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Au niveau national, on constate une augmentation de la mortalité moyenne des agneaux ces
dernières années. Selon la base de données du logiciel de contrôle de performance ovall, le taux
frôle les 14 % depuis 2008. La répartition des mortalités des agneaux entre 0 et 60j montrent que
plus de la moitié meurent avant 48 heures. Ces résultats ne sont pas une fatalité, il existe des marges
de manœuvre importantes pour réduire cette mortalité en améliorant ses pratiques d'élevage.
Cet article montre l'importance de la qualité de colostrum pour la mise en place de l'immunité de
l'agneau, puis explique comment préparer au mieux les brebis en fin de gestation pour pouvoir
produire ce colostrum et enfin comment gérer les agneaux de la naissance au sevrage.
Partie 1 : Le colostrum
Tout ces éléments garantissent une protection générale et locale contre les bactéries, les virus ou les
parasites
Il est donc primordial que l'agneau boive le plus rapidement possible du colostrum de qualité
(c'est à dire dont la concentration en immunoglobulines est supérieure à 100g/L) et en
quantité suffisante afin de constituer son capital immunitaire (10% de son poids vif dans les 6
premières heures de vie).
En effet, le taux d'immunoglobulines colostrales transféré diminue rapidement.
Pour les allaitants, la 1ère tétée doit avoir lieu dans les 4 à 6 premières heures de vie. La prise de
colostrum doit être vérifiée (température de l'agneau > 39,5°C s'il a tété). Dans le cas contraire, il
faut le faire téter ou le sonder. Cependant, avant de sonder un agneau, il est important qu'il salive. Il
faut donc lui mettre du sel sur la langue et quand même essayé de le faire téter.
Le parasitisme : Le parasitisme a une influence directe sur la qualité du colostrum. Les parasites
sont des spoliateurs d’énergie, de protéines et d’oligo- éléments, mais sont également à l’origine
d’une baisse d’immunité des animaux (détournement de l’immunité au profit d’anticorps non
protecteurs). Il est important de réaliser des analyses de crottes deux mois avant la mise bas et de
traiter en conséquent. N'hésitez pas à contacter le GDS pour bénéficier des aides du « pack
parasitisme ».
Les oligo-éléments : La complémentation en oligo -éléments joue un rôle majeur dans la qualité du
colostrum, en particulier l’iode, le sélénium et le zinc. Une supplémentation en sélénium permet
d’accroître la teneur en anticorps du colostrum et d’assurer un meilleur transfert immunitaire.
Il existe des analyses réalisables en laboratoire permettant de vérifier la qualité des colostrums et le
transfert de l'immunité passive
Elles sont complémentaires de l'utilisation du réfractomètre
Pour cela, contacter votre vétérinaire ou le GDS. Des visites, basées sur une approche globale de
l'élevage, pourront être organisées avec le vétérinaire, le GDS et votre technicien d'élevage.
La brebis doit donc produire un colostrum de qualité et en quantité suffisante afin que l'agneau soit
correctement immunisé et puisse ainsi se défendre des différents virus, bactéries, parasites,…. Ceci
est dépendant de différents facteurs intervenant dans les 3 semaines avant la mise bas.
Partie 2 : Bien préparer les brebis en fin de gestation
Après avoir montré l'importance du colostrum pour la mise en place de l'immunité de l'agneau à la
naissance et les facteurs influençant sa qualité et sa quantité. Cette partie vous explique comment
préparer au mieux les brebis en fin de gestation pour avoir des agneaux en bonne santé et un
colostrum de qualité. Elle fait une synthèse ds principes de base à mettre en œuvre pour que tout se
passe au mieux au moment de la mise bas.
• L'eau
Les brebis sont très sensibles aux courants parasites. Vous pouvez les mesurer avec un voltmètre.
Chaque point d'eau doit être mis à la terre. Vous pouvez installer des compteurs d'eau pour vérifier
la quantité d'eau consommer par les animaux.
• Le sel
Il doit être disponible toute l'année à tous les animaux dès leur 1er jour de vie. Il est incorporé dans
la ration (1%) ou sous forme de pierres à lécher. Ne pas oublier d'en mettre aux brebis dans les
cases d'agnelage.
• La fibre
Les ovins sont des ruminants. Elle doit être facilement accessible à tous les animaux y compris
les plus jeunes dès 8 jours d'âge et toujours distribuée avant le concentré. Plus la fibre est
piquante et plus on développe le volume du rumen.
Evaluer l'état corporel des animaux permet d'ajuster la ration aux périodes clés. Pour cela, il faut palper
10 à 20% des animaux du lot. En fonction, du degré de couverture, une note de 0 à 5, de très maigre à
très grasse, est attribuée. Si cela n'est pas déjà le cas, apprenez à le faire avec votre technicien d'élevage
ou votre vétérinaire.
Les besoins des brebis en fin de gestation : la mise bas se prépare 6 semaines avant le terme
C'est en fin de gestation que se joue les principaux critères de performances des agneaux (poids,
viabilité, croissance, maladies). De la bonne gestion de cette période dépend la réussite du futur
agnelage et d'une bonne lactation par la suite.
Pour les brebis doubles, la préparation à la mise bas doit commencer à 6 semaines avant le terme,
pour les simples 4 semaines avant. Attention aux transitions alimentaires, il est interdit de rentrer
des brebis en bergerie sans avoir fait de transition.
C'est le niveau de protéine dans la ration la semaine avant la mise bas qui conditionne la mamelle à
faire du lait.
N'oubliez pas de toujours distribuer le grossier avant le concentré.
L'hypocalcémie est responsable de diverses maladies au cours de l'agnelage : mises bas assistées,
non délivrances, cétoses graves, mammites, métrites, prolapsus. Cette hypocalcémie peut être dû à
une carence en calcium ou à une ration trop riche en potasse et pauvre en magnésium.
Le sodium, présent dans le sel, est apporté soit dans la ration, soit sous forme de pierres à lécher. Si
l'on veut maîtriser la quantité consommée par les animaux, l'idéal est de le mettre directement dans
la ration. Les animaux doivent avoir du sel en permanence.
Notion de BACA :
Le BACA = Bilan anion – cation = (K+Na)-(Cl+S)
BACA >200 : Hors périodes de mise bas. Cela favorise l'ingestion, la production laitière et la
croissance
BACA < 200 : 2 semaines avant la mise bas
Il existe des minéraux à BACA + et à BACA -. C'est le S et le Cl qui font plonger le BACA .
En préparation à la mise bas : le BACA doit être négatif. Il faut utiliser des minéraux à base de
sulfates de Mg, Cu , Zn ou de chlorures.
Pour avoir un BACA positif, utiliser des oxydes ou des carbonates.
Le potassium (K) (BACA élevé) pénalise le fonctionnement utérin, cet élément est à limiter avant la
mise bas. Ainsi, quand on utilise des luzernes ou autres aliments riches en potasse en préparation à
la mise bas, il faut apporter aux animaux du Chlorure de Magnésium (1 semaine avant que la 1ère
brebis mette bas) à raison de 5 à 10g/jour/brebis. En effet, la potasse améliore la production et la
qualité de lait mais freine les contractions utérines.
Il ne faut pas donner de bicarbonates aux brebis qui se préparent à mettre bas.
Les carences en oligo-éléments sont des facteurs de risque d'apparition des maladies. Ci dessous
quelques exemples des conséquences de carences en oligo éléments.
− Sélénium :
brebis : non délivrance, avortements, mauvais état général, troubles de la reproduction,
renversement matrice, qualité du lait
agneaux : refus de téter, agneau mou, diarrhées malgré vaccination, anémie, mort subite, troubles
respiratoires, troubles de la croissance
Attention, nous sommes sur des sols naturellement carencés en sélénium. Il faut donc
obligatoirement en apporter aux brebis au maximum 8 semaines avant la mise bas, de préférence
par voir orale.
− Iode :
brebis : avortements, sensibilité accrue à la toxoplasmose, troubles immunités, troubles de la
reproduction
agneaux : goitre, diarrhées, coccidiose, animal frileux, morts nés, teigne rebelle.
L'iode joue un rôle de protection foetale.
L'iode peut être apportée en même temps que le sélénium par voir orale. Mettre également en
permanence avec des pierres à lécher de sel iodé (attention le sel de mer n'est pas toujours iodé, il faut
que ce soit précisé sur l'étiquette).
− Cuivre : celui-ci doit être dosé correctement pour éviter les risques d'intoxication,
cependant, les ovins ont besoin de cet élément.
− Zinc : il joue un rôle dans la cicatrisation des plaies (ectyma, plaies de trayon). Les animaux
carencés sont plus sujets à des infections du cordon ou des arthrites. La carence en Zinc peut
être du à un blocage provoqué par un excès de Calcium (ration riches en luzerne). Il faut
donc savoir si c'est une carence d'apport ou de compétition. Avec des rations à base de
trèfles ou de luzerne, il faut apporter un minéral avec autant de calcium que de phosphore.
− Les vitamines
Les vitamines joue un rôle important sur le métabolisme, la reproduction et l'immunité. Il est
important de faire des cures en vitamines AD3E avant la mise bas. Les vitamines B, elles, sont
synthétisées par le métabolisme, les carences sont liées à un problème ruminal.
Il existe des outils vous permettant de faire un bilan du troupeau avant la mise bas
15 jours avant le terme
Evaluer les glycémies et les corps cétoniques pour voir si la ration est bien équilibrée
Evaluer les pH urinaire pour le BACA de la ration
Réaliser un profil métabolique pour faire le point sur les carences en minéraux, oligo-éléments et
vitamines
Réaliser un bilan acido basique sur les urines des brebis pour vérifier le BACA de la ration
Pour cela, contacter votre vétérinaire ou le GDS. Des visites, basées sur une approche globale de
l'élevage, pourront être organisées avec le vétérinaire, le GDS et votre technicien d'élevage.
4. Bien gérer le parasitisme pour améliorer la santé des animaux et la qualité du colostrum
N'oubliez pas de déparasiter vos animaux en fin de gestation, des brebis parasitées ne pourront pas
produire un colostrum de bonne qualité. Pour cela, réaliser des analyses de crottes (5 analyses
individuelles pour les agnelles et des mélanges de crottes de 3 brebis par lot de pâture) pour adapter
le traitement aux parasites présents. Dans le cadre du pack parasitisme, le GDS prend en charge
50 % des frais d'analyses. Il ne faut pas traiter à l'aveugle.
La conduite des brebis (alimentation et parasitisme) en fin de gestation est un point clé de la réussite
des mise bas et de la santé des agneaux. En effet, de la bonne conduite des mères dépendra un bon
développement foetal de l'agneau, une production de colostrum de qualité et en quantité, un agneau
vigoureux à la naissance et une production de lait permettant de l'allaiter correctement. D'autres
facteurs, comme le logement, les soins et la surveillance, interviennent également.
L'agneau est monogastrique exclusif jusqu'à 2-3 semaines de vie. Le lactose est le seul sucre qu'il
peut digérer. Les protéines végétales et l'amidon ne seront digérées qu'à partir de 3 semaines.
Source : 5mVet
Il est indispensable d'avoir un thermomètre afin de vérifier la température des agneaux faibles et
ainsi réagir au mieux.
Si une heure après la naissance, les agneaux n'ont pas une température de 39,5-40°C, cela veut dire
qu'ils n'ont pas tété assez de colostrum ou que celui-ci n'était pas de qualité. Il est urgent d'agir !
Comment procéder ?
- Faire une injection de glucose : injecter 20 à 30 ml de glucose 5 % en intrapéritonéal.
- Donner du miel et de la crème
- Donner du gras : huile de foie morue (4 -5 ml / jour pendant 3-4 jours) qui apporte également des
oligo éléments, des vitamines et des oméga 3.
- Le réchauffer : boite de réchauffement ou lampe chauffante
- Donner du colostrum, si l'agneau ne veut pas téter il faut le sonder. Il doit prendre 10 % de son
poids. Avant de sonder l'agneau, essayer de le faire téter car il doit saliver.
Ce protocole est aussi à mettre en place pour les agneaux mous ou chétifs à la naissance.
Attention également à la préparation de la poudre. Par exemple la 1ère semaine, il faut mettre 170g
de poudre dans 830g d'eau soit 200g de poudre dans 1L d'eau.
Préparer le mélange avec l'eau à 50-60° afin qu'elle soit à bonne température pour la têtée, ajouter le
lait et bien malaxer.
Les grands principes d'une ration pour les agneaux de bergerie (source : CIIRPO, reconquête ovine
et Institut de l'Elevage)
Il est nécessaire d'ajouter une source d'azote à la céréale pour équilibrer la ration des agneaux :
- tourteaux d'oléagineux : le tourteau de soja peut constituer la seule source protéique de la ration
avec des niveaux de performances et indices de consommation équivalents aux autres sources
azotées. Le tourteau de tournesol, particulièrement pauvre en énergie, entraîne un allongement de la
durée de finition des agneaux lorsqu'il est utilisé comme seul correcteur azoté.
- Protéagineux et légumineuses en graines : pois, lupin, féverole ou vesce peuvent constituer seul la
part azotée de la ration. Toutefois, le remplacement du complémentaire azotée par des graines de
protéagineux ou de vesce se traduit par une baisse de croissance des agneaux de l'ordre de 19 %,
conséquence en partie du plus faible appétit des animaux.
- Foin de légumineuses (luzerne ou trèfle) : sous réserve de disposer d'un fourrage riche en feuille,
le foin de légumineuse pure peut apporter la part d'azote nécessaire aux agneaux en finition. La
durée de finition est toutefois allongée de deux semaines en moyenne.
En bergerie, le chaud, les courants d'air et l'humidité sont bien plus à craindre que le froid.
Zone de confort agneaux : entre – 5°C et 30°C
L'acidose
L'acidose est la conséquence d'un déséquilibre entre la flore cellulolytique et la flore amylolytique
et l'accumulation d'AGV dans le rumen. Pour la prévenir, l'agneau doit avoir à sa disposition en
permanence de la paille, de l'eau, du sel iodé et de l'argile. Le concentré doit être à disposition ou
distribué en deux fois. Les transitions alimentaires se font sur deux, trois semaines. On peut
apporter du bicarbonate (5 à 15g matin et soir).
Elle est responsable de l'apparition de plusieurs maladies.
Elle est due à une carence en vitamine B1. L'animal est capable de fabriquer de la vitamine B, sa
carence traduit un mauvais fonctionnement ruminal ( acidose, sub acidose). Les facteurs de risque
sont l'acidose, la distribution de fourrages contaminés par des moisissures.
L'entérotoxémie
C'est une maladie aiguë due à la résorption dans la circulation sanguine de toxines bactériennes
produites dans l’intestin. Ces toxines sont produites par des bactéries se multipliant très rapidement
suite à une modification du pH et de la composition du rumen. Les bactéries responsables des
entérotoxémies appartiennent en majorité au groupe des Clostridium. Ce sont des bactéries
anaérobies strictes, Gram+, hôtes normaux du tube digestif, en faible quantité. Leur capacité de
sporulation leur permet une longue survie dans l’environnement.
Le traitement sur l'agneau atteint est illusoire. Il faut donc traiter la cause initiale : l'alimentation
(distribution du concentré, contrôler l'accès à la fibre, l'accès à l'eau,...), attention aux transitions
alimentaires (changement de silo, nouveau foin, mise à l'herbe) et à la gestion du parasitisme.
La vaccination permet un contrôle de la maladie si les conditions ne sont pas trop défavorables.
Chez les ovins, le pic sérique est obtenu en 14 à 28 jours. Le protocole met en jeu une
primovaccination en deux injections espacées de 4 à 6 semaines, suivie d’un rappel annuel. On peut
vacciner soit les mères, soit les agneaux.
L’entérotoxémie est due à une erreur d’alimentation ( composition et/ou distribution) accentuée et
favorisée par des facteurs tels que les parasites, l’ambiance (température), le stress .
Le parasitisme de bergerie
La Cryptosporidiose
Elle se traduit par une diarrhée entre 4 jours et 12 jours. La contamination des agneaux se fait à la
naissance par leur mère, et est aussi liée à une mauvaise immunisation colostrale. L'excrétion fécale
maternelle est accentuée lors d’acidose digestive, il faut bien veiller à la fibrosité de la ration, au
rythme de distribution des concentrés et à l'utilisation de céréales à paille en grande quantité.
Prévention : revoir le management des brebis en fin de gestation et les apports en zinc iode
sélénium vitamines A et E. Les cryptosporidies sont très résistantes dans le milieu, utiliser un
désinfectant spécifique et réaliser un vide sanitaire.
La Coccidiose
Elle se traduit par des diarrhées vers 21 jours. La contamination se fait de la même manière que
pour la cryptosporidiose. Les mêmes mesures de prévention sont à mettre en place. Il est possible de
faire un traitement chimique préventif.
Se sont essentiellement des bronchites dues à des mauvaises conditions d’ambiance qui peuvent
favoriser les formes graves : pasteurelloses
Pasteurelloses
Les pasteurelles sont à l'origine d'une infection contagieuse de l'appareil respiratoire pouvant
évoluer sous forme septicémique et rapidement mortelle chez les jeunes agneaux, ou sous une
forme aiguë à subaiguë sur des agneaux.
La contamination des agneaux se fait à la naissance par contact étroit avec leur mère puis à partir de
5 jours d’âge par contact entre agneaux. De manière générale, les pasteurelles résistent peu dans le
milieu extérieur, la transmission doit être directe par jetage.
Facteurs de risque : mauvaise immunisation colostrale, revoir le management des brebis en fin de
gestation (apports en énergie, protéines, zinc, iode, sélénium, vitamines A et E), ventilation du
bâtiment, paillage à la machine, absence de sel,
D'après Antoine Béchamps, « le microbe n'est rien, le terrain est tout ». Les causes de maladies sont
généralement multifactorielles, aussi en améliorant ses pratiques d'élevage (conduite du troupeau,
alimentation, hygiène) à des périodes clés, il est tout à fait possible de diminuer l'apparition des
maladies, en ayant des animaux en bonne santé capable de se défendre, et donc d'améliorer ses
résultats techniques et économiques.
L'objectif de ce document était d'une part, de faire une synthèse des principaux points à mettre en
place pour réduire les problèmes de santé des animaux en élevage. Et d'autre part, de vous proposer
une méthodologie d'intervention, réunissant tous les acteurs de l'élevage (vétérinaire, technicien
troupeau et GDS) pour avoir une approche globale de l'élevage et apporter des solutions durables
aux éleveurs confrontés à des problématiques sanitaires à travers une démarche de prévention.