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Article original

Reçu le :
20 février 2012
Accepté le :



Bloc du nerf alvéolaire inférieur par

5 octobre 2012
Disponible en ligne


ropivacaı̈ne : effets sur les nausées et
16 novembre 2012



vomissements en postopératoires (NVPO)



des ostéotomies mandibulaires


Inferior alveolar nerve block with ropivacaine:



Effect on nausea and vomiting after mandibular osteotomy


A. Chatelliera,*, A.E. Duguéb, C. Caufouriera, B. Maksudd,

J.F. Compèrea,c, H. Bénateaua,c


a
Service de stomatologie et de chirurgie maxillofaciale, CHU de Caen, avenue Côte-de-Nacre,

Disponible en ligne sur 14033 Caen cedex 9, France
b
Unité de biostatistiques et de recherche clinique, CHU de Caen, 14000 Caen, France
c
Faculté de médecine, université de Caen Basse-Normandie, CHU de Caen, 14000 Caen,
France
d
www.sciencedirect.com Service d’anesthésie et de réanimation, CHU de Caen, 14000 Caen, France

Summary Résumé
Introduction. Our objective was to evaluate the contribution of Introduction. Le but de notre travail a été d’évaluer l’intérêt d’un
bilateral inferior alveolar nerve block (BIANB) in patients before bloc bilatéral du nerf alvéolaire inférieur (BBNAI) dans la prise en
mandibular sagittal osteotomy for postoperative pain management, charge postopératoire de la douleur, de la consommation morphi-
consumption of opioids, treatment of nausea and vomiting. nique, des nausées et vomissements après ostéotomies mandibulai-
Materials and methods. We included 30 patients undergoing res.
mandibular sagittal osteotomy in a prospective, randomized, double Patients et méthode. Trente patients opérés d’une ostéotomie
blind study. The first group of patients (n = 14) underwent a standard sagittale des branches montantes mandibulaires ont été inclus dans
procedure (general anesthesia with postoperative morphine treat- cette étude prospective, randomisée en « double insu ». Le premier
ment). The second group of patients (n = 16) underwent BIANB groupe (n = 14) a bénéficié d’un protocole standard (anesthésie
before surgery, in addition to the standard procedure. The post- générale et morphiniques postopératoires). Le second groupe
surgical management was evaluated every four hours for the first (n = 16) a reçu un bloc bilatéral du nerf alvéolaire inférieur en
24 hours, according to the following criteria: postoperative nausea début d’intervention en complément du protocole habituel. La prise
and vomiting (PONV), visual analogue scale (VAS) assessment of en charge postopératoire a été évaluée toutes les quatre heures
pain, consumption of morphine (cumulative dose) and antiemetic pendant les 24 premières heures sur les critères suivants : nausées et
drugs, and need for releasing inter-maxillary blockage. vomissements postopératoires (NVPO), Échelle Visuelle Analogique
Results. PONV was significantly less frequent in the second de la douleur (EVA), consommation morphinique (dose cumulée) et
group (6.3 % versus 42.9 %, P = 0.031). The frequency of d’antiémétiques, nécessité de déblocage.
releasing inter-maxillary blockage and the consumption of anti- Résultats. Les NVPO ont été significativement plus faibles pour le
emetic drugs were not significantly different in the two groups. groupe avec BBNAI (6,3 % versus 42,9 % avec p = 0,031). Le
The mean VAS pain score was significantly lower in the second pourcentage de déblocages et la consommation d’antiémétiques
group (1.6 versus 0.9 avec P = 0.045). There was no significant entre les deux groupes n’ont pas été significativement différents.
difference in cumulative morphine requirements between the two La moyenne des EVA du groupe avec BBNAI a été significativement
groups at 24 hours. plus faible (1,6 versus 0,9 avec p = 0,045). Il n’y a pas eu de

* Auteur correspondant.
e-mail : chatellier-a@chu-caen.fr (A. Chatellier).

0035-1768/$ - see front matter ß 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
http://dx.doi.org/10.1016/j.stomax.2012.10.003 Rev Stomatol Chir Maxillofac 2012;113:417-422
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A. Chatellier et al. Rev Stomatol Chir Maxillofac 2012;113:417-422

Discussion. BIANB during mandibular osteotomy increases the différence significative concernant les besoins morphiniques cumu-
patient comfort by decreasing PONV and improving postsurgical lés à 24 heures.
analgesia. Discussion. Le BBNAI lors des ostéotomies mandibulaires a amé-
ß 2012 Published by Elsevier Masson SAS. lioré le confort du patient en termes de NVPO et d’analgésie post-
opératoire.
Keywords: Nerve block, Osteotomy, Sagittal split ramus, Post- ß 2012 Publié par Elsevier Masson SAS.
operative nausea and vomiting
Mots clés : Bloc nerveux, Ostéotomie sagittale des branches
montantes de la mandibule, Nausées vomissements postopératoires

Introduction que le premier groupe n’ait pas reçu de bloc placebo. Le bloc
était fait après l’induction anesthésique, donc à l’insu du
Les nausées et vomissements postopératoires (NVPO) sont patient. Les données d’évaluation ont été recueillies par
une des complications les plus courantes et désagréables en une infirmière diplômée d’État (IDE) qui n’était pas informée
chirurgie orthognathique. Malgré les progrès pharmacologi- du groupe auquel était assigné le patient.
ques récents [1], leur incidence dans les 24 premières heures Le protocole d’anesthésie était standardisé. Le risque de sur-
postopératoires en chirurgie orthognathique est de 40,8 %, venue de NVPO était évalué selon le score d’Apfel, allant de
contre 20 à 30 % toutes chirurgies confondues [2]. 0 à 4 avec une probabilité de NVPO croissante et reposant sur
Dans certaines interventions, l’anesthésie locorégionale est les items suivants : sexe féminin, statut non fumeur, anté-
associée à l’anesthésie générale pour réduire la consomma- cédents de NVPO ou de mal des transports, morphiniques
tion d’opioı̈des et améliorer les suites postopératoires en postopératoires [5]. La prémédication était donnée une heure
termes d’analgésie et de nausées et vomissements. Depuis avant l’induction par hydroxyzine (AtaraxW) à la dose de 1 mg/kg.
1996, la ropivacaı̈ne est utilisée comme anesthésique local en L’anesthésie nécessitait un monitorage usuel, une préoxy-
raison de ses propriétés pharmacocinétiques et pharmacody- génation et l’utilisation de tubulures courtes avec deux
namiques (latence et durée d’action) pour l’analgésie post- valves antiretour. Après un bolus de xylocaı̈ne IV de
opératoire [3]. Par son action vasoconstrictive, elle diminue 1 mg/kg, l’induction était réalisée par du propofol (DiprivanW)
significativement le saignement peropératoire, facilitant le en mode Anesthesie Intra-Veineuse à Objectif de Concentra-
repérage du nerf alvéolaire inférieur lors des ostéotomies tion (AIVOC) ajustée au poids, taille, sexe et âge du patient)
mandibulaires [4]. Malgré un réel intérêt clinique (interven- pour une concentration cible entre 4 et 6 mg/mL. L’adminis-
tion fréquente et bloc nerveux facile à réaliser), elle est peu tration de rémifentanil (UltivaW) était synchronisée pour
évaluée dans les suites de la chirurgie orthognathique. obtenir le pic d’action au moment de la laryngoscopie
Nous avons étudié l’intérêt d’un BBNAI par ropivacaı̈ne réalisé (concentration cible : 4 à 6 mg/mL).
en début d’intervention, chez les patients bénéficiant d’une L’intubation nasotrachéale était faite sans curare (ou avec
ostéotomie sagittale des branches montantes mandibulaires. curare dépolarisant d’action rapide : succinylcholine (Anecti-
neW) 1 mg/kg), à l’aide d’une sonde préformée.
Une sonde nasogastrique était posée et un tamponnement
Patients et méthode pharyngé postérieur était mis en place. La protection oculaire
était systématique par pommade vitamine A. Le patient était
Entre juillet 2009 et septembre 2011, 30 patients, score ASA I installé en décubitus dorsal avec un discret proclive. La tête
(American Society of Anesthesiologists), pris en charge pour était dans l’axe, en légère hyperextension.
ostéotomies sagittales des branches montantes mandibulai- Le BBNAI était réalisé par l’opérateur en tout début d’inter-
res ont été inclus dans cette étude prospective, randomisée, vention au niveau de l’épine de Spix par voie endobuccale,
après accord du Comité de protection des personnes, infor- selon le procédé utilisé pour les extractions au fauteuil den-
mation éclairée et accord des patients. Le sex-ratio (H/F) était taire. L’aiguille de 50 mm, 27–30 G, était introduite 10 mm au-
0,76 et l’âge des patients était compris entre 16 et 41 ans, avec dessus du plan d’occlusion puis lentement au contact de la
une moyenne d’âge à 25 ans. Les patients ont été repartis en face médiale de la branche montante mandibulaire sur envi-
deux groupes, de façon aléatoire par un tirage au sort, la veille ron 20 mm, jusqu’à se trouver au niveau estimé de l’épine de
de l’intervention. Le premier groupe (n = 14) sans BBNAI a été Spix. Après un test d’aspiration négatif, 3 mL de ropivacaı̈ne
pris en charge classiquement (anesthésie générale et mor- (NaropéineW) étaient injectés de chaque côté.
phiniques en postopératoire). Le second groupe (n = 16) a eu Une antibioprophylaxie intraveineuse était administrée dès
un BBNAI en début d’intervention, en plus du protocole l’induction par amoxicilline et Acide clavulanique (Augmen-
habituel. L’étude a été conçue comme « double insu », bien tinW) à la dose de 2 g.

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Bloc du nerf alvéolaire inférieur par ropivacaı̈ne

Tableau I
Évaluation du confort du patient sur les 24 premières heures postopératoires.
H0 H+4 H+8 H + 12 H + 16 H + 20 H + 24
Nausées (O/N)
Vomissements (O/N)
Déblocage (O/N)
EVA (Échelle sur 10)
Bolus PCA (Dose cumulée)

L’entretien de l’anesthésie était basé sur une concentration postopératoires (< 24 heures) : nombre de nausées, nombre
cible comprise généralement entre 3 et 6 mg/mL de propofol de vomissements, déblocage, moyenne des EVA, moyenne de
(DiprivanW). La ventilation était assurée par un mélange air/ PCA cumulée à 24 heures, prise d’antiémétiques. Les tests
oxygène sans utilisation de protoxyde d’azote. utilisés pour les variables qualitatives étaient le Chi2 ou le test
Tous les patients ont été opérés par le même opérateur, après exact de Fisher si besoin. Le test utilisé pour les variables
infiltration des sites opératoires au sérum adrénaliné (1 mg quantitatives était le test non paramétrique de Mann-Whitney,
pour 1 L de sérum physiologique). La technique chirurgicale au vu des petits échantillons des deux groupes. Le risque
d’ostéotomie sagittale des branches montantes était clas- alpha de première espèce a été fixé a priori à 5 %, si bien qu’un
sique selon Epker. test était dit significatif si sa p-value était inférieure à 0,05.
En fin d’intervention, l’analgésie intraveineuse comprenait
paracétamol (PerfalganW) 1 gr, néfopam (AcupanW) 20 mg,
et morphine 10 mg. Un antiœdémateux (méthylprednisolone Résultats
[SolumédrolW 1 mg/kg]) et un antiémétique (dropéridol [Dro-
leptanW] 1,25 mg IVD) étaient administrés une heure avant la Trente patients ont été inclus. Les deux groupes étaient
fin de l’intervention. statistiquement comparables en termes d’âge, de sexe,
Le blocage maxillo-mandibulaire était élastique souple. d’antécédent de NVPO ou de mal des transports, et de statut
En salle de réveil, la sonde nasogastrique était retirée lors de la par rapport au tabac (tableau II).
sortie de la salle de réveil (après aspirations gastriques systé- Le pourcentage de patients ayant eu au moins un NVPO dans
matiques avant et après le réveil) et la morphine a été titrée. les 24 premières heures suivant l’opération a été significati-
La patient control analgesia (PCA) morphine était mise sur une vement plus faible dans le groupe avec bloc anesthésique
tubulure antireflux (50 mg + 10 mg de dropéridol [Drolep- (6,3 % versus 42,9 % avec p = 0,031). Un patient a été victime
tanW] dans 50 mL soit 1 mg/mL). Un bolus de morphine de vomissements, à deux reprises dans le groupe sans bloc. Il
correspondait à 1 mg et la période d’interdiction entre deux n’a pas eu de différence entre les deux groupes, sur le pour-
bolus était fixée à six minutes. centage de déblocage (deux déblocages dans le groupe sans
En cas de nausées ou vomissements, un antiémétique (ondan- bloc soit 14 % versus 0 % avec p = 0,21) et la consommation
sétron [ZophrenW] 4 mg IV) était administré. Celui-ci pouvait d’antiémétiques (43 % dans le groupe sans bloc versus 14 %
être renouvelé si nécessaire (maximum quatre injections/j avec avec p = 0,10) (fig. 1).
un intervalle minimal de 30 minutes entre deux injections). Le nombre d’épisodes douloureux (EVA > 0) dans les 24 heures
En postopératoire, l’analgésie était assurée par paracétamol postopératoires n’a pas été différent entre les deux groupes.
(PerfalganW) 1 g 4 fois/j, néfopam (AcupanW) 80 mg/24 h IVSE L’EVA moyen du groupe avec bloc anesthésique était signifi-
(intraveineuse en seringue électrique) et PCA de morphine. Le cativement plus faible (1,6 versus 0,9 avec p = 0,045) (fig. 2).
méthylprednisolone SolumédrolW (1 mg/kg par jour) a été Les besoins en morphiniques n’ont pas été différents entre les
poursuivi 48 heures IV. deux groupes à H0 (après extubation, en salle de réveil)
Le confort du patient a été évalué toutes les quatre heures (p = 0,53) de même que les PCA cumulées à 24 heures
pendant les 24 premières heures par l’IDE sur les critères (p = 0,073) (fig. 3). Il n’y a pas eu de complications liées au
postopératoires suivants : NVPO, nécessité de déblocage, BBNAI.
EVA, et consommation morphinique (dose cumulée) (tableau I).
Tableau II
Données démographiques et facteurs de risque de NVPO.
Méthodologie statistique Sans bloc Avec bloc
Âge 25,8  8,4 24,2  5,4
La comparabilité des groupes a été testée pour plusieurs Sex-ratio (H/F) 0,6 1
caractéristiques et facteurs de risque d’NVPO : âge, sexe, ATCD NVPO ou mal n = 2 (14 %) n = 2 (13 %)
des transports
antécédents, statut par rapport au tabac. La comparaison
Statut non-fumeur 71 % 63 %
des groupes a été effectuée sur différents critères

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Figure 2. Distribution de la douleur évaluer par EVA dans les premières


24 heures en fonction du groupe (avec ou sans bloc anesthésique).

Figure 3. Distribution de bolus cumulés de morphine demandés par les


patients dans les premières 24 heures en fonction du groupe (avec ou
sans bloc anesthésique).

dans la prévention des NVPO et de la douleur postopératoire.


Les NVPO ont été significativement diminuées sur les 24 pre-
mières heures, même si la consommation d’antiémétiques n’a
pas été significativement modifiée entre les deux groupes.
Dans tous types de chirurgie et malgré les progrès pharma-
cologiques récents [1], les NVPO sont une des complications
Figure 1. Nombre de nausées, nombre de vomissements, consommation les plus courantes après une anesthésie générale. Leur inci-
d’antiémétiques et déblocage en fonction du groupe (avec ou sans bloc
dence augmente considérablement en cas de chirurgie bima-
anesthésique).
xillaire (56,4 %) [2]. Les principaux facteurs prédictifs sont le
sexe féminin, l’âge jeune, le statut non-fumeur et les anté-
Discussion cédents de mal de transport, de vertiges ou de migraines
(score d’Apfel). Au décours de cette chirurgie, la prise en
L’intérêt d’un bloc alvéolaire inférieur dans l’ostéotomie sagit- charge des douleurs postopératoires par morphiniques, l’ali-
tale des branches montantes a été démontré chez les patients mentation liquide liée au blocage maxillo-mandibulaire,

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Bloc du nerf alvéolaire inférieur par ropivacaı̈ne

l’hypoesthésie labiale, l’œdème facial et la déglutition de sang particulière, les variations anatomiques de la position du
s’ajoutent aux facteurs prédictifs habituels et rendent compte nerf et de l’artère maxillaire expliquent un taux d’échecs
de l’incidence particulièrement élevée des NVPO dans ce type importants [10,11] et un risque fréquent de ponction de l’artère
de chirurgie. Deux déblocages (14 %) ont été observés dans le maxillaire [2]. Des paralysies faciales régressives, des limita-
groupe n’ayant pas eu de bloc anesthésique (n = 14). Même si tions d’ouverture buccale par ankylose de l’articulation tem-
la différence entre les deux groupes n’était pas significative, poromandibulaire après injection intramusculaire dans les
ce pourcentage est important. Pour éviter les déblocages muscles ptérygoı̈diens ont été rapportées [12]. La technique
intempestifs, certains centres chirurgicaux préfèrent différer de repérage sous neurostimulation semblerait améliorer le
le retrait de la sonde nasogastrique au soir de l’intervention taux de réussite et diminuer les incidents. Cependant, elle
voire au lendemain. Notre équipe a choisi de la retirer lors de nécessite de disposer d’un anesthésiste expérimenté et d’un
la sortie de la salle de réveil, essentiellement pour des raisons neurostimulateur [13]. Pour toutes ces raisons (contraintes
de confort après des aspirations systématiques avant et après pratiques, taux d’échec non négligeable et complications
le réveil. sérieuses), le bloc du bloc alvéolaire inférieur a été préféré
Le bloc anesthésique a contribué à améliorer la prise en au bloc mandibulaire par notre équipe.
charge des douleurs postopératoires puisque la moyenne La ropivacaı̈ne (NaropéineW) a été utilisée pour sa durée
des EVA dans les premières 24 heures a été significativement d’action prolongée. Celle-ci est dépendante du point d’injec-
plus faible. Les besoins morphiniques tendaient à être moin- tion, de la voie d’administration, de la concentration et
dres dans le groupe avec bloc, même si la différence n’était du volume de l’anesthésique, avec une grande variabilité
pas significative sur les besoins morphiniques cumulés à interindividuelle [3]. Les anesthésiques locaux d’action brève
24 heures. Les résultats étaient à la limite du seuil de signi- (lidocaı̈ne), lors des ostéotomies mandibulaires, ont démontré
ficativité en raison de l’effectif (fig. 3). Le BBNAI est une leur intérêt en peropératoire sur la consommation morphi-
procédure habituelle utilisée pour contrôler l’analgésie en nique mais ils n’assurent pas une analgésie postopératoire [7].
chirurgie maxillofaciale et stomatologie. Couramment utilisé La toxicité neurologique centrale et cardiaque de la ropiva-
lors de l’avulsion des dents de sagesse mandibulaires, son caı̈ne est moins importante que celle de la bupivacaı̈ne
intérêt a également été démontré récemment chez les (Marcaı̈neW), avec une efficacité et une tolérance comparable
patents opérés d’une tumeur oropharyngée [6]. Pourtant, le à doses équianalgésiques [3]. Le coût de la ropivacaı̈ne est
bloc du nerf alvéolaire est un bloc limité ne permettant pas modéré (2,86 euros TTC par ampoule).
l’analgésie des territoires des nerfs lingual et buccal. Lors La ropivacaı̈ne (NaropéineW) est un anesthésique local et un
d’une ostéotomie sagittale des branches montantes mandi- agent vasoconstricteur. Son utilisation lors des blocs nerveux
bulaires, l’incision muqueuse implique les territoires du nerf périphériques est associée à une diminution significative du
buccal et du nerf alvéolaire inférieur. Le nerf lingual est saignement peropératoire [14]. Au cours du clivage mandibu-
également concerné lors de la recherche de l’épine de Spix, laire, la visibilité est meilleure, facilitant le repérage du nerf
avant la corticotomie interne. D’autres sources de douleurs, alvéolaire inférieur et réduisant la durée opératoire moyenne
notamment celles liées à l’intubation orotrachéale ne sont pas (16 %) [4]. Il s’agit d’un avantage certain lorsque l’on sait que
anatomiquement couvertes par cette anesthésie locorégio- la principale complication des ostéotomies sagittales des
nale. Pour toutes ces raisons, l’utilisation de morphiniques branches montantes est la lésion du nerf alvéolaire inférieur,
postopératoires reste indispensable pour les deux groupes, responsable d’une hypoesthésie postopératoire [15].
mais le bloc en complément d’une anesthésie générale à l’aide Le bloc analgésique minimise le stress peropératoire chez le
d’un anesthésique d’action longue, optimise l’analgésie post- patient et donc la réponse du système autonome endocrinien
opératoire [3,7]. et immun [16,17]. Lors d’une intervention chirurgicale, on
Les complications et en particulier les lésions nerveuses cau- observe chez le patient une hyperactivité du système nerveux
sées par injection d’anesthésique local sont rares. Ce sont sympathique, une sécrétion de catécholamines et de vaso-
essentiellement les paresthésies du nerf lingual, plus fréquen- pressine, et un relargage de cytokines. Le bloc jouerait donc un
tes que celles du nerf alvéolaire inférieur, qu’elles soient rôle préventif sur l’hyperactivité du système nerveux sympa-
transitoires ou permanentes [8]. Quand elles existent, les thique et du système endocrinien en chirurgie orale et assu-
lésions nerveuses peuvent être d’origine traumatique (piqûre rerait une meilleure stabilité hémodynamique peropératoire,
directe par aiguille responsable d’un hématome intrafascicu- en particulier chez les patients fragiles sur le plan cardiovas-
laire) ou d’origine toxique (neurotoxicité des anesthésiques culaire.
locaux (articaı̈ne [Alphacaı̈neW]) [9]. Nous n’avons pas cons-
taté de complications nerveuses liées au bloc anesthésique, ni
sur le nerf lingual, ni sur le nerf alvéolaire inférieur. Déclaration d’intérêts
Le bloc mandibulaire, efficace sur le nerf lingual et sur le nerf
buccal, est une alternative intéressante au bloc du nerf Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en
alvéolaire inférieur. Malgré l’absence de difficulté technique relation avec cet article.

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