L E J O U R NAL D ’INFORMATION DES SOLU T I ON S A LT E R NAT I V E S D E S A N T É J U I N 2 01 8 N°141

é d i t o r ia l
Dernières Stratégie
anti-Parkinson :
recommandations
avant l’été
Chaque année, à l’approche

tout pour éviter la

de l’été, nous nous posons la
même question, à la rédac-
tion d’Alternatif Bien-Être :
faut-il en «  remettre une

pandémie annoncée
couche » sur les bienfaits du soleil et sur les
dangers de la crème solaire, ou nos lecteurs
sont-ils, depuis le temps, suffisamment infor-
més ? Y consacrer de nouveau un dossier nous
a paru superflu, d’autant plus que nous avons,
dans ce numéro, plusieurs informations capi- En France, une quarantaine de nouveaux cas
tales à vous donner. Mais une piqûre de rappel
n’est, sur cette question, jamais du luxe.
de Parkinson apparaissent chaque jour. Si la cause
… Aussi, à quelques jours du début de l’été, je de la destruction des neurones impliquée dans
me permets de vous adresser ce petit mémo : cette maladie reste mal comprise, de récentes
non, le soleil n’est pas cet accélérateur de vieil-
lissement et ce facteur de développement de découvertes pourraient permettre de réduire
cancers cutanés que beaucoup de messages de
santé publique nous présentent. Il est bien plus
les risques et de freiner son évolution. Alimentation,
risqué à long terme de trop s’en protéger (que compléments alimentaires, habitudes quotidiennes :
ce soit au moyen de crèmes, de vêtements trop
couvrants ou de chapeaux) que de le laisser agir.
le point sur toutes les mesures à adopter avant 50 ans.
Je ne vous parle pas seulement de vitamine D,
que nous ne pouvons synthétiser naturellement,
sous nos latitudes, qu’entre mai et octobre. Je Et si votre odeur corporelle pouvait donner des indications sur la
maladie ? Pour les scientifiques, l’idée est loin d’être farfelue. Baser
vous parle de ses effets… anticancers, juste-
ment : nous savons désormais par des études un diagnostic sur l’odorat n’est d’ailleurs pas une nouveauté : des chiens
épidémiologiques que les cancers colorec- ont été dressés pour flairer de façon très précoce le cancer du sein et ont
taux, du sein, de la prostate et le lymphome obtenu 100 % de réussite lors des tests1.
non hodgkinien1 sont significativement moins
fréquents chez les personnes qui s’exposent Joy Milne, une Écossaise de 65 ans au sens de l’odorat très développé, avait
régulièrement au soleil. Mais les bienfaits pro- repéré chez son mari un changement d’odeur. Elle a pensé à ce moment-là
tecteurs ne s’arrêtent pas là : amélioration de
la fonction immunitaire, protection du système que c’était dû au stress. Six ans plus tard, on diagnostique chez son mari
cardiovasculaire, production de sérotonine et la maladie de Parkinson. Un jour, Joy assiste à un groupe d’entraide de
d’endorphines (hormones améliorant l’humeur, malades et, surprise, elle reconnaît cette odeur chez les parkinsoniens qui
le sommeil et réduisant la douleur), stimulant
intellectuel… Tous ces effets ne sont pas que
sont présents. Une odeur qu’elle décrit comme puissante et légèrement
proverbiaux : ils sont étayés par des études et musquée. Elle fait alors le lien entre l’odeur et la maladie, ce dont elle fait
restent significatifs tant que l’on ne se brûle pas. part à un scientifique de l’université d’Édimbourg.
En fin de compte, la seule protection qui vaille,
face au soleil, est le bon sens. Un peu sceptiques au départ, les chercheurs s’intéressent pourtant à son
Rodolphe Bacquet témoignage. Ils prennent les choses très au sérieux dès qu’ils comprennent
1. Van der Rhee H. et al. Is Prevention of Cancer by Sun Exposure More
Than Just the Effect of Vitamin D  ? A Systematic Review of Epide-
miological Studies. Eur J Cancer. 2013 Apr  ; 49 (6)  : 1422-36. doi  : (suite page 2)
10.1016/j.ejca.2012.11.001. Epub 2012 Dec 10 1. http://www.kdog.fr/news voir également recension en page 31

Stratégie anti-Parkinson : tout pour éviter la pandémie
annoncée�������������������������������������������������������������������������������������1
Ce qui se cache dans un jus de fruits ���������������������������� 7
Les 8 erreurs à ne pas commettre en randonnée����������� 10
Faut-il fuir le gluten ? ��������������������������������������������������� 15
Les plantes pour alléger vos jambes ����������������������������� 19
Avez-vous besoin de la Technique Alexander ?��������������� 22
Comment la maladie de Lyme m’a révélé
mes souffrances intimes�������������������������������������������������� 25
Docteur Jean-Yves Gauchet : le scientifique derrière
la ronronthérapie ���������������������������������������������������������� 29
 À LA UNE j u i n 2 0 18 •  n °141

que Joy est capable de repérer sans PERSPECTIVES • Elle est diagnostiquée en
se tromper ceux qui sont malades moyenne à 58 ans ; pourtant,
parmi ceux qui ne le sont pas,
ACCABLANTES elle débute chez 17 % des pa-
simplement en… reniflant leurs
vêtements. Plus impressionnant
L a maladie de Parkinson a
été décrite pour la première
tients avant l’âge de 50 ans.
• Les traitements proposés ré-
encore, au cours du test, Joy iden- fois il y a 200 ans. On sait qu’elle duisent les symptômes, mais
tifie de façon catégorique l’odeur détruit à petit feu certains neurones aucun ne permet de guérir. La
sur un participant pourtant non du cerveau, mais pour le reste, rien
L-Dopa, le médicament de ré-
malade. Une erreur ? Non, 8 mois n’est encore résolu  : ses causes
férence, atténue les troubles,
plus tard, ce participant sain est à restent toujours méconnues, aucun
mais son efficacité diminue au
son tour diagnostiqué parkinsonien facteur de risque n’est identifié avec
fil du temps.
par les médecins. Le nez de Joy est certitude, le diagnostic précoce est
infaillible ! incertain et aucun médicament ne
peut apporter une guérison. À QUOI LES
Cette découverte a donné lieu à • Le nombre de malades a aug-
une étude auprès de 200 personnes menté de façon vertigineuse au
MANIFESTATIONS
pour confirmer si odeur et maladie cours des 25 dernières années DE LA MALADIE
sont bien liées et pour rechercher et la situation ne fait qu’empirer. SONT-ELLES DUES ?
les éléments du sébum qui pour- Les scientifiques affirment que
raient caractériser le changement les maladies neurodégénéra- L
a maladie est caractérisée
par la disparition progressive
d’odeur2. Les résultats préliminaires tives représentent la pandémie
la plus dévastatrice de l’histoire des neurones d’une région située à
viennent d’être dévoilés : 10 mo-
et prédisent que le nombre de la base du cerveau : la substance
lécules spécifiques qui pourraient
parkinsoniens doublera encore noire. Ces neurones fabriquent la
composer l’odeur de la maladie
dans le monde d’ici à 20404. dopamine, un neurotransmetteur
ont été identifiées sur la peau des
• En France, au moins 200 000 indispensable à la coordination
parkinsoniens.
personnes vivent avec la mala- des mouvements du corps, en par-
À partir de ces éléments, les scien- die de Parkinson et avec 25 000 ticulier des gestes automatiques,
tifiques ont bon espoir de mettre au nouveaux cas détectés chaque mais aussi de l’humeur et des
point un test fiable de dépistage, année, elle est la deuxième mécanismes d’éveil. Le déficit en
capable de détecter la maladie dès cause de handicap moteur dopamine entraîne des dysfonc-
ses prémices, ce qui permettrait chez l’adulte après les AVC et tionnements en cascade dans les
d’élaborer de nouvelles stratégies la seconde maladie neurodé- circuits moteurs du cerveau, avec
de prévention et de traitement3. générative derrière Alzheimer. l’apparition des signes cliniques.
Une fois reconnue, la maladie
Les symptômes de la maladie de Parkinson progresse à vitesse variable, mais
aujourd’hui, on sait que les lésions
Système nerveux Yeux
central • Fermeture involontaire ne concernent pas uniquement
• Dépression des paupières
• Anxiété (blépharospasme) la substance noire ; elles se ré-
• Déclin des fonctions intellectuelles
• Étourdissement ou évanouissement Bouche percutent également sur d’autres
• Difficulté d’élocution structures nerveuses dans les ré-
Poumons • Salivation excessive
• Obstruction • Difficulté de déglutition gions profondes du cerveau, ce qui
• Voix faible ou grave
des voies
respiratoires supérieures
affecte aussi la production et l’ac-
Peau tion d’autres messagers chimiques,
• Transpiration
accrue comme la noradrénaline, la séro-
Muscles
• Faiblesse
tonine, l’acétylcholine et le GABA.
Système général
• Douleurs
• Tremblements et lenteur
La destruction massive de circuits
• Troubles de l’équilibre entiers de ces différents types de
• Somnolence
Intestins
• Difficulté à bouger et à marcher neurotransmetteurs expliquerait la
• Visage figé
• Constipation multiplicité des perturbations autres
que celles liées aux mouvements.

2. http://www.chemistry.manchester.ac.uk/news-and-events/researchnews2015/skin-odour-could-lead-to-early-diagnosis-of-parkinsons.htm
3. http://www.iflscience.com/health-and-medicine/woman-who-can-smell-parkinsons-is-helping-scientists-create-the-firstever-diagnostic-test/all/
4. E. Ray Dorsey, Bastiaan R. Bloem. The Parkinson Pandemic—A Call to Action. JAMA Neurology, 2017; DOI: 10.1001/jamaneurol.2017.3299

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LA PARTIE IMMERGÉE
DE L’ICEBERG Attention aux statines !
L’hypothèse d’une relation entre bien des facteurs protecteurs 12.
Les outils pour diagnostiquer
clairement la maladie sont
taux de cholestérol et Parkinson D’autres données ont relevé que
remonte à une dizaine d’années. En les statines, ces médicaments qui
limités ; ils se basent principale- effet, le cholestérol est un compo- font si efficacement baisser le taux
ment sur la reconnaissance des sant indispensable du cerveau. En de cholestérol, étaient associées à
trois signes moteurs majeurs : la analysant la survenue de la mala- un risque quasiment triplé de dé-
lenteur des mouvements, la rigidité die sur une population de 262 000 velopper la maladie de Parkinson13.
personnes, une équipe israélienne a Une raison de plus de se méfier
musculaire et les tremblements au
démontré qu’un cholestérol total et de ces médicaments si largement
repos5. Au passage, il faut savoir un taux de LDL élevés constituaient prescrits.
que si tout le monde a en tête les
fameux tremblements, paradoxa-
lement, ceux-ci sont loin d’être coureurs et adoptez sans tarder les paradoxal : celle des rêves. Durant
systématiques, car ils ne touchent solutions préventives ci-dessous. cette phase, des mouvements ocu-
que 64 % des patients. laires rapides interviennent, mais
le reste du corps se trouve norma-
Tous les spécialistes s’accordent   lement comme paralysé. Or, 30 à
à reconnaître que la maladie pro-
gresse sournoisement bien des
Il n’est pas aisé de 60 % des parkinsoniens perdent
années avant de se révéler fran- penser à Parkinson de cette atonie musculaire et réa-
gissent comme si leurs cauchemars
chement. En fait, au moment où le si vous souffrez étaient réels. Leur sommeil est alors
diagnostic est posé, la dégénéres- d’une baisse ponctué de gestes brusques et vio-
cence a déjà interrompu 80 % de
la transmission des influx nerveux
du sens de l’odorat, lents, de cris, voire de coups de
dopaminergiques et 50 % des neu- d’une perturbation poing et de chute du lit.
rones producteurs de dopamine du sommeil, de Mais surtout, parmi les 1 % de la
sont irréversiblement détruits6. Les dépression, d’anxiété population générale qui est affectée
experts estiment que cette phase par ce trouble, les scientifiques
souterraine s’échelonne au mi-
ou de constipation. 
ont démontré que 40  % d’entre
nimum sur 7 ans7, voire sur des eux développeront la maladie de
dizaines d’années8, mais comment Parkinson dans les 5 ans et plus
la dépister ? de 90 % à l’horizon des 14 ans…
Certes, elle s’accompagne de Reconnu désormais comme un
DES NUITS AGITÉES élément des plus spécifiques de la
signes, mais ils n’ont rien de spé-
neurodégénérescence, ce trouble
cifique. En effet, il n’est pas aisé de
penser à Parkinson si vous souffrez
Le lien entre maladie de
Parkinson et troubles du du sommeil est maintenant perçu
d’une baisse du sens de l’odorat, sommeil intéresse depuis long- comme le signe visible de l’inflam-
d’une perturbation du sommeil, temps les chercheurs. Les malades mation qui gagne les neurones dans
de dépression, d’anxiété ou de se plaignent fréquemment de la substance noire, faisant sauter le
constipation9. nuits non réparatrices, fragmen- verrou dans le tronc cérébral qui,
tées par des réveils nocturnes, et normalement, paralyse les muscles
C’est pourquoi l’un des enjeux ma- durant le sommeil10.
de somnolences dans la journée,
jeurs de la recherche aujourd’hui
correspondant à une mauvaise or-
vise à trouver un marqueur qui À l’inverse, les scientifiques ont
ganisation du cycle veille/sommeil.
permettrait de poser facilement constaté que le sommeil profond
un diagnostic très précoce, ce qui Cependant, ce qui passionne par- était bénéfique pour le cerveau et
est encore impossible à ce jour. ticulièrement les scientifiques, ce ralentissait l’évolution de la mala-
Pour le moment, un seul conseil : sont les troubles qui interviennent die11. L’amélioration de la qualité
soyez attentif aux symptômes avant- au cours de la phase de sommeil du sommeil est donc une piste

5. Reichmann H. Clinical criteria for the diagnosis of Parkinson’s disease. Neurodegener. Dis. 2010;7(5):284–290

6. Fuente-Fernandez R. Age-specific progression of nigrostriatal dysfunction in Parkinson’s disease. Ann. Neurol. 2011;69:803–810
7. Hawkes C.H. The prodromal phase of sporadic Parkinson’s disease: does it exist and if so how long is it? Mov. Disord. 2008;23:1799–1807
8. Iranzo A., Tolosa E., Gelpi E., Molinuevo J.L., Valldeoriola F., Serradell M., Sanchez-Valle R., Vilaseca I., Lomeña F., Vilas D., Lladó A., Gaig C., Santamaria J. Neurodegenerative disease status and post-mortem
pathology in idiopathic rapid-eye-movement sleep behaviour disorder: an observational cohort study. Lancet Neurol. 2013 May;12(5):443–453
9. Postuma R.B., Berg D. Advances in markers of prodromal Parkinson disease. Nat. Rev. Neurol. 2016 Oct 27;12(11):622–634
10. Morten Gersel Stokholm, Alex Iranzo, Karen Østergaard, Mónica Serradell, Marit Otto, Kristina Bacher Svendsen, Alicia Garrido, Dolores Vilas, Per Borghammer, Joan Santamaria, Arne Møller, Carles Gaig, David
J Brooks, Eduardo Tolosa, Nicola Pavese. Assessment of neuroinflammation in patients with idiopathic rapid-eye-movement sleep behaviour disorder: a case-control study. The Lancet Neurology, 2017; 16 (10):
789 DOI: 10.1016/S1474-4422(17)30173-4
11. Dr Schreiner - Congress of the European Academy of Neurology (EAN) 2017. Abstract O3207. Presented June 26, 2017

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thérapeutique importante, tant en veau baisse, plus les symptômes cette zone du cerveau, le traitement
prévention qu’au cours de la ma- de Parkinson sont importants. Pour chélateur dans le but de réduire la
ladie. Prenez tout particulièrement les chercheurs, cela signifierait que surcharge est à l’étude et semble
soin de vos nuits.12-13 la caféine et ses métabolismes sont prometteur17. En attendant qu’il
mal absorbés au niveau intestinal soit disponible, mieux vaut tout
chez les malades, mais en atten- faire pour éviter d’absorber trop
AIMEZ-VOUS dant de vérifier la cause exacte de fer. Les personnes sédentaires
LE CAFÉ ? de cette mauvaise assimilation, ils qui mangent de la viande rouge
envisagent de mettre au point un quasiment tous les jours ou celles
D es études épidémiologiques
avaient déjà constaté que la
test de dépistage précoce basé sur qui souffrent d’hémochromatose
le simple dosage de la caféine dans devraient diminuer leurs apports
maladie de Parkinson était moins
le sang16. en fer en consommant moins de
répandue chez les buveurs de café.
Les mécanismes préventifs ne sont Donc, consommez modérément viande, moins de céréales et moins
pas encore tout à fait élucidés, mais le café si vous l’aimez, mais sans de produits laitiers industriels
la caféine semble agir en empê- dépasser la dose de 400 mg de (souvent enrichis en fer). Si vous
chant dans le cerveau la formation caféine par jour, ce qui correspond prenez des compléments alimen-
de corps de Lewy, des dépôts anor- à 3 ou 4 tasses. taires multivitaminiques, vérifiez
maux de protéines toxiques pour leur composition et fuyez ceux qui
les neurones et qui gênent la pro- contiennent du fer.
duction de dopamine14. D’autre LE FER ET LE CALCIUM
part, la caféine a des effets neuro- COUPABLES ? Concernant le calcium, les cher-
protecteurs indéniables et, pour les cheurs en ont aussi constaté une
malades, cela se traduit notamment C es deux minéraux semblent
jouer un rôle clé dans l’ap- présence en excès dans les cellules
par une amélioration des troubles du cerveau des parkinsoniens, ce
parition de la maladie. Le fer est
moteurs15. qui favoriserait la formation des
dangereux dès qu’il est présent
Mieux que cela, des chercheurs en trop grande quantité dans le corps de Lewy, ces amas toxiques
japonais ont récemment constaté corps, car il peut attaquer et oxy- qui entraînent la mort des neu-
qu’après avoir absorbé un café, der chacun des constituants d’une rones18. Il existe des traitements
les parkinsoniens présentaient un cellule. Or, l’analyse du cerveau de permettant de bloquer l’excès
taux de caféine dans le sang trois malades parkinsoniens montre une de calcium, les inhibiteurs cal-
fois plus faible que les personnes accumulation de fer précisément ciques utilisés notamment dans
en bonne santé. Et cette diminution au niveau de la substance noire. les pathologies cardiaques, et cette
semble corrélée à l’importance Même si l’on n’explique pas encore découverte toute récente ouvre
des troubles moteurs : plus le ni- pourquoi l’excès est localisé dans des perspectives thérapeutiques
intéressantes. Cependant, il faudra
probablement des années avant
Les pesticides sur la sellette que cette indication soit validée ;
d’ici là, c’est une autre bonne rai-
Le lien entre survenue de la mala- au plus près. Malheureusement, les
die et exposition aux pesticides est agriculteurs ne sont pas les seuls
son d’éviter de consommer des
démontré depuis plusieurs années. concernés : une exposition chro- produits laitiers. Car il est vrai qu’au
Ces produits forment un cocktail nique à faible dose sur une longue cours de plusieurs études, ceux-ci
neurotoxique si puissant qu’en période peut aussi contaminer ont été associés à un risque accru
2012, la pathologie a été reconnue votre organisme20. En tout état de
de la maladie19, même si cela est
en France comme maladie profes- cause, mettez-vous au bio et évitez
sionnelle pour les agriculteurs, les aliments industriels. probablement dû aux pesticides
puisque ce sont eux qui les côtoient qu’ils contiennent et indépendam-
ment de leur apport en calcium.20

12. Rozani V, Gurevich T, Giladi N et coll. Serum cholesterol levels over time and risk of Parkinson’s disease. International Congress on Parkinson’s Disease and Movement Disorders. Vancouver, 5 juin 2017
13. Huang X., Alonso A., Guo X., et al. « Statins, plasma cholesterol, and risk of Parkinson’s disease : a prospective study ». Mov. Disord., 2015 Jan., 14. doi : 10.1002/mds.26152
14. Novel Dimer Compounds That Bind α-Synuclein Can Rescue Cell Growth in a Yeast Model Overexpressing α-Synuclein. A Possible Prevention Strategy for Parkinson’s Disease, Joe Kakish, Kevin J. H. Allen, Troy
A. Harkness, Ed S. Krol, and Jeremy S. Lee, ACS Chemical Neuroscience 2016
15. Costa J. et coll. Caffeine exposure and the risk of Parkinson’s disease: a systematic review and meta-analysis of observational studies. Journal of Alzheimer’s diseaise 2010;20:S221-S238
16. Motoki Fujimaki, Shinji Saiki, Yuanzhe Li, Naoko Kaga, Hikari Taka, Taku Hatano, Kei-Ichi Ishikawa, Yutaka Oji, Akio Mori, Ayami Okuzumi, Takahiro Koinuma, Shin-Ichi Ueno, Yoko Imamichi, Takashi Ueno,
Yoshiki Miura, Manabu Funayama, Nobutaka Hattori. Serum caffeine and metabolites are reliable biomarkers of early Parkinson disease. Neurology, 2018; 10.1212/WNL.0000000000004888 DOI: 10.1212/
WNL.0000000000004888
17. David Devos et all. Targeting Chelatable Iron as a Therapeutic Modality in Parkinson’s Disease. Antioxidants & Redox Signaling - doi: 10.1089/ars.2013.5593
18. Janin Lautenschläger, Amberley D. Stephens, Giuliana Fusco, Florian Ströhl, Nathan Curry, Maria Zacharopoulou, Claire H. Michel, Romain Laine, Nadezhda Nespovitaya, Marcus Fantham, Dorothea Pinot-
si, Wagner Zago, Paul Fraser, Anurag Tandon, Peter St George-Hyslop, Eric Rees, Jonathan J. Phillips, Alfonso De Simone, Clemens F. Kaminski & Gabriele S. Kaminski Schierle - C-terminal calcium binding of
α-synuclein modulates synaptic vesicle interaction - Nature Communicationsvolume 9, Article number: 712(2018) doi:10.1038/s41467-018-03111-4
19. Katherine C. Hughes, Xiang Gao, Iris Y. Kim, Molin Wang, Marc G. Weisskopf, Michael A. Schwarzschild and Alberto Ascherioc - Intake of dairy foods and risk of Parkinson disease - Neurology Jun 2017, 10.1212/
WNL.0000000000004057; DOI:10.1212/WNL.0000000000004057
20. Exposition de la population française aux substances chimiques de l’environnement, t. 2, 2013 – www.invs.sante.fr


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À LA UNE j u i n 2 0 18 •  n °141

LA THÉORIE le kéfir ou la choucroute crue et QUEL RÉGIME

éviter le grignotage, les aliments
DE L’ORIGINE raffinés et industriels ainsi que les ALIMENTAIRE
INTESTINALE sucres rapides, qui appauvrissent ADOPTER SI VOUS
DE PLUS EN PLUS sa diversité. ÊTES MALADE ?
ÉTOFFÉE
L’ALIMENTATION
A ucun régime n’a prouvé de
façon incontestable son ef-
L e ventre, aussi appelé le
deuxième cerveau, contient PROTECTRICE ficacité sur la progression de la
200 000 neurones qui dialoguent maladie ; cependant, certains ré-
gimes d’éviction ont apporté des
étroitement avec le système nerveux
central et influencent son fonction-
A doptez en prévention une
alimentation bio qui lutte améliorations considérables chez
nement21. L’idée que la maladie contre les phénomènes oxydatifs de nombreux malades. Vous pou-
pourrait commencer dans l’intestin et inflammatoires, qui sont des vez en faire l’essai sans danger
avant de se propager au cerveau re- éléments clés de la dégénérescence durant 3 mois afin de vous assurer
pose sur des arguments solides. Les des neurones, et ajoutez en particu- qu’ils vous conviennent :
médecins constatent unanimement lier les aliments à l’effet protecteur • Régime sans gluten : quelques
que 30 à 50 % de leurs patients avéré : publications suggèrent que les
présentent des troubles digestifs, éléments toxiques du gluten
• Des légumes, source d’an-
de la constipation, des troubles pourraient atteindre le système
tioxydants et en particulier
de la déglutition, de l’hypersaliva- nerveux central et provoquer
de polyphénols et de nicotine
tion ou des douleurs abdominales, chez certains hypersensibles
végétale24 : betterave, oignon,
débutant parfois des décennies des symptômes neurologiques
poivron, chou, épinard, tomate,
avant que les signes moteurs ap- ressemblant à la maladie de
aubergine, pomme de terre, etc.
paraissent. D’autre part, certaines Parkinson28. Sachant en outre
bactéries du microbiote pullulent • Des petits fruits rouges riches en que le gluten perturbe la mu-
de façon anormale chez les parkin- anthocyanes25 : fraise, myrtille, queuse digestive et favorise un
soniens, et à mesure que la diversité framboise, mûre, etc. déséquilibre du microbiote, il est
du microbiote est amoindrie, la dif- tout à fait justifié de faire l’essai
• Des fruits : orange, raisin, prune,
ficulté à marcher et les problèmes d’un régime sans gluten durant
etc.
d’équilibre augmentent22. Enfin, quelques mois. Supprimez le
l’altération d’une protéine, l’alpha- • Des épices : gingembre, curcu- blé, l’épeautre (petit et grand),
synucléine, se retrouve de façon ma, cannelle26. l’avoine, le seigle et l’orge et pré-
similaire dans l’intestin des parkin- férez d’autres céréales comme
• Des acides gras oméga-3 27 :
soniens et dans leur cerveau ; elle le riz, le sarrasin, le millet, etc.
graines de lin broyées, huiles
semble se propager depuis l’intes-
de colza ou cameline, noix, • Régime hypotoxique : le D r
tin par un phénomène infectieux
petits poissons gras, etc. Seignalet a mis ce régime au
en se déplaçant de neurones en
neurones23. • Des céréales complètes et des point il y a plus de 20 ans pour
bananes, sources de vitamine lutter contre les maladies inflam-
Il n’existe pas encore de piste thé- B6 indispensable à la synthèse matoires et, à l’époque, a obtenu
rapeutique concrète, mais tous ces des neurotransmetteurs. une rémission totale des symp-
éléments renforcent le fait qu’il faut tômes chez 7 parkinsoniens sur
veiller sur sa santé intestinale avec En parallèle, diminuez la consom- 11 et une nette amélioration
le plus grand soin, nourrir son mi- mation de viande rouge, évitez la pour 3 autres29. À sa suite, des
crobiote en consommant une part charcuterie, les plats préparés, les milliers de personnes l’ont adop-
importante de fibres et d’aliments laitages et limitez le sucre, sources té avec des résultats positifs. Les
lacto-fermentés comme le kimchi, d’inflammation. grands principes : manger des

21. Houser & Tansey. The gut-brain axis: is intestinal inflammation a silent driver of Parkinson’s disease pathogenesis? npj Parkinson’s Disease. 2017 ; 3
22. Mazmanian, Sarkis K. and Sampson, Timothy R. and Debelius, Justine W. and Thron, Taren and Janssen, Stefanand Shastri, Gauri G. and Ilhan, Esra and Challis, Collin and Schretter, Catherine E. and Rocha, San-
dra and Gradinaru, Viviana and Chesselet, Marie-Francoise and Keshavarzian, Ali and Shannon, Kathleen M. and Krajmalnik-Brown, Rosa and Wittung-Stafshede, Pernilla and Knight, Rob (2016) Gut Microbiota
Regulate Motor Deficits and Neuroinflammation in a Model of Parkinson’s Disease. Cell, 167 (6). pp. 1469-1480. ISSN 0092-8674 
23. Liu B, Fang F, Pedersen NL, et al. Vagotomy and Parkinson disease: A Swedish register–based matched-cohort study. Neurology. 2017 ; 88 (21) : 1996-2002. DOI : 10.1212/WNL.0000000000003961
24. Nicotine from edible Solanaceae and risk of Parkinson disease. Nielsen SS, Franklin GM, Longstreth WT, Swanson PD, Checkoway H. Ann Neurol. 2013 May 9
25. Khasnavis S, Pahan K. Cinnamon Treatment Upregulates Neuroprotective Proteins Parkin and DJ-1 and Protects Dopaminergic Neurons in a Mouse Model of Parkinson’s Disease. J Neuroimmune Pharmacol.
2014 Jun 20
26. Xiang Gao, Carlos Singer; American Academy of Neurology’s 63rd Annual Meeting, Honolulu, April 9 to April 16, 2011
27. Kamel F, Goldman SM, Umbach DM, Chen H, Richardson G, Barber MR, Meng C, Marras C, Korell M, Kasten M, Hoppin JA, Comyns K, Chade A, Blair A, Bhudhikanok GS, Webster Ross G, William Langston J,
Sandler DP, Tanner CM. Dietary fat intake, pesticide use, and Parkinson’s disease. Parkinsonism Relat Disord. 2013 Oct 1. pii: S1353-8020(13)00353-2
28. Di Lazzaro V,  Capone F,  Cammarota G,  Di Giuda D,  Ranieri F. Dramatic improvement of parkinsonian symptoms after gluten-free diet introduction in a patient with silent celiac disease. J Neurol.  2014
Feb;261(2):443-5. doi: 10.1007/s00415-014-7245-7. Epub 2014 Jan 25
29. Jean Seignalet – L’alimentation ou la 3e médecine – Editions du Rocher 2012

5
 À LA UNE j u i n 2 0 18 •  n °141

aliments peu traités ou bio, sup- l’augmentation de la densité des majeur de l’organisme. Prendre
primer le gluten, le maïs et les récepteurs à dopamine31. 600 mg de NAC deux fois par jour
produits laitiers animaux, cuire pendant 3 mois a permis d’aug-
les aliments à basse température D’autres études ont testé le tai-chi, menter le taux de dopamine dans
(en dessous de 110 °C). une technique possible pour tous et le cerveau des parkinsoniens et de
à tout âge, particulièrement intéres- réduire leurs symptômes35.
sante pour améliorer l’équilibre et
LE BOUCLIER prévenir les chutes32. En outre, ap- INFOS PRODUITS
ANTI-PARKINSON : prendre le tango argentin, avec ses N-Acetyl Cystéine (Supersmart) :
passes complexes, est certainement
L’ACTIVITÉ PHYSIQUE un challenge, mais qui présente des
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vertus thérapeutiques, avec une
L ’exercice physique doit être
envisagé en prévention, amélioration de l’équilibre et de
N-Acélyl-Cystéine (VIT’ALL+) :
boutiques diététiques
comme un élément clé permettant la mobilité33.
de réduire de moitié les risques de
souffrir de la maladie grâce aux Le mucuna ou pois mascate
effets neuroprotecteurs importants LES COMPLÉMENTS Mention spéciale pour cette plante
de l’activité. Le cerveau est mieux ALIMENTAIRES ANTI- issue de la pharmacopée ayurvé-
oxygéné et la synthèse des neu- PARKINSON dique, riche en antioxydants et
rotransmetteurs du plaisir et de la en L-Dopa, qui serait 2 fois plus
détente – la dopamine et la séro- La vitamine D efficace que son équivalent de syn-
tonine – est stimulée. Le minimum Plus le taux sanguin de vitamine D thèse, avec une action plus rapide
recommandé est de marcher d’un est élevé, moins les symptômes et plus durable pour diminuer les
bon pas 30 minutes par jour. sont invalidants, avec un effet très troubles moteurs et une meilleure
marqué dans les débuts de la ma- tolérance36. Utile dès les premiers
Dès que la maladie se déclare, signes de la maladie, elle ne com-
ladie34. Ensuite, la maladie évolue
l’activité physique doit être envi- porte pas les effets secondaires
plus lentement. Visez un taux san-
sagée comme une partie intégrante gênants de la L-Dopa de synthèse.
guin entre 50 et 60 ng/ml et prenez
du traitement, car elle est capable
au minimum 4 000 UI par jour de
non seulement de ralentir la pro-
vitamine D3.
gression des symptômes moteurs,
mais aussi d’engendrer de nettes
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améliorations de la qualité de vie.
Bio-D-Mulsion Forte (Biotics
Et cela en toute innocuité.
Research) : 01 40 26 09 08
L’approche doit être guidée selon www.energeticanatura.com
le stade de la maladie et, dans Vitamine D3++ (D.Plantes) :
les débuts, les exercices visent 04 75 53 80 09
l’amélioration des fonctions mo- www.dplantes.com Mucuna, ou pois mascate
trices, notamment des membres
inférieurs. Loin devant tous les INFOS PRODUITS
autres, les exercices à haute in- La NAC (N-acétylcystéine) EPS Mucuna (Phytoprevent) :
tensité (vélo, musculation, course, Afin de prévenir et de ralentir pharmacies
etc.) pratiqués 3 fois par semaine l’évolution de la maladie, les an- Quantis Mucuna (LPEV) :
présentent une telle efficacité qu’ils tioxydants sont indispensables. La 04 70 90 61 45
retardent nettement l’évolution des NAC a particulièrement été étudié www.lpev.fr
symptômes et permettent d’éviter dans l’optique du frein de la perte
durablement le recours aux médi- neuronale, car il permet de res-
Annie Casamayou
caments30, probablement grâce à taurer le glutathion, l’antioxydant

30. Margaret Schenkman, Charity G. Moore, Wendy M. Kohrt, Deborah A. Hall, Anthony Delitto, Cynthia L. Comella, Deborah A. Josbeno, Cory L. Christiansen, Brian D. Berman, Benzi M. Kluger, Edward L. Me-
lanson, Samay Jain, Julie A. Robichaud, Cynthia Poon, Daniel M. Corcos. Effect of High-Intensity Treadmill Exercise on Motor Symptoms in Patients With De Novo Parkinson Disease. JAMA Neurology, 2017;
DOI: 10.1001/jamaneurol.2017.3517
31. Nozaki T1, Sugiyama K, Yagi S, Yoshikawa E, Kanno T, Asakawa T, Ito T, Terada T, Namba H, Ouchi Y. Effect of subthalamic nucleus stimulation during exercise on the mesolimbocortical dopaminergic region in
Parkinson’s disease: a positron emission tomography study. J Cereb Blood Flow Metab. 2013 Mar;33(3):415-21. doi: 10.1038/jcbfm.2012.183. Epub 2012 Dec 5

32. Xiaojia Ni, Shaonan Liu Fuchang Lu, Xiaogeng Shi, and  Xinfeng Guo - Efficacy and Safety of Tai Chi for Parkinson’s Disease: A Systematic Review and Meta-Analysis of Randomized Controlled Trials - PLoS One.
2014; 9(6): e99377. Published online 2014 Jun 13. doi:  10.1371/journal.pone.0099377
33. Silvia Rios Romenets, Julius Anang, Seyed-Mohammad Fereshtehnejad, Amelie Pelletier, Ronald Postuma. Tango for treatment of motor and non-motor manifestations in Parkinson’s disease: A randomized
control study. Complementary Therapies in Medicine, 2015; 23 (2): 175 DOI: 10.1016/j.ctim.2015.01.015
34. Amie L. Peterson, Charles Murchison, Cyrus Zabetian, James Leverenz, G. Stennis Watson, Thomas Montine, Natasha Carney, Gene L. Bowman, Karen Edward, and Joseph F. Quinn - Memory, Mood, and
Vitamin D in Persons with Parkinson’s Disease - ournal of Parkinson’s Disease, Volume 3/Issue 4, DOI: 10.3233/JPD-130206
35. Daniel A. Monti, George Zabrecky, Daniel Kremens, Tsao-Wei Liang, Nancy A. Wintering, Jingli Cai, Xiatao Wei, Anthony J. Bazzan, Li Zhong, Brendan Bowen, Charles M. Intenzo, Lorraine Iacovitti, Andrew B.
Newberg - N-Acetyl Cysteine May Support Dopamine Neurons in Parkinson’s Disease: Preliminary Clinical and Cell Line Data - Published: June 16, 2016 https://doi.org/10.1371/journal.pone.0157602
36. Hussain G, Manyam BV, “Mucuna pruriens proves more e ective than L-DOPA in Parkinson’s disease animal model” in Phytother Res. 1997; 11 (6): 419-423


6
DÉCRYPTAGE j u i n 2 0 18 •  n °141

Ce qui se cache dans un jus

de fruits
Les jus de fruits jouissent encore d’une image santé. Hélas, à part l’apport
vitaminique et antioxydant d’un jus de fruits frais, cette boisson reste avant
tout un concentré de sucres rapides dépourvu de fibres alimentaires. Mais il
y a pire. Du « pur jus » au « nectar », en passant par la vague dénomination
« jus de fruits », les rayons pléthoriques de supermarché proposent parfois à
leurs clients des boissons plus dommageables encore. Les appellations de ces
produits industriels sont souvent ambiguës. Sucres ajoutés, additifs… Alternatif
Bien-Être vous aide à comprendre ce qu’est un bon jus de fruits.

L e jus de fruits matinal de-

meure un rituel solidement
la consommation régulière de fruits
diminue de 1 à 26 % (en fonction
de principes actifs), ou bien une
centrifugeuse (à mi-chemin entre
ancré dans les habitudes du petit du type de fruit considéré) le risque les deux). L’inconvénient, au quo-
déjeuner français… Et pourtant, de diabète, alors que la consomma- tidien, c’est bien sûr la corvée du
du fruit au jus, la dégringolade des tion de jus de fruits, en revanche, nettoyage de l’appareil et la néces-
apports bénéfiques est immense. augmente ce risque de 8 %1. En sité de consommer la préparation
cause, l’absorption trop rapide des sur-le-champ, certaines vitamines
sucres (index glycémique élevé) et étant sensibles à la lumière et à
UN JUS NE REMPLACE la surconsommation de calories. l’oxydation.
PAS UN FRUIT
La meilleure alternative au fruit Voilà pourquoi il est tellement
L e jus (en bouteille) est
d’abord dépourvu de fibres
entier est en réalité le « smoothie », plus facile de se fournir en jus de
ce nouveau venu qui a rapide- fruits au supermarché ! Mais toutes
et d’oligo-éléments. Il manque de ment envahi les rayons frais des ces préparations ne se valent pas.
minéraux, de vitamines, mais aussi supermarchés ces dernières an- Voici quelques conseils pour évi-
d’un certain nombre de compo- nées. Cette boisson (qui n’est pas ter les pièges tendus par la grande
sés végétaux naturels, comme les un jus) ne contient que des fruits distribution.
polyphénols. Un jus de raisin, par simplement mixés.
exemple, ne contient pas les pépins
de raisin aux multiples vertus. Un CE QUI SE CACHE
jus de fruits n’a donc pas la même LE JUS MAISON : DERRIÈRE
valeur nutritionnelle que le fruit. La
fameuse recommandation « man-
VERTUS ET LES APPELLATIONS
gez cinq fruits et légumes par jour » INCONVÉNIENTS DE SUPERMARCHÉ
du Programme national nutrition
santé en France ne s’applique pas F raîchement pressé, un jus
de fruits maison est certes
Jus, pur jus, nectar… Ces mots
ne sont pas des fantaisies
aux jus de fruits et légumes. plus intéressant d’un point de vue marketing, mais correspondent
Deuxièmement, l’assimilation d’un gustatif et nutritionnel que les jus à une réglementation bien pré-
fruit ou d’un jus n’est pas la même. industriels. Mais pour obtenir ce cise, pas toujours bien identifiée
Le pouvoir de satiété du jus est concentré de vitamines et de nutri- par le grand public. Or, en lisant
moindre ; il contient moins de ma- ments, et ne pas rester cantonné au les étiquettes, il y a largement
tière (notamment de fibres) que son simple jus d’agrumes, il faut avoir moyen d’y voir clair. Tout d’abord,
grand frère le fruit. Boire un jus nous au moins des fruits à disposition il s’agit de se familiariser avec les
pousse donc à surconsommer des et… un mixeur (pour des smoo- diverses dénominations. Les voici,
calories sous forme de sucre ! Une thies), un extracteur (qui supprime du jus le moins transformé au plus
étude publiée en 2013 a montré que les fibres au profit d’un concentré transformé.

1. Fruit consumption and risk of type 2 diabetes: results from three prospective longitudinal cohort studies Isao Muraki, Fumiaki Imamura, JoAnn E Manson, Frank B Hu, Walter C Willett, Rob M van Dam, Qi Sun,
BMJ. 2013

7
 DÉCRYPTAGE
Les 100 % pur jus de fruits
L’appellation « pur jus » ou aussi
«  purs fruits  » correspond à une
pression des fruits sans additifs ni
sucres ajoutés. Un pur jus sans cla-
rification est appelé « jus trouble ».
Le jus de pomme trouble trouve
sa valeur ajoutée dans sa teneur
en polyphénols. La dénomination
«  pur jus  » représente un repère
fiable pour choisir un jus de qua-
lité. Mais attention, une première
distinction s’impose  : il est pré-
férable de s’orienter vers un jus
bio. Des études ont montré que
les fruits bio peuvent afficher des
teneurs plus élevées en vitamine C,
oligo-éléments et antioxydants
(polyphénols), mais c’est un débat
scientifique non tranché. On peut
surtout privilégier le bio pour éviter
les produits chimiques, notamment
pour les fruits pressés avec leur
peau qui contiennent des pesticides
(herbicides, fongicides, insecti-
cides). Parmi les fruits les plus
contaminés selon le classement
2017 de l’Environmental working
Group 2 : les fraises, nectarines,
pommes, pêches, poires, cerises,
raisins. Parmi les moins contami-
nés : ananas, papaye, mangue,
melon, kiwi, pamplemousse.
Seconde distinction : on trouve les
purs jus pasteurisés et les purs jus
réfrigérés. Les premiers sont ven-
dus dans les rayons à température
ambiante et se conservent par-
2. www.ewg.org
8
fois un an, tandis que les seconds
se trouvent au rayon frais avec
une date limite de consommation
maximum d’un mois tant que le
contenant n’est pas ouvert. La dif-
férence, c’est la pasteurisation, qui
diminue la qualité des vitamines
(notamment la vitamine C et la
B6). Dans les deux cas, une fois la
bouteille ouverte, il est préférable
de consommer le jus dans les 3 à
4 jours.
Une précision : il peut arriver de
voir la dénomination « 100 % pur
jus » sur un produit qui contient
aussi de la purée de fruits (mais
jamais avec ajout d’eau). Certains
fruits, trop épais pour faire un jus
consommable en l’état, peuvent être
mélangés avec un autre fruit dont le
pressage est plus liquide (pomme,
orange). Ainsi, par exemple, un
jus multifruits « pomme, ananas,
banane », peut bénéficier de l’ap-
pellation 100 % purs fruits.
Les « smoothies »
(ou fruits mixés)
Ils ont le vent en poupe, mais la dé-
nomination n’est pas réglementée.
Le smoothie n’est pas considéré
comme un jus, car trop épais. Ces
boissons sont, dans la majorité des
cas, composées d’un ou plusieurs
fruits mixés, ce qui permet de béné-
ficier d’un panel de vitamines plus
complet. Mais il convient de lire at-
tentivement l’étiquette pour savoir
s’il n’y a pas eu de sucres ajoutés !
j u i n 2 0 18 •  n °141
On les trouve généralement au
rayon frais. La seule différence avec
la consommation d’un fruit entier
est l’absence de mastication, dont
le bénéfice est important pour la
production d’enzymes (dans la
salive) et la préparation de l’esto-
mac (production d’acidité). L’autre
utilité de la mastication réside dans
la santé dentaire : cela permet un
nettoyage naturel de l’émail et le
renforcement des gencives. Pour
éviter l’accumulation de fibres et de
sucre dans les dents, un brossage
s’impose après la consommation
du smoothie !
Les jus de fruits
Derrière l’appellation «  jus de  »
pomme, pêche, tomate, etc., vous
ne trouverez pas de sucres ajou-
tés  ! C’est la réglementation. En
revanche, ce type de jus est géné-
ralement confectionné à partir de
concentré ou de purée de fruits.
C’est pourquoi la dénomination
«  jus de…  » s’accompagne bien
souvent de l’expression « à base
de concentré ». Le fabricant ajoute
donc de l’eau et éventuellement des
arômes et de la pulpe de la même
espèce ou encore des vitamines et
minéraux. Concernant ce dernier
ajout, il peut arriver que vous lisiez
la mention « À teneur garantie en
vitamines et/ou minéraux ». Cela
signifie que ce jus de fruits présente
des quantités de vitamines plus ou
moins égales à celle du fruit avant
le pressage. En effet, la fabrication
ou le stockage du concentré a pu
faire baisser les taux initiaux, qui
sont donc restitués après coup. Si
vous lisez «  Naturellement riche
en…  », cela signifie simplement
que le produit a conservé plus
de 15 % des apports journaliers
recommandés de la vitamine ou
des minéraux concernés. Dans la
plupart des cas, la conservation de
ces jus de fruits est effectuée par
pasteurisation. Mais il est possible
d’en trouver au rayon frais, lorsque
la purée de fruits ou le concentré a
suivi la chaîne du frais.
DÉCRYPTAGE
Les jus « à base de concentré »
Dans ce type de boissons, on
s’éloigne de plus en plus du jus de
fruits maison. L’ajout de sucre, qui
doit être obligatoirement mention-
né, est presque systématique. Sa
teneur ne peut en revanche dépasser
20 % du produit fini. Attention, le
sucre peut être remplacé par des
édulcorants… À fuir absolument ! Il
arrive heureusement parfois que le
fabricant n’ajoute pas de sucre, il ne
manquera pas de vous le signaler par
la mention « sans sucres ajoutés ».
Par exemple, un jus de citron ou
d’orange peut être réalisé à base de
concentré et d’eau, tout simplement.
Les « nectars »
Cette dénomination alléchante est
le propre des fruits dont le pressage
ne permet pas l’obtention d’un
jus consommable en l’état, par
exemple la mangue, la banane, la
goyave… La teneur minimale de
la purée de fruits est réglementée
pour chaque fruit. Par exemple,
un nectar de coing ou de baies de
sureau doit comporter au moins
50 % de purée sur le volume du
produit fini ; pour les fruits de la
passion, le cassis, la mangue ou la
goyave, le nectar doit avancer 25 %
de fruits. Le problème, c’est que
l’ajout de sucre est quasi systéma-
tique (max 20 %). Il convient donc
d’éplucher l’étiquette qui, dans le
cas contraire, ne manquera pas de
préciser « sans sucres ajoutés ».
Les autres dénominations
Lorsque le produit ne présente pas
les expressions habituelles « jus de
fruits », « jus à base de concentré »,
« nectar », mais plutôt « cocktail »,
«  boisson aux…  », «  réveil ma-
gique », « super blabla », « délices
de… », vous êtes alors face à un
produit non identifié qui se com-
pose généralement d’un mélange
de concentré de jus de fruits, de
purée de fruits, mais surtout de
sucre (glucose, fructose, sucrose,
sirop de maïs, etc.), de colorants
et d’autres additifs. Vous pouvez
passer votre chemin !
QUELLE QUANTITÉ
DE SUCRE DANS
UN JUS DE FRUITS ?
ue le sucre soit issu du jus
Q de fruits ou d’un ajout, son
taux figure toujours sur l’étiquette.
Un point de repère  : lorsque les
glucides sont supérieurs à 11 g pour
100 ml (l’équivalent de 4 morceaux
de sucre pour un verre de jus de
200 ml), vous pouvez considé-
rer que vous avez affaire un jus
trop sucré. Ce n’est pas parce que
vous avez affaire à un jus 100 %
pur fruits que la teneur en sucre
sera inférieure à un jus à base de
concentré. Certes, le sucre est un
produit naturellement présent dans
les fruits, mais la consommation
en jus pose un problème pour les
j u i n 2 0 18 •  n °141
Une recette de
smoothie maison
Une banane, une orange, un kiwi,
un filet de jus de citron : mixer le
tout avec un peu de « pur jus »
de pomme ou de carottes (qui
passent moins bien dans les
mixeurs maison). On peut ajou-
ter une cuillère de miel pour le
plaisir. Cette préparation mixée
se boit comme elle se mâche, avec
ses petits morceaux de fruits
et de fibres. On prend donc son
temps pour la déguster !
terrains diabétiques ou prédiabé-
tiques. En effet, en l’absence de
fibres qui ralentissent le transit, le
sucre passe trop vite dans le sang,
ce qui a pour effet de solliciter forte-
ment le pancréas pour la production
d’insuline, avec en outre des risques
d’hypoglycémie réactionnelle dans
les deux heures qui suivent (chute
de la glycémie sous l’effet massue
de l’insuline). L’abus de jus, surtout
à jeun, peut donc participer à l’épui-
sement de cet organe régulateur de
la glycémie, souvent déjà malmené
par notre alimentation trop raffinée
(le même problème se pose avec le
pain blanc). Parmi les fruits les plus
sucrés, qui peuvent représenter une
bombe glycémique : le jus de raisin
(18 g dans un 100 % pur fruit), le
jus de pruneaux (18 g), le jus de gre-
nade (14-16 g). La pomme se situe
dans la moyenne acceptable (11 g),
suivie par les agrumes (9-10 g), la
carotte (7 g), la tomate (5 g) et l’eau
de coco (3  g). N’oubliez pas  : la
présence de fibres va aider à ralentir
l’arrivée du glucose dans le sang ;
ne rejetez donc pas les jus à pulpe
(agrumes).
Une dernière règle d’or : pour re-
tirer tous les bienfaits de votre jus,
buvez-le à petites gorgées en le
tournant 7 fois dans votre bouche !
Cette « fausse mastication » permet
d’activer la sécrétion de salive et
donc l’absorption.
Pryska Ducoeurjoly
9
 BIEN DANS SON CORPS
Les 8 erreurs à ne pas
commettre en randonnée
La randonnée est l’une des rares activités sportives permettant à la fois de se
dépenser physiquement et de s’ouvrir l’esprit : on s’évade, on découvre de
fabuleux paysages, tout en respirant un air pur et en affûtant des fonctions
physiologiques essentielles du corps. Seulement, vos premières randonnées
et vos premiers bivouacs ne s’improvisent pas, car l’aventure peut très vite
devenir désagréable. En évitant ces huit erreurs, vous pourrez partir tranquille !
E n solo, en couple, en famille
ou en groupe, la randonnée
est l’une des clés du bien-être.
Marcher libère l’esprit et redonne
le moral. On s’évade, on contemple
le monde qui nous entoure en pre-
nant le temps, loin du tumulte du
quotidien. Outre le plaisir qu’elle
procure, la marche permet de sti-
muler la formation du tissu osseux,
est efficace dans la prévention des
risques cardiovasculaires et ren-
force votre système immunitaire.
Dans sa forme la plus basique, une
randonnée, c’est à peu près aussi
simple que ça  : mettre un pied
devant l’autre, répéter et regarder
le paysage. Mais c’est parfois plus
compliqué, notamment en raison
de la météo, du dénivelé, du ma-
tériel inadapté, d’une condition
physique sous-développée. C’est
pourquoi il est fondamental de
préparer votre randonnée. Avec la
liste des huit principales erreurs
commises par les randonneurs dé-
butants et les conseils associés pour
les éviter, vous serez paré pour le
bonheur à l’état pur.
1. Ne pas avoir
de chaussures de
randonnée adaptées
S i vos pieds ne sont pas heu-
reux en randonnée, vous ne le
serez pas non plus. Les chaussures
sont l’élément matériel fondamen-
tal du randonneur : elles font le lien
10
entre le mouvement du corps et le
sol. Pour trouver chaussure à son
pied, voici mes conseils :
• Prenez le temps d’essayer plu-
sieurs modèles.
• Prenez une demi-pointure, voire
une pointure supérieure à vos
chaussures de ville.
• Essayez-les avec les chaussettes
que vous utiliserez pendant vos
randonnées.
• Essayez-les de préférence le soir,
car nos pieds gonflent au cours
de la journée.
• Testez les chaussures dans le
magasin en vous promenant,
en montant et descendant les
escaliers.
• Essayez de choisir un fabricant
sérieux (Salomom, Merrell,
Salewa, par exemple).
2. Ne pas se préparer
physiquement
V ous êtes-vous déjà arrêté au
milieu d’une montée, épuisé,
dégoûté de la randonnée, en vous
disant « je n’irai pas plus loin » ?
Avec une préparation physique
adaptée, vous n’auriez certaine-
ment pas vécu cette sensation.
Soyez bien conscient que votre
corps doit être préparé un minimum.
C’est nécessaire pour entreprendre
une randonnée sans se blesser ni
ressentir une fatigue excessive.
j u i n 2 0 18 •  n °141
Ainsi, votre corps sera capable
d’encaisser, de reconstruire vos mi-
crotraumatismes plus rapidement
et de repousser la fatigue. Vous
vous sentirez plus « frais » et vous
apprécierez beaucoup plus votre
sortie si vous avez un minimum de
condition physique.
Préparez-vous au moins deux mois
à l’avance pour être dans une dé-
marche de progressivité. Un circuit
d’exercices simples à faire chez
vous deux fois par semaine et une
petite sortie en randonnée suffisent
pour être opérationnel. Vous pou-
vez vous référer dans un premier
temps à mon article « Comment
ne pas se blesser aux sports d’hi-
ver ? » paru dans le numéro n° 136
d’Alternatif Bien-Être en janvier
dernier. Cette préparation physique
simple vous permettra d’entretenir
ou de développer une condition
physique minimale pour vos futures
randonnées.
3. Ne pas préparer
son itinéraire
P lanifier votre itinéraire est
indispensable pour ne pas
avoir de surprise. Il doit être adap-
té à votre condition physique et
à votre expérience individuelle.
Commencez par vous procurer un
guide du lieu, qui vous donnera un
aperçu de la région, des distances,
du dénivelé, des possibilités de
BIEN DANS SON CORPS
bivouacs, des temps de marche.
Vous pouvez également consulter
des cartes sur le site : https://www.
geoportail.gouv.fr
Prenez le temps de bien évaluer les
points suivants :
• La distance de votre randonnée ;
• Les difficultés, comme les ri-
vières, les passages escarpés,
les côtes à fort dénivelé ;
• Votre temps de marche (en fonc-
tion des capacités du groupe) ;
• Le temps de votre randonnée,
sur le rythme de la personne la
plus lente du groupe.
4. Ne pas consulter
les conditions
météorologiques
U n point à ne surtout pas
sous-estimer ! Les conditions
météo en montagne peuvent se
dégrader rapidement. Pour cette
raison, ne pensez surtout pas que
regarder le bulletin météo à la TV est
suffisant ! En tant que randonneur,
vous devez vérifier 5 paramètres :
• Le risque d’orage ;
• La température ;
• L’humidité ;
• La vitesse du vent ;
• La visibilité.
Vous pouvez consulter l’ensemble
de ces données gratuitement sur le
site : www.meteociel.com. Je vous
conseille vivement de télécharger
l’application Météociel sur votre
smartphone pour vous faciliter la
vie quand vous êtes en extérieur.
5. Partir sans trousse
de secours
ue vous soyez débutant ou
Q expérimenté, une trousse
de secours est primordiale pour
la sécurité de votre randonnée,
car les accidents peuvent survenir
à tout moment. Elle servira pour
j u i n 2 0 18 •  n °141
soigner les petites blessures de la
marche ou pour attendre l’arrivée
des secours au cas où vous rencon-
treriez des problèmes plus graves.
Vous trouverez sans problème un
kit 1er secours dans les magasins
spécialisés.
En parallèle, voici les indispen-
sables à avoir sur vous (dans un sac
plastique étanche) :
• Crème solaire ;
• Papier toilette ;
• Couteau ;
• Couverture de survie ;
• Lampe frontale ;
• Sifflet ;
• Bougie et briquet ;
• Boussole ;
• Une petite cordelette ;
• Un roll-on antimoustique ;
• De quoi manger.
11
 BIEN DANS SON CORPS
6. Ne pas s’hydrater
suffisamment
L a d é s hy d r a t a t i o n p e u t
facilement gâcher votre ran-
donnée. Le corps étant constitué de
plus de 70 % d’eau, il est facile de
comprendre que c’est un élément
indispensable à notre organisme,
surtout lors d’efforts d’endurance
comme la randonnée et d’autant
plus quand il fait chaud.
N’attendez donc pas d’avoir soif
pour boire :
• Buvez avant, dans les 3 heures
précédant votre effort.
• La règle d’or est de boire peu,
mais souvent. Il est plus facile
de boire 10 fois 100 ml qu’1 l
d’un coup.
• Buvez toutes les 15 à 30 minutes
selon votre effort et les condi-
tions environnementales.
• Une boisson d’effort peut être
envisagée si votre randonnée
dure plus de 4 heures.
7. Ne pas choisir
les bons aliments
lors de votre marche
P our tenir le rythme, recharger
vos réserves d’énergie et limi-
ter la fatigue, une alimentation en
faveur des glucides (entre 50 % et
70 %) est indispensable. Les proté-
ines et les bonnes graisses arrivent au
second plan. Bien saisir le principe
de l’indice glycémique des aliments
est essentiel pour ne pas subir de
« coup de pompe », bien digérer et
augmenter vos performances. Les
aliments glucidiques (sucrés ou non)
sont classés en 3 catégories :
• IG élevé (>70) : ils font fortement
grimper le taux de sucre et sont
digérés rapidement.
• IG moyen (56-69) : ils sont entre
les deux.
• IG bas (<55) : ils ont peu d’in-
fluence sur la glycémie et sont
digérés lentement.
12
Avant l’effort, consommez des ali-
ments à IG bas à moyen, au moins
12 heures avant votre départ. Ces
aliments auront le temps de se
transformer en réserve d’énergie.
Pendant l’effort, consommez des
aliments à IG moyen à élevé en pe-
tites quantités (peu mais souvent).
Vous renouvellerez rapidement
votre taux de sucre dans le sang et
vos réserves ne seront pas épuisées.
Après l’effort, consommez des ali-
ments à IG bas, suffisamment de
protéines pour permettre aux mus-
cles de récupérer rapidement et des
bonnes graisses de la famille des
oméga-3 pour ses propriétés anti-
inflammatoires. Vous trouverez
cette liste d’aliments IG facilement
sur le Net.
8. Ne pas mettre en
pratique des actions
pour récupérer
L ors d’efforts d’endurance
comme le fait de marcher
pendant plusieurs heures, le corps
est soumis à un stress physique qui
peut être inhabituel selon votre
j u i n 2 0 18 •  n °141
condition physique et votre régula-
rité. Trop souvent, nous surestimons
nos capacités d’adaptation et de
récupération. Or, de simples ac-
tions en rentrant le soir de votre
périple peuvent suffirent à aug-
menter considérablement votre
capacité de récupération. En voici
quelques exemples :
• Hydratez-vous suffisamment
avant, pendant et après votre
randonnée.
• Adoptez une bonne alimenta-
tion à base de glucides à indice
glycémique modéré, suffisam-
ment de protéines de qualité,
ainsi que des bonnes graisses
oméga-3.
• Étirez-vous après l’effort, le soir
en rentrant, afin d’accélérer
votre récupération et limitez
le risque de blessures (cf. ABE
n° 136).
• Massez-vous avec un bâton de
massage ou un autre outil pour
permettre de faire circuler le
sang, d’éliminer les toxines et
de réduire les tensions muscu-
laires accumulées durant votre
journée.
• Maximisez votre sommeil en
vous couchant avant 23h et en
limitant les lumières artificielles
2 heures avant de vous coucher.
• Privilégiez les bains froids le soir
pendant 10 à 15 minutes si vous
n’êtes pas trop frileux.
Et, surtout, dans un monde privilé-
giant la vitesse, n’oublions pas que
la marche est un acte de résistance
célébrant la lenteur, la disponibili-
té, le silence, la curiosité et que ce
n’est pas le but de la promenade
qui est important, mais les petits
pas qui y mènent. Je vous souhaite
d’excellentes randonnées.
Thomas MAHIEU
Coach sportif/santé CTS
www.actif-coaching.com
INFOS SUR LA SANTÉ NATURELLE j u i n 2 0 18 •  n °141

La pollution rend On sait enfin quel

menteur et criminel… régime est le plus
En augmentant l’anxiété, elle conduirait efficace pour maigrir
à des comportements immoraux C’est celui que l’on tient dans

V ivre dans un environnement pollué rend-il dé-

linquant ? La question paraît saugrenue, mais à
la durée, riche en produits frais !

y regarder de plus près, respirer un air de mauvaise

qualité semble favoriser la survenue de comporte- R égimes pauvres en graisses ou en sucres :
lequel est le plus efficace pour venir à bout
des kilos superflus ? Pour répondre à cette
ments inadaptés. Pour parvenir à cette conclusion,
des chercheurs ont mené une double investigation. question, des chercheurs de l’université de
Ils ont tout d’abord étudié les niveaux de pollution et Stanford ont rassemblé 609 participants de
les actes criminels commis dans 9 360 villes améri- 18 à 50 ans, en surpoids ou obèses, assignés
caines, sur une période de 9 ans. Ils constaté que les à l’une ou l’autre de ces formules pendant
villes touchées par un haut niveau de pollution sont 12 mois. À l’issue de cette période, les per-
également celles où étaient commis le plus grand sonnes ayant suivi le régime allégé en lipides
nombre de faits répréhensibles (vols, agressions, etc.), ont perdu 5,3 kg, un résultat très proche de la
même après avoir écarté les facteurs qui pourraient perte de poids affichée par le groupe au régime
fausser les résultats, comme le nombre d’habitants, pauvre en glucides, qui atteignait 6 kg. Les
les taux de pauvreté et de chômage, etc. Ils ont en- chercheurs ont ainsi conclu à une efficacité
suite rassemblé des volontaires et les ont soumis à semblable des deux approches. D’autre part,
différentes situations pour tester leur moralité ; les ils ont constaté que le profil génétique des par-
participants auxquels on avait demandé d’imaginer ticipants n’avait pas d’influence sur la perte
vivre dans un environnement pollué adoptaient des de poids, contredisant l’idée qu’une personne
comportements peu éthiques et trichaient plus sou- serait plus susceptible de mincir en suivant
vent que les participants se projetant dans un milieu un type particulier de régime alimentaire en
sain. Les auteurs de l’étude1 supposent que les niveaux fonction des gènes qu’elle porte. Dans le cadre
d’anxiété importants associés à des conditions de vie de cette étude2, la clef du succès réside dans
défavorables sont propices à l’émergence de telles les consignes données par les chercheurs :
attitudes. La pollution atmosphérique ne se contente ne pas s’affamer pour tenir dans la durée et
pas d’augmenter le risque de développer des maladies privilégier les produits frais de saison aux
cardiovasculaires, respiratoires ou certains cancers : produits industriels.
elle pollue aussi nos valeurs morales.
2. Effect of Low-Fat vs Low-Carbohydrate Diet on 12-Month Weight Loss in Overweight
Adults and the Association With Genotype Pattern or Insulin Secretion: The DIETFITS
1. Jackson G. Lu et al. Polluted Morality: Air Pollution Predicts Criminal Activity and Unethical Behavior. Randomized Clinical Trial. JAMA. 2018;319(7):667-679
Psychological Science, 2018; 095679761773580

Vous ne connaissez pas les composés perfluorés ?

Cela pourrait vous coûter cher !
Ils font partie des obésogènes, ces substances qui favorisent la prise de poids

L ’industrie les adore, notre organisme beaucoup moins : les composés perfluorés, une grande famille de
produits chimiques, perturbent l’équilibre hormonal ainsi que les fonctions immunitaires et favorisent
le développement de cancers. Les voilà maintenant pointés du doigt dans les problèmes d’obésité par une
étude3 menée par des chercheurs américains et danois. Ils ont évalué les taux sanguins en perfluorés chez
621 personnes obèses ou en surpoids qui allaient commencer un régime de deux ans. Au cours des 6 premiers
mois, les participants ont perdu 6,4 kg en moyenne, avant de reprendre une partie de ce poids au cours des
18 mois suivants. Les scientifiques ont constaté que tous n’étaient pas sur un pied d’égalité : un taux élevé
de perfluorés dans l’organisme était associé à une reprise de poids plus importante. Les femmes y étaient
particulièrement sensibles : les participantes dont l’organisme était le plus contaminé reprenaient entre
1,7 et 2,2 kg de plus que celles qui en étaient mieux préservées. Leur métabolisme au repos était plus bas :
leur organisme dépensait donc moins de calories pour assurer les fonctions vitales, ce qui était favorable à
l’accumulation de kilos superflus. Difficiles de les éviter au quotidien tant ils sont présents dans notre envi-
ronnement dans les textiles, emballages alimentaires, revêtements antiadhésifs des ustensiles de cuisine...

3. Liu G et al. Perfluoroalkyl Substances and Changes in Body Weight and Resting Metabolic Rate in Response to Weight-Loss Diets: A Prospective Study. PLoS Med. 2018 Feb 13;15(2):e1002502 13
 NEWS
Les probiotiques efficaces
contre le diabète
Les probiotiques, ces alliés de notre santé digestive
et de notre immunité, sont dotés de vertus antidiabé-
tiques, d’après les résultats d’une recherche menée en
Australie, qui a passé en revue 14 études4 consacrées
aux effets de leur administration sur la glycémie à
jeun. Ils permettent de diminuer la quantité de sucre
présent dans le sang au réveil, notamment chez les
personnes dont le taux est élevé (plus de 1,26 g/L).
Les formules les plus performantes sont celles qui
mélangent plusieurs types de probiotiques (parmi les
lactobacilles, bifidobactéries, streptocoques, entéro-
coques, saccharomyces, etc.).
4. Nikbakht E et al. Effect of Probiotics and Synbiotics on Blood Glucose: a Systematic Review
and Meta-Analysis of Controlled Trials. Eur J Nutr. 2018 Feb;57(1):95-106. doi  : 10.1007/
s00394-016-1300-3. Epub 2016 Sep 3
Opération de l’intestin ?
Mettez-les au repos
Comment aider les tissus intestinaux à se régénérer
après une opération chirurgicale, des séances de
radiothérapie ou de chimiothérapie ? En mangeant
moins pendant les jours qui précèdent l’intervention !
Une équipe de l’université de Pennsylvanie a en effet
montré5, chez la souris, qu’une restriction calorique
de 40 % multiplie par 5 le nombre de cellules souches
de réserve. Celles-ci, en dormance, s’activent en cas
de dommages importants de l’intestin et permettent
de réparer rapidement les dégâts.
5. Yousefi M et al. Calorie Restriction Governs Intestinal Epithelial Regeneration through
Cell-Autonomous Regulation of mTORC1 in Reserve Stem Cells. Stem Cell Reports. 2018 Mar
13;10(3):703-711
Vous aimez les boissons très
chaudes ? Cette habitude peut
vous tuer
Certaines habitudes ne font pas bon ménage : boire
du thé très chaud (plus de 70 °C), fumer et/ou boire
de l’alcool augmenteraient de manière exponentielle
le risque de cancer de l’œsophage. En étudiant6 les
habitudes de 456 155 hommes vivants dans différentes
régions de Chine sur une période de 9 ans, des cher-
cheurs ont constaté un risque multiplié par 5 quand
la consommation du breuvage brûlant est associée
au tabagisme, et par 2 en cas de consommation
d’alcool. La muqueuse de l’œsophage, endommagée
par la température excessive de la boisson, serait plus
vulnérable aux effets cancérogènes du tabac et de
l’alcool, tous deux reconnus comme des facteurs de
risque de la maladie.
6. Yu C et al. Effect of Hot Tea Consumption and Its Interactions With Alcohol and Tobacco Use on
the Risk for Esophageal Cancer: A Population-Based Cohort Study. Ann Intern Med. 2018 Feb 6
14
j u i n 2 0 18 •  n °141
Impossible d’arrêter de fumer ?
Une solution « moins mauvaise »
La consommation de tabac sous toutes ses formes est
dangereuse pour la santé, mais à des degrés variables
selon le produit choisi, comme le montre une étude7
basée sur le suivi de 357 420 américains pendant
26 ans. Le risque de mortalité toutes causes confondues
est multiplié par 2 chez les fumeurs de cigarettes et par
1,2 chez les amateurs de cigares ; le risque de mourir
d’un cancer lié au tabagisme est multiplié par 4 avec
les cigarettes, et par 1,6 avec les cigares et la pipe.
7. Christensen CH et al. Association of Cigarette, Cigar, and Pipe Use With Mortality Risk in the
US Population. JAMA Intern Med 2018 Feb 19
L’avoine améliore la santé
des insuffisants rénaux
Chez les personnes atteintes de maladie rénale chro-
nique, les reins ne parviennent plus à filtrer efficacement
le sang de ses déchets ; une simple mesure alimentaire,
l’ajout d’une ration de 50 g d’avoine au quotidien,
pourrait bien les y aider. Une étude8 iranienne a montré
une légère augmentation du taux d’albumine sanguine
et une réduction de l’excès de potassium sanguin, deux
paramètres témoignant d’une meilleure santé rénale,
chez les patients qui en bénéficiaient.
8. Rouhani MH et al. The Impact of Oat (Avena sativa) Consumption on Biomarkers of Renal
Function in Patients With Chronic Kidney Disease: A Parallel Randomized Clinical Trial. Clin
Nutr. 2018 Feb;37(1):78-84
Contre l’arthrose : le thé vert !
Les vertus anti-inflammatoires et antioxydantes du thé
vert viennent au secours des douleurs au genou ! Les
personnes souffrant d’arthrose et ayant bénéficié d’un
extrait de thé en plus de leur traitement médicamen-
teux habituel, dans le cadre d’une étude9 iranienne
menée auprès de 50 personnes, ont vu leurs douleurs
s’atténuer et la fonction de leur articulation s’améliorer
grâce à la plante.
9. Hashempur MH et al. Green Tea (Camellia sinensis) for Patients With Knee Osteoarthritis: A
Randomized Open-Label Active-Controlled Clinical Trial. Clin Nutr. 2018 Feb;37(1):85-90
Le café diminue le risque
de cancer du sein
Le café est un cocktail de composés bioactifs fa-
vorables à notre santé. Une équipe de chercheurs
européens a analysé 21 études10 afin d’évaluer sa
capacité à préserver les femmes du cancer du sein.
Ils ont conclu que boire 4 tasses au quotidien réduit
le risque de développer la maladie de 10 %, mais
seulement chez les femmes ménopausées.
10. Lafranconi A et al. Coffee Intake Decreases Risk of Postmenopausal Breast Cancer: A Dose-Res-
ponse Meta-Analysis on Prospective Cohort Studies. Nutrients. 2018 Jan 23;10(2). pii: E112
L’ENQUÊTE DU MOIS j u i n 2 0 18 •  n °141

Faut-il fuir le gluten ?

Mauvais pour la santé, le gluten ? Pas si sûr, selon certains médecins. Pourquoi
Alternatif Bien-Être préconise-t-il toujours de l’éviter ?

L es produits sans gluten se

multiplient sur les étalages.
cès. Rapidement, il prodigua des
conseils nutritionnels à la plupart de
notre séparation des grands singes,
un phénomène que l’on estime daté
Pourtant, de nombreux méde- ses patients, qui venaient le voir pour d’au moins 9 millions d’années. Si
cins l’affirment dans les journaux des problèmes aussi variés que com- l’on rapporte ces chiffres à l’échelle
ou à la télévision : manger sans plexes (maladies auto-immunes, d’une année civile, alors nous man-
gluten ne sert à rien, à l’exception arthrose, diabète, cancers, etc.). Il geons des céréales depuis moins de
des rares personnes qui souffrent réunit ses conseils dans un livre deux jours !
d’intolérance au gluten, aussi ap- devenu célèbre : L’Alimentation ou
pelée « maladie cœliaque », une la troisième médecine. Il y explique
maladie diagnostiquée par biop- que certains aliments doivent être COMPRENDRE
sie (prélèvement) intestinal. Voici évités, car non adaptés à l’homme L’INTOLÉRANCE
pourquoi la rédaction d’Alternatif et, en particulier, tous les aliments à AU GLUTEN
Bien-Être recommande fréquem- base de laits animaux ou de céréales
ment de supprimer les aliments
qui en contiennent, y compris
contenant du gluten. S ur le sujet du gluten, au
moins un point met tout le
chez les personnes qui ne sont Pourquoi ? Car la consommation de monde d’accord  : chez certaines
pas intolérantes. céréales est très récente, à l’échelle personnes, il peut provoquer des
de l’humanité : les premières traces problèmes de santé assez graves.
de transformation et consommation Ces personnes sont appelées les
SEIGNALET, PIONNIER de grains de céréales remontent « intolérantes au gluten » ou « ma-
lades cœliaques » (les deux termes
DU SANS GLUTEN à environ 30 000 ans. On peut
sont synonymes). L’intolérance au
donc supposer que la cuisson
et la consommation sporadique gluten se déclare lorsque le gluten
Le Dr Jean Seignalet était un
praticien hospitalier à la fa- de céréales remontent à plus de engendre une réaction immunitaire
culté de médecine de Montpellier, 40 000 ans dans certaines zones chronique autour des intestins.
spécialiste des greffes d’organes. de peuplement. Cela peut paraître Cette inflammation va détruire
Dans les années 1980, il s’inté- ancien, mais les premiers hommes la barrière intestinale, ce qui va
ressa à la nutrition pour soigner tels qu’on les connaît apparaissent d’une part empêcher l’absorption
sa propre dépression, avec suc- (au sens « évolutionniste ») après de certains nutriments et, d’autre
part, laisser passer dans le sang
des molécules alimentaires non
digérées, qui peuvent alors poten-
Savez-vous vraiment ce qu’est tiellement déclencher n’importe
le gluten ? quelle maladie ! Ce passage san-
Ce que l’on appelle communément guin de molécules alimentaires de
le gluten est en fait un mélange trop grosse taille explique pourquoi
de deux familles de protéines : les les symptômes de l’intolérance au
prolamines et les gluténines. Le gluten sont si nombreux et pourquoi
gluten est donc un mélange de deux connue est celle du blé, que l’on
ils peuvent également être éloignés
protéines naturellement présentes appelle la « gliadine ». Pour l’orge,
dans certaines céréales : blé dur, blé on l’appelle « l’orgénine », etc. Le de la sphère digestive : ainsi, cer-
tendre, froment, épeautre, avoine, gluten est élastique et visqueux, ce taines personnes vivent pendant des
seigle, kamut, orge. Pour chaque qui permet de faire des brioches années avec des troubles qu’elles
céréale, les prolamines et gluté- gonflées, des pains moelleux, mais ne parviennent pas à soigner tant
nines impliquées sont différentes aussi des soupes et des sauces qu’elles n’ont pas fait le lien avec
et ce sont les prolamines que l’on onctueuses : le gluten s’est avéré
pense responsables de la plupart tellement utile pour les industriels
l’intolérance au gluten. Au Canada,
des problèmes. La prolamine la plus qu’ils en mettent partout ! la durée moyenne du diagnostic a
été évaluée à 12 ans1 !

1. Cranney A, et al. The Canadian Celiac Health Survey. Dig Dis Sci. 2007 Apr;52(4):1087-95

15
 L’ENQUÊTE DU MOIS
Les symptômes de la maladie
touchent les fonctions suivantes :
1. Digestives : diarrhée, consti-
pation, ballonnement, reflux
gastriques, côlon irritable, perte
de poids importante.
2. Neurologiques : fatigue, troubles
du sommeil, maux de tête, an-
xiété, dépression.
3. Articulaires : arthrose, polyar-
thrite rhumatoïde.
4. Cutanées : eczéma, psoria-
sis, acné, allergies, dermatite
herpétiforme.
5. Immunitaires : une maladie auto-
immune comme le diabète de
type 1, la sclérose en plaques
ou le syndrome de Gougerot
peuvent être une conséquence
de la maladie cœliaque. On
retrouve aussi fréquemment des
cancers au niveau digestif.
Le diagnostic de l’intolérance au
gluten se fait traditionnellement par
une biopsie intestinale, c’est-à-dire
un prélèvement d’un morceau d’in-
testin (sous anesthésie générale).
Le diagnostic permet de certifier
la présence de l’intolérance, mais
de nouvelles méthodes moins inva-
sives ont commencé à voir le jour
(voir encadré).
PROBLÈMES
DE SANTÉ LIÉS
AU GLUTEN :
DÉSINFORMATION
EN PAGAILLE
N éanmoins, la maladie
cœliaque reste une maladie
peu fréquente : on estime qu’elle
touche 2 à 5 % de la population
française, alors que le nombre
d’adeptes de l’alimentation sans
gluten ne cesse d’augmenter. De
nombreuses personnes déclarent
se sentir mieux sans manger de
gluten ou avoir réussi à mettre en
sommeil certaines pathologies (ar-
throse, polyarthrite rhumatoïde,
etc.), sans pour autant être intolé-
16
Dépister l’intolérance au gluten
en 10 minutes
Les recherches récentes permettent
de diagnostiquer de manière fiable
et rapide l’intolérance au gluten
en effectuant les prises de sang
suivantes :
• Les immunoglobulines A anti-
transglutaminase tissulaire (IgA
tTG) : ces anticorps sont presque
toujours présents en cas d’into-
lérance et sont produits lors de
la rencontre entre le système im-
munitaire et le gluten. Ils sont très
spécifiques de la maladie cœliaque
et nécessaires à l’initiation de la
destruction de l’intestin.
• Les immunoglobulines A anti-
endomysium (IgA EMA) : l’en-
domysium est un tissu conjonctif
que l’on retrouve au niveau des
muscles et qui exprime la trans-
glutaminase. Il est donc une cible
des anticorps dans la maladie
cœliaque.
• L e s i m m u n o g l o b u l i n e s A
anti-gliadine (IgA AGA) : ces anti-
corps ne sont pas spécifiques à la
maladie cœliaque, mais signent
une réaction immunitaire de
l’organisme contre la gliadine, la
principale prolamine du blé. S’ils
sont positifs, mais pas les deux
éléments précédents, c’est qu’il y
a une réaction immunitaire d’in-
tolérance, mais sans destruction
rants. La réalité de ces observations
est fortement remise en doute par
les experts qui s’expriment publi-
quement sur le sujet. Ces experts
sont d’ailleurs souvent les mêmes.
Et ce n’est pas par hasard…
L’un des plus populaires sur le sujet
à la télévision ou dans les journaux
est le Dr Jean-Michel Lecerf. Dans
TGV Magazine de décembre 2013,
interrogé sur la vogue des régimes
sans gluten, il déclare  : «  Plus le
régime est farfelu, plus il semble sé-
duire. Rien de tout cela n’est fondé
scientifiquement, évidemment. Il
peut y avoir un effet placebo qui
fait que les gens vont mieux parce
qu’ils sont persuadés d’aller mieux.
j u i n 2 0 18 •  n °141
intestinale (on ne parle donc pas
de maladie cœliaque dans ce cas).
• Les immunoglobulines A sé-
riques (IgA totaux) : l’un des
rôles des IgA est de protéger
les muqueuses des infections.
Or, les personnes qui possèdent
certains gènes (HLA-DQ2) ont
fréquemment un déficit en IgA.
Lorsque c’est le cas, les dosages
d’IgA tTG, d’IgA EMA et d’IgA
AGA sont faussés et il faudra
alors doser les immunoglobu-
lines G (IgG tTg, IgG EMA et IgG
AGA), qui sont plus élevées chez
les personnes déficitaires en IgA.
À noter toutefois qu’aucun de ces
tests n’a de sens si vous avez déjà
pris l’initiative de supprimer le
gluten de votre alimentation. Il
faudra le réintroduire pendant une
semaine minimum avant de faire
les tests. Enfin, si le test est positif,
cela signifie que vous devez suppri-
mer totalement le gluten, y compris
sous forme de traces, pour retrou-
ver la santé. Impossible donc de
manger du chocolat qui indiquerait
sur l’emballage « traces possibles de
gluten » : il faut trouver du chocolat
certifié sans gluten. Ce problème
des « traces » ne concerne pas les
personnes victimes de sensibilité
au gluten (voir plus loin).
Mais cela s’arrête là. L’être humain
est omnivore, il est fait pour man-
ger de tout. Se priver de certains
aliments n’a pas de sens. C’est se
compliquer la vie pour rien. »
Le point de vue du Dr Jean-Michel
Lecerf est assez compréhensible
quand on sait qu’il est président de
l’association Pain Qualité Santé,
une association de lobbying fi-
nancée par la filière céréalière. Le
Dr Lecerf fait aussi la promotion
des margarines industrielles, colla-
bore avec le CERIN, un organisme
appartenant à l’industrie du lait,
pour promouvoir les laitages et fait
la promotion des charcuteries in-
dustrielles, notamment en étant
L’ENQUÊTE DU MOIS j u i n 2 0 18 •  n °141

directeur scientifique du Centre être difficile pour lui d’écrire en se caractérise par la présence de
d’information des charcuteries- public que le gluten pose problème symptômes liés à l’ingestion de
produits traiteurs, une association à beaucoup de personnes. Comble gluten, pratiquement les mêmes
d’industriels. Il a également des du ridicule, il conclut son article en que ceux retrouvés dans la maladie
partenariats ponctuels et rémunérés, reconnaissant que le gluten ne pose cœliaque  : diarrhées chroniques,
par des entreprises comme LU (les problème qu’à 7 % de la population ballonnements, indigestion,
biscuits). Ces éléments permettent et donc que le régime sans gluten acidité gastrique/reflux gastro-
sans doute de comprendre pour- « est une mode ». Une mode qui œsophagien, fatigue chronique,
quoi le Dr Lecerf ne trouve pas que concerne donc, selon un opposant syndrome du «  côlon irritable  »,
le régime sans gluten soit digne aux régimes sans gluten, « seule- irritabilité, dépression/anxiété/
d’intérêt… ment » 5 millions de Français ! attaques de panique, douleurs arti-
culaires, fragilité osseuse, maux de
En août  2014, c’est le Dr Hervé
tête, migraines, aphtes chroniques,
Robert qui s’exprime dans Le LA SCIENCE pour ne citer que les principaux. Les
Nouvel Observateur. Il affirme
qu’une étude scientifique a mon-
RECONNAÎT QUE symptômes de la sensibilité sont les
tré qu’une alimentation sans gluten LES PROBLÈMES mêmes que ceux de l’intolérance, à
l’exception des complications (pas
est mauvaise pour la santé et peut LIÉS AU GLUTEN de risque plus élevé de cancers),
provoquer des carences. En réalité, SONT BIEN PLUS et peuvent conduire le médecin à
l’étude scientifique en question
ne démontre rien de tout ça, il ne
NOMBREUX ! des erreurs de diagnostic comme la
« fibromyalgie », la « spasmophi-
s’agit que d’un sondage fait sur des
étudiants. Mais pour s’en rendre
Les effets bénéfiques du ré-
gime sans gluten observés lie » ou un « syndrome de fatigue
compte, il faut avoir lu l’étude en par la plupart des personnes en chronique ». Les mécanismes à
question… Ce qu’aucun journaliste dehors d’une intolérance ne sont l’origine des symptômes de la
n’a fait ! Le problème du Dr Robert, pourtant pas un mythe. Pour les sensibilité au gluten n’ont pas été
c’est qu’il collabore depuis presque médecins-chercheurs qui tra- élucidés, mais la réalité de cette
dix ans avec les industriels de la vaillent actuellement sur le sujet, condition a été démontrée dans
filière céréalière et en particulier les personnes qui constatent des plusieurs études, dont notamment
avec l’Observatoire du pain, un bénéfices lors de la suppression du une étude menée en 2011 par une
organisme de lobbying dont l’ob- gluten, mais qui n’ont pas de mala- équipe de chercheurs australiens2.
jectif est de pousser les Français à die cœliaque, sont victimes d’une Pour cette étude, les chercheurs
consommer plus de pain et de cé- nouvelle maladie : la sensibilité en gastro-entérologie de l’univer-
réales. On imagine donc qu’il peut au gluten. La sensibilité au gluten sité de Monash, la plus grande
université d’Australie, ont recru-
té trente-quatre adultes âgés de
Le régime FODMAP, chouchou 29 à 59 ans qui présentaient des
symptômes suggérant une maladie
des industriels cœliaque : douleurs abdominales,
Vous avez forcément entendu par- turels, contrairement au régime ballonnements, troubles du transit,
ler du fameux régime « FODMAP ». sans gluten. Toujours selon ces as- fatigue, etc. En revanche, tous les
Ce dernier vise à supprimer les pro- sociations, ce sont les FODMAP qui tests de dépistage de la maladie
blèmes intestinaux tel que le côlon seraient les vrais coupables et qui cœliaque étaient négatifs. Les par-
irritable, ou d’autres problèmes as- expliqueraient les bienfaits obser-
sociés, en supprimant les aliments ticipants ont ensuite été divisés
vés par les personnes mangeant
contenant certains glucides de pe- en deux groupes  : chacun s’est
sans gluten. Il s’agit bien enten-
tite taille (les oligosaccharides). Il
du d’une «  entorse  » à la réalité
vu prescrire un nouveau régime
faut donc supprimer les oignons, alimentaire exempt de gluten, ac-
scientifique, car même si le régime
l’ail, l’artichaut, les asperges, les compagné soit de deux tranches de
choux, les légumineuses, etc. Ce sans FODMAP peut améliorer les
régime est très médiatisé et mis symptômes digestifs de nom- pain et d’un muffin à base de blé,
en avant par les associations de breux Français, il n’a aucun effet soit de deux tranches de pain et
lobbying industriel du lait ou des sur les symptômes généraux liés d’un muffin tous deux sans gluten.
céréales, car il n’incite pas à sup- à l’ingestion de gluten (problèmes Au bout de seulement une semaine
primer des aliments transformés, articulaires, migraines, fatigue, de suivi, les chercheurs ont constaté
mais uniquement des aliments na- maladies auto-immunes, etc.).
une différence significative entre les

2. Biesiekierski JR, Newnham ED, Irving PM, Barrett JS, Haines M, Doecke JD, Shepherd SJ, Muir JG, Gibson PR. Gluten causes gastrointestinal symptoms in subjects without celiac disease: a double-blind random-
ized placebo-controlled trial. Am J Gastroenterol. 2011 Mar; 106(3): 508-14; quiz 515

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 L’ENQUÊTE DU MOIS j u i n 2 0 18 •  n °141

deux groupes : les personnes qui ne le responsable est le blé moderne, DOIS-JE ARRÊTER
consommaient plus de gluten du muté génétiquement : celui-ci per-
tout avaient moins de troubles di- turbe notre intestin et va déclencher LE GLUTEN ?
gestifs, moins de douleurs et moins le processus auto-immun.
de fatigue et ce, en l’absence de E n pratique, la suppression
du gluten offre très souvent
toute anomalie visible du système
immunitaire. Ils conclurent alors DE NOUVELLES des bienfaits. Il est donc vivement
conseillé d’essayer de le supprimer,
que la sensibilité au gluten est une ÉTUDES DE PLUS EN même pendant une période courte :
maladie réelle, mais dont le méca-
nisme biologique n’est pas compris.
PLUS INQUIÉTANTES la plupart des bienfaits se mani-
festent rapidement, en moins d’un
Dans la sensibilité au gluten, il Bien qu’elles soient passées
sous silence, les études
mois. Pour parvenir à manger sans
semble en fait que ce soit l’immuni- gluten, rien de plus simple : il suffit
scientifiques récentes sur les effets
té qui s’active pendant la digestion, de bannir les aliments industriels,
du gluten moderne ne cessent de
pour empêcher le gluten d’agir de une recommandation générale de
s’accumuler.
manière néfaste au niveau de l’in- santé qui concerne de toute façon
testin. Cette réaction immunitaire En 2015, des chercheurs américains chacun d’entre nous, et de choisir
provoque alors des symptômes di- ont démontré que le gluten aug- des aliments bruts et naturellement
gestifs (douleurs, ballonnements et mente la perméabilité intestinale sans gluten à la place du pain ou
fatigue). Beaucoup plus fréquente de tous les adultes sans exception, des pâtes : galettes de sarrasin, riz,
que la maladie cœliaque, la sensi- c’est-à-dire même s’ils ne sont ni in- haricots rouges ou blancs, len-
bilité au gluten toucherait au moins tolérants ni sensibles au gluten3 ! Ces tilles, patates douces, châtaignes.
10  % des Français, soit plus de révélations furent fracassantes, car Fuyez les aliments industriels « sans
6,6 millions de personnes. la perméabilité intestinale est le pre- gluten » tels que les biscuits et les
mier facteur de risque des maladies céréales : non seulement ils sont
Pourquoi le gluten rendrait-il ma-
auto-immunes, qui sont toutes très très chers, mais leur composition
lade autant de personnes et ce, de
difficiles à soigner et qui impactent est aussi souvent mauvaise pour la
plus en plus fréquemment ? C’est
fortement la qualité de vie. santé (index glycémiques élevés,
la question que s’est posée le jour-
naliste scientifique Julien Venesson. additifs chimiques, etc.).
En 2016, ce sont cette fois des
Dans son enquête publiée en 2011 chercheurs italiens qui ont mis en
sous le titre Gluten, comment le Seule chose importante à savoir : si
évidence le fait que le remplace- vous faites l’essai pour soigner une
blé moderne nous intoxique, il ment du pain fabriqué avec du blé
révèle que des manipulations gé- maladie auto-immune, il est recom-
moderne par du pain fabriqué avec mandé de fuir le gluten de manière
nétiques passées sous silence ont du blé ancien (petit épeautre) amé-
été faites dans les années 1970 sur stricte, c’est-à-dire en évitant les ali-
liorait la santé cardiovasculaire,
les céréales et le blé en particulier ments pouvant contenir des « traces
en diminuant les niveaux de sucre
pendant une période historique de ». À l’inverse, pour l’arthrose,
sanguin et de graisses circulant
connue sous le nom de « révolution une fatigue chronique ou un autre
dans le sang4.
verte » et au cours de laquelle les problème, les traces ne posent pas
rendements de céréales à travers le En 2017, des chercheurs canadiens de problème  : l’organisme peut
monde ont été décuplés. Résultat : ont suivi plus de 1 000 adultes normalement tolérer sans désagré-
le blé moderne a un patrimoine n’ayant aucun problème connu ment de toutes petites quantités de
génétique de 42 chromosomes en lien avec la consommation de gluten. Enfin, si vous suspectez la
actuellement, contre 14 sur les gluten. Résultat : plus on mange présence d’une maladie cœliaque,
premiers blés cultivés par l’homme de gluten, plus on retrouve dans faites les tests sanguins avant de
aux débuts de l’agriculture, il y a le sang d’α2-macroglobulin, un faire l’essai du « sans gluten », car
environ 10 000 ans. Depuis cette puissant marqueur inflammatoire. s’il est positif, vous devrez arrêter
date, la prévalence des intolérances Voilà qui pourrait expliquer pour- le gluten de manière stricte (alors
au gluten et des maladies auto- quoi la plupart des personnes qui que s’il est négatif, vous n’aurez
immunes a explosé : de + 600 % à suppriment le gluten de leur ali- pas à vous soucier des « traces »).
+ 1 000 % selon les études ! Pour de mentation se sentent plus en forme
nombreux chercheurs américains, et ont moins de douleurs5. Jacques Robert

3. Hollon J, Puppa EL, Greenwald B, Goldberg E, Guerrerio A, Fasano A. Effect of gliadin on permeability of intestinal biopsy explants from celiac disease patients and patients with non-celiac gluten sensitivity.
Nutrients. 2015 Feb 27;7(3):1565-76.
4. Sereni A, Cesari F, Gori AM, Maggini N, Marcucci R, Casini A, Sofi F. Cardiovascular benefits from ancient grain bread consumption: findings from a double-blinded randomized crossover intervention trial. Int
J Food Sci Nutr. 2017 Feb;68(1):97-103.
5. Jamnik J, García-Bailo B, Borchers CH, El-Sohemy A. Gluten Intake Is Positively Associated with Plasma α2-Macroglobulin in Young Adults. J Nutr. 2015 Jun;145(6):1256-62.

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LA RUBRIQUE PHYTO j u i n 2 0 18 •  n °141

Les plantes pour alléger

vos jambes
Le début de l’été : le mercure qui grimpe et l’ensoleillement engendrent bonne
humeur, moral au beau fixe, visage et bras au léger teint hâlé… Mais aussi,
chez certain(e)s, jambes lourdes, douloureuses, en poteaux, ainsi que chevilles
épaisses et disgracieuses. Heureusement, plusieurs plantes ont des effets
veinotoniques bienvenus pour soulager les jambes engourdies. Revue des plus
efficaces pour gagner en légèreté cet été.

QU’EST-CE QUE cet effet, la surélévation des jambes
et l’activité physique améliorent
L’INSUFFISANCE généralement les symptômes3.
VEINEUSE  ?
L’alimentation riche en fruits et lé-
Sensation de lourdeur, four-
millement, œdème des pieds
gumes apportant des polyphénols
et flavonoïdes (citron, cacao, raisin,
et chevilles, démangeaisons, besoin grenade, kiwi, orange, papaye,
de bouger les jambes, crampes… goyave, fraise, framboise, mûre,
Tels sont les premiers signes de myrtille, cassis, persil, poivron,
l’insuffisance veineuse. oseille, brocoli, chou, tomate,
soja, vin rouge, thé) limite leur
Le phénomène est simple : suite à
installation4.
une perte d’élasticité et de tonici-
té des veines, le sang a du mal à
remonter. Les valvules chargées de LES
refluer le sang du bas vers le haut PRÉCONISATIONS
ont du mal à exercer leur action.
EN HERBORISTERIE
Les causes sont nombreuses : sur-
poids, station debout prolongée, E n herboristerie, il est d’usage
de dire que l’insuffisance
talons trop hauts ou plats, piéti-
veineuse étant une déficience ac-
nement, grossesse, position assise quise (on n’en guérira jamais), il est
jambes croisées, sédentarité, vête- bon d’entretenir son système vei-
ments trop serrés, vols en avion ou neux. Une cure de trois semaines à
encore l’hérédité1. chaque saison, soit quatre fois par
La chaleur, l’âge (dès 30 ans !) et an, est recommandée. On peut évi-
demment augmenter la récurrence
le fait d’être une femme aggravent
selon les métiers : serveur, coiffeur,
ce phénomène, qui peut conduire
vendeur, hôtesse de l’air…
à l’apparition de varicosités, de
varices, voire à une coloration Bien que les traitements externes
brunâtre de la peau. comme les bas de contention soient
L’insuffisance veineuse expose bénéfiques, je considère que ce
aussi au risque d’hémorroïdes2. n’est qu’une approche sympto-
matique. Or, en phytothérapie,
Face aux premiers signes d’insuffi- on préfère une prise en charge
sance veineuse, le froid, le jet d’eau globale qui s’attache à soulager les
froide sous la douche, la contention symptômes, mais aussi et surtout à
avec des chaussettes et bas prévus à traiter la cause afin de résoudre le
problème et d’éviter sa récidive ou
sa chronicité.
Autrement dit, le problème étant
la perte de tonicité des parois vei-
neuses, autant commencer par les
renforcer, d’autant que, ce faisant,
on améliore en même temps la sen-
sation de jambes lourdes. Combien
de retours positifs ai-je eu de clients
qui, en seulement quelques jours,
ont ressenti de nettes améliorations
grâce aux plantes circulatoires !
Selon moi, la contention ne règle
rien : elle améliore seulement le
confort au quotidien tout en ren-
dant l’emploi de ces accessoires
chronique, voire en développant
une dépendance des patients à leur
égard. Or, arrivé en été, avec les
jupes et les robes de sortie, c’est bien
moins évident de continuer à porter
ces bas peu seyants… Pourtant, c’est
justement à cette période que l’on
en aurait le plus besoin !
D’où le fait pour moi de préfé-
rer nettement n’y avoir recours
qu’en cas de grossesse, vol d’avion,
situations médicales les rendant
nécessaires (phlébite) et de soigner
le terrain de l’insuffisance veineuse
en première intention.
À l’herboristerie, bien que je vende
des plantes, j’aime aussi donner des
conseils d’hygiène de vie, qui font
justement partie de cette prise en
charge globale.

1. https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=comment-ameliorer-sa-circulation-sanguine-p8
2. Altern Med Rev. 2001 Apr;6(2):126-40. Hemorrhoids and varicose veins: a review of treatment options
3. https://www.dermato-info.fr/article/Insuffisance-Veineuse-Chronique-des-membres-inférieurs
4. Mol Nutr Food Res. 2009 Mar;53(3):322-31. doi: 10.1002/mnfr.200800182. Vascular action of polyphenols

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 LA RUBRIQUE PHYTO j u i n 2 0 18 •  n °141

Je m’étonne toujours de consta- quercétine, flavonoïdes, resvératrol • Le mélilot9 (Melilotus officina-

ter que les gens ne boivent pas et proanthocyanidines  ; c’est la lis), de la famille des Fabacées,
suffisamment – or, c’est bien la plante de première intention pour contient des coumarines, des
chose la plus simple par laquelle traiter l’insuffisance veineuse. Les acides phénoliques, des flavo-
commencer : minimum 1 à 1,5 l études scientifiques à son sujet ne noïdes, des saponosides aux
d’eau peu minéralisée chaque jour, manquent pas5, 6. vertus protectrices des petits et
à augmenter selon soif, chaleur, gros vaisseaux, fluidifiante du
dépense sportive. De même qu’agir D’autres plantes sont tout aussi sang et tonique lymphatique.
sur des facteurs évitables, auxquels intéressantes, comme :
je sensibilise le client : la déshy- • Le petit houx7 (Ruscus aculea-
dratation, le surpoids, le manque tus), de la famille des Liliacées,
d’activité physique, le tabagisme, la qui apporte des saponosides (rus-
hauteur des talons. Boire de l’eau cogénine), des flavonoïdes aux
est utile pour diminuer la stase vei- propriétés vasculoprotec-
neuse, c’est pourquoi, en plus de trices, vasoconstrictrices et
l’eau, je conseille d’avoir recours anti-inflammatoires.
en priorité aux tisanes, extraits hy-
droalcooliques ou ampoules, par
rapport aux gélules et comprimés.
Certes ces derniers fonctionnent et
sont pratiques, mais pas toujours les Mélilot
plus efficaces.
• Le marron d’Inde10 (Aesculus
Les 8 plantes que je donne le plus hippocastanum), de la fa-
souvent en cas d’inconfort veineux mille des Hippocastanacées,
sont classiquement : la vigne rouge, possède des coumarines, des
le cassis, le noisetier, la Centella flavonoïdes, des saponosides
asiatica, l’hamamélis, le marron (aescine) aux effets toniques
d’Inde, le mélilot et le petit houx Petit houx
veineux et anti-œdémateux.
(ou fragon). • L’hamamélis 8 (Hamamelis
En complément, je recommande virginiana), de la famille des
des massages des jambes du bas Hamamélidacées, renferme
vers le haut (on ramène toujours le des tanins, des flavonoïdes, des
sang vers le cœur) avec des huiles acides organiques aux effets vas-
essentielles de menthe poivrée, culoprotecteurs, veinotoniques,
cyprès, citron, genévrier, lentisque astringents, hémostatiques et
pistachier, hélichryse diluées dans anti-inflammatoires.
des huiles végétales de calophylle,
macadamia ou des gels de silicium
organique.

CE QU’EN DIT Marron d’Inde

LA RECHERCHE Les études cherchent à observer les

SCIENTIFIQUE signes objectifs de l’insuffisance
veineuse, à savoir : diminution
L a plante la plus connue et
étudiée est la vigne rouge
de la circonférence des œdèmes,
fréquence des crampes, vasculari-
(Vitis vinifera). De la famille des
sation des jambes, chevilles et pieds
Vitacées, elle est riche en tanins, Hamamélis

5. Drugs R D. 2004;5(2):63-71. Improvement of cutaneous microcirculation and oxygen supply in patients with chronic venous insufficiency by orally administered extract of red vine leaves AS 195: a randomised,
double-blind, placebo-controlled, crossover study.
6. Arzneimittelforschung. 2000 Feb;50(2):109-17. Efficacy of orally administered extract of red vine leaf AS 195 (folia vitis viniferae) in chronic venous insufficiency (stages I-II). A randomized, double-blind,
placebo-controlled trial.
7. Int Angiol. 2016 Apr;35(2):111-6. Combination of Ruscus aculeatus extract, hesperidin methyl chalcone and ascorbic acid: a comprehensive review of their pharmacological and clinical effects and of the
pathophysiology of chronic venous disease.
8. Altern Med Rev. 2001 Apr;6(2):126-40. Hemorrhoids and varicose veins: a review of treatment options.
9. Minerva Cardioangiol. 2001 Apr;49(2):159-63. Effectiveness of the combination of alpha tocopherol, rutin, melilotus, and centella asiatica in the treatment of patients with chronic venous insufficiency].
10. J Dtsch Dermatol Ges. 2010 Nov;8(11):866-73. doi: 10.1111/j.1610-0387.2010.07472.x. Which plant for which skin disease? Part 2: Dermatophytes, chronic venous insufficiency, photoprotection, actinic
keratoses, vitiligo, hair loss, cosmetic indications.

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LA RUBRIQUE PHYTO j u i n 2 0 18 •  n °141

grâce à des dopplers spécifiques. J’ai dans un litre d’eau froide, lais- • Bourgeons de bouleau, cassis,
étudié les études en double aveugle ser bouillir durant 3 min, retirer châtaignier, sorbier et peuplier
contre placebo, qui concluent le du feu, couvrir et laisser infuser (« Vénasève  » d’Herbalgem)  :
plus souvent à une supériorité des 10 min. Filtrer et boire avant 19h. 2  cuillères à soupe dans une
plantes face à un placebo ou à bouteille de 50 cl à boire avant
des systèmes de contention11. À 19h.
noter que les plantes utilisées dans
Prévoir des cures de 3 semaines /
chacune de ces études étaient sous
1 mois, à renouveler si besoin.
forme de comprimés ou gélules.
La plupart des études estiment à 4
à 12 semaines la durée des cures
conseillées. On note la bonne to-
lérance aux traitements, ainsi que
son absence d’effets secondaires.
Cyprès
L’Agence européenne des mé-
dicaments, la Commission E du • Extrait hydroalcoolique de mar-
ministère de la Santé allemand ron d’Inde : 30 gouttes 2 à 3 fois
et la Coopération scientifique par jour dans un verre d’eau.
européenne en phytothérapie 12 • EPS (extraits de plantes standar-
reconnaissent l’usage « médicale- disés, en pharmacie) de vigne
ment bien établi » des extraits de rouge et de mélilot à parts
feuilles de vigne rouge dans le trai- égales : 1 cuillère à café 2 à 3
tement de l’insuffisance veineuse fois par jour dans un verre d’eau.
chronique, et comme «  tradi-
• Ampoule de cassis, vigne rouge,
tionnellement établi  » l’usage de
hamamélis, petit houx, ginkgo
l’hamamélis, du marron d’Inde, du
biloba, noisetier, mélilot, OPC
mélilot, du petit houx pour traiter
de raisin, cassis et canneberge
et soulager l’insuffisance veineuse
(«  Fluidilège  » de Superdiet)  :
avec jambes lourdes et gonflées, Bourgeons de châtaignier
2 ampoules dans une bouteille
varices, douleurs, crampes, dé-
d’eau de 50  cl ou d’un litre à
mangeaisons et brûlures en cas
boire dans la journée. Précautions d’emploi
d’hémorroïdes.
• Gélules  de vigne rouge, gink- Les femmes enceintes, allaitantes,
go biloba, achillée millefeuille, les enfants et les personnes pre-
COMMENT cyprès, petit houx, marron nant des anticoagulants doivent
LES UTILISER ? d’Inde, prêle, ortie piquante, consulter leur médecin ou leur
hamamélis, sarrasin, noyer pharmacien avant d’utiliser ces
Je conseille d’utiliser les
plantes précitées en mélange
(« Herbafluide » de l’Herboris-
terie du Palais Royal) : entre 1 à
plantes.

plutôt que seules. Les synergies 2 g par jour, soit généralement Les femmes ayant un antécédent
sont souvent plus efficaces et les 4 à 6 gélules dosées à 300 mg. de cancer hormono-dépendant ne
retours des clients montrent une devraient pas consommer de vigne
supériorité en rapidité d’action. rouge (resvératrol oestrogen-like).
Vous avez l’embarras du choix, car Éviter le mélilot en cas de maladie
plusieurs formes existent. Voici ma hépatique, le petit houx en cas
sélection : d’hypertension artérielle, le mar-
ron d’Inde en cas de diabète ou
• Décoction de vigne rouge, d’insuffisance cardiaque et rénale.
hamamélis, petit houx, achil-
l é e m i l l e f e u i l l e , cy p r è s , Caroline Gayet,
ortie piquante, noyer (tisane Phytothérapeute et nutritionniste
« Circulatoire jambes lourdes » de
l’Herboristerie du Palais Royal) :
3  cuillères à soupe de plantes Sorbier

11. Minerva Cardioangiol. 2008 Oct;56(5 Suppl):55-61. LINFAVENIX: improvement of signs and symptoms of chronic venous insufficiency and microangiopathy.
12. https://eurekasante.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/

21
 LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE j u i n 2 0 18 •  n °141

Avez-vous besoin
de la Technique Alexander ?
La rédaction d’Alternatif Bien-Être m’a demandé de commenter pour nos
lecteurs la Technique Alexander, qui connaît un certain succès dans les pays
anglo-saxons, mais encore très peu actuellement en France. J’en avais un peu
entendu parler, mais je n’avais pas eu jusqu’ici l’occasion d’en étudier les
principes et les résultats. Étant donné que cette technique semble avoir des
effets positifs sur la santé et le bien-être de ceux qui la pratiquent, il était de
mon devoir d’informateur d’y regarder de plus près…

J e dois tout d’abord avertir le

lecteur, en toute honnêteté,
que je ne suis peut-être pas le mieux
placé pour cela. Comme le savent
tous ceux qui me font l’amitié de
lire régulièrement mes chroniques,
je suis avant tout un sceptique,
un critique, un polémiste assez
peu porté à chanter les louanges
de toutes sortes de pratiques non
conventionnelles qui font florès au-
près d’un certain public mais dont,
très souvent, je distingue mal l’utili-
té réelle et qui me paraissent relever
d’un certain snobisme. Certes, je
comprends fort bien que des per-
sonnes à la recherche d’une vie
meilleure et d’une existence mieux
équilibrée au milieu de toutes les
agressions que nous inflige la vie
moderne soient tentées d’expéri-
menter certaines disciplines dont
elles espèrent un mieux-être et nul
ne saurait les en blâmer. Mais en ce
qui me concerne, ayant eu depuis
ma prime enfance la chance rare
d’être guidé dans mes comporte-
ments par un très sûr instinct, sans
doute hérité de mes lointains an-
cêtres et conforté par mes parents,
eux-mêmes des êtres remarquables
à tous égards, je n’ai jamais éprou-
vé le besoin de m’adonner à des
pratiques qui ont pourtant de nom-
breux adeptes, telles que le yoga,
le shiatsu ou la « méditation trans-
cendantale », par exemple. Je me
suis contenté d’adopter très tôt une
bonne hygiène de vie, sans tabac,
Publicité vantant la méthode Alexander il y a
un siècle
sans alcool, sans sodas, sans goin-
frerie et assortie durant soixante
années d’une marche rapide de dix
à douze km par jour. En ajoutant
à cela la passion d’écrire de mon
mieux la langue de Molière, je crois
avoir réuni toutes les conditions
nécessaires et suffisantes pour me
sentir toujours heureux de vivre
et parfaitement équilibré. Mais
il est évident que ce n’est pas le
cas de tout le monde et certaines
personnes, qui se sont trouvées
confrontées au cours de leur jeu-
nesse à des problèmes existentiels
qui leur gâchaient la vie, ont appli-
qué leur sapience et leur patience
à mettre au point une technique
personnelle pour surmonter leur
mal-être, puis, en constatant sa
réussite, ont voulu en faire profiter
leurs semblables, ce qui fut le cas
de Frederick Matthias Alexander
(1869-1955), acteur australien qui
commença à formuler ses principes
à la fin du XIXe siècle.
UN ACTEUR VICTIME
DE MAUX DE GORGE
CHRONIQUES
F. M. Alexander était un acteur
shakespearien qui souffrait
d’aphonie et de maux de gorge,
ce qui lui causait évidemment un
grave préjudice dans son activité
professionnelle. N’ayant pu trouver
auprès des médecins une thérapie
efficace, il entreprit de s’observer
soigneusement, afin de déceler
quelles postures inconscientes pou-
vaient être à l’origine de ses maux.
Ce qui lui permit de découvrir qu’il
raidissait inutilement l’ensemble
de son corps lorsqu’il se préparait
à réciter ou parler. Il lui fallut huit
années pour parvenir à résoudre ses
problèmes de voix. Mais durant tout
ce travail effectué sur lui-même, il
acquit la certitude que beaucoup
de personnes pourraient amélio-
rer considérablement leur aisance
physique en s’inspirant de la mé-
thode scientifique empirique qu’il

22
LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE
considérait comme le fondement
de son travail. Il avait utilisé l’auto-
observation et le raisonnement
pour rendre l’exécution physique
de n’importe quel mouvement plus
facile  : s’asseoir, se tenir debout,
marcher, utiliser ses mains, par-
ler, etc. Et il se mit à concevoir
des moyens d’apprentissage qui
puissent permettre à chacun de
devenir pleinement autonome dans
tous les actes de la vie quotidienne.
Jusqu’en 1930, année où Alexander
créa une école de formation de
professeurs de cette discipline, il
n’avait formé que certains de ses
proches, de manière informelle. À
sa mort, Walter Carrington, direc-
teur de cette école, prit la relève
en son nom propre. La seule école
qui existait déjà depuis 1950 pour
enseigner la Technique Alexander
était celle du docteur Barlow et
de son épouse Marjorie, nièce
d’Alexander, tous deux formés par
Alexander lui-même. Celui-ci avait
formé des enseignants de sa tech-
nique principalement lorsqu’il était
à Londres, de 1931 à sa mort, en
1955.
Des personnes célèbres ont étudié
la Technique Alexander : le philo-
sophe américain John Dewey qui
fait référence en matière d’édu-
cation nouvelle, des écrivains
tels qu’Aldous Huxley, Robertson
Davies, Roald Dahl, le drama-
turge George Bernard Shaw, des
acteurs tels que Judi Dench, Hilary
Swank, Sir Ben Kingsley, Michael
Caine, Jeremy Irons, Suzanna
Hamilton, John Cleese, Kevin Kline,
William Hurt, Jamie Lee Curtis,
Paul Newman, Mary Steenburgen,
Robin Williams et Patti Lupone, des
musiciens comme Paul McCartney,
Madonna, Yehudi Menuhin, Sting,
ainsi que le prix Nobel 1973
de médecine et de physiologie
Nikolaas Tinbergen. Largement
implantée en Angleterre, aux États-
Unis, en Australie et au Canada, la
Technique Alexander jouit d’une
bonne réputation en Scandinavie,
en Allemagne, aux Pays-Bas, en
Belgique, ainsi qu’en Suisse (où
les cours sont remboursés par les
assurances complémentaires), mais
reste peu connue en France. Selon
tous ceux qui l’enseignent ou la
pratiquent eux-mêmes avec succès,
la Technique Alexander permet à
chacun d’apprendre à se défaire de
certaines habitudes d’utilisation de
soi qui interfèrent avec le fonction-
nement naturel de l’organisme dans
toutes les activités quotidiennes.
La méthode
permet de choisir
consciemment
comment répondre
à un stimulus plutôt
que de réagir trop
rapidement et de
façon inappropriée.  (professionnelles, artistiques et
Ces habitudes sont activées par la
personne sans qu’elle s’en aper-
çoive (il s’agit par exemple du
raccourcissement chronique du
cou, des lombaires, le rétrécisse-
ment de la cage thoracique, etc.),
ce qui altère le fonctionnement
général de l’organisme (respiration,
digestion, circulation, etc.), dimi-
nue l’efficacité, crée de la fatigue
et peut avoir des conséquences
lourdes à plus ou moins long terme
sur la santé. Il s’agit en fait d’une
méthode d’éducation qui ne s’ap-
parente pas à une technique de
relaxation ou une forme d’exercice.
LA TECHNIQUE
DANS SON
DÉVELOPPEMENT
PRATIQUE
L a Technique Alexander en-
seigne la capacité de faire
j u i n 2 0 18 •  n °141
de nouveaux choix dans la ma-
nière de s’utiliser soi-même, en
dépit des schémas habituels éta-
blis. La méthode permet de choisir
consciemment comment répondre
à un stimulus plutôt que de réagir
trop rapidement et de façon inap-
propriée. La Technique Alexander
est généralement enseignée sous
forme de leçons individuelles avec
un enseignant utilisant de façon
spécialisée le contact des mains,
ainsi que les instructions verbales.
La technique est aussi enseignée
sous forme d’ateliers, pouvant s’ou-
vrir sur des leçons individuelles
courtes afin de servir d’exemple
au reste de la classe. Il est géné-
ralement recommandé de prendre
entre 10 et 40 leçons. Ce travail
s’applique à toutes nos activités
quotidiennes (être debout, assis,
se reposer, s’asseoir, se lever, se
pencher, marcher, parler, etc.) ou
dans des activités plus spécifiques
sportives). Les progrès se font grâce
à la rééducation de l’appréciation
sensorielle. La technique s’appuie
sur la prise de conscience de son
propre fonctionnement et fait appel
à la pensée pour encourager une
dynamique d’expansion dans le
corps. Le travail d’apprentissage
permet le rétablissement graduel
d’une coordination naturelle de
toutes les articulations entre elles,
avec une attention particulière don-
née à la mobilité de l’articulation
atlanto-occipitale (entre la tête et le
cou). La formation pour enseigner
la Technique Alexander dure de
trois à quatre ans, avec un mini-
mum de 1 600 heures de cours.
F.M. Alexander a insisté sur la néces-
sité d’utiliser une approche raisonnée
dans le cadre d’une rééducation
globale, car dans un premier temps,
les sensations ne peuvent pas servir
de guide. L’apprentissage proposé
consiste à sortir de l’habitude en se
demandant consciemment, quelle
que soit l’activité, de ne pas inter-
férer avec les relations naturelles
23
 LA CHRONIQUE DE PIERRE LANCE
dynamiques de la structure musculo-
squelettique. Par ce procédé, les sen-
sations deviennent graduellement
de plus en plus fiables. Alexander
décrit une tendance universelle à se
précipiter pour accomplir quelque
chose sans penser aux moyens
internes les plus efficaces qui per-
mettront d’arriver au but.
Les mêmes moyens habituels sont
alors utilisés perpétuellement de
manière automatique sans en être
conscient, comme Alexander avant
qu’il n’observe minutieusement sa
façon globale de s’utiliser. Il a souli-
gné à maintes reprises l’importance
de l’unité psychophysique dans le
processus de l’apprentissage. À vrai
dire, l’unité psychophysique de l’être
humain est devenue une évidence
pour de nombreux psychologues et
physiologues d’aujourd’hui, mais
ce n’était certainement pas le cas
à l’époque où Alexander élabora
sa technique. On peut donc consi-
dérer qu’il fut un pionnier dans ce
domaine.
Selon les adeptes de sa technique,
celle-ci apporte à ses praticiens les
plus consciencieux les bienfaits
suivants :
1. Prévenir et soulager diverses
douleurs associées à une mau-
vaise utilisation du corps ;
2. Mieux réagir aux situations
stressantes en évitant les ten-
sions excessives ;
3. Améliorer la santé physique et
psychique ;
4. Améliorer la coordination ;
5. Retrouver plus d’aisance et de
fluidité dans les mouvements ;
6. Retrouver un meilleur équi-
libre ;
7. Améliorer les performances ar-
tistiques ou sportives (acteurs,
musiciens, chanteurs, etc.)
24
L’acteur Robin Williams a étudié la Technique
Alexander
UNE TECHNIQUE
APPROUVÉE
C eux qui mettent en pratique
les principes de cette tech-
nique témoignent souvent qu’elle
leur permet d’augmenter leur capa-
cité à clarifier leur pensée, à être
objectifs sur eux-mêmes et à se
libérer de limitations qu’ils s’impo-
saient sans le savoir. La Technique
Alexander est également perçue
comme une façon de diminuer les
efforts dans les mouvements et de
pouvoir ainsi être plus efficace tout
en se fatiguant moins vite, avec la
sensation d’être plus jeune et de se
déplacer plus gracieusement.
La Technique Alexander fait par-
tie intégrante des programmes de
formation de certaines écoles de
danse, de théâtre, de cirque, de
musique, de chant et de quelques
sports olympiques. Parmi ces écoles,
on peut citer le Conservatoire de
musique de Bruxelles, la Juilliard
School of Performing Arts de New
York, la Royal Academy of Dramatic
Art de Londres. En France, elle est
enseignée à l’Orchestre national
de Lille (ONL), au Conservatoire
national supérieur de musique et de
danse de Paris (CNSMDP), à l’École
nationale supérieure des arts et
techniques du théâtre (ENSATT) à
j u i n 2 0 18 •  n °141
Lyon, à la Maîtrise de Radio France,
au Centre de formation des ensei-
gnants de la musique (CEFEDEM)
de Normandie et dans quelques
conservatoires de province (à
Annemasse, par exemple). Elle est
également utilisée en termes de
rééducation du mouvement et de
gestion de la douleur dans le but
de compléter un rétablissement à
la suite d’un accident. Enfin, l’effi-
cacité de la Technique Alexander a
été vérifiée dans une étude compa-
rative publiée en août 2008 dans le
British Medical Journal. Cette étude
compare l’efficacité des massages
et de la Technique Alexander sur
des personnes souffrant de dou-
leurs lombaires chroniques. La
Technique Alexander s’est avérée
la plus efficace pour soulager les
douleurs sur le long terme. L’étude
a également montré qu’une amé-
lioration pouvait être constatée à
partir de 6 séances seulement.
Pour conclure, je dirai qu’à mon
avis, la Technique Alexander peut
certainement être très utile aux
personnes dont le développement
psychomoteur n’a pas été satisfai-
sant, pour toutes sortes de raisons
qui tiennent à leur évolution per-
sonnelle, à leur éducation, aux
attitudes non naturelles adoptées,
sans qu’elles s’en rendent compte,
au cours de leur enfance et de leur
adolescence, parfois peut-être par
réaction de défense contre des
obligations peu compatibles avec
leur nature profonde. Je pense no-
tamment à des positionnements
scolaires aberrants dans une im-
mobilité inconfortable, imposée
durant de nombreuses années à
de jeunes organismes, ainsi privés
d’une expansion physique naturelle
qui aurait pu leur assurer un meil-
leur équilibre. Quels que soient les
malaises dont on souffre, il est tou-
jours utile de se remémorer sa vie.
Pierre Lance
LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
Comment la maladie
de Lyme m’a révélé
mes souffrances intimes
Fatigue inexpliquée, douleurs, vertiges, essoufflement : en 2012, j’ai
éprouvé les premiers symptômes de la maladie de Lyme. Ne trouvant pas
de réponse médicale à mes difficultés, je me suis tourné vers des approches
non officielles : phytothérapie, lecture psychosomatique, et finalement ...
découverte d’une souffrance intérieure cachée, puis révision de mes attitudes
relationnelles. Aujourd’hui, j’ai retrouvé l’essentiel de mes capacités.
V ertiges, palpitations, es-
soufflements inexpliqués,
douleurs migrantes, etc. C’est en
2012 que j’ai commencé à éprou-
ver les premiers symptômes d’une
maladie de Lyme chronique. Devant
l’impuissance de la médecine clas-
sique, j’ai exploré par moi-même,
guidé par des rencontres. Je me
suis finalement rétabli par le biais
d’une approche «  bizarre  », au
cours de laquelle j’ai découvert
quelque chose que j’aimerais par-
tager avec vous : la maladie m’est
apparue comme un révélateur de
souffrances intimes cachées. Voici
le bref récit de mon parcours,
pour que mon expérience serve à
d’autres.
J’AI SOUPÇONNÉ
UNE ÉLECTRO-
HYPERSENSIBILITÉ
T out a commencé en
septembre 2012. À mon do-
micile, j’ai été pris d’un vertige suivi
de palpitations cardiaques. Au fil
des semaines et des mois, d’autres
symptômes sont apparus. À la suite
de ces premiers malaises, j’ai soup-
çonné une électro-hypersensibilité.
Quand je me trouvais dans des lieux
où des personnes utilisaient le wifi,
la gorge me serrait et j’étais pris de
nausée, parfois d’un vertige. Si je
La bactérie Borrélia, responsable de la maladie
de Lyme, est transmise par la tique
séjournais à proximité d’antenne-
relais ou dans un lieu très connec-
té, j’éprouvais une grande fatigue.
Deux années ont passé au cours
desquelles je me suis débrouillé
pour vivre avec mon nouvel état,
fuyant les sources de pollutions
électromagnétiques. En pleine
nature ou chez moi, protégé par
d’épais murs de pierre, je me sentais
plus à mon aise. J’avais l’impression
d’avoir pris un coup de vieux…
C’est à l’automne 2014 que j’ai
mis d’autres mots sur mes maux,
lorsque j’ai découvert le ques-
tionnaire symptomatologique du
Dr Horowitz, un spécialiste mon-
dial de la maladie de Lyme. Testé
par des universités américaines, il
permettait de « déterminer la pro-
babilité d’un syndrome infectieux
multisystémique (SIMS) et/ou d’une
maladie de Lyme », de manière plus
fiable que les tests sanguins Elisa ou
Western-Blot… Fatigue, lassitude,
douleurs thoraciques, essouffle-
j u i n 2 0 18 •  n °141
ment, palpitations, battements
manqués, douleurs articulaires,
raideur de la nuque ou du dos,
maux de tête, fourmillements, en-
gourdissements, mal des transports
accru, vertige, vision trouble. Je me
reconnais dans bon nombre des
symptômes décrits par le médecin
américain. Bilan du questionnaire :
j’ai de fortes probabilités d’être
concerné par la maladie de Lyme.
Il me faut consulter. C’est alors que
je rencontre un couple également
concerné par la maladie. Lui, mé-
decin, cherche désespérément une
solution pour sa femme qu’il pousse
en fauteuil roulant. Il m’offre une
consultation informelle au cours
de laquelle il réalise différents tests
posturologiques. « Vous semblez
bel et bien concerné par la borré-
liose », me dit-il. Je le questionne
quant aux suites à donner. Côté
diagnostic, les analyses sanguines
ne sont pas fiables à 100 %. Côté
traitements… Il regarde du côté de
sa femme et esquisse une expres-
sion d’impuissance. « À votre stade,
je ne connais pas de solution. »
« Lyme n’est rien, c’est votre ter-
rain qui la laisse s’installer »
Si la médecine ne peut rien pour
moi, il me faut trouver autre chose.
Je pense alors à une phytothérapeute
qui m’a aidé à optimiser ma santé
il y a quelque temps. Son slogan :
25
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
« Je suis la femme de ménage de
vos cellules. » Sa théorie : quand les
milieux intra et extracellulaires sont
nettoyés des polluants chimiques ou
métalliques qui se sont accumulés
aux cours des vaccinations, médi-
cations lourdes, anesthésies, soins
dentaires et autres contacts avec
des polluants environnementaux, la
voie est libre pour une authentique
guérison. Sa méthode : « Interroger
les cellules du corps afin de savoir
leur niveau de pollution, ce qu’elles
sont prêtes à nettoyer et ce dont elles
ont besoin pour le faire. » La plupart
du temps, il s’agit d’élixirs miné-
raux (dilutions homéopathiques
d’eau salée mise en contact avec
des pierres semi-précieuses), de
dilutions homéopathiques d’huiles
essentielles, d’un draineur et d’éven-
tuels compléments alimentaires. Pas
franchement orthodoxe, son proto-
cole relève plus de la radiesthésie
que d’une approche scientifique.
Pour autant, lors de mes précédentes
consultations, j’ai déjà été étonné
par sa capacité à déterminer et dater
l’origine d’un symptôme. En tant
que journaliste, j’aurais bien voulu
faire connaître son approche au
public. Sa réponse fut tranchante :
« Si la presse parle de moi, je risque
plus d’ennuis qu’autre chose. Le
bouche-à-oreille me suffit. » C’est
pourquoi je ne la nomme pas ici.
Je la consulte en juillet 2015 :
« Lyme n’est rien. C’est votre ter-
rain qui la laisse s’installer. Chez la
plupart des gens qui me consultent,
je ne trouve pas Lyme, mais des
pollutions aux métaux lourds… »
Suivant son protocole habituel à
l’aide d’une antenne de Lecher,
cet instrument couramment utilisé
par les radiesthésistes, sourciers et
géobiologues, elle « interroge mes
cellules ». Résultat : mon milieu
intracellulaire est pollué depuis
1994 par du « Xylophène », terme
générique qu’elle utilise pour nom-
mer les traitements chimiques du
bois. En 1994, j’ai effectivement
séjourné plusieurs semaines dans
une maison qui venait de subir un
26
traitement anti-termite. La précision
de son test m’étonne. Le remède ?
Du jus d’aloe vera comme draineur
et deux élixirs minéraux de sa fabri-
cation pour donner l’ordre à mes
cellules de faire le ménage.
– Cela va-t-il me guérir ?
– Patience. D’abord, on nettoie.
Ensuite, on verra ce qui se passe.
Je prends mon traitement… Sans
effet notable. Je rappelle ma
soigneuse. Si mes symptômes per-
sistent, c’est que mon terrain est
encore propice à la bactérie. Pas
facile à entendre… Mais je décide
de continuer. Je réalise deux autres
tests au cours de l’automne. Je re-
prends les remèdes prescrits et je
patiente…
DES VERTIGES
ET LA TÊTE
QUI BOURDONNE
L e 28 novembre 2015, mes
symptômes deviennent par-
ticulièrement forts. J’ai des vertiges
et la tête qui bourdonne. Je sollicite
une nouvelle consultation. Quand
la phytothérapeute me voit, elle me
dit : « Cette semaine, j’ai plein de
personnes qui sortent Lyme à mon
test. Avant, c’étaient toujours des
métaux lourds ou des polluants
chimiques. Mais là, nous avons une
pleine lune particulièrement forte.
– Comment ? La pleine lune a une
influence sur les bactéries ?
– Ben oui ! La pleine lune les fait
souvent flamber. Vous n’aviez
pas remarqué ? C’est donc un
moment propice pour nettoyer.
Le test commence. Un secret espoir
me remplit…
– Lyme ! Eh bien nous y voilà. Vos
cellules sont prêtes à l’évacuer.
– Génial ! Euh, pouvez-vous retrou-
ver la date de la contamination ?
Mon esprit rationnel a besoin de
confirmation. Tenant dans les mains
une antenne de Lecher, ma bienfai-
j u i n 2 0 18 •  n °141
trice parcourt une ligne du temps
tracée sur des feuilles de papier.
L’antenne se redresse lorsqu’elle
passe au-dessus de l’année 2005.
Celle-là même où j’ai été mordu
par une tique pour la première fois
de mon existence ! Côté remèdes,
je repars de nouveau avec divers
produits naturels.
– D onc c’est ça, le remède de
Lyme ?
– N’essayez pas de le transposer !
Ce que je vous donne n’aurait
pas d’effet sur quelqu’un d’autre.
Pendant trois jours, vous allez le
sentir passer dans le ventre.
– Et après ?
– A près, ça devrait aller mieux.
Mais il vous faut quand même
faire votre part. Si la bactérie s’est
installée, c’est parce qu’il y avait
des failles émotionnelles. Si vous
ne réglez rien, elle pourra revenir.
« Conflit de parasitage »
Le soir même, tout en prenant
religieusement mes remèdes, je
recherche sur Internet et dans la
revue Néosanté une explication
psychosomatique à mon syndrome.
Dans un article dédié à la symbo-
lique des maladies, je lis : « Conflit
de parasitage. » Je médite un ins-
tant cette question : à quel moment
ai-je éprouvé le sentiment d’être
parasité ? Il ne me faut pas chercher
longtemps… L’affaire remonte à
2005, lors de ma première morsure
de tique. À cette époque, j’ai pris
douloureusement conscience que
mon énergie avait jusqu’alors servi
les projets d’autrui. J’en ai éprouvé
une certaine colère, jamais expri-
mée, mais ne me suis résolu à mettre
fin à cette situation vécue comme
injuste que deux ans plus tard. Se
pouvait-il que ce conflit entre ma
raison et mes actes ait dégénéré en
symptôme ? Mais dans ce cas, pour-
quoi un tel décalage entre la morsure
et la maladie ? Dans un autre article
consacré à la psychosomatique de
Lyme, je lis que lors d’une rupture re-
lationnelle, une personne qui souffre
LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
d’être seule, peut, en compensation
du manque relationnel, accueillir
en elle un parasite… Or, mes symp-
tômes ont démarré précisément au
moment d’une séparation, laquelle
a provoqué un intense sentiment de
solitude. De plus, j’ai conscience
que bien qu’ayant mis fin à une
situation qui ne me convenait plus
quelques années plus tôt, je garde
une certaine propension à servir les
autres au détriment de mes propres
besoins et projets. Une attitude trans-
versale dans ma vie… Serait-ce la
vraie cause de mon mal ? Je l’ignore,
mais je décide quand même de tra-
vailler à mieux choisir mes priorités.
Pour l’heure, il s’agit de prendre mes
compléments. Les trois jours sui-
vants, je me lève avec une sensation
abdominale inédite. Une douleur
forte, mais qui cède, dès que je passe
aux toilettes. Au troisième jour, j’ai
subitement la sensation que ma tête
se libère. Suis-je guéri ? Dans les
jours qui suivent, je constate que les
trajets en voiture ne m’épuisent plus
et que je n’éprouve plus autant de
malaise quand je suis soumis à des
ondes wifi. Et puis je peux courir à
petites foulées sans avoir la tête qui
tourne ! Au fil des mois, je reprends
confiance en mon corps. J’effectue
une traversée en ferry sans éprouver
le mal de mer et m’offre quelques
randonnées en montagne. Certes,
je récupère plus lentement qu’au-
trefois… Et puis certaines douleurs
installées persistent. Je le sens, mon
corps a été éprouvé. Il me faudra
compléter la phytothérapie par des
soins manuels.
CESSER D’ALIMENTER
LES RELATIONS
NON BASÉES SUR
UN VRAI PARTAGE
E ntre-temps, mes lectures du
20  novembre 2015 m’ont
rendu vigilant sur la question du
parasitage. Les mois qui suivent
me donnent l’occasion de prendre
plus finement conscience de cette
tendance que j’ai à me mettre à la
disposition d’autrui au détriment
de mes propres besoins. Ma crainte
des symptômes fait peu à peu place
à une vigilance quant à mes réflexes
relationnels. Un jour, une amie
me fait comprendre que jusqu’à
présent, j’ai essentiellement condi-
tionné mon estime de moi-même
au fait de me rendre utile. La prise
de conscience est brutale. Il me
faut cesser d’alimenter les relations
non basées sur un vrai partage,
tout au moins une réciprocité. Ces
réflexes sont bien ancrés, mais je
suis résolu. Dans les semaines et
les mois qui suivent, mes relations
deviennent plus équitables. Je suis
tout de même obligé d’éconduire
une personne qui avait pris l’habi-
tude de me demander sans cesse
de l’aide. Depuis, régulièrement, la
vie me donne l’occasion de vérifier
si je suis toujours clairement aligné
sur mes intentions.
Arrive le moment où je finalise la
rédaction de cet article : vendredi
30 mars. À l’heure où j’écris, même
si ma condition physique n’est pas
totalement restaurée, je me sens
guéri de Lyme. Plus précisément,
j’ai l’impression de l’avoir apprivoi-
sé. Sauf que par deux fois en cette
fin de journée, deux personnes me
demandent de me détourner de ce
que je m’apprête à faire pour leur
accorder de l’attention. Je cède à la
première, entre dans une discussion
stérile et manque un rendez-vous
important ! Je suis mécontent de
moi. Avec la deuxième, je com-
mence par consentir… Avant de me
ressaisir et de signifier clairement
mon indisponibilité. Coïncidence ?
Je viens de me faire mordre par
une tique. Et puis je ressens depuis
quelques jours plusieurs symp-
tômes qui me rappellent un peu
mon ancienne maladie. Serais-je
en train de revisiter mon conflit de
parasitage ? Autre élément intéres-
sant : nous sommes la veille de la
lune de Pâques, une pleine lune
j u i n 2 0 18 •  n °141
montante. Je repense au propos
de ma soigneuse au sujet de la
lune qui fait «  flamber les bacté-
ries ». Samedi saint, jour de pleine
lune, ma tête est prise dans un étau
jusque dans la nuit. C’est alors
qu’un ami m’appelle pour me poser
des questions… Au sujet de la ma-
ladie de Lyme. 
DEVENIR CONSCIENT
DE SES ÉMOTIONS
ET BESOINS
ÉMOTIONNELS
ET LES EXPRIMER
D epuis quelque temps, il subit
en effet fatigue extrême, fai-
blesse et douleurs musculaires,
sensation de brouillard dans la tête
et difficultés d’attention. Il a effec-
tué diverses analyses médicales
ainsi que le test Western-Blot, dont
le résultat n’est pas franc. Résultat
officiel : « Faux positif. » Je lui trans-
mets ce que je crois avoir compris :
piqûres de tiques ou non sur fond
de conflit émotionnel de parasitage,
pollution cellulaire aux métaux
lourds. A-t-il donné son énergie au
profit de projets qui n’étaient pas
les siens ? « Deux fois, oui ! », me
répond-il. « C’est même une ten-
dance chez moi. » Dans les années
2000, il s’est mis au service du pro-
jet de sa compagne, participant aux
travaux du centre équestre qu’elle
avait créé et lui construisant même
sa maison pierre après pierre, avant
de partir en lui laissant tout… À
l’époque, il vivait dans la nature et
se faisait énormément mordre par
des tiques. Plus récemment, il a
remis le couvert en donnant beau-
coup de son temps pour participer
à l’ascension d’une jeune artiste
qui ne semble pas avoir manifesté
plus de gratitude que cela quand le
succès a pointé son nez. Il est sorti
de cette histoire un brin meurtri et
vaguement écœuré. Un sentiment
dont il n’a pris conscience qu’après
coup et qu’il n’a jamais exprimé. Et
puis il y a eu une rupture amou-
27
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
reuse. Bien vécue, mais assortie
d’une solitude qu’il a vécue plus
durement au moment des fêtes,
date qui correspond à une vraie
aggravation de ses symptômes,
survenus progressivement depuis
deux ans. Ce tableau ressemble
étrangement au mien. La boucle
est donc bouclée et je lui confirme
que toutes les entrées semblent
bonnes : se détoxifier à l’aide de
produits drainants, en adoptant un
régime de type paléo, pauvre en
sucre et en maintenant une activité
physique ; apprendre à satisfaire
ses propres besoins et à poursuivre
ses propres buts, devenir conscient
de ses émotions et besoins émo-
tionnels et les exprimer. Et comme
le dit ma soigneuse : « Lyme sera
toujours là, à ta disposition pour te
signaler qu’il faut rétablir ton terrain
cellulaire ou émotionnel. »
Me serais-je rétabli de mon syn-
drome multisystémique par la seule
voie de la prise de conscience de mes
souffrances et de leur résolution ?
M‘en serais-je guéri par les seuls
remèdes naturels et l’alimentation ?
La question m’apparaît aujourd’hui
sans objet. Puisque, précisément,
j’ai compris de cette expérience
qu’il me fallait prendre en compte
l’ensemble de mes besoins. Ceux
du corps comme ceux de l’esprit.
Oublier l’un ou l’autre serait revenu
à ne pas m’écouter. Une anecdote
illustre bien cette intrication corps
esprit que mon aventure m’a per-
mis de mettre à jour. Il y a quelque
temps, j’ai ressenti de la fatigue et
des maux de tête. Je suis retourné
voir la personne qui m’était venue
en aide. Grâce à son test, elle a trou-
vé une pollution à l’aluminium. La
source physique ? J’avais consommé
des sardines en boîte à plusieurs
reprises, moi qui ne mange généra-
lement pas de conserves. Tous ceux
qui se nourrissent de conserves
développent-ils de tels symptômes ?
Certes non, mais quand mon amie
m’a expliqué que l’aluminium,
métal malléable, symbolise l’ex-
28
cès de souplesse, le manque de
tranchant de ceux qui ne savent
pas dire non, la correspondance
dans ma vie m’a sauté aux yeux. Il
se trouvait qu’à ce moment, j’avais
du mal à m’opposer et à prendre les
choses en main dans une situation
où je me trouvais à jouer un rôle
féminin face à une femme adop-
• En option : appliquer un patch
tant une posture masculine. « Vos
cellules gardent l’aluminium parce
que vous ne parvenez pas à être
ferme.  » Outre le jus d’aloe vera
comme draineur, j’eus droit à des
dilutions d’ylang-ylang, huile essen-
tielle symbolisant l’équilibre entre
le féminin et le masculin. Du coup,
après cette prise de conscience, j’ai
aussitôt adopté une attitude plus
ferme et décidée, ce qui a produit
des résultats concrets et heureux en
moi comme à l’extérieur. Je m’étais
soigné avec des plantes… Et avec
des symboles.
Évidemment, j’ai conscience que
nous sommes là loin de la dé-
marche scientifique et que bien
des lecteurs concernés par Lyme
se trouveront démunis quant à la
mise en pratique d’une méthode
telle que la mienne. Mais il existe
de multiples moyens de s’en sortir.
Par exemple, l’une de mes connais-
sances dit avoir été sauvée par sa
pratique intensive de l’aïkido. Et
le mois prochain, je vous relaterai
l’expérience d’une femme dont les
symptômes étaient étonnamment
proches des miens, guérie de son
électro-hypersensibilité par une
approche globale incluant la ré-
duction du stress.
EN CAS DE PIQÛRE
DE TIQUES ?
• Retirer la tique à l’aide d’un
tire-tique dès que possible, pour
éviter qu’elle ait le temps de
régurgiter la Borrelia et autres
bactéries.
• Appliquer directement entre
une et trois huiles essentielles
j u i n 2 0 18 •  n °141
sur la zone. Origan, cannelle,
girofle sont de bonnes options.
Répéter l’application 2 à 3 fois
par jour pendant une semaine.
Dans les minutes qui suivent
l’application, l’huile essentielle
passe dans le sang. Le remède
est immédiatement efficace.
antidouleur musculaire à base
d’huiles essentielles de marque
Hao Pi. Le laisser pendant
3 jours.
Emmanuel Duquoc
À lire pour
comprendre
Lyme et
se soigner
Lyme. Les solutions naturelles
Face à l’impuissance de la mé-
decine conventionnelle, Judith
Albertat, atteinte d’une maladie
de Lyme chronique, a mené ses
propres recherches pour retrou-
ver la santé, soit par elle-même,
soit auprès d’experts reconnus.
Elle propose un ensemble de
pistes (alimentation, phytothé-
rapie, etc.) pour se détoxifier
des métaux lourds, renforcer
son système immunitaire, com-
bler les déficits en vitamines et
minéraux, restaurer l’intégrité
du système digestif et… lutter
contre l’infection. Ce dernier
volet semble plus contestable
si l’on admet que la bactérie ne
prospère que sur un terrain dé-
gradé, surtout quand l’auteure
préconise l’argent colloïdal, un
métal lourd… Pas de solutions
toutes faites donc, mais une syn-
thèse de différentes approches
pour permettre aux lecteurs
de faire leur propre chemin.
L’aspect émotionnel n’est abor-
dé que succinctement.
Judith Albertat, Thierry Souccar
Éditions, 12,90 €
L’INTERVIEW DU MOIS
Docteur Jean-Yves Gauchet :
le scientifique derrière
la ronronthérapie
Votre chat peut-il vous aider à améliorer votre santé ? Vétérinaire, auteur et
journaliste scientifique, le Dr Jean-Yves Gauchet est le premier à avoir mis en
lumière les bienfaits naturels du ronronnement du chat sur l’homme. Il revient
pour nous sur le mécanisme et les effets réels de ce qui est désormais connu
sous le nom de « ronronthérapie ».
Alternatif Bien-Être : Qu’est-
ce que le ronronnement ?
Jean-Yves Gauchet : C’est un son,
une vibration, produit exclusive-
ment par les félins, dont les chats.
Cela n’est pas vraiment évident à
appréhender, car contrairement
à ce que l’on pourrait penser de
prime abord, il ne s’agit pas du
résultat de la vibration d’une corde
vocale. Le ronronnement est en
réalité émis dans le gosier, plus
précisément dans le larynx. C’est
une note unique, ensuite amplifiée
par le reste du corps du chat, lequel
fait alors caisse de résonance, à la
manière d’un violoncelle. Chaque
félin émet ainsi un ronronnement
différent, bien qu’ils produisent
tous une vibration fondamentale.
Elle est ensuite diminuée ou am-
plifiée, avec une résonance et un
rythme différents, en fonction du
corps du chat lui-même. Le ron-
ronnement se déclenche a priori
involontairement, sous l’effet d’une
émotion. Là encore, contrairement
aux idées reçues, un chat ne ron-
ronne pas uniquement sous l’effet
d’une émotion positive. C’est le cas
bien sûr, mais pas uniquement. Un
chat peut aussi ronronner dans une
situation difficile, de danger ou de
douleur.
Les félins commencent à ronronner
très tôt, dès qu’ils sont chatons.
Ils entendent leur mère émettre
ce son à leur intention et lui ré-
pondent. Il s’imprime donc dans la
Le Docteur Jean-Yves Gauchet,
vétérinaire à Toulouse, est à l’ori-
gine de la découverte des effets
du ronronnement sur l’être
humain, aujourd’hui commu-
nément appelés ronronthérapie.
Il est aussi un homme de lettres
et de sciences, fondateur et édi-
teur de la revue scientifique
bimestrielle Effervesciences ,
dans laquelle il détaille ses dé-
couvertes sur le ronronnement.
Il est l’auteur de Mon chat et moi,
on se soigne (tomes 1 et 2), aux
éditions Le courrier du livre. Pour
lire ses publications, consultez
www.effervesciences.fr
mémoire du chat, qui l’assimile à
un signal d’attention, de positivité
et d’apaisement. Ainsi, en matière
de communication féline, lors-
qu’un chat ronronne, il n’est pas
agressif : il émet donc ce son quand
il est calme et heureux, ou lorsqu’il
a besoin d’être apaisé ou rassuré.
C’est l’inverse du feulement, avec
la queue droite et hérissée.
j u i n 2 0 18 •  n °141
ABE : Comment avez-vous fait
le parallèle entre ces effets sur
le chat et ceux sur l’homme ?
JYG : Je suis avant tout vétérinaire,
donc un soignant. J’observe les
chats et je sais que même s’ils ont
peur ou mal, ils ne vont pas attaquer
lorsqu’ils ronronnent. Leur regard
montre toutefois qu’il ne s’agit pas
de ronronnement de confort, ou de
plaisir, mais bien d’une recherche
d’apaisement. Je suis aussi journa-
liste, j’ai créé Effervesciences et je
fais des recherches dans ce cadre.
En 1982, je suis tombé sur une
publication sur le thème du ronron-
nement, mais il y avait très peu de
choses à ce sujet. J’ai donc décidé
de creuser la question. Et je me
suis demandé si l’effet apaisant du
ronronnement sur le chat pouvait
aussi être observé chez l’homme.
J’ai donc écrit un premier article sur
le sujet, dans lequel je sollicitais
mes lecteurs, pour être les premiers
cobayes. 140 étaient intéressés et
ont reçu un enregistrement du ron-
ronnement d’un de mes « patients »
et un questionnaire pour enregistrer
les effets ressentis. 50 personnes
m’ont ensuite renvoyé le question-
naire et 48 d’entre elles ressentaient
des effets positifs, notamment du
point de vue de l’endormissement.
Ce constat a été le point de départ
pour formuler cette théorie : le
ronronnement est bon pour nous !
29
 L’INTERVIEW DU MOIS
ABE : Quels sont les effets du
ronronnement sur l’homme ?
JYG : Le ronronnement, ce sont des
vibrations, des basses fréquences
comprises entre 20 et 50 hertz.
L’humain perçoit donc le ron-
ronnement de deux manières. La
première  : avec ses oreilles. On
entend un son que l’on connaît,
que l’on identifie à un moment de
calme, d’autant plus si l’on a eu
un chat enfant. C’est le principe
de la madeleine de Proust. Dans
le domaine des neurosciences,
il a été démontré que le cerveau
produit naturellement de la séroto-
nine quand il associe une situation
à un bon souvenir. Cela n’a pas
été démontré précisément pour
le ronronnement, mais il semble
logique d’en déduire que le même
phénomène se produit dans ce
cadre. D’où ce ressenti de détente.
L’autre moyen de percevoir le ron-
ronnement est le ressenti physique
des vibrations. Nous possédons de
nombreux récepteurs nerveux sur
la peau, dont les corpuscules de
Pacini, qui sont associés au plaisir.
Ils sont à la base de chaque poil
et captent les basses fréquences
produites par le ronronnement,
puis envoient une information de
plaisir au cerveau, qui produit
alors de l’endorphine. D’où un
effet calmant immédiat, grâce à
cette hormone du bonheur. Dans
Les corpuscules
de Pacini
Les corpuscules de Pacini sont
des terminaisons nerveuses,
découvertes au XIXe  siècle par
Filippo Pacini, anatomiste. Elles
sont situées au niveau de la peau,
plus précisément du derme et de
l’hypoderme, et sont sensibles
aux vibrations, dont la fréquence
est comprise entre 30 et 1 500
hertz. Ces récepteurs sensoriels,
encapsulés en forme de bulbe,
permettent donc de percevoir les
vibrations profondes et intenses,
au niveau de la peau, mais aussi
les fortes pressions.
30
le cadre d’un traitement médica-
menteux, le résultat est le même,
à savoir apaisement, baisse de la
tension et de l’anxiété, sérénité.
Toutefois, la ronronthérapie est
très momentanée. Les effets ne
durent que quelques secondes,
mais peuvent être reproduits sans
risque… et c’est totalement gratuit.

ABE : La ronronthérapie
concerne donc l’état émo-
tionnel, l’apaisement, mais
s’applique-t-elle aussi à des
problèmes physiques ?
JYG : Il existe une croyance très
ancrée dans l’imaginaire collectif
selon laquelle il suffirait à un chat
souffrant d’un os cassé de ronron-
ner pour accélérer sa réparation.
Rien n’est prouvé en la matière.
Toutefois, une piste à explorer est
que le chat est le seul animal à
avoir des corpuscules de Pacini au
niveau du pancréas. Or, cet organe
produit de l’insuline, qui entre en
jeu dans la fabrication des tissus. Il
n’est donc pas impossible que cette
caractéristique biologique permette
au chat d’accélérer sa propre ci-
catrisation. Un ronronnement en
lui-même n’aurait donc pas d’ef-
fet sur la réparation des os chez
l’homme. Mais on peut souligner
que la fréquence des vibrations
du ronronnement est la même que
celle qu’utilisent les kinés dans le
cadre des thérapies sur les frac-
tures. La grosse différence étant
que ces thérapeutes utilisent une
méthode mécanique à l’aide de
j u i n 2 0 18 •  n °141
tapis vibrants, ce qui n’est pas le cas
du ronronnement du chat.

ABE : Concrètement, com-
ment pratiquer la ronronthé-
rapie ?
JYG : Rien ne vaut un chat, bien
sûr, sa présence. Et encore mieux,
rien ne vaut votre chat. Il y a le
ronronnement qui à lui seul procure
un certain apaisement, mais il y a
aussi la complicité avec l’animal, sa
fourrure qui donne envie de le ca-
resser, l’affection. De plus, les chats
sont très demandeurs de caresses
en règle générale, car leur peau est
très riche en corpuscules de Pacini.
On voit fleurir des bars à chats,
mais attention : on peut parler de
convivialité, cependant le résultat
ne sera pas le même, car il n’y a pas
le même échange, ni le même envi-
ronnement propice à la détente. Le
mieux pour la ronronthérapie c’est
au moment de l’endormissement.
Car il y a un vrai laisser-aller, une
sorte d’abstraction d’une partie de
soi. C’est un moment de complicité
entre vous et votre chat, avec les
bienfaits du ronronnement, le côté
tactile, le tout conduisant donc à
une émotion de sérénité. Ces effets
positifs ont été observés chez de
nombreux patients et personnes
âgées, pour lesquels le chat par-
ticipe de matière très notable à
l’apaisement et au mieux-être.
Propos recueillis par
Perrine Roux
LIVRES
L’odeur de la maladie
Nous avions parlé d’Isabelle Fromentin dans un article
d’Alternatif Bien-Être de janvier 2017. Voici enfin le récit de son
exceptionnel parcours. Isabelle Fromentin est tenace (d’aucuns
ont sans doute prononcé le mot de « têtue » sur son passage) et
passionnée. Sa passion : les plaies. Pas les plaies du cœur, non –
quoique ses fonctions d’infirmière l’aient certainement amenée à
panser celles-ci également –, mais les plaies physiologiques, bien
réelles. Celles qui se développent avec certaines maladies graves : la
lèpre, le cancer. Depuis toujours, Isabelle Fromentin est persuadée
d’une chose : ces plaies ont une odeur particulière. Son travail –
qu’elle a développé notamment en étant la première infirmière
à devenir docteur – a consisté à faire le lien entre une odeur et
une maladie. Elle a choisi le cas particulier du cancer du sein. Et
rapidement, une évidence s’impose : elle souhaite développer une
méthode de détection de la maladie par le biais de l’odeur. Ce livre
est donc le récit des avancées spectaculaires de cette femme pour
faire reconnaître un nouveau protocole médical : la détection des
tumeurs cancéreuses par les chiens. Passionnante, cette enquête,
dont l’écriture est tantôt drôle, émouvante et spontanée, offre des
perspectives novatrices et salutaires.
Blouse blanche & poils de chiens.
Comment j’ai découvert l’odeur du cancer
Prix : 19 euros
Auteur : Isabelle Fromantin avec
Sandra Kollender
Éditeur : Éditions de la Martinière
ISBN : 978-2-7324-8580-5
La face cachée des selles
On en a honte. On préfère détourner le regard, se pincer le nez,
baisser le couvercle et tirer la chasse. Et pourtant ! La couleur et
la consistance des selles en dit long sur notre santé et peut nous
indiquer comment corriger notre alimentation. C’est entre autres
ce que vous apprendrez à la lecture de ce livre. Vous en saurez
également davantage sur le système digestif, sur la formation et
l’importance des flatulences ou encore sur les différentes formes de
constipation et problèmes digestifs, leurs causes et
leurs remèdes. Extrêmement drôle, bourré d’anec-
dotes et en même temps très utile et instructif, ce
livre n’est pourtant pas à lire aux toilettes, car la
lecture est déconseillée lors de la défécation.
Le livre (très sérieux) du caca
Prix : 12 euros
Auteur : Caroline Balma-Chaminadour
Éditeur : Éditions Jouvence - ISBN : 978-2-88911-966-0
Formulaire d’abonnement à Alternatif Bien-Être
Alternatif Bien-Être est le mensuel des solutions alternatives de santé : tous
les mois vous recevez dans votre boite aux lettres ou par email un nouveau
numéro de 32 pages rempli des meilleures informations de santé naturelle.
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tement en ligne ou hors de France métropolitaine, rendez-vous sur :
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communiquées, merci de cocher la case suivante
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La naturopathie pour les nuls
Ce petit guide pratique donne des conseils très simples et très
faciles à suivre. Composé de 4 parties, organisé sous forme de
fiches, il commence par présenter les bases de la naturopathie
(les 4 hygiènes et les 4 tempéraments), puis donne des conseils
pour adopter une alimentation saine. Il revient ensuite sur les prin-
cipaux problèmes liés à notre alimentation moderne : carences,
acidité, intolérance, métaux lourds et additifs. La dernière partie
est constituée de doubles pages synthétisant les petits et grands
maux du quotidien (digestion, sommeil, peau, etc.) et comment y
remédier naturellement.
Je m’initie à la naturopathie
Prix : 19 euros
Auteurs : Vanessa Lopez, Stéphane Tétart
Éditeur : Leduc.s Éditions
ISBN : 979-10-285-0970-5
Bien se salir pour renforcer
son immunité
L’une des obsessions de la société de consommation est l’hygiène
et la propreté à tout prix. Cela ne concerne pas seulement les pro-
duits ménagers, mais aussi notre alimentation : pesticides, OGM,
animaux traités aux antibiotiques, aliments ultra-transformés… La
chasse aux bactéries est devenue une habitude. Mais c’est oublier
que certains microbes et bactéries sont nécessaires pour renforcer
notre système immunitaire et nous protéger de maladies chroniques
telles que les allergies, les intolérances alimentaires, l’asthme ou
encore le diabète. C’est ce que nous rappelle le Dr John Axe dans ce
livre, avant de nous inviter à réintroduire de la « bonne » saleté dans
nos vies. La saleté étant naturelle, il nous conseille de consommer
des produits sains parfois oubliés : des recettes sont disponibles en
fin d’ouvrage. Facile à lire, pédagogique et traitant de situations
de la vie quotidienne, vous pourrez dresser l’état de vos intestins
et adapter votre alimentation en conséquence. Mais aussi faire
vos propres savons, dentifrices et shampooings non chimiques !
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31
 AGENDA j u i n 2 0 18 •  n °141

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PARIS Dates : du 1er au 4 juin 2018 AIX-LES-BAINS Dates : les 2 et 3 juin 2018

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porte de Versailles, 75015 Paris 200, rue du Casino, 73100 Aix-les-Bains
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