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 Ethernet  Dossier
Dans sa longue histoire, Ethernet
est longtemps resté en marge
des applications industrielles.
Les choses sont en train
ETHERNET
de fortement changer.
Les fabricants d’instruments de
mesure, de systèmes d’acquisition
de données et d’équipements
SE RAPPROCHE
d’automatismes s’intéressent
désormais fortement à lui. DES BUS DE TERRAIN
SOMMAIRE
Les industries de l’instrumentation et des automatismes ont de tout temps
cherché à profiter des avancées technologiques faites dans d’autres disciplines
(le grand public, la gestion, le militaire, le médical, etc.). Ethernet, par sa diffusion
de masse dans la bureautique, a vite suscité de l’intérêt. Mais cette technologie
Page 22 n’était pas suffisamment mature. Ces dernières années, avec l’augmentation des
Standards : Ethernet depuis débits (on en est au gigabit/s) et l’avènement des switchs (réseaux commutés), le
ses origines jusqu’aux monde industriel a reconsidéré Ethernet. Et son lien direct avec Internet a encore
normes actuelles accéléré le mouvement.
Pratiquement tous les instruments de mesure électronique et les contrôleurs
d’automatismes ont aujourd’hui un port Ethernet. Les composants durcis, mon-
Page 25 tables sur rail Din, alimentés en 24 V facilitent l’intégration en ambiance indus-
Ethernet industriel soulève trielle. L’émergence des solutions temps réel, des redondances, de synchronisa-
beaucoup de questions… tion précise des stations connectées va accentuer le mouvement. Il reste encore à
améliorer les aspects temps réel, à diminuer les coûts et régler les problèmes de
sécurité pour faire sauter de nouveaux verrous.
Page 28
L’IEEE 1588, un protocole
pour une synchronisation
précise des équipements

Page 32
Profinet temps réel arrive

Page 35
Ethernet Powerlink,
un standard
déjà bien établi

Page 39
Quelques produits
Bystronic

Dossier réalisé par Jean-François Peyrucat

MESURES 772 - FÉVRIER 2005 21


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Dossier Ethernet
STANDARDS

Ethernet depuis ses origines


jusqu’aux normes actuelles

Autrefois réservé aux communications entre ordinateurs, Ethernet s’impose de plus en plus comme standard de communi-
cation pour les instruments de mesure (oscilloscopes, enregistreurs, caméras, etc.) et les équipements d’automatismes
(automates, robots, etc.). Ces nouvelles conquêtes, ils les doit aux progrès technologiques incessants et à un travail de nor-
malisation ininterrompu. Ethernet a gagné en vitesse, en robustesse (connecteurs, câbles et composants durcis), il s’intéres-
se de plus en plus au temps réel. A côté de ces atouts très appréciés des industriels, il a quand même un défaut : ouvert à
tous les vents, il est vulnérable aux attaques de virus…

L
orsqu’à la fin des années 70 les turbés (rayonnement électromagnétique) ou évite cela. S’appuyant sur le principe de
ingénieurs de Xerox mirent au point lorsque l’on veut garantir la confidentialité commutation des standards téléphoniques
le réseau Ethernet, ils ne se dou- des échanges (pas de rayonnement du câble (en associant les terminaux aux ports), les
taient certainement pas de coaxial). informations transitent directement du
l’ampleur qu’il allait prendre. Le protocole C’est à cette même période que des port de la source vers celui du destinatai-
utilisé se distingue d’emblée des protocoles constructeurs comme Bay Networks pro- re. Les risques de collisions sont nécessai-
classiques de type maître-esclave ou à jeton, posèrent de réutiliser les câbles télé- rement diminués.
où une station ne peut émettre que quand phoniques, pour diminuer les coûts de IEEE normalise cette topologie étoile en
elle reçoit un signal d’autorisation. Avec câblage. Ceux-ci sont constitués de standard 802.3i pour les paires torsadées
Ethernet, il n’y a pas d’autorisation à paires torsadées en cuivre, partant d’un et 802.3j en fibre optique. L’apparition du
attendre. Simplement, avant d’émettre, une concentrateur (ou hub) vers les équipe- switch a donné un sérieux coup de vieux
station doit écouter le réseau pour s’assurer ments. On passa alors à une topologie au hub.
qu’il n’y a pas de communication en cours : en étoile. IEEE nomme 10BaseT ce Le second tournant vint avec l’augmenta-
c’est le protocole CSMA (Carrier Sense Mul- concept à 10 Mbps, les connecteurs sont tion du débit. L’apparition du Fast Ether-
tiple Access). Dans le cas où plusieurs sta- de type RJ45. net (100 Mbps) ou 100BaseT débouche en
tions voudraient émettre en même temps, Les réseaux 10BaseFL, 10BaseFB et 1995 sur un nouveau standard, le 802.3u.
un système de détection de collision a été 10BaseFP qui allaient suivre reposent sur Deux ans plus tard, le full duplex associe
mis en place (CD : Collision Detection). La le même principe, mais avec un support un sens de communication à une paire. Le
tentative de communication est alors avortée différent : la fibre optique. Cette dernière câble supporte donc les échanges de don-
et chaque station fait une nouvelle tentative utilisée au départ pour interconnecter les nées dans les deux sens. Le risque de colli-
après un temps aléatoire, différent d’une sta- réseaux à distance (protocole FOIRL : Fiber sion en est donc écarté. Le CSMA/CD n’est
tion à l’autre. Le risque de collision est alors Optic Inter Repeater Link, IEEE 802.3d en plus (ou presque) utilisé. Ethernet s’appa-
beaucoup plus faible (mais il reste présent 1987), a été adaptée pour les réseaux rente à un “protocole temps réel”.
car au moment où une station fait une ten- locaux. 10BaseFL a été la première norma- Depuis, les débits n’ont cessé d’augmenter et
tative de communication, il est possible que lisation du concept. Le 10BaseFB apporte on parle aujourd’hui couramment de giga-
d’autres cherchent aus- en sus un diagnostic d’erreur, à distance. bit Ethernet.
L’essentiel si à accéder au réseau). Quant au 10BaseFP, il spécifie l’utilisation
 Ethernet, c’est déjà plus de En 1983, le protocole de concentrateurs passifs. Ne comportant Les topologies en bus
20 ans d’expériences se normalisa (IEEE pas de composants électroniques, il est et en anneau reviennent
 Avec l’arrivée des switchs 802.3). Les équipe- insensible aux perturbations électroma- Ethernet est le standard des réseaux ter-
et des connexions full ments furent alors gnétiques. tiaires. Sa topologie la plus courante est
duplex, Ethernet a com- interconnectés en bus celle en étoile. Les différentes machines
mencé à s’intéresser sérieu-
via un câble coaxial Le switch full duplex, sont connectées à un switch, qui est lui-
sement aux applications intéressant pour le temps réel
temps réel (prise BNC) de même relié à un commutateur central
 Les topologies ont évolué
50 ohms RG58 fin Par la suite, Ethernet connut deux tour- de cœur de réseau. Les différents LAN
elles aussi : pour les appli- (5 mm : norme nants. Le premier survient en 1990 avec (réseaux locaux) sont interconnectés au
cations industrielles, les 10Base2 ou 802.3a, l’apparition des commutateurs ou switchs. travers de routeurs. Les câbles utilisés
réseaux en anneau et en publiée en 1985) ou C’est une grosse avancée par rapport aux sont les paires torsadées et fibres
bus sont mieux adaptés épais (10 mm : hubs utilisés jusque-là. Le concentrateur optiques.
que les réseaux classiques
en étoile 10Base5). Le 10 Base5 (hub) renvoyait les paquets entrants vers Ce type d’architecture (dite “structurée”) se
 La sécurité (la sensibilité aux
n’est pratiquement plus toutes les branches qui lui étaient associées. rencontre en industrie avec quelques adap-
virus) reste un problème utilisé que dans les Lorsque le réseau était fortement sollicité, tations de façon à ce que sa gestion soit
environnements per- les collisions étaient multiples. Le switch souple et décentralisée. C’est par exemple le

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Dossier Ethernet
Principe du CSMA / CD

Station 1 Trame 1

CSMA
Station 2 Trame 2

Station 3 Trame 3
Tentative
d'émission Délai aléatoire CSMA/CD
simultanée
Station 4 Trame 4

La station qui veut envoyer des données sur le réseau doit commencer par s’assurer que celui-ci est libre. Si ce n’est pas le cas, elle attend. Ici, la station 2 écoute le réseau et s’aperçoit que la station 1 diffuse. Elle
attendra pour émettre à son tour.
Les stations 3 et 4 souhaitent émettre et s’assurent que le réseau est libre. Mais elles émettent simultanément. Il y a collision. La tentative d’émission est avortée. Les deux stations referont une nouvelle tentative
un peu plus tard, après un délai aléatoire.

cas pour la connexion des automates à un topologies en bus ou en anneau. l’un “tombe”, l’autre prendra le relais).
serveur de supervision. Des stations peuvent Pour les bus, le coaxial épais (style 10Base5) C’est le cas de l’Hiper Ring proposé par
servir de relais entre les automates et le PC sera privilégié pour faire face aux perturba- Hirschmann. Le chemin alternatif est vali-
central. tions électromagnétiques. dé en moins de 500 ms (voire bientôt
Cette architecture a pour inconvénient d’être Les réseaux en anneau peuvent être mis en 50 ms).
plutôt lourde à mettre en œuvre (un câble en œuvre avec n’importe quel support De façon plus générale, la redondance est
pour chaque équipement, de nœud à (cuivre, fibre ou coaxial). Leur intérêt aussi importante lors de la conception des
nœud, etc.). Les industriels préfèrent des est la redondance naturelle des liens (si appareils (alimentation, ventilateurs…) que

L’importance du choix du support de transmission


Les liaisons en milieu industriel sont souvent soumises à envisagés. Il existe quatre types de câbles. UTP (Unshielded
des perturbations extrêmes. Le choix des composants utili- Txisted Pair) est une première catégorie non blindée. En
sés et plus particulièrement du support de transmission est milieu perturbé, son utilisation est bien évidemment à ban-
donc essentiel. En ambiance perturbée, la fibre optique (FP) nir. Deux blindages sont possibles. Le premier, STP (Shiel-
semble être le support le mieux approprié, le coaxial épais ded Twisted Pair) consiste à insérer une tresse métallique.
peut être aussi envisagé. Le second, FTP (Foiled Twisted Pair), est constitué d’une
Certains types de paires torsadées peuvent également être mince feuille d’aluminium ou feuillard. La combinaison des
deux, SFTP, donne un plus dans un envi-
Les principales catégories de câbles ronnement perturbé. Notons aussi que
Coaxial le fait de croiser perpendiculairement
avec une ligne à courant fort n’altère
Thin Câble fin Lié au protocole 10b2, il n’est presque plus utilisé
pas des données.
Thick Câble épais Lié au standard 10b5, il est peu sensible
Les connectiques associées doivent
aux perturbations électromagnétiques
également être adaptées à l’environne-
Paires torsadées ment. Les prises RJ45 standards ont été
UTP Unshielded Twisted Pair Câble non blindé améliorées pour assurer l’étanchéité et
STP Shielded Twisted Pair Câble blindé avec une tresse métallique la robustesse mécanique nécessaires.
FTP Foiled Txisted Pair Câble blindé avec une mince feuille d’aluminium Un autre type de connecteur semble
ou feuillard être en passe de s’imposer : il s’agit du
SFTP Shielded Foiled Twisted Pair Câble reprenant les propriétés STP et FTP connecteur cylindrique M12.

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Dossier Ethernet
pour la topologie du réseau. En étoile, il deux liens redondants et de considérer un pements, et plus particulièrement aux
existe le Spanning Tree (STP, RSTP, MSTP) maître (à défaut, un esclave) actif quand le PC. C’est aussi son talon d’Achille. Ether-
qui permet de faire face aux ruptures de liai- maître ne répond pas. net peut en effet serveur à véhiculer des
son en proposant des chemins alternatifs. virus qui peuvent perturber gravement
Le temps de bifurcation est inférieur à la Sécurité : ça reste un problème le fonctionnement d’une installation. Du
seconde. Une autre technique est le Load La force d’Ethernet, c’est d’être un coup, la sécurité est le cheval de bataille
Balancing. Celle-ci consiste à considérer réseau ouvert, accessible à tous les équi- actuel de nombreux administrateurs sys-
tèmes et réseaux (règles de firewalling,
VPN, antivirus, cryptographie…). Si les
Les premiers réseaux Ethernet à 10 Mbps conséquences d’une malveillance en
Coaxial milieu tertiaire peuvent être assez
10Base2 câble “fin” (5 mm) Petits réseaux (distance du bus : 200 m et pour 30 stations) néfastes, celles en industrie sont nette-
10Base5 câble “épais” (10 mm) Réseau fédérateur (distance du bus : 500 m pour 100 stations)
ment plus graves.
Idéalement, les réseaux d’usine et de
Cuivre bureau devraient être dissociés. Mais
10BaseT 10 Mbps cuivre distance maximale d’une branche : 100 m malheureusement, ce n’est pas tou-
Fibre optique
jours possible. Des règles de firewal-
ling doivent être en sus appliquées
FOIRL 10 Mbps fibre Interconnexion de sites. Distance maximale : 1 000 m pour ne filtrer que les ordinateurs
10BaseFL 10 Mbps fibre Réseaux. Distance maximale : 2 000 m autorisés à superviser les machines. De
10BaseFB 10 Mbps fibre Idem avec diagnostic d’erreurs la même façon, il est utile de mettre
10BaseFP Idem, avec concentrateurs passifs Idem avec concentrateur passif. Distance : 500 m au point des VPN sécurisés pour les
accès distants. Une autre solution
consiste à implémenter le protocole
802.1x, qui normalise un relais
Les normes Ethernet réseaux en étoile d’authentification auprès d’une base
Réseaux 10 Mbps Radius… en niveau 2. Ceci peut être
802.3i 10 Mbps 1990 - Première normalisation des réseaux en étoile cuivre à 10 Mbps utilisé notamment pour la supervision
802.3j 10 Mbps 1990 - Idem avec fibre optique des équipements depuis des postes exté-
rieurs.
Réseaux 100 Mbps Toujours est-il que l’apport de la sécu-
802.3u 100 Mbps 1995 - Fast Ethernet rité ralentit forcément le système et
802.3x 100 Mbps 1997 - Full duplex : une paire cuivre ou fibre par sens. dans ces conditions il est préférable de
Réseaux 1000 Mbps ne pas avoir des exigences temps réel
trop fortes.
802.3z 1000 Mbps 1998 - Gigabits Ethernet
802.3ab 1000 Mbps 1999 – Gigabits Ethernet sur paires torsadées Une alternative
Réseaux 10 Gbps aux bus de terrain ?
802.3ae 10 Gbps 10 Gbps fibre Les contraintes de temps réel et de sécu-
802.3an 10 Gbps 10 Gbps cuivre (à venir courant 2005-2006) rité semblent ainsi laisser encore de
beaux jours aux bus de terrain. Pourtant,
Télé-alimentation Ethernet est de plus en plus rapide (le
802.3af Télé-alimentation Les données et l’alimentation électrique transitent par le même câble 10 gigabits cuivre sera bientôt dispo-
(paires torsadées uniquement) nible), les commutateurs évitent les col-
lisions qu’on rencontrait jadis avec les
hubs, la qualité de service semble aussi
être mieux gérée...
Les normes IEEE de gestion de flux Toutefois, de par sa simplicité, le pro-
dans les commutateurs tocole n’est pas sécurisé. L’implémen-
802.1D Transparent Bridge Cette norme précise le fonctionnement d’un commutateur. A chaque port
tation de liens redondants blindés et de
est associé un groupe d’adresses MAC relatifs à des équipements donnés.
systèmes de sécurisation logiques (pare-
feu, VPAN, Qualité de Service) va net-
Si une machine A désire communiquer avec une B, le switch recherchera le destinataire
tement alourdir le coût et brider les per-
dans ses tables et liera les deux ports associés. Si son adresse n’est pas présente,
formances.
le commutateur émettra un “broadcast” pour localiser B et l’entrer dans ses stables.
Pour s’affranchir des risques de virus,
802.10 Correspond aux besoins de segmentation du trafic et de sécurité
la solution la plus simple serait de
802.1P Priorisation des paquets Association de chaque paquet une priorité donnée
séparer les réseaux, et bannir bien évi-
802.1Q Tagging des paquets La gestion des priorités de paquets est gérée de manière implicite depuis
demment des accès vers l’extérieur,
le commutateur ou explicite en les marquant physiquement.
mais ce n’est pas toujours possible.
FL

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Dossier Ethernet
JOURNÉE-DÉBAT DU CLUB AUTOMATION

Ethernet industriel soulève


beaucoup de questions…

Le Club Automation a organisé récemment une journée débat sur Ethernet industriel. Si les développements en cours pré-
sentent un intérêt que personne ne conteste, ils soulèvent aussi beaucoup d’interrogations, notamment en termes de
coût et de sécurité…

P
ratiquement tous les instruments
de mesure et les équipements 1
d’automatismes industriels com-
portent désormais une interface
Ethernet. Il n’y a donc pas beaucoup de pla-
ce pour le doute : après avoir terrassé tous ses
concurrents dans les applications bureau-
tique, Ethernet va s’imposer dans les appli-
cations industrielles. Dans ces conditions,
on pensait que la journée Ethernet organisée
4
par le Club Automation au mois d’octobre
serait un plébiscite en faveur de ce réseau.
Ce triomphe annoncé était d’autant plus
assuré que la plupart des intervenants étaient
des fournisseurs de produits Ethernet, et
qu’on ne s’attendait donc pas à ce qu’ils aient 3
de la retenue. Et puis, ça ne s’est pas passé 3
comme prévu. C’est surtout PSA qui est venu
gâcher la fête. Le constructeur automobile Quelques exemples des "acquis" des bus de terrain que PSA aimerait oublier avant de passer à Ethernet industriel !
utilise massivement Ethernet dans ses appli- 1- Boîtier de coupleur de bus ouvert dans un chemin de câbles.
cations bureautique et même dans certaines 2- Non respect des rayons de courbure (mauvais passage du signal, câble abimé.
applications d’atelier (pour réaliser les com- 3- Câbles de puissance au voisinage des câbles bus de terrain (Profibus).
4- Mise à la terre des câbles réseau… avec des colliers isolants.
munications entre les unités centrales et les
équipements industriels intelligents, tels que minisme, lié au mécanisme CSMA/CD, qui de réaliser des synchronisations d’horloges
des robots et des visseuses par exemple). oblige une station à attendre si le réseau est très précises dans les automatismes répartis.
Mais pas question de descendre au niveau occupé, et à attendre à nouveau si, au Cela dit, Ethernet a d’autres avantages. Deux
des entrées/sorties et des capteurs/action- moment où elle veut prendre la ligne, une sont plus particulièrement importants. Le
neurs, a indiqué Laurent Mauguy (PSA), en autre se met à émettre (détection de colli- premier, c’est son ouverture à tous les sys-
conclusion de son intervention : « Pour pré- sion). « C’est vrai que l’on ne peut pas garantir qu’un tèmes informatiques placés au-dessus des
tendre remplacer un réseau de terrain, Ethernet devra message passera dans un temps borné. Mais il faut rela- équipements d’atelier, y
démontrer qu’il apporte une avancée concrète par rapport tiviser. Dans les applications industrielles de terrain, les compris (via Internet) L’essentiel
aux solutions actuelles ». Sous-entendu : ce n’est industriels utilisent à peine quelques pourcents de la ban- ceux qui se trouvent en
pas le cas actuellement. de passante de leur réseau Ethernet. Autant dire qu’il est dehors du site industriel.  Ethernet a beaucoup évo-
La conclusion est sévère mais les interven- quasiment temps réel et ce n’est pas forcément la peine Le deuxième, c’est son lué pour répondre aux
contraintes industrielles
tions qui avaient précédé avaient en quelque de faire appel à un “Ethernet temps réel”… ». Il faut débit, qui atteint
 Les avancées se situent à
sorte préparé le terrain. A commencer par savoir qu’un Ethernet temps réel, qu’il soit 10 Gbit/s aujourd’hui, tous les niveaux : compo-
celle de Jean-Dominique Decotignie (CSEM) basé sur du logiciel (organisation de la ges- un chiffre incomparable- sants durcis, déterminisme,
qui avait débuté la journée en rappelant ce tion du trafic) ou du matériel (utilisation de ment plus élevé que celui synchronisation précise
qu’est Ethernet, ses avantages et ses incon- switchs au lieu de hubs), introduit des des bus de terrain actuels. des différentes stations
vénients. retards dans les transmissions de données. Comme les applications  La sécurité d’accès et les
Cependant, ce retard est connu et le temps imposent de transmettre risques de piratage inquiè-
Haut débit n’est pas synonyme de rafraîchissement d’une station est borné, des quantités toujours tent les industriels
de temps réel ce qui répond à l’attente des industriels. Pour plus importantes d’infor-  Ils attendent aussi un peu
de stabilité et ne veulent
Il fut beaucoup question de temps réel. Un les applications temps réel, une avancée mations (des images pas perdre les acquis des
vieux reproche fait à Ethernet dans sa ver- importante est apparue récemment avec issues de capteurs de bus de terrain
sion courante, c’est son manque de déter- l’arrivée de la norme IEEE1588, qui permet vision sur une chaîne de
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Dossier Ethernet
production, des documents techniques pour 24 V, montage sur rail Din, par exemple. De anneau redondant (une topologie qui com-
aider à la maintenance sur site d’un équipe- très nombreux produits répondent à ces cri- mence à faire des émules, Siemens notam-
ment, etc.), l’augmentation des débits est tères. Dans le domaine de la connectique, il ment), Hirschmann annonce un temps de
évidemment intéressante. y a sans doute trop de solutions, tous les “cicatrisation” inférieur à 500 ms. « A l’ave-
En raccourcissant les temps de transmission, grands constructeurs ayant développé leur nir, ces temps devraient être très fortement diminués »,
un débit élevé contribue à améliorer les propre solution. Bruno Lequeux (Hirschmann) estime M. Lequeux. Il n’est pas sûr que cela
caractéristiques temps réel. Mais que faire estime que dans les applications industrielles, suffira pour les applications critiques, où la
d’un débit de 10 gigabit/s? A de tels débits, les connecteurs RJ45 (quand bien même ils moindre défaillance du système de contrô-
la longueur des liaisons ne peut pas excéder sont durcis) devront sans doute s’incliner le-commande conduit à une mise en sécu-
quelques dizaines de centimètres, tout juste face à la simplicité des connecteurs M12 avec rité du process, imposant une longue pha-
de quoi réaliser une interconnexion de fonds 4 pôles, normalisés IEC 61076-2-101. se de redémarrage…
de panier. Rien à voir avec une application En matière de topologie, il estime que le
d’automatismes répartis. Largement répan- classique câblage “structuré” (en étoile) n’est Sécurité : méfiez-vous
du, le 100 Mbit/s est-il pour autant une pas idéal et que les industriels lui préfére- de vos amis…
bonne affaire? M. Decotignie (CSEM) invite ront les topologies en bus ou en anneau. La sécurité d’Ethernet a été très largement
à ne pas se laisser captiver par le miroir aux La redondance est aussi une nécessité dans la abordée tout au long de la journée du Club
alouettes : « Très peu d’équipements d’automatisme mesure où les applications industrielles ne Automation. Il faut dire que c’est un sujet
sont capables aujourd’hui de traiter de tels débits. De plus, peuvent pas tolérer les pannes réseau. Cepen- préoccupant, comme l’a rappelé Didier Ana
le gain apporté par un tel débit peut être très rapidement dant, les solutions de redondance proposées (CXR Anderson Jacobson). Peu de protocoles
annihilé par le temps consacré au traitement des diffé- actuellement ne permettent pas d’obtenir les réseaux ont été conçus avec la sécurité com-
rentes couches logicielles du réseau. Pour exploiter au niveaux de performances que l’on connaît me objectif et contrainte. C’est plus particu-
mieux les débits, il faut que les interfaces réseau soient pour les automates ou les calculateurs de lièrement le cas d’Ethernet et TCP/IP, conçus
bien étudiées ». process, où une panne éventuelle est “trans- pour être ouverts et qui sont basés sur la
parente” pour le process. Pour les Ethernet confiance : aucun mécanisme de protection
Aller au-delà des solutions redondants, une panne entraîne une caren- n’est prévu de façon native. Du coup, les
bureautiques ce du réseau. La durée d’immobilisation est attaques sont nombreuses : intrusion des
Indépendamment des performances, les pro- assez variable. Avec la technique Spanning réseaux (même réputés inviolables) et accès
duits Ethernet industriels doivent être Tree (utilisée dans le tertiaire), la “recons- aux informations secrètes, arrêt ou planta-
capables de répondre aux contraintes parti- truction” peut prendre plusieurs dizaines de ge d’équipements, saturations de services,
culières des environnements d’automa- secondes. Avec le Rapid Spanning Tree, on virus, etc. Ces attaques provoquent des dégâts
tismes : ambiances difficiles, alimentation descend en dessous de la seconde. Pour son aux coûts parfois considérables.
Toutes ces menaces, dont chacun a pu faire
l’expérience, n’épargnent pas les réseaux
Ethernet industriels. Les différents orga-
nismes de normalisation en sont conscients
La vulnérabilité des réseaux IP… et travaillent sur des solutions. Cloisonne-
Les réseaux IP ont été conçus dans un esprit d’ouverture. Ils sont donc vulné- ment et filtrage des différents segments en
rables. Voici quelques points de vulnérabilité, listés ici par CXR. sont les principes de base.
• Les données transitent en clair dans IP, et l’écoute est donc possible Malgré tout, M. Walter (CEA) n’est pas très
• Les adresses IP peuvent être usurpées : IP-v4 ne présente pas de mécanisme rassuré. « Bien déployées, les parades proposées per-
d’authentification des adresses mettent sans doute de bloquer des messages dangereux.
• Le routage IP ne vérifie pas systématiquement les adresses source Mais quelle garantie peut-on avoir contre les logiciels
• Le protocole ICMP permet de découvrir les adresses IP du réseau (ping, tra- présents sur les PC des personnels d’une entreprise. Tout
ceroute). Il peut aussi être utilisé pour rompre une communication. n’arrive pas par le réseau… ». Certains logiciels
• Différentes méthodes permettent d’obtenir un déni de service d’un peu sûrs peuvent entrer sur un PC via un
système : ping of Death (paquet ICMP supérieur à 64 K), envoi de trames IP en CD ou une clé USB, d‘autres sont dévelop-
masse, saturant un accès. pés par le possesseur du PC. Pour M. Ana
(CXR), c’est tout le problème : « Il faut savoir
… et quelques protections que 80 % des attaques d’un réseau ne viennent pas de
• Sensibilisation des utilisateurs aux règles de sécurité. l’extérieur mais en interne. Des malveillances sont tou-
• Planification des tests du réseau et des audits de sécurité jours possibles mais la plupart du temps, il s’agit d’actes
• Filtrage des accès (Internet, accès individuels, accès télémaintenance) involontaires, commis à l’insu des personnes concernées.
• Cloisonnement des réseaux (différents types d’utilisateurs, biens à protéger, Il n’y a qu’une parade : sensibiliser le personnel, le for-
services assurés) mer, auditer ses comportements. Il faut que chacun se
• Cloisonnement physique : interconnexions contrôlées sente concerné par les risques informatiques. Un tech-
• Cloisonnement niveau Ethernet par switch (VLAN, filtrage des trames selon nicien chargé de la sécurité ne peut pas à lui seul garan-
l’adresse MAC, etc.) tir la sécurité d’un réseau ». CXR, dont une partie
• Cloisonnement niveau IP : firewall (filtrage d’adresses source et destination), de sa flotte de PC est constituée de portables,
translation d’adresses IP et de ports TCP est très sensibilisé...
En matière de sécurité, les industriels s’inter-
rogent aussi sur les réseaux sans fil, qui

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Dossier Ethernet
donnent également accès à Ethernet. Les boîtier, la connectique. Tout cela permet sans doute de
industriels craignent là aussi les intrusions compenser le surcoût du composant », souligne
abusives. “Les techniques de chiffrement de d’authen- M. Decotignie. Pour en savoir plus…
tification disponibles offrent toutes les garanties de sécu-
rité”, estime M. Ana. Pour être totalement Utiliser les acquis Vous pouvez vous procurer les actes de la jour-
rassurés, certains souhaiteraient limiter la des bus de terrain née sur Ethernet organisée le 7 octobre der-
zone couverte. Là aussi, il y a des solu- Il est trop tôt pour préjuger de ce que sera l’his- nier par le Club Automation. Tous les rensei-
tions, qui consistent à utiliser des antennes toire d’Ethernet industriel ne serait-ce que parce gnements sont disponibles sur
directives et à diminuer la puissance que l’offre n’est pas stabilisée et que de nombreux www.clubautomation.org.
d’émission. “Cela dit, comme les ondes radio ne développements sont en cours. Pourtant, certains Une nouveauté importante est à signaler. Il
sont pas visibles, la délimitation d’une zone de couver- s’inquiètent déjà : « La profusion des standards ne risque- existe désormais plusieurs formules d’adhé-
ture exige de déployer des moyens de mesure impor- t-elle pas d’effrayer l’utilisateur final et de tuer le marché », sion. Si vous ne pouvez pas vous déplacer aux
tants”, observe M. Dubois (ABB). Pour Bru- s’interroge Eric Dubois (ABB). «On est en train de rejouer journées d’information et de débats, vous pou-
no Forgue (Prosoft), le moyen le plus sûr le scénario des bus de terrain. La solution qui va s’imposer ne sera vez opter pour la formule “PACK INFO”, qui
de se prémunir contre toute attaque est de pas celle qui est la meilleure sur le plan technique mais celle qui est vous donne droit à une adhésion, 3 abonne-
faire appel à une solution propriétaire appuyée par la plus grosse puissance marketing», estime quant ments à des revues et les CD Rom édités à
éprouvée. à lui M.Walter (CEA Saclay). M.Decotignie (CSEM) l’issue des 4 journées débats organisés tout au
partage globalement cet avis : « Les industriels iront long de l’année. Ce pack ne coûte que 330 ¤.
Des arguments douteux préférentiellement vers les fournisseurs capables de leur proposer une Pour adhérer à cette formule, rendez-vous sur
Comme toujours quand un nouveau stan- solution globale. Les grands constructeurs ont donc de bonnes chances le site.
dard cherche à s’imposer, il faut se méfier de l’emporter. Cela dit, les solutions proposées par ces constructeurs
des arguments avancés. Ethernet industriel ne sont pas mauvaises ».
ne fait pas exception à la règle. Certains met- Pour imposer les Internet industriels, les construc- poursuit M. Mauguy : « En passant des entrées/sor-
tent en avant son coût peu élevé, rendu pos- teurs automobiles auront-ils le poids qu’ils ont eu ties aux bus de terrain, nous avons régressé en matière de
sible par l’utilisation de composants fabri- pour permettre l’avènement des bus de terrain? diagnostic, contrainte majeure en production. Aujourd’hui,
qués en très grande série (Ethernet est le On pourrait le penser au vu d’une annonce tou- nous arrivons tout juste au niveau que nous avions connu il
standard de fait dans les applications bureau- te récente selon laquelle les grands construc- y a 10 ans. Nous ne sommes pas pressés de passer à Ether-
tiques), donc peu coûteux. C’est vrai que le teurs automobiles allemands ont affirmé qu’ils net si c’est pour attendre à nouveau 10 ans pour récupérer le
prix du composant n’est pas élevé mais il soutiendraient Profinet. Ce qui ne signifie pas bon niveau de diagnostic applicatif ». PSA souhaite
intervient peu dans le coût global. Si une un déploiement massif et immédiat… ardemment que les diagnostics soient natifs
économie peut être réalisée à ce niveau-là, il Du côté de PSA, on est plus réservé. « Avant de dans les outils des fournisseurs, et ne pas avoir
y a des surcoûts ailleurs, pour par exemple nous engager dans Ethernet, nous voulons nous assurer que la à fouiller toutes les données des capteurs et
réaliser une connectique durcie ou pour solution proposée résout par avance tous les problèmes que des automates pour identifier l’origine d’un
protéger le réseau contre les attaques exté- l’on a connus avec les bus de terrain », souligne défaut… Le constructeur automobile ne pas-
rieures. Partant du principe que le compo- M. Mauguy. Et ceux-ci sont pléthore : mauvais sera à Ethernet que lorsqu’il sera stabilisé
sant peut être cher s’il n’est pas fabriqué en dimensionnement des câbles et des alimen- (au niveau des normes) et qu’il existera des
grande série, certains ont condamné par tations 24 Vcc, règles CEM non appliquées, outils conviviaux pour la mise en œuvre et
avance la solution adoptée par Profinet, avec voire non connues (mise à la masse, blinda- l’exploitation. « Sur la question du remplacement
ses composants spécifiques intégrés dans ge,…), mauvais dimensionnement de réseau, des réseaux de terrain par Ethernet, nous sommes réelle-
les switchs. « Mais il faut voir que ces switchs sont connectique bricolée, rayons de courbure des ment en situation de veille. Avant de nous positionner,
destinés à être embarqués à bord des équipements d’auto- câbles non respectés, défauts de mise à la mas- nous attendons qu’Ethernet soit bien diffusé dans l’indus-
matismes. Par rapport à une solution classique avec swit- se, connectivité avec des équipements tiers trie », conclut M. Mauguy.
ch externe, on fait des économies sur l’alimentation, le non reconnus. Mais le plus grave n’est pas là, Jean-François Peyrucat

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Dossier Ethernet
TEMPS RÉEL

L’IEEE 1588, un protocole


pour une synchronisation précise
des équipements

Ethernet s’intéresse de plus en plus aux applications industrielles temps réel. Le remplacement des concentrateurs (hubs)
par des commutateurs (switchs), conjuguée à l’augmentation des débits, a permis de fortement améliorer les choses. Les
applications les plus exigeantes imposent une synchronisation très précise des équipements. Pour cela, un standard (qui va
au-delà des applications Ethernet) semble d’ores et déjà s’imposer : il s’agit de l’IEEE 1588, qui a été retenu par les princi-
paux acteurs d’Ethernet temps réel…

D’
une façon générale, les portement déterministe peut être obtenu par sité technique de Vienne, n’ont pas été enco-
réseaux permettent de le recours à une horloge synchronisant avec re acceptés sur le marché.
transférer et de traiter de une haute précision tous les terminaux et L’IEEE 1588 est aussi appelé PTP (Precision
plus en plus de données en systèmes. Si les actions se basent sur une tel- Time Protocol). Comme d’autres protocoles,
un temps de plus en plus court. Cette ten- le horloge, le temps process peut être dis- il se base sur la concordance de temps la plus
dance s’applique bien entendu à Ethernet, socié des temps de propagation. précise lors de la transmission et de la récep-
ce qui lui permettra de s’imposer au cours Cette caractéristique s’applique en particulier tion de paquets de synchronisation. A la dif-
des prochaines années comme un des aux systèmes complexes amenés à démar- férence de SNTP, l’horodatage de la trans-
réseaux majeurs dans l’univers des automa- rer certaines opérations simultanément. Par mission n’a pas besoin d’être intégré au
tismes. Un des gros progrès concerne exemple, on peut citer la coordination de paquet de synchronisation. Elle est transfé-
l’aspect “temps réel”. Le “temps réel”, c’est plusieurs robots dans l’accomplissement rée dans un paquet suivant. Il est ainsi pos-
d’abord la capacité du système de commu- d’une tâche, le transport d’objets lourds, ou sible de dissocier le processus de mesure de
nication à garantir un comportement déter- une application dont la bonne exécution exi- la transmission/réception et le processus de
ministe, c’est-à-dire la faculté de toujours ge un ajustement très fin des mouvements synchronisation lui-même.
transmettre la quantité de données prévue des robots. Le protocole a été conçu pour de petits
dans un intervalle de temps défini. Le temps réseaux locaux homogènes ou hétérogènes.
réel, c’est aussi la capacité du réseau à res- L’IEEE 1588, un standard Ses concepteurs se sont particulièrement atta-
pecter les contraintes temps réel du système créé en 2002 chés à limiter les besoins en ressources afin
d’automatismes. Même s’il n’a pas été spécifiquement de rendre le protocole utilisable dans des
Aujourd’hui, seuls cer- développé pour Ethernet, le protocole équipements terminaux de base et de faibles
L’essentiel tains bus de terrain spé- de temps à haute précision IEEE 1588 coûts. Aucune exigence particulière ne
cifiques ou d’autres se présente comme une solution très s’applique à la mémoire ou aux perfor-
 Certaines applications,
solutions propriétaires aboutie dans la synchronisation ultra mances de l’unité centrale. Le protocole se
comme par exemple le
contrôle d’axes, exigent parviennent à des précise des composantes d’un réseau satisfait d’une faible bande passante réseau
une synchronisation très temps de cycle de Ethernet. Il a été initialement développé et requiert peu d’administration. Du fait de
précise des équipements moins d’une millise- par Agilent Technologies pour l’instrumen- la prise en charge de maîtres redondants, un
 La norme IEEE 1588 propo- conde ou à des varia- tation et les contrôles répartis. La tech- domaine PTP se configure au moyen d’un
se une solution de synchro- tions de l’ordre d’une nique s’appuie sur le travail de John Eid- algorithme de recherche de la meilleure hor-
nisation d’horloges microseconde. Afin son qui, en sa qualité de président du loge maître et est tolérant aux pannes. La
 Elle a été adoptée par les d’étendre l’usage comité de normalisation, a joué un rôle synchronisation s’opère en une microse-
plus grands acteurs des
Ethernet temps réel
d’Ethernet pour ce type décisif dans l’approbation du standard conde ou mieux.
d’applications d’auto- en novembre 2002.
 La précision de la synchro-
matisme, des proto- L’IEEE 1588 offre l’avantage inédit de syn- Les principes de fonctionnement
nisation dépend dans une
très large mesure du coles spéciaux ont été chroniser en moins d’une microseconde les de l’IEEE 1588
réseau et de ses consti- créés pour apporter à horloges locales des capteurs, actionneurs et La synchronisation de tous les utilisateurs
tuants Ethernet le déterminis- autres équipements au moyen du réseau d’un réseau sur l’horloge la plus précise
 Pour s’en affranchir, une me requis. Ethernet qui transporte déjà les données de de ce dernier constitue le principe de base
solution existe : l’horloge Les temps de propaga- traitement. Les protocoles de synchronisa- de l’IEEE 1588/PTP. Une horloge dotée
de transfert
tion Ethernet présen- tion existants, tels que NTP et SNTP, n’attei- d’un seul port réseau est qualifiée d’“hor-
 La précision de la synchro-
tent une certaine fluc- gnent pas la précision ou vitesse de syn- loge standard”. Il y a deux types d’hor-
nisation est meilleure que
1 µs tuation durant la chronisation requise. D’autres, comme le loges, l’horloge maître et l’horloge escla-
transmission. Un com- protocole SynUTC, développé par l’univer- ve. En principe, chaque horloge peut

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Dossier Ethernet
remplir les fonctions de maître et d’esclave. A la réception du message de synchronisa- mission n’introduisait pas de retard, on
La précision d’une horloge, plus exactement tion et, en vue d’une meilleure précision, à aurait un fonctionnement synchrone des
des sources de temps, est définie en classes la réception du message “Follow Up” cor- deux horloges.
(stratum). L’horloge atomique, qui corres- respondant, l’horloge esclave calcule la cor- Mesure du retard. La deuxième phase de la
pond au stratum 1, fait partie de la classe la rection (offset) par rapport à l’horloge synchronisation, la mesure du retard, déter-
plus élevée. La sélection de la meilleure hor- maître en tenant compte de l’horodatage de mine le retard ou temps de latence entre
loge du réseau s’accomplit en mode auto- réception du message de synchronisation. esclave et maître. L’horloge esclave envoie
matique au moyen de l’algorithme de L’horloge esclave Ts doit être corrigée de la dans ce but un paquet “delay request” au
recherche de la meilleure horloge maître. valeur de ce décalage. Si le chemin de trans- maître et détermine pendant cette opération
La précision de la synchronisation dépend
dans une très large mesure du réseau et de Correction de la différence de temps
ses constituants. Pour cette raison, la transi-
tion vers des composants moins détermi-
entre le maître et l’horloge (mesure de décalage)
nistes, tels que les routeurs et commutateurs, Maître (M) Esclave (S)
est rendue possible par le protocole au Tm = 1050s Retard de la ligne = 1s Tm = 1000s
moyen d’une horloge de transfert (boun- Ts =1001
TM1 =1051
dary clock). Un protocole de gestion est dis- Message sync
Inconnu
ponible pour l’administration et la configu- TM1 TS1 =1002
ration des horloges du réseau.
Message de suivi Décalage = TS1 - TM1- retard
Le protocole PTP s’appuie sur la communi- =1002 - 1051 - 0 = - 49
cation IP de type multicast. Il peut être uti- Correction temporelle
lisé sur tout système compatible avec le de l’horloge esclave : Ts - décalage = Ts - (-49)
mode multicast, pas seulement Ethernet. La
communication multicast présente l’avan- TM2 =1053
tage d’être simple ; elle ne requiert pas Message sync
l’implémentation d’une gestion d’adresses IP TM2
dans les nœuds PTP, ce qui permet de confi- Décalage = TS2 - TM2- retard
Message de suivi
gurer le protocole sur un grand nombre de =1053 - 1053 - 0 = 0
nœuds. Correction temporelle
de l’horloge esclave : Ts - décalage = Ts - 0
La synchronisation temporelle
Chaque esclave se synchronise sur l’horloge
maître correspondante en échangeant des
messages de synchronisation avec cette der-
nière. La synchronisation se décompose en Détermination du temps de latence
deux phases. La première consiste à corri-
ger la différence de temps entre le maître et (retard) entre le maître et l’esclave
l’horloge. C’est la mesure du décalage.
Mesure du “décalage horaire”. Durant cet- Maître (M) Esclave (S)
Tm = 1070s Retard de la ligne = 1s Tm = 1069s
te correction de décalage, le maître assure à
des intervalles de temps définis (par défaut,
Tm =1081 TS3 =1080
toutes les 2 secondes) l’émission d’un mes-
sage de synchronisation (SYNC) vers les hor- TM3 =1082
Delay Request
loges esclaves qui lui sont associées. Ce mes- TM3
sage de synchronisation comporte une
Delay Response Retard = (TS2 - TM2) - (TM3 - TS3)/2
indication sur l’heure exacte d’émission du = 0 + (1082-1080)/2 =1
message.
En vue d’une synchronisation de haute pré- TM4 =1083 Ts =1082
Message sync
cision, il existe en plus un mécanisme qui Inconnu
TM4 TS4 =1083
détermine les instants d’émission et de
réception de messages PTP avec la meilleu- Message de suivi Décalage = TS4 - TM4- retard
re précision possible et le plus près possible =1083 - 1083 - 1 = - 1
de l’étage matériel, idéalement sur le sup- Correction temporelle
de l’horloge esclave : Ts - décalage = Ts - (-1)
port de transmission. L’horloge maître TM5 =1085 Ts =1085
mesure l’instant exact d’émission TM1 et Message sync
les horloges esclaves les instants exacts de TM5 TS5 =1086
réception TS1. Le maître envoie dans un
Message de suivi Décalage = TS5 - TM5- retard
deuxième message de suivi (Follow Up) =1086 - 1085 - 1 = 0
l’instant exact d’émission TM1 du message Synchrone !
de synchronisation correspondant vers les
horloges esclaves.
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Dossier Ethernet
cesseur sans exigences de performance
particulières.
Le matériel est constitué d’une horloge
IEEE 1588 temps réel de haute précision et d’une uni-
PTP (Precision Time Protocol) té d’horodatage (TSU). La composante logi-
cielle intègre le protocole IEEE 1588 pro-
Interface Interface Interface prement dit, sa connexion à l’horloge temps
Post horodatage horloge
réel et à l’unité d’horodatage matérielle.
Couche logicielle La couche logicielle est pratiquement indé-
pendante du système d’exploitation. Pour
Couche Instants ce faire, elle comporte trois sous-couches
d’envoi et de Correction
protocole temps présentant des niveaux d’abstraction diffé-
réseau réception
rents. La couche “protocole” intègre le pro-
Unité Horloge tocole de temps de haute précision indé-
Couche d’horodatage temps réel pendant du système d’exploitation. La
MAC couche “abstraction OS” constitue l’inter-
(x) MII Matériel face entre le PTP et le système d’exploita-
Couche TX tion. Les fonctions rendues accessibles par
“physique” RX le système d’exploitation (tâches/proces-
sus, sémaphores, timers, sockets, etc.) sont
placées sur la couche “OS”.
l’instant TS3 exact d’émission du message. sa précision (même valeur dans les deux Couche “protocole”. Cette couche implé-
Le maître horodate la réception du paquet directions). Cette synchronisation élimi- mente PTP pour la synchronisation des
et renvoie les données de temps de récep- ne les fluctuations temporelles entre élé- horloges d’un réseau et peut être utilisée
tion TM3 à l’esclave sous forme de paquet ments IEEE 1588, notamment la pile pro- sur différents éléments de communication
“delay response”. tocole et le temps de latence entre le maître (PC, commutateur, routeur, etc.). C’est ici
A partir de l’horodatage local de l’instant et l’esclave. que se trouve l’intelligence proprement
d’émission TS3 et de l’horodatage de dite pour la synchronisation des éléments
réception TM3 livrée par le maître, l’escla- Comment créer un élément de communication. La couche protocole
ve calcule le retard entre l’esclave et le de synchronisation IEEE 1588 fait uniquement intervenir des fonctions
maître. La mesure du retard s’opère de La caractéristique la plus marquante de conformes à ANSI/ISO C. Le transfert du
façon irrégulière et à des intervalles de l’architecture IEEE 1588/PTP est protocole peut ainsi s’exécuter facilement
temps supérieurs à la mesure du décalage qu’elle fait une séparation totale entre sans affecter les fonctionnalités des diverses
(valeur aléatoire entre 4 et 60 secondes d’une part l’unité de commande temps plates-formes.
par défaut). Ce faisant, le réseau et, en par- réel incorporée dans le matériel, et Couche “Abstraction OS”. Cette couche
ticulier, les équipements terminaux, ne d’autre part le protocole (composante englobe des fonctions dépendant du sys-
subissent pas de surcharge. Un délai symé- logicielle découplée des conditions tème d’exploitation et peuvent exiger une
trique entre le maître et l’esclave est tou- temps réel). Le protocole s’exécute en adaptation. L’interface horodatage fournit
tefois crucial pour la mesure du retard et mode basse priorité et/ou sur un pro- le protocole de temps de haute précision
avec les horodates des messages de syn-
chronisation et “delay request”. Suivant le
niveau de développement (précision exi-
L’IEEE 1588 intéresse de nombreux groupes gée), l’horodatage est assuré par une uni-
té matérielle (TSU) ou logicielle. Les
Plusieurs groupes actifs ont décidé vers des automatismes. L’industrie de pilotes NIC (RX- ISR, envois) dépendant
d’intégrer le protocole IEEE 1588 à l’automatisation n’est cependant pas du système d’exploitation constituent le
leurs bus de terrain Ethernet. L’ODVA la seule à manifester de l’intérêt pour meilleur emplacement pour la génération
a choisi IEEE 1588 pour CIPSync, cette norme. Les applications de test des horodatages logiciels, le plus près pos-
l’extension temps réel pour et de mesure, à l’origine de ce proto- sible du support de transport.
Ethernet/IP-CIP. Siemens cherche à cole (Agilent Technologies), lui accor- L’interface horloge permet de lire et de
adapter IEEE 1588 à Profinet V3. Beck- dent aussi de plus en plus d’attention. modifier l’horloge locale. Ces fonctions
hoff et Jetter élaborent des solutions Parallèlement à l’environnement mili- doivent être adaptées à la plate-forme. Les
assurant une synchronisation tempo- taire, l’IEEE 1588 investit des réalisations dépourvues d’horloge temps
relle à l’aide de ce protocole ou d’une domaines comme les télécommunica- réel dédiée utilisent l’horloge du système
approche similaire. L’EPSG (Ethernet tions et la distribution d’énergie élec- d’exploitation ou des solutions optimi-
Powerlink Standardization Group) a trique (IEC 61850, réseaux et systèmes sées, telles que nanokernel dans des ver-
quant à lui prévu de l’intégrer comme de communication dans les postes et sions UNIX. Outre le réglage de l’horlo-
élément fixe dans sa version 3. les équipements électriques). ge locale, cette interface contient les
Tous ces acteurs se situent dans l’uni- algorithmes qui surveillent la qualité de la
synchronisation (précision, stabilité, com-
portement transitoire, etc.).

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Dossier Ethernet
Horloge maître Horloge de transfert Horloges esclave

“Switch 1588”

Horloge esclave
Horloge maître
L’utilisation d’horloges de transfert IEEE 1588 dans les commutateurs améliore la précision. Dans ce cas, les connexions sont seulement de type point à point et il n’y a pratiquement pas de variation de retard
entre l’horloge maître et l’horloge esclave. Le retard/la variation de mise en queue interne des commutateurs n’a plus d’effet.

L’interface port est utilisée pour envoyer ou de longueur maximale est mis en file d’atten- forte charge réseau avec un générateur de
recevoir des messages PTP. Les télégrammes te, cela occasionne un retard de 122 µs. Or à paquets Ethernet.
IEEE 1588 ont recours à des paquets multi- forte charge, plusieurs paquets peuvent être Afin d’examiner la différence entre l’horlo-
cast UDP/IP, ce qui permet de les envoyer placés dans la file d’attente. La symétrie de ge locale et l’horloge de référence dans des
et de les recevoir par l’interface socket de la la latence, du maître à l’esclave et vice versa, conditions proches d’une application réelle,
pile de protocole IP. L’aspect temporel est est un autre critère de précision du protoco- nous avons équipé les deux unités d’un
négligeable puisque les horodates sont direc- le, et elle ne peut en général être obtenue à signal de sortie PPS (impulsions par secon-
tement générées sur le support de transport. des charges de réseau élevées. de) et nous les avons raccordées à un oscil-
Cette plate-forme logicielle modulaire a per- La priorisation des paquets, par exemple loscope. Il nous a ainsi été possible de saisir
mis d’établir des versions Linux, Windows IEEE 802.2D/p, n’apporte pas vraiment de d’une façon très précise l’écart des deux
et VxWorks de ce protocole. Les implé- solution parce qu’un paquet au moins très signaux et de reproduire la distribution de
mentations Windows et Linux utilisent un long pourrait se trouver devant un paquet l’écart de fréquence. La précision de syn-
horodatage logiciel. Signalons à cet égard de synchronisation et accroître l’instabilité chronisation obtenue se situe dans la plage
que même une intégration purement logi- de 122 µs. Les commutateurs disponibles ±100 ns (variation max.). La mesure s’est
cielle fournit une précision de l’ordre de actuellement fonctionnent de telle manière étalée sur 84 heures.
100 µs et que cette dernière est susceptible qu’après un traitement de la priorité, il y a La distribution de fréquence du décalage
d’être inférieure à 10 µs. une autre file d’attente qui peut être rem- entre l’horloge maître et l’horloge esclave
plie de deux à huit paquets en moyenne et se traduit par un écart type de 23,95 ns et
Des horloges de transfert dans les pas seulement un comme prévu. A de fortes une valeur moyenne de -4,248 ns.
commutateurs, c’est plus sûr… charges, cette condition fait passer l’insta- Les valeurs de dérive des oscillateurs limitent
La précision du protocole dépend aussi de la bilité de 360 µs à 1 ms. la précision de synchronisation avec les pro-
variation de latence de la topologie du L’utilisation d’horloges de transfert IEEE totypes disponibles. Une fréquence de quartz
réseau. Les connexions point à point ont la 1588 dans les commutateurs remédie à ces 50 MHz (±50 ppm) produit une impréci-
précision la plus élevée, avec des hubs qui problèmes. Dans ce cas, les connexions sont sion de 20 ns. Le système peut ainsi ajuster
ne génèrent qu’une très faible instabilité seulement de type point à point et il n’y a la dérive dans une plage de ±20 ns par secon-
réseau. Dans le cas d’une charge de réseau pratiquement pas de variation de retard entre de. Si l’on étudie à présent la dérive relative
faible voire nulle, les commutateurs de l’horloge maître et l’horloge esclave. Le entre l’horloge locale et l’horloge maître
niveau 2 se caractérisent par un temps de retard/la variation de mise en queue inter- durant deux autres télégrammes de syn-
traitement très faible, en général entre 2 et ne des commutateurs n’a plus d’effet. chronisation successifs, on constate que la
10 µs ajoutés au temps de réception du stabilité à court terme des oscillateurs déter-
paquet. Les commutateurs les plus récents Des tests probants mine dans une large mesure la précision de
présentent également une faible variation Au départ nous avons connecté directement la synchronisation en régime stabilisé.
de latence. Celle du commutateur Hirschmann dans notre configuration test deux horloges
RS2-FX/FX s’établit à 0,4 µs environ. standard et utilisé des modules IEEE 1588 Dirk S. Mohl, responsable de développement
Mais les commutateurs traitent les données dans nos commutateurs Ethernet modulaires des produits Ethernet
en queue (ou file d’attente) et en mode “Sto- (série MICE). Pour déterminer les temps de Bruno Lequeux, ingénieur d’applications
re and Forward” ; de ce fait, lorsqu’un paquet réponse du protocole, nous avons créé une Hirschmann Electronics

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Dossier Ethernet
DÉJÀ OPÉRATIONNEL POUR LES ARCHITECTURES DISTRIBUÉES

Profinet temps réel arrive



Dans un premier temps, Profinet a été présenté comme étant un outil pour la réalisation d’architectures d’automatismes
réparties à l’aide d’un concept “objet”. Il s’est étendu par la suite pour permettre de réaliser des communications temps réel
et faciliter l’intégration de tous les bus de terrain existants. Toutes ces fonctionnalités ne sont pas à utiliser dans chaque
application : il est possible de composer en fonction des besoins.

L’
arrivée d’Ethernet dans l’uni- Ethernet industriels. - Profinet TCP/IP ou UDP/IP autorise un
vers des automatismes ne date Deux secteurs majeurs du marché sont envi- temps de cycle de l’ordre de 100 ms. Il est
pas d’hier. Le consortium Profi- sagés pour Profinet : la périphérie décentra- notamment utilisé pour les communications
bus International, qui “gère” les lisée et l’automatisme réparti. verticales.
évolutions du bus de terrain Profibus et sa La périphérie décentralisée est la vision tra- - RT (Real Time) réduit le temps de cycle à
bonne mise en œuvre sur le terrain, s’est ditionnelle de l’automatisme. C’est une 5-10 ms
dès la fin de 1999 posé la question des futurs approche comparable à celle de Profibus DP - IRT (Isochronous Real Time) abaisse le
rapports entre Profibus et Ethernet. Ainsi est mais avec les avantages de l’Ethernet Indus- temps de cycle à 1 ms, avec une gigue
né Profinet. triel. L’automatisme réparti est une vision (incertitude sur les instants de déclenche-
En pratique, Profinet se décline en deux plus moderne qui va se développer forte- ment) de 1 µs. Il est utilisé pour les applica-
grands niveaux : ment, car de plus en plus de chaînes auto- tions à contraintes temps réel exigeantes.
- la réalisation d’automatismes répartis, déve- matisées sont constituées de blocs séparés, Ces trois modes utilisent des trames Ethernet
loppés à l’aide d’une technologie objet. Mal- qui s’assemblent pour former une unité de standard pour transmettre l’information. La
gré tout, les architectures actuelles, dites “à production. bande passante est partagée en deux canaux
entrées/sorties déportées”, peuvent être qui peuvent être utilisés indépendamment
implémentées avec Profinet. Trois modes de transmission ou simultanément : le premier gère les don-
- la prise en compte des contraintes temps Profinet, c’est aussi (et surtout) des possibi- nées standard, à la manière d’un réseau
réel des automatismes, en particulier pour lités de communication très étendues. Il offre bureautique, tandis que le second gère les
les commandes multi-axes (plusieurs solu- trois modes de communication qui per- données temps réel.
tions sont proposées, selon les exigences du mettent de couvrir l’ensemble des besoins TCP/IP pour les données standards. Avec
temps réel) du contrôle-commande global, du niveau le canal de transmission des données stan-
Tout a été pensé pour préserver l’investisse- gestion au pilotage d’atelier. dard, les données véhiculées sur Profinet
ment des industriels. Profibus International est
en effet conscient qu’une solution basée sur Pour le temps réel “standard”
Ethernet ne sera couronnée de succès que si
elle est compatible avec les principaux bus de
terrain actuels. Profinet propose une métho-
de simple pour intégrer les bus existants,
Profibus ou d’autres, via des proxies. Cette
caractéristique fait de Profinet la solution
Ethernet la plus ouverte du marché et la
mieux préparée pour
L’essentiel l’avenir. Les premiers
produits proxy Device-
 Profinet est la version Net sont déjà dispo-
d’Ethernet conçue par le nibles. Par ailleurs, un
consortium Profibus
groupe de travail
 Dans un premier temps,
Profinet s’est intéressé aux œuvre actuellement à
applications d’automa- l’intégration d’Inter-
tismes répartis bus S dans Profinet.
 Il s’intéresse désormais Cette capacité de Profi-
aux applications temps réel net d’“englober plutôt
critique que de remplacer”
 La version temps réel est pourrait être un facteur Profinet se décline en plusieurs variantes, selon le type d’informations à transmettre et les exigences de l’application.
notamment mise en œuvre déterminant pour lui Pour les applications temps réel pas trop exigeantes (temps de cycle de 5-10 ms), Profinet utilise un Fast Ethernet commuté (basé sur des
par des switchs spécialisés
intégrés à l’intérieur des permettre de s’imposer switchs du commerce) et il est possible de mixer des données standard et des données temps réel. Pour le transfert des données, la trame
dans la lutte que se Ethernet est divisée en deux : un canal pour les données standard (transmises via les couches TCP/IP) et un canal pour les données “temps
équipements connectés
réel” (transmises via un canal indépendant).
livrent les différents

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Dossier Ethernet
sont accessibles aux systèmes externes, aux
couches supérieures de l’entreprise, voire Pour le temps réel critique
sur Internet. La pile TCP/IP intègre les fonc-
tions de technologie de l’information (IT) tel
que http et SNMP. Elle permet aussi la com-
munication acyclique entre automates,
superviseurs ou autres équipements. Elle est
utilisée pour le paramétrage des équipe-
ments, la configuration, le diagnostic et la
gestion du réseau.
RT, le temps réel standard. Même en Fast
Ethernet (100 Mbps) commuté, l’utilisation
de la pile TCP/IP n’est pas assez efficace pour
atteindre les temps de cycle typiques en
automatisme. Pour ces besoins, un canal
“temps réel” a été prévu. Il s’agit du mode
de transmission RT, qui court-circuite la pile
TCP/IP ou UDP/IP et réduit ainsi singuliè-
rement les temps de traitement. Il est parti-
culièrement adapté au transfert de données
vers la périphérie décentralisée. Avec un Performances de Profinet IRT
temps de cycle de 5-10 ms, RT a un niveau Temps de cycle 1 ms 50 µs
de performance comparable à celui des bus Gigue < 1 µs < 1 µs
de terrain actuels. Il autorise le transfert de Nombre de nœuds 70 150 35
données cycliques et acycliques avec un débit
Débit des données TCP/IP 9 Mo/s 6 Mo/s 6 Mo/s
élevé et une gestion d’événements. Les para-
mètres de qualité de service (QoS) sont uti-
lisés pour donner la priorité aux trames RT. Profinet IRT est conçu pour travailler avec des temps de cycle inférieurs à 1 ms, donc beaucoup plus courts que ceux de RT (5-10 ms). Au niveau réalisation,
IRT, le temps réel isochrone. Pour certaines IRT est mis en œuvre avec des switchs spéciaux, réalisés sous forme de composants Asic et prévus pour être intégrés à l’intérieur des équipements. Ces switchs
applications critiques, comme la comman- peuvent également être utilisés pour réaliser des communications de type RT.
de d’axe, où le temps de cycle ne doit pas Comme pour RT, la trame de ProfinetIRT est divisée en deux: un canal véhicule les données temps réel, l’autre les données standard. Comme le montre le tableau,
la quantité d’informations transmises par TCP/IP dépend de la largeur de la trame allouée aux informations temps réel (et du nombre d’équipements connectés).
excéder 1 ms, avec une gigue de 1 µs, il faut
un niveau de communication supplémen- pour équiper les contrôleurs. Il n’intègre pas d’environ 19 € permet son intégration dans
taire. C’est pourquoi Profinet introduit un la couche physique Ethernet. Il est connec- une commande d’axe.
tout nouveau concept appelé IRT. IRT (Iso- té au contrôleur par l’intermédiaire d’un bus Ces Asic utilisent la technologie de partage
chronous Real Time) est un canal de com- PCI. Son coût est d’environ 38 € en quanti- temporel (time-slice) propre à l’IRT, assu-
munication optionnel, situé à côté du canal té. L’Ertec 200 comporte 2 ports. Il est pré- rant avec une extrême précision l’instant de
Ethernet standard. Le terme isochrone signi- vu pour les équipements de terrain. Il intègre transmission des messages. Les messages
fie que chaque trame est envoyée avec un la couche physique d’Ethernet. Son coût reçus et destinés à un autre équipement sont
intervalle de temps très précis. Cela néces-
site une synchronisation très précise dite iso-
chrone des flux de données entre les diffé-
rents équipements.
Le canal IRT partage une trame Ethernet avec Intégration dans les réseaux de haut niveau
le canal standard. Un système de découpa-
ge temporel (time-slice) répartit la bande Profinet étant basé sur Ethernet mations de statuts et de diagnostic
passante en créneaux fixes, chacun étant TCP/IP, est complètement accessible peuvent être transmises par ce biais.
dédié à la communication avec un équipe- aux technologies de l’information. Les L’intégration du web dans Profinet
ment. On obtient ainsi des performances services et les outils basés sur le web permet l’utilisation des navigateurs
élevées. Par exemple, un réseau Profinet IRT et sur Internet, sont le standard dans du marché (Internet Explorer…) pour
avec un temps de cycle de 1 ms peut com- cet environnement. Par exemple, Pro- le démarrage, le diagnostic et la
porter 150 équipements, avec un partage de finet peut utiliser DHCP (Dynamic maintenance. La présentation et le
la bande passante de 50 %. Host Configuration Protocol) pour contenu des pages web sont standar-
La technologie time slice n’est pas suppor- assigner dynamiquement une adresse disés pour assurer la cohésion et
tée par les switchs Ethernet actuels, et elle à chacune des stations du réseau. l’ergonomie de l’ensemble. Une
nécessite l’utilisation de composants spéci- SNMP (Simple Network Management approche commune de la sécurité est
fiques. Pour répondre aux différents besoins Protocol) est utilisé pour gérer le aussi spécifiée. Les équipements Pro-
actuels, le consortium Profibus a fait déve- réseau : chaque équipement est finet peuvent intégrer un serveur web
lopper deux ASIC switchs Ethernet IRT : configuré à distance, puis des infor- accessible de façon transparente.
l’Ertec 400 et l’Ertec 200.
L’Ertec 400 comporte 4 ports. Il est prévu
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Dossier Ethernet
Une accélération du calendrier
L’introduction voilà un peu plus de Les aspects de la sécurité d’accès ont
deux ans du concept CBA (Compo- également été traités.
nent Based Automation) marquait les Profinet prend désormais en compte
débuts sur le terrain du concept Profi- les aspects temps réel “dur”, avec
net (conception d’architectures à l’annonce des switchs IRT (temps réel
automatismes répartis). isochrone) qui viennent s’intégrer
En 2004, le réseau a pris un nouvel directement dans les équipements.
essor avec l’annonce des modules Deux composants spécialisés ont été
Profinet I/O (entrées/sorties dépor- annoncés, l’Ertec 400 (4 ports) et de
tées et périphérie décentralisée). Pro- l’Ertec 200 (2 ports), fabriqués par Sie-
finet I/O peut être mis en œuvre avec mens et Nec Electronics. Qui peut le
les technologies Ethernet TCP/IP clas- plus peut le moins : ces switchs IRT
siques mais aussi, et surtout, dans des peuvent mettre en œuvre des appli-
applications temps réel “standard” cations temps réel RT.
(temps de cycle de 5-10 ms). Ces der- A la fin de l’année, un Profinet dédié
nières sont réalisées à l’aide des aux applications de sécurité machine
switchs Ethernet standards et permet- sera annoncé.
tent d’atteindre les performances des Une version dédiée aux applications
bus de terrain actuels (c’est la version de process est également à l’étude.
RT de Profinet).

simplement retransmis. Les Ertec supportent ont investi dans Profibus, au niveau des équi-
les fonctions de switch des trames Ethernet pements, de la formation et de la culture, ne
classiques. Ils permettent donc d’éliminer les vont pas les abandonner du jour au lende-
switches externes et de créer des structures main, même si les attraits d’Ethernet sont
complexes très simplement. grands. Profibus va bientôt fêter ses 15 ans,
Avec la baisse des coûts, les Ertec devraient pendant lesquels il a pas mal évolué et il va
rapidement être intégrés dans les autres équi- continuer à répondre aux besoins du mar-
pements de terrain. ché pendant plusieurs années, notamment
dans les domaines spécialisés que sont la sécu-
Profinet, un impact sur Profibus ? rité des machines, ou encore l’automatisme
Malgré ses performances supérieures en de process. De plus, les coûts induits par Pro-
termes de communication temps réel, il est finet vont mettre du temps avant de baisser au
très improbable que Profinet remplace Pro- niveau de ceux de Profibus.
fibus avant longtemps, sinon jamais. Les L’avenir de Profibus est donc assuré.
études de marché suggèrent que l’inversion Cependant, la migration progressive vers
de tendance ne sera probablement pas attein- l’automatisme basé sur Ethernet est inévi-
te avant 2010. table, et il est vital que les systèmes et la tech-
Les raisons sont pratiques. Les entreprises qui nologie Profibus soient intégrés facilement
dans la solution Profinet. L’un des
premiers objectifs des groupes de
travail Profinet était d’assurer cet-
L’industrie automobile te intégration de manière élégan-
te et économique.
allemande choisit Bruno Bouard*
Profinet et Frédéric Bahaud**
Audi, BMW, Daimler Chrysler et Volskwagen
* Bruno Bouard (Siemens) est secrétaire de France Profibus
regroupés au sein du consortium AIDA (Auto-
** Frédéric Bahaud (Agilicom) est responsable du centre
mation Initiative of German Domestic Automobi-
de compétences Profibus et Profinet.
le) ont fait leur choix en matière de réseau
Cet article est issu de “Understanding Profinet” de Geoff
Ethernet industriel : c’est Profinet, développé
Hodgkinson, de GGH Marketing Communication, que nous
par l’association Profibus (PNO) et qui bénéficie
avons publié dans son intégralité dans notre numéro de
plus particulièrement du soutien de Siemens.
septembre 2004.

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Dossier Ethernet
TEMPS RÉEL

Ethernet Powerlink, un standard


déjà bien établi

Ethernet Powerlink (EPL) est aujourd’hui le réseau Ethernet temps réel le plus répandu dans le monde. Un de ses atouts
est de pouvoir utiliser des produits Ethernet tout à fait standards. Autre point fort, il intègre la couche application de
CANopen, un bus de terrain qui connaît un succès grandissant dans les applications d’automatismes. Une version conçue
pour les applications de sécurité est en voie d’achèvement.

A
fin de faciliter le développe-
ment, la maintenance et la ges-
tion des stocks, les acteurs de
l’automatisation industrielle
réclament l’harmonisation des technologies
réseau à tous les niveaux de la communica-
tion. Avec la révolution d’Internet, les stan-
dards Ethernet et les protocoles IP, largement
répandus dans le monde de l’informatique,
sont devenus très avantageux en terme de
coûts et de disponibilité. A cela s’ajoute le
développement de technologies pour
répondre aux besoins du temps réel. Grâce
à ces atouts, Ethernet est devenu attractif pour
la mise en réseau de machines et d’installa-
tions industrielles.
Pouvoir utiliser tous les produits
Ethernet actuels
Ethernet Powerlink est la plus répandue des
technologies Ethernet temps réel (depuis
2001, plus de 40000 nœuds ont été instal-
lés). Il a été développé parce qu’Ethernet
standard ne peut garantir aucun temps de
transmission et donc aucune communica- être conformes aux normes applicables. Du fait de sa conformité avec l’Ethernet stan-
tion en temps réel. Ni l’utilisation d’équi- Ethernet Powerlink a au contraire été déve- dard, Ethernet Powerlink permet d’utiliser
pements ou fonctions supplémentaires tels loppé avec le souci de la conformité aux des cartes Ethernet, de composants d’infra-
que les switchs, ni l’établissement de prio- normes. structure, ou encore de systèmes de mesu-
rités de messages ne constituent une solu- Parmi les caractéristiques d’Ethernet Power- re et de contrôle standard. Tous les proto-
tion bien adaptée. Tout d’abord, ce type link, trois sont plus particulièrement impor- coles basés sur IP des
d’approche ne permet pas de réaliser des tantes : couches supérieures
L’essentiel
topologies de réseaux flexibles. Ensuite, la - Transmission garantie des données cri- (TCP, UDP et au-delà)  Créé par B&R Automation,
caractéristique temps réel est toujours tiques dans le temps, au cours de cycles iso- peuvent être utilisés sans Ethernet Powerlink est
influencée par la charge totale du réseau. chrones très courts et dans un temps confi- nécessiter d’adaptations aujourd’hui un standard
bien établi
Enfin, le travail de configuration et de para- gurable particulières. Dans le
 Il est conforme au standard
métrage des réseaux est loin d’être négli- - Synchronisation dans le temps de tous les détail, Ethernet Power-
Ethernet IEEE 802.3, avec
geable. nœuds du réseau avec une très grande pré- link est conforme aux une extension basée sur
Pour créer des conditions temps réel sur cision (moins d’une microseconde) standards suivants : une logique mixte de scru-
Ethernet, certains groupes industriels ont - Transmission des données moins critiques - IEEE 802.3 Fast Ethernet tation et d’allocation de
imaginé des nouveaux procédés, parmi les- dans la tranche asynchrone réservée à cet - Protocoles basés sur IP tranches de temps
quels on peut citer le décodage des flots de effet (UDP, TCP, etc.)  Le temps de cycle est de
bits à l’aide de composants spéciaux ou le A l’heure actuelle, Ethernet Powerlink permet - Profils d’équipements 200 µs, avec une précision
meilleure que 1 µs
raccourcissement des trames Ethernet pour d’atteindre des temps de cycle inférieurs à standards : CANopen EN
 Une version sécurité est en
réduire les temps de transfert. Tous ces méca- 200 µs, ainsi qu’une précision (jitter) de 50325-4 pour l’automa- préparation
nismes présentent l’inconvénient de ne pas moins de 1 µs. tisme industriel
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Dossier Ethernet
- IEEE 1588 : synchronisation de domaines plus possible les temps
temps réel (versions futures) de retard et le jitter de
trame, les spécifica-
Un distinguo entre “temps réel” tions techniques
et “non temps réel” recommandent d’uti-
Dans le réseau, Ethernet Powerlink établit liser des hubs répé-
une différence entre domaines “temps réel” teurs à la place des
et domaines “non temps réel”. Cette sépa- hubs de commutation.
ration correspond à bon nombre de S’agissant du câblage
concepts de machines. Elle permet aussi de pour les réseaux indus-
se conformer aux exigences de sécurité triels, Ethernet Power-
visant à empêcher de possibles attaques de link renvoie au docu-
pirates informatiques au niveau de la machi- ment de l’Iaona
ne, ainsi que des dommages résultant d’une “Industrial Ethernet
communication de données défaillante à des Planning and Installa-
niveaux de réseau supérieurs. Les exigences tion Guide”. Pour une
de temps réel “dur” sont satisfaites au sein mise en œuvre en
du domaine “temps réel”. Les échanges de milieu industriel, les
données moins critiques dans le temps se spécifications préconi-
font de manière transparente au moyen de sent les connecteurs
trames IP standard et se répartissent entre RJ45 et M12.
les domaines “temps réel” et “non temps Couche de liaison de
réel”. Dans un contexte de transparence tota- données. Le compor-
le des données, la séparation nette entre tement déterministe
réseaux de machines de production et est obtenu en interro-
réseaux d’entreprise permet d’écarter geant cycliquement tous les nœuds connec- portement non déterministe d’Ethernet,
d’emblée tout risque éventuel pour la sécu- tés au réseau. Le cycle se compose d’une ne rentre donc pas en ligne de compte lors
rité des données. phase isochrone et d’une phase asynchro- du fonctionnement normal d’Ethernet
ne. Au cours de la phase isochrone sont Powerlink.
Le temps réel est traité au niveau transmises les données critiques dans le L’adressage MAC utilisé est conforme à IEEE
de la couche “Liaison de données” temps, tandis que la phase asynchrone est 802.3. Chaque appareil a une adresse MAC
Ethernet Powerlink est basé sur le modèle réservée aux données non critiques. unique. De plus, dans le domaine temps
ISO/OSI et supporte les liaisons de type Dans le domaine temps réel, l’exécution réel, un numéro de nœud Ethernet Power-
client-serveur et producteur-consommateur du cycle est contrôlée par le nœud ges- link, sélectionné à l’aide d’un commutateur
pour la communication. Les couches IEEE tionnaire du réseau (Managing Node). de nœud, est assigné à chaque participant
802.3 standard (Ethernet, par conséquent) C’est le nœud gestionnaire du réseau qui du réseau.
constituent la base de ce protocole. Actuel- permet l’accès au médium en émettant des Au besoin, il est également possible d’utili-
lement, la couche physique est 100Base-X. messages spécifiques. Ainsi, un seul et ser l’adressage IP standard et d’accéder ain-
A l’avenir, le protocole pourra aussi reposer unique nœud accède au réseau et tout si à des appareils de n’importe où dans le
sur des variantes d’Ethernet plus rapides risque de collision est écarté. La logique monde via Internet. Dans le domaine temps
comme l’Ethernet Gigabit. Pour réduire le d’accès dite CSMA/CD, à l’origine du com- réel, les adresses IP attribuées aux différents
appareils sont d’abord locales et constituées
à partir des numéros de nœuds. Le passage
L’application “temps réel” est protégée à des adresses routables pour Internet se fait
par l’intermédiaire du protocole Network
contre les virus Address Translation (NAT), de la même
L’utilisation d’Ethernet et des proto- d’emblée que le réseau de la machine manière que pour une connexion à Inter-
coles associés dans les machines est bien séparé du réseau ouvert et net via un fournisseur d’accès.
industrielles tient principalement à ce que les accès sont contrôlés. Même si Une couche applicative compatible
que les données sont accessibles de les personnes autorisées doivent pou- CANopen. Les profils d’équipement et de
manière transparente depuis des voir accéder de l’extérieur au réseau communication de la famille CANopen
applications standards (bases de don- de la machine, la caractéristique (notamment les DS301 et DS302), parfai-
nées ou systèmes ERP, par exemple). temps réel de ce réseau ne doit en tement connus et largement diffusés, peu-
L’accès aux données via Internet aucun cas être influencée par des vent aussi être utilisés avec Ethernet Power-
ouvre de nouvelles possibilités, tant événements externes. De ce point de link. Les utilisateurs et les fournisseurs
sur le plan de la maintenance que sur vue, Ethernet Powerlink, avec la sépa- peuvent migrer facilement du bus CAN à
celui des services, mais peut aussi ration des domaines “temps réel” et un environnement Ethernet et augmenter
poser des problèmes de sécurité. “non temps réel”, offre une sécurité ainsi la bande passante d’un facteur 100. Là
Ethernet Powerlink permet d’assurer maximale. où c’est nécessaire, il est aussi possible de
réaliser des combinaisons de réseaux CAN et
Ethernet de façon optimale.

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Dossier Ethernet
qu’il s’agit d’attribuer des adresses IP au
niveau d’une machine, tout appareil de rem-
placement doit avoir la même adresse IP que
l’appareil d’origine. Le protocole DHCP est
donc inadapté.
Avec Ethernet Powerlink, l’adresse IP est liée
à l’adresse de nœud sélectionnée au moyen
du commutateur d’adresses. En cas d’échan-
ge d’appareil, l’adresse IP initialement choi-
sie est conservée et aucun autre réglage
manuel n’est à effectuer.
Le nombre d’adresses IP disponibles dans le
monde étant désormais limité, la gestion des
adresses IP est souvent assurée par le dépar-
tement informatique. De plus, plusieurs
adresses IP au sein d’une machine doivent
pouvoir être accédées ultérieurement depuis
Le nœud gestionnaire du réseau alloue à chaque nœud un intervalle de temps fixe donné afin de permettre la transmission de des réseaux de niveau supérieur. En cas d’uti-
pour la transmission de données critiques dans le temps. Tous les autres nœuds ont données non critiques (données de para- lisation d’Ethernet en milieu industriel, la
alors la possibilité de lire ces données (publish/subscribe). métrage et de diagnostic, par exemple). Les gestion des adresses IP est donc plus com-
Pour permettre une meilleure utilisation de la bande passante, Ethernet Powerlink permet
aussi que plusieurs nœuds se partagent le même intervalle de temps (multiplexage).
protocoles régissant la communication au plexe et la quantité de travail à fournir par
cours de cette phase peuvent être des pro- le département informatique plus impor-
tocoles IP standards. tante que prévue.
- Phase d’inactivité : la qualité du comportement Avec Ethernet Powerlink, les adresses IP sont
Plusieurs modes de fonctionnement temps réel est fonction de la précision tem- assignées localement au niveau de la machi-
Un appareil apte à fonctionner avec Ether- porelle du cycle de base. La longueur des ne et conformément aux normes interna-
net Powerlink peut avoir les modes de fonc- différentes phases peut varier tant que le tionales, que la machine soit en phase de
tionnement suivants : temps total reste dans les limites du cycle de fabrication, de test, ou utilisée sur un site
Mode Ethernet de base. Tout appareil Ether- base. Les limites de temps sont surveillées industriel. De plus, dans la machine ou l’ins-
net Powerlink peut fonctionner directement par le nœud gestionnaire du réseau. tallation, ce sont toujours les mêmes
sur un réseau Ethernet existant conformé- La durée de la phase isochrone est configu- adresses IP locales qui sont utilisées. Pour
ment au standard Ethernet de base, dès lors rable, de même que celle de la phase asyn- permettre l’intégration à un réseau externe,
qu’aucune communication en temps réel chrone. ces adresses locales sont converties en
n’est requise. C’est le mode par défaut après Utilisation optimisée de la bande passante. adresses globales à l’aide du protocole Net-
la mise sous tension. Il est possible pour chaque nœud de transfé- work Address Translation (NAT). Ce procé-
Mode “pré-opérationnel”. Au démarrage rer des données à chaque cycle de base. Pour dé est largement utilisé dans le cadre d’Inter-
du système ou après intégration de l’appareil permettre une meilleure utilisation de la ban- net (connexion à un fournisseur d’accès, par
à un réseau existant, ce mode permet le de passante, Ethernet Powerlink permet aussi exemple). Ethernet Powerlink instaure une
chargement de données d’initialisation et de que plusieurs nœuds se partagent le même séparation nette entre le domaine du fabri-
configuration via la tranche asynchrone. intervalle de temps (multiplexage). Dans la cant et le domaine de l’utilisateur, tout en
Mode Ethernet Powerlink. Une fois la pha- phase isochrone, il existe donc deux types éliminant le fastidieux travail de reconfigu-
se d’initialisation terminée, l’appareil passe d’intervalles de temps : ceux assignés en per- ration des appareils après la livraison.
au fonctionnement temps réel. Le nœud ges- manence à un seul nœud, et ceux destinés à
tionnaire du réseau contrôle le séquence- plusieurs nœuds émettant à tour de rôle. Des topologies flexibles
ment des différentes phases de communi- De cette manière, des données moins impor- L’utilisation d’Ethernet pour des réseaux indus-
cation. La durée du cycle dépend de la tantes, mais toujours critiques dans le temps, triels ne se justifie que si l’on retrouve ces avan-
quantité de données isochrones et asyn- peuvent être échangées au cours de cycles tages au niveau le plus bas de la communica-
chrones, ainsi que du nombre de nœuds. plus longs que le cycle de base. L’assigna- tion. La topologie en étoile adoptée
Le cycle de base se compose des phases sui- tion des intervalles de temps est réalisée par habituellement pour Ethernet ne convient pas
vantes : le nœud gestionnaire du réseau. pour les réseaux de machines industrielles.
- Phase de démarrage : tous les nœuds se syn- Les appareils supportant Ethernet Powerlink
chronisent avec le nœud gestionnaire du Un adressage IP simple sont typiquement dotés de plusieurs ports
réseau à mettre en œuvre Ethernet, ce qui permet de réaliser toutes
- Phase isochrone : le nœud gestionnaire du Dans les réseaux bureautiques, les adresses IP sortes de topologies (bus, arbre, étoile, etc.),
réseau alloue à chaque nœud un intervalle sont généralement attribuées par un serveur ainsi que des structures mixtes. A l’intérieur
de temps fixe pour la transmission de don- DHCP. Après établissement de la liaison au de l’appareil, un hub répéteur assure le bon
nées critiques dans le temps. Tous les autres réseau, chaque appareil se voit alors attri- acheminement des données. De telles carac-
nœuds ont alors la possibilité de lire ces don- buer une nouvelle adresse à partir d’un pool téristiques matérielles confèrent au réseau
nées (publish/subscribe). d’adresses IP disponibles. Cette méthode une grande flexibilité, tout en minimisant
- Phase asynchrone : le nœud gestionnaire du d’adressage ne convient pas pour les appli- les besoins en hubs répéteurs, hubs de com-
réseau octroie l’accès au réseau à un nœud cations d’automatisation industrielle car lors- mutation ou autres équipements.
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Dossier Ethernet

Avec Ethernet Powerlink, les structures phy- de travail Ethernet Powerlink Safety. Les d’utiliser pleinement les mécanismes de
siques et logiques ne sont pas liées. Un appa- entreprises Bernecker+Rainer (B&R), Eckelmann, transport standard d’Ethernet Powerlink.
reil peut être connecté à n’importe quel port Innotec, Lenze, KW-Software et Parker Hannifin La longueur des trames EPLsafety est adap-
sur le réseau sans qu’il soit nécessaire de le constituent le cœur de ce groupe. D’autres tée en fonction des données utiles requises
reconfigurer. Ainsi, la réalisation de concepts sociétés y sont également représentées. par l’application. Il est possible de disposer
de machines modulaires est plus aisée et tout L’objectif de ce groupe de travail est de défi- d’une bande passante de 1 à 32 octets de
risque de câblage erroné est écarté. nir un protocole de sécurité tourné vers données utiles (octobre 2004).
l’avenir et permettant une communication Basée sur ce protocole standard, la version
Une version “sécurité” sur Ethernet avec des temps de cycle infé- “longue” du protocole EPLsafety offre un
est en préparation rieurs à 1 ms. Le travail fourni par ce grou- avantage intéressant : celui de permettre une
Les protocoles de sécurité existant pe a déjà débouché sur la présentation d’un utilisation complète de tout le télégramme
aujourd’hui ne constituent pas une base livre blanc certifié TÜV au salon Ethernet (1500 octets environ).
viable pour la réalisation d’une communi- SPS/IPC/DRIVES de Nuremberg en Les autres caractéristiques phares d’EPLsafe-
cation ouverte et temps réel sur Ethernet. novembre 2004. ty concernent le transport des données (Safe-
C’est la raison pour laquelle a été créé, au Ethernet Powerlink Safety, appelé aussi EPL- ty Data Transport) :
sein de l’EPSG le 27 juillet 2004, le groupe safety, définit une trame autonome, indé- - intégration au standard Powerlink (proto-
pendante du bus et pouvant être cole “embarqué”)
intégrée à d’autres protocoles - Mapping PDO standard
standards que Powerlink. Une - Position de la trame EPLsafety définie sans
des caractéristiques phares ambiguïté (offset d’octet et longueur)
A propos de l’EPSG des trames EPLsafety est leur - Diffusion (1:n)
entière compatibilité avec - Possibilité de communication directe cap-
L’EPSG (Ethernet Powerlink Standardization CANopen. teur-actionneur
Group) est une organisation ouverte regrou- EPLsafety permet d’atteindre - Table de conversion (look-up) dans chaque
pant des utilisateurs finaux, des constructeurs une sécurité de catégorie SIL nœud de sécurité (Safety Node) pour iden-
et des instituts de recherche en automatisa- 3 (selon IEC 61508) avec des tifier les messages appropriés
tion industrielle. Le but de cette organisation temps de cycle ne dépassant - Possibilité d’utiliser un nœud gestionnai-
est de fournir un standard d’Ethernet indus- pas 100 µs, ce qui constitue re (Management Node)
triel ouvert, alliant comportement temps réel, une première ! (A titre de Andreas Pfeiffer
grande précision, grande disponibilité et comparaison, les protocoles B&R Automation
mécanismes de sécurité. ABB Robotics, Altera, de sécurité mis en œuvre sur EPSG
Baldor, B&R, Hirschmann, Kuka Controls, KW les bus de terrain affichent
Software, Lenze, National Instruments et Tetra des temps de cycle supérieurs Pour en savoir plus sur les mécanismes de fonctionnement de Powerlink,
Pak comptent parmi les membres de l’EPSG. à la milliseconde). L’encap- vous pouvez consulter sur notre site www.mesures.com (rubrique
Archives/Réseaux et Communication) l’article publié sur ce sujet dans notre
www.ethernet-powerlink.org sulation des trames EPLsafe-
numéro de février 2003.
ty et de leur contenu permet

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