Академический Документы
Профессиональный Документы
Культура Документы
Paul Watzlawick,
Janet H. Beavin,
Don D. Jackson
Une Logique de la
Communication
Éditions Seuil
Synthèse
par Olivier Piazza – www.selfway.fr - 1 mars 2009
Un homme silencieux, assis dans un café, le regard vide, apparemment absorbé par
ses pensées, signifie “je ne souhaite pas engager de communication”. C’est une
indication en soi.
De même, l’absence de réponse à une question posée est une communication.
Quelles tactiques sont alors employées pour ne pas engager une communication ?
• Rejeter la communication en la refusant : situation difficile, tendue, parfois
difficilement soutenable du fait des conventions sociales
• Annuler la communication : réponse confuse, incompréhensible, ou hors sujet, avec
des incohérences, des phrases inachevées, sorte de délire verbal qui amènera
l’autre à lâcher prise
• Tricher et feindre l’impossibilité de communiquer : “pour une raison qui échappe à
ma volonté, je ne suis pas en mesure de répondre” (migraine, incapacité, sommeil,
ignorance…)
C IRCULARITE DE LA COMMUNICATION
Dans un système, les éléments interagissent en permanence. Une réponse est en fait
aussi le déclencheur d’une nouvelle séquence, et donc un stimulus pour la séquence
suivante. Tous ces échanges forment un jeu complexe.
Principe de limitation
Puisque la communication est faite d’interactions entre partenaires, créant ainsi une
sorte de jeu relationnel, chaque “coup” joué par l’un des partenaires restreint le nombre
de choix de la communication réponse de l’autre. C’est ce qui explique aussi les
phénomènes de cercle vicieux où, lorsqu’une communication est engagée sur la voie
du conflit, il est difficile à chacun des deux partenaires d’y mettre un terme. Ils se
trouvent comme enfermés dans un piège. Pour s’en échapper, il faudra l’intervention
d’une personne extérieure, modifiant ainsi les règles du système et ouvrant de nouvelles
possibilités de “jeu”, ou bien il faudra que l’un des partenaires réussisse à sortir du
cadre, en métacommuniquant, c’est-à-dire en communiquant sur la relation et non plus
sur le contenu.
Escalade symétrique
Le principal piège de la relation symétrique est son emballement. Il se produit selon une
séquence parfaitement codée : les partenaires rivalisent sur le contenu de la
communication, à propos de faits plus ou moins objectifs, chacun prétendant avoir
raison, alors que le vrai désaccord est à chercher du côté de la relation. En fait, chacun
cherche à “avoir le dessus” et à affirmer ainsi son identité.
Une escalade symétrique pourra s’achever de plusieurs manières : stabilisation (rire,
prise de recul, pause…), épuisement, éclatement ou basculement vers la
complémentarité, par exemple si l’un des partenaires accepte de jouer la position
basse, que ce soit par calcul tactique ou non.
Dans une relation faite de respect et de confiance l’emballement a moins de risque
d’apparaître.
Complémentarité rigide
La relation complémentaire a toutes les chances de s’établir correctement tant que
l’identité des partenaires peut s’exprimer pleinement. Si, en revanche, celui qui occupe
la position haute déni l’identité du partenaire situé en position basse, alors ce
déséquilibre risque de tendre vers un sentiment de frustration, voire, dans les cas les
plus graves, de dépersonnalisation.
Passer d’un mode de relation à l’autre est un important facteur de stabilité, le principal
problème étant la rigidité de certaines interactions.
C OMMUNICATION ET IDENTITE
La communication en tant que relation est indispensable à l’homme pour construire la
conscience de soi. C’est le cas lors d’un échange normal qui mène à la confirmation de
l’autre. De nombreuses études ont montré que priver un individu de communication sur
une longue période le mène à une perte d’identité.
Une communication peut affecter l’identité dans deux cas :
• Directement : Si c’est le sujet de l’échange ”je suis comme si”, alors les
communications digitale et analogique porteront sur le l’identité d’un des
partenaires
• Indirectement : Si le sujet est apparemment autre et qu’il mène à débat alors que
cela ne devrait pas être le cas. Par exemple, deux physiciens qui en viennent à
débattre du nombre d’électrons de l’atome d’Uranium. Dans ce cas, même si le
message porte sur l’atome d’Uranium, la relation qui s’envenime affecte l’identité
Attention, autant les deux premières options se valent autant la dernière est d’un ordre
tout à fait différent. Le déni provoque chez A une situation d’indécidabilité. C’est-à-dire
qu’il ne connaît non seulement pas le point de vue de B sur la question, mais au-delà il
est attaqué dans sa personnalité même. La conséquence de cette attaque peut être
fondamentalement différente selon les plusieurs paramètres :
• Le rôle de B par rapport à A et la nature des liens qui les unissent (parent,
professeur, supérieur hiérarchique…)
• La solidité de A et sa perméabilité aux attaques, selon son estime de soi
Chaque fois que A réussit parfaitement une tâche, B lui dit que c’est parfait
Chaque fois que A rate complètement cette même tâche, B continue à lui dire que c’est
parfait (alors que le contraire est évident)
Si cette interaction est redondante, en particulier si elle est reconduite
systématiquement, A se retrouve enfermé dans cette indécidabilité qui l’éloigne de ses
sentiments et le prive de cette confirmation du moi, si nécessaire.
L A COMMUNICATION PARADOXALE
Les formes de communication paradoxale les plus avancées se caractérisent par un
message dont aucune interprétation correcte n’est possible, ce qui provoque une
déstabilisation liée au blocage de nos facultés de raisonnement.
Les paradoxes peuvent être classés en plusieurs familles :
• Antinomie : affirmation contraire à l’opinion commune
• Définition paradoxale : définition contenant elle-même son propre contraire
Par exemple : ”Je suis menteur”. En le disant, dis-je la vérité auquel cas je serais un
menteur qui n’a pas menti cette fois-ci ou bien dis-je un mensonge auquel cas je ne
serais pas un menteur mais qui a menti cette fois-ci…
• Injonction paradoxale : ordre donné ne pouvant être accompli sans
précisément le trahir
Quelques exemples :
Dans la vie de tous les jours, de telles communications paradoxales ne sont pas rares.
Une mère fait cadeau à son fils de deux chemises.
La première fois qu’il en mettra une, elle lui dira : “et l’autre, elle ne te plait pas ? “
Nous sommes régulièrement pris dans des situations paradoxales soit quand nous les
créons à notre insu, soit quand nous en sommes victimes. Réussir à mieux les identifier
peut aussi permettre de les “prescrire” en situation utile, dernier recours face à une
personne qui est dans l’incapacité de changer.
Une personnalité rebelle qui refuse de coopérer malgré plusieurs demandes : en lui
ordonnant la non-coopération, au motif que ce sera utile, par exemple, prive le rebelle
de sa position favorite. S’il continue à se rebeller, il exécutera l’ordre reçu et ne sera
plus rebelle. S’il revient dans le droit chemin alors il aura bien conservé son identité
rebelle… mais en revenant dans la position contre laquelle il se rebellait !
Attention, cette forme de communication, qui crée une double contrainte, est
redoutable. Les psychothérapeutes ont montré son efficacité remarquable et l’utilisent
ponctuellement pour libérer un patient de son carcan. Il a été montré par les chercheurs
de Palo Alto qu’une double contrainte répétitive était en cause dans le système familial
des schizophrènes.
N IVEAU DE DIFFICULTE
Ce livre est assez complexe, théorique et conceptuel. Il est néanmoins accessible à
tous ceux qui souhaitent faire l’effort de comprendre la modèle théorique proposé. Le
chapitre qui analyse les modes de communication mis en jeu dans “Qui a peur de
Virginia Woolf ?” est une illustration particulièrement vivante.
V ALIDITE
Cette conception systémique de la communication émane de l’une des plus grandes
écoles de psychothérapie du monde, le Mental Research Institute de Palo Alto fondé
par Don Jackson et Gregory Bateson. Elle a diffusé sur la planète pour devenir une
référence indiscutée.
Elle a été à l’origine de nombreux progrès thérapeutiques, en particulier dans le
domaine de la schizophrénie. Elle est une référence incontournable du coaching.
Principaux livres
• De Paul Watzlawick
o Changements : paradoxe et psychothérapie, Editions du Seuil
o Le langage du changement, Editions du Seuil
o La réalité de la réalité, Editions du Seuil
o L’invention de la réalité, Editions du Seuil
o Faites vous-même votre malheur, Editions du Seuil
• Sur Palo Alto
o Edmond Marc, Dominique Picard, L’école de Palo Alto, Editions Retz
o Alex Mucchielli, Les nouvelles communications : La descendance de Palo
Alto, Editions Armand Colin
• Sur les Thérapies brèves
o Dominique Megglé, Les Presses de la Renaissance
o Edmond Marc, Le changement en psychothérapie, Editions Dunod
Organisations professionnelles
• European Brief Therapy Association (E.B.T.A.) : www.ebta.nu
• Brief Therapy Network : www.brieftherapynetwork.com
www.selfway.fr