Вы находитесь на странице: 1из 44

DOCTRINE

08

DOCTRINE
Revue d’études généra les
2006
N° 08

D
DOOCT
CTRRIIN
NEE
De l’évolution de la conflictualité
à celle des systèmes de force

ETRANGER
Adapter la logistique au besoin national
L’évolution des forces armées américaines

LIBRES
LIBRES REFLEXIONS
REFLEXIONS
Vers une logistique interarmées,
fatalité ou volonté ?

LA PERFORMANCE LOGISTIQUE
C.D.E.F
Centre de Doctrine >> Retour d’expérience L’évolution de la logistique expéditionnaire (1989-2002)
d’Emploi des Forces
Directeur de la publication :
Général (2s) Jean-Marie Veyrat
sommaire n° 08
Doctrine
Rédacteur en chef :
Capitaine Stéphane Carmès De l’évolution de la conflictualité à celle des systèmes de force p. 4
Tél. : 01 44 42 35 91 De la performance logistique p. 6
La dimension interarmées du soutien logistique des opérations p. 10
Traductions :
Le soutien logistique des forces terrestres p. 13
Lieutenant-Colonel (CR) Pérignon
( a rticle du Lieutenant-Colonel Rollins) Le soutien régional : projection d’une force opérationnelle terrestre
( a rticle du Capitaine Baird ) et opérations de défense sur le territoire p. 18
La logistique onusienne p. 21
Maquette : Christine Villey L’intéropérabilité logistique au sein de l’OTAN p. 23
Tél. : 01 44 42 59 86
La préparation logistique à l’engagement opérationnel du GTIA :
besoins et pistes à explorer p. 28
Schémas - PAO :
Nathalie Dujardin - Anne Laport e Forces terrestres futures : la logistique sera au rendez-vous ! p. 33
Bibliographie p. 39
Création : amarena Principaux sigles et acronymes p. 41

Crédits photos :
ECPAD (1ère de couve rt u re)
SIRPA Terre (4e de couverture) Etranger
Adapter la logistique au besoin national
Gestion du fichier des abonnés :
L’évolution des forces armées américaines p. 45
Adjudant Nathalie Dijoux
Tél. : 01 44 42 48 93 La logistique de l’Armée de terre espagnole en Irak (2003-2004) p. 47
Les enseignements tirés par l’Armée de terre polonaise
Diffusion : b u reau courrier du CDEF de la mission de stabilisation en Irak dans le domaine de la logistique p. 49
Impression : Point d’impression Le service de santé de la Bundeswehr en opération p. 55
de l’Armée de Terre de Saint-Maixent-l’Ecole
Suivi des moyens et ressources - Réception, stationnements et mouvements p. 61
06-0108

Tirage : 2 000 exemplaires


Dépôt légal : à parution Libres réflexions
ISSN : 1293-2671 - Tous droits
Logistique civile : quelles réalités pour le concept de Supply Chain Management ? p. 64
de reproduction réservés.
Vers une logistique interarmées, fatalité ou volonté ? p. 71
Revue trimestrielle De la diminution de l’empreinte logistique p. 74
Conformément à la loi «informatique
et libertés» n° 78-17 du 6 janvier 1978,
le fichier des abonnés à
DOCTRINE a fait l’objet d’une
Retour d’expérience
déclaration auprès de la CNIL, L’évolution de la logistique expéditionnaire (1989-2002) p. 78
enregistrée sous le n° 732939.
KFOR : Le soutien de la Brigade mutinationale Nord-Est p. 82
Le droit d’accès et de rectification
s’effectue auprès du CDEF. Opération RESE VAC en Côte d’Ivoire p. 86
Centre de Doctrine Irak : la bataille des convois p. 89
d’Emploi des Fo rces - L’Armée de terre américaine - Missions de soutien en opération à Bagdad p. 92
BP 53 - 00445 AR MEES.
Un aperçu des conclusions de l’étude du CDEF sur la protection des flux
et déploiements logistiques p. 97
Fax : 01 44 42 52 17 ou 821 753 52 17
Web : www.cdef.terre.defense.gouv.fr La campagne de Russie : une “défaite” imputable à la logistique ? p. 100
Mel : doctrine@cdef.terre.defense.gouv.fr Légende et enseignements des taxis de la Marne p. 104
éditorial
de bases et de flux, qui visent à rationaliser les
moyens en leur co n f é rant une plus grande agili-
té. Ce concept de soutien à la fois pro-actif et réac-
tif contribue à la liberté d’action du chef inte r-
rmée d’emploi replacée, en raison de l’ évo- armes donc à l’acc ro i ssement de sa ca p a c i t é

A lution de la conflictualité, au cœur de l’ e f f i-


cacité du système de défense de la France
d’adaptation aux circonstances.

e processus de transformation de notre logis-

L
et du succès politique de ses opérations ex t é-
rieures, l’armée de te r re s’inscrit dans un pro- tique doit être mené au même rythme que
C•D•E•F ce ssus de transformation centré sur l’optimisa-
tion de ses capacités opéra t i o n n e l les. Or, le s
celui des unités du “cœur combattant”. Il ne
sert à rien de disposer de fo rces modernes et
conditions nouvelles d’emploi des forces - aujour- numérisées si celles-ci ne bénéficient pas d’une
d’hui véritablement expéditionnaires dans la majo- lo g i stique du même niveau de perfo r m a n ce .
rité des situations - font, davantage encore qu’hier, Cependant, ces évolutions doivent être conçues de
des performances du système logistique la condi- manière réaliste sans être bâties sur le pari d’un
tion de l’efficacité d’ensemble. A u tant que l’évo- très hypothétique allègement du poids logistique
lution des te c h n o logies, c’est l’évolution de la de la manœuvre future ; certes, des progrès seront
logistique qui permet l’optimisation des possibi- faits dans des domaines connus, mais tout laisse
lités nouvelles et la révolution de la manœuvre. à penser qu’ils seront à peu près compensés par
d’autres évolutions contraires. La culture
eci implique que la fonction logistique pour- historique doit être ici le meilleur garde-fou : quels

C suive de manière volontariste son adapta-


tion pour apporter les réponses les plus
appropriées tant aux nouvelles capacités opéra-
qu’aient pu être les espoirs passés, le poids lo g i s-
tique du combattant et de l’efficacité mili-
taire a cru régulièrement avec la modernité des
tionnelles qu’aux évolutions marquées de armées.
l’adversaire et de l’environnement tactique. En
es évolutions indispensables de la fonction

L
matière de logistique opérationnelle, il s’agit de
déployer un système de soutien qui allie efficience lo g i stique doivent en outre désormais se
dans l’emploi des moyens et des ressources et concevoir dans le nouvel environnement de
flexibilité au service des unités soutenues. l’armée de terre : interarmisation, multinationa-
lisation, ex ternalisation. L’accroissement de la
e système de soutien doit conserver sa per- synergie tactico-logistique passe par une politique

C tinence tant dans le cadre d’un engagement


conventionnel - où les notions de continui-
té et de concentration n’ont pas encore perdu leur
cohérente d’optimisation de l’emploi des moyens
de toute nature, internes et externes. Elle doit se
faire de manière volontariste pour dominer les dif-
sens - que dans celui qui s’affirme comme le plus ficultés que conjugue la logistique te r re st re, si
pro b a b le et le plus commun, au moins pour le spécifique lorsqu’on la compare aux logistiques
quart de siècle à ve n i r. Ici, la discontinuité des forces à la mer ou à celle des dépôts sécuri-
l’emporte sur la continuité, le théâtre s’élargit hors sés, plates-formes portuaires ou aéroportuaires.
des normes classiques, l’action concerne une mul-
titude de petites unités éparpillées sur le terrain
et intriquées avec l’adve rs a i re et non plus un
nombre réduit de grandes unités agissant pour
un objectif opérationnel unique dans une logique Général Vincent DESPORTES
claire et linéaire ; la problématique de la sécuri- commandant le Ce n t re de doctrine
té des dépôts et co n vois devient primordiale tan- d’emploi des forces
dis que la lo g i stique passe d’une logique pure-
ment milita i re du type “ action bruta le” à une
logistique de la durée, où les besoins non spéci-
fiquement militaires - présents dès l’intervention
- finissent par occuper une part prépondéra n te
lors des phases longues de stabilisation/norma-
lisation. L’ a d a p tation des capacités de soutien à
ces nouvelles problématiques passe par un re n-
forcement de la capacité d’autodéfense et de la
protection des unités logistiques, mais aussi, par
la notion de “juste besoin - juste à temps “, par
une logique de pulsion plus que par une logique

MARS 2006 3 DOCTRINE N° 08


De l’évolution de la conflictualité
à celle des systèmes de force
La déliquescence progressive des certitudes ordonnées du monde westphalien a modifié
l’expression de la violence et, partant, les voies utiles de son traitement. La violence interétatique
n’a pas disparu, mais, perdant son statut de péril dominant, elle n’est désormais ni la plus
probable, ni la plus dangereuse pour les pays occidentaux, compte tenu du formidable
déséquilibre des arsenaux.
Dans ce nouveau cadre dont le modèle se durcit, la conflictualité perd son identité traditionnelle,
les logiques de puissance cèdent aux logiques de sens et les outils militaires classiques, forgés
pour s’opposer à des Etats dont la légitimité même s’affaiblit, voient leur pertinence s’éroder :
l’efficacité politique doit repenser les systèmes de forces pour assurer leur pertinence.

PAR LE GÉNÉRAL VINCENT DESPORTES, COMMANDANT LE CENTRE DE DOCTRINE D’EMPLOI DES FORCES

Du caractère à la fois nécessaire et insuffisant De la puissance à son contournement


de la puissance
La puissance s’affirme ainsi toujours davantage comme un exerci-
Dans le cadre de la nouvelle conflictualité, dissuasion et contra i n- ce complexe. Elle est en effet marquée par un paradoxe majeur :
te demeurent deux fonctions fondamentales des systèmes de sa logique pousse à son renforcement continu mais ce dernier
défense pour prévenir l’éclosion et l’escalade de la violence. La a l t è resa pertinence, l’excès de puissance conduisant à des pra-
fragmentation périphérique des Etats fragiles ne signifie pas la mort tiques visant à la contester, puis à la contourner. Confronté à une
des Etats séculaires et, hors de l’espace occidental, des rivalités puissance trop forte pour oser s’y frotter avec ses propres armes,
militaires entre Etats demeurent. Par ailleurs, la possible résur- le faible, jugeant le puissant hors d’atteinte, invente de nouvelles
gence d’Etats malveillants dotés de composants sérieux de la formes de défi qui modifient la notion même de victoire. La puis-
puissance militaire classique se conjugue avec la dépendance sance destructrice, dans son déséquilibre et sa perfection, sus-
énergétique congénitale de l’Europe pour menacer directement cite l’évitement qui, en retour, la rend vaine.
nos intérêts stratégiques ou de puissance. L’éventualité d’un
conflit majeur interétatique ne peut donc être exclue, même si Ainsi, la dissymétrie croissante entre les arsenaux ôte tout
le coût de la “grande guerre” est devenu inacceptable entre espoir de gain chez le plus faible, engendrant chez lui frustra-
sociétés développées. Il serait donc dangereux de se départ i r tion et rejet de la puissance classique. Contra i rement aux
des moyens de ce type de guerre ; il convient en outre de pré- logiques qui prévalaient encore au cours du siècle dernier, la
s e rver, pour l’avenir, les capacités de remontée en puissance, “puissance symétrique” est vécue de manière “asymétrique”
d’autant que l’émergence d’une nouvelle rivalité bipolaire n’est et non “dissymétrique” par ceux qui la subissent : elle engendre
pas exclue dans le demi-siècle à venir. Cette posture impose la donc des réactions “asymétriques” - peu justiciables de la vio-
possession d’équipements de pointe et l’excellence dans le lence de haute technologie - et non la recherche de la “s y m é-
domaine de la recherche et du développement, grâce à la maî- t r ie”. L’impossibilité de répondre sur le même registre entra î-
trise continue et raisonnée du pro g r è s technologique. ne un sentiment d’injustice et conduit à l’exacerbation de la
Parallèlement, s’il s’avérait nécessaire de contraindre ou indis- violence. L’action en “stand off ”, hors de portée des coups que
pensable de détruire, l’exigence accrue de maîtriser les effets l’on peut re n d re, est perçue comme une lâcheté et légitime,
par une action précise, rapide et calibrée oblige à la possession dans l’esprit de leurs auteurs, des actions de riposte hors du
raisonnable des meilleurs outils de coercition. Mais, pour être d roit occidental de la guerre. Compte tenu de cette supériori-
indispensable, cette forme de puissance ne s’avère pas moins té technologique dans les quatre espaces opérationnels clas-
désormais insuffisante, parce que contournable si elle n’est pas siques (terre s t re, maritime, aérien et hertzien), l’adversaire n’a
complétée : les nouveaux modèles de forces doivent ainsi com- pas d’autre choix que de chercher des stratégies de contour-
porter, à la fois, des armes de plus en plus précises et intelli- nement dans les espaces où il peut lutter à armes égales,
gentes et des volumes significatifs d’unités robustes. l ’ i n f o s p h è reet l’espace humain.

DOCTRINE N° 08 4 MARS 2006


Un adversaire au comportement nouveau
doctrine
est consubstantielle à l’idée européenne elle-même. Du coup, la
limite entre sécurité intérieure et sécurité extérieure s’estompe
Le cadre général et les objectifs politiques de la violence ayant pro- et le modèle des “forces du dehors” et des “forces du dedans” -
fondément évolué au cours des deux dernières décennies, les conceptualisé à la veille de la Révolution par le Comte de Guibert
modes de confrontation ont eux-mêmes changé de grammaire. avant de marquer les esprits démocratiques par deux siècles d’ap-
On observe la montée de nouvelles formes de conflictualité - nées plication - se teinte d’obsolescence. A cette traditionnelle dichoto-
de la décomposition des Etats, donc dégagées des contraintes éta- mie se substitue désormais la pluralité de cadres politiques et juri-
tiques - laissant libre cours à des dynamiques endogènes difficiles diques en évolution constante. C’est ainsi par exemple que des
à maîtriser. Dotée d’une autonomie accrue, la nouvelle violence se hypothèses d’emploi aussi dissemblables en apparence qu’un
re-privatise ; elle tire un parti immédiat de la banalisation et de la conflit oriental, un conflit centre-européen mettant en cause un
dissémination des moyens de destruction dont la possession n’est “petit état mafieux” ou une flambée de violence terroriste sur le
plus le seul apanage des puissants et des riches. Sauf exception, territoire national conjoncturellement conjuguée à une catastrophe
la guerre perd son rôle traditionnel de vecteur de communication naturelle, appellent une réflexion englobante quant aux modali-
politique entre entités étatiques et, partant, la mesure tradition- tés d’utilisation d’une même capacité militaire dans des circons-
nelle d’efficacité de ses outils, la capacité de destruction. tances extrêmement hétérogènes.

Cet effacement de la guerre interétatique laisse le champ de plus


en plus libre aux acteurs extraétatiques et - loin des codes réglés
de l’affrontement des blocs - donne une importance nouvelle à
l’affectif et l’irrationnel dans la conduite stratégique. Ce sont désor-
mais des acteurs fugaces, éphémères, difficilement identifiables,
peu organisés, que les armées traditionnelles affrontent avec des
armes modernes souvent inadaptées face aux techniques ances-
trales de massacre. La granularité de l’organisation de la violence
est sans cesse plus fine : à l’ennemi articulé en grands ensembles
a succédé un ennemi éclaté en petites cellules qui frappe d’inca-
pacité bien des déclinaisons de la puissance ; dès lors que l’ad-
versaire adopte la forme réticulaire et ne présente plus aux frappes
de précision ses “centres de gravité” qui en sont traditionnelle-
ment la cible, il se met en posture de produire de la violence dans
des conditions d’impunité accrues. Incapable de poursuivre d’em-
blée des résultats stratégiques et politiques, il les atteint par une
succession d’actions de bas niveau tactique, se mettant d’autant
à l’abri des armes censées permettre un succès stratégique rapide
mais inefficaces dans ces nouveaux contextes. L’ennemi cherche
à blesser les sociétés occidentales là où elles sont faibles, les
hommes, alors qu’il dispose lui-même dans ce domaine d’une res-
source d’autant moins limitée qu’il cultive, pour renforcer son avan-
tage, le culte du sacrifice. La France retrouve ainsi en face d’elle une
stratégie dont elle connaît les vertus, celle dite “du faible au fort” :
par le lien qu’elle établit entre sa propre destruction et celle de l’ad-
versaire, elle se joue de la puissance supérieure.

De l’effacement de la distinction entre menace


interne et menace externe
Parallèlement, la mondialisation altère la distinction séculaire entre
l’interne et l’externe : “il n’y a plus de frontières à nos menaces”,
et c’est d’autant plus vrai en Europe que l’ouverture des frontières

Dissuasion et contrainte n’ont rien perdu de leur nécessité dans la panoplie d’action extérieure des Etats ; les conditions
de la nouvelle conflictualité ne permettent cependant plus de s’en contenter. En effet, désormais, attisant la violence autant
qu’elle la contraint, plus la puissance se déploie, plus elle mobilise contre elle. N’appelant plus la confrontation mais le
ressentiment et le contournement, la puissance hautement technologique s’avère à elle seule insuffisante à produire de
l’efficacité politique et devient bien souvent, au contraire, facteur de désord re.
Ce sont donc d’autres outils et d’autres méthodes complémentaires qu’il faut forger et posséder pour intervenir dans le
monde et y soutenir son projet politique.

MARS 2006 5 DOCTRINE N° 08


De la performance
logistique
Ciltius, Altius, Fortius, la devise olympique illustre bien “ la performance logistique” dans un
contexte de soutien de corps expéditionnaire.
Cette performance peut être décrite comme une recherche de cohérence optimisée entre une
logique de moyens (gestion des ressources) et une logique d’effets (soutien du combattant).
La logistique met à disposition les moyens tandis que la stratégie et la tactique dictent les plans
pour le déploiement et l’emploi de ces capacités.

Prenant exemple sur les opérations militaires durant la Seconde Guerre Mondiale, les élongations
considérables furent à l’origine de problèmes de soutien qui nécessitèrent la mise au point de
méthodes et de techniques pour permettre la satisfaction des besoins : “ La logistique influence
toutes les batailles, elle est même souvent décisive” (général D. Eisenhower). De fait, la logistique,
fonction transverse et permanente, représente un atout majeur pour le succès des opérations.

Depuis la première guerre du Golfe, les engagements de nos forces terrestres sont désormais
caractérisés par un certain nombre de contraintes logistiques qui doivent être prises en compte
dès la conception des opérations. En premier lieu, il s’agit de faire face à la nécessité de s u r m o n t e r
les entraves de l’espace et du temps. D’ailleurs déjà, le général Juin, lors de la campagne d’Italie
(1943-44), affirmait que “ la bonne exécution des mouvements et des transports est la condition
indispensable du succès de la manœuvre”.

PAR LE COLONEL SÉBASTIEN SÉ GA R R A , CHEF DU BUREAU LOGISTIQUE DE LA DIVISION EMPLOI - ORGANISATION DU CDEF

D
ès lors, les critères de - la nature et le volume très sur pied une organisation
performance du sou- variable, de l’engagement o p é ra t i ve de soutien,
tien s’apprécient à d’un contingent limité en s’appuyant généra l e m e n t
l’aune des caractéristiques consolidation de la paix à sur une nation hôte ou sur
des engagements, dont on une gestion de crise avec la des forces prépositionnées.
peut en particulier retenir : p a rticipation comme nation-
cadre au titre d’un engage- Aussi, la notion de perfor-
- le contexte multinational, ment du CRR - FR ; mance sera-t-elle développée
dans le cadre d’org a n i s a- - l’absence de continuité géo- en décrivant tout d’abord la
tions internationales ayant g raphique entre la métro- problématique du concept du
chacune leurs principes de pole et les théâtres d’opé- soutien des opérations, puis
soutien ; rations qui impose de mettre en rappelant les règles et les

DOCTRINE N° 08 6 MARS 2006


principes qui le régissent. d’information permettant le tion du besoin des unités
doctrine
n’existe pas de solution
Enfin, la description de son suivi permanent et en temps engagées et le maintien de immuable en ce qui concer-
o rganisation générale com- utile des flux, le soutien des leur niveau d’autonomie ne l’organisation du soutien.
plètera cet article. f o rces se caractérise par le dans le domaine des ra v i- Chaque opération repose
souci de la satisfaction de la taillements ; donc sur un système de sou-
totalité des besoins du théâtre tien adapté et flexible ;
Le concept de soutien en recourant à l’anticipation, - la boucle s t ra t é g i q u e, en
des opérations à l’adaptation permanente et amont du théâtre donne à la • la logistique n’a pas le pou-
à l’optimisation de la re s- force la capacité à durer. voir de déterminer les
Le concept de soutien des source mise en œuvre comme modes d’action, cependant
o p é rations s’inscrit dans le des moyens déployés. Ainsi, le stock de théâtre (par elle peut en condamner cer-
cadre de l’interopérabilité défi- e xemple : 30 jours de combat tains ;
ni par l’OTAN et s’appuie sur pour les NRF) permet de limi-
les documents doctrinaux de Sur le plan national, le sou- ter l’influence de la boucle stra- • il n’y a pas de performance
cette organisation. Il se place tien des opérations s’exerce à tégique sur le soutien dire c t logistique sans anticipation :
résolument dans le cadre des t ra vers deux chaînes de re s- des formations déployées. il faut rechercher le temps
opérations multinationales qui ponsabilités, complémen- L’organisation du soutien doit d’avance. Ceci n’est que la
sont désormais la référence taires : contribuer, après la réussite traduction logistique du prin-
des engagements français. Les - la chaîne des opéra t i o n s , de la mission qui demeure cipe de liberté d’action.
opérations nationales en sont relevant du chef d’état-major l’objectif premier, à la maîtri-
des cas particuliers qui béné- des armées (CEMA), qui se des ressources nationales.
ficient d’une org a n i s a t i o n c o u v re la planification et la Trois postulats majeurs, au
adaptée. conduite des opérations et sens de la doctrine, régissent Règles et principes
leur soutien ; la logistique : La nécessité de cohére n c e
Le soutien des forces en opé- - la chaîne organique, relevant conduit la logistique à s’ap-
ration s’applique depuis la du chef d’état-major de • il n’existe pas de manœuvre puyer sur les mêmes principes
projection jusqu’au retrait des l ’Armée de terre, qui couvre logistique intrinsèque, le de la guerre que la tactique.
forces. Il est constitué par l’en- la préparation et la mise sur soutien est un volet qui s’in-
semble des dispositions et des pied des forces. t è g re dans la manœuvre Ainsi, la liberté d’action se tra-
actions de soutien qui per- d’ensemble. Il doit donc en duit en terme de soutien par
mettent à une force projetée Par ailleurs, la logistique opé- adopter les principes d’or- un certain degré d’autonomie,
de s’installer et de vivre dans rationnelle, au sens du sou- ganisation. Ce fondement a appelé autonomie initiale (AI)
la durée et, simultanément, tien des opérations, s’appuie deux conséquences : d’une en matière de ravitaillement.
d’agir tout en maintenant sa sur deux boucles logistiques : p a rt, les plans d’opération Cette autonomie doit être suf-
puissance de combat. - la boucle o p é ra t i ve, sur le d o i vent être élaborés en fisante pour permettre l’ac-
S’appuyant sur un système t h é â t re, assure la satisfac- commun et d’autre part, il complissement de la mission
sans entraver la manœuvre.
Ce principe est complété par
deux coro l l a i res : le soutien
de l’avant par l’arrière et la
notion de continuité dans la
chaîne de soutien, qui s’en-
tend du territoire national jus-
q u’au théâtre d’opération.

En termes de soutien, la tra-


duction des deux autres prin-
cipes, c o n c e n t ration des
e f f o rts et économie des
moye n s , est un peu antino-
mique du précédent. En effet,
ils se traduisent par la néces-
sité, pour l’échelon opératif
national, de contrôler l’em-
ploi des re s s o u rces, vo i re de
lescentraliser. Au niveau tac-
tique, l’application de ces
principes a eu pour consé-
quence de supprimer l’éche-
lon logistique de la brigade
i n t e rarmes endivisionnée.

MARS 2006 7 DOCTRINE N° 08


Bien que l’organisation logis- force doit être conçu dès la Flux physiques : national déployé sur le théâtre
tique soit propre à chaque opé- phase de planification, dans - flux de personnel : mise en d ’ o p é ration pour soutenir la
ration, il existe des dispositions un cadre interarmées et mul- place, re l è ve, re d é p l o i e- force opérationnelle terre s t re
communes et permanentes qui tinational. ment, désengagement de la comprendrait 3 lignes de sou-
visent à garantir l’exe rcice de force, évacuation des bles- tien composées par :
l’ensemble des fonctions logis- sés, rapatriement des
tiques nécessaires sur le Organisation générale dépouilles mortelles ; - un groupement de soutien
théâtre d’opération. i n t e rarmées de théâtre
du soutien - flux de re s s o u rces : mise en (GSIAT), point d’entrée des
place, recomplètement et éléments français et plate-
Pour se conva i n c re de la Le dispositif logistique mis en retrait ; forme de stockage de la re s-
p é rennité de ces fondamen- œuvre pour le soutien d’une s o u rce ;
taux, citons Thiers qui s’ex- o p é ration repose sur un trip-
primait ainsi à propos de la tyque qui comprend le soutien Flux financiers nécessaires au - un groupement de soutien
campagne du Mexique (1861- “ a m o nt ”, la maîtrise de la fonctionnement de la forc e Terre (GST) au niveau de la
1867) : “ On ne voit dans les d é p l oyabilité et enfin le (solde, dépenses d’alimenta- composante terrestre, et des
récits ordinaires de guerre que déploiement opérationnel. tion, de fonctionnement et groupements de soutien divi-
des armées prêtes à entrer en L’ o rganisation en amont du d ’ i n vestissement) ; s i o n n a i re (GSD) ou de bri-
action. On n’imagine pas ce théâtre qui s’effectue géné- gade (GSB) selon la compo-
q u’il en coûte d’efforts pour ralement à partir du territoire sition de la contribution
f a ire arriver à son poste l’hom- m é t ropolitain, le cas échéant Flux d’informations : assurer f rançaise ;
me armé, équipé, nourri, ins- sur des bases intermédiaires. les échanges de données per- - une logistique régimentaire
truit et guéri s’il a été blessé mettant de suivre la situation (TR, TC2, TC1).
ou malade [...] Toutes ces dif- Elle est placée aux ord res ou logistique, d’exprimer les
ficultés s’accroissent à mesu- sous la coordination de l’EMA . demandes, de donner les
re que l’on change de climat La performance de ce niveau o rd res et d’envoyer les
ou que l’on s’éloigne du point s’évalue à tra vers sa capacité comptes-rendus.
de départ” à:
- c r é e r, stocker et gérer l’en-
semble de la re s s o u rc e Une organisation sur le
Aujourd’hui encore, le pro- nécessaire à la force ; théâtre des opéra t i o n s , qui
cessus de soutien se résume donne à la force son autono-
en cinq actes essentiels : - o rdonner la montée en puis- mie. Ce dispositif, innervé par
- définir une organisation du sance de la force ; une chaîne de commandement
soutien adaptée à l’opéra- et de contrôle, doit être en
tion ; - p rocéder au rassemblement m e s u re de s’adapter à l’évo-
et à l’acheminement, aller lution du besoin.
- assurer la mise en place puis, comme re t o u r, de la forc e A partir des aires de déploie-
in fine, le désengagement de entre les garnisons et la zone ment logistique, où s’exercent
la force ; d ’ e m b a rquement ; les activités de soutien, s’or-
ganisent les flux logistiques de
- doter la force de capacités - construire l’architecture d’en- t h é â t re. Il s’agit de satisfaire
logistiques efficientes ; semble du soutien de l’opé- le juste besoin qui peut aller
ration ; bien au-delà des seules néces-
- doter la force d’une autono- sités de la forc e1.
mie initiale suffisante lui per- - exécuter les réparations à Le soutien logistique sur le
mettant de préserver ses c a ra c t è re industriel des t h é â t re est assuré par une
capacités opéra t i o n n e l l e s matériels ; combinaison de logistique pro-
jusqu’à l’établissement d’un jetée avec la force, de l’éve n-
flux de soutien régulier ; - contrôler la qualité du sou- tuel apport de la nation hôte
tien fourni ainsi que la régu- (Host Nation Support) et de
- dimensionner, entretenir et, larité de l’emploi des moyens forces alliées déployées ou
si nécessaire, adapter les flux matériels et financiers mis prépositionnées sur ou au voi- 1 Il doit pre n d re en co m pte
permettant de garantir en en place sur le théâtre. sinage du théâtre d’opération. l’ e n s e m b le du dispositif
n ational (y compris les
permanence la capacité opé- détachés, insérés, isolés, ...),
rationnelle de la force. Dans le cadre de l’engagement les besoins des populat i o n s
L’ o rganisation des achemi- du CRR FR dans une opération en fonction de la mission re ç u e
(RESEVAC, opérations aya nt
nements vers le théâtre per- d’imposition de la paix un vo let humanitaire) et
Dans un souci de cohérence met d’établir et d’assurer les ( c o n t rat : 30 000 hommes, 30 éve nt u e l le m e nt ceux des fo rces
globale avec le concept de trois flux indispensables au 000 conteneurs, 15 000 véhi- armées amies, selon des
a cco rds part i c u l i e r s .
l ’ o p é ration, le soutien de la soutien de l’opération : cules), le dispositif logistique

DOCTRINE N° 08 8 MARS 2006


doctrine

En conclusion

A u j o u rd’hui, un système de forces dynamiques et mobiles, agissant au terme d’une projection à longue distance, qui

constitue déjà un défi logistique, ne peut durer et conserver son rythme que s’il est soutenu par une composante de

soutien adaptée, réactive et innervée par un système d’information approprié. En matière de centres de gra v i t é

opérationnels, après le commandement, la logistique représente un cercle critique parce qu’il comporte ce qui est

essentiel pour le combat et qu’il est souvent le plus vulnérable.

Ainsi, la logistique opérationnelle représente la condition qui doit d’abord être satisfaite pour permettre le succès

de toute opération. La notion de performance pour la logistique doit s’entendre dans le sens de la fiabilité et de

l’efficacité, on peut alors parler de “ Performabilité ”. Pour James L. Heskett (professeur à Harva rd) : “ la logistique

peut expliquer ce qui sépare le succès de l’échec ”.

MARS 2006 9 DOCTRINE N° 08


La dimension interarmées
du soutien logistique des opérations

S elon le concept d’emploi des forces françaises, les opérations dans lesquelles sont
engagées les armées françaises sont interarmées. Ceci devrait donc s’appliquer à
l’ensemble des fonctions opérationnelles et donc à la logistique.

La réalité des opérations menées par les armées françaises dans les dix dernières années
masque, en bonne partie, la dimension interarmées de leur soutien logistique. Toutefois,
le décret du 21 mai 2005 devrait entraîner des évolutions importantes et à terme confére r
à la fonction opérationnelle “ l o g i s t i q ue” le caractère interarmées du concept d’emploi
des forc e s .

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de discuter, du point de vue de la doctrine, du caractère
i n t e rarmées du soutien logistique, de ses limites actuelles et des évolutions à attendre, il me
semble nécessaire de cadrer le débat en rappelant ce que sont la doctrine et le soutien
logistique des opéra t i o n s .

PAR LE COLONEL PATRICK HU G U E T , DE L’EMA DIVISION EM P LO I/SOUTIEN DES OPÉRATIONS

S
elon la définition de l’EMA à insister sur le fait que ceci ne Ces explications liminaire s relèvent plus des conditions
qui reprend celle de l’OTAN, représente qu’une part du sou- achevées, il est désormais pos- actuelles du déroulement des
la doctrine est un ensemble tien des opérations. La logis- sible de déterminer la dimen- opérations que d’un caractère
de principes fondamentaux et tique est tout ce qui permet sion interarmées du soutien intrinsèque.
obligatoires, mais dont l’appli- aux forces engagées de se logistique, mais aussi ses
cation requiert du jugement. déplacer, de vivre et de com- limites en l’étudiant dans son Le concept d’emploi des forces
Qu’est-ce à dire ? La doctrine battre. E lle comprend : intégralité avec un regard plus est assez clair quand il précise
logistique, comme celle des - le soutien juridique, particulier pour l’organisation que le “ soutien est conçu
autres fonctions opérationnelles, - le soutien financier, du commandement du soutien d’emblée en intera r m é es”. A
n’est pas un dogme. La - le soutien administratif dépas- et des systèmes d’information ce niveau, la prédominance de
m a n œ u v re des “soutiens ”, sant la seule dimension com- logistique qui s’y rapportent. l’interarmées est peu contes-
dénomination que je préfère à missariat, La LOLF et le décret du 21 mai table et se traduit par la diffu-
“logistique”, est comme pour - le soutien de l’homme, 2005 permettent de tracer des sion par le centre de planifica-
les autres fonctions opération- - le soutien santé, pistes d’évolution pour le futur. tion et de conduite des
nelles une réponse contingen- - le soutien pétrolier, opérations (CPCO) d’une direc-
te à une question qui dépend - la maintenance, dont les tive administrative et logistique
étroitement des conditions qui aspects équipements et muni- De la conception (DAL) (qui devrait être réser-
définissent une opération. tions méritent d’être indivi- vée aux opérations multina-
dualisés, à l’exécution tionales) ou de l’ensemble des
Les souvenirs de l’ESG ou du - la condition du personnel en annexes “s o u t i en” de l’ordre
CSEM qui constituent, qu’on opération, Bien présente au niveau de la d’opération. Le caractère pres-
le veuille ou non, le cerveau - l’hygiène et sécurité en opé- conception de la manœuvre criptif de ces documents
“ reptilien ” de la majorité, ration, logistique, la dimension inter- devrait se renforcer au fur et à
conduisent à traiter le soutien - la protection de l’enviro n n e- armées s’estompe lorsqu’on mesure de la prise en compte
des opérations à l’aune du “RAV ment, passe à la conduite du soutien des conséquences du décret
- MEC - SAN”. L’expérience de - le soutien au stationnement, et plus encore à son exécution. du 21 mai 2005 et de la “mise
sept années d’EMA m’amène - l’acheminement. Les raisons de ce phénomène en conformité ” avec la LOLF

DOCTRINE N° 08 10 MARS 2006


(surcoûts des opéra t i o n s , ve clairement de l’interarmées Cette situation semble appe-
doctrine
de l’opéra t i o n. A ce titre, on
aujourd’hui principalement (ADCO NFRANCE ou ASIA). Dans lée à subsister quelque temps, peut penser que Trident reste-
limités aux RCS). la pratique, elle est aujourd’hui au moins tant que les outils ra sous pilotage de la compo-
du ressort de l’armée pilote du nécessaires à la “consolidation sante terrestre, alors qu’ u n e
La conduite du soutien s’effec- soutien1 (APS). Cette délégation interarmées ”, découlant du opération du type Artémis
tue principalement sur le de la responsabilité interarmées décret du 21 mai 2005, n’ a u- devrait plutôt se conduire en
théâtre d’opération. C’est à ce trouve son origine dans : ront pas été mis en place. interarmées, ce qui éviterait la
niveau qu’il faut prendre la pré- - la prédominance d’une com- Ensuite, déléguer ou non la superposition d’armées
caution de distinguer les prin- posante sur un théâtre, conduite du soutien au niveau pilotes. Pour ce qui concerne
cipes (niveau de la doctrine) de - la répartition des attributions o p é ratif (ou de théâtre) à une la question du distinguo entre
leur application, marquée du des chefs d’états-majors telle composante dépendra d’une activité de niveau opéra t i f,
sceau de la contingence. Dans q u’elle était définie dans le décision liée au caractère donc interarmées, et activité
la doctrine, cette conduite relè- décret de 1982. “land centric”, par exemple, de composante de nive a u
théâtre, les travaux sur la NR F
(NATO Response Force) condui-
sent à penser que pour un volu-
me de forces relativement res-
treint, la règle devrait être la
fusion.

L’exécution renvoie à la ques-


tion des fonctions de soutien.
L’analyse de leur dimension
interarmées doit se faire sous
l’angle de la “satisfaction de
besoins communs ” dans
l’esprit de l’organisation de la
LOLF et des spécificités réelles
de composante.

De ce point de vue, la seule


fonction se prêtant mal à une
a p p roche interarmées est la
maintenance. En effet, l’exis-
tence de véritables spécificités
de “m i l i eu”, le faible niveau
d’interopérabilité, la multipli-
cité des réglementations et des
procédures ainsi que des sys-
tèmes d’information en font un
domaine pour le moins éclaté.
Rien que pour l’Armée de
terre, la DCCAT, la DCMAT, la
DCG et la DCTEI sont des “têtes
de chaîne” de ce domaine.

Pour le reste des domaines du


soutien, certains (soutiens
sanitaire et pétrolier) sont déjà
traités par des organisations
interarmées qui pilotent les dis-
positifs déployés. On pourrait
leur adjoindre le soutien dont
les trois facettes (négociation
d’accords ou d’arrangements,
passation de contrats, traite-
ment des contentieux) sont de
fait réalisées en interarmées.
L’incapacité ou au moins les dif-
ficultés actuelles à traiter cer-
tains domaines en interarmées

MARS 2006 11 DOCTRINE N° 08


tiennent moins aux principes donc par nature interarmées. Le du système de soutien en pro- difficulté principale se situe dans
qu’à l’organisation et à la régle- principe de l’ordonnateur unique jection le plus développé, s’ap- le cloisonnement des applica-
mentation internes aux armées va également dans ce sens. puyant sur le CFLT, pourrait avoir tions “métiers” de composan-
et donc modifiables par elles, L’ i n t e rarmisation de fait se un rôle à jouer, en adoptant une te. La remontée automatique
en cohérence avec la mise en heurte cependant aujourd’hui approche plus interarmées que des informations nécessaires à
place de la LOLF et du décret du à des réalités pratiques : les celle affichée aujourd’hui. Ces l’établissement du volet “sou-
21 mai 2005. Pour illustrer ces mécanismes de la LOLF ne sont travaux devraient aussi condui- tiens” de la COP (common ope-
derniers propos, on pourrait citer pas tous en place, la consolida- re à des modes d’action de sou- rational picture), voire le traite-
le soutien au stationnement tion de la comptabilité des opé- tien plus intégrés dans lesquels ment des données, risque d’être
pour lequel la nécessité d’une rations n’a guère fait l’objet de les commandements org a- difficile. Par ailleurs, cette situa-
approche interarmées se trou- travaux. niques des composantes accep- tion entraîne forcément des
ve renforcée par l’évolution de teraient de mettre des moyens duplications de moyens et des
l’organisation des services char- et des ressources sous contrô- incohérences. De plus, on ne sait
gés de l’infrastructure sous l’égi- Organisation du comman- le du niveau interarmées. Ce pas bien comment les systèmes
de du Secrétariat général pour soutien intégré remplacerait d’information des structure s
l’administration. De la même dement et systèmes d’in- alors l’armée pilote du soutien interarmées de MCO vont se rac-
façon, le “ besoin commun ” formation logistique (SIL) (APS) comme mode d’action c o rder aux systèmes opéra-
d’administration et de sur- p r é f é rentiel. Dans ce dernier, tionnels.
veillance (devant porter sur le La question de l’organisation du une composante désignée En matière de SIL, la bonne nou-
personnel, les unités, les équi- commandement du soutien est accepte la responsabilité de l’en- velle est l’efficacité de SILCENT,
pements et installations) de la peu et mal abordée en doctrine. semble du soutien d’une opé- et plus particulièrement le seg-
force aux ordres du CEMA mili- Les évolutions survenues dans ration et négocie avec les autres ment “Poste Nomade”. Ce sys-
terait pour donner une dimen- la période d’après - guerre froi- commandements organiques tème, développé par l’Armée de
sion interarmées à cette fonc- de ont conduit à la nécessité de des composantes les protocoles terre pour ses besoins propres,
tion. Les attributions actuelles mettre en place une structure de mise en œuvre, qui incluent s’est imposé comme le système
des directions centrales et les de commandement consacrée les conditions financières de ce de référence interarmées pour
d i f f é rences existant dans les au soutien sur le théâtre d’opé- soutien, ce point constituant le suivi des ravitaillements. Des
réglementations d’armées inter- ration, par essence interarmées. régulièrement la pierre d’achop- réflexions sont en cours pour
disent d’aller véritablement dans Les incohérences dues au main- pement des discussions. traduire ce fait dans les struc-
cette voie. La solidité “juridique” tien du décret de 1982 ont tures.
de la chaîne entre le CEMA et les contraint à, mais aussi permis En ce qui concerne les systèmes
responsables de “domaines” de, faire l’économie de travaux d’information logistique (SIL),
n’est donc pas garantie. de fond sur le sujet. La pratique la situation peut être qualifiée
L’analyse du décret de mai 2005 constatée bat en brèche les prin- de perfectible et complexe.
reste à faire de ce point de vue. cipes énoncés. L’opération
Les travaux sur l’avenir des com- Carbet constitue un exemple Les travaux sur le SI CA (systè-
missariats en constitueront une particulièrement probant de cet- me d’information et de com-
p re m i è re étape. Par ailleurs, te situation. Après évaluation mandement des armées) 1 L’APS assure la responsabilité
du soutien de l’ensemble d’un
concernant le soutien financier, approfondie des conséquences devraient apporter les premiers dispositif, dans des conditions
les surcoûts OPEX ont vocation du décret de mai 2005, des tra- éléments de réponse. Il restera définies “contractuellement”
à être imputés au titre de l’ac- vaux devront être relancés. à voir quel sera le niveau de avec les autres armées.
tion 6 du P2 de la LOLF et sont L’Armée de terre, qui dispose déploiement de ce système. La

La dimension interarmées du soutien logistique des opérations est aujourd’hui assez peu marquée, moins par une
nécessité intrinsèque qu’en raison d’une sur-représentation d’une composante par ra p p o rt aux autres et d’un manque
d’interopérabilité administrative entre les différentes armées françaises.

Les changements prévisibles dus à l’application du nouveau décret sur les attributions des chefs d’état-major laissent
augurer d’une évolution analogue à celle des armées alliées ou amies. Dans les principes, rien ne justifie que la quasi-totalité
du soutien ne soit pas de la responsabilité du commandement interarmées. Le paragraphe “soutien” du concept d’emploi
des forces s’écrirait alors, dans le cadre national : “Le soutien est conçu et conduit en interarmées”. Dans de telles
conditions, l’Armée de terre, et le CFLT en particulier, trouverait toute sa place dans une organisation dont le “Joint Support
Group” canadien pourrait constituer une préfiguration.

Il n’en reste pas moins qu’un tel passage entraînerait des changements de fond, en termes d’organisation et de
réglementation, dont la conduite demanderait de la ténacité mais aussi de la patience.

DOCTRINE N° 08 12 MARS 2006


doctrine
Le soutien logistique
des forces terrestres
évolution de la posture stratégique a profondément marqué les évolutions du domaine :
L’ on est passé d’une logistique planifiée jusqu’au “dernier bouton de guêtre” pour une armée
de non-emploi au soutien, en réaction permanente, d’une armée d’action-projection dont la
caractéristique principale est la diversité des théâtres d’engagement, des volumes de force
déployée et des situations tactiques rencontrées. La réorganisation de l’Armée de terre pour
la mise en œuvre de la professionnalisation s’est appuyée sur le contrat opérationnel fixé par
le Président de la République, chef des armées : La construction de la FLT1 et du CFLT2 est
directement déclinée de celui-ci en terme de nombre de postes de commandement à déployer,
de nombre d’unités nécessaires à la constitution d’un réservoir de forces et de la modularité
attendue... Leur création est donc le résultat d’une étude mettant en regard la mission de
l’Armée de terre, ses moyens (logistiques) et son besoin de soutien de tous les jours et dans
l’engagement. Car si les moyens logistiques disponibles sont un aspect dimensionnant sinon
conditionnant des opérations, lorsqu’ils ne sont pas engagés dans cette configuration, les
mêmes moyens logistiques sont utilisés pour le soutien au quotidien et la préparation
opérationnelle de l’Armée de terre.

a clef de la FLT tient dans cette dualité de mission et cette obligation de résultat au quotidien
L sur le territoire national et en opération : les même moyens dans un souci de cohérence
technique, de facilité de passage paix-crise-guerre, en même temps que de contrainte
économique sont réunis sous un même commandement pour, à la fois, faire fonctionner l’Armée
de terre tous les jours et engager ses forces. L’Armée de terre a fait le choix de la cohérence
logistique dans ses aspects techniques, de préparation opérationnelle, de continuité selon
la situation, au détriment d’une cohérence tactico-logistique permanente en vue des contrats
fixés, laquelle aurait naturellement imposé des moyens de soutien plus importants.

n conséquence, l’organisation actuelle répond bien à la manœuvre logistique en soi qui


E rentre dans la manœuvre générale mais déborde largement le seul théâtre d’engagement :
dans le temps (préparation, entretien,
montée en puissance, démontage) et
dans l’espace (amont, aval, territoire
national, théâtre d’engagement).

PAR LE COLONEL JEAN-PHILIPPE HOUDINET,


DU COMMANDEMENT DE LA FORCE LOGISTIQUE TERRESTRE

MARS 2006 13 DOCTRINE N° 08


Le soutien Le commandement de la Force Le commandement de la Force
de l’engagement logistique terre s t re déploie logistique terre s t re centralise
en permanence le centre opé- toutes les demandes de re -
rationnel de soutien des complètement des différents
Depuis la première guerre du forces terre s t res au sein de théâtres. Après avoir localisé
Golfe, les armées françaises l’état-major à Montlhéry. En et conditionné la ressource, il
ont été engagées dans un son sein, le PC logistique assure en liaison avec l’Etat-
grand nombre d’opéra t i o n s amont est spécifiquement major des armées, le transfert
d ’ e n ve rg u re menées le plus chargé de la conduite de la vers le théâtre selon l’urgen-
souvent dans un contexte mul- montée en puissance et de la ce du besoin. La voie maritime
tinational. Majoritairement, p rojection d’une force : il est régulière est privilégiée pour
l’Etat-major des armées a amené également à déploye r l’acheminement du recomplè-
confié le pilotage du soutien tout ou partie des postes de tement normal du stock de
des forces à l’Armée de terre commandement sur les diffé- théâtre et les acheminements
dans la mesure où celle-ci rentes zones de rassemblement sont de façon préférentielle
engage un volume de force et d’attente désignées (ZRA)4. réalisés par des marchés de
toujours conséquent pour per- Sur le territoire national, la Force bout en bout et le recours à
mettre le contrôle de la situa- logistique terre s t re assure des moyens affrétés. Dans les
tion sur le terrain, dans la l’acheminement vers les plates- Balkans, il existe également
durée. formes d’embarquement de une voie ro u t i è re régulière .
tous les moyens nécessaires à Pour les besoins exceptionnels
la projection par voie ro u t i è re et urgents, des solutions réac-
D’une façon générale, le sou- ou ferroviaire. Ses unités d’ap- tives sont mises en œuvre per-
tien de l’engagement com- pui au mouvement facilitent mettant, selon le volume et le
p rend deux grandes étapes les déplacements, ses unités poids de la re s s o u rce, des
qui s’enchaînent et se com- de tra n s p o rt et de port e livraisons dans des délais de
plètent : le soutien des opé- engins-blindés réalisent le vingt-quatre heures. En part i-
rations, réalisé à partir du ter- tra n s p o rt des matériels et des culier lors des événements de
r i t o i renational au profit de la re s s o u rces. Ses unités de n ove m b re 2004 en Côte
conduite générale de la pro- maintenance et de soutien de d’Ivo i re, la réactivité du CFLT
jection et du flux de re c o m- l’homme fournissent les res- et de l’EMA6 a permis à la for-
plètement et, sur le théâtre du sources nécessaires et réalisent ce Licorne de ne jamais être
déploiement, le soutien en les réparations nécessaires à la mise en difficulté en terme de
opérations qui permet à la for- montée en puissance de la for- soutien.
ce de conduire son action sur ce. En parallèle, ses unités et
le terrain. ses postes de commandement
p r é p a rent leur propre pro j e c- Dès l’engagement, les unités
tion de façon à être opéra- des différents domaines du
Dans cette logique, le com- tionnels dès l’arrivée sur le soutien sont regroupées dans
mandement de la Fo rce logis- t h é â t re, si possible en avant des zones ou des unités logis-
tique terre s t re prend part, de la force. tiques de circonstance : les
a vec l’Etat-major des armées bases et les bataillons logis-
et de l’Armée de terre, au côté La Fo rce logistique terre s t re tiques. Pour l’acheminement,
de la FAT3, en amont de la pro- déploie un système complet c’est l’arme du train avec les
jection, à toutes les étapes et cohérent des dépôts d’in- véhicules de transport, les uni-
p r é p a ra t o i res au sein des frastructure de la logistique tés d’appui au mouvement et
groupes pluridisciplinaires de de production en métropole de tra n s p o rt de blindés ainsi
planification opérationnelle. aux unités élémentaires que les cellules de suivi et de
Il participe également à la déployées sur le terrain. maîtrise des flux. Pour l’arme
rédaction de la conception J u s q u’à la base logistique du matériel, ce sont les com-
g é n é rale du soutien de l’opé- interarmées du théâtre d’opé- pagnies de réparation et d’ap-
ration, éditée par l’Etat-major ration (BL I AT)5, l’interarmisa- provisionnement en rechanges.
des armées et lorsque l’Armée tion et l’externalisation sont Pour le commissariat de
de terre est désignée armée recherchées et ne posent pas l’Armée de terre, l’alimentation
pilote du soutien, le CFLT rédi- de questions, en général. Les en eau et en vivres ainsi que
ge et fait valider l’ord re admi- moyens d’acheminement sont la réparation des matériels
nistratif et logistique de l’opé- routiers, aériens, ferroviaires, spécifiques de campement et
ration qui permet à la forc e maritimes, militaires ou civils. de vie sur le terrain. Ce sont
d é p l oyée et aux unités char- L’économie et les délais aussi les spécialistes admi-
gées de son soutien de fonc- d’acheminement président aux nistratifs et financiers mettant
tionner en terme logistique. choix de la solution adoptée. en place les pro c é d u res per-

DOCTRINE N° 08 14 MARS 2006


mettant à la force de fonc-
doctrine
tionner et de vivre. Pour le ser-
vice des essences, l’acquisi-
tion, le stockage et le transport
de masse des carbura n t s
nécessaires. Les spécialistes
du génie aident au déploie-
ment et à l’installation de la
f o rce en termes d’infra s t r u c-
ture, de réseau d’alimentation
en eau, en électricité et ser-
vent d’interface technique avec
les entreprises locales. De
plus, la force logistique a été
c h a rgée par l’Armée de terre
de veiller à deux aspects com-
plémentaires : l’hygiène, la
sécurité et la condition du per-
sonnel en opération afin de
permettre à celui-ci de durer
sur le terrain dans des condi-
tions adaptées. Le taux de pro-
jection annuel est important
au sein de la force jusqu’à
30 % en permanence.
nal pour permettre une les interventions techniques,
L’Etat-major des armées, sur pro- Retour d’expérience meilleure mutualisation. La disponibilité technique opé-
position du CFLT, met en place logistique est donc, au même rationnelle...) et reliés au
auprès de la plus haute auto- Dans le cadre du soutien de titre que les autres, un domai- réseau de théâtre, ils exploi-
rité française du théâtre, REP- l’engagement, la force logistique ne qui nécessite une obliga- teront simultanément les infor-
FRANCE7 dans les opérations terrestre a tiré quelques ensei- tion de cohérence forte en mations tactiques (positions
multinationales ou COMANFOR8 gnements majeurs concernant amont des programmes. AMI, ENI, enviro n n e m e n t ,
en engagement national, un la préparation et l’engage- ordre d’opération...). Le cœur
adjoint logistique (respecti- ment des forces. logistique des systèmes d’in-
vement ADCO N FR A N C E 9 ou Les systèmes d’information formation et de communica-
ADSOUT-IA10) pour lui per- tion pour la maîtrise des flux
mettre d’assurer toutes ses attri- et de communication qu’ils soient de personnel, de
Cohérence d’équipements
butions en terme de soutien matériels, de rechanges, de
logistique. A ce titre, l’adjoint La manœuvre est unique et la Enjeu majeur pour l’Armée de ressources vo i re d’unités est
logistique est un coordinateur c o h é rence tactico-logistique t e r re, la numérisation de l’es- basé sur le système logistique
interarmées du soutien : il est sur le terrain est indispensable pace de bataille participe à centralisé, SILCENT15, actuel-
particulièrement chargé de pour la réussite de la mission. l’acquisition et l’organisation lement déployé en métropole
contribuer à la continuité logis- La cohérence doit d’abord être de l’information utile, l’antici- et sur les théâtres d’opéra-
tique et à la permanence des interne à l’Armée de terre dans pation et l’accélération du ryth- tions. Il permet grâce à une
flux logistiques entre la métro- le niveau quantitatif et quali- me de la manœuvre, l’enrichis- capture unique de l’informa-
pole et le théâtre, de coor- tatif des moyens consacrés aux sement et le raccourcissement tion, un serveur central au
donner sur le théâtre l’action deux volets de l’action. C’est du cycle décisionnel. Faire cir- CFLT, des postes maîtres et des
de soutien des différe n t s à la fois valable pour la moder- culer l’information entre tous postes mobiles d’assurer la
acteurs, des moyens militaires nisation des véhicules, la mise les niveaux de commande- t raçabilité logistique indis-
et civils, français et alliés mis en œuvre des moyens de ment en irriguant l’ensemble pensable aux opérations. Ce
à la disposition de la force et t ransmissions au sein de des fonctions opérationnelles, système prend déjà un essor
de veiller à la cohérence dans l’Armée de terre mais aussi en demande évidemment de la interarmées puisque l’Armée
le domaine du soutien dont la i n t e rarmées pour les pro j e c- fédérer en provenance des dif- de l’air a pris la décision d’en
conduite est confiée à l’état- tions stratégiques avec la cohé- f é rentes chaînes : renseigne- équiper ses plates-formes
major de la force. Il est en rence tra ns p o rteur (Armée de ment, opération, logistique. d ’ e m b a rquement aéro p o r-
p a rallèle l’interlocuteur privi- l’air ou Marine) et transporté Les systèmes d’information tuaires. Pour les plates-formes
légié et l’interface de la force pour les gabarits des engins. logistiques devront diffuser et port u a i res, ce sont les régi-
en terme de soutien vers la C’est encore vrai pour les pro- exploiter des données propres ments de la force logistique
m é t ro p o l e ( EMA / C P CO 1 1 , blèmes de compatibilité de aux métiers de la logistique qui détachent, au chargement
EMAT/CCOAT12, CFAT13, C FLT14, carburant et de munitions au (niveaux des stocks d’appro- des navires, des équipes
directions centrales...). niveau national et multinatio- visionnement, situations sur mobiles.

MARS 2006 15 DOCTRINE N° 08


Sûreté des déploiements et des en particulier des hélicoptères, lièrement en compte les pro- alors être utilement tra n s f é-
convois logistiques indispensables compte tenu blèmes des familles, des rées à un sous-traitant, libé-
des élongations que ce soit enfants et des personnes rant de la capacité militaire
dans les Balkans, en âgées avec du personnel et du pour d’autres opéra t i o n s .
Nous sommes entrés dans Afghanistan ou en Afrique. matériel adapté. Cette mission Néanmoins, toute externali-
l ’ è re des combats asymé- L’expérience récente des évé- logistique pour laquelle les sation doit être étudiée et
triques et imbriqués où le nements de mars 2004 au unités s’entraînent régulière- mise en œuvre avec une capa-
risque est partout. Nos bases, Kosovo et de novembre 2004 ment a prouvé son efficacité cité rapide de réve r s i b i l i t é
nos dépôts, nos convois sont en Côte d’ivo i re a confirmé en novembre en Côte d’ivoire, indispensable à la liberté d’ac-
autant de cibles re p é ra b l e s que le moral du soldat et sa p a rticipant à l’éva c u a t i o n tion du chef interarmes. De
et vulnérables. capacité d’engagement dans d’environ 5 000 ressortissants plus certains domaines trop
Les élongations import a n t e s l’action tient pour une part en 5 jours. sensibles ne sont pas ou très
sur plusieurs centaines de non négligeable à la certitude peu transposables, comme le
kilomètres ne permettent pas d’un soutien santé efficace. soutien santé qui ne tolère pas
d’assurer une sécurité conti- Les moyens chirurgicaux au Externalisation, de telles prises de risque. Seul
nue. Les espaces vides de Ko s ovo comme en Côte le déploiement permanent du
troupes amies sont de plus en d’Ivoire ont parfaitement rem- interarmisation G..M.C17 au centre du dispo-
plus nombreux. La chaîne pli leur rôle et évité une aggra- et multinationalisation sitif en Côte d’Ivoire a permis
logistique sur un théâtre est vation des pertes humaines et de contenir les pertes subies
donc consommatrice, dans les ont joué à plein. De plus, la Recentrer les formations mili- et de sauver des vies lors de
situations de combat ou de présence permanente de t a i res sur leur métier premier, l’attaque sur Bouaké. Le
crise aiguë, de forces tactiques médecins généralistes dans diminuer le taux de rotation mélange de personnel mili-
pour assurer sa sécurité au les unités élémentaires, éga- en opération du personnel et taire et civil dans des convois
stationnement et en déplace- lement conseillers du com- des matériels, générer des vulnérables présente égale-
ment. En Irak, un gra n d mandement, diminue le risque économies financières et uti- ment des difficultés d’emploi
n o m b re des tués appartien- d’aggravation et d’immobili- liser au mieux les situations et juridiques. Le soutien logis-
nent à des unités de soutien, sation longue d’un combat- de stabilisation sur cert a i n s tique ne doit donc pas fermer
et en Côte d’Ivoire, c’est une tant par une prise en charge t h é â t res sont au cœur des les pistes d’externalisation
base de soutien logistique de immédiate. L’aspect psycho- expérimentations dans cette mais les mettre en œuvre avec
régiment qui a été frappée à logique est là aussi important. voie pour laquelle le soutien raison, mesure et toujours
Bouaké. Ce sont encore les Les moyens santé et hélico- logistique semble offrir un dans le souci de la liberté d’ac-
convois logistiques qui ont été ptères déployés doivent donc champ de possibilités inté- tion de la force et sa capacité
très souvent “caillassés”, blo- toujours tenir compte des pos- ressant. Néanmoins, l’expé- à réagir à tout changement de
qués puis attaqués au point sibilités de pics en cas de cri- rience des derniers engage- posture, forcément imprévu.
de devenir pour les tacticiens se aiguë. Le recours à la nation ments pro u ve qu’il convient L’i n t e ra r m i s a t i o n, pour sa
des capteurs de tension. Cette hôte, dans ce domaine sen- toujours d’aborder ce sujet part, se conçoit aisément en
donnée sécuritaire oblige à sible, doit être évalué et si pos- a vec pragmatisme, ave c amont du théâtre, part i c u l i è-
analyser finement, sans l’in- sible retenu. m e s u re et dans le souci per- rement sur le territoire natio-
t e rd i re, le recours à l’exter- manent de la réversibilité et nal pour les volets de la logis-
nalisation sur les théâtre s de la gestion inopinée d’une tique de production, de
d ’ o p é ration. Elle renforce le L’évacuation situation de crise aiguë qui maintenance des matériels et
besoin de logisticiens aguer- réclamera réactivité et effica- des acheminements. Cette
r i s, prêts tactiquement et des ressortissants cité d’emblée. m a n œ u v re interarmées est
techniquement à faire face réalisée jusqu’à la BL I AT 18
au déclenchement inopiné Ce besoin peut se faire sentir Ainsi, l’externalisation est sans aucune difficulté. Sur le
d’opération. dès l’engagement sur un déjà engagée sur cert a i n s théâtre d’opération pour des
théâtre. Aussi, la Fo rce logis- théâtres pour des domaines raisons simples de différen-
tique terrestre a conçu et mis particuliers. La stabilisation ciation des missions, de leurs
Médicalisation de l’avant en œuvre le centre de récu- permet sans aucun doute points d’application et des
p é ration et d’évacuation des d’envisager des transferts de rythmes de manœuvre ,
Les opérations de gestion de re s s o rtissants permettant une responsabilité générant des chaque armée doit disposer
crise, y compris en phase de s y n e rgie efficace entre la économies substantielles en d’une autonomie re l a t i ve ,
stabilisation, renforcent l’op- défense et le ministère des terme de finance et de maté- gage d’efficacité. Seule le sou-
tion française de médicalisa- a f f a i res étra n g è re s. Le s riel surtout si elle est “enca- tien vie courante qui s’appa-
tion et de chirurgicalisation modules C.R.E.R 16 a c t i v é s d r ée ” par un org a n i s m e rente plus au soutien des
de l’avant car le délai réduit dans les quatre régiments de contractant majeur, si possible états-major qu’à la logistique
d’intervention sauve des vies. transport et de soutien de la unique, dans l’esprit des peut être assuré par une
Cette rapidité de tra i t e m e n t force comportent des moyens conventions actuellement pas- armée pilote. En ce qui concer-
nécessite, en plus des unités informatiques d’identification sées avec l’économat des ne l’Armée de terre, très sou-
du service de santé, des et de suivi des personnes, une armées. Les tâches non spé- vent désignée par ailleurs
moyens aériens très comptés, cellule santé prenant part i c u- cifiquement militaires peuvent armée pilote du soutien, son

DOCTRINE N° 08 16 MARS 2006


obligation de se déployer sur
doctrine
le terrain et de durer renforce
ce besoin de logistique “t e r- n constate donc que le mythe de “ l’intendance suivra ” et de la dogmatique
re”. Sur un théâtre, 90 % des
besoins et des pro b l è m e s
O “ réduction de l’empreinte logistique ” a vécu. Bien qu’on s’efforce toujours
d’ajuster au mieux le poids logistique d’une opération, y compris en re c h e rchant des
logistiques seront terre s t res solutions innovantes, celui-ci est strictement dépendant du volume et du type de la
et ce simple fait ne permet f o rce projetée, des objectifs re c h e rchés ainsi que de l’éloignement du théâtre, de la
pas, sauf cas très ponctuels, dispersion des unités et du type de combat mené.
d’envisager de confier son
soutien à d’autres unités que La logistique est donc une fonction qui marque fortement le dimensionnement d’une
celles de la FLT. force et sa capacité opérationnelle. Elle nécessite une prise en compte et une
anticipation maximale compte tenu de son aspect conditionnant : Une grande armée
Enfin, la multinationalisation doit avoir une grande logistique, ce qui ne signifie pas une “g ro s se” logistique, à la
logistique avec les MILU 19 m e s u re de ses ambitions sans quoi sa grandeur serait une fiction.
connaît des limites expliquées
en premier lieu par l’aspect Pour une opération d’importance, le volume de la force engagée et la nature de
financièrement sensible du l’engagement dépendent aujourd’hui et dépendront toujours pour une large part des
soutien en opération qui re s- capacités logistiques. Le soutien logistique est donc un prisme de vérité car nous
te toujours national (sauf opé- sommes confrontés à cette contrainte dans toutes nos opérations mais aussi dans
ration sous mandat de l’ONU ) . l ’ o rganisation même de l’Armée de terre.
La multinationalisation consis-
te donc plus à ce jour en u n e Le soutien logistique est également un indicateur de modernité. Modernité des
juxtaposition de logistiques m oyens d’acheminement stratégiques et tactiques, de soutien dans toutes les
nationales qu’en une véritable fonctions, des systèmes d’information et de communication. Mais aussi modernité des
logistique intégrée multina- p ro c é d u res et surtout des esprits : une armée moderne se doit de posséder une réelle
tionale, même si des compa- c u l t u re logistique.
tibilités locales de vecteurs ou
de moyens permettent de Au total, le soutien logistique est un facteur de puissance car seules les armées
mutualiser certaines tâches pourvues d’une logistique opérationnelle performante peuvent s’engager en pre m i e r
sur le terrain. sur un théâtre d’opération et surtout à la tête d’une coalition. La capacité de soutien
logistique permet une opération d’enve rg u re dans la durée et donne donc à un pays la
possibilité de peser dans les affaires du monde.

1 Fo rce logistique te r restre.


2 Commandement de la Fo rce
logistique te r re s t re .
3 Fo rce d’action te r re s t re .
4 Zone de re g roupement et
d’at tente .
5 Base logistique inte rarmées de
théâtre.
6 Etat-major des armées
7 Repré s e nt a nt pour la Fra n ce .
8 Commandant de la fo rce.
9 ADministrat i ve CONtro l le r
FRANCE.
10 Adjoint de soutien interarmées.
11 E t at-major des armées/Cent re
de planification et de
commandement des opérations
12 E t at-major de l’Armée de
terre/Centre de commandement
des opérations de l’Armée de
terre).
13 Commandement de la Fo rce
d’action te r re s t re .
14 Commandement de la Fo rce
logistique te r re s t re .
15 S ys tème d’info r m at i o n
logistique ce nt ralisé.
16 C e nt re de re g ro u p e m e nt
et d’éva c u ation des
re ssort i ss a nts.
17 Groupe médico - chirurg i ca l .
18 Base logistique inte ra r m é e s
de théâtre .
19 Multinational Logistic units.

MARS 2006 17 DOCTRINE N° 08


Le soutien régional
Projection d’une force opérationnelle terrestre
et opérations de défense sur le territoire
e commandement de la région terre, échelon déconcentré de l’état-major de l’Armée de
L terre, est l’échelon de commandement territorial qui rassemble l’ensemble des re s s o u rc e s
et des moyens concourant d’une part à la mise et au maintien en condition des forces, et
d ’ a u t re part au soutien et à la vie courante de toutes les formations stationnées. Il a pour
mission d’assurer la continuité paix, crise, guerre des soutiens dans un cadre géogra p h i q u e
déterminé.

En raison de sa permanence, gage de continuité du dispositif, de sa connaissance des


re s s o u rces régionales et de ses moye n s , la région terre est, en temps normal comme en cas
de montée en puissance, l’interlocuteur privilégié, dans son domaine de compétences, des
formations stationnées sur son territoire . Elle est aussi, s’agissant de la région terre sud-est,
au cœur de la problématique des acheminements stratégiques, compte tenu de sa géogra p h i e
c a ractérisée par sa façade méditerranéenne et le couloir rhodanien.

En matière de projection à l’extérieur du territoire national, l’évolution du contexte


g é o s t ratégique, l’implication croissante de la France au sein de l’OTAN et la montée en
puissance pro g re s s i ve de l’Eu rope de la défense laissent présager un rôle croissant des
régions en général, et particulièrement de la région terre sud-est en raison de sa situation,
dans le processus d’engagement des forc e s .

PAR LE COLONEL OLIVIER DE JO U SS I N E A U, CHEF DE LA DIVISION ACT I V I T É S DE L’EM DE LA RÉGION TERRE SUD - EST

Projection d’une force


opérationnelle terrestre
Dans le cas d’une pro j e c t i o n
extérieure, le processus d’un
engagement majeur d’une
composante terre s t re natio-
nale se déroule selon un ord re
chronologique défini, articulé
autour de cinq phases, dont
l’agencement et le contenu res-
tent cependant fonction du
contexte opérationnel. Le s
trois premières que sont la pla-
nification opérationnelle, la
génération de la force opéra-
tionnelle terre s t re et l’ache-
minement sur le théâtre asso-
cient étroitement les régions

DOCTRINE N° 08 18 MARS 2006


terre qui, par leur connaissan- nels, fait exécuter, en liaison ailleurs, parce qu’elle est la
doctrine
nente du commandement
ce des formations stationnées a vec les directions régionales, seule à pouvoir le faire, la q u’est la chaîne OTI A D
mais aussi de leur territoire , les mouvements de matériels région assure la compatibilité (Organisation territoriale inter-
contribuent à leur bon déro u- ordonnés par le commande- des mouvements “f o rces pro- armées de défense) et s’ap-
lement. L’ o rganisation de ment de la force, gère les rela- jetées/forces stationnées” sur plique non seulement dans
l’état-major de la région terre tions avec les services publics son territoire. Une fois la for- un contexte opérationnel de
lui permet de remplir ses mis- et les administrations, et mène ce constituée, la chaîne des crise ou de guerre, mais aus-
sions de soutien, en temps de les actions de communication t ransits (COTIS, BMT, ZRA, si au quotidien au travers de
paix comme en temps de cri- liées au processus de montée D TIM), garante de la c o h é re n- la mise en œuvre de mesures
se ou de guerre. Elle prévoit en puissance. ce opérationnelle des embar- de sécurité généra l e ( p l a n
l’a c t i vation éventuelle d’un quements, prend le re l a i s . Vigipirate...) et de sécurité civi-
centre opérationnel (CO), qui Dans le domaine des m o u ve- le (plan Héphaïstos contre les
s’inscrit dans un schéma déci- ments et des transports et en En outre, la région terre est incendies de forêt), voire dans
sionnel spécifique, aux côtés liaison étroite avec le centre responsable de l’armement le cadre d’événements excep-
de la chaîne des forces, par l’in- opérationnel des transits inter- et du fonctionnement géné- tionnels de portée nationale,
termédiairedu COMP ( C e n t re armées de surface (COTIS), elle ral de la zone de re g roupe- assimilables à de véritables
o p é rationnel de montée en participe à l’organisation et à ment et d’attente (ZRA), o p é rations au re g a rd des
puissance, organisme de cir- l’exécution des préachemine- située à Miramas pour ce qui moyens mis en œuvre : org a-
constance), et sous le contrô- ments des zones de re g ro u- concerne la RTSE, dont la voca- nisation de cérémonies com-
le du CCOAT/EMO Terre. pement temporaires (ZRT) vers tion est d’accueillir les m é m o ra t i ves (60 e a n n i ve r-
la zone de re g roupement et modules opérationnels de la s a i re du débarquement de
En matière de projection exté- d’attente (ZRA), puis de la ZRA FOT en transit, de parfaire leur Provence) ou de réunions inter-
rieure, le domaine de compé- vers les points d’embarq u e- mise sur pied et de réguler nationales (sommet d’Evian,
tences de la région terre lui ment. Il convient de noter que leurs déplacements vers les sommet de Nice...).
confère un rôle central en par- la réactivité du dispositif géné- zones d’embarquements. Aux
ticulier dans les phases de ral reste fonction des études o rd res d’une cellule de com- Ainsi le sommet du G8 d’Evian,
constitution de la force opéra- et contacts préliminaires que mandement armée par le qui s’est tenu du 1er au 3 juin
tionnelle terrestre et dans cel- le bureau mouvements tra n s- COMP (chaîne des forces) re n- 2003, a été marqué par la pré-
le de son préacheminement ports (BMT) de la région a su f o rcée d’une antenne de tra n- sence de 27 chefs d’Etats ou
des zones de regroupement p rovo q u e r, par anticipation, sit aux ord res du PC avant du chefs de délégation, dont les
t e m p o ra i re vers les points a vec les administra t i o n s COTIS (chaîne transit) et d’une membres du NEPAD (Nouveau
d’embarquement. locales (préfectures, DDE, cellule de contrôle (chaîne partenariat pour le dévelop-
sociétés d’autoroute) pour technique) composée d’ex- pement de l’Afrique - Egypte,
En effet, la phase de planifi- l’établissement de crédits de perts des directions d’arme et Algérie, Nigeria, Sénégal et
cation opérationnelle ayant mouvement dans l’urgence et de service (DCMAT, DCCAT, Afrique du Sud), le Secrétaire
débouché, à partir d’un plan la mise en œuvre de mesure s D C SEA, DCSSA), la chaîne sou- général des Nations Unies, le
d’emploi interarmées, sur la dérogatoires de circ u l a t i o n . tien, armée par la région, a la d i recteur de la Banque mon-
rédaction d’un plan d’opéra- Ainsi, en région terre sud-est, responsabilité de la vie cou- diale et le directeur du Fond
tion de la force opéra t i o n n e l- a été créé, en accord avec les rante des “passagers” et des monétaire international.
le terre s t re (FOT) et sur l’éla- a d m i n i s t rations locales, un “semi-permanents” : sécurité
boration d’un ord re de bataille réseau routier de base pour en ZRA, mise à disposition des Une telle concentration de
par le groupe pluridisciplinai- véhicules exceptionnels (type zones d’infrastructures néces- hauts responsables politiques
re de planification opéra t i o n- EPB 700/100 chargé du char saires à l’accomplissement des exigeait, entre autres, une
nelle (GPPO), il revient à la Le c l e rc). Ce réseau, qui pos- missions des autres chaînes, g a rantie de résultats et une
région terre, dès la décision de sède plusieurs points d’entrée liaisons de la ZRA, alimenta- réactivité sans faille dans le
constitution de la force tra n s- dans la région, conve rge vers tion, hébergement, santé, loi- domaine de la sûreté, dans
mise par le COMP, de partici- la ZRA puis éclate vers les dif- sirs, approvisionnements en lequel les armées sont étro i-
per à la montée en puissan- férents ports d’embarquement c a r b u rants, dépannage... tement impliquées aux côtés
ce de cette dernière. En liaison de la façade méditerranéenne. de nombreux autres services
a vec la ou les brigade(s) Dans le cadre de la projection de l’Etat, avec toutes les diffi-
concernées, elle coordonne et de l’exe rcice GOLFE 2005, Opération de défense cultés de coordination que cela
conduit les actions de mise à après une pre m i è re planifica- implique. Ainsi, au vu du carac-
niveau des formations, fait exé- tion des préacheminements sur le territoire tère exceptionnel de ce som-
cuter les mouvements de réalisée par le COTIS, la région met et sur demande initiale du
matériels et contrôle la confor- a pu conduire ces mouvements En matière de projection inté- préfet de Haute-Savoie, l’état-
mité de la force au tableau (320 véhicules dont 70 blin- r i e u re, le soutien apporté par major interarmées de zone de
unique d’effectifs et de maté- dés) sans difficulté majeure , la région terre est de même défense sud-est (EMIA ZD-SE)
riels (TUEM). A ce titre elle pro- les autorisations de passage n a t u re (effectifs, ressources, et l’état-major de la région
pose des solutions de nature sur le réseau ayant déjà été mouvements). Son exe rc i c e t e r re sud-est (EM RT-SE) se
à permettre la réalisation opti- accordées par les différents d i f f è repar le fait qu’il s’inscrit sont vus confier la re s p o n s a-
male des modules opéra t i o n- c o r respondants civils. Pa r dans une organisation perma- bilité de la préparation et de

MARS 2006 19 DOCTRINE N° 08


ORGANISATION DU COMMANDEMENT EN ZRA

CFAT
C.O.M.Z.R.A.
CFLT
REGION TERRE
SERVICES

CDT. O.P.S
AUTORITÉ d’EMPLOI TRANSIT CONTROLE SOUTIEN
de la FORCE RT
(subordonné au
C.O.M.P) DL COTIS CFLT COMSITE

DL MAT - CAT élément éléments


DL
SSA - SEA CD/TRS SOUTIEN
P E R S O NNELS corps corps
CFAT CFLT experts support support
RENFORTS
RENFORTS
DL SOUTIEN
SOUTIEN
DIR ARMES
FORCES
SERVICES
FORCE FORCE
en transit

la conduite du volet sécuri- major de la région terre sud-


taire militaire de cette opération est lui fournissant, pour ce qui
qui a nécessité l’engagement de concerne l’Armée de terre, les
plus de 2 500 militaires et 35 héli- re s s o u rces et les moye n s
coptères. nécessaires.
Si la logistique a constamment
Tirant parti de leurs savo i r- conditionné le succès de l’opé-
faire, les armées sont interve- ration, sa mise en œuvre effi-
nues essentiellement dans les cace a exigé une coord i n a t i o n
domaines du renforcement de parfaite, en particulier dans la
la sûreté aérienne et terrestre phase d’exécution, entre le
et dans la mise en œuvre d’hé- commandement fonctionnel
licoptères pour le transport des (état-major de force n° 2) et
délégations. Elles ont égale- le commandement régional.
ment participé aux opéra t i o n s
de défense NRBC et de démi-
nage, au déploiement de
m oyens de tra n s m i s s i o n s
adaptés à l’ampleur de l’évé- Ainsi la région terre, par sa connaissance des formations stationnées sur son
nement et au soutien logis- t e r r i t o i re, des ressources disponibles et des administrations civiles ayant à en
tique. c o n n a î t re, constitue bien un maillon essentiel de la chaîne décisionnelle du
p rocessus de génération de force, dans le cadre d’un engagement majeur en
L’état-major interarmées de la opération extérieure ou sur le territoire national. Ce rôle pourrait pre n d re à l’avenir
zone de défense sud-est de une importance croissante en intégrant, dans le contexte d’une projection sur un
Lyon a été chargé de soutenir théâtre d’opération extérieure, une dimension interarmées, voire internationale. Pa r
et d’accompagner l’engage- ailleurs des études sont actuellement menées, visant, au-delà du besoin logistique
ment des unités tant sur le d’une force opérationnelle terre s t re, la satisfaction du besoin opérationnel, au
plan opérationnel que logis- t ra vers de la formalisation de zones susceptibles d’offrir les installations
tique (soutien de l’homme et d ’ e n t raînement (PC et unités) indispensables à la préparation de la mission.
soutien du matériel), l’état-

DOCTRINE N° 08 20 MARS 2006


doctrine
La logistique
onusienne
L ors de la dernière décennie, le nombre d’interventions de l’OTAN ou de l’Union européenne s’est
multiplié. Dans ce nouveau contexte, une dynamique rédactionnelle d’élaboration de la doctrine et
des procédures s’instaure, en particulier, dans le domaine du soutien des forces pour lequel la notion de
“responsabilité nationale” demeure encore le maître mot.

arallèlement, des opérations sous l’égide de l’ONU se poursuivent vo i re se développent telles les
P récentes interventions en Côte d’Ivo i re1 et au Darfour2. Or, la complexité grandissante de ces opéra t i o n s ,
associée à la disparité des équipements et des soutiens des nations contributrices, exige un système de
soutien efficace et réactif. Pour cela, un concept logistique particulier a été mis en place par l’ONU,
s’appuyant sur un “système de soutien intégré ” civilo-militaire et introduisant la notion de “c o n t rat de
location avec ou sans soutien ”.

PAR LE LIEUTENANT-COLONEL LAURENT LENA, DU CDEF/DEO/BLOG

Le système S’appuyant sur des directives pleur de la mission, deux Ces concepts logistiques, tota-
de soutien intégré l o g i s t i q u e s , précisant aux concepts de soutien logistique lement opposés, prennent en
contingents la politique de ont été privilégiés par les ins- compte les facteurs spéci-
Pour répondre aux besoins opé- soutien, les pro c é d u res à tances onusiennes. fiques de la mission, cadre
rationnels de la mission, l’ONU s u i v re et la réglementation à espace-temps, délais, main
a adopté un système de sou- re s p e ct e r, ces états-majors d’œuvre locale, matériel, envi-
tien intégré (Integrated Support mixtes définissent pour chaque ronnement, climat, infrastruc-
System - ISS). Combinant les mission des pro c é d u res opé- Les concepts de soutien ture et ressources disponibles.
é t a t s - m a jors logistiques mili- rationnelles (Standing ope- logistiques
t a i res et civils en une seule rating pro c e d u res - SOPs) . Le concept de l’autosuffisan-
o rganisation de soutien diri- L’ensemble de ces documents, La taille et la nature de la mis- ce, destiné aux opérations de
gée par un administrateur civil, regroupé dans une charte d’ac- sion de l’ONU influant consi- petites enve rg u re s (équipes
le principe majeur de cette cords ou “ m e m o randum of dérablement sur les structures re s t reintes, observateurs) et
s t r u c t u rerepose sur une cen- understanding - M.O.U ” , de commandement mises en efficace dans les zones dispo-
tralisation de la demande. devient de fait le document place, en particulier sur celles sant d’une infra s t r u c t u recivi-
Tous les ravitaillements et les contractuel de référence. Dès de soutien, l’expérience per- le moderne, s’appuie princi-
services entraînant une dépen- lors, les nations contributrices met de distinguer d e u x palement sur l’économie
se sur le budget de l’ONU doi- sont tenues de respecter ce concepts de soutien logis- locale, le personnel tra vaillant
vent obligatoirement être sou- c o n t rat, l’ONU se réservant un tique pour les opérations de avec son équipement de base.
mis à l’approbation préalable d roit de contrôle. l’ONU : Octroyant une subvention indi-
de l’ISS par le principe de viduelle (Mission subsistence
requêtes ou “ Re q u e s ts ”  le concept d’autosuffisance ; a l l owance - MSA) à chaque
a d ressées au PC logistique A partir de ce système de sou-  le concept de “ Fo rc e militaire, pour faire face à ses
interarmées (HQ Joint logistic tien intégré, plus ou moins Logistic Support Group - dépenses de nouriture, de
operation center - JLOC). développé en fonction de l’am- FL SG”. logement et de vie coura n t e ,

MARS 2006 21 DOCTRINE N° 08


 “ Dry lease ” : les nations
fournissent les équipements
majeurs sans en assurer le
soutien ;

 “ Wet lease ” : les nations


sont responsables du sou-
tien de leurs matériels.

Ce système, séduisant, pré-


sente toutefois une contrainte
majeure. En effet, l’ensemble
des conditions générales du
soutien ainsi que la liste des
matériels projetés sont men-
tionnés dans le MOU. Ce docu-
ment devient donc contractuel
et sujet à contrôle avant re m-
boursement. Il impose donc
une obligation de résultat et
nécessite une parfaite maîtri-
se des procédures de l’ONU.
ce concept tro u ve ses limites Cependant, compte tenu de la Ainsi, en fonction de la nature
dans les zones pauvres et diversité des équipements de des matériels (majeurs ou
dévastées où le soutien local la force, l’ONU éprouve parfois équipements individuels) et
devient impossible. Dans ce avec ce concept des difficultés de la prestations à fournir,
1 ONUCI : opération des Nat i o n s
cas, l’ONU doit pre n d re en à fournir un soutien adapté. l’ONU distingue d i f f é re n t e s Unies en Côte d’Ivoire.
compte le soutien de ses notions de contrats de loca- 2 UNMIS : United Nat i o n s
équipes, le plus souvent en fai- tion : M i ssion in Sudan.
3 Située en Italie à Brindisi.
sant appel à des sociétés exté- 4 L’ONU rédige alors une LOA
rieures. Le processus ( Let ter of Assist) avec la nat i o n
A contrario, un concept de “ S e l f - s u s t a i n m e nt ” o u co n cernée. Il s’agit d’un acco rd
de remboursement 
bilatéral définiss a nt les
“ Force Logistic Support “s e l f - s u p p o rt ” ( s o u t i e n conditions généra les de la
Group - FLSG ”, adapté aux logistique autonome) : les p re s t ation, en particulier les
opérations plus importantes En introduisant dans le pro- nations contributrices four- m o d a l i tés de remboursement.
5 Manuel des pro cé d u res de
de maintien ou de rétablis- cessus de remboursement des nissent tout ou partie des remboursement.
sement de la paix, est appli- coûts, la notion de “ contrat de moyens logistiques en équi- 6 Do c u m e nt à l’at te ntion des
qué quand l’environnement location avec ou sans soutien”, pements légers et consom- n ations co nt r i b u t r i ce s
co n s t i t u a nt la base
devient plus complexe c’est- l’ONU favorise la mise en pla- mables au profit de leur ré g le m e ntaire de to u te
à-dire quand, outre les obser- ce d’un soutien national. contingent ; opération de l’ONU.
vateurs, la mission comprend
un amalgame de civils et d’uni-
tés militaires constituées. Dans
ce cas, le soutien est mixte
(civil et militaire) et repose sur
la création de bases logis- La “machine onusienne” décrit des pro c é d u res détaillées mais souvent complexes et
tiques ( Fo rce logistic Base -
FLB). Il peut être alors deman- c o n t raignantes. Dans ce contexte, la connaissance du milieu prend une dimension
dé à une des nations contri-
butrices d’assumer la re s p o n- essentielle où les textes de références représentent un cadre d’action strict. Ainsi, il
sabilité générale de la
c o o rdination d’une Fo rc e convient de les maîtriser parfaitement, en particulier les mémentos français sur le
Logistic Base. Celles-ci sont
alors approvisionnées soit par d é roulement d’une opération dans le cadre de l’ONU, le manuel COE édition 20025 ou
contrats civils, soit à partir de
la base logistique stratégique3 e n c o re le “ Guideline for Governments Contributing Tro o ps” 6.
de l’ONU, soit à partir des
contributions logistiques4 des
états membres.

DOCTRINE N° 08 22 MARS 2006


doctrine
L’interopérabilité logistique
au sein de l’OTAN
Dans le cadre du numéro de la revue “Doctrine” consacré à la logistique, cet article est plus spécifiquement
destiné à présenter l’interopérabilité au sein de l’OTAN, notamment, dans le domaine de la logistique.

Afin de lui donner des vertus aussi pédagogiques que possible mais sans rien lui retirer de sa pertinence,
en particulier, sur l’actualité des activités en cours, une présentation de la politique et des principes relatifs
à l’interopérabilité tels qu’ils sont actuellement définis au sein de l’OTAN précèdera celle des principaux
acteurs, avant de terminer par les productions particulières en matière de soutien logistique.

PAR LE COLONEL DOMINIQUE GÉRARD, CHEF DU BUREAU LOGISTIQUE DE L’ETAT-MAJOR DE L’ARMÉE DE TERRE - PRÉSIDENT DU CSS WG

De l’interopérabilité entre les 26 pays alliés du trai- tations et de coopération en coordinations et coopérations
au sein de l’OTAN1 té de l’Atlantique Nord et leurs vue de l’établissement des inter et intra-postes de com-
partenaires potentiels4, au sein plans de défense et d’opéra- mandement et forces multina-
d’opérations placées sous l’ar- tions, donnant ainsi des règles tionales interarmées. Ces
L’OTAN mène des travaux sur ticle 5 mais surtout, et de plus pour les activités multinatio- objectifs couvrent les aptitudes
l ’ i n t e ro p é rabilité depuis de en plus, au sein d’opérations nales et interarmées des forces à communiquer, opérer et sou-
nombreuses années et, plus non placées sous l’article 5 ou de l’Alliance atlantique. tenir ensemble avec efficacité
particulièrement, depuis le Crisis Response Opera t i o n s Elle apporte aussi la cohére n- dans les opérations et à s’en-
sommet de Prague 2. La logis- (CRO), plus variées, de moindre ce nécessaire aux différentes traîner au même niveau ; enco-
tique, qui ne fait pas exception, intensité que les précédentes politiques d’interopérabilité re faut-il définir précisément ce
est étudiée dans ce cadre au et situées dans un cadre géo- développées, en interne de que recouvrent ces termes :
même titre que les autre s graphique plus étendu que les l’OTAN, par différents comités.
domaines ; elle est donc ins- premières zones d’action de - communiquer c’est établir
crite dans le périmètre de “la l’OTAN. Ce nouvel enviro n n e- Enfin, elle fournit un guide pour des relations humaines pour
politique pour l’interopérabili- ment a créé les conditions pour les partenaires et nations non- se compre n d re, c’est-à-dire
té” approuvée par le Conseil la transformation de l’OTAN et, m e m b res de l’OTAN qui ve u- p a rtager un même langage,
de l’Atlantique Nord (NAC) le en même temps a lancé un véri- lent coopérer avec les forces un même fonds culturel dont
07 mars 20053 et de son pro- table défi sur le plan de l’inter- de l’Alliance dans les entra î- la culture militaire, afin d’ob-
cessus d’application, en cours opérabilité entre des forces d’ori- nements, les exe rcices et les tenir une même compréhen-
de définition. gines plus diverses (26 pays de opérations. sion des termes : ceci
l’OTAN, pays du partenariat pour débouche naturellement sur
la paix, pays du dialogue médi- Pour sa mise en œuvre, des la terminologie. Mais il s’agit
Une politique terranéen, etc.) susceptibles de objectifs d’interopérabilité ont aussi d’établir des pro c é-
s’engager dans des missions de été fixés. dures communes en vue d’un
pour l’interopérabilité natures plus variées. C’est bien l’un des buts de t ra vail à effectuer en com-
cette politique que d’établir mun. Enfin, cela suppose l’in-
Cette politique décrit formel- Cette politique a été établie des objectifs de haut niveau, tero p é rabilité des équipe-
lement le but final de l’inter- comme un guide pour l’éta- des principes et des respon- ments C4I (consultation,
opérabilité comme “ l’aptitu- blissement d’un processus sabilités que les nations, les command, control, commu-
de à opérer en synergie dans d’application relatif à l’inter- différents organismes de nication, information) ;
l’exécution des missions opérabilité au sein de l’OTAN l ’ OTAN devraient appliquer
fixées”. aux fins d’harmoniser les pour l’identification et la réso- - opérer ensemble suppose
Ce concept prend toute sa for- demandes afférentes. Elle pose lution des demandes d’inter- une bonne connaissance et
ce dans le nouvel enviro n n e- les bases pour le développe- opérabilité au sein de l’Alliance, compréhension des natures,
ment de coopération accrue ment d’un dialogue, de consul- aux fins d’obtenir de meilleures capacités, limites des moyens

MARS 2006 23 DOCTRINE N° 08


c r i t è res de standardisation ment de politique en éléments
(ou normalisation) ont été pratiques, véritables facteurs
définis : l’interchangeabilité 6, déterminants pour la marche
la communalité7 et la compa- vers l’interopérabilité en fonc-
tibilité8 (c f. croquis 1). Ils sont tion de la nature des missions
valables tout au long de la vie et des buts recherchés sur le
d’un matériel, depuis sa terrain.
conception et son développe-
ment jusqu’à son élimination, Il s’agit donc bien d’établir un
sans oublier, tout au long de mécanisme cohérent pour
ce cycle, les aspects de son l’identification et la résolution
soutien. Ceci signifie que la des besoins en interopéra b i-
m a rche vers l’interopérabilité lité en fonction des missions.
en multinational et en inter- L’identification de ces besoins
armées nécessite des effort s s e ra assurée par différe n t s
permanents tout au long du acteurs, chacun au niveau qui
cycle de la vie des matériels. le concerne, du stratégique au
Ces trois niveaux décrits supra plus petit niveau tactique.
des forces des différentes est vrai, tout part i c u l i è re- font actuellement l’objet
nations engagées ; au-delà ment, pour les unités for- d’études complémentaire s
de cette connaissance com- mées tempora i rement com- dans le cadre du pro c e s s u s Ainsi, pendant les travaux menés
mune cet objectif suppose me les unités NRF 5. d’application. au 1er semestre 2005 en interne
aussi la détermination de de l’OTAN, cinq niveaux ont été
buts communs, conduite de définis (voir croquis 2). Ils tra-
conserve. Au bilan, ne sont Il n’en demeure pas moins La définition d’un processus duisent des états d’interopé-
susceptibles de réellement que, dans tous les cas, la mise rabilité qui donnent accès à cer-
o p é rer ensemble que ceux sur pied d’unités multinatio- d’application pour taines capacités globales pour
qui ont une connaissance des nales nécessitera toujours un l’interopérabilité les forces engagées, ces capa-
similitudes et des différences e f f o rtparticulier de la part des cités globales représentant des
de leurs doctrines, tactiques nations contributrices pour Ce processus, actuellement en seuils types généralement
et pro c é d u res, pour un fournir le personnel, les équi- cours de définition, devrait être exprimés par la nature de la
emploi efficace des forces pements et les re s s o u rc e s a p p rouvé au début de l’année mission à mener ou de la for-
multinationales interarmées, adéquats en raison des diffé- 2006. Il fournira un guide de ce à engager.
q u’elles soient de contact, rences qui existent entre procédures détaillées que l’en-
d’appui ou de soutien logis- nations dans l’expérience semble des acteurs pourra
tique ; accumulée, l’instruction et s u i v re pour identifier et Les acteurs
l’éducation du personnel, le r é s o u d re les besoins d’inter-
- soutenir nécessite des équi- n i veau d’entraînement, les o p é rabilité. Il devrait établir, Pour rester simple les acteurs
pements normalisés et une s t a n d a rds de la condition du notamment, des voies pour sont décrits en deux entités :
aptitude à fournir des capa- personnel en opérations, les transformer les principes, res- d’une part, les organismes de
cités propres à soutenir les règles administra t i ves, les ponsabilités et objectifs géné- l’OTAN et, d’autre part, les
forces des autres nations en règles juridiques, notamment, raux contenus dans le docu- nations.
environnement multinatio- celles re l a t i ves au comport e-
nal ; on devrait même ajou- ment et à l’engagement, etc.
t e r, pour être complet,
qu’être soutenu nécessite
des équipements normali- Dans ce cadre, l ’ i n t e ro p é ra-
sés et une aptitude à re c e- bilité des systèmes et des
voir les capacités des autres équipements e n t re pour une
nations si nécessaire ; part prépondérante dans l’in-
teropérabilité, qui peut être
- enfin, s’entraîner au même t raduite comme une souples-
niveau d’interopérabilité est se d’emploi des forces multi-
un objectif très important nationales interarmées. En
parce que les aptitudes à fait, la plupart des systèmes
communiquer, opérer et sou- d’armes employés par l’OTAN
tenir avec et/ou pour les ne sont pas encore intero p é-
a u t res ne peuvent être rables mais sont certainement
atteintes qu’après une mise en voie de l’être. Aussi, pour
en pratique commune au juger des niveaux atteints,
cours d’entraînements. Ceci vers l’intero p é rabilité, t ro i s

DOCTRINE N° 08 24 MARS 2006


Les organismes de l’OTAN qui
doctrine
i n t e rviennent dans le pro c e s-
sus d’intero p é rabilité, sont
e s s e ntiellement regroupés au
sein de la NSO9 (voir croquis 3).
Elle abrite, notamment, des
comités nommés “ Tasking
Authority” qui ont la possibili-
té d’imposer une demande par-
ticulière de recherche d’inter-
opérabilité ; c’est, par exemple
le SNLC10 pour la logistique ou
le NCS11. Elle engerbe aussi des
organes d’exécution comme la
NSA12 ou le NSSG13 . Enfin, aux
côtés de la NSO il faut nommer
les commandements stra t é-
giques : ACT14 et ACO15 . La NSO
est principalement chargée
d’assurer la coordination géné-
rale de l’ensemble des activités
liées aux besoins d’interopéra-
bilité.

Les nations sont re s p o n- bureau politique/coordination Pour cela, elle est amenée à et militaires aux fins d’éviter
sables de la prise en compte qui traite des demandes, de p rovo q u e r a n n u e l l e m e n t les doublons.
des demandes d’intero p é ra- la terminologie, etc. quelques 200 réunions de Il faut noter encore une fois
bilité au niveau national et des Ainsi, la NSA initie, coord o n- “ boards”, de groupes de tra- que depuis la transformation
suites qu’elles désirent leur ne, soutient et administre les vail et de comités. de l’OTAN, la NSA n’est plus
donner. Elles sont aussi char- activités de normalisation Enfin, elle administre la gra n- seule ; AC T de Norfolk est
gées de pro m o u voir l’inter- conduites sous l’autorité du de majorité des STANAG17 et chargé d’identifier et de four-
opérabilité, en particulier en NCS, avec l’appui du MC en AP18 et coordonne, au travers nir à la NSA les demandes cor-
exprimant aussi les demandes qualité de Tasking Authority du groupe de normalisation de respondant à des besoins
de normalisation afférentes à pour les sujets touchant à l’OTAN, le NSSG, les réunions n o u veaux sur le terrain aux
leurs besoins. l’opérationnel. des différentes agences civiles fins de renforcer l’int e ropéra-

Enfin, il faut re m a rquer (c ro-


quis 3) que les acteurs prin-
cipaux au sein des différents
organismes, groupes de tra-
vail ou comités de la NSO sont
les nations, au tra vers des
représentants qu’elles y nom-
ment.

La NSA
La NSA ou agence de norma-
lisation de l’OTAN (voir cro-
quis 4) est le principal org a-
nisme permanent de la NSO.
C’est un agent d’exécution, ce
qui signifie que les différents
b u reaux du comité militaire
ou MC16 trouvent des corre s-
pondants à son niveau ; elle
est organisée en bureaux de
normalisation d’armée (Terre,
Air, Marine) plus un bureau à
compétence interarmées et un

MARS 2006 25 DOCTRINE N° 08


bilité. La NSA et AC T ont, par
conséquent, re n f o rcé leur
coopération jusqu’à signer, en
avril 2004, un document relatif
à leurs relations de travail.
In fine, ce sont toujours les
nations qui, au sein des
g roupes de travail de la NSA,
produisent et révisent les STA-
NAG et les AP, décident de leur
durée de validité, de leur ra t i-
fication et, finalement, de leur
mise en œuvre.

Au bilan, pendant que l’OTAN


s’adaptait aux nouve l l e s
menaces, les besoins opéra-
tionnels pour les combattants
é voluaient en conséquence.
Ceci a mené à une croissance
exponentielle de l’import a n-
ce accordée à l’interopéra b i-
lité, au profit d’armées deve-
nues des armées d’emploi. and transportation (MT) et la publication alliée est toujours authority” dans une démarche
L’ i n t e ro p é rabilité étant un création de deux nouveaux couverte par un STA N AG qui du haut vers le bas.
concept à multiples facettes comités, Supply et Information marque l’accord formel des Les STANAG et APactuellement
(équipements, doctrine, tac- Exchange Requirements ( IER). nations. en vigueur et placés sous la res-
tique, entraînement, commu- Ce CSS WG se réunit deux fois ponsabilité du CSS WG sont don-
nications, etc.), les nations par an, en avril et novembre, Le plus important est, qu’au nés ci-contre.
ont besoin et disposent d’ou- pour donner suite aux projets sein de l’OTAN, rien n’est fina- CSS WG :
tils donnés par la normalisa- des différents comités, portant lement imposé. Ce sont les
tion, pour arriver aux diffé- essentiellement sur une ving- nations, contributrices aux dif- - STANAG 2406 : doctrine
rents seuils requis, permettant taine de STANAG, et faire évo- férents organismes de l’OTAN , logistique des forces ter-
de fédérer leurs forces dans luer des STANAG et AP dont il qui décident en toute circons- restres (AL P 4.2)20 ;
des engagements dont l’envi- est responsable. tance du besoin de créer, modi-
ronnement est de plus en plus fier, annuler, ratifier et mettre - STANAG 2034 : procédures
complexe. en œuvre les accords qu’elles standard OTAN relatives à l’ai-
Les productions signent sous les formes de STA- de logistique mutuelle ;
NAG et AP.
Le Combat Service Support Les STANAG et AP - STANAG 2109 : organisation
postale et service du courrier
Working Group (CSS WG) U n S TA N A G (S t a n d a r d des forces armées de l’OTAN .
Les productions
Agreement) est un accord for-
A la suite du sommet de malisé entre plusieurs, vo i re en matière de logistique
Prague, la NSA a fait un effort toutes les nations, en vue Comité mouvements
de rationalisation sur ses d’adopter aussi bien des équi- Comme cela a précédemment et tra n s p o rts :
p ro p res structures ave c , pements militaires, des muni- été expliqué, le CSS WG a une
notamment, la suppression de tions ou des approv i s i o n n e- production propre de docu- - STANAG 2454 : règles et pro-
5 groupes de tra vail au sein ments que des procédures ments de niveau doctrine, ses cédures applicables aux
du bureau de normalisation opérationnelles, logistiques ou comités étant en charge de m o u vements par voie ro u-
Terre ou LSB19. De ce fait, l’an- administratives. STANAG de niveau technique. tière et identification des per-
cien groupe logistique (LOG sonnels et des organismes
WG) est devenu C o m b a t Une publication alliée (Allied Chaque STANAG ou APest revu responsables de l’organisa-
S e rvice Support WG (CSS WG) Publication ou AP) est un docu- sur un cycle général de 3 ans. tion des mouvements et du
(voir composition croquis 5) ment officiel de normalisation Chaque acteur du CSS WG peut contrôle de la circulation
par intégration, en qualité de de l’OTAN que quelques ou proposer de nouveaux accords (AmovP - 01)21;
comités, des anciens groupes toutes les nations s’accordent dans une démarche du bas vers
de travail Battlefield à utiliser comme document le haut, c’est le cas le plus fré- - STANAG 2455 : franchis-
Maintenance (BM), Materiel d’usage commun et qui est dis- quent, ou être l’objet d’une sement de frontières par voies
H a n d l i n g ( MH), M ove m e n t tribué au niveau exécution. Une demande par une “ Tasking de surface (AmovP - 02) ;

DOCTRINE N° 08 26 MARS 2006


- STANAG 2456 : documents - STANAG 2284 : signaux Par ailleurs, ce comité enger-
doctrine
3 NATO policy for interoperability
et glossaire sur les mouve- visuels manuels utilisés avec be une équipe terminologie - Action sheet C-M (2005) 0016
- 7 March 2005.
ments et les tra n s p o rts les équipements de manu- adaptée aux besoins de ce 4 Pays du partenariat pour la
(AmovP - 03) ; tention des matériels domaine pour la fonction logis- paix, pays du dialogue
( AA P 14). Ce STANAG est en tique. La terminologie connaît méditerranéen, etc.
5 NATO Response Force.
- STANAG 2468 : aspects tech- fait à l’état d’étude (St u d y a u j o u rd’hui un nouvel essor, 6 L’interchangeabilité est définie
niques du transport de maté- Draft STANAG). l’OTAN ayant décidé que tous par l’OTAN comme la capacité,
riels militaires par chemin de les termes employés dans ses pour un matériel, procédé ou
service, d’être employé à la
fer (AmovP - 04) ; documents officiels, dont les place d’un autre pour remplir
Comité maintenance : STANAG et les AP, doivent, à la même mission.
- STANAG 2236 : questions l’avenir, être agréés par le coor- 7 La communalité est définie par
l’OTAN comme l’utilisation des
relatives aux mouvements et - STANAG 2375 : guide pour donnateur central à la termi- mêmes doctrines, procédures
t ra n s p o rts multimodaux la récupération et l’éva c u a- nologie. ou équipements.
(AMovP - 05) ; tion des véhicules sur le 8 La compatibilité est définie par
l’OTAN comme la pertinence
champ de bataille (AEP 13) ; Les travaux en cours, sur l’en- de produits, procédés ou
semble des productions du services pour un emploi de
- STANAG 2399 : opérations CSS WG, prennent en comp- conserve dans des conditions
spécifiques pour remplir des
Comité manutention : de récupération et d’éva- te, d’une part, les nouve l l e s missions afférentes sans
cuation sur le champ de menaces telle que la défense causer des interactions
- STANAG 2413 : plateaux bataille ; contre le terrorisme et, d’autre inacceptables.
9 NSO : NATO Standardization
déposables de transport de p a rt, la nouvelle doctrine organisation.
charges ; - STANAG 2400 : récupération d’emploi des forces terrestres 10 SNLC : Senior NATO committee
des véhicules sur le champ dont les engagements au sein for Standardization.
11 NCS : NATO Committee for
- STANAG 2483 : capacités et de bataille - Manuel de l’uti- de la NR F. Standardization.
c a ractéristiques des maté- lisateur (AEP 17/A) ; 12 NSA : NATO Standardization
riels de manutention utilisés Agency.
13 NSSG : NATO Standardization
dans l’OTAN (AEP 39) 22 ; - STANAG 2418 : politique en Staff Group.
m a t i è re de réparation des 14 ACT : Allied Command
- STANAG 2827 : manutention dommages sur le champ de Transformation de Norfolk.
15 ACO : Allied Command
des matériels en campagne ; bataille. Operations de Mons.
16 MC : Military Committee.
- STANAG 2828 : palettes, colis 17 STANdard AGreement.
18 Allied Publication.
et conteneurs militaires ; Comité approvisionnements : 19 LSB : Land Standardization
Board.
- STANAG 2829 : équipement - STANAG 2961 : classes de 20 ALP : Allied Logistic
Publication.
de manutention des maté- ravitaillement des forces ter- 21 AmovP : Allied Movement
riels ; restres de l’OTAN. Publication.
1 OTAN : Organisation du Traité 22 AEP : Allied Engineering
de l’Atlantique Nord. Publication.
- STANAG 2830 : aides à la 2 Sommet de Prague - 23 AAP : Allied Administrative
manutention des matériels ; Remarque : ce comité a été créé Novembre 2002. Publication.
réellement le 29 juin 2005 ; lors
- STANAG 2926 : procédures de ses pre m i è res réunions il
d’emploi et de manutention aura la responsabilité de défi-
des conteneurs servant au nir les besoins de normalisation Voici donc traités, brièvement, quelques aspects
transport des approv i s i o n- dans son domaine, comme
nements militaires ; par exemple les points de dis- relatifs à l’interopérabilité logistique. Ils mériteraient,
tribution.
- STANAG 2927 : m a rq u a g e certainement, d’être complétés ultérieurement par une
des matériels d’arrimage
pour les mouvements par Comité procédures (IER) : présentation des processus d’application, actuellement
voie routière ;
Ce comité traite d’une ving- en cours de définition au sein de l’OTAN. De la même
- STANAG 2998 : glossaire taine de messages opéra-
relatif à la manutention des tionnels que beaucoup manière, d’autres aspects pourraient aussi être exposés,
matériels (AA P 24)23 ; connaissent et emploient, tels
que LOG SI TLAND, LOGAS- notamment, l’organisation nationale de normalisation
- STANAG 4062 : dispositifs de SESS REP, LOGU P DATE, MOV-
levage et d’arrimage prévus NOTIF, etc. dont certains sont et les actions qui précèdent ou prolongent celles
pour les matériels militaires placés, en plus, dans une
en vue de leur transport par logique opérationnelle, sous menées au sein de l’OTAN.
voies terrestre et maritime ; le contrôle de SH A P E .

MARS 2006 27 DOCTRINE N° 08


Ave rt i ss e m e nt de la direction de publication
Les idées développées dans cet article sont tirées d’un document en cours d’élaboration.
Bien que n’étant pas encore de la “doctrine”, elles sont déjà appliquées sur le terrain et vont être bientôt officialisées

La préparation logistique à l’engagement


opérationnel du GTIA
Besoins et pistes à explorer

L e soutien logistique est une préoccupation commune de la FAT et de la FLT, depuis la logistique
régimentaire, soutien de niveau 1, jusqu’aux bases logistiques mises en œuvre par les brigades
logistiques pour le soutien de niveau 2. Responsable de la préparation du soutien organique
des unités de la FAT, le CFAT consacre sa réflexion à la politique d’entraînement des groupements tactiques
interarmes (GTIA) dans le domaine du soutien logistique.
Au cœur de la manœuvre interarmes, dans les opérations extérieures comme dans le cadre de l’Europe de la
Défense avec le GT 1 5001, le GTIA doit constituer à l’avenir l’axe d’effort en matière de préparation
opérationnelle, tout particulièrement au plan du soutien. En effet, au-delà des exercices du type ANTARES
qui permettent de mettre en œuvre, en partie, un GTIA dans un environnement interarmes, il reste à élaborer
des exe rcices normés visant à préparer les GTIA à l’engagement opérationnel dans un environnement
logistique complet, cohérent et réaliste.
Pa rtant de la spécificité du GTIA, tout en se fondant sur les synergies qui permettent d’améliorer la cohérence
tactico-logistique de la préparation opérationnelle pour créer un environnement interarmes réaliste,
indispensable au soutien, cet article a pour objet d’éclairer le lecteur sur les perspectives d’amélioration de la
préparation à l’engagement opérationnel de ce type d’unité dans le domaine logistique.

PAR LE LIEUTENANT-COLONEL JEAN-YVES AMI, DE LA DIVISION PLANS (BUREAU LOGISTIQUE) DU CFAT

Les exercices de niveau


régimentaire et la prise en
compte de la préparation
logistique du GTIA

En OPEX, les régiments de


mêlée sont systématiquement
engagés sous la forme de
GTIA. De structure variable,
par nature interarmes, le GTI A
est une unité de circonstan-
ce taillée sur mesure q u i
découle directement du pro-
cessus de génération de
f o rces ou d’adaptation des
structures déjà existantes sur
le théâtre, initié au travers des

DOCTRINE N° 08 28 MARS 2006


tra vaux de planification du tés logistiques : ravitaillement, Le rôle central joué par le GTIA
doctrine
chefs de corps des régiments
GP P O 2 . La manœuvre d’un maintenance, soutien de l’hom- dans le domaine du soutien de mêlée font pre u ve quoti-
G TIA varie en fonction de sa me, soutien santé, soutien est encore renforcé par le fait diennement pour permettre
mission (entrée en pre m i e r, pétrolier et administration. que la brigade interarmes, une instruction collective et
coercition, stabilisation) ain- n’étant pas un échelon logis- un entraînement de qualité, la
si que des para m è t res d’envi- Au niveau de l’unité élémen- tique, ne dispose organique- MCO ne peut pas constituer la
ronnement (durée, autono- taire, les TC1 disposent des ment d’aucune unité en mesu- panacée en terme d’entraîne-
mie, zone d’engagement) qui capacités de ravitaillement car- re d’entraîner ses régiments ment pour le niveau 4. Dans
accompagnent celle-ci. burant et munitions et, le plus dans ce domaine. La prépa- ce cadre très empirique, l ’ e n-
souvent, d’un poste de secours. ration opérationnelle, en ter- traînement logistique du GTI A
Ainsi, dans le domaine santé, me de pro g rammation des est la plupart du temps réduit
La logistique de niveau 1 le GTIA joue-t-il un rôle majeur exercices comme de déploie- à sa plus simple expre s s i o n
dans la mise en œuvre du ment des moyens de soutien quand il n’est pas purement
Quel que soit le nombre des concept français de médicali- nécessaires à l’entraînement, et simplement occulté.
unités élémentaires qui le sation de l’avant qui a encore en est rendue dès lors plus
composent, un GTIA dispose prouvé son efficacité lors des complexe.
de trains de combat (TC1 et évènements de novembre 2004 Le décalage
TC2) et d’un train régimentai- en Côte d’Ivo i re. Pre m i e r tactico-logistique
re (TR) qui permettent au chef maillon de la chaîne des soins, Les exercices régimentaires du montage des exercices
de corps d’exécuter la la médicalisation du GTIA assu-
manœuvre logistique de son re aux blessés une prise en Aujourd’hui, 5 GTIA sont enga- L’expérience montre que l’en-
n i veau tout en béné f i c i a n t charge initiale rapide et de qua- gés en opération. Po u rtant, t raînement efficace d’un
d’une certaine autonomie lité. Elle nécessite donc un les forces terre s t res ne dispo- n i veau tactique c o n s i d é r é
pour durer. entraînement adapté des sent pas des outils d’entra î- nécessiterait systématique-
postes de secours en matière nement permettant une ins- ment le déploiement du
Rapporté à un théâtre tel que de déploiement et de fonc- truction collective, un n i veau logistique au moins
celui de l’opération Licorne, tionnement, notamment dans e n t raînement et une MCO 5 immédiatement supérieur. En
son éloignement, la disper- le cadre de l’afflux massif de normés, hormis les centres fait, entraîner les TC1, TC2 et
sion de ses unités et le type blessés. JANUS qui limitent l’instruc- TR d’un GTIA dans un contex-
d’action conduite, impliquent tion collective régimentaire à te opérationnel réaliste, e x i-
une nécessaire adaptation de Dans le cadre du concept des son volet tactique. Il manque ge le déploiement et donc la
son soutien. Le dimensionne- flux tirés, c’est le GTIA qui donc un centre d’expertise mise en œuvre d’un soutien
ment des TC1 et des TC2 est actionne par ses demandes dédié à la préparation à l’en- de niveau 2 adapté. Cette
donc étroitement lié à ces fac- l’acheminement des re s- gagement opérationnel du c o n s i d é ration milite pour le
teurs puisque le GTIA peut s o u rces, en particulier pour niveau 4, où le GTIA pourrait re g roupement de plusieurs
intégrer autant d’unités ou les demandes exceptionnelles s ’ e n t raîner dans un enviro n- exercices régimentaires, dans
d’éléments d’appui que néces- et/ou urgentes ne rentrant pas nement complet, réaliser des le cadre des FATEX TEL o u
saires, avec leurs moyens de dans le déroulement normal bascules de PC, coordonner espaces d’entraînement de
soutien spécifique, de maniè- de l’ord re administratif et ses appuis, déployer ses TC1, brigades, avec l’exe rc i c e
re permanente ou temporaire. logistique du théâtre. Sans TC2, TR dans une configura- AETIUS de la FLT qui consiste
anticipation efficace ni ges- tion réaliste, évalué et contrô- à déployer et mettre en œuvre
Aussi peut-il disposer de tion cohérente de besoins et lé par des experts dont c’est la totalité d’une base logis-
m oyens diversifiés et com- des consommations dans le le métier. tique divisionnaire (BLD), PC
plémentaires qui nécessitent temps par ses trains de com- et zones fonctionnelles
des capacités de soutien bat, la chaîne logistique est Par ailleurs, il est bien diffi- incluses.
adaptées et entraînent des ren- aveugle, sourde et impotente, cile de représenter en totalité
forcements par des moyens du rendant alors toute manœuvre l ’ e n v i ronnement interarmes Dans ce cadre, les exe rc i c e s
n i ve a u logistique supérieur h a s a rdeuse. L’entraînement ainsi que les moyens de sou- de type AN TARES peuve n t
comme c’est le cas des DTS3 logistique du GTIA est donc un tien associés du GTIA lors des représenter une opportunité
mis en œuvre par le BATLOG élément majeur et dimen- a u t o - e n t raînements vo i re réelle sur un cycle d’activité
de la force Licorne au pro f i t sionnant de la préparation de même lors des ANTARES. Les pour entraîner un GTIA. Il
des GTI A . l’engagement dans le domai- PC travaillent de façon d’au- importe donc de concentre r
Le GTIA constitue le plus bas ne de l’exécution du soutien tant plus virtuelle que les uni- les moyens nécessaires au
échelon de mise en œuvre même si la numérisation de tés ne sont pas déployées (les bon déroulement de la
logistique. A travers ses TC1, l’espace de bataille (NEB) et ord res sont donnés mais la manœuvre, en particulier en
TC2 et son TR, respectivement les liaisons entre les systèmes réalisation concrète n’est pas terme de soutien. Cette apti-
dirigés par l’officier logistique, d’information régimentaire et jouée, gestion des blessés, tude repose sur les capacités
chef du BML4 du régiment (TC2) terminaux (SIR et SI T) peuvent transport des munitions...). du CFAT et du CFLT d’adosser
et le directeur des services admi- améliorer le suivi des niveaux Quelle que soit la souplesse leurs exercices et d’organiser
nistratifs et financiers (TR), il dis- logistiques des GTIA par la q u’elle autorise et l’inve n t i - ensemble les rendez-vous de
pose de la plupart des capaci- brigade. vité dont les brigades et les préparation opérationnelle.

MARS 2006 29 DOCTRINE N° 08


La recherche de synergies navant autant que possible au cices à vocation logistique et mis l’entraînement en commun
FAT-FLT pour la valorisation niveau 4, consacré à l’entra î- tactique sans nuire à la clart é de 10 000 hommes et 4 500 véhi-
de la préparation opération- nement du GTI A . ni à l’efficacité de l’animation. cules selon plusieurs niveaux.
En limitant le nombre des acti- En effet, il s’agit avant tout D’abord, il a autorisé l’instruc-
nelle de la chaîne des forces vités et en abaissant leurs d’offrir un environnement aus- tion collective des états-majors
coûts en matière de budget par si complet que possible aux des 2e et 7e brigades blindées
L’adossement des exercices c o n c e n t ration des exe rc i c e s joueurs évalués. ainsi que des brigades d’appui
de la FAT et de la FLT a vec matériels majeurs, ces spécialisé. Celles-ci ont aussi pu
s y n e rgies permettent aussi Toutefois, GUIBERT-HERMES contrôler certains de leurs régi-
La préparation à l’engagement d’offrir un environnement 2005 l’a montré, il est possible ments au travers d’exe rc i c e s
opérationnel de la chaîne des i n t e rarmes réaliste à la pré- d’imbriquer les nive a u x AN TARES dans un enviro n n e-
f o rces a franchi un cap en paration opérationnelle de la joueurs ; en distinguant ceux ment tactique et logistique
m a t i è re de cohérence grâce chaîne des forces. Sur la base de premier rang, l’EMF et la BL complet et cohérent. L’exercice
à l’association pour chaque des planifications opéra t i o n- qui sont évalués, et ceux de FATEX TEL s’est déroulé dans
niveau (1, 2 et 3) de forces tac- nelles réalisées conjointement second rang, qui s’instruisent un cadre réaliste, particulière-
tiques et logistiques. Ainsi, par le CFAT et le CFLT, la cohé- collectivement. Ce principe a ment en matière de soutien
les exe rcices de la FAT et de la rence tactico-logistique peut dès été réalisé pour l’animation (exercice/réel), puisqu’il s’est
FLT sont-ils de plus en plus lors être encore mieux réalisée basse formée par les brigades adossé à l’exercice AETIUS
a d o s s é s de la manière sui- dans le cadre de la préparation de la FAT et le PC de la BLD mis annuel des formations de la
vante : GUIBERT- HER MES opérationnelle, grâce à l’ados- en œuvre par le FLT. Selon ce BL2 qui a mis en œuvre une
pour le niveau 2 depuis 2004, sement, systématique et à tous principe, il est donc possible BLD. Cette architecture, coor-
FATEX TEL-AETIUS depuis 2005 les niveaux, des exercices. de décliner une forme d’en- donnée par l’EMF 1 en liaison
pour le niveau 3 et, au second traînement du type “ poupée étroite avec la BL2, a concen-
s e m e s t re 2005, DAVO U T- g i g o g ne ” pour les autre s tré dans le même cadre espa-
LARO C HE pour le niveau 1. Il Une cohérence par niveau niveaux de forces. ce-temps plusieurs exe rcices
convient de poursuivre cette associant forces tactiques Ainsi, l’exercice FATEX TEL asso- aux objectifs différents mais
dynamique en matière d’en- et logistiques cié à l’exercice AETIUS consti- complémentaires.
traînement, bénéfique à l’en- tue-t-il à ce titre, une nouvelle C’est un véritable cercle ve r-
semble des forces terrestres L’exercice GUIBERT-HERMES référence en matière d’exe rc i- tueux qui se met donc en pla-
et réaffirmant l’unicité de la a permis d’expérimenter le ce avec matériels majeurs. ce, tout particulièrement en
manœuvre, en l’étendant doré- degré d’intégration des exe r- FATEX TEL 2005 a en effet per- matière de soutien car il per-

DOCTRINE N° 08 30 MARS 2006


met le déploiement d’une chaî- de simulation ou de soutien à Mailly ou mobile grâce à des
doctrine
ou au sein des TR en BLB9, BL D
ne logistique complète, où la réel, qui permet de valider sa équipes de contrôleurs a n i- ou BLT10 et ainsi développer les
coopération entre les soutiens capacité opérationnelle au plan mateurs, déployés sur le ter- savoir- f a i re administratifs et
de niveau 1 et 2 est bien réel- logistique. rain et des balises mobiles per- logistiques en matière d’éva-
le et complète ainsi les dispo- mettant aux joueurs de se cuation des dépouilles mor-
sitions prises par la FAT en raccorder au réseau d’anima- telles (chaîne mortuaire) ou en
matière de disponibilité tech- Développer les exercices tion et de re c e voir toutes les m a t i è re de soutien des pri-
nique opérationnelle pour opti- CPX normés par le niveau 4 informations nécessaires. Un sonniers et de leur transfert.
miser la gestion des parc s . GTIA dans un premier temps, Au plan de la maintenance, la
Enfin, au sein d’un tel exerci- Pour autant, ce n’est pas néces- voire plusieurs dans un avenir simulation pourrait constituer
ce, le GTIA, cheville ouvrière sairement suffisant pour garan- plus lointain, pourrait alors une aide au déve l o p p e m e n t
de la manœuvre, trouve l’en- tir une préparation opération- développer une manœuvre des procédures d’intégration,
vironnement interarmes et nelle de qualité pour le niveau 4. complète avec ses sous-grou- au sein des TC2, des éléments
logistique réaliste dont il a En effet, les exercices FTX coû- pements et la totalité de ses de soutien spécifiques des uni-
besoin pour s’entraîner. tent cher, tant au plan budgé- appuis et de son soutien. tés données en renfort au GTIA,
t a i re qu’en maintenance des tout en améliorant le diagnos-
p a rcs, et sont difficiles à pro- La simulation permettrait tic à l’avant, l’évacuation et l’ap-
Des évolutions grammer. En conséquence, ils notamment de ne pas déployer provisionnement des pièces de
esquissées pour l’avenir constituent le parachèvement nécessairement une base logis- rechange.
de la préparation à l’engage- tique complète. Seul le PC de
Le cadre de référence consti- ment opérationnel. la base logistique divisionnai- Cette évolution du CPF est
tué par l’adossement des exer- re ou de brigade et des PC de a u j o u rd’hui à l’étude par le
cices majeurs de la FAT et de la Toutefois, il reste à définir et zones fonctionnelles réduits, CFAT qui y associe étroitement
FLT devrait permettre dans les mettre en œuvre, pour ce seraient alors déployés, asso- le CFLT. Il serait alors tout à fait
années à venir d’optimiser la niveau considéré, un système ciant de manière cohérente des envisageable de simuler de
p r é p a ration à l’engagement d’entraînement normé, qui ne unités de la FAT et de la FLT manière réaliste et prégnante
o p é rationnel des formations nécessite pas obligatoirement dans un exercice normé, per- toutes les activités de soutien
de la chaîne des forces. l’implication au niveau actuel mettant le contrôle et l’éva- pour animer et faire vivre une
de la chaîne des forces pour luation des GTIA dans tous les manœuvre réaliste des GTI A ,
Cohérence et unicité de la contribuer à la préparation et aspects de la manœuvre. Dans efficace en terme d’entraîne-
manœuvre au contrôle du GTIA dans tous cette optique, le Centre de pré- ment et de mise en condition
les domaines et notamment paration opérationnelle de o p é rationnelle, tout en pré-
En matière de soutien, la com- dans celui de la logistique. En base divisionnaire (ouvert éga- servant son efficience, c’est-à-
plémentarité tactico-logis- ce sens, le CPF devrait jouer lement à l’entraînement des PC dire l’attente des objectifs au
tique, acquise dans la planifi- un rôle plus important pour de brigade logistique) déve- moindre coût.
cation des opérations et la une préparation opéra t i o n- loppé par les Ecoles de la logis-
génération de force grâce à nelle mieux modélisée per- tique et du Train sur le camp
l ’ é t roite coopération du CFAT mettant l’entraînement, le du Ruchard permettrait d’en- La brigade interarmes : le
et du CFLT dans le cadre du contrôle et l’évaluation d’un à visager des collaborations niveau de référence à pri-
GPPO, devrait s’étendre éga- plusieurs GTIA dans le cadre fructueuses avec le CPF et vilégier pour la préparation
lement à la préparation opé- de l’entraînement comme des ouvrirait la voie à des exercices opérationnelle
rationnelle des GTIA. C’est un MCO. communs répondant aux
gage de performance dans la besoins des forces. La mise sur pied simultanée de
mise en œuvre de l’ensemble Aujourd’hui, le dimensionne- plusieurs GTIA, qui permet de
des procédures relatives à la ment du CPF permet l’entraîne- Dans le domaine de la logis- s’adosser à un niveau logis-
conduite du soutien. En effet, ment de deux sous-groupe- tique du niveau GTIA, les auto- tique de type BLB ou BAT LOG
la préparation commune des ments interarmes (S/GTIA) grâce matismes relatifs aux pro c é- a minima, exige une forte coor-
exercices améliore les travaux au CENTAC. Mais demain, grâ- dures de conduite du soutien dination et une certaine sou-
de planification en amont et ce à la simulation et des balises pourraient être déve l o p p é s plesse qu’on ne peut trouver
rend l’exercice plus cohérent, mobiles6, le CPF pourrait s’af- dans un cadre intera r m e s , q u’au niveau de la brigade
q u’il s’agisse de l’établisse- f ranchir de l’espace limité du entre les niveaux de soutien 1 i n t e rarmes. En effet, celle-ci
ment des bases de données, camp de Mailly, pour entraîner (TC2, TR) et 2 (BLD, BLDA, joue un rôle pivot indispen-
des procédures à appliquer ou un GTIA même numérisé avec BLDT8). La sécurisation des ins- sable au plan du soutien, pour
de l’animation de l’exe rcice une OPFOR7 de même niveau, tallations (TC 2 / TC1) et des la préparation à l’engagement
dans ses aspects tactiques et en s’appuyant sur une utilisa- c o n vois logistiques en zo n e opérationnel comme pour les
logistiques. Pour le GTIA, le réa- tion combinée des 3 camps de d’insécurité pourrait ainsi être opérations. Même si son pôle
lisme et la cohérence de don- Champagne ou d’espaces d’en- réellement prise en compte. En logistique est réduit et qu’ e l-
nées, du scénario comme des traînement en France ou à m a t i è re de soutien de l’hom- le n’engerbe organiquement
circuits d’information sont une l’étranger. Le CPF pourrait alors me, le GTIA pourrait organiser aucune formation logistique
impérieuse nécessité, qu’il diriger l’animation de l’exerc i- la zone de soutien administra- subordonnée, elle peut se voir
s’agisse d’animation par voie ce à partir d’un PC DIREX fixe tive du régiment en autonomie adapter, dans certaines cir-

MARS 2006 31 DOCTRINE N° 08


constances d’engagement, une
base logistique de brigade
(BLB), mise en œuvre par un La cohérence tactico-logistique en matière de préparation à l’engagement
détachement logistique (BAT- o p é rationnel de la chaîne des forces, largement esquissée aujourd’hui par la
LOG). synergie entre la FAT et la FLT pour les grands exercices, doit désormais s’étendre
Cette singularité suppose en résolument au niveau 4. Elle doit s’instaurer dans l’avenir comme une règle de
amont des formes d’abonne- conduite rendue indispensable pour l’efficience de la préparation opérationnelle de
ment avec les unités de la FLT l’Armée de terre du fait des contraintes pesant sur la disponibilité des matériels et
pour développer la cohésion, du développement de la numérisation de l’espace de bataille.
la connaissance et la confian-
ce mutuelles et donner ainsi tou- Dans ce dernier domaine, l’intégration de plus en plus poussée des systèmes
te sa cohérence à la manœuvre d’information et, en particulier, l’intero p é rabilité des SIL11 a vec le SIR devra i t
du soutien. Toutefois, des f a voriser à terme un meilleur suivi et une gestion encore plus performante de la
limites a p p a raissent claire- ressource, gage d’une amélioration indiscutable de l’exécution et de la conduite du
ment : il y a 8 BIA et seulement soutien au sein des GTI A .
2 BL et les PC brigades, ne dis-
posant notamment pas de C’est pourquoi la voie ouve rte par l’espace d’entraînement de brigade en terra i n
médecin ni de commissaire dans l i b re, FATEX TEL 2005, doit être poursuivie dans un esprit volontariste pour améliore r
leur cellule logistique, sont sous- l ’ i n t é g ration du soutien dans la manœuvre du GTIA. Mais si ce type d’exercice
dimensionnés en matière de constitue une facette emblématique de la préparation à l’engagement opérationnel, il
soutien. Pour autant, c’est sous reste à d é velopper les outils de simulation permettant, comme pour les niveaux 1, 2 et 3
couve rt de l’action coordinatri- des forces, l’entraînement réaliste et normé en CAX du niveau 4.
ce des brigades interarmes que
le niveau 4 (et par extension le Cette nouvelle politique d’entraînement repose également sur une re c h e r c h e
niveau 5, S/GTIA) peut s’entraî- permanente et à tous les niveaux de possibilités d’entraînement mutuel au sein de
ner dans un cadre tactico-logis- la FAT et de la FLT, afin de donner au GTIA la possibilité de manœuvrer dans un
tique cohérent. e n v i ronnement plus réaliste et complexe, dans lequel la prise en compte de la
problématique liée au soutien est effective.

La réalisation de ces objectifs est d’autant plus importante qu’elle s’inscrit


pleinement dans le cadre de nos engagements multinationaux avec nos partenaires
e u ropéens ou de l’OTA N. En effet, à titre d’exemple, la participation française au
dispositif d’alerte et de réaction des BG 1 50012 place les GTIA au cœur d’une
problématique d’engagement multinational qui nécessitera une adaptation de leur
1 G ro u p e m e nt tactique 1 500 e n t raînement tactique et logistique.
hommes ou BG (pour bat t le
g roup) 1 500, le GTIA est
l’oss at u re du dispositif de
réaction rapide de l’Union
Européenne.
2 G roupe pluridisciplinaire de
p l a n i f i cation opérat i o n n e l le
qui réunit sous l’égide de la
division plans du CFAT le s
experts du CFAT et du CFLT.
3 D é t a c h e m e nt temporaire de
soutien.
4 Bureau mainte n a n ce
logistique.
5 Mise en condition
opérationnelle.
6 Du type du simulate u r
néerlandais MCTC mobile
combat training ce nter par
exe m p le.
7 Force d’opposition.
8 Base logistique divisionnaire
( te m p o ra i re ou avancée) mise
en œuvre par le GSD.
9 Base logistique de brigade.
10 Base logistique te r re mise en
œuvre par le gro u p e m e nt de
soutien te r re (GST ) .
11 S ys tème d’informations
logistiques.
12 B at t le Group 1 500 : GTIA mis
en œuvre par une nation
ca d re selon un tour d’a le rte
e nt re les nations part i c i p a ntes
de l’UE.

DOCTRINE N° 08 32 MARS 2006


doctrine
Forces terrestres futures
La logistique sera au rendez-vous !

e projet “ Fo rces terre s t res futures 2025 ” de l’Armée de terre s’inscrit dans un processus
L de transformation qui a pour finalité d’accroître l’efficience de son action opérationnelle
d’une manière significative. Afin de leur conférer les capacités de s’engager plus loin, plus vite
et plus efficacement, les forces terre s t res seront plus projetables qu’ a u j o u rd’hui mais devro n t
conserver une puissance et une protection équivalentes à celle des forces “ l o u rd es” actuelles.
Ces forces transformées devraient être constituées de groupements part i c u l i è rement aptes
aux opérations d’entrée en pre m i e r, capables de mener d’emblée des actions de coercition
mais aussi de maîtrise de la violence sans discontinuité. Cette ambition s’appuie sur les
p rogrès prévisibles de la technologie, notamment dans les domaines du renseignement,
de la protection, de la miniaturisation, de la numérisation et des systèmes d’information.
Elle vise à garantir l’efficacité de l’action militaire en dépit de la limitation des volumes de
f o rces engagées.

PAR LE COLONEL PHILIPPE VE R VA E K E, DU BUREAU CONCEPTION DES SYSTÈMES DE FORCES (BCSF DE L’EMAT)

es forces terrestres de Les forces projetées devraient - p re n d re et conserver l’ini- Le renforcement de la


C f o rte puissance met-
t ront en œuvre de n o u-
veaux modes opératoires ren-
posséder des capacités leur
permettant fréquemment et
rapidement de changer de
t i a t i ve et imposer leur
volonté à l’adversaire par
des actions dans les
liberté d’action par
l’optimisation du système
dus possibles par une configuration pour s’adapter champs matériels et imma- logistique
meilleure maîtrise de l’infor- aux changements de contex- tériels.
mation. te et de menace, voire de natu- Les nouvelles technologies de
Les opérations infovalorisées1 re de mission. La mise en œuvre de ces nou- l’information et de la commu-
devront permettre des ava n- velles capacités implique nication autoriseront le chef
cées significatives dans de que la fonction logistique interarmes de demain à conce-
n o m b reux domaines et Concrètement, elles pourront : é volue globalement pour voir une manœuvre caractéri-
notamment : a p p o rter les réponses les sée par la fluidité des déploie-
- adapter fréquemment leur plus adaptées. Il est donc ments successifs, une
- la capacité à connaître et s t r u c t u re aux cara c t é r i s- nécessaire d’étudier dès à maîtrise accrue de la disper-
c o m p re n d re la situation tiques de la mission et présent les pistes qui per- sion des forces et de la
a vant l’engagement ; mettre en œuvre une orga- m e t t ront de garantir la qua- concentration des effets. La
- la capacité à maîtriser le nisation modulaire et recon- lité du soutien de la forc e maîtrise du rythme permettra
rythme de la manœuvre ; f i g u rable selon l’évolution aéroterrestre en permanen- l’alternance rapide, vo i re la
- l ’ a m é l i o ration du dialogue de la situation ; ce, au meilleur ra p p o rt coût- concomitance entre des
et de l’interactivité des efficacité, et malgré des situa- phases de contrôle et des
acteurs du champ de - décider et mettre en œuvre tions opérationnelles en actions de combat très bru-
bataille ; des actions réversibles et constante évolution. Il s’agit tales. La force terrestre ayant
- les nouveaux modes simultanées de contrôle et de concevoir et développer une meilleure maîtrise du
d ’ a g ression et de dissua- de coercition, dans un cadre un système logistique qui mouvement sera moins pré-
sion ; c o m p l e xe et changeant à renforce la liberté d’action visible et moins vulnérable aux
- la protection re n f o rcée et l’intérieur duquel l’intensi- du chef interarmes, qui soit agressions de l’ennemi. Grâce
coopérative ; té des phases de l’engage- maîtrisé de bout en bout et à la précision et à l’efficacité
- la souplesse et l’agilité des ment peut être extrême- qui repose sur des capacités de ses feux, elle sera capa-
organisations. ment variable ; de soutien optimisées. ble d’imposer sa volonté

MARS 2006 33 DOCTRINE N° 08


à l’adve r s a i re. Mais cette
manœuvre, qui repose sur
l’acquisition de la supériori-
té informationnelle et déci-
sionnelle, n’est applicable
que si les unités chargées du
combat bénéficient d’un sou-
tien performant et adapté.

Le commandement de théâtre
aura donc pour mission géné-
rale de conduire l’ensemble
de la manœuvre des élé-
ments de soutien pro j e t é s ,
en décentralisant tout ou par-
tie de ses moyens et de son
système de commandement
logistique pour le rattacher
temporairement ou non aux
échelons tactiques qui en ont
besoin. Le système de sou-
tien pourrait ainsi être art i-
culé en deux échelons :

- un échelon “inséré” dont le contact doivent disposer des seront conservés en zone systèmes d’armes) sans avoir
rôle serait de donner aux uni- re s s o u rces et du potentiel stable et apport e ront leur à les demander au chef de
tés au contact leur néces- nécessaires en toutes circons- concours aux logisticiens insé- l’unité au contact. Celui-ci,
saire autonomie et de provo- tances et au moment voulu. rés, grâce éventuellement à la disposant des synthèses
quer les demandes de recom- Pour autant, leur action ne doit transmission de données tech- essentielles, n’ a u ra à s’im-
plètement ou d’évacuation ; pas être entravée par la lour- niques (capacité de “ t é l é - pliquer dans le processus des
deur excessive du dispositif de opéra t i on”). demandes que lorsque celles-
- un échelon permanent “en soutien. Le chef intera r m e s est le ci auront un caractère exc e p-
zone stable”qui conserve- C’est pourquoi seuls des g a rant de l’unicité de la tionnel.
ra les stocks non néces- modules logistiques spéciali- m a n œ u v re, dans sa dimen- Afin de pas encombrer les
saires à l’action en cours et sés devraient être insérés dans sion tactique et en intégrant unités au contact, il ne leur
p ro c é d e ra aux opéra t i o n s les unités au contact jusqu’au les contraintes logistiques. s e ra livré que ce qui est
logistiques plus contra i- niveau du GTIA, voire au niveau Anticipant ses besoins et défi- nécessaire, ces ravitaille-
gnantes. Cet échelon per- de formations plus petites nissant le niveau d’autono- ments feront suite à des com-
manent pourra générer des lorsque le GTIA agira dans des mie logistique pour l’accom- mandes (flux tirés), mais ils
échelons tempora i res si zones compartimentées (com- plissement de sa mission en pourront aussi faire suite aux
nécessaire. bat en zones urbanisées...). Ces liaison avec son conseiller consommations normales,
modules, variables selon la logistique, il aura un rôle dans ce cas ils ne seront plus
De ce point de vue, la suc- situation opérationnelle, seront accru dans la phase de poussés selon une planifica-
cession actuelle des échelons prioritairement articulés et conception de la manœuvre tion rigide mais “p u l s és” au
logistiques (BLIAT, BLT, BL D , dimensionnés pour faciliter la du soutien. En re vanche, il moment et à l’endroit conve-
TC2) pourrait être remise en s u rvie des blessés et l’accom- d e v rait être dégagé des nu entre l’unité au contact et
cause, ne représentant plus plissement de l’action en cours. tâches d’exécution liées au l’unité de soutien.
un système figé mais un sché- Ils procureront en outre l’au- soutien logistique car la plu-
ma de principe qui devra tonomie logistique nécessaire p a rt des comptes-re n d u s Grâce à une connaissance
s’adapter en permanence aux aux commandants interarmes s e ront automatisés. p e r m a n e nte des pertes, des
besoins des forces. En effet, pour mener des actions d’op- dommages et du niveau des
le système de soutien actuel portunité de leur niveau. Les Le personnel des modules consommations, les logisti-
permet un bon suivi et une autres moyens seront conser- logistiques insérés devra dis- ciens seront en mesure
bonne répartition des capa- vés autant que possible hors poser des informations indis- d’adapter le dispositif logis-
cités de soutien, mais il pré- du contact au sein d’un éche- pensables à la conduite du tique à l’évolution de la situa-
sente l’inconvénient de lon logistique déport é et pro- soutien d’une manière tra n s- tion en temps utile. De plus,
rendre notre dispositif moins tégé pour ne pas exposer inuti- parente pour les unités au ils pourront déceler une gran-
réactif et parfaitement lisible lement leur potentiel aux combat (accès direct aux de partie des risques de dys-
par l’adve r s a i re. atteintes de l’ennemi. Afin informations logistiques four- fonctionnement et proposer
Afin d’assurer le succès de d’éviter l’émiettement des spé- nies par les systèmes d’in- au commandement des solu-
leurs missions, les unités au cialistes du soutien, ceux-ci formations terminaux des tions pour y faire face ava n t

DOCTRINE N° 08 34 MARS 2006


même qu’ils ne deviennent pro- gées de ces actions devro n t - garantir aux forces un taux de
doctrine
l’autonomie lui permettant de
blématiques. La connaissance donc disposer de systèmes s e rvice de très haute qualité mener la manœuvre planifiée
la plus affinée possible de la d’armes moins “gourmands”. malgré des modifications sou- mais aussi de faire face à cer-
situation tactique et logistique Cela nécessite un effort parti- daines et importantes de tains aléas de l’opération et de
p e r m e t t ra de placer les élé- culier lors de leur conception leurs dispositifs dans l’espa- saisir les opportunités de son
ments de soutien et les stocks dans la recherche de la réduc- ce comme dans le temps. niveau. Il est donc essentiel de
à l’endroit où leur efficience tion des masses et de la sim- concevoir un système de sou-
maximale et leur protection plification des opérations de Le besoin de maîtriser les coûts tien qui conjugue l’efficience
seront le plus facilement garan- maintenance (logistique inté- pourrait conduire à adopter une dans l’emploi des moyens et
ties. grée dans les pro g rammes) logistique à flux tendu, mais des ressources, et la flexi-
pour que les utilisateurs puis- l’expérience prouve que ce sys- bilité au service des unités sou-
En outre, compte tenu du fait sent réparer eux-mêmes et sans tème n’est pas compatible avec tenues.
que le succès de la manœuvre difficulté une large part des les nécessités du soutien opé-
repose à la fois sur le respect de dommages techniques. rationnel. Les ruptures territo- Il est probable que deux sys-
l’action planifiée mais aussi riales, les actions de l’ennemi tèmes de soutien devront
sur la saisie d’opportunités, Il sera aussi capital de conce- et les adaptations constantes coexisterpour faire face à l’en-
les logisticiens doivent avoir voir des modes d’action moins du système de forces rendent semble des besoins :
les moyens de pro d u i re un consommateurs, notamment illusoire la mise en place d’un - d’une part une logistique cen-
effort logistique non planifié en munitions. Demain, il faudra système que les aléas du com- tralisée, à flux poussés, dont
dans des délais compatibles donc produire les effets recher- bat rendraient fragile au point les caractéristiques princi-
a vec l’action d’opportunité chés avec des moyens stricte- de remettre en cause l’action pales seront d’être planifiée,
e n v i s a g é e. Cela nécessite, ment dimensionnés. principale. massifiée, optimisée, et qui
faute de disposer de réserves présentera de fortes oppor-
ou de stocks onéreux, d’avoir La maîtrise des coûts re s t e tunités d’interarmisation, de
la capacité de proposer de réaf- Un système logistique cependant une nécessité. Il est coopération interalliée et d’ex-
fecter des moyens ou des res- donc indispensable de dispo- ternalisation (cette logistique
sources en cours d’action sans maîtrisé de bout en bout ser des outils de conception sera fortement dépendante
mettre en difficulté d’autres uni- permettant d’estimer pour de l’analyse des coûts) ;
tés. Cela implique notamment L’adaptation du système de chaque opération le niveau - d’autre part une logistique
le recours systématique à des soutien aux conditions d’enga- d’autonomie de la force proje- décentralisée, coordonnée
moyens de livraison par la troi- gement de la force aéroterrestre tée dans un cadre espace par le théâtre, personnalisée,
sième dimension. future place les forces terrestres temps précis, éventuellement adaptable, reconfigurable,
face à un triple défi : différencié pour chaque domai- r é a c t i ve et pro - a c t i ve .
Il n’est pas simple de concilier - gagner en efficience, c’est-à- ne du soutien, et de mesurer Suffisante voire légèrement
l’autonomie des forces et l’al- dire garantir la qualité du ser- les stocks de théâtre à consti- excédentaire elle re p o s e ra
légement de l’avant. Lors des vice tout en maîtrisant les tuer et à mettre en place. Cette principalement sur des
phases d’engagement de coûts ; estimation comporte une prise moyens militaires et sera tour-
haute intensité et notamment - assurer la fiabilité du systè- en compte des risques à née vers une réelle “approche
lors de l’entrée en premier, cela me de soutien malgré les consentir qui doit être soumi- client” (cette logistique sera
ne sera possible que si les menaces émergentes liées se à l’appréciation des déci- principalement dépendante
besoins en soutien immédiat aux nouvelles formes de deurs. En tout état de cause, la de l’analyse des résultats opé-
ont été réduits. Les forces char- conflit ; force terrestre doit disposer de rationnels attendus).

BOUCLE D’APPROVISIONNEMENT BOUCLE DE DISTRIBUTION

FLUX PRINCIPALEMENT POUSSÉS FLUX PRINCIPALEMENT TIRÉS

DOMINANTE DOMINANTE

PRODUCTIVITÉ/EFFICIENCE FLEXIBILITÉ

LIMITE DE DIFFÉRENTIATION

MARS 2006 35 DOCTRINE N° 08


Le soutien logistique centra- La réponse à ce véritable défi automatique” capable d’en- cure ra un soutien logistique
lisé permettra de prendre en repose sur la mise en place caisser les variations prove- de qualité tout en augmen-
compte les besoins géné- d’un système de manage- nant de la logistique centra- tant la liberté d’action du chef
riques de la force, le soutien ment de la chaîne logistique lisée, comme de la logistique interarmes.
logistique décentralisé sera globale qui consiste, non pas d é c e n t ralisée. Cette base
dynamique et adapté aux à optimiser chaque stade du devra offrir toutes les condi-
opérations. p rocessus indépendamment tions requises pour faciliter Une maîtrise rendue pos-
des autres, mais au contra i- la réversibilité des flux, c’est-
La cohérence indispensable re, à re c h e rcher une perfor- à-dire des conditions de stoc- sible par l’infovalorisation
entre ces deux systèmes com- mance globale au profit du kage garantissant la préser- de la logistique future
plémentaires nécessitera une d e s t i n a t a i re final. Un des vation des re s s o u rces et leur
c o o rdination parfaite du principaux leviers de perfor- réacheminement éve n t u e l L’infovalorisation autorisera
changement de rôle entre les mance devrait donc être la vers la métropole sans opé- l’échange facile et rapide des
deux acteurs essentiels : compatibilité des systèmes rations supplémentaires de informations entre tous les
d’information qui permette maintenance et de condi- acteurs, quelle que soit leur
- le commandement de la une meilleure prise en comp- tionnement. Ainsi, la consti- situation géographique ou leur
logistique amont, chargé de te de la situation tactique par tution d’un stock de théâtre chaîne fonctionnelle. Le dia-
concevoir et de planifier au l’échelon logistique et un ne devra plus entraîner une logue permanent qui s’éta-
niveau interarmées un sys- suivi de bout en bout des re s- d é g radation à terme des blira entre les niveaux de com-
tème privilégiant l’antici- sources et des évacuations. stocks objectifs en cas de mandement tactiques et logis-
pation et l’efficience ; Les systèmes amont sero n t non-emploi par la force. Ces tiques donnera aux logisticiens
ainsi principalement consti- “ stocks tampon” pourraient le temps d’anticiper les besoins
- le commandement de tués d’outils de gestion et de c o m p o rter des équipements en fonction de l’action plani-
théâtre mettant en œuvre planification dialoguant en complets destinés à recom- fiée. Pendant la phase de
un système privilégiant la temps utile avec des sys- pléter les forces victimes conduite, l’accès aux informa-
conduite et la flexibilité. tèmes de théâtre se distin- d’attrition afin de limiter au tions fournies par les systèmes
guant par leur flexibilité et maximum les réparations sur d’armes, notamment grâce au
Le soutien logistique cen- leur capacité de conduire le le théâtre. système d’information termi-
tralisé permettra de prendre soutien d’une manière pro - La mise en place d’un systè- nal (SIT) et le système de mana-
en compte les besoins géné- active et réactive. me de management global gement global de la chaîne
riques de la force, le soutien Dès lors, la base logistique de la chaîne logistique qui logistique permettra d’appré-
logistique décentralisé per- d’entrée sur le théâtre n’ a p- m e s u re en temps utile les hender les écarts de réalisation
m e t t ra de fournir les re s- p a raît plus comme une éta- écarts entre la planification et en temps utile sans avoir sys-
sources nécessaires en pe parmi d’autres du flux l’exécution permettra d’ap- tématiquement recours aux
temps et en qualité aux uni- logistique, mais comme une porter rapidement les mesures demandes de l’échelon de com-
tés engagées les opérations. sorte de “ boîte de vitesse correctives nécessaires et pro- bat. Il sera possible de consti-

Ga rantir le suivi Fournir Maîtriser Maîtriser


de bout en bout l’information utile les flux l’information logistique

• Réduire les zones d’ombre • Faciliter l’accès à • Connaître ce qui est prévu • Disposer d’une vision
• Standardiser les données l’information • Mesurer les écarts consolidée de la logistique :
Besoin et échanges • Personnaliser prévu/réalisé - Flux
• Automatiser la collecte l’information • Signaler les dérive s - Stocks
de l’information • Sécuriser l’accès à • Garantir l’authenticité -Potentiels
l’information des alertes

• SI T
• Interfaces SIL • Intranet de théâtre • Intranet de théâtre • Numérisation OAL
• Interfaces systèmes alliés • Socle Technique • Socle Technique Commun • Common Logistic Picture
Solution et prestataires Commun (MOIE ) (MOIE) (CLP)
• Modèle pivot • Portail Intranet • Portail Intranet
• Déploiement Nomade • Contrôle d’accès • Contrôle d’accès
• Technologie RFID

Système de management de la chaîne logistique

DOCTRINE N° 08 36 MARS 2006


tuer à partir de l’image opéra-
doctrine
tionnelle commune une “ima- Pour garantir l’unicité de la manœuvre malgré la ra reté et l’éloignement de certains
ge logistique commune” grâ- m oyens logistiques des unités au contact, il sera nécessaire de développer :
ce à laquelle les logisticiens
seront en mesure d’évaluer pré- - la capacité de concevoir la manœuvre logistique en anticipation des besoins, de
ventivement les conséquences dimensionner les justes niveaux d’autonomie et de positionner au bon endroit les
logistiques des actions, d’ap- m oyens logistiques ;
p o rter les mesures correctives
au fur et à mesure et de définir - la capacité de suivre la situation logistique pour connaître en temps utile les besoins
les modalités de mise en œuvre des usagers et l’état du dispositif logistique (consommations, pertes, dommages,
garantissant la meilleure effi- flux, stocks, état des moyens logistiques et capacités de transport, etc.) ;
cience des moyens logistiques.
- la capacité de piloter la manœuvre logistique en adaptant dynamiquement la
Afin de faciliter le suivi des flux chaîne de soutien aux besoins des combattants et aux priorités du
(commandes, livraisons, commandement au fur et à mesure de l’évolution de la situation tactique (actions
convois, etc.) et des nive a u x ou réactions d’opportunité) ;
(stocks, rechanges, moyens,
équipements, etc.), les logisti- - la capacité de soutenir les unités momentanément isolées par la 3e dimension.
ciens devront disposer de sys-
tèmes d’information logis- Les modules de soutien insérés dans les unités au contact posséderont le même
tiques pro j e t a b l e s. Ces système de communication et d’information que l’unité soutenue. Ils devront en
systèmes communiquero n t o u t re avoir une liaison avec leur chaîne fonctionnelle de soutien (échelon logistique
entre eux et avec les SI T grâce déporté en zone “stable”).
à l’internet de théâtre. Ils four-
niront en outre les synthèses
nécessaires aux systèmes d’in-
formation opérationnels de L’adaptation des capacités de Chaque unité au contact devra mobiles même en zone urba-
commandement. soutien logistique aux condi- donc disposer d’un nombre nisée, et bénéficiera d’une
Ces systèmes de commande- tions des opérations futures pas- d’équipes médicales corre s- protection équivalente à cel-
ment re s t e ront, comme se aussi par un renforcement de pondant aux besoins de la le de l’unité soutenue. Ces
aujourd’hui, communs à l’agilité, de la capacité d’auto- mission. Ces équipes dispo- m oyens devront pouvo i r
toutes les forces. Ils permet- défense et de la protection des s e ront de moyens de relève et mener leur mission de relève
tront de commander les uni- modules de soutien insérés de véhicules d’évacuation pro- sans obérer les moyens des-
tés logistiques et de consti- dans les unités au contact. Ces tégés. En cas de risque d’iso- tinés au combat, ni neutra l i-
tuer l’image opérationnelle modules de soutien insérés pos- lement, les re n f o rts néces- ser le reste de l’unité au
commune dont les logisticiens sèderont des capacités de sou- saires pourront être mis en contact. Les médecins des uni-
se serviront pour anticiper les tien santé, de maintenance et place à priori. La relève s’ef- tés au contact auront les
besoins en soutien. de transport-ravitaillement. f e c t u e ra à l’aide de vecteurs moyens de catégorisation pré-
coce des blessés, ce qui per-
mettra de simplifier la phase
de ramassage et entraînera un
Commandement gain de temps significatif. Le
s e rvice santé bénéficiera aus-
COP si de nouvelles capacités
Cadre espace-temps garantissant la meilleure sur-
Rythme manœuvre vivabilité des blessés.
Consommations
Mouvements De même, les équipes de
Articulation maintenance insérées dans
Priorités les unités au contact devront
Logistique se consacrer exclusivement au
maintien de la disponibilité
des équipements lorsque ces
Potentiels opérationnels à temps réparations sont nécessaires
Gestion des ressources aux actions de combat en
Gestion des demandes cours. Ces équipes sero n t
Référentiels d’opération tournées vers l’interve n t i o n
CLP Capacités de soutien
l é g è re et être capables de
Traçabilité des flux
réparer la plupart des pannes
par des opérations simples et
COP : Image opérationnelle commune
CLP : Image logistique commune rapides (aide au diagnostic,

MARS 2006 37 DOCTRINE N° 08


échanges de sous-ensembles, Ensuite, afin de garantir l’effi- larité, sécabilité) à la situation 1 On parle ra d’une opération
etc.). Dans la mesure du pos- cacité de la chaîne des ravi- de l’unité ravitaillée, notam- “i nfova lorisée” quand les fo rces
terrestres exploiteront au mieux
sible, les opérations d’éva- taillements sans alourdir les ment lors de l’engagement leurs ressources
cuation seront différées et unités au contact, il sera d’unités fractionnées en zone informationnelles pour améliore r
alors confiées à des unités n é c e s s a i re d’optimiser les urbaine. Cette modularité et l’effica c i té de leurs effets dans
les champs matériels et
spécialisées disposant de flux en n’acheminant que ce cette sécabilité permettront immatériels. Les opérations
moyens protégés et de capa- qui est strictement indispen- en outre les réalotissements infova lorisées se caractérisent
cités d’autodéfense. sable à l’accomplissement de nécessaires pour faire face aux par la mise en réseau d’un
maximum d’acteurs, une ca p a c i té
Dans le cadre des actions la mission en cours et à la sai- changements d’organisation supérieure de collecte, de
dynamiques de la force, il sie d’opportunités. Ce systè- des GTIA (détachements, ra t- traite m e nt et de présentation de
c o n v i e n d ra que les installa- me devra être robuste car les tachements, etc.) sans mobi- tous les types d’information
opérationnelle qui facilite le
tions de maintenance soient phases de coercition du com- liser des moyens de manu- p a rtage de la compréhension de
maintenues hors du contact, bat moderne sont extrême- tention import a n t s . la situation en temps utile
ce qui garantira leur sûreté et ment consommatrices de res- Les ravitaillements sero n t (notamment amis et neutres).
La maîtrise de ces para m è t res
leur efficacité grâce à leur sta- sources. Le rythme élevé de la ensuite “p u l s és” en tant que doit gara ntir des décisions
bilité. m a n œ u v re que devrait per- de besoin vers les unités au pertinentes et à temps, des
m e t t re l’infovalorisation aug- contact par des unités spé- actions synchronisées précises
et maîtrisées et une coordination
Pour ce qui concerne les ra v i- mentera les risques de ruptu- cialisées possédant un bon et une combinaison optimales
taillements, dans la phase re d’approvisionnement. n i veau de protection et d’au- des effets.
d’entrée en premier il est indis- todéfense. Ces unités seront
pensable que les unités puis- Grâce à un meilleur dialogue éventuellement renforcées par
sent bénéficier de l’autono- e n t re les échelons tactiques un système de protection sup-
mie suffisante avant le et logistiques et au partage plémentaire, à base d’unités
déploiement de la chaîne de des informations, il sera pos- d’escorte mais aussi de prio-
soutien. Cela impliquera de sible de constituer des char- rité d’intervention, de re n s e i-
les doter d’un lot de ra v i- gements hétérogènes mono- gnement et de feux.
taillement opérationnel bien destinataires en zone “stable”
dimensionné dont ils pourront et quoi qu’il arrive hors du
assurer l’emport et la gestion contact de l’ennemi. Les conte-
de manière autonome. nants seront adaptés (modu-

L’efficacité du futur système de forces aéro t e r re s t res reposera donc sur sa capacité à obtenir et à conserver dans la
durée la supériorité opérationnelle, et à pro d u i re les effets nécessaires au moment et à l’endroit voulus. Cela ne sera
possible que s’il est soutenu par un sous-système logistique performant.

La consolidation du dialogue et le partage de l’information e n t re les tacticiens et les logisticiens dès la phase de
planification et tout au long de la conduite des opérations permettront une synergie dont tous les acteurs sero n t
b é n é f i c i a i res. Le renforcement de l’agilité, de la capacité d’autodéfense et de la pro t e c t i o n des modules de soutien
insérés offrira une efficacité maximale malgré un milieu fortement hostile.

Ce système de soutien à la fois pro-actif et réactif, qui pourvoit aux besoins des unités au contact en prenant en
compte les évolutions tactiques et organiques, c o n t r i b u e ra à la liberté d’action du chef interarmes.
La mise en place d’une logistique maîtrisée de bout en bout grâce à un système de management global qui concilie
à la fois la meilleure gestion possible de la re s s o u rce humaine et matérielle et la satisfaction des besoins
opérationnels sera un facteur déterminant de la capacité à durer de la forc e .

Le processus de transformation de notre logistique doit donc être mené au même rythme que celui des unités du
“cœur contact ”. Il ne serv i rait à rien de disposer de forces modernes et infovalorisées si celles-ci ne bénéficiaient pas
d’une logistique du même niveau de performance. De nombreux tra vaux menés aujourd’hui conve rgent dans cette
d i rection. Il est déterminant de continuer nos efforts pour les faire aboutir.

DOCTRINE N° 08 38 MARS 2006


doctrine
Bibliographie
Documents militaires doctrinaux
(voir BEAT - sur Intraterre uniquement)

PIA - 00.200 - Instruction 1000- édition 2003 : doctrine interarmées d’emploi des forces en opération.

Instruction 2000 titre I version 2001 : doctrine interarmées du CDT en opération - modificatif du 6 août
2003 (rôles REP FR ANCE et ADCO NFRANCE.)

Concept de soutien logistique de l’Armée de terre (édition 2000).

C i r c u l a i re2250 relative aux pro c é d u res nationales de soutien administratif et logistique d’une force
terrestre en action extérieure (édition 2002).

Mémento de montée en puissance et de préacheminement de l’Armée de terre (MMPPAT 2003).

Manuel de soutien d’une FOT 10 000H (édition 2003).

Mémento LOG ONU (édition 2004).

Manuel d’emploi du groupement de soutien Te r re (édition 2005).

Manuel d’emploi du groupement de soutien divisionnaire (édition 2004).

Documents en co u rs de rédaction
(référence : base des études opérationnelles sur le site CDEF)

Doctrine RSMI (Réception, stationnement, mouvements, intégration).

Manuel d’emploi du groupement de soutien interarmées de théâtre.

Mémento sur le soutien des opérations en zones urbaines.

Mémento “ Organisation des convois en opérations”.

MARS 2006 39 DOCTRINE N° 08


Pour en savoir plus
Quelques ouvrages traitant de logistique

CLAUSE WITZ C. von “ De la Guerre”, les éditions de minuit, 1955.

DORNIER P.P ET FENDER M, “ La Logistique Globale. Enjeux, Principes, Exemples ”.


Les Editions d’Organisation, Paris, 2001.

CREVELD M.(VAN), “Supplying War ”, Cambridge University Press, 1977.

DORNIER P-P et FENDER M., “La logistique globale ”, Editions d’Organisation, 2001.

ESCAL LE, “Des marches dans les armées de Napoléon”, Editions Historiques Teissèdre, Paris, 2003.

ERICSSON D., “Logistics - The key to success in global economics ”, Website : www.wilsonlog.com.

GAN TO IS P, “ Histoire de la logistique militaire ”, Cahier de l’IHEL, N° 6,ESSEC, Cergy Pontoise, 1996.

GUIBERT, “Essai général de tactique - 1772 ”, Edition ECO N OMICA, 2004.

HESK ET T JL et KOT TER JP, “Culture et performance ”, 1993.

J OMINI A. de, “Précis de l’art de la Guerre ”, Edition Ivrea, 1977.

J OMINI A.H., “ Principales combinaisons de la stratégie, de la grande tactique et de la politique ”,


CH. TANARA Edts, Réédition IVREA, Paris, 1994.

LA B AUME E., “La campagne de Russie. Le récit d’un officier de la Grande Armée 1812 ”,
Cosmopole Active Média, Paris, 2001.

MARBOT, “Mémoires du Général Baron de MARB OT ”. Tome III, 7e Edition, Plon, Paris, 1897.

MARC H A IS-RO UBELAT A., “Stratégie d’entreprise, stratégie militaire : même combat ”,
Site Internet : www.stratisc.org.

MORVAN J., “Le soldat impérial ”, Librairie Historique F. Teissèdre, 1999 - 2 volumes, 1999.

MUR A ISE E., “I n t roduction à l’histoire militaire”, C. LAVAUZELLE, Paris, 1964.

PIM OR Y., “Logistique, technique et mise en œuvre ”, Dunod, 1998.

RO UMI S. et THOMAS G., “En toute logistique”, Editions J. DU V ERNET, 2004.

ZIMNOV I TCH H., “ L’Histoire : un apport critique et fécond pour les sciences de gestion et les
pratiques managériales ” in “ Sciences de Gestion et Pratiques Managériales ”, Réseau des IAE,
Economica, Collection Gestion, Paris,2002.

DOCTRINE N° 08 40 MARS 2006


doctrine
Principaux sigles et acronymes
utilisés dans le domaine logistique
avec leur équivalence OTAN ou US

ABRÉGÉ, FR CLAIR ABBR., US/NATO TEXT

ADCON FRANCE ADCON Administrative Controller.


Autorité FR chargé du contrôle administratif (ADCON) French Authority responsible for NSE and
Administrative Control
ADSOUT-IA (ASIA)
Adjoint de soutien interarmées Deputy for Joint Logistics Support

AI Autonomie initiale Basic Load

APOD Point de débarquement par voie aérienne (VA). APOD Air Point of Debarkation

APS Armée pilote du soutien Lead Service (Army, Navy…) Support Provider

BATLOG Bataillon logistique Logistics (CSS) Battalion

BL Brigade logistique LOG Brigade (COSCOM = Corps Support Command)

BLB Base logistique de brigade Brigade Support Area

BLD Base logistique divisionnaire Division Staging Base or Division LOG Support Area/
Base or Divisional Support Command (DISCOM)

BLDA Base logistique divisionnaire avancée Forward Divisional Logistic Base

BLDT Base Logistique divisionnaire temporaire Te m p o rary Divisional Staging Base

BLIAT Base logistique interarmées de théâtre Force Logistic Base - Theater Joint LOG Base

BLT Base logistique terre Land Force Logistics Base

BML Bureau maintenance logistique Maintenance Office – Battalion Level

BMT Bureau mouvements transports Movements and Tra n s p o rtDirectorate

BS CAT Bataillon de soutien du commissariat de l'Armée de Army Quartermaster Corps Support Battalion
terre

BTMAS Bureau des transits maritimes, aériens et de surface Management of Ports of Embarkation and Debarkation

CAT Commissariat de l'Armée de terre Nearest Equivalent is Army Quartermaster Corps

CC I TTM Centre de coordination interarmées des transits, trans- Joint Transportation Command – Theater level
p o rts et mouvements

CEMA Chef d’état-major des armées Chief of Staff of the Armed Forces (FR )
(US equivalent = Chairman of the Joint Chiefs
of Staff)

MARS 2006 41 DOCTRINE N° 08


ABRÉGÉ, FR CLAIR ABBR., US/NATO TEXT
CEMAT Chef d’état-major de l’Armée de terre Army Chief of Staff

CFLT Commandement des forces logistiques terrestres Land Forces Logistics Command ( Army)

GFIM Groupement de forces interarmées multinationales CJTF Combined Joint Task Force

Image logistique commune CLP Common Logistic Picture

COMP Centre opérationnel de montée en puissance Pre-Deployment Planning Center

COTIA Commandement des transits aériens Joint Air Transit Operations Center

COTIM Commandement des transits maritimes Joint Maritime Transit Operations Center

COTIS Commandement des transits de surface Joint Surface Transit Operations Center

Soutien au combat - SOUT CSS Combat service support

Centre de regroupement des affaires mort u a i res CSU Casualty staging unit

DAL Directive administrative et logistique Logistic Directive – Joint Level

DIRCOM Direction du commissariat interarmées de théâtre Joint Theater Quartermaster Corps Directorate

DITIA District de transit aérien Theater Air Tra n s p o rt Tracking and Reception
C o - o rdinating Cell

DITIM District de transit maritime Theater Naval Transport Tracking and Reception
Co-ordinating Cell

DITIS District de transit de surface Theater Land Forces TransportTracking and


Reception Co-ordinating Cell

DTO Disponibilité technique opérationnelle Operational Vehicle and Materiel Readiness

DTS Détachement temporaire de soutien Temporary Logistical Task Force

EAS C Eléments d'appui et de soutien de niveau corps CS and CSS Components at Corps Level

ESN Elément de soutien national NS E National Support Element -

EVASAN Evacuation sanitaire MEDEVAC Medical Evacuation

Base opérationnelle avancée FOB Forward Operating Base

Compagnie de soutien FSC Forward Support Company

Groupement de soutien avant FSG Forward Support Group

GSD Groupe de soutien divisionnaire Divisional Logistics Group

GSDA Groupe de soutien divisionnaire avancé Forward Divisional Logistics Group

GSIAT Groupement de soutien interarmées de théâtre Joint Force Logistics Support Group (Theater Level)

GST Groupe de soutien terre Land Force Support Group – Corps Level

GSTA Groupement soutien terre avancé Forward Land force Support Group – Corps Level

DOCTRINE N° 08 42 MARS 2006


ABRÉGÉ, FR CLAIR ABBR., US/NATO
doctrine TEXT
Système de soutien intégré - SLI ISS Integrated Support System

Centre logistique interarmées de théâtre JLOC Joint Fo rce Logistic Operations Center

JLCC Centre de coordination logistique au sein du MJLC JLCC Joint Logistics Co-ordination Center

Image commune de situation logistique interarmées JLP Joint Logistic Picture

Grue embarquée LHS Load Handling Systems - Cranes

Accord préalable LOA Letter of Assist

Lot logistique LOG PAC Logistics Packages

LOLF Loi organique de la loi de finances Appropriations law and management system

Gestion des stocks MBIS Management of the Base Inventory System

MCO Maintien en condition opérationnelle Operational Readiness Maintenance

Unités multinationales logistiques intégrées MILUs Military Integrated Logistic Units

Conteneur MILVAN Container

Gestion des stocks interarmées sur le théâtre MJ D I Management of the Joint Deployed Inve n t o r y

Centre de logistique interarmées et interallié – MJ LC Multinational Joint Logistic Center


n i veau théâtre

Gestion des stocks/matériels en transit MMIT Management of Materiel in Transit

Centre de logistique interallié - Niveau Corps MNLC Multinational Logistic Center

Base logistique multinationale MNLOG Multinational Logistic Base

Protocole d’accord MOU Memorandum Of Understanding

Rations de combat MRE Meals Ready to Eat

PSC Prime de service en campagne - MSA Mission subsistence allowance

OA L Ordre administratif et logistique Theater LOG/Admin Order

RAV Ravitaillement Supplies

RCS Rémunérations et charges sociales. Pa rt of the budget including salaries and social dues.
(Anciennement aussi : Régiment de commandement (Formerly also : French Armys HQ’s and CSS
et de soutien) battalion).

REPFRANCE
Représentant de la France - Plus haute autorité mili- French Re p re s e n t a t i ve - Highest French Military
taire française de l'état-major du commandant de Authority from the Operation Commander’s (CO P ER )
l'opération (COPER) ou du commandant de la force HQ or from the FCDR ’s (Fo rce Commander =
(COMANFOR) dans une opération multinationale COMANF OR) HQ in a Multinational Operation.

RMAT Régiment du matériel Maintenance Battalion

RMED Régiment médical Medical Battalion

MARS 2006 43 DOCTRINE N° 08


ABRÉGÉ, FR CLAIR ABBR., US/NATO TEXT

Point de débarquement ra i l R P OD Rail Port of Debarkation

Groupement de soutien arrière RSG Rear Support Group

Réception, stationnement, mouvement, et intégration RS O I Reception, Staging and Onward Movement


and Integration

RT/RS Régiment du train / Régiment de soutien Transportation Battalion / Support Battalion

SAN Sanitaire MED Medical

S EA S e rvice des essences des armées Joint POL Service

SH Soutien de l’homme Manpower Support

SIL Systèmes d’information logistiques Logistic Information Systems

SILCENT
Système d’information logistique centralisé Centralized Logistic Information System

SIMAT Système d’information de la maintenance de l’Armée French Army's Maintenance Information System
de terre

SIMT S e rvice interarmées de la maintenance terre s t re Joint Administration of Land-Based Systems


Maintenance

SINTROPS
S e rvice interarmées des transits opérationnels Joint Administration for St rategic Lift

Point de débarquement maritime S P OD Sea Po rt of Debarkation

TC1 Train de combat numéro 1 - ensemble de moyens des- Forward Combat Trains.
tinés à l'entretien immédiat et permanent du combat, Forward Logistics Supply Point for the Battalion – All
dans le sillage des unités élémentaires de premier Assets intended to Standing and immediate Combat
échelon Maintenance, following in Forward Sub-Units

Rear Combat Trains.


TC2 Train de combat numéro 2 - ensemble de moyens des- Rear Logistics Supply Point for the Battalion - All Assets
tinés à l'entretien immédiat et permanent du combat, intended to Standing and immediate Combat
dans le sillage du PC du régiment ou du groupement Maintenance, following in the Battalion CP or TF CP Bn.
CSS Elements

TR Train régimentaire Battalion Field Train

TUEM Tableau unique d’effectifs et de matériels TO&E Table of Organization and Equipment

UCL Unité de commandement et de logistique Command & Control and Logistic Unit

UMR Unité de maintenance régimentaire (soutien mixte NTI Battalion Maintenance Unit (First Line and Second Line
1 et 2) Logistical Support )

ZDA Zone de déploiement d'attente Staging Area

ZDO Zone de déploiement opérationnel Tactical Assembly Area

ZRA Zone de rassemblement et d’attente Terminal Opeations ans Staging Arrea -


Marshalling Area

DOCTRINE N° 08 44 MARS 2006

Вам также может понравиться