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N.ASSAM-BALOUL et M.DAHLI
E-mail : nadiaassambaloul@yahoo.fr et uni_ukr@yahoo.fr
Résumé:
Il est de plus de plus en plus admis qu’à travers le patrimoine bâti, les notions de bien commun,
d’environnement, de durabilité, trouvent toute leur pertinence, puisque la démarche patrimoniale est
fondée sur l'idée de bien commun et de transmission intergénérationnelle. La prise de conscience du
risque de perte des repères historiques et de l'identité, doit davantage être axée sur la réparation des
dommages subis par l'environnement urbain à travers l’exploitation du potentiel des modèles
architecturaux et urbanistiques du passé qui s’inscrivaient en ligne droite dans la logique du
développent durable .Nous nous intéressons dans cette communication au patrimoine ksourien de la
région du Twat-Gourara dans le sud ouest algérien qui revêt un caractère patrimonial par rapport à
sa valeur esthétique du passé, son intégration dans un paysage particulier , ses techniques
constructives traditionnelles et son rapport à l’histoire locale et la société. Les valeurs et le
potentiel sous- exploités du patrimoine ksourien demeurent un atout incontestable pour le
développement local de la région du Twat-Gourara. La mise en évidence de toutes les valeurs
(identité et culture) du patrimoine ksourien, en rapport avec d’autres potentiels du territoire mal
valorisés, sous-exploités pourraient être à l’origine d’une nouvelle dynamique de développement
local durable. Il s’agit alors de bien identifier ce qui doit être conservé, pourquoi et pour qui Pour ce
faire, on doit intégrer des éléments d’enquêtes de terrain tout en inaugurant une démarche de
concertation locale. Choisir judicieusement une stratégie de sauvegarde et de valorisation qui nous
permettra d’engager une réflexion sur les grandes orientations à donner à un plan de gestion du
patrimoine ksourien dans une perspective d’avenir. Le patrimoine doit être davantage valorisé sous
l’angle d’un développement local durable, en adéquation avec les questions essentielles, du
renouveau des filières locales (culture constructives artisanat, matériaux), de l’éradication de la
pauvreté, d’environnement, d’écologie, de maintien de la diversité culturelle.
1 Introduction
Selon J.Gadrey « le patrimoine d’une collectivité est un ensemble d’objets et de produits auxquels
cette collectivité, ou une proportion suffisante de ses membres, attache de valeurs, parce qu’il s’agit
de réalités qui témoignent de l’identité de cette collectivité en établissant un lien temporel entre le
passé de cette collectivité et son présent (témoignage du passé), et/ou entre son présent et ce qu’elle
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imagine de son avenir (témoignage projeté) »1. Seulement, les échanges entre les peuples et les
cultures comme la diffusion internationale des modèles urbains et architecturaux tendent de plus en
plus à se généraliser et à confondre les modèles locaux dans un univers qui fait que l’on s’interroge
sur notre identité.2. Le recours à l’histoire constitue toujours un repère pour s’identifier dans le
présent et se projeter dans le futur et le patrimoine bâti présente une opportunité qu’il faut exploiter
afin de se ressourcer pour mieux avancer. Aujourd’hui, les risques de confusion et de disparition
auxquels est exposé le patrimoine ksourien, méritent que l’on réfléchisse aux moyens adéquats pour
le conserver et le revaloriser en l’intégrant dans les actions d’aménagement et de développement
durable dans le respect des cultures et des activités humaines des régions du sud3, notamment la
région du Twat-Goura. La mise en évidence de toutes les valeurs patrimoniales (identité et culture)
en rapport avec d’autres potentiels du territoire mal valorisés, sous-exploités pourraient être à
l’origine d’une nouvelle dynamique de développement local
2 Présentation de la région
La région du Twat- Gourara est désignée aujourd’hui par la wilaya d’Adrar s’étendant sur une
superficie globale de 427.968 km2 au sud ouest du pays, représentant 17,98 % du territoire national
avec une population estimée à 389.898 habitants4. La wilaya d’Adrar est limitée par les Wilaya de
Bechar, El Bayedh et Ghardaïa au Nord, la wilaya Tindouf à l’Ouest, la Wilaya de Tamanrasset à
l’Est, enfin la Mauritanie et le Mali au Sud. Sur le plan géomorphologique, elle est constituée par
les plateaux du Tadmait et du Tidikelt à l’Est, les dunes du grand Erg Occidental, de l’Erg Erraoui
ainsi que la majeure partie de l’Erg Chech.à l’Ouest, le Tanezrouft qui constitue une vaste étendue
de regs au Sud. Au centre de ce complexe morphologique se trouve une vallée en forme d’Y, dont
les branches s’ouvrent au Nord et abrite les oueds (Messaoud et Saoura), les sebkhas, la végétation
ainsi que la majorité des établissements humains. Bien que sur le plan climatique, cette vallée soit
aussi aride que les territoires avoisinants, son occupation a été possible grâce à la présence des
nappes aquifères du continental intercalaire. Ainsi, on trouve des zones de fertilité émergeant du
vaste environnement désertique et stérile. Une parfaite symbiose d’espaces cultivés, palmeraie,
jardins et de lieux habités : les ksour. Ils sont implantés le long des pistes caravanières qui
assuraient les échanges commerciaux entre l’Afrique et la méditerranée. Les ksour sont organisés
sous forme d’oasis qui forment de véritables cités du désert groupées autour de noyaux agricoles
(les palmeraies) et témoignant d’une civilisation urbaine axée sur le commerce et l’artisanat, dont
l’histoire retient deux noms : Timimoun pour le Gourara et Tamentit pour le Twat5. Cette région se
caractérise aujourd’hui par de réelles potentialités de développement par rapport à sa position
stratégique au croisement des voies transsahariennes, son sous-sol recelant des ressources
énergétiques prometteuses ainsi qu’une immense réserve d’eau fossile (la nappe phréatique du
continental intercalaire), ses foggaras, ses palmeraie et ses ksour.
1
Gadrey.J in valorisation, patrimonialisation et préservation dans le tourisme, Dr Vo Sang Xuan Luan Université Van Lang , Ho Chi
Minh ville p.3
2
Audrerie.D et Souchier.R .Le patrimoine mondial, que sais-je, PUF, Paris 1998,p
3
La loi 01.20 du 12décembre 2001 relative à l’aménagement et au développement durable du territoire, J.O n) 77
4
Maîtrise de la croissance urbaine de la ville d’Adrar, Agence nationale d’aménagement du territoire, juillet, 1997, p. 13-17
5
Bellil. R, Saints et ksour du Gourara dans la tradition orale, l’hagiographie et les chroniques locales, Edit. , C.N.R.P.A.H, Alger
2003
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· 6
Rapoport, A. Pour une anthropologie de la maison. Paris : Duno, 1972, p.32
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Une tradition désigne une pratique ou un savoir hérité du passé, perpétué de génération en
génération donc revisitée et pratiquée au présent. Elle évoque un milieu et des pratiques sociales,
économiques ou constructives bien déterminées. Du latin trader, qui veut dire transmettre/remettre,
la tradition véhicule donc une idée de transmission de valeurs, d’héritage et de transmission. On
attribue souvent aux traditions une origine ancestrale et une stabilité de contenu mais, il n’est pas
exclu qu’elles puissent subir des changements, des innovations dans un souci d’adaptation au temps
présent. La tradition n’est donc pas exclusive des temps passés et reculés et beaucoup de pratiques
sociales contemporaines répondent à une expression de la tradition populaire7. De nombreux
anthropologues soutiennent donc qu’une tradition ne doit pas être traitée uniquement comme un
héritage du passé mais aussi et surtout comme une pratique présente. Ce qui fait dire à Gérard
Lenclud : qu’ « une tradition est un morceau du passé taillé à la mesure du présent ». 8 Si bien que
la modernisation des techniques de l’architecture en terre a connu et connaît encore un renouveau
scientifique et technologique toujours basé sur les connaissances et les références anciennes Les
ksour sont un modèle d’habitat qui s’inscrit dans une large tradition en matière de construction et
d’art de bâtir qui est de plus en plus revisitée à la faveur de la modernité et du développement social
et économique.
L’architecture des ksour en terre est souvent associée au bâti traditionnel presque toujours produit
par des hommes non spécialistes, c’est-à-dire par des non architectes. C’est une architecture dont les
techniques sont ancestrales à évolution lente, constituée de pratiques locales tant au niveau des
matériaux qu’à celui des mises en œuvres et des formes. C’est une architecture produite à partir des
ressources locales et la conception des matériaux est issue de la tradition, par ailleurs, empreinte
d’atouts économiques et écologiques. Aujourd’hui, elle peut se vanter de demeurer vivante et
actuelle, son potentiel à être renouvelée et revisité et adaptée aux besoins actuels sont avérées à
travers maintes projets Elle est souvent marquée par la simplicité au niveau de la conception ainsi
que par une habile réflexion sur les conditions d’habiter parce qu’elle témoigne d’une réelle
attention aux lieux et au temps, c’est-à-dire toujours bien adaptée aux besoins et au contexte
présente. Elle est le témoignage d’une dimension sociale, une façon de vivre en communauté, ou
prévaut l’entraide et le partenariat, bref, c’est une architecture qui « vit », donc épanouissante.
Aujourd’hui, on peut construire traditionnel à partir de ses savoir-faire techniques, transmis par
l’apprentissage et la pratique entre les générations De ce fait la conscience du patrimoine y est très
présente9, et l’architecture en terre reste vivante. Ainsi, donc, Sa conservation, sa promotion et sa
réinterprétation, contribueraient à coup sûr au développement durable des régions qui l’abritent.
L’architecture de terre utilise les matériaux locaux. C’est donc une architecture bien adaptée aux
besoins locaux. Ces matériaux sont indissociables de l’économie car ils sont extraits, produits et
transformés le plus souvent à proximité du site de construction. Par ailleurs, à l’instar des grands
projets d’équipements immobiliers contemporains, la « récupération » de l’architecture
traditionnelle peut prétendre à être un grand projet et faire l’objet d’une grande politique à la fois
culturelle et de l’habitat. Pour cela, l’architecture traditionnelle a de véritables atouts, entre autres,
sa valeur patrimoniale et son potentiel marché pourvoyeur de main d’œuvre. Ainsi, sa reconquête
peut structurer et faire développer des petites et moyennes entreprises (PMI/PME) de proximité tout
en réactivant les filières de production, de transformation et de distribution des matériaux qu’elle
consomme. Elle peut donc à coup sûr, engendrer un tissu économique, bien adapté au bâtisseur ou
producteur de matériaux de construction. Cela pourrait être l’ambition d’une politique de
développement durable social et économique.
L’architecture ksourienne constitue l’une des expressions visibles, la plus tangible de la culture
oasienne par sa force d’évocation, des sens et des symboles de la société qui s’y rattache. En effet
la communauté oasienne a su ajuster les ksour à ses besoins d’organisation, de fonctionnement tout
en les adaptant au climat, cependant ils subissent aujourd’hui des dommages inhérents aux
exigences de la modernité. Ainsi, les ksour se dégradent continuellement car laissés à l’abandon.
Ceci est dû principalement à la carence en équipements, l’état de vétusté des habitations, ainsi que
l’aspiration des habitants aux constructions modernes, signe de prestige et de promotion sociale. Ils
sont de plus en plus mal vus, mal considérés par les populations concernées et les autorités de
10
Wursteisen.G, héritage architectural et développement durable, in programme de travail, ‘’ route de Rio’’ et ‘’ architecture
durable’’, Berlin, luillet 2002. pp1-6
11
HQE, haute qualité environnementale, In villa urbaine durable, synthèse des séminaires de travail, juillet 2006, PUCA - plan
urbanisme construction architecture et Construire au présent, bâtir l’avenir in ACTES DU Colloque des constructions publiques,
Ministère de l’équipement,des transports et du logement, France 1999 , pp 70-71
12
Wursteisen. G, Op.Cit, p.7-10
13
C’est la définition très large du concept de développement. Quant l’épanouissement s’inscrit dans le long terme et se maintient
naturellement, on parle de développement durable.
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Entretenir, conserver un patrimoine tout comme sa mémoire passe nécessairement par l’action
matérielle sur le bâti par des hommes de métier17.Le patrimoine ksourien présente une double
problématique à savoir l’abandon ou parfois même la destruction ou bien l’entretien et la
conservation. Du fait qu’il se situe dans le champ de l’habitat vernaculaire, qui s’accommode de
toute contrainte, produit par des érudits, hommes de métiers, ajusteurs de modèles18 et qui ne sont
plus nombreux aujourd’hui pour perpétuer leur savoir en la matière, constitue une véritable entrave
à sa sauvegarde En effet, les ksour sont bâtis avec des systèmes de mise en œuvre simples dont le
savoir-faire est transmis par la pratique et l’apprentissage . Ils souffrent aujourd’hui de la rareté
d’écrits ou de manuels ou sont consignés ses techniques constructives et ses savoir-faire. De tout
temps, seuls les bâtisseurs et maîtres maçons hommes de métier, détenteurs des techniques de mise
en œuvre en assuraient la transmission, ils ne doivent plus être nombreux de nos jours, et s’il en
existe encore quelques-uns, on doit les solliciter dans un cadre officiel pour aider à former de jeunes
personnes aux techniques de l’architecture de terre. Aussi faut-il penser à des plans d’actions en
faveur de l’intégration de l’architecture ksourienne dans les options de développement de la région
à commencer par l’ouverture de chantiers de formation à la construction en terre.
14
Charte du patrimoine bâti vernaculaire, ratifiée par la 12e Assemblée Générale de l’ICOMOS, octobre 1999, p. 1.
15
Wood.V, Adaptation du bâti ancien à la vie actuelle et future, in symposium régional, réhabiliter l’architecture traditionnelle
méditerranéenne, septembre 2005,p.97
16
Choay, L’allégorie du patrimoine. Paris : Ed. du Seuil, 1992. pp.163-164
17
Gilles Nourricier .In : quel savoir faire pour entretenir un patrimoine, Ecole d’Avignon, centre de formation à la réhabilitation du
patrimoine architectural, architectures traditionnelles en méditerranée
18
Ibid, p5
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Selon Roger BASTIDE « les changements ne se font pas n’importe comment mais suivant un
certain nombre de règles que l’anthropologie appliquée peut découvrir. Les facteurs déterminants
peuvent être plus facilement contrôlés, le changement orienté plus sûrement, les conséquences
inattendues peuvent être prévues, des mesures efficaces mises en train pour éviter les effets
négatifs…Il existe un déterminisme sociologique ou anthropologique et l’ingénieur social qui veut
manipuler le réel pour le plier à ses fins doit en tenir compte : car il constitue à la fois un frein à sa
puissance thaumaturgique et un tremplin à une action rationnelle ».19 Par extension au domaine de
l’architecture, l’évolution se fait avec le paysage culturel, politique, social et économique. Elle subi
et influe ainsi sur le développement de l’humain et de sa communauté sous divers aspects. La
région du Twat-Gourrara s’est de tout temps adaptée aux changements de situation : stabilité,
guerre, invasion, extension, etc. Cet état de fait se vérifie à travers un processus de mutations
multiples à savoir l’abandon, la réutilisation, les nouvelles installations, les nouveaux occupants
avec des mutations d’espaces et de mode de vie, ainsi que l’alternance des époques de prospérité et
de déclin (phénomène généralisable pour les sociétés nord-africaines)20 Cependant, aujourd’hui,
l’une de ses composantes particulières, à savoir son patrimoine bâti subit plutôt des changements
qui peuvent s’avérer irréversible. Pour cela, il est impératif de mettre un terme au malaise que
vivent les ksour en les intégrant dans les options d’aménagement. Il ne s’agit de conserver le ksar
en tant qu’objet statique à l’image du monument, mais le faire participer au devenir de la région.
Ainsi la coexistence de constructions neuves et anciennes sera harmonieuse si elle intègre un plan
d’aménagement global où les ensembles urbains évoluent pour accueillir de nouveaux usages et
modes de vie et au sein desquels les ksour sont considérés comme partie intégrante de la croissance
de la région Une procédure au niveau communal peut contribuer efficacement aux conditions de
développement. Nous suggérons de créer un observatoire communal du patrimoine qui aurait trois
missions primordiales:21 à savoir : la sensibilisation et le conseil, l’orientation et le contrôle et enfin
19
Bastide R .Anthropologie appliquée.Paris:Petite bibliothèque.Payot, 1971, p .124
20
Ibn Khaldoun.Histoire des berbères et des dynasties musulmanes de l’Afrique septentrionale.Paris : Librairie orientale, 1978.
21
Inspiré du guide pour le patrimoine rural en Europe
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la conservation et autres outils de gestion du patrimoine IL aura pour prérogatives de fournir aux
élus et aux décideurs des explications concernant la politique patrimoniale ainsi que la procédure
de protection et ses retombées à long terme. Cet observatoire participera à la mise en œuvre des
politiques patrimoniales et sera consulté également lors de la délivrance des permis de construire,
pour les implantations de réseaux divers et des assainissements etc.
Ses attributions sont logiquement du ressort des services du ministère de la culture, mais si le ksar
n’est protégé par aucune loi de classement ni de protection, la décision revient au conseil
communal, Les ksour du Twat-Gourrara représentent un patrimoine architectural en terre qu’on
pourrait qualifier ‘’d’exceptionnel’’, contrairement aux monuments des villes à haute valeur
patrimoniale, il ne se distingue ni par la rareté ni par la ‘’ monumentalité’’, néanmoins, ses valeurs
résident dans le savoir-faire ancestral, vivant, collectif qui les a produit et le fait qu’ils puisent leurs
ressources dans la nature environnante sans l’endommager, mais malheureusement, les
préoccupations pour ce patrimoine n’ont jusque là jamais constitué une priorité auprès des
politiques et demeurent toujours non protégés De ce fait, la mise en place d’un observatoire au sein
du conseil communal de chaque agglomération peut contribuer à mettre en place une stratégie pour
la mise en valeur du patrimoine ksourien. Il aura pour mission première la réhabilitation morale
d’un habitat et des pratiques constructives longtemps considérées comme arriérées. Ceci doit se
traduire par des actions non seulement de conservation mais de réhabilitation physique de l’habitat
voir de l’urbanisme qui permettent aux populations d’accéder à des conditions minimales de confort
afin qu’ils demeurent sur place22.La logique de préservation doit être renforcée parallèlement par
une politique qui permettrait à cette pratique de se reproduire, donc à perdurer, en faisant appel à la
transmission du savoir technique que les artisans sont seuls à posséder et à léguer
Dans toute politique du patrimoine, la dimension la plus prégnante est la conservation précédée
évidemment d’identification. Cependant, sa prise en charge, pour qu’elle soit efficace, doit être
accompagnée d’autres actions de développement même si elles présentent des difficultés au niveau
de la réalisation (faute de volonté) et qui font appel à différents intervenants sociaux, politiques et
économiques : La population concernée en premier lieu, les décideurs politiques, les promoteurs
touristiques, les architectes urbanistes, les artisans aux côtés de ces derniers, il faut associer surtout
les éducateurs. Sa mise en œuvre dépend de la définition d’outils élaborés selon un processus que
nous désignons par processus d’identification, de conservation et de valorisation.
Aujourd’hui, à travers toutes les études et les travaux pour le développement de l’architecture de
terre, dite vernaculaire revisitée à la faveur des préoccupations environnementales, la recherche des
éléments d’une tradition semble être une préoccupation majeure ce qui atteste de sa diversité et de
son caractère patrimonial. Cette recherche doit en effet être réexaminée dans notre cas à la lumière
d’une connaissance historique des spécificités locales. L’identification de l’architecture de terre
ksourienne peut s’avérer un domaine d’étude complexe qui fait intervenir des champs disciplinaires
divers (historiques, anthropologiques, techniques, scientifiques, artistiques, …). A titre d’exemple,
l’anthropologue Rachid Bellil, a défini pour son identification des ksour du Gourara des invariants
22
In dossier Demain l’Algérie, Avis du conseil national économique et social. Avril 1995.
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tels que le nom du ksar, Le nom de la tribu ou le lignage et filiation, l’origine géographique, les
étapes de la migration, la date et l’installation dans le ksar, le mode d ‘acquisition des terres, les
foggaras creusées, l’apprentissage de la zenatya (langue berbère locale) etc.23. Nous notons la
spécificité anthropologique et historique de cette identification. Cependant, pour nous, identifier le
patrimoine bâti (les ksour) de la région du Touat- Gourara, définir ce qui fait sa spécificité, élaborer
un système de concepts, de formes et de signes qui constituent son identité locale, nous semble être
une démarche logique qui nous donnera un outil opératoire pour le long processus de conservation.
En effet, s’interroger sur les différents modèles architecturaux, les différentes techniques, le
matériau, ses performances et ses faiblesses, va nous permettre de savoir sur quoi intervenir ; sur
les techniques, les matériaux, la forme ou l’habité
Les atouts et les opportunités de l’architecture de terre ne doivent pas faire perdre de vue les
contraintes et les menaces qui pèsent sur elle. En effet, aussi appropriée qu’elle soit par rapport à
l’environnement culturel et naturel local, on doit cependant, s’interroger sur son sort, en ces temps
de « modernisation », ou le béton s’impose comme matériau de prédilection et où la logique de
production, qui, de tout de temps a présidé à l’édification des constructions en terre, se perd. A cela
s’ajoute la perte du confort et de la qualité de vie à l’intérieur de ses espaces. En effet, la servitude
qu'impose l'entretien périodique des l’architecture en terre, ainsi que l’expansion du marché des
nouveaux matériaux à l’évidence plus attrayants, la placent dans une position de fragilité et de
menace permanente. Si l’on veut conserver et promouvoir le patrimoine oasien dans une double
optique de développement humain et durable, il est indispensable que soit établi un outil qui puisse
mettre en œuvre un réel projet de prise en charge du patrimoine architectural en terre de la région.
23
Bellil .R, op cit
24
Benyoucef B, problématique de la préservation des ksour du Twat-Gourara In Journées d’études sur la préservation des ksour,
Adrar, Mai 1995
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historique, comme un territoire isolé mais comme une partie d’un territoire plus vaste dans lequel
elle doit s’insérer et avec lequel elle doit s’articuler, en jouant un rôle important au travers de la
revendication de ses valeurs singulières, la préservation de l`authenticité et le respect de l`intégrité
du site. Cela doit être consacré à la fois par les principes directeurs des projets de conservation et les
dispositions juridiques y afférentes à travers des plan de gestion du patrimoine ksourien dans sa
globalité.
Deux facteurs sont nécessaires pour mener à bien la gestion d’un patrimoine bâti : Le premier
concerne la prise en charge de la dualité ancien/nouveau. En effet, pour une gestion appropriée du
patrimoine bâti ancien, ce dernier doit être systématiquement intégré dans les actions
d’aménagement des villes visant à la fois sa sauvegarde et son adaptation aux usages de la vie
moderne et aux normes en vigueur25. Le deuxième concerne la pertinence des interventions sur le
patrimoine, à tous les niveaux, c'est-à-dire : du respect de la loi en vigueur, (montage administratif
et financier) jusqu’aux diagnostics techniques et architecturaux26. Les actions menées par les
différents services du patrimoine doivent être complémentaire et adhérer à une double vision de
pérennité et d’évolution.
· Comment moderniser les tissus anciens en les adaptant aux exigences de la vie
moderne sans détruire leur morphologie, leur essence, les principes constructifs, le
charme des prospects ?
· Comment intégrer du nouveau au cœur de l’ancien sans le défigurer ?
· Qu’est ce qu'il faut conserver et comment ?
· Comment sauvegarder sans muséifier ?
· Comment concilier les intérêts privés et les intérêts publics ?
Dans les pays du Nord on a trouvé des réponses, peut être pas toujours réussies, mais qui sont riches
en enseignements divers. Le transfert et la diffusion de ces expériences, à travers l'enseignement (la
formation), les colloques et les tables rondes, les supports pédagogiques et médiatiques divers,
peuvent aider à réfléchir et à éviter certaines erreurs.
2525
Smoos .M, in la gestion du patrimoine historique, un défi pour les communes, Wallonie, mars 2004, p 4
26
Loi 98.04 sur le patrimoine culturel complétée du décret exécutif
27
Smoos. M, Op.Cit, p.6
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Aujourd’hui, les démarches innovantes en faveur du patrimoine associent de plus en plus le citoyen,
on parle de la démarche participative qui s’impose de plus en plus comme une démarche de
prédilection, elle se base sur l’approche de la conservation intégrée*29 dans laquelle le patrimoine
est considéré comme un élément constitutif d'un système à différentes échelles ou interviennent
différents acteurs (du secteur public, privé, le milieu professionnel, ainsi que le citoyen) et
différents moyens (juridiques, administratifs, financiers et techniques.).C'est la prise en compte des
interactions entre les acteurs et les moyens qui garantit non seulement une gestion cohérente du
patrimoine, mais celle de l'ensemble de son environnement De ce fait, la prise en compte des
composantes aussi bien spatiales que temporelles s’impose et à ce stade du raisonnement intervient
la notion de projet, et un projet ne doit sa réussite qu’à l’adéquation entre le sens donné par la
population et les acteurs locaux au patrimoine.30 Ainsi, cette démarche doit intégrer la participation
de la population, et la précision de l’élément du patrimoine doit permettre de mieux cerner les choix
relatifs aux différents types d’usages, qu’ils soient sociaux, culturels, économiques, etc., .tout en
prenant en compte un certain nombre de contraintes relatives aux procédures liées à la nature même
du patrimoine, ainsi que les modalités de financement et d’intervention. Cela implique que chaque
personne physique ou morale concernée potentiellement par le « bon usage » d’un élément
patrimonial participe au processus conduisant à sa mise en valeur31.
La première étape consiste à établir un état de la situation du patrimoine, désigner les acteurs, les
moyens d'intervention, et arrêter les objectifs. La deuxième consiste à analyser l'état des
connaissances acquises sur le patrimoine en question en examinant les critères de sélection et la
nature des informations qui ont été retenues pour composer l'inventaire et son contenu. La dernière,
consiste, enfin à, définir une méthode d'inventaire. L’inventaire est en fait l'une des étapes les plus
importantes de tout programme de sauvegarde. ‘’ L’œuvre inventoriée, choisie, analysée, fournit la
clef de compréhension des composantes et participe de l’histoire totale.’’32. L’inventaire constitue
avec les enquêtes de terrain, une méthode scientifique pour constituer peu à peu une importante
28
Smoos .M, Op.Cit, p.5
29
Article 7 de la charte Européenne du patrimoine architectural, octobre 1975.
· 30
CEMAT, Conférence Européenne des ministres responsables (CEMAT) de l’aménagement du territoire, Guide Européen pour le
patrimoine rural, Budapest, 2003.p.18
31
Ibid, p.19
32
NORA (P.) (dir.), Science et conscience du patrimoine p.149
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Pour mettre en œuvre une politique de mise en valeur du patrimoine, il faut que les
instigateurs présentent un intérêt commun, voire une passion, pour sa nature ou sa fonction, une
relation de proximité, une connaissance spécifique, un savoir s’y rapportant, enfin un pouvoir de
décision sur son usage ou son processus de préservation ou de valorisation. Dans la démarche
participative, il peut s’agir d’une initiative particulière, privée ou collective les acteurs sont alors
soit un groupe d’individus, une association, des professionnels du patrimoine, ou des élus, un
espace de concertation et de coopération est indispensable. Il est souhaitable que des médiateurs
soient associés à la mise en valeur du patrimoine. Ces derniers peuvent être choisis parmi des
personnes âgées détentrices de renseignements et de savoirs sur la société.
En dehors des acteurs désignés intervenant au niveau des différentes institutions en charge du
patrimoine, toute démarche pour se mettre en œuvre doit reposer sur des acteurs capables
d’intervenir chacun à leur niveau, notamment actuellement où les collectivités locales commencent
à être impliquées dans la gestion patrimoniale du moins selon les lois en vigueur.
Cependant, les nouveaux services décentralisés du patrimoine (services en charge du patrimoine au
niveau de la commune) ne sauraient être efficaces sans réelle sensibilisation des populations aux
valeurs de leur patrimoine. D’autant qu’ils sont souvent démunis de moyens humains et que les
faibles ressources financières dont ils peuvent disposer sont souvent affectées à d’autres tâches. Le
mouvement associatif peut contribuer à la mise en place d’une démarche participative efficace en
33
Ibid p.149
34
Guide du Conseil de l’Europe pour le Patrimoine Rural, Op.Cit, pp 20-45
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Conclusions
35
Granier. T, Kaye.A et Sillou.D, the Nubian Vault : Erth Roof in the Sahel, in Séminaire international, Habiter les déserts Ghardaïa,
9-12 Décembre 2006, p ; 208
36
Guide du Conseil de l’Europe pour le Patrimoine Rural, Op.cit.
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Références bibliographiques