profondémentm. se nommant empreinte”. A la fus du xvre s., impres-
b Du verbe dérivent IMPRÉGNABLE adj. (1803), sion est employé chez Montaigne (15881 au sens au-
rare, et IMPRÉGNANT, ANTE adj. (me S.I. +IM- jourd’hui disparu d’uaction d’un corps sur un
PRtiGNATION n, f. est emprunté &k XIV~s., impre- autre3. Le mot s’utilise ensuite en peinture (1636)
IMPRIMER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour désigner l’enduit mis sur une toile, avant que entre 1874 et 1886, avaient le projet d’exprimer les
le peintre y exécute son œuvre. impressions que les objets et la lumière suscitent
C’est en 1630 qu’est repris le sens abstrait psycho- dans la conscience. On est passé de cette caracté-
logique, utilisé alors dans la locution faire impres- ristique de la représentation à des traits communs
sion 11639, Rotrou), sens qui se développe à l’épo- de la technique (emploi des couleurs pures juxta-
que classique. Impression s’est dit aussi (1647, posées, importance de la lumière, refus du sujet
Corneille) de l’action qu’exerce sur qqn un objet, anecdotique, etc.). Par analogie, dans un emploi dî-
un sentiment ; d01112erl’impression, une impression dactique ou littéraire, le mot se dit au XX~s. d’un
est vieillie au sens de kartsmettre à qqn sa façon écrivain, d’un musicien proche du groupe des im-
de juger (une personne ou qqch.)>>(1656, Pascal), la pressionnistes. 0 Enfin, l’adjectif s’emploie de fa-
locution ayant pris les sens de cfaire l’effet des et de çon dépréciative W s.) pour “qui ne se fonde que
adonner le sentiment, l’illusion (de qqch. dont on sur 1’impreSsiOnn kf. Subjedifl. + IMPRESSION-
éveille l’idéel>. impression au milieu du XVII~s. dé- NISME II m., dérivé d’impression d’après impres-
signe aussi une forme de connaissance élémen- sionniste, s’emploie en peinture ( 18741, puis par
taire, immédiate et vague, que l’on a de qqn ou de analogie (18851 dans d’autres arts, et de fqon dé-
qqch., sens aujourd’hui usuel, et qui se retrouve préciative sur le plan intellectuel 119233.Au sens
dans plusieurs locutions : faire bonne Imauvaisel initial, un souvenir transmis par témoignage oral
impression (ii, sur qqn1 tl6691. oLe mot désigne (A. Proust, Souvenirs, in Revue blanche, 1927
également ( 1678, La Fontaine) l’action d’un agent [D. D. L.1) fait remonter le mot à 1858, ce qui en en-
extérieur qui atteint un organe sensoriel et y pro- lèverait la paternité, sinon la mise en usage, à Louis
voque une modification ; cet emploi est aujourd’hui Leroy.
un archtisme littéraire, impression se disant en - A partir d’impressiouL ont été formés RÉIMPRE s -
psychologie de l’ensemble des états physiologiques SION n. f., qui désigne (1630) l’action de réimpri-
qui provoque l’apparition d’une sensation. La lo- mer et, par métonymie, un livre réimprimé par le
cution avoir l’impression de (suivie de I’inkitifI, at- même éditeur et sans changement typographique
testée chez Concourt (18561,Sign%e «avoir la sensa- Ià la dBérence de réédition). +SURIMPRESSION
tion, le sentiment de>>. n. f. ( 19081, terme de photographie et de cinéma,
Dans le domaine technique et au sens concret, im- qui entre dans la locution figurée en sudmpression
pression s’applique depuis le XI& s. ( 1723) à la tech- aperçu en même temps qu’autre choses ; en dérive
nique par laquelle on imprime les étoffes et les tis- le terme technique SURIMPRESSIONNER v. tr.
sus; ce sens procède de celui qu’a pris imprimer* à (1925) Hmontrer par surimpressions.
la fm du XVI~siécle. Puis, par analogie avec les IMPRESSIBLE tij. a été emprunté ( 1832, Balzac) à
autres techniques de reproduction, le mot désigne l’anglais impressible +‘npressionnable~ Ix& s.1,dé-
au début du ti s., d’après le verbe impressionner, rivé de to impress aempreindre, impressionner>),
le processus de formation d’une image photogra- formé sur impressum kf. ci-dessus3. L’adjectif, qui
phique sur une surface sensible. 0 Fnfm, impres- qua%e une personne qui se laisse émouvoir par
Sion, comme imprimer, s’applique (apr. 1962) au une impression, a été éliminé par impressionnable.
produit d’une imprimante d’ordinateur. Son dérivé IMPRESSIBILITÉ n, f. (1858, Littré et
b Le dérivé IMPRESSIONNER v. tr. est attesté au Robin), peut-être d’après l’anglais irnpressibility
xvme s. au sens d’&Yecter (qqn) d’une vive impres- (17151, didactique, est lui aussi sorti d’usage. +IM-
sionm (1741, impressionner tous les cœurs; 1762, im- PRESSIF, IVE adj- est un emprunt (1817,
pressionner qqn). 0 Le verbe est ensuite employé We de Staël) à l’anglais impressive, d’abord syno-
en physiologie (1812, W” de Staël), puis en photo- nyme de impressible, puis employé pour <<suscep-
graphie ( 1859, impressionner une plaque photogra- tible de faire une impression+ k.w” s.1, dérivé de
phique). *Impressionner a plusieurs dérivés. IM- to impress aempreindre, impressionner)). 0 Le mot
PRESSIONNABLE adj. signifie (1780) *susceptible est sorti d’usage dans ses deux emplois; il a été éli-
de recevoir de vives impressions» et cfacilement miné par impressionnant et par impressionnable.
impressionné*, sens le plus courant; l’adjectif est 0 Son dérivé IMPRESSIVEMENT adv. (1836, Bar-
vieilli comme terme de photographie 11857) où l’on bey d’Aurevillyl a disparu avec lui et IMPRESSI-
emploie sensible; en dérive le terme didactique IM- VITÉ n. f. (1946, Mounier) semble inusité.
PRESSIONNABILITÉ n. f. II809 ; 1857, en photo-
graphie). +IMPRESSIONNANT, ANTE adj. s’ap- +k IMPRIMER v. tr. est la réfection d’après le
plique à ce qui produit une impression vive et forte latin (v. 1355, Bersuire) de la forme adaptée empri-
(av. 1801, Restif de La Bretome) et, par extension, à mer (12701, emprunt au latin imprimere «appuyer
ce qui est très remarquable, considérable 11896, SUT~, afaire (une figure) en pressa&, 4aisser une
J. Renard) : ce sens critiqué par les puristes mais empreinte*, formé de im- I-, 0 in-1 et de premere
admis par Littré et l’Académie (19351, est au- «presserm, aexercer une pression sur=. Imprimere a
jourd’hui usuel. +IMPRESSIONNISTE n. et adj. abouti par évolution phonétique à empreindre*.
est un mot créé par le critique Lotis Leroy dans un +Imprimer a conservé en ancien tiançais le sens
article du Chativati du 25 avril 1874, «L’exposition général de «presser sur». Le verbe s’est employé
des impressionnistes>> ; il est forgé par dérision Pour «inspirer, transmettre (un sentiment)*
d’après le titre d’un tableau de Monet, impression : CV. 13551, d’où à l’époque classique imprimer qqn
soleil levant, mais a vite perdu sa valeur péjorative ; «I?mpressionner~~ (15533. C’est aujourd’hui un ar-
impressionniste se dit des peintres qui, présentant chaïsme, alors que impression continue à avoir
leurs œuvres dans des expositions communes cette valeur. + Le verbe est utilisé ensuite 11476)
DELA LANGUEFRANÇAISE 1799 IMPROWER

pour -reproduire (les caractères d’une kiture, ractères imprimés 11856) et s’emploie au sens (18733
des signes graphiques) par la technique de carat- de <feuille imprimée a, ~formulairefi [remplir un im-
tères encrés,, sens devenu le plus courant, et primé). - IMPRIMABLE adj., =qti mérite d’être im-
contemporain de l’emploi général (1487) pour prinh (15831, a pour contraire INIMPRIMABLE
«faire, laisser (une marque, une empreinte) par adj. (18451, rare. +IMPRIMANT, ANTE adj. (xx” Sd,
pressionp, d’où imprimer la main sur ia joue de qq?2 qui imptien, a fourni IMPRIMANTE n. f. Iv. 19621,
(1636). 0 Par extension, le verbe signZe tifaire pa- terme désignant un dispositif qui imprime le pro-
raître sous forme d’ouvrage imprirné~ et, employé duit de sortie d’un ordinateur. * Du verbe tiennent
absolument, afaire imprimer des Oeuvresa (16661, les préfixés RtiIMPRIMER v. tr. 11538, Marot) et
puis équivaut à publier comme intransitif (1718) et SURIMPRIMER v. tr. (1951, Queneau) qui corres-
transitif (17211, par exemple imprimer un auteur. pondent respectivement à réimpression (plus
Comme impression, le verbe s’applique Iapr. 1962) récent) et à surimpression (plus ancien et qui a sus-
au produit d’une imprimante Ici-dessous). ~Dans cité le verbe> ; I+ impression3.
le domaine abstrait où il continue l’emploi du xrves. IMPRIMATUR n. m. est une forme latine 11844,
mais possède une valeur métaphorique par rap- M&imée) Sign%ant «qu’il soit imprkné~ et corres-
port à l’acception technique, imprimer si@e pondant à ‘ta 3@personne du singulier du subjonctif
(1530, emprimer qqn de qqch.) <graver dans l’esprit, présent passif du latin classique imprimere &~pri-
le cœw comme imprégner, puis *donner, imposer men. Le mot a été employé par Mérimée, par plai-
une marque, un caractère àn (1580, Montaigne), en santerie, corne formule pour donner son accord ;
particulier à un ouvrage ri 7301. *Par extension de c’est ensuite un terme didactique, surtout employé
l’emploi technique, le verbe s’emploie pour wepro- dans le domaine religieux, désignant (1866, Veuil-
dtie des dessins, des couleurs sur une étoffe= lot3 l’autorisation d’imprimer accordée par l’auto-
(15991, puis en peinture ou fl Sign%e 11622) eprépa- rité religieuse ou l’université à un ouvrage soumis
rer le fond du tableau avec certaines couleurs*, à son approbation.
ainsi que dans un sens général *reproduire (une fi- 0 voir IMPRESSION.
gure, une image3 par l’application et la pression
d’une sudace sur une autreN (16361. -+ Le verbe, par IMPROBE + PROBATION
extension du sens abstrait de (<communiquer, don-
ners,, sime aussi ( 1660-1666, Bossuet, imprimer un IMPROMPTU, UE n. m., adj. et adv. est un
mouvement) fltransmettre (un mouvement)m, em- emprunt savant (1651) à la locution adverbiale la-
ploi condamné par Littré, mais courant en tine inpromptu cous les yeux, sous la ma&
sciences. composée de in adan+ (+ 0 in-1 et de l’ablatif de
,Le developpement de l’imprimerie explique le promptus “qui est à la disposition de qqnB
nombre et I?mportance des dérivés d’imp&zer. (+ prompt), mot formé sur promptum, supin de pro-
* IMPRIMEUR n. m. et adj. (1478, impremeur; mere &rer, faire sortirm, <produire». Promere est
1485, sous la forme moderne) désigne le proprié- issu de “pro-celmere, le simple emere, emptus S&I+
taire, le directeur d’une imprimerie; le mot, an- fiant à l’origine aprendrem, puis en latin classique
ciennement employé pour aouvrier qui travaille à <prendre contre de l’argent, acheterm.
la presse, (14981, se dit aussi (1793) pour ~ouvrier +Impromptu est introduit pour désigner, au-
travaillant dans une imprîmeriex, mais cette accep- jourd’hui en histoire littéraire, une petite pièce
tion est plus courant% pour l’adjectif butir, up- poétique de circonstance, en principe non prépa-
prenti imprimeur, ce dernier dès 1571). - IMPRI- rée, et une courte pièce de théâtre composée pour
MEUSE n. f., attesté au sens de *femme possédant une occasion précise, ou traitant d’un sujet d’actua-
une imprimerie, (1651) et de *femme imprimeuru, lîté Il 663, Molière, L’impromptu o!e Versailles).
sens parfois repris aujourd’hui, désigne surtout 0 Au sens général de =ce qui se fait sans prépara-
11872) une machine qui sert à imprimer artisanale- tion%, le mot, employé au XVII~s. (16691, est sorti
ment (distingué de presse). + IMPRIMERIE n. f. est d’usage. Impromptu adj. équivaut à Gmprovisé*
relevé vers 1500 pour désigner l’ensemble des te&- (1673, Molière) ; la locution tiverbhle à I~I-
niques permettant la reproduction d’un texte par promptu (av. 1755,Saint-Simon) est sortie d’usage
impression ; par métonymie, le mot se dit de l’éta- et l’emploi adverbial 11768, Rousseau, chanter im-
blissement où l’on imprime 115231,du matériel ser- promptu) est littéraire et rare. *Le nom est repris
vant à l’impression 115661,puis des ouvriers du livre en musique lav. 1849, Chopin) pour désigner une
(1823). 0 Comme imprimeur, imprimea tend à se petite pièce instrumentale de forme libre, généra-
spécialiser avec l’évolution des techniques ; d’abord lement composée pour le piano ; il est sans doute
confondue avec l’édition, et parfois avec la librairie, alors emprunté à l’allemand impomtu (lui-même
l’imprimerie s’en est complètement distinguée et du français), qui a ce sens dès 1827. ~Enfk, im-
se détache au XX~s. de la composition (en amont) promptu, en psychologie de groupe (W s.), équi-
comme de la reliure (en aval). ]In outre, on dis- vaut à happening.
tingue les petits travaux «de ville)) de l’impression
des livres, journaux, périodiques et autres impri- IMPROPRE + PROPRE
més (le labeur). +IMPRIMÉ, ÉE adj. et n. m. dé-
signe tl532, Marot) un ouvrage imprimé, spécide- IMPROUVER v. tr. est un emprunt, adapté
ment par opposition à manuscrit (1689, d’après prouver (1370-1372, @-esme), au latin im-
MT’” de Sévignél; le mot s’est employé pour apetite probe adésapprouverp, arejeter, réfutern, formé
brochuren (1611); àpartirduxIxe s., il désigne les ca- de im- I+ 0 in-) et de probare qui a donné prouver.
IMPROVISER 1800 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

4 Le verbe a signif% aréfuter (une opinionlm (1370- b Le dérivé IMPUDEMMENT adv. 11461, impudnm-
13721, puis =Contredire» (v. 14501,ablâmer, désap- ment) est assez usuel dans l’usage soutenu. +IM-
prouver, (1582); il est qua&rieIIt sorti d’usage. PUDENCE n. f., emprunt 11539; 1511, selon Bloch et
h IMPROBATION n. f. a été emprunté 114581au la- Wartburg) au latin impu&ntia, dérivé de impu-
tin classique improbati *désapprobation% puis aré- dents, est lui aussi un mot vieilli ou littéraire. Il dé-
futationm en bas latin et en latin médiéval, dérivé du signe une etionterie audacieuse ou cynique et,
supin de improbare. Q Le mot, vieilli, est très litté- plus rarement (1680,Richeletl, une action, une pa-
raire, comme son dérivé IMPRoBATIF, IVE adj. role impudente.
(1792-17931. +IMPROBATEUR,TRICE n. et adj.,
IMPUISSANCE + POUVOIR
emprunt au dérivé latin improbator <celui qui dé-
sappruuve~, est sorti d’usage comme nom (av. 1654, IMPULSION n.f. est un emprunt savant
Guez de Balzac1 et est vieilli comme adjectif I 1776, Cv.13153au latti classique impulsti <action de pous-
Holbachl, remplacé par dksupprobateur. sen, 4ncitation, excitationn et VIOC, heurt-. C’est
un dérivé de impekre eheurtern, <pousser ver-w,
IMPROVISER v. tr. est un emprunt (1642) à &Citer àm,formé de im- (3 0 in-1 et de peUere, pul-
l’itdien imprwvisure, dérivé de improvviso aqui as- sum apoussern (avec l’idée accessoire de &appen),
rive de manière imprévueB, lui-même emprunté au puis achassep et dans la langue militaire <repous-
latin improvisus. Ce dernier est formé de im- seru (cf. Pellonia <déesse qui met l’ennemi en
k+ 0 in-1 et de proyisus, participe passé de pro% fuite4 Pellere se rattache à une racine indoeuro-
dere cpr&ob, de pro- et videre I-+ voir). péenne Opel- <agiter,, comme le grec polemos
+Le verbe, reprenant le sens de l’italien, signifie aguerre» (3 polémique).
dans son premier emploi ~chanter ou composer 4 En français, le mot reprend d’abord le sens géné-
sa2~3 préparationm, le comploment désignant une rail du latin, Naotion de poussen et <mouvement
création musicale et, par extension, langagière donné à qqch.,, puis il désigne 11370-1372)la force
(17791. 0 Par extension, imprwiser s’emploie Il8291 qui pousse qqn à faire qqch. Cet emploi est au-
pour aorganiser sur-le-champ, à la hâten puis, dans jourd’hui borné à des emplois restreints k~~puk&on.
la construction imprwtser qqn k~titi d’un nom dé- du désir, de la raison, etc.). Impulsion passe au
signant une fonction), au sens de apourvoir inoginé- XVIIes. dans le vocabulaire abstrait 06861 aux sens
ment (qqn) d’une fonction à laquelle il n’est pas pré- de ace qui animeu, afait dïnciter~; en parlant d’une
pah (1823, prun.). personne, il signZe tdéb. ~~III~s.1atendance sponta-
p IMPROVISADE n. f., aœuvre d’improvisationn née à l’actîon~, d’uti les emplois récents Ix2 s.1 en
11731,aussi a Z’Imprwisade, lot. adv.), a été sup- psychologie et en psychanalyse. ~Dans le do-
phnté par impromptu. -IMPROVISATEUR, maine concret, impulsbn désigne spéoialement en
TRICE n. et adj. est attesté (1765) sous la forme im- sports (18303la tension provoquée par un mouve-
provisteur, comme nom féminin et adjectif en 1776 ment de bras, de jambes, utilisé pour déclencher
(Cazottd et au mascti en 1181;le mot dérive du un saut, un lancer, etc. ; le mot s’emploie également
verbe, d’après l’italien improwisatore, -trice (at- en physique limpulsions éZectriquesl, en méca-
testé au xvw” s. av. 17291. *Le nom d’action IM- nique, en biologie.
PROVISATION n. f. est relevé chez Fe de St&1 k Le dérivé IMPULSIONNEL,ELLE adj.,termedi-
(1807) désignant une œuvre Improvisée et l’Action, dactique (xx” s.1,s’emploie en physique, en électri-
art d’improviser. Il s’emploie spécialement en mu- cité et en psychologie.
sique Ien jazz, milieu me s., improvisation collective) IMPULSIF,IVE adj. est un emprunt aubas latin
et a pris, dans son acception générale, la valeur pé- impulsiws <qui donne une impulsion*, dérive de
jorative du verbe. impelkre. 0 L’adje@ sorti d’usage au sens du la-
@ voit- rA L’NhWROVISTE. tin Ix@ s.1,sauf en physique 118291,s’applique & qqn
qui agit sous l’impulsion de mouvements sponta-
IMPROVISTE (À L’l ~OC.adv. est emprunté nés, irréfléchis 11876,tij., Goncourt). Il est substan-
à la Renaissance Il 528) à l’italien aZZ’improwista tivé (1866, upz impukifl, spécialement en psycholo-
<d’une maniére inattendue, par surprise~~ 114761;la gie Id s.l. +Impulsif a servi à former
locution italienne est formée du fkninin de imprw- IMPULSIVEMENT a&. (1881,dans une traduction
vi.&0 4mpr&w !+ împroviserl. de Darwin) et IMPULSIVITÉ n. f. (19073. +IMPUL-
4 A I’imprwiste, qui a conserve le sens de Malien, a SER v. tr. est un dérivé savant d’impulsion ou un
éliminé les anciens a despounteu (-, dépourvu) et à emprunt au bas latin impulsure =Pousser contren,
Z’impourveuteI kwe-xwe S.I. 0 Imprwiste s’est em- formé de im- (+ Q in-1 et de pulsare apousser vio-
ployé à l’époque classique comme adjectif (15751, lemment*. Phare, construit sur pulsus NchocB
qutiant ce qui est improvisé. I+ pouls), s’est substitué à pelkre comme étant P~US
expressif. 0 Le participe passé IMPULSÉ, ÉE adj,
IMPUDENT, ENTE adj. est emprunté (v. 15003 a le sens d’&cité, excitém. oLe verbe est
Iv. 15001 au latin impudens NeBontés, formé de im- ensuite attesté ( 1531) aux sens de apousser vive-
(-+ 0 in-) et de pub qui a de la pudeurn, amo- ment (un corps)~ et d’ainciter (qqn) à~ (1542). + Im-
destem, participe présent de Pu&re (-+ pudeur). puker, sorti d’usage, a été reptis apr&s 1945au sens
4 L’adjectif, vieilli ou littéraire, s’applique à une de =donner une impulsion àm,par emprunt a l’an-
personne sans retenue, e&ontée tv. 1500; 1664 n.1 gl& toimpuke [donné comme wchtique jusque
ou à ce qui marque l’efkonterie Ixvres.l. vers 19301,de même origine que le verbe fian@s.
DE LA LANGUE FRANCAISE 1801 INADVERTANCE
+Un dérivé récent du verbe est IMPULSEUR 0 IN-, préfixe négatif issu du pr&xe latin in-, a
n. m., adispositif qui donne des impulsions2 (19751. pour variantes il- (par assimilation de [nl à 1111, im-
Un homonyme s’était employk pour 4nstigateurn (devant b ou p, par nasalisation de la voyelle et la-
au sens concret (15241 et moral (15491, par emprunt bialisation de [nl à [ml), ir- (par assimilation de In1 à
au latin classique impulsor (dérivé du supin de im- MI. Le in- latin, qui existe aussi sous la forme ne-, se
peUere). rattache à une négation ‘ne- que l’on retrouve dans
la plupart des langues indoeuropéennes, par
IMPUTER v. tr., réfection (mil. xrve s.) de empu- exemple en grec sous la forme vocalisée a- (-, a-;
ter (2” moitié du XIII~s.1, forme semi-populaire, est ne, ni, non, nul).
emprunté au latin impérial imputare aporter en + En fk-ançais, in- indique la négation, l’absence ou
comptem, <<mettre en ligne de compten, Nattribuern, le contraire de qqch. Le préke, très vivant en latin,
formé de im- (-+ 0 in-) et de putare. Ce verbe, lié à se retrouve dans les mots empruntés en in- ou en-
l’adjectif putus apur)> (appliqué à l’argent) et sans (exemples : enfant, latin infans; ingrat, latin infla-
étymologie connue, aurait le sens général de Cnet- tus). II est très productif en français en combinaison
toyep; il se serait spécialisé dans des acceptions avec des adjecti& et des participes ainsi qu’avec
techniques, aémonder (les arbre&, <épurer (un des adjectifs en -aMe où il marque l’impossibilité
compte)-, d’où le sens de «compter, cakulern. (exemples : indéchirable, indémaillaHe1. Cette
+ Le verbe fkançais est d’abord attesté chez Rute- combinaison, pratiquement sans limites, admet
beuf au sens d’cattribuer (à qqn) une chose digne de des mots de formation très libre, d’emploi restreint
blâmen, imputer ù, avec un nom sans article (1370- ou isolé (exemple iPzcueiZZissable, Proust, 1920).
1372, Oresme, imputer a ma21, signihnt aconsidé- 0 L’emploi du prétie sous la forme in- à la place
rer (l’action que l’on Impute) comme,. Le verbe est des formes assimilées il- et ir- est devenu courant
ensuite employé ( 1541) en religion pour cattribuer à pour les formations nouvelles (exemples : inru-
l’homme (Ies mérites de Jésus-Ctist) et atenir contable et auparavant inlassable).
compte (d’une faute)>>.0 Au XVI~s. (1587, au figuré),
il Sign%e <<porter (qqch.1 au compte de qqn, en dé-
0 IN-, préke, est tiré du latin in. *dans, en, parmi,
duction>, d’où <<porter en compte, appliquer à un sur» qui appartient à la famille de l’mdoeuropéen
“in adans>. In a abouti en £rançais à en-, d’où l’exis-
compte déterminé* (16361, oImputer a simé à
l’époque classique (av. 1628, Corneille) «attribuer tence de couples comme envahirhnvusion, la
forme in correspondant à des emprunts savants.
Iqqch.1 à qqn=, sans idée de blâme ou même avec
éloge. La plupart de ces acceptions ont vieilli ou In- a pour variantes il-, im-, ir-, dans les mêmes
conditions que QI in-*.
sont littéraires (imputer k.1 ou techniques (en fi-
nancesl . 4 Ce préhe entre dans la formation de mots où il
indique le mouvement vers l’intérieur ou la posi-
b Le dérivé IMPUTABLE adj. signifie d’abord (1370-
tion intérieure, spatiale ou temporelle. Très vivant
1372, Oresme) “qui peut ou doit être attribué)) ; il est
en latin, il apparaît en fran@s dans de nombreux
repris comme terme de lances 118291 et de droit ;
emprunts.
il est alors didactique comme son dérivé IMPUTA-
BILITÉ n. f., Sign%ant aresponsabilité» ( 17591, puis 0 -IN, -INE, suf5xe formateur d’adjectifs, vient
employé en hantes 11829) et en droit (18721. + IM- du latin -inus I-ha, -hum). II marque l’origine ou la
PUTATION n. f. a été emprunté au latin chrétien provenance (exemple : angevin), la matière,
imputatio acompte, calculn, aaction de mettre en la composition (exemple : sanguin), l’espèce
compte> et Naccusation>>, dérivé de imputare. oLe (exemple : bovin; dans ce cas, l’adjectif est en
nom a eu une évolution sémantique parallèle à concurrence avec -idés3, le caractère (exemples :
celle d’imputer désignant d’abord l’action de enfantin, poupin) ; ce suflke a été assez peu produc-
mettre sur le compte de qqn Iqqch. de blâmable) tif.
[zd” moitié du xv” s.1 et une accusation fondée ou
non, c’est aussi un terme de reli@on (1541, Cakin), 0 -IN, -INE, suffixe formateur de noms, tient de
de finances (1690, Furetière) et de droit (18041. l’itahen -ino, -ina; il est dimlnutif (exemples : tam-
bourin, bottine1 ou péjoratif (exemples : cabotin,
IMPUTRESCIBLE + PUTRÉFIER routine).

IN adj. inv. est un anglicisme introduit vers 1965 ; 0 -IN, -INE, sufke scientsque (chimie, biolo-
l’anglais in, adverbe et adjectif, de la préposition gie), a pour origine des emprunts au latin scienti-
d’origine germanique apparentée au latin in (-+ 0 fique en -ina (exemple : résine; 1250, rasinne, de re-
in), a pris au début du ~IX~ s. le sens de ade saison,, sina). En chimie, le système de sufkation s’est
en parlant de fkuits, et & la mode>. construit à la fin du XVIII~s. (exemple : alumine,
1782, Fourcroy, de alun; albumine, 1792, etc.).
4 Le mot s’est répandu en français avec ce dernier
4 Ce suExe très productif (en particulier dans des
sens (cf. dans le vent). Il s’emploie ensuite dans
appellations commerciales) indique l’origine, la na-
spectacle in (v. 1972) pour désigner, dans un festi-
ture d’un produit, une propriété (exemples : ca-
val, une représentation officielle (opposé à spec-
féine, quinine).
tacle OK présenté en marge]. ~Dans le vocabu-
laire du cinéma, de la télévision uw VO& in est IN ABSTRACTO + ABSTRAIT
celle d’une personne visible sur l’écran (opposé à
voix offi. INADVERTANCE + ADVERSE
INANITÉ DICTIONNAIRE HISTORIQUE

INANITÉ n. f. est un emprunt (1495) au latin ina- prurit au dérivé bas latin inauguruti aconsécration
nitas, dérivé de inanis viden, ~.~aim, qui a probable- (d’un lieu, d’une personne) par une cérémonie so-
ment signifG à l’origine adénué de sotie vitala, lennellev et acommencementm, dérivé du supin de
issu d’une racine indoeuropéenne “ane- qsouffle vi- inaugurare, s’emploie d’abord dans un contexte re-
tain I-+ âme, animal). ligieux (v. 1355, inaugurucion, Bersuire) comme
4 Inanité s’emploie d’abord au sens de wzaractère inaugurer. *Rare jusqu’au XVIII” s., sorti d’usage
de ce qui est vide, sans réalité», inusité, encore que pour «sacrea, le mot est devenu courant pour dé-
repris par Mallarmé baboli bibelot d’inanité so- signer la consécration d’un monument, d’un
n~reu). * Plus courant au figuré (1580, Montaigne), temple puis d’une manifestation, d’une exposition,
le mot désigne le caractère de ce qui est futile. d’où spécialement discours d’inuugumtbn ( 1798,
* En religion, il a désigné ( 17191 la durée de l’uni- d’un professeur qui prend possession de sa chaire).
vers jusqu’à la loi de Moïse, c’est-à-dire une pé- n s’emploie par extension ( 1783, Restif de La Bre-
riode denuée du sotie divin. tonne) pour désigner le fait de se servir pour la pre-
b INANE adj., emprunt au latin inanis, est attesté mière fois de qqch. et, dans un usage littéraire,
( 15051 au sens de +ans forcem ; l’adjectif employé de au sens de acommencement, début, (1817,
nouveau au ~IX~ s. (1838, Barbey d’Aurevilly1, s’ap- W” de Staël).
plique à ce qui est sans intérêt, sans valeur; il est
extrêmement rare.
INCA adj. inv. et n. s’est substitué (1672) aux
formes Inge (15581, puis kga (16221, Yncu 0633). Le
0 voir tNANrrION.
mot vient du quichua; les Indiens de l’ancien Pérou
INANITION n. f. a été emprunté savamment désignaient ainsi leurs souverains. Il a très proba-
Iv. 1250) au bas latin inanitio *état de vides, formé blement été emprunté par l’intermédiaire de l’es-
sur inanitum, supin de inurzire avider-, dérivé de pagnol.
inunis !+ inanité). + Le mot se dit, au singulier, du titre porté par les
4 Inunitiun s’emploie couramment pour désigner souverains de cet empire nommé Empire inca Iad-
jectfl. Il s’emploie ensuite (1622) pour désigner la
l’épuisement par défaut de nourriture (mourir
langue parlée par les Indiens du Pérou et nommée
d’inanitionl. Il s’est dit de l’action de réduire à rien
11564). 0 Il est rare et littéraire au figuré pour +w aujourd’hui quichua”. Eh, les Incas est le nom
donné ! 18681 aux sujets de l’Empire inca. Les spé-
cablement (dû au manque de qqch.1, (1866, Amiel).
cialistes utilisent aussi la graphie Inku et un pluriel
b Le dérivé INANITIÉ, ÉE adj. (18441, “qui sotie invariable.
d’inanition», est à peu près inusité.
b Inca a fourni le dérivé didactique INCASIQUE
INAPPÉTENCE 3 APPtiTTT adj. (1888, au sens de inca1 ; INCAÏSME est attesté
isolément chez P. Morand (f9323.
INARTICULÉ + ARTICLE
INCANDESCENT, ENTE adj., attesté chez
INAUGURER v. tr, est emprunté (v. 1355, Ber- Lavoisier (1781), est un emprunt au latin incandes-
suirel au latin inuugurure aprendre les auguresn et cens, participe présent de incundescere «être en
=Consacrer officiellement la nomination de qqn few, <s’échauffer, chauffer à blancti, formé de in-
(prêtre, consul, et&, aconsacrer (un lieulm ; le verbe (+ 0 in-3 et de candere 4tre enknmé, brûlep,
latin est formé de in- (-, 0 in-) et de uugurare apré- avec l’mxe inchoatif -SC- (+ chandelle).
direB, dérivé de augur (3 augure). + L’adjectif a d’abord le sens de -chauffé à blanc ou
4 Le verbe est employé depuis le xrves. dans un au rouge vifm; il s’applique figurément (comme
contexte religieux, au sens latin de aconsacrer lune ardent, btilant) à une personne pleine d’ardeur,
personne ou un lieu) par une cérémonie solen- d’exaltation 11829); par analogie incandescent si-
nelleti; il est rarement attesté avant le xwe s. et, gn3e arouge vifm.
dans cet emploi, n’est plus utilisé en parlant d’une ,Le dérivé INCANDESCENCE n. f. s’emploie au
personne; il est en revanche usuel à propos des propre (1779 ; 1764, selon Bloch et Wartburg) et au
lieux des expositions, etc. Inaugurer et inauguru- figuré (av. 18211.
tim sont devenus au ti s, le symbole de l’activité
présidentielle creuse (inaugurer les ch ysan- INCANTATION n. f. a été emprunté (XII~~s.)
thèmes). 0 Le verbe sime figurément (1817, au bas latin incantatio cformule magique, enchan-
M”” de Staël1 amettre en pratique pour la première tement, sortilègem, du supin du latin classique in-
fois* et, par extension (1832, A. Karr), autiliser pour cuntare achanter une formule magiquen, aconsa-
la première fois». ~Par ailleurs on le relève crer par des charmesa (3 enchanter), composé de
comme terme d’Antiquité romaine au sens de cuntare (+ chanter).
aprendre les auguresm (1752, Trévoux), encore at- 4 Incantation, d’abord dans un contexte religieux,
testé dans les dictionnaires du XD? siècle. désigne l’emploi de paroles magiques pour opérer
FINAUGURAL,ALE,AUX adj. est dérivéde inau- WI charme, un prodige. Le nom, à partir du ti s.,
gurer Iv. 1670) sur le modèle d’augurul. * INNJGU- s’emploie au figuré pour aaction d’agir avec force
RATEUR,TRICE n. désise une personne @ par l’émotionp (1836, Quinet).
inaugure qqch. (av. 1841) et une personne qui F Les dérivés sont formés vers la fm du XIX~siècle.
marque (par ses actes) le début de qqch. (1857, Mi- +INCANTATOIRE adj. (1886, Mallarmé) et IN-
chelet); il est rare. +INAUGURATION n. f, em- VANTER V. tr., didactique ou littéraire, doublet
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1803 INCENDIE

d’enchanter* (1890, H. de Régnier), tiré du nom ou turc spirituelle) d’un corps charnel, d’une forme
emprunt au verbe latin. + INCANTATEUR, TRICE humaine ou animale)) ; il s’emploie plus COUT~-
n. et adj. est un emprunt savant au bas latin incan- ment au participe passé adjectivé INCARNÉ, &E,
tator =enchanteur, sorcier> (+ enchanteur) ; attesté où il est d’abord attesté, et comme verbe pronomi-
isolément ( 14%) au sens de {(sorciern ; le mot, repris nal t 1681). 0 Incarner a pris le sens figuré de are-
en 1854 IM. du Camp) comme nom et en 1902 présenter (qqch. d’abstrait) sous une forme maté-
comme adjectti, est très rare. riellen (1580, Montaigne), Par extension, le verbe
signSe @représenter (un personnage) dans un
INCARCÉRER v. tr., réfection du xve s. (1488) spectacle=, le sujet désignant l’acteur (1874, Mal-
d’une forme picarde en en-, attestée dans encar- larmé).
cere *emprisonnés Il” moitié xule s.1,est emprunté
F Le nom d’action INCARNATION n. f. est em-
au latin médiéval incarcerure ~emprisonnew Ce
prunté au latin ecclésiastique incamutio aaction de
verbe est formé de in- I-+ 0 in-) et du latin classique
prendre un corpsm en parlant du Christ, dérivé du
curcer <enclos, barrières formant la piste des
supin de incamare. Il est employé dans le domaine
chars% tsurtout au pluriel curceres), d’où <<prison»;
religieux (1121-l 134, incamatiun), en particulier
curcer avait abouti à chartre (x” s-1,éliminé au xv” s.
dans incarnation ck Jésus-Chtit, ou absolument
par prison 1-b carcéral; cf. l’italien carcere <~prison~
Z’incumation, et au figuré ( 1831, Balzac), d’après les
et le gotique karkaru, de curcur, forme du latin im-
valeurs du verbe incarner. *Sur incumr a été
périall. Curcer se rattache à une racine indoeuro-
compOs& SE RÉINCARNER v. pron. .qui n’est at-
péenne “kwkr-, ‘kunkr-, exprimant l’idée d’enclos.
testé qu’au début du XX~s., mais le dérivé RÉIN-
4 Le verbe, attesté en 1488 et à nouveau à la fin du CARNATION n. f. est relevé en 1875.0 De DÉSIN-
XVI~s., est rare jusqu’au XVIII~s. (1766, Voltaire). Il est CARNÉ, ÉE adj. 1189 11, formé de dé- et d’incamé,
employé en médecine (1858, pronominal, Littré et vient DÉSINCARNER v. tr. (v. 1922) et DÉSINCAR-
Robin) pour Ns’étranglerB, en parlant d’un organe NATION n. f. (1913).
qui se bloque dans un espace restreint. 0 Par ex- INCARNÉE, ÉE adj., d’où @ INCARNER IS’I
tension du premier sens, incarcérer signîEe usuel- v. pron., est un dérivé savant (1833, or@e incarné;
lement aenfermern En xrxeS.I. 1873, v. pron.), par prétiation (+ @ in-), du latin
b hcwcérer a fourni les dérivés INCARCÉRABLE caro, cumk (+ chair). Jusqu’au XVI~s., les formes
adj., terme de droit (17841, et INCARCÉRATEUR populaires enchumer et iwumer étaient em-
n. m. (1788, S. Mercier), rares. + INCARCÉRATION ploy6es en médecine ancienne Ien moyen franoais)
n. f., sorti d’usage comme terme de médecine au sens de <cicatriser-n, <reprendre de nouvelles
11314, attestation isolée; puis 1858, Littré et Robin), chairsm, en parlant d’une plaie. oS’incamw, en
désigne l’action de mettre en prison (1418; repris à parlant d’un ongle, Sign%e (<s’enfoncer dans la
la ti du ~~III~S.I. chair*, mais la forme verbale est moins courante
que l’adjectif incarné.
INCARNAT, ATE adj. et n. m., réfection + VOirINCARNAT.
(1528) de incamade (v. 15151, a été emprunté & l’ita-
lien incarnat0 Em xrv”-déb. xv” s., comme adjectif INCARTADE n. f. a été emprunté (16121 à l’ita-
de couleur), dérivé de came ach& d’après le par- lien inquutiuta et adapté d’après d’autres mots en
ticipe passé de incamare &carnern, formé sur le -ade; ce terme d’escrime italien (xvres.) Sign%e Mpa-
latin classique caro, cumis «chair= (+ incarner). rade rapide qu’on porte à un coup droit de l’ad-
+ L’adjectif se dit d’une couleur rose vif, rappelant versaire, en se jetant brusquement de côté>>,ainsi
celle de la chair; il est d’emploi littéraire et plus nommée soit parce que l’attaqué décrit WI quart
courant comme nom masculin (1562). (italien quarto) de tour sur lui-même, soit parce que
b D’abord sous la forme incamatin (15801, INCA% l’attaque a lieu dans la ligne de quarte” (italien
NADIN, INE adj. (v. 1582) est un emprunt à l’italien quarta).
tncamatino, puis à sa variante dialetiale incuma- + Le nom est passé en français au figuré pour dé-
dino En xwe s.1,diminutif de incarnato. 0 D’emploi signer une boutade blessante lancée brusquement
littéraire, il si@e <d’une couleur d’incarnat pâle» et inconsidérément; ce sens a vieilli. Le mot s’em-
et, comme nom masculin, désigne cette couleur ploie ensuite ( 16431 pour *léger écar? de conduite>.
(1661). Il a été repris avec une valeur concrète au XX~ s.,
comme terme d’équitation, au sens de <brusque
0 INCARNER v. tr., d’abord attesté au parti- écarb.
cipe passé (v. 13501, est emprunté au latin ecclésias-
tique incamare, incarnatus <(entrer dans un corpsn, INCENDIE n. m. est un emprunt savant (1605)
spécialement en parlant du Christ «revêtir la forme au latin incendium qqembraement, few , au figuré
humaine» ; le latin est formé, par préfixation 1-3 0 «ardeur* Ides sentiments, des passions), de incen-
in-), à partir du latin classique caro, tamis «ch&, dere «allumer>>, formé de in- I-, 0 in-) et de Car&re
qui se rattache à une racine indoeuropéenne <(faire brûler, enflamrnep (+ incandescent). On re-
“Cslker- acouper, séparer, partager-u (--+chair). Incar- lève aussi, dans le domaine occitan, encendi
ner a remplacé l’ancien tiancais enchamer (1119, (mil. XI~s.1, entende 115601 en ancien provençal, en-
soi enchamer) de même sens, aboutissement nor- cendy et incendy 115ï’O) en ancien gascon.
mal de incamare, + Le mot est introduit avec le sens de agrand feu qui
+Le verbe, d’abord employé en latin dans le se propage en causant des dégâts9 ; au XVII~s., il a
contexte religieux, Sign%e arevêtir Iun être de na- été critiqué par Vaugelas comme vulgaire par rap-
INCESTE 1804 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

port à embrasement, mais il reste usuel. -3 Par fi- nyme de incestum. + ll Sign%e d’abord “qui consti-
gure, incendie prend le sens 11671, Fléchier) de tue un incesten et s’applique ensuite à une
<bouleversement important qui tiecte l’ordre éta- personne coupable d’inceste (15941, puis sime
blim et Voltaire l’emploie pour parler des dévasta- «issu d’un incestem 11765). Il est substantivé depuis
tions par le feu provoquées par une armée (1767). le XVI? s. (1677). +Le dérivé INCESTUEUSEMENT
0 Par analogie avec les lueurs du feu, le nom dé- adv. Ifïn xve s.) est rare.
signe (1762, Rousseau) une lumière intense éclai-
rant une grande étendue, puis (XIX~ s.) une sensa- INCHOATIF, IVE adj. et n. m. est un em-
tion d’irritation, en parlant d’un aliment épicé, par prunt savant, d’abord comme nom féminin (une in-
analogie avec les brûlures provoquées par le feu choactive, déb. XIV~ s.l puis comme adjectif (XIV” s.1,
(cf. bJ-iiZurel. Il Sign%e aussi, par figure plus que par au bas latin inchoativus adj., terme de grammaire,
reprise du sens latin, cexplosion de sentiments vio- dérivé de Enchoatum, supin du latin classique in-
lents= krx” s.l. choare *commencer, entreprendre%, d’origine obs-
cure.
+ Le dérivé INCENDIER v. tr. (1596), *mettre le feu>),
4 Inchoative, nom féminin, a désigné Idéb. xrve s.1
s’emploie par figure aux sens d’eenflammer, exci-
l’intention de commettre une action, par jeu de
ten (18243, <<propager des idées subversivesm (1823)
mots sur l’emploi en grammaire, où l’adjectif s’ap-
et par an&o@e (1833) <colorer d’une heur ar-
plique (XIV~ s.1 à ce qui exprime une action
dente*. 0 Dans un emploi familier incendier gqn
commençante, une progression. + Inchoatif: nom
(1905) se dit pour aaccabler (qqn1 de reproches», les
masculin se dit ( 15571 de l’aspect inchoatif, puis du
reproches détruisant et aussi faisant rougir.
INCENDIAIRE n. et adj., emprunté au dérivé latin verbe inchoatif ( 1835). 0 L’adjectif est aussi em-
incendiadus adj. et n., désigne (XIII~ s., n.1 une per- ployé (xx” s.1 en philosophie au sens de “qui est à
sonne qui allwne volontairement un incendie. L’ad- son comrnencementn.
jectif quaMe ce qui peut causer un incendie INCIDENT n.m. est un emprunt savant @n
kve s.l. kendiaire, dans un emploi littéraire, qua- XIII~ s.1 au latin incident, -entis, participe présent de
Ne ou désigne (déb. xvrF s., d’Aubigné1 aussi la incidere ctomber dans, sw, «venir par coïnci-
personne qui agite les esprits, allume la révolte dences, formé de in- (+ 0 in-1 et de Cu&re, au parti-
(~‘7, adj., Voltaire). 0 L’adjetiif qual%e par figure cipe passé cusw ntombers (+ choir).
(1830) ce qui éveille les désirs amoureux et, par
+ inctient désigne d’abord un petit événement qui
analogie, ce qui produit une sensation de brûlure
survient ; par extension, il s’est employé (v. 1460,
61 XVIII~ s.), ce qui est d’une teinte vive (xY s.l.
Villon) pour “digressions, s’est spécialisé en droit
(fin xrve s-1 pour désigner ce qui survient accessoire-
INCESTE n. est un emprunt savant Efm XIII~ s.) ment dans un pro&, d’où la locution I’ktick~t est
au latin classique incestum n., proprement wwri- clos arrêtms là la querelle- et l’emploi à propos
lègen, de iacestus adj. <impur, souillé)), formé de in- d’une objection qu’une personne soulève dans un
I+ 0 in-) et de castus, terme de la langue religieuse débat (1675). Le nom se dit spécialement en parlant
signif3ant “qui se conforme aux règles et aux rite+ ; d’une pièce, d’un roman pour aévénement acces-
castus s’est confondu avec castus dérivé de carere soire qui survient dans le cour% d’une action princi-
«manquer de», et a signi-fié <(exempt d’impureté>, pale>), aujourd’hui terme d’histoire littéraire
wertueuxb, <<chastes I+ chaste, châtier) ; au premier (apr. 1650 ; 1641, en peinture}. 0 Depuis le XM~ s., le
sens, il correspond au sanskrit @$@x Gnstruit, édu- nom désigne par figure du sens juridique une di&
qué, bien dressé=. La spécialisation de sens a eu cuité passagère, qui ne mod%e pas le déroulement
lieu en latin, pour incestes et incestum, l’acte d’une opération, d’ou sans incident anormale-
sexuel entre proches parents étant considéré ment- ; à partir du début du xxe s., il s’emploie spé-
comme l’impureté par excellence. cialement au sens de apetite difkulté imprévue,
4Inceste, nom masculin, désigne des relations d’importance limitée mais dont les conséquences
sexuelles entre proches parents (du premier de- peuvent être gravesn hAdent diplomatique1 ; par
gré) et, en droit, entre un homme et une femme pa- extension il équivaut ensuite à adésordres Iprwo-
rents ou alliés à un degré qui entr&e la prohibi- quer des incidentsl.
tion du mariage. 0Le mot est ensuite employé F De l’emploi juridique est issu INCIDENT, ENTE,
comme adjectif En xrve s.) pour “qui a commis un adi. aqui survient accessoirement dans un procèsm
incesten, puis *qui a le caractère d’un incesten 114681, d'où le sens courant aqui est accessoire, se-
Iv. 1480); dans ces emplois, sortis d’usage comme la condairen (15493. 0 Une autre valeur, en physique
substantivation (un, une inceste <personne qui a (rayon incident, 17201, est empruntée à l’anglais in-
commis un inceste>>, 15241, le mot tiançais repré- ctint 11667 dans cet emploi) de même origine que
sente un emprunt au latin incestus. 0 Inceste, nom le français, pour qutier le rayonnement qui
masculin, est utilisé dans des domaines spécialisés, tombe sur une surface kfléchissante ou réfkin-
en droit canon (1685) où il se dit de relations gente. 0 L’adjectif s’emploie aussi en grammaire
sexuelles entre personnes unies par un lien spiri- ( 17321 pour qualikr une proposition qui introduit
tuel (par ex., parrain et meule), en mthropologie W-I énoncé accessoire dans la phrase (cf. incise); en
et en psychanalyse [interdit de l’inceste). ce sens, l’adjectif est substantivé au féminin (17651.
FINCESTUEUX, EUSE adj. est un emprunt Du nom dérive INCIDENTER v., en droit Nfah
IV. 1355, Bersuire) au bas latin incestwsus 4nces- naître des incidents au cours d’un procèsti (av. 1679,
tueux, impudique>>, dérivé de incestw -us n., smo- Retzl, verbe sorti d’usage au sens g6néral de ~SOU-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1805 INCITER

lever les difkultés~ 116881 et devenu rare au sens +Incise, terme de musique, désigne d’abord un
de @compliquer par des incidentsn (1857, Michelet). groupe de notes formant une unité rythmique à
e INCIDENTEL, ELLE adj. ( 1783) crelatif à un ~II- l’intérieur d’une phrase musicale; repris en gram-
cident» est d’emploi didactique ou littéraire, maire (1771), le mot se dit d’une proposition insérée
comme sa variante plus ancienne INCIDEN- dans le corps de la phrase ou rejetée à la En (cf. in-
TAL. ALE, AUX adj. (1495). cidente). ~Dans le vocabulaire technique de l’im-
L’adjectif a fourni INCIDEMMENT adv. asans y at- primerie, les incises In. f. pl.) désigne Ixxe s.) des ca-
tacher une importance particulières Cv.1310, inci- ractères typographiques qui s’inspirent des
damment) et *par hasards (xx” s,). -INCIDENCE inscriptions des monuments antiques.
n. f., autre dérivé de l’adjectif, est d’abord employé
pour Gncident» En XIII~s.), *digression (dans une INCISER v. tr. représente une réfection
chronique)~ Ixv” S.I. 0 Le mot est repris ensuite en (av. 14181, d’après incisioPt qui est a;ntérieur (voir ci-
physique, désignant la rencontre d’une ligne, d’une dessous), de l’mcien lançais enciser Kcouper, tran-
trajectoire avec une surface (1626, Mydorge); c’est chern (1121-l 1341, issu d’un latin populake Qacisare,
alors un emprunt au latin médiéval inctintiu construit à partir de incisum, supin du latin clas-
Iv. 12401, qui appartit en même temps en anglais sique incidere cccoupep; ce verbe est formé de in-
(1626, Bacon). De cette acception vient angle d’in- (4 0 in-) et de caedere atailler, coupern.
cidence (1637, Descartes) et point d’incioknce. 0 In- 4 Inciser est d’abord employé au sens de *fendre
cidence s’emploie en économie (1876) et désigne le avec un instrument trancha;nt», usité spécialement
fait, pour un impôt, de tiapper indirectement une en chirurgie 11475 ; 1314,encisierl, en arboriculture
autre personne. ~L’emploi devenu usuel pour (xv” s.), en gravure pour «entailler (une matière ser-
aconséquence, effet, (attesté 1928, Malraux) est vant de support) pour inscrire un dessina (1596;
peut-être un emprunt à l’anglais incidence, qui pos- 1690, en parlant d’une eau-forte) et au participe
sède ce sens depuis 1846 ; en médecine incidence se passé (1783) en botanique (feu& inciséel.
dit (1966) du nombre de cas de maladie apparus F Le verbe a fourni TNCISEUR n m., d’abord
pendant une période de temps donnée. &irurgien~ 115081, puis employé dans instrument
iwckeur (15981, mot d’emploi didactique ou tech-
INCINÉRER v. tr. est un emprunt (1488) au la- nique à peu près abandonné. I1 a été repris en
tin médiéval incinerure, employé en médecine chirurgie (18781 et en arboriculture (19021.
pour ~détruire un cadavre par le feu)) kY s.l et au INCISION n. f. est emprunté 113141 au bas latin in-
sens plus général de aréduire en cendres3 (XIII~S.I. cisi0 <coupure, entaiheu, dérivé de inctium; en latin
Ce verbe est formé de in- wers, dans% t+ 0 in-1 et classique incisio signifiait Gncise, césure>, sens at-
du latin classique cinis, cirteris (--+cinéraire; testé en fiançais au XVI~s. (1521). Le nom désigne
cendre). l’action d’inciser, d’abord dans le domaine médical
+Incinérer reprend le premier sens du verbe latin (13141 puis en emploi général (xv” s.; cf. 1482, *déca-
(14881, puis le second au début du XVI~siècle ; il est pitation4 +INCISIF, IVE adj., attesté lui aussi en
peu employé avant 1830, sa reprise étant posté- 1314 (Mondeville), est construit sur le radical d’inci-
rieure à celle d’incinération Ici-dessous). sion ou emprunté au latin médiéval incisiw atran-
b Le dérivé INCINÉRATEWR n, m. (1894) désigne chantm (XII~ s.3,dérivé de incisum. 0 L’adjectif s’est
un appareil où l’on incinère. + Le nom d’action IN- appliqué jusqu’au & s. à une préparation propre
CINÉRATION n. f. est emprunté En XIVes.1 au dé-
à dissoudre les humeurs (1314, médecine incisive;
rivé latin médiéval incineratio, -onzk caction d’inci- 1549, n. m. pl.). Il s’est aussi employé aux sens
nérer= (XII~ sd; il est d’usage rare avant le XVIII~s. concrets 11545, Paré) de <qui sert à coupers, aqui at-
(1762, Académie).
taque les métauxp (16901, sortis d’usage. ~L’adjec-
tif est resté courant au sens figuré (1827, Hugo) de
INCIPIT n. m. inv., introduit en français au <qui attaque ou touche profondément, a un carac-
tère tranchant>>, en parlant d’une idée, de l’expres-
XIXe s. (18401, est la substantivation de la 3” personne
du singulier de l’indicatif présent du verbe latin in- sion, etc. (cf. mordant, tranchuntl ou d’une per-
cipere Mprendre en mains, =commencep), formé de sonne (1830, Stendhal). 0 L’adverbe dérivé
in- (-+ 0 in) et de cupere ctprendren, qui se rattache INCISIVEMENT (1845) est rare.
à une racine indoeuropéenne ‘Jzup-cprendren INCISIVE n. f., dérivé savant d’incision (1545, Paré,
(+ capter, chasser). au pluriel), désigne chacune des dents de devant,
aplatie et tranchante, qui sert à couper les ali-
+ D’emploi didactique, incipit désigne les premiers ments. - INCISURE n f. est une réfection de enci-
mots d’un manuscrit, d’un texte, par référence à la seure En XIII~s.) d’après le latin impérial incisura
locution latine des manuscrits latins du moyen âge, Gncision», digne de la main», =nerwrem, Contour
incipit liber aici commence le livres (cf. le contraire (en peinture)*, de incisum. oLe nom s’est dit pour
e@cit) ; par extension, le mot se dit des premières 4ncisionB Iti s., inciseure) et pour aligne de la
notes d’un ouvrage, en musique. mark ( 1549). U s’emploie en anatomie ( 1638, Qdé-
coupure de certains organes4 et en botanique
INCISE n. f. a été formé (1770, Rousseau) à partir hil. me s.l.
du latin incisa ccoupéep, participe passé féminin @ Voir INCISE.
substantivé de inctire I+ inciser) ; au sens gram-
matical, le latin employait incisum, participe passé INCITER v. tr. représente soit un emprunt au
neutre substantivé. latin classique incitare, soit une réfection En xrve s.1
INCIVIL DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de l’ancien français enciter En XII~ s., enciteirl, em- ner des marques de respect)}, <reconnaître son au-
prunté lui aussi au latin incitare 4ancer en avantn, torité=, et s’incliner I£m XB? s.1 s’emploie par exten-
upousser vivementm, aexciter>. Ce verbe est formé sion pour <<s’avouer vaincu, renoncer à conteste-.
de in- =Ver+ (3 0 in-) et de citare, Mquentatif de b Le dérivé INCLINAISON n. f. désigne couram-
ciere, participe passé citus, <faire mouvoti, de la fa- ment (16611 l’état de ce qui est incliné et, dans un
mille d’une racine indoeuropéenne “kei-, “ki- «mou- emploi didactique, la relation d’obliquité; de ces
voirn. C&ure a éliminé ciere à l’époque impériale sens viennent des emplois spéciaux, en géométrie
(4 citer). ( 169 11,en astronomie ( 172 11, en physique Kn XVIII~s.,
4 Le verbe, dans inciter Cqqnl h, signSe epousser indinuison ~Pnu@%étique~), en anatomie (1805). Le
(qqn) à qqch., à faire qqch,n ; la construction inciter nom désigne aussi la position inclinée d’une partie
gqck <mettre en mouvement)) @n XTV’ s., inciter le du corps (1831, Nodier, inclinaison de tète).
dbsirl est à peu près sortie d’usage. INCLINATION n. f. est un emprunt au dérivé latin
.Le parkipe pr&ent INCITANT,ANTE adj. et inclWti aa&ion de pencher, inclinaisons et ccten-
n. m. est vieilli dans un emploi non technique 11538) dance, penchant». 0 Le nom est d’abord attesté
mais subsiste comme terme médical (1798). Un em- (1236, indinucionl pour désigner un mouvement af-
ploi substantivé pour Gncitatew Ii61 1) est sorti fectif, spontankment orienté vers un objet ou une
d’usage après l’époque classique. ti. Il s’est opéré un partage des valeurs entre incli-
INCITATION n. f., emprunt au latin incitatio, -onis naison et inclination. Si ce dernier s’emploie en-
Nmouvement rapide,, Naction de mettre en mouve- core (v. 1393) avec la valeur concrète pour #action
ment m,-excitation, impulsion>, dérivé de incitatum d’incliner le corps ou la têten (pour saluer, acquies-
(supin de inciturel, s’emploie avec une valeur géné- cer), il est sorti d’usage pour Gtat de ce qui est in-
rale (ti xrves.1 pour «action d’inciter>>; il est sorti clinés 11547) et rare au sens concret, Naction de pen-
d’usage en médecine (1809) au sens d’=excitationB cher IqqchJp ( 15753 ; le mot a connu, parallèlement
et s’utilise spécialement (v. 1964) comme terme à son doublet, des emplois didactiques (mil, XVI~s.,
d’économie et de lances. - INCITATIF, IVE adj-, en physique). * Depuis le milieu du XVI~s., inclina-
terme didactique formé à partir du radical d’incita- tion désigne le mouvement qui porte à aimer qqn;
tion ( 14881, s’emploie aussi de nos jours en écono- courant dans la langue classique, ce sens est de-
mie. +INCITATEUR, TRICE n. et adj. est un em- venu littéraire; désignant par métonymie la per-
prunt (1470, n.; 1873, adj.1 au dérivé bas latin sonne qui est l’objet de l’inclination (16501, le mot
incitutor, -trix acelui qui irwitem. est complètement sorti d’usage.

INCIVIL + CIVIL INCLUS, USE adj, représente un emprunt sa-


vant ( 13941 au latin inclusus, participe passé de in-
INCLÉMENT q CLÉMENT
cludere aenfermer », <renfermer», de in- 13 0 in-) et
INCLINER v. est
un emprunt savant (12131 au
claudere (-cludere en composition) ufermep
latin inclinure cfaire penchers, apenchem, adévieru, I+ clore) qui appartient à un ensemble de mots la-
employé au physique et au moral, et formé de in- tins se rattachant à une base cluu-, exprimant
avers, (-+ 0 in-) et de clinare. Ce dernier n’apparaît l’idée de fermeture I+ occlusion). Une forme hnci-
que dans des formes préfkées et provient d’une ra- sée encZu.s, nom Il 193-l 1971, s’est employée pour
cine indoeuropéenne ‘klei- «inclinern, apencher-. areclusn.
Incliner est le doublet de l’ancien français encliner 4 L’adjectif si@e d’abord 11394) aqui est contenu,
*baisserti, 4ncliner vers» (1080, encher qqn <le sa- compris (dan+ sens d’où viennent cM&z~, ci-in-
luer en inclinant la tête4, qui s’emploie jusqu’au chse Kplacé icin (1690; 1644, si indus, locution ad-
xwe s., soutenu par le déverbal enclin”. verbiale) ainsi que les emplois en botanique (1802,
4 C’est avec cette dernière valeur, disparue, que le étamines incluses) et en art dentaire ( 1925, dent in-
verbe incliner est d’abord attesté; à la -fin du XIII~s., cluse).
le verbe se dit pour *pencher, baisser, diriger vers b INCLURE v. tr., formé &n xwe s.1 sur l’adjectif et
le bzw, d’abord dans incliner la tête. 0 Il s’emploie d’après exclure, signZe d’abord <<contenir, com-
ensuite avec une valeur abstraite ( 1327, incliner qqn prendre>>, Le verbe, rare jusqu’au xrxe s., est repris
à) et si@e <<rendre enclin àmpuis au figuré (1358) (1823) au sens de <mettre (qqch.1 dans, insérep,
dans l’intransitif incliner CL&re favorable à», d’où puis en emploi abstrait figuré (1866) de acom-
&tre porté (vers qqch.)n (1370-1372, Oresme) et, à prendre en soi, impliquep. Le pronominal s’inclure
partir du xv$ s., aévoluer, tendre vers- en parlant est attesté (1827). 4 INCLUANT n. m. (av. 1971; du
de choses (1636). 0 Par métaphore, indiner si@e participe présent), terme didactique, désigne un
(déb. x-wes.1 Gncitep, valeur devenue littéraire. mot qui, dm une définition, est dans une relation
0 Au pronominal, le verbe prend le sens Cl5321 de d’inclusion par rapport au déhi
ase pencher, se baissern Isuluer en s’inclinant1 et, INCLUSION n. f. est emprunté au dérivé latin clas-
par extension, le transitif sime 11596) Mmettre sique inclusio uemprisonnementn, employé en bas
dans une position obliqueNe 0 Incliner est attesté au latin pour désigner un procédé de style et en latin
xwe s. au sens propre intransitif dkller en s’incli- chrétien au sens de aréclusion (d’un ermite))). +Le
na& (1671) et, en parlant de choses (1680), s’indi- nom, d’abord attesté isolément avec ce dernier
ner correspond à ase placer, être placé oblique- sens (v. 12001, est repris en tiançais classique 11605)
ment par rapport à l’horizon ou à un plann. Par pour d&signer l’action de déclarer inclus, d’inclure,
figure s’hcliner devant qqn si@e (1683) hi don- puis ( 16651 l’état de ce qui est inclus dans qqch., la
DE LA LANGUE FRANÇAISE INCRÉMENT

relation entre ce qui est inclus et ce qui l’inclut ; au prédation en in- (+ 0 in-1 ; le mot dérive du bas la-
XD? s., il se dit par métonymie, en logique, de ce qui tin commensurure adonner une mesure égale*, du
est inclus (1851, Coumot ; relation. d’~nckion). latin classique mensurare (+ mesurer) et pour tra-
0 De ces acceptions viennent de nombreux em- duire le grec usumm&ros I+ symétrîel.
plois spéciaux en biologie (1858, Littré et Robin, in- +Le mot est introduit en mathématiques. Par ex-
clusion foetale), minéralogie (18921, cytologie (1897, tension, il s’applique (1738, Voltaire) à ce qu’on ne
inclusion cellulaire), géologie ( 1902, gite d’inclu- peut mesurer, faute de commune mesure puis
slonl, histologie 119071, stylistique (1933, Marou- dans un emploi non scientifique (1768, Diderot) à ce
zeaul, mathématiques (1948). art dentaire 11957). qui est très grand, egalement comme substantif
INCLUSIF, IVE adj. est emprunté au latin médîé- masculin 11810, M”” de Staël).
val incZw&us cqui inclutn, atteste (v. 900) après le la- F Le dérivé INCOMMENSURABLEMENT adv. est
tin chrétien inclustve ~4nclusivement~ (v” s.l. Ce didactique 11850, Michelet). * INCOMMENSURA-
nom est formé sur inclusum, supin de kltire.
BILITÉ n. f., emprunt savant (1636, Mersennel au
+Inclusif est d’abord attesté ( 1507) au sens d%n- dérivé latin médiéval incommensurubtiitas
clusm, disparu. Il s’applique ensuite à ce qui ren- Cv.12671, succède au dérivé français incommePzsu-
ferme Iqqch.1 en soi (16881, sens repris au xrxe s.
rableté (1377, Oresmel.
(1823) et employé spécialement en linguistique
(av. 1873). 0 Par emprunt de sens Iv. 1970) à l’an- INCOMPÉTENT + COMPÉTER
glais inclusive “qui inclut, (de même origine que le
français), l’adjectif s’emploie pour <<tout compristi INCONDITIONNEL + CONDITION
dans le vocabulaire de la publicité. 4 INCLUSIVE-
MENT adv., attesté en 1403, est formé sur le latin INCONDUITE -+ CONDUIRE
médiéval incZusivus, à moins que inclusifne soit an-
térieur à 1507, puis normalement senti comme dé- INCONGRU + CONGRU
rivé de l’adjectif.
INCONNU + CONNAÎTRE
INCOGNITO adv. et n.m. est un emprunt
(15813 à l’italien incognito, proprement “inconnus INCONSTITUTXONNEL + CONSTITUER
11317-1321, Dante), lui-même emprunté au latin in-
cognitus flnon examiné (d’une afkire))~ et «in- INCONTINENCE - 0 CONTINENT
connu*, formé de in- I+ 0 in-) et de cognitus, parti-
cipe passé de comscere 13 connaître). INCONTOURNABLE + CONTOURNER
4 Incognito s’emploie d’abord comme adverbe,
avec la valeur de aen faisant en sorte qu’on ne soit
INCONVÉNIENT n.m. est un emprunt sa-
vant Iv. 1223) au latin classique inconveniens adj.
pas reconnu Ida;ns un lie& ; par extension, il signi-
aqui ne s’accorde pas, discorda&, formé de in-
fie (1690) *sans que la chose soit sue3, sens au-
I+ 0 in-) et de cowenkns «convenable, séant>, par-
jourd’hui sorti d’usage. L’incognito n. m. désigne
ticipe présent de convenire (+ convenir); le mot a
depuis le xvmes. (av. 1750) la situation d’une per-
pris en latin impérial le sens de “qui ne convient
sonne qui cherche à n’être pas reconnue, qui n’est
pas* Ià qqch.) puis, en bas latin, au neutre pluriel,
pas connue.
désigne par substantivation les choses qui ne
INCOMBER v. représente un emprunt savant conviennent pas.
( 1440-75) au latin classique incumbere as’appuyer, + Inconvénient signifie d’abord *accident fâcheuxn,
se pencher sur», as’abattre sur, pesep, au figuré <<malheur>>, sens sorti d’usage depuis la ti du
as’appliquer à= et, en bas latin, Gxcomber à~ Le XVII~ s., le sens faible de adésagrémentm étant em-
verbe latin est formé de in- I+ @in-1 et de -cumbere ployé jusqu’au XIX~ siècle. Le mot reprend ensuite
ase couchep, forme à infixe nasal attestée seule- 11314, comme adjectif, le sens du latin impérial,
ment dans des composés et indiquant l’adion par =qui ne convient pasb, rare à ptii du XVH~siècle.
opposition $ cubare «être couchém indiquant l’état 0 À partir du xvre s., le nom désigne la suite fâ-
(-, couver et incuber). cheuse (d’une action, d’une situation) puis k
+Incomber a d’abord été employé aux sens de XVII~s.1l’erreur résultant d’une théorie, emploi sorti
as’abattre SUT~ (incomber ù1 et de cconcemen d’usage. Par extension il sime (16903 adésavan-
(v. tr.), valeur reprise en droit (attesté en 18421. tage>B,à propos d’une chose qui, par meurs, peut
0 bomber ù sime (17891, par reprise d’un sens être bonne.
du bas latin, <retomber sur (qqn), etre imposé à
(qqn)>, en parlant d’une obligation, d’une responsa- INCORPOREL, INCORPORER -+ CORPS
bilité.
INCRÉMENT n. m. est une réfection (15291 de
INCOMBUSTIBLE 3 COMBUSTION
la forme encrement 114451, emprunt savant au latin
incrementum aaccroissementm, adéveloppementm,
INCOMMENSURABLE adj. a été em- Naugmentatiow, de increscere acroltre, s’accroître%,
prunté (1370-1372,Oresmel au bas latin incommen- formé de in- 1-+0 in-1 et de crescere (+ croître).
surabilis aqui n’ont pas de commune mesure)), en + Incrément reprend d’abord le sens latin, aaccrois-
parlant de deux grandeurs (terme de mathéma- sement% ( 15291,sorti d’usage. Il s’emploie spéciale-
tiques), dérivé du bas latin cummensurubihs par ment en mathématiques pour désigner un accrois-
INCRIMINER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

sement infiniment petit de la quantité d’une incrustare, désigne un ornement incrusté (1553) et
variable (1738, Voltaire) ; cette valeur vient de l’an- l’action d’incruster (1690) ; le mot a rapidement
glais ( 1721) et du latin de Newton incrementum remplacé inmustature, attesté en 1547. 0 Il s’est
(1687) ; en ce sens, on dit aujourd’hui di#&entille employé pour désigner la plaque qui recouvre les
ou arccrolssement arbitraire. 0 Par un nouvel angli- extrémités des cornes d’un jeune beuf (1600) et la
cisme, le mot s’emploie en sciences et en informa- formation des croûtes sur une plaie ( 1747).
tique ( 1974) pour désigner l’accroissement de la va- ~Terme technique, incrustation désigne le dépôt
leur d’une variable à chaque phase de l’exécution d’un enduit pierreux naturel ( 17521 et, en chirurgie
d’un progrme. dentaire (xx” s.1,un bloc destiné à obturer une ca-
b Incrément a fourni plusiew dérivés d’emploi vité dentaire (cf. l’anglicisme inluy”). En télévision,
scientfique : INCRÉMENTAL,ALE,AuX adj . le mot s’applique (v. 19801 à une image insérée dans
Cv.19701, d’après l’anglais incremmttal; INCRE- l’image principale. De là, la forme abrégée IN-
MENTER v. tr. EV. 19701, d’après l’anglais to incre- CRUSTE n. f., aussi déverbal de s’incruster <fait de
ment, d’où INCRÉMENTATIQN n. f. (av. 19741, et s’installer en parasiteB 11991).
INCRÉMENTIEL,ELLE adj. (av. 19731, probable-
ment lui aussi d’après l’anglais incrementiul. INCUBATION n. f. est emprunté (1694) au bas
latin incubatiio <couvaison, incubationti, du supin du
INCRIMINER v. tr. a été emprunté (1558) au latin classique incubure «être couché dans ou sur»,
bas latin incriminare aaccuser-, dérivé par prétia- <<couvert* et au figuré weîller jalousement SUT»,
tion en in- (+ 0 in-3 du latin classique criminare ou formé de in- I+ 0 in-1 et de cubare Gtre etendw,
criminh aaccuser de façon calomnieusem, lui- ((être couchén (+ couver, incomber).
même de crimen, -inis, d’abord Ndkision judi- +Incubation désigne l’action de couver les mufs,
ciaire», d’où en latin classique aaccusation, grief», et l’anglais Encubution, de même origine, étant attesté
en latin impériaZ acrime*n. On relève avant le fran- plus tôt (1646). Il désigne par métonymie le déve-
çais l’ancien provençal encrimar accuser» (XI~- loppement de l’embryon dans l’œuf. ~Par analo-
XIIIeS.I. gie, le mot est repris en médecine 11824, Nystenl, où
+ Incrimiizer s’est introduit avec le sens de adécla- il Sign%e atemps qui s’écoule entre l’introduction
rer (qqn) criminel= et s’est substitué à ctiminaliser d’un germe infectieux dans l’organisme et l’appari-
au moment de la Révolution française; le verbe, tion des premiers symptômesp. Par figure 11840,
vieilli en ce sens, est remplacé par inculper. 0 In- Sainte-Beuve), il désigne la période pendant la-
ctiminer signZe par extension <mettre en causem, quelle une œuvre, un événement, etc. se prépare.
soit une chose 11859, Sainte-Beuve) soit une per- b INCUBER v. tr., d’emploi didactique, est em-
sonne, d’abord au pronominal. (1863, Flaubert), d’où prunté 11771) au latin incubure pour servir de verbe
(déb. XX~s.1<considérer Iqqch., qqn) comme respon- à incubation. -INCUBATEUR, TRICE, dérivé sa-
sable, sans qu’il y ait faute>>. vant de incuber, est employé comme adjectif (1847,
F Le verbe a fourni les dérivés d’emploi rare IN- orgune incubateur; 1877, uppureil incubateur) et
CRIMINATION n. f. ( 1829; on trouve en moyen comme nom masculin ( 19061,spécialement au sens
tiançais criminatim caccusationn, xwe s.), INCRIMI- de acouveuse artiCcieIle pour bébés prématurésp,
NABLE adj. (1842) et INCRIMINATEUR, TRICE peut-être d’après l’anglais incubutor (1896 en ce
adj. (1918, Proust). sens).

INCRUSTER v. tr. représente un emprunt sa- INCUBE n. m. représente un emprunt savant


vant (15551 au latin incrustare rouvrir d’une 11372) bas latin incubw <cauchemar» et asatyre,,
au
couche, d’un enduit, d’une croûtea, de in- I+ 0 in-) dérivé du latin classique incubure (+ incuber). On
et crustare crevêtb, ou dérivé de crustu ace qui re- trouve aussi la forme savante incubus pour acau-
couvre, revêtement», qui a abouti en français à chemarm (12561.
croiite *. +Terme de théologie, incube désigne un démon
+ Le verbe est d’abord employé au sens de rouvrir masculin, censé abuser des femmes durant leur
d’un dépôt formant croûte», aujourd’hui technique, sommeil (opposé à succube”). Le mot est attesté
et d’où vient par extension la valeur d’eorner dans Richelet 11680) au sens de alesbiennen.
(qqch.) suivant un dessin gravé en creuxn (1564, au F Le dérivé INCUBAT n. m. @nature de l’incuben est
participe passé). 0 S’incruster v. pron. Sign%e attesté isolément chez Huysmans 11891).
( 1564, A. Paré) *adhérer fortement à un corpsn puis
s’emploie par métaphore (1680, préjugks qui s’in- INCULPER v. tr. est un emprunt savant (1526)
crustent). Le verbe, par analogie (16941, correspond au bas latin inculpure ublâmer, accuser+, formé de
à &Grer dans une surface évidée (des matériaux in- marquantle terme d’une action 13 0 in-3 et du
d’ornement)x. 0 S’incruster s’emploie ensuite latin classique culpure ~blâmer~, «regarder comme
11820) pour «être incrusté~ et par figure (1834, Bal- fautifn, dérivé de culpu cfauten, sans origine connue.
zac) pour &nstaller durablement~ k’incruster Inculper a remplacé encouper (XII~s.), aboutisse-
chez gqnl. ment de inculpare et a éliminé la variante francisée
ti Du verbe dérive INCRUSTEUR, EUSE n. (18281, encolper (1584).
terme technique. + Inculper signSe d’abord aconsidérer (qqn)
INCRUSTATION n. f., emprunt savant au bas latin comme coupable d’une faute»; sorti d’usage dans
incrustutio *revêtement (de marbre)m, du supin de cet emploi, le verbe équivaut en droit (1810) à
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1809 INDAGUER

amettre (qqn) sous le coup d’une imputation de 1500. L’adjedf est fréquemment substantivé (1838).
crime ou de délit=. o Par extension, le mot s’emploie à propos d’une
lithographie datant des premières réalisations de
b INCULPÉ, ÉE adj. et n., qui a signifk MaccuséB en
général I16111, est devenu un terme technique de cette technique (186 1, Goncourt).
droit (1810) distinct d’accusé. 0 Le moyen français
connaissait inculpé au sens d’&réprochable, in- INCURIE n. f. est un emprunt savant (1611;
nocentn, emprunt au latin classique inculpatus. 1560, selon Bloch et Wartburg) au latin incuru adé-
+ INCULPATION ri. f., attesté isolément au XVIes. faut de soinm, anégligence, insouciancev, de in-
et à nouveau au ~VIII~s. (1740, Lesage) au sens d’aac- 13 @ in-) et cura asoin*, *souci>) (+ cure).
tion d’inculper-, dérive de inculper ou est em- $ Le nom conserve le sens du latin; la construction
prunté au dérivé bas latin inculpatio; en droit pénal Z’incurie de (qqn) pour qqch. ale fait de ne pas s’en
(18 101, le mot désigne l’imputation officielle d’un soucierm &VII~ s.1 n’est plus en usage.
crime ou d’un délit à un individu. + INCULPABLE
adj. (1829) est rare en droit. On le trouve au XVIII~s. INCURSION n. f. a été emprunté savamment
(Rousseau), opposé à inculpé, en parlant d’un in- Cv.1355, Bersuire) au latin incursio, -anis achose
nocent. contrem, aattaque, invasions, de incursum, supin de
incurrere ase jeter sur, faire irruption dan+, formé
INCULQUER v. tr., attesté en 1512 au parti- de in- I+ @ in-) et de cuwere sourires. Xncurrere a
cipe passé, puis sous la forme incuker en 1532 IRa- abouti en français à encourir*.
belaisl, est un emprunt savant au latin inculcare + Incursion désigne un court séjour d’un envahis-
cfoulep, d’où «faire pénétrer en tassant avec le seur en pays ennerd (cf. coup de main). Dans le
pied*, et par figure 4nculquern, formé de in- I+ 0 genre burlesque de l’époque classique, il équivalait
in-1 et de calcure -fouler, piétinerm, dérivé de culx, (1680) à Kaventure amoureuse-. 0 Il est employé
culcis &lon», mot sans origine connue. par figure (1765) pour tifait de pénétrer momenta-
4 Inculquer s’est introduit en français avec le sens nément dans un domaine qui n’est pas le sienn puis
figuré du latin, «faire entrer qqch. dans l’esprit de par analogie pour aentrée brusque>) (1835). Dans
qqn de façon durablen. + Le verbe est attesté à la fm tous ses emplois, le mot est du style soutenu.
du xwe s. au sens latin, afouler, ( 15961; ce latinisme a k Jaurès emploie INCURSIONNER v. intr. au pre-
rapidement disparu. mier sens (19141, qui ne s’est pas maintenu; on dit
wLe nom d’action INCULCATION n. f., emprunté faire incursion Cdand.
(1580, Montaigne) au dérivé latin inculcuti, est de-
meure rare. INCURVÉ, ÉE adj. est emprunté au XVI~s.
(15511,postérieurement à incurvacion, au participe
INCULTE ad]. est un emprunt Iti xve s.) au latin passé incuwatus du latin incurvure acourber, plier-s.
incultus aen tichep (d’une terre) et «non soigné, né- Ce verbe est formé de in- marquant le mouvement
gligé», xsans éducation*, de in- (3 0 in) et cultus, C+ 0 in-) et de curvure acourber*m. Incurvure avait
formé sur cultum, supin de colere I+ cultiver, donné en ancien lançais un verbe de même sens,
culturel. Le verbe Sign%ait «habitep et =cultivep, encurver Iv. 11201,qui fut éliminé par courber.
idées connexes dans une civilisation rurale, et a b C’est d’après incumtk qu’a été formé le verbe tran-
pris aussi le sens moral. Il se rattache à une racine sitif moderne INCURVER (18381 arendre courbes,
indoeuropéenne “Iz”eE- -tourner en ronds, ase trou- souvent au pronominal (1885). + Il a pour dérivé IN-
ver habituellement dans=, que l’on retrouve dans le CURVABLE adj . ! 18381, didactique.
grec kukzlos <<cercle>>(+ cycle). INCWRVATION n. f., attesté à la ti du xwe s. et au
+Inculte est d’abord attesté au sens abstrait de xve s. sous la forme incurvucion, en 1585 sous la
asans culture intellectuellem. Il s’applique à partir forme moderne, et repris au début du me s. (18031,
du XVI~s. (av. 1520) à une terre non cultivée ; par est emprunté au dérivé latin incurvutio ahion
analogie, il signifie (18383 “qui n’est pas soignés, en d’incurver, <courbure*. Le mot conserve les sens
parlant de la barbe, des cheveux. du latin, dans des emplois didactiques.
0 Voir CWLTIVBR, CULTURE.
INDAGUER v. intr. est un emprunt savant
INCUNABLE adj. et n. m. est un emprunt sa- ! 1484) au latin classique indugure w.ivre la piste
vant (1802, adj.1 au latin incunubulu, tiré de Incuna- (d’un animal), traquer, dépistep, et au figuré are-
buEa typogr@iue, littéralement ales berceaux de cherchen, cdécouvr+; le verbe est soit dérivé de
la typographie>, titre du catalogue des premiers indago, indaginis aaction de pousser le gibier à l’in-
ouvrages imprimés, publiés par Beughem à Ams- térieur d’une enceinte- puis &westigation, en-
terdam, en 1688. Le latin classique incunabulu, nom quête)) et en latin impérial aenceinte; réseau (de
neutre pluriel, sime alanges, berceau, enfance» chasseurs, etc.)n, soit directement composé de
d’où *commencement-; il est formé de in- intensif indu-, variante ancienne de em-, forme renforcée
(+ 0 in-) et de cunabula aberceaw et Noriaen, de in-, et de ugere &Pousser devant soi%, ~pour-
nom d’instrument formé sur *curwe abercep, de suivre, mener= I+ agir).
cunue n. f. pl. aberceau, première enfance~~, mot + Le verbe, introduit avec le sens étymologique de
d’origine obscure. Nrecherchers, est sorti d’usage en France après le
~IncunabEe, didactique, qutie un ouvrage qui xwe siècle. Il reste vivant en Belgique comme terme
date des premiers temps de l’imprimerie, avant de droit, signif%nt Nmener une enquête judiciairen.
INDÉCENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

INDÉCENT + &CENT b Les dérivés INDÉLÉBILITI? n. f. ( 17711et INDÉ-


LÉBILEMENT adv. 11775; 1551, indeleblement) sont
INDÉCHIFFRABLE -+ CHIFFRE très rares.
0 voir DELEATUFt.

INDÉCIS, ISE adj- etn. a été emprunté en


droit 11467)au bas latin indectius anon tranché% (2” * INDEMNE adj. est la réfection savante (1525)
moitié du vre s.1, forme de in- (+ 0 in-) et &~~SUS, de indumpne ( 13841,indamne El500),emprunt au la-
participe passé de deckkre adécider*», dérivé de tin classique indemnti “qui n’a pas subi de dom-
caedere, caesus Ntaillern, acoupep. mageN, en latin médiéval Cx”s.1 flexemptn ; indemnis
4 L’adjectif s’applique d’abord, dans le vocabulaire est formé de in- (+ CDin-) et de damnum udom-
juridique, à une cause non jugée (1467,cause indé- magen, cperten, -dépense, (+dam, damner). Ce
cise). * À partir du XV~II~s., indécis s’applique par terme de droit ladommages et intérêts=) est issu
extension à une personne qui a peine à se décider d’une forme reconstituée “dap-no-m, apparenté à
(1718) et, par métonymie, s’emploie en parlant du dups, dupis Nsacrike offert aux dieux>, désignant à
comportement physique (~72 air indécisl. Dans le l’origine une compensation rituelle sans le carac-
premier de ces emplois, il est aussi substantivé tère pécuniaire qui est dans poenu (4 peine), plus
117471.0 Paralklement, Yadje&ti sign%e =au sujet tardif. Damnum a abouti en ancien franqais à
de quoi aucune décision n’est prisen ( 17301, puis durn*.
~VIIT~ s., Buffon) *qu’il est diffïcile de distinguer, de + L’adjectif a d’abord ( 1384) repris le sens du latin
reconnaken. médiéval, se disant pour *exempt de toute rede-
b INDkCISION n. f., dérivé d’après &CI?&~* Cl6111, vameD encore au xwe s. (15251.Il a qualifG ce qui ne
désigne d’abord l’état de ce qui est indécis, rare cause aucun dommage ( 15091et signSe ensuite
(cf. flou). Le mot prend au XVIII~s. (av. 1742,Massil- (1500) “qui n’a pas subi de dommageti, asain et sauf»
lonl le sens courant de ((manque de décisionfi, &tat en parlant d’une personne et d’une chose intacte,
d’une personne indécise>. sens devenu courant. Comme terme de droit, il a
si@% “qui n’a pas éprouvé de perte, qui est dé-
INDÉFECTIBLE adj. a été emprunté (1501) dommagén 11549). 0 Par figure, en emploi lit&
au latin médiéval itifectibilti Gndestructible, raire, il s’applique (1885,Zola) à qqn qui n’est pas at-
éternel= W s.1,formé de in- I+ 0 in-) et du bas latin teint d’une influence jugée néfaste.
defectibG asujet à défaillira, dérivé du classique b INDEMNISER v. tr. est dérivé savamment de
defectum, supin de ckficere, defectus ase détacher l’adjectif, d’après le latin indemnis; le verbe est at-
deb, ufaire défautD (+ défectif, déficient), dérivé de testé isolément en 1465,repris au xwe s. 115671, alors
fucere (-, faire); l’adjectif a pu être dérivé savam- en concurrence avec indemner 11480), attesté
ment de ckfectus. jusqu’en 16%‘. 0 Indemniser cdédommager (qqnl
4 L’adjectif indéfectible s’applique d’abord à ce qui de ses pertes, de ses fraiss, etc. s’emploie aussi au
ne peut cesser d’être, à ce qui dure toujours, spé- figuré kx” s.3. + En dérivent le nom d’action IN-
cialement en théologie. Il s’emploie par extension DEMNISATION n. f. 11754 et le terme de droit ad-
au sens de <qui ne peut défailli (attesté 1860; 1923, ministratif INDEMNISABLE adj. (1873; 1845dans
mémoire indefectibie). II est didactique ou littéraire FLichard de Radonvilliers, qui le propose comme
et se dit surtout des sentiments, de l’attachement. néologisme utile).
INDEMNITÉ n. f. a été emprunté savamment
b INDÉFECTIBILITE n. f. ( 1677,M?e de Sévigkl est
11369 ; 1278,enckmpaitut) au latin classique i&m-
encore plus didackique ; on relève deflectibilité <dé- nitus xfait d’être préservé de tout dommages, qui a
faut, manque» dès 1468. + INDÉFECTIBLEMENT
pris en latin médiéval le sens de edédommage-
adv. (1677, Retz) est lui aussi didactique ou litté- ment-. 4Le nom a d’abord le sens général de
raire; le latin chrétien employait inckfectiiltter
«compensation» et a désigné spécialement (1369)le
adv. wns défaillancem Iv” s.), puis en latin médiéval
droit payé au seigneur quand un fief tombe en
<<avec constances ; desfectiblement *de façon in-
main-morte. Il reste terme de droit (15491 au sens
complète, est attesté en 1469.
plus général de ace qui est attribué à qqn en répa-
ration d’un dommage,, au début du ti s. dans in-
INDÉFINI - DÉFINIR
demnité de guerre 11914, Maurras). 0 À la fm du
XVIII~ s., il est employé pour désigner le traitement
INDÉLÉBILE adj. est emprunté (1528) au latin annuel de chacun des membres du corps législatif
indelebtiis <<ineffaçable)>, Gndestructibles, de @ in- et du Directoire ( 17951,d’où ensuite irhmnité
et delebilis, dérivé de o!elere aeffacez et Kdétruire, &moluments d’un déput& (18751,aujourd’hui in-
raseP> ; ce verbe est rattaché, comme ubolere demnité parlementaire (déb. XX~s.1, et le sens de
(-P abolir), à alere Nnourrirr, <<fairegrandi, dont le arétribution d’une fonction temporaire ou honori-
participe passé &US s’est spécialisé au sens de fiquen (1850,Balzac). Par spécialisation du sens de
ahautN (+ haut). La forme adaptée indeleble (1551) Mcompensationm, on relève (xx” s-1 des syntagmes :
s’est employée au WI” siècle. indemnité & dbplucement, & bgement, etc. *In-
+ Indklébile {{qui ne peut s’effacer) est d’abord em- demnité est attesté au xvle s. pour &tat de ce qui est
ployé au figuré puis au propre 11541,Calvin). * Ce indemnen, mais cette aicception a rapidement dis-
mot est beaucoup plus courant que le simple DÉ- paru. +Le dérivé INDEMNITAIRE n. (1832) et adj.
LÉBILE adj., emprunt plus tardif au latin (18193. ( 1874)est un terme de droit.
DE LA LANGUE FRANÇAISE INDICTION
INDÉNIABLE 3 DÉNIER un signe apparent qui indique qqch. avec probabi-
lité, puis l’index mobile sur un cadran et, en droit
INDÉPENDANCE - DÉPENDRE ~VIII~~.~, un fait connu qui sert à constituer la
preuve par présomption, sens demeuré vivant. * Il
INDEX n. m. inv. est un emprunt savant ( 1520)
au latin index «celui qui montre, indique, dénoncen, a désigné au XVI” s. celui qui indique ( 15291, en parti-
d’où par spécialisation <index- Cdoigt), Mindicateur, culier un dénonciateur 115411, et a été en concur-

dénonciatew, *catalogue, liste, tablefi, apierre de rence avec index*, comme nom d’une table indica-
touche3, «inscription=, etc. Le mot latin est formé de tive Iv. 1500 ; v. 1590, en droit canon, indice
ipt- (+ 0 in-) et d’un élément -&x, dick (pour -dix, expwgatoire). Il s’est dit aussi du doigt nommé tn-
-dicis) à valeur de nom d’agent, représentant la ra- dex (v. 1560; 1534, doigt indice). + hdice entre au
cine indoeuropéenne o&ik-, “dik- amontrer» qui XIX~ s. dans le vocabulaire didactique ; il se dit d’une
avait à l’origine un caractère religieux ou juridique, indication numérique qui sert à exprimer un rap-
et qu’on retrouve dans le latin dicere I+ dire), dans port, en physique 11829, indice de rék&iorrl, en an-
des composés formés sur -dex (-, bénir, indiquer, thropologie physique (1868, Broca, incI& cépha-
juge, etc.) et dans le grec dik4 ala règle, le droitm, 4a fipeI, et désigne une indication numérique ou
justice)). littéraire qui sert à caractériser un signe, spéciale-
+ Dans son premier emploi, index désigne le doigt ment en documentation (185 1, Cournot), en mathé-

de la main le plus proche du pouce, ainsi nommé matiques (18731, en musique (18851-o Le mot est re-

parce qu’il sert à indiquer, à désigner. Le nom re- pris avec l’idée de “rapport* en économie, emploi
prend au xwe s. d’autres sens du latin; il se dit devenu courant tdéb. XX@s., indice des prix, et dès
(1690, Furetièrel d’une table alphabétique, placée à 1867, nombres-indices), au xxe s. dans le vocabulaire
la fin d’un ouvrage, et contenant les termes corres- militaire ! 19221, en médecine (indice théqeu-
pondant aux sujets traités, les noms cités. Dans le tique), en chimie (indice d’octunel, etc. Dans le vo-
vocabulaire technique (16901, il désigne un objet cabulaire administratif, indice de traitement signi-
mobile sur un cadran, destiné à fournir des indica- fie anombre affecté à un échelon d’un grade, d’un
tions numériques. 0 Il s’est appliqué spécialement emploi». Iiidlce d’écoute (apr. 1960) designe le
11690) au catalogue des livres dont le Saint-Siège in- nombre de personnes, évalué en pourcentage,
terdisait la lecture, pour des motifs de doctrine ou ayant écouté ou regardé une émission de radio, de
de morale; ce catalogue, aussi appelé indice*, a été télévision à un moment donné. 0 À partir du pre-
supprimé en 1965 ; de ce sens vient la locution figu- mier sens, indice est repris en linguistique au xxe s.,
rée (18163 mettre Iggn, qqchl à I’index *le signaler titice de cksse désignant un élément morpholo-
comme dangereux pour qu’on s’en détourne=. gique servant à répartir les unités du lexique en
~Par spécialisation du sens de «liste alphabé- classes, dans certaines langues. -Em, dans la
tiquen, le mot s’emploie (XX” s.1 en documentation théorie sémiotique de Ch+ S. Peirce, in&ce, opposé
(index systématiquel et en lexicologie lindex du vo- à icone* et à symbole” (index en a;nglais), se dit d’un
cabulaire de r2ackneI. 0 Il est utilisé en économie signe qui renvoie à son objet par une action phy-
(1907, alors par anglicisme1 et en médecine sique, par une connexion (par exemple la girouette
(déb. W s.) avec le sens d’indice*, plus courant. par rapport au vent).
b INDEXER v. tr. a été proposé par Richard de Ra- bIndice a fourni plusieurs dérivés d’usage didac-
donvilliers 11845) pour cmettre à l’index-, sens non tique. +INDIC~E, ELLE adj. a eu le sens général
retenu. oLe verbe n’est attesté dans l’usage que ( 15401 de “qui indique- ; le mot est repris (mil. XX~s.1
depuis le milieu du me s. au sens d’aattribuer à (un en linguistique I19531, en mathématiques, en
document) une marque distinctive qui renseigne économie et en SétiOtiqUe. +INDICIAL, IALE,
sur le contenu et qui permet de le retrouvern 119481, IAUX adj. (19451 “qui s’appuie sur des index> est
d’où ensuite son emploi en informatique Iv. 1963). rare, parfois ~e~ph% par INDICAL, ALE, AUX
0 Indexer se dit en économie ( 1955) pour «lier les adj. (mil. XX~ S.I. +INDICER v. (v. 1970) <attribuer
variations d’une valeur économique à celle d’un des indices pour identitier des variables* est un
élément de référence (nommé indice*) déterminé=. terme d’informatique. *INDICIAIRE adj ., dérivé
+ Le nom d’action INDEXATION n. f., proposé en savant du latin indicium, s’est employé comme
1845 pour *mise à l’indexn, s’emploie en documen- nom masculin CI&‘!3 au sens de &roniquew. On
tation (1948; le synonyme INDEXAGE n. m., attesté le retrouve ensuite dans le doy indiciaire al’index
v. 1963, semble rare) et en économie (19551. +IN- (de la main), (av. 1506) et dans table indiciaire &-
DEXEUR, EUSE n. est surtout un terme technique dexm (15371, tous deux en concurrence avec indice
de documentation (v. 1970). Ici-dessus). oLe mot est repris au mes. en droit
@ Voir INDICE. 11936, impôt indiciaire3 et dans le Vocabula;ire ad-
rninistratif <grille indiciairel.
INDICE n. m. est la réfection savante (13061 de la 0 Voir tNDIQUEFL
forme adaptée endice Iv. 11301,emprunt au latin in-
dicium wévélationp, cdénonciations, +ignea, =in- INDICTION n. f., d’abord écrit indictiuns (1119)
dicea, dérivé de index, indicis (4 index). et repris par latinisme sous la forme indiction
4 Le mot reprend (13061 le sens latin de adénoncia- (15261, est un emprunt savant au bas latin indrkti
tiens, en usage jusqu’à l’époque classique. Mais in- aavis, not%cationB, #publication d’un rôle d’impôt&,
dice, spécialement utilisé en parlant d’une mala- *convocation (d’un concile à une date donnéeIb,
die, emploi où il est remplacé aujourd’hui par *période de quinze ans>, mot dérivé de indictum,
sympt6me, a aussi désigné (XII~s., endke, puis 14881 supin de hdicere «publier, notifïers>; le verbe est
INDIEN 1812 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

formé de in- marquant l’aboutissement (4 @ in-) et ( 1840 ; + indologie) et Sign%e <caractère indienn
de dicere dire*>> (4 indiquer). ( 1866) et Kidiotisme propre aux langues de l’Inde>>
4 Indiction désigne, en parlant de l’Antiquité, une (1873). 0 Le nom s’emploie aussi (xx” s.3 pour aca-
période (de quinze ans dans le Bm-Empire romain) ractère propre aux indiens d’Amériquen et plus ré-
pour laquelle le budget était hxé à l’avance, pé- cemment, d’après l’espagnol indiunismo, courant
riode utilisée ensuite dans le comput ecclésias- au Mexique, désigne l’intérêt porté aux cultures in-
tique. Dans le vocabulaire religieux 115261, le mot diennes d’Amérique latine. HNDIANISER V. tr.
désigne la convocation à un jour dit d’un concile, ne s’emploie ( 1892) que par référence à l’Inde ; en
d’un synode, puis s’emploie au sens de ccprescrip- dérive INDIANISATION n.f (1942).
tiow fi XVI~s., indiction d’urt jefi&. De indienne n. f., désignant une cotonnade, dé-
rivent les termes techniques INDIENNEUR n. m.
b INDICT n. m. est un emprunt au latin indictum
(1790) et INDIENNERIE n. f. ( 18691, aujourd’hui
achose prescrite-, participe passé neutre substan-
vieillis.
tivé de indtcere, et a sigr&é (mil. xve s., adj.) aétabli
0 Voir AIdRICMN hM@R~IEN~, DINDE.DINDON.INDIGO,
par un éd&. Le nom est attesté au mle s. au sens
INDO-.
de &xation à un jour dit (d’une foire)>; il est sorti
d’usage. INDIFFÉRENT, ENTE adj. et n. est un em-
prunt CCnxrrr”-déb. XIV’ s.) au latin indiferens 4ndif-
INDIEN, IENNE n. et adj., attesté vers 1265 férent, ni bon ni mauvaiss, “qui ne se préoccupe
lyndiien n. m. chez B. Latinil, est un emprunt sa- pasn, formé par Cicéron pour traduire le grec adia-
vant au bas latin T~~&US, dérivé du latin classique phoros aon différent>> à partir de diflerem, -enti,
India <Inde*, du grec Iadia, de Indos <Indus)). C’est lui-même de differe G-+different, d8érerI.
un nom propre indoeuropéen (cf. le sanskrit sin- + L’adjectif sign%e d’abord ~sa;ns distinction, sans
dhu afleuve> et, spécialement, 4ndus}~, et aussi différence>, sens sorti d’usage (cf. ci-dessous indif-
Sind, nom propre d’une région du Pakistan irri- féremment) comme l’emploi du nom indifférent
guée par le cours inférieur de l’lndusj. pour 4npartialité~~ ( 1440-14753. Au xv~~s., l’adjectif
+ Indien se dit d’une personne née aux lndes ou qui s’applique comme en latin à ce qui, d’un côté
habite les Indes; l’adjectif s’applique à ce qui est comme de l’autre, présente un intérêt ou une ab-
originaire des Indes, notamment dans toile in- sence d’inté& ( 1529, en parlant de choses). 0 L’ad-
dienne (13591, devenu INDIENNE n. f. 11632) «toile jectif est ensuite employé, au XVII~s., sans idée de
de coton peinte ou imprimée)) qui se fabriquait pri- choix ou d’opposition; il signifie wns intérêt, sans
mitivement aux lndes. +Dans la seconde partie du importance)) (1634, Corneille) en parlant d’une
xvf s., hdien qualifie ( 1588) un indigène d’Amé- chose, et s’applique, par reprise d’un sens du latin,
rique parce que les navigateurs du xv” s. se à une personne qui marque de l’indifférence en
croyaient arrivés aux lndes par la route de l’Ouest. amour (1643, Rotrou; 1669, n.1 et, plus générale-
Dans cet emploi, indierc est aussi substantif (172 1). ment (16691, ne s’intéresse pas à qqch. ou qqn (la
Le mot s’emploie ensuite (XIX” s.1 de façon plus res- construction indifférent sur qqch. est sortie d’usage)
treinte, par allusion à l’image conventionnelle des ou qui n’est pas émue. De là, une substantivation,
Indiens apeaux-rouges, d’Amérique du Nord, dans surtout au masculin ( 16941, par exemple dans un
la vision nord-américaine de la conquête de bel indifférent. 0 En parlant de choses, le mot signi-
l’Ouest. Il entre dans quelques locutions : a la tenI fie ( 1641) “qui ne tend pas vers telle chose plutôt
fie intieme Czemoitié XIX~s-1, équivalent de à la que vers telle autre”, d’où en sciences «sur lequel
queue %euleu, vient de la vogue des récits sur les In- ne s’exerce aucune force capable de motier
diens, où ces derniers avancent ainsi sur le <(sentier l’état% (~~III~s.l. L’adjectif qualifie aussi au xwe s. la
de la guerre>>. Nage à l’indienne (19013 ou indiens personne qui n’est pas en faveur d’un ptii plutôt
n. f. (nage indienne est sorti d’usage) désigne une que d’un autre. oIndifFérent correspond ensuite
nage sur le côté, les jambes en ciseaux ; l’été des h- (16713 à “qui n’intéresse pas>>, en parlant de per-
tien, l’été in&ea traduction de l’anglais indian sonnes, et sp&ialement Nqui n’inspire pas de senti-
Summer, correspond au Canada à ce que l’on ment amouretw.
nomme en France été de la Saint-Martin; l’expres- b Le dérivé INDIFFÉREMMENT adv. (1314, in&%-
sion a remplacé 2té des Sauvuges, le mot sauvage runment), qui conserve le sens ancien de l’adjectif
ayant désigné jusqu’au ti s. les autochtones amé- <<sansdistinction~~, est sorti d’usage au sens (1520)
ricains, en français du Canada. *L’Indien d’Anré- de Kavec fioideurn. ~INDIFFÉRENTISTE n.etadj.
rique ayant longtemps été considéré comme dan- a désigné en religion ( 1721) la personne qui accepte
gereux, indien a pris en argot familier de France le tous les dogmes religieux, refusant de donner la
sens (xx” s.1 d’aindividu quelconque plus ou moins préférence à l’un d’eux. OINDIFFÉRENTISME
tenu pour suspect> (cf. Apache). n. m. (1750) lui correspond. + INDIFFÉRER V. tr.
F À partir d’indien ont été formés des dérivés sa- 118881, considéré comme un barbarisme par les pu-
vants. HNDIANISTE désigne comme adjedif ristes, est courant dans la lmgue familière pour
(1814, des Anglais indianistes) puis comme nom <<être indifférent (à qqn)-.
(1832) un spécialiste des langues et CidiSatiOnS in- INDIFFÉRENCE n. f. est emprunté ( 13721au dérivé
diennes au premier sens du mot t+ indolore) ; in- bas latin i&$erentia ((état physique qui ne pré-
diuniste est rare Cadi., mil. xx” s.) pour ~rehtif aux sente rien de particuliers, %ynonymieB en latin ink
Indiens d’Amér?que~~. +INDIANISME n. m. se dit périal. *C’est le sens concret qui est d’abord re-
de l’étude des langues et civilisations de l’Inde pris. Le mot réapparaît au xvile s. avec le sens
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1813 INDIQUER

général cl’&& d’une personne tidi%rente» Cl6061 et au figuré ( 1675). On délivrait autrefois un ce&%
et suit une évolution sémantique parallèle à celle cat d’indigence 11835) qui donnait droit à des se-
d’indiffe’rent; il s’emploie spécialement dans le do- cours publics.
maine religieux EXWI”s., Pascal, indiflérence de la
religion.; 1817, Lamennais, indiffërence en matière INDIGESTE, INDIGESTION + DIGÉRER
de rel@onl. 0 À l’emploi de l’adjectif concernant
les choses correspond un usage en sciences (1855, INDIGNE -+ DIGNE
idifférence mugnétique).
0 voir DIFtitEENa. DIFFÉRENT. INDIGO n. m. et adj, inv. est probablement em-
prunté (15781, d’abord sous la forme indico f 15443,
INDIGÈNE adj. et n., attesté chez Rabeltis au portugais indigo (seulement cité en 1695) ; on a
(15321, est un emprunt savant au latin classique in- aussi évoqué l’espagnol et le néerlmdais. Tous sont
digena ad]. et n. Moriginaire du pays, indigène>>, issus du latin indicum, neutre substantivé de l’ad-
composé de indu-, forme renforcée archaïque de jectif indicus ade l’Inden, dérivé de India <Indem
in- dansé C+ 0 in-), et de -geaa ané dea, de genere (+ Indien). De l’italien indaco ( 1334; vénitien in-
*engendrer)) C+ géniteur), remplacé en latin clas- dego, 12461,également issu de indices, viennent en
sique par la forme à redoublement gigrwre. Ces français les formes indaco ( 1556) et indacum ( 1576)
verbes se rattachent à une racine indoeuropéenne qui ne se sont pas maintenues.
“genlel-, ‘gm- aengendrep et 4kkejj C+ -gène).
4 Le mot désigne une substance colorante bleue et,
$ Indig&ne adj., latinisme chez Rabelais, s’applique par ellipse, la couleur bleue de l’indigo, d’où par
à une personne qui habite depuis longtemps dans extension tout bleu d’aspect semblable. Indigo se
une région. 0 Le mot est repris au XVIII~s., d’abord dit aussi (XVIII~s.1 de la plante gui fournit l’indigo.
en parlant d’une plante originaire du pays où elle
se trouve 11743, Geoffroy), et opposé à exotique, b La plante est égakment nommée INDIGOTIER
puis d’une personne (1756, Voltaire; 1762, n.) et n. m. (1718). +INDIGOTIER, IÈRE n. désigne par
d’un animal 11778, Btionl; en ce sens, l’adjectif est ailleurs ( 1722) un fabricant d’indigo (on trouve aussi
didactique. +Indig&ne s’emploie également à par- chez Flaubert INDIGOTEUR n. m. 118531 dans un
tir du XVIII~ s. au sens d’~originaire d’un pays occupé emploi péjorata puis (18171 l’ouvrier travaillant
par les colonisateur9 (1770, n.); le mot est au- dans une fabrique d’indigo, appelée INDIGOTERIE
jourd’hui courant en ce sens, mais considéré n. f. (indigotterie, 1657). *De indigo ont été aussi ti-
comme péjoratif et souvent insultant, dans une rés TNDIGOTINE n. f. (18281, terme de chimie, et le
perspective anticolonialiste. Au début du xrxe s., composé INDIGOÏDE adj. Cl908 ; de -oi’de), terme
l’adjectif s’applique à ce qui est propre à une popu- technique.
lation indigène ties langues indighes d’lhropel, INDICAN n. m. (18731, emprunt probable à l’aile-
mais cet usage est très didactique. Le mot, dans son mand Indicun ( 1855, Schunck), est tiré de indicum,
sens usuel, est en concurrence avec autochtone, avec sufExation en -un des composés azotés. Le
aborigène (plus didactique). Son emploi, dans le mot désigne un glucoside extrait des feuilles de
contexte colonial, était en général lié à une classifî- l’indigo.
cation ethnique, parfois raciale, d’où son actuel dis- INDE n. m. (v. 1165) et adj. cv.11501, terme tech-
crédit. nique, est un emprunt ancien au latin indicum,
sans doute par l’intermédiaire de l’ancien proven-
b INDIGÉNAT n. m. est attesté 11699) au sens de
çal indi, endi (XII~S.I. Le mot désigne et qualiCe en
&Oit de cités, en parlant de la Pologne. 0 Le mot
ancien fraçais la couleur bleu foncé violacé extra-
est repris au xrxe s. pour désigner le fait d’être indi- ite de l’indigo ; il s’emploie à partir du xvres. 115%)
gène dans une région II 86 1, Proudhon) et le régime pour désigner la substance tinctoriale donnant ce
administratif spécial appliqué dans certaines colo- bleu, extraite de la guède ou de l’indigotier (en an-
nies E18881,aujourd’hui aboli. cien provençal, XIII~-& s.1; en ce sens il a été éli-
miné par indigo. + INDIUM n. m. est formé (18631
INDIGENT, ENTE adj. et n. est un emprunt
comme l’allemand hdium C18632 à partir du radical
savant (1275-1280) au latin indigent, -entis “qui est
de indigo, à cause de la couleur caractéristique
dans le besoin>, participe présent de indigere
d’une raie spectrale de ce métal.
amanquer deu, formé de indu-, forme renforcée ar- INDULINE n. f., emprunté (1886) à l’anglais indu-
chaïque de in- Ndansm(-, 0 in-), avec valeur inten- hw (18821, est formé de indligo), du diminutif -ul(el
sive, et de egere 4tre dans le besoin, manquer de>. et de hnilHne*. Il désigne en chimie toute matière
On rapproche ce verbe de mots germaniques colorante bleue dérivée de l’aniline.
comme l’ancien haut allemand eko-tio aseule-
ment>> et le vieil islandtis ekla Nmanquea.
+% INDIQUER v. tr. est un emprunt savant
4 Indigent, conservant le sens du latin, signifie “qui (1510, Bloch et Wartburgj au latin classique indicure
manque des choses les plus nécessaires à la vie>>; «indique-, udénoncerj, arévéler- et *donner le prix
substantivé déb. XIV~s. L’adjectif s’emploie ensuite de, évaluerm, dérivé de index, indicls Ib index, in-
au sens figuré (1564, Rabelais) de CpauvreB. dice). L’emprunt françtis reprend aussi les sens du
b Le dérivé INDIGEMMENT adv., attesté chez Mal- latin classique iPtdicere <déclarer officiellement, no-
larmé (18981, est d’emploi littéraire et rare. *IN- tifier, annoncer% et «imposer, prescrirem, dérivé de
DIGENCE n. f., emprunt au dérivé latin indigentia dicere (+ dire3 par prétiation I+ 0 in-). 0 Indicare
Nbesoin, exigence », s’emploie au propre ( 1275- 1280) avait abouti par voie populaire à l’ancien français
INDISPENSABLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

aengiw Exrr” s.1 «augmenter, accroître>, puis enger qui dénonce un coupable; ce sens, repris au XVIII~s.
(XVI~ s.1 dont dérive engeance*. Par ailleurs, un dé- (1748, Montesquieu), est rare avant le xrxe s. où il est
rivé gallo-roman, “indictare, avait donné enditier abrégé, en argot, en INDIC n. m. (18941. + L’adjectif
Cl0501 *indiquer, faire ConnaîtreB, puis enditer s’applique aussi (15493 à ce qui indique qqch., porte
Ixrv” s.1qui se maintient jusqu’à la fm du XVI~siècle. une indication ; le nom est repris au XVII~s. en ce
4 Indiquer Sign%e d’abord *faire voir Eqqch., qqn) sens (16901, équivalant à i&e%. 0 Indicateur n. m.
d’une manière précise par un geste, un signe, etc.>>. désigne aussi un livre, une brochure donnant des
Le verbe est attesté au sens de -dénoncer un cou- renseignements divers (17921, puis un instrument
pables (16111, à nouveau chez Montesquieu (1748) ; il servant à donner des indications quantitatives
a pris en argot (XIX~s.1 le sens de Kfournir des indi- (1851, Cournot) et un dispositif donnant des indica-
cations relatives à un acte délictueux3, d’après iptdi- tions ( 1853, Flaubert). 0 Par extension, le nom
cateur. *Il s’était spécialisé au xwe s. comme s’emploie en chimie 11922) à propos d’une subs-
terme de médecine au sens de Mfaire connaître la tance qui permet de déceler une réaction
médication appropriées, d’où le composé contie- chimique, d’où indicateur radioactif (cf. traceur), et
indiquer Ici-dessous) et s’emploie surtout au parti- en économie (xx” s.) pour désigner une variable
cipe passé Cremède indiqué1. 0 Il a ensuite (1690) le dont certaines valeurs sont significatives d’un phé-
sens de cfaire connaître à qqn, en le renseignant nomène. Le nom est aussi employé en linguistique
lune chose, une personne)n, spécialement indiquer Cv. 1970, n. m., indicateur syntugmatigue), et le fé-
ur2 lieu a qqn «lui expliquer comment s’y rendre>>. minin INDICATRICE n, f. en sciences (mil. XX~ s.1.
L’acception partinilière (1688) de Nconvoquer à une
date déterminéeb n’est plus en usage. 0 L’emploi INDISPENSABLE + DISPENSER
au sens de ccdétemniner et faire conndtren ~VIII~ s.1
a vieilli sauf dans la langue juridique. Dans le do- INDISPOSER + DISPOSER
maine des arts, indiquer a pris le sens (av. 1803,
La Harpe) de -représenter en s’en tenant aux traits INDISTINCT + DISTINGUER
essentiels, esquissew Avec un sujet nom de chose,
le verbe signifie 11835) afaire connaître le caractère
INDIVIDU n. m. est un emprunt (1377, Lan-
franc) au latin individuum qui en latin classique (Ci-
de (un être, un événement) en servant d’indice».
céron) traduit le grec utomos «atomes Clittérale-
b À part k composé pré&& CONTRE-INDIQUER ment Kqu’on ne peut couper>>), puis en latin
v. tr. (17701 qui correspond au sens médical de indi- médiéval correspond à ace qui est indivisibles>, pour
quer et s’emploie comme lui surtout au participe désigner un objet unique par opposition à genw,
passé, en relation avec contre-indication ki-des- species, d’où genre, espkce. Le nom latin est la subs-
sous), la série lexicale de indiquer est faite d’em- tantivation de l’adjectif individuus 4ndivisible~~ et
prunts. * INDICATION n. f. est emprunté ! 1333) au Gr~Evis~~,formé de in- (-, CCin-1 et de dividuus ccdivi-
latin classique indicatio, -or& aindication de prix, sible)>, &viséB, de dividere <diviser, partager» (-, di-
taxeB et mxise à prixm, de indicatutn, supin de indi- viser), formé de di- et d’un verbe “videre non attesté
cure. 0 Le mot se dit de l’action d’indiquer, de ce à l’état simple.
qui est indiqué: de là son emploi spécial en méde-
cine (14781 pour kgne, symptômes, sorti d’usage, et +Individu s’emploie d’abord au sens large, pour
pour ((médication, remède qu’indique le médecin, Gtre formant une unité distinctes, par opposition à
kame s.1 - d’où CONTRE-INDICATION n. f. (1697)
genre et espèce (1377, individue, puis 1546, Rabelais,
qui emploie aussi son individu asa propre per-
-3 et enfin le sens plus général d’&dice, signe»
( 17081. 0 Indication semble peu employé aux XVII~ sonne>>). 0 Le mot est aussi attesté comme adjectif
et XVIII~siècles; il est repris au XIX~ s. pour désigner ( 1486) signifiant 4ndivisible)~, sens disparu comme
une information indiquée ( 1834 ; chercher des indi- l’emploi pour aindividuel» En XVI~~.). Individu re-
cations1, spécialement en peinture (1853, Dela-
prend dans la langue classique 11611) en physique
croix). ~INDICATIF, IVE adj. et n. m. est un em- le sens latin d’&lément indivisibles (cf. atome). 0 Il
prunt (XIV” s.1 au dérivé bas latin indicutivus *qui désigne à partir du xvr~~s. un membre de l’espèce
indique> et terme de grammaire hdicutivus mo- humaine 11680, Rchelet1 et entre dans le vocabu-
dus). 0 Le mot est d’abord un terme de grammaire laire de la biologie au sens de <corps organisé vi-
Iti s., n. m. ; ti du xwe s., adj., mode indicative), vant une existence propre, et qui ne saurait être di-
désignant le système des formes verbales, le mode visé sans être détruitp (1738, J. B. d’Argensl.
employés pour présenter un procès énoncé sans 0 Comme terme scientEque, il s’est dit aussi (1814,
aucune interprétation. L’adjectif s’applique (14661 à B. de Saint-Pieme) de l’unité élémentaire d’une so-
ce qui sert à indiquer. -indicatif n. m. est repris ciété.
avec ce sens (18731, pour désigner le signal distinc- Terme didactique devenu usuel, individu désigne
(1755, Rousseau) un membre d’une collectivité hu-
tif de chaque émetteur-récepteur télégraphique ou
radiophonique lindicutif d’appel); le nom se dit maine, puis est employé, souvent péjorativement,
(1945) d’un fragment musical qui annonce une au sens de Mpersonne quelconqueti 1179 1, Robes-
émission radiophonique régulière. pierre, Z’individu royal); en ce sens il ne s’emploie
INDICATEUR, TRTCE n. et adj. est un emprunt pas au singulier pour désigner une femme.
CV, 1490)au bas latin indicator aaccsusatew, de indi- F INDIVIDUEL, ELLE adj. et n., emprunté au latin
cure, mais peut être considéré comme dérivé d’in- scolastique individu& Iv. 11151, sime d’abord
diquer quant aux autres sens. +Le mot est d’abord ( 1372) Gndivisiblea. o L’adjectif, aussi écrit indivi-
attesté comme nom, pour désigner une personne dua1 (14901, s’applique ensuite à ce qui a le carat-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1815 INDUIRE

tère d’un individu (av. 1475, G. Chastellain) puis à personnes ont un droit et qui n’est pas matérielle-
ce qui est propre à l’individu (1546, Rabelais). * In- ment divisé entre eux, d’où par ellipse propriétaires
dividuel est repris au XVII~”s. au sens de aqui indivis (1.526, ind#is~.
concerne une seule personnes (1764, Rousseau). b De l’adjectif dérivent des termes de droit : INDI-
Substantivé, il désigne spécialement 11934, n. m.) VISÉMENT adv. ( 1551; 1497, inditieement) <<parin-
un sportif n’appartenant à aucune équipe, ptis se ditis~, INDIVISION n. f, Il7651, auparavant aab-
dit d’un compartiment de wagon-lit, d’une sente de division», préfn& de division 116061, et
chambre d’hôtel pour une personne seule, pour INDIVISAIRE n. (1936).
traduire l’anglais single, lui-même très employé.
oLe dérivé INDIVIDUELLEMENT adv. 115511est INDO- est un premier élément de mats compo-
usuel. 0 Le prétié INTERINDIVIDUEL, ELLE adj. sés, tiré du latin Indus (grec Indosl ade 1’Indem (+ in-
est un terme didactique ( 1897) formé sur individu. dien).
-Sur individuel ont été dérivés savamment plu- l Inde- entre dans la composition de plusieurs
sieurs mots. INDIVIDUALISE, ÉE adj. (17323 est di- mots didactiques, comme INDO-PERSAN, ANE
dactique et littéraire ; INDIVIDUALISER v. tr. adj. (18271, et couraslts, tel INDOCHINOIS, OISE
(1765, Diderot) a fourni par dérivation les mots di- adj. et n. ( 18401, qui a vieilli après la disparition de
dactiques INDIVIDUALISATION n. f. 11803J, INDI- I’entité coloniale appelée Indochine. 0 Plusieurs
VIDUALISANT, ANTE adj, (1864, Renouvier), IN- composés concernent la linguistique. INDOEURO-
DIVIDUALISABLE adj. (mil. XX@s.l. +Le pré&& PÉEN, ENNE adj. et n. (1836, A. P&et) a été pro-
DÉSINDIVIDUALISER Or. t;r. (1924) est htf,értire, bablement composé d’après l’anglais hdo-Eure-
son dérivé DÉSINDIVIDUALISATION n. f. (1936) pean, attesté en 1813; le mot se dit des langues
didactique. + Le dérivé INDIVIDUALITÉ n, f. 11760, d’Europe et d’Asie qui ont une origine commune ; il
Ch. Bonnet) désigne l’ensemble des caractères a supplanté INDOGERMANIQUE adj, et n. m.
propres à un individu, d’où son emploi pour eorigi- (18 101, mot créé par les philologues allemands lat-
nalit& ( 1779, Diderot) ; il est didactique au sens de testé seulement en 1823 et en concurrence avec in-
«ce qui existe à l’état d’individu>> 117611. Une indivi- doeuroptiischl; on a dît aussi indo-germain, aine
duulité est employé U330,Balzacl pour Gndividun adj. (18273. En dérive INDO-EUROPÉANISTE n.
konsidéré dans ce qui le différencie des autres ; cet En XIXe S.I. - Voir l’encadré : langues indoeuro-
t emploi est signalé comme un néologisme par Lit- péennes pp. 1816 à 1822. OINDO-ARYEN, ENNE
tré ; individualité, au sens 11830) de =Personne adj. (19341 s’applique aux langues îndoeuro-
douée d’un caractère marquéti, est concurrencé péennes parlees dans ie sous-continent indien.
par personnalité. +INDIVIDUALISME n. m. se dit 0 On relève aussi INDO-HELLENIQUE adj. (18461,
( 1825) de la théorie qui voit dans l’individu la su- INDO-IRANIEN, IENNE adj. et n. m. (19021,
prême valeur, dans le domaine politique, écono- termes de linguistique.
mique ou mord ; le nom désigne ensuite (1834) l’at- INDOLOGIE n. f. (xx” s.), emprunt à l’anglais indo-
titude d’esprit qui favorise l’initiative et la réflexion logy (18881, d’où INDOLOGUE n. et INDOLO-
individuelle, et (1839, Balzac) la tendance à GIQUE adj., concerne l’étude du continent indien.
l’égoïsme. 0 Le mot est devenu un terme de socio- @ voir INDIEN.
logie 11904) désignant la théorie qui cherche à ex-
pliquer les phénomènes historiques et sociolo- INDONÉSIEN, IENNE adj. et n. dérive
giques par l’action consciente des indidivus, 0 Le (v. 1885) de Indonésie, nom propre de pays,
dérivé INDIVIDUALISTE x1. (1825) et adj. ( 1836) a composé de itio- c-, indo- et du grec tisos qui cor-
respond au latin insula (+ île) ; le mot est sans
suivi une évolution sémantique paralléle.
doute emprunté à l’anglais Indonesia qui apparaît
INDIVIDUER v. tr. est empru&é (fin xv” s.) au latin
en 1850, comme indonesian.
,scolastique individuare adonner son individualité à,
individualiser» (XIII~s.3; il en conserve le sens dans + Le mot désigne ce qui se rapporte à l’Indonésie et
des emplois didactiques; ses deux participes ont à ses habitants.
donné les mots didactiques INDIVIDUÉ, I?E adj.
INDU + DEVOIR
(1907, Bergson) et INDIVIDUANT, ANTE adj. ( 1920,
Goblot). 4 Un autre terme didactique, INDIVIDUA- INDUBITABLE tij., emprunt (xv” s., d’après
TION n. f., est un emprunt ( 15511 au latin scolas- le dérivé) au latin indubitabilis de dubitabilis adou-
tique inditiduatio (<fait de devenir un individu, teux>b (+ dubitata, de dubitare (+ douter).
d’être doté d’une existence singulière>> (XIII” s.), dé- + Employé pour Gnéluctable» (attesté mil. XVI~s.), il
rivé de individuus. a vieilli, alors que l’autre emploi pour flcertain, in-
discutable» est resté vivant. Le contraire dubitabk
INDIVIS, ISE adj. est un emprunt (13321 au la-
est beaucoup plus rare.
tin indivisus non partagé* qui s’est spécialisé dans
F INDUBITABLEMENT adv. ( 1488) est plutôt didac-
le Vocabula;ire juridique au sens d’&~divis>~ (pro in-
tique.
divisa *en commun~1; le mot est préhxé en in-
(+ 0 in-l de divisus, participe passé de divioke ((di- INDUIRE v, tr. représente la réfection ~III” s.,
viser, sépareP> F+ diviser). selon Bloch et Wartburg; puis 13551 de l’ancien
+ L’adjectif s’est d’abord employé en droit dans la tiançais enduire <conduire, inciter*, Marnener à l’es-
locution adverbiale pour indivis <wns division, sans prîtB (v. 1285; 3 enduire), d’après le latin inducere
partage en communs, aujourd’hui par inditis Mconduire dans, ver+, efaire avancern, udétemniner
11347). B qualifie (1562) un bien sur lequel plusieurs à». Ce verbe est un pré&& (-, 0 in-) de ducere, duc-
(Suite p. 18231
L’INDUEUROPÉEN 1816 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

INDOEUROPÉEN ILANGUES INDOEUROPÉENNES)

Nom conventionnel d’une famille de langues, à (historiques, juridiques, religieux, littéraires) en


laquelle se rattachent entre autres les langues écriture cunéiforme, depuis le xwe s. avant J.-C.
romanes, et donc le franqais, ainsi que de nom- jusqu’à 1200 environ avant J.-C. Ces écrits
breuses langues d’Asie et les langues parlées montrent une évolution sensible de la langue,
aujourd’hui en Europe, à l’exception des idiome officiel d’un empire dont la capitale était
langues du groupe ho-ougrien (hongrois, fin- au centre de la Turquie actuelle. Les deux
nois, estonien, etc.), du basque (sans rattache- autres langues anciennes sont le palaïte, connu
ment démontré à un groupe de langues), et du par des fragments de l’époque hittite archaïque,
turc (appartenant au groupe altaïque). À partir et le loutite, connu par des textes des xve et
de 1000 avant J.-C. environ les langues indoeu- xrv’ s. (époque néo-hittitel, et par des mots em-
ropéennes étaient déjà parlées par la majorité pruntés en hîttite; des textes louvites gravés en
des habitants de l’Europe, par une partie des ha- écriture hiéroglyphique sont attestés sur une
bitants de l’Asie occidentale (Caucase, plateau vaste zone en Asie Mineure et au nord de la Sy-
iranien) et de l’Asie méridionale (sous-continent rie, depuis 1500 au moins juqu’à la ti du VIII~ s.
indien); depuis le milieu du xve s. de notre ère, avant J.-C. ; les langues anatoliennes du premier
elles ont touché la plupart des zones du monde millénaire, écrites dans des alphabets de type
habité. À côté du terme -français indoeuropéen grec, sont le 2ycien, proche de l’ensemble lou-
(anglais Indo-European, et termes équivalents vite, attesté par des inscriptions et des légendes
dans de nombreuses languesI, le terme alle- monétaires au sud-ouest de l’llnatolie, datables
mand indogemzanisch est inexact, en ce qu’il des v” et Iv” s. ; et le lydien, COMU par des înscrip-
semble privilégier la branche germanique, tions de la ville de Sardes, principalement du
parmi les langues européennes; en fait, les lin- IV~ s., mais pouvant remonter en partie au VI~ s.,
guistes ‘allemands conservent cette dénomina- et représentant une autre variété dialectale du
tion depuis la première moitié du XIX~ s., mais en groupe anatolien.
lui donnant la même valeur conventionnelle que 2. Indo-iranien : ce groupe comprend principa-
le terme 4ndoeuropéenB. Les termes tiançais et lement deux branches, l’indo-aryen (indien) et
allemand sont simplement deux façons de résu- l’iranien. En plus des connexions nombreuses
mer en un seul mot composé l’extension maxi- des systèmes linguistiques à date ancienne,
male de cette famille de langues. Cependant, l’unité indo-iranienne est prouvée par l’usage
depuis l’Islande et l’Irlande à l’ouest, jusqu’à du même terme par les Indiens et les Iraniens
l’Inde à l’est, et depuis la Scandinavie au nord, pour se désigner comme peuple : aryu, dont le
jusqu’à la Grèce au sud, toutes les langues ne sens premier est peut-être tout simplement
sont pas indoeuropéennes. En revanche, à une UhommeD. Le lieu de la communauté indo-ira-
époque plus ancienne, on connaît au moins une nienne était probablement au nord de l’Afgha-
branche dialectale du groupe (le tokharien) at- nistan actuel, dans le ((Turkestan)) de l’ex-em-
testée dans une région plus orientale que l’Inde. pire soviétique, où des langues iraniennes sont
La notion de proto-langue, dont sont issues toute encore parlées.
une série de langues apparentées, repose Les documents les plus anciens et les mieux
d’abord sur l’observation d’un fait : certaines conservés se trouvent du côté indo-aryen : en
langues de cet ensemble présentent entre elles Inde, les textes sacrés de l’hindouisme, les Ve-
des ressemblances si précises et si nombreuses das, sont rédigés dans une langue littéraire, un
qu’elles ne peuvent s’expliquer ni par l’emprunt mélange dialedal dont la variété dominante est
(en raison de l’éloignement géographique) ni un dialecte du Nord-Ouest (Penjab) ; dans
par des tendances universelles (constatées dans l’abondante littérature védique, dont la compo-
des secteurs très limités du lexique ; mots imita- sition s’est poursuivie jusqu’au VI~ s. avant J.-C.
tifs, enfantins), ou encore par le seul hasard. environ, l’ouvrage le plus important pour la
L’hypothèse consiste à admettre que ces grammaire comparée est le recueil d’un millier
langues ont une origine commune, dont elles d’hymnes, composé sur une longue période
ont divergé par différenciation dialectale. Cette (1400-1000 av. J.-C., selon l’estimation habi-
langue non attestée est appelée aindoeuropéenn tuelle). Au ve s. av. J.-C. a la ti de la période vé-
ou, de façon plus exacte, eproto-indoeuropéen>> dique, et à la suite de nombreux travaux de
ou 4ndoeuropéen CO~~I#». La reconstruction grammairiens, l’indo-aryen ancien fut décrit et
des traits de cette langue repose d’abord sur la codifié sous la forme appelée plus tard sanskrit.
comparaison systématique des langues attes- L’évolution des langues vernaculaires (priîkritsl
tées, groupées en grandes branches dialectales, apparaît de façon indirecte dans les textes vé-
que l’on va présenter ici. tiques; elles sont connues grâce aux réformes
1. Anatolien, dont le représentant principal est religieuses (bouddhisme et jaïnismel qui ont uti-
le hittite, attesté par de nombreux documents lisé pour leur prédication, à partir de 500 envi-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1817 L*INDOE UROPtiEN

ron avant notre ère, les idiomes contemporains, et moyen-irtien. - Une troisième branche de
non la langue sacrée de l’hindouisme. Mais les tex- l’indo-iranien est connue seulement par des té-
tes datables les plus anciens en moyen-îndo-aryen moignages modernes : les langues dites nuris-
(ou moyen-indien) sont les inscriptions copiées tani (ou aktires4 parlees au nord-est de I’Af-
sous l’empereur As6ka (mil. III~s. av. J.-C.), et rédi- ghanistan et dans la zone frontalière du
gées dans les divers prâkrits de son empire. Plus Pakistan : kati, prasun, ashkun, waigali. Cette
tard, les prâkrits nous sont accessibles surtout à branche, qui a conservé ses propres archaïsmes,
travers des formes conventionnelles et littérari- a dû se séparer de l’indo-aryen et de l’iranien à
sées ; le plus archaïque est le pâli, langue du ca- une date très ancienne.
non bouddhique méridional. Le moyen-indien 3. Grec. Voir l’encadré. Cette langue est sans
est le continuateur du védique, et il s’achève doute en usage en Grèce depuis le début du se-
dans le stade appelé apabhrm6 ~~dégradation~, cond millénaire, connue à l’époque ancienne
au milieu du premier millénaire de notre ère; à par plusieurs dialectes, dont la plupart ne sont
partir du second millénaire, se forment les attestés que par des inscriptions, Au deuxième
langues modernes (néo-indo-aryen), qui s’éten- millénaire, on ne connaît qu’un seul dialecte, le
dent sur la plus grande partie du sous-continent mycénien, noté dans un syllabaire malcommode
indien, à l’exception notable du Sud, occupé par (1400-1200 av. J.-C.), langue administrative avec
les langues dravidiennes, étrangères à l’ensemble des différenciations locales; il n’est continué par
îndoeuropéen. Les premiers témoignages sur aucun dialecte ultérieur. Au premier millénaire,
l’indo-aryen ancien sont extérieurs à l’Inde : ils ap- on distingue les groupes dialectaux suivants:
paraissent au Proche-Orient, et consistent surtout ionien-atthue, arcade-chypriote, éoltin, grec oc-
en théonymes, anthroponymes (noms de dieux et cidental (dotin et pamphylien (ce dernier pou-
d’hommes) et expressions techniques employés, vant représenter un mixte dialectaU ; à l’excep-
aux alentours du XIV~s. avant J.-C., par l’aristocra- tion du chypriote, qui utilise un syllabaire, ces
tie du royaume hourrite du Mitanni (au nord de la dialectes utilisent l’alphabet importé et répandu
Syrie et de l’Irak actuels), et connus dans les ré- depuis 700 avant J.-C. environ. Le VI~’ s. voit
gions voisines. EI& le tsigane appartient aussi au aussi la tiation des épopées homériques, qui
groupe indo-aryen (3 tsigane). emploient une langue conventionnelle à base
Du côté iranien, au stade ancien, l’avestique est d’ionien avec d’autres apports dialectaux : c’est
le représentant de l’iranien oriental : c’est la une source d’une richesse considérable, à l’égal
langue de l’Avesta, texte sacré de la religion du Veda dans le domaine indien. Certains dia-
mazdéenne, corpus de compositions d’époques lectes ont fourni des langues spéciales de genres
diverses. Les textes en vieil-avestique (notarn- littéraires, mais la langue dominante de la
ment les Gâthâs) peuvent remonter à 1000 avant culture est l’attique classique. Les rapports de
J.-C. environ; on suppose plusieurs siècles ces dialectes entre eux et avec le mycénien sont
d’écart avec ceux qui sont rédigés en avestique toujours discutés : on isole généralement un en-
récent. L’avestique n’est continué par aucun dia- semble méridional présentant des innovations
lecte iranien ultérieur. - La branche occiden- communes, qui comprend le mycénien, lïonien-
tale est représentée d’abord par le vieux-Perse, attique et l’arcaclo-chypriote; l’éolien et le do-
qui est attesté par les inscriptions des rois aché- rien appartiendraient à un ensemble septentrio-
ménides, datées avec précision du v? au Iv” s. nal, plus fortement différencié. Un reconstruit
avant J.-C. ; la langue officielle de l’empire Perse donc un grec commun, à partir des divers dia-
contient des éléments de la langue des Mèdes, lectes. À partir du we s. avant J.-C., l’attique, avec
situés plus au nord. Les langues des Scythes et quelques simplifications (élimination de traits
des Sarmates tpeuplades nomadisant de l’Oural spéci-flquesl, s’est imposé comme langue com-
au Danube, en passant par l’Ukraine) sont docu- mune (72oinè1, de tout le monde grec; les autres
mentées surtout par les témoignages de voya- dialectes ont disparu progressivement, à l’ex-
geurs de 1’Antiquité et par les noms propres en- ception du dialecte ancien (dorien) de la La-
registrés sur des inscriptions grecques au nord conîe, appelé aujourd’hui tsakonien.
de la mer Noire. Au stade moyen-iranien, plu- 4.Italique. La langue la mieux connue de ce
sieurs langues sont intéressantes pour la re- groupe est le latin, en fait la langue de Rome qui
construction de l’iranien commun : pour l’ira- a dominé les autres dialedes du Latium (+ la-
nien occidental, le moyen-Perse (pehlevi) et le tin) ; les inscriptions romaines les plus anciennes
parthe, et, pour l’iranien oriental, le chorusmien, remontent au VII~s. avant J.-C., mais la docu-
le sog&n, le saJza, et le bactien; ces langues-ci mentation épigraphique et littéraire ne devient
sont documentées en Asie centrale au cours du abondante qu’à partir du III~s. ; la période du la-
premier millénaire de notre &e. Les langues tin archaïque, attestée aussi par quelques for-
iraniennes modernes (persan, tadjik, pashto, ba- mules juridiques et rituelles, va jusqu’au n’ s. ;
loutchi, ossète, kurde, etc.1 ne présentent pas au-delà, s’instaure le latin classique. Le dialecte
souvent une continuité directe avec le stade italique le plus proche du latin est le falisque,
L’INDOEUROPÉEN 1818 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

attesté par des inscriptions se repartissant de- Nos connaissances du celtique reposent essen-
puis 600 jusqu’au LINs. avant J.-C.; on isole donc tiellement sur le groupe insulaire, dont les
un sous-groupe latino-ftisque. L’autre sous- langues se sont maintenues dans des régions
groupe est l’osto-ombrien : avant l’expansion du non atteintes par la conquête romaine ou in-
latin, les parlers osques étaient les plus usités au complètement romanisees. Ce celtique insu-
milieu et au sud de la péninsule, et leur noyau laire comprend deux branches bien documen-
était Ie Samnium ; les inscriptions, assez variées, tées : 1. le gaélique Igoidélique) en ,Irlande, qui
s’étalent de 300 à 80 avant J.-C. environ. L’om- fut amené par des colons au v” s. en Ecosse, et au
brien est documenté, en dehors de quelques cours du premier millénaire sur l’île de Man, et
brèves inscriptions, par le texte rituel gravé sur 2. le brittonique en Grande-Bretagne, dont une
les sept tables de bronze retrouvées & Gubbio variété fut transportée par des émigrants au
@.wium), dont les plus anciennes ne remontent cours des ve et VI~S., et au début du mes. au
pas avant le III~s. avant J.-C., et dont les plus ré- nord-ouest de la Gaule, autrement dit en Bre-
centes sont du ler s. ; il représente un stade plus tagne kmorîquel. Le gaélique est mieux connu
avancé d’évolution, par rapport & l’osque. Entre et en général plus archaïque : 1’irEandais primitif
l’Ombrie (au nord-est) et le Samniurn, plusieurs est documenté par les inscriptions Ogam (aux
peuples parlaient des langues du même groupe, alentours de 400-600 apr. J.-C.) ; le vieil-irlandais
d’apres les données clairsemées dont on dis- (déjà considérablement évolué) est attesté sur-
pose, la plupart de type osque : Péligniens, Ves- tout par des gloses et des commenttires sur des
tiniens, Marrucins, Marses, Sabins, etc.; la textes latins, depuis le we jusqu’au milieu du
langue des Volsques semble plus proche de xe s. ; un matériel intéressant est conservé seule-
l’ombrien. La problématique de cet ensemble ment par des manuscrits au stade moyen-irlan-
italique a été renouvelée en partie par les ins- dais (900-12001, voire plus tard : en particulier les
criptions plus anciennes Idu VI~s. av. J.-C.) re- textes juridiques, dont les manuscrits sont pour
trouvées dans le sud du Picenum (côte de la plupart du ~V”S. ou ultérieurs, contiennent
l’Adriatique), qui attesteraient un stade anté- une langue archaïque. Le bittonique P&ente
rieur de certains dialectes du groupe osco-om- trois variétés locales : le gallois au Pays de
brien ; le terme sabellien est employé dans cette Galles (vieux-gallois de la fk du VIII~au milieu du
perspective. Le latino-falisque et l’osto-ombrien XII~ s.); le cor-nique en Cornouailles Ivieux-cor-
présentent su&amment d’innovations com- nique de la fm du ~~ s. jusque vers 11001: le bre-
munes par rapport aux autres langues pour jus- ton en Bretagne (vieux-breton depuis le ~~ s.
taer leur place dans un italique commun. jusque vers 11001; 4 breton. Les premiers témoi-
5. Cekiwe : langue des peuples de la citisatiorz gnages de ces langues consistent surtout en
de Hallstatt, située en Europe centrale, dans la gloses de mots isolés de textes latins. En moyen-
première moitié du premier millénaire avant gallois, une littérature importante (poésie sa-
J.-C., qui s’est étendue dans la seconde moitié vante et archaïsante, comme en irlandais) s’est
vers l’ouest (France actuelle, Belgique, Espagne, développée du XII~ au début du xve s. ; en breton
îles Britanniques3, vers le sud (nord de l’Italie), et en comique, on ne trouve pas de textes litté-
vers l’est le long du Danube (diverses régions de raires avant le xv” s., et les plus anciens sont des
la péninsule balkanique), et jusqu’en Anatolie, mystères et des livres saints. Le comique, pau-
dont le centre fut en partie occupé par les Ga- vrement documenté, est éteint depuis le XVIII~s. ;
lates, La documentation sur le celtique parlé la survivance des autres langues celtiques est af-
kans doute diversiW dans cette aire très vaste fectée sérieusement par les contacts avec l’an-
pendant les derniers siècles avant et les pre- glais et, pour le breton, par le français, et dans
miers siècles après J.-C. est fort lacunaire. Le les pays considérés, il ne reste plus qu’une mino-
celtique continental est surtout connu par un rité de locuteurs qui ne soient pas bilingues. -
nombre important de noms de personnes, de Une troisième variété du celtique insulaire, dis-
peuples et de lieux notés sur des inscriptions la- tincte des deux autres, aurait été parlée par les
tines ou grecques, ou enregistrés par les auteurs Pictes, au nord de l’Écosse, jusque dans le pre-
anciens, à quoi s’ajoutent quelques mots d’em- mier millénaire de notre ère; sur ce territoire,
prunt en latin et en grec, quelques gloses et for- des noms de personnes, de clans et de lieux
mules, et une centaine d’inscriptions et de lé- d’origine celtique se sont transmis à l’époque
gendes monétaires, retrouvées principalement médiévale, et au-delà. - La notion d’unité pré-
en Gaule, au nord de l’Italie, et en Espagne Icel- historique {qitalo-celtique>) est aujourd’hui aban-
tibère). Avec un nombre d‘incertitudes, les iris- donnée; les connexions indéniables sont le plus
criptions datables se répartissent pour la plu- souvent des archaïsmes, et les innovations di-
part entre 200 avant et 200 après J.-C., donc à vergentes sont considérables entre l’italique
une époque de contacts avec la civilisation ro- commun et le celtique commun.
maine, qui entraînent assez rapidement la dis- 6. Germanique. Voir l’encadré. Cette famille est
parition du gaulois et du celtique continental au divisée en trois branches. La branche orientale,
profit de la langue de Rome (-, celtique, gaulois). éteinte, est représentée essentiellement par le
DE LA LANGUE FRANÇAISE L’INDOEUROPÉEN

gotique, connu par une traduction de la Bible tinctes, appelées tokharien A et B, documentées
datant du rve s., des documents commerciaux ré- par des manuscrits retrouvés dans des oasis au
digés en Italie au v? s., et dont une variété était nord du bassin du Tarim, dans le Turkestan
encore parlée au xwe s. en Crimée (+ gotique). chinois, actuel Xinjiang; certains documents
Auparavant, on a des témoignages du germa- (laissez-passer de caravanes, graffitis) sont datés
nique par des noms propres et des gloses chez du début du VII” s. après J.-C., et les manustits
des auteurs anciens, depuis le début de notre les plus anciens peuvent remonter au v” s. de
ère, et, à partir de 200 environ, par des inscrip- notre ère, mais dans l’ensemble, ils ont été co-
tions r-uniques. - Les deux autres branches sont piés entre les we et mIle siècles. Les textes sont
vivantes. Le groupe nordique est nettement dis- dans leur grande majorité des traductions ou
tingué grâce à des inscriptions situées aux alen- des adaptations d’ouvrages bouddhiques en
tours de 600 ; après une période d’expansion ter- sanskrit. Dans la partie occidentale de l’aire to-
ritoriale, et la conversion au christianisme des khtienne, la région de Koutcha, on n’a trouvé
royaumes scandinaves, les parlers nordiques lis- que des documents en tokharien B, appelé aussi
landais, norvé&n, suédois et danois) sont dif- pour cette raison koutchben.
férenciés à l’époque de l’introduction de l’alpha- 9. Slave : à partir de leur zone originelle, située
bet latin, au X~I~s. en Norvège et en Islande. La entre l’Oder et le Dnîepr, les langues du groupe
plus grande partie de la littérature originale est slave se sont répandues dans les Balkans, YEu-
conservée par des manuscrits islandtis, et le rope centrale et orientale, et, avec l’expansion
vieil-idandais est la forme usuellement citée du de l’empire russe, dans les parties septentrio-
nordique ancien (jusqu’au xv” s.1 ou yieux-nor- nales de l’Asie. Le groupe est divisé en trois
rois. - Pour le groupe occidental, l’épigraphie branches. - Le slave métiionul, avec deux
runique est beaucoup moins abondante, mais sous-groupes : a) serbe-mate et slovène ; b) bul-
les documents en alphabet latin sont anté- gare et macédonien. - Le slave occidental, avec
rieurs : à partir de 700 environ pour le vieil-an- trois sous-groupes : a) khèque et slowque;
glais (ou anglo-saxon), à partir de la ti du VIII~ s. b) sorabe, avec trois variétés, encore parlées en
pour le viez.4~ (ou ancien3 haut-allemand (an- Lusace, à l’est de l’Allemagne; CI polon&, et
cêtre de 1’allema;nd moderne), du milieu du D? s. d’autres dialectes différents, kachoube, slovince,
pour le vieux-saxon, à partir du XIII” s. pour le et polabe, ce dernier parlé jusqu’au XVIII~ s. sur le
vieux-fkison, et du xes. pour le Gew-bas-aile- cours inférieur de l’Elbe. - EnfIn, sluve oriental,
muid, avec l’ancien bas franciqw, langue des avec trois sous-groupes : biélorusse Iblanc-
Francs (ancêtre du néerlandais, notamment1 ; le russe), ukrainien bu petit-russe, ou ruthène), et
vieil-anglais et le vieux-frison, ainsi que le vieux mse (ou grand-russe). Ces variétés apparte-
saxon, présentent nombre de particularités naient encore à la fin du VIII~ s. après J.-C. à une
communes ; + allemand, anglais, tiancique, go- langue homogène, qui ne présentait que des dif-
tique + burgonde, longobard. férenciations dialectales limitées. Les premiers
7, Arménien : les premiers textes remontent au textes sont des traductions rédigées dans la se-
début du ve s. de notre ère, époque où fut créé conde moitié du 19 s. par les moines Cyrille et
un alphabet sur le modèle de l’alphabet grec, Méthode et notées avec des caractères dérivés
pour la copie de livres saints traduits du grec et de l’alphabet grec, appelés cyrilliques, d’après
du syriaque, et de quelques textes originaux leur inventeur : évangile, psautier, pri&es, etc.
(manuscrits dataut du mes.1; jusqu’au VIII~s., la (manuscrits de la fm du xe et du début du XI~s.3;
langue écrite @uburI, appelée +arménien clas- la langue de ces documents, dénommée vieux
sique*, est remarquablement homogène, et on slave, est une langue d’Église (anglais, Old
n’y distingue pas de variation dialectale. Une va- Church Slavonie; allemand, Altkirchenslavischl,
riété notable du grubar, au stade moyen-amné- reposant sur un dialecte macédonien, sem-
nien, est la langue de chancellerie en usage aux blable au type des parlers bulgares, relevant
me et XIII~s. dans le royaume de Cilicie. En armé- donc du type méridional, mais qui présente
nien classique, le nombre de mots empruntés à nombre de traits archaïques, proches de l’état
l’iranien est impressionnant, du fait des contacts du slave commun. - Les autres langues slaves
entre Arméniens et Iraniens, au moins depuis le sont connues plus tard, à un stade beaucoup
VI~s. avant J.-C.; l’arménien aurait été introduit plus avancé, et souvent sous une forme peu sin-
en Transcaucasie, dans la région du lac de Van, cère, fortement influencée par la langue reli-
par des envahisseurs venus du nord des Bal- gieuse écrite adoptée par les peuples slaves qui
kans, vers la ~?II du second millénaire avant appartiennent à 1’Eglise d’Orient : le slavon ec-
notre ère. Des particularités importantes de clésiastique, un peu coloré par les langues lo-
phonétique, de morphologie, et surtout du cales. Le groupe slave se trouve géographique-
lexique, dans sa partie héritée, indiquent une ment voisin du groupe baltique, et tous deux
proximité ancienne de l’arménien et du grec. ofient des ressemblances importantes, qui
8, Tokharien : groupe éteint, sans doute depuis peuvent être dues en partie à une situation de
le XI~ s. de notre ère, formé de deux langues dis- contact prolongé; bien qu’il soit certain que les
L’INDOEUROPÉEN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

langues baltiques se rattachent au même péennes, qui présente certaines connexions


groupe dialectal indoeuropéen que les langues avec l’italique (et notamment avec le latin), mais
slaves, il est préférable de poser deux dévelop- aussi avec le germanique et le celtique.
pements parallhles, et il n’est pas possible de 13. II existe en outre quelques langues attestées
parler d’unité préhistorique abalto-slaves au de façon très fragmenttie (&ngues en débris4,
même titre qu’on pose un groupe indo-iranien qui sont certainement indoeuropéennes, mais
postérieur a l’indoeuropéen commun. dont on ne peut pas toujours préciser s’il s’agit
10. Baltique : groupe dont deux branches sont de représentants uniques de rameaux indépen-
bien connues. La première est représentée par dants, ou de branches d’autres groupes dialec-
le vieuspmssien, éteint depuis la fm du XVII~ s., taux déjà connus. - Le phrygien, utilisé en Asie
par suite de la germanisation de la Prusse; les Mineure, est documenté par des inscriptions :
documents les plus anciens en vieux-prussien les textes anciens ou patio-phrygiens se
(et d’ailleurs en baltique) sont le vocabulaire trouvent sur une aire très vaste, pas seulement
d’Elbing (802 mots avec traduction allemande), en Phrygie proprement dite, et datent dans leur
compilé peut-être vers 1300 après J.-C., et majorité du v” s. avant J.-C., et des siècles précé-
conservé dans une copie faite un siècle plus dents, le plus ancien aux environs de 750 ; les
tard, et le vocabulaire (IOO mots et locutions) en- textes récents ou rtéo-phygiens sont des II~ et
registré dans la Chronique de Simon Grunau nie s. de notre ère. En dépit du témoignage d’Hé-
(écrite entre 1517 et 1526); les se& textes radote, le phrygien n’est pas l’ancêtre direct de
conservés sont deux catéchismes luthériens, de l’amnénien; on y décèle certaines connexions
1545 et 1561. - L’autre branche est représentée avec le grec. - Les tribus *aces (incluant les
par deux langues encore parlées actuellement : Gètes et les Daces) occupaient dans l’Antiquité
le lituanien et le letton ou lette, dont les plus an- la côte septentrionale de la mer Égée, la Sithy-
ciens livres imprimés datent de 1547 et 1585, res- nie en Asie Mineure, et la plus grande partie de
pectivement; d’abord langues parlées par des la l3ulgarie et de la Roumanie actuelles; elles
paysans illettrés, elles furent constituées pro- parlaient une (ou plusieurs) langue(s) très mal
gressivement en langues écrites au cours des connue(s), seulement par deux inscriptions obs-
XVI%~I~ s. par les ouvrages de prêtres, de cures, par des noms propres, des gloses et par
poètes et d’érudits. Une forme normalisée de des mots attribués au substrat antérieur au rou-
ces deux langues fut acquise au début du XX~siè- main, langue romane. Tout ce qu’on en sait est
cle. D’autres dialectes baltiques étaient parlés douteux, et n’autorise pas à y voir une quel-
par des populations qui furent absorbées par les conque communauté avec le pbgien. - De
Lettons et les L&uaniens avant le xvte s., et dont même, nous connaissons surtout le vieux mé-
nous avons au moins les noms: couronien dmien par l’onomastique et par des gloses chez
(koure), sémigalien, sélonien et yatvinguien. les auteurs anciens ; il s’agissait d’une langue ap-
Cette aire linguistique était beaucoup plus éten- parentée étroitement au grec, mais qui s’en était
due qu’aujourd’hui, vers le sud (Ukraine) et l’est différenciée à une époque assez haute. - Pen-
(Russie), d’après les toponymes et les hydro- dant longtemps, on a dénommé fl@z&?n la
nyrnes. Une très riche littérature populaire langue supposée de tous les peuples non celtes
(chansons, contes) a été préservée jusqu’à la fm de l’Empire romain, situés à l’ouest des Thraces,
du xn? s. en lituanien et en letton. au nord des Macédoniens et des Grecs, et à l’est
Il. Albanais : langue de l’Albanie et de commu- des Vénètes; en fait, on distingue trois zones
nautés résidant dans d’autres pays, principale- onomastiques, dont une seule relèverait de I’illy-
ment en Yougoslavie IKosovo), en Grèce et en rien proprement dit, et l’on ne peut pas préciser
Italie ; les documents les plus anciens remontent sa relation éventuelle avec l’albanais. - Les ins-
au xve s. après J.-C. (une formule d’une douzaine criptions lépontiques (trouvées dans la région
de mots, datant de 14621, et reflètent l’activité des Grands Lacs italiens et au sud de la Suisse)
missionnaire catholique, aux XVI” et xwe s. : la lit- sont de la même époque que les inscriptions vé-
térature originale commence au xvkt@s.; les nètes, et écrites dans un autre alphabet anord-
deux dialectes principaux sont le guègue au étrusque* ; leur langue est considérée soit
Nord, et le tosque au Sud : la langue littéraire ac- comme indépendante, soit comme rattachée au
tuelle repose sur une variété du tosque. &we, lequel est connu essentiellement par des
12.Vénète : langue autonome, connue par des toponymes du nord-ouest de l’Italie, soit encore
inscriptions (environ 275) retrouvées au nord de comme de type celtique. - De l’extrême sud-est
l’Italie, s’échelonnant sur les deltiers siècles de l’Italie (Calabre) proviennent plus de 300 ins-
avant J.-C., sans doute à partir de 550 pour les criptions en messapien, s’étalant depuis 500 en-
plus anciennes, et rédigées dans un alphabet de viron jusqu’au 2”‘s. avant notre ère : une langue
type anord-étrusque>. Le vénète, considéré par clairement non italique, mais dont la relation
certains comme un dialecte italique, semble se vraisemblable avec l’illyrien n’est pas encore
détir plutôt comme un rameau indépendant clarifïée. - En Sicile, quelques inscriptions et Ié-
dans l’aire occidentale des langues indoeuro- gendes monétaires, ainsi que des noms propres
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1821 L’INDOE UROPÉEN

et des gloses, attestent deux langues, le sicde et évolutions de la morphologie. Le statut des
l’&@ne, dont les relations avec l’italique et le formes reconstruites a été largement débattu :
grec sont de toute façon obscurcies par les elles sont une façon de résumer les correspon-
contacts probables. - Le caractère indoeuro- dances, mais on ne saurait y voir de simples for-
péen de quelques autres langues, connues par mules algébriques, sous peine de faire de la
de maigres documents, incomplètement dé- grammaire comparée un jeu gratuit. Sous cer-
Chi&és, n’est pas encore démontré. Parmi les tains aspects, la reconstruction a gagné en pré-
langues de l’Italie ancienne, l’étrusque, attesté cision, notamment depuis la découverte de nou-
par de nombreuses inscriptions, n’est certaine- veaux phonèmes, les laryngales, et les formes
ment pas de type îndoeuropéen, d’après les postulées pour les morphèmes sont susceptibles
quelques traits identtiés de sa phonologie, de sa de motications; il s’agit donc d’une recherche
morphologie et de son vocabulaire. empirique. Les formes reconstruites, précédées
d’un astérisque (sous la forme d’un Odans cet ou-
L’&doeuropéem. vrage), ne constituent pas des entités dotées de
En plus des écarts considérables de dates, on réalité phonétique, bien qu’elles supposent cette
notera deux faits : réalité; dans la mesure où l’on tient compte de
- plusieurs langues sont d’abord connues sous la cohérence du système reconstruit, les unités
forme de langues de traduction, et doivent leur obtenues par la reconstruction ont une valeur
première notation à la propagation des reli- phonologique Istructurale). On peut donc rai-
gions : christianisme (arménien, germanique, sonner sur cette langue reconstruite, en sachant
celtique, baltique, slave, albanais), bouddhisme tout ce qui la différencie d’une langue réelle, at-
et manichéisme Itokharien, langues moyen-ira- testée; la reconstruction n’a guère d’intérêt si
niennes) ; elle ne conçoit pas cette proto-langue comme un
- nous pouvons suivre certains groupes de système, à l’instar de toutes les langues. En défi-
langues sur une très longue période jusqu’à nos nitive, la proto-langue est un système de formes
jours, dans le cas de l’indo-aryen, de I?ranien, possibles (hypothétiques), dont la portée est ex-
du grec, et dans une moindre mesure, du latin. plicative .
Le groupe indoeuropéen est la plus étudiée des L’idke d’un a&e généalogique de l’indoeuro-
familles de langues connues. Les 1a;ngues qui en péen, avec une série de subdivisions aboutissant
relèvent présentent des formes, pas nécessaire- à la douzaine de groupes connus, est abandon-
ment ressemblantes en surface, entre lesquelles née; le seul groupe préhistorique dont l’exis-
on peut ktablir des correspondances constantes, tence soit sûre est l’indo-iranien. La grammakre
gr&ce à la régularité des changements phoné- comparée tire parti de toutes les langues, car
tiques. Les linguistes s’efforcent de retracer la chacune présente, dans une proportion va-
préhistoire des diverses langues indoeuro- riable, des conservations et des innovations; il
péennes par la reconstruction de formes de dé- faut se garder de privilégier, comme on le faisait
part et de formes intermédiaires capables d’ex- au XX~ s., tel ou tel groupe de l’indoeuropéen,
pliquer les formes attestées; cela implique une censé donner une image plus fidèle de la proto-
série d’hypothèses sur le processus d’évolution. langue. - La validité de la méthode est prouvée
À toutes les étapes, les arguments sont réfu- par le fait qu’elle est appliquée avec succès,
tables, susceptibles d’être contredits par une dans les travaux les plus récents, à l’élucidation
meilleure analyse de la préhistoire de certaines des langues les plus récemment déchXrées,
langues, sans compter la découverte de nou- celles du groupe tokharien (depuis 19081, et
velles langues ou de nouveaux documents de celles du groupe anatolien (depuis 19151.Ces dé-
langues connues. couvertes contribuent à modifier sur des points
La reconstruction comparative, qui recourt à la non négligeables l’image qu’on avait de l’in-
conkontation des faits de langues dif%rentes, doeuropéen à la fm du XIXe siècle. L’îndoeuro-
est complétée par la reconstruction interne : péen reconstruit ne constitue pas une alangue
celle-ci part de la synchronie d’une seule originellem, ni toute la langue ; en effet, la re-
langue, et y repère les vestiges d’états anté- construction ne nous permet d’atteindre qu’une
rieurs, qui peuvent être conkmés par la compa- partie du systéme linguistique, à travers une re-
raison. Cette démarche est ainsi résumée par montée, toujours hypothétique, vers ses stades
Antoine Meillet : NC’est surtout avec des anoma- précédents. D’ailleurs, on ne peut reconstruire à
lies de l’époque historique qu’on restitue la règle l’infmi; on n’atteint pas une origine, mais seule-
d’époque indoeuropéennne.3 La reconstruction ment un stade antérieur, qui peut aboutir par
interne s’applique aux états les plus anciens des une série d’évolutions aux faits attestés. Les élé-
langues, et aussi à l’indoeuropéen reconstruit, ments reconstruits de l’indoeuropéen peuvent
dont on cherche à retracer l’histoire. Cette mé- être situés dans une évolution possible, en chro-
thode a donné une nouvelle impulsion à la lin- nologie relative, mais il est impossible de les si-
guistique historique, depuis Ferdinand de Saus- tuer historiquement, dans le temps et dans l’es-
sure; elle est indispensable à l’étude des pace.
L’INDOE UROPÉEN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

L’existence d’une langue commune, établie par pendant, cet ensemble de formules ne peut nous
la linguistique historique, suppose une comrnu- révéler toute la mentalité des «IndoeuropéensB ;
nauté de locuteurs, qu’on appelle par simptica- il indique l’existence, à une époque non déter-
tion les {(Lndoeuropéensn; mais on ne dispose minée, de poètes, spécialistes de la parole, et
d’aucune donnée matérielle sur cette popula- disposant d’un inventaire de syntagmes expres-
tion. Toutes les identikations à certaines sifs. Mais ce formulaire n’est pas représentatif
cultures connues par l’archéologie se sont révé- de tout l’usage de la langue dans toute la com-
lées très fragiles, notamment à cause de l’ab- munauté linguistique ; il convient de s’interroger
sence de textes; de fait, il n’existe pas de racine sur les processus de transmission et de réinter-
signiknt spéctiquement &rire~ dans le prétation de tels syntagmes. La même prudence
lexique reconstruit. - Le rôle de la tradition peut s’appliquer aux recherches sur des unités
orale est évidemment intéressant, mais assez textuelles plus vastes que la Tormule (mythes,
banal si on le rapporte à d’autres civilisations épopées, etc.). Les travaux d’Emile Benveniste
anciennes ou primitives. En dépit de tous les montrent l’intérêt pour l’anthropologie histo-
chiffres avancés, on peut seulement donner rique des recherches d’étymologie, quand elles
pour la communauté des langues indoeuro- s’appuient sur la restitution de sens précis, par
péennes un teminus ante quem, qui serait au l’observation de l’emploi des mots en discours.
moins 2000 avant J.-C., car les cinq siècles suî- La diversité typologique des sources dans les
vants voient l’établissement des trois groupes langues indoeuropéennes anciennes est très
les plus anciens : anatolien, grec et indo-iranien. grande. On croit retrouver dans l’héritage lin-
Il est impossible de déduire des di%rences guistique des permanences culturelles; cette
entre les langues le temps nécessaire à leur dif- démarche est dangereuse : il serait aussi ab-
férenciation, ni le lieu géographique de la com- surde de considérer les habitants francophones
munauté. Les langues n’évoluent pas à la même des Antilles ou de la Réunion comme des <La-
tins~, se rattachant à la civilisation romaine. L’in-
vitesse : parmi les langues indoeuropéennes ac-
tuelles, les langues baltiques et slaves, qui ne doeuropéanisation, c’est-à-dire l’adoption par
sont pas les plus anciennement attestées, sont des populations ethniquement et culturellement
diverses de langues de la même famille, est un
dans l’ensemble les plus conservatrices. Pour
fait historique massif: on lui a souvent donné
déterminer le degré de civilisation et le lieu géo-
une réponse idéologique, en admettant que ce
graphique de la communauté indoeuropéenne,
processus aurait été facilité par la ~supériorit&
on a utilisé le témoignage du vocabulaire (noms
de la civilisation, de l’organisation sociale des
d’arbres, d’animaux, de métaux, etc.); mais, en
peuples de langue indoeuropéenne; or, les
plus des diEcultés factuelles, on oublie trop
exemples observés historiquement d’extension
souvent que le mot que nous pouvons re-
de telle ou telle langue montrent que les causes
construire nous fournit seulement l’association de succès d’un type linguistique sur un autre
d’un signifknt et d’un sigrSé, tous deux déduits
sont multiples, et ne se laissent pas ramener à
de la comparaison ; il faut tenir compte de l’évo- un schéma simple. Les multiples expériences
lution possible du signifG dans la période pré- d’acquisition d’une langue indoeuropeenne à
historique, des remplacements de lexèmes. En- différentes époques et dans des aires variées
fin et surtout, cette ~paléontologie linguistiques fournissent un terrain privilégié à la recherche
néglige un point de méthode essentiel : de la re- sur les contacts linguistiques.
construction possible du signifié Ile asens, d’un @ voir FWCONSTFKJCTION.
mot), on ne saurait déduire l’existence d’un ré-
G.-J. Pinault
f&ent unique, présent dans l’environnement
immédiat des ~Indoeuropéerw. La notion mal
fondée de ~Civilisation indoeurop6ennen est un BJBLlOGK4lWlE
sous-produit de la grammaire comparée, et l’ex-
tension de la reconstruction à l’extra-linguis-
É.BENVENISTE, Le Vocabulaire des institutions in-
doeuropéennes, 2 vol., Paris, Ed. de Minuit, 1969.
tique, civilisation matérielle et morale, entraîne
de graves erreurs d’appréciation. Un secteur, J. HAUDRY, L’indo-européen, Paris, Que sais-je?,
no 1798, 1979 (2” éd., 1984).
déjà développé et très prometteur des re-
A. MAFVINET, Des steppes aux océans, Paris, Payot,
cherches concerne la poétique des textes les 1987.
plus anciens : la formation de certains genres lit-
A. MEILLET, Introduction à l’étude comparative des
téraires et l’emploi de formules. Nous sommes largues indoeurupéennes, Paris, Hachette, 1937
en mesure de reconstruire non seulement des (8” éd.1; -La Méthode comparative en IinguiAique
mots ou locutions isolés, mais aussi des associa- htstoww, Oslo, 1925 (réimpr. Paz%, Champion,
1970).
tions Axes de termes (groupes nominaux avec
épithète ou groupes associant une racine et son 0. SZEMEFLkNYI, Einführung in die verglekhmde
SprachwissenHxaf-t, 4., voIIst&ndig neu bearbeitete
complément) ; leur étude interfère souvent avec Auflage, Darmstadt, Wîssenschafk~iche Buchge-
les études sur la syntaxe et sur l’étymologie. Ce- sellschaft, 1990 (ire éd., 1970).
DE LA LANGUE FRANÇAISE INDURÉ

tus Kconduire>j, de la famille de dux, ducis <chef>> posé à déductivement, puis de physique au sens de
(4 duc). npar induction)>. +INDUIT.UITE &j., du participe
+ Le verbe sign%e d’abord -amener (qqn) à Iqqch., passé de induire, s’emploie en électricité (1861, cou-
faire qqch.))), sens vieilli qui reste présent dans la lo- rant induit) d’aprés l’anglais induced et, au xx” s., en
cution courante induire Iqqnl en erreur. * Induire biologie, en psychologie et en linguistique (1933). Il
est ensuite attesté (xrve s. chez Oresme, selon Bloch est substantivk en électricité lun induit, 18881.
et Wartburg; puis 1530, Palsgrave) au sens de *tirer 0 Voir DÉDUIRE.

une conclusion>), ous l’intluence de inductin Ici-


INDULGENT, ENTE adj. et n. m. est un em-
dessous), terme de logique; Ie latin médiéval
connait itiucere en ce sens (v. 13003. - Au me s., prunt (1540, Marot) au latin classique iadulgem, -
induire signifie en physique (1883) ((produire les ef- entis Nbon, complaisant, bienveillantn, participe
fets de l’inductionp, par reprise à l’anglais to induce présent adjectivé de indulgere 4tre favorable àD,
11777). 0 Le verbe, comme induction, est devenu au d’où «se laisser aller àa puis en latin imp&iaI CcatC-
me s. un terme de biologie, au sens de <<déterminer corder par faveur, concédep; ce verbe est d’ori-
I?nduction~, et d’économie tk&uire des profitsI. gine discutée.
b Des mots de la même série sont empruntes à ipz- 4 Indulgent apparait au sens de aqui pardonne fa-
ductum, supin du verbe latin, ou à ses dérivés. cilement)), d’abord dans un contexte reliaeux; être
+INDUCTION n. f., emprunt au latin inductio, indulgent ù gqch. a signi% 11580, Garnier) ((se lais-
-01zis <action d’amener et terme de logique, est ser aller facilement à*. Par métonymie, l’adjectif
d’abord attesté au sens de asuggestion)> (1290) s’applique à ce qui marque Yindulgence. +Ces in-
jusqu’au xwe siecle. Le mot est employé ensuite en dulgents 117941 désignait les partisans de Danton et
logique ( 1370- 1372, induction, Oresme), désignant de C. Desmoulins qui voulaient arrêter la Terreur.
I’opkration mentale qui consiste à remonter des &e dérivé INDULGEMMENT adv.0553 est sorti
faits à la loi. 0 En physique ( 18131, il semble em- d’usage.
prunté à l’anglais induction ( 1801) pour désigner la INDULGENCE n. f. est emprunté au latin classique
tra;nsmission à distance d’énergie électrique, puis indulgentia <<bonté,complaisance, bienveillance-,
magnétique (a;nglais induction, 1855, Maxwell) par puis *remise d’une peine, pardon) en bas latin et en
l’intemnédiaire d’un aimant ou d’un courant. Puis, latin chrétien apardon des péché+, d’où (remise de
il se dit par analogie, en physique et en biologie la peine due au péché, en latin médiéval ke S.I.
(19241, du déclenchement d’un phénomène qui se &e nom, d’abord employé en religion, signiCe
produit avec un certain retard par rapport à la apardon (fk XII~ s.) puis désigne (1268) la remise ait-
cause; il s’emploie ainsi en embryologie linductirz cordée par l’Église de la peine temporelle due aux
embryonnairel, en bactériologie (induction du bac- péchés et l’acte accordant cette rémission, d’où
t&iuphuge, 1950, LwofD, en chirurgie Induction de l’expression la guerelle des indulgences désignant
hwsthésiel. ~SELF-INDUCTION n. f. fait partie le conflit religieux, au début du XVI~~., qui aboutit à
d’une série d’anglicismes formés sur selP et sur un la Réforme. La politique de 1’Eglise romaine
terme généralement d’angine latine. Créé pzw concernant les indulgences a continué à être criti-
Maxwell 118651, il est attesté en français en 1881, et quée jusqu’au XVIII” siècle. 0 Indulgence se dit en
désigne, pour un courant électrique, la propriété général (1606) de la facilité à pardonner. +Le dé-
de résister à un changement d’intensité, 0 L’abré- rivéINDULGENCIERv.tr.estun terme de la reli-
viation @ SELF désigne ce phénoméne (1881) et, gion catholique 118331; iI est rare au sens de “par-
par métonymie, la bobine de self (1894. donner* (1888, Goncourt).
INDWCTANCE n. f. est emprunté 11893) à hnglais INDWLT n. m. est un emprunt au latin chrétien in-
inductunce 08883, dérivé de tu inducf qxoduire par dultum w2oncession, faveur» qui, surtout au moyen
induction, et désigne en électricité le quotient du âge, s’employait en parlant du pape; indultum est
flux créé par un courant, par l’intensité de ce cou- le participe substantivé de indulgere. 0 hduEt dé-
rant. Ii a pour Composé INDUCTANCEMÈTRE signe ! 14981 un privilège accordé par le pape en dé-
n. m. *appareil de mesure de l’inductance~ rogation du droit commun; par analogie, on appe-
Cv. 1960). OSELF-TNDWCTANCE n. f. (1893) lait induit du parlement ( 1583) le privilége qui
concerne le rapport entre le flux magnétique en- permettait à chaque officier du Parlement de re-
gendré par un circuit électrique et le courant qui quérir sur une abbaye ou un évêché le premier bé-
parcourt ce circuit. Abrégé lui aussi en 0 SELF, il a néfice vacant. 0 Le mot s’est dit aussi ( 16791 d’une
donné le dériv4 SELFIQUE adj. Ei925). +INDU~- taxe que le roi d’Espagne percevait sur les mar-
TEUR, TRICE adj. et n. a eu le sens (1624) de eper- chandises importées, par emprunt à l’espagnol in-
sonne qui induit à faire qqch.=, par emprunt au bas dulto (de même origine), qui avait pris ce sens par-
latin inductor (de inductwnl. Le mot a été repris ticulier dans le domaine des douanes. *Le dérivé
comme adjetiif hducteur, tricel au milieu du me s. INDULTAIRE n. (XVI~ s.1 est un terme d’histoire.
en sciences C18661, puis comme nom masculin
(1873) à partir du radical de induction. *INDUC- INDURÉ, ÉE adj. est emprunté (14661 au latin
TIF, IVE adj., dérivé savant de inductum, a signSé induratus (<durci, endurci,, participe passé de iadu-
(2” moitié du XIV~ s.) “qui pousse à>. 0 Le mot de lo- rare c<durcti, formé de in- marquant le terme de
gique *qui procede par inductionn 116481, est repris l’action, et de dumre =durcirm, dérivé de durus
au bas latin inductives. En électricité (18321, c’est un I-+ dur, endurer).
calque de l’anglais inductive ( 1832, Faraday). 0 TN- + L’adjectif, d’abord employé pour aendurci» au fi-
DLJCTIVEMENT adv., terme de logique ( 1491) op- guré, a été réemprunté au sens concret, en méde-
INDUSTRIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

cine (18331, d’après l’emploi antérieur de indura- produits agricoles. De même fabrique* et manufuc-
tion (ci-dessous1. turc*, liés à l’ancienne notion et même à celle d’ha-
Le verbe INDURER, emprunt à indurare, s’est em- bileté, ont été supplantés par d’autres mots, tel
ployé en moyen fkançais (dep. 15451 avant de céder usine*. Le développement des activités indus-
la place à endurer. La reprise de cette forme cor- trielles au xY s. explique que les acceptions an-
respond à une dérivation de endur (18673, en mé- ciennes de industrie soient devenues archtiques ou
decine, au sens de (<durcir (un tissu organiquela. littéraires. Le mot entre dans des expressions qui
b INDURATION n. f. est emprunté au latin Ch& caractérisent la nature de l’activité économique
tien induratio, -mis <<endurcissement du cœurm, dé- comme industrie Imrde, industrie Iég&re, industrie
rivé de indurutum, supin de indurare. 0 Le nom est alimentie. Par métonymie, il se dit de l’ensemble
d’abord attesté Iv. 1300) au sens figurk d’aendurcis- des industriels (ti s.) et uw industrie (mil. ti s.1
sementm, puis est employé en médecine Iv. 1370) oti d’une entreprise industrielle.
il est repris (1748) après une période d’abandon. Ce F INDUSTRIEL, ELLE adj. et n. appara3 sous la
sens a déterminé la reprise de induré, puis de indu- forme indu&-& Il 471, fruits industriaux) au sens de
rer Ici-dessus). <<relatif au travail humain> mais seulement lié à
l’activité agricole; il semble emprunté au latin mé-
+k INDUSTRIE n. f. est un emprunt (1356) au diéval industialis (14001 de m&me sens; le syn-
latin industria l’activité secrète%, puis *activité» en tagme fruits industiuls est encore relevé par Tré-
général, et eapplicationn, dérivé de industius <mztif, voux (1752) et l’adjectif prend la forme moderne
zélé>>, anciennement indostruLLs, variante de ‘en- industriels à partir de 1804, Sign%ant alors «produit
dostruus. L’adjectif est forme de indu-, forme ren- par l’industrie (sens modernelm, acception qui a
forcée archaïque de in- =dansB, et de struere, struc- fourni la locution familière quantité industrielle
tus disposer, arranger, préparern et aempiler les <très grande quantité» (xx” S.I.0 Le mot, comme ad-
matériaux>>; la base stru- est peut-être une forme jectif et comme substantif, est également sorti
de la racine indoeuropéenne Oster- aétendre, d’usage pour “qui exerce un métier artisanaln (un
I+ structurel. métier d’industrie au sens ancien), valeur encore
+ Industrie s’est introduit avec le sens de «moyen in- en usage au xrxe siècle. 0 Industriel, concurrencé
génieuxm, qui a disparu au XIX” s. de l’usage courant, par induskieux (ci-dessous), prend ensuite le sens
mais se conserve dans indushieux. Au xrve s., il dé- de <relatif à l’industrie (sens moderneIn (1770, na-
signe également l’habileté à exécuter qqch. 1137O- tions industrielles), puis aqui provient de l’indus-
13721, précédé par l’ancien proven@ endusti trie>>, par exemple les richesses (1803). Appliqué à
(1302); cet emploi, encore attesté littérairement au un nom de lieu, l’adjectif correspond à <<oùlïndus-
XIX~ s., a disparu. 0 Par extension, le mot prend le trie est développéeti. *INDUSTRIEL n. m. apro-
sens de aprofession comportant une activité ma- priétaire d’un établissement industriel», Kpersonne
nuelle et demandant une certaine ingéniosité3 qui dirige une industriem est attesté (1818) chez
(1467), sorti lui aussi d’usage, sauf dans la locution Saint-Simon. C’est aussi à cette époque, et dans le
plaisante coupable industrie «activité délictueuse». cadre des théories économiques suscitées par le
0 Le mot a été employé pour désigner toute acti- développement de l’industrie, que industil a
vité productive (15431 et, à l’époque classique, s’est fourni plusieurs dérivés. + INDUSTRIALISME
spécialisé comme terme de fmances ( 16901, appli- n. m. désigne, en histoire économique (1823, Saint-
qué au travail du fermier, au commerce d’un mar- Simon), le système qui donne une importance pré-
chand; c’est de ces valeurs que procède le sens mo- pondérante à l’industrie dans la société; le mot a
derne (ci-dessous). 0 Par ailleurs, de l’idée de pris au XX~s. le sens de atendance à l’industrialisa-
asavoir-faire*, on passe au sens de afinesse, rusen tion systématique* ; le dérivé INDUSTRIALISTE
(1440-14751, encore relevé au XE~~. et qui suTvif; adj. (1824 Saint-Simon; 1830 Fourier) et n. (18271 a
avec une valeur péjorative dans vivre d’induskie les mêmes valeurs. +INDUSTRIALISER K~IF. est
((d’expédientsm ( 1694) et chevalier d’industrie En didactique ou technique au sens d’aexploiter indus-
XVII’ sd, formé à partir de chevalier de l’industrie triellement}>; le verbe si@e aussi céquîper d’in-
( 1633) d’après les romans picaresques espagnols. dustries=, sens attesté isolément chez Balzac (1836)
industrie s’emploie ensuite au sens large ( 17351 et repris au xxe s. (attesté 19331; il a fourni le nom
pour désigner l’ensemble des opérations qui d’action INDUSTRIALISATION n.f. 118471, au-
concourent à la production et à la circulation des jourd’hui COU-&, et INDUSTRLALLSABLE adj.
richesses ; ce sens était plus courant au xrxesiècle ; kx%.), ainsi que le préfixé négatif DÉSINDUS-
il a vieilli du fait de l’évolution postérieure. *Le TRIALISER v. tr. (1923 au p.p.). +INDUSTRIELLE-
mot prend au XVIII~s. le sens restreint moderne; in- MENT adv. ( 1834) a suivi les valeurs de l’adjectif.
A
dustrie s’emploie ( 1765) pour ctechnique indus- part industrialisme et industriultste, ces dérivés
trielle, machinisme> et (1771) désigne l’ensemble sont usuels.
des activités économiques ayant pour objets l’ex- Un témoin des premières acceptions, aujourd’hui
ploitation des richesses minérales, des sources vieillies, de industrie est INDUSTRIEUX, EUSE
d’énergie, ainsi que la transformation des matières adj., emprunt (1455) au bas latin industriosus w3if~,
premières en produits fabriqués. Le commerce et dérivé du latin classique indz&& (ci-dessus).
l’agriculure ne sont plus alors inclus dans le ~L’adjectif s’applique d’abord à la personne qui
concept d’industrie : aujourd’hui, industrie u@?coie fait preuve d’adresse, d’activité. D’emploi littéraire
ne désigne plus l’agriculture mais l’ensemble des comme au sens d’aingénieuxu, il est sorti d’usage au
industries de traitement ou de transformation des sens d’kventifti en parlant des ouvrages de l’es-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1825 ‘INEXHAUSTIBLE

prit. Au XVIII~s., industrieux a si@% arelatif à l’in- ployé au pluriel ineptiue, a eu le sens de <mala-
du&& Ci7651 : il est supplanté par industriel dans dresse= (1546). o Une ineptie désigne (1556) une a~-
le courant du me s., con-une sa substantivation (un tien OU une parole inepte et le caractère de ce qui
industrieuxl attestée à la ti du xwtle s. 11798). + Le est inepte (1626).
dérive INDUSTRIEUSEMENT ah. 11455) dd’une L~~~~~V~INEPTEMENT adv. (1380),quiétait raris-
manière adroite* est sorti d’usage. sime, semble avoir repris vie au me siècle.

INEDIT --* ÉDITER INERME adj. est un emprunt El5151 au latin


in,ermis aans armes-, au figuré ainoffensifm et «sans
INEFFABLE adj. et n. est un emprunt 11450, défense)>, préfié en in- C+ 0 in-) de amza (+ arme).
mais l’adverbe dérivé est antérieur) au latin impé- + L’adjectif qualifie un être dépourvu d’orgmes as-
rial ineffabilti “qu’on ne peut exprimern, formé de similables à des armes ; rare et didactique dans cet
in- (+ 0 in-1 et de e!XabiEis mqui ne peut se dire, se emploi, il est repris au XVIII~ s. en botanique ( 17981,
décrire)), dérivé du latin classique effuti eparler, appliqué à une tige sans épines, et ensuite en zoo-
dires et &xer, déterminer,, surtout employé dans logie (18461. + Le sens latin asans armes, est attesté
la langue des augures. Ce verbe est formé de ex-, isolément à quelques reprises Idep. 1734).
préfixe à valeur intensive, et de fari aparler, dire>,
qui se rattache à une racine indoeuropéenne “bha- INERTE adj, est emprunté (1505) au latin iners,
*parlers), comme fubula (+ fable), fatum (+ fatal). inertis Kinhabile à, sans capacités d’oti <sans éner-
4 Ineffable, employé en parlant de Dieu, des mys- gie, inactif», hnproductif~ et *fade, insipideB; ce
tères de la religion, correspond à ainexprimablem mot est un préhé en in- b 0 in-) de U~S, artis
Cv. 1450, vostre puissance ineRuble1. Il est attesté à (4 art).
partir du XVII~s. (1640) da;ns un contexte profane, en 4 Inerte s’est introduit aux sens latins d’&act%, en
parlant de choses agréables, et s’est employé pour usage au mes., aignorants (1534) et <maladroit>
qutier un nombre irrationnel (17211. L’adjectif est (1596) encore au XVII~s., puis disparu. L’adjectif est
substantivé en Z’ineffuble n. m. (1769, W” du Def- repris au XVIII~ s., d’après inertie (ci-dessous), en
fandl. 0 Le mot, comme adjectif, s’emploie par iro- physique ( 1759, Diderot), appliqué à ce qui n’a ni ac-
nie knil. xP s.1 en parlant de qqch. qu’on ne peut tivité ni mouvement kwtière inertel, et reste un
décrire du fait de son caractère bizarre. terme didactique, en agronomie (1866, sol inerte) et
,Le dérivé INEFFABLEMENT adv.~1316) est aussi en chimie (gaz inerte). 0 C’est également après
rare que INEFFABILITÉ n. f. (15213, emprunt au 1750 que le mot qualtie couramment une personne
dérivé latin chré\tien ineffubilitas. sans mouvement ( 17831,d’où metire inerte (1835);
il se dit ensuite pour parler d’une personne sans
INEFFICACE + 0 EFFICACE énergie ni ressort (1835, esprit inerte).
b INERTEMENT adv., d’abord amdadroitement))
INÉLÉGANT + ÉLÉGANT
(15841, est rare avec la valeur courante de l’adjectif
INÉLUCTABLE adj ., attesté isolément en (1886). 6 INERTTE n. f. est emprunté au dérivé latin
1500, est réemprunté vers 1790 au latin ineluctabilis inertiu amaladresse, incapacitéu et Gnactiow, Gn-
~Insurmontable, inévitable,, formé de in- (+ 0 in-l dolente». oll est attesté isolément Cv.1370, Mer-
et de e2uctabill.s <qu’on peut surmontern; cet ad- ti) pour désigner l’atonie musculaire, sens qui
jectif dérive de eluctari *sortir avec effort)), *lutter réappartit au XIX~ s. (v. 1840). n est à nouveau em-
pour se dégagep, de ex- Nhors demet luctari (-+ lut- prunté au sens latin de ~~maladresse~ (15961, sorti
ter). d’usage. ~Enfm, il entre dans le vocabulaire de la
physique avant l’adjectif (1648, Descartes, inertie de
4 L’adjectif, qui conserve le sens du latin, a été subs- lu mutièrel, spécialement dans le syntagme force
tantivé 11886, Mor&s). d’inertie ( 17201, dans la traduction du Traité d’op-
+En dérivent IMtiLUCTABLE~ENT adv. w?2, tique de Newton, qui employait ine* vk; le mot
Gautier) et INÉLUCTABILITÉ n. f. (attesté possède cette valeur dw inertie électromugné-
mil. d sd, mot rare. tique 11902, We Curie). ~Par ailleurs, depuis le
XVII? s., inertie désigne dans l’usage général le
INÉNARRABLE + NARRER manque d’énergie intellectuelle C17341, d’où force
d’inertie *résistance passive de la volonté B( 18291.
INEPTE adj., attesté au xv” s,, est probablement INERTIEL, ELLE adj., terme de physique et de
antérieur (cf. ci-dessous ineptement); le mot est technique (apr. 19603, est dérivé d’ineti d’après
emprunté au latin ineptus flqti n’est pas approprié, l’anglais in&ial I 1849).
hors de propos*, ~~maladroit » et <déraisonnable,
sot,, formé de in- (+ 0 in-1 et de uptus C+ apte). INEXHAUSTIBLE adj. est dérivé (apr. 14501
+Inepte s’est d’abord employé pour Incapables, d’un type “exkustile, formé en moyen fiançais
sens encore vivant au XDcesiècle. Il s’applique en- sur le supin exhuustum du latin exhauti-ire «vider,
suite à qqn qui manifeste une complète incompé- épuisern (+ exhausti0 ; on relève aussi en moyen
tence (15051, puis à ce qui dénote Zasottise 115311.Il fran@s inexhaust <(inépuisable».
a aussi signifié cknportunn (16111comme le latin. 4 Le mot, synonyme litt&aire de inépuisable, est
bINEPTIE n. f., emprunt au dérivé latin ineptiu encore attesté au XVI~siècle ; il réapparaît à la CII du
asottise, niaiserie,, hIpertinence=, surtout em- xrxe s. (1885, Régnier), probablement repris à l’an-
INEXORABLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

glais inexhaustible (déb. xwe s.), où il est resté vi- IN EXTREMIS lot. adv. et adj. est emprunté
vant lié à to exhaust wider, épuisern. (1708) à une locution latine formée de in udansn et
de l’ablatif du latin extiemu 4es choses dernières*,
INEXORABLE adj. est un emprunt savant pluriel neutre substantivé de e&emus (+ ex-
(av. 1520) au latin inexorubilis aqu’on ne peut fié- trême).
chip, fiauquel on ne peut se soustraire, impla- 4 La locution, probablement antérieure au début
cable3, formé de in- (+ 0 in-) et de exorubilis, dérivé du XVI~I~s. (elle est attestée en anglais dès 15301, si-
de e3torure aprier avec insistancem, *fléchir par les gn%e d’abord comme en latin & l’article de la
priéresm. Le verbe latin est composé de e3c-intensif mort)) (1708, Regnard, mariage in extremis) puis par
et de orare =Prononcer une formule rituelle, une extension aau tout dernier moment* (1843, Balzac).
prière, un plaidoyer, terme de la langue religieuse
et politique, que les Latins rattachaient, selon une INEXTRICABLE adj. est un emprunt (1365,
étymologie populaire, à os, oris abouche> (-+ oraî- Oresme) au latin &extricubilis cdont on ne peut se
son), tirer» et au figuré Gncurable)), Gndescriptiblem,
4 Inexorable conserve les sens de l’étymon, et quali- formé par préfixation de @ in- et de eticare «dé-
fie d’abord ce à quoi on ne peut se soustraire. Etre barrassers, udémêler>> au propre et au figuré, lui-
inexorable à qqn (1544, Scève) mne pas lui pardon- même de ex- et de tricure t-+ tricher).
ner une fautep, puis ane pas accéder à ses désir+, 4 L’adjectif s’applique d’abord à ce qui est composé
spécialement à ses désirs amoureux Ix& s., aussi d’éléments embrouillés ( 1365, inextricables diffi-
n. f.1,est sorti d’usage. 0 L’adjectif s’applique (1555, cuités) ; il Sign%e ensuite (1580) <<dont on ne peut
Ronsard) à qqn qu’on ne peut fléchir, seul emploi sortir* LMybnthe inextricable).
resté vivant. des dérivés INEXTRICABLEMENT adv.(1832) et
b Ledérivé INEXORABLEMENT adv. (1661) estlit- INEXTRICABILITI? n.f. (1832) Sont didactiques;le
téraire, mais relativement usuel, alors que INEXO- second est rare.
RABILITÉ n. f. (1664) est d’emploi rare.
EXORER v. tr., emprunté au verbe latin au XVI~s., INFAILLIBLE + FAILLIR
est sorti d’usage, comme EXORATION n. f. (xv” s.),
emprunt au latin ecclésiastique exorutio <<action de INFÂME adj. est emprunté ( 1335) au latin infa-
fléchir par des prières-, du supin de exorure. mis, proprement pans renommée>, d’où <<décrié,
+E~~RABLE adj. (15411, de exorubilis, est au- perdu de réputation>), dérivé par prédation de in-
jourd’hui ressenti comme provenant d’inexorable; C+ 0 in-1 de fuma arenomméem, {{réputation, bonne
il est rare et très littéraire. ou mauvaisem I+ famé), qui se rattache à une racine
indoewopéenne “bhu- aparlern (+ fable).
INEXPLOITABLE -* EXPLOIT + Le mot s’est d’abord appliqué à une personne vile
( 1335, adj. ; 1485, II.), l’adjectif qual3ant en parti-
INEXPUGNABLE adj. est emprunté (13531 culier une personne flétrie par la loi ( 1348) puis ce
au latin inexjuugnubih “que l’on ne peut pas qui entraîne une flétrissure ( 1553, d’un supplice), et
prendre d’assaut=, formé de in- C-+0 in-) et de ex- spécialement une flétrissure légale (16901, par
pugn&iZk, dérivé de expugnure aemporter de exemple au xwe s. le métier de comédien. Employé
haute luttem, Nprendre d’assautn. Le verbe latin est du XI+ s. à l’époque classique à propos de ce qui
dérivé, par prédation en ex- à valeur intensive, de déshonore ou avilit qqn, il est devenu rare et litté-
pugnure &apper, combattre avec le poing, dérivé raire en parlant d’abstractions et ne s’emploie
de pugnus (-, poing). qu’avec des substant& exprimant des actions mo-
ralement dépréciées (crime, trahison, etc.). 0 Par
4 L’adjectif s’applique à ce que l’on ne peut prendre
affaiblissement, il s’applique à qqn, qqch, qui pro-
d’assaut. Par figure, il sime “qui ne peut être
voque le dégoût ( 15593. Lieu inf&ne Mde prostitu-
vaincus (15431, aussi au figuré, par exemple dans
tion, ( 16901est encore relevé dans les dictionnties
cœur ineqmgnuble (16461, rare en parlant d’une
du xrxe s., mais était alors archaïque ou plaisant.
personne (1669). Il est technique ou littéraire.
bLe dérivé INFÂMEMENT adv. 114781, Sign%ant
dn dérivent INEXPUGNABILITÉ n. f. (1875) et
«d’une manière vile ou déshonorante» jusqu’à
TNEXPWGNABLEMENT adv. ~V”S.), littéraires et
l’époque classique, est aujourd’hui rare, ou ptis
rares. &Le contraire EXPUGNABLE adj., em-
dans un sens affaibli. +INFAMIE n. f (1364-13731 a
prunté au latin eqougnubiiis, est sorti d’usage; il supplanté infhme n. f. cv.1223 et jusqu’au XVI~s.),
s’employait au propre (v. 1355) et au figuré IxwIe S.I.
adapté du bas latin infumiun I~I” s.1 <déshonneur,
mauvaise réputation>) ainsi que son dérivé infumeté
IN EXTENSO ~OC.adv. et adj. reprend (18401 (1498) qui survit jusqu'au xvrr@siècle. Infamie est
une locution latine signifiant vdans toute son éten- emprunté au latin infumia flmauvaise renommée,
dues, formée de in &,ns» et de l’ablatif de etien- déshonneur, honte>>, dérivé de infumk 0 Le mot a
sum, participe passé neutre du latin etiendew suivi une évolution analogue à celle d’infûme adj- et
I-+ étendre). est sorti d’usage dans la plupart de ses emplois. En-
+La locution, didactique et littéraire, conserve le core employé da3ns son premier sens de <<parole,
sens latin, en parlant d’un texte. adion inf&me~~ (1690, au pluriel), il survit aussi au
sens de &&issure légale ou sociale faite à la répU-
INEXTINGUIBLE 3 EXTINCTION tation de qqnn (14921, dans quelques expressions
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1827 INFATUER

comme marque d’infamie, et en droit (1549, estw INFANTILE adj. est un emprunt (1560) au latin
noté d’infamie)+~NFAMANT,ANTE
* adj. repré- infantilis ~enfantin~, dérivé de infans, infuntis
sente le participe prhsent de l’ancien verbe infa- (t enfant). Il succède à la forme ancienne enfantil
prier udéshonorer, di%mep 11470-14751, <rendre in- Iv. 1200) dériv&e de enfant et encore relevée en
fâme par une peinen (XIII~s., isolément; puis 14921, 1611.
lui-même réfection de enfumer *être déshonoré% + Le mot apparaît avec le sens d’aenfantinn; il équi-
Cmf sd, emprunt au latin infanwre afaire une mau- vaut à ptirtl dans un emploi péjoratif chez Calvin
vaise réputation, décrierm, verbe dérivé de infamis. C1560),sens repris à la fin du rwe s. et devenu cou-
0 Infamant, littkaire au sens de “qui déshonore, rant. 0 F,n médecine l’adjectif s’applique (1863) à ce
(15571, est toujours employé en droit (1670, condi- qui est relatif à la première enfance ; il se dit spé-
tion infamante). cialement Edéb. ti s,) d’un sujet dont le développe-
ment physiologique, psychologique, s’est arrêté au
INFANT, ANTE n. est emprunté (v. 1450 au stade de l’enfance et, par extension, d’une per-
masculin et 1462-1468 pour infante) à l’espagnol in- sonne, d’un comportement qui n’est pas jugé
fante &ls de roi, t 1140, yfunte), proprement <en- adulte.
fanta, de même origine que le français enfant*. b INFANTILISME n. m. s’emploie en médecine
+ Infant est le titre qu’on donnait aux enfants puî- ( 18711et couramment pour atendance à se compor-
ries de la famille royale et parfois de quelques gran- ter d’une manière infantile, non adultem. 4’adjec-
des familles, en Espagne et au Portugal; on trouve tif a fourni au XX~S. les dérivés INFANTILITÉ n. f.
en ce sens enfant de Castille & la fm du XIV~s. chez ccaractére propre à l’enfant> (attesté en 1949,
Froissart et l’on relève infante de Fok t 15141,infant S.deBeauvoir), INFANTILEMENT a&. 11951, Mal-
de Savoie (1552). 0 Le mot, employé comme terme raux) et INFANTILISER v. tr. (av. 19661, d’où IN-
d’tieection dès le XVI~s, au féminin, est attesté au FANTILISATION n. f. (19701, ces trois derniers
dGbut du XVIII~s. au masculin (1701, Furetikrel. 0 In- mots, liés au sens moderne d’infantile, infantilisme,
fante, pour désigner une femme peu vertueuse étant assez usuels.
(17521, s’est employé jusqu’au milieu du XnE siècle.
INFARCTUS n. m. est un mot du latin scîenti-
INFANTERIE n. f. est un emprunt 115531, fique moderne (1826, Laennecl, et correspond à une
d’abord adapté sous la forme enflunterie (av. 15021, graphie altéree de infartus, participe passé du latin
à l’italien k&nt;eriu au sens de «troupes à pie& classique Satire, variante de la forme usuelle in-
krve s.) ; infunteti dérive de irtfunte ~erhnt~, qui fercire nbourrer, fourrer dans, rempliw Infurcire
avait pris au XIV~s. le sens de =fantassiw, peut-être est formé de in- I+ 0 in-1 et de farcire agarnirn
à partir d’un sens «jeune homme qui n’est pas en (3 farcir). On relève en anglais infurction à la f5n du
âge de combattre à cheval> (cf. italien moderne XVII~ s. (1689, Harvey) au sens de =ce qui obstrue (un
fante afantassinv et avalet 1nfantetiu a été sup- Organe)s.
planté par fanteria (av. 13631,emprunté en français + Le nom désigne la nécrose d’un organe, par ob-
sous la forme fanterie, attestée de 1547 à 1596; le struction de l’artère qui assure son irrigation; son
français a aussi employé au xv” s. enfant de pied, en- seul emploi courant est infarctus du myocarde, par
fant à pied pour fantassin*. Infante vient du latin in- ellipse infarctus, cf. aussi angine de poitrine. 0 On
fans comme le français enfant*. relève dans le style journalistique Il9681 l’emploi
4 Infanterie a désigné l’ensemble des gens de métaphorique du mot pour “engorgement d’un ré-
guerre marchant et combattant à pied; le mot se seau routiersP et <crise grave,.
dit ensuite de l’arme chargée de la conquête et de b À partir du radical de infarctus ont été formés sa-
l’occupation du terrain, avec les syntagmes infunte- vamment (mil. me s.) les dérivés didactiques et
rie de mutine (17741, infantede colonide ( 19023, au- rares INFARCI, IE adj. et INFARCISSEMENT
jourd’hui historique, infanterie portée (19481, aéro- n. m., plus proches de la forme-source latine.
portde, etc.
INFATUER v. tr. est emprunté (v. 13801 au latin
0 INFANTICIDE adj. et n., attesté isolément infutuure arendre sot, déraisonnables, formé de in-
au XVI~s. comme adjectif [15641, est emprunté au la- marquant l’aboutissement de l’action (+ 0 in-1 et
tin chrétien infanticide =meurtrier d’un enfant>, de fatzms ainsensé, sotn, puis Gnsipide~ à l’époque
composé de infans (-+ enfant) et de -cid-, forme en impériale I+ fade).
composition de la racine de caedere 4uep), sans 4 Le verbe, d’abord employé au sens étymologique,
correspondant indoeuropéen hors du latin. signi&e ensuite Anspirer un engouement excessif
4 Le mot conserve en fhnçais le sens du latin. T1est ou ridicule Ià qqn3n au participe passé adjectivé
substantivé (172 1) et repris au xrxes. comme adjectif (1488, infatué del puis (1530) au pronominal. L’usage
(18351. actif, lui aussi du XVI” s. (15301, est devenu très rare.
b 0 INFANTICIDE n. m. est emprunté (16111 au la- 0 Être hfatué de soi Me ses mérites, etc.) ou être h-
tin chrétien infanticidium @meurtre d’un enfantn, fatrré *être excessivement content de soi> (1689,
de même origine que le précédent. Il s’est employé LaBruyère) reste employé, mais le pronominal
au xwe s. pour *avortement provoquén, emploi re- (av. 17041 est littéraire.
pris lors des polémiques récentes sur l’avortement. b Le dérivé INFATUATION n. f. est sorti d’usage au
0 On relève isolément enfuntiide kw” s.1, dérivé sens d’aengouementn (1622) et le sens de +x&
de enfant. sance, fatuitén (1836) est tittértie. + DÉSINFA-
INFECT 1828 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

TUER v. tr. (1690) est sorti d’usage, comme DÉSIN- respond à desinfecter (ci-dessous), AUTO-INFEC-
FATUATION n. f. 11845). TION n.f. 11883) et SURINFECTION n.f. (19261.
MNFECTEMENT adv. 11922, Proust), rare, est di-
# INFECT, ECTE adj. est un emprunt du rectement dérivé de l’adjectif infect, et ne concerne
moyen fmnçtis Cv.1361) au latin infectus, participe que le sens moderne adétestable, ignoble*.
passé de inficere <mettre dans Cun bain de tein- En revanche, RÉINFECTER v. tr. (15491, RÉINFEC-
ture)», Grnprégnern, puis <empoisonner, infectern, TION n. f. ( 19071 et la série préfixée en dés- (+ 0 dé)
formé de in- (--+0 h-1 et de fucere <faire*». On se rattachent aux valeurs propres, physiologiques,
trouve d’ailleurs en ancien français enfuit au sens comme infection. +DÉSINFECTER v.tr. (1556)
d’hfectés Cv.~ZOO). semble assez rare avant le début du XVIII~s. où il
+Dans les diverses acceptions, c’est l’idée de ré- prend une valeur figurée (av. 1704, se désinfecter
pugnance attachée à qqch. ou à qqn qui domine. Au d’une opinion) qui a disparu. 0 II devient usuel au
xrve s., infect est relevé aux sens de uperverti>j en début du XIX%. avec les progrès de l’hygiène,
parlant du goût (v. 13613 et d’ccempesté, plein de lorsque apparaissent les dérivés DÉSINFEC-
miasmw (1363). L’adjectif s’est aussi employé au TANT, ANTE adj. (18031 puis n. m. (1820) et DÉSIN-
sens d%nfecté)j en parlant d’un lieu, d’une per- FECTEUR n. m. (1834, au figuré), ce dernier de-
sonne (14391, puis s’applique à ce qui excite le dé- meuré rare. ~Quant à déstifection, formé sur
goût moral Iv. 15001, d’ou son emploi à propos de infection (voir ci-dessus), il sert de substantif au
paroles déshonnêtes (15641. o Au XVI~ s., il a signi% verbe désinfecter et suit son évolution de fké-
ccontagieuxn, et se dit (15523 de ce qui a une odeur quence.
ignoble, souvent due à la corruption : il s’est d’ail-
leurs employé ! 1636) en parlant d’une viande pleine INFÉODER v. tr. est attesté d’abord au parti-
de vers. oLa valeur la plus courante aujourd’hui, cipe passé (1411, infeode) par emprunt au participe
“qui est détestable en son genre, qui a un aspect re- passé infeodatus, du latin médiéval infeodwe Il KM-
poussantb, semble apparaître au milieu du XDces. 1120l«concéder un fief», formé avec le préke in-
Flaubert). Aujourd’hui trés usuel, cet emploi sé- (+ 0 in-1 sur feodum c-t fief; féodal). Le verbe, refait
pare sémantiquement l’adjectif des dérivés et pré- sur le participe passé ou repris directement du la-
fixés : c’est un intensif de mauvais (cf. Ignoble). tin médiéval, est relevé par Richelet en 1680; il a
b Le dérivé INFECTER v. tr. est vieilli au sens remplacé l’ancien infeuder Anvestir d’un fiefn
d’&nprégner (l’air, l’eau) d’émanations malsainesm (13931, qui reprenait le latin médiéval infeudure
114161. Le verbe est sorti d’usage ou devenu litté- (10971, de feudum (3 fief).
raire au sens abstrait (1431) de «corrompren (par ex. + Inféoder sime, aujourd’hui en histoire, adonner
par le vice). =+Il s’emploie aujourd’hui, depuis le (une terre à un vassal) pour qu’il la tienne en fief>. ll
XVI~s. (15201, pour <<communiquer l’infection à (qqn, s’emploie par figure au pronominal (18271, au sens
qqch.)= mais a disparu au sens d’aempester (l’air, de «se soumettrea (comme le ferait un vassal), puis
un lieu1 par une odeur infecte)) (1530). plus couramment à l’actif pour #soumettre à une
INFECTION n. f. a été emprunté au dérivé bas latin autoritén ( 1836, Lmartine).
infect& aaction de teindrem, au figure <{fait de subir F Le participe INFÉODÉ. ÉE adj. a les valeurs du
l’action de= et <salissure, souilluren, en particulier verbe. + INFÉODATION n. f. a remplacé (1467) in-
chez les auteurs chrétiens. hfecti vient de infec-
feudacion 11393; de infeuderl, tous deux précédés
tum, supin de inficere. +Infection s’est employé au
par les formes du latin médiéval infeodatio (1064-
pluriel dès la kt du XIII~ s. au sens de <pensée im-
1084) et infeudutio Il 1981; c’est un terme d’histoire,
pureb. Le nom a été repris ( 13141 à propos de la pé-
employé comme le verbe au figuré (1835, Balzac).
nétration dans l’organisme de germes pathogènes
et des troubles qui en résultent. Depuis le xv” s., il
INFÉRER v. tr. est emprunté Iv. 13701 au latin
s’emploie pour achose infecten (1412, infection), inferre, proprement Nporter, jeter dans, vers, sur,
sens aujourd’hui familier, pour <grande puanteurn contre>, d’où des emplois variés, par exemple
11465) et par ailleurs désigne une maladie conta- *faire violence à qqn», «porter une accusationu et
gieuse 11484 et la propagation d’une maladie <produire, mettre en avant (un raisonnement)*; in-
(1552). Il est sorti d’usage ou littértie aux sens ferre est formé de in- (+ 0 in-) et de ferre xportern
(1616) de <putréfaction*, ((émanations malsaine+. (4 -fère) qui se rattache à la racine indoeuro-
OInfection s’emploie aussi au figuré pour <mal,
péenne “Mer- =portern.
corruption qui se transmet» (attesté 1829) en rela-
tion avec infectieux. 0 Au xx’ s. le nom, d’après le + Inférer a été employé Iv. 13701 jusqu’au XV? s. au
sens étymologique, désigne en phonétique (19331 le sens d’4ntroduire, causer, faire naître>, par
fait, pour le système des consonnes d’une langue, exemple de la violence dans les rapports entre
d’être influencé par l’articulation des voyelles qui deux personnes ou une fraude dans une tiaire.
leur succèdent. +Du radical d’infection a été dé- 0 Il reprend dès le xrve s. un autre sens du latin et
rivé INFECTIEUX,EUSE adj., qui S'applique à Ce Sign$e -tirer une conséquence, déduirem ( 1372;
1530, inférer quel, emploi réservé au langage didac-
qui s’accompagne d’infection (182 1) et à ce qui com-
munique, détermine une infection (1840); en tique.
viennent le dérivé savant INFECTIOSITÉ n. f. b INFÉRENCE n. f., peut-être dérivé du verbe
(18581, devenu archaïque, et le composé ANTI-IN- d’après le latin médiéval inferentia, s’est employé
FECTIEUX. EUSE adj. 11905). +A partir d’infection pour cconséquencen (1606). 0 Le mot désigne ( 1765,
ont été formés DÉSINFECTION n. f. (1630), qui cor- Encyclopédie1 une opération logique par laquelle
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1829 INFINI

on admet une proposition en raison de son lien comme cycle infernal Ides salaires et des prix). Le
avec d’autres propositions tenues pour mies. mot s’applique aux personnes, pour ~insuppor-
table)), un enfant infernal, il est infernal correspon-
INFÉRIEUR, EURE adj. est un emprunt dant à des emplois de démon, diable.
(1461-1466 ; également au xv” s. inferiore) au latin in-
ä L’adjectif a pour dérivé INFERNALEMENT adv.
fen!or <plus bass et <<d’un rang infériez, comparatif
h. 1390; infemellement, xv” s.), assez rare, et TN-
de inferus aen bas, en dessous» (3 enfer).
FERNALITÉ n. f. Iv. 1775, isolément ; puis v. 1790 et
+ L’adjectif conserve les valeurs du latin; il a un 18441, archaïsme d’emploi exceptionnel.
sens concret, aqui est situé plus basn (1461-14661, et
abstrait, “qui occupe une place au-dessous dans INFESTER v. tr. est un emprunt (13901 au latin
une hiérarchie, une classification=, spécialement infestare aattaquer, harceler, ravagers et au figuré
en parlant d’une personne (xv” s., adj.; 1482, n.), et ({altérer, corromprem, dérivé de infestus cchostilen,
rarement au f6n-h-k. Il s’emploie ensuite au figuré Kmenacé- et flinfestén; l’adjectif est formé de in-
(15403 pour “qui est d’une plus faible valeur, impor- (4 0 in-) et d’un élément -festus, que l’on retrouve
tance, qualité, etc .n. 0 Du premier sens vient l’em- dans manifestus (-+ manifeste), d’origine incertaine,
ploi en astronomie (1562, planètes inférieures) et en qui comporte peut-être l’idée de =Prendre».
géographie : udont l’altitude est inférieure, qui est
+Infester s’est employé aux sens d’eimportuner,
plus près de la meD (1690). 0 Au figuré, le mot est
harceler (qqn)* 113901,<<outrager Iqqn3m 114681,puis
repris par Cuvier (18051 dans anipnaux inférieurs
«ravager (un pays) en s’y livrant à des actes de bri-
<moins complexes dans leur organisationm, plus
gandage> (1552). 0 En médecine, probablement
tard interprété comme #peu avancés dans l’évolu-
sous l’tiuence d’infecter*, 11a Sign%é ( 15701 «at-
tien* .
teindre (d’une maladie)n. 0 Il s’est employé à la ti
.Le dérivé INFÉRIEUREMENT adv., ad’une ma- du xwe s. au sens de ahanter (un lied-, en parlant
nière inférieures 115841, & une place inférieures des esprits, puis à partir du XVII~s. au sens mainte-
(18021, est rare.+INF&RIORISER v. tr., dérivé sa- nant courant d’&tre très abondant, au point d’en-
vant de inférieur d’après infemr (R. de Radonvil- vahir complètement, et de provoquer des dégât+
liers avait proposé, en 1845, infétirer), est d’abord 116901, d’abord en parlant d’animaux nuisibles, plus
attesté au participe présent adjectivé ( 1878, J. Val- tard (18351 de plantes. 0 Au début du Icx” s., le verbe
lès), puis à l’actif 11893, Saint-Pol-Roux) pour (<don- est repris en médecine 11910) au sens de apénétrer
ner un sentiment d’infériorité à (qqnln. Le verbe dans l’organisme et L’envahir=, en parlant de para-
s’emploie ensuite (19191 au sens de <placer dans sites.
une situation inférieurem puis est repris d’après les
wINFESTATION n. f., emprunt Il3701 au dérivé bas
emplois psychologiques des dérivés pour «sous-es-
latin infestati CattaqueB, ahostilité>, a eu des em-
timer la valeur de (qqn, qqch.)m I1970). 0 Le dérivé
plois analogues à ceux du verbe ; signifiant d’abord
INFÉRIORISATION n. f. est didactique (1894).
aackion de tourmenter)), il a désigné l’action*de ra-
- INFÉRIORITÉ n. f. est une réfection (1588, Mon-
vager et son résultat (15581, le fait d’infester un lieu
taigne), d’après le latin infetir, de infetiurité esi-
11803). 011 est aujourd’hui utilisé en médetie
tuation infkieure (d’une chose)n (15381, repris en
comme le verbe 119031.
1860.0 Infériorité désigne chez Montaigne l’état de
ce qui est infk-ieur (en rang, en valeur, etc.), d’où INFIME adj. a été emprunté 114471au latin in%
l’emploi en grammaire ( 1863, comparatif d’infério-
nus “qui est placé le plus bas? «le dernier-, 4e plus
rité) et les syntagmes de psychologie sentiment humble>, superlatif de infem *placé en basm C+ in-
d’%d&iorité t 1922, Proust), complexe d’hfériotié. férieur).
INFERNAL, ALE, AUX adj. est emprunté + L’adjectif, attesté d’abord dans un emploi figuré,
(v. 11301, d’abord sous la forme adaptée enfemal sime surtout ( 15163comme en latin “qui est placé
Il 1191, au bas latin infernalis, dérivé de infemus, qui le plus basm en parlant d’une série, d’une hiérar-
a donné enfer? Une variante infmnel a eu cours en chie. Par extension, il se dit pour <tout petit» (182%
moyen français (v. 14801. 18291.
+Le mot qutie ce qui appartient à l’enfer chré- b INFIMITÉ n. f. est attesté chez Saint-Simon au
tien et, beaucoup plus rarement, aux enfers dans sens disparu de *caractère de ce qui est très bas>
d’autres religions, notamment le paganisme anti- (cf. latin infimitas), abasse condition*. Ce nom est
que. 0 Depuis le XVII~s. (attesté 1667) il s’emploie, d’usage didactique pour afaible valeur= (1873).
comme démoniaque, à propos de ce qui évoque
l’enfer, le mal, la punition fles flammes infernales) IN-FINE + 0 FIN
avec des spécialisations portant sur diverses carac-
téristiques symboliques de l’enfer*, tel pierre infer- INFINI, IE adj. et n. m., réfection Ixrv” s.) de la
nale en alchimie, aazotate d’argent» (16903 ou ma- forme infinit ( 12161, est emprmhé au latin infcnitus
chine infernale (17011, toujours connu pour pans fin, sans limites5 &détim, formé par pré-
aexplosif, bombe à retardement*. 0 Comme d’en- tiation in- (+ 0 in-) de finitus, participe passé de fi-
fer, l’adjectif s’est tiaibli jusqu’à devenir un syno- nire (3 fmir1.
nyme de atrès mauvais s, ainsupportablep (1680) et, + L’adjectif s’applique dans ses premiers emplois à
par des syntagmes comme douleur, rire infernal, un ce qui, dans un ordre donné, n’a aucune limite;
simple intensif: une allure infernale. 0 De nou- cette valeur existe aujourd’hui dans l’usage cou-
velles spécialisations sont apparues au ti s., rant (quantité infini4 et didactique (ensemble in-
INFINITIF 1830 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

finil. Il se dit ensuite de ce qui n’est pas borné dans sens de “qui manque de force, physique ou morale>>
le temps, n’a pas de terme (1370-1372, adj. et n. m.1; ( 1539, Marot), courant dans la langue classique et
l’adjectif s’applique spécialement à Dieu Iv. 1450, en parlant d’une plante peu vigoureuse (1690). Il
infînyl cen quoi l’homme ne conçoit aucune limites. s’applique à une personne atteinte d’une ou plu-
0 Par extension, infini qualse (1552) ce qui est très sieurs in&mités 11673, Molière), d’où membre in-
considérable par la grandeur, la durée, l’intensité, fime, puis à ce qui présente des défauts, des fai-
le nombre, d’où le sens de &-ès nombreux)} au plu- blesses graves t 1803, Chateaubriand).
riel [des richesses infinies). Au XVII~s., le nom est uti- b INFIRMITÉ n. f. est une réfection Iv. 13803,
lisé dans la locution adverbiale à I’W (<extrême- d’après le latin, de l’ancien et moyen lançais enfer-
ment* 11622, à l’infiny) et «sans limites, sans fin» meté (v. 10501, employé jusqu’au début du XVI~siècle
( 1640 ; 1647, Descartes, en parlant de la puissance et sans rapport direct avec enfermer. Ce mot est
divine). 0 II désigne également ( 16621 ce qui est in- lui-même une réfection, d’après enfer (ci-dessus),
Cni par l’un de ses aspects, d’où, comme nom mas- de enferté, issu par voie orale du latin classique in-
culin, l’infini mathématique (noté ~1. L’adjectif iknitas <faiblesse, maladie*, dérivé de infwnw.
s’emploie couramment au sens alkibli Ici-dessus) - Le nom, vieilli pour Gndisposition sérieuse, mala-
dans l’ordre sensible, moral, etc. (1690). 0 Le mot, die habituelle% Iv. 13801, s’est employé de l’époque
repris dans le vocabulaire de la photographie classique jusqu’au XIX~s. pour afaiblesse physique%
Ixx” s.1,désigne la distance à partir de laquelle les (14131 et pour acaraotère faible (de l’homme)~
objets donnent une image nette dans le plan focal. (1564). * Le sens moderne, «maladie, accident, fai-
+ INFINIMENT a&. (14881, d’abord sous les formes blesse qui rend me,, est relevé chez Malherbe
infinitement En xrve s. ; de infinit), puis infiniement (av. 1628) ; en emploi littéraire, il se dit pour {{défaut,
(14181, a le sens strict et le sens tiaibll de l’adjetiif imperfectiom Ix& s.l.
(aimer infiniment qqch.) et s’emploie spécialement INFIRMIER. IÈRE ri. représente une réfection
en mathématiques (17 19, l’infiniment grand, petit). (1398, n. m.1, d’après infime, de l’ancien français
+INFINITÉ n. f. est emprunté au latin infinitU enfermier (12881, dérivé de enfer encore relevé au
aétendue i&nieB, dérivé de infinitus. 0 Le nom dé- me s. 11675). - Le mot désigne, comme l’ancien en-
signe couramment (12141 une très grande quantité, femzier, une personne qui soigne des malades sous
un très grand nombre; il est didactique (k XIII@- la direction des médecins ; le féminin est attesté
déb. XIV” s., infiniteti; 1538 avec la graphie moderne1 11765) dans 1’EwycZopédk. C’est aujourd’hui un
au sens de ccc qui est sans fins. En dérivent les mots nom de profession médicale organisée, soumise à
didactiques et rares, KNFINITISME n. m. 11924; des diplbmes.
1862, infinitéis~e chez Vigny> et INFINISTISTE INFIRMERIE n. f. (1509) *lieu où l’on reçoit des ma-
adj. et n. 11864). + INFINITUDE n. f. est aussi un lades, des blessés)> a remplacé l’ancien lançais en-
terme didactique (1522). femerie, attesté du me s. à 1675. Le mot est sorti
INFINdSIMAL, ALE, AUX adj. est emprunté d’usage pour désigner un établissement charitable
Il 706) à l’anglais infinitesimal <relatif aux quantités (XIXes.1; il s’emploie par extension et farklièrement
extrêmement petite+ (17041, dès 1655 d’un des (1829) au sens de *maison où tout le monde est ma-
points d’une série inkies, dérivé du latin infinitas; lade>. Alors que infmne et infinité entrent dans le
le kançais classique a employé aussi infmitesime champ sémantique de la pathologie, de la maladie,
(1752, Trévoux). L’adjectif s’emploie couramment infimier et infhnerie, qui ne sont plus rattachés
11769) pour &&knent petit)>, par extension du spontanément ni à infime, ni à enfemter, corres-
sens didactique et, par fime 119051,en parlant de pondent à des emplois administratifs, et entrent
quantités non mesurables ; il s’utilise spécialement dans le champ du vocabulaire hospitalier.
en homéopathie ke s., dose infcnitésimalel.
INFIRMER v. tr. est un emprunt 11370-1372,
INFINITIF, IVE n. m. et adj. est un emprunt Oresme au latin inkmare +Baiblir» au propre,
(1368, muef lmodel infinitifl au latin impérial des &futer= et en droit n’annulera, dérivé de infmnus
grammairiens inftnitivus (modus) ~l’infmitif~, dérivé (4 infirme).
du latin classique infinitus ~sans h, sans bnitesB et 4 Le verbe Sign$e d’abord CaBaiblir (une asser-
4ndéfmb (4 infmi). tion, etc.3 dans son autorités; il est ensuite usité en
4 Le mot désigne en grammaire la forme nominale droit Il3791 au sens d’aa;nnuler ou réformer (une dé-
du verbe, exprimant l’idée d’état ou d’action d’une cision) ».
façon abstraite et indétemée. k En dérivent les termes de droit INFIRMATIF, IVE
adj. (1501) et INFIRMABLE adj. (1842). +INFIRMA-
+k INFIRME adj. représente une réfection
TION n. f., emprunt au latin infimzatia (dérivé du
Iv. 12651, d’après le latin, de l’ancien français enfer supin du verbe), s’emploie en droit (1478) et désigne
ou enfemze *faible, maladen (v. 10501, attesté l’action d’tirmer une assertion (18671. Cette fa-
jusqu’au xwe s. et aboutissement du latin classique mille de mots est restée didactique.
infimus afa,ibleB, physiquement et moralement ; t?%-
fmnus est formé de in- (+O in-1 et de fimw INFIXE n. m., attesté dans le Supplément du Lit-
Nferme, au moral et au physiquen, d’où <solide, for% tré (18771, est un emprunt savant, sur le modèle de
(4 ferme). En français moderne, infimze et femte ne suiExe*, préfae*, uFixe*, au latin infixus dtxé, im-
sont plus sentis comme apparentés. primé dans-, participe passé de infigwe &xer, fi-
+ Le mot, peu usité sous sa forme moderne avant le cher dans)}; le verbe est composé de in- adans, en*
me s,, s’est dit pour <malade» ; il s’est employé au et de figere, tius *ficheF d’où afixer*-.
DE LA LANGUE FRANÇAISE INFLIGER

+Infixe, terme de linguistique, designe un élément instruments de paiement entraktant une déprécia-
qui s’insère à l’intérieur même d’un mot, parfois tion de la monnaie». * Influtin, comme déflation*,
d’une racine (cf. a&e). est passé en francais au moment de la crise moné-
taire européenne qui suivit la guerre de 1914-1918,
INFLAMMATION n. f. est emprunté l’emprunt inflationniste paraissant antérieur. Par
Izde moitié du xwe s.3 au latin &%mmmtio naction extension du sens économique, inflation se dit pour
d’incendier, incendiem, puis Gnflammation~~ et Nex- c<excés, surabondance avec dévalorisation= (1922,
citation, ardewk, mot formé sur inihmmatum, su- inflation des mots, L, Daudet; 1919, dans une
pin de inflammwe (+ enflammer). comparaison chez le même).
+ inflammation est d’abord attesté avec le sens fi- k INFLATIONNISTE n. et adj+ est emprunté (1894)
guré de wive irritation, colère)) encore usité à l’épo- à l’mglais influtionist n. et adj., dérivé de inflation,
que classique, par exemple chez Molière. Il appa- attesté depuis 1870 pour désigner, en tant que nom,
raît, à la même époque, dans l’emploi médical un partisan de l’inflation, puis comme adjectif au
repris du latin et aujourd’hui courant. 0 À la fm du sens de “qui a rapport ou tend à l’inflationm, plus
xrve s. iv. 13901, il a le sens propre de <grande cha- courant en fkmçais. e Le terme d’économie ANTI-
leur, haute températurem, qui a disparu, comme ce- INFLATIONNISTE adj. (de 0 anti-1 est attesté en
lui d’Gncendiep repris par la suite ( 1509) au latin ; de 1949.
cette valeur subsiste l’emploi didactique pour dé- 0 voir DÉFLATION.
signer un phénomène par lequel une substance
combustible s’enflamme, prend feu (1552). INFLEXION n. f. est emprunté @n XIV~s.1au la-
k Du nom dérive INFLAMMATEUR n. m. (18741, tin inilexio #action de plierm, puis terme de gram-
terme technique, ~INFLAMMATOIRE adj., dérivé maire, dérivé de irtflectum, supin de inflectere
savant (av. 1590, Paré) du latin inflammare, est un *plier, infléchir*, au propre et au figuré. Le verbe
terme de médecine passé dans la langue courante. est formé de in- (+ 0 in-) et de flectere qtcourbern au
0 Le composé ANTI-INFLAMMATOIRE adj. et n. propre et au figuré I+ fléchir), d’où Nfaire tourner,
(xx” s.1,formé à l’aide de 0 anti-, est aussi un terme diriger», adétourner, changern et l’emploi en gram-
de médecine. maire.
INFLAMMABLE adj. est dérivé savamment + Le nom désigne dans ses premiers emplois l’état
Iv. 13901, par suExation en -uble, du verbe iaflam- de ce qui est infléchi, le mouvement par lequel
mure, formé de in- I+ 0 in-1 et de fhmmltre. Le la- qqch. s’infléchît, sens aujourd’hui didactique; il est
tin médi&aJ inflummabilk Cv.1227) a pu servir de
rarement employé avant le xwe s. où il se dit ( 1636)
modèle. +D’abord employé au sens propre pour
d’un changement de ton dans la voix; inflexion a
“qui a la propriété de s’enflammer facilement et de été aussi utilisé en grammaire ( 16901 pour flexion.
brûler rapidement> Iv. 1390 ; 1780, air inflammable),
Du premier sens vient l’emploi en optique E1739,
l’adjectif est relevé dans un emploi figuré à la ~III du Voltaire, inflexion de la lumière1 et en mathéma-
XVII~ s. (1787, caractère inflaw?wblel. + Le dérivé tiques ( 1765, point d’inflexion). 0 Par figure, in-
INFLAMMABILITfi n. f., qui correspond au latin flexion se dit d’une modification dans l’orientation
médiéval inflummabilitus Iv. 13601, est didactique d’une pensée, d’un sentiment (1828, Sainte-Beuve).
au sens propre (16411 et rare au figuré (18291. 0 Le mot est repris en phonétique (18931, où in-
*ININFLAMMABLE adj. (de @ in-), attesté isolé- flexion. vocuiique désigne le changement de timbre
ment au debut du XVII~s. (16161, est repris à la fm du d’une voyelle sous l’influence d’un phonème voisin.
XVII~ s. ( 1785, corps ininflammable) ; fi est rare au fifi-
@u-é (18011. b INFLÉCHIR v. tr. a été formé au XVIII~s., au parti-
@ Voir ENFLAMMER. cipe INFLÉCHI, IE adj. et au pronominal S’INFLfi-
CHIR (17381, pour servir de correspondant verbal à
INFLATION n. f. est un emprunt savant inflexion, de in- (+ 0 in-) et de fléchir”. + Il a fourni
Iv. 1300) au latin influtio +nflure, gonflement (de INFLÉCHISSEMENT n. m. au propre (1888) et au
1’estomacb , 4latulenceB et Gnkmmatîo~~ , formé flgwé (me S.I.
sur influtum, supin du latin inflare asoufller dans ou
sur, enfler-, MgonfleP et #enfler le ton>>(-+ enfler). INFLIGER v. tr. est emprunté (14511 au latin
+ Le mot apparaît comme terme de médecine avec classique infligere *heurter contrem, alancer contres,
le sens de ugonflements Cv.1300, inflation du *infliger &, d’où en latin médiéval apunirn Cv.1250) ;
membre) qui a disparu au profit d’enflure. 0 Il est infligere est composé de in- I-+ 0 in-1 et de fligere,
attesté ensuite au figuré Cv.1375) pour Maction de flictus abattre>; ce verbe archaïque, seulement
s’enorguem et dans un emploi métaphorique usuel en composition, n’est pas représenté dans les
avec le sens d’aexcès, abus prétentieuxn (1511, influ- langues romanes; il appartient à un ensemble de
tien de science). oIl a consewé en médecine le mots expressifs aux formes divergentes, comme le
sens 11549) de agonflement (d’un tissu, d’un organe) vieux slave bliima acicatrice» et le gotique bliggwun
par idltration de gaz ou de IiquideB k-f emphy- &appep.
sème, oedème). + Le verbe français est d’abord employé en droit, au
hflatim, comme terme d’économie ( 19191,reprend sens d’Gmposer (une peine à qqn)b, peu usité avant
l’anglais inflation agonflementn, dérivé krv”s.3 de le XVII~siècle et aujourd’hui sorti d’usage. II signîfte
to inflate, formé sur le supin de inclure, qui a pris par extension mfaire subir (une peine matérielle ou
(1838 aux Etats-Unis) le sens fmancier de <hausse morale à qqn)* (1807, pron., W” de Staël), d’où par
des prix causée par un accroissement excessif des tiaiblissement Grnposer (une contrainte, des en-
INFLORESCENCE 1832 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nuis, etc.)» (av. 1850). ll faut aussi noter l’expression un moment doni% (1793, W” de Staël, l’influence
courante idiger un dbmenti à qqn. française). Au XIX~s., influence s’introduit par analo-
b INFLICTION n. f. est emprunté 114861 au latin in- gie dans le vocabulaire scienttique pour désigner
fltcti caction d’infliger une peinem, formé sur le su- un effet produit à distance (18143. &Le dérivé IN-
pin de infl@ere. Il en a repris le sens en droit, puis a FLUENCER v. tr., d’abord relevé (1771) au sens
signifG en administration Gmposition (d’une large d’+xercer une influence SUT~,est un mot cri-
amende, d’une taxeIn, sens didactique et vieilli. tiqué à la f?n du XVIII~siècle ; il s’emploie aussi en
parlant d’une chose (1805, Cuvier) et est devenu
INFLORESCENCE n. f., attesté chez La- usuel dans de nombreux domaines. oEn dérive
marck I17921, est un emprunt au latin scienttique INFLUENÇABLE adj. ! 1831, Mérimée), d’où IN-
inflorescentia, formé par L;inni: ~17703d’après eflo- FLUENÇABILITE n. f. (mil. ~rx~s.1,didactique. +IN-
rescentia (-+ efflorescence), sur le latin inflorescere FLUENT, ENTE adj., emprunt au latin influ.ens
ee couvrir de fleursm, verbe composé de in- (+ 0 (participe présent du verbe), s’applique aux choses
h-1 et de florescere, dérivé de florere (--+fleurir), lui- ( 1520) et surtout aux personnes qui ont de l’in-
même de flos, floris &-+fleur1. fluence (1701). oUn homonyme disparu, dérivé de
influer, a signi6é “qui coule, déborde sw Iv. 15101.
+ Ipzflorescence désigne en botanique le mode de
+ INFLUX II m. est un emprurh 115471 au bas latin
groupement des fleurs dune plante et, par méto-
influxus aaction de couler dan+ et <influence (des
nymie, le groupe de fleurs ainsi formé.
astres)n en latin médiéval ; le nom s’est d’abord em-
INFLUENZA n. m. est emprunté (1782,
ployé en parlant des astres. 0 Il désigne au XVIII~s.
l’action exercée de façon mystérieuse par une
Mme D’Epinay) à l’italien, peut-être par l’titermé-
force ( 1768-1772, en parlant de celle de l’âme sur le
diaire de l’mglais, où il est attesté en 1743. Le mot a
corpsl, d’où le sens de <force agissante», spéciale-
été introduit en France après une importante épi-
ment dans in&zx nerveux (1834, Broussais).
démie qui avait débuté en Italie. Le mot italien, re-
0 voir INF-LUENZA.
levé au sens médical avant 1363, est un emprunt au
latin médiéval influentia (4 Wluence) qui avait été INFORME adj. est emprunt6 Ideb. xwe s.) au la-
employé dans l’ancienne médecine pour traduire tin informis <(non façonné, brut?}, <<mal formé, dif-
le grec epird dux (de san&, du verbe rhein COU- forme, hideux», composé de in- (+ 0 in-1 et de
ler= I+ rhume). foma <(forme *».
+ Le mot, vieilli ou littéraire, a été remplacé par + L’adjectif s’applique d’abord à ce qui n’a pas de
grippe*. forme déterminée, spécialement au figuré ( 1580,
Montaigne, conceptiorzs infomes); il se dit aussi
INFLUER v. est un emprunt (1375, Oresme) au 11591, Desportes) de ce dont on ne peut définir la
latin classique influere «couler (dans, su&, &nsi- forme, qui ne peut être reconnu par sa forme. 0 In-
nuer dansn, et en latin médiéval Nexercer une in- fomze s’emploie à partir du XVII~s. en parlant d’une
fluence» Iv. 12671, formé de in- (+ 0 in-) et de fluere chose dont la forme n’est pas achevée 11668,
Kcouler)), par extension &Couler, tomber molle- La Fontaine) ou dont les formes sont disgracieuses
mentv, d’où «se laisser aller sans retenue>>; nuere (1668). Par analogie, l’adjectif s’applique en droit
vient peut-être d’un croisement entre une racine (1690) à ce qui n’est pas dans les formes prescrites.
indoeurupéenne “sreu- acoulep non représentée Au figuré, ill sign!& <flou, incertain-.
en latin (cf. sanskrit srbati 4 coule4 et une racine
“bhleu- qui indique l’émission d’un liquide. +& INFORMER v. tr. représente une réfection
(xv” s.), d’après le latin de l’ancien français enfomter
+ Influer apparaît avec le sens d’ccexercer une in- adonner une forme &+ (11741, &Mxuire den (12751,
fIuence (sur qqn, qqch.)B qui est resté courant et no- attesté jusqu’au XVI~s., issu de infomare afaconner,
tamment utilisé en parlant des astres (14533. Le donner une forme}) et au figuré areprésenter idéa-
verbe s’est employé à l’époque classique ( 1404, lement», <<former dans l’esprit-, +e faire une idée
C. de Pisan) au sens de cfaire pénétrer lune force, dem, composé de in- (-, 0 in-) et de fomzare I+ for-
une action) dans>, «inspirer une chose matérielle mer). Cette réfection est hésitante quant à fomte,
ou morale, et, avec une valeur concrète, pour acou- qui a des variantes (soi infoumer, 12861, et quant au
ler, pénétrer dansD (1536, intr.). prétie (einfomter, transitif, 135 11.
b Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés du 4 Le verbe, d’abord pronominal, signik <mettre au
latin influere. +INFLUENCE n. f. est un emprunt courant (qqn de qqch.))), d’où tiomer tqqnl que
du xme s. Iv. 1240) au latin médiéval infhentia dux &ire savoir (à qqn) que}) ( 1392, infourmeir que). Il se
Provena;nt des astres et agissant sur l’action des fixe et se spécialise dans le domaine judiciaire
hommes et des choses)) (atteste en 12411, dérivé (1538, informer) au sens de «faire une instruction en
de influere I+ inauenza). 0 Influence conserve matière criminelleti. 0 Au ~VI~s., il reprend le sens
d’abord le sens de l’étymon, le mot désignant en- latin de <donner une forme à» Il5611, spécialement
suite l’action attribuée aux astres sur la destinée en philosophie ( 1572, -donner une forme sensibles,
humaine. Par extension, il se dit dès le XIII~S. de en parlant de l’&ne ; 1617, d’un principe spirituel). Il
l’action lente et continue exercée sur une personne a eu le sens de Hquestionner (qqn au sujet de qqch.)x
OU une chose. De là vient le sens d’aautorité, pres- (av. 1615, infomer qqn de qqch.) mais reste wuel
tige de qqn, qui amène les autres à se ranger à son dans une valeur très proche du sens initial. AU
avisa (17801, d’oti wautorité politique ou intellec- me s., il subît l’influence des significations récentes
tuelle acquise par un pays, une civilisation, etc. à de information.
DE LA LANGUE FRANCAISE 1833 INFRA

En droit, le participe passé substantivé est employé tomatisées relatives aux informations (collecte,
dans un plus ample informé ( 1671) ane information mise en mémoire, utilisation, etc.) et l’activité
plus ampIe (de I’affaîrel», d’où I’expression jusqu% économique mettant en jeu cette science et ces
plus ample informé. techniques. L’informatique est en rapport avec les
b INFORMATEUR, TRICE n. et adj. est apparu au notions de calcul, de classement, d’ordre (cf. ordi-
xrf s. au sens de arapporteur>> iv. 13541 ptis désigne nateur), de mise en mémoire et, avec la gestion au-
celui qui est chargé de faire une enquête (xv” s.), qui tomatique des données, des informations au
informe, instruit (1458). Il est repris au xrxe s, et dé- moyen de logiciels* et du matériel approprié. Le
signe qqn qui donne des informations, ou dont le développement rapide de l’informatique explique
métier est de recueillir des informations 11838; in- l’abondance des termes formés en français. +Le
foreur, v. 1797, ne S’est pas maintenu). +INFOR- dérivé INFORMATICIEN, IENNE n. 11966) désigne
MATIF, IVE adj. s’est dit Il520, vertu infomative) un ensemble d’activités professionnelles liées à
pour “gui seti à représenter)>. Repris au xxe s, et l’informatique. 4nforPnutique a aussi plusieurs
alors lié à information, l’adjectif signifie “qui ap- composés. 0 TÉLÉINFORMATIQUE n. f. (19681,
porte de l’informatiow. TÉLÉMATIQUE n. f. C19771, de télélcommunica-
INFORMATION n. f. dérive de infomter; en effet, le tiens), MINI-INFORMATIQUE n, f. (19741, devenu
latin i&omzati Sign%ait aconception, explication rare, MICRO-INFORkfATrQUE n. f. 119781, lié à mi-
(d’un motIN, Ndessin, esquisse=, sens non attestés en cro-Ordinateur, et usuel PÉRI-INFORMATIQUE
fiançais. 0 Le nom est d’abord attesté (12741 au n. f. (1978). +Dans le même domaine, INFORMATE
sens juridique et courant d’aenquête faite en ma- n. m. a été proposé Cv.1970; de infomz[ationl et
tière criminelles 11323, faire des enformations “pro- [autolmatel pour traduire l’anglicisme hardware
céder à des enquêtes judiciaires>). Il a à partir du (matériel des calculateurs et ordinateurs) mais a
xwe s. le sens courant de <<renseignement que l’on été Supphté par mutérie~. *INFORMATISER
obtient de qqnn Cv.1360, au pluriell, puis par ex- v. tr. 0969, au participe passé), draiter (un pro-
tension désigne au pluriel Cv.1500) l’ensemble des blème, une activité), organiser par les moyens de
connaissances réunies sur un sujet donné; mais il bfOrRX%tiqUe~, a fourni INFORMATISABLE adj&
est rare en ce sens avant le xxe siècle. 0 À la fin du (1970) et INFORMATISATION n. f. (19711,
xve s. ( 14951, information se dit pour aaction de don-
ner une formes, sens didactique aujourd’hui dis- INFORTUNE n. f. représente un emprunt
paru. *Le mot se spécialise dans la seconde moi- ( 1370- 1372, Oresme) au latin infotiunium <<malheur,
tié du XIX~ s., désignant l’action de prendre des châtiment, revers de fortune*, formé de in-
renseignements (voyage d’infomzation, 18873. Le & 0 in-l et de fotiuna I-+ fortune).
sens aujourd’hui le plus usuel apparaît sous la 4 Le mot, littéraire, reprend les sens du latin, we-
III” République, avec le développement de la vers de fortune>> (1370- 1372) et umalheur, mauvais
presse : il s’agit alors de l’information que l’on porte sort» (1370- 13861, d’où compagnon d’infortune Il 797 ;
à la connaissance d’un public (1886, Zola) ; d’où, au xwe s., sœur d’infotiunel, et le sens disparu de
début du XX~ s., les acceptions aensemble des infor- cmanque de réussite)). 0 L’acception dominante ,
mationsm et uaction d’informer Ile publiclm. ~AU {{malheurm, fait que le mot s’est détaché de ~O&UJW
pluriel le mot s’emploie pour -bulletin d’informa- lorsque ce dernier a vieilli au sens de <<chance%.
tions» (1972, abreviation familière INFOS, n, f. ~1.3. 0 Au premier sens, le mot s’est spécialisé dans in-
* De ces valeurs viennent (apr. 19501plusieurs dé- fortune conjugale (1853, Flaubert) -fait d’être
rivés et composés, liés au développement des trompé par son conjoint», devenu archaïque ou sty-
moyens et des techniques d’information Im&ias) : listique.
DÉSINFORMATION n. f. (1954) et DÉSINFORMER b INFORTUNÉ, ÉE adj. est emprunté ! 1370-1372)
(19591 qui, contrairement à la morphologie, au latin ~nfortunatu~ <malheureux, qui est dans l’in-
concernent une manière trompeuse d’informer, et fortune», formé & partir du participe passé de fortu-
non la privation d’informations SUT qqch., INFOR- nure efaire réussir)), dérivé de fortunu. il est au-
MATIONNEL, ELLE adj. (19611, SOLJS-INFORMA- jourd’hui archaïque, après avoir été un mot noble,
TION n. f. h. 19651, SURINFORMATION n. f. 119691. d’emploi littéraire.
Par ailleurs, in?omtati~z, par emprunt de sens
(v. 1950) à l’anglais information, se spécialise pour INFRA adv. est un emprunt tardif (18621 au latin
désigner un élément ou un système pouvant être infra adv. et prép., signîfknt eau-dessous% (par op-
transmis par un signal ou une combinaison de si- position à suprul, <(plus basx, employé au propre et
gnaux Mkoti de I’information). 0 L’expression au- au figur6. Infra se rattache à infew “qui se trouve
toroute de I’information (voir autoroute, sous auto- dessousti (par opposition à superus) (+ enfer). L’an-
mobile), qui traduit l’anglo-américain highwuy, cien provençal avait emprunté le latin sous la
désigne un réseau à grand débit capable de trans- forme enfru adv. et prép. (XI~s.l.
porter des millions d’informations élémentaires à + En fran@s, iptfra terme didactique, s’emploie
la seconde, en télématique. +C’est de ce sens comme adverbe pour renvoyer à un passage qui se
qu’est issu INFORMATIQUE II. f. et adj. (19621, mot trouve plus loin dans un texte tcf, ci-dessous, ci-
créé par Ph. Dreyfus sur le modèle de mathému- après, plus bus), et comme préposition pour
tique, électronique et qui a lui-même servi de mo- aaprès)).
dèle pour de nombreux dérivés analogiques (bu- b INFRA-, élément de composition tiré du même
reautique, robotique, etc. : voir les radicaux}. Le mot mot latin, indique que le second élément se trouve
désigne la science et l’ensemble des techniques au- dans une position intérieure (par ex. infra-marin,
INFRACTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

infia-terrestre) ou indique un niveau, une valeur in- 11834) Nsavoir sans avoir apprisn, d’où «prétendre
férieurs à ceux qui sont exprimés par le second él& tout savoir».
ment (par ex. infra-cons&&, infra-sensiibZe1. Il s’op-
pose à ultra-“. 0 La formation de mots composés à INFUSION n. f. est un emprunt 6n XII~s.) au la-
partir de infru- n’apparaît qu’au xrxe s. (1831, in- tin classique hfusio ((action de verser dans>, puis
fruxillaire pour infra-utilluirel. Il s’agit le plus &3usion, injection>>, qui a pris en bas latin le sens
souvent d’adjedifs formés sur des adject& ; on d’ccaction d’humecter, d’arrosern, xépanchementm ;
trouve cependant, en ti-ançais du Canada, INFRA- infusio est dérivé du supin de infundere «verser
NORD n. m. *zones prhentant de manière atté- dans, sur%, tifaire pénétrep}, de ipt- II-+ Q in-) et fun-
nuée les caractères propres du Grand Nord>>. Les dere <(fondre=, ase répandre>> (3 fondre, infus).
composés appartiennent tous au vocabulaire + Le mot est d’abord un terme de théologie, signi-
scientsque ou technique. Ceux qui sont bien in% fiant Npénétration dans l’âme de grâces surnatu-
grés s’écrivent aujourd’hui soudés. relles ou de certaines facultés)>. 0 Il est attesté dans
6 VOir ROUGE (INFRAROUGE). SON IINJ?RASONl. STRUC- un emploi technique disparu pour Menduitti (<(cequi
TURE IINFRASTRWCTWRE~. a été répandw). I&~&on. s’est dit ensuite en méde-
cine (1572) de l’action de répandre sur une plaie un
INFRACTION n. f. représente un emprunt liquide qui contient des principes médicamenteux.
(1250) au bas latin infractio caction de briser>>, formé - Le mot se spécialise ( 1605) pour désigner l’action
sur infi-actum, supin de infringere composé de in- de laisser tremper dans un liquide une substance,
{-, 0 in-) et de frangere, tiwtus <briser= I+ fraction) notamment végétale, dont on veut extraire les
qui se rattache à une racine indoeuropéenne principes solubles (cf. infuser ci-dessous); de là
“bhreg- (cf. l’anglais to breah). Infraction a été em- vient le sens courant ( 1611) «liquide infusé», spé-
prunté sous l’influence sémantique de enfreindre* cialement atisane de plantes- Ià l’exclusion du thé).
dont il a éliminé les anciens dérivés, enfraignement +Le mot a été repris dans le vocabulaire religieux
«action de rompre, de violer= ( 12091,enfrainture aaic- 11688, baptême pur infusion3 au sens d’aaction de
tion de briserp, ninfkactiow 11211) et enfrainte (1307). verser»; cet emploi est archaïque.
4 Le mot désigne la transgression, la violation d’une wDu nom a été tiré INFUSER v. tr., d’abord terme
loi, d’un engagement ; il s’emploie en droit et, cou- de religion disparu pour (<faire pénétrer (une âme
ramment, en parlant de la violation d’une loi de dans un CO~~S)~~ ( 13801. Le verbe prend le sens large
l’État entraînant une peine tiée par la loi. Il a eu au (1478) de averser un liquide dans un récipient)}, sorti
XVI’ s. le sens de &5chkement, rupture» Babelais, d’usage sauf en emploi figuré dans infuser un sang
1552). nouveau à qqn, qqch. Par figure, il signSe afaire pé-
b INFRACTEUR, TRICE n., emprunté (1419) au bas nétrer en communiquant (un sentiment, une
latin infractor «celui qui brise}) (formé sur le supin vertu, etc.)n (1516) et s’emploie comme terme d’al-
de intingere) et désignant une personne qui chimie (v. 15161 en parlant de la communication
commet une inkaction, est sorti d’usage. d’une vertu à une substance. 0 L’emploi moderne,
0 VOir ENFREINDRE.
lié au sens courant d’infusion, est attesté en 1575 et
assez courant (laisser infuser, intr.). +Le participe
INFRANCHISSABLE + 0 FRANC passé l’est aussi, mais INFUSÉ n. m. ( 1798) est un
terme de pharmacie.
@ voir INFUSOIRE.
INFRANGIBLE adj., relevé sous la forme in-
fiugibZe au xve s. ( 14881, est un composé par préka-
INFUSOIRE n. m. est un emprunt (1795,
tion (+ 0 in-) de l’ancien adjectif tiu@bZe gsujet à
Cuvier), d’abord comme adjectif (1791, vers in&-
se briser)> (xv” s-1; cet adjectif a été dérivé savam- soire), au latin scientfique infusorius cr& en 1764
ment, par suf2xation en -ibEe, du radical du latin par Wrisberg à partir de infusum, supin du latin
frangera, frucks ({brisern (3 infraction ; enfreindre). classique infhndere averser dans, sur» I-+ infusion).
+ Littéraire ou didactique, l’adjectif s’applique a ce Iptfusotiw servait à désigner les animalcules qui se
qui ne peut être brisé, détruit et s’emploie aussi par développent dans des kfksionsm végétales. Un re-
figure (1564) pour «impossible à détruireu. lève en latin zoologique unimulculu infusoria en
1760.
INFUS, USE adj. est emprunté bme s.1 au latin +Le mot désigne en zoologie un animal unicellu-
classique infusus, participe passé de intindere laire microscopique qui vit dans les liquides et, spé-
Kverser danw, «répandre dans, sur», afaire péné- cialement In. m. pl.), un sous-embranchement des
trern (t infusion) ; en latin chrétien, sciepttiu infusa protistes.
se disait de la connaissance *versée» par Dieu dans
l’âme (d’Adam), et non acquise. INGAMBE adj, est un emprunt ti xwe s.; 1585,
+ L’adjectif est attesté au XIII~s. aux sens de «enduit en deux mots in gambe3 à l’italien (esserel in gumba
dem linfus en1 et de «répandu dans, infusées linfiLs a), 4êtrel en jambes>>, d’où «en bonne santé, alerte>>
qui ont disparu. Il est repris en théologie au xv” s. (2 moitié du XIVes.l. L’expression italienne, compo-
Igr&ce infuse), puis dans l’acception plus générale sée de gambu <<jambe*“, a été adaptée en kanqais
de <répandu dans l’âme=, en parlant de connais- sous la forme en gumbes, attestée chez Du Bellay et
sances, de vertus, etc. ti xv” s.l. Science infuse encore en 1611 (Cotgrave) avec le sens de l’italien.
(1680) s’emploie ironiquement et sans référence re- +Ingambe “qui se meut avec agilité- est d’emploi
ligkuse, dans la locution avoir Ja science infuse littéraire.
DE LA LANGUE FRANÇAISE INGÉRER

INGÉNIER IS’1 V. pron., relevé chez de distinguer ce mot de l’ancien verbe engigner, en-
Ch. de Pisan (14041, a été forrné savamment sur le geigner tctrompern.
latin ingenium ((caractère inné, naturel» et en parti- 4 Ingénieux, d’usage littkaire, se dit d’abord
culier 4ispositions naturelles de l’espritm, KquaJités (v. 13801 d’une personne qui a l’esprit inventif; en ce
innées)) et Kgénie)). Le mot latin est formé de in- sens, la construction ingénieux ù, suivie de l’infmitif
I+ 0 in-1 et de la base gen- dont procède, parmi un (16401, est sortie d’usage ; il S'emploie par extension
grand nombre de mots, le verbe genere. forme ar- (v. 1450) en parlant de ce qui dénote de l’habileté.
chaïque de gigwre, genitus <<engendrer,. L’ancien + De l’adjectif dérivent INGÉNIEUSEMENT adv.
fkanqais engeigner, engigner, afaire avec habiletén Ifm XIV~~.; v. 1200, engeniousement) et INGÉNIO-
(v. 1120) et «tromper» t 1080 ; jusqu’au début du SITÉ n. f. (1488; ingeniosité, 1307,
in F. e. IV.). ce der-
XVII~ sd, est un dérive de engin* au sens de wuse»; il
nier, formk d’après le bas latin ingeniositas, dérivé
n’a pas eu d’influente sémantique sur s’ingénier.
de ingeniosus, est peu employé avant la fm du
+ Le verbe est d’abord attesté dans la construction XVI~I”s., où il devient usuel.
s’ingénier à (et hfhitif), avec le sens de <faire
preuve d’ingéniosité pour parvenir au but recher- INGÉNU, UE adj. et n. apparaît isolkment au
ché)). Peu usité jusqu’au XVII~~ s., il s’est employé XII? s. puis est repris en 1480 comme adjectif; le mot
dans la construction s’ingénier de (1857, G. Sand), est emprunté au latin ingenuus “qui prend nais-
sortie d’usage ; s’ingénier pour est littéraire. sance dans, indigène?) et ané de parents libresn (par
opposition à libertinus 4Wnchi4. De là vient le
INGÉNIEUR n. m. représente une réfection,
sens psychologique <<digne d’un homme libre, franc,
d’après s’ingénier* (1%~ 15401, de l’ancien RanGais
sincère» ; ingenuus, issu d’une forme ‘en-gen-uo-s,
engigneor, ingeigwur aconstructeur d’engins de
se ratta,che à la racine ‘gen- de @gnere/genere, ge-
guerr-em Iv. 11551, dérivé de engin au sens de ama-
nitus aengendrer)} (-, engendrer, génie).
chine de guerren (-+ engin). Cette réfection peut
s’expliquer par I’homonymie gênante entre engi- + Ingénu est d’abord employé avec la valeur étymo-
gneor, engeigneur et l’ancien verbe engigner, en- logique initiale de «condition libren (1480, condition
geigner «trompeP, attesté jusqu’au début du ingenue); il est encore employé en droit romain
XVII” siècle. Selon une autre hypothèse IBrunot), in- (1690; les ingénus n. m. pl., par opposition à afiun-
génieur serait emprunté à l’italien ingegnere, Le chis). - Au début du XVII~s., reprenant la valeur mo-
mot n’a pas de féminin, sauf au Québec lingé- rale du latin, ingénu s’applique à une personne qui
nieurel. agit, parle avec une bnocente franchise (1611, adj. ;
1668, n. Molière). Le mot a vieilli avec ses connota-
4 Ingénkur a d’abord désigné un constructeur, un
tions favorables : <YQKLSrecherche dans les ma-
inventeur d’engins de guerre ou un conducteur
nières)), WUIS déguisement dans les propos, natu-
d’ouvrages de fortscation; le mot est encore en
relD, encore actives dans le sous-titre du Candide
usage dans ce sens au x19 siècle. 0 Il s’emploie
de Voltaire. Ingénu éveille en effet, dès l’époque
aussi, au xwe et au ~~III~s., comme équivalent d’<ar-
classique, l’idée péjorative de franchise trop naïve,
chitecteas, mais s’est spécialisé pour désigner une
et de candeur un peu sottem qu’il a conservée. 0 En
personne qui, par sa formation scientsque et tech-
emploi substantivé, le mot passe dans le vocabu-
nique, est apte à diriger certains travaux, à partici-
laire du théâtre C18291,notamment dans les expres-
per à des recherches; cet emploi moderne d’ingé-
sions une fausse hg&ue <jeune fille qui feint la
nieur apparajt au XVIII~s. 11732, ingénieur de la
naïvetén et &Je d’hgénue «de jeune fille naYve>.
mutine) et se répand avec le développement de
ä Le dérivé INGÉNUMENT adv. (xv” s., attestation
l’industrie. Le mot entre dans de nombreux syntag-
mes tels que ingénieur des ponts et chaussées isolée; puis 15543 s’emploie avec le sens moderne
f 17471, ingénieur civil, ingénieur des arts et métiers, d’ingénu. 4INGÉNUITÉ n. f. est emprunté (1546)
ingénieur chimiste, ingénieur mécanicien, etc. et, par réfection de ingénité ( 1376-1377 &anchise~>) au
dans le domaine de la radio et du cinéma 11931), in- latin ingenuitas, dérivé de ingenuus; le nom a suivi
génkur du son. un développement sémantique parallèle à celui de
b INGÉNIERIE n. f. est un dérivé EV.1964) d’ingé- l’adjectif.
nieur, d’après l’anglais engineeting, lui-même em-
INGÉRER IS’1 v. pron. est un emprunt (1362,
ployé en fr-ançais par emprunt graphique. Le mot
s’ingerer de qqch.) au latin ingerere «porter dans+,
anglais est dérivé de to engineer, déverbal de engi-
ajeter sw, <verseru, Gntroduire (un aliment, un li-
neer Gngénîeum Ce mot est lui-même emprunté à
quide) par la bouchem et au figuré 4mposer (qqch.,
1’a;ncien français engigmor (voir ci-dessus). +En
qqn)5 (<s’imposer (aux regards de qqnln; ingerere
concurrence avec le mot anglais, c’est un terme
est formé de in- C+ 0 in-) et de gerere «porter sur
technique désignant l’étude globale d’un projet in-
soi)) et au figuré <<secharger volontairement deu
dustriel sous tous ses aspects; il s’emploie aussi en
I+ gérer).
sciences Ciingénierie génétiqufzl.
+ Le verbe s’emploie d’abord sous la forme s’ingérer
INGÉNIEUX, EUSE adj. est une réfection de qqch. (13623 4introduire indûment, sans en
(v. 1380) de l’ancien tiançais engeignos Iv. 11601,en- avoir le droit ou en être requism; il est aujourd’hui
genious (déb. XIII~s.l, lti-m6me issu du latin, d’après construit avec dans. Les emplois de s’ingérer en
le latin ingeniosus -intelligent, invent&, dérivé de construtiion absolue ( 1370-13721, suivi de à et infki-
ingenium au sens de (cgénien (-, inghier Is’l). La ré- tif Cdéb. xv” s.), de de (1.6271, de en et substanWl5301
fection de l’ancien français s’explique par le besoin ont disparu en tiançais moderne,
INGRAT 1836 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b INGÉRENCE n. f., attesté en 1860 chez Ch. de Ré- nique non attesté de ingrediem (en latin médiéval) ;
musat désigne le fait de s’in&er et spécialement, il désigne un élément entrant dans la composition
pour un État, le fait d’intervenir dans les tiaires d’une préparation, d’un mélange quelconque et
d’un autre. La notion, d’abord vague et péjorative, s’emploie au figuré (av. 16811 au sens de (<ce qui
s’est inscrite dans le droit international avec celle concourt à un résultat». Il est resté courant au
de droit d’@-érence, présentée par Mario Bettati concret comme à l’abstrait.
en déc. 1988 à 1’0. N. U. On parle aussi de devoir
d’ingérence et d’ingérence humanitaire. + Le verbe INGUINAL, ALE, AUX adj. est un dérivé
hJX3itif INGÉRER est un véritable homonyme, qui savant ( 14781 du latin inguen, -inis &nes et aendroit
reprend dans l’usage didaictique ( 1825, Brillat-Sava- où la branche part du tronc)), usite le plus souvent
rinl l’un des sens concrets du latin ingerere, d’après au pluriel inguinu; inguen, comme le grec adèn
le mot médical déjà ancien ingestion aintroduire uglandea, se rattache à une racine indoeuropéenne
Iqqch.) par la bouche». + De l’emploi transitif dérive “g”en- *glanden.
0 INGÉRABLE adj., attesté au XX~ s. comme terme + Ce terme d’anatomie sert d’adjectif à air@.
médical.
*INGESTION n. f. est emprunté au bas latin inges- INGURGITER v. tr. est un emprunt (2” moitié
tio <<action dïngérep, dérivé de ingestum, supin du xve s.), d’abord francisé en engurater, au latin in-
verbe. 0 Le mot est relevé au sens d’aaction de s’in- gurgitare «engotier, avaler», dérivé par prétia-
gérerx lingession, 14071. Il est attesté isolément tion en in- (3 0 in-) du latin classique gurges, -itis
(1520) pour <action d’ingérer Ides aliments, etc.))) et ~~gou&e, abîme)) et, dans la langue populaire, “go-
est repris dans cet emploi didactique en 182 1, peu sien C’est un mot expressif du groupe de tirare,
avant le verbe ingérer. devorure aavaler, engloutirn, qui se rattache à la ra-
cine indoeuropéenne ‘gweZ,‘gwer- <avalen>.
INGRAT, ATE adj. et n. est emprunté (1370-
1372, Oresmel au latin ingrutus <<désagréable», “qui + D’abord au participe passé (1469, engurgitél au
n’a pas de reconnaissancen, et qui se disait aussi sens de wempli de» qui reste isolé, puis au prono-
d’une chose reçue sans reconnaissance, formé de minal koy engurgiter de...) avec la valeur latine de
in- C+ 0 in-1 et de grutus (+ gré). amanger, avalerm (14881, ii semble avoir disparu.
0 Ingurgiter n’est repris qu’au XIX~s. à l’actif Eat-
+ Ingrut s’applique dans ses premiers emplois à testé 1836, mais sans doute antérieur; cf. ingurgita-
une personne qui n’a aucune reconnaissance, d’où
tien) et au pronominal s’ingurgiter 118401. La
à l’époque classique être l’ingrut de qqn 11633). Le
construction &w@ter qqch. à qqn pour «lui faire
sens latin de “qui manque d’agrément, de gr&cen
mangerB est aujourd’hui hors d’usage. Le verbe
est repris au début du xwe s. ( 15111,d’où la locution
s’emploie au figuré t 18561, le plus souvent en par-
Uge îngat. 0 À l’époque classique, l’adjectif s’ap-
lmt d’une lecture, d’une leçon à apprendre, etc.
plique spécialement (16331 à une personne qui ne
répond pas ou plus à l’amour qu’on lui porte; dans bINGURGITATION n. f,rare,eSt empoté (1488,
cet emploi le mot est souvent substantivé luw in- attestation isolée; repris en 1820) au dérivé bas la-
grate) et sert aussi d’appellatif Cingrut!I. 0 Par ex- tin inmrgitutio. Il est plus rare que le verbe.
tension du premier sens, ingrut si@e (1639) “qui
ne dédommage pas des effotis qu’il coûteu, en par- INHALER v. tr., attesté à l’infinitif chez Brillat-
Savarin (18251, est probablement antérieur : l’adjec-
lant de choses, l’expression terre ingrate s’em-
tif inhulunt est relevé en 1791. Ce verbe représente
ployant aussi au figuré (av, 17041,
un emprunt au latin inhulure <(soufIIer darw,
F Le dérivé INGRATEMENT adv. 11510) est rare. composé de in- adans- (+ 0 in-) et de hulure aexha-
~INGRATITUDE n. f. est un emprunt au dérivé ler un sotie, une odeurm (+ haleine).
bas latin ingrutitudo. 0 Ses emplois sont parallèles
à ceux de l’adjectif, mais il ne s’utilise couramment +Inhaler, comme inhalation, ont été empruntés
que pour désigner le caratière d’un ingrat 112i9, le pour servir d’antonymes à exhaler*, eAulution*.
Ce verbe didactique Sign&e aaspirer par inhala-
manque de gratitude Efm XIII~s.l. Il a vieilli au sens
d’aacte d’ingratitude)) (16601 et est sorti d’usage en tion)>, à la di%rence du verbe latin originel.
parlant de choses (17701. +GRATITUDE n. f., dé- ä INHALANT, ANTE adj ., qui apparaît 11791) en
rivé régressif de ingratitude, désigne 11445) le senti- physiologie au sens de @destiné à absorber des fi-
ment reconnaissant que l’on a envers une per- quidesn, s’applique aujourd’hui à ce qui sert à faire
sonne dont on est l’obligé. fi est resté en usage et des inhalations Icomptimé inhaluntl. * INHALA-
semble aujourd’hui moins marqué qu’ingrutitude. TION n. f. est emprunté (1760) au bas latin inhulatio
Aucun adjectif ne lui correspond. *exhalaison, (du supin de inhulure); il est employé
en minéralogie, puis en physiologie 11805) dans des
INGRÉDIENT n. m. est un emprunt 11508) au sens sortis d’usage. oLe mot désigne ensuite
latin ingrediens, -enti, participe présent de ingredi (18451, d’après inhaler, l’absorption de gaz, de va-
<entrer dan+, composé de in- b 0 in-) et de grudi, peurs,par les voies respiratoires; il s’emploie en
gressus ccmarchern ; ce verbe, qui apparalt surtout médecine et couramment (1867) pour mspiration
en composition, est formé d’une base -@d- que pa;rle nez de vapeurs qui désinfectentm. +Du radi-
l’on retrouve dans gadus ,pas~ *marche d’esca- cald'inhalationaété dérivé INHALATEuR,TRICE
lier=, Gchelonn. a,dj. et n. m. (18731, terme didactique ou technique
+ Ingrédient appartit dans le vocabulaire des apo- (193 1, inhalateur d’owgène).
thicaires, reprenant peut-être ainsi un emploi tech- @ voit-E ~~oN,EXHALER
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1837 INIQUE

INHERENT, ENTE adj. est un emprunt INHUMER, v. tr. est emprunté (14131 au latin
(15201 au latin inhaerens, -entis, participe présent classique inhumare amettre en terre, enfouirn qui
de inhaerere Ntenir àD, &re attaché, hxé 8)) au n’apparaît qu’a partir de Pline comme variante de
propre et au figuré; le verbe est composé de in- infumare au sens propre de <mettre en terre (une
I+ @in-1 et de huerere &re attache, tiéB d’où &re plante)*. Inhumare est composé de in- C-t 0 in-) et
arrèté, ne pas avancern. du latin classique humare amettre en terre, recou-
+Inhérent, construit avec ù, s’applique à ce qui est vrir de terren et nenterrer (les morts)n, dérivé de
lié inséparablement Ià une personne, à une chose). humus «terren (3 humus1. II est synonyme de sepe-
lire (d’où vient sépulture) en latin chrétien.
k INHÉRENCE n. f. est emprunté (1377, @eSme)
au latin médiéval inherentia kte s.), dérivé du verbe 4 Inhumer passe en lançais (déb. xve s.1 avec le
latin ; employé en philosophie, il est resté plus rare sens de amettre en terre (un corps humain) avec les
que l’adjectif. cérémonies d’usage%. 11a eu le sens du latin clas-
sique (v. 1516) et s’est employé au figuré pour <faire
INHIBER v. tr., réfection El3911 de inhibir (13551, disparaîtrem krxe s.), opposé à exhumer*.
est un emprunt au latin classique inhibere *arrêter, + DU verbe dérive INHUMATION n. f. (déb. xvtes-1,
retenirp, qui a pris en latin médiéval le sens d’çem- d’abord écrit inhumacioPt, mot didactique sigCl3ant
pêcher, interdiren Iv. 1190); inhibere est formé de (14173 aaction d’inhumer» et Npratique qui consiste à
in- (+ 0 in-1 et de habere <<avoir,tenir» (+ avoir). mettre les corps des morts en terre)).
+ Le verbe sigr%e d’abord en fiançais adéfendre, 0 voir HUMUS.
113551, Kinterdirea 113911, spécialement en droit,
sens encore attesté au XIX~siècle. 0 ll est repris en INIMAGINABLE 3 IMAGE

physiologie (1885) au sens de cprovoquer une action


nerveuse empêchant ou diminuant le fonctionne- INIMITIÉ n. f., qui apparaît sous la forme inni-
ment d’un organem ; par extension, il s’emploie mitié (XII~~s.), représente une réfection de l’ancien
Cdéb. me s.) pour &einer, arrêter (une impulsion, -français enemlsté (11451, enemidie ou anemkdie
un élan, etc.)* spécialement en psychologie et, cou- W s.), dérivé de ennemi” sur le modèle de amitiié*;
ramment, en parlant de faits psychiques et dans la réfection a été ftite d’après le latin inimicitiu
des domaines techniques Peiner une réactionn, <haine>>, dérivé de inimicus aennemi%, lui-même ob-
en chimie, etc.). Comme inhibé, il est devenu usuel. tenu par prédation (in- à valeur négative3 de ami-
tus (+ ami), dérivé du verbe amure (+ aimer). On
b Les mots dérivés de inhiber, ou empruntés à des relève aussi les formes latînisantes inimicité @II
dérivés latins, sont aujourd’hui techniques (droit) xv” s.), inimicitié Iv. 15081.
ou usuels (physiologie, psychologie). + INHIBITION
n. f. est emprunté au dérivé bas latin inhibiti fldé- 4 Inimitié, d’usage littéraire, a conservé son sens
fensen, qui d&ignait en latin classique l’action de étymologique, +entiment de haine ou d’hostilité à
ramer en sens contraire. Il a été employé en droit l’égard de qqn,, Il a désigné l’antipathie naturelle
En XIII~s., inibkion; puis ti xwe s-1; il est repris au entre Certains animaux (1552) ou phtes (1570).
0 voir ENNEMI.
xrxe s. Iv. 1870) en physiologie, puis en chimie (19071.
Comme le verbe, ce nom est devenu usuel en psy-
ININFLAMMABLE -3 INFLAMMATION
chologie (avoir des inhibition& + INHIBITOIRE
adj. est tiré (1368) de inhtbitum, supin du verbe la-
INIQUE adj. est un emprunt savant (1352- 13561
tin, au sens disparu de “qui interdit-, en droit. C’est
au latin classique iniquus Kinégalm et par figure ain-
un dérivé savant %.n XIX~ s.1 de inhiber, ou un em-
justen, formé de in- I-+ 0 in-1 et de aequus wni,
prunt au latin médiéval inhibitodus (XIII” sd, comme
plan, horizontal* et au moral &g& d’où Kjuste, im-
terme de physiologie. - INHIBÉ, ÉE adj. et n. m.,
partial3. Iniquus s’est employé, en particulier dans
ancien terme de droit (xv” s.1, a été repris comme
la langue militaire, avec le sens de <défavorable,
inhiber en physiologie et en psychologie ( 1902, adj. ;
désavantageux», en parlant de la position d’un lieu ;
1946, n. m.1; à la mode comme beaucoup de termes
ce sens s’est étendu en latin aux personnes. En an-
de psychologie, il est employé couramment comme
cien provençal (v. 12001 et en fiançais (XIe s.1on re-
équivalent de timide. - XNHIBITEUR, TRICE adj.
lève le substantif enic au sens de améchant, mau-
et n. m., remplaçant le dérivé inhibeur Cv.1380) et
vais», aboutissement oral de in@.~~.
attesté isolément (1534) au sens de ccelui qui inter-
dit», est très probablement un emprunt au dérivé +Inique a d’abord qualil% un lieu défavorable.
latin chrétien inhibitor acelui qui protège des vio- 0 Comme terme juridique, il se dit (v. 1380) de
lence+. Le mot est repris en physiologie (1890, adj .) qqch. qui est contraire a l’équité et s’applique à des
puis dans divers domaines (1934, en chimie, n. III.). personnes ( 1595, juges iniques, Montaigne). Le mot
Il demeure didactique. + INHIBITIF, IVE adj. a est resté en usage, mais littéraire.
d’abord été employé en droit ( 1584). + Au ti s. ont F Le dérivé INIQUEMENT adv., attesté une pre-
été dérivés INHIBAGE n. m., terme technique, et mière fois au XIVes. (1352-1356) pour ade manière
INHIBANT, ANTE adj. (Y. 19701,didactique, puis as- défavorable}), est repris au XVI~s. au sens d’ctinjuste-
sez usuel en psychologie, comme inhiber et inhibi- mentu.
tion. INIQUITÉ n. f. est un emprunt au dérivé latin clas-
sique iniquitus MinégaJité de terrain, position défa-
INHOSPITALIER + HÔPITAL vorable (d’un lieu) m,«injustice* et, en latin chrétien,
INHUMAIN -+ HUMAIN cviolation de la loi divine, péché». 0 C’est d’abord
INITIAL 1838 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

un mot de la langue religieuse désignant la corrup- tier s’emploie pour aprendre l’initiative de (qqch.1, ;
tion des moeurs (1120- 11501et ce qui est contraire à le verbe se rattache de cette façon à initiative, mais
la religion Cv.1120, fils d’iniquité ~~méchants~). Égale- dans un emploi sans rapport avec son sémantisme
ment dès le XI~ s., une iniquitk s’emploie pour par- propre, ce qui rend cet emploi très critiquable.
ler d’un acte contraire à l’équité Iv. 1155). La lo- F INITIÉ, ÉE p. p. adj. (1364-1373) s’emploie aussi
wtion boire Z’iniquité Comm8 eau he s.1 signiCa;it comme nom ( 1756, Voltaire). Le mot s’est surtout
((commettre aisément le malBu. 0 Il se dit aussi du appliqué aux membres des sociétés ésotériques.
manque d’équité, du caractère petide de qqn ou ~Par calque de l’anglais, le droit des aaires lui
qqch. (1160-l 174). Il a désigné comme en latin donne le sens de “qui est au courant de mouve-
(12131, jusqu’au XVI~s., la position défavorable d’une ments de capitaux inconnus du publicn, le défit
armée qui combat. d’titié consistant à utiliser cette connaissa;nce
pour effectuer des investissements fructueux. Plu-
INITIAL, ALE, AUX adj. et n. f. est un em-
sieurs mots sont empruntés à des dérivés du supin
prunt Iv. 1130, inicid, dans un texte daté du XUI~s. in
de initiure ou formés savamment à partir du verbe
T. L. F.3 au latin impérial initialiS aprimitif, prirnor-
latin. +INITIATION n. f., emprunt au dériv6 latin
dialx, dérivé du latin classique initium ((début, initiutio, est atteste isolément au xve s. ~iniciacion1
commencement», supin du verbe inire <centrern et
au sens d’aadmksion aux mystèresm ; il est repris au
acomtnencern. Ce verbe est formé de in- I+ 0 in-1 et XVIII~ s. (1732) en parlant de la religion chrétienne
de ire, itus &leru, qui a fourni le futur du français
puis des religions anciennes ( 17621; couramment le
aEler, et se rattache à une racine indoeuropeenne mot désigne (1755) l’action de donner ou de rece-
“ei-, “i- marquant le mouvement 1
voir les premiers éléments d’un art, d’une
+ L’adjectif s’applique d’abord à ce qui constitue le science, etc.
commencement de qqch. Let‘tre initiale désigne à la INITIATIVE II. f., dérivé savant de initiure, est at-
fin du xwe s. la lettre qui commence un chapitre ou testé isolément au xwe s. ( 1567) au sens d’ccaction de
un livre, et qui est souvent plus grande que les ma- qqn qui est le premier à proposer, à organiser
juscules du texte (1680). 0 L’adjectif féminin est qqch.y. Ce sens ne semble avoir été repris qu’en
substantivé au début du XVII~~s. pour désigner la 1802, notamment dans l’expression prendre I’titia-
lettre initiale d’un mot (v. 1718, en numismatique, tive et dans le vocabulaire militaire et sportif.
les premières lettres du mot étant mises pour le 0 D’une manière générale, le mot est rare avant la
mot entier) et pour lettre initiale au sens défmi ci- ti du XVII~~s., époque où il s’emploie en politique
dessus. 0 L’idée de acommencement» est conser- pour &Oit de soumettre à l’autorité compétente
vée pour l’adjectif dans l’acception “qui est au dé- une proposition en vue de la faire adoptep ( 1790,
but de qqch.B 11738, Voltaire). 0 UTW initiale dé- en parlant du roi et des parlements1 ; de là vient le
signe un élément placé au début 118031,en parlant sens de «liberté de choisirn ! 1803). 0 C’est l’idée de
d’une unit& linguistique. L’adjectif quaMe aussi ce flcommencement= qu’on retrouve ensuite 11842)
qui est à l’origine de qqch. (1840, P. Leroux, ~&ité avec le sens de 4sposition à entreprendre, qualité
initiale; 1851, Cournot, impulsian initialel. de décision}}. ~Dans le vocabulaire technique
~INITIALEMENT adv., aau début, à l'origines, est ( 1951) et d’après l’anglais to initiate, initiative dé-
attesté chez Cournot (18511. +INITIALISER v. tr. signe un phénomène qui déclenche une combus-
est un terme d’informatique, adaptation (v. 1970) de tion. -INITIATEUR, TRICE n., emprunt au bas la-
l’anglais to initialize, dérivé de initial, de même orî- tin initiator, est attesté isolément en 1586 au sens
gine que le fknçtis, et qui a fourni INITIALISA- de Ncelui qui initie à un systèmen. Comme initiation
TION n. f. (apr. 1970). +INITIALER v.k, attesté et initiative, il reprend vie au début du XIX~ s. où il
chez J. Richepin ( 1895) au sens de Mreprésenter par est d’abord attesté (1821) au figuré.
des initiales>>, est à peu près inusité. Enk, INITIATIQUE adj., terme didactique (19221,
0 VOirlNITER. est formé SUI-initie et initiation, d’abord en sociolo-
gie religieuse, puis figurément pour flqui initie qqn-.
* INITIER v. tr. est un emprunt (1364-1373) au
latin classique iptitiwe «initier (aux mystères), et, à INJECTION n. f. est un emprunt (1416-1422) au
la période impériale, Gnstruire, initier à*, acom- latin classique injectio caction de jeter k.~% et
mencern , dérivé de initium <début, commence- terme de médeche en bas latin, dérivé de injec-
me& I-+ initial). tum, supin de injicere cjeter sur, dans>, «appliquer
+ Le verbe est introdtit en tiançais avec le sens éty- SU~ et au figuré «inspirer, susciter)) : ce verbe pré-
mologique, «admettre à la connaissance et à la par- tié I+ 0 in-) vient de jucere, juctw (+ jeter), qui se
ticipation des mystères de 1’Antiquité~; par exten- rattache à une racine indoeuropéenne Oye-.
sion, il sigr&e *admettre (qqn) à la pratique d’une + Le mot conserve d’abord le sens de l’étymon, +x-
religion% ( 16711,aau sein d’une société secrète» ti tion de jeter, violencen, qui a disparu II s’emploie
XVII~ s.l. 0 Parallèlement, avec l’idée de ucomrnen- en médecine (1478) où 11désigne l’action d’intro-
cernent)) mais sans celle de asecret)}, le verbe a le duire un liquide dans un organe et, par métonymie
sens (16111 de adonner (à qqn) les premiers élé- (15981, le produit injecté; il se dit spécialement
ments de qqch., en particulier en parlant d’une ( 1690) du procédé d’anatomie consistant à intro-
sciencen ( 1694). Initier s’emploie figurément au sens duire un produit da!ns les tissus, dans une cavité
d’Gnkoduire à la connaissance de choses d’accès naturelle de l’organisme. 0 De l’emploi médical
dîfkile- (En XVII~s.l. 0 Vers le milieu du E=?s., SOUS vient l’emploi courant pour “piqûre faite dans une
l’innuence de l’anglais to initiate acommencer», ini- veine de la peau avec une seringuem (injection in-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1839 INNÉ

truveiwuse, abréviation une iuztrweinewe, 18601. et de @tort,dommage causé par violation du droit»,
0 Par analogie, injection désigne la pénétration encore en usage à l’époque classique et disparus
d’un liquide, d’un fluide, etc. dans une substance; depuis. o Dams le deuxième tiers du XII” s., injure
en ce sens le mot s’emploie dans de nombreux do- prend le sens d’Noutrage)> Il 174- 11761, aujourd’hui
maines techniques, en géologie (18671, dans les vieilli ou littéraire, avec les locutions imputer qqch.
techniques de conservation du bois (18771, dans l’in- à injure ù qqn, prendre qqch. à injure, sorties
dustrie (18884890, appareil ù injection), et spéciale- d’usage, faire ;i qqn I’tijure de... ; faire injure ;i qqn,
ment en mécanique, par exemple dans moteur k d’abord *commettre une injustice à son égardti, a
inietion 11906 ; plus répandu depuis que ce type de pris par la suite le sens d’Noutrager, offensep. 0 Au
moteur d’automobile concurrence la carburation, XVI~s., injure reprend l’idée de *tort, dommagen en
v, 19701. 0 En économie, injection désigne Cv.1965) parlant des éléments, du temps 11559, Z’injwe du
un apport soudain et massif (de capitaux) et, en as- temps; 1587, l’injure ck, I’hiverl ou de l’âge kvr~” s.1;
tronautique, la mise sur orbite. cet emploi a vieilli. 0 A la même époque, injure se
b Le verbe INJECTER v. tr. a été créé par les mede- spécialise au sens, devenu le plus courant, de apa-
tins (1555, injetterj d’après le latin impérial injec- role outrageante, (15591, avec une valeur voisine de
tare *jeter sud, doublet de in@ere. oLe verbe si- insulte.
gniCe 4ntrodtie au moyen d’une seringue ou d’un b INJURIER v. tr., d’abord enjurier k 11881, est em-
autre instrument (un liquide) dans (un organeIn ; at- prunté au bas latin injuriare &îre du tort b, ~OU-
testé isolément, il est repris au XVIII~ s. (1721, au par- tragerm, =Offenser par des paroles blessantes>, dé-
ticipe passé ; 177 1, injecter une plaie). 0 Le participe rivé de injutiu. + Le verbe est d’abord employé avec
passé s’emploie couramment à propos des tissus le premier sens du latin, sorti d’usage. ll est attesté
ou organes où le sang a af?lué soudainement, da;ns au sens moderne d’aoffenser par des paroles bles-
yeux injectés (17491, ou injectés de sang puis le pro- santesm en 1606, en relation avec l’évolution de in-
nominal prend aussi ce sens (1846). Injecter est en- jure.
tré dans le vocabulaire technique, par analogie, INJURIEUX, EUSE adj., réfection 11334) de enju-
comme injection (1872, à propos du bois). +Le dé- tius ~médisant~ (v. 11851,est emprunté au latin clas-
rivé INJECTEUR,TRICE adj. et II.~. est rare au sique injurimus <injuste, nuisible, funesten, dérivé
sens (1840) de cpersonne qui fait des injectionsm. Il de injuria. Le mot a suivi un développement sé-
désigne un appareil semant à injecter un liquide mantique paralléle à celui d’injurier et injure. * En
dans l’orgtisme C1845 adj.; 1867, n. m.l et s’em- dérive INJURIEUSEMENT adv. 11333, injutiuse-
ploie spéciaJement (1859) à propos des chaudières ment).
à vapeur puis Cd6b. ti s.) en mécanique. + INJEC-
TABLE adj . (attesté en 1925) est un terme médical. INLANDSIS n. m. est emprunté (1888) à un
mot scandinave signifiant proprement aglace (isl à
INJONCTION n.f. est un emprunt savant
l’intérieur lin-1 du pays kn&.
(1295) au bas latin injunctio aac$ion d’imposer (une
Charge)s et NordreB, mot formé sur injunctum, supin + Ce terme de géographie désigne le glacier conti-
de injungere «appliquer dans ou sud>, MinOigerB, nental des régions polaires, équivalant à culotte
4mposep. Ce verbe est composé de in- E+ 0 in-1et ghciaire.
de jungere, junctus aattelerm, aunir deux à deuxn,
tiré- t+ joindre). Injonction a été emprunté INLAY n. m. est emprunté t 1881) à un mot an-
pour servir de nom d’action à enjoindre. glais Sign%ant Gnmstation~, dérivé de to inluy ein-
crustern Ixw” s.), lui-même composé de in- cdansp
+Le mot se dit de l’action d’ordonner expressé-
et de to Zay Msser, déposern, mot d’origine germa-
ment et, en droit, d’un ordre donné par le juge (soit
nique, d’une forme ‘lug-jun Icf. allemand legen). In-
aux parties, soit aux auxiliaires de justice). Il est
luy est passé en anglais dans le vocabulaire de la
resté didactique mais assez usuel.
chirurgie dentaire pour désigner une obturation
F Le dérivé savant INJONCTIF, IVE adj., terme de dentaire au moyen de métal coulé et la matière ob-
droit (1768) et de grammaire, Sign%e aqui convient turatrice .
à l’expression d’un ordre» 11902); dans ce cas il est
aussi substantivé (1902, I’injonctif n. m.). + C’est en ce sens qu’il a été emprunté en kançais
où il a pour équivalent incrustation.
IN JURE n. f. est une réfection de la Renaissance
b@ s.1 des formes anciennes enjurie, injuire (11551, INNÉ, ÉE adj. s’est substitué (1611) à la forme
injurie (1174-1176). C’est un emprunt au latin inju- francisée en& ( 1554) ; c’est un emprunt savant au
JT~J,à l’époque classique 4njusticem, wiolation du latin innutus -né dans», -naturel>), “que l’on a en
droit», utort, dommagep, puis =Parole blessante>> en naissants, employé en particulier dans des textes
latin chrétien. Injuria est dérivé de l’adjectif ar- philosophiques et chez les auteurs chrétiens. Inna-
chaique injurius 4njuste, inique-, formé de in- tus est le participe passé de innusci <naître dansn,
(+ 0 in-) et de jus, juris signifiant à l’origine afor- formé de in- I+ 0 in-) et de nusci I+ naître), qui se
mule religieuse qui a force de loi=, d’où en latin rattache à la racine indoeuropéenne “gente-1, ‘gne
clssique &Oit% (3 juger). Les formes anciennes du flengendrer>> et 4wJtreÿ (-+ genèse, génital, etc.).
mot français en en- représentent des adaptations, + Inn4 conserve en français le sens de “que l’on a en
le préke emprunté in- étant plus tardif. naissantn, opposé à acquis; les idées innées (1647,
4 Le mot est d’abord employé Il 1551 avec les sens Descartes) sont celles inhérentes à l’esprit humain.
forts, repris du latin, d%njustice, violation du droitB 0 Le mot s’applique en biologie à ce qui ne dépend
INNOCENT 1840 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pas du code génétique, mais apparait dès la nais- b INNOCEMMENT adv. (15381,d’abord innocam-
sance (xx” s., aussi n. m. Z’in&). me& (13491, correspond aux valeurs dominantes de
b INNÉITÉ n. f. est employé en physiologie 118121, l’adjectif. +INNOCENTER v. tr., d’abord attesté au
par opposition à hérédité, et en philosophie ; il se dit sens de adonner le fouet le jour de la fête des Inno-
par métonymie 11842)pour 4isposition naturelle)}. cents)) (15471- voir ci-dessus -, est lié ensuite à in-
+INNÉISME n. m. est un terme de philosophie nocent enon coupable)) et signifie <déclarer non
11907) tb-é de idée innée, comme INNÉISTE adj . et coupableD 117041 et aconsidérer comme innocentm
n. (xx” s.l. 11844).+INNOCENCE n. f. est emprunté au dérivé
latin innocenti amours irréprochables, vertw,
cnon-culpabilités. 0 Les emplois du mot recouvrent
INNOCENT, ENTE adj. et n. est emprunté ceux de l’adjectif. Il est d’abord employé (v. 1120)
(10801au latin innocent, -enti <<qui ne fait pas de pour désigner l’état d’une personne qui ne commet
mal, inoffensif>, en parlant de choses, et à propos pas le mal volontairement, puis qui n’est pas cou-
de personnes “qui ne nuit pas, irrkprochablen, “qui pable dans un cas donné 11309, ignmance). L’inno-
n’est pas coupablem; le mot est formé de in- cence désigne par métonymie (16361les innocents,
C+ 0 in-) et de nocens, -entEs, participe présent de un innocent. Dans la religion chrétienne, le mot dé-
nocere afaire du mal, causer du tortn I+ nuire), lui- signe l’état de l’homme purifié par le baptême
meme de n43x, ne& <mort Itiolente)n, qui se rat- (v. 1318; rare av. 1656, Pascal). Dans l’usage cou-
tache à une racine indoeuropéenne “nok- comme
rant, innocence désigne l’état de qqn qui ignore le
le grec nekos (-, nécrose).
mal (1546,Rabelais) et de qqn qui ne nuit pas 115971.
+ Comme le latin chrétien hmcentes, le mot dé- Ce dernier sens a vieilli. *Innocence, d’après in-
signe d’abord au pluriel (10803 les enfants en bas nocent, Sign%e aussi antiveté excessive, (1611) et
âge qui furent mis à mort sur l’ordre d’Hérode; en Ggnorance des choses sexuellesm (1612), mais in-
ce sens le mot reste surtout dans massacre des ti- nocence pour wirginité~ (1721, ravir Z’innocencel est
nocents et dans des noms de lieux. oDe là in- sorti d’usage.
nocent s’est dit pour &ès jeune enfant» (v. 11651.
*Depuis la première moitié du XII~ s., l’adjectif INNOCUITÉ n. f. a été dérivé savamment
qutie, avec la valeur initiale du latin, ceux qui (1806; 1783,d’après Bloch et Wartburg) par sufka-
n’ont pas fait le mal sciemment, puis (v. 1300, tion du latin innocuw “qui n’est pas nuisible*, “qui
ignocent) qui ne sont pas coupables. Lié à l’idée ne fait pas de mal>, formé de in- I+ 0 in-l et de KO
d’4gnorancen, le mot signtie (mil. XIVes.3“qui a une cere, d’abord @causer la mort den puis dans la
naïveté trop grandem et “qui n’est pas au courant de langue courante *causer du torts (+ nuire).
qqch.B, d’où le sens de 4mple d’espritn Iv. 14303qui + Innocuité, reprenant le sens de l’étymon, désigne
a vieilli, sauf dans quelques contextes fl’innocent du la qualité de ce qui n’est pas nuisible, notamment
vidage, ce pauvre innocertt de X...l. Le proverbe aux en médecine. On relève chez Claude Bernard
innocents les mains pleines traduit le latin fortuna (18781l’emploi rare pour aqualité (d’un être) qui se
fuvet stuhis et la locution faire hnocent ( 17321cor- défend parfaitement contre (des choses nuisibles)n ;
respond à cfaire semblant de ne pas savoir qqch.B. cet emploi est peut-être issu d’un autre sens du la-
0 A la fm du x19 s., innocent reprend le sens latin tin innocuus “qui n’a subi aucun dommagen (relevé
de *qui ne nuit à personnen, aujourd’hui littérale. chez Virgile). Le mot véhicule déjà la notion de ré-
L’expression donner les Innocents (XVI~s.1 adonner flexe immunitake.
le fouet, par jeu, aux jeunes fUes restées au lit le @ Voir INNOCENT. NUIRE.
matin de la fête des saints Innocentsn désignait un
rite qui prolonge sans doute celui des Lupercales INNOVER v. est emprunté (1315, tr.) au latin
romaines, où les prêtres-loups frappaient d’un classique innovare <revenir & et en bas latin «re-
fouet les femmes qu’ils rencontraient afm de les nouvelersp, formé de in- (-, 0 in-) et de rwvare are-
rendre fécondes; dans la culture chrétienne, ce nouvelera, &ventern, NchangerB, dérivé de nûvus
geste de fécondation rituelle a pu s’interpréter I+ nouveau).
comme un moyen symbolique de remplacer les en- + D’abord attesté dans un contexte juridique avec
fants massacrés; puis l’expression a pris dès le le sens d’Gntroduire Iqqch. de nouveau) dans une
XVI~s. un sens libertin. *Au XVII~s., innocent a reçu chose établiep, le verbe n’est employé qu’au XVI~s.
la valeur chrétienne de adans l’état de pureté en emploi intransitif 11541,Calvin) où il est devenu
d’avant le péché originelm (Bossuet, 16561;c’est la usuel pour afaire preuve d’inventivité, créer des
conception chrétienne du péché qui explique la va- choses nouvelles, en relation avec innovation.
leur particuliére d’aignorant des choses sexuellesti b INNOVATEUR, TRICE n. et adj. est dérivé 11483)
11662, Molière) ; on retrouve cet emploi dans la se- du radical du verbe ou emprunté au bas latin inno-
conde moitié du xwe s., dans robe à Z’innocente (ou vator, du supin de innware. +INNOVATION n. f.
innocente n. f-1, désignant une robe flottante sans est emprunté 11297, innovucionl au bas latin inno-
ceinture, que MYe deMontespan mit à la mode vati =Changement, renouvellement,, formé sur le
pour dissimuler ses grossesses. Jeux innocents s’est supin invtwutum. ~D’abord employé au moyen
dit de jeux de société dénués de tout caractère âge comme terme juridique (12971, synonyme de
équivoque, où l’on donnait des gages (1834, Lan- novution, le mot se dit à partir du XVIes. (1559,
dais); par antiphrase, l’expression désigne au- Amy&) de l’action d’innover; il prend ensuite par
jourd’hui des jeux qui sont le prétexte à des privau- métonymie le sens courant Cxv~#s.1 de *chose nou-
tés sexuelles. velles (cf. nouveauté, création) et s’applique spécia-
DE LA LANGUE FRANÇAISE IN PETTO

lement au domaine de l’industrie et des tiaires. CV. 1250, enonderl, au figuré, et en parlant des eaux
Cet emploi [une, des ti&u& est aujourd’hui le qui débordent ou aJ?luent Cv.12651, 0 Par analogie,
plus courant. il s’emploie à propos des pleurs (1554) et du sang
0 voir NOUVEAU. ( 16531. 0 En parlant de personnes ou de choses, il
Sign%e au figuré cenvahirn (1653). oDu p. p., est
IN-OCTAVO adj. inv. et n. m. reprend Ir529) tiré I’adjectif~~oNDE, EE qui se dit des lieux, des
une locution latine signifkt *en huitièmen, compo- bâtiments et des personnes, d’où l’emploi comme
sée de in- I+ 0 in-) et de octwo, ablatif de octaws nom Idep. 1840).
qhuitiémes, dérivé de octo ahuit**. b INONDABLE adj. est attesté tardivement (1874).
+ Le mot qualiCe le format d’un livre dont la feuille ~INONDATION n. f., emprunt au d&ivé latin
d’impression, pliée en huit feuillets, forme seize inundati Kinondation, débordementfi, s’emploie
pages (par abréviation in-8”). d’abord à propos du déluge Cv.1275, la gmnt inun-
F On rencontre le dérivé plaisant IN-OCTAVIQUE dacionl. La forme moderne et le sens courant sont
adj. chez Ramuz. attestés au x19 s. (1374). =aPar analogie, le mot est
devenu un terme médical 115591. Il s’emploie au fi-
INOCULER v. tr. est un emprunt Il7231 à l’an- guré, en parlant de personnes ou de choses (15791,
glais to inoculate, d’abord mot d’horticulture agref- spécialement 61 XIX~~,) pour désigner un ~&IX
fer en ecusson (en insérant un bourgeon ou œil))) massif (de biens, de produits). Il se dit par exagéra-
(xv” s.), puis signiCant &xnsmettre artificiellement tion ID? s.1 pour «eau qui se repand en grande
la variole à un sujet sain pour le rendre résistant à quantitém.
cette maladieti 11722) ; le verbe anglais est em-
prunté au latin imculare ~greffer~, formé de in- INOPÉRANT 4 OPÉRER
I+ 0 in-l et de oculus Kœil*n, puis aobjet en forme
d’œiln, en particulier #bourgeona. Le sens latin a INOPINÉ, ÉE adj. est emprunté (1488; XIV~ s.,
vécu en anglais et dans l’emploi initial du français d’après Bloch et Wartburg) au latin inopinatus
inoculation (ci-dessous). <<qu’on n’aurait pas cru=, titiattendu-, composé de
in- (-, 0 in-) et de opinatus, participe passé de opi-
+ Le verbe conserve le sens de l’anglais, d’abord en
nari Navoirs ou aémettre une opinionfi I-+ opiner).
parlant de la variole (XVIII~s., imculer qqn, vieilli),
puis des germes d’autres maladies. Par métaphore + L’adjectif, d’usage littéraire, a conservé le sens du
1I+ï’?‘l, Helvétius) il signi& atransmettre (un senti- latin “qui arrive sans &r-e prévu ou attendu*.
ment, une idée)». b En dérive INOPINÉMENT adv. (14881, également
F INOCULATEUR, TRICE adj. et n. désignait au- littéraire.
trefois qqn qui pratiquait I’inocuIation de la variole
( 1752) et un partisan de l’inocuiation ( 1763) ; en ce INOUii + OUÏR
sens on trouve aussi inoculiste (17711. L’adjectif
s’applique (18453 à ce qui sert à inoculer ou inocule INOXYDABLE + OXYDE
qqch. +Le dérivé INOCULABLE est d’abord un
nom 117593 désiguant un sujet soumis à l’inocula- IN PACE ou IN-PACE n. m. inv. tient (14401
tion, puis un adjectif ( 1858). 0 Il a fourni le terme di- de l’expression latine Ivudel in puce &a) en paix>>,
dactique INoCULABILITti XI. f. (1858). + INO- prononcée en refermant le cachot sur le prison-
CULATION n. f. a d’abord été emprunté (1580) au nier, et employant le mot pue.
latin inoculati agref?e en écussonn, du supin de + Le mot, d’abord dans l’expression mettre in pace,
inoculare. Il en a conservé le sens, rare dès le désigne (16901 un cachot où l’on enfermait à perpé-
~VIII~siècle; le mot est aussi attesté au XVII~s. au tuité certains coupables scandaleux, dans un éta-
sens de 4ransfusion» (1667). 0 Le sens moderne blissement religieux. Le mot est employé, notam-
(1723, pour la variole) vient de l’anglais inoculation ment par les écrivains romantiques, comme
(de to inoculatel, emprunté en même temps que le s~~~~~bolede l’arbitrdre et de la cmauté de la justice
verbe. Le mot s’emploie aussi métaphoriquement religieuse (Inquisition, etc.).
(1793). 4 INOCULUM n. m., terme de biologie signi-
fiant Nsubstance inoculée*, a été dérivé Cmil. ti s.) IN PARTIBUS lot. adj. représente une abré-
du verbe latin. viation ( 1703) de in partibus infldelium Ndans les ré-
gions des infIdèles*, terme de droit canonique créé
INOFFENSIF + OFFENSE dans le latin moderne de l’Église, de purs, purtis
flrégiom c+ partl
INONDER v. tr., d’abord enonder Cv.11201, est 4 Dans le vocabulaire de l’Église, in purtibus se di-
emprunté au latin inundare <deborder, submer- sait d’un évêque titulaire d’un diocèse situé dans
gep, formé de in- marquant le mouvement vers un pays non chrétien, donc sans clergé ni fidèles, et
(+ 0 ir-1 et de undme *rouler des vagues, se soule- qui remplissait des fonctions d’auxiliaire auprès
vep, dérivé de undu i-+ onde). En fknçais les d’un évêque résidentiel. Par analogie, dans un em-
formes en i- (1420) se gén&aJisent au xv” siècle. ploi didactique ou ironique, la locution s’emploie
4 Le verbe, d’abord intransitif, si@e adébordep, pour asans fonction I-éetieB (chez Hugo, 18661.
puis est employé au XIIIes. au figuré avec un sujet
nom de personne au sens d’&Iluer en grand IN PETTO ~OC.adv. ( 1674, La Fontaine), d’abord
nombrea. En emploi transitif, il Sign%e crecouti) en latin in petto (16571, est emprunté à la locution
INPUT 1842 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

italienne uvere in petto atenir cachée une décision blissement «s’enquérir de, s’occuper de conntitrep
déjà prisem ~VII~ s.), proprement <avoir dans le (1677, We de Sévigné). Des premiers emplois vient
CœuT, l’espritm. Petto est issu du latin pectu,s epoi- le sens de apoursuivre (qqn), menacer d’une sanc-
trine, cœm, asiège de l’intelligence et de la pen- tionp, surtout au passif. -INQUIÉTANT, ANTE adj.
séea, de la famille de pectere, pexus I+ expectorer, est attesté en 1714 ; il a pris la valeur affaiblie
pis). d’aétrange et peut-&re dangereux-. 4 INQUI&
$ In petto s’est employé à propos de cardinaux non TEUR, EUSE n. (1611; 1285, inquiteorl n’est guère
proclamés, en parlant d’une décision pontifkale. vivant. On le trouve cependant chez Gide. ~IN-
La locution moderne signik adans le secret du QUIÉTUDE n. f. est un emprunt (1447) au dérivé
cœur*. bas latin inquîetudo «agitation= et spécialement
uvexationn, <(ennui)), aabsence de repos moral, an-
INPUT n. m. est un emprunt (1953) à l’anglais in- xiétén dans le vocabulaire chrétien. On relève aussi
put, dérivé de to input -mettre dedans*, de in- une forme altérée et isolée, enquetume Iv. 1230).
*da;ns, dedans) et de to put <mettre> ; le mot anglais Q Inquiétude, avec l’idée de amouvement>, d’Gnsta-
a d’abord signifié acontribution monétaire)) kwe s.) bilitém, signifie d’abord amanque de reposm (sens
puis au XIX~s. *entréen (d’un mécanisme, d’un pro- sorti d’usage), puis Gtat d’agitation d’un esprit in-
cessusl. Il s’oppose à output +.ortie~ satisfaitn 115301.Il est ensuite employé dans le do-
4 Input est passé en français dans l’emploi spécia- maine moral (15801, désignant un état pénible pro-
lisé qu’il a pris en anglais, au milieu du XIX~s., pour voqué par l’attente,, la crainte de qqch., sens
désigner l’entrée des données dans un systéme in- aujourd’hui courant. A la ti du xwe s., il s’emploie
formatique; il s’emploie par extension dans le vo- spécialement, avec la première valeur, pour dé-
cabulaire de la psychologie, en parlant de l’entrée signer une agitation du corps (av. 15901,d’où des in-
des udonnées» dans un organisme vivant. Output quiétudes (av. 1685) apetites douleurs des membres
est également usité au sens de *produit de sortien. qui provoquent une espèce d’impatiences ; ces sens
ont disparu, mais la locution figw%e avoir des in-
IN-QUARTO adj- inv. et n. m. reprend (1529) quiétudes dam les jambes (1878) uavoir envie de
une locution latine Sign%ant aen quartn, composé donner des coups à qqn» s’est employée ti XIX~-
de in- Nen, dansn et de quarto, ablatif de quartus début XX~siècle. Dans l’emploi philosophique et
<quatrième> et ~quart~, dérivé de quattuor moral, le mot, lié à l’idée d’&stabilité=, conserve
I+ quatre). jusqu’au xrxe s. un sens péjoratif; la valeur favorable
vient du fait que l’idée de McrainteD domine au-
+ En imprimerie, le mot se dit en parlant du format jourd’hui.
d’un livre dont la feuille d’impression, pliée en
quatre feuilles, forme huit pages Ipar abréviation INQUISITEUR, TRICE n. m. et adj. est em-
in-4”). Comme les autres locutions de ce type, il est prunté (1294, n. m.1 au latin inquisitor *celui qui
aussi substantivé 0704, un in-quatio). examine, recherche>, cenquêtew qui désigne un
magistrat chargé de la police religieuse en latin
INQUIET, ÈTE adj. est un emprunt savant médiéval (1233). Le mot est formé SIX inquisitum,
(1588, impiete au masculin; puis 15961 au latin in- supin de inqutrere xfaire une enquête, (-+ enquérir),
quietus atroublé, agit& et au figuré “qui s’agite ; qui verbe composé de in- et de quuerere, quuesitw
n’a pas de repos, turbulentm, formé de in- I+ 0 in-) <chercher, rechercher=, «demander* I+ quérir).
et de quietus, dérivé de quies weposm I-, coi ; quiet). 4Inquisiteur est d’abord relevé au sens de ajuge,
4 L’adjectif conserve le sens figuré du latin. Depuis enquêteurs, comme terme de droit; le mot se spé-
le XVII~s., il s’applique aussi 11662) à ce qui dénote cialise ensuite et inqukiteur (de la foi1 ( 1321) dé-
l’inquiétude (ceil inquiet) et se dit d’une personne signe un juge de l’Inquisition*. Au XVII~ s. 117481,in-
qui n’est pas satisfaite de sa situation (1669, Bos- quisiteurs d’lhpugw et de Portugal concerne la
suet), sens vieilli d’où procède avec une valeur po- même institution, alors que Inquisiteurs d’Etut à
sitive l’idée de personne tourmentée par une exi- Venise dénomme les magistrats de le République
gence morale ou intellectuelle Ixvrr” s.l. Avec l’idée de Venise chargés de la police secrète, d’après
d’<<agitationn, l’adjectif s’applique au sommeil l’italien de même origine inquisitore <magistrat vé-
(16711.0 Au sens de cqui remue sans cesseB (16781, nitien ou génois chargé du maintien de l’ordre pu-
il a qutié les personnes. Il ne s’emploie que litté- blicn kvre s.l. 0 Le mot a été repris au XVI~s. avec le
rairement à propos de choses. sens de apersonne qui fait des recherches, des
b INQUIÉTEMENT adv. (1611) <<de manière in- études minutieuses» (1562, Rabelais), sens sorti
quiète> est très rare. -INQUIÉTER v. tr., emprunt d’usage en emploi substantif mais maintenu
Iv. 11701au dérivé latin inquietare cagiter, troublern, comme adjectif (18421, notamment pour qutier
s’emploie d’abord au sens concret de atroubler la un œil, un regard (cf. scrutateur).
tranquillité, tourmenter=, d’où spécialement en b INQUISITION n. f. est emprunté Iv. 1175) au dé-
droit ancien (14791 atroubler qqn dans la possession rivé latin inquisitio *recherche, enquête> à l’époque
de qqch.m, puis (1611) ~harceler~ et ‘causer du tra- classique et ainterrogatoire de témoins, poursuite,
cas à qqw ; ces emplois ont vieilli. * inquGter s’em- proc& en latin médiéval, spécialement, menquête
ploie ensuite dans le domaine moral (16451 pour concernant la foiti (1223). 0 Son cheminement sé-
*troubler en suscitant un sentiment d’inquiétude9, mantique est paralléle à celui d’inquisiteur, signi-
d’où s’inquiéter au sens de «manifester de l’inquié- fiant d’abord <enquête, recherche, Iv. 11751,inquisi-
tude (au sujet de qqn, qqch.l* (1662) et par afki- tion se dit ensuite (12651 d’une enquête concernant
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1843 INSECTE

la foi, d’où Tribunal ck l’lnquzkition et, absolument, INSCRIRE v. tr. reprend (1482, s’insctipre, ins-
l’lnqui&ion pour désigner la juridiction instituée criprel, par francisation d’après écrire*, un emprunt
par le pape Grégoire Ix qui réprima, dans toute la du XIII~s., ensctire, au latin inscribere &rire SUTY
chrétienté, les crimes qua%& d’hérésie et de SOT- «mettre une inscription àa, formé de in- (+ 0 in-1 et
cellerie; par métonymie, inquisition désigne les de sctiere I+ écrire).
membres de ce tribunal IEa Saintehquisitionl. +Le verbe, rare jusqu’au XVI”~., apparaît avec le
L’emploi du mot par analogie, avec une valeur pé- sens d’&crire qqch. (dans un livre, sur une liste)
jorative, est attesté au XWI~s. 11686, Bayle). +Le dé- pour transmettre l’information, en conserver le
rivé INQUISITIONNER V. tr. (1843,Proudhon) est souveti~ (XIII~s.1, d’où spécialement les sens de
rare. +À des dérivés du latin inquirere ont été em- «noter des noms sur un regîstren (1482 ; 1636, pron.)
pruntés trois adjectifs. 0 INQUISITIF, IVE adj. Km et &crire, graver (sur la pierre, etc.)>) (1611). 0 En
XIV~s.1est pris au bas latin inquisitivus. 0 INQUISI- droit, s’inscrire en faux ou à faux li6111 Sign%e
TORIAL, ALE, AUX adj. est LUIdérivé savant (15161 ({s’inscrire en vue d’établir la fausseté d’une pièce=,
du latin médiéval inquisitorius «qui interroge)>, <<en- d’oti au figuré s’hscrke en faux contre qqch. ~lti
quêten (12931, ou dérivé de inqukiteur. Il est didac- opposer un démentin (XV$ s.l. 0 Le verbe s’emploie
tique au sens historique, et littéraire au sens analo- aussi en mathématiques (1647,Descartes) au sells
gique de <digne d’un inquisiteurm 11570; repris en de Ntracer dans l’intérieur d’une figure une autre fi-
17551. 0 INQUISITOIRE adj. semble emprunté gure)). Par figure, insctire s’emploie au sens de <cpla-
115873 au latin médiéval tnquisitotius, et s’emploie ter, insérer dans un cadre plus général», plus cou-
en droit pénal Iprocédure inqutiitoirel. rant au pronominal.
0 Voir ENQUÊTE.
b INSCRIT, ITE adj. et n. a Sign%é «marqué d’une
INRACONTABLE + CONTER inscription- I15321,d.ditu% (1541); l’adjectif s’ap-
plique à une personne (18351 dont le nom figure sur
INSANE adj. représente un emprunt ( 1784) à une liste ou qui est engagée dans une organisation
l’angks insaw aqui n’est pas sain mentalement, (dkputé non inscrit1. Inscrit ou inscrit maritime dé-
fou» kvre s.1, lui-même emprunté au latin insanus signe (1864) un marin immatriculé sur les registres
Kmalsain, malade>, surtout usité pour «qui n’est pas de lkscription maritime. oEn parlant d’une fi-
sain d’esprit» ; l’adjectif latin est composé de in- gure géométrique, inscrit Sign%e &~lus= (dans une
C+ 0 in-) et de sanus (+ sa,in3. autre figure), par opposition au préfixé EXINS-
+Insane, d’emploi littérake, a conservé son sens CRIT, ITE adj. (18771, d’emploi didactique.
étymologique mais seulement en parlant de choses INSCRIPTION n. f. est un empwt (1444, inscrip-
ou d’actions ; il s’emploie plus couramment par ex- ch) au dérivé latin insctiptio Naction d’inscrire
tension pour qualifier ce qui est sans intérêt surs, kwcription~. Le mot s’est dit d’abord en droit
(cf. inepte). oll est aussi substantivé. du fait de s’inscrire comme partie dans un procès
(encore au x~‘s.1. Il a sign3é ensuite <<titre d’un
k INSANITÉ n. f. est également un emprunt (1784)
dossierm 114801, *texte écrit ou gravé» 115091,d’où le
h l’anglais insanity cfoliev kwe s.1, lui-même em-
sens <<ensemble de caractères kits ou gravés>. En
prunté au latin insanitas (dérivé de insunus), moins
droit, inscription de faux, ;i faux est attesté dès
courut que son équivalent insania Ce dernier est
1585. oInscription se dit ensuite de l’action d’ins-
à l’origine du français hsanie <foliea (v. 15101, em-
crire, de s’inscrire ( 16151,spécialement en géomé-
prunt disparu. ~Insanité se répand au début du
trie (1690) et en parlant d’un étudiant dans une fa-
XIX~ s., notamment au sens métonymique (une, des
culté (1721, Trévoux). Le mot désigne enfm (1690)
insanités1 de «parole ou action insensée, dénuée de
une brève indication destinée à informer le public.
bon sens» (1832). Il est plus courant que l’adjectif in-
sane.
Le préhé RÉINSCRIRE v. tr. (1876) a donné
RÉINSCRXPTION n. f. (1877). +Du supin insctip-
INSATIABLE adj. est emprunté (v. 1310, insa- tum ont été dérivés ZNSCRIPTIBLE adj. (1691) en
ciuble) au latin insatiabilis “qui ne peut être rassa- géométrie, et INSCEtIPTEUR, TRICE adj. et n. m.
siém, dérivé par préfixation (-+ 0 in-1 de satiare <(sa- (18111, terme rare.
tisfaire, rassasiexh, lui-même dérivé de sa& adv.
(b assez). INSCULPER v. tr., atteste isolément au xve s.
4 Reprenant la valeur de l’étymon, l’adjectif s’ap-
(1497) et repris au début du XIX” s. (1819, Boiste), re-
présente un emprunt au latin insculpere Ktailler,
plique & ce qui n’est jamais satisfait ou comblé,
sculpter dans>>, composé de in- I-t 0 in-1 et de
dans le domaine abstrait Iv. 1310, avarice insu-
sculpere (--+sculpter3 qui a remplacé en ce sens la
ciable; 1483,un Curtelinsatiable n.) ou concret koi[
forme plus ancienne scalpere &iller, graver>> et
faim insatiablel.
<4culpter».
b Le dérivé INSATIABLEMENT adv. (1450, insaciu-
$ Ce verbe didactique sime en orfèvrerie &ap-
blement) est littéraire. + INSATIABILITÉ n. f., em-
per, marquer d’un poinçon destiné au contrôle des
prunté Il 5441 au dérivé bas latin insatiabilitas, s’est
objets en métal précieuxn.
substitué au moyen franqais insatiablete ( 15761,dé-
rivé de insatiable, mais est demeuré didactique et ,En dérive Ie terme technique INSCULPATION
m-e. n. f. 0813).
@ voir SATiÉTÉ.
INSECTE n. m. est un emprunt savant (1553) au
INSATISFACTION --, SATISFAIRE latin insecta, pluriel neutre substantivé de insecte,
IN-SEIZE 1844 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

participe passe de insecare «couper, disséquep, dérive INSÉMINATEUR, TRICE adj. et n. (1950,
composé de in- (3 0 in-1 et de secare, sectus «cou- n. m.1.
pep (+ section) ; le latin insecta représente un cal-
que du grec entama !~@XI, littéralement 4bêtes) INSENSÉ + Ql SENS
coupées>>, ainsi nommées à cause des formes
étranglées de leur corps C+ entomo-1.
INS&RER v. tr. est emprunté (13631 au latin in-
serere, insetius Gntroduîren, aintercaler* et aussi
+ Insecte, reprenant d’abord la valeur de l’étymon egreffep, peut-être par confusion avec l’homonyme
grec, s’est employé pour désigner un petit animal iwerere issu de serere, sutus asemer, planter,. Le
invertébré dont le corps est divisé par étrangle- verbe latin est formé de in- locatif et de serere, ser-
ments ou par anneaux; au XVII~s., on appelait in- tus Tresser, entrelacern et 4ier ensemble, enchaî-
sectes les animaux qui, pensait-on, vivent encore nerm.
après qu’on les a coupés (le serpent par exemple)
+ Insérer est d’abord employé avec l’idée de *faire
et ceux dont le corps était, ou bien divisé en an-
entrer un élément dans un ensembleH, précisé-
neaux (vers, arthropodes) ou bien apparemment
ment au sens d’&ttroduire un texte (clause, article,
inorganisé (huîtres, mollusques en général). oLa
phrase) dans un autre>>, d’où les emplois dans le do-
notion moderne se construit progressivement,
maine juridique, en parlant d’outrages de l’esprit,
avec l’évolution de la zoologie Cxvrlr”-déb. XIX~ s.l. lut-
et dans le domaine de l’édition avec le (ou lu1 prière
secte désigne aujourd’hui un petit animal inverté-
d’insérer <notice sur un livre et son autew). 0 Au
bré à six pattes, souvent ailé, et subissant des méta-
XVI~s,, le mot est employé, d’abord au participe
morphoses. L’usage courant du mot inclut les
passé adjectivé (15411, en parlant d’une personne
arachnides et les myriapodes, alors qu’en zoologie,
au sens d’Gntégrer dans un ensemble3, aujourd’hui
la classe des insectes exclut ces arthropodes. 0 À
courant au pronominal, s’insérer dam... Puis appa-
la ~III du xwe s., insecte est employé (av. 1696) par fi-
raissent des emplois spéciaux, avec l’idée de &xa-
gure du premier sens, pour désigner un être vil;
tionn : en anatomie (1562, s’insérer, Paré) <être atta-
cet emploi, analogue à celui de ver Cdeterrel, est de-
ché sur> (en parknt des muscles), puis (15991
venu archtique.
Ngreffern sens du verbe latin, en botanique et en
w À partir de insecte ont été composés : INSECTI- chirurgie (cf. implanter). Depuis le XVII~s., insérer se
VORE (1764, adj. ; 1805, Cuvier, n. m. pl.), terme de dit pour Gntroduire, ajouter (un feuillet dans un
zoologie qutiant des oiseaux. +INSECTOLOGIE livrelB (1636). Le verbe s’emploie aussi sans idée
n. f. 11771, Trévouxl, didactique, est plus rare que d’incorporation, pour <mettre, glisser dans)}.
entomologie. 4 INSECTICIDE (1838, adj. ; 1858,
wDu verbe dérivent INSÉRABLE adj. ( 1838) *qui
n. m.) est couramment employé en parlant de pro-
peut être inséré» et RÉINSÉRER v. tr. 11846).
duits qui détruisent les insectes et d’autres inverté-
INSERTION n. f. est emprunté En XIV~s.) au bas la-
brk. + INSECTARIUM n. m. (1922; suExe latin tin insetio Gnsetiion (dans un écr&I~, @greffes,
-ariuml est rare pour désigner ie lieu où l’on pré- formé sur insertum, supin de iwerere. 0 Le déve-
sente une collection d’insectes vîvads. + INSECTI-
loppement sémantique du nom est parallèle à celui
FUGE adj. et n. m. (v. 1930; de -tige1 est encore du verbe. D’abord employé en botanique Bn XIV s. ;
plus rare. rare avant 16901, il se dit aussi (1535, incetin) en
parlant d’un texke, spécialement en droit. L’emploi
IN-SEIZE + SEIZE
concret en anatomie est relevé chez A. Paré (1562).
0 Au xrxes., apparaît un premier emploi figuré
INSÉMINATION n.f. est un dérivé savant
11851; insertion d’une vie hnîmdel sur une autre
( 16941de inseminatum, supin du latin impérial inse-
Iorganiquel); le nom s’emploie 11932, Bergsonl en
minare asemer dans, répandre dans, féconderB,
parlant de personnes, au sens d%ntégration dans
formé de in- locatif et du verbe latin classique semi-
un groupeB Cinsetin sociule1. 0 De cet emploi
nare (4 semer, séminaire); le verbe dérive de se-
vient le syntagme institutionnel (France) Revenu
men, seminis asemence)), lui-même dérivé de se-
minimum d’insertion, abrégé en R.M.I. n. m. (1988)
rere, satus asemern et eplantern, qui se rattache à la
arevenu garanti aux personnes démuniesn. La no-
racine indoeuropéenne “se- «semer’).
tion d’insertion peut s’opposer à celle d’exclusion.
+Insémination apparaît d’abord pour désigner un +Le préfixé RÉINSERTION n. f., apparu récem-
procédé thérapeutique ancien destiné à obtenir la ment Cv.19601, est courant avec cette valeur.
guérison d’un malade en semant et en faisant INSERT n. m, est un emprunt (1946) d l’angks in-
pousser dans de la terre une plante imprégnée de sert, dérivé de to insert hi-même emprunté au la-
matières morbides produites par cette maladie. tin irzsererel, d’abord terme de typographie (1893,
0 Le mot, disparu dans cet emploi, a été repris au Gnsetiion [dans une épreuve], ; 1907, «encartnI, puis
XX~ s. pour désigner (av. 19311 le procédé qui de cinéma Cl9161 au sens de <très gros phn bref,
consiste a féconder artikiellement une femelle souvent Cxe, introduit entre deux plans ordi-
animale; insémination adfftiefle, terme de zoo- naires*. Le mot est emprunté dans ce sens et em-
technie d’usage courant Il 9361, se dit aussi des ployé, par extension, dans les domaines de la radio,
êtres humains. de la télévision et de la publicité. 0 Insert s’emploie
F sur le latin classique semen a été formé INSÉ- aussi W s-1pour désigner une pièce insérée dans
MINÉ, ÉEadj. (1897; de @ in-), terme de botanique. un moule avant injection (en anglais, 19131.0 hseti
- INSÉMINER v. tr., emprunté (1931) au latin inse- désigne aussi Cv.1980) un appareil de chauffage in-
minare, s’emploie en biologie et couramment; en séré dans une cheminée et conçu pour fonctionner
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1845 INSIPIDE

au bois, par convection naturelle ou à l’aide d’une ancien pour Kpublier, notifier, faire connaitre (LUI
sotierie électrique, acteIn puis ~enregistrer~~ ( 1368). c=insinuer est aussi
relevé avec le sens figuré, qui existe en latin, de
INSIDIEUX, EUSE adj. est un emprunt sa- afake penétrer adroitement dans l’espritm 11359)
vant (1420) au latin insidiosus *qui dresse des em- d’où, par extension ( 14801, <donner à entendre
bfiches, petidem et aplein d’embûchesn, dérivé de Iqqch.) sans le dire expressément,; seule cette ac-
insidiae afait de s’établir à un endroitx, d’où Nem- ception reste vivante. -3 S’insinuer a en outre repris
buscade>> et par extension cpetidie, ruse>. Iwidiae le sens latin de &ntroduire insensiblementti, en
d&ive de iptstire &re assis (quelque part)~ d’où parlant de personnes (1541, s’iwinuer à gqnl, litté-
*être établi, tién, (au physique et au moral), verbe raire avec un sujet abstrait et sorti d’usage dans le
formé de in- II+ 0 in-1 et de sedere *être assis, sié- domaine concret où il est attesté depuis 1580.
gen (+ seoir). 0 L’emploi transitif au sens de afaire pénétrer dou-
+L’adjectif, littéraire, reprend la valeur de l’éty- cement (qqch. dans qqch., dans un lieuIn 11660) est
mon, apetidem, une première fois en 1420 &mktiz vieilli ou d’usage littéraire, comme l’emploi prono-
insidieux~, mais il reste peu usité jusqu’au xwe s., minal (1690) pour &ntroduire en se faut&&.
où il est noté «nouveaw dans Vaugelas (16471. De- b INSINUATIF, IVE adj., attesté isolément 11624)
puis le XVIII~s., il qualifie une maladie qui se déve- dans une traduction de Bacon, pour qutier la rai-
loppe progressivement (1765) et aussi une per- son qui pénétre facilement, est repris plaisannnent
sonne qui dresse des embûches (1785, au sens concret par Molière (1673, clystère iminua-
Beaumarchais). tif) qui l’attribue au jargon médical. 0 Le mot est
b Le dérivé INSIDIEUSEMENT adv. 11549) est litté- employé comme substantif 11732) dans un contexte
raire. religieux pour désigner un présent qui permet
d’entrer dans les bonnes grâces de qqn. A nouveau
0 INSIGNE adj. est un emprunt savant (15001 attesté comme adjectif en 1801, il est sorti d’usage.
au latin insignis, -e distingué par une marque par 4 INSINUANT, ANTE adj. se dit en parlant de per-
tictièrep, employé en bonne comme en mauvaise sonnes et de choses intellectuelles (1662, esprit insi-
part, plus souvent avec le sens laudatif de adîstin- nuant) ; il s’employait aussi dans la langue classique
gués; l’adjectif est for& de in- (+ 0 in-1 et de si- (1677) à propos de choses concrètes. -INSI-
gnum <<marque distinctives I+ signe). NUEUX, EUSE adj., littéraire et rare 118461 en par-
lant de personnes, dérive duverbe d’après sinueux.
$1nsi@ze, reprenant la valeur positive du latin, si-
INSINUATION n. f. est emprunté au dérivé latin
gnifie d’abord *remarquable, notableD (1500) ; le mot
classique insinuatio aexorde insinuant,, terme de
est employé par ironie ou péjorativement (1546,
rhétorique, qui désigne en bas latin l’action de faire
Rabelais) en parlant de qqch. de condamnable ou
pénétrer dans l’esprit, de persuader et, spéciale-
de regrettable haladresse insignel.
ment dans la langue juridique, un rapport, une no-
0 INSIGNE n. m. est emprunté (1484) au latin tfication. En bas latin, insinuutio, d’après la valeur
propre de sinus, Sign%ait aussi caction de pénétrer
insignia, pluriel de insigne, -is, substantif neutre,
dans un endroit sinueux}), en parlant de la mer et
Kemblème d’une fonction, d’une dignité, d’un
gradem I+ enseigne), composé de in- et de sigwm
insinuation est attesté isolément au xve s. pour aan-
fkactuosité de la côte>). + Attesté au début du xwe s.
I-+ signe).
en droit ( 13191, le mot -français a été repris au début
+ Le mot, d’abord attesté au pluriel avec le sens du du WI? s. comme terme de rhétorique (16061, puis
latin, est rare avant le XIX@siécle; on le trouve en pour Nation de s’introduire (dans les bonnes
1804, à propos du couronnement de Napoléon, puis grhes de qqnb (1636) ; ces sens ont disparu, comme
en 1821. Ce sens est aujourd’hui historique, oLa l’emploi concret (av. 1704). 0 Depuis la seconde
valeur moderne (1909, chez Pierre Hamp3, au sin- moitié du XVII~ s., le mot désigne (av. 1679, Retz) la
gulier, concerne un signe distinctif porté par les manière adroite de faire entendre qqch. sans l’affw-
membres d’un groupe. mer ouvertement et, plus couramment, par méto-
@’ Voir ENSEIGNE, 0 INSIGNF,.
nymie C174O)la chose que l’on donne à entendre
(une, des insinuations).
INSIGNIFIANT - SIGNIFIER
INSIPIDE adj. est un emprunt savant (1534) au
INSINUER v. tr. est un emprunt savant (1336) bas latin insipides afade, sans goût» (au propre et au
au latin classique insinuure œfaire pénétrer dans figuré), formé de in- I+ 0 in-1 et du latin impérial
l’intérieur des, Gntroduire» au propre, et au figuré sapidus aqui a du goûtm, et au figuré *qui a du juge-
apénétrer, faire pénétrer dans la faveur de qqn,. Il ment, sage, vertueux- : l’adjectif dérive du latin
est surtout employé au réfléchi (se insinuarel et ab- classique supere <<avoir de la savewj et au figuré
solument. Le verbe a pris à basse époque les sens aavoir du goût, du discernement=, «être sagemI+ sa-
spéciaux et juridiques de cdéclarer, notiCer, faire veur).
conntitrem. Insinuure est formé de in- locatif et de + L’adjectif est d’abord relevé avec le sens propre
sinus acourbure, pli», en particulier “pli que forme du latin (15341 appliqué à une saveur. 11demeure
un vêtement et dans lequel les mères portaient dans l’usage courant appliqué à un aliment, sens
leurs enfantss, d’où agironD C+ sein). qui semble appartitre dans la seconde moitié du
4 Le verbe appardt au xwe s. avec des emplois jti- XVII~siècle. 0 Il s’emploie aussi au figuré avec le
diques repris au bas latin; il se dit 113361 en droit sens repris du latin ddépourvu de raison, de iuge-
INSISTER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ment» en parlant d’une personne (av. 1540) et adé- Il désigne (1806) l’ensemble des phénomènes pa-
raisonnable (d’une chose)* (1588, Montaigne), va- thologiques provoqués par l’exposition prolongée à
leurs qui ne se sont pas maintenues. 0 Depuis la fin un soleil ardent. 0 Insolation. désigne aussi, en mé-
du XVI~ s. (15883, twipide s’emploie au figuré pour téorologie ( 18671, le temps pendant lequel le soleil a
qutier ce qui manque d’agrément, de piquant et, brillé. * Du premier sens vient son usage en photo-
phs tard, une personne qui manque d’esprit (1694) ; graphie (1902).
ce sens est demeuré vivant. b INSOLER v. tr. est emprunté (1613) au latin inso-
b De l’adjectif dérivent INSIPIDITÉ n. f., didactique lare et en reprend le sens, notamment dans des
au sens propre (1572) et littéraire au figuré 116901, et emplois techniques Gnsoler une plaque photogru-
INSIPIDEMENT a&. (v.17651, rare. phiquel. +En dérive INSOLATEWR n. m. (1882) qui
désigne un appareil (capteurI permettant d’utiliser
INSISTER v. intr. est emprunté (13361 au latin les rayons du soleil pour le chauffage.
irtsistere, proprement «se poser, se placer sur>>, et
au figuré as’appliquer àj>, &&ttacher à* ; le verbe est INSOLENT, ENTE adj. et n. est certaîne-
composé de in- locatif et de sistere as’arrêtern puis ment antérieur aux attestations connues (1495 se-
Hmettre un terme àB, forme à redoublement de lon Dauzat ; 1542, in T. L. F. ; 1545, in F. e. w.) ; inso-
stare, status «être deboutm, &tre immobileti I+ es- lemment Ici-dessous) étant repéré au XIV~ siècle.
ter), qui se rattache à une racine indoeuropéenne L’adjectif est un emprunt savant au latin insolent, -
“S~U- ((être deboutb (-, station). i% ktaccoutumé àb, <<non habitué àu et, avec une
+ Le verbe apparaît d’abord avec les valeurs élymo- idée péjorative, Nexcessif, insolent», peut-être sous
logiques de as’appliquer àn (1336, s’insister en) et l’influence de insolescere ase gonfler d’orgueiln.
f(s’adonner, s’appliqueru ( 1366, soi insister) qui ne se L’adjectiflatin est composé de in- C+ 0 in-1 et de so-
sont pas maintenues. 0 Il reprend ensuite ( 1400, en lens, participe présent de solere, solttus *avoir l’ha-
emploi absolu ; mil. xv” s., avec préposition) le sens bitude>, qui a abouti en ancien fknçais à souloir
de apersévérer à demander= demeuré le plus (italien solerel, verbe employé jusqu’à l’époque
usuel, puis de &arrêter sur un point particuliers, classique.
<<mettre l’accent sur» ( 167 1). L’idée d’arrêt sur qqch. +L’adjectif s’applique au xv~~ s. à ce à. quoi on
se retrouve dans l’acception prise ensuite par insis- n’est pas accoutumé, en parlant d’un fait, d’un
ter tirevenir fréquemment dans le même proces- événement, etc. (1542, nouveauté insolente,
sus». W” de la Porte) ; il a été supplanté en ce sens par
w Du verbe dérivent INSTSTANT, ANTE adj. 11553; insolite *. * Parallèlement, avec l’idée d’*excèsR, in-
du participe présent3 et INSISTANCE n. f., attesté solent signifie (15453 qorgueilieux, arrogant= (en
en 1556 mais rare avant 1801; ce mot désigne l’ac- parlant de personnes, adj. et II.), sens répandu à
tion d’insister ; il s’emploie spécialement en phoné- l’époque classique où le mot s’est employé aussi
tique luccent, ton d’insistuncel Dans l’usage géné- comme équivalent d’ctaudacieux». 0 Au xwe s., est
ral, il est courant, notamment dans des expressions introduite l’idée de <manque de respect}) liée à
à valeur adverbiale (avec, par insistance1. celle d’«excès>>; insolent est alors couramment em-
ployé comme adjectif et comme nom en parlant
IN SITU IOC.adv. est un emprunt (18421 à une lo- d’une personne dont le manque de respect est inju-
cution latine signifiant <<dans le lieu mêmes, compo- rieux, insultant, et d’un comportement qui dénote
sée de in- «dan+ et de situ, ablatif de situs, -us RIO- l’insolence ( 16601, spécialement vis-à-vis des
sition, situation, placex (+ site), sens physique issu femmes, là où l’usage moderne emploie irrespec-
de la valeur initiale du verbe correspondant sinere, tueux. En même temps, l’adjectif s’applique à une
situs alaisser, placer-, qui à l’époque classique a personne ou à un comportement qui blesse par son
pris le sens moral de ttpermettren. La langue an- orgueil, son assurance hautaine ( 1651, insolent de,
glaise connaît la locution depuis le ~~III~ s. Il 7401, sorti d’usage). 0 C’est avec l’idée d’aexcèsn qu’in-
mais on ne sait si cet usage est à l’origine de l’em- solent quaWe a partir du x& s. (1840) ce qui appa-
ploi en tiançais. raît comme un défi par son caractère extraordi-
4 D’abord employée en géologie, puis en médecine naire, insolite ou supérieur Ibonheur, luxe, succès
(18771, la locution didactique in situ si@e adans insolentl, d’où son emploi Cv.19601 en publicité.
son milieu naturel> ~&ude in sitd et s’oppose à wInsolent a fourni le dérivé INSOLEMMENT adv.
in titi0 *. ( 1352- 1356, Bersuire). -On relève au XVII~s, INSO-
LENTER v. tr., encore attesté chez Mérimée 11870).
INSOCIABLE - SOCIÉTÉ INSOLENCE n. f. est emprunté Iv. 14501 au dérivé
latin insolentia 4nexpériencej), «étrangeté, carac-
INSOLATION n.f. est soit un dérivé savant tère insolite », «manque de modération (orgueil, ar-
(1575, A. Paré) du latin insohre «exposer au sole& roganceh 0 Le développement sémantique du
soit un emprunt à insolatio {(exposition au soleil* mot est parallèle à celui de l’adjectif; introduit avec
(Pline), formé sur insolatum, supin du verbe; ce le sens de wiolence, arrogance=, insolence s’est em-
dernier est composé de in- locatif et de sol, salis ployé aussi pour Mcaractère insolite (de qqchJ> En
aastrem, asoleil» (3 soleil). me S.I. Le mot pouvait désigner du xve au XVII~s. la
+ Le mot est d’abord employé aux sens d’ccexposi- perfdie, la trahison, l’impiété, etc. IV. 1485) et S’est
tion (d’une substance) à la chaleur, à la lumière SO- dit à l’époque classique pour uaudace excessive, in-
laire» et <action des rayons du soleil (sur un objet)m. sultante~ Cl636 : <Ton insolence, témkraire vieil-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1847 INSPIRER

lard...%, Corneille, Le Cidl. 0 Ces emplois se sont ef- spectus aapercevoirs et wegarderm, verbe de la
facés devant le sens courut, apparu à la même langue archaïque qui a fourni un grand nombre de
époque, Nmanque de respe& ( 1643, Corneille) et en composés à préverbes et a été supplanté par le ti-
particulier (une, des inso2encesl aacte, parole inso- quentatif spectare I+ spectacle). Spikere, specere se
lenten (1672, Racine). Le mot se dit également 11690) rattachent à une racine indoeuropéenne “spek-
d’un orgueil offensant envers des personnes infk- acontempler, observer%.
rieures ou traitées comme telles et, par métaphore + Le mot a d’abord le sens duexamen attent& sorti
(1839, Stendhal), d’un caractère insolite et supé- d’usage; il se spécialise aux sens de acontrôle de
rieur d’autorité fl’insolence du génie). qqch. dont on a la surveillances Cl61 1) et de Kfonc-
0 voir INSOLITE. tion de veiller sur qqch.a (16901. Q Par métonymie,
il désigne (1800) l’ensemble des inspecteurs d’une
INSOLITE adj. est un emprunt savant II495- administration (spécialement inspection des Fi-
1496) au latin insolitus <inhabituel, inusité)), nances, 1806; inspection du travail, 18711, puis le
composé de in- (-t 0 in-) et de solitus, participe
service qui les emploie, etc. et, par ailleurs, la
passé adjective de solere aavoir coutume, être habi-
charge d’inspecteur.
tu& I+ insolent).
b INSPECTEUR, TRICE n. est un emprunt (1447)
+ L’adjectif introduit avec le sens étymologique, si-
au latin classique inspecter aobseTvateur%, terme ju-
gn%e “qui étonne par son caractère inaccoutumé*
ridique en bas latin signifiant acontrôleur, exami-
en parlant de qqch. ou de qqn, d’un comportement;
nateur=, dérivé de inspectum. +Le mot est d’abord
insolite s’emploie aussi comme nom masculin col-
employé au figuré dans inspecteur du tuer acelui
lectif (1846, Stendhal). OL’adjectif est utilisé,
qui scrute le cœw, en parlant de Dieu, traduction
jusqu’au xxe s., avec l’idée péjorative d’étrangeté ou
du latin chrétien inspecter cordis (saint Augustin). 11
d’iniquité qui le rapproche parfois d’insolent; de-
désigne ensuite (1532) une personne qui observe et
venu a la mode, le mot prend une connotation lau-
examine qqch., sens disparu ; puis il se spécialise
dative au & s. et correspond à *surprenant, inté-
El61 11au sens de apersonne chargée d’un contrôle
ressant par sa nouveauté, sa rareté=.
déterminé,, en particulier en parlant d’un agent
b Le dérivé INSOLITEMENT adv. (1834, Roiste) est d’un service public OU privé ( 1697, inspecteur géné-
peu usité. rd), d’où au XK? s. inspecteur des finames et inspec-
0 voir KNSOLEZNT. teur Cdepolicel, avec plusieurs syntagmes bspec-
teur principal, etc.]. 0 Le féminin inspectrice 11829)
INSOMNIE n. f. est un emprunt savant (1611;
a désigné 118401 la femme d’un inspecteur ; il n’est
1555, selon Bloch et Wartburgl au latin insomnia
courant que lorsque la profession est normalement
ainsomnies, pluriel neutre de insomnium, dérivé de
pratiquée par les femmes : une femme policière
insomnis, -e aprivé de somme&; le mot est
sera dite Ien France1 inspecteur. oLe mot s’em-
composé de in- I-P 0 in-) et de somma aommeib
ploie dans des locutions plaisantes comme inspec-
qui se rattache à une racine indoeuropéenne
teur des travaux m (apr. 1850). + Le dérivé INS-
“swep- udom I+ somme, sommeil).
PECTORAT n. m. (1811) est un terme administratif;
4 Insomnie reprend (1611) le sens latin de Npriva- le composé SOUS-INSPECTEUR, TRICE n. est re-
tion involontaire de sommeil, et se dit plus cou- levé en 1781.
ramment du moment pendant lequel une per- INSPECTER v. tr. a été dérivé du nom (av. 1771,
sonne ne peut pas dormir. Richelet signale (16801 Helvétius) d’après le latin inspectare aexaminer,
que le mot est parfois employé au masculin par les inspectep, kéquentatif de inspicere. ll est employé
médecins, d’après le latin insomnium. 0 On trouve pour *examiner avec attention Iqqch., qqn), et, spé-
en moyen français la forme insompntté, nom fémi- cialement, aexaminer en qualité d’inspecteur». Ce
mn 114951,empruntée au dérivé bas latin insomnie- verbe est usuel en tiançtis moderne, et inspection
tus (IVeS.I. comme inspecteur lui sont rattachés.
b INSOMNIE~~, EUSE adj. 11853, Goncourt) et n.
(1895, Gide), dérivé d’insomnie ou emprunté au la- INSPIRER v. est issu Km me s., empirer1 du latin
tin insomniosus «privé de somme& préfké de classique inspirure eoufller dan+ et par figure
somniosus asomnolentm (de somnusl, est un terme wzommuniquer, instiers,; le verbe est formé de in-
didactique. +Il est plus rare que INSOMNIAQUE (+ 0 in-) et de @rare csotiep, wespirep (en par-
n. et adj. (1883, Richepin), dérivé d’insomnie sur le lant de l’être humain), d’où les sens figurés Kêtre en
modèle de cardiaque, maniaque, etc., ce sufExe vien, &tre inspiré%. On relève aussi en ancien fran-
étant le calque d’un sufke latin d’origine grecque. çais Il 150) un verbe espirer, emprunté au latin spi-
Le mot s’emploie aussi comme adjectif ( 1934, Bour- rare, le e- résultant d’une évolution phonétique
get). normale; la forme à initiale en- a été remplacée
par in-, latinisation plus tardive kv” s.l. I+ expirer,
INSONORE, INSONORISER - 0 SON respirer).
INSOUCIANCE + SOUCIER +Le verbe, dans un contexte religieux, s’emploie
d’abord en par+nt de Dieu qui anime (l’homme)
INSPECTION n. f. est un emprunt (1290) au la- par son sotie. A la CII du XIV s., inspirer est attesté
tin tnspectio aaction de regarder*, *examen, au sens latin de «instier, suggérep. ll reprend en-
contrôle-, formé sur inspectum, supin de inspicere, suite, d’abord comme transitif, le sens physiolo-
verbe formé de in- b 0 in-3 et de spicere, specere, gique (xv” s.), *aspirer, faire entrer l’air dans les
INSTALLER 1848 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

poumons* ; inspirer de l’air dam les poumons 4’~ durable et aisée= (19361. 0 Installer qqch. Sign%e
faire entrec, par opposition à eqoirer, est attesté en aplwer (un objet, un appareil destiné à un usage
1798. ~AU XVI~s., in@rer qqn de (et inhitif), particulier1 en faisant les travaux nécessaires*
construction vieillie, Sign$e apousser qqn à faire ( 18571et aaménager (un localb (1867). 0 Au sens de
qqch.u (15361, d’où ticket qqch. à qqn (16361. Le «se prendre au sérieux%, irwtaller (18881 ou en iris-
verbe s’utilise spécialement ( 1553) au sens de adon- Mer ( 19171 vient peut-être de installer qqch. <faire
ner le sotie créateur à (qqn)n, par exemple dans valoir qqch. (en l’installant d’une certaine façon)n,
l’art. Par extension, dès le début du XVII~s., il équi- mais l’évolution de sens n’est pas claire ; cet emploi
vaut à afaire naître dans l’esprit un sentimentn est familier.
(1604). S’inspirer de <emprunter des idées &J)n’ap- b INSTALLATION n. f., d’abord emprunt au dérivé
paraît qu’au XIX~ s. (1829). Au me s., par a$aiblisse- latin médiéval ir&aZlatio (xd s.1,a suivi une évolu-
ment du sens de Ndonner l’inspiration>, le verbe tion sémantique parallèle. 0 Désignant l’action
s’emploie pour ~plaire,~, surtout dans un tour néga- d’installer un ecclésiastique dans ses fonctions
tif @a 72em’inspire pas). (13491, il s’étend à d’autres emplois ( 1580, d’un fonc-
b INSPIRÉ, ÉE adj. et n. est d’abord employé dans tionnaire) et au fait d’installer qqn dans un Iieu
un contexte religieux 115301; il est attesté comme 11829). 0 II se dit plus couramment de l’action d’ins-
nom chez VoItaire 11756). L’adjectif entre dans l’ex- taller qqch. E16111, plus spécialement en parlant
pression bien inspirk, mal inspiré 11690). +INSPI- d’un local d’habitation (1867) et, par métonymie, de
RANT, ANTE adj. (17401 n’est courant qu’en phrase l’ensemble de ce qui est installé (apr. 18501. Dans
négative; on trouve aussi INSPIRATIF, IVE adj+ tous ces emplois, il procède du verbe installer. 0 Le
(16281, mot didadique. -INSPIRATOTRE adj., dé- mot a vieilli dans un autre sens Cxrx”s.1, Rfait d’éta-
rivé savant 11833, tube inspiratoire) d’après respira- blir sa puissance dans une région>. +INSTALLA-
toire, est un terme de physiologie et de linguistique TEUR, TRICE n. est sorti d’usage pour =Celui qui
I 1933, consonne inspira toire3. installe (un dignitaire ecclésiastique)~ (1863, n. m.);
INSPIRATION n. f. est un emprunt Iv. 1120) au dé- il désigne aujourd’hui (attesté 18751 une personne
rivé bas latin inspiratio asouflle, haleine% et =soufTle qui s’occupe d’installations. -INSTALLE~R, EUSE
créatew. 0 Les emplois du nom sont parallèles à adj. et n. (1918) est familier et ne correspond qu’au
ceux du verbe; il est introduit dans un contexte re- sens de “qui fa;it l’important=. -Le préhé REINS-
ligieux et signifie ensuite Bn xrv” s.) aidée qui vient TALLER v.tr.El581; de ré-) a fourni RÉINSTALLA-
brusquement et spontanément à qqn» kf. intuition). TION n. f. (17751.
Il est repris en physiologie (xv” s.1 et s’emploie de-
puis le XVI~s. (Montaigne, v. 1590) pour *sotie INSTANCE n. f. est un emprunt Cv.1240) au la-
créateur qui anime les artistes, etc.>, ce souflle tin instantia <<application assiduem, ademande pres-
ayant d’abord été consideré comme un don des santes et au figuré cimminence, proximité,); le mot
dieux. 0 Le mot désigne ensuite ( 1701, Furetière) est dérivé de instans, -antk (+ instant).
l’action d’inspirer qqch. à qqn, d’où la valeur de + Le nom apparaît avec le sens latin de csollicitation
«conseil, suggestion,. +INSPIRATEUR,TRICE n., pressanteti, sorti d’usage au singulier, sauf dans la
emprunté txrv” s.1 au bas latin inspirator, dérivé de locution archaïque avec instance ( 15641; à I’ins-
iwpiratum, garde le sens de I’étymon Npersonne tance de 4 la sollicitude dem 11265) est vieux ; cette
qui inspire,,. oLe mot est rare avant la Cn du valeur s’emploie encore dans un contexte littéraire
XVIII~s. (1787, l’inspirateur des Beaux-Arts, Marmon- au pluriel et couramment dans la locution céder
tel) et devient alors aussi adjectif 117981, cet emploi aux instances de qqn; de là vient l’emploi pour
demeurant exceptionnel. Le nom s’emploie spécia- <soin pressantm (15341, courant à l’époque classique.
lement (1803, Delille) au féminin pour amuse,’ puis 0 Le mot se spécialise au xrves. au sens juridique
couramment pour Kchose qui inspire une action* de <poursuite en justicex (1370-1372, Oresme), pre-
(XIX” s.), ceci dans un style littéraire. +L’emploi de mière instance 11549) signSant apoursuite d’une
l’adjectif en anatomie (1765) constitue une dériva- action devant un premier juge=. Le mot est repris
tion du verbe inspirer. en droit dans tribunal de première instance (18041
désignant le premier degré dans la hiérarchie des
INSTALLER v. est un emprunt (1349) au latin juridictions, d’où le sens de ~juridiction* (1890), Il
médiéval installare <établir dans sa charge (un di- entre dans la locution adjectivée ou adverbiale en
gnitaire ecclésiastique)», verbe formé depuis peu, instance en attentem 1& s.1 qui signifMt en droit
au XIII~s., de in- I+ 0 in-) et de stallum (-, stalle). <<enattente d’être jugéu. ~Par extension du sens
+ En français, le verbe est introduit avec le sens de de ~juridiction=, imtance a été repris 119383au sens
l’étymon, toujours usité en droit ecclésiastique ; il de c<autotité, corps constitué qui détient un pouvoir
s’emploie ensuite (15961 pour <mettre (qqch.) dans de décision,, emploi critiqué.
un endroit gui lui était destin& ; s’installer sime, Par ailleurs, irwtance avec l’idée d’&sistancea> se
d’abord (1690) avec une valeur péjorative, <s’établir dit en philosophie (1636) d’un nouvel argument
chez qqn*. ~L’idée d’&tabW est ensuite domi- pour réfuter l’objection faite à un premier. 0 De-
nante dans les divers emplois : installer se dit au puis la fm du XIX~s., instance est employé par analo-
XVIII~s. pour amettre (qqn) dans un lieu, d’une ma- gie avec l’idée de acatégoriem au sens de c(compo-
nière durable» (17701, puis «mettre (qqn) à la place sante de la personnalité>> (1895, Huysmans, instance
qu’il est appelé à occuper, ( 17901, spécialement chamelle); il est repris spécialement en psychana-
dans le vocabulaire administratif d’où INS- lyse, d’après l’allemand Instanz, pour désigner
TALLÉ, ÉE adj. “qui est parvenu à une situation chacune des différentes parties de l’appareil psy-
DE LA LANGUE FRANÇAISE INSTIGATEUR

chique dans le système fkeudien [moi, ça sumzoi~. sion ~vakur égale, image, ressemblance>>. Ce mot
0 voit- INSTANT. d’origine obscure ne semble pas attesté avant
l’époque classique ; il a été rapproché par son sens
INSTANT, ANTE adj. et n. m., attesté chez technique du grec stutêr, nom de poids et de mon-
Oresme (13171, est la substantivation de l’adjectif naie.
instant, ante Uïn XIV” s., ystant, Froissart), qui cor- + La locution signi& & l’exemple, à la mtière de,
respond à l’ancien provençal instant #proche, pro- de même quen. On relève chez Gide un emploi
chain- (12961. Cet adjectif est emprunt4 au latin substantivé de instar (1929, à lu merci de I’instur),
classique instans, -a&% aprésentu et apressant, me- absolument exceptionnel.
nwantm, participe présent de instare <<setenir sur
ou dessusn, userrer de près>, <s’appliquer à qqch.m INSTAURER v. tr. est emprunté (1352-1356,
et ainsistep ; le verbe est formé de in- t+ 0 in-) et de Bersuirel au latin classique instuurure, verbe rare,
sture, status cse tenir deboutm qui se raktache à une d’emploi technique, signifmd =renouveler, re-
racine indoeuropéenne “S~U- <être debout)) (+ sta- commencer, réparer)? puis &esser, préparer)>; à
tien) . l’époque impériale, cette valeur semblait incompa-
4 Le nom désigne un très petit espace de temps. tible avec le préfIxe in- et le verbe fut remplacé par
0 L’adjectif s’est appliqué (fin XIV~ s.1 à ce qui est im- restaurure (+ restaurer), instuurure passant au sens
minent d’où l’emploi adverbial disparu Ilre moitié d’aoffrir (pour la première foislp. Selon Emoult et
du xv” s.1 tout instant & l’instant même,; il signifie Meillet, le verbe a d’abord sign%é <<donner en
ensuite -qui presse vivementm 115501, mais tous les compensation)) pour une cérémonie religieuse
emplois sont aujourd’hui archtiques, juridiques ou manquée, non conforme aux rites, d’où wenouve-
littéraires. 0 Le nom entre dans de nombreuses lo- ler, refairen. Instuurare est en général considéré
cutions : en un Wt (1495) atrès rapidementm ;à comme un composé de sture, stutw ase tenir de-
chaque instant ( 1580) ; à hda.h (av. 1589, Bai& ren- bout», avec un élargissement vocalique en -stuu-
forcée par tout à I?nstant ( 16941, sortie d’usage ; rare (qui n’appartit que dans ce verbe). Sture se rat-
dans l’instant (16891, aujourd’hui littéraire ou régio- tache à la racine indoeuropéenne “stu- &tre
nale, là où le français central emploie ù I’imtunt ; debout)>. Le verbe latin a par ailleurs abouti en an-
dam un instant (16941; d’instant en instant (17351; cien français à la forme populaire esiorer <<établir,
par instants Hugo) ; pour l’instant (1839, Mus-
(1833, instituer>> Cl1381, aconstruires (v. 11551, &pareru
set). Employé absolument, Z’instant équivaut à (11601, *fournir» (xv” s.1, qui se maintient encore au
al’instant présent)) (XIX~s.1; l’instant fatal désigne xvf siècle.
l’instant de la mort. Instant est souvent synonyme + Instaurer est introduit avec le sens étymologique
de moment, mais il suggère plus que ce dernier la de -renouveler, célébrer à nouveau,, disparu. Le
brièveté. verbe est attesté ensuite C1509) avec le sens de tifon-
b De l’adjectif dérive INSTAMMENT a&. (1356, iris- der, établir pour la première foi+, d’abord en par-
tunmentl qui s’emploie avec quelques verbes et si- lant d’une institution, puis avec une valeur plus gé-
gnSe *d’une manière pressante* ; on trouve aussi nérale hstaurer u72e model; par extension,
en moyen tiançais instantement (13881. + INSTAN- instaurer qqn signifie ale nommer (à la tête d’une
TANÉ, ÉE adj. et n. dérive (16041 du nom sur le mo- institutionl~. Par ailleurs, il a repris des valeurs de
dèle de momentané. ~L’adjectif s’applique à ce l’ancien verbe estorer et s’est employé pour tires-
qui ne dure qu’un instant, puis (1798) à ce qui se taurern Cv.13801, “garnir dem (15301, emplois propres
produit en un instant; de cette valeur vient photo- au XVI~siècle.
graphie instantanée (1857) «obtenue par une expo- b Du verbe dérivent les termes littéraires : INS-
sition de très courte duréem, d’où un INSTANTANÉ TAURATION n. f. (14513, peut-être emprunté au
n. m. (18891. 0 Le nom a aussi été employé au sens dérivé latin instaurutio <renouvellement>), qui signi-
d%nstant présent)) (1866, Taine) et de weprésenta- fïe~actiond’instaurer~et INSTA~RATEUR,TRXCE
tion d’un instant précis, (1878, Goncourt). 0 Par n. 11504; 1509, au féminin) qui correspond au latin
métaphore, INSTANTANÉE n. f. s’est dit pour chrétien instawutor =Celui qui restaure (un bâti-
aprostituéen (ti xrxe s.l. 0 L’adjectif s’emploie aussi ment), qui redonne vie (à qqch.1,; rare avant 1802, le
pour “qui se prépare instantanément~ (crème iris- mot se dit d’une personne qui instaure (la liberté,
tanhZnée,etC.). on a fourni INSTANTANÉITÉ n. f une réforme, etc.).
(av. 17461, littéraire, INSTANTANÉMENT adv.
(1787),courant, INSTANTANÉISERV.tr.(1892,ins- INSTIGATEUR, TRICE n. est un emprunt
tuntuniserl, littéraire et rare, et les termes didac- savant ( 1363) au latin impérial instigator <celui qui
tiqUeS INSTANTANÉISME n-m., INSTANTA- pousse à faire qqch., qui stimulem, dérivé du latin
NI?ISTE adj.,attestés en 1943 chez Sartre. classique instigure *piquer contre», «exciter, stimu-
@ Voir INSTANCE.
lep; le simple stigure, seulement attesté dans les
gloses, se rattache à une racine indoeuropéenne
INSTAR DE tÀ L’l lot. prép. (15721, précédée “stig- «pique0 (-+ stigmate).
par instar de ( 15601, représente une adaptation de + Instiguteur, introduit avec la valeur de l’étymon,
la locution du latin impérial ad instar suivi d’un gé- se dit d’une personne qui incite à faire qqch. ; le mot
nitif, & la ressemblance de>, d’après ad exemplur; est pris le plus souvent en mauvaise part. II s’em-
la locution est composée de ad avers, àp et du latin ploie aussi au figuré, comme équivalent de «cause,
classique instar apoids que l’on place sur un pla- moteur». Le féminin instigutrice est attesté à partir
teau de balance pour faire équilibrem et par exten- de l’époque classique (16711.
INSTILLER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b INSTIGATION n. f. est emprunté (1332) au latin partie de l’ensemble des pulsions (1780,BuEon, in~-
impérial instigatio <<action d’émouvoir, d’exciters,, tinct social) et, spécialement, en psychanalyse tra-
spécialement employé dans la langue juridique, duit l’allemand Trieb dans le sens que lui donne
formé sur imtigutum, supin de instigure. +Le mot Freud (cf. pulsion).
est d’abord relevé dans la construction à I’kw@a- w Le dérivé INSTINCTIF, IVE adj. appartit au dé-
tien de (qqn) «sur le conseil pressant de qqnB qui est but du xrxe s. (1801, Crèvecœur; 1803, Maine de Bi-
restée courante alors que le mot est rare, employé rani ; il peut être inspiré par l’anglais instinctive, at-
seul, pour désigner l’action d’inciter, de pousser testé dès le XVII~s., et correspond à instinct.
qqn à faire qqch. *S’appliquant à ce qui naît de l’instinct au sens
Le verbe transitif INSTIGUER a été emprunté large, l’adjectif quaMe une personne en qui do-
(1352-1356, Bersuire) au latin instiguare; il est noté mine l’impulsion ( 1883, Renan). +Instinctifs fourni
par l’Académie comme wieillim en 1718 et sorti INSTINCTIVEMENT adv. (18011 et INSTINCTI-
d’usage à la ti du XVII~ s. (17981;il est repris régio- VITÉ n. f. (1832, Balzac), sorti d’usage. +INSTmC-
nalement (Belgique) dans la construction instiguer TUEL, ELLE adj., terme didactique dérivé d’iris-
~1972(a faire qqch.) apousser, inciter qqn (a faire tinct et apparu en 1838-1840,a été repris au milieu
qqch.13. du XX~s. dans le vocabulaire de la psychanalyse.
0 voir INSTINCT.
* INSTITUER v. tr. est un emprunt t1219) au
INSTILLER v. tr. est un emprunt savant latin instituere aplacer len, dans)», <<mettre sur pied,
(v. 13701 au latin insUare «verser goutte à goutten établir%, d’où afondern, aordonner, régler (un Etat),
et au figuré «introduire, insinuerm, composé de in- et aussi «enseigner à* et au figuré <préparer, com-
(+ 0 in-1 et de stillare <couler goutte à goutte, distil- mencer= ; le verbe est formé de in- I-+ 0 in-) et de
lerso, aussi au figuré, verbe dérivé de stilla «goutten, stutuere &tablirb, au propre et au figuré I-+ statuer),
d’origine obscure. formé sur status, du verbe sture au participe passé
+ D’abord employé au sens propre du verbe latin stutus =se tenir deboutm qui se rattache à une racine
dans l’usage didactique, il s’emploie littérairement indoeuropéenne *stu- Gtre debout» I+ ester, eta-
au figuré Iv. 1501). blir, stable, station...).
b INSTILLATEUR n. m. ( 1902) %ppa,reil Seront à 4 Le verbe s’emploie d’abord avec un complément
instiller une solution médicamenteuse dans l’orga- nom de chose au sens latin d’ktablir d’une ma-
nisme% est dérivé d’instiller. *INSTILLATION n. f. nière durable)), mais l’emploi concret (1464, in&-
est emprunté au latin instilati «action de verser tuer un chemin) a disparu. Puis il se dit d’une per-
goutte à goutteti (du supin de instillare). Le mot sonne Iv. 13501pour aétablir officiellement dans une
s’emploie au propre en technique (13771et au fi- fonction>, aujourd’hui dans la langue religieuse ou
guré littérairement (15423. en histoire. 0 Au xve s. (14661,il reprend un autre
sens latin, aenseignep, sorti d’usage I+ instituteur1.
INSTINCT n. m. est une réfection graphique 0 Par extension du premier sens, instituer qqn en
kv~~ s.) de instincte t 14951, emprunt savant au latin son lieu s’est dit (v. 1500) pour <désigner qqn
classique instinctus Gnstigationn, aexcitation, irn- comme son successeur> d’où en droit l’emploi du
pulsion> et en latin chrétien «penchant, tendance verbe pour anommer (héritier) par testament*
naturelle». Ce nom dérive de instinguere ou instin- 11552,Estienne). ~AU XVIII~~., le sens de adoter
gere flpousser, exciters, surtout employé au parti- d’institutions politiquesa est repris par latinisme
cipe passé ; il est formé, comme instigation* et insti- dans Le Contrat social (Rousseau, 176 1); cependant,
guteur, de in- (b 0 in-) et de stinguere ou stingere dés le XV~ s., on relève imstituter <établir un fitatn
&teindre>>, au propre et au figuré, qui se rattache à chez Calvin (15411, d’après un emploi de institu-
une racine indoeuropéenne “stig- <(piquer». teur*. 0 S’instituer au sens de «s’établir- est relevé
+Le mot reprend d’abord bzstincte, 1495) l’accep- chez Diderot (av. 1784).
tion latine d’Gnstigation>> ; pur instinc Csicl de nature F INSTITUANT, ANTE adj. et n. m. (1765) est un
signifiait aselon son penchant naturelm (1512). 0 Il mot didactique, comme INSTITUÉ, ÉE adj. et n. m.
désigne ensuite Cinstinct, 1560, Ronsard) une ten- (1721, en droit). +INSTITUTION n. f. est un em-
dance innée contre laquelle on ne peut lutter et prunt @n XII~s.3au latin classique institutio udispo-
cette valeur est restée usuelle; aujourd’hui dans le sition, arrangement », «méthode, doctrine, systèmem
vocabulaire scientsque, les éthologistes donnent et *formation, éducation, instructions, dérivé du su-
au mot un caractère plus précis ; pour éviter la pin du ve&e latin. 0 Le mot apparaît avec le sens
confusion avec l’emploi courant, certains utilisent de aaction d’instituer (qqch.1,fondationm, emploi as-
acte instinctif (d’après K. Lorenz), d’autres acte de sez rare; le sens courant de ace qui est instituén,
pulsimt. 0 Le mot désigne plus largement, au personne morale, régime légal, etc. est attesté en-
moins depuis Montaigne ( 1580)l’ensemble des pul- viron un demi-siècle plus tard (12561. Le mot s’em-
sions naturelles qui régissent le comportement ani- ploie en droit en parlant d’une personne I 15371.
mal ou humain. En parlant de l’être humain, in.+ -=h&itution est ensuite pris au sens aabrégé
tinct s’emploie à propos de la faiculté naturelle de (contenant l’essentiel d’une matière))) Il 5411,vivant
sentir, de deviner (1662, Pascal) et, Souvent en em- à l’époque classique. Le mot s’emploie aussi au
ploi absolu, l’intuition, le sentiment; il est alors op- sens latin de aformation, éducationn (1552, Rabe-
posé à raison; dans ce sens, on emploie la locution la,&); ce sens archaïque a produit par métonymie
adverbiale d’ulstinct (av. 1850,Chateaubriand). IFS- l’emploi pour &ablissement privé d’éducation et
tinct se dit ent?n d’une aptitude particulière faisant d’instruction> ( 1680, en parlant des novices). + Le
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1851 INSTRUIRE

mot, repéré isolément au xvf” s. ( 15641, est repris à INSTITUTEUR, TRICE n. est emprunté
la fm du XVII~s. et au XVIII~s. pour désigner ce qui est ( 1441, F. e. w-1 au latin classique institutor acelui qui
établi par les hommes et non par la nature; par dispose, administre,, en bas latin aprécepteur*,
spécialisation, institutions <choses instituéesn dé- formé sur institutum, supin du latin classique insti-
signe l’ensemble des structures fondamentales de tuere ((mettre sur pied)), aformer, instruirez (+ insti-
l’organisation sociale ( 1790). 0 De là, au xx” s., l’ins- tuer). On relève la forme dérivée tiançaise insti-
titution. à propos de chaque secteur de l’activité so- tuere acelui qui fonde)), en 1399.
ciale ti’institutim littéraire1 et un emploi absolu de- + Le mot est d’abord attesté pour désigner celui qui
signant les structures organisées qui maintiennent est chargé de l’éducation d’un enfant dans la fa-
un état social. -À partir du développement des mille; dans ce sens général, le mot, encore em-
structures sociales, au XX~s., ont été formés plu- ployé au xrxe s., a été remplacé par précepteur*
sieurs dérivés didactiques. 0 INSTITUTION- pour le masculin mais reste parfois encore en
NEL, ELLE tij., attesté en 1933 a. Febvre), peut- usage au féminin. Depuis la fTn du xve s., comme en
être d’après l’anglais irtstitutinctl ( 1617, de même latin classique, instituteur désigne celui qui institue,
formation que le tiançais), s’emploie dans le do- fonde qqch. 11495, J. de Vignay); ce sens est encore
maine juridique puis par extension en psychologie en usage au XIX~siècle. * Par spécialisation du pre-
(1952, psychotI%érupte institutionnelle; 1958, pédugo- mier emploi, le mot désigne (en France) une per-
gk institutionnelle) ; en dkivent INSTITUTIONNA- sonne qui enseigne dans une école primaire 11789)
LTSME n. m. (1939, Pirou) d’après l’anglais institu- et maternelle. Ce sens, qui correspond à l’orgtisa-
tinahm (1862) et INSTITUTIONNELLEMENT tion de l’enseignement sous la Révolution, est pré-
adv. (apr. 1950). 0 INSTITUTIONNALISER v. tr. cisé selon l’évolution de l’institution pédagogique,
(v. 19551, qui correspond à l’anglais to institutina- au cours du XIX~ siècle. Il est abrégé farnilîèrement
ke t 18651, a fourni INSTITUTIONNALISATION au me s. en INSTIT (1966) ou, moins courant, INSTI
n. f. (19491. 11967). 0 Cette désignation a été supprimée dans la
0 voir INsm, INsmm. terminologie administrative Il9901 ; on emploie pro-
fesseur d’école. 0 Sorti d’usage au sens de <(maître
INSTITUT n. m. est emprunté (14803 au latin de pensionm (18051, le mot est littéraire pour dé-
institutum ace qui est établi» d’où aplani, &sposi- signer une personne ou une collectivité qui établit
tion, organisation)> et au pluriel k&&ta) aprin- qqn dans la connaissance de qqch. ti XVIII~S.I.
cipes établis, institutions>>. C’est le participe passé
neutre substantivé de instituera <mettre sur pied%, +k INSTRUIRE v. tr. est la réfection (1346, ins-
Kétablirm aux sens physique et moral, aformer, ins- truit) en in- d’un emprunt francisé enstruire (1”
truirem (+ instituer). moitié XII” s.1, dont la fmale est adaptée d’après
+Le mot apparaît avec le sens général du latin, construire, au latin classique irkruere aassembler
achose établie, institution#, encore employé à l’épo- dansa, Kdisposers et spécialement, dans le vocabu-
que classique ; il désigne spkialement la règle don- laire militaire, *munir, outiller, équipep, puis en la-
née à une institution au moment de sa formation tin impérial et par figure Renseigner»; ce verbe est
(1552, institute, d’une abbaye) et un ordre religieux formé de in- (+ 0 in-) et de stmere adisposer par
(16081; appliqué à un individu au sens de <manière couchess, «arranger, rangerm et <<bâtir, dressep; la
de vivre>> (apr. 15501, il s’est employé jusqu’au base stru- se rattache peut-être à la racine indoeu-
XVII~siècle. oInstitut désigne en particulier cer- ropéenne “ster- aétendren (+ estrade).
tains corps constitués de savants (17491, spécide- + C’est le sens le plus tardif du latin qui est retenu
ment dans Institut national des sciences et des arts en français ; l’ancien kançais estruire iv. 1175) a as-
(1795) ou Institut national de fiance (1795 ; absolu- sumé les autres valeurs du latin. 0 Le verbe est in-
ment, L’InstiitutI qui regroupe les cinq Académies. troduit avec le sens littéraire de <former l’esprit de
Cette idée de corps constitué est réalisée dans le qqn par des préceptes, des leçons*; il s’emploie
nom d’établissements de recherche ou d’enseigne- Cv.12001 dams instruire qqn de gqch. amtt~e qqn en
ment (1876, Institut natind agronomique; 1966, possession d’une connaissance parkuhère~ (1592,
Institut universitaire de technologie, abrégé en s’instruire, Montaigne), d’où le sens de &spenser
1.U.T.1.Lié à la valeur du verbe latin institut désigne un enseignement à (qqn)- ; en ce sens le verbe s’em-
depuis le XIX~s. un établissement scolaire privé, ploie aussi avec un sujet nom de chose ti XIV~S.I.
remplacé en ce sens par institutin. 0 On relève 0 Au participe passé adjectivé, attesté dès 1346,
chez P. Leroux (1840) institut au sens de Kaction bien, mal instruit signi&it <bien, mal élevé)> (1346) ;
d’éduquer qqn, résultat de cette actionm. Par ex- instruit, instruite s’appliquent aujourd’hui (XVIII~s.1à
tension, le mot se dit d’un établissement où l’on une personne qui a des connaissances étendues.
donne des soins (1907, un institut d’esthétique, Co- 0 Le verbe entre au XVI~s. dans le vocabulaire du
lette). droit (1549, instruire un procès) au sens de xmettre
ä INSTITUTES n. f. pl., terme de droit, est em- lune cause) en état d’être jugéen, c’est-à-dire en
prunté (XXI~ s.1 au latin instituta *institutions%, pris rassembler tous les éléments nécessaires. De
pour un féminin singulier. -Le mot désigne en <mettre (qqn) au courant (de qqch.)n, vient le sens
droit romain un manuel rédigé par les juris- de adonner ses directives àa ( 1672, Bouleau), sorti
consultes. Il s’est d’abord employé au féminin sin- d’usage alors qu’insiructin s’emploie toujours
gulier, puis ti xv” s.1 au féminin pluriel et parfois dans ce sens. Par extension du sens de aformep,
aussi au masculin singulier ( 1328). instruire s’est dit (1677) pour {dresser (un animalla.
INSTRUMENT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b TNSTRUCTION n. f. est emprunté (1320) au latin ceux d’orgune aujourd’hui. 0 Au figuré, instrument
classique instructio Naction de disposer, d’adaptern désigne (12651 un acte juridique servant à établir un
aconstruction, disposition>> et, par figure, en bas la- droit, une convention ; il est ensuite employé en
tin l’enseignements ; ce nom est formé sur instruc- parlant d’une chose ou d’une personne (v. 1485)
tum, supin du verbe instruere. oLe mot f&nçais pour =ce qui sert à obtenir un résultat>) et, par ana-
apparaît pour désigner ce qui sert à instruire, spé- logie, «objet utilisé pour une fm déterminées
cialement une directive domlée par une autorité (par ex. instrument de travail). Le mot, en gram-
supérieure k un subordonné, d’où spécialement maire (x12 s.1,entre dans complément d’instrument
EV.1500) aun ordre donné à un envoyé quelconque». ade moyen”.
0 Par ailleurs, à partir de la ti du xv” s., instruction bINSTRUMENTAL,ALE,AUX adj., réfection
sime «action de communiquer des connais- (xv” s.) de instrumentez (1370-1372, cause instrumen-
sances à qqn> 11483); il est employé absolument au tele), s’applique à ce qui concerne le moyen; cet
sens de *savoir de l’homme instruit)) ( 1580, Mon- emploi didactique est emprunté au latin scolas-
taigne, sans aucune instruction de lettres) ; ce sens a tique hstrumentulis causa, XIII~S.I. L’adjectif est
vieilli après l’époque classique. -0 Le mot entre ensuite employé en musique (xv” s., musique instru-
dans le vocabulaire du droit (1636, instruction de mentale) et s’oppose aJors à vocal. 0 C’est aussi un
procès1 : on parle de iwe d’k?zwk~ depuis le dé- terme de droit EL3901et de grammaire 11824; 1867,
but du XIX~ s. 11822). 0 Au XVII~s., instruction désigne cas instrumental). 0 Il est entré dans le vocabulaire
(16621 une leçon de morale, un précepte que l’on de la psychologie (xx” s. : conditionnement instru-
donne pour instruire, sens disparu mais qui survit mental) d’après l’anglais instrumental, de instru-
en religion dans inshhion pastorale E17021. 0 De- ment, de même origine que le fkançais. 0 L’adjectif
puis la ti du XVII~s., par extension de l’idée d’expli- a fourni plusieurs dérivés : INSTRUMENTALE-
cation, le mot Sign%e umode d’emploi pour se ser- MENT adv. (1532, instrumentullement; xwe s., ins-
vir de qqch.m (1690). *Peu après la Révolution, il trumentellement; 1578, en musique), INSTRUMEN-
désigne l’organisation dans une société de l’ins- TALITÉ n.f. (~~~~),INSTRUMENTALISATION n. f.
truction de la jeunesse (1791, hstruction publique3 (1946) et INSTRUMENTALISER v.tr. (19731, tous
et l’ensemble des connaissances relatives à un do- didactiques. ~Seul OINSTRUMENTALISTE n.,
maine ( 1794, Condorcet), d’où instruction reZig$ewe terme de musique (attesté 19211, est entré dans
(1802). + Le mot est repris en informatique (av, 1968) l’usage général.
au sens de <consigne exprimée dans un langage de INSTRUMENTER v. est d’abord un terme de droit
programmation>>, d’où instruction machine. 0De (1431, v. intr.). 4Zn musique (1507, tr.), il est sorti
Cet emploi en informatique viennent MACRO-INS- d’usage au sens de *jouer d’un instrument de mu-
TRUCTION n. f. (v.19651 et; MICRO-INSTRUC- sique>> et il est rare au sens d’«orchestrern ( 1823).
TION n.f. (1970). 0 Il a eu le sens faznilier (av. 1870) de (cfrapper avec
INSTRUCTIF, IVE adj., dérivé savant krve s.) du la- un instrument». 0 Le verbe a été repris au me s.
tin classique instructi, participe passé de ins- dans le domaine de l’industrie pétrolière, au sens
truere, a suivi l’évolution d’instruction, se spécialî- de -doter d’instruments de contrôle». +En dérive
sant pour “qui înstruî~, apporte une information%. INSTRUMENTATION n.£, terme de musique
oIl a pour dérivé INSTRUCTIVEMENT adv., di- 11823, Stendhal), assez usuel pour *arrangement,
dactique ( 1866). +INSTRUCTEUR n.m. est em- orchestrations, et terme technique pour désigner
prunté Ixrv” s.) au latin classique instructor aordon- un ensemble d’instruments 11857, Michelet, en em-
nateur (d’un repas))) qui prend en latin chrétien et ploi métaphorique).
médiéval la valeur d’kducateur)). C’est un dérivé INSTRUMENTAIRE adj. a été remplacé comme
du supin instructum de instruere. 0 Le mot est sorti nom ( 14771par instrumentiste et sign%e aqui sert de
d’usage au sens premier d’&ducateura); c’est au- moyen* (xwe s-1; il est repris en droit au XVIII~s.
(1765, témoin instrumentaire). + INSTRUMEN-
jourd’hui un terme juridique 11636, instructeur de
TISTE n. est un terme courant de musique ( 1810)
procès) employé adjectivement ( 183 1, juge instruc-
pour Mpersonne qui joue d’un instruments souvent
teur) ou spécialisé dans le domaine militaire, sens
opposé à chanteur. oEn chirurgie, il désigne
le plus courant (1803, n. m.; 1823, adj.).
(av. 1962) un auxiliaire préparant les instruments.
INSTRUMENT n. m., réfection (1365) de estru- +INSTRUMENTALISME n.m. a été empI"U?dé
ment (11191 ou estrumunz (12651, est un emprunt (v. 1955) à l’anglais instrumentulism 119091,de ins-
(d’abord adapté) au latin instrumentum amobilier, trument, de même origine que le kmçais. oLe
ameublement, matériel» et au figuré «outillage, res- mot désigne en philosophie la doctrine pragma-
source» ; le mot est dérivé du verbe instruere (+ ins- tique de l’américain J. Dewey, selon laquelle t,oute
truire), mais cette origine n’est plus ressentie. théorie est un instrument pour l’action. 0 A ce
nom correspond un autre mot 0 INSTRUMENTA-
4 Instrument appara?t avec le sens d’«objet fabriqué LISTE adj. et n. emprunté (19551 à l’anglais instru-
servant à exécuter un travail>? ; le mot, plus général mentulist 119oN. +A partir d’instrument ont été
que outil, désigne en fiançais moderne des objets composés les termes techniques : MICRO-INS-
plus simples que appareil et machine. On le trouve TRUMENT n. m. (qui entre dans les dictionnaires
spécialisé au sens EV.1140) d’<objet élaboré pour en 1963) et PORTE-INSTRUMENTS n.m.inV.
produire de la musique)). En moyen français, il si- hlil. XXeS.I.
gn%e amembre, organe du corpsn txw” s-1, d’où
l’emploi pour <<membre virils Exv”s.), à comparer INSU (À L’INSU DEI lot. prép. représente
avec celui d’engin; ces emplois correspondent à un dérivé Idéb. xwe s.), par préfixation en -in
DE LA LANGUE FRANÇAISE INSURGER

I+ 0 in-l, de su, participe passé de su’voir*, mais ne NASE n. f. (mil. xx” s., dans les dictionnaires géné-
semble pas clairement analysé, le plus souvent. raux; 1928, en a,nglaîd, INSULINÉMIE n. f., INSU-
4 D’abord relevé comme adjectif avec le sens d’&- LINOTHÉRAPIE T’b f.
Connu~, emploi didactique repris au milieu du
me s., le mot apparaît ensuite dans la locution pré- INSULTER v. tr. est emprunté (1352-1356, Ber-
positive & l’insu de... (1538, QIZ’insceu ok) qui signifie suire) au latin imulture <<sauter sur, dans, contres et
«sans que la chose soit sue de (qqn)» et, avec un par figure Nbraver)), formé de in- (-, 0 in-) et de sul-
sens réfléchi (1606, a moy1 insceu), flsax1sen avoir tare, intensif de sulire (au p. p. saltus) <<sauter, bon-
conscienceb . dir», qu’il tend à remplacer I+ sauter).
+ Le verbe, introduit avec le sens latin de Nbravern
INSUFFLER v. tr. est emprunté (xv” s.1 au bas (insulter ù1, signifie lav. 1464) *attaquer» puis ase ré-
latin insufftare asoufner dans ou SUT»,utilisé en mé- volter, se soulever contre% (av. 1527, intr.3 ; dans ces
decine, puis en latin chrétien pour 4ntroduire par sens, usuels à l’époque cksique, le verbe est par-
le sotie, communiquep. Ce verbe est formé de in- fois encore employé au >mcesiècle. 0 Les emplois fi-
&-+0 in-) et du latin classique sufflare Nsomer, gon- gurés (1611) de *faire des reprochesn et =Offenser
flern (+ sotier). par un outrage)) sont sortis d’usage. + En revanche,
4 InsuffEer est introduit dans le vocabulaire reli- le sens figuré aattaquer (qqn) par des propos outra-
gieux avec le sens du latin chrétien ; cet emploi di- geants)) E16 11) s’emploie encore couramment mais
dactique est rare jusqu’au xixe s., époque où le on ne dit plus insulter a iv. 16501 et insulter contre
verbe s’emploie dans un contexte littéraire pour gqn (1685). Le verbe Sign%e aussi au XVII~s. (1647,
ainspirern (1844, Balzac). 0 ll apparaît ensuite, au Vaugelas) ctraiter avec insolencem, avec un
début du me s. (1814, Nysten), alors avec la variante complément abstrait ; il veut dire aussi (1685, insul-
insou#Zer 118191, comme terme de médecine avec le ter a) aconstituer un défi (par rapport à une chose
sens propre de krtroduire, faire pénétrer par in- respectable).))
sufElation)B. Insufier, pour ugonfler en sofiant)) b INSULTE n, f. apparaît d’abord sous la forme in-
(ti s.; insufler urt ballon), est sorti d’usage. suit, nom masculin ( 13801, au sens de «soulèvement,
w De l’emploi du verbe en médecine dérive INSUF- sédition», sans doute empruntée au latin médiéval
FLATEUR, TRICE adj. et n. (1862). *INSUFFLA- insultus cassaut, attaqueu (av. 11251, dérivé du verbe
TION n. f. est emprunté 11374, trzsufflacionl au bas latin classique. 0 Dans l’emploi pour -attaque> le
latin insuflati fomné sur insuflatum, supin de in- mot est en usage du xvre s. (1542) jusqu’au début du
suflare; ce terme de médecine est utilisé en latin WLII~siècle. 0 Insulte prend son sens figuré actuel,
chrétien. 0 Le mot en français reprend d’abord le proche de celui d’injure*, d’abord comme nom
sens religieux 11374, devenu archtique, puis le masculin (1535) puis féminin (av. 16641.
sens médical ( 17653 avec une spécialisation en Le verbe a fourni INSULTANT, ANTE adj. (v. 16901
pneurnonologie linsufflation d’air entre la plèvre et “qui constitue une insultes, “qui est de nature à in-
le poumon, en cas de pneumothorax). sulter» et INSULTEUR, EUSE adj. et n. 11796; i?n
WII~ s., insultuteur), opposé à INSULTÉ, &E adj. et
INSULAIRE adj. est un emprunt savant (1516) n. EV.1500, adj.; 1873, n. m.1.
au latin impérial insularis xrelatif à une îIen, dérivé
du latin classique insula aile>) (4 île). INSURGER W1 v. pron. est un emprunt du
4 Le mot Sign%e (<qui habite une île, et se dit spé- xve s. 11474, soy insurger; 1414, s’insurgir, attestation
cialement de ce qui est propre à la vie dans une île isolée) au latin insurgere ase dresser+ spécialement
(18741, par opposition à continental. À propos des pour attaquer, et figurément «monter, devenir plus
personnes il est aussi substantivé 115591. En France, puissantn, «faire des efforts>; le verbe est formé de
les insulaires désignent fréquemment les Britan- in- locatif (3 0 in-) et de surgere Nsemettre debout,
niques. 0 L’adjectif s’emploie pour qutier ce qui s’élever= (--+surgir),
appartient à une fie ( 1572, flore, faune insulaire). 4 Introduit avec le sens moderne de 4élever
Par analogie, en médecine, il correspond à une va- contre l’autorité», le verbe n’est repris qu’à la ti du
leur figurée d’Se et d’Sot (+ insuline). XVIII~s. ( 1792) sous l’iniluence de insurgent; la
b Insulaire a servi à former les termes didactiques construction transitive I 1797, Chateaubriand, insur-
INSULARITÉ n. f. (18401, peut-être inspiré par l’an- ger les citoyensl, encore notée chez Littré, est sortie
gltis insulurity &tat d’île> (17901 et Ncondition de vie d’usage, mais s’insurger reste vivant.
SUT une “Ile» ( 17551, INSULARISME n. m. (av. 1885, b INSURGENT n. m., aujourd’hui terme d’histoire,
Hugo) acarac$ère insulaires et INSULARISER v. tr. a d’abord désigné 11752) les troupes hongroises le-
(19011 «isoler comme dans une îIe%. vées exceptionnellement pour le service de l’État.
+Par emprunt à l’anglais insurgent ( 1775, Beau-
INSULINE n. f. est une formation savante (1909, marchais), le mot se dit des colons américains qui
J. de Meyer) à partir du latin classique insula 4le*n, ont pris parti contre l’Angleterre pendant la guerre
d’après la désignation par 2ots de Langerhurts des d’Indépendance et s’est employé plus générale-
corpuscules pancréatiques d’où est extraite cette ment (1796) ; le mot anglais, attesté en 1765, est dé-
hormone qui active l’utilisation du glucose dans rivé de to insurge, de même origine que le verbe
l’organisme. tiançais. + Par extension ou nouvel emprunt au la-
b Ce terme de biologie a servi à former INSWLI- tin, insurgent s’est dit (1778, Mercier1 d’une per-
NIQUE adj. (av. 1946) et les composés INSULI- sonne qui s’élève contre les règles établies. +Le
INTACT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

participe passé INSURGÉ, ÉE adj. asoulevé contre sations œuvre, édition intégrale et, en musique, une
l’autorité>> Il7901 est aussi empIoyé comme nom int&ale n. f. (xx” S.I.
(1792). wDu sens général d’intégral dérivent INTÉGRALE -
INSURRECTION n.f, emprunté ( 1372- 1377, MENT adv. (1511) et INTÉGRALITÉ n.f. (16111,
Oresme) au bas latin insurrecti aaction de s’éle- peut-être emprunté au latin médiéval integrulitas,
ver», mot formé sur le supin iasurrectum de insur- du latin médiéval integralis. * Deux autres dérivés
gere, est rare du XVI~ au xwle s. pour Kaction de s’in- didactiques apparaissent au xxe s., INTÉGRA-
surgern (repris en 1748, Montesquieu); il se dit par LISME n. m. (19361 «caractère intégral, absolu
figure pour wévoltem (mil. XIX~ S.I. +De ce nom dé- (d’une thèse, de la défense d’une thèseIn, terme di-
rivent: INSURRECTIONNAIRE adj.et n. (1790; dactique moins usité que intégrisme et INTÉGRA-
d’après révolutionnairel, terme d’histoire de la Ré- LISTE adj. et n. (1936, Maritain) pour ktégriste~.
volution française, et INSURRECTIONNEL,ELLE Le latin integer a donné par emprunt savant ( 1558)
adj . (17923 aqui tient de l’insurrection» et “qui est en un autre adjectif, INTÈGRE. Le latin classique inte-
insurrection»,usuel,d’où INSURRECTIONNELLE- ger aintact, entierm et, au sens moral, &répro-
MENT adv. (17961, didactique. chablem était formé de in- privatif et de “-tupos, issu
de tungere, tuctw 4oucher)) !+ taott3.0 D’abord re-
INTACT, TE adj. est un emprunt savant (1461, levé au sens propre latin d’aentiern surtout assumé
G. Chastellain) au latin intactus, proprement cnon par intégrul (ci-dessus), l’adjectif s’emploie, à partir
touché)) et au figuré “pur, chaste>, formé de in- du XVII~s., au sens moral (1671, un homme int&grel
I+ 0 in-) et de tactus, participe passé de tangere qu’il a conservé. 0 Par extension du premier sens
*toucher» (+ tangent), qui se rattache à une racine ou par nouvel emprunt au latin, intègre est intro-
indoeuropéenne “tug- atoucher}). 1ntactus avait duit (mil. XX~s-3dans le vocabultire des mathéma-
abouti en ancien fkançais à la forme populaire héri- tiques. de dérivé INTÈGREMENT adv. (1867, Lit-
tée entait <<intact, entiep> Iv. 1150) et &ais, allègre» tré) est rare.
(v. 12001, remplacé au xv” s. par l’emprunt. On note INTÉGRITÉ n. f. est une réfection (déb. XIV~s.) de
aussi la forme masculine intacte, du XVI~ au entegriteiz (1279) «état de ce qui est entierm, em-
XVIII@siècle. prunté au latin integritas «totalité, état d’être in-
+ L’adjectif est introduit avec le sens de <vierges. In- tact», &nocence, probité>>. +Le mot apparaît avec
tact qutie ensuite (1593) ce à quoi l’on n’a pas tou- le sens de achasteté, virginité», encore usité au
ché, en parlant de choses concrètes, puis s’emploie XVII~siècle. 0 À partir du xv” s., intégtiité s’emploie
(apr. 1750) à propos de choses abstraites honneur avec les valeurs abstraites reprises du latin : il si-
intact1 et s’est dit d’un homme intègre (1812),0 Par me cétat d’une chose qui est dans son entier»
extension (18351, l’adjectif s’applique à ce qui n’a (2” moitié du xv” s., Chastellain) et au sens moral,
pas subi d’altération, de dommage (monument in- correspondant à intègre, «pureté, probité dans la
tuctl, d’oti à propos d’une personne le sens d%n- Conduite~ (av. 14651. * L’emploi en maU+matiques
demnev (xx” s.1. (mil. me s.1 correspond à celui de intègre.
INTÉGRER v. est un emprunt Il3403 au dérivé latin
INTAILLE n. f., cité comme mot italien par classique integrure aréparer, remettre en état,, are-
Ch. de Brosses (1740) sous la forme intagli et tian- nouveler, recommencerm et par figure «recréer, re-
cisé en 1808 Ontaillesl, est emprunté à l’italien inta- faire> et flexécutern. * D’abord attesté isolément au
gko (pl. intugh), attesté comme terme d’art depuis sens latin d’~~exécuter~~, le verbe réapparaît à la fin
le XIV~s. et si@fiant (centaillen. IntagZio est le déver- du xve s. au sens de «faire participer, associern ; ces
bal de intagliare <<entaillep> dérivé, par préfixation emplois ont disparu. *Intégrer est encore repris
de tugliare &illep, du bas latin taliare <couperD en mathématiques, lorsqu’apparaît intégrul II 7001,
I- tailler). avec le sens d’Keffectuer l’intégration den. oLe
verbe, dans l’argot scolaire des grandes écoles,
+ Ce terme d’art désigne une pierre tic gravée en
s’emploie par emprunt au langage des mathéma-
creux.
tiques (1892, intr.1 pour «entrer (dans une grande
wEn dérive le terme technique INTAILLER v. tr. école)». À la même époque, en emploi didactique,
( 1860, Pommier; 1874, au participe pas&). puis courant (déb. me s.), il Sign%e généralement
ufaire entrer dans un ensembles, en tant que partie
+k INTÉGRAL, ALE, AUX adj. et n. est un intégrante, +Ce verbe a fourni des termes didac-
dérivé savant t1370-1372, Oresme) du latin cks- tiques, d’abord en mathématiques INTÉGRABLE
sique integer <<intact, entier, (cf. ci-dessous intègre). adj.(1704), d’où INTÉGRABILITÉ n. f. (1873): INTÉ-
+ Le mot est introduit avec le sens, encore vivant au GRATEUR,TRICE adj.et n.m. ! 18771,terme tech-
XVII~ s., de dntégrant, qui contribue à l’intégrité du nique; INTÉGRATIF,IVE adj. kx"s.) “qui est
tout>>.Il est repris au XVII~s. (1640) pour quatier ce propre à intégrer>).
qui n’est l’objet d’aucune diminution, d’aucune res- INTÉGRATION n. f. est emprunté 11309) au sens de
triction (cf. entier). 0 À la fin du xwe s., l’emploi de &tablissementa au dérivé bas latin integrutio.
l’adjectif en mathématiques (1696, calcul titégzd oLe terme, repris en mathématiques Cli’OO), est
représente un emprunt au latin moderne integra- dérivé de intégrer ou formé d’après le latin mo-
lis, dérivé de integer par le mathématicien J. Ber- derne, en même temps que intkgral. Par extension,
nouilli. Urne intégrale «somme totale (par opposition il s’emploie pour *action d’incorporer (un élément)
à l’élément)~ est attesté en 1749 (C. Walmesley). dans un ensemble», spécialement en économie Km
0 Du sens général d’aentier* viennent les spéciali- ~IX~ s.1, physiologie, psychanalyse (xx” s.1, informa-
DE: LA LANGUE FRANÇAISE 1855 INTELLIGENCE
tique, etc. ; il désigne couramment (mil. XX~s.1l’opé- mot>> (1582). 4 Il se dit aujourd’hui pour *entende-
ration par laquelle un individu s’incorpore à un ment>>mais en gardant toujours une valeur gnoséo-
poupe. +De cet emploi dérive INTÉGRATION- logique (entendement est plutôt psychologique).
NISTE adj. et n. (mil. XX~s.1, terme de politique. Dans l’usage courant [mil. XIXes.1,il équivaut parfois
w INTÉGRANT, ANTE adj. est emprunté 11503 ; à esprit Ise torturer l’intellectl.
1520, selon T. L. FOIau latin classique integruns, -an- F Plusieurs mots de la série sont empruntés à des
hh “qui rend entier>>, participe présent de integrare. dérivés du supin de intellegere. +INTELLECTION
L’adjectif s’applique à ce qui entre dans la composi- n. f est emprunté Ixrrre s.; 1488, selon T, L. F.1 au bas
tion d’un tout, spécialement dans par-& Wégrunte. latin intekctio asens, significationn et terme de rhé-
RÉINTÉGRER v. tr. est emprunté (1352) au latin torique. Sous l’influence d’intellect, le mot a dési-
médiéval reintegrare, altération du préfixé clas- gné la faculté de comprendre (XIII~s.1 jusqu’au
sique redintegare arecommencer)), «rétablirm, ares- XVI~s., puis s’est employé pour «idée, penséeu
taurerm. +Le verbe français conserve le sens latin C1488) ; il désigne aussi C1617) un acte de l’intellect. Il
de &tablir dans son état premierm jusqu’au milieu avait repris à la Renaissance l’emploi rhétorique
du XVII~~siècle; il se spkcialise au sens de Mrétablir du latin (1521). ~NTELLECTIF, IVE adj., em-
dans la possession d’un bien, d’un droit, etc.>>( 15321, prunté Iv. 1265) au bas latin inteZZectiws xrelatif à
notamment dans le vocabulaire juridique. Rare au I’intellecb, est un ancien terme de philosophie en-
sens de uremettre (qqn) dans un lieu qu’il avait core usité littérairement; INTELLECTIVE n. f. de
quittém C1690), il est employé couramment au sens fuculté intellective, est un synonyme archaïque de
de «reprendre possession de (un lieu))) (av. 18733. inteliect. 0 Tous ces mots sont didactiques.
- k verbe a fourni RÉINTÉGRATION n. f i1326), INTELLECTUEL,ELLE adj., emprunt (v.126~) au
jusqu’au XVII~s. <remise en état>>, aujourd’hui «ac- bas latin intellectualis, s’applique à ce qui se rap-
tion de réintégrern (dep. 13671, avec les spécialisa- porte à l’intelligence, au sens large de connais-
tions du verbe. -=Les dérivés RÉINTÉGRANDE sanceB ou d’Gentendement». Le mot est devenu cou-
n. f. ( 14111, archaïque, et RÉINTÉGRABLE adj. rant au xrxe siècle. À partir de cette époque,
(1845) sont des termes de droit. l’adjectif (attesté chez Amiel, 18661 s’emploie en
Le composé DÉSINTEGRER v. tr. 118781, du préke parlant de personnes et sime adont la vie est
dé-, dés-, terme didactique de physique, est devenu consacrée aux activités de l’esprit». +Le mot, em-
courant au sens de 4ransformer (la matière) en ployé comme nom (mil. XIX~s.1, fait fortune à la fin
énergie>> Cdéb.XX~s-1 et se dît au figuré pour <dé- du XIXes., utilisé avec une valeur péjorative par les
truire complètement» (xx” s.l. +a a fourni DÉSIN- adversaires du capitaine Dreyfus en faveur duquel
TÉGRATION n. f. (18711, spécialisé en physique beaucoup d’écrivains s’étaient engagés ; le substan-
( 1907) et qui s’emploie aussi au figuré. Ces deux tif s’emploie parfois encore péjorativement, l’intel-
mots se sont diffusés aprés 1945 avec les applica- lectuel étant considéré comme coupé de la réalité.
tions militaires (bombe atomique), puis civiles de la Mais il peut aussi être neutre ou mélioratif. Au plu-
physique nucléaire. riel, le nom f 1913, Péguy) est opposé à d’autres ca-
INTÉGRISTE n. et adj. est un emprunt (19131à l’es- tégories sociales. 0 INTELLO adj. et n. 11977) est
pagnol integtita <membre ,d’un p/ti espagnol une abréviation familiiére et péjorative formée avec
voulant la subordination de 1’Etat à l’Eglise*, dérivé le stixe populaire -0. 4 De l’adjectif dérivent des
de integro, de même origine que le lançais En- termes moins usuels: INTELLECTUELLEMENT
tègre”; le mot est attesté en 1894 au sens de adv. ( 150 1, inteilectuulement) ~par l’intellect> ; IN-
<d’étroite observance». -1ntégtite en franCais est TELLECTUALITÉ n. f. (17841, attesté isolément en
d’abord employé par référence & l’Espagne Ipatii
ancien français 6n XIII@s.1 au sens de ccompr6hen-
intégriste1 ; par extension, le mot désigne un ad- sionB ;INTELLECTUALISER v.tr.(1801,Villers ex-
versaire du modernisme, un défenseur de l’inté- posant le système de Kant ; 1862, au pronominal1
grité de la doctrine et de la tradition, en parlant de d’où vient INTELLECTUALISATION n. f. (1894);
la religion catholique (mil. xx” s.), puis de l’Islam INTELLECTUALISME n. m. (1851, Amiel) aten-
Cv.1975). Par analogie, il désigne un partisan ex- dame à faire prévaloir les fadeurs titellectueb,
trémiste de l’intransigeance, dans le domaine poli- probablement d’après l’angltis intellectualism
(18293, et INTELLECTUALISTE adj. et n. 11853,
tique Iv. 1970). +INTÉGRISME n-m. (1913) est em-
Amiel) qui correspond à l’anglais intellectuulist
prunté à l’espagnol integtimo 11885) ou dérive
(16051.
d’intégriste; ses acceptions correspondent à celles
@ voir INTELLIGENCE.
de ce mot, le contexte religieux, chrétien ou isla-
mique, l’emportant en fréquence en concurrence INTELLIGENCE n. f. est un emprunt acien
avec fondamentulisme. (v. 1175) au latin classique intelligentia, variante de
ipztelZege&& #action de comprendrw et «faculté de
INTELLECT n. m. est un emprunt EV.1265, in- comprendre, entendement>>, puis en latin chrétien
ieZZec3 au latin intellectus Nperception (par les abonne entente, commun accord>> et em &tre spi-
sens))), <<sens, signiGca;tionm et qfaculté de com- rituel, ange» (v, 1205). Le mot est dérivé de WeZZe-
prendre», formé sur intellectum, supin de intelle- gere ou intelligere, proprement <choisir entre (par
gere &scerner, comprendre> c-+intelllgencel. l’esprit)n d’où ccomprendrem et «apprécier)), verbe
+ Le mot, didactique à la différence de Intelligence, formé de inter {{entre, (+ inter-) et de Zegere acueil-
a été employé dans le langage scolastique au sens lir, rassemblep, d’où 4.ire~>(+ élire, lire), qui se rat-
d’«intelligence)> avec la valeur gknérale de acapa- tache à la racine indoeuropéenne “Zeg- ~Cueillir~,
cité compré hensivw ; ii a aussi si&& 4ens d’un ddsir*, ~~rassembler~.
INTELLIGIBLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot reprend d’abord le sens du latin classique, INTELLIGIBLE adj. est un emprunt (v. 1265)
(<faculté de connaître, de comprendre» d’où vient au latin classique intelligiM,s “qu’on peut
celui de Nqualité de l’esprit d’une personne qui comprendre- et en bas latin “qui peut
comprend3 Ixwe s.), plus courant. Il désigne ensuite comprendren, dérivé de intellegere <<comprendre»
(1370-1372, Oresme) un être spirituel, par opposi- E+ intelligence).
tion à la matière ; plus tard, comme en latin médié- 4 L’adjectif s’applique d’abord, en philosophie, à ce
val, les Welligences célestes s’est dît pour ales qui ne peut être connu que par l’intelligence, par
anges» (16943. 0 l?ztelligence désigne aussi (v. 1500) opposition à sensible (monde intelliguble, Des-
une relation secrète entre des personnes, d’où cartes). 0 Il prend ensuite dans l’usage courant le
l’emploi ( 16 111, repris à l’anglais, pour parler d’une sens (1521) de “qui est plus ou moins aisé à
information fournie par un service privé de ren- comprendre*, d’où, en parlant d’une personne, “qui
seignements (of, intelligencier n. m. «espion-, 16 111 se fait comprendreti, en général par le langage, et
et au pluriel d’informations diplomatiques (1828). 115381 “qui peut être distinctement perçu par
Ces valeurs ont disparu, mais le mot subsiste au l’ouïe )),donc acompris n. 41 s’est employé au XVI~s.,
pluriel, pour parler de personnes placées dans des comme en bas latin, pour Gntelligent~ 11530).
camps opposés, et dans les locutions être d’intel-
b De l’adjectif procèdent INTELLIGIBLEMENT
ligence wec gqn (1643) ou, par figure, avec g$ch.,
adv. (15211, INTELLIGIBILITÉ n.f. (1712, Fénelon),
archaïques, et en &ome, mauvaisel intelligence
et le contraire préfké ININTELLIGIBLE adj., em-
aen conformité de sentimentsn ( 1638).
ployé en parlant de choses (1640), puis de per-
Au XVI@s., intelligence de @qch.1 désigne (15%)
sonnes (1757- 1762). 0 Ce dernier a pour dérivés di-
l’acte ou la capacité de comprendre qqch. Par ex-
dactiques OU littéraires, ININTELLIGIBLEMENT
tension du sens d’4tre spirituel>>, le mot se dit aussi
adv. (av. 1622, F. de Sales, attestation isolée; repris
(1598) de l’être humain en tant que capable de ré-
en 1829) et ININTELLIGIBILITÉ n.f. (av. 1714).
flexion. L’emploi pour apersonne supérieurement
intelligente)) Cmil. x& s.1 a été précédé par ww in-
INTEMPÉRANT + TEMPÉRER
telligence de I’fitat “qui joue dans l’État un rôle
éminent> (1694). INTEMPÉRIE n. f. représente un emprunt
Calque de l’anglo-aznéricain, intej!@ence,M- (1534, Rabelais) au latin intempertes 4tat déréglé,
tieae prend le mot dans son sens initial et désigne immodéré (de qqch.)n et spécialement dans intem-
la partie de l’informatique qui vise la simulation peries caeli Gnclémence de l’atmosphère> et
des facultés cognitives hwnaines (abrév. LA.). <orage=. Le mot est formé de in- k--+0 in-) et de tem-
kMÉSINTELLIGENCE n. f. (1490), for-nié avec peries aalliage, juste proportion~~ et utempératurem,
més- *, préfixe péjoratif, désigne un défaut d’accord dérivé de temperare «méla;ngern et umodéren
entre des personnes; le mot est didactique ou litté- (+ tempérer).
raire. + ININTELLIGENCE n. f. (17913,de 0 in-, se +Le mot est d’abord usite avec l’idbe de Ndke@e-
dit plus couramment du manque d’intelligence et
ment)>, dans des emplois sortis d’usage : en parlant
118333 du compotiement qui le traduit, en relation
des conditions atmosphériques (1534, intempeti de
avec inintelligent. ~INTELLIGENTIELJELLE adj.
I’aer), puis du fonctionnement du corps humain
11832, Balzac), *relatif à l’intelligencem, est sorti
11587, I’intemperie de maladies), employé en méde-
d’usage.
cine jusqu’au XVIII~siècle. Il s’est dit par figure des
INTELLIGENT,ENTE adj. est emprunté (14201 au
sentiments (1652, adésordonnén), sens où il est en-
latin classique intelligetw, intellegens “qui
core employé chez Rousseau. 4Le sens moderne
comprend, qui s’y connaîto, dérivé du verbe.
de amauvais temps>> apparaît à la fm du xvrues.
0 L’adjectif est introduit avec le sens latin disparu
( 1779-1796, au pluriel, H. de Saussure) avec l’in-
de “qui est expert dans un arts. Il s’applique ensuite
fluence du latin tempus.
couramment à qqn qui a la faculté de comprendre
0 voir TEMPS.
(16ll).de dérivé INTELLIGEMMENT adv.estat-
testé au XVII~s. (1636). + Sur l’adjectif a été formé
INTEMPESTIF, IVE adj. est un emprunt sa-
INXNTELLIGENT,ENTE adj. (1770; -4%~1 dont
vant ( 1440-14753 au latin intempestive <<horsde sai-
procède ININTELLIGEMMENT adv.E 1833).
son, déplacéb et Gnopportun~~, composé de ivt-
INTELLIGENTSIA ou INTELLIGENTZIA n. f, in-
(+ 0 in-) et de tempestivus “qui vient à tempsa, “OP-
troduit en français en 1902 (sous la forme intelligen-
portuw, dérivé de tempus atemps)> et <<saison,épo-
t-h), écrit intelligentsia dep. 1920, est emprunte au que de l’année» (+ temps3.
russe intelligentsia (19011; le mot désignait la classe
des intellectuels réformateurs dans la Russie tsa- + Introduit avec la valeur générale de l’étymon la-
riste de la En du XIX~ siècle ; beaucoup s’engagèrent tin et rare jusqu’à la ti du XVIII~s., l’adjectif s’ap-
dans le mouvement nihiliste. Melligentsia est lui- plique, dans un emploi littéraire, à ce qui se produit
même emprunté au latin classique intelligentia à contretemps, vient mal à propos, et, plus courarn-
acompréhensions. + En franqais, intelligentsia est ment, à un comportement qui choque ou étonne
d’abord un terme d’histoire; hors du contexte Iquestiun intempestivel.
russe, le mot désigne au xx’ s. ( 1930) les intellec- F De l’adjectif dérive INTEMPESTIVEMENT adv.
tuels, dans un milieu ou un groupe humain donné, qui signih kntnodérément~ ( 15551 et ade manière
ce sens étant repris à l’anglak intelligentsia ( 1914) intempestive» (1611). +INTEMPESTIVITÉ rk f.
de même origine, ( 1791, Domergue), emprunté au dérivé bas latin in-
@ voir INTIlLLECT, INTELLIGIBLE. tempestivitus, est didactique et rare.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1857 INTENTER

INTENDANT, ANTE n. a été formé (1565, s’emploie à propos d’une maladie dont les symp-
n. m.1 par aphérèse du moyen français surinten- tômes se manifestent avec force (1812), Avec cette
dant Ici-dessous), lui-même issu du moyen tiar@s valeur intense s’applique couramment à ce qui est
superintendent. Une forme analogue est toujours soutenu et vif havail intense).
vivante en mglak Superintendent est emprunté au b Le dérivé INTENSÉMENT adv., formé par analo-
latin médiéval superintendens, participe présent gie avec des dérivés d’adjectifk en -6, comme aisé-
du bas latin superintendere +w”vetiera, formé de ment, est attesté une première fois vers 1390 (inten-
super I+ super-) et du latin classique intendere sement, E. de Conty) mais n’est repris et répandu
atendre vers*, au propre et au figuré, d’où adiriger que beaucoup plus tard, et longtemps après intense
son esprit sur qqch.n (+ entendre). Intendere est lui- (1837, Barbey d’Aurevilly). + INTENSIF, IVE adj.
même un dérivé de tendere, tensus <tendre, tendre est dérivé (14951 de intense ou emprunté au latin
àm I+ tendre). médiéval et scolastique intensives <caractérisé par
+ Intendant, aujourd’hui terme d’histoire, désignait une tension, un effort, un accroissement>. Cet ad-
un agent du pouvoir royal, d’abord l’intendant des jectif vient, par substitution de stixe, de intensio,
finances puis (v. 1570) l’intendant de la justice; au issu de intendere. 0 D’abord employé pour quali-
XVII~ s., c’est le titre donné à certains fOn&OnnaireS fier ce qui provoque un accroissement d’intensité,
chargés d’un service ou d’un établissement public l’adjectif n’est ensuite repris et diffusé que vers
(16231, L’intendante 116801 étant l’épouse d’un inten- 1700 (Fénelon) en philosophie avec le sens de <<quia
dant. 0 Par analogie, le mot désigne une personne le caractére de l’intensité)> d’ou en particulier “qui
qui administre les biens, la maison d’un particulier ne se laisse pas mesurer* (1819, Maine de Btianl.
(1668; 1840, au fémînînl, et au féminin la supérieure Au xme s., intensif s’emploie aussi en linguistique
de certains couvents de femmes (déb. XVIII~S.I. Le ( 1840, verbe intensif: fome intensive), reprenant
mot est repris dans le vocabulaire administratif alors la valeur du bas latin tntentivus aaugmentatif
(1817, intendant militaire) et on parle aujourd’hui (en parlant d’un prétie, d’un adverbe)>>. Dans un
d’intendant de pensionnat. tout autre domaine, le syntagme culture intensive,
b INTENDANCE n. f. dérive 115431 de intendant OU opposé à culture extensive, est attesté en 1859. 0 À
est tiré du moyen français superintendence Cl4911 la fm du XIX~ s. apparaIt le sens général aujourd’hui
emprunt au latin médiéval superintendentia. -Le courant : aqui fait l’objet d’un effort intense)} (1893,
mot a suivi une évolution sémantique analogue à Durkheirn, travail intensif). 0 De l’adjectif dérive
celle d’intendant. Son emploi dans l’administration INTENSIVEMENT adv. Iv. 13903, repris aIESi vers
militaire donne lieu à des mhtaphores #inten- 1700.
dance suivra). Intendance a été repris Iv. 1959) pour INTENSITÉ n. f., dérivé au XVIII~ s. d’intense, peut-
désigner l’ensemble des t&ches économiques de être par influence de l’anglais intensity (16651, s’em-
l’État. ploie en sciences puis couramment E1740) au sens
SURINTENDANT,ANTE n. est d’abord attesté en de «degré d’énergie, de force, de puissancen et par
histoire antique, pour cchefm(1556). Puis (15691, c’est figure (1745, Diderot) en parlant d’un sentiment.
le nom de divers officiers chargés de la haute sur- 4 Le nom a fourni le composé didactique SURIN-
veillance d’une administration ; le surintendant des TENSITÉ n. f. (1909). +Un autre dérivé d’intense,
Finances jouait sous l’Ancien Régime un rôle de INTENSIFIER v. tr. (1868, p. p.) xrendre plus in-
ministre. Par changement de préke, le mot rem- tense>, a fourni INTENSIFICATION n. f. (1893,
place superintendant (ci-dessus). 0 Le féminin Durkheiml.
EV.1660) a désigné la femme du surintendant des Fi-
nances, puis Cl6901 la dame placée à la tête de la INTENSION n. f. est un emprunt (2” moitié du
Maison de la Reine. Aujourd’hui, le nom est le titre XIVes.1 au latin classique intensio <<action de tendre,
(18351 de la directrice d’une maison d’éducation de tensionu, <accroissement, augmentation5 et en la-
la Légion d’honneur. +SURINTENDANCE n. f. tin scolastique xaccroissement d’intensité, de
(1556), composé de intendance, succède à superin- forcen, Neffort>>et Gntensitén, variante de intentio
tendance 11491) et désigne la fonction de surinten- (-3 intention).
dant (16361, son bureau (17401. +SOUS-INTEN- + Le mot s’est d’abord dit pour =augmentation». Il a
DANT, ANTE n. (1732) désigne un intendant été employé en philosophie (1377, Oresme) pour
militaire adjoint et l’adjoint d’un intendant univer- désigner la qualité d’un phénomène, d’un proces-
sitaire (1945). oSoUS-INTENDANCE nf. est pré- sus, quand on peut y distinguer des degrés d’inten-
fké ( 1834) d’intendance, d’après sous-intendant. sité. À la ti du xwe s., il s’est utilisé pour <<force,
haut degré d’une qualit& lintension de la fibre),
INTENSE adj. est un emprunt savant iv. 1240, sens disparu. +Le mot est repris au XX~ s. en lo-
G. de Lorris) au bas latin intensus ((fort, vîolentm, gique ( 19321, d’après l’anglais intension (18361, syno-
participe passé adjectivé du latin classique inten- nyme de compréhension (d’un concept, d’un mot) et
dere <tendre vers », ({avoir l’intention ou la préten- opposé à extension*; il est alors didactique.
tion des (+ entendre).
b De l’emploi en logique dérive INTENSTON-
4 L’adjectif, relevé dans des attestations isolées NEL, ELLE adj. (mil. xx” s., définition intemion-
(parmi lesquelles Oresme, 13771, se répand au nelZe1, d’aprés l’anglais intensional.
XVII~ s. au sens de “qui agit avec force», “qui dépasse
la mesure ordinaire, 11641). Il Sign%e <grand, fort,, INTENTER v. tr., réfection Xm XIVes.) de in-
par exemple en parlant d’une qualité physique et tempter (13551, est un emprunt savant au latin in-
de sentiments 117523, d’un son (17681. Au mes., il tenture ou intemptare <diriger contren, spécialisé
INTENTION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ensuite en droit et composé de in- I+ 0 in-) et de intentionnelles asensibles>> (16361 par emprunt au
tenture, fréquentatif de tendere, au participe passé latin scolastique intentiondis “qui est de l’ordre de
tensus ou tentus «tendre*%. la représentationm. 0 Puis l’adjectif s’applique à ce
4 Le verbe conserve en droit le sens latin, Nentre- qui est fait exprès, avec intention 117981, notarn-
prendre contre qqn lune action en justiceIn; il est ment en droit (1802; délit intentionn& Le mot est
relativement usuel (intenter un procès). repris en philosophie 119311par traduction de Hus-
serl. 0 De cet adjectif vient INTENTIONNALISER
INTENTION n. f,, d’abord écrit intention v.tr. (1943, Sartre) et INTENTIONNALTSME n.m.
Iv. 11801, modiM pour le préke par rapport aux ( 1946, Mounier). *INTENTIONNELLEMENT adv.
formes anciennes entenciw Il 1191, entancion.
( 1566) reste longtemps rare ; il n’appara& dans les
(11761, est emprunté au latin classique intenti aten- dkttionnaires qu’à partir de 1823. -INTENTION-
sion, action de tendre*, aattentions, *effort vers un NALITÉ n. f. est un terme littéraire (18771. En philo-
but, volont& et Gntensitéu, qui avait pris en rhéto- sophie (1931, traduction de Husserl), il est, comme
rique le sens de =ce qui soutient le demandeurm et les autres mots de la série, propre au courant phé-
en latin scolastique des valeurs intellectuelles : =ap- noménologique.
+ Voir IINTIZNSION.
plkation de l’esprit à un objet de connaissance* et
ucontenu de pensée>. Intepzti dérive de intentum,
0 INTER (LNTERURBAIN) +URBAIN
supin de tntendere I+ entendre), lui-même dérivé @INTER +INThRIEUR
de tendere, tensus atendre àm(+ tendre).
+ Le mot est d’abord attesté Cl1193au sens d’ttenten- INTER- est un élément emprunté au latin inter,
dement, opinion>>, qui a disparu. Puis il reprend proprement 4 l’intérieur de deuxs I+ entre-), pré-
( 1176) le sens latin de Nfait de se proposer un butn, verbe et préposition formé de in <<dans>> I+ en) et de
demeuré vivant; de là viennent les locutions ;i GI- l’élément -ter- servant à opposer deux parties.
tention de kil, xv” s.) <pour, en l’honneur de>, 4 Inter- entre dans des composés exprimant I’es-
souvent employé avec un arrière-plan moral ou re- pacement, la répartition (sens local ou temporel),
ligieux, et en l’intention que I 15461, & l’intention que, dont certains sont empruntés au latin (par exemple
employés aux xwe et xv# s. puis sortis d’usage. interlinéaire, 1389 ; latin interlinearisl. 0 Les forma-
0 Au XVI~s. aussi, le mot désigne en philosophie tions françaises appartiennent au vocabulaire
11563, première intentiunl, d’après le latin scolas- scientsque, en anatomie (intercostal, XVI~sd, puis à
tique, l’application de la pensée à un objet de partir du XIX” s. en astronomie (interstellaire, 18031,
connaissance. 0 11 est employé également, avec en géographie (intertropical, 18173. + Les forma-
une valeur concrète, en chirurgie (1572, Paré) pour tions où inter- exprime une relation ou la récipro-
aaction de tendre (les lèvres d’une plaie pour les cité (intehgbnal, 18933 ne semblent pas procéder
rapproche+. 0 Le mot s’emploie spécialement de modèles latins ; inter- y représente plut6t un
dans direction d’intention 11656, Pascal), expression doublet savant de entre-. Certains composés, enfm,
employée dans la polémique entre les jésuites et sont empruntés à l’anglais (par exemple internutio-
les jansénistes au xwe s., et désignant l’attitude nul, 1802 ; + nationak
d’esprit qui rapporte des actes et des paroles à un
but qui leur confère une valeur morale. 0 D’après INTERCALER v. tr. est emprunté (1520) au la-
l’idée de cdesseina, intentiun se dit du but qu’on se tin classique intercake <<proclamer un jour ou un
propose d’atteindre (XVII~s.1 et d’un dessein ferme mois supplémentaire (pour remédier aux irrégula-
et prémédité (XVIII~s.); le mot s’emploie, avec cette rités du calendrier)» surtout au passif impersonnel,
même idée, dans plusieurs locutions usuelles ; et par la suite &-&rerm ; le verbe est formé de inter-
avoir Entention de (et infuGti0, dans l’intention de (+ inter-) et de cake cproclamer, convoque-,
(et inkitif), A J’intentiofl de; il est usité spéciale- verbe archtique employé seulement dans cer-
ment en droit (XIX~ s.) au sens de wolonté taines expressions de la langue religieuse ou juri-
consciente de commettre un fait interdit par la loim. dique, et qui se rattache à une racine indoeuro-
Procès d’intention (mes.) se dit d’une accusation péenne “Mella-, %el-, Og& aappelern (cf. l’anglais
portant sur les intentions et non sur les actes Vuire to cull) (+ nomenclature).
à qqn un procès d’intentionl. * Enfh, le mot est re- 4 Le verbe français conserve le sens latin, en chro-
pris en philosophie (1931, traduction de Husserl) nologie hntercaler un jour au mois de février, tous
pour désigner un acte de la conscience qui donne les quatre unsI. 011 s’emploie ensuite couram-
un sens aux données sensibles. ment, d’abord au participe passé (1564) pour
F Le d&ivé TNTENTIONNER v. tr. est attesté au <<mettre une chose entre deux autres> ( 1611, à l’infl-
XVI~s, (158g) pour <tourner l’attention de (qqn vers nitif.
qqch.)a puis pour <orienter vers> (v. 16901, sens sor- b INTERCALAIRE adj. et n. m. est emprunté au
tis d’usage. Il est repris en philosophie (1936, dérivé latin intercalutius. Comme en latin, l’adjectif
Sartre) et signifie wiser par la penséea, d’après s’emploie en chronologie : jour intercalaire dans le
Husserl. - INTENTIONNÉ, ÉE adj ., sorti d’usage calendrier grégorien, mois intercalaire dans I’Anti-
( 1567) au sens de *qui a l’intention de%, s’emploie quité grecque (v. 1355). Il s’applique couramment à
( 1626) dans bien, mal intentiomk “qui a de bonnes, ce qui peut s’intercaler (1558, Jodelle, vers tnter-
mauvaises intentionsw. +INTENTIONNEL, ELLE calaire arépété en refrainmI, notamment une feuille
adj., réfection (1487) de intencionnd kV.1380), qua- de papier; un intercalaire n. m. désigne un élément
fie ce qu’on a en vue; il s’est employé dans espèces intercalé (1936). 4NTERCALATION n.f.,emprunt
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1859 INTERDIRE

au dérivé latin intercalatio, lui aussi terme de chro- communications commerciales entre deux pays
nologie, est didactique (xv” s.1, puis courant pour ( 1494, entercourse) et; le droit réciproque accordé
<action d’insérern; en ce sens, Sartre utilise le dé- mutuellement aux navires de deux nations d’accé-
rivé régulier français INTERCALAGE n.m. (1943) der à certains ports. Le moyen anglais entercourse
qui reste rare. est lui-même un emprunt au f&nçaîs entrecors, en-
trecours, nom masculin (fin XII” s.), aéchangep. Ce
INTERCEDER v. intr. est emprunté (av. 1449) dernier, ainsi que la variante intercours I14771, est
au latin classique intercedere *venir, aller entre», emprunt6 au latin classique intercursus, dérivé de
aintervenir pow et aussi +‘opposer àm, use trouver intercurrere, de inter- et currere I-+ cow-irl.
entre* et =survenir» puis spécialement, en latin + En français, le mot reprend d’abord le sens mari-
chrétien, {(prier pour qqnn en parlant du Christ, time puis s’emploie comme terme de commerce
d’un saint. Le verbe est fomné de inter- (4 inter-3 et ( 18671; il est archaïque.
de ceo!we, cessus &ler, marcher, s’en allep I+ cé-
derl.
INTERDIRE v. tr. est emprunté (v. IZSO), avec
+ Le verbe, d’abord avec la constrwzttion intercéder adaptation d’après dire, au latin classique interdi-
a qqnpor (pou~?.~, ne conserve que l’un des sens du cere <<défendre (qqch. à qqn)s, Mformuler une dé-
latin classique et Sign%e Gntenrenir auprès de qqn fense> et en latin médiéval chrétien (IX~s.) udé-
(pour obtenir qqch.)p, notamment dans un contexte fendre la célébration du culte (dans un lieu ou à un
religieux (1482). prêtrelm. Le verbe latin est formé de inter- b inter-1
b Le franqais a emprunté au latin deux mots déri- et de dicere, dicti qui a donné dire*. On trouve
vés de intercessum, supin du verbe. - INTERCES- aussi en ancien français la forme francisée entre-
SEUR n. m. (13501, réfection de la forme adaptée dire amettre (qqn, un lieu1 en interditp Il 174).
entiecessor 112161, conserve le sens du latin inter-
4 Le verbe reprend d’abord le sens général de *dé-
cesser acelui qui s’entremetn (auprès de Dieu, en ïa- fendre (qqch. à qqn)%; c’est cette idée de défense
tin chrétien). +INTERCESSION n. f. (1223) est em-
que l’on retrouve dans tous les emplois. interdire
ployé au sens du latin intercessio uaction s’utilise dans le domaine religieux en parlant d’un
d’intercéder), en latin chrétien, puis en droit ro- lieu (1376-13781, comme en latin chrétien. Il s’em-
main, le mot ayant Sign%é surtout ~Opposition~ en ploie ensuite (av. 1615) au sens de apriver (qqn3 du
latin classique. La série est sémantiquement très droit d’exercer ses fonctionsu (cf. suspendrel. 0 De
homogène, ces deux mots gardant les valeurs du l’adjectif interdit (ci-dessous) vient l’emploi (16561,
verbe. aujourd’hui rare, de <<jeter (qqn) dans un trouble tel
qu’il lui ôte la faculté d’agiw en ce sens, s’interdire
INTERCEPTION n, f. est emprunté (2” moitié
ase troublep (1661, Molière) est sorti d’usage. 0 In-
du XIII~s.1 au latin ckssique interceptia <<soustrac-
terdire s’emploie en droit canon en parlant d’une
tion, vol%et 4nterruptionn, formé sur interceptum,
personne (16561, puis en droit civil ( 1690). 0 un em-
supin de intercipere <soustraire, dérobep, {{enlever
ploi absolu correspond à <exercer des contrainte+,
avant le tempsn et (<prendre au passagen; le verbe
notamment sociales (cf. le slogan de Mai 1968 : il est
est composé de inter- C+ inter-) et de capere, captus
interdit d’interdire).
<prendre, saisir n, *contenirm, qui se rattache à la ra-
cine indoeuropéenne “kzap- dprendren (+ captif, b INTERDIT. ITE adj. a Suivi la même évolution sé-
capter). mantique que le verbe : il s’applique à ce qui n’est
4 Le nom désime d’abord l’action de prendre au pas autorisé et si@e parfois (1383, enterdit) Nex-
passage et par surprise (ce qui est destiné à qqn); il commun&, sens sorti d’usage. 0 Il s’applique spé-
reprend ensuite (v. 1370) le sens du latin Gnterrup- cialement à une personne (1587) happée d’un
tien». Du premier sens viennent des emplois spé- trouble qui l’empêche d’agir, emploi courant au
cialisés, dans le domaine militaire (1755, intercep- xwe s. et qui a entramé une acception nouvelle
tion d’une flotte; 1952, avion d’interception) et en pour interdire (ci-dessus). + INTERDIT n. m., réfec-
sports (1900). tion (xv” s.1 de intredit 113661, est emprunté au latin
classique interdictum, forme de interdkere : Anter-
F INTERCEPTER v. tr., formé à partir du nom, a diction (en général)» et terme de droit, puis en latin
des emplois analogues : d’abord (1528) =Prendre au médiéval chrétien esentence ecclésiastique défen-
passage5 spécialisé dans le domaine militaire dant la célébration des office+. 0 Le nom reprend
(1770) et en sports (1896). 011 sime aussi (1606) d’abord le sens religieux (aussi sous la forme fran-
*arrêter dans son course. +Du verbe procède IN- cisée entredit, 1213) puis est employé en droit C1478-
TERCEPTEUR n. m., rare au sens générti (1757). 1480). Il est repris au me s. au sens de {{condamna-
Le mot correspond au dérivé latin intercepter acelui tion absolue qui écarte qqn d’un groupem (1840,
qui intercepte Y 0 Il est employé pour <avion d’in- G. Sa;nd3; il désigne ensuite plus couramment une
terceptionn ( 1950), probablement d’après l’anglais interdiction émanant du groupe social (attesté en
intercepter I 1934). 1946) ou l’effet sur le comportement d’une instance
psychique en psychanalyse (cf. tabou).
INTERCHANGEABLE + CHANGER
INTERDICTION II. f., réfection t 14621 de interdition
INTERCOSTAL +CÔTE ( 14101, est un emprunt au dérivé latin classique in-
terdictio *adion d’interdire*, qui a désigné en latin
INTERCOURSE n.f. est emprunté (1839) à médiéval l’interdit ecclésiastique, sens repris en
l’anglais intercourse désignant l’ensemble des fkançais. 0 Le nom a des emplois analogues à ceux
INTÉRÊT DICTIONNAIRE I-IISTORIQUE

du verbe, spécialement en droit civil (1690) et en testé chez Montesquieu (1748). ~INTÉRESSE-
droit pénal ( 1873, interdiction de séjour). MENT n. m. appardt isolément en moyen fiançais
(1464) au sens de *dédommagement% ; il est repris
+!+INTÉRÊT n. m. est un emprunt (1290) avec dans un contexte littéraire au sens de afait de
substantivation au latin classique interest ail y a de prendre intérêtm (déb. XX~s.3puis en droit social au
la différence entre%, Gl importen, 3” personne de milieu du XX~s., désignant l’action d’intéresser (le
l’indicatif présent de interesse <être entreti, &tre personnel) aux bénéfices dune entreprise. + INTÉ-
Parmi~, &tre présent m,<(assister àn, puis 4tre dis- RESSANT, ANTE adj. s’applique (17181 à ce qui in-
tant3 et au figuré cparticiper à, s’occuper dea (cf. ci- téresse, retient l’attention et spécialement 119131 à
dessous intéresser). Ce verbe est formé de inter- ce qui présente un intérêt matériel ; en concur-
I+ inter-) et de esse (+ être). En latin médiéval, l’in- rence avec des emplois négatifs usuels Cten’est pas
fmitif substantivé interesse désigne un dédomma- intéressantl, le contraire préfrxé ININTÉRES -
gement pour la résiliation d’un contrat et l’intérêt SANT, ANTE adj., proposé à propos d’une chose
dune somme prêtée (v. 12001, l'usure étant à i'ori- ( 1845, R. de Radonvilliers), est effectivement relevé
gine considérée comme un dédommagement du chez Huysmans en 1880 puis en parlant d’une per-
revenu qu’aurait pu obtenir le créancier. sonne (1901, Gide).
+ Le nom est introduit en fkmçais avec le sens de DÉSINTÉRESSER v.tr. (1552, Rabelais; 1690,
«préjudice, tortB, lié à l’idée de «ce qui importe,, pron.1 reflète les deux valeurs principales d’inté-
sens sorti d’usage depuis le xW s., mais d’où pro- resser, psychologique et financière. Il correspond à
cède dommages et int&êts ( 1343, dampmages et arendre étranger à une affaire en indemnisant%,
interes aindemnité due à qqn pour la réparation d’emploi spécialisé, et plus couramment à *détour-
d’un préjudicenI, et le sens devenu archaïque, Gn- ner de l’intérêt (porté à qqch.1, surtout au pronomi-
demnit6 I13771. + Intérêt désigne ensuite (1445) le nal se dkintéresser de (qqn, qqch.) I16901. + Le parti-
fait d’être concerné par qqch., puis ce qui importe à cipe passé DÉSINTfiRESSÉ, ÉE adj. correspond
qqn (14671.On passe ensuite à *fait de prendre part d’abord à ce dernier sens ; il signifie 4ndifErent~,
(à ce qui concerne qqn), (1580, Montaigne), qui sur- puis (1665) “qui n’agit pas par intérêt, notamment fi-
vit dans des locutions verbales (1640, prendre,por- nancier?o; dans ce sens, il se dit aussi des actes, des
ter intérêts et dans d’intérêt (marque d’htérêtl. comportements. + DkSINTÉRESSEMENT n. m.,
0 Par extension, intérêt se dit de l’attention portée attesté au ~II~ s. (1649, Retzl, désigne l’absence de
à ce qui est jugé important 11675, M”” de Sévigné), mobiles d’intérêt personnel, notamment Tenanciers,
puis de la qualité de ce qui retient l’attention 117401 et plus rarement (xx” s.1 le fait de se désintéresser
et en particulier du sentiment proche de l’amour de qqch. 4DÉSINTÉRÊT n. m. est dérivé (18303 de
qu’une femme porte à un homme (17821, sens ar- se désktéresser d’après intérêt; il ne s’emploie
chtique. qu’au sens moral d’intéresser, spécialement en psy-
Par ailleurs, le mot désigne (14621, d’après le latin chologie k!ksintérêt affectifl. -ININTkRÊT n. m.,
médiéval Ici-dessus), le profit retiré dune somme de 0 in- et intérêt (1903, Huysmans), eabsence d’in-
pr&ée; dans cet emploi, il est complémentajre de térêt psychologiqueti, est très littéraire ; le mot a
capital (somme principale). 0 De cette idée de are- probablement été suscité par inintéressant.
venus vient l’emploi (1690) pour aargent qu’une per-
sonne a dans une tiairem d’où avoir des intérêts INTERFACE n. f. est emprunté 11965) à l’an-
(dans une tiaire, etc.). Q Avoir intérêt à, attesté au glais interface w.wface placée entre deux portions
xwe s. (15341, s’emploie surtout au figuré, pour ade- de matière ou d’espace3 (18821, d’où alieu d’inter-
voir faire qqch. dans son propre intérêtb. action entre deux systèmes, deux organisa-
b INTÉRESSER v. tr. a suivi une &OlUtiOn Seman- tions, etc., (1962) et 4spositif destiné à assurer la
tique analogue à celle d’in&&, dont il est dérivé connection entre deux systèmes)>. Le mot est formé
( 1356, au p. p.1 d’après le verbe latin interesse. de inter- eentreu (4 inter-) et de face wu%ce, as-
~Sorti d’usage au sens de =Porter atteinte à pectm, de même origine que le tiançais face*.
(qqch.)n, le verbe s’emploie à la fin du xwe s. aux + Le nom reprend les sens abstraits de l’anglais en
sens de <retenir l’attention (de qqn), 11588, Mon- physique et dans le vocabulaire technique; il dé-
taigne), d’où s’intéresser pour (qqn1 4ui être favo- signe spécialement la jonction entre deux élé-
rable ou défavorable, (1636, Corneille), et es’enga- ments d’un système informatique et s’emploie
ger envers qqnm Il!%s, Montaigne), valeurs aussi métaphoriquement.
archaïques. 0 De là viennent les emplois pour 4ns- F Le terme technique INTERFACAGE n. m. est dé-
pirer de l’intérêt, de la bienveillancen (1666, Mo- rivé en français Cv.1974).
lière) et ufaire participer (qqn) au profit d’une a&
fairea (16751, d’où INTERES& n. m. Nassociém INTERFÉRER v. est un emprunt (1819, Arago
(1634). 0 Parallèlement, INTÉRESSÉ, ÉE adj., et Fresnel) à l’anglais to Lnten’ere (XVI” s.1ase frapper
d’abord attesté t 1356) en droit au sens premier d’in- l’un l’autre, s’entrechoquep d’où as’entremêler,
térêt et d’intéressé (parties intéressées 4ésées4 et conjuguer ses effets*, employé spécialement en
en chirurgie (15491, passe ensuite de l’idée d’être physique (1801, Th. Young), et qui Sign%e aussi, de-
lésé à celle d’être concerné (16361, le mot désignant puis le xwe s., aentrer en collision ou en opposition>
aussi une personne qui recherche avant tout son et xinterveti. Le verbe anglais est lui-même em-
avantage personnel (av. 1648) ou ce qui est motivé prunté à l’ancien frmçais s’entreferir 6e frapper
par l’égoïsme ! 1665). 0 Au sens moderne *être de l’un l’autre, s’entrechoquen Iv. I 1651, composé de
quelque importance pour (qqr&, intéresser est at- entre” et de férir” &appern.
DE LA LANGUE FRANÇAISE INTÉRIM

4 Le verbe est introduit comrne intransitif en phy- (1656, Corneille) est sorti d’usage avant l’adjectif
sique au sens de aproduire des interférences» (voir L’adjectif s’emploie aussi dans le domaine religieux
ci-dessous1 ; il s’emploie également au figuré (1823; dans w& intérieure (16901 p<inspkation de Dieu*, au-
repris en 1902) pour 4nterveti, sïmmiscew En jourd’hui avec un sens plus large Icf. Les Voix inté-
emploi transitif, il a eu le sens de «produire une In- rieures, de Hugo), et dans VO~S intétieures (1701)
terférence avecmIdéb. me S.I. <&positions pour arriver à la perfection reli-
b INTERFERENCE n. f. est aussi un emprunt à l’an- gieuse>>. Vers la fm du XVII~s., le kmantisme se dé-
glais interference dntervedion, immixtion» (17833 et veloppe seulement à partir de la notion d’espace
terme de physique 11802,Th Young). Le substantif (1691, mer intérieure). + Une autre substantivation
anglais est dérivé de to intetiere interprété comme équivaut à <domicile prive, vie domestique, 0~793,
un composé du latin ferre, et formé sur le modèle emploi dont procède d’intheur Gtement d’inté-
de mots comme M&ence. + Le mot français est în- rkurl. ParaUèIement le nom s’emploie en parlant
troduit en physique (18 19, Fresnell pour désigner le d’un groupe, d’une condition interne (1784; étudier
phénomène résultant de la superposition de deux gqch. de I’intétiurl. 0 Au sens concret, le nom db
mouvements vibratoires de même nature, ainsi signe l’espace compris entre les frontières d’un
nommé et décrit par Young. 0 Il est employé au pays (17871, d’où Ministre (et ministère) de 1‘Intérieur
sens général d’cintervention contradictoire> ! 1823, (18121, et le pays, opposé à l’étranger (1835). oLe
repris au XX~s.1 puis, par métaphore, pour Nsuper- mot s’emploie spécialement dm le domaine de
position>> lattestk en 1910, Péguy). Par analogie, il l’art à propos de ce qui est représenté dans une
est employé en météorologie (19.282et en médecine maison, un appartement (1829, tableau d’intétiur;
(xx” S.I. +De intencërence provient en physique 1835,un intérieur1 et au XX~s, comme terme de ci-
INTERFÉRENTIEL,ELLE adj. (18~8). WNTERFÉ- néma 11929)dans en intérieur cen studios, opposé à
ROMÈTRE n. m. (1901,Fabry; sufke -mètre), Gris- extérieur. oIntérieur, nom masculin, désire en
trument mesurant la distance des franges d’inter- sports un joueur placé à l’intérieur du terrain; il
férences, est emprunté à l’anglais iaten’erometer n’est attesté en ce sens qu’en 1927 mais doit être
(1897, in Oxford Supplement; l’invention de Michel- P~IS ancien, puisque l’abréviation INTER n. m.
son date de 18821,d’où INTERFÉRoMÉTRIE n. f, date de 1905.
(attesté en 19381, pris à l’a;nglais interferomehy b INTÉRIEUREMENT adv. s’emploie d’abord avec
E1911J et son dérivé TNTERF~~ROM~~TRIQUE adj. un sens abstrait 11501;v. 1468,Wetirementl, puis
119341. + INTERFÉRENT, ENTE adj. (18361,formé avec une valeur spatiale (1534, Rabelais). + INTÉ-
sur interfkence, adapte lhnglais hte&ting 11802, RIORITÉ n. f,, dériv6 de la forme ancienne inter&
en physique), participe présent de to interfere. (v. 15001,désigne comme le latin médiéval intetiori-
- INTERFÉRON n. m., terme de biochimie, est em- tas le caractère de ce qui est intérieur, au propre et
prunté à l’anglais interferon, terme créé en 1957 par au figuré; il est employé en psychologie à partir
Isaacs et Lindenmans, et dérivé de to interfere Gn- de 1801. ~INTÉRIORISER v. tr., terme de psycho-
tervenir dansé. Le mot est attesté dans les diction- logie attesté en 1893 IM. BlondeIl, est formé d’après
naires français en 1963. &~tiOtie~". on a fOwni INTÉRIORISATION n. f.
118991.
INTERFOLIER -+ FOLIO INTÉRO-, élément tiré de int&ieur* et s’opposant à
exéro- *, sert à former des termes scientifiques, no-
INTÉRIEUR, EURE adj. et n. m., francisa- tamment en physiologie, tels que : INTÉROCEP-
tion (1535) de interior (1406,adj.), est un emprunt au
TIFJVE ou INTEROCEPTIFJVE adj. 11945, Mer-
latin classique interior <plus en dedans* et au figure leau-Ponty ; de kklceptif), d’après l’angltis
<plus personnel=, “plus étroitn, «qui n’est pas du do-
interoceptive (19061, qui se dit de ce qui se rattache
maine commun>~ et & l’abri dem.Intetir, compara- au milieu organique interne (opposé à extéroceptifl.
tif de inter I+ inter), a remplacé un adjectif supposé *En dérive INTÉROCEPTIVITÉ n. f. 11945, Mer-
“interus du dedans, intérieurn. Le pluriel intetira, leau-Ponty) <(sensibilité assurée par les intérocep-
comme substantif, a désigné les parties intérieures teurw
Id’une maisord et les parties internes du corps, IbJTÉROCEPTEUR n.m. (19501 et adj, (19541,
spécialement les intestins. Ce sens a été emprunt6
composé de Mcepteur, probablement d’après l’an-
en fran@s où le mot a signSé aentrailles>> dans
glais MercepW 119061,désigne un récepteur péri-
entetirs (d’un oiselh Exrv”s., exemple isolé), et
phérique qui réagit à des stimuli provenant de l’în-
interkures ( 15421. térieur du corps (opposé & extérocepteur).
4 L’adjectif est introduit dans le domaine religieux ; oINTÉROFECTIF,IVE adj., didactique (1955; de
il qutie ce qui est au-dedans de l’âme (1406); il est ref7fectiP; cf. l’anglais interofective), signifie en phy-
substantivé dm ce sens au XVI~s. 115491;de même siologie et en psychologie <<dontles effets sont inté-
E’homme intbieur ( 15351, dans la Bible, est consi- rieurs à l’organisme*.
déré sous son aspect spirituel. 0 L’adjectif s’em-
ploie ensuite concrètement, par opposition à ex- INTÉRIM n. m. est un emprunt ( 1412) au latin
térieur, pour qutier ce qui est au-dedans d’une Weripya, adverbe formé sur inter- aentre» I+ inter-1
maison (1530, intetirl, d’un objet, d’un pays, etc. et sign3ant Npendant ce temps, dans l’intervallem.
115351;ce sens est aussi substadivé ~1580~.~AU 4 Le mot désigne d’abord en français un intervalle
XVJI~s., intbieur a signifG “qui vit dans l’intimité de pendant lequel une fonction est vacante; de là
qqn* 116361, puis S’a;pplique à ce gui concerne la vie ( 1690) par intéti apendant l’absence du titulaire,
psychologique (mil. XVII~s.1; en ce sens, le substantif provisoirement> et le sens administratif d’cinter-
INTERJECTION DICTIONNAIRE HISTORZQUE

valle entre deux événements-. ~Intérim se dit en- vrait prendre sur I’autreB, d’où &ntroduîre, tra-
suite, par métonymie (18351, de l’exercice d’une fiquer dans un domaine réservé à d’autres-. Ce
fonction pendant cet intervalle (UT~ intérim) verbe est composé de inter- (de même origine que
k-f. remplacement1 et, au d s. en économie, d’une le hnçais inter-*) et de lape, qui serait une forme
organisation de trava;il temporaire (agence d’int& dialechle de to Zeup *courir, sauten, issue du vieil
rin). aJXltiS kf. le Co~spondmt n6erkndais loopea
b Le dérivé INTÉRIMAIRE adj. et n. Cl796 ; 1867, n.) ~Courir-1.
désigne la personne chargée d’une fonction par in- + Le mot s’emploie d’abord en français (1685, v&-
térim et, Spkialement Id s.1, un salario qui seau interbpel pour qual%er et désigner comme
n’exerce que des travaux temporaires pour le en anglais un navire marchand qui tra&que en
compte d’une entreprise spécialisée. fraude Id- des pays cmcédh & une compaghe
de commerce) [ 1687, fuire le titier dlnterlopel. II
INTERJECTION n. f. est emprunti: CV.1300) est sorti d’usage comme nom (1755, Mirabeau) pour
au latin inkrjecti Gntercalation, insertion=, apa- désigner un commerce maritime frauduleux et
renthèsep), terme de grammaire et de rhétorique une personne vivant de ce commerce. c==U signifie
for& sur interjectum, supin de Werjicere (placer, par extension (1723) *dont l’ackivité n’est pas légalev
jeter entre, interposerti. Le verbe est composé de tcommerce interlope), +Le mot est relevé ensuite
inter- (+ inter-1 et de iucere, @&US djeter, lancer, (1772, n., Vokairel au figuré, en parlant d’une per-
I-, jeter). sonne, et comme adjectif, signSant ed’apparence
$ hterjection, terme de grammaire, désigne un mot louche, suspecte, IPnonde interlope, 1841, Balzac).
invariable qui peut être employé isolkmeni et être C’est cette valeur sociale qui l’a emporté, mais le
inséré dans le discours pour traAire, d’une ma- mot a vieilli même dans cet emploi.
nière vive, une émotion, une sensation, un ap-
pel, etc. ; dans cet emploi tcontrairement à e&a- INTERLOQUER v. tr. est emprunté
matin), le mot désigne plutôt la folme (mil. xv” 5.1 au latin classique interloqui Hcouper la
grammaticale que le contenu expressif oIl est parole là qqnb, Gnterrompre pour parlep et, en
employé ensuite (1611) pour désigner l’action de bas latin juridique, *rendre une sentence interlo-
faire intervenir, sens emprunté au bas latin et dis- cutoirem ; le verbe est composé de inter- I+ inter-) et
paru, puis spécialement en droit, d’a@s interjeter, de loqui aparler, s’exprimep qui a éliminé fari
l’action d’interjeter (un appel) [1690, Furetlèrel. C+ fable1 avant d’avoir été M-même remplacé par
F INTERJECTIF, IVE adj., terme de linguistique, parubolare (3 parler).
est dérivé (1765) d’interjection ou emprunté au bas +Le verbe emprunte d’abord au latin son emploi
kkth interjectivus &hrdé~. +INTERJECTION- juridique au sens d’Gnterrompre (une procédure)
NEL,ELLE adj., <composé d’înterjectiorw (1875), par un jugement dit interlocutoire, (xv” s.,,titr. ;
est d’abord releve dans un emploi métaphorique 1680, tr.1; il était encore vivant au XD? SS& A par-
chez Baudeltire Il 8571. tir du XVI~s., interloquer a signifG comme en latin
INTERJETER v. tr. est composé d’inter- et de @ter*, Gnterrompre le discours de qqnn k549, intr.3, em-
pour rendre le latin interjicere. L’ancien français a ploi disparu au xvIIe siècle. oDu sens juridique
eu la forme francisée entrejeter Gntercalep vient interloquer qqn <<porter contre lui une sen-
Iv. 12001. ohterjeter signSe en droit 4ntroduire, tence interlocutoireu (1680). +Par figure, interlo-
faire intervenir lun appelIn (1461, inteyjecter appel- quer prend vers la Cn du ~VU~ siècle le sens de eem-
lations; 1465, intetjecter appel), puis, dans la se- barrasser, rendre (qqn) interdit, décontenancé, : il
conde moitié du xv” s., *lancer (un propos) avec vi- est d’abord attesté au participe pas& interbqué
vacit& . La forme interjecter, sous I’tiuence (17871, puis à l’actif (1798).
d’interjection, a été reprise au xxe s. et si@& &CI- F Deux mots ont été empruntés à des dérivés du
sérer lune parole) dans le discours d’un autre* verbe latin interloqui. *JNTERLOCUTOIRE adj.
(1841).
(1283, adj. et n.l est tiré du latti intertocutum, supin
du verbe; on trouve aussi interloquitorius en latin
INTERLOCK n. m. est un emprunt technique
médiéval Iv. 1298). L’adjectif qutie une décision
11951) à l’anglais interloch, adjectif (xx” s.1,dérivé de
judiciaire qui, en préjugeant le fond de la de-
to interlock eenclenchep, <s’entrecroGer, s’entre-
mande, ordonne une mesure d’inWuct;ion (1380, ju-
mêlerB, composé de inter- «entre3 Icorresponda;nt
au françtis inter-*) et de to Zockzafermw.
gement interlocutoirel ou de sursis, sans statuer dé-
titivement sur les prétentions des parties.
4 Cet anglicisme désigne un métier à tricoter et, -INTERLOCUTION n. f. est emprunté 11546) au
par métonymie, le tissu de coton indémaillable ob- dérivé latin classique interlocutio aaction d’inter-
tenu avec ce métier. rompre en parlant, interpellations et en bas latin
juridique @sentence interlocutoire». * Il est d’abord
INTERLOCUTEUR -+ LOCUTEUR
employé au sens étymologique Anterruption faite
INTERLOCUTION + INTERLOQUER dans une conversations, aujourd’hui dispw. k
mot a vieilli dans son emploi juridique (1611) et
INTERLOPE n. m. et adj. représente un em- reste rare au sens de ~discourz qu’échangent des
prunt W185, LaCourbe) à l’an&ti interloper int&ocuteurs~ i168Eh 0 U a été rep& récemment
(v. lsgo), nom dérivé de to interlope mourir entre POU~désigner une situation d’échange linguistique.
deux partieset recueillir l’avantage que Z’I.HX de- 0 voir ~RLOCUTlXJFi ht LOCUTEUR).
DE LA LANGUE FRANÇAISE INTERMITTENT
ZNTF,RLUI)E n. m. est un emprunt (1819) à cE&e de {18001. 3 L’adjectif s’emploie dans l’usage
l’anglais interlude, mot ancien 11303) désignant courant et dans des domaines spécialises, en poli-
d’abord un intermède, une petite pièce comique tique (1797, pouvoir intermédiaire), en botanique
entre des mystères ou des moralités, puis, spéciale- (18171, en géologie (1831, terrain inï?ermédiuire3, etc.
ment, une petite pièce musicale d’întemnède (titre 0 Intemédiaire, nom masculin, désigne spéciale-
d’une oeuvre de PurceU, publiée en 17181.On relève ment I’acttion de s’entremettre entre deux choses,
en moyen anglais des formes comme enterlude, en- deux personnes 11835) et en particulier, en écono-
tirlodie, adaptations du latin médiéval iaterludium, mie, une personne qui intervient dans un circuit
attesté dans le domaine anglais et composé de in- commercial. (av. 1850). +Le dérive INTERMÉDIA-
ter- centre>> et du latin classique ludus njeun. Selon RITÉ n. f. (1838, Académie) est didactique et rare.
une autre hypothèse (Bloch et Wartburg), kzteri~de INTERM&DIAT,ATE adj* etn. est dérivé savam-
serait un emprunt à l’italien inserltiio, dérivé sa- ment du latin intemzedius; il a qu&S une per-
vant du latin tardif interludere ajouer entre deux re- sonne ( 15191 et s’est employe au sens d’ctintermé-
présent ations>b, composé de inter- et de ludere diaire, dans temps intemzédiat (15421; en histoire,
«jouen (3 ludique). Le mot français, encore absent on parle de congrégation intermédiate ( 16941, et,
de Littré (18671, figure dans ie dictionnaire de I’Aca- pour le nom, de leties d’intermédiat (1690).
démie en 1935. Il a pu être emprunté à l’anglais et à 0 INTERMÈDE n. m., emprunt au latin inteme-
l’italien, à plusieurs reprises. dius, désigne en pharmacie (1702) une substance
employée pour faciliter le mélange de deux ou plu-
4Mer2ude désigne d’abord un petit intermbde
sieurs corps; le mot est sorti d’usage ou didactique
dans un programme dramatique, musical, puis
dans l’emploi pour «intermédiaire%.
(1873) un morceau d’orgue joué entre les versets
INTERMEZZO n. m., introduit par Mallarmé 118681,
d’un choral et une courte pièce exécutée entre
est emprunté à l’italien intemzezzo (déb. XI$ s. ;
deux autres plus importantes 11897- 1900, V. d’Indy1.
1720, en musique), variante de intemzedio et formé
GLe mot s’emploie par figure (xx” s-1 pour «épi- à l’aide de mezzo & demin, du latin media. Un re-
sode, laps de temps, généralement divertissant)). lève chez d’Aubigné En xwe s.1une a,daptation sous
Par extension du premier emploi, interlude s’ap-
les formes interrneze, internxese. +D’abord em-
plique au cinéma et à la télévision (mil. XX~s.1; dans ployé à propos d’une wwre littéraire valeur en-
ce dernier médium, I?nterlude, pause parfois poé- core en usage (il a été utilisé par Giraudoux
tique, a été éliminé par l’hystérie des publicités et comme titre), le mot reprend le sens de l’italien et
des clips. se dit pour Gnterm&de~~ (18731,puis désme en mu-
sique (1885) un intermède, une partie, le plus
+k 0 INTERMÈDE n. m., réfection (1597) de in- souvent intercakre, d’une œuvre musicale.
terrnedie II 5541, est un emprunt à l’italien Entemze-
dio, d’abord adjectif sida& “qui représente un INTERMITTENT, ENTE adj. est un em-
état de transition> (15021, puis nom masculin hvr” s.> prunt Il5591 au latin classique intemkttens, parti-
désignant un divertissement donné entre les dif- cipe présent de iatermittere Klaisser au milieu, dans
férentes parties d’un spectacle, notamment d’une l’intervalle>>, «laisser du temps en intervalle>> d’oh
pièce de théâtre. Intemtedio est lui-même em- ainterrompre, suspendre= ; le verbe est composé de
prunté au latin classique interrnedius <(interposé, inter- b inter-) et de mittere, à l’origine Usser al-
intercalé,, composé de irzkr- I+ titer-1 et de medius ler>>,Mlaisser partir>> puis <<envoyer’>C-Pmettre).
*qui se trouve au miliew, ktermédîaire>>, ~~rnoyen~~ + L’adjectif qutie ce qui se présente par inter-
I--+médium). valles, d’abord dans un contexte médical (1559, mu-
Zudie intermittente; 1680, en parlant d’une fonction
4 Le mot est introduit en fknçais avec le sens de physiologique). Il s’applique en particulier, et cou-
l’italien ; il s’emploie ensuite ( 1682, La Fontaine) en ramment, à une source ( 1757, fontaine interrnit-
parlant de ce qui interrompt provisoirement une tente), en parlant de notions abstraites (1860, Bau-
continuité. 0 Au XVIII~s., il désigne un petit opéra- delaire) et, plus rarement, pour qualifier une
bouffe servant de lever de rideau (17651, puis (1894) personne dont I’ackité, la présence, etc. est dis-
un interlude instrumental. continue En XIX@s.l. 0 Les intemittents du spec-
b LNTERMÉDIAIRE adj. et n., attesté en 1678, est tacle désigne les personnes qui n’ont d’emploi dans
antérieur, car l’adverbe dérivé est employé dès ce domaine que de manière intermittente.
1605 ; c’est un dérivé savant du latin classique inter- ä Le dérivé INTERMITTENCE n. f., Littéraire, sign-
medius. + D’abord adjectif, intermédiaire quaMie fie d’abord 11660, intemituncel Gntervatle~, spécia-
ce qui est entre deux termes et se trouve placé lement en médecine (172 1, intemtittence du pouls;
dans une situation moyenne ; le sens du XV& s., 06 1787, infemzitience & lu fièvre). Le mot s’emploie
l’adjectif s’appliquait à des gages échus pendant les ensuite (1812) pour &scontintit&, en parlant
vacances (17043, en est une spécialisation. d’une fontaine, d’où SZMISintedffence (18351, par
0 Comme nom, le mot a désigné un état intermé- intetitience, et au figuré 118121 en parlant d’un
diaire (1762, Rousseau3 ; un intermédiaire s’emploie sentiment (les f4ntemittences du cœur», chez
encore en parlant d’une personne qui, se trouvant Proust). 0Le dérivé INTERMITTEMMENT adv.
entre deux autres, les met en rapport ( 1774, Beau- 11894, Goncourt1 est rare.
marchais) ; il a vieilli en parlant d’une chose (1787, INTERMISSION n. f., emprunté au dérivé latin in-
Feraud). De ces emplois procèdent les locutions temzissio c<discontinuit& interr@iona, +uspensiun,
sans titermé&aLre *directement>> et par I’intermé- relâchea, est sorti d’usage au sens d’~interruption~
INTERNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

( 1377). On a dit sans intermission 6ans interrup- + Le mot, employé en tiançais S~IIS déterminant (se
tionn ( 1417). II est raz-e pour Nintervallen, en méde- connecter sur Internet1 ou avec l’article déGni n’k-
cine (1680, inter-mission de I%vre). ternetl, et aussi en apposition ne réseau Internet),
s’écrit en général avec la majuscule. Il désigne un
INTERNE adj. et n. est attesté isolément krv” s.) réseau mondial de réseaux télématiques utilisant
comme substantif signiknt <<cequi est à l’intérieurs le meme protocole de communication. Le mono-
et repris comme adjectif au ~VI~s. (v. 1560, Paré). Le pole effectif de ce réseau fait que son nom peut être
mot est emprunté au latin chssique internus bté- assimilé à un nom commun (il correspond à un
rieur, interne>> et au pluriel neutre interna ale de- concept défmissable) à référence unique. -+ cyber-,
dans>, <<entrailles>>; intemus se rattache à inter- toile, web.
(4 inter-).
dur h'Li%??Wt est formé INTERNAUTE n. aper-
+ L’adjectif s’applique à ce qui appartient au-de- sonne qui utilise réguhèrement Internetn.
dans de qqch., d’abord en médecine à ce qui Secte
l’intérieur du corps k~aladie interne). Par figure, il INTERNONCE 4 NONCE
s’emploie dans un contexte abstrait (1580, Mon-
ttigne, causes internes). À partir de la ti du XVI~s., INTÉRO- +INTÉRIEUR
interne qual%e ce qui est situé en dedans ou est
tourné vers l’intérieur (15971, d’où son emploi en INTERPELLER v. tr. est emprunté (1364-1373,
géométrie 11704,angles internes). Avec la première Bersuirel au latin classique interpellure ainter-
valeur, l’adjectif s’est dit par figure de sentiments, rompre (qqn) qui parlem, adéranger Ile cours d’une
d’tiects Imil. XVIII~s., sentiment interne). 0 L’adjec- action), troublep, employé dans la langue juridique
tif s’emploie par ailleurs dans observcttin interne à partir de l’époque impériale. Le verbe latin est
Gntrospectionj 11845) puis en philosophie (1907, composé de inter- b-+inter-) et de la forme -pelZare,
sens interne Nconscience2). +À partir du zxe s., in- usitée seulement en composition où elle a pris le
terne Nom d’abord masculin) designe un étudiant sens spécial de «s’adresser b; elle est dérivée de
en médecine qui loge dans l’hôpital auquel il est at- pellere, pulsus *pousser>, qui se rattache à une ra-
taché ( 1818) et un élève loge et nourri dans l’éta- cine indoeuropéenne Opel- aagitep) (+ pulsion).
blissement qu’il ti-équente (1829, n. ; 1935, éléve in- + D’abord attesté isolément au sens d’+nvoquer, ré-
terne). À cet emploi, correspond le dérivé internat clamer>> ( 1364-1373, interpeller aide), le verbe est
Ici-dessous). 0 Médecine interne (v. 19731désigne la employé par Rabelais avec le sens étymologique de
discipline Concerna;nt les phénomènes patholo- *couper la parole à qqnm et aussi pour Gntercédep
giques atteignant l’organisme dans son ensemble; 11534, sens encore vivants au début du ~VII~siècle.
le syntagme est un calque de l’anglais interna2 me- 0 On le trouve ensuite au sens de =Sommer qqn (de
decine amédecine}) stricto sensu, opposé à &irur- répondre, de s’expliquer)%, dans la construction in-
gh: de cetemploidérive INTERNISTE ~0~31. terpe2lerqqn de et înftnitif (15991puis comme transi-
b INTERNEL, ELLE adj. (1403), employé pour Ginté- tif ( 1694) ; de là l’emploi général pour aposer une
rieur)> psychologiquement, est un ancien terme de questionn (1780), en particulier en droit pénal. De là
religion ou un archaïsme littéraire. ~INTERNER aussi l’usage spécial dans le domaine politique, né
v. tr., attesté en 1704 au pronominal s’intenter, au sous la Révolution (1790, W” Roland), au sens de
sens de m’unir intimement (par exemple avec un ademander à (un ministre, un gouvernement) de
amib, encore relevé au milieu du XIX” s., a été em- s’expliquer (sur ses actes, sa polîtique)m. Cet emploi
ployé au ~LX~s. avec des sens aujourd’hui disparus : est devenu courant avec la III” République : on
aaller habiter à l’intérieur du pays* (18381, knpor- parle du droit d’interpeller les ministres avant 1918.
ter (des marchandisesIn (1842). + 11entre dans le vo- oLe verbe se dit aussi pour amettre lune per-
cabulaire juridique 11845) et signSe Gmposer (à sonne) en garde à vues et s’emploie presque
qqn) une résidencem (cf. assigner), sens dispac comme arrêter. &Par andogîe, interpeller se dit
mais d’où vient l’emploi moderne <enfermer par (1880, Hugo) pour Gnterroger, appelera Ile destin, la
mesure administrative>, spécialement (déb. XX~s.1 fatalité, etc.). Au me s. (19691, le verbe s’emploie
aenfermer dans un hôpital psychiatriquem, qui rem- avec un nom de chose pour sujet au sens de
place dans l’usage enfermer. Ces emplois semblent <constituer un appel pour (qqn), avoir un intérêt
postérieurs à celui de internement. *Du verbe dé- psychologique vif pour (qqn)», emploi k la mode
rivent INTERNEMENT n. m. (18381, qui suit les em- dans les années 19704980, dm un vocabulake
plois du verbe, et INTERNÉ, ÉE adj. (1858) et n. pseudo-psychologique @ça m’interpelle quelque
(18671, employé en parlant d’un aliéné (déb. ti s.l. purtl.
INTERNAT n. m., dérivé de interne, désigne
ä DU verbe dérive INTERPELLATIF n.m. (mil.
d’abord Il8203 une école où vivent des internes, la
XX~s.), terme de linguistique (cf. appellatif).
situation d’un élève interne (1825, Balzac1 et l’en-
Deux mots ont été empruntés à des dérivés du su-
semble des internes (1867I.e Le mot s’emploie spé-
pin de interpeh-e, interpehtim. + INTERPELLA-
cialement en parlant de la fonction d’interne des
TION n. f. reprend d’abord (1352,interpellacionl au
hôpitaux (1845) et du concours d’acc&s à cette fonc-
latin classique intep‘pellutio le sens dkztion d’inter-
tion (av. 18901, par exemple dans passer, être reçu à
rompre un discouw, puis au bas latin le sens juri-
1‘internat. dique C1599)de =Sommation (faite à qqn) de faire ou
INTERNET n. m. est un nom propre formé en dire qqch.n. 0 L’emploi en politique est attesté en
anglais S~I” international n&~orJz <réseau interna- 1789, et seulement en 1823 le sens général : naction
tional,, de net &let; réseau= dans net~od~ d’adresser vivement la parole à qqnn. +INTER-
DE LA LANGUE FRANCAISE 1865 INTERPRÈTE

PELLATEUR, TRICE n. désigne d’abord (1549) ce- vant d’intermédiaire, apparaît dans un acte juri-
lui qui interrompt, comme le latin classique inter- tique en son propre nom, à la place de l’intéressé.
pellator, et son développement sémantique est o Par a,nalogie, l’adje& sime “qui sert d’inter-
parallèle. Il est attesté en politique en 1790 et dans médiaire~, notamment dans la locution par per-
un sens plus général en 1791, avant les autres mots sonnes interposées ( 1558, B. Des PériersI, laquelle a
de la série. donné lieu, par extension, à des expressions où per-
sonw est remplacé par un nom de personne, de
INTERPHONE n. m., qui apparaIt avant 19% collectivité ou de chose exprimant l’idée d’inter-
(d’après P. Gilbert), est un composé de [télélphom médiaire; par nations, journaux, etc. interposés
et d’iatérheurl , probablement d’après l’anglais in- (19711.
terphone (attesté en 19421,pour désigner un appa- INTERPOSITION n. f,, emprunté au dérivé latin
reil de communication téléphonique intérieur, classique interpositio 4ntroduction, insertion, inter-
calationn, est introduit Il 165) avec le sens étymolo-
INTERPOLER v. tr. est un emprunt 11364- gique, disparu, de «ce qui est posé entre deux
1373, Bersuire, au participe passé interpoliez) au la- choses pour les séparern. Il se dit ensuite (1390,
tin classique interpolare, terme technique (foulage F. e. w.1 de la situation d’un corps interposé entre
du drap) signZant proprement arefaire, donner deux autres. Depuis la b du XVI” s., il Sign%e par fi-
une nouvelle forme>> d’oti par figure RfalsSer, no- gure <intervention (en particulier d’une autorité
tamment en introduisant dans un textes; le verbe supérieure))) 115871, emploi rare d’où vient l’usage
peut représenter un composé de inter- aentrem juridique ( 1765, interposition de personnes).
(3 inter-1 et de polire crendre unis I-+ polir), ou bien
un dénominatif de l’adjectif interpolus hr. inter- * INTERPRÈTE n., attesté isolement au dé-
polis1 arefait, remis A neufs. but du XIVes. (1321, interpreite), apparaît sous la
+ D’abord employé en ancien et en moyen français forme moderne à la fin du Xnp s. (interpréter et in-
au sens de -qui n’est pas continw, le verbe prend terprétation sont plus mciensl. C’est un emprunt
ensuite (1704) le sens moderne dksérer par er- au latin classique interpres, -etis Gnterrnédiaire,
reur ou par fiaude (un mot, une phrase) dans un courtier, chargé d’af%iresn puis acommentateur= et
texten. 0 Il est employé en mathématiques (18191 atraducteurn, en particulier par oral. Le mot est
sans idée d’erreur pour cintercaler des valeurs in- probablement un ancien terme juridique composé
termédiaires dans une série de valeurs COMU~SY de inter- (+ inter-1 et d’un élément -pres, qui re-
b Deux mots ont été empruntés à des dérivés du la- présente peut-être une forme nominale d’un verbe
tin interpohtum, supin de interpohw. - INTERPO- disparu, signiknt aacheterm ou <vendre> et qui se-
LATION n. f. 11364-1373, Bersuire, ainterruptionn), rait apparenté à pretium 1-3 prix).
emprunt au latin impérial interpolati aaction de + Le nom a eu, isolément, le sens de ucrieur pu-
changer ça et là» et en bas latin &ération, erreurm, blic)> : c’est l’idée d’Gntermédiaire~ qui est alors re-
est attesté au xvre s. pour désigner l’action de re- tenue. ~Dans les emplois postérieurs et jusqu’au
mettre une chose en état. Le nom désigne ensuite x19 EL,c’est avec la valeur générale d’intermédiaire
kction d’interpoler en parlant d’un texte (1702) que le sémantisme se développe. Interprète de-
et en mathématiques (1812). w INTERPOLA- signe celui ou celle qui transmet et explique la vo-
TEUR, TRICE II., didactique, est d’abord attesté lonté des dieux ti XIVes., n. f. ; 1549, n. m. Ronsard),
isolément ( 1578) au sens de upersonne qui cherche valeur didactique comme l’emploi au sens de aper-
à fausser la véritén, comme le bas latin interpolator, sonne qui explique le sens d’un texteB (14661. oLe
puis (1702) dans son emploi moderne, acelui qui al- mot reprend au XVI~s. un sens latin (15621, dési-
tère un texte*.
gnant qqn qui traduit un texte écrit d’une langue
dans une autre; il a été supplanté par traducteur
INTERPOSER v. tr. représente un emprunt
dans cette acception. À la fi du XI$ s. (1588, Mon-
0355, Werposé; 1538 à l’actîB, -francisé d’après po-
taigne), interprète se dit de ce qui fa& connaître ce
ser*, au latin classique interponere Gntercaler, pla-
qui est caché, d’où, dans le langage préciewr du
cer entren, Mmettre entre= aux sens concret et abs-
XVII~s., les muets interprètes 4es yeuxn. + C’est vers
trait; le verbe est composé de inter- (+ inter-) et de
la En du xwe s., après l’apparition des valeurs mo-
ponere <<placer, poser>> I-, pondrel. Le participe dernes de traduction et de traduire, que le mot
passé interpositus a été emprurlté sous la forme in-
commence à s’employer (15961 pour désigner une
terposite, adjectif (1389) kItermédiake>, employée
personne qui traduit oralement; il remplace alors
jusqu’au début du XVII~siècle.
trucheman (-+ truchement) et donne lieu au XX~s. à
+ Le verbe actif appartit au XVI~s. dans un emploi fi- des syntagmes (école d’hterprètes, interprète de
guré, avec le sens de <<faire intervenirm, lîttérake conférences), le mot désignant alors une profession
(1538, interposer un mkdiateurl, puis dans un em- distincte de celle de traducteur. +De la valeur gé-
ploi concret (15461 avec celui de œposer, placer nérale d’intermédiaire vient ensuite ( 16361l’emploi
(qqch.1 entre deux autres,. S’interposer (1690, aux pour <personne qui a charge de faire connaître les
sens physique et moral3 est plus courant en emploi sentiments, les intentions, etc, de qqn,. Le mot est
abstrait (s’interposer dans une dispute). repris au XIX~ s. pour désigner le comédien qui joue
b INTERPOSI?, ÉE adj. est introduit en français un rôle au théâtre en (<traduisant>> de manière per-
avant le verbe comme terme de droit ( 1355, per- sonnelle les intentions d’un auteur (1847, Balzac) ; il
somw interposée1 quaMmt une personne qui, ser- s’emploie aussi en musique, au cinéma, etc.
INTERRÈGNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

.INTERPRÉTARIATn. mestdérivé (1890)d’inter- tien. 0 Il a été repris au sens moderne d’interprète,


préte, au sens moderne, sur le modèle de secréta- concurrençant et rempla+nt interprétariat, pour
riat; critiqué par les puristes, le mot est devenu <<action de traduire oralement et immédiatement~
d’usage courant, concurrencé cependmt par inter- et «métier d’interprète)) (apr. 19451, par exemple
prétation. dans interprétutiorz simultanée. oLa valeur psy-
INTERPRÉTER v. tr. est un emprunt savant au la- chologique de délire d’interprétatioa ( 19091 est
tin classique interpretari, dérivé de interpres, qui si- propre au substantif. En revanche, en informatique,
gn8e *expliquer, éclaircirx, etraduires, *prendre il correspond à interpréter. +Le composé PHOTO-
dans tel ou tel sensB, acomprendre la pensée de INTERPRÉTATION n. f. (av. 1966; de photo-) dé-
qqn%. 0 Le verbe, attesté au ~II~s., est le mot le plus signe l’analyse des photographies aériennes.
ancien de la série, Comme interprète et interpréta-
tion, il a évolué à partir du sens général de urendre INTERRÈGNE + RÈGNE
clair, expliquer, (11551 avec diverses spécialisa-
tions : interpréter un songe (14581, interpréter une loi INTERROGER v, tr., réfection 11399) de inter-
(1694). 0 Il a eu le sens général de Ntraduire d’une roguer (13551, est un emprunt au latin classique in-
langue dans une autrea que ce soit par écrit ou ora- terrogare qui a d’abord signifié Kdemander les avis
lement Iv. 1434, la valeur qui correspond au sens (de plusieurs personnesIn puis, en parlant d’une
moderne d’interprète ne se spécialisant qu’au me s. seule personne, ainterroger%, et a pris en droit le
(comme transitif et intransitif; cf. interprétation). sens de «questionnep, ~~poursuivre en justice}} et
oLa valeur plus abstraite, Nproposer un sens à enlk (cargumentep, en philosophie. Ce verbe est
qqch.B (15381, est toujours vivante. 0 Le verbe s’em- composé de inter- I+ inter-) et de rogure dont les
ploie d’après le sens correspondant d’interpkte premiers sens étaient fls’adresser à> et «poser une
dans le domaine artistique 11844, Balzac). 0 Terme question à (qqnI% (-+ rogatoire). Rogare est sam
d’informatique (av. 19701,il Sign%e d’après l’anglais doute apparenté à regere (+régkI. Intemogure
adéduire les actions liées aux él6ments d’un pro- avait normalement abouti en ancien français, par
gmnme>> d’où INTERPRÉTE~R n. m. (v. 1970); cet évolution phonétique, à entewer 4nterroger qqnn,
uexprimer qqch.>> Iv. 1165) ; cette forme conserve le
emploi vient de l’anglais interpreter (1954). 0 Le
sens de Ncomprendrem en argot, de Villon jusqu’au
moyen français a eu interpreteur ecelui qui donne
~~III’ siècle ; par métathèse, elle est devenue ( 1725)
des interprétations)) (X-IV s.1,mais le mot a disparu à
0 entiuver*.
l’époque classique. +Le verbe a fourni plusieurs
dérivés : INTERPRÉTAISLE adj. Iv. 13801, “qui peut +Le verbe conserve le sens latin de <questionner
être interprété>, a divers sens du verbe, mais sur- (qqn)*, d’abord dans un contexte juridique puis
tout au sens psychologique, d’où ININTERPRÉ- avec une valeur généraJe. Le pronomaI est em-
TABLE adj- (1840). + INTERPRÉTATIF, IVE adj. ployé chez Rabelais (1532, se intemgwr) pour «se
(v. 13801,terme didactique “qui constitue une inter- demandep. ~Depuis le XVII’ s., intenoger Sign%e
prétationn,apourdérivé INTERPRÉTATIVEMENT cexaminer attentivement Cqqch.1pour y trouver ré-
adv. (xv” s., isolément), rare. HNTERPRÉ- ponse à une questionm (1674, Racine), et interroger
TANT, ANTE adj. et II. a Sign%é udevirw EV.1460) et qqn se spécialise dans un contexte scolaire (1690).
a été repris en psychologie au xxe s., puis comme 0 S’intemoger, en emploi réfléchi ase poser des
terme de sémiotique (v. 1970, n. m.) d’après l’an- questions à soi-même», est attesté chez Diderot
glais interpretant (Ch. S. Peirce, v. 1900; de to inter- (av. 1784).
prete 4nterpréter»). * INTERPRÉTATEUR, TRICE b Plusieurs mots ont été empruntés à des dérivés
adj. et n. est soit dérivé du verbe ( 14871, soit em- de interogure ou de son supin interrogutum. - IN-
prunté au dérivé bas latin interpretutor “qui ex- TERROGATOIRE n. m. est emprunté au latin mé-
plique*; il est sorti d’usage. diéval interrogutoriu Gnterrogatoire~, neutre plu-
Sur interpréter ont été formés des prétiés : RÉIN- riel substantivé de l’adjectif du bas latin
TERPRÉTER v.tr. (1549), d’où RÉINTERPRÉTA- interrogatorhs cd’interrogatoiren en droit, dérivé
TION n. f. (attesté au XX~s.1,correspond à plusieurs de intevogutor. L’adjectif a signi& en droit “qui
valeurs du verbe, dors que MÉSINTERPRÉTER procède par interlogations» (1265). oLe nom dé-
v.tr. (attesté 17521, d’où MÉSINTERPRÉTATION signe les questions posées par le juge au cours d’un
n. f. ( 17511, concerne surtout l’acception psycholo- procès (13271; il est concurrencé dans ce sens, au
gique : adonner un sens erroné à un comporte- XVI~s., par interrogc&f. Il s’applique aussi au procès-
ment, une attitude*. verbal de ces questions 116801. 0 Il s’emploie pour
INTERPRÉTATION n. f. est emprunté (1160- 1174, Nquestion)) ( 1547) puis censemble de questions po-
Wace) au latin classique interpretutio uexplication), &es à qqn)), hors du contexte juridique (1842). +IN-
&3ductionm, aaction de démêlerm, dérivé du supin TERROGATION n. f. reprend les emplois du latin
du verbe latin. + Son évolution est andogue à celle classique interogutio en droit et dans l’usage géné-
du verbe : «action de donner une signikatiorw ral 112831,puis en grammaire, notamment pour dé-
d’abord à des songes, puis à des actes, des pa- signer le signe graphique dit point d’intewogatiofl
roles, etc. ( 1440- 14751, ensuite titiion d’expliquer ( 15501, et en rhétorique 11680). Il se dit d’une chose
qqch. dont le sens est obscur) (1487). Le nom corres- obscure qui demande une explication 11807,
pond aussi à interprète et à interpréter au théâtre M”” de Staël). Point d’intevogution est également
11853). 0 Au sens de #traduction>) 11326, selon usité au figuré pour <<question non résolue9 ~IX” S.I.
T. L. FJ, où il correspondait à interpréte et à inter- +INTERROGANT,ANTE adj. est emprunté au
préter, il est sorti d’usage, au bénéfice de traduc- participe présent du verbe latin, intemoguns; il a
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1867 INTERSTICE

désigné qqn qui interroge (1370, Oresme) et qutie sonne qui parle 116713, d’où sans intev’uptin (16711
ce qui exprime l’interrogation (1529, point kterro- d’abord en parlant d’un discours. 0Le préfrxé
gant), une personne qui a la manie d’interroger ININTERRUPTION n. f. (1845; + 0 in-) est htté-
I 18921.Tous les emplois ont vieilli. rtie. +INTERRUPTEUR,TRICE n. reprend
INTERROGATIF,IVE adj. et n., emprunté aubas d’abord (1572) au bas latin interruptor le sens de
latin interrogutiw.423 “qui exprime l’interrogation5 acelui qui interrompt le cours de qqch.a ; au xwe s,
spécialement en grammaire, en reprend le sens apparaît l’emploi IlSfIS) pour *personne qui inter-
(14993. Point interrogatif 115501a concurrencé point rompt celui ou celle qui parle>>. 0 Ces valeurs gé-
d’interrogation jusqu’au xrxe siècle. Le mot substan- nérales sont devenues très rares depuis que le mot
tivé a signi% aussi interrogutoire I 15071. L’adjectif désigne couramment un dispositif permettant de
s’applique encore à ce qui exprime l’interrogation couper ou de rétablir le passage du courant élec-
(1529). +INTERROGATEUR,TRICE n. et adj. est trique dans un chuit (interrupteur ékctrique, 1857 ;
sorti d’usage 11530) au sens général du bas latin in- puis interrupteur seul). 4NTERRUPTIFJVE adj.
terrogutor celui qui interrogen, conservé en droit (18751, emprunté au latin médiéval interruptivus
(15491. Il est employé spécialement dans un “qui interrompt>> (12921, est un terme de droit ou di-
contexte scolaire (17251, ou il a été remplacé par dactique .
examinateur. L’adjectif s’applique à ce qui exprime
une interrogation (1867). INTERSECTION n. f. est emprunté Iv. 1390)
INTERROGAT n. m., emprunté au bas latin inter- au latin intersecti, terme d’architecture signifiant
rogatwn, neutre substantivé du participe passé de acoupure des denticulesx, composé de inter- I+ in-
interogwe, est un ancien terme de droit Il5431 ter-) et de secti *action de couperti, adivision (en
pour interrogation; il a eu à l’époque classique le géométrie13 (+ section), dérivé de secure, sectus
sens général de aquestionh (1611). Ncouper, découper>>, *couper en deuxn et au figuré
&ancher une question, déciderfi (+ scier). On re-
INTERROMPRE v. tr. C1515-15201, d’abord in- lève en moyen fi%ncais la forme intersecutin. (1362-
terrumpre ( 15011,est la réfection d’après le latin des 13631, dérivée du verbe intersequer 11377, sei inter-
formes entrerumpre Idéb. XII~s.), antrerompre seqwr ase croiseru), lui-même emprunté au
(v, 11601,entrerompre Iv. 1195, encore usité au début composé latin intersecure flcouper par le milieu, sé-
du XVII~s.1,faites d’après entre et rompre. Le verbe parer, divisez.
moderne est emprunté au latin classique interrum- +Introduit avec le sens GinterruptionB qui ne
pere (<mettre en morceaux, briser, détruire~~, puis semble pas avoir vécu, le mot est repris au XVII~ s.
4nterrompre km discour+, composé de inter- comme terme de géométrie pour désigner (1640,
I-+ inter-) et de rumpere, ruptus abriser, cassern au Oudin) le lieu de rencontre de deux lignes, deux
propre et au figuré (+ rompre). surfaces ou deux volumes qui se coupent; d’où
+ Le verbe apparaît en lançais avec le sens propre l’emploi spécial en anatomie (18 18, intersection ten-
du latin, wompre, fendreu, usité jusqu’au XVII~siè- dineuse), puis en logique et au me s. en mathéma-
cle ; il s’emploie ensuite Iv. 11951 avec le sens figuré tique ensembliste lintersection de de~.~ ensemblesl.
de arompre la continuation de (qqch.In. De l& vient 0 Par analogie, intersection s’emploie couram-
son emploi dans interrompre la parole a (qqn) ( 1456- ment (1893) comme équivalent de -croisement, car-
14671 <couper la parole à IqqnIm, disparu à l’époque refoura .
classique, puis interrompre qqn 115591,toujours vi-
k INTERSECTER v. tu., dérivé du radical d’intersec-
vant, de même que les emplois à valeur temporelle
tion, appartit chez Chateaubria;nd (1831, pron.1
pour aempêcher la continuation de Iqqch.l= (1501).
avec le sens de acouper en formant une intersec-
La formule de politesse S~IS VOUSinterrompre, pro-
tiens; le verbe est rare, sauf en mathématiques.
noncée quand on interrompt qqn, est attestée en
L’adjectif didactique INTERSECTÉ, ÉE (v. 19001est
1671; elle est sortie d’usage. S’iaterrompre cs’arrê-
dérivé du participe passé du verbe ou formé sa-
ter de faire qqch., de parler= (1675) est toujours en
vamment d’après le latin intersectw. ~INTER-
usage. 0 Interrompre s’emploie aussi en parlant de
SECTIONNER 6') v. pron., rare, s’emploie au fi-
l’espace (1694, interrompre un chemink On passe
guré (1838, ase croiser))) et au propre ( 1924, Gide).
ensuite de l’idée de <suspendre l’activité de (qqn)% à
INTERSÉCANT,ANTE adj., terme d’architecture
celle de ~déranger~ : interrompre qqn dans son tra-
attesté en 1875 (Ch. Blancl, est une formation sa-
vail (17891.
vante d’après le participe présent intersecuw du
bININTERROMPU,uE adj.est formésurleparti- verbe latin. On relevtit déjà en moyen français
cipe passé du verbe 11754. 4 Plusieurs dérivés du (1562) interséquunt &ntersection~, participe
latin interruptum, supin de interwnpere, ont été présent de se intersequer.
empruntés. 0 INTERRUPTION n. f. reprend le bas
latin interruptio fldiscontinuation~, en droit Anter- INTERSIGNE 3 SIGNE
ruption de l’usucapion, et créticencem en rhéto-
rique. Le mot, d’abord juridique (1281, -rupcion; INTERSTICE n. m. est emprunté (1528),
xsues., entreruption, isolément), désigne un fait qui d’abord écrit intertisse (1495), au bas latin inters%
trouble dans la jouissance d’un droit. Il est attesté tium cinterstice, intervallleu, formé sur le thème de
en rhétorique (1538) ; on relève à partir de Mon- parfait interstit du latin classique interstare ae
taigne le sens générale d’aaction d’interrompre trouver entrem ; ce verbe est composé de inter-
qqch., état de ce qui est interrompu, @n XVI~S.I. I--+inter-1 et de sture, stutus ase tenir debout- (-, es-
Puis intenuptin est utilisé à propos d’une per- ter ; station).
INTERSYNDICAL
4 hterstice se dit comme en latin d’un intervalle de exemple entre les parties d’un spectacle. ~Par
temps ( 1495,intertisse de temps) et s’emploie dans métaphore de la valeur spatiale, intervalle s’est dit
le domaine spatial (1528, @région de I’air»); ces em- de l’inégalité de condition sociale En XVII~s.,
plois ont disparu. 0 Le mot s’est ensuite spécialisé LaBruyère), sens disparu après la période clas-
pour désigner un petit espace vide entre deux sique, puis équivaut à dif&ence» (1831, Stendhal).
corps, en anatomie 11575, Paré, <espace interver-té- * En mathématiques (xx” s.1, intervaile désigne
bralm) puis avec une valeur générale (1793, Lavai- l’ensemble des nombres compris entre deux
sier). OInterstice a été repris avec la valeur tem- nombres donnés.
porelle ancienne comme terme de droit ( 16931,puis b Le dérivé didactique INTERVALLAIRE adj. qua-
avec une valeur générale, ceci jusqu’à la fin du me ce qui est placé dans les intervalles (1560, isolé-
me siècle. ment en architecture), spécialement en botanique
,Le dérivé INTERSTITIEL,ELLE adj.,didactique, ( 1817). Il est sorti d’usage pour *intermittent=
n’a conservé que la valeur spatiale, en anatomie Cv.W’CI), repris au xrxe s. IA. Dumas1 et rare.
(18321, en médecine 119221,en physique et en zoolo-
gie; l’adjectif est très rare pour qutier un «inter= INTERVENIR v. intr. est emprunté (1363 selon
stice>>temporel 11898, A. Daudet). F. e. w.1 au latin intervenire <wnvenir pendants, ase
trouver entres, Gnterromprem et ase mêler à»,
INTERSYNDICAL + SYNDIC composé de inter- aentre» et de venire I-+ venir).
INTERTRIGO n. m. est un emprunt (17981 au 0 L’ancien fknçais a eu les formes adaptées entre-
latin intertrigo &corchure, excoriationn, composé venir <survenir, se produire (en parlant d’événe-
de inter- (+ inter-1 et d’un dérivé de tritus, participe ment& Iv. 11901et entemtenir (1282) aprendre part à
passé de terere afrotter, user en frottantm d’où qqch., intervenirti, celle-ci encore employée au
wser’), abattre le grainm. Ce verbe se rattache k une ~VII~siècle ; elle est probablement distincte de s’en-
racine indoeuropéenne de valeur technique Otie- trwenir amarcher l’un contre l’autre, se ren-
=User en frottantn comme le grec tiein &otter, contrep) (v. 11551, qui représente vraisemblable-
usep (-3 triturer). ment un composé de venir et disparaît beaucoup
plus tôt, après des interférences de signikations.
+ Ce terme de médecine désigne une inflammation Imil. XVI” s., M. Scève, s’entrevenir contre).
de la peau au niveau des surfaces en contact.
4 Le verbe Sign%e *se produire, arriveru et n’est at-
INTERVALLE n. m., qui apparaît d’abord au testé au xve s. qu’en droit (14751. 0 Il s’emploie en-
f&ninin (2” quart du xm” s., intervulel, puis au mas- suite ( 15511en parlant d’une personne avec le sens
culin ( 13061, est emprunté au latin classique inter- général de (<prendre part à une afkire, à une action
vallum, Nespace entre deux pieux d’une palissadem, en cours, dans l’intention d’agir sur son déroule-
mot technique militaire dont le sens s’est étendu à mentm, le plus souvent avec l’idée d’aide (par ex.,
&stance qui sépare deux points dans l’espace ou intervenir dans un débat); il est usité spécialement
dans le temps+. Le mot latin, également attesté au xrxes. dans le domaine politique et sime Nen-
comme terme de musique dès l’époque classique, trer en action dans un conflit, une guerreu (1845,
est composé de inter- aentreb et de vallum, valli fuire intervenir la force umzée). 0 Dans le dernier
EpalissadeB et wempartn, terme collectif peut-être tiers du XIX~ s., il prend le sens plus large de <<jouer
tiré de valla, -OI-WI, ancien pluriel de vallus <<piew, un rôie parmi d’autres éléments» (1876, Renan). Par
qui désignait la palissade élevée sur la levée de analogie intervenir en& se dit 11885, Zola) pour
terre entourant le camp romain. oLe latin avait <avoir lieu, se produire% : cet emploi, aujourd’hui
par ailleurs donné en ancien français entwval, nom rare, a été critiqué. 0 Intewenir s’emploie spéciale-
masculin (XI~ s.), avec une valeur spatiale et tem- ment en médecine Cl9021 pour cagir énergique-
porelle, également en moyen français, ainsi que en- ment dans le but d’enrayer I’évolution d’un mal, et,
trevdie (fi xv” s., encore relevé en 16111. On trouve en partitier, Kpratiquer une intervention chirur-
intervulle au féminin jusqu’à la fm du xwe s. et isolé- gicales (v. 1915).
ment au XVIII~s. (Rousseau). b Ledérivé INTERVENANT,ANTE adj.etn.,parti-
4 Intewalle est d’abord employé avec une valeur cipe présent du verbe, sime d’abord <<personne
temporelle, désignant un espace de temps qui sé- qui intervient)) (16061, en particulier dans un procès
pare deux moments, deux époques, deux périodes. (1666, n, m., Furetike; 1680, adj.). 0 Le nom est de-
Le mot s’emploie ensuite (v. 1355) avec une valeur venu relativement courant (18791 pour désigner
spatiale pour désigner la distance qui sépare un une personne qui prend la parole au cours d’un dé-
objet d’un autre. OPar figure, il se dit (1440-1475) bat, d’une discussion.
d’un incident désagréable entre deux personnes, INTERVENTION n. f., emprunté Iv. 1322) au bas la-
mais ce sens a disparu. 0 Le mot entre dans la lo- tin juridique interventi Kgarantie, caution, (dérivé
cution adverbiale par intervallek1 i 15381 utilisée du supin du verbe>, est d’abord attesté au sens gé-
avec les deux valeurs et signk6ant <<de temps à néral : «action d’intervenir>>; il s’est employé, en
autrem et Nde place en placeB; Sand intervalle dam parlant de choses (15521, au sens de «fait de surve-
relâchen (16113 est sorti d’usage. 0 Avec sa valeur ti, &vénementm, sorti d’usage. L’emploi juridique
temporelle, le nom s’emploie spécialement, est attesté en 1690 (Furetikre). OAU début du
comme le latin intervullum, en musique (1629, Des- XX~ s., apparaît l’emploi spécial en politique pour
C&es), peut-être d’après l’italien inteervdo (1546). désigner l’acte d’un Etat qui agit militairement hors
Il désigne aussi ( 16801 un moment d’arrêt, par des tiontières, puis différents emplois dans les do-
DE LA LANGUE FRANCAISE 1869 INTIME

maines économique, international, social. 0 Le mot WAGE n. m., relevé chez Goncourt (18871,est un
se dit plus généralement (1860, C. Bernard) pour synonyme rare et vieilli d’interview, +INTER-
aaction, rôle (de qqch.1)); il s’emploie depuis la se- VIEWÉ, EE adj. et n. est attesté en 1890. + INTER-
conde moiti6 du xrxe s. dans le domaine médical et VIEWEUR,EUSE n.hd.xx"S.)est~e fEUX?iSatiOn
en particulier en chirurgie (18771. + De l’emploi du de INTERVIEWER n.m., hi-même emprudé
nom en économie et en politique dérivent : INTER- (1881) à l’anghis interviewer (1869); on ne relève pas
VENTIONNISTE adj . et n. ( 18371,<favorable à une d’emploi du mot au féminin en tiançais.
interventionm et par extension 119221dans quelque
domaine que ce soit, et INTERVENTIONNISME INTESTAT adj. m. et f. est un emprunt (13101
n. m. krtervention de l’État= (18971, rare au sens au latin intestatus «non attesté> et, en droit, “qui n’a
étendu (1927). 0 Le composé NON-INTERVEN- pas fait de testament}}, composé de in- C+ 0 in-1 et
TION n. f. (18301 est un terme de politique inter- de testutus, participe passé de testari 4émoignep
nationale, comme son dérivé NON-INTERVEN- et aprendre à témoin=, cfaire un testamentni ce
TIONNISTE adj.et n. 118381. verbe dérive de testis &moin= (+ testment, tes-
ter).
INTERVERTIR v. tr. est emprunté (1507) au 4 Le sens de l’adjectif est douteux dans sa première
latin intervetiere adonner une autre direction,, xdé- attestation ; réatiesté en 1388, il conserve le sens de
tourner de sa destinatiow, adépouiller qqn de l’étymon et s’emploie dans la locution adverbiale
qqch.», composé de inter- (+ inter-1 et de vetiere, ab intestat 11409,héritier ch intestat), du latin juri-
versus 4ourner, faire tourner*, #renverser% et au fi- dique ab intestato.
guré cchanger, transformer » I+ version; inverse, in-
vertir). 0 INTESTIN, INE adj. est un emprunt (KM-
4 Le verbe s’emploie au propre pour -déplacer Iles 1356, Bersuire) au latin intestinus &tériew, em-
éléments d’une sériel en renversant l’ordre primi- ployé au f@ré dans bellum intestinum <guerre ci-
tifs, et au figuré (161l> pour détourner de l’argent* vile= et d&% de l’adverbe inhs ade l’intérie~
et =trompeD, sens sortis d’usage. Au sens initial, il puis <<au-dedans, intérieurement~, lui-même formé
s’utilise dans intervertir les r6Ees ( 1866, Amiel). à partir de in- «dans, en, C+ 0 in-I.
b INTERVERTT, IE adj. s’emploie en chimie (1867, 4 L’adjectifkançais apparaît dans un emploi figuré,
sucre interverti) et s’est dit 118851 pour ((inverti’ aujourd’hui littéraire, qutiant les conflits, les
Sem&. +INTERVERTISSEMENT n.m. (1” moi- luttes qui ont lieu à l’intérieur du corps social. Il est
tié XVIII” s., Saint-Simon), *action d’interverbrm, n’a sorti d’usage en parlant de ce qui se passe à l’inté-
pas vécu. rieur d’un lieu (1532, Rabelais), du corps humain
INTERVERSION n. f. est emprunté (av. 1570: 1507, (1549, fièvre intesthel, de l’âme En xwe s.1, d’une
d’après Bloch et Wartburgl au bas latin interversio chose quekonque 116901.D’une manière généraJe,
aaction de prendre à contre-sens>>, ~falsifrcation~, il a vieilli à cause de 0 intestin, sauf dans guerre in-
dérké de interversum, supin du verbe. oLe mot testine.
français s’emploie comme le verbe, au propre et au k Par ailleurs, le latin intestinum CentraiUesB,
figuré. En chimie Idéb. me s.), il est synonyme d’in- neutre substantivé de intestinus (par la même fi-
version*. gure que interioru et interna - + intérieur, interne
-, cf. aussi entrailles) a été emprunté sous la forme
INTERVIEW n. f. est un emprunt (attesté 1884, @INTESTIN n. m., au pluriel hve s.) puis au singu-
mais antérieur ; cf. le dérivé) à l’anglais intervkw lier (1538). Le pluriel latin intestina a été repris en
115141,lui-même emprunté au moyen français en- moyen français sous la forme intestine, nom fémi-
trweue (+ entrevue) dont il reprend d’abord le sens nin kwe S.I. 0 D’abord employé comme équivalent
général, avant de passer dans la langue du journa- de boyau (terme réservé habituellement aux ani-
lisme aux États-Unis ! 18691. maux), l’intestin ou les iritestim désigne la partie du
4 C’est dans le vocabulaire de la presse que inter- tube digestif qui va de l’estomac à l’anus ; en anato-
vkw s’est introduit en français pour désigner l’en- mie, il est qualifié pour nommer les différentes par-
tretien au cours duquel un journaliste interroge ties de cet organe : intestin gr&le Cv.1560,au pluriel ;
une personne (sur sa vie, ses projets, etc.), dans l’in- 1690, au singuherl, gros intestin 11636)[cf. aussi cô-
tention de publier un article. Largement répandu lonl. intestin s’emploie aussi par métaphore Eliinti-
dans l’usage courant, le mot est féminin, mais par- tin de h-is, 1862,Hugo).
fois employé au masculin (attesté 189 11,le genre Dunomdérive INTESTINAL,ALE.AUX adj. 11370)
neutre anglais étant généralement traduit en fran- *de l’intestinx, mot médical et courant (gtippe intes-
çais par le masculin. 0 Par métonymie, il désigne tinale, etc.).
la publication de cet entretien 11906)et, par exten-
sion, le genre journalistique constituant les inter- INTIME adj. est emprunté 113764377) au latin
views. En sciences, le mot, pour Gnterrogatotie*, intimus ace qui est le plus en dedans, au fond>, su-
est très critiqué et fortement concurrencé par en- perlatif de interior (--+intérieur).
tretien. + L’adjectif est d’abord employé pour qualifier une
F Ce nom a produit en français le dérivé INTER- personne très unie, etroitement liée avec une
VIEWER v. tr. (18831, d’après l’angkis to intemkw autre ; il s’applique ensuite (déb. XVI~s.1à la vie inté-
( 1869, comme terme de journalismel, csoumettre rieure, généralement secrète, d’une personne. Du
(qqn) à une interview*; son dérivé INTERVIE- premier sens vient ensuite l’emploi comme nom
INTIMER 1870 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pour aami très cher> (1616, D’Aubigné) et du second ployé aussi pour {(mise en demeure* (1768, Rous-
la qu&cation de ce qu’il y a de plus profond, en seau).
particulier par rapport à Dieu, cet emploi étant lui
aussi substantivé ( 1651, Pascal). Par extension de INTIMIDER + TIMIDE
l’idée d’wnion avec autrui», intime s’applique à ce
qui relie étroitement les choses ! 17651.0 On relève, INTITULER v. tr. est emprunté Iv. 1393) au bas
à partir de la ~XI du XVIII~s. (11801, une application latin intitulure «appeler, inWulern, composé de in-
aux écrits autobiographiques, qui ne sont gén&ale- (3 0 in-1 et de titulare -donner le titre de*, dérivé
ment pas destinés à la publication (18 16, Journaux de titulus Gcriteau, aEches puis Gnscriptiow, &Pi-
intimes). 0 Au début du xrxe s., l’adjectif, s’appli- taphe)), <<titre d’un ouvrageB et, par figure, Ktitre
quant au domaine des relations mcales, sl@e donné à qqnD d’où <<renom, gloire*. Forme à redou-
(18061 «qui réunit des intimes, se passe entre in- blement, titilus repose peut-&re sw une racine in-
times>; puis l’adjectif quaMe un lieu, une atmo- doeuropéenne “tele- +KP (-+ titre).
sphère qui crée ou évoque l’intimité 118493. + Le verbe apparaît avec le sens qu’il avait en latin,
~L’idée de adomaine privé, secretn de l’individu adonner un titre à (un livre)>; s’intituler Sign%e
est reprise à cette même époque romantique pour (v. 1500) «se donner le titre, le nom dem, tiéquem-
qutier ce qui est strictement personnel et géné- ment employé par ironie avec Yidée d’usurpation.
ralement tenu caché aux autres, en particulier ce 0 Depuis le xvtIes., intituler s’emploie en droit pour
qui se manifeste pas un conta& charnel ( 1821, Nmettre une formule en tête de (un acte, une loiIn
Hugo, union intime des corps) et aussi la proximité (1662, La Fontaine). ~Par extension du premier
sentimentale (1833, Balzac). sens, le verbe sime ( 1853, Labiche) <<désigner par
de dérivé INTIMEMENT adv, (attesté en 1406) un nomm, s’appliquant surtout, selon l’étymologie,
suit l’évolution de l’adjectif. +INTIMITÉ n. f., at- au titre donné à qqch.
testé chez M”” de Sévigné (16841, a suivi la même b INTITULÉ 11.m., attesté une première fois (1578,
évolution sémantique. Le mot désigne d’abord ce intitul) au sens de atitre (d’un livr&, repris en ce
qui est intérieur et secret puis ( 17351 le caractère sens en 1787, désigne en droit (16943 une formule en
étroit d’un lien et, spécialement WMOJ, une liaison, tete d’une loi, d’un acte.
des relations étroites entre des personnes. S’appli-
quant à la vie privée, on relève (1810) la locution INTONATION n. f. est un dérivé savant 113721
dans l’intimité et le sens métonymique de «confort du latin médiéval intonare centonnep, lui-même
d’un endroit OU l’on se sent isolé du monde ex- adapté d’après l’ancien tiançais entonner*, verbe
t&iew (1848, Michel&. * INTIMISTE n. et adj. emprunté au latin classique intonare {(tonners, <<ré-
s’applique notamment au domaine de l’art, quali- sonnerfi, ((faire entendre avec eacasm, afaire gron-
fiant une peinture qui évoque des scènes d’inté- ders, dérivé de tomre G+ tonner).
rieur 11881, Huysmans), un peintre qui privilégie ce $ Le mot apparaît comme terme de musique avec
thème 0905, n. m.), et est aussi appliqué & la littéra- le sens de mise dans Ie ton (d’un chantIn ; il sig&e
ture.oLe dérive INTI~%ME n.m.11905hre au ensuite 11552, Rabeltis), toujours en musique, tac-
sens de “goût pour la vie intérieure>), désigne en tion ou manière d’émettre avec la voix un son mu-
peinture et en littérature une école ou une ma- SiC& I 0 Intonation désigne à partir du xvwe s.
nière intirniste. Cv.1770) le ton que prend la voix, l’ensemble des ca-
+ voir INTIMER. ractères phonétiques de hauteur d’un énoncé
(cf. accent, inflexion) ; de là vient l’emploi en linguis-
INTIMER v. tr. est emprunté (1325) au bas latin tique, où langues & intonations est remplacé par
intimare afaire pénétrer dansn, spécialement nfaire lungue à tons*.
pénétrer dans les esprits*, d’où en droit *faire b Du nom dérivent les termes didactiques (phoné-
connaître, annoncer, publiern; Ie verbe dérive du tique) INTONATIF, IVE adj. (xx” s.) *relatif à l’into-
latin classique intimus ace qui est le plus en dedans, nationn et INTONÉ, ÉE adj. C& S.I.
le plus intérieur» au propre et au figuré (+ intime).
+ Introduit avec un sens général : maver& (qqn) de INTOXIQUER v. tr., d’abord sous les formes
qqch., faire savoir=, qui ne s’est pas maintenu, le entosiquier (14501, intosiquer (14841, intocciquer
verbe s’emploie depuis la même époque 113321 t 152 1, -cc- équivaut à -X-I, est un emprunt au latin
avec le sens de <<simer, déclarer Iqqch. à qqn3 médiéval intotiure *empoisonner=; le verbe est
avec autorité% et en droit asimer légalementm composé de in- c-t 0 in-1 et du latin classique toti-
(cf. notitirl. cum upoisonp, lui-meme emprunté au grec tox&on
F Le dérivé INTIMÉ, ÉE adj. et n., terme de droit, (phawnakon) 4poison) pour flèchesn I+ toxique),
apparaît comme adjectif 114121 dans pu&& intiimde dérivé de toton <<flèche,arc*. 0 En ancien fiançais,
<w@née en justices puis comme substantif (l460- le latin avait abouti aux formes entuschier «empoi-
1466) pour désigner le défendeur en appel, emploi
sonner’} Cv.1155, Wacel, entoschier, entoubzier
typique de la langue classique Icf. l’htimé, person- he S.I.
nage des Plaidmrs de Racine), +En moyen tiançais, le verbe, conservant le sens
INTIMATION n. f. est un emprunt (13.22) au d&hé du latin, correspond à Nempoisonnern et, au figuré
ba latin intimatio (<démonstration>>, cdexpositionn, IlSZll, «empoisonner moralement». Le verbe,
tiaccusationti et, en latin médiéval, =notiEcation ju- semble-t-il, a disparu aux XVII~ et XVIII~siècles ; il est
diciaire~. 0Ce terme juridique ancien s’est em- repris au début du XIXe s. (1823, dans le dictionnue
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1871 INTRIGUER
de Boiste au sens physiologique, précisé par rap- + L’adjectif s’applique à une personne qui n’admet
port à ePnpoisonner et en rapport avec toXique*. aucune concession, aucun compromis; il qualiCe
0Le sells moral, figuré, réappartit aussi, d’abord sms connotation péjorative une personne qui s’at-
dans s’intoxiquer ( 18831, puis transitivement ( 1903) ; tache a vivre sans faire de concessions, en accord
cette valeur s’est spkialisée en 4nfluencer par la avec ses principes, ses idées. Le nom masculin Lk-
propagande> (v. 1959, pron.). transigeant a servi de titre à un journal fondé par
,Le dérivé INTOXICANT, ANTE adj. (1845) est un H. Rochefort en 1880, qui sera au XX~s. abrégé en
terme de médecine. L’Tntran, manifestant la démotivation du titE.
INTOXICATION n. f., emprunté au dérivé latin b INTRANSIGEANCE n. f. (1874) est dérivé de l’ad-
médiéval ln~oxicuti, a d’abord désigné un poison jectif ou emprunté au dérivé espagnol intransigen-
(1408) ; le sens moderne en médecine apparaît, cia; il a les valeurs correspondantes à l’adjectif.
comme le verbe, au XIX~ s. (1837, état d’intoxicationl ;
l’emploi figuré, attesté en 1883 Ombxicuttin litté- INTRANSITIF - TRANSITIF
raie), ne s’est répandu que vers 1960, abrégé fami-
lièrement en INTOX ou INTOXE (1966) n. f. 0 Le INTRkPIDE adj. est emprunté Cl4951 au latin
c0mposé AUTO-INTOXICATION n. f. 118871,teI’me impérial intrepidus proprement “qui ne tremble
de biologie, s’emploie aussi au figuré. pas*, d’où *courageuxB et “qui ne donne pas lieu à
Sur le verbe a été formé DÉSINTOXIQUER v. tr. l’efTroi= ; le mot est composé de in- (-+ 0 in-) et du la-
C1862 ; + dé-l, terme didackique et courant, spécia- tin classique tie@43?us“qui s’agite>>, en particulier
lisé à propos du traitement des alcooliques, fu- «inquiet, tremblant> (3 trépider).
meurs et en général de ceux qui absorbent des pro- 4 L’adjectif s’emploie avec le sens étymologique,
dtits toxiques (drogues, etc.). 4Ie cette valeur du qualihnt qqn qui ne tremble pas devant le danger
verbe procède DÉSINTOXICATION n. f. 118621, uti- (1694, un intrépide). Par extension, intrépide (aussi
lisé au propre et au figuré, et abrégé familièrement en emploi substantif) qutie une personne qui ne
en DÉSXNTOXIEI (v. W'Z~, moins COwmt que i?~- se laisse pas rebuter par les obstacles, qui reste
toce. DETOXIQUER v. tr., Pa;rti& et Contraire à ferme dans sa conduite (déb. XVI” s.l. Le mot, dans
intoxiquer, est attesté en 1907. cet emploi, est rare avant le début du me siècle.
k De l’adjectif’ dérivent INTRÉPIDITÉ n. f. 116651,
INTRA- est un élement prébal emprunté au la- employé au sens fort et au sens étendu ( 16721, et IN-
tin classique intra & l’intérieur deB, «sans dépasser, TRÉPIDEMENT adv. Ii6911.
dans les limitesm, qui se rattache à inter *à I’inté-
rieur de deuxm, centre”)) (+ inter-). INTRIGUER v. tr. et intr. est emprunté 11532)
à l’italien inmgure, forme septentrionale de intri-
cure, lui-même pris au latin classique inticare <em-
brouiller, embarrassera (-+ intriquer). Le verbe ita-
lien signiCe d’abord U?n XIII” s.1 ~embrouiller~~ et
((mettre dans l’embarras, rendre perplexe>) ; de
l’idée d’embarras, on passe aux sens de *se livrer à
des afkîres compliquées, à des intrigues= (av. 1541)
et de &mmiscer (dans une tiaire)a C1545) puis à
celui d’aéveiller la curiosité> lav. 1610).
+ Le verbe f?aylçtis reprend les diverses valeurs de
l’italien. Il est attesté au XVI~s. pour Nembrouillep
(1532) et intricqué se dit (1572) d’une tiaire comph-
quée. S’kh-iguer de @qch.) s’est employé au sens de
«se mêler, s’intéresser àm(av. 1630, d’Aubigné ; 1655,
s’intriguer dam une affaire, Retz). oLe verbe in-
transitif est ensuite relevé aux sens modernes :
amener une intriguem 11656, Pascal) puis le transitif
pour qembarrasser (qqn1 en excitant sa curiosité»
C1678- 1679, La Fontake>. De l’idée de manmwre
4 Le mot Sign%e au propre & l’intérieur des murs, vient intriguer un ouwuge <<lelancep> 116921, emploi
à l’intérieur de la ville>> et par extension (xx” s.) disparu au we siècle. À la même époque, intigwr
<dans les limites administratives de la ville-; il une ptice a sig-n%é en composer la trame, l'in-
s’emploie figurément au sens de «à huis clos, dans trigue~ ( 1764, Voltaire ; 1740, intrigué “qui a une in-
le secret> (me S.I. trigue4.
b Le dérivé péjoratif INTRIGAILLER v. intr., &OC-
INTRANSIGEANT, ANTE adj. est un em- cuper d’intrigues mesquines*, a été usité pendant
prunt (18751 à l’espagnol intrumigente, employé la Révolution ( 17941 ainsi que INTRIGAILLEUR
pour désigner (1873) les républicains fédéralistes n. m. Iv. 1770, %xgot), encore relevé au xx” s., et IN-
insurgés contre le pouvoir central; ce mot est dé- TRIGAILLERIE n. f. (17921, que l’on trouve encore
rivé de &ws@ente, participe présent de transi@ chez A. Daudet (1899).
&ansigeD, emprunté au latin classique transigere INTRIGUE n. f. est emprunté à l’italien indigo dé-
13 transiger). verbal de intigure attesté au milieu du xrves. Le
INTRINSÈQUE 1872 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mot est parfois masculin au ~VII~s., d’après l’italien. «embrouiller, embarrassern, composé de in-
+ Intrigue désigne d’abord Il 578) une liaison amou- (-+ 0 in-) et de trime, -arum, nom féminin pIuriel,
reuse, généralement secrète, puis se dit d’une si- abagateLles, sornettes% et aembarras, difkultés~,
tuation compliquée et embarrassante : ce sens at- mot d’origine obscure (+ intriguer).
testé en 1636 est donné pour familier au XVIII~s. et +Le verbe, très didactique, signifie (<rendre
vieilli au XIX~siècle; il apparaît dans homme d’in- complexe, entremêler)).
ttigue 4ntrigant~ (16221, hors d’intrigue (1694) ehors
d’affaire>> et spécialement <hors de danger>>, ex- h INTRICATION n. f., terme didactique, dérivé du
pressions sorties d’usage. ~L’idée de complexité verbe ou emprunté au latin intricatio (formé sur in-
est présente dans l’emploi pour désigner l’en- ticatum, supin du verbe), appardt (v. 1270) au sens
semble des événements qui forment l’essentiel de d’aenchevêtrement}}. ORepris après 1870, iI dé-
la narration d’un roman, d’une pièce, etc. ( 1637, signe l’état de ce qui est entremêlé.
Scudéryl; de ce sens toujours usuel vient comédie
INTRODUIRE v. tr. est une réfection &w),
d’intrigw (1798; 1751, pièce d’intrigue). 0 À cette
d’après le latin, de la forme entreduire Iv. 11201,
valeur s’ajoute celle de <<secret>>: intrigue désigne
aboutissement phonétique du latin classique intio-
une négociation menée avec habileté (1647) et un
ducere <conduire, amener dansm, composé de intro-
ensemble de combinaisons secrètes et compli-
C+ titra-1 et de ducere, ductus Mtirer à sois d’où
quées pour réussir une tiaire 11654). Le mot a aussi
<(conduire, menep. Ce verbe est un ancien terme
signifk dans Za langue classique <(habileté à intri-
guet (v. 1660, entigw), de la langue pastorale, opposé à ugere apousser»
b agir); il s’est employé au figuré dans de nom-
@INTRIGANT,ANTE adj.etn. est apparu au
breuses acceptions et s’est appliqué à tout ce qui se
xv~~s. 11583) et est repris au début du XVIII~s.,
rapporte à l’idée de «conduire, tirer sans disconti-
souvent écrit intriguant; ce participe présent ad-
nuité- ; il appartient à la même famille que dux, du-
jective correspond à l’italien tnmgunte. Le mot qua-
ck achef= (+ duc) et se retrouve dans plusieurs
lifIe qqn qui recourt à l’intrigue pour parvenir à ses
composés (qui ont fourni conduire, déduire, induire,
fins (1671, n.). +OINTRIGANT,ANTE adj. CXXW
produire, traduire, etc.).
s’applique dans l’usage littéraire à ce qui étonne,
rend perplexe. Al correspond à INTRIGuÉJ~E + Le verbe reprend d’abord le sens général de
adj ., tiré du participe passé Il 7351, pour (<dont la *faire entrer (qqn) dans un lieu». Il s’emploie au fi-
curiosité est excitée». guré Iv. 1180, entroduirel pour <<préparer par l’édu-
cation à la pratique de qqch.B lintroduire qqn ù lu
INTRINSkQUE adj. est emprunté (1314) au poésid. Il Sign%e ensuite afaire qu’une chose de-
latin scolastique intrinsecus Gntérîem~ Iv. 1115, vienne commune dans un endroits (14681, d’abord
terme de philosophie), adjectif qui s’oppose en bas au participe passé ( 1308, instroduizl. 0 Du sens aen-
latin à extrinsecus I+ exttisèque3, tiré de l’adverbe seigner à Iqqnl» vient une valeur très spéciale, Gni-
latin classique intrinsecus Gau-dedans, întérieure- tier la mariée aux secrets du lit nuptialn Cv.14301,
ment>>. L’adverbe est composé de “intim, issu de in- qui correspond au latin ducere uxorem domum
terim qui se rattache à inter (3 inter-), et de I’ad- Memmener l’épouse chez soi» d’où ase marier- (en
verbe secus 4e long de>, apparenté à sequi, secutus parlant d’un homme). oAu xve s., le participe
(-+ suivre). passé introduit entre dans le vocabulaire du droit
+ Intrinsèque, terme didactique, a été emprunté en pour “que l’on a fait commencer> ( 1470) ; la forme
anatomie ( 13 14, Gntérieur~), quaMant ce qui ap- active n’apparaît qu’au début du XIX~ s. (1804). 0 Au
partient à un organe (v. 1500, veines intrinsecquesl. XVI~s., la valeur générale du verbe se spécialise : in-
0 Au xvres. apparaît un emploi substantivé Z’intrin- troduire Sign%e -faire admettre tqqn) dans une so-
sèque Ides tueurs) 115281, désignant la partie la plus ciétés ( 15091, <faire figurer (un personnage) dans
intime, l’émotion, le cœur, expression en usage à une œuvrea lis291 et adonner accès à [qqn) auprès
l’époque classique, encore relevée chez Saint-Si- d’une personne importante3 ( 1569). Au XVII~ s., le
mon. L’adjectif s’est employé aussi aux XVI~ et verbe s’empIoie aussi en parlant de choses
XVI~ s., pour Gntirne~ 11544, B. des PériersI. 0 Il ap- concrètes; le sens de (<faire entrer (une marchan-
paraît à la même époque (1561, Calvin) comme dise) dans un pays* (16 15) a disparu mais a produit
terme de philosophie pour qualfier ce qui est inté- l’emploi pour «faire venir (qqch.) pour la première
rieur à un objet de pensée, ce qui appartient à son fois dans un lieu». * Introduire sime aussi
essence (1690, vertu, qualité intrinsèque) ; de là vient concrètement ( 1642, Corneille) ((faire pénétrer (une
l’emploi figuré (1704) pour qutier la valeur qu’a chose dans une autre)%. Cet emploi a une spéciali-
un objet, indépendamment de toute convention, sation érotique, évoquant la pénétration sexuelle.
surtout en parlant de la monnaie. o Avec la valeur d’Nenseigner», introduire prend le
sens de aservir de première initiation, en parlant
b Le dérivé INTRINSÈQUEMENT adv., didactique,
d’une science par rapport à une autre» (1690). 0 Un
signifie d’abord ~intérieurement>> En xve s.) puis
emploi spécialisé apparaît en fauconnerie dans in-
Gntimement~~ (1569). II est attesté dans son emploi
troduire un oiseau au vol *commencer à le faire vo-
moderne, en philosophie, en 1677 (Metz).
lera (17321. 0 S’introduire <pénétrer subreptice-
INTRIQUER v. tr., qui apparaît au participe ment dans i;ul lieu> est relevé en 1732 et introduire
passé (entriE, v. 1300; intriqué, xve s.), n’est repris une marchandise en contrebande en 1797.
qu’au XX~s. comme verbe transitif, après intrica- ~DU radica1 du verbe dérive INTRODUCTIBLE
tien. C’est un emprunt au latin classique inticare adj. (xx” s.), d’emploi littéraire.
DE LA LANGUE FRANÇAISE INTRONISER

Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés de in- introtte ccommencerm En x13 s., Ch. de Pisa;n), sont
troductum, supin du verbe latin. *INTRODUC- sorties d’usage.
TION n. f., emprunt au dérivé latin classique k&O-
ducti, signifie d’abord aenseignement» (XIII~s.) et INTRO JECTION n. f., relevé en 1909 (La-
GnsertionB 11314, en parlant d’un chapitre dans un lande), est la fkncisation de l’allemand Introjek-
livre; ces emplois ont disparu comme celui de tien, mot créé (1888) par le psychologue allemand
~préambule d’un sermon» (1355). 0 Le nom désigne Avenarius I 1843- 18961,sur le modèle de hojektion à
ensuite l’action de faire connaître dans un milieu l’aide du préke intro- (de même origine que in-
ce qui y était inconnu (1553, en parlant de per- tra-1, pour désigner l’opération par laquelle la
sonnes ( 15981 et d’animaux ( 1600). Parallèlement, conscience de chaque individu est conçue comme
introduction désigne ce qui prépare qqn à la pra- intérieure à son organisme, et la représentation
tique d’une chose, en religion à la pénitence ( 1560, des objets extérieurs comme une objectivation
Calvin). II s’emploie ensuite pour «action de faire d’états internes.
entrer des personnages dans une œuvre» (1636). 4 C’est en ce sens que le mot est introduit en fkn-
0 À la fm du x& s., introduction s’emploie avec çais, en philosophie, Puis introjection est repris en
une valeur concrète pour aaction de faire entrer psychanalyse, toujours d’après l’allemand, où il dé-
une chose dans une autre)} ( 1690). 0 Au figuré le signe CFerenczi, 1909 ; puis Freud, 1915) le processus
mot entre dans le vocabulaire du droit ( 1718, intio- inconscient par lequel l’image d’une personne est
duction d’une instance). 0 Du sens de KpréambuleB incorporée au Moi et au Surmoi.
vient (1726) celui plus large et devenu courant de b Du nom dérivent les termes de psychanalyse IN-
atexte préliminaire et explicatif en tête d’un ou- TROJECTIF, IVE adj . (attesté 1946, Mounierl et IN-
vrage>> (cf. préface), puis de CpréludeB en musique TROJECTERvh ~xx~s.)ouTNTROJETER,~~~CO~-
( 1838). Lettre d’introduction, par laquelle on recom- porer par introj ectionm.
mande qqn, est relevé en 1848. +INTRODUC-
TEWR, TRICE n., emprunt au dérivé bas latin intro- INTROMISSION n.f. est un dérivé savant
ductor, est attesté isolément au ~HI~s. sous les ! 1465) du latin intromissus, participe passé de intro-
formes adaptées introduitor et entroduteur, dési- mittere Kfaire entrepj, composé de intro- & l’inté-
gnant celui qui instruit, puis sous la forme moderne rieur de)> I+ intra-1 et de mittere, missus I-, mettre).
Cl5381 avec le sens, également disparu, de acelui qui
Le verbe latin a été emprunté en moyen français
établit Ides étude&. c= Le nom, rare pour désigner sous la forme intiomettre «introduire, faire entrep>
qqn qui favorise l’accès d’une personne auprès (154 1- 1543) !+ s’entremettre).
d’une autre 11606, n. m. ; v. 1670, n. f.), s’emploie
aussi ( 17131 en parlant de la personne qui, la pre- 4 Le nom a désigné le fait d’être mêlé à qqch. (1465).
mière, introduit un usage, une mode, etc. dans un 0 Il entre dans le vocabulaire didactique ( 1573,
lieu ou un milieu. 4ntioducteur a fourni INTRO- A. Paré) pour d&igner l’action d’introduire un or-
DUCTIF, IVE adj., qui a signi% &struct% (1520)
gane dans un autre, spécialement la copulation du
puis est devenu un terme de droit (172 1) et s’em- mâle et de la femelle 11751). ~AU XVIII~~., il s’em-
ploie plus largement ( 1833, Balzac) pour qutier ce ploie en physique ( 1762) ; un sens figuré Gntroduc-
qui constitue une introduction. + INTRODUC- kion», en parlant de personnes (attesté en 1893,
T~IRE adj., emprunté au dérivé bas latin introduc- Goncourt), est sorti d’usage.
torius “qui inîtien, a été employé à la fois (1314)
comme nom pour &troductionB et comme adjec-
INTRON n. m. est composé 119791 de intrlol-
(+ intra-1 et du sufke -on* utilisé pour former des
tif, équivalent didactique d’introductif:
Sur le verbe aété composé RÉINTRODUIRE v.tr. termes de physique.
(18461 qui a fourni RÉINTRODUCTION n. f. ! 1873) + En biologie intron désigne la portion d’A. D. N.
etRÉINTRODUCTEUR,TRICE n. (1905,Péfly). d’un gène d’eucaryote qui n’est pas recopiée par
1’A. R. N. messager (on dit aussi séquence non co-
INTROÏT n. m. est un emprunt (13601, d’abord dante). + Le mot s’oppose à EXON n. m. 11979 ; de
sous la forme introi’te, nom féminin En XIII~- ex-1, où la séquence de codage est exprimée.
déb. XIVes.), au latin classique introitus «action d’en-
tren, aentrée d’un lieu, accès» et au figuré Gntro- INTRONISER v. tr., attesté sous la forme mo-
duction, commencement=; le mot s’est employé en derne au XIII~s., est aussi relevé avec diverses gra-
latin ecclésiastique pour désigner (rxes.1 une pièce phies : intronixer Cv.12231, intronizer (v. 1380 ; en-
de chant inséparable de l’entrée du célébrant et de core au XVI”~.~, inthronizer 11549, par latinisation,
sa marche vers l’autel ; au VI~s., on désignait cette jusqu’au XVII~s.1; c’est un emprunt au latin ecclé-
pièce sous le nom de Antiphonu ad Introi’tum. In- siastique inthronkure aplacer sur un trône épisco-
troitus est dérivé de introire aaller dans, entrern, pal,, lui-même emprunté au grec enthronizein,
composé de in- (+ 0 in-j et de ire «allerm, qui a composé de en <<dans)>et d’un verbe dérivé de thro-
fourni le futur d’aller* et se rattache à une racine nos <siège d’apparat (pour le roi, le juge, la Pythie)>>
indoeuropéenne Oei-, Oi- aaller», puis, en grec chrétien, &ône épiscopaln (3 trône).
+ Introït garde le sens du latin chrétien. 0 Au xve s., 4 Le verbe, qui signifie d’abord «placer sur un
il a repris le sens figuré du latin classique et dé- trône », Mplacer dans une situation prédominantea,
signé l’introduction, le début (d’un discours, d’une s’emploie en parlant d’un souverain (v. 14851, d’un
œuvre), d’abord au féminin 11466), puis au masculin évêque (16901. oPar extension, parfois avec une
Cl5451; ces valeurs, con-une la locution prendre son connotation ironique, il se dit pour Gnstaller dans
INTROSPECTION 1874 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une fonction» (attesté 18391, et s’emploie figuré- fantasmes). OUne variante intraversion est em-
ment (1832, pron., Balzac) au sens d’aintroduire de ployée par Mounier (1946) en caractérologk, mais
manière officielle ou solennellem, en parlant de n’est pas usuelle.
choses htroniser une mode, une science), puis de b INTROVERSIF, IVE adj. est dérivé savamment
personnes, dam certaines sociéth qui élisent leurs ( 1946) du nom ou emprunté à l’allemand introver-
membres. siv, employé par Jung et repris par Rorschach. + Le
F Le dérivé INTRONISATION n. f, s’emploie mot s’emploie comme équivalent didatiique de IN-
comme le verbe, en parlant d’un évêque Km XIV~ s-1, TROVERTI, IE adj. et n., attesté 11923) dans une
d’un souverain Idéb. XVI~~.), et au figuré (1837, Mi- traduction de Freud par Jankélévitch, et emprunté
cheletl . à l’allemand introvetieti (Jung, 1921; cf. l’anglais
intiovetied p. p., 1915, et intmveti n., 1918). La forme
INTROSPECTION n.f. est un emprunt introverse (19131 a disparru. * QuaItiant en psycno-
(1838-18401 à l’anglais introspection, d’abord aexa- logie une personne portée à l’introversion, le mot a
men à I?ntérieur~, employé comme terme de philo- foUl?Ii INTRAVERTIR v. tr. «tourner vers l’inté-
sophie dès le XVIIes., et formé sur le radical du latin rieurn, qui ne semble relevé que chez Mounier
introspectum, supin de introspicere aregarder dans, (1946).
à l’intérieur de,. Ce verbe est composé de intro-
adedans, à l’intérieur>> (+ întra-1 et de “spwere, spec- INTRUS, W SE adj. et n. est emprunté h. 1380)
tus<<apercevoir> et «regarder=, verbe archaïque qui au latin médiéval intrusus, terme de droit ecclé-
se rattache à une raoine indoeuropéenne Ospek- siastique, participe passé de intrudere, verbe issu
ucontempler, obsewer} c-t spectacle). par haplologie du latin classique introtrudere Gn-
+ Introspection est introduit comme terme de psy- traduire de forcev; ce verbe est composé de intio-
chologie désignant, comme en anglais, l’observa- I-, intra-1 et de ttiere, trusus ~~poussern sans éty-
tion d’une conscience individuelle par elle-même, mologie connue. L’ancien verbe intrwe, construit
à des Ens spéculatives. Q Le mot s’emploie ensuite sur intrus et Sign%ant &Woduire sans droit, sans
Idéb. xx” s.) en philosophie en parlant du simple titre>> (1479, s’intruire en ((se mettre en possession
fait, pour une conscience, de se prendre pour objet, de qqch, sans y avoir droit)> ; 1589, s‘intrwe en), est
sans visée de connaissa;nce spéculative. encore signal6 par Littré aux temps composés et
par l’Académie ( 1935) à la forme pronominale.
b INTROSPECTIF, IVE adj. est aussi un emprunt
(18401 à l’anglais introspective -qui possède la qua- +Reprenant l’emploi du latin médiéval, intrus se
lité de penétrer, d’examiner intérieurement>> dit d’abord d’une personne qui s’est introduite illé-
(18201, quaSa& une méthode d’investigation psy- galement dans une charge, une fonction. 0 Par ex-
chologique fondée sur l’introspection. Q Ces sens tension 11801, II.), le mot désigne couramment une
sont repris en fkançais (méthode, psychologie in- personne qui s’introduit quelque part sans y être
trospective, opposé à ok>iecti[ ez&timeatal). -De invitée ni désirée. Intrus s’emploie aussi en parlant
l’adjectifdérive INTROSPECTIVEMENT adv.cpar d’une chose dont la présence est importune ( 1899,
le moyen, Y&& de l’introspections (attesté 19331, R. de Gowmont).
d’emploi didactique. 4INTROSPECTER v. appa- b INTRUSION n. f., emprunté (1304) au latin mé-
rait d’abord dans un emploi plaisant (19351; en psy- diéval intrusio, teme juridique dérivé de intrusus,
chologie ( 1962, pron.), il est emprunté à l’mglais a des emplois analogues : le mot est didactique
to introspect 61 xwle s.1, dérivé savant du latin in- dans son premier emploi ; le sens moderne, <<faitde
trospectum ou emprunt au fréquentatif introspec- s’introduire sans en avoir le droit (dans une société,
tare. +INTROSPECTIONNISME n.m. (av. 1951, un groupe)>, est attesté en 1835. Intrusion s’emploie
Gide), dérivé d’introspection d’après l’anglais, dé- spécialement en géologie II86 1, roches d’intrusionl,
signe la psychologie de l’introspection; INTRO- d’où le dérivé INTRUSIFJVE adj. (1871).
SPECTIONNISTE adj. et n. (1952) lui correspond. 0 voir INTRODUIRE.

INTROVERSION IZ. f. est un emprunt (1913 INTUBATION, INTUBER 4 TUBE


dans un texte en fiançais de Jung1 à l’allemmd In-
troversion, terme employé par C. G. Jung, notam- INTUITION n. f. est un emprunt 11542) au latin
ment dans Psycholo@sche Typen (192 1; cf. l’anglais scolastique intuitio, en bas latin Gmage réfléchie
intiwersion, attesté en 1912) ; le mot est emprunté à dans un miroir)), formé sur intuitum, supin du latin
un bas latin intimer& tiré de intmversm avers l’in- classique intueri aregarder attentivement)) et au fi-
térieur, en dedans» avec ou sans idée de mouve- guré Nsereprésenter par la pensée~~ ; le verbe latin
ment, doublet de introrsum, de même sens. Intio- est formi! de in- 13 @ in-1 et de tueri, tutus ~tuitusl
versus est composé de intio- C+ titra-3 et de versus, anciennement *voir, regarder», puis agarder, proté-
employé en latti classique comme élément de gen, verbe sans ori@e connue t+ tuer, tuteur).
composition signi&nt ((dans la direckion de, verss; + Le mot s’est d’abord employé pour <(action de
c’est le participe passé de vertere (anciennement conternpler~~. ll désigne en philosophie une forme
vortere) &xrner~~ au propre et au figuI+ I+ vers). de connaissance immédiate qui ne recourt pas au
+ Intioversbn désigne le fait d’être tourné vers son raisonnement Iv. 1640, Descartes3 et en théologie
moi plutôt que vers le monde extérieur ; en psycha- (1762) la vision directe de Dieu. Depuis le début du
nalyse 119231, le mot est défini par Freud comme le m” s., intuition se dit couramment 1183 1)Balzac) du
retrait de la libido” sur des objets imaginees cou pressentiment de ce qui est ou doit être.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1875 INVENTAIRE

b INTUITIONNTSTE n. et adj . apparaît 118741 dans ((pénétration d’idées, de sentiments)). Par analogie,
une traduction de J. Stuart Mill, qutiant en philo- le mot s’emploie en parlant de choses concrètes
sophie un système où l’intuition joue un rôle impor- ( 1823, invasion des eaux) et de kruption d’ani-
tant 11877, n.). 4 Le mot est didactique, comme IN- maux nuisibles 118731. Dms la plupart des emplois,
TWITIONNISME n. m. 119081, INTUITIONNER c’est le substantif du verbe envahir; il est péjoratif
v.tr. 11937, Ruyerl et INTUITIONNEL,ELLE adj. et implique des inconvénients graves résultant
(mil. xxe s.), dntuitih opposé à fllogiques. d’une violence. Ainsi, son emploi par un homme
INTUITIF, IVE adj , est dérivé savamment ( 1480) du politique à propos de l’immigration a pu être vive-
latin intuitus <coup d’œil, regard- et au figuré ment critiqué 11991).
«considération de qqch.», lui-même dérivé de in-
tueri, Comme intuition, le mot est aussi d’usage INVECTIVE n. f. est emprunté ( 1404, Ch. de Pi-
courant (1845, Michelet). Il est parfois substantivé. san) au bas latin invectivae lorationesl 4discours)
dl afourni INTUITIVEMENT adv.,terme de théo- violents>), pluriel neutre substantivé de invectivus
logie E15991, de philosophie (17311 et d’emploi cou- aoutrageant}}, dérivé de invehi, invectus as’élancer
rant. INTUITIVISME n. m. 11890)etINTUTTIVISTE contrem, fls’emporter contre (par la colèrelb. Ce
adj. et n. ( 18911 sont exclusivement d’usage didac- verbe est une forme (le «médiopassif4 de invehwe,
tique. proprement &ransporter dans, amenern, formé de
in- I-+ 0 in-) et de vehere, vectus &anspotier, por-
INTUMESCENCE n. f. est un dérivé savant term, de racine indoeuropéenne ‘wegh- 4ler en
(1611) du latin intumescere Ngofler, enfler>>, char, transporter sur un char> I-, véhicule).
composé de in- b 0 in-) et de tumescere &enflep,
+ Introduit avec le sens étymologique de ~~SCOUTS
de la base tum- & tumeur).
vif et emporté», qui est sorti d’usage, le mot se dit
+ Ce mot didactique se dit d’un gotiement. Il s’em- ensuite (15121 d’une parole ou d’une suite de pa-
ploie en géologie ( 1756) et surtout désigne en mé- roles injurieuse.
decine l’augmentation de volume d’un organe,
,Le dérivé INVECTIVER v., employé comme in-
d’un tissu 11793.0 11a été repris en mécanique des
transitif dans invectiver contre qqn 11549) et sur qqn
fluides ( 19621, désignant une onde de translation.
( 15851, emploi disparu, et comme transitif invectiver
F Le dérivé INTUMESCENTJNTE adj. (1836, Cha- qqn ( 1542, Bloch et Wartburg ; puis 15871, est d’em-
teaubriand) est très rare. ploi littéraire. La construction transitive, considé-
rée comme fautive par Littré, est entrée dans
INUIT adj. et n. est un emprunt de la langue L’usage courant. 0 On relève INVECTIVEUR n. m.
ainsi désignée (I’inuMtuJzI signi.Eant «les hommes))
chez A. Arnoux 11952).
(au singulier inuk aun homme>).
+ Il désigne une personne appartenant aux ethnies INVENTAIRE n. m., écrit inventuyre en 1313
de l’Extrême-Nord canadien (et sibérien) et ce qui CF.e. w. ; 1344, selon 7’.L. 20, est un emprunt au bas
est relatif à ce peuple. Le mot est usuel en français latin juridique inventatium, dérivé du latin clas-
du Canada, où eskimo, esquimau est condamné à sique inventum, supin de Invenire atrouver, ren-
la demande des intéressés (+ esquimau). contrer», ~acquérir~~ et Gnventer*, lui-même
composé de in- Ib 0 in-) et de venire (3 venir).
INUSITÉ + USER
0 L’ancien français a également eu les formes in-
INUTILISABLE + UTILE
ventoire (12921, inventore Iv. 1300) usitees jusqu’à la
ti du XVI~s., et empruntées au latin médiéval in-
INVAR, INVARIABLE -+ VARIER ventorium (v. 12901, altération du bas latin d’après
repertorium «répertoire)),
INVASION n. f. est emprunté iv. 1155, Wace) + Inventaire a conservé le sens général de «dénom-
au bas latin invasio Gnvasion>~ et au figuré ausurpa- brement et énumération (d’éléments)» ; il s’emploie
tiom, formé sur invus~tm, supin de invadere cenva- d’abord en droit civil en parlant de biens apparke-
hirn, et w2kUir, attrapep I+ envahir). nant à un individu ou à une communauté, spéciale-
+ D’abord attesté au sens d’aattaquex en concur- ment ( 15491 pour désigner l’état des pièces d’un
rence avec la variante francisée envctsion (du XII~au procès. Par extension, il se dit dans l’usage général
xwe s.), le mot apparaît ensuite (xwe s.) dans un em- (av. 1615, É. Pasquier) de la revue minutieuse d’un
ploi repris du latin et disparu, pour ~~usur-pation, ensemble de choses. En commerce, le mot désigne
abus de forcen Cv.1541). 0 Il désigne à la même épo- ( 16361 l’opération qui consiste à dénombrer et esti-
que en médecine (v. 1560, Paré1 la période qui mer les marchandises en magasin ; par métonymie
s’écoule entre les premiers symptômes d’une ma- du sens juridique, il s’est employé ! 1660) pour la
ladie et la période d’état de maladie aiguë. 0 La vente aux enchères de meubles inventoriés
première valeur du mot est reprise Iv. 1580, Mon- (jusqu’à la fh du xwte s.l. Bénéfice d’inventaire,
taigne) pour désigner l’irruption d’un ennemi dans terme de droit, a fourni la locution figurée sous bé-
un pays, puis par métonymie pour réoccupations néfice d’invenhire C1668, par bénéfice d’inventaire)
(1671) et <<migration dévastatrice» ( 16901, notam- ~ous réserve de vétication». Au sens de (<dé-
ment comme terme d’histoire 6Jes grandes inva- nombrement et classikationb, le mot s’emploie
SiOYlSl. oDe l’idée de {{pénétration massive>) spécialement dans divers domaines scientifiques
viennent des emplois étendus : aentrée soudaine et et techniques (1690, en parlant d’une collection
en nombre (de personne& (18351 et abstraitement d’archives).
INVENTEUR 1876 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b Inventaire a fourni inventa&- v. tr. 114071, encore s’emploie à partir du XVII~ s. pour adonner comme
Usité au Xvfs., mais supphnté par INVENTORIER réel (ce que l’on a imagin&. Le verbe entre dans
v. tr. 11367) qui a eu pour variantes inventoitir plusieurs locutions : ne pzks avoir inventé Ia poudre
113911, inventotier (1470, employé jusqu’au XVII~s.1, u’eau tiède, etc.) <<avoir l’esprit borném 117181, cela
dérivé de l’ancien lançais inventotre (voir ci-des- ne s’invente pas Ncela est sûrement VI+. *Le
sus). 0 Le verbe Sign%e 4nscrire dans un inven- verbe a fourni le dérivé INVENTABLE adj. ISXIS
tairen et par extension ( 1732) *examiner en détaila. doute déb. XX~ s. : le contraire ININVENTABLE adj.
+Plusieurs termes techniques ou didactiques en est attesté en 1904) et le prétié RÉINVENTER v. tr.
Ont été dérivés : INVENTORIABLE adj. (1946) ; IN- ! 18381, d’où RÉINVENTION n. f. (av. 1869, Larnar-
VENTORIEUR, EUSE n. (1946 ; 1902, L. Bloy, invelz- tine) d’après invention.
toriateur, hapax); INVENTORTAGE n. m. 119471 et INVENTION n. f. 11431) apparaît d’abord sous les
en Belgique INVENTORISATION n. f. (depuis formes invmciun Cv.I 1201,invention ( 12701, enven-
1904; d’après le néerlandais); INVENTORISTE tion 11297). C’est un emprunt ancien au latin clas-
n. m. 119551. sique inventia aaction de trouver, de découvrirn,
0 voir INVENTEUR. <découverteu, ufaculté d’inventionm et terme de rhé-
torique. Inventio est dérivé de invenhm, supin de
* INVENTEUR, TRZCE n. et adj. est invenire. En latin chrétien Inventi Sunctae Cmcis
d’abord attesté au féminin inventeresse 11430, le cv.5301 désigna& la fête t3 mai1 rappelant la décou-
masculin n’étant relevé que dans le troisième quart verte de la Croix du Christ, et adinventio signifiait
du xve s. en même temps que le verbe inventer Ici- 4rouvaille dans la façon d’agipj et, péjorativement,
dessous3 et que le sens général d’invention. C’est <expédient, rusen. *Invention appartit en tiançais
un emprunt au latin inventer Im.1, inventrix cf.3 avec ce dernier sens Cv.11201, à côté de l’emprunt
*personne qui trouve, qui découvre)), gautew, spé- adinventiun (v. 1120 ; v. 1310, adinvention), puis
cialement d’une loi, dérive de inventum, supin de entre dans l’expression invenctin Sainte Croix
iwenire (+ inventaire). Il y a eu des hésitations pour (12701, devenue en lançais classique l’invention de
la forme du féminin : inventeresse, inventeure 11485) lu Sainte G~O&, puis de la Croix ( 1812). - À partir du
et inventeuse 11606)viennent du masculin, et inven- premier emploi, le mot désigne 11431) l’action
trice, forme retenue, est empruntée (v. 1508) au la- d’imaginer une chose que l’on donne pour vraie, un
tin. mensonge. oLe sens général d’@action de trouver
+L’ensemble des acceptions du mot apparaît au une idée, et de redécouvertes est attesté plus tard
xve siècle : il désigne d’abord en moyen lknçais dans le xve s. (v. 14851,époque où apparaît inventeur
une personne qui imagine, donne pour réel qqch,, et le verbe inventer (ci-dessus) qui renforcent cette
sens aujourd’hui archaïque. o C’est depuis le xv” s. faynille de mots. D’où diverses acceptions : <<trou-
un terme de droit qui se dit 11454) de qqn qui dé- vaille littértirem (15011, en peinture et en sculpture
couvre un objet, pa,r exemple un trésor, une [1600), «action de créer qqch. de nouveaw, par
mine, etc., puis d’une personne qui trouve qqch. exemple une machine 115303, amoyen ingénieux,
* Après l’ancien provençal enventadour ( 14611, le procédé». À la fin du XVI” s., invention désigne plus
mot (1530) désigne une personne qui imagine qqch. abstraitement la faculté de créer, en arts et en
de nouveau, dans le domaine des arts, des sciences 11595, Montaigne). *Le sens rhétorique,
sciences, etc. ; de là viennent divers emplois : wper- <recherche des idées et art de les développer)) est
sonne qui a trouve une idéem (15641, cauteur (d’une repris au latin au milieu du XVII” siècle ; on emploie
action, d’une situationlm (XVII~s-1et spécialement in- aussi en français le latin inventio. 0 Par extension
venteur de romans (XVII~s.) aromanciep, expression du sens général, le mot désigne en musique une
petite pièce instrumentale caractérisée par des ef-
sortie d’usage. 0 En emploi absolu Emil. xwre s.1 le
fets nouveaux (notamment à propos de J. S. Bachl.
mot désigne un auteur d’inventions importantes et
s’applique surtout aux sciences et aux techniques :
c= Depuis le XVIII~s., le mot, comme inventeur, s’ap-
plique notamment aux découvertes scienttiques et
c’est aujourd’hui la valeur dominante du mot.
techniques aes grundes inventions).
F INVENTIF, IVE adj., formé sur le radical de in-
venteur, qualifie qqn qui a le talent d’inventer E144O- INVERSE adj. et n. m. est emprunté (1611) au
1442) et, en particulier (14661, cehi qui est fertile en latin inversus, participe passé de invertere I+ inver-
expédients. 0 Cette acception demeurée courante tir).
détache le mot des valeurs dominantes de inven- + L’adjectif qutie ce qui est exactement opposé et
teur et invention. L’adjectif a été employé par contraire à qqch. kn sens inverse1 ; il s’emploie spé-
A. Daudet (1877) pour 4maginairen. 4 Inventif a cialement en mathématiques (1690, règle inverse,
fourni INVENTIVITÉ n. f., attesté en 19 17 (Barrès), emploi disparu ; 1708, ruppoti, ruison inverse). Par
et INVENTIVEMENT adv. (XX” s.), rare. extension, il s’applique à ce qui est, va, se fait en
INVENTER v. tr. a des emplois analogues à ceux sens inverse ( 1762). Le nom désigne aussi (17621 ce
d’invention et inventeur, dont il procède (le verbe qui est dans un ordre inverse, d’où la locution pré-
latin était invenire), avant de devenir le verbe d’où positive à l’inverse de ( 1831, Nodierl, la locution ad-
inventeur semble être dérivé et de constituer une verbiale à l’inverse et verbale faire I’hverse de...
tête de série lexicale, bien qu’invention et inventeur (1835). o L’adjectif s’est spécialisé et appartit dans
soient sémantiquement distincts. 0 Il signifie divers domaines, par exemple coumnt inverse en
d’abord ~créer qqch. de nouveau, 11485) puis <<trou- électricité (XIX~sd, inverses optiques en chimie, dic-
ver Ides idées) grâce à son imagînationn (15221,spé- tionnaire inverse (en ordre alphabétique inverse,
cialement dans le domaine littéraire et des arts; il qui commence par la dernière lettre), etc.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1877 INVFSTIR

de dérivé @INVERSEMENT adv. est attesté en d’inversion”, désigne un homme qui n’éprouve d’af-
1752 (cf. réciproquetnen~, vke-versa). + INVERSER tités sexuelles 4ue pour d’autres hommes. Bien
v. tr. (1840, P. Leroux) remplace iwetir au sens de qu’il soit plus usuel que le verbe, qu’il a contribué à
#changer la position, l’ordre, etc.)). 0 Le verbe s’em- aEaiblir par rapport à inverser, il est moins courant
ploie spécialement en électricité et a des dkivés qu’homosexuel.
techniques : INVERSEUR n. m. 11848, en électri-
cité>, employé aussi en mécanique (1902) et en élec- INVESTIGATION n. f. est la réfection
tronique EV.1960) ; INVERSIBEE adj. attesté en bo- Cv. 1502) d’un emprunt de la fin du XI? s. (Ch. de Pi-
tarmique (18731 et repris en 1952. 0 Un autre dérivé san), écrit investigwion, au latin investiguti <tre-
du verbe, 0 INVERSEMENT n. m., sign8e afait cherche attentive, enquête», formé sur investiga-
d’inverserB dans un processus technique (19611, sy- tum, supin de investigare <<chercher (suivre) à la
nonyme rare d’inversion. trace, à la piste% et au figuré {{rechercher avec soin,
INVERSION n. f. est emprunté (1529) au latin inver- scruter; déc&~. Le verbe est formé de in- I+ 0
sio aaction de retournern et Nantiphrase, anas- in-) et de vestigare Nsuivre à la trace, traquen d’où
trophea, fomné sur inversum, supin de invetiere. &ler à la recherche de », <<découvrir» (4 vestige).
+Le mot, d’abord attesté en grammaire, désigne le + Le mot est introduit avec le sens étymologique de
déplacement d’un mot par rapport à l’ordre habi- <<recherche, enquête» qu’il a conservé au XVI~siècle ;
tuel de la construction (inversion du sujet, etc.). Au il est encore chez Montaigne (1588) ; il semble dis-
sens général 11546) de <<action d’invertir, résultat de paraître au xwe s. et réapparaît au XVIII~s., d’abord
cette action)), il s’emploie notamment avec des ac- dans une traduction 117213 d’une grammaire
ceptions techniques ou didactiques : <fait d’aller en grecque rédigée en latin, avec l’expression investi-
sens inverse>, dans le vocabulaire militaire (1835) et gation du théme amanière de trouver dans les
de la marine (18421, anomalie concernant la posi- verbes le temps et le mode primitifb, puis chez
tion d’un organeD ( 18581, inversiouL du sucre en Rousseau. Ce dernier emploie le mot au sens
chimie ( 18771, inversioa de. courant (av. 19311, inver- étendu de Mrecherche suivie sur un objet* 11750,in-
sion de relief en géologie (av. 19311, inversion posi- vestigation des sciences) et pensait en être le créa-
tive, n&&ive en mathématiques (xx” s.), etc. 0 Le teur, ce qui temoigne de sa rareté à l’époque. Inves-
verbe correspondant à inversion est invettir, tigation désigne par la suite (18671 une recherche
concurrencé par inverser à partir du milieu du d’ordre juridique ou policière.
XIX” siècle. Par ailleurs, inversion ou inversiopt b Du nom d&ive INVESTIGATIF, IVE adj. didac-
sexuelle (1889), après inversion du sens génital tique (1865).
(1882, Charcot), désigne d’après inverti* l’homo- INVESTIGUER v. intr. tient du radical de investi-
sexualité. gation ou est emprunté au latin investigare.
Le dérivé XNVERSIF, IVE adj. s’est appliqué (1824, D’abord sous la forme investigier (1381; encore in-
Stendhal) à l’auteur qui use de l’inversion du style. vestiger en 16181, il est attesté avec la fomne mo-
0 Le mot est repris en chimie 11846) et en linguis- derne en 1406, au sens de <<fairedes recherchesfi. Le
tique (1867) pour qualifier des kng-ues qui ont la fa- verbe latin avait abouti en ancien fra,nçak à enves-
culté de renverser l’ordre des mots de la phrase, tier Iv. 12981. +INVESTIGATEUR,TRICE n.etadj.
alors opposé à analogue; on emploie plutôt au- est emprunté (v. 15001 au latin iwestigator <celui
jourd’hui langues à construction libre. qui recherche, qui scrutem, dérivé de investigare. Il
a éte précédé par investigueur n. m. En xrve-
INVERTÉBRÉ + VERTÈBRE
déb. xve s.l. * Le mot s’est dit de celui qui cherche
la pierre philosophale. Repris au XVIII~s. (17521,
INVERTIR v. tr. est un emprunt (1537) au latin
invertere {{retourner, renverserm, utransposer, chan- comme investigatùm, il s’emploie aussi corne ad-
jectif (1829) et désigne aujourd’hui une personne
gern, formé de in- (4 0 in-) et de vertere, versus
<tourner)) au propre et au figurk d’où (convertir, qui fait des recherches systématiques.
changer en= I-, ver-d. * INVE S TIR v. tr. succéde Cv. 14101 à la forme
+ Le verbe apparaît au xvf s. avec les sens latins, adaptée envestir (v. 1200) ; le mot est emprunté au
<intervertir= ( 1537) et abouleverser, troubler& I:15523 latin investire arevêtir, gtira> au propre, et au fi-
sortis d’usage, de même que l’emploi juridique guré aentourer étroitementn (comme un vêtement),
( 1584) pour aentraver l’effet d’une mesure qu’on a qui a pris à l’époque médiévale En VIII~s.1 dans le
priseB. * Le verbe, qui ne semble pas utilisé à l’épo- vocabulaire juridique le sens de ((mettre en posses-
que classique, est repris à la En du XVIII~s. au patii- sion d’un fief, d’une chargeti, une partie du vête-
cipe passé adjective inverti wenversé symnétrique- ment symbotisant la digni& ou le pouvoir conféré.
mentm ( 1797, Chateaubriand>. 4 lnvertir demeure Investire est en effet formé de in- (-+ 0 in-) et de ves-
didactique ; il s’est employé dans le vocabulaire mî- tire <vêtir, habillers), dérivé de vesti c&temenb
litaire ( 1838) au sens de *disposer dans un ordre (-, vêtement, vêtir).
contraire à l’ordre ordinairen; c’est un terme de + Le verbe reprend du latin classique le sens de «re-
chimie (18771 et d’électricité (19351,mais après 1840, vêtirn Cv.1200) aussi au pronominal (1291, soi enves-
c’est inverser, le verbe dérivé d’inverse”, qui l’em- tir del, sens encore attesté à la fm du XVI~s. (1569, in-
porte. vestir). 0 II a sign%é, comme en latin médiéval,
k INVERTI n. m. est attesté en 1894 IRafTalovîtchl, =mettre en possession (d’un fiefi>> (1241, envestirl,
probablement d’après un emploi adjectif, sexuel in- aujourd’hui terme d’histoire. 0 Investir emprunte
verti (1888, Magnanl. Le mot, à l’origine d’un sens ensuite à l’italien investire son sens militaire : Men-
INVÉTÉRÉ 1878 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tourer avec des troupes> Cv.1320, envestirl ; l’italien plus aujourd’hui qu’en histoire. Au sens militaire
investire, de même origine que le lançais, signiWt (15871, il s’est employé à l’époque classique. Il dé-
*mettre en possession d’une charge, etc.» (XII~s-3et signe aujourd’hui l’acte par lequel une autorité ac-
aussi Nattaquern 113041.Investir s’est ainsi employé corde sa cotiance à qqn pour une mission de gou-
pour Nattaquer (un vaisseauIn Kn xrve s.), =cemerm vernement ( 1946, en droit constitutionnel) et, en
Cv.24101 et *s’emparer d’une villen Cv.1550). 0 Avec politique, l’acte par lequel un parti désigne un can-
la première valeur, amettre en possessionm, le didat à une élection (attesté 1949, Vedel).
verbe s’est dit en parlant d’un bien (1580) puis a pris
le sens abstrait de arevêtir solennellement d’un INVÉTÉRÉ, ÉE adj. est emprunté (14683 au
pouvoir, d’une dignité, par la remise symbolique participe passé inveterutus du latin inveterure elais-
d’un attribut» (av. 1615, E. Pasquier). 0 L’idée d’uat- ser (ou faire) vieillirm, au passif adevenir vieux, et
taque)) Ici-dessus) explique les emplois en marine Hfaire tomber en désuétudem, au participe passé
pour <<donner contre (un récif)- Idéb. xwe s.), ctou- *enraciné, implanté, ancienn. Le verbe dérive de in-
cher à terre, (16901, disparus, mais le second était veteratus, adjectif verbal de inveterascere cdevenir
encore attesté au XTxesiècle. 0 Par métaphore, in- ancien, vieill@ au figuré as’établir, se frxep, et
vestir s’utilise avec un nom de chose (16901 et inves- aussi &a$aibti, plus fréquent que le simple vete-
tir qqn signkhe -le presser de toutes par% 116901. rascere. Ces verbes viennent de vetus, veteti
0 Le verbe s’emploie depuis le XVIII~s. dans un «vieux, ancienm (-+vétéranI, qui se rattache à une
contexte abstrait pour umettre en possession d’un racine indoeuropéenne ‘wet- années (3 vieux).
pouvoir, d’un droit, etc.D (1764). De là son emploi en + Cet adjectif littéraire qualifie ce qui est enraciné
droit constitutionnel et au figuré dans investir gqn. et fortifié avec le temps, spécialement en parlant
de su confiance <la lui donnerti 119033.+ Au xx” s., in- d’une maladie, d’un vice (1547). 11 s’applique en-
vestir a repris à l’anglais fo invest son emploi en suite (16941 à une personne qui a laissé s’ancrer en
économie pour aemployer (des capitaux) dans une elle une habitude, en particulier un défaut, un vice
entreprisen (1922); le verbe anglais, attesté en ce Bavard, alcooliqm invétéré).
sens depuis 1613, l’avait lui-même repris à l’italien
investire 113331. Par extension, investir se dit pour w INVÉTÉRER appar& au pronominal ( 15431,s’in-
Memployer (une somme à qqch.Ip. 0 En psychologie vétérer cs’habituer àr. Il s’est employé comme in-
( 1943, Sartre) et en psychanalyse ( 19271, au sens de trwitif (invétérer, 1583) pour adevenir vieux», sens
amettre son énergie psychique dans (une activité, archtique, attesté chez Gide 11896-1902). Il est
un objectifIn, c’est un calque de la métaphore alle- mieux attesté au pronominal au sens de use forki-
mande sur besetzelz coccuper militairement~, pris fier par le tempsn 11606, d’un mal) et dans laisser
au figuré par Freud. s’invétérer qqch. (16901, + INVÉTÉRATION n. f.,
terme très didactique, est emprunté 11552) au latin
b INVESTISSEMENT n. m. s’emploie d’abord dans
inveim-ch amaladie invétérée, (dérivé de invete-
le domaine militaire (17041, d’où son usage au fi-
rare).
guré pour cfait de chercher à séduire (qqn)n.
* L’emploi devenu usuel de l’économie 11924) est INVINCIBLE adj. est emprunté (v. 1370,
un emprunt adapté à l’anglais iptvestment (en ce Oresme) au bas latin invincibilis *qu’on ne peut
sens en 16151, et en psychana[lyse (1927) une traduc- vaincren, composé de in- négatif (+ 0 in-1 et de vin-
tion de l’allemand Besetzung (1895, Freud), ces cibilis, dérivé de tincere, victus 1-+vaincre).
deux emplois correspondant à ceux du verbe. + Le
composé SOUS-INVESTISSEMENT n. m. s’em- + Le mot apparaît comme terme de théologie dans
ploie en économie 11968) comme SURINVESTIS- ignorance invincible (calque du latin ecclésiastique
SEMENT n. m. Mil. xxe s.), qui a aussi une valeur ignorantia invivtcibilid, Sign%ant <ignorance des
psychanalytique. 4 INVESTISSEUR, EUSE n. dé- choses dont il est impossible qu’une personne ait
signe 119371 une personne ou une collectivité qui eu connaissances ; dans cette acception, l’adjeotif
place des capitaux dans un secteur de l’économie. est encore relevé en 1690 Wuretière). 0 Il est repris
Sur investir ont été prékés plusieurs verbes. +DÉ- 11538) avec le sens étymologique, appliqué à qqn
~INVESTIR v., au pronominal à la Cn du XVI~~. qu’on ne peut vaincre ou surpasser. Depuis le
pour <se débarrassers (emploi disparu), a Sign%é xvre s., invincible qutie figurément (1562) une
(1829) acesser d’investir (d’un pouvoir)~ Il s’emploie chose, un argument, un sentiment, etc. dont on ne
dans le vocabulaire militaire 11846, tr.1, en écono- peut triompher, et ce que l’on ne peut maîtriser
mie et en psychanalyse (xx” s., intr.1 d’après les em- ( 1595, Montaigne, degoust iwincible). 0 Du sens
plois correspondants du verbe simple. 0 Il a pour étymologique viennent, au XVII~s., plusieurs em-
dérivé DÉSINVESTISSEMENT n. m. (1846). plois figurés en parlant d’une personne qui ne peut
*RÉINVESTIR v. tr. s’est employé dans le do- être vaincue 116361, qui ne cède pas à l’amour
maine militaire (18451, avant de devenir un terme ( 1669) ; invincible ù “qui résiste victorieusement &
d’économie, avec pour dérivé plus récent RÉIN- (1671) est sorti d’usage.
VESTISSEMENT n. m. (1934). * SURINVESTIR F L’adjehf a fourni INVINCIBLEMENT adv. (xv” s.)
v. intr. Iv. 19601 est un terme d’économie et de psy- rare au sens propre d’invincible et INVINCIBILITÉ
chanalyse. n. f. iv. 15081,tous deux d’usage littéraire.
INVESTITURE n. f., qui succède (1460) à la forme 0 voir VAINCRE.
envesture 1x1~~s.), est un emprunt au latin médiéval
investituru kxe s.1,terme juridique, dérivé de inves- INVITER v. tr. est emprunté (1356) au latin iw-
tire. *Le mot reprend ce sens juridique qui n’existe tare kwiterti, en particulier Gwiter à tablen et par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1879 INVOLUTION

extension CencourageP) ; ce mot d’origine inconnue + In vive sime adans l’organisme vivmb, opp0~6
a été rapproché de invitus qui agit contre son gré», à in vitro.
d’un adjectif “vitus apparenté à yis atu veuxfi
(2” personne du présent de volere; + vouloir). Ce- INVOLUCRE n. m. est emprunté 11545) au la-
pend&, pour les Anciens, le préverbe in- avait tin involucrum «enveloppe, couverture*, spéciale-
une valeur locale et non pas privative. * kwiture ment aétui d’un bouclierm, et woile recouvrant Un
avait r&ulièrement abouti en ancien français à en- candélabre=, employé aussi au figuré. Le nom dé-
vier iv. 1050) qui conservait les sens du latin mais a rive de involvere afake rouler en bas*, &ire rouler
été éliminé par son homonyme envier* I+ envie); il SUT~,aenrouler, enveloppersB, formé de in- (.t 0 in-1
n’en demeure que la locution ti l’envi”. et de volvere, volutus wouler, faire roukrsP et au fi-
+ Le verbe, qui conserve les valeurs du latin, Sign%e guré <<rouler dans son espritn, qui se rattache à une
d’abord Nprier (qqn1 de se rendre en un lieu et de racine indoeuropéenne ‘wel- aroulerm (3 volute).
prendre part à une activité}) (1585, au pronominal), 4 Invohme désigne, en botanique, une collerette de
cf. convier. Il est aujourd’hui littéraire au figuré, bractées formant la base de certaines inflores-
pour kciter à faire qqch,m, avec un sujet nom de cences, notamment chez les Ombellifères.
chose II#~) ou de personne MMH; il signiEe par
b Le nom a fourni INVOLUCELLE n. 111.(1778) dn-
extension 117691 <inciter avec auto&&. 0 Il s’em-
volucre secondaire ou partielm (probablement par
ploie aussi comme terme de jeux (1867, v. ink.1 pro-
le latin moderne) et INVOLUCRÉ, ÉE adj. Cl8031
bablement d’après invite, antérieur, au sens de
«pourvu d’un involucren .
<<jouer une carte pour faire connaître son jeu à son
partenaire et l’inviter à jouer dans la même cou-
INVOLONTAIRE + VOLONTÉ
le-.
b Le derivé INVITEUR, EUSE adj. et n. a désigné INVOLUTlON n. f., réfection graphique 113713
EV.1510) une personne qui cherche à se faire inviter. de involucion C1314, est un emprunt au latin impé-
Aujourd’hui il se dit assez rarement d’une per- rial involutio «action d’envelopper=, <enroulement >b,
sonne qui invite (1876) ou s’applique à ce qui consti- formé sur inv&tum, supin du latin classique invol-
tue une invite (1897). *INVITE n. f., sorti d’usage vere <<fairerouler », aenrouler, envelopperm ; le verbe
comme terme de jeu de cartes (1767, désigne (1862) est composé de in- C+ 0 In-1 et de volvere, volutus
une invitation plus ou moins déguisée à faire qqch. arouler, faire rouler», afaire aller et venirs, et au fi-
Ofl a pour Comp& CONTRE-INVITE n. f. (1869).
guré *rouler dans son esprit, méditep, qui se rat-
- INVITANT, ANTE adj . et n., participeprésent du
tache à une racine indoeuropéenne “wel- croulep,
verbe, est littéraire pour aencouragea& (1856); le
comme involucre (+ révolution, volute). 0 hvolvere
synonyme INVITATIF, IVE adj. ( 1791, Mirabeau)
avait abouti à envoudre as’emparer de qqnm en par-
est vieiHi. 0 Iw.&nt est plus courant en politique
lant de mauvaises pensées (v. 11201, &enveloppeIk
(mil. me s.1 dans les puissances invitantes “qui in-
(v. 1160) et, par a;illeurs, avait été emprunté sous la
vitentn. + Le préhé RÉINVITER v. tr. (15491 est re-
lativement usuel. forme involver aenveloppep (1464, mais involvé est
INVITATOIRE adj. et n. f. est emprunté au bas la-
relevé dès 13701.
tin invitutorius cqui invites (intitatoria scripta + Le mot a d’abord le sens du latin en anatomie : in-
-lettre d’invitation4 et en latin ecclésiastique voluciun des boiaus 11314 désignant leur enroule-
«psaume par lequel commence 1’oEce des Ma- ment; ce sens a disparu comme la valeur figurée
tines- (IX” s.l. *Le mot français (1223) a conservé ce <<assemblage de difkultés, d’embarrasm, d’abord
sens en liturgie. Il a été employé par Rabelais 11552) dans un contexte juridique (1371, involution de pro-
pour Gnvitation (à boire)>> et par Bossuet C169 1-16931 cès; encore en 1878, Académie). oLe mot a eu
dans letie iwitatoire Nlettre par laquelle le pape in- aussi (13713 la valeur générale de <complication,
vitait les évêques à un concilem. coni?usionD du XIV~ au xwe siècle. 0 À partir du
INVITATION n. f, est emprunté au dérivé latin in- xwe s., involution passe dans des domaines scienti-
vitati *action d’inviter~~, *sollicitation & faire qqch.=. fiques : en mathématiques (1639, poinct~ en. tivolu-
Le mot conserve le premier sens du latin 11484 ; tin; repris au XIX~ s. en géométrie), puis en bota-
XIV s., selon Bloch et Wartburg), mais est rare avant nique (1814) pour désigner l’état d’un organe
le XVIII~ s., puis reprend le second sens à la fin du invaginé. Dans les emplois suivants, l’idée de are-
XVI~siècle. C’est avec inviter le mot le plus courant ploiement vers l’intérieur» fait pIace à celle de «dé-
de la série. veloppement inverse de ce qui constitue l’évolu-
tiona, le mot évolution* étant devenu usuel en
IN VITRO ~OC.adv., attestée chez Cl. Bernard
sciences ; tiwltiti~~ s’emploie en médecine et en
118771,est fomnée de mots latins Sign%ant propre-
physiologie ( 19071, à propos de la modiikation ré-
ment &JE le verrem, de in *dans, enm(+ en1 et vitro,
gressive d’un organisme ou d’une de ses parties
ablatif de titrum (+ verre).
linvolutin utkinel; en philosophie (19481, du pas-
4 Cette locution didatiique signiGe <<enmilieu art%- sage de l’hétkogène à I’homogène, et en psycho-
ciel, en laboratoire» lobservation, culture in vitro), logie et psychiatrie, d’un processus de régression
opposé à in vivo et à in situ. psychophysiologique Cinvolution présénile ; psy-
IN VIVO IOC. a&. reprend (lgo13 des mots latins chose d’involutin).
signiknt proprement adans le vif)), de in =dansn et F Des derniers emplois spécialisés du nom a été
tivo, ablatif de tivum 4e vif*, neutre substantivé de dérivé savamment, d’après évoluer, INVOLUER
l’adjectif viws wivantm, dérivé de tivere (4 vivre). v. tr. unil. xxe s-1aprocéder par involutionn.
INVOQUER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

INVOLUTIF, IVE adj., dérivé savant du latin ~?%VO- 4 Gay-Lussac donna ce nom 5tun corps simple, très
lutus aenveloppém (participe passé adjectivé de in- volatil et dégageant des vapeurs violettes lorsqu’on
volvere), s’est employé en botanique (17981, où il a le chauffe, que venait de découvrir le chimiste
été remplacé par INVOLUTE, ÉE adj. (1798) de Courtois. Le mot entre dans la locution courante
même origine au sens de *qui est roulé de dehors teinture d’Inde asohrtion alcoolique d’iode officinal,
en dedarw ; involutif s’emploie par figure (1919) servant à badigeonner les plaiesB (son emploi a re-
pour *qui roule sur lui-mêmep ; c’est aussi un terme culé depuis que l’on recourt plutôt au mercuro-
de mathématiques ( 19311et de médecine. chrome).
+ Voir Dl%NVOLTE. k Iode et le premier élément IOD- (I~DI-, 10~0-1
ont fourni de nombreux termes dérivés ou compo-
INVOQUER v. tr. a remplacé (13971 la forme sés en iod-, parmi lesquels des mots de chimie et de
adaptée envochier (v. 1120) et constitue un emprunt pharmacie. +En chimie : IODIQUE adj. (1812,
au latin invocare *appeler, prendre les dieux & té- UC& iodique), employé aussi en médecine (1928,
moin, invoquer leur témoignageB, fiappeler au se- acti iodigw); IODURE n. m. (18121, d’où Io-
cours» et aappeler, nornmerti, formé de in- (+ 0 in-3 DUR&ÉE adj. (1910); IODATE n.m. (1816);
et de vocare *appeler%, ccnonxnep, kwoquep, &- IODÉ, ÉE adj. (1824) puis IODER v. tr. ~couvrir
viters, dérivé de vo%, VO& I+ voix). d’iodw (1861) et etraiter par l’iodea (18771, dont pro-
+ Le verbe ne s’emploie que dans un contexte reli- cède IODATION n. f. (mil. ti S.I. +En pharmacie :
gieux jusqu’à la fin du xv” s., au sens d’cappeler à IODOFORME n. m. (1834; aussi en chimie); IODO-
l’aide une puissance supérieure par des prièress THtiRAPIE n. f. (18851; IODISME n. m. (I855l ; IO-
(invoquer Dieu, la g7âce, le secours de Dikul. II signi- DACÉTONE n. f. (18851 de acétone; IODÉMIE n. f.
fie ensuite ademander le secours, réclamer l’aide (19381, terme de biologie.
de qqnm (1536, iwoquer qqn; 1743, iwoqwr le se-
cours de qqn), puis s’utilise par analogie, dans un
ION n. m. est emprunté 11840, Académie) à I’an-
glais ion, mot créé en 1834 par le physicien Fara-
contexte littéraire (16093, dans invoquer la muse, ks
day, emprunt au grec ion, participe présent neutre
muses. Au xwe s., il se dit figurément pour <citer
de ienai &lerm, par allusion au fait que les parti-
(une autorité, une loi, une référence, etc.3 en sa fa-
cules ionisées se portent vers l’anode ou la ca-
veul”g (1752).
thode. L’ion est étymologiquement la aparticule qui
b Du verbe dérive INVOQUANT, ANTE ou INVO- van.
CANT, ANTE adj., littéraire ( 1869, Goncourt). +Le mot désigne un atome ou un groupement
INVOCATEUR, TRICE n. et adj. est emprunté d’atomes portant une charge électrique, spéciale-
dans invocateurs de dyables (déb. xve s.1au bas latin ment ayant gagné ou perdu un ou plusieurs élec-
invocutor khemonum~ celui qui invoque (les dé- trons. De là, ion-grcwme aatome-gramme d’un élé-
mon& et au moyen âge iwocator acelui qui in ment & Mat d’ionp.
voque (le %&Esprit)~ Irx” S.I. kwocator est dérivé
b Le développement de la physique de l’atome ex-
du supin de invocare. Le moyen tiançais invoqueur plique l’apparition de nombreux dérivés et compo-
(1486, invoqueur de dyables) représente un dérivé sés. +IONISER v. tr. (1895, pron. et p. p.) Sign%e
d’invoquer. +Le nom est sorti d’usage au sens de 4ransformer en ionP+, amodfier un corps en don-
%orciern (14691 ainsi que le féminin invocatoresse nant naissance à des ions Y +Le verbe a servi à for-
asorcière Cl6061 et l’adjectif demeure rare pour mer IONISATION n. f. (18943 d’après l’anglais tini-
qutier ce qui invoque les puissances. zution (18911, d’où AUTO-IONISATION n. f. (1903),
INVOCATION n. f., emprunte au dérivé latin invo- 0 IONISANT, ANTE adj. (19o31,IONISABLE adj.
cadi aaction d’invoquer la divinité*, recouvre les (me s.) et IONISATEUR n. m. (mil. XX~s.l. -0 IO-
mêmes emplois que le verbe; il désigne d’abord NIQUE adj. (189315’apphque à ce qui est relatif aux
(v. 11701 le fait d’invoquer une puissance supé- ions, spécialement dans le domaine technique (pro-
rieure, d’où le syntagme Il6901 sous I’hmcatim de pulsion, moteur ionique).
(un saint, etc.1 asous la protection dem. * En moyen ANION n. m. aion négatifm 11842, Académie) re-
français, il s’applique à une incantation magique prend l’anglais cmim (1834, Faraday), formé
( 14691, sens disparu. Au xwe s. le mot se dit ( 1680) de d’après anock et ion. ok dérive ANIONIQUE
la prière qu’adresse un poète à une Muse, etc. pour adj. (1935). + CATION n. m. aion positifs (1866 ; 1838,
lui demander son concours (cf. ci-dessus invoquer1 cathionl est formé d’après catlhock1.
et pas la suite de l’action de recourir à qqch. *IN- ION-, IONO-, tiré de ion, est un premier élément
VOCATOIRE adj., mot didactique dérivé du radi- de termes scientifiques. * IONOSPHkRE n. f. est
cal de invocation ou de invocatum, supin du verbe emprunté ( 1935) à l’anglais ionosphere, formé par
latin, qualifie (av. 1622, Fr. de Sales) ce qui sert à in- Watson-Watt en 1926, d’après atios@kre
voquer, I+ sphère) ; ce mot désigne la couche supérieure de
l’atmosphère, a forte ionisation; en dérive IONO-
INVRAISEMBLABLE, INVRAISEM- SPHÉRIQUE adj. (av. 194B) d’après l’anglais iono-
BLANCE + VRAI spheric (1933). -1ONOMkTRE n. m. est relevé au
milieu du m%., comme IONOPHORÈSE n. f.
IODE n. m. est un emprunt fait par Gay-Lussac employé en médecine et tiré de -phor&se (+ -phare)
(1812) au grec tidês «aux reflets violets> ou aodorant et IONOGRAMME n. m. (av. 1959).
comme la tioletteti, de ion aviolettes (à rapprocher
du latin viola; 4 violette) et eidos cfort-ne, appa- IONIEN, IENNE adj. est dérivé (1529, comme
rence-. nom) de lonie, emprwté au latin loniu, lui-même
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1881 -1QUE

du grec Iônia. Ce nom est dérivé de Iôn, ancêtre IPOMÉE n. f., terme de botanique, est em-
mythique du peuple ionien: Iônia était le nom prunté (1803, Lamarck et Mirbell au latin scienti-
d’une mcienne province grecque d’Asie Mineure. fique ipomaea (Linné), formé à partir des mots
+ Le mot s’applique à ce qui est propre à cette ré- grecs ips, ipos werm et homoios esemblablem
gion ou ses habitants et s’emploie spécialement en (b homo-).
musique 11598, d’Aubigné, mode ionien) pour dé- +Il désigne une plante d’aspect vermiforme, dont
signer l’un des six modes archaïques ~OU harmo- une variété cultivée est couramment appelée volu-
nies) décrits par Platon, et le mode ecclésiastique bil is.
construit sur la gamme d’ut majeur. 0 En linguîs-
tique ionien n. m. désigne le dialecte grec d’Ionie IPSE n. m., attesté chez G. Bataille ( 1943, L%X~&
(1730, Rollinl. tinte intérieure), reprend un mot latin Sign%ant
Nmême, en personne; lui-même, elle-mêmex, etc.
&IONIQUE adj. est emprwté (1526-1537; 1533, et par extension <<en soi, par soi, de soi-mêmem,
yonicquel au latin imicus ad’Ionie*, par exemple formé de ilsl- nominatif (adjectif pronom de ren-
dans motus ti~onici <danse ionique>), et usité en mé- voi) et de la particule de renforcement -pse. Ipse
trique : ionicus a majore, a minore aionique majeur, avait abouti en ancien français à eps arnêrnem %II
mineurn. Le latin est lui-même emprunté au grec x” s. ; + même).
idnikos dérivé de Iônes <<lesIoniens~ * L’adjectif est
4 Le mot, didactique et rare, est quelquefois em-
introduit comme terme d’architecture; de là ordre
ployé en français pour désigner l’être pensant en
ionique ( 1669) et par ellipse I?onique pour désigner
tant qu’il est lui-même.
l’un des trois ordres de l’architecture grecque (à
côté de domue et de corinthien), caractérisé par un w IPStiITÉ n. f. est un emprunt (1840, Pierre Le-
chapiteau orné de deux volutes latérales. 0 Il s’est roux) au latin scolastique ipseitus, dérivé de @se. Le
employé pour ionien (1552, languaige lonicque; mot, extrêmement rare avant son réemploi en phé-
1586, l’ionique ala musique ioniquemI, emploi dis- noménologie Ef 943, Sartre), désigne le caractère de
paru. * L’adjectif a repris au XD? s. l’emploi du latin l’être conscient qui est lui-même, non réductible à
en métrique (1845,vers ioniques; 1893,pied ionique nul autre.
et par ellipse un ioniquel. +De l’adjectif dérive IPSO FACTO adv., apparu dans un emploi ad-
0 IONISANT, ANTE adj. (XX” s.) qutiant ce qui se jectif en religion CI625; excommunication ipso
rapporte à l’art ionique, homonyme rare du terme facto, 16681 et à nouveau au début du xrxe s.
de physique. (av. 18081, reprend une locution latine signifiant
IOTA n. m. est un emprunt Iv. 12401,occasionnel “par le fait mêmem, composée des mots du latin
au milieu du XIII~s., repris vers 1300, au grec &a, ipso, ablatif neutre de ipse (+ ipse), et de facto, abla-
par l’intermédiaire du latin. C’est le nom de la neu- tif de factum (+ fait).
vième lettre de l’alphabet grec, la plus petite de + L’adverbe s’emploie en droit avec le sens de “par
toutes, correspondant dans l’alphabet français à la le fait même, par une conséquence obligée, sans
lettre i. aucune formalité». Il signifie assez couramment
+ Introduit en hn@s dans cette acception, le mot ( 18351 ((automatiquement, par voie de consé-
s’emploie ensuite figurément avec le sens El5441 de quenceD.
<<laplus petite chose, le plus petit détail (de ce qui -IQUE est un suf%xe issu du latin -Ecus «relatif à,
est ou peut être écrit),, surtout dans la locution qui est propre à*, lui-même emprunté au grec
sans changer un iota (cf. sans changer une virgule) ; -ikos, et servant à former un grand nombre d’ad-
de là vient la locution ne pas bouger, modifier, etc. jectifs (parfois employés comme substantifs) dans
d’un iota csi peu que ce soitm (1669). les domaines scientzque et technique. +Certains
F IOTACISME n. m. est emprunté (18031 au bas la- mots ont été empruntés au grec par l’intermé-
tin des grammairiens iotacismus *prononciation diaire du latin C~@labique : latin syllabicus, grec sul-
défectueuse du i », hpétition fréquente du if, ern- tabilaos3, de m&me que des éléments formats en
prurit au grec iot&zkmos dérivé de iota; le mot re- -Que (-graphique, -logique, métrique, etc.). Le suf-
prend les sens du latin en linguistique et en phoné- fixe est très productif depuis le début du XD? s., en
tique. particulier dans la formation de termes de chimie
(exemple stéarique, 18191,de géométrie (stéréomé-
IPÉCA n. m. représente une abréviation 11802) trique, 18121,de médecine (névralgique, 1801; anes-
de Ipecacuana n. m. (16941, aussi Y&pecaya (16401. thésique, 1847). Les formations se multiplient au
Ipecacuana est toujours usité en botanique; c’est xx” s., au rythme des nouvelles acquisitions scienti-
un mot emprunté au portugais ipecacuanha ( 16481, fiques et techniques et de leur vulgarisation Wréo-
d’abord Igpecacoayu (15951 et Pecacuem ( 15871,lui- phonique, 1940; tél6gdnique, 1961). Certains termes
même emprunté au tupi, langue indienne du Bré- représentent des calques de l’anglais IbusiqueI,
sil. On a employé aussi la graphie avec -h-, d’après auxquels ils empruntent parfois la variante -ic, no-
le portugais. tamment dans le vocabulaire de l’industrie et de la
+Ipéca, terme de botanique et de pharmacie, dé- publicité IpZasticI ; un nombre limité d’adjecti& em-
signe un arbrisseau du Brésil dont les racines sont pruntés au latin possède, par ailleurs, une double
utilisées pour leurs propriétés vomitives. 0 Le mot forme au masculin IpublidpubliqueI.
s’est employé, par référence à ces propriétés, dans 0 -ique est spécialement utirisé en chimie ( 1787, La-
l’argot militaire (1861) pour désigner le médecin- voisier et Guy-ton de Morveau) pour former des ad-
major (aussi Pére Péta, 18861. jectifs qua&mt celui des acides d’une série qui
IRAKIEN
présente la teneur en oxygène la plus communé- cieln (-, iris), en raison des couleurs variées
ment rencontrée (acide chlorique, plus oxygéné qu’offrent les combinaisons de ce méta[l.
que l’acide chloreuxl . 4 Le mot désigne un métal très dur et très lourd,
extrait de certains minerais du platine.
IRAKIEN, IENNE adj . et n. est dérivé (18463
du nom de pays Irah. La graphie Iraq, transcrite de kL’adjectif dérivé IRIDIÉ, ÉE (1872) s’applique à ce
l’arabe 5-w ou empruntée à l’anglais, tend à se r& qui est allié avec de l’iridium (plutiw iridie, notam-
pandre, d’où les variantes iraquien et iraqien, voire ment en parlant de l’étalon matériel du mètre).
iruqi, réemprunt à l’arabe par l’anglais.
IRIS n. m. est un emprunt (1” moitié XII~S.I au la-
4 L’adjectif s’applique à ce qui est propre à l’Irak. Le tin iris, itiis pris au grec Iti, ~&OS, nom de la mes-
nom désigne la var!&é d’arabe parlée en Irak. sagère des dieux, personnifkation de l’arc-en-ciel,
d’ou *arc-en-cieln, et par ailleurs apartie colorée de
IRANIEN, IENNE adj. et n. est dérivé (1840) l’œib et deur dlirb, parce que sa coloration fait
de Iran, nom de la Perse moderne Icf. persan).
penser à l’arc-en-ciel.
4 Le mot se dit de ce qui est relatif à 1’Ira;n et dé-
+ Le mot désigne d’abord, comme en latin, une va-
signe (1867, n. m.) une des langues du groupe ira-
riété de quartz qui présente les couleurs de l’arc-
nien.
en-ciel. *Par un autre emprunt au latin Ixme 5.1, il
k IRANISANT, ANTE n., dérivé (1877) d’Iran ou désigne une fleur ornementale et la plante vivace,
d’hnkn d’après les mots analomes en -isunt à feuilles en lame d’épée, qui la produit. Dans ce
(cf. arabisant), désigne un spécialiste de l’Iran an- sens, il s’emploie parfois au féminin. + Iris se dit en-
cien (langue : persan ; civilisation). suite (14781, après yride Cv.13701, de la partie de
l’oeil percée à son centre d’un orifice Ua pupille),
IRE n. f. est issu @n x” s.1 du latin ira Ncolèrem et sens directement emprunté au grec par les méde-
amotif de colèreti, d’origine mal déterminée. cins. oLe mot, pour aarc-en-ciel* ( 1478, aussi
4 Le fraz-@s conserve ces sens, le mot, remplacé écharpe d’kk), est sorti d’usage; il s’emploie par
par colère dans l’usage courant, devenant au XVII~s. analogie (16901 pour désigner les couleurs de I’arc-
wn peu vieux mais toujours reçu dans la belle poé- en-ciel et, spécitiement (17651, les cercles de cou-
sie% CRicheM, 16801, puis uen usage dans le bur- leur qui entourent un objet vu à travers une lentille.
1esqueB (T&oux, 1704. II a encore des emplois lit- Q Vert d’iris désigne une couleur vert pâle (16801;
téraires et plaisants. poudre d’iris ( 1685; 1835, b-b1 *poudre utilisée en
F IRASCIBLE adj. est un emprunt savant (v. 1175, parhmerîe~ vient de ce que cette poudre est tirée
iraiscible) au bas latin irascibilis, dérivé du latin de l’iris de Florence (WI” s.l. 0 Du sens anatomique
classique imsci ase mettre en colèren, lui-même dé- vient l’emploi en photographie Idiaphragme [àl iris,
rivé de ira *L’adjectif est introduit avec la valeur et absolument iris).
étymologique pour qutier une personne wDe l’emploi du mot en botanique dérive IRIDA-
prompte à s’imiter, à s’emporter. Au XI? s., il passe CÉES n. f, pl. I18501, qui a remplacé la forme IRI-
dans le vocabulaire de la philosophie scolastique DÉES n. f. pl. (1798-1799).
( 1370- 1372, puksance irascible), sens sorti d’usage, Le sens anatomique a fourni les termes didactiques
de même que l’irascible n. m. (16941 ou fuculté iras- IRIEN, IENNE adj. (18141 ade l’iris de l’œflu, IRITIS
cible ( 17181 acelle des trois facultés de l’he qui II. f. (18i8) 4nknmation de l’irisé, et 0 IRI-
porte à la colère-. Le sens initial est resté vivant en DIEN, IENNE adj. Cmo).
tiançais moderne, à la di%rence de ire. De l’emploi pour Gwc-en-cieln vient @IRI-
IRASCIBILITÉ n. f., dérivé de l’adjedifou emprunt DIEN, IENNE adj., didactique et rare. WRISER
savant au dérivé bas latin irascibtiitus, est littéraire v. tr. (1749, s’iriser, Btion) <colorer des couleurs de
(1444; 1370-1372, oresme, irmubilité). l’arc-en-ciel> est plus rare que le participe passé
adjective IRISÉ, ÉE ~quutiz i&J. ~DU verbe dé-
LRÉNIQUE adj. est emprunté (1867) au latin ec- rivent les termes littéraires IRISATION n. f. (1833,
clésiastique moderne irenicus, lui-même emprunté G. Sand), IRISEMENT n. m., Il873, A. Daudet) et
au grec eirênilzos xpacii!quen, dérhé de eirênê IRISABLE adj. (1877).
~,a#h. IRIDESCENT, ENTE adj., littéraire, dérivé savant
+ Cet adjectti tr& didactique qutie ce qui apaise 11842) du latin iti, s’applique à ce qui a des reflets
les querelles religieuses et s’emploie notamment il-isés ; en dérive IRIDESCENCE n.f. (1924).
dans livres iréniques «destinés à rétablir ou $ conso- * IRONE n. f., dérivé (v. 1900) de iris, désigne en
lider la pti (entre chrétiens de confessions di%- chimie le principe auquel l’iris doit son odeur.
rentesIn. Irénique se dit par analogie h. 19601 de ce IRID-. IRIDO-, élément issu du grec iti, iridos au
qui est empreint d’irénisme. sens de apartie colorée de l’œilp, sert à former des
b De l’adjectif dérivent IRÉNISTE n. (19311, dtper- termes de médecine, tels que IRIDOTOMIE n. f.
sonne qui croit à la paix perpétueUe», et IRÉNISME 118551, IRIDOSCOPE n. m. (18661, IRIDODILATA-
n. m. (attesté en 1962) «attitude de compréhension TE~R, TRICE adj. (1909).
et de conciliation3 (cf. œcumhsme). 0 voir IRlmuM.

IRIDIUM n. m. est emprunté (18051 à l’anglais; JRISH COFFEE n. m., anglicisme (relevé en
le mot a été créé par le chimiste Smithson Tennant 19591,est une locution signhnt acafé hofleel îrlarl-
en 1804 à partir du latin classique iti, iridis aarc-en- dais litihb .
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1883 IRRÉDENTISME

+ Le mot désigne une boisson composée de café su- 4 D’abord employé pour désigner un groupe indien
cré chaud et de whisky irlandais, nappée de crème. de l’Amérique du Nord, le mot s’est dit ensuite
La traduction café irlandais, en usage, n’a pas sup- (17181, avec une valeur péjorative, d’une personne
planté l’anglicisme. dont la conduite, les paroles paraissent bizarres.
L’adjectif s’est notamment employé pour quatier
IRLANDAIS, AISE adj. et n., attesté chez un vers ridicule 117951, sens disparu. Ces valeurs
Baïf (1567, archers kZandois1 et certainement anté- sont à rapprocher de celles de huron et d’indien (en
rieur, est dérivé de Mande, nom d’une île de l’ar- argot), 0 Le substantif désigne au sens propre
chipel britannique. Le nom propre Irelu& vient en 118083 l’ensemble des langues indiennes du même
anglais de l’irlandais Eire et de land <<terre*, de groupe que celle que parlent les Iroquois; il a été
même origine que lande*. Ere est d’origine incer- employé péjorativement Cl8421 pour alangage inin-
taine; on a évoqué le gaélique Ictrl-fhorznl t0uest telligible~ Ec’est de t’iroquois ; cf. c’est du chinois, ch2
(du pays)>>et I-iumnn, l’4le (il du fer>>kuunn, d’où l’hébreu).
l’anglais iron).
IRRADIER v. est emprunté (xv” s., irradyer) au
4 Qual%ant ce qui est relatif à l’Irlande et à ses ha-
latin impérial irrudiure Kprojeter ses rayons sud>,
bitants, le mot désigne en particulier hme s., n. m.)
Mrayonner, briUer*, formé par prétiation (-+ 0 in-) à
le groupe des parlers celtiques d’Irlande. 0 Cheval
partir de radius {{baguette pointue», puis «rayon lu-
irlandais, ou irZundais n. m., désigne une espèce ré-
mineux)> (ordinairement représenté par une lame
pandue en Irlande et en Bretagne au XIX~siècle.
à pointe aiguë) (-+ radiation, rayon).
IRONIE n. f. est emprunté @II XIII’ s., yronie) au + Le verbe apparaît au sens d%llumîner~, d’abord
latin iroutia, lui-même repris au grec eirôneiu pro- au participe passé dans un contexte religieux Wu-
prement ainterrogation)), d’où <<action d’interroger diez du Suint-Esprit, v. 14701; il est repris au XVI” s.
en feignant l’ignorance>>, sens dû à la méthode de comme intransitif avec le sens de adéverser ses lu-
Socrate qui, en interrogeant ainsi ses interlo- mières)), en parlant de l’intelligence (15451, puis
cuteurs, visait à déjouer la stisance de certains n’est plus attesté. 0 Il réapparaît au début du XP s.
d’entre eux et à faire appartitre leur ignorance. Ei- pour servh- de verbe à irradiation Ici-dessous), au
rôneia dérive du verbe eirôneuesthui, lui-même de sens de <se propager en rayonnants, en parlant
eirôn, -ônos qui interroge en aEectant l’ignorawe~~ . d’une source lumineuse (1808, intr.1, puis en par-
lant d’un feu, d’une source de chaleur ( 1842, pron.)
+Rare avant le XI? s., le mot s’emploie d’abord et d’une sensation douloureuse (1867). 0 Depuis le
pour désigner une forme de raillerie qui consiste à début du me s., irradier s’emploie spécialement et
dire le contraire de ce que l’on veut faire entendre ; transitivement pour <<exposer (un organisme ou
le sens étymologique est repris en rhétorique au une substance) à l’action de certaines radiations»
x& s. (av. 16801,sens précisé plus tard (1840) en iro- en particulier à la radio-activité. 0 De là, IRRA-
nie socratique. * UM ironie se dit par métonymie DTÉ, ÉE adj. et n.
(1656, Pascal) pour aparole ironique>> puis Ndisposi-
tion railleuse* et aapparence ironique-. OLe mot b L’adjectif dérivé IRRADIANT, ANTE, d’abord at-
désigne figurément ce qui semble être une moque- testé au xv” s., est repris à la fin du XIX~ s. au figuré,
rie insultante, en parlant de faits 117641, d’où ironie puis au XX~s. en parlant d’une source de lumière.
du malheur 11807, MT’” de Staël), ironie du sort IRRADIATION n. f, est emprunté EV.1390, irrctdia-
(18101. oDu sens rhétorique vient p&t d’ironie cion) au latin impérial imdiatio caction de rayon-
(1902) usigne de ponctuation destiné à indiquer au nern, du supin irrudiutum du verbe latin. *Le sé-
lecteur un passage ironique dans le texte», d’usage mantisme du nom est analogue à celui du verbe;
rare par rapport à point d’exclamation. d’abord employé au propre en parlant de l’émis-
sion de rayons lumineux, puis au figuré ( 156 1, Cal-
b Le dérivé IRONISER v. signifie d’abord (1644- vin), il est repris à la ti du XVII~s. pour désigner un
1645, tr. ; 1690, intr.l xrtier fhementn ; le verbe est mouvement qti part d’un centre et rayonne dans
vieilli au sens transitif de atourner en dérîsionm toutes les directions (1694, dans un contexte physio-
(1838). +IRONISTE n. et adj. (1776, Restifde la Bre- logique). o-Le premier sens est repris à la ti du
tonne) est aujourd’hui vieilli pour désigner une XV-III~s. (17961 pour désigner une lumière qui
personne, un polémiste, qui pratique l’ironie; son rayonne d’un corps lumineux et le fait paraître plus
dérivé IRONISME n. m. ! 1897) est encore plus rare.
grand. oDe l’idée de déploiement à partir d’un
IRONIQUE adj., atteste en 1521 lyronicquel, est centre vient l’emploi en anatomie (18051, à propos
probablement antérieur (cf. ironiquement) ; l’adj ec- de la disposition rayonnée des fibres, des vais-
tif est emprunté au bas latin ironicus, lui-même au seaux, etc. hudiutin s’utilise ensuite en médecine
grec elrônikos, dérivé de eLrôn. +Terme de rhéto- (1873, irradiation de lu douleur) pour désigner la
rique, l’adjectif s’emploie à partir du XIX~ s. avec la propagation de la douleur depuis son point d’ori-
valeur extensive du nom, en parlant des événe- gine. 0 L’emploi pour çfait d’exposer à l’action de
ments (1831).+IRUNIQUEMENT adv.Iv. 1500)cor- certaines radiationsti (1926) correspond à la der-
respond aux valeurs de l’adjectif; il est usuel. nière valeur prise par le verbe.
IROQUOIS, OISE adj. et n., d’abord écrit IRRÉALISABLE + RÉALITI?
irocois (1605) puis iroquois (16441, représente une
déformation d’un mot de la langue iroquoise, signi- IRRkDENTISME n. m. est un emprunt (1890)
fiant <(vraies vipèresn. à l’italien irredentimo, d&vé de imedmto soumis
IRRÉDUCTIBLE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

à la domination étrangère>), formé du préfixe néga- IRRÉSISTIBLE + RÉSISTER


tif ir- I+ 0 in-1 et de redento aracheté,, emprunt au
latin redemptus, participe passé de redemire «ra- IRRÉSOLU, IRRÉSOLUTION + RÉ-
cheter un captîfn, d’où *délivrer, a&anchi~ (+ rédi- SOUDRE
mer). ]7n Italie, l’association hrendentu Itdia (18771
IRRÉVÉRENCE 4 RÉVÉRER
s’était hé pour mission de libérer les régions de
langue italienne encore sournises à la domination IRRIGUER v. tr., après une première attesta-
de l’Empire austro-hongrois. tion au XVI~s. du participe passé irrigk (1505), réap-
4 Xrrédentisme désigne la doctrine et le mouvement para3 au début du xn? siècle. C’est un emprunt au
de revendication des nationalistes italiens. Par latin inigure -conduire, amener l’eau dansm, WTO-
analogie, le mot s’est employé 11923, Bar&s) en serti et au figuré abaignerm; le verbe est formé de ir-
parlant d’un mouvement national s’inspirant des (4 0 in-) et de tigure afaire couler (l’eau, le
mêmes principes, sang, etc.) en dirigeant n, amoseli, au propre et au
b Le dérivé IRRÉDENTISTE adj. et II. est lui aussi figuré. 0 Une forme erger, aboutissement phoné-
attesté en 1890. tique du latin, est attestée en ancien vaudois en
1527, pour *arroser, irriguer)).
IRREDUCTIBLE + RÉDUIRE 4Reprenant les valeurs du verbe latin, irriguer
s’emploie d’abord pour <arroser (une prairie à
IRRÉFRAGABLE adj. est un emprunt Cl4701 l’aide de canaux), (18351, emploi généralisé plus
au bas latin irreticzgabilis Grréfutable~>, formé par tard. II est sorti d’usage en médecine pour (<arroser
préfixation (3 0 in-1 à partir du latin classique re- une plaien (1873). n se dit ensuite par a;nalogie
kuguri qui signi6e en droit public uvoter contre, (19473 pour aarroser naturellement (les tissus de
s’opposer à)>et, employé au figuré, &re opposé à», l’organismel%, en parlant du sang, des liquides or-
&tre incompatible avec>. Le verbe s’oppose à suf- ganiques, et dans le domaine économique pour
kagari cwotep, les deux verbes semblant issus Nprovoquer une arrivée importante (de capi-
d’une base -kgari, kgere, formée sur la même ra- taux, etc.)>>.
cine que frangere *briseru (+ enfreindre).
w IRRIGATEUR n. m. désigne d’abord (18271 un
+ Le premier emploi de ce mot didactique n’est pas instrument semant à irriguer les prés, puis en mé-
clair ; il se dit ensuite (1508) de ce que l’on ne peut decine (1832) un instrument destiné à faire des la-
contredire ou récuser, notamment en parlant d’un vements, des injections; cet emploi a disparu, ainsi
fait. 0 Le mot a qualifié ce que l’on ne peut domp- que le sens de *personne qui irrigue}) (1847, Balzac).
ter ou briser Idéb. XVI” s., en parlant de l’amour, de - IRRIGABLE adj. est attesté en 1839. - IRRIGA-
la paix). TION n. f. est emprunté au latin itigatio Naction
FLe dérivé IRRÉFRAGABLEMENT, adv., attesté d’arroser*, formé sur irrlgutum, supin du verbe la-
une première fois en 15I 1, repris au début du tin. 0 Le mot, attesté isolément au xve s, en méde-
XVI~ s. puis au xrxe s. (18351, est demeuré très rare. cine, est repris dans ce sens en 17% Depuis le dé-
but du XVI~s. il désigne l’arrosage des terres. Les
IRRÉMÉDIABLE + REMÈDE emplois par analogie, parallèles à ceux du verbe,
apparaissent au milieu du XX~siècle.
IRRÉMISSIBLE adj. est emprunté 11234) au
latin ecclésiastique irremissibilis 4rréparable», IRRITER v. tr. est un emprunt (1352-1356 au
formé de ir- I-+ 0 in-1 et de remissibtiis cpardon- passif, Bersuire) au latin ititctre ou inriture <exciter,
nable)) , aisé, douxn ; cet adjectif dérive du latin stimulern, =provoquerm et Gndisposera, que knout
classique rewkssum, supin de remitiere arenvoyep, et Meillet considérent comme un <mot expressif,
adétendre)> et au figuré Kabandonner, renoncer à» sans étymologiem, c’est-à-dire d’origine obscure.
(+ rémissionl, lui-même de mittere (-, mettre). 4 Le verbe reprend dans ses premiers emplois le
4 L’adjectif apparaît en français, avec la valeur du sens latin de amettre qqn dans un état de nervosité
latin, pour qual5er ce qui ne mérite pas de rémis- hostile)) : la construction irriter Ec(1510) est sortie
sion et, par extension kve s.1,ce qui, par son carac- d’usage ; s’irriter, relevé en 1640 (Corneille), est tou-
tère impardonnable, cause la mort. Le mot entre jours en usage. oLe sens de arendre plus vif (un
dans des expressions comme pkché +ré&ssible sentiment))) (1587 ; 1535, inriter) est archtique et lit-
<péché contre le Saint-Esprit>>, en termes de théolo- téraire. 0 Parallèlement, le verbe reprend le sens
gie protestante (1877). 0 Il s’emploie au XIX~ s., sans latin de crendre douloureux, en déterminant une
valeur religieuse, pour qualger ce qui a un carac- légère inflammation>) 11536). Il a été utilisé au figuré
tère irréversible (mort irrémissiblel. Substantivé au pour Ndonner plus de force à un éléments (1559) par
milieu du xrxe s. (Baudelaire), l’adjectif se dit aussi exemple dans irriter lu mer (15641, également dans
par exagération pour Gnexcusable, déplacés ( 1883, un contexte poétique au pronominal, en parlant
Huysmansl. des flots (1583, employé jusqu’au XIX~ S.I. ok?ter
correspond en sciences naturelles à &ire réagir
k IRRÉMISSIBLEMENT adv. rare (1550) apparait
sous l’effet d’un stimulus~ et s’emploie d’abord au
d’abord sous la forme inremissiblement ( 152 1).
participe passé (1755, nerfs irrités).
IRREMPLAÇABLE + PLACE b IRRITANT, ANTE adj. qual%e U5491 ce qui met
(qqn) en colère; le mot est vieilli appliqué à ce qui
IRRÉPRESSIBLE -+ RÉPRESSION détermine l’irritation 115551,d’où un ititant n. m.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1885 ISBA

(18351, ou, en biologie (17531, à ce qui provoque des avec hption asortie brusque*, irruption s’est em-
réactions nerveuses; il quaMie ce qui agit fork- ployé 11797, Chateaubriad, et début XIX~ s.1 en par-
ment sur les nerfs 11851). lant d’un volcan.
Plusieurs mots sont empruntés à des dérivés du la- b Le dérivé IRRUPTIF, IVE adj. Id s.1 est rare.
tinititare ou de son supin. +IRRITAMENTn.m.,
mot de la langue classique lav. 1650, Guez de Bal- ISABELLE adj. inv., d’abord dans l’expression
zac), désignait ce qui excite, stimule. Sous la forme couleur d’lsubek (1595; 1633 en emploi libre), est
irritement, il avait signi% en moyen français -pro- emprunté au prénom espagnol Isabel, forme popu-
vocation> (1352- 1356) et &ritationa (15441, comme le laire de I?lisubeth, transformé en Isabelle d’après le
latin hitumentum auquel il est emprunté. - IRRI- latin médiéval Isabella (cf. Isabel, Isubeuu en tian-
TATION n. f., emprunt au latin ititatio <action d’ir- çais au XIV~S.I.Le rapport entre le prénom et la cou-
rites et <sensation imitante~, se dit de l’état d’une leur est peu cl& : Li&& reprend une anecdote qui
personne irritée (v. 1400) et d’une inflammation lé- attribue à Isabelle la Catholique le voeu, lors du
gère ( 1694) ; le nom désigne (1830) 1’6tat des nerfs ir- siège de Grenade en 149 1, de ne pas changer de
rités, mais il est sorti d’usage pour parler de l’ac- chemise avant la prise de la ville, mais il s’agit pro-
tion d’irriter au moyen d’un stimulus (1834). +Le bablement d’une explication pittoresque forgée a
terme de médecine IRRITATIF, IVE adj. (14981 est posteriori.
dérivé de irritation ou du latin médical. +IRRI-
4 Qualifmnt une couleur jaune pâle, l’adjectif est
TABLE adj., emprunt au latin ititubilis “qui irritea
lexicdisé dans soie isctbelle 11633) ; isabelle n. m. est
et asusceptiblem, a d’abord eu Cl5203le sens de =qti
attesté dans ce sens en 1640.0 L’adjectif s’applique
provoque la colèrem, disparu, et en biologie (17571
aujourd’hui à des chevaux Icheval isabelle; 1841,
“qui fait réagir les nerfs*. 0 Il s’applique couram-
n. m.). + Par ailleurs le substantif désigne (18721 un
ment (1829) à une personne qui se met facilement
cépage américain à raisins noirs; dans cet emploi,
en colère. + IRRITABILITti n. f., attesté en 1672
le mot a probablement une autre origine, le pré-
SOUSla forme latine irritubilitas (mot du latin impé-
nom Isabel existant aussi en anglais.
rial, dérivé de ititubtitil, n’est relevé qu’en 1754 en
biologie, pour désigner l’une des propriétés des
ISARD n. m. apparalt d’abord dans bouc ysurus
nerfs, et en 1778 en emploi courant, pour ~carac-
(1387-1391) et est écrit ensuite ysurd (1553) et aussi
tère d’une personne imitablem.
issars au pluriel (1614). Le mot et ses variantes sont
IRRORATION n. f. est un emprunt (16941 au attestés des deux côtés des Pyrénées; on relève
latin chrétien irroruti, dérivé de irrorutum, supin isard en catalan (XIV~s.) et dans le domaine arago-
de irrorure ~couvrir de rosées, *asperger+, lui- nais sisurdo, chizurdo et sarrio, d’où tient le castil-
m&me composé de ir- (+ 0 in-3 et de rorure =couvrir lan surdo i 16251; en France, on trouve à l’ouest des
de rosées et au figuré <humecter, arrosern, dérivé Pyrénées le type suti et ses dérivés sarde atroupe
de ~OS,roti (+ rosee). d’isards*, surriut (<petit de l’isard,, et à l’Est le type
+ Le mot désigne d’abord la pratique superstitieuse kart. Certains rattachent ces formes au basque izur
qui consistait à arroser une plante avec des li- &toilen, à cause de la tache blanche portée par les
jeunes isards sur le front; le Su&e basque -di, qui
quides provenant d’un malade, pour le guérir. Il se
dit aujourd’hui de l’action d’humecter par vapori- exprime la présence, expliquerait le type isur-t.
sation (1825). Pour d’autres, l’ensemble des formes, d’origine
préromane, viendrait d’une base préindoeuro-
wIRRORER v. tr., emprunt au latin iworure, a signi- péenne ibérique izarr- de sens obscur, peut-être
fié w-roserm ( 1532, Rabelais) puis avaporisern antérieure au basque. Le passage à -TT-, -rd- s’ex-
bxx” s.1; il est sorti d’usage, comme son dérivé IR- pliquerait par des raisons phonétiques. La variante
RORATEUR n. m. (1825).
graphique hard est rare et archaïque.
IRRUPTION n. f. est un emprunt savant (14951 +Le mot a suppla&é dans les Pyrénées chamois,
au latin irruptio Gnvasion (des eaux))), formé sur ir- mot employé dans les Alpes (cf. aussi le portugais
ruptum, supin de irmmpere cse précipiter dansfi, camuzu) pour désigner le même animal; il de-
flenvahirn, employé spécialement en termes mili- meure régional.
taires ; ce verbe est formé de ir- I-, 0 in-1 et de rum-
pere, mptusNbriser violemment= (+ rompre). Imm- ISBA n. f., relevé chez La Pérouse (17971, est em-
pere a été emprunté en moyen eançais sous les prunté au russe izba amaison traditionnelle en bois
formes adaptées irmmpre ( 14631, h-rompre 115303 de sapinti, d’origine incertaine. Il s’agit peut-être
avec les sens du latin. d’une création slave à partir de Mo@t achauffer»
$ Irmptian s’emploie d’abord pour désigner une in- ou d’un emprunt au germanique “stuba, repré-
vasion soudaine et violente; il est repris au début senté par le haut aliemand stubu aendroit chatién ;
du XVII~~s. en parlant d’idées, de sentiments (17013. on y a vu aussi un emprunt au latin populaire Oex-
oLe premier emploi concret concerne les eaux tupu (3 étuve). On trouve antérieurement la forme
qui débordent (1749) et l’entrée brutale de qqch. wkbys (16691, résultant d’une mauvaise transcrip-
(18051, sens disparus. ~Irruption désigne au- tion de visby adans les isbasu, le mot russe étant ici à
jourd’hui l’entrée en force et en masse de per- l’accusatif pluriel avec agglutination de la préposi-
sonnes dans un lieu ( 1789) et, par extension, l’en- tion v *dan+. La graphie izbu (1863, MT”” de SégurI
trée brusque et inattendue d’une personne 118331, est sortie d’usage.
d’où la locution ftie krz@on. OPar confusion 4 Le mot conserve le sens du russe.
ISCHION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ISCWION n. m. (1538, Chauliac) est attesté iso- ISLANDAIS, AISE adj. et n. dérive (1732) du
lément au XIV” s. sous la forme adaptée SC& puis nom toponymique Isslati qui signifie uterre kndl
chez Rabelais 11534 écrit ischie. Le mot est em- de glace leis, is, cf. anglais iceln.
prunté au grec iskhion chez Homère, ~OSdu bassin + Le mot s’applique d’abord à une personne qui ha-
où s’emboîte le fémurm, puis «hanchen. bite ou est originaire d’Islande. Comme nom mas-
4 C’est au sens disparu de ehanche, que le mot est culin, il désigne ( 1827, n. m., Ampère) la langue
introduit. Ce terme d’anatomie désigne au- scandinave parlée en Islande depuis le IX~s., qu’il
jourd’hui (1538) une partie de l’os coxal - les deux s’agisse du WiZ ~JU~&S ou d’islandais mockr~te.
autres étant l’ilion et le pubis - en bas et en arrière C=En France, Islandais n. m. est le nom donné à un
du bassin. pêcheur breton faisant les campagnes de pêche à
b Le dérivé ISCHIATIQUE adj. ride lïschion~, em- la morue sur les bancs d’Islande (1883, P. Loti ;
ployé dans veine isciatique (16871, nerf ischiatique cf. teFe-neuvusl; en ce sens le mot est aussi adjectif
(1906, goélette islandaise),
(1761), succède à ksciatique, tichlatique n. f. pour
asciatique t 1532,Rabelais ; 1605, goutte ischiatique). -ISME, s&xe savant, vient du grec -kmos, par
@ Voir SCIATIQUE.
l’întermédiake du bas latin -tirnus, et sert à former
des substa~M~ masculins. Ce sufke a été trés uti-
-ISER est un suff6xe verbal savant emprunté au lisé, sous la forme Asmus, dans le latin scolastique,
bas latin -izare, qui correspond au grec -izein. Ce d’où il est passé en lançais, entrant dans la forma-
sufaxe entre dans la formation de verbes transit& tion de nombreux dérivés à partir de la Renais-
à valeur fatiîtive, dérivés de substantifs lalcoolkerl, sance. 11a été très productif dans la première moi-
et de verbes à valeur intransitive construits sur des tié du XE? s. pour construire des termes politiques,
noms de peuples ou de langues Ihelléniserl. Utilisé kconomiques et philosophiques, puis s’est employé
depuis le XIV~ s. Tyranniser, 13701, il reste très pro- dans l’ensemble du lexique.
ductif au xx” s., en particulier pour former des + Joint à un nom ou à un adjectif, -iste forme des
verbes dans le vocabulaire didactique Irobotiserl et termes politiques et sociaux avec la valeur de <qsys-
da;ns la langue littéraire. t ème d’opinionsm, cattitude, tendance%, souvent
combiné avec des préfixes comme un%, pro-.,., des
ISINGLASS n. m. est emprunté (1803) à l’an- termes de philosophie, de science, de religion
glais isinglass 116601,
d’abord Songlus altéra-
(15451, I*doctrinem, «croyance4 des termes littéraires, ar-
tion probable, d’après gZuss averre’>, du néerlandtis tistiques kécole, tendancenI; -isme dénote une atti-
huisenblas, en moyen néerlandais huusblus <vessie tude positive par rapport à la croyance, etc. repré-
cblusl d’esturgeon (hz~.&~. sentée par la base. 0 Par ailleurs, il a pour valeur
4 Ce terme technique reprend les sens de l’an- <<attitude et activité (conforme à la tendance qu’ex-
glais : il désigne le mica utilisé comme verre isolant prime la baselm, par exemple dans constructitime
puis, par analogie d’aspeck, équivaut à CcgéloseB ou afavorable à une personne, un groupen (uméri-
(1876) et se dit par retour possible au sens étymolo- cunisme). Correspondant parfois k l’idée dkctivité
gique, d’une matière gélatineuse extraite des carti- professionnelle» Ijoumalisme), le stixe peut ex-
lages et des vessies natatoires de poissons (1877). primer un caracttère ou un état particulier, une ma-
ladie k0ongoltimel. 0 -isme se construit aussi avec
ISLAM n. m. est un emprunt (1697) à l’arabe T’is- des noms propres (bwurqrsmel, notamment en po-
Itiml, proprement «soumission, résignation- nom litique (gaullisme), avec des verbes (dirigismel ou
d’action tiré du verbe aslama 4l s’est soumis», spé- des syntagmes (je-m’en-foutismel. La plupart des
cialement & Dieu*, quatrième forme de sulama, mots en -isPne correspondent à une forme en -iste*
salima «il est sain, libre, en sécurités. Cadj. et n.).
+ Le mot désigne la religion prêchée par Mahomet, ISO- est un premier élément tiré du grec AscoI-,
fondée sur le Coran; avec l’initiale majuscule, Is- de isos &g&, dont l’origine est inconnue, et qui a
Eam se dit de l’ensemble des peuples qui professent donné en grec un grand nombre de composés. Iso-
cette religion. entre dans la composition de nombreux termes
~Islam a fourni plusieurs dérivés. ISLAMISME scientsques en géographie, géophysique, méde-
n. m. (1697) Sign%e are&ion mw&maneB ; il a pour cine... ; il si@e aégal-, opposé à hétéro- et à uniso-,
dérivé ISLAMI~TE adj. 11803, Chateaubriand). et peut aussi indiquer une équivalence, une iden-
~ISLAMITE adj. et n. (17%) a été supplanté par tité entre des éléments. Les composés sont souvent
??W.SUlman. + ISLAMIQUE adj. (1835, Lamartine) directement empruntés au grec.
s’applique à ce qui est relatif à l’Islam ; à la ti- b ISOCHRONE adj. (16821,d’abord isochrort (16751
férence du précédent, il est resté en usage. 4 ISLA- et auparavant noté chez Descartes en carwtères
MISER v. tr. aconvertir à l’islam, intégrer au grecs (1629, isokronoi pl.), est emprunté au grec
monde islarnique~~ (1862, Renan1 est fkéquent au isokhronos «contemporainn puis Ggal en duréen,
participe passé ISLAMISÉ adj. (1902) et a fourni de Izhronos atemps, durée>) C+ chrono-). Ce terme
ISLAMISATION n. f. (1903). ScientiGque sign& adont la période a une durée
ISLAMOLOGIE n. f. CIétude de 1’Islarn~ est un constante», 0En ce sens, on emploie aussi ISO-
composé didactique récent (mil. XX~s.) de -logie, CHRONIQUE adj I 118671.0 Isochrone se dit aussi
comme ISLAMOLOGUE n., formé avec -logue. de neurones qui ont la même chronaxîe. *n a un
PANISLAMIQUE adj. est attesté en 1921. dérivé, ISOCHRONISME n. m. 11700).
DE LA LANGUE FRANÇAISE rsorA
ISOGONE adj. conserve en mathématiques (1682) de météorologie, tiobure signiCe Nd’égale pression
le sens de son étymon, le grec isogônios “qui a des atmosphérique>), comme son dérivé ISOBARIQUE
angles égauxB let, tardivement, “qui a le même adj. (1877).
nombre d’angles*), de gônia uangleg I+ genou). * Le IsoGLossE n. f. et adj. est un emprunt Iv. 1900;
mot s’emploie aussi en géographie 119021 dans Meillet emploie le mot en 19081 à l’allemand Iso-
Zi@ws kogones alignes qui relient sur une carte les glass (1892, Bielenstein), fomné du grec iso- et de
points de la Terre ayant une même déclinaison ma- -glôssos “qui a la langue, qui parle (de telle ou telle
gnétiquem. +On emploie également avec ce sens manièreb, de glôssa &ngue-. +Le mot désigne
ISOGONIQUE adj. (1864; cf. a;nglais isogonic, une ligne correspondant à l’ensemble des lieux li-
av. 1859) et ISOGONAL, ALE, AUX (attesté XX~s.; mites présentant un même phénomène linguis-
cf. anglais isogonal, 1857). tique et séparant, sur une carte, deux aires dialec-
ISOMORPHE adj. formé avec -morphe s’emploie tales distinctes.
en chimie (182 11,appliqué à un corps qui présente A partir d’isomère*, iso- s’est spécialisé en chimie
la même structure cristalline qu’un autre, en ma- comme premier élément de noms d’isomhres,
thématiques 11995, Poincaré) et au sens général de corne ISOBUTANE n. m. (1886; de butuw), qui
“qui correspond & des réalisations de la même semble avoir été précédé par l’anglais isobul;arte
struckure~, spécialement en linguistique (me s.l. + II (1876).
a pour dérivé ISOMORPHISME n. m. (18243; la va- 0 voir rsockIE, ISOMmE, ISV, ISOTOMQUE, ISO-
riante ISOMORPHIE n. f. 118451est vieillie. TOPE, ISOTOPIE, ISOTROPE.
ISODYNAME adj. et n. f. est une adaptation (1834)
du grec isoclwumos <d’une puissance (ou d’une va- ISOCÈLE adj. est un emprunt savant 115~) au
leur) égale*, de dunamis <puissance, force> I+ dy- bas latin isosceles “qui a deux côtks égaux3 Id’un
namlol-1. -Le mot s’est d’abord employe en bota- trienglel, lui-même du grec isoskelks, de même
nique, puis (1873) en physique ; repris en sens, littéralement “qui a les jambes égalesa,
géographie d’abord comme nom féminin (18631 composé de ko- I-, iso-1 et de skelos <jambe*. Le
puis comme adjectif(18731, il désigne une ligne re- mot s’est aussi écrit isoscèle 115421, graphie déjà
liant des points de la Terre où l’intensité horizon- moins fréquente au XVILI”s. mais que Littré jugeait
tale du champ magnétique terrestre prend la la seule correcte et étymolo&ue.
même valeur. L’adjectif s’applique ensuite en phy- + Isocèle conserve la valeur étymologique en géo-
siologie (18981 à ce qui apporte à l’organisme un métrie, surtout dans triangle isocèle.
même nombre de calories que la même quantité
b II a pour dérivé ISOCÉLIE n. f. (1873 ; 1867, i.soscé-
d’un aliment différent. +Le dérivé ISODYNA-
lie), d’après le grec tardif isoskzelti (égalité des cô-
MIQUE adj. est employé en géographie (1836, @ne
isodynamique) et en physiologie 1191iJ. ~ISODY- tés,.
0 voir SCOLiOSE
NAMIE n. f., emprunt attesté isolément (1556) au
sens de *règle des équipolIences>, est emprunté au
grec tardif ksodunamia aégalité de puissance, de
ISOLÉ, ÉE adj. est un emprunt (1575) à l’italien
force ou de valeurs, de kodunumos. Le mot est re- isolato xconstruit en îlot*, *séparé%, participe passé
du verbe isobare arendre comme une fleB, &paren
pris en physiologie (19071.
ISOMÉTRIQUE adj. (1832, en mathématiques), dé- (attesté au XVI~s.), lui-même dérivé de isola Glem et
4lot de maison+, issu du latin insulu comme le
rivé savant du grec tardif isometros, signifie adont
français iZe*.
les dimensions sont égales= et s’emploie aussi en
minéralogie (18451, en géométrie (1902, perspective + D’abord employé en architecture, l’adjectif quali-
Esométriquel, en métrique ( 19581ou l’on utilise aussi fie ce qui forme un étice indépendant (comme
ISOMÈTRE adj . (attesté 1962). + ISOMÉTRIE n. f., une île) ; il ne se répand que dans la seconde moitié
d’abord utilisé en arithmétique (17971, pour dési- du xwr” s. ( 1676, Félibien, colonne, mukon bolée)
gner une opération par laquelle on réduit deux ou puis s’applique à une personne séparke des autres
plusieurs fractions à un même dénominateur, se hommes (1694, cœurs isolés). 0 Au XV~II~s., isolé se
dit aujourd’hui knil. ti s.) d’une transformation dit figurément d’un élément du discours détaché
ponctuelle laissant invariantes les distances (aussi de son contexte (1758, Rousseau, passage isoEl et
transforntation isométriquel. prend le sens général de cséparé de choses de
ISOCLINE adj. est emprunté 11845) au grec tiokk- même nature> (1759, Voltaire). L’adjectif s’emploie
tis “qui penche égalementm, de izlinein cpenchep ensuite en parlant d’un fait séparé de son environ-
(+ climat, enclin). Terme scienttique (physique, nement en vue d’une analyse ( 1794, Condorcet)
géographie), l’adjectif Sign%e =d’Bgale inclinaison puis qutie un fait rare ou unique 11831, Lamen-
magnétiquem 11873, &?ws isockws; av. 1931, n. f., nais). 0 II s’applique spécialement, dans le vocabu-
une isoclind. + ISOCLINAL, ALE, AWX adj. t 1885) laire militaire, à un soldat qui n’appartient à aucun
est de même origine avec le sufExe -al, d’après an- corps 11835); un isoEén. m. s’emploie dans le même
ticlinal* kf, anglais isoclinal, 1882 en ce sens ; dès sens (1893). 0 En emploi concret, isolé, en élecki-
1839, &ocIined En géologie, l’adjectif signifie adont cité ( 18671, s’applique à un corps qui n’est pas en
les flancs ont la même inclinaisons. contact avec un conducteur (cf. ci-dessous isola-
ISOBARE adj. et n. f. est un emprunt (1863) au grec teurl.
Isobar& <d’un poids égal W, de baros <pesanteur, w Le dérivé ISOLER v. tr. a d’abord signiI% afaire
poidsm qui se rattache à une racine indoeuro- prendre la forme d’une île* 11653, Saint-Amant, en
péenne ‘gwer- 4ourdp (3 baryton, grave). +Terme parlant d’une prairie); il est ensuite employé
ISOMÈRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

comme isok en architecture, au sens général de lui-même emprunté au fkançais, et usité en poli-
«séparer (qqch.1 des objets environnantsm (1690, tique comme isolement l’est en français ; aux ktats-
d’un château). S’isoler ae séparer des autres unis, le mot s’est appliqué à la politique d’isole-
hommesa (av. 1697, MYe de Sévigné) pr&de l’em- ment des Etats-Unis à la fm du xrxe siècle. + Le mot
ploi transitif ( 1752) en ce sens. 0 Isoler est utilisé ne s’est répandu en France qu’à partir de 1945,
également au me s. en électricité Ii7491 et au fi- comme ISOLATIONNISTE adj. (1938) et n. (19461,
guré au sens de aconsidérer à part, hors d’un qui en dérive ou est emprwté à l’angle-américain
contexten (une question, un mot, etc.3 [ 1761, ROLIS- isohtionist (1899, n.).
seau]. Puis le verbe s’emploie spécialement en 0 voir ISOREL.
chimie 1182 1, isoler UIZ corps simplel et à propos
d’un malade contagieux (1824). En acoustique, iso- ISOMÈRE adj. et n. m. est une adaptation
ler une pièce (v. 1950) Sign%e l’insonoriser avec des (1830, Berzelius) du grec tiomerês ~pourvu d’une
matériaux isolants. part égaleti, composé de iso- II+ iso-1 et de -merês,
Les nombreux dérivés du verbe conservent l’idée de meros spart, partie, portionm, à rapprocher du
générale de aséparation*. ~ISOLEMENT n. m., latin merere (+ mérite).
d’abord employé en architecture I17011, est peu + L’adjectif qualtie en chimie des composés ayant
employé avant les années 1770. Le mot désigne la la même formule brute et des propriétés dicté-
situation d’une personne isolée 11778, Mirabeau), rentes dues à un agencement di@rent des atomes
s’emploie en parlant d’un pays ( 1779, Beaumar- dans la molécule. 0 Le mot a été repris (mil. XX~s.1
chais), puis il entre dans le vocabulaire de la phy- en physique nucléaire, probablement d’après I’an-
sique (17831. Au XIX~ s., il s’utilise en parlant d’un glais (19341, pour qualifier deux noyaux de même
malade 11824) d’où par extension d’un détenu. En- composition dont l’énergie est différente.
fm, le mot s’applique en politique à l’absence d’en- F ISOMÉRIE n. f., d’abord 06911 emprunt direct au
gagement d’un pays avec d’autres nations grec comme terme d’arithmétique, a été reformé
Cdéb. XX~ s.l. +ISOLATION n. f. W’ï’4, Beaumar- comme dérivé d’isomère en chimie (1831) puis en
chais) est sorti d’usage pour désigner l’état d’une physique atomique : isomérie nucléaire (mil. ti s.1,
personne sans soutien ou réduite à la solitude, sup- d’où ISOMÉRIQUE adj. (1831, Berzétius), aussi en
planté par isolement. OLe mot s’est spécialisé physique atomique d’après l’anglais isomérie (19341.
comme terme de physique (18031, puis en psycha- -1SOMÉRISME n. m. (18671, emprunt à l’anglais
nalyse (déb. ne s.1 à propos d’un mécanisme de dé- kW?%Wkîm (18381, ISOMÉRISATION n. f. (19051, em-
fense propre à la névrose, qui consiste à isoler un prunt à l’anglais isomerizution (18911, ISOMÉRI-
comportement de sorte que sa relation avec le SER v. tr. (mil. XX~ s., dans les dictionnaires), em-
reste de l’existence se trouve rompue. En tech- prunté à l’anglais to komerize (18913, concernent
nique (av. 19581, il se dit de l’action de protéger une tous trois l’isomérie chimique.
pièce contre le froid, le bruit. Dans plusieurs em-
plois, ce pourrait être un anglicisme. -ISOLA- ISOREL n. m. est un nom déposé (1952) proba-
TEUR, TRICE adj. (17833 et n. m. 11832) est un blement formé d’après Isoler*.
terme de physique spécialisé comme nom en élec- + Le mot désigne un matériau isolant fait de parti-
tricité pour &spositif isolant-. +ISOLOIR n. m. a cules de bois encollées et agglomérées en pan-
désigné 117831 une sorte de tabouret qui Permetta;it neaux sous très forte pression.
d’isoler qqn lors d’expériences d’électricité. Le mot
s’est dit ( 1849) d’un endroit où l’on est à l’écart ; avec ISOTHERME adj. et n. f., attesté d’abord
cette valeur il s’emploie couramment ( 19 14) en par- comme adjectif (1816, A. de Humboldt, en français),
lant de la cabine où un électeur s’isole pour prépa- est formé de iso-* et du grec themzê achaleurn
rer son bulletin de vote. +ISOLANT, ANTE adj. I+ -therme), de kemzos <chauds.
(1789) et n. m. (18901, participe présent d’isoler, est + Terme didactique et courant, le mot signZe “qui a
un terme d’électricité, pour “qui isole, empêche le la même température* 11816, parallèles ho-
courant de passern. Il s’emploie aussi en linguis- thèmes), d’où en climatologie limes nsothewnes
tique dans langues isolantes (18671, caractérisées 118453 ou isothe???%e n. f. ( 1873). 0 Par extension
par la juxtaposition d’éléments simples dont la va- (18671, l’adjectif qu&e en physique ce qui se pro-
leur dépend de la place ou de l’intonation (par ex. duit à température constante et s’applique spécia-
le chinois). Le mot s’emploie aussi au figWé (xx” s.1 lement (mil. me s.I& un camion, un wagon, etc. dont
au sens de *qui constitue une barrière morale». l’intérieur se maintient à une température
4 ISOLABLE adj. (1845) Sign%e *qui peut être constante.
isolé>. +ISOLÉMENT adv., dérivé d’isolh, est re- .En dérivent ISOTHERMIQUE adj., employé en
levé à la En du XVIII~s. (1787, Féraud). géographie 11845) et en physique (18771, et ISO-
ISOLAT n. m. (19471, peut-être formé d’après habi- THERMIE n. f., terme de physiologie ( 1906) et de
tut, est un terme didactique désignant un groupe physique ( 1911, Poincaré).
ethnique isolé. Le mot s’emploie aussi en biologie
(1962, su%xe comme dans filtrut) et se dit du maté- ISOTONIQUE adj. est une adaptation (18971
riel obtenu à partir d’organismes vivants, à des fnls de l’allemand tiotonisch, formé par A. Pick en 1882
d’analyse. et dans un autre domaine par de Vries en 1884, à
ISOLATIONNISME n. m. apolitique d’isolement= p&ir du grec tardif isotonos ade tension, d’inten-
est un emprunt (1931) à I’anglo-ankiCain isOZUtio- sité égab, de ho- I-, iso-1 et tonos (+tonus), par
nbrn ( 19221,formé d’après isolatintit, de isolation, sutkation en -Isch (+ -ique).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1889 issu

4 L’adjectif qualifie une solution qui a la même ten- ISRAÉLITE n. et adj., attesté en 1458 UsruA-
sion osmotique qu’une autre solution, sens em- lite, n. ; 1480, ysruelite, adj .), est un emprunt au bas
prunté à l’allemand Il-l. de Vries); en médecine sé- latin Isruelita, grec Isruêlitês, adaptation à l’aide du
rum isotonique Couphysiologique) t 19221désigne un stixe -Ciltês de l’hébreu ytif’&, adjectif tiré de
sérum artificiel, ayant la même concentration mo- yL+&‘el &ra&, nom donné à Jacob après sa lutte
léculaire que le sérum sanguin. L’acception intro- contre l’ange (Genèse, XXXIII et, par extension, au
duite en physiologie par A. Pick, “qui a une tonicité peuple juif.
uniforme ou égale à une autre à laquelle on la + Le mot désigne une personne qui appartient à la
comparem, est reprise au milieu du ti s. Icontrac- communauté juive; il s’emploie, en concurrence
tien isotoniqud avec juif qui a parfois des connotations indési-
b Du premier sens vient ISOTONIE n. f. (1902) et du rables. ll entre dans la locution employée à l’épo-
second ISOTONICITÉ n. f. Mil. ti s.1d’après toni- que classique ( 16901 un bon Isr&lite *un homme
cité*. franc et sincèreB (d’après la parole du Christ à pro-
pos de Nathanaël, Evangile de Jean, 1,471. 0 Isrué-
0 ISOTOPE n. m. et adj. est un emprunt (1914) lite est didactique pour <descendant de Jacob> et
à l’anglais isotope (19131, mot créé par F, Soddy et comme synonyme de hébreu.
composé du grec iso- (-+ iso-1 et de topos «lieu, b ISRAÉLISTE adj. est un synonyme ancien (1847,
place- I+ topo-). Balzac de israélite. -ISRA&LITISME n. m. ne
+Le mot désigne chacun des éléments de même s’emploie plus C188 1, Renan) pour judaiSme.
numéro atomique (occupant la même place dans la ISRAÉLIEN, IENNE adj. et n. dérive (1948) du nom
classtication de Mendeleïevl, mais de masse ato- de l’État d’Isruë1, fondé le 14 mai 1948 ; le mot quali-
mique différente (même nombre de protons mais fie ce qui concerne l’État d’Israël et désigne qqn qui
nombre différent de neutrons). vit en Isrtil, en est originaire.
b En dérive 0 XSOTOPIE n. f. (19241, d’après l’an-
glais isotopy (1919, Soddy). -ISSIME, suffixe tiré du latin -issimus ou de
0 ISOTOPIQUE adj. 11914) est emprunté à l’an- l’italien -issimo, entre dans la formation d’adjectif3
glais isotopic (1913, Soddy; déjà employé dans un à valeur superlative, dont certains sont empruntés
autre sens en chimie, 19041, dérivé de isotope. à l’italien (par ex. rarissime, sérénissime); la base
4SOTONE adj. (1934) a été formé à partir de iso- est un adjectif (richissime1 ou parfois au XX~s. un
tope, avec substitution de n à p, par référence au p nom de personne ; ce sufke, à la mode dans les an-
de proton et au n de neutron, l’adjectif signZant nées 1950-1960, a servi à former des adjectifs plus
“qui. possède le même nombre de neutrons (et un ou moins plaisants.
nombre différent de proton&.
ISSU, UE adj., d’abord sous la forme eissuz
0 ISOTOPE + Q ISOTOPIE (1120-l 150) puis issu Iv. 12001,est le participe passé
de l’ancien verbe intrmsitif ISSIR Cv.12001,d’abord
0 ISOTOPIE + 0 ISOTOPE escire I Ire moitié x” s.3 et eissir (1080). Issir repré-
sente I’aboutissement du latin etire *sortis, ase
0 ISOTOPIE n. f. est composé Cv.1965, Grei- mettre en marche» et, au figure, *sortir (de la vieIn,
mas) de iso-* et du grec topos NIleu, place>, employé -provenir, tirer son origine de)), <être écoule (du
en rhétorique, notamment aux sens de <fondement temps)-. Le verbe latin est formé de ex- (+ ex-1 et de
d’un raisonnement >>,asujet ou matière d’un dis- ire Kallep, qui se rattache à une racine indoeuro-
cours, <lieu communs !+ topo-). péenne “si-, “i- aallern. *Le verbe issir a été em-
+ Ce mot didactique, créé et employé par A.J. Grei- ployé au sens de asorti~ Cl” moitié xe s.1et au figuré
mas et ses disciples en sémiologie du discours, dé- pour aen w avec qqch.n (v. 12001. Supplanté par
signe un ensemble de catégories sémantiques, re- sortir au XVI~s., il est sorti d’usage au xw” s. seule-
pérables en plusieurs points de l’énoncé, qui ment utilisé au passé composé, au figuré 11680, Ri-
permettent d’assigner une valeur unique et cohé- cheletl. ll ne s’emploie aujourd’hui que par ar-
rente aux unités ambiguës dans le discours. chtisme littéraire.
b @ ISOTOPIQUE adj. (v. 1965, Greimas) s’ap- 4 Issu, ue signiCe “qui est né, sortis d’une personne,
plique à ce qui est relatif à une isotopie. d’une espèce, etc., puis s’applique par figure (1656)
à ce qui provient, résulte de qqch.
ISOTROPE adj. représente (1840, Cauchy) une
ä ISSANT, ANTE adj. et n., participe présent ad-
adaptation du grec byzantin isotropos ade même
jectivé du verbe issir, terme de blason 116511,s’ap-
caractère», composé de iso- (+ iso-1 et de tropos d-
plique à des figures d’animaux qui, ne présentant
rection», flmanièrem, cfaçon de se comporters
que la partie supérieure du corps, semblent sortir
I-b -trope).
de l’écu. 0 Il a pour composé CONTRE-
+ Cet adjectif signifie “qui P&ente les mêmes pro- ISSANT, ANTE adj. (16941.
priétés dans toutes les directions, spécialement les ISSUE n. f. représente le féminin substantivé
mêmes propriétés physiquesn. d’issu. Le mot désigne (v. 1155, Wace) une ouver-
b ISOTROPIE n. f. en a été dérivé (18901, de même ture ofiant la possibilité de sortir d’un lieu, d’où la
que son contraire pré&5 ANISOTROPE adj. et locution prépositive à I’lssue de au figuré aen sor-
n. m. (1858) de un- privatif, d’où ANISOTROPIE tant de, à la &I dem 11273). Plus tard, issue désigne
n. f. (1890). 11501) la manière dont on se sort d’une aaire, dont
-ISTE 1890 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

une chose arrive à son terme, d’où fuire issue ~SOT- ITAGUE n. f. a été employé sous des formes va-
tir d’une situation désagréable» (av. 1560, DuBel- riées parmi lesquelles : utange cv.11381, utague, ui-
layl et l’emploi moderne du mot, <<moyen de se SOT- tage Cv.11551, titage Iv. 12251, ytuigue, ytague
tir d’afhire» 11671). *Depuis la fm du x-we s., issue (me sd, enfm itague CEncyclopédte, 17651. Ce mot
désigne un lieu par où peut sortir qqch. ( 1690) puis d’origine incertaine est peut-être un emprunt à
s’emploie dans l’expression sans issue, au propre l’ancien nordique “titstug, composé de tit *hors de»
(1764) et au figuré. 0 Par ailleurs le nom a exprimé et de stug &ai d’avant, cordage)). La multiplicité
l’action de sortir (v. 1165) et la conclusion d’une des variantes (on trouve aussi btagle, étugue, itacle,
chose (v. 11751, emplois disparus en français clas- utacque, etc.) s’expliquerait par le contact des dif-
sique. *En droit féodal 11244) droits d’issue se di- férentes langues des marins ; la rareté du u initial
sait de ce que devait payer un vassal quand il sor- en français a pu contribuer à l’instabilité du mot.
tait de la domination de son suzerain. Le mot a +En revanche, le sens de ce terme de marine est
aussi désigné 11393) le dernier service d’un repas. constant ; il désigne un cordage ou (récemment) un
Eti Eesissues au sens de Nviscèresn a disparu en filin d’acier fixé à une voile qu’il permet de hisser
parlant des humains, mais s’est conservé 11332) en ou de déplacer.
parlant des animaux, spécialement en boucherie.
*Au pluriel le mot s’utilise aussi pour désigner ITALIEN, IENNE adj. et n., d’abord ecrit fia-
Cl7511 ce qui reste des moutures après séparation kie?xs n. m. pl. ( 1265 ; graphie moderne en 15121,est
de la farine. dérivé du nom propre Italie, emprunt au latin Ita-
lia, ou est un emprunt à l’italien italiano (attesté
-BTE, sufke savant d’origine grecque &ktê$ lR moitié XIVes.1 ade l’Italie>, qualifknt aussi
passé en français par le latin -Ma, sert à la forma- (av. 1519) ce qui est relatif à la langue latine ; ita-
tion de substantik dés@& des personnes et liuno dérive de Italia Jtaliep, emprunté au latin Ita-
d’adjectifs qui correspondent souvent à un dérivé lia, de Bali, Italorum, nom de peuple,
en -i5ww? + Le nom a d’abord désigné les habitants de l’Italie ;
4 Les mots ainsi formés se rapportent à l’exercice, l’italien n. m. pour *la langue italiennem, c’est-à-dire
par la personne désignée, d’un métier Qoumalistel, le toscan littéraire, est relevé en 1512. - Voir l’en-
d’une activité Icanoéiste1, d’une spécialité (&a- cadré pp. 189 1 à 1893. L’adjectif s’applique à ce qui
niste) ou à son adhésion à une doctrine, un mode concerne l’Italie 11551, en parlant de personnes ;
de vie, de pensée, etc. koyuliste, communiste, gwl- 1606, de choses), d’où k la maniére italienne (15871,
liste, humaniktel. Le plus souvent, à un mot en -Me a lSa&enne. 0 It‘uZkn~ n. f. Gzriture bâtardeti
correspond un nom masculin en -tirne*, La forma- I.17651 a disparu. 0 Le nom s’est employé ( 17181
tion de mots en -Me reste très productive, sp&ia;le- pour ahomme jalouxB et pour asodomitem, emplois
ment avec les noms propres Imaukiste, cas- sortis d’usage au me siècle. 0 Par ellipse de Comé-
triste, etc.); seules des di%cultés phonétiques diens ituliem ou de théâtre des Italiens, les Italiens
peuvent bloquer le système. ~Les composés en n. m. pl. a désigné l’ancien théâtre parisien où l’on
-iste se prêtent à la préfixation par unti- (untitruc- interpréta à l’origine le répertoire de la Commedia
turaliste), parfois par pro- Iprocommunistel. dell’arte, ou la troupe installée à Paris, de 1659 à la
ti du XVIII~s., qui se consacra d’abord à ce réper-
toire.
ISTHME n. m. est un emprunt ( 15381, précédé
par la forme timon (v. 12403, au grec isthmes “pas- F ITALIANISER va, «rendre italien, marquer d’un
sage étroit ou resserré>>, employé en géographie et caractère italien», est d’abord employé au participe
par analogie en anatomie pour «COU,gorgeB. Le mot passé adjectivé (av. 1555, italiennizé; 1566, italiun-
est à nouveau emprunté 115521 d’abord sous la nizé) puis comme verbe transitif ( 16 11, italianizer,
forme latine ( 15271, cette fois au latin classique Gsth- italiemiser). 0 L’emploi inkansitif pour <<employer
mus, spécialement en parlant de l’isthme de Co- (en français) une prononciation italienne> ou «em-
rinthe, et adétroit*, emprunt au grec. prunter à l’italienn appartient aujourd’hui à l’his-
toire de la langue 11566, italîanizé; 1578, italiunizer) ;
+Introduit comme terme d’anatomie, ismon dési- ce sens est lié à l’importance de la culture italienne
gnait le gosier Iv. 1240). +Isthme et ses variantes se en France au xwe siècle. + ITALIANISATION n. f.
disent d’une langue de terre séparant deux mers, s’est d’abord employé avec l’acception du verbe in-
et réunissant une presqu’île au continent (1527, transitif (1578, iWunizationl, avant de désigner le
isthmusNl’isthme de Corinthen ; 1556, isthmes, au fait de rendre italien. +ITALIANISANT, ANTE n.
sens général). et adj. sign3e <<artiste qui s’inspire de l’art italienn
F ISTHMIQUE adj. ( 1626) est dérivé du nom ou em- (1908, R. Rolland) et <spécialiste de la langue, de la
prunté au latin isthmicus, lui-même du grec isUz- civilisation italiennesm ( 1906 adj. ; 1923, Barrès).
mikos de même sens. + Il s’applique d’abord, dans + ITALIANISME n. m. a désigné (1578, H. Estienne)
odes isthmiques (16261, aux odes composées par une imitation de la manière de parler italienne ; Es-
Pindare à la gloire des vainqueurs aux jeux Ueux tienne employait italiunizement pour l’emprunt
isthmiques, 16361, qui se disputaient tous les trois lui-même. c= Le mot se dit aujourd’hui (dep. 17151
ans sur l’isthme de Corinthe, en l’honneur de Po- de la manière de parler propre à l’italien emprun-
séidon. On a aussi nommé ces jeux isthmies (1636, tée par une autre langue ; il est vieilli pour désigner
n. f. pl.1 du grec isthmiu, nom neutre pluriel. Les (1829, Stendhal) un comportement propre aux Ita-
odes isthmiques sont également appelées les isth- liens. + ITALIANITÉ n. f., rare pour désigner l’ap-
miques n. f. pl. 11765). partenmce au territoire italien ( 1919, Barrès), se dit
Guite page 1893)
DE LA LANGUE FRANÇAISE LALAhTGUEITALIENNE

L’italien est issu - comme les autres 1a;ngues ro- qualifié clairement de Rvulgairep, c’est-à-dire
manes - du latin parlé (<<latin vulgaire))). DU courant, populaire (par rapport au latin), est le
point de vue historique, la langue nationale Placito cupuano qui date de l’an 960. Toutefois
d’aujourd’hui (&aliano* ou bien alinguan, par op- certains éléments qui peuvent être caractérisés
position à 4îaletto») représente une variante comme vulgaires se mauïifestent déjà plus tôt,
dialectta[le, le florentin ou bien le toscan, qui s’est comme par exemple dans l’lndovinello veronese,
a&mée vis-à-vis des autres variantes. Le terme une devinette qui date de la h du VIII~s. ou du
4taXanoB pour désigner la langue italienne se début du TX” sihcle. La tradition litiérake
répand relativement tard ; on parle d’abord de commence au XIII~s., d’abord par la poésie ly-
<volgare». rique de la «Scuola sicihw (à l’exemple de
Au fur et à mesure que cette langue vulgaire l’ancien provençal), et par la poésie toscane du
s’éloignait du latin écrit, des variantes fortement aDolce stîl nuovom (Guido Guinizelli, Guido Ca-
différenciées se formaient dans les différentes valcanti).
r&ions de l’Italie. En substance, on peut distin- En ra;ison du morcellement dialectal, la question
guer les groupes suivants : 1, Les dialectes de d’une langue littéraire suprarégionale fut soule-
l’l~alie du Nord Iccgallo-itahno~) comprenant vée assez tôt, et cette discussion (ala questione
plusieurs sous-groupes : le piémontais, le lom- della lingua>>I s’est étendue à travers les siècles.
bard, le ligure et l’éden-romagnol; le vénitien, Dès le xrve s. Dante traita le problème dans son
et enfm l’istrien; 2. les dialectes toscans se sub- œuvre en latin De yulguti eloquentia: il en ré-
divisant en quatre sous-groupes : le toscan cen- sulta que surtout le dialecte de Florence ou bien
tral ou florentin; le toscm occidental Pise, celui de la Toscane, mais aussi le sicilien,
Lucca, Pistoia); le siennois (Sienne); l’aretino entrent alors en ligne de compte pour constituer
Wrezzo) et le dialecte du Val di Chiana, ainsi cette norme. Dans les siècles suivants, c’est sur
que 3. les dialectes de l’Italie centrale et métiio- tout le florentin qui a servi de modèle, ce qui
nale composés de trois groupes : les dialectes s’explique par le prestige des ÇTre Corone)},
des Marches, de l’Ombrie et du Latium ; les dia- Dante, Boccace et Pétrarque, ainsi que par l’irn-
lectes des Abruzzes, de la Molise, de 1’Apulie du porhnce politique, économique et culturelle de
Nord, de la Campanie et de la Luctie ; eh, les Florence en général.
dialectes du Salento, de la Calabre et de la Sici- La discussion au sujet de la langue littéraire fut
lie (voir Tagliavini, 19731. Les dialectes qui se reprise au xwe s. @embo, Machiavel, Muzio,
parlent dans l’Italie du Nord font partie typo- Castiglione, Trissino). En fin de compte un tos-
logiquement de la Remania occidentale, les can archaïsant (la position de Bembo) fut favo-
autres dialectes italiens de la Remania orientale risé, ce qui conkma la situation réelle. Au XVI~s.
(la démarcation approximative est constituée se constitua aussi 1’Accademia della Crusca
par une ligne qui passe entre Rimini et La Spe- (15821, dont le travail déboucha en 1612 sur un
zia). dictionnaire : le Vocabolati &gZi Accademici
Les données géographiques et politiques (en della Crusca. Celui-ci s’orientait de façon consé-
particulier la démarcation naturelle de l’Apen- quente vers le modèle du toscan archaïque, dont
nin aussi bien que le morcellement politique qui la position continuait donc à s’afkner. Bien que
a existé jusqu’à l’unification nationale en 1861) le toscan jouât un rOle de premier plan comme
ont joué un rôle déterminant dans la séparation langue standard littéraire, il ne faut pas oublier
historique des régions linguistiques italiennes. que la littérature dialectale restait bien vivante à
En outre, on notera l’influence des différentes travers les siècles.
langues de substrat et de superstrat sur l’évolu- Étant donné que la k@Ue normaksée s’orientait
tion de la langue, dont les reflets se manifestent fortement vers des modèles archaïques et litté-
surtout dans le lexique; en matière de phoné- raires, elle ne pouvait se répandre dans l’usage
tique, par contre, il est plus mcile de prouver oral qu’avec des restrictions considérables. En
des influences analogues. Les langues de subs- raison de son adaptation étroite à la tradition lit-
trat les plus importantes sont le celtique dans le téraire, l’italien est resté, de fait, à travers les
nord de l’Italie, l’étrusque dans le centre, lïta- siècles, la langue &servée à une minorité de
lique dans l’Italie centrale et méridionale ainsi personnes cultivées. Le peuple se servait dans la
que le grec dans le sud. Comme langues de su- communication quotidienne du dialecte. Cette
perstrat il faut mentionner le gothique, le lom- problématique fut mise en évidence de façon
bard, le francique {langues germaniquesl, le persistante au ti s., quand Manzoni prépara
grec de Byzance et l’arabe. avec son roman 1 Promessi Sposi ILes Fiaacésl
La tradition de la langue vulgaire commence l’éloignement graduel du modèle de la langue
pour l’italien environ un siècle plus tard que littéraire archaïque en plaidant pour l’adapta-
pour le français. Le premier texte, qui peut être tion de la &ngua= au florentin moderne et
LA LANGUE ITALIENNE 1892 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Vivark De cette façon il envisageait de créer une thèse v&alique (italien spina vs français épine,
langue littéraire susceptible d’être employée espagnol espina), etc.
dans la communication quotidienne et par
conséquent à devenir vraiment la langue de tous Apports étrangers.
les Italiens. De plus, l’évolution de l’italien a été influencée
- surtout sur le plan du lexique - par des
langues d’qcadstrat>>.À ce propos, il faut mention-
L’unification en 1861 contribua de mani&re déci- ner d’abord le latin qui - même après la difI!u-
sive à la diffusion &ective du modèle linguis- sion graduelle de la langue vulgaire dans les do-
tique propagé par Manzoni, en créant les condi- maines les plus divers - est resté vivant jusqu’à
tions politiques nécessaires. Dans ce contexte, une époque récente comme langue des couches
des facteurs importants étaient la dfision na- élevées. L’omnipresence du latin se traduit
tionale de la presse, l’introduction du service avant tout par le réemprunt d’éléments lexi-
militaire obligatoire et l’obligation scolaire aussi caux. La coexistence de mots de tradition popu-
bien gue les nombreux déplacements de la po- laire et de provenance érudite se reflète très
pulation. En raison de la vitalité des dialectes et clairement dans de nombreux doublets lexicaux
de la formation scolaire encore insu&ante, la comme angoscia et angustia, capecchio et capi-
diffusion de la «lîngua>> a pourtant avancé lente- tolo, chiusuru et cluusurar, freddo et frigide, nette
ment, et son apprentissage est demeuré jusqu’à et nititi, spullu et sputolu, vegliu et vigilia, vezzo
nos jours un problème sociolinguistique de pre- et vizio, etc. Le même phénomène s’observe
mière importance. Par voie de conséquence, la dans certains groupes lexicaux qui sont homo-
situation linguistique de l’Italie d’aujourd’hui est gènes du point de vue étymologique, mais qui
très hétérogène, Dans le cadre de la rivalité comprennent des éléments de tradition popu-
entre le dialecte et la langue standard, c’est sur- laire aussi bien que de tradition érudite (comme
tout I’Ataliano popolare)> qui joue un rôle parti- par exemple or0 et aureo, orecchia et uuricolare,
culier; il se définit comme (un type d’italien ac- cervelEo et cerebrule, chiostro et claustrale,
quis de manière imparfaite par ceux qui ont le giorno et diurno, mudre et materno, maestro et
dialecte pour langue maternelle)) (Cortelazzo). magistrale, etc. 1Avoir Schweickard, 199 1,2-l. 1.
En outre, il y a des varié& coexistantes ou bien
concurrentes de la langue standard qui sont Le franqais.
dues & l’origine régionale de ceux qui parlent La France aussi joue un rôle important : en règle
Gtaliani regionali>>). Cette situation complexe a générale, son influence se fait sentir dès la vic-
fait que, même récemment, la discussion à pro- toire des Francs sur les Lombards, la colonisa-
pos de la variété la plus adéquate de l’italien tion de l’Italie du Sud par les Normands, et en
standard n’a pas abouti à une conclusion Ha rakon notamment du prestige littéraire et
nuova questione della lingual. Dans les an- culturel franqais. Les emprunts proviennent
nées 60, l’écrivain Pier Paolo Pasolini prit une d’abord tant du midi que du nord de la France
position forte en exigeant une plus grande ac- (on parle alors de (cgallicismes4. Des exemples
ceptation d’une variété linguistique uplus d’emprunts faits assez tôt sont conte, giardino,
proche du peuplen vis-à-vis de l’axe dominant gioiu, mangiure, marctire et beaucoup d’autres.
Rome-Florence (il considérait notamment la Même quelques morphèmes dérivatifs d’origine
langue du &%ngolo industriale)>, formé par Mi- française s’a&mèrent assez tôt dans l’italien,
lan, TuAn et Gênes, comme base appropriéel. comme par exemple -tire I< français -ierj et
De fait, la norme «suprar&ionalen de l’italien -uggio C&an$ais -age) [voir Devoto, 1979, 24s.l. À
standard qui se parle aujourd’hui continue à une époque plus récente, la plupart des em-
être basée sur le florentin, sans les caractéris- prunts au français se sont faits au xvIrle et au
tiques dialectales particulières du toscan. XIX’ s., quand l’exemple de la France jouait un
Typologiquement l’italien est tout à fait conser- rôle prédominant, soit dans les domaines cultu-
vateur par rapport au latin, contrairement par rels (gastronomie, musique, variété, mode), soit
exemple au tianwis. Des particularités au ni- sur le plan politique, administratif et militaire
veau du système de la langue sont notamment (pour plus de détails, voir Zolli, op. cit.). À partir
l’absence de voyelles nasales et de voyelles du XIX~ s. l’influence de l’anglais et de l’améri-
neutres (comme le a caduc en français), le main- tain, qui aujourd’hui du point de vue quantitatif
tien du vocalisme à quatre degres propre au La- domine de façon incontestable, commençait à se
tin vulgaire, la suppression de toutes les faire sentir de plus en plus.
consonnes finales du latin (y compris le -SI, la
conservation des consonnes sourdes entre
Influence de l’italien sur le franqais.
voyelles et devant -r, la différenciation phoné- A l’inverse, l’italien a influencé considérable-
tique et sémantique entre consonnes simples et ment le vocabulaire français. Cette influence se
doubles (eco - ecco, fato - futto, etc.), le main- fait sentir à partir du XIV~s. et se concentre
tien de la combinaison s- + consonne sans pro- d’abord sur le domaine commercial politique
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1893 ITEM

su&, archipel, brigantin, btigue, course, falot, T. DE MAURO, Storia linguistica del’Italia unita, Bar?,
ligue, etc.). Conformément aux conditions géné- Laterza, 1979 (ire éd., 1963).
rales sur le plan politique et culturel, la plupart G. DEVOTO, Profilo di stotia linguistica italiana, Fi-
des emprunts furent faits à l’époque de la Re- renze, La Nuova Italia, 1979 (Ire éd., 1953).
naissance Ixve-me s.), où l’on discutait aussi vive- IX. GECKELER, D. KATI’ENBWSCH, Einführung in die
ment du rapport entre la langue française et la italienische Spruchtisenschaft, Tübingen, Nie-
langue italienne en général (voir par exemple meyer, 1987.
les Deux dialogues du nouveau langage frangois P. GUIRAUD, Les 1wots &rangers, Ptis, Que sais-je?,
italianizé et autrement desguizé d’Henri Es- no 1166, 1971 (ire éd., 1965).
tienne 115781). Les emprunts de cette époque G. HOLTUS, Educazione Eingutitica Idemocratica),
concernent I’armée catfuquer, cavalcade, para- Italienische Studien 4, 1981, 67-99.
pet, sentinelle, solde), l’architecture @parte- A. L. LEPSCHY, G. LEPSCHY, Die italientiche
ment, esplanade, pilastre, tribune), les beaux- Sprache, Ttibingen, Francke, 1986.
arts Cballet, concert, contraste, sérénade), la
B. MIGLIORINI, Stotia della lingua italianu, Firenze,
mode (feston, ombrelle, panache, veste), la gas- Sansoni, 1983 Elӎd., 19601.
tronomie latichaut, brocoli, cervelas, sorbet) et
les moeurs en général (caprice, carrosse, courti- W. SCHWEICKARD, Zweitsprache und Kulturad-
strat : Funktionen des Lateins in der europtiischen
san, majordome1 [voir Guiraud, 1971, 64ss.l. De- Sprachentwicklung, in Holtus, GünterKramer, Jo-
puis le xvIIes. l’influence de l’italien sur le tian- hannes (edd.1. - Das zweisprachige Individuum
çais va en diminuant, sauf dans quelques und die Mehrspruchigkeit der Gesellschaft.
domaines, tels que la musique classique. W. Theodor Elwert zum 85. Geburtstag, Tübingen,
Niemeyer, 199 1.
W. Schweickard
C. TAGIJAVINI, Einfühncng in die romanische Philo-
BIBLIOGRAPHIE logie, Mtichen, Beck, 1973.
M. CORTELAZZO, 1 dialetti e la dialetiologia in Italia P. ZOLLI, Le parole straniere, Bologna, Ztichelli,
Ifino al 18001, Tübingen, Narr, 1980. 1976.

du caractère propre à l’Italie, aux Italiens (1930, tie centrale de l’Italie antique, les principales étant
Morand). le latin, l’ombrien et l’osque.
De italien avec une consonne initiale pouvant pro-
venir d’une liaison (comme les Zitals pour les Ita- 0 -ITE, s&xe savant d’origine grecque, vient de
liens) vient l’argot RITAL ( 1890) adj . et n., mot péjo- -itis, repris par le latin médical ; il sert à désigner
ratif mais non insultant. +ITALIOTE adj. etn. est des maladies de nature inflammatoire, à partir
emprunté ( 1721, Trévoux) au grec 1ttaZiotês ((relatif d’une base fraqaise (par ex. bronchite) ou grecque
aux populations anciennes de l’Italie centraleN, dé- (colite). La plupart des noms ainsi formés ont eu
rivé de Italia. une forme en -iti. -ite est employé plaisamment
pour désigner des habitudes, des manies que l’on
ITALO-, premier élément d’adjectifs composés, est
compare à des maladies (par ex. réunionite).
tiré d’italien et Sign%e <<de l’Italie et ...a. parmi
les nombreux mots ainsi construits : ITALO-
0 -ITE, stixe d’origine grecque C-liltês) passé en
ANGLAIS, AISE (1866, Amiel), ITALO-FRAN- tian~ais par le latin -ita, entre dans la formation de
ÇAIS, AISE f19013, ITALO-ESPAGNOL, OLE substantifs et d’adjectfi; il indique l’appartenance
(1912,Tharaud), ITALO-ALLEMAND,ANDE (1914, à un groupe (par ex. jésuite) et figure le plus
Maurras).
souvent dans des emprunts (au grec, au latin ecclé-
ITALIQUE adj. et n. 115271, d’abord ytukhque ( 1488, siastique, à l’anglais) ; (-+ -iste). Il est aussi employé
adj.), est un emprunt au latin italicus <<d’Italie>) et en minéralogie (noms féminins désignant des mi-
spécialement «de la Grande Grèce)), dérivé de Ita- nerais) et en paléontologie (noms masculins d’ani-
lia. w Lettres italiques 11488) ou italique ri. m. 11528, maux fossiles 1.
ytalicque) se dit d’un caractère typographique in-
cliné vers la droite; il est ainsi nommé parce que 0 -]ETE, reproduisant le grec -itis, est un suf3xe
les lettres italiques ont été employées par l’impri- taxinomique introduit en 1787 qui caractérise en
meur vénitien Aldo Manuce 11449 ou 1450-15151, chimie les sels acides dont le nom est en -eux
helléniste qui édita les chefs-d’œuvre de l’Anti- (par ex. nitreuxhitite).
quité. 4 Italique qutiait aux XVI” et XVII~s. ce qui
concerne l’Italie moderne. Heures italiennes 116901, ITEM adv. et n. est un emprunt (1279) à l’adverbe
encore relevé chez Littré ( 18671, s’employait pour latin item, variante, avec adjonction d’une particule
les 24 heures du jour naturel comptées entre deux -em, de ita Mainsin, qui spécsait une chose dite ou
couchers de soleil consécutifs, manière de compter qui va être dite et s’utilisait pour répondre à une
les heures en usage en Italie. +Les langues ita- question posée, d’où son emploi pour ccoui~ ItewL
liques (18731 ou Z’italique n. m. (déb. XX~s-3 désigne s’est différencié de ita en prenant le sens de <<de
les langues indoeuropéennes parlées dans la par- même, également>>, peut-être sous l’influence de
ITÉRER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

idem, d’où son emploi dans une énumération. Ita, s’emploie surtout dans la langue juridique pour un
item se rattache à un thème indoeuropéen “ei-, “i-. acte que l’on peut réitérer. *RÉITÉRA-
4 En tiançais item, terme de commerce, s’emploie TEUR, TRICE adj., plus tardif (1.8701, qualifie spé-
dans les comptes pour éviter une &Pétition, avec le cialement un appareil de mesure des angles.
sens de ade même, de plus~. Le mot, substantivé,
s’est dit pour Gndividu>> (av. 15201, a été utilisé dans ITHYPHALLE + PHALLUS
la locution pour un item flpaur un poir& (1543, Cal-
vin) et pour désigner un article de compte Iv. 15601,
ITINÉRAIRE n. m. et adj. est un emprunt
Repris sous l’innuence de l’anglais item mméro~ (1351, ytineraire), repris en 1606, au bas latin itineru-
(dans un programme), rium <<relation de voyage)>, <<carte de voyage)>, subs-
wAicle> (dans un cata-
tantivation de l’adjectif bas latin itinerurius «de
logue), le mot a pris le sens d%lément minimal))
(attesté 1948) d’un ensemble organisé, 4ément voyage, de routeu, dériv6 du latin classique iter, iti-
isolableas dans une grille d’analyse. nerk woyage)‘, flrouten, au propre et au figuré. C’est
un hybride form4 sur une flexion tter, *&nti Iqui re-
ITÉRER v. tr. est un emprunt 11488) au latin ite- présenterait un type indoeuropéen “-ter-/“-ten- at-
rare arépéter, redirem, dénominatif de l’adverbe ite- testé seulement en hittitel, à laquelle s’est juxta-
Tum <pour la deuxième foism, d’un adjectif mar- Pos@e une flexion normalisée iter, iteti. Iter se
quant l’opposition de deux éléments, formé sur la rattache à ire, qui a fourni le futur d’aller*.
base -i- avec la particule -ter- (aussi dans alter; 4 Le nom, introduit avec le sens de <relation de
--+autre); cette base i- se rattache à un thème in- voyage,, vieilli aujourd’hui, s’est employé (1690)
doeuropéen “ei-, “i-. pour <recueil de prières à dire en voyage». Le nom
4 Le verbe, sorti d’usage des le XVII~ s. au sens de désigne par extension un chemin à suivre pour al-
wépetep, a ét6 remplace par réitérer Ici-dessous). ler d’un lieu à un autre (18051, seul sens demeuré
0 ll a été repris (v. 1970) en informatique, par angli- vivant, puis un indicateur de chemin de fer et un
cisme Ito iterutel, pour aexécuter plusieurs fois gUde de voyage (18671. Le seul sens demeuré vi-
(une boucle de programme)». vant est le premier : <<détail de la route à suivre*.
k Deux mots ont été empruntés à des dérivés latins + L’adjectiP, didactique, emprunte au bas latin itine-
de iterutum, supin de iterure. +ITÉRATIF, IVE rarius, qutie ce qui a rapport aux routes (1686,
adj., du bas latin iterutivus, terme de grammaire mesures itinéraires) et s’est utilisé dans colonne iti-
Gterutivum verbuml, s’applique en droit (peut-être néraire (1694) remplacé par poteau indicateur.
d’après le latin médiévall à ce qui est réitéré (1403, b ITINERANT. ANTE adj. est emprunté (18731, par
commission yterutive). Repris en grammaire, l’ad- l’intermédiaire de l’anglais itinerant, au bas latin
jectif (1840) se dit d’un verbe d’une forme énonçant itinerulzs, participe présent de itinerufi. L’anglais
une action qui se répète. ~Par anglicisme, l’ad- itinerant apparaît comme adjectif dans un contexte
jectif, d’après iterutive ( 1924 en mathématiques), juridique dès 1591, puis dans le domaine religieux
qualse ce qui est répété plusieurs fois, spéciale- comme substantifXl641) et adjectif(1673). *En fran-
ment en informatique (v. 19703, et en mathéma- çais, le mot s’est d’abord dit comme en anglais d’un
tiques, au sens de apar itération)>. 0 En dérive ITÉ- pasteur méthodiste qui va de lieu en lieu prêcher la
RATIVEMENT adv. 11528, en droit). +TtiRATION doctrine (opposé à pasteur sédentaire). Par exten-
n. f., emprunt (14883 au latin iteratio crépétition, re- sion Iav. 18851, il quaMe ce qui se fait en se dépla-
diten, a signif% ((répétition». 0 Sorti d’usage, le mot çant ou ce qui se déplace; il se dit spécialement
a réapparu au XX~ s., par emprunt à l’anglais iteru- ( 19181, d’après itinéraire, de ce qui a rapport aux iti-
tin Il 924, en mathématiques) avec la valeur de A- néraires. L’adjectif s’applique couramment ID? s.1 à
p&itionN, en psychiatrie Ixx” s.1 et en informatique. qqn qui se déplace dans l’exercice de ses fonctions.
RÉITÉRÉ, ÉE adj. est emprunté (1314) au bas latin
reiterutus, participe passé de reiterure <(faire de ITOU a&., attesté chez Molière (1665) qui le met
nouveau (ce que l’on a déjà fait)>>, de re- It re-1 à va- dans la bouche de paysans Dom Juan, II, 11, repré-
leur intensive et de iterure <<recommencer, répé- sente probablement une altération de l’ancien
term, de iterum aderechefn 13 itératif). L’adjectifqua- hnçais atout <caveo, adverbe EV. 11001 employé
Me ce qui est répété à plusieurs reprises. 4Le jusqu’au XVII~ s. et préposition, du xr~~ au XVI~ s., sous
verbe RÉITÉRER, tiré de réitéré ou directement l’influence de l’ancien français itel atel». Atout est
emprunté au verbe latin (1314, Sign%e <répéter, composé de a «avec> et de tout*; itel est une forme
refaire» dans un contexte juridique, administrahf renforcée de tel*, par la particule i-, également uti-
ou, plus tard, scientsque. -RÉITÉRATION n. f., lisée avec les démonstratifs (en ancien et moyen
réfection (15011 de reiterucion (14191, sert de nom franqais ici&, icel, icelui). On relève itotes adj. f. pl.,
d’action au verbe, spécialement dans le langage ju- au début du XIII~ siècle.
ridique et, en sciences, désignant la méthode de +Itou ((de même, égalementm, familier et vieilli,
mesure d’un angle par une moyenne des mesures s’emploie encore aujourd’hui par plaisanterie cet
pour lesquelles la graduation correspondant à la moi itou).
direction d’origine change de quantités systéma-
tiquement décalées à chaque mesure 11875). * R&I- -ITUDE, -TWDE, élément stixal, est un em-
TÉRATIF, IVE adj. (14141, qualsant d’abord un prunt savant au sufke du latin -tudo qui servait à
acte législatif renouvelé, a été repris ! 1803) pou former des noms abstraits à partir de l’adjectif
Bpropreà réitérep ; il est didactique. + REITÉ- (par ex. ma@tudol ou de thèmes verbaux (par ex.
RABLE adj. (XVI~ s.), sorti d’usage puis repris (1&45), ha&-t&ol. Ce sufke a abouti régulièrement en
DE LA LANGUE FRANÇAISE IZARD

hnçais à des mots en -une 0~1 -urne (en français et les bons*, ale mal et le bien)> ( 15801, séparer
moderne coutume, amertume). Les premiers em- I’kAe d’avec le bon pain ( 16901, Provena;nt de la
prunts en -tu& apparaissent au XII~ s. (par ex. mul- parabole évangélique de l’ivraie et du bon grain
titude). (Matthieu, XIII, 24-30 et 37-40). Ne recudir que de
+ En tiançais, le stixe entre dans la formation de l’ivruie (17%) «ne pas être payé de ses peines= est
noms abstraits, avec pour base un adjectif ou sa ra- sorti d’usage.
cine ; depuis le me s., peu de dérivés ont été for-
més. 0 L’élément est encore utilisé au me s. dans le IVRE adj. est issu par voie orale (v. 1140) du latin
domaine philosophique et psychologique (par ebrius “qui a bu trop de vin, d’alcoolm, employé aussi
exemple incomplétude, 1907 ; finit&, 19201; on a au figuré, et opposé à sobrius aqui n’a pas bu»
également construit des dérivés à partir d’adjectifs (4 sobre). Le i- initial provient de l’influence du i
exprima;nt l’appartenance à un groupe : le sufke semi-voyelle lyodl de ebrius.
marque alors un état d’aliénation Ipar exemple 4 L’adjectif, comme le latin ebrius, s’emploie
cor&& féminitude), le premier formé est sans d’abord au propre, aujourd’hui en emploi soutenu,
doute négritude Cv,1933). Il s’oppose à -ité qui ex- sauf dans iwe-mort ( 1704, le français spontané em-
prime l’idée positive de personnalité culturelle, ployant plutôt saoul et ses équivalents familiers
morale, etc., issue de l’appartenance au groupe (rond, bourré1.0 Il reprend aussi l’emploi figuré du
korsité, féminité). latin et qualiCe une personne exaltée ou étourdie,
qui se comporte comme si elle était ivre, hors de soi
IVOIRE n. m. est l’aboutissement Cv.1140) du la- sous l’effet d’une émotion violente (1180, ivre
tin populaire “eboreum, substantivation du neutre d’amour) ; avec cette valeur, ivre a qualifk (1671)
de l’adjectif eboreus =d’ivoire», lui-même dérivé du une personne exaltée par une idée, une activité,
latin classique ebur, eboris aivoires, Nobjet d’ivoiren, etc.
puis par métonymie 4éphmtn. Les Latins ont
b IVRESSE n. f. s’emploie cv. 1119) au sens propre
connu l’ivoire avant l’éléphant et ont deux mots,
puis équivaut à aexcitation, transportn Cv.11601,
ebur et elephas, pour désigner la substance et l’ani-
souvent qualifié par un nom (1691; I%vresse de
mal; l’emploi de elephas, elephantus pour aivoiren
I’umourl, par exemple dans l’exprekion li’vresse
est une imitation littéraire de l’usage grec, qui uti-
lise elephas dans les deux cas. des sens (1732). 0 Par extension, le mot désigne
l’état d’exaltation lyrique que fait naître la création
+ Le mot désigne la matière d’un blanc laiteux four- (av. 171II, plus largement un état d’euphorie, de ra-
nie par les défenses de l’éléphant, d’ou blanc vissement (av. 17421.
comme l’ivoire Iv. 1165). Par metonymie et d’aprés Le préfixé ENIVRER v. tr. a remplacé ivrer C~HI~ s.1
le grec, ivoire s’est aussi employé Cv.12001 pour élé- usité jusqu’au xwe siècle ; le verbe s’emploie au
phant. Noir d’ivoire se dit (15621 d’une poudre noire propre IXLI~s.1et surtout au figuré Cv.1265, pron.). 11
employée en peinture, faite d’ivoire et d’os calci- est soutenu par rapport à son synonyme Isel soaler.
nés. 0 Par métonymie, un ivotre désigne (1683, Boi- +Son dérivé ENIVREMENT n. mn. est vieilli au
leau) un objet en ivoire. oPar analogie, le mot propre (XII” s.) et littéraire ou soutenu pour dési-
s’emploie en parlant des d6fenses d’autres ani- gner (av. 17141un état d’exaltation agréable. + ENI-
maux (morse, 1778, Buffon), désignmt Spécia[le- VRANT, ANTE adj., attesté au XII~ s., s’emploie
ment (18671 en anatomie la partie dure des dents. aussi aujourd’hui plutôt au figuré (16791, qualifiant
- En emploi adjectif invariable, ivoire qualZe Il9001 ce qui emplit d’une sorte d’exaltation.
ce qui est de la couleur de l’ivoire. IVROGNE adj. et n. kve s-1,d’abord sous les formes
ä Plusieurs mots ont été dérivés du nom. * IVOI- ivroigrw (XII~s., n. f.1,yvrongne Cv.1283, adj J, est issu
RIN, INE adj. s’applique à ce qui a l’apparence de du latin populaire (‘ebtioniu &resse», dérivé du
l’ivoire ( 1544) ; l’ancien français a aussi employé classique ebtius sur le modèle de mots en -oniu
eborin Iv. 11601, dérivé savant du latin ebur, eboris. {par ex. castus/castimonial. * Le nom a conservé le
Un relève chez E. de Goncourt la variante ivo- sens du latin; l’adjectif qualkke une personne qui a
réen, enne (1881). + IVOIRIER, IÈRE n., terme tech- l’habitude de s’enivrer. +Le dérivé IVROGNESSE
nique (1322, yvotir), désigne qqn qui sculpte l’ivoire n. f. a si@% «ivressem (1562, Calvin) puis désigne
ou une personne qui en fait le commerce. +IVOI- (1611) me femme qui s’enivre. +IVROGNER
RERIE n. f., vieilli, se dit pour <objet d’ivoirem 11849). v. intr. est familier et vieilli (1538, yvrogner pour
+ IVOIRÉ, ÉE adj ., d’emploi littéraire ( 1857, Dela- +‘enivrer, se soûlern. Il a été repris comme prono-
croix), qualifie ce qui a la couleur de l’ivoire. + IVO- mind ( 1858 ; s ‘iwogner). -IVROGNERIE n. f (1538,
RINE n. f. (fm xrxe s.) ou IVOIRINE n. f. (1902) est Un yvrongneriel a remplacé les formes plus anciennes
terme technique désignant une matière imitant ivrognie n. f. (déb. XIII~s.), iwognhe, ivrogneté, etc.
l’ivoire. oLe mot est sorti d’usage pour désigner knîl.
me s.1 l’action de s’enivrer, mais est plus courant
IVRAIE n. f. est issu Iv. 1223) du latin populaire que les autres dérivés pour acomportement
ebtiaca Cherbu plantaI, du bas latin ebriucus, dérivé d’ivrogne%, Ivrogne et iwogwrie semblent plus vi-
et doublet de ebrius (+ ivre), formé d’après merus/ vants qu’ivre et ivresse, au moins dans l’usage spon-
merucus ((pur>> ou verus/*verucW ~wrai~. L’ivraie tané.
était réputée pour provoquer une sorte d’ivresse. 0 voir ÉBRreÉ, rvRAE.
+ Ivraie -graminée nuisible)) s’emploie surtout dans
des locutions : l’ivraie et le bon grain 4es méchants IZARD + ISARD
J
JA 3 DÉJÀ, JAMAIS ratif, il est aussi utilisé au sens de acrier (en parlant
de la pieh depuis 1835.
JABOT n. m. est probablement emprunté ( 1546) F Quant à JACASSE n. f., il est soit le déverbal
à un mot des parlers de la partie septentrionale du El8081 de jacasser, soit le résultat du croisement
domaine occitan (auvergnat, limousin), issu de la d’un mot dialectal, @que <<geai>)ou jaquette Npiem,
base prélatine ‘guba «gorge, gosier> (+ gaver, joue). avec ugace, autre nom de la pie (+ agacer). + On le
+ Le mot, d’abord relevé chez Rabelais dans la lo- relève pour la première fois dans Marie Jacasse,
cution figurée ancienne avoir dedans le jabot wa- appellation péjorative pour une femme ou une flle
loir réellement (en parlant d’une personne)>, est at- bavarde (18351, puis dans Mère Jacasse et, dans
testé depuis 1555 au sens propre (en parlant d’un l’usage argotique, comme désignation métony-
animal). Gonfler le @bot, après faire jabot (1773) mique de la femme ( 1847). Il correspond également
évoque la pretention. - Par malogie de forme et de à l’action de bavarder (1867) et à une dénomination
situation, il a pris, probablement au XVII~s., le sens familière de la pie ( 1902). + Sur @casser, on a formé
d’aornement de dentelle attaché sur l’ouverture de JACASSEMENT n. m. (1845) <<bavardage> et (1878)
la chemise au-dessous de la gorgea. Richelet El6801 <<cride la pien et, avec d’autres sufkes, JACASSE-
le note comme vieilli en ce sens et, de toute façon, RIE n. f. ( 18401, plus rarement JACASSAGE n. m.
<<plaisant>, mais il est revenu en usage au XVIII~s. et (1930, Malraux).
s’est maintenu jusqu’à nos jours. Il s’est spécialisé
en pathologie animale, dénommant une dilatation JACENT, ENTE adj. est emprunté (1509) au
accidentelle de l’œsophage des ruminants, du latin @cents, participe présent de jucere «être
chien (1845). étendu, couchém (+ g&irJ, pris avec son sens spé-
F Jabot a servi à former JABOTER v. ( 1694) ubavar- cialisé tardif, «être sans propriétairem.
deru et C1770) <(pousser des cris, en secouant le jabot +Jucent est utilisé comme terme juridique au sens
(en parlant d’une perrucheIn, transitivement <mur- de avacantm (en parlant de biens, d’une succes-
murer» En XIX~ s,l, aparler en baragouinant)). 0 À sion, etc.). Le sens physique de agisanta (1611) est
son tour, ce verbe a produit JABOTEUR, EUSE n. sorti d’usage.
(1772) «personne, plus rarement oiseau, qui jaboten, b SOUS-JACENT, ENTE adj. (1812) est la réfection
et un mot familier aujourd’hui désuet, JABOTAGE de subjucettt 11520, repris déb. XIX~ s.1,emprunté au
n. m. dbavardages (18451. +Au XVIII~ s., on a formé latin tardif subjucens, participe présent de subju-
sur jabot les homonymes 0 JABOTIÈRE n. f. (1741) cere 4tre placé dessous», au figuré aêtre subor-
«variété d’oie sauvage» et 0 JABOTIÈRE n. f. (17801 donné & d’où &re sujet à, en butte àmdans les tex-
emousseline pour faire les jabot+, adevant de che- tes médiévaux, de SU~- (-+ sub-1 et jucere. +Le mot
misen ( 1803). tknçais s’emploie au sens abstrait de ucaché,
1atentD (18341, courant et didactique (spécialement
JACASSER v. intr. est d’origine incertaine. en mathématiques, dans la théorie des ensembles),
Apparu assez récemment t 18061, il est peut-être dé- et au sens concret «qui s’étend SOUS~,principale-
rivé de iaqueter, jaquetter «bavarder, crier (en par ment en géologie où il s’oppose à SUS-
ht de la pie)», lui-même dérive de jaquette, nom JACENT, ENTE (18721, ce dernier étant rare.
donné à la pie (k jacques, jacter), avec substitution 0 Voir ADJACENT.
de sufExe d’après croasser, agacer. Une autre hy-
pothèse en fait le dérivé de jacasse (ci-dessous). JACHÈRE n. f., d’abord juchkre (v. 11751,est lo-
4 Relevé dès les premiers emplois au sens de abs- calisé dans le nord du domaine d’ail -wallon, pi-
varder avec volubilités, sens toujours vivant et péjo- card, normand - sous les formes latines guschetia,
JACINTHE 1898 bICTIONNAIRE HISTORIQUE

gascaria, à Compiègne et à Beauvais (1172, 11933, généralement considéré comme l’équivalent du


en ancien français gaschtire à Douai (v. ~ZOO~ et jus- tiançais Jacques I+ jacquerie, jacques), pris ici dans
sière (apr. IZSO), gasktere (12761. Son étymologie est son sens particulier de -valet au jeu de ca&w
obscure : on évoque une origine gauloise avec un (1674-1680). Pot arécipientn, -poule, pot» au jeu, cor-
étymon en -ada (peut-être déjà gaulois) de respond au français pot*.
og~~k~- <charrues, terme désignant à l’origine une 4 Le mot a été repris dans le contexte des jeux de
braxxhe. Ce mot, d’où vient l’irlandais gescu hasard mécaniques avec le sens de l’anglais; il se
abranchen, serait dériv& de Ogunku, Okunku (d’où réfère, par métonymie, à la machine à sous elle-
l’irlandais géc, le cymrique Caine &ra,ncheN). Le la- même et s’emploie figurément dans la locution ga-
tin ver~uctum <<jachère», lui-même d’or@ne incer- gner le @c~ot, calquée sur la locution anglaise.
taine, ne peut pas convenir C+ guéret). @ voir JOCKEY.
+Le mot désigne d’abord une terre labourée non
ensemencée pour la laisser reposer, sens issu par JACOBIN, INE adj. et n. est dérivé (1254) du
métonymie d’cétat d’une terre labourable qu’on bas latin Jacobus <<Jacquess, prénom d’origine hé-
laisse reposer temporairement=, logiquement an- braïque E-+jacques), avec le suffixe -in; le latin mé-
térieur et attesté peu après (apr. 12501. Par exten- diéval emploie jacobinus Cv.1250).
sion, il se rapporte à une terre abandonnée, mal +Le mot a longtemps désigné les dominicains et
entretenue 11836) et, par analogie, à l’état d’une dominicaines, d’après l’emplacement de leur prin-
personne ou d’une chose dont on ne tire pas parti cipal couvent, établi près de l’ancienne porte Saint-
Ifin XIXeS.I. Jacques, rue Saint-Jacques, à Paris, et qui était à
F JACHÉRER v. tr., d’abord attesté sous la forme l’origine, en 1218, un hospice pour les pèlerins de
ghaskerer (XIII~s.I et en latin médiéval dans terras Compostelle. Le dictionnaire de Trévoux (1740) si-
gucherutas 11255 à Rouen), puis sous la forme jus- gnale qu’il ne s’emploie plus que dans l’usage fami-
chwer Iv. 1600) *labourer une jachère*, est un lier, remplacé partout tieurs par domini-
terme technique. cain, aine. +Jucobirt a fourni une dénomination
analogique pour plusieurs oiseaux possédant une
JACINTHE n, f. représente par emprunt (1080) sorte de capuchon, au masculin (17971 et au féminin
le latin hyuctnthus *plante à bulbe, lis, glaïeul, et (1803 acorneille ma&elée»). +Passé dans le vo-
*sorte d’améthyste)>, lui-même emprunté au grec Claire politique pendant la Révolution 11790), le
huukhintos, d’origine crétoise, qui désignait une mot désignait le membre d’un club, la Société des
fleur, la jacinthe, parfois le pied-d’alouette, et une amis de la Constitution, gui tenait ses séances dans
pierre précieuse, ainsi que des étoffes de couleur le réfectoire de l’ancien couvent dominicain de la
bleue ou rouge. Le mythe grec fait naître la fleur du rue Saint-Honoré. En ce sens, il a été adjectivé
sang d’un jeune Lacanien aimé d’Apollon (& hya- (17903. Par référence à lYntransigeance politique
cinthe) . des Jacobins, hostiles aux idées fédéralistes des Gi-
+ Le mot grec passa d’abord en français par son rondins, le nom 117971 et l’adjectif (1830, Stendhal)
usage oriental (syrien) uniquement comme nom de s’appliquent à un homme politique hostile à toute
pierre précieuse Il080 jucunce; xf s. jurgunce; idée d’affaiblissement et de démembrement de
XIII~s.juconce, encore au XI~@s.), tandis que jucintke, 1’E;tat.
comme hyucinthe, a été repris du latin ; jacinthe b Les dérivés concernent la vie politique révolu-
I~II” s. jucimte au masculin, genre usuel au moyen tionnaire. cetiains mots, comme JACOBINISME
âge) s’écrit avec j parce qu’il est emprunté & une n. m. (179 11, terme d’histoire révolutionnaire et, par
époque où l’on ne tenait pas compte du h (cf. Jé- extension, de politique (1839), se sont implantés.
r&ne, Jérusuleml. + Le mot a désigné la fleur (jucin- 0La phpart, de JACOBINERIE n. f. (1793) à JA-
tus, v. 1300) et la pierre précieuse Ijucincte, ~II~s.3; COBINADE II. f. et JACOBINIQUE adj., péjorati%,
mais l’usage a finalement réservé jacinthe au végé- sont sortis d’usage.
tal, sauf dans des emplois stylistiquement recher-
chés. JACQUARD n. m. est l’emploi comme nom
@ voir HYACINTHE, @ JARGON.
commun (18341 du nom de Joseph-Marie Jucquwd
( 1752-18341, célèbre mécanicien lyonnais qui in-
JACKPOT n. m. est l’emprunt (v. 1970) de l’an- venta au début du XIX~ s. un métier à tisser permet-
glais jackpot 11881), d’abord employé au poker à tant la fabrication d’étoffes brochées très ouvra-
propos d’un jeu dans lequel une paire de valets au gées.
moins est nécessa;ire pour ouvrir les paris. Par la 4 Le mot désigne le métier à tisser mis au point par
suite, le mot désigne aussi un ~~0th dont la masse J.-M. Jacquard; il entre dans métier & la Jacquard,
s’augmente des enjeux successifs jusqu’à ce qu’il métier Jacquard. +Par métonymie, iI designe un
soit gagné; de là, dans les jeux de hasard méca- tricot exécuté à la machine ou à la main et présen-
niques, le sens de =combinaison gagnante qui dé- tant des motifs complexes s’inspirant des étoffes
clenche un mécanisme envoyant au joueur la tota- tissées sur les métiers Jacquard Il 936).
lité de l’argent accumulé dans la machinex. Il est b De l’emploi de jacquard en apposition est dérivé
passé dans l’usage avec la valeur figurée de “coup l’adjectif JACQUARD& ÉE 118731, employé comme
gagna&, dans la locution to bit the juck-pot épithète de métier, étoffe.
(v. 19501,équivalant à gagner le gros lot. Jack-pot est
l’un des nombreux substantifs composés avec juck, JACQUES n. m. est l’emploi comme nom com- 4\/
nom commun tiré de Juck, surnom pour John, et mun du nom propre Jucques (également
DE LA LANGUE FRANCAISE 1899 JADIS

Juques en ancien fhnçais), issu, par l’intermédiaire + Jusqu’en 1611, le mot a Sign%é =Pousser son cri
de “Juches, du latin tardif Jacobus, correspondant (en parlant de la pieb. Il a été repris au xv-d s. au
au grec Icthôbos aJacobn. sens figuré de aparler, bavarder (avec volubilit&
+ Le mot est employé comme sobriquet (au pluriel dans la langue populaire de Grenoble (17101, puis,
les jucques, 13591 pour désigner les paysans, en par- au XIX~ s. dans des argots de bagnards et de prison-
ticulier ceux qui prirent part à la révolte qui affecta niers. Depuis, il est passé dans l’usage familier au
en 1358 l’Ile-de-France, le Beauvaisis et la Brie sens de aparler, bavarder (avec une idée de volubi-
(cf. jacquerie, ci-dessous). Le choix de ce sobriquet, lit&, mais demeure plus trivial que jacasser. Son
attesté dans des textes contemporains de lïnsur- homonyme se jacter (<sevanterfi (1520) est un verbe
rection, s’explique par la fréquence de ce prénom distinct issu du latin jucture, du même groupe que
parmi les paysans, fréquence dont témoigne l’em- 0 jactance”.
ploi de Jacques Bonhomme comme nom type du vi- b Une certaine confusion entre jacter et son homo-
lain aux x+-xv” s. : ce nom dont les nobles affu- nyme, tous deux liés à une parole abondante, est à
blaient les paysans serait, d’après Froissart, celui l’origine du dérivé @l JACTANCE n. f., mot en
du roi élu par les “gens sans armurem lors de la jac- usage dans la langue populaire pour la parole
querie. + La révolte de 1358 a peut-être été à l’ori- (18781, le bavardage 11878). + JACTEUR, EWSE adj.
gine d’un nouvel usage vestimentaire, juques, et n. 11881) s’applique à la personne qui jacte, a une
jacques désignant ( 1364) jusqu’au xwe s. un habit propension au bavardage,
court et serré (+ jaquette). + Au XVII~s., le mot sert à
designer un sot, un niais (1665 dans le diminutif JACULATOIRE adj. est un emprunt religieux
sorti d’usage juquet), sens encore présent da;ns la ( 1604, François de Sales) au latin chrétien juculuto-
locution faire Je Jxtpes (188 1) <<faire l’idiot>>, La va- tius <jeté rapidement, caractérisé par un jaillisse-
leur péjorative du mot, avérée dans des emplois ment ardentti, employé par saint Augustin à propos
comme cuisinier jucques ( 1808) #mauvais cuisiniern, de prières (av. 430, juculutoriae preces). Cet emploi
a été renversée dans le célèbre rama de Le Roy, est une spécialisation abstraite du sens initial, are-
Jucquou le Croquant, écrit en 1899 à la gloire de latif à un jet» puis, à basse époque, <relatif à l’art du
l’insurrection paysanne contre les derniers sei- javelot>). Le mot est dkivé de juculuri <lancer, déco-
gneurs, au début du XIX~siècle. +En raison de sa chep t+ éjaculer).
fréquence dans les milieux rustiques, le mot est de- 4 L’adjectif, le plus souvent associé à oraison, et ce
venu la dénomination rkgionale de plusie~ ti- dès les premiers emplois, gutie une pfière
maux : la pie Il61 1) sous la fomne jaquette (-+ jacas- courte et fervente par laquelle l’âme s’élance vers
sd, le geai ( 1883, antérieurement dans les parlers Dieu. Certains écrivains (Barbey, DuBos, Gide)
régionaux ; dès 1829 dans le diminutif jucquot), le l’emploient à propos d’un sentiment intérieur
perroquet sous la forme jucquot 117791, l’écureuil fervent et exalté. On trouve aussi prière juculatoire.
sous la forme jacquet (cf. potion-jacquet, variante b JACULATION n. f., emprunté comme terme
de potron-minet). Le point commun entre ces dif- d’antiquité (1530) au latin impérial juculutio Maction
férents animaux tachetés, mouchetés (comparer de lancer, de décocher (une arme de jet),, a été re-
les nombreuses formes dialIectales appliquées à pris par les écrivains décadents (1884, Pélada;
des vaches tachetées) pourrait mettre sur la voie 1895, Huysmansl avec le sens figuré d’&lan d’en-
d’une dérivation à partir de jaquette (<pien, la pie thousiasme». Son usage est très littéraire.
pouvant avoir reçu son nom d’après son plumage
bicolore (cf. cheval pie). JADE n. m., sous sa forme masculine actuelle
b JACQUERIE n. f. Iv. 13601, nom immédiatement (16121, provient de la forme féminine antérieure
donné à la révolte paysanne de 1358, remarquable éjude (seulement attestée en 1633) par més-
par sa brièveté et sa violence, est employé par ex- interprétation de Z’éjude, d’é@& en les ~U&S, des
tension 118211 à propos d’une insurrection san- jades. Le mot est emprunté à l’espagnol (piedru de
glante de paysans pauvres. lui ijuda, littéralement 4pierre du1 flancs, lui-
0 Voir JACTER, JAQ UEMART,
même dérivé, par l’intermédiake d’un mot simple
JAQUETTE, et (de l’anglais)
non attesté, du latin ik 4lancs~ (-, iliaque). Ce nom
JACKPOT. JOCKEY.
aurait été donné à la pierre par les conquistadores
0 JACTANCE n. f. est emprunté cv. 1223) au la- espagnols d’après la croyance indienne selon la-
tin impérial juctunciu wantardise-, dérivé de juc- quelle ce minéral protégeait des coliques néphré-
tans, participe présent de juctare *jeter souvent et tiques. L’allemand, à côté de Jade, a Merenstein
précipitammentu, pris au sens figuré de afaire pa- apierre des reinsn, plus courant pour +calcul rénaIn.
rade, lancer avec ostentationm, fréquentatif de ju- 4 Le mot, nom de pierre semi-précieuse, est em-
cere ajeter, lancep I+ gésir, jeter). ployé dès les premières attestations au sens méto-
4 Ce mot, utilisé dans un style littéraire ou soutenu, nymique *objet en jadeD. Il est également employé
exprime l’attitude arrogante d’une personne qui comme nom de couleur, notamment dans de jade
cherche à se faire valoir par des propos et un ton (déb. ti s.1dans un style littéraire.
Su&ant. k Il a produit JADtilTE n. f. (18731, désignant une
variété de jade Con notera qu’une autre variété a
JACTER v. intr. est dérivé (1562, juque~er), à été nommée néphrite).
l’aide de la désinence -er, de jaquette, nom popu-
laire de la pie enregistré en 1611, mais antérieur JADIS adv. et adj. résulte (v. 1112) de la contrac-
dans les parlers régionaux I+ jacasser, jacques). tion de ja a dis, proprement «il y a déjà des jours~.
JAGUAR DICTIONNAIRE HISTORIQUE

L’expression est composée de a, ancienne forme F En sont dérivés le participe présent JAILLIS-
de l’impersonnel il y a, de ja (4 déjà, jamais) et de SANT, ANTE adj. (1680) et JAILLISSEMENT m. n.
l’atien français di (8423 <joun, issu au même sens (1718; 1611 @lEissement) aaction de jaillh et (x& s.l
du latin diem, accusatif de dies (-, diurne, jour), sup- aapparition subitem.
planté par jour. Le composé REJAILLIR v. intr. (1539) <jaillir en
+JQ&s s’est maintenu dans l’usage comme syno- étant renvoyé ou par l’effet d’une pression, d’un
nyme littéraire et archaïsant de autrefois (cf. an- choc> est aussi utilisé (1671) avec la préposition sur
tan), notamment par opposition à nagtire, en par- au sens figuré de aretomber SUD. 0 Son dérivé RE-
ticulier chez Verlaine, auteur du recueil Jadis et JAILLISSEMENT n. m. (1557) relève d’un usage
Nu@&e (1884). Il est parfois employé comme ad- plus littéraire.
jectif associé à temps, et substantivé au masculin ‘@voir JALON.
dans l’usage poétique.
JAfN ou JAÏNA adj. et n. est un emprunt (1824
JAGUAR n. m., sous cette forme depuis 1754 pour jui’pz,juina 1864) à l’hindi, de Jina ale Conqué-
CBuffonl, a été précédé par des variantes altérées, rant,, nom donné au fondateur de cette religion.
&mare (15751, ~uwwaru 11722 dans une traduction 4 Le mot qualif?e et désigne les adhérents d’une re-
de I’espagnoll. Les différentes kmes sont emprun- ligion hindoue fondée sur la croyance en la trans-
tées à deux variantes du même mot tupi (langue in- migration des âmes et la non-violence,
dienne du Brésil) @nuare et jugwru. Les premiers b n a pour dérivé JAÏNISME n. m. (18731, nom de la
historiens du Nouveau Monde ont véhiculé la pre- religion.
mière, tandis que la seconde a probablement été
introduite en français par le texte latin des natura- JAIS n. m., d’abord gest Iv. 12611, puis geais o>
listes hollandais et allemand Pison et Marcgraf (16113, enfin jais 116691,est la contraction de l’ancien
Wistoria Nuturalis Brusiliae, 16481, source de Buf- fkançais @iet, attesté avant 1150. Ce dernier est issu
fon. Une autre forme, jaguareté (17311, a été em- du latin gugutes (Pline), emprunt au grec gagates
pruntée au tupi juguurete, proprement wéritable <jais, qui Sign%e proprement apierre de Gagesm, de
jaguarn, qui dans cette langue désigne le jaguar Gages (en grec gugusl, ville et fleuve de Lycie, en
noir et, par opposition à juguuru qui avait pris le Asie mineure.
sens de hienn (car les Tupis n’avaient pas de mot +Jais, nom d’une variété de lignite d’un noir lui-
pour le chien, introduit par les Européens), toute sant, désigne aussi, généralement déterminé dans
espèce de jaguar. jais urtikiel, faux jais, un verre teinté en noir ou un
4 Le mot désigne un mammifère carnassier d’An6 métal émaillé utilisé en bijouterie. Il entre dans la
rique centrale et du Sud. Par emprunt à l’anglais locution comparative courante comme du jais
jaguar, nom de marque repris du nom de l’animal Iv. 1510) et dans le syntagme de iaLs ( 1838 ; ndr de
pour une voiture de luxe puissante, il correspond à @Y$,18031 exprimant l’idée d’une couleur noire et
un type d’automobile luxueuse. Il est alors couram- brillante. La confusion avec geai, nom d’oiseau, est
ment abrégé en jag, juge. fréquente dans les emplois métaphoriques.
b JAGUARONDI, JAGUARUNDI n. m. @n me s-1,
nom d’un autre carnivore de la famille des félidés, JALON n. m., attesté au début du XVII” s. (1613 9)
est emprunté à un mot d’une langue indienne du jullon de nasse, 1690 dans un livre d’hoxticulturel,
Brésil probablement apparenté au tupi jaguara. Le est d’origine incertaine. Il s’agit peut-&tre d’un
guarti a ya@a-rundi (attesté en 1639 chez un Pé- terme de métier formé sur le même radical que
ruvien). jaillir*. On a aussi proposé un rapprochement avec
l’ancien français gklk abâton utilisé en vénerie
e) JAILLIR v. intr. est la modification ( 1560) de jalir pour tendre des aet+, mais cela ne r-ésout guère le
Iav. 12001 ou gulir (déb. XII~s.1, verbe d’orighe ob- problème, car ce dernier est d’origine inconnue.
scure. On a proposé d’y voir un croisement de P. Guiraud suggère d’y voir une forme normanno-
formes apparentées au latin juculari &ncerm picarde de jallier, gkk abâton%, qu’il interprète
b éjaculer, jalon) avec un roman ‘gaZire, dérivé comme représentant le latin juculum cjavelotm, dé-
d’un radical gaulois “gali- abouillir, jaillir, sourdre» rivé de jacere (+ gésir, jeter).
(-+ gaillard). + Après une attestation de sens obscur (jallon de
4Jaillir, d’abord transitif (jusqu’au xv” s.) au sens de nasse), le mot appar& en 1690 dans un traité
<lancer, jetexk, est intransitif depuis la Cn du ~II~siè- d’horticulture, désignant une tige plantée en terre
cle. En ancien fra~~cais, il Sign%e =Sauter (en par- pour déterminer un alignement, une direction, une
lant d’un homme),. Son usage au sens moderne de &Sta;nce, etc. + Son sens figuré usuel de ace qui sert
asortir impétueusement (en parlant d’un liquide et, à diriger, situer qqn, qqch.m est apparu au XIX~ s.
par analogie, d’un fluide, de la lumière)~ est attesté (18121,
à partir de 1552. Ses autres emplois sont apparus ,Le dénominatif JALONNER v. tr., d’abord em-
au x&s.: ~sortir par un mouvement rapide (en ployé en horticulture (16901, est spécialement usité
parlant d’une personne, d’une chose non fluideIn en technique militaire (1867) et possède aussi un
(18523, asortir, appar&re (en parlant d’un objet sens @u-é (1834). 0 En sont issus JALONNEMENT
dont la forme suggère une impression d’élanIn n. m. 11840) et JALONNEUR n. m. (1835) =celti qui
(1831) et, abstraitement, ase manifester soudaine- place des jalons> et asoldat que l’on place pour ser-
mentm Il818). vir de jalonm.
DE LA LANGUE FRANÇAISE JAMBE

0 JALOUSIE -3 JALOUX concernant la fidélité de la personne aimée. Son


sens plus général d’tiattachement vif à un bien, un
0 JALOUSIE n. f, est emprunté (15491, avec avantagep (v. 1250)s’est limité, en relation avec ce-
francisation, à l’italien gelosia, Corresponda;nt du lui de l’adjecttif, à un usage littéraire. Le sens géné-
fi-an@ @ jd~wie. G~OS~U désigne par métony- ral courant d’cenvie devant ce qu’un autre pos-
mie un treillis dissimulant les femmes aux regards sède>> est attesté depuis 1501, longtemps après la
(av. 1494 en contexte oriental). valeur correspondante de l’adjectif. +JALOUSE-
4 Emprunté dans le même contexte que l’italien, le MENT adv. (XIII~s.) se rattache à l’idée d’envie de ce
mot, depuis le ~VIII~s. (17571, s’apphque à un volet que l’on n’a pas et (av. 1622)à la crainte de se des-
mobile formé de lattes parallèles. La tiéquence de saisir de ce que l’on a. +JALOUSER v. tr. (v.1300)
jalousie, dérivé de julo~, fait que le mot conserve s’emploie pour aregarder avec envie ce que pos-
des connotations psychologiques (cf. La Jalousie, sède autrui)) et ne s’applique qu’à titre exception-
roman de Robbe-Grillet, dont le titre joue sur les nel à la jalousie amoureuse.
deux homonymes). 0 voir $9JALOUSIE.
L’homonyme @JALOUSIE n. f. (15421aJxmXnte=,
aujourd’hui <<oeillet de poètes, est une altération JAMAIS adv. résulte de la soudure (XIII~s.) de ja
(d’après jalousie3 de l’ancien geles& (xv” s., gelesiu, mais Iv. 9803, formé avec les anciens adverbes iu
gelasti en latin médiévaU, probablement issu d’un (+ déjà) et mais aplus, (4 désormais, mais).
gaulois ogelisiu. + Le mot a pris ses sens actuels dès l’ancien -fran-
çais, entre le xe et le XLU~s., d’abord pour indiquer
JALOUX, OUSE adj. et n., variante IXIII~s.1de une négation par rapport au temps (xes.1,puis éga-
gelos 11160) ou gelus (11701, est un mot dont l’his- lement, dans un sens positif, pour indiquer une ac-
toire présente une certaine complexité. Il est issu tion à venir C11301,une éventualité ( 1160).En ancien
du bas latin zelosus cplein d’amour et de préve- tiançais, ne... ju et ne... jamais ne s’employaient que
nancen (v” ou vre s.1, lui-même dérivé du bas latin par rapport à l’avenir, tandis que, pour le passé, on
Witruve, Ausone) zelus (+ zéle), surtout attesté en se servait de ne... onques Idu latin unquum). C’est
latin chrétien et emprunté au grec zêlos aempres- seulement à partir du XIVes. que ce dernier a dé-
sement, ardeur, rivalité, envie-, à rattacher à z&ein cliné face à ne... @mats. Du XI~ au XIII~s., l’usage dis-
achercher, recherchen, verbe d’origine obscure. tinguait entre ne... iu et ne... jamais, le deuxième
Pour justtier la fmale, au lieu de la forme en -eu3t ayant le sens de fine... plus jamais=, conformément
attendue, on a invoqué un emprunt à l’ancien pro- à l’étymologie. Depuis, ne... ju a disparu au profit de
vençal gelos <<jaloux,, attesté dans le vocabulaire w. .. jamais, auquel il a fallu ajouter alors plus pour
amoureux des troubadours depuis 1140environ. Le rendre l’idée dont il avait été l’expression. Ainsi
mot serait passé en français, comme amour, par s’explique la tautologie de l’élément -muti (qui si-
l’intermédiaire de la lyrique d’oïl, influencée par gn%e étymologiquement =plus4 et plus dans [ne...
celle d’oc. Wartburg a poussé plus loin cette hypo- plus) jamais. 0 La locution Qjamais, équivalente de
thèse en expliquant que zelosus provient directe- pour toujours, est attestée depuis 1275 et quelque-
ment du grec ~&OS, plus riche de sens, et qui serait fois renforcée en à torrt jamais (av. 15261; elle a rem-
passé dans le latin de la Narbonnaise. Cependant, placé pour jamais, pour tout jamais, usuels en
la diversité et l’ancienneté des sens de jaloux en langue classique. o Au xwe s. sont apparues les lo-
ancien français, où il n’est pas limité au vocabulaire cutions jamais plus (15521,au grand jamais (15731
amoureux, contrairement à l’ancien provençal, après au gruti fin jumuis 115461, cette dernière,
rend douteuse I’hypothése d’un emprunt global à plus familière, représentant une substantivation et
cette langue. À cela s’ajoutent d’autres hypothèses, indiquant aussi une dénégation catégorique. Plus
entre autres celle qui fait de julou~ un terme origi- jamais @SI ! semble récent. Jamais de la vie est at-
naire (comme amour) de Champagne orientale, testé en 1841.
centre courtois de Premiere importance.
4 Dans les premiers textes, @1024xa le sens de “qui * JAMBE n. f. est issu 110801du bas latin gumba
désire ardemment qqch.n, synonyme de désirew Il <paturon de chevalH, étendu aux autres quadru-
Sign%e également “qui est farouchement attaché à pèdes et à l’homme. Ce dernier est un emprunt po-
la conservation de qqch., d’un avantage)). Ce sens, pulaire au grec kumpê, proprement =Courbures,
resté vivant dans l’expression biblique Dieu jaloux d’où spécialement *articulation du pied du chevalm
(XIII~s.1,c’est-à-dire “qui veut être aimé et servi sans (+hippocampe), mot qui a des correspondants
partage%, et dans quelques expressions de la dans plusieurs langues indoeuropéennes, tels le li-
langue littéraire (jaloux de ses opinions, 17181,n’est tuanien kûmpas <coin, bordn ou le lette kumpis
resté courant qu’avec sa spécialisation amoureuse, ebois rond, crochetn. 11a supplanté le mot classique
elle aussi ancienne Il 1701, développée par des pour désigner la jambe, cw (celui-ci, dans le do-
comparaisons CjaZouxcomme uII tigre, etc.). +Le maine ibérique, a cédé la place à pemu qui en
sens d’eenvieux, qui éprouve de l’ombrage à l’idée langue classique signifiait cgigot, jambonn et qui a
qu’un autre jouit d’un avantage qu’il n’a paso est at- fourni l’espagnol piemu, le portugais pemu).
testé depuis 1250.0 L’adjectif est employé comme +Jambe se dit à la fois de la patte d’un animal (1080)
substantif Iv. 12001, essentiellement aujourd’hui et du membre inférieur de l’homme (11503.0 Dès
avec la spécialisation amoureuse (1635, Corneille). l’ancien fkançais, il développe des sens analo-
w@ JALOUSIE n. f., d’abord julosie Il 181-11911, ge- giques, s’appliquant ( 13211à chacun des poteaux
losk Iv. 12501, recouvre le sentiment d’lnquiktude soutenant le linteau d’une porte et, de là, s’em-
JANISSAIRE 1902 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ployant en terme de charpente (Jambe de force, mot réactive tardivement le sens propre de jambe,
16091. Il dénomme les branches d’un compas (1564) dans l’expression droit de jambage (av. 18341, rem-
et, plus techniquement, une pièce oblique servant placée ensuite par droit de cutssage, et celui de
d’étai dans le bâtiment (16761, un fil qui forme un «membre d’un animalm en vénerie, où il désigne
des côtés de la maille d’un met (18293.0 Le sens de (18321 la partie de la peau d’un animal recouvrant
amembre inférieur de l’homme>>, à partir du XVI~s., les pattes, lorsqu’on la détache. +@ JAMBIER
a donné lieu à des locutions encore usuelles : cela n. m. (14091 a désigné la pièce de bois maintenant
me hi.+.l fuit la jambe belle I 16701, qui a connu plus écartées les jambes d’une bête abattue pendant
d’une variante jusqu’à sa forme auelle faire une que le boucher la prépare. oEn construction
belle jambe à qqn (18571, se r6f&re au fait de mon- (1803), il se dit d’une pièce que les ouvriers s’at-
trer une #belle jambe= par une démarche avanta- tachent aux jambes lorsqu’ils montent à la corde.
geuse. Jouer qqn pur-dessous la jambe (167 11, forme -0 JAMBIER, IÈRE n. et adj., homonyme du pré-
initiale de traiter ( 1829) et faire pas-dessous la cédent, a été formi en anatomie comme nom du
jambe (18441, fait probablement allusion aux muscle qui fléchit le pied sur la jambe Cv.1560).
joueurs de paume ou de boule. ~Citons aussi L’adjectif Il6 111 correspond à cette valeur et s’em-
l’image hardie de prendre les jambes à son cou ploie aussi en art vétérinaire.
11690; 1740 avec son sens actuel) d’abord prendre JAMBÉ, ÉE adj., dérivé de jambe, qutie la jaznbe
ses jambes ù son col (1618) et la locution plus ré- envisagée sous l’mgle de sa conformation (1582,
cente tenir la jambe à qqn 11901), employée par mal jumbél. Rare avant le XIX~ s., il reste d’un usage
métaphore dans le contexte d’une conversation in- limité. *Les dérivés formés ultérieurement re-
terminable pour *retenir qqnn (cf. aujourd’hui ne lèvent de l’usage technique : JAMBIN n. m. (17231,
pus lûcher les baskets). 0 Le mot désigne aussi une terme de pêche, s’applique à une nasse de forme
jambe artificielle servant de prothèse ( 1564, jambe allongée ; JAMBELET n. m. r1877), en bijouterie, se
de bois), sens qui a donné, figurément, la locution dit d’un <braceleta porté à la jambe.
c’est un cautère sur une jambe de bois (1808). 0 Par ENJAMBER v. tr. (X~II~s.) répond à l’idée de apasser
métonymie, il dénomme aussi la partie d’un vête- par-dessus un obstacles et (v. 1382) d’aempiéter
ment recouvrant la jambe (jambe du pantalon, SUT~,cette dernière donnant lieu à sa spécialisation
18793. en versification I1660- 1668, Boileau3.0 Le nom d’ac-
k JAMBIÈRE n. f. (12031, qui désigne d’abord la tion se partage entre ENJAMBÉE n. f. (apr. 1250,
pièce de l’armure protkgeant la jambe, a été repris engumbéel udistance franchie par un long pasm,
au XIX~s. comme nom de la piece d’habillement en- d’où à grandes enjambées, et ENJAMBEMENT
veloppant la jambe (18511, spécialement destinée n. m. (15621, ce dernier se réservant la spéciaka-
tion en versifwation (1680). + Il ne reste rien de l’an-
aux cavaliers (1902) et à certains sportifs (19311.
cien entiejamber v. intr. ( 16Il) #croiser les jambes=,
+hnbtireaéhminé dans ce sens JAMBARD n.m.
mais la même formation se retrouve dans ENTRE-
(18431, attesté comme adjectif en ancien français
JAMBE n. m. ( 17’511, terme d’ébénisterie, repris
pour *celui qui a de fortes jambes% (13051. Le mot
pour désigner la partie du corps située entre les
dénomme aussi la bande servant à envelopper les
jambes (me s.), dans le contexte de l’habillement ou
jambes des chevaux 119o2).+ JAMBETTE n. f., di-
avec des connotations sexuelles. ~UNIJAMBISTE
minutif de jatie, s’est maintenu sous deux
n. et adj. (19 141 désigne et qualifie une personne
formes : la forme picarde gambette Ixtue s.1a été re-
amputée d’une jambe.
prise en argot (3 @ gambe), Jamb&e I~X# s.),
+ voir CROC-EN-JAMBE (art. CROC), GAMBADE, GAMBE, IN-
archaïque au sens de *petite jambem, s’est spécia-
GAMBE.
lisé avec quelques sens techniques, en construction
11400-14021, en agriculture, puis (18311 en marine. JANISSAIRE n. m. est l’altération (1546) de je-
JAMBON n. m. IV. 12501, ahaut de la jaznbe (d’un hunicere (14571, lequel est emprunté, par l’intermé-
animal)=, s’est spécialisé en charcuterie (apr. 1250) diaire de l’italien giaanizzero (av. 14701, au turc ye-
à propos de la cuisse ou de l’épaule du porc prépa- ntceti, proprement *nouvelle (yeG1 troupe YCeti1,.
rée pour être conservée. II s’applique parfois fami- Le corps des janissaires fut créé dans la seconde
lièrement à la cuisse humaine (xv” s.) et, d’après moitié du xrve s. sous le règne du sultan Mürad Ier
une stricte analogie de forme, s’est dit de la guitare (13624389) et supprimé en 1826 par le sultan Mah-
et du violon, dans le jargon des musiciens ( 1852). mud II.
0 Son diminutif JAMBONNEAU ll.ll’L (1606) pré- 4 Le mot, en passant en français, a désigné inditi-
sente le même sémantisme : à côté du sens domi- duellement un soldat d’élite de la garde du sultan
nant en charcuterie, il se retrouve en argot musical turc. Ce terme d’histoire turque s’est appliqué par-
( 1879) et dans la langue familière pour <cuisse= fois au satellite d’une autorité despotique.
(1894). Q Le dérivé diminutif JAMBONNETTE n. f.
h. 1950) a cours en cuisine. +JAMBAGE n. m. JANSÉNISME n. m. est tiré (v. 1650, enregis-
(1369) a suivi un développement analogique, se spé- tré en 1680) du nom du Hollandais Corneille Jansen
cialisant en construction (comme jambe et jum- (1585~16381, évêque d’Ypres qui, dans son ouvrage
bette) pour dénommer chacun des montants verti- l’Augu.stinus, interprétation de la thèse de
caux d’une baie de fenêtre, de porte (14531, de saint Augustin (paru en 1640, deux ans après sa
cheminée (1502), et la ch&e de pierre qui soutient mort), expose l’idée que la gr&ce divine est accor-
lëtice, sur laquelle on pose de grosses poutres dée aux uns et refusée aux autres dès la naissance.
(1416). Son emploi le plus courant se rapporte à + Le mot désigne la doctrine chrétienne hérétique
l’élément vertical de certaines lettres (1680). * Le professée par Jansen, répandue en Frmce par
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1903 JAPPER

A. Amauld dans ses Apologies pour Janwds mot vient peut-être d’une racine signifiant aallerm.
11644-16451 et par le couvent de Port-ROY~, doc- PersoHé et divinisé, Janus symbolisait la nation
trine condamnée par l’Église après 1650 comme par ses deux visages opposés, placés, l’un devant,
apportant une restriction dangereuse au libre ar- l’autre derrière la tête, ainsi que par la forme de
bitre. Très tôt, le jansénisme recouvrit me menta- son temple, qui comportait deux portes opposées.
lité et un courant d’opinion irréductible & la seule Dieu des commencements, Janus présidait au dé-
question de doctrine théologique, se présentant but de l’année; le mois de passage d’une année à
comme un rigorisme moral hostile à l’attrition, à la l’autre lui était consacré. Son dérivé ianua aporte,
réception trop facile des sacrements et à tout re- passage)) n’a donné aucun mot en tiançais ; il a été
lâchement. Il se présenta aussi comme un courant concurrencé et évincé par les représentants de os-
de contestation politique, plusieurs jansénistes tium (+ huis) et de porta C- porte).
adoptant le parti de la Fronde, refusant la raison
d’État, remettant en cause la monarchie de droit JAPON n. m. est l’emploi comme nom commun
divin et défendant la conscience personnelle. Ces (1723)de Japon. Ce nom géographique est proba-
deux extensions de sens sont attestées a posteriori blement la corruption, par l’intermédiaire du
(respectivement 1794 à propos du rigorisme de Ca- chinois @h-pun, pays du <(soleil levar& de l’appella-
ton, et 1840 Sainte-Beuve). tion japonaise Nihort 4e lever du soleil)) (6451, d’où
Nippon. Les Portugais et les Espagnols ont appris le
F JANSÉNTSTE n. est attesté en 1656 dans les ho-
mot sous sa forme chinoise ou malaise Ijapoung1
vinciales de Pascal, comme dénomination du parti-
lors de leur découverte de l’Extrême-Orient, au
san du jansénisme et comme adjectif qualifiant ce
qui se rapporte à cette doctrine. L’extension est me siècle.
analogue à celle de jansénisme vers le sens moral 4 Le mot désigne une porcelaine originaire du Ja-
d’<<austère et intransigeant> (1690) Ccfpuritain), pon et tout objet en porcelaine japonaise (1864, des
quelquefois avec une valeur critique (av. 1703, jan- vieux chines et des vieux jupons). 011 s’emploie
sénktes de I’amowl. Aux XVII~et xvme s., le concept aussi en papeterie pour un papier ivoire très résis-
est opposé à Jésuite. oLe mot s’est spécialisé en tant, originairement fabriqué au Japon, utilisé pour
matière d’art, de style, qualifknt un cructi dont les éditions de luxe (1879, Mallarmé). 0 Il se rap-
les bras sont presque à la verticale Ilongtemps porte également à un bois employé pour teindre
considéré comme symbolique de la spiritualité jan- les textiles en rouge (1902, bois du japon ou Japon).
séniste) et aussi une reliure très sobre, sans orne- k Exception faite de JAPONNER v. k 11730, japo-
ment (1862). ne& <<soumettre (la porcelaine) à une nouvelle cuis-
JANSÉNIQUEMENT adv. (1872, Gautier) avec une son pour lui donner l’apparence de celle du Ja-
vdeUr morde, JANSÉNISER V. tr., JANSÉNI- pon>>,la création de dérivés, au XTxes., correspond à
SANT, ANTE adj., JANSENISATION n. f., attestés la découverte et à la vogue de l’art japonais en
11920)dans l’H&oire du sentiment religieux de Bré- France. + JAPONISER v., après une attestation in-
mond, sont didactiques et peu usités. directe de japon& dans le vocabulaire de la mode
11829, épingle japonisée & tête de couleur)), est re-
JANTE n. f. est issu (v. I 1701 d’un bas latin Ocum- levé chez Goncourt (1876) pour arechercher des
btta (devenu ‘@mbital, lui-même emprunté à un œuvres d’art japonaises>>. Cet écrivain, grand ama-
gaulois “cambita <cercle de bois formant la péri- teur d’art japonais, semble forger l’emploi substan-
phérie d’une roueB, de cambo acourbe». Cette ra- tivé de JAPONTSANT, ANTE n. (1881, un japoni-
cine se retrouve dans l’irlandais cwyw, le cyn-
sant frétitique) à propos du collectionneur et, plus
rique cam, ainsi que dans les toponymes gaulois largement, du spécialiste de la civilisation et de
Cambodunum, Camboritum. ht japonais. Le mot a b-id JAPONISTE n.
+ Le mot, avec ses variantes chante (xwe s-1et gante 111février 18721, créé parallèlement à JAPONISME
(1741)dans l’ancienne langue, a été repris avec le n. m. (31 décembre 18761, terme d’histoire du goût
sens de l’étymon, appliqué ensuite (fin XDICs.) aux recouvrant l’intérêt pour l’art japonais et l’in-
roues de bicyclette, d’automobile, etc. fluence qu’il exerce sur l’art occidental, en parti-
b JANTILLE n. f., d’abord sous la forme normanno- culier dans le dernier tiers du xrxe s. 0937, Francas-
picarde gantille ( 13041, la forme actuelle étant enre- tel). 0 Autre témoin de cet engouement, .
gistrée dans Furetière (16901, désigne la palette JAPONAISERIE n. f.,formé (1868, Goncourt) sur le
d’une roue hydraulique. +DÉJANTER v. tr. (16111, nom et adjectif ethnique japonais, s’est répandu au
«ôter les jantes de (une roueb, est sorti d’usage, et a détriment de JAPONNERIE ou JAPONERIE n. f.
été reformé en cyclisme (xx” s., attesté 1945) & pro- (1878, Zola), titre d’une œuvre de P. Loti Uuponerie,
pos des pneumatiques, au pronominal et au parti- 1889). Il recouvre le sens concret d’«objet, curiosité
C@e PWSé @WL4 déjanté,. +ENJANTAGE n. m. provenant du Japon%, et le sens général de «goût
(1930) désigne l’action de mettre des jantes à une pour l’art, la civilisation japonaise>>.
roue.
JAPPER v. intr., d’abord attesté Cale s.1 en em-
JANVIER n. A. est issu (fm XII’ s. ; 1119, jentier) ploi transitif, est d’origine incertaine. Il s’agit pro-
du bas latin januarius de même sens, substantiva- bablement d’un dérivé de l’onomatopée @p- expri-
tion de l’adjectif januarius ade Janus~ dans janua- mant un aboiement, forme originaire des
rius mensis. Celui-ci est dérivé de janus «passage- domaines occitan et franco-provenCa1 (on relève @-
et spécidement, à Rome, «passage voûté, galerie par *aboyep> en ancien provencal et son déverbal
OÙ se tenaient les marchands et les changeurs>>. Le jap, jamp après 11501.
JAQUE 1904 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot est passé en français dans un sens specia- utilisé. Après avoir désigné un vêtement d’homme
lisé, <<aboyer d’une facon aiguë et clairen (surtout en ajusté sur le buste et à jupe flottante, ainsi qu’une
parlant d’un jeune chien], mtis il a conservé le sens tunique monastique, il a désigné (1446 jusqu’au
large d’uaboyep en Normandie, dans les parlers du XIX~s.) la robe portée par les petits garçons avant
Centre et en franco-provençal. Par analogie ( 13061, leur première culotte. +Le mot désigne au-
le verbe s’emploie aussi familièrement à propos jourd’hui une veste féminine de tailleur 11908; dès
d’une personne pour «parler fort, criailler=. 1783, <veste courte ajustée à la taille>>) et un vête-
b II a produit quelques dérivés au XVI~ s. : JAPPE- ment masculin ajusté à la Mlle et à longs pans ar-
MENT n. m. (15291 est plus usuel que JAP- rondis ( 18321, qui ne se porte plus que dans de rares
PEUR, EUSE adj. et n. (15461, stio~t utilisé cérémonies. WZn argot, l’expression &re de la ja-
comme substantif (1565) en parlant d’une personne quette flottante (1909) désigne les homosexuels
qui criatile sans cesse. 0 JAPPE n. f., apparu vers passifs peut-être parce que la jaquette évoquerait
1555 sous la forme iw &oiementB, a reçu (av. 1707) un homme vu de dos... -=Par une métaphore
le sens populaire (aujourd’hui disparu3 de ccaquet, comparable A celle de jupe, jaquette a pris ( 1874) le
babiln. sens technique de *manchon d’acier renforçant le
tube d’un canons.
JAQUE n. m. est l’emprunt Iv. 1525) du mahyal
(langue dravidienne) tsj&kza huit d’un arbre (ar- 0 JAQUETTE n. f. recouvre deux emprunts
tocavus integrifoZia1 dont la pulpe blanche et fari- sémantiques du ti s. à l’anglais jacket, lui-même
neuse se consomme cuiten. Le mot a d’abord été re- emprunté dans un sens vestimentaire (14621 au
pris par l’intermédiaire de l’italien ciccara ( 1444 et moyen français jaquet, jacquet (+ 0 jaquette),
1510) sous les formes éphémkres chiacure et (1540) + Le terme d’odontologie, écrit jacket (1930) ou ja-
ciaquara; il a été réintroduit par l’intermédiaire du quette ( 19381, est l’abréviation du syntagme cou-
portugais jaca (15351 sous les fomes iuca 11553, ronne jacket (1928), couronne jaquette 11930), calque
donné comme mot étranger), iaque (16111, jwue. de l’anglais jacket C~O~L (19031, arevêtement d’une
w Il a pour dérivé JAQUIER n. m. avec le sufke -tir couronne dentaire imitant l’émail, employé
des noms d’arbres, d’abord sous la forme jacquier comme prothèse dentaire esthétique-. + Le se-
( 16881 pour juquier ( 17791; cet arbre a souvent été cond mot, plus courant, est emprunté (19511 à iac-
confondu avec l’arbre à pain, qui en est très proche. Bizetdans l’un de ses autres emplois relatif& à un ob-
jet couvrant, en l’occurrence la chemise proté-
JAQUEMART ou JACQUEMART II. m, geant la couverture d’un livre (1894).
est emprunté t 1422, dans le domaine kanco-pro-
vençal) à l’ancien proven@ @coPnati, j~quomart JARDIN n. m. semble désigner étymologique-
(14721, lequel est d&ivé de Juqueme, forme proven- ment un enclos : en effet, le mot est probablement
çale pour Jacques. Encore aujourd’hui, le mot vit issu Iav. 11501 d’un @o-roman “hortus gw&w.s,
surtout dans le midi de la France. Le latin médi&a[l proprement #jardin enclcw. Le premier élément,
jaquema&s était l’une des dénominations déri- hotius, est le nom latin du jardin, d’où vient l’an-
vées de jwue I-+ jquette) pour <<cotte de maillesn. cien français orC, ho&, et qui est pas& en français
Jacquemart est attesté avec ce sens vers 1480 (beaucoup plus tard3 dans les composés savants
I+ jacques). hmticole, horticulture* et le dérivé hmtillon, or-t&
+Le mot désigne la figure sculptée d’un homme Zen, terme picard. Son dérivé hortulanw est à l’ori-
d’armes muni d’un marteau et frappant les heures, gine de otiolan” et le nom propre Hotie~~~ius a
d’abord attesté dans un inventaire des biens des fourni hortensia. Le second élément, gurdiws, est
ducs de Bourgogne, puis repris chez Rabelais avec issu d’un francique ‘g& ou “gardo ~clôture» que
une majuscule (1534, Jucqwmartl. La réalité dési- l’on reconstitue à partir de l’allemand Gatien. et de
gnée est bien antérieure puisque c’est en 1363 que l’ancien et moyen français jati, gati [XII” s.1 ajardin-.
Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, fit démonter Ja&n s’est répandu da;ns les langues romanes lita-
et emporter par charrois à Dijon, où il la fit remon- lien gikw&no, espagnol jardin) et a donné knglais
ter, la célèbre horloge de Courtrai, avec ses jaque- garden à partir de la variante anglo-normande
mark (restitués par Dijon en 19611. gurdin.
+Jardin, qui a évincé mort, est util&& dès les pre-
0 JAQUETTE n. f. est le diminutif (1374, @- miers textes pour le jardin de légumes (jardinpota-
quete) de jaque (1374, iwues au pluriel), mot de ger, 1570) et le jardin d’agrément, deux fonctions
genre masculin désignant notamment un pour- souvent rassemblées dans un même espace au
point à manches rembourre, en usage au moyen moyen àge. 0 Depuis 1532 et son emploi chez Ra-
âge, lui-meme de Jacques, sobriquet donné aux belais dans le Jardin de la France &a Touraine>, il
paysans insurgés en 1358 (-+ jacquerie, jacques), est utilisé par métaphore au sens de xrégion fertile,
parce que ce vêtement court et simple rappelait riche». 0 A partir du XVIII~s., il entre dans plusieurs
celui que portaient les paysans. Contrairement à syntagmes, reflets de l’évolution de l’art des jar-
une hypothèse avancée, c’est le mot français, dont dins : en 1732, jardin botanique désigne un jardin
le diminutif jaquet est revenu en tiançais par Yan- où sont cultivées les plantes médicinales; l’expres-
glais, gui est à l’origine des mots correspondants sion désigne aussi El7981 un jardin rassemblant des
dans les autres langues romanes. plantes de diverses parties du monde. Si @‘&II an-
4 Si jaque est seulement un terme d’histoire du cos- @s est attesté depuis 1771, il faut attendre 1814
tume, jaquete puis jaquette (1446) continue d’être pour relever jardin fran@ (1859, jardin a la fran-
DE LA LANGUE FRANÇAISE JARGON

çaisel, bien que ces expressions se réfèrent à un art ploie aussi l’anglicisme ga&n-tenter, dont il est la
des jardins en vogue au xwe siècle. Au xrxe s., Sont francisation).
apparus jardin zoologique (18341,plus tard rem-
placé par zoo, jardin d’hiver 118661,ainsi que jardin 0 JARGON n. m. Comme argot*, ce mot an-
d’enfants (18591, expression modelée sur l’tie- cien, avec des variantes, Iv. 1175 en anglo-normand,
mand Kindergatien, du nom donné à cette institu- 1180 gwgun, 1270 gargon) est d’origine incertaine.
tion par Fr. Frobel, son fondateur en 1840.Jardin Il est probablement issu de la racine onomato-
puMc (v. 1900) désigne une réalité auparavant ap- péique garg- 13 gargoussel désignant la gorge, les
pelée simplement jardin (1836).Jardin japonais est organes voisins et, par extension, leurs fonctions
apparu au ti siècle. +Le mot s’est progressive- P. Guiraud, à partir de ce radical, postule un inter-
ment enrichi de sign%cations symboliques liées à médiaire “gurricape, dérivé galle-roman dn latin
la tradition antique ou chrétienne du jardin (cf. Le gatire qbavarder)), employé aussi, plus tard, à pro-
Jardin. des délices, célèbre tableau de Jérôme pos d’animaux. Le j initial de la forme actuelle s’ex-
Bosch1 (cf. eden, eldorado) et est parfois employé pliquerait par le fait que, dans les mots dont le
par métaphore (av. 1922, Proust) au sens d’ccendroit champ sémantique est plus éloigné de l’onomato-
où s’épanouit qqn, qqch.n (par exemple dans jardin pée, il y a eu une certaine évolution phonétique (qui
secret). 0 Le second membre de l’expression figu- n’a pas eu lieu dans gargouille, gargote, gargariser,
rée ~6th COUTet côté jardin se référe au théâtre, ou gazouiRer, etc.), ou par une alternance expressive
côté jardin (18691,qui succéda à coté du roi, côté de g-i*
la reine, désigne le côté situé à gauche du specta- 4 Jargon s’est d’abord dit d’une langue étrangère et
teur, par allusion & l’orientation de l’ancien théktre inintelligible, ainsi que du gazouillis des oiseaux,
des Tuileries, placé entre le jardin et la, cour du d’une langue propre aux animaux (de 1180 au
Palais. Voir aussi le schéma pages suivantes. XVI~s.). -Il a pris Iv. 1270) le sens de &ngue arts-
b JARDINIER, IÈRE n. iv. 1180) désigne la per- cielle employée par les malfaîteurw d’où, par ex-
sonne qui cultive des jardins, se référant plus rare- tension, celui d’aargotn en générale. II a rejoint cha-
ment a celle qui connaît l’art de dessiner les jardins rabia et baragouin au double sens péjoratif de
(17321, sinon en emploi déterminé Ijurdinier fleu- ((langue incorrecte)) E16111et de ({langage incompré-
titel ou dans un contexte sans équivoque. Aux hensible* ffi ~VI?s.l. 0 II a été repris par les psy-
deux genres, il denomme de petits animaux tié- cholinguistes à propos du parler inintelligible de
quents dans les jardins, comme la cotiilière ( 1694, certains aphaiques (W s.l.
jardinière) et l’ortolan bruant 11817, iurdinkr). .JARGoNNER v. intr., d’abord gargonner
0 Adjectivé au sens de welatif au jardin» (15681, il Iv. 12001,a dès le moyen âge le sens péjoratifflou de
est substantivé au féminin. +JARDINIÈRE n. f. a <parler une langue incompréhensibleti et le sens
développé plusieurs sens métonymiques : depuis technique de aparIer Za langue des malfaîteww
1589,il est utilisé au sens d’aensemble des outils du Cv.1460,Villon), c’est-à-dire l’argot, acception dis-
jardinierm, sens disparu; demeure son emploi en parue. 0 Par rapprochement avec jars, ce verbe si-
broderie (17521, en art culinaire amélange de lé- me aussi (15851 <(pousser son cri (en parlant du
gumes titis)) (18101, pour désigner un récipient re- jars>m.En sontissus JARGONNEUR,EUSE n(l5291
cevant des plantes El8121 et une petite voiture de et JARGONNEMENT n. m. (1968),didactique. + De
maraîcher 11873).0 En rapport avec jardin d’en- jargon sont aussi dérivés JARGONESQUE adj.
fants, il entre aussi, depuis 1935, dans jardinière (15661, mot rare aux XVII~-XVUI~ s., et JARGON-
d’enfants (allemand Kin&r@rtnerin). NIER, IÈRE adj. Id s,) “qui tient du jargon> et car-
JARDINET n. m., d’abord gardinet (1267) =Petit jar- gotique%, ainsi que JARGONAUTE n., création
dim, a recu quelques sens analogiques très spécia- plaismte (1978) de J. Merlino, pas allusion à argo-
hés. +JARDINER v. est apparu au xwe s. avec le naute. + La psycholinguistique a produit les dérivés
sens métaphorique deavoir une aventure galante>>, didactiques JARGONAPHASIE n. f. (1906), JAR-
à rattacher à la locution du moyen français travail- GONOGRAPHIE n. f. IV. 1950)et JARGONOMIMIE
ler es jardin d’autruy afaire l’amour à la femme n. f. (v. 19601,nommant par ce dernier la tendance à
d’autruk ~Terme d’horticulture depuis 1527,il a s’exprimer par des gestes grotesques k@niqueI.
peu à peu décliné en construction transitive au +Un code argotique a été nommé LARGONJI
profit de la construction intransitive ( 16OOl.0 L’em- n. m. ( 18811, déformation de jargon selon le pro-
ploi transitif est plut& réservé à des spécialisations cédé caractéristique de cet argot, qui consiste à
en sylviculture (1548) et en fauconnerie (1562, se jar- substituer la lettre 1 à la première consonne d’un
diner ase réchauffer au soleil en parlant d’un oi- mot, que l’on reporte à la ti du mot en la faisant
seau4 +On a formé sur le verbe JARDINAGE suivre d’un suf6xe libre. Ce procédé, qui semble
n. m., d’abord attesté avec le sens collectif dkn- apparaître au xwle, est bien attesté au xrxe siècle. Le
semble des jardin+ (12811, puis comme nom d’ac- choix du I comme initiale est dû aux prothèses po-
tion (v. 13931,avec un sens spécialisé en sylviculture pulaires du type mon lévier pour mon évier, dues à
(1812) en rapport avec celui du verbe. +JARDI- l’article élidé 1.
NISTE n. (18323, formé pour désigner k’tiste
composant des jardins, pâtit de la concurrence de 0 JARGON n, m. est emprunté (1723,Savary) à
architecte-paysagiste. l’italien gk-gone wariété de diamantn, attesté de-
JARDINERIE n-f. 11974 est un terme récent de puis le ti s. et de même origine que l’ancien fran-
commerce qui désigne un grand magasin destiné à Gais iacunce, jargunce <(pierre précieuse5 et que
la vente de tout ce qui concerne le jardin (on em- l’espagnol zircon I-, hyacinthe, jacinthe).
JARDIN ancien français
E-Are cour et jardin gard, jart -
~-----I’-‘y...
francique jardinet,
Ogaft-, “gardo- jardiner,
((cl6ture )) jardinier,
i-
jardinerie
anglo-normand
gardin - anglais gurden

garden-party-
I garden-party

allemand
- Garten
cc1‘ardin M

ancien français
ort, hort

racine
indoeurophne
et culture ~ horticulture

hortulanus moyen français

<<du jardin a’
hortolan 14jardinier »

italien
ortolan0 ~ ortolan
tt {oiseau) du jardin >b

hortensius
(4 de jardin ” ; -- .__^I -- -.----- Hortense
surnom romain

bas latin
ancien picard
hortellus ~ ortel -
dér. horti I ion
<t petit jardin a>

cohors, cohortis cohorte


1. II enclos, basse-
cour )> dans des noms _ Azincourt
2. <cdivision
troupe
I
du camp,
BB
ancien français
r propres de lieux:

I- cutis r/ CouR 1
lp court
t anglais court - court f-km=
courtois

.--_ italien corte «cour BB


I

corteggiare cccourtiser )a

.- corte& -- - cortège

- cortigiano - courtisan
anglais ancien français
to close closet
XCfermer aa II petit enclos »

l
anglais
closet
I water-closet,
water-closet -waters, W.-C.
vécés

occitan claus
claure CIjardin m

clausa
<ddomaine 1’

latin chrétien
1111-----“----- --- paradis
paradisus
JARRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot, qui désigne (au pluriel) de petits cristaux fiée - chaplologique>j - d’un “jarreterer que l’on
vendus par les droguistes pour de vraies hya- postule par le participe passé jutiré (15713.
cinthes, a reculé au profit de zkon”. Il s’est spécia- JARRETELLE n. f., apparu tard ( 18921,est le déver-
lisé en joaillerie (17521 comme nom du zircon jaune bal de jurreteler «attacher avec des jarretière+,
ou incolore. terme normand relevé en 1596 et issu par dissimi-
lation de “jarreterer. 0 Le mot, qui a vieilli au sens
0 JARRE n. f. est emprunt6 (1200,jure) à l’arabe de <<ruban extensible utilisé par les hommes pour
garra “grand vase de terre> de même que l’espa- tendre leurs chaussettesm, s’est mtitenu comme
gnol jawa CxIIles.1 et l’italien giarra IxIve S.I. La pre- terme d’habillement féminin, et est entré dans le
mière occurrence du mot atteste son emploi composé PORTE-JARRETELLES n.m. (1935).
comme terme usuel du tiançais parlé dans le +@I JARRETER v. intr. ( 1694) se rattache au sens
royaume franc de Jérusalem; de là, il semble être technique de jamet, et correspond à <présenter des
parvenu en France par un intermédiaire italien bosse+, en architecture et menuiserie. +JAR-
11441,alors écrit jarre, forme qui va dominer) et par RETÉ, ÉE adj. (1694) semble distinct de son parti-
un intermédiaire provençd C14491. cipe passé, qutiant un cheval dont les pointes de
4 Jarre, qui désigne un vase en poterie particulière- jarrets convergent l’une vers l’autre et sont parfois
ment utilisé sur tout le pourtour méditerranéen, trop rapprochées.
désigne un vase funéraire, en archéologie. Par ana- Le sens de 4gion postérieure du genoum survit
logie de forme, il a pris le sens technique ( 1820)de dans COUPE-JARRET n. m. (1587, coupe-jaret), dé-
acloche de verre, de cristal, dont on forme les batte- nomination imagée du bandit, de nos jours plai-
ries électriquesm, généralement dans jarre élec- sante ou archaïque#
trique (18571,aujourd’hui archaïque.
JARS n. m, Cv.1174 est d’origine incertaine. Se-
0 JARRE + JARS lon Bloch et Wartburg, il s’agit probablement du
même mot que JARD, @JARRE, JAR (1680; 1260,
JARRET n. m. est probablement dérivé Iv. 1160, gart3 <poil droit et raide mêlé au poil k~ de cer-
garez), au moyen du sufExe -et, du gaulois ‘garra taines fourrures et à la laine des ovidés=. Celui-ci
ajambe*, reconstitué d’après les langues celtiques : est considéré comme issu du francique Ogard
cymrique garr cjwret}}, ancien irlandais g&rri tirnol- aépine, aiguillons, postulé d’après l’ancien haut a&
letsjj, comique gar ~jambe~~,breton gam «jamben. Le lemand de même sens gart. La spécialisation de
même mot gaulois est à l’origine de l’ancien pro- sens de jars s’expliquerait alors par la comparaison
vençal guru NjarretB devenu gwro en provençal de la verge du m&le de l’oie avec une tiguille, une
(-, garrot), La substitution de j à g apparaît au XII~s. baguette (cf. l’évolution sémantique de vergel. Se-
@retI et l’orthographe moderne est fixée au lon P. Guiraud, jars serait plutôt issu de l’ancien
XVIesiècle. hnçais jarse 4mcettes qui a donné jarser C+ ger-
4 Jarret, &gion postérieure du genou chez cer) adonner des coups avec un objet pointu, le
l’homrnen, désigne également (1170) l’endroit ou se bec%, d’après la combativité du jars.
plie la jambe de derrière d’un animal; le mot est 4 Le mot, nom du mâle de l’oie, a développé quel-
employé particulièrement en boucherie et désigne ques valeurs figurées et péjoratives d’usage réao-
le morceau de viande correspondant à la jambe nal: <<mâle du point de vue du comportement
(patte postérieure) et à l’avant-bras (patte anté- sexuel)) (Normandie) et *nia& (Canada), en parti-
rieure). OPar allusion à l&gle et à la saillie que culier dans faire son jars <<faire l’importa& Cà
forme un jarret de cheval, il a développé (1561) le comparer à faire juti, dans le Dauphiné). +Le rap-
sens technique de <bosse, saillie qui rompt la conti- prochement de jars et jurgonner* a suscité un em-
nuité d’une ligne, d’une courbeti, en architecture et ploi de ce verbe sémantiquement dépendant de
en menuiserie. jars.
b Jawet a produit JARRETIÈRE n. f. Enxrrr” s.), b Le nom a produit, probablement par l’intermé-
d’abord attesté sous la forme masculine anglo-nor- diaire d’un dérivé synonyme IgerguudI, le verbe
mande gareter, demeurée en usage dans les par- rare JARGAUDER v. intr. ( 16501 &ccoupler avec
lers normanno-picards. C’est cette forme qui a été l’oie», dont un synonyme régional jurdir, en berri-
empruntée par l’anglais gurter ajarretière)>, lequel a chon, fournit à Bloch et Wartburg un argument en
seni à nommer un ordre de chevalerie fondé par faveur de leur hypothèse Id étymologique de @rd).
Édouard III en 1347-1349. Cet ordre, le plus ancien
et le plus élevé en dignité, a été connu en France à JAS n. m. recouvre trois emprunts successifs au
la ti du xrve s., où l’on relève chez Froissart C!I#~- provençal jets, d’abord attesté sous la forme jatz Uïn
lier du Bleu Cartier; l’expression l’ordre de la J&r- xrr”-début XIII~S.I. Ce mot désigne le gîte d’un ani-
retière semble plus récente 116061.0 Depuis 1360 mal, notamment d’un lièvre; il est spécialisé dans
Cjatire, aussi au masculin jarretierl, le mot désigne les Alpes de Provence à propos d’un parc entouré
une pièce de vêtement masculin OU féminin, d’une petite muraille de pierres sèches, générale-
consistant en un lien servant à maintenir et à ment situé sur un mamelon où, de juin à octobre,
tendre les bas. 0 Par analogie, il a reçu quelques on fait coucher les troupeaux d’ovins (1208, dans
emplois techniques dans lesquels il désigne un fl, une charte des Hautes-Alpes). Plus généralement,
un cordage, et a donné son nom à un poisson très il s’applique à la cabane où l’on enferme le trou-
allongé et rubanné. ehest dérivé @JARRETER peau (1465). Sur les bords de la Méditerranée, le
v. tr. &er par des jarretière@ (15821,forme ~imph- mot provençal s’est spécialisé dans deux autres
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1909 JATTE

emplois, désignant d’une part le rkservoir d’une sa- Cxrv”s.1, l’espagnol cota jucerim (15861 et le latin
line et, d’autre part, en marine, le joug d’une ancre. médiéval jasarinus (lecture proposée pour une
Dans ces trois sens, il est issu d’un bas latin “jacium, forme jufurhus «couleur de safran», 103 1). Le mot
proprement *lieu où l’on gît, où l’on est couché=, est emprunté à l’arabe &zü’iti «d’Alger>), du nom
mot ayant des représentmts dans les domaines ita- de la ville où l’on importait ces cottes de mailles.
lien, catalan et occitan, dérivé du latin classique ja- +Le mot, conservé dans son usage substantivé, a
cere &tre couché, allongés (+ gésir). d’abord désigné une côte de mailles légéres @n
4 En français, le mot désigne d’abord (1580) le pre- XII~ s.l. -Qll désigne par extension une chaîne d’or à
mier bassin où l’on fait entrer l’eau de mer dans les maille tic dont on fait des colliers (15271 et, par
marais salants et, par métonymie 11867, Littré), le analogie, un gros bouillon de broderie en fil métal-
tuyau en bois qui permet l’entrée de l’eau. Ce sens lique (18231.
se rencontre surtout en Vendée et en Charente.
+ Un autre emprunt a été effectué en marine (16431 JASMIN n. m. est emprunté (XIV” s.1avec des va-
à propos de la pièce de métal transversale dune riantes (1512, jussemin; 1569, jasmin) à l’arabe jus-
ancre, destinée à faciliter l’accrochage des pattes mtn de même sens, lequel est emprunté au persan
au fond. +Un troisième emprunt, plus tardif, a in- yüsamïn, ykamun, yàsumün. Le mot est égale-
troduit le sens de <<parc à moutons, bergerien (1840) ment passé en grec hamê~, en latin médiéval tius-
dans une aire géographique couvrant les Alpes et minuml Iv. 12401, en italien tgelsominol et en cata-
la Provence, ll est connu par les noms des lieux- lan Cgessumil.
dits, en Provence. 4 Le mot, apparu dans le syntagme oile [huile1 de
JASER v. intr. est probablement issu (1538; jasmin, repris sous sa forme moderne en 1573, dé-
v. 1500, gctser) d’un radical onomatopéique Ogus- signe l’arbuste (1512) et, par métonymie, sa fleur
par l’intermédiaire d’une forme normanno-pi- (1569, Ronsard), son parfum et l’essence parfumée
carde gaser (+ gazouiller). qu’on en extrait.
4 Le verbe signifie proprement aémettre une suc- b Au me s., les chimistes ont dérivé du radical de
cession de petits crise en parlant d’un oiseau, spé- jasmin JASMONE n. f. (1907) Ncéto*ne que l’on
cialement pour le geai, d’ou guser comme un geai trouve dans le jasmin)).
(v. 15001,le perroquet et la pie (dans l’expression ju-
ser comme une pie borgne). OPar analogie, il est JASPE n. m. est emprunté cv. I 1191 au latin ias-
utilisé en parlant d’une personne pour ubabillern et, pis, juspis, lui-même repris au grec ius@. Ce der-
au Canada, comme synonyme de bavarder, ru- nier est un emprunt d’origine orientale que I’on
conter. Ronsard, déjà, faisait jaser ruisseaux et gre- rapproche de l’hébreu y&peh et de l’akkadien
nouilles. * Comme de nombreux verbes de parole, y&@, mtis le mot sémitique peut lui-même être
il a développé une valeur péjorative au xwe s. (mais emprunté à une langue indéterminée.
dès le XVI@s., on relève se jaser ase moquer4 : il 4 Jaspe, nom d’une pierre opaque très dure aux
connote la frivolité, l’indiscrétion relative à un se- nombreuses variétés bigarrées, désigne par analo-
cret que l’on devrait garder (16781 ainsi que la mé- gie, en reliure, la couleur dont on marbre la page
disance (16901, cf. cancaner. + Le participe présent de garde ou la tranche d’un livre (16803.
JASANT, ANTE est parfois utilisé comme adjectif;
k L’idée de Gbigarruren est réalisée par JASPÉ, ?kE
l’argot a employé le féminin substantivé jasunte au
adj. (15521 «marqué de taches colorées comme le
sens de *prière= (18831, en relation avec un sens ar-
jaspe,, et JASPER v. tr. (1564) abigarrer (un objet,
gotique du verbe.
une matière)», d’usage général et technique 11671
b Au xwe s. sont apparus JASEMENT n. m. (15381, en reliure). +Le verbe a donné JASPURE n. f,
son synonyme familier et rase JASERIE n. f. (15381, (1606; 1557 écrit jusprure probablement d’après
et JASEUR, EUSE adj. CV. 15303, qui qutie les per- diaprure) et JASPAGE n. m. 118731, ce dernier ré-
sonnes bavardes, substantivé 115381 et, plu5 tard, servé à une opération technique.
appliqué à un passereau (1731) puis, en argot, au @ voir DIAPRER.
prêtre et à l’avocat général. 6 L’argot a par ailleurs
utilisé le radical de jaser pour former JASPINER JASPINER +JASER
V. intr. (1718) cjaser, bavarder= par croisement avec
le verbe dialectal jaspiner “japper souvent et peu
JATTE n. f., d’abord gute 0180), iute Ixme s.) puis
forta I+ japper). oLe verbe, à son tour, a produit
jatte 113931, est issu de ‘gubitu, forme tardive du la-
JASPIN n. m. <bavardagen (1865 ; V. 1628 employé
tin gabutu *écuelle, jatten, mot populaire.
au sens de =ouid, JASPINEUR, EUSE adj. 118461 et
JASPTNAGE n. m. (18831. 4 Le mot tend à vieillir au sens de *vase arrondi très
évasé sans rebord ni anse>>,sinon dans des parlers
JASERAN ou JASERON n. m. est la réfec- régionaux et en lançais de Belgique. Il n’a pas
tion en deux étapes, sous la forme juserant En gardé le sens de <bassin à laver= qu’il a eu du xve au
XII~ sd, puis jasera?% (1527, jasirun) ou jaseron (18231, xwe siècle. Comme tous les noms de récipients, il
de l’ancien français juzerenc (lOSO), employé adjec- est utilisé par métonymie au sens de acontenu
tivement pour *fait de mailles de fep. Ce mot est d’une jattefi Cl856), en concurrence avec JATTÉE
déjà une adaptation d’un type plus ancien, disparu n. f. Cdéb.xwe s.), d’usage limité. * ll entre dans le
sans passer dans les textes, “jaserin, reconstituée syntagme courant cdck-jatte, démotivé, où il cor-
d’après l’italien gkzurino <cotte de mailles~ respond à +uppoti platn I-+ cul).
JAUGE 1910 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

o> JAUGE n. f. est issu (l260) du kncique de ration d’une autre couleur Ile vert, le blanc en par-
même sens “gulga, pluriel de galgo ~perche~, l’ins- ticulier). 11est employé dans quelques syntagmes
trument composé de deux perches, avec lequel on lexicalisés dès le XVI~s., puis dans fièvre jaune
jaugeait les récipients. Cet étymon a été reconsti- 118141, métal jaune 4’0~ 11834, Balmcl, race jaune
tué d’après l’ancien haut allemmd galgo apotence, 11840) dés@& les Asiatiques, et péti jaune
gibets (allemand Galgen), son genre féminin étant acausé par la race jaune», dont le sémantisme, de
awré par le néerlandais galge. La forme nor- toute façon raciste, s’est déplacé du plan démo-
manno-picarde gauge a donné l’anglais gauge, de graphique au plan économique. 0 Les emplois abs-
même sens. traits du mot, souvent péjoratifs, s’inscrivent dans
4 Juugg, <capacité que doit avoir un récipient déter- le prolongement d’ye ancienne symbolique mé-
min&, a développé en marine le sens technique de diévale : couleur de Z’Eternité, le jaune joue un rôle
*capacité abique intérieure d’un navire Ien ton- Important dans les vêtements sacerdotaux ; mais,
neau)B (17231, utilisé dans le langage juridique et en couleur terrestre, il est aussi l’attribut de Judas,
yachting. + Depuis 1867, toujours avec l’idée de me- stigmatisé par la trahison et il représente le soufre,
sure, il désigne la quantité de mailles existant dans instrument des forces lucifériennes. Cette tradition
une surface donnée de tricot. +Depuis le moyen infâmante se perpétue dans étoile jaune, insigne
français, il désigne par metonymie (1467) un instru- imposé aux juifs par les nazis en référence à un
ment servant à furer la jauge, sens avec lequel il usage médiéval, et précédemment passeport jaune
compte plusieurs emplois techniques et, par ex- (1859, sur papier jaune) apa+sseport des anciens for-
tension de fonction, se rapporte à l’instrument ser- çats)). 0 Quant à maillot jaune (1919, + maillot}, vê-
vant à évaluer une grandeur physique (tempéra- tement qui distingue le premier au classement du
ture, épaisseurI. Tour de France, tout au long du Tour, l’expression
b Le dérivé JAUGER v. tr. Cv.12601, outre des em- vient de la couleur du papier du journal Z’Équipe,
plois techniques correspondant à ceux de jauge, parrain de l’épreuve, à cette époque, tout en utili-
notamment en marine (v. 1680), a développé (1787) sant le symbole positif de la coulew solaire. 0 C’est
le sens figuré assez courant d’aapprécier rapide- une opposition à rouge qui a fait appeler syndicats
ment par un jugement de valeurn. *Ce verbe a jaunes les syndicats créés en 1899 pour agir en col-
produit JAUGEAGE n. m. (1248 gaujuge, refait en laboration avec les classes dirigea;ntes, leur em-
jaugeage* 1611) et JAUGEUR n. m. 11248, guujeorl blème étant un brin de genêt et un gland jaune
nom d’ouvrier et (19121 d’appareil, tous deux (cf. ci-dessous la substantivation). +Jaune, substan-
d’usage technique. tivé dès le XII~ S. Iv. 1165), se prête à de nombreux
DlbAUGER v. intr. 11834) s’applique à un navire emplois métonymiques, désignant un objet par sa
qui n’est plus dans ses lignes d’eau, est exhaussé. couleur (1538, jaune d’œ&, une matière qui teint
0 Par transposition au domaine de l’aviation, il se en jaune (1669k 0 Un, une Jaune se dit aussi, avec
dit d’un avion dont On diminue le poids au moment une connotation raciste, d’un Asiatique de race
du décollage. Un emploi transitif exprime l’idée de jaune (1867, les Jauned, et aussi d’un membre d’un
*soulever Iun navire, la partie immergée d’un na- syndicat jaune (1899) et, par extension, d’un ouvrier
vire))). C’est dans les deux cas un terme technique. refusant de prendre part à une grève. 0 La symbo-
lique négative de la couleur est k l’origine d’em-
JAUMIÈRE n. f. est l’altération mal expliquée plois parallèles à ceux de l’adjectif, d’une allusion
(16671 de heaumière 11573) {couverture pratiquée au cocuage où jaune exprime une idée d’infâmie
dans la voûte d’un navire pour le passage du gou- (en locution être peint en @we &tre trompé par sa
vernail», lui-même dérivé de heaume abarre du femme))). +L’usage adverbial du mot se borne à la
gouvernail, (15521, mot distinct de heaume locution rire @une Ixvw” s.l.
<casque+ Il est emprunté au moyen néerlandais b JAUNISSE n. f. (XII~s.), réfection de jalnisse,
helm, mot dont la racine, qui se retrouve dans l’an- d’abord @on& (v. 11003, désigne une maladie du
cien norrois hj&m, le vieil anglais helm (v. 7251, se- foie (hépatite) colorant le teint en jaune et, par ana-
rait peut-être indoeuropéenne. logie, une maladie des arbres ( 165 1) et des vers à
+Jaun&e est en concurrence avec trou de @u- soie 11742). La locution familière en faire me @U-
mière l’orifice laissant passer la mèche du gouver- nisse correspond à Gprouver du dépit*. *Plu-
na&. sieurs adjectil% insistent, dès l’ancien français, sur
l’idée d’une -couleur altérée, sans éclatu, tels JAU-
o> JAUNE adj., adv. et n., d’abord jakw 110803, est NASSE @in XII~s.), ultérieurement JAUNÂTRE
issu du latin gdbinus, dérké de gaZbus -vert pâle, i15301. * JAUNET, ETTE adj. (11253 an peu jaune*,
jaune-vert», mot d’origine inconnue mais dont le n’est pas péjoratif. Il est substantivé pour désigner
radical gai- fait supposer un goupe de mots in- de petites fleurs jaunes, dites aussi jaunet d’eau
doeuropéens. Galbinus, qui traduit le grec khlôros (15391, un oiseau jaune, le serin, et pour «pièce d’op
(3 chlore), a supplanté en latin de Gaule les dé- ( 16401, -et correspondant alors à l’idée de petitesse.
signations principales du jaune en latin : fIavus JAUNIR v. 11213) crendre jaune> et comme intran
<jaune clair, brillantb (d’où flavescentl et fuk4,s sitif «devenir jaunex, a donné l’adjectif JAUNIS-
<jaune foncé, brilla&. SANT, ANTE Cv.15501, à partir de son participe
4 Dès l’ancien français, jaune acouleur de l’or, du présent, ainsi que les dérivés JAUNISSURE n. fa
s&anm exprime aussi la couleur parcheminée d’un (15641, JAUNISSEMENT n.m. (16361, et le teme
visage, dénotant fatigue ou maladie i12651, et YaM- technique JAUNISSAGE n. m. 08811 adonrrem.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1911 JAZZ

JAVA n. f., attesté depuis 1901, est d’origine in- F Les dérivés du mot se sont éteints, exception faite
connue : l’emploi comme nom commun du nom de de JAVOTTE n. f. (1840), contraction de javelotMe
l’île de Java est à écarter, de meme que l’idée d’une (18321, terme technique appliqué à une masse de
corruption supposée auvergnate de ça VU en cha fonte qui soutient les grosses enclumes ou l’en-
VU, d’où java (proposée par A. Boudard). Une forme clume d’un marteau-pilon. + On rencontre encore
du verbe aller ou du verbe avoir (j’ai, il ~a...) est pro- quelquefois le préfixé ENJAVELER v.tr. (1352)
bablement en cause. disposer en javelles les céréales coupéew lequel
4 Le mot, d’abord argotique, désigne une façon de avait absorbé le simple juveler (XIII~ s,).
danser en remuant les épaules 11901, faire la Java> JAVELOT n. m. est un terme dont l’aire d’ori-
et, par métonymie, une danse saccadée à trois gine est limitée au domaine d’oïl : on y distingue le
temps (1919, danser lu java), raxnenée d’Argentine type anglo-normand guveloc ( 1140) et le type javelot
et en vogue dans les bals populaires des faubourgs. CI 1351. Étant donné la localisation des formes en -oc
0 Le mot s’est répandu dans l’usage populaire et qui semblent originelles, il est probable que le mot
familier avec les sens dkstuce, manwwre~ (1935, soit emprunté à l’anglo-saxon zufeluc par une va-
connaître la juw, sorti d’usage) et de afête, nocen riante “zufeloc que l’on reconstitue d’après le vieil
(1951, paztir en java), très courant en milieu rural. mglais gufeluc, le moyen anglais guvelock (encore
b JAVANAIS, AISE adj. et n. m. recouvre lui aussi dialectale et terme d’histoire). ZufeEuc, qui désigne
deux homonymes à dissocier: le terme ethnique une arme de jet légère, est abondamment attesté
11813; on a dit @WI, 15981, correspondant à l’île de dans les gloses, de la h du xe au début du XII~ s. ;
Java, n’a probablement rien à voir avec la désigna- c’est un mot d’origine celtique, correspondant en
tion populaire (1857 ; 1855 par aksion) d’un pro- cymrique soit à guflo& afourche, lanceti, soit à gu-
cédé argotique de déformation systématique des fZog afourchw. Dans le premier cas, le mot serait
mots au moyen d’un Inde UV, sinon par calembour. emprunté à un ancien brittonîque ‘gubul-ukko que
Le procédé semble se référer au verbe avoir : de la l’on déduit du breton guuloc’h “qui a de longues
conjugaison de j’ai en j’avais, on serait passé à cuisses- ; dans le second cas, le mot est emprunté à
j’uvuvais, le rapprochement avec le nom des habi- “guk&àk-o que l’on déduit du breton guolek: afour-
tants de Java fournissant la hale. chu>, les deux formes remontant à un celtique pri-
mitif ‘gubal ufourchen. Certains, à l’encontre de
JAVEL (EAU DEI n. f., attesté pour la pre- cette hypothèse, font valoir que rien ne prouve que
mière fois en 1830 sous la forme incorrecte eau & le javelot ait été d’abord une arme fourchue. Les
javelle, vient de Javel, nom d’un ancien village de la formes en -0t qui se sont imposées et généralisées
banlieue de Paris devenu aujourd’hui un quartier sont issues des formes anglo-normandes, par subs-
du XV” arrondissement (autour de la station de titution u suf5xe -0t (plus familier3 à la finale -oc.
métro Javel), où se trouvait une usine de produits L’hypoth a e d’un rattachement direct au gaulois
chimiques, créée en 1777. ‘gubuEuccos, “gubulus qfourchep, proposée par
+ L’usage courant tend à employer javel Ide lui, par Wartburg, est moins satisfaisante pour la géogra-
ellipse de la forme complète eau de javel. phie linguistique.
b Le nom a produit JAVELLISATION n. f. (1916) et +Javelot, aarme de trait)>, désigne aussi, depuis
JAVELLISER v. tr. (19191 dont le participe passé 1880, un instrument de lancer en athlétisme; par
JAVELLISÉ, ÉE est adjectivé. métonymie, il désigne la discipline olympique du
lancer du javelot.
JAVELLE n. f., d’abord gevele Iv. 11601, guvele b Son dérivé JAVELOT~ ÉE adj. (1963) est utilisé
(v. 11901, puis javelle (v. 12501, est issu d’un latin po- en handball pour quaMer un tir au but fait de loin,
pulaire “gubellu dont on a une transcription en ja- qui évoque le lancer du javelot. +Le radical de ju-
vellu dans un carkulaire de Chartres en 846. Ce velot a servi à former JAVELINE n. f. ( 1451) arme
mot, également passé dans l’espagnol gutillu et le de jet plus mince et plus légère que le javelotD.
portugais gavelu, est d’origine gauloise, comme
l’indique l’irlandais gubul ~aisirn, et désignait ce JAZZ n. m., d’abord jezz (19181, puis jazz 119201,
qu’on rassemble par tas, par poignées. est emprunté à l’a;nglo-américain jazz employé
+Le mot désigne chacune des poignées de blé, d’abord parmi les Noirs et attesté au double sens
coupé pour en faire des gerbes, que l’on couche sur de <dansen (1909) et de “genre musicaln Cl917). Son
la terre, et aussi un fagot d’échalas, de sarments de étymologie reste obscure en dépit de nombreuses
vigne (13071, sens très vivants régionalement. hypothèses : pour les uns, ce serait un mot d’ori-
0 L’accent mis sur la notion de monceau lui a valu gine africaine ou une forme issue du nom de Jasbo
en ancien français le sens figuré de «tas (de vic- Brolulz, musicien noir. L’étymologie la plus sérieuse
times)s (v. 1190) qui a disparu, et, ultérieurement, (attribuée à Lafcadio Hearnl fait allusion à un verbe
des emplois t ethniques. 0 Javelle s’est dit d’un tas argotique noir, en usage à la Nouvelle-Orléans vers
de huit morues séchées (1867, Littré) et pour le tas 1870-1880, qui signifierait aexcitern avec une conno-
de sel provenant du raclage des tables salantes tation rythmique et kotique. Bien que d’un emploi
( 1893). 0 La locution figurée tomber en javelle très courant, le mot a maintenu en tiançais la pro-
(17041, d’abord en parlant d’un tonneau dont les nonciation dj de l’initiale.
douves et les fonds se séparent, puis avec une va- + Le mot, d’abord relatif à une danse négro-améri-
leur générale de atomber en pièces>, est sortie Caine, sur une musique syncopée apparentée au
d’usage. ragtime, désigne ( 192 1) une musique des Noirs des
JE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

États-Unis ou inspirée de son style. Historique- le principe auquel l’individu attribue ses actes et
ment, il correspond à une musique faite par le ses états; selon les philosophes, il est soit opposé,
peuple, issue du blues et du gospel song (+ gospel). soit assimilé à moi (+ moi).
Né dans le sud des États-Unis, notamment à la
Nouvelle-Orléans, le jazz, émigré à Chicago, puis +& JEAN n. m. correspond à différents emplois
dans tous ‘tes Etats-Unis, est devenu une musique lexîcalisés (attestés à partir du xv” s.1 du prénom
universelle, écoutée par les Noirs, surtout pour la Jeun, anciennement Johun, Jehun, issu du bas latin
danse, puis par des publics de plus en plus variés (à Johannes, d’origine hébrtique.
partir de 1920- 1930). Les styles se sont allers suc- +Jeun, prénom masculin très répandu, a eu une
cédé, engendrant des expressions comme jazz-h& fortune particulière dans le lexique et la phraséolo-
(<<chaud)>, d’après l’anglais bot @zz) et des caracté- gie populaires. Employé seul, il a désigné le sot, le
risations de style, de swing* (dans les années 1935 niais (xv” sd, comme Jacques*, le cocu (14571, le curé
19451 à rythm and blues. Vers 1955, Ie jazz devient (1616, messire Jean). 0 ll s’est employé dans le vo-
une musique plus savante, avec le be-bop ou bop, le cabulaire du jeu de trie-trac, d’abord dans la lo-
fiee-jazz ajazz libren lui succédant (v. 1965). Par ail- cution faire jean «faire deux points au jeun (Rabe-
leurs, le jazz ancien et classique fait l’objet de reyi- lais), et pour tout accident par lequel on peut
vals I~renaissances~l et le jazz moderne élaboré gagner ou perdre des points au jeu WBO1. Tous ces
coexiste avec des formes populaires influencées emplois ont vieilli ou disparu, de meme que cer-
par la pop-music et le rock*. tains usages comme élément de composés à valeur
b Relativement ancien, JAZZ-BAND n. m. ( 1918) est dépréciative, jean-bête 4mbéciles ; jeun qui ne peut
emprunté à un mot américain qui signifie <or- &npuissant* ainsi que de pseudo-noms propres
chestre han& de jazz» ( 1916). Le mot et la chose se désignant certaines professions : jeun Guillaume
sont répandus en France à la fin de la Première c<bourreaun ; jean-Farine «bouffon de comédie>
Guerre mondiale, d’abord dans des noms propres (16561; jeun de la Suie <<savoyard, ramoneurs.
d’orchestres annoncés par les publicités des music- D’autres composés concernent des objets : jeun des
halls parisiens, ~Après avoir suscité le dérivé Vignes win~ (v. 1550) ; jean du Bos cbâtonn (v. 1550) ;
JAZZ-BANDISME, n. m. @zz-band s’est démodé jeun le Blanc «ostie (chez les protestant& ( 1611) ; je-
dès 1935, remplacé par orchestre de @zz ( 1925) ou hun I’Enfumé «jambonm 11612) ; tous ces pseudo-
par jazz tout court (un jazz, 1920). 4JAZZMAN noms ont disparu Quelques composés plus fré-
n. m. (avant 1948) est emprunté à l’angle-américain quents ont resisté (voir ci-dessous). 0 Jeun a enfin
jazzman Iv. 1930 ; une première fois en 19061. On serviàdénommer diversesespècesanimales etvé-
note quelquefois la graphie jazz-mun ( 1960). duzz gétales, dès le XIVes., par allusion à la période de la
a produit depuis le milieu du ti s. JAZZISTE n. Saint-Jean.
119431; JAZZISTIQUE adj. 119541,didactique; JAZ- + JEAN-FOUTRE n. m., attesté dès 1657, en 166 1
ZIFIER v. ( 196 11,adaptation de l’anglais to @zzi& sous la forme janfoutre, s’est maintenu avec la va-
(19221 qui a supplanté iazzer ( 1923) répondant à leur injurieuse (11750) de “propre à rîenn et de
l’anglais tojuzz; JAZZTQUE adj. (1971); JAZZO- alâche, personne sans dignité» (17921, produisant
LOGUE n. (19711. 0 L’emprunt à l’adjectif anglais JEAN-FOUTRERTE n. f. 1179o1, dénomination du
JAZZY semble récent, dans un emploi extensif, caractère et d’une action de jean-foutre, 0 On lui
évoquant une atmosphère, un style. connaît la variante atténuée JEAN-FESSE n. m.
(1609) et la forme euphémistique JEAN-SUCRE
JE pron. pers. est issu (1080) d’un latin tardif eo n. m. (av. 1842, Stendhal), qui a disparu, -GROS-
(we s.1, de même que tous ses correspondants ro- JEAN n, m. =niaisn n’a eu cours qu’au XVIII~s. mais
mans, l’ancien français eo, io (8421, 1’itaJien io, i’es- s’est maintenu dans la locution relativement
Pagnol yo, le portugais eu et le roumain eu. 230est la usuelle être Gros-Jean comme devant (1678) qui té-
contraction du latin ego, qui a des correspondants moigne aussi de l’ancien emploi de devant à valeur
dans plusieurs langues indoeuropéennes, le grec temporelle, pour {{avant Cd&. bJEAN-DE-NI-
egô I-+ ego), et, sans voyelle bale, le gotique iJz, le VELLE n. m. (av. 1660, Scarron) 4âche» est sorti
vieil islandais ek, etc. 0 D’abord employé par la d’usage, le nom lui-même étant encore COMU par
langue littéraire pour mettre la personne qui parle me chanson (C’est le chien de Jean de Nivellel,
en valeur et l’opposer à d’autres, ego a pris de + JEAN-JEAN n, m., réduplication 11828) de Jeun,
bonne heure, dans la langue parlée, le simple rôle s’est appliqué à un conscrit niais avant de désigner
d’exposant de la première personne; l’affaiblisse- en général un niais; il est archtique.
ment de son rôle peut expliquer le passage à la JEANNOT n. m., diminutif de Jeun, a été lui aussi
forme eo. ~L’ancien français possède une grande lexicalisé au sens de *sot, nia& 11397, Jehunnot),
variété de formes tgié, jeo, jol résultant de divers s’employant également comme adjectif et en appo-
traitements phonétiques de eo selon que la force sition, fournissant à La Fontaine l’appellation du la-
d’accent était maintenue ou non. La forme atone je pin Ueunnot lapin, 16781 par allusion à la naïveté
viendrait elle-même d’un affaiblissement de io. prêtée à l’animal. 0 D’après le nom d’un person-
+Je, pronom personnel, est accolé à une forme ver- nage de niais, affecté d’un défaut de langage et po-
bale conjuguée, sauf dans la formule juridique je pularisé par Dorvigny Uunot, ou les battus paient
soussigné, vestige de l’usage ancien de je comme l’amende, w9, il a produit JEANNOTISME n. m.
forme forte accentuée (encore attestée au XVIIeS.I. (1779) OUJANOTISME n.m. (1828~18291, appliquéà
+Je est substantivé comme nom invariable ne, un la niaiserie et à un défaut de style consistant à in-
jel, spécialement en philosophie 11871) où il désigne tervertir certains membres de phrase, provoquant
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1913 JÉSUS
des équivoques burlesques. Ce dérivé est sorti MIER v. intr. 11857, repris au xx” s.), à peu près
d’usage. inusité.
JEANNETTE n. f., diminutif de Jeanne, féminin de + Voir JERRICAN.
jean, a été leticalisé comme nom d’objet. Après
avoir désigné une étoffe, une fourrure ( 15481, il s’est JEREZ + XÉRÈS
dit d’une espèce de plante mal défmie (16151, puis JERK n. m. est emprunté 11965) à l’angle-améri-
du narcisse des poètes (1845). Q Il désigne aussi tain jerk, nom d’une danse consistant à imprimer
une mince chaîne d’or à laquelle s’attache une des secousses à tout le corps, spécialisation de sens
croix, portée par les femmes sur la gorge 117821, et, de l’anglais jerk «secousse, saccaden (xvres.1,égale-
par métonymie, cette croix (1812) également nom- ment aspasme musculaire> en physiologie ( 18051.
mée crojx ii la jemette (1867). C=Par une autre fi- Ce mot, synonyme des formes anciennes jeti
gure, inexpliquée, il se dit couramment de la plan- (XVI” s-1et yerk, serait d’origine onomatopéique,
chette de bois servant à repasser les manches des
4 Le mot est passé en français avec la vogue de la
vêtements (1922). - JEANNETON n. f., le diminutif
danse. +Il a produit JERKER v. intr. (1966).
hypocoristique de Jeannette, s’applique depuis
La Fontaine ( 1669, junneton) à une Elle de moyenne JÉROBOAM n. m. est emprunté (1897 A. Her-
vertu. mant) à l’anglais jeroboam (18161 <<grande coupe»,
0 voir DON JUAN, YANKEE.
( 1889) “grande bouteille de vin,, du nom de Jero-
boum, roi d’Israël «fort et vaillant>> IRork, XI, 28) et
JEAN, JEANS + BLUE-JEAN
“qui a fait commettre (des péchés) à Israël))
JEEP n. f. est emprunté Iv. 19421 à I’anglo-arnéri- CRois, XIV, 26).
tain jeep 119411, nom donné à une voiture tout-ter- 4Le mot désigne une grosse bouteille de ti ou
rain construite par Ford pour l’armée américaine. d’alcool, généralement de champagne, d’une
Le mot est la retranscription de la prononciation contenance de quatre bouteilles ordinaires (ou
des initiales des G. P. Cdjipil, de General Purpose deux magnums).
<tous usages-, influencée par le nom d’un per-son-
nage de bande dessinée, Eugene the Jeep, à l’astuce JERRICAN ou JERRYCAN n. m. est em-
prunt é (1944) à l’anglais jerrycan, jerry-tan ou ierri-
et à la force légendaires (dans Popeye, créé le
16 mars 1936 par E. C. Segar).
cane n. (19433 -gros bidon servant au transport de
produits pétroliers». Le mot est formé de Jerry, di-
+Le mot appartit en francais vers 1942 mais il ne minutif de Jeremy (+ jérérniade) et sobriquet donné
s’est diffusé massivement qu’au moment du débar- par les Anglais aux Allemands en 1914 (probable-
quement des Américains en France, en 1945. Jeep a ment par altération de Gemzan 4Ilemand4, et de
normalement pris le genre féminin en tiançais cari arécipient ». Ce dernier a des correspondants
d’après voiture et automobile (il est masculin en dans les langues germaniques, mais pourrait être
français du Canada). apparenté au bas latin cunnu (VI~s.), à l’origine de
JE-M’EN-FOUTISME + FOUTRE
l’ancien français chuvlne, chane <cruche, vaisseaum.
L’objet désigné a été emprunté par l’armée an-
JE-NE-SAIS-QUOI ou JE NE SAIS glaise aux troupes allemandes et adopté par les
QUOI pron. indéf. et n. m. inv. est relevé pour la forces alliées pendant la Seconde Guerre mon-
première fois à la fm du XI$ s. sous la forme ellip- diale.
tique ne sai quoi au sens de «quelque chosen. $ Le mot désigne un bidon quadrangulaire à poi-
+ Depuis 1531, l’expression est employée adjective- gnée, d’environ vingt litres, utilisé notamment pour
ment pour qualifier un être ou une chose indétis- stocker et transporter du carburant.
sable; substantivé au XVII~s. 116391, il correspond a JERSEY n. m. est emprunté (16671 à l’anglais
NéEment, chose indéfînissable~~. L’expression est
Jersey, nom de la plus grande île de l’archipel an-
érigée en concept philosophique par Jankélévitch
glo-normand, réputée pour ses ouvrages de tticot.
dans Le Je-ne-sais-quoi et le Fresque rien C19%‘). En anglais, le mot a d’abord le sens d’c<ouvrage tri-
JÉRÉMIADE n. f. est dérivé, au moyen du suf- cot& (1583, jur11~~1 puis de avêtement collant», qu’il
tic -ade (17381, du nom du prophète Jérémie Were- s’agisse d’un tricot de corps ou d’un chandail, va-
mias en latin), auteur du livre des Lamentations à leur (déb. xY s.1 spécialement appliquée au tricot
propos des malheurs de Jérusalem. des marins,
$ Le mot a passé en français au sens aujourd’hui ar-
+ Le mot, généralement employé au pluriel, est at-
chaïque de claine, drap,de Jersey)}, mais ne s’est ré-
testé pour la première fois en 1738 mais une cita-
pandu qu’à la &n du x12 s. au sens de *pull-over
tion donnée par Trévoux Il743 laisse penser qu’il
moulant» ( 18811, lui aussi hors d’usage (mais cou-
est antérieur ; dès 1648, on relève l’expression an-
rant en espagnol). 0 Son sens moderne de «tissu
cienne fuire le Jérémie ase lamenterm, dans le style
tricoté, souple, présentant le même aspect qu’un
burlesque. Elle témoigne du retournement iro-
tricot à la main au point de jerseyx est attesté de-
nique, péjoratif, de l’éloquence ardente du pro-
puis 1899, et l’expression point de jersey depuis
phète biblique.
1930.
b Le radical de jérémiade a seti à former le verbe
rare JÉRÉMIADER v. intr. (1845, proposé par Ri- JÉSUS n. m, est la lexicalisation du nom propre
chard de Radonvilliersl, encore employé, et JÉRÉ- Jésus, transcription du latin chrétien Jesus, corres-
JETER 1914 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pondant au grec Iêsous. C’est l’adaptation de l’hé- sens propres et figurés réalisa& l’idée d’un mouve-
breu tardif ou de l’araméen yëshiia’, antérieure- ment vif en fonction de la nature de l’objet, de l’in-
ment y’tishua’ c<Joshuam, expliqué par dah ou tention et de la nature du sujet. Dès la ti du xe s., il
Jahvé est le salut)) et à rapprocher de l’hébreu est attesté au sens de apousser vivement (qqn) à
y’shu’ah «salut, délivrances (cf. Mutthieu 1,121 : celle l’extérieurm, d’abord avec un adverbe signifiant
enfantera un f?ls, auquel tu donneras le nom de Jé- cdehorsn puis absolument ! 11301, sans que cet usage
sus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses pé- ait la même familiarité qu’aujourd’hui. 0 À la
chés*). Nom propre juif fréquent donné au fonda- même époque (v. 9801, on relève le sens de «déter-
teur du christianisme, il est passé comme tel en miner par le hasard (du jet des dé&, surtout réa-
grec et en latin puis dans toutes les langues de la lisé en fkançais classique dans les locutions le sort
chrétienté . en est jeté ( 16361, les dés sont jetés ( 16 11, le dé en est
+ Le mot apparaît d’abord dans des emplois se réfé- jeté) et, depuis la Rena;issance, dans jeter ZUIsort,
rant au Fils de Dieu, mort sur la Croix, fournissant dont la valeur «ensorceler» ( 1549) s’est substituée à
une interjection E1496, &~SUS), étoffée en doux Jé- 4rer au sort- (v. 980, jeter le sort). 0 Dès le xre s.
sus!, toujours en usage Jésus Dieu! (archaïque) Jé- Iv. 10501, jeter est attesté au sens de «lancer un ob-
sus Maria (15731, puis Jésus Marie Joseph, et tradui- jetm, soit dans l’intention de l’abandonner, de le
sant l’admiration, la peur, la surprise, la joie. 41 se donner El 1603, soit dans celle de le faire tomber
spécialise en imprimerie, désignant un format de (1080); au XII~ s., il commence aussi à s’employer au
papier de grande dimension dont la marge portait sens de efaire jaillir hors de soi>>en parlant de cris,
à l’origine le monogranrme de Jésus, J H S (16331, et de larmes, puis (1176) de paroles. 0 À partir de La
en numismatique pour une monnaie de Genève Chanson de Roland (10801, il a le sens de Nrépandre,
sur laquelle figurait ce même monogramme. -3 Il émettre, diffuserm et de (<placer, mettre* (sans soin
s’emploie aussi comme appellatif affectueux ( 1753) ou au contraire solidement, comme dans jeter un
en référence aux représentations de Jésus enfant fondement, expression relevée en 1230 en archi-
(18401, alors en concurrence avec ne1 petit Jésus. tecture), ainsi que de &ncer pour se débarrasserm.
* Il semble que le sens argotique de cjeune ho- 0 Au XI~ s. apparaissent les sens de «lancer pour
mosexuel passif)) 11835) soit moins une spécialisa- répandre>> Iv. 1130) et <<fairemouvoir (une partie de
tion à partir de cet appellatif et de l’idée de #jeune son corps)~ (11501, ce dernier réalisé au figuré dans
enfant mignon* qu’une allusion (largement répan- l’expression jeter les yeux <<les dirigerfi (v. 11201,
due dans les milieux athées dès la fin du XVUI~s.) à 0 A la fm du XIII~s., s’y ajoute le sens de ((mettre
l’homosexualité suggérée de Jésus et à ses liens brutalement (qqn) dans un état, une disposition
~~particuliers~ avec ses disciples. *Le sens de «COU- d’esprit n. 0 Dès le XIII~s., le verbe se trouve ainsi
teaw ( 19 191,lui aussi argotique, fait écho à bon-dieu doté de la plupart de ses sens modernes, à côté de
<<sabre-poignardb (1858). +Le sens culinaire de valeurs disparues avant le xvite s. comme wépartti)
<gros saucisson cour& d’abord diale&àl, repose, et ~calculer~~ (d’où vient jeton, ci-dessousl. 0 Beau-
semble-t-il, sur une analogie d’aspect avec un en- coup d’emplois figurés apparaissent au xvrBet sur-
fant au maillot. tout au XVII~s., époque où l’on commence égale-
F JÉSUITE n. est dérivé ( 1548) du nom de la Com- ment à relever des emplois plus particuliers du
pagnie &Jésus, imaginée en 1534 et fondée en 1540 type jeter une draperie (16841, «l’arrangern, et jeter
par Ignace de Loyola (1491- 15561. * Le mot désigne sur le papier 11680 ; dès 1387 au sens de «dessiner
un membre de cet ordre séculier et qu+e ce qui un projet>> en architecture), ainsi que plusieurs lo-
s’y rapporte (av. 1594, la Secte Jésuite). A partir du cutions encore usuelles. oLe lien sémantique
XVII~”s., il a donné lieu à la valeur critique d’<<hypo- entre jeter et jactance est réalisé dans l’expression
crite, retorsn 11749). 0 Son emploi comme désigna- familière en jeter flfaire impression,, qui active
tion argotique du dindon 118081, disparu, vient de ce l’idée d’impression visuelle de jeter de la lumière
que l’animal aurait été acclimaté en Europe par les <(briller)> (XI~s.l. +L’emploi du pronominal se jeter
jésuites. + Les dérivés JÉSUITIQUE adj . ( 1599 ; jé- est aussi très ancien au sens de cse lancer)) Iv. 9501,
suistique, 15941 et JÉSUITISME n.m. 116223 Ont au figur6 «s’engager dans une situation, égale-
perdu leur ancienne valeur neutre pour devenir ment ! 1549) <se précipiter sur». Son emploi à pro-
péjoratifs sous la plume des écrivains du XVI~I~s. pos d’un cours d’eau qui rejoint un autre cours
(av, 1755, Saint-Simon; 1753, Argensonl. La valeur d’eau ou la mer apparaît beaucoup plus tard (17511.
figurée d’ahypocrite)> (18311 pour l’un, ahypocrisien ~Très récemment, se jeter correspond à «partira
11832) pour l’autre, s’est développée dans la pre- Icf. se casserl.
mière moitié du XIX” siècle 0 L’adjectif a produit b De jeter a été tiré le déverbal @ JET n. m. (1155)
JÉSUITIQUEMENT adv. (1755 Montesquieu). @action de lancerez, qui a développé plusieurs em-
plois spécialisés en ce sens (en sport, marine) et a
+k JETER v. tr., d’abord getier (8811, est issu, fourni la locution d’m jet Cv.1753). 0 Par extension,
comme la plupart des correspondants romans du jet désigne aussi le mouvement par lequel une
mot, du latin tardif jectare, altération du latin clas- chose jaillit, d’abord un liquide k6n XI~~s.1,puis la lu-
sique jactare I+ jactance), tiéquentatif de jacere mière et la chaleur kvme s.1,spécialement dans des
«lancer, jeter> I-, gésir), d’une racine indoeuro- emplois techniques et scientifiques. 0 Par métony-
peenne Oye-clancels,, à laquelle se rattache le grec mie, il désigne des objets identifiés à leur jaillisse-
hienai de même sens. ment (jet d’eau, 1671). ~D’après l’emploi parti-
+Jeter, apparu avec le sens de =Pousser précipi- culier de jeter en botanique au sens d’Nengendrer»
tamment dans ou sur» a développé de nombreux C1~x3,il désigne une nouvelle pousse d’un arbre
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1915 JEU

E+ rejet, rejeton). 0 Au sens de <<jaillissement de li- naire (1832). +La création de JETABLE adj.
quide>>,jet a fourni le nom d’instrument BRISE-JET Cv.1950) co’incide avec la mtitiplication des objets
n. m. 11906). - Son correspondant anglais jet, par- d’usage courant non renouvelables Briquets, ru-
tiellement influencé par le mot français, a donné soirs jetablesI.
@ JET n. m. (1957) aavion à réa&iOn tI?aBpW'tmt Jeter fournit aussi des prékés. + Outre déjeter*, le
des passager% abrkviation de l’anglais jet-plane, principal est formé avec sur. 0 SURJET n. m., ré-
proprement aavion (plane1 à jaillissement de gaz fection (1660) de sourget (13931, est le déverbal de
(je& (+ jumbo [jumbo-jet]). 0 Le même mot, distîn- 1’a;ncien français sorjeter (XIII~s-1devenu SURJETER
gué oralement de 0 jet par le t final prononcé, v. tr. <<jeter par-dessus, est sorti d’usage dès le
entre dans JET-STREAM n. m. (19551, de jet et XVII~s. sauf au sens de tifaire des surjets» qu’il a pris
stream =courah, et dans JET-SOCIETY n. f.(1972; en couture 116601 comme dénominatif de surjet.
ou jet-set, expression américaine, 1967) désignant +SURJETEUSE n. f. (19551 désigne l’ouvrière et
les personnes qui comptent dans la vie mondaine 119642 la machine qui fait les surjets.
internationale et prennent souvent l’avion C@tI. 0 voir ABJECT, ADJACENT, ADJECTIF, AGIOTER. AISE,
JETE~R, EUSE n. IV. 1180) est surtout courant dans CONJECTURE, D&ECTION, DÉJETER, ~~A-ER, ÉJE~ER,
l’expression jeteur de sort (18421, apparue à l’épo- GÉSIR, GÎTE, INJECTER. JACENT (et SOUS-JACENTI, JAC-
que où Stendhal introduisit en français le mot ita- TANCE, OBJECTER. OBJET, PROJFXER, RJLIETER, SUJET,
lien Inapolitajn) de même origine jettatore ( 1717) et TRAJET.
jettature (18 171<<mauvais oeil», correspondant à l’ita-
lien jeaafura, et formés tous deux sur le verbe ge& JEU n. m., d’abord giu (10801 et geu Il 1601, est issu
tare M malauguriol Kjeter (le mauvais Sort)~ +Le du latin jocus «jeu en paroles, plaisanterie%, rappro-
participe passé de jeter a fourni deux noms : le plus ché de mots indoeuropéens désignant la parole,
ancien est JETÉE n. f. (12 16) dont le sens originel de tels le moyen gallois ieith &nguea), l’ancien haut al-
distance parcourue par une chose jetée> a été re- lemand jehun aprononcer une formule)>. Jocus, fré-
pris par jet. eLe mot n’a que rarement le sens quemment associé à ludus (-+ ludique ; allusion, illu-
d’flaction de jeterm (13621, éclipsé par l’acception sion) <<jeu en action?), a fmi par le remplacer en
métonymique de =construction formant une chaus- absorbant ses valeurs.
sée s’avancant sur l’eau>, qu’il a depuis la même 4 Jeu désigne, dès les premiers textes, à la fois un
époque. +Le mascuh JETE hers 1704 selon Wart- amusement libre (108Ol et l’activité ludique en tant
burg; ou 1725) s’est spécialisé & partir du sens d’cac- qu’elle est organisée par un système de règles défi-
tion de lancer, dans les domaines de la danse nissant succès et échec, gain et perte (11601. Son
(17251, de la musique 118851,des sports (1901) et de évolution sémantique, qui procède de ce double
l’habillement (1856). 0 Par métonymie, il désigne pôle, est remarquable par la richesse de ses déve-
un brin jeté sur l’aiguille entre deux mailles en tri- loppements métonymiques et figurés, amorcés dès
cot (18671 et une bande d’étoffe étendue sur un l’ancien fknçais. 0 En tant qu’activité réglée, le
meuble Il 883 ; 1900, jeté de fit). mot s’applique aux compétitions qui seront appe-
JETON n. m. (av. 1250) est le seul vestige en tian- lées œsportives- (gius au pluriel, 11601 et, dans le do-
çais actuel d’un ancien sens de jeter, arépartir, maine du théâtre, désigne la représentation, la
compter, calculer) (1280). =de mot existait pièce jouée (1200; dès le xrres. dans jeu p&.
(av. 1250) dans un autre sens, -branche> Icf. rejet, re- 0 Dans ce dernier contexte, le mot a tendance à
jeton), mais a dû cesser de s’employer assez vite. s’appliquer particulièrement à la manière dont un
+ Le jeton était une pièce plate et ronde (13 171,dont acteur interprète un rôle ( 1680) et à certains mou-
on se servait pour calculer, au moyen âge et encore vements scéniques, de nos jours surtout dans jeux
aux XVI~ et XV~I”s. après l’introduction des chiBes de scène (18731. 11semble que la locution vieux jeu
arabes. Ce calcul avait pour principe l’emploi de ( 1511, c’est le vieux jeu =ce n’est plus à la mode4, re-
marques toutes identiques qui ne prenaient leur prise plus tard avec une valeur d’adjectif (18671,est
valeur que par la place qu’elles occupaient sur la une métaphore du jeu des comédiens. 0 Au XVI~s.,
table Ile sens de jeter Kcallculerp) procéderait de ce- jeu commence à se dire de jeux d’argent (apr. 1550,
lui de <mettre, placer& Au XVII~s. (attesté 16961,je- en emploi absolu) et de la manière dont on joue
ton a pris son sens courant au jeu et s’est mis à dé- d’un instrument de musique 11559). 0 Par métony-
signer la marque représentant une somme allouée, mie, le mot concerne ce qui sert à jouer ( 1200, jeu
par exemple dans jetons de présence. 0 De là l’ex- d’estzès «d’échecs»), en particulier un ensemble de
pression figurée fuux comme un jeton ( 18081, d’où cartes (14511 puis, de manière plus précise, l’en-
faux jeton (19103, inspirée par la valeur fictive des semble des cartes entre les mains d’un joueur
jetons. +L’expression familière avoir les jetons (15801. +La même métonymie appliquée au jeu
(19 163<avoir peurm vient peut-etre de jeter au sens musical fait que jeu désigne une rangée des tuyaux
de Ndéféquerj d’après une métaphore commune d’orgue de cylindre identique (jeu d’orgue, 15151 et
pour exprimer la peur kf. trouille, courante...). w De l’ensemble des instruments dont il faut jouer à la
jeton est dérivé JETONNIER n. m. (1685) qui a servi fois (16111. Jeu se dit aussi d’un assortiment d’objets
à désigner ironiquement - surtout au XVII~s. - les en marine (av. 1683) et en général 11845). *Une
académiciens assidus aux séances pour toucher autre métonymie le rapporte à l’espace où l’on joue
des jetons de présence. + JETAGE n. m. (1788 au ( 13853 et, par extension, à un espace aménagé pour
sens étroit de ucoulée de métalNI, peu utilisé au la course d’un organe, le mouvement aisé d’un ob-
sens d’«action de jeter», est réservé au sens jet (16891, par exemple dans avoir du jeu. Cette va-
d’=écoulement nasal purulent>> en médecine vétéri- leur spatiale est combinée à la valeur dynamique
JEUDI DICTIONNAIRE HISTORIQUE

de amouvementm dans le contexte de l’activité tech- jeudi ok l’absoute). Cf. dimanche pour le même
nique (16941, spécialement en parlant de l’effet ar- type de formation sémantique. La semaine des
tistique produit par des assemblages et mouve- q&re jeudis (18671, variante récente de la semaine
ments d’eau ( 1704, jeux d’eau). Ici, l’idée de réglage des trois jeudi% (1532) équivaut à ajarnaîsm.
correspond à celle d’organisation qu’entraînent + Voir JOUBARBE, JOVIAL.
certains jeux (cf. la règle du jeu>. 0 C’est au
contraire l’aspect gratuit qui est 6voqué dans le JEUNE adj., n. et adv. est la réfection de juvene
sens de <(cequi relève ou semble relever de la fan- (1080), qui a en ancien fYançais les variantes jove-
taisien (15581, parfois souligné dans libre jeu. L’autre nur, juevre, juenvre, gienvle, joehe, jone, etc. Le mot
notion, aactivité réglée=, intervient dans les nom- est issu du latin tardif de même sens Ojovenus (d’où
breux emplois métaphoriques du mot, pour <<ma- l’italien giovane et les anciennes formes kançaises
noeuvre, façon d’agirn Cv.1200). 0 Ces deux valeurs en -o-I, altération du latin classique juvenis sous
sous-tendent une phraséologie très riche, allant de l’innuence dissimilatrice de -Y-. Juvenzk, issu d’une
faire le jeu de qqn Iv. 12201, autrefois avec l’idée de racine indoeuropéenne de même sens apparais-
<maladresse», à d’entrée de jeu ad’embléen (16891, sant dans le nom de Junon (-, jW, était surtout
c’est son jeu ( 1633) et ce n ‘est pas de jeu ace n’est utilisé comme nom du jeune homme et de la jeune
pas normal, correctm (18241, être en jeu (18731, lo- fille, notion qui couvrait la période de vingt à qua-
cutions empruntées à divers contextes ludiques. rante anS, entre kdulescens I+ adolescent1 et le se-
0 L’implication métaphorique du jeu est parti- nior t+ seigneur, senior). Le genre féminin et l’em-
culièrement active dans l’activité amoureuse -jeu ploi adjectif, rares, sont d’apparition plus tardive
était d’ailleurs synonyme d’aacte amoureux» aux en latin.
XIII~et xrve s. - ainsi qu’en politique. Mettre en jeu a 4Jeune est apparu comme adjectif au sens de apeu
produit enjeu (ci-dessous). 41 convient enfm de avancé en âge», et est entré dans les syntagmes
mentionner que le sens strictement hérité du latin lexicalisés jeune homme (v. 11601, jeune Me h” s.),
locus, (<plaisanterie verbale*, vivant en moyen fia- s’appliquant aussi, récemment, à un nom collectif
çais, n’est plus retenu que dans le syntagme jeu de au sens de <formé de personnes jeuness 11913).
mots (v. 16603 et dans jeu d’esprit, appliqué à une Jeunes gens I+ gens) sert aujourd’hui de pluriel à
création littéraire badine (1648, Scarronl, à un ces deux syntagmes, lorsqu’il ne s’agit pas exclu-
simple exercice d’esprit (16883. sivement de filles. Depuis le XIV s., le mot est em-
ENJOUÉ, ÉE adj., d’abord enioez 112621, est dérivé ployé également en parlant d’un animal, d’un végé-
de jou, forme atone de jeu avec le sens de “qui a de tal et (18731 comme épithète postposée à un nom de
l’humour, aime plaisanterm. Par la forme, ïl est plu- chose Imontame jeune). Dans la plupart de ces em-
t8t senti comme apparenté au verbe jouer. * On en plois, jeulze correspond à l’usage symétrique de
a tiré ENJOUER v. tr. amettre en joie, égayer» l’antonyme vku3c (ainsi dans un vin jeune). - Dès le
11669, Boileau) seulement employé aux formes XIII~s., jeune a développé des sens où le critère
COmpOSéeS, et ENJOUEMENT n. m. (1659, Scar- d’âge est secondaire par rapport aux traits tradi-
ronl. +Le même préke se retrouve dans ENJEU tionnellement attribués aux personnes jeunes, soit
n. m. Iv. 1370) «somme risquée dans une partie de avec une valeur favorable, soit avec les valeurs pé-
jeun, devenu courant au sens figuré de ((ce qu’on joratives de Mnaïf, crédule>) ( 12 13) et asans maturité~~.
risque (de gagner, de perdre1 dans une entreprisen *Il est appliqué à un nom de durée C&I xve s.3ou à
(1798). -HORS-JEU n. m. inv. (1897) est un terme un nom de chose au sens de “qui sied à la jeunessem
du vocabulaire sportif. ( 17791,lequel est réalisé adverbialement dans s’7w
@ Voir JOKARI, JOKER, JONGLER, JOUER. JOYAU. biller jeune Cm” s.l. Depuis le xvres., jeune est em-
ployé ! 1536) pour indiquer l’âge d’une personne,
JEUDI n. m. est issu (1119, juesdi) du latin Jwk non par rapport à la longévité de son espèce, mais
dies <<jour de Jupiter», de dies Gjourn (-+ jour, diurne) par rapport à l’âge d’autres personnes, par opposi-
et de Jovis, génitif de Jupiter Uuppiter par redouble- tion à aîné, ancien, ancêtre, etc. Il est parfois syno-
ment expressif du p), nom latin du roi des dieux de nyme de nouveau (dans un état, une profession),
l’Olympe. Le terme latin est issu d’un type Oju-pater notamment, en syntagmes Qeunes mariés1 et
dans lequel “ju- provient (de même que dks), de la connote assez souvent l’inexpérience. 4Depuis le
racine indoeuropéenne “dei- <briller)) (+ dieu, jour), XVII~s. ( 16901, il est quelquefois employé familière-
et qui signiCe «dieu-père)> ou, mieux, ujour-père)>. ment, comme adjectif ou adverbe de qualité, au
Certains noms romans remontent au type dies Jo- sens d%nstisa&, un peu justem.
vis, tel le catalan dijous, l’occitan et le franco-pro- JEUNESSE n. f., réfection (junesce, XIII~s.) de juenv-
vençal dijou et l’ancien français dioes ~III~-XIV~ s.l. lesce II 1551, joehesce Iv. 11701, dérivés des formes
L’ordre des mots Jwis dies, lui, vit en français et anciennes de l’adjectif, désigne le temps de la vie
dans l’italien gicwedi; le type Jcwis se retrouve dans humaine qui va de l’enfance à l’âge mti, et, avec
l’espagnol jwes, le provençal et le tianco-proven- une valeur caractérisante, l’état, le caractère d’une
çal jou, et en roumain. Quant à l’allemand Donners- personne jeune ou qui a une attitude de jeune. La
tag et à l’anglais thursday, ils contiennent le nom locution n ‘est plus de la première jeunesse 11768)
germanique du tonnerre divinisé assimilé au Jupi- est ironique. Comme l’adjectif, jeunesse a parfois la
ter romain. nuame péjorative d’Gnexpérience» Iv. 1275). Le
+ Le mot désigne le quatrième jour de la semaine. mot avait en ancien fkan@is la valeur métony-
Le syntagme jeudi saint, qui désigne le jeudi de la mique d'Action digne d’une personne jeune,
semaine sainte, a évincé l’ancien jeudi absolu (ou (v. 12501,souvent proche d’aétourderie, acke irréflé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE JOBARD
chie. 0 Appliqué à une personne mure, le mot ex- verbe, et JEÛNEUR. EUSE n. (1546 comme adjec-
prime en bonne part, depuis le XVI~ s. Cv. 15801, l’idée tif; v. 1400, jeüneor).
d’un caractère juvénile*. 0 Concrètement, la jeu- Jejunus est passé en f&nçais avec l’ancien adjectif
nesse se dit de l’ensemble des jeunes (1377) et une JEuN (11741& jeun%, attesté jusqu’au xvie s. et pro-
jeunesse s’emploie familièrement depuis le début bablement éliminé parce que son féminin pouvait
du XVII~s. (av. 1605) à propos d’une jeune fille. 4 Le être confondu avec jeww. * La disparition du fémi-
~~~~MJ~UNET,ETTE adj., réfection de jowwt nin a entraîné celle du masculin qui s’est conservé,
(au féminin jovenete, 11641,est dectif et parfois iro- substantivé, dans ia locution adverbiale à jeun
nique, mais sans la valeur pejorative de JEU- (1216) eans avoir rien ma;ng&. celle-ci est em-
NOT, OTTE adj. et n. formé beaucoup plus tard ployée familièrement en parlant d’une personne
11904). + JEUNEMENT adv., réfection de iovene- (18461, et spécialement d’un alcoolique, qui n’a en-
ment En XII~s.1, a sign%é & la manière d’une per- core rien bu.
sonne jeune, avec jeunesse,, mais ne s’est 0 voir D$JEUNER. DfNER.
conservé, au sens temporel de &cemment>> ( 1584-
15871,que dans l’expression de vénerie cerfdix cors JEUNESSE +JEUNE
jeunement (16551, opposé à bellement hde manière
accomplie4, qualifiant une bête dans sa sixième JINGLE n. m. est l’emprunt (1967) de l’anglais
année, ayant depuis peu cinq andouillers de jingZe (<bruit métallique, son de clochem Ci5991,appli-
chaque côté. qué par dépréciation à d’autres sons, spécialement
RAJEUNIR v., d’abord rejeunir (XIII~ s.1,réfection de ( 1645) à la répétition volontaire d’un même son
rejonever, rajonevir (XII~s.) qui correspondent aux dans le langage (rime, allitération) et, au & s.
anciennes formes de jeune, a la valeur transitive de 119301, à un court motif sonore employé fkéquem-
crendre plus jeune* et, symétriquement, la valeur ment à la radio. Le mot est le déverbal de to jhgle
intransitive (XIII~s.) de <devenir plus jeuneti, le sé- Iv. 1385) tisonner, tintinnabulep, verbe d’origine ex-
mantisme contraire au cours irréversible du temps pressive à rapprocher des verbes de sens voisins
obligeant Le verbe à faire appel aux valeurs exten- to dingle, to tingle.
sives et figurées de jeune, notamment à propos de 4 Le mot, dont la valeur ironique s’est perdue en
choses, de sentiments. OLe verbe signSe en fait tiançais, désigne un court motif sonore associé à un
adonner ou prendre une apparence de jeunesse> message ou à un contenu particulier. 11 s’est ré-
avec la locution ça ne nous rajeunit pas 118113en pandu malgré la recommandation oIEciek de SO-
parlant d’un événement, d’un souvenir ancien, et, nal (19731, absolument inusité. Il est prononcé ap-
au figuré, afaire paraître plus jeune)>, aussi au pro- proximativement à l’anglaise tdjhngeull.
nominal ( 17791, et <<donner à (qqn) moins que son
âge>> ( 1850). Un sens collectif correspond k &mi- JIU-JITSU + JUDO
nuer l’âge moyen de (un groupe social)~ (xx” S.I.
*Le dérivé RAJEUNISSEMENT n. m. (xv” s.1, ré- JOB n. m. est emprunté (1819) à l’anglais job
fection de rujouisement (11651, est usuel et corres- (XVI~s. iobb dans iobb of werk avec work 4ravail4,
pond aux valeurs du verbe. ~RAJEUNIS- *tâche, partie spécfique d’un travail», puis &fairep,
SANT, ANTE adj. CV. 1700), tiré du participe en mauvaise part *tâche pénible, insign%ante~, et,
présent, est plus courant que RAJEUNIS- d’abord dans l’usage parlé américain, <<emploi ré-
SEUR, EUSE n. et adj. (1852). munéré)) (XIX~s.l. L’origine du mot est inconnue : on
ANTIJEUNES adj., formé récemment, s’emploie a évoqué une spécialisation de sens de l’ancien job
essentiellement dans l’expression racisme asti- «morceau, bout, masse», terme en usage du xrve au
jeunes ahostilité systématique à l’égard des xvres., mais l’é typologie de ce dernier est tout aussi
jeunes. obscure.
+ voir JOUVENCE. JOUVENCEAU. JUMOR, JUNKER, JUVk- + Le mot est resté au XIXe s. un anglicisme pitto-
NILE. resque : d’abord attesté comme mot anglais dans la
traduction d’une nouvelle irlandaise, il est ainsi
JEÛNER v. intr. est issu ( 1119) du latin chrétien commenté : &Jn bon job, dans la langue anglaise
jejunare Nfaire abstinence, ne pas s’alimenter par veut dire une tiaire lucrative, une bonne aubaine;
esprit de pénitence% et, au figur6, <se priver, se te- en Irlande, le mot job s’applique principalement
nir à l’écart den, dérivé de l’adjectifjejunus & jeun, aux travaux entrepris, en apparence, dans un but
aEam& d’où aussi “maigre, sec, pauvrex, mot sans d’utilité publique, mais en réalité pour faciliter
doute à mettre en rapport avec jantare, jenture quelque intérêt priv& ~Attesté ensuite en
*faire son premier déjeuneru, mot populaire sans contexte anglais pour Ntâche désagréable ou de
étymologie claire. peu d’impotiance réelle, (183 11, il s’est répandu
avec le sens neutre de -travail rémunéré, emploi,
$Jeiiner, en dehors d’un contexte religieux, est em-
(1893, Claudel, L’échange, dans un contexte améri-
ployé au sens d’&re privé de nourritures (11601.
cain). Le mot entre dans la Langue familière au mi-
Depuis 1225, il a aussi le sens figuré de =S’abstenir
lieu du XX~siècle. 0 Il a pris au Canada français le
de toutes réjouîssancesm, d’usage littéraire sauf
genre féminin Curie job) et le sens neutre courant
avec la valeur très particulière d’&tre chastem,
de 4ravaS
d’usage familier.
F De jetiner sont dérivés JEÛNE n. m. Ixrv” s.; JOBARD, ARDE adj. et n., attesté en 1571
v. 1100, juiize) avec tous les sens correspondant au sous la forme joubard, repris au début du wxe s., est
JOCKEY 1918 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

dérivé du moyen français job ou iobe (154i’I «niais, JOCRISSE n. m., d’abord employé comme
sot, nigaud», à l’origine de jobeliv~ n. m., nom du jar- nom propre plaisant ( 15871, est d’origine incertaine.
gon des gueux au xv” s., et encore attesté dans quel- On y voit généralement l’altération du moyen fran-
ques locutions argotiques ayant cours au XuIe siècle. çais joquerus Mhomme mou, sans force, niais, benêt*
Job a été considéré comme étant tiré du nom du (14804490, G. CoquiUart3. Ce mot qui Sign%e «il de-
personnage biblique Job, à cause de sa résignation meure là-dessus,, c’est-à-dire vil demeure là, inac-
dans le malheur et des reproches que lui adressent tifs, contient joque, forme verbale conjuguée
sa femme et ses amis (cf. jérémiade). P. Guiraud, re- Qe personne du présent) de joguier, variante nor-
jetant cette hypothèse, apparente le mot $ “job ago- manno-picarde de jochier «demeurer en un heu
siern, issu du roman ‘gaba “gorge, jabotn (-+ gaver, élevé (en particulier des poule+, *être en repos,
joue1 par I’intermédlaire d’une forme en ‘gaub-, le attendre, tarder, se tenir coia I+ jucher). Plusieurs
jobard étant un Mgobeur que l’on gave (en lui faisant formes dialectales renvoient à l’idée de *faire le pa-
tout avale&. resseux,, voire <<lesomnambuleB. Le second élé-
4 L’attestation du xwe s., chierz. joubard, est difEcile à ment du composé est l’adverbe sus* «dessus=.
interpréter (aqui aitne à plaisanter, à folâtrern selon + Le mot apparaît da;ns un contexte plaisant : C’est
les dictionnaires); elle est à rapprocher du verbe dommage que vous n’avez nom Jocrisse, je crois
ancien tiançais eniobarder atromper, se moquer qu’il vous ferait fort bon veoir mener les poules pis-
de» 61 me s.l. 0 Le mot actuel est repris en 1807, ser-n Il se répand au XVII~s. comme nom commun à
6crit jobbard, jobard, et appliqué familièrement à propos d’un sot se laissant mener par le premier
un naïf, comme nom et ( 1834) comme adjectif. venu 116181, d’un benêt s’occupant des soins du mé-
db sont dérives JOBARDISE n. f. (18363 et JO- nage (1672). L'impact péjoratif est conservé aussi
BARDER v. tr. <duper, tromper un na% (18391, peu lorsque le mot s’applique à un avare (16801, emploi
usité. * En revanche le verlan BARJO adj. et n., qui ne s’est pas maintenu au-delà du ~IX~ siècle. Le
obtenu par interversion des syllabes (déb. xx” s.), est mot s’est probablement répandu par le théâtre
courant dans l’usage familier pour *un peu foun. On comique du XVIII~s., notamment avec la pièce de
6crit parfois buriot. Dotigny, Le Désespdr de Jocrisse, dont le succès
stimula une floraison de pièces prenant Jocrisse
JOCKEY n.m. est emprunté (1775) à l’anglais
pour cible, entre 1780 et 1820. Tous les emplois ont
jocIwy (également ~~CI&), diminutif de Jo&, va- vieilli.
riante écossaise de Jack (-+ jackpot) qui est lui- + JOCRISSERIE n. f. (1843, kkza,c) est archaïque et
même l’hypocoristique du prénom anglais John JOCRISSADE n. f. (18671, Kcomposition littéraire
eJean)>. Le mot, en anglais, a d’abord été appliqué mettant en scène un nia& a disparu.
avec une nuance de mépris à tout homme du
peuple (xvIes.1puis aux maquignons et palefreniers
JUDHPURS n. m. pl. est emprunté 119391 à
l’anglais jodhpurs Npantalon d’équitation serré du
(XVII~s.1,avant de se spécialiser dans le domaine du
genou à la cheville, et qui évite le port de bottes>,
turf où il désigne le professionnel des courses de
abréviation de Jodhpur breeches, Jodhpur riding-
chevaux (1670).
breeches (1899) apmtalon de Jodhpw, du nom
+Jockey apparait en tiançtis dans la traduction de d’une ville du Rajasthan, lau nord-ouest de l’Inde).
Tkktram Shandy, le roman de Lawrence Steme, au Ce vêtement a été importé des Indes par les offi-
sens de <<jeune domestique qui conduit une voiture ciers anglais.
en postillon, un chevaln. On le trouve sous diverses 4 La première attestation de 1939, une publicité de
formes à partir de 1776 (jclcqy, jaque0 par rappro- la revue Adam, donne le mot au singulier. C’est le
chement avec le &ancais Jacques pris dans son pluriel (1946, Le Jardin des modesl qui l’a emporté,
sens de *paysanB (-+ jacquerie, Jzques). Depuis à l’exemple de l’usage anglais.
1813 (dès 1777 sous la forme jockeil, il désigne aussi
celui dont le métier est de monter les chevaux dans JODLER ou IODLER v. intr. est emprunté,
les courses; ce sens, qui s’est répandu avec l’en- sous la double forme iodler (18721 et jodler (1891), h
gouement pour le ~sp0r-t~ et le turf, a &incé le pr& l’allemand dialectal @2&a I17961, mot répandu
cédent. t Par métonymie, jockey s’est dit d’une cas- dans les régions alpines alémaniques (Haute-Ba-
quette de jockey pu& Iv. 19003 d’un chapeau vière, Tyrol, Carînthie et Suisse), où l’on pratique
analogue a celui que portaient les palefreniers. + Il ce type de musique vocale. Jodeln est lui-même
est adjective 119191 dans réme jockey umaigrem, une altération ancienne de joelen, jolen, dérivés de
par allusion au régime frugal qui maintient les joc- l’onomatopée jo Iyo3 exptimt la joie (moyen bas
keys légers. allemand jôlen <pousser des cris d’allégressem et
b JOCKEY-CLUB n. m. (1828, en parlant de l’An- moyen néerlandais johZevL wier à tue-tête4 La
gleterre) est le nom donné à un cercle mondain forme iculer, la première attestée en kançais
fondé en France en 1833 à l’imitation du cercle an- ( 18401, rend l’ancienne forme alémanique. On ren-
glais du même nom, fondé vers 1750, dont l’autorité contre également ya!..&er chez Daudet (18831, mais
sur tout ce qui concerne les courses de chevaux cette graphie n’a pas vécu.
était notoire dans toute l’Angleterre. Le mot est à + Le mot est relatif à la technique vocale propre aux
ce point devenu synonyme de <(cercle aristocra- montagnards, qui consiste à passer sans transition
tique tr&3 ferm& que l’on relève quelques emplois de la voix de poittie à la voix de t&e.
adjectivés de jockzey au XX” s. avec le sens d’&é- II a produit JUDLEUR, EUSE n. ou YOD-
gant, distingués. LEUR, EUSE n. (1933) qJerSOMe qui jOdb.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1919 JOINDRE

+ JODEL, n. m. (1939) a été emprunté à un mot de 11469). 0 Parlant de personnes, il désigne familiè-
la Suisse alémanique par les romans de montagne rement, par antiphrase, le soldat des compagnies
CPeyré, Frison-Roche) et désigne un appel jodé. de discipline d’Af?ique (1855). Son féminin pluriel
mL’onomatopée yoû-, rbpandue dans de nombreux sert de désignation argotique pour les testicules
pays pour exprimer un cri prolongé, soutient la 118811,cf. les valseuses. oEn sont tirés JOYEUSE-
forme I~ULEMENT n. m. 119501,d’usage rare. MENT adv. (1155,joiosement) et JOYEUSETÉ n. f.
Iv. 12821, qui constitue un mot littéraire pour chu-
JOGGING n. m. est emprunté (1964) à l’ando- meur joyeusen et par métonymie apropos, action
axnéricaîn jogging, désignant une course à pied qui amusem (vers 1415, en particulier joyeusetés de
d’allure modérée conçue comme un exercice hy- corps de $wdd. dh relève aussi JOYEUSERIE
giénique, sans esprit de compétition (1948). Ce mot n. f., plus rare encore. +JOUASSE,JOISSE adj.
est le substantif verbal de tojog Ixw” s., rare dans (att. 19461, dérivé oral de joie et synonyme familier
les textes avant le XVI~s.1 +ecouer= et atrottiner», de ioyeu, a donné JOUASSERIE n. f. IR. Gary).
apparenté à la forme to jug, et d’origine douteuse, RABAT-JOIE adj.inv. et n.inv.,fonné IXIV~S.~ avec
probablement onomatopéique. le verbe rabattre, est attesté dès l’origine avec le
+ Le mot est d’abord relevé en référence à un sport sens d’aattristant, ennuyeux (en parlant d’une per-
pratiqué aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Il sonnel». ll a eu aux xwe et XVII~s. le sens de asujet de
se répand lentement (1974) puis s’acclimate 119781 tristessem, sorti d’usage.
@ voirGAUDRIOLE,GODEMIC-,GOD~U.
avec la mode de ce sport en France.
b Parallèlement, le fknçais a emprunté JOGGER +k JOINDRE v. tr. est issu Ii0801 du latin jun-
n. <personne qui fait du jogging> ( 1964 puis 1974) et gere, verbe appartenant au groupe indoeuropéen
cchaussure de jogging? à l’anglais iogger, nom de jugum (+ joug) et qui, d’un sens primitif précis,
d’agent de to jog, et créé le verbe JOGGER <faire «atteler,, a élargi son sens à Nunir deux à deux, lier,
du jogging% (1978, Elle) d’après l’anglais to jog. assembler, attachern, spécialement &Unir deux
terresm (au passif *être contiguln; transposé au fi-
JOIE n. f. est issu (1080), d’abord 11050) sous la guré, il correspond à Ger d’un lien moral, associer,
forme gok, du latin gaudia, pluriel du neutre gau- réunir (des qualitésh, spécialement <<lier les mots
dium acontentement, aise, plaisirs, aplaisir des dans une phrase».
sens, volupté, et <personne, objet de plaisir), dérivé + Jusqu’au xwe s., joircdre a exprimé I’idée d’un de-
de gaudere ase réjouir, être joyeux, (+ jouir). Gau-
placement, signrfiad c<atteindren, à la fois en
dia, d’abord employé dans la langue parlée, a été
construction intransitive (10801, transitive et Il 174-
pris à basse époque comme féminin singulier. Ce-
1176) au pronominal, spécialement avec une
pendant, au sud d’une ligne Loire-Vosges, les déri-
nuance hostile, belliqueuse, ll a perdu cette valeur
vés gallo-romans et les correspondants des do-
au profit du préfixé rejoiptdre (ci-dessousl. + Dès le
maines italiques et hispaniques reposent sur
& s., il prend le sens aujourd’hui courant d’aunir
gaudium; on relève même en ancien français un
deux éléments>, d’abord avec un objet désignant
masculin joi ( 1150) utilisé pour renforcer une néga-
un membre Ijoindre les mains, ks pie&1 en réfé-
tion (ne... jo$, ainsi que l’emploi de joie au masculin.
rence à l’attitude de la prière et à celle du cérémo-
+Joie, asentiment de bonheur intense», est utilisé nial de l’hommage féodal. D’autres types de
pour désigner ce sentiment considéré dans ses ma- compléments apparaissent au 331~s., joindre des
nifestations El0801 et ce qui est cause de joie 112301. choses (v. 11351,joindre une chose à une autre réali-
Ce sens vit en particulier dans les expressions s’efi sant spécialement l’idée de &Unir pour assuj ettti
donner à cœur joie 116801,fausse joie (1680), mettre (v. 1160) et réactivant le sens étymologique d’catte-
en joie 11549). 0 Son sens latin de amanifestation ler, assujettir au joup lli60-11741, qui était vivant
d’amour, caressen (11651, <<jouissance amoureuse- dans les dialectes au XIX~s. Comme le verbe latin, il
! 11701 a disparu (-+ jouir) et ne se maintient que est employé en parlant de terres, d’abord absolu-
dans l’expression me de joie Il389; XIII” s., femme ment Min me s.), puis transitivement (un domaine
de joie). +Jusqu’au wie s., le mot a eu le sens parti- joint un autre) I1176-1181) et au pronominal.
culier de abijoum (xrve s.1 par rapprochement d’éty- +L’idée d’un contact physique entre des êtres vi-
mologie populaire avec joyau : il en reste une trace vants est assumée par le pronominal se joindre
dans l’emprunt espagnol de même valeur joya. pour atenir, être attaché à, se serrer contre* ( 1176-
*Le sens métonymique de «réjouissance collec- 11811, en particulier <<s’accoupler Ià propos d’an-
tive» ne vit plus que dans les dialectes et dans l’ex- maux, autrefois également d’humains)n kve s.l.
pression feu de joie (1549). +L’emploi antiphras- 0 Cette même idée, transposée sur un plan abs-
tique du mot au sens de <malheur, désagrémentB trait, devient aattacher, unir par un sentiment,
est connu dès le XVIII’ s. (joies du mariage, 1752 avec (joindre leurs cœurs en contexte aynoureux, v. 1278)
une valeur figurée) et s’est répandu dans la langue et, au pronominal, &ssocier, se réunir (dans la vie
parlée moderne (c’est la joie!), l’emploi normal sociale, professionnelleln (v. 14501. 4Le sens parti-
(c’est pas la joie !1 étant d’ailleurs plus fréquent. culier de adire en outre, associer dans le discours~
b JOYEUX, EUSE adj. est la réfection (v. 1375) de Cv.~ZOO),correspondant au latin subjungere (+ sub-
joieus (12201, lui-même aboutissement de goiwe juguer), est sorti d’usage, de même que le sens
110501, joiuse (1080, nom de l’épée de Charle- grammatical de «placer (un mot3 à côté d’un autre
magne), joose 6n XII~S.I. +Le mot a été substantivé, par un rapport syntaxiquen. ~Cependant, l’idée
autrefois, comme dénomination d’une pâtisserie duajouter, associer Iune chose à une autre)% est
JOKARI 1920 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

courante dans sa valeur abstraite (16781, par Composé INJOIGNABLE adj. (19701, qual&M une
exemple dans la locution joindre I’utde à personne qu’on ne peut joindre, semble mieux im-
l’agréable. 4 La spécialisation du mot en droit pour planté que JOIGNABLE adj. + JOIGNEUR n. m.
“juger en même tempsm (1606) est restée technique. désignait l’ouvrier qui assemble les pièces d’une
QLa locution familière joindre les deux bouts chaussure et lui donne sa forme 118771. Le mot re-
(1762) reprend joirtdre un bout de Z’année avec prend morphologiquement l’ancien frmçais joi-
l’autre (1694). 0 Fd.n, le verbe, avec un gXOUr Iv. 1120) ~menuisier~. 0 Il n’est guère em-
complément désignant une personne, correspond ployé avec la valeur générale de *celui qui joints
à &re en mesure de rencontrer ou de parler avec ! 1885).
qqn)>, par ex. dans joindre qqn au tkléphom ou on JOINTURE n. f,, très ancien (10801, n’appartient pas
ptepeut pas le joindre. + inj oignable , ci-dessous. au groupe des dérivés tiançais de joint : il est issu
ä JOINT, JOINTE, le participe passé adjectivé du latin junctura w%iculation, endroit où se
ke s.1 a été substantivé au XUI~s. au sens de ajoug,, joignent les mains, les genouxs. Introduit dans ce
d’après un ancien sens du verbe joindre XatteIep. sens anatomique, il se rapporte ensuite à l’endroit
-Depuis, 0 JOINT n. m. a développé de nom- où deux éléments, deux objets se joignent (v. 11~11.
breux sens techniques : il désigne 113911 l’endroit II n’a gardé ni le sens actif d’aaction de joindre% lat-
oti se rejoignent les Gments d’un assemblage, testé du me au ti s.1,ni le sens érotiqw qu’il avait à
d’une construction (en menuiserie, maçonnerie) et, l’origine d’après la valeur sexuelle du verbe
particulièrement, l’espace qui subsiste entre les joindre, dans l’expression trouver la jointure qui a
éléments joints. Le sens d’+wticulation~ ( 16901, uti- signi% ctrouver moyen de s’accoupler avec une
lisé en anatomie et, au figuré, dans le langage cou- femme, If6561 avant d’être réinterprétée en <trou-
rant, a disparu, sauf dans la locution familière truu- ver la solutionn (av. 17551, et k rapprocher de trou-
ver le joint (17981 <trouver la façon de résoudre une ver le joint. *Jointure a re@ des acceptions spé-
diikulté~. 0 Le sens technique, aarticulation entre cides en médecine vétérinaire (1765, <paturon du
deux pièces destinées k transmettre un mouve- cheval4 et en linguistique, où il se dit de la frontière
ments, est apparu vers 1845, et celui de @garniture entre deux segments, syllabes, syntagmes ou
assurant l’étanchéité d’un assemblage, en plombe- phrases. Q JONCTURE n. f. (19621, for’d par déri-
rie% au d siècle. - @l JOINT n. m., au sens familier vation de jonction*, est synonyme de jointure en
de acigarette de haschisch ou de marihuanam I 19701, phonétique.
est un emprunt & i’anglo-américain joint, lui-même Le préfmé REJOINDRE v. tr. h. 1050) réalise dans
emprunté au tiançais, et qui, d’après le sens de la majorité de ses emplois la notion de adéplace-
Apoint de jonction>, a pris en argot américain celui ment dans l’espzem que lui a cédée joindre ; il n’a
de -lieu de rencontre plus ou moins illégale kaba- pas gardé un ancien emploi intransitif, pour aabou-
ret, bar, etc.). Il a désignk notamment les locaux où tir à (un lieulm en parlant d’un voyage C10501, mais se
l’on fumait l’opium et, par métonymie, en est venu dit encore de choses qui aboutissent en un point, en
à désigner vers 1935 les ustensiles destinés aux construction tra;nsitive et dans se rejoindre, avec
ConsomrnateuTs de drogue, d’abord la seringue hy- une idée de convergence (16903. 4~ sens itératif
podetique, puis la cigarette de marihuana. Ce de *joindre de nouveaw Iv. 11751,puis wéunir (des
dernier sens seul est passé en français, gens, des choses)m (16421, tiréconcilier, remettre en-
Joint, plus encore que joindre, a produit de nom- semble tee qui avait &é dksuni)n (16901 a reculé
breux dérivés : son féminin JOINTE n. f., ancien dans la plupart de ses emplois anciens et clas-
terme de manège désignant le paturon du cheval siques. oLe verbe n’a plus comme usage tivant
cv.11501, a servi à former l’adjectif JOINT&, ÉE que aaller retrouver, rattrapep (15871 au propre et
11583) utilisé en vénerie, surtout dans les composés 11876) au figuré, et spécialement *regagner (un en-
COURT-JUIPITÉ, ÉE adj. (1661) et LONG-JOINTE, droit, un poste1 après l’avoir quitté= (16901, d’où en
ÉE adj. (16601. -À
partir de l’expression usuelle termes militaires Kretoumer à son corps% labsolu-
mains jointes, on a formé JOINTÉE n. f. (v. 12251 ace ment, av. 1825). Aucunde ces sens n’a donné de dé-
que le creux des mains peut conter&, mot au- rivés.
jourd’hui marqué comme archaïque. +Joint a aussi L’ancien fI%qak DÉJOINDRE v. tr. (XII” s.) a dis-
produit plusieurs termes techniques : JOIN- paru au profit de disjoi&re*.
TIF, IVE adj. IV. 14401 qui joint exademenb, USUel + voir ADJOINDRE, AJOUTER, CONJOINDFtE, CONJONm,
en technique d’où
l’adverbe JOINTIVEMENT CONJONCTION, CONJONCTURE, CONJUGUAL, DISJOINDRE
(18671, JOXNTER v. tr. dk et ind. ( 1471) et ses déri- (~isJ0NCn0N, DIsJONcmuR), mJommm, INJONC-
vés, ainsi que le composé JOINTOYER v. tr. (13351, TION, JONCI7ON, JOUG, JOUTER, JOUXTE, JUGULER, J-U-
le régionti AJOINTER v. ix. (1838,1202 ~joindre~ au MENT, JUNTE, QUADRIGE, SUEJONCTIF. SUBJUGUER;
figuré) et leurs dérivés. +Joint entre comme se- YOGA
cond élément dans COUVRE-JOINT n. m. et
SERRE-JOINT n. m. (tous deux v. 18451. JOKARI n. m. est emprunté 11951, peut-être
Les formes du participe et de l’imparfait du verbe 19501 au basque jokuri ejouew, dérivé avec le suf-
cjo@a1 ont fourni JOIGNANT, APHTE. Les emplois
&xe d’agent -ari (peut-être apparenté au latin
de @i@wnt comme préposition locale (XIII~s.1et en -m-ius donnant -;Geren lançais) de joho ajeun, issu
locution prépositive IXIII” s., & joigwnt de; 1348, @i- du latin jocus I-, jeu).
gmnt ù; xv” s., joignant de3 sont sortis d’usage. + Le mot, employé régionalement pour une variété
+Comme adjedif, JOIGNANT, ANTE @contigu, at- de pelote basque, s’est répadu, comme nom de
tenant> (1538) a vieilli, sauf régionalement. OLe marque déposbe, pour un jeu formé d’une bdle re-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1921 JONC

liée par un élastique à un socle, et que l’on renvoie termédiaire entre petite et forte. Depuis 1671, il sert
à l’aide d’une palette de bois, sur le principe de la à quaMer des ouvrages de l’esprit, en particulier
pelote baque. lorsqu’tis sont petits, tels lettres, compliments, for-
mules, et un tour plaisant joué à qqn. ~Dans
JOKER n. m. est emprunté (1912) à l’anglais jo- l’usage familier, joli est employé (v. 1550) au sens de
ker, terme de jeu d’origine américaine désignant cdigne de retenir l’attention par son importance ou
une carte dont la valeur varie au gré de son déten- sa qualité- (un joli magot1 et, ironiquement, au sens
teur (18851. Ce sens est une spéciallisation de celui antiphrasique (16341 de Kdéplaisant , désagrbableti
de Nplaisantin, farceur* 117291,spécialement <<bouf- (comme beau, gentil).
fon, fou», par le sens de uce qui sert à faire un bon wL’ancienne fomne jolif, ive a produit en ancien
coup, notamment au jeu de désn. Le mot est dérivé français plusieurs dérivés, dont JOLI~ET, IETTE
de to joke aplaisantern (16701, lequel est soit issu du adj. h11~s.1; JOLIVEMENT adv. hfs.J et JOLI-
latin jocari de même sens I+ jouer), soit dérivé de VETÉ ri. f. (XII~s.), encore attesté au XVII~s. et, plus
jolie aplaisanterie>, du latin jocus (+ jeu). tard par archaïsme, pour <gaieté, agrément% et par
4 Le mot, terme de jeu de cartes, s’emploie parfois métonymie *chose agréable, action plaisante-.
par métaphore pour une marque, un signe ayant +Ces formes sont en concurrence dès le moyen
une grande valeur et pemnettant de gagner, dans tianpk avec les dérivés de joli. ~JOLIET,IETTE
un système codé. adj. (XIII~s.) a Sign%é “gai, joyeux)) et qqagréablem
(comme jolivet), valeurs disparues avec celles de
JOLI, IE adj. (XIII~s.), atteste d’abord sous la joli qui y correspondent, puis s’est restreint (1538) à
forme jolif ( 1140, estre jolif de femmes), serait dérive assez joli, mignon ». - JOLITÉ rl. f. Ixme-xwe s., aussi
de l’ancien norrois jO2,nom (pluriel) d’une grande iolkté) reprend les acceptions de joliveté, se spécia-
fête ptienne de la mi-hiver, ultérieurement assimi- lisant pour nsouci d’éléganceD (1410) et désignant
lée à Noël, avec le suExe -if sur le modèle de aisif par métonymie lune, des jolitésl un objet de parure
(de akel. Le mot scandinave comespond à l’anglais Iv. 14601, des bibelots, des cotichets (16903, abstrai-
archaïque yule, du vieil anglais zeol lantérieure- tement des gentillesses et badineries (16711. Toutes
ment zeohhoi), mot trés ancien (726 en latin) ayant ces valeurs ont vieilli, malgré une reprise littéraire
désigk le mois de décembre ou de janvier puis archaïsante vers 1900. *JOLIMENT (1285, jok-
Iv. 9001 Noël; le mot anglais subsiste dans des syn- ment1 a pris au XVII~s, ses sens modernes : <d’une
tagmes lexicalisés tels yule-bog abûche de Noëlm, fwon agréableD 11609) et xcextrêmementn 116761,De-
yole-canule Mbougie de NoëlB. Le gotique a égale- puis le x1x” s., il est aussi employé par antiphrase.
ment jiuleis dans Fruma jiuleti anovembre,. Le sens +L’autre nom de qualité, JOLIESSE n. f., après
propre du tiançais serait donc cfest%. Paul Meyer une attestation isolée au XIV~s., a été reformé au
suggère cependant que I’ancien tiançais jolif pour- xrxe s. (1843) au sens moderne de acaractère d’une
rait remonter à un latin populaire ‘guudivus, de chose gracieuse à regardep>. Il est d’usage litté-
guudere ase réjotirm (-+ jouir), avec un passage de d raire.
à Z comme dans cigaZe* (de cigtia); cette hypo- Un archaïsme de forme et de sens subsiste dans
thèse fragile correspond cependant mieux aux ENJOLIVER v. tr. tdéb. xrves., soi en&w-1, dérivé
premiers emplois réalisant non l’idée de fête, mais de ioUf: ive par l’intermédiaire de l’ancien fiançais
celle de plaisir. joliver v. intr. (XII~s.l cs’adonner au plaisirm, encore
+ Le mot est très polyskkîque en ancien Yrançais où employé au XVIII’ s. par Saint-Simon pour *folâtrer,
il signik ~lascif, ardentti Il 1401,“joyeux, gai» (XIII~s.1, raconter des plaisa;nteriesm. c=Enjoliver s’est main-
et aussi *tendres, aparé, huppé, élégant» (1265) et tenu au détriment de la forme modernisée enjolkr,
quelquefois abrave, loyal*. 0 S’il reste une trace de correspondant au verbe simple joker. Il a perdu le
son ancien emploi galant dans l’expression joli sens primitif, <être plein d’entrain-, sans corres-
cœw, fréquente dès le XII~s. et encore utilisée par pondre au sens moderne de joli, ma& à celui de
ironie, tous ces sens ont décliné avant Ie XVI~siècle, <<paré, orné, élégantn. De 1à son sens aorner, rendre
Ils se sont partiellement conservés dans l’anglais plus agréable, plus élégant par des décoratiorw
jolly <<gai,enjoué, gaillard*, *charmant, gent& etc. (16083,en particulier aajouter des détails plaisants à
(a jolly good fellw, adverbialementl, mot emprunté un récit- 11608). +Ses dérivés ENJOLIVEMENT
à joli. 0 Le sens moral d’&mable, agréable par son n. m. (16111, ENJOLIVURE n. f. (1611) et ENJOLI-
esprit, sa gentillesse» s’est prolongé jusqu’à l’épo- VEUR, EUSE n. (1612) et adj. (1680) sont restés rela-
que classique. +Le champ sémantique du mot s’est tivement courants; enjoliveur recevant au XX~s.
simptié en moyen franFais et surtout en frangeais 119301le sens concret et spécial de <plaque métal-
classique avec le sens courant de <très agréable à lique brillante qui recouvre le moyeu des roues
voir ou à entendre>> (v. 13601, souvent utilisé à pro- d’automobile pour les omerm 11930).
pos des personnes avec un sens très distinct de
beau; cette valeur, qui a éliminé toutes les autres, +k 0 JONC n. m., d’abord @ne Cv.11653, junc
correspond à une atiknuation de beau, avec l’idée iv. 11751,est emprunté au latin juncw aplante her-
d’agrément, de charme, comn~e pour K@%O~, gen- bacée à tige longue, flexible, qui croit dans les lieux
til. Le mot est également appliqué à des choses humides», mot attesté depuis Plaute et sans &ymo-
(1360) et à des animaux 116901,mais de façon tou- logie sûre.
jours sélective (il semble notamment impliquer une + Jonc, nom de plante, a développé le sens métony-
idée de wpetitessen), Il est utilisé spécialement en mique de gtige de la plante utilisée en vannerie et
navigation pour quaMer une brise de force in- sparteriefi (xv” s.), s’appliquant à toute tige de
JONCTION 1922 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

plante flexible, en particulier à une badine, à une ment, ti qu’il soit statué sur les deux par un
canne (18241. +Par il désigne spéciale-
anallogie, méme jugement Cjonction de causes). 0 Au XY s.,
ment, en bijouterie, une bague ou un bracelet pré- jonctin commence E,s’employer à propos du point
sentant partout un cercle de même grosseur (1631). où se rejoignent deux voies de communication
0 QualiM, il entre dans plusieurs désignations de (chemins de fer, cours d’eau, etc.).
végétaux (1764, jonc fleuri). k Par changement de suffixe, le mot a servi à for-
b Le dérivé JONCHER V. tr., d’abord jw&ier (10801, mer JONCTURE n. f. 119611 aattache)), terme de lin-
réalise dès les premiers textes le sens analogique guistique qui rend l’anglais juncture, Coura;nt dans
de rouvrir d’objets répandus çà et là en quantité-. l’usage didactique.
Il correspond aussi Iv. 1165) à rouvrir le sol de vé- ‘$ voir CONJONCTION.
gétaux, joncs, fleurs, etc.n et n’a pas gardé le sens
général de arenverser, jeters qu’il avait en moyen JONGLER v. in&., mot du XVI~s. (15461, attesté o>
français. + @ JONCHÉE n. f. (v. 1175) désigne une une fois au xv” s., présente le cas d’une forme d’ori-
litière de joncs, puis une couche de branchages gine latine ayant subi l’influence d’un mot germa-
dont on couvre le sol lors d’une solennité Km XIIJ! s.) nique : c’est la forme altérke de l’ancien français io-
et, par extension, d’aprgs joncher, une grande gkr ase jouer dem k~r~-x~rr~s.1 et Nplaisanter, faire le
quantité d’objets épars, de cadavres étendus sur le métier de jongleurfi Ixt$ s.1, issu du latin joculati
sol. - Le nom d’action JONCHEMENT n. m. f 1605) &re des plakanteriesn (-, jeu, jouer). L’altération
ne s’est pas répandu. - JONCHET n. m. (1483) est de jogler en jongler s’explique par l’influence de
soit le dérivé de jon&w, soit celui de jonc; il est sur- l’ancien verbe javtgler, en usage du XII~au XVII” s. au
tout employé au pluriel pour désigner un jeu de sens de ~plaisanter, hâbler, médiren, et qui vient du
patience traditionnel qui se joue avec des bâton- francique “jungalon. abavardep, que l’on peut re-
nets de bois, d’os Idès 1474, jeu de jmgzl. On relève construire d’après le moyen néerlandais junhen
également les graphies régionales honchet et on- ~gémb-5 juflge2en <<murmurer, grommeler, miau-
chet (chez Rousseau). 6 Dès l’ancien fkançais, jonc a lern, et le moyen bas allemand junken ~gémir, se la-
produit JONCHÈRE n. f. (XII~s., jonchkre) pour le menterm et miaulera.
terrain où poussent des joncs, mot concurrencé ul- Uongkr, attesté une première fois dans la
&ieurement par JONCHAIE n. f. (1771) et par construction jongler ù qqn 6’amuser aveca, a pris
JONCHERAIE n. f. (19261, résultant du croisement au xwe s. le sens de efaire des plaisanteries=, qu’il a
des deux autres types. *Il a aussi produit 0 JON- conservé jusqu’à la fin du xwe siècle. + FJI relation
CHÉE n. f. 113791 au sens de epetit panier pour avec jongleur*, il s’est spécialisé, par l’intermé-
égoutter le lait caillé, et, par métonymie, &omage diaire de &ire des tours de passe-passe* (16901,
ainsi préparén c1583). w Par dérivation Sava;nte, on a dans son sens moderne concernant un exercice
tiré de iom le terme de botanique JONCACÉES d’adresse spectaculaire où l’on fait passer des ob-
n. f. pl. (1798) et un verbe technique JONCER v. tr.
jets d’une main à l’autre. 0 Depuis 1863, il est aussi
(1858) “garnir (une chaise) de jonc*, &otter Curie employé au sens figuré de as’amuser, jouer adroite-
peau de chèvre) avec une tresse de joncn. ment de% (notamment dans le domaine verbal), re-
Les deux adj eckifs formés sur jonc, tant le littéraire trouvant en partie ses valeurs anciennes.
JONC& ÉE “qui a la souplesse du joncm Huys-
mand que le régional JONCEUX,EUSE (1901, b De jongler est dérivé JONGLERIE n. f. (15811, abé-
cf. en 1580 jonchemade joncnI, sont peu usités. ration de l’ancien français jugleti Il 1191, de jugiez,
~L’emploi spécial de jonc en bijouterie est peut- jogler, avec l’influence de l’ancien junglerie acaquet,
étre à l’origine de l’argotique 0 JONC n. m. ( 17901 bavardagen, de jungZer. *Depuis ie XII~s., ce nom
qui désigne l’or comme matiére et, par métonymie suit l’évolution sémantique de jongleur (+ jongleur)
(18421, l’or monnayé, d’où, par extension, l’argent et Sign%e «art, métier du jongleurp, 4rtuosité
en général (18851. 0 À son tour, ce sens a produit mensongèrem (début xv” s.), et cfausse apparence
les mots argotiques JONCAILLE n. f. (1928) «or en tendant à duper* (1784). +Par substitution de suf-
lingots, en bijouxB, toujours en usage, et, JON- fixe, on a formé JONGLAGE n. m. (v. 19501, d’ac-
CHÉ, ÉE adj. (1881) *doré>, sorti d’usage. ception plus technique et de valeur active.
0 Voir JONGLEUR.
@ voir JONQUILLJI.

JONCTION n, f. est emprunté (1245) au latin JONGLEUR, EUSE n. Ixds.1 continue l’an- o>
juncti wnion, liaison, cohésion>), dérivé du supin cien franqais juglere ( 11351 jughr, jogleor, iugkor
de jungere I+ joindre). (XII~s.), issu du latin joculator -rieur, bon plaisant,
+Le mot est apparu au sens d’ution charnellen, raillew, dérivé de jocLLs eplaisanterie, jeu sur les
sens propre à l’ancien et au moyen français et qui mots» (3 jeu). La forme actuelle du mot, nasalisée,
correspond à des emplois de (sel joindre et de join- est due à un croisement avec l’mcien substantif
ture. Depuis le moyen français Il4771, il fournit le jangieor, junglëur sign%ant «bavard, hâbleur, médi-
nom correspondant à joindre au sens d’aacttion de sant», dérivé de l’ancien verbe d’origine germa-
réunir>+ en parlant de choses et (15811 de per- nique @ngJer (-+ jongler) ; en lançais moderne, le
sonnes, notamment de groupes (avant 1664 en ma-
mot est senti comme un dérivé de jongler, alors que
noeuvres milltairesl. o À partir du XVII~s. (16901, il le verbe est bien postérieur.
est employé spécialement par le langage juridique 4 Au moyen âge, le jongleur était un ménestrel am-
pour désigner la décision par laquelle un tribunal bulant qui récitait ou chantait des vers en s’ac-
ordonne la réunion de deux causes liées étroite- compagnant d’instruments dans les cours seigneu-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1923 JOUE

riales et les villes. C’était même un artiste correspondant au ch allemand de Buch. Le nom de
universel, puisqu’il montrait aussi des animaux sa- la lettre est emprunté au latin iota, hellénisme
vants, faisait des tours d’escamoteur et d’acrobate (b iota).
et vendait à l’occasion des onguents et des herbes
médicinales. Il est probable que, par la suite, les JOUAL n. m. sing., attesté depuis 1930 Cav.1920
tours d’adresse aient pris une part plus impor- dans parler jouai cparler mal, de manière relâ-
tante : au XVI~s., le mot désigne une personne qui chée4, transcrit la prononciation populaire de che-
fait des tours 11549) et est presque synonyme de ba- val* IchouvaZ, jouall dans certaines régions (ouest
teleur. Il prend au XVI~s. Iv. 1572) son sens moderne de la France, d’où Québec).
de cpersonne qui lance adroitement des objets en 4 Le mot est utilisé au Québec pour désigner l’en-
l’airs. 0 Dès le ~IU~s., il est parfois employé au sens semble des écarts (phonetiques, lexicaux, syn-
figuré de apersonne habile à manipuler les choses, taxiques) du français populaire canadien soit pour
les êtres, les mot+, issu du sens large de l’ancien les stigmatiser, soit pour en faire un symbole
tiançais. C’est en revanche l’acception spécialisée d’identité. Il est quelquefois adjectivé et employé
moderne qui est à la base du sens figuré péjoratif, en apposition L
pour Gllusionniste, personne qui en impose par des
b Un en a tiré JOWALISER v. intr., d’où JOUALI-
apparences trompeusesn (1819). 0 Au XVIII~ s., le
SANT, ANTE adj. et n. (19731, appliqué aux écri-
mot était dgalement répertorié avec le sens spé-
vains qui revendiquent cet usage du français.
cial, aujourd’hui hors d’usage, de adevin qui guérit
ou prédit l’avenir n, asorcier, chez les Amérindiens~,
JOUBARBE n. f., d’abord jobarbe Exrres.), est o>
par analogie du sens médiéval.
issu du latin Jwti barba (Pline), proprement ((barbe
@ Voir JONGLER.
de Jupiter>), de barba (-, barbe) et jwti =Jupiters
JONQUE n. f., avant d’être attesté sous sa forme (+ jeudi, jovial>, la plante devant son nom au fait
actuelle (16011, est relevé sous les formes ~unc qu’elle est censée protéger de la foudre, ou encore
(15211, ionct Iv. 15251, loncque 115711, Ionco (1598) et à la disposition de ses fleurs, en panicule.
ionque (1601). Ce mot est emprunté, par l’intermé- + Le mot désigne une plante grasse dont certaines
diaire de textes italien, espagnol, néerlandais (d’où espèces sont communes et croissent sur les toits et
la variété des formes relevées3 au portugais junco les vieux murs.
“grande embarcation en usage en Chine, au Japon
et dans l’archipel m&is~ ( 1345,joncol. C’est un em- JOUE n. f., d’abord joe (1080) puis jock (XII~s.), en- 8>
prunt au javanais de même sens, djong, attesté en ti joue, est d’origine incertaine. Il est peut-être
composition au moins dès le XIII~ s. (malais adjong). issu, par une forme o@&, de la base prélatine
4 Le mot désime un voilier d’Extrême-Orient à ‘guba «jabot, gosier) I-, gaver, jabot) à travers un
trois mâts. dérivé déjà prélatin ‘@bota, gabuta. C’est ce que
semblent cotirmer les correspondants du mot
JONQUILLE II. f., d’abord sous la forme alté- dans le domaine de l’Italie du Nord, du type gaulta,
rée iouquille (de 1596 à 16281, puis ionquiik en 1660, ou encore le catalan galta, l’ancien provencal
est emprunté à l’espagnol junquillo (1192, Junquello gauta Ifin XIIIeS#I, le kanco-provençal dzotoa,
comme nom propre; 1599 en botanique), dérivé di- dzauta, dz&:.),
minutif de junco, correspondant au francais jonc*, +JO~, apparu avec le sens courant de <<partie laté-
de même origine. La finale -iUe explique le change- rale du visage de l’homme)>, est parfois appliqué à
ment de genre du mot en français. la partie correspondante de la tête d’un animal
+ Ce nom de plante et de fleur (souvent jaune) est (1393, joue dp bœufl, après avoir été employé au
employé comme adjectif de couleur invariable sens de Nmâchoire» Iv. 1120). 0 D’après la position
(1748, après couleur de jonquille en 1715). du fusil plaque contre la joue pour viser, on a formé
l’expression en joue 11578). +Joue a développé
0 JOTA n. f. est emprunté 118401 à l’espagnol
quelques sens techniques, par analogie avec la po-
jota, nom d’un chant et d’une danse populaires es-
sition des joues : il désigne ainsi chaque partie laté-
pagnols de rythme ternaire, vif et trépidmt ( 1765-
rale d’un objet (avec un sens ancien en 14261, spé-
17831,Contrairement à la légende qui en attribue la
cialement en construction ( 14461,en chemins de fer
création à un Arabe du XII~s., Aben JO~,la jota n’est
[joues de coussinet), en mécanique ljoue de poulie);
pas antérieure au XVI~~”s. et n’aurait aucune origine
depuis 1680, il désigne l’espace entre le siège et
arabe directe. Corominas a proposé de voir en jota
l’accotoir d’un canapé ou d’un fauteuil.
soit une altération, particulière à la phonétique
aragonaise, de sofa <danse», ancien dérivé de l’an b L’ancienneté de l’emploi analogique de joue est
cien castillan sotar <<danser*, issu du latin saltare attestée par le dérivé technique JOUÉE n. f. (liSO-
I-P sauter), soit un emprunt à l’arabe Z@a <(danse». 11741, autrefois “pan, surface (d’un mur)>, employé
+ Le mot a été introduit avec le folklore espagnol au en bâtiment en parlant de l’épaisseur d’un mur
~IX~ s., la formule musicale qu’il recouvre inspirant dans une ouverture 114451, et en tapisserie (18671 à
plusieurs compositeurs (Liszt, Glinka puis Ravel). propos de la garniture qui recouvre la ajoue)) d’un
Comme 0 jota, il se prononce à l’espagnole avec fauteuil. +Joue, avec le concours de l’adjectif bas, a
servi à former BAJOUE n. f. (1390), employé en
une gutturale.
boucherie et, familièrement, e-n parlant de la joue
0 JOTA n. f. est un emprunt à l’espagnol jota qui pendante d’une personne, 0 A son tour, ce mot a
désigne le son guttwàl noté X, puis j en espagnol, et prodtit BAJOYER n. m. (17511, mot technique dé-
JOUER 1924 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

signant la paroi latérale d’une chambre d’écluse et jouer est àl'orîgînedela forme enfantineJOUJOU
le mur consolidant les berges d’une rivière, sur le n. m. ( 17151,antérieurement iojo Cv.14003dans faire
modèle de l’ancien iouyer 115211, attesté au même jojo, avec influence possible de la finale de bijou. At-
sens. Ba@yer, démotivé, n’est plus rattaché à ba- testé clairement au sens de cjouet)} depuis 1721, et
joue. +ABAJOUE n. f. (1766, Btion) est issu de la usuel dans ce sens au x& s. ILa Morale du joujou,
bajoue avec agglutination du -ct de l’article; il est de Baudelakel, joujou est employé au figuré en
employé, comme bujow au sens de ujoue pen- parlant d’un petit objet mignon, d’un mécanisme
dante de l’hommen; par métonymie, l’argot lui très perfectionné. oson composé JOUJOU-
donne le sens de <(face>) En xrx” S.I. TH~QUE n. f. 11974, concurrent hybride de ludo-
0 Voir ENGOUER, GOUAILLER. JOUFFLU. thèque, semble peu usité.
Jouer a produit d’autres dérivés au ~~III~siècle.
* JOUER v. est issu, par l’évolution vocalique +Les adjectifs JOUABLE (1741) et INJOUABLE
en ioer cv. 11701, juer, puis jouer (XIII~ s.1, du latin io- C17671, tous deux relevés chez Voltaire, s’emploient
cari *plaisanter, badinep, dérivé de jocus (+ jeu) à propos d’un jeu et, figurément, d’une action que
dont les dérivés ont donne l’qcien fknçais iogler l’on peut ou non tenter. oLe verbe familier
et jogleur (-+ jongler, jongleur). A basse époque, pa- JOUAILLER ( 17183 est devenu archaïque.
rallèlement au remplacement de 2udu.s par jocw, + JOUETTE n. f. (17951, terme technique ou régi@
jocari a évincé Zudere I-+ ludique3 et lui a repris ses nal, désigne un trou peu profond creusé par un la-
sens de +ouer à un jew, ase livrer à un exercice pin de garenne.
physique», ajouer un rôle, contrefaire= et, au figure, Par préfixation, jouer a produit REJOUER v. tr.
ase moquer, dupers. I~II” s.1 Njouer une seconde fois=, qui a gardé le sé-
4 L’évolution sémantique de jouer est analogue a mantisme fondamental de jouer, à la différence du
celle de jeu. Le sens apparu le premier est celui de préhé en dé-. +DÉJOUER v. tr. 0121) est d’abord
&muser, se distraire, badinerm, pour lequel attesté Cl121, se déjtierl avec la valeur perfective de
l’usage ancien employait également la forme pro- dé- (comme dans tiluisser, decouper, &Passer), le
nominale se jouer (11651 réservée depuis au sens de verbe signifiant use réjouir, prendre un plaisir
afolâtrer, se mouvoir au gré de son caprices complet-. De là pour l’intransitif (1694) le sens de
(av. 16061, d’usage littéraire. ~Depuis 1080, jouer *voltiger au gré du ventm, qui renforce une valeur
est employé avec les prépositions avec et à, en ex- spéciale de jouer. - C’est une autre valeur séman-
primant les deux valeurs essentielles du jeu, acti- tique, attachée à dé- privatif, qui correspond au
vité indéterminée et déterminée, dans le contexte verbe moderne apparu (XIII” s.1 pour «décontenan-
des jeux d’argent, de hasard. 0 fl assume d’autres ter, déconcertern, sens sorti d’usage, puis tifaire
sens particuliers avec la préposition de (12251 spé- échouer le jeu, l’action de qqn>, et enk (1792, Ma-
cialisée à propos d’un instrument, et dans des lo- rot) <<faireéchec àm,seule valeur vivante.
cutions figurées du type jouer de ma.i&ance, y 0 voir ENJOUER, JEU.
compris à la forme pronominde se jouer de 116711
<se moquer de&. 0 Il est employé avec un JOUFFLU, UE adj. 11530) résulte du croise-
complément dire& au sens d’&terprétem, en mu- ment de joue* et du moyen français giflu, <Cauxjoues
sique, théâtre et cinéma, avec des possibilités rebondiesn, dérivé (1531) de gifle* pris au sens de
d’emplois figurés. *À partir de 1559, en relation ajouem.
avec jeu «espace)), il est appliqué à une chose, au +Joui%, employé en parlant d’une personne aux
sens de Gsemouvoir librement avec aisance, dans joues rebondies (parfois avec une valeur péjora-
un espace déterminé>>, ce qui correspond à une va- tive), est appliqué par analogie à un objet (1842). fl
leur spéciale de jeu. Il sifle particulièrement fournit une désignation argotique du derrière Ile
(1867) gne pas garder sa forme, se déplacern en par- joui7Zul.
lant d’une porte, d’un assemblage, et afonctionner à
l’aisen à propos d’un mécanisme. JOUG n. m., d’abord orthographié ~OUIv. 1120), a
,JOUEUR,EUSE n. (1155, au féminin joeresse) a pris son -g Enal par rétablissement savant du g éty-
perdu son premier sens de <<danseur, ménétrier-n mologique, au XIII~siècle. Le mot est issu du latin iu-
(+ jongleur) pour celui de epersonne qui joue> mm {{pièce de l’attelage emboîtant le cou de l’ani-
(v. 11651,avec certains des emplois correspondant mals. Par suite, le mot a aussi pris le sens fifiguré de
au verbe (XIII~ s., Njoueur dïnstrument~~ ; v. 1400, uservituden, par allusion à la coutume qui consistait
<<personne jouant aux jeux d’argentnI. Il est aussi à faire passer les vaincus sous deux lances fichées
employé comme adjectif (1690). en terre et en supportant une troisième transver-
JOUET n. m. (v. 12501, <<objet avec lequel les enfants sale, évoquant un joug (cf. les fourches caudinesl.
jouentb, s’est longtemps dit également de ce qui Jugum, qui a des correspondants dans le grec zu-
servait à amuser les adultes (bijoux, animaux de gon, le hittite iugan, le sanskrit yugu-n C+ yoga) et
compagnie). Jusqu’aux XVIII~-XIX~s., il a subi la le gotique juh, remonte à une racine indoeuro-
concurrence de bimbeiot, bimbeloterie dans le vo- péenne “yug- qui se rapporte à l’attelage (de même
cabulaire du commerce et de l’industrie, avant de que les anciens mots equus, rota et uxz3 I+ axe,
les supplanter. 0 Depuis le dernier tiers du XVI~s., équestre, roue).
le mot est employé au sens métaphorique de cper- +Joug, d’abord attesté par le hasard des textes
sonne servant d’objet de raillerie>) (1585) et avec le sens figuré de <<contrainte qui pèse forte-
(av. 16001 de <<personne, chose qui semble livrée a ment sur qui la subit», d’usage littéraire, dans des
une force, une volonté qui l’opprimen. *JOufd ou expressions et syntagmes dételés, quelquefois
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1925 JOUR

avec la notion plus précise de acontrainte résultant ~usufi-uit~I et sens commun de aplaisir intense des
d’une obligation morale ou sociale>> Iv. 12653, par sens» (1503; 1488 en contexte religieux), spéciale-
exemple dans le joug du matige (15441. +Dès le ment ~plaisir sexueln. -=a entre dans COJOUIS-
XII~s. (v. 11701, il est également employé concrète- SANCE n. f. ( 1835) et NON-JOUISSANCE n. f,
ment, désignant la pièce de bois à incurvation (16603, tous deux d’usage juridique. +JOUIS-
qu’on place sur la tête ou I’encolure des bo%% pour SEUR, EUSE II., d’abord utilisé en droit (1529; 1509,
les atteler (dans les pays industrialisés, il a à peu faire jouisseur del, s’applique plus généralement &
près disparu au mes.). 4 Depuis le xw’ s. ( 15261, la personne (1846) avide de jouissances matérielles,
d’&ord dans l’expression faire joug ase soumettrem, comme nom et comme adjectif (1885). Il est rela-
il est employé en histoire romaine pour désigner tivement moins marqué que jouir et jouissance par
( 1690) l’assemblage des trois piques utilisé par les la connotation érotique, pourtant fréquente.
vainqueurs pour asservir les vaincus. Le prétié RÉJOUIR v. tr., d’abord resioa (X~I~s.1,
b JUGAL, ALE, AUX adj. et n. m. est emprunté est issu de l’ancien es@k k 11.20)arendre joyeux*,
(15411 au latin jugalls ade joug, en forme de jougm et, encore relevé au xwe s. sous la forme esjouir. Il n’a
en anatomie, aqui forme la pommetteD, Le mot a été pas pris la spécialisation sexuelle du verbe simple
repris dans cette spécialisation anatomique, égak- jouir. Il est surtout utilisé à la forme pronominale se
ment substantive pour l’os appartenant à l’arcade réjouir Iv. 1175) damuser~, puis &prouver de la
osseuse de la joue. jOieB (1559). + Le participe passé RÉ JOUI, IE est ad-
+ Voir AJOUTER, CONJUGAL, CONJUGUER, ENJOINDRE, jectivé Iv. 1200, resjoiï pour qutier une personne,
JOINDRE (et JONCTION), JOUTER, Joux-m. JucmR, JWGU- son apparence, son visage, lorsqu’ils manifestent
LAIRE. JUGULER. JUMENT, JUNTE. YOGA. de la joie, du plaisir. 6 Le dérivé RÉJOUISSANCE
n. f. (v. 1460) a remplacé resjouissement Ixrv” s.) au
+k JOUIR v. tr. ind., d’abord go2 Cdéb.me s-1,~OU sens de avif plaisti et -célébration de ce plaisti,
( 1140) puis jouir kme s.), est issu du latin tardif ‘gau- surtout au pluriel pour (<fête> 116661. 0 Il a pris
dire, aItération de la forme classique gaudere ase (1783) le sens très particulier d’cos que le boucher
réjouir intérieurementu, et poétiquement ase plaire ajoute à la viande après l’avoir pesée,, en souvenir
à, se complaire dans% (en parlant de chosesl. Le des réjouissances qui auraient suivi l’ordonnance
verbe est dérivé de guudia I+ joie). d’Henri IV supprimant l’usage d’ajouter et de pe-
+Jouir s’est employé pendant longtemps au sens ser les os pour les bas morceaux vendus au peuple.
transitif d’«accueilhr chaleureusement, faire f6te & +RÉJOUISSANT, ANTE adj. (1425, resjouissant)

(encore au xwe s.l. OL’usage moderne a imposé la quaMe d’abord ce qui réjouit, procure du plaisir ou
construction indirecte [jouir de) attestée depuis de l’amusement ; il a bénéficié du vieillissement de
1155 en parlant de la possession d’un bien, dans le jouissant Ici-dessus). L’adjectif s’emploie souvent
domaine juridique E1272) et, par suite, dans l’usage par antiphrase.
soutenu au sens d’Navoir la possession de- (la santé, 0 Voir GAUDRIOLE, GODIVFaAW.
xwe s., une qualité, 1690). + L’emploi courant du mot
met l’accent sur l’idée de aplaisir~ avec la valeur de JOULE n. m. est emprunté ( 18881 à l’anglais
«tirer agrément, profit de qqch., 11165, tr.1, parti- joule, du nom du physicien anglais James Prescott
culièrement : *éprouver un plaisir de nature Joule ( 1818-1884). Le terme a été proposé en 1882
sexuelle - aujourd’hui intransitif - sens attesté par sir William Siemens au congrès de l’Associa-
dès le xrres. (v. 1140, tr.1. Ce dernier sens s’est ré- tiun britannique tenu à Southampton pour dési-
pandu dans l’usage moderne au point de rendre gner l’unité d’énergie électrique. Ce nom était au-
diEcile l’emploi du verbe dans tout autre contexte, paravant employé en apposition pour désigner des
si ce n’est dans quelques syntagmes et expressions réalités liées aux découvertes de ce physicien
particulières, alors que la valeur correspondante dToule’s e#ect aeffet Joule*, en 1879). C’est en 1948
de joie a disparu. De la même façon, jouir de qqn que la IX” Conférence générale des poids et me-
s’est limité au sens de disposer charnellement de sures proposa d’intégrer le terme au système inter-
qqn pour son plaisir-~ IxrII” S.I. 0 Ces valeurs se sont national d’un&.
répandues au détriment du sens ancien, plus géné- + Le mot désigne une unité pratique d’énergie élec-
ral, de <<tirer avantage, agrément de la fréquenta- trique et (1948) l’unité de travail correspondant au
tion den (XVI~s.), encore usuel en langue classique et travail d’une force d’un newton dont le point d’ap-
régionalement, notamment en français du Canada, plication se déplace d’un mètre dans la direction
pour des emplois rendus impossibles en France de cette force. 0 ERet Joule, calque de l’anglais, dé-
par la valeur érotique. signe la production de chaleur dans un conducteur
b JOUISSANT. ANTE adj. (1549; v. 1165, jOi&unt), parcouru par un courant éktrique.
aqui jouit de la possession d’une chose» et, fami-
lièrement, “qui procure du plaisir, délicieux>>, subit +# JOUR n. m., d’abord jom Iv. 9801, puis jor, jur
en ce sens la concurrence de JOUISSIF, IVE adj. (1050) et jour (12741, est issu du latin diumum qui a
(v. 1950) ainsi que de rdjouksant Ici-dessous). Alors été pris à basse époque comme synonyme du mot
que jouissant, comme jouir, est marqué par les classique dks *jour», qui provient d’une racine în-
connotations sexuelles, jouissif a plutSt la valeur doeuropéenne exprima& la ckwté, présente dans
générale de ~piaisant, agréableM et par antiphrase le mot dieu. Jour a supplanté de bonne heure le re-
edouloureuxti. w JOUISSANCE n. f. est tiré 11466) présentant de dies en français, di 18421,qui se main-
du radical de jouir avec les sens correspondant au tient seulement dans midi* et dans les noms des
verbe: sens juridique (1466, spécialement 1671: jours de la semaine (+ lundi, mardi, etc.). Diumum
JOUR 1926 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lui-même est le neutre substantivé de l’adjectif que les combattants portaient par-dessus l’armure,
diumus “qui se passe le jour, quotidien, journalier* jusqu’au XVI~s., également nommée journée au
(+ diurne), tiré de dies, et relevé au 1es, au sens de xve siècle.
flration journalière », aregistre où sont consignés les TOUJOURS adv. (1080, tUzjurs), de tous et Tours, a
actes du peuple et du Sénatm et «registre de remplacé l’ancien tiançais sempre qui avait pris de
comptes* (3 journal). bonne heure le sens de atout de suite», représen-
4 Le mot se réfère à l’intervalle de temps écoulé tant du latin semper qqtoujours= (conservé dans sem-
pendant une rotation complète de la Terre (v. 980). piternel*). +Outre ses sens temporels courants,
Il sert à situer un événement dans le passé, comme toujours a une valeur dite Nde circonstance logiquen
dans le présent (1050) et le futur. 0 Dès 1080, le mot (16681, au sens de aen tout cas, quoi qu’il arrive-
a le sens particulier de ajour de célébration d’une @oujours est-il quel, née d’emplois où le mot
fête> et celui de upremier jour», disparu sauf dans marque une correspondance temporelle entre
jour de l’an ( 13801. L’expression le jour J, cle jour deux choses.
prévu pour un événement importa&, semble créé Jour entre dans AUJOURD'HUI xiv. et n.m. ti
à l’occasion de la guerre de 14-18, comme l’heure H xrves.), soudure de la locution au jour d’ui (v. IISO),
(attesté en 19171. oDès 1050, jour était envisagé proprement Kle jour où l’on estn, contraction de à le
sous son aspect duratif, préctié d’un adjectif nu- jour d’hui, où 8. a le sens d’un démonstratif. L’an-
méral cardinal, avec une valeur plus ou moins dé- cien francais hui, hoi (1080) *le jour où I’on est,, est
terminée (1050) ou indéterminée iv. 11351,et se rap- emprunté au latin hodie de même sens, lui-même
portant au pluriel à une époque de la vie Iles beaux de ho die, ablatif circonstanciel de temps formé
jours). 0 C’est également au début du XII~s. que le avec dies. Le français use en la circonstance d’un
mot prend le sens de <temps considéré par rapport renforcement pléonastique (entre jour et hui) qui
à l’emploi qu’on en fait>>.II y ajoute Iv. 12743 celui de lui est particulier et que ne Conna;issent ni l’italien
<<temps considéré par rapport à l’état météorolo- og@ ni l’espagnol hoy. 0 Aujourd’hui, en relation
gique du cîeln et concerne alors, en s’opposant à avec demain et hier, s’emploie dans diverses
nuit, un intervalle de temps compris entre le lever constructions, telles dés aujourd’hui, jusqu’ù (ou
et le coucher du soleil. + Le deuxième (v. 10501sens jusqu’) aujourd’hui I-+ jusque).
essentiel du mot, ~clarté, lumière donnée à la Terre BONJOUR inter-j. et n. m. (av. 1250) résulte de la
par le Sole& (10801, procède directement de cette soudure du syntagme bon jour (av. 1230) «jour favo-
valeur temporelle liée au Soleil. Jour désigne alors rable, temps heureuxB, devenu formule de saluta-
la source de lumière naturelle qui permet de voir tion vers le xve-XVI” s., et qui semble antérieur à la
(1176) et s’étend même à une lumière artikielle. locution verbale domer le bonjour I 1570). 0 Le mot
*Ce sens a donné lieu à des emplois métapho- prend parfois une nuance péjorative due à son em-
riques, dans la locution verbale domer Ie jour ploi banalisé. De là l’expression familière bonjour-
(doublée au XVII~s. par mettre au jour), et à des em- bonsoir! qui marque des rapports humains aussi
plois figurés dans lesquels s’expriment l’idée de superficiels qu’éphémères, et des formules comme
amtière de voir, aspect> (1588) ou celle d’&lair- bonjour Ies dég&s !, ou bonjour correspond à wolci
cissement, exphcationn ( 1600, sous un jour, au le début (des ennuis, etc.)>.
grand jourl, etc. DEMI-JOUR n. m. a perdu son a;ncienne valeur
*Par métonymie, jour a développé au XIVes. un temporelle de (midi, milieu du jour) (apr. 1260,
troisième axe sémantique, de nature concrète, ce- demi jorl pour indiquer une clarté naturelle assour-
lui d’((ouverture laissant passer le jour), d’abord en die (17041.dCONTRE-JOUR n. m. (1615) estàl’ori-
architecture. Cette valeur a inspiré, outre le gine un terme pictural, repris par la photographie
composé ajouré (ci-dessous), des emplois figurés et entré dans l’usage courant.
apparus aux xwe et XVII~s., et que l’on confond par- AJOURÉ, tiE adj., formé (1644) sur jour au sens
fois avec ceux qui dépendent du sens de hmière~. d’«ouverture)>, s’est d’abord employé en blason,
Ainsi, percer ;i jour ( 1732) «découvrirn est à l’origine puis Efm XVIII~s.) pour qutier un objet percé ou
une expression d’escrime dont la forme dévelop- orné de jours. +Il a pour dérivés AJOUR n. III.
pée était percer à jour qqn de coups d’épée (vers 118661, employé en architecture et en broderie, et
1616). 0 Au XVII~s. Iv. 16441,le mot a pris le sens abs- AJOURER v. tr. (1891 au pronominal) apercer d’ou-
trait de amoyen d’accèsn, limité dans l’usage mo- vertures, de joursm.
derne à la locution se faire jour (au truvers de1 0 AJOURNER v. tr., dérivé de la forme ancienne
( 1667) <<sefrayer un chemin», devenue simplement jom, joum, a signi% en ancien kançaîs, en emploi
se faire jour (1832) ((apparaître>>. intransitif, <faire jour>>. Il a été reformé ~XIII~s.3 en
F Au sens de ctemps pendmt lequel il fait clairn, droit pour <assigner (qqn) à comparaître, à jour
jour a un dérivé, JOURNÉE n. f. (v. 1150, jome), Exes, par l’idée de &xer un joum +@ AJOURNE-
avec lequel il entretient des rapports analogues MENT n. m. Cfm XII~s., «lever du jourB, cf. @ ajour-
(mais non identiques3 à ceux qui existent entre QII ner) s’emploie en droit pour &xation d’un jour de
et année : la joutie est plus pleine, plus étoffée que comparution- Imil. xd s.1,sens vieilli.
le jour. Le mot se rapporte en particulier à un jour @ AJOURNER v. tr., d’abord adjoumer ( 16721, est
de voyage, à un jour de travail Il 1551d’où, par mé- emprunté à l’anglais to adjoum aremettre à un
tonymie, à la rémunération d’une telle durée de autre jour», lui-même pris au tiançais et employé
travail (1267-1268). +L’autre dérivé de jour, JOUR- en politique. FJI français, le verbe s’applique aux
NADE n. f. (1459, en est issu au sens de Kjour de réalités anglaises ~VIII~s.1,puis françaises (17753, en
combat>> : il désignait une cotte à manches longues droit et en politique, prenant la valeur extensive de
DE LA LANGUE FRANÇAISE JOUVENCE
aretarder, remettreb (1794, Beaumarchais). vement, avec le sens technique apasser une écri-
- @AJOURNEMENT n. m. Ii7521, d’abord &@US- ture comptable au (livre) joumd>~ (1962).
nement (16721, emprunt à l’anglais adjoumment, de JOURNALISTE n. (1684) a remplacé le mot clas-
to udjoum, s’emploie comme le verbe en contexte sique nouvelliste tcf. nouvelle) ; au XVILI~s., il dési-
anglais, puis français (1790, Mirabeau), pour arenvoi gnait aussi bien celui qui travaille dans un journal
(d’un débat, etc.1 à une date ultérieure>). Il a pris au que celui qui le ftit, et plus particuI&ement celui
Wces. une valeur extensive. +De 0 ajourner vient que l’on nomme aujourd’hui le C&@M, qui fait les
AJOURNABLE adj.( 1845). comptes rendus des ouvrages à mesure de leur pa-
rution. Le mot recouvre aujourd’hui toutes les pro-
fessions intellectuelles de la presse : rédacteur, re-
porter, chroniqueur, etc. -Il a produit JOUR-
JOURNAL, AUX adj. et n. m., d’abord NALISME n. m. (1705, rare av. 1781, d’abord
Iv. 11191adjectif, sous les formes jomal, juwi, jour- aensemble des journaux~), JOURNALISTIQUE
nal, est soit formé sur jom, l’ancienne forme de adj. Il8141 et le péjoratif JOURNALEUX, EUSE n.
jour”, avec le sufke -al (à variate populaire -ell, (1902, Bruant), =mauvais journaliste>. oJoumal&e
soit, plus probablement, issu du latin tardif diurne- et journalisme ont évolué avec l’histoire de la
lis xde jom, issu de diumum I+ jour) : dès 704, on presse, devenant au XIXe et surtout au ti s. plus
relève diumalis Cet jomuks, jumults) au sens de usuels, avec un sémantisme plus vaste. Les métiers
amesure de terre correspondant à la surface labou- du journalisme sont en effet variés, de la rédaction
rable en un jow et, au mes., le pluriel diumdes au à la photo, de la critique au reportage, et couwent
sens de (<souliersp. des activités diverses, selon les types d’informa-
4 Le mot apparaît en français comme adjectif, dans tion* (presse, agences, radio, télévision) et les sujets
étoile jourwle aétoile du matin,, encore attesté au traités (journultime, joumaliSte politique, spor-
XVI~siècle. Il ne subsiste comme tel que dans livre tif: etc.).
journal ( 15431 qregistre de comptesn, de nos jours
souvent remplacé par journal. +L’usage moderne JOUTER v., modifkation 11390) de juster 110801,
l’utilise seulement en tant que substantg comme joster (XI~”s.1,puis jowter Im” sd, est issu d’un Iatti
diumalti en latin médiéval (v. 1150). Il a eu les sens, populaire ‘@tiare <être attenant à, toucher b,
propres à l’ancien français, de apoint du jow, de formé sur la préposition jw$a {{près dea (+ jouxte,
ajour, temps,, spécialement cjour de bataille ou de jouxter). Ce sens primitif ne survit que dans les par-
voyageti, et de amesure de terreB, ce dernier encore lers septentrionaux et dans le Centre Een parlant
vivant &ns certaines régions. + C’est au XIVes., par des propriétés).
l’intermédiaire des sens de &vre d’enregistrement 4 Jouter, apparu au sens de &e) rassemblen (qui
des actesm If3191 et de &vre de prières quoti- explique le préké ujouter*, aujourd’hui séparé par
diennesn (13711, que journal commence à désigner le sens), était employé au moyen âge dans un
une relation quotidienne des actes de chaque jour. contexte militaire pour aordonner les divisions qui
Au XVFI”s., il prend le sens de *publication pério- vont attaquep Ajouter avec, contre1, alivrer combatB
dique rendant compte des événements saillants ( 1080, juster bataille), et surtout *se mesurer à qqn à
dans certains domainesn (1625, dans le titre Journal cheval, avec des lancew. Les moeurs de la chevale-
contenant les nouvelles de ce qui se pusse de plus re- rie ont porté le mot dans les langues voisines cita-
marquable dans le Royuumel. Il s’applique d’abord lien gbstrare, espagnol ju.sWI~ Q Le sens figuré de
à des publications savantes Woumal des Savants, wivalise~, d’abord alutter contrem Il 1551, s’est un
1665; du Palais, 1675; de médecine, 16831 et corres- peu mieux maintenu, dans la langue littéraire.
pond plutôt à ce qu’on appelle aujourd’hui revue, F Le dévefial JOUTE n. f. (v. 11301,terme né dans le
tandis que le sens de dpkiodique relatant l’actua- contexte de la chevalerie en parlant du combat de
lité* est réservé à l’italianisme gazette*, qu’il évin- parade entre deux chevaliers, est resté relative-
cera. ~Son sens aujourd’hui courant est attesté ment courant au sens figuré de &spute, a&onte-
depuis la date où fut crée (11771 le Journal de Park mentm (16831, lequel est né de celui &-entreprise
premier quotidien français portant sur l’actualité. guerrières Iv. 1178). La valeur concrète demeure,
Depuis, il a aussi pris les sens d’cexemplaire de dans le cadre d’un combat entre deux animaux
journal> ( 18431, aadministration, direction d’un jour- vo&e de CO& et d’un divertissement sportif (1671).
nalln et s’applique, dans d’autres médias, à un bulle- + JOUTEUR, EUSE n., d’abord josteor 11176-l 1811,
tin quotidien d’informations 11880, journal par.6; désigne le combattant d’une joute et, par méta-
mil. me s., journal t&Gsé, absolument joumall. phore, un adversaire Cv.1250) : contrairement à
F l?n tant qu’adjecttif, journal a produit JOURNEE- joute, iI n’a guère cours que dans le langage didac-
LEMENT xiv. Iv. 14601 qui conserve l’ancien voca- tique.
lismede ~ou~&~~JOURNALIER,IÈRE adj.11535) 0 voir AJOUTER.
agui se fait chaque jow, substantivé pour désigner
I’ouvrier travaillant à la journée ( 15501,par ellipse JOUVENCE n. f. est l’altération Ixw”s.l,
d’ouvrier journal&. 0 Le sens de asujet à change- d’après jouvenceau* et peut-être, pour la hale,
ments* (15701 est quasiment inusité. adolescence”, de l’ancien et moyen fi-ancais joveptte
Les autres dérivés se rattachent au sens le plus (1050, mes.), issu du latin juv&a <jeunesse, jeune
récent de jounal apublication périodiquen : le pre- âge», de juventus I-, jeune). Jovente était en concur-
mier apparu, JOURNALISER v. (16931, est vieilli en rence avec le masculin jouvent qui représente le la-
emDloi intransitif et s’emnloie seulement transiti- tin juventus, fbinin à l’orighe (d’où l’italien @-
JOUVENCEAU DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ventù), pris en latin populaire de Gaule pour un juxta- et position, est plus ancien. Le mot apparaît
nom masculin. dans la théorie cartésienne de l’accroissement des
4 Jovente et jouvent ont été éliminés par jeunesse, modèles (1664, probablement antérieurl; il s’em-
jouvence s’étant maintenu dans le syntagme fan- ploie ensuite en chimie, peut-être d’après l’emploi
taine de jouvence ( 14831,d’après une légende d’ori- de juxtaposition en anglais (par emprunt au fran-
gine orientale répandue en Occident par les ro- çaisl notamment chez le chimiste Boyle (1680). Au
mans d’Alexandre; cwe de @uvence a une valeur XVI~I~s. (1755 chez J.-J. Rousseau), le mot est passé
figurée, même si la cosmétologie veut lui redonner dans l’usage général.
sa signifkation première. JUXTALINEAIRE adj ., de ju3cta- et litiaire (18431,
quali$e une traduction, une glose faite ligne à ligne.
JOUVENCEAU, ELLE n. est issu Iv. 1120, li Le mot est didactique, de même que JUXTALI-
juvencelsl d’un latin populaire ojuvencellus <<jeune, NÉAIREMENT adv. 11893). + D’autres composés en
jeune hommeb, lui-même issu du latin classique ju- juxta- ont cours en anatomie, tels JUXTA-ARTI-
venculus (diminutif de juventus + jeune) par substi- CUI&RE adj. Idéb. XX~s.1, et en psychologie JUX-
tution de su%xe. Le féminin jouvencelle cv.1120, ju- TALIMINAIRE adj ., etc.
venceles) vient de l’altération populaire “juvencella,
du classique juvencula <<jeune ClleD. JOVIAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1532)
à l’italien @Mule “qui concerne la planète JupiteI-h
4 Le mot s’appliquait à un jeune homme, à une
(1317-13211, et soumis à l’influence bénéfique de
jeune fille, jusqu’au xve siècle. Supplanté à la fois
Jupiter}) (XIV” s.1 d’où cd’une gaieté franche et tran-
par jeune homme, jeune fille et adolescent, il de-
quillen (av. 1566). Lui-même emprunté au latin im-
vient dès le XVI~s., et plus encore au XVII~s., un mot
périal jovialis ade Jupiterfi, adjectif formé sur Joti,
pittoresque évoquant le passé, considéré à l’épo-
ancien nominatif et génitif de Jupiter <<Jupiter-m
que classique comme «bas et ironique>> CFuretière,
(+ jeudi, joubarbe).
16903, Il est demeuré plaisant, à propos de jeunes
gens beaux, bien faits. 4 Dans les premiers textes, jovial a le sens d’ain-
0 Voir JOUVENCE, -E.
fluencé par la planète Jupiter)), planète qui, selon
les astrologues, promet à une destinée heureuse et
JOUXTE prép. est la réfection savante kv’s.), qui est souvent opposée à Saturne, planète à l’in-
avec restitution du x étymologique latin, de l’ancien fluence maléfique C-+saturnien), *De là, il est de-
joste, juste (10801, jouste (13141, issu du latin juxta venu (1549) un quticatif psychologique pour «gai,
Mv. et prép.1. Ce mot, qui appartient au groupe porté naturellement à la bonne humew, évolution
de iugum (+ joug), Sign%e *de manière à toucher, peut-être favorisée par la proximité formelle de
tout près de,, et par suite <l’un à côté de l’autre, sur joie, @yeux.
le même plan>>. Surtout employé comme adverbe b hd ZL produit JOVXALITk n. f. (16221 «caractère
sous la République, il a développé ensuite son em- jovialm, et JOVIALEMENT ah. (1832).
ploi prépositionnel; à basse époque et dans la
langue de l’Église, il est employé au sens de JOYAU n. m., réfection graphique 113791du plu-
aconformément à, selon>>. riel joiuux Il 1351, singulier joie& juël (1205), n’est
+ Le sens spatial de *près de, auprès den a vieilli au probablement pas issu du latin iocal$, adjectif tiré
XVII~s., sauf dans un contexte juridique, en parlant de jocus (-+ jeu), mais dérivé de jeu? Etymologique-
des héritages. Le sens abstrait de aselon, conformé- ment, donc, le joyau est une chose qui amuse, qui
ment àm(v. 1314) s’est conservé en droit et en typo- fait plaisir (cf. le portugais brinco à la fois abijou> et
graphie (1690, lotie la copie imprimée en tel lieu). ajouet)>, et le rapprochement sémantique tradition-
Toutes les valeurs sont aujourd’hui archtiques. nel entre bijou et jouet en français). La forme an-
cienne juel et ses dkivés ont été conservés dans
b JOUXTER v. tr. (13761, réfedion savante de l’an-
l’anglais jwel et ses dérivés.
cien joster (11551 <approcher de, toucher à» (+ jou-
ter), est archaïque quand il sime 4tre situé près +Le mot désigne un objet de matière précieuse
de, être contigu àa, mais a été repris au XIX~s. dans destiné à parer, à orner : à partir du XVI~s., il a été
un style littéraire et assez prétentieux. concurrencé par bijou qui l’a presque entièrement
JUXTA- a fourni le premier élément de nombreux supplanté dans l’usage courant, mais il s’est main-
composés, notamment des adjectifs savants appar- tenu pour désigner les bijoux de grand prix (les
tenant au domaine de la médecine et à l’anatomie. joyaux de la couronne, 1690). 0 La métaphore an-
+ Cependant, les termes les plus usuels sont ceux cienne 11205) «personne admirable, précieuse)> ne
qu’il a contribué à former avec poser: JUXTAPO- s’est appliquée que fort tard (1801) aux choses ;
SER v. tr., attesté à l’actif au début du XIX~s. 11836), mais cette acception a été précédée par l’expres-
apparaît au participe passé en sciences 11793, mo- sion ironique un beau joyau <personne, chose sans
Zécules juxtaposées) d’après les emplois antérieurs valeur ni beauté>, en langue classique 116561.
de juxtaposition (ci-dessous). 0 L’adjectif JUXTA- wDe juel, l’ancienne forme de joyau, a été dérivé je-
POSÉ, ÉE prend rapidement une valeur générale, velier (v. 1385). + Ce dernier a été refait en JOAIL-
d’abord en parlant de mots (1803, jwta-posé), suivi LIER, IÈRE n. Iv. 16751, qui signifie ufabricant et né-
par le pronominal (18231, puis par l’actif. 0 Le verbe gociant de joyauxn, et qui a lui-même produit
a pour dérivés les adjectifs JUXTAPOSABLE (1927) @derie (14341 refait (1675) en JOAILLERIE n. f. aart
et JUXTAPOSANT, ANTE, en linguistique ceme- de monter les pierres précieuses et tics», <<métier
gistré 19331. 4 JUXTAPOSITION n. f., formé de de joa,illier~> (1611), +a marchandises 116901 et ~son
DE LA LANGUI FRANÇAISE JUCHER

magasik La distinction joyw/bijou sépare aussi b En est dérive le terme didactique JUBILAIRE
joaUim de bijoutir et joaillerie de bijouterie. adj. (1566) “qui a accompli cinquante ans de font-
tionm, spécialement (15991 “qui se rapporte au jubilé
JUBARTE n. f. est emprunté ( 1765, Encyclopé- catholiquen, d’où année jubilaire (17661,puis Krelatif à
die) à l’anglais iubaties Il6 161,qui semble être l’une un cinquantième anniversaire? en contexte laïque.
des formes transcrivant les diverses altérations,
dans le langage des marins, du français @bar JUBILER v. intr. est emprunte (v. 1190) au latin
Il61 1) désignmt cette baleine à bosse. Lui-même jubilare, ancien verbe de la langue rustique signi-
protient, par des intermédiaires mal connus, du la- fiant apousser des cris, crier apr&, avec sa spécia-
tin gibbus ebossem (+ gibbeuxl. lisation chrétienne de <pousser des cris de joie>,
transitivement tichanter dans l’allégresse*. Cette
4 Le mot désigne une grande baleine des mers arc- spécialisation est due à l’influence sémantique de
tiques, également appelée baleiw Stbosse ou ù bec. jubilaeus (+ jubilé), jubilare ayant dû s’utiliser au
sens de <<pousser des tis lors du jubilé>); inverse-
JUBÉ n. m. est, avec une graphie tiancisée par ment, il a tiué sur la forme de jubilaeus.
l’accent 113861, le premier mot d’une prière J&e,
4 Jubiler est peu attesté au moyen kge, où il con-
Domine cordonile, Seigle, impératif de jubere,
serve le sens du latin chrétien Ile sens classique,
d’où ju.sswn aordre, 14 jussion), qui supposent une
<pousser des cris de joiem,subsiste dans certains dia-
racine “yeudh- IErnout-Meillet); or une série de
lectes romans). 0 fl a été repris vers 1752 avec son
mots indoeuropéens baltes, sanskritsl de cette
sens moderne &Prouver une grande joie, se ré-
forme correspondent à l’idée de *mettre en mouve-
jouir-, sans impliquer l’extériorisation du senti-
ment> et de <<bouillonner-, «exciter»; le sanskrit ud-
ment.
yodhati si@e ail s’emporte, se met en colére=. Ce-
pendant, les mots signifiant *cummaderN vtient k Les dérivés du verbe sont apparus au x19 s. : JU-
d’une langue indoeuropéenne à l’autre. Il s’agirait BILATOIRE adj. ( 18281, mot didactique devenu à la
donc d’une métaphore parmi d’autres, propre au mode pour Nréjouissant, très agréable= (v. 19801,et
latin. JUBILANT, ANTE adj. (1825) d’usage assez litté-
raire,
4 Le mot, par une métonymie sur le lieu d’où la JUBILATION n. f. Iv. 1150, jubilacium; ti XN” s., ju-
prière etait prononcée dans l’église, désigne une bilacion), le mot le plus ancien du groupe, est em-
tribune située sur une galerie transversale, entre la prunté au dérivé latin jubilatio a&, dans sa spé-
nef et le chœur, typique de l’architecture du go- cialisation chrétienne ~011s d’instruments de
thique tardif et de la Renaissance (x19-x~~ s-1.+Le musique exprimant la joie, l’allégressen. Il im-
sens du latin jube aordonne- justifie la locution Ve- plique, plus que jubiler, la manifestation de la joie
nir ù@é Iv. 14701 ase soumettrem, disparue après le par des signes extérieurs.
XVII~siècle.
JUCHER v. est probablement issu (v. 1155, jos-
JUBILÉ n. m., fkancisation (v. 1382) de jubileus chier) de l’ancien français jochier (xmes,l <<seper-
(v. 12351, constitue un emprunt au latin chrétien lu- cher=, dérivé de l’ancien et moyen français joc flper-
bilaeus, employé comme nom dans annw jz.&iZwi choirn, attesté plus tard (1376). Ce dernier est issu
aannée du jubilé» et comme adjectif dans annus ju- du francique Ojuk “joup et par extension aper-
bkew <année jubilaire>. Le mot latin est un em- cho+, postulé d’après le moyen néerlandais ~OC,
prunt à l’hébreu ydbhëi Mbélier, corne de bélier, juc (joug, pieu+, l’ancien haut allemand joh et l’alle-
trompette en corne de bélier*, utilisé par métony- mand Joch “joug-, lui-même équivalent gerrna-
mie pour désigner une grande solennité publique nique du latin jugum I+ joug). La forme actuelle ju-
de la loi mastique cé@br@e tous Zescinquante ans cher s’explique probablement par un croisement
dans l’antiquité juive, annoncée au son de cette avec le verbe huchw ejuchep, très antérieur à la
trompette, et à l’occasion de laquelle les peines et première attestation, relevée en 1746, et qui repré-
dettes étaient remises. La forme latine jubilaeus, la sente le francique Ohukan <s’accroupir-, verbe très
où on attendrait jobelaeus, s’explique par l’attrac- répandu dans les patois.
tion paronymique du latin jtiilare cpousser des +Jucher est apparu avec le sens intransitif de ase
Cris~ (+ jubiler). En latin médiéval, jubilaeus s’est percher en un lieu élevé pour dormir (en parlant
appliqué à l’indulgence accordée par le pape pour des poule&. 0 II est plus courant au sens transitif
l’année sainte, et (1462) au cinquantième anniver- de aplacer qqn très haut», surtout au passif et au
saire de la profession d’un religieux. pronominal se jucher 113421, au propre et dès le
4 Le mot, repris à propos de la soletité juive, a dé- XIV s., au figuré, avec la valeur de œprendre une po-
veloppé, au cours du xv” s., le sens d’cindulgence sition importanten. La langue populaire a utilisé le
pleinière accordée par le pape, à intervalles régu- verbe absolument pour ahabitern (1867).
liers ou à l’occasion d’événements religieux impor- F Jucher a produit JUCHOIR n. m. Cl5381 cperche,
tank+. Par métonymie, il désigne ( 16801 l’ensemble bâton destiné $ faire jucher les oiseaux de basse-
de ces pratiques ( 16711,dans faire son jubilé aobser- COUP. + JUCWfiE n. f. 118731, terme tectique, dé-
ver les pratiques imposées pour obtenir cette pé- signe l’endroit où juchent les faisans. 4 DÉ JU~RER
nitencefi. 11 s’est laïcisé tv. 13601, désignant la fête Y. (Y. 1190, desjochier) sime comme intransitif
célébrée à l’occasion du cinquantenaire de l’entrée <cesser d’être juché, et comme transitif afaire des-
dans une fonction, une profession et Uïn XIV s.1 du cendre du juchoir*.
cinquantième anniversaire d’une personne. + Voir JOCRISSE.
JUDAÏSME 1930 IXCTIONNAIRE HISTORIQUE

LE JUDÉO-FRANÇAIS

Le terme de judéo-français désigne, de manière que l’on retrouve dans des textes fiançais non
trompeuse, le parler des Jti résidant dans le juifs?
nord de la France au moyen âge et s’applique D. S. Blondheim, auteur des Parlers @déo-ro-
aux mots &ançais et aux gloses exégétiques en maris et la vetus lutina; étude sur les rapports
tiançais d’oïl contenues dans des textes d’ori- entre les traductions bibliques en langue romane
gine juive. Le terme appartit pour la première des Juifs au moyen ûge et les anciennes versions,
fois en 1880, dans les syntagmes Bibliographie ju- (Paris, 19251, se montre lui-méme très prudent :
déo-française et Études jtiéo-tkan~akes, Il ne =Nous n’avons que des textes écrits, presque
sera appliqué à la langue qu’à partir de 1925 tous des traductions. Donc nous ne connaissons
comme traduction du terme allemand Jüdisch- pas la langue parlée des Jui&» (p. CXXXVII. 11
frandsisch, adopté dès 1905 par Meyer-Lübke, conclut malgré tout à l’existence d’un parler ju-
auteur du célèbre Romantsches Etymologisches déo-roman qui se serait différencié selon la
Wtirterbuch Dictionnaire étymologique roman]. langue du pays où les Jti s’étaient établis; il
Les spécialistes qui s’étaient penchés sur ces émet également l’hypothèse d’une langue com-
textes auparavant qual%aient simplement cette mune &oinèI avulgaire>>. Or, cette théorie n’est
langue d’ancien fiançais ou de français. Le fait soutenable ni historiquement ni linguistique-
d’étudier exclusivement un corpus de textes ment. D’une part, tout porte à croire que les
d’origine juive amène facilement à parler d’une Juif% étaient parftitement intégrés au milieu
langue judéo-française propre $ ces textes et, dans lequel ils vivaient, qu’ils en avaient adopté
par là, à la communauté juive française du la langue ou le parler, parler qui ne se distin-
moyen âge. Au niveau linguistique, se pose tou- guait en rien de celui des non-Juif%. La langue
tefois une question essentielle : peut-on déduire parlée était, pour la France, le tiançais ou un de
de la langue écrite dans ces textes l’existence ses dialectes. Pas question donc, de «judéo-fran-
d’une langue parlée propre à la communauté çaiw D’autre part, Blondheim commet une er-
juive du nord de la France? Existait-il donc dans reur de méthode en attribuant les concordances
la réalité une entité linguistique que l’on pour- qu’il relève dans ces textes écrits da les six
rait appeler judéo-française? L’étude de la langues romanes à un modèle judéo-latin, puis
langue de ces textes révèle-t-elle, en outre, des judéo-roman. II ne se pose pas la question de sa-
particularités lexicales, morphologiques, syn- voir si ces concordances ne sont pas dues plut&
taxiques ou phonétiques différentes de celles à la prééminence d’une langue sur les autres.

JUDAISME n. m. est emprunté (v. 1213) au bas ioudaikos, de ioudatis. +Moins négatif que juif
latin ecclésiastique judatimus, lui-même pris au dans l’usage des chrétiens, le mot, employé comme
grec ecclésiastique ioudai&mos creligion, institu- synonyme didactique de juif: s’est cependant appli-
tion juivem, de ioudaios c-t jti. qué à la notion péjorative d’une interprétation trop
+ Le mot a d’abord désigné la terre des juifs, puis étroite d’un texte (au XVI” s. chez Calvin; au xwe s.
chez Pascal; au XVIII~ s. chez Voltaire). Il est en
leur religion (1223) et, par extension, la culture, la
concurrence partielle avec hébrai’que”. +Judaïque
civilisation juive. Par métonymie, il désigne la com-
a lui-même donné JUDAÏQUEMENT ah. (1636) et
munauté juive et le sentiment d’appartenance à
JUDAICITÉ n. f. ( 1931) <ensemble des juifs)) et
celle-ci Eti xrxes.1,en concurrence avec judai’cité et
(1962) afait d’être ju%. 6 Ce dernier sens est égale-
judéité (ci-dessousl.
ment assumé par judai;sme et, de manière spéci-
b JUDAÏSER v. est emprunt6 (XIII~s.) au latin chré- fique, par JUDÉITÉ n. f. (19623, formé savaznment
tien judaizare <(conserver ou adopter certaines pra- sur le radical du latin judaeus. l’élément JU-
tiques du judaïsme%, qui s’employait en parlant des DÉO- entre, avec le sens de +L& ou, plus ra;re-
juifs et des païens convertis au christianisme, dans ment, de <<judaYsmea,dans la construction de quel-
les premiers temps de l’l?glise. Ce verbe est un em- ques mots savants, désignant notamment une
prunt latinisé au grec ecclésiastique loudaïzein, de communauté ou une langue, une religion, une phi-
Zoudaios. Judutier, intransitif, correspond à losophie (par exemple JUDÉO-CHRÉTIEN, IENNE
#convertir au judaïsme>>; il Sign%ait aussi csuivre adj. et JUDÉO-CHRISTIANISME n. m., enregis-
les pratiques du judaïsme» (~III XI? S.I.0 Il a produit trés en 1867 par Littré). 0 Le préke s’est employé
les adjecti& JUDAÏSÉ, ÉE et JUDAÏSANT, ANTE dans le discours de l’antisémitisme : ex. judéocapi-
(17561, le dérivé JWDAISATION n. f., les préhés taliste adj . ( 1892) et n.
DÉJUDAÏSER v., REJUDAÏSER V. tr., d’où REJU- 0 voir mÉo-mçMs, enc&-é ci-dessus.
DAÏSATION n. f.
JUDAIQUE adj., d’abord judeique (14141, est em- JUDAS n. m. est le nom commun (v. 1175) tir6
prunté au latin ecclésiastique judaicus =qui du nom propre Judas Uscatitel, disciple de Jésus
concerne les juifs, leur religion5 emprunté au grec qui, selon les Evangiles, le trahit et le livra pour
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1931 JuD0

On sait, en fait, que l’école narbonnaise marque dheim, les nombreuses concordances entre les
aux XI~ et XII~ s. toutes les autres communautés différents textes témoignent simplement du ca-
juives occidentales; c’est donc le parler langue- ractère livresque de la tradition judaïque ; elles
docien qui servira de base aux traductions bi- ne stisent aucunement à prouver, comme le
bliques du temps. Ceci explique la présence de voudrait Lévy, l’existence d’une langue judéo-
nombreux occitanismes dans des textes juifs du tiançaise. Ceci d’autant moins que, comme dans
nord de la France. Tel est le cas, par exemple, l’édition de Blondheim et Darmesteter, plus de
des GZoses fran@ses dapts les commentaires tal- 40 % des mots sont purement tiançais. FA fait,
nw&ques de Raschi, éditées par Blondheim et après examen critique, bien moins de 5 % des
Darmesteter (Paris, 19293, source la plus an- mots que l’on y rencontre sont spécsques de
cienne (x1~s.1 de ce ajudéo-lançais,. En fait, textes d’origine juive. Quant aux divergences de
comme le reconnaîtra Blondheim plus tard, du tous ordres, l’auteur aurait dû penser à les ex-
tiançais pur et simple émaillé de quelques pliquer en recherchant la région d’origine où
termes méridionaux. ces textes ont été élaborés, car ces formes 4nso-
Mesa, ces sons -bizarres> sont en réalité des va-
Se basant sur la théorie de son maître Blon-
riantes dialectales ou des dialectalismes. fitu-
dheim, R. Lévy publie en 1932 des Recherches
diées sous cet angle, les divergences relevées
lexicogmphiques sur d’unciens textes français
nous apporteraient une meilleure connaissance
d’otigim juive, qui seront suivies plus tard par
des anciens dialectes -français.
un ouvrage intitulé Contribution 9 lu lexicogra-
On peut ainsi conclure que 4e terme judéo-fran-
phie fran@se selon d’anciens textes d’origine
çais I...l a été appliquk à tort au français des Juifs
juive (New York, 1960). Ces deux recueils renfer-
du moyen âge, que cette fausse dénomination a
ment près de 3 000 mots extraits de textes mé-
entraîné la création de toutes pièces d’une en-
diévaux français de toute provenance. Il s’agit
tité linguistique qui n’a jamais existé dans la réa-
pour 90 % de traductions bibliques, pour le
lité : le judéo-tiançais, langue fantôme» CBanitt,
reste, de traductions de gloses talmudiques ou
art. cit., p. 246).
de textes scientfiques à l’exception d’un seul, un
livre de commerce. ll est nécessaire ici de sou- M.-J. Brochard
ligner la nature particulière de ces textes : ayant
affaire à des traductions, on y rencontrera bien l3IBLIOGRAPI-IIE
sûr des hébrtismes, mais aussi des néologismes M. &INITT, &he langue faAme : le judéo-français+,
forgés pour les besoins de la glose à coté de in Revue de linguistique romane, 27, 1963, pp. 245-
termes du tiançais courant. Comme chez Blon- 294.

trente deniers d’argent. Le mot est la transcription jugement, la faculté de discerner le vrai du faux
du grec louda, lui-même transcription de I’hébreu C1588).
ghûdtih, nom d’un fis de Jacob. .Le mot a pour dérivés JUDICIAIREMENT adv.
+ Le mot, utili se’ (avec ou sans majuscule) comme 11690; 1453, judiciemzent) et EXTRAJUDICIAIRE
synonyme de atraître=, entre dans l’expression bai- adj. précédé
11582, au même sens par extrajudi-
ser de Judas (1656) amanifestation hypocrite qui ciable au XIV~s.l.
prélude à une trahisonn. +Une valeur concréte,
imprévisible, apparaît au XVIII~s. ( 1734, le mot dé-
JUDICIEUX, EUSE adj. est dérivé savam-
ment par smation ( 1588, esprit judicieux) du latin
signant alors la petite ouverture fermée d’un plan-
judicium aa&3 judiciaire, procès- 1-+ judicitiej, pris
cher, puis d’une grille, d’une porte, parce qu’elle
au sens courant de <faculté de juger, discerne-
permet de voir sans être vu, d’épier.
me&.
+ L’usage soutenu l’emploie au sens de “qui a une
JUDICIAIRE adj. est emprunté (av. 1400) au
bonne fax=ulté de jugep et, par métonymie, l’ap-
latin judiciarus arelatif aux tribunauxs, dérivé de ju-
plique à une chose, au sens de “qui manifeste un
dicium Kjugementm (-, judicieux), pris dans son sens
bon jugements 11647, choix judicieux). n a évincé le
juridique d’aaction judiciaire, procès*, de index
doublet judicier, attesté chez Brantôme.
E-3juge).
w On en a tiré JUDICIEUSEMENT adv. (1611).
+Judiciaire, “qui se fait en justicw et «relatif à la jus-
ticem, entre dans plusieurs syntagmes du type acte JUDO n. m. est, comme le sport qu’il désigne, un
judickire Iv. 1400, puis 1694) ; casjer, liquidation ju- emprunt 119313 au japonais judo, composé de iu
diciaire. Son usage ne s’est pas toujours borné au +ouplem et G!OwoieB C+ kendol, proprement <voie
domaine juridique, puisqu’aux xwe et XVIII~~. il de la souplesse*, parce que le judo est fondé sur un
avait le sens de «relatif au jugement, au discerne- principe de non-résistance à la force de l’adver-
ment de l’espritn et s’employait comme nom fémi- saire. Cette technique de combat sans armes fut
nin par ellipse de rhétorique judiciaire pour dé- créée par Jigoro Kano dans l’école de Kodokan
nommer la partie de la rhétorique qui concernait le (fondée en 18823. Elle est issue du ju-jitsu des sa-
JUGAL 1932 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mourtis, né au XVI~s., et pratiqué dans tout le Ja- +Juger, apparu au sens restrictif de «condamner=
pon au xwte siècle. Le ju-jitsu (dont le nom Sign%e (juger à motil, a pris son sens juridique actuel dés
4rt de la souplesse4 a fait son apparition en le XI~ siècle. Il est entré dans l’usage commun avec
France avant le judo, sous le nom de JIU-JITSU les sens de ((décider en qualité d’arbitre-, *prendre
n. m. (19061, d’abord jujetsu 11903). Après la dé- positiow Iv. 1278) et *soumettre au jugement de sa
monstration de judo faite par Jigoro Kane à Paris conscience, de sa raison-. Depuis le XIII~s. (v. 12781,
en 1938, ce sport (ou aart martiales) et le mot qui le il admet un complément construit avec un adjectif
désigne ont été supplantés par le judo (création de ou une complétive, au sens particulier de aconsidé-
la Fédération fiunçatie de judo en 1947, entrée du rer commev. Avec une complétive juger que..., est
judo au programme olympique en 1964). employé pour Gmaginer, se représenter, pensern
4 Le mot dénomme un sport de combat consistant à (16361. 0 La locution au juger, <d’une manière ap-
déséquilibrer en souplesse son adversaire. proximative>, est probablement issue du langage
b JUDOKA n. (19441 est emprunté au mot japonais des chasseurs pour (v. 1270) ((tirer à l’endroit où l’on
de même forme si@ant acelui, celle qui pratique présume que se tient le gibiern. 0 L’époque clas-
le judo>). Le niveau des judokas est symbolisé par sique a introdtit la construction juger de <imaginer,
des ceintures de couleurs différentes et, pour les se représenter)) ( 16361,d’usage soutenu. * Juger est
ceintures noires, par des dans*. employé absolument (15641 en psychologie et en
philosophie, au sens de <(faire usage de disceme-
JUGAL + JOUG ments, en relation avec jugement (ci-dessous), et
4&mer ou nier une existence, un rapport>>.
o> JUGE n. m. est issu (v. Il701 du latin judicePn, ac-
cusatîf de judex, -icis ajuge, arbitrep. Ce mot signifie b JUGEMENT n. m. (10801, apparu avec sa valeur
proprement =Celui qui montre le droit par un acte juridique de «sentence rendue par un jugem, est
de parole-; il est composé de J’w adroit>> 1-+jurî- employé dans le contexte religieux du jugement
diquel et de dicere cmontrer verbalement, dire* dernier <jugement rendu par Dieu après la résur-
(+ dire). Comme le souligne E. Benveniste, ce mot rection des corpsn, depuis la fi du XII~siecle. 0 Il a
témoigne de la liaison constante qui existe en in- développé tous les sens courants correspondant à
doeuropéen entre les notions de &-oit)) et de “pro- ceux de juger et de juge; il désigne une apprécia-
noncer}) : en effet, c’est par l’intermédiaire de cet tion (approbation ou condamnation) non juridique
acte de parole Ile jus dicerel que s’est constituée la Iv. 11651,quelquefois affaiblie en <avis>>(av. 14501,et
terminologie judiciaire latine (3 judiciaire, judi- s’emploie spécialement en philosophie ( 1361) au
cieux, juridiction, juridique). En passant dans le lan- sens de <faculté de l’esprit qui compare et juge-,
gage courant, judex s’est dépouillé de son sens désignant (1637) une décision par laquelle le
technique pour acquérir la valeur plus large de ace- contenu d’une assertion est posé à titre de vérité.
lui qui estime, qui pense». JUGEUR n. m., réfection stixalie en jugeor, ju-
+Juge est attesté dans les premiers textes avec le geour (1080) puis jugeur (XIII” s.) de jugedor (v. 105OI,
sens historique de amagistrat suprême du peuple a eu la valeur juridique de “juge ou juré pouvant
juif avant l’établissement de la royautén (Livre des rendre un jugement», puis est sorti d’usage, sauf en
Juges). 0 Son sens juridique courant, amagistrat histoire. Il a été repris d’après le sens extensif du
chargé d’appliquer les lois et de rendre la justice=, verbe pour apersonne qui prétend juger de tout,
est attesté depuis 1174, et la spécialisation des fonc- C1773). + JUGEABLE adj., réfection graphique de
tions du juge s’exprime en syntagmes du type juge jujuble (av. 12001, ce dernier sign8ant en ancien
de paix (1660), juge-comkssaire (18083, etc. 0 Dès français =Condamnable>>, a été repris avec la valeur
les premières attestations, juge désigne aussi une neutre de ((qui peut, doit être jugé, 115751,à propos
personne appelée à faire partie d’un jury ou à se d’une cause, puis Wï’90) d’une personne. Au sens
prononcer comme arbitre (v. 11701, sens repris psychologique de juger, il est passé (1842) dans la
dans le langage sportif (1872, une fois en 18583. langue des philosophes. +Par substitution de suf-
* Par métaphore, juge s’applique à la personne que fixe, on a fOr?Tk JWGERIE n. f. ( 13401,qui est paSSé
l’on considère comme I’autotité suprême ayant de son ancien sens de “juridictions au sens péjoratif
droit et pouvoir de juger (1356) et, plus communé- de cour de justice)) ( 17491, amauvaise manière de
ment, à celle qui est appelée à donner un avis, une juger)) puis est sorti d’usage.
opinion (v. 12701, surtout en expressions du type JUGEOTE ou JUGEOTTE II. f. ( 1868; 1835, jugeo-
prendre pour juge, 0 fl se dit aussi 115641à propos teur apersonne aimant juger de toutnI continue,
de celui ou celle qu’on estime capable d’apprécier avec son sens familier de <bon sensn, des emplois
une chose Gtie juge de, bon juge, s’étiger en juge). classiques de juger et jugement, tel d’après mon pe-
Le xx” s. voit l’application du mot à une chose ( 19141, tit jugement (av. 1694) xd’après mes Saines capaci-
en cyclisme où juge de paix désigne le col de mon- tés de juger)).
tagne qui “jugeu les concurrents en les éliminant. Par prétiation, juger a produit MÉJUGER v. tr.
oLe féminin jugesse (15041, attesté au propre
( 1205, mesjugier) <<setromper dans son jugement»,
comme au figuré, est fortement concurrencé par le assez rare au moyen âge, disparu et repris à partir
masculin et l’expression fenme juge.
du XIX~ s. ; le mot s’emploie spécialement en vénerie
0 Voir JUGER, JURER.
(1561) à propos d’un animal qui met les pattes de
o> JUGER v. tr., d’abord iugier ( 10801,est issu du la- derrière en dehors des traces de celles de devant.
tin judicare Mrendre un jugement>> et, dans l’usage o Le sens d’tcavoir mauvaise opinion dem ( 1829) est
commun, <<apprécier, décidera, de judex (+ juge). littéraire.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1933 JUILLET
L’ancien pré-é DtiJUGER v. tr. CV. 12201, employé ham et de Moïse. Dès l’a;ncien fknçais et avec des
en ancien français au sens de ccondamner qqn», a nuances di%rentes selon les époques, le mot a re-
été repris vers 1845 à la forme pronominale avec vêtu des connotations péjoratives diverses, liées à
son sens moderne de <revenir sur son jugement». Il l’hostilité de la majorité chrétienne; c’est le thème
est peu employé pour Mannuler un procès, un juge- de i’usurier (12651, allusion à l’ancienne interdiction
ment= (18451. des métiers d’argent pour les chrétiens, développé
0 Voir ADJUGER, PRJ?JUGER. plus tard en aavaren (12651, juif devenant quasi sy-
nonyme de arabe, dans cet emploi, à l’époque clas-
JUGULAIRE adj, et n. f. est derivé savamment sique. 0 À partir du milieu du XIX” s., le mot reflète
115341, avec le suflixe -aire, du latin jugulwn {{en- la montée du racisme antisemite” ; dès lors, les em-
droit où le cou se joint aux épaules et à la poitrine, plois insultants en appellatîfs, les synonymes inju-
gorge”, mot du groupe de iugum I+ joug). rieux et la création de dérivés péjoratifs sont plus
4 Le mot qualifie, en anatomie, ce qui se rapporte acti£s (cf. ci-dessous). À certaines époques, on a
au cou ou à la gorge (veines jugulaires, 1534). +Le conseillé d’éviter le mot au profit d’israélite, plus
féminin est substantivé, la jugulaire, comme déno- neutre, mais il a été repris et revendiqué
mination d’une des quatre veines situées dans les konscience juive, renouveau jui#, un peu à la ma-
parties latérales du COU(16941.Q Il désigne aussi nière de n&re. ~L’expression figurée petit juif
l’attache sous le cou (1831, Balzac), généralement à ( 193 11, lexîcalisée comme nom familier de l’endroit
propos d’une coiffure militaire, connotant l’idée de sensible du coude et (1962) du petit doigt, est d’ori-
tenue stricte, peut-être par influence de juguler. De gine obscure.
là l’expression familière @g&ke, jugukire,
ä JUIVERIE n. f., d’abord juenk (XII~ s.) et juierie
d’abord exclamation, pour Kd’une discipline
Iv. 12071, refait d’après le féminin juive en ~uiverie
strictem.
Cv. 13501, a désigné la communauté juive et sa reli-
0 voir JUGULER.
gion (jusqu’au xwe, repris à la fm du XIX~ s. chez les
antisémites), et aussi un quartier juif (XIII~ s.), un
marché usuraire (1607) et un acte d’usurier i16563.
Ses emplois, le plus souvent péjorati& puis insul-
tants, l’ont fait sortir de l’usage courant. ~Certains
dérivés anciens comme JUIVETÉ n. f. (xv” s.1 ont
disparu, remplacés par les mots didactiques plus
neutres judatime, iudai@e, judaker*.
Plusieurs dérivés antisémites ont été formés à la fm
du xrxe et au début du xPs., par exemple ENJUI-
VER v. tr. - Certaines formations argotiques sont
des corruptions du nom du juif en allemand. ANTI-
JUIF, IVE adj. apparu peu avant 1900, concurrence
antisémite et manifeste une xénophobie =raciste»
plus claire.
+ Voir YOUDE. YOUPIN.

JUILLET n. m., qui apparaît au début du XIII~ s.


Cv. 12131, a éliminé vers le xwe s. l’ancien iui@&, dé-
rivé diminutif de juirt”, proprement «petit mois de
juin». Cette dérivation s’explique peut-être par le
ftit que l’on regardait juillet comme une répétition
de juin, un juin cadet, tout comme on distinguait
ces deux mois en ancien anglais en faisant précé-
der le même nom de l’épithète <<lepremier- et «le
secondm. Juillet est donc une réfection de juignet
d’après l’ancien juil (v. 11191, mot maintenu dans
les parlers du Nord, issu du latin juliw Irnensisl
<(mois) de Julesm. Le mois avait été nommé par
Marc Antoine en l’honneur de Jules César, né dans
ce mois et réformateur du calendrier en 45
av. j.-C.; il s’appelait auparavant quintilis 4e cin-
quièmeD parce que l’année commençait en mars.
Le mot latin, régulièrement employé dans les docu-
ments médiévaux, a lui-même contribué à la trans-
formation de juigrwt en juillet.
+ Le mot désigne le septième mois de l’année, ca-
ractéristique de l’été dans la zone géographique où
se trouve la France.
F Récemment, les vacanciers du mois de juillet ont
reçu le nom familier de JUILLETTISTES n. pl.
(19691, par opposition aux ao&fkns.
JUIN 1934 DICTIONNAIRE HISTORIQWE

JUIN n. m. est issu Cv.1I 19) du latin junius Isous- nuitn (de 1830 à 1870) ; l’emploi de Thomas en ce
entendu mensk, + mois), mot d’étymologie dis- sens s’expliquant par un calembour sur les paroles
cutée : on a évoqué le nom de L. Junius Brutus, pre- du Christ à l’apôtre Thomas (Saint-Jean, Xx, 26) :
mier consul romain et l’un des fondateurs de la Ré- en latin vide Thomas, wois, Thomas~ étant compris
publique. On y a aussi vu le dérivé de Juno <Junonn, comme widez Thomas>>. La péjoration du prénom
nom d’une déesse italique, plus tard assimilée à Jules était déjà intervenue au XVII~s., à la suite des
Héra et sans doute à rattacher à la racine de juve- Mazarinades, Jules (Giulio) Mazarin étant passa-
nis (-+ jeune), exprimant la force physique et la jeu- blement haï. Mais L’écart chronologique interdit de
nesse dans sa plénitude. recourir à cette explication pour le sens mentionné
+ Le mot désigne le sixième mois de l’année. ici. Dans ce sens, Thomas a disparu et Jules est ar-
chtique. +Le sens familier d’wnant, mari>> (1947,
JUJUBE n. m. vient Iv. 1256) du latin populaire certainement antérieur) est à mettre en relation
“zizupus (avec assimilation régressive de i aboutis- avec le sens argotique de nsouteneur», variation du
sant A u), altération du latin classique zkufum, ninu- même ordre que celle qui touche julot dès le début
phum, zizuphon 4ruit du jujubier, jujubiew Ce mot du XX~siècle. Cet emploi est usuel, surtout avec un
est emprunté au grec tardif de même sens zizu- possessif.
phon, d’origine obscure. Étant donné l’aire médi- k JULOT n. m., diminutif populaire de Jules, est en
terranéenne de l’arbre, il est probable que le mot effet un nom argotique du souteneur 11910), d’après
soit parvenu en knçais par l’intermédiaire du la lexicalisation frequente d’un prénom à la mode
provençal, mais on ne relève dans cette langue au- pour une classe d’individus peu nommables
cune forme du même type, sinon jousibo (Hérault, (+ Jacques). Le même mot a servi à désigner les po-
Gascogne, Languedoc, Pays de Foixl, issu d’une liciers de la brigade des meurs chargés de la ré-
forme “zuzipus; et gigolo, chichoulo, issu d’un latin pression de la prostitution, peut-être d’après l’am-
populaire “zizula, probablement contraction de “zi- bivalence du souteneur et du policier, également
zupula; em ginjourlo, chinchurlo, issu d’un “zin- signes de la loi pour les prostituées. +JULIE n. f.,
zula par l’italien. avec une diffusion moindre, désigne en argot la
+ Le mot désigne le fruit du jujubier, consommé à maîtresse (19531, la petite amie.
des fins thérapeutiques Iv. 1265, décoction de ju- 0 voir JuLEm.
jubes). Il a été considéré comme féminin Il6001 par
la plupart des dictionnaires & partir du XVII~siècle. JULIENNE n. f. est probablement tiré (1482-
0 Par métonymie, il désigne une préparation pec- 14831, par un cheminement sémantique obscur, du
torale adoucissante tirée du fruit, en particulier prenom Julien, Julienne, du latin Julianus, dérivé de
sous forme de pâte (1845). Le mot a vieilli au début Julius II+ Jules).
du xxe s. comme pûte pectorale, au profit d’autres 4 Le mot est attesté à Bordeaux au xv’ s. comme
dénominations Cbou2e de gomme.. J. nom régionall d’une grande morue appelée lingue,
h JUJUBIER n. m. (1546), nom de l’arbre, a évincé molve, n est repris en ce sens à partir de 1732. - Pa-
jujube dans cet emploi. rallèlement, il est employé sous la forme juliane
(1665), puis julienne (1677) comme nom d’une plante
JUKE-BOX n. m. est emprunté (19471 à l’angle- crucifère. +Il est devenu celui d’une préparation
américain juke-box 119391, antérieurement et en- tiaire de légumes coupés en petits filaments
core quelquefois iuke orgart (19371, elliptiquement (16911, sens encore usuel.
juke 119591,expression et mot désignant un électro-
phone public qui sélectionne un titre musical JUMBO n. m. est emprunté (19531 à un usage
lorsqu’on insère une pièce de monnaie ou un jeton américain de l’anglais jumbo (18231, mot d’origine
et que l’on appuie sur un système de touches. Le incertaine qui pourrait être une contraction de
premier élément est juke arelais, bordeln ( 19351, Mumbo Jumbo, nom d’une divinité africaine. Jumbo
probablement du gullah, dialecte des Noirs de la a commencé par désigner une personne ou un ani-
Caroline du Sud et de la Georgie où juke, jook mal gigantesque et lourd; il est ensuite devenu le
(d’origine ouest africaine) signifie umauvais, en dé- nom propre de l’éléphant géant au zoo de Londres
sordren. Le second élément est box cboîten (+ box), qui fut vendu au cirque Barnum en 1882, et, de là,
issu (XIV~s.1du latin tardif bu3GiSI-, boîte, buis). un surnom familier de l’éléphant. Il s’est répandu
+ Le mot a conservé le sens de Ymglo-asnéricain. comme adjectif épithète (18971, signîfrant Gléphan-
tesque, géant-. Un emploi technique à propos de
JULES n. m. recouvre plusieurs emplois ira- grandes plates-formes mobiles utihsé$s dans les
niques comme nom commun du prénom Jules, du travaux publics est relevé en 1908 aux Etats-Unis.
latin Julius (-, juillet). + Le mot a été repris comme terme de travaux pu-
+En moyen fran~aîs, le nom a désigné une petite blics, désignant un chariot à portique supportant
monnaie valant environ cinq sous, en usage en Ita- des perforatrices, utilisé pour le forage dans le per-
lie ( 1570) en référence au nom du pape Jules II. cement des souterrtis.
*Le sens populaire de =Vase de nuits (18661, au- b JUMBO-JET n. m. a été emprunté (1967) & l’an-
jourd’hui vieilli, est (trop) ingénieusement expliqué glo-américain jumbo-jet, composé Cl9641 de jumbo
par Esnault au moyen d’une rengaine du milieu du pris au sens de <gros porteurs (19601 et de jet aa,tion
XIX” s.,$SU~S comme Jules, incrédule>>, qui renverrait a réa&ionB) (t 0 jet). Jet est le déverbal de to jet ; je-
elle-même à Thomas <pot de chasnbre, vase de ter, projeter>, lequel a été repris (xvr” S.3au fran)ais
‘\
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1935 JUNKER

jeter*. Le mot s’emploie pour un avion à réaction de spécialisant au sens de ufemelle du cheval)) Il 1743,
grande capacité, aussi appelé @OS porteur. éliminant le f&nhin jumente ( 13141.

JUMEAU, JUMELLE adj. et II. est issu JUMPING n. m. est emprunté 11900, Jumping
Iv. 1165) du latin gemellus #l’un des enfants nés d’un ptiz,es) à l’anglais jumping aaction de sauter, sautB,
même accouchementm et (comme adjectif pluriel) substantivation du gérondif de to jump ((sautersj
#semblables*, diminutif poétique de geminus (+ gé- hf s.l. Ce dernier est d’origine expressive, imitant
miner) qu’il a supplanté pour des raisons d’expres- probablement le bruit des pieds touchant le sol
sivité. La forme actuelle, résultant d’une transfor- après leur bond ; des formations similaires existent
mation du [a1 de la première syllabe en u sous de manière indépendante dans l’italien dialectal
l’tiuence des deux consonnes labiales qui l’en- tzumpa, cizumb6, l’allemand gumpen, le danois
tourent, a remplacé de bonne heure gemeau, en- gumpe et le suédois dialectal gumpa.
core vivant dans les parlers de l’Est et dans le +Cet anglicisme d&igne un saut d’obstacles en
terme d’astrologie gémeau*. Le midi et le centre de hippisme,
la France ont besson (1260, Bedon), issu du latin b JUMPER n. m., quelquefois francisé en JUM-
gallo-roman ob~sus issu de l’adverbe bis adeux fois* PEUR, a été repris à l’anglais jumper, nom d’agent
(4 bis); Mquent jusqu’au XVI~s., il est depuis limité
dérivé de to jump, à propos d’un cheval spécialisé
à un usage régional.
dans le saut d’obstacles.
+Jumeau est apparu avec son sens courant,
comme nom et %n x11~s.1comme adjectif. Par ex- JUNGLE n. f. est emprunté (1796) à l’anglais
tension, il quallfre des objets en tout point sem- jungle de même sens (1777). Ce dernier est em-
blables (En XII~S.I. 0 Sa spécialisation en anatomie prunté à l’hindoustani jungal Kterritoire inhabité,
pour désigner deux muscles pairs date du xwte s. désertm, d’où <territoire couvert d’une végétation
(17471, mais correspond à un sens anciennement impénétrable», du sanskrit jaigula «désert, lieu
réalisé par gémeau (XVI~s.l. Elle a donné une spé- sauvage)‘.
cialisation en boucherle 11931) pour le morceau de + Le mot, quelquefois écrit jongle ( 1878) d’après la
boeuf situé dans l’épaule. prononciation de l’anglais, s’est d’abord appliqué à
F Le féminin JUMELLE s’est spécialisé en héral- l’Inde puis aux régions de l’Asie tropicale; Le Livre
dique (12343 et désigne un ensemble de deux pièces de lu jungle, de R. Kipling ( 18991, a contribué à sa
fonctionnant de pair en charpenterie (13321, en mé- diffusion internationale. Par anaJogie, il est em-
canique. Il désigne aussi une pièce de bois retior- ployé ( 1904) au sens figuré de «milieu où règne la loi
çant ou doublant un mât en certaines pièces d’un du plus forts, dite aussi loi de la jungle (1899)
bateau (1634, gemelles). oLe sens courant de d’après l’anglais luw of the jungle.
{{double lorgnette)) est attesté depuis 1829, par el-
lipse pour lorgwttes jumelles (1825). +JUMELER JUNIOR adj. et n. est un emprunt au latin junior
v. tr., d’abord gemellé (16601, jumelé (1678) au parti- <<plus jeune» ( 1761; 1672 dans une traduction de
cipe passé, a d’abord été employé au sens tech- l’anglais <(personne inexpérimentée»). Le mot latin
nique de aforttier (un mât, une vergueIn. Depuis est le comparatif de juvenis (+ jeune), d’après
1765, le verbe Sign%e couramment «ajuster deux l’usage anglais d’ajouter cette indication après un
choses semblables ensembleb, en particulier en nom de famille pour désigner la plus jeune des
parlant de villes (v. 1956). oIl a produit JUME- deux personnes d’un même nom, usage d’abord at-
LAGE n. m. ( 18721, nom d’action correspondant à testé en latin médiéval, puis en anglais au xwe siè-
toutes les acceptions du verbe (art militaire, auto- cle. L’emprunt s’est aussi fait selon l’usage anglais
mobile, chemin de fer), y compris figurément (1956, du mot dès le xwe s. pour quaWer ou désigner des
jumelage des villes). personnes plus ou moins expérimentées dans une
activité, une profession, d’après un emploi déjà ré-
JUMENT n. f. est issu (v. 1120) du latin jumen- pandu en latin tardif.
tum, mot neutre dont le premier sens est «atte- +Le mot se place après un patronyme pour dé-
lagep, issu d’un dérivé populaire de jugum (4 joug) signer le plus jeune d’une famille. Il s’est surtout ré-
désignant un attelage de chevaux ou de mules. De
pandu en sports (18921 à propos d’un jeune sportif
bonne heure, jumentum a pris le sens de Nbête d’at- appartenant à une catégorie intermédiaire entre
telage)>, spécialement «cheval%. Dans les langues celle des cadets et celle des seniors.
romanes où il s’est conservé, il est passé très tôt du
sens de «bête de sornrnen au sens spécialisé d’&nem JUNKER n. m. est emprunté 118631à l’allemand
ou de xfemelle du cheval> - ce qui est le cas du Junlzer, littéralement «jeune seigneurn, en moyen
kançais- parce qu’on employait souvent la ju- haut allemand juncherre <<jeune noble, écuyer qui
ment poulinière au transport. Dès le vr” s., le latin n’a pas encore été fait chevaliers, avec deux déve-
jumentum puis, aux VIII~-IX~s., jumenta prend le loppements, d’une part &ls de noble, de proprié-
sens de -jument-. Le mot a éliminé l’ancien tiançais taire terrienn, d’autre part ajeune noble qui entre à
ive, remontant au latin ecyua, féminin de equus l’armée pour devenir officier>>, Le mot est composé
(-, équestre) et conservé par l’espagnol yegua. de junc <jeune> Cjung en allemand moderne) et de
+ Le mot, d’ab or d masculin, a désigné la bête de here <<seigneur, maître*, d’oti Mhommen EIeerr en al-
somme (cheval, mulet...), seul et en apposition dans lemand). Le premier repose, comme l’anglais
cheval jument (14441. Cette acception disparaît au Young, sur un type germanique apparenté à la ra-
XVI~ siècle. * Dès le XII’ s., il a changé de genre en se cine indoeuropéenne qui sous-tend aussi le latin ju-
JUNTE 1936 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

vencus «jeune taureau), juvenis (+ jeune). Le se- à manches, il a pris son sens moderne de “jupe de
cond appartient à une famille germanique de mots dessous> (1680) suivant l’évolution du sens de jupe.
dont la signikation originelle devait être avé&- Certains de ses emplois recoupent ceux de jupe,
rable par l’âge>> et qui a developpé le sens de tels celui du pluriel jupons 117791 en locution figu-
amaîtrem par l’intermédiaire d’un emploi comme rée, et son emploi métonymique au sens de
terme d’adresse envers un supérieur (cf. le latin se- demmem (18231, dans cowew de jupons I19001, ex-
nior et ses représenta&5). pression qui a supplanté le dérivé JUPONNIER
+ Le mot, attesté en Suisse romande dès le xv” s. n. m. (1886). 0 L’ancien sens de weston masculins,
(jungker), désigne un hobereau allemand; il s’est attesté jusqu’au XTxes., reste vivant da;ns certains
dit aussi d’un jeune noble allemand, fis de proprié- dialectes. +De jupon sont dérivés JUPONNAGE
taires terriens, qui servait dans l’armée t1902). n. m., passé du sens d’aaction de matelasser une
partie du vêtement masculin= (v. 18001 à aensemble
JUNTE n. f., d’abord juwte (15811, juntu (1665) de jupons)} (1913), et JUPONNER v. tr. (1800; 1819
puis junte (16691, est emprunté à l’espagnol junta comme terme de confection masculine), employé
<<assemblée, réunion) C10551, plus spécialement cas- en couture et (1872) en habillement. + Le composé
semblée administrative judiciaire= et «assemblée ENJUPONNER v. tr. (15341 est employé à la forme
d’individus désignés pour diriger les affaires dune pronominale avec le sens péjoratif de ((s’enticher
collectivitéa. 4Le mot, selon les circonstances, re- d’une femme> 118353.
vêt des caractères opposés et peut se référer à un Parmi les autres dérivés de jupe, JUPIER n. m.
organe de consultation ou de subversion. Ce der- (1881 au féminin) désigne le tailleur spécialisé dans
nier cas apparaît au XVI~s. en Espagne; il prend une la jupe féminine. +JUPETTE n. f. Il8941 désigne
nature particulière avec la crise de la monarchie une jupe très COut?e, tout comme l’anglicisme MI-
au xxe s. et les pronunciamentos de Primo de Ri- NI JUPE Il 9661, traduction de l’anglais mini-ski&
vera (19231 et de Franco (1936). Le mot désigne enfin mot formé sur le modèle de minicar pour désigner
le r6gime issu de l’organe provisoire, en général un vêtement dont l’invention revient à la styliste
une dictature militaire, notamment en Amérique Mary Quant.
latine. Junta est le féminin substantivé du participe @ Voir JUPE-CULOm ht. CUL).

passé junte, dérivé du latin junctus, de jungere


I+ joindre).
JURASSIQUE adj. est dérivé (1829) de Jura
=Chaîne de montagnes s’étendant sur la France, la
4 En français, le mot s’est longtemps référé à une Suisse, et 1’AllemagneB avec le suf5xe -ique. Le to-
réalité espagnole ou portugaise. Après un emploi ponyme remonte au latin Jura, lui-même du cel-
métaphotique relevé chez Balzac qui taxe la presse tique juris uforêt, montagne>.
d’espèce de junte perpétuelle I 183i 1,il a pris son sens
4 Le mot qualifie en géologie ce qui se rapporte à la
moderne de cgouvernement militaire ayant pris le
deuxième période de l’ère Seconda;ire entre le trias
pouvoir par un coup &Etat~ vers 1959, en corréla- et le crétacé, période marquée par le dépôt
tion avec putsch, d’après le sens voisin de egouver-
d’épaisses couches calcaires, notamment dans le
nement dictatoriale déjà attesté au xrx” s. (18711,
Jura. Il est également employé substantivement ne
jurassique).
JUPE n. f. est emprunté (v. 1188) à l’ancien italien
b JURASSIEN, IENNE adj. (18401, dont l’emploi en
du sud jupa «veste d’homme ou de femme d’origine
orientalen (10531, lui-même emprunté à l’arabe géologie recouvre celui de jurassique, s’applique
&&a <<vestede dessous>>. plus largement en géographie à ce qui est propre
au Jura, à ses habitants.
+ Le mot a désigné un vêtement couvrant le buste,
pourpoint ajusté fait d’étoffes repliées ou rembour- JURER v. est issu à très haute époque (842, iurut
rées (jusqu’en 16131, pourpoint à longues basques 4l jure>, dans les Serments de Strasbourg) du latin
IXVII~s.l. 0 Il a changé de valeur au xwe s. pour dé- jurure <<prononcer la formule rituelle, prêter ser-
signer un vêtement féminin qui descend de la cein- mentm, d’où aprendre à témoin, engager par son
ture aux pieds (16033 puis plus ou moins bas selon serment>>, dérivé de jus, juris dans son sens originel
la mode : on précise alors jupe de dessous, jupe de de <formule rituelle ayant force de loi% (-+ juri-
dessus (16901, supplantant cotillon. Depuis 1665, il dique).
est employé au pluriel pour désigner l’ensemble 4 Le mot, héritier de la valeur juridico-religieuse du
formé par la jupe et les jupons, entrant da2~ Yex- verbe latin, Sign%e Mprêter serment solennelle-
pression figurée être dans les jupes de sa m&e mentu, apromettre en prêtant serment)) (1080) et
(1878; 1839, être cousu à la jupe maternelle). +Par <<prendre à témoin (qqn) du sérieux de son ser-
analogie de forme, il désigne en technique une mentn (1080). Cette dernière valeur (jurer D~U quel
pièce de forme cylindrique ou ajustée à la partie in- est entièrement sortie d’usage en dehors de la lo-
férieure d’un objet (1952 en marine), notamment la cution jurer ses Grands dieux que, relativement
partie gonfIée d’air d’un véhicule sur coussin d’air. courante dans une acception lticisée pour 4%
b Ses dérivés sont tous des termes de couture ou mer catégoriquementn ( 16901. 0 Dès l’ancien fran-
d’habillement. 4 JUPON n. m., d’abord iupoun çais, jurer se construit intransitivement avec un
( 1347, en anglo-normand dans un texte latin) et gip- complément prépositionnel kur, de) indiquant
pan 11376 en ancien champenois), puis juppon l’être pris à témoin ou la chose engageant le ser-
(1380), jupon (13721, est le plus ancien et aussi le plus ment (v. 1150, jurer SUT), l’objet, le propos du ser-
vivant. Après avoir désigné une tunique d’homme ment CV. 1225, jurer de). Par métonymie, il équivaut
DE LA LANGUE FRANÇAISE JURISPRUDENCE
spécialement à &ancer, promettre en mariages tension une interjection ou exclamation grossière
C10801, sens disparu en tiançais moderne, et, traduisant une vive réaction de colère, de surprise.
l’accent étant mis sur la conviction de la personne Dans ce contexte, on dit sacre en knçais canadien.
qui prête serment (10801, il devient synonyme de @ voir ABJURER, ADJURER, CONJURER, INJURE, JURLDIC-
apromettre, affirmer avec force>> 11461-14691, per- TION, JURIDIQUE, JURISPRUDENCE. JURISTE. JURY, JUSTE,
dant l’idée de serment. Cette laïcisation du verbe PAFUURER.
conduit à des expressions où jurer équivaut à Nat-
tester avec certitude, être certainn, comme il ne JURIDICTION n. f. est emprunté (1209) au la-
faut jurer de rien i16561, je ne In ‘en1 jurerais pas tin jutidictio «action et droit de rendre la justices
(16561,je vousjure (<jevous a&-rne)) (16671, nejurer d’où epouvoir, autorite, ressort% (notamment dans
gue ~2w [qqn,qqch.) 4uiwe aveuglémentm ( 1668) où les provinces de l’Empire romain), mot composé de
jurer correspond simplement à afimzer. *Parai- juti, génitif de ~US&oitB et dicti aacte de pronon-
lélement, un autre développement s’est fait à partir cer>>,de ckere (+ dire). La forme actuelle résulte de
de la spécialisation pour &voquer de manière sa- la suppression du -s- latin sous l’influence de mots
crilège le nom d’êtres ou de choses sacréesD (1160- comme jwrXcus (+ juridique) et ce dès l’emprunt;
11741, qui insiste sur le caractère sacré de l’acte cependant, on relève encore au XVI~I~s. une va-
kf. ci-dessous juron). *L’accent se portant sur la riante jurisdiction qui rétablit le -s- d’après le latin.
violence des paroles proférées, on passe au sens +Juridiction est apparu au sens de <(pouvoir juri-
d’aêtre fortement en discordance- Il665 en mu- tique)) (sur une catégorie d’individus, une portion
sique; 1688 dans un contexte plus générall. de territoire donnée, une catégorie de procès>. Par
wJURÉ, ÉE, participe passé de jurer, a confondu métonymie ( 15381, il s’applique aussi au ressort de
ses emplois adjectivés (par exemple dans foi jurée) ce pouvoir (15381, k un tribunal, et à l’ensemble des
et substantivés avec le représentant ~~III XIII~s.> du tribunaux de même degré ou de même classe.
latin juratus, participe passé de jurure, Sign%ant b En est issu JURIDICTIONNEL, ELLE adj., mot
“qui a prêté serment% et substantivé au moyen âge créé ( 1537) au sens de “qui a le pouvoir d’exercer la
pour désigner la personne qui a juré, prêté fidélité justicen, disparu, et repris au début du xrx” s. (1802)
Km XI~s.1; juratus est employé spécialement dans pour <<relatif à une juridiction~~.
les chartes octroyées aux viLles du nord de la
France pour les conseillers liés par le serment fait JURIDIQUE adj. est emprunté (1410) au latin
au seigneur. Quré, terme d’histoire des institu- juridicus arelatif aux tribunaux ou à la justice,
tions, s’applique au vassal ayant prêté serment au conforme à la justice)), de jus, juti *droit)> I+ justel
roi et au membre du conseil d’une commune béné- et dicere C-, dire). Jus est un ancien terne de droit
ficiant, sous serment, d’une délégation des pou- et de religion qui a dû désigner à l’origine une for-
voirs du seigneur pour l’administration et Ia justice mule religieuse ayant force de loi. Il correspond, en
Iv. 12001. Le mot se rapporte aussi au membre indo-irtien au védique y& +alutp.
d’une corporation professionnelle commis par ser- + D’abord employé au sens ancien de “qui se fait en
ment à la garde et à la surveillance d’un métier justice, selon les formes judiciaires», valeur où il a
( 12601, sens ayant donné l’expression mar”tre juré, et été supplanté par judiciaire, jutiigue a pris ( 1588)
des emplois plaisants (1668, maitre juré filou chez le sens plus générale de “qui a rapport au droit».
Molière) et figurés (1580, ennemi juré) de l’adjectif. k Il a produit JURIDIQUEMENT adv. (déb. xve s.l et
-Dans ie cadre des institutions modernes, le mot le terme d’usage didactique JLlRIDISME n. m.
se réfère au membre d’un jury de tribunal, d’abord (1940) désignant l’attitude d’une personne qui s’en
(1588) dans un contexte anglais, d’après jury” et son tient à la lettre des textes juridiques (souvent avec
composé ~wy~an amembre du jurym, puis dans un une connotation critique). L’élément JURIDICO-
contexte fkançais à partir de la Constitution de est productif (ex. juridico-religieux, euse, adj . 1947).
1791. -Jurer a aussi donné JURANDE n. f. (XVI~s.1, 0 Voit- JURIDICTION, JURISPRUDENCE. JURISTE, JlJRY.
terme d’histoire des institutions qui s’applique à la
charge de juré dans une corporation et, par méto- JURISPRUDENCE n. f. est emprunté (15621,
nymie (16941, au corps des jurés d’une corporation. avec maintien du -s- étymologique (k la différence
JUREUR n. m. Il 174- 11761, nom d’agent, a assumé de juridiction*), au bas latin jurisprudentiu ascience
une valeur juridique et (v. 1233, jurere) la valeur re- du droit>>, de iw, juris adroit>) 13 jtidique) et pru-
ligieuse de <cblasphémateur», qui est à peu près sor- dentiu aconnaissance, compétence>> C-+prudence),
tie d’usage. Il ne s’emploie plus guère qu’en his- après que les deux mots eurent été souvent asso-
toire, à propos des prêtres ayant prêté serment à la ciés à l’époque classique.
Constitution civile du clergé en vigueur de 1791 à +Jun’sprudence, vieilli au sens de +xience du droit
1802 (attesté 17951. et des loisn (15621, a depuis le début du xW s. (16111
JUREMENT n. m. (v. 12001, probablement derivé de la valeur plus précise d’xensemble des décisions
jurer d’après le bas latin juramentum, *sermentv et des juridictions sur une matière ou dans un pays
Nblasphèmem, a désigné le serment et (15%‘) le ju- en tant que constituat une source de droit>>. II
ron, avant d’être nettement distancé par ces deux entre dans l’expression faire jurisprudence ( 1804)
termes. <<faire autorité (en parlant d’une décision de jus-
JURON n. m., relativement tardif (15991, a assumé ticek OLa langue farrulière l’emploie parfois avec
le même double sens : il a désigné le serment, sens le sens figuré de acoutume, usagen.
disparu avant la fin du XVII~s., le mot s’employant b JURISPRUDENTIEL, ELLE adj. (18741 qual%e ce
surtout pour ablasphème>> ( 1606) ; il désigne par ex- qui appartient a la jurisprudence et, par extension,
JURlSTE 1938 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ce qui est conforme à l’application d’une règle, à épuisén, les dérivés de jus comportent un -t- de sou-
son usage. tien (dit &penthétique)+ +JUTEUX, EUSE adj.
kve s.1, “gui a beaucoup de jus=, a reçu au XX~ s. le
JURISTE n. est emprunté (v. 136 1) au latin mé- sens figuré de aprofitableD (18303 et, en rapport avec
diéval juristu kme S*I, formé sur jus, jU?-& droitti jus, dégance, chics, celui d’&légantu (18831 qu’il
(-+ juridique). n’a pas conservé. + D’après pre&er jus <<soldat de
4 Le mot désigne une personne qui a de grandes première classem, JUTEUX est substantivé dans
connaissances en droit et en fait profession, et spé- l’argot militaire au sens d’*adjudantB 119071, par ca-
cialement un auteur d’ouvrages juridiques. +Ce lembour sur la forme de ce mot. 4 JUTER v. intr.
sens a évincé celui de ~Personne proférant souvent (18441, Nrendre du jw au propre et au figuré Idès
des juronsn 116061, dérivé de jurer*, rapidement 1844 en parlant de la pipe), a développé quelques
sorti d’usage malgré la rareté de son synonyme ju- valeurs familières - apleurere (18521, ttcrachern
reur dans ce sens. On dit blasphémateur. (18621- et érotiques, pour djaculep).
Combiné à vert*, jus a donné VERJUS n. m. (XIII~ s.)
JURY n. m. est emprunté Cl5881 à l’anglais iuy ~SUC acide de certaines espèces de raisin cueilli
qui désignait à l’origine une réunion de personnes vert>, d’où par métonymie araisin cueilli à demi-
choisies pour statuer sur une question partiwlike, mûrs (13513. + Veaus a servi & former VERJUrER
la forme jury étant elle-même la transcription de v. tr. 11872 ; 1694, verjutd, verbe technique signifiant
l’ancien français juree, féminin du participe passé apréparer au verjusm.
substantivé de jurer*, Sign%ant üsermentn kue s-1 et 0 voir AZYME, FJNzYME.
=enqu&e juridiquen, parce que les personnes inter-
rogées prêtaient serment. Passé en anglais avec ce JUSANT n. m., d’abord attesté en Normandie
sens, le mot en est venu à désigner le groupe de (1484, iusan) et dans l’ouest de la France, est pro-
personnes interrogées pour statuer sur le sork d’un bablement dérivé de l’ancien adverbe jus aen basm,
prévenu. hi-même issu du latin deorsum «vers le basp,
+ D’abord introduit en tiançak en référence à une composé de de b de) et versum Ivorsuml I-+ versl;
réalité anglaise, iu y a été adopté lors de la crkation son vocalisme serait dû à celui de l’opposé anti-
d’une institution révolutionnaire correspondante, thétique de deorsum, susum (-+ sus). Une autre hy-
en 1790, après de nombreuses hésitations : certains pothèse propose d’y voir un emprunt à l’ancien
optaient pour la forme juré*, jurie ou voulaient re- gascon iusant dnférieur~ (12561, de même origine.
prendre le terme spécialisé jurun&*; l’anglicisme La finale du mot s’explique peut-être par l’in-
l’a emporté. Par extension, jury s’est rapidement fluence de mots tels que kvant, ponant.
appliqué à une commission temporaire chargée de 4 Le mot désigne la marée descendante et, par mé-
l’examen d’une question (1793 ; 1792 sous la forme tonymie, le moment où elle se produit.
juré), notamment dans le contexte d’un examen et
(1794) d’une réalisation artistique. JUS QUE prép., adv. et conj. est probablement
issu (v. 980, juche, jusque), en dépit de l’hiatus
JUS n. m. est issu Iv. 1165) du latin ~US, juti <<jus, chronologique, de l’ancienne préposition et
sauce, brouet>, d’un mot indoeuropéen qui indique conjonction enjusque Cv. 1175) dont le en- a disparu
un mets confectionné avec de la viande cuite dans dès lors qu’on l’a senti comme un préke superflu.
une sauce Cet dont témoignent le sanskrit yt& Cette forme venait du latin inde usque, de irzde
ubouillon de viande, et plusieurs formes indoeuro- ad’icin, mot du groupe de k, adjectif-pronom de
péennes). renvoi ayant donné des adverbes de lieu, et usque
+ Le mot latin a été conservé par le provençal et le ejusqu’àn, formé de ut I-+ ut) et que, fréquent à épo-
français où il désigne le suc d’un kuit et 11538) la que tardive mais déjà relevé en langue classique.
sauce d’une viande. Ces deux emplois donnent lieu L’hypothèse d’un rattachement direct de jusque au
à une spécialisation, jus de fruits (et jus de, suivi latin de usque est réfutée (P. Falk) pour une raison
d’un nom de fruit1 demeurant plus coura& que jus concernant la datation du traitement phonétique.
seul, dans le second cas. *Fin XIX’ s. sont apparus Le -s- intérieur de jusque, normalement amuï
plusieurs sens analogiques d’usage familier : le mot comme en témoignent les formes @que, juc (encore
se rapporte alors à un liquide de couleur douteuse, au XV~~s.), a été rétabli par analogie avec la
en particulier au mauvais café (1894, locutions jus conjonction puisque et par rapprochement étymo-
de chapeau, de chique, de chaussette), à l’eau dans logique avec le latin usque; en revanche, la graphie
quelques expressions (18841 et au courant élec- jusqws,avec s adverbial, kéquente en langue an-
trique I1914, aeau des accumulateurs4 I-, court- cienne, n’est plus employée que pour des raisons
jus). 0 Depuis la ti du me s., ~LASexprime une idée phonétiques (devant voyelle), surtout en poésie.
abstraite de qualité dans des locutions familières +JUS~~, qui marque le terme tial, la limite à ne
comme avoir du jus ade la vigueur», ça vaut le jus pas dépasser, est employé comme préposition sui-
(18831, de même ~US (18891; il se rapporte en parti- vie de à depuis le xe siècle. D’abord construit avec
culier au profit tiré d’une A%ire (18671, en relation un complément de lieu ou de temps, le mot intro-
avec juteux. 0 Il a signifA faznilièrement <<élégance, duit aussi un nom abstrait (v. 1225) et Un infktif
allures. ( 1460) ; ïl indique ( 1547) l’inclusion de la limite dans
b À l’exception du terme technique JUSEE n. f. un tout (notaxnment combiné à inclus, y compris).
(1765) &quide acide obtenu en lessivant du tan déjà Plus rarement, il se construit avec une préposition
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1939 JUSTE

autre que Ccet, dès le XII~ s. (11651, avec un adverbe w FIDÉJUSSEUR n. m., emprunté (déb. xrve s., fIde-
de temps ou de lieu. Au xwe et au XVLII~ s., la jussor) au latin impérial fidejussor dgarantn, de fîdes
construction jusque suivie de aujourd’hui a soulevé I+ foi) et jussio, a été employé en droit au sens de
de grandes discussions, les uns préconisant <personne s’engageant comme cautions avant de
jusqu’aujourd ‘hui en alléguant que l’adverbe conte- reculer au profit de garant. * FIDÉJUSSION n. f.
nait déjit l’article au, les autres penchant pour (13751, emprunt au latin f&it&s&o <garantien, et FI-
jusqu’à aujourd’hui en argumentant qu’aujourd’hui DÉJUSSOIRE adj., emprunt @HIXVI~s.1du bas latin
devait être traité comme un adverbe authentique fidejussorius, continuent de se référer en droit ro-
(solution acceptée par la dernière édition du dic- main à une des formes de cautionnement.
tionnaire de l’Académie). +Jusque est aussi em-
ployé comme adverbe (1561) et comme conjonc-
+k JUSTE adj., n. et adv. est emprunté (v. I120)
tion, suivi du subjonctif (mil. xv” S.I.Jusqu’au XVZII~s., au latin iustus <conforme au droit, équitables, dé-
la langue classique employait fréquemment l’indi- rivé de jus, juris &oitn I+ jurer, juriclique).
catif pour exprimer un fait réel au passé, et rien + Le mot, comme le groupe latin auquel il se rat-
n’interdit cet emploi lorsqu’on veut insister sur la tache, appartient originellement au vocabulaire ju-
réalité du fait. Jusque est entré dans la locution ridico-religieux : il est relevé dans les premiers tex-
jusc&& tant que Iv. 12471, antérieurement (1175) tes avec la valeur religieuse de aconforme à la
jusque tant que, vieillie ou d’usage régional. On justice divine, à ses exigencesn et se laïcise au
n’emploie plus guère jusqu’au point gue & tel XIII~~., qualifiant la personne qui agit confortné-
point que, et jusque-là gue Iv. 12101 de même sens. ment à la justice et ce qui est conforme au droit, à
une règle établie (128~1. De là, juste Dieu, justes
~Jusque a servi à former les termes politiques
dieux ( 166 II, juste ciel ! A la même époque, l’adjectif
JUSQU'AU-BOUTISTE net adj. (1916, Romain
développe le sens moral de <fondé, justif& notam-
Rolland; 1877, jusqu’auboutin) upartisan de la
ment dans l’expression à juste titre ( 1470). 0 Après
guerre jusqu’au boutm, plus généralement (celui qui
va jusqu’au bout de ses idées, de son action)>.
1350,il commence à exprimer aussi une idée
d’aexactitudem dans deux emplois aujourd’hui ar-
OJUSQU'AU-BOUTISME n.m.eSt COntempOrain
chaïques : il s’applique à un instrument, à une me-
du précédent (1916).
sure exa&e (1484) et à un vêtement bien ajusté, qui
tombe bien (apr. MO, encore en langue classique).
JUSQUIAME n. f. est emprunté (XIII” s.) au bas
0 Cette idée s’est développée vers la &I du xv? s.,
latin jusquiames, jusquiumus, altération du latin
surtout en emplois abstraits, juste réalisant les sens
hyoscyamos, hyoscyamum. Ce dernier est em-
de aconforme à la raison, à la vérités 115951, *qui
prunté au grec huoskuams, nom d’une plante aux
convient, exactp (1668, d’une chose) et “qui apprécie
propriétés narcotiques et toxiques, signi&nt pro-
bien, avec exactituden (v. 1660, d’une aptitude). 0 Il
prement <fève à cochons) : le premier élément, hus
entre ainsi dans l’expression justesdieu (av. 1662)
hum, correspond au nom du sanglier, de la laie, du
<point de vue modéré-, reprise au milieu du xrxes.
porc et de la truie (+ hyène), et se rattache au
dans le vocabulaire politique, à propos du gouver-
même groupe indoeuropéen que le latin SUS
nement modéré défini par Louis-Philippe. + À par-
(conservé dans le terme de zoologie sutisl, l’alle-
tir de l’idée de “qui stit exactement)), juste a déve-
mand Sau et l’anglais sow, désignations de la truie,
loppé au XVII~s. celle de “qui sufEt à peine* (avec les
animal connu pour sa fécondité, ce qui conduit à
adverbes trop, a peine), entraînant le glissement de
rattacher ses noms à la racine verbale ‘su- amettre
sens de vêtement juste vers sa nuance moderne,
au monden C-+sove3. Le second élément, kuamos,
&op ajusté, serrén. -En emploi substantivé,
est le nom de la fève, soit emprunté, soit du groupe
JUSTE n. est relevé dès les premières attestations
de kuein <porter dans son sein», dont la racine ex-
Iv. 11201au sens de &Personne qui fait la volonté de
prime l’idée de gonflement.
Dieu,. 0 Comme abstrait, le juste est laïcisé avec la
+ Le mot désigne une plante de la famille des sola- valeur juridique Iv. 13611 de ace qui est conforme au
nacées. Très vénéneuse comme ses parentes -la droit)). 0 Plus particulièrement, une juste n. f. a
straxnoine et la belladone -, ce fut l’une des herbes servi à désigner un vêtement ajusté (15281, d’abord
maudites de la sorcellerie européenne. Sa nature une robe de médecin puis, en relation avec le chan-
vénéneuse a été analysée par le toxicologue autri- gement de sens de l’adjedif, un vêtement serré
chien A. Stoerck (1762). (1779) à la mode avant la Révolution.
L’emploi adverbial de juste remonte au xvu@s., au
JUSSION n. f. est emprunté (v. 14.50) au bas la- sens d’cavec exactitude, justessen, concurrent@
tin jussio, -anis <ordre, commandementm, formé sur dans son sens courant l’adverbe dérivé justement
le supin jussum de jubere eordonner* (3 jubé). (voir ci-dessous). II assume aussi les valeurs de pré-
4 Le mot, d’abord employé dans l’ancienne locution cisément ( 16371, dans le domaine spatial, temporel
tenir en jussion <tenir en sujétionm, s’est spécialisé ou logique et, depuis le XM@s., si@e <de manière
en droit pour désigner une lettre de chancellerie trop strictea. 0 Le mot est entré dans les locutions
portant commandement ( 1583-1590). Ce sens, ap- adverbiales au juste (av. 1787) et corne de juste
pliqué spécialement aux lettres adressées par le (1808; 1768, comme juste), cette dernière d’abord
roi aux cours Souvera;ines pour leur enjoindre d’en- condamnée par les puristes et aujourd’hui consa-
registrer une ordonnance, un édit (16901, a été réa- crée par l’usage littéraire.
lis6 par l’expression lettres de jussion (16941, em- b De juste est dérivé JUSTEMENT adv. (1174-l 1761,
ployée en histoire du droit. qui réunit les valeurs de *selon la justice>>, aavec
JUSTICE 1940 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

précisions> (1225-1250) et, surtout B l’oral, 4 se sens plus général de =pouvoir de faire régner le
kOUVe précisément que* 115801, ainsi que JUS- droitp ( 1196). 0 Une acception voisine, *organisa-
TESSE n. f. (1611). Ce dernier a repris au XVII~ s. tion du pouvoir judiciake~ kr~” s.1, est réalisée dans
tous les sens correspondant à ceux de l’djectif, si la locution de justice <ensemble des juridictions de
l’on excepte l’idée d’Gnsuf&ance~, realisée dans la même ordre- (en emploi quahfré, 12831 et *acte par
locution adverbiale de justesse (18781. lequel on obtient son dûn (13061, dans dema&er
Avec son sens d’aexact par la mesuren, juste a pro- jwke. - Le mot renvoie aussi Iv. 1278) à la person-
duit le préké verbal AJUSTER v.tr. Iv.12301, tication plus ou moins allégorique de la justice,
d’abord utilisé au sens de arendre conforme à un emploi qui a donné heu à des locutions compara-
étalon= (12601, puis (v. 1480) avec des emplois tech- tives familières, comme être raide comme la jw-
niques et kvre s.) avec le sens figuré de Kmettre en tice. *La spécialisation religieuse, <rectitude que
accord àm. Une spécialisation concerne les vête- Dieu met dm l’âme par sa grâce, observation
ments Nprès du corpsp, entraidant un emploi cor- scrupuleuse des devoirs de la religion, (15641, a été
respondant du participe passé AJWSTÉ,ÉE adj. introduite à l’époque de la Réforme.
0 En sont dérivés AJUSTAEE n. m. t 13501 et b JUSTICIER, IÈRE n. Iv. 1119, jwtikrl est à l’ori-
AJUSTEMENT n. m. (1328, adjutement), de nos gine un terme de droit féodal désignant le seigneur
jours aaction d’ajuster les chosess (16111. ~AJUS- ayant pouvoir de justice. C’est aussi un autre nom
TEUR, EUSE n. kvre s.) acelui qui ajuste les mon- pour le juge (1325, jusqu’au XVII~ s.l. ~Dès le XII’ s.,
naies a acquis son sens moderne dans l’industrie le mot a pris le sens de <celui qui aime faire justice=
(XIX~~,). +AJUSTOIR n. m. (16761 et AJUSTURE (v. 11801, annonçant la valeur moderne du mot, dé-
n. f. sont techniques et rares. gagée au xrxe s. au propre et figurément (1801, jus&
Par prédation, on a formé RÉAJUSTER v. tr. cier de la littératwel, également en emploi adjectif
(mes.) & RÉAJUSTEMENT n.m. (ds.) qui (1873). +L’ancien verbe justicier a produit JUSTI-
gagnent du terrain sur les plus anciens RAJUSTER CIABLE adj., d’abord justiable Cv. 11501, qui a
(1170, rajoster) et RAJUSTEMENT (1803; 1690, aré- perdu le sens moral de ajuste>, propre à l’ancien
conciliation,). 4’antonyme de juste, INJUSTE tiançais, pour la valeur juridique de <qui relève de
adj., est emprunté 112931 au latin injustus, dont il re- telle juridictions (XII~ s.), avec lequel il est substan-
prend les sens de =Contraire à la justicem et *qui tivé Cv. 1265). Par extension, le mot qutie une per-
n’agit pas avec équitén, en y ajoutant (16771 celui de sonne responsable devant la justice (1635). * lI est
«mal fondé, injustiM intellectuellementti. + Il a passé dans l’usage avec la valeur de “qui relève
pour dérivé INJUSTEMENT adv. 11671) qui a rem- d’une discipline= Il8111 et, spécialement en méde-
placé enjustement Iv. 13003, cf. aussi injustice (à jus- cine, *qui relève d’un traitementm.
tice”). L’antonyme de justice, INJUSTICE n. f., est em-
De juste adjectif, au sens d’ktroit, ajustém, vient le prunté Iv, 1200) au latin injwtitia arigueur injuste,,
composé JUSTAUCORPS n. m., d’abord écrit jwt- dérivé de injustus (-+ tijuste à @tel. Il signSe aab-
au-corps 116171, désignant un vêtement serré à la sente de justice, négation de la justices, plus
taille avec des basques, sens sorti d’usage, puis un concrètement luw injustiel aacte d’injusticem
maillot collant. (15591, et en emploi absolu L!‘injustice1 recouvre ce
0 voir JWS~CE, JUS’ZIFIER. qui est injuste (v. 1361). fi langue classique, il était
également employé au sens de {caractère de ce qui
JUSTICE n. f. est emprunté (v. 1050) au latinjus-
est mal fondé, injustifk.
titiu, dérivé de justus (+ juste) recouvrant la confor-
mité au droit, le sentiment moral d’équité, à basse
JUSTIFIER v. tr. est emprunté Iv. I 120) au latin
époque le droit, les lois et (au pluriel) les jugements
chrétien justifùzare *traiter avec justice, déclarer
et préceptes puis, dans les textes médiévaux, la cir-
(qqn1 juste>, dérivé de justus (+ juste) au moyen de
conscription, le pouvoir de justice.
-ficure (+ faire).
+ Le mot se rapporte dès les premiers textes au
principe moral au nom duquel le droit doit être 4 Le mot Sign%e 4isculper (qqn) en justice=. En
respecté, puis Iv. 1155) à la vertu qui consiste à être moyen -français, il est employé hors du contexte ju-
ridique pour «prouver, établir un faitm (1368) et
équitable. Dès le XI~ s., il est employé dans une ac-
s’étend à &Prouver le bien-fondé d’une opinion,
ception strictement juridique, désignant d’abord
d’un jugementti (1587, justifm ci&). Il comporte par-
par métonymie l’acte par lequel on rend justice.
fois la nuance de dconfwner après COUP~ I1670), par
0 La locution faire justice, de &Châtier, 11080) à aju-
laquelle il se sépare de Zégitimer. *De l’ancien sens
gep ( 15381, suit l’évolution de sens de juger; en pas-
technique de =vérZier une mesurem (1260) procède
sant dans l’usage général, elle correspond au sens
la spécialisation du verbe en typographie, d’abord
élargi de =Se montrer équitable (envers qqn)» (15641
pour aégaliser la profondeur dune matrice en pas-
et surtout Kreconnaître ses méritesm (1672, jusqu’au
sant lalime surlasurface~~1521kpuispour~ahgner
milieu du ~~III~ s. repris en 1835). Le pronominal se
selon une règle,. * Le sens de #rendre juste comme
faire justice 11640) comporte parfois le sens de ase
la grâce fait du péchem (1564) est apparu en
suicider pour se punir= (1873). LA varimte rendre
même temps que la spécialisation de justice en
justice ri... ( 16311 s’emploie surtout au sens large
théologie.
de Nreconntitre les mérites (de qqnjn (1665).
o D’autres extensions métonymiques plus Ou b Le verbe a produit plusieurs adjecti% et leurs an-
moins sorties d’usage, pour <juge, Iv. 11301, sens vi- tonymes en in-. JUSTIFIABLE attesté uIle fOiS
vant en anglais, et pour atribunal*, se rattachent au IV. 13001 avec une valeur active et repris au me S.,
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1941 JUXTA-

est @us rare que INJUSTIFIABLE (17011 “que l’on prurit au bengali $G~O, jhuto, du sanskrit jüta, va-
ne peut justsep, d’oti &acceptablen. +JUSTI- riante de ia&% <tresse de cheveuxm.
FIANT, ANTE 11345) est spécitisé en théologie + Le mot désigne la plante, la fibre et (1901) l’étoffe
hme s., @ce justifiante) et en typographie. 4 JUS- grossière faite avec cette filasse et servant notam-
TIFIÉ, ÉE adj. correspond à “qui a reçu une justa- ment à faire des toiles d’emballage, des sacs.
cationn et, en typographie, &igné~. OINJUSTI-
FI& ÉE adj. (av. 1830) n’a que le sens mord. JUVÉNILE adj. et n. m. est emprunté Cv.II 12,
Mais JUSTIFICATION n. f. a été emprunté (v. 1120, juvenil) au latin juvenilis <propre à la jeunesse,
justitiaciun), parallèlement au verbe, au latti plein d’entrain, fort, Viole~& formé sur le modèle
chrétien justificatio, et a suivi la même évolution de puetilis (+ puéril) sur juvenis (4 jeune).
que lui. En typographie, il est usuel pour F(action de
justiCep et «largeur de la colonnen, et abrégé fami- +Le mot se sépare de @UW, s’employant da;ns
lièrement en justif: 0 Au sens moral, il a servi à for- l’usage soutenu comme épithète de qualité avec le
mer AUTOJUSTIFICATION n. f. CV. 1950). + JUSTI- sens de “qui concerne les jeunes- Idéhquance @-
FICATIF, IVE adj. et n. m. est dérivé 11535) du vétiel. - Au ti s., il a développ6 quelques emplois
supin de @Wkare; depuis 1913, il est substantivé didactiques en géologie thermale (1931, eaux juvé-
par ellipse de document justitiatif: +JUSTIFI~A-
niles) et en zoologie oti il est substantive EV.19781
TEUR, TRICE n. (1512) puis adj. (18011, emprunt au par emprunt à l’anglais juvenile au sens de Njeune
bas latin ecclésiastique justificator, est surtout em- d’une espèce animale)).
ployé en typographie 117231 à propos de l’ouvrier, b Son dérivé JUVÉNILEMENT adv. (15441 est
puis aussi de l’outil qui fait la justikation des d’usage littéraire, tout comme JUVÉNILITÉ n. f.
lignes. (14951 qui représente le dérivé latin juvenilitas «ca-
ractère juvénile». +La langue didactique a formé
JUTE n. m. est emprunté (1849) à l’anglais jute, en médecine JUVÉNILISME n. m. (19061, Gnfanti-
nom de la fibre extraite d’une plante herbacée, im- lisme atténuéa, sur le modèle de infantilisme.
portée principalement du Bengale (17461, et de la
Pla;nte elle-même (18611. Le mot anglais est un em- JUXTA- -3 JOUXTE
K
KABIG n. m. (noté kabik en 19651 est un em- individu sinistre, absurde et dérisoire 11965, chez le
prunt au breton kabig. traducteur A. Vialatte, qui note la vogue de cet ad-
+Le mot désigne un manteau court à capuche, jectif chez les éditorialistes de journaux et les cri-
muni d’une poche formant manchon sur le devant, tiques littéraires).
et utilisé en navigation.
KAISER n. m., d’abord kuyser (185% est em-
KABUKI n. m. est emprunté ( 18%) à un mot ja- prunté à l’allemand Kaiser aempereur». Ce mot,
ponais dont les trois syllabes signifient cchant- (Iza), comme son correspondant néerlandais keiser,
Ndansen bu1 et cpersonnagen &W. Ce mot dé- vient de l’adoption précoce, dans les langues ger-
nomma, par un jeu graphique, un genre théâtral né maniques, du latin Cuesur, nom de famille dans la
au début du xwe s. avec l’époque Edo, lorsque la gens Mia, puis titre porté par les empereurs ro-
danseuse 0. Kuni interpréta, à partir de 1603, des mains, peut-être par l’intermédiaire du grec kukur
danses et des chants qui furent dit kabuki, d’un (-, césar, tzar).
terme désignant dans la langue populaire de l’épo- +Le mot, d’abord relevé chez Hugo dans La Lé-
que un comportement exubérant et quelque peu gende des siècles, pour <empereur’>, est le nom
marginal. Le genre du kabuki, dans lequel les dia- donné par les Français à l’empereur d’Allemagne,
logues alternent avec les chants et les intermèdes de 1870 à 1918, et particulièrement à Guillaume II
de ballet, se constitua au XVII~ et au XVIII~ s., assimi- (1913).
lant la gestuelle des marionnettes (théâtre bun-
rukzul et profitant du déclin de celles-ci. KAKÉMONO n. m. est emprunté (1878, Gon-
+ Le mot reste didactique en &ancais, et moins ré- court1 à un mot japonais composé de k&ew eus-
pandu que nô. pendre, et mono Nchose>)I+ kimono), et désignant
une peinture sur soie ou sur papier, de forme longi-
KACHA n. f., écrit kûscha 11852, kuchu 18611, est tudinale, suspendue verticalement et pouvant se
emprunté au russe kuchu. Le mot remonte, comme rouler autour d’un bâton. Son correspondant
le polonais kusza aorge mondé cuit dans du lait= chinois guàfu <peinture suspendue», ou Eizhou
(repris par le fiançais en lï’911 et le tchèque kde, ((rouleau vertical*, ne recouvre pas exactement la
au mot kusiu dont l’origine est incertaine. même réalité,
4 Le mot désigne un plat populaire russe et polo- +Le mot s’est diffusé dans le langage des arts,
nais, équivalent du gruau, bouillie de céréales par- comme témoin de la vogue de l’art japonais en
fois additionnée d’œu&, de crème aigre, de miel. France et en Occident, dans les années 1880- 1900.

KAFKAIEN, IENNE adj. est l’adjectif dérivé 0 KAKI n. m., en composition dans ssibu-kaki
(19451, avec le Su&e -ien, du nom de FranzKaku, (17651, puis adapté en cuque dans fzgue caque (1820)
écrivain tchèque de langue allemande 11883-19241, et kuke (18301, formes francisées supplantées par
dont l’œuvre romanesque exprime l’angoisse de la kuki (18221, est l’adaptation du latin scientifique
condition de l’homme moderne : une situation sans kaki (1712, chez le voyageur et naturaliste alle-
issue dans une atmosphère oppressante et un es- mand Kaempferl puis Diospyos Kaki tinnél, em-
parce labyrinthique. prunt à un mot japonais.
4 Le mot, qui a supplanté les variantes kufkien + Le mot désigne un plaqueminier originaire d’Ex-
(19391 et kafkéen, quaWe ce qui appartient à K&a trême-Orient, de nos jours acclimaté en France
et à son œuvre. Il s’est répandu dans l’usage cou- méridionale, et son fiuit (1820). Introduit en
rant pour caractériser un monde, une situation, un sciences naturelles, il s’est diffusé à la ti du xrxe s.
KAKI 1944 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

avec le japonisme et l’accession du public français KANGOUROU n. m. est emprunté (1744, kan-
aux estampes japontises (représentant le fruit,. gurol à l’anglais kangaroo 11770, Cook, kangooroo
et kan@m), lequel est repris à une langue indi-
0 KAKI adj. et n. m. n’est pas issu, comme on gène d’Australlie. Le caractère de l’emprunt est
pourrait le croire, du nom de fruit kaki pour sa contesté, car il semble que les indigènes disaient
couleur : le mot, qui apparait d’abord sous la forme patagoroug; en revanche, l’hypothèse selon la-
khakzi (18981,puis kaki 119161,est un emprunt à l’an- q??elle il correspondrait à c!je ne comprends pasm,
glais kzhakee, khki, attesté depuis 1857 comme réponse faite par les indigènes au voyageur, ne
nom au sens de acouleur brun jaunâtre, étoffe de semble pas fondée.
cette couleur utilisée dans l’armée britannique en 4 Le mot, écrit kangourou depuis 1808, est rare en
Inde pour la confection d’uniformess, et depuis français avant la ti du xrx” s. et connaît plusieurs
1863 comme adjectif. C’est un emprunt à I’ourdou variantes graphiques à l’anglaise Ikanguroo, kan-
et hindi hûkï Kpoussiéreux, couleur de poussièren, gouroo, 1875). h est employé en apposition pour dé-
lequel vient du persan. signer un élément comparé à la poche ventrale de
4 Le mot, int ro dLU‘t avec le sens métonymique de l’animal (sac kangourou).
<tissu employé pour la confection des vêtements în-
tiens,, s’est répandu comme adjectif t19001 et nom KAOLIN n. m., d’abord écrit ~zao-lin 117121,
de couleur à la suite de l’adoption de cette couleur réuni en kaolin (17391,est emprunté au chinois kao
dans l’armée française, qui renonce alors au <bleu ling, composé de kzao ahautm et liJtg ccollinen, nom
horizonm ( 1916, Barbusse en parlant de soldats). donné à des régions où l’on extrayait une argile
blanche, puis cette argile.
KALÉIDOSCOPE n. m., dès 1818 au figuré 4 Le mot désigne une argile réfraotaire et tiable,
dans le titre Le Kaléidoscope philosophique et Zitté- de couleur blanche, utilisée en particulier dans la
raire ou Z’lhcyclopédie en mintature, est emprunté fabrication de la porceltie (d’où son appellation
à l’anglais kaleidoscope, nom formé par le savant terre à porcelainel.
D. Brewster qui inventa l’instrument et en déposa b Au x& s., kaolin a produit adj.
KAOLINIQUE
le brevet en 1917.II est composé des mots grecs ka- (18441, KAOLINISER v. tr. (18981, verbe
au moins
Zos«beaw (+ calli- dans calli@a@&), eidos airnage, aussi ancien que son dérivé KAOLINISATION n. f.
aspec% (+ idole), et skopein <regarder> I+ -scope), attesté dès 1873, et KAOLINITE n. f. employé en
exprimant l’idée de <regarder une belle imageu. chimie et en minéralogie (attesté 1898) pour dé-
4 Le mot, désignant un cylindre où des tiagrnents signer un silicate d’albumine hydraté formant l’élé-
colorés sont reflétés par un jeu de miroirs ayl&u- ment essentiel du kaolin.
laires, formant des figures symétriques, a inspiré
de bonne heure 118181un emploi figuré exprimant KAPOK n. m., d’abord capoc dms la traduction
l’idée d’une succession rapide et changeante (de 116801 d’un livre néerlandais, puis capok ( 1751) et
sensations, impressions) et un emploi métapho- kapoc (17631, est emprunté au malais kâpuq de
rique (1880). même sens, probablement par le néerlandais.
won en a tiré KALÉIDOSCOPIE n.f. (18361, 4 Le mot désigne une fibre végétale soyeuse et lé-
d’usage littéraire, KALÉIDOSCOPIQUE adj. (1835, gère, constituant le feutre qui tapisse les fruits d’un
Balzac, au figuré), littéraire ou technique au sens arbre tropical.
propre, moins rare au figuré pour “qui change ra- p Le dérivé KAPOKIER n. m. (1691, cupoquier) dé-
pidement d’aspect)), et KALfiIDOSCOPER v. tr. signe l’arbre qui fournit cette fibre.
(18951, aujourd’hui vieilli.
KAPOUT + 0 CAPOT
KAMIKAZE n. m. et adj. a été emprunté ( 19531
au japonais kamikaze. Le premier élément de ce KAPPA n. m. est un emprunt (1690; écrit cuppa
mot, kami, Sign%e asupérieurn, d’où =Seigneur, 1611) au grec kappa.
mtitre)) et, dans la religion shintoïste, aentité supé- 4 Le mot désigne la lettre grecque correspondant
rieure à l’homme par sa nature (soleil, lune, ty- au son k.
phon), divinité)). Il a fait l’objet d’un emprunt in-
dépendant en français (1845). Le second blément KARATÉ n. m. a été emprunté (19561 au japo-
kaze signifie *vent>>. À l’origine, ce mot désigne nais karaté, littéralement amain vide>>,qui désigne
deux typhons qui ont détruit la flotte d’invasion une méthode de combat sans armes fondée sur
mongole en 1274 et en 1281. Il a été repris vers la fin l’emploi de coups portés avec la main et le pied aux
de la Seconde Guerre mondiale pour désigner les points vitaux de l’adversaire.
avions chargés d’explos% qui devaient s’écraser en + L’implantation du sport en France a entr&é l’in-
piqué sur les navires américains. troduction de KARATÉKA n. (1966) pour désigner
+Le mot est passé en franc& avec ce sens, dé- celui qui pratique le karaté (cf. judoka).
signant le pilote volontaire de l’avion OU l’avion lui-
même (en concurrence avec avion-suicide) et, par KARITÉ n. m. est l’emprunt Il9071 d’un mot
extension, toute personne qui s’expose volontaire- ouolof, langue de l’Afrique occidentale I%négal).
ment à un grand danger, ainsi que des actions + Le mot désiee un arbre africain dont le bois est
considérées comme suicidaires. utilise en charpente et dont le tit contient une
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1945 KÉFIR
amande fournissant une matière grasse comes- pôle Nord, pour désigner une embarcation de
tible. Surtout répandu dans l’expression hem de pêche des Inuit. ~Par analogie, il dénomme une
kmité (19071 à travers l’usage de cette substance en petite embarcation de sport, faite de toile imper-
cosmétologîe, il est usuel en tiançais d’Afrique. méable tendue sur une armature de bois et, par
métonymie, le sport pratiqué avec ce canot.
KARMA ou KARMAN n-m. est emprunté
11912, Alexandra David-Neel (ou Née11; cité comme F Le terme de sport a donné le composé CANOË-
mot sanskrit en 18991, peut-être par I’intermédiaire KAYAK n, m. h. 1950) avec CUn& et KAYAKISTE

de l’anglais où il est attesté dès 1828, au sanskrit n. 11943) qui a évincé la variante kuyukeur (1941).
kumzan ou kurma, substantif dértvé du radical
sanskrit kzr- qui sigr%e CfaireB au sens le plus géné- KEEPSAKE n. m. est emprunté (1828) à l’an-
ral du terme. Dès les premiers textes de l’Inde, le glais keepsake (1790, W” d’Arblayl, mot désignant
mot désigne n’importe quel acte, et s’applique no- un présent qui perpétue le souvenir de la personne
tamment à l’ade rituel, au rite accompli selon les qui l’a offert, et spécialement un recueil de textes
prescriptions des textes révélés ; il relève alors du orné de gravures. Le mot s’est employé ensuite
vocabulaire technique du brahmanisme. Concept pour caractériser (18391 ce gui évoque le style ro-
central de l’hindouisme, le karma se rapporte & mantique des images de ce genre de recueil. Il est
l’acte de l’être conscient, qui inscrit en lui un effet composé de to keep agarder, conserverm, verbe
qui mûrit soit dans cette vie, soit, par transmigra- d’étymolo@e inconnue dont les sens se sont en par-
tien, dans une vie future ; il constitue ainsi le destin tie modelés sur le latin servure, et de suke pris au
de l’être. sens de <considération, égard*. Ce sens est une
4 Le mot est un terme d’histoire des religions relatif spécialisation, d’après la formule for 0~‘s suke
à I’hindouisme; il a conservé le sens de l’étymon. *pour le compte den, de l’acception originelle de
aquerellem, *chef d’accusation, culpabilité*. Suke
w T1 a produit KARMIQUE adj. “qui concerne le appartient à une famille germanique (néerl~dais
karmap.
zuak, allemand Sache) dont la racine “sak- aquerel-
KARST n. m. est un emprunt, d’abord comme ler, accuser+ est la spécialisation juridique de la ra-
nom propre (1892, Kar~t), à l’allemand KarsC, nom cine contenue dans le verbe anglais to seek &er-
de la zone de plateaux calcaires du nord-ouest de cher à obten+, bien représentée en indoeuropéen,
la Yougoslavie correspondant au serbo-croate notamment par le latin sugux I+ sagace), Su@re
KW& *avoir du fl& (+ présage).
4 Le mot, devenu usuel comme nom commun (avec 4 Le mot a été importé avec la mode des albums
une minuscule), désigne un relief présentant des publiés en France entre 1825 et 1860. Il désignait un
grottes, des gouffres, des résurgences, etc. résul- album de souvenirs illustré de grawres, souvent
tant de l’érosion des roches calcaires. relié en soie ou en tissu, protégé par un étui, et of-
F On en a dérivé KARSTIQUE adj. 119021, dans re- fert en cadeau à une jeune femme, une jeune f3le
lief, érosion kurstique. pour Noël et le jour de l’an. L’objet demeure un do-
cument précieux pour l’histoire du goût roman-
KART n. m. est emprunté Cv.19601à l’anglo-amé- tique.
ricain km-t (1959) ou go-kart
(19631, variante très
spéciali&e de l’anglais curt acharrettem Ixrn” s.), avé- KEFFIEH n. m. est l’emprunt (xx” s.l de l’arabe
hicule lourd à deux rouesb (~III’s.) puis, au XII? s., kufiyah ou kuffiyeh, mot que l’on a rattaché au la-
wéhicule léger à deux roue+. Ce mot représente tin tardif cofeu, cuphia (3 coiffe), lui-même d’ori-
partiellement, avec métathèse, le vieil anglais cruet gine germanique. L’anglais a ketXeh dès 1817.
Nchariota; d’autre part, il est apparenté à l’ancien
4 Le mot désigne la coiffure des Bédouins, carré de
norrois kurtr de même sens, et semble avoir subi
tissu plié en triangle et retenu par un lien. 11s’est
I’tiuence de l’anglo-normand et de l’ancien pi-
diEusé avec les commentaires de presse portant
card curete, qui correspondent au français mo-
sur les problèmes palestiniens, surtout après 1970,
derne charrette*, diminutif de CII.&.
le keffieh étant alors identif% comme la CoZT-urepa-
+ Le mot a été repris en sport pour une petite voi- lestinierïne, symbolisant les mouvements pour la li-
ture de compétition à embrayage automatique, bératian de la Palestine.
sans carrosserie, boîte de vitesses, ni suspension.
b KARTING n. M. a été empr!.Wé parallèlement KÉFPR ou KÉPHIR, KÉPHYR n,m. est
(1960) à l’angle-américain karting ~sport automo- l’emprunt (1885) d’un mot répandu dans plusieurs
bile pratiqué avec le kart*, dérivé (1959) de kuti. langues du Caucase (géorgien, arménien), et
KASCHER + CASCHER
adopté en russe. Il a été emprunté à la même épo-
que par plusieurs langues d’Europe occidentale
KAYAK n. m., d’abord cuyac (18293, kujuck (kephir en anglais, 1884).
E18401,katik (1841-1842) puis kuyuk (18511, est em- 4 Le mot désigne une boisson gazeuse et acide,
prunté à un mot inuit Ceskimo) désignant une em- d’origine caucasienne, obtenue avec du lait que
barcation légère utilisée du Groenland à l’Alaska, l’on fait fermenter au moyen d’une levure spéciale
L’anglais a cet emprunt dès 1662. dite grains de kéfw. Les mots kefir et koumis, dé-
+ Le mot a été introduit par les relations des rnis- signant une boisson analogue, sont souvent asso-
sions évangéliques et les relations de voyage vers le ciés.
KENDO 1948 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

KENDO n. m. est un emprunt EV.1970) au japo- KERMESSE n. f. est emprunté (1397) au fla-
nais kendo, littéralement <voie (do, + judo) de mand kerkmisse, littéralement nmesse cmtisel
l’épée fienI», nom de l’art martial japonais du ma- d’église tkerkb, employé par métonymie pour dé-
niement du sabre. Le mot a été introduit en anglais signer la fête patronale et les réjouissances aux-
dès 1921 avec son synonyme ken-jutsu, de jutsu quelles elle donne lieu (cf. le picard ducasse de
«artm, comme dans iiu-@su. même sens, issu de dédicace*). Kerk se range dans
4 Le mot s’est diffusé avec l’officialisation de ce les dénominations germaniques de l’église (avec
sport en France vers 1970. l’anglais church, l’allemand Kirche), et provient du
grec tardif kutikon (sous-entendu tirnu Kmaisona).
KÉPI n. m. est emprunté (1809, Inventaire du gé- Ce dernier est la substantivation d’une varia,nte de
néral Lasalle) à l’alémanique (Suisse) ktippi, dimi- kuriakon, neutre de l’adjectif kuriakos -du sei-
nutif de l’allemand Kuppe abonnet>, lui-même em- gneur-n, dérivé de km& aeigneurn (+ kyrielle). Les
prunté (VIII~ s.) au latin cuppa <<manteau à langues slaves ont adopté le même mot (russe tser-
capuchonn (-, cape, chape). kûvj serbe crkvu, polonais cerklew pour l’église du
4 Le mot désigne une coiffure rigide à coif5e, cylîn- rite orthodoxe). Misse -messeu vient, comme le
drique et à visière, portée par les officiers et sous- français messe*, du latin ecclésiastique missu.
officiers de certaines armes et pour certains fonc- + Les premières attestations du mot, localisées
tionnaires en France, Belgique, Suisse. dans les départements du Pas-de-Calais et du
+ L’ouvrier qui fait les képis a reçu le nom de KÉ- Nord, désignent sous les formes Iwmtesse, cure-
PISSXER n. m. (19551, formé avec le sufbe des messe, camzesse une fête patronale flamande, une
noms de métiers matelassier, tapissier, etc. fête de village. Kemesse s’est répandu au XIX~ s.
dans la langue littéraire (1842, Michelet> par le vo-
KÉRATINE n. f., mot créé par Simon (av. 1849) cabulaire de la peinture, la kermesse constituaA
et attesté dans le DictinPzaire de médecine de Lit- un des sujets favoris de l’art flaz-nand. ~Par ex-
tré et Robin (18551, est l’une des principales forma- tension, il désigne une grande fête de bienfaisance
tions tiançaîses faites avec le premier élément kér se déroulant en plein air (1879).
Cd-, hérutlol-, tiré du grec keras, kerutos ccorne,
matière cornéen, mot apparenté à d’autres noms KÉROSÈNE n. m., d’abord kérosine (18621,
de la corne (latin cornu -*corne, anglais hom) et, puis kérosène (18651, est emprunté à l’anglais kero-
avec un autre sens, à des noms de la tête comme le sene *produit de la distillation des pétroles bruts>>
grec kuru I--+carat, chère) et krunion (-+ crâne). Le (1854). Ce terme est un dérivé savant du grec keros
su%xe -iw indique l’essence ou la nature d’un pro- aciren (+ cire, 1, avec le suf6xe -ene correspondant
duit. au français -éne.
+Le mot s’applique à un groupe de protéines, 4 Le mot désigne le carburant utilisé notamment
riches en sotie, formant le constituant principal dans les moteurs d’avions à réaction.
de toutes les productions cornées de l’épiderme
chez les vertébrés. KETCH n. m. est emprunté sous la forme ca&
bEnest dérivé K~~RATINISERBEI v.pron.11889), (1666) puis quesche (16771, quaiche (16871, réem-
d’où KÉRATINISATION n. f. 118921,termes relatifs prunté par écrit en ketch (17611, à l’anglais ketch,
au processus par lequel les couches supeticielles dont la forme a remplacé InQlieu xwe s.1les formes
de la peau ou d’une muqueuse s’imprègnent de ké- plus anciennes cache (13713 et catch «vaisseau à
ratine. deux mât+. Le mot est peut-être apparenté à cutch
aprise, captures, repris par l’intermédiaire de l’an-
KERMÈS n. m. est emprunté Iv. 1500,22emzes) à glo-normand ca&& au français chaSseT*.
l’arabe (cdl-qirmiz acochenillep, par l’intermédiaire 4 Le mot désigne un cotre gréant deux focs et deux
de l’espagnol ulkermes I-t carmin, cramoisi). voiles atiques, aussi appelé dundee.
+ Cet insecte, aussi nommé cochenille, portait le
nom de graine en ancien et moyen français parce KETCHUP n. m. est d’abord attesté sous les
que la femelle, pour protéger ses oeufs, se couvre formes Ket-Chop (18161, cutsup (1821) et culchup
d’une pellicule dure ayant la forme d’une graine (1826) avant de l’être sous sa graphie actuelle
rouge et servant à fabriquer la teinture rouge. (1873). Celle-ci est conforme à l’original anglais ket-
~Depuis le XVI~s. 115841, le mot sert aussi à dé- chup 117113, également cutchup (16903 et kitchup,
signer le chêne sur lequel vivent les cochenilles. À lui-même probablement emprunté au chinois kôe
ce propos, il faut noter que jusqu’au XIX~ s., le ker- chiup ou kê tsiup <saumure de poisson», peut-être
mès était considéré comme une excroissace du par l’in&rmédiaire du malais kêchup ugoûb.
chêne vert, provoquée par la piqûre d’un insecte; + Le mot désigne en général une sauce industrielle
sa nature animale a été reconnue par l’Italien Ces- d’origine nord-am&icaine, à base de tomate et de
toni (1637-1718). oPar métonymie, le mot d6signe goût sucré et épicé, assez éloignée du condiment
aussi (17%‘) un médicament vomitif à base d’oxysul- chinois originel, Il connote en français une cuisine
fure d’antimoine, appelé communément poudre à l’américaine et la nourriture médiocre des fa&
des Chmtreux, car il fut mis en vogue vers 1714 par foods.
le frère Simon, apothicaire des CharVeux.
b On en a tiré un terne de pharmacie aujourd’hui KEUF - FLIC
archaïque : KERMÉTISÉ, ÉE adj. “qui contient du KEUM -3 MEC
kermès min&& (1869). KHÂGNEUX -+ CAGNEUX
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1947 KILO

0 KHAN ou KAN II. m. est un emprunt, adapté nautarisme intégral. Le premier kibboutz a été
en Jzaan, ban ou cun chez Marco Polo (12981, puis fondé en 1909 à Degania; depuis 1921, le kibboutz
cham (15491 et kzhan (16971, au mongol Sagan coexiste avec une autre forme d’exploitation ru-
vprince, souverainfi, mot de méme origine que le rale : le mchab, village coopératif fondé sur une
turc &W, &lq6n Iturc moderne @n, hukanh Le vie familiale. De nos jours il faut y ajouter un troi-
mot est également passé en persan et en arabe : sième type de village basé sur la propriété privée.
hün. Il appartit en latin tardif et médiéval sous les b Vers 1959 sont apparus KIBBOUTZNIK n. ahabi-
formes gaganus, caganus Kroi chez les Huns et les tant d’un kibboutzn, de l’hébreu qibb@s, avec un suf-
Avarw (VI” s.), aussi chanis, canls à coté du grec ka- tic yiddish venu du russe -niiz 1-+beatnik), et l’ad-
nis, kmês. jecttif KIBBOUTZIQUE, rare et didactique.
+ Le mot a été introduit en Europe, après les inva-
sions mongoles de la première moitié du XIII~s., pas
KIDNAPPER v. tr. est emprunté (1861) à l’an-
glais to kidnup (16821, peut-être dérivé régressif de
les missions européennes à la cour mongole et par
ktinctpper (16781, mots apparus dans les milieux
les récits de voyage de Marco Polo. Dans le texte
pratiquant le rapt illégal d’enfants ou d’adultes
français du voyageur italien, le mot représente le
pour en faire des serviteurs ou de la main-d’oeuvre
titre tartare adopté par Oktai, fis de Gengis Iap-
agricole dans les plantations américaines. Par ex-
pelé couramment en tiançais Ceng& Khan), et par
tension, le mot s’est étendu à tout rapt, surtout
ses successeur. Khan recouvre plus largement le
d’enfant, et s’emploie au figuré ( 1732). Il est formé
titre porté par celui qui exerce un pouvoir politique
de kid achevreau} (v. K%O), employé par extension
et religieux dans le monde mongol ou soumis à l’in-
(d’abord en argot, 15991 pour *enfant>>, mot em-
fluence mongole (Turquie, Perse, sous-continent
prunté à l’ancien norrois kti, lui-même rattaché à
indienl.
une racine germanique, et de to nap asaisir, s’em-
b KHANAT n. m., d’abord écrit kanat (16783, se rap- parer dea (16731, verbe argotique à comparer au
porte à la fois à un pays soumis à l’autorité d’un suédois, norvégien nappa, danois nappe aattrapep,
khan et 11840) à la fonction ou à la dignité de khan peut-être apparenté à to nab, verbe argotique et fa-
milier de même sens (1686).
0 KHAN ou KAN n. m. est l’emprunt, sous les
+L’unique attestation connue du mot au XB? s.
formes kan (14571 et kkurt (16791, du persan &Xn
(1861) concerne le rapt d’un homme de couleur
~caravansérail, hôtellerie-, mot passé également
dans le sud des États-Unis. oLe sens moderne
en turc et en arabe.
s’est répandu au me s. (19311, diffusé par les jour-
+ Le mot, qui désigne un caravansérail, un lieu de naux. Le verbe a pris le sens figuré d’aenlever
repos, est resté limité aux récits de voyageurs. subrepticement, 119511 dans la langue familière.
w KIDNAPPEUR, EUSE n. est empoté à l’mglajs
KHÉDIVE n, m. est emprunté (1869) au turc
kidnapper. La forme kidnapper, d’abord employée
@div #prince, roi, souverain*, et celui-ci au persan
en référence aux aembaucheuw illégaux des plan-
@dW, prononciation courante de hudaiw, lequel
tations de Virginie (1783, puis 18613, a cédé la place
est dérivé, au moyen du schème diminutif arabe,
à la forrne tiadsée kidnappeur 119531 avec son
du persan && adieu, seignew. sens moderne tdès 1861 dans un contexte améri-
4 Le mot désigne le titre donné au pacha d’Égypte cain). 4 KIDNAPPAGE n. m. 11931) correspond à la
Ismail en 1867, porté ensuite par ses descendants francisation de KIDNAPPING n. m. (19351, em-
sous la domination turque. L’association Egypte- prunt à l’mghis kidnupping; on emploie plutôt
tabac, à la ti du x& s., en a fait un nom de ci- enlévement et rapt dans l’usage courant.
garettes blondes.
KIF-KIF adj. inv. est emprunté 11867, in Delvau)
&e mot a produit KHÉDIVIAT (1878) ou KHÉDI-
VAT (1888) n. m. atitre, fonction de khédiveB et à l’arabe algérien kifacommen, en emploi redoublé
à valeur intensive.
atemps d’exercice de cette fonctionm, ainsi que
KHfiDIVIAL, ALE, AUX 11888) ou KHÉDIVAL, + Le mot est passé, comme d’autres emprunts, pzlr
ALE, AUX adj. ( 19021, arelatif au khédivew. l’argot de l’armée d’Algérie. Il correspond familiè-
rement à <pareil, semblable», souvent simpli% en
KHÔL, KOHL ou KOHOL n.m., successi- kif (emploi vieilli) et substantivé : c’est du kif (19 141
vement kouhd (16463, puis kohZ ( 17871 et khôZ (k’hol, <c’est la même chose,. La locution WW bourricot
18371, est emprunté à l’arabe kuhl ~antimoine~, (18831, littéralement =Pareil à l’âne)), renforce kif-
acollyre fait de poudre d’antimoine et appliqué kif; elle a vieilli.
comme fard, I-, alcool).
KILIM n. m. est l’emprunt d’un mot turc, lui-
4 Le mot français, aussi acclimaté en kohd (Nervall, même formé à partir du persan k%m, mot dési-
koheul, s’applique au fard oriental utilisé pour les gnant un tapis en laine tissé et tramé en tapisserie
yeux. de basse lisse (Turquie, Iran, Caucase).
4 Le mot s’emploie en tian@s dans le commerce
KIBBOUTZ n. m., sous les formes kibbouts
des tapis d’Orient, au moins depuis les années
( 1953) kibboutsim au pluriel cv. 19531, est un em-
et
1920-1930; il est attesté en angiais dès 1881 COxford,
prunt à l’hébreu qibbG.s, au pluriel qibb@im, dérivé
du verbe qibbds «réunir, rassembler>>.
Suppl.1.
4Le mot désigne une communauté agricole de KILO n. m., est l’abréviation courante, par apo-
l’État d’Isr&?l, fondee SUTle principe d’un cummu- cope (16581, de kiEogramme (1795, loi du 18 germi-
KILO- 1948 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nal de l’an III), composé de l’élément kilo- et de 4 Le mot désigne un vêtement traditionnel japo-
gmname* . nais, qui s’oppose au vêtement occidental désigné
+Le mot a remplacé kiloaumme wnité de masse au Japon SOUS le nom de yS.&zu (de yô «Europen et
équivalant à mille grammes, dans le langage di- fùku wêtement4 Par analogie, il est passé dans le
dactique, administratif et courant ; il représente vocabulaire de la couture et de la mode pour un lé-
l’une des unités de masse les plus usuelles, avec ger peignoir féminin ( 1902) et, en apposition dans
gramme et tonne. -Il est employé populairement coupe kimono, manches kimono, un type de
au sens de &tre de vin» (18781, abrégé en KIL n. m. manches larges non rapportées (mode lancée vers
118801, surtout dans W de mwe. 1910 avec l’abandon du corset féminin).

KILO- , élément attesté depuis 1794- 17% comme KINÉSITHÉRAPIE n. f. est formé (1847) de
pr&xe multiplicateur, est tiré arbitrairement du kitisi-, élément tiré du grec kinêsis amouvementn
grec hhihi ((millen, mot d’origine indoeuropéenne. C+ cinémal, et de thfirupie* qui fournit le second
+ D&s la Révolution, Mo- a servi à composer les élément de nombreux termes médicaux.
noms de mesure valant mille fois l’unité, la quantité 4 Le mot, répandu seulement à partir de 1945, est
exprimée. couramment abrégé en kinési ( 19741 et en KINÉ
w Certains, déjà anciens, sont tombés en désuétude n. f. (19691.
Ckzilolitre + litre) ; d’autres, plus récents, se sont for- b KINÉSITHÉRAPEUTE n., attesté pour la pre-
més au fur et à mesure des découvertes scienti- mière fois dans le Journal officiel en 1946, en appo-
fiques ou des besoins industriels Wotonne sition à masseur, est probablement antérieur. Il est
+ tonne), récemment kilohnc ide fisc). abrégé lui aussi en kinési 11969)et en KTNÉ n.
b KILOMhTRE II. m. (17901 s’est peu à peu substi- 11979, beaucoup plus courant.
tué aux noms traditionnels d’unités de longueur,
de distance, comme lieue. Critiqué au XIX~ s. par les
KIOSQUE n. m., d’abord chiosque (1608), puis
kiosque (16541, est emprunté, par l’intermédiaire
puristes (l’élément Mo- devrait être khilio-1, il s’est
de l’italien chiosco ( 15941,au turc ktigk, *pavillon de
imposé, surtout avec les transports modernes. De
jardin,, lequel est emprunté, avec dérivation de
là Momètre à l’heure, kitomètre-heure, unité de vi-
sens, au persan ktik asalle haute, galerie, salon».
tesse, et des emplois extensifs, dans manger, bouf-
fer du Morn&e cfaire de la route>> (1888), ainsi que + Le sens propre de kiosque est donc celui de apa-
des syntagmes spéciaux, Mo&tre law6, en villon de jardin ouvert de tous c6tés et ooS6 d’un
sports, etc. et des expressions comme HozGtie- dôme, au Moyen-Orient>, étendu à un pavillon de
voyageur, dans les statistiques. 0 Le succès du mot jardin de style oriental. 0 Par spécialisation, le mot
a suscité des dérivés, KILOMÉTRIQUE adj. (18111, désigne un abri du même genre destiné à abriter
KILQMÉTRER v. tr. (18671, rare, KILOMÉTRAGE les musiciens lors d’un concert en plein air (1885 ;
n. m. (1867) usuel. +KILOWATT n. m. (1889, 1867, kiosqu& de musique, remplacé plus tard par
d’après l’anglais de même formation kilowatt, 1884) kiosque à musique), et, par analogie de forme, dé-
s’emploie COUramment pour KILOWATTHEURE signe couramment un édicule où l’on vend des
n. m. (18941, unité de travail appliquée aux tarifs journaux (1848, kiosque de journaux puis kiosque à
d’électricité. journa&. + Depuis 1903, il connaît un emploi tech-
nique en marine, au sens d’aabri vitré sur le pont
KILT n. m. est emprunté (17923à l’anglais kilt d’un bateau>>.
(1730, quelt) <<jupe de tartan, costume national des b Aucun des trois dérivés formés pour désigner la
Écossais~, déverbal de to kilt wetrousser, plissers personne qui tient un kiosque à journaux, KXOS-
(v. l340), mot d’origine scandinave que l’on QUISTE, KIOSQUIER et KIOSQUAIRE n.
compare au danois Izilte, au suédois dialectal Mta (v. 19501,ne s’est imposé hors du vocabulaire pro-
(ancien norrois kilting, kjalta <(contourner, enrou- fessionnel.
lerd.
+ Introduit par des relations de voyage en Écosse KIPPA n. f. est l’emprunt, attesté récemment, de
(1792, hilt en 18161 en même temps que tartan*, le l’hébreu kippa =Coupole, calotte=.
mot est devenu, par extension, un terme de mode 4 Le mot désigne la calotte portée par les juifs pra-
pour une jupe féminine analogue & celle que tiquants.
portent les Écossais.
KIPPER n. m. est emprunté Iv. 1803) à l’anglais
KIMONO n. m. est emprunté (1603) à un mot ja- kipper, terme très ancien Cv. 1000) désignant
ponais, nom d’un vêtement traditionnel formé de d’abord le saumon mâle à l’époque du fiai, puis
ki wêti~ et de morto t~~hosem(également dans Iz2a- aussi bien le saumon gue le hareng et d’autres
Izémono). Les attestations isolées relevées au xwe s. poissons préparés (nettoyés, salés, séchés ou fu-
dans des ouvrages d’histoire et des relations d’am- més)pour être conservés (v. 13263. Rien que le dé-
bassadeurs font état des formes amon, quimon veloppement de sens soit plausible (en supposant
Itradudion d’un ouvrage écrit en latin et utilisant que cette préparation s’est d’abord appliquée au
essentiellement des documents portugais, le portu- saumon kipperl, le second sens est manifestement
gais ayant g~imho dès 1544). Le mot est repris au solidaire du verbe to kipper «prépwer les poissons
XVIII@ s. SOUS la forme kimona (17961, la forme hi- de cette manière, (seulement attesté aU XVIII~S.) et
mono n’étant tiée qu’à partir de 1899, l’étymologie du mot aglais n’est pas claire.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1949 KNICKERBOCKERS

4 D’abord emprunt rare et pittoresque, kipper s’est autour du modem style de 1900 et un asecond
répandu comme terme culinaire (1888) pour dé- sotie» mondial, contemporain du pop art, vers
signer un hareng ouvert, légèrement salé et fumé à 1960. Concept inséparable de la triade industrie-
froid. Il reste associé à la cuisine britannique. masse-consommation, il prospère dans les lieux et
les moments de civilisation 4lottanteD.
KIR n. m. est l’emploi comme nom commun + Le mot, en histoire de l’art et dans l’usage cou-
(19531, parfois avec une majuscule, du nom du cha- rant, s’applique au caractère esthétique d’objets de
noine Kir (1876-19681, député-ma;ire de Dijon, en grande diffusion surchargés, inauthentiques, de
l’honneur de qui cette boisson a été dénommée. La mauvais goût. Un concept plus scientfique corres-
petite histoire veut qu’en 1950, un membre du Par- pond à aobjet dont la fmtité et le sens sont trans-
lement britannique, rentrant à Londres après avoir féréss. Dans l’usage courant, il s’applique à tout ce
été reçu à Dijon par le chanoine Kir, répondit à ses qui relève d’un mauvais goût provocant.
collègues qui lui demandaient ce qu’il avait bu:
4’ai bu un kir.~ Le mot est atteste en anglais depuis 0 KIWI n. m., d’abord kivi-kzivi (18281, puis kiwi
1966. (18421, est emprunté à un mot maori désignant un
4 Kir désigne un apéritif fait de crème de cassis et oiseau de Nouvelle-Zélande, l’aptéryx. L’anglais
de vin blanc ou de champagne Ikzir royal). kiwi, kiwi-kiwi a pu servir d’intermédiaire.
KIRSCH n. m. est l’abréviation (1835) de kirsch- 0 KIWI n. m. est emprunté EV.19751 à l’anglais
wusser (18351,mot attesté dès la fm du XVIII~ s. en Al- kiwi iv. 19721, elliptique pour kiwi fruit, kiwi berry
sace et en Lorraine germaniques ( 1775). Le mot est (19661, nom d’un f?uit appelé antérieurement
emprunté à l’allemand Kirschwusser aeau-de-vie chinese goosebeny (19251 agroseille à maquereau
de cerises* CI741; dès le XVI~s. sous la forme izirs- chinoise» parce qu’on l’importa de Chine pour le
chenwussenl, composé de Kirsc!w acerise= et de cultiver en Nouvelle-Zélande. Le nom actuel vient
Wasser ueaum.Kirsche, par un ancien haut allemand probablement du surnom donné aux Wts néo-
kirsu, remonte, comme le français cetie*, au latin zélandais, par allusion à l’oiseau kiwi (+ 0 kiwi),
Ocerusti; Wasser, par l’ancien haut allemand wuz- symbole néo-zélandais. Le nom savant du fruit,
zar, appastient à une famille de mots germaniques actinidiu, figure dans le Dictionnaire des sciences
désignant l’eau (anglais water, néerlandais waterl, de Poiré CI924 sans mention du fait qu’il est comes-
à ratacher à une racine indoeuropéenne que l’on tible.
retrouve en russe (4 vodka), en latin (+ onde), en
4 D’abord commercialisé en Fraxe comme denrée
grec I+ hydre-1 et en celtique (3 whisky, du gaé-
de luxe, le kiwi, acclimaté dans le sud de la France
lique).
et cultivé abondamment, est devenu un fhit banal,
+Le mot désigne une eau-de-vie provenant de la le mot devenant usuel vers 1980.
fermentation de cerises ou de merises, fabriquée
traditionnellement en Forêt-Noire et dans l’est de KLAXON n. m. est emprunté (191i) au terme
la France. anglo-américain klaxon (19101, marque déposée,
du nom de la tic qui fabriquait cet avertisseur
KIT n. m. est emprunté (1958) à l’anglais kit, mot d’automobile. On rencontre des graphies klukson
désignant à l’origine un baquet en bois servant à 119211,claxon, clakson (1919) et même cluskson.
transporter du lait, du poisson, le linge de la lessive
t 13751, étendu par métonymie à un lot d’articles tur- 4 Klaxon est un mot critiqué que l’on conseille de
ticles of kit) constituant l’équipement du soldat remplacer par avertisseur; cependant, il s’est géné-
(17851, puis à un nécessaire de voyage (1833) et à un
ralisé, de même que son dérivé KLAXONNER
assortiment d’outils 118251,notamment en cordon- v. intr. 119303, qui a supplanté corner en ce sens.
nerie. L’anglais kit vient probablement du moyen
néerlandais Bitte arécipient en boisu (néerlandais
KLEPTOMANE n. et adj. est composé savam-
ment E18961, avec l’élément klepto- tiré du grec
kit), dont l’origine est inconnue.
kleptês ccvoleurn, dérivé de kleptein <(voler, dérober,
+ Le mot a été introduit à propos d’un ensemble dissimulera, verbe contenant une racine exprimant
d’éléments vendus accompagnés d’un plan de le vol par ruse (4 clepsydrel, et de -mane C+ manie).
montage et que l’on peut assembler soi-même, Une graphie à initiale cl- est également acceptée.
d’après le vocabulaire commercial américain. La
recommandation officielle prêt-ù-monter (19821 ne 4 Le mot désigne, d’abord en psychiatrie puis cou-
ranxnent, une personne qui vole par pulsion obses-
paraît pas le concurrencer sérieusement.
sionnelle.
KITSCH n. m. inv. et adj. inv. est un mot aile- F KLEPTOMANIE n. f. est formé (1906) de klepto- et
mand introduit vers 1960 ( 1962, E. Marin, L’Esprit du de -munie pour désigner l’obsession du klepto-
temps). L’allemand kitsch est probablement dérivé mane.
de kitschen *ramasser la boue des ruesm d’oti aré-
nover des déchets, revendre du vieuxx (en Bavière) KNICKERBOCKERS ou KNICKERS
plutôt qu’emprunté à l’anglais sketch aesquisseB n. m. pl. est emprunté ( 1863) à l’angle-américain
I+ sketch). Le kitsch s’est Aimé dans la Bavière de knickerbockers (18591, par abréviation, knickers
l’hyperromantique et maniériste Louis II, où le mot ( 18811 désignant des pantalons de sport serrés juste
apparaît vers 1870 pour qumer des reproductions au-dessous du genou. Ce mot est l’emploi comme
d’art bon marché. Il connaît une première diffusion nom commun de Knickerbocker, nom donné aux
KNOCK-OUT 1950 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

membres des familles new-yorkaises descendant prit de la montagne», <(gnomes; son premier élé-
des premiers colons holla;ndais dans le livre de ment est apparenté à l’ancien norrois kofi amaison>
Washington Irving, A History ofNew Yorlz 118091. et le second élément -huit, -hold apparaît dans des
L’écrivain américain choisit de publier son ouvrage noms de démons (tel le gotique unhuZth0 4able4.
sous le pseudonyme de Dietrich Knicherbockzer en + Le mot est didactique et ne s’applique qu’aux lé-
l’honneur de son ami Herman KnicJzerbocher, qui gendes germaniques.
vivait près d’Albany. Ce sont les éditions illustrées =+ Voir COBALT, GOBEm.
de ce livre, montrant plusieurs descendants de co-
lons vêtus de ce genre de culotte, qui seraient à KODAK n. m. est emprunté (1889) à l’anglo-
l’origine du nom du vêtement. américain kodak, mot créé arbitrairement en 1888
4 Le mot désigne un pantalon large et court serré pour ses possibilités internationales d’emprunt par
sous le genou, utilisé en sports, pour l’escalade l’industriel américain G. Eastman ( 1854- 19321, qui le
( 1885, A. Daudet, TatiaPZn sur les Alpes : knicker- déposa comme nom de son appareil photogra-
bockers de montugne), le ski et le golf (v. 19301, au- phique à main.
trefois également en cyclisme. Le mot et la chose + Le mot, à la mode autour de 1900 et jusqu’à 1930
sont à peu près sortis d’usage, sauf par allusion à la environ, a été supplanté par appareil-photo, de
mode mascuIine entre 1880 et 1930 ; l’expression photo. Il reste vivant comme nom de marque.
pantalons de golf s’y était un moment substituée.
KOLA n. m. (18291, et aussi cola (1610), est em-
KNOCK-OUT n. m. inv, est emprunté par la prunté par l’intermédiaire du latin savant (~III
langue de la boxe C18993 à l’anglais knock-out (1898), XVI~s.) à un mot soudanais qui désigne l’arbre et la
substantif verbal de to km& out &liminer, faire graine qu’il produit, utilisée comme produit to-
sortir par un coup» 11591, spécialement en boxe de- nique et stimulant.
puis 18831. Le verbe est composé de to knock CO-
4 Kola, nom du végétal et, par métonymie, de sa
gner, f?apperB cv. 10001, mot probablement d’ori-
graine, dite aussi noix de kola, fournit également le
gine onomatopéique -à comparer à l’ancien
nom d’une boisson à base de kola (en ce sens, on lui
norrois knoka - et de l’adverbe out adehors, au-
préfère cola).
delà de certaines limites*, mot ayant des corres-
pondants germaniques, et d’origine îndo-euro- F On en a dérivé le nom d’arbre KOLATIER n. m.
péenne incertaine (cf. hystétiel. (1905) et le terme ddid KOLATISME n. m. (1935)
qui désigne l’abus de kola.
4 Le mot désigne le coup qui met hors de combat
@ voir COCA-COLA.
un boxeur pendant plus de dix secondes et l’état du
boxeur ainsi éliminé. 0 L’emploi adjectif (dès 1905) KOLKHOSE ou KOLKHOZE n.m.,
est propre au français et correspond au participe d’abord kolkos iN31, dms une traduction du russe
passé knocked out de l’anglais. ~L’abréviation par J. Guéhennol, puis kolkhose (1935), est em-
courante par les initiales K.-o. date de 1909. Des prunté au russe kolkhoz (19273, combinaison de
milieux de la boxe, les deux termes sont passés kollektivrwe khozjajstio aexploitation agricole col-
dans l’usage familier. lective%. Khozjajstvo est dérivé de Mozjain “pro-
de n’est pas le cas du d&ivé KNOCKOUTER priétaire, patron, maître de maisons, formé avec le
v. tr. 119071,ni d’un autre terme de boxe de forma- su%xe -in indiquant l’unicité, sur un mot que l’on
tion similaire, KNOCK-DOWN n. m. inv. (19091 trouve dans les langues slaves de l’Est et qui serait
-mise à terre d’un boxeur (qui se relève avant emprunté au tchouvache ; ce dernier correspond à
d’être mis knock-out)>>, emprunt à l’anglais knock un mot turc employé notamment comme appellatif
ti (1690; 1809 comme terme de boxe), de honotique pour un maître. Ce mot vient du per-
to knock douln. «étendre à terre de plusieurs san @ZW@Z, lui-même à l’origine d’un mot arabe.
coups*. L’adverbe ti <(enbas)) est issu par aphé- Le français a connu l’emprunt hogea ( 15591, hogh
rèse de ~&WTT (aujourd’hui dialectal ou poétique), (16531, enh hodju (Loti, 1879) en ce sens.
anciennement adune, formé de a- et du datif de
+ Le mot se rapporte à une coopérative de produc-
dz472acoUine>, mot apparenté au français dune*.
teurs agricoles disposant en commun d’une vaste
KOALA n. m., attesté pour la première fois en étendue de terre et d’outils agricoles, en U. R. S. S.
1817 ICutierI, est un emprunt à l’angltis d’origine et dans certains pays socialistes, avant 1989-1990.
australienne koala (18021, de koolah, külu, nom b KOLKHOZIEN. IENNE n. et adj. (1933) qutie ce
d’un mammifère (marsupial) australien grimpeur, qui est relatif à un kolkhoze et désigne un membre
dans une langue indigène. Il n’est pas exclu que d’un kolkhoze.
koala soit dû à une mauvaise lecture de koala. 0 voir SOvKHozE.

Jules Verne écrit koulu, probablement d’aprés


l’anglais Jzoolah. KOPECK n. III., d’abord copek (16071, kopek
(18231, puis kopeck (18281, est emprunté au russe
KOBOLD n. m. est emprunté (1835, Fuust de kopejka <centième du roublen, mot dont l’origine
Nerval) à l’allemand Kobold désignant dans les est controversée : il est probablement dérivé, avec
contes un lutin familier, chargé de veiller sur les un sufExe diminutif, de kopjio, kop’ë hnce~. Cette
métaux précieux enfouis dans la terre. Le mot se- désignation viendrait de la substitution en 1535, sur
rait issu du gotique ‘kuku-hulths acelui qui tient la la pièce de monnaie, de la figure d’Ivan IV à cheval,
maison), croisé avec le latin médiéval cobalt <es- armé d’une lance, à celle de son prédécesseur qui
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1951 KRAFT

était armé d’une épée. Kopjio, du vieux slave Izopije, nées 1930, le gouvernement soviétique fit cam-
se rattache au grec hoptein acouper, frappers, pagne contre ces paysans riches. ~Par calque du
(+ commal. L’hypothèse d’un emprunt au turc izo- russe, on parle alors aussi de DÉKOULAKISA-
pek achien=, par référence à une pièce d’argent à TION n. f. et de DÉKOULAKISER v. tr. (19331.
l’effigie d’un chien, est moins probable.
4 Le mot, essentiellement employé à propos de la KOULIBIAK OU KOULIBIAC n.m. est
monnaie russe et soviétique (avant 199 11, est entré emprunté ( 1902) au russe kulebjuku, désignant un
dans la locution familière ne pas avoir un kopeck, pâté en croûte d’abord à base de chou, puis de
variante plaisante de ne pas avoir un sou. viande, de poisson, mot d’origme inconnue. La
forme koulbac est attestée en français dès 1855.
KORÊ + KOUROS 4 Le mot se rapporte à un mets de la cuisine russe,
préparation de poisson en croûte.
KORRIGAN, ANE n. est emprunté 118311 à
un mot breton désignant un esprit malfaisant au- KOUMIS ou KOUMYS n.m. est un em-
quel on donne soit l’apparence d’un nain, soit celle prunt, d’abord adapté en cosmos ( 16341, komiiz
d’une fée. Le mot appartient au dialecte de (16631 puis écrit kumis (1823) et koumis (18321, au
Vannes ; c’est le féminin de kotig agnome», dimi- russe kumys (d’abord komyz’, komuz’ au xves. 1.
nutif de korr <<nain,, mot gaélique (cory en cor- C’est en russe un emprunt aux langues turco-tar-
nouaillaisl . tares,
4 Le mot appar&t dans le Journal de Michelet qui 4 Le mot désigne une boisson d’Asie centrale, voi-
rapporte la tradition bretonne selon laquelle les sine du kéti, à base de lait fermenté de jument,
korrigans habiteraient les dolmens, forcertient les d’ânesse, de chamelle ou de vache.
voyageurs à danser en rond avec eux, voleraient
les enfants, etc. KOUROS n. m. est emprunté (attesté 1934; cer-
tainement antérieur) au grec kouros, forme ionique
KOUBBA ‘n. f., successivement adapté en cube de koros *jeune garçonn et par métaphore, tirejeton
(15081, cubee (16081, kubbe El7761 et repris sous la d’une plante, branche>). L’origine du mot est in-
forme koubba ( 1845-18461, est emprunté à l’arabe connue, l’hypothèse la plus solide le rattachant au
qubba *coupole », difice en forme de dôme ou sur- thème de kore- <nourrW et afaire croître,, appa-
monté d’un dôme», en ptiictier *abritant la renté aux verbes latins creure (+ créer3 et crescere
tombe d’un personnage vénéré*. (+ croître).
4 Le mot a été repris dans cette dernière acception 4 Le mot désigne une statue de la Gréce antique re-
spécialisée, dans le contexte de l’Afrique du Nord. présentant un jeune homme nu.
Il est en concurrence avec marabout. b KOR& ou KORÈ n. f. est emprunté au grec izorê,
féminin de koros, {(jeune me», aussi “poupée, pu-
KOUGELHOF n. m., d’abord gougZou# 11827) piLlem (cf. pupille) et, en architecture, astatue fémi-
puis kougelhuf (1861, chez Erkmann-Chatrianl, est ninen, en particulier ecaryatide». Le mot, attesté en
emprunté à l’alémtique d’Alsace et de Suisse gu- 1933 dans les dictionnaires, est certainement bien
gelhupfj également gugelhopf *gâteau à pâte levée antérieur (cf. tore, 1844 en anghis, Kore en aile-
aux raisins secs, cuit dans un moule rond muni mand). Il a été repris pour désigner une statue
d’une cheminée centrale>. Le mot est formé de gu- grecque représentant une jeune me.
gel, équivalent de l’allemand Kugel uboulea, mot ap-
parenté à l’anglais cudgel et au moyen néerlandais KRACH ou KRACK n. m. est emprunté 11877)
koghele désignant à l’origine un bâton au bout au néerlandais krach sous l’influence de l’alle-
émoussé, et remontant à une racine indoeuro- mand Krach, déverbal de krachen acraquep, em-
péenne ‘geu- ucourber, arquep. Le second élément ployé une fois en 1857 et répandu à la suite de l’ef-
est dériv4 de l’allemand Hefe 4ewreB, issu, par fondrement des COUTSde la Bourse à Vienne, le
l’ancien haut allemand Iwvo, d’un verbe germa- 9 mai 1873. L’allemand doit cette spécialisation à
nique “hafio alevep, qui serait apparenté à la meme l’anglais correspondant, crash, attesté au même
racine que le latin capere flprendrebb (+ capter). sens depuis 1817. Crash, proprement abruit, cra-
+ Le mot, sous de nombreuses graphies, désigne la quement* &VI” s.), vient de to crush Mcraquep
pâtisserie alsacienne décrite ci-dessus. Exrv”s.), formation expressive analogue au français
CrU+W*.
KOULAK n. m. est emprunté ( 1917 ; au plur. 4 Le mot s’est répandu en tiançais en 1881 à propos
koulaky, 18811 au russe kulak *poing, par métony- du &rachn de l’Union générale. Il s’est étendu à la
mie &Personne aux poings fermés5 image ana- situation d’une banque qui ne peut plus faire face
logue à celle de grippe-sou, mot appliqué aux aux demandes de retrait (18911, puis à un effondre-
grands fermiers. Le mot est probablement em- ment des cours de la Bourse.
prunté au turco-tartare kulak apoing~ apparenté
au turc bu2 <mainB. KRAFT n. m., enregistré à partir de 1931 dans
4 Le mot se réfère à un riche propriétaire terrien les dictionnaires, est d’origine germanique, proba-
dans la Russie pré-révolutionnaire et à un paysan- blement emprunté au suédois kruftpupper, littéra-
propriétaire en Union soviétique. Il s’est diffusé en lement -papier force>, peut-être par l’interrné-
français et en d’autres langues lorsque, dans les an- diaire de l’angltis où le mot est attesté dès 1907,
KSS 1952 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

mais non de l’allemand, où il est rare et relative- un radical signi&nt agonflep>, et d’un second élé-
ment récent. Le suédois krafi, aforceb, appartient à ment tiré de gruphein &crire~ (-+ -graphe, -graphie,
un important groupe germanique constitué par grapho-1. L’anglais a kymograph en 1872.
l’allemand Kraft, le néerlandtis Izracht, l’anglais +Lemotadé signé l’appareil de Ludwig, destiné à
crufi, le norvégien et le danois kraft; la plupart de mesurer la pression artérielle Ckymographe de
ces mots ont conservé le sens primitif de *force, Ludwigl, avant de s’appliquer plus largement à un
pouvoir, capacité)). Le rattachement de cette fa- appareil servant à l’enregistrement graphique des
mille à la racine indoeuropéenne “ger- <tourner» mouvements d’un organe, formé d’un stylet relié à
(+ giratoire, girolle), proposé par Kluge, n’est pas l’organe et inscrivant les variations dynamiques sur
COlYlenlé. un tambour vertical en rotation.
4 Le mot, seul ou en apposition & papier,désigne un b On en a dérivé KYMOGRAPHIE n. f. Ci9353 et
papier d’emballage très résistant. KYMOGRAPHIQUE adj.,lesyntagmetiucé kymo-
@UphiqUe &ntCOnCwenCé par KYMOGRAMME
KSS, KSS onomatopée (1840) a d’abord été n. m., lui-même formé avec -gramme*.
transcrite xi, xi (17451.
4 Elle note le son humain produit pour exciter les KYRIELLE n. f., d’abord keriele, kiriele Iv. I 1551,
chiens, provoquer et narguer quelqu’un. est issu par abréviation de kyrie eleison, invocation
liturgique répétée plusieurs fois au cours de la
KUMMEL n. m, est emprunté (1857) à l’alle- messe Iv. 11551. Celle-ci est reprise par le latin litur-
mand KüPnmel ~cuminn et, par métonymie, 4i- gique au grec kurie eleêson «Seigneur, prends pi-
queur aromatisée au cumin>> EV.1800). ce mot re- tién. Kuti est le vocatif de kutis Nmaître, souve-
monte à une forme d’ancien haut allemand JxM&, rainn, appliqué au Christ dans les textes chrétiens
variante de Rwrzîn, qui correspond au tiançais (comme le latin dominus et le tiançais seigneur), et
cumin*. à rapprocher du sanskrit &a-, S&~$U- afort=, du
4Le mot a été repris comme nom d’une liqueur gallois caw «géanh Eleêson est l’impératif aoriste
parfumée au cumin. de eleein <<avoirpitiép, mot sans étymologie connue.
+Le mot est d’abord synonyme de litun& au
KUMQUAT n. m., d’abord kum-quat (18911, propre (sens vieilli depuis le XVII~s-1 et au figuré.
puis kumquat 119611,est emprunté à une forme dia- Par transposition à d’autres objets que la parole, il
lectale (Canton) du chinois kin kü «orange d’or>>, désigne une procession (xv” s.1,une longue suite ou
désignant un arbrisseau asiatique produisant de une liste de choses t 1688). * Il n’a pas conservé le
petits f?uits savoureux, et ce fruit. L’anglais connaît sens de 4umulte~ ( 16111, qui mettait l’accent sur le
le fruit dès le XVII~s. sous la forme camquit (1699), bruit (de la litanie).
puis kum-kut (~411, et de nos jours cumquat. 0 voir KERMESSE.
+ Le mot, diffusé par les restaurants chinois, s’ap-
plique surtout à ce petit agrume cor&.
KYSTE n. m., réfection (1721) de kisti Iv. 13701,
kist 114781, chyst (1611), est emprunté au grec kustis
KWAS ou KWASS n. m., successivement ac- <<poche gonflée, vessiem, conservé en grec moderne
climaté en quassetz 115401,quas 116561,kuvass (16881 avec le double sens de wessiem et de <kyste». Le mot
puis transcrit en /was ( 18241, kwass et kvass (18321, est dérivé avec un suBixe -ti d’un verbe indoeuro-
est emprunté au russe kvas aboisson alcoolique ob- péen signi&nt asoufflern, conservé par le sanskrit
tenue par la fermentation du seigle, de l’orge ou de Svas-iti.
fruits acides>>. Ce mot, dont le pluriel kvastzy ex- + Le mot, introduit en pathologie, désigne une
plique la première attestation tiançaise, est d’ori- poche sans ouverture se développant dans un tissu
gine incertaine : on a proposé un rattachement au organique. La biologie l’a repris à propos de la
latin cusew «fromage» I-, caséine) ou une forma- membrane plus ou moins épaisse entourant un or-
tion savante à partir du latin qumsare Hsecouer, ganisme ou une partie d’un organisme pour assu-
agiter fortement}} (+ casser). rer sa protection.
4 Le mot se réfère comme l’étymon à une boisson b Il a produit KYSTIQUE adj. (kistique, 1721) et
populaire russe. KYSTEUX, EUSE adj. (18451 “qui contient des
kystes*. +Par l’intermédiaire de l’adjectif EN-
KYMOGRAPHE n. m. est la francisation KYSTÉ, &E 11703) décrivant une tumeur enfermée
(189 1)du grec scientgque &??xo@aphtin ( 1855, dans un kyste, il a donné ENKYSTER v. tr. et
Nysten), reprise du nom donné par l’Allemand pron.,dont on a tiré ENKYSTEMENT n. m. 118231,
A. W. Volkmann en 1850 à un instrument inventé plus rare. Enkysté, ée adj. s’emploie comme le
par K. F. W. Ludwig pour enregistrer la pression ar- verbe au propre et figurément, pour <enfermé
térielle ( 1846). L’appellation est composée d’un élé- comme par un kystes.
ment tiré de kumu <(vague, onden, mot contenant @ voir CYSTITE.
L
OetaLA-OetOLE (10801 avec un autre adverbe, combinaison ayant
d’abord donné E-jus Iv. 980) «en bas)) (du latin deor-
0 LA n. m. est la première syllabe Iv. 1223) du mot sum dont il reste une trace dans jusant*), et k-sus
latin labii, au troisième vers de l’hymne de saint aen hautm (du latin suWsupn; -3 sus); ces composés
Jean-Baptiste, de Paul Diacre, choisie arbitraire- ont été supplantés par là-dessous Iv. 1180) et I;i-des-
ment par Gui d’Arezzo 1995-1050). sus (1580 au figuré). S’y sont ajoutés là-dedans
4 Le mot désigne la sixième note de la gamme en (v. 11601, son antonyme hi-dehors (1200 ; 1160, la
do majeur; il entre dans la locution domerle la, au hors), sorti d’usage, et &Contre, aujourd’hui ar-
propre (1831) et au figuré, adonner le ton>> (1866); chaïque, ainsi que là-haut (1456) gui s’opposait pri-
cf. gamme. mitivement à Ià-bas (1532). L’opposition s’est per-
due en même temps que les deux locutions ont
LÀ adv. et interj., attesté ! 1080) peu après les changé de sens : à l’origine, là-haut avait le sens re-
formes occitanes lai, lay Iv. 9801, est issu du latin il- ligieux de «dans le cieln (on désignait Dieu comme
lac cpar làs (-+ il), dont le c est tombé dans la langue celui qui est lù-haut3 et, symétriquement, Zà-bas si-
parlée (depuis Plautel. La diphtongaison attendue gnifiait *dans les enfeTs», valeur réactivée, sans être
du a a probablement été empêchée par la fré- clairement perwe par le locuteur moderne, dans
quence d’emploi d’illalc) devant un adverbe. le titre du roman de Huysmans Là-bas ( 1891). Les
4 Le mot, qui a supplanté l’ancien français ila deux locutions ont pris un sens laïc au XVII~s. et,
(v. 11201, s’applique originellement au lieu où l’on progressivement, Iri&s a glissé vers le sens actuel
va, par opposition à ici (ci dans les premiers textes), & quelque distance, au loin» (av. 1833). ce faisant, il
mais cette opposition s’est entièrement perdue usurpe le sens originel de là mais, celui-ci se
dans les emplois courants modernes, où Iti indique confondant avec ici, ce renforcement est devenu
aussi (et abusivement) l’endroit où l’on est. La nécessaire. +Depuis 1611, lù (parfois Zh! lb!) est
même chose se produit dans son emploi au sens employé comme interjection dans les dialogues.
temporel d’ualors, à ce moment> (1135) qui se déter- Au XVII~s., dans cet emploi, il était souvent ortho-
minait anciennement par opposition au temps du graphié sans accent grave, avant que Furetière et
locuteur. Depuis 1511, Ià assume aussi l’idée figu- l’Académie ne préconisent la graphie actuelle.
rée d’«à ce point» (en particulier avec en : en être L’usage moderne tend à l’associer à une autre in-
Ià). + Très tôt, sont apparues différentes possibilités terjection lah là! euh Ià! ah 19 là!). Familièrement,
de construction : lù introduit une proposition rela- il reprend parfois un mot que l’on vient d’exprimer.
tive avec où, gue, qui (1080) et la kngue &ssique DELÀ prép. et adv. résulte de la soudure Iv. 1160)
préférait dire c’est là OU quand nous disons au- de de* et la*. eLa préposition delà, usuelle
jourd’hui c’est la que. Depuis le xwe s. (15451, 18 oti jusqu’au WII~ s. au sens spatial de <plus loin que», a
est spécialement employé pour indiquer une oppo- été remplacée par la locution prépositionnelle
sition, assumant un rôle voisin de tatiti que. De- PAR DELÀ (1669, Racine). Une autre locution pré-
puis les XII~-XIII~ s., lù accompagne un pronom ou positionnelle, de delù (XII~~s.), qui mettait l’accent
adjectif démonstratif (+ cela, celui) pour le renfor- sur la provenance («d’un lieu situé de l’autre côté
cer. 0 Il s’emploie souvent précédé d’une préposi- de»), est sortie d’usage. L’usage adverbial de delà
tion ou dans une locution prépositionnelle : de Ià s’est lui aussi modif% au ~VII~s, : son emploi au sens
(10801 [cf. ci-dessous delà], ç;i et Ià Cv. 11751 [cf. çùl, local (v. I 175)l’a cédé à LCtbas lorsque cette der-
par I;i Cv.12081, qui s’emploie aussi au figuré depuis mère locution a acquis son sens moderne. Il a
1240, notamment dans en passer par là ( 1811) et mieux résisté en association avec delà dans la lo-
dans par ci par Iri (av. 1538). 0 Lù s’emploie très tôt cution deçù et delù ade côté et d’autrem, dont une
LABEL 1954 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

variante plus concise, deçà, delA (1549) est surtout (*il vieillit», Furetièrel. D’usage plutôt littéraire
connue pour ses emplois littéraires KJw chanson dans son acception générale, il est marqué comme
de Verlaine1 I+ çal. 0 Parmi les locutions adver- populaire en fknçais moderne, quand il est syno-
biales formées avec d&, en delà n’a eu qu’une ex- nyme de truvuil. * Depuis 1730, il a une valeur tech-
pansion réduite ; par delA “plus loin, de l’autre côté>> nique en imprimerie où il désigne un travail de
IxrIle s.) s’est mieux maintenu, mais seul an deIA composition et d’impression important, et, par mé-
11538) est devenu courant avec cette même valeur tonymie, la branche de l’imprimerie spécialisée
spatiale. 0 Ces deux locutions ont développé une dans la confection des ulabeuw, dont les ouvriers
valeur figurée, au dela recevant la valeur quantita- s’appellent les Zabeuriers Il 874).
tive et qualitative de <<encore plus, encore mieux» b LABORIEUX, EUSE adj. est emprunté EV. 1200,
(Pascal). Symétriquement à en de&, il a servi à labotis) au latin lubotiosus “qui demande de la
construire une locution prépositionnelle, au delà peine, péniblen, “qui se donne au travail)), de labor.
de EV.1550) de sens local et figuré ( 15804592, au +Son premier sens, aconsacré au travail>>, est au-
delà de nos forces), et il a été substantivé plus ré- jourd’hui archaïque, et le mot est surtout employé
cemment : l’au-delà (1866, Amiel). Cet emploi est au sens de “qui travaille beaucoupn (v. 13701,et (en
presque totalement accaparé par la valeur de
parlant d’une chose) “qui coûte beaucoup d’effortsb.
Kl’autre mondem se plaçant dans la série des déno- L’usage moderne lui ajoute parfois la connotation
minations adverbiales ici-bus, là-haut et Car-
péjorative de «dans lequel on sent l’effort> (1873).
chaïque) k-bas. L’emploi susbtantivé est le seul cas 0 L’expression classe laborieuse (18451, en parlant
où le trait d’union demeure obligatoire.
des travailleurs, appartient au vocabulaire socia-
0 voir DESSOUS (là-dessous), VO&.~ liste, puis marxiste.
LABEL n.m. est emprunté (1899, dans La Vie En est dérivé LABORIEUSEMENT adv. (1489,
v. 1361; laboureusement).
amétiainel à l’anglais label ktiquette, marque dis-
0 Voir COLLABORER, ÉLABORER, LABORATOIRE, LABOU-
tinctive» (16791, sens issu de celui de aruban, bande
RER.
de tissu>>(v. 1320) avec lequel le mot a été emprunté
à l’ancien timçais label, lambel, labeau, lambeau
cruban pendant en manière de frange}) I-+lam- LABIAL, ALE, AUX adj. est dérivé avec le
beau). sufke -a1 El5801 du latin Zabium (plus souvent au
+ Ni l’anglais ni l’américain n’ont spécialisé le mot pluriel lubie, forme interprétée comme un féminin
singulier1 &vre~, terme archaïque et post-clas-
dans le sens d%tiquette syndicalem et de <<marque
sique appartenant à la langue parlée, la langue
de qualité, image de marquem ( 1938) qui motivèrent
classique utilisant labra (+ lèvre), de même origine.
son emprunt en tiançais. Les puristes en ont tiré
argument pour le critiquer, mais il s’est intégré, + Labial est apparu comme terme de phonétique ; il
swtuut au deuxième sens, largement attesté de- est substantivé en ce domaine depuis 1797 tune la-
puis 1963. oIl a été emprunté une seconde fois biale). Depuis 1753, il fournit l’adjectif correspon-
vers 1970 comme terme d’informatique à l’anglais dant à I&we dans l’usage didactique (anatomie, zoo-
label, au sens (19611 de ccarackère ou groupe de ca- logie), usage peut-être influencé par l’anglais labial
ractères servant à identtier un ensemble de don- (1650).
nées constituant une unité dans un ensemble plus k Ses dérivés sont des termes de phonétique : LA-
vaste)). 0 Enfk, le mot, au sens anglo-américain de BIALISER V. tr. (1846) et LABIALISATION n. f.
amarque commercialen, s’est spécialisé pour &rme (18891, les adjectifs APICO-LABIAL, ALE, AUX
Mitrice de disquess (années 19901. (XX"~.), LABIO-DENTAL, ALE, AUX (1905) et LA-
BIO-VÉLAIRE (1905). * BILABIAL, ALE, AUX adj.
LABEUR n. m. est emprunté (v. 1120, labur) au 11908) qui
tend à concurrencer labial dans son ac-
latin Lubor, -oti <travail>> (en tant qu’effort fourni), ception restrictive ~wticulé par les deux lèvres».
souvent avec une idée d’aeffoti fatigant, épreuveu.
Le mot semble apparenté à Eabure aglissern (3 la-
bile) et devait simer à l’origine echargejj (sous Xa-
LABILE adj. est emprunté (XIV~s., in 8’. e. w.) au
bas latin labilis @ssant, enclin à tomberm, de lu-
quelle on chancelle); de là, on serait passé au sens
bure aglisser de manière à tomber, s’écroulerm, au
de upeine, soufJknce> et, par un nouvel afkiblisse-
physique et au moral (+ laps, lapsus).
ment, à {(travail, effort=, valeur qui est passée au
français et à l’angltis labor. Le mot classique pour + Le mot, qui a supplanté la forme populaire tubte, a
le travail était en latin opus arésultatn et opera aacti- quali% des réalités abstraites précaires, chan-
vité» b œuvre), labor étant réservé surtout à la geantes, comme la mémoire, Yâme, la fortune; en
langue rustique pour les travaux particulièrement moyen français il a aussi eu le sens de <fugace,
durs, d’où le sens technique de alabourn conservé fuyant= et s’est appliqué à une personne morale-
en françtis jusqu’au XVI~s. (-+ labourer). ment fragile, qui cède facilement Ixw” s., labile a>.
L’usage moderne l’a restreint à un emploi didac-
$ Le mot sime d’abord «afIliction, peine, mal-
tique en sciences, spécialement en botanique à
heur>>, sens propre à l’ancien tiancais et, gardant
propos d’un pétale qui tombe facilement 11840) et
l’idée de peine, désigne un travail pénible Il 1551, La
en chimie (19313. Le sens abstrait s’est limité à
valeur concrète de druit du travailn assumée, par
métonymie, par le pluriel (v. 1120) a disparu avant l’usage littéraire.
l’époque classique, où le mot, même au sens de F Le dérivé LABILITÉ n. f., attesté au XVI” s. au sens
~~travail pénibles, est considéré comme archaïque moral de &agilit& Ilabilité 15271, a été réintroduit
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1955 LABYRINTHE

dans la langue didactique moderne 11904, fievue terre labourée, il désigne le travail de la terre, des
générale des sciences). champs et, par métonymie, une terre labourée.
Les autres dérivés de labourer ont tous acquis cette
LABORATOIRE n. m. est formé savamment valeur au XVI~s. par spécialisation de l’idée large de
(1620)sur le supin Ilaborutim) du latin Zaborure <<travail aux champs-. C’est le cas de LABOUREUR
13 labourer) avec le sufExe -O~C?. n. m. qui a supplanté (v. 1155) l’ancien loreür (<celui
+ Le mot se rapporte d’abord à un local ménagé qui travaille, qui produit qqch.3 (v. 11181, peut-être
pour faire des expériences scientifiques, notam- issu du latin médiéval Iuborator (9331. Cependant,
ment l’officine du pharmacien (16201 et le local du le mot a conservé longtemps quelque chose de son
chimiste (1671). La Fontaine l’a employé à propos ancien sens dans des emplois poétiques qui en font
du cabinet de toilette (1699). 0 Le XVI~I~s. a étendu le synonyme de paysan. Régionalement, on appelle
son emploi au local oti le distillateur prépare ses la taupe-grillon le laboureur (16111, puis la LABOU-
produits (1727) et, figurément, au lieu où l’on fait REUSE 12. f. tl931i. +LABOURAGE n.m. tv. 12251,
des recherches intellectuelles, où l’on étudie (1765). apparu comme labour au sens concret de <<produit
Il en a également fait le nom technique de la partie du travail de la terre», a désigné en général le tra-
d’un four à réverbère où s’effectuent les échanges vail des champs Iv. 12501, puis spécsquement l’ac-
de chaleur, les réactions chimiques (1757). * À la tion de retourner la terre pour la cultiver (1552).
même époque, le mot s’est dit d’un atelier de tra- - LABOURABLE adj. (1308) a perdu dans le même
vailleurs manuels ( 17271, mais ce sens ne s’est pas temps son sens de mcultivable)>, pour “qui peut être
imposé. Q Le xx” s. a apporté un certain nombre de labour& ! 1552).
syntagmes : laboratoire municipal ( 19021, Eabora-
toire d’hygiéne ( 19621, animal de laboratoire,
LABRADOR n. m. est l’emploi comme nom
cornmu11( 1900) du toponyme Labrador, qui désigne
Ixomme, expérience de Moratoire et a emprunté à
une vaste péninsule de l’Amérique du Nord et pour
l’anglais language luborutory l’expression Zubora-
lequel l’étymologie la plus répandue est la sui-
toire de langue.
vante : le mot viendrait du portugais Javrudor «gros
b Le mot est familièrement abrégé en LABO n. m. fermierm, spécialisation du sens de 4ravaillew
( 1894). - LABORANTINE n. f. ( 19181est emprunté à avec lequel il répond au tiançais laboureur I-, la-
l’allemand Luboruntiin afemme travaillant dans un bourer). John Cabot en fit le nom de la péninsule en
laboratoire>, féminin de Laborant, lui-même dérivé l’honneur d’un marin portugais, Joâo Fernandes,
savamment (apr. 1650) du latin laboruns, -antis, connu sous le nom de Luvrudhr parce qu’il possé-
participe présent de laborare. Q Le français a créé dait une ferme aux Açores, et qui participa à l’ex-
un masculin LABORANTIN au milieu du XX~~., pédition de Cabot au Groenland à la fm du xve siè-
d’après le féminin. cle. Labrador entra dès la ti du XIII~s. dans ptirre
de Labrador (17831, puis au x!xe s., dans les expres-
LABOURER v. tr. est emprunté au latin clas- sions canard du Labrador (1867) et chien du Lubra-
sique laborare, de lubor I-, labeur), 4ravailler, se dor (1867) en zoologie. Le premier rend l’allemand
donner du mal», spécialement (en emploi transitif) Labradorstein, dénomination inventée par Werner
<mettre en valeur, cultiver)), sens très utilisé en la- et correspondant à l’anglais Labradore store ( 17781;
tin médi&al. les deux autres correspondent à l’anglais Labrador
4 Labourer est apparu au sens général de ase don- duck et Labrador dog (1842 ; dès 1829, % dog ww
ner de la peine, travaillep), maintenu jusqu’au of the Labrador breed).
xvue s., souvent sous la forme labeurer, influencée 4 Le nom commun correspond à ces trois emplois,
par labeur. *Il s’est spécialisé de bonne heure à le sens le plus usuel correspondant au chien.
propos du travail agricole, et plus précisément de
F Le terme de minéralogie est concurrencé par LA-
celui qui consiste à retourner la terre au moyen BRADORITE n. f. (1874, Verne) wariété de feld-
d’instruments aratoires (1119, intr. ; 1155, tr.1. En ce spath à reflets opalins~ formé avec le suf6xe -ite
sens, il a supplanté les anciens verbes arer Cdu latin des noms de pierres.
m-are), usuel jusqu’au xwe s. et maintenu dans cer-
tains parlers !+ araire), et guaigmr (+ gagner). Il 0 LABRE n. m. est emprunté (1797; 1754, selon
n’a pas conservé le sens analogique, ((faire l’acte Bloch et WartburgI au latin des naturalistes Labrus
charnel, ( 13751, qui représente une métaphore fon- (17381, lequel est tiré du latin lubrum (-+ lèvre1 par
damentale, assimilant la Terre mère à la femme allusion aux lèvres epaisses de ce poisson.
(ce gui correspond aux rites de fécondité). Le verbe + Le mot désigne un poisson marin à dentition
s’emploie à propos d’une ancre qui ne tient pas au double et lèvres épaisses, comestible mais peu es-
fond C16601 et, couramment, par hyperbole, dans se timé.
labourer le visage (18731, pour ase griffer% + Le par-
b Les zoologistes ont reformé le mot 0 LABRE
ticipe passé labouré, substantivé, est employé ré-
n. m. (1817, Latreille, dans Cuvier1 pour dénommer
gionalement au sens de eterre, champ labourés
la pièce squelettique impaire, située en avant de la
(masculin dans le nord et l’ouest de la France, fémi-
nin en Suisse romande). bouche des insectes, analogue à une lèvre supé-
rieure. Ils l’appliquent également au bord externe
w Son déverbal LABOUR n. m. Iv. 1165) a pris de d’une coquille univalve.
bonne heure sa spécialisation agricole sous l’in-
fluence du latin médiéval Zabor (+ labeur). Après LABYRINTHE n. m. est emprunté, sous la
avoir désigné, par métonymie, le produit de la graphie labutinte ( 1418) puis labyrinthe (15403, au
LAC 1956 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

latin labyrinthus châtiment dont il est difkile de avant le XIX~s., il est employé spécialement en ar-
trouver la sortie>>, attesté à basse époque au figuré théologie, en botanique (1783) et en géologie (18211.
et lui-même emprunté au grec laburinthos, em- 0 h est entré dans SOUS-LACUSTRE adj. (18721,
ployé aussi au figuré pour des raisonnements tor- terme technique de géologie.
tueux, mot que sa hale -2nthos fait regarder + Voir LACUNE, LAGON, LAGUNE.

comme préhellénique. Une hypothèse souvent ad


mise le rapproche de lubrus qui serait un nom ly- LACER v. tr., d’abord lac&- (lO&O), est issu du la-
dien de la hache, et l’interprète comme 4a maison tin luqueure &er, garrotter>, flenlacer, enserrep>,
de la double hache, insigne de l’autorit&. Le mot de laqueus ccnozud coulant, lien, piègem (+ lacs).
aurait d’abord été employé en Crète à propos d’un + Le mot, passé en kanqais avec le sens demeuré
complexe de cavernes, puis d’un ensemble de bâti- usuel, <attacher deux choses avec un lacetn, n’a
ments réunis par des passages contournés, des gardé aucune des extensions figurées qu’il avait en
couloirs inextricables (pour son rhle dans la mytho- ancien français : alier par une condamnation>>, apos-
logie grecque, cf. Gdale). séder qqn moralement> (12261, au pronominal
+ Labyrinthe, repris avec son sens propre, quelque- as’engager àa krve s.l. Tout au plus l’idée
fois avec majuscule, en référence au labyrinthe de d’&treindres (XII~ s.1 demeure-t-elle dans le sens
Crète (15%) [cf. dédalel, est employé depuis 1540 au technique et rare de ~couvrir la femelle, en parlant
sens figuré d’aenchevêtrement compliqué». 0 Par du chienp ( 1530). 0 Dans ses emplois actuels, lacer
extension, il s’applique à des dispositifs spatiaux est étroitement lié à lacet”, le pronominal se lacer
compliqués, en particulier à un petit bois taillé d’al- correspondant à #lacer son corset>>, en parlant
lées entretenues, dans un parc (16771, au dallage en d’une femme (1573). La spécialisation =joindre une
méandres d’un pavement d’église que les fidèles voile à une autre (à l’aide d’un lacetIn, en marine
(16871, est sortie d’usage.
suivaient à genoux (1852). + I?JI anatomie (16901, il
se dit de l’ensemble des cavités sinueuses de wLa dérivation, abondante en substantifs, com-
l'oreille interne, avec un dérivé LABYRINTHITE mence par LACIS n. m. k. 1130,laceizI qui, à partir
n. f. 11912) Gnflammation du labyrinthe». du sens propre Nréseau de fils entrelacés», désigne
w Le dérivé le plus ancien, LABYRINTHIQUE adj. par analogie différents types de réseaux, dès 1170
en architecture puis en anatomie 11690). Ukérieu-
115491 est peut-être emprunté au bas latin Zabyrin-
rement, le mot a développé la valeur figurée de
thlcus *relatif au labyrinthen. D’usage courant, il
aréseau dense et compliqué= (18441, d’usage litté-
correspond aux divers sens, propre et figuré, du
raire. 0 LAÇURE n. f., d’abord laceure (XII” s.), a
nom, y compris dans la spécialisation anatomique
perdu son sens d’aattache, au profit de lacet, et la
11814. +Labyrinthe a produit ultérieurement l’ad-
quasi-total36 de ses anciennes acceptions. Il ne se
jectif LABYRINTHÉ, ÉE Idéb. XIX~ s.), littéraire, et
dit plus que de l’action de lacer ! 1829) et de la partie
des composés, tel le terme de paléontologie LABY-
d’un corsage fermée par un lacet passant par des
RINTHODONTE n. m. (1873) désignant un batra-
oeillets (1902).+LACEUR,EUSE n.aégalementré-
cien fossile remarquable par la structure compli-
gressé, sortant d’usage comme nom de l’ouvrier
quée de ses dents lodontos en grec), ou LABY-
qui fabrique des lacets pour être repris à propos de
RINTHIFORME adj. 11893).
celui qui fait des filets de pêche ou de chasse ( 1769).
LAC n. m. est emprunté (v. I 120) au latin lacus +LAÇAGE n. m., employé en ancien tiançais au
sens moral d’aattachement, liew Cv.13201, a été re-
désignant toute espèce de réservoir à eau - le ré-
pris comme substantif d’action (1845). +Il a
servoir d’eau public à Rome aussi bien qu’une ci-
presque évincé de cet emploi LACEMENT n. m.
terne ou un bassin - et, par extension, tout objet
(16111, surtout réservé à un sens technique concret,
en forme de réservoir. Le mot a des correspon-
aouvrage (de tapisserie) fait en laçant> 11617). +LA-
dants dans les langues indoeuropéennes, de l’italo-
CERIE n. f., autrefois k&wï% ( 17651, également
celtique [+ 0 loch) jusqu’au slave (vieux slave loky),
technique, a trait aux ouvrages les plus fms des
et dans le grec l&kos Ntrou, réservoir, citerne>.
vanniers.
+ Apparu en français avec le sens de Nfossem,qu’il Le préfixé DÉLACER v. tr. (1080) crelâcher le lacet
doit au latin chrétien, lac est attesté avec son sens den a suivi la même restri$on de sens que lacer
moderne depuis 1165; il a éliminé la forme popu- auquel il sert d’antonyme. A l’époque du port du
laire lui, relevée au XIII~s. aux sens de =fossemet corset féminin, il a concerné particulièrement le
d’&angB. I1 est entré dans l’expression figurée mo- fait de délacer le corset, au pronomînti se Glacer.
derne tomber dans Je lac Il8801 4tre dans l’embar- 4 11a produit DÉLACEMENT n. m. 116361,d’emploi
ras>, peut-être influencée par une expression ho- limité (en partie à cause de l’homonymie avec dé-
monyme, tomber duns le lacs, de même sens ( 1867 ; Zussement).
1787, au pluriel), où macs est pris au sens figuré ENLACER v. tr. Iv. 11201, proprement aller, enser-
d’aembarras, piègen (--+la&. Cette hypothèse rer deux objets en les mêlant*, a conservé le sens fi-
semble cotiée par l’expression être dans le lac guré de saisir qqn étroitement, embrassern uoIe s.),
kl, glosée doublement (<être pendu> (lac au sens de souvent dans un contexte érotique, de même que
ccorde4, et &re dans l’embarran (lac au sens de son dérivé ENLACEMENT nm. Iv. 11901,quelque-
*piège4 fois employé avec une valeur abstraite (18461. +Le
wLACUSTRE adj., formé 115731 avec le suffixe préhé DÉSENLACER v. tr. (15791 et son dérivé
-ustie de pulustre <propre au marai+, est d’un DÉSENLACEMENT n. m. (1636) n’ont aucune vita-
usage didactique pour welatlf à un lac*. +Rare lité hors de la langue httérake.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1957 LÂCHER

ENTRELACER v. tr. (XII~ S.) aIhCer ~II dan? Ici-dessous) reprennent cette idée. LMw des
I’autreB décrit, plus qu’enlacer, le fait de disposer chkm, des sergents (1552) correspond à &isser
plusieurs choses selon un plan complexe 117871. p&k à la poursuite de)). + L’expansion sémantique
Son participe passé ENTRELACÉ, EE est adjectivé. se poursuit au xwe s. dans le domaine du langage
+Dès le XII~ s., il a produit ENTRELACEMENT avec Iâ&er un mot Cv.1580) <(parler inconsidéré-
n. m., auquel correspond concrètement le dérivé ment% puis aussi <parler à dessein= 11688) et, fami-
de lacs*, entrelacs. lièrement, aavouer” qui correspond à des locutions
0 voir LASSO,LAzzI. métaphoriques comme B&er le paquet, le mor-
ceau (1878). +La spécialisation pour afaire rendre
LACÉRER v. tr. est emprunté (v. 1355) au latin au ventre (ses excréments)* (XVI” s.) et, plus géné-
Zacerare «mettre en morceaux, déchirer, dévastern ralement, hisser s’écouler lune humeur du
(sens physique et moral), dérivé de l’adjeti lacer corpsl» (1552, Zaschkr ses hrrzesl, donw lieu à
<<déchiré3 et Kqui déchirefi, surtout utilisé dans la quelques locutions fwnîlières comme lâcher de
poésie et dans la prose impériale. fl n’est pas exclu l’eau wrinerfi ! 16351, qui a vieilli, Itier un vent
que cet adjectif soit plutôt le dérivé postverbal de ( 16901, un pet, d’où en &her une (18081, un ( 1867).
lacerare; en tous cas, les deux mots se rattachent à Dans le domaine des relations humaines, le verbe
une racine indoeuropéenne “Eak- représentée dans est passé au XVI~s. de la valeur de &isser en li-
le grec la&.~ Ndéchiruren, le russe 2okzhma ((haillonn. ber% à celle d’ccabandonner, quitterm (av. 15441, re-
+ À côté de son sens général, lacérer s’employait prise plus tard avec une connotation familière im-
particulièrement, en droit ancien, au sens de adé- pliquant brusquerie et désinvolture 118081, en
chirer un écrit, un livre par autorisation de justicen particulier dans le domaine amoureux Icf laisser
(16903 ; l’expression Zacérer une afiche (xx” 5.1 re- tomber, larguer); dans le contexte d’une compéti-
prend cette nuance. tion sportive, une figure spatiale correspond à &s-
b En est issu LACÉRABLE adj. (1867, Littré), d’em- tancer (les concurrents)>> (18841.
ploi rare. b LÂCHE adj. et n., d’abord ~usche Iv. 11311, au-
LACÉRATION n. f. (1356, Zacerucion) est emprunté jourd’hui détaché du verbe par le sens, se partage
au latin laceratio caction de déchirer>>, du supin de entre la valeur morale de <poltron, sms courage,
lacerare. C’est un mot didactique et rare, et le sens concret de anon tendu, non serrén
DILACERER v. tr. cv. 1150, dkzerer) a été em- (v. 1200). Le sens moral, sans correspondant net
prunté avant Zacker au latin dilacerure, composé chez le verbe, se rapporte peut-être à une manifes-
intensif de lacerare. 11a évincé le type populaire de- tation physique de la peur (dès le ~II’ s. dans le pro-
Zuzrer Iv. 1120) <<déchirerB, et concurrence lacérer nominal soi eslachier) par une image analogue à
dans la langue littéraire; sa spécialisation en celle de trouiZEe. Mais il peut s’agir de l’extension
chirurgie 11565) a vieilli. + DILAcI?RATION ni'., d’une autre acception, pans Energie, moun
emprunté 11419) au latin dilaceratio, n’est guère cv.12001, liée à l’ancien sens de Bûcher acéder, fai-
usité hors de l’usage technique médical. bb, et tendant à s’estomper derrière celle de
0 voir LANCINANT.
t<peureuxB dans les emplois où le mot qutie une
LACET 3 LACS chose GAe compbmncel, sauf en parla~~t du
LÂCHE + LÂCHER style (17181, de la pensée, où la métaphore du sens
concret adétendu, non serrén est sensible. Cepen-
LÂCHER v. tr., d’abord luscier (1080), laschier, dant, le sens de «paresseux» se détache nettement
hscher (1256), est issu d’un latin oZussicure, forme dans certains usages régionaux (Saint E&he epa-
dissimilée du latin populaire Zaticare, fréquentatif tron des paresseux-, faire la saint LûcM. +L’em-
de Zaxwe (3 laisser) <relâcher, détendre)), dérivé de ploi adverbial du mot, concret ( 1690, coudre Zkhel,
Zuxus <lâche, détendun (au physique et au moral), est concurrencé par LÂCHEMENT adv. (v. 1155)
mot de la même racine que le grec “Zugos I+ lago- pour Nde manière peu serrée>. hochement a sur-
pèdel. tout le sens moral d’Gn&gnement~ 11538); celui de
4 Le verbe signifie d’abord &isser aller en déten- wmollement, paresseusementn Cl5381ne s’étant pas
dant ce qui retient (bride, rênes, corde)>>, sens dont maintenu. * Plus encore que l’adjectif et l’adverbe,
procède l’emploi figuré de la locution kkI~e~+ Ia le substantif LÂCHETÉ n. f. (v. 1131, Zascheté) tend
bride, anciennement le frein Cv.1235, hxhier les à ne s’employer que dans le sens moral dépréciatif
tiuins) wendre à qqn sa liberté d’action>. ~Avec de ((bassesse et manque de courageb, ceci dès l’a;n-
des mots comme main, do@ pour complément, il cien français.
prend la valeur de adesserrep (XIII~s.) et, de là, cor- Les anciens substantifs de sens moral, ZBchement
respond à &isser échappen (15381, avec un n. m. (XIII~s.1,Echesse n. f. (XII~s.3,Zûche n. f. bxve s.)
complément concret et dans des locutions comme et lûchance n. f, C~I? s.1 ont tous disparu. 4 LÂ-
lacherprise (1560 au figuré), I&&erpied ccommen- CHÉE n. f. (XJYV’
s.), anciennement arelâchement»,
ter à reculern (av. 16001.L’extension 4akser park puis Cl6111 <<faitde laisser allepj, se rencontre en-
(un coup), décocher (un coup de poing, une arme core quelquefois pour afait d’émettre%. +Le mas-
cpi partb 115301est sortie d’usage, mais OR retrouve culin LÂCHÉ est spéciahsé dans le langage des arts
l’idée de &isser partin en argot pour edonner de pour «manque de précision, de clarté, ( 1842). * LÂ-
l’argent, payer & contrecœurn lelliptiquement les CHAGE n. m. tl855), introduit tardivement, s’est
Zrtcher). + MEcher qqn alui rendre sa liber& (xv” s.1a spécialisé au sens figuré de Zûcher pour <<abandon,
pâti de la concurrence du composé reE&her ki- fait d’abandonner) . * L’inkitif substantivé LA-
dessous) bien que des valeurs familières modernes CHER n. m. ( 1873) est utilisé spécialement à propos
LACONIQUE 1958 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

d’un lancement de ballons, d’oiseaux, et en termes


de gymnastique. +LACHEUR,EUSE n. (1858), lui
aussi tardif, s’est imposé au sens familier de aper-
sonne qui lâche, qui abandonneB, d’où =Personne
sur laquelle on ne peut pas comptern.
RELÂCHER v. tr., d’abord reluschier (v. 11551, a si-
gnifk aremettre lune punition), renoncer (à une ac-
tion), pardonner (un péch& jusqu’à l’époque clas-
sique. Dès le XI~~s., il signZe <<apporter une certaine
négligence àm et Anterrompre, diminuer (une acti-
vité, un effortb Cv. 11701, spécialement dans relti-
cher son atientiofl. Cette notion de diminution a
valu au verbe d’être employé dans les construc-
tions rekkher gqch. à ( 16511 (<abaisser à,, relâcher
qqch. de 11647) aréduire en enlevant de>>, au-
jourd’hui sorti d’usage. +Le sens de 4aisser (qqn)
s’en aller, lui rendre sa libertés Iv. 12781 a fait re-
culer dans ce sens l’emploi du verbe simple. Avec
la valeur concrète de arendre plus lâche, dé-
tendren, le verbe s’applique à des liens (en concur-
rence avec laCher et s’emploie en physiologie
Cv.1560, Paré). Le pronominal se relûcher, ancien-
nement +e donner du repos* (XIII~s.), assume tous
les sens du verbe actif depuis le xwe s. ; l’emploi ab-
solu de relûcher se rapporte à -faire relâches, en
marine (1580). -RELÂCHEMENT n. m. (v. 1160, re-
Zuschement) a désigné l’interruption, la remise
d’une peine (14581 et le repos de l’esprit 115381,Ces
sens ont disparu au profit de l’idée d’&tat de ce qui
est relâchén, au physique (v. 1560, Paré1 et surtout
au moral Pascal), ainsi qu’à celle de &minution,
baisse dïntensit& (XV~” s.3.
RELÂCHE n. f., dérivé régressif de reliicher, a
gardé le sens premier d%ntemuption momenta-
née d’une activitéti, attesté une première fois
v. 1175 et repris avec le mot au xvte s. : cette valeur
est réalisée dans la locution adverbiale négative
sans relâche céans répits (1690). Le mot a reçu deux
acceptions spéciales, en marine où, par métony-
mie, il désigne le lieu où un navire fait escale 116911,
et au théâtre, où il concerne la suspension momen-
tanée des spectacles 117511, aussi dans faire re-
M&e; par extension, il se dit de la fermeture provi-
soire d’un magasin. Longtemps masculin (encore
avec certains sens), il est devenu féminin vers la ti
du XVII”s., se spécialisant en marine. +Les deux
participes verbaux sont adjectivés. *RELÂ- LACS n. m., d’abord Zuz (10801,aujourd’hui beau-
CHANT, ANTE, attesté dès le xwe s. au sens médi- coup moins courmt que son dérivé lacet, est issu
cal de aqui relâche les intestinsm, est aujourd’hui du latin laqueus alacet, noeud coulant, filetm, terme
remplacé par hxatifk. ORELÂCHÉ, ÉE est en de chasse employé ensuite avec le sens figuré de
usage à partir du XVII~ s. avec l’acception morale pé- *piège, trappe,, probablement emprunté Ià
jorative de “qui manque de rigueur morale% U%s- l’étrusque?) comme beaucoup de mots en -eus.
cal), puis avec les sens correspondant à ceux du
+ Lacs désigne un cordon servant à attacher qqch.,
verbe.
en habillement (10803 et, particulièrement, l’at-
@ voir LAIS, LAISSER, LANGUIWFL WGULDE, =IF,
tache d’un sceau 11388). Son ancien emploi en vé-
LAXISME, LEGS, FIELAXER.
nerie, «nœud coulant= (v. 11751,est tombé en désué-
LACONIQUE adj. est soit dérivé (1529) de La- tude, de même que son emploi figuré, “piège*
conk, nom d’une région de la Grèce antique ayant Cv.1174). On rencontre encore la locution lacs
Sparte pour capitale (latin Laconia, du grec lakôn d’amour (1420) pour un cordon d’ornement en
ahabitant de LaconieB), soit emprunté au latin la- forme de huit couché qui réunissait souvent les ini-
conicw, adaptation du grec Zukônikos ride La- tiales du mari et de la femme. 0 On fait remonter
conien, Les Lacaniens (ou Lackdémoniens) s’étaient l’expression tomber darts le lac (+ lac) à tomber
acquis la réputation de gens concis. cians les lacs <<dans un piègen.
4 Le mot qualifie une personne et, par métonymie, w Le diminutif LACET n. m. Cv.1315, lacés) désigne
un langage, une expression brefs, sans aucun déve- un mince cordon attachant certaines parties du
DE LA LANGUE, FRANÇAISE 1959 LADRE

costume. tomme lacs, il est utilisé en vénerie, en Nblanc comme du laitB (1821). +Il a produit LAC-
rapport avec la capture du gibier à plumes (1380) et TESCENCE n.f. (18121.
s’emploie quelquefois au figuré ; il désigne aussi le L’élément LACT-, LACTI-, LACTO-, tiré du latin
cordon utilisé autrefois (en Turquie) pour étrangler lac, lucti, est employé dans la construction de
un condamné ( 17471. +Auxnr”s.,ilaprisunsens mots du langage scientfique en rapport avec le lait,
technique en passementerie ( 1849) et, par analogie notamment en médecine, biologie, chimie. +Le
de disposition, le sens figuré de *succession de vi- premier en date est LACTIQUE adj . 117871,qui se
rages= ( 1867, d’abord d’un chemin de fer), seul et dit d’un acide résultant du lait fermenté et 118411du
dans la locution virages en Iwe&. +II entre dans le processus de transformation des sucres en acide
nom d’instrument PASSE-LACET (1811) Kgrosse lactique. +LACTOSE n. m. (1855) désigne le sucre
aiguille pour guider les lacets=, d’où l’expression contenu dans le lait de tous les mammifères. +La
raide comme un passe-lacet II91 11, qui renforce vitalité de l’élément est importante au XX~s., avec
raille, notamment au sens de GUIS argent>> Esnault des mots comme LA~TOGLOBULINE n.f. 11900),
la fait venir d’un autre sens de pusse-lacet, argo- LACTOFLAVINE n. f., nom d’une vitamine décou-
tique, <gendarme - parce qu’il passe les <<lacets>, verte en 19% par Kuhn.
menottes, liens).
Le composé ENTRELACS n. m., d’abord entre& LACUNE n. f. est emprunté (1515) au latin la-
(v. 11751, qui correspond dans le domaine concret cunu «citernem et «fosse, bassin*, mot poétique
au nom d’action entielecement 13 lacer), s’est spé- passé dans la langue commune pour désigner un
cialisé dans le domaine de l’ornement, désignant creux, une cavité et, au figuré, un vide. Le mot est le
un motif d’architecture (16711, des traits de plume féminin substantivé d’un adjectif olacunus, dérivé
( 18111, une composition décorative de feuillages de lucus I-, lac).
(1845). La destination ornementale s’efface dans le 4 Le mot a été introduit avec son sens propre de
sens d’ccensemble d’objets embrouillés>> (XVI” s.), de <petit espace videB en anatomie. Cette valeur est li-
nos jours vivant au figuré 11611) dans la langue litté- mitée à quelques emplois spécialisés (botanique,
raire. 1812; géologie; physique). Le sens abstrait d’xinter-
0 Voir LACER, LASSO. LAzzi. ruption involontaire et fâcheuse dans un texte, un
enchaînement de faits ou d’idéesm (av. 16161,est de-
LACTÉ, ÉE adj., le plus ancien des emprunts venu le plus courant des deux. 0 Celui d’&ang
savants au groupe des dérivés du latin lac, lattis près de la mer>> (fin XVI~s.?) est sorti d’usage au pro-
(+ lait), est emprunté (1398) au latin lacteus &î- fit de l’emprunt Lu&ne*.
teux, gonflé de lait, couleur de lait,, employé spé-
b LACUNEUX, EUSE adj. ( 17831 est spécialisé en
cialement dans viu Zactea (Ovide) woie lactée)).
histoire naturelle ; i’adjectif correspondant au sens
4 Le mot couvre une grande gamme d’emplois : il abstrait étant LACUNAIRE adj. U8221, lequel a
qutie ce qui ressemble au lait du point de vue de
évincé dans cet emploi lacuné, ée 11787), disparu
la couleur, d’abord en médecine, où il est entré
dans la première moitié du XE? s., et s’emploie éga-
dans la dénomination veines lactées (1645). + C’est
lement avec un sens concret en minéralogie et en
dans une traduction d’Ovide au xrves., puis à partir
psychopathologie.
de 1559 qu’on trouve l’expression voie lactée (la-
quelle s’est imposée au détriment de voie Zaitine, LACUSTRE + LAC
qu’on trouve au xwe s. chez BaïfI. +À partir du
XIX~ s., l’adjectif s’emploie spécialement en bota- LAD n. m. est emprunté 118543au mot anglais lad
nique 11812, plantes lactées) et en médecine (1814, (18481, issu sans doute par abréviation de stabbde-
diète lactée). lad (1856) Mgarcon d’écurie)), de stable <étable3 (em-
b LACTAIRE n. m. est emprunté ( 1610) au latin hz- prunté à l’ancien tiançais estable, étable*) et de lad
tariw “qui a rapport au lait)). *Le mot a perdu le Mgarcon, adolescentm (xv” s.1, auparavant avalets
sens primitif de “qui produit du 1aitD et a cédé à Ixme s.3,mot d’origine inconnue.
lacté le sens didactique de <relatif au lait, à l’allaite- 4Lud a passé en lançais avec le vocabultie du
mentm (1803). 0 h a été substantivé (18391 en myco- turf, se répandant seulement vers la dernière dé-
logie à propos d’un champignon qui, lorsqu’on le cennie du siècle.
brise, laisse échapper un suc laiteux et dont plu-
sieurs espèces Uactaire déliciew, des piulsl sont LADRE adj. et n. trahit son origine par sa forme @)
comestibles. ancienne lazre Iv. 11601, rapidement motike en
LACTATION n. f. est emprunté (1623) au dérivé bas ladre EV.11701: il est issu de l’anthroponyme latin
latin lactati &laitement». +Le mot désigne la Luzarus I+ lazaret), de l’hébreu ‘el ‘azur signiknt
fonction organique qui consiste dans la sécrétion Dieu a aid& L’hypothèse la plus courante renvoie
du lait. Il a eu le sens d’wction d’allaiter% 116231, à la parabole de Luc, XVI 119-27) et au nom du
qu’il a cédé à allaitement. Par métonymie, il se dit à pauvre rongé d’ulcères gisa;nt à la porte du mau-
propos de la période d’allaitement maternel (1962). vais riche. Une autre hypothèse se réfère à Jeun
LACTESCENT, ENTE adj. est emprunté (1783) au (XI, l-44, où Lazare est le nom du frère de Marie et
participe présent Jactescens du verbe latin Zactes- de Marthe de Béthonie, ressuscité par le Christ : en
cere <devenir laiteux*, dérivé inchoatif de Zuctere, effet, au moyen âge, les lépreux étaient considérés
lui-même de lactus. *Le mot se partage entre des comme des cadavres vivants.
emplois didactiques (en botanique plantes lactes- 4 Il ne reste trwe du sens premier, alépreux%, qu’en
centesl et des emplois Littéraires, avec la valeur de médecine vétérinaire dans l’expression porcladre
LADY 1960 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

( 1564 ; 1475, truie ladressel cporc atteint d’une mala- nique signiknt #mou, lâche%, dont la famille
die provoquée par des vers parasites+. *Le mot a grecque reposerait sur le thème du latin IUXUS
changé de sens au xwe s., glissant au sens moral 4âcheB I--+lâcher), et du radical de ow coreillem
d’4nsensiblep par allusion à l’insensibilité der- (-+ oto-1. Le procédé se retrouve dans l’ossète t&-
mique que l’on prête aux lépreux De là, il s’est spé- gzis dièvre~ klongues oreilles+ le persan xurg3
cialisé au sens moderne d’eavarem 116403,avec une <oreilles d’&ne= : il correspond au tabou portant sur
nuance d’indBérence à la misère des autres, en- le nom de certains animaux dans la langue des
core sensible dans L’Avare (II, 5) de Molière. II est chasseurs (cf. belette).
devenu archtique après l’époque classique. 4 Le mot désigne un gallinacé des montagnes nei-
k La même évolution se lit dans l’histoire de LA- geuses d’Europe, dont les pattes, recouvertes de
DRERIE n. f. (1492) qlèpren puis aavarice sordidev plumes, sont comparées à celles du lièvre.
( 16601, qui conserve le sens particulier de amaladie
du porcy (15643. 4L’adverbe LADREMENT, qui LAGUNE n. f. est emprunté (1701) à l’italien de
semble plus ticent 08443, est presque inusité. Venise Zuguna abassin côtier séparé de la mer par
un cordon littoral sableuxm (av. 14881, d’abord =ma-
LADY n. f. est emprunté (1669) à l’anglais lady récage, étang ( 13041. Le mot est issu du latin lu-
(v. 1374; v. 1350, I&l, antérieurement kvedi, la- Cuna afossé, trou* c-t lac=unel avec une sonorisation
fuedi, lefdi, Zufdi. Le mot vient du vieil anglais hlaéfi du c en g propre au nord de l’Italie. Lacune, au sens
dize <celle qui pétrit le pain>, correspondant fémi- ancien d’aétang, mare, (de 1575 à 16131, était dh-ec-
nin de hluford, étymon de lord*. Ben que cette tement emprunté au latin.
étymologie paraisse étrange, il semble bien que le
.De lugww sont dérivés deux adjecti& syno-
mot soit composé de hlaf =painn (anglais Zoafl, issu
d’un mot germanique bgalement passé dans les nymes : LAGUNAIRE (1886) et LAGUNEUX, EWSE
11944).
langues slaves (russe kzhleb), et de l’ancien repré-
0 Voir LAC, LAGON.
sentant de la racine verbale germanique “daiz- gpé-
trir, modelern. Celle-ci se rattache à une racine in-
doeuropéenne très importante par les mots qu’elle
0 LAI, LAIE + LAÏQUE [LAÏC)

a donnés en français (+feindre, figure, paradis).


~L’histoire du mot anglais ressemble à celle de
0 LAI n. m., attesté dans la seconde moitié du @)
XII~s. par le titre des poèmes de Marie de France,
darne : il si@a cmaîtresse (qui dirige esclaves ou
est d’origine discutée. On y voit en général un em-
domestique& (v. 8001, -femme qui règne sur ses su-
prunt celtique, apparenté à l’irlandais laid <<chant
jets ou à laquelle un hommage féodal est dû, 1x”s.),
des oiseaux* et uchanson, poèmea. Mais on a aussi
cfemme qui est l’objet d’un dévouement chevale-
évoqué l’ancien provençal lais, attesté lui aussi au
resquen (xnr” s.l. Plus g&éralement, par opposition
sens de <chant des oiseauxB et issu du latin Zakus,
à womun afemmep, il désigne une femme d’un rw
ellipse de versus lakus avers profane= (4 ltique),
social élevé et, au x& s., une femme dont les ma-
opposé & la poésie des clercs.
nières, moeurs et sentiments caractérisent les plus
hauts rangs de la société. + Le mot désigne un poème narratif et lyrique mé-
diéval; ceux de Marie de France (du chévrefeuik,
+ Lady est passé en lançais comme titre donné aux
du rossignol...), qui correspondent à la première at-
femmes des membres de la noblesse anglaise ; ce
testation du mot, sont demeurés les plus célèbres.
n’est qu’à la belle époque de l’anglomanie qu’il a
pris le sens de <femme de dlstinctionn 11818)
Ils s’appliquent à des récits celtiques (gallois, bre-
tons). L’identité du pluriel luis ne doit pas le faire
comme pendant féminin de gentleman, gardant
confondre avec les lais de Villon, où Zuk est le dé-
toujours une connotation anglaise.
verbal de hisser* et correspond par le sens à legs.
LAGON n. m. est emprunté 11721) à l’italien la-
gone “grand lac* Iv. 13001, dérivé augmentatif de LAID, LAIDE adj. et n. est issu (1080, laiz; au o>
lugo, qui correspond à lac*. pluriel luit) du francique “lui Ndésagréable, contra-
riant, rebutantm, de la même famille de mots que
4 Lagon, d’abord mot exotique avec un sens impré-
l’allemand kid (adj. et n-1 qui exprime un mal, une
cis, a pris le sens de <lac d’eau salée> vers 1781,
souffrance, et que le groupe de vocables anglais
dans le contexte des 9es des Antilles. Sa démtion
louth ladj.), to Zouthe Iv.1 et Ioathing In.1 marquant
moderne de <petit lac d’eau de mer entourée de
la répugnance, le dégoût.
terre, de sable sur les côtess est attestée en 1829 et
s’applique en général à la lagune centrale d’un + L’idée première de laid est wepoussant, horrible,
atoll. odieuxm (d’une personne). Cette valeur a progres-
sivement été évincée par le sens moderne (v. 1155 ;
LAGOPÈDE n. m. est la modification, par répandu au XTves.), transposition sur un plan esthé-
substitution de -pè& au sufke -pock (17711, de la- tique qui en tiaiblit la portée. Laid se trouve ainsi
gopode (17591, emprunté au latin lagopw lagopo- pris dans le couple laid-beau et rejoint le concept
dk. Celui-ci transcrit le nom grec de cet oiseau, la- latin de defowkz 14 dilTorme1.0 Le sens moral, *qui
gôpom, proprement upatte-de-lièvrefi, de hgôs inspire le dégoût, le mépris, l’horreur% que l’on
&èvreB (également employé comme nom d’oiseau) perçoit à tort comme une dérivation à partir du
et pous, podos NpiedB (4 podo-1. Lug6s est probable- sens esthétique, a subi une certaine dévaluation
ment un composé descriptif formé de “luges amow qui le fait employer aujourd’hui dans le langage en-
mot auquel répond peut-être un adjectif germa- fantin (c’est laid) comme équivalent de yiktin.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1961 LAÏQUE

4 Substantivk Iv. 11211, le mot a désigné l’injure, de laine EV.12001; cependant, l’usage familier du
l’outrage, au mast7ulin comme au féminin Iv. 11901, mot au sens de @et de lainen (surtout petite laine)
seul et en locutions Maire, dire laitl. Spkcialisé avec n’appartit que vers 1900. 0 Le mot a inspiré quel-
son sens moderne (v. 1668) dans le domaine esthé- ques locutions comme se laisser rnwer la Iaina
tique (à la tiérence de laideur), le laid a longtemps sur le dos, (1640) <se laisser exploiter, ‘tondre’p, b@
été banni de l’art avant d’être reconnu comme un de laine kconomiesn (attesté 19071, et développe
facteur positif de la création (notamment par Hugo, des sens analogiques, à propos de cheveux crépus
Préface de Cromwell). et épais (17981, du duvet de plantes et, technique-
b LAIDEMENT adv. (1080) a perdu le sens moral ment, de produits fibreux (luine mikrale, 1882;
d’(<outrageusementn, pour signiEer @d’une manière laine de verre, 1934).
désagréablem (10801, sans jamais renvoyer totale- ä Comme son correspondant latin, laine a fourni
ment au sens physique de I’adjecM +LAIDEUR une dérivation assez importante, qui témoigne de
II. f. @n XII~ s., a lador adùne vikne façonm; 1275, le- l’importance de la laine dans la vie domestique an-
deur -personnification de la disgrâce4 correspond tiienne. +LAINIER,IÈRE n. et adj. est attesté une
aux sens physique et moral de l’adjectif. 0 D’abord première fois Iv. 1225) en parlant péjorativement
employé au sens de umédisanceb et coutragen, il a d’un mercenaire préposé à la garde des troupeaux
éliminé les anciens dérivés substantifs de laid, lai- et qui cherche à tirer le plus grand profit de leur
dece ~~I~-XIII~sd, laideté (XIII~s.), laidure (XIII~-XVII~s.), laine ; d’après le bas latin lanatius, il a pris ses sens
et laidangemmt, Iui&ssemeti, laidit, kuide, luldkre, de amarchand de laine)> ( 12961et aouvrier en laine%
qui exprimaient souvent une idée d’outrage, d’in- 113061. ~Depuis 1743, il est employé comme ad-
jure, gardée en normand par laidure. 11déc& l’état jectif, réservé à des emplois plus didactiques que
de ce qui est laid (v. 12801, au physique et, avec la laineux I-, ci-dessous). - LAINAGE n. m., d’abord
même dévaluation que pour l’adjectif, au moral. lamge (XIII~s.1, désime quelquefois la toison des
LAIDERON n. m., autrefois variable en genre animaux, mais, dès le XIII~s., est surtout usité avec
(av. 1544, n. f.), s’applique & une jeune fille ou une des sens métonymiques : il désigne un tissu de
jeune femme laide et quelquefois, au pluriel, à un laine (apr. 12501,la laine comme matière première
homme et une femme laids. Le mot, féminin à I’ori- 11302) et, en histoire, la dîme prelevée sur la tonte
gine, s’est aligné sur le genre masculin de la plu- des moutons, en usage dans quelques pays de la
part des mots en -on, d’où la création au XVII~s. France du Centre vers le XIII~siècle. 0 Le sens cou-
lavant 16921 d’un féminin laideronne, demeuré rant de peste en Iaine~ est le plus récent (18761.
dans la langue littéraire. -LAINERIE n. f. (1295) est peu attesté avant le
L’ancien luidir v. (XII~s-1a été supplanté par le pré- XIX~ s. où il prend les sens de 4ieu où l’on vend de la
fxé ENLAIDIR v. (XII~s.1,lequel a perdu le sens in& laine)), <<fabrique de laine)) 118031, <atelier où l’on
Bal, aoutragern, pour celui de <rendre laid, devenir traite le drap, les étoffes de lainem ( 18321, dieu où
laidn I~II” s.l. -À son tour, il a produit ENLAIDIS- l’on tond les moutons>> (1803). Depuis 1771, il signiCe
SEMENT n. m. (v.14703, DÉSENLAIDIR v., mot également *art de fabriquer des laines)>. + LAINER
rare pour Mrendre, devenir moins laidn (18261, et v. tr. 112501 cemire moelleux un tissu de laineux a
ENLAIDISSANT,ANTE adjAQ22). produit un nom d’ouvrier, LAINEUR n. m. 112471, et
un nom de machine, LAINEUSE n. f. (18241. +LAI-
NEUX, EUSE adj. (v. 1500, Janeux) continue par le
0 LAIE n. f. est issu Iv. 1170, lehe) du francique
sens l’ancien fknçais lanu cxmes,), disparu au
lêha afemelle du sanglier)) (cf. moyen haut alle-
~VII~siècle. 0 L’adje&f’sign%e *couvert de lainem et
mand 28~). Le mot est déjà attesté sous la forme
qutie aussi, par analogie, ce qui a le caractère ou
latine leha vers 800, dans le Cupitiuire de Villis.
l’apparence de la laine (1774-I 779, Btion, en par-
+Laie désigne la femelle du sanglier. En moyen lant de cheveux crépus).
français, il a désigné la truie, femelle du porc do- 0 voir LANGE, LANOLINE: CONvuLSION, FLANELLE. RÉ-
mestique. VULSION, SVELTJi, VELOURS, VELU; LAMBSWOOL.

@LAIE +LAYETTE LAINURE n. f. attesté au ti s. pour désigner


les fentes horizontalles rapprochées de certains fro-
mages, ne tiendrait pas de J&e, mak d’un mot
LAINE n. f. est issu (v. 1120) du latin lanu, mot de
dialectal suisse romand, se Ruiner, lui-même issu du
même sens qui provient de OweZm, ‘wlna, élargis-
francique lado KplancheD, et employé en parlant du
sement de la racine indoeuropéenne “wel- carra-
bois.
chep parce qu’on devtit macher la toison & la
main à l’époque préhistorique. La forme primitive LAÏQUE (également LAÏC au masculinl adj. o>
de cette racine s’est conservée dans les dénomina- est emprunté (3311~ s.1 au latin ecclésiastique Iui’c~43
tions germaniques : anglais WOOE I+ lambswool), ~~commun, du peuple,, flnon clerc, illettré», spécia-
néerlandais woE, allemand Wolle. Avec une exten- lement *non militairem, kculierfi et <vulgaire, par-
sion de sens, elle se retrouve dans velours*, velu*, lée ten parlant de la langue)*. Lui-même est em-
svelte? prunté au grec d’église Zuikos commun, du
+ Laine, apoils souples constituant la toison de cer- peuples et anon clerc- (par opposition à Mêtikos
tains mammifèresti (bêtes à laine, 13803,désigne par + clerc), dérivé de luos {(peuple,, mot sans étymolo-
métonymie cette matière faite pour être utilisée gie connue, employé au pluriel au sens de &nples
(1262, mer lui?& et aussi une étoffe, un v&ement soldatsn et de agens, citoyensn.
LAISSER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+L@ue, attesté une première fois au XIII” s. et re- laisser qqn, qqch. faire.. . ou pronominal (v. 1160, se
pris à partir de 1487, a détrôné de l’usage courant, hisser mourir; 1176- 1181, se laisser cheoir aux pieds
sans toutefois l’évincer entièrement, son doublet de qqn). Dans ce dernier cas, la règle moderne
populaire LAI, LAIE adj. (XII” s.), encore employé d’accord du participe passé avec le sujet dépend
en droit ancien dans avocat lai, cour laie, et dans de la distinction entre sens passif, comme dans se
un contexte conventuel, frére lai, sœur laie (16901, hisser dire qqch. (xv” s.), se hisser faire ( 16561, et
synonymes de frère convers, sœur converse. +Lai’c sens actif, comme dans se hisser aller CG (v. 1580). Se
quaMe ce qui n’est pas ecclésiastique et, par ex- laisser aller (16 17) revêt les sens de es’abandonner
tension, ce qui appartient au monde profane, a la à ses penchants n, ane pas prendre soin de sa tenue,
vie civile (1690), en particulier ce qui est indépen- (16561, erelâcher ses muscles> 116901. +L’idée voi-
dant de toute croyance religieuse (1873). Avec ce sine de -maintenir (qqn, qqch.1 dans un état déter-
dernier sens, développé dans le contexte de la lutte min&, elle aussi très ancienne (v. 9801, rend le
idéologique entre valeurs religieuses, traditiona- verbe apte à Sign%er &isser en liberté, relâcher+
listes, et valeurs républicaines (apr. 1848 et surtout 11176-l 181) I+ lâcher, relâcher, relaxer1 et aper-
18711, il est entré dans l’expression paradoxale mettre (qqch.3, tl160-1174). + La notion d’une sépa-
&?~tkG’que 11882, Pasteur) appliquée à un homme ration spatiale est présente avec l’une des valeurs
Utré) se disGnguant par des qualités morales ex- originelles, &loigner volontairement de (qqch.,
ceptionnelles sans adhérer à aucune religion, L’un qqn)n Iv. 8811, qui, par extension, aboutit à *passer
des syntagmes les plus significatifs est école tige, devant (un lieu) sans s’y arrêtec (1080) ; avec un
substantivé, familièrement, dans la laiQue C1901), complément désignant un être animé, une per-
désignation historiquement marquée de l’école sonne Iv. 9801, on rencontre aussi le verbe construit
primaire laïque. avec un attribut du complément Iv. 1050, Zutiser qqn
ä Les dérivés sont tous apparus aux & et ti s., pa- dolent). La séparation que marque laisser peut éga-
rallèlement à la création des vocables à valeur po- lement être involontaire et résulter d’une impossi-
lémique antic~ncal,anticléncal~~e.*LAÏCTSME bilité d’emmener qqn (10801, d’emporter qqch. avec
n. m. et LAÏcISTE n. (18421, termes d’histoire reli- soi Iv. 11701. 0 Avec une notion voisine, et comme
gieuse, ont pris leur sens moderne à la ti du en latin, le verbe exprime le fait de acéder, aban-
xxe siècle. *LAÏCISER v. tr. cv. 1870) et LAÏCISA- donner, (1080), indiquant quelquefois un procès qui
TION n. f. IV. 18703, puis LAICISATEUR, TRICE s’accomplit non plus da;ns l’espace, mais dans le
n. et adj. I1913), peu usité, concernent tous le pro- temps, avec l’idée de -mettre à la disposition de,
cessus par lequel plusieurs institutions, dont l’en- après soi* Il6 16, laisser &s enfants après soi), impli-
seignement, se sont dégagées en France de l’em- quant postérité, héritage, ou simplement avec
prise de l’Église. ~LAPQUEMENT adv. 11913, chez l’idée de permanence dans la durée, comme dans
Péguy) n’est pas usuel. de P~US COUrant est LAf- continuer (laisser un mauvais goût dans la bouche,
CITÉ n. f., d’abord au sens de <caractère laïqueti laisser des traces, i6901. +Le troisième grand axe
(1871, dans le Suppkment du Littkl, puis pour du verbe latin se retrouve dès le X@s. en fknçais
-conception politique et sociale impliquant la sépa- dans l’acception de <renoncer à, s’abstenir de>
ration de la religion et de la société civilem, et aca- Iv. 9801. Laisser a aussi les nuances d’Gnterrompre
ractère de ce qui est organisé selon ce principes, qqch. en COUTS~(v. 9801, de ane pas garder, volon-
notamment acaractère laïc de l’enseignement? af- tairement, (1080) ou =Omettre involontairement,
fumé par la loi du 28 mars 1882. négligep Iv. 12741. 0 La construction ne Eaisser de,
et subjonctif Iv. 10501, ane pas manquer de, ne pas
LAISSER v. tr., d’abord Wsskr (v. 8811, égale- s’abstenir de*, a été modifiée au terme d’un débat
ment ksser en ancien français, est issu du latin au XVII~s, en ne pas laisser de et infmitif, encore vi-
kure <détendre, relâcher, libérer (au propre et au vante dans l’usage soutenu ou littéraire. Dans cet
figuré)», aussi aquitter, abandonner, céder, déguer- emploi, comme dans les locutions du type laisser Q
pti et, à basse époque, apermettre, accorder+, aux désirer &tre imparfait», le verbe n’a plus qu’une
V”+I” s. avec l’infinitif (+ lâcher, relaxer). L’ancien valeur très faible, voisine d’être, avec une faible
français possédait, à côté du paradigme répondant idée de permanence. 0 En revmche, l’emploi ab-
à laisser, une forme latir, picarde et lorraine solu de laisser pour Ncessep (1119), spécialement
(conservée en Picardie, Lorraine et Franche- acesser de parler, se taireB Iv. MIOl, qui s’est éteint
Comté), qui remonterait à un bas latin “luggure, al- après l’époque classique, conservait la trace du
tération très ancienne du latin Lazare d’après un sens initial d’aabandonnem.
mot gaulois “luggos *mou* (+ délai, délayer, relais, b Le mot a produit un déverbal de chaque genre au
relayer). XII’ siècle. + Le masculin LAIS n. m., d’abord relevé
+ Les principaux sens du verbe latin sont passés en en 1142 sous la forme latine kssum, appartit avec
français avant la En du XII” siècle. Dès les premiers le sens juridique de alegs, donation>. Comme tel, il
textes, latiser exprime l’idée de ne pas intervenir, a &miné le féminin lalsse avant d’être lui-même
de se comporter de telle sorte qu’une personne, suppla;nté par legs*, lequel représente une altéra-
une chose restent dans le même état. ll se construit tion de l&,s par faux rattachement étymologique à
souvent alors avec un infinitif, comme en latin tar- ,!éguer. Cet emploi, archtique à partir des XVI~-
dif, formant une locution verbale à valeur permis- XVII~s., demeure en histoire littéraire, grâce aux
sive, soit avec un verbe intransitif Iv. 881, laisser en- lais &S Testaments de Villon ( 14611, dam lesquels
trer; v. 1050, laisser courre, c’est à dire laisser le poète distribue à ses amis des legs satiriques.
courirl, soit avec un verbe transitif Cv.1050) Darc o ~ots s’est spécialisé techniquement à propos des
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1963 LAIT

alluvions déposées par une rivière, terrains deve- +LAISSÉ(EI-POUR-COMPTE n. (1867) concerne
nant propriété de l’État mais pouvant être concé- d’abord l’état d’une marchandise dont le destina-
dés (14951, et en parlant d’un jeune baliveau laissé taire a refusé de prendre livraison ; cette valeur
lors de la coupe des taillis pour devenir grand technique a cédé la place à l’emploi courant pour
(15861. de féminin LAISSE n. f. IV. 1175; en latin une chose ou une personne dont personne ne veut
mMiéval luxa, v. 924 est consideré comme le dé- (1873).
verbal de laisser, bien que diverses hypothèses DÉLAISSER v. tr. EV.1120) a d’abord signifk aren-
fassent état d’un étymon latin lectio ou ‘lectiu. * En voyer, laisser partirn, sens disparu, puis <abandon-
effet, le sens courant, attesté dès les premiers em- ner (qqn)B (11501, sens aujourd’hui dominant, et are-
plois, «lien servant à conduire des chiensm, se noncer à (qqch.1)) El150-l 180, Tristan) en droit. + Son
comprend spontanément par le fait que la laisse dérivé DÉLAISSEMENT n. m. (12741, d’abord em-
est un lien Gche qui laisse une certaine liberté à ployé en droit pour l’abandon d’un bien ou d’un
l’animal. II pourrait alors s’agir de la confusion de droit, et spécialement en droit maritime (16811, se
deux homonymes, un seul étant rattaché à laisser. rapporte aussi à l’état d’une personne laissée sans
Laisse a reçu une valeur figurée mettant l’accent appui, sans recours ( 1538) et, plus rarement, à l’état
sur l’absence de liberté ldéb. XI$ s., tenir epE IuisseI. d’une chose à l’abandon Il 8251.
0 Le sens d’Anission d’excréments Iv. 12021, du- 0 Voir LXASlNG, LEGS.
quel on passe au sens concret de «fiente d’animal
sauvagem (1387- 139 11, se comprend aisément +k LAIT n. m. est issu (v. 1120) du latin populaire
comme (<ce qu’on laisse» (sens partagé par l’ancien lactem, accusatif de déclinaison masculine ou fémi-
type dialectal lak, 13761; cf. ci-dessous laissées. nine du mot neutre lac, lucti <<lait(de femme, de fe-
* Quant & la valeur spéciale de *texte, couplet, ti- melM% et GUC laiteux des plantes)). Ce mot est ap-
rade chanté ou dit sans interruptionn ( 1220-12301, parenté au grec gala, galuktos (+ galaxie), ma& il
relative à un genre littéraire en usage au moyen est sans correspondant dans les autres langues in-
âge et reprise ultkieurement en histoire littéraire, doeuropéennes qui ont autant de mots distincts,
elle est à rapprocher de l’ancienne locution d’une outre des formes populaires du langage technique
hsse <<d’un traitn (v. 12781, avec l’idée de *laisser des femmes, pour désigner le lait.
libre cours à la voixn; on peut aussi I’expliquer 4 Le mot désigne le liquide blanc opwue sécrété
d’après l’ancien sens de laisser Gnterrompre la pa- par les mamelles de la femme (dans le contexte de
rolen, la laisse étant fondée, comme le couplet, par la maternité) et celui des femelles de mamrnîfères,
une interruption. +C’est clairement l’idée de ace notamment domestiques, dans le contexte de l’éle-
qui est laissé» qui rend compte d’une autre valeur, vage et de l’alimentation, domaine où le mot et ses
concrète, =atterrksements, alluvions laissés par la dérivés sont en rapport avec les familles de crème,
mern (1421, en toponymie), lequel fait de laisse le beurre et fromage. 0 Le premier de ces emplois a
concurrent du masculin lais. Par métonymie, laisse donné les expressions J?&e, sœur de lait (15383 et,
désigne aussi les terrains découverts par la mer par allusion à la petite enfance, à l’âge du nourris-
lors du reflux ( 1765, laisses de basse mer, de haute son, dent de lait (15491, fière de lait (1690) et quel-
mer). + Le participe passé substantivé au féminin ques locutions se rapportant à une personne cons-
pluriel LAISSÉES n. f. pl. concurrence (av. 1573) dérée comme un enfant Csion lui pressait le nez, il
laisse dans son acception d’aexcrément des ani- en sortirait du luit]. * Du second domaine d’emploi
maux sauvages», en vénerie. relèvent agneau de k& (XIII~s.), vache à lait Wi49)
La dérivation de laisser s’est accrue de quelques <vache élevée pour son lait», au figuré c156 1)en par-
substantif% composés avec une forme verbale de lant d’une personne qu’on exploite. Dans le
laisser (participe, impératif, infmitti. 4 Le plus an- contexte de l’alimentation, le mot entre dans petit
cien est une création du langage de la vénerie, lait (15521, d’où au figuré boire du petit Itit, pro-
LAISSER-COURRE n. m. inv. <<action de décou- longement récent (1948) de l’ancienne expression
pler les chiens après la bête» et <moment où a lieu avaler doux comme lait (av. 1755 ; dès 1572 avec un
cette actionn (1387-1391). Concurrencé par laissé- autre sens). Certains syntagmes, comme lait
courre et Iuissez-coure ( 15831, le mot désigne aussi, concenti 118741,sont en relation avec le dévelop-
par métonymie, le lieu ou l’on découple les chiens pement des industries agroalimentaires d’où vient
l1583) et la fanfare gui l’accompagne (17691; tous ces aussi lait en poudre, lait stérilisé, luit pasteuCs4 ù
emplois sont techniques. +LAISSEZ-PASSER haute température, etc. 0 De soupe au Iait vient la
n. m. inv. (16731, apparu dans le domaine de la cir- locution métaphorique - par l’idée du lait qui
culation des marchandises, s’emploie par exten- monte et s’échappe, lorsqu’il est chauffé - S’e]n-
sion à propos de l’autorisation de circuler 117901, potier comme une soupe au kit (18081, être soupe
s’etendant aussi à celle de faire circuler des véhi- au lait k~~pulsif, coléreux,. + Par analogie, lait dé-
cules (18041, vdem demeurées courantes. e LAPS - signe dès le ,YIII~s. un liquide ou une émulsion ayant
SE&ALLER n. m. mv. (17861, substantivation du l’apparence, la couleur du lait, seul et surtout dans
syntagme verbal se laisser aller, a trait à la négk un nom de préparations, comme lait d’amande
gence dans la conduite et, quelquefois, à la négli- Ime s.), lait virginal Il6 11) puis lait de beauté, de toi-
gence dans la tenue vestimentaire ou la rigueur lette, et, techniquement, lait de soufre (18021, lait &
morale. ~LAISSER-FAIRE n. m., autre substanti- chaux, de ciment. 0 Lait de poule ( 1751) désigne un
vation Cl8431 d’un syntagme verbal, est employé mélange de lait et de jaune d’œuf +En botanique,
spécialement dans le cadre de l’économie politique le sens de «SUC laiteux (de certaines plante&
libérale ; c’est aujourd’hui un terme d’histoire. (XIII~s.1 a donné, par métonymie, des dénomina-
LAITON 1964 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

tions telles que lait de couleuvre (1845) wwiété 15301aqui nourrit de son lait+. +Ces dérivés et le
d’euphorbeB. préké DÉSALLAITER v.k. k~~~s.,ded~e~d 4e-
w 0 LAITIER, IÈRE n. (fin XII~ s.) désigne la per- vrern, sont sortis d’usage. +En revanche, le dérivé
sonne qui vend du lait ou le porte à domicile, sens ALLAITEMENT n. m. (1273)est resté usuel au sens
aujourd’hui vieilli qui échappe à l’oubli par le titre d’caction d’allaiter», partiellement, en concurrence
de la fable de La Fontaine L,a luitire et le pot au lait. avec nourrir, lequel s’applique aussi aux femelles
+L’adjectif LAITIER, IÈRE (12901se dit d’une fe- des animaux.
melle qui donne du lait, substantivé au féminin 0 voir LACTÉ,LAITUE.
(17621 par ellipse pour vache Zaitire. 0 n a acquis le
sens plus général de <relatif au 1aitB (16111,par LAITON n. m., d’abord Zuton Iv. 1170-l 1801,puis
exemple dans industrie laitire, produits laitiers, in- laiton Iv. 12201, est emprunté à l’arabe Zü&n
cluant les dérivés, beurre et fromage. +LAITERIE acuivres, lui-même emprunté au turc altun. (ortho-
n. f. (1315) désigne le lieu où l’on reFoit le lait et où graphe moderne ulkn) qui désigne l’or et, dans cer-
l’on fait la crème et les fromages, d’abord dans un tains dialectes twc0-tartares et mongols, le cuivre.
contexte rural et axé sur la distribution; de nos Dès 832, on relève uZZutoptepuis (852) duton dans
jours il s’est dit, avant de s’effacer derriére créme- le latin médiéval de l’Espagne, par emprunt à
rie, d’un endroit où l’on vend du lait et des produits l’arabe avec agglutination de l’article ul- [comme
fermiers (18401, a LAITAGE n. m., d’abord Zetiu@ dans alcool, dgèbre).
(13761, désigne à la fois le lait et un aliment préparé 4 Le mot désigne un alliage jaune, ductile et mal-
avec du lait kurtout au pluriel et collectivement). léable, de cuivre et de zinc.
+ @ LAITÉ, ÉE adj. (1662) a sig&é “qui a du laits.
La locution poule laitée (chez Molière, 1688) corres- F Il a pour dérivé l’adjectif LAITONNÉ, ÉE 11419,
pondait au moderne poule mouillée. Eutonné), <recouvert d’une couche de laiton,, at-
D’autres dérivés ne concernent que l’apparence, la testé isolément deux fois au xve siècle. +Un verbe
couleur du lait. +LAITE n. f. CV. 1350, Z&e de ha- LAITONNER, proposé par Richard de Radonvil-
reng) désigne le sperme blanchâtre des poissons, fiers (18451,est employé plus tard avec pour dérivé
sens avec lequel il a produit 0 LAITÉ, ÉE adj. LAITONNAGE n. m. (18951.
(v. 1393, substantivé), employé à propos d’un pois-
son mâle. +II est concurrencé par le synonyme LAITUE n. f. est issu (XI” s.1 du latin Zactia de
LAITANCE n. f., d’abord leitenche fv. 1300, Zei- même sens, dérivé de lac, lacti (-, lait), la plante
tenches de carpes), lequel étend son domaine d’em- recevant sa dénomination de son suc laiteux. Le
ploi au lait de ciment, en bâtiment. +LAI- mot latin est passé dans les langues romanes : rou-
TEUX, EUSE adj ., peut-être attesté dès le xrv”-xve s. main Z&ptuc& italien lattugu, espagnol Zechugu, ca-
dans terre Zeiteuse, qualiCe ce qui a l’aspect du lait, talan lletigu, et dans les langues des pays germa-
en particulier dans le discours médical (v. 1560) et niques, qui ont acclimaté la plante par les jardins
en joaillerie (1622). I1 se dit en général de la couleur des cloîtres : allemand Luttkh; l’anglais Zettuce et le
blanche (un blanc laite& et de la chair. oIl se néerlandais lutuw sont empruntés au français.
rapporte également aux plantes qui contiennent 4 Le mot, aujourd’hui démotivé par rapport à luit,
un suc semblable au lait (1690). L’emploi, dans le vo- désigne une plante herbacée dont plusieurs varié-
cabulaire médical, pour ce qui a rapport à l’allaite- tés sont Cultiv&es pour ses feuilles, que l’on mange
ment et à la lactation 118321,où le sens propre de crues ou cuites; il est employé avec un
lait est en œuvre, est archaïque. On en a dérivé complément de détermination ou un adjectif (lai-
LAITEWSEMENT adv. (18811, d’usage littéraire. tue romaine, scarole, batavia, plutôt désignées par
-0 LAITIER n. m., homonyme de laitier, tire, dé- le qualificatif substantivé1 et absolument (pour la
nomme (16761 une scorie de haut-fourneau utilisée laitue pommée). Le nord de la France tend à lui pré-
dans divers secteurs d’activité, par allusion à son férer salade. 0 Par analogie, il fournit la dénomi-
aspect vitreux. BufIon l’a repris pour nommer une nation d’une algue consommée en salade (laitue de
lave de même aspect ( 17833. mer, 1812) et de plantes qui lui sont comparées.
L’a;ncien verbe dérivé de lait, LAITER Iv. 11551,n’a
pas vécu au-delà de l’ancien français, 4 Il a été sup- LAÏUS n. m. est emprunté (1842) au nom propre
planté par un verbe préfmé. ALLAITER v. tr., latin Luks (en grec LU~S), époux de Jocaste et père
d’abord alaitier (XI~ s.1,est issu du latin tardif alluc- d’adipe, les élèves de l’école Polytechnique ayant
tare Ives,), employé, comme le simple lactare dont eu en 1804 pour premier sujet littéraire au
il est issu, au sens de 4éten, ainsi qu’au sens transi- concours d’entrée un Discours de LU~S.
tif de <nourrir de son lait». Q Le verbe a plusieurs
variantes en ancien français, decter, uluictier avec + Le mot, d’abord limité à la vie à Polytechnique, a
le c étymologique, qu’on trouve en ancien fkançais gagné toutes les écoles et s’est répandu dans la
dans certains dérivés de luit. 0 Allaiter a aussi langue familière pour un discours, un long exposé
(XIII~s.1en ancien français le sens latin intransitif de verbeux. Par extension, il se dit de tout discours, la
asucer le lait>> et plusieurs valeurs figurées comme péjoration initiale étant neutralisée (comme dans
enourrir l’esprit)) ( 1209) et «profiter de qqch., (12041, bugwle, godasse, etc.).
sorties d’usage en moyen frmçais. 4 a eu de avers 1891, onaformé LAhJSSERv.intr.discou-
nombreux dérivés dont ALLAITANT, ANTE adj. rir, pérorefi et LAÏUSSEUR n. m. 11892) abavard
(XII”s.),“qui est à la mamelle>> d’où =nourrisson) intarissable~~, d’abord utilisés par les polytechni-
(v. 1120) jusqu’au XVI~s. et, au féminin Mlaictunte, ciens et répandus au début du xxe siècle.
DE LA LANGUE FRANÇAISE LAMBEAU

LAIZE n. f. est issu Cv. 11401 d’un latin populaire lamenter, altérant la forme originelle munutl C15531,
“Zut& &rgew, de latus&rgen (+ lé), sans rapport emprunt à l’espagnol, lui-même pris au karib
avec latus, -cris signi&nt =Côté-. (langue amérindienne des Caraïbes, disparue)
4 Le mot, au sens général de <largeur, étenduen, a avache de mep, d’un radical siaant amamellem.
été supplanté au xvf s. par largw-, tandis que l’an- de mot désigne un gros mammif&re marin au
cien adjectif let, lé était lui-même évincé par large. corps en fuseau, à nageoire caudale non échan-
Laize s’est maintenu avec l’acception technique de crée.
«largeur d’étoffe comprise entre deux lisièresD, en
termes de commerce 04741. D’autres acceptions LAMBDA n. m. est emprunté (av&1550) au grec.
techniques ont disparu, mais le mot s’emploie en- 4 Ce mot désigne la lettre grecque correspondant
core en marine pour chacune des bandes de toile au 1latin. Il a rew une valeur spéciale en anatomie
qui, cousues ensemble, forment une voile (18311. (18771, puis en physique Cpoint lumbdu3 et est de-
ä ALAIZE, ALESE n. f., d’abord aleize (14191, est venu (mil. XX~s.1 un adjectif - opposé à uZphu -
formé par agglutination à partir de l’article la et de pour amoyen, ordinaire)>, par référence aux mathé-
laize par suite d’une mauvaise interprétation de la matiques.
Zaize en Z’alaize. Beaucoup plus courant au-
jourd’hui que le mot simple, alaize désigne la toile LAMBEAU n. m., d’abord label (v. 11651, lubiuu
dont on garnit le lit d’un malade ou d’un enfant Iv. 11651, nasalisé en lumbiuu h. 12501, puis Zumbel
pour le protbger. 0 Il a en outre éliminé laize dans (12851, lambeau, est probablement issu d’un fran-
deux spéciallisations techniques, en menuiserie, où cique “Zubbu <morceau d’étoffe déchiréem, dont le
il désigne la planche la plus étroite mise dans un type est reconstitué par l’ancien haut allemand
panneau d’assemblage pour le premier 11694, et luppu “pan de vêtement, morceau déchi&, le
en horticulture, à propos d’un lien végétal servant moyen bas allemand luppe, l’allemand Luppen,
à tier une jeune branche dans une certaine posi- l’anglais lup. La racine posait être la même que
tion (17671. celle du grec lobos (4 lobe). P. Guiraud a invoqué
0 voir ALÉSER. un croisement avec lumbre, lumbe &rnellen, du la-
tin lamnula, pour expliquer la nasalisation, mais
0 LAMA n. m. est emprunté (15981, par l’inter- celle-ci peut exister en tiancique.
médiaire de l’espagnol Pluma (15351, au quichua + La forme non nasalisée, qui a disparu en moyen
IEamu, désignant un ruminant du Pérou. La forme français, est revenue en tiançais moderne par l’an-
llamu a été employée en français, de 1633 à 1878. glicisme label* et s’est maintenue dans le dérivé
+ Le mot, d’abord cité comme mot indien, a été ac- aujourd’hui démotivé délubrer? Lambeau a
climaté par les relations de voyage au XVII~ siècle. d’abord désigné un ruban pendant en manière de
Inconnu des dictionnaires du xwe s., il n’est enre- frange, jusqu’au XVI~siècle. Il reste trace de ce sens
gistré par l’Académie qu’en 1762. ïbsez ddfusé, le dm la spécialisation, en blason, pour &risure for-
mot est en concurrence avec alpacu ou alpaga, vi- mée d’un filet horizontal garni de pendants à la
gogne, qui désignent des espèces. partie supérieure de l’écum (1273). 0 Cette accep-
tion, d’abord réalisée par label, a assuré le main-
0 LAMA n. m. est emprunté (16291 au tibétain tien de la forme archaïque LAMBEL (XIVB s.l.
blamu (avec b muet), nom d’un prêtre bouddhiste 0 L’usage moderne de lambeau s’est installé à par-
au Tibet et chez les Mongols, formé de bla «le supé- tir du xv” s. et du sens courant de cmorceau de tissu
rieur= et de ma <homme,. déchiré ou détaché irréguhèrement~ (v. 14801, qui a
+ Ce terme de religion orientale désigne un moine donné la locution en lambeaux (1835) adéchiquetén.
bouddhiste. 0 Il est employé en composition dans ~Les autres emplois sont sentis comme des ex-
cuti lama asouverain spirituel du Tibetm, titre qui tensions analogiques bien qu’ils participent du
correspond au tibétain dalut’ lama dont le premier même sens de base Kmorceau pendant* : lambeau
terme Idctlae ou delli) Sign%e *océan-, et qui a lui- se dit de la peau velue qui se détache du bois du
même été emprunté dans les langues d’Europe, cerf 115611, abstraitement, de la partie tronquée
dont le français (voir ci-dessous). d’un ensemble, par exemple d’un discours (15591.
b La terminologie didactique relative au boud- Dans la langue littéraire (1662, Racine), puis aussi
dhisme tibétain et mongol s’est constituée aux XVIII~ en chirurgie (18381, notamment en chirurgie plas-
et XIXe s. avec LAMAISTE adj. (18451, forme qui s’est
tique (ti s-3,il se réfère à un morceau de chair ar-
substituée à lamiste (17733, aussi substantivé, LA- raché, un tiagment de peau.
MAÏSME n. m. (1816; 1813, h?dsme), LAMAIQUE F LAMBREQUIN n. m. (14801, d’abord lumbequin
adj. (18401. - LAMASERIE n. f. IlSSO), ou quelque- (1451-1452) et Eumpequin (14581, est dérivé du radi-
fois LAMASSERIE (18571, forme disparue, désigne cal de lumbeuu avec le sufke diminutif -quin, issu
un monastère bouddhique où vivent des lamas. du néerlandais -kijn (+ mannequin). +Avec le sens
~DALAI-LAMA n. m. est l’emprunt d’un syn- de abande d’étoflem, il a désigné la bande d’étoffe
tagme tibétain Ici-dessus), d’abord écrit dala6 lama enroulée autour du cimier d’un casque, se spéciali-
(16921, l’Académie donnant en 1762 la graphie mo- sant au pluriel pour désigner en blason des bandes
derme. 0 Il désigne le grand lama tibétain. d’étoffes découpées descendant du heaume et en-
cadrant l’écu (15811. Aux x@ et XVIII~s., le mot se
LAMANTIN n. m., attesté dans un texte anté- référait à une bande d’étoffe pendant au bas d’une
rieur à 1627, est probablement d6 à l’tiuence de cuirassé, da113 les imitations du costume antique
LAMBIN 1966 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

(16901.0 De nos jours, il se rapporte à une bordure blement dérivé (déverbal) de lambruschier
à festons, garnie de kanges, qui couronne une Ici-dessus). + Il a dû désigner un décor de vrilles de
tente, une galerie de fenêtre, un ciel de lit (18351, et vigne. Dès le XII~s., il s’employait à propos du re-
à l’ornement découpé que l’on pose au bord d’un vêtement en bois, en marbre qui garnit les murs
toit (1873). d’une pièce et le revêtement de menuiserie d’un
0 Voir LABEL, LAMBIN. @ LAMPAS. plafond, les lumbrts dorés connotant la richesse.
0 Il s’est spécialisé techniquement pour l’enduit de
LAMBIN, INE n. est probablement dérivé par plâtre posé sur les lattes jointives sous les chevrons
changement de sufExe (15841 de lambeau*, avec d’un comble 116801, s’appliquant par métonymie
transposition de l’idée attachée au chiffon au do- aux murs mansardés d’un comble.
maine moral k-f. chiffe molle). L’attestation au xwe s. Du verbe sont aussi dérivés LAMBRISSE~R n. m.,
de l’adjectif lambineux, euse ~décbiré~ consolide d’abord lumbroisseur (v.12201, et LAMBRISSAGE
cette hypothèse. n. m. ( 1454 aaction de lambrisser» et, collective-
4 Le mot désigne puis, comme adjectif (17271,quah- ment, <ensemble des lambris d’une pièce, d’un ap-
fie une personne qui traîne en longueur; il se dit partement» (18671, mot dont les deux sens ont sup-
d’une chose lente 11877). planté lambtisement et lambtisure.
bLe dérivé LAMBINER v. C16421,intransitif %gir
avec lenteurn, s’est employé transitivement LAMBRUSQUE - LAMBRISSER
(av. 1850, Balzac3 pour cfaire attendre (qqn)B. 611
a produit LAMBINERIE n.f. (18081, LAMBI- LAMBSWOOL n. m. est l’emprunt 11698) de
NEUR,EUSE n. (1821) et LAMBINAGE n.m. (1879). l’anglais Zumb’s wool 11552, lumbes wool) &ine
Le caractère familier de ces mots s’est atténué. d’agneaw. Lumb Nagneaun repose, comme ses cor-
respondants allemand KummI et néerlandais
LAMBOURDE n. f. est probablement (1294 Ckw11, sur un germanique “lambaz, adopté aussi
composé de l’ancien tiançais Zaon aplanchea ( 1312) par le fmnois lummus. Wool «laine>>, comme l’alle-
et de 0 bourde* xpoutrem dérivk de @ bourdon*, la mand Wolle et le néerlandais wol, remonte, au-delà
lambourde étant littéralement une poutre destinée du germanique, à la même racine que le latin lana
à soutenir les planches. Laon est issu du kancique (+ laine).
“laiTo aplanchem, que l’on restitue d’après le moyen + Le mot, après une attestation isolée dans une re-
haut allemand lade (allemand I;aden wolet4. lation de voyage, a été repris et répandu au milieu
Le mot, d’usage technique, désigne une des pièces du XX~ s., sur les étiquettes précisant la composition
de bois utilisées dans la construction reposant sur des vêtements de lame.
une solive et sur lesquelles sont clouées les lames
d’un plancher ; le mot s’applique aussi (1611) à la LAME n. f., d’abord Zumme (v. I 1121, est issu du
poutre kée le long d’un mur et sur laquelle s’ap- latii lamina, mot technique sans étymologie
puient les extrémités des solives. 0 Par analogie connue, peut-être nom italique et emprunté, qui
d’aspect, il est passé en arboriculture (17711 à pro- désigne une feuille mince de métal ou de bois, une
pos d’un rameau court d’un arbre fruitier terminé plaque, une lame tranchante, un lingot et d’autres
par un bouton. objets plats et minces, cartilage de l’oreille, ruban,
pièce de monnaie.
LAMBREQUIN - LAMBEAU
4 Le mot désigne comme son étymon une bande
e) LAMBRISSER v. tr., anciennement Lambrus- allongée, plate et mince, de mktal ou de matière
chier Cv.11651, lambmchier he s.1, Eumbroksier dure. De ce sens de base procèdent de nombreux
(x19 sd, enfin lambrkser sous l’influence du déver- emplois particuliers plus ou moins techniques et
bal lambris (ci-dessous), est considéré comme étant apparus tardivement : lame dénomme chacune
issu d’un latin populaire olumbwcu~e corner avec des planchettes formant des persiennes 117871,
des vrilles de vigne>, dénominatif de olumbTuscu constituant un parquet (1893, lame de parquet), cha-
wigne sauvage*, mot continué par le fknçais LAM- cune des bandes superposées assurant la suspen-
BRUSQUE OU LAMBRUCHE II.~. (1509I,dénomina- sion d’un véhicule Idéb. XX~s., lame de ress0ti-t).
tion d’une vigne grimpante poussant dans les bois 0 En ancien fran@.s, il s’appliquait à la plaque de
des régions méditerranéennes. “Lambruscu est pierre couvrant un tombeau (XII~s.), sens évincé par
une variante de lubrusca, mot d’origine inconnue, dalle et sorti d’usage au xvrt” s., sinon dans quelques
qui rappelle labumum, nom d’arbre désignant l’au- emplois littéraires et stylistiques. oSa spécialisa-
bour. L’hypothèse de P. Guîraud, qui voit en Zum- tion dans le domaine du tissage remonte au XIII’ s.
btiser ou en lambris le dérivé de l’ancien fiançais au sens ancien de 4rame», mais l’acception mo-
lumbre Cv.1140) xlame», issu selon lui d’un dérivé la- derne de Nbande, fil d’or ou d’argent entrant dans
tin ecclésiastique de lumim k+ lame), ne rend pas la fabrication de certaines étoffes)) ne s’est dégagée
compte des formes initiales en -US et -ois. Les éty- qu’à l’époque classique (1653). + Le sens moyen
mologies proposées restent douteuses. fiançais de «fer de l’épée, d’un couteaw (av. 13281 a
+Lambrisser devrait son sens aux ornements en eu une fortune particuhère, donnant plusieurs ex-
vrilles de vigne dont on couvre cette sorte de re- tensions métonymiques : qualif%, le mot dénomme
vêtement (cf. tigwtie>, mais il n’en a pas gardé une personne plus ou moins adroite, autrefois dans
trace. Le verbe est senti comme dérivé de lambris. vieille lame <personne d’expérience- kvf s.), puis
F LAMBRIS n. m. est une altération de cause in- dans bowe lame 11656) et tic lame (16901, dont les
connue (13271 de lumbrus (1180-I 1901, très proba- emplois figurés, -personne efficace, habileti, de-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LAMINER

vancent ceux qui font allusion à l’habileté de l’escri- <gémir, se plaindre, déplorep, dérivé de Zamentum
meur. La locution en lame de couteau (18321 s’ap- alamentationu, mot d’origine obscure, dont la pa-
plique à la forme d’un visage mince et long. *Par renté avec l’arménien Zam aje pleure% et le grec
analogie, lame désigne aussi (fin xv” s.) une grosse laiein est hypothétique.
vague amincie à son sommet, servant de synonyme + L’usage moderne emploie essentiellement la
recherché à vague, au propre et au figuré, et s’em- forme pronominale Iv. 10901, mais l’usage ancien
ployant spéctiquement dans les syntagmes lame tolérait aussi la construction intransitive 2ament;er
sourde (18451, hune de fond (1873; 1845, lame du (12253, qui se maintient seulement au sens spécial
fond), aussi au figuré pour =mouvement profond et de apousser son crin, en parlant du crocodile (1834)
irrésistiblem. Cette acception a servi à former brise- et de certains oiseaux. 0 La construction transitive
lames (ci-dessous). + Au sens concret, lame s’em- au sens de adéplorer viveme& ( 13801,encore em-
ploie en sciences naturelles où il dénomme les ployée pltisamment par Boileau au xwe s., est elle
feuillets des champignons ( 17641 et la partie évasée aussi archtique.
des pétales d’une fleur Hïnxvru” s.1, puis aussi en
minéralogie ( 17651 et en anatomie aames vetié- b LAMENTATION n. f. est empr’unté (XII~ s.) au latin
bralesl, en embryologie, etc. Zamentati ~ghissements, plainte bruyante et
prolongéeti, en particulier à basse époque aplainte
b LAMER v. tr., employé en moyen français pour
en justicefi. + Attesté isolément au XII~s. au sens de
~couvrir d’une pierre tombale, &Xv” s.), ne
semble avoir été repris avec des sens techniques *sujet de lamentations, le mot désigne (12251 une
qu’au ti s. pour adresser, aplanir (une surfacel longue plainte humaine; il s’emploie au pluriel
avec des lames tournantesti, et abroder (un tissu) avec une valeur religieuse et (XIII~s.1 pour des pa-
avec des lamesn. 4 a produit LAMAGE n. m. roles exprimant un regret douloureux.
(1931), lui aussi technique. +LAMÉ, ÉE adj. (15321, LAMENTABLE adj. est emprunté (xv” s.) au dérivé
qui qutie une étoffe enrichie de lames d’or et latin LamentaMis, proprement “qui donne sujet de
d’argent, aussi substantivé au masculin dans LAMÉ se lamenter+ et epl&tifD. Il est allé par a&iblisse-
n. m., d’où Zamé or, lamé argent, est en revanche ment vers le sens de <mauvais, exécrable)) (1843)
usuel. d’après la même évolution que &@orabZe; il est
LAMELLE n. f., d’abord lemele Iv. 11651puis lamelie alors partiellement démotivé. +Son dérivé LA-
(~III~ s.), est emprunté au latin ZameZZaapetite lames, MENTABLEMENT adv. (av. 14501 l’a suivi W s.l.
diminutif de lamina. +L’ancien franqais l’a em- LAMENTO n. m. est emprunté Iv. 18401 à l’italien
ployé au sens de clame d’un couteau, d’une épéea, lamento clament ationg, spécialisé en musique
sans valeur diminutive. 0 Le sens de &Petite lame% 11608, Monteverdi), et issu du latin Zamentum qui
(14071 a mis longtemps à s’imposer, le mot n’étant avait donné l’ancien tiançais lament, disparu au
presque pas attesté entre le milieu du xv” et celui me siècle. Le mot a été repris avec ses deux accep-
du ~VIII~siècle. Depuis, outre un emploi générique, tions en italien, en parlant d’une complainte triste
il s’est spécialisé en botanique, notamment dans la des gondoliers de Venise et (1842) d’un air de mu-
description des champignons (18731, en mir&alo- sique plaintif.
gie et en géologie, à propos de la tic lame de verre
d’un microscope (18931, et en cuisine (découper en LAMIE n. f. est emprunté (15273 au latin lamia,
lamellesI. * Sa reprise au XVIII~s. a suscité les déri- transcription du grec lamiu, nom d’un démon fe-
vés: LAMELLEUX,EUSE adj. 11i’75)aen forme de melle vorace, parfois imaginé avec l’arrière-train
kmeUen,LAMELLÉ,&E adj. 11778, Lamarck, 1783, d’un âne mâle, également employé pour désigner
Buffon), plus courant pour “qui est formé de la- un grand poisson vorace. Le mot est dérivé de Za-
mellesn, LAMELLAIRE adj. 11807) et LAMELLA- muris =Vorace, efionté, pétulants, terme d’origine
YTON n. f. (1861). Tous relèvent de la langue de la inconnue dont le rapprochement du latin Zemures
description scientsque botanique, minéralogie), I+ lémuriens) est douteux.
avec quelques emplois techniques. +Plusieurs +Le mot a été repris au ~VI~s. en mythologie
COqX&sso~tfo~és avec LAMELLI- :LAMELLI- grecque - avec un sens voisin de celui de lémure -
CORNES n. m. pl., de COT~~*, lat. cornu, désignant et 11551) en ichtyologie, à propos d’une variété de
chez Cuvier (1805) une sous-famille de scarabéidés, squale.
LAMELLIBRANCHES n.m.pl. (18161, dont le se-
cond élément est tiré du latin branchia, emprunt6 LAMINAIRE n. f. est l’adaptation (18281 du la-
au grec brankhia I+ branchie1, servant à nommer tin savant laminatia, dérivé du latin lamina:
une classe de mollusques (dont les huîtres, les (+ lame, laminer).
moules...), établie par Blainville; LAMELLI-
+Le mot a été créé en botanique comme dénomi-
ROSTRES n.m.pl, (18171, du latin rostrum
nation d’une algue dont la partie folbée se pré-
(-+ rostre) un sous-ordre de palmipèdes, et LAMEL-
LIFORME adj. (18271, de -fome (*forme) qui cor- sente en longs rubans aplatis. +Il a été recréé
respond généralement à =en forme de lamelles>). comme adjectif (1840-18421, qutiant ce qui est
BRISE-LAMES n. m. est, pour son premier élé- composé de lamelles parallèles (en géologie) et, en
physique, ce qui s’effectue par glissement de
ment, un calque 11818) de l’anglais break water, dé-
signant un dispositif avançant dans la mer. couches de fluide les unes sur les autres.
0 voir LAMINAIIRE,LAMINER. OMELEl7-C SFMJXLE.
LAMINER v. tr. est le dérivé (attesté 1731, pro-
LAMENTER [SE) v. pr. est issu Iv. 1090) du bablement antérieur, cf. laminoir), par l’intermé-
bas latin tamenture, du latin classique lame&& diaire de l’adjectifkwnir& (15961,dumoyenfrançais
LAMPADAIRE 1968 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

lamine n. f. kve s.l abarre de métaln, doublet savant cique “labu ou “labba amorceau d’étoffem (+ lam-
de lame*, employé comme lui avec le sens parti- beau). P. Guiraud préfère y voir un dérivé de
culier de <pierre tombaleH (16 111 et qui s’est appli- l’ancien français lamper «brillep, apparenté à
qué par métonymie à une cuirasse formée de pe- lampe*, la métaphore portant sur l’inflammation,
tites lames. alors que la première hypothèse portait sur l’ap-
+ IZn allant de l’emploi de laminé <<orné de lamelles parence de la tuméfaction, par une figure analogue
de métal, au XVI~s. à celui du verbe au xwe s., on à celle de chiffon rouge, en argot du xrxes. pour
est passé de la notion d’«omementa (-+ lame, lamé) &ngue~.
au sens technique de aréduire du métal en lames)}, + Le mot, terme de médecine vétérinaire, a pris la
dont l’objet évolue avec les techniques métallur- valeur argotique de <gosier», par l’intermédiaire
giques (cf. ci-dessous laminoir), puis aussi 118W d’un emploi dialetial pour <<palais-, et avec in-
<<réduire l’épaisseur (spécialement d’un volume & fluence de lamper cboirem, lui-même nasalisation
relier) par forte pressions. La valeur figurée de 4i- de laper*. La locution populaire s’arroser le lampas
rnînuer jusqu’à l’anéantissements (xx” s.1est l’abou- s’est employée au xrx” et au début du me siècle.
tissement des sens techniques. b 11 a pour dérivé LAMPASSÉ, ÉE adj. 11502) qui si-
ä La spécialisation du verbe en métallurgie re- gnXe en héraldique “qui a la langue d’un autre
monte probablement au ~VU~S. comme en té- émail (couleur) que le corps».
moigne LAMINOIR n. m. ( 16431, nom de la ma-
chine qui réduit les métaux en lames, employé dès 0 LAMPAS n. m., d’abord lampasse (17231, puis
le xrxe s. avec une valeur figurée dans la locution lampas (17651, est d’origine obscure. On le rattache
passer au kminoir (1834, Balzac). L’évolution tech- souvent à la famille de lambeau I-, 0 lampas), mais
nique se traduit par l’apparition de syntagmes, tel l’hypothèse d’un emprunt serait plus plausible,
train de 1arnino~Y~ dans le domaine de I’aciérîe. Le l’étoffe étant originale d’Asie (Inde ou Chine).
mot a dénommé également 11907) une machine + Le mot désigne une étoffe de soie à grands des-
employée en imprimerie. +LAMINAGE n. m. sins tissés en relief.
(17313, nom d’action employé en métallurgie, a été
repris par les géologues (1880) pour décrire l’amin- LAMPE n. f. est issu ( 1119 du bas latin lampada,
cissement et la déformation d’une couche lors d’un accusatif de forme grecque pris comme nominatif
plissement. II a aussi développé une acception figu- féminin du latin lampas, lui-même emprunté au
rée (attestée v. 1950) correspondant à celle du grec lampas, -ados atorchen, <<course aux km-
verbe. 4 LAMINEUR, EUSE n. 118231, LAMINERIE beaux* et tardivement &mpe». Ce mot est dérivé
n. f. (1845) et LAMINÉ n. m. cv.1950) s’emploient de lampein *briller>, dit également d’un son, de la
eux aussi en métallurgie, et sont plus techniques gloire. Ce verbe a des correspondants dans les
que hminoir. langues celtes, ibxkiis lassaim &imber~ et
0 voir LAMINAIRE. baltes, lette Züpa utorchen.
+Lampe désigne d’abord un récipient contenant
LAMPADAIRE n. m. est emprunté (1535, un liquide combustible destiné à éclairer, puis éga-
lampadeirel au latin médiéval lampadarium achan- lement (enregistré en 1690) un appareil dont la
delierti ( 1242-12431, dérivé du bas latin lampada forme évoque une lampe d’éclairage mais qui sert
C+ lampe). à produire de la chaleur. +Avant 1870, date où le
$ Le mot, qui semble avoir été repris au XVIII~s. mot est attesté chez J. Verne, on parle déjà de
(17521, désignait alors un support vertical destiné à lampe électrique (la lampe électrique au charbon
soutenir une ou plusieurs lampes, à huile, puis à sera inventée par Edison en 18791. Au XX~s., le mot
pétrole. 0 Au XIX~ s., il se dit aussi d’un luminaire désigne aussi ( 19231un tube à vide à plusieurs élec-
monté sur un haut support (1832) et d’un type de trodes servant à engendrer, diriger, aynptier et
lampe destiné à l’éclairage public, monté sur un tel moduler des signaux électriques. Dans ce sens, le
support. Le référent a évolué avec l’invention de mot n’a pas vieilli, mais son référent a été le plus
l’électricité, en concurrence avec bec de gaz et souvent remplacé par d’autres dispositifs Etransis-
d’autres noms, puis s’est appliqué à une lampe tors, par exemple). ~L’emploi argotique du mot
électrique d’intérieur, à pied. dans l’expression s’en foutre plein la lampe (1915)
se rattache au sens argotique ancien de lampe C<es-
LAMPANT, ANTE adj. est emprunté (15931 à tomacm (16831, qui est sans doute LUI emploi figuré
un mot provençal, participe présent du verbe du sens initial, &cipient contenant un liquiden,
lampa ~~briller~~,qui provient directement du grec avec influence probable de lamper (-+ laper).
lampeirz ~brillep~ I-+ lampe). F Les dérivés ont le plus souvent vieilli. *LAMPIER
+ L’adjectif, qui quaISe ce qui est propre à alimen- n. m. (v. 12101 a désigné un support de lampe garni
ter la flamme d’une lampe, s’est spécialisé dans de godets dans lesquels on brûlait de l’huile dans
huile lampante, pétrole lampant. les églises, les cimetiéres, et aussi un fondeur de
lampes et de chandeliers Cv. 1265). +LAMPOTTE
0 LAMPAS n. m. est d’origine contestée. Le n. f. krve s.) a perdu le sens diminutif de <petite
mot désigne en ancien franqais (déb. XIII~ s.1 un gon- lampe)> et se maintient régionalement (Nord-
flement de la muqueuse du palais, chez le cheval, Ouest) comme nom d’un coquillage, la patelle.
et semble un dérivé de lampe nfanon du bœufm, va- -LAMPERoN n. m. (14713 #godet contenant le
riante nasalisée de lape, emprunt probable au tian- combustible d’une lampe d’église>> désigne aussi le
DE LA LANGUE FRANCAISE 1969 LANCE
tuyau qui tient la mèche d’une lampe (1577). glais lampreck, moyen néerlmdtis lampreti, EUT-
+ LAMPETTE n. f., autre diminutif de lampe (15321, cien haut allemand hnpreta, d’où allemand
ne se maintient qu’avec un sens régional de cnielle Lamp&e. L’anglais lamprey a été emprunté (1297)
des champsm (1812). +LAMPISTE n.(1797) ~&y6 à une variante de l’ancien fknçais.
lampzbr comme nom du fabricant de lampes avant 4 Le mot désigne une espèce de poisson cyhn-
de se spécialiser en fléclairagiste~ (1860). Le lam- drique, voisin par l’apparence de l’anguille, et dont
piste des chemins de fer étant un employé subal- la chair est très estimée.
terne de la gare, chargé du dépot et de l’entretien
des appareils d’éclairage ~ampzktwie), il a pris la LANCE n. f. est issu (1080) du latin lancea “pique,
valeur figurée d’aemployé subalterne sur lequel re- arme de jetu, mot qui serait d’origine étrangère, es-
tombe la responsabilité des fautesn (xx” S.I. 0 Il a pagnole selon Varron, grecque selon Festus qui le
pour dérivé LAMPISTERIE n. f. (18451, qui dési@e
rapproche du grec lonkhe. Il se peut que les mots
d’abord l’industrie et le commerce des lampes à ré-
grec et latin soient des emprunts indépendants à
servoir, puis 11867, Littré) le dépôt des instruments une même langue, peut-être celte, l’arme étant at-
d’éclairage, notamment dans une gare. Les deux tribuée par les Romains aux Gaulois ou aux Ga-
sont archaïques. lates.
Lampe, outre les syntagmes qu’il forme, entre dans
les COmpOSés lexicalhés LAMPE-TÉMOIN n. f. + Le mot désigne une arme d’hast à longue hampe,
(1929),LAMPE-TEMpeTE n. f. (1932). terminée par un fer pointu et qui fut en usage
LAMPADOPHORE adj. et n. est un emprunt sa- jusqu’au XVI~, puis aux XVIII~-XB? s. (cf. ci-dessous).
vetnt 11559) au grec lampad&phoros, de lampas et Eh mcien ti-ançais, le mot désigne une arme assez
phrein <porteru (-+ -phorej. Le mot désigne d’abord legère, qui sera remplacée par la pique, mais aussi
une course aux flambeaux. 11est repris Ii7521 pour et surtout une arme lourde à contrepoids, utilisée
désigner et qutier un porteur de flambeau, dans par les cavaliers en armure jusqu’au xv”, et
l’antiquité grecque, puis employé littérakement jusqu’au XVII~s. comme arme de tournoi. Par une
(Mallarmé). métonymie commune à bien des noms d’outils et
LAMPARO n. m. est emprunté (1901) à l’espagnol d’armes, 11 désigne, en général au pluriel, un soldat
ltimpara &mpe~ Iv. 12801, altération de ltimpada armé d’une lance he s.1 puis une foFmation mîli-
(+ lampe) avec adaptation de la fmale. *Le mot dé- taire comptant, entre autres attaquants, des
signe une lampe employée par les pêcheurs pour hommes armés de lances (xv” S.I. +Avec l’abandon
attirer le poisson et, par métonymie, le filet et le ba- de l’arme qu’il désigne, lance est devenu un terme
teau utilisés lors de ce type de pêche. historique (en référence à une arme antique, 16901
@ VOti LAMPADAIRE,LAMPANT, LAMPION. LANTERNEL ou exotique et est resté disponible pour des em-
plois symboliques et figurés : l’expression fer de
LAMPER + LAPER lance, d’abord employée avec son sens propre
(13671, est exemplaire de ce type d’évolution, pas-
LAMPION n. m. est emprunté (1510) à l’italien sant à un sens analogique en ornementation (1867)
Zamptorw agrosse lanterne%, dérivé avec sufExe et à une acception figurée, pour <corps d’éliteB
augmentatif -Wne, de lampa, lui-même emprunté (xx” S.I. De même, les locutions baser la lance de-
au français lampe’ avec le même sens. vant qqn (1690) et rompre une lance pour qqn
+ Le mot a désigné divers types de lampes, en parti- ( 1718) sont bien postérieures à la réalité qui les a
culier une lanterne de bateau, une grosse lampe. Il inspirées, le tournoi médiéval. oL’arme militaire
s’est spéciaké dans le domaine des ikrninations, nommée lwe réappartit en Frmce au milieu du
se référant, sans considération de taille, à un godet XVIII~s. avec les uhlans (17431, puis les lanciers de
rempli d’huile avec une mèche (16901, puis à une l’Empire (1801). +Dès le XIII~s., lance a désigné des
lanterne vénitienne en papier plissé (v. 17501. objets dont la forme allongée rappelle celle de
D’après le cri des lampions!, prêté it la foule qui ré- l’arme : lance d’étendard 116801, lance de drapeau
clamait des illuminations en 1827, l’expression kurl (av. 1834). 0 Il désigne en technique la spatule dont
l’air des lampions s’applique à un cri scandé en se servent les modeleurs en stuc, plgtre, terre et
trois syllabes détachées sur une même note. 0 Par cire 116801, la longue perche utilisée pour les joutes
analogie de forme, kzmpion s’est dit (1826) d’un tri- sur l’eau (16901, différents instruments tranchants
corne (en forme de lampe à huile1 porté par des mi- et piquants. +La dénomination lame d’eau (16941,
litaires et cavaliers, sens aujourd’hui oublié. remplacée par lance ;i eau (18731, et lance ;i incen-
die 11867) représentent moins un emploi analo-
LAMPROIE n. f. est issu (1174) du bas latin gique de lance qu’un deverbal de lancer”.
Zampreda (VU” s.), glosé muruena (+ murène) au b LANCETTE n. f., rapidement sorti d’usage au
xres. et d’étymologie incertaine : certains y voient sens propre de apetite lance, Iv. 12003,s’est spkia-
l’altération du synonyme Eampetra he-ve s.), formé hsé dès le ~III~s. comme nom d’un instrument de
sur le radical de lumbere <léchers et de petia chirurgie (1256). Le mot est repris, par analogie de
<piemeD (3 pierre), allusion au fait que ce poisson forme (cf. fer de lance), pour désigner un arc en
s’attache aux pierres par sa bouche. Cependant, il tiers-point surhaussé, dit à lancette (18291, cf. Zan-
n’est pas exclu que Zampetiu soit une corruption, céolé. ~LANÇON n. m. (XIII~s., lançoun *branche
d’après cette étymologie, de lampredu. Lampreda de palmiernI et LANCERON n. m. 114121, dérivés
est passé dans les langues romanes, sauf en rou- sufkés en -on et -eron, sont deux spécialisations
main, et dans les langues germaniques : vieil an- analogiques en zoologie, désignant tous deux un
LANCER DICTIONNAIRE HISTORIQUE

jeune brochet et, pour le premier, une anguille de mier à faire connaître Iqqch.l» (av. 1922). +Le sens
mer (1672). ~LANCIFORME adj. (1845) qual& ce concret, d’autre part, prend au XIX~ et au XX~ s. de
qui est en forme de lance, dans un usage didac- nouvelles valeurs techniques, comme «propulser
tique. dans l’atmosphère (un engin),. Lancer a en général
LANCIER n. m., emprunté (v. 1215) au bas latin conservé, à la différence de jeter, l’idée de faire se
lanceutiw, désigne spéc%quement Ze cavalier déplacer (à faire fonctionner) de manière voulue, et
armé d’une lance ; le mot, sorti d’usage, a été repris non pas pour se débarrasser.
surtout à propos d’un corps de cavaliers creé en ä LANCEUR, EUSE n., d’abord lanceour Cv.12001,
1801, puis pour d’autres armées, notamment l’an- désigne d’abord la personne qui lance un objet, ori-
glaise, par adaptation de lancer Cles lanciers du ginellement une lance, une arme de jet. Le sens
Bengale). Le qume des hmiers (18551, etipti- concret connaît un regain de vitalité à partir du XIX~
quement les lanciers, est aussi emprunté à l’an- en sport, et au ti s. en astronautique (v. 1960,
glais. comme nom d’objet : lanceur de satellites). 0 Le
LANCÉOLE n. f. est un emprunt savant (1557) au sens figuré appartit au ~IX~ s. dans les milieux de la
bas latin lanceola, diminutif de lancea. Il a désigné mode 11864) et de la promotion. * LANCEMENT
une variété de plantain, avant d’être repris 11842) n. m. (13061, longtemps employé avec le seul sens
en description botanique pour un organe en forme concret d’aaction de lancer qqch.», a connu une
de fer de lance. 0 Il désigne aussi la petite tige nouvelle expansion au XIX~ s., s’appliquant à la mise
d’une fusée de feu d’artifice. + LANcÉoLÉ, ÉE adj. à flot d’un navire ( 18591, puis aussi à l’envoi dans
(1778) est dérivé du précédent par l’intermédiaire l’atmosphère d’un engin (xx” s.1,désignant, semble-
d’une forme lanceolatus, en latin des botanistes. t-il avant le verbe (18021, l’action de faire connaître
C’est un terme de description botanique, repris par (un artiste, un mondain, puis un produit nouveau).
les historiens de l’art gothique (18901, et employé - LANÇAGE n. m. ~VU” s.) s’est quasiment éteint
dans la description littéraire (av. 1902, Zola). sous la concurrence du précédent, se maintenant
@ Voir LANCER. seulement par une spécialisation en génie civil.
+LANCIS nm., enregistré par 1’EncycEopédik
* LANCER v. tr., apparu en même temps que ( 1765) à propos de l’opération consistant à réparer
lance” sous la forme lancier ClOSO>,est issu du bas un mur en enfonçant des pierres et moellons dans
latin lanceare <<manier la lance», dénominatif de les parties dégradées, continue par sa forme l’an-
lanceu (+ lance). cien hnçais lanceib (v. 11551,employé dès le xrves.
+Le mot, se référant & une façon de manier la (1371) à propos de pierres entrant dans le jambage
lance, correspond dès les premiers emplois à <<jeter d’une porte, d’une croisée. +Le participe passé
devant soi (une arme) dans une direction détermi- lancé a donné deux substantif%: le masculin
née=, et en particulier à =Projeter avec un engin LANCÉ n. m. (17011, d’abord <action de lancer le gi-
propulseur Ides flèche& (10801. Cette valeur, plus biern, d’où par métonymie alieu d’où la bête est lan-
que celle de adonner un coup» (v. 1170) et de =per- cée par les chiens, (18671, se réfère aussi au geste
ter, piquer d’une lance% Cv.1250-16601, remotivée effectué pour lancer qqch. en avant (av. 1889) et à
par le substantif, a déterminé l’évolution ultérieure l’attitude du corps qui s’élance (18831, - Ce nom est
de lancer. 6 Dès le XII~s., le pronominal se lancer si- moins courant que l’adjectif LANCÉ, ÉE qui a pris
me =se précipiter impétueusement)), en parlant des valeurs abstraites : aengagé profondément
d’une personne cv.11751, tandis que lancer s’em- dans une activiten (av. 1714, en particuher aen
ploie spécialement pour emettre (un bateau) à voguem (av. 1799, lancé dans le monde; 1867, absolu-
l’eaw Iv. 11801et afaire mouvoir rapidement (un or- ment) et, familièrement, aexcité par l’alcools (18671,
gane, un membre)> Iv. 1180). Son emploi particulier sens disparu. + Le féminin LANCÉE n. f., après une
à proposdes palpitations du cœur (déb. XIII~s., le attestation isolée au sens de =Comète, (18021, s’est
cœur li lance) a été évincé par kZawer (ci-dessous). répandu comme substantif d’action (18 1OI, l’accent
Toujours avec la même notion de dynamisme, Zun- étant mis sur le mouvement, au propre et au figuré
ter sime <<décocher (un regardIn Iv. 1270) et «faire (surla, sa lancée, déb. XX~S.I.+ L’infkitif substantivé
partir en avant (un animal)~~, spécialement dans le LANCER n. m. (17351, introduit en vénerie, corres-
contexte de la chasse (1481-1490, hncer le cerf). pond aux valeurs physiques du verbe. Il a pris vers
+En moyen tiançais, le verbe développe à la fois 1900 des emplois spéciaux en sports, où il désigne
des acceptions techniques concrètes et des accep- des disciplines athlétiques (poids, disque, marteau,
tions figurées : il exprime aussi le fait de faire jaillir javelot), et dans Pêc;he BLIlacer (19021.
de soi, d’émettre une parole avec vivacité 115781, La forme verbale lance a fourni le premier élément
d’émettre un soupir (16761. Il prend en marine, plus de substantifs concrets à partir de la ti du XIX~ s. :
précisément qu’en ancien français, le sens de afaire les noms d’engins propulsant des armes dominent
glisser (un navire) du chantier dans l’eaw (15301. avec LANCE-PIERRE~~ n. m. (18941, concurrencé
Au XVIII~s., il prend la valeur de <déclencher (un par fronde dans un emploi extensif, LANCE-TOR-
mécanisme)» (1765). Abstraitement, se lancer dans PILLE~ n. m. (18901, LANCE-FLAMMES n. m.
gqch. correspond à ase consacrer, se mettre active- (19161, nom d’un engin militaire devenu usuel pen-
ment &J (1790). +Le XIX~s. a apporté le sens parti- dant la guerre de 1940-1945, plus courant que
culier de afaire conna,ître (qqn) en le mettant en va- LANCE-BOMBES n. m. (19181, LANCE-FUSÉES
leur, propulser dans la vie mondainen (av. 1825) et, adj. (1922, pistolets lance-fusées) puis n. m. 119351,
contemporain du développement de la pubkité, par exemple dans lance-fusées anti-char, LANCE-
celui de apromouvoir (qqch.)B ( 18701, Hêtre le pre- GRENADE(S) n. m. (19311, LANCE-ROQUETTES
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1971 LANDE
n. m. (19531, LANCE-ENGINS n.m. (19621, et et au tennis. *Seul RELANCE n. f. 118941, terme
LANCE-MISSILE~S~ n.m. (19713. 0 L’un d’eux, apparu en sports, connaît une grande vitalité avec
lance-flammes, est calqué sur l’allemand Hum- le sens de anouvelle impulsion économique9
menwerfer, cette arme ayant été employée par les (v. 19503, lancé par les journalistes et critiqué par
Allemands lors de la Première Guerre mondiale les puristes, malgré sa correspondance avec un
(voir aussi les substant* avec lesquels sont formés sens déjà ancien du ve&e.
ces composés).
Deux verbes prékés sont usuels. ~~LANCER v. tr. LANCINANT, ANTE adj. est emprunté
est employé dès le XII~ s. au pronominal s’élancer 11546) au latin lancinans, participe présent de Zan-
Iv. 1150) pour cprendre sa course vers qqch.*, lequel cinare œmettre en piéces, déchiqueter (au physique
acquiert au XIII~s. la valeur figurée de 4élever et au moralIn. Celui-ci est une variante nasalisée de
dans une sphère supérieureB (v. 120, annonçant lacerare I+ lacérer), évitée par la prose classique
I’idétisaOon pour Kprendre son essor Ide l’âme, ma& reparue dans la latinité impériale.
des pensées)D (av. 15591. La construction întransi- +L’adjectif a bté introduit en médecine (humeur
tive, employée dès le me s. en parlant du cœur qui lancinante1 avec le sens physique de “qui se fait
palpite, remplaçant lancer Ici-dessus), a déterminé sentir par des élancements aigus~, sous l’influence
le sens actuel, &re le siège d’élancements dans le de lancer*, élancer et élancement. Dès le XVI~s., il
corps2 Iav. 15591. 0 Les emplois transitifs, apparus est employé dans le syntagme douleur lancinante
au XVI~s., sont des renforcements du verbe simple, (v. 1560, Paré). Par transposition au figuré, il quali-
et correspondent à &ncer dans I’air, pousser avec fie 118361,dans la hgue littérale ou soutenue, ce
force (en parlant de cris, de regard& Cv.15501, =lan- qui obsède, tourmente de façon aiguë et persis-
ter avec viguem) ( 1577) et *élever* Cv.15803; ils ont tante.
décliné après le XVII~siècle. oLe pronominal b LANCINER v. (16 161,emprunté au latin lancinure,
s’élancer reste seul d’usage courant, recevant ulté- est d’usage beaucoup plus rare, tant avec son sens
rieurement les valeurs de <prendre des formes médical qu’avec son sens transitif figuré (19041,
sveltes, (17931, <wrgir, jaillir, (1780), <monter d’un *On en a tiré LANCINATION n.f. (17711 et LAN-
jet (en parlant d’objets verticauxb (av. 18541. *Le CINEMENT n. m. 118401,un peu moins rare.
dérivé régressif ÉLAN n. m. 114091, qui n’est plus
senti comme lié à lancer, et à peine à dlancer, sert LANDAU n. m. est tiré (1791; 1829, land~wl du
cependant au verbe de substantif d’action, au nom propre de la ville allemande de Landau, où ce
propre et au figuré (15721, spécialement avec une genre de voiture a d’abord été fabriqué et baptisé
valeur spirituelle (16903. La langue classique l’em- en allemand Landauer, abréviation pour lavtdauer
ployait aussi à propos d’une élévation subite et Wagon. L’anglais a landau dès 1743.
brève de la voix 116693.Au sens concret, éhn s’est 4 La voiture hippomobile suspendue qu’il désignait
spécialisé en sports pour *prise de vitesse avant un a disparu, mais le nom est resté pour désigner, par
saub. ~LANCEMENT n. m. (i%g), en dehors de analogie, une voiture d’enfant à grandes roues, à
son sens, contemporain de la valeur équivalente capote pliante et à caisse suspendue.
d’élancer, de Ndouleur vive et brève dont les accès b Le diminutif LANDAULET n. m. 118361 qui a dé-
se répètentti, est d’un usage plus spécialisé ou plus signe une petite voiture hippomobile puis, les pre-
marqué stylistiquement. D’abord synonyme d’élan miers carrossiers d’automobiles étant d’anciens
pour aaction de s’6lancern I15593 et <ardente aspira- carrossien de voitures à cheval, une petite voiture
tion de I’knes (15871,en particulier dans le contexte automobile, est sorti d’usage en même temps que
mystique, il relève de nos jours du style littéraire. ces véhicules.
0 Il se dit aussi de la forme élancée d’un objet, spé-
cialement d’un bateau (1678). ~LANCE, ÉE adj. LANDE n. f. est issu Cv.11181 d’un gaulois “Zatia +}
(1549) qutie physiquement une personne grande, que l’on restitue d’après l’irlandais land, lann, le
mince et de taille bien prise (d’abord un cheval), cytwique Llan, le comique Zan qui signifient, le plus
puis aussi un objet élevé de forme légère 116901,en souvent dans des composés, Nplaine, espace dé-
particulier un arbre (17711. Il est démotivé par rap- gag& et cpièce de terre clôturee, encloss. À ces
port à s’élancer. 0 Seule sa spécialisation en bla- mots se rattachent le germanique “landa- <terre,,
son, à propos d’un cerf lancé au galop (16901, cor- que l’on retrouve dans l’allemand La& C-+land-
respond à la sphère d’emplois de lancé. grave), l’anglais la&, et aussi le néerlandais, le sué-
RELANCER v.k. (v. 1160, relanciez), <lancer de dois et le danois. Une racine indoeuropéenne pour-
nouveau)>, connaît une expansion de sens au début rait se dégager, la variante “lendh- étant repré-
du xwre s. : il est spéciak~ en vénerie (1611) et par sentée par le vieux slave lgdina <lande, déserb
extension prend le sens aujourd’hui courant de (russe ljada, Zjadina) et dans le suédois Zinda *terre
~poursuivre avec insistance, ( 16531, correspondant en fricheu. Le type “landa est attesté dans une
même, au figuré, à *reprendre IqqnIn clans la grande partie de l’ancien domaine gaulois : ancien
langue classique (16711. *Avec l’acception de Kre- italien landa, catalan landa, aragonais landa
mettre en route, en activités, il s’emploie spéciale- =Champ, terre cultivables, navarrais landa «champ,
ment au jeu (1765) et en sports ( 1906). * fl produit pièce de terre)); le domaine gascon connait égale-
tardivement des noms d’a&ion inusités, RELAN ment cette racine dans plusieurs toponymes CLane-
n. m. (18291, RELANCEMENT n. m. (18751 et RE- plu dans les Pyrénées-Atlantiques, x” S.I.
LANCÉ n. m., attesté en vénerie 118851, puis RE- + Le mot, dans le domaine d’oïl, a d’abord désigné
LANCEUR, EUSE n. (18931, surtout employk au jeu un terAn boisé, sens conservé dans le toponyme
LANDGRAVE 1972 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

les Landes, puis (1778, à Bordeaux) s’est ktendu à mot classique locusta. Celui-ci possède aussi le
toute espèce de terrain inculte, résultant générale- double sens d’ainsecte* et de ccrustac&, de même
ment de la dégradation de la forêt, dans la zone que le grec kurubos désigne à la fois l’escargot, un
tempérée. La monotonie de ce type de paysage, coléoptère, et la langouste (-, carabe). L’origine de
sans relief, a inspiré un emploi métaphorique litté- locusta est incertaine mais on rapproche le litua-
raire, en particulier, au pluriel, à propos des par- nien lekih, Iëkti woler», le grec Zêkun asauterm, lak-
ties ennuyeuses d’un livre, d’un récit. tizein <<ruer, frapper du talon». Dans ce cas, le nom
b Les dérivés, LANDIER n. m. (1840) et LANDAGE de l’animal viendrait d’une caractéristique de ses
n. m. (av. 18671, sont en usage dans l’ouest de la mouvements.
France comme dénomination d’un ajonc, plante de +Langouste se rencontre jusqu’au XVII~ s. avec son
la lande, et, par métonymie, du lieu où poussent sens de <<sauterelle>). La valeur moderne appartit à
ces ajoncs. la fm du XIV’ s. (13931 par l’expression langouste de
6-J Voir LANSQUENET, NO hMN’s LAND. mer (cf. araignée de mer pour un autre crustacé).
*L’ancien français a eu une forme savante LO-
LANDGRAVE n. m., d’abord altéré en ande- CUSTE Iv. 11201, empruntée au latin classique, qui
grave (v. 11951, puis transcrit hndegruve (12451, servait surtout à désigner la sauterelle jusqu’au
avant latigruw, est emprunté au moyen haut afle- mm” s. (Furetière renvoie encore de locuste à saute-
mand la&@we (allemand moderne Landgmfl, relle) et que les naturalistes ont reprise au XIX~ s. au
titre de certains princes germaniques. Ce mot si- latin de même sens.
me proprement acomte du pays»; il est composé F De langouste sont dérivés LANGOUSTIER n. m.
de Land “pays’> I-+ lande) et de grave (allemand (1769) &let à langousteu et Hbateau pour la pêche à
Grufl <<comte» (+ burgrave, margrave, rhingrave). la langouste>, ainsi que le diminutif LANGOUS-
+Le mot correspond au titre porté à l’époque du TTNE n. f. (1802) désignant un petit crustacé égale-
Saint Empire romain germanique par certains ment appelé homard ck Nokge. La langouste et le
princes possesseurs de terres, relevant directe- homard sont deux espèces zoologiquement di%-
ment de 1’Empereur (comtes d’Alsace, de Thu- rentes, mais les deux mots ont des connotations ah-
ringe, de Hesse3. Il a designé le magistrat qui ren- mentaires très voisines; d’où, pour langoustine,
dait la justice au nom de 1’Empereur. cette dérivation, aberrante en sciences naturelles.
~Les deux noms de crustacés, langouste et lan-
b LANDGRAVXAT n. m. (15753, qui a évincé laad-
goustine, sont employés argotiquement pour dési-
grwie (av. 15141, se rapporte à la dignité de land-
gner Cv. 1930) la prostituée, la maîtresse (on dit
grave et, par métonymie, désigne la principauté
aussi sauterelle).
d’un landgrave.
LANGUE n. £, d’abord lingua, lingue h. 9801, est
LANGAGE - LANGUE issu du latin linguu qui a les deux grandes accep-
tions d’aorgane situé dans la bouche>) et de esys-
LANGE n. m. est la substantivation (v. I 1701 de tème d’expression commun à un groupes, ainsi que
l’ancien adjectif lange ede lainen I~II”-~~I” s.1, lui- le sens métaphorique d’çobjet en forme de langue>.
même issu du latin luneus, adjectif tiré de lunu Ltngua appartient à un groupe de désignations in-
(+ laine). doeuropéennes apparentées, mais qui présentent
+ Le mot a désigné une robe de chambre en laine, de grandes divergences : sanskrit jihvh, vieux slave
une étoffe de laine (1429). Employé en particulier à jezykii, gotique tuggo (d’où allemand Zunge), irlan-
propos de l’étoffe en laine dont on enveloppait les dais tenge, anglais tongue, le grec gh%%a étant aber-
enfants au maillot ( 15381, il s’est spécialisé pour rant (-+ glose, glotte).
Gtoffe dont on enveloppe le nourrisson)>, perdant +Langue, dès le xe s., est attesté avec son sens ana-
tout rapport étymologique avec laine. oLe declin tomique, spécialement pris comme organe de la
récent de cette pratique entrtie celui de ce sens, parole; en ce sens, il a donné une phraséologie
mais lange se maintient d’une part dans ses em- abondzmte où il réalise aussi bien le sens métony-
plois techniques en gravure pour le drap dont se mique de (<personne bavarde, médisante12 : mau-
servent les graveurs en taille douce ( 16941, d’autre vaise langue (attesté 1260) sime en ancien fran-
part au pluriel, avec le sens figuré de «commence- çais <mauvais proposn puis (1528) <personne
ments, débuts+, notamment par la locution être médisantes avoir la langue bien pendue <être ba-
dans ses langes Iv. 1800) ; cf. lin / linge pour un rap- vardm (14241, kit-erlaktngue (1611, sur qqn), *faire ce
port analogue à celui qui existe entre laine et lange. geste de dérision>), donner sa Ianme au chat
b LANGER v. tr. 11869) ~emmailloter un enfants se cavouer son ignorance, 11845, aux chutsl, ancienne-
fait plus rare depuis le déclin de la pratique. ment jeter su lun@M aux chiens kwe s.3, tenir sa
langue «se retenir de parler» ( 16361, langue de vi-
LANGON -+ ANGON père (1690; d’aspic, v. 16701, intensif de mauvaise
langue, n’avoir pas sa kuzgue dans sa poche &re
LANGOUSTE n. f. est emprunté Iv. 1120, lan- bavardn 117681, etc. 0 S’agissant d’animaux, notam-
@te) à l’ancien provençal langosta ((sauterelle>> ment de mammifères, d’oiseaux et de reptiles, le
Cv. 11801 et &ngouste, crusta& (xv” s.l. Lungosta mot est usuel, au sens propre (par exemple en cui-
est issu, avec une nasalisation secondaire, d’un la- sine : langue & boeuf, absolt de lu langue, langue de
tin tardif %custa qui est lui-même probablement mouton) comme au figuré (voir ci-dessus langue GGZ
une forme altérée par dissimilation vocalkwe du tipère).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1973 LANGUIR

Le second sens du mot est lui aussi relevé dès les lanwté). Q Il a pour homonyme l’ancien français
premiers textes; il est généralement synonyme de o LANGUETER v. intr. (XIII~ sd, de langue, xbavar-
«langagen à moins qu’il ne subisse une restriction der, médiren.
apportée par un complément de détermination ou LANGUEYER v. tr. (XII~s., lmgoilerl aagiter la
un adjectif. Au début du XX~ s. 1Saussure1, langue a 1angueB est sorti d’usage. Le verbe a été repris avec
pris en linguistique la valeur de «système d’expres- la valeur technique d’«examiner la langue d’un
Sion potentiellen par oppos. à parole et discours. porc pour voir s’il est ladres (1564, probablement
Les emplois analogiques au sens d’cobjet en forme antérieurl. 0 Le sens de ((délier la langue, faire par-
de langue> sont nombreux depuis Xe XII~ s., surtout lern En xv~~s.1est sorti d’usage après le XVII~siècle.
dans un syntagme déterminé, tel langue de terre *LANGUEYEWR n.m. (1378, hngoiw-) et LAN-
(av. 1350; 1636, aphinsule>>) et, avec un nom d’ani- GUEYAGE n. m. (1465, hnguaige) ont trait à h~s-
mal, dans les dénominations de végétaux, de pection de la langue du porc.
langue de bœuf (v. 1240) à langue de chat (17651, ce LANGUIER n. m. (13533 dénomme une ancienne
dernier désignant aussi un petit gâteau sec (18671. pièce d’orfèvrerie en forme d’arbre, sur laquelle on
0 EMn, langue-de-serpent a désigné une amulette plaçait au moyen âge des langues-de-serpent In. f. ;
(voir ci-dessous languierI. déb. xrve s.) Naznulettes pour déceler la présence
F Le dérivé le plus ancien est aussi le plus impor- eventuelle de poison dans les mets%. -Lungukr a
tant et se rapporte à l’acception linguistique de été recréé (15731 en charcuterie pour désigner la
laq$e. 4 LANGAGE n. m., d’abord noté 2en@uage langue et la gorge de porc fumées.
Iv. 9801, désigne spécsquement la faculté propre à LANG~É, ÉE adj. (1450) est un terme de blason
l’homme de s’exprimer et de communiquer au quahf~ant un oiseau dont la langue est d’un autre
moyen d’un système de signes produits par la pa- émail (couleur) que le corps.
role ou par une écriture et, par analogie mais de ‘@ Voir LINGOT. LINGUEJE.

manière abusive, les formes d’expression des ani-


maux (v. 1130). Dès le XII~s. et jusqu’à l’époque clas- LANGUEUR n. f. est issu (av. 1130) du latin lan- o>
sique, le mot a désigné la parole, le discours guor ufaiblesse, abattement, lassitude, inactivité,
Iv. 11311,parfois avec la valeur péjorative de <<bavar- mollessem, de lunguere (-, hnguir~.
dage, verbiagen Exrv”s.), avant de ceder cet emploi à $ Le premier sens, &kiblissement physique rédti-
parole. Il a aussi désigné la manière de s’exprimer sant les forces de qqnn, le cède en grande partie
propre à un peuple, à un pays Cv.11381 avant de re- aux sens recouvrant une notion moins physique :
culer dans cet emploi devant lwgue, tout en se depuis 1180, la langueur se défit comme un état
maintenant à propos de la manière de s’exprimer d’abattement dû à la passion amoureuse et s’expri-
propre à un individu ti XII~s.), un groupe (1669, mant dans l’attitude et les regards ( 1670, Rxinel.
me profession, d’oti, au propre et au figuré, des 0 Vers 1580, Montaigne emploie le mot au sens de
syntagmes tels que langage diplomatique Ix~~s.3. *mollesse, paresse” et, depuis 1765 (Rousseau), Zan-
0 Il concerne spécialement l’emploi particulier gueur indique un état de tristesse douce, vague et
d’une langue envisagée sous son aspect formel rêveuse. 0 Par métonymie, il s’est appliqué à une
IV. 13611, du point de vue de la correction, du re- chose qui inspire ce sentiment (paysage, climat) et,
gistre, et (1587) par rapport aux idkes exprimées et pkjorativement, à une œuvre de l’esprit manquant
au contenu de la communication : tenir tel langage de force et de chaleur Iv. 17001 ou à une activité
à qqn (16471, le Eunguge de, suivi d’un nom abstrait. konomique qui stagne E17801. Tous les emplois
0 Défini linguistiquement au XVII~s. comme LUIsys- sont d’un usage soutenu.
tème de signes plus ou moins complexe serva,nt 51 ~Son dérive LANGOUREUX,EUSE adj. (xIu%.;
l’expression et à la communication 116621, langage 1050, langerus ({malade, soufkant4 se réfère le plus
s’emploie par extension, d’une mtière plus ou souvent à un état de lmgueur amoureuse Iv. 13751,
moins flottante, à propos d’un ensemble de signes s’appliquant soit à un être, soit à une chose qui sus-
formant système (18673, par exemple dans le lan- cite ou évoque la langueur amoureuse (17041. + Il a
guge des parfums, des couleurs. + Son dérivé LAN- pour dérivé LANGOUREUSEMENT adv. (CII
GAGIER, IÈRE adj . (13821 a été employé au sens de xwe S.I. De nombreux dkivés et prékés, en usage
<bavarda jusqu’au XVII~s.; il a été repris à une date entre le XII” et le XVII~s., ont disparu, remplacés par
récente dans l’acception didactique <relatif au lan- languide” et le groupe de languir”.
gage, à l’emploi que l’on en fait, (19411 et, substan- 6 voir LANGUIDE. LANGUIR.
tivé, d’abord au Québec, pour ~spkialiste des pro-
blèmes de langage et de terminologie (dans un LANGUIDE adj. est emprunté (1523) au latin
organisme, une entrepriseIn. * L’adjectif a produit lunguidus *a&ibli, mou, inactif, amollissant», de
LANGAGIÈREMENT adv. kttesté 1978). languere aêtre nonchala& C-+languir).
LANGUETTE n. f. cv. I 193, languete), proprement + Le mot qutie d’abord une personne faible, en
Hpetite langue>, s’est spécialisé dans des sens état de langueur, puis (1596) ce qui est empreint de
concrets analogiques : il désigne (13141 un objet en langueur. Il a Sign%é aussi <paresseux en amow
forme de langue, en particulier l’aiguille du fléau (1583). Son usage actuel, assez archa,ïque, est mar-
d’une balance ( 15301, le tenon d’une planche en- qué stylistiquement par rapport à celui de EU~@.&
trant dans une rainure C15731, la lame mobile d’un sunt, moins littéraire.
instrument à anche, d’un tuyau d’orgue (1811).
+Son dérivé 0 LANGUETER v. tr. signifie afaire LANGUIR v. intr. est issu (XI~s-1du latin tardif o>
une hguette à la rive d’une phche~ (1867; 1812, languire Capr. le vres-1,altération du verbe classique
LANIÈRE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

Zanguere &tre laguissant, abattu, nonchalant, latin Zunu (+ laine), de -ol, du latin oleum (+ huile),
mou>>, issu d’une racine indoeuropéenne expri- et -in. L’anglais laflolin, attesté en 1885, a pu servir
mant un relâchement, que l’on retrouve à la base de modèle.
de Eûcher” et de laisser”. + Le mot désigne une matière grasse extraite du
+Languir a vieilli avec son sens premier, &re suint de la laine des moutons et utilisée en phar-
abattu par une peine épuisante, tiaiblissant le macie et cosmétologie.
corps et l’esprit>, pour s’employer spécialement au
sens de asouffrir les tourments de l’amour, dép&irn LANSQUENET n. m. est emprunté Iv. 14901,
II 1401, en relation avec langueur, langoureux, et avec francisation de la fmale, à l’allemand Landsk-
dans faire languir (1288) Nfaire so&-ir (l’être qui necht ~fantassiw, littéralement <<serviteur, compa-
aime) ». - Depuis le moyen franqais (13501, il signifie gnon du paysm (Commynes, VIII, 21: NLansquenetz,
aussi «manquer d’ardeur, de forces, en parlant qui vault autant à dire comme compaignons de
d’une chose et, en particulier (1660, languissant), païs))). Le mot est composé de Land <<terre, pays>>
d’une œuvre de I’esprit. Appliquée a une personne, b lande) et de Knecht <valet, serviteurB, terme cor-
l’idee de «s’ennuyep ( 1636) a vieilli ; le mot entrait respondant à l’anglais knigkd et au néerlandais
dans la construction qui précise languir d’enmi Iznecht, et dont l’étymologie reste obscure.
II 694). 0 Seul faire languir Kfaire attendre long- + Nom d’un fantassin allemand servant en France
tempsn (16451 survit, avec l’idée de Ndésirer forte- comme mercenaire aux xve et Me s., lansquenet est
mentb, dans les constructions languir de ( 1465) et devenu par métonymie celui d’un jeu de cartes
laqguir après (16711, également se languir de dans (1542) : ce jeu a été introduit en France par les lans-
le sud de la France +oufEir de l’absence de (qqn)». quenets et il a connu une certaine vogue dans les
Loin du arelâchement> étymologique, le mot ex- milieux populaires jusque vers 1870.

0\/
prime alors un état psychologique fait de tension
entre le désir et l’absence; il est assez littéraire, LANTERNE n. f. est issu (1080) du latin lan-
sauf régiondement. tewlu, lui-même emprunté, peut-être par un inter-
médiaire étrusque à en juger par le suffure -emu,
b Son participe présent adjective LANGUIS- au grec lump& <<vaseà feu où l’on brûlait des
SANT, ANTE (1180, languissan) reprend les sens torches de résine ou du bois secn, d’oh &rnbeau)~,
principaux du verbe : “qui se languit d’amourn et &mpe)j, de lampein ((être lumineux, briller% dont
(v. 12801, aqui manque d’animation» (14871, plus ra- un dérivé à donné lampe*.
rement <<qui est anémié, sans zèle)) Cl4871 13 lan-
guidel. Son sens le plus actif, <<tourmenté par une +Lanterne, employé dès les premiers textes avec
violente passionn (15381, est sorti d’usage. oll a son sens usuel, entre dans quelques locutions dont
produit LANGUISSAMMENT adv. (15731, de nos prendre des vessies pour des Jantemes, déjà attes-
jours très littéraire OU archaïque. -LANGUISSE- tée sous la forme Vendre tecks par lanternes vers
MENT n. m. (XIV~s.) aétat de celui qui languitn a, 1210, et qui a subi l’influence d’un sens figuré de
lanternes *contes absurdes, ridiculesm très vivant
comme d’autres noms d’état (languis n. m., langui-
entre le xvre et le xv@ siècle. 0 D’anciens sens par-
son n. f.), disparu au profit de langueur.
ticuliers se conservent dans des expressions, tel ce-
Le prétie a- a servi. à former ALANGUIR v. tr.
lui de afanal placé sur une potence pour l’éclairage
(1539) «rendre languissa&, erendre langoureuxp et
à la forme pronominale ase remplir de langues>. de la voie publique& (XVI” s.1,réalisé dans le refrain
+Il a produit ALANGUTSSEMENT n. m. (1552, en révolutionnaire les Aristocrates à Zu lanterne!, et
dans mettre à la Ianterne (1789) <<pendre qqn (en se
médecine) qui semble avoir été inusité au XVII~ et
servant des cordes des réverbère+. 0 L’emploi du
repris au XVI~I~s. (Roussead. *Plus vivant au parti-
mot pour désigner l’appareil d’éclairage d’un véhi-
cipe passé ALANGUI, IE adj., ce verbe et son dé-
rivé sont eux aussi d’un usage littéraire ou du cule (18351, désuet depuis le succès de phare, sub-
siste dans l’expression lanterne rouge qui fait allu-
moins soutenu, et parfois ironique.
sion à la lanterne rouge à l’arrière du dernier
LANIÈRE n. f. est dérivé (11601, à l’aide du suf- véhicule d’un convoi. 0 Le mot désigne aussi 11685)
fixe -ière, de l’ancien français lasne de même sens un ancien appareil de projection hnterne ma-
(erres.), mot issu par métathèse, sous l’influence de giquel. +Depuis le me s., lanterne a recu quelques
laz <<lacet-, de l’ancien “nusle. Celui-ci, restitué par emplois analogiques, notamment en architecture
le wallon nale aruban, et le dérivé nalière (XIII~s.1 ( 1546) où il désigne une sorte de tribune d’où l’on
«lacet de cuir-, représenterait le francique “nastila voit sms être vu et ( 1559) un dôme vitré surmontant
-lacet)> (allemand de même sens Nestel) dont la ra- un édifke pour l’éclairage par en haut. * Certains
cine ona.st- se retrouve dans le latin nodus sens techniques sont vieillis mais on peut signaler
(-+ nœud). P. Guiraud propose d’y voir plutbt le dé- en zoologie k&erne d’Aristote ( 1805, Cuvier, lan-
rivé du latin 2acinia <<morceau d’étoffem, de lacere terne), dénomination de l’appareil masticatoire des
{{déchirep (+ lacérer). oursins, dont Aristote avait noté la ressemblance
+ Le mot, qui designe une longue et étroite bande avec une lanterne.
de cuir et de toute autre matière, est employé par b Le mot a produit des dérivés aux valeurs parti-
extension à propos de toute bande longue et culières : LANTERN~ER n. m. EV.12603 «fabricant de
mince, lantemesn, qui a pris sous l’influence de lanterne
aconte absurden le sens figuré de udébiteur de fa-
LANOLINE n. f. est emprunté 118901 à l’alle- daisesa (fin me s.1 et ahomme irrésolu>> (15871, dis-
mand Lanolin 10. Leibreich, av. 18851,mot formé du paru après le XVII~siècle.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1975 LAPIDER

Le verbe familier LANTERNER v. intr., employé en + Le verbe est employé à propos d’un animal et, par
moyen knçais au sens érotique de <se livrer à la analogie (v. 12003,d’un homme qui boit en aspirant
sodornien ( 13921,d’après lanterne «pénis= Rabelaisl, avec la langue. Il comporte alors souvent la nuance
a été très vivant aux xwe et XVII~ s. avec les sens figu- familière de xboire avidement (de l’alcool)>~ Iv. 12001,
rés d’&tre irrésolu, indécis à a& 115461,surtout assumée plus tard par lamper Ici-dessous).
régional, puis afaire attendre qqn en lui contant des b En sont dérivés LAPEMENT n. m. CI61 11, le nom
futilités- (av. 16603.Ces valeurs proviennent du sens d’agent LAPEUR,EUSE (XX~~., aussi LAPPEUR) et
figuré de lanterne Ici-dessus). oLe verbe a pris, LAPÉE n. f. désignant une quantité de liquide
pendant la Révolution, le sens de apendre à la lan- qu’on peut boire en une fois.
ternes (17901,lié à la Terreur. +Il a produit LAN- La variante nasalisée LAMPER v. tr. (16421,d’usage
TERNERIE n. f. (1542) et le synonyme plus récent d’abord familier au sens de «boire avidementn est
LANTERNEMENT n. m. (1869) *fait de faire at- aujourd’hui spécialisée et démotivée par rapport à
tendre, de traînera. laper. Il a subi l’influence de lampe”, attesté un peu
On a appelé LANTERNISTES n. m. pl. (1696) les plus tard pour aestomac (qui reçoit un liquide&.
membres d’une Académie de Toulouse qui se ren- +Le verbe et son dérivé LAMPÉE n. f. (1678) «gor-
daient avec une lanterne à leurs réunions noc- gée bue avidement3 sont probablement influencés
turnes. 4 LANTERNEAU n. m., diminutif mascuIin par le sens figuré de lampe Restomac>> (s’en mettre
de lanterne (qui a donné le féminin lanternelie, plein la lampe).
15561,est enregistré en 1721au sens technique de
<<chaussée pratiquée dans les marais salants», sorti LAPEREAU e LAPIN
d’usage au XE~ s. (apr. 1856). 0 11 s’est spécialisé en
architecture pour une petite tourelle à colonnettes
LAPIDAIRE n. m. et. adj. a été formé savam-
ment comme nom (v. I 1211selon un type latin lupi-
au-dessus d’un dôme (18401, une petite cage vitrée
datius attesté au XIII” s. comme dénomination d’un
au-dessus d’un escalier (1894). + Il partage ces sens
traité sur les propriétés des pierres précieuses. Ce
avec LANTERNON n. m. ( 17581, doublet d’usage
moins technique que littéraire. mot, qui désignait aussi le tailleur de pierres, est la
0 voir LAMPADAIRE, LAMPE.
substantivation de l’adjectif lupidarius <<de pierres,
chargé de pierres, taillé dans la pierreu, dérivé de
LANTIPONNER v. intr. est composé ( 1666) de lupis apierren et «objet en pierren (+ lapis-lazuli),
lent*, avec influence de lunterPter*, et de ponner, re- mot qui a été supplanté par petru (+ pierre).
présentant transformé du latin ponere aposerm + Le nom désigne d’abord un traité sur les proprié-
(+ ponant, pondre, poser). tés des pierres, dans le cadre des grandes compila-
4 Le verbe, relevé pour la première fois chez Mo- tions encyclopédiques médiévales (cf. bestiaire).
lière Ke Médecin malgré luil, a eu le sens de <faire 0De nos jours, il désigne la personne qui taille les
les choses maladroitement, harceler en tiraillant* pierres précieuses et semi-précieuses (1263-12701
(jusqu’au xvme s.l. Il s’est implanté avec la valeur de et, depuis 1840, un instrument, une meule dont se
Nperdre son temps en discours inutiles, en &n- servent les polisseurs d’acier. *L’adjectif, repris
temess, tenir des propos sans intérêt» (17181, quel- (XVI~ s.) au latin avec le sens de Nrelatif aux pierresn,
quefois avec la nuance de *tergiverser, faire des ti- a développé ultérieurement, par l’intermédiaire de
ficuItés*. IX est alors synonyme de formations style lapidaire (1704)<style des inscriptions gravées
dialectales telles que Eanticaner, Zantibardaner sur la pierre}}, le sens figuré de #concis, succin&
(Lyon, Macon), et lantibemer (Chablis, Villeneuve- (1797). Par glissement, celui-ci a rew la valeur sup-
sur-Yonne), et il a vieilli, puis disparu au XIX~ siècle. plémentaire de afrappant, percuta& (18401, évo-
w Le vieillissement de lantiponner entraîne celui de quant à la fois une formule nerveuse, bien frappée,
ses dérivés, LANTIPONNAGE n.m.(16661et~~~- et l’image du jet de pierres (-, lapider).
TIPONNIER nm. (1694). w Le mot a produit LAPIDAIRERIE n. f. Iv. 1876)
Nindustrie du lapidaire)) et l’adjectif LAPIDAIRE-
LAPALISSADE n.f. est dérivé 11861, Gon- MENT adv., tous deux rares.
court) du nom de Jacques de Chabannes, seigneur @ voir LAPIDER, LAPILLI.
de La PcLlice ou La Pulisse ( 1470-15253 sur lequel on
fit, à une époque mal déterminée, une chanson de LAPIDER v. tr. est emprunté Iv. 980) au latin la-
forme naïve qui fmissait ainsi : «Un quart d’heure pidare «tuer à coups de pierres=, de lapis <pierreB
avant sa mort, il était encore en vie)>. I-, lapidaire, lapilli).
+ Le mot est synonyme de l’expression vérité de Ea 4 Le sens initial de <<tuer à coups de pierres>) se rap-
Palisse wkité trop évidenteD. La notion correspond porte d’abord, d’après la Bible, à un type de peine
ntivement au concept logique de jugement analy- capitale autorisé par la loi juive. Par a&iblisse-
tique. ment, lapider Sign%e aussi &apper avec des
pierres, attaquer en jetant des pierres», mais son
LAPER v. tr. est dérive Iv. 1165) d’une onomato- sens figuré, Mmaltraiter en paroles, injurien (15491,
pée lap- traduisant le bruit du lapement. L’hypo- est sorti d’usage au profit de la locution équivalente
thèse d’un emprunt aux langues germaniques cal- jeter la pierre. Son extension à d’autres pratiques
lemand Zuppen, moyen néerlandais lapen, mglais violentes, adévaster* Iv. 13801et 4orturer)>, a tourné
to lap) n’est pas nécessaire, le mot existant égale- court.
ment dans plusieurs langues romanes (génois des dérivés LA~IDEMENT n. m.hes.) et LAPI-
luppa aboire», andalou &DO cgorgéem). DEUR, EWSE ri. (1611, hpidour) ont eu du mal à
LAPILLI 1976 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

s’imposer, concurrencés par LAPIDATION n. f. dans certains patois (Alpes-Maritimes, Suisse ro-
I~II” s.1 =massacrem, puis (1611) *action de lapidep, et mande).
LAPIDATEUR, TRTCE n. (14871, empruntés respec- +Lapin, nom d’un petit mammifère rongeur très
tivement au latin Zupidatio et lupidator. Tous ces prol%que, a détitivement éliminé connin, connil
mots sont didactiques. au XVII~siècle. ll a récupéré une partie des valeurs
Le Composé DILAPIDER v. tr. (12201 a été em- symboliques de lièvre, évoquant un comportement
prunté au latin dilapidare qui, peu employé au sens peureux, fuyard. +C’est aussi à partir du ~II~ s.
propre de Ncribler de pierrew, avait développé le qu’il a développé quelques valeurs métaphoriques :
sens figuré de <gaspiller)), tr$s répandu à basse le féminin lapine y a commencé de s’appliquer à
époque et dans la langue de 1’Eglise : la métaphore une femme particulièrement féconde (1649, Scar-
est analogue à jeter, lancer (par les fenêtres) avec ron1; le mas0 lapin s’est dit en parlant d’un
l’idée de dissémination. +Dilapider, comme ses dé- homme gaillard, actif, résolu ( 17901, spécialement
rivés DILAPIDATEUR n. m. ( 1433, rare av. fm dans l’argot militaire (1809). +Par allusion aux
XVIII~ s.) et DILAPIDATION n. f. ( 1465, rare av. 17621, cages exiguës dans lesquelles on entasse les lapins,
également empruntés au latin, réalise seulement le mot a désigné un voyageur pris en surnombre
cette idée de agaspillages. dans les voitures publiques ( 17831, d’oti au xrxe s. un
voyageur dont le déplacement n’est pas inscrit à un
LAPILLI n. m. pl. (17562, rare av. le XD? s.,
compteur et dont le conducteur empoche les six
d’abord la@20 au singulier 11824) puis lapilli avec
sous 11876). Ce sens argotique, sorti d’usage, est à
généralisation du pluriel (18341, est emprunté à
l’origine de l’ancienne locution faire cadeau d’un
l’italien lapillo employé en vulcanologie dès le
lapin ù une fille <ne pas payer ses faveurs>) ( 1878-
XVI~s. par spécialisation du sens de *petite pierreB.
18791, mod%ée en poser un lapin (18811, variante
Ce mot est emprunté au latin Zupillus, diminutif de
qui s’est répandue dans l’usage familier avec le
lupis cpierrem (-+ lapidaire, lapider, lapis-lazuli). La-
sens de me pas &tre au rendez-vous convenu=
pillus avait donné le français lapille, latinisme très
118881.4 La fécondité de l’animal a inspiré l’emploi
rare, attesté en 1568 et 1628.
de Zupk dans un contexte érotique, d’abord dans
+ Le mot a été repris à propos des petites pierres l’argot du collège 11858) puis dans l’expression po-
projetées par un volcan. ll désigne aussi les tufs pulaire chaud lapin 119281, probablement favorisée
ponceux désagrégés. par l’existence antkieure de la locution chaud de
b 11 a pour composé LAPILLIFORME adj. 118731, lu pince 118661,de même sens, oti pince représente
formé avec l’élément -fomze* pour qualifier des le membre viril. *La référence à la rapidité de
matériaux dont la structure et la forme rappellent l’animal poursuivi par les chasseurs a suscité cou-
les lapilli. rir comme un lapin (18091, et la façon dont on tue un
lapin en l’assommant par un coup derrière la tête
LAPIN, INE n. est issu en moyen tiançtis l’expression coup du lapin IlSSOL
h. 1450) de lapereau par changement de finale,
b LAPINER v. intr. (1732) <<mettre bas, en parlant
l’élément -irt pouvant provenir de connin, variante
d’une lapine)> a reçu en argot le sens métaphorique
de connil Nlapiw. LAPEREAU, d’abord lapriel
d’tiaccroître démesurément sa famillem (1907).
(13301, Zapekus au pluriel 11376) puis Jappereaux
Iv. 13931, est issu d’un thème ibéro-roman “Zappa + LAPINIÈRE n. f. 11762) désigne le lieu peuplé de
<pierre platen, à l’origine du portugais lupu <croche lapins et (18731 l’endroit où on en élève, le clapier.
+ LAPINISME n. m. a été famé ironiquement sur
saillante, caverne, grotte- (907 dans un texte latin)
le modèle des termes didactiques en -isme (ti s.1
et d’autres formes du domaine ibérique que l’on
pour indiquer la fécondité excessive d’un couple,
trouve à la base du portugtis lapuro alapereau=,
d’un groupe humain.
dialectal Zupouço, etc. La localisation des pre-
Quant à LAPEREAU n. m., dont on a vu qu’il était à
mières attestations du mot dans l’extrême nord du
domaine gallo-roman, et non en lbérie, a été expli- l’origine de la série, il a reculé devant l’usage très
quée par le fait qu’on y faisait probablement com- courant de lapin, mais s’est maintenu en fiançais
moderne, dès lors senti comme un dérivé dîminu-
merce par voie de mer des peaux de lapin, ces ani-
tif, pour «jeune lapinn. 11est usuel en cuisine.
maux étant très abondants sur le territoire
ibérique. L’évolution de sens résulte d’une métony-
mie, du nom du terrier à celui d’<wiimal. de ter- LAPIS-LAZULI n. m. est emprunté (me s-1au

rier». P. Guiraud, contestant cette hypothèse, rat- latin médiéval Zupis lazuli ke s.l. Le premier élé-
tache le mot à l’ancien français Eaptil, au portugais ment de ce composé est lapis <pierre» (-+ lapidaire,
luparo, du latin leporellus Rlevreaw (+ lièvre), le pe- lapider, lapilli), <objet rappelant la pierrem, mot sans
tit lapin étant assimilé au petit lièvre; il invoque correspondant dans les autres langues indoeuro-
pour la forme lapin. un croisement avec le verbe Zu- péennes, éliminé par petru (k+ pierre). Le second
élément est le génitif du latin médiéval lazulum
per* au sens de «manger avidement*. *Le mot
apierre tic d’un bleu azurn, lui-même emprunté à
s’est substitué à l’ancien fknçais connin, d’abord
connd, issu du latin cu~ZcuZus, mot de forme dimi- l’arabe populaire “l&zürd, correspondant à l’arabe
nutive qui, selon Pline, serait d’origine espagnole, classique Züzawurd, Zûzuward de même sens, em-
et qui vit dans l’espagnol conjo et l’ancien proven- prunt au persan ZGward I-i azur).
çal conilh. Le mot a disparu au XVII~s. à cause des + Le mot désigne une pierre tic d’un bleu azur em-
jeux de mots obscènes qu’il occasionnait depuis ployée en bijouterie ; la forme abrégée LAPIS n. m.
le XII~s. I-+ con) et ne s’est maintenu que E1580) est aussi employée avec une valeur adjective
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1977 LAQUE

pour la nuance de couleur bleue évoquant celle de fluence de l’ancien provençal lecai CgourmandB
la pierre. (voir ci-dessous) pour expliquer le s-e -ai, mais
F LAZULITE n. f. (17951, dérivé de lazuli, désigne cette hypothèse se heurte à un problème chrono-
cette même pierre. logique. On a aussi proposé d’y voir un empruM au
catalan alacay, qui serait lui-même issu de l’arabe
LAPON, ONE adj. et n. est emprunté au latin a1 qü’id 4e chefs (+ ctid); le mot est en effet ancien
médiéval Lapa, mis, lui-mt5me pris au suédois lapp, en catalan (1470, Zacuyo; 1490, alacayol ainsi qu’en
pris à cette langue. espagnol Idéb. xve s., lacayol mais la forme catalane
+ Le mot (attesté dès 1584) qutie ce qui appartient alacay n’est attestée qu’en 1558 au sens de adornes-
à la Laponie, région du nord de la Norvège, de la tique=, et l’étymon arabe fait dif&ulté d’un point de
Suède et de la Finlande peuplée par des finno- vue phonétique. a, on y a vu un emprunt à l’an-
ougrîens. Le lapon est le nom de leur langue. cien provençal Zecui Nglouton, aviden, de Eec6Vur
aléchern (+ lécher), en s’appuyant sur une intéres-
LAPS n. m, est emprunté (1266) au latin lapsus sante documentation dialedale tessentieflement
I+ lapsus) <mouvement de glissement, d’écoule- basque); mais il y a là aussi un problème phoné-
ment, de course rapiden, spécialement en parlant tique, le a initiai des formes anciennes ne pouvant
du temps (lapsus temporis, we s.l. s’expliquer que par des contaminations. Les pre-
+ Le mot est très rare en emploi isolé, mais laps de miers emplois du mot appuient l’hypothèse cata-
temps <<durées (12661, d’ailleurs non analysé et dé- lane.
motivé, reste usuel. Les sens non temporels + Le mot a d’abord désigné un soldat catalan, un ar-
d’aécoulement (d’une fontaine)» (1564) et de <chute» balétrier, puis un courrier dans l’armée (1.527). Il
(1611) sont sortis d’usage à l’époque classique. s’est fixé avec son sens moderne de =Valet% 115471,
donnant parfois lieu à des emplois péjoratifs : men-
LAPS US n. m. est emprunté savamment (1826;
teur comme un laquais (1736) a disparu, avoir une
peut-être 1630 dans lapsus calami, selon Bloch et
âme de laquais est archaïque. Le mot a eu le sens
Wtiburg) au latin Lapsus, proprement Maction de
de anègre littéraire=. Il est aujourd’hui connoté
trébucheru, au figuré -erreur» dans lapsus calami,
comme historique et ne s’applique, sauf méta-
memoriae, Zinguae, génitii% des mots calamus nro-
phore, qu’aux XVI~,me et XVIII~s., à l’exception des
seaw t+ calame, chalumeau), memotia (+mé-
l-ais en livrée, ou ;i la fraqise dont on parle en-
moire1 et linguu (+ languel. Lapsus est le participe
core pour le xrxe et le début du XX~s. Ien concur-
passé substantivé de Zabi @isser, tomber>>,
rence avec valet, qui le remplace).
Ncommettre une fauten. Aucune des parentés aux-
quelles on a pensé pour ce verbe ne satisfait, à b LAQUÉISME n. m. (17041, antérieurement la-
moins de recourir à un groupe de mots expressifs, quaiMe (16101, =Condition de laqua%, est inusité.
à fortes variations de forme et de sens, ce qui per-
mettrait peut-être de le rapprocher de labor atra- LAQUE n. f., réfection 11500) de lache kve s.1,est
va% (Ncharge sous laquelle on chancelle>?) I+ la- un emprunt à l’arabe lakk, lui-même pris au per-
bour]. san Idk, lequel est emprunté au sanslsrit Zfikg& Ce
+ Le mot a été introduit pour désigner une défail- dernier est glosé par &.che, marques et aussi «cent
lance de la mémoire flapsus memoriael puis, plus millen (pour *symbole de cette quanti&4 ; par suite,
couramment, une faute que l’on commet par inad- il désigne la cochenille-laque par allusion à son
vertance, en écrivant (lapsus calami, 1836; peut- pullulement et, par métonymie, la sécrétion rési-
être 1630) ou en parlant ( 1855, hpsus bguuel. La neuse rouge de certains arbres d’Extrême-Orient
vulgarisation de la psychanalyse tieudienne, où le provoquée par la piqûre de cet insecte. L’ancien
lapsus est un symptôme important, assure le suc- provençal a le mot laca dès le XIII~s.; on notera que
cès du mot, employé absolument, au ‘we siècle. les deux sens du sanskrit se sont maintenus dans
les emprunts faits par l’anglais au hindi lac pour la
w COLLAPSUS n.m. est un emprunt médical
matière résineuse Ixvr” s.1et lac ou lakh pour <cent
(1785) du latin collapsus, participe passé de collabi
mille>> Iu Zac ofmpees (cent mille roupies4
<<tomber d’un bloc, s’a%isser~, composé de con- et
de labi. Le mot s’emploie en pathologie pour une + Le mot désigne une résine d’un rouge-brun, pro-
chute subite des forces provoquant un état proche duite par la piqûre d’un insecte, qui s’echappe de
de la syncope. Par extension, il renvoie à un état de certains arbres de la famille des Térébinthacées,
grande faiblesse physique ou morale. quelquefois en apposition dans gomme-laque.
@ Voir LABILE, LAPS, LASSE.
~Par métonymie, il désigne (1718, alors le plus
souvent au masculin) un vernis noir ou rouge pré-
LAQUAIS n. m., d’abord attesté dans le sud- paré en Chine ou au Japon avec cette résine et ap-
ouest de la Frmce 11470,Zaquaiz au pluriel), en par- pliqué sur des objets et par métonymie ( 1738, au fé-
ticulier sous des variantes pr&xées (1477, ha- minin; 1803, au masculin) cet objet d’art enduit.
lams, alagues, alucays), est d’origine obscure : en 0 Par analogie, il s’applique dès le xvre s. à un ver-
s’appuyant sur les formes Zuquet avalet de pied>> et nis coloré, une peinture transparente utilisée
halague, on a invoqué un emprunt au turc uluq comme la laque (15481 puis aussi une préparation
Mak en orthographe moderne) (courrier», peut- culinaire de couleur rouge qui enduit un mets
être par l’intermédiahe du grec byzantin oulakês. 118961, et un produit capillaire qui fixe la chevelure
Cette origine exotique exigerait des preuves plus 119571,ce produit ayant été inventé aux États-Unis
convainca&es. Bloch et Wartburg y ajoutent l’in- en 1955 et employé en France en 1956.
LARBIN 1978 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

b LAQUÉ, GE adj. (1830) qualifie ce qui est recou- pellations injurieuses croisant deux métonymies :
vert de laque (avec tous les sens de ce mot); par la graisse, comme la peau, sert en effet à désigner
analogie, il décrit ce qui est brillant comme de la l’individu et le mot, de plus, désigne le porc, valeur
laque (18951, s’appliquant spécialement, dans la dont témoigne la locution tête de Iard 4ête de co-
cuisine chinoise, à une viande enduite d’un cara- chon)). Le sens de {tcochonb est encore vivant en
mel rouge brillant (1907, canard laqué). - Le verbe fkançais du Canada. ~Les syntagmes culinaires
LAQUER v. tr., enregistré en 1867, correspond à lard gras (xv” s.), petit lard (1680) et gros lard (1867)
aenduire de laque ou d’un vernis brillant>~. +LA- sont techniques; le dernier est connu par un em-
QUEUR, EUSE n. (18751, nom d’ouvrier-artisan (on ploi métaphorique injurieux à l’adresse d’un
dit aussi LAQUXSTE, 1924) et @LAQUAGE n. m. homme. -Par malogie, le mot s’applique à la
(18811 ont trait à l’opération consistant à laquer un graisse des céta&s, à la partie de l’arbre sous
objet d’art. +Sang laqué 119001, «dont l’hémoglo- l’écorce, à un talc blanc (1765, pierre de lard).
bine a été libérée par hémolysen, a donné un nou-
b Le dérivé LARDER v. tr. Iv. 11551 est employé en
veau dérivé 0 LAQUAGE n. m. (1920, laquage des
cuisine pour «introduire dans (une viande) des
hé~natks) désignant cette opération.
morceaux de lardn et par analogie 11393) “piquer
d’ingrédients divers>. 0 Il a développé dès l’ancien
LARBIN n. m., 118271 est d’origine obscure,
français quelques acceptions analogiques; le sens
peut-être issu d’une altération, avec agglutination
de l’article déti, de l’argot habin XchienB ( 14603,
de “piquer, transpercep) (1176-I 184) s’est long-
temps employé dans l’usage familier, au propre et
lui-même variante de hapin (1725) dérivé de hup-
Iv. 12303 au figuré. Celui de “garnir-2 Cv.1200) s’est
per* *attraper par la gueule=. L’évolution séman-
maintenu en style littéraire, en particulier avec la
tique est normale, mais l’écart chronologique et la
forme sont inexpliqués. Cette hypothèse fait rap- valeur péjorative aémailler (un texte) de citations
procher le terme d’hublnem désignant une catégo- trop fkéquentesB ~VIII~ s.l. Tous ces emplois ont
rie de gueux qui prétendaient avoir été mordus par vieilli. *A partir du xwe s., le verbe a reçu plu-
des bêtes enragées et qui disaient faire un pèleri- sieurs sens spéciaux procédant du sens de cpiquern
nage à Saint-Hubert (156 1). On note en effet hubins et de agarnirs : il s’est employé en ma,rine ( 1678 ;
(16263 en ce sens, et hubin achien> (17281, puis lubin 1694, larder lu bonnette), au jeu dans larder urne
adomestiques. P. Guiraud évoque une forme labtin carte 4introduire fkauduleusement dans un pa-
avec métathèse du r, forme de Zubrit (xx” s. ; 1877, lu- quets 116901, puis dans des techniques comme le tis-
bry) *chien de berger du midi de la France*, de La- sage (17651, la rubanerie (17651 et la typographie
brit, nom du chef--lieu du canton des Landes. En fait, (1794, copie lardée d’italiques), ainsi que pour cpi-
aucune explication n’est satisfaisante. quer (une pièce de bois1 de multiples clous pour
faire tenir le plâtre qu’on y appliquem (1867). 4Le
4 En moins d’un demi-siècle, le mot est passé du
verbe a produit LARDOIRE n. f. t13891, nom d’une
sens de cmendiant)> à celui de adomestiquen (18291,
petite broche servant à larder une viande, employé
prenant comme laquais” la valeur péjorative
par analogie et en technique pour un fer en forme
d’Nhomme setien (18721, usuelle.
de sabot dont on arme un pieu (1730) et un éclat de
,II a produit LARBINAGE nm. (XX"~.) et LARBI- bois qui reste parfois f& à la souche d’un arbre
NISME n. m. (attesté 19621, d’usage rare. La série abattu (1867). + LARDAGE n. m. (13311, nom d’un
est populaire, puis familière. ancien droit féodal perçu sur le lard, est devenu le
nom d’action de larder, acception qui paraît tardive
LARCIN n. m., d’abord Zurrecin (11303, puis lar- (19021. + LARDURE n. f. (1530) a eu le sens de cmor-
cin (12461, est issu du latin lutiocinium ~vol & main ceau de lard> qui a disparu; il a été repris (1785)
armée, brigandage+, lui-même dérivé de 2utio avec l’acception technique de adéfaut dans un
t-b larron). étoffe de lainefi, d’après larder spécialisé en tissage.
4 Le mot désigne un vol, surtout de nos jours un vol Le préhé verbal ENTRELARDER v.tr. k11~s.1 a
minime, et par métonymie l’objet volé. Il a donné suivi la même évolution sémantique que larder, ac-
l’ancienne locution en larcin aen cachette, furtive- quérant dès le XIII~s. le sens figuré d’cintercaler, en-
ment=, employée du XII~au xve siècle. Les sens figu- tremêlerm qui est resté plus vivant que l’acception
rés de afaveur obtenue auprès d’une femmem correspondante de larder. 0 Il a produit ENTRE-
(av. 1566, les lurcirts d’amour) et d’aemprunt a un LARDEMENT n.m. (15321, rare. +DÉLARDER
auteur, plagiat, ( 1615) ont disparu après l’époque v. tr. ( 1690) sime &er les lards de (une pièce lar-
classique. dée)>>.
Un autre dérivé ancien de lard est LARDON n. m.
LARD n. m. est issu (v. I 180, Eartl du latin Zurdum, (XII~~s.1 apetit morceau de lard Isurtout employé
contraction de luridum <graisse entre la peau et la pour larder la tiande)~. Ce mot a développé plu-
chair des mammifères», sans étymologie éclaircie. sieurs sens techniques, notamment au jeu 117131.
4 Le mot désigne plus particulièrement la graisse +Parmi ses sens figurés, celui de araillerie, bro-
ferme qui se trouve entre la chair et la peau du tard» (14661 est sorti d’usage après l’époque clas-
porc, dont on fait un usage alimentaire. Dès le sique. Q Celui d’~enfant~ Iv. 1878, en argot) est vi-
XII~s., il est employé familièrement à propos de la vant dans l'usage populaire. -LARDONNER v.tr.
graisse humaine Iv. 11801, surtout dans des lo- (1422), employé anciennement au sens de agarnirp,
cutions comme &otter son lard <faire acte charnel>) s’est limité aux sens de cgarnir de lardons+ (1606) et
115341, faire du lard (16 111 ~grossîr» et dans des ap- de Mcouper en lardonsn ( 18031, en cuisine.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1979 LARGUER

LARE n. m., le plus souvent au pluriel les lares btikr large) et dans les locutions en large adans la
114881, est emprunté au latin Lares, pluriel de Lar, dimension de la larges (15801, en long et en large
nom d’esprits tutélaires considérés comme les ( 18071, de long en large, surtout employé avec mur-
âmes des morts, chargés de protéger la maison, la cher (18111. La locution familière ne pas en mener
cité, les rues, et employé par métonymie pour la large (18663 <être mal à l’aise, peu rassur procède
maison elle-même. Il semble qu’avant d’avoir été d’un emploi particulier de l’adverbe pour & l’aise,
des divinités bénéfiques, les lares étaient des divini- d’une façon ample=.
tés infernales qui poursuivaient les vivants : ce sens LARGESSE n. f, IV. 11551, en s’établissant au sens
originel rend probable une parenté avec larva moral de *générosité> et, par métonymie, de Ndon
(+larve), mot dont le sufike, qui rappelle celui de généreux= I13731, se sépare de l’autre dérivé nomi-
Minervu <Miner-Ve» C+minerve), est emprunté à nal Eargeur. +LARGEUR n. f. ti XII~ S.) a SUrtOut la
l’étrusque ; les deux mots pourraient également ve- valeur physique, spatiale, de large, avec quelques
nir de l’étrusque, où la religion accorde une grande extensions figurées (1564) comme dam largeur de
importance au culte des morts et des divinités in- cœw (av. 17151, de vue, d'esptit +LARGEMENT
fernales . adv. EI 176-1184) correspond à tous les sens de l’ad-
+ Le mot, repris comme terme d’antiquités ro- jectif, exprimant l’idée d’abondance, en particulier
maines, est quelquefois employé au sens métony- devant une indication numérique, avec la valeur de
mique de <foyer= ( 1678, La Fontaine) dans quelques aau moinsn ( 1216, largement trois mis). 0 Sur le
expressions comme transporter, installer ses lares, plan moral, il correspond à &béraJementm 61
plus littéraires et rares que celles qui sont formées XII~~.), xavec tolérancen (XIII~~.~. -LARGET n. m.,
avec pénates. homonyme d’un ancien adjectif signifkU wn peu
b LARATRE n. m. (av. 15701, emprunté au latin laru- large» (v. 12101, a été repris comme substantif par la
rium Mchapelle pour les dieux lare+, a été repris à langue technique dans l’industwie textile ( 17651,
partir de 1732. sens tôt disparu, puis comme dénomination de la
barre de fer destinée au relaminage des tôles ou au
LARGE adj., adv. et n. est le féminin devenu forgeage à chaud en métallurgie (1867).
épicène (10503 de l’ancien adjectif lare, au cas sujet Le prétié verbal ÉLARGIR v. tr, cv. 1210) *rendre
Zars, dont on possède seulement quelques attesta- plus large physiquement* a reçu, d’après la lo-
tions entre 1188 et la fin du XIII~siècle. Ce mot est cution mettre au large, le sens particulier de
issu du latin lurgus «abonda& Isurtout à propos des arendre sa liberté à qqn» (XVes.l. - Les deux sens
fleuves)% d’ou <<quidonne en abondance, généreux}), sont réalisés dès le XIV'S. par son dérivé ÉLAR-
mot sans étymologie claire; on n’évoque plus lïn- GISSEMENT n.m. (1314). +ÉLARC;ISSEUR n. m.,
génieux rapprochement avec indulgere b in- attesté une fois en 1568, a reçu tard dam le me s.
dulgent). Lurgus a supplanté le latin lutus de sens (attesté 1888) le sens technique de <trépan servant
physique I-41, probablement grâce à l’appui de à élargir un puits> et ( 19021 celui d’aappareil ser-
longus (+ long1 avec lequel il formait couple par vant à augmenter la largeur des tissus traités sur
l’identité de sa tiale. les machines d’apprêt des tissus-. -RÉLARGIR
4 Le mot est passé en fkançais avec le sens moral de v. tr., enregistré en 1690 après rélurgi (1470, res-
ugénéreux, qui traduit la générosité% et le sens phy- b@,et RÉLARGISSEMENT n.m. (18343 ont trait
sique de “qui a une étendue importante, vaste, à l’ackion de rendre encore plus large; ils sont peu
grand>. Ce dernier, conservé par l’anglais large, employés.
emprunté au eançais, s’est restreint en “qui a une 0 voir LAFLGO.LARGUJZR.
grande étendue, dans la dimension la moins im-
portante* (1080), formant un couple complémen- LARGO adv. est emprunté ( 17051 à l’italien largo
taire avec long, seul ou suivi par un complément &rges, &rgemenk spécialement en musique
prépositionnel (large de, 1585). 0 n n’est pas ~OU- 4entement, majestueusement5 terme correspon-
jours facile de distinguer si le sens extensif “qui dant au tiançais large* et attesté en musique
n’est pas rigoureux, toléra& Iv. 11351 se rattache comme adjectif (tempo b-go, 1605 Frescoballdil.
au sens moral ou, par figure, au sens physique; en + Le mot a été repris avec sa spécialisation musi-
revanche, l’acception de “qui ne serre pas, lâches cale, comme adverbe et 11722, Rameau) comme
(1478-14801, en parlant d’un vêtement, procéde du substantif.
sens concret. 4 Le mot est substantivé dès le ~II~s. b LARGHETTO adv. est emprunté ( 1765) à l’italien
dam la locution au large (1176-I 1801, dont le sens larghetto, terme de musique et diminutif de largo.
primitif qui correspondait à aen liberté* (mettre au Il est aussi substantivé et dénomme (1834) un mou-
large, plus tard remplacé par élargk) a évolué vement musical à interpréter un peu moins lente-
d’après l’emploi de large pour désigner la largeur, ment et majestueusement que le largo.
l’ampleur Iv. 12001, en particulier la partie de la
mer loin des côtes 11395). Le contexte maritime do- LARGUER v. tr. est dérivé (1609) de l’adjectif
mine aujourd’hui dans les emplois de au large et moins répandu largue, employé en moyen tiançais
de prendre le kwge ( 14091,concurrencé par l’italia- adverbialement dans fuire Zargwz *céder la place9
nisme prendre le largue (-+ larguer), cette locution (1533, en art militaire) et substantivement dans
s’entendant aussi avec une valeur figurée de prendre le largue =S’éloigner vers la haute mexk
as’éloigner à la hâte, (v. 1470). - L’adverbe large (15593, locutions enregistrées jusqu’au ti s. et qui
correspond d’abord au sens physique ( 13761, spé- ont disparu au profit de prendre le large*. Cet ad-
cialement dans le contexte vestimentaire (1683, hu- jectif s’est maintenu comme terme de marine en
LARIGOT DICTIONNAIRE HISTORIQUE

parlant d’un vent oblique par rapport à la mer nien et germanique et, sans la consonne initiale, en
(X160), pour désigner l’allure d’un navire à voiles indo-iranien.
lorsque les voiles ne sont pas tendues (1643) et pour &Lame a fourni de bonne heure en tiançais des
qutier un cordage lâche 118451.Il est emprunté à expressions encore usuelles comme pleurer à
l’italien largo (correspondant au f?ançais large*) chaudes Imes Iv. 1180, pbti à chaudes lemes),
dans les expressions stare de ~a larga &tre éloignén fundre en larmes (v. 1200, en lames fondre), aux-
(ma” sd, andure, stare largo ( 13061et fure largo (13381 quelles s’ajoutent larmes de crocodile I-, crocodile),
ucéder la places, également spécialisé en marine la.rme à I’œiZ (1501) dans UV& lu Larme à I’œiEaêtre
(mare largo ahaute mep). prêt à pleurern, en général péjoratif. 0 Par méto-
+Le verbe est d’abord un terme de marine em- nymie, d&s le ~U~S., il est pris au sens figuré de
ployé intransitivement pour «recevoir le vent “chagrin, a&ktionm en style littéraire, notamment
largue et y conformer sa voilurem et +‘éloignep dans l’expression valIée de Izwzes (v. 11201, expres-
(16161, ce dernier sens disparaissant au profit de la sion traduite de l’antienne Salve Reginu. + Par ana-
locution prendre le large, antérieure à la variante logie, il désigne une goutte, une petite quantité
prendre Ze largue (ci-dessus) et qui lui a survécu. (déb. xmes.), ftièrement en parlant d’une 1-e
Par extension, melant la référence maritime au d’alctlol, + Il s’applique aussi à un motif ornemental
contexte militaire, il a eu le sens de ase servir d’un Iv. 14621, à la séve 11538, hrme de lu vignel, et, en
vent favorable pour échapper au combat3 (1690) pharmacie, à une petite masse de suc ou de résine
jusqu’au XVIII~siècle. Le sens transitif moderne, tou- de forme analogue à celle d’une larme I15751,
joun en marine, dans larguer les mcGIu3ewres, les d’après un emploi connu du grec et du latin. 0 Par
amarres (16781, est emprunté à l’espagnol ou au analogie, le mot a développé des emplois poétiques
portugais largar alâchers, existant avec cette valeur dans lamzes de Z'uurore (18101, lame du matin
depuis 1525 en espagnol et 1541 en portugais (alors (1803) Krosée)). Larme entre dans lame-de-Job
qu’il n’est pas aussi ancien en italien). Le verbe s’est (17521, ancien terme de botanique qui se maintient
appliqué par analogie aux amarres d’un akostat. régionalement.
+Par extension, le mot s’est répandu en argot ä LARMER v. intr. Cxrr~”s. ; 1155, lemzerl, bien attesté
11886) puis dans la langue familière au sens de =se en ancien et moyen français au sens de apleurersp,
débarrasser (de qqn), abandonnerm, en particulier est déclaré wieillin dans le dictionnaire de Trévoux
dans un contexte amoureux (1901) [cf. lûchwl et alâ- en 1752 ; il se maintient seulement dans les dia-
cher (qqch.jn (1908). lectes de l’Ouest, et Huysmans le reprend (1887) au
wLes quelques dérivés modernes, apparus au ti s., sens de ccouler comme une larme3.
ont trait à une activité aéronautique : ce sont LAR- LARMOYER v. ti XIIe s., hmi~) est parfois em-
GABLE adj. (1931), en technique akienne, LAR- ployé avec une connotation péjorative (en parlant
GAGE n. m. Iv. 1950) et LARGUEUR, EUSE de personnes) depuis 1567. Par extension, il signZe
n. et adj. ( 19761, ces deux mots étant aussi em- également ase lamenter» (v. 16951 et transitivement
ployés au sens figuré de larguer aabandonnerm. &re avec une intonation larmoyantes. +Ses deri-
ALARGUER v. intr., emprunté ( 1420) & l’italien ul- vés LARMOYANT, ANTE adj. (14701 et LARMOIE-
Zurgare agagner le large*, amanœuvrer de façon MENT n. m. (1538) sont plus usités que LAR-
que le vent devienne plus large,, ne s’est pas main- MOYEUR, EUSE 117001.
tenu. LARMIER n. m. ( 13211, Créé en aIThiteCtm+e pour la
corniche extérieure d’un édifice servant à faire
LARIGOT n. m. est tiré (av. 15181 d’un ancien égoutier la pluie, a été reformé (1606) en médecine
refrain &!,atigot va, Latigot Mare, tu ne m’aimes vétérinaire à propos de la veine la plus rapprochée
miem Il403 et s’est appliqué à une flûte. L’hypo- de I’œil du cheval, désignant au pluriel les tempes
thése d’une formation à partir de larynx* est peu du cheval 116801. 0 ll a reçu en vénerie le sens de
probable vu l’apparition plus tardive de ce mot. asac à parois glanduleuses situé près de l’oeil du
+ Le mot apparaît dans l’expression boire à tyre La- cerfs (1665) et, en anatomie, celui d’aangle interne
tigault <<boire d’un trait en vidant une bouteille de l’oeil- (1835).
l’une après l’autre fi, emploi métaphorique ana- 0 voir LAcRw.
logue à celui de flûter <vider des verres, boire beau-
coup,, d’aprés le nom de la petite flûte rustique. Ce
LARRON n. m. est la réfection (v. 1176) de lu-
dron ou ladmn Iv. 980) abrigandn, mot issu du latin
dernier n’est attesté qu’en 1563 sous la forme titi-
lutro, -onk asoldat, mercenaire grec» et, par la
got, puis &n XVI~s.) lurigot. Le nom de la flute est
suite, <brigand, voleur de grand chemin,. Lutro est
tombé dans l’oubli, mais non la locution, dont est
le dérivé péjoratif en -0 d’une base grecque Zutr- qui
sortie la locution adverbiale familière ri tire-kigut
appar& dans latron NsalaireB, latreia *service de
tien grande quantité, (1585, à tirekrigot).
mercenaires, Zutris aserviteuzk et Zatreuein ase*
LARME n. f., d’abord lenrze, luirme ClOSO) puis (en revanche “latin. ~mercenaire~ n’est pas at-
Zum, est issu du latin de même sens lucrima I+ la- testé), groupe sans étymologie claire. Cependant,
~rpal), lacrwrm kurtout au pluriel), ancienne- l’étymologie populaire l’a rapproché en même
ment dacruma, probablement emprunté, d’abord temps de latere &re caché2 I-, latent), ce qui a pu
en langue poétique, au grec dahmmu ace qui est influer sur le sens du mot en latin populaire, à en
pleuré=, de &zkw~& apleurerm, lui-même de duk~ juger par un ancien sens du français.
nom usuel de la larme. Le mot, d’origine indoeuro- 4 Lumn n’a gardé le sens de abrigands que dans le
peenne, a des correspondants en celtique, arme- contexte biblique (dès la première attestation, dans
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1981 LAS

une Passion) des deux brigands crucifiés en même sieru (notamment en parlant
des gloutons chez les
temps que le Christ. Il est également tietii au sens auteurs comiques), ingénieusement supposé issu
de <celui qui prend furtivement le bien d’autrui, d’un croisement de pharu~ (+ pharynx) et de lai-
(me s.), la notion de Nsecretm ayant donné l’ancienne mos «gorge, gosier>), mot expressif sans étymologie
locution a luron <<en cachette, (XII~ s.), pans bruit)). connue.
Le sens métonymique de ~larcin~ Cv. 11551 est sorti +Le mot désigne l’orgme de la phonation, situé
d’usage en moyen tiançais. 0 En revanche, le mot entre la partie buccale du pharynx et la trachée.
se maintient bien dans les locutions proverbiales
~Deux adjectifs didactiques en sont dérivés. LA-
s’entendre comme km-onç en foire 11656; 1594 s’en-
RYNGti, ÉE adj. (1743) s’emploie surtout en anato-
tendre comme larrons), l’occasion fait Ie larron, et mie. 4 LARYNGIEN, IENNE adj. (1753) le concur-
dans l’expression troisieme larron, allusion à la
rence, et s’applique aussi en phonétique au son
fable de La Fontaine Les Voleurs et Z’ûne.0 Le fémi-
produit par le larynx. +Au XM~s. apparaît LARYN-
nin larroanesse est archaïque, mais larrons se dit
et s’écrit, +Larron a pris au XVII~ s. divers sens mé- GITE n. f. ( 180 11,devenu courant pour désigner l’in-
taphoriques et techniques, tels «petit canal prati- flammation du larynx k&xe -ite, du latin savant
qué pour l’écoulement des eaux d’un bassin, d’un -itis). + LARYNGISME n. m. Cl8981désigne un syn-
étang* (1600) et «défaut dans la pâte à papier qui in- drome caractérisé par des spasmes du Iarynx.
tercepte une partie de l’impression et pratique une *LARYNGAL, ALE, AUX adj., dû à Niedermann
fenêtrem (1765). (av. 19091, s’applique en phonétique aux sons arti-
culés dans le larynx, au niveau de la glotte, d’où
b LARRONNEAU ri. m. (14871 =Petit volen> a dis-
(19 133une laryngale, à propos d’un son laryngal.
paru. -LARRONNER v.tr. (apr. 1250) wolerm et
Sous la forme de l’élément LARYNGO- ou LA-
LARRONNERIE n. f. (v. 1450) Nrepaire de voleur+
RYNG-, luym a servi à former des termes didac-
puis avol>>idéb. xvre s.1, sont également sortis de
tiques en médecine et physiologie, apparus en
l’usage normal.
grandnombre depuis 1850,tek LARYNGOLOGIE
0 voir LARCIN,LATRIE.
n. f. (déjà 1793, atraite sur le larynx=; repris 18671,
LARTLF, LARTON -3 ARTO- LARYNGOLOGIQUE adj. (13322, LARYNGO-
SCOPE n. m. (1860, Czemnak) et LARYNGOSCO-
LARVE n. f. est emprunté (14951 au latin impé- PIE n. f. il8513. 4LARYNGOPHONE n. m. désigne
rial larva &ure de spectre, fantômem, d’où aussi 11942, chez Saint-Exupéry en aviation) un micro-
&pouvantadB,amasque (en tant que représentation phone qui fonctionne par les vibrations du larynx.
des vivants)m et *pantin en forme de squelette=, les LARYNGOTOMIE n. f. est un emprunt savant de la
fantômes n’ayant pas d’autre corps dans la Renaissance ( 1584) au grec larungotomti (cf. -tome,
croyance populaire. Le mot se rattache probable- -tumiel, pour désigner l’incision du larynx, distincte
ment à Zar, laris Nesprit tutélaire considéré comme de l’ablation du larynx ILARYNGECTOMIE n. f.
l’âme du mort et chargé de protéger les Vivants~ I18901).
I+ lares), et lar comme Iuwa pourraient être em- 0 voir LARYNGOSPASME (a~?. SpCiStsme), OTO*-RHYNO-LA-
pruntés à l’étrusque. RYNGOLOGIE.
+ Larve signifiait d’abord cfantôme hideuxn, surtout
en réfkence au monde antique. 0 Le mot a pris, +k LAS, LAS SE adj. et inter-j. est issu (938-952)
probablement d’après les marques de fantomes du latin lassw?. aharassé, fatigué, épuisé*, peut-être
grimpants du théâtre romain, le sens (1762) de primitivement “qui s’incline, tombe en avant*,
aforme d’un insecte qui représente son premier forme populaire qui semble avoir été évitée pa;r les
état, avant la métarnorphosen, la chenille pouvant puristes au profit de fessus flfatiguén. On en rap-
être considérée comme le <cmasquemde l’insecte proche hypothétiquement le vieil islandais Iqskzr
ailé. 0 De ce sens lui vient ( 18301 la valeur méta- <mou, lâche>, peut-être le vieux slave Gnti apares-
phorique de <<premier rudiment de qqch.3, qui a sexe.
disparu. MJne autre xception métaphorique 4 Le mot a S@T&& ~~~alheureux, misérable= jus-
(av. 18721 correspond a aêtre infkîeur, incomplète- qu’au xwe s., sens qui a subsisté plus longtemps
ment kvolué~, avec des valeurs péjoratives démoti- dans l’interjection las! 110501,abandonnée pour son
vées Gndividu mou et veule, méprisables. composé hélas! * . ~L’usage moderne a retenu le
b Le sens figuré est plus vivant dans ses deux déri- sens physique de afatigué, qui ne supporte plus l’ef-
vés adjectifs. +LARVfi, ÉE (1814, en medecine) se fort% (10801, absolument et dans la construction las
dit d’une maladie qui ne se mtieste pas, et s’em- de Cv.1170). Celle-ci, dès le XII~s., réalise la valeur
ploie dm l’usage général 118.~4pour qui ne se dé- psychologique de «dégotitéB. 0La forme féminine,
clenche pas, n’éclate pas>>.+LARVAIRE (1845, en dans l’expression de @erre kwe Cv.17501, s’ex-
géologie), est employé en zoologie 11876) et Cl9161 plique soit par un transfert de la lassitude de la
au sens figuré de “qui n’existe qu’à l’état personne qui réprouve à la guerre qui en est la
d’ébauchea. cause, soit (Grévisse) parce que le -s de lus était an-
Larve, au sens zoologique, entre dans la fomnation ciennement prononcé à la pause.
d’autres adjectifs d’usage didaictique : LARVIPARE
08671, LARVIVORE (18731 et LARVICIDE (1962), b LASSER v. tr. est issu (10801 du latin Iassure «fati-
qui semblent peu usités. guery de lassus I+ las]. +Alors que l’usage ancien
employait le mot et ses dérivés avec une idée de
LARYNX n. m., réfection (1538) de hyngue «fatigue physiquen, en construction intransitive et
(15322, est emprunté au grec bamx, lu?xngos «go- Cv.1130) transitive, l’usage moderne privilégie
LASAGNE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

l’idée morale de afatiguer en ennuyant, (dés le peut-être employé également comme abréviation
mes. au pronominal. se lasser) depuis le ~III” s. de son dérivé, 1’adjectifItikti cmilitairep, substan-
Iv, 12651, quelquefois avec la valeur de arebuter, dé- tivé au sens de asoldat)). La forme lascarin, relevée
couragen 114851. La construction se lasser & a éli- en 1553 et employée jusqu’au xwe s., représente le
miné se lasser à, employé en langue classique avec portugais lascurim (pluriel Iuscarins), emprunté au
indication de ce qui cause la lassitude. *La même dérivé du mot persan, et passé également dans
évolution se retrouve dans les participes adjecti- l’anglais lascarine (1598, sorti d’usage). Lascar, at-
vés, LASSÉ,ÉE cv.1160) et LASSANT,ANTE testé isolément en 1610 au sens de <matelot hin-
(1680). dow, correspond à un emprunt au portugais lascar
Le pr&xé DÉLASSER v.tr. krves., rare avant le (15771, lui-même pris probablement par l’intermé-
xwe s.1 a produit DÉLASSEMENT n. m. (1475) et diaire de l’hindou&& au persan. Le mot, repris et
DÉLASSANT,ANTE adj.fv.1860). Mais Cette série diffusé à partir de 1769 tlascardl, a été réimporté
de mots, dans l’usage courant, n’est plus symé- de l’anglais lascar (1625, ZaskuyreI, lui-même repris
trique de la série simple de lasser, et se délasser au portugais.
équivaut à flse distraire en se reposantm, la distrac- + Le mot français a connu une évolution originale :
tion passant avant le repos (alors que se lasser et le sens étymologique d’wmée, camps n’a pas été
lassant insistent sur l’ennui, et non plus sur la fa- repris, ni celui de asoldat hindou3 spécialisé en
tigue). <matelot hindou naviguant dans l’océan Indien,.
INLASSABLE adj. 118691, formé à partir de lasser, a + Cette acception a disparu au xrx” s. au profit du
pour premier sens &cessant, inépuisableB et, de- sens moderne, dérivation psychologique et quel-
puis le d s. seulement (attesté 19331, signiCe Gnfa- que peu raciste en avaurien, filou- dans l’argot des
tigablem (d’une personnel. +L’adjectif et son dérivé soldats (17691, puis <gaillard hardi, malin* (18301,
INLASSABLEMENT adv. (1907) ont été critiqués seule acception vivante, aussi en appellatif (mes
par les puristes, qui auraient préféti des formes en lascurs !1.
il-, mais sont usuels.
LASSITUDE n f. est emprunté (v. 1380) au latin LASCIF, IVE adj. est emprunté (1488) au latin
lassitude afatigue*. + Le mot, comme nom corres- lu~ciws afolâtre, joueur, pétulants (des animaux et
pondant à la.9 et lasser, a remplacé les plus an- des enfants1 et, de là *provoquant, agqantB, *qui
ciens lassece, de las, et lassement, dérivé I~II” s.1de provoque le désir, licencieux% (de personnes, de
lasser. À l’état de fatigue physique, lassitude a choses). Le mot se rattache à une racine indoeuro-
ajouté celle d’une fatigue morale, a$ective ou psy- péenne las- *être avidem également représenté en
chique (1652, La Rochefoucauld). germanique (+ loustic).
0 voir HÉLAS. 4Lascif a perdu son sens primitif, aenclin à folâtrem
(1512, poétique), gardant la valeur érotique de “qui
LASAGNE n. £, d’abord Zasaigne Iv. 14701, est excite aux plaisirs amoureuxm (14881, réciproque-
emprunté à l’italien lasagna *pâte en forme de ru- ment aenclin aux plaisirs amoureuxm (15791. Le mot
banm 61 XIZI~s.1, mot d’origine incertaine. L’hypo- est littéraire ou plaisant.
thèse d’une dérivation d’un latin populaire “lasa- .En ce sens, il a produit LASCIVEMENT adv.
nia, dérivé du latin lasanum ctrépied pour poser la (15421, LASCIVETÉ n. f. (v. 14601, <comportement
marmite- (qui aurait aussi désigné la marmite), lui- lascifs, synonyme de LASCIVITÉ n. f. (15121, em-
même repris au grec lusanon <trépied de mar- prunté au bas latin Zu~citita~ ahumeur folâtrem et
mite=, mot sans étymologie connue, fait difkulté *libertinagen, de lascives. Dès les premiers textes,
pour le sens. Une autre hypothèse rapproche lu- le nom a le sens de acaractère portant à la sensua-
sagna du lançais losange* et du provençal lausan, lité, à la 1uxureB. Tous les mots de la série sont
et voit à l’origine de ces mots l’arabe luwzï~u~ agâ- d’usage soutenu ou plaisant.
teau aux amande+, d’origine persane ; en effet, la-
sugna et losange ont désigné des gâteaux de forme LASER n. m. est un emprunt (attesté 19621 à
carrée et, d’autre part, la cuisine arabe a exercé l’anglo-américain laser (1960, année de la réalisa-
une certaine influence sur la cuisine italienne; des tion du premier laser ou maser optique aux États-
preuves historiques manquent encore pour cette Unis par Th. Maiman). Le mot est formé des ini-
hypothèse séduisante. tiales de Light AmplificatioPz. by the Stivwlated
4 Le mot, qui semble avoir dési@ une sorte de bei- Emissiun of Radiations wrqWx&eur de lumière
gnet au xwe s. ( 1596 selon WartburgI, s’emploie en- par émission stimulée de rayonnements, et l’ex-
suite à propos d’une pâte taillée en forme de large pression est née de la substitution de Iight elu-
ruban ondulé, aujourd’hui servie cuite au four et mièreB à microwave <micro-ondem qui entre dans
garnie d’une farce de viande. +Par métaphore, il a maser (19541.
reçu en argot les sens de alettrem 11836) et de *porte- 4 Le mot désigne un appareil produisant un pin-
monnaiem (1900, au masculinl. ceau très étroit de rayonnement lumineux et infra-
F Le sens argotique de alettreu a donné LAZA- rouge cohérent et monochromatique intense.
GNER,LASAGNER V. &rire*, d’où LAZAGNEUR, D’abord didactique, il est entré dans l’usage par ses
LASAGNEUR n. m. =Celui qui écrit une lettrem, applications techniques (imprimante Iùl laser, etc.)
mots argotiques et rares. et par ses connotations militaires employées dans
les récits d’anticipation. 0 II se dit abusivement
LASCAR n. m. est emprunté 11553, par divers d’un faisceau lumineux permettant des effets spé-
intermédiaires, au persan luSJzur wmée, Camp~, ciaux.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1983 LATEX

F Il a produit le mot technique LASERIE n. f. (1970), si, en généalogie ( 13951, il a été évincé par collaté-
utilisé par les diamantaires, et LASÉROTHÉRA- ral, il est employé en architecture (16731,géogra-
PIE n. f. ! 19671&aitement médical utilisant le la- phie (1835,canal latéral), géométrie et phonétique
ser». (1916, Saussure; 1933, substantivé en une latérale).
Le jargon scient%que contemporain fait usage d’un Le sens figuré d’&direct, annexe» (1873) d’où wa~-
verbe LASER v.intr. <<se servir d'un laser)), qui cessoire» est peu répandu en dehors du langage
pourrait inciter à franciser le substantif en laseur. administratif.
daté& a produit LATÉRALEMENT adv. (1521),
LASSER, LASSITUDE + LAS
LATÉRALITÉ n. f, (18051,surtout utilisé en méde-
LASSO n. m., d’abord lazo en 1809 dans une re- cine (1846) et en psychologie, LATÉRALISATION
lation de voyage en Amérique du Sud, puis lasso n. f. Cv. 19501, par l’intermédiaire d’un latéruliser, et
(1826), est emprunté à l’hispaz~o-awkicain d’h- LATERALZSÉ,ÉEadj.E1960;en 1833avec~nautre
genthe Euzo au sens de -corde munie d’un nœud sensl.
coulant pour attraper les bêtes, utilisée par les gau- Latérul fournit le second élément de quelques ad-
cho+. Celui-ci, au sens propre plus ancien de <<lien, jectifs. Outre collatéral, ils sont formés en uni-, bi-,
attache2 (XIII~ s.1, en espagnol de la péninsule, est le multi-. +UNILATÉRAL,ALE,AUX adj. (1778)
correspondant de même origine que lacs”. ~d’un seul côtén a été introduit comme terme de
4 Le mot désigne une corde à nœud coulant utilisée botanique; il a développé, au début du x~? s,, le
dans les deux Amériques pour capturer les ani- sens de “qui ne se fait que d’un côté)}, spécialisé en
maux. La graphie moderne kso suppose un inter- médecine, et le sens abstrait de “qui n’engage
médiaire anglo-américain, le mot ayant été diffusé qu’une partie-, en droit (1804).0 En ont été dérivés
par les récits de voyage et les romans d’aventure UNILATÉRALEMENT adv. (1778) et UNILATÉRA-
nord-américains, le lasso lui-même étant fort uti- LITÉ n. f. 11879). d,s terme de géométrie UNILA-
lisé par les cow-boys. TÈRE adj. (xx” s.) a été fort-né sur le radical de uni-
0 voir LAZZI. latéral d’après quadrilatère*. ~BILATÉRAL, ALE,
AUX adj. (18041,<<qui se rapporte aux deux côtésm,
LATENT, ENTE adj. est emprunté (v. 1370) au Bqui a deux côtés symétriques>>, s’est spécialisé éga-
latin Zatens, latentis <<caché, secret, mystérieuxn, lement en médecine et en phonétique, ainsi qu’en
participe présent de Zatere «être caché, obscur, in- droit. 011 a pour dérivés BILATÉRALEMENT adv.
conrw, mot qui correspond au grec lan#zanein (18291, BILATERALITÉ n. f. (1920- 19241, BILATÉ-
(auriste lathein) &tre caché,, les autres rapproche- RALISME n. m. (19361, ce dernier spécialisé en
ments étant aventureux. droit et en économie politique. +MULTILAT&
+Latent, *qui demeure cachéa, a développé ~III RAL, ALE, AUX adj. s’est d’abord employé en ma-
xvrrIe-début XIX” s. des emplois spécialisés. Après un thématiques 11928) puis en économie politique
emploi vieilli en art vétérinaire (16901,il est passé (19481et en politique, en diplomatie. + LATERO- a
en médecine (18 141.0 Par calque de l’anglais latent servi à former de nombreux termes de physiologie
heat, expression créée vers 1757 par le physicien depuis la fin du XIX~~., tels LATÉRODOR-
écossais Joseph Black (1728- 17991,il est employé en SAL,ALE,AUX adj. (18981, LATÉROPOSITION
physique dans chaleur latente (17891.0 Il est pwsé n. f. 11900).
en botanique (18341où l’expression œil latent dé- 0 voir COLLATÉRAL.
signe un œil qui, dans les arbres cultivés, demeure
à l’état rudimentaire et peu apparent (1867). 0 Au LATÉRITE n. f. est un emprunt t 18671à l’an-
XX~ s., la psychanalyse l’a intégré à sa terminologie, glais Zaterite ( 18071, mot créé par F. Buchanaul à
l’allemand lutenter Inhalt I1900, Freud, Dk Tra~m- partir du latin later {tbriquen (terme technique sans
deutung) étant rendu par contenu latent (du rêve). étymologie établie), avec le sufExe -ite des noms de
b Son radical a sewi à former LATENCE n. f. El8851 minerais, du grec -&s.
probablement d’après 1’angMs lutertcy (1838, en 4Le mot designe une roche très dure de couleur
médecine ; 1882, en physiologie). Le mot reprend rouge vif ou rouge-brun, tiéquente en zone tropi-
toutes les spécialisations de l’adjectif, notamment cale.
en psychanalyse Ii%& dans les Annules de méde-
cine). k LATÉRITIQUE adj. 11908) quatie ce qui est rela-
tif à la latérite.
LATÉRAL, ALE, AUX adj. est emprunté
( 13151 au latin laterulis “qui tient aux côtés», dérivé LATEX n. m. est emprunté (1706) au latin latex
de la&, -cris, &nc, côté>>, dont le représentant en cliqueur, liquide)), mot d’usage presque unique-
ancien français, luz Cv. 9801,lez, est encore employé ment poétique et noble, employé par Lucrèce pour
comme préposition pour après de)) (10501 en topo- désigner toute espèce de liquide. Latex est regardé
nymie E!essti-lez-ToursI. Latus, sans rapport or@- comme un emprunt au grec latux ((reste de vin au
ne1 avec l’homonyme latus ularge, (4 lé), est rap- fond de la coupe, que l’on jette au jeu du cottabem,
proché de l’irlandais leth =côté», mais on ne trouve bien que le passage d’un mot familier et de sens
pas de formes apparentées en dehors de l’italo- aussi précis et technique à un sens général et litté-
celtique. Cf. en latin médiéval legutus a latere (+ Ié- raire fasse problème. S’agit-il de deux emprunts
gat). parallèles? Le rapprochement de mots celtiques et
4LatéruZ, “qui concerne le côté, du côté>>, connaît germaniques est jugé peu probable par Chan-
une grande vitalité dans des emplois sp&iali&s : traine .
LATIFUNDIUM DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Le mot a étk introduit avec la spécialisation bota- l’argot des prisonniers, à cette époque, emploie
nique de «SUC visqueux sécrété par certains végé- parler latin pour cmanœuvrer fmement en tirant de
tauxn (l’emprunt parallèle du mot latin en anglais a l’argent aux nouveaux arrivants en prisonn (1611).
eu une spécialisation médicale aux ~VII~ et xvrr~~ s.). *L’ancien français introduit également le sens
Rare avant le x~? s., latex s’est répandu au sens large d’coccidental>>, par opposition aux peuples de
métonymique de acaoutchouc obtenu à partir de ce Grèce et d’Asie Mineure (v. 1195, gent lutine), cor-
suc coagulé ou de résines de synthèses. respondant à la division des deux empires ro-
b On a tiré l’élément lati- du radical du latin latex mains Cette valeur a été reprise avec un autre
pour former le composé didactique LATIFÈRE adj. contenu, <qui a subi l’influence de la langue et de la
(1840) “qui contient, sécrète du latex,, substantivé civilisation latinesm (1810, Staël) d’où, en linguis-
pour la cellule qui sécrète le latex. tique au ~IX~s., langues néo-latines, aissues du la-
LASTEX n. m. ( 19351, croisement de latex avec tim, éhniné au ti s. par langues romanes. Dans ce
élasltique), est une marque déposée de fl et de type d’emplois, latin s’oppose à gemtanique,
tissu élastique. slave, etc. +Il reprend aussi le sens de grelatif à
l’Église catholique d’Occident qui utilise le latin
LATIFUNDIUM n. m. est l’emprunt savant comme langue liturgique}} Iv. 1195). - Voile latine
(1596) du latin latifundium, composé de latus Il5731 rappelle l’héritage latin en matière de navi-
4argen (+ lé) et de fu&us «fonds de terre, do- gation. Voir aussi l’encadré pp. 1985 à 1990.
maineB I--+fonds). Le mot désigne une grande pro- b Latin a produit LATINISTE adj. et n. Iv. 14601 et
priété formée à la suite d’usurpation de terres de LATINISME n. m. (15491, ce dernier perdant son
l’ager publicus achamp public-, cultivé par des es- sens d’&ude du latinn pour se spécialiser en
claves, et sur laquelle les riches Romains prati- aconstruction ou emploi propre au latins (15841,
quèrent une agriculture d’un type nouveau fondée d’où aussi <construction calquée d’une construc-
sur l’élevage, l’oléiculture et la viticulture. tion latine, (16021, «emprunt au latinp et <emploi
$ Le mot, après une attestation isolée sous la forme d’un mot au sens du latinn ( 1899). Latiniste, aspécia-
adaptée latifwzde, a été repris au XIX~s., d’abord au liste du latin», s’est étendu à aétudiant en latinfi.
pluriel latihndia (1869) et au singulier latifundium. -LATINITÉ n. f. est emprunté (xv” s.) au latin k~ti-
Il recouvre une réalité économique de l’antiquité nitas alangue latine correcte- et &Oit latinn. Repris
et, par extension, s’applique à un vaste domaine au sens restreint de amanière de parler, d’écrire la-
agricole fondé sur une culture extensive pauvre, tinn, il a reçu au XIX~ s. la valeur de (monde latin, ci-
souvent en référence à une réalité sud-américaine. vilisation latines (1835). Busse latinité correspond à
F Le dérivé LATIFUNDIAIRE adj. Iv.19001 est di- bas lutin.
dactique, moins cependant que LATIFUNDISTE n. LATINISER v. est emprunté 115511 au bas latin lati-
nizare &aduire en latirk Il est venu relayer l’an-
(1960).
cien verbe dérivé de lutin, lutiner aparler, raisonner
LATIN, INE adj. et n. est emprunté (v. 1119) au en général> (xv” s.1,&re des choses incompréhen-
latin latinus arelatif au latin, originaire du Latiumm, siblesn, Kparler latins (XVI~~s.l. Lutiniser s’est dit pour
en particulier <<dansla langue du Latiumm, d’où le adonner à (un mot) une forme latine,, -affecter de
neutre substantivé latinum &ngue latine>. Le mot parler latins Iv. 1580, Montaigne) et, en parlant d’un
s’opposant à barbarus (+ barbare), l’ablatif lutine a catholique de rite grec, asuivre le rite latin* (1718).
pris adverbialement la valeur de aen bon latin>. I;u- 0 11a donné LATINISATION n. f. (17223, LATINI-

tinus est dérivé de Latium, nom d’une région d’Ita- SANT,ANTE adj. et n.
lie centrale qui, à cause de sa nature géographique,
a été interprété “pays platn et rapproché de la ra- LATITUDE n. f. est emprunté ( 13141au latin lu-
cine de lutus «plat, étendun (3 lé). titudo &rgeur, étendue, amples, de lutus &rgeB
(4 lé).
4 Le mot et adjectif se rapportent dès les premières
attestations à la langue pratiquée dans le Latium, + Latitude a été employé en ancien français au sens
puis dans toute l’Italie de l’Empire romain (voir général du latin, avant d’être supplanté, comme lé
l’encadré). L’ancien français a d’une part assimilé et luize*, par largeur*; le sens figuré de <large ex-
le mot au langage en général (XI~~s-1, soulignant tension ou acceptionn (17981, qui en procède, a
airisi la longue suprematie du latin sur la langue vieilli au profit du sens abstrait actuel afaculté
vulgaire, le roman; de l’autre, il l’a assimilé à un d’agir en toute liberté, (1762). + Le mot s’est essen-
langage dficile, peu compréhensible, témoignant tiellement spécialisé en géographie (v. 15251, où il
du clivage entre la langue parlée et la langue des désigne (en opposition à Eongkckl la distance d’un
clercs: il l’a rapporté au langage des oiseaux lieu à un autre, mesurée par l’arc du méridien ter-
EV.11501, employant perdre son lutin 113383 à propos restre; par métonymie, il désigne aussi le climat
des oiseaux qui demeurent muets. Yperdre son la- considéré par rapport à la température (15751, d’où
tin *renoncer à comprendrem ( 1556) fait référence à ( 1780) la région du point de vue du climat auquel
la difkulté de la langue latine pour un Francais. elle est soumise par sa latitude. Par analogie, lati-
+ Par ailleurs les humanistes de la Renaissance ont tu& est aussi employé en astronomie 11585).
assknilé gens de lutin et <savants5 pays latin et ,Le radicallatin aservià former LATITUDINAIRE
<<monde des savants*, l’adjectif s’employant pour n. et adj. ( 16961, peut-être d’après l’anglais htitudi-
<<lettré, savanta (1298, lutin et sage). Le mot y a ga- nariun (16621, nom didactique des partisans d’une
wé la valeur psychologique de afin, expert, ( 1617) : doctrine étendant le salut à tout le genre humain.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1985 LE LATIN

LE LATlN: HISTOIRE DE LA LANGUE LATINE

1. LES DÉBUTS DU LATIN. lisque et le prénestin, groupe auquel on tend à


inclure le vénète.
&&ines hdoeuropéennes.
De tous ces parlers, il reste peu de chose, ex-
Le latin est une langue indoeuropéenne qui fait cepté quelques inscriptions : l’ombrien est at-
partie des parlers italiques. FJe présente des af- testé par un texte important, le rituel d’une
fmités avec d’autres groupes indoeuropéens, confrérie connu sous le nom de tables eugubines,
notamment avec le celtique, si bien qu’on a long- document conservé à Iguvium (aujourd’hui
temps soutenu Yexistence d’une unité itallo-cel- Gubbio). L’osque est représenté par des inscrip-
tique. Les découvertes du hittite et du tokharien tions assez nombreuses, en particulier la table
au début de ce siècle puis celle, récente C19771, de Ban@ reglement municipal, et la cippe
de la plus ancienne inscription latine connue, d’AbsZZa, traité entre deux cités. Quant aux par-
ont ébranlé cette hypothèse trop schématique : lers de type latin, ils sont représentés par les ins-
le latin présente en fait des traits communs avec criptions mentionnées ci-dessus.
les langues qui ont conservé les caractéristiques L’influence du grec et de l’étrusque.
les plus archtiques dans l’ensemble indoeuro- Avant de se former complètement, puis de
péen, comme le hittite, le tokharien, le celtique. s’étendre à l’ensemble de l’Italie ancienne, la
Si l’on rejette aujourd’hui l’idée d’une unité langue latine a subi l’influence de deux grandes
italo-celtique, on évoque la possibilité que les civilisations installées au centrq et au sud de
Celtes et les futurs Latins ont pu vivre un mo- l’actuelle Italie, les Grecs et les Etrusques.
ment dans une zone géographique voisine.
Les Grecs ont occupé le sud de l’Italie et la Sicile
Outre ces rapprochements, le latin présente des
dès le ~III~ s. avant J.-C. avec, notamment, la fon-
afkités surprenantes et non expliquées -
dation de Cumes. M6me s’ils ont peu pénétré à
indépendamment de la lointaine parenté indo-
l’intérieur des terres, leur influence sur la civili-
européenne - avec le sanskrit, dans le vocabu-
sation de la péninsule a été prépondérante. Ils
laire du droit et de la religion: flamen cor-
lui ont donné un alphabet puisque, directement
respond à brahman, augur à ojus, etc.
ou par l’intermédiaire de l’étrusque, tous les al-
On sait peu de chose des migrations des futurs phabets que l’on rencontre en Italie viennent de
Latins vers les terres qu’ils ont ensuite habitées : l’alphabet grec. Les emprunts lexicaux au grec
étant donné que leur langue est plus archaïque ont été nombreux durant l’ensemble de la lati-
que les parlers voisins du même groupe, l’osque nité : il est toutefois remarquable qu’avant d’en-
et l’ombrien, on est tenté de l’associer à une pre- richir la langue littéraire et philosophique, le
mière vague indoeuropéenne venue, à la fin du grec, d’abord transmis par le petit peuple et les
deuxième ou au début du premier millénaire, marchands, a servi à former jurons et mots fami-
recouvrir un substrat méditerranéen dont on ne liers.
sait pratiquement rien. Ensuite, cette invasion a Les Étrusques, quant à eux, ont dominé Rome
été rejointe par d’autres séries d’envahisseurs. du we au v” s. avant notre ère. Ce peuple n’a pas
Les textes littéraires latins les plus anciens à ce jour livré tout son mystère : venu très an-
datent seulement du III~s. avant notre ère, mo- ciennement de l’Orient, comme le supposait
ment où la langue apparaît comme complète- déj& Hérodote, ou peuple autochtone, il parlait
ment formée. Entre le premier millénaire et une langue non indoeuropéenne que l’on n’a
cette période, on ne possède que quelques docu- pas encore totalement déchifMe, malgré le mil-
ments épigraphiques dont les plus anciens sont Fer d’inscriptions que l’on possède. Les
la d&dicace du Satricum ti du vr” s. avant J.-C.) Etrusques, qui avtient de nombreux contacts
découverte aux environs de Rome en 1977, la avec les Grecs, ont transmis l’alphabet grec à la
pierre noire du forum (v” s.l. On peut y ajouter plupart des peuples italiques, ainsi qu’un certain
une inscription sur la fibule de Préneste Iv# s. nombre de termes empruntés à cette langue. ll
avant J.-C.), écrite dans un parler italique très est plus difkile d’apprécier les emprunts di-
proche du latin. rects du latin à l’étrusque (comme populus, re-
Les parlers italiques. pris par les langues romanes), dans la mesure
Le latin, depuis ses origines et jusqu’au v” s. où tout ce qui venait de ce peuple a été, dès la fin
avant notre ère au moins, est un tout petit noyau de la domination étrusque, énergiquement assi-
linguistique au milieu de nombreux parlers ita- milé par les Latins, à la fois dans la forme et dans
liques, qu’il serait fastidieux d’énumérer. On di- le fond.
vise ces langues en deux grands groupes,
la) l’osto-ombrien, comprenant l’osque et l’om- 2. L’EXPANSION DU LATIN.
brien, le vestinien, le samnite, le marrusin, etc., Le domaine du latin proprement dit est donc au
et, moins proches, l’èque et le volsque, et 631les départ très restreint. Libérés du joug étrusque
parlers dialectaux de type latin comme le fa- au v” s. avant notre ère, les Latti n’imposent
LE LATIN 1986 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

pas immédiatement leur civilisation et leur Durant la période impériale, marquée par des
Iaz~gue. Il leur faudra, lors des guerres dites aso- écrivains comme Tacite, Sénèque ou Pline le
ciales*, conquérir leurs voisins, puis petit à petit, Jeune, il n’y a pas de changements syntaxiques
l’ensemble de la péninsule, avant de s’attaquer à ou morphologiques notables. Le style devient
d’autres peuples, et c’est au fur et à mesure plus recherché, avec un retour à l’archaïsme,
qu’avancent ces conquêtes que la langue de des tournures plus a$ectées. Seul le lexique se
Rome se répand. La langue qui deviendra le latin transforme profondément : au premier siècle,
est en effet au départ le parler de Rome, auquel qui voit naître une littérature scientfique abon-
s’ajoutent quelques mots des dialectes alentour : dante et variée, les écrivains, moins réservés
les termes comprenant un fintérieur comme in- que leurs prédécesseurs, utilisent couramment
ferus “qui est au-dessous- ou infîmus Ae plus bas, des néologismes latins, ou introduisent des
le dernier>> en font partie, Au LII~s., qui marque le termes empruntés à leurs sources, qui sont le
début de la littérature latine, la syntaxe est déjà plus souvent grecques. Pour le vocabulaire de la
kée, le système de la langue est établi, grammaire par exemple, Quintilien introduit in-
Il est di&ile de savoir quand les différentes eerjectio et quantitas, emprunte au grec barba-
langues parlées dans la péninsule italique ont hsmus, etymologia, schemu naspect, accoutre-
disparu pour laisser place au latin. L’étrusque et ment, et afigure de rhétorique» etc. Ainsi, -latin
l’osque ont probablement été parlés jusqu’au impérial> peut constituer un repérage utile
II~s. avant notre ère. Le grec, implanté dans les quant à l’apparition d’un mot.
regions côtières de l’Italie du Sud, n’a disparu L’expansion du Iati imp&iaI.
que beaucoup plus tard; en outre la connais- Avec les conquêtes de l’Empire romain et son
sance du grec et son influence sur la civilisation organisation, la situation devient plus complexe.
latine sont restées importantes. Ce qui est remarquable, c’est la façon dont la
L’évolution du latin écrit jusqu’à la fm de l’Anti- langue latine s’est imposée aux vaincus, tout au
quité. moins dans la partie occidentale de l’Empire, la
Il est nécessaire de faire, à partir du moment où partie orientale étant fortement hellénisée.
le latin littéraire apparaît (III~ s. avant J.-C.), la Toute l’Italie, puis l’Espagne, la Gaule, ont vu
distinction entre un latin écrit, dont la norme disparaître peu à peu leurs langues d’origine.
restera sensiblement la même tant que l’on Un pays comme la Dacie (la Roumanie actuelle),
écrira en cette langue, et un latin parlé, qui, se qui n’a subi que deux siècles d’occupation ro-
diversihnt et se dif%rencimt de plus en plus, maine, est resté un îlot de langue romane parmi
surtout à partir du Bas-Empire, du latin écrit, des peuples de langue slave. Le nord de
donnera naissance aux langues romanes. l’Akique, jusqu’aux invasions arabes, était en-
Pour le latin écrit, on distingue habituellement, tièrement romanisé; une partie de l’actuelle Al-
jusqu’à la fin de l’Antiquité, une période ar- lemagne, le sud des îles Britanniques, ont été ro-
chaïque, qui s’étend jusqu’à la fin du ler s. avant manisés, mais les langues germaniques y ont
J.-C., puis une période classique, qui fmit à la triomphé. Plusieurs facteurs peuvent expliquer
mort d’Auguste 114 après J.-C.), puis le latin dit les succès, souvent durables, de la langue latine :
post-classique ou impérial, jusqu’au II~s. de elle s’est imposée non par la contrainte, mais
notre ère ; enfm apparaît le latin dit tardif, ou du par le prestige des vainqueurs. Elle a d’abord
Bas-Empire, ou bas latin. servi d’instrument de communication entre les
Jusqu’à la période tardive au moins, morpholo- autochtones et les Romains, avant de devenir le
gie et syntaxe changent peu; seules ont lieu des signe extérieur de la communauté romaine, et
transformations lexicales et stylistiques : aussi plus tard, celle du christianisme (voir ci-des-
ces périodes, qui concernent plus l’histoire litté- sous). Les Latins ont peu à peu étendu le droit de
raire que celle de la langue Ien dehors du cité à tous les sujets de l’Empire, et cette poli-
lexique), seront-elles traitées brièvement. tique n’a pas peu contribué à augmenter leur
Du latin archaique au latin impérial. prestige : être citoyen romain, c’était d’une cer-
Le latin archaïque, lorsqu’apparaissent les pre- taine manière, jouir de la protection et des lois
miers textes littéraires, ceux d’kus, de Plaute romaines, celle aussi de pouvoir mener une car-
et de Térence, se dif%rencie peu du latin clas- rière administrative. Ainsi l’écrivain grec Polybe
sique. Dans les articles de ce dictionnaire on pouvait-il écrire au II~s. avant notre ère : UTelle
parle en général de 4atin>), non qutié, pour ces elle est la politique de Rome : elle opère avec
deux périodes, sauf par opposition avec un une si grande adresse qu’elle paraît être la bien-
autre état de Iangue. L’époque classique voit la ftitrke des peuples qu’elle soumet.)>
naissance de la prose littéraire avec Cicéron et Le latin tardif ou bas latin.
César : les auteurs font alors preuve d’un pu- Après ces siècles de relative stabilité linguis-
risme qui se manifeste notamment dans le choix tique, qui correspondent à l’extension de Km-
des mots. C’est ainsi que César afkme qu’il faut pire, commencent à s’amorcer des change-
éviter comme une honte toute parole insolite OU ments qui se prolongeront aux époques ulté-
nouvelle. rieures : ces transformations vont de pair avec
DE LA LANGUE FRANÇAISE LE LATIN

une instabilité politique grandissante, à partir 3. LE LN’IN M&DlÉVAL.


du deuxième siècle de notre ère. La période du latin médiéval, qui comprend en-
Le changement le plus notable est le divorce qui viron mille ans, s’étend de la chute de l’Empire
commence à exister entre la langue cultivée et romain Iv” s.1 à la Renaissance. Alors que le latin
littéraire, enseignée par l’école, et la langue cou- écrit était jusqu’alors homogène, la 1a;ngue a pris
rante qui d’ailleurs varie selon les zones géo- durant ces dix siècles des aspects variés suivant
graphiques et les milieux sociaux. C’est ainsi
les époques et les pays.
qu’on voit appar&re dans certains textes et ins-
Les transformations, depuis le bas latin, se sont
criptions des traces de la lme parlée alors :
faites lentement : il n’y a pas eu de rupture bru-
transformations syntaxiques et morphologiques,
taJe lorsque les Wisigoths ont saccagé Rome, ou
avec par exemple l’amorce de la disparition des
quand le dernier empereur romain a été déposé
cas; transformations lexicales avec, entre
par Odoacre.
autres, la tendance à créer et à choisir systéma-
tiquement les mots composés, qui s’imposeront Le latin du haut moyen âge.
dans les langues romanes, de préférence aux Du v@ au nr” s. environ, la connaissance du latin
mots simples : deambulare pour ambulare normalisé a peu à peu diminué dans les pays de
Hhxpis déambuler), desubtus pour subtus <<en langue latine, avec la disparition progressive
dessous» Français dessous), abante pour ante des écoles antiques. Les écoles des clercs et les
kJran@s avant), etc. Mais la structure de la abbayes, seules formes d’éducation qui subsis-
langue reste encore la structure latine &w tèrent alors et qui ne prirent leur essor qu’avec
sique*. la ti de l’école antique, ne conservent l’étude
Le latin chrétien. du latin que dans un cadre restreint. Les varia-
Si #bas latin, ne correspond qu’à une période, tions sont très nettes de pays à pays. En Es-
alatin chrétienn concerne à la fois un milieu de pagne, où les Wisigoths, après leur conversion
plus en plus influent, des institutions nouvelles au christianisme (5891, encouragent les lettres
et un contenu de pensée. Le latin a été le plus latines, des savants comme l’évêque Isidore de
grand véhicule de la littérature et de la pensée Séville (VI~~4, maintiennent une forte tradition
chr&iennes, phénomène qui a grandement littérajre qui ne déclinera qu’au moment des in-
contribué à l’extension de cette langue. Il vasions arabes. En Italie, le latin écrit a long-
n’existe pas à proprement parler de <latin chré- temps subsisté, mais il s’est fortement modifk
tienm, mais un ensemble de sens et de mots qui aux environs de l’an mille. C’est en Gaule que le
furent plus particulièrement employés par les latin mérovingien s’est le plus altéré, après Gré-
chrétiens et exercèrent sur l’ensemble de la goire de Tours et Fortunat I~I” s.), les derniers
langue latine une influence considérable. écrivains du haut moyen âge. On n’écrit alors
Au moment où apparaissent les premiers textes presque plus, excepté des textes religieux ou
chrétiens en latin, au deuxième siècle, ils se dis- des documents officiels, juridiques et notariaux.
tinguent par leur style simple et proche de la La langue de ces textes, très hybride, est une
langue parlée, opposé à la tradition rhétorique : mine pour l’étude du latin parlé à l’époque : on y
c’est le cas des premières traductions latines de trouve pêle-mêle des réminiscences de la
la Bible. Mais la littérature chrétienne n’a pas langue littéraire, des formules figées provenant
pour autant échappé à l’éloquence latine, sur- des époques précédentes, des traits apparte-
tout après la paix constantinienne du ti siècle. nant à la langue parlée, des écritures inverses
L’apport essentiel des chrétiens à la langue la- ou des *hyperurbtismesp lorsque le scribe, au
tine est un apport lexical : emprunts techniques courant des fautes habituelles, corrigeait des
à l’hébreu, comme gehenna, hosanm, ou au graphies pourtant correctes. Une telle langue,
grec, tels que baptizare, eccksiu, prophetu, dia- qui prêtait à trop de confusions, ne pouvait plus
bolus. Ce qui est remarquable, c’est que ces em- être le moyen de communication d’un grand
prunts au grec désignent la plupart du temps royaume. Pour ne prendre qu’un exemple, les fi-
des institutions nouvelles ou des choses nales n’étaient plus marquées, et i se confondait
concrètes, introduites par le christianisme. Les avec e : ainsi, la graphie se pouvait Sign%er indif-
notions abstraites ont au contraire été désignées féremment sed Kmaisn, si asin, sit aqu’il soit,. On
par des mots latins anciens prenant alors un se doute qu’un texte où se multiplient de telles
sens nouveau, comme fis afoin ou par des for- ambiguïtés peut devenir difkilement lisible. De
mations nouvelles, souvent inspirées par des là sont nées les réformes de Pépin le Bref uni-
modèles grecs, tels spiritalis, regeneratio, etc. lieu du me s.) et surtout celle de son f& Charle-
Les grands théologiens, comme Tertullien ou magne.
plus tard saint Augustin, ont contribué à enri- Dans d’autres pays, le latin fait son entrée avec
chir ce lexique, notamment par dérivation, avec l’expansion de l’Église. C’est le cas, durant le
des mots comme destructor, examinator, media- haut moyen âge, de l’Irlande, ainsi que des par-
tor, operutor, etc., passés dans les langues ro- ties celtiques ou déjà germa&ées, de la
manes. Grande-Bretagne. En Irlande, convertie au
LE LATIN DICTIONNAIRE HISTORIQUE

christianisme au v” s., il a fallu enseigner le latin, tions du moyen âge comme celles d’oresme, le
pour avoir accès à la Bible et aux œuvres des français alors bien tierrni a largement puisé
Pères de l’Église, pour celébrer l’office chrétien. aux sources latines pour enrichir son propre
Cet enseiaement s’est concentré dans les gran- lexique et pouvoir ainsi à son tour concurrencer
des abbayes comme Bangor (mot celtique qui si- le latin en tant que langue savante.
gnifie ~monastère~); de même en Grande-Bre- Le latin vulgaire, ou parlé, ou populaire.
tagne se distinguent les abbayes de Cantorbéry Entre-temps étaient nées, dans les pays où on
et d’lork, d’où est sorti par exemple un savant parlait latin, les lagues romanes qui sont issues
comme Alcuin, appelé auprès de Charlemagne non pas du latin tel qu’on l’écrivait, comme on l’a
pour organiser la réforme. longtemps cru, mais du latin parlé. Les expres-
Le latin, langue littéraire et savante. siuns 4atin vulgaire* ou =populaire= désignent
La réforme carolingienne fut un net succès les divers faits latins qui ne s’acordent pas avec
quant à l’enseignement de l’orthographe et de la la norme classique. Bien que le terme <(latin vul-
prononciation, quant à la morphologie et la syn- gaire» soit conswré par les latinistes et les ro-
taxe de la langue savante. Même si cette ré- manistes, il est souvent combattu et on a pr6féré
forme a peu touché l’Italie et l’Espagne, le latin a das ce dictionnake parler de <latin populaire,
connu dans ces pays la même évolution, avec le ou «latin parlé», notamment pour éviter les
florissement des écoles épiscopales surtout à comotations péjoratives de l’adjectif wulgaire*.
partir du xre s. ; il acquiert alors un nouveau sta- D’autant que cet adjectif est par ailleurs em-
tut, celui d’une langue internationale, mais il ne ployé pour qualifier ou désigner les langues
correspond plus à aucun usage spontané. Du nouvelles, opposées au latin Iles wulgaires ro-
même coup, il peut devenir à nouveau relative- mans4
ment homogène. Sa vitalité est à cette époque La découverte d’un latin populaire, en tant
très importante : les textes tant littéra;ires que qu’usage distinct du latin, remonte au xrxe s., et
savants se diversSent; on crée de nouveaux résulte des études en graznmaire comparée des
mots passés dans les langues romanes comme langues romanes : on s’est aperçu que l’état de
ratificare, publikare, e3cempZificare, etc. Le latin langue qui peut être considéré comme la source
connaît également une nouvelle extension géo- de ces langues était, tout en étant bien du latin,
graphique, car l’l?glise catholique touche alors di%rent du latin de Cicéron ou de Virgile. Cette
l’est et le nord de l’Europe ; la Hongrie, la Bo- constatation avait d’aiLleurs été faite beaucoup
hême, la Pologne, le nord de l’AllernaGe et les plus tôt par les érudits, en ce qui concerne les
pays scandinaves entrent dans le monde de la mots, et c’est le grand G~osswium ad Scriptores
culture latine. Dans les pays où une langue WI& mediae et infimae latinitatis de Du Cange (pu-
gairem s’est imposée, le latin demeure langue blié un peu plus tard) qui permit à Ménage
d’institution, de savoir, de gouvernement. d’améliorer fortement l’étymologie du français.
À partir du XIII@s., moment où les grandes un- Ainsi, nombre de mots courants du latin clas-
versités remplacent les écoles épiscopales, la si- sique ne se retrouvent dans aucune des langues
tuation de ce latin écrit et didactique change ra- roma;nes : pour ne citer qu’un exemple, le mot
pidement. La dialetitique l’emporte sur la latin signi&nt «mangern edwe est remplacé par
rhétorique, on se livre à l’étude théorique de la d’autres termes plus évocateurs, manducure
théologie, du droit, etc., tout en s’éloignant de bfk. manger, ital. mangiure) ou comedere (resp.
plus en plus de la littérature et des auteurs anti- corner). Il faut bien alors postuler des variantes
ques : c’est la naissance de la scolastique. Le du latin, différentes du latti littéraire écrit. Si
lexique s’enrichit alors d’un grand nombre de certains des mots du latin populajre appa-
mots abstraits, des dérivés pour la plupart, dont raissent dans une tradition écrite plus ou moins
beaucoup passeront dans les lmgues euro- proche de la langue parlée, nombre d’entre eux,
péennes occidentales ; pour n’en citer que quel- jamais krits, doivent être reconstitués à partir
ques-uns, priotitas et superioritas, organizatio et des langues romanes et sont marqués, dans ce
speciftcatio, actualitas, itiividualitus, reuhtas, dictionnaire, du signe montrant que le mot est
etc. voient le jour. Les emprunts au grec, à supposé : le français bave vient par exemple
l’arabe luZgebra, alchimia.. .I se multiplient. d’un latin populaire “barra, bassins est issu de
Mais comme le latin scolastique, remarquable obuccinus, etc. Ce sont les régularités d’évolu-
par ses créations lexicales, s’exprbmit dans une tion (dites lois phonétiques) et les comparaisons
syntaxe pauvre, dans un style monotone et qu’il entre mots romans qui permettent ces are-
ignorait les auteurs anciens, on regretta la constructions*. La publication, à partir du XIX~ s.,
grande éloquence classique restée présente par de textes latins jusqu’alors inédits et présentant
les textes littértires. Dès le XI~ s., on se remet à de nombreux vulgarismes, a également accé-
traduire ces textes de I’Antiquîté et certains en- léré la prise de conscience de ce phénomène.
gagent contre le latin scolastique une lutte irn- Les sources.
placable, gui aboutira à la victoire des idées de fl n’est évidemment pas possible de reconstituer
la Renaissance. Ainsi, avec les grandes traduc- dans sa totalité ce latin populaire, puisque ne
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1989 LE LATIN

nous sont transmis que des écrits qui, aussi in- > lat. pop. domna > ital. donna, fr. dame; lat. lad-
corrects soient-ils, tendent toujours à se ratta- dum > lat. pop. “Zurdum > fr. lard.
cher à une norme. On ne peut que trouver des Le lexique utilké par le latin populaire est
wrlgarismew, des tours de la langue parlée souvent di%rent de celui du latin écrit et
dans la langue écrite. Pour cela, on possède un nombre d’exemples ont été donnés dans l’ar-
assez grand nombre de sources. D’abord, les ticle concernant les langues romanes (voir Ro-
textes qui présentent un écart par rapport Stla man). On utilise un vocabukre plus imagé : la
norme scolake : des inscriptions latines et des métaphore testa acoquillem et wase de terre
passages d’auteurs, même classiques ; les traités cuite> Cl?.tête) apparaît comme synonyme de cu-
techniques, souvent écrits dans un style plus are- put 4êtex (+ cheD au 19 siècle. Les diminutik
lâché,, moins littéraire, surtout les ouvrages de sont préférés aux intensifs kantare plutôt que
basse époque ; les textes chrétiens écrits dans un cunere > fr. chanter), les formes dérivées ou
style simple; les textes du haut moyen âge, sur- composées prennent le pas sur les formes
tout ceux de la Gaule mérovingienne : lois et di- simples luutiula plutôt qu’auris > ti. oreille).
plômes, chartes et formulaires. A ces écrits La morphologie nominale se simpl5e avec la ré-
s’ajoutent à partir du Bas-Empire les commen- duction du système des cas et la disparition pro-
taires de grammairiens, qui signalent les pro- gressive du neutre. Le système des pronoms,
nonciations et les formes fautives ou jugées compliqué en latin, se transforme ; la morpholo-
telles, et plus tard, les glossaires latins, traduî- gie verbale est par contre, mises à part quelques
sant en latin populaire les tours ou les mots du variations, assez proche en latin populaire de ce
latin scolaire considérés comme étrangers à qu’elle est en latin écrit et normalisé.
l’usage de l’époque (par exemple les gloses de Pour illustrer l’évolution syntaxique enfin, le
Reichenau au VIII~s., qui proviennent du nord de changement majeur réside dans l’ordre des
la France). mots : très libre en latin, il devient plus rigide, ce
que rend nécessaire la disparition progressive
Quelques traits du latin populaire.
des cas, réduits à deux en ancien tiançais.
Un latin apopulaires ou nvulgairep a théorique- Le passage du latin populaire aux langues ro-
ment commencé d’exister dès qu’a existé une manes.
tradition littéraire, mais les premières informa- La question de savoir quand ce latin populaire
tions que l’on en possède ne deviennent abon- est devenu une autre langue est controversée :
dantes qu’à partir du premier siècle de notre le passage s’est fait lorsque la structure du latin
ère. Son point chronologique final correspond parlé n’a plus été celle du latin normalisé. On a
au passage aux langues romanes; lorsque vu que sous le Bas-Fmpire, la langue que l’on
celles-ci sont constituées, ce latin spontané dis- parlait et écrivait était encore du latin. L’évolu-
paxaît. tion était en tout cas pleinement réalisée avant
II n’est pas question ici de faire la longue liste le moment où l’on s’est aperçu, en Italie, en Es-
des caractéristiques différenciant le latin popu- pagne ou en Gaule (concile de Tours, 8131, qu’il
laire du latin écrit et normalisé : une description existait deux langues : dès la fm du me s. ou au
unitaire serait de toutes façons utopique, puis- début du wr~~s., la langue parlée maternelle ap-
que le latin vulgaire, du premier siècle à la nais- pelée wulgaires, c’est-à-dire =de toute la popula-
sance des langues romanes, a évolué, à la fois tion%, n’éttit plus du latin, avec des évolutions
dans le temps et selon les pays. Quelques différentes selon les pays de la Romania. Ce qui
exemples pris dans le domaine de la phoné- a accéléré le passage du latin populaire aux
tique, de la morphologie, de la syntaxe et du langues romanes, c’est la disparition de l’éduca-
lexique illustreront quelques tendances évolu- tion antique et, avec elle, celle des normes lin-
tives propres au latin populaire : cet intermé- guistiques qu’elle perpétuait.
diaire n’appartit d’ailleurs pas toujours puis- En Gaule les Francs, à la différence des Wisi-
qu’il peut n’être que supposé par les langues goths d’Espagne ou des Burgondes d’Italie du
romanes. Nord, n’ont aucunement encouragé la culture
Les changements phonétiques sont importants : antique et les écoles de rhétorique avaient dis-
transformation des voyelles et des diphtongues paru dès la fm du ve s. : la vie urbaine se détério-
(ae s’est très tôt prononcé e : lat. Caesar > ti. Cé- rait et les autorités municipales ne pouvaient
sar), des consonnes : le son Ch1s’est par exemple plus payer de professeurs. L’éducation ancienne
palatalisé dans une partie de la Gaule devant a a survécu dans les fàmilles aristocratiques, avec
d’où lat. causa > fr. ctise, lat. campus > des professeurs privés, surtout au sud de la
fk-.champ, etc. Dans une partie de la Romania, Loire, futur domaine occitan, puis s’est peu à
une voyelle NprothétiqueB s’ajoute au s initial peu éteinte. Les Francs, qui se sont mis à parler
suivi d’une consonne (lat. scribere > anc. fr. es- latin, ont contribué à transformer la langue en
crire > fk. éctire; lat. sperure > fr. espérer). Les véhiculant des mots germaniques et en modi-
syncopes, phénomène courant de la langue par- fiant la prononciation. Plus rien alors ne pouvait
lée, sont extrêmement fréquentes : lat. domina retarder l’évolution de la langue et tout porte à
LATOMIES 1990 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

croire que, dès le rmlleu du VII~ s., le latin de fique» (médical, zoologique, botanique). Il ne
Gaule avait changé de structure, était devenu s’agit plus alors d’une langue, mais d’un en-
un ensemble de dialectes @lo-romans>). semble de terminologies adoptées par les sa-
vants de la communauté internationale qui s’ex-
4. LE LATIN À PARTIR DE LA RENAIS-
primaient partiellement en latin: ce sont des
SANCE. créations artificielles, expressions comme pyrus
La Renaissance a préconisé un retour au latin malus Ile pommier) ou mots qui n’ont du latin
de YAntiquité, à la fois dans le style et dans le vo- que l’apparence grâce à une terminaison en -ia,
cabulaire, en éliminant par exemple les mots et -ium, etc. : dahha, créé en 1804, est issu du nom
les tournures qui n’avaient pas été employés par du botaniste suédois Dahl. De telles formations
les auteurs anciens. Du même coup le latin ont été abondantes à partir de l’apparition des
n’évolue plus : il est devenu une langue amorte,. grandes nomenclatures scientifiques au XVIII~s.,
La production littéraire en latin est encore abon- comme celles de Linné et de Jussieu. En France,
dante au XVI~s., surtout dans des pays comme beaucoup de mots ainsi créés ont été rapide-
l’Allemagne, les Pays-Bas, la Hongrie, la Po- ment francisés lorsqu’ils sont passés en franqais
logne, puis décline peu à peu, d’abord en Italie, courant, Actuellement, les terminologies inter-
en France, en Espagne, en Angleterre. nationales pour la botanique, la zoologie et
Le latin langue savante internationale, langue l’anatomie sont encore latines, et les emprunts
de l’Église et de l’Université. au latin ou les formations latines, fréquentes
Cette langue morte n’en conserve pas moins dans les sciences, correspondent parfois à ce
une grande importance : elle reste longtemps, type d’habitudes. C’est le cas du nom des nuages
tout au moins jusqu’au me s., la langue inter- (cumulus, stratus, etc.1 et de bien d’autres
nationale des sciences et de la philosophie, celle termes savants. Mais on aborde là le problème
aussi des échanges et de la correspondance de l’influence lexicale du latin par l’emprunt,
entre savants. Descartes, Newton, Spinoza, Leib- abordé en d’autres lieux I+ emprunt, frmçais
niz, écrivent encore en latin et déjà dans leur Ilangue hnçaîsel, anglais).
langue maternelle ou dans une langue mo- C. Goulet
derne. Le latin demeure également la langue BIBLlOGRAPHIE
administrative de l’Église jusqu’au milieu du J. COLMRT, Histoire de la langue latine, Paris, coll.
XX~s., et officiellement, celle de la liturgie chré- M&ue sais-je?>),no 1281,P. U. F., 1967.
tienne jusqu’au concile de Vatican II (1963); les G. DEVOTO, Storia dellu lingua di Ropnu, Bologne, Li-
textes doctrinaux fondamentaux sont encore de cinio Capelli Edieore, 1940.
nos jours écrits en latin. J. HEFMAN, Le Luth vulgaire, Paris, CON,M&ue sais-
je?m,no 1247,P. U. F., 1967.
En France, le latin a été longtemps la langue de A. MEILIXT, Esquisse d’une histoire de lu langw Za-
l’enseignement et plus lon@emps encore celle tine, Paris, Klincksieck, 1913,réédité en 1977.
de l’Université qui l’utilise au moins partielle- C. MOHRMANN, Latin vulguire, Min des chrétiens,
ment jusqu’au début du me s. : la <deuxième latin médiévul, Paris, Khncksieck, 1955.
thèse)) en latin, obligatoire dans les facultés de D. NOFIDBERG, Manuel pratique du lutin médiéval,
Paris, Picard, 1958,réédité en 1980.
Lettres, ne disparaît qu’en 1908.
P. RICH&, fiducation et culture dans l’Occident bar-
Le latin scientifique. bare, Paris, Le Seuil, 1962.
À côté du latin savant et didactique, pratiqué V. VmhIEN, Introduction au lutin vulgaire, Paris,
jusqu’au XD? s., on parle aussi de 4atin scienti- Klincksieck, 1981.

(Suite de la page 19841


Par extension, le mot désigne une personne très upierre)>, mot d’origine obscure qui a été concur-
large en matière religieuse (1704) et qutie dans rencé par petiu (-, pierre), originellement distinct,
un style littéraire une personne tolérante à l’excès et d’un dérivé de temnein Ncouper, tailler= (+ tome).
en matière de morale (1704. 0 Son dérivé LATI- 4 Le mot a 6té repris comme terme d’antiquité, à
TUDINARISME n. m., d’usage didactique en reli- propos des carrières de Syracuse utilisées comme
gion, est attesté depuis 1817. + LATITUDINAL, prison.
ALE, AUX adj . ( 18531, employé techniquement en
marine et exceptionnellement au sens de <relatif à LATRIE n. f, est emprunté (1376) au latin chré-
la latitude=, est lui aussi sémantiquement éloigné tien lutria <adoration)), spécialement «adoration de
de latitude. Dieum. Lui-même est emprunté au grec latreia, mot
désignant le service en général et celui des dieux
LATOMIES n. f. pl. est emprunté (1515) au latin en particulier, dérivé de Zutieueirt *servir pour un
Zatomiu, ordinairement au pluriel Zatomiue, lequel salairem d’où (wrvirn, spécialement crendre un
transcrit le grec latomia acarr%re de pierre», au culte à un dieux, dénominatif de Zutron I-t larron).
pluriel lutomiai appliqué à une carrière de pierre De cet étymon viennent les éléments -1ûtre, -latrie,
servant de prison à Syracuse. Ce mot est dérivé de représentant respectivement -latiês aadoratew>,
lutomos «tailleur de pierre, carrier, formé de luas et latreiu cadorationm.
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1991 LAURIER

4 Ce terme de théologie désigne l’adoration ren- DÉLATTER v. tr. (1412) ~~dégmnir de ses lattes=,
due à Dieu, surtout dans l’expression culte de latrie mot technique. ~CHANLATTE n. f., composé de
(1690; précédée par-honneur& lati, 1541, Calvid cknt* et de lutte (XII~s.1,désigne une latte mise de
qui s’oppose à culte de dulie *rendu aux anges et chant, horizontalement et au bord de quelque
aux saintsn (d’un mot grec siflant <servitudefi). chose.
b LATREUTIQUE adj., emprunt didactique ( 1867)
LAUDANUM n. m., (XIV” s.), d’abord luuda-
au dérivé grec latreutikos aconcernant le culte ou
mum IXIII~s.), est une altération du latin ludunum,
l’adoration de la divinité>, se dit du culte offert à
emprunt au grec ladanon arésine d’un arbuste, le
Dieu en tant qu’Être souverain.
cistea.
LATRINES n. f. pl. est emprunté ( 1437) au latin 4 Le mot a désigné l’opium, puis (1620) une teinture
im@riaI lutina &eux d’aisance,, issu par contrac- alcoolique d’opium employée en pharmacie I
tion de luvati~a Ide lavure -+ laver) qui, à une épo- comme soporifique et calmant.
que ancienne, désignait le bain qu’on appela plus
tard bulneum (+ bain). Lorsque l’usage des toilettes LAUDATIF, IVE adj. est un emprunt tardif
privées s’établit, on les placa à côté de la cuisine ( 17871 au latin luudutivus “qui concerne l’éloge, qui
parce que la canalisation était toute prête. Lava- loue, exprime une louangeti, en particulier =dé-
tina puis lutrina s’appliqua à cet ensemble, et à monstratifn (en rhétorique), dérivé de luudure
l’endroit par où s’écoulaient toutes les eaux de la (-+ 0 louer).
maison. Lorsqu’au début du 111’s.av. J.-C., on établit + Le sens est d’abord “qui contient un éloge» puis
à Rome des bains publics, à l’exemple des Grecs, cqui fait ou implique un éloge>>.
seul le lieu d’aisances resta à la cuisine, conservant b Au xwe s., on employait LAUDATEUR, TRICE
le nom emprunté à celui du bain. Le mot s’appli- n. et adj. (15301, emprunté au latin Zuudutor (celui
quait aux toilettes publiques, à Rome In” s. av. J.-C.) ; qui louen et juridiquement acelui qui fait une dépo-
cf. vespasienne. sition élogieusen, lui aussi dérivé de Zaudare. 0 Le
+Latines, au pluriel Ile singulier est enregistré en mot, tombé en désuétude aux XVII~et XVIII~s., a été
16061, a remplacé l’ancien lançais de même sens repris vers 180 1et est employé en histoire romaine
longaigw, et s’est spécitisé pour désigner des avec son sens juridique 11845); il reste didactique, à
lieux d’aisances sommaires, notamment militaires. la diErence de laudatif qui sert d’adjectif à
0 louer, en concurrence avec louangeur et élogieux
LATTE n. f., d’abord Zute Cv.11551, est d’origine C+ éloge).
obscure : c’est peut-être un emprunt très ancien au
germanique, les lattes ayant eu une grande impor- LAUDES + LOUER
tance dans la construction des maisons de bois des
colons germaniques en Gaule. L’existence de cet LAURÉAT, ATE n. et adj. est emprunté
étymon se dégage de l’allemand Latte, de l’anglais 115301au latin Zaureatus couronné de lauriern, de
luth, du néerlandais lat, du danois luegte. Le mot laureu «lauriep, forme féminine substantivée à
germanique, peut-être apparenté à un celtique l’époque impériale correspondant à Zuurus de
“sluttü (irlandais slat), serait également à l’origine même sens I+ laurier).
de l’italien lutta et de l’espagnol lutu. Pour P. Gui- +Le mot, repris avec le sens du latin, entre spé-
raud, l’origine du mot serait plutôt à rechercher cialement dans l’expression poète lauréat Cl7051
dans le latin latiture <porter souvent>, forme h-é-+ désignant un poète qui, dans une cour, a reçu une
quentative du supin lutum b tollé) de ferre aportern couronne de laurier en consécration de son talent
I+ fère) et la latte serait donc proprement un sup- et se voit pensionner pour célébrer les événements
port. remarquables Il’institution existe toujours en An-
4Lutte, écrit avec deux t à partir du xwe s., est le gleterre). ~Depuis 1822, il est employé comme
non-i d’une pièce de bois refendu, longue et mince, nom avec son sens moderne de flpersonne qui rem-
utilisée en charpenterie et en menuiserie. oCe porte un prix dans un concours».
mot était anciennement employé par analogie b Le mot latin laureatus est également représenté
11808) pour désigner un sabre de cavalerie, d’après par un terme de style plus littéraire, LAURÉ, ÉE
la forme de sa lame; il conserve un sens analogique adj. (1496-1498) =Couronné de laurier» (1545) et, en
en Belgique où il désigne une règle plate graduée. numismatique, *orné de laurierti 118281,dont on a
0 En argot, son pluriel sert à désigner les chaus- dériv6 LAURER v. tr. 11888) <couronner de laurier.
sures (1803) et par extension (19373 les pieds. Coup ‘$ voir BACCALAU&AT>
& latte correspond à coup de pied.
b Le mot a produit quelques termes techniques. LAURIER n. m. est dérivé (1080) de l’ancien
*LATTIS n. m., d’abord latin (XIII~ sd, désigne une fkmçais lor (x~~-xnf s.), issu du latin lauws de même
garniture en lattes. *LATTER v. tr. (1240-12801, sens, emprunt probable à une langue méditerra-
d’abord aattacher, clouern, signifie agarnir de néenne, de même que le mot grec daukhnu tthes-
lattesm (1288) et spécialement dans lutter des salien), luphnê (à Pergame). L’arbre, distingué pour
planches (1859) <empiler des planches en laissant son parfum puissant et sa capacité de brûler vert
du vide entre elles,. Il s’emploie argotiquement avec un fort crépitement, était considéré comme
pour Kdonner un coup de pied>>. 0 Il a pour dérivés l’allié des forces de lumière et de feu et consacré à
LATTAGE n.m. (15031, LATTÉ. ÉE adj. &VI~S.~ et l’Apollon solaire. Il ne pouvait servir à aucun usage
LAUZE 1992 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

profane et était pris comme emblème de gloire et LAVALLIÈRE n. f. et adj. est tiré (1874 chez
de victoire à Rome et en Gréce. L’usage de couron- Mallarmé) du nom de la duchesse de Lu Vullière
ner les généraux triomphants d’une couronne de C1644-17101, favorite de LouîsXIV, qui porttit ces
laurier est à l’origine de certains dérivés (-+ lauréat) sortes de cravates à large noeud flottant.
et d’une valeur symbolique passée en français. + Ce terme d’habillement est employé seul ou en
4 Le mot, désignant I’arbre, est emp1oyé avec son apposiGon après rmud, et cravate. La cravate ia-
sens métonymique de <feuillage de l’arbre* (fin vull&e ou lavallière était, au tournant du me s., ty-
xwe s.) pour symboliser la gloire du vainqueur pique des artistes, ou du moins du type social de
115501, plus généralement la gloire, le succès peintre alors à la mode, le rapin. + Comme adjectif
(av. 16631; il entre dans les locutions se reposer sur signZant Mde couleur feuille morten, en parlant
ses lauriers Iv. 1700, sous une forme légèrement ti- d’une reliure (18741, le mot vient cette fois du nom
férente) et s’endormir sur ses latien ! 17911.0 De- du neveu de la duchesse, L.-C. de la Baume Le
puis 1834, il est employé moins noblement dans un Bknc, duc de La Valk&e II XX- 17801,célèbre biblio-
contexte culinaire, pour afeuille d’une variété de phile français.
laurier (le laurier-sauce) utilisé comme assaisonne-
ment>. LAVANDE n. f., d’abord luvende Cv.13001, est
b Par analogie, il fournit le premier élément de probablement emprunté, malgré la chronologie
noms d’arbustes qui n’appartiennent pas à la fa- connue à l’italien de même sens Zavandu (attesté
mille du hutir. LAURIER-TN ( 16 15, laurier-tinus), au xvIes.l. Celui-ci est issu, par une transposition
LAURIER-ROSE (16171, LAURIER-CERISE (16901. sémantique due à l’usage des sommités de lavande
0 Formé ultérieurement, LAURIER-SAUGE (1803) dans l’eau du bain et pour parfumer le linge fkais
est synonyme de laurier commun (le laurier anti- lavé, de luvunda <wtion de laver)) (xv” s.), lequel est
quel. +Le radical du latin laurus a servi aux emprunté à l’adjectif verbal, au pluriel neutre, de
chimistes à former LAURIQUE adj. 11867, ,&ttré) et lavure (+ laver). L’ancienneté de I’anglais lave&&
LAURATE n. m. (1873) désignant un sel. (anglo-normand lavendre, v. 1265) et le latin médié-
En botanique, les dérivés latins savants de laurus, ml lavendulu (1250) font cependant douter du bien-
laurineae et lauruceue, ont donné les termes ti- fondé de I’hypothése d’un étymon italien.
çais LAURINÉES n.f.pl. et LAURACÉES, tous 4 Le mot désigne une plante de la famille des La-
deux antérieurs à 1846 (Dictionnaire universel biées, arbrisseau aux fleurs bleues en épi, d’un par-
d’histoire naturelle). fum délicat. C=Il est employé en apposition au sens
métonymique de *couleur de lavande, bleu-mauvea
LAUZE ou LAUSE n. f., attesté en français
Cl5861 et sert à désigner l’essence de lavande utili-
central chez Stendhal (18011, est emprunté à l’anc, sée en parfumerie et le parfum lui-même
provençal kaakzcr,Iuusu apierre plate- (11743. Ce mot Cd&. xx” s.l.
semble issu du gaulois “luusa, d’origine inconnue,
peut-être préceltique (non îndoeuropéennel. wEn sont dérivés un adjectif de couleur, d’usage ré-
gional, LAVANDE, ÉE adj. 11669, gris luvendés),
+ Le mot désigne une pierre plate servant de dalle
atisi que @ LAVANDIÈRE n. f. 11907) 4errah
ou de couverture (un toit de luuzesl. Son usage
planté de lavandes>), à ne pas confondre avec 0 lu-
s’étendait de la Provence à la Lorraine.
vund&e (+ laver), et LAVANDIN n. m. ID? s.) (<hy-
LAVABO n. m. est tiré (15031 de la formule du bride de lavande et d’aspic)).
Psaume m, 6 : lavabo inter innocentes manus
meus <je laverti mes mains au milieu des inno- LAVE n. f., précédé par Juive (<pierre volcaniquem
cent+, prononcée par le prêtre en se lavant les (15871, est emprunté ( 17391à l’italien lava (av. 1712)
mains apr&s l’offertoire. Le mot est la première «matière volcanique en fusion>), d’origine napoli-
personne du futur de l’indicatif de lavure (-+ laver). taine et sicilienne. Ce dernier, également Ncoulée»
(au figuré), est issu du latin lubes &couIementa, de
+ Les premiers emplois s’inscrivent normalement
Ictbi (<glisser, tomber, (-+ labile, laps, lapsus).
dans un contexte liturgique pour designer le linge
avec lequel le prêtre essuie ses mains (1560) et, par 4 Le mot désigne la matière volcanique en fusion,
métonymie (17211, la prière commençant par lu- par exemple dans coulée de lave, lave en fusion.
vabo. + Ce n’est qu’au xrxes. que le mot passe dans 0 Il s’applique aussi à cette matière une fois rekoi-
I’usage comrnm, désignant kV,18013 une table de die et péttiée, notamment utilisée corne pierre
toilette puis (1805) par métonymie la cuvette, de construction. Cette acception, sous la forme
souvent placée dans un évidement de cette table Zaive, est plus ancienne.
et, par suite, la cuvette à eau courante, entrant b On en a tiré l’adjectifdidactique LA~IQUE, enre-
dans le doma,ine de l’appareillage sanitaire. ~Par gistré en 1840.
une seconde métonymie, le mot désigne également
une pièce réservee à ce dispositif (sens plus ou +b+LAVER v. tr. est issu (v. 980) du latin lavure,
moins &niné par cabinet de toilette] et surtout verbe qui, à l’origine, marqw& un état et s’em-
I& s.), au pluriel et par euphémisme, les lieux d’ti- ployait absolument avec une valeur réfléchie. Le
sances publics à proximité desquels il y a (parfois) sens transitif de abaigner, nettoyer» était réservé à
un lavabo (cf. toiletie). *En ce sens, le français a un verbe apparenté, mais au vocalisme différent,
aussi utilisé l’anglicisme LAVATORY n. m. (1894; lavere. Par la suite, Zuvure a été traité comme un
1890, Kboutique de coiffeur avec cabinet de toi- tra;nsitif et a fi par supplanter lavere, conservé
lettex), mot anglais issu du bas latin luvutorium. par ses composés qui ont donné ablution*, uk-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1993 LAVER
vion”, diluer*. Sans que l’on puisse dégager une quide dans le gros intestin (16281, en concurrence
forme indoeuropéenne précise, la même rahne se avec clystkre, en lançais classique, avec des syn-
retrouve dans un nom d’instrument celtique, les tagmes comme poire à lavement; c’est de cette ac-
verbes grec louein et arménien loganam use bai- ception que provient le sens figuré de cpersonne
gner», des substantifs germaniques comme l’ancien importune» ( 1877). +LAVEUR,EUSE netadj.
haut alkmant jouga +ssiveB, le vieil islandtis 0390) vcelui qui lave>>se dit spécialement de celui
Zaucir c(lessivem,laug <<bain chaud-. ou celle qui lave la vaisselle (1680, Zuveur d’écuelles)
+Le verbe exprime le fait d’enlever la saleté de et, au masculin, du laveur de cendres d’on’évre
qqch. avec un liquide, notamment de l’eau, et (1080) (18321, du laveur d’or (1849). 0 Au xrx” s., il s’ap-
de nettoyer le corps ou une de ses parties. Dès le plique à divers appareils effectuant les opérations
XII~s., il est employé au figuré avec l’idée de adébar- de lavage dans diverses industries (1867, d’abord
rasser (qqn) de souillures morales)) Cv.11201 et de en papeterie). OPar ailleurs, il s’emploie en appo-
&Parer et faire rkparer lun acte qui entache la ré- sition danz don* buveur. +LAVAGE n.m. (1432)
putation)», d’où laver qqn de gqch. 116911, se Zuver assume le sens général d’aaction de laverm qui fait
d’un opprobre, d’un a#ro& (171-83, sens réalisé en défaut à lavement; il a reçu quelques acceptions
particulier dans laver un affront, un outrage métonymiques concrètes (1547, lavage de chuzml et
Cv.11901. S’en laver les mains ( 1180) est une allusion des specitiisations correspond& à celles du
biblique à Ponce Pilate dans I’kngile, qui se lave verbe, dans l’industrie ( 1740) et en médecine 11890,
les mains et se déclare innocent du sang de Jésus, lavage d’estomac). 0 L’usage familier l’emploie au
et rejoint par une métaphore du sens concret la va- figuré en parlant d’une vente au rabais d’effets, de
leur figurée. *La valeur symbolique purificatrice meubles (18391, sens archaïque, et d’une réprî-
du fait de se laver, de laver, est elle-même à l’ori- mande 11890, lavage & tête), sens correspondant à
gine de l’emploi du verbe dans un contexte reh- un emploi du verbe. * Lavage de cerveau désigne
gieux ti xme sJ. *Le sens concret a donné plu- (19591 une action psychologique exercée sur une
sieurs extensions et emplois particuliers dès le personne pour lui faire renier ses habitudes et
me s., laver une pluk Iv. 11701, en médecine, puis convictions ; l’expression est calquée sur l’anglais
différents emplois techniques en chimie (16763, brctin wushing. + LAVASSE n. f. (14471, formé avec
charpenterie (16761, traitement de la laine (1680), un subie péjoratif, a désigné une pluie torrentielle
en orfèvrerie (18671, en prospection des minerais avant de se dire d’un aliment liquide sans saveur
(18931. 0 Par ailleurs, d’après l’idée de acouler le (18291, en particulier d’un mauvais café trop étendu
long des ( 15381, le verbe a pris le sens d-arroser» en d’eau 08661. 4LAVABLE adj. <qu’on peut lavers
parlant d’une forte pluie, d’un cours d’eau ( 16941. date lui aussi du xve siècle. 4 LAVERIE n. f. Cl5841
*Il est employé en peinture avec l’idée de adé- signSe d’abord #action de lavers,, et aussi <<petitlo-
layer une couleur avec de l’eau et l’étendre a plat)) cal où l’on lave la vaîssellem (dès 15551, sens dispa-
(1660). rus. 0 Puis, il se réfère comme terme technique à
b La dérivation, importante, commence dès le XII~s. l’endroit dans lequel on fait des lavages industriels,
avec LAVURE n. f. Iv. 1155, lavetire), mot dont une en particulier de minerais 11776). oLe sens de
forme antérieure luvudure Cv.10501 peut remonter apièce où on lave le linge> 0857) en a fait un syno-
au latin popukire o~uvut~ru Cv.1125). oLe mot dé- nyme de blanchisserie, spécialement en parlant
signe le liquide qui a servi à laver; il s’est employé d’un établissement commercial en libre-service
en médecine dans l’expression lavure de chair en 119511, sens aujourd’hui usuel, par exemple dans
parlant de l’ensemble des tissus sanguinolents laverie uutomatique. -LAVETTE n. f. ( 1636) dé-
11314). En reliure, il concerne l’operation consistant signe un petit torchon pour laver la vaisselle et, en
à laver les feuillets d’un livre avant de le relier Suisse, pour faire sa toilette. 0 Par le même type
(16901. 0 L’expression lavure de vaisselle Neau qui a de métaphore que ch$%, le mot s’applique fitmi-
servi à la vaisseUema été usitée 118493comme terme lièrement à une personne sans énergie, sans cou-
dépréciatif populaire pour une personne; cf. rin- rage C18621. * LAVIS n. m. correspond ( 1676) à la
pue. * @ LAVANDIÈRE n. f. (1 l8UI a été formé spécialisation du verbe en termes d’arts pour une
avec l’élément -undière dérivé de -unde (du latin technique proche de l’aquarelle. +LAVÉE n. f.
-andusl pour designer une femme qui lave le linge 117521, uquantité de ce qu’on peut laver en une fois>>,
par profession. Il a été repris pour dénommer un est parfois employé spécialement en relation avec
petit oiseau qui Mquente le bord des cours d’eau laver à propos de la laine.
115551, & cause des mouvements de sa queue L’élément verbal LAVE- a servi à former une série
comparés à ceux d’une blanchisseuse battant le de noms d’objets courads, de LAVE-MAINS n. m.
bge. +LAVOIR n, m. I~KI XII~s.) a désigné un bas- (1471) à LAVE-PIEDS n. m. 117751, LAVE-PIN-
sin à ablution et un évier (12833 avant de s’appliquer CEAUX n. m. (19071, utilisé par les peintres, LAVE-
sp&c%quement au bassin oti on lave les draps PONT n.m. (1962) et LAVE-VAISSELLE n. m.
! 1465) et, par métonymie, à l’édfice qui l’abrite ( 1925, répandu v. 19691, ce dernier usuel depuis la
(16111. fl s’est spécialisé en technique pour le dispo- diEusion de cet appareil électroménager (+lave-
sitifpermettant de laver le minerai (17141. ~LAVE- dos*, lave-glace*, lave-linge*, lave-phares*).
MENT n. m. (deb. XIII~s.) n’a jamais été courant au Le verbe a donné dès l’ancien tiançais deux séries
sens général d’caction de lavera : il s’est spécialisé de prétiés verbaux. RELAVER v. tr. Iv. 11751, à va-
dès les premières attestations en liturgie (lavement leur itérative, est employé en Suisse comme syno-
des pieds, etc.). 0 Dès l’ancien fiwrçais (XIII~s.), le nyme de laver depuis 1670. 41 a produit RELA-
mot s’est spécialisé à propos de l’injection d’un li- VAGE n. m. ( 1878).
LAXATIF 1994 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

DELAVER v. tr. (XIII~s-1,d’abord au sens de asalir» tait en quarantaine, depuis 1348, les malades
et apur$erD, signifk encore aujourd’hui
(1398) contagieux revenus de Terre sainte.
kkircir à l’eau> (v. 15851, produisant à son tour + Le mot a dési@ une léproserie (sens encore ré-
DÉLAI@, ÉE adj. plus courant que le verbe pour pertorié en 17713 avant de s’appliquer au bâtiment
ad’une codeur trop éclaircie, passéen, DtiLAVAGE
où se font Le contrôle sanitaire et la mise en qua-
n. m. et DÉLAVURE n. f. (XX” s.), techniques OU rantaine des contagieux dans un port (16901, au
rares.
xx’ S. dans un aéroport, et, ultérieurement, au local
0 Voir ~LUTION, ALLUVIUM, COLLUTOIRE, DtiLUGE, DILU-
d’un hôpital destiné aux enfants suspects d’affec-
ViuM. bas, LAVABO, LAVANDE, LI!%ER, LOTION.
tions contagieuses (me S.I.
LAXATIF, IVE adj. et n. m. est emprunté 0 voir LADRE.
(XIII~s.) au latin médiéval luxutivus &mollientn, dé-
rivé de /UXUW (<relâcher)> (3 lâcher+ LAZZI n. m. est emprunté (1700, KG&tre italien
de Gherardi) à l’italien lazzi, pluriel de ZUZZO,at-
+ Le mot, introduit comme adjectif et quelquefois testé depuis 1660 au sens de ajeu de scène bouffon>>.
abrégé en latif au xwe s. (16111, est également em- L’hypothèse selon laquelle lazzi viendrait d’une
ployé comme substantif. Bien que de formation sa- abréviation de Z’uzzi pour Z’uzzioni «les actionsn (du
vante, il s’est plus répandu que son synonyme relct- latin ac tio, + action), employé dans les tidications
chant*, scéniques des jeux bouffons, est très contestable
d’un point de vue phonétique. Le mot italien pour-
LAXISME n. m. et LAXISTE adj. sont deux
rait plutôt être emprunté à l’espagnol lu20 aruse,
termes didactiques formés tardivement (1895 et
artifice trompeur» &III~ s.), proprement 4aceta)
1908 respectivement) sur le latin Zaxus -lâche, des-
Ib lacs, lasso).
serré> (+ lAcher).
+ Ces mots sont apparus dans un contexte théolo- + Lazzi a pénétré en France comme un terme de la
gique, à propos d’une doctrine qui tend à supprî- Commedia dell’arte ; par extension ( 17321, il dé-
signe des plaisanteries bouffonnes et moqueuses
mer les interdits et à les limiter, et de là, se sont
(surtout au pluriel, ce qui est le cas du mot italien>.
étendus couramment à toute tendance à la tolé-
Le français admet Le plurie lazzis à côté de lazzi.
rance excessive, notamment dans un contexte so-
ciopolitique.
0 LE, LA, LES art. déf. 1881) continuent ikm,
LAYETTE n. f., d’abord liette (1378) et laietie illam et, pour le pluriel, illos, illas, formes de l’ac-
(av. 14001, est le diminutif en -ette de l’ancien fran- cusatif (au singulier et au pluriel) du latin ille <ce-
çais 0 laie ( 1357) uboite, cotit)), encore utilisé avec lui-là, celle-là, lui, elle>>,avec chute de la première
des sens spécialisés, notamment en musique pour syllabe due à la fréquence de ces emplois en posi-
désigner la partie inférieure du sommier de tion proclitique. IUe s’opposait à hic et iste dans le
l’orgue. Laie est en général considéré comme em- système des trois démonstratifs latins I+ ce) : si on
prunté au moyen néerlandais laeye «petite caisse*, ne peut, sans arbitraire, analyser Ue, on y retrouve
qui correspond à l’allemand Lade de même sens et une racine contenant 1 indiquant l’objet éloigné
appartient à un groupe de mots germaniques. La (-, aliéner, ultra). IZZedésignait ce qui est loin par
racine verbale langlais to la& Mchargerl, allemand opposition à hic et possédait une valeur empha-
laden) se retrouverait dans des mots slaves comme tique. Sa valeur était cependant moins nette que
le vieux slave kJa@, Izlusti cmettre, poser= E+ lest). celle des autres démonstratifs et a tendu à s’afki-
P. Guiraud propose d’y voir plutôt le déverbal de bhr, notamment dans la langue parlée où il jouait
l’ancien 2aier <<laisser un espace vide>, variante de souvent le rôle de pronom personnel. Quand le sys-
laisser*. tème s’est disloqué, ille a tendu à remplacer is, sans
doute pour substituer une forme plus pleine à un
+ À I’origine, le mot désignait un cofket ou un tiroir
monosyllabe, et l’a halement évincé. Près d’un
servant à ranger des papiers, des vêtements, de
substantif, il en est venu à se réduire à la valeur
menus objets personnels. 0 Par une métonymie du
d’article, postpos6 ou antéposé en roman (le latin
contenant au contenu, il a pris (16713 le sens, au-
de Gaule a adopté l’antéposition après 271, date de
jourd’hui courant, d’aensemble des vêtements d’un la séparation de la Dacie, la postposition latine
nouveau-n&. s’étant conservée en roumain, langue où l’article
b LAYETIER n. m. (15821, nom de Celui qui fa- est postposé).
brique, qui vend des boîtes, des caisses, et LAYE- + Dans l’ancienne langue, l’usage du déterminant
TERIE n. f. (17651, nom de l’industrie correspon-
était beaucoup plus restreint qu’aujourd’hui : on le
dante, n’ont pas suivi l’évolution de layetie, et ne
trouvait rarement devant un nom abstrait ou, sans
conservent que le premier sens de layette.
extension, devant un nom propre. Il nous reste des
LAZARET n. m. est emprunté E1577) à l’italien traces de cet usage dans les proverbes, locutions
lazzuretto 4ieu de quarantaine pour les malades verbales stéréotypées et autres syntagmes figés
atteints de maladies incurables et contagieu=+, (groupes du type us et coutumes).
mot attesté dans le Journal du Vénitien G. Pnub b AU, AUX sont issus de a* le, à les; au a absorbé
(1494-l 512). ce mot est la corruption, probablement me ancienne forme ou (encore chez Villon), issue
SOUS l’influence de SLuzzaro <saint Lazare*, pa- de en le (d’où el, eu, ou) comme on le voit dans jeter
tron des lépreux, de Santa Maria di Lazaret, Naza- uu (en, dans le1 feu. Du fait que, devant voyelle, on
reto au me s., nom d’une île vénitienne où l’on met- employait simplement en, on a aujourd’hui au par-
DE LA LANGUE FRANÇAISE 1995 LÉCHER

tugd mais en Espagne, uu priatemps mais en bté. çonnem -Le mot a été introduit en lançais en
Aux a éliminé une ancienne forme ès If. et m.1 qui parlant de la fonction de leader à la chambre des
subsiste dans les formules du type docteur ès-lettres Communes britannique et est resté plus longtemps
et dans les parlers de l’Est et du Sud-Est. que leader réservé à une r-Mité angle-américaine,
0 Voir LE, LA. LES, pronoms pWSOIIdS, DE et DES h% le; de Cependant, sa fréquence dans la langue actuelle
lesl, plupal%. de la politique et de l’économie marque sa renais-
sance, suscitée par l’intérêt pour la dynamique des
0 LE, LA, LES pr. pers., attesté dès les pre- groupes.
miers textes romans (842, Zo, Z’ devant voyelle), est 0 voir LEITMOTIV.
de même origine que l’article déti le, lu, les.
LEASING n. m. est emprunté (1963) à l’anglo-
+ En fonction d’attribut devant un verbe (XILI~s.), le américain leashg, néologisme apparu en 1952
pronom a soulevé un problème d’accord en genre dans la dénomination d’une sutiété, 27~ U. S. Lea-
avec l’adjectif qu’il représente : l’usage ancien était
sing Corporation. Leasing, équivalent superflu et de
de faire l’accord quand il reprenait un mot du nos jours disparu du substantif Zeuse alocation à
genre féminin, mais Vaugelas, puis Th. Corneille bailm, est dérivé de l’anglais to Zease adonner en lo-
ont imposé au XVII~ s. la règle actuelle de le inva- cation)) (xvi” s.), lequel est issu, dans un emploi spé-
riable .
cialisé, de l’anglo-normand correspondant à l’an-
cien français lessier, Zuksier b laisser).
LÉ n. m. est la substantivation d’abord sous la
formé led Cv.1I701, puis Eé he s-1, de l’axien ad- 4 Le mot s’emploie en commerce pour la location
jectif I6 (10801&rge= et aspacieux, vaste)) kve s.), de biens d’équipement à une société tkancière qui
employé jusqu’au xvie siècle. Ce mot, supplanté par se charge de l’investissement; après avoir connu
large, est issu du latin latus de même sens. L’exis- une certaine vogue, il tend à reculer au profit de
tence, auprès de latus, d’une forme populaire à crédit-bail ( 19661, plus transparent.
consonne géminée intérieure, stlatia, donne lieu LÉCHER v. tr. est issu Iv. I 1203d’un verbe kart-
de supposer une initiale ancienne “stl-. Celle-ci cique de même sens “l&kôn, postulé d’après le
amène à rapprocher le verbe slave stiati moyen néerlandais lichen, lecken, l’ancien haut al-
<<étendre», le latin sternere «coucher, étendrem lemand lecchon et l’allemand lecken. Les mots ger-
(+ consterner, strate) et, plus loin par le sens et la maniques appartiennent à la même racine indoeu-
forme, le groupe du sa;nskrit tc&- +U&KW . ropéenne que le latin linguere &chera, le grec
+ Le mot a eu le sens génkral de &rgeur» autrefois leilzhein, (-, électuaire, lichen), le vieux slave li@ <<je
réalisé dans la locution de long en lé (~III” s., sous 1ècheB. 0 P. Guiraud, sans exclure la possibilité
d’anciennes variantes); cette acception a disparu d’une tiuence francique, y voit cependant un mot
au XVII~siècle. 0 Il s’est spécialisé pour désigner la roman, doublet de lisser* (latin liticare), le passage
largeur d’étoffe comprise entre deux lisières (14121, du i au e pouvant s’expliquer par l’influence fer-
désignant par métonymie une bande de tissu dans mante d’un yod (le son Ijl).
toute sa largeur. Par analogie, il désigne (1690) la + Le mot Sign%e apasser la langue sur Iqqch.1, et
largeur d’un chemin de halage puis, par métony- particulièrement (1170) <<enlever à coups de
mie, le chemin de halage lui-même (1812). Il s’ap- langues. II a développé quelques sens figurés :
plique également ( 1930) à la largeur d’un papier l’idée de 4latter», relevée dans quelques textes au
peint ou d’un revêtement souple en rouleau. XIV~s., a été reprise en 1798 par la locution kherle
@ voir ALAISE, DUTER, LAIZEl. LA TIFWNDIA. LATITUDE. cd à qqn(cf.ci-dessous lèche-cul). 0 L’idée d’cexé-
cuter avec un soin minutieux> est attestée depuis
LEADER n. m. est emprunté (1822) à l’anglais 1690, dès 1680par le participe passé léché, devenu
leader (celui qui mène, dirige, condu& attesté dès usuel en peinture, et quelque peu péjoratif. 0 Ours
le moyen âge pour désigner les chefs de troupes, md léché (1678) a pris son sens figuré d’ehomme
les meneurs d’hommes, et dérive de to Zead Cv.825) mal fait et grossier)) un peu plus tard (attesté
aconduire,, verbe correspondant au néerlandais v. 17181, par allusion à la tradition popukire selon
kiden et à l’allemand leiten, au suédois leda et au laquelle l’ourson naît informe, sa mère le léchant
danois le&. Tous ces mots sont issus d’un verbe longuement pour lui fwonner le corps Id’oti le sens
germanique dérivé d’un nom désignant le chemin, d’(<enfant mal fa%, en 1694).0 Le me s. a vu appa-
le convoi. raître le sens analogique d’xeffleurer de près=
+ La multiplicité des sens en anglais devtit faire (1826) et le xx” s. la locution lécherles vitrines kubs-
adopter le mot en fkançais, non seulement en poli- tantivé en lèche-vitines, + vitre).
tique (1822; 1829 dans le contexte fhnçais), mais F LÉCHERIE n. f. (v. 1155) a désigné jusqu’au XVI~s.
bientot dans d’autres domaines de la vie sociale : la luxure, la vie désordonnée et débauchée. Il se dit
vocabulaires du hippisme (18331, de la mode, du encore, familièrement, d’une extrême gourman-
journalisme ( 1852, le&er article, d’après l’anglais dise (XII~s.1,sens tombé dans l’oubli après le XVII~s.
leader, 18441,du sport (1882),etc. mais repris dans la seconde moitié du xrxes., avant
b LEADERSHIP n. m. (1875; 1864, au féminin) est de disparaître. 0 À la même époque, le mot a aussi
emprunté à l’anglais leadership (1821) avec -ship, reçu ses sens d’flaction de léchern ( 1884) et Mflatte-
sufke indiquant «l’état, la conditiow, apparenté à riea (av. 18851, tous deux rares. -LÉCHEUR, EUSE
la racine germanique “skap- ccréer, façonner> que n. Iv. 11381 a suivi le même type d’évolution : il n’a
l’on retrouve dans l’anglais to shupe «former, fa- pas gardé le sens injurieux d’cchomme impudique-
LÉCITHINE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

qu’a conservé l’anglais lecherous et a aussi signi% (19231, avec sa variante dialectale perlèche (de per-
«gourmand)) (v. 12781, sens repris au XIX~ s. puis dis- lécher, 19031, designe une inflammation de la
paru. * Le mot a pris alors de nouvelles acceptions commissure des lèvres. 0 Formé sur licher, le pré-
d’après des emplois spéciaux de lécher : cpersonne fxé populaire POURLICHE n. m. est synonyme de
qui aime & embrassep 08731, <personne qui achève pourboire.
un ouvrage avec minutie» (av. 18721 et Npersonne 0 voir LWHE -lnlmmFs lart. lnTFtl?l.
qui flatte bassementb 118943. +L&HEMENT n. m.
lune fois au XIII~ s., puis déb. x19 s.) a changé son LÉCITHINE n. f. a été formé en français par
sens figuré initial de <(flatterie3 pour le sens d’ctac- N. T. Gobley 118503 à partir du grec lekithos ajaune
tion de lécher» ti xv" S.I. +LÈCHE n. f. krve s.) a d’œu& également apurée de légumes ou de cé-
disparu au sens de ~~gourrnandîse~. Le mot est re- réale+, mot sans étymologie établie, et du suffixe
pris fin xrxe s. pour une touche délicate et minu- -ine.
tieuse en peinture, sens disparu, à la différence de + Le mot désigne un lipide complexe présent dans
Zécher. 0 Familièrement, lèche désigne l’action de les tissus animaux et végétaux, abondant dans le
flatter servilement (1878, piquer la lèche), courant jaune d’œuf et le tissu nerveux, et un mélange
dans faire de la lèche à qqn. +LÉCHAGE nm. commercial formé de ce lipide, de phosphatides et
(18941 complète la série avec la plupart des sens du de lipides, par exemple extrait du soja.
verbe. *De nombreux dérivés ont été créés pour
l’essentiel au xcye s. et, pour la plupart, sans lende- LEÇON n. f. est emprunté (v. 1135) au latin lec-
main, tels que LÉCHADE n. f., les dérivés fiéquen- tionem, accusatif de lectio 4ecturem (au sens
tatifS etdiminuti&LÉCHOTER,LÉCHOUILLER V. concret et abstrait), dérivé du supin de legere
et leurs dérivés, etenfm~Éc~~R~ n. f. (+ lire).
Une série parallèle double lécher dans l’usage po- 4 Dans les premiers textes, leCon a le sens parti-
pulaire et familier: il s'agit de LXCHER v.tr. culier de <<texte de YÉcriture ou des Pères de
(av. 14861, dont le i (noté da;ns certains dérivés de 6 l’Église lus ou chantés aux offices nocturnesu ne-
cher dès le me s-1 est probablement dû à l’inauence çons de té&bres*I. + Il a pris Efîn XII” s.1 le sens au-
de lisser*, sémantiquement et formellement voisin. jourd’hui courant de Nce qu’un élève doit ap-
+Li&er, à partir du sens propre -lécher>>, a déve- prendre et récitern et, par métonymie, désigne
loppé les sens de <manger, boire avec gourman- aussi l’enseignement d’un maître Iv. 11601, spécia-
disen ( 1772, «boire4 et de <<flatter» 118801, spéciale- lement dans leçon pwkkui!%~e (18451, expression
ment =Chercher à obtenir une place auprès d’un qui témoigne contrastivement de l’importance
supériew (19301, deux emplois relevés au Canada. prise par l’enseignement collectif + Parallèlement,
OLICHEUR, EUSE n. et adj. (XII~ s.1, variante de Ié- dès la ti du XII~s., le mot a développé le sens figuré
char, désigne surtout la personne qui aime la de (conseil, règle de conduiten, surtout réalisé dans
bonne chère ( 1240-1280) ; le mot semble être sorti la locution faire Ia leçon, passée du sens de 4icter
d'usage,etavoirétéreprîsauxrx" siècle. ~LICHEE une règle de conduiten (1558, faire leçon) à l’accep-
n. f. (18851, participe passé féminin substantivé de tion moderne de aréprimandep (1754; 16901.En ce
Zicher, désigne une petite quantité de liquide ou de sens, elle est concurrencée par donner w2e lepn
nourriture. (18331, à distinguer de doruzer des lepns Mmontrer
La détivation de &cher s’est accrue de plusieurs sa supériurité~. Depuis le XVII~s. 11668), leçon a le
substantifs composés formés avec l’élément verbal sens d’ccenseignement tiré d’un événement>), cette
khe. +LÈCHEFRITE n. f. (v. 1193, ,!eschefrite), nom fois du point de vue de l’élève, non plus du maître.
d’un ustensile de cuisine placé sous la broche pour +L’idée première de electuren se maintient indi-
récupérer la graisse et le jus de la viande, est pro- rectement dans le sens didactique (1680) de <<texte
bablement l’altération, sous l’influence du participe tel qu’il a été lu par un copiste, un éditeur, va-
passé féminin de f?ire*, de kchefroie, ma& ce der- rianteN.
nier est attesté seulement à partir du XJV siècle. ll
est composé de Zèche et de froie, forme de froiier LECTEUR, TRICE n., qui a remplacé une
&otterm Idu iatin ficure, -3 frayer), et signif?e pro- forme populaire Zitre, leiteur Ime-xme s.1, est em-
prement alèche-tiotte (ce qui dégoutte de la prunté (1307) au latin lector <qui lit pour soi, lit à
broche),. +LÈCHE-CUL n., attesté dès 1581, mais haute voix pour le compte de qqnp et à époque
repris au XIX~ s. d’après la locution verbale lécher Ze chrétienne 4e second des ordres mineurs chargé
cul pour cflatteur et bas», est usuel dans l’usage fa- de lire les leçons dans le culte>> Icf. leçon). Le mot
milier. ~LÈCHE-BOTTES n. m. 119011, d’après Ié- est dérivé de Ze@re I-, lire).
cher les bottes (18481, en constitue une variante at- 4 Lecteur désigne d’abord le clerc chargé de lire les
ténuée. leçons dans le culte chrétien, puis, dans un tout
POURLÉCHER v. tr., surtout fréquent à la forme autre contexte, celui qui lit à haute voix (1330). Dès
pronominale attestée la première (xv” s., se pour- le XIV~s., le mot se spécialise notanznent dans l’en-
lecquer), a été formé de pour*, pris comme préke à seignement : il désigne sous l’Ancien Régirne un
valeur intensive, et de lécher, pour exprimer la professeur de cours publics (13761, puis de nos
gourmandise puis, abstraitement, la vive satisfac- jours, par emprunt à l’allemand Lekztor, un profes-
tion à l’idée de qqch. (1767). 0 Le transitif, attesté seur adjoint dans une université pour l’enseigne-
plus tard (18371, s’est employé pour afignolern et se ment des langues vivantes ( 18421,et (1923) un assis-
dit concrètement au sens de alécher soigneuse- tant étranger à l’université. 4 Il s’applique aussi
ment» (1869). +Le déverbal POURLÈCHE n-f. (1379) à la personne qui lit pour elle-même et a dé-
DE LA LANGUE FRANÇAISE LÉGENDE

veloppé au x& s. une autre spécialisation dans les n. (19081, à propos du respect absolu des termes de
métiers de l’édition : il concerne alors la personne la loi, auparavant en politique (1894) <<socialiste mo-
qui lit et corrige les épreuves typographiques 11867) déréa.
et celle qui lit les manuscrits (1890). +Au ti s. est LÉGALITÉ n. f. serait soit dérivé de légal, soit plu-
apparu (n. m.1 le sens d’Gnstrument servant à re- tôt emprunté Cv.13701 au latin médiéval legalitas
produire des sons enregistrésn 119341,suivi par des <<ensemble des droits qui se rattachent à une pro-
sens spécialisés en technique de la documentation priété ou à une fonction= (10111 et ucapacîté d’ester
et en informatique. en justice» (11001, également *loyauté)), d&ivé de le-
b LECTORAT n. m. 119391, dél-ivé savant du latin galk + Comme pour l’adjectif, les sens d’cavantage
lector, au sells d’eaction de lire les manuscrits dans légalement accord6 - qui a ensuite vieilli - et de
une maison d’édîtionm, désigne aussi la fonction de aconformité à la loin (16093 ont eu raison du sens
lecteur à l’université (1968) et, récemment, l’en- moral de aloyautén En xve s.l.
semble des lecteurs d’une publication ou d’un livre. ILLÉGAL, ALE, AUX adj. a été empoté 11361) au
LECTURE n. f. est emprunté (13501 au latin médîé- latin illegalis, et a produit ILLÉGALITÉ n. f.
val Zectura «fait de lire>, <études, érudition, com- cv.1361) et ILLÉGALEMENT adv. (1789); les trois
mentaire juridique» krv”s,l, dérivé comme kctor mots sont usuels. 0 ILLÉGALISME n. m. (1920), en
du supin de legere. +Les premières attestations du revanche, est rare.
mot réalisent le sens de arécit, instruction, ensei-
gnement)> et la spécialisation religieuse de atexte li- LÉGAT n. m. est emprunté (v. 11551 au latin Ze-
turgique> (1380). Le sens courant, *action matérielle gatus larnbassadeur, envoyé d’un général ou d’un
de lire à voix haute)), n’est attesté que depuis 1445, gouverneur de province-, participe passé substan-
suivi au xvre s. par celui d’aaction de prendre tivé de legare pris au sens d’aenvoyer), sens
connaissance d’un texte en le lisant pour soi (pour conservé non par son représentant léguer* mais
l’instruction, le pkisir)* (1561) ; par métonymie par le préfixé déléguer*.
(16761, lecture désigne aussi ce qu’on lit. Le sens ex- 4 Le mot est apparu comme terme de droit cano-
tensif, &chifEement de toute espèce de notation>>, nique, désignmt le délégué du pape chargé d’ad-
est apparu au xvrlle s. Iv. 17411 en musique. + Sous ministrer une province ecclésiastique, d’après un
l’influence de l’anglais lecture qconférenceti (lui- sens du latin chrétien. Le titre de légata Zutere a été
même du latin médiéval ou du mot français), le mot donné au cardinal chargé de représenter le pape
a pris le sens particulier de 4kours, sermonn, dans les grandes solennités religieuses 114801,cal-
puis @conférence> ( 15361,sens archaïque, parfois re- qué du latin mkiiéval legatus a lutere ( 119 1) (Jégat
pris par anglicisme (mais le mot normal reste de l’entourage [du côté : Zutusl + latéral. 0 Depuis
conférence “1. + En relation avec lecteur”, il a déve- 1284, Zégat est aussi utilisé comme terme d’anti-
loppé ultérieurement le sens technique de “pre- quités romaines.
mière phase de la reproduction de sons enregis- F LÉGATION n. f., d’abord lecaciun CV. 1138) puis Ié-
trés> (1959, tête de le&weI et des emplois gution Cv.11651, est emprunté au latin legatio uam-
correspondants en informatique et en documento- bassade, mission particulières, du supin de legure.
logie (d'où MICROLECTURE, n. f., 1969). +Le 4 a été employé au sens général de {mission,
composé RELECTURE n. f. &n xvtes.1 a étk repris jusqu’au xvme s., puis spécialisé comme terme de
vers 1801 sous l’influence de relire* I+ lire). droit ponttical. -Son emploi au sens juridique
laïque de (représentation diplomatique auprès
LÉGAL, ALE, AUX adj. est emprunté (1365, d’une puissance où il n’y a pas d’ambassadem est
leg& au latin legalis, adjectif dérivé de lex, legis peut-être suscité par l’anglais legaBon (en ce sens,
I-, loi), proprement <relatif à la lois et en latin chpé- depuis 1756). Dans ce dernier sens, le mot, séparé
tien <conforme a la loi divinen, employé à l’époque de Zégat,entre dans le vocabulaire de la diploma-
médiévale au sens de afondé en la loi Mosaïque>> tie, sur le même plan que consulat et a~bassuck
Iv. 830) et aussi «loyalm Iv. 11301.
4 L’adjectif, qui a supplanté l’ancien français leial LÉGATAIRE n. est emprunté krv” s., comme
(10801, forme populaire, correspond donc à loi dans adj.1 au latin juridique legutarius -celui à qui on fait
son sens juridique (13651 et théologique (1374) ; en un legs>>, attesté comme adjectif en bas latin au
outre, il a longtemps assumé un sens moral, au- sens de 4ipUIé par testateurn, formé sur le supin
jourd’hui disparu, fonctionnant comme doublet de legutum de legare (-, léguer).
loyul” jusqu’au XVII~siècle. + Depuis son abandon comme adjectif au sens de
h LÉGALEMENT adv. cv. 13711 a suivi la même évo- *fait par legsn Ixwe-xvre s.), 2ég&aire est seulement
lution : le sens de <conformément à la loi)) (au fi- employé comme nom (1463) au sens de Kcelui à qui
guré ; 1690, au propre) l’a emporté sur la valeur on fait un legsn, en particulier dam Iégataire uni-
psychologique de 4oyalementB (av. 1621). versel 11607). 0 Il a concurrencé et évincé au XVIII~ s.
LÉGALISER v. tr., d’abord attesté par légalisé l’emploi au même sens de léguteur 114381,notam-
(1668) <<rendu authentique, certif%, assume le ment au féminin dans legutteresse universelle
double sens d’cattester l’authenticité de= (1681) et 11529).
de «rendre conforme à la loim (17891. 0 ?Ja produit
LÉGALISATION n. f. (16901. + u&+eurement sont LÉGENDE n. f. est emprunté (fm XII~s.1 au latin
apparus deux termes didactiques d’usage reli- médiéval kgendu Me de sainth Iv. 11901, emploi
gieux : LÉGALISME n. m. (av. 18681 et LÉGALISTE substantivé de l’adjectif verbal neutre pluriel de Je-
LÉGER 1998 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

gere (-+ lire), interprété comme un féminin singu- alors à épais; il correspond également à “qui a peu
lier, proprement ace qui doit être lus. de force (d’un thé, d’un parfum)» (17321, s’opposant
4 Le mot désigne d’abord le récit de la vie d’un saint à fort. Une autre nuance, beaucoup plus ancienne,
qu’on lisait au réfectoire, dans les couvents et, en est “qui a de la délicatesse dans la forme» (XII~s.l.
concurrence avec leçon*, le texte qu’on lisait à l’of- 0 Depuis la fin du me s., l’adjectif est employé avec
fice des matines et qui contenait le récit de la vie du un sens tiaibli pour exprimer une idée de peti-
saint du jour Cdéb. XIII~ s.l. Ces vies de saints étaient tesse, de ténuité. +Ses sens figurés sont eux aussi
relatées par le A&$yrologe de saint Jérôme, le re- apparus très tôt II 1741, à propos d’une personne qui
cueil de Syméon le Métaphraste, la Légende dorée a peu de profondeur, de sérieux, quelquefois avec
de Jacques de Voragine (XIII~ s.1, les Acta martywm une nuance d’inconstance (déb. XIII~s.) qui n’est
et sanctorum de Ruinart et des Bollandistes. La mo- plus réalisée, de nos jours, qu’en parlant des
notonie de ces récits avait suscité un sens figuré, choses de l’amour (15731. Q Depuis l’ancien fran-
4ongue énurnération~ tv. 14001, sorti d’usage en çais (1210), il s’applique aussi à un esprit qui a de la
français classique et voisin de celui de litanie. grâce, de la délicatesse et (16921 à une production
OPar extension, Iége& s’applique à tout récit artistique (musique, poésie) facile à comprendre,
merveilleux d’un événement du passé, fondé sur gaie. Au début du XVIII~s. (av. 17111, s’y ajoute le
une tradition plus ou moins authentique, sens at- sens de ctrop libre% Ide propos, de rnoeursl. -=3Léger
testé selon certains dès la ~XI du XI? s., selon entre dans la locution adverbiale à Ia légère (15441,
d’autres & partir du milieu du XVI~s., après un em- qui est passée de son sens premier ade fwon peu
ploi concernant le récit de la vie et des faits d’un pesanten à wns réfléchirn Il6681.0 Appliqué à une
prince Iv. 1460). +Vers la même époque, le mot a chose, il la défmit comme afacile à supporters
été réinterprété strictement avec sa valeur de (v. 11651, -facile à apprendreD (1280), ade peu d’im-
-chose à lirem, désignant l’inscription sur une mon- portance» (XZII~s.) et, en termes médicaux, “qui agit
naie, une médaille 11579) et s’étendant au texte ac- légèrementn (v. 1278, dépurution légère). ~Avec
compagnant une image et lui donnant un sens une nuance dynamique, il quame un esprit délié,
(15981. En cartographie 117971,il se dit de la liste ex- subtil EV.K?~O), puis également une conversation
plicative des signes conventionnels. C’est dans (1690), un ouvrage plaisant, agréable, peu profond
cette acception qu’il a produit légender (ci-des- ( 1751, ouvruges légers, en bonne part). + Au sens
sous). + Le sens devenu courant de <représentation concret, une spécialisation en athlétisme et surtout
déformée de faits ou personnages réelsa est noté en boxe, correspond à poids léger, catégorie située
pour la première fois (1853 dans 1’Histoire de la Ré- entre plume et mi-moyen (autour de 60 kg). De cet
voEution fi-aw&se de Michelet; sa valeur est voisine emploi vient SUPERLkGER adj. et n.m. 119601 à
de celle de mythe. propos d’athlètes, de boxeurs pesant entre 60 et
F LÉGENDAIRE n. m. et adj. désigne d’abord 63,5 kg.
( 1558) un compilateur, un auteur de légendes, puis b LEGEREMENT adv. Iv. 11313, <d’une manière lé-
un recueil de légendes (16061, se substituant ainsi gèreB, a signifie CcfacilementB en ancien et moyen
au plus ancien Iégendier Cxwes.3. 0 L’adjectif est français I~II”-xv” s.1,ainsi que arapidement, sans tar-
seulement attesté à partir de 1836, qutiant ce qui derB (v. 1360 - v. 1600). 0 I1 correspond surtout à Ia
relève de la légende et (1848) ce qui est entré dans valeur physique de pans lourdeur+ Iv. 11311, et, à
la légende, d’où (xx” s.) ce qui est universellement propos des actions, des processus, d’cun peu, fai-
connu. -u a produit LÉGENDAIREMENT adv. blementn, ad’une manière qui donne une impres-
(18941. -LÉGENDER v. tr. (18841 Sign%e %ccompa- sion de souplessefi En xv” S.I. 0 Le sens abstrait,
gner une carte, un document iconographique d’un 4nconsidérément* En xv” s.1, empiète alors sur
texte explicatîfm; il est surtout utilisé au participe l’emploi de la locution adverbiale ù la Zégère.
passé légendé. LÉGÈRETÉ n. f., dont la forme est issue Il3551 de
legetié 01501 par substitution de sufaxe, corres-
* LÉGER, ÈRE adj. est issu (10801 du latin tar- pond à tous les sens de l’adjectif; le sens abstrait de
dif “I&&~ls, par lequel on est amené à supposer -caractère de ce qui est inconsidérém, attesté dès
une forme “Ztiw (d’ailleurs attestée par l’ancien les premiers textes, a donné lieu à un emploi méto-
français lZge> à côté de l’adjectif classique l&s nymique lune, des Eég&retésI pour uacte irréfléchis
<peu pesantn (au propre et au figuré), ade peu d’im- (av. 1778).
portance», et psychologiquement &ivole, in- Deux verbes correspondent à léger. + Le plus COU-
con&&, antonyme de graG.s 13 grave). rant est ALLÉGER v. tr. (xres.1,issu du bas latin al-
4 Tout comme le mot latin, léger, au sens concret de ltiure, de Iwis, et qui a produit ALLÉGEMENT
aqui pèse relativement peu,, qualifie fréquemment n. m. 1x11~ s.3, le déverbal de sens technique AL-
les pièces d’armement, dans ses premières attesta- LÈGE n. f. (xwe s., au sens ancien dWlègement4
tions. Un de ses autres emplois particuliers, mon- et @ ALLÉGEANCE II f. (XIIeS.), Vieux mot qui Si-
naie Iégère 115891,“qui n’a pas le poids requisu, est me 6oulagement9, à ne pas confondre avec l’an-
sorti d’usage. ~Par analogie, léger qutie un re- glicisme allégeance 13 0 allégeance). +Le second
pas, un mets qui ne pèse pas sur l’estomac (16901, est ÉLÉGIR v. tr. (XIII~s., esle@r), de é- et du bas la-
une chose qui donne l’impression d’être peu char- tin heure, qui si@e d’abord *rendre plus léger,
gée (notamment une partie du corps). 0 Par glisse- mais a été éliminé dans ce sens par alléger. *La
ment de sens, léger si@e aussi “qui se meut avec variante ÉLIGIR s’est conservée avec le sens tech-
rapiditén (10801, d’où pas Eger (XII~s.), et aussi “qui a nique de uréduire les dimensions d’une pièce de
peu de matière, de substancen (16901, s’opposant bois+ (16941, aujourd’hui rare.
DE LA LANGUE FRANÇAISE LÉGITIME

0 Voir ALEVIN, ÉLEVER, ENLEVER, LEVER, LÉVITATION. tiens combattants américains, on parla de maladie
LLkGE, PRÉLEVER, RELIEF. SOULAGER, SOULIZVFB. du Zé@mnuire OU LÉGIONELLOSE n. f. (1938) en
latin scienttique i&ionellu pneumophilu.
LEGGINGS n. m. pl., attesté une première fois
en 1803 transcrit leguins IVolney), puis en 1844 sous LÉGISLATEUR, TRICE n. est emprunté
la forme moderne, est emprunté à l’anglo-améri- Iv. 13701 au latin juridique legz&tor <celui qui pro-
tain leggings ajambières* (17511, dérivé de Zeg pose des lois>, de legts, génitif de lex I+ loi), et de lu-
ajambe* (XIII’? s.l. Ce mot est emprunté a l’ancien ter =Celui qui propose5 formé sur latum, supin de
norrois leg@ cmembre,, également employé dans ferre aportep> dans l’expression legem ferre C-t légi-
les dénominations de la jambe, du bras. férer) .
4 Le mot, qui désigne des jambières de cuir ou de + Le mot signZe en général apersonne qui fait les
forte toile, se réfère d’abord à l’habillement des In- loisB, puis désigne historiquement 11790) un
diens d’Amérique (glosé guêtre ou culottes de membre du corps législatif sous la Révolution ; il est
surtout employé avec son sens figuré, dans le
peau), puis à une pièce de l’équipement des
contexte de la philosophie kantienne, ou au sens
joueurs de cricket, des chasseurs et sportifs. Il ne
s’est pas répandu en tiançais avant 1860. de <pouvoir qui légifère*.
b Les autres mots du même groupe ont été em-
LEGIFÉRER v., d’abord Iégisférer (17961,est dé- pruntés au latin avec influence de l’anglais. +LÉ-
rivé savamment du latin legifer “qui établit des loisn GISLATION n. f. (v. 13611, emprunté une première
et en latin chrétien &gislatew, de lex, lea E+ loi). fois au bas latin le@slati aproposition de loism pour
désigner un ensemble de lois relatives à un pays, à
4 Le verbe, d’abord donné comme un néologisme,
un domaine, a été repris 1172 1) par emprunt à l’an-
puis enregistré avec sa graphie actuelle par l’Aca-
glais legislution (av. 1655) adroit de faire des lois,
démie ( 18401, a supplanté le verbe Ié@later 117991
exercice de cette puissance)), mot de même origine
de même sens. Outre son usage juridique, il est
que le français. Depuis 1848, il sigle aussi
employé au sens figuré (1873) de fidicter des règles»
=Science, connaissance des lois~ Il a reçu une ac-
(par exemple en grammaire).
ception philosophique dans le cadre de la pensée
b On en a tiré l’adjectif rare LÉGIFÉRABLE (1938). kantienne Idéb. XIX” S.I. *LÉGISLATURE n. f., ap-
paru (16361 comme synonyme du précédent, a été
LÉGION n. f. est emprunté (v. 1155, legiunl au formé sur lui et sur Zéglsluteur par substitution de
latin Ze@o,dérivé de legere «recueillir, choisir, lire* suffixe, sous l’influence de mots comme mu@ru-
C+ lire), proprement <choix, faculté de choisti. Le turc. Son sens de ~~pouvoir législatif* Il7761 est un
mot a pris concrètement le sens de «division de emprunt à l’anglais le@luture (av. 16781, hi-même
l’armée romaine,, soit parce que les hommes y formé sur legidutor. Le sens le plus courant du mot
étaient recrutés au choix, soit parce que chacun aujourd’hui, <<durée d’un mandat d’une assemblée
pouvait se choisir un compagnon d’armes. législatives, est attesté depuis 1791. WLÉGISLA-
4 Emprunté au XII~s. comme terme d’histoire ro- TIF, IVE adj&, attesté une première fois comme
maine, @ion s’est appliqué par analogie au corps nom féminin (la le@lutiveI pour «science du légis-
de l’armée tiançaise créé par Franqois 1”’ (15341. lateurn (v. 13701, a été repris comme adjectif (1652)
0 En 1792, a été créée la I&on franche étrang& d’après l’anglais legidutive “qui fait des lois, qui a la
qui désignait tout régiment de volontaires étran- fonction de législatew (1651) et <relatif à la législa-
gers au service de la France. Cependant, la I&on tionm (16411. OLe mot hnçais a repris ces sens
étrangère moderne, qui a été instituée par la loi du (respectivement 1652 et 18031, son usage normal
9 mars 1831, fut cédée à l’Espape en 1835 et peu à datant de la seconde moitié du XVIII~s., puis de la
peu recréée pour participer à la conquête de Ml- Révolution, notamment avec 1’AssemMée IégGa-
gérie. 0 La I;@on d’holmeur est le nom d’un ordre tive (17911, substantivement la ZégiXative (id.).
national hiérarchisé créé en 1802 par Napoléon Bo-
naparte pour récompenser les services civils et mi-
LÉGISTE n. m. et adj ., réfection lav. 13001 de le-
gistre, Zegitre 112103,est emprunté au latin médiéval
litaires. +Par analogie, légion avait pris très tôt
Iegistu ahomme de loin (11881, dérivé de lex, le@&
Iv. 1170) le sens de «grand nombre de personnes
(+ loi).
formant une sorte de troupe>>, d’abord en contexte
biblique à propos des anges et démons Mestes Ié- + Historiquement, le mot désigne les conseillers ju-
giuns, Zégions infernales), puis (av. 1i9 1) dans un ridiques des rois de France, plus spécialement sous
style assez familier pour -grand nombre* 11903, les Capétiens qui employaient toutes les res-
être Iégionl sources du droit pour justifier et accroitre l’autorité
de la monarchie, notamment contre la féodalité.
b LÉGIONNAIRE adj. (v. 12 13) et n. (12901, est em- + Il est employé en apposition dans médecin Iégiste
prunté au latin kgionarius comme terme d’histoire (1833) <chargé d’expertises en matière légale et
romaine. + Son histoire suit celle de Zégion, du sens s’occupant notamment des victimes de meurtresm.
de usoldat de corps d’armée frar@se» (1534) à ce-
lui de asoldat de la légion étrangèren (1902). Le lan- LÉGITIME adj. est emprunté (1266) au latin le-
gage officiel et juridique l’emploie pour désigner gM~~us, de Zex, le@ I+ loi), ((établi par la loi,,
un membre de la Légion d’honneur (généralement aconforme aux règles)), substantivé en latin médié-
au grade de chevalier) iv. 18021. + Après la maladie val au féminin pour désigner l’épouse (av. 10811, et
qui frappa en 1976 les participants au Congrès de la au masculin pour désigner l’héritier légitime
Convention de 1’Americarx Legion, association d’an- (av. 1250).
LEGS 2000 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

+ Lé&time, -fondé en droitm, est synonyme de légal loppé la valeur figurée de (ce qui est transmis, héri-
dans certaines expressions juridiques, moins nom- tagen (1830) qui correspond à Léguer.
breuses aujourd’hui qu’autrefois. Dans le domaine b PRÉLEGS n. m. a été formé (16901 comme déver-
juridique, il est employé notamment en parlant bal de préléguer (+ léguer), pour désigner en droit
d’un lien de parenté reconnu par la loi (v. 13001,par un type de legs particulier avant le partage.
exemple un mariage Iv. 13981,et, depuis le XVI~s., si-
gnifie aussi flconforme à l’équit6, au droit naturelm, LÉGUER v. tr., d’abord leghkr IXEI” sd, est em-
spécialement Ié@tie défense Cv.1810). o Plus prunté au latin legure, dérivé de k~, legGs I+ loi),
couramment, il correspond à ajuste, justifié par le dont le premier sens a dû être &er par contrat%
bon droitn ( 15881, s’opposant alors à légal, et Mi- ou acharger par contrat*. Le rapport avec le nom a
quant l’existence d’un droit supérieur pouvant ne vite cessé d’être perçu et ïkgure a pris le sens de
pas coïncider avec le droit positif. Ce droit supé- =déIéguer à qqn (une charge)*, en particulier, en
rieur a pu être identi% au droit divin au cours de droit privé, *déléguer à ses héritiers l’exercice
l’ktoke (notamment au ti s., par exemple dans d’une autorité posthume, la charge d’un legs% et
monarchie légitime) ; cf. ci-dessous légitimité, l&ti- parallèlement cdéléguer, députer (qqn) pour faire
miste. 0 Le féminin substantivé (1562) a désigné qqch.s.
l’institution destinée à protéger les héritiers l&i-
+ Le verbe a reçu du latin le sens du droit privé et la
times, sens avec lequel il a produit LÉGITIMAIRE
valeur extensive, qui s’est conservée dans le
adj. 11579) “qui appartient à la réserve légales, mot
composé d&gud et le dérivé légat*, mais léguer
sorti d’usage. 0 Depuis 1845, le nom féminin la, sa
est surtout vivant avec son acception juridique, liée
tigitime est employé populairement comme syno-
à lais devenu Zegs*, à partir de laquelle il a déve-
nyme d’épouse (par opposition à mattresse, concu-
loppé la valeur figurée de 4ransmettrea 118211,
bine), elliptiquement pour femme, épouse légitiime,
&isser comme bien sacré, cotierm (18401.
retrouvant ainsi un sens du latin médiéval.
bPRÉLÉGUER v. tr., emprunté (1508) au latin
bti@time a produit LÉGITIMEMENT adv. (1266)
cconformément a la loi, et (xv@~5.1aavec raisonm. prwlegwe, de pme I+ pré-) et legare, se rapporte
-LÉGITIMER v. tr. Cv.12801 sime d’abord are- au fait de léguer qqch. à qqn avant le partage
connake (un enfant naturel) comme digne des C+ prélegs, art. legs).
droits de l’enfant légitime,, puis arendre légitime,
reconntitre pour iégitime~ et (1694) =reconna&e
pour authentique*. 0 Les sens plus courants, dans
l’usage moderne, de Hjustifïer au nom du droit na-
LÉGUME n. m., d’abord Zesgum (x1-9 s.), legum,
puis kgz4me 115301,est emprunté au latin Eegumen,
turel, Iv. 17801 et arendre légitime (un état de fait13
mot qui semble avoir d’abord désigné les plantes
I 18211sont apparus les derniers. - LÉGITIMATION
n. f. (13401 a suivi le même développement juri- dont le fruit est une cosse (pois, fève, etc.1 par oppo-
dique et ( 1855) courant. sition à ~VO~US,mot désignant les légumes verts, en
particulier le chou. Par suite, Zegunwn a désigné
LÉGITIMITÉ n. f. (16941, précédé par ïe latin mé-
dans l’usage courant toute espèce de plantes pota-
diéval legitimitas, *naissance légitimez (12201, est
gères (voire chez certtis auteurs, des plantes
apparu au sens de aqualité de ce qui est juste> ; il est
fourragères) et est passé dans les langues romanes.
devenu à la ti du XVIII~s. un terme du vocabulaire
L’étymologie populaire l’a rapproché de Zegere
politique, par exemple sous la plume de Chateau-
Kcueillizh (+ lire), ma& on est plutôt en présence
briand, ardent défenseur du droit fondé sur le prin-
d’un mot non indoeuropéen, emprunt à une langue
cipe de l’hérédité de la couronne dont devaient se
inconnue. En français, légume a éliminé l’ancien
réclamer les princes de la branche a?née des Bour-
doublet populaire leüm, Zeun, attesté de 1170 au
bons. +En ce sens, il a entraîné la formation des
xrv” s. et conservé dans quelques parlers du do-
termes idéologiques L&GITIMISTE n. et adj. (1830,
maine franco-provençal (suisse lion) et une partie
Balzac) et LÉGITIMISME n. rn. (1839, Baudelake),
du domaine occitan.
relatifs aux partisans de la branche aînée des Bour-
bons après la révolution de 1830. + Jusqu’au XVII~s., le mot est resté très proche du
Le préfixe il- a servi 2t former les vocables antony- sens originel du latin legumen, recouvrant toutes
miques ILLÉGITIME adj. (1458, emprunt au latin les plantes potagères cueillies pour servir d’ali-
juridique ill@timd, ILLÉGITIMEMENT adv. ment, mais plus parkuhèrement les graines
(xv” s.l et ILLÉGITIMITE n. f. (av. 16153, ce dernier comestibles venant en gousses (pois, fèves, lentilles,
plus rare. La nuance entre cette série et celle de il- plus tard haricots). * L’acception moderne s’est es-
légal est celle qui existe entre la notion de loi écrite quissée au xvr~~et au xvme s., avec l’introduction de
et celle de droit naturel (cf. ci-dessus). l’adjectif lkgumbwux, et le déclin d’herbe au sens
de ~légume~. D’abord masculin, puis féminin en
LEGS n. m. ne se rattache pas à I&uer comme langue classique, Iégume commence au XVI~”s. à
on le croit spontanément, mais à lai53ser” : c’est en être employé aux deux genres; le masculin s’est
effet l’altération 114661,à la suite d’un faux rappro- imposé presque partout sauf pour le sens méta-
chement étymologique avec le latin de même sens phorique, argotique puis familier, de <personnage
kgatum (+ légat), de l’ancien fkançais lak ace qu’on importants (1832, une grosse &W?-W 1903, UIZ.8 lé-
laisse à un héritieria, déverbal de laisser*. @ml. o Divers syntagmes comme légumes verts,
+ Tandis que la& s’est maintenu avec d’autres sens, légumes secs (au XVIII~ s. : Kles légumes se mangent
legs s’est imposé comme terme juridique et a déve- ver& ou secsm,~ncycl.1 précisent l’emploi du mot
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2001 LENT

au sens propre, Wk@oi du singulier à valeur foire elle-même Il 138-l 145). Le mot est la substanti-
collective (oY.4 la Egume (me-xxe s.1, abmdonné vation du participe passé neutre de indicere ndécla-
parce qu’il était senti comme populaire et fautif, rer publiquement, nottier, Cxer)>, formé de in-
réactive en fait les premiers emplois du mot, sous (4 in-) et dicere tcmontrer, désigner, dire» C-3index).
la forme leum, leun. 4 Après une attestation isolae au sens général de
b Le derivé @ LÉGUMIER n. m. (17151, ~~jarcih où ’ Nnotitication, commandement%, le mot a été repris
l’on plante des légumes*, fournit également un ad- comme désignation de la foire qui se déroulait une
jectif LÉGUMIER, IÈRE ~rdatif aux 1égumeS~ foi l’an à Saint-Denis au mois de juin Il 176-1181).
(17901. 0 0 LÉGUMIER n. m. se dit d’un plat cou- Par métonymie, il s’est appliqué au congé accordé
vert dans lequel on sert les légumes (18731.Le mot au Parlement et aux Universités pour se rendre à
s’emploie en Belgique pour ~maraîche~, se123at- cette foire t 1690, Furet&-e écrit landi et signale que
testé dans l’Anjou au XIX~ siècle. 00 LÉGU- la foire existe encore, moins solennelle qu’autre-
MIER, IÈRE n. semble récent (att. 1998) pour ~pro- fois).
ducteur de légumes», plus général que murukher.
* LkGUMISTE n. (1767) est tombé dans l’oubli, tant LÉNIFIER v. tr. est emprunté (xv” s.) au bas la-
au sens de cmaraîcher)} que comme dénomination tin lenitkare aadoucirn (en médecine1, du latin clas-
d’une secte vegétarîenne anglaise 11867). +LÉGU- sique lenti Hdoux» (au toucher puis en général), mot
MINE n. f. est enregistré en 1845 comme nom sans étymologie connue éliminé par dulcis
scienttique de l’albumine végétale contenue dans (+ doux), et de fecere Mcerel (+ faire).
les graines de Iégumineuses; il est sorti d’usage. 4Terme de médecine, lénifier a développé vers
LEGUMINEUX, EUSE adj. et n. f. pourrait &re 1845 le sens figuré d’~~apaiser, calmer=, d’usage sou-
emprunté El5701 au latin médiéval leguminosus, tenu.
pour qualifier les plantes dont le kuit est une b son participe présent LÉNIFIANT, ANTE dj, est
gousse comestible. En ce sens, il a été substantivé
employé en medecine (1850) et au figuré (1890).
dans la classfication botanique 11763, les légumi-
+Le nom correspondant, LÉNIFICATION n. f.
neuses), succédant à kncien @mage (1549-16601 km” s.), formé sur le radical du verbe latin, est plus
et captant le sens le plus ancien de légume. rare.
Légume est entré au XIX” s. dans les noms d’usten- D’autres mots se rattachent au même groupe.
siles de cuisine COUPE-LÉGUMES n. m. (18451 et + LfiNITIF, IVE adj. 113251,emprunté au latin mé-
HACHE-LÉGUMES n. m. (18661. diéval lenitivus 112501, attesté avec un sens figuré
dès 1574 et substantivé, en médecine Ewle s.1,puis
LEITMOTIV + MOTIF
au figuré (1696). *Le terme de phonétique LÉNI-
LÉMURE n. m. est un emprunt savant (1488) au TION n. f. Il933 &Yaiblksement artkulatoire
latin lemures, au pluriel, aspectres qui reviennent la d’une consonne>> est dérive du supin de lenire
nuit tourmenter les vivants~, mot que l’on rap- Radoucir, calmerm, lequel était représenté en
proche sans certitude du grec Zamia, nom d’un dé- moyen français par lénir (xv” s.l.
mon femelle vorace, supposé dévorer les vivants,
mot encore usité en grec moderne et donnant lieu * LENT, LENTE adj. est issu (1080) du latin
à l’emprunt lamie*. lentus {{souple, élastique, flexible» d’où *mou* au
physique et au moral, Indolent, nonchalants; sous
4 Le mot se limite à I’évucakn des mythes de l’an-
Empire, le mot a même pris la valeur de cpersis-
tiquité romaine.
tant, tenacem et de avisqueuxm. L’origine de lentus
b LÉMURIENS n. m. pl. est issu 11804) du latin est obscure : il peut s’a& d’un emprunt à
scienttique lemur, nom donne par Linné au maki, l’étrusque, le rapprochement avec l’ancien haut al-
animal qui ne sort que la nuit, comme un lémure. lemand Zindi adoux, tendreu, lui-même isolé, ne
*II désigne un sous-ordre de mammifères pri- permettant pas de proposer une origine indoeuro-
mates, aussi appelés paressez& +LkMUR n. m. a péenne Cgerrntiquel.
été adopté en lançais (18731 pour désigner le nxki.
4 Le champ d’emploi du mot, plus vaste en ancien
LENDEMAIN + DEMAIN
fknçais, s’est considérablement simplifié au XVI~,
puis au xvIres., au profit du sens de ((mou, qui
LENDIT n. m. est issu Cv.11201, avec agglutina- manque de rapidité>, attesté dès les premiers tex-
tion de l’article déti l’, du latin médiéval indictum tes en parlant d’un être, puis aussi d’une chose
ace qui est fixé, annoncé>>, attesté en latin chrétien (v. 1.2501, et, à partir du XV~@ s., de l’esprit IlS803,
au sens de Ncommandement, notticationm, et em- d’une maladie (v. 15801,puis du pouls ( 16801,sens à
ployé au moyen âge pour désigner les foires pu- la fois physique et psychologique. ~D’autres va-
bliques 110961 en tant qu’elles sont proclamées, an- leurs, reprises au latin aux xv” et xwe s., ont été
noncées par le ban. Le mot désigne en particulier abandonnées, par exemple <flexible, souple3
les fêtes célébrées le 8 juin 1048 en l’honneur des (xv” s.), =humide, moi& h. 15801, @visqueux, gélati-
reliques de la Passion reçues en 1047 par l’abbaye neuxn Cv.15501, qui sont des latinismes savants.
de Saint-Denis, ces fêtes ayant entraké la création ~Les connotations concrètes ayant disparu, l’ad-
de foires dans le bourg. Une foire extérieure, résul- jectif a aujourd’hui une valeur surtout temporelle,
tat de l’extension de la première, a été créée et cé- parfois psychologique, et s’oppose à rapide.
dée par Louis VI aux moines (charte de donation b LENTEMENT adV. CV. 11%) n’a pas Suivi le même
du 3 août 11243. Peu après, indictum désigne la type d’évolution : il n’a pas dévié de son sens initial,
LENTE 2002 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

ade manière lentes, dans l’espace et Iv. 1265) dans +Lentille, d’abord employé comme un singulier à
le temps, sinon pour exprimer psychologiquement valeur collective, désigne la plante et (v. 11701 sa
l’idée de amollement, sans ardew Iv. 1220; puis graine comestible. Il ne s’emploie plus qu’au plu-
v. 16003. Il s’oppose à rapidement et à vite. * LEN- riel, le singulier désignat une graine. *Son an-
TEUR n. f. semble recouvrir & la fois le dérivé de cien sens de atache de roussew (1300, Zantik) est
Zent (13553 et le représentant savant du latin lentor aujourd’hui vieilli tout comme l’adjectif qui lui cor-
aflexibilité, souplesse, viscositéa. Le sens de respond, LENTILLE~~, EUSE adj. (XII~~s. ; ti XI~ s.,
<manque de rapidité dans l’actionn d’où -manque lentdeus). +Par une autre analogie de forme avec
de rapidité dans la compréhension, la réflexiong la graine, lentille a fourni le nom d’une plante aqua-
( 1671, lenteur d’esprit), d’où au pluriel des lenteurs tique (xv” s., lentille d’eaul. *Le mot est passé au
wetard dans l’accomplissement d’une chose- xwe s. dans le vocabulaire de l’optique (dès 1637,
( 16791, s’est imposé. 0 En revanche, d’autres va- Descartes parle de verre en forme de Zentdlel, tant
leurs, concrètes, amoiteur, viscositén Cv.1560-1636) pour les instruments d’optique qu’en lunetterie et,
et abstraites, <paresse, manque d’ardew (1606- beaucoup plus tard, par analogie, en optique élec-
17151, ont disparu. tronique. D’autres emplois techniques ont suivi
RALENTIR v. a été formé (v. 1550) par prédation ( 1743, lentille de pendule). 0 Aujourd’hui, le nom de
en re- de l’ancien alentir, lui-même variante de al- la légumineuse et celui du verre optique sont deux
leutter et attesté jusqu’au XVIII~ siècle. Le verbe signi- homonymes, sémantiquement séparés. Le second
fie arendre plus lent (un mouvement, un déplace- désigne aussi des formes géométriques (lentile bi-
ment)b, dans l’espace, puis aussi (1580) dans le convexe, biconcave, etc. 1.
temps. 0 Par extension, il s’emploie avec la valeur b Le dérivé LENTILLON n. m. (18351 désigne une
de crendre moins intensex (v. 15801. 0 L’emploi in- variété de lentille à petite graine rouge.
transitif (17741 a quasiment éliminé le pronominal LENTICULAIRE adj. est emprunté (1314) au latin
se ralentir (16531, devenant très courant avec le dé- Zenticulati -de lentillep, dérivé de kns. 0 Le mot a
veloppement des transports (chemins de fer, puis été employé substantivement comme nom d’un
automobile) comme antonyme d’accélérer. - RA- instrument de chirurgie à l’extrémité en forme de
LENTI, IE, son participe passé, a été adjective lentille. Adjectivé dès le XIVes., il entre au XVII~s.
(16901 puis, ultérieurement, substantivé au mas- dans le vocabulaire de l’optique 11690, verre Zenti-
culin 11921) en technique cinématographique, et C&ire), probablement d’après l’anglais C1658, lenti-
s’est répandu dans la locution au rahti (19351, au culur optich ghssesi. Il s’est aussi spécialisé en ana-
propre et au figuré. *RALENTISSEMENT n. In.
tomie (1735, os ienticuhirel et en géologie (1765,
(1584) lui sert de nom d’action. +RALENTISSEUR pierre Eenticulaire). * Au XVIII~s., la botanique a em-
n. m., d’introduction plus récente 119033,est le nom prunté LENTICULE n. f. (18031, par le latin scienti-
d’un dispositif servant à réduire la vitesse. oEn
fique Zenticuh C17631,au latin classique kntiula.
physique, le mot s’applique à une substance utili-
Dès le xwe s., le mot figure dans une glose (1541) et
sée d= un réacteur nucléaire pour ralentir les
est attesté chez A. Paré au sens de abouton, pustule
neutrons émis au moment de la fission des noyaux
en forme de lentille-. Il désigne aujourd’hui la len-
de matière combustible (1962 dans les diction-
tille d’eau. +LENTTCELLE n. f. a été dérivé savam-
naires généraux).
ment (18251 du latin kns, lent?& d’après les diminu-
0 voirLANTIPoNNER, FLlxJmT.
tifk en -celles, -ce& pour désigner une tache rouge
LENTE n. f., d’abord lenties (v. 11001, puis lente, ovale qui se forme sous l’épiderme des arbres. 0
est issu du latin populaire “letiitem <œuf de pou,, b est dérivé l’adjectif LENTICELLÉ, ÉE (18471.
accusatif pris pour un nominatif, du latin classique
lens, lendis, terme populaire qui a été déformé de LENTISQUE n. m., réfection (15381 de lentisce
manières diverses (on relève lendis, kndix, lendim (xv” s.1, est probablement emprunté, étant donné
et le pluriel lendiws auxquels remontent l’italien l’aire géographique où l’on trouve l’arbre, à l’an-
Zendine et l’espagnol Ziendrel. Sans pouvoir re- cien provençal lentisc2e (xv” s.1,issu d’un latin popu-
constituer un terme originel commun, on note des laire “lenti.scuZus, diminutif du latin classique lent&
formes voisines In + dentale) dans plusieurs tus de même sens. Ce dernier, vraisemblablement
groupes indoeuropéens, le baltique ‘gkz&, le gai- emprunté (avec un sufke rappelant les noms
lois wdd, le grec Izonides, ou même l’ancien haut grecs en -z&osl, est à l’origine de l’ancien français
allemand hniz, l’arménien anic : elles incitent à po- lentlsc tx~lz”9, probablement lui aussi par l’inter-
ser un type populaire déformé de diverses ma- médiaire de l’ancien provençal lentisc (me s.l.
nières. +Le mot désigne un arbuste des régions méditer-
+ Le mot, désignant l’œuf du pou, est demeuré en ranéennes et arides, utilisé notamment pour sa ré-
usage dans la mesure où ce parasite est combattu sine ou mastic.
par l’hygiène.
0 LÉONIN, INE adj . est emprunté iv. 1160) au
LENTILLE n. f. est issu Iv. 11701 du latin popu- latin leoninus ade lion, propre au liona, spéciale-
laire knticula, autre forme du classique lePzti;cula ment employé dans la langue juridique à basse
4entille, plante et graineu et, de là, tout objet en époque, dans l’expression societus Zeonina asociété
forme de lentille (tache de rousseur, etc.). C’est le dont un membre prend la part du lion», allusion
diminutif plus répandu de lens, knti, mot de aux fables latines où le lion, ayant fait association
même sens, probablement emprunté (nom indoeu- avec d’autres animaux, s’adjuge toutes les parts du
ropéen ou italique). butin. Le mot est dérivé de leo, leonis (+ lion).
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2003 LÈPRE

+ L’adjeckif qua&& ce qui rappelle le bon et, plus lepidoptera employé par hné (1744) et composé
strictement, Idéb. XIII~s.1 ce qui est propre au lion. de Zepis, lepidos et de pteron eplume d’ailes d’où
~Par allusion aux fables de Phèdre, puis de <aile>) I+ -ptère). Le mot dénomme un ordre d’in-
LaFontaine 11,6), il qutie (16801 une affaire, un sectes aux quatre ailes couvertes de minuscules
contrat dans lesquels une personne se taille la écailles, dénommés couramment, sous leur forme
“part du lion*. adulte, papillons. 41 a produit quelques termes
d’usage didactique, tels LÉPIDOPTÉRISTE n.
0 LÉONIN, INE adj. est l’adjectif formé (18601, LÉPIDOPTÉROLOGIE n. f. 118731, MICRO-
(v. 1175, rime Zionirnel sur le nom de Léon. ILeo1 de LÉPIDOPTÈRES n. m. pl. 11873) et MACROLÉPI-
Saint-Victor, chanoine ayant vécu à Paris au XII’S. DOPTÈRES n. m. pl., ce dernier formé au xx” s.
et qui avait mis à la mode des vers latins dans les- comme antonyme du précédent.
quels une même assonance est répetée plusieurs Lépido- a été productif au XIX~ s. en minéralogie :
fois. Une influence secondaire de @ léonin” est pro- - LÉPIDOLITHE n. m. mica blanc)> (18031, en
bable, la richesse des vers étant rapprochée du ca- paléontologie : LÉPIDODENDRON n. m., propre-
ractère noble et altier du #roi des animaux)). ment <arbre à écaillesn, désignant un arbre fossile
+ Ce terme de poétique quatie des rimes très de l’ère primaire (18281, - et surtout en zoologie
riches dans lesquelles plusieurs syllabes sont iden- avec LÉPIDOPE n. m. (1808, par le latin scienti-
tiques et (16801 des vers (latins ou français) dont les fique lepidopus), proprement «pied écailleux», LÉ-
deux hémistiches sont assommés ou riment. PIDOSIRÈNE n. f. (18731, LÉPIDOSTÉE n. m.
11875, par le latin scientifique lepidosteud, termes
LÉOPARD n. m., réfection (Zeopart, v. 12003 des qui dénomment tous des poissons.
formes semi-populaires Zeupart ! 10801, 1kpap-t LtiPISME n. m. est l’adaptation du latin scienti-
Cv.11703, est emprunté au bas latin Zeopardus de fique lepisma ILînné, 17671, repris au grec lepisma
même sens. Ce dernier est composé de Zeo(-, lion) Gcorce ou écaille enlevée)), dérivé de lepis. +Le
et de pardus, nom du mâle de la panthère, que l’on mot, après avoir désigné momentanément (1803)
rapproche du grec pardos dans le groupe de par- un poisson du genre du sciène. désigne un insecte
dalis *panthère, léopard)), lui-même emprunté à appelé communément poisson d’argent.
une langue orientale non détemninée. On a vu dans 0 voir Ll?PIOTE.

pardus l’emprunt du mot grec, mais Chantraine


LÉPIOTE n. f. est la francisation (1816) du latin
fait de pardos l’adaptation de pardus, tout comme
scientifique lepiota 11801) formé sur le grec lepion,
le mot tardif leopardos serait, selon lui, adapté du
plus souvent lepis &adle, croûte, coquille, éclat de
latin leopardus.
métalm, par allusion aux écailles couvrant le cha-
4 Le mot désigne un grand carnassier félin à robe peau de ce champignon. Le mot est dérivé de le-
marquetée des régions tropicales, pris quelquefois pein <éplucher, enlever l’écorceb (--+lépidIol-1.
en poésie, à cause des blasons, comme symbole de
4 Le mot dés’rgne un champignon caractérisé par
l’Angleterre @n xrveS.I. Le mot est employé spé-
un long pied fibreux, un anneau et un chapeau
cialement en héraldique (XVI~s.) à propos d’un lion
écailleux, le plus souvent comestible.
représenté ~passant~, et non arampant)). +Par ana-
logie, il se dit d’un poisson, anciennement le merlu LÈPRE n. f., d’abord liepre (v. H~O), puis lèpre
(16111, et de nos jours, dans l’expression léopard de ( 12831, est emprunté au latin lepra <<maladie qui
mer (xx” s.), d’un phoque carnivore des mers aus- rongen, dit au figuré de ce qui s’attaque aux objets,
tralles. *Par une métonymie habituelle, le mot dé- et répandu par la langue de l’Église avec le sens
signe la fourrure du félin utilisée en pelleterie métaphorique de <péché, hérésiem. Lepra est em-
(1924) et, dms tenue léopard (19681,une tenue mili- prunté au grec lepra, de lepein Gplucher, enlever
taire de camouflage tachetée. l’écorce», verbe dont on rapproche plusieurs
b LÉOPARDÉ, ÉE adj. (1501) qudif?e une robe, une formes nominales, comme le lituanien lüpas
peau mouchetée comme celle du léopard, spécia- <(fetien, 1’akantis hpë hrnbeau~, le russe Eapoti
Iement en blason (15021 le lion passant. «chaussures d’écorcen.
4 Le mot, qui désigne anciennement toute maladie
LÉPIDtOI-, élément savant, est tiré du grec Ze- contagieuse rongeant les chairs (chancre, etc.) et,
pis, lepidos &aille», Mcoquillen, &clat de métal}} de nos jours, une maladie infectieuse provoquée
(-, lépiote), dérivé de lepein &plucher, enlever par le bacille de Hansen (sens ancien, seulement
l’écorce%, également par métonymie «manger% et, précisé par la science), s’applique aussi par exten-
dans les comédies, par métaphore Kbattre)) sion à un ensemble de taches qui rappellent les
(-, lèpre). Le verbe grec n’a pas de correspondant macules de la lèpre 11837). +Dès le XVI~s., il a déve-
dans les langues indoeuropéennes, mais il existe loppé le sens figuré de Nmal qui s’étend de proche
quelques thèmes nominaux qui répondent formel- en proche>, emploi archtique relayé de nos jours
lement aux formes grecques, comme le lituanien par cancer. -En horticulture, le mot désigne une
lapas «feuille>>, l’albanais lapë alambeau, feuille>>, le maladie des arbres provoquant l’apparition de
lituanien IOpas Npièce, lambeau>. croûtes blanchâtres sur les feuilles et les bourgeons
+ L’élément entre dans la formation de termes des (1767).
sciences de la nature. Le plus ancien est aussi le b Le mot est resté sans dérivés jusqu’à la fin du
phS important et le phS Cowxk LÉPIDOPTkRES XIX~ s., lorsqu’il a donné, en médecine, LÉPROME
n. m. pl. ( 17541 est l’adaptation du latin scientsque n.m. (18881 puis LEPROLOGIE II.~., LÉPRO-
LEPTO- DICTIONNAIRE HISTORIQUE

LOGUE n. et LEPROLOGISTE n., ainsi que jesté et qui ressortent soit du style littéraire soit du
LÉPRIDE n. f. (tiS.1. style plaisant (1673, crime de lèse-faculté, Molière).
L’adjectif correspondant au nom, LÉ- @ voir LÉSER.

PREUX, EUSE, est emprunté sous la forme kprous


(10501, lieprous ~II~-XIII~ s.), refait en Iéorem (XIVe~3.1, LÉSER v. tr. est dérivé (15381, d’après l’expres-
au latin chrétien lepr0w.s alépreuxm et, dans le do- sion lèse-majesté, du latin Zaesus (+ lèse), participe
maine moral, &ideuxn. +Il a évincé d’autres dk- passé de luedwe &apper, blessep au physique et
signations médiévales du malade atteint par ce au moral, d’où afaire injure ou dommagem, mot sans
mal, ladre* et mesel. 0 Il a pris la valeur figurée de étymologie connue. Un latin populaire “Eaesiare,
(<parias ( 1844 ; déjà en locution, 1524, lépreux en dérivé de laesus, a donné l’ancien français Zu&!er
ame). 0 Par analogie, il qualilk (1863) une matière, Ixnr” 4, parallèlement à l’espagnol Etiiar (d’où cata-
une surface (un mur, un plafond) dont les altéra- lan les&, portugais les&.
tions évoquent les croûtes et les taches de la lèpre. 4 Le mot a d’abord été employé dans la locution lé-
*L’hospice où l’on soigne les lepreux est dit LÉ- ser la majesté, avant d’étendre ses emplois avec le
PROSERIE n. f., emprunt (1568, kprosarie) au latin sens d’aoffenser= (16111, abandonné après la pé-
médiéval leprosatia (XIII~sd, de lepra. riode classique. Il a pris alors le sens toujours usuel
0 voir LÉPIDO-, LÉPXYTE.
d’aatteindre qqn dans ses droits)> (16361. 0 Depuis
1834, il est employé spécialement en médecine,
LEPTO- est un élément savant tiré du grec lep- d’aprés lésion, au sens concret de <causer une lé-
tos aminceb et que l’on trouve dans des composés sion à (un organe vivant)m.
scientifiques formés en grec, en latin moderne lem- F LÉSION n. f. est emprunté dès le XII~s. Iv. 1175) au
pruntés) ou formés en tiançais. latin laesio Ndomrnage, tort, (juridiquement3 et
b LEPTURE n. m. est le nom (17703 tiré de leptos et *blessuren Imédîcalementl, nom d’action surtout
oura Nqueue» pour désigner un coléoptère. + LEP- employé à basse époque, dérivé de ladere. oLe
TOCÉPHALE n. m. ( 18091, de -cép!&e, désigne la sens général de «dornrnageB a cédé la place aux
larve de l’anguille. +LEPTOSPIRE n, m. (1945; de spécialisations juridique (1261) et surtout médicale
spire) est le nom d’une bactérie qui peut causer une 113141,reprises au mot latin. La seconde valeur est
maladie infectieuse, la LEPTOSPIROSE n. f. (1945). la seule à être entrée dans l’usage général. + Tar-
LEPTON n. m., emprunt knil XX~s.) à l’a@. lepton divement, Iésiorc s’est doté d’un adjectif juridique,
( 1948 ; du grec Zeptos et electron) désigne les parti- LÉSIONNAIRE adj. (18721, et d’un adjectif médical,
cules élémentakes légères et s’oppose à hadron. LÉSIONNEL,ELLE adj. 0921).
+ voir COLLISION, ÉLIDER.

LEQUEL + QUEL
LÉSINE n. f., d’abord écrit sans accent lesti
LÉROT + LOIR (16041, aussi lezina (16093, est emprunté à l’italien le-
sina, proprement «alênen (de cordonnier), attesté
dans le titre d’une satire de la fin du xwe s., DelEa fa-
LESBIEN, IENNE adj. et n. (surtout féminin)
mosissima Compagniu dellu Lesinu, où l’auteur,
est dérivé 11640, Lesbin, n-1 de I;esbos, nom d’une île
Vialardi, décrit une société d’avares qui rac-
de la mer Égée (Mytilène), patrie de la poétesse Sa-
commodent leurs chaussures eux-mêmes et ont
pho, célèbre pour ses mœurs homosexuelles Isa-
phismel. pris pour emblème une alêne. Le succès de cette
satire fut tel qu’elle tit traduite très rapidement en
4 Lesbien, nom masculin, apparu au sens de ami- français (1604, La Contre-Lésine). Le mot italien re-
gnon, amant d’un hommem, a pris son sens mo- monte au même étymon germanique que le fran-
derne ahomosexuelle)) comme adjectif féminin çais al&w*.
(17841 et, vers 1867, comme nom féminin. + Paral-
4 C’est à la vogue de cette satire italienne que l’on
lèlement, il est quelquefois employ6 au sens propre
doit fisine, nom donné à une épargne sordide
de <relatif à l’île de Lesbos, à son ancien dialeckes
poussée jusqu’aux moindres détails. Qual%é de
(18321.
eburlesque* de 1680 Wchelet) à 1759, le mot, ar-
dl apour dérivé LESBIANISME n.m. (1936, Gide) chaique après 1650, est encore connu, sinon em-
ou LESBISME n. m. 119%) *homosexualité fémi- ployé.
nine)). F Le dérivé LÉSINER v. intr. ( 1604) Hépargner sor-
didement)) est resté plus courant, surtout dans la
LÈSE adj. f. inv. anthposé, d’abord Zeze(1344, est construction tisiner sur, au propre comme au fi-
l’élément tiré du latin juridique crimen luesue ma- guré pour ane pas donner toute l’extension souhai-
jestatis acrime de majesté léséeu où laesue est le gé- table à (une chose)». * Il a produit LÉSI-
nitif féminin du participe passé de laedere C+ lé- NEUR, EUSE n. (v.1650, lezineur). +LÉSINERIE
ser) : c’est donc à l’origine un adjectif bien qu’on ait n. f. (16041, dérivé de Eési?aeou emprunté à l’italien
tendance à le percevoir aujourd’hui comme l’élé- lesineria, désigne la propension à lésiner et, au plu-
ment verbal “qui lèse>>. riel, des marques d’avarice.
4 Apparu dans meffait de leze majesté, puis crieane

krimel de lese majesté (13541, expression calquée LESSIVE n. f., d’abord lissive Iv. 1200) puis les-
sur la formule latine, il entre depuis dans des sive (fin XIII~s.), est issu du latin ltiva asolution cen-
constructions formées sur le modéle de tise-ma- dreuse qui sert à laverm. C’est la substantivation au
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2005 LÉTAL

féminin de l’adjectif hivus, dérivé de kx, US ~SO~U- Omer; v. 1440, Lille) d’où, par métonymie, une cer-
tion qui lave>, mot emprunté (étrusque?). Lixivu a taine quantité de harengs (entre 1690 et 17711. 0 fl
donné le sarde kssiu, le roumain legie, l’italien k~- s’est spécialisé à propos du poids dont on charge
civu, l’espagnol le& tandis que le substantif neutre un navire pour en assurer la stabilité 11473, Zmt
Zixivum a donné l’ancien et moyen français lessu, dans le sud-ouest de la France), donnant lieu au
lessif n. m. asolution cendreuse pour 1averD. Cette sens figuré de ace qui sert à assurer l’équilibrem
alternance de genre est due à l’hésitation en latin (1748). 0 Par analogie (18371, il sert aussi à désigner
du genre de cks I+ cendre), auquel l’adjectif Iixi- le corps pesant que les aéronautes emportent avec
VUSétait associé avant d’être substantivé. La forme eux pour régler le mouvement ascensionne1 d’un
régulière loissive d’où leksive, n’apparaît qu’en an- ballon : de là, la locution figurée jeter du lest (19071
cien français, supplantée par lessive qui pourrait *faire des sacrifkes pour rétablir une situation
être une forme dialectale de l’ouest. Son compromisen. +Il est pris familièrement pour dé-
concurrent buée*, usuel jusqu’au XVI”~., ne survit signer la nourriture (19071 et, en diététique, pour un
plus que dans les dialectes. aliment peu nutritif assurant une bonne digestion
+ Lessive, d’abord attesté dans le contexte de la toi- des nutriments.
lette, est employé ti XIII~s.1pour désigner une so- bLESTER v. tr., d’abord Zuster (13661, pourrait, au
lution alcaline (d’abord préparée avec de la sens de acharger (un navire)>, être emprunté direc-
cendre) qui nettoie le linge. Les progrès de la tement au moyen néerlandais Z&en. Il a suivi
chimie lui valent de désigner aujourd’hui une l’évolution de lest, prenant la valeur générale de
poudre à dissoudre dans l’eau (1926). + Par méto- echargep (1771) et le sens métaphorique familier
nymie, il sert à désigner l’action de laver le linge de amangen (dès 1787, bien lesté crepw ; 1828-1829
(v. 1460, fuire la lessive), une opération technique de se kSï%d. +À son tour, ti a donné LESTAGE n. m.,
nettoyage (1690) et s’applique aussi au linge sur le d’abord lastage (13661,et LESTEUR adj. m. et n. m.
’ point d’être nettoyé ou venant de l’être (xv” s.; I:1366) <homme chargé de disposer le lest à borda et,
étendre, faire sécher la lessive). * 11est employé fa- par ellipse pour buteeau Zesteur (16811, abateau por-
milièrement au sens figuré, pour apticatiorw, tant le lest aux navires> (1710).
d’abord dans lessive du geme humain (trad. de Ter- Le préfké DÉLESTER v. tr., d’abord deiaster, (1593)
tullien, chez Balzac 18291, puis au figuré ku? s-1sac- correspond à *décharger (un navire) de son lest%et
tion d’éliminer les personnes indésirables+ (surtout par extension calléger (qqn) de qqch.n ( 18701, parfois
dans faire la lessive). familièrement adépossédels, ke faire délester de
b Son dérivé LESSIVER v. tr. (v. 13001 est moins q@l. +Il a produit DÉLESTAGE n. m. (16601, DÉ-
employé que faire la lessive en parlant du linge et LESTEMENT n.m. (16711, plus rare, et DÉLES-
réservé à des valeurs plus tectiques (1701, en TEUR, EWSE adj. ( 17231, employé elliptiquement
chimie ; 1792). 0 Il sime familièrement <perdre comme substantif masculin (1845).
au jeu+ (1866, se faire lessiver), wendre par besoin
d’argentn C18881, 4iminer d’une compétitions LESTE adj. est emprunté (15783 à l’italien Zesto
(19221. Au passif, être lessivé Id s.) correspond à knil. xv” s.) *rapide, agilem et (mil. XVI~s.1 <bien
-être épuisé* ou ~ruiné~. équipé*, lui-même d’origine incertaine, l’hypothèse
Les autres dérivés, à part LESSIVAGE n. m. (17791, d’une origine germtique étant difkilement rece-
Sont apparus au XIX~siècle oLESSIVEUR,EUSE vable, tant pour des dif&zultés chronologiques que
adj . (18421, est surtout utilisé comme nom des deux phonétiques.
genres, avec une spécialisation au masculin en pa- + Cité au xvre s. par Estienne parmi les itdimkmes
peterie (1867) et au féminin LESSIVEUSE Il. f. à la mode, Zeste y est employé dans un sens au-
(1892) pour l’ustensile servant à lessiver le linge, au- jourd’hui sorti d’usage, aélégant, plein de grâce,
jourd’hui supplanté par machin ù Iuver. 0 LESSI- bien vêtum (15841, encore attesté tout au long du
VABLE adj. (me s.1 est rare. * S’y ajoutent, tirés de XVII~siècle. 0 D’après certains emplois où Zeste
lessive, les mots techniques LEssIvIER n. m. quaMe une armée bien équipée, agile (15851, il a
118451, aujourd’hui cfabricant de produits déte&% glissé vers la valeur actuelle, aagile, prompt. au
et au figuré agros annonceur» dans le jargon de la début du xwe s. (1611), et a développé (1765) l’ac-
publicité, et LESSIVIEL, ELLE adj. (19511, dans ception figurée de “qui fait preuve d’une liberté
produits lessiviek excessive vis-à-vis des convenancesti, plus particu-
0 voir LISSER. lièrement dans le domaine érotique. 0 Le sens fi-
guré classique, “apte à trouver des expédients pour
LE ST n. m., d’abord sous les formes East (1208) et se tirer d’a&ireB, est sorti d’usage.
Mess(12821 dans le nord du domaine d’oïl, puis lest b Le dérivé LESTEMENT adv. (16051 a pris les sens
(13511, est emprunté au moyen néerlandais Oust successik de l’adjectif.
apoids, charge)>, et à sa variante frisonne lest, L’m-
cien gascon et le f?ançais régional du sud-ouest ont LÉTAL, ALE, AUX adj. est emprunté au
emprunté le mot à l’anglais lu& lest, terme de xv” s. Iapr. 14503 au latin LeMs “qui cause la mort,
même sens (v. 10001, qui remonte, comme le mot mortelm, dérivé de letum <trépasa, mot archtique
néerlandais et l’allemand Lust,à une racine ver- conservé par la poésie comme terme noble, sup-
bale germanique signG& dchargep (+ layette]. planté dans la langue courante par mors b mort)
+Le mot a désigné une sorte de poids, en parti- et d’origine incertaine. La graphie Zethul relevée au
culier une mesure pour le hareng (1282, Saint- xvle s. est due à un rapprochement erroné avec Lé-
LÉTHARGIE DICTIONNAIRE HISTORIQUE

thé, terme de mythologie désignmt le fleuve des +Les principales valeurs du mot sont vivantes
Enfers dont les eaux procuraient l’oubli. avant la fin du x9 siècle, Le premier sens de lettre
+Le mot, rare ou littéraire au sens de “qui pro- est abstrait; c’est celui de ~<connaks~ce que pro-
voque la mortn, s’est spécialisé au XVI~s. dans le lan- cure l’étude des livres», mais il s’est surtout déve-
gage médical Cl5551; il est employé plus patiiculiè- loppé au XVI~s., comme un des mots clés de l’huma-
rement en pharmacie (dose @tale), puis en nisme renaissant, donnant lieu à l’expression
génétique (19051 notamment dans facteur Létal homme de lettres (1580, Montaigne) et, au xwe s., à
(1921) et gène Zétal(19361. Les sciences humaines en belles-lettres (1666) et lettres humaines (16711, de
ont fait au XX~s. l’adjectif correspondant a mort. sens voisin et aujourd’hui archtique. 0 Son évolu-
b L~TALXTÉ n. f., d’abord fautivement Iéthalité tion va dans le sens d’une opposition à sciences
(18141,recouvre en médecine l’ensemble des condi- Iprofesseur, études de Zettresl. + Depuis 1130, lettre a
tions faisant qu’une lésion est mortelle. Le mot est repris au latin le sens initial de asigne graphiquem,
employé, comme létal, en génétique (1875; 1936, lé- appliqué aussi à un caractère typographique de-
t’alité gétitigue> à propos de la mortalité due au puis 1486. Par métonymie, il se dit du phonème re-
fait que certaines combinaisons génotypiques ne présenté par un caiztère (1265) ; cet emploi crée
sont pas viables, ainsi qu’en démographie. des ambiguïtés, et le mot désigne spécialement
une lettre non prononcee ( 1650). 0 Trés tôt, lettre
LÉTHARGIE n. f., d’abord Zitargie (XIII~s.1, re- désigne, par une figure allant de la partie au tout,
fait savamment en léthargie ( 15381, est emprunté au un texte en tant que composé d’une suite de lettres
bas latin Zethargia, terme médical emprunté au EV.11601. Précédé de l’article déti, il prend la va-
grec tardif Z&ar&a «état de sommeil profond et leur particulière de «sens littéral» (v. 11701,réalisé
prolongé ou de mort apparente>>. Ce dernier est dans des locutions comme k la lettre (v. 1278) et au
dérivé de Iêttirgos ctoublieuxn, puis en médecine pied de la lettre Km XVI”s.l. 0 En revaxhe, le sens
4éthargique)), peut-être proprement “qui ne bouge qu’il a dans la locution avant la lettre relève de sa
pas parce que son esprit est plongé dans l’oublis. spécialisation en gravure ou il désigne la légende
Cette valeur hypothétique justserait la thèse de la inscrite au bas d’une estampe et qui en indique le
composition sur lêth-, radical de plusieurs mots sujet : on parle ainsi d’empe avmt ou après la
(dont lêthêaoublim, personni@ et appliqué à l’un lettre (1794). b Le sens de (missive>> est lui aussi ap-
des fleuves des Enfers) du groupe de lanthanein paru en ancien kançais Iv. 11701, mais il est tou-
<faire oublier, oublier, être caché>>, verbe rappro- jours assumé par le pluriel, conformément au latin.
ché du latin Zatere I+ latent) ; le second élément re- Aujourd’hui, ce pluriel s’applique particulièrement
présente argos <paresseux, in&&, privatif à une correspondance publiée, genre littéraire très
(d’abord aergos) dérivé de ergon &avail, œuvre» prisé aux XV$-XWII~ siècles. 0 En ce qui concerne le
(+ -ergie, orgue). Cependa;nt, certains tirent W-w- singulier, le xrxes. a vu apparaître la locution fami-
gos de l’analogie avec podargos Naux pieds agiles>}, lière passer comme une lettre à la poste Npasser
de pous C+ podo-1 et argos <<rapide, agiles, épithète très facilementn (1825) et l’expression lettre ouverte
des chiens chez Homère (d’où Argos, nom du chien ({texte polémique qu’on est censé adresser au pu-
d’Ulysse) et, avec la valeur de <blanc, brillant%, nom blic» (1835). 0 La diversité des fonctions de la cor-
du gardien d’Io (+ argus). respondance est a l’origine de l’emploi métony-
+ Le mot, d’usage médical, est employé par exten- mique du mot pour désigner un écrit officiel (1234)
sion avec la valeur figurée de etorpeur, engourdis- dans les domaines de la diplomatie, de l’adminis-
sements (1652). Par analogie, il se réfère à l’hiber- tration, du commerce et de la banque (lettre de
nation (18051. change, 1671).
b LÉTHARGIQUE adj. est emprunté (1325) au latin lettre fournit le second élément de CONTRE-
letkwgkw, lui-même emprunté au grec Iêthargi- LETTRE (XIII~ s.), qui a désigné un acte secret modi-
kos, de Iêthargos. +Introduit comme nom, puis fiant ou annulant une lettre officielle, et PORTE-
employ6 adjectivement (xv” s.1en médecine, il a dé- LETTRES un messager (16361, puis une sorte de
veloppé la valeur figurke d’aindolent, apathique)) portefeuille. 4 CARTE-LETTRE n. f. (1890) désigne
11604). un feuille qui, pliée, peut être expédiée comme une
lettre. a PÈSE-LETTRES n. m. se dit (1873) d’une
LETTRE n. f., d’abord lette (v, 9801,est issu du la- petite balance pour peser les envois postaux.
tin Zitieru dettre de l’alphabetn qui, sous l’influence Lettre a pour dériv& LETTRER v. he s., letrerl <x-é-
du grec de sens correspondant grammutu diger une ïettren puis, techniquement (XVI~s.), adis-
(3 grammaire, gramme), a pris les sens de <<mis- poser des caractères, des lettres,, et LETTRAGE
sive» (au pluriel), n’ouvrage écritn et par suite alitté- n. m. ( 18731, terme technique simant aaction de
rature*, d’où plus généralement aculture, instruc- disposer des lettre% - Autres dérivés de lettre, les
tion». Étant donné que les sens de litieru sont termes d’histoire littéraire LETTRISME n. m. et
calqués sur le grec et que l’alphabet latin est em- LETTRISTE, n., formés en 1942 par Isidore Isou qui
prunté au grec (par un intermédiaire étrusque), il érigeait en principe esthétique l’attention accordée
n’est pas exclu que Zittera soit d’origine grecque, di- à la matérialité de la lettre.
rectement ou indirectement. Des gloses évoquent LETTRÉ, ÉE n. et adj. est dérivé (v. 1135) de lettre
le grec diphtheruapeau travaillée, cuir, fowruren sur le modèle du latin litterutus <<couver?de lettresn
appliqué à des peaux travaillées pour écrire, au et <savant, instruits. Apparu au sens concret, pour
parchemin (+ diphtérie) ; l’hypothése est sédui- ~couvert de lettres, d’inscriptions», il a été réservé
sante mais non démontrable. en moyen français au sens abstrait, qualifiant une
DE LA LANGUE FRANÇAISE LEURRE
personne instruite, savante Iv. 1150). 0 Cette va- grecs Zeukos et haima Msangp (-+ -énGel, cette mala-
leur est reprise par le substantif masculin Il 1741, die, parfois appelée cancer du sang, étant cmacté-
spécialement (16051 & propos d’un homme cultivé risée par une prolifération anormale des globules
qui exerçait un emploi public dans la Chine an- blancs, ainsi que par leur altération. *Le mot a
cienne, comme synonyme de mandatin. ~OUI- dérivé LEUCÉMIQUE n. et adj. (1856) qui dé-
Son antonyme ILLETTRÉ, ÉE adj. et n. est un em- signe un malade atteint de leucémie et qualKe ce
prunt du XVI~s. Il5601 au préfixé latin illi2-eratus. qui se rapporte à la leucémie (1866, rétine Zeucé-
0 Malgré l’existence de lettré, ce mot a eu du mal à miquel.
s’imposer avant le XVIII” s. ; de nos jours vieiIli au
sens de anon cultivé,, il est employé pour “qui ne 0 LEUR pron. pers. inv. est issu Iv. 980, lorl du o>
sait ni lire, ni écriren, sens avec lequel il a produit latin illorum, génitif masculin pluriel du démons-
ILLETTRISME n. m. (v. 1983) Gncapacité à maîtri- tratif ille I+ il, le). L’existence d’un correspondant
ser la lecture d’un texte simple,, mot recouvrant roumain de forme Zor permet de dater l’aphérèse
une notion distincte de celle d’analphabétisme. du mot latin (chute de l’initiale) comme antérieure
0 voir LETTRINEet les mots issus du latin sur la base littera- : à 271.
ALLITÉRATION. -, LITTÉRATURE. OBLtiRER. 0 voir LUI.

LETTRINE n. f. est emprunté (1625) à l’italien 0 LEUR, LEURS adj. et pron. poss. est issu @$)
lekkrina kw” s.), diminutif de ktieru (3 lettre) ape- (av. 950, lor) du même mot que le pronom person-
tite note mise à côté d’un mot pour renvoyer à une nel 0 leur* : en effet, en latin populaire, illorum,
note (appel de notek employé comme génitif possessif a tendu à rem-
+ Le mot s’est détaché de son sens d’emprunt pour placer le possessif suus b son).
désigner une lettre d’un corps supérieur à celui du 4 Le mot est employé comme adjectif possessif de
texte, dans un dictionnaire (17621, et une lettre or- la troisième personne du pluriel aux deux genres.
née ou non placée au début d’un chapitre 118891, Il garde une trace de son ancien emploi tonique
d’un manuscrit enluminé. Ces lettres, soulignées ( 1050, avec détermination par l’article déti, le leur
de rouge, étaient proprement des tiriques (cf. ce voiZel dans deux cas : le plus courant, appelé “pro-
mot, et aussi miniaturej; elles comportaient nom possessifn, consiste dans l’emploi de leur pré-
souvent des enluminures, mais, après que Jean de cédé de l’article d&ni ne leur, la leur1 et non suivi
Pucelles Idéb. xrP s.1 eut pris l’habitude de fake fr- du substantif (10801. Il assume quelques V&U~S
gurer la scène décorative au début de la page, elles particulières, le pluriel les leurs se référant impli-
furent dégagées du décor figuré et ornées de mo- citement aux hommes d’un même clan, d’unmême
tifs floraux. groupe (1080), le singulier le leur Iv. 1165) désignant
le bien, l’avoir. 0 Le second emploi de leur procé-
LEUCO- est un élément savant tiré du grec leu- dant de l’emploi tonique de l’adjectif correspon-
~OS nblanc lumineux, blanc éclatanta, mot remplacé dant à l’attribut du sujet ou du complément d’objet
en grec démotique par uspros qui avait pris ce sens Cv.11551, dans la syntaxe littéraire (faire leur, &re
par dérivation de celui de erugueuxp (+ âpre). Leu- leur). Ces emplois sont parallèles à ceux de sien (et
kos entre dans la grande famille indoeuropéenne de mien, tien).
de mots ayant trtit à la lumière, avec le latin /UX
I-, luciole) et le grec Zeussein. 4liriger son regard LEURRE n. m., d’abord Zoire (12021, est issu d’un o>
ver-9 ; il répond formellement au sanskrit rocci- francique fi@+ flôthrl «appât» (reconstitué à partir
~brillant», à l’irlandais Zuach, au lituanien latikas, du moyen haut allemand luoder Nappât, ce qui at-
dit d’animaux ayant une tache blanche sur le front. tire en généralnI, allemand Luder. Le mot fkancique
+ La vitalité de l’élément est importante dans le do- est probablement apparente à un verbe “Zmn Gn-
maine des sciences de la nature à partir de la se- viterm dont plusieurs langues germaniques ont un
conde moitié du xvm" siècle. - LEUCTTE n. m. et f. représentant (vieil a;nglais kz.@an, allemand laden,
(17961, terme de minéralogie, est emprunté au mot moyen n~erlandtis lad&.
créé en allemand par Werner. * LEUCOME n. m., + D’abord employé, semble-t-il, au sens g&éraI de
d’abord et aussi leucoma (1700, représente le bas ace qui attire%, le mot s’est rapidement spécialisé
latin leucoma, lui-même repris au grec leukoma en fauconnerie, désignant cv.1225) un morceau de
qui l’a formé sur leukoun <rendre blancb, dérivé de cuir rouge en forme d’oiseau garni de plumes, uti-
leukos. 0 Le mot, qui désigne une tache blanche lisé pour faire revenir l’oiseau de chasse sur le
sur la cornée de l’oeil, inaugure la série des compo- poing du fauconnier. Par analogie de fonction, il est
sés en leuco- en médecine, biologie et pathologie. employé comme terme de pêche et désigne une
*Au XIX~ s., LEUCOCYTE n. m. (18551, formé avec amorce munie de plusieurs hameçons (1769).
-gte* cellules, donne son nom au globule blanc du *Vers 1580, le mot a développé la valeur figurée
sang. *Il a produit plusieurs dérivés, LEUCOCY- dkrttice qui sert à attirer pour trompen, utilisée
TOSE Il. f. 118631, LEUCOCYTAIRE adj. (18971, et au XVI~~s. et devenue aujourd’hui plus abstraite-
quelques composés en leuco- comme leuco- ment #ce qui trompe, abuses.
gramme, leucose, leucophlegmasie, leucopénie. b Son dérivé LEURRER v. tr. IV. 1119, luiti cm&;
*C’est comme représentant de leucocyte que 1266, kkier Gnstruire~1 est employé en fauconnerie
leuco- figure dans LEUCÉMIE n. f. (18563, tiancisa- (av. 13001 puis au sens figuré d’Kattirep, d’abord
tion de leukémie (18551, lequel est l’adaptation de sans péjoration (1415-1418) puis avecune valeur dé-
l’allemand L+~%rnie (18451, formé des éléments favorable, pour Rattirer trompeusement par des
LEVAIN 2008 DICTIONNAIRE HISTORIQUE

apparences séduisantes> (1609). 0 Depuis 1808, on également assumée par le pronominal se lever
rencontre la forme pronominale se leurrer avec son (1080), d’abord en parlant d’un bruit, de la voix, type
sens moderne &re victime d’illusions~ 11637, au d’emploi qui a souffert de la concurrence de s’éle-
sens de <se flatter de4 4 L’ancien COmpOSéALEU- ver, puis en parlant d’une personne qui se met de-
RER, ALEURRER V. (XIII~ s.1, employé de façon iso- bout ~II” s.1, spécialement qui sort de son lit après
lée au XXI~ et au XVII~ s. comme synonyme de leurrer, le réveil Ise lever tôt). 0 Se Iwer exprime aussi le
en fauconnerie et en général, survit dans l’anglais mouvement de l’astre qui commence à paraître à
to allure *attirer, entraîner» (xv” s.) qui l’a emprunté l’horizon (XIII~ s.), celui du brouillard ou du vent qui
au français, de même que Zure n. et to lure v. (de commence à se faire sentir (xv” s. ; dès le XII” s., lever
leurre et leurrer). intransitif), puis du temps qui se dégage 116401, de
0 Voir DÉLURI?, LUFWX. choses qui se déplacent vers le haut (16941 et, au fi-
guré, qui apparaissent (18811. * L’emploi intransitif
o> LEVAIN n. m. est issu Iv. ~76-1181) d’un bas la- de lever partage les mêmes valeurs, mais son
tin “levamen cmorceau de pate qui fait lever la pâte champ d’usage a été restreint au profit du prono-
à paîn~, spécialisation de sens du mot classique de minal : il se rapporte à une pâte qui fermente sous
sens psychologique Zevamen ccsoulagementn, de le- l’action du levain ou de la levure (12561 et à des
vare I+ lever). Les gloses de Reichenau attestent choses qui se déplacent vers le haut, par exemple
déjà Iwamentum. des plantes (xv” S.I. 0 La locution le cœur hi lève,
4 Le mot désigne un morceau de pâte que l’on in- employée dès 1160 au sens de ase gonfler de colère
corpore à la pâte kaîche pour la faire lever, puis ou de joie=, parallèlement à lever le cœur *réjouir»
aussi une substance ayant la même propriété (1690) kw” s.1, a été reprise dans la langue littéraire avec
avec influence réciproque de kvure (+ lever). la même valeur que lever le cœur <soulever le
0 Avant la fin du XII~ s., le mot a développé le même cœur, écœurerti, au me siècle.
sens figuré que femzent, désignant un principe qui Dès le XI~ s., le verbe transitif exprime l’idée de
stimule les idées et les passions. afaire sortir de sa place, en soulevantn ( 10501, et sur-
tout «en enlevantn, cette notion prenant le pas sur
o> * LEVER v. est issu (v. 9801 du latin kvare, dé- la notion physique de afaire aller vers le hautn. Il si-
nominatif de ZevÉs I-, léger), proprement {rendre lé- gnifie alors -prendre (une partie) d’un tout)> ~III” s.)
gern. De là, le sens figuré de Gsoulager» et, en argot dans les quelques emplois que lui laisse prélever,
des voleurs, cdérober). De là également, par méto- par exemple lever Z’aile, la cuisse d’une volaille cdé-
nymie, le sens de <<soulever, élever» qui s’est déve- couper», ou «percevoir (un impôt, un tributIn
loppé sous l’Empire, supplantant surgere (+ surgir), Ixru” S.I. 0 Par abstraction, on passe à afaire dispa-
tollere b tollé) et otiti (+ orient), donnant le sens raître)) (1536) dans des expressions comme lever un
particulier de agomler, en parlant de la pâtes à doute, un obstacle et, en termes commerciaux, le-
basse époque et passant dans les langues ro- ver une option “y mettre fin en acceptant le contratp
manes : roumain Zua, italien levare, espagnol et ca- (xx” S.I. +Avec la notion voisine de <mettre un
talan Ilevar, portugais levar. terrnen, kver s’emploie dans un contexte guerrier
4 Le premier sens attesté en kançais est flplacer (v. 1360, lever le siège; 1564, lever le camp) et juri-
verticalement (ce qui était penché ou horizontal4 dique ou administratif Gwer une séance, une inter-
ou <porter lune chose) plus haut qu’elle n’étaitn. Il dictionl, se rapprochant parfois du champ d’emploi
est réalisé dans un qand nombre d’emplois parti- de enlever. ~Plus concrètement, l’idée de
culiers, dont lever I’anwe I1292, les ancres), aprendre en enlevant, en retirant» est réalisée en
“prendre la mern (cf. démarrer), aussi au figuré, le- dessin (15961, par exemple dans Iwer un plan, en
ver l’étefidard, la bannière CEn xv” s., sous diverses horticulture (16901, au jeu de cartes (1680, lever les
variantes), œprendre parti poulh. oLa nuance de cartes; absolument lever, 1873) et en typographie
adéplacer vers le haut pour découvrir ce qui était ( 1867, lever la lettre).
caché% Cv. 12781 se manifeste notamment dans deux Dès le XII~ s. enfm, lever réalise l’idée de cfaire sor-
locutions, lever Ie masque (1629) et, au théâtre, le- tir, mettre en mouvement (un animal à la chasseIB
ver le rideau (1835) après lever h toile ( 17653. 0 Le (v. 1175). Dans le même contexte, l’expression lever
complément du verbe est souvent le nom d’une un Lièvre a développé un sens figuré (1663) «soule-
partie du corps (fin XIVe s.1: lever les yeu=c cv. 13601, la ver une difkultém et a donné l’expression kver un&
tête @n xrve s.), le nez (16111, la jambe (lEIl, le pied femme ( 17761, par transfert du vocabulaire de la
(18351, le cou& (17521, les épaules (18673, tous gestes chasse à ceux de la galanterie, voire de la prostitu-
révélateurs d’un trait psychologique ou d’un tion pour aracoler* (me s.l. On passe figurément à
comportement imagé; ainsi lever le pied corres- l’idée de cmobiliserm dans le contexte de la guerre
pond & apartir, fuiru ; lever le coude à aboire>. Cer- En xv” s.) : lever des troupes, une armée.
tains syntagmes forment locution, tels leverla main F La richesse sémantique de lever, ses nombreux
sur qqn ( 1538) as’apprêter à le frapper? lever les sens particuliers, se reflètent dans le nombre de
bras au ciel 116901, geste d’impuissance, de répro- ses dérivés. *LEVANT,ANTE, son ptiicipe
bation, lever les yeux SLU qqch. ou qqn ( 16901, ne présent, est employé adjectivement (1080) en par-
pas lever les yeux de Mattacher son regard sur= lant d’un astre qui se lève, en particulier du soleil,
(15381, lever le pohg (19233, pour menacer ou Par l’ancien nom de l’Empire japonais étant Empire du
signe de fraternité révolutionnaire, ne pas lever le Soleil levant. o Substantivé pour désigner le côté
petit do&t ( 1936 ; 1935, le doigt) me rien faire (pour de l’horizon où le soleil apparaît (v. 12651, hmt dé-
qqnln. 4 La notion de cmouvement vers le haut» est signe aussi, par métonymie, un vent d’Est (13431 et
DE LA LANGUE FRANÇAISE 2009 LEVER
avec la majuscule, les pays qui bordent la cote mé- une élévation de terrain, une éminence. + Son sens
diterranéenne, Syrie et Liban ( 1528). *Dans cette moderne de *substance provoquant la fermenta-
acception, il a produit LEVANTTN, INE adj. et n. tiom, réemprunt du latin, est plus tardif Il4191 et
(15751~originaire du Levanta, mot repris au XM~ s. probablement inilueacé par levain”; il a donné
avec une coloration xénophobe, et dont le féminin quelques emplois déterminés (levure de bière, 16 111
LEVANTINE fournit le nom d’une btoffe (1744) et et une spécialisation en médecine à propos d’un
d’une sorte de dague 119021ori&naires du Levant. champignon microscopique se reproduisant par
oLevant (en couple avec ponant) et levantin. bourgeonnement. oL#ure, alors dérivé de lever,
tendent de nos jours à dispartitre au profit du ne s’est pas maintenu aux sens de ace qu’on lève de
couple orient-occident (et oriental-occidental). dessus et de dessous le lardm (1642, Zevure de lard) et
LEVÉ, ÉE, participe passé de lever, a été substan- de afait de lever un frletm, en pêche et chasse
tivé dès l’ancien hnpis au féminin LEV~~E n. f., (av. 1680). + Son sens le plus vivant a produit les
pour exprimer l’action de recueïkr, le résultat de termes techniques LEVURIER n.m.(18031, LEVU-
cette action : d’après les emplois correspondants RER wtr. (19091d’où LEVURAGE n.m. (19091 et
du verbe, il désigne l’impôt (X~I s.), l’enrôiement LEVURERIE n. f. (1949).
militaire (15591,d’où pendant la Révolution levée en LEVIER n. m., autre dérivé apparu au XII~~.
masse (1793). 0 Il se dit aussi du fait de prendre les comme nom d’outil Iv. 11301,se détit Cv.11603par
cartes sur la table de jeu et, par métonymie, de ces sa fonction, qui est de permettre de soulever un
cartes ( 16801,de l’action de prélever les lettres dans poids. Il a développé le sens figuré de Kmoyen d’ac-
la boîte (18291 et de la somme retirée dans une tion% (1684, en parlant d’une personne ; 1754, d’une
banque ou un établissement de crédit (1867). chose) et différentes spécialisations techniques, en
+ Quelques emplois particuliers réalisent l’idée de chirurgie obstétrique 11812) et dentaire Il8203, ainsi
-disparition, action de faire cesserti ( 15491,tel levée qu’en technique pour l’organe de commande d’une
de la séance 116801, celle de l’enlèvement dans le- machine (18671, en partitier d’un véhicule auto-
vée de ~0~s 11690, du) et l’idée de usuppressionb mobile 11899, levier de changement de vitesse). Le
(17651, comme en psychanalyse l’expression levée sens technique a donné lieu à un sens figuré, à pro-
des résistances (xx” s.l. *Le sens concret, aaction de pos d’un poste de direction, de contrôle (19311, no-
soulever verticalementm, attesté dès l’ancien k-an- tamment dans letier de com de (1936). -LÈVE
çais ~XIII~s.), s’est mieux implanté dans quelques n. f., déverbal de lever 112421,a vieilli dans la plu-
sens métonymiques concrets : lwée désigne un ma- part de ses emplois. Il ne s’est maintenu que
tériau levé et entassé sur une même ligne, soit un comme nom technique de la lame soulevant le
remblai de terre et de maçonnerie 112691,puis une maillet qui retombe sur les chiffons broyés dans un
digne élevée le long d’un cours d’eau ( 15371, enk moulin à papier 11788; 1765, sens attribué à levée),
un amas d’alluvions ou de galets (ti S.I. -Le sens aujourd’hui archaïque.
dynamique, vieilli après l’époque classique, se D’autres dérivés ont gardé un rapport plus net
majntient da;ns quelques emplois particuliers, tels avec le verbe. -LEVEUR,EUSE n. (12531, nom
levée de boucfiem (v. 1389, avec une valeur figurée), d’agent, <<personne qui lève)), se limite à quelques-
ou levée de la pâte. +Le masculin LEVÉ n. m. uns des emplois spéciaux du verbe : il a cessé de
(15341, s’il a perdu au profit de lwée le sens de dénommer le percepteur des droits seigneuriaux,
*cartes qu’on ramasse,, et au profit de l’mtif puis des impôts, pour désigner en technique l’ou-
substantivb celui dkction de se lever+ ( 1666, Mo- vrier qui déballe le chanvre pour le faire peser
lière : le levé du roi), a pris ses sens modernes aux (1260), celui qui lève qqch. en papeterie (17231, en
~III~ et xrxe s. : il s’emploie en musique pour l’action imprimerie (18233, en topographie et, au féminin,
de lever la main ou le pied en battant la mesure en dentellerie (1867). Il s’est employé dans la
( 1823 ; dès 1705 au sens métonymique de atemps sur langue populaire pour désigner un séducteur
lequel on bat la mesuremI, et en topographie dans ( 18581, en relation avec ker we femme, et, dans
kvé ou kvé de pkzn CI832 ; av. 1853 au sens métony- l’usage commun, dans l’expression levew de sort
mique de *plan ainsi relevémI. 0 Par ellipse de per- quir6pondàjeteurdesort. +LEVAGE n.m.,auh
sonne bée, on parle en politique (1800) de vote pur terme apparu à propos de la perception des impôts
assis et levés. + LEVER n. m., infinitif substantivé seigneuriaux (12891, s’est fait une place à côté des
de ber Iv. 11751,correspond à l’action de soulever autres substantifs d’action de lever à partir du
vers le haut et à celle de se lever du lit ; le mot a dé- xwe siècle. Il a reçu des acceptions spécialisées en
veloppé quelques emplois particuliers, désignant architecture 118191,en boulangerie (18931, en pêche
l’apparition d’un astre à l’horizon ( 13641, d’où le Cl8731 et en dentellerie 118401 et s’est répandu en
point du jour (av. 16483,le moment où le roi recevait argot pour <action de séduire, de racolern (1861).
dans sa chambre après s’être levé (16641, le kvé et L’emploi concret le plus usuel, pour aaction de sou-
le lever n’étant pas distingués. Le lever du ndeuu leverti, est le syntagme appareil de levage (cf. ma-
désigne le moment où le rideau du théâtre se lève nutention). +A plusieurs siècles de distance, LE-
117981 d’où par métonymie lever de Rideau apetite VADE n. f. est attesté avec le sens concret de «pré
pièce que l’on joue avant la pièce principales (1826). situé sur une hauteur+ (1875, pré de lev&), surtout
h dispute à kvé son emploi en topographie (18401. vivant dans le Centre et certainement très anté-
LEVURE n. f., d’abord lieveure (av. 11881, rappelle rieur dialectalement. Le mot a été repris dans le
le latin médiéval levaturu qui se disait d’un mé- vocabulaire de l’équitation (& s.l.
lange d’herbes employé pour la fermentation de la On ne compte pas les formations composées faites
bière (10421.D’après lever, le mot a d’abord désigné avec l’élément verbal Ztie- tant dans l’usage tech-
LÉVITATION DICTIONNAIRE HISTORIQUE

nique, LÈVE-GAZON n. m. (18421, LÈVE- + Le mot, employé au pluriel dès les premiers tex-
VITRE, etc., que dans l’usage familier, LÈVE- tes, désigne les parties charnues des contours de la
PIEDS «échellem en argot (18361; LÈVE-TOT et bouche humaine : ce sens, le plus courant, a donné
LÈVE-TARD (v. 19671, cf. aussi J&e-glace*. la phraséologie du bout des A%res (16771 ems
0 voir ALEVIN, ÉLEVER, ENLEVER. LEVAIN, LÉVITATION, conviction (de la parolelm, avoir sur les &vres (1538,
PONT-LEVIS. PRkLEVER, RELEVER, SOULEVER. entre les I&vres; 1635, sur le bord des bres> Gtre
prêt à dire, à prononcer,. -L’expmion du sens
LÉVITATION n. f. est un emprunt du vocabu- s’est faite par analogie : I&vre désigne les bords
laire de l’occultisme (1864) à l’anglais levitation. Ce- d’une plaie Il3 141, les replis charnus de la vulve
lui-ci a été formé Iv. 1668) sur le modèle de gravita- (1680) d’où grundes et petites Ikwes, les cornmis-
tion à partir du latin lwis I-, léger) au sens d’caction sures de la bouche d’un animal (16903, les bords
de s’élever en raison de sa légèreté>>, et s’est spécia- d’un coquillage univalve 11752). 0 D’autres exten-
lisé en spiritisme (av. 18741. sions plus techniques, appawes au XTxes.,
F L~ITER v. intr. est plutôt dérivé (19301 du radi- concernent une réalité non organique : comme le
cal de Iévitatin qu’emprunté à l’anglais to Eevitate mot latin, ZeVre désime le bord d’une cassure,
(16731. Attesté chez H. Michaux (sans doute anté- d’une faille, en géographie 11834) et en géologie
rieur dans les textes spécialisés), il est d’un usage (18771, le bord de l’orifice d’un vase Cv.18403; il dé-
beaucoup plus rare que le nom. nomme aussi les bords aplatis de la bouche d’un
tuyau d’orgue (1893).
LÉVITE n. m. est emprunté (v. I 170) au latin de F BALÈVRE n. f., réfection Iv. 1220) de l’ancien
la Vulgate tita, kites, transcription du grec des français baulivre 6n me s.), baulevre I~I$, jusqu’au
Septante levitês, dérivé au moyen du suffixe -itês du xv” s.), est forme sur un élément initial d’origine
nom propre Levi (de l’hébreu La, pour traduire le germanique, le fkancique “bah amauvaise (ancien
mot hébreu EV~ haut allemand balo). * Le mot désigne d’abord une
+ Le mot est introduit dans la traduction du Livre grosse lèvre, avant de prendre des valeurs tech-
des Rois au sens de amembre de la tribu de Lévi niques par métaphore <<saillie d’une pierren (16941,
(troisième fils de Jacob) voué au service du temple asaillie du métal moulé à l’endroit des j oints)} ( 17511.
@ voir LABRE.
sans avoir accès à l’autels. Son extension pour
*pr&re, clerc, séminariste>> (16901 emprunt séman-
tique au bas latin chrétien kvita derc de rang in%- LEVRETTE, LÉVRIER + LIÈVRE
rieur, diacre», est rare et d’usage littéraire. +En ré-
férence au costume que portaient les lévites LEVURE - LEVER
représentés sur les tableaux et au théâtre, Iévite a
donné son nom à une robe longue, simple et aus- LEXIQUE n. m., d’abord letion (15631, francisé
tère, portée dans la seconde moitié du ~VIII~s. par en lexhue (17211, est emprunté au grec letiko?~
les femmes (1781). Il a aussi désigné, à la même (sous-entendu btblion), proprement <livre de motsn,
époque, une redingote d’homme ample et descen- 4ictionnakeu. Ce mot est le neutre substantivé de
dant à mi-mollet ( 17821. l’adjectif Zetikos, “qui concerne les mot+, dérivé de
leais prole, mot, styles. Lui-même est le nom d’ac-
F LÉVITIQUE adj.

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