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La guerre tchadienne :
une mise au point
n’ont commencé à être razziés que les traditions ngama) et- c’est à la
vers la fin du XVIII~siècle pour les suite de l’un d’entre eux que sera
régions proches des rives du Chari fondée Maro, peu avant l’installa-
(prise de Mafaling vers 1770) avec tion française. Arabes, Bagubiens,
l‘expansion baguirmienne. Les Foulbé, Ouaddaïens (auxquels se
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. ... . . . ... LA GUERRE TCHADIENNE
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LA GUERRE TGHADIENNE
gédies qui eurent lieu ailleurs ne un pays qui, vers 1970, doit comp-
sont pas le fait du petit peuple ter près de 90 70d’analphabètes en
mais de groupes armés venus des français (peut-être seulement 70 70
grandes villes... et ce n’est sure- toutes langues confondues), celui
ment pas le souvenir des razzias qui lit et écrit couramment le fran-
qui motivait directement les uns et gais est un personnage important et
les autres. un lycéen est un intellectuel. Ibra-
L’histoire du conflit tchadien hima Abatcha et Goukouni Wed-
montre que des troubles ont éclaté deye sont donc des intellectuels.
en campagne, souvent à la suite Je précise d’ailleurs que je n’ai
d’indélicatesses, d’éxactions ou de jamais dit que les maquis du FRO-
sévices commis par des administra- LINAT n’étaient composés que
teurs à l’encontre de paysans. Que d’intellectuels ou que la guerre
le FROLINAT ait été à l’origine civile était une guerre d’intellec-
de tout est faux dans un premier tuels ; mais j’ai écrit, ce qui est
temps : il s’est souvent contenté de différent, que le conflit Nord-Sud,
récupérer le mécontentement, ce avec ses connotations raciales ou
qui lui était, d’autant plus facile tribales, s’est d’abord développé en
qu’il était le seul mouvement milieu intellectuel et citadin. Ce
d’opposition. Non seulement le n’est pas l’appartenance ethnique
FROLINAT n’a rien à voir avec ou religieuse du préfet qui soule-
les évènements de Mangalmé, vait la colère paysanne et l’exem-
(septembre-octobre 1965) mais on ple de Mangalmé tel que le rap-
peut même dire qu’à l’origine, il porte notre ami Mahamait Bachar
n’a rien à voir du tout avec la pay- (qui me démentira si je me
sannerie du Tchad (cf. les inepties trompe) le. prouve: les Moubi
de son programme). n’étaient pas anti-Sara quand ils se
A partir de 1967-1968, il est sont révoltés.
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Alors que les historiens et les l’ethnisme finit par naître comme
anthropologues remettent de plus l’une des tactiques des élites afri-
en plus en cause la consistance du caines en quête de pouvoir et, par-
concept d’ethnie, les politologues, tant, comme une base sociale sur
qui l’ont pendant longtemps utilisé laquelle s’appuyer (on renverra là
à tort et à travers, sont en passe dessus au *récent livre de J.F.
d‘avoir raison : A force de crier
((
Bayart L’Etat en Afrique). Au
Noël, il finit par arriver ! ; et à
))
Tchad, la guerre civile a bien aidé
force de matraquer les utilisateurs à cristalliser ce phénomène et, sous
des médias (presse, radios, etc.) son aspect opposition Nord-Sud
(( )),
avec les guerres tribales qui ont il .tend désormais à prendre de plus
((
en plus de consistance en milieu
ensanglanté l’Afrique de toute éter- populaire, en particulier dans les
nité)), les conflits ethniques, fon-
((
villes.
dements de la compétition politique
en Afrique et autres billevesées,
)) Jean-Pierre Magnant
La Bibliothèque africaine
de Bruxelles menacée
L ’article que nous publions ci-dessous prolonge les études que Politique
africaine a déjà consacrées à la recherche africaniste dans divers pays
d’Europe; il s’attache à mettre en évidence les problèmes que ceIIes-ci ren-
contrent en Belgique à travers les avatars de la Bibliothèque africaine de
Bruxelles. Ce texte est paru dans la Libre Belgique du 2 août 1989, mais
il nous a semblé que les lecteurs de Politique ?fricaine devaient en être infor-
més. Nous tenons à remercier son auteur, Eric de Bellefroid, qui nous a
autorisé à le publier.
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