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Anatomie dentaire

Chez le même éditeur

Risques médicaux en odontologie, par C. Scully, trad. Gérard Lévy, 488 pages, 2018.
Dentisterie esthétique : le sourire, par J. B. Levine, 320 pages, 2017.
Dentisterie esthétique : traitements mini-invasifs, par A. Banerjee, trad. Gérard Lévy, 336 pages, 2017.
Orthodontie linguale, par P. Canal, L. Delsol, D. Wiechmann, 288 pages, 2016.
Endodontie – Principes et pratique, par M. Torabinejad, R. E. Walton, A. Fouad, trad. Gérard Lévy, 512 pages, 2016.
Guide clinique d'odontologie, par R. Zunzarren, 2e éd., 336 pages, 2014.
Analyses de laboratoire en odontostomatologie, par R. Caquet, 238 pages, 2012.
Orthodontie de l'enfant et du jeune adulte – Tome 2 - Traitement des dysmorphies et malocclusions, par
M.-J. Boileau, 312 pages, 2012.
Orthodontie de l'enfant et du jeune adulte - Tome 1 - Principes et moyens thérapeutiques, par M.-J. Boileau,
280 pages, 2011.
Atlas d'anatomie implantaire, par J.-F. Gaudy, B. Cannas, L. Gillot, T. Gorce et J.-L. Charrier, 2e éd., 248 pages,
2011.
Odontologie du sujet âgé – Spécificités et précautions, par V. Dupuis et A. Léonard, 192 pages, 2010.
Anatomie dentaire
Françoise Tilotta
Maître de conférences, praticien hospitalier, université Paris Descartes

Alain Lautrou
Professeur émérite, université Paris Descartes

Gérard Lévy
Professeur émérite, université Paris Descartes
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Anatomie dentaire, de Françoise Tilotta, Alain Lautrou et Gérard Lévy.
© 2018, Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-75849-2
e-ISBN : 978-2-294-75959-8
Tous droits réservés.

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Abréviations
Ø diamètre
ATM articulation temporo-mandibulaire
CPAM caisse primaire d’assurance maladie
CPE caries précoces de l’enfant
D distal
DL disto-lingual
DV disto-vestibulaire
FDI Fédération dentaire internationale
ISO International Organization for Standardization
L lingual
M mésial
MD mésio-distal
ML mésio-lingual
MV mésio-vestibulaire
MV1 premier canal dans la racine mésio-vestibulaire
MV2 deuxième canal dans la racine mésio-vestibulaire
OIM occlusion d’intercuspidation maximale
OMS Organisation mondiale de la santé
V vestibulaire
VL vestibulo-lingual
IX
Glossaire
Abfraction Usure de fatigue qui survient lorsque les Chambre pulpaire  Cavité pulpaire coronaire située
contraintes de flexion imposées à la dent sont trop dans la couronne.
importantes. Collet  Ligne qui constitue la limite entre la cou-
Abrasion Altération superficielle due au déplacement ronne et la racine. Il correspond à la jonction
de deux corps solides l'un contre l'autre, avec inter- amélo-cémentaire.
position de particules abrasives qui constituent le Corne pulpaire Les cornes pulpaires sont des exten-
troisième corps ou curetage. sions de la chambre pulpaire en direction occlusale.
Apex Extrémité de la racine. Le nombre de cornes pulpaires est variable en fonc-
Arête cuspidienne En géométrie, une arête est une tion des dents. Pour les dents cuspidées, les cornes
droite délimitant deux demi-plans. En anatomie pulpaires se situent généralement en regard des
dentaire, une crête cuspidienne est formée de deux pointes cuspidiennes.
arêtes cuspidiennes qui séparent chacune deux Couronne Partie de la dent recouverte d'émail. Elle
pans. est séparée de la racine par le collet.
Attrition  Friction de deux corps solides en mouve- Crête cuspidienne  Éminence allongée passant par
ment dont les surfaces sont en contact direct. une pointe cuspidienne. Une crête cuspidienne
Bord incisif Portion occlusale des incisives maxillaires est formée de deux arêtes. Sa direction peut être
et mandibulaires, impliquée dans l'incision. ­vestibulo-linguale ou mésio-distale.
Canal pulpaire radiculaire Portion de la cavité pul- Crête marginale  Éminence allongée qui limite en
paire située au sein de la racine. mésial et en distal, la face occlusale des prémo-
Principal Le canal principal fait suite à la chambre laires et des molaires, ou la face linguale des inci-
pulpaire et s'étend jusqu'au foramen apical. sives et des canines. Elle est constituée d'un pan
mésial et d'un pan distal séparés par une arête
Secondaire  Un canal secondaire est une rami- XI
marginale.
fication du canal principal se dirigeant vers le
ligament alvéolo-dentaire, situé dans la région Crête oblique  Crête qui résulte de l'alignement
apicale. des arêtes internes des cuspides mésio-linguale et
disto-vestibulaire des molaires maxillaires. Elle est
Latéral  Un canal latéral est une ramification du
fréquemment appelée « pont d'émail ».
canal principal se dirigeant vers le ligament
alvéolo-dentaire, situé dans la région coronaire. Cuspide Convexité de forme et de volume variables,
présente sur la face occlusale d'une dent.
Accessoire  Un canal accessoire est une ramifica-
tion d'un canal secondaire se dirigeant vers le Dentine Tissu minéralisé formé à partir d'une matrice
ligament alvéolo-dentaire. extracellulaire d'origine pulpaire déposée par les
odontoblastes. La dentine est recouverte d'émail au
Canine permanente  Dent située sur l'arcade entre
niveau coronaire et de cément au niveau radiculaire.
l'incisive latérale et la première prémolaire. Il n'existe
qu'une canine par hémi-arcade. Les canines perma- Denture Ensemble des dents présentes en bouche à
nentes sont des dents mono-cuspidées qui font leur un moment déterminé.
éruption entre 9 et 12 ans. Dentition L'ensemble des phénomènes qui président
Canine temporaire  Dent située sur l'arcade entre à la différenciation, à la croissance et à la dispari-
l'incisive latérale et la première molaire tempo- tion des dents d'une même génération (issues de la
raire. Il n'existe qu'une canine par hémi-arcade. Les même lame dentaire).
canines temporaires sont des dents mono-­cuspidées Diduction Mouvement asymétrique de la mandibule
qui font leur éruption entre 16 et 20 mois. à direction transversale au cours duquel le point
Cavité pulpaire  Cavité interne de la dent. Elle inter-incisif mandibulaire se déplace depuis la posi-
contient la pulpe. Elle est constituée de la chambre tion d'occlusion en intercuspidation maximale vers
pulpaire ou cavité pulpaire coronaire (dans la une position latérale, puis y revient.
couronne) et du (ou des) canal(aux) pulpaire(s) Érosion Déminéralisation de l'émail puis de la dentine
radiculaire(s) (dans la racine). due à une atteinte chimique.
Cément  Tissu conjonctif minéralisé qui recouvre la Émail  Structure minéralisée d'origine épithéliale qui
surface de la racine. recouvre la couronne dentaire.
Cingulum Tubercule présent sur la face linguale des Embrasure inter-radiculaire  Espace compris entre
incisives et canines. les racines.
Glossaire

Faces dentaires 6 et 18 ans. Une molaire possède au moins trois


Mésiale  Face axiale d'une dent qui est la plus cuspides, dont toujours au moins deux cuspides
proche du point inter-incisif. vestibulaires.
Distale Face axiale d'une dent qui est la plus éloi- Molaires temporaires  Dents situées sur l'arcade
gnée du point inter-incisif. en distal des canines temporaires. Elles sont au
Vestibulaire Face axiale d'une dent qui est tournée nombre de deux par hémi-arcade et font leur érup-
vers le vestibule. tion entre 1 an et 2 ans ½. Elles sont remplacées par
les prémolaires.
Linguale  Face axiale d'une dent qui est tournée
vers l'intérieur de la cavité orale. Occlusion d'intercuspidation maximale  Position
d'élévation maximale fonctionnelle de la mandi-
Occlusale  Face d'une dent qui est tournée vers
bule, caractérisée par un maximum de contacts
l'arcade opposée.
dento-dentaires. Cette situation correspond à la
Proximale Les faces proximales désignent les faces position la plus stable de la mandibule.
axiales mésiale et distale d'une dent. Orifices d'entrée des canaux radiculaires pul-
Foramen apical Orifice par lequel le pédicule vasculo-­ paires Les orifices d'entrée des canaux radiculaires
nerveux pénètre dans la racine. pulpaires se situent sur le plancher pulpaire, à la
Fosse Dépression qui résulte : jonction entre la chambre pulpaire et les canaux.
– soit de la convergence d'un sillon central et Os alvéolaire  Partie de l'os maxillaire ou mandibu-
d'un sillon périphérique, on parle alors de fosse laire qui entoure les dents et dans lequel elles sont
centrale, ancrées.
– soit de la convergence d'un sillon central et Parodonte  Ensemble des tissus qui environnent et
d'une crête marginale, on parle alors de fosse soutiennent la dent. Il comporte l'os alvéolaire, la
marginale. gencive, le ligament alvéolo-dentaire et le cément.
Fossette Dépression située sur une face autre que la Pente cuspidienne  Inclinaison d'un versant cuspi-
face occlusale, à l'extrémité d'un sillon principal. dien par rapport au plan d'occlusion.
Furcation  Zone de séparation des racines d'une Pente occlusale Angle formé par le plan d'occlusion
dent pluri-radiculée. Il s'agit d'une bifurcation en et la droite passant par les pointes cuspidiennes
XII présence de deux racines, ou d'une trifurcation en vestibulaire et linguale d'une dent pluricuspidée.
présence de trois racines. Plafond pulpaire  Paroi occlusale de la chambre
Incisives permanentes Dents situées à la partie anté- pulpaire.
rieure de l'arcade. Elles sont au nombre de deux par Plan 
hémi-arcade et font leur éruption entre 6 et 9 ans. Axial  Plan horizontal, perpendiculaire au plan
Elles sont généralement mono-radiculées et pré- sagittal médian qui sépare le corps en une partie
sentent un bord incisif qui permet de tenir, prendre supérieure (ou crâniale) et une partie inférieure
et couper. (ou caudale).
Incisives temporaires  Dents situées sur la partie Frontal (ou coronal) Plan vertical, perpendiculaire
antérieure de l'arcade. Elles sont au nombre de au plan sagittal médian qui sépare le corps en
deux par hémi-arcade et font leur éruption entre une partie antérieure (ou ventrale) et une partie
6 et 8  mois. Leur morphologie présente de nom- postérieure (ou dorsale).
breuses similitudes avec les incisives permanentes
Sagittal ou para-sagittal  Plan parallèle au plan
qui les remplacent.
sagittal médian.
Jonction amélo-cémentaire  Ligne sinueuse repré-
Sagittal médian Plan vertical qui sépare la moitié
sentant la rencontre de l'émail recouvrant la cou-
droite de la moitié gauche du corps.
ronne et du cément recouvrant la racine. Elle cor-
respond au collet anatomique. Plancher pulpaire  Paroi apicale de la chambre
pulpaire.
Ligament alvéolo-dentaire  Structure conjonctive
et fibreuse située entre la surface radiculaire et l'os Point de contact  Convexités des faces coronaires
alvéolaire. proximales d'une dent qui assurent le contact de
cette dent avec ses voisines.
Ligne du plus grand contour  Ligne sinueuse for-
mée par l'ensemble des points les plus saillants de Pointe cuspidienne Sommet d'une cuspide.
la couronne par rapport au grand axe de la dent. Pont d'émail Voir « Crête oblique ».
Cette ligne délimite les portions cervicale et occlu- Prémolaires Dents permanentes situées sur l'arcade
sale de la couronne. entre la canine et la première molaire. Elles rem-
Maximum de convexité  Point le plus élevé d'une placent les molaires temporaires. Elles sont au
courbe ou de plus grande convexité d'une surface. nombre de deux par hémi-arcade et font leur érup-
Molaires permanentes  Dents situées sur l'arcade tion entre 10 et 12 ans. Une prémolaire possède
en distal des prémolaires. Elles sont au nombre de au moins deux cuspides, mais toujours une seule
trois par hémi-arcade et font leur éruption entre cuspide vestibulaire.
Glossaire

Propulsion Mouvement sagittal aller de la mandibule, Sillon Dépression allongée située à la surface d'une


postéro-antérieur, à partir de l'occlusion d'inter­ dent. On distingue deux types de sillons :
cuspidation maximale. Si ce mouvement s'effec- – les sillons principaux ou intercuspidiens sont
tue avec des contacts dentaires, il est dénommé situés sur la face occlusale et séparent les cus-
« proclusion ». pides. Ils sont dits centraux s'ils sont à direction
Protraction  Mouvement retour, postéro-antérieur, mésio-distale et périphériques s'ils sont à direc-
conduisant la mandibule de l'occlusion de relation tion vestibulo-linguale.
centrée vers l'occlusion d'intercuspidation maxi- – les sillons accessoires ou secondaires naissent des
male, en gardant des contacts dento-dentaires. sillons principaux et viennent s'estomper sur les
Pulpe Tissu conjonctif lâche innervé et vascularisé qui pans cuspidiens. Ils peuvent également traverser
se situe dans la cavité pulpaire. La pulpe a des fonc- une crête marginale.
tions de réparation, de nutrition et des fonctions Surplomb  Projection dans le plan horizontal de
sensitives. la distance entre les bords incisifs maxillaires et
Racine  Partie de la dent recouverte de cément. Elle mandibulaires en occlusion d'intercuspidation
est séparée de la couronne par le collet. maximale.
Recouvrement Projection dans le plan vertical de la Table occlusale La table occlusale est la partie interne
distance entre les bords incisifs maxillaires et mandi- de la face occlusale. Elle est délimitée par la ligne
bulaires en occlusion d'intercuspidation maximale. continue formée par les crêtes cuspidiennes et les
Rétraction  Mouvement aller, antéro-postérieur, arêtes des crêtes marginales.
conduisant la mandibule de l'occlusion d'intercus- Tronc radiculaire  Sur les dents pluriradiculées, le
pidation maximale vers l'occlusion de relation cen- tronc radiculaire est la région comprise entre le col-
trée, en gardant des contacts dento-dentaires. let anatomique et la furcation radiculaire.
Rétropulsion Mouvement sagittal retour de la mandi- Tubercule  Convexité de forme et de volume
bule, antéro-postérieur, vers l'occlusion d'intercuspi- variables, présente sur une face dentaire autre que
dation maximale. Si ce mouvement s'effectue avec des la face occlusale. Exemple : cingulum, tubercule de
contacts dentaires, il est dénommé « rétroclusion ». Carabelli.

XIII
CHAPITRE

1
Généralités

I. Généralités sur le système dentaire


Le système dentaire humain ne représente qu'un aspect particulier du système dentaire géné-
ral des êtres vivants. Une longue évolution et des transformations successives l'ont modifié et
lui ont donné sa forme actuelle.

Connaissances
A. Origine des dents
Des transformations cutanées chez les Vertébrés ont conduit à la formation d'organes destinés
à la protection de l'organisme contre les agressions extérieures : les phanères. Ces phanères
sont en général cornés (ongles, poils) et certains d'entre eux donnent des productions par-
ticulières ou phanères exo-squelettiques (dents, écailles) qui ont une double origine  : une
ébauche mésodermique, dont la croissance est centripète par dépôt de dehors en dedans
d'une substance conjonctive, et une ébauche ectodermique, dont la croissance est centrifuge 1
par accumulation de dedans en dehors d'une substance épithéliale.
Il est désormais universellement reconnu que les écailles placoïdes du requin et les dents des
Vertébrés sont des organes homologues.
La formation de l'écaille placoïde du requin se caractérise par l'éruption d'une papille der-
mique dans l'épiderme sus-jacent qui la recouvre. Un tissu calcifié se forme à la périphérie et
entoure la partie pulpaire centrale qui fonctionne comme un organe nourricier. Le tissu calcifié
qui recouvre cette écaille est un émail qui, à l'image de celui des dents, est formé de prismes
accolés. Les dents des Vertébrés ne sont en fait que des phanères exo-squelettiques, d'origine
ectodermique et mésodermique, c'est-à-dire épithélio-conjonctive, concentrés dans la cavité
buccale et dont le rôle de protection a pu se différencier pour la mastication, la préhension,
l'attaque ou la défense, la locomotion, le langage articulé et l'expression.

B. Nombre de dents
Les Poissons et les Reptiles présentent un grand nombre de dents sur chaque mâchoire : on
parle de polyodontie.
À l'inverse, les Mammifères possèdent un nombre réduit de dents dont le maximum peut
atteindre 44 pour l'ensemble des deux maxillaires et de la mandibule : on parle d'oligodontie.

C. Forme des dents


La forme des dents se complique lorsqu'on s'élève dans la hiérarchie zoologique.
La forme la plus simple est conique. C'est la dent primitive des Reptiles et des Poissons. Elle
peut être aplatie et tranchante ou ronde, recourbée, denticulée. On dit de ces espèces dont les
dents sont simples qu'elles sont haplodontes.
Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

Le mode de liaison de la dent avec le tissu osseux peut se faire par une racine dont l'extrémité
reste ouverte ou se ferme, mais la dent peut aussi être indépendante de ce tissu osseux, ne pas
avoir de racine, ou même contracter des adhérences avec lui.
La forme peut se compliquer par adjonction d'autres cônes dentaires et le nombre de racines
peut augmenter ; ces espèces sont qualifiées de plexodontes.
Lorsque toutes les dents sont semblables, on dit de ces espèces qu'elles sont homodontes et
lorsqu'elles se différencient en plusieurs types, on dit qu'elles sont hétérodontes.

D. Nombre de dentitions
La dent subit un processus de croissance qui va la rendre fonctionnelle. Ce processus est tou-
jours identique.
De la lame dentaire épithélio-conjonctive se différencie un bourgeon qui donne le germe den-
taire, lequel va se calcifier, puis faire son éruption. La dent devient alors fonctionnelle avant de
disparaître pour laisser sa place à une dent remplaçante de la génération suivante.
L'ensemble des phénomènes qui président à la différenciation, à la croissance et à la disparition
des dents d'une même génération (issues de la même lame dentaire) forme une dentition.
L'ensemble des dents de générations successives qui font leur émergence sur un même site
éruptif forme une famille dentaire.
Le nombre de dentitions (il correspond au nombre de composants de la famille dentaire la plus
nombreuse) peut être élevé (plusieurs dizaines) ; dans ce cas, on parle de polyphyodontie
(vingt-cinq chez le crocodile). Il peut aussi se réduire à quelques dentitions ; dans ce cas, il s'agit
d'une oligophyodontie (quatre ou cinq chez certaines espèces de Reptiles mammaliens).
2 Enfin, chez les Mammifères, la plupart des espèces présentent deux dentitions successives, la
diphyodontie est de règle. Seules quelques espèces n'ont qu'une seule dentition (monophyo-
dontie), tel l'éléphant.

E. Mode de croissance des dents


Il existe trois principaux modes de croissance :
• les dents à croissance continue, comme les incisives de Rongeur, ne possèdent pas de
racine. La base de la couronne reste largement béante dans le tissu conjonctif ;
• les dents à croissance prolongée, comme les molaires du bœuf, possèdent une couronne
très haute (espèce hypsélodonte ou hypsodonte) et en partie recouverte de cément.
La croissance qui se poursuit longtemps durant la vie de l'animal compense l'usure de la
couronne. La racine, courte, reste ouverte très longtemps ;
• les dents à croissance limitée, comme les dents de l'Homme, ont une racine longue et une
couronne basse (espèce brachyodonte). L'extrémité de la racine se referme assez rapidement.
Différents modes de croissance peuvent coexister chez une même espèce. Ainsi, le rat possède
les incisives à croissance continue des Rongeurs, alors que ses molaires sont à croissance limitée.

F. Modes d'éruption et de remplacement des dents


On décrit deux principaux modes de remplacement entre lesquels il y a de nombreux intermédiaires :
• le mode latéral est primitif. Il appartient aux Poissons et à certains Reptiles. À la face
interne de la dent fonctionnelle s'échelonnent les dents de remplacement qui, au cours des
dentitions successives, deviendront fonctionnelles ;
• le mode vertical est beaucoup plus évolué. Il est de règle chez les Mammifères. Dans ce
cas, la dent de remplacement se forme sous la dent fonctionnelle (fig. 1.1).
Généralités 1

Fig.  1.1 Arcades dentaires d'un enfant de 4  ans. Les germes des dents permanentes sont dans des

Connaissances
cryptes osseuses sous les dents temporaires en fonction.

II. La dent et son environnement


A. La dent au sein de la cavité orale
La bouche constitue la portion initiale du tube digestif dans laquelle vont s'accomplir les pre- 3
mières phases de la digestion :
• mastication ;
• gustation ;
• insalivation des aliments ;
• déglutition.
La réalisation de ces étapes fait également intervenir des éléments annexes de la cavité orale : les
glandes salivaires, les muscles masticateurs ou encore les articulations t­ emporo-mandibulaires.
Tous ces éléments forment un ensemble fonctionnel appelé « l'appareil manducateur » qui
exerce la manducation, c'est-à-dire toutes ces fonctions qui concourent aux actes de boire et
de manger en préparation à la digestion.
La cavité orale a une forme ovoïde à petite extrémité postérieure et à grand diamètre antéro-
postérieur (fig. 1.2). Ses dimensions varient beaucoup d'un individu à l'autre.
Elle est limitée par différentes régions qui constituent ses parois :
• en haut, la région palatine qui sépare la cavité orale des cavités nasales ;
• en dehors, la région génienne, constituée elle-même des régions infra-orbitaire et buccale ;
• en bas, le plancher buccal dont l'armature musculaire est constituée par le muscle mylo-hyoïdien ;
• en avant, la région labiale ;
• en arrière et latéralement, la région tonsillaire.
La cavité orale communique :
• en avant, avec le milieu extérieur, par l'orifice buccal ou la bouche qui est circonscrit par les lèvres ;
• en arrière, avec l'oropharynx, par l'isthme du gosier, orifice à deux passes, constitué par les
piliers antérieur et postérieur du voile du palais.
Les arcades dentaires divisent la bouche en deux parties :
• le vestibule oral, qui est situé entre les arcades dentaires et la face interne des joues et des
lèvres. À l'état de repos, lorsque les lèvres et les joues ont leur tonicité normale, cet espace
Anatomie dentaire

La région palatine

La région labiale

La région tonsillaire

Le plancher de la bouche

Fig. 1.2 Coupe sagittale médiane du massif facial montrant les rapports anatomiques de la cavité orale.

est une cavité virtuelle. Il ne devient réel que lorsque les joues et les lèvres sont écartées des
arcades dentaires par l'air ou les aliments, ou lorsque les tissus sont atoniques en cas de
paralysie faciale ;
• la cavité buccale proprement dite est limitée en bas par le plancher buccal, elle est circons-
crite par les arcades dentaires et, en l'absence d'aliments, est presque totalement occupée
4 par la langue.
En occlusion, ces deux parties communiquent entre elles par un espace situé en arrière des
molaires, l'espace rétrotubérositaire, et par les espaces interdentaires, quand ceux-ci ne sont
pas comblés par les papilles interdentaires.

Application clinique
En occlusion, l'espace rétrotubérositaire peut être utilisé pour introduire des sondes d'alimentation en cas
de trismus ou d'immobilisation intermaxillaire.
Le vestibule oral est une voie d'accès pour les techniques analgésiques des branches des nerfs maxillaire
et mandibulaire ainsi que pour les techniques chirurgicales intéressant les arcades dentaires et le sinus
maxillaire.

B. La dent et son environnement parodontal


La dent est constituée d'une couronne, partie visible en bouche, et d'une racine qui est enchâs-
sée dans l'os et assure la rétention de la dent.
Les tissus qui environnent la racine et qui soutiennent la dent constituent le parodonte (du grec,
para, « autour de » et odontos, « dent »). On distingue le parodonte superficiel, représenté par
la gencive (tissu épithélio-conjonctif), et le parodonte profond, constitué du ligament alvéo-
lodentaire (tissu fibreux non minéralisé), de l'os alvéolaire (tissu conjonctif minéralisé) et du
cément (tissu conjonctif minéralisé) (fig. 1.3).
Généralités 1
14
1
13
2
12
3
11
4
10

5
9

6 7 8

Fig. 1.3 Environnement parodontal de la dent, coupe vestibulo-linguale.


1 : épithélium ; 2 : dentine ; 3 : attache épithéliale ; 4 : cément ; 5 : ligament alvéolodentaire ; 6 : os alvéolaire ;
7 : procès alvéolaire ; 8 : muqueuse alvéolaire ; 9 : ligne muco-gingivale ; 10 : épithélium de jonction ; 11 : sillon
marginal ; 12 : épithélium kératinisé ; 13 : gencive libre marginale ; 14 : sillon gingivo-dentaire. Source : Nelson SJ,

Connaissances
et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 121.

1. Le parodonte superficiel : la gencive


On distingue trois types de gencive.

Gencive libre ou marginale 5


La gencive libre est une étroite bandelette festonnée qui borde les collets dentaires. Elle est com-
prise entre le bord libre de la gencive et le sillon marginal qui constitue la limite avec la gencive atta-
chée. Le sillon marginal est une ligne, souvent peu visible, parallèle à la jonction amélo-cémentaire.
La gencive libre sertit les collets dentaires sans y adhérer. Elle est séparée de la surface dentaire
par le sillon gingivo-dentaire qui est fermé à sa base par un épithélium de jonction. Chez
l'adulte, la profondeur de ce sillon est d'environ 1 mm, mais elle peut varier de 0,5 à 2 mm.

Gencive attachée
La gencive attachée est comprise entre le sillon marginal qui la sépare de la gencive libre et la
ligne muco-gingivale qui la sépare de la muqueuse alvéolaire. Elle s'insère sur l'os alvéolaire
sous-jacent et sur le cément supracrestal, ce qui lui confère son immobilité. Elle est kératinisée
et a un aspect granité en « peau d'orange » de couleur rose pâle. Elle se prolonge au-delà de
la ligne muco-gingivale par la muqueuse alvéolaire qui est mobile et non kératinisée.
Chez l'adulte, la hauteur de gencive attachée est variable. Généralement, elle est maximale en
vestibulaire de la région incisive maxillaire et en lingual de la région molaire mandibulaire, et
minimale en vestibulaire de la première prémolaire mandibulaire.
La muqueuse alvéolaire émet des expansions dans la gencive ; ces freins et brides peuvent
venir s'insérer très haut entre les dents et exercer des tractions importantes, responsables de
récessions gingivales, de diastèmes et de déhiscences (fig. 1.4).

Gencive papillaire ou interdentaire


La gencive papillaire se situe au-dessous des points de contact. De forme triangulaire, elle
se compose de gencive libre en regard de la couronne et de gencive attachée à la base de la
papille.
Anatomie dentaire

Fig. 1.4 Frein labial mandibulaire dont l'insertion haute est responsable d'une récession gingivale sur
l'incisive centrale droite (41).

2. Parodonte profond
Ligament alvéolodentaire
Le ligament alvéolodentaire est un tissu conjonctif fibreux non minéralisé et riche en eau. Il
contient des fibres de collagène, des fibroblastes, des cellules mésenchymateuses indifféren-
ciées, des cellules épithéliales de Malassez, des macrophages et des éléments vasculaires et
nerveux.
6 On distingue deux types de fibres de collagène :
• les fibres principales relient le cément à la paroi alvéolaire en s'y insérant. La partie insé-
rée de ces fibres est minéralisée et forme les fibres de Sharpey dont la direction varie
en fonction de la zone alvéolaire. La densité de ces fibres est estimée à 28 000/mm3 de
cément ;
• les fibres secondaires ne s'insèrent pas dans le cément ou l'os. Elles jouent un rôle
­structural en cheminant parmi les éléments nerveux et vasculaires, suivant des directions
aléatoires.
Le ligament alvéolodentaire est le siège d'un remaniement constant, sous le contrôle des fibro-
blastes. Ses rôles sont mécanique, nutritif et sensoriel.

Os alvéolaire
L'os alvéolaire est en continuité avec l'os basal du corps mandibulaire et celui des maxillaires. Il
« se moule » autour des racines pour former les alvéoles dentaires. L'existence de l'os alvéolaire
est intimement liée à celle des dents dont la perte entraîne la disparition des alvéoles dentaires
(fig. 1.5).
L'os alvéolaire est formé d'un os spongieux dont la trabéculation peut être très lâche avec la
présence de nombreuses vacuoles. Il est recouvert, sur les versants vestibulaire et lingual, d'un
os cortical qui est généralement très dense à la mandibule et peu épais au maxillaire.
L'ensemble de la paroi corticale qui recouvre les alvéoles constitue la table alvéolaire (externe
sur le versant vestibulaire et interne sur le versant lingual).
Les alvéoles des dents sont séparées les unes des autres par des septa interdentaires. Au niveau
des molaires, pluriradiculées, les alvéoles sont cloisonnées par des septa interradiculaires. En
regard des alvéoles, sur les faces vestibulaires du maxillaire et du corps mandibulaire, des
proéminences correspondent aux racines dentaires : ce sont les jugums alvéolaires. Ils sont très
peu marqués à la mandibule du fait de l'épaisseur de l'os cortical, mais sont beaucoup plus
visibles au maxillaire.
Généralités 1

Fig. 1.5 Vue antérieure de l'arcade maxillaire. Les alvéoles des incisives centrales sont déshabitées.

Applications cliniques
Pathologie

Connaissances
À la mandibule, généralement sur la face interne de la table alvéolaire, la présence d'un torus est relativement
fréquente (fig. 1.6). Il s'agit d'une excroissance osseuse bénigne, asymptomatique mais qui peut engendrer
une gêne pour le patient ou représenter un obstacle lors de la réalisation de prothèses amovibles. Leur exérèse
est rarement nécessaire.
Analgésie
Dans la région molaire mandibulaire, l'importante épaisseur de la corticale vestibulaire rend l'infiltration
para-apicale inefficace (fig. 1.7).
7
Prothèse
Dans certains cas de résorption extrême à la suite d'avulsions dentaires à la mandibule, le foramen men-
tonnier peut se retrouver au sommet de la crête édentée. Il est impératif de décharger l'intrados de la
prothèse amovible afin d'éviter des douleurs (fig. 1.8).
Endodontie
La faible densité de la trabéculation de l'os spongieux dans la région molaire mandibulaire et la présence de
nombreuses vacuoles favorisent la diffusion de produits d'irrigation et d'obturation endodontiques vers le
nerf et l'artère alvéolaires inférieurs ; ceci engendre un risque de paresthésie labiomentonnière par blessure
chimique ou par compression du paquet vasculo-nerveux (fig. 1.9).

Fig. 1.6 Présence de tori sur les tables alvéolaires internes mandibulaires.


Anatomie dentaire

Fig.  1.7 Section vestibulo-linguale du corps mandibulaire montrant l'importante épaisseur de la


corticale vestibulaire dans la région molaire.

Fig. 1.8 Mandibule sèche édentée. Les foramina mentonniers se situent au sommet de la crête éden-
tée, suite à la résorption osseuse et à la disparition de l'os alvéolaire.

Fig. 1.9 La réalisation d'une fenêtre osseuse latérale sur le corps mandibulaire, au niveau de la région
molaire, montre la présence d'importantes vacuoles au sein de l'os spongieux.
Généralités 1

III. Constitution histologique de la dent


Anatomiquement, la dent est composée de deux parties distinctes : la couronne, recouverte
d'émail et la(les) racine(s) recouverte(s) de cément. La jonction amélo-cémentaire sépare ces
deux parties et constitue le collet anatomique de la dent. La couronne émerge dans la cavité
buccale, tandis que la racine assure l'ancrage dans l'os alvéolaire.
Histologiquement et anatomiquement, l'organe dentaire est constitué de dentine, d'émail, de
pulpe et de cément. L'émail et la dentine, principalement inorganiques ou calcifiés, entourent
le tissu pulpaire, non calcifié, qui contient les structures vasculaires et nerveuses (fig. 1.10).

Email
Couronne
Dentine coronaire
Pulpe coronaire

Dentine radiculaire

Connaissances
Pulpe radiculaire
Cément Racine

Fig. 1.10 Coupe mésio-distale d'une molaire montrant les différents tissus constitutifs d'une dent.
9
A. Dentine
La dentine est un tissu jaunâtre et dur. Elle constitue le corps de la couronne et de la racine. Elle
est composée de 50 % d'hydroxyapatites, de 27 % de protéines et de 23 % de fluides. Ces
éléments s'organisent sous forme de canalicules. Les odontoblastes sont des cellules haute-
ment différenciées, responsables de l'élaboration de la dentine. Leurs corps cellulaires sont dis-
posés en palissade à la périphérie pulpaire et leurs prolongements cytoplasmiques s'étendent
à l'intérieur des canalicules dentinaires.
La dentine primaire est mise en place lors de l'organogenèse. La dentine secondaire est élabo-
rée par les odontoblastes de manière continue et lente, dans des conditions physiologiques et
tout au long de la vie de la dent sur l'arcade.

B. Émail
L'émail est une substance blanche qui recouvre la dentine au niveau de la couronne. Il est
acellulaire, ce n'est donc pas un véritable tissu. Hautement minéralisé, l'émail est la substance
la plus dure de l'organisme humain. Il est constitué à 95 % d'une partie minérale comprenant
essentiellement de l'hydroxyapatite de calcium, à 1 % d'une phase organique (protéines, pro-
téoglycanes, lipides, citrates) et à 4 % d'eau.

C. Pulpe
La dentine contient une cavité centrale occupée par la pulpe qui est scindée en une partie
coronaire, la chambre pulpaire, et une partie radiculaire, les canaux pulpaires. La pulpe est
un tissu conjonctif spécialisé qui assure des fonctions nutritives, sensorielles et de défense de
Anatomie dentaire

l'organe dentaire. Le réseau vasculaire de la pulpe est très abondant. Une ou deux artérioles
pénètrent dans le canal par l'orifice apical situé à l'extrémité de la racine et se ramifient pour
se distribuer à la zone sous-odontoblastique.

D. Cément
Le cément recouvre la surface radiculaire et permet l'ancrage de la dent dans l'os alvéo-
laire par l'intermédiaire du ligament alvéolodentaire. C'est un tissu minéralisé synthétisé
par les cémentoblastes. Il est constitué de fibres de collagène et d'une fraction non
collagénique.
La surface radiculaire est recouverte de cément acellulaire et de cément cellulaire. Le cément
acellulaire est caractéristique des premières couches du cément apposées lors de l'édifica-
tion radiculaire. Il alterne ensuite avec les couches d'un cément cellulaire qui est caractérisé
par la présence de cémentocytes.
Tout au long de la présence de la dent sur l'arcade, sous l'effet de stimulations fonction-
nelles, le cément peut être le siège de remaniements physiologiques ou réactionnels de type
résorption/apposition.

IV. Nomenclature et terminologie


A. Les différentes classes de dents
10
L'Homme possède quatre classes de dents : les incisives, les canines, les prémolaires et les
molaires.
Pour chaque hémi-arcade, on trouve à partir de la ligne médiane :
• les incisives : elles sont au nombre de deux par hémi-arcade. Elles ont un bord coupant et
leur fonction est de sectionner, de prendre ou de tenir ;
• la canine  : elle succède immédiatement aux incisives. Cette dent est seule dans sa
classe, il y en a donc une par hémi-arcade. La canine possède deux bords coupants
qui se rejoignent au sommet de sa cuspide. La canine est à l'angle de l'hémi-arcade et
sépare les dents antérieures (les incisives) des dents postérieures (les prémolaires et les
molaires) ;
• les prémolaires : ces dents sont, par définition, en avant des molaires. Elles possèdent
une face triturante avec des cuspides. Leur couronne est grossièrement cuboïde et,
en général, bicuspidée (bicuspid en anglais). Les prémolaires remplacent les molaires
temporaires ;
• les molaires : ce sont les dents les plus postérieures de l'hémi-arcade. Elles sont pluricuspi-
dées et leur face triturante est étendue. Elles possèdent toujours au moins deux cuspides
du côté vestibulaire.

B. Dentition et denture
La « dentition » est un terme dynamique qui englobe l'ensemble des phénomènes de dévelop-
pement des arcades dentaires : origine, minéralisation, croissance, éruption, vieillissement et
remplacement des dents.
La « denture » est un terme qui désigne l'ensemble des dents présentes dans la cavité buccale
à un temps donné. On l'utilise pour décrire un état.
Généralités 1
1. Dentitions
Le système dentaire de l'Homme comporte deux dentitions successives : il est diphyodonte.
Chacune des dentitions comporte un nombre réduit de dents (oligodontie) qui possèdent
une morphologie variée (hétérodontie) au sein de la même denture. La forme des dents
présente des degrés de complexité variés (plexodontie). Ces dents sont implantées sur les os
maxillaires et sur la mandibule. Leur mode de croissance est exclusivement limité et le mode
de remplacement des dents temporaires de la première dentition est vertical (la dent de rem-
placement se forme sous la dent fonctionnelle).

Première dentition
Elle dépend de la maturation des éléments dentaires nés de la première lame dentaire. Elle met
en place trente-deux dents : huit incisives, quatre canines, vingt molaires.

Seconde dentition
Elle donne vingt dents nées de la deuxième lame dentaire : huit incisives, quatre canines, huit
prémolaires.
Les dents qui appartiennent à la première dentition vont, pour certaines d'entre elles, être

Connaissances
remplacées par les dents de la deuxième dentition.
Afin de schématiser ce phénomène, nous allons recourir aux formules dentaires qui donnent
le nombre de dents par classe et par hémi-maxillaire. Les lettres minuscules sont utilisées pour
désigner les dents temporaires, les lettres majuscules pour les dents permanentes.
La première dentition donne :
2 1 2 3 8
i c m M = ´ 2 = 32 dents
2 1 2 3 8
11
La deuxième dentition donne :
2 1 2 5
I C P = ´ 2 = 20 dents
2 1 2 5

2. Dentures
L'Homme possède normalement trois dentures successives du fait du remplacement des dents
temporaires par les dents permanentes.

Denture temporaire
De l'âge de 6 mois à l'âge de 6 ans, l'enfant ne possède dans la cavité buccale que des dents
issues de la première dentition, et toutes ces dents sont temporaires.
La formule dentaire en denture temporaire est donc :
2 1 2 5
i c m = ´ 2 = 20 dents
2 1 2 5

Denture mixte
De l'âge de 6 ans (date d'apparition de la première dent permanente) jusqu'à la chute de la
dernière dent temporaire (11–12 ans), des dents temporaires et permanentes cohabitent au
sein des arcades dentaires. Cette denture est dite mixte.

Denture permanente
À partir de la chute de la dernière dent temporaire, toutes les dents présentes en bouche sont
permanentes. Les incisives, canines et prémolaires sont issues de la deuxième dentition, tandis
que les molaires sont issues de la première dentition.
Anatomie dentaire

La formule dentaire en denture permanente est donc :


2 1 2 3 8
I C P M = ´ 2 = 32 dents
2 1 2 3 8
Les vingt dents permanentes qui proviennent de la deuxième lame dentaire sont des dents
de remplacement et sont appelées dents diphysaires ou successionnelles. Les douze
molaires permanentes issues de la première lame dentaire ne sont pas remplacées : ce sont les
molaires monophysaires. Associées aux vingt dents temporaires, elles constituent les dents
accessionnelles.
Les dents temporaires sont encore appelées dents de lait, dents caduques, dents déciduales.
Les dents permanentes sont parfois qualifiées de définitives.

C. Nomenclatures et codes d'appellation


Les dents sont alignées selon deux arcades dentaires, une arcade maxillaire et une arcade
mandibulaire. Le plan sagittal médian divise chaque arcade en deux hémi-arcades (droite et
gauche) appelées également quadrants.

1. Formules dentaires
La formule dentaire résume le contenu et la nature des dents présentes sur les hémi-arcades
d'un même côté. Les lettres minuscules sont utilisées pour les dents temporaires et les lettres
majuscules pour les dents permanentes.
Formule dentaire temporaire :
12 2 1 2
i c m
2 1 2
Formule dentaire permanente :
2 1 2 3
I C P M
2 1 2 3
Formule dentaire mixte d'un enfant de 8 ans :
2 1 2 1
I c m M
2 1 2 1
Une formule dentaire complète peut également être schématisée par une croix représentant
les quatre quadrants sur lesquels sont notées les différentes dents présentes en bouche à l'aide
de chiffres arabes allant de  1 à  8 pour les dents permanentes et de chiffres romains allant
de I à V pour les dents temporaires.
Les quadrants sont représentés comme si l'on regardait le patient en face. Ainsi :
• en haut à gauche du schéma : quadrant maxillaire droit ;
• en haut à droite du schéma : quadrant maxillaire gauche ;
• en bas à gauche du schéma : quadrant mandibulaire droit ;
• en bas à droite du schéma : quadrant mandibulaire gauche.

2. Nomenclature anatomique
Cette nomenclature désigne chaque dent par sa dénomination anatomique complète
(fig. 1.11), en incluant :
• sa classe (incisive, canine, prémolaire, molaire) ;
• son espèce (incisive centrale/latérale, première/deuxième prémolaire, première/deuxième/
troisième molaire) ;
Généralités 1
• son arcade (maxillaire/mandibulaire) ;
• sa latéralité (droite/gauche) ;
• sa denture temporaire/permanente.

Ainsi, et à titre d'exemple, selon cette nomenclature, nous parlerons de :


• la deuxième prémolaire maxillaire gauche ;
• la première molaire mandibulaire droite permanente ;
• l'incisive latérale maxillaire gauche permanente ;
• la première molaire maxillaire droite temporaire.

Connaissances
13

Fig. 1.11 Dents permanentes chez l'Homme, nomenclature anatomique.

3. Nomenclature internationale officielle de la FDI et de l'OMS


(Norme ISO 3950)
La nomenclature officielle est issue de la norme ISO 3950 établie par la Fédération dentaire
internationale (FDI), acceptée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la caisse pri-
maire d'assurance maladie (CPAM).
Une nouvelle édition de cette norme, publiée en mars 2016 et élaborée par le comité tech-
nique ISO/TC 106, Art dentaire, sous-comité SC 3, Terminologie, annule et remplace l'édition
de 2009.
Le système de codage décrit dans la nouvelle norme internationale a été établi dans le but de
répondre aux exigences suivantes :
• simple à comprendre et à enseigner ;
• facile à prononcer lors de la conversation ou de la dictée ;
• aisément communicable sous forme imprimée et câblée ;
• facile à transformer en « entrées » d'ordinateurs ;
• facilement adaptable aux diagrammes normalement utilisés en pratique dentaire générale.
La seule nomenclature utilisable aujourd'hui en clinique, en recherche et en santé publique est
issue de la norme ISO 3950:2016, Médecine bucco-dentaire – Code de désignation des dents
et des régions de la cavité buccale.
Anatomie dentaire

La norme ISO 3950 précise la localisation selon des codes :


• 00 correspond à la cavité buccale entière ;
• 01 correspond à l'arcade maxillaire ;
• 02 correspond à l'arcade mandibulaire.

Les arcades peuvent être divisées en quadrants (10-20-30-40) :


• quadrant no 10 correspondant aux dents no 18-17-16-15-14-13-12-11 ;
• quadrant no 20 correspondant aux dents no 21-22-23-24-25-26-27-28 ;
• quadrant no 30 correspondant aux dents no 31-32-33-34-35-36-37-38 ;
• quadrant no 40 correspondant aux dents no 48-47-46-45-44-43-42-41.

Les arcades peuvent être divisées en sextants (03-04-05-06-07-08) :


• sextant no 03 correspondant aux dents no 18-17-16-15-14 ;
• sextant no 04 correspondant aux dents no 13-12-11-21-22-23 ;
• sextant no 05 correspondant aux dents no 24-25-26-27-28 ;
• sextant no 06 correspondant aux dents nno 34-35-36-37-38 ;
• sextant no 07 correspondant aux dents no 43-42-41-31-32-33 ;
• sextant no 08 correspondant aux dents no 48-47-46-45-44.

Dents permanentes (fig. 1.12)

14

Dents permanentes chez l'Homme, nomenclature internationale.


Source : Nelson SJ, et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 5.

18 17 16 15 14 13 12 11 21 22 23 24 25 26 27 28
48 47 46 45 44 43 42 41 31 32 33 34 35 36 37 38

Fig. 1.12
Généralités 1
Dents temporaires (fig. 1.13)

Connaissances
15

Fig. 1.13 Dents temporaires chez l'Homme, nomenclature internationale.


Source : Nelson SJ, et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 3.

55 54 53 52 51 61 62 63 64 65
85 84 83 82 81 71 72 73 74 75

4. Nomenclatures historiques
Nomenclature dentaire universelle
Cette numérotation est encore utilisée aux États-Unis. Elle consiste à numéroter les dents en
commençant par la troisième molaire maxillaire droite qui porte le numéro 1 et en terminant
par la troisième molaire mandibulaire droite qui porte le numéro 32.

Nomenclature de Palmer
Cette nomenclature est encore utilisée au Royaume-Uni. Elle associe le numéro du site de la
dent sur l'hémi-arcade au quadrant auquel elle appartient.
Pour les dents permanentes :
• 1 : incisive centrale ;
• 2 : incisive latérale ;
• 3 : canine ;
• 4 : première prémolaire ;
Anatomie dentaire

• 5 : deuxième prémolaire ;


• 6 : première molaire ;
• 7 : deuxième molaire ;
• 8 : troisième molaire.
Pour les dents temporaires :
• I : incisive centrale ;
• II : incisive latérale ;
• III : canine ;
• IV : première molaire ;
• V : deuxième molaire.
Le numéro de la dent est associé à un demi-cadre qui schématise le quadrant considéré.
Ce système permet de transcrire rapidement le numéro et le repérage topographique de la
dent, mais il est totalement inadapté à une utilisation numérique.

Nomenclature stomatologique
Cette nomenclature reprend la numérotation des dents issue de la nomenclature de Palmer
(1 à 8 pour les dents permanentes et I à V pour les dents temporaires). Le repérage topogra-
phique se fait à l'aide d'une lettre majuscule ou minuscule représentant le quadrant, placée
devant le numéro de la dent :
• D : hémi-arcade maxillaire droite ;
• G : hémi-arcade maxillaire gauche ;
• d : hémi-arcade mandibulaire droite ;
• g : hémi-arcade mandibulaire gauche.
16
Ainsi, selon cette nomenclature :
• G.5 est la deuxième prémolaire maxillaire gauche ;
• d.6 est la première molaire mandibulaire droite permanente ;
• G.2 est l'incisive latérale maxillaire gauche permanente ;
• D.IV est la première molaire maxillaire droite temporaire.
Comme le précédent, ce système permet de transcrire rapidement le numéro et le repé-
rage topographique de la dent, mais il est également totalement inadapté à une utilisation
numérique.

5. Nomenclature paléontologique des cuspides


L'étude du système dentaire d'espèces zoologiques actuelles ou disparues a permis à Cope et
Osborn (théorie du trituberculisme), puis à Grégory (théorie du néotrituberculisme) d'établir
un code d'appellation des cuspides des dents jugales en établissant un schéma évolutif du
système dentaire des Vertébrés, des formes primitives aux Mammifères.
D'une manière simplifiée et résumée, on peut dire que les espèces les moins différenciées ont
des dents simples et coniques. La cuspide unique qui constitue toutes les dents est appelée
« cône » au maxillaire et « conide » à la mandibule. Puis se différencient les cuspides de part
et d'autre du cône principal : « paracône » et « paraconide » du côté mésial, « métacône » et
« métaconide » du côté distal. Enfin, cette dent à trois cônes se dispose en triangle à sommet
lingual (protocône) au maxillaire et à sommet vestibulaire à la mandibule (protoconide). Sur le
flan distal de ces dents triangulaires peuvent se différencier des cuspides qui sont plus basses :
Généralités 1

Prd
Med
Pr

Pr End
Prd
Pa Med
Pr End Hyd

Hy Hycld
Pa Med
Prd
Pr
End
Mé Hyd
Hy
Pa Med Prd
Pr
End Hyd

Hy Hycld

Fig. 1.14 Nomenclature paléontologique des cuspides.

Connaissances
« l'hypocône » au maxillaire, « l'hypoconide » et « l'entoconide » à la mandibule. Sur la face
vestibulaire sont parfois appendus des tubercules : « styles » ou « stylides ». Entre les rangées
cuspidiennes vestibulaire et linguale apparaissent d'une façon inconstante des cuspides inter-
médiaires : « conules » ou « conulides ».
Cette nomenclature est encore couramment utilisée aujourd'hui par les spécialistes bien que 17
les homologies qu'elle évoque ne soient plus reconnues (fig. 1.14).

D. Orientation dans l'espace


Un élément anatomique peut être situé par rapport aux trois plans de l'espace :
• le plan sagittal médian sépare les côtés droit et gauche du corps. Les plans sagittaux sont
innombrables et tous parallèles au plan sagittal médian ;
• le plan horizontal est parallèle au sol. Les coupes anatomiques effectuées dans ce plan sont
dites transversales ou axiales ;
• le plan frontal est parallèle au front.
Les dents présentent la particularité d'être alignées sur des arcades de forme elliptique. Toutes
les faces dentaires sont donc repérées en fonction de la position normale de la dent sur l'arcade
(fig. 1.15). Chaque dent peut être symbolisée par un parallélépipède présentant (fig. 1.16) :
• une face vestibulaire tournée vers le vestibule, c'est-à-dire vers les lèvres pour les dents
antérieures et les joues pour les dents postérieures ;
• une face linguale tournée vers la langue, c'est-à-dire vers l'intérieur de la cavité orale. Elle
est opposée à la face vestibulaire ;
• une face mésiale tournée vers le milieu de l'arcade ;
• une face distale opposée à la face mésiale et tournée vers l'extrémité de l'arcade ;
• une face occlusale tournée vers l'arcade antagoniste.

Pa
Anatomie dentaire

Ligne médiane
1
2

e
ian

l
sia
éd
3


Lin

em
gu
al

lign

Ves
4

e la

ne

t
ibu
édia
ce d

lair
em
stan

e
5

a lign
À di

Vers l 6
Distal

Fig. 1.15 Nomenclature des faces dentaires.


Source : Nelson SJ, et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 6.

18

Fig. 1.16 Nomenclature des faces de la deuxième prémolaire maxillaire gauche.

Les faces mésiale et distale sont souvent regroupées sous le terme de « faces proximales ».
Les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale constituent des « faces axiales ».
Toute dent présente donc à décrire :
• quatre faces axiales verticales : les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale ;
• une face horizontale : la face occlusale ou le bord incisif (pour les incisives).
CHAPITRE

2
Anatomie descriptive
des dents humaines

Généralités

I. Anatomie externe

Connaissances
La dent est constituée d'une couronne et d'une ou plusieurs racines (fig. 2.1).

Apex

19
Racine Tronc radiculaire
Furcation
Collet

Racines

Couronne

Apex

Fig. 2.1 Anatomie externe d'une dent monoradiculée (A) et d'une dent pluriradiculée (B).


Source : Nelson SJ, et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 7 et 8.

A. Couronne
1. Couronne anatomique et couronne clinique
La couronne anatomique est la partie de la dent qui est recouverte d'émail. Elle est séparée
de la racine anatomique par la jonction amélo-cémentaire.
La couronne clinique est la partie de la dent qui est visible dans la cavité orale.
• Chez un sujet adulte jeune, dont la gencive est saine, le bord gingival suit la ligne amélo-
cémentaire ; couronne anatomique et couronne clinique se confondent.
• Chez un sujet âgé présentant des récessions gingivales, le bord gingival migre vers l'apex,
exposant ainsi la jonction amélo-cémentaire. La couronne clinique devient alors plus haute
que la couronne anatomique (fig. 2.2).
Couronne

A B Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

Fig. 2.2 Chez l'adulte, en présence de récessions gingivales, la hauteur des couronnes cliniques peut
devenir supérieure à celle des couronnes anatomiques.

20

Fig. 2.3 Chez l'enfant en denture temporaire, la hauteur des couronnes cliniques est inférieure à celle
des couronnes anatomiques.

• Chez un enfant, si on considère une dent n'ayant pas achevé son éruption, la gencive
recouvre en grande partie la couronne. La hauteur de la couronne clinique est alors réduite
par rapport à celle de la couronne anatomique (fig. 2.3).

2. Éléments constitutifs de la couronne


La couronne est constituée d'un assemblage de surfaces convexes et concaves dont les noms
varient en fonction de la classe dentaire ou de la topographie.
La terminologie utilisée est largement inspirée de celle de G.V. Black (1836–1915), anatomiste
dentaire américain considéré comme l'un des fondateurs de la dentisterie moderne, qui a
défini les constituants de l'anatomie dentaire par analogie avec la terminologie topographique
qui, elle, permet de décrire une portion d'espace terrestre.

Surfaces convexes
Cuspides
Une cupside est une élévation de forme et de volume variables, présente sur la face occlusale.
Le nombre et la situation des cuspides permettent de définir la classe des canines, des prémo-
laires et des molaires.
Les canines ne possèdent qu'une cuspide, ce sont des dents monocuspidées (cuspid en anglais).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Les prémolaires possèdent toujours au moins deux cuspides, mais toujours une seule du côté
vestibulaire. Si des cuspides supplémentaires existent, elles sont toujours du côté lingual. Les
Anglo-Saxons les nomment bicuspid (fig. 2.4).
Les molaires possèdent toujours au moins trois cuspides, dont toujours au moins deux cus-
pides du côté vestibulaire. Avec les prémolaires, ce sont des dents pluricuspidées.
Une cuspide peut être représentée par une pyramide quadrangulaire comportant deux
versants :
• un versant externe, vestibulaire (cuspide vestibulaire) ou lingual (cuspide linguale) ;
• un versant interne, occlusal (fig. 2.5).
Ces versants sont séparés par la crête cuspidienne mésio-distale. Chaque versant cuspidien est
lui-même composé de deux pans, l'un mésial et l'autre distal, séparés par l'arête vestibulaire
ou linguale de la crête cuspidienne vestibulo-linguale.

Tubercules
Un tubercule est une élévation de forme et de volume variables, présente sur une face autre
que la face occlusale.

Connaissances
Cuspide vestibulaire

21
Cuspide linguale

Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire gauche (24).

Versant externe de la
cuspide V

an mésial Pan distal

Pan mésial
Versant interne de la
cuspide V
Pan distal

Crête cuspidienne mésio-distale


Crête cuspidienne vestibulo-linguale

Fig. 2.5 Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire gauche (24) : éléments constitutifs


de la cuspide.
Fig. 2.4
P
Anatomie dentaire

Exemples :
• le cingulum est un tubercule présent sur la face linguale des incisives et canines (fig. 2.6) ;
• le tuberbule de Carabelli est fréquemment présent sur la face linguale de la cuspide mésio-
linguale de la première molaire maxillaire permanente (fig. 2.7) ;
• le tubercule de Bölk est parfois présent sur la face vestibulaire des deuxième et troisième
molaires maxillaires permanentes.

Fig. 2.6 Vue linguale de l'incisive latérale maxillaire droite (12) montrant le cingulum (flèche rouge).

22

Vue occlusale de la première molaire maxillaire droite (16) montrant le tubercule de Carabelli


(flèche rouge).

Crêtes
Les crêtes sont des éminences de forme allongée, présentes sur différentes faces dentaires. Il
en existe trois types.

Crêtes marginales
Les crêtes marginales sont des élévations linéaires présentes sur la face occlusale des prémo-
laires et molaires (fig. 2.8) et sur la face linguale des incisives et canines.
Elles limitent, en mésial et en distal, la face occlusale des prémolaires et molaires et la face
linguale des incisives et canines.
Elles présentent une arête marginale qui sépare le pan mésial du pan distal de la crête.

Crêtes cuspidiennes
Les crêtes cuspidiennes sont présentes sur la face occlusale des dents cuspidées. Chaque
­cuspide comporte :
• une crête mésio-distale, composée elle-même d'une arête mésiale et d'une arête distale, de
part et d'autre du sommet cuspidien ;
Fig. 2.7
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Crêtes marginales

Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire gauche (24).

Connaissances
Arête mésiale Arête distale

23

Fig. 2.9 Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire gauche (24).

estibulaire

Arête occlusale
Crête cuspidienne
vestibulo-linguale
Arête occlusale
Arête linguale

Fig. 2.10 Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire gauche (24).

• une crête vestibulo-linguale, composée elle-même :


– d'une arête vestibulaire et d'une arête occlusale, pour une cuspide vestibulaire,
Crête cuspidienne mésio-distale

– d'une arête linguale et d'une arête occlusale, pour une cuspide linguale,
Fig. 2.8

– d'une arête vestibulaire et d'une arête linguale, pour une canine (fig. 2.9 et 2.10).
Arête v
Anatomie dentaire

Crêtes occlusales
Les crêtes occlusales sont formées par la réunion et l'alignement des arêtes cuspidiennes occlu-
sales (fig. 2.11). Elles sont de deux types :
• les crêtes transversales constituées par la réunion des arêtes occlusales qui joignent le som-
met d'une cuspide vestibulaire à celui d'une cuspide linguale sur les prémolaires et les
molaires mandibulaires ;
• les crêtes obliques constituées par la réunion des arêtes occlusales qui joignent le sommet de
la cuspide mésio-linguale à celui de la cuspide disto-vestibulaire sur les molaires maxillaires.

Crête transversale Crête oblique

Fig. 2.11 Vue occlusale de la deuxième prémolaire et de la première molaire maxillaires gauches (25 et 26).

24
Application clinique : face occlusale et table occlusale
des dents pluricuspidées
La face occlusale est limitée par la ligne du plus grand contour. Cette ligne continue passe par tous les
points les plus saillants de la couronne en vue occlusale (véritable équateur de la couronne, elle passe par
les points les plus convexes des faces vestibulaire et linguale, par les points de contact mésial et distal et
par les lignes de transition entre les faces axiales).
La table occlusale, elle, est enfermée à l'intérieur de la ligne continue constituée par l'alignement des crêtes
cuspidiennes mésio-distales et des arêtes marginales. La surface de la table occlusale occupe environ 60 % de la
surface occlusale des dents cuspidées. À l'intérieur de la face occlusale, la table occlusale est déportée du côté
vestibulaire pour les dents maxillaires et lingual pour les dents mandibulaires (fig. 2.12).
Entre la ligne du plus grand contour et la ligne de contour cervical de la couronne, se trouve limitée la portion cer-
vicale de la couronne et, de l'autre côté de la ligne du grand contour, la portion occlusale de la couronne (fig. 2.13).

D M

L Ligne du plus grand contour


Table occlusale

Fig. 2.12 Vue occlusale de la première molaire maxillaire droite (16).


V
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V L D M

M V

Fig. 2.13 La ligne du plus grand contour sépare les portions cervicale (hachurée) et occlusale de la
couronne.

Surfaces concaves
Sillons
Les sillons sont des dépressions longitudinales qui naissent généralement de la juxtaposition
d'éléments coronaires convexes. On les rencontre sur les faces occlusales, vestibulaires et lin-
guales des dents.
Sillons principaux

Connaissances
Un sillon intercuspidien, ou sillon principal, est un sillon qui sépare deux cuspides. Il peut être
de deux types :
• sillon principal central : il a une direction mésio-distale et sépare les cuspides vestibulaires
et linguales ;
• sillon principal périphérique : il a une direction principale vestibulo-linguale et sépare les
cuspides mésiales et distales (fig. 2.14).

Sillon principal périphérique 25


(vestibulo-lingual)

Sillon principal central


(mésio-distal)

Vue occlusale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Sillons accessoires (ou secondaires)


Les sillons accessoires ou secondaires sont présents sur les pans cuspidiens occlusaux et sub-
divisent les versants cuspidiens en lobes cuspidiens. Ils ont un dessin caractéristique : quittant
le sillon principal, ils remontent en venant mourir sur le pan cuspidien et peuvent se ramifier
à leur extrémité ; ils scindent alors le versant occlusal de la cuspide en un lobe médian et deux
lobes latéraux.
Ces sillons accessoires traversent fréquemment, en les fragmentant, les crêtes marginales.
Ils sont impliqués dans la mastication en facilitant l'échappement des aliments du
fond des sillons principaux vers les sommets cuspidiens ou vers les crêtes marginales
(fig. 2.15).

Fig. 2.14
Anatomie dentaire

Fig. 2.15 Vue occlusale de la première molaire maxillaire gauche (26).

Fosses
Les fosses caractérisent les faces occlusales des dents pluricuspidées. Elles peuvent être de
deux types.
Fosses centrales
Elles se situent au centre de la table occlusale, à l'intersection formée par deux sillons princi-
paux (central et périphérique).

26 Fosses marginales
Elles se situent aux extrémités mésiale et distale d'un sillon principal central, à son intersection
avec une crête marginale (fig. 2.16).

Fosse centrale

Fosses marginales

Vue occlusale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Fossettes
Les fossettes sont des dépressions plus ou moins anfractueuses situées sur les faces vestibu-
laires ou linguales de toutes les dents (fig. 2.17 et 2.18). Exemples :
• sur la face linguale de l'incisive latérale maxillaire, à la jonction entre le cingulum et les
crêtes marginales ;
• sur la face vestibulaire des molaires, le sillon principal périphérique vestibulaire se termine
dans une fossette vestibulaire.
Fig. 2.16
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.17 Vue linguale de la première molaire maxillaire gauche (26).

Connaissances
27

Fig. 2.18 Vue linguale de l'incisive latérale maxillaire gauche (22).

B. Collet anatomique et collet physiologique


Le collet anatomique, également appelé ligne cervicale, sépare la couronne anatomique recou-
verte d'émail, de la racine anatomique recouverte de cément : c'est la jonction amélo-cémentaire.
Cette ligne est sinueuse et circonscrit la dent en marquant la frontière entre la couronne et la racine.
La gencive sertit la dent au niveau de son collet. Le feston gingival, qui limite la gencive libre
et comble les espaces interdentaires, dessine et fixe la hauteur du collet physiologique sur
la dent à un niveau qui est variable par opposition au collet anatomique dont la position est
invariable. Le collet physiologique situe la limite entre la couronne clinique et la racine clinique.

C. Racine
La forme générale d'une racine est celle d'un cône dont la base, cervicale, est le collet et dont
le sommet, apical, est l'apex.
À l'apex de la racine se trouve l'orifice, ou foramen apical, qui livre passage au pédicule
vasculo-nerveux pulpaire.
La longueur de la racine est généralement supérieure à la hauteur de la couronne.
La surface radiculaire est le plus souvent lisse, mais elle peut présenter des sillons, des dépres-
sions ou des crêtes.
En coupe axiale, elle peut être arrondie, ovalaire ou aplatie dans la direction vestibulo-linguale
ou mésio-distale.
L'axe de la racine peut être :
• aligné ou angulé en vestibulaire, lingual, mésial ou distal par rapport à celui de la couronne ;
• courbe, torsadé ou en baïonnette.
Anatomie dentaire

L'apex peut être pointu, arrondi, en battant de cloche, en crochet…


Le nombre de racines varie selon les dents :
• les dents qui n'ont qu'une seule racine sont dites monoradiculées ;
• les dents qui ont plusieurs racines sont dites pluriradiculées.
Pour les dents pluriradiculées, la région où les racines se séparent est appelée la furcation ou, plus pré-
cisément, la bifurcation en présence de deux racines ou la trifurcation en présence de trois racines.
L'espace compris entre les racines s'appelle l'embrasure inter-radiculaire. Elle est occupée
par l'os alvéolaire chez un individu sain.
Entre la ligne cervicale et la furcation, les racines forment un tronc radiculaire plus ou moins
développé selon le degré et le niveau de leur séparation. À partir de la furcation, les racines
peuvent entretenir divers rapports :
• elles peuvent être séparées avec des axes qui divergent, convergent ou sont parallèles ;
• elles peuvent être fusionnées deux à deux ou toutes ensemble ;
• elles peuvent être accolées.
Il peut y avoir des racines supplémentaires, par division de l'une des racines principales ou par
adjonction d'une racine supplémentaire.

D. Espace interdentaire, embrasures et point de contact


Les dents sont organisées en arcades. Les surfaces proximales de deux dents adjacentes
s'articulent par l'intermédiaire d'un point de contact qui est défini comme étant l'intersec-
tion de surfaces distinctes appartenant à deux dents voisines d'une même arcade dentaire.
Le point de contact interdentaire évolue avec l'âge et en fonction des dents concernées. Il est
28 soumis à des phénomènes d'attrition interproximale. La laxité des fibres desmodontales auto-
risant de petits déplacements d'une dent contre une autre, le contact proximal, punctiforme
lors de la mise en place des dents sur l'arcade, devient progressivement surfacique avec l'âge
en se transformant en surface de contact.
Les surfaces dentaires adjacentes déterminent un espace interdentaire réparti tout autour du
point de contact.
Cet espace interdentaire peut être divisé en quatre volumes qui ont chacun une forme
de pyramide : ce sont les embrasures (fig. 2.19). Le point de contact est au sommet de
chacune de ces embrasures :
• vestibulaire ;
• linguale ;
• cervicale ou gingivale, dont le point de contact représente la limite occlusale ;
• occlusale, dont le point de contact représente la limite cervicale.

3 1

Fig. 2.19 Embrasures : vestibulaire (1) ; occlusale (2) ; 3 : linguale (3) ; cervicale ou gingivale (4).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
L'embrasure cervicale ou gingivale est occupée par la papille gingivale interdentaire,
constituée d'une portion vestibulaire et d'une portion linguale reliées par le col gingival.
Chez le sujet jeune, elle s'adapte intimement aux parois proximales des dents adjacentes
jusqu'en dessous du point de contact. Chez le sujet plus âgé, l'espace interdentaire tend à
être déshabité : la papille s'affaisse en s'arrondissant et la crête osseuse alvéolaire interden-
taire sous-jacente s'émousse en entraînant les attaches épithéliale et conjonctive avec elle.

Les embrasures entourent le point de contact


Le point de contact étant toujours plus occlusal et plus vestibulaire sur les faces proximales :
• en vue occlusale, l'embrasure vestibulaire est toujours plus largement ouverte et moins profonde que
l'embrasure linguale ;
• en vue vestibulaire ou linguale, l'embrasure occlusale est toujours plus largement ouverte et moins
haute que l'embrasure cervicale.

E. Division topographique à des fins descriptives

Connaissances
La division schématique d'une couronne ou d'une racine en tiers permet de mieux situer
dans leur description les éléments caractéristiques de la dent : point de contact, maximum de
convexité… (fig. 2.20).
Les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale de la couronne peuvent être divisées :
• par des lignes horizontales en 1/3 cervical, 1/3 moyen et 1/3 occlusal ;
• par des lignes verticales en 1/3 mésial, 1/3 moyen et 1/3 distal.
29
La hauteur de la racine peut être divisée par des lignes horizontales en 1/3 cervical, 1/3 moyen
et 1/3 apical.

Apical

Moyen

Cervical
Cervical
Vestibulaire
Lingual
Moyen
Moyen
Mésial

Moyen
Distal

Occlusal
Moyen

Mésial
Distal

Vestibulaire

Occlusal
Lingual
Moyen

Moyen
Cervical

Fig. 2.20 Division topographique des faces dentaires.


Source : Nelson SJ, et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 9.
Anatomie dentaire

II. Anatomie interne


A. Anatomie topographique des tissus constitutifs
de l'organe dentaire
L'anatomie interne étant en constante évolution tout au long de la vie de la dent sur l'arcade,
le lecteur se reportera aux notions du chapitre 1 sur la constitution histologique de la dent,
aux notions de croissance de l'organe dentaire (croissance et exfoliation) et de vieillissement
du chapitre 3 et enfin aux notions de biomécanique du chapitre 4 complémentaires à cette
anatomie topographique interne et de répartition des tissus de l'organe dentaire.

1. L'émail
L'épaisseur de l'émail est maximale en regard des bords incisifs et des sommets cuspidiens.
Elle peut atteindre 2,5 mm à l'aplomb des sommets cuspidiens des molaires permanentes
(voir fig. 1.10, page 9) et diminue progressivement en direction du collet où elle se termine
en une lame de quelques microns. L'émail présente des replis qui correspondent aux reliefs
externes de la couronne : cingulum des incisives et canines, sillons des prémolaires et molaires.
L'émail des dents temporaires est réduit de moitié par rapport à celui des dents permanentes.
L'émail étant une structure acellulaire, il ne subit pas de remaniements qui viseraient à com-
penser son usure ou sa perte par traumatisme ou atteinte carieuse.

2. La dentine
30 La dentine est le tissu qui constitue majoritairement l'organe dentaire sous la forme d'un
volumineux noyau dentinaire corono-radiculaire.
Les contours externes (amélaire et cémentaire) du noyau dentinaire, intimement liés à la couche
la plus profonde d'émail et de cément sont définitivement fixés lors de l'odontogenèse. À sa
frontière avec l'émail, la dentine reproduit très grossièrement et d'une manière très frustre, les
reliefs coronaires (cuspide, bord incisif, cingulum, contours axiaux).
Au niveau du collet, il n'y a pratiquement pas de rupture de direction entre les contours axiaux
coronoraires et radiculaires.
La pulpe dentaire contenue dans la cavité pulpaire creusée au coeur du noyau dentinaire est
responsable de l'édification dentinaire centripète. Contrairement à ses contours externes, les
contours internes, pulpaires, du noyau dentinaire sont le siège d'une activité permanente. Tant que
la pulpe est vivante, la dentine se remanie en permanence par des processus d'apposition/résorp-
tion, modifiant ainsi les contours internes de la cavité pulpaire. Ces remaniements peuvent être
physiologiques ou répondre à des phénomènes traumatiques, pathologiques ou thérapeutiques.
L'apposition physiologique de dentine secondaire a pour effet de réduire progressivement le
volume pulpaire, tandis que l'apposition de dentine réactionnelle se fait en regard de l'agent
causal (carie par exemple).
Des phénomènes de résorption de la dentine peuvent avoir une origine interne et affecter la
surface de la dentine péri-pulpaire en réponse à une inflammation chronique de la pulpe, ou,
suite à un traumatisme, avoir une origine externe sous la forme d'une lyse tissulaire de type
ostéoclastique qui affecte la surface radiculaire.

3. Le cément
L'épaisseur du cément est d'environ 20 à 50 μm au niveau cervical. Elle augmente progressi-
vement en direction apicale jusqu'à atteindre 50 à 200 μm.
Les remaniements cémentaires correspondent à des processus d'apposition/résorption qui se
manifestent en réponse à des sollicitations locales d'origine dentaire ou parodontale.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le cément s'appose physiologiquement tout au long de la vie de la dent sur l'arcade, que la
pulpe soit vivante ou non. Cette apposition est minimale au niveau cervical et augmente en
direction de l'apex. Elle permet de compenser l'usure occlusale de la couronne.

4. La jonction émail/cément
Au niveau du collet, la jonction entre l'émail et le cément peut se faire selon plusieurs modalités :
• L'émail et le cément s'affrontent par un contact en bout à bout.
• L'émail et le cément ne se rejoignent pas, mettant à nu le tissu dentinaire et constituant
ainsi un facteur d'hyperesthésie et de vulnérabilité à l'attaque carieuse
• Le cément recouvre l'émail, créant alors une hétérogénéité de la surface dentaire et une
susceptibilité à la rétention de plaque.
Ces trois configurations peuvent se retrouver sur une même dent.

B. Anatomie de la cavité pulpaire

Connaissances
La pulpe est un tissu conjonctif, constitué notamment par les éléments cellulaires et vasculo-
nerveux de la dent ; elle occupe la cavité pulpaire qui est une cavité dentinaire étendue dans
la couronne et dans la racine.

1. Cavité pulpaire coronaire


Dans la couronne, la cavité pulpaire prend le nom de chambre pulpaire et contient la pulpe
31
coronaire. La chambre pulpaire, comme la couronne, présente quatre parois axiales : vestibulaire,
linguale, mésiale et distale. La paroi parallèle à la face occlusale de la dent est le plafond pulpaire.
Il est limité par la ou les cornes pulpaires qui pointent en direction des sommets cuspidiens ou
du bord incisif. Il existe généralement autant de cornes pulpaires que de cuspides ou d'éminences.
Par exemple, la chambre pulpaire d'une incisive centrale maxillaire d'un sujet jeune comporte
trois cornes pulpaires en regard des trois lobes du bord incisif.
La forme générale de la chambre pulpaire en vue occlusale est calquée sur celle du contour
occlusal : triangulaire pour les incisives et canines, ovalaire pour les prémolaires et quadrangu-
laire pour les molaires.
Pour les molaires, la chambre pulpaire est parfaitement définie. Elle est grossièrement cuboïde
avec un plafond, quatre parois axiales et une paroi cervicale, le plancher pulpaire. Le plafond
porte les cornes pulpaires en regard des sommets cuspidiens et le plancher s'ouvre aux orifices
d'entrée des canaux.

2. Cavité pulpaire radiculaire


Dans la racine, le canal pulpaire contient la pulpe radiculaire. À l'extrémité de la racine,
la cavité pulpaire communique avec le parodonte péri-apical par le foramen apical qui livre
passage aux éléments vasculo-nerveux de la dent (fig. 2.21).
Il existe plusieurs types de canaux pulpaires :
• les canaux principaux : ils partent de la chambre pulpaire et se terminent dans la région apicale ;
• les canaux latéraux : ils partent du canal principal et se terminent à distance de la région
apicale. Pour les molaires, ils peuvent exister au niveau de la furcation : ils relient alors la
pulpe camérale à la région inter-radiculaire. Ce sont les canaux latéraux inter-radiculaires ;
• les canaux terminaux (ou apicaux) : ils partent du canal principal et se terminent dans
la région apicale. On les trouve uniquement au niveau du tiers apical de la racine.
Anatomie dentaire

Corne pulpaire
Chambre pulpaire
Orifice d'entrée pulpaire
du canal radiculaire

Cavité pulpaire Région inter-radiculaire

Canal latéral
Canal radiculaire

Foramen accessoire
Foramen apical Delta apical

Fig. 2.21 Cavité pulpaire d'une dent pluriradiculée.

C. Constitution de la cavité pulpaire


1. Cavité pulpaire simple
C'est une cavité unique qui s'étend de la couronne à la racine, sans autre délimitation entre la
chambre et le canal pulpaires qu'une projection du niveau de la ligne cervicale. Elle ne com-
porte qu'un seul canal principal qui va de la chambre au foramen apical.
La forme des contours du canal principal est homothétique à celle des contours externes de
la racine.
En coupe axiale, le canal peut présenter sept configurations : rond, ovalaire, triangulaire, rec-
tiligne, en quille, en haricot (en  C) ou en sablier (en  8). Des formes de section différentes
peuvent coexister au sein d'une même racine.
32 Les cavités pulpaires simples sont plus fréquentes sur les dents monoradiculées et plus rares sur
les prémolaires et molaires (fig. 2.22).

Forme
de la racine

Forme
du canal

Fig. 2.22 Variations de l'anatomie axiale de la racine et du canal pulpaire.


Anatomie descriptive des dents humaines 2
2. Cavité pulpaire complexe
C'est une cavité pulpaire dont les canaux principaux peuvent se ramifier, se diviser et
se rejoindre tout au long de leur trajet jusqu'au foramen apical. Elle est en général pré-
sente sur les dents pluriradiculées, mais il arrive qu'on la rencontre sur certaines dents
monoradiculées.
Traditionnellement, on considère que la cavité pulpaire complexe peut adopter quatre confi-
gurations (fig. 2.23) :
• type I : un canal principal unique allant de la chambre pulpaire au foramen apical ;
• type II : deux canaux principaux qui se séparent dès la chambre pulpaire et confluent pour
ne former qu'un seul canal principal à proximité du foramen apical ;
• type III : deux canaux principaux qui se séparent dès la chambre pulpaire et restent séparés
pour se terminer par deux foramina apicaux ;
• type IV : un canal principal unique qui part de la chambre pulpaire et se divise en deux
canaux principaux se terminant par deux foramina apicaux.
Cette classification reste malgré tout assez caricaturale par rapport aux réalités cliniques et
d'autres variations plus complexes et inhabituelles peuvent être observées.

Connaissances
33

Type I Type II
Un seul canal à l'apex

Type III Type IV

Fig. 2.23 Principaux types anatomiques de cavités pulpaires radiculaires.


Anatomie dentaire

3. Variabilité de la cavité pulpaire


La morphologie de la cavité pulpaire est homothétique à celle des contours externes de la
dent, mais la dentine et la pulpe étant des tissus qui réagissent par des modifications physiolo-
giques ou non, ces réactions peuvent provoquer des variations de sa forme et de son volume
(fig. 2.24).

34 B

Fig. 2.24 Variabilité de la cavité pulpaire pour chaque classe de dents.


A. Incisives centrales maxillaires. B. Prémolaires maxillaires. C. Molaires maxillaires. D. Incisives mandibulaires.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Connaissances
Fig. 2.24 Suite.
E. Prémolaires mandibulaires. F. Molaires mandibulaires.

Dents permanentes

I. Caractères communs aux dents permanentes 35

Les dents permanentes sont également appelées « dents adultes » ou « dents définitives » car
elles ne sont pas remplacées.
Elles possèdent des caractéristiques anatomiques, physiologiques et structurelles différentes
de celles des dents temporaires.

A. Formule dentaire
La denture permanente est composée de trente-deux dents, soit pour chaque hémi-arcade :
• une incisive centrale ;
• une incisive latérale ;
• une canine ;
• une première prémolaire ;
• une deuxième prémolaire ;
• une première molaire ;
• une deuxième molaire ;
• une troisième molaire.
Les vingt dents permanentes (incisives, canines et prémolaires) qui se substituent aux dents
temporaires sont appelées « dents de remplacement » ou « dents successionnelles ». Elles sont
issues de la deuxième lame dentaire et sont dites « diphysaires ». En revanche, les molaires
permanentes sont issues de la première lame dentaire et sont dites « monophysaires ».

B. Fonctions
Les dents permanentes assurent de nombreuses fonctions :
• manducation ;
• phonation et élocution ;
Anatomie dentaire

• soutien des joues et des lèvres ;


• esthétique du sourire ;
• maintien de la dimension verticale.

C. Caractéristiques anatomiques externes


• Première règle (fig.  2.25)  : en vue vestibulaire ou linguale, le diamètre coronaire le plus
important est toujours occlusal et le moins important est cervical.
• Deuxième règle (fig. 2.26) : en vue proximale (mésiale ou distale), le diamètre coronaire le
plus important est toujours cervical et le moins important est occlusal.
• Troisième règle (fig. 2.27) : en vue occlusale, les faces vestibulaires sont plus larges que les
faces linguales. Toutefois, il y a deux exceptions à cette règle :
– la première molaire maxillaire a presque toujours une face linguale plus large que sa
face vestibulaire ;
– la deuxième prémolaire mandibulaire, lorsqu'elle est tricuspidée, peut avoir une face
linguale plus large que la face vestibulaire.
• Quatrième règle (fig. 2.28 et 2.29) :
– les faces distales sont moins hautes, dans la direction occluso-apicale que les faces
mésiales ;

-
-

36
D M D M

+ V + V

Fig. 2.25 Première règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.

+
+

V L V L

- M - M

Fig. 2.26 Deuxième règle de forme et de dimension des couronnes en vue proximale.

+ V
+ V

D M

- L - L

Fig. 2.27 Troisième règle de forme et de dimension des couronnes en vue occlusale.

M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
– les faces distales à l'exception de la première prémolaire mandibulaire, sont moins
importantes dans la direction vestibulo-linguale que les faces mésiales ;
– les faces mésiales sont toujours plus aplaties que les faces distales.
• Cinquième règle (fig. 2.30) : en vue vestibulaire, l'angle formé du côté distal par la racine et
la couronne est toujours plus fermé que celui du côté mésial. Ceci est valable pour les dents
mono- et les pluriradiculées. Autrement dit, l'axe général des racines est incliné pour toutes
les dents en distal, tout au moins dans la région cervicale ; l'extrémité radiculaire peut, elle,
s'incurver dans une autre direction.

- +
D M - +
D M

V V

Fig. 2.28 Quatrième règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.

Connaissances
V V

+ -
- +
M D M
D

L
L 37

Fig. 2.29 Quatrième règle de forme et de dimension des couronnes en vue occlusale.

D M
D M

V V

Fig. 2.30 Cinquième règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.

II. Incisives permanentes


Les incisives (du latin incisivus, « tranchant ») sont placées sur la partie antérieure des arcades
maxillaire et mandibulaire, de part et d'autre du plan sagittal médian. Elles constituent le
groupe des dents antérieures avec les canines.
Dans son ouvrage De Dissectione Partium Corporis Humani (De la dissection des parties du
corps humain), paru en 1546, Charles Estienne, médecin, humaniste et imprimeur, compare
ces dents aux ciseaux et les nomme incisives car « elles coupent et incisent premièrement les
Anatomie dentaire

morceaux mis dans la bouche ». Cet auteur les nomme également « dents du rire » ou « dents
riantes », mais aussi « dents de lait », car ce sont les premières dents qui apparaissent tandis
que l'enfant est encore allaité par sa mère.
Les incisives permanentes se développent à partir de la deuxième lame dentaire. Ce sont
donc des dents diphysaires qui remplacent les incisives temporaires issues de la première lame
dentaire. Les incisives permanentes sont au nombre de 8 avec, pour chaque hémi-arcade, une
incisive centrale et une incisive latérale.
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur
attribuer un code anatomique (incisive centrale ou latérale, maxillaire ou mandibulaire, droite
ou gauche) et un code chiffré international (11, 12, 21, 22, 31, 32, 41, 42).
Les incisives ont un rôle fonctionnel de préhension et de section des aliments. Cette propriété
est conférée par le bord libre rectiligne coupant.
Les incisives participent :
• à la section des aliments ;
• au soutien des lèvres, à l'esthétique du visage et au sourire ;
• à la prononciation.
À la fin de la fermeture buccale, les incisives mandibulaires sont guidées par les incisives maxil-
laires pour retrouver la position d'intercuspidation maximale.

Applications cliniques
38 Phonétique
L'implication des incisives dans la formation de certains sons a été décrite par Pline, Aristote et Hémard.
La surface linguale des incisives maxillaires est la zone d'articulation permettant la prononciation des
consonnes dites dentales en phonétique articulatoire, c'est-à-dire [d], [t], [n], [s], [z] et [l].
Déglutition
Lors de la déglutition primaire ou infantile, la pointe de la langue prend appui sur les faces linguales des
incisives maxillaires. Ce type de déglutition est physiologique chez le nourrisson et le jeune enfant. Elle
doit être considérée comme pathologique par la suite car elle est souvent responsable de malpositions
de ces dents.

A. Incisives maxillaires
Les incisives maxillaires sont des dents monoradiculées. Elles sont en série descendante : l'inci-
sive latérale est plus petite que l'incisive centrale.

1. Incisive centrale maxillaire


Chronologie d'évolution

Début de minéralisation 3–4 mois


Couronne achevée 4–5 ans
Éruption 7–8 ans
Racine édifiée 10 ans
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations

Hauteur totale 23,5 mm


Hauteur couronne 10,5 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 8,5 mm
∅ MD cervical 7 mm
∅ VL coronaire 7 mm
∅ VL cervical 6 mm

Anatomie externe (fig. 2.31)

Connaissances
V L V 39

D
V

D M

D M D

V L

Fig. 2.31 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale maxillaire droite (11).


M
Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.32)


En vue vestibulaire, la couronne est globalement trapézoïdale à grand axe vertical. La hauteur
coronaire est plus importante que le diamètre mésio-distal. À partir du collet, les contours
proximaux divergent.
Le contour distal est plus court et plus convexe que le contour mésial en raison du décalage
en hauteur des points de contact : le point de contact distal est situé à la jonction des tiers
occlusal et moyen de cette face vestibulaire, tandis que le point de contact mésial est situé au
quart occlusal. À partir des points de contact, les contours mésial et distal s'articulent avec le
bord incisif par l'intermédiaire des angles mésial et distal. Le bord incisif « se relève » dans sa
portion distale, faisant ainsi un angle distal régulièrement arrondi. Dans sa portion mésiale, le
bord incisif fait, avec le contour mésial, un angle quasiment droit.
La face vestibulaire est régulièrement convexe. Elle est parcourue par deux dépressions verticales
très douces qui prennent naissance à la moitié de la hauteur coronaire et se terminent en formant
deux incisures sur le bord incisif. Ces deux dépressions délimitent ainsi trois lobes. Le lobe distal est
le plus volumineux. Vient ensuite le lobe mésial, puis le lobe central. Lors de l'éruption, ces trois
lobes sont très marqués. Ils s'atténuent jusqu'à disparaître par la suite avec l'usure fonctionnelle.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex émoussé. Dans la région cervi-
cale, l'angle formé par les contours de la racine et de la couronne est plus fermé du côté distal
que du côté mésial. L'axe de la racine est donc globalement incliné du côté distal.

40
D M

Fig. 2.32 Vue vestibulaire de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

Application clinique : esthétique


Les incisives centrales maxillaires jouent un rôle primordial dans l'esthétique du visage par le soutien de la
lèvre supérieure, mais également dans l'esthétique du sourire par l'intermédiaire de leur forme, leur teinte,
leur organisation et leurs proportions. Ainsi, dans un sourire harmonieux, le rapport hauteur coronaire/
largeur coronaire des incisives centrales doit être proche de 10/8. Au-delà, les dents paraissent longues, en
deçà, elles semblent carrées.
Des incisives arrondies avec des angles peu marqués et des embrasures ouvertes traduisent le caractère
féminin. À l'inverse, les incisives « masculines » sont plus carrées, avec des angles prononcés et des embra-
sures fermées.
Un bord libre rectiligne avec des angles vifs traduit une usure et évoque donc une dent plus âgée. À
l'inverse, un bord libre arrondi qui présente encore des incisures et une certaine translucidité de l'émail
évoque une dent plus jeune.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

La forme générale de la face vestibulaire des incisives centrales peut également refléter la personnalité d'un
individu :
• forme carrée : personnalité calme et réservée ;
• forme triangulaire : personnalité dynamique et joyeuse ;
• forme rectangulaire : personnalité énergique et décisive ;
• forme ovalaire : personnalité timide et rêveuse.

Vue linguale (fig. 2.33)


La face linguale est bordée par les crêtes marginales mésiale et distale qui naissent de
part et d'autre du cingulum et s'amincissent en s'estompant sur le bord incisif. Ces crêtes
marginales sont convexes dans la direction mésio-distale. L'axe de la crête marginale
mésiale est rectiligne et s'articule à angle vif avec le bord libre. L'axe de la crête marginale
distale est sinueux et son extrémité occlusale s'incurve horizontalement pour se fondre
dans le bord libre.

Connaissances
La moitié cervicale de la face linguale est occupée par le cingulum qui est un tubercule convexe
en tous sens. Ce cingulum délimite, avec les crêtes marginales, la fosse linguale qui est régu-
lièrement concave. Dans certains cas, le cingulum peut être séparé des crêtes marginales par
un sillon. Il peut aussi être divisé en plusieurs lobes cingulaires.
La racine est plus étroite sur sa face linguale. Fortement convexe, elle est parcourue par une
crête sur toute sa hauteur.

41

M D

Fig. 2.33 Vue linguale de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

Application clinique : occlusodontie


Lors des mouvements d'incision et de propulsion, le bord libre des incisives centrales mandibulaires glisse
sur la face linguale des incisives centrales maxillaires. Le guidage repose principalement sur les crêtes mar-
ginales des incisives maxillaires et sur les bords libres des incisives mandibulaires. Il n'est donc pas rare
d'observer des surfaces d'usure sur ces reliefs.
Anatomie dentaire

Vues mésiale et distale (fig. 2.34)


Les vues mésiale et distale sont globalement identiques. Les faces proximales de la couronne
sont triangulaires à base cervicale. On les dit « cunéiformes ».
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis régulièrement
convexe dans ses deux tiers occlusaux. Son maximum de convexité est situé dans le tiers
cervical.
Le contour lingual forme un « S » ou un « S » inversé en fonction de la face proximale consi-
dérée. Il est fortement convexe dans son tiers cervical. Cette convexité, maximale au niveau
du quart cervical de la couronne, correspond à la présence du cingulum. Dans ses deux tiers
occlusaux, le contour lingual est globalement concave. Cette concavité correspond aux crêtes
marginales qui, contrairement à celles des canines, sont concaves dans la direction cervico-
occlusale, ainsi qu'à la projection de la fosse linguale.
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif arrondi qui est à
l'aplomb de l'apex. Avec l'usure fonctionnelle, le bord incisif peut se biseauter du côté lingual.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex émoussé. L'axe corono-­radiculaire
est rectiligne.

L L V

42

M D
A B

Fig. 2.34 Vues mésiale (A) et distale (B) de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

Application clinique : occlusodontie


La pente incisive est définie comme la projection sur le plan sagittal médian du déplacement de l'incisive
mandibulaire mesuré entre le point de contact en occlusion d'intercuspidation maximale et le bout à
bout incisif. Cette pente incisive conditionne les guidages incisif et mandibulaire lors des mouvements de
propulsion et d'incision.
En occlusion d'intercuspidation maximale, le bord incisif de l'incisive centrale mandibulaire entre en
contact avec le plan incliné que représente la surface linguale de l'incisive centrale maxillaire. Ainsi, la force
induite par les muscles masticateurs élévateurs se trouve orientée vers la racine de cette dent.

Vue occlusale (fig. 2.35)


La vue occlusale est divisée en une portion vestibulaire et une portion linguale par le bord inci-
sif. Le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est symétrique et régulièrement
convexe. Le contour lingual est formé par les versants externes des crêtes marginales mésiale
V
et distale et par le cingulum. Le contour lingual des crêtes marginales est concave, tandis que
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V

D M

Fig. 2.35 Vue occlusale de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

celui du cingulum est convexe. Le cingulum est généralement décalé du côté distal, allongeant
ainsi le contour coronaire mésio-lingual.
Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le bord incisif,
épais d'environ 1 mm, est rectiligne. Son contour vestibulaire est marqué par les dépressions
de la face vestibulaire. Le bord incisif s'incurve fortement du côté lingual dans sa portion dis-
tale, en fusionnant avec l'extrémité occlusale de la crête marginale distale.

Application clinique : occlusodontie

Connaissances
La surface d'usure du bord incisif est rectiligne contrairement à celle de la pointe cuspidienne de la canine
maxillaire qui est losangique. De plus, en vue occlusale, le bord libre s'incurve du côté lingual dans sa partie
la plus distale, ce qui constitue un caractère de latéralité de cette dent.

Anatomie interne
L'incisive centrale maxillaire présente, dans quasiment 100 % des cas, une cavité pulpaire simple, 43
c'est-à-dire une racine avec un canal principal partant de la chambre pulpaire, sans limite précise entre
la chambre et le canal. Les canaux latéraux sont occasionnels, les canaux apicaux sont fréquents.

Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.36)


La cavité pulpaire est centrée dans le noyau dentinaire et sa plus grande largeur se situe au
niveau du collet.
Le contour vestibulaire de la chambre pulpaire est légèrement convexe. Son contour lingual
est marqué par une convexité en regard du cingulum. Les contours vestibulaire et lingual
se rejoignent pour former une corne pulpaire étroite qui se dirige vers le bord incisif. La
dimension vestibulo-linguale de la chambre pulpaire représente environ le quart du diamètre
­vestibulo-lingual cervical chez le sujet adulte jeune.
Le canal pulpaire est rectiligne et se réduit progressivement jusqu'à l'apex.

V L

Fig. 2.36 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive centrale maxillaire droite (11).


Anatomie dentaire

Coupe mésio-distale (fig. 2.37)


La chambre pulpaire est très volumineuse et présente trois cornes pulpaires alignées dans la
direction mésio-distale et situées en regard des trois lobes. Plus l'individu est jeune, plus les
cornes pulpaires sont effilées. La dimension mésio-distale de la chambre pulpaire représente
environ la moitié de la dimension mésio-distale cervicale chez le sujet adulte jeune.
La cavité se réduit progressivement des cornes pulpaires jusqu'à l'apex. L'épaisseur de la den-
tine est moindre entre l'émail et les cornes pulpaires, mais également entre les parois axiales
de la chambre et celles de la couronne.

D M

Fig. 2.37 Coupe mésio-distale de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

44

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Point d'élection : tiers médian de la surface linguale. Les repères utilisés pour réaliser une cavité d'accès
endodontique sur l'incisive centrale maxillaire sont le cingulum, les crêtes marginales et le bord incisif.
L'axe de la dent étant incliné du côté lingual, la fraise doit être perpendiculaire à la surface linguale lors
de l'attaque de l'émail.
• Forme de contour de la cavité d'accès en vue occlusale : triangle dont la base est parallèle au bord incisif,
le sommet affleure le cingulum et les côtés sont parallèles aux crêtes marginales (fig. 2.38).
• Après un fraisage de 2 à 3 mm de profondeur, l'axe de la fraise est redressé pour coïncider avec celui de
la cavité pulpaire et éviter une perforation vestibulaire. Le surplomb lingual doit alors être éliminé afin
d'achever la cavité d'accès (fig. 2.39).

Fig. 2.38 Contour de la cavité d'accès endodontique de l'incisive centrale maxillaire droite (11).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 12.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.39 Approfondissement de la cavité pulpaire.


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 13.

Connaissances
Coupe axiale cervicale (fig. 2.40)
La coupe au collet a une forme triangulaire à sommet lingual. La chambre pulpaire est centrée
et ses contours suivent ceux de la racine. Le canal est tubulaire et s'ovalise au fur et à mesure
que l'on se rapproche de l'apex.

45
V

D M

Fig. 2.40 Coupe axiale cervicale de l'incisive centrale maxillaire droite (11).

Variabilité anatomique
La morphologie de l'incisive centrale maxillaire peut être affectée par des variations de
forme. On peut ainsi citer l'incisive « en pelle » (shovel-shaped incisor), caractérisée par
une hyper­trophie des crêtes marginales mésiale et distale. Cette variante a une com-
posante ethnique, elle se retrouve particulièrement chez les ethnies mongoloïdes, les
Indiens d'Amérique du Nord et du Sud, les Chinois, les Japonais, les Polynésiens et les
Mélanésiens.
L'incisive centrale maxillaire, comme les autres incisives, peut être touchée par des phéno­
mènes de gémination ou de fusion pendant l'embryogenèse (fig.  2.41). La gémination
traduit une division incomplète du germe dentaire qui aboutit à la formation d'une dent
possédant deux couronnes plus ou moins séparées et une racine commune. La fusion est
Anatomie dentaire

Incisive centrale maxillaire droite (11) résultant d'un phénomène de gémination.

l'union, généralement par la dentine, de deux germes dentaires normaux pendant l'odonto-
genèse. Elle affecte particulièrement les incisives et canines, parfois symétriquement. La
fusion est soit totale, soit partielle. En cas de fusion totale, les deux dents partagent le
même complexe pulpo-radiculaire avec deux chambres pulpaires plus ou moins séparées et
une pulpe radiculaire commune. Lorsque la fusion est partielle, les couronnes sont fusion-
nées et les racines séparées. En clinique, c'est la formule dentaire qui permet le diagnostic
différentiel entre la fusion et la gémination : le nombre de dents sur l'arcade est réduit en
présence d'une fusion, sauf lorsque celle-ci s'effectue entre un germe normal et un germe
surnuméraire.
46

2. Incisive latérale maxillaire


Chronologie d'évolution

Début de minéralisation 10 mois


Couronne achevée 4–5 ans
Éruption 8–9 ans
Racine édifiée 11 ans

Mensurations

Hauteur totale 22 mm


Hauteur couronne 9 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 6,5 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 6 mm
∅ VL cervical 5 mm

Fig. 2.41
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.42)

V L V

Connaissances
M D
V

D M

L
47

D M D

M D

Fig. 2.42 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Vue vestibulaire (fig. 2.43)


En vue vestibulaire, la couronne est sensiblement plus arrondie et plus élancée que celle
de l'incisive centrale. La hauteur coronaire est nettement plus importante que le diamètre
mésio-distal. À partir du contour cervical ogival, les contours proximaux divergent.
Le contour mésial est régulièrement convexe et atteint son maximum de convexité au point de
contact mésial, au tiers occlusal de la hauteur coronaire.
Le contour distal est fortement convexe et son maximum de convexité correspondant au point
de contact distal se situe dans le tiers moyen de la hauteur coronaire.
À partir des points de contact, les contours mésial et distal se continuent avec le bord incisif
qui est régulièrement convexe. Le bord incisif s'arrondit et se relève fortement à partir de son
milieu jusqu'au point de contact distal. L'angle distal est ainsi plus arrondi que l'angle mésial.
Anatomie dentaire

D M

Fig. 2.43 Vue vestibulaire de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

La face vestibulaire est fortement convexe. Les deux dépressions verticales observées sur l'inci-
sive centrale sont rarement marquées sur l'incisive latérale. Toutefois, si elles sont visibles, le
lobe distal est le plus important, suivi du lobe mésial puis du lobe central.
La racine est conique et convexe. Comme la couronne, la racine est étroite dans la direction
mésio-distal. Ses dimensions se réduisent progressivement du collet jusqu'au tiers apical où
le rétrécissement s'accentue. L'axe général de la racine est légèrement incliné du côté distal.
Cette inclinaison est plus importante pour le tiers apical.
48 La racine se termine par un apex plus pointu que celui de l'incisive centrale. Le contour
radiculaire mésial est quasiment aligné avec le contour coronaire mésial, tandis qu'en distal,
la jonction entre les contours radiculaire et coronaire forme un angle plus fermé que du
côté mésial.

Vue linguale (fig. 2.44)


La face linguale est bordée par les crêtes marginales mésiale et distale qui sont plus marquées
que celles de l'incisive centrale. Elles naissent de part et d'autre d'un cingulum fortement
convexe et suivent les contours mésial et distal de la couronne jusqu'au bord incisif.
Comme celles de l'incisive centrale, les crêtes marginales sont convexes dans la direction
mésio-distale.

M D

Fig. 2.44 Vue linguale de l'incisive latérale maxillaire droite (12).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le cingulum et les crêtes marginales délimitent une fosse linguale fortement concave. Le
cingulum peut être divisé en plusieurs lobes cingulaires. Il est fréquemment séparé de la
fosse linguale et des crêtes marginales par de véritables sillons qui se terminent dans des
puits de part et d'autre du cingulum. Du côté distal, le sillon cingulaire peut se prolonger
sur la racine en remontant très haut et en formant un sillon corono-syndesmo-radiculaire.
La racine est plus étroite sur sa face linguale et sa surface est fortement convexe.

Application clinique : cariologie et prévention


L'anfractuosité de la face linguale de l'incisive latérale est souvent le siège de lésions carieuses. Le sillon
corono-syndesmo-radiculaire est impliqué dans des pathologies parodontales et pulpaires (fig. 2.45).

Connaissances
L

D M 49
M D

A B L

Fig. 2.45 Sillon corono-syndesmo-radiculaire sur les vues linguale (A) et occlusale (B) d'une incisive
latérale maxillaire gauche (22).

Vues mésiale et distale (fig. 2.46)


Les vues mésiale et distale sont identiques et comparables à celles de l'incisive centrale. Les
faces proximales de la couronne sont triangulaires à base cervicale (cunéiformes).
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis régulièrement
convexe dans ses deux tiers occlusaux.
Le contour lingual forme un « S » ou un « S » inversé en fonction de la face proximale consi­
dérée. Fortement convexe dans son tiers cervical au niveau du cingulum, il est concave dans
les deux tiers occlusaux en raison de la présence des crêtes marginales et de la projection de
la fosse linguale.
Les maximums de convexité vestibulaire et lingual sont situés au quart cervical de la hauteur
coronaire.
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif qui est épais et
arrondi et se situe à l'aplomb de l'apex.
La racine est conique et sa surface est convexe. Son axe est souvent incliné du côté lingual
dans le tiers apical. Elle se termine par un apex émoussé. Une dépression longitudinale peut
être observée sur toute la hauteur radiculaire. Cette dépression est généralement plus mar-
quée sur la face distale de la racine.
Anatomie dentaire

A M B D

Fig. 2.46 Vues mésiale (A) et distale (B) de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Vue occlusale (fig. 2.47)


Comme celle de l'incisive centrale, la vue occlusale de l'incisive latérale est divisée en une por-
tion vestibulaire et une portion linguale par le bord incisif. Le contour vestibulaire de la ligne
du plus grand contour est symétrique et fortement convexe. Le contour lingual est formé par
les versants externes des crêtes marginales mésiale et distale et par le cingulum. Les portions
du contour lingual formées par les crêtes marginales sont concaves, tandis que la portion
cingulaire est convexe. Le cingulum est généralement déporté du côté distal, allongeant ainsi
50 le contour coronaire mésio-lingual. Le diamètre mésio-distal est très légèrement supérieur au
diamètre vestibulo-lingual.
Le bord incisif est épais et arrondi. Il s'incurve du côté lingual dans sa portion distale.

Fig. 2.47 Vue occlusale de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Anatomie interne
Comme l'incisive centrale, l'incisive latérale maxillaire présente, dans quasiment 100 % des
cas, une cavité pulpaire simple, c'est-à-dire une racine avec un canal principal partant de la
chambre pulpaire, sans démarcation entre la chambre et le canal. Les canaux latéraux sont
occasionnels, les canaux apicaux sont fréquents.

Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.48)


La cavité pulpaire est aplatie et centrée dans la direction vestibulo-linguale. Sa plus grande
largeur se situe au niveau du collet.
Le contour vestibulaire de la chambre pulpaire est légèrement convexe. Son contour lin-
gual présente une convexité en regard du cingulum. Les contours vestibulaire et lingual se
rejoignent pour former une corne pulpaire étroite qui se dirige vers le bond incisif. La dimen-
sion vestibulo-linguale de la chambre pulpaire représente environ le quart de la dimension
­vestibulo-linguale cervicale chez le sujet adulte jeune.
V L L V

Le canal pulpaire est rectiligne et se réduit progressivement jusqu'au foramen apical.


D M
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V L

Fig. 2.48 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Coupe mésio-distale (fig. 2.49)


La chambre pulpaire est volumineuse et présente trois cornes pulpaires alignées dans la direc-

Connaissances
tion mésio-distale, mais moins individualisées et proéminentes que celles de l'incisive centrale.
La dimension mésio-distale de la chambre pulpaire représente environ la moitié de la largeur
cervicale chez le sujet adulte jeune.
La cavité se réduit progressivement des cornes pulpaires jusqu'au foramen apical.

51

D M

Fig. 2.49 Coupe mésio-distale de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Il est identique à celui décrit pour l'incisive centrale maxillaire.
• Point d'élection : tiers médian de la surface linguale. Les repères utilisés pour réaliser une cavité d'accès
endodontique sur l'incisive latérale maxillaire sont le cingulum, les crêtes marginales et le bord incisif.
La fraise doit être perpendiculaire à la surface linguale lors de l'attaque de l'émail en direction de la
chambre pulpaire.
• Forme de contour de la cavité d'accès : triangulaire chez le patient jeune en raison de la proéminence
des cornes pulpaires, et ovalaire avec une plus grande dimension vestibulo-linguale qui affleure le cin-
gulum d'un côté et le bord incisif de l'autre chez le patient adulte. L'approfondissement de cette cavité
se fait en direction de la chambre pulpaire et non suivant l'axe coronaire. L'axe de la fraise est redressé
pour coïncider avec le grand axe du canal et éviter une perforation vestibulaire. Le surplomb lingual
doit alors être éliminé afin d'achever la cavité d'accès.
Anatomie dentaire

Coupe axiale cervicale (fig. 2.50)


La coupe au collet a une forme ovoïde avec un diamètre vestibulo-lingual légèrement supé-
rieur au diamètre mésio-distal. La cavité pulpaire est centrée et ses contours suivent ceux de la
racine. La section du canal devient tubulaire ronde en s'approchant de l'apex.
V

D M

Fig. 2.50 Coupe axiale cervicale de l'incisive latérale maxillaire droite (12).

Variabilité anatomique
La morphologie de l'incisive latérale maxillaire est très variable. Cette dent est même fréquem-
ment affectée par des variations de forme :
• incisive en « grain de riz » ou riziforme ou conoïde (peg-shaped incisor) : la couronne est
réduite dans la direction mésio-distale et de forme conique ;
• incisive « en talon » : elle est caractérisée par une hypertrophie du cingulum. Cette variante
peut être associée à des anomalies somatiques ou odontogènes. Dans certains cas, ce
cingulum hypertrophié est relié au bord incisif par une crête d'émail simple ou double. On
parle alors de variante en forme de T ou de Y. Certains auteurs considèrent que ces formes
sont le résultat de la fusion de deux bourgeons dentaires ;
• incisive « en pelle » (shovel-shaped incisor), avec une hypertrophie des crêtes marginales
mésiale et distale. Cette variante se retrouve également sur l'incisive centrale maxillaire.
52 Une variante très fréquente est caractérisée par l'inclinaison mésiale de l'axe de la couronne
qui forme alors, avec l'axe de la racine, un angle fermé du côté mésial. Cette variante constitue
une exception à la règle générale selon laquelle les axes coronaire et radiculaire forment un
angle plus fermé du côté distal en vue vestibulaire.
Durant l'embryogenèse, l'incisive latérale maxillaire, comme les autres incisives, peut être touchée par
les phénomènes de gémination ou de fusion déjà décrits pour l'incisive centrale maxillaire (fig. 2.51).

Incisive latérale maxillaire droite (12) résultant d'un phénomène de gémination.

B. Incisives mandibulaires
Les incisives mandibulaires sont monoradiculées. Ce sont les dents les plus petites de toutes les
dents permanentes normalement constituées.
Elles sont en série ascendante  : l'incisive centrale est légèrement plus petite que l'incisive
latérale, mais leur forme est assez semblable. Leur morphologie est simple et relativement
symétrique en vue vestibulaire.
Fig. 2.51
Anatomie descriptive des dents humaines 2
1. Incisive centrale mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 3–4 mois
Couronne achevée 4–5 ans
Éruption 6–7 ans
Racine édifiée 9 ans

Mensurations
Hauteur totale 21,5 mm
Hauteur couronne 9 mm
Hauteur racine 12,5 mm
∅ MD coronaire 5 mm
∅ MD cervical 3,5 mm

Connaissances
∅ VL coronaire 6 mm
∅ VL cervical 5,3 mm

Anatomie externe (fig. 2.52)

53

V L V

M D
V

M D

D M D

V L

Fig. 2.52 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).


Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.53)


En vue vestibulaire, la couronne est symétrique par rapport au grand axe de la dent, rendant
ainsi délicate l'identification de la latéralité de la dent.
La hauteur coronaire est beaucoup plus importante que le diamètre mésio-distal, ce qui lui
confère une forme élancée.
À partir du collet, les contours proximaux divergent pour devenir para­l­lèles dans leur tiers occlusal.
Les points de contact mésial et distal sont situés à la même hauteur, au quart occlusal de la
hauteur coronaire.
À partir des points de contact, les contours proximaux s'articulent de manière symétrique avec le bord
incisif. Le bord incisif est rectiligne et fait, avec les contours proximaux, des angles quasiment droits.
La face vestibulaire est régulièrement convexe dans le tiers cervical et s'aplatit dans le tiers occlusal.
Elle est globalement lisse, mais peut être parcourue par deux légères dépressions verticales qui
prennent naissance à la moitié de la hauteur coronaire et se terminent sur le bord incisif. Ces deux
dépressions délimitent ainsi trois lobes, parfois assez marqués au moment de l'éruption. Ces lobes,
ainsi que les incisures du bord libre, disparaissent rapidement sous l'effet de l'usure fonctionnelle.
La racine est très étroite dans la direction mésio-distale. Son axe est rectiligne, parfois incurvé
du côté distal à l'apex. Les contours proximaux prolongent ceux de la couronne avec une
angulation très discrète. L'angulation distale de l'axe radiculaire par rapport à celui de la cou-
ronne est généralement difficile à observer.

54

Fig. 2.53 Vue vestibulaire de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Application clinique : occlusion


L'incisive centrale mandibulaire est la seule dent, avec la troisième molaire maxillaire, qui se trouve en
occlusion avec une seule dent antagoniste. Toutes les autres dents permanentes s'articulent avec deux
dents antagonistes.

Vue linguale (fig. 2.54)


La face linguale est bordée en mésial et en distal par des crêtes marginales peu marquées. La
moitié cervicale de cette face est occupée par un petit cingulum convexe et centré sur l'axe
de la racine. La fosse linguale est lisse et peu profonde. Tous les reliefs de la face linguale sont
peu marqués et mal délimités.
La face linguale de la racine est plus étroite que sa face vestibulaire. Elle est convexe et son axe
est généralement rectiligne.
M
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.54 Vue linguale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Connaissances
Vues mésiale et distale (fig. 2.55 et 2.56)
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis il s'aplatit jusqu'au
bord incisif. Son maximum de convexité est situé au quart cervical de la hauteur coronaire.
Le contour lingual forme un « S » ou un « S » inversé en fonction de la dent (31 ou 41) et de
la face proximale considérée. Il est fortement convexe dans son tiers cervical. Cette convexité,
maximale au niveau du quart cervical de la couronne, correspond à la présence du cingulum.
Dans le tiers moyen, le contour lingual est globalement concave en raison de la présence de la
fosse linguale et de crêtes marginales peu marquées. 55
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif qui est arrondi en
vue proximale et centré par rapport à l'axe de la dent.
La ligne cervicale présente, sur sa face mésiale, une forte incurvation orientée vers le bord incisif.
Les dimensions vestibulo-linguales de la racine sont importantes, notamment dans les deux
tiers cervicaux où les contours vestibulaire et lingual sont quasiment parallèles. Dans le tiers
apical, ils convergent pour former un apex émoussé et centré sur le grand axe de la dent.
Les surfaces mésiale et distale de la racine présentent fréquemment une dépression médiane
assez marquée à la jonction des tiers apical et moyen avant de s'atténuer dans le tiers cervical.
Cette dépression est plus étroite sur la face mésiale que sur la face distale de la racine où elle
peut même former un véritable sillon.

M D

Fig. 2.55 Vue mésiale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

V L
Anatomie dentaire

Fig. 2.56 Vue distale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Vue occlusale (fig. 2.57)


La vue occlusale permet d'observer la symétrie de l'incisive centrale mandibulaire. Sur cette vue, les
moitiés mésiale et distale sont identiques, et le bord incisif est perpendiculaire à cet axe de symétrie.
La face occlusale est divisée en une portion vestibulaire et une portion linguale par le bord
incisif. Le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est régulièrement convexe.
Le contour lingual est formé par les versants externes des crêtes marginales mésiale et distale
et par le cingulum. Les portions du contour lingual formées par les crêtes marginales sont
concaves, tandis que la portion formée par le cingulum est convexe et centrée.
56
Le diamètre vestibulo-lingual est supérieur au diamètre mésio-distal. Le bord incisif est recti-
ligne et centré dans la direction vestibulo-linguale.

Fig. 2.57 Vue occlusale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Anatomie interne
L'incisive centrale mandibulaire est une dent monoradiculée. Elle présente :
• très fréquemment, une anatomie interne simple avec un seul canal (type I) ;
• moins fréquemment, deux canaux séparés qui se rejoignent avant l'apex (type II) ;
• peu fréquemment, deux canaux séparés jusqu'aux apex (type III).

Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.58)


La cavité pulpaire est centrée et sa plus grande largeur se situe au niveau du collet et repré-
sente le tiers du diamètre cervical de la dent.
Les contours vestibulaire et lingual de la chambre pulpaire se rejoignent pour former une corne
pulpaire étroite orientée vers la pointe cuspidienne et située au tiers de la hauteur coronaire
chez le sujet adulte jeune.
L V

Le canal pulpaire est rectiligne et se réduit progressivement jusqu'au foramen apical.


D
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.58 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).


Coupe mésio-distale (fig. 2.59)
La largeur de la chambre pulpaire représente environ la moitié de la dimension mésio-distale
cervicale chez le sujet adulte jeune.

Connaissances
La cavité pulpaire se réduit progressivement de la chambre pulpaire jusqu'au foramen apical.

57

Fig. 2.59 Coupe mésio-distale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Il est identique à celui décrit pour l'incisive centrale maxillaire.
• Point d'élection : tiers moyen de la face linguale.
• Forme de contour de la cavité d'accès : chez le patient jeune, en raison de la présence des cornes pulpaires,
la cavité prend la forme d'un triangle dont la base est parallèle au bord incisif et dont le sommet se situe sur
le cingulum. Chez le patient plus âgé, le contour de la cavité s'ovalise dans la direction vestibulo-linguale.
Compte tenu de l'étroitesse mésio-distale de la dent, associée à la présence de concavités sur la surface
radiculaire, les contours de la cavité d'accès doivent être tracés à l'aide d'une fraise tenue perpendiculaire-
ment à la surface linguale. Après un fraisage de 2 à 3 mm, la fraise est réorientée dans l'axe radiculaire.
• L'incisive mandibulaire étant fréquemment inclinée du côté vestibulaire, c'est souvent le canal vestibu-
laire qui est localisé en premier sur une dent à deux canaux. La paroi linguale de la chambre pulpaire et
l'orifice d'entrée du canal doivent donc être systématiquement explorés à la recherche d'un canal lingual.
• La morphologie de l'incisive centrale mandibulaire rend délicate la réalisation de la cavité d'accès, avec
un risque de perforation proximale ou vestibulaire.

V L

Coupe axiale cervicale (fig. 2.60)


La coupe au collet a une forme ovalaire à grand axe vestibulo-lingual. La cavité pulpaire est
D M

centrée et ses contours suivent les contours externes de la dent. Lorsque la surface radiculaire
Anatomie dentaire

est marquée par une dépression, celle-ci se retrouve également sur le contour pulpaire. Le
diamètre vestibulo-lingual de la dent diminue progressivement en progressant vers l'apex et la
section du canal pulpaire devient tubulaire ronde.
V

M D

Fig. 2.60 Coupe axiale cervicale de l'incisive centrale mandibulaire droite (41).

Application clinique : préparation périphérique


La réalisation d'une préparation périphérique doit impérativement tenir compte de l'étroitesse mésio-distale de
la dent et de l'éventuelle présence de dépressions radiculaires proximales qui peuvent remonter jusqu'au collet.
Le risque de perforation proximale est important lors de la réalisation d'un ancrage radiculaire.
Un traitement prothétique sur dent pulpée ou la mise en place d'un ancrage radiculaire doivent être dis-
cutés au cas par cas en fonction de la morphologie de la dent.

Variabilité anatomique
Les incisives centrales mandibulaires sont peu soumises aux variations anatomiques. Chez
certains peuples mongoloïdes, le cingulum peut être marqué d'un sillon vertical parfois très
prononcé. Il s'agit là d'un caractère ethnique.
58
Elles peuvent, comme les incisives maxillaires, être marquées par un phénomène de gémina-
tion ou de fusion (fig. 2.61).

Fig. 2.61 Incisive centrale mandibulaire gauche géminée (31).

2. Incisive latérale mandibulaire


Chronologie d'évolution

Début de minéralisation 3–4 mois


Couronne achevée 4–5 ans
Éruption 7–8 ans
Racine édifiée 10 ans
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations

Hauteur totale 23,5 mm


Hauteur couronne 9,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 5,5 mm
∅ MD cervical 4 mm
∅ VL coronaire 6,5 mm
∅ VL cervical 5,8 mm

Anatomie externe (fig. 2.62)


Le volume de l'incisive latérale est plus important que celui de l'incisive centrale. Cependant,
ce caractère ne peut être retenu pour identifier une dent que si on possède les deux dents d'un
même sujet ; on procède alors par comparaison.

Connaissances
V L V
59

M D
V

M D

D M D

V L

Fig. 2.62 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).


Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.63)

Fig. 2.63 Vue vestibulaire de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

La hauteur coronaire est beaucoup plus importante que le diamètre mésio-distal.


L'incisive latérale est globalement moins symétrique que l'incisive centrale. À partir du col-
let, les contours proximaux divergent pour devenir parallèles dans leur tiers occlusal, mais le
contour distal est légèrement arrondi alors que le contour mésial est plus plat.
Le point de contact mésial est situé au quart occlusal de la dent, tandis que le point de contact
distal est situé plus cervicalement, au tiers occlusal.
60
À partir des points de contact, les contours proximaux s'articulent avec le bord incisif qui est plus
arrondi que celui de l'incisive centrale. L'angle mésial est droit alors que l'angle distal est arrondi.
La face vestibulaire est régulièrement convexe dans le tiers cervical et s'aplatit dans le tiers occlusal.
Elle est globalement convexe, mais peut être parcourue par deux légères dépressions verticales qui
prennent naissance à la moitié de la hauteur coronaire et se terminent sur le bord incisif. Ces deux
dépressions délimitent ainsi trois lobes, parfois soulignés par des incisures du bord libre au moment
de l'éruption. Ces incisures disparaissent rapidement avec la fonction masticatrice et l'abrasion.
La racine de l'incisive latérale est comparable en tout point à celle de l'incisive centrale.

Vue linguale (fig. 2.64)

Fig. 2.64 Vue linguale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Comme l'incisive centrale, les reliefs de la face linguale de l'incisive latérale sont peu marqués
et mal délimités. La fosse linguale est lisse et peu profonde. Le cingulum est petit, convexe et
légèrement déporté du côté distal, rendant ainsi la crête marginale mésiale plus longue que la
crête marginale distale.
La face linguale de la racine est plus étroite que sa face vestibulaire. Elle est convexe et géné-
ralement rectiligne.

Vues mésiale et distale (fig. 2.65 et 2.66)

Connaissances
Fig. 2.65 Vue mésiale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42). 61

Fig. 2.66 Vue distale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

Tous les caractères décrits précédemment pour l'incisive centrale restent valables pour l'incisive
latérale.
La seule particularité est visible sur la vue distale  : la portion distale du bord incisif est
arrondie et se verse légèrement vers le côté lingual. On parle de « torsion disto-linguale »
du bord incisif.
Les dépressions sur les surfaces mésiale et distale de la racine décrites pour l'incisive centrale
V L

peuvent être retrouvées pour l'incisive latérale.


L V
Anatomie dentaire

Vue occlusale (fig. 2.67)


Sur la vue occlusale, l'incisive latérale apparaît moins symétrique que l'incisive centrale.
C'est cette vue qui permet d'objectiver le mieux la torsion disto-linguale du bord incisif.
Le diamètre vestibulo-lingual est supérieur au diamètre mésio-distal. La face occlusale est
divisée en une portion vestibulaire et une portion linguale par le bord incisif qui, globale-
ment, est centré dans la face. Le contour vestibulaire est régulièrement convexe. Le contour
lingual est formé par les versants externes des crêtes marginales mésiale et distale et par le
cingulum qui est légèrement déporté du côté distal. Les portions du contour lingual formées
par les crêtes marginales sont concaves, tandis que la portion formée par le cingulum est
convexe.

Fig. 2.67 Vue occlusale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

Application clinique : occlusodontie


La torsion du bord incisif en direction disto-linguale permet d'amorcer la courbure de l'arcade mandibulaire.
62

Anatomie interne
Coupes vestibulo-linguale et mésio-distale (fig. 2.68)
L'anatomie interne de l'incisive latérale est identique à celle de l'incisive centrale, mais les
dimensions de la cavité pulpaire dans les directions vestibulo-linguale et mésio-distale sont
légèrement plus importantes, représentant ainsi une transition avec la canine.

V D M

Fig. 2.68 Anatomie interne de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

M
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Coupe axiale cervicale (fig. 2.69)
La coupe au collet a une forme ovalaire à grand axe vestibulo-lingual. La cavité pulpaire est
centrée et ses contours suivent les contours externes de la dent. Lorsque la surface radiculaire
est marquée par une dépression, celle-ci se retrouve également sur le contour pulpaire. Le dia-
mètre vestibulo-lingual de la dent diminue progressivement en direction de l'apex et la section
du canal pulpaire devient tubulaire ronde.

M D

Fig. 2.69 Coupe axiale cervicale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42).

Connaissances
Application clinique : accès à la cavité pulpaire
La réalisation de la cavité d'accès endodontique est en tout point identique à celle décrite pour l'incisive
centrale mandibulaire.

Variabilité anatomique
Les incisives latérales mandibulaires sont peu soumises aux variations anatomiques. Le cin- 63
gulum peut être marqué d'un sillon vertical parfois très prononcé chez certains peuples
mongoloïdes.
Anatomie dentaire

Résumé
❯ Les incisives maxillaires et mandibulaires diffèrent, essentiellement en vue occlu-
sale, par leurs couronnes plus larges dans la direction mésio-distale au maxillaire
et vestibulo-linguale à la mandibule.
❯ Les incisives maxillaires diffèrent franchement à la fois par leur taille et par leur
forme ; l'incisive centrale est plus grande dans toutes ses dimensions et adopte un
type triangulaire en vue occlusale ; l'incisive latérale est plutôt de type rond ou
ovalaire.
❯ Les incisives mandibulaires diffèrent par la taille et par la forme ; elles présentent
peu de caractères de latéralité.
❯ La latéralité des incisives maxillaires et mandibulaires est objectivée par une fer-
meture de la jonction couronne–racine plus marquée du côté distal en vue ves-
tibulaire, par un cingulum déporté du côté distal en vue occlusale, par un bord
libre qui se relève au maxillaire ou s'affaisse à la mandibule du côté distal en vue
vestibulaire et s'incurve, du côté distal, en direction linguale, en vue occlusale.

64
Anatomie descriptive des dents humaines 2

III. Canines permanentes


Le mot « canine » vient du latin canus, « chien ». Ainsi, « dents canines » serait apparu
en 1541 pour désigner les dents pointues de l'Homme, par analogie avec les crocs des
chiens.
Le mot « canine » seul aurait été retrouvé pour la première fois dans De Dissectione Partium
Corporis Humani (De la dissection des parties du corps humain), ouvrage de Charles Estienne,
médecin, humaniste et imprimeur, paru en 1546.
De nombreux termes sont retrouvés dans la littérature ancienne pour nommer les canines.
Blandin les appelle « lanières » en 1836, dans son ouvrage Anatomie du système dentaire
considéré dans l'homme et les animaux, car elles déchirent les aliments. Galien (129–210) les
nomme « oculaires » ou « œillères » car « elles reçoivent des rameaux d'un nerf qui en donne
aussi à l'œil ». Ces mêmes termes sont retrouvés chez Estienne qui montre les conséquences
cliniques qui découlent de l'anatomie de la canine. Une cellulite secondaire à l'infection de
la canine maxillaire pouvait engendrer, avant l'apparition de l'antibiothérapie, un syndrome
septicémique sévère avec un œdème de l'angle interne de l'œil et de la paupière supérieure,
une thrombose de la veine faciale et une atteinte méningée par propagation de l'infection le

Connaissances
long de la veine angulaire de l'œil. Pour cette raison, la canine a souvent été appelée « dent
de l'œil ».
Une canine est une dent monocuspidée et généralement monoradiculée située entre l'inci-
sive latérale et la première prémolaire, à la jonction entre le secteur antérieur et les secteurs
latéraux, à l'angle de chaque hémi-arcade. Au maxillaire, elle est placée juste en arrière de la
suture incisive entre le prémaxillaire et le maxillaire.
Les canines se développent à partir de la deuxième lame dentaire. Ce sont donc des dents diphy-
saires qui remplacent les canines temporaires. Elles sont au nombre de quatre avec, pour chaque
hémi-arcade, une seule canine. Ces dents ne présentent donc pas de caractère d'espèce, mais 65
uniquement des caractères de classe, d'arcade et de latéralité qui permettent de leur attribuer
un code anatomique (canine maxillaire ou mandibulaire, droite ou gauche) et un code chiffré
international (13, 23, 33, 43).

Rôles des canines


Pour Galien, les canines sont destinées à « briser les corps trop durs que n'auraient pu couper les
incisives ». Les principales fonctions des canines sont de percer, saisir et dilacérer les aliments.
Elles assistent les incisives pour la préhension, et les prémolaires et molaires pour l'écrasement des
aliments.
La robustesse et le site d'implantation des canines leur confèrent une grande résistance aux forces de
mastication, et un rôle de guidage des mouvements de latéralité.
La sensibilité proprioceptive particulière des canines leur attribue un rôle dans la rectification de la tra-
jectoire de fermeture mandibulaire et le positionnement en occlusion. L'information recueillie par des
récepteurs présents dans le desmodonte est transmise au système nerveux sous-cortical qui envoie par
feedback l'ordre de rectification de l'activité musculaire.
Les canines ont également une implication dans l'esthétique du sourire, l'expression faciale et la
phonation.
Anatomie dentaire

Anthropologie et dimorphisme sexuel


La canine est une dent très particulière avec des morphologies adaptatives très différentes selon les lignées de
Mammifères et chez les Primates. Toujours unique dans sa classe, elle disparaît totalement chez les Rongeurs.
Outre son rôle dans la mastication, la canine, par sa taille, est utile à la défense de l'animal et à l'intimi-
dation de l'adversaire. Elle est indispensable à la survie. Les Carnivores félidés et canidés ont des canines
saillantes qui servent à tuer, mais dans d'autres lignées, les canines saillantes ont d'autres fonctions.
Chez les singes et les grands singes, la canine exprime le dimorphisme sexuel. Sa taille, plus importante
chez le mâle, joue un rôle dans la compétition sexuelle.
Chez l'Homme, bien que la canine ait perdu sa prééminence et une grande partie de ses fonctions ori-
ginelles, elle reste la dent la plus longue de l'arcade et apparaît comme un pilier de résistance. Elle est
fréquemment l'une des dernières dents présentes sur l'arcade.

A. Canine maxillaire
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée et
monoradiculée. Elle est particulièrement robuste. La canine maxillaire est une dent de transi-
tion entre l'incisive et la prémolaire, elle est située à l'angle de l'hémi-arcade. Du côté mésial,
sa morphologie coronaire se rapproche de celle de l'incisive latérale, tandis que, du côté distal,
elle se rapproche de celle de la prémolaire.

66 Chronologie d'évolution

Début de minéralisation 4 à 5 mois


Couronne achevée 6 à 7 ans
Éruption 11 à 12 ans
Racine édifiée 13 à 15 ans

Application clinique : évolution de la canine maxillaire


La crypte osseuse qui contient le germe de la canine maxillaire est la plus éloignée du plan d'occlusion.
Au cours de son éruption active, cette dent doit donc effectuer un trajet intra-osseux très long avant d'arri-
ver sur l'arcade. Les cryptes osseuses des canines se situent initialement sous les cavités orbitaires, de part
et d'autre des cavités nasales. La face antérieure du maxillaire étant inclinée en haut et en arrière, les cryptes
se situent nettement en arrière des racines des incisives latérales. Le trajet intra-osseux de la canine est
sous la dépendance de facteurs anatomiques : la largeur de l'ouverture nasale, l'orientation du germe et la
situation de l'incisive latérale permanente qui sert de guide. Une perturbation du trajet intra-osseux peut
être à l'origine d'une malposition de la canine voire de son inclusion. Par ailleurs, lorsque la canine fait son
éruption, sa mise en place sur l'arcade est sous la dépendance des dents déjà présentes et de l'activité des
muscles masticateurs, linguaux et peauciers.
Il existe également des facteurs étiologiques généraux d'inclusion des canines maxillaires comme des fac-
teurs héréditaires, les fentes labio-alvéolo-palatines, la maladie de Crouzon, la trisomie 21 ou encore des
troubles endocriniens (fig. 2.70).
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.70 Inclusion de la canine maxillaire gauche (23).

Connaissances
Mensurations
Hauteur totale 27 mm
Hauteur couronne 10 mm
Hauteur racine 17 mm
∅ MD coronaire 7,5 mm
∅ MD cervical 5,5 mm 67
∅ VL coronaire 8 mm
∅ VL cervical 7 mm

La hauteur radiculaire de la canine maxillaire est particulièrement importante et il n'est pas


exceptionnel qu'elle atteigne 25 mm. Les mensurations de la racine, associées à sa robustesse,
assurent à cette dent un ancrage exceptionnel dans l'os alvéolaire.

Applications cliniques
Architecture
La canine maxillaire est implantée entre le sinus maxillaire et la cavité nasale dans une région osseuse
considérée architecturalement comme une poutre de résistance du massif facial.
Esthétique
La convexité de la face vestibulaire et la longueur de la racine engendrent, sur la surface osseuse du maxil-
laire, un bombé appelé « bosse canine » (fig. 2.71). Cette convexité assure le soutien des tissus des régions
génienne et labiale.
L'extraction chirurgicale d'une canine maxillaire s'accompagne d'une résorption osseuse qui se traduit par
une concavité plus ou moins marquée. Elle engendre également un effondrement des tissus et notamment
un creusement du sillon naso-génien.
Analgésie
La robustesse de la canine, associée à sa situation à l'angle de l'arcade, fait de cette dent un repère ana-
tomique pour la réalisation d'une analgésie régionale de la branche alvéolaire supéro-antérieure du nerf
maxillaire, dite « analgésie canine haute » (fig. 2.72).
Anatomie dentaire

Fig. 2.71 « Bosse canine » engendrée par la présence de la racine de la canine maxillaire.

68

Fig. 2.72 Infiltration régionale dite « canine haute ».


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.73)

V L V

Connaissances
M D
V

D M 69

D M D

V L

Fig. 2.73 Schémas des différentes faces de la canine maxillaire droite (13).


Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.74)


En vue vestibulaire, la couronne de la canine maxillaire présente une forme caractéristique de
« fer de lance ». Le collet est étroit et la jonction entre la couronne et la racine est marquée. À
partir du collet, les contours proximaux divergent fortement.
Le contour mésial cervical est régulièrement convexe et atteint son maximum de convexité au
point de contact mésial, situé au quart occlusal de la hauteur coronaire.
Le contour distal cervical est plus rectiligne jusqu'au point de contact, situé à la jonction du
tiers moyen et du tiers occlusal de la hauteur coronaire. Il peut être concave en regard de la
dépression en « S » qui isole le lobe distal sur la face vestibulaire.
À partir des points de contact, ces contours se continuent par les arêtes cuspidiennes mésiale et dis-
tale. L'arête distale est concave, en regard de la dépression qui isole le lobe distal sur la face vestibu-
laire. L'arête mésiale est convexe et plus courte. Ces deux arêtes se rejoignent au sommet cuspidien
qui est déporté du côté mésial. En vue vestibulaire, la cuspide de la canine est aiguë et acérée.
La face vestibulaire est globalement convexe, mais deux dépressions la divisent en trois lobes.
La partie distale de la face vestibulaire est marquée par une dépression en « S » qui s'étend
de la région cervicale du contour distal, à l'arête distale de la cuspide. Cette dépression isole
complètement le lobe distal de la face vestibulaire. La partie mésiale de la face vestibulaire est
parcourue par une seconde dépression rectiligne qui prend naissance à mi-hauteur de la cou-
ronne et vient s'épanouir sur l'arête cuspidienne distale. Les surfaces convexes du lobe mésial
et du lobe central fusionnent dans la région cervicale de la couronne. Le lobe central est le plus
volumineux, il est parcouru par une arête qui s'étend du collet à la pointe cuspidienne, divisant
la surface vestibulaire en un pan mésial et un pan distal.
La racine est conique. Son axe est incliné du côté distal et cette incurvation est généralement
plus accusée dans le tiers apical. La racine se termine par un apex arrondi. Sa surface vestibu-
laire est fortement et régulièrement convexe.
70

D M

Fig. 2.74 Vue vestibulaire de la canine maxillaire droite (13).

Application clinique : prothèse


Le choix de la forme, de la teinte et de la position de la canine maxillaire est déterminant dans le caractère
du sourire qui est le reflet de la personnalité d'un individu.
Une hauteur coronaire importante et une pointe cuspidienne aiguë traduisent une agressivité. Au
contraire, une couronne courte et une cuspide émoussée reflètent un caractère plus doux.
Une dent large, avec une face vestibulaire fortement convexe et un bord occlusal épais, évoque une
robustesse.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue linguale (fig. 2.75)
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. Elle est limitée en mésial et en ­distal
par des crêtes marginales rectilignes qui naissent du cingulum et s'étendent jusqu'aux
arêtes cuspidiennes mésiale et distale. Comme celles des incisives, les crêtes marginales
des canines sont convexes dans la direction mésio-distale. Elles sont généralement déve-
loppées et bien individualisées.
Le cingulum est volumineux. Il se prolonge, à sa base, par une coulée d'émail qui s'épanouit
au niveau de la pointe cuspidienne et délimite, avec les crêtes marginales, une fosse mésiale
et une fosse distale. La fosse mésiale est large et peu profonde, tandis que la fosse distale est
étroite et plus marquée.
Le cingulum et les crêtes marginales ont des reliefs accusés qui peuvent même être
hypertrophiés.
La face linguale de la racine est plus étroite que la face vestibulaire. Elle est régulièrement
convexe.

Connaissances
M D

71

Fig. 2.75 Vue linguale de la canine maxillaire droite (13).

Application clinique : occlusion


La face linguale de la canine maxillaire joue un rôle primordial dans le guidage de la mandibule en latéra-
lité travaillante, en assurant la « fonction canine ». Dès le début du mouvement de diduction, le versant
vestibulaire de la cuspide de la canine mandibulaire, du côté travaillant, vient glisser sur la crête marginale
mésiale de la face linguale de la canine maxillaire antagoniste jusqu'à atteindre l'occlusion bout à bout
des deux dents, ce qui entraîne le désengrènement (l'inocclusion) des dents postérieures des deux côtés
(travaillant et non travaillant). Chez un grand nombre d'individus, cette fonction de guidage est assurée
par plusieurs dents, on parle alors de « fonction de groupe ».
La pente canine de guidage est déterminée par la morphologie des éléments qui composent la face lin-
guale de la canine maxillaire et par l'axe global de la dent. Une pente canine trop verticale entrave le
mouvement de latéralité du côté travaillant et peut provoquer un dysfonctionnement des muscles pté-
rygoïdiens latéraux. À l'inverse, une pente insuffisante va gêner la mastication du côté concerné et favoriser
une mastication unilatérale du côté opposé.
Anatomie dentaire

Vue mésiale (fig. 2.76)


La couronne est cunéiforme et présente des caractères de robustesse.
Le contour vestibulaire est régulièrement convexe. Son maximum de convexité est situé au tiers
cervical de la hauteur coronaire, au niveau du lobe central de la face vestibulaire (fig. 2.77).

Fig. 2.76 Vue mésiale de la canine maxillaire droite (13).

72

V L

Fig. 2.77 Convexité de la crête marginale en vue mésiale sur une canine maxillaire droite (13).

Le contour lingual de la couronne, du collet à la pointe cuspidienne, est constitué d'une suc-
cession de trois convexités :
• le cingulum ;
• les crêtes marginales qui, contrairement à celles des incisives, sont convexes dans la direc-
tion verticale ;
• l'arête linguale du sommet cuspidien.
Le maximum de convexité du contour lingual est situé au tiers cervical de la hauteur coronaire,
au niveau du cingulum.
La coulée d'émail qui parcourt la surface linguale de la couronne, de la base du cingulum à
l'arête cuspidienne linguale, n'apparaît pas sur cette vue proximale : concave, elle est cachée
par la convexité de la crête marginale mésiale.
La face mésiale est globalement convexe.
Comme la couronne, la racine est robuste et sa surface mésiale présente fréquemment une
dépression médiane sur toute sa hauteur.
Dans la majorité des cas, le contour vestibulaire de la racine est régulièrement convexe. Les
V L deux tiers cervicaux du contour lingual sont convexes, tandis que le tiers apical présente une
concavité. L'axe de la dent est généralement rectiligne. Sur certains spécimens, l'axe de la
Anatomie descriptive des dents humaines 2
racine peut présenter une concavité vestibulaire, le contour lingual est alors régulièrement
convexe et le contour vestibulaire, rectiligne, s'incurve du côté vestibulaire dans le tiers apical.
On dit que la canine maxillaire « relève la tête ».

Vue distale (fig. 2.78)


Les contours sont comparables à ceux de la vue mésiale. La surface distale de la couronne est
fortement convexe, à l'exception de la partie située cervicalement au point de contact distal où
vient mourir la dépression en « S » de la face vestibulaire qui isole le lobe distal.
La surface distale de la racine est comparable à la surface mésiale, avec une dépression géné-
ralement plus marquée.

Connaissances
L V

D
73
Fig. 2.78 Vue distale de la canine maxillaire droite (13).

Vue occlusale (fig. 2.79)


La face occlusale présente une forme grossièrement losangique. Son diamètre vestibulo-lin-
gual est supérieur au diamètre mésio-distal. L'alignement des arêtes cuspidiennes mésiale et
distale forme une crête mésio-distale qui divise la face occlusale en deux versants : l'un vestibu-
laire et l'autre lingual. Le sommet cuspidien est légèrement déporté du côté mésial. La surface
d'usure de la canine présente une forme losangique, caractéristique de cette classe de dents.
La ligne du plus grand contour est fortement convexe dans sa partie mésio-vestibulaire et,
dans sa partie disto-vestibulaire, elle présente une concavité due à la dépression en « S » qui
isole le lobe distal sur la face vestibulaire.

D M

Fig. 2.79 Vue occlusale de la canine maxillaire droite (13).

Application clinique : occlusodontie


La surface d'usure de la pointe cuspidienne de la canine maxillaire est losangique, contrairement à celle du
bord libre des incisives qui est rectiligne.
Anatomie dentaire

Anatomie interne
La canine maxillaire présente une cavité pulpaire simple répondant au type I, avec un canal princi-
pal dans le prolongement de la chambre pulpaire sans aucune démarcation, et un foramen apical.
La présence de deux canaux est exceptionnelle mais des foramina multiples sont retrouvés
dans 38 % des cas.

Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.80)


La cavité pulpaire est centrée. Sa plus grande largeur se situe au niveau du collet.
Les contours vestibulaire et lingual de la chambre pulpaire sont convexes avec parfois une
convexité plus prononcée en regard du cingulum. La corne pulpaire, unique, est étroite et
centrée sur la pointe cuspidienne.
Le canal pulpaire est large dans sa moitié cervicale. Il se réduit progressivement dans sa moitié
apicale jusqu'au foramen.

V L

74

Fig. 2.80 Coupe vestibulo-linguale de la canine maxillaire droite (13).

Coupe mésio-distale (fig. 2.81)


La cavité pulpaire est globalement plus étroite et plus régulière. Sa plus grande largeur se situe
également au niveau du collet. La corne pulpaire est centrée sur la pointe cuspidienne.

D M

M Fig. 2.81 Coupe mésio-distale de la canine maxillaire droite (13).


Anatomie descriptive des dents humaines 2

Application clinique : accès à la cavité pulpaire (fig. 2.82)


• Point d'élection : le centre de la crête d'émail linguale.
• Forme de contour de la cavité d'accès : ovalaire à grand axe vestibulo-lingual.
• L'approfondissement de cette cavité occlusale se fait en direction de la chambre pulpaire suivant l'axe
coronaire qui coïncide généralement avec le grand axe de la dent.

Connaissances
Fig. 2.82 Contour de la cavité d'accès endodontique de la canine maxillaire droite (13).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.83)


Le diamètre vestibulo-lingual est supérieur au diamètre mésio-distal. Les dépressions présentes 75
sur les faces mésiale et distale de la racine se traduisent par des concavités plus ou moins
prononcées sur les contours mésial et distal de la coupe au collet. Le contour lingual est plus
étroit que le contour vestibulaire.
La cavité pulpaire est centrée et ses contours suivent les contours radiculaires.

D M

Fig. 2.83 Coupe axiale cervicale de la canine maxillaire droite (13).

Variabilité anatomique (fig. 2.84)


La canine maxillaire est caractérisée par une importante variabilité anatomique.
La couronne peut être très haute ou, au contraire, raccourcie. La cuspide peut être plus ou
moins aiguë.
La crête d'émail et les crêtes marginales de la surface linguale peuvent être hypertrophiées, de
même que le cingulum qui prend alors l'aspect d'une véritable cuspide.
La racine peut être anormalement longue ou, au contraire, courte et trapue.
D M
L'extrémité apicale de la racine est fréquemment coudée, généralement du côté distal.
Anatomie dentaire

Fig. 2.84 Canine maxillaire gauche (23) ayant une racine particulièrement courte.

Applications cliniques
Avulsion
Avant de procéder à l'extraction chirurgicale d'une canine maxillaire, il est impératif d'évaluer radiologique-
ment et cliniquement la longueur et le volume de sa racine. Une racine robuste et longue s'accompagne
76 souvent d'une paroi osseuse vestibulaire fine, voire fenestrée. L'avulsion doit être conduite avec précaution
de manière à préserver la table osseuse vestibulaire qui pourra servir de support à des matériaux de com-
blement et/ou à la mise en place d'un implant.
Résection apicale
Compte tenu de l'importance de la hauteur radiculaire, l'apex de la canine se situe généralement entre la
cavité nasale en avant et le sinus maxillaire en arrière. Des effets indésirables, consécutifs à une intervention
chirurgicale, peuvent être ressentis par le patient (douleurs per- et post-opératoires dues aux insertions des
muscles abaisseur du septum nasal et releveur de l'angle oral).

B. Canine mandibulaire
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte, à son angle, une seule canine. Cette dent est
diphysaire et succède à la canine temporaire mandibulaire. Elle est monocuspidée et généra-
lement monoradiculée. Comme la canine maxillaire, la canine mandibulaire est une dent de
transition entre l'incisive latérale et la première prémolaire.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Chronologie d'évolution

Début de minéralisation 4 à 5 mois


Couronne achevée 6 à 7 ans
Éruption 9 à 10 ans
Racine édifiée 12 à 14 ans

Mensurations
Hauteur totale 27 mm
Hauteur couronne 11 mm
Hauteur racine 16 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5,5 mm
∅ VL coronaire 7,5 mm

Connaissances
∅ VL cervical 7 mm

La couronne de la canine mandibulaire est la plus haute de toutes les couronnes des dents
maxillaires et mandibulaires.

77

Applications cliniques
Prothèse
L'importante hauteur radiculaire de la canine mandibulaire confère à cette dent un ancrage excep-
tionnel dans l'os alvéolaire. Les canines mandibulaires sont couramment les dernières dents présentes
sur l'arcade. Leurs racines peuvent alors être mises à profit pour la réalisation d'une prothèse amovible
supraradiculaire.
Chirurgie
En absence d'alvéolyse, l'avulsion de la canine mandibulaire peut s'avérer délicate en raison de l'importance
de son ancrage radiculaire et de la forme rétentive de sa racine.
Anatomie dentaire

Anatomie externe (fig. 2.85)

V L V

D
V

78 M D

D M D

V L

Fig. 2.85 Schémas des différentes faces de la canine mandibulaire droite (43).

Vue vestibulaire (fig. 2.86)


En vue vestibulaire, la couronne de la canine mandibulaire est plus élancée et moins trapue
que celle de la canine maxillaire. Sa morphologie se rapproche de celle d'une incisive. Le collet
est étroit mais la jonction entre la couronne et la racine est moins marquée que celle de la
canine maxillaire. Les contours proximaux divergent peu à partir du collet.
Le contour mésial de la couronne est quasiment rectiligne. Il est aligné avec celui de la racine et
M
atteint un maximum de convexité correspondant au point de contact mésial, au quart occlusal
de la hauteur coronaire.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le contour distal est légèrement convexe jusqu'au point de contact distal, situé au tiers
occlusal de la hauteur coronaire. La région du point de contact surplombe le contour radi-
culaire distal.
À partir des points de contact, ces contours se continuent par les arêtes cuspidiennes
mésiale et distale. L'arête distale, plus longue et inclinée, est concave, marquée par la
dépression qui parcourt le pan distal de la face vestibulaire. L'arête mésiale est convexe,
plus courte et peu inclinée. Ces deux arêtes se rejoignent au niveau du sommet cuspidien
qui est déporté du côté mésial. En vue vestibulaire, la cuspide de la canine est émoussée et
son acuité est réduite.
La surface vestibulaire est globalement convexe. Elle comporte deux dépressions verticales,
sensiblement moins marquées que celles de la face vestibulaire de la canine maxillaire. La
dépression qui parcourt la partie distale de cette face est la plus prononcée. Elle prend nais-
sance à mi-hauteur de la couronne et se comble en s'épanouissant sur l'arête distale de la
cuspide.
La partie mésiale de la face vestibulaire est également parcourue par une dépression rectiligne
très atténuée.
La racine est conique et aplatie dans la direction mésio-distale. Son axe est rectiligne. Le tiers

Connaissances
apical est étroit et s'incurve généralement du côté distal pour se terminer par un apex arrondi.
La surface vestibulaire de la racine est régulièrement convexe.

79

D M

Fig. 2.86 Vue vestibulaire de la canine mandibulaire droite (43).

Vue linguale (fig. 2.87)


Tous les éléments de la face linguale de la canine maxillaire sont retrouvés sur la canine man-
dibulaire. La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. Elle est limitée par des crêtes
marginales mésiale et distale peu marquées qui naissent du cingulum et s'étendent jusqu'aux
arêtes cuspidiennes mésiale et distale. Les crêtes marginales des canines mandibulaires sont
convexes dans la direction mésio-distale. Le cingulum se prolonge par une discrète coulée
d'émail qui se dirige vers la pointe cuspidienne en s'estompant très rapidement à mi-hauteur
de la couronne. La fosse linguale, ainsi délimitée par les crêtes marginales et le cingulum, est
peu profonde.
Les reliefs de la face linguale de la canine mandibulaire sont très atténués. L'atrophie du cingu-
lum est fréquente. Cette face est comparable à celle des incisives mandibulaires.
La racine est conique avec un axe rectiligne. Elle est aplatie dans la direction mésio-distale. Le
tiers apical est étroit. Il s'incurve du côté distal et se termine par un apex arrondi. La surface
linguale de la racine est régulièrement convexe.
Anatomie dentaire

Fig. 2.87 Vue linguale de la canine mandibulaire droite (43).

Vues mésiale et distale (fig. 2.88 et 2.89)


Les éléments observés sur les vues mésiale et distale de la canine mandibulaire sont comparables.
La couronne est cunéiforme, à base cervicale. Les caractères de robustesse décrits pour la
canine maxillaire sont atténués.
Le contour vestibulaire est régulièrement convexe. Son maximum de convexité est situé au
tiers cervical de la hauteur coronaire.
Comme pour la canine maxillaire, le contour lingual de la couronne est constitué, du collet vers
80 la pointe cuspidienne, d'une succession de trois convexités :
• le cingulum qui est peu marqué ;
• les crêtes marginales, qui sont convexes dans la direction verticale ;
• l'arête linguale du sommet cuspidien.
Le maximum de convexité du contour lingual est également situé au quart cervical de la hau-
teur coronaire. Il correspond au maximum de convexité du cingulum.
La surface mésiale est quasiment plane, tandis que la surface distale est globalement convexe,
car elle est en surplomb par rapport au contour radiculaire.

M D

Fig. 2.88 Vue mésiale de la canine mandibulaire droite (43).

V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

L V

Fig. 2.89 Vue distale de la canine mandibulaire droite (43).

Connaissances
Dans plus de 90 % des cas, la canine mandibulaire présente une seule racine. Les contours
vestibulaire et lingual de la racine sont globalement parallèles dans leurs deux tiers cervicaux
et alignés avec les contours coronaires, sans rupture de continuité au niveau du collet. À mi-
hauteur radiculaire, il est fréquent d'observer un renflement de ces contours, la racine pouvant
devenir légèrement plus large qu'au niveau du collet.
Le contour lingual présente généralement une légère concavité dans la région apicale. Les
contours vestibulaire et lingual se rejoignent pour former le contour de la région apicale qui est
incurvée du côté lingual et se termine par un apex arrondi. La surface mésiale de la racine pré-
sente fréquemment une dépression sur toute sa hauteur. L'axe général de la racine est rectiligne 81
ou peut présenter une concavité linguale. On dit que la canine mandibulaire « baisse la tête ».
Dans environ 5 à 7 % des cas, la canine mandibulaire présente un dédoublement de sa racine
(fig. 2.90) qui peut aller de la simple bifidité de la région apicale avec un apex lingual et un
apex vestibulaire, jusqu'à la séparation complète en deux racines avec une racine linguale
et une racine vestibulaire. Dans ce dernier cas de figure, les deux racines ont des hauteurs
généralement équivalentes, mais la racine linguale est toujours légèrement plus étroite dans la
direction vestibulo-linguale. La hauteur du tronc radiculaire est donc très variable. Une dépres-
sion est fréquemment observée sur toute la hauteur de la surface mésiale de ce tronc.
Le renflement des contours vestibulaire et lingual à mi-hauteur de la racine est plus prononcé
sur la canine bifide ou biradiculée.

L V L V

D D

Fig.  2.90 Vues distales de deux canines mandibulaires droites  (43) présentant une bifidité de leur
racine.
Anatomie dentaire

Application clinique : ancrage radiculaire


La préparation des parois du canal radiculaire pour y insérer un tenon d'ancrage doit être prudente et soi-
gneuse pour tenir compte de l'aplatissement de la racine dans la direction mésio-distale et de l'éventuelle
présence d'une dépression sur toute la hauteur des surfaces mésiale et distale de la racine (constante en
présence de deux canaux).

Vue occlusale (fig. 2.91)


Comme celle de la canine maxillaire, la face occlusale de la canine mandibulaire est gros-
sièrement losangique. L'importance du diamètre vestibulo-lingual par rapport au diamètre
mésio-distal est plus prononcée. L'alignement des arêtes cuspidiennes mésiale et distale
forme une crête mésio-distale qui divise la face occlusale en deux parties distinctes : une
partie vestibulaire et une partie linguale. Le sommet cuspidien est légèrement déporté du
côté mésial. La surface d'usure de la canine présente une forme losangique, caractéristique
de cette classe de dents.
Le contour mésio-vestibulaire est fortement convexe et la dépression qui parcourt la
surface vestibulaire distale laisse une empreinte concave sur la portion disto-vestibulaire
du contour.

V
82

Fig. 2.91 Vue occlusale de la canine mandibulaire droite (43).

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.92 et fig. 2.93)
Dans environ 80 % des cas, la canine présente une cavité pulpaire interne simple avec
une seule racine et un seul canal assez volumineux. La cavité pulpaire est centrée, sa plus
grande largeur se situe au niveau du collet. Dans la couronne, la chambre se termine par
une corne pulpaire unique centrée sur la pointe cuspidienne. Dans la racine, le canal se
rétrécit sensiblement dans le tiers apical de la dent. Les contours vestibulaire et lingual
de la chambre pulpaire et des deux tiers cervicaux du canal sont convexes. Le contour
lingual présente généralement une légère concavité dans la région apicale. L'axe du
canal suit l'axe radiculaire ; il est faiblement incurvé du côté lingual.
La présence d'une cloison dentinaire est fréquente. Cette cloison sépare alors un canal
vestibulaire et un canal lingual qui se rejoignent à un niveau variable pour se terminer
par un foramen commun. Cette cloison peut aussi s'étendre jusqu'à la région apicale,
les canaux se terminant alors par des foramina apicaux distincts (fig. 2.93).
La présence de trois canaux est exceptionnelle.
L'existence de deux racines distinctes, avec un canal dans la racine vestibulaire et un canal dans
la racine linguale représente moins de 2 à 6 % des cas.

D
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V L

Fig. 2.92 Coupe vestibulo-linguale de la canine mandibulaire droite (43).

Connaissances
V L L V

83

M D

Fig. 2.93 Coupes vestibulo-linguales de deux canines mandibulaires droites (43) présentant une cloi-
son dentinaire (gauche) et une bifidité radiculaire (droite).

Coupe mésio-distale (fig. 2.94)


La corne pulpaire est centrée sur le sommet cuspidien. La cavité pulpaire est étroite et régu-
lière. Elle se rétrécit progressivement de la chambre au foramen apical. L'axe du canal suit l'axe
radiculaire ; il est légèrement incurvé du côté distal dans sa partie apicale.

D M

Fig. 2.94 Coupe mésio-distale de la canine mandibulaire droite (43).


Anatomie dentaire

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Point d'élection : tiers médian de la face linguale, au-dessus du cingulum.
• Forme de contour de la cavité d'accès : ovalaire à grand axe vestibulo-lingual.
• L'approfondissement de cette cavité occlusale se fait en direction de la chambre pulpaire suivant l'axe
coronaire. Un second canal doit systématiquement être recherché puisqu'il est présent dans environ
20 % des canines mandibulaires.

Coupe axiale cervicale (fig. 2.95)


Le diamètre vestibulo-lingual est supérieur au diamètre mésio-distal. Les dépressions présentes
sur les faces mésiale et distale de la racine se traduisent par des concavités plus ou moins
prononcées de la coupe au collet. Le contour lingual est nettement plus étroit que le contour
vestibulaire.
La cavité pulpaire est centrée et ses contours suivent ceux du contour radiculaire.

M D

Fig. 2.95 Coupe axiale cervicale de la canine mandibulaire droite (43).


84

Application clinique : préparation périphérique


La réalisation d'une préparation périphérique doit impérativement tenir compte des concavités mésiale et
distale visibles sur la coupe au collet.

Variabilité anatomique
La variabilité anatomique de la canine mandibulaire concerne principalement ses dimensions
(longueur totale de la dent, rapport couronne/racine), mais également la configuration de sa
cavité pulpaire.
Le dédoublement de la racine est relativement fréquent.

Application clinique : endodontie


La bifidité de la racine est parfois difficile à objectiver en raison de la superposition radiologique.
Il est donc conseillé d'adopter une incidence légèrement oblique pour la réalisation des clichés
radiologiques.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Résumé
❯ Les canines maxillaires ont une anatomie tranchée, leur axe corono-radiculaire est
rectiligne ou concave du côté vestibulaire, elles « relèvent la couronne » ; leur cou-
ronne est en fer de lance avec une cuspide aiguë et semble rajoutée sur la racine ;
la jonction racine–couronne est nette et bien marquée à angle vif. Les reliefs coro-
naires sont clairement marqués.
❯ Les canines mandibulaires ont une anatomie plus discrète, leur axe corono-­radiculaire
est courbe à concavité linguale, elles ont « une couronne qui plonge » ; leur couronne
est élancée avec une cuspide émoussée et semble solidaire de la racine ; la jonction

Connaissances
racine–couronne est estompée, faiblement marquée, parfois imperceptible. Les
reliefs coronaires sont discrets.
❯ La latéralité des canines se repère essentiellement par la convexité mésio-­vestibulaire
de la ligne du plus grand contour.

85
Anatomie dentaire

IV. Prémolaires permanentes


Une prémolaire est une dent dont la couronne possède au moins deux cuspides dont
une seule est située du côté vestibulaire. Cette dent est aussi appelée bicuspid par les
Anglo-Saxons.
Les prémolaires sont placées sur les parties latérales des arcades maxillaire et mandi-
bulaire, symétriquement par rapport au plan sagittal médian. On les nomme « prémo-
laires » car elles se situent en avant des molaires. Elles n'existent que dans la denture
permanente. Ce sont des dents diphysaires qui remplacent les premières et deuxièmes
molaires temporaires.
Les prémolaires sont au nombre de huit avec, pour chaque hémi-arcade, une première prémo-
laire et une deuxième prémolaire.
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent
de leur attribuer un code anatomique (première ou deuxième prémolaire, maxillaire ou
mandibulaire, droite ou gauche) et un code chiffré international (14, 15, 24, 25, 34, 35,
44, 45).
Les prémolaires sont des dents de transition entre les canines préhensiles et les molaires
broyeuses. Elles assistent les molaires dans leur fonction de broyage des aliments.

A. Prémolaires maxillaires
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une première et une deuxième prémolaires. Les pré-
86 molaires maxillaires sont en série descendante.

1. Première prémolaire maxillaire


La première prémolaire maxillaire est une dent bicuspidée et généralement biradiculée. Elle
succède à la première molaire temporaire. Chez un même individu, la première prémolaire est
légèrement plus grande que la deuxième.

Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 18 à 21 mois
Couronne achevée 5 à 6 ans
Éruption 10 à 11 ans
Racine édifiée 12 à 13 ans

Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 9 mm
∅ VL cervical 8 mm
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.96)

V L V

Connaissances
M D
V

D M

87
L

D M D

V L

Fig. 2.96 Schémas des différentes faces de la première prémolaire maxillaire droite (14).

Vue vestibulaire (fig. 2.97)


La couronne a une forme grossièrement ovoïde qui ressemble à celle de la canine voisine, mais
avec une acuité cuspidienne moindre.
La cuspide vestibulaire présente une arête mésiale et une arête distale. L'arête mésiale, fré-
quemment marquée d'une légère concavité, est plus longue et plus inclinée que l'arête distale,
déportant le sommet cuspidien du côté distal.
Le contour mésial est légèrement concave, du collet jusqu'au point de contact situé au tiers
occlusal de la hauteur coronaire. Le contour distal est faiblement convexe. Le point de contact
distal est situé au quart occlusal de la hauteur coronaire.
La surface vestibulaire présente deux dépressions verticales très douces qui délimitent trois
lobes : un lobe mésial, un lobe distal et un lobe central, ce dernier étant le plus volumineux.
La dépression mésiale, généralement plus marquée, déborde la ligne du plus grand contour,
rejoint la ligne cervicale, puis la concavité de la face mésiale, en isolant le lobe mésial, véritable
image atténuée et en miroir du lobe distal de la canine voisine. Cette dépression peut laisser
une encoche sur l'arête mésiale de la cuspide vestibulaire.
Anatomie dentaire

Le contour radiculaire est grossièrement conique et se termine par un apex arrondi. L'axe de la racine
est légèrement incliné du côté distal. La surface radiculaire vestibulaire est fortement convexe.

D M

Fig. 2.97 Vue vestibulaire de la première prémolaire maxillaire droite (14).

Application clinique : cliché rétro-alvéolaire


La majorité des premières prémolaires maxillaires présentent une racine vestibulaire et une racine linguale
qui se superposent sur un cliché rétro-alvéolaire réalisé suivant une incidence orthogonale. Il est donc
88 indispensable de réaliser un cliché rétro-alvéolaire suivant une incidence mésio-excentrée afin de dissocier
les deux racines.

Vue linguale (fig. 2.98)


La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. Les faces proximales sont donc visibles
sur la vue linguale de cette dent.
La cuspide linguale présente deux arêtes convexes : une arête mésiale et une arête distale. L'arête
distale est plus longue que l'arête mésiale, déportant ainsi le sommet cuspidien lingual du côté mésial.
Les contours mésial et distal sont fortement convexes ainsi que la surface linguale de la couronne.
Le contour radiculaire lingual est plus étroit que le contour vestibulaire et la surface linguale de
la racine est fortement convexe.

M D

Fig. 2.98 Vue linguale de la première prémolaire maxillaire droite (14).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue mésiale (fig. 2.99)
La première prémolaire maxillaire présente généralement deux racines : une racine vestibulaire
et une racine linguale.
La couronne a une forme grossièrement trapézoïdale. Les maximums de convexité des contours
vestibulaire et lingual sont situés au tiers cervical de la hauteur coronaire. Le diamètre vesti-
bulo-lingual de la couronne est plus grand que le diamètre vestibulo-lingual cervical, lui-même
plus grand que le diamètre vestibulo-lingual occlusal.
Le contour vestibulaire est plus convexe dans sa moitié cervicale, tandis que le contour lingual
est plus régulièrement arrondi et plus incliné.
La dent présente deux cuspides : une cuspide vestibulaire et une cuspide linguale. Le sommet
de la cuspide vestibulaire se situe dans l'alignement du grand axe de la racine vestibulaire,
alors que celui de la cuspide linguale est à l'aplomb de l'apex de la racine linguale.
La cuspide linguale est plus courte et moins aiguë que la cuspide vestibulaire.
La crête marginale mésiale se situe au tiers occlusal de la hauteur coronaire. Elle est constam-
ment sectionnée, en son milieu, par un sillon secondaire.
La surface mésiale de la couronne présente, sans exception, une concavité médiane qui naît
sous le point de contact, s'épanouit sur la partie médiane de la face mésiale, et déborde la

Connaissances
limite cervicale pour rejoindre la dépression mésiale du tronc radiculaire.
Le collet anatomique présente fréquemment une particularité : son tracé, comme pour toutes
les dents, est à concavité apicale, mais, en regard de la bifurcation, il peut envoyer un spicule
d'émail en direction de l'embrasure, lui conférant ainsi une forme d'accolade.
Les racines vestibulaire et linguale s'individualisent généralement, à mi-hauteur de la racine, à
partir du tronc radiculaire. L'axe de la racine vestibulaire est incliné du côté vestibulaire, et son
apex est généralement vertical. L'axe de la racine linguale est vertical ou légèrement incliné
du côté lingual, et son apex s'incurve fréquemment du côté vestibulaire. Le contour lingual de 89
la racine vestibulaire et le contour vestibulaire de la racine linguale déterminent l'embrasure
inter-radiculaire. Cervicalement, les deux racines sont réunies en un tronc radiculaire marqué,
sur toute sa ­hauteur, par une importante dépression verticale et médiane qui, naissant à la
bifurcation, s'étend jusqu'à la limite cervicale qu'elle déborde.
Tous les stades de rapprochement entre les deux racines peuvent être rencontrés : de la forme
la plus classique avec deux racines individualisées, à la fusion totale en une seule racine, en
passant par l'accolement. La dépression mésiale est retrouvée dans toutes ces configurations
radiculaires de la première prémolaire maxillaire.

V L

Fig. 2.99 Vue mésiale de la première prémolaire maxillaire droite (14).


Anatomie dentaire

Applications cliniques
Traitement parodontal
Le praticien doit garder à l'esprit la présence de la concavité sur les surfaces coronaire et radiculaire mésiales
lors de la recherche de lésions carieuses ou de dépôts de tartre. Elle contraint le praticien à adapter son
instrumentation ou son geste lors d'un détartrage ou d'un surfaçage radiculaire.
Traitement restaurateur
Le contrôle de l'adaptation de la matrice préalablement à la restauration d'une perte de substance mésiale
de la dent par une technique foulée ou collée est indispensable.
Cariologie et fragilité de la prémolaire maxillaire
La couronne de la prémolaire maxillaire est comparable à la juxtaposition de deux cônes (les cuspides)
reliés par les crêtes marginales. Cette disposition et l'étroitesse mésio-distale cervicale confèrent à la dent
une fragilité anatomique qui est renforcée par l'effet de coin qu'exerce la cuspide vestibulaire de la prémo-
laire mandibulaire lors de l'occlusion.
Les crêtes marginales jouent un rôle essentiel dans la résistance de la dent. Si les crêtes marginales perdent leur
intégrité, la résistance de l'ensemble est compromise, favorisant ainsi les fêlures et fractures mésio-distales.

Vue distale (fig. 2.100)


Les contours sont comparables à ceux de la vue mésiale. Cependant, la crête marginale distale est située
plus cervicalement et découvre ainsi une plus grande partie de la face occlusale. La crête marginale
distale est rarement sectionnée par un sillon secondaire. Lorsque ce sillon est présent, il est peu marqué.
90 Par ailleurs, la surface coronaire distale est toujours convexe. La dépression radiculaire est
atténuée, elle se comble au niveau du collet qu'elle ne franchit jamais.

Fig. 2.100 Vue distale de la première prémolaire maxillaire droite (14).

Vue occlusale (fig. 2.101)


La ligne du plus grand contour présente grossièrement la forme d'un pentagone asymétrique
dont les côtés sont mésio-vestibulaire, mésial, lingual, distal et disto-vestibulaire. Le diamètre
vestibulo-lingual est nettement supérieur au diamètre mésio-distal.
Le point de contact distal est plus vestibulaire que le point de contact mésial et le contour disto-
vestibulaire s'en trouve donc plus court que le contour mésio-vestibulaire. Les dépressions de
la surface vestibulaire laissent leur empreinte sur ces deux contours qui se rejoignent sur l'arête
vestibulaire. En vue occlusale, la face vestibulaire est nettement plus large que la face linguale.
L V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le sommet de la cuspide linguale étant fortement déporté du côté mésial, le contour disto-
lingual est plus long, plus convexe et plus fuyant que le contour mésio-lingual. Ces deux
contours rejoignent le sommet du contour lingual qui est déporté du côté mésial.
La table occlusale est enfermée dans les limites des arêtes marginales mésiale et distale et
des crêtes cuspidiennes vestibulaire et linguale. Un sillon principal central, mésio-distal, divise
la table occlusale en reliant les fosses marginales mésiale et distale. Dans chacune d'elles, il
se termine par deux petits sillons marginaux vestibulaire et lingual qui forment le fond de
chacune des fosses marginales. Ce sillon principal intercuspidien est équidistant des sommets
cuspidiens.
La crête marginale mésiale est sectionnée de manière constante par un sillon secondaire qui
prend naissance dans la fosse marginale mésiale et se termine au centre de la surface mésiale
de la couronne, en arrière du point de contact. Ce sillon secondaire se situe dans l'alignement
du sillon intercuspidien central, il n'entre pas directement en contact avec lui et sert de voie
d'échappement pour les aliments lors de la mastication.

Connaissances
D M

Fig. 2.101 Vue occlusale de la première prémolaire maxillaire droite (14).


91

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.102)
Tous les stades, de l'accolement partiel à une fusion complète entre les deux racines de la pre-
mière prémolaire maxillaire, peuvent être rencontrés. Cependant, quelle que soit la configu-
ration radiculaire, cette dent comporte toujours deux canaux pulpaires : un canal vestibulaire
et un canal lingual, visibles sur la coupe vestibulo-linguale. Ces deux canaux sont parallèles en
présence de racines fusionnées. Le canal lingual est généralement le plus large.
La chambre pulpaire est bien développée, elle émet deux cornes pulpaires bien individualisées
et centrées sur le sommet cuspidien correspondant : lingual ou vestibulaire.
Exceptionnellement, la première prémolaire maxillaire peut comporter un seul canal.

V L V L

M M

Fig. 2.102 Coupes vestibulo-linguales de la première prémolaire maxillaire droite (14).


Anatomie dentaire

Coupe mésio-distale (fig. 2.103)


Lorsque cette coupe passe par le grand axe de la racine vestibulaire ou linguale, elle met en
évidence un canal dont le diamètre maximum est situé au collet et décroît régulièrement de
part et d'autre, en direction de l'apex et de la corne pulpaire. Seule la corne de la chambre en
rapport avec le canal pulpaire concerné par la coupe est visible, elle est centrée sur le sommet
cuspidien correspondant : vestibulaire ou lingual.

D M D M

Fig. 2.103 Coupes mésio-distales de la première prémolaire maxillaire droite (14) passant par un som-
met cuspidien à gauche et par le sillon intercuspidien à droite.

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


92
Le contour de la cavité d'accès endodontique est ovalaire suivant un grand axe vestibulo-lingual passant
par les sommets cuspidiens et centré sur la table occlusale (fig. 2.104). L'approfondissement de cette cavité
occlusale se fait en direction de la chambre pulpaire suivant l'axe coronaire qui coïncide généralement avec
l'axe de la dent.

Réalisation de la cavité d'accès endodontique de la première prémolaire maxillaire droite (14).


Avec l'aimable autorisation du professeur Stéphane Simon.

Coupe axiale cervicale (fig. 2.105)


La première prémolaire maxillaire a une coupe au collet caractéristique : la dépression mésiale,
qui s'étend à la fois sur la racine et sur la couronne, lui confère une forme de haricot dont le
diamètre vestibulo-lingual est nettement supérieur au diamètre mésio-distal et dont le dia-
mètre mésio-distal est plus important du côté vestibulaire.
La coupe au collet passe au niveau de la chambre pulpaire dont le contour est centré et suit
V

fidèlement celui de la racine avec une concavité mésiale et un grand axe vestibulo-lingual.

Fig. 2.104
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V

D M

Coupe axiale cervicale de la première prémolaire maxillaire droite (14).

Applications cliniques
Préparation périphérique
La réalisation d'une préparation périphérique doit impérativement tenir compte de l'existence et de l'inten-
sité de la concavité mésiale corono-radiculaire qui doit être clairement enregistrée par l'empreinte et repro-
duite par la restauration afin d'obtenir une bonne adaptation et une bonne intégration de la prothèse.
Tenons radiculaires

Connaissances
La finesse des racines de cette dent et la présence de la concavité mésiale sur le tronc radiculaire rendent
difficile la réalisation de tenons radiculaires. Le risque de fracture ou de perforation latérale doit être évalué
radiologiquement avant de réaliser le logement du tenon.

Variabilité anatomique
Les premières prémolaires maxillaires présentent deux racines dans 60 % des cas. Ces racines
peuvent être plus ou moins divergentes et plus ou moins longues, avec un tronc radiculaire 93
de taille variable.
Les quatre configurations les plus fréquemment rencontrées sont :
• racines longues et divergentes avec un tronc radiculaire court ;
• racines de longueur moyenne et peu divergentes avec un tronc radiculaire important ;
• racines très courtes et parallèles avec un tronc radiculaire très haut ;
• racines très fines et parallèles avec un tronc radiculaire extrêmement développé.
Dans 40 % des cas, les premières prémolaires maxillaires présentent une racine unique avec
deux canaux (fig. 2.106).
Exceptionnellement, cette dent peut être triradiculée (deux racines vestibulaires et une racine
linguale) (fig. 2.107).

Fig. 2.105

Vue distale d'une première prémolaire maxillaire gauche (24) à une racine.

Fig. 2.106
Anatomie dentaire

Fig. 2.107 Vue vestibulaire d'une première prémolaire maxillaire droite (14) à trois racines.

Application clinique : avulsion


La première prémolaire maxillaire présente fréquemment des racines avec des apex fins et fortement cour-
bés du côté vestibulaire. Cette configuration est associée à un risque accru de fracture des apex lors de
l'avulsion de la dent, mais n'est généralement pas objectivée à l'examen radiologique.
Une difficulté à extraire la dent doit interpeller le praticien et lui rappeler l'existence de nombreuses varia-
tions anatomiques (fig. 2.108).
94

Fig. 2.108 Vue mésiale d'une première prémolaire maxillaire droite (14) dont les deux racines sont
particulièrement fines.

2. Deuxième prémolaire maxillaire


À première vue, la deuxième prémolaire maxillaire ressemble fortement à la première, mais une
observation précise met en évidence des caractères anatomiques essentiels qui permettent de
la différencier.
Cette dent est habituellement bicuspidée et monoradiculée, cependant, elle peut aussi être
biradiculée. Elle succède à la deuxième molaire temporaire. Chez un même individu, la deu-
xième prémolaire est légèrement plus petite que la première.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 24 à 27 mois
Couronne achevée 6 à 7 ans
Éruption 10 à 12 ans
Racine édifiée 12 à 14 ans

Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 9 mm

Connaissances
∅ VL cervical 8 mm

Application clinique : rapport avec le sinus maxillaire


Les apex de la deuxième prémolaire maxillaire sont fréquemment en rapport plus ou moins étroit avec le 95
plancher du sinus maxillaire. Lors d'un traitement endodontique, la longueur de travail doit être précisé-
ment contrôlée afin d'éviter un passage du matériau d'obturation dans la cavité sinusienne qui peut être à
l'origine de phénomènes inflammatoires (fig. 2.109).

Fig. 2.109 Deuxième prémolaire maxillaire gauche (25) dont la racine est en contact avec le
plancher sinusien.

Anatomie externe (fig. 2.110)


La morphologie globale de la deuxième prémolaire maxillaire est comparable à celle de la
première prémolaire qui sert de modèle de description.
Anatomie dentaire

V L V

M D
V

D M

L
96
D M D

V L

Fig. 2.110 Schémas des différentes faces de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Vue vestibulaire (fig. 2.111)


La hauteur coronaire de la deuxième prémolaire est légèrement inférieure à celle de la pre-
mière, ce qui lui donne un aspect plus trapu en vue vestibulaire.
La cuspide vestibulaire est moins aiguë que celle de la première prémolaire. Elle présente une
arête mésiale et une arête distale, toutes deux convexes. L'arête distale est légèrement plus
longue que l'arête mésiale. Le sommet cuspidien vestibulaire est donc légèrement déporté du
côté mésial.
Les points de contact mésial et distal se situent au tiers occlusal de la hauteur coronaire. Les
contours mésial et distal sont convexes du collet aux points de contact et divergent moins, que
sur la première prémolaire.
La surface coronaire vestibulaire est régulièrement convexe et ne présente pas de
dépressions.
Le contour radiculaire est grossièrement conique et se termine par un apex arrondi. L'axe de
la racine est rectiligne, à peine incliné du côté distal. La surface vestibulaire de la racine est
fortement convexe.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.111 Vue vestibulaire de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Connaissances
Vue linguale (fig. 2.112)
La largeur de la face linguale est à peine inférieure à celle de la face vestibulaire. Les faces proxi-
males sont donc quasiment invisibles, contrairement à celles de la première prémolaire.
La cuspide linguale présente deux arêtes convexes : une arête mésiale et une arête distale. L'arête
distale est plus longue que l'arête mésiale, déportant ainsi le sommet cuspidien du côté mésial.
Les contours mésial et distal sont globalement convexes, le contour distal est légèrement plus anguleux.
Le contour radiculaire lingual est plus étroit que le contour vestibulaire. La surface linguale de
la racine est fortement convexe. 97

Fig. 2.112 Vue linguale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Vue mésiale (fig. 2.113)


La deuxième prémolaire maxillaire présente généralement une seule racine, mais la configu-
ration à deux racines – une racine vestibulaire et une racine linguale – est fréquente. Dans ce
cas, la bifurcation radiculaire peut se situer à mi-hauteur de la racine.
Comme la première prémolaire, la couronne de la deuxième prémolaire a une forme gros-
sièrement trapézoïdale. Les maximums de convexité des contours vestibulaire et lingual sont
situés au tiers cervical de la hauteur coronaire. Le diamètre vestibulo-lingual de la couronne
est plus grand que le diamètre vestibulo-lingual cervical, lui-même plus grand que le diamètre
D M

vestibulo-lingual occlusal.
D
Anatomie dentaire

Le contour vestibulaire est régulièrement convexe ; cette convexité est plus marquée sur le
contour lingual.
La dent présente deux cuspides, généralement de même hauteur : une cuspide vestibulaire et
une cuspide linguale.
La crête marginale mésiale se situe au tiers occlusal de la hauteur coronaire mais n'est pas
systématiquement sectionnée par un sillon secondaire.
La racine est large et de forme grossièrement pyramidale à base cervicale. La surface mésiale
de la couronne est toujours régulièrement convexe. Une dépression médiane s'étend sur toute
la hauteur radiculaire si la dent présente une seule racine. Cette dépression ne concerne que le
tronc radiculaire si la dent est biradiculée. Parfois très prononcée, cette dépression peut créer
un étranglement à mi-hauteur radiculaire.

V L

M
98

Fig. 2.113 Vue mésiale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Vue distale (fig. 2.114)


La couronne a une forme grossièrement trapézoïdale. Les contours coronaires sont compa-
rables à ceux de la vue mésiale. La crête marginale distale est située sensiblement à la même
hauteur que la crête marginale mésiale et n'est pas sectionnée par un sillon secondaire.
La surface coronaire distale est convexe.
La surface radiculaire distale peut être parcourue par une dépression médiane qui s'étend sur
toute la hauteur de la racine ou du tronc radiculaire.

L V

Fig. 2.114 Vue distale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue occlusale (fig. 2.115)
La ligne du plus grand contour a une forme grossièrement ovalaire. Le diamètre vestibulo-
lingual est nettement supérieur au diamètre mésio-distal.
Le point de contact distal est situé au tiers vestibulaire, tandis que le point de contact mésial est
pratiquement centré. En vue occlusale, la face vestibulaire est à peine plus large que la face lin-
guale. Les contours mésial et distal convergent peu vers le côté lingual et sont quasiment parallèles.
Le sommet de la cuspide linguale est déporté du côté mésial. Le contour disto-lingual est plus
long et plus fuyant que le contour mésio-lingual.
La table occlusale est enfermée dans les limites des arêtes marginales mésiale et distale et des
crêtes cuspidiennes vestibulaire et linguale. Un sillon principal central mésio-distal, plus court
que celui de la première prémolaire, vient diviser cette table occlusale. Il est à égale distance
des sommets cupsidiens. Ce sillon relie les fosses marginales mésiale et distale et donne nais-
sance à de nombreux sillons accessoires qui procurent à cette table occlusale un aspect plus
tourmenté que celui de la première prémolaire.
Il n'existe pas de sillon secondaire au niveau de la crête marginale mésiale.

Connaissances
D

Fig. 2.115 Vue occlusale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15). 99

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.116)
La chambre pulpaire est bien développée et émet deux cornes pulpaires bien individualisées en
regard des sommets cuspidiens correspondants.
Généralement, cette coupe met en évidence un canal unique dont le diamètre est maximal au
collet, et décroît régulièrement en progressant vers l'apex.
À mi-hauteur radiculaire, le canal pulpaire peut se dédoubler et donner naissance à un canal
vestibulaire et un canal lingual. Ces deux canaux peuvent suivre des directions parallèles et
se terminer par des foramina apicaux distincts, ou peuvent être séparés par un îlot dentinaire
dans un premier temps, puis se rejoindre à nouveau en un canal et un foramen apical com-
muns. Ces deux dernières configurations canalaires peuvent être observées dans la deuxième
prémolaire monoradiculée, quand elle présente deux canaux radiculaires. La présence des
canaux latéraux et terminaux est fréquente.

V L

M
Coupe vestibulo-linguale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Fig. 2.116
Anatomie dentaire

Coupe mésio-distale (fig. 2.117)


Cette coupe montre un canal dont le diamètre est maximal au collet et décroît en direction de
l'apex et de la corne pulpaire. La corne pulpaire est centrée dans le noyau dentinaire et sur le
sommet cuspidien correspondant.

D M

Fig. 2.117 Coupe mésio-distale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.118)


La deuxième prémolaire maxillaire a une coupe au collet globalement ovalaire dont le diamètre
vestibulo-lingual est nettement supérieur au diamètre mésio-distal. Le diamètre mésio-distal
est plus important du côté vestibulaire. Les contours mésial et distal peuvent être convexes,
aplatis ou même présenter une concavité discrète.
La coupe au collet passe au niveau de la chambre pulpaire qui est centrée et suit fidèlement
100 le contour radiculaire.

D M

Fig. 2.118 Coupe axiale cervicale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


Le contour de la cavité d'accès endodontique est ovalaire à grand axe vestibulo-lingual, mais plus arrondi
que celui de la première prémolaire. L'approfondissement de cette cavité occlusale se fait suivant l'axe de
la couronne qui correspond généralement à celui de la dent.
Habituellement, la deuxième prémolaire maxillaire présente une racine avec un canal centré sur la table
occlusale. Lors de la réalisation de la cavité d'accès, si le canal n'est pas centré, un second canal doit être
suspecté et recherché dans l'axe vestibulo-lingual des sommets cuspidiens. Un cliché rétro-alvéolaire pré-
opératoire réalisé selon une incidence mésio-excentrée permet d'objectiver la présence de deux canaux.

V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Variabilité anatomique
La deuxième prémolaire présente généralement une seule racine. Cependant, la bifidité est
fréquente puisqu'elle est observée dans environ 15 % des cas.

B. Prémolaires mandibulaires
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte une première et une deuxième prémolaires. Les
prémolaires mandibulaires sont en série ascendante.

1. Première prémolaire mandibulaire


La première prémolaire mandibulaire est une dent bicuspidée et monoradiculée. Elle succède
à la première molaire temporaire. Chez un même individu, cette première prémolaire est légè-
rement plus petite que la deuxième.

Connaissances
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 21 à 24 mois
Couronne achevée 5 à 6 ans
Éruption 10 à 12 ans
Racine édifiée 12 à 13 ans

Mensurations 101

Hauteur totale 22,5 mm


Hauteur couronne 8,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 7,5 mm
∅ VL cervical 6,5 mm
Anatomie dentaire

Anatomie externe (fig. 2.119)

V L V

M D
V

M D

102 L
D M D

V L

Fig. 2.119 Schémas des différentes faces de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

Vue vestibulaire (fig. 2.120)


La vue vestibulaire de cette dent ressemble à celle de la canine voisine, mais avec une cuspide
moins aiguë.
La cuspide vestibulaire présente des arêtes mésiale et distale inclinées à environ 30°. L'arête
mésiale est généralement convexe tandis que l'arête distale, qui peut être concave et légère-
ment plus longue, déporte le sommet cuspidien du côté mésial.
Le diamètre mésio-distal cervical est nettement inférieur au diamètre mésio-distal de la cou-
ronne, et les faces proximales divergent fortement.
Les contours coronaires proximaux sont à peine convexes et peuvent même présenter une
discrète concavité entre le collet et les points de contact qui sont asymétriques. Le point de
contact est situé au tiers occlusal du côté mésial et juste au-dessus de la moitié de la hauteur
de la couronne du côté distal.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.120 Vue vestibulaire de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

Connaissances
La surface vestibulaire présente deux légères dépressions verticales délimitant trois lobes : un
lobe mésial, un lobe distal et un lobe central, ce dernier étant le plus volumineux. Le lobe
central est parcouru sur toute sa hauteur par une arête vestibulaire.
Le contour radiculaire est régulièrement convexe, grossièrement conique et se termine habi-
tuellement par un apex pointu. L'axe de la racine est incliné du côté distal et la surface vesti-
bulaire de la racine est fortement convexe.

Vue linguale (fig. 2.121)


103
La face linguale étant nettement plus étroite que la face vestibulaire et la table occlusale étant
fortement inclinée en lingual, les faces proximales et une grande partie de la table occlusale
sont visibles sur la vue linguale de la dent présentée sur la figure 2.121. La moitié occlusale de
la couronne découvre ainsi largement le versant interne de la cuspide vestibulaire.
La crête marginale distale est située plus occlusalement que la crête marginale mésiale. Ces
deux crêtes sont visibles sur la vue linguale. La crête marginale mésiale est constamment sépa-
rée de la cuspide linguale par un sillon qui naît dans la fosse marginale mésiale et se termine
dans la zone de transition, entre les faces axiales linguale et mésiale.

D M

Fig. 2.121 Vue linguale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

D
Anatomie dentaire

La cuspide linguale est fréquemment acérée, mais toujours de petite taille. Son sommet est
généralement aligné avec celui de la cuspide vestibulaire.
Le contour radiculaire lingual est plus étroit que le contour vestibulaire. La surface linguale de
la racine est fortement convexe.

Vue mésiale (fig. 2.122)


La couronne de la première prémolaire mandibulaire présente une forme globalement losan-
gique, caractéristique des dents cuspidées mandibulaires.
Cette dent possède deux cuspides : une cuspide vestibulaire et une cuspide linguale.
Le contour lingual de la couronne est légèrement convexe et surplombe totalement le contour
radiculaire. Son maximum de convexité est situé au quart occlusal de la hauteur coronaire, et
le sommet de la cuspide linguale est aligné avec le contour radiculaire lingual.
À l'inverse, le contour vestibulaire, très incliné, est fortement convexe, en particulier dans sa
moitié cervicale. Son maximum de convexité est situé au quart cervical de la hauteur coronaire.
Le sommet de la cuspide vestibulaire, fortement déporté vers le centre de la face occlusale, est
pratiquement aligné avec le grand axe de la dent.
Le contour occlusal est constitué par l'alignement des arêtes internes des cupides vestibulaire
et linguale qui se rejoignent pour former l'encoche du sillon principal central mésio-distal. Ce
sillon, très nettement déporté du côté lingual, divise la table occlusale en deux parties inégales.
La cuspide linguale est nettement moins haute et moins volumineuse que la cuspide vestibu-
laire. La table occlusale est inclinée à 45° du côté lingual.
La surface mésiale de la couronne est étroite et fortement convexe. Le sillon principal intercus-
pidien, en débordant des limites de la table occlusale, vient mourir dans la zone de transition
située entre les surfaces coronaires axiales linguale et mésiale.
104
M

Fig. 2.122 Vue mésiale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

La première prémolaire mandibulaire présente généralement une seule racine dont l'apex est
émoussé. La surface radiculaire est globalement convexe, mais elle est fréquemment parcou-
rue par une dépression médiane longitudinale.

Vue distale (fig. 2.123)


Les contours coronaire et radiculaire de la vue distale sont comparables à ceux de la vue
mésiale. La crête marginale distale est généralement plus haute et moins inclinée que la crête
marginale mésiale. La surface distale de la couronne est plus étendue et moins fortement
convexe que la surface mésiale.
La surface radiculaire est globalement convexe, mais elle peut être parcourue par une
V L
dépression médiane longitudinale, moins marquée que du côté mésial.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

L V

Fig. 2.123 Vue distale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

Connaissances
Vue occlusale (fig. 2.124)
De part et d'autre de l'arête vestibulaire, le contour vestibulaire de la ligne du plus grand
contour est généralement convexe. Il peut parfois être légèrement concave si les dépressions
de la face vestibulaire sont marquées et laissent leurs empreintes sur les arêtes cuspidiennes
vestibulaires. Les points de contact sont légèrement déportés en vestibulaire dans le tiers
moyen de la face occlusale. Les contours proximaux convergent fortement vers la face lin-
guale. Le contour mésial est plus court et plus convexe que le contour distal, ce qui constitue 105
une exception à la règle générale selon laquelle une surface mésiale est plus étendue et
aplatie qu'une surface distale. La première prémolaire mandibulaire est la seule dent dont
la face mésiale est plus étroite et plus convexe que la face distale. Le contour lingual est
fortement convexe.
La table occlusale est circonscrite par les arêtes cuspidiennes et marginales. Elle est princi­
palement constituée par le versant interne de la cuspide vestibulaire, et complétée par
le versant interne de la petite cuspide linguale. Les arêtes occlusales des deux cuspides
se rejoignent au niveau du sillon intercuspidien qui peut être anfractueux ou comblé par
la crête transversale d'émail que forme la continuité des arêtes. Ce sillon relie les fosses
marginales mésiale et distale en dessinant une courbe à concavité vestibulaire qui déli-
mite l'assise occlusale de la cuspide vestibulaire. Fréquemment, un prolongement de ce
sillon s'insinue entre la crête marginale mésiale et la cuspide linguale en débordant de la
table occlusale.

M D

Fig. 2.124 Vue occlusale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).


Anatomie dentaire

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.125)
La cavité pulpaire est généralement simple. Le plafond de la chambre pulpaire est incliné du
côté lingual, il suit le contour de la table occlusale. La chambre pulpaire émet une corne pul-
paire principale vestibulaire centrée sur la cuspide et une corne moins marquée en regard de
la cuspide linguale. Généralement, la largeur de la cavité pulpaire se réduit progressivement
jusqu'à la limite entre le tiers moyen et le tiers apical. Dans ce dernier tiers, la largeur de la
cavité radiculaire devient plus faible et constante.
La cavité pulpaire peut présenter d'autres configurations :
• le canal peut se dédoubler dans le tiers apical en donnant un canal vestibulaire et un canal lingual ;
• le canal peut être unique et très large de la chambre pulpaire à l'apex.

106
Fig. 2.125 Coupe vestibulo-linguale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

Coupe mésio-distale (fig. 2.126)


Cette coupe montre une chambre bien centrée dans le noyau dentinaire et une corne vestibu-
laire dans l'axe du sommet cuspidien. Le canal a un diamètre qui se réduit régulièrement de la
chambre à l'apex.

D M

Fig. 2.126 Coupe mésio-distale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.127)


La première prémolaire mandibulaire a une coupe au collet globalement ovalaire dont le dia-
mètre vestibulo-lingual est supérieur au diamètre mésio-distal. Le diamètre mésio-distal est à
V

peine plus important du côté vestibulaire. Une légère dépression, plus intense du côté mésial
quand elle existe, peut marquer les contours proximaux.
M

V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V

M D

Fig. 2.127 Coupe axiale cervicale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).

La coupe au collet passe par la chambre pulpaire dont le contour est centré et suit fidèlement
le contour radiculaire.

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


Le contour de la cavité d'accès endodontique est légèrement ovalaire à grand axe vestibulo-lingual
(fig.  2.128) et centré sur la table occlusale. La table occlusale étant déportée du côté lingual, la
cavité d'accès est réalisée aux dépens de la cuspide vestibulaire. Son approfondissement se fait dans
l'axe de la couronne qui est fortement incliné.

Connaissances
Si la dent présente deux canaux, la cavité d'accès est plus étirée dans la direction vestibulo-linguale.

107

Fig.  2.128 Contour de la cavité d'accès endodontique de la première prémolaire mandibulaire


droite (44).
Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 20.

Variabilité anatomique
Les premières prémolaires mandibulaires présentent, dans 14 à 16 % des cas, une racine comportant
un canal vestibulaire et un canal lingual. Cette configuration passe fréquemment inaperçue sans une
observation attentive du cliché radiographique. Seuls un cliché réalisé suivant une incidence mésio-
excentrée et le sens tactile du praticien lors du cathétérisme peuvent objectiver cette situation.

2. Deuxième prémolaire mandibulaire


La deuxième prémolaire mandibulaire est une dent bi- ou tricuspidée, généralement mono­
radiculée. Elle succède à la deuxième molaire temporaire. Chez un même individu, la deuxième
prémolaire mandibulaire est légèrement plus volumineuse que la première.

Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 27 à 30 mois
Couronne achevée 6 à 7 ans
Éruption 11 à 12 ans
Racine édifiée 13 à 14 ans
Anatomie dentaire

Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8 mm
Hauteur racine 14,5 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 8 mm
∅ VL cervical 7 mm

Anatomie externe (fig. 2.129)

V L V

108

M D
V

M D

D M D L

V L

Fig. 2.129 Schémas des différentes faces de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue vestibulaire (fig. 2.130)
La vue vestibulaire de la dent présentée à la figure  2.130 ressemble à celle de la première
prémolaire, avec un sommet cuspidien émoussé. La surface vestibulaire est régulièrement et
fortement convexe. Les contours mésial et distal de la couronne sont convexes. Le point de
contact distal est plus cervical que le point de contact mésial.
Le contour radiculaire est régulièrement convexe et grossièrement conique. L'axe de la racine
est légèrement incliné du côté distal et son tiers apical s'incurve plus fortement pour se termi-
ner par un apex émoussé.

D M

Connaissances
Fig. 2.130 Vue vestibulaire de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).
109

Application clinique : proximité avec le foramen mentonnier


Dans 78 % des cas, le foramen mentonnier entretient une proximité importante avec l'apex de la deuxième
prémolaire. La présence d'une image radio-claire et de forme arrondie proche de son apex doit inciter le
praticien à distinguer le foramen mentonnier d'une lésion péri-apicale (fig. 2.131).

Fig. 2.131 Foramen mentonnier à l'aplomb de l'apex de la deuxième prémolaire mandibulaire


gauche (35).
Anatomie dentaire

Vue linguale (fig. 2.132)


Deux configurations se rencontrent selon que la deuxième prémolaire mandibulaire est bicus-
pidée (une cuspide vestibulaire et une cuspide linguale) ou tricuspidée (une cuspide vestibu-
laire et deux cuspides linguales).

Fig. 2.132 Vue linguale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).

Prémolaire tricuspidée
La face linguale est égale à la face vestibulaire ou à peine plus étroite que celle-ci, mais dans
cette forme anatomique tricuspidée, il lui arrive d'être la face la plus large, ce qui constitue
110 alors une exception à la règle de la convergence linguale des faces proximales. Sur cette vue
linguale, les faces proximales ne sont pas visibles. Il en va de même pour la table occlusale qui,
étant moins inclinée vers le côté lingual que sur la première prémolaire, ne découvre pratique-
ment pas ses éléments constitutifs.
Les deux cuspides linguales sont séparées l'une de l'autre par un sillon intercuspidien qui, en
fonction du développement variable de la cuspide disto-linguale, siège entre la moitié et le tiers
distal de la face linguale. En dehors de ce sillon, la surface linguale est régulièrement convexe.
La cuspide disto-linguale est le, plus souvent, moins large et également moins haute d'environ
1 mm que la cuspide mésio-linguale ; elle occupe généralement le tiers distal de cette face,
mais, son volume étant variable, elle peut en occuper plus de la moitié. L'arête mésiale de la
cuspide mésio-linguale se poursuit sans discontinuité avec la crête marginale mésiale, tandis
que l'arête distale de la cuspide disto-linguale s'articule avec la crête marginale distale qui est
constamment plus cervicale que la crête marginale mésiale.
La surface radiculaire linguale est régulièrement convexe.

Prémolaire bicuspidée
La face linguale est moins large que la face vestibulaire et les faces proximales sont donc
visibles sur la vue linguale. L'unique cuspide linguale est légèrement plus courte que la cuspide
vestibulaire, tout comme la cuspide mésio-linguale de la deuxième prémolaire tricuspidée dont
elle est l'homologue, et son sommet est centré. Les arêtes cupidiennes mésiales et distales
des cuspides vestibulaire et linguale sont en continuité avec les crêtes marginales. La crête
marginale distale est constamment plus cervicale que la crête marginale mésiale. La surface
coronaire linguale est régulièrement convexe, tout comme la surface radiculaire linguale.

Vue mésiale (fig. 2.133)


Cette vue, caractéristique des dents cuspidées mandibulaires, révèle une couronne dont l'axe et la table
occlusale sont déportés du côté lingual. Le contour vestibulaire est incliné et régulièrement convexe,
D
avec un maximum de convexité situé au tiers cervical de la hauteur coronaire. Le contour lingual est
convexe, il surplombe la limite cervicale et son maximum de convexité est situé au tiers occlusal de la
hauteur coronaire. Le sommet de la cuspide vestibulaire se projette franchement à l'intérieur des limites
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.133 Vue mésiale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).

Connaissances
cervicales. Le sommet de la cuspide linguale ou mésio-linguale est à l'aplomb du contour radiculaire
lingual. La table occlusale est inclinée de 15° vers la face linguale et la crête marginale mésiale lui est
parallèle. Cette crête étant plus occlusale que la crête marginale distale, les éléments de la face occlu-
sale sont peu exposés. La surface mésiale de la couronne est large et faiblement convexe ou aplatie.
La racine est conique et se termine par un apex émoussé. Sa surface est convexe.

Vue distale (fig. 2.134)


Les contours coronaire et radiculaire de la vue distale sont comparables à ceux de la vue mésiale pour
111
la prémolaire bicuspidée. Pour la prémolaire tricuspidée, la cuspide disto-linguale, généralement plus
petite, ne cache que partiellement la cuspide mésio-linguale. De même, le pan mésial de la cuspide
vestibulaire est en partie caché. La crête marginale distale, plus basse, découvre partiellement la face
occlusale. La surface distale de la couronne est généralement plus étroite et plus convexe.
La racine est conique et se termine par un apex émoussé. Sa surface est convexe.

Fig. 2.134 Vue distale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).

Vue occlusale (fig. 2.135)


Comme la première prémolaire, le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour de la deu-
xième prémolaire est fortement et régulièrement convexe de part et d'autre de l'arête vestibulaire.
V L

Le contour vestibulaire de la table occlusale peut être légèrement concave si les dépressions de la
surface vestibulaire laissent leur empreinte sur les arêtes mésiale et distale de la cuspide vestibulaire.
Les contours lingual et proximaux varient selon la forme anatomique bi- ou tricuspidée.
L
Anatomie dentaire

V V

A L B L

Fig. 2.135 Vues occlusales de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45), bicuspidée à gauche


et tricuspidée à droite.
Prémolaire tricuspidée
Les contours proximaux sont parallèles, voire divergents vers le côté lingual, faisant de cette
dent une exception à la règle de la convergence linguale des faces proximales. Le contour
mésial est plus long et plus aplati que le contour distal. Le contour lingual est peu convexe et
son angle disto-lingual est arrondi.
La table occlusale est circonscrite par les arêtes cuspidiennes et marginales et déportée du côté
lingual dans les limites de la ligne du plus grand contour. Les arêtes internes des cuspides vesti-
bulaire et mésio-linguale se rejoignent au niveau du sillon intercuspidien en formant une crête
transversale. Ce sillon circonscrit la base occlusale de la cuspide vestibulaire et relie les fosses
marginales mésiale et distale. Il présente une forme de « Y » dont les bras sont constitués par
les portions mésiale et distale du sillon principal central et dont le pied est formé par le sillon
principal périphérique lingual qui sépare les deux cuspides linguales. L'arête interne de la cuspide
disto-linguale se termine dans le bras distal de ce sillon. Ce « Y » est généralement asymétrique,
son sillon lingual étant déporté du côté distal, sauf si la cuspide disto-linguale est hypertrophiée.
112 Prémolaire bicuspidée
Les contours proximaux convergent vers la face linguale. Le contour mésial est plus long et
plus aplati que le contour distal. Le contour lingual est régulièrement convexe.
La table occlusale est circonscrite par les arêtes cuspidiennes et marginales et déportée du côté lingual.
Les arêtes internes des cuspides vestibulaire et linguale se rejoignent au niveau du sillon intercuspidien
et peuvent combler ce dernier en formant une crête transversale. Ce sillon relie les fosses marginales
mésiale et distale. De nombreux sillons accessoires naissent des fosses marginales et du sillon principal.

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.136)
La cavité pulpaire est généralement simple. Le plafond de la chambre pulpaire suit l'inclinaison
de la table occlusale. La chambre pulpaire émet deux cornes pulpaires en regard des sommets
cuspidiens correspondants. La largeur de la cavité pulpaire se réduit progressivement jusqu'au
tiers apical. Ensuite, elle est faible et constante.

Fig. 2.136 Coupe vestibulo-linguale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).


M D M D

Coupe mésio-distale (fig. 2.137)


Cette coupe montre un canal dont le diamètre diminue régulièrement de la chambre pulpaire à l'apex.
V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.137 Coupe mésio-distale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.138)


La deuxième prémolaire mandibulaire a une coupe au collet globalement ovalaire à grand axe
vestibulo-lingual. La coupe au collet passe par la chambre pulpaire dont le contour est centré

Connaissances
et suit fidèlement le contour radiculaire.

M D

113
Fig. 2.138 Coupe axiale cervicale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


Le contour de la cavité d'accès endodontique est ovalaire avec un grand axe vestibulo-lingual (fig. 2.139).
Il est centré dans la table occlusale. L'approfondissement de cette cavité occlusale se fait dans l'axe de la
couronne.

Fig. 2.139 Contour de la cavité d'accès endodontique de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 21.
Anatomie dentaire

Résumé
❯ Les prémolaires maxillaires et mandibulaires diffèrent par leurs vues proximales :
contour incliné du côté vestibulaire au maxillaire et du côté lingual à la mandi-
bule, tables occlusales déportées du côté vestibulaire au maxillaire et lingual à la
mandibule, contour lingual en surplomb à la mandibule, cuspides vesti­bulaire et
linguale de même proportion au maxillaire, cuspide vestibulaire plus volumineuse
à la mandibule.
❯ Les premières prémolaires des deux arcades sont marquées par la proximité de
la canine (dents « caniniformes ») : acuité cuspidienne marquée, formes occlusales
anguleuses, table occlusale inclinée, alors que les deuxièmes prémolaires sont
influencées par la molaire (dents « molariformes »)  : acuité cuspidienne réduite,
convexité générale des formes coronaires, table occlusale nivelée.
❯ La latéralité des prémolaires se repère essentiellement par l'asymétrie de la ligne
du plus grand contour et du sommet de la cuspide linguale au maxillaire, alors que
la latéralité des prémolaires mandibulaires est objectivée par la forme asymétrique
de la ligne du plus grand contour et par le volume des cuspides linguales.
114
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V. Molaires permanentes
Le mot « molaire » vient du latin molaris, « meule », par analogie avec la fonction de broyage
des aliments. Galien (131–201) est le premier auteur qui met en relation la morphologie des
molaires et leur fonction. Il considère cependant que les dents sont des os…
Au fil du temps, différents noms ont été utilisés. Ainsi, dans son ouvrage De Dissectione
Partium Corporis Humani (De la dissection des parties du corps humain), paru en 1546,
Charles Estienne, médecin, humaniste et imprimeur, nomme ces dents « masticatoires » car
« elles meulent la viande ». Il distingue cependant les troisièmes molaires qu'il associe à la
croissance des « mâchoires » et qu'il nomme « dents génuines » ou « dents du sens ». De la
même façon, Hémard, en 1582, les appelle « machelières » dans son ouvrage Recherche de la
vraye anathomie, nature et propriétés d'icelles.
Contrairement aux incisives, canines et prémolaires, les molaires se développent à partir de la
première lame dentaire. Elles ne remplacent aucune dent temporaire et ne sont pas rempla-
cées. Ce sont donc des dents monophysaires.
Les molaires permanentes sont au nombre de douze avec, pour chaque hémi-arcade, une
première, une deuxième et une troisième molaires.

Connaissances
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur attri-
buer un code anatomique (première, deuxième ou troisième molaire, maxillaire ou mandibulaire,
droite ou gauche) et un code chiffré international (16, 17, 18, 26, 27, 28, 36, 37, 38, 46, 47, 48).
Les molaires font leur éruption entre 6 et 18 ans environ. La première molaire, dite « dent de six ans »
est la première à apparaître, suivie de la deuxième molaire, dite « dent de douze ans » et enfin, la troi-
sième molaire, dite « dent de sagesse » fait son éruption parfois très tardivement, vers l'âge de 25 ans.
Les molaires ont un rôle fonctionnel de broiement des aliments. Cette propriété leur est confé-
rée par leur surface occlusale étendue et leur ancrage radiculaire important, mais également 115
par leur situation dans laquelle la force exercée par les muscles masticateurs est maximale.
Les molaires participent au maintien de la dimension verticale d'occlusion. Elles constituent,
avec les prémolaires, le groupe des dents postérieures, dites également « dents jugales ».
Les molaires sont définies comme les dents les plus volumineuses, avec une surface occlusale
composée de trois, quatre ou cinq cuspides, mais elles possèdent toujours au moins deux
cuspides vestibulaires. Elles ont généralement deux ou trois racines.
On constate sur les molaires l'existence d'un gradient morphologique mésio-distal qui fait de la
première molaire, au maxillaire comme à la mandibule, un modèle qui exprime, pour chacune
des arcades, les caractères anatomiques de la classe avec la plus forte intensité. Ces caractères se
retrouvent ensuite plus ou moins reproduits sur les deux autres molaires avec une intensité variable.

A. Molaires maxillaires
Les molaires maxillaires sont en série descendante  : la première molaire est la plus volumi-
neuse, suivie de la deuxième et enfin de la troisième qui a une morphologie très variable.
Ce sont des dents pluriradiculées. Elles comportent généralement trois racines, dont deux
vestibulaires et une linguale. La racine linguale est la plus volumineuse, suivie de la racine
mésio-vestibulaire puis de la racine disto-vestibulaire.
Leur couronne est composée d'au moins trois cuspides principales, bien développées et dispo-
sées en triangle à sommet lingual : deux cuspides vestibulaires et une cuspide linguale. Il peut
s'y adjoindre une quatrième cuspide isolée, plus petite et en position disto-linguale. Une crête
occlusale oblique relie la cuspide mésio-linguale à la cuspide disto-vestibulaire. Cette crête,
orientée de mésio-lingual en disto-vestibulaire, est appelée « pont d'émail ». Elle isole la petite
cuspide disto-linguale, quand elle existe, des trois cuspides principales.
Le diamètre vestibulo-lingual des molaires maxillaires est toujours plus important que le dia-
mètre mésio-distal.
Anatomie dentaire

1. Première molaire maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation Naissance
Couronne achevée 2 ans et demi–3 ans
Éruption 6–7 ans
Racine édifiée 9–10 ans

Mensurations
Hauteur totale 20,5 mm
Hauteur couronne 7,5 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 10 mm en V
11 mm en L
∅ MD cervical 8 mm
∅ VL coronaire 11 mm
∅ VL cervical 10 mm

Anatomie externe (fig. 2.140)

116

V L V

M D
M

D M D
D

V L

Fig. 2.140 Schémas des différentes faces de la première molaire maxillaire droite (16).


V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
La première molaire maxillaire présente une anatomie très stable avec des caractères anato-
miques fortement exprimés selon un gabarit triangulaire à sommet lingual aussi bien au niveau
coronaire que radiculaire (deux cuspides et deux racines du côté vestibulaire, une cuspide
linguale principale et une racine linguale), ce qui en fait un modèle pour décrire les deuxième
et troisième molaires maxillaires. C'est la plus volumineuse des trois molaires maxillaires.

Vue vestibulaire (fig. 2.141)


En vue vestibulaire, la couronne est globalement trapézoïdale à grande base occlusale. Les deux
cuspides vestibulaires sont visibles sur cette vue (mésio-vestibulaire, disto-vestibulaire), ainsi que
les sommets des deux cuspides linguales (mésio-linguale, disto-linguale). Le sommet de la cuspide
mésio-linguale se projette dans l'embrasure occlusale des deux cuspides vestibulaires ; il est aligné
avec le sillon intercuspidien vestibulaire. La cuspide disto-linguale déborde largement de la portion
distale de la couronne, en raison de la grande obliquité qui expose la surface distale de la couronne.
Le contour cervical vestibulaire se présente sous la forme d'une accolade à concavité occlusale.
Chacun des bras de l'accolade correspond à une cuspide vestibulaire. L'angle de l'accolade est formé
d'un spicule d'émail qui se projette vers le tronc radiculaire. Il est plus ou moins marqué et pointu.
À partir du collet, les contours proximaux divergent.

Connaissances
Le contour mésial de la couronne est aplati sous le maximum de convexité qui est situé au quart occlu-
sal de la hauteur coronaire et correspond au point de contact mésial avec la deuxième prémolaire.
Le contour distal est fortement et régulièrement convexe. Son maximum de convexité est situé
à mi-hauteur coronaire et correspond au point de contact distal avec la deuxième molaire.
À partir des points de contact, les contours mésial et distal se continuent respectivement avec
l'arête mésiale de la cuspide mésio-vestibulaire et avec l'arête distale de la cuspide disto-vestibulaire.
Le contour occlusal, constitué des arêtes cuspidiennes vestibulaires, est caractéristique : la cus-
pide mésio-vestibulaire, la plus volumineuse, est moins aiguë que la cuspide disto-vestibulaire
117
dont les arêtes mésiale et distale sont plus inclinées. Pour ces cuspides vestibulaires, les arêtes
distales sont plus longues que les arêtes mésiales et les sommets cuspidiens s'en trouvent
légèrement décalés du côté mésial.
Dans sa moitié cervicale, la surface vestibulaire est régulièrement convexe et, dans sa moitié
occlusale, elle est parcourue par un sillon intercuspidien vestibulaire né de la juxtaposition des
deux convexités cuspidiennes ; il se termine dans un puits à mi-hauteur coronaire.
Les deux racines vestibulaires et la racine linguale sont visibles sur cette vue vestibulaire. La
racine linguale apparaît entre les deux racines vestibulaires, elle est verticale. Les racines ves-
tibulaires naissent d'un tronc radiculaire dont la surface est parcourue par une dépression qui
naît de l'embrasure inter-radiculaire vestibulaire et s'estompe progressivement en cheminant
vers le collet. La bifurcation siège dans le tiers moyen de la hauteur radiculaire.

D M

Fig. 2.141 Vue vestibulaire de la première molaire maxillaire droite (16).


Anatomie dentaire

La racine mésio-vestibulaire, plus importante dans son diamètre mésio-distal, peut être plus
longue, plus courte ou de même longueur que la racine disto-vestibulaire. Les deux racines
vestibulaires sont généralement plus courtes que la racine linguale et leurs axes divergent. La
racine mésio-vestibulaire est parallèle au grand axe de la dent et son apex est fréquemment
incliné du côté distal.
La racine disto-vestibulaire est inclinée distalement et son apex se coude en général du côté mésial.
Les surfaces vestibulaires des trois racines sont régulièrement convexes.

Application clinique : anatomie


Les racines de la première molaire entretiennent des rapports très étroits avec le plancher du sinus maxil-
laire. Fréquemment, leurs apex font saillie dans la cavité sinusienne et ne sont séparés de la muqueuse
sinusienne que par une très fine lame osseuse. Cette proximité représente une zone de faiblesse pouvant
être à l'origine de la propagation d'un processus infectieux, de la diffusion du matériau d'obturation du
canal radiculaire ou encore de la création d'une communication bucco-sinusienne (fig. 2.142 et 2.143).

118

Fig. 2.142 Coupe axiale passant par le sinus maxillaire et montrant les apex de la première molaire en
saillie dans la cavité sinusienne.

Fig. 2.143 Cliché radiologique montrant la diffusion du matériau d'obturation de la première molaire


maxillaire gauche dans la cavité sinusienne.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue linguale (fig. 2.144)
En vue linguale, la couronne est également trapézoïdale à grande base occlusale. Seules les
deux cuspides linguales (mésio-linguale, disto-linguale) sont apparentes. La cuspide mésio-
linguale est la plus volumineuse, elle occupe les  3/5e du diamètre mésio-distal. La cuspide
disto-linguale est plus courte d'environ 0,5 à 1 mm.
Le collet est aplati et dessine parfois une convexité coronaire. À partir du collet, les contours
proximaux divergent. Le diamètre cervical, nettement plus étroit du côté lingual, accentue la
divergence des faces proximales.
Le contour mésial est aplati dans la région cervicale. Son maximum de convexité est situé au
quart occlusal de la hauteur coronaire.
Le contour distal est régulièrement et fortement convexe. Son maximum de convexité est situé
à mi-hauteur coronaire et correspond au point de contact distal.
À partir des points de contact, les contours mésial et distal se continuent respectivement avec
l'arête mésiale de la cuspide mésio-linguale et avec l'arête distale de la cuspide disto-linguale.
Le contour occlusal est formé par les arêtes des deux cuspides linguales.
La cuspide mésio-linguale présente deux arêtes convexes qui se rejoignent au sommet cuspi-
dien. Le versant mésial est plus long que le versant distal, le sommet cuspidien s'en trouve alors

Connaissances
distalé et siège pratiquement au milieu de la face linguale.
La cuspide disto-linguale ne présente, à proprement parler, ni arêtes ni sommet cuspidien défi-
nis. Son contour occlusal forme un demi-cercle presque parfait qui accentue encore la forme
sphéroïdale de la face distale.
La surface linguale est parcourue obliquement par un sillon intercuspidien lingual qui passe
sans transition de la surface occlusale, où il sépare nettement la cuspide disto-linguale des trois
cuspides majeures, à la surface linguale, au centre de laquelle il vient mourir.
La surface linguale présente, sur le flanc mésio-lingual de la cuspide mésio-linguale, une 119
« 5e cuspide », non fonctionnelle, appelée « tubercule de Carabelli » dont le développement
est variable. Le tubercule de Carabelli1 est souligné occlusalement par un sillon plus ou moins
anfractueux qui peut être la seule manifestation visible de ce tubercule accessoire.
En son centre, la surface linguale est aplatie, fréquemment concave, alors que la partie distale
qui correspond à la cuspide disto-linguale est fortement convexe.

M D

Fig. 2.144 Vue linguale de la première molaire maxillaire droite (16).

1
Le tubercule de Carabelli a été décrit en 1842 par Georg Carabelli (1787–1842), dentiste hongrois, professeur
de chirurgie dentaire à Vienne.
Anatomie dentaire

Les deux racines vestibulaires et la racine linguale sont visibles sur cette vue (fig. 2.144). La
racine linguale est conique et masque en partie les deux racines vestibulaires. Cependant, tout
le contour mésial de la racine mésio-vestibulaire est exposé en raison de l'obliquité des faces
proximales de cette dent.
La surface linguale des racines vestibulaires est convexe. La surface linguale de la racine lin-
guale est parcourue verticalement par une dépression longitudinale qui naît sur la surface
linguale de la couronne et se termine dans le tiers moyen radiculaire pour laisser place à une
convexité dans le tiers apical.

Vue mésiale (fig. 2.145)


La face mésiale de la première molaire maxillaire est globalement trapézoïdale à grande base
cervicale.
Sur cette vue, seuls les cuspides mésio-vestibulaire, mésio-linguale et le tubercule de Carabelli,
quand il existe, sont visibles. La cuspide mésio-linguale, plus proéminente que la cuspide
mésio-vestibulaire, la masque.
Le diamètre vestibulo-lingual occlusal est toujours plus petit que le diamètre vestibulo-lingual
cervical. Le diamètre vestibulo-lingual maximal est situé dans le tiers cervical entre les maxi-
mums de convexité des contours vestibulaire et lingual.
Le contour vestibulaire est régulièrement convexe. Son maximum de convexité est situé au
tiers cervical de la hauteur coronaire. Le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire est vestibulé
par rapport à l'apex des racines vestibulaires.
Le contour lingual est fortement convexe et incliné. Il présente, quand il existe, le relief du
tubercule de Carabelli dans son tiers moyen. Le sommet de la cuspide mésio-linguale, nette-
ment déporté du côté vestibulaire, est à l'aplomb de l'apex de la racine linguale ou même plus
vestibulaire que lui. Les contours vestibulaire et lingual se continuent avec les arêtes internes
120 des cuspides mésio-vestibulaire et mésio-linguale.
La crête marginale mésiale est fréquemment parcourue par des sillons secondaires qui la sub-
divisent en lobules d'émail.
La surface mésiale est convexe dans son tiers occlusal. Le reste de la surface est aplati ou
peut même présenter une légère concavité qui se prolonge sur la face mésiale du tronc
radiculaire. Le point de contact mésial est situé à la jonction du tiers vestibulaire et du tiers
moyen.
Le contour cervical mésial présente une concavité radiculaire, en général peu marquée. La
partie la plus déclive est toujours vestibulaire, sous-jacente au point de contact. Il arrive que
le contour cervical soit nettement divisé en un segment vestibulaire (2/3) et un segment lin-
gual (1/3) en regard de chacune des racines (racines mésio-vestibulaire et linguale). Dans ce

V L

Fig. 2.145 Vue mésiale de la première molaire maxillaire droite (16).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
cas, à la jonction des deux segments, un spicule d'émail se projette vers la racine, en regard de
l'embrasure inter-radiculaire mésiale.
Sur la vue mésiale, seules les racines mésio-vestibulaire et linguale sont visibles. Ces deux
racines naissent du tronc radiculaire. La bifurcation se situe dans le tiers moyen de la hauteur
radiculaire.
La racine mésio-vestibulaire est, de loin, la plus étendue dans la direction vestibulo-linguale.
Elle occupe les deux tiers de ce diamètre. La racine linguale est plus étroite dans la direction
vestibulo-linguale, sa plus grande dimension est mésio-distale. Elle est plus longue que la
racine mésio-vestibulaire. Son axe est lingualé, bien que son apex soit souvent coudé du côté
vestibulaire.
La racine mésio-vestibulaire, dont l'axe est parallèle à celui de la dent, présente un contour
vestibulaire convexe et un contour lingual concave.
La surface mésiale de la racine linguale est fortement convexe. La surface mésiale de
la racine mésio-vestibulaire est aplatie ou parfois parcourue par une légère dépression
longitudinale.
La surface mésiale de la racine disto-vestibulaire, bien qu'invisible sur cette vue, fait partie de
la face mésiale. Elle est régulièrement convexe.

Connaissances
Sur la surface mésiale du tronc radiculaire, à la bifurcation, naît une dépression à direction
­cervico-linguale qui vient mourir au collet, en regard du spicule d'émail qui sépare les ­segments
vestibulaire et lingual du collet mésial.

Application clinique : analgésie


121
Lorsque les racines de la première molaire sont très divergentes, le sinus maxillaire s'immisce entre elles.
Cette disposition anatomique, qui rend impossible l'analgésie de la racine linguale par une infiltration
para-apicale seule, peut être repérée sur un cliché radiologique (fig. 2.146).

Fig. 2.146 Coupe anatomique frontale montrant un prolongement de la cavité sinusienne s'immisçant


entre les racines de la première molaire maxillaire.
Anatomie dentaire

Vue distale (fig. 2.147)


La vue distale est comparable à la vue mésiale. Cependant, la dent étant moins large du côté
distal, cette vue montre, au premier plan, le contour des éléments coronaires et radiculaires
distaux et, au second plan, les éléments mésiaux.
La crête marginale distale est plus haute. Elle découvre largement la face occlusale et plus
particulièrement le versant distal du pont d'émail.
Le point de contact est situé à la moitié du diamètre vestibulo-lingual, dans le tiers occlusal.
La surface distale est régulièrement convexe. Le collet est aplati ou présente une très légère
concavité radiculaire.
La racine disto-vestibulaire, plus étroite que la racine mésio-vestibulaire, suit approximative-
ment les contours de la racine mésio-vestibulaire. Cependant, sa grande dimension est tou-
jours vestibulo-linguale.
La surface distale du tronc radiculaire ne présente pas de dépression entre le collet et la bifurcation.
Les surfaces distales des racines linguale et disto-vestibulaire sont régulièrement convexes. La sur-
face distale de la racine mésio-vestibulaire présente fréquemment une dépression longitudinale.

122

Fig. 2.147 Vue distale de la première molaire maxillaire droite (16).

Vue occlusale (fig. 2.148)


La face occlusale de la première molaire maxillaire s'inscrit grossièrement dans un trapèze
à grande base mésiale qui confère à cette dent un aspect massif et robuste, caractéristique
et unique. La ligne du plus grand contour de la face occlusale présente des angles mésio-­
vestibulaire et disto-lingual aigus, alors que les angles disto-vestibulaire et mésio-lingual sont
obtus. Le diamètre vestibulo-lingual l'emporte légèrement sur le diamètre mésio-distal.
Le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est très oblique et présente des
convexités en regard des cuspides mésio et disto-vestibulaires séparées par une légère conca-
vité intercuspidienne.

V L

L V
Fig. 2.148 Vue occlusale de la première molaire maxillaire droite (16).

M
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le contour distal, étroit, est régulièrement convexe.
Le contour lingual, comme le contour vestibulaire, présente des convexités cuspidiennes mésio-
linguale et disto-linguale séparées par une anfractuosité intercuspidienne nettement marquée. La
face linguale est plus large que la face vestibulaire, ce qui constitue une exception aux règles géné-
rales d'anatomie dentaire (avec la deuxième prémolaire mandibulaire tricuspidée). L'élargissement
de la portion linguale de cette couronne est dû à la divergence des faces proximales, et plus
particulièrement à l'obliquité de la face distale et au développement de la cuspide disto-linguale.
Le contour mésial est aplati et plus long que le contour distal, d'où l'obliquité importante de la
face vestibulaire. La crête marginale mésiale est toujours plus étendue que la crête marginale
distale, dans la direction vestibulo-linguale, et elle est fréquemment sectionnée par des sillons
accessoires. Le point de contact mésial est plus vestibulaire (tiers  vestibulaire du diamètre
vestibulo-lingual) que le point de contact distal (moitié du diamètre vestibulo-lingual).
Sur le flanc mésio-lingual de la couronne, le tubercule de Carabelli est visible lorsqu'il est présent.
La table occlusale est enfermée dans les limites des arêtes cuspidiennes et marginales. Elle est
décalée du côté vestibulaire et présente quatre cuspides qui sont, par ordre décroissant de
volume, mésio-linguale, mésio-vestibulaire, disto-vestibulaire et disto-linguale.
Les deux cuspides vestibulaires et la cuspide mésio-linguale forment un triangle constitué de

Connaissances
l'arête marginale mésiale, des arêtes cuspidiennes vestibulaires et de la crête oblique née de
l'alignement des arêtes internes des cuspides mésio-linguale et disto-vestibulaire. La cuspide
disto-linguale est isolée de cet ensemble constitué par les trois cuspides principales.
Le contour mésial de la table occlusale proprement dite est aplati et parallèle à la ligne du plus
grand contour de la couronne.
Le contour cuspidien vestibulaire de la table occlusale, moins oblique que celui de la ligne du plus
grand contour vestibulaire de la couronne, se confond même avec lui à l'angle disto-­vestibulaire.
La cuspide mésio-vestibulaire est à peine plus importante que la cuspide disto-vestibulaire. Le
123
contour distal occlusal est parallèle au grand contour coronaire distal.
Le contour cuspidien lingual de la table occlusale donne tout son caractère à la première
molaire : au niveau de la ligne du plus grand contour, c'est en regard de la cuspide mésio-­
linguale que la convexité est la plus marquée, alors qu'au niveau de la table occlusale, la
situation est inversée et c'est la cuspide disto-linguale qui, projetée en direction disto-linguale,
déborde largement, du côté lingual, la cuspide mésio-linguale. La cuspide mésio-linguale est
nettement plus importante (3/5) que la cuspide disto-linguale (2/5).
La table occlusale présente plusieurs sillons intercuspidiens :
• un sillon principal central mésio-distal sépare les cuspides vestibulaires et linguales. On
peut noter deux segments distincts à ce sillon, de part et d'autre du pont d'émail. Le
segment mésial à concavité linguale sépare la cuspide mésio-linguale de la cuspide mésio-
vestibulaire et du pan mésial de la cuspide disto-vestibulaire. Le segment distal à concavité
vestibulaire sépare la cuspide disto-linguale du pan distal de la cuspide disto-vestibulaire ;
• deux sillons principaux périphériques vestibulo-linguaux, parallèles entre eux et au pont d'émail,
séparent les cuspides mésiales des cuspides distales. Le sillon vestibulaire se dirige vers le som-
met de la cuspide mésio-linguale et détermine, à son intersection avec le sillon mésio-distal, une
fosse centrale mésiale constituée de trois pans cuspidiens. Le sillon lingual se confond avec le
segment distal du sillon mésio-distal pour constituer une fosse centrale distale.
Aux extrémités du sillon principal mésio-distal central se trouvent les fosses marginales mésiale
et distale. Du fond de la fosse marginale distale naissent des sillons accessoires qui coupent la
crête marginale.
Les arêtes internes des cuspides mésio-linguale et disto-vestibulaire adoptent une disposition
caractéristique en se rejoignant pour constituer une crête oblique ou « pont d'émail ». Ces deux
arêtes fusionnées forment un angle ouvert du côté mésial et, à leur intersection, engendrent une
surélévation qui comble le sillon en séparant les segments mésial et distal du sillon intercuspidien.
L'arête interne de la cuspide mésio-vestibulaire se termine dans le sillon principal, à mi-chemin
entre les fosses centrale et marginale mésiales. L'arête interne de la cuspide disto-linguale se
termine dans le segment distal ou dans la fosse centrale distale.
Anatomie dentaire

Anatomie interne
L'anatomie interne de la première molaire maxillaire est complexe. Les racines linguale et disto-­
vestibulaire comportent généralement un seul canal. La prévalence d'un deuxième canal dans la
racine mésio-vestibulaire, dit MV2, est très élevée puisque cette configuration est souvent considé-
rée, dans la documentation scientifique, comme plus fréquente que la configuration à un seul canal.
Dans la majorité des cas, les deux canaux mésio-vestibulaires, MV1 et MV2, se rejoignent
à un niveau variable de la racine pour se terminer par un foramen unique et commun. La
configuration à deux canaux, avec deux foramina distincts, est plus rare. Le deuxième canal
mésio-vestibulaire peut être très court.

Application clinique : endodontie


La réalisation de deux clichés radiologiques pré-opératoires (une incidence orthogonale et une incidence
orientée de distal en mésial) peut objectiver la présence du deuxième canal mésio-vestibulaire. La mise
en évidence d'un dédoublement ligamentaire de la racine mésio-vestibulaire peut également évoquer la
présence de ce deuxième canal.

Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.149)


Les cornes pulpaires siègent en regard de chacune des cuspides et sont bien individualisées.
La chambre pulpaire est plus développée dans la direction vestibulo-linguale. Le plancher de
la chambre est radiculaire.
Le canal lingual, parfaitement individualisé, se réduit progressivement en progressant vers l'apex.
124
Les dimensions du canal MV1 sont variables. Ce canal peut présenter une embouchure très large
et se continuer ainsi dans la racine mésio-vestibulaire. À l'inverse, il peut être extrêmement réduit,
de son origine à l'apex. Le canal MV2 est généralement plus fin. Il peut se terminer très rapidement
après son embouchure ou, plus fréquemment, rejoindre le canal MV1 pour n'en former qu'un.

M M

Fig.  2.149 Coupes vestibulo-linguales de la première molaire maxillaire droite  (16) passant par la
racine linguale et entre les deux racines vestibulaires à gauche, et par les racines mésio-vestibulaire
et linguale à droite.

Coupe mésio-distale (fig. 2.150)


Les canaux sont étroits. Ils épousent fidèlement les courbes radiculaires et s'affinent progressi-
vement en progressant vers les apex.
La chambre pulpaire est étroite. Les cornes pulpaires vestibulaires sont bien distinctes et la
corne mésio-vestibulaire est généralement plus marquée.
V V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig.  2.150 Coupe mésio-distale de la première molaire maxillaire droite  (16) passant par les deux
racines et les deux cuspides vestibulaires.

Coupe axiale cervicale (fig. 2.151)


Le contour de la chambre pulpaire suit assez fidèlement le contour du collet. Tous les angles

Connaissances
de la chambre pulpaire sont aigus, car ils résultent de la juxtaposition de parois axiales qui
présentent toutes une convexité tournée vers la cavité pulpaire.
Le plancher, de forme triangulaire, est fortement convexe et présente les entonnoirs des
embouchures des canaux radiculaires.

V L 125

Fig. 2.151 Coupe axiale cervicale de la première molaire maxillaire droite (16).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Points d'élection : la cavité d'accès est située dans la partie mésiale de la table occlusale. Son tracé suit
des repères cuspidiens externes (fig. 2.152). La corne pulpaire linguale se projette sur la face occlusale
à proximité linguale de la fosse centrale mésiale. La corne mésio-vestibulaire se projette en lingual du
sommet de la cuspide mésio-vestibulaire. Pour matérialiser la projection de la corne disto-vestibulaire,
il faut imaginer trois droites :
– une droite passant par les cornes linguale et mésio-vestibulaire ;
– une droite parallèle à la face vestibulaire et passant par la corne mésio-vestibulaire ;
– une droite parallèle à la face mésiale et passant par la corne mésio-linguale ;
Ces trois droites se coupent en formant un triangle dont le sommet disto-vestibulaire représente la posi-
tion la plus excentrée de la corne disto-vestibulaire.
• Forme de contour de la cavité d'accès en vue occlusale : triangulaire, à base vestibulaire et à sommet
lingual. La crête oblique doit être préservée lors de la réalisation de la cavité d'accès. La cavité doit être
approfondie en suivant l'axe coronaire. Le plafond de la chambre doit être éliminé dès qu'une effraction
pulpaire est obtenue. Après avoir mis en évidence les trois entrées des canaux radiculaires principaux,
l'orifice du canal MV2 doit être recherché en mésial de la droite joignant l'orifice du canal lingual à celui
du canal MV1, à environ 1 à 3 mm en lingual de l'orifice du canal MV1.
Anatomie dentaire

MV MV
DV
(h)
P P

A B

MV2

C D

Fig. 2.152 Contours de la cavité d'accès endodontique de la première molaire maxillaire droite (16).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 16.

Variabilité anatomique
Anatomiquement, la première molaire est la plus stable de toutes les dents permanentes.
Le tubercule de Carabelli – également appelé péricône de Stelhin, ectocône de Chardin, tubercu-
lum anomalum ou encore ectocône de Trihland – présente une grande variabilité de forme et de
volume. Dahlberg a proposé une échelle de développement allant du grade 0, en l'absence de
tubercule, au grade 8, en présence d'un tubercule volumineux isolé de la surface linguale par un
126
sillon et présentant un véritable sommet cuspidien. Le tubercule de Carabelli est un caractère très
ancien : Jeanselme a pu le mettre en évidence sur plusieurs sujets de l'époque néolithique. Par
ailleurs, la fréquence de ce tubercule varie considérablement en fonction des groupes ethniques.
B.S.  Kraus est le premier, en 1951, à déterminer son mode de transmission par l'étude de
sujets apparentés (fig. 2.153). Il en conclut que l'expression de cette variable résulte de l'action
de gènes codominants, en admettant tout de même que d'autres facteurs génétiques doivent
avoir une certaine influence sur sa transmission.

Fig. 2.153 Tubercule de Carabelli sur une première molaire maxillaire droite (16).

2. Deuxième molaire maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 2 ans et demi–3 ans
Couronne achevée 7–8 ans
Éruption 12–13 ans
Racine édifiée 14–16 ans
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations
Hauteur totale 19 mm
Hauteur couronne 7 mm
Hauteur racine 12 mm
∅ MD coronaire 9 mm
∅ MD cervical 7 mm
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 10 mm

Anatomie externe (fig. 2.154)


La deuxième molaire maxillaire présente de nombreuses similitudes avec la première bien
qu'elle soit moins massive et volumineuse. Il existe deux variantes :
• le type à quatre cuspides est le plus fréquent. Dans cette configuration, la couronne a
une forme trapézoïdale en vue occlusale qui ressemble fortement à celle de la première

Connaissances
molaire ;
• le type à trois cuspides résulte de la disparition ou de l'atténuation de la cuspide disto-
linguale. Dans cette configuration, la forme occlusale de la couronne est triangulaire à
sommet lingual et préfigure celle de la troisième molaire.

127

M D
M

D
D M D

V L

Fig. 2.154 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire maxillaire droite (17).


L V

V L
Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.155)


La couronne est globalement moins volumineuse et plus élancée que celle de la première
molaire maxillaire. Seules les deux cuspides vestibulaires (mésio-vestibulaire, disto-vestibulaire)
sont visibles sur cette vue. La cuspide disto-vestibulaire est beaucoup plus petite que la cuspide
mésio-vestibulaire et son arête distale se confond avec la crête marginale distale. La cuspide
mésio-linguale est également visible. Son sommet se projette en distal par rapport à celui de
la cuspide mésio-vestibulaire.
Un sillon intercuspidien vestibulaire, résultant de la juxtaposition des convexités cuspidiennes,
est visible sur la partie occlusale de la face vestibulaire ; il est plus court que celui de la première
molaire.
La deuxième molaire maxillaire présente deux racines vestibulaires et une racine linguale
visibles sur cette vue vestibulaire et dont les axes ont une inclinaison distale marquée. La
racine linguale apparaît entre les deux racines vestibulaires qui naissent d'un tronc radiculaire
commun. Leurs axes sont moins divergents que ceux des racines vestibulaires de la première
molaire et l'embrasure vestibulaire s'en trouve donc moins largement ouverte.

128

Fig. 2.155 Vue vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire droite (17).

Vue linguale (fig. 2.156)

M M

A
L B
L

Fig. 2.156 Vues linguales de la deuxième molaire maxillaire droite (17).


D
A. Type à quatre cuspides. B. Type à trois cuspides.

D D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Type à quatre cuspides (environ 2/3 des cas)
La cuspide disto-linguale est présente mais son volume est réduit. Plus courte que la cuspide
mésio-linguale, elle occupe le tiers distal de la couronne.
Dans sa moitié occlusale, la surface linguale est parcourue par un sillon qui naît de la juxta-
position des deux cuspides. Ce sillon passe sans transition de la surface linguale à la surface
occlusale où il isole la cuspide disto-linguale des trois cuspides principales.
La divergence des faces axiales proximales est faible.
Dans la très grande majorité des cas, il n'y a pas de tubercule de Carabelli sur la deuxième
molaire maxillaire.
La racine linguale est longue. Son axe est légèrement incliné du côté distal et son apex se situe
à l'aplomb de la cuspide disto-linguale. Les deux racines vestibulaires, visibles en arrière-plan,
sont quasiment parallèles et inclinées du côté distal.
Type à trois cuspides (environ 1/3 des cas)
La cuspide disto-linguale étant absente, une seule cuspide linguale, généralement volumi-
neuse, est présente. Cette cuspide est aiguë, son arête mésiale, toujours plus courte que la
­distale, décale le sommet cuspidien du côté mésial. La crête marginale distale est toujours plus
cervicale que la crête marginale mésiale.

Connaissances
Vue mésiale (fig. 2.157)
Le bourrelet cervical coronaire vestibulaire est plus proéminent que celui de la première molaire,
situant ainsi le maximum de convexité du contour vestibulaire dans le tiers cervical, juste sous
le collet. Le contour vestibulaire présente une légère concavité dans sa portion occlusale.
Le maximum de convexité du contour lingual est situé dans le tiers moyen de la hauteur
coronaire.
La surface mésiale de la couronne est fortement aplatie. La crête marginale mésiale est concave 129
et située plus occlusalement que la crête marginale distale ; elle est fréquemment sectionnée
par un sillon accessoire.
La racine linguale présente un axe pratiquement parallèle à celui des racines vestibulaires.
L'ensemble formé par ces trois racines apparaît donc plus rassemblé par comparaison avec
celui de la première molaire.

Fig. 2.157 Vue mésiale de la deuxième molaire maxillaire droite (17).

Vue distale (fig. 2.158)


Les faces vestibulaire et linguale sont exposées sur cette vue, la face distale étant plus étroite
que la face mésiale.

V L
Anatomie dentaire

La crête marginale distale est située plus cervicalement et découvre le versant distal de la crête
oblique (ou pont d'émail).
Quand la cuspide disto-linguale existe, son arête distale se confond avec la crête marginale qui
s'affine en son milieu et prend une forme d'accent circonflexe.
Quand il n'y a pas de cuspide disto-linguale, la crête marginale distale est rectiligne.
La racine mésio-vestibulaire, plus étendue et plus longue que la racine disto-vestibulaire, est visible en
arrière-plan. L'apex de la racine linguale se situe à l'aplomb du sommet de la cuspide disto-linguale.

L V

Fig. 2.158 Vue distale de la deuxième molaire maxillaire droite (17).

130 Vue occlusale (fig. 2.159)


La forme générale de la face occlusale est trapézoïdale à grande base mésiale pour le type à
quatre cuspides et typiquement triangulaire à sommet lingual pour le type à trois cuspides.
La plus grande dimension est toujours vestibulo-linguale et la différence avec le diamètre
mésio-distal est plus franche que pour la première molaire. Autrement dit, la face occlusale est
nettement allongée dans la direction vestibulo-linguale.
La face linguale est moins large que la face vestibulaire et les faces proximales tendent à
converger du côté lingual. Ceci est évidemment accentué sur le type à trois cuspides. Les deux
cuspides mésiales ont sensiblement le même développement, tandis que la cuspide disto-ves-
tibulaire ou les cuspides distales (quand la cuspide disto-linguale est présente) sont toujours
nettement moins développées.
La ligne du plus grand contour de la face occlusale diffère sensiblement de celle de la première
molaire. Les angles coronaires de la deuxième molaire maxillaire, qu'ils soient aigus ou obtus,
sont encore plus marqués que ceux de la première molaire.

M M

V V L
L

A D B D

Fig. 2.159 Vues occlusales de la deuxième molaire maxillaire droite (17).


A. Type à quatre cuspides. B. Type à trois cuspides.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le dessin du sillon principal central mésio-distal est beaucoup moins net que celui de la pre-
mière molaire. Fréquemment compliqué par la présence de sillons accessoires, il est subdivisé en
une portion mésiale et une portion distale par la crête oblique dont la saillie occlusale est moins
marquée que sur la première molaire. Du côté mésial, ce sillon central détermine une fosse cen-
trale avec le sillon principal périphérique vestibulaire qui sépare les deux cuspides vestibulaires.
Dans le type à quatre cuspides, le sillon principal périphérique lingual est aligné avec le segment dis-
tal du sillon principal central et isole totalement la cuspide disto-linguale des trois autres cuspides.
La crête marginale mésiale est bien développée, elle supporte le point de contact (au tiers
vestibulaire). La crête marginale distale est réduite et forme le point de contact (à la moitié du
diamètre vestibulo-lingual).
Les fosses marginales mésiale et distale sont présentes. La crête oblique, plus affinée et moins
saillante au niveau du sillon principal central forme un angle plus ouvert du côté mésial que
celui de la première molaire.

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.160)
L'anatomie interne de la deuxième molaire est comparable à celle de la première molaire

Connaissances
avec un canal lingual très développé et la présence fréquente de deux canaux dans la racine
mésio-vestibulaire.

131
V L V

Coupes vestibulo-linguales de la deuxième molaire maxillaire droite (17) passant entre les


racines vestibulaires et par la racine linguale à gauche, et par les racines mésio-vestibulaire et linguale
à droite.

Coupe mésio-distale (fig. 2.161)


La coupe mésio-distale montre une anatomie interne de la deuxième molaire identique à celle
de la première molaire.

D M

Fig.  2.161 Coupe mésio-distale de la deuxième molaire maxillaire droite  (17) passant par les deux
M
L

racines et les deux cuspides vestibulaires.


Fig. 2.160

V
Anatomie dentaire

Coupe axiale cervicale (fig. 2.162)


Le contour de la chambre pulpaire est quasiment triangulaire, l'angle mésio-vestibulaire est
très fermé, alors que l'angle disto-vestibulaire est très ouvert. La chambre est donc étirée dans
la direction vestibulo-linguale. Les orifices des canaux radiculaires se trouvent dans chacun des
angles. L'orifice lingual est largement ouvert, l'orifice mésio-vestibulaire est dans l'angle le plus
proéminent et l'orifice disto-vestibulaire, dans certains cas, est à peine plus distal qu'une ligne
joignant l'orifice mésio-vestibulaire à l'orifice lingual.

Fig. 2.162 Coupe axiale cervicale de la deuxième molaire maxillaire droite (17).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


La forme de la cavité d'accès de la deuxième molaire est identique à celle de la première molaire.

Variabilité anatomique
132 Le tubercule de Bölk (fig. 2.163), ou encore parastyle de Dahlberg, a été décrit par Louis Bölk
(1866–1930), anatomiste néerlandais. Ce tubercule est parfois présent sur la face vestibulaire
ou à l'angle mésio-vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire. Il peut exceptionnellement être
observé sur la première mandibulaire ; il prend alors le nom de protostylide de Dahlberg.
Ce tubercule est plus fréquent chez certaines populations comme les Inuits et les Indiens du
sud-ouest des États-Unis.
Le tubercule de Bölk est considéré comme un reliquat de la cingule des Mammifères et des Primates
inférieurs. Il peut être assimilé à un vestige du parastyle présent chez les Prosimiens sur la face vesti-
bulaire du paracône. La présence d'un tubercule de Bölk volumineux peut être associée à une racine
accessoire.
Les deuxièmes molaires ont une forme variable, avec trois ou quatre cuspides, et parfois un
aplatissement dans la direction mésio-distale.
Par ailleurs, il n'est pas rare de rencontrer des deuxièmes molaires dont les racines sont fusion-
nées. Dans ce cas, la chambre pulpaire se poursuit par un canal unique, de forme pyramidale,
qui se réduit progressivement jusqu'à l'apex.

V L

Fig. 2.163 Tubercule de Bölk sur la face vestibulaire d'une deuxième molaire maxillaire droite (17).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
3. Troisième molaire maxillaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 7–9 ans
Couronne achevée 12–16 ans
Éruption 17–21 ans
Racine édifiée 18–25 ans

Mensurations
Hauteur totale 17,5 mm
Hauteur couronne 6,5 mm
Hauteur racine 11 mm
∅ MD coronaire 8,5 mm
∅ MD cervical 6,5 mm

Connaissances
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 9,5 mm

Anatomie externe
La troisième molaire maxillaire est généralement la plus petite des trois molaires maxil-
laires. Elle est également la plus variable de toutes les dents par ses dimensions, sa forme
et ses modalités d'éruption et présente fréquemment des anomalies de développement et 133
d'éruption.

Application clinique : avulsion


La troisième molaire maxillaire est implantée très postérieurement sur l'arcade, au niveau de la tubé-
rosité maxillaire et, fréquemment, elle fait son éruption sur la face postéro-latérale de la tubérosité
(fig. 2.164).
Elle entretient des rapports très étroits avec l'artère alvéolaire postéro-supérieure, branche de l'artère
maxillaire, destinée à la vascularisation des molaires, et avec les branches externes du nerf alvéolaire pos-
téro-supérieur, issu du nerf maxillaire, qui sont plaquées par l'aponévrose buccinatrice sur la tubérosité et
qui sont destinées à l'innervation de la muqueuse gingivale et orale maxillaire. Des manœuvres intempes-
tives, lors de l'avulsion de cette dent, peuvent être responsables de blessures, de douleurs et d'hématomes
importants.
Un autre risque majeur lors de l'avulsion de la troisième molaire est la luxation de la dent dans la fosse
infratemporale. Ce type d'accident peut être évité en mettant en place un écarteur lame contre la lame
latérale du processus ptérygoïde et en luxant la dent vers l'arrière (fig. 2.165).
Anatomie dentaire

Fig. 2.164 Troisième molaire maxillaire droite (18) située dans la tubérosité maxillaire.

134

Fig.  2.165 Mise en place d'un écarteur lame entre la tubérosité maxillaire et la lame latérale du
processus ptérygoïde, afin de prévenir le risque de luxation de la troisième molaire dans la fosse
infratemporale.

Il est très difficile de donner un modèle de description pour cette dent dans la mesure où elle
peut être comparable à la deuxième molaire ou, au contraire, n'avoir aucun trait commun avec
les deux autres molaires maxillaires.
Nous en proposons donc une description sommaire d'un type moyen (fig. 2.166).
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V L V

M D
M

Connaissances
V L

D M D D

135
V L

Fig. 2.166 Schémas des différentes faces de la troisième molaire maxillaire droite (18).


Vue vestibulaire (fig. 2.167)
La couronne de la troisième molaire est généralement plus étroite et moins haute que celle de
la deuxième molaire. La cuspide disto-vestibulaire est fortement réduite en volume par rapport
à la cuspide mésio-vestibulaire. Le collet est souvent aplati.
Les racines sont moins longues que celles de la deuxième molaire et la dent apparaît moins effilée.
Les racines peuvent être fortement coudées du côté distal. Elles sont fréquemment conver-
gentes, accolées, voire fusionnées sur toute leur longueur ou dans leur tiers apical.

D M

Fig. 2.167 Vue vestibulaire de la troisième molaire maxillaire droite (18).


Anatomie dentaire

Vue linguale (fig. 2.168)


Généralement, cette dent ne possède qu'une seule cuspide linguale, large et aiguë. Cependant,
il arrive que la crête marginale distale (toujours plus cervicale que la crête marginale mésiale)
se prolonge du côté lingual par une petite cuspide disto-linguale plus haute que la cuspide
mésio-linguale. Dans ce cas, un sillon sépare ces deux cuspides.
La racine linguale, lorsqu'elle est individualisée, est inclinée du côté distal.

Fig. 2.168 Vue linguale de la troisième molaire maxillaire droite (18).

136
Vue mésiale (fig. 2.169)
Les surfaces coronaire et radiculaire mésiales sont aplaties.
Les racines linguale et mésio-vestibulaire sont généralement fusionnées.

Vue mésiale de la troisième molaire maxillaire droite (18).

Vue distale (fig. 2.170)


Sur la du distale, une grande partie de la face vestibulaire est exposée du fait de son obliquité.
D
La crête marginale distale, située très cervicalement, a une forme d'accent circonflexe à conca-
vité occlusale. Elle découvre une grande partie de la face occlusale et plus particulièrement le
versant distal de la crête oblique, qui est inconstante.
V

Fig. 2.169
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.170 Vue distale de la troisième molaire maxillaire droite (18).


Vue occlusale (fig. 2.171)

Connaissances
La ligne du plus grand contour de la troisième molaire est triangulaire à sommet lingual. L'angle
mésio-vestibulaire est toujours aigu. La cuspide linguale est large et son contour est arrondi.
Parfois, cette dent présente quatre cuspides : ses formes occlusales se rapprochent alors de
celles de la deuxième molaire, voire de la première molaire. Cependant, les dessins des sillons
sont plus anarchiques. La fosse centrale est généralement un puits à partir duquel rayonnent
de nombreux sillons secondaires qui irradient sur les pans cuspidiens.

M 137

V L

Fig. 2.171 Vue occlusale de la troisième molaire maxillaire droite (18).

Anatomie interne (fig. 2.172)


La variabilité anatomique de la troisième molaire est telle qu'il est difficile d'en faire une des-
cription moyenne réellement représentative. Il faut comparer l'anatomie de la cavité pulpaire
de cette dent avec celle de chacune de ses deux voisines pour en évaluer la configuration.
Sa coupe au collet est franchement triangulaire à sommet lingual.
Les canaux sont généralement tubulaires, cependant ils peuvent, en cas de fusion des racines,
ne former qu'un seul canal conique volumineux.

V L D M V

D
L V

Fig. 2.172 Anatomie interne de la troisième molaire maxillaire droite (18).


M

M
Anatomie dentaire

Variabilité anatomique (fig. 2.173)


La troisième molaire maxillaire est généralement la plus petite de toutes les molaires.
Cependant, sa taille peut varier en fonction du nombre de cuspides qui peut aller de un à huit.
Sa morphologie est comparable à celle d'une première ou d'une deuxième molaire maxillaire, mais
elle peut également être si perturbée qu'il devient impossible d'identifier formellement les cuspides.
La table occlusale de la troisième molaire est souvent réduite en surface et présente générale-
ment un grand nombre de sillons accessoires qui lui donnent un aspect ridé.
Les racines sont souvent plus courtes, plus fines et tendent à fusionner.

V B
M

138 Fig. 2.173 Troisièmes molaires maxillaires droites (18) présentant des morphologies radiculaires particulières.

B. Molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont des dents pluricuspidées et pluriradiculées. Elles sont en série
descendante : la première molaire est plus grande que la deuxième molaire qui, elle-même, est
plus grande que la troisième molaire. Ces dents sont caractérisées par une table occlusale très
large qui permet d'assurer le broyage du bol alimentaire.

Application clinique : rapports anatomiques


La distance entre les apex des molaires mandibulaires et le pédicule alvéolaire inférieur est variable
d'un individu à l'autre, et d'un côté à l'autre chez un même individu. Les rapports des apex de la
deuxième et de la troisième molaires avec le nerf alvéolaire inférieur sont généralement en dessous du
millimètre, alors que, pour la première molaire, ils varient entre 1 et 4 mm avec de possibles décalages
transversaux importants.

1. Première molaire mandibulaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation Naissance
Couronne achevée 2 ans et demi à 3 ans
Éruption 6–7 ans
D

A
M V

Racine édifiée 9–10 ans


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations
Hauteur totale 21,5 mm
Hauteur couronne 7,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 11 mm
∅ MD cervical 9 mm
∅ VL coronaire 10,5 mm
∅ VL cervical 9 mm

Anatomie externe (fig. 2.174)


La première molaire mandibulaire est une dent dont l'anatomie est très stable avec des carac-
tères anatomiques fortement exprimés selon un gabarit rectangulaire à grand axe mésio-distal
aussi bien au niveau coronaire que radiculaire (deux cuspides et une racine du côté mésial, trois
cuspides et une racine du côté distal), ce qui en fait un modèle de description pour les molaires
mandibulaires. C'est la seule dent permanente qui présente cinq cuspides de manière constante.

Connaissances
139

V L V

M D
V

M D

D M D
L

Fig. 2.174 Schémas des différentes faces de la première molaire mandibulaire droite (46).

L
Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.175)


En vue vestibulaire, la couronne est globalement trapézoïdale à grande base occlusale. Les trois
cuspides vestibulaires sont visibles (mésio-vestibulaire, centro-vestibulaire, disto-­vestibulaire),
ainsi que les sommets des cuspides linguales (mésio-linguale, disto-linguale).
Le diamètre mésio-distal est nettement plus important que la hauteur coronaire. Le collet
dessine une accolade dont la pointe centrale est dirigée vers la furcation. À partir du collet, les
contours proximaux divergent.
Le contour mésial est faiblement et régulièrement convexe et atteint un maximum de
convexité correspondant au point de contact mésial, situé au quart occlusal de la hauteur
coronaire.
Le contour distal est légèrement concave dans sa partie cervicale, puis il devient fortement
convexe dans sa partie occlusale et atteint le maximum de convexité au point de contact distal
qui est légèrement plus cervical que du côté mésial.
À partir des points de contact, les contours mésial et distal se continuent respective-
ment avec l'arête mésiale de la cuspide mésio-vestibulaire et avec l'arête distale de la
cuspide disto-­vestibulaire. Le contour occlusal est formé par les arêtes des trois cuspides
vestibulaires.
La cuspide mésio-vestibulaire est la plus volumineuse. Elle est suivie de la cuspide centro-­
vestibulaire, puis de la cuspide disto-vestibulaire. La cuspide centro-vestibulaire, généralement
plus aiguë, est de la même hauteur que la cuspide mésio-vestibulaire, et la cuspide disto-
vestibulaire, plus émoussée, est la moins haute. La crête marginale distale se situe à un niveau
plus cervical que la crête marginale mésiale. Cette dent est donc globalement moins haute du
côté distal.
Dans sa moitié cervicale, la surface vestibulaire est régulièrement et fortement convexe. Dans
140 sa moitié occlusale, elle est parcourue par des sillons intercuspidiens verticaux :
• le sillon mésio-vestibulaire sépare les cuspides mésio- et centro-vestibulaires. Sur la face
vestibulaire, il prolonge le sillon occlusal, né dans la fosse centrale mésiale, et descend
jusqu'à mi-hauteur coronaire où il se termine par une fossette ;
• le sillon disto-vestibulaire sépare les cuspides centro- et disto-vestibulaires. Il chemine sur la
face vestibulaire en mourant au tiers occlusal.
La première molaire mandibulaire présente une racine mésiale et une racine distale. Les
deux racines naissent d'un tronc commun qui est parcouru par une dépression médiane
verticale provenant du collet. La bifurcation radiculaire est située au tiers cervical de la
hauteur radiculaire.

D M

Fig. 2.175 Vue vestibulaire de la première molaire mandibulaire droite (46).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
La racine mésiale, fortement aplatie dans la direction mésio-distale, est plus haute et plus large
que la racine distale. Elle est parallèle à l'axe de la dent et présente fréquemment une longue
et régulière courbure distale. Dans la quasi-totalité des cas, cette courbure mésio-distale est
radiologiquement repérable, mais elle peut également exister dans la direction vestibulo-­
linguale. L'apex de cette racine est généralement émoussé et se situe à l'aplomb du sillon
mésio-vestibulaire de la couronne. La surface vestibulaire de cette racine est régulièrement
convexe.
La racine distale est légèrement plus courte et plus étroite. Son axe est incliné du côté distal.
Elle se termine par un apex plus pointu qui peut dépasser le contour coronaire distal. Sa sur-
face vestibulaire est régulièrement convexe (fig. 2.176).

Connaissances
141

Vue vestibulaire de la première molaire mandibulaire droite  (46) montrant la courbure


distale de la racine mésiale.

Application clinique : occlusodontie et orthopédie dento-faciale


Dans la classe I d'Angle, qui est considérée comme une relation occlusale mésio-distale normale en posi-
tion d'intercuspidation maximale, le sillon mésio-vestibulaire de la première molaire mandibulaire est ali-
gné avec le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire de la première molaire maxillaire.

Vue linguale (fig. 2.177)


En vue linguale, la couronne est également trapézoïdale à grande base occlusale. Les deux
cuspides linguales (mésio- et disto-linguales) sont visibles, ainsi qu'une partie, débordante du
côté distal, de la cuspide disto-vestibulaire.
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire et le diamètre mésio-distal reste nette-
ment plus important que la hauteur coronaire. Le collet est généralement rectiligne.
À partir du collet, les contours proximaux divergent.
Le contour mésial est faiblement convexe, voire aplati. Le point de contact mésial est situé au
quart occlusal de la hauteur coronaire.
Le contour distal, légèrement concave dans sa partie cervicale, devient fortement convexe
dans sa partie occlusale. Le point de contact distal est plus cervical.
Le contour occlusal est formé par les arêtes des deux cuspides linguales.
Fig.  2.176
Anatomie dentaire

M D

Fig. 2.177 Vue linguale de la première molaire mandibulaire droite (46).

La cuspide mésio-linguale est souvent légèrement plus haute et plus large que la cuspide disto-
linguale. L'acuité de ces deux cuspides est plus prononcée que celle des cuspides vestibulaires.
La surface linguale est convexe. Dans sa moitié occlusale, elle est parcourue par une dépres-
sion verticale qui sépare les convexités cuspidiennes linguales. Cette dépression s'estompe à
mi-hauteur coronaire ; elle peut se prolonger jusqu'au collet.
Les racines mésiale et distale naissent d'un tronc radiculaire parcouru sur toute sa hauteur par
une dépression médiane verticale qui peut se poursuivre sur la surface linguale de la couronne.
142
La bifurcation radiculaire est située au tiers cervical de la hauteur radiculaire.
Les racines mésiale et distale présentent les mêmes caractéristiques que celles décrites pour
la vue vestibulaire. Leurs faces linguales sont plus étroites que leurs faces vestibulaires, ce qui
leur confère une forte convexité.
La racine mésiale est fortement aplatie dans la direction mésio-distale. Elle présente fréquem-
ment une courbure distale longue et régulière. Dans la quasi-totalité des cas, cette courbure
est visible radiologiquement et peut également exister dans la direction vestibulo-linguale.

Vue mésiale (fig. 2.178)


La face mésiale de la première molaire mandibulaire est globalement trapézoïdale à grande
base cervicale. Sur cette vue, seules les cuspides mésio-vestibulaire et mésio-linguale sont
visibles. Le diamètre vestibulo-lingual occlusal, compris entre ces deux sommets cuspidiens, est
inférieur au diamètre vestibulo-lingual cervical.
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, un peu moins dans ses
deux tiers occlusaux. Son maximum de convexité est situé au quart cervical de la hauteur
coronaire. Le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire est déporté du côté lingual par rapport
au contour radiculaire vestibulaire.
Le contour lingual est globalement aplati mais présente un maximum de convexité situé dans
la moitié occlusale de la hauteur coronaire. La totalité du contour lingual est en surplomb par
rapport à la racine. Le sommet de la cuspide mésio-linguale est aligné avec le contour radicu-
laire lingual.
Les contours vestibulaire et lingual se continuent avec les arêtes internes des cuspides mésio-
vestibulaire et mésio-linguale. Sur cette vue, le versant mésial de la crête marginale mésiale
est visible. Son arête se continue en vestibulaire avec l'arête mésiale de la cuspide mésio-­
vestibulaire et en lingual, avec l'arête mésiale de la cuspide mésio-linguale.
La table occlusale est déportée du côté lingual. La cuspide linguale est légèrement plus haute que
la cuspide vestibulaire, mais ces deux cuspides ont approximativement le même développement.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

V L

Fig. 2.178 Vue mésiale de la première molaire mandibulaire droite (46).

Connaissances
La surface mésiale de la couronne est globalement convexe, à l'exception de sa région centrale
qui est aplatie ou légèrement concave. Le point de contact mésial se situe au tiers occlusal de
la couronne, il est pratiquement centré.
Sur cette vue, seule la racine mésiale, très étendue, est visible. Ses contours vestibulaire et lin-
gual sont quasiment parallèles et rectilignes dans la moitié cervicale et convergent ensuite pour
se terminer par une région apicale arrondie ou allongée dans la direction vestibulo-linguale.
La surface mésiale de la racine est convexe. Elle est parcourue par une dépression médiane
cervico-apicale assez marquée.
143
Invisible sur la vue mésiale, la surface mésiale de la racine distale est convexe, mais elle est
fréquemment parcourue par une dépression cervico-apicale toutefois moins prononcée que
celle de la racine mésiale.

Vue distale (fig. 2.179)


De nombreux éléments observés sur la vue mésiale sont retrouvés sur la vue distale.
La face distale de la première molaire mandibulaire est globalement trapézoïdale à grande
base cervicale. La crête marginale distale étant plus basse que la crête marginale mésiale, la
face occlusale avec ses cinq sommets cuspidiens est visible.
Le diamètre vestibulo-lingual occlusal intercuspidien est nettement inférieur au diamètre ves-
tibulo-lingual cervical.
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis régulièrement
convexe dans ses deux tiers occlusaux. Son maximum de convexité est situé au quart cervical
de la hauteur coronaire. Les sommets des cuspides vestibulaires sont déportés du côté lingual
par rapport au contour radiculaire vestibulaire.
Le contour lingual est globalement aplati mais présente un maximum de convexité situé dans la
moitié occlusale de la hauteur coronaire. La totalité du contour lingual est en surplomb par rapport
à la racine. Le sommet de la cuspide disto-linguale est aligné avec le contour radiculaire lingual.
Sur cette vue, le versant distal de la crête marginale distale est visible. Cette crête, formée par
la réunion des arêtes distales des cuspides disto-vestibulaire et disto-linguale, est fréquemment
sectionnée par un sillon secondaire provenant de la fosse marginale distale.
La table occlusale est déportée du côté lingual. Le point de contact distal est centré au tiers
occlusal de la couronne. La surface distale de la couronne est globalement convexe.
Les contours de la racine distale, plus étroite et moins haute, s'inscrivent à l'intérieur de ceux
de la racine mésiale qui sont visibles sur cette vue. Les contours vestibulaire et lingual de la
racine distale sont quasiment parallèles et rectilignes dans la moitié cervicale de la racine. Ils
convergent ensuite pour se terminer par une région apicale arrondie.
Anatomie dentaire

L V

Fig. 2.179 Vue distale de la première molaire mandibulaire droite (46).

La surface distale de la racine est régulièrement convexe.


La surface distale de la racine mésiale, tout comme sa surface mésiale, est parcourue par une
dépression longitudinale assez marquée (fig. 2.180).

144

Fig. 2.180 Concavité de la surface distale de la racine mésiale de la première molaire mandi-


bulaire droite (46).

Application clinique : endodontie


La racine mésiale des molaires mandibulaires présente fréquemment une courbure importante et
régulière qui est à l'origine des difficultés rencontrées lors de la préparation du canal. L'élargissement
du tiers coronaire du canal est indispensable pour redresser légèrement son axe et faciliter l'accès au
tiers apical.
Afin de réduire le risque de formation d'une butée, voire d'une perforation, la préparation mécanique avec
les limes endodontiques doit privilégier les parois des canalaires opposées à la courbure pour l'atténuer.
Ces parois sont dites « parois de sécurité ». Cette précaution évite de fragiliser les parois tournées vers
l'embrasure (paroi distale pour un canal mésial et paroi mésiale pour un canal distal) et prévient des com-
plications comme le stripping ou la perforation de la paroi radiculaire, surtout en présence de dépressions
radiculaires longitudinales.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Vue occlusale (fig. 2.181)
La face occlusale présente une anatomie complexe. Elle a une forme hexagonale et anguleuse
caractéristique avec un côté mésial, un côté distal, un côté lingual et trois pans sur le côté
vestibulaire. Son diamètre mésio-distal est nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual.
Le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est formé par les versants externes
des trois cuspides vestibulaires. Il est régulièrement convexe avec une convexité plus pronon-
cée au niveau de l'angle mésio-vestibulaire.
Le contour lingual est régulièrement convexe dans ses portions mésiale et distale, en regard
des cuspides, et aplati, voire déprimé, dans sa partie centrale. La face linguale de la couronne
n'est que faiblement visible sur cette vue occlusale.
Le contour mésial est aplati et étendu, tandis que le contour distal est plus convexe et plus court.
L'angle disto-lingual de la ligne du plus grand contour est plus arrondi que l'angle mésio-lingual.
La vue occlusale montre les cinq cuspides qui sont, par ordre décroissant de volume, les cus-
pides mésio-linguale, disto-linguale, mésio-vestibulaire, centro et disto-vestibulaires.
La table occlusale est enfermée dans les limites des crêtes mésio-distales des cinq cuspides et
des crêtes marginales. Cette table occlusale est déportée du côté lingual, exposant ainsi une
grande partie de la face vestibulaire sur cette vue.

Connaissances
Le contour vestibulaire de la table occlusale est formé par l'alignement des arêtes des trois
cuspides vestibulaires selon une courbe régulière à concavité linguale. La cuspide centro-­
vestibulaire est la plus vestibulée. Viennent ensuite la cuspide mésio-vestibulaire, puis la cuspide
disto-vestibulaire. Ce contour est marqué par le passage des sillons principaux périphériques
mésio et disto-vestibulaires qui séparent les trois cuspides.
Le contour lingual de la table occlusale est formé par les arêtes des deux cuspides linguales. Il est
parallèle à la ligne du plus grand contour et décrit une courbe à concavité vestibulaire marquée par
une dépression au passage du sillon intercuspidien lingual qui sépare les deux cuspides linguales. 145
Les contours mésial et distal sont formés par les arêtes des crêtes marginales mésiale et distale.
La crête marginale distale est généralement coupée par un sillon secondaire.
La face occlusale présente plusieurs sillons intercuspidiens :
• un sillon principal central, mésio-distal. Ce sillon sépare les cuspides vestibulaires des cus-
pides linguales. On lui décrit, à partir de son intersection avec le sillon lingual, une portion
mésiale et une portion distale ;
• trois sillons principaux périphériques, vestibulo-linguaux :
– un sillon mésio-vestibulaire qui sépare les cuspides mésio- et centro-vestibulaires,
– un sillon disto-vestibulaire qui sépare les cuspides centro- et disto-vestibulaires,
– un sillon lingual qui sépare les cuspides mésio- et disto-linguales.

Fig. 2.181 Vue occlusale de la première molaire mandibulaire droite (46).

Ces sillons peuvent adopter deux configurations principales (fig. 2.182) :


• la configuration cruciforme en « + » lorsque le sillon mésio-vestibulaire est aligné avec le
sillon lingual ;
• la configuration dryopithèque en « Y » lorsque le sillon mésio-vestibulaire rejoint le sillon
central dans sa portion mésiale.
M
Anatomie dentaire

V V

D M D
M

L L
A B

Fig. 2.182 Disposition des sillons principaux sur la première molaire mandibulaire droite (46).
A. Configuration cruciforme. B. Configuration en Y.
À l'intersection du sillon central et des crêtes marginales mésiale et distale, se trouvent, respec-
tivement, la fosse marginale mésiale et la fosse marginale distale. La fosse marginale mésiale
est généralement plus profonde et mieux individualisée. L'intersection des sillons mésio-
vestibulaire et lingual avec le sillon central détermine la fosse centrale mésiale. L'intersection
du sillon disto-vestibulaire avec le sillon central détermine la fosse centrale distale.
À partir de la fosse centrale mésiale, le sillon mésio-vestibulaire sépare les cuspides mésio et
centro-vestibulaires, déborde la limite vestibulaire de la table occlusale et chemine sur la sur-
face vestibulaire pour se terminer dans une fossette.
De la même manière, le sillon disto-vestibulaire quitte la fosse centrale distale, sépare les
cuspides centro et disto-vestibulaires, et vient mourir sur la surface vestibulaire. Enfin, le sillon
lingual sépare les cuspides linguales et se termine en dépression sur la surface linguale.

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.183)
146
La chambre pulpaire est volumineuse chez le sujet adulte jeune. Les cornes pulpaires sont bien
individualisées et dirigées vers les sommets cuspidiens. Le plancher pulpaire est radiculaire.
Dans 70 % des cas, il existe deux canaux dans la racine mésiale (un canal vestibulaire
et un canal lingual) et un canal large dans la racine distale. La configuration à quatre
canaux est observée dans 30 % des cas. Les deux canaux de la racine mésiale peuvent
se réunir dans le tiers apical de la racine ou se terminer par des orifices apicaux distincts.
Exceptionnellement, la racine mésiale ne comporte qu'un seul canal bien centré.

L L

M D

Fig. 2.183 Coupes vestibulo-linguales de la première molaire mandibulaire droite (46) passant par la


racine mésiale (vue mésiale à gauche) et par la racine distale (vue distale à droite).

Coupe mésio-distale (fig. 2.184)


La chambre pulpaire est bien développée. Le canal mésial est fin et relativement sinueux. Dans
la majorité des cas, le canal distal est unique, rectiligne et aplati dans la direction mésio-distale.
En présence de deux canaux distaux, la configuration est variable.
V V
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.184 Coupe mésio-distale de la première molaire mandibulaire droite (46).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.185)


Contrairement aux proportions coronaires, la coupe au collet montre un diamètre vestibulo-
lingual constamment supérieur au diamètre mésio-distal.

Connaissances
L'angle mésio-vestibulaire est aigu, la face mésiale aplatie et la face distale arrondie. Le contour
de la chambre pulpaire suit assez fidèlement celui du collet.
Le canal distal naît au fond d'un entonnoir largement ouvert, alors que les deux canaux
mésiaux se forment au fond d'une fissure vestibulo-linguale renflée à ses extrémités en deux
entonnoirs plus petits.
V

147
M D

Fig. 2.185 Coupe axiale cervicale de la première molaire mandibulaire droite (46).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Point d'élection : l'orifice d'entrée du canal mésio-lingual se projette à proximité de la fosse marginale
mésiale, tandis que l'orifice d'entrée du canal mésio-vestibulaire se situe à l'aplomb du sommet cuspidien
mésio-vestibulaire. L'orifice d'entrée du canal distal, s'il est unique, se projette au niveau de la fosse centrale.
En présence de deux canaux distaux, leurs orifices se projettent sur l'alignement des sillons intercuspidiens
lingual et vestibulaire, de part et d'autre de la fosse centrale. Globalement, les orifices d'entrée des canaux
radiculaires se situent à l'aplomb de la partie mésio-vestibulaire de la table occlusale (fig. 2.186).
• Forme de contour de la cavité d'accès : à partir de ces repères, l'approfondissement s'effectue selon le
grand axe coronaire. La cavité d'accès est trapézoïdale en présence de deux canaux mésiaux et un canal
distal ; elle devient rectangulaire en présence de quatre canaux.
• Les orifices mésiaux sont circulaires. L'orifice du canal distal, lorsqu'il est unique, est ovoïde à grand axe
vestibulo-lingual. La découverte d'un orifice distal petit et excentré doit conduire à la recherche d'un
second canal distal.
• Les parois sont régularisées. Les entrées des canaux radiculaires sont évasées de manière à obtenir un
accès instrumental direct, notamment sur la racine mésiale en raison de l'importante courbure qui est
à l'origine des difficultés rencontrées lors de la préparation endodontique et du risque de fausse route.
• La présence exceptionnelle d'un appendice radiculaire disto-lingual supplémentaire ou radix entomola-
ris (voir ci-dessous) requiert une extension linguale de la cavité d'accès.
Anatomie dentaire

Fig. 2.186 Contour de la cavité d'accès endodontique de la première molaire mandibulaire droite (46).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 23.

Variabilité anatomique
La première molaire mandibulaire peut présenter quatre cuspides (disparition de la cuspide
disto-vestibulaire), six cuspides (une sixième cuspide entre les deux cuspides linguales) ou sept
cuspides (une septième cuspide mésio-linguale) au lieu des cinq habituelles (fig. 2.187).
La présence d'un troisième canal mésial sur la première molaire mandibulaire est relativement
fréquente. Ce canal supplémentaire se situe au niveau de l'isthme séparant le canal mésio-­
vestibulaire du canal mésio-lingual. Ces trois canaux peuvent être distincts ou se rejoindre à
divers niveaux. La présence d'un troisième canal dans la racine distale est également décrite
dans la littérature mais reste nettement moins fréquente.
La première molaire mandibulaire peut comporter exceptionnellement quatre, cinq ou même six canaux.
Cette dent peut aussi présenter une configuration particulière à trois racines, avec un appendice
radiculaire supplémentaire : le radix entomolaris situé à l'angle disto-lingual du tronc radiculaire
(fig. 2.188) ou le radix paramolaris situé à l'angle disto-vestibulaire du tronc radiculaire. Dans ces
148
deux configurations, la molaire présente trois racines et trois ou quatre canaux.
Ces termes font référence à la nomenclature paléontologique des cuspides (correspondance
entre la position de ces racines supplémentaires et l'emplacement des cuspides : paraconide et
entoconide) décrite au début de cet ouvrage.

Face occlusale d'une première molaire mandibulaire gauche (36) à six cuspides.

Fig. 2.188 Face distale d'une première molaire mandibulaire gauche (36) présentant un radix entomolaris.
Fig. 2.187
Anatomie descriptive des dents humaines 2
2. Deuxième molaire mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 2 ans et demi–3 ans
Couronne achevée 7–8 ans
Éruption 11–13 ans
Racine édifiée 14–15 ans

Mensurations
Hauteur totale 20 mm
Hauteur couronne 7 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 10,5 mm
∅ MD cervical 8 mm
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 8 mm

Connaissances
Anatomie externe (fig. 2.189)
L'anatomie de la deuxième molaire mandibulaire présente de nombreuses similitudes avec
celle de la première molaire, mais elle est légèrement moins volumineuse car elle n'a habituel-
lement que quatre cuspides : deux cuspides vestibulaires et deux cuspides linguales.

149

V L V

M D
V

M D

D M D
L

V L

Fig. 2.189 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).


Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.190)


En vue vestibulaire, la couronne est globalement trapézoïdale à grande base occlusale. Les
deux cuspides vestibulaires (mésio et disto-vestibulaires) sont visibles, ainsi que les deux
sommets des cuspides linguales (mésio-linguale, disto-linguale) qui sont légèrement plus
hautes.
Le diamètre mésio-distal est nettement plus important que la hauteur coronaire.
Les contours mésial et distal divergent à partir du collet. Ils sont symétriques et légèrement
convexes jusqu'à leurs maximums de convexité qui correspondent aux points de contact mésial
et distal, tous deux situés au quart occlusal de la hauteur coronaire.
Le contour occlusal est formé par les arêtes des deux cuspides vestibulaires qui sont équiva-
lentes en hauteur et en développement.
Les crêtes marginales mésiale et distale se situent globalement au même niveau.
Dans sa moitié cervicale, la surface vestibulaire est fortement convexe, en particulier en
regard de la cuspide mésio-vestibulaire. Dans sa moitié occlusale, elle est parcourue par le
sillon intercuspidien vestibulaire qui sépare les cuspides mésio et disto-vestibulaires. Ce sillon
est le prolongement, sur la face vestibulaire, du sillon intercuspidien occlusal qui naît dans la
fosse centrale. Il chemine sur la face vestibulaire jusqu'à mi-hauteur coronaire et se termine
par une fossette.
La deuxième molaire mandibulaire présente une racine mésiale et une racine distale. Ces deux
racines naissent d'un tronc radiculaire parcouru par une dépression médiane verticale qui peut
remonter jusqu'à la région cervicale. La bifurcation radiculaire se fait au tiers cervical.
Les axes rectilignes des deux racines sont inclinés du côté distal. Les racines ont généralement
tendance à converger, elles peuvent se rejoindre dans le tiers apical, s'accoler ou même fusion-
ner sur toute leur hauteur.
150 La racine mésiale est plus longue que la racine distale. Les apex sont généralement émoussés.
Les surfaces vestibulaires des deux racines sont régulièrement convexes.

Vue vestibulaire de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Vue linguale (fig. 2.191)


En vue linguale, la couronne est également trapézoïdale à grande base occlusale. Seules les
deux cuspides linguales (mésio-linguale et disto-linguale) sont visibles.
Le diamètre mésio-distal est plus important que la hauteur coronaire.
À partir du collet qui est généralement rectiligne, les contours mésial et distal divergent faible-
ment, ils sont régulièrement convexes jusqu'aux points de contact situés tous deux au quart
occlusal de la hauteur coronaire.
D M

Fig. 2.190
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le contour occlusal est formé par les arêtes des deux cuspides linguales qui ont des hauteurs
et des développements comparables.
La surface linguale est convexe. Dans sa moitié occlusale, une dépression sépare les convexités
correspondant aux deux cuspides linguales.
Les racines mésiale et distale naissent d'un tronc radiculaire commun qui est parcouru par une
dépression médiane verticale. La bifurcation radiculaire est située au tiers cervical de la hauteur
radiculaire.
La configuration linguale des racines mésiale et distale présente les mêmes caractéristiques
que pour la vue vestibulaire. Les apex sont généralement émoussés. La racine mésiale est plus
longue que la racine distale.
Les surfaces linguales des deux racines sont régulièrement convexes.

Connaissances
M D

151

Fig. 2.191 Vue linguale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Vue mésiale (fig. 2.192)


Sur la vue mésiale, seules les cuspides mésio-vestibulaire et mésio-linguale sont visibles. Le
diamètre vestibulo-lingual occlusal intercuspidien est nettement inférieur au diamètre vesti-
bulo-lingual cervical.
Le contour vestibulaire est nettement plus convexe dans son tiers cervical que celui de la
première molaire. Il est ensuite régulièrement convexe dans ses deux tiers occlusaux. Son maxi-
mum de convexité est situé au quart cervical de la hauteur coronaire. Le sommet de la cuspide
mésio-vestibulaire est déporté du côté lingual par rapport au contour radiculaire vestibulaire.
Le contour lingual est globalement convexe avec un maximum de convexité situé dans la
moitié occlusale. La totalité du contour lingual est en surplomb par rapport à la racine. Le
sommet de la cuspide mésio-linguale est aligné avec le contour radiculaire lingual.
Les contours vestibulaire et lingual se continuent avec les arêtes internes des cuspides mésio-
vestibulaire et mésio-linguale. Le versant mésial de la crête marginale mésiale est visible. Son
arête se continue en vestibulaire avec l'arête mésiale de la cuspide mésio-vestibulaire et en
lingual, avec l'arête mésiale de la cuspide mésio-linguale.
La table occlusale est déportée du côté lingual. La cuspide mésio-linguale est légèrement plus
haute que la cuspide mésio-vestibulaire.
La surface mésiale de la couronne est globalement convexe. Son point de contact se situe au
tiers occluso-vestibulaire de la couronne.
Sur cette vue mésiale, seule la racine mésiale, très large, est visible. Ses contours vestibulaire et
lingual convergent pour se terminer par un apex relativement pointu.
La surface mésiale de la racine est généralement convexe et peut être parcourue par une
dépression médiane cervico-apicale. La surface mésiale de la racine distale est convexe.
Anatomie dentaire

V L

Fig. 2.192 Vue mésiale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Vue distale (fig. 2.193)


Les cuspides disto-vestibulaire et disto-linguale sont visibles, ainsi que la cuspide mésio-­vestibulaire,
également apparente en raison de la forte proéminence de son contour cervico-vestibulaire.
Comme sur la vue mésiale, le diamètre vestibulo-lingual occlusal intercuspidien est nettement
inférieur au diamètre cervical.
Le contour vestibulaire est plus convexe dans son tiers cervical que celui de la première molaire
et devient ensuite régulièrement convexe dans ses deux tiers occlusaux. Le maximum de conve-
xité est situé au quart cervical de la hauteur coronaire. Les sommets des cuspides mésio- et
152 disto-vestibulaires sont déportés du côté lingual par rapport au contour radiculaire vestibulaire.
Le contour lingual est globalement convexe mais présente un maximum de convexité dans
sa moitié occlusale. La totalité du contour lingual est en surplomb par rapport à la racine. Le
sommet de la cuspide disto-linguale est aligné avec le contour radiculaire lingual.
La table occlusale est déportée du côté lingual. La cuspide disto-linguale est plus haute que la
cuspide disto-vestibulaire.
La surface distale de la couronne est fortement convexe. Le point de contact distal est centré
au tiers occlusal de la couronne.
La racine distale, plus étroite que la racine mésiale, s'inscrit à l'intérieur des contours de la
racine mésiale. Les contours vestibulaire et lingual de la racine distale convergent pour se
terminer par un apex relativement pointu.

L V

Fig. 2.193 Vue distale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
La surface distale de la racine distale est convexe tandis que la surface distale de la racine mésiale
est généralement convexe, mais elle peut être parcourue par une dépression cervico-apicale.

Vue occlusale (fig. 2.194)


La forme de la face occlusale est grossièrement rectangulaire à grand axe mésio-distal avec des
angles arrondis à l'articulation des faces axiales.
La ligne du plus grand contour est marquée par une importante convexité cervicale mésio-vestibulaire.
De ce fait, la face mésiale est plus large que la face distale, et la face vestibulaire est fortement oblique.
Le contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est formé par les versants externes
des deux cuspides vestibulaires dont le développement peut être identique ou plus important
pour la cuspide mésio-vestibulaire. Généralement, la cuspide mésio-vestibulaire est plus proé-
minente du côté vestibulaire mais il arrive que la cuspide disto-vestibulaire soit la plus saillante.
Le contour lingual de la ligne du plus grand contour est formé par les versants externes des deux
cuspides linguales dont le développement peut être identique ou plus important pour la cuspide
mésio-linguale. Il est régulièrement convexe en regard des cuspides et aplati dans sa région cen-
trale. La surface linguale de la couronne est en grande partie cachée sur la vue occlusale.
Le contour mésial de la ligne du plus grand contour est convexe ou aplati et étendu,

Connaissances
tandis que le contour distal est fortement convexe et plus court.
Contrairement à la première molaire, la crête marginale distale est bien développée en raison
de l'absence de la cuspide disto-vestibulaire.

D 153

Fig. 2.194 Vue occlusale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Les contours de la table occlusale sont formés par l'alignement des arêtes mésiales et distales
des quatre cuspides et par les arêtes des crêtes marginales. Cette table occlusale est franche-
ment déportée du côté lingual, rendant ainsi visible une grande partie de la surface vestibulaire
et cachant la quasi-totalité de la surface linguale.
La table occlusale présente plusieurs sillons principaux :
• un sillon principal central mésio-distal qui sépare les cuspides vestibulaires des cuspides linguales.
Il est généralement rectiligne ou peut présenter deux concavités orientées vers le côté lingual ;
• deux sillons principaux périphériques à direction vestibulo-linguale :
– un sillon vestibulaire sépare les deux cuspides vestibulaires. Il naît dans la fosse centrale et se
poursuit sur la face vestibulaire. Sa direction est perpendiculaire à l'axe mésio-­distal de la dent,
– un sillon lingual sépare les deux cuspides linguales. Il naît dans la fosse centrale et vient
mourir sur la face linguale. Sa direction est perpendiculaire à l'axe mésio-distal de la dent.
Ces sillons peuvent déterminer trois configurations en fonction de leur position (fig. 2.195) :
• la configuration cruciforme en « + » est la plus fréquente. Les sillons vestibulaire et lingual
sont alignés et forment une croix avec le sillon principal central ;
• la configuration dryopithèque en « Y » est moins courante. Le sillon vestibulaire est plus
mésial que le sillon lingual. Cette disposition est comparable à celle du « Y » dryopithécien
de la première molaire voisine ;
• la configuration en « marche d'escalier » est rare. Le sillon vestibulaire est plus distal que le
sillon lingual. La cuspide mésio-vestibulaire entre alors en contact par son pan distal avec le
M

pan mésial de la cuspide disto-linguale.


Anatomie dentaire

À l'intersection des sillons principaux, au centre de la table occlusale, se situe une fosse
centrale formée de quatre pans : les deux pans distaux des cuspides mésiales et les deux
pans mésiaux des cuspides distales. Les fosses marginales distales sont généralement bien
individualisées.
Certains spécimens ont une anatomie occlusale fortement marquée et les arêtes occlusales
des cuspides vestibulaires et linguales fusionnent deux à deux en formant des crêtes occlu-
sales transversales typiques de la disposition « bilophodonte ».

V V
V

M D M D M D

L L L
A B C

Fig. 2.195 Configuration des sillons principaux sur la deuxième molaire mandibulaire droite (47).
A. Configuration cruciforme. B. Configuration en Y. C. Configuration en marche d'escalier.

Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.196)
La chambre pulpaire est bien développée et présente des cornes parfaitement individualisées.
La présence d'un canal vestibulaire et d'un canal lingual dans la racine mésiale de la deuxième
154 molaire est très fréquente et peut adopter différentes configurations. Elle s'accompagne géné-
ralement d'une dépression longitudinale sur la surface distale de la racine mésiale. La présence
d'un canal mésial unique est toutefois fréquente, puisqu'elle représente 40 à 45 % des cas.

V L L V

M D

Fig. 2.196 Coupes vestibulo-linguales de la deuxième molaire mandibulaire droite (47) passant par la


racine mésiale (à gauche) et par la racine distale (à droite).

La racine distale comporte généralement un seul canal unique et large.


La présence de canaux latéraux, secondaires et accessoires est fréquente.

Coupe mésio-distale (fig. 2.197)


Les canaux mésiaux sont fins et généralement sinueux. Le canal distal est large, rectiligne et
aplati dans la direction mésio-distale.
En présence de racines fusionnées, la cavité pulpaire est simple, large et de forme pyramidale.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.197 Coupe mésio-distale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Coupe axiale cervicale (fig. 2.198)


Lorsque la protubérance mésio-vestibulaire est fortement marquée, la coupe au collet de la
deuxième molaire est comparable à celle de la première molaire : le diamètre vestibulo-lingual
au collet peut l'emporter sur le diamètre mésio-distal, l'angle mésio-vestibulaire est aigu et le

Connaissances
contour distal est nettement plus étroit et plus convexe que le contour mésial.
Le contour de la chambre pulpaire suit celui du collet. Le canal distal naît au fond d'un enton-
noir assez largement ouvert, mais moins cependant que celui de la première molaire.

M D
155
L

Fig. 2.198 Coupe axiale cervicale de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


• Points d'élection : les points d'élection sont comparables à ceux de la première molaire ; néanmoins, il
faut retenir que les cornes pulpaires mésiales se rapprochent l'une de l'autre. L'orifice d'entrée du canal
mésio-lingual se projette à proximité de la fosse marginale mésiale, tandis que l'orifice d'entrée du canal
mésio-vestibulaire se situe entre le sommet cuspidien mésio-vestibulaire et la projection de l'orifice du
canal mésio-lingual. L'orifice d'entrée du canal distal, s'il est unique, se projette au niveau de la fosse
centrale. En présence de deux canaux distaux, leurs orifices se projettent sur l'alignement des sillons
intercuspidiens lingual et vestibulaire, de part et d'autre de la fosse centrale. Là encore, les entrées des
canaux radiculaires se situent à l'aplomb de la partie mésio-vestibulaire de la table occlusale (fig. 2.199).
• Forme de contour de la cavité d'accès : à partir de ces repères, l'approfondissement s'effectue selon le
grand axe coronaire. La cavité d'accès est plus rectangulaire que celle de la première molaire, surtout en
présence de deux canaux distaux.
• Les orifices mésiaux sont circulaires. L'orifice du canal distal, lorsqu'il est unique, est ovoïde à grand axe
vestibulo-lingual. La configuration du canal distal en « arc de cercle », dite également « en C », est sou-
vent observée sur la deuxième molaire. La découverte d'un orifice distal petit et excentré doit conduire
à la recherche d'un second canal distal.
• Les parois sont régularisées. Les entrées des canaux radiculaires sont évasées de manière à obtenir un
accès instrumental direct. Les canaux « en C » doivent être préparés comme s'il s'agissait de deux canaux
distincts, l'isthme étant nettoyé et désinfecté par la solution d'irrigation.
Anatomie dentaire

Fig. 2.199 Contour de la cavité d'accès endodontique de la deuxième molaire mandibulaire droite (47).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 25.

Variabilité anatomique
Dans 17 % des cas, la deuxième molaire mandibulaire peut présenter cinq cuspides.
Des deuxièmes molaires à quatre ou cinq canaux sont également décrites dans la documen-
tation scientifique.
Les racines mésiale et distale peuvent contenir plusieurs canaux avec des fréquences et des
configurations variables.

Application clinique : rapports anatomiques


156
La distance entre les apex de la deuxième molaire mandibulaire et le pédicule alvéolaire inférieur est
souvent en dessous du millimètre. L'apparition d'une paresthésie labio-mentonnière à la suite d'un trai-
tement endodontique n'est pas rare et peut s'expliquer par une diffusion de la solution d'irrigation ou,
éventuellement, par un passage d'instruments endodontiques au-delà de l'apex (lésion chimique ou
mécanique du nerf) ou par un dépassement de matériau d'obturation (lésion chimique, thermique ou
mécanique du nerf) (fig. 2.200).

Fig. 2.200 Diffusion du matériau d'obturation de la cavité pulpaire le long du nerf alvéolaire inférieur.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
3. Troisième molaire mandibulaire
La troisième molaire mandibulaire se situe à la jonction du corps avec la branche mandibu-
laire. Dans cette région, l'épaisseur de la corticale osseuse est conséquente. Sur son versant
vestibulaire, elle est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou crête buccinatrice, qui
s'étend du bord antérieur de la branche mandibulaire jusqu'au tubercule mentonnier. Dans
la région molaire, cette ligne, qui donne insertion au muscle buccinateur, est particulièrement
bien individualisée (voir chapitre 5).
Par ailleurs, la troisième molaire est plus proche de la table osseuse interne que de la table
externe.

Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 8–10 ans
Couronne achevée 12–16 ans
Éruption 17–21 ans
Racine édifiée 18–25 ans

Connaissances
Mensurations
Hauteur totale 18 mm
Hauteur couronne 7 mm
Hauteur racine 11 mm
∅ MD coronaire 10 mm
∅ MD cervical 7,5 mm 157
∅ VL coronaire 9,5 mm
∅ VL cervical 9 mm

Application clinique : environnement anatomique et avulsion


La troisième molaire mandibulaire est souvent concernée par des accidents d'évolution dus à l'orienta-
tion du germe et aux environnements dentaire, squelettique et muqueux. Ces accidents peuvent aller de
l'enclavement à l'inclusion. Ils requièrent souvent l'avulsion de la dent (fig. 2.201 et 2.202).
La troisième molaire mandibulaire entretient des rapports très étroits avec le nerf lingual qui chemine sur
la table osseuse interne, près du collet de la dent, avant de se diriger vers la pointe de la langue. Lors de
l'avulsion d'une troisième molaire mandibulaire, il est impératif de protéger ce nerf d'un éventuel dérapage
d'instrument rotatif en insérant un écarteur lame entre le lambeau lingual et la table osseuse (fig. 2.203).
La troisième molaire mandibulaire entretient également des rapports avec le pédicule vasculo-nerveux
alvéolaire inférieur qui est destiné à l'innervation et à la vascularisation des dents mandibulaires, de la lèvre
inférieure et de la muqueuse. Ce pédicule passe à proximité des apex de la troisième molaire, soit légère­
ment en dessous, soit entre les apex et la table vestibulaire. Cependant, il n'est pas rare que les racines
de la troisième molaire aient un contact direct, voire qu'elles viennent s'enrouler autour de ce pédicule,
justifiant une coronectomie et non une avulsion.
La lésion du pédicule entraînant une paresthésie, voire une anesthésie labio-mentonnière potentielle-
ment irréversible, la position exacte du pédicule par rapport aux apex de la dent doit impérativement
être objectivée par des examens d'imagerie avant toute intervention (fig. 2.204).
Anatomie dentaire

Fig. 2.201 Troisième molaire mandibulaire gauche enclavée (38) sur une mandibule sèche.

158

Fig. 2.202 Cliché radiologique montrant la troisième molaire mandibulaire gauche (38) enclavée.

Fig. 2.203 Dissection montrant le nerf lingual qui passe à proximité du collet de la troisième molaire
mandibulaire gauche.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.204 Cliché radiologique montrant les rapports étroits entre la troisième molaire mandibulaire
droite et le pédicule alvéolaire inférieur.
Anatomie externe
Comme la troisième molaire maxillaire, la troisième molaire mandibulaire est une dent extrême­

Connaissances
ment variable par ses dimensions, sa forme et ses modalités d'éruption. Elle présente fréquem-
ment des anomalies de développement et surtout d'éruption.
Là encore, il est très difficile de donner un modèle de description pour cette dent dans la mesure où elle
peut être comparée aux deux autres molaires ou, au contraire, n'avoir aucun trait commun avec elles.
Nous proposons donc une description sommaire d'un type moyen, proche de celui de la deu-
xième molaire, mais qui ne doit pas être considéré comme représentatif de la majorité des
troisièmes molaires mandibulaires (fig. 2.205).
159

V L V

M D
V

M D

D M D
L

V L

Fig. 2.205 Schémas des différentes faces de la troisième molaire mandibulaire droite (48).


Anatomie dentaire

Vue vestibulaire (fig. 2.206)


Seules les deux ou trois cuspides vestibulaires sont visibles, elles sont peu aiguës et leurs
sommets sont arrondis. Elles sont séparées par un ou deux sillons vestibulaires assez courts.
La surface vestibulaire de la couronne est convexe. Les contours mésial et distal sont
fortement convexes. Les maximums de convexité mésial et distal se situent à ­mi-­hauteur
coronaire.
La troisième molaire présente généralement deux racines  : une mésiale et une distale. Ces
racines sont courtes, avec des axes fortement inclinés du côté distal ; elles sont souvent fusion-
nées partiellement ou totalement.

160 Fig. 2.206 Vue vestibulaire de la troisième molaire mandibulaire droite (48).

Vue linguale (fig. 2.207)


Les deux cuspides linguales sont à peine plus aiguës que les cuspides vestibulaires.

Fig. 2.207 Vue linguale de la troisième molaire mandibulaire droite (48).

Vue mésiale (fig. 2.208)


La brièveté des racines est particulièrement visible sur cette vue. Les contours vestibulaire et
lingual convergent fortement pour se terminer en un apex plus ou moins pointu. La surface
mésiale est convexe.
D M

D
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.208 Vue mésiale de la troisième molaire mandibulaire droite (48).

Vue distale (fig. 2.209)

Connaissances
La racine distale est généralement plus étroite que la racine mésiale. Sa surface ainsi que celle
de la couronne sont fortement convexes. L'apex de la racine distale est pointu.

161

Fig. 2.209 Vue distale de la troisième molaire mandibulaire droite (48).

Vue occlusale (fig. 2.210)


La ligne du plus grand contour est comparable à celles des deux autres molaires mandibulaires,
mais ses contours sont irréguliers. Le contour mésial est large et convexe et le contour distal
est étroit et fortement convexe.

L
V L

Fig. 2.210 Vue occlusale de la troisième molaire mandibulaire droite (48).


L V

M
Anatomie dentaire

La table occlusale ne présente pas des limites régulières, les cuspides sont émoussées et
les sillons accessoires, très nombreux, débordent des limites de la table occlusale. Quatre
à cinq cuspides sont présentes et séparées par des sillons principaux qui adoptent plus
ou moins une disposition cruciforme ou en « Y », bien que leur dessin soit fortement
perturbé par de nombreux sillons accessoires. Dans le type à cinq cuspides, la cuspide
disto-vestibulaire est franchement distale, accentuant ainsi l'étroitesse du contour distal
de la vue occlusale.

Anatomie interne (fig. 2.211)


La variabilité de l'anatomie de la cavité pulpaire de la troisième molaire est telle qu'il est difficile
d'en faire une description moyenne.
La coupe au collet est typiquement triangulaire à sommet distal. Les canaux sont souvent
tubulaires, avec un canal mésial et un canal distal, ou deux canaux mésiaux et un canal distal.
Cependant, ils peuvent, en cas de fusion des racines, ne former qu'un seul canal conique
volumineux ; dans cette configuration, la cavité pulpaire est simple.

V L L V

162

M D

V
D M

M D

L
V

Fig. 2.211 Coupes vestibulo-linguales passant par la racine mésiale (vue mésiale, en haut à gauche) et par
la racine distale (vue distale, en haut à droite), coupe mésio-distale (vue vestibulaire en bas à gauche) et
coupe axiale cervicale (en bas à droite) de la troisième molaire mandibulaire droite (48).

Application clinique : accès à la cavité pulpaire


Les repères coronaires sont identiques à ceux décrits pour la deuxième molaire. Cependant, il faut noter
que les cornes pulpaires mésiales se rapprochent encore l'une de l'autre et que la cavité d'accès devient
rectangulaire (fig. 2.212).
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.212 Contour de la cavité d'accès endodontique de la troisième molaire mandibulaire droite (48).


Source : Simon S., Ctorza-Perez C. Cavité d'accès en endodontie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Odontologie, 23-045-
A-05. 2010 ; fig. 25.

Variabilité anatomique
La troisième molaire mandibulaire présente une anatomie très variable. Elle peut ressembler à

Connaissances
une première ou à une deuxième molaire ou, au contraire, en être totalement différente.
Sa taille peut également varier de façon considérable selon le nombre de cuspides.
Sa table occlusale est souvent réduite et présente généralement un grand nombre de sillons
accessoires comme celle de la troisième molaire maxillaire.
Les racines sont significativement plus courtes que celles des première et deuxième molaires et
le rapport couronne/racine est nettement différent.

163

Dents temporaires

I. Caractères communs aux dents temporaires


Les dents temporaires sont également appelées « dents de lait » en référence à leur teinte
blanche rappelant celle du lait, « dents déciduales » (du latin, deciduus, « qui tombe ») ou
« dents lactéales » (du latin, lacteus, « laiteux »).
Elles possèdent des caractéristiques anatomiques, physiologiques et structurelles différentes
de celles des dents permanentes, à commencer par leur durée de vie, limitée à la période de
l'enfance, ce qui explique leur appellation de dents « temporaires ».

A. Formule dentaire
La denture temporaire est composée de vingt dents, soit pour chaque hémi-arcade :
• une incisive centrale ;
• une incisive latérale ;
• une canine ;
• une première molaire ;
• une deuxième molaire.
Il n'existe pas de prémolaires temporaires.
Les vingt dents permanentes qui se substituent aux dents temporaires sont appelées « dents de
remplacement ». Les dents temporaires, tout comme les molaires permanentes monophysaires
Anatomie dentaire

qui font leur éruption en position distale par rapport aux molaires temporaires, sont issues de
la première lame dentaire. Elles ne sont pas des dents de remplacement et apparaissent en
première intention sur l'arcade. Pour cette raison, on les dit « accessionnelles », les dents de
remplacement étant dites « successionnelles ».

B. Fonctions
Les dents temporaires assurent de nombreuses fonctions :
• maintien de l'espace nécessaire pour la mise en place des dents de remplacement ;
• croissance ;
• apprentissage de la phonation et de l'élocution ;
• manducation ;
• soutien des joues et des lèvres.

C. Aspects histologiques
La couche d'émail est fine (1 mm) et sa répartition est très régulière. Elle donne à la dent tempo-
raire sa couleur blanche caractéristique. Son usure est plus rapide que celle de la dent permanente.
L'épaisseur de la dentine axiale est également réduite. La dentine mise en place avant la nais-
sance est disposée de manière homogène, tandis que celle formée durant la petite enfance
est plus globuleuse. De manière générale, la dentine est moins dense et comporte de larges
canalicules. La pulpe est bien vascularisée.
164

D. Caractéristiques anatomiques externes


Les dents temporaires sont plus petites que leurs remplaçantes, à l'exception des molaires
dont le diamètre mésio-distal est plus important que celui des prémolaires. Les couronnes sont
moins hautes et les collets anatomiques sont fortement marqués. Incisives et canines semblent
« ceinturées » au collet, tandis que la couche d'émail des molaires présente une forte convexité
amélaire cervicale mésio-vestibulaire. Les racines sont proportionnellement plus longues et
plus effilées, avec des apex pointus. L'extrémité apicale des racines des dents antérieures est
inclinée du côté vestibulaire et les racines des dents postérieures sont fortement divergentes à
partir du collet. Cette disposition radiculaire permet d'accueillir les germes des dents perma-
nentes pendant la phase de maturation pré-éruptive. La cavité pulpaire des dents temporaires
est plus volumineuse et présente des cornes proéminentes.
L'anatomie externe des dents temporaires est bien définie et généralement plus stable que
celle des dents permanentes. Ces dents sont moins sujettes aux variations anatomiques et
moins touchées par les anomalies.

1. Caractéristiques relatives à toutes les dents temporaires


• Les dents temporaires sont plus petites que les dents de remplacement, à l'exception des
molaires temporaires dont le diamètre mésio-distal est plus important que celui des prémolaires.
• Les dents temporaires sont plus blanches.
• Les dents temporaires sont comme « ceinturées » au niveau du collet. De ce fait :
– la différence entre le diamètre coronaire et le diamètre cervical est plus marquée ;
– les faces proximales divergent fortement ;
– ces dents présentent un bombé vestibulaire plus proche de la région cervicale que celui
des dents permanentes, et celui-ci est parfois intégré au sillon gingivo-dentaire.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
• Les couronnes sont proportionnellement moins hautes.
• Les surfaces coronaires vestibulaire et linguale, au-dessus de la ligne de plus grand contour
(partie occlusale), sont aplaties.
• Le dessin du collet est plus plat.
• Les racines sont plus hautes que les couronnes.
• Les racines sont plus effilées et les apex sont plus pointus.
• Les axes radiculaires sont plus inclinés.

2. Caractéristiques relatives aux incisives et canines temporaires


• Les couronnes présentent un bourrelet d'émail cervical.
• Les cingulums sont plus marqués.
• Les racines s'orientent du côté vestibulaire dans leur tiers apical.

3. Caractéristiques relatives aux molaires temporaires

Connaissances
• Les couronnes présentent une forte convexité cervicale mésio-vestibulaire.
• Les tables occlusales sont moins étendues.
• Les deuxièmes molaires sont plus volumineuses que leurs voisines.
• Les sillons et dépressions sont peu marqués.
• Les racines sont fortement divergentes et leurs apex se projettent en dehors des limites
coronaires.
• Le tronc radiculaire est réduit en hauteur.
165

E. Caractéristiques anatomiques internes


• Les cavités pulpaires sont proportionnellement plus volumineuses dans toutes leurs
dimensions.
• L'émail, d'épaisseur réduite, est régulièrement réparti.
• L'épaisseur de la dentine axiale est réduite.
• Les cornes pulpaires sont proéminentes, notamment les cornes mésiales des molaires.
• Le plancher et le plafond pulpaires sont fortement convexes.
• De nombreux canaux pulpo-parodontaux sont présents, notamment au niveau de la région
apicale et du plancher pulpaire des molaires.

Application clinique
La région inter-radiculaire des molaires temporaires constitue une zone d'échanges et de remaniements rela-
tifs à l'évolution du germe de la dent permanente et à la physiologie de la dent temporaire correspondante.
Cette région est souvent le siège d'atteintes inflammatoires ou infectieuses. Les nombreux canaux pulpo-
parodontaux présents et le plancher pulpaire réduit, dont la dentine est à la fois peu calcifiée et pré-
sente des canalicules plus larges, favorisent la diffusion des pathologies endodontiques vers la région
inter-radiculaire.
C'est ce que l'on appelle communément « l'atteinte de la furcation » qui se traduit cliniquement par la
présence d'une parulie ou d'une fistule et, radiologiquement, par l'apparition d'une zone radio-claire au
niveau de l'embrasure inter-radiculaire.
Anatomie dentaire

II. Incisives temporaires


Dans son ouvrage De Dissectione Partium Corporis Humani (De la dissection des parties du corps
humain), paru en 1546, Charles Estienne, nomme les incisives temporaires « dents de lait » car
ce sont les premières dents qui apparaissent tandis que l'enfant est encore allaité par sa mère.
Les incisives temporaires se développent à partir de la première lame dentaire. Elles font leur
éruption entre 6 mois et demi et 8 mois. Habituellement, l'incisive mandibulaire est la première,
suivie de l'incisive latérale ; ensuite, viennent l'incisive centrale maxillaire, puis l'incisive latérale.
Elles seront remplacées par les incisives permanentes. Elles sont au nombre de huit avec, pour
chaque hémi-arcade, une incisive centrale et une incisive latérale.
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur
attribuer un code anatomique (incisive temporaire, centrale ou latérale, maxillaire ou mandi-
bulaire, droite ou gauche) et un code chiffré international (51, 52, 61, 62, 71, 72, 81, 82).
Les incisives temporaires sont morphologiquement comparables aux incisives permanentes.
Cependant, à l'inverse de celles-ci, leur bord libre n'est pas festonné à l'éruption et leur surface
coronaire vestibulaire, régulièrement convexe, ne présente pas de dépressions.

A. Incisives maxillaires
Les incisives maxillaires sont des dents monoradiculées. Elles sont en série descendante : l'inci-
sive latérale est plus petite que l'incisive centrale.

166 Application clinique : cariologie et prévention


Les incisives maxillaires sont les premières dents atteintes par les caries précoces de l'enfant (CPE) parfois
nommées « caries du biberon ». Ces lésions carieuses rampantes atteignent les surfaces lisses et sont asso-
ciées à une habitude de succion prolongée d'un liquide cariogène. Elles débutent lors des deux premières
années de vie et aboutissent à la destruction précoce des tissus durs des dents temporaires.

1. Incisive centrale maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 3–4 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 4 mois
Éruption 7 mois et demi
Racine édifiée 1 an et demi à 2 ans

Mensurations
Hauteur totale 16 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 10 mm
∅ MD coronaire 6,5 mm
∅ MD cervical 4,5 mm
∅ VL coronaire 5 mm
∅ VL cervical 4 mm
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.213)

V L V

M D
V

D M

Connaissances
L

D M D

167
V L

Fig. 2.213 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale temporaire maxillaire droite (51).

Vue vestibulaire
À l'inverse de son homologue permanente, l'incisive centrale maxillaire temporaire ne présente
pas un bord libre festonné (incisures) à l'éruption. La face vestibulaire est fortement convexe
et ne présente ni lobes, ni dépressions.
À partir du collet, qui est régulièrement arrondi, les contours proximaux divergent. Ils sont for-
tement convexes, notamment du côté distal. L'angle distal est à peine plus arrondi que l'angle
mésial et le bord libre est rectiligne.
L'incisive centrale maxillaire est la seule de toutes les dents temporaires et permanentes dont
le diamètre mésio-distal est supérieur à la hauteur de la couronne.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex pointu.

Vue linguale
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. Elle est limitée par les crêtes marginales
mésiale et distale qui naissent de part et d'autre du cingulum, sont convexes dans la direction
mésio-distale, et rejoignent le bord incisif. Ces crêtes sont nettes et bien développées. Le cin-
gulum est généralement très volumineux. Il occupe la moitié cervicale de la face linguale et se
prolonge parfois jusqu'au bord libre par une coulée d'émail qui divise alors la fosse palatine en
une fosse mésiale et une fosse distale. Le cingulum n'est jamais divisé en lobes par des sillons
ou des dépressions.
La face linguale de la racine est plus étroite que sa face vestibulaire. Elle est fortement convexe
et peut être parcourue par une crête sur toute sa hauteur.
Anatomie dentaire

Vues proximales
Les vues mésiale et distale sont globalement identiques. La couronne est cunéiforme à base
cervicale. La jonction entre la couronne et la racine se fait à angle vif en raison de la présence
d'un bourrelet d'émail cervical marqué.
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis aplati ou légèrement
convexe dans ses deux tiers occlusaux. Son maximum de convexité est situé au quart de la
hauteur coronaire, proche du collet du côté vestibulaire. De même, le côté lingual est très
convexe dans cette région cervicale ; le maximum de convexité est cingulaire.
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif qui est arrondi.
La racine est conique et convexe. Son axe s'incline du côté vestibulaire dans le tiers apical. Cette
courbure correspond à la présence des germes des dents permanentes en cours de maturation
qui occupent une position pré-éruptive linguale par rapport à leurs homo­logues temporaires.
L'apex est pointu et orienté du côté vestibulaire. La surface mésiale de la racine peut être parcou-
rue par une légère dépression longitudinale, tandis que la surface distale est convexe.
Vue occlusale
Comme celle de l'incisive permanente, la ligne du plus grand contour occlusale de l'incisive
temporaire est divisée en une portion vestibulaire et une portion linguale par le bord incisif. Le
contour vestibulaire est régulièrement convexe. Le contour lingual est formé par les versants
externes des crêtes marginales mésiale et distale et par le cingulum. Les portions du contour
lingual formées par les crêtes marginales sont concaves, tandis que celle du cingulum est
convexe. Le cingulum est parfois décalé du côté distal.
Le diamètre mésio-distal est très nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le bord
incisif, épais de 1 mm, est rectiligne. Contrairement à l'incisive permanente, le bord incisif de
l'incisive temporaire ne s'incurve pas du côté lingual dans sa portion distale.
168
Anatomie interne
L'incisive centrale maxillaire présente une anatomie interne simple avec un seul canal dans
quasiment 100 % des cas.
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.214)
La cavité pulpaire est simple. Elle est centrée et suit les contours externes de la dent. La cavité
pulpaire présente sa dimension maximale au niveau du collet. Le canal pulpaire est rectiligne
et volumineux. Il se réduit progressivement jusqu'au foramen apical qui s'ouvre généralement
du côté lingual.

L V

Fig. 2.214 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive centrale temporaire maxillaire droite (51).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Coupe mésio-distale (fig. 2.215)
La cavité pulpaire est très volumineuse. La chambre pulpaire ne présente que deux cornes
pulpaires. L'épaisseur de dentine est réduite entre le bord libre et les cornes pulpaires, mais
également entre les parois axiales de la chambre et les surfaces mésiale et distale de la cou-
ronne. La limite entre la chambre et le canal est marquée par une légère constriction et un
changement de direction des parois axiales de la cavité pulpaire.
Le canal est large et se réduit progressivement jusqu'à l'apex qui est généralement
ouvert en distal. La région apicale comporte souvent de nombreux canaux secondaires et
accessoires.

Connaissances
V
169
Fig. 2.215 Coupe mésio-distale de l'incisive centrale temporaire maxillaire droite (51).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

Coupe axiale cervicale


La coupe au collet a une forme triangulaire à sommet lingual. La cavité pulpaire est centrée et
ses contours suivent ceux de la racine.

Variabilité anatomique
Le cingulum des incisives temporaires peut être hypertrophié, formant une « cuspide à talon »
(talon-cusp) qui est parfois reliée au bord incisif par une crête linguale médiane ou une crête
dédoublée. Cette variante peut être isolée ou associée à des anomalies somatiques et odonto-
gènes dans le cadre de grands syndromes polymalformatifs (syndrome de Rubinstein-Taybi,
syndrome de Mohr).

2. Incisive latérale maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 4 mois et demi de vie intra-utérine
Couronne achevée 5 mois
Éruption 8 mois

D M
Racine édifiée 1 an et demi à 2 ans
Anatomie dentaire

Mensurations
Hauteur totale 15,8 mm
Hauteur couronne 5,6 mm
Hauteur racine 10,2 mm
∅ MD coronaire 5,1 mm
∅ MD cervical 3,7 mm
∅ VL coronaire 4,8 mm
∅ VL cervical 3,7 mm

Anatomie externe (fig. 2.216)


Le diamètre mésio-distal est moins important que la hauteur de la couronne. L'angle coronaire
distal est plus arrondi et le bord incisif est rectiligne en vue vestibulaire.
La racine est plus longue que celle de l'incisive centrale, ce qui lui donne un aspect encore plus
effilé. L'apex est dévié du côté vestibulaire.
Les reliefs linguaux sont souvent plus marqués que ceux de l'incisive centrale, particulièrement
pour les crêtes marginales, ce qui accentue la concavité de la face linguale.
Le bord incisif est courbe à concavité linguale et il est fréquent de constater une coudure plus
accentuée du bord libre du côté distal. Le contour coronaire occlusal est plus arrondi que celui
de l'incisive centrale.

170

V L V

M D
V

D M

D M D

V L

Fig. 2.216 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale temporaire maxillaire droite (52).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie interne (fig. 2.217 et 2.218)
La cavité pulpaire suit les contours de la dent. Elle est plus large au niveau de la chambre
pulpaire et se réduit progressivement jusqu'à l'apex.

Connaissances
Fig. 2.217 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive latérale temporaire maxillaire droite (52).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

171

Fig. 2.218 Coupe mésio-distale de l'incisive latérale temporaire maxillaire droite (52).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

B. Incisives mandibulaires
Les incisives mandibulaires sont des dents monoradiculées. Ce sont les plus petites de toutes
les dents temporaires normalement constituées.
Elles sont en série ascendante : l'incisive centrale est légèrement plus petite que l'incisive laté-
rale, mais leur forme est assez semblable.

Application clinique : cariologie et prévention


L V
Les incisives mandibulaires sont souvent les dernières dents atteintes par les caries précoces de l'enfant
(CPE), car elles sont protégées par l'action de la langue lors de la succion.
D M
Anatomie dentaire

1. Incisive centrale mandibulaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 4 mois et demi de vie intra-utérine
Couronne achevée 4 mois
Éruption 6 mois et demi
Racine édifiée 1 an et demi à 2 ans

Mensurations
Hauteur totale 14 mm
Hauteur couronne 5 mm
Hauteur racine 9 mm
∅ MD coronaire 4,2 mm
∅ MD cervical 3 mm
∅ VL coronaire 4 mm
∅ VL cervical 3,5 mm

Anatomie externe (fig. 2.219)

172

V L V

M D
V

M D

L
D M D

V L

Fig. 2.219 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

Vue vestibulaire (fig. 2.220)


Le bord incisif de l'incisive centrale mandibulaire n'est pas festonné à l'éruption. Il est rectiligne
et rend cette dent symétrique. La face vestibulaire est régulièrement convexe et présente par-
fois de légères dépressions dans le tiers occlusal.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.220 Vue vestibulaire de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

Connaissances
Les contours proximaux sont convexes.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex pointu.

Vue linguale (fig. 2.221)


Les crêtes marginales et le cingulum délimitent une fosse linguale concave, peu profonde. Les
crêtes marginales s'estompent rapidement en rejoignant le bord incisif.
La racine est conique et convexe. 173

M D

Fig. 2.221 Vue linguale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

Vues mésiale et distale (fig. 2.222 et 2.223)


Les contours vestibulaire et lingual sont fortement convexes dans le quart cervical.
L'axe radiculaire est incliné du côté vestibulaire dans son tiers apical. La racine se termine par
un apex pointu et également orienté du côté vestibulaire. La surface radiculaire distale de
l'incisive centrale peut être parcourue par une légère dépression longitudinale.
Anatomie dentaire

V L

Fig. 2.222 Vue mésiale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

L V

174

Fig. 2.223 Vue distale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

Vue occlusale (fig. 2.224)


Le bord libre de l'incisive centrale est rectiligne et divise la face occlusale en deux parties. Le
contour vestibulaire de la ligne du plus grand contour est régulièrement convexe et le contour
lingual est plus étroit en raison de la convergence des faces proximales.

M D

Fig. 2.224 Vue occlusale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).

Anatomie interne
Les incisives mandibulaires présentent également une anatomie interne simple avec un seul
canal dans quasiment 100 % des cas.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.225)
La cavité pulpaire est simple. Elle est centrée et suit les contours externes de la dent. Le canal
pulpaire est rectiligne et volumineux. Il se réduit progressivement jusqu'au foramen apical.

Connaissances
M

Fig. 2.225 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

175

Coupe mésio-distale (fig. 2.226)


La cavité pulpaire est volumineuse. La chambre pulpaire présente deux cornes pulpaires.
L'épaisseur de dentine est réduite entre les parois axiales de la chambre et les surfaces mésiale
et distale de la couronne. Le canal est large dans la direction mésio-distale et se réduit pro-
gressivement jusqu'à l'apex qui est généralement ouvert en distal. La région apicale comporte
souvent de nombreux canaux secondaires et accessoires.

Fig. 2.226 Coupe mésio-distale de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).


V L

Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

D M
Anatomie dentaire

2. Incisive latérale mandibulaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 4 mois et demi de vie intra-utérine
Couronne achevée 4 mois et demi
Éruption 7 mois
Racine édifiée 1 an et demi à 2 ans

Mensurations
Hauteur totale 15 mm
Hauteur couronne 5,2 mm
Hauteur racine 9,8 mm
∅ MD coronaire 4,1 mm
∅ MD cervical 3 mm
∅ VL coronaire 4 mm
∅ VL cervical 3,5 mm

Anatomie externe (fig. 2.227)


Les incisives centrale et latérale ont des morphologies comparables. Quelques nuances peuvent
cependant être remarquées pour l'incisive latérale :
• la forme générale de la couronne est plus arrondie du côté distal en vue vestibulaire avec,
notamment, un angle distal plus arrondi ;
• le bord incisif présente en vue occlusale, une concavité linguale et se coude du côté distal ;
176 • le sommet du cingulum est souvent décalé du côté distal.

V L V

M D
V

M D

L
D M D

V L

Fig. 2.227 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale temporaire mandibulaire droite (82).
Anatomie descriptive des dents humaines 2

III. Canines temporaires


Les canines temporaires se développent à partir de la première lame dentaire. Elles font leur
éruption entre 16 et 20 mois et seront remplacées par les canines permanentes.
Elles sont au nombre de quatre avec, pour chaque hémi-arcade, une seule canine. Ces
dents ne présentent donc pas de caractères d'espèce, mais uniquement des caractères
de classe, d'arcade et de latéralité qui permettent de leur attribuer un code anatomique
(canine temporaire, maxillaire ou mandibulaire, droite ou gauche) et un code chiffré inter-
national (53, 63, 73, 83).

A. Canine maxillaire
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée et
monoradiculée. Elle est particulièrement robuste. La canine maxillaire est une dent de transi-
tion entre les incisives et les molaires.

Connaissances
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois et demi de vie intra-utérine
Couronne achevée 9 mois
Éruption 16 à 20 mois
Racine édifiée 2 ans et demi à 3 ans 177

Mensurations
Hauteur totale 19 mm
Hauteur couronne 6,5 mm
Hauteur racine 13,5 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 7 mm
∅ VL cervical 5,5 mm
Anatomie dentaire

Anatomie externe (fig. 2.228)

V L V

M D
V

D M

178 D M D

V L

Fig. 2.228 Schémas des différentes faces de la canine temporaire maxillaire droite (53).

Vue vestibulaire (fig. 2.229)


La hauteur coronaire est supérieure au diamètre mésio-distal. Le diamètre mésio-distal cervical
est très réduit et les faces proximales divergent fortement à partir du collet en donnant à la
couronne une forme « en fer de lance ».
Le contour distal est large et convexe. Le point de contact distal est situé au tiers occlusal.
Le contour mésial est plus anguleux et son point de contact est à mi-hauteur coronaire.
À partir des points de contact, les contours proximaux convergent pour former un sommet
cuspidien plus aigu que celui de la canine maxillaire permanente.
À l'inverse de celui de la canine permanente, le sommet cuspidien est déporté du côté distal. L'arête
mésiale est longue et rectiligne, voire concave, tandis que l'arête distale est courte et convexe.
La racine est longue, conique et convexe. Elle se termine par un apex arrondi.

Vue linguale
Le cingulum est volumineux. Les crêtes marginales mésiale et distale sont nettes et bien déve-
loppées, mais moins marquées que sur les canines permanentes. Le cingulum se prolonge
jusqu'au bord libre par une coulée d'émail légèrement déportée du côté distal et qui sépare
L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.229 Vue vestibulaire de la canine temporaire maxillaire droite (53).

Connaissances
les fosses linguales mésiale et distale. La fosse mésiale est large et peu profonde, tandis que la
fosse distale est plus étroite et marquée.

Vues proximales (fig. 2.230)


Les vues mésiale et distale sont comparables.
Le sommet cuspidien est déporté du côté vestibulaire. Les convexités cervicales vestibulaire
et linguale sont bien marquées sous la forme d'un bourrelet d'émail. Comme pour la canine
permanente, les crêtes marginales sont convexes dans la direction verticale. Le contour lingual 179
de la couronne suit la forme d'un « S ».
La racine est conique et convexe. Son axe s'oriente du côté vestibulaire dans le tiers apical.

L V

Fig. 2.230 Vue distale de la canine temporaire maxillaire droite (53).

Vue occlusale
Le diamètre mésio-distal est légèrement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le sommet
cuspidien est déporté du côté distal et le contour mésial est plus long que le contour distal. Les
arêtes et les angles bien marqués de son tracé confèrent à la ligne du plus grand contour de
cette couronne un aspect de diamant.
Anatomie dentaire

Anatomie interne (fig. 2.231 et 2.232)


La cavité pulpaire suit les contours externes de la dent. La chambre pulpaire présente une
corne pulpaire aiguë qui se projette très loin vers le du sommet cuspidien.

Fig. 2.231 Coupe mésio-distale de la canine temporaire maxillaire droite (53).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

180

Fig. 2.232 Coupe vestibulo-linguale de la canine temporaire maxillaire droite (53).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

B. Canine mandibulaire
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée
et monoradiculée. Elle diffère peu de la canine maxillaire temporaire.

Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 9 mois
D
Éruption 16 à 20 mois
Racine édifiée 2 ans et demi à 3 ans
L V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations
Hauteur totale 17 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 11,5 mm
∅ MD coronaire 5 mm
∅ MD cervical 3,7 mm
∅ VL coronaire 4,8 mm
∅ VL cervical 4 mm

Anatomie externe (fig. 2.233)


Vue vestibulaire
La hauteur coronaire est supérieure au diamètre mésio-distal. Le diamètre mésio-distal de
la canine mandibulaire est inférieur à celui de la canine maxillaire. La différence entre les
diamètres mésio-distaux cervical et coronaire étant moins marquée, les faces proximales

Connaissances
divergent faiblement. Le sommet cuspidien est plus aigu et, à l'inverse de celui de la
canine maxillaire, il est mésialé avec une arête mésiale plus courte que l'arête distale.
La racine est plus étroite, plus pointue et plus courte que celle de la canine maxillaire.

Vue linguale
Les crêtes marginales sont peu marquées, elles délimitent une fosse linguale unique et peu
profonde.
181

V L V

M D
V

M D

D M D

V L

Fig. 2.233 Schémas des différentes faces de la canine temporaire mandibulaire droite (83).


L
Anatomie dentaire

Vues proximales
En vue proximale, la couronne est élancée, et le sommet cuspidien est souvent lingualé par
rapport à l'axe radiculaire. Les convexités cervicales vestibulaire et linguale sont bien marquées
et soulignées par un bourrelet d'émail.
La racine est convexe dans les tiers moyen et cervical. Dans le tiers apical, elle se rétrécit et son
axe s'oriente du côté vestibulaire.

Vue occlusale
La couronne est aplatie dans la direction vestibulo-linguale, avec un diamètre vestibulo-lingual
inférieur au diamètre mésio-distal. On décrit fréquemment à la face occlusale de la canine man-
dibulaire une forme de diamant quasi symétrique, à l'exception du sommet cuspidien qui est
mésialé, de la portion distale plus développée et du cingulum qui est centré ou légèrement distalé.

Anatomie interne (fig. 2.234 et 2.235)


La cavité pulpaire suit les contours externes de la dent. La chambre pulpaire présente une
corne pulpaire très marquée et se projetant très loin vers le sommet cuspidien.

182

Fig. 2.234 Coupe mésio-distale de la canine temporaire mandibulaire droite (83).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965, fig. 845, p. 501.

Fig. 2.235 Coupe vestibulo-linguale de la canine temporaire mandibulaire droite (83).


D
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

IV. Molaires temporaires


Les molaires temporaires sont au nombre de huit avec, pour chaque hémi-arcade, une pre-
mière molaire et une deuxième molaire.
Les molaires temporaires se développent à partir de la première lame dentaire. Elles font leur
éruption entre 1 an et 2 ans et demi. L'éruption de la première molaire précède toujours celle
de la deuxième molaire. L'éruption des canines s'intercale entre l'éruption des premières et
deuxièmes molaires.
Les molaires temporaires seront remplacées par les prémolaires dont les dimensions mésio-
distales sont inférieures.
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur
attribuer un code anatomique (première ou deuxième molaire temporaire, maxillaire ou man-
dibulaire, droite ou gauche) et un code chiffré international (54, 55, 64, 65, 74, 75, 84, 85).
Les caractères principaux de ces dents permettent facilement de les distinguer. Les premières
molaires temporaires sont des dents atypiques, tandis que les deuxièmes molaires temporaires
sont morphologiquement proches des premières molaires permanentes.

Connaissances
A. Molaires maxillaires
Les molaires maxillaires sont des dents pluriradiculées dont les racines, divergentes et
arquées, permettent de loger le germe de la prémolaire de remplacement pendant la période
pré-éruptive.
Elles sont en série ascendante : la première molaire est plus petite que la deuxième.
183

1. Première molaire maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 6 mois
Éruption 12 à 16 mois
Racine édifiée 2 ans à 2 ans et demi

Mensurations
Hauteur totale 15,2 mm
Hauteur couronne 5,1 mm
Hauteur racine 10,1 mm
∅ MD coronaire 7,3 mm
∅ MD cervical 5,2 mm
∅ VL coronaire 8,5 mm
∅ VL cervical 6,9 mm

Anatomie externe (fig. 2.236)


La première molaire maxillaire temporaire est la dent la plus atypique de toutes les molaires
temporaires et permanentes. Elle présente une morphologie intermédiaire entre la première
prémolaire et la première molaire permanente.
Anatomie dentaire

V L V
L

M D
M

V L

184
D M M D

V L

Fig. 2.236 Schémas des différentes faces de la première molaire temporaire maxillaire droite (54).

Elle comporte généralement deux cuspides : une cuspide vestibulaire et une cuspide linguale.
Cependant, deux cuspides beaucoup plus petites peuvent s'adjoindre du côté distal, en posi-
tions disto-linguale et/ou disto-vestibulaire.
La dent présente trois racines fines et allongées : deux racines vestibulaires et une racine linguale.

Vue vestibulaire
Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur à la hauteur coronaire. La couronne est plus
haute en mésial qu'en distal.
Le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire est émoussé. Quand elle existe, la cuspide disto-­
vestibulaire est au même niveau que la cuspide mésio-vestibulaire, mais son volume est très réduit.
Les contours proximaux, notamment le contour distal, sont convexes et convergent fortement
vers le collet. La surface coronaire vestibulaire est convexe dans le tiers cervical, particulière-
ment en regard de la cuspide mésio-vestibulaire. Une légère dépression marque la limite entre
les deux cuspides vestibulaires.
Le point de contact mésial est situé dans le tiers occlusal. Le point de contact distal est situé
dans le tiers moyen.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
La dent présente trois racines fines et  allongées  : deux racines vestibulaires et une racine
linguale.
Le tronc radiculaire est large et réduit en hauteur. Il est marqué par une dépression verticale. La
trifurcation naît pratiquement au collet, donnant trois racines très divergentes entre lesquelles
vient se loger le germe de la première prémolaire.
Les racines vestibulaires sont fortement divergentes dans les deux tiers cervicaux. Leurs axes se
parallélisent dans le tiers apical. Elles débordent fortement des limites mésiale et distale de la
couronne. Leurs surfaces sont fortement convexes. La racine mésio-vestibulaire est plus longue
que la racine disto-vestibulaire.

Vue linguale
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. La cuspide linguale (ou mésio-linguale)
est la plus volumineuse et la plus aiguë.
Les trois racines sont visibles. La racine linguale naît directement au collet de la dent et
se réduit régulièrement en taille jusqu'à son apex arrondi. C'est la plus large des trois
racines.

Connaissances
Vue mésiale
La face mésiale est caractéristique, son diamètre vestibulo-lingual coronaire étant bien plus
important que le diamètre vestibulo-lingual occlusal. Les contours vestibulaire et lingual pré-
sentent une forte convexité dans leur tiers cervical, plus particulièrement du côté vestibulaire ;
ils sont aplatis dans leurs tiers moyen et occlusal et convergent fortement jusqu'à la table
occlusale qui s'en trouve réduite.
La cuspide linguale est la plus aiguë. Le collet présente une courbe à concavité radiculaire assez
prononcée.
185
Sur la vue mésiale, seules les racines mésio-vestibulaire et linguale sont visibles. Elles débordent
largement des limites coronaires vestibulaire et linguale. La racine linguale est aplatie dans
la direction vestibulo-linguale et fortement inclinée du côté lingual, puis s'oriente du côté
vestibulaire dans le tiers apical. Son axe est donc courbe à concavité vestibulaire, tandis que
l'axe de la racine mésio-vestibulaire est rectiligne et légèrement incliné du côté vestibulaire.

Vue distale
La face distale de la première molaire maxillaire est plus étroite que la face mésiale.
Sur la vue distale, les trois racines sont visibles ; la racine disto-vestibulaire est plus courte et
plus étroite que la racine mésio-vestibulaire et s'inscrit à l'intérieur de ses limites.

Vue occlusale (fig. 2.237)


La ligne du plus grand contour est plus étroite du côté distal. La face linguale est plus étroite
que la face vestibulaire du fait de l'obliquité du contour et de la crête marginale mésiales. Le
contour mésio-vestibulaire coronaire est marqué par une importante convexité.
La table occlusale est rectangulaire à grand axe mésio-distal et son diamètre vestibulo-lingual
est réduit.

V L

Fig. 2.237 Vue occlusale de la première molaire temporaire maxillaire droite (54).


Anatomie dentaire

Type à deux cuspides


Le diamètre vestibulo-lingual est nettement supérieur au diamètre mésio-distal. Les deux
cuspides sont de même importance et leurs arêtes internes forment une crête transversale.
Le sillon principal est centré sur la table occlusale et relie les fosses marginales mésiale et
distale.
Type à quatre cuspides
Le diamètre vestibulo-lingual est légèrement supérieur au diamètre mésio-distal. Le sillon prin-
cipal est centré sur la table occlusale et sépare les cuspides vestibulaires et linguales. Les sillons
principaux périphériques séparent les cuspides mésiales et distales. L'intersection de ces sillons
forme une fosse centrale.

Anatomie interne (fig. 2.238)


La cavité pulpaire est complexe. Elle est formée d'une chambre et de trois canaux.
La chambre pulpaire est très volumineuse, déportée du côté mésial et présente trois ou quatre
cornes très marquées dont la plus proéminente est mésio-vestibulaire. L'épaisseur de dentine et
d'émail est fortement réduite en regard des cornes pulpaires. Le canal lingual est le plus large, il
présente fréquemment des canaux latéraux et terminaux. Le canal disto-vestibulaire est le plus fin.

186

Fig. 2.238 Coupe vestibulo-linguale de la première molaire temporaire maxillaire gauche (64).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

2. Deuxième molaire maxillaire


Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 6 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 10 à 12 mois
Éruption 20 à 30 mois
Racine édifiée 3 ans

Mensurations
Hauteur totale 17,5 mm
Hauteur couronne 5,7 mm
Hauteur racine 11,8 mm
∅ MD coronaire 8,2 mm
V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

∅ MD cervical 6,4 mm
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 8,3 mm

Anatomie externe (fig. 2.239)

V L L V

Connaissances
M D
M

V L
187

D M M D

V L

Fig. 2.239 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire temporaire maxillaire droite (55).

La deuxième molaire temporaire maxillaire est morphologiquement proche de la première


molaire permanente maxillaire. Cette ressemblance permet même de « prédire » la morpho­
logie de la première molaire maxillaire permanente. Généralement, si un tubercule de Carabelli
est présent sur la dent temporaire, il sera également présent avec le même développement sur
la dent permanente.
Anatomie dentaire

Les caractères spécifiques des dents temporaires sont cependant retrouvés sur la deuxième
molaire :
• forte convexité du tiers cervical ;
• constriction cervicale ;
• table occlusale réduite dans la direction vestibulo-linguale ;
• tronc radiculaire court ;
• racines divergentes (fig. 2.240).
Il y a néanmoins une exception à cet isomorphisme : contrairement à la première molaire
permanente, la face linguale de la deuxième molaire temporaire est généralement
plus étroite que la face vestibulaire et ses faces proximales convergent du côté lingual
(fig. 2.241).

188
V

Fig. 2.240 Vue vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire temporaire droite (55).

Fig. 2.241 Vue occlusale de la deuxième molaire maxillaire temporaire droite (55).

Anatomie interne
La cavité pulpaire est complexe. La chambre pulpaire est très volumineuse. Elle est déportée du
côté mésial et présente quatre cornes très proéminentes, notamment la corne mésio-vestibu-
laire. L'épaisseur de dentine et d'émail est très réduite en regard des cornes pulpaires. La racine
mésio-vestibulaire comporte généralement deux canaux parallèles. Le canal disto-vestibulaire
présente fréquemment une courbure vestibulaire et peut se diviser en deux canaux dans la
région apicale.
Le canal lingual est large et se réduit progressivement jusqu'à l'apex (fig. 2.242).
D M

L
Anatomie descriptive des dents humaines 2

Fig. 2.242 Coupe vestibulo-linguale de la deuxième molaire temporaire maxillaire droite (55).


Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

Connaissances
B. Molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont des dents pluriradiculées dont les racines, divergentes et
arquées, permettent de loger le germe de la prémolaire de remplacement pendant la période
pré-éruptive.
Elles sont en série ascendante : la première molaire est plus petite que la deuxième molaire.
189
1. Première molaire mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 6 mois
Éruption 12 à 16 mois
Racine édifiée 2 ans à 2 ans et demi

Mensurations
Hauteur totale 15,8 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 9,8 mm
∅ MD coronaire 7,7 mm
∅ MD cervical 6,5 mm
∅ VL coronaire 7 mm
∅ VL cervical 5,3 mm

Anatomie externe (fig. 2.243)


Comme la première molaire maxillaire, la première molaire mandibulaire est une dent atypique.
Elle comporte généralement deux cuspides vestibulaires et deux cuspides linguales. Cependant,
V L
une cuspide supplémentaire peut exister en position disto-vestibulaire. Du côté mésio-lingual,
Anatomie dentaire

V L L V

M V D

M D

190 D M M D

V L

Fig. 2.243 Schémas des différentes faces de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).

la crête marginale mésiale est fréquemment doublée, dans sa partie linguale, d'une sorte de
cuspide qui est un vestige de la cuspide mésio-linguale disparue chez les Primates (­paraconide).
De plus, elle présente, comme la première molaire temporaire maxillaire, une forte proémi-
nence mésio-vestibulaire. Cette dent a donc conservé des caractères primitifs.
Elle présente deux racines fines et allongées : une racine mésiale et une racine distale.

Vue vestibulaire (fig. 2.244)


Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur à la hauteur coronaire. La couronne est plus
haute en mésial qu'en distal en raison, d'une part, de l'important développement de la crête
marginale mésiale, d'autre part, de la courbure du collet (courbure à concavité coronaire).
Le contour mésial est aplati, tandis que le contour distal est fortement convexe et participe à
la constriction cervicale. Le point de contact mésial est situé dans le tiers cervical. Le point de
contact distal est situé dans le tiers moyen.
Les cuspides vestibulaires sont bien individualisées par une légère dépression verticale. Le déve-
loppement de la cuspide mésio-vestibulaire est plus important.
Le tronc radiculaire est très large et réduit en hauteur. La racine mésiale et la racine distale sont for-
tement divergentes dans les deux tiers cervicaux. Leurs axes se parallélisent dans le tiers apical. Elles
débordent fortement des limites mésiale et distale de la couronne. Leurs surfaces sont fortement
convexes. La racine distale est plus courte que la racine mésiale et son axe est fortement divergent.
Anatomie descriptive des dents humaines 2

D M

Fig. 2.244 Vue vestibulaire de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).

Connaissances
Vue linguale
La cuspide mésio-linguale est volumineuse et aiguë. Elle occupe les deux tiers de cette face lin-
guale et est séparée de la cuspide disto-linguale par une légère dépression. La crête marginale
mésiale donne parfois naissance à une petite cuspide linguale supplémentaire.

Vue mésiale (fig. 2.245)


L'extrême importance de la proéminence du tiers cervical du contour de la couronne, en
regard de la cuspide mésio-vestibulaire, est une caractéristique de la vue mésiale de cette dent.
191
Au-dessus de la ligne du plus grand contour, la surface vestibulaire de la couronne est aplatie.
Les contours vestibulaire et lingual convergent fortement vers la table occlusale qui est réduite
dans sa dimension vestibulo-linguale.

V L

Fig. 2.245 Vue mésiale de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).

La hauteur coronaire est plus importante en mésio-vestibulaire qu'en mésio-lingual. Le collet


est courbe à concavité radiculaire sur la face mésiale.
Sur cette vue mésiale, seule la racine mésiale, plus large et plus longue, est visible. Ses contours
vestibulaire et lingual sont parallèles et convergent vers un apex très arrondi, parfois même
aplati et anguleux. Une dépression verticale parcourt toute la hauteur de la surface mésiale de
cette racine mésiale, ainsi que la surface mésiale cachée de la racine distale.
Anatomie dentaire

Vue distale (fig. 2.246)


La vue distale diffère légèrement de la vue mésiale. Le collet est rectiligne et la hauteur coro-
naire est identique en vestibulaire et lingual.
Les deux racines sont visibles. La racine distale est plus courte et plus étroite. Elle s'inscrit dans
les contours de la racine mésiale. Ses contours convergent vers un apex pointu et sa surface est
convexe. La surface distale de la racine mésiale présente une dépression longitudinale.

Fig. 2.246 Vue distale de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).


192

Vue occlusale (fig. 2.247)


La forme générale de la ligne du plus grand contour, en vue occlusale, est celle d'un losange dont les
angles aigus sont mésio-vestibulaire et disto-lingual et dont les angles obtus sont disto-vestibulaire et
mésio-lingual. La forte convexité cervicale mésio-vestibulaire accentue l'obliquité de la face vestibu-
laire. La table occlusale est déportée du côté lingual et réduite dans sa dimension vestibulo-linguale.
Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le contour lingual
est plus étroit que le contour vestibulaire. Le contour distal est plus convexe que le contour mésial.
La crête marginale mésiale est proéminente. La cuspide mésio-vestibulaire est séparée de la
cuspide disto-vestibulaire par une dépression qui ne se prolonge pas sur la face vestibulaire. Les
deux cuspides linguales sont séparées par un sillon périphérique peu profond qui se c­ ontinue
par une légère dépression sur la face linguale. L'intersection des deux sillons principaux forme
la fosse centrale. Si la dent présente une cinquième cuspide, celle-ci est séparée de la cuspide
disto-vestibulaire par un sillon périphérique qui rejoint également la fosse centrale.
Les crêtes marginales sont séparées des arêtes des cuspides linguales par des sillons qui per-
mettent l'échappement des aliments lors de la mastication.

Fig. 2.247 Vue occlusale de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).


L V

M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie interne (fig. 2.248)
La cavité pulpaire est complexe et volumineuse. Elle est formée d'une chambre et de trois
canaux : deux canaux dans la racine mésiale et un canal dans la racine distale. La chambre
présente quatre cornes très proéminentes, notamment du côté mésial. L'épaisseur de dentine
est donc réduite sur la paroi mésiale de la dent.

Connaissances
Fig. 2.248 Coupe mésio-distale de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.

2. Deuxième molaire mandibulaire 193

Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 6 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 10 à 12 mois
Éruption 20 à 30 mois
Racine édifiée 3 ans

Mensurations
Hauteur totale 18,8 mm
Hauteur couronne 5,5 mm
Hauteur racine 13,3 mm
∅ MD coronaire 9,9 mm
∅ MD cervical 7,2 mm
∅ VL coronaire 8,7 mm
∅ VL cervical 6,4 mm

Anatomie externe (fig. 2.249)


La deuxième molaire mandibulaire temporaire ressemble fortement à la première molaire man-
dibulaire permanente. Les différences entre ces deux dents sont liées aux proportions et aux
caractères spécifiques des dents temporaires :
• diamètre mésio-distal nettement supérieur à la hauteur coronaire ;
M
• forte convexité du tiers cervical ;
• constriction cervicale ;
Anatomie dentaire

V L
L V

M V D

M D

194

D M M D

V L

Fig. 2.249 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire temporaire mandibulaire droite (85).
• table occlusale réduite dans la direction vestibulo-linguale ;
• tronc radiculaire court ;
• racines divergentes (fig. 2.250).

D M

Fig. 2.250 Vue vestibulaire de la deuxième molaire temporaire mandibulaire droite (85).


Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie interne
La cavité pulpaire est complexe et volumineuse. Elle est formée d'une chambre et de trois
canaux : deux canaux dans la racine mésiale et un canal dans la racine distale. La chambre
présente cinq cornes proéminentes en regard des pointes cuspidiennes. Les cornes mésiales
sont les plus volumineuses. L'épaisseur de dentine est plus importante sur la paroi axiale distale
(fig. 2.251).

D M

Connaissances
Fig. 2.251 Coupe mésio-distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire droite (85).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
195
CHAPITRE

3
Anatomie de la croissance
et du vieillissement

I. Anatomie de la croissance
On distingue trois grandes étapes dans la formation et le développement de l'extrémité
céphalique :

Connaissances
• l'histogenèse : jusqu'à la 2e semaine de vie intra-utérine ;
• l'organogenèse : de la 2e à la 8e semaine de vie intra-utérine ;
• la morphogenèse : de la 8e semaine de vie intra-utérine à la naissance.
La croissance se poursuit ensuite jusqu'à l'âge adulte.

A. Développement cranio-facial 197

1. Développement et origine embryologique du squelette


cranio-facial
La tête osseuse dérive du mésenchyme mais se développe à partir de deux structures diffé-
rentes, le neurocrâne pour les os du crâne (frontal, pariétaux, temporaux, occipital, éthmoïde,
sphénoïde) et le splanchnocrâne ou viscérocrâne pour les os de la face (maxillaires, palatins,
zygomatiques, nasaux, lacrymaux, cornets nasaux inférieurs, vomer et mandibule).
Le neurocrâne se différencie en neurocrâne cartilagineux pour la base et en neurocrâne mem-
braneux pour la voûte ou calva. La base du crâne est envahie par du cartilage alors que,
globalement, la voûte est membraneuse.
Les os de la base du crâne résultent d'un processus d'ossification endochondrale de plusieurs
sites au sein de l'ébauche cartilagineuse qui s'étend sur toute la base du crâne, tandis que ceux
de la voûte se développent directement dans le tissu conjonctif embryonnaire (9e semaine) et
leur ossification, dite membraneuse, s'étend en tache d'huile.
Pour les os de la face, les deux processus d'ossification existent  : certains ont une origine
membraneuse, d'autres une origine cartilagineuse, voire une origine mixte.
Des points d'ossification apparaissent à des dates différentes et les ébauches membraneuses
et/ou cartilagineuses s'ossifient peu à peu, de façon centrifuge.
À la naissance, l'ossification n'est pas terminée :
• au niveau de la base, une partie de l'éthmoïde et du sphénoïde reste cartilagineuse et,
l'ossification ne se terminant qu'entre 6 et 10 ans, les os s'articulent par des sutures carti-
lagineuses ou synchondroses ;
• au niveau de la voûte, des espaces membraneux et fibreux, appelés fontanelles, per-
sistent. La fontanelle antérieure ou bregmatique se ferme seulement au cours de la
deuxième année, laissant place à une suture membraneuse ou syndesmose qui articule les
os pariétaux entre eux et avec l'os frontal.
Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

Dans le développement du massif cranio-facial, le rôle joué par les cellules des crêtes neurales
est primordial. Elles dérivent de la fermeture du tube neural, puis migrent jusqu'à leur site final,
et se différencient en phénotypes variés selon l'environnement.
L'appareil branchial (ectomésenchyme) préside à l'organogenèse du plancher buccal et de la
partie ventrale du cou. On distingue quatre arcs branchiaux bien différenciés (au 30e jour) :
• 1er arc (arc de Meckel) : il donne le maxillaire, la mandibule, l'os tympanal, le malléus et
l'incus. Il est innervé par le nerf trijumeau (V) ;
• 2e arc (arc de Reichert) : il donne le processus styloïde, les petites cornes et la partie supé-
rieure du corps de l'os hyoïde, et le stapès. Il est innervé par le nerf facial (VII) ;
• 3e arc (arc thyro-hyoïdien) : il donne les grandes cornes et la partie inférieure du corps de
l'os hyoïde. Il est innervé par le nerf glosso-pharyngien (IX) ;
• 4e  arc (arc thyroïdien)  : il donne les cartilages thyroïde et arythénoïde du larynx. Il est
innervé par le nerf vague (X).
On note une précocité du développement embryonnaire des organes neurosensoriels et du
cerveau par rapport à ses structures squelettiques de soutien (base du crâne ou neurocrâne
cartilagineux) et de protection (squelette membraneux crânien et facial ou neurocrâne et vis-
cérocrâne membraneux).
Vers 4 ans, lorsque la croissance volumique du cerveau se termine, le nombre de mitoses dimi-
nuant par absence de sollicitations, l'ossification marginale finit par envahir l'espace sutural
des synchondroses.
Au départ, la mandibule est un os d'origine membraneuse. Elle appartient au viscérocrâne
membraneux et se différencie au contact du cartilage du premier arc qui, ensuite, va disparaître
en se chondrolysant. Sa croissance débute en partie avec du tissu cartilagineux secondaire
produit au niveau des cartilages condyliens qui se différencient au troisième mois intra-utérin
198 et poursuivent leur activité jusqu'à l'âge adulte. Elle est également induite, directement ou
indirectement, par les muscles qui produisent des tractions sur la gaine périostée mandibulaire
(notion de matrice fonctionnelle).
Le développement de la face est en partie le produit d'une confrontation entre le squelette et
la matrice fonctionnelle dont témoignent d'intenses phénomènes de modelage périosté.

2. Croissance des os maxillaires et de la mandibule


La croissance est sous la dépendance de nombreux facteurs tels que la génétique, la nutrition,
le métabolisme, les pathologies ou encore le niveau socio-économique.
Le rythme de croissance des os maxillaires et de la mandibule n'est pas constant (fig. 3.1) :
• jusqu'à 2 ans, il est maximal. Cette période correspond à la phase de constitution de la
denture temporaire ;
• de 30 mois à 6 ans, le rythme ralentit avec la phase de denture temporaire stable ;
• de 6 ans à la puberté, la croissance est modérée avec les phases de constitution de la den-
ture mixte, puis de la denture mixte stable ;
• à partir de la puberté, la croissance connaît une seconde accélération pour, ensuite, ralentir
avec l'acquisition du type morphologique adulte.
La croissance du système dentaire est synchrone de celles des os maxillaires et de la mandibule,
elles-mêmes étroitement associées à celles de la face et de la base du crâne.
La croissance sagittale de la face vers l'avant repousse, dans un même mouvement, les os
maxillaires et les dents qui y sont implantées. Dans le même temps, la base du crâne, qui
supporte les fosses mandibulaires de l'os temporal avec lesquelles s'articulent les condyles,
repousse ces articulations en bas et en arrière.
Il est nécessaire que la croissance sagittale de la mandibule soit quantitativement plus impor-
tante que celle du maxillaire pour préserver une articulation dento-dentaire correcte entre les
dents maxillaires et mandibulaires.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3

A B

Connaissances
199

C D

Fig. 3.1 Mandibule et maxillaires d'un enfant de : 10 mois (A), 2 ans (B), 5 ans (C), 8 ans (D),
12 ans (E).
Anatomie dentaire

Les deux systèmes dentaires (maxillaire et mandibulaire) en cours de croissance doivent, par le
biais de mécanismes de compensation qui s'expriment dans les trois plans de l'espace, conser-
ver des relations anatomiques normales au sein d'un appareil masticateur qui est lui-même en
cours de maturation. Ceci laisse entrevoir la complexité des mécanismes biologiques qui sont
impliqués pour qu'une bonne coordination s'opère entre la croissance squelettique cranio-
faciale et la croissance dento-alvéolaire des arcades.

Os maxillaire
Chaque os maxillaire (fig. 3.2) se développe dans trois directions.

Dans la direction sagittale


Vers l'avant : le vomer, arc-bouté sur le corps du sphénoïde, propulse violemment et préco-
cement le prémaxillaire et le bloc incisivo-canin. Il est accompagné dans cette poussée par la
croissance du complexe septo-éthmoïdal (lame perpendiculaire de l'éthmoïde + cartilage du
septum nasal) vers le bas et l'avant.
Après 5 ans, la poussée cartilagineuse s'atténue et laisse place à un déplacement des maxillaires
vers l'avant accompagné d'une croissance adaptative des sutures périmaxillaires et périfaciales.
Vers l'arrière : La région tubérositaire est le siège d'importants remaniements de type
apposition–résorption.
L'évolution des molaires s'accompagne d'une croissance des maxillaires vers l'arrière qui sépare les
tubérosités. Ce mouvement se poursuit jusqu'à l'éruption de la troisième molaire et accompagne
d'une manière synchrone, et en sens inverse, le déplacement global vers l'avant du maxillaire.

Dans la direction transversale


La croissance transversale se fait sous la poussée centromaxillaire précoce de croissance du
200
mésethmoïde et par l'intermédiaire des sutures médianes qui divisent l'ensemble cranio-facial
en deux moitiés.
Cependant, aux environs de 12 ans, l'activité suturale ralentit progressivement et les sutures se
ferment, à l'exception de la suture intermaxillaire qui peut rester active jusqu'à l'âge de 20 ans.
La croissance en largeur du maxillaire devient alors essentiellement due à l'allongement
divergent des extrémités de l'arcade dentaire au fur et à mesure de l'éruption des dents et à
des phénomènes de modelage de surface associés aux fonctions orales et à la pneumatisation

Fig. 3.2 Arcade maxillaire d'un enfant de 5 ans.


Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
du maxillaire (sinus et cavités nasales). La suture palatine, entre les deux processus palatins des
maxillaires, peut également rester active grâce au jeu lingual jusqu'à la fin de l'adolescence et
participer ainsi à la croissance transversale des maxillaires.

Application clinique : orthopédie dento-faciale


L'âge de fermeture de la suture palatine est très variable, 12–13 ans pour certains auteurs, 25 ans pour
d'autres. Il s'avère cependant qu'une suture qui semble radiologiquement fermée, n'est pas forcément une
suture histologiquement ossifiée. On constate donc que la suture palatine est souvent « manipulable » par
des exercices orthopédiques non chirurgicaux et que la mise en place d'un protocole d'expansion rapide
chez des adultes jeunes est encore réalisable.

Dans la direction verticale

Connaissances
La croissance verticale des maxillaires est essentiellement liée au développement des procès
alvéolaires et aux éruptions dentaires qui accompagnent la pneumatisation des maxillaires, (en
particulier le développement des sinus qui s'achève vers l'âge de 15 ans).

Mandibule
La croissance mandibulaire (fig. 3.3) se fait dans trois directions.
201
Dans la direction sagittale
À la naissance, la mandibule est ossifiée, à l'exception des extrémités condyliennes articulaires
qui ont aussi un rôle déterminant dans la croissance de la mandibule grâce au cartilage condy-
lien secondaire.
La croissance des condyles s'effectue en haut, en arrière et en dehors jusqu'à la fin de
l'adolescence, en même temps que la base du crâne repousse les fosses mandibulaires en
bas et en arrière. Cette croissance allonge la mandibule, écarte les condyles et construit les
branches et les angles mandibulaires inexistants à la naissance. L'effet global de la crois-
sance condylienne est de repousser la mandibule en bas et en avant par rapport à la base
du crâne.
Au fur et à mesure de la croissance condylienne, les branches mandibulaires se développent
vers le haut et l'arrière en subissant d'intenses phénomènes d'apposition–résorption liés à l'ac-
tivité musculaire qui s'exerce au cours des fonctions oro-faciales. Cette croissance provoque
un déplacement relatif de la branche mandibulaire vers l'arrière et libère l'espace nécessaire à
l'évolution des molaires en allongeant le corps mandibulaire.
Les phénomènes périostés d'apposition–résorption conforment la mandibule en sculptant lit-
téralement cet os qui semble suspendu dans un hamac fonctionnel périmandibulaire et dont
le principal moteur de croissance est constitué par l'ensemble des fonctions oro-faciales, en
association avec la croissance du cartilage condylien.

Dans la direction transversale


La synchondrose symphysaire se ferme dans les premiers mois qui suivent la naissance, ce
qui solidarise les deux hémi-mandibules, et transforme ainsi la mandibule en un os unique.
Ensuite, la croissance transversale de la mandibule n'est que la résultante du développement
postérieur qui s'effectue en arrière et en dehors et harmonise l'écartement condylien avec le
développement transversal de la base.
Anatomie dentaire

Fig. 3.3 Mandibule d'un enfant de 5 ans.

Les faces médiale et latérale de la branche et du corps mandibulaires sont le siège d'intenses
phénomènes d'apposition–résorption qui participent à sa croissance transversale et au mode-
lage de la forme de la mandibule.

Dans la direction verticale


La croissance verticale de la branche mandibulaire accompagne le recul de l'angle mandibu-
laire et se traduit par des modifications de position du foramen mandibulaire. De 2 à 6 ans, en
denture temporaire stable, le foramen mandibulaire se situe en dessous du plan d'occlusion.
Puis, il va progressivement s'élever pour être au niveau du plan d'occlusion vers 7  ans et
légèrement au-dessus vers 10 ans. La situation définitive du foramen est acquise vers 12 ans.
202 Parallèlement, la croissance en hauteur du corps mandibulaire est essentiellement liée au déve-
loppement de l'os alvéolaire, lui-même en rapport avec l'éruption active des dents au cours
des phénomènes de dentition et avec l'éruption passive qui accompagne les mécanismes de la
compensation dento-alvéolaire lors de la croissance faciale.

Application clinique : analgésie


Les éruptions dentaires et le développement de la musculature masticatrice modifient les repères de l'anal-
gésie. L'évolution des molaires se traduit par des modifications de volume qui affectent d'une part, la gen-
cive dans le secteur postérieur, ce qui complique la recherche des repères osseux, d'autre part, la corticale
qui s'épaissit et rend très aléatoires les infiltrations para-apicales à la mandibule.
La situation en hauteur du foramen mandibulaire dépend de l'âge de l'enfant. Lors de l'infiltration régionale,
le point de pénétration de l'aiguille se situe : légèrement en dessous du plan d'occlusion chez l'enfant de 3 à
6 ans ; au niveau du plan d'occlusion entre 6 et 8 ans ; puis légèrement au-dessus du plan d'occlusion chez
l'enfant plus grand. Contrairement à l'adulte, chez qui l'aiguille est orientée horizontalement, chez l'enfant,
elle doit être dirigée en arrière, en dehors et en bas par rapport au plan d'occlusion. Cette obliquité vers le
bas diminue quand l'enfant grandit et les repères deviennent identiques à ceux de l'adulte à partir de 12 ans.

B. Développement de la dent
1. Embryologie
Au 27e jour de la vie intra-utérine, la cavité buccale primitive est tapissée d'un épithélium qui
recouvre un mésenchyme. Ces deux structures, séparées par une membrane basale, vont subir
des transformations cellulaires et tissulaires, et participeront à la formation des divers consti-
tuants des organes dentaires.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Morphogenèse des lames dentaires
Dès le 37e jour de la vie intra-utérine, des épaississements épithéliaux continus, préfigurant les
deux arcades, sont visibles. Sur chaque arcade, ils prolifèrent et s'invaginent dans le mésen-
chyme sous-jacent pour former la lame primitive.
Vers le 40e jour de vie intra-utérine, la lame épithéliale, initialement pleine, se creuse d'un sillon
superficiel par la lyse rapide de ses cellules les plus superficielles. Le futur vestibule se dessine
et initie la séparation des régions labiale et génienne de la cavité buccale. La lame primitive se
dédouble en une lame vestibulaire et une lame dentaire.
À partir de la lame dentaire, des petits renflements épithéliaux, coiffés de cellules mésen-
chymateuses, s'individualisent. Ces bourgeons, issus de la lame dentaire dite primaire, sont
à l'origine des futurs organes de l'émail des dents temporaires et des trois molaires per-
manentes. Par la suite, après la formation des premiers organes de l'émail issus de la lame
dentaire primaire, une lame dentaire dite secondaire apparaît et donne les bourgeons des
germes de remplacement.

Morphogenèse des germes dentaires


Le germe dentaire est composé de tissus d'origines épithéliale et mésenchymateuse. Sa mor-

Connaissances
phogenèse primaire regroupe des stades successifs, qui correspondent à la morphologie parti-
culière du constituant épithélial : bourgeon, cupule et cloche.

Stade du bourgeon
Le germe dentaire est constitué, à ce stade de bourgeon, d'une masse de cellules épithéliales
en multiplication active, entourée de cellules mésenchymateuses.
La prolifération épithéliale donne naissance à l'organe de l'émail, tandis que le tissu mésenchy-
mateux qui l'entoure est à l'origine de la papille dentaire et du sac folliculaire. 203

Stade de la cupule
Rapidement, la prolifération cellulaire épithéliale progresse et confère au bourgeon la
forme d'une cupule. Les concentrations de cellules mésenchymateuses se divisent en deux
groupes :
• une concentration centrale dense qui s'oppose à la prolifération des cellules épithéliales ;
• une concentration périphérique plus lâche qui s'étend sur le pourtour des cellules épithé-
liales et des cellules mésenchymateuses centrales.
On distingue alors nettement un ensemble épithélial, une papille mésenchymateuse et une
enveloppe mésenchymateuse.
À ce stade, la morphologie des cupules est comparable, seule une légère différence de taille
existe entre elles.

Stade de la cloche
Dans la partie épithéliale
L'histogenèse de l'organe de l'émail se précise, aboutissant à la mise en place de quatre
couches cellulaires distinctes : l'épithélium adamantin externe, le réticulum étoilé, le stratum
intermedium et l'épithélium adamantin interne.
Des nœuds d'émail secondaires apparaissent et préfigurent les futurs sommets cuspidiens.
Dans la partie centrale de la cloche, les cellules de l'épithélium adamantin interne s'allongent
et se différencient pour donner les futurs améloblastes, cellules sécrétrices de l'émail.
En périphérie de la cloche, les épithéliums adamantins interne et externe se juxtaposent pour
former la zone de réflexion.
Dans la partie mésenchymateuse
Les cellules qui font face à l'épithélium adamantin interne se différencient en odontoblastes.
Anatomie dentaire

L'innervation et la vascularisation se mettent en place, les cryptes osseuses se forment et


individualisent chaque germe. La morphogenèse coronaire débute et induit des différences
morphologiques entre les germes.
Dans la partie périphérique
À la périphérie du germe se forme le sac folliculaire qui va donner le ligament alvéolo-dentaire.
Au stade de la cloche, se met en place la lame secondaire qui donnera les dents de remplace-
ment : les incisives et canines permanentes, ainsi que les prémolaires.

2. Croissance
Début de la minéralisation (fig. 3.4)
L'élaboration de l'émail ou amélogenèse se fait en plusieurs étapes :
• cytodifférenciation des cellules sécrétrices, les améloblastes, à partir des cellules de l'épithé-
lium adamantin interne ;
• mise en place de la matrice extracellulaire par les améloblastes et minéralisation ;
• maturation de l'émail.
L'amélogenèse débute, à partir du stade de la cloche, dans la zone centrale de l'épithélium
adamantin interne qui correspond aux bords incisifs et aux sommets cuspidiens. Elle se pour-
suit latéralement à partir de la zone de réflexion vers le futur collet de la dent.
Au cours de l'amélogenèse proprement dite, la sécrétion de la matrice s'accompagne immé-
diatement de sa minéralisation. Cette dernière, peu importante au début de l'amélogenèse,
prédomine progressivement au détriment de la sécrétion au fur et à mesure que l'on se rap-
proche des phases terminales de l'élaboration de l'émail.
204
Parallèlement, les fibroblastes se différencient en odontoblastes, se rangent en palissade au
contact de la membrane basale et commencent la synthèse de la prédentine.

A B

C D

Fig. 3.4 Schématisation des principaux stades de développement d'une dent.


A. Début de calcification de la couronne. B. Achèvement de la couronne. C. Émergence de la couronne dans la
cavité buccale. D. Calcification complète de la racine.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Les couches d'émail et de dentine se mettent ainsi en place. Les bords libres et les sommets
cuspidiens deviennent radiologiquement visibles.

Couronne achevée
Au niveau de la zone de réflexion, la différenciation de nouveaux améloblastes et d'odonto-
blastes se poursuit et permet ainsi l'apposition d'émail et de dentine en direction du futur
collet.
Lorsque la forme générale de la couronne est acquise et que le processus arrive à son terme,
l'organe de l'émail régresse.
L'achèvement de la couronne coïncide avec le début de l'édification radiculaire.

Édification radiculaire (rhizagenèse)


Une fois la couronne achevée, la zone de réflexion, formée par l'accolement des épithé-
liums adamantins interne et externe, reste active et forme la gaine de Hertwig. La couche
interne induit la différenciation des cellules pulpaires en odontoblastes qui vont synthétiser
la dentine radiculaire. La couche externe de la gaine se désagrège et le cément s'appose.
Les fibres du sac folliculaire s'organisent en faisceaux fibreux qui se fixent au cément et à

Connaissances
l'os alvéolaire pour former le ligament alvéolo-dentaire. L'édification radiculaire se poursuit
jusqu'à l'apex.

Éruption
Chez l'Homme, l'éruption dentaire est un processus complexe fortement régulé par les élé-
ments cellulaires et tissulaires associés au germe dentaire en cours d'évolution. Depuis le stade
de l'organe de l'émail jusqu'à celui de la dent fonctionnelle sur l'arcade, le germe dentaire en
évolution exécute une succession de déplacements qui modifient constamment ses rapports 205
avec son environnement tissulaire : c'est l'éruption primaire ou active qui accompagne la dent
jusqu'à sa mise en occlusion.
Ensuite, un déplacement plus lent s'opère : c'est l'éruption continue ou passive qui accom-
pagne la dent durant toute sa vie fonctionnelle. Cette éruption passive est un mécanisme de
compensation dento-alvéolaire d'intensité et de direction variables qui permet de préserver
l'articulation dento-dentaire à partir de sa mise en occlusion au cours de la croissance squelet-
tique de l'enfant et de l'adolescent, mais également au cours des phénomènes squelettiques
de croissance tardive ou de vieillissement chez l'adulte.
Durant la période allant de l'apparition du germe dentaire jusqu'à la fin de la formation de
l'organe de l'émail et au début de l'édification radiculaire, la dent présente un accroissement
concentrique dans son site intra-osseux. Le mouvement axial est limité, mais on note une
dérive et une version du germe dentaire. Cette période est habituellement appelée « phase
pré-éruptive passive ».
L'initiation de l'édification radiculaire coïncide avec le début du mouvement axial qui conduit
à l'émergence de la couronne au travers de la gencive. Au cours de cette période, on estime
que les vitesses d'éruption varient de 1,2 mm par an pour les troisièmes molaires mandibu-
laires, à 3,5 mm par an pour la deuxième prémolaire mandibulaire.
La période qui sépare l'émergence de la mise en occlusion correspond aux vitesses d'éruption
active les plus rapides qui peuvent atteindre 1 à 2 mm par mois.
Malgré de nombreuses études, les mécanismes générant la force inductrice responsable de
l'éruption dentaire restent mal connus. Les théories et les hypothèses expliquant l'éruption
sont nombreuses et reposent sur l'intervention de vecteurs externes ou internes (sac folliculaire
et tissus conjonctifs desmodontaux, édification radiculaire, prolifération des cellules pulpaires)
ou encore sur la croissance de l'os alvéolaire et les phénomènes de résorption osseuse qui
permettraient la poussée ou la traction de la dent en développement. L'éruption est attribuée
à un simple agent causal dit « moteur primaire » ou à une combinaison d'agents (hypothèse
multifactorielle).
Anatomie dentaire

Fin de l'édification radiculaire


La calcification complète de la racine correspond non seulement à l'édification complète de la
racine, mais aussi à la fermeture de l'apex sur une radiographie.

3. Exfoliation des dents temporaires (rhizalyse) (fig. 3.5)


Du fait de leur remplacement par des dents permanentes, les dents temporaires passent, dans
la chronologie de leur développement, par deux stades complémentaires :
• début de résorption radiculaire : ce stade correspond en général à la fin de l'édification
coronaire et au début de la formation de la racine de la dent permanente sous-jacente ;
• chute de la dent temporaire : ce stade est contemporain de l'émergence de la dent perma-
nente de remplacement.

A B

206
Fig. 3.5 Schématisation du processus d'exfoliation des dents temporaires.
A. Début de la résorption radiculaire. B. Résorption radiculaire complète avant la chute de la dent temporaire.

Lorsque les dents permanentes commencent leur éruption, leur couronne est complètement
formée et logée dans une crypte osseuse dont le toit sépare la dent permanente de la dent
temporaire qu'elle va remplacer. Dès que l'éruption de la dent permanente est déclenchée, un
processus de résorption ostéoclastique élimine la paroi osseuse entre les deux dents. Puis, c'est
au tour du cément et de la dentine d'être attaqués. Ainsi, la racine est entièrement détruite
jusqu'à la chute de la couronne résiduelle.
Les germes de remplacement des incisives et canines temporaires occupent une position apicale
et linguale par rapport à la racine de la dent temporaire. Aussi, c'est la face linguale de la racine
qui est la première attaquée. Ensuite, le germe de la dent permanente se place immédiatement
en dessous de la racine de la dent temporaire qui se rhizalyse sur toute la surface de sa section.
Les germes des prémolaires occupent une position apicale par rapport aux racines des molaires
temporaires, si bien que l'apex est d'abord attaqué, puis le germe se place entre les racines
et ce sont les faces tournées vers l'embrasure inter-radiculaire qui sont atteintes. Cependant,
il existe de nombreuses modalités dans l'évolution de la rhizalyse qui peut affecter plus une
racine plus qu'une autre.

C. Établissement de l'occlusion et maturation des arcades


1. Généralités
Le phénomène de dentition est un processus de croissance et de maturation du système dentaire
qui conduit à l'établissement de la denture. Il est indissociable des croissances faciale et générale.
La dentition est un phénomène dynamique qui se caractérise chez l'Homme par sa durée et
par la succession de phases actives et inactives tout au long de deux grandes périodes qui se
chevauchent.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
La durée du phénomène de dentition est longue, comme celle de la croissance faciale ou
générale. Elle s'étend sur une vingtaine d'années, du 3e ou 4e mois de la vie fœtale (début
de calcification de l'incisive centrale temporaire) à l'âge de 25 ans (âge de l'achèvement de
l'édification radiculaire des troisièmes molaires).
Les phases d'activité et d'inactivité se succèdent tout au long du phénomène de dentition
qui se scinde en deux grandes périodes :
• la dentition temporaire qui recouvre tous les phénomènes en rapport avec les dents
temporaires ;
• la dentition permanente qui recouvre les phénomènes en rapport avec les dents perma-
nentes diphysaires (issues de la seconde lame dentaire) ou monophysaires (molaires perma-
nentes issues de la première lame dentaire).
Le chevauchement de ces deux périodes conduit des dents temporaires et permanentes à cohabi-
ter au sein des arcades dentaires. On utilise alors le terme de denture mixte pour décrire cet état.

2. Dentition temporaire
C'est la période durant laquelle les phénomènes de croissance construisent les arcades de la

Connaissances
denture temporaire et les modifient dans leurs tailles et dans leurs rapports.
Elle s'étend sur cinq à six années, du début de calcification de la première dent temporaire à
l'éruption de la première dent permanente.
Habituellement, à la naissance, les germes des dents temporaires sont intra-osseux et aucune
dent n'a encore fait son éruption dans la cavité buccale. Toutefois, la présence de dents natales
(présentes à la naissance) et néonatales (faisant leur éruption dans les 30  jours suivant la
naissance) est possible mais rare. La documentation scientifique nous fait part d'une préva-
lence très variable avec, en moyenne, une dent natale ou néonatale présente pour 2000 à 207
3000 naissances. Dans la très grande majorité des cas, il s'agit d'une ou deux incisives cen-
trales mandibulaires temporaires.
Ainsi, quelques personnages célèbres seraient nés avec des dents  : Louis  XIV, Napoléon Ier,
Richard III d'Angleterre, Mazarin, Mirabeau, Danton.

Agencement intra-osseux à la naissance


Les germes des dents temporaires n'ont pas suffisamment de place pour être alignés selon
la future arcade dentaire temporaire, car la somme de leurs diamètres mésio-distaux est trop
importante par rapport à l'espace disponible. Leur agencement a été étudié par Van Der
Linden, McNamara et Burdi qui décrivent quatre dispositions possibles (fig. 3.6).
Au maxillaire, les incisives centrales ont toujours une direction perpendiculaire au plan sagittal
médian :

n = 34 n = 16 n=7 n = 19

A B C D
n = 31 n=7 n=9 n = 25

E F G H

Fig. 3.6 Agencement des germes des dents temporaires dans les maxillaires et la mandibule à la nais-
sance, d'après Van der Linden, McNamara et Burdi (1972).
Anatomie dentaire

• 1er type : les incisives latérales sont parallèles aux incisives centrales, mais en position disto-
linguale et les canines sont distales aux incisives latérales, formant un angle de 60° avec le
plan sagittal médian ;
• 2e type : les incisives latérales sont en rotation, leurs faces distales se trouvent entre les deux
adjacentes, les canines sont inclinées à 45° avec le plan sagittal médian ;
• 3e type : les incisives latérales sont en position linguale par rapport aux incisives centrales et
les canines sont inclinées à 45 ou 60° avec le plan sagittal médian ;
• 4e type : les incisives latérales occupent une position distale par rapport aux incisives cen-
trales et les canines sont en vestibulo-position, parallèles aux incisives latérales.
À la mandibule, les canines sont toujours inclinées à 45° avec le plan sagittal médian :
• 1er type : les incisives sont disposées en « W » ;
• 2e type : les incisives centrales sont inclinées à 90° avec le plan sagittal médian et les inci-
sives latérales sont en position linguale par rapport à elles ;
• 3e  type  : les incisives latérales occupent une position plus distale que dans le type
précédent ;
• 4e type : les incisives ont une disposition en « W », mais les incisives latérales sont en posi-
tion linguale par rapport aux canines.

Chronologie d'éruption des dents temporaires


Pour une dent temporaire, la durée de développement, du début de calcification de la cou-
ronne jusqu'à l'édification totale de la racine, est de l'ordre de 20 à 25 mois en moyenne.
Toutes les dents temporaires commencent leur calcification avant la naissance, entre les 3e et
6e mois de vie intra-utérine.
208 À la naissance, les couronnes de toutes les dents temporaires sont édifiées et leur érup-
tion s'échelonne entre l'âge de 6 mois pour les incisives mandibulaires et 30 mois pour les
deuxièmes molaires.
La séquence d'éruption des dents temporaires n'est pas toujours bien définie (tableau 3.1). Les
incisives temporaires apparaissent dans un ordre parfois variable, l'incisive centrale maxillaire
faisant souvent son éruption avant l'incisive latérale mandibulaire. Cependant, il faut noter
que :
• les dents mandibulaires sont généralement plus précoces que les dents maxillaires ;
• la première molaire apparaît avant la canine, autorisant ainsi, dès l'âge de 1 an, un calage
de l'occlusion des dents temporaires ;
• vers l'âge de 2 ans et demi, l'ensemble des dents temporaires a fait son éruption et cette
denture de vingt dents va être fonctionnelle pendant quatre années, jusqu'à l'apparition de
la première dent permanente.

Tableau 3.1 Séquence d'éruption des dents temporaires, d'après Logan et Kronfeld, (1935), modifiée
par Schour (1960)
Incisive centrale mandibulaire 6 mois et demi
Incisive latérale mandibulaire 7 mois
Incisive centrale maxillaire 7 mois et demi
Incisive latérale maxillaire 8 mois
Premières molaires 12 à 16 mois
Canines 16 à 20 mois
Deuxièmes molaires 20 à 30 mois
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Maturation des arcades dentaires temporaires
Les arcades dentaires temporaires ont une évolution très rapide entre l'âge de 1 an (arc incisif
formé) et l'âge de 6 ans (éruption de la première dent permanente) (tableau 3.2).
À l'âge de 1  an, l'arc incisif étant formé, la première molaire fait son éruption, et laisse un
espace libre pour la canine. Cet espace est comblé 6 mois plus tard et l'arcade temporaire atteint
sa taille définitive avec l'éruption de la deuxième molaire vers l'âge de 2 ans et demi à 3 ans et
toutes les dents entretiennent des points de contact par leurs faces proximales adjacentes.
Entre 4 et 5 ans, la croissance rapide des maxillaires et de la mandibule suffit à créer des dias-
tèmes entre certaines dents. Ainsi, les incisives se séparent et la taille des diastèmes augmente
au fur et à mesure que l'enfant grandit et que les germes sous-jacents des dents permanentes
(qui occupent une position linguale pré-éruptive) s'approchent des dents temporaires anté-
rieures. Ce sont des diastèmes interincisifs qui s'ouvrent.
D'autres diastèmes peuvent également apparaître dans les secteurs latéraux des arcades den-
taires. Ce sont des « diastèmes simiens », par analogie avec ceux des Singes. Ils sont situés
entre l'incisive latérale et la canine au maxillaire, et entre la canine et la première molaire à
la mandibule. Généralement, on considère ces diastèmes comme des vestiges de ceux qui
permettent, au cours de l'intercuspidation maximale, de loger les volumineuses canines des

Connaissances
Singes dans les embrasures interdentaires antagonistes.
L'usure des arcades dentaires temporaires est caractéristique. Elle est très rapide et affecte les
bords libres et les surfaces occlusales. Elle peut même aller jusqu'à un nivellement complet de
la couronne de la canine.

Tableau 3.2 Chronologie du développement des dents temporaires, d'après Logan et Kronfeld (1935),
modifiée par Schour (1960) 209
Début de Couronne Age Racine Début de Exfoliation
calcification achevée d'éruption achevée rhizalyse
Maxillaire
Incisive 3–4 mois de 4 mois 7,5 mois 1,5–2 ans 4 ans 6–8 ans
centrale vie IU
Incisive latérale 4,5 mois de 5 mois 8 mois 1,5–2 ans 5 ans
vie IU
Canine 5,25 mois de 9 mois 16–20 mois 2,5–3 ans 8 ans 11–12 ans
vie IU
Première 5 mois de 6 mois 12–16 mois 2–2,5 ans 6 ans 10 ans
molaire vie IU
Deuxième 6 mois de 10–12 mois 20–30 mois 3 ans 7 ans 11–2 ans
molaire vie IU
Mandibule
Incisive 4,5 mois de 4 mois 6,5 mois 1,5–2 ans 4 ans 6–8 ans
centrale vie IU
Incisive latérale 4,5 mois de 4,25 mois 7 mois 1,5–2 ans 5 ans
vie IU
Canine 5 mois de 9 mois 16–20 mois 2,5–3 ans 8 ans 11–12 ans
vie IU
Première 5 mois de 6 mois 12–16 mois 2–2,5 ans 6 ans 10 ans
molaire vie IU
Deuxième 6 mois de 10–12 mois 20–30 mois 3 ans 7 ans 11–12 ans
molaire vie IU
IU : intra-utérine.
Anatomie dentaire

Agencement intra-arcade
Les dents temporaires sont alignées selon deux arcades dont la forme générale est pratique-
ment semi-circulaire (fig. 3.7).

Vue occlusale de l'arcade dentaire temporaire maxillaire.


Ces arcades se distinguent par le fait que les dents temporaires n'ont pas d'axe particulier. Elles
sont implantées verticalement. Les incisives ne sont pas vestibulées et les secteurs latéraux ne
présentent pas de courbe de compensation axiale comme la courbe de Spee de la denture
permanente, ni de courbe de compensation transversale comme la courbe de Wilson (voir
chapitre 4). Enfin, les surfaces occlusales des dents temporaires n'adoptent pas la disposition
hélicoïdale.

210
Agencement interarcades
Rapports d'occlusion
Les arcades dentaires temporaires s'articulent comme les arcades dentaires permanentes, à la
manière des dents d'un engrenage. Une dent est en rapport d'occlusion avec deux dents de
l'arcade antagoniste. Il y a deux exceptions à cette règle : l'incisive centrale mandibulaire et la
deuxième molaire maxillaire.
À l'âge de 3 ans, on peut considérer que l'occlusion normale des dents temporaires s'établit
de la manière suivante :
• les surfaces mésiales des incisives centrales maxillaires et mandibulaires sont en contact sur
la ligne médiane ;
• l'incisive centrale maxillaire s'articule avec l'incisive centrale mandibulaire et le tiers mésial
de l'incisive latérale mandibulaire ;
• l'incisive latérale maxillaire s'articule avec les deux tiers distaux de l'incisive latérale mandi-
bulaire et avec le pan mésial vestibulaire de la canine mandibulaire ;
• la canine maxillaire s'articule avec le pan distal vestibulaire de la canine mandibulaire et
avec le pan mésial vestibulaire de la première molaire (cuspide mésio-vestibulaire) ;
• la première molaire maxillaire s'articule avec les deux tiers distaux de la première molaire et
le flanc mésial de la deuxième molaire mandibulaire ;
• la deuxième molaire maxillaire s'articule uniquement avec la deuxième molaire mandibu-
laire, la surface distale de la molaire maxillaire se projette légèrement au-delà de la portion
distale de la deuxième molaire mandibulaire.

Plan terminal
Selon la description précédente, les faces distales des deuxièmes molaires ne sont pas alignées
et forment une marche qui, dans la description classique, est mésiale (les dents mandibulaires
Fig. 3.7 étant mésialées par rapport aux dents maxillaires).
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Les faces distales des deuxièmes molaires forment le plan terminal de Chapman qui peut être
rectiligne ou brisé à marche mésiale ou distale selon que les dents mandibulaires sont mésia-
lées ou non par rapport aux dents maxillaires.
La disposition du plan terminal joue un grand rôle dans cette phase de dentition au cours de
laquelle les premières molaires permanentes font leur éruption, car leur rapport d'occlusion
dépend du plan terminal (fig. 3.8) :
• le plan terminal à marche mésiale est celui qui est le plus classiquement décrit : la face
distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire est mésialée et conduit d'emblée
les premières molaires mandibulaires permanentes en mésioclusion ;
• le plan terminal est droit quand les faces distales des deuxièmes molaires temporaires sont
alignées verticalement. Il conduit alors les premières molaires permanentes en éruption
à s'articuler cuspide contre cuspide en un équilibre instable qui peut basculer soit vers la
mésioclusion, soit vers la distoclusion molaire ;
• le plan terminal à marche distale répond à un décalage distal de la face distale de la deu-
xième molaire temporaire mandibulaire qui conduit alors les premières molaires mandibu-
laires permanentes en éruption à s'articuler en distoclusion.

Connaissances
C 211

Fig. 3.8 Plan terminal des arcades dentaires temporaires.


A. Rectiligne. B. Marche distale. C. Marche mésiale. Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion.
10th ed. Saunders ; 2014, fig. 16-5, p. 270.

3. Dentition permanente
C'est la période durant laquelle les phénomènes de croissance construisent les arcades den-
taires de la denture permanente.
Elle s'étend sur environ vingt ans, du début de calcification de la première dent permanente à
l'éruption de la dernière dent permanente.
La principale différence entre les deux dentitions tient au fait que, par hémi-arcade, cinq des
dents permanentes sont diphysaires et vont remplacer cinq dents temporaires. Ceci laisse
supposer un synchronisme assez rigoureux dans la séquence d'éruption, mais aussi dans les
aménagements de l'arcade dentaire durant toute cette période transitoire de denture mixte où
les dents temporaires cohabitent avec des dents permanentes.

Agencement intra-osseux des germes des dents permanentes au cours


de la denture temporaire
Les germes des dents permanentes sont sous-jacents aux dents temporaires, dans des cryptes
osseuses. C'est ainsi que les couronnes des premières molaires, entièrement formées à 3 ans,
et celles des incisives à 4 ans doivent, avec leur taille de couronne de dent définitive, se loger
dans les maxillaires d'un enfant de 3  à 4  ans. Elles vont alors occuper des positions pré-­
éruptives qui leur permettent une meilleure concentration (fig. 3.9).
Les germes des dents permanentes occupent tous une position linguale par rapport aux dents
temporaires. Les canines sont très profondément enfouies, notamment au maxillaire où elles
A B
Anatomie dentaire

Fig. 3.9 Agencement intra-osseux des germes des dents permanentes maxillaires au cours de la den-
ture temporaire.

sont immédiatement sous le bord orbitaire, coincées entre les sinus maxillaires et les cavités
nasales (fig. 3.10).
Le germe de l'incisive latérale est bien souvent le plus lingual des trois germes antérieurs et se
met souvent en rotation.
Le germe de l'incisive centrale est en linguo-position par rapport à la racine de la dent temporaire.
Les prémolaires n'ont pas ce problème d'encombrement puisque la somme de leurs diamètres
mésio-distaux est inférieure à celle des molaires temporaires.
Les molaires permanentes monophysaires occupent une position distale par rapport à l'arcade
212 dentaire. La place dont elles disposent au sein des maxillaires dépend de la croissance vers
l'arrière de la tubérosité maxillaire et de la croissance sagittale du corps mandibulaire qui naît
du recul de la branche mandibulaire engendré par une apposition sur son bord postérieur et
une résorption de son bord antérieur. La différenciation des germes des molaires permanentes,
échelonnée dans le temps (de la naissance pour la première molaire, à l'âge de 8 à 9 ans pour
la troisième molaire) laisse le temps à la croissance faciale d'adapter les structures osseuses au
contenu dentaire en voie de différenciation et de calcification.

I
II
1 III
2 IV
3
4 V
3
5
5 6
1 2 4
6

I II III IV V

A B

Fig. 3.10 Agencement des germes des dents permanentes (1 à 6) dans l'os maxillaire en denture tem-
poraire (I à V).
A. Vue vestibulaire. B. Vue occlusale.

Chronologie d'éruption des dents permanentes et maturation des arcades


La durée de formation d'une dent permanente est d'autant plus longue que son émergence
est tardive : 9 ans pour une incisive, 12 ans pour une canine ou une prémolaire, 13–14 ans
pour une deuxième ou troisième molaire.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
À l'exception de la première molaire dont la maturation peut débuter au cours de la vie
fœtale, toutes les dents permanentes commencent leur calcification après la naissance
(tableau 3.3).
Les dents les plus précoces (premières molaires et incisives) font leur émergence dans un inter-
valle relativement réduit, tandis que les dents plus tardives (canines et prémolaires) ont un âge
d'éruption beaucoup plus variable.
La grande variabilité des âges d'éruption ne permet pas de fixer une séquence d'éruption
stricte (tableau 3.4). Cependant certaines règles générales se dégagent :
• les dents mandibulaires font presque toujours leur émergence avant les dents maxillaires ;
• les filles sont en avance sur les garçons et cet écart s'accroît au fur et à mesure que la
séquence se déroule ;
• les incisives et les premières molaires font partie d'une première poussée de croissance
du système dentaire. On admet en général que les premières molaires font leur éruption
avant les incisives. Toutefois, il n'est pas rare de rencontrer des incisives centrales plus
précoces ou contemporaines des molaires. À l'âge de 7 ans, les incisives centrales et les
premières molaires sont généralement sur l'arcade. À 8 ans, les incisives latérales font leur
éruption ;

Connaissances
• une période de stabilité plus ou moins longue s'intercale avant que le groupe suivant n'émerge ;
• intervient ensuite le remplacement des dents intermédiaires (canines et molaires), ainsi
appelées parce qu'elles sont encadrées par des dents permanentes. La première prémolaire
maxillaire apparaît, en général avant la canine mandibulaire chez les garçons et inverse-
ment chez les filles. Ces deux dents sont suivies de la première prémolaire mandibulaire,
des deuxièmes prémolaires et, enfin, de la canine maxillaire ;

213

Tableau 3.3 Chronologie du développement des dents permanentes, d'après Logan et Kronfeld (1935),
modifiée par Schour (1960)
Début de Couronne achevée Âge d'éruption Racine achevée
calcification
Maxillaire
Incisive centrale 3–4 mois 4–5 ans 7–8 ans 10 ans
Incisive latérale 10 mois 4–5 ans 8–9 ans 11 ans
Canine 4–5 mois 6–7 ans 11–12 ans 13–15 ans
Première prémolaire 1,5 à 1,75 an 5–6 ans 10–11 ans 12–13 ans
Deuxième prémolaire 2 à 2,25 ans 6–7 ans 10–12 ans 12–14 ans
Première molaire Naissance 2,5–3 ans 6–7 ans 9–10 ans
Deuxième molaire 2,5–3 ans 7–8 ans 12–13 ans 14–16 ans
Troisième molaire 7–9 ans 12–16 ans 17–21 ans 18–25 ans
Mandibule
Incisive centrale 3–4 mois 4–5 ans 6–7 ans 9 ans
Incisive latérale 3–4 mois 4–5 ans 7–8 ans 10 ans
Canine 4–5 mois 6–7 ans 9–10 ans 12–14 ans
Première prémolaire 1,75–2 ans 5–6 ans 10–12 ans 12–13 ans
Deuxième prémolaire 2,25–2,50 ans 6–7 ans 11–12 ans 13–14 ans
Première molaire Naissance 2,5–3 ans 6–7 ans 9–10 ans
Deuxième molaire 2,5–3 ans 7–8 ans 11–13 ans 14–15 ans
Troisième molaire 8–10 ans 12–16 ans 17–21 ans 18–25 ans
Anatomie dentaire

Tableau 3.4 Séquence d'éruption des dents permanentes, d'après Hurme (1949)


Dents Âge moyen d'éruption Avance
Ordre en années⁎ chez les
Écart type⁎
d'éruption femmes⁎
Maxillaire Mandibulaire Homme (♂) Femme (♀)
1 Première molaire 6,21 5,94 0,80 0,27
2 Première molaire 6,40 6,22 0,80 0,18
3 Incisive centrale 6,54 6,26 0,78 0,28
4 Incisive centrale 7,47 7,20 0,81 0,27
5 Incisive latérale 7,70 7,34 0,88 0,36
6 Incisive latérale 8,67 8,20 0,98 0,47
7♂ Première prémolaire 10,40 10,03 1,47 0,37
8♀
8♂ Canine 10,79 9,86 1,27 0,93
7♀
9 Première 10,82 10,18 1,47 0,64
prémolaire
10 Deuxième 11,18 10,88 1,57 0,30
prémolaire
11 Deuxième 11,47 10,89 1,68 0,58
prémolaire
12 Canine 11,69 10,98 1,37 0,71
214 13 Deuxième 12,12 11,66 1,36 0,46
molaire
14 Deuxième molaire 12,68 12,27 1,37 0,41

Âges donnés en années et en centièmes d'année.
Source : Lautrou A. Anatomie dentaire. 2e éd. Paris : Masson ; 1998, tableau V, p. 169.

• la deuxième molaire prolonge distalement l'arcade dentaire qui n'atteindra sa longueur


définitive qu'à partir de 18 ans, après une longue période de stabilité, à l'éruption de la
troisième molaire.

4. Maturation des arcades dentaires


Entre l'âge de 6 ans, qui correspond à la fin de la denture temporaire au sens strict (chute de
la première incisive temporaire ou apparition de la première molaire permanente), et l'âge de
12 ans (chute de la dernière dent temporaire), l'enfant possède, sur ses arcades dentaires, des
dents qui appartiennent à deux générations successives. C'est la période de denture mixte
qui ne se termine qu'à la chute de la dernière dent temporaire pour laisser place à la denture
permanente. La morphogenèse des arcades dentaires s'étale sur une vingtaine d'années avec
une succession de phases d'activité et de stabilité (tableau 3.5).

Phase de constitution de la denture temporaire (fig. 3.11)


À l'âge de 6 mois environ, l'émergence de l'incisive centrale mandibulaire ouvre la phase de
constitution de la denture temporaire. Au cours de cette période de 2 ans, les arcades tempo-
raires se construisent. La séquence d'éruption de ces dents temporaires est :
• incisives centrales, puis incisives latérales : 6–12 mois ;
• premières molaires : 12–18 mois ;
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3

Tableau 3.5 Étapes de la morphogenèse des arcades dentaires


Denture Phases d'activité et d'inactivité
Denture temporaire Phase de constitution de la denture temporaire
Phase de denture temporaire stable
Denture mixte Phase de constitution de la denture mixte
Phase de denture mixte stable
Phase de constitution de la denture adolescente
Denture permanente Phase de denture adolescente stable
Phase de constitution de la denture adulte jeune
Phase de denture adulte jeune stable
Phase de constitution de la denture adulte complète
Phase de denture adulte complète

Connaissances
Birth

2 years
( 6 mos)
6 mos
( 2 mos) 215

9 mos
( 2 mos)

3 years
( 6 mos)

1 year
( 3 mos)

18 mos
( 3 mos)

Fig. 3.11 Phase de constitution de la denture temporaire.


Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2–3, p. 24.
Anatomie dentaire

• canines : 18–24 mois ;
• deuxièmes molaires : 24–36 mois.
On considère que vers l'âge de 3 ans, l'occlusion est bien établie et que toutes les dents tem-
poraires doivent avoir terminé leur éruption active à l'âge de 4 ans.

Phase de denture temporaire stable (fig. 3.12)


Cette phase accompagne la grande enfance (3–6 ans).
La formule dentaire comporte 20 dents :
• hémi-arcade maxillaire droite : 51-52-53-54-55 ;
• hémi-arcade maxillaire gauche : 61-62-63-64-65 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 71-72-73-74-75 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 81-82-83-84-85.
Deux types d'arcade temporaire peuvent être rencontrés (fig. 3.13) :
• le type I de Baume se caractérise par la présence de diastèmes et notamment des diastèmes
simiens, situés en avant de la canine maxillaire et en arrière de la canine mandibulaire. Ces
espaces particuliers sont des vestiges de la denture des Primates et permettent de loger les
volumineuses canines dans les embrasures interdentaires antagonistes ;
• le type II de Baume ne présente pas de diastème simien.
Au cours de cette phase, apparaissent également les diastèmes interincisifs, secondairement
aux diastèmes simiens.
La phase de denture temporaire stable prend fin avec l'émergence de la première molaire
permanente ou avec l'expulsion d'une incisive centrale temporaire.

216

5 years
( 9 mos)

Phase de denture temporaire stable.


Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-3, p. 24.

A B

Fig. 3.13 Les arcades temporaires.


A. Type I avec diastèmes simiens. B. Type II sans diastème simien.
Fig. 3.12
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Phase de constitution de la denture mixte (fig. 3.14)
Le remplacement des incisives temporaires par les incisives permanentes et l'apparition de
la première molaire permanente transforment les arcades temporaires en arcades mixtes, où
cohabitent les dents des deux générations.
Cette phase se déroule approximativement entre 6 et 8 ans.

6 years
( 9 mos)

Connaissances
217

7 years
( 9 mos)

8 years
( 9 mos)

Fig. 3.14 Phase de constitution de la denture mixte : éruption des premières molaires permanentes et
des incisives permanentes.
Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-3, p. 24 et fig. 2–4, p. 25.
Anatomie dentaire

Dette incisive
À l'éruption des incisives permanentes, la différence entre la somme des diamètres
­mésio-distaux des incisives temporaires et celle des diamètres mésio-distaux des incisives per-
manentes ­correspond à la dette d'espace incisive (tableau 3.6).
Elle est d'environ 7,6 mm à l'arcade maxillaire et 6 mm à l'arcade mandibulaire.

Tableau 3.6 Dette d'espace des incisives (mensurations de G.V. Black)


Maxillaire Mandibule
∅ incisive ∅ incisive Total ∅ incisive ∅ incisive Total
centrale latérale centrale latérale
Dents 6,5 5,1 11,6 4,2 4,1 8,3
temporaires
Dents 9 6,4 15,4 5,4 5,9 11,3
permanentes
Différence − 2,5 − 1,3 − 3,8 − 1,2 − 1,8 − 3
Source : Lautrou A. Anatomie dentaire. 2  éd. Paris : Masson ; 1998, tableau VIII, p. 176.
e

Moyens de compensation
L'alignement des incisives est facilité par :
• les diastèmes interincisifs  : apparus au cours de la phase de denture temporaire, ils
mesurent 1,7 mm à chaque hémi-arcade maxillaire et 1,4 mm à chaque hémi-arcade man-
dibulaire et peuvent jouer un rôle dans la compensation de la dette incisive avant l'éruption
218 des premières molaires permanentes ;
• la croissance alvéolaire transversale intercanine : la largeur intercanine varie peu avant
l'émergence des dents permanentes mais, au remplacement des incisives, augmente en
moyenne de 3 mm au profit de l'arc incisif. Cette croissance s'arrête immédiatement après
l'éruption des incisives permanentes ;
• la vestibulo-version des incisives permanentes par rapport aux incisives tempo-
raires : elle engendre un accroissement de longueur de l'arcade mixte par rapport à l'ar-
cade temporaire qui est en moyenne de 2,2 mm au maxillaire et de 1,3 mm à la mandibule.
À l'éruption des premières molaires permanentes, les diastèmes simiens se ferment sous la
pression de la poussée éruptive de ces dents :
• pour les arcades de type I, le diastème mandibulaire étant plus important que le diastème
maxillaire, la première molaire mandibulaire se retrouve en mésioclusion ;
• pour les arcades de type II, les diamètres mésio-distaux des molaires temporaires mandi-
bulaires étant nettement supérieurs à ceux des molaires maxillaires, les premières molaires
conservent leurs rapports « cuspide à cuspide ».
Cette phase de constitution de la denture mixte est particulièrement active. Elle est d'une
grande importance dans la morphogenèse des arcades dentaires. Si ces mécanismes de com-
pensation ne fournissent pas le supplément de place nécessaire, les incisives permanentes
présentent des signes révélateurs d'une dysharmonie dento-maxillaire : des chevauchements
associés à un encombrement ou des inclinaisons axiales exagérées.

Phase de denture mixte stable (fig. 3.15)


Cette phase dure deux à trois ans. Elle commence avec la mise en place des incisives et des
premières molaires permanentes et se termine avec la chute de l'une des dents intermédiaires
(canine ou molaire temporaire).
La phase de denture mixe stable est remarquable par la stabilité dimensionnelle des arcades
dentaires.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Développement d’une denture Développement d’une denture
lactéale avec espace lactéale sans espace

Axe M3

Axe M3
3-4 3-4

Espace des Abrasion


primales cuspidienne

4-5 4-5

Espace
secondaire

6-7 6-7

Déplacement Fermeture Pas de


mésial de la de l’espace déplacement
molaire mandibulaire mésial
temporaire
7-8 7-8

Connaissances
8-9 8-9

9-10 9-10

219

11-12 11-12

13 13

Mésialisation Croissance Mésialisation Croissance


de la dent de 6 ans antérieure de la dent de 6 ans antérieure

Fig. 3.15 Schémas des développements comparés d'une denture temporaire de type I avec espaces
simiens et de type II sans espaces simiens, d'après Baume (1950).

La formule dentaire comporte 24 dents :


• hémi-arcade maxillaire droite : 11-12-53-54-55-16 ;
• hémi-arcade maxillaire gauche : 21-22-63-64-65-26 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 31-32-73-74-75-36 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 41-42-83-84-85-46.
Anatomie dentaire

Phase de constitution de la denture adolescente (fig. 3.16)

11 years
( 9 mos)

Phase de constitution de la denture adolescente.


Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-4, p. 25.

Cette phase, au cours de laquelle les douze dents intermédiaires vont être remplacées par les
canines permanentes et les prémolaires, est la plus complexe car, d'une part, les séquences
d'éruption sont très variées, d'autre part, des phénomènes de compensation vont intervenir et
peuvent se trouver modifiés par la séquence d'éruption qui est différente chez les garçons et
les filles :
• chez les garçons :
220 – première prémolaire maxillaire,
– canine mandibulaire,
– première prémolaire mandibulaire,
– deuxième prémolaire maxillaire,
– deuxième prémolaire mandibulaire,
– canine maxillaire ;
• chez les filles :
– canine mandibulaire,
– première prémolaire maxillaire,
– première prémolaire mandibulaire,
– deuxième prémolaire maxillaire,
– deuxième prémolaire mandibulaire,
– canine maxillaire.
Cependant, il faut noter que les éruptions de ces douze dents permanentes se déroulent sur
une période de trois ans avec des intervalles qui se chevauchent. Il est donc illusoire d'établir
une séquence d'éruption précise et reproductible pour ces dents intermédiaires.
Il arrive aussi que la deuxième molaire permanente fasse son éruption avant le remplacement
complet de toutes les dents intermédiaires. Dans ce cas, les étapes de constitution et de stabi-
lité de la denture adolescente n'existent pas et leurs événements participent directement à la
phase de constitution de la denture adulte jeune.

Crédit des dents intermédiaires


À l'inverse de l'arc incisif temporaire qui laisse une dette d'espace aux incisives permanentes,
les dents temporaires intermédiaires cèdent un crédit d'espace aux canines permanentes et
aux prémolaires. Ce crédit d'espace, plus important à la mandibule qu'au maxillaire, est dû à la
Fig. 3.16 différence entre les diamètres mésio-distaux des molaires temporaires et ceux des prémolaires
qui les remplacent (fig. 3.17 et tableau 3.7). Il est évalué à :
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3

Fig. 3.17 Dans le cas d'une éruption 5-4-3 ou même 4-5-3, la somme des diamètres mésio-distaux des
dents de remplacement sera toujours inférieure à celle des dents remplacées.

Connaissances
Tableau 3.7 Crédit d'espace des dents intermédiaires (mensuration G.V. Black)
Maxillaire Mandibule
∅ canine ∅ première ∅ première Total ∅ canine ∅ première ∅ première Total
molaire/ molaire/ molaire/ molaire/
première première première première
prémolaire prémolaire prémolaire prémolaire
Dents 7,0 7,3 8,2 22,5 5,0 7,7 9,9 22,6
temporaires 221
Dents 7,6 7,2 6,8 21,6 6,9 6,9 7,1 20,9
permanentes
Différence − 0,6 + 0,1 + 1,4 + 0,9 − 1,9 + 0,8 + 2,8 + 1,7
Source : Lautrou A. Anatomie dentaire. 2  éd. Paris : Masson ; 1998, tableau IX, p. 180.
e

• 0,9 mm par hémi-arcade maxillaire ;


• 1,7 mm par hémi-arcade mandibulaire.
Ce sont les deuxièmes molaires temporaires qui vont jouer un rôle important dans cette étape.
Si leur exfoliation est prématurée, tout le crédit d'espace qu'elles procurent va disparaître au
profit des premières molaires permanentes qui le consomment en se mésialant immédiate-
ment. Par ailleurs, la séquence d'éruption des dents permanentes intermédiaires conditionne
l'organisation des arcades (fig. 3.18) :
• si la séquence est première prémolaire – deuxième prémolaire – canine ou deuxième pré-
molaire – première prémolaire – canine, le crédit d'espace libéré par les deux molaires
temporaires laisse largement la place à la canine pour faire son éruption ;
• si la séquence est canine – première prémolaire – deuxième prémolaire, la canine perma-
nente et la première prémolaire ayant des diamètres mésio-distaux supérieurs à ceux des
dents qu'elles remplacent (14,3 mm au maxillaire et 12,7 mm à la mandibule pour les dents
temporaires, contre 14,8 mm au maxillaire et 13,8 mm à la mandibule pour les dents per-
manentes), cette situation conduit à un encombrement transitoire de 0,5 mm au maxillaire
et 1,1 mm à la mandibule qui se manifeste par des malpositions et des chevauchements au
niveau des canines.
Anatomie dentaire

Fig. 3.18 Dans le cas d'une éruption 3-4-5 ou même 3-5-4, il y aura toujours un déficit de place pour
la canine permanente.

Croissance des arcades dentaires


La croissance des arcades s'effectue à la fois dans les directions sagittale et transversale.
Vers l'avant, une seconde poussée des incisives vient compléter celle de la phase de constitu-
tion de la denture mixte.
Transversalement, à la mandibule, la distance intercanine est fixée après l'éruption des incisives
et n'est pas modifiée par l'éruption de la canine permanente. En revanche, au maxillaire, la
distance intercanine augmente à nouveau à l'éruption de la canine maxillaire (après un arrêt
à l'éruption de l'incisive latérale). Cette croissance s'effectue jusqu'à l'âge de 14 ans environ.

222 Utilisation du crédit d'espace des dents intermédiaires


Les canines et prémolaires n'occupent pas la totalité de l'espace laissé par la chute des canines
et molaires temporaires. Il se produit alors une mésialisation de la première molaire. Cet espace
de dérive mésiale, appelé également lee-way space, est plus important à la mandibule qu'au
maxillaire (fig. 3.19).

A B

Fig. 3.19 Espace de dérive mésiale.


L'espace libéré par la chute des molaires temporaires (A) est plus important que l'espace occupé par les prémo­
laires  (B). Il se produit donc une mésialisation de la première molaire permanente. Source  : Wheeler's Dental
Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 16-12, p. 273.

L'utilisation de cet espace varie selon le type d'arcade décrit par Baume :
• dans les arcades du type  I (avec diastèmes simiens), la droite qui joint les cuspides des
canines se trouve légèrement distalée, du fait même que le diamètre mésio-distal des
canines permanentes est supérieur à celui des canines temporaires. Les premières molaires
permanentes migrent vers le côté mésial et comblent les diastèmes éventuels en conser-
vant leurs rapports d'occlusion (mésioclusion de la valeur d'une demi-cuspide de la dent
mandibulaire) ;
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
• dans les arcades du type II (sans diastème simien), il persiste, depuis la phase de consti-
tution de la denture mixte, un petit déficit de place dû à la dette incisive. L'alignement
des dents antérieures peut s'améliorer grâce au crédit de place procuré par la chute des
dents intermédiaires. Les molaires permanentes, étant en occlusion « cuspide à cuspide »,
vont pouvoir glisser dans une position plus mésiale. Cette migration est plus importante
à la mandibule où les molaires temporaires laissent un crédit d'espace plus important qui
permet aux premières molaires permanentes de glisser vers une relation de mésioclusion.
Les deux types d'arcades, à ce stade initial de la denture permanente, entretiennent la même
occlusion « engrenante ». À la fin de cette phase de constitution de la denture adolescente, l'ar-
cade dentaire s'est raccourcie. Ce phénomène est directement lié à l'éruption des prémolaires.

Phase de denture adolescente stable


Si la deuxième molaire permanente effectue son éruption avant que toutes les dents intermé-
diaires n'aient été remplacées, cette étape n'existe pas. Elle est alors incluse dans la phase de
constitution de la denture adulte jeune.
La formule dentaire comporte 24 dents :
• hémi-arcade maxillaire droite : 11-12-13-14-15-16 ;

Connaissances
• hémi-arcade maxillaire gauche : 21-22-23-24-25-26 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 31-32-33-34-35-36 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 41-42-43-44-45-46.
Cette phase prend fin avec l'éruption de la deuxième molaire permanente.

Phase de constitution de la denture adulte jeune (fig. 3.20)


Cette phase débute avec l'émergence de la deuxième molaire permanente. Elle se caractérise
223
par un allongement notable de l'arcade dentaire permanente.

12 years
( 6 mos)

Phase de constitution de la denture adulte jeune.


Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-4, p. 25.

Phase de denture adulte jeune stable (fig. 3.21)


Cette phase débute avec la mise en occlusion des deuxièmes molaires et prend fin avec l'érup-
tion des troisièmes molaires. L'âge d'éruption de ces dernières étant très variable, cette phase
a une durée moyenne de six ans mais peut durer beaucoup plus longtemps.
À la mandibule, les germes des troisièmes molaires sont en mésio-version. Leurs axes se verti-
calisent au fur et à mesure de la progression du phénomène de résorption du bord antérieur
de la branche mandibulaire qui libère l'espace nécessaire à leur mise en place sur l'arcade. Au

Fig. 3.20
Anatomie dentaire

maxillaire, les germes sont en disto-version. Ils se redressent progressivement, conjointement


à l'apposition osseuse tubérositaire.
La formule dentaire comporte 28 dents :
• hémi-arcade maxillaire droite : 11-12-13-14-15-16-17 ;
• hémi-arcade maxillaire gauche : 21-22-23-24-25-26-27 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 31-32-33-34-35-36-37 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 41-42-43-44-45-46-47.

15 years
( 6 mos)

Fig. 3.21 Phase de denture adulte jeune stable.


224
Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-4, p. 25.

Phase de constitution de la denture adulte complète (fig. 3.22)


Cette phase débute à un âge très variable avec l'éruption des troisièmes molaires et s'achève
avec leur mise en occlusion. C'est la dernière phase dynamique de la morphogenèse des
arcades dentaires ; elle s'accompagne d'un allongement distal qui conduit les arcades à leur
taille définitive.
Il n'est pas rare que cette phase soit absente en raison de l'agénésie des troisièmes molaires,
de leur enclavement ou de leur inclusion.

21
years

Fig. 3.22 Phase de denture adulte complète.


Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-4, p. 25.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Phase de denture adulte complète stable
Toutes les dents permanentes sont sur les arcades et en occlusion.
La formule dentaire est complète et comporte 32 dents :
• hémi-arcade maxillaire droite : 11-12-13-14-15-16-17-18 ;
• hémi-arcade maxillaire gauche : 21-22-23-24-25-26-27-28 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 31-32-33-34-35-36-37-38 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 41-42-43-44-45-46-47-48.

II. Vieillissement de l'organe dentaire


A. Mécanismes d'usure
L'usure est définie comme la détérioration que produit l'usage. C'est un terme générique
communément employé pour décrire l'attrition, l'abrasion ou l'érosion, qu'elles soient physio-

Connaissances
logiques ou non.
Il faut noter que la tribologie, science qui étudie le frottement et ses effets, considère qu'il
existe deux types d'usure abrasive  : l'usure à deux corps (attrition) et l'usure à trois corps
(abrasion).

1. Usure mécanique
Attrition
225
L'attrition correspond à la friction de deux corps solides en mouvement dont les surfaces sont
en contact direct. Elle concerne les frottements dento-dentaires occlusaux et proximaux.
D'une manière générale, les micro-aspérités de la surface la plus dure creusent la surface la
plus ductile en formant des sillons parallèles bordés de berges symétriques.
Les surfaces concernées par l'attrition sont planes, lisses, brillantes et bien définies (fig. 3.23).
Les facettes d'usure antagonistes se correspondent lors de faibles mouvements mandibulaires.
Les sommets cuspidiens et les bords incisifs deviennent plats. Lorsque l'usure atteint la den-
tine, celle-ci se situe au même niveau que l'émail, sans marge.
L'attrition peut être généralisée ou n'atteindre que certaines dents.
L'attrition peut être physiologique et résulter des contacts dento-dentaires qui s'établissent
lors de la déglutition et de la mastication. Elle peut également être due au bruxisme ou favori-
sée par un édentement postérieur, une malposition ou une malocclusion.

Fig. 3.23 Lésions d'attrition.


Anatomie dentaire

Abrasion
L'abrasion correspond au déplacement de deux corps solides l'un contre l'autre, avec interpo-
sition de particules abrasives qui constituent le troisième corps.
Les surfaces concernées par l'abrasion sont émoussées et satinées. Elles ont des contours
arrondis. Les facettes d'usure antagonistes ne se correspondent pas lors de faibles m­ ouvements
mandibulaires. La dureté de la dentine étant moindre que celle de l'émail, lorsque ces deux
tissus sont exposés, la dentine s'use plus rapidement en créant ainsi une marche avec l'émail.
L'abrasion peut être physiologique, en lien avec l'alimentation. Elle touche alors toutes les
dents de manière globale et génère des facettes d'usure dont la surface augmente avec l'âge.
À l'inverse, elle peut être liée à un brossage iatrogène. Les abrasions consécutives à une tech-
nique de brossage mal maîtrisée sont les plus fréquentes (fig. 3.24). Les lésions cunéiformes
sont localisées dans le tiers cervical vestibulaire des incisives, des canines et des prémolaires,
avec une prédominance du côté gauche pour les droitiers et du côté droit pour les gauchers.
Si l'abrasion n'est pas trop rapide, de la dentine réactionnelle se dépose en regard de la zone
concernée par l'abrasion. Cette lésion reste alors asymptomatique et peut être profonde.
Des lésions abrasives sont également observées avec le frottement répétitif d'un objet, tou-
jours au même endroit : pipe, cure-dent, aiguille, clou, crayon, embout d'instrument à vent.
Enfin, nous pouvons citer les lésions abrasives rituelles encore pratiquées dans certaines régions
du monde.

226

Fig. 3.24 Lésions d'abrasion dues à un brossage traumatique.

Application clinique : odontologie anthropologique


L'abrasion générale des faces occlusales est souvent caractéristique des populations du passé. Elle est due à
l'incorporation, dans l'alimentation, de particules abrasives de type quartz ou silice provenant directement
de l'environnement ou de substances additionnelles présentes à la surface des végétaux et de la viande.
L'analyse de l'usure dentaire est utilisée en anthropologie pour étudier le régime alimentaire de nos
ancêtres et mieux connaître leur mode de vie.

Abfraction
L'abfraction est une usure de fatigue qui survient lorsque les contraintes de flexion imposées
à la dent sont trop importantes. Des ruptures de liaisons intermoléculaires se produisent sous
l'effet des contraintes répétées, puis se propagent en sub-surface. Elles intéressent l'émail en
raison de sa faible limite élastique qui le rend cassant. La dentine est généralement protégée
par la jonction amélo-dentinaire qui dissipe les contraintes.
L'abfraction peut notamment provenir d'interférences non travaillantes dans le secteur molaire
et se traduire par des lésions cervicales d'aspect cunéiforme ou des sillons creusés au-dessus de
la limite de la couronne, en vestibulaire ou en lingual.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
2. Usure chimique
Érosion
L'érosion survient lorsqu'une atteinte chimique vient rompre les liaisons intermoléculaires
des tissus dentaires et potentialiser les différents modes d'usure mécanique précédemment
décrits. Les lésions débutent par une déminéralisation de l'émail, la dentine étant touchée
dans un second temps.
Les surfaces concernées par l'érosion sont concaves avec des limites arrondies. Elles ont une
forme de cupule arrondie plus profonde que large et présentent une marge entre l'émail et la
dentine. Les surfaces d'érosion antagonistes ne se correspondent pas lors de faibles mouve-
ments mandibulaires. Les lésions, symétriques, sont généralement localisées au tiers cervical
des faces vestibulaires des dents antérieures (fig. 3.25).
L'érosion est due à des facteurs :
• extrinsèques : consommation fréquente et prolongée de boissons acides, régimes riches en
fruits, notamment les agrumes ;
• intrinsèques : reflux gastro-œsophagien, vomissements répétés, alcoolisme, stress, hyposia-
lie, xérostomie.

Connaissances
227

Fig. 3.25 Lésions d'érosion.

B. Vieillissement physiologique de la dent


L'ensemble des tissus dentaires et parodontaux est touché, avec l'âge, par un processus de
sénescence : le vieillissement physiologique des tissus.
Ces tissus subissent de nombreuses modifications qui altèrent leur morphologie, leur potentiel
de cicatrisation et leur fonction.

1. Émail
L'émail devient moins perméable et plus fragile, il subit une usure lente et progressive et
la couronne prend une teinte plus foncée. Des fêlures et des craquelures apparaissent à la
surface de l'émail ; elles s'accompagnent de pertes de substances dues à une attrition physio-
logique sur les bords incisifs et sur les faces occlusales et proximales. Les points de contact se
transforment en surfaces de contact.
Anatomie dentaire

2. Dentine
La dentine devient progressivement plus minéralisée et plus translucide.
On assiste à deux modifications majeures : l'oblitération des canalicules par synthèse d'une
dentine péricanaliculaire très minéralisée et l'apposition de dentine secondaire qui augmente
l'épaisseur de dentine par une apposition centripète qui réduit le volume pulpaire. La dentine
apposée au niveau du plancher pulpaire est irrégulière.

Application clinique : prothèse et endodontie


La réduction du volume de la chambre pulpaire peut présenter des avantages si le praticien souhaite réali-
ser une préparation de prothèse fixée sur dent pulpée.
Par contre, associée à la perte des repères coronaires, elle complique souvent la réalisation de la cavité
d'accès endodontique.

3. Pulpe
Comme tous les tissus humains, la pulpe subit la sénescence en dehors de toute pathologie
inflammatoire ou autre. Les modifications du tissu pulpaire sont considérables et génèrent un
aspect histologique très différent de celui observé chez le sujet jeune. La sénescence du tissu
pulpaire se traduit par une fibrose partielle ou totale associée à une diminution du nombre de
cellules et à un appauvrissement du réseau vasculo-nerveux.
On constate également une diminution du volume de la cavité pulpaire pouvant aller jusqu'à
228
son oblitération complète et à l'apparition de calcifications pulpaires ou « pulpolithes » au sein
de la pulpe camérale et dans la partie cervicale des canaux (fig. 3.26).
Ces phénomènes limitent considérablement le potentiel de cicatrisation et de réparation de la pulpe.

Fig. 3.26 Coupe fine vestibulo-linguale montrant la diminution du volume pulpaire.

Application clinique : endodontie


La présence de pulpolithes complique généralement la recherche des orifices d'entrée des canaux radicu-
laires et la pénétration des instruments endodontiques destinés à les explorer.
Par ailleurs, la dent devient moins sensible aux tests de vitalité en raison de la diminution du nombre de
cellules pulpaires et de la rétractation de la pulpe.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
4. Cément
Le cément, indépendamment de la vitalité pulpaire, s'appose physiologiquement aussi long-
temps que la dent est présente sur l'arcade, ce qui augmente progressivement son épaisseur
avec l'âge. L'apposition cémentaire s'observe également sur des dents non fonctionnelles ou
incluses.
Des coupes histologiques transversales mettent en évidence une alternance de zones hyper- et
hypo-minéralisées qui apparaissent au microscope sous la forme de bandes concentriques
alternées sombres et claires, semblables à celles que l'on observe sur la coupe d'un tronc
d'arbre. Il a été montré que le nombre de couches cémentaires apposées est une informa-
tion exploitable pour estimer l'âge d'un individu, chaque paire de lignes correspondant à une
année de vie écoulée.
L'épaisseur du cément est donc proportionnelle à l'âge de la dent. Le cément est acellulaire
dans les premières couches près du collet, puis son épaisseur augmente progressivement vers
le foramen apical et de nombreux cémentocytes restent prisonniers lors de la minéralisation ; il
s'agit de cément cellulaire (fig. 3.27).

Connaissances
229

Fig. 3.27 Zones d'hyper- et d'hypominéralisation du cément au microscope.


Grossissement × 100 sous lumière polarisée.

En l'absence de pathologie, l'apposition cémentaire est régulière tout au long de la vie, mais
elle varie selon la localisation sur la racine. Très réduite au niveau cervical, elle augmente au
fur et à mesure que l'on se rapproche de l'apex. Ainsi, à la jonction amélo-cémentaire, son
épaisseur varie de 20 à 50 μm, alors qu'à l'apex, elle atteint 50 à 200 μm.
Au niveau apical, la cémentogenèse a pour effet de compenser l'usure physiologique des
faces occlusales par une égression de la dent et de contribuer ainsi à maintenir les rapports
interdentaires en participant à l'éruption passive.

Applications cliniques
Cariologie
Chez la personne âgée, la rétraction physiologique de la gencive, une alimentation souvent riche en sucres
et de consistance molle, et des difficultés de brossage favorisent l'apparition de lésions carieuses radicu-
laires et de « caries du collet ». Ce risque carieux élevé chez la personne âgée est accentué par la réduction
du débit salivaire qui accompagne la sénescence des glandes salivaires. Ces lésions carieuses évoluent géné-
ralement sur le mode chronique, à bas bruit. Les foyers infectieux latents évoluant sans symptomatologie
sont fréquents chez la personne âgée.
u
Anatomie dentaire

u
Odontologie médico-légale et odontologie anthropologique
Récemment, avec le développement des techniques numériques, la détermination de l'âge au décès d'un
individu par la méthode des « anneaux du cément » a été particulièrement étudiée. Elle exploite le fait
qu'il existe une relation linéaire entre le nombre de couches cémentaires apposées et l'âge d'un individu,
à raison d'un anneau par année écoulée. Cette méthode est notamment appliquée à des échantillons
ostéo-archéologiques.

5. Tissus parodontaux
L'attache épithéliale migre vers l'apex en exposant le collet de la dent et souvent une portion
plus ou moins importante de la racine.
Le ligament alvéolo-dentaire subit également des altérations. Le nombre de fibres et la densité
cellulaire diminuent, les espaces interstitiels augmentent. Ces modifications seraient liées à la
diminution physiologique des forces masticatoires avec l'âge.

C. Vieillissement prématuré
1. Réaction pulpaire
La mise en œuvre de procédures restauratrices se répercute sur le complexe dentino-pulpaire
qui réagit biologiquement à l'action mécanique de réalisation de la cavité et à l'action cyto-
230 toxique des matériaux. Ces traitements engendrent une irritation pulpaire et participent au
vieillissement prématuré de l'organe dentaire.

2. Apposition dentinaire
L'évolution d'une lésion carieuse, tout comme un traitement restaurateur ou un trouble occlu-
sal constituent pour l'organe dentaire une agression contre laquelle la pulpe doit se défendre
pour préserver sa vitalité. Les odontoblastes sont alors en première ligne. Ils synthétisent un
tissu cicatriciel qui s'interpose entre la lésion et la pulpe : la dentine tertiaire.
L'apposition de dentine tertiaire réactionnelle est généralement localisée sous des lésions den-
tinaires initiales peu profondes et évoluant sur le mode chronique. Elle est synthétisée par la
couche odontoblastique.
Si l'évolution de la lésion est plus rapide, les odontoblastes se nécrosent et c'est alors la couche
sous-odontoblastique qui prend le relais en se différenciant en odontoblastes de remplace-
ment et en synthétisant une dentine réparatrice.
Face à une lésion à progression très rapide, le tissu pulpaire se nécrose sans avoir eu la possi-
bilité de mettre en place une barrière protectrice.
Toutes ces tentatives de protection font appel au potentiel de réparation de la pulpe et contri-
buent au vieillissement prématuré de l'organe dentaire.

3. Apposition cémentaire
Une apposition cémentaire réactionnelle peut se produire dans plusieurs situations :
• suite à une obturation endodontique, l'apposition de cément engendre une minéralisation
de l'orifice apical et la formation d'une barrière cicatricielle calcifiée qui clôt cet orifice ;
• en présence d'une pathologie péri-apicale ou parodontale chronique, une cémentogenèse
hyperplasique ou hypercémentose peut se produire : c'est une tentative d'adaptation paro-
dontale aux altérations de la zone péri-apicale ;
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3

Fig. 3.28 Hypercémentose.

• l'apposition cémentaire compense les hypofonctions et les égressions dentaires qui s'en-
suivent. Les malpositions dentaires peuvent également s'accompagner d'une cémentoge-
nèse irrégulière ou anarchique (fig. 3.28).

4. Cas particulier du bruxisme

Connaissances
L'attrition est considérée comme physiologique tant qu'elle est modérée et en lien avec le
vieillissement des dents et avec le régime alimentaire.
Elle peut devenir pathologique et engendrer des lésions plus ou moins importantes allant
jusqu'à exposer la dentine et atténuer les reliefs occlusaux. De la dentine tertiaire vient s'appo-
ser au fur et à mesure en regard de la perte de substance, réduisant ainsi le volume pulpaire.
La localisation des lésions est variable et souvent inhabituelle lorsque l'attrition est pathologique.
C'est le cas lorsqu'il existe des troubles de l'occlusion ou des pertes dentaires non compensées. 231
Le bruxisme, du grec brukein (grincer des dents), est décrit comme une activité mandibulaire
répétitive caractérisée par le serrement ou le grincement des dents et/ou par des pressions de
la musculature oro-faciale sans contacts occlusaux (bracing or thrusting of the mandible). Il est
considéré comme une parafonction, c'est-à-dire une fonction, généralement non pathogène,
qui sollicite un organe ou un appareil pour un usage qui n'est pas sa destination première.
Dans le bruxisme, on distingue :
• le bruxisme en lien avec le rythme circadien (bruxisme d'éveil, bruxisme de sommeil) ;
• le bruxisme en lien avec une étiologie (bruxisme primaire, bruxisme secondaire) ;
• le bruxisme en lien avec le type d'affrontement occlusal (serrement, balancement, grince-
ment, tapotement).
Le bruxisme aggrave l'attrition physiologique et provoque un vieillissement prématuré des
organes dentaires accompagné de répercussions sur la pulpe, la dentine et le cément :
• rétraction pulpaire par apposition de dentine tertiaire réactionnelle ;
• dégénérescences calciques de type pulpolithes au niveau de la chambre pulpaire ou des
canaux ;
• nécrose aseptique de la pulpe ;
• fêlures et fractures, généralement de mauvais pronostic ;
• résorptions dentaires internes ou externes ;
• hypercémentose.

Application clinique : endodontie


Chez le patient atteint de bruxomanie, les calcifications intrapulpaires d'une part et la perte des repères
occlusaux d'autre part compliquent la réalisation de la cavité d'accès endodontique et la recherche des
orifices d'entrée des canaux.
CHAPITRE

4
Anatomie fonctionnelle

I. Arcades dentaires
Les dents sont alignées suivant deux arcades dentaires : l'une maxillaire et l'autre mandibu-
laire. Chacune d'entre elles est symétrique par rapport au plan sagittal médian et constituée
de deux hémi-arcades (droite et gauche) (fig. 4.1).
L'arcade maxillaire est formée par l'alignement des dents maxillaires, temporaires et/ou perma-

Connaissances
nentes, implantées dans les os maxillaires qui appartiennent au massif facial supérieur.
L'arcade mandibulaire est formée par l'alignement des dents mandibulaires, temporaires et/ou
permanentes, implantées dans la mandibule, seul os mobile du massif cranio-facial, qui est un os
impair, médian et symétrique formant le squelette du massif facial inférieur. La mandibule s'arti-
cule avec les os temporaux par l'intermédiaire des articulations temporo-mandibulaires (ATM).
Cette mobilité permet aux dents des deux arcades de s'affronter lors de la fonction occlusale.

233

Fig. 4.1 Arcades dentaires en vue vestibulaire.


ur

Langue
ate
Buc

cin
cin

Buc
ate
ur

Orbiculaire

Fig. 4.2 Couloir dentaire fonctionnel.


Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

Les dents sont soumises aux forces occlusales, linguales, labiales et jugales. Elles se trouvent
en équilibre, au sein d'une arcade dentaire, dans une sorte d'espace neutre où les forces fonc-
tionnelles s'annulent et que l'on appelle « couloir dentaire » (fig. 4.2).
Chaque dent possède des formes coronaire et radiculaire, des inclinaisons mésio-distale et
vestibulo-linguale, ainsi que des contacts avec les dents adjacentes et antagonistes qui lui per-
mettent d'assurer une continuité anatomique et fonctionnelle de l'arcade. De même, chaque
classe de dents assure des fonctions masticatoires et occlusales spécifiques. Les prémolaires
et molaires interviennent dans le broyage des aliments et dans le calage occlusal, tandis que
les incisives et canines assurent la préhension et l'incision des aliments, et le guidage occlusal.
L'organisation générale de chaque arcade résulte, d'une part, de la position et de l'inclinaison
des dents, d'autre part, de la continuité des formes dentaires.
Un alignement dentaire correct, associé à un support parodontal sain, est le garant d'une
bonne efficacité masticatoire.

A. Continuité des formes dentaires


Le plus souvent, les faces proximales adjacentes de deux dents voisines sont l'image l'une
de l'autre dans un miroir. La continuité des formes dentaires se trouve ainsi progressivement
assurée, dent après dent, tout au long de l'arcade.
Une telle symétrie implique plusieurs dispositions :
• les crêtes marginales adjacentes ont un développement identique, aussi bien sur les dents
antérieures que sur les dents postérieures ;
• les embrasures interdentaires présentent un plan de symétrie ;
234 • les collets adjacents ont des contours identiques ;
• l'acuité des cuspides, la profondeur des fosses, les surfaces occlusales ont des développe-
ments pratiquement équivalents sur deux dents voisines.

1. Continuité des formes à l'arcade maxillaire


Les faces mésiales adjacentes des incisives centrales maxillaires sont parfaitement symétriques,
à la fois en vue vestibulaire ou linguale, et en vue occlusale (fig. 4.3).
Le contour distal de l'incisive centrale est fortement arrondi et laisse prévoir une forme plus
globuleuse de la moitié mésiale de l'incisive latérale.

Fig. 4.3 Symétrie des faces proximales adjacentes des dents maxillaires.


Anatomie fonctionnelle 4
Par leurs contours adjacents, l'incisive latérale et la canine maxillaires déterminent des embra-
sures occlusale et cervicale symétriques en vue vestibulaire et occlusale.
La canine maxillaire, par sa portion mésiale, est identique à l'incisive latérale et par sa portion
distale préfigure les dents cuspidées ; elle marque ainsi la transition entre les dents labiales
antérieures non cuspidées et les dents jugales postérieures cuspidées. Son arête distale, le
pan cuspidien distal, le lobe distal, la crête marginale distale sont plus accusés et trouvent
leurs homologues sur la portion mésiale de la première prémolaire (pan cuspidien vestibulaire
mésial plus incliné en vue vestibulaire et occlusale, crête marginale mésiale constamment
sectionnée par un sillon accessoire, lobe mésial généralement plus accentué que le lobe distal
sur la face vestibulaire, concavité coronaire mésiale…).
À l'inverse, la face distale de la première prémolaire est plus fortement convexe, ses pans
cuspidiens sont moins inclinés et, d'une manière générale, ses reliefs sont moins accusés
(lobe distal moins marqué, absence du sillon accessoire sur la crête marginale). La deuxième
prémolaire est fortement molarisée, l'acuité de ses cuspides diminue, la convexité de ses
contours est forte et tous les caractères anatomiques de cette dent sont influencés par la
première molaire.
La symétrie des embrasures n'est pas aussi évidente pour les molaires. Cependant, la conti-

Connaissances
nuité des formes s'y manifeste par des caractères anatomiques qui se répètent et s'expriment
progressivement avec des intensités différentes selon les dents, la première molaire représen-
tant pour chaque arcade le gabarit de base de la classe.

2. Continuité des formes à l'arcade mandibulaire


Les formes occlusale, vestibulaire et linguale des incisives mandibulaires sont symétriques
(fig. 4.4). Les embrasures entre les incisives centrales, et entre les incisives centrales et latérales
le sont donc également. 235
Le contour occlusal distal de l'incisive latérale amorce la courbe de l'arcade mandibulaire. Son
bord libre s'incurve lingualement en formant une coudure symétrique à celle de la canine.
Par leurs contours adjacents, l'incisive latérale et la canine mandibulaire déterminent des
embrasures symétriques en vue vestibulaire et occlusale.
La canine mandibulaire est le type même de la dent de transition entre le secteur incisif et celui
des dents cuspidées. Son contour mésial est l'image en miroir du contour distal de l'incisive
latérale et ses reliefs distaux préfigurent ceux des dents cuspidées voisines.

Fig. 4.4 Symétrie des faces adjacentes proximales des dents mandibulaires.


Anatomie dentaire

La première prémolaire est caniniforme, en raison du faible développement de sa cuspide lin-


guale. Le phénomène de molarisation se fait nettement sentir sur la seconde prémolaire dont
l'acuité cuspidienne est atténuée, les contours coronaires sont plus fortement convexes et les
reliefs sont influencés par la première molaire voisine.
Les molaires mandibulaires présentent une anatomie qui s'exprime par des caractères plus ou
moins marqués, à partir d'un gabarit de base de la classe toujours plus accusé sur la première
molaire et qui s'estompe graduellement de mésial en distal.

3. Continuité des formes cervicales


La hauteur normale de la gencive dépend essentiellement de la hauteur de l'attache épithéliale
qui, elle-même, présente une forme étroitement liée à celle du contour cervical de la jonction
amélo-cémentaire, sans toutefois être confondue avec elle.
Le contour du collet anatomique mésial et distal des dents antérieures est toujours plus ample,
la déclivité de sa flèche se réduit ensuite régulièrement de mésial en distal.
La courbe du collet est généralement inférieure de 1 mm sur les faces distales par rapport aux
faces mésiales. Il en résulte que, pour une dent donnée, la courbe cervicale mésiale est plus
importante que la courbe cervicale distale de la dent qui la précède, mais la hauteur des collets
anatomiques des faces axiales adjacentes au sein des arcades dentaires s'aligne du fait de
l'inclinaison mésio-distale des axes dentaires au sein de l'arcade (fig. 4.5).
La continuité observée sur les formes coronaires se reproduit également pour les formes cervicales :
le contour mésial de la coupe cervicale d'une dent est le plus souvent l'image symétrique du contour
distal adjacent. Cette disposition crée des situations particulières. Par exemple, l'espace papillaire
cervical défini par les collets adjacents de la canine et de la première prémolaire maxillaire a un
contour assimilable à celui d'une lentille biconvexe. À l'inverse, les contours cervicaux adjacents des
236 première et deuxième molaires maxillaires dessinent plutôt une lentille biconcave (fig. 4.6).

La différence de déclivité entre les dessins cervicaux mésial et distal crée une marche entre
deux dents lorsque les axes dentaires sont verticaux (à gauche). Par contre, l'inclinaison distale des
axes ­dentaires permet un réalignement des contours proximaux (à droite).

M
16
13

V L V L

14
17

D
D

Fig. 4.6 Symétrie des espaces papillaires cervicaux.


Entre 13 et 14, l'espace est en forme de lentille biconvexe ; entre 16 et 17, il est en forme de lentille biconcave.
Fig. 4.5 M
Anatomie fonctionnelle 4
4. Continuité des formes cuspidiennes
L'acuité et la forme des cuspides sont marquées par une certaine continuité aux deux
arcades.
Les cuspides vestibulaires maxillaires et les cuspides linguales mandibulaires sont plutôt secto-
riales. Leurs versants externes (vestibulaire au maxillaire et lingual à la mandibule) sont abrupts,
peu convexes et les crêtes mésio-distales sont sécantes. Leurs sommets sont aigus et déportés
vers la périphérie occlusale (fig. 4.7).
En revanche, les cuspides linguales maxillaires et les cuspides vestibulaires mandibulaires sont
plutôt broyeuses. Leurs versants externes (lingual au maxillaire et vestibulaire à la mandibule)
sont inclinés et fortement convexes. Les crêtes mésio-distales sont émoussées et leurs som-
mets sont arrondis et déportés vers le centre de la face occlusale.
Un autre phénomène progressif marque nettement les cuspides molaires aux deux arcades.
Pour cela, il faut considérer chaque dent avec son grand axe anatomique maintenu verticale-
ment et non la dent inclinée dans son inclinaison physiologique buccale. L'acuité cuspidienne
diminue progressivement de mésial en distal et s'accompagne d'un nivellement des cuspides
vestibulaires et linguales aux deux arcades et d'une horizontalisation progressive de la table
occlusale (fig. 4.8).

Connaissances
Enfin, on peut noter que l'acuité cuspidienne, la profondeur des fosses et fossettes, et la
hauteur des crêtes marginales s'amenuisent régulièrement de mésial en distal pour les deux
arcades.

237
M
14

V L V L

45
M

Fig. 4.7 Les cuspides vestibulaires maxillaires et linguales mandibulaires sont plus anguleuses (sectoriales)
que les cuspides linguales maxillaires et vestibulaires mandibulaires (broyeuses).

46 47
16 17

V L

V L

18 48

B M

Fig. 4.8 La différence de hauteur entre les cuspides vestibulaires et linguales s'atténue progressive-
ment dans le sens mésio-distal (molaires maxillaires en A ; molaires mandibulaires en B).
Anatomie dentaire

B. Inclinaisons axiales des dents


Au sein des deux arcades, les dents sont inclinées par rapport au plan d'occlusion. La direction
générale de leur grand axe peut s'exprimer selon deux composantes : l'une vestibulo-linguale
et l'autre mésio-distale. Chaque inclinaison est exprimée en degrés par rapport à une ligne
verticale perpendiculaire au plan d'occlusion (fig. 4.9).
Dans la direction mésio-distale, toutes les dents sont inclinées du côté distal à l'exception des
incisives.
Dans la direction vestibulo-linguale, toutes les dents antérieures (incisives et canines) sont
inclinées du côté lingual.
Pour les dents cuspidées, on peut constater que :
• les axes des dents maxillaires sont, pour les apex, progressivement plus inclinés du côté lin-
gual, ce qui entraîne une bascule vestibulaire de la table occlusale, ce phénomène s'oppo-
sant sur les molaires à celui décrit ci-dessus pour les tables occlusales ;
• les axes des dents mandibulaires sont, pour les apex, progressivement plus inclinés du
côté vestibulaire, ce qui entraîne une bascule linguale de la table occlusale, ce phénomène
s'additionnant sur les molaires à celui décrit ci-dessus pour les tables occlusales.


28° 26° 7° 16° 17°
11 12 13

238 V LD M V L D M V L D M

5° 9° 6° 5°

14 15

V L D M
V L D M

20° 14° 20° 10°

16 17

V LD M V L D M

Fig. 4.9 Inclinaisons axiales des dents maxillaires droites dans les directions vestibulo-linguale (vue
mésiale) et mésio-distale (vue vestibulaire).
Source : d'après DEMPSTER WT et al (1963) in LAUTROU A. Anatomie dentaire. 2e éd. Paris : Masson ; 1998, fig 135,
p.198.
Anatomie fonctionnelle 4

41 42 43

V L D M V L D M
V L D M

22° 23° 0 12° 6°


44 45

V L D M
V LD M

Connaissances
9° 6° 9° 9°

V L D M V L D M
46 47 239

20° 14°
20° 10°

Fig.  4.9 (Suite) Inclinaisons axiales des dents mandibulaires droites dans les directions vestibulo-­
linguale (vue mésiale) et mésio-distale (vue vestibulaire).
Source : d'après DEMPSTER WT et al (1963) in LAUTROU A. Anatomie dentaire. 2e éd. Paris : Masson ; 1998, fig 135 Suite, p.199.

C. Agencement des cuspides et bords incisifs


1. Dans le plan horizontal
Les bords incisifs et les sommets cuspidiens alignés dessinent la courbe générale de l'arcade qui
peut prendre des formes très variées, toutes fonctionnelles à condition que les formes des deux
arcades soient coordonnées et s'articulent correctement. Les sillons principaux centraux doivent être
alignés, ainsi que les sommets cuspidiens vestibulaires et linguaux, et les bords libres des incisives.
Chaque arcade doit être régulière, sans malposition dentaire, et les dents adjacentes doivent
être en contact et assurer une continuité mésio-distale tout au long de l'arcade.
L'arcade a une forme qui favorise la résistance et la répartition des forces masticatoires.
Schématiquement, il existe trois formes d'arcades déterminées par une ligne qui relie les bords
incisifs et les sommets cuspidiens vestibulaires (fig. 4.10) :
• la forme hyperbolique : les extrémités distales divergent ;
• la forme parabolique : les extrémités distales convergent ;
• la forme upsiloïde : les extrémités distales sont parallèles.
La progressivité des formes dentaires assure une continuité des arcades grâce à l'alignement
des bords incisifs et des sommets cuspidiens vestibulaires d'une part, et des sommets cuspidiens
Anatomie dentaire

Schématisation des formes d'arcades dentaires. A : hyperbolique ; B : parabolique ; C : upsiloïde

240 Fig. 4.11 Alignement des sommets cuspidiens et des bords incisifs.

linguaux d'autre part (fig. 4.11). Cependant, la table occlusale est plus réduite sur les prémo-
laires, ce qui entraîne une légère discontinuité de la courbe entre la deuxième prémolaire et la
première molaire.
Au maxillaire, les tables occlusales sont déportées du côté vestibulaire, parce que les faces
linguales sont plus inclinées et que les axes des dents sont lingualés à l'apex.
À l'inverse, à la mandibule, les tables occlusales sont déportées du côté lingual parce que les
faces vestibulaires sont plus inclinées et que les axes des dents sont vestibulés à l'apex.
Au maxillaire, comme à la mandibule, les tables occlusales sont d'autant plus excentrées
qu'elles sont plus postérieures, du fait de l'angulation plus importante de leur grand axe par
rapport à la perpendiculaire menée sur le plan d'occlusion.

2. Dans le plan frontal


Sur une coupe frontale, les cuspides vestibulaires et linguales sont alignées suivant une
courbe à concavité supérieure appelée « courbe de compensation » ou « courbe de
Wilson » (fig.  4.12). Cette courbe relie les sommets cuspidiens vestibulaire et lingual
d'une dent à ceux de la dent homologue contro-latérale. La concavité de cette courbe,
faible au niveau des prémolaires, s'accentue graduellement en progressant vers les troi-
sièmes molaires. Cette disposition est due aux axes dentaires qui convergent en haut et
en dedans. L'angulation des dents postérieures étant graduellement plus marquée, le
rayon de cette courbe se réduit régulièrement en progressant vers l'extrémité distale de
A B l'arcade.
Fig. 4.10
Anatomie fonctionnelle 4

Fig. 4.12 Les cuspides vestibulaires et linguales sont organisées selon une courbe à concavité supérieure :
la courbe de Wilson.

3. Dans le plan sagittal (fig. 4.13)

Connaissances
241

Fig. 4.13 Les arcades dentaires développées en vue vestibulaire.

À la mandibule
La courbe de Spee passe par les sommets cuspidiens vestibulaires des dents mandibulaires. Cette
courbe à concavité supérieure permet d'optimiser les forces exercées sur le bol alimentaire et
d'harmoniser la diffusion axiale des contraintes le long des racines de chaque dent. Les cuspides
linguales des molaires mandibulaires sont alignées selon une courbe à concavité supérieure qui
s'éloigne progressivement de la courbe des cuspides vestibulaires sur les dents distales. La surface
délimitée entre les courbes des cuspides vestibulaires et linguales aux deux arcades est à disposition
hélicoïde, cette bande d'occlusion s'incurvant de plus en plus du côté lingual sur les dents distales.
La courbe de Spee doit être distinguée du plan d'occlusion qui, étant une référence pour l'orien-
tation générale de l'arcade, relie le bord incisif de l'incisive centrale mandibulaire au sommet de
la cuspide centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Ce plan permet surtout de
mettre en évidence des anomalies de position des dents comme les égressions ou les ingressions.

Au maxillaire
Les cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires suivent une courbe à concavité supérieure,
dont le point le plus déclive est le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire de la première molaire
et le point le plus élevé, le sommet de la cuspide disto-vestibulaire de la troisième molaire.
Les cuspides linguales des dents maxillaires sont également alignées mais suivant une courbe excen-
trée par rapport à la précédente. La cuspide linguale de la première prémolaire est plus courte que sa
cuspide vestibulaire, les deux cuspides ont un développement identique sur la seconde prémolaire,
puis, progressivement sur les molaires, les cuspides linguales deviennent de plus en plus saillantes.
Les deux courbes se croisent au niveau de la deuxième prémolaire et s'éloignent ensuite pro-
gressivement l'une de l'autre jusqu'à la dernière molaire.
Anatomie dentaire

D. Agencement des sillons principaux centraux


En vue occlusale, on constate l'alignement des sillons principaux centraux, de la face mésiale
de la première prémolaire à la face distale de la troisième molaire (fig. 4.14).
La ligne passant par les sommets des cuspides vestibulaires des prémolaires, celle passant par
les sommets des cuspides linguales, et celle formée par l'alignement des sillons intercuspidiens
centraux délimitent une gouttière mésio-distale de section triangulaire et d'axe courbe.

Alignement et continuité des sillons principaux centraux.

242
E. Agencement des crêtes marginales
Les crêtes marginales adjacentes présentent un développement identique en hauteur et en
volume et déterminent, par leur juxtaposition, une surface marginale de forme grossièrement
losangique dans l'alignement de la gouttière mésio-distale.
Du fait de la réduction de l'acuité cuspidienne, les crêtes marginales occupent une position
progressivement plus occlusale en progressant de mésial en distal (fig. 4.15).

15 14
D M

A L

15 14
D M

Fig. 4.15 Surface marginale des prémolaires maxillaires.


Vues occlusale (A) et vestibulaire (B).
Fig. 4.14

V
Anatomie fonctionnelle 4

F. Espaces interproximaux
Dès que les dents ont achevé leur éruption, elles se trouvent en contact par l'intermédiaire de
leurs faces proximales avec les dents adjacentes. Le contact s'établit par deux points qui vont
progressivement se transformer en surfaces.
Le contact interproximal siège au centre d'un volume délimité par les faces proximales des
dents et par le septum osseux interdentaire. Cet espace se subdivise en quatre secteurs, les
embrasures vestibulaire, linguale, occlusale et cervicale. De ces quatre embrasures, seule la
cervicale est comblée par la papille gingivale, les trois autres sont libres.

1. Points de contact
Le point de contact est la zone située sur une dent par laquelle elle est en contact avec ses
voisines. Toutes les dents, à l'exception de la troisième molaire qui n'a qu'un seul contact en
mésial, possèdent deux points de contact : l'un mésial et l'autre distal.
Par l'intermédiaire des points de contact, les dents forment l'ensemble solidaire qu'est l'arcade
dentaire.

Connaissances
Le point de contact interproximal protège la papille interdentaire et contribue à maintenir
l'intégrité tissulaire du parodonte par la déflection des aliments. Il constitue un élément de
stabilisation des dents au cours de la fonction masticatrice et participe à l'équilibre occlu-
sal. Le contact interproximal permet de transmettre une partie des forces subies aux dents
adjacentes. Le point de contact joue également un rôle fonctionnel, adaptatif et évolutif, en
se transformant en surface de contact lors du vieillissement, qu'il soit physiologique ou non
(fig. 4.16 et 4.17).
243

D M

Fig. 4.16 Position occluso-cervicale des points de contact en vue vestibulaire.


A. Maxillaire. B. Mandibulaire.

A B

Fig. 4.17 Position vestibulo-linguale des points de contact en vue occlusale.


A. Maxillaire. B. Mandibulaire.
Anatomie dentaire

Au maxillaire
Les points de contact sont près du bord libre pour les incisives et tendent à s'en éloigner
jusqu'à la face distale de la canine qui présente, avec la première prémolaire, un contact situé
dans la portion occlusale du tiers coronaire moyen. Au sein de l'arcade, c'est le contact le plus
éloigné des structures occlusales.
Ensuite, très progressivement, et du fait de la réduction de l'acuité cuspidienne et de la hauteur
coronaire, les points de contact qui siègent dans le tiers coronaire occlusal vont se rapprocher
des structures occlusales.
En vue occlusale, les points de contact s'éloignent progressivement de la face vestibulaire, des
incisives aux molaires. Situé dans le tiers coronaire vestibulaire pour les incisives, le point de
contact siège dans le tiers coronaire moyen pour les molaires.

À la mandibule
Le point de contact est proche du bord libre pour les incisives et la face mésiale de la canine. Il
est situé à la jonction des tiers coronaires occlusal et moyen entre la canine et la première pré-
molaire. Comme au maxillaire, il va ensuite progressivement se rapprocher des structures occlu-
sales sur les molaires, du fait de la réduction de l'acuité des cuspides et de la hauteur coronaire.
En vue occlusale, il est situé dans le tiers coronaire moyen de chaque dent, tout au long de l'arcade.
Aux deux arcades, les surfaces de contact sont de taille croissante depuis les incisives vers les
molaires où les forces masticatoires sont plus intenses. Les contacts proximaux permettent de
transmettre une partie des forces subies aux dents adjacentes.

Application clinique : odontologie restauratrice


244
L'échec d'une restauration est souvent dû à une mauvaise restitution du contact interproximal. La connais-
sance de l'anatomie dentaire et l'utilisation de matrices et de coins de bois doivent permettre au prati-
cien de reconstituer les quatre embrasures autour de la zone de contact, ainsi que l'aplatissement ou la
concavité cervicale de la face proximale qui déterminent une ligne de transition avec les convexités des
faces vestibulaire et linguale. Le non-respect de l'anatomie de la face proximale entraîne la réalisation de
restaurations débordantes ou en surplomb qui favorisent la rétention de plaque dentaire et l'apparition
de lésions parodontales associées à un risque de lésion carieuse secondaire. Le premier stade de lésion
parodontale consécutive à un défaut de point de contact est le syndrome du septum.

2. Embrasures
Autour de la zone de contact entre deux dents adjacentes, l'espace interproximal se subdivise
en quatre espaces prismatiques triangulaires dont le point de contact interproximal constitue
pour chacun un sommet commun : ce sont les embrasures (fig. 4.18).

3 1

Fig. 4.18 Embrasures : vestibulaire (1), occlusale (2), linguale (3), cervicale ou gingivale (4).


Anatomie fonctionnelle 4
L'embrasure occlusale est située en position occlusale par rapport au point de contact. C'est
la zone située entre les crêtes marginales adjacentes de deux dents voisines ; elle est limitée par
les arêtes occlusales de ces crêtes. Cette embrasure est largement ouverte et sa hauteur est
réduite.
L'embrasure cervicale est située en position cervicale par rapport au point de contact. C'est
un espace triangulaire dont le sommet est le point de contact, et les côtés sont constitués par
les faces proximales des dents adjacentes et le septum interdentaire. L'embrasure cervicale est
plus haute et plus réduite en largeur que l'embrasure occlusale. En présence d'un parodonte
sain, elle est entièrement occupée par la papille interdentaire.
L'embrasure linguale est plus anfractueuse que l'embrasure vestibulaire, car les contacts
interproximaux sont déportés du côté vestibulaire en vue occlusale.
L'embrasure vestibulaire est donc plus largement ouverte et moins profonde que l'embra-
sure linguale.
Les limites anatomiques des embrasures linguale et vestibulaire sont plus difficiles à définir.
Nous retiendrons cependant que la face vestibulaire ou linguale d'une dent cuspidée, tou-
jours régulièrement convexe dans les directions cervico-occlusale et mésio-distale, se trans-
forme progressivement en une surface aplatie ou concave sur la face proximale, au niveau

Connaissances
d'une zone ou ligne de transition qui correspond à la zone d'inversion ou d'inflexion
de la surface de la couronne. C'est cette ligne de transition qui marque la transformation
de la franche convexité vestibulaire ou linguale en une concavité ou en une convexité moins
intense des faces proximales.
Les embrasures ont un rôle dans la déflection des aliments et la protection de la papille
interdentaire.

245

II. Articulation temporo-mandibulaire


L'articulation temporo-mandibulaire (ATM) est une articulation paire qui unit la mandibule
à l'os temporal. C'est une diarthrose bicondylienne discordante à disque interposé.
Elle est de type ellipsoïde prise individuellement et de type bicondylaire lorsqu'on envisage
le fonctionne­ment simultané des deux articulations.
L'ATM est mobilisée par les muscles masticateurs (masséter, temporal, ptérygoïdiens médial et
latéral) et par la musculature supra-hyoïdienne (fig. 4.19).

Fig. 4.19 Dissection de l'articulation temporo-mandibulaire.


Anatomie dentaire

Les surfaces articulaires appartiennent d'une part à la mandibule, c'est le condyle mandibu-
laire, d'autre part à l'os temporal, ce sont le tubercule articulaire et la surface articulaire
de la fosse mandibulaire de l'os temporal.
Ces surfaces articulaires sont recouvertes d'un fibrocartilage, riche en fibres de collagène.
Le disque articulaire, de nature fibrocartilagineuse, présente la forme générale d'une lentille
biconcave qui coiffe le condyle mandibulaire. Son bord antérieur reçoit des faisceaux des
muscles ptérygoïdien latéral, temporal et masséter (fig. 4.20).

Fig. 4.20 Coupe parasagittale de l'articulation temporo-mandibulaire.

Le disque partage l'articulation en deux compartiments  : l'un supérieur, disco-temporal, et


246 l'autre inférieur, condylo-discal. Chacun de ces compartiments est le siège de mouvements par-
ticuliers au cours des mouvements mandibulaires. Le compartiment inférieur est concerné par
un mouvement de rotation pure au début de l'ouverture buccale et le compartiment supérieur
par un mouvement de translation postéro-antérieur dans la poursuite de l'ouverture buccale.
La stabilité des surfaces articulaires est assurée par un double système ligamentaire :
• l'un, dit intrinsèque, au voisinage direct de l'ATM est constitué par les ligaments temporo-
mandibulaires latéral et médial,
• l'autre, dit extrinsèque, plus à distance, complète la stabilisation de l'articulation : il réunit
les ligaments sphéno-mandibulaire, stylo-mandibulaire et, exceptionnellement, le raphé
ptérygo-mandibulaire.
Lors de la propulsion de la mandibule, les condyles réalisent une translation sur les tubercules
articulaires du temporal. Dans le plan sagittal, la pente condylienne correspond à l'angle formé
entre le trajet condylien et le plan axio-orbitaire.
Les pentes incisive et condylienne conditionnent les déplacements mandibulaires et dentaires.
Plus une dent est située postérieurement sur l'arcade, plus sa cinématique est influencée par
la pente condylienne. À l'inverse, plus une dent est située antérieurement sur l'arcade, plus sa
cinématique est influencée par la pente incisive. Une pente condylienne forte induit un mouve-
ment vertical intense de la mandibule lors de la propulsion, ce qui favorise le désengrènement
des dents postérieures.

III. Rapports interarcades


A. Rapports statiques
Le terme d'occlusion (du latin occlusio, « fermeture ») définit la fermeture de la cavité buccale,
avec la mise en contact des faces occlusales maxillaires et mandibulaires.
Anatomie fonctionnelle 4
1. Occlusion d'intercuspidation maximale
L'occlusion d'intercuspidation maximale (OIM) est une position de référence de la mandibule
dans laquelle les dents des deux arcades entretiennent un maximum de points de contact et
qui répond à des règles d'organisation dans les trois directions de l'espace (verticale, vestibulo-
linguale, mésio-distale). Chez l'Homme, comme chez tous les Mammifères, cette occlusion est
dite engrenante :
• les incisives et canines maxillaires recouvrent et surplombent les incisives et canines
mandibulaires ;
• les prémolaires et molaires maxillaires s'articulent avec les prémolaires et molaires mandibu-
laires en formant un surplomb du côté vestibulaire et du côté lingual, et un recouvrement
qui sont de moindre importance que sur les dents antérieures (fig. 4.21) ;
• toutes les dents s'articulent avec deux dents antagonistes, sauf l'incisive centrale mandibu-
laire et la troisième molaire maxillaire (fig. 4.22).

Connaissances
Horizontal Vertical
overlap overlap

247

Overjet Overbite

Fig. 4.21 Les dents antérieures maxillaires recouvrent (à droite) et surplombent (à gauche) les dents anté-
rieures mandibulaires en créant le « surplomb » (overjet) et le « recouvrement » (overbite) incisivo-canins.
Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 16-16, p. 275.

Fig.  4.22 Toutes les dents s'articulent avec deux dents antagonistes, exceptées l'incisive centrale
mandi­bulaire et la troisième molaire maxillaire.
Anatomie dentaire

Classification fonctionnelle des surfaces occlusales


Surfaces occlusales primaires
Appelées également « surfaces occlusales de support » ou « surfaces occlusales d'appui », les
surfaces occlusales primaires s'articulent avec la gouttière mésio-distale antagoniste (sillons
principaux centraux, fosses centrales et marginales, crêtes marginales).
Dans ce groupe, on trouve :
• les cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires mandibulaires (fig. 4.23) ;
• les cuspides linguales des prémolaires et molaires maxillaires (fig. 4.24) ;
• les bords incisifs et la cuspide canine mandibulaires (fig. 4.25).
Régulièrement convexes, les cuspides primaires sont le support de l'occlusion. Elles garantissent
le maintien de la dimension verticale d'occlusion et participent à la stabilisation et au calage des

248

Fig. 4.23 Rapports d'occlusion des surfaces primaires des cuspides vestibulaires des prémolaires et
molaires mandibulaires.

Fig.  4.24 Rapports d'occlusion des surfaces primaires des cuspides linguales des prémolaires et
molaires maxillaires.
Anatomie fonctionnelle 4

Fig. 4.25 Rapports d'occlusion des bords incisifs et des cuspides des canines mandibulaires.

arcades en occlusion. Chaque cuspide primaire entre en contact avec la surface antagoniste par
l'intermédiaire de ses versants et non par son sommet. Seul son versant externe, très incliné, est
fonctionnel au cours des mouvements mandibulaires.
Au cours de la mastication, les cuspides primaires concourent, avec les surfaces occlusales
antagonistes à l'écrasement du bol alimentaire à la façon d'un couple pilon–mortier.

Surfaces occlusales secondaires

Connaissances
Appelées également « surfaces occlusales guides », les surfaces occlusales secondaires s'arti-
culent avec une embrasure interdentaire vestibulaire ou linguale, ou avec un sillon principal
périphérique vestibulaire ou lingual (fig. 4.26).

249

Fig. 4.26 Rapports d'occlusion des surfaces occlusales secondaires.


A. Vue vestibulaire. B. Vue linguale.
Anatomie dentaire

Dans ce groupe, on trouve :


• les cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires maxillaires ;
• les cuspides linguales des prémolaires et molaires mandibulaires ;
• les faces linguales des incisives et canines mandibulaires.
Lors des mouvements excentrés de la mandibule, les surfaces occlusales primaires glissent sur
les surfaces occlusales secondaires qui les guident.
Ces cuspides secondaires sont plus acérées que les cuspides primaires. Leur versant externe,
peu incliné, n'est jamais fonctionnel. Elles participent à la protection des joues et des lèvres
(cuspides maxillaires), et de la langue (cuspides mandibulaires). Lors de la mastication, elles
permettent l'échappement du bol alimentaire.

Répartition des contacts interdentaires


En occlusion d'intercuspidation maximale, les surfaces primaires s'articulent avec les surfaces
secondaires par des contacts punctiformes. En théorie, l'occlusion d'intercuspidation maximale
comporte 70 contacts dentaires antagonistes. Ce nombre est cependant rarement atteint. Des
contacts en nombre moins important mais bien répartis sur les arcades, suffisent à assurer une
situation fonctionnelle satisfaisante.

Relations dento-dentaires dans l'occlusion d'intercuspidation


maximale
Les relations dento-dentaires dans l'occlusion d'intercuspidation maximale peuvent être de
quatre types :
• relation interincisive  (fig.  4.27 et  4.28). Les bords libres des incisives et les arêtes cus-
pidiennes des canines mandibulaires s'articulent avec les structures anatomiques (cin-
250 gulum, crêtes marginales, crêtes et coulées d'émail linguales) des incisives et canines
maxillaires ;
• relation cuspide–surface marginale (fig. 4.29 à 4.31). Une cuspide rencontre une surface
marginale et le contact s'établit par deux points situés sur les arêtes mésiale et distale de la
crête mésio-distale de la cuspide primaire et sur les versants externes des crêtes marginales
antagonistes (surfaces secondaires) ;

Fig. 4.27 Rapports des incisives en occlusion d'intercuspidation maximale en vue mésio-linguale.


Anatomie fonctionnelle 4

Fig. 4.28 Rapports des incisives en occlusion d'intercuspidation maximale, en vue vestibulaire.

Connaissances
15 14

D M

251
45

Fig. 4.29 Rapports d'occlusion cuspide–surface marginale.

Fig.  4.30 Rapports d'occlusion cuspide–surface marginale des cuspides vestibulaires mandibulaires
(à gauche) et des cuspides linguales maxillaires (à droite).
Anatomie dentaire

Fig. 4.31 Rapports d'occlusion cuspide–surface marginale, sur des modèles de Lundeen.

• relation cuspide–fosse centrale (fig.  4.32 et  4.33). Une cuspide primaire rencontre une
fosse centrale et le contact s'établit par trois points situés :
– pour la cuspide, sur l'arête interne ou occlusale de la crête cuspidienne ­vestibulo-linguale
(vestibulaire au maxillaire et linguale à la mandibule) et sur les arêtes mésiale et distale
de la crête cuspidienne mésio-distale,
– pour la fosse centrale, sur les trois pans cuspidiens qui constituent les parois de la fosse
centrale des molaires maxillaires, sur les deux pans linguaux et sur le pan mésial du

252

Fig.  4.32 Rapports d'occlusion cuspide–fosse centrale des cuspides vestibulaires mandibulaires
(à gauche) et des cuspides linguales maxillaires (à droite).

Fig. 4.33 Rapports d'occlusion cuspide–fosse centrale, sur des modèles de Lundeen.


Anatomie fonctionnelle 4
versant interne de la cuspide centro-vestibulaire (pour les molaires à cinq cuspides) ou
disto-vestibulaire (pour les molaires à quatre cuspides) qui constituent les parois de la
fosse centrale des molaires mandibulaires ;
• relation cuspide–fosse marginale (fig. 4.34 et 4.35). Une cuspide primaire rencontre une
fosse marginale et le contact s'établit par deux ou trois points situés sur les arêtes mésiale
et distale de la crête cuspidienne mésio-distale et sur l'arête interne ou occlusale de la
crête cuspidienne vestibulo-linguale lorsque ce troisième contact existe. Dans la fosse, les
contacts siègent sur le versant interne ou occlusal de la crête marginale et sur les pans
cuspidiens qui constituent la fosse marginale.

Connaissances
253
Fig.  4.34 Rapports d'occlusion cuspide–fosse marginale des cupsides linguales des prémolaires
maxillaires.

Fig. 4.35 Rapports d'occlusion cuspide–fosse marginale, sur des modèles de Lundeen.

2. Agencement interarcades
L'agencement interarcades « idéal » a été défini au début du xxe siècle par Edward H. Angle
(1855–1930). La classification d'Angle intéresse les rapports dento-dentaires et non les rapports
squelettiques.
Anatomie dentaire

Dans la direction mésio-distale


Dans l'occlusion engrenante, les dents mandibulaires sont mésialées d'une demi-cuspide par
rapport aux dents maxillaires : chaque dent maxillaire est en relation avec deux dents mandibu-
laires et réciproquement (notion d'engrenage). Il existe deux exceptions à cette règle : l'incisive
centrale mandibulaire et la troisième molaire maxillaire s'articulent respectivement avec une
seule dent : l'incisive centrale maxillaire et la troisième molaire mandibulaire.
Ce décalage provient du différentiel de la somme des diamètres mésio-distaux des incisives
maxillaires et mandibulaires.
La cuspide centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire est en relation avec la fosse
centrale de la première molaire maxillaire.
Il s'agit de l'agencement interarcades le plus favorable à la stabilité occlusale et à l'efficacité
masticatoire. Cet agencement correspond à la classe I définie par E.H. Angle.

Application clinique : orthopédie dento-faciale et occlusodontie


En 1899, E.H. Angle a défini les relations dentaires en occlusion d'intercuspidation maximale dans la direc-
tion mésio-distale.
Occlusion de classe I (fig. 4.36)
C'est la normocclusion, la position d'occlusion physiologique. Les dents mandibulaires sont mésialées de la
valeur d'une demi-cuspide par rapport aux dents maxillaires.
Occlusion de classe II (fig. 4.37)
C'est une situation de décalage relatif d'au moins une demi-cuspide de l'arcade mandibulaire du côté distal
254
par rapport à la classe I.
La cuspide centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire est en relation avec l'embrasure interden-
taire occlusale comprise entre la première et la deuxième molaires maxillaires.
Occlusion de classe III (fig. 4.38)
C'est une situation de décalage relatif d'au moins une demi-cuspide de l'arcade mandibulaire du côté
mésial par rapport à la classe I.
La cuspide centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire est en relation avec l'embrasure interden-
taire occlusale comprise entre la première molaire et la deuxième prémolaire maxillaires.

Fig. 4.36 Occlusion de classe I d'Angle.


Anatomie fonctionnelle 4

Fig. 4.37 Occlusion de classe II d'Angle.

Connaissances
255

Fig. 4.38 Occlusion de classe III d'Angle.

Dans la direction vestibulo-linguale


L'arcade maxillaire est plus longue et plus large que l'arcade mandibulaire qu'elle circonscrit
totalement. Les tables occlusales maxillaires sont déportées du côté vestibulaire, alors qu'à la
mandibule, elles sont lingualées.
Ces deux dispositions conduisent les dents à s'articuler dans le plan horizontal de la façon suivante :
• les cuspides vestibulaires mandibulaires sont en relation avec la gouttière mésio-distale
formée par l'alignement des sillons principaux centraux maxillaires ;
• les cuspides linguales maxillaires sont en relation avec la gouttière mésio-distale formée par
l'alignement des sillons principaux centraux mandibulaires ;
• les incisives et les canines maxillaires présentent un surplomb vestibulaire par rapport aux
dents mandibulaires. Ce surplomb, d'une valeur moyenne de 2 mm au niveau des incisives,
décroît régulièrement de mésial en distal.
Du côté lingual, les molaires mandibulaires débordent également les molaires antagonistes.

Dans la direction verticale


Verticalement les dents des deux arcades se recouvrent réciproquement : les dents maxillaires
recouvrent les dents antagonistes du côté vestibulaire et les dents mandibulaires recouvrent les
dents antagonistes du côté lingual.
Anatomie dentaire

Il faut distinguer le recouvrement des incisives et des canines du recouvrement des prémolaires
et molaires.
Dans le secteur antérieur, le recouvrement dépend d'une interaction de facteurs anatomiques
et fonctionnels qui concourent à l'équilibre fonctionnel.
Dans le secteur postérieur, le recouvrement dépend de la hauteur des cuspides et de la pro-
fondeur des fosses et des embrasures occlusales. Il se réduit régulièrement de mésial en distal.

B. Rapports dynamiques
La référence anatomique occlusale, à partir de laquelle se font les mouvements volontaires
d'excursion de la mandibule pour l'étude des rapports dento-dentaires dynamiques, est l'oc-
clusion d'intercuspidation maximale.
Du fait de la symétrie des arcades dentaires, il y a deux hémi-arcades droites et deux hémi-
arcades gauches. Le côté vers lequel se déplace la mandibule s'appelle le « côté travaillant »
et l'autre le « côté non travaillant ». Ainsi, lorsque la mandibule se déplace à droite, les dents
des hémi-maxillaire et hémi-mandibule droits sont du côté travaillant et les dents des hémi-
maxillaire et hémi-mandibule gauches sont du côté non travaillant.
À partir de l'intercuspidation maximale, plusieurs mouvements mandibulaires peuvent être
effectués :
• mouvement en avant aller : propulsion ;
• mouvement en arrière retour : rétropulsion ;
• mouvement en arrière aller : rétraction ou rétrusion ;
• mouvement en avant retour : protraction ou protrusion ;
256 • mouvement en bas aller : abaissement ;
• mouvement en haut retour : élévation ;
• mouvement en dehors aller : diduction centrifuge aller (côté travaillant) ;
• mouvement en dehors retour : diduction centrifuge retour (côté non travaillant) ;
• mouvement en dedans aller : diduction centripète aller (côté non travaillant) ;
• mouvement en dedans retour : diduction centripète retour (côté travaillant).

1. Propulsion/rétropulsion
Les faces linguales des incisives et canines maxillaires constituent un guide incisif sur lequel
glissent les incisives et canines mandibulaires en dessinant ainsi la trajectoire antérieure de
propulsion et de rétropulsion de la mandibule.
Le surplomb et le recouvrement incisifs constituent la pente incisive qui détermine, avec la
pente condylienne, la désocclusion des dents postérieures (effet de Christensen) au cours du
mouvement de propulsion (fig. 4.39).

11

V L
41

Fig. 4.39 Trajectoire de guidage du bord incisif mandibulaire de 41 sur la face linguale de 11.
Anatomie fonctionnelle 4
Au niveau des molaires, lorsque les contacts existent, le pan mésial du versant interne des cus-
pides primaires mandibulaires (vestibulaires) s'articule avec le pan distal du versant interne des
cuspides secondaires maxillaires (vestibulaires) et le pan distal du versant interne des cuspides
primaires maxillaires (linguales) avec le pan mésial du versant interne des cuspides secondaires
mandibulaires (linguales).
Du fait de la courbe de l'arcade et de la direction sagittale du mouvement, les cuspides primaires
glissent pratiquement dans la gouttière mésio-distale pour les dents postérieures, mais pour les
prémolaires ce glissement a lieu sur le versant interne de la cuspide secondaire antagoniste.
Le mouvement de propulsion comporte deux phases :
• dans un premier temps, la pente incisive formée par la face linguale des incisives maxillaires
est plus faible (cingulum). Elle est compensée par une pente condylienne escarpée, ce qui
provoque une désocclusion franche des dents postérieures ;
• dans un second temps, la pente incisive devient plus forte (crêtes marginales) et compense
une pente condylienne plus faible.
Le mouvement de propulsion s'accompagne d'une désarticulation, puis d'une inocclusion des
dents postérieures qui les protègent des contraintes tangentielles.

Connaissances
2. Rétrusion/protrusion
Le mouvement de rétrusion/protrusion (rétraction/protraction), toujours de faible amplitude,
conduit la mandibule de l'occlusion d'intercuspidation maximale à l'occlusion en relation cen-
trée, position dentaire qui s'accompagne d'une position squelettique centrée des condyles
mandibulaires dans les fosses mandibulaires de l'os temporal.
Les dents antérieures ne sont pas impliquées dans ce mouvement. Le pan mésial du versant
interne des cuspides primaires maxillaires (linguales) s'articule avec le pan distal du versant 257
interne des cuspides primaires mandibulaires (vestibulaires).
Il faut noter que, dans ce cas, l'articulation dento-dentaire ne se fait qu'entre cuspides d'appui
qui jouent à chaque arcade le rôle de cuspides guides pour l'arcade antagoniste (fig. 4.40).

Mouvement de rétrusion
Mouvement de propulsion

Fig. 4.40 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors des mouvements mandibulaires
postéro-antérieur de propulsion (flêches noires) et antéro-postérieur de rétrusion (flêches rouges).

3. Diduction
Nous considérons uniquement le mouvement mandibulaire vers la droite ; auquel cas, le côté
droit est le côté travaillant et le côté gauche est le côté non travaillant.
Anatomie dentaire

Du côté travaillant (fig. 4.41)


Le mouvement de diduction s'effectue en mouvement limite par glissement du versant ves-
tibulaire de la cuspide de la canine mandibulaire sur la crête marginale mésiale de la canine
maxillaire et sur la crête marginale distale de l'incisive latérale maxillaire. Ce guidage canin
provoque une désocclusion de faible amplitude des dents postérieures homolatérales. Dans cer-
taines situations, les incisives, les prémolaires et les molaires peuvent également s'associer à ce
guidage. On parle alors de fonction de groupe antérieure ou de fonction de groupe postérieure.
Lors du mouvement de diduction travaillante, les cuspides primaires mandibulaires (vestibu-
laires) glissent sur les surfaces secondaires maxillaires (vestibulaires) de lingual en vestibulaire,
ce qui les conduit, depuis une fosse centrale, vers un sillon principal périphérique vestibulaire
ou, depuis une surface marginale, vers une embrasure o ­ ccluso-vestibulaire intercuspidienne
ou interdentaire.
Du fait de la forme de l'arcade, ce mouvement, perpendiculaire à la courbe d'arcade pour les
dents postérieures, devient progressivement de plus en plus oblique par rapport à elle pour les
dents antérieures.
Les cuspides primaires maxillaires (linguales) glissent sur les surfaces secondaires mandibulaires
(linguales) de vestibulaire en lingual, ce qui les conduit, depuis une fosse centrale, vers un
sillon principal périphérique lingual ou, depuis une fosse (en suivant la crête marginale) ou
une surface marginale, vers une embrasure occluso-linguale intercuspidienne ou interdentaire.
L'obliquité du trajet travaillant décrit par la cuspide primaire maxillaire par rapport à la courbe
d'arcade antagoniste s'accentue d'autant plus que la dent à laquelle elle appartient est mésiale
et éloignée du centre de rotation de ce déplacement qui est situé au niveau du condyle
travaillant.

258

A B

Fig. 4.41 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors du mouvement de diduction du
côté travaillant : à l'arcade maxillaire (A) ; à l'arcade mandibulaire (B).

Du côté non travaillant (fig. 4.42)


Les cuspides primaires mandibulaires (vestibulaires) glissent sur les surfaces primaires maxil-
laires (vestibulaires) selon un trajet oblique, de disto-vestibulaire en mésio-lingual, ce qui les
conduit à suivre l'arête occlusale de la cuspide mésio-linguale (arête linguale du pont d'émail)
depuis une fosse centrale ou, depuis une surface marginale, vers une embrasure occluso-­
linguale intercuspidienne ou interdentaire.
Les cuspides primaires maxillaires (linguales) glissent sur les surfaces primaires mandibulaires
(vestibulaires) selon un trajet oblique, de mésio-lingual en disto-vestibulaire, ce qui les conduit,
depuis une fosse centrale, vers le sillon principal périphérique disto-vestibulaire ou, depuis une
Anatomie fonctionnelle 4

A B

Fig. 4.42 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors du mouvement de diduction du
côté non travaillant : à l'arcade maxillaire (A) ; à l'arcade mandibulaire (B).

Connaissances
surface ou une fosse marginales, vers une embrasure occluso-vestibulaire intercuspidienne ou
interdentaire.
L'obliquité du trajet non travaillant décrit par les cuspides primaires par rapport à la courbe
d'arcade antagoniste s'accentue d'autant plus que la dent est éloignée du centre de rotation
du condyle travaillant. À l'inverse de ce qui se produit pour le côté travaillant, c'est la dent la
plus distale qui a un trajet moins oblique.
259

IV. Formes et fonctions des dents


La fonction essentielle des dents est de permettre la réduction du bol alimentaire avant son
ingestion. Chaque classe dentaire possède donc des formes adaptées à la fonction qu'elle doit
accomplir, mais qui doivent également assurer sa pérennité et celle des tissus environnants.
Nous allons donc envisager successivement :
• les caractères anatomiques occlusaux qui assurent une fonction occlusale harmonieuse ;
• les caractères anatomiques axiaux qui garantissent la pérennité de l'organe dentaire et des
tissus environnants.

A. Formes occlusales et fonctions occlusales


1. Forces occlusales
Au cours de la mastication et de la déglutition, les dents subissent des forces extérieures impo-
sées par l'ensemble musculo-articulaire.

Caractéristiques des forces occlusales


• Nature : directe au cours de la déglutition, indirecte lors de la mastication (interposition du
bol alimentaire).
• Durée : 240 ms pour un cycle masticatoire, trois fois plus pour une déglutition.
• Fréquence : 1200 à 2400 contacts par 24 heures, dont une très grande partie est établie
lors de la déglutition.
• Intensité : 100 à 320 N en moyenne, mais pouvant atteindre 1000 N en cas de parafonction.
Anatomie dentaire

Lors du contact occlusal, il se produit un transfert de l'énergie musculaire vers l'organe den-
taire. Cette énergie est dissipée par déformation élastique, viscoélastique ou plastique ou par
rupture.
Pour ne pas être nocives pour l'organe dentaire et ses tissus de soutien, ces forces occlusales,
répétées et intenses, doivent être axiales, c'est-à-dire parallèles au grand axe de chaque dent.
Une inclinaison dentaire correcte favorise l'orientation axiale de ces forces occlusales. Les
forces fonctionnelles des lèvres, des joues et de la langue assurent un équilibre de l'organe
dentaire au sein du « couloir dentaire ».

Groupe incisivo-canin
Les forces occlusales qui s'exercent sur les incisives et canines ont une composante axiale, mais
aussi une composante vestibulaire pour les incisives maxillaires, et linguale pour les incisives
mandibulaires.
Tant qu'existe un équilibre entre les forces occlusales et les forces labiales, jugales et linguales,
il n'y a pas de manifestations dentaires. Des migrations dentaires secondaires peuvent appa-
raître dès que l'un des facteurs de cet équilibre est défaillant (fig. 4.43).

260

Fig. 4.43 L'intercuspidation maximale engendre sur les incisives des forces verticales avec des compo-
santes axiales, mais aussi avec une composante vestibulaire au maxillaire et linguale à la mandibule.

Groupe prémolaire–molaire
Dans l'occlusion d'intercuspidation maximale, les dents cuspidées des deux arcades entre-
tiennent un maximum de points de contact et la charge occlusale sur chaque dent est répartie
et relativement réduite. Les forces occlusales sont orientées selon un axe aligné avec les cus-
pides d'appui. Pour les prémolaires et molaires mandibulaires, cet axe passe par le sommet de
la cuspide et par l'apex. Pour les molaires maxillaires (les cuspides linguales des prémolaires
maxillaires ne sont jamais en contact occlusal), les forces occlusales s'inscrivent à l'intérieur du
triangle défini par les apex des trois racines (fig. 4.44).
Lors de la diduction du côté travaillant, les cuspides secondaires maxillaires (vestibulaires) ayant
leurs sommets à l'aplomb des apex des racines vestibulaires et les cuspides primaires man-
dibulaires (vestibulaires) ayant leurs sommets à l'aplomb des apex, cette disposition permet
aux forces axiales de passer à la fois par le sommet des cuspides primaires et les apex à la
mandibule, et par le sommet des cuspides secondaires et les apex des racines vestibulaires au
maxillaire (fig. 4.45).
Anatomie fonctionnelle 4

Fig. 4.44 Dans l'intercuspidation maximale, les forces occlusales transmises par les surfaces primaires
sont toujours axiales et passent par une zone proche du centre de gravité de la dent.

Connaissances
261

Fig. 4.45 Lors du mouvement de diduction du côté travaillant, les surfaces secondaires (vestibulaires)
maxillaires guident les surfaces primaires (vestibulaires) mandibulaires.

2. Surplomb et recouvrement
Groupe incisivo-canin
Sur les dents antérieures, le surplomb et le recouvrement sont intimement liés l'un à l'autre
et dépendent de facteurs anatomiques et fonctionnels qui contribuent à l'équilibre de cette
relation (fig. 4.46).

A B

Fig. 4.46 Le recouvrement incisif, lorsque les bases osseuses entretiennent de bons rapports, est lié
à l'angulation interincisive.
A. Angulation normale, recouvrement normal. B. Angulation augmentée, recouvrement exagéré.
Les facteurs anatomiques revêtent une grande importance du fait que les surfaces primaires des
incisives mandibulaires (bords incisifs) cherchent constamment le contact occlusal avec les surfaces
secondaires des incisives maxillaires (bords incisifs et faces linguales). L'angle interincisif, formé par
les axes des incisives centrales des deux arcades, a une valeur moyenne d'environ 130° pour un
surplomb et un recouvrement normaux. Lorsque cet angle augmente, le recouvrement s'accentue.
Anatomie dentaire

L'anatomie de la face linguale des incisives maxillaires est en partie responsable du degré de
recouvrement incisif : une incisive maxillaire de fort diamètre vestibulo-lingual, avec un cin-
gulum proéminent, est souvent associée à un recouvrement faible. Par contre, une incisive à
faible diamètre vestibulo-lingual, avec un relief lingual peu marqué, est associée à un recouvre­
ment plus important (fig. 4.47).
L'anatomie osseuse sous-jacente retentit sur le surplomb, qui influence lui-même le recouvre-
ment. Un surplomb augmenté par un décalage squelettique entre le maxillaire et la mandibule
est le plus souvent accompagné d'un recouvrement plus intense. En revanche, quand le surplomb
est réduit, le recouvrement diminue et peut même s'annuler lorsque les bords libres des incisives
maxillaires et mandibulaires s'affrontent bout à bout, sans surplomb ni recouvrement (fig. 4.48).
Par ailleurs, la face linguale des incisives maxillaires détermine la pente incisive qui est inclinée
et concave, et guide les mouvements postéro-antérieurs de la mandibule. Le dessin concave de
cette pente incisive est matérialisé par la concavité caractéristique des crêtes marginales des inci-
sives maxillaires qui se distinguent très nettement des crêtes marginales convexes des canines,
lesquelles interviennent plutôt dans les mouvements de diduction du côté travaillant (fig. 4.49).

A B

262 Fig. 4.47 Le recouvrement incisif, lorsque les bases osseuses entretiennent de bons rapports et lorsque
l'angulation interincisive est identique, est lié à l'anatomie de la face linguale de l'incisive maxillaire.
A. Diamètre vestibulo-lingual faible, recouvrement important. B. Diamètre vestibulo-lingual important, recouvre-
ment faible.

A B

Fig. 4.48 Le surplomb et le recouvrement incisif sont liés l'un à l'autre lorsque l'angulation interincisive
et l'anatomie de la face linguale de l'incisive maxillaire sont identiques.
A. Décalage squelettique augmenté. B. Décalage squelettique réduit.

11 13

Fig. 4.49 Les crêtes marginales des incisives sont concaves (à gauche), alors que les crêtes marginales
des canines sont convexes (à droite).
Anatomie fonctionnelle 4
Il y a donc ici une relation étroite entre la forme et la fonction des dents dans le secteur
incisivo-canin :
• les crêtes marginales concaves des incisives déterminent le dessin de la pente incisive ;
• les crêtes marginales convexes des canines dessinent les trajets cuspidiens du mouvement
de diduction du côté travaillant.

Groupe prémolaire–molaire
Le recouvrement des dents postérieures dépend de la hauteur des cuspides et de la profondeur
des fosses et des embrasures occlusales.

Relations interarcades
Le surplomb et le recouvrement décroissent progressivement de mésial en distal. Cette dis-
position est nécessaire dans l'agencement des arcades dentaires entre elles pour créer les
conditions de simultanéité des contacts interdentaires au cours de la fermeture. En effet, une
incisive mandibulaire a un mouvement plus vertical et plus ample à effectuer (arc de cercle plus
grand) qu'une molaire plus proche du centre de rotation condylien.

Connaissances
Dans une diduction du côté travaillant, les cuspides primaires mandibulaires, par suite d'une
réduction progressive du surplomb de mésial en distal, ont une distance moins importante à
parcourir lorsqu'elles appartiennent à une dent plus mésiale. Cette constatation anatomique
correspond à la réalité fonctionnelle : pour un angle d'ouverture identique, l'arc du cercle dont le
centre est le condyle travaillant est plus grand pour une incisive que pour une molaire (fig. 4.50).

263

Fig. 4.50 L'arc de cercle, dont le centre est le condyle, est plus important pour une dent plus éloignée
du centre de rotation.
A. Plan sagittal, mouvements d'ouverture–fermeture. B. Plan horizontal, mouvement de diduction, côté droit travaillant.
Anatomie dentaire

3. Formes propres aux dents cuspidées


Les couronnes des prémolaires maxillaires présentent une forte asymétrie de leur ligne du
plus grand contour. L'angle disto-vestibulaire est plus proéminent, notamment sur la première
prémolaire. En outre, le sommet de la cuspide linguale est décalé du côté mésial. L'association
de ces deux caractères entraîne une accentuation de la mésialisation anatomique de la cuspide
linguale par une très légère rotation mésiale de sa portion linguale pour assurer une continuité
de la courbe de l'arcade. Ainsi, les cuspides linguales des prémolaires maxillaires sont en rela-
tion cuspide–fosse marginale avec les fosses marginales distales des prémolaires antagonistes.
Une telle relation est nécessaire pour l'articulation dento-dentaire au cours du mouvement
de diduction du côté non travaillant car une position plus distale de ces cuspides linguales
entraînerait immanquablement une interférence occlusale avec les cuspides vestibulaires de la
deuxième prémolaire mandibulaire pour la première prémolaire maxillaire et mésio-vestibulaire
de la première molaire mandibulaire pour la deuxième prémolaire maxillaire (fig. 4.51).

V
V

24 45 15
M D D
M

L
A L B

V
15
14

264 D
M 46
45
L

Fig. 4.51 Les prémolaires maxillaires ont une cuspide linguale mésialée et leur contour est fortement
asymétrique.
A.  Vue occlusale de  24. B.  Rapports cuspide–fosse marginale de  15 avec  45 en intercuspidation maximale.
C. Rapports d'occlusion de 14 et 15 avec 45 et 46 dans un mouvement de diduction, côté non travaillant (diduc-
tion à gauche).

Les molaires possèdent des caractères anatomiques propres à chaque arcade dont le degré
d'expression est plus intense sur chacune des premières molaires. Aussi, pour faire saillir les
relations étroites qui existent entre la forme et la fonction occlusales de ces dents, nous rete-
nons les plus représentatives d'entre elles.
La crête oblique (pont d'émail) de la première molaire maxillaire suit la même direction que
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Cette concordance des carac-
tères anatomiques permet une bonne articulation statique dans l'occlusion d'intercuspidation
maximale (les deux cuspides centro- et disto-vestibulaires de la première molaire mandibulaire
sont littéralement « à cheval » sur la crête oblique et la crête oblique s'articule exactement dans
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire). Il existe donc à ce niveau un
véritable verrouillage de l'occlusion par les structures anatomiques occlusales.
Lors de la diduction, du côté non travaillant, la crête oblique maxillaire va s'articuler avec
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Il existe nécessairement à ce
niveau une étroite concordance entre les orientations des différentes structures anatomiques
impliquées, mais aussi entre ces mêmes structures et la direction du mouvement, sous peine
de créer des interférences occlusales (fig. 4.52).
Anatomie fonctionnelle 4
V

M D

L
A
V
V

M D M D

B L C L

Fig.  4.52 Les structures occlusales des premières molaires sont coordonnées entre elles et avec la
direction du mouvement.
A. Parallélisme des directions du pont d'émail de la première molaire maxillaire et du sillon disto-vestibulaire de

Connaissances
la première molaire mandibulaire. B. Schématisation de l'articulation des premières molaires en intercuspidation
maximale, en vue occlusale. C. Schématisation de l'articulation des premières molaires dans un mouvement de
diduction côté non travaillant (diduction à gauche).

Lors de la diduction du côté travaillant, les cuspides primaires quittent la position d'occlu-
sion d'intercuspidation maximale en s'articulant avec une embrasure occluso-vestibulaire 265
ou linguale ou avec un sillon principal périphérique, vestibulaire ou lingual. L'orientation
des sillons et embrasures de chaque dent ou groupe de dents doit être coordonnée avec
la direction du trajet cuspidien de chaque cuspide primaire dont l'obliquité est d'autant
plus grande que la dent est antérieure. C'est la courbe de l'arcade qui pourvoit à cette
coordination en orientant et en inclinant d'autant plus les structures secondaires qu'elles
sont antérieures.

B. Formes axiales et fonctions de protection


1. Fonctions de protection
Les dents assurent des fonctions de protection :
• d'elles-mêmes ;
• des tissus parodontaux ;
• des tissus mous environnants.
Ces fonctions résultent des forces exercées sur les dents, de l'alignement dentaire et de l'agence­
ment interarcades.
Toutes les dents, au sein d'une arcade dentaire, doivent présenter des relations harmonieuses
avec leurs voisines et leurs antagonistes afin d'assurer un fonctionnement efficace du système
dentaire. Ainsi, chaque dent, comme chaque arcade, participe à la sauvegarde de l'ensemble
dento-alvéolaire en présentant des caractères anatomiques qui :
• réduisent les forces exercées sur les dents lors de la fragmentation des aliments ;
• assurent une stimulation gingivale suite aux frottements engendrés par les aliments, les
lèvres, les joues et la langue ;
• favorisent les actions naturelles et artificielles de nettoyage des surfaces dentaires et gingi-
vales en empêchant la stase alimentaire et le dépôt de plaque dentaire microbienne.
Anatomie dentaire

Protection de l'appareil de soutien


La dent transmet les forces exercées sur sa couronne aux tissus de soutien par l'intermédiaire
du ligament alvéolo-dentaire qui est un tissu mou composé de fibres de collagène enrobées
de substance fondamentale (gel hydrophile de glycoprotéines et protéoglycanes), de vaisseaux
et de nerfs. Le ligament alvéolo-dentaire est une substance visco-hyperélastique. Les fluides
qui composent 70 % du ligament lui permettent de résister par effet hydrostatique. De plus,
lorsque la dent est soumise à des forces, ces fluides se déplacent des zones comprimées vers
d'autres espaces ligamentaires par effet visqueux (fig. 4.53).

Lorsqu'une force axiale est exercée sur une dent, elle est transmise au parodonte sur une
zone réduite en superficie (à gauche). Si la force est oblique, il y aura extension de la zone parodontale
soumise à la surcharge (à droite).

266
Les fibres composant le ligament ont un comportement hyperélastique et transmettent les
forces occlusales à l'os de soutien par effet dissipatif.
Les forces axiales sont mieux tolérées car elles engendrent un minimum de compression pour
le ligament alvéolo-dentaire. Si une force horizontale s'exerce sur une couronne, la dent bas-
cule autour de son centre de rotation en provoquant des compressions localisées au niveau de
la crête alvéolaire et de l'apex. Ces forces obliques ou horizontales sont toujours moins bien
tolérées que les forces axiales. Les dents cuspidées, par leur anatomie occlusale et radiculaire,
sont mieux armées pour résister aux forces axiales intenses développées durant le broyage
des aliments et l'intercuspidation maximale. Les dents antérieures sont protégées des forces
obliques ou horizontales trop intenses par une plus grande sensibilité qui leur permet de gui-
der les mouvements antéro-postérieurs de la mandibule.

Protection des lèvres, des joues et de la langue


Un agencement interarcades harmonieux prévient la morsure des surfaces muqueuses envi-
ronnantes par les dents au cours de la fonction occlusale.
Le surplomb vestibulaire des dents maxillaires et les surfaces vestibulaires mandibulaires forte­
ment convexes refoulent les muqueuses labiales et jugales lors de l'élévation mandibulaire.
Du côté lingual, le surplomb des molaires mandibulaires et la forte convexité des faces lin-
guales maxillaires jouent un rôle comparable dans la protection de la muqueuse linguale.

2. Éléments anatomiques et leurs fonctions


Les contours vestibulaire et lingual sont toujours convexes, plus particulièrement au tiers cer-
vical de toutes les dents. Cette convexité est d'environ 0,5 mm sur chaque face, ce qui explique
que les mensurations soient à ce niveau plus importantes que celles du collet. Sur la face linguale
des prémolaires et molaires mandibulaires, ce relief est plus important. Il est situé dans le tiers
Fig. 4.53 moyen ou même dans le tiers occlusal de la couronne et peut atteindre 1 mm (fig. 4.54 et 4.55).
Anatomie fonctionnelle 4

V L

1/2 mm 1/2 mm 1/2 mm 1/2 mm 1/2 mm 1 mm

Fig. 4.54 La convexité des contours coronaires vestibulaire et lingual est en moyenne de 0,5 mm pour
toutes les dents, excepté pour les faces linguales des prémolaires et molaires mandibulaires.

Connaissances
Fig. 4.55 L'accentuation de la convexité des faces linguales des prémolaires et molaires mandibulaires 267
est associée à l'épaisseur de la table osseuse linguale et à l'inclinaison linguale de l'axe de ces dents.

La normalité des contours vestibulaire et lingual, associée à une inclinaison axiale correcte
de chacune des dents, permet l'exercice d'une fonction de protection lors des frottements
engendrés par la langue, les lèvres ou les joues ou par les aliments au cours de la mastication,
ou même par les procédés mécaniques artificiels de l'hygiène dentaire (fig. 4.56) :

A B

Fig. 4.56 La convexité des contours coronaires participe au maintien de l'intégrité des tissus de soutien.
A. Une convexité normale procure un massage physiologique des tissus gingivaux et évite la stase alimentaire.
B. Une convexité insuffisante entraîne un bourrage alimentaire et de plaque dans le sulcus. C. Une convexité
exagérée entraîne une stase bactérienne et alimentaire sous le bombé et ne permet pas un massage suffisant.
Anatomie dentaire

• lorsque ces contours sont normaux, les aliments sont déviés lors de la mastication, ne
viennent pas comprimer la région du sulcus gingival et assurent un massage physiolo-
gique de la gencive marginale en évitant des dépôts de plaque dentaire ou de débris
alimentaires ;
• si les contours coronaires sont trop plats ou que l'axe d'inclinaison d'une dent est mauvais
et provoque un sous-contour, la plaque dentaire et des débris alimentaires stagnants
peuvent se loger dans le sulcus gingival et engendrer une inflammation gingivale ;
• en revanche, si les contours coronaires sont trop importants ou que l'axe d'inclinaison
d'une dent entraîne la formation d'un sur-contour, la plaque dentaire microbienne et les
débris alimentaires risquent de s'accumuler au collet et de favoriser l'apparition de lésions
carieuses ou d'une inflammation gingivale.
Notons cependant qu'un sur-contour est généralement associé à des épaisseurs gingivale et alvéo-
laire importantes et réciproquement. Cette remarque est valable pour la denture temporaire qui
présente des convexités beaucoup plus fortes que celles de la denture permanente, en rapport
avec une plus grande proéminence des tissus gingivaux et osseux due à la présence des germes
sous-jacents.
Les faces proximales des couronnes présentent toujours des silhouettes moins convexes que
les faces vestibulaires ou linguales. Dans bien des cas, ces surfaces peuvent même être concaves.
Cette région anatomique, limitée par le collet et par le point de contact interdentaire, crée entre
deux dents un espace interdentaire gingival ou embrasure cervicale qui est occupé par la papille
interdentaire. Ce volume est limité par la ligne de transition, une ligne virtuelle difficile à définir
qui se trouve à la jonction des faces convexe et concave, au niveau de la zone d'inflexion. Cette
ligne de transition possède généralement le même contour que celui de la face proximale. Si
cette ligne présente un sur-contour, elle entraîne également un sur-contour de la face proximale
et, par conséquent, un risque d'éviction par compression de la papille gingivale interdentaire
268 (fig. 4.57).
En revanche, si le contour est déficient, la papille gingivale risque de ne plus remplir l'es-
pace interdentaire et de ne plus tenir son rôle, car ce tissu, par son élasticité, évite la stase
alimentaire et le dépôt de plaque sur les parois proximales des dents adjacentes. L'espace
papillaire n'étant plus rempli, un vide triangulaire noir et inesthétique remplace la papille
interdentaire.
Le point de contact entre deux dents adjacentes ou, plus fréquemment, la surface de contact
remplit deux fonctions importantes :

Fig. 4.57 Les lignes de transition entre les faces de chaque dent apparaissent en pointillé sur ce schéma.

• il empêche les aliments de venir se tasser entre les dents ;


• il participe à la stabilisation mésio-distale des arcades dentaires en transmettant et en cana-
lisant les forces proximales. Si un point de contact ou une surface de contact était inexistant
ou défaillant, il en résulterait un bourrage alimentaire qui provoquerait une inflammation,
puis une destruction osseuse.
Anatomie fonctionnelle 4

A B

Fig. 4.58 Schématisation de l'indice de Le Huche.


A. Indice fort. B. Indice faible.

Les embrasures vestibulaire et linguale interviennent au même titre que les faces vestibu-
laire et linguale dans les mécanismes de protection :

Connaissances
• elles réduisent les forces exercées sur les dents lors du broyage en autorisant l'échappe-
ment des aliments ;
• elles assurent une stimulation gingivale par leurs formes au cours de la mastication et des
frottements engendrés par les joues, les lèvres et la langue ;
• elles favorisent, par leur anatomie, les actions naturelles et artificielles de nettoyage des
surfaces dentaires et gingivales.
L'indice mésio-distal de Le Huche exprime la différence entre les diamètres mésio-distaux de
la couronne et du collet (fig. 4.58) : 269
• quand cette différence est importante, l'indice est fort. Les faces proximales de la couronne
divergent, le septum interdentaire est large, la crête alvéolaire est haute, arrondie et laisse
une faible hauteur de cément supra-alvéolaire découverte ;
• quand cette différence est peu marquée, l'indice est faible. Les faces proximales de la
couronne sont parallèles, le septum interdentaire est étroit, la crête alvéolaire est effilée,
fuyante et découvre une large plage de cément supra-alvéolaire.

V. Comportement biomécanique de la dent


La biomécanique de l'organe dentaire étudie les relations qui existent entre ses différents
constituants et ses fonctions.
Les sollicitations fonctionnelles des dents proviennent essentiellement des forces occlusales
générées par la mastication et la déglutition. Lors des contacts occlusaux, il y a un trans-
fert de l'énergie en provenance du système musculo-articulaire vers les organes dentaires.
Cette énergie est ensuite dissipée par déformation élastique, viscoélastique, plastique ou
par rupture.
Ces comportements découlent des caractéristiques des différents tissus qui constituent la dent
et ses tissus environnants :
• la raideur caractérise la résistance à la déformation de l'organe soumis à une contrainte ;
• la dureté est la résistance d'un corps à la déformation plastique ;
• la ténacité traduit la contrainte ou l'énergie maximales que peut supporter un corps soumis
à une force avant de se rompre.
Anatomie dentaire

A. Ligament alvéolo-dentaire
Le ligament alvéolo-dentaire établit une liaison fibreuse entre la dent et l'os alvéolaire. Il est
constitué essentiellement de 70  % de substance fondamentale fluide et de fibres de colla-
gène (fibres de Sharpey) qui sont organisées en feuillets ancrés dans l'os alvéolaire et dans le
cément, perpendiculairement à la surface radiculaire.
La substance fondamentale permet à la dent de résister aux forces occlusales (effet hydrosta-
tique) et se déplace lorsque la dent est soumise à une compression (effet visqueux).
Les fibres transmettent les forces occlusales à l'os alvéolaire (effet dissipatif).
Le ligament alvéolo-dentaire, en association avec la dentine, assure la dissipation des contraintes
et réduit le risque de fracture.

Application clinique : parodontologie


Les pathologies parodontales s'accompagnent d'une perte d'attache épithéliale, d'une résorption de l'os
alvéolaire et d'une inflammation du ligament alvéolo-dentaire qui, peu à peu, génèrent un élargissement
du ligament et une mobilité dentaire. Le confort masticatoire du patient diminue et les contraintes intra-
et péri-radiculaires augmentent considérablement.

B. Émail
L'émail est la substance la plus minéralisée de l'organisme avec 94 à 96 % en poids de carbonate-
270 apatite. Il est considéré par certains auteurs comme une céramique biologique.
Macroscopiquement, il possède une architecture de résistance aux forces occlusales. L'émail
constituant le pourtour de la table occlusale s'oppose à l'écartement des cuspides lors de
l'impact occlusal. Il assure la rigidité de la couronne (fig. 4.59).
Microscopiquement, les monocristaux d'hydroxyapatite, nanostructures de l'émail, sont assem-
blés pour former des cristallites. Dans l'émail prismatique, des milliers de cristallites forment
un prisme de 4 à 5 μm de diamètre. Chaque prisme est entouré d'une gaine d'émail inter-
prismatique de 0,5 à 1 μm d'épaisseur. L'angle des cristallites entre prismes et interprismes
est d'environ 60°. Les prismes sont regroupés en bandes organisées en double hélice autour
du noyau interne de dentine et orientés perpendiculairement à la jonction amélo-dentinaire.
Cette organisation confère à l'ensemble une résistance aux forces axiales.
La coque externe que représente l'émail confère à la dent une bonne résistance à l'usure et
aux chocs occlusaux.

Fig.  4.59 La géométrie macroscopique du pourtour amélaire confère à la dent une résistance aux
forces occlusales qui tendent à écarter les cuspides.
Anatomie fonctionnelle 4

Application clinique : odontologie restauratrice


La perte des crêtes marginales, suite à des lésions carieuses ou à des préparations, fragilise considérable-
ment la dent.
La perte de résistance est évaluée à 46 % pour une cavité occluso-mésiale ou occluso-distale, et à 63 %
pour une cavité mésio-occluso-distale. Elle engendre une augmentation de la flexion cuspidienne et, par
conséquent, un risque de fracture coronaire.
En présence d'une importante perte de substance, pour restaurer un comportement biomécanique favo-
rable, il faudra soit envisager le recouvrement des cuspides pour éviter l'effet de coin, soit employer une
technique de restauration adhésive.

C. Jonction amélo-dentinaire
La jonction amélo-dentinaire constitue une véritable barrière à la propagation de fissures pro-
venant de l'émail. Sa ténacité est 5 à 10 fois supérieure à celle de l'émail. Malgré sa faible

Connaissances
épaisseur, la jonction amélo-dentinaire est une grande surface de transition entre l'émail et la
dentine. Des fibres de collagène de type I provenant de la dentine traversent l'interface pour
venir s'insérer dans l'émail (fig. 4.60).

271

Fig. 4.60 Coupe vestibulo-linguale fine d'une canine maxillaire montrant les différents tissus constitu-
tifs de la dent.

D. Dentine
La dentine est composée de 50 % d'hydroxyapatites, 27 % de protéines et 23 % de fluides.
Son degré de minéralisation est comparable à celui de l'os, mais bien inférieur à celui de
l'émail.
La dentine est constituée de trois types de structures :
• les canalicules dentinaires sont parallèles et traversent la dentine de la jonction dentino-­
pulpaire, jusqu'aux jonctions amélo-dentinaire et cémento-dentinaire. La densité et le dia-
mètre des canalicules augmentent avec la profondeur (15 000 canalicules/mm2 au niveau
de la jonction amélo-dentinaire et 45 000  canalicules/mm2 à la périphérie pulpaire). Les
canalicules contiennent les prolongements odontoblastiques ;
Anatomie dentaire

• la dentine intercanaliculaire résulte de la transformation de la prédentine en dentine. Elle


s'accompagne du retrait des corps des odontoblastes en direction pulpaire. Sa formation
s'effectue donc au détriment du volume pulpaire ;
• la dentine péricanaliculaire est une structure dense et homogène que l'on retrouve autour
du prolongement de l'odontoblaste, sur les parois canaliculaires.
La rigidité étant liée à la concentration d'apatite, la dentine est moins rigide que l'émail
(19,7 GPa pour la dentine, 64 GPa pour l'émail). En revanche, elle est plus tenace grâce à la
structure de son réseau de collagène.
La rigidité de la dentine diminue et sa ténacité augmente en direction pulpaire.
L'eau joue un rôle essentiel dans le comportement mécanique de la dentine, en constituant une
phase dynamique. La pression hydrostatique intracanaliculaire est d'environ 10 à 28 mm Hg.
La dentine présente un comportement viscoélastique, c'est-à-dire une capacité à dissiper les
contraintes. Ainsi, quand la dent est soumise à des forces occlusales fonctionnelles de 20 à
120 N, on constate des mouvements de fluides centripètes. À l'inverse, dès le relâchement des
contraintes, les mouvements de fluides sont centrifuges.

Application clinique : endodontie


Le traitement d'une pathologie pulpaire implique généralement l'éviction du tissu pulpaire et son rem-
placement par un matériau d'obturation inerte. L'élimination de la pulpe entraîne la suppression des
pressions hydrostatiques intrapulpaire et intracanaliculaire. Les canalicules dentinaires étant composés
majoritairement de fluides, l'hydrodynamique de la dentine est perturbée. Ce tissu perd en partie ses
272 caractères visco- et poro-élastiques.
Par ailleurs, une dentine déshydratée gagne en rigidité et sa charge de rupture en traction est augmentée.
Mais la déshydratation engendre un comportement plus fragile. Le taux de déformation permanente à la
rupture est divisé par quatre et la ténacité d'une dentine déshydratée est nettement inférieure à celle d'une
dentine hydratée (113 J/m2 contre 554 J/m2).
Ces éléments peuvent expliquer en partie la fréquence des fractures radiculaires des dents dépulpées.
CHAPITRE

5
Anatomie topographique

I. Rapports anatomiques des dents


A. Au maxillaire
1. Sinus maxillaire
Le développement des sinus maxillaires débute à la 12e semaine de vie intra-utérine par une inva-

Connaissances
gination du sac nasal qui progresse lentement au sein de chaque os maxillaire. Plus tardivement,
pendant la vie fœtale, le développement des sinus maxillaires se poursuit à l'intérieur des os maxil-
laires sous forme de diverticules issus de la paroi latérale des cavités nasales. Les sinus maxillaires
sont visibles radiologiquement à partir de l'âge de 5 mois. Leur volume croît considérablement
jusqu'à 12 ans, puis plus lentement pour atteindre leur taille définitive vers l'âge de 15 ans.
Le sinus maxillaire, ou antre de Highmore, est une cavité pneumatique creusée dans le corps
de chaque os maxillaire. C'est la cavité la plus volumineuse du massif facial. Chez l'adulte, le
sinus maxillaire a une capacité moyenne de 12 cm3. Cependant, la taille et la morphologie du 273
sinus sont variables d'un individu à l'autre, et d'un côté à l'autre chez un même individu, avec
des valeurs extrêmes allant de 5 à 20 cm3.
Dans l'ensemble, la cavité sinusienne est régulière. Elle peut cependant présenter des cloison-
nements. Elle est recouverte d'une membrane de type respiratoire relativement peu adhérente
à l'os. Cette membrane peut s'épaissir en présence d'une pathologie sinusienne.
De nombreuses hypothèses ont été émises concernant les rôles du sinus maxillaire : réduction
du poids du massif facial, réchauffement et humidification de l'air inspiré, isolation thermique
du cerveau, production de mucus, olfaction, résonance, amortissement lors des traumatismes
faciaux. Or, il semblerait que les sinus maxillaires résultent uniquement de l'évolution de l'Homme.
Chaque sinus maxillaire a la forme d'une pyramide à base triangulaire.
Sa paroi antéro-latérale, réduite à une mince pellicule osseuse au sein de laquelle chemine le
pédicule alvéolaire supéro-antérieur, présente la fosse prémolaire qui est la partie la plus concave
de cette face. Elle est située en regard des apex des prémolaires maxillaires. Elle est bordée en
avant par la bosse canine qui est l'empreinte laissée sur la table osseuse par la racine de la canine.

Application clinique : chirurgie


Dans certains cas de résorption importante, la faible hauteur osseuse résiduelle dans les secteurs maxil-
laires latéraux n'autorise pas la mise en place d'implant. Il faut alors recourir, au préalable, à l'augmentation
osseuse au niveau du plancher sinusien par apport de matériau de complément.
Caldwell en 1893 et Luc en 1898 ont décrit un accès au sinus par voie latérale ou antrostomie, qui consiste,
après avoir décollé la muqueuse alvéolaire, à pratiquer une fenêtre osseuse pouvant s'étendre de la canine
à la première molaire (sinus lift). La muqueuse sinusienne peut alors être soulevée délicatement sous
contrôle visuel, dans le tiers inférieur du sinus, afin d'y introduire le matériau de comblement (fig. 5.1).

Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

Fig. 5.1 Face antéro-latérale du maxillaire droit.

La paroi inférieure, ou plancher, correspond à la partie la plus déclive du sinus maxillaire. Elle
forme une gouttière plus ou moins large. Elle est située à 15 mm environ au-dessus du collet
des dents maxillaires. Les apex des molaires et prémolaires font une saillie plus ou moins mar-
quée au niveau de ce plancher.
274 Généralement, une mince couche de tissu spongieux sépare les apex des molaires et prémo-
laires de la cavité antrale. Ce tissu est parfois déhiscent, mettant alors en contact direct les
apex et la muqueuse sinusienne.

Application clinique : chirurgie


Au sein de la paroi inférieure du sinus, transite l'artère alvéolo-antrale qui est une branche importante de
l'artère alvéolaire postéro-supérieure. La lésion de cette artère lors d'un acte chirurgical peut générer des
saignements.

Le plancher du sinus maxillaire est centré sur la deuxième prémolaire et la première molaire
maxillaires. Ces dents, dont les racines peuvent faire saillie dans la cavité sinusienne, sont
appelées « dents antrales » ou « dents procidentes ». Elles entretiennent des rapports étroits
avec le sinus dont le plancher vient se mouler sur les apex, et sont parfaitement visibles en
endoscopie ou lors d'un acte chirurgical endosinusien.
En fonction du volume du sinus, le plancher peut également être en relation avec la première
prémolaire, la canine et les deux dernières molaires maxillaires.
Anatomie topographique 5

Application clinique
Les sinusites maxillaires d'origine dentaire résultent de la propagation d'un processus inflammatoire ou
infectieux d'une dent antrale vers la muqueuse sinusienne. On peut ainsi citer les pathologies infectieuses
péri-apicales aiguës ou chroniques, mais également les tumeurs bénignes odontogéniques.
La réalisation d'un traitement ou d'une chirurgie endodontique sur une dent antrale est fréquemment à
l'origine de complications iatrogéniques : dépassement d'instruments ou de matériau d'obturation au-delà
de l'apex, corticotomie, projection endosinusale à la suite d'une obturation a retro (fig. 5.2).
L'avulsion d'une dent antrale peut parfois provoquer une communication bucco-sinusienne. La présence
de bulles d'air dans l'alvéole en est le premier signe et doit interpeller le praticien.
De même, l'avulsion mal contrôlée d'une dent antrale peut être à l'origine de la projection de la dent ou
d'un fragment dentaire dans le sinus. Il est alors impératif, après localisation radiologique, de tenter de
récupérer la dent, ou éventuellement de différer l'intervention si un abord latéral du sinus s'avère nécessaire.

Connaissances
275

Fig. 5.2 Dépassement de matériau d'obturation au-delà de l'apex de la racine linguale de la première


molaire maxillaire gauche (26) lors d'un traitement endodontique.

2. Cavités nasales
Les cavités nasales sont paires et symétriques, séparées l'une de l'autre par une mince cloi-
son médiane, le septum nasal osseux. Elles représentent le début des voies respiratoires et
contiennent l'organe olfactif. Elles sont recouvertes d'une muqueuse de type respiratoire.
Elles sont situées (fig. 5.3 et 5.4) :
• en dessous de la fosse crânienne antérieure ;
• au-dessus de la cavité orale ;
• en dedans des cavités orbitaires et des sinus maxillaires.
De forme irrégulière et grossièrement parallélépipédique, les cavités nasales s'ouvrent en
avant, par l'ouverture piriforme et, en arrière, dans le nasopharynx, par les choanes.
Chaque cavité nasale est constituée de neuf os : l'os maxillaire, l'os lacrymal, l'os sphénoïde,
l'os palatin, l'os frontal, l'os nasal, le vomer, l'os ethmoïde et le cornet nasal inférieur.
Les parois du squelette ostéo-cartilagineux des cavités nasales sont tapissées d'une muqueuse
qui leur confère deux grandes fonctions :
Anatomie dentaire

Fig. 5.3 Situation des cavités nasales au sein du massif facial supérieur.

Sinus maxillaire

Cavité nasale
276

Fig. 5.4 Coupe axiale du massif facial supérieur passant par les sinus maxillaires et les cavités nasales.

• respiratoire : les cavités nasales constituent la partie initiale des voies aériennes de l'ap-
pareil respiratoire. Leur rôle est de filtrer, réchauffer et humidifier l'air inspiré grâce à la
muqueuse, et de rejeter les corps étrangers qui y sont retenus ;
• sensorielle  : les cavités nasales contiennent l'organe de l'olfaction. Grâce à ses cellules
spécialisées, la muqueuse olfactive reconnaît la composition chimique des constituants de
l'air inspiré et les transforme en signaux. Ces signaux sont véhiculés par le nerf olfactif vers
le bulbe olfactif et les centres nerveux.
Les cavités nasales ont également un rôle accessoire, en tant que cavités aériennes, dans la phonation.
Les incisives et canines maxillaires entretiennent des rapports de contiguïté avec la paroi inférieure
des cavités nasales. Les apex de ces trois dents sont à 5 mm environ du plancher des cavités nasales.

B. À la mandibule
1. Anatomie topographique des molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont implantées dans la partie postérieure du corps mandibulaire.
La troisième molaire peut parfois se situer à la jonction entre le corps et la branche mandi-
bulaires. Dans cette région, l'épaisseur de la corticale osseuse est conséquente. Sur le versant
vestibulaire, celle-ci est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou crête buccinatrice, qui
Anatomie topographique 5
s'étend du bord antérieur de la branche mandibulaire jusqu'au tubercule mentonnier (fig. 5.5).
Dans la région molaire, cette ligne qui donne insertion au muscle buccinateur est particulière-
ment bien individualisée (fig. 5.6).

Connaissances
Fig. 5.5 Crête buccinatrice passant sur la corticale vestibulaire dans la région molaire.

277

Fig. 5.6 Crête mylo-hyoïdienne passant sur la corticale linguale dans la région molaire.

Application clinique : évolution des infections d'origine endodontique


L'infection d'origine endodontique peut être localisée à la région péri-apicale mais elle peut également être
à l'origine de complications cellulaires (cellulite) ou osseuses (fistule).
Les cellulites aiguës peuvent se présenter sous plusieurs formes cliniques en fonction de paramètres anatomiques :
• la molaire causale : le siège de la collection diffère selon que la dent causale est la première, la deuxième
ou la troisième molaire ;
• la distance séparant les apex des corticales vestibulaire et linguale : les apex des deuxième et troisième molaires
sont généralement plus proches de la corticale linguale. Le processus infectieux évoluera donc préférentielle-
ment en direction linguale. À l'inverse, les apex de la première molaire sont généralement plus proches de la
corticale vestibulaire. Le processus infectieux évoluera donc préférentiellement en direction vestibulaire ;
• la position des apex par rapport aux lignes oblique (versant vestibulaire) et mylo-hyoïdienne (versant lin-
gual) : si les apex se situent au-dessus de la ligne mylo-hyoïdienne, l'œdème affectera la région sublinguale. Si
les apex se situent en dessous de la ligne mylo-hyoïdienne, l'œdème affectera la région sous-mandibulaire ;
• la profondeur du vestibule : les apex des molaires mandibulaires se situent en dessous de la ligne de
réflexion de la muqueuse alvéolaire. L'extension du processus infectieux évoluera donc préférentielle-
ment vers une cellulite génienne basse plutôt que vers une fistule.
Anatomie dentaire

Application clinique : résection des apex des molaires mandibulaires


La fréquence du recours à des résections des apex des molaires semble corrélée à la complexité de la
morphologie des canaux.
Accès aux apex
L'importante épaisseur de la corticale vestibulaire, dans la région molaire, complique le repérage de l'apex
causal à traiter. De plus, de la première à la troisième molaire, la ligne oblique se rapproche du collet et les
apex s'éloignent de la corticale vestibulaire pour se rapprocher de la corticale linguale.
La trépanation doit être effectuée dans une zone où l'épaisseur osseuse est moindre. Certains auteurs décrivent
un abord dans la région osseuse la plus proche du collet qui est considérée comme une « zone de sécurité ».
En présence d'une corticale vestibulaire trop épaisse, certains auteurs préconisent l'accès par voie linguale.
Cette voie d'abord reste cependant exceptionnelle et doit être envisagée avec d'extrêmes précautions, en
raison de la présence du muscle mylo-hyoïdien et des éléments nobles du plancher buccal, mais surtout
du passage du nerf lingual sur le versant lingual du rempart alvéolaire des deuxième et troisième molaires.
Proximité du pédicule alvéolaire inférieur
La distance séparant les apex des molaires mandibulaires et le pédicule alvéolaire inférieur est très variable et ce
dernier est généralement déporté en position linguale, ce qui explique le faible risque de lésion du nerf lors d'une
résection. Malgré tout, il est indispensable de localiser le canal mandibulaire par l'imagerie avant toute intervention.
Dans certains cas de figure, le foramen mentonnier peut être distalé et se situer à l'aplomb des apex de la
première molaire. Le praticien doit garder à l'esprit l'existence de cette localisation afin de ne pas confondre
le foramen et une éventuelle lésion apicale touchant la première molaire.

278
2. Pédicule alvéolaire inférieur
L'environnement anatomique noble des molaires mandibulaires est principalement constitué
du pédicule alvéolaire inférieur. Ce pédicule comporte le nerf alvéolaire inférieur, branche
sensitive du nerf mandibulaire qui donne les rameaux assurant l'innervation des molaires et
prémolaires, ainsi que l'artère et la veine alvéolaires inférieures. Il chemine au sein de l'os spon-
gieux du corps mandibulaire, sans être protégé par un véritable « canal » avec une corticale.
Par ailleurs, la trabéculation de l'os spongieux de la région molaire est lâche et présente sou-
vent de nombreuses vacuoles. Cette structure rend le pédicule alvéolaire inférieur vulnérable
aux différents éléments mécaniques ou chimiques pouvant l'atteindre (fig. 5.7).

Fig. 5.7 Pédicule alvéolaire inférieur cheminant au sein de l'os spongieux du corps mandibulaire.
Anatomie topographique 5
Le nerf et les vaisseaux alvéolaires inférieurs cheminent dans le canal mandibulaire qui parcourt
le corps mandibulaire et s'étend du foramen mandibulaire en arrière au foramen mentonnier
en avant en décrivant une courbe à concavité antéro-supérieure.
La distance entre les apex des molaires mandibulaires et le pédicule est variable d'un individu
à l'autre, et d'un côté à l'autre chez un même individu. Les rapports des apex de la deuxième
et de la troisième molaires avec le nerf sont généralement inférieurs à 1 mm, alors que pour la
première molaire, ces rapports varient entre 1 et 4 mm avec, dans certains cas, des décalages
transversaux importants.

Application clinique : traitement des canaux radiculaires


et complication des dépassements de matériau d'obturation
La principale complication liée au dépassement de matériau lors du traitement des canaux radiculaires
d'une molaire mandibulaire est l'atteinte du nerf alvéolaire inférieur qui peut se traduire principalement
par des manifestations à type de paresthésie, voire d'anesthésie labio-mentonnières. Les paresthésies
peuvent être définies comme une perturbation de la conduction sensitive associant une diminution de la

Connaissances
sensibilité et des sensations conjointes surajoutées anormales. Elles se manifestent tantôt par une sensa-
tion de picotements permanents au niveau de la lèvre inférieure, tantôt par des décharges de fréquence
variable. L'anesthésie, elle, signe une atteinte irréversible du nerf.
Ces lésions peuvent être d'origine :
• chimique en raison de la présence, à proximité du nerf, de produits cytotoxiques employés lors de la
préparation des canaux (irrigation, médication…) ou de l'obturation ;
• mécanique, lors du passage d'instruments de travail endodontiques au-delà de l'apex ;
• thermique suite à un défaut de maîtrise des techniques d'obturation par thermo-compactage.
Tous ces facteurs ont en commun le non-respect de l'anatomie des canaux radiculaires s'accompagnant 279
d'un dépassement de matériau ou de solution au-delà de la constriction apicale et une proximité de ces
agents avec le pédicule alvéolaire inférieur.
Dans les cas de proximité entre le pédicule et les racines, les risques de lésion nerveuse ou artérielle, à la suite
d'une diffusion de matériau endodontique, sont augmentés. Ces cas doivent être appréciés radiologiquement
avant d'entreprendre un traitement endodontique. Même si la distance séparant le pédicule des apex est plus
importante, les risques de lésions existent en raison de la diffusion aisée des produits d'irrigation dans la région
molaire. La diffusion étant facilitée par la structure de l'os spongieux, cette atteinte peut même se produire sans
véritable proximité entre les apex et le pédicule mandibulaire, et se manifester très rapidement. C'est ainsi que l'on
peut être confronté à l'apparition précoce d'une paresthésie labio-mentonnière d'origine endodontique, avant
la réalisation de l'obturation d'un canal radiculaire ou en l'absence de dépassement du matériau d'obturation.

3. Branches du nerf alvéolaire inférieur : les nerfs mentonnier et incisif


En regard des apex des prémolaires mandibulaires, le pédicule vasculo-nerveux alvéolaire infé-
rieur se divise en deux branches :
• le nerf mentonnier qui se dirige vers le foramen mentonnier pour devenir extra-osseux et
innerver le menton et la lèvre inférieure ;
• le nerf incisif qui reste intra-osseux et gagne la région incisivo-canine mandibulaire.

Nerf mentonnier
Depuis la division du nerf alvéolaire inférieur, le nerf mentonnier peut présenter deux types de trajets :
• un trajet rétrograde : le pédicule est souvent profond. Il forme une boucle antérieure,
puis revient en arrière et en dehors pour émerger au voisinage de l'apex de la deuxième
prémolaire. L'orifice d'émergence a un aspect circulaire et de petite taille. Cette boucle est
bien visible sur une radiographie rétro-alvéolaire de bonne qualité ;
• un trajet direct  : le pédicule se rapproche progressivement de la corticale externe ;
il ­l'affleure en émettant le pédicule mentonnier, puis replonge dans la mandibule.
Anatomie dentaire

Nerf incisif
Cette branche constante a été longtemps ignorée de tous du fait qu'elle est difficilement
visible sur les clichés radiographiques pour des raisons anatomiques.
Le nerf incisif poursuit le trajet initial du nerf alvéolaire inférieur vers la région symphysaire
pour se terminer au niveau de l'incisive centrale mandibulaire.
Depuis son origine, ce nerf, qui est généralement plus proche de la table interne, peut présen-
ter deux types de trajet :
• un trajet curviligne, décrivant une courbe à concavité postéro-supérieure de laquelle partent
les rameaux dentaires ;
• un trajet en chandelier, avec un tronc principal rectiligne et des branches dentaires qui
partent verticalement.

II. Innervation et vascularisation des dents


A. Dents maxillaires
1. Innervation
Le nerf maxillaire (V2) naît du ganglion trigéminal entre le nerf ophtalmique et le nerf mandi-
bulaire. Il repose sur la face supérieure de la grande aile du sphénoïde, se dirige vers le fora-
men rond qu'il traverse pour déboucher dans la fosse ptérygo-palatine. Il traverse cette fosse
obliquement en bas et en dehors pour se poursuivre au niveau de la gouttière infra-orbitaire
par le nerf infra-orbitaire.
280 Ce nerf est sensitif pour les régions infra-orbitaire, nasale et orale supérieure et pour les dents
maxillaires.
Nous ne retenons ici que les branches impliquées dans l'innervation des dents.

Nerf alvéolaire supéro-postérieur


Le nerf alvéolaire supéro-postérieur naît du nerf maxillaire lors de son passage dans la fosse
ptérygo-palatine. Il est constitué de deux ou trois filets qui abordent la partie p
­ ostéro-supérieure
de la tubérosité maxillaire et se divisent en branches externes et internes.
La face latérale de la tubérosité est recouverte par le prolongement supérieur de l'aponévrose
buccinatrice qui plaque ainsi le pédicule vasculo-nerveux contre la tubérosité maxillaire.
Les branches externes glissent sur l'aponévrose buccinatrice pour se distribuer aux muqueuses
gingivale et orale maxillaires.
Les branches internes pénètrent dans l'os maxillaire pour se distribuer à la muqueuse sinu-
sienne et aux molaires maxillaires.
Dans un certain nombre de cas, lorsque le nerf alvéolaire supéro-moyen existe, il peut assurer
l'innervation de la racine mésio-vestibulaire de la première molaire.

Application clinique : analgésie


Le pédicule vasculo-nerveux alvéolaire supéro-postérieur étant plaqué sur la face latérale du périoste
tubérositaire par le prolongement supérieur de l'aponévrose buccinatrice, il ne faut jamais rechercher le
contact osseux lors d'une infiltration, au risque de provoquer une vive douleur et des hématomes post­
opératoires, puisque le pédicule ne peut fuir l'aiguille.
Lorsque les racines des molaires sont divergentes, le sinus maxillaire s'immisce le plus souvent entre les
racines vestibulaires et la racine palatine, ce qui rend impossible l'analgésie de la racine linguale par une
simple infiltration para-apicale. Cette disposition anatomique est facilement repérable sur une simple
radiographie rétro-alvéolaire.
Anatomie topographique 5
Nerf alvéolaire supéro-moyen
Le nerf alvéolaire supéro-moyen est inconstant. Il naît du nerf infra-orbitaire dans le canal
infra-orbitaire. Depuis son origine, le nerf se dirige en bas et en avant, en glissant sur le versant
antéro-inférieur du processus zygomatique du maxillaire pour se distribuer aux prémolaires et,
éventuellement, à la racine mésio-vestibulaire de la première molaire.

Nerf alvéolaire supéro-antérieur


Le nerf alvéolaire supéro-antérieur est constant et naît du nerf infra-orbitaire dans le canal
infra-orbitaire. Il se dirige ensuite obliquement en bas et en dedans vers le cavum nasal, croi-
sant la face antéro-latérale de l'os maxillaire pour se diriger vers les apex de la canine et des
incisives.
Le nerf peut naître plus postérieurement, il effectue alors une boucle pour contourner le fora-
men infra-orbitaire en bas et en dehors, avant de se diriger vers les incisives et la canine. Dans
cette dernière variété, il n'existe pas de nerf alvéolaire supéro-moyen et les rameaux destinés
aux prémolaires naissent de la boucle du nerf.
Comme tous les autres nerfs maxillaires à destinée dentaire, le nerf alvéolaire supéro-antérieur
est très superficiel et facilement infiltrable tout au long de son trajet.

Connaissances
Application clinique : analgésie
Le nerf alvéolaire supéro-antérieur chemine au-delà de l'apex de la canine avant de se diviser en branches
dentaires. L'axe de la canine peut donc être utilisé pour réaliser une infiltration de ce nerf (technique
canine haute) (fig. 5.8).
281

Fig. 5.8 Utilisation de l'axe de la canine pour réaliser une infiltration du nerf alvéolaire supéro-antérieur.

2. Vascularisation
L'artère alvéolaire supéro-postérieure naît de l'artère maxillaire, branche terminale de la caro-
tide externe, au voisinage de la tubérosité (fig. 5.9). Très rapidement, elle donne deux contin-
gents : l'un externe qui se distribue au vestibule et à la gencive de la région molaire, et l'autre
interne qui, pénétrant dans l'os maxillaire, est destiné à la vascularisation de la muqueuse
sinusienne et des molaires.
Anatomie dentaire

Fig. 5.9 Artère alvéolaire supéro-postérieure.

L'artère infra-orbitaire naît de l'artère maxillaire. Elle chemine au sein de l'os maxillaire, en direc-
tion du foramen infra-orbitaire. Sur son trajet, elle donne l'artère alvéolaire ­supéro-antérieure
qui se distribue aux incisives et canines. Tout comme le nerf alvéolaire supéro-moyen,
l'artère alvéolaire supéro-moyenne est inconstante. Lorsqu'elle existe, elle naît de l'artère
infra-­orbitaire dans le canal infra-orbitaire et se distribue aux prémolaires et éventuellement
à la racine mésio-vestibulaire de la première molaire.

282
B. Dents mandibulaires
1. Innervation
Le nerf mandibulaire (V3) constitue la plus grosse branche terminale du nerf trijumeau. Ce nerf
mixte naît du bord antéro-latéral du ganglion trigéminal pour se diriger en avant et en dehors
et traverser le foramen ovale. Dès sa sortie du foramen ovale, dans la fosse infra-temporale, le
nerf se divise en deux branches principales :
• le tronc terminal antérieur qui se dirige en dehors pour donner des branches essentielle-
ment motrices pour les muscles masticateurs et une branche sensitive descendante ;
• le tronc terminal postérieur qui fournit un rameau moteur destiné aux muscles : tenseur
du voile, ptérygoïdien médial et tenseur du tympan. Il donne également des nerfs sensitifs :
les nerfs lingual et alvéolaire inférieur.

Nerf alvéolaire inférieur


Le nerf alvéolaire inférieur, sensitif, est la branche principale du tronc terminal postérieur du
nerf mandibulaire. Après s'être séparé du nerf lingual, il se dirige en bas et en avant pour
pénétrer dans la face médiale de la branche mandibulaire par le foramen mandibulaire. Son
trajet devient alors intra-osseux. Il est accompagné de l'artère et la veine alvéolaires inférieures
pour former le pédicule alvéolaire inférieur. Au sein de la branche, le diamètre du pédicule
est de 3 à 4 mm. Il décrit un trajet curviligne en bas et en avant et arrive au niveau du corps
mandibulaire. Il passe généralement sous les apex dentaires.
Le nerf alvéolaire inférieur chemine au sein du tissu spongieux. Il n'existe pas de corticale autour
du nerf. Les parois du canal sont mal définies, notamment au niveau des premières molaires.
Tout au long de son trajet au sein du corps mandibulaire, le nerf donne des branches destinées
à l'innervation des dents.
Anatomie topographique 5

Applications cliniques
Chirurgie
Du fait de l'édification tardive des racines de la troisième molaire et de la position parfois versée de la dent,
le pédicule entretient des relations particulières avec les apex. Les racines sont fréquemment en contact
avec le pédicule et peuvent aller jusqu'à l'enlacer (fig. 5.10).
Analgésie
L'épaisseur de la corticale mandibulaire explique pourquoi les infiltrations para-apicales sont aléatoires à
la mandibule (fig. 5.11). L'infiltration du nerf alvéolaire inférieur avant son entrée dans le foramen mandi-
bulaire, appelée infiltration régionale, est donc la règle lorsque l'on veut obtenir une analgésie efficace des
molaires (fig. 5.12).

Connaissances
283

Fig. 5.10 Racines de la troisième molaire mandibulaire gauche (38) en contact avec le pédicule alvéo-
laire inférieur.

L'épaisseur de la corticale vestibulaire rend les infiltrations para-apicales inefficaces dans la


région molaire.

Fig. 5.11
Anatomie dentaire

Fig. 5.12 L'analgésie régionale permet d'infiltrer le nerf alvéolaire inférieur avant son entrée dans le
foramen mandibulaire.

Nerf incisif
Dans la région prémolaire, le nerf alvéolaire inférieur se divise en deux branches :
• le nerf mentonnier qui devient extra-osseux et se distribue en éventail à la lèvre et à la joue ;
284 • le nerf incisif qui reste intra-osseux, poursuit le trajet du nerf alvéolaire inférieur et se dirige
vers la symphyse mentonnière. Il donne des branches destinées à l'innervation sensitive des
incisives et canines.

Application clinique : analgésie


L'analgésie des incisives et canines peut être obtenue soit par une infiltration au voisinage du foramen
mentonnier, suivie d'un massage de la région pour faire pénétrer la solution dans le conduit, soit par une
infiltration para-apicale. En effet, bien que le nerf soit en général en situation profonde, les apex dentaires
sont souvent très proches de la corticale vestibulaire, ce qui rend l'infiltration para-apicale possible et
efficace.

2. Vascularisation
L'artère alvéolaire inférieure est une branche descendante de l'artère maxillaire. Elle accom-
pagne le nerf alvéolaire inférieur sur son trajet et se distribue aux dents mandibulaires. Son
diamètre moyen est de 30 à 50/100e de millimètre.
Au niveau du foramen mentonnier, elle donne une branche mentonnière extra-osseuse et une
branche incisive intra-osseuse, destinée à la vascularisation des dents antérieures.
Anatomie topographique 5

Application clinique : analgésie


Lors d'une infiltration régionale mandibulaire, réalisée avec une aiguille dont le diamètre moyen est de
40/100e de millimètre, le risque de passage de l'aiguille dans la lumière vasculaire et d'injection intra-artérielle
est absolument impossible. Il est donc inutile d'« aspirer » avant d'injecter la solution analgésique (fig. 5.13).

Connaissances
285

Fig. 5.13 Dissection de la région du foramen mandibulaire, après avoir injecté le réseau vasculaire au
latex coloré.
Le diamètre de l'aiguille est identique à celui de l'artère alvéolaire inférieure (en vert).
CHAPITRE

6
Guide de reconnaissance

Dents temporaires

I. Incisives temporaires
A. Caractères de classe

Connaissances
• En vue proximale :
– couronne cunéiforme ;
– forte convexité du 1/4 cervical V et L (bourrelet d'émail) ;
– concavité des crêtes marginales dans la moitié occlusale de la face L ;
– inclinaison du 1/3 apical de la racine du côté V.
• En vue V et O : bord libre rectiligne et coupant
287

B. Caractères d'arcade
Incisive maxillaire Incisive mandibulaire
Vue occlusale ∅ MD > ∅ VL ∅ MD < ∅ VL
Vue vestibulaire ∅ MD > hauteur coronaire ∅ MD < hauteur coronaire
Angle D arrondi Dent symétrique
Vue linguale Cingulum volumineux Cingulum peu volumineux
Fosse linguale marquée Fosse linguale peu marquée

C. Caractères d'espèce et de latéralité


1. Incisives maxillaires
L'incisive latérale est globalement plus petite : son diamètre MD et sa hauteur coronaire sont
inférieurs à ceux de l'incisive centrale.

Incisive centrale Incisive latérale


Vue occlusale Bord incisif rectiligne Portion D du bord incisif incurvée en L
Vue vestibulaire Angle D à peine arrondi Angle D plus arrondi
Point de contact D relevé Point de contact D + cervical
Vue linguale Face L parcourue par une crête sur
toute la hauteur

Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire

2. Incisives mandibulaires
Les deux incisives mandibulaires ne peuvent être distinguées l'une de l'autre que si les carac-
tères anatomiques sont marqués. Il est généralement difficile de distinguer l'espèce et la laté-
ralité, surtout sur des spécimens isolés.

Incisive centrale Incisive latérale


Vue occlusale Bord incisif rectiligne Portion D du bord incisif incurvée en L
Vue vestibulaire Angles M et D vifs Angle D plus arrondi
Point de contact D occlusal Point de contact D + cervical
Contour D rectiligne Contour D plus convexe
Couronne symétrique Couronne asymétrique
Vue distale Dépression longitudinale sur la face D
de la racine (inconstant)

Pour déterminer la latéralité des incisives temporaires :


• l'angle D est plus arrondi que l'angle M en vue vestibulaire ;
• le cingulum est déporté du côtén D.

288
II. Canines temporaires
A. Caractères de classe
• Couronne cunéiforme.
• Monocuspidée.

B. Caractères d'arcade

Canine maxillaire Canine mandibulaire


Vue occlusale Dent plus aplatie dans la direction VL
Vue vestibulaire ∅ MD coronaire > ∅ MD cervical ∅ MD coronaire > ∅ MD cervical
Couronne en « fer de lance » Couronne élancée
Faces proximales très divergentes Faces proximales peu divergentes
Sommet cuspidien déporté en D Sommet cuspidien déporté en M

C. Caractères de latéralité
Pour déterminer la latéralité des canines temporaires :
• sommets cuspidiens déportés  : en  D pour la canine maxillaire et en  M pour la canine
mandibulaire ;
• pour la canine maxillaire, point de contact M situé à mi-hauteur de la couronne, point de
contact D plus occlusal.
Guide de reconnaissance 6

III. Molaires temporaires


A. Caractères de classe
• Dents pluriradiculées.
• Racines très divergentes et arquées permettant de loger le germe de remplacement.

B. Caractères d'arcade
• Molaires maxillaires : trois racines (deux racines V et une racine L).
• Molaires mandibulaires : deux racines (une racine M et une racine D).

C. Caractères d'espèce

Connaissances
Pour les deux arcades, la première molaire temporaire est une dent atypique, tandis que la
deuxième molaire temporaire présente des caractères anatomiques de la première molaire
permanente.

1. Molaires maxillaires
Première molaire Deuxième molaire
Vue occlusale Morphologie intermédiaire entre celle de la 1re prémolaire et Morphologie proche de la 1re molaire 289
celle de la 1re molaire permanente permanente
Généralement une cuspide V et une cuspide L. Parfois deux
petites cuspides supplémentaires en D
Table occlusale rectangulaire à grand axe MD
Forte convexité MV de la ligne du plus grand contour
Vue proximale Forte convexité du 1/3 cervical
Constriction cervicale
Vue vestibulaire Tronc radiculaire court

2. Molaires mandibulaires
Première molaire Deuxième molaire
Vue occlusale Morphologie intermédiaire entre Morphologie proche de la 1re molaire
celle de la 1re prémolaire permanente
et celle de la 1re molaire permanente
Généralement deux cuspides V et deux ∅ MD > ∅ VL
cuspides L. Parfois une petite cuspide
DV supplémentaire
Table occlusale losangique
déportée en L
Vue proximale Forte convexité du 1/3 cervical
Constriction cervicale
Vue vestibulaire Tronc radiculaire court
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D. Caractères de latéralité
Les caractères de latéralité des Premières molaires maxillaire et mandibulaire sont présentés
dans le tableau ci-dessous.

Première molaire maxillaire Première molaire mandibulaire


Vue occlusale Convexité MV de la ligne de plus grand contour Convexité MV de la ligne de plus grand contour
Cuspides D + petites Petite cuspide DV
Contour D + convexe
Vue vestibulaire Couronne + haute du côté M Couronne + haute du côté M
Point de contact M plus occlusal Contour D + convexe

Les caractères de latéralité des deuxièmes molaires temporaires sont les mêmes que ceux des
premières molaires permanentes.

Dents permanentes

I. Incisives permanentes
290 A. Caractères de classe (fig. 6.1)
V

D M
11 11 11

L
V L D M

M V

Fig. 6.1 Caractères de classe des incisives.


Incisive Canine
Dent monoradiculée
Vue proximale Couronne cunéiforme
Contour lingual de la couronne : Crêtes marginales convexes
– convexité cingulaire dans la moitié cervicale
– concavité des crêtes marginales dans la moitié occlusale
Contour vestibulaire de la couronne :
– convexité accusée dans la moitié cervicale
Vue occlusale Bord incisif coupant, rectiligne dans la direction MD et épais Cuspide = pyramide à quatre côtés,
surface d'usure losangique

Les caractères des canines apparaissent ici pour préciser ce qui différencie les incisives par rapport aux canines.
Guide de reconnaissance 6

B. Caractères d'arcade (fig. 6.2)

11 V
V
+
11
11
D M D M D M
L L
V
V V

++
D M M+ D M 41 D
41

L L
41

Fig. 6.2 Caractères d'arcade des incisives.

Connaissances
Incisive maxillaire Incisive mandibulaire
Vue occlusale ∅ MD > ∅ VL ∅ MD < ∅ VL
Dent asymétrique Dent symétrique
Portion D du bord incisif incurvée Bord incisif rectiligne
Vue vestibulaire En série descendante (11 > 12) En série ascendante (41 < 42)
Hauteur coronaire ≈ ∅ MD Hauteur coronaire > ∅ MD 291

Bord incisif arrondi du côté D Bord incisif rectiligne


Vue linguale Reliefs L nets et délimités (fosse L, Reliefs L peu marqués et mal délimités
crêtes marginales, cingulum)
Coupe cervicale Ronde ou triangulaire, contours Ovalaire à grand axe VL, contours
proximaux convexes proximaux plats ou concaves

C. Caractères d'espèce et de latéralité


1. Incisives maxillaires (fig. 6.3)

D 11 12 11/12 M

V V

11 12
D M D 12 M
11
L L

Fig. 6.3 Caractères d'espèce et de latéralité des incisives maxillaires.


Anatomie dentaire

Incisive centrale Incisive latérale


Vue occlusale ∅ MD > ∅ VL ∅ MD ≥ ∅ VL
Contour V allongé dans la direction MD Contour V arrondi
Portion D du bord incisif incurvée Bord incisif arrondi et concave du côté L
Vue vestibulaire ∅ MD ≈ hauteur coronaire Hauteur coronaire > ∅ MD
Surface coronaire régulièrement convexe Surface coronaire fortement convexe
Bord incisif relevé du côté  D Bord incisif arrondi
Point de contact D au 1/3 occlusal Point de contact D au 1/3 moyen
Coupe cervicale Triangulaire Ovalaire à grand axe VL ou ronde

2. Incisives mandibulaires (fig. 6.4)


Les incisives centrale et latérale mandibulaires ne peuvent être distinguées l'une de l'autre que
dans la mesure où leurs caractères anatomiques sont marqués. En règle générale, il est très
difficile pour l'observateur de distinguer l'espèce et la latéralité, surtout sur des dents isolées.

41 42
D M M D

41 V 42 L

292 Fig. 6.4 Caractères d'espèce et de latéralité des incisives mandibulaires.

Incisive centrale Incisive latérale


Vue occlusale Dent très symétrique Dent asymétrique
Cingulum centré Cingulum légèrement déporté en D
Bord incisif rectiligne Torsion DL du bord incisif
Vue vestibulaire Point de contact D au 1/4 occlusal Point de contact D au 1/3 occlusal

II. Canines permanentes


A. Caractères de classe (fig. 6.5)

13 D M 13
13

V L L D M

M V

Fig. 6.5 Caractères de la classe des canines.


Guide de reconnaissance 6

Canines Incisives
Dent monocuspidée et généralement monoradiculée
Vue proximale Couronne cunéiforme
Contour lingual de la couronne : Contour lingual de la couronne :
– convexité cingulaire dans la moitié cervicale – convexité cingulaire dans la moitié
– convexité des crêtes marginales dans la moitié occlusale cervicale
– concavité des crêtes marginales
dans la moitié occlusale
Convexité régulière du contour vestibulaire de la couronne
Vue occlusale Cuspide = pyramide à quatre côtés, donc surface d'usure Bord incisif rectiligne dans la direction
losangique MD, donc surface d'usure rectiligne
Vue vestibulaire Présence d'une arête sur toute la hauteur de la face vestibulaire

B. Caractères d'arcade (fig. 6.6)


V

Connaissances
13 13

D M L
V
43
V 43

L 293
V V

D 13 M M 43 D

L L

Fig. 6.6 Caractères d'arcade des canines.

Canine maxillaire Canine mandibulaire


Monoradiculée Parfois bifide ou biradiculée
Vue vestibulaire Couronne en forme de fer de lance Couronne élancée
Divergence marquée des contours coronaires Faible divergence des contours coronaires
proximaux proximaux
Acuité cuspidienne marquée Acuité cuspidienne réduite
Arête V bien marquée sur toute la hauteur coronaire Surface V coronaire régulièrement convexe
Jonction racine–couronne marquée Jonction racine–couronne effacée
Vue occlusale ∅ VL > ∅ MD ∅ VL > ∅ MD
Sommet cuspidien déporté du côté V de la table
occlusale
Vue proximale Axe corono-radiculaire rectiligne ou à concavité V Axe corono-radiculaire courbe à concavité L
Face V peu inclinée Face V inclinée
Convexités du contour lingual marquées Convexités du contour lingual présentes mais atténuées
Coupe au collet Ovalaire à grand axe VL Ovalaire à grand axe VL
Contour proximaux convexes Contours proximaux aplatis, souvent concaves,
notamment en présence d'une canine bifide
Anatomie dentaire

C. Caractères de latéralité (fig. 6.7)

V
43
13

D M D M

V V

D M M D
13 43

L L

Fig. 6.7 Caractères de latéralité des canines.

Canines maxillaire et mandibulaire


Vue vestibulaire Sommet cuspidien déporté du côté M
294 Arête cuspidienne D plus longue et plus inclinée que l'arête cuspidienne M
Point de contact M plus occlusal que le point de contact D
Jonction racine–couronne plus fermée du côté D
Vue occlusale Ligne du plus grand contour marquée d'une forte convexité MV

Erreur courante
La canine mandibulaire est souvent confondue avec l'incisive latérale maxillaire, en particulier quand sa
cuspide est usée. Pour les différencier, il faut observer la surface d'usure : une forme losangique traduit
l'usure de la cuspide de la canine, une forme rectiligne évoque celle du bord libre de l'incisive.

A. Caractères de classe
• Elles occupent les sites 4 et 5 de l'hémi-arcade.
• Elles comportent au moins deux cuspides, mais toujours une seule du côté vestibulaire. Si
une cuspide supplémentaire est présente, elle se situe toujours du côté lingual.

III. Prémolaires
Guide de reconnaissance 6

B. Caractères d'arcade (fig. 6.8)

V V
45
14
D M M D

L L

45
V 14 L V L

M M

Connaissances
Fig. 6.8 Caractères d'arcade des prémolaires.

Prémolaires maxillaires Prémolaires mandibulaires


Vue occlusale ∅ VL > ∅ MD ∅ VL ≥ ∅ MD
Cuspides de même développement Cuspide V plus développée 295
Sillon principal centré Sillon principal situé au 1/3 L
de la table occlusale
Table occlusale déportée en V Table occlusale déportée
en L
Vue linguale Sommet cuspidien L déporté en M Une ou deux cuspides L de taille
réduite
Vues proximales Cuspides de hauteurs comparables Cuspide V plus haute
Table occlusale faiblement Table occlusale fortement
inclinée en L inclinée en L
Maximums de convexité V et L situés Maximum de convexité V situé
dans le 1/3 cervical cervicalement
Maximum de convexité L situé
occlusalement
Contour L + incliné Contour V + incliné
Contour L en surplomb
Coupe au collet Allongée dans la direction VL Arrondie ou allongée dans la direction VL
Anatomie dentaire

C. Caractères d'espèce
1. Prémolaires maxillaires (fig. 6.9)

V V
V

14 15
D 14 M
D M D M
V
L
L L
15
D M

M
14 15
14
V L V L

Fig. 6.9 Caractères d'espèce des prémolaires maxillaires.


296

Première prémolaire Deuxième prémolaire


Vue vestibulaire Cuspide V aiguë Cuspide V plus émoussée
Vue occlusale Caractères anatomiques marqués, Caractères anatomiques peu marqués,
dent anguleuse dent globuleuse
Ligne du plus grand contour Ligne du plus grand contour
asymétrique faiblement asymétrique
Face occlusale pentagonale Face occlusale ovalaire
Crête marginale M coupée Pas de sillon accessoire
par un sillon accessoire
Vues proximales Cuspide L plus courte Cuspides V et L de même hauteur
Table occlusale inclinée en L Table occlusale très inclinée en L
Concavité de la surface coronaire M Pas de concavité de la surface
coronaire M
Biradiculée (une racine V et une racine L) Monoradiculée
Guide de reconnaissance 6
2. Prémolaires mandibulaires (fig. 6.10)

44
44
V L
+
M
M D
45
M D
45

45 L
+ V L

Fig. 6.10 Caractères d'espèce des prémolaires mandibulaires.

Connaissances
Première prémolaire Deuxième prémolaire
Vue vestibulaire Cuspide V aiguë Cuspide V + émoussée
Dent caniniforme Dent molariforme
Vue occlusale Caractères anatomiques marqués Caractères anatomiques peu marqués
Bicuspidée Souvent tricuspidée
Exceptionnellement, face L plus large 297
que la face V
Ligne du plus grand contour fortement Ligne du plus grand contour
asymétrique, plus large du côté D asymétrique, plus étroite du côté D
(exception)
Vues proximales Cuspide L beaucoup plus basse Cuspide L plus basse
Pente occlusale ≈ 45° Pente occlusale ≈ 10–15°
Table occlusale très inclinée en L Table occlusale inclinée en L

D. Caractères de latéralité
1. Prémolaires maxillaires
• Pour les première et deuxième prémolaires maxillaires : sommet de la cuspide L déporté du
côté M.
• Pour la première prémolaire maxillaire : concavité de la surface M de la couronne et sillon
accessoire coupant la crête marginale M.
Anatomie dentaire

2. Prémolaires mandibulaires
• Pour la première prémolaire mandibulaire  : table occlusale nettement plus étroite du
côté M.
• Pour la deuxième prémolaire mandibulaire :
– angle ML de la ligne du plus grand contour arrondi ;
– en vue linguale, crête marginale D constamment plus basse que la crête marginale M et
la plus petite cuspide L est toujours en position DL.

IV. Molaires permanentes


A. Caractères de classe (fig. 6.11)
Les molaires sont des dents pluricuspidées. Elles possèdent au moins trois cuspides dont au
moins deux du côté vestibulaire.

V V

17
46
D M M D

L L
298

Fig. 6.11 Caractères de classe des molaires.

B. Caractères d'arcade (fig. 6.12)

V L 46
16 V L

+ M
M

16
46
V L L V
+

D
D

Fig. 6.12 Caractères d'arcade des molaires.


Guide de reconnaissance 6

Molaire maxillaire Molaire mandibulaire


Vue ∅ VL > ∅ MD ∅ MD > ∅ VL
occlusale Trois cuspides principales disposées en triangle 4 cuspides principales disposées en rectangle
Alignement des arêtes internes des cuspides
ML et DV (crête oblique = pont d'émail)
Vue Table occlusale déportée du côté V Table occlusale déportée du côté L
proximale Maximums de convexité V et L au 1/3 cervical Maximum de convexité V au 1/4 cervical
Maximum de convexité L à la 1/2 occlusale
Contour L plus incliné et plus convexe que le Contour V plus incliné et plus convexe
contour V Contour L en surplomb par rapport à la limite cervicale linguale
Cuspide L broyeuse à sommet arrondi Cuspide V broyeuse à sommet arrondi

C. Caractères d'espèce et de latéralité


1. Molaires maxillaires (fig. 6.13)

Connaissances
M
M

16
17
V L V L
+
-

D D
299
M M

18
16 17
V L
V L
D
18

Fig. 6.13 Caractères d'espèce et de latéralité des molaires maxillaires.

Première molaire Deuxième molaire Troisième molaire


Vue occlusale Ligne du plus grand contour Ligne du plus grand contour
plus large du côté  plus étroite du côté L
L (spécifique)
Divergence linguale Convergence linguale
des faces proximales des faces proximales
Tubercule de Carabelli sur le Pas de tubercule de Carabelli
flanc ML de la cuspide ML
(fréquence variable)
Crête oblique ML/DV Crête oblique peu saillante Nombreux sillons accessoires
saillante (pont d'émail)
Vue vestibulaire Trois racines (deux V et Trois racines (deux V et une L) Trois racines (deux V et une L)
une L) divergentes convergentes, parfois accolées ± fusionnées avec axes
ou ± fusionnées perturbés
Coupe cervicale Plus étroite et aplatie Triangulaire à sommet L Typiquement triangulaire
du côté L à sommet L
Anatomie dentaire

Pour déterminer la latéralité des molaires maxillaires :


• la crête oblique a toujours une direction ML/DV ;
• la racine MV est plus forte que la DV ;
• la face M est plus aplatie et plus large que la face D qui est plus étroite et plus convexe ;
• la face L est la plus inclinée en vue proximale et la table occlusale est déportée du côté V.
Quand les racines sont bien différenciées, tenir la dent par la racine linguale, apex vers le haut,
face vestibulaire en face de vous :
• si la grosse racine est à droite, c'est une dent de droite ;
• si la grosse racine est à gauche, c'est une dent de gauche.

2. Molaires mandibulaires (fig. 6.14)

V V

46 47
M D M D
+ +

L L

V V

M + 46 47 D
48
M D
300 +

L 48

Fig. 6.14 Caractères d'espèce et de latéralité des molaires mandibulaires.

Première molaire Deuxième molaire Troisième molaire


Cinq cuspides (trois V et Quatre cuspides (deux V et Quatre ou cinq cuspides
deux L) deux L)
Vue occlusale Ligne du plus grand contour Ligne du plus grand contour Ligne du plus grand contour
anguleuse avec trois plus arrondie avec forte irrégulière
segments du côté V proéminence MV
Sillons principaux formant Sillons principaux formant Nombreux sillons
un Y une croix accessoires
Vue proximale Deux racines (une M et Deux racines (une M et Deux racines (une M et une
une D) une D) D) ± fusionnées avec des
axes perturbés
Coupe cervicale Plus grande dimension VL Quadrangulaire Typiquement triangulaire
à sommet D

Pour déterminer la latéralité des molaires mandibulaires :


• la racine M est plus forte que la racine D ;
• la face D est plus étroite et plus convexe que la face M ;
• la face V est la plus inclinée en vue proximale et la table occlusale est déportée du côté L.
Guide de reconnaissance 6

Première molaire Deuxième molaire Troisième molaire


Vue occlusale Cuspides V en ordre décroissant Cuspides M plus
de volume de M vers D volumineuses que les
cuspides D
Ligne du plus grand contour plus Proéminence MV de la ligne Surface D plus convexe
étroite et plus convexe du côté D du plus grand contour en tous sens
Vue vestibulaire Cuspide DV plus petite et plus basse
que les deux autres cuspides V
Racine M plus longue et plus
volumineuse
Coupe cervicale Typiquement triangulaire
à sommet D

Connaissances
301
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