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Risques médicaux en odontologie, par C. Scully, trad. Gérard Lévy, 488 pages, 2018.
Dentisterie esthétique : le sourire, par J. B. Levine, 320 pages, 2017.
Dentisterie esthétique : traitements mini-invasifs, par A. Banerjee, trad. Gérard Lévy, 336 pages, 2017.
Orthodontie linguale, par P. Canal, L. Delsol, D. Wiechmann, 288 pages, 2016.
Endodontie – Principes et pratique, par M. Torabinejad, R. E. Walton, A. Fouad, trad. Gérard Lévy, 512 pages, 2016.
Guide clinique d'odontologie, par R. Zunzarren, 2e éd., 336 pages, 2014.
Analyses de laboratoire en odontostomatologie, par R. Caquet, 238 pages, 2012.
Orthodontie de l'enfant et du jeune adulte – Tome 2 - Traitement des dysmorphies et malocclusions, par
M.-J. Boileau, 312 pages, 2012.
Orthodontie de l'enfant et du jeune adulte - Tome 1 - Principes et moyens thérapeutiques, par M.-J. Boileau,
280 pages, 2011.
Atlas d'anatomie implantaire, par J.-F. Gaudy, B. Cannas, L. Gillot, T. Gorce et J.-L. Charrier, 2e éd., 248 pages,
2011.
Odontologie du sujet âgé – Spécificités et précautions, par V. Dupuis et A. Léonard, 192 pages, 2010.
Anatomie dentaire
Françoise Tilotta
Maître de conférences, praticien hospitalier, université Paris Descartes
Alain Lautrou
Professeur émérite, université Paris Descartes
Gérard Lévy
Professeur émérite, université Paris Descartes
Elsevier Masson SAS, 65, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France
Anatomie dentaire, de Françoise Tilotta, Alain Lautrou et Gérard Lévy.
© 2018, Elsevier Masson SAS
ISBN : 978-2-294-75849-2
e-ISBN : 978-2-294-75959-8
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Abréviations
Ø diamètre
ATM articulation temporo-mandibulaire
CPAM caisse primaire d’assurance maladie
CPE caries précoces de l’enfant
D distal
DL disto-lingual
DV disto-vestibulaire
FDI Fédération dentaire internationale
ISO International Organization for Standardization
L lingual
M mésial
MD mésio-distal
ML mésio-lingual
MV mésio-vestibulaire
MV1 premier canal dans la racine mésio-vestibulaire
MV2 deuxième canal dans la racine mésio-vestibulaire
OIM occlusion d’intercuspidation maximale
OMS Organisation mondiale de la santé
V vestibulaire
VL vestibulo-lingual
IX
Glossaire
Abfraction Usure de fatigue qui survient lorsque les Chambre pulpaire Cavité pulpaire coronaire située
contraintes de flexion imposées à la dent sont trop dans la couronne.
importantes. Collet Ligne qui constitue la limite entre la cou-
Abrasion Altération superficielle due au déplacement ronne et la racine. Il correspond à la jonction
de deux corps solides l'un contre l'autre, avec inter- amélo-cémentaire.
position de particules abrasives qui constituent le Corne pulpaire Les cornes pulpaires sont des exten-
troisième corps ou curetage. sions de la chambre pulpaire en direction occlusale.
Apex Extrémité de la racine. Le nombre de cornes pulpaires est variable en fonc-
Arête cuspidienne En géométrie, une arête est une tion des dents. Pour les dents cuspidées, les cornes
droite délimitant deux demi-plans. En anatomie pulpaires se situent généralement en regard des
dentaire, une crête cuspidienne est formée de deux pointes cuspidiennes.
arêtes cuspidiennes qui séparent chacune deux Couronne Partie de la dent recouverte d'émail. Elle
pans. est séparée de la racine par le collet.
Attrition Friction de deux corps solides en mouve- Crête cuspidienne Éminence allongée passant par
ment dont les surfaces sont en contact direct. une pointe cuspidienne. Une crête cuspidienne
Bord incisif Portion occlusale des incisives maxillaires est formée de deux arêtes. Sa direction peut être
et mandibulaires, impliquée dans l'incision. vestibulo-linguale ou mésio-distale.
Canal pulpaire radiculaire Portion de la cavité pul- Crête marginale Éminence allongée qui limite en
paire située au sein de la racine. mésial et en distal, la face occlusale des prémo-
Principal Le canal principal fait suite à la chambre laires et des molaires, ou la face linguale des inci-
pulpaire et s'étend jusqu'au foramen apical. sives et des canines. Elle est constituée d'un pan
mésial et d'un pan distal séparés par une arête
Secondaire Un canal secondaire est une rami- XI
marginale.
fication du canal principal se dirigeant vers le
ligament alvéolo-dentaire, situé dans la région Crête oblique Crête qui résulte de l'alignement
apicale. des arêtes internes des cuspides mésio-linguale et
disto-vestibulaire des molaires maxillaires. Elle est
Latéral Un canal latéral est une ramification du
fréquemment appelée « pont d'émail ».
canal principal se dirigeant vers le ligament
alvéolo-dentaire, situé dans la région coronaire. Cuspide Convexité de forme et de volume variables,
présente sur la face occlusale d'une dent.
Accessoire Un canal accessoire est une ramifica-
tion d'un canal secondaire se dirigeant vers le Dentine Tissu minéralisé formé à partir d'une matrice
ligament alvéolo-dentaire. extracellulaire d'origine pulpaire déposée par les
odontoblastes. La dentine est recouverte d'émail au
Canine permanente Dent située sur l'arcade entre
niveau coronaire et de cément au niveau radiculaire.
l'incisive latérale et la première prémolaire. Il n'existe
qu'une canine par hémi-arcade. Les canines perma- Denture Ensemble des dents présentes en bouche à
nentes sont des dents mono-cuspidées qui font leur un moment déterminé.
éruption entre 9 et 12 ans. Dentition L'ensemble des phénomènes qui président
Canine temporaire Dent située sur l'arcade entre à la différenciation, à la croissance et à la dispari-
l'incisive latérale et la première molaire tempo- tion des dents d'une même génération (issues de la
raire. Il n'existe qu'une canine par hémi-arcade. Les même lame dentaire).
canines temporaires sont des dents mono-cuspidées Diduction Mouvement asymétrique de la mandibule
qui font leur éruption entre 16 et 20 mois. à direction transversale au cours duquel le point
Cavité pulpaire Cavité interne de la dent. Elle inter-incisif mandibulaire se déplace depuis la posi-
contient la pulpe. Elle est constituée de la chambre tion d'occlusion en intercuspidation maximale vers
pulpaire ou cavité pulpaire coronaire (dans la une position latérale, puis y revient.
couronne) et du (ou des) canal(aux) pulpaire(s) Érosion Déminéralisation de l'émail puis de la dentine
radiculaire(s) (dans la racine). due à une atteinte chimique.
Cément Tissu conjonctif minéralisé qui recouvre la Émail Structure minéralisée d'origine épithéliale qui
surface de la racine. recouvre la couronne dentaire.
Cingulum Tubercule présent sur la face linguale des Embrasure inter-radiculaire Espace compris entre
incisives et canines. les racines.
Glossaire
XIII
CHAPITRE
1
Généralités
Connaissances
A. Origine des dents
Des transformations cutanées chez les Vertébrés ont conduit à la formation d'organes destinés
à la protection de l'organisme contre les agressions extérieures : les phanères. Ces phanères
sont en général cornés (ongles, poils) et certains d'entre eux donnent des productions par-
ticulières ou phanères exo-squelettiques (dents, écailles) qui ont une double origine : une
ébauche mésodermique, dont la croissance est centripète par dépôt de dehors en dedans
d'une substance conjonctive, et une ébauche ectodermique, dont la croissance est centrifuge 1
par accumulation de dedans en dehors d'une substance épithéliale.
Il est désormais universellement reconnu que les écailles placoïdes du requin et les dents des
Vertébrés sont des organes homologues.
La formation de l'écaille placoïde du requin se caractérise par l'éruption d'une papille der-
mique dans l'épiderme sus-jacent qui la recouvre. Un tissu calcifié se forme à la périphérie et
entoure la partie pulpaire centrale qui fonctionne comme un organe nourricier. Le tissu calcifié
qui recouvre cette écaille est un émail qui, à l'image de celui des dents, est formé de prismes
accolés. Les dents des Vertébrés ne sont en fait que des phanères exo-squelettiques, d'origine
ectodermique et mésodermique, c'est-à-dire épithélio-conjonctive, concentrés dans la cavité
buccale et dont le rôle de protection a pu se différencier pour la mastication, la préhension,
l'attaque ou la défense, la locomotion, le langage articulé et l'expression.
B. Nombre de dents
Les Poissons et les Reptiles présentent un grand nombre de dents sur chaque mâchoire : on
parle de polyodontie.
À l'inverse, les Mammifères possèdent un nombre réduit de dents dont le maximum peut
atteindre 44 pour l'ensemble des deux maxillaires et de la mandibule : on parle d'oligodontie.
Le mode de liaison de la dent avec le tissu osseux peut se faire par une racine dont l'extrémité
reste ouverte ou se ferme, mais la dent peut aussi être indépendante de ce tissu osseux, ne pas
avoir de racine, ou même contracter des adhérences avec lui.
La forme peut se compliquer par adjonction d'autres cônes dentaires et le nombre de racines
peut augmenter ; ces espèces sont qualifiées de plexodontes.
Lorsque toutes les dents sont semblables, on dit de ces espèces qu'elles sont homodontes et
lorsqu'elles se différencient en plusieurs types, on dit qu'elles sont hétérodontes.
D. Nombre de dentitions
La dent subit un processus de croissance qui va la rendre fonctionnelle. Ce processus est tou-
jours identique.
De la lame dentaire épithélio-conjonctive se différencie un bourgeon qui donne le germe den-
taire, lequel va se calcifier, puis faire son éruption. La dent devient alors fonctionnelle avant de
disparaître pour laisser sa place à une dent remplaçante de la génération suivante.
L'ensemble des phénomènes qui président à la différenciation, à la croissance et à la disparition
des dents d'une même génération (issues de la même lame dentaire) forme une dentition.
L'ensemble des dents de générations successives qui font leur émergence sur un même site
éruptif forme une famille dentaire.
Le nombre de dentitions (il correspond au nombre de composants de la famille dentaire la plus
nombreuse) peut être élevé (plusieurs dizaines) ; dans ce cas, on parle de polyphyodontie
(vingt-cinq chez le crocodile). Il peut aussi se réduire à quelques dentitions ; dans ce cas, il s'agit
d'une oligophyodontie (quatre ou cinq chez certaines espèces de Reptiles mammaliens).
2 Enfin, chez les Mammifères, la plupart des espèces présentent deux dentitions successives, la
diphyodontie est de règle. Seules quelques espèces n'ont qu'une seule dentition (monophyo-
dontie), tel l'éléphant.
Fig. 1.1 Arcades dentaires d'un enfant de 4 ans. Les germes des dents permanentes sont dans des
Connaissances
cryptes osseuses sous les dents temporaires en fonction.
La région palatine
La région labiale
La région tonsillaire
Le plancher de la bouche
Fig. 1.2 Coupe sagittale médiane du massif facial montrant les rapports anatomiques de la cavité orale.
est une cavité virtuelle. Il ne devient réel que lorsque les joues et les lèvres sont écartées des
arcades dentaires par l'air ou les aliments, ou lorsque les tissus sont atoniques en cas de
paralysie faciale ;
• la cavité buccale proprement dite est limitée en bas par le plancher buccal, elle est circons-
crite par les arcades dentaires et, en l'absence d'aliments, est presque totalement occupée
4 par la langue.
En occlusion, ces deux parties communiquent entre elles par un espace situé en arrière des
molaires, l'espace rétrotubérositaire, et par les espaces interdentaires, quand ceux-ci ne sont
pas comblés par les papilles interdentaires.
Application clinique
En occlusion, l'espace rétrotubérositaire peut être utilisé pour introduire des sondes d'alimentation en cas
de trismus ou d'immobilisation intermaxillaire.
Le vestibule oral est une voie d'accès pour les techniques analgésiques des branches des nerfs maxillaire
et mandibulaire ainsi que pour les techniques chirurgicales intéressant les arcades dentaires et le sinus
maxillaire.
5
9
6 7 8
Connaissances
et al. Mémo-fiches d'anatomie dentaire. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; p. 121.
Gencive attachée
La gencive attachée est comprise entre le sillon marginal qui la sépare de la gencive libre et la
ligne muco-gingivale qui la sépare de la muqueuse alvéolaire. Elle s'insère sur l'os alvéolaire
sous-jacent et sur le cément supracrestal, ce qui lui confère son immobilité. Elle est kératinisée
et a un aspect granité en « peau d'orange » de couleur rose pâle. Elle se prolonge au-delà de
la ligne muco-gingivale par la muqueuse alvéolaire qui est mobile et non kératinisée.
Chez l'adulte, la hauteur de gencive attachée est variable. Généralement, elle est maximale en
vestibulaire de la région incisive maxillaire et en lingual de la région molaire mandibulaire, et
minimale en vestibulaire de la première prémolaire mandibulaire.
La muqueuse alvéolaire émet des expansions dans la gencive ; ces freins et brides peuvent
venir s'insérer très haut entre les dents et exercer des tractions importantes, responsables de
récessions gingivales, de diastèmes et de déhiscences (fig. 1.4).
Fig. 1.4 Frein labial mandibulaire dont l'insertion haute est responsable d'une récession gingivale sur
l'incisive centrale droite (41).
2. Parodonte profond
Ligament alvéolodentaire
Le ligament alvéolodentaire est un tissu conjonctif fibreux non minéralisé et riche en eau. Il
contient des fibres de collagène, des fibroblastes, des cellules mésenchymateuses indifféren-
ciées, des cellules épithéliales de Malassez, des macrophages et des éléments vasculaires et
nerveux.
6 On distingue deux types de fibres de collagène :
• les fibres principales relient le cément à la paroi alvéolaire en s'y insérant. La partie insé-
rée de ces fibres est minéralisée et forme les fibres de Sharpey dont la direction varie
en fonction de la zone alvéolaire. La densité de ces fibres est estimée à 28 000/mm3 de
cément ;
• les fibres secondaires ne s'insèrent pas dans le cément ou l'os. Elles jouent un rôle
structural en cheminant parmi les éléments nerveux et vasculaires, suivant des directions
aléatoires.
Le ligament alvéolodentaire est le siège d'un remaniement constant, sous le contrôle des fibro-
blastes. Ses rôles sont mécanique, nutritif et sensoriel.
Os alvéolaire
L'os alvéolaire est en continuité avec l'os basal du corps mandibulaire et celui des maxillaires. Il
« se moule » autour des racines pour former les alvéoles dentaires. L'existence de l'os alvéolaire
est intimement liée à celle des dents dont la perte entraîne la disparition des alvéoles dentaires
(fig. 1.5).
L'os alvéolaire est formé d'un os spongieux dont la trabéculation peut être très lâche avec la
présence de nombreuses vacuoles. Il est recouvert, sur les versants vestibulaire et lingual, d'un
os cortical qui est généralement très dense à la mandibule et peu épais au maxillaire.
L'ensemble de la paroi corticale qui recouvre les alvéoles constitue la table alvéolaire (externe
sur le versant vestibulaire et interne sur le versant lingual).
Les alvéoles des dents sont séparées les unes des autres par des septa interdentaires. Au niveau
des molaires, pluriradiculées, les alvéoles sont cloisonnées par des septa interradiculaires. En
regard des alvéoles, sur les faces vestibulaires du maxillaire et du corps mandibulaire, des
proéminences correspondent aux racines dentaires : ce sont les jugums alvéolaires. Ils sont très
peu marqués à la mandibule du fait de l'épaisseur de l'os cortical, mais sont beaucoup plus
visibles au maxillaire.
Généralités 1
Fig. 1.5 Vue antérieure de l'arcade maxillaire. Les alvéoles des incisives centrales sont déshabitées.
Applications cliniques
Pathologie
Connaissances
À la mandibule, généralement sur la face interne de la table alvéolaire, la présence d'un torus est relativement
fréquente (fig. 1.6). Il s'agit d'une excroissance osseuse bénigne, asymptomatique mais qui peut engendrer
une gêne pour le patient ou représenter un obstacle lors de la réalisation de prothèses amovibles. Leur exérèse
est rarement nécessaire.
Analgésie
Dans la région molaire mandibulaire, l'importante épaisseur de la corticale vestibulaire rend l'infiltration
para-apicale inefficace (fig. 1.7).
7
Prothèse
Dans certains cas de résorption extrême à la suite d'avulsions dentaires à la mandibule, le foramen men-
tonnier peut se retrouver au sommet de la crête édentée. Il est impératif de décharger l'intrados de la
prothèse amovible afin d'éviter des douleurs (fig. 1.8).
Endodontie
La faible densité de la trabéculation de l'os spongieux dans la région molaire mandibulaire et la présence de
nombreuses vacuoles favorisent la diffusion de produits d'irrigation et d'obturation endodontiques vers le
nerf et l'artère alvéolaires inférieurs ; ceci engendre un risque de paresthésie labiomentonnière par blessure
chimique ou par compression du paquet vasculo-nerveux (fig. 1.9).
Fig. 1.8 Mandibule sèche édentée. Les foramina mentonniers se situent au sommet de la crête éden-
tée, suite à la résorption osseuse et à la disparition de l'os alvéolaire.
Fig. 1.9 La réalisation d'une fenêtre osseuse latérale sur le corps mandibulaire, au niveau de la région
molaire, montre la présence d'importantes vacuoles au sein de l'os spongieux.
Généralités 1
Email
Couronne
Dentine coronaire
Pulpe coronaire
Dentine radiculaire
Connaissances
Pulpe radiculaire
Cément Racine
Fig. 1.10 Coupe mésio-distale d'une molaire montrant les différents tissus constitutifs d'une dent.
9
A. Dentine
La dentine est un tissu jaunâtre et dur. Elle constitue le corps de la couronne et de la racine. Elle
est composée de 50 % d'hydroxyapatites, de 27 % de protéines et de 23 % de fluides. Ces
éléments s'organisent sous forme de canalicules. Les odontoblastes sont des cellules haute-
ment différenciées, responsables de l'élaboration de la dentine. Leurs corps cellulaires sont dis-
posés en palissade à la périphérie pulpaire et leurs prolongements cytoplasmiques s'étendent
à l'intérieur des canalicules dentinaires.
La dentine primaire est mise en place lors de l'organogenèse. La dentine secondaire est élabo-
rée par les odontoblastes de manière continue et lente, dans des conditions physiologiques et
tout au long de la vie de la dent sur l'arcade.
B. Émail
L'émail est une substance blanche qui recouvre la dentine au niveau de la couronne. Il est
acellulaire, ce n'est donc pas un véritable tissu. Hautement minéralisé, l'émail est la substance
la plus dure de l'organisme humain. Il est constitué à 95 % d'une partie minérale comprenant
essentiellement de l'hydroxyapatite de calcium, à 1 % d'une phase organique (protéines, pro-
téoglycanes, lipides, citrates) et à 4 % d'eau.
C. Pulpe
La dentine contient une cavité centrale occupée par la pulpe qui est scindée en une partie
coronaire, la chambre pulpaire, et une partie radiculaire, les canaux pulpaires. La pulpe est
un tissu conjonctif spécialisé qui assure des fonctions nutritives, sensorielles et de défense de
Anatomie dentaire
l'organe dentaire. Le réseau vasculaire de la pulpe est très abondant. Une ou deux artérioles
pénètrent dans le canal par l'orifice apical situé à l'extrémité de la racine et se ramifient pour
se distribuer à la zone sous-odontoblastique.
D. Cément
Le cément recouvre la surface radiculaire et permet l'ancrage de la dent dans l'os alvéo-
laire par l'intermédiaire du ligament alvéolodentaire. C'est un tissu minéralisé synthétisé
par les cémentoblastes. Il est constitué de fibres de collagène et d'une fraction non
collagénique.
La surface radiculaire est recouverte de cément acellulaire et de cément cellulaire. Le cément
acellulaire est caractéristique des premières couches du cément apposées lors de l'édifica-
tion radiculaire. Il alterne ensuite avec les couches d'un cément cellulaire qui est caractérisé
par la présence de cémentocytes.
Tout au long de la présence de la dent sur l'arcade, sous l'effet de stimulations fonction-
nelles, le cément peut être le siège de remaniements physiologiques ou réactionnels de type
résorption/apposition.
B. Dentition et denture
La « dentition » est un terme dynamique qui englobe l'ensemble des phénomènes de dévelop-
pement des arcades dentaires : origine, minéralisation, croissance, éruption, vieillissement et
remplacement des dents.
La « denture » est un terme qui désigne l'ensemble des dents présentes dans la cavité buccale
à un temps donné. On l'utilise pour décrire un état.
Généralités 1
1. Dentitions
Le système dentaire de l'Homme comporte deux dentitions successives : il est diphyodonte.
Chacune des dentitions comporte un nombre réduit de dents (oligodontie) qui possèdent
une morphologie variée (hétérodontie) au sein de la même denture. La forme des dents
présente des degrés de complexité variés (plexodontie). Ces dents sont implantées sur les os
maxillaires et sur la mandibule. Leur mode de croissance est exclusivement limité et le mode
de remplacement des dents temporaires de la première dentition est vertical (la dent de rem-
placement se forme sous la dent fonctionnelle).
Première dentition
Elle dépend de la maturation des éléments dentaires nés de la première lame dentaire. Elle met
en place trente-deux dents : huit incisives, quatre canines, vingt molaires.
Seconde dentition
Elle donne vingt dents nées de la deuxième lame dentaire : huit incisives, quatre canines, huit
prémolaires.
Les dents qui appartiennent à la première dentition vont, pour certaines d'entre elles, être
Connaissances
remplacées par les dents de la deuxième dentition.
Afin de schématiser ce phénomène, nous allons recourir aux formules dentaires qui donnent
le nombre de dents par classe et par hémi-maxillaire. Les lettres minuscules sont utilisées pour
désigner les dents temporaires, les lettres majuscules pour les dents permanentes.
La première dentition donne :
2 1 2 3 8
i c m M = ´ 2 = 32 dents
2 1 2 3 8
11
La deuxième dentition donne :
2 1 2 5
I C P = ´ 2 = 20 dents
2 1 2 5
2. Dentures
L'Homme possède normalement trois dentures successives du fait du remplacement des dents
temporaires par les dents permanentes.
Denture temporaire
De l'âge de 6 mois à l'âge de 6 ans, l'enfant ne possède dans la cavité buccale que des dents
issues de la première dentition, et toutes ces dents sont temporaires.
La formule dentaire en denture temporaire est donc :
2 1 2 5
i c m = ´ 2 = 20 dents
2 1 2 5
Denture mixte
De l'âge de 6 ans (date d'apparition de la première dent permanente) jusqu'à la chute de la
dernière dent temporaire (11–12 ans), des dents temporaires et permanentes cohabitent au
sein des arcades dentaires. Cette denture est dite mixte.
Denture permanente
À partir de la chute de la dernière dent temporaire, toutes les dents présentes en bouche sont
permanentes. Les incisives, canines et prémolaires sont issues de la deuxième dentition, tandis
que les molaires sont issues de la première dentition.
Anatomie dentaire
1. Formules dentaires
La formule dentaire résume le contenu et la nature des dents présentes sur les hémi-arcades
d'un même côté. Les lettres minuscules sont utilisées pour les dents temporaires et les lettres
majuscules pour les dents permanentes.
Formule dentaire temporaire :
12 2 1 2
i c m
2 1 2
Formule dentaire permanente :
2 1 2 3
I C P M
2 1 2 3
Formule dentaire mixte d'un enfant de 8 ans :
2 1 2 1
I c m M
2 1 2 1
Une formule dentaire complète peut également être schématisée par une croix représentant
les quatre quadrants sur lesquels sont notées les différentes dents présentes en bouche à l'aide
de chiffres arabes allant de 1 à 8 pour les dents permanentes et de chiffres romains allant
de I à V pour les dents temporaires.
Les quadrants sont représentés comme si l'on regardait le patient en face. Ainsi :
• en haut à gauche du schéma : quadrant maxillaire droit ;
• en haut à droite du schéma : quadrant maxillaire gauche ;
• en bas à gauche du schéma : quadrant mandibulaire droit ;
• en bas à droite du schéma : quadrant mandibulaire gauche.
2. Nomenclature anatomique
Cette nomenclature désigne chaque dent par sa dénomination anatomique complète
(fig. 1.11), en incluant :
• sa classe (incisive, canine, prémolaire, molaire) ;
• son espèce (incisive centrale/latérale, première/deuxième prémolaire, première/deuxième/
troisième molaire) ;
Généralités 1
• son arcade (maxillaire/mandibulaire) ;
• sa latéralité (droite/gauche) ;
• sa denture temporaire/permanente.
Connaissances
13
14
18 17 16 15 14 13 12 11 21 22 23 24 25 26 27 28
48 47 46 45 44 43 42 41 31 32 33 34 35 36 37 38
Fig. 1.12
Généralités 1
Dents temporaires (fig. 1.13)
Connaissances
15
55 54 53 52 51 61 62 63 64 65
85 84 83 82 81 71 72 73 74 75
4. Nomenclatures historiques
Nomenclature dentaire universelle
Cette numérotation est encore utilisée aux États-Unis. Elle consiste à numéroter les dents en
commençant par la troisième molaire maxillaire droite qui porte le numéro 1 et en terminant
par la troisième molaire mandibulaire droite qui porte le numéro 32.
Nomenclature de Palmer
Cette nomenclature est encore utilisée au Royaume-Uni. Elle associe le numéro du site de la
dent sur l'hémi-arcade au quadrant auquel elle appartient.
Pour les dents permanentes :
• 1 : incisive centrale ;
• 2 : incisive latérale ;
• 3 : canine ;
• 4 : première prémolaire ;
Anatomie dentaire
Nomenclature stomatologique
Cette nomenclature reprend la numérotation des dents issue de la nomenclature de Palmer
(1 à 8 pour les dents permanentes et I à V pour les dents temporaires). Le repérage topogra-
phique se fait à l'aide d'une lettre majuscule ou minuscule représentant le quadrant, placée
devant le numéro de la dent :
• D : hémi-arcade maxillaire droite ;
• G : hémi-arcade maxillaire gauche ;
• d : hémi-arcade mandibulaire droite ;
• g : hémi-arcade mandibulaire gauche.
16
Ainsi, selon cette nomenclature :
• G.5 est la deuxième prémolaire maxillaire gauche ;
• d.6 est la première molaire mandibulaire droite permanente ;
• G.2 est l'incisive latérale maxillaire gauche permanente ;
• D.IV est la première molaire maxillaire droite temporaire.
Comme le précédent, ce système permet de transcrire rapidement le numéro et le repé-
rage topographique de la dent, mais il est également totalement inadapté à une utilisation
numérique.
Prd
Med
Pr
Pr End
Prd
Pa Med
Pr End Hyd
Mé
Hy Hycld
Pa Med
Prd
Pr
End
Mé Hyd
Hy
Pa Med Prd
Pr
End Hyd
Mé
Hy Hycld
Connaissances
« l'hypocône » au maxillaire, « l'hypoconide » et « l'entoconide » à la mandibule. Sur la face
vestibulaire sont parfois appendus des tubercules : « styles » ou « stylides ». Entre les rangées
cuspidiennes vestibulaire et linguale apparaissent d'une façon inconstante des cuspides inter-
médiaires : « conules » ou « conulides ».
Cette nomenclature est encore couramment utilisée aujourd'hui par les spécialistes bien que 17
les homologies qu'elle évoque ne soient plus reconnues (fig. 1.14).
Pa
Anatomie dentaire
Ligne médiane
1
2
e
ian
l
sia
éd
3
Mé
Lin
em
gu
al
lign
Ves
4
e la
ne
t
ibu
édia
ce d
lair
em
stan
e
5
a lign
À di
Vers l 6
Distal
18
Les faces mésiale et distale sont souvent regroupées sous le terme de « faces proximales ».
Les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale constituent des « faces axiales ».
Toute dent présente donc à décrire :
• quatre faces axiales verticales : les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale ;
• une face horizontale : la face occlusale ou le bord incisif (pour les incisives).
CHAPITRE
2
Anatomie descriptive
des dents humaines
Généralités
I. Anatomie externe
Connaissances
La dent est constituée d'une couronne et d'une ou plusieurs racines (fig. 2.1).
Apex
19
Racine Tronc radiculaire
Furcation
Collet
Racines
Couronne
Apex
A. Couronne
1. Couronne anatomique et couronne clinique
La couronne anatomique est la partie de la dent qui est recouverte d'émail. Elle est séparée
de la racine anatomique par la jonction amélo-cémentaire.
La couronne clinique est la partie de la dent qui est visible dans la cavité orale.
• Chez un sujet adulte jeune, dont la gencive est saine, le bord gingival suit la ligne amélo-
cémentaire ; couronne anatomique et couronne clinique se confondent.
• Chez un sujet âgé présentant des récessions gingivales, le bord gingival migre vers l'apex,
exposant ainsi la jonction amélo-cémentaire. La couronne clinique devient alors plus haute
que la couronne anatomique (fig. 2.2).
Couronne
A B Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire
Fig. 2.2 Chez l'adulte, en présence de récessions gingivales, la hauteur des couronnes cliniques peut
devenir supérieure à celle des couronnes anatomiques.
20
Fig. 2.3 Chez l'enfant en denture temporaire, la hauteur des couronnes cliniques est inférieure à celle
des couronnes anatomiques.
• Chez un enfant, si on considère une dent n'ayant pas achevé son éruption, la gencive
recouvre en grande partie la couronne. La hauteur de la couronne clinique est alors réduite
par rapport à celle de la couronne anatomique (fig. 2.3).
Surfaces convexes
Cuspides
Une cupside est une élévation de forme et de volume variables, présente sur la face occlusale.
Le nombre et la situation des cuspides permettent de définir la classe des canines, des prémo-
laires et des molaires.
Les canines ne possèdent qu'une cuspide, ce sont des dents monocuspidées (cuspid en anglais).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Les prémolaires possèdent toujours au moins deux cuspides, mais toujours une seule du côté
vestibulaire. Si des cuspides supplémentaires existent, elles sont toujours du côté lingual. Les
Anglo-Saxons les nomment bicuspid (fig. 2.4).
Les molaires possèdent toujours au moins trois cuspides, dont toujours au moins deux cus-
pides du côté vestibulaire. Avec les prémolaires, ce sont des dents pluricuspidées.
Une cuspide peut être représentée par une pyramide quadrangulaire comportant deux
versants :
• un versant externe, vestibulaire (cuspide vestibulaire) ou lingual (cuspide linguale) ;
• un versant interne, occlusal (fig. 2.5).
Ces versants sont séparés par la crête cuspidienne mésio-distale. Chaque versant cuspidien est
lui-même composé de deux pans, l'un mésial et l'autre distal, séparés par l'arête vestibulaire
ou linguale de la crête cuspidienne vestibulo-linguale.
Tubercules
Un tubercule est une élévation de forme et de volume variables, présente sur une face autre
que la face occlusale.
Connaissances
Cuspide vestibulaire
21
Cuspide linguale
Versant externe de la
cuspide V
Pan mésial
Versant interne de la
cuspide V
Pan distal
Exemples :
• le cingulum est un tubercule présent sur la face linguale des incisives et canines (fig. 2.6) ;
• le tuberbule de Carabelli est fréquemment présent sur la face linguale de la cuspide mésio-
linguale de la première molaire maxillaire permanente (fig. 2.7) ;
• le tubercule de Bölk est parfois présent sur la face vestibulaire des deuxième et troisième
molaires maxillaires permanentes.
Fig. 2.6 Vue linguale de l'incisive latérale maxillaire droite (12) montrant le cingulum (flèche rouge).
22
Crêtes
Les crêtes sont des éminences de forme allongée, présentes sur différentes faces dentaires. Il
en existe trois types.
Crêtes marginales
Les crêtes marginales sont des élévations linéaires présentes sur la face occlusale des prémo-
laires et molaires (fig. 2.8) et sur la face linguale des incisives et canines.
Elles limitent, en mésial et en distal, la face occlusale des prémolaires et molaires et la face
linguale des incisives et canines.
Elles présentent une arête marginale qui sépare le pan mésial du pan distal de la crête.
Crêtes cuspidiennes
Les crêtes cuspidiennes sont présentes sur la face occlusale des dents cuspidées. Chaque
cuspide comporte :
• une crête mésio-distale, composée elle-même d'une arête mésiale et d'une arête distale, de
part et d'autre du sommet cuspidien ;
Fig. 2.7
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Crêtes marginales
Connaissances
Arête mésiale Arête distale
23
estibulaire
Arête occlusale
Crête cuspidienne
vestibulo-linguale
Arête occlusale
Arête linguale
– d'une arête linguale et d'une arête occlusale, pour une cuspide linguale,
Fig. 2.8
– d'une arête vestibulaire et d'une arête linguale, pour une canine (fig. 2.9 et 2.10).
Arête v
Anatomie dentaire
Crêtes occlusales
Les crêtes occlusales sont formées par la réunion et l'alignement des arêtes cuspidiennes occlu-
sales (fig. 2.11). Elles sont de deux types :
• les crêtes transversales constituées par la réunion des arêtes occlusales qui joignent le som-
met d'une cuspide vestibulaire à celui d'une cuspide linguale sur les prémolaires et les
molaires mandibulaires ;
• les crêtes obliques constituées par la réunion des arêtes occlusales qui joignent le sommet de
la cuspide mésio-linguale à celui de la cuspide disto-vestibulaire sur les molaires maxillaires.
Fig. 2.11 Vue occlusale de la deuxième prémolaire et de la première molaire maxillaires gauches (25 et 26).
24
Application clinique : face occlusale et table occlusale
des dents pluricuspidées
La face occlusale est limitée par la ligne du plus grand contour. Cette ligne continue passe par tous les
points les plus saillants de la couronne en vue occlusale (véritable équateur de la couronne, elle passe par
les points les plus convexes des faces vestibulaire et linguale, par les points de contact mésial et distal et
par les lignes de transition entre les faces axiales).
La table occlusale, elle, est enfermée à l'intérieur de la ligne continue constituée par l'alignement des crêtes
cuspidiennes mésio-distales et des arêtes marginales. La surface de la table occlusale occupe environ 60 % de la
surface occlusale des dents cuspidées. À l'intérieur de la face occlusale, la table occlusale est déportée du côté
vestibulaire pour les dents maxillaires et lingual pour les dents mandibulaires (fig. 2.12).
Entre la ligne du plus grand contour et la ligne de contour cervical de la couronne, se trouve limitée la portion cer-
vicale de la couronne et, de l'autre côté de la ligne du grand contour, la portion occlusale de la couronne (fig. 2.13).
D M
V L D M
M V
Fig. 2.13 La ligne du plus grand contour sépare les portions cervicale (hachurée) et occlusale de la
couronne.
Surfaces concaves
Sillons
Les sillons sont des dépressions longitudinales qui naissent généralement de la juxtaposition
d'éléments coronaires convexes. On les rencontre sur les faces occlusales, vestibulaires et lin-
guales des dents.
Sillons principaux
Connaissances
Un sillon intercuspidien, ou sillon principal, est un sillon qui sépare deux cuspides. Il peut être
de deux types :
• sillon principal central : il a une direction mésio-distale et sépare les cuspides vestibulaires
et linguales ;
• sillon principal périphérique : il a une direction principale vestibulo-linguale et sépare les
cuspides mésiales et distales (fig. 2.14).
Fig. 2.14
Anatomie dentaire
Fosses
Les fosses caractérisent les faces occlusales des dents pluricuspidées. Elles peuvent être de
deux types.
Fosses centrales
Elles se situent au centre de la table occlusale, à l'intersection formée par deux sillons princi-
paux (central et périphérique).
26 Fosses marginales
Elles se situent aux extrémités mésiale et distale d'un sillon principal central, à son intersection
avec une crête marginale (fig. 2.16).
Fosse centrale
Fosses marginales
Fossettes
Les fossettes sont des dépressions plus ou moins anfractueuses situées sur les faces vestibu-
laires ou linguales de toutes les dents (fig. 2.17 et 2.18). Exemples :
• sur la face linguale de l'incisive latérale maxillaire, à la jonction entre le cingulum et les
crêtes marginales ;
• sur la face vestibulaire des molaires, le sillon principal périphérique vestibulaire se termine
dans une fossette vestibulaire.
Fig. 2.16
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
27
C. Racine
La forme générale d'une racine est celle d'un cône dont la base, cervicale, est le collet et dont
le sommet, apical, est l'apex.
À l'apex de la racine se trouve l'orifice, ou foramen apical, qui livre passage au pédicule
vasculo-nerveux pulpaire.
La longueur de la racine est généralement supérieure à la hauteur de la couronne.
La surface radiculaire est le plus souvent lisse, mais elle peut présenter des sillons, des dépres-
sions ou des crêtes.
En coupe axiale, elle peut être arrondie, ovalaire ou aplatie dans la direction vestibulo-linguale
ou mésio-distale.
L'axe de la racine peut être :
• aligné ou angulé en vestibulaire, lingual, mésial ou distal par rapport à celui de la couronne ;
• courbe, torsadé ou en baïonnette.
Anatomie dentaire
3 1
Connaissances
La division schématique d'une couronne ou d'une racine en tiers permet de mieux situer
dans leur description les éléments caractéristiques de la dent : point de contact, maximum de
convexité… (fig. 2.20).
Les faces vestibulaire, linguale, mésiale et distale de la couronne peuvent être divisées :
• par des lignes horizontales en 1/3 cervical, 1/3 moyen et 1/3 occlusal ;
• par des lignes verticales en 1/3 mésial, 1/3 moyen et 1/3 distal.
29
La hauteur de la racine peut être divisée par des lignes horizontales en 1/3 cervical, 1/3 moyen
et 1/3 apical.
Apical
Moyen
Cervical
Cervical
Vestibulaire
Lingual
Moyen
Moyen
Mésial
Moyen
Distal
Occlusal
Moyen
Mésial
Distal
Vestibulaire
Occlusal
Lingual
Moyen
Moyen
Cervical
1. L'émail
L'épaisseur de l'émail est maximale en regard des bords incisifs et des sommets cuspidiens.
Elle peut atteindre 2,5 mm à l'aplomb des sommets cuspidiens des molaires permanentes
(voir fig. 1.10, page 9) et diminue progressivement en direction du collet où elle se termine
en une lame de quelques microns. L'émail présente des replis qui correspondent aux reliefs
externes de la couronne : cingulum des incisives et canines, sillons des prémolaires et molaires.
L'émail des dents temporaires est réduit de moitié par rapport à celui des dents permanentes.
L'émail étant une structure acellulaire, il ne subit pas de remaniements qui viseraient à com-
penser son usure ou sa perte par traumatisme ou atteinte carieuse.
2. La dentine
30 La dentine est le tissu qui constitue majoritairement l'organe dentaire sous la forme d'un
volumineux noyau dentinaire corono-radiculaire.
Les contours externes (amélaire et cémentaire) du noyau dentinaire, intimement liés à la couche
la plus profonde d'émail et de cément sont définitivement fixés lors de l'odontogenèse. À sa
frontière avec l'émail, la dentine reproduit très grossièrement et d'une manière très frustre, les
reliefs coronaires (cuspide, bord incisif, cingulum, contours axiaux).
Au niveau du collet, il n'y a pratiquement pas de rupture de direction entre les contours axiaux
coronoraires et radiculaires.
La pulpe dentaire contenue dans la cavité pulpaire creusée au coeur du noyau dentinaire est
responsable de l'édification dentinaire centripète. Contrairement à ses contours externes, les
contours internes, pulpaires, du noyau dentinaire sont le siège d'une activité permanente. Tant que
la pulpe est vivante, la dentine se remanie en permanence par des processus d'apposition/résorp-
tion, modifiant ainsi les contours internes de la cavité pulpaire. Ces remaniements peuvent être
physiologiques ou répondre à des phénomènes traumatiques, pathologiques ou thérapeutiques.
L'apposition physiologique de dentine secondaire a pour effet de réduire progressivement le
volume pulpaire, tandis que l'apposition de dentine réactionnelle se fait en regard de l'agent
causal (carie par exemple).
Des phénomènes de résorption de la dentine peuvent avoir une origine interne et affecter la
surface de la dentine péri-pulpaire en réponse à une inflammation chronique de la pulpe, ou,
suite à un traumatisme, avoir une origine externe sous la forme d'une lyse tissulaire de type
ostéoclastique qui affecte la surface radiculaire.
3. Le cément
L'épaisseur du cément est d'environ 20 à 50 μm au niveau cervical. Elle augmente progressi-
vement en direction apicale jusqu'à atteindre 50 à 200 μm.
Les remaniements cémentaires correspondent à des processus d'apposition/résorption qui se
manifestent en réponse à des sollicitations locales d'origine dentaire ou parodontale.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le cément s'appose physiologiquement tout au long de la vie de la dent sur l'arcade, que la
pulpe soit vivante ou non. Cette apposition est minimale au niveau cervical et augmente en
direction de l'apex. Elle permet de compenser l'usure occlusale de la couronne.
4. La jonction émail/cément
Au niveau du collet, la jonction entre l'émail et le cément peut se faire selon plusieurs modalités :
• L'émail et le cément s'affrontent par un contact en bout à bout.
• L'émail et le cément ne se rejoignent pas, mettant à nu le tissu dentinaire et constituant
ainsi un facteur d'hyperesthésie et de vulnérabilité à l'attaque carieuse
• Le cément recouvre l'émail, créant alors une hétérogénéité de la surface dentaire et une
susceptibilité à la rétention de plaque.
Ces trois configurations peuvent se retrouver sur une même dent.
Connaissances
La pulpe est un tissu conjonctif, constitué notamment par les éléments cellulaires et vasculo-
nerveux de la dent ; elle occupe la cavité pulpaire qui est une cavité dentinaire étendue dans
la couronne et dans la racine.
Corne pulpaire
Chambre pulpaire
Orifice d'entrée pulpaire
du canal radiculaire
Canal latéral
Canal radiculaire
Foramen accessoire
Foramen apical Delta apical
Forme
de la racine
Forme
du canal
Connaissances
33
Type I Type II
Un seul canal à l'apex
34 B
Connaissances
Fig. 2.24 Suite.
E. Prémolaires mandibulaires. F. Molaires mandibulaires.
Dents permanentes
Les dents permanentes sont également appelées « dents adultes » ou « dents définitives » car
elles ne sont pas remplacées.
Elles possèdent des caractéristiques anatomiques, physiologiques et structurelles différentes
de celles des dents temporaires.
A. Formule dentaire
La denture permanente est composée de trente-deux dents, soit pour chaque hémi-arcade :
• une incisive centrale ;
• une incisive latérale ;
• une canine ;
• une première prémolaire ;
• une deuxième prémolaire ;
• une première molaire ;
• une deuxième molaire ;
• une troisième molaire.
Les vingt dents permanentes (incisives, canines et prémolaires) qui se substituent aux dents
temporaires sont appelées « dents de remplacement » ou « dents successionnelles ». Elles sont
issues de la deuxième lame dentaire et sont dites « diphysaires ». En revanche, les molaires
permanentes sont issues de la première lame dentaire et sont dites « monophysaires ».
B. Fonctions
Les dents permanentes assurent de nombreuses fonctions :
• manducation ;
• phonation et élocution ;
Anatomie dentaire
-
-
36
D M D M
+ V + V
Fig. 2.25 Première règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.
+
+
V L V L
- M - M
+ V
+ V
D M
- L - L
M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
– les faces distales à l'exception de la première prémolaire mandibulaire, sont moins
importantes dans la direction vestibulo-linguale que les faces mésiales ;
– les faces mésiales sont toujours plus aplaties que les faces distales.
• Cinquième règle (fig. 2.30) : en vue vestibulaire, l'angle formé du côté distal par la racine et
la couronne est toujours plus fermé que celui du côté mésial. Ceci est valable pour les dents
mono- et les pluriradiculées. Autrement dit, l'axe général des racines est incliné pour toutes
les dents en distal, tout au moins dans la région cervicale ; l'extrémité radiculaire peut, elle,
s'incurver dans une autre direction.
- +
D M - +
D M
V V
Fig. 2.28 Quatrième règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.
Connaissances
V V
+ -
- +
M D M
D
L
L 37
D M
D M
V V
Fig. 2.30 Cinquième règle de forme et de dimension des couronnes en vue vestibulaire ou linguale.
morceaux mis dans la bouche ». Cet auteur les nomme également « dents du rire » ou « dents
riantes », mais aussi « dents de lait », car ce sont les premières dents qui apparaissent tandis
que l'enfant est encore allaité par sa mère.
Les incisives permanentes se développent à partir de la deuxième lame dentaire. Ce sont
donc des dents diphysaires qui remplacent les incisives temporaires issues de la première lame
dentaire. Les incisives permanentes sont au nombre de 8 avec, pour chaque hémi-arcade, une
incisive centrale et une incisive latérale.
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur
attribuer un code anatomique (incisive centrale ou latérale, maxillaire ou mandibulaire, droite
ou gauche) et un code chiffré international (11, 12, 21, 22, 31, 32, 41, 42).
Les incisives ont un rôle fonctionnel de préhension et de section des aliments. Cette propriété
est conférée par le bord libre rectiligne coupant.
Les incisives participent :
• à la section des aliments ;
• au soutien des lèvres, à l'esthétique du visage et au sourire ;
• à la prononciation.
À la fin de la fermeture buccale, les incisives mandibulaires sont guidées par les incisives maxil-
laires pour retrouver la position d'intercuspidation maximale.
Applications cliniques
38 Phonétique
L'implication des incisives dans la formation de certains sons a été décrite par Pline, Aristote et Hémard.
La surface linguale des incisives maxillaires est la zone d'articulation permettant la prononciation des
consonnes dites dentales en phonétique articulatoire, c'est-à-dire [d], [t], [n], [s], [z] et [l].
Déglutition
Lors de la déglutition primaire ou infantile, la pointe de la langue prend appui sur les faces linguales des
incisives maxillaires. Ce type de déglutition est physiologique chez le nourrisson et le jeune enfant. Elle
doit être considérée comme pathologique par la suite car elle est souvent responsable de malpositions
de ces dents.
A. Incisives maxillaires
Les incisives maxillaires sont des dents monoradiculées. Elles sont en série descendante : l'inci-
sive latérale est plus petite que l'incisive centrale.
Connaissances
V L V 39
D
V
D M
D M D
V L
40
D M
La forme générale de la face vestibulaire des incisives centrales peut également refléter la personnalité d'un
individu :
• forme carrée : personnalité calme et réservée ;
• forme triangulaire : personnalité dynamique et joyeuse ;
• forme rectangulaire : personnalité énergique et décisive ;
• forme ovalaire : personnalité timide et rêveuse.
Connaissances
La moitié cervicale de la face linguale est occupée par le cingulum qui est un tubercule convexe
en tous sens. Ce cingulum délimite, avec les crêtes marginales, la fosse linguale qui est régu-
lièrement concave. Dans certains cas, le cingulum peut être séparé des crêtes marginales par
un sillon. Il peut aussi être divisé en plusieurs lobes cingulaires.
La racine est plus étroite sur sa face linguale. Fortement convexe, elle est parcourue par une
crête sur toute sa hauteur.
41
M D
L L V
42
M D
A B
D M
celui du cingulum est convexe. Le cingulum est généralement décalé du côté distal, allongeant
ainsi le contour coronaire mésio-lingual.
Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le bord incisif,
épais d'environ 1 mm, est rectiligne. Son contour vestibulaire est marqué par les dépressions
de la face vestibulaire. Le bord incisif s'incurve fortement du côté lingual dans sa portion dis-
tale, en fusionnant avec l'extrémité occlusale de la crête marginale distale.
Connaissances
La surface d'usure du bord incisif est rectiligne contrairement à celle de la pointe cuspidienne de la canine
maxillaire qui est losangique. De plus, en vue occlusale, le bord libre s'incurve du côté lingual dans sa partie
la plus distale, ce qui constitue un caractère de latéralité de cette dent.
Anatomie interne
L'incisive centrale maxillaire présente, dans quasiment 100 % des cas, une cavité pulpaire simple, 43
c'est-à-dire une racine avec un canal principal partant de la chambre pulpaire, sans limite précise entre
la chambre et le canal. Les canaux latéraux sont occasionnels, les canaux apicaux sont fréquents.
V L
D M
44
Connaissances
Coupe axiale cervicale (fig. 2.40)
La coupe au collet a une forme triangulaire à sommet lingual. La chambre pulpaire est centrée
et ses contours suivent ceux de la racine. Le canal est tubulaire et s'ovalise au fur et à mesure
que l'on se rapproche de l'apex.
45
V
D M
Variabilité anatomique
La morphologie de l'incisive centrale maxillaire peut être affectée par des variations de
forme. On peut ainsi citer l'incisive « en pelle » (shovel-shaped incisor), caractérisée par
une hypertrophie des crêtes marginales mésiale et distale. Cette variante a une com-
posante ethnique, elle se retrouve particulièrement chez les ethnies mongoloïdes, les
Indiens d'Amérique du Nord et du Sud, les Chinois, les Japonais, les Polynésiens et les
Mélanésiens.
L'incisive centrale maxillaire, comme les autres incisives, peut être touchée par des phéno
mènes de gémination ou de fusion pendant l'embryogenèse (fig. 2.41). La gémination
traduit une division incomplète du germe dentaire qui aboutit à la formation d'une dent
possédant deux couronnes plus ou moins séparées et une racine commune. La fusion est
Anatomie dentaire
l'union, généralement par la dentine, de deux germes dentaires normaux pendant l'odonto-
genèse. Elle affecte particulièrement les incisives et canines, parfois symétriquement. La
fusion est soit totale, soit partielle. En cas de fusion totale, les deux dents partagent le
même complexe pulpo-radiculaire avec deux chambres pulpaires plus ou moins séparées et
une pulpe radiculaire commune. Lorsque la fusion est partielle, les couronnes sont fusion-
nées et les racines séparées. En clinique, c'est la formule dentaire qui permet le diagnostic
différentiel entre la fusion et la gémination : le nombre de dents sur l'arcade est réduit en
présence d'une fusion, sauf lorsque celle-ci s'effectue entre un germe normal et un germe
surnuméraire.
46
Mensurations
Fig. 2.41
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.42)
V L V
Connaissances
M D
V
D M
L
47
D M D
M D
D M
La face vestibulaire est fortement convexe. Les deux dépressions verticales observées sur l'inci-
sive centrale sont rarement marquées sur l'incisive latérale. Toutefois, si elles sont visibles, le
lobe distal est le plus important, suivi du lobe mésial puis du lobe central.
La racine est conique et convexe. Comme la couronne, la racine est étroite dans la direction
mésio-distal. Ses dimensions se réduisent progressivement du collet jusqu'au tiers apical où
le rétrécissement s'accentue. L'axe général de la racine est légèrement incliné du côté distal.
Cette inclinaison est plus importante pour le tiers apical.
48 La racine se termine par un apex plus pointu que celui de l'incisive centrale. Le contour
radiculaire mésial est quasiment aligné avec le contour coronaire mésial, tandis qu'en distal,
la jonction entre les contours radiculaire et coronaire forme un angle plus fermé que du
côté mésial.
M D
Connaissances
L
D M 49
M D
A B L
Fig. 2.45 Sillon corono-syndesmo-radiculaire sur les vues linguale (A) et occlusale (B) d'une incisive
latérale maxillaire gauche (22).
A M B D
Anatomie interne
Comme l'incisive centrale, l'incisive latérale maxillaire présente, dans quasiment 100 % des
cas, une cavité pulpaire simple, c'est-à-dire une racine avec un canal principal partant de la
chambre pulpaire, sans démarcation entre la chambre et le canal. Les canaux latéraux sont
occasionnels, les canaux apicaux sont fréquents.
V L
Connaissances
tion mésio-distale, mais moins individualisées et proéminentes que celles de l'incisive centrale.
La dimension mésio-distale de la chambre pulpaire représente environ la moitié de la largeur
cervicale chez le sujet adulte jeune.
La cavité se réduit progressivement des cornes pulpaires jusqu'au foramen apical.
51
D M
D M
Variabilité anatomique
La morphologie de l'incisive latérale maxillaire est très variable. Cette dent est même fréquem-
ment affectée par des variations de forme :
• incisive en « grain de riz » ou riziforme ou conoïde (peg-shaped incisor) : la couronne est
réduite dans la direction mésio-distale et de forme conique ;
• incisive « en talon » : elle est caractérisée par une hypertrophie du cingulum. Cette variante
peut être associée à des anomalies somatiques ou odontogènes. Dans certains cas, ce
cingulum hypertrophié est relié au bord incisif par une crête d'émail simple ou double. On
parle alors de variante en forme de T ou de Y. Certains auteurs considèrent que ces formes
sont le résultat de la fusion de deux bourgeons dentaires ;
• incisive « en pelle » (shovel-shaped incisor), avec une hypertrophie des crêtes marginales
mésiale et distale. Cette variante se retrouve également sur l'incisive centrale maxillaire.
52 Une variante très fréquente est caractérisée par l'inclinaison mésiale de l'axe de la couronne
qui forme alors, avec l'axe de la racine, un angle fermé du côté mésial. Cette variante constitue
une exception à la règle générale selon laquelle les axes coronaire et radiculaire forment un
angle plus fermé du côté distal en vue vestibulaire.
Durant l'embryogenèse, l'incisive latérale maxillaire, comme les autres incisives, peut être touchée par
les phénomènes de gémination ou de fusion déjà décrits pour l'incisive centrale maxillaire (fig. 2.51).
B. Incisives mandibulaires
Les incisives mandibulaires sont monoradiculées. Ce sont les dents les plus petites de toutes les
dents permanentes normalement constituées.
Elles sont en série ascendante : l'incisive centrale est légèrement plus petite que l'incisive
latérale, mais leur forme est assez semblable. Leur morphologie est simple et relativement
symétrique en vue vestibulaire.
Fig. 2.51
Anatomie descriptive des dents humaines 2
1. Incisive centrale mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 3–4 mois
Couronne achevée 4–5 ans
Éruption 6–7 ans
Racine édifiée 9 ans
Mensurations
Hauteur totale 21,5 mm
Hauteur couronne 9 mm
Hauteur racine 12,5 mm
∅ MD coronaire 5 mm
∅ MD cervical 3,5 mm
Connaissances
∅ VL coronaire 6 mm
∅ VL cervical 5,3 mm
53
V L V
M D
V
M D
D M D
V L
54
Connaissances
Vues mésiale et distale (fig. 2.55 et 2.56)
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis il s'aplatit jusqu'au
bord incisif. Son maximum de convexité est situé au quart cervical de la hauteur coronaire.
Le contour lingual forme un « S » ou un « S » inversé en fonction de la dent (31 ou 41) et de
la face proximale considérée. Il est fortement convexe dans son tiers cervical. Cette convexité,
maximale au niveau du quart cervical de la couronne, correspond à la présence du cingulum.
Dans le tiers moyen, le contour lingual est globalement concave en raison de la présence de la
fosse linguale et de crêtes marginales peu marquées. 55
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif qui est arrondi en
vue proximale et centré par rapport à l'axe de la dent.
La ligne cervicale présente, sur sa face mésiale, une forte incurvation orientée vers le bord incisif.
Les dimensions vestibulo-linguales de la racine sont importantes, notamment dans les deux
tiers cervicaux où les contours vestibulaire et lingual sont quasiment parallèles. Dans le tiers
apical, ils convergent pour former un apex émoussé et centré sur le grand axe de la dent.
Les surfaces mésiale et distale de la racine présentent fréquemment une dépression médiane
assez marquée à la jonction des tiers apical et moyen avant de s'atténuer dans le tiers cervical.
Cette dépression est plus étroite sur la face mésiale que sur la face distale de la racine où elle
peut même former un véritable sillon.
M D
V L
Anatomie dentaire
Anatomie interne
L'incisive centrale mandibulaire est une dent monoradiculée. Elle présente :
• très fréquemment, une anatomie interne simple avec un seul canal (type I) ;
• moins fréquemment, deux canaux séparés qui se rejoignent avant l'apex (type II) ;
• peu fréquemment, deux canaux séparés jusqu'aux apex (type III).
Connaissances
La cavité pulpaire se réduit progressivement de la chambre pulpaire jusqu'au foramen apical.
57
V L
centrée et ses contours suivent les contours externes de la dent. Lorsque la surface radiculaire
Anatomie dentaire
est marquée par une dépression, celle-ci se retrouve également sur le contour pulpaire. Le
diamètre vestibulo-lingual de la dent diminue progressivement en progressant vers l'apex et la
section du canal pulpaire devient tubulaire ronde.
V
M D
Variabilité anatomique
Les incisives centrales mandibulaires sont peu soumises aux variations anatomiques. Chez
certains peuples mongoloïdes, le cingulum peut être marqué d'un sillon vertical parfois très
prononcé. Il s'agit là d'un caractère ethnique.
58
Elles peuvent, comme les incisives maxillaires, être marquées par un phénomène de gémina-
tion ou de fusion (fig. 2.61).
Connaissances
V L V
59
M D
V
M D
D M D
V L
M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Comme l'incisive centrale, les reliefs de la face linguale de l'incisive latérale sont peu marqués
et mal délimités. La fosse linguale est lisse et peu profonde. Le cingulum est petit, convexe et
légèrement déporté du côté distal, rendant ainsi la crête marginale mésiale plus longue que la
crête marginale distale.
La face linguale de la racine est plus étroite que sa face vestibulaire. Elle est convexe et géné-
ralement rectiligne.
Connaissances
Fig. 2.65 Vue mésiale de l'incisive latérale mandibulaire droite (42). 61
Tous les caractères décrits précédemment pour l'incisive centrale restent valables pour l'incisive
latérale.
La seule particularité est visible sur la vue distale : la portion distale du bord incisif est
arrondie et se verse légèrement vers le côté lingual. On parle de « torsion disto-linguale »
du bord incisif.
Les dépressions sur les surfaces mésiale et distale de la racine décrites pour l'incisive centrale
V L
Anatomie interne
Coupes vestibulo-linguale et mésio-distale (fig. 2.68)
L'anatomie interne de l'incisive latérale est identique à celle de l'incisive centrale, mais les
dimensions de la cavité pulpaire dans les directions vestibulo-linguale et mésio-distale sont
légèrement plus importantes, représentant ainsi une transition avec la canine.
V D M
M
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Coupe axiale cervicale (fig. 2.69)
La coupe au collet a une forme ovalaire à grand axe vestibulo-lingual. La cavité pulpaire est
centrée et ses contours suivent les contours externes de la dent. Lorsque la surface radiculaire
est marquée par une dépression, celle-ci se retrouve également sur le contour pulpaire. Le dia-
mètre vestibulo-lingual de la dent diminue progressivement en direction de l'apex et la section
du canal pulpaire devient tubulaire ronde.
M D
Connaissances
Application clinique : accès à la cavité pulpaire
La réalisation de la cavité d'accès endodontique est en tout point identique à celle décrite pour l'incisive
centrale mandibulaire.
Variabilité anatomique
Les incisives latérales mandibulaires sont peu soumises aux variations anatomiques. Le cin- 63
gulum peut être marqué d'un sillon vertical parfois très prononcé chez certains peuples
mongoloïdes.
Anatomie dentaire
Résumé
❯ Les incisives maxillaires et mandibulaires diffèrent, essentiellement en vue occlu-
sale, par leurs couronnes plus larges dans la direction mésio-distale au maxillaire
et vestibulo-linguale à la mandibule.
❯ Les incisives maxillaires diffèrent franchement à la fois par leur taille et par leur
forme ; l'incisive centrale est plus grande dans toutes ses dimensions et adopte un
type triangulaire en vue occlusale ; l'incisive latérale est plutôt de type rond ou
ovalaire.
❯ Les incisives mandibulaires diffèrent par la taille et par la forme ; elles présentent
peu de caractères de latéralité.
❯ La latéralité des incisives maxillaires et mandibulaires est objectivée par une fer-
meture de la jonction couronne–racine plus marquée du côté distal en vue ves-
tibulaire, par un cingulum déporté du côté distal en vue occlusale, par un bord
libre qui se relève au maxillaire ou s'affaisse à la mandibule du côté distal en vue
vestibulaire et s'incurve, du côté distal, en direction linguale, en vue occlusale.
64
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
long de la veine angulaire de l'œil. Pour cette raison, la canine a souvent été appelée « dent
de l'œil ».
Une canine est une dent monocuspidée et généralement monoradiculée située entre l'inci-
sive latérale et la première prémolaire, à la jonction entre le secteur antérieur et les secteurs
latéraux, à l'angle de chaque hémi-arcade. Au maxillaire, elle est placée juste en arrière de la
suture incisive entre le prémaxillaire et le maxillaire.
Les canines se développent à partir de la deuxième lame dentaire. Ce sont donc des dents diphy-
saires qui remplacent les canines temporaires. Elles sont au nombre de quatre avec, pour chaque
hémi-arcade, une seule canine. Ces dents ne présentent donc pas de caractère d'espèce, mais 65
uniquement des caractères de classe, d'arcade et de latéralité qui permettent de leur attribuer
un code anatomique (canine maxillaire ou mandibulaire, droite ou gauche) et un code chiffré
international (13, 23, 33, 43).
A. Canine maxillaire
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée et
monoradiculée. Elle est particulièrement robuste. La canine maxillaire est une dent de transi-
tion entre l'incisive et la prémolaire, elle est située à l'angle de l'hémi-arcade. Du côté mésial,
sa morphologie coronaire se rapproche de celle de l'incisive latérale, tandis que, du côté distal,
elle se rapproche de celle de la prémolaire.
66 Chronologie d'évolution
Connaissances
Mensurations
Hauteur totale 27 mm
Hauteur couronne 10 mm
Hauteur racine 17 mm
∅ MD coronaire 7,5 mm
∅ MD cervical 5,5 mm 67
∅ VL coronaire 8 mm
∅ VL cervical 7 mm
Applications cliniques
Architecture
La canine maxillaire est implantée entre le sinus maxillaire et la cavité nasale dans une région osseuse
considérée architecturalement comme une poutre de résistance du massif facial.
Esthétique
La convexité de la face vestibulaire et la longueur de la racine engendrent, sur la surface osseuse du maxil-
laire, un bombé appelé « bosse canine » (fig. 2.71). Cette convexité assure le soutien des tissus des régions
génienne et labiale.
L'extraction chirurgicale d'une canine maxillaire s'accompagne d'une résorption osseuse qui se traduit par
une concavité plus ou moins marquée. Elle engendre également un effondrement des tissus et notamment
un creusement du sillon naso-génien.
Analgésie
La robustesse de la canine, associée à sa situation à l'angle de l'arcade, fait de cette dent un repère ana-
tomique pour la réalisation d'une analgésie régionale de la branche alvéolaire supéro-antérieure du nerf
maxillaire, dite « analgésie canine haute » (fig. 2.72).
Anatomie dentaire
68
V L V
Connaissances
M D
V
D M 69
D M D
V L
D M
Connaissances
M D
71
72
V L
Fig. 2.77 Convexité de la crête marginale en vue mésiale sur une canine maxillaire droite (13).
Le contour lingual de la couronne, du collet à la pointe cuspidienne, est constitué d'une suc-
cession de trois convexités :
• le cingulum ;
• les crêtes marginales qui, contrairement à celles des incisives, sont convexes dans la direc-
tion verticale ;
• l'arête linguale du sommet cuspidien.
Le maximum de convexité du contour lingual est situé au tiers cervical de la hauteur coronaire,
au niveau du cingulum.
La coulée d'émail qui parcourt la surface linguale de la couronne, de la base du cingulum à
l'arête cuspidienne linguale, n'apparaît pas sur cette vue proximale : concave, elle est cachée
par la convexité de la crête marginale mésiale.
La face mésiale est globalement convexe.
Comme la couronne, la racine est robuste et sa surface mésiale présente fréquemment une
dépression médiane sur toute sa hauteur.
Dans la majorité des cas, le contour vestibulaire de la racine est régulièrement convexe. Les
V L deux tiers cervicaux du contour lingual sont convexes, tandis que le tiers apical présente une
concavité. L'axe de la dent est généralement rectiligne. Sur certains spécimens, l'axe de la
Anatomie descriptive des dents humaines 2
racine peut présenter une concavité vestibulaire, le contour lingual est alors régulièrement
convexe et le contour vestibulaire, rectiligne, s'incurve du côté vestibulaire dans le tiers apical.
On dit que la canine maxillaire « relève la tête ».
Connaissances
L V
D
73
Fig. 2.78 Vue distale de la canine maxillaire droite (13).
D M
Anatomie interne
La canine maxillaire présente une cavité pulpaire simple répondant au type I, avec un canal princi-
pal dans le prolongement de la chambre pulpaire sans aucune démarcation, et un foramen apical.
La présence de deux canaux est exceptionnelle mais des foramina multiples sont retrouvés
dans 38 % des cas.
V L
74
D M
Connaissances
Fig. 2.82 Contour de la cavité d'accès endodontique de la canine maxillaire droite (13).
D M
Applications cliniques
Avulsion
Avant de procéder à l'extraction chirurgicale d'une canine maxillaire, il est impératif d'évaluer radiologique-
ment et cliniquement la longueur et le volume de sa racine. Une racine robuste et longue s'accompagne
76 souvent d'une paroi osseuse vestibulaire fine, voire fenestrée. L'avulsion doit être conduite avec précaution
de manière à préserver la table osseuse vestibulaire qui pourra servir de support à des matériaux de com-
blement et/ou à la mise en place d'un implant.
Résection apicale
Compte tenu de l'importance de la hauteur radiculaire, l'apex de la canine se situe généralement entre la
cavité nasale en avant et le sinus maxillaire en arrière. Des effets indésirables, consécutifs à une intervention
chirurgicale, peuvent être ressentis par le patient (douleurs per- et post-opératoires dues aux insertions des
muscles abaisseur du septum nasal et releveur de l'angle oral).
B. Canine mandibulaire
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte, à son angle, une seule canine. Cette dent est
diphysaire et succède à la canine temporaire mandibulaire. Elle est monocuspidée et généra-
lement monoradiculée. Comme la canine maxillaire, la canine mandibulaire est une dent de
transition entre l'incisive latérale et la première prémolaire.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Chronologie d'évolution
Mensurations
Hauteur totale 27 mm
Hauteur couronne 11 mm
Hauteur racine 16 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5,5 mm
∅ VL coronaire 7,5 mm
Connaissances
∅ VL cervical 7 mm
La couronne de la canine mandibulaire est la plus haute de toutes les couronnes des dents
maxillaires et mandibulaires.
77
Applications cliniques
Prothèse
L'importante hauteur radiculaire de la canine mandibulaire confère à cette dent un ancrage excep-
tionnel dans l'os alvéolaire. Les canines mandibulaires sont couramment les dernières dents présentes
sur l'arcade. Leurs racines peuvent alors être mises à profit pour la réalisation d'une prothèse amovible
supraradiculaire.
Chirurgie
En absence d'alvéolyse, l'avulsion de la canine mandibulaire peut s'avérer délicate en raison de l'importance
de son ancrage radiculaire et de la forme rétentive de sa racine.
Anatomie dentaire
V L V
D
V
78 M D
D M D
V L
Connaissances
apical est étroit et s'incurve généralement du côté distal pour se terminer par un apex arrondi.
La surface vestibulaire de la racine est régulièrement convexe.
79
D M
M D
V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
L V
Connaissances
Dans plus de 90 % des cas, la canine mandibulaire présente une seule racine. Les contours
vestibulaire et lingual de la racine sont globalement parallèles dans leurs deux tiers cervicaux
et alignés avec les contours coronaires, sans rupture de continuité au niveau du collet. À mi-
hauteur radiculaire, il est fréquent d'observer un renflement de ces contours, la racine pouvant
devenir légèrement plus large qu'au niveau du collet.
Le contour lingual présente généralement une légère concavité dans la région apicale. Les
contours vestibulaire et lingual se rejoignent pour former le contour de la région apicale qui est
incurvée du côté lingual et se termine par un apex arrondi. La surface mésiale de la racine pré-
sente fréquemment une dépression sur toute sa hauteur. L'axe général de la racine est rectiligne 81
ou peut présenter une concavité linguale. On dit que la canine mandibulaire « baisse la tête ».
Dans environ 5 à 7 % des cas, la canine mandibulaire présente un dédoublement de sa racine
(fig. 2.90) qui peut aller de la simple bifidité de la région apicale avec un apex lingual et un
apex vestibulaire, jusqu'à la séparation complète en deux racines avec une racine linguale
et une racine vestibulaire. Dans ce dernier cas de figure, les deux racines ont des hauteurs
généralement équivalentes, mais la racine linguale est toujours légèrement plus étroite dans la
direction vestibulo-linguale. La hauteur du tronc radiculaire est donc très variable. Une dépres-
sion est fréquemment observée sur toute la hauteur de la surface mésiale de ce tronc.
Le renflement des contours vestibulaire et lingual à mi-hauteur de la racine est plus prononcé
sur la canine bifide ou biradiculée.
L V L V
D D
Fig. 2.90 Vues distales de deux canines mandibulaires droites (43) présentant une bifidité de leur
racine.
Anatomie dentaire
V
82
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.92 et fig. 2.93)
Dans environ 80 % des cas, la canine présente une cavité pulpaire interne simple avec
une seule racine et un seul canal assez volumineux. La cavité pulpaire est centrée, sa plus
grande largeur se situe au niveau du collet. Dans la couronne, la chambre se termine par
une corne pulpaire unique centrée sur la pointe cuspidienne. Dans la racine, le canal se
rétrécit sensiblement dans le tiers apical de la dent. Les contours vestibulaire et lingual
de la chambre pulpaire et des deux tiers cervicaux du canal sont convexes. Le contour
lingual présente généralement une légère concavité dans la région apicale. L'axe du
canal suit l'axe radiculaire ; il est faiblement incurvé du côté lingual.
La présence d'une cloison dentinaire est fréquente. Cette cloison sépare alors un canal
vestibulaire et un canal lingual qui se rejoignent à un niveau variable pour se terminer
par un foramen commun. Cette cloison peut aussi s'étendre jusqu'à la région apicale,
les canaux se terminant alors par des foramina apicaux distincts (fig. 2.93).
La présence de trois canaux est exceptionnelle.
L'existence de deux racines distinctes, avec un canal dans la racine vestibulaire et un canal dans
la racine linguale représente moins de 2 à 6 % des cas.
D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V L
Connaissances
V L L V
83
M D
Fig. 2.93 Coupes vestibulo-linguales de deux canines mandibulaires droites (43) présentant une cloi-
son dentinaire (gauche) et une bifidité radiculaire (droite).
D M
M D
Variabilité anatomique
La variabilité anatomique de la canine mandibulaire concerne principalement ses dimensions
(longueur totale de la dent, rapport couronne/racine), mais également la configuration de sa
cavité pulpaire.
Le dédoublement de la racine est relativement fréquent.
Résumé
❯ Les canines maxillaires ont une anatomie tranchée, leur axe corono-radiculaire est
rectiligne ou concave du côté vestibulaire, elles « relèvent la couronne » ; leur cou-
ronne est en fer de lance avec une cuspide aiguë et semble rajoutée sur la racine ;
la jonction racine–couronne est nette et bien marquée à angle vif. Les reliefs coro-
naires sont clairement marqués.
❯ Les canines mandibulaires ont une anatomie plus discrète, leur axe corono-radiculaire
est courbe à concavité linguale, elles ont « une couronne qui plonge » ; leur couronne
est élancée avec une cuspide émoussée et semble solidaire de la racine ; la jonction
Connaissances
racine–couronne est estompée, faiblement marquée, parfois imperceptible. Les
reliefs coronaires sont discrets.
❯ La latéralité des canines se repère essentiellement par la convexité mésio-vestibulaire
de la ligne du plus grand contour.
85
Anatomie dentaire
A. Prémolaires maxillaires
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une première et une deuxième prémolaires. Les pré-
86 molaires maxillaires sont en série descendante.
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 18 à 21 mois
Couronne achevée 5 à 6 ans
Éruption 10 à 11 ans
Racine édifiée 12 à 13 ans
Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 9 mm
∅ VL cervical 8 mm
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.96)
V L V
Connaissances
M D
V
D M
87
L
D M D
V L
Le contour radiculaire est grossièrement conique et se termine par un apex arrondi. L'axe de la racine
est légèrement incliné du côté distal. La surface radiculaire vestibulaire est fortement convexe.
D M
M D
Connaissances
limite cervicale pour rejoindre la dépression mésiale du tronc radiculaire.
Le collet anatomique présente fréquemment une particularité : son tracé, comme pour toutes
les dents, est à concavité apicale, mais, en regard de la bifurcation, il peut envoyer un spicule
d'émail en direction de l'embrasure, lui conférant ainsi une forme d'accolade.
Les racines vestibulaire et linguale s'individualisent généralement, à mi-hauteur de la racine, à
partir du tronc radiculaire. L'axe de la racine vestibulaire est incliné du côté vestibulaire, et son
apex est généralement vertical. L'axe de la racine linguale est vertical ou légèrement incliné
du côté lingual, et son apex s'incurve fréquemment du côté vestibulaire. Le contour lingual de 89
la racine vestibulaire et le contour vestibulaire de la racine linguale déterminent l'embrasure
inter-radiculaire. Cervicalement, les deux racines sont réunies en un tronc radiculaire marqué,
sur toute sa hauteur, par une importante dépression verticale et médiane qui, naissant à la
bifurcation, s'étend jusqu'à la limite cervicale qu'elle déborde.
Tous les stades de rapprochement entre les deux racines peuvent être rencontrés : de la forme
la plus classique avec deux racines individualisées, à la fusion totale en une seule racine, en
passant par l'accolement. La dépression mésiale est retrouvée dans toutes ces configurations
radiculaires de la première prémolaire maxillaire.
V L
Applications cliniques
Traitement parodontal
Le praticien doit garder à l'esprit la présence de la concavité sur les surfaces coronaire et radiculaire mésiales
lors de la recherche de lésions carieuses ou de dépôts de tartre. Elle contraint le praticien à adapter son
instrumentation ou son geste lors d'un détartrage ou d'un surfaçage radiculaire.
Traitement restaurateur
Le contrôle de l'adaptation de la matrice préalablement à la restauration d'une perte de substance mésiale
de la dent par une technique foulée ou collée est indispensable.
Cariologie et fragilité de la prémolaire maxillaire
La couronne de la prémolaire maxillaire est comparable à la juxtaposition de deux cônes (les cuspides)
reliés par les crêtes marginales. Cette disposition et l'étroitesse mésio-distale cervicale confèrent à la dent
une fragilité anatomique qui est renforcée par l'effet de coin qu'exerce la cuspide vestibulaire de la prémo-
laire mandibulaire lors de l'occlusion.
Les crêtes marginales jouent un rôle essentiel dans la résistance de la dent. Si les crêtes marginales perdent leur
intégrité, la résistance de l'ensemble est compromise, favorisant ainsi les fêlures et fractures mésio-distales.
Connaissances
D M
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.102)
Tous les stades, de l'accolement partiel à une fusion complète entre les deux racines de la pre-
mière prémolaire maxillaire, peuvent être rencontrés. Cependant, quelle que soit la configu-
ration radiculaire, cette dent comporte toujours deux canaux pulpaires : un canal vestibulaire
et un canal lingual, visibles sur la coupe vestibulo-linguale. Ces deux canaux sont parallèles en
présence de racines fusionnées. Le canal lingual est généralement le plus large.
La chambre pulpaire est bien développée, elle émet deux cornes pulpaires bien individualisées
et centrées sur le sommet cuspidien correspondant : lingual ou vestibulaire.
Exceptionnellement, la première prémolaire maxillaire peut comporter un seul canal.
V L V L
M M
D M D M
Fig. 2.103 Coupes mésio-distales de la première prémolaire maxillaire droite (14) passant par un som-
met cuspidien à gauche et par le sillon intercuspidien à droite.
fidèlement celui de la racine avec une concavité mésiale et un grand axe vestibulo-lingual.
Fig. 2.104
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V
D M
Applications cliniques
Préparation périphérique
La réalisation d'une préparation périphérique doit impérativement tenir compte de l'existence et de l'inten-
sité de la concavité mésiale corono-radiculaire qui doit être clairement enregistrée par l'empreinte et repro-
duite par la restauration afin d'obtenir une bonne adaptation et une bonne intégration de la prothèse.
Tenons radiculaires
Connaissances
La finesse des racines de cette dent et la présence de la concavité mésiale sur le tronc radiculaire rendent
difficile la réalisation de tenons radiculaires. Le risque de fracture ou de perforation latérale doit être évalué
radiologiquement avant de réaliser le logement du tenon.
Variabilité anatomique
Les premières prémolaires maxillaires présentent deux racines dans 60 % des cas. Ces racines
peuvent être plus ou moins divergentes et plus ou moins longues, avec un tronc radiculaire 93
de taille variable.
Les quatre configurations les plus fréquemment rencontrées sont :
• racines longues et divergentes avec un tronc radiculaire court ;
• racines de longueur moyenne et peu divergentes avec un tronc radiculaire important ;
• racines très courtes et parallèles avec un tronc radiculaire très haut ;
• racines très fines et parallèles avec un tronc radiculaire extrêmement développé.
Dans 40 % des cas, les premières prémolaires maxillaires présentent une racine unique avec
deux canaux (fig. 2.106).
Exceptionnellement, cette dent peut être triradiculée (deux racines vestibulaires et une racine
linguale) (fig. 2.107).
Fig. 2.105
Fig. 2.106
Anatomie dentaire
Fig. 2.107 Vue vestibulaire d'une première prémolaire maxillaire droite (14) à trois racines.
Fig. 2.108 Vue mésiale d'une première prémolaire maxillaire droite (14) dont les deux racines sont
particulièrement fines.
Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8,5 mm
Hauteur racine 14 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 9 mm
Connaissances
∅ VL cervical 8 mm
Fig. 2.109 Deuxième prémolaire maxillaire gauche (25) dont la racine est en contact avec le
plancher sinusien.
V L V
M D
V
D M
L
96
D M D
V L
Connaissances
Vue linguale (fig. 2.112)
La largeur de la face linguale est à peine inférieure à celle de la face vestibulaire. Les faces proxi-
males sont donc quasiment invisibles, contrairement à celles de la première prémolaire.
La cuspide linguale présente deux arêtes convexes : une arête mésiale et une arête distale. L'arête
distale est plus longue que l'arête mésiale, déportant ainsi le sommet cuspidien du côté mésial.
Les contours mésial et distal sont globalement convexes, le contour distal est légèrement plus anguleux.
Le contour radiculaire lingual est plus étroit que le contour vestibulaire. La surface linguale de
la racine est fortement convexe. 97
vestibulo-lingual occlusal.
D
Anatomie dentaire
Le contour vestibulaire est régulièrement convexe ; cette convexité est plus marquée sur le
contour lingual.
La dent présente deux cuspides, généralement de même hauteur : une cuspide vestibulaire et
une cuspide linguale.
La crête marginale mésiale se situe au tiers occlusal de la hauteur coronaire mais n'est pas
systématiquement sectionnée par un sillon secondaire.
La racine est large et de forme grossièrement pyramidale à base cervicale. La surface mésiale
de la couronne est toujours régulièrement convexe. Une dépression médiane s'étend sur toute
la hauteur radiculaire si la dent présente une seule racine. Cette dépression ne concerne que le
tronc radiculaire si la dent est biradiculée. Parfois très prononcée, cette dépression peut créer
un étranglement à mi-hauteur radiculaire.
V L
M
98
L V
Connaissances
D
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.116)
La chambre pulpaire est bien développée et émet deux cornes pulpaires bien individualisées en
regard des sommets cuspidiens correspondants.
Généralement, cette coupe met en évidence un canal unique dont le diamètre est maximal au
collet, et décroît régulièrement en progressant vers l'apex.
À mi-hauteur radiculaire, le canal pulpaire peut se dédoubler et donner naissance à un canal
vestibulaire et un canal lingual. Ces deux canaux peuvent suivre des directions parallèles et
se terminer par des foramina apicaux distincts, ou peuvent être séparés par un îlot dentinaire
dans un premier temps, puis se rejoindre à nouveau en un canal et un foramen apical com-
muns. Ces deux dernières configurations canalaires peuvent être observées dans la deuxième
prémolaire monoradiculée, quand elle présente deux canaux radiculaires. La présence des
canaux latéraux et terminaux est fréquente.
V L
M
Coupe vestibulo-linguale de la deuxième prémolaire maxillaire droite (15).
Fig. 2.116
Anatomie dentaire
D M
D M
V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Variabilité anatomique
La deuxième prémolaire présente généralement une seule racine. Cependant, la bifidité est
fréquente puisqu'elle est observée dans environ 15 % des cas.
B. Prémolaires mandibulaires
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte une première et une deuxième prémolaires. Les
prémolaires mandibulaires sont en série ascendante.
Connaissances
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 21 à 24 mois
Couronne achevée 5 à 6 ans
Éruption 10 à 12 ans
Racine édifiée 12 à 13 ans
Mensurations 101
V L V
M D
V
M D
102 L
D M D
V L
Connaissances
La surface vestibulaire présente deux légères dépressions verticales délimitant trois lobes : un
lobe mésial, un lobe distal et un lobe central, ce dernier étant le plus volumineux. Le lobe
central est parcouru sur toute sa hauteur par une arête vestibulaire.
Le contour radiculaire est régulièrement convexe, grossièrement conique et se termine habi-
tuellement par un apex pointu. L'axe de la racine est incliné du côté distal et la surface vesti-
bulaire de la racine est fortement convexe.
D M
D
Anatomie dentaire
La cuspide linguale est fréquemment acérée, mais toujours de petite taille. Son sommet est
généralement aligné avec celui de la cuspide vestibulaire.
Le contour radiculaire lingual est plus étroit que le contour vestibulaire. La surface linguale de
la racine est fortement convexe.
La première prémolaire mandibulaire présente généralement une seule racine dont l'apex est
émoussé. La surface radiculaire est globalement convexe, mais elle est fréquemment parcou-
rue par une dépression médiane longitudinale.
L V
Connaissances
Vue occlusale (fig. 2.124)
De part et d'autre de l'arête vestibulaire, le contour vestibulaire de la ligne du plus grand
contour est généralement convexe. Il peut parfois être légèrement concave si les dépressions
de la face vestibulaire sont marquées et laissent leurs empreintes sur les arêtes cuspidiennes
vestibulaires. Les points de contact sont légèrement déportés en vestibulaire dans le tiers
moyen de la face occlusale. Les contours proximaux convergent fortement vers la face lin-
guale. Le contour mésial est plus court et plus convexe que le contour distal, ce qui constitue 105
une exception à la règle générale selon laquelle une surface mésiale est plus étendue et
aplatie qu'une surface distale. La première prémolaire mandibulaire est la seule dent dont
la face mésiale est plus étroite et plus convexe que la face distale. Le contour lingual est
fortement convexe.
La table occlusale est circonscrite par les arêtes cuspidiennes et marginales. Elle est princi
palement constituée par le versant interne de la cuspide vestibulaire, et complétée par
le versant interne de la petite cuspide linguale. Les arêtes occlusales des deux cuspides
se rejoignent au niveau du sillon intercuspidien qui peut être anfractueux ou comblé par
la crête transversale d'émail que forme la continuité des arêtes. Ce sillon relie les fosses
marginales mésiale et distale en dessinant une courbe à concavité vestibulaire qui déli-
mite l'assise occlusale de la cuspide vestibulaire. Fréquemment, un prolongement de ce
sillon s'insinue entre la crête marginale mésiale et la cuspide linguale en débordant de la
table occlusale.
M D
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.125)
La cavité pulpaire est généralement simple. Le plafond de la chambre pulpaire est incliné du
côté lingual, il suit le contour de la table occlusale. La chambre pulpaire émet une corne pul-
paire principale vestibulaire centrée sur la cuspide et une corne moins marquée en regard de
la cuspide linguale. Généralement, la largeur de la cavité pulpaire se réduit progressivement
jusqu'à la limite entre le tiers moyen et le tiers apical. Dans ce dernier tiers, la largeur de la
cavité radiculaire devient plus faible et constante.
La cavité pulpaire peut présenter d'autres configurations :
• le canal peut se dédoubler dans le tiers apical en donnant un canal vestibulaire et un canal lingual ;
• le canal peut être unique et très large de la chambre pulpaire à l'apex.
106
Fig. 2.125 Coupe vestibulo-linguale de la première prémolaire mandibulaire droite (44).
D M
peine plus important du côté vestibulaire. Une légère dépression, plus intense du côté mésial
quand elle existe, peut marquer les contours proximaux.
M
V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V
M D
La coupe au collet passe par la chambre pulpaire dont le contour est centré et suit fidèlement
le contour radiculaire.
Connaissances
Si la dent présente deux canaux, la cavité d'accès est plus étirée dans la direction vestibulo-linguale.
107
Variabilité anatomique
Les premières prémolaires mandibulaires présentent, dans 14 à 16 % des cas, une racine comportant
un canal vestibulaire et un canal lingual. Cette configuration passe fréquemment inaperçue sans une
observation attentive du cliché radiographique. Seuls un cliché réalisé suivant une incidence mésio-
excentrée et le sens tactile du praticien lors du cathétérisme peuvent objectiver cette situation.
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 27 à 30 mois
Couronne achevée 6 à 7 ans
Éruption 11 à 12 ans
Racine édifiée 13 à 14 ans
Anatomie dentaire
Mensurations
Hauteur totale 22,5 mm
Hauteur couronne 8 mm
Hauteur racine 14,5 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 8 mm
∅ VL cervical 7 mm
V L V
108
M D
V
M D
D M D L
V L
D M
Connaissances
Fig. 2.130 Vue vestibulaire de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).
109
Prémolaire tricuspidée
La face linguale est égale à la face vestibulaire ou à peine plus étroite que celle-ci, mais dans
cette forme anatomique tricuspidée, il lui arrive d'être la face la plus large, ce qui constitue
110 alors une exception à la règle de la convergence linguale des faces proximales. Sur cette vue
linguale, les faces proximales ne sont pas visibles. Il en va de même pour la table occlusale qui,
étant moins inclinée vers le côté lingual que sur la première prémolaire, ne découvre pratique-
ment pas ses éléments constitutifs.
Les deux cuspides linguales sont séparées l'une de l'autre par un sillon intercuspidien qui, en
fonction du développement variable de la cuspide disto-linguale, siège entre la moitié et le tiers
distal de la face linguale. En dehors de ce sillon, la surface linguale est régulièrement convexe.
La cuspide disto-linguale est le, plus souvent, moins large et également moins haute d'environ
1 mm que la cuspide mésio-linguale ; elle occupe généralement le tiers distal de cette face,
mais, son volume étant variable, elle peut en occuper plus de la moitié. L'arête mésiale de la
cuspide mésio-linguale se poursuit sans discontinuité avec la crête marginale mésiale, tandis
que l'arête distale de la cuspide disto-linguale s'articule avec la crête marginale distale qui est
constamment plus cervicale que la crête marginale mésiale.
La surface radiculaire linguale est régulièrement convexe.
Prémolaire bicuspidée
La face linguale est moins large que la face vestibulaire et les faces proximales sont donc
visibles sur la vue linguale. L'unique cuspide linguale est légèrement plus courte que la cuspide
vestibulaire, tout comme la cuspide mésio-linguale de la deuxième prémolaire tricuspidée dont
elle est l'homologue, et son sommet est centré. Les arêtes cupidiennes mésiales et distales
des cuspides vestibulaire et linguale sont en continuité avec les crêtes marginales. La crête
marginale distale est constamment plus cervicale que la crête marginale mésiale. La surface
coronaire linguale est régulièrement convexe, tout comme la surface radiculaire linguale.
Connaissances
cervicales. Le sommet de la cuspide linguale ou mésio-linguale est à l'aplomb du contour radiculaire
lingual. La table occlusale est inclinée de 15° vers la face linguale et la crête marginale mésiale lui est
parallèle. Cette crête étant plus occlusale que la crête marginale distale, les éléments de la face occlu-
sale sont peu exposés. La surface mésiale de la couronne est large et faiblement convexe ou aplatie.
La racine est conique et se termine par un apex émoussé. Sa surface est convexe.
Le contour vestibulaire de la table occlusale peut être légèrement concave si les dépressions de la
surface vestibulaire laissent leur empreinte sur les arêtes mésiale et distale de la cuspide vestibulaire.
Les contours lingual et proximaux varient selon la forme anatomique bi- ou tricuspidée.
L
Anatomie dentaire
V V
A L B L
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.136)
La cavité pulpaire est généralement simple. Le plafond de la chambre pulpaire suit l'inclinaison
de la table occlusale. La chambre pulpaire émet deux cornes pulpaires en regard des sommets
cuspidiens correspondants. La largeur de la cavité pulpaire se réduit progressivement jusqu'au
tiers apical. Ensuite, elle est faible et constante.
D M
Connaissances
et suit fidèlement le contour radiculaire.
M D
113
Fig. 2.138 Coupe axiale cervicale de la deuxième prémolaire mandibulaire droite (45).
Résumé
❯ Les prémolaires maxillaires et mandibulaires diffèrent par leurs vues proximales :
contour incliné du côté vestibulaire au maxillaire et du côté lingual à la mandi-
bule, tables occlusales déportées du côté vestibulaire au maxillaire et lingual à la
mandibule, contour lingual en surplomb à la mandibule, cuspides vestibulaire et
linguale de même proportion au maxillaire, cuspide vestibulaire plus volumineuse
à la mandibule.
❯ Les premières prémolaires des deux arcades sont marquées par la proximité de
la canine (dents « caniniformes ») : acuité cuspidienne marquée, formes occlusales
anguleuses, table occlusale inclinée, alors que les deuxièmes prémolaires sont
influencées par la molaire (dents « molariformes ») : acuité cuspidienne réduite,
convexité générale des formes coronaires, table occlusale nivelée.
❯ La latéralité des prémolaires se repère essentiellement par l'asymétrie de la ligne
du plus grand contour et du sommet de la cuspide linguale au maxillaire, alors que
la latéralité des prémolaires mandibulaires est objectivée par la forme asymétrique
de la ligne du plus grand contour et par le volume des cuspides linguales.
114
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V. Molaires permanentes
Le mot « molaire » vient du latin molaris, « meule », par analogie avec la fonction de broyage
des aliments. Galien (131–201) est le premier auteur qui met en relation la morphologie des
molaires et leur fonction. Il considère cependant que les dents sont des os…
Au fil du temps, différents noms ont été utilisés. Ainsi, dans son ouvrage De Dissectione
Partium Corporis Humani (De la dissection des parties du corps humain), paru en 1546,
Charles Estienne, médecin, humaniste et imprimeur, nomme ces dents « masticatoires » car
« elles meulent la viande ». Il distingue cependant les troisièmes molaires qu'il associe à la
croissance des « mâchoires » et qu'il nomme « dents génuines » ou « dents du sens ». De la
même façon, Hémard, en 1582, les appelle « machelières » dans son ouvrage Recherche de la
vraye anathomie, nature et propriétés d'icelles.
Contrairement aux incisives, canines et prémolaires, les molaires se développent à partir de la
première lame dentaire. Elles ne remplacent aucune dent temporaire et ne sont pas rempla-
cées. Ce sont donc des dents monophysaires.
Les molaires permanentes sont au nombre de douze avec, pour chaque hémi-arcade, une
première, une deuxième et une troisième molaires.
Connaissances
Ces dents présentent des caractères d'arcade, d'espèce et de latéralité qui permettent de leur attri-
buer un code anatomique (première, deuxième ou troisième molaire, maxillaire ou mandibulaire,
droite ou gauche) et un code chiffré international (16, 17, 18, 26, 27, 28, 36, 37, 38, 46, 47, 48).
Les molaires font leur éruption entre 6 et 18 ans environ. La première molaire, dite « dent de six ans »
est la première à apparaître, suivie de la deuxième molaire, dite « dent de douze ans » et enfin, la troi-
sième molaire, dite « dent de sagesse » fait son éruption parfois très tardivement, vers l'âge de 25 ans.
Les molaires ont un rôle fonctionnel de broiement des aliments. Cette propriété leur est confé-
rée par leur surface occlusale étendue et leur ancrage radiculaire important, mais également 115
par leur situation dans laquelle la force exercée par les muscles masticateurs est maximale.
Les molaires participent au maintien de la dimension verticale d'occlusion. Elles constituent,
avec les prémolaires, le groupe des dents postérieures, dites également « dents jugales ».
Les molaires sont définies comme les dents les plus volumineuses, avec une surface occlusale
composée de trois, quatre ou cinq cuspides, mais elles possèdent toujours au moins deux
cuspides vestibulaires. Elles ont généralement deux ou trois racines.
On constate sur les molaires l'existence d'un gradient morphologique mésio-distal qui fait de la
première molaire, au maxillaire comme à la mandibule, un modèle qui exprime, pour chacune
des arcades, les caractères anatomiques de la classe avec la plus forte intensité. Ces caractères se
retrouvent ensuite plus ou moins reproduits sur les deux autres molaires avec une intensité variable.
A. Molaires maxillaires
Les molaires maxillaires sont en série descendante : la première molaire est la plus volumi-
neuse, suivie de la deuxième et enfin de la troisième qui a une morphologie très variable.
Ce sont des dents pluriradiculées. Elles comportent généralement trois racines, dont deux
vestibulaires et une linguale. La racine linguale est la plus volumineuse, suivie de la racine
mésio-vestibulaire puis de la racine disto-vestibulaire.
Leur couronne est composée d'au moins trois cuspides principales, bien développées et dispo-
sées en triangle à sommet lingual : deux cuspides vestibulaires et une cuspide linguale. Il peut
s'y adjoindre une quatrième cuspide isolée, plus petite et en position disto-linguale. Une crête
occlusale oblique relie la cuspide mésio-linguale à la cuspide disto-vestibulaire. Cette crête,
orientée de mésio-lingual en disto-vestibulaire, est appelée « pont d'émail ». Elle isole la petite
cuspide disto-linguale, quand elle existe, des trois cuspides principales.
Le diamètre vestibulo-lingual des molaires maxillaires est toujours plus important que le dia-
mètre mésio-distal.
Anatomie dentaire
Mensurations
Hauteur totale 20,5 mm
Hauteur couronne 7,5 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 10 mm en V
11 mm en L
∅ MD cervical 8 mm
∅ VL coronaire 11 mm
∅ VL cervical 10 mm
116
V L V
M D
M
D M D
D
V L
Connaissances
Le contour mésial de la couronne est aplati sous le maximum de convexité qui est situé au quart occlu-
sal de la hauteur coronaire et correspond au point de contact mésial avec la deuxième prémolaire.
Le contour distal est fortement et régulièrement convexe. Son maximum de convexité est situé
à mi-hauteur coronaire et correspond au point de contact distal avec la deuxième molaire.
À partir des points de contact, les contours mésial et distal se continuent respectivement avec
l'arête mésiale de la cuspide mésio-vestibulaire et avec l'arête distale de la cuspide disto-vestibulaire.
Le contour occlusal, constitué des arêtes cuspidiennes vestibulaires, est caractéristique : la cus-
pide mésio-vestibulaire, la plus volumineuse, est moins aiguë que la cuspide disto-vestibulaire
117
dont les arêtes mésiale et distale sont plus inclinées. Pour ces cuspides vestibulaires, les arêtes
distales sont plus longues que les arêtes mésiales et les sommets cuspidiens s'en trouvent
légèrement décalés du côté mésial.
Dans sa moitié cervicale, la surface vestibulaire est régulièrement convexe et, dans sa moitié
occlusale, elle est parcourue par un sillon intercuspidien vestibulaire né de la juxtaposition des
deux convexités cuspidiennes ; il se termine dans un puits à mi-hauteur coronaire.
Les deux racines vestibulaires et la racine linguale sont visibles sur cette vue vestibulaire. La
racine linguale apparaît entre les deux racines vestibulaires, elle est verticale. Les racines ves-
tibulaires naissent d'un tronc radiculaire dont la surface est parcourue par une dépression qui
naît de l'embrasure inter-radiculaire vestibulaire et s'estompe progressivement en cheminant
vers le collet. La bifurcation siège dans le tiers moyen de la hauteur radiculaire.
D M
La racine mésio-vestibulaire, plus importante dans son diamètre mésio-distal, peut être plus
longue, plus courte ou de même longueur que la racine disto-vestibulaire. Les deux racines
vestibulaires sont généralement plus courtes que la racine linguale et leurs axes divergent. La
racine mésio-vestibulaire est parallèle au grand axe de la dent et son apex est fréquemment
incliné du côté distal.
La racine disto-vestibulaire est inclinée distalement et son apex se coude en général du côté mésial.
Les surfaces vestibulaires des trois racines sont régulièrement convexes.
118
Fig. 2.142 Coupe axiale passant par le sinus maxillaire et montrant les apex de la première molaire en
saillie dans la cavité sinusienne.
Connaissances
distalé et siège pratiquement au milieu de la face linguale.
La cuspide disto-linguale ne présente, à proprement parler, ni arêtes ni sommet cuspidien défi-
nis. Son contour occlusal forme un demi-cercle presque parfait qui accentue encore la forme
sphéroïdale de la face distale.
La surface linguale est parcourue obliquement par un sillon intercuspidien lingual qui passe
sans transition de la surface occlusale, où il sépare nettement la cuspide disto-linguale des trois
cuspides majeures, à la surface linguale, au centre de laquelle il vient mourir.
La surface linguale présente, sur le flanc mésio-lingual de la cuspide mésio-linguale, une 119
« 5e cuspide », non fonctionnelle, appelée « tubercule de Carabelli » dont le développement
est variable. Le tubercule de Carabelli1 est souligné occlusalement par un sillon plus ou moins
anfractueux qui peut être la seule manifestation visible de ce tubercule accessoire.
En son centre, la surface linguale est aplatie, fréquemment concave, alors que la partie distale
qui correspond à la cuspide disto-linguale est fortement convexe.
M D
1
Le tubercule de Carabelli a été décrit en 1842 par Georg Carabelli (1787–1842), dentiste hongrois, professeur
de chirurgie dentaire à Vienne.
Anatomie dentaire
Les deux racines vestibulaires et la racine linguale sont visibles sur cette vue (fig. 2.144). La
racine linguale est conique et masque en partie les deux racines vestibulaires. Cependant, tout
le contour mésial de la racine mésio-vestibulaire est exposé en raison de l'obliquité des faces
proximales de cette dent.
La surface linguale des racines vestibulaires est convexe. La surface linguale de la racine lin-
guale est parcourue verticalement par une dépression longitudinale qui naît sur la surface
linguale de la couronne et se termine dans le tiers moyen radiculaire pour laisser place à une
convexité dans le tiers apical.
V L
Connaissances
Sur la surface mésiale du tronc radiculaire, à la bifurcation, naît une dépression à direction
cervico-linguale qui vient mourir au collet, en regard du spicule d'émail qui sépare les segments
vestibulaire et lingual du collet mésial.
122
V L
L V
Fig. 2.148 Vue occlusale de la première molaire maxillaire droite (16).
M
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le contour distal, étroit, est régulièrement convexe.
Le contour lingual, comme le contour vestibulaire, présente des convexités cuspidiennes mésio-
linguale et disto-linguale séparées par une anfractuosité intercuspidienne nettement marquée. La
face linguale est plus large que la face vestibulaire, ce qui constitue une exception aux règles géné-
rales d'anatomie dentaire (avec la deuxième prémolaire mandibulaire tricuspidée). L'élargissement
de la portion linguale de cette couronne est dû à la divergence des faces proximales, et plus
particulièrement à l'obliquité de la face distale et au développement de la cuspide disto-linguale.
Le contour mésial est aplati et plus long que le contour distal, d'où l'obliquité importante de la
face vestibulaire. La crête marginale mésiale est toujours plus étendue que la crête marginale
distale, dans la direction vestibulo-linguale, et elle est fréquemment sectionnée par des sillons
accessoires. Le point de contact mésial est plus vestibulaire (tiers vestibulaire du diamètre
vestibulo-lingual) que le point de contact distal (moitié du diamètre vestibulo-lingual).
Sur le flanc mésio-lingual de la couronne, le tubercule de Carabelli est visible lorsqu'il est présent.
La table occlusale est enfermée dans les limites des arêtes cuspidiennes et marginales. Elle est
décalée du côté vestibulaire et présente quatre cuspides qui sont, par ordre décroissant de
volume, mésio-linguale, mésio-vestibulaire, disto-vestibulaire et disto-linguale.
Les deux cuspides vestibulaires et la cuspide mésio-linguale forment un triangle constitué de
Connaissances
l'arête marginale mésiale, des arêtes cuspidiennes vestibulaires et de la crête oblique née de
l'alignement des arêtes internes des cuspides mésio-linguale et disto-vestibulaire. La cuspide
disto-linguale est isolée de cet ensemble constitué par les trois cuspides principales.
Le contour mésial de la table occlusale proprement dite est aplati et parallèle à la ligne du plus
grand contour de la couronne.
Le contour cuspidien vestibulaire de la table occlusale, moins oblique que celui de la ligne du plus
grand contour vestibulaire de la couronne, se confond même avec lui à l'angle disto-vestibulaire.
La cuspide mésio-vestibulaire est à peine plus importante que la cuspide disto-vestibulaire. Le
123
contour distal occlusal est parallèle au grand contour coronaire distal.
Le contour cuspidien lingual de la table occlusale donne tout son caractère à la première
molaire : au niveau de la ligne du plus grand contour, c'est en regard de la cuspide mésio-
linguale que la convexité est la plus marquée, alors qu'au niveau de la table occlusale, la
situation est inversée et c'est la cuspide disto-linguale qui, projetée en direction disto-linguale,
déborde largement, du côté lingual, la cuspide mésio-linguale. La cuspide mésio-linguale est
nettement plus importante (3/5) que la cuspide disto-linguale (2/5).
La table occlusale présente plusieurs sillons intercuspidiens :
• un sillon principal central mésio-distal sépare les cuspides vestibulaires et linguales. On
peut noter deux segments distincts à ce sillon, de part et d'autre du pont d'émail. Le
segment mésial à concavité linguale sépare la cuspide mésio-linguale de la cuspide mésio-
vestibulaire et du pan mésial de la cuspide disto-vestibulaire. Le segment distal à concavité
vestibulaire sépare la cuspide disto-linguale du pan distal de la cuspide disto-vestibulaire ;
• deux sillons principaux périphériques vestibulo-linguaux, parallèles entre eux et au pont d'émail,
séparent les cuspides mésiales des cuspides distales. Le sillon vestibulaire se dirige vers le som-
met de la cuspide mésio-linguale et détermine, à son intersection avec le sillon mésio-distal, une
fosse centrale mésiale constituée de trois pans cuspidiens. Le sillon lingual se confond avec le
segment distal du sillon mésio-distal pour constituer une fosse centrale distale.
Aux extrémités du sillon principal mésio-distal central se trouvent les fosses marginales mésiale
et distale. Du fond de la fosse marginale distale naissent des sillons accessoires qui coupent la
crête marginale.
Les arêtes internes des cuspides mésio-linguale et disto-vestibulaire adoptent une disposition
caractéristique en se rejoignant pour constituer une crête oblique ou « pont d'émail ». Ces deux
arêtes fusionnées forment un angle ouvert du côté mésial et, à leur intersection, engendrent une
surélévation qui comble le sillon en séparant les segments mésial et distal du sillon intercuspidien.
L'arête interne de la cuspide mésio-vestibulaire se termine dans le sillon principal, à mi-chemin
entre les fosses centrale et marginale mésiales. L'arête interne de la cuspide disto-linguale se
termine dans le segment distal ou dans la fosse centrale distale.
Anatomie dentaire
Anatomie interne
L'anatomie interne de la première molaire maxillaire est complexe. Les racines linguale et disto-
vestibulaire comportent généralement un seul canal. La prévalence d'un deuxième canal dans la
racine mésio-vestibulaire, dit MV2, est très élevée puisque cette configuration est souvent considé-
rée, dans la documentation scientifique, comme plus fréquente que la configuration à un seul canal.
Dans la majorité des cas, les deux canaux mésio-vestibulaires, MV1 et MV2, se rejoignent
à un niveau variable de la racine pour se terminer par un foramen unique et commun. La
configuration à deux canaux, avec deux foramina distincts, est plus rare. Le deuxième canal
mésio-vestibulaire peut être très court.
M M
Fig. 2.149 Coupes vestibulo-linguales de la première molaire maxillaire droite (16) passant par la
racine linguale et entre les deux racines vestibulaires à gauche, et par les racines mésio-vestibulaire
et linguale à droite.
D M
Fig. 2.150 Coupe mésio-distale de la première molaire maxillaire droite (16) passant par les deux
racines et les deux cuspides vestibulaires.
Connaissances
de la chambre pulpaire sont aigus, car ils résultent de la juxtaposition de parois axiales qui
présentent toutes une convexité tournée vers la cavité pulpaire.
Le plancher, de forme triangulaire, est fortement convexe et présente les entonnoirs des
embouchures des canaux radiculaires.
V L 125
MV MV
DV
(h)
P P
A B
MV2
C D
Variabilité anatomique
Anatomiquement, la première molaire est la plus stable de toutes les dents permanentes.
Le tubercule de Carabelli – également appelé péricône de Stelhin, ectocône de Chardin, tubercu-
lum anomalum ou encore ectocône de Trihland – présente une grande variabilité de forme et de
volume. Dahlberg a proposé une échelle de développement allant du grade 0, en l'absence de
tubercule, au grade 8, en présence d'un tubercule volumineux isolé de la surface linguale par un
126
sillon et présentant un véritable sommet cuspidien. Le tubercule de Carabelli est un caractère très
ancien : Jeanselme a pu le mettre en évidence sur plusieurs sujets de l'époque néolithique. Par
ailleurs, la fréquence de ce tubercule varie considérablement en fonction des groupes ethniques.
B.S. Kraus est le premier, en 1951, à déterminer son mode de transmission par l'étude de
sujets apparentés (fig. 2.153). Il en conclut que l'expression de cette variable résulte de l'action
de gènes codominants, en admettant tout de même que d'autres facteurs génétiques doivent
avoir une certaine influence sur sa transmission.
Connaissances
molaire ;
• le type à trois cuspides résulte de la disparition ou de l'atténuation de la cuspide disto-
linguale. Dans cette configuration, la forme occlusale de la couronne est triangulaire à
sommet lingual et préfigure celle de la troisième molaire.
127
M D
M
D
D M D
V L
V L
Anatomie dentaire
128
M M
A
L B
L
D D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Type à quatre cuspides (environ 2/3 des cas)
La cuspide disto-linguale est présente mais son volume est réduit. Plus courte que la cuspide
mésio-linguale, elle occupe le tiers distal de la couronne.
Dans sa moitié occlusale, la surface linguale est parcourue par un sillon qui naît de la juxta-
position des deux cuspides. Ce sillon passe sans transition de la surface linguale à la surface
occlusale où il isole la cuspide disto-linguale des trois cuspides principales.
La divergence des faces axiales proximales est faible.
Dans la très grande majorité des cas, il n'y a pas de tubercule de Carabelli sur la deuxième
molaire maxillaire.
La racine linguale est longue. Son axe est légèrement incliné du côté distal et son apex se situe
à l'aplomb de la cuspide disto-linguale. Les deux racines vestibulaires, visibles en arrière-plan,
sont quasiment parallèles et inclinées du côté distal.
Type à trois cuspides (environ 1/3 des cas)
La cuspide disto-linguale étant absente, une seule cuspide linguale, généralement volumi-
neuse, est présente. Cette cuspide est aiguë, son arête mésiale, toujours plus courte que la
distale, décale le sommet cuspidien du côté mésial. La crête marginale distale est toujours plus
cervicale que la crête marginale mésiale.
Connaissances
Vue mésiale (fig. 2.157)
Le bourrelet cervical coronaire vestibulaire est plus proéminent que celui de la première molaire,
situant ainsi le maximum de convexité du contour vestibulaire dans le tiers cervical, juste sous
le collet. Le contour vestibulaire présente une légère concavité dans sa portion occlusale.
Le maximum de convexité du contour lingual est situé dans le tiers moyen de la hauteur
coronaire.
La surface mésiale de la couronne est fortement aplatie. La crête marginale mésiale est concave 129
et située plus occlusalement que la crête marginale distale ; elle est fréquemment sectionnée
par un sillon accessoire.
La racine linguale présente un axe pratiquement parallèle à celui des racines vestibulaires.
L'ensemble formé par ces trois racines apparaît donc plus rassemblé par comparaison avec
celui de la première molaire.
V L
Anatomie dentaire
La crête marginale distale est située plus cervicalement et découvre le versant distal de la crête
oblique (ou pont d'émail).
Quand la cuspide disto-linguale existe, son arête distale se confond avec la crête marginale qui
s'affine en son milieu et prend une forme d'accent circonflexe.
Quand il n'y a pas de cuspide disto-linguale, la crête marginale distale est rectiligne.
La racine mésio-vestibulaire, plus étendue et plus longue que la racine disto-vestibulaire, est visible en
arrière-plan. L'apex de la racine linguale se situe à l'aplomb du sommet de la cuspide disto-linguale.
L V
M M
V V L
L
A D B D
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.160)
L'anatomie interne de la deuxième molaire est comparable à celle de la première molaire
Connaissances
avec un canal lingual très développé et la présence fréquente de deux canaux dans la racine
mésio-vestibulaire.
131
V L V
D M
Fig. 2.161 Coupe mésio-distale de la deuxième molaire maxillaire droite (17) passant par les deux
M
L
V
Anatomie dentaire
Variabilité anatomique
132 Le tubercule de Bölk (fig. 2.163), ou encore parastyle de Dahlberg, a été décrit par Louis Bölk
(1866–1930), anatomiste néerlandais. Ce tubercule est parfois présent sur la face vestibulaire
ou à l'angle mésio-vestibulaire de la deuxième molaire maxillaire. Il peut exceptionnellement être
observé sur la première mandibulaire ; il prend alors le nom de protostylide de Dahlberg.
Ce tubercule est plus fréquent chez certaines populations comme les Inuits et les Indiens du
sud-ouest des États-Unis.
Le tubercule de Bölk est considéré comme un reliquat de la cingule des Mammifères et des Primates
inférieurs. Il peut être assimilé à un vestige du parastyle présent chez les Prosimiens sur la face vesti-
bulaire du paracône. La présence d'un tubercule de Bölk volumineux peut être associée à une racine
accessoire.
Les deuxièmes molaires ont une forme variable, avec trois ou quatre cuspides, et parfois un
aplatissement dans la direction mésio-distale.
Par ailleurs, il n'est pas rare de rencontrer des deuxièmes molaires dont les racines sont fusion-
nées. Dans ce cas, la chambre pulpaire se poursuit par un canal unique, de forme pyramidale,
qui se réduit progressivement jusqu'à l'apex.
V L
Fig. 2.163 Tubercule de Bölk sur la face vestibulaire d'une deuxième molaire maxillaire droite (17).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
3. Troisième molaire maxillaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 7–9 ans
Couronne achevée 12–16 ans
Éruption 17–21 ans
Racine édifiée 18–25 ans
Mensurations
Hauteur totale 17,5 mm
Hauteur couronne 6,5 mm
Hauteur racine 11 mm
∅ MD coronaire 8,5 mm
∅ MD cervical 6,5 mm
Connaissances
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 9,5 mm
Anatomie externe
La troisième molaire maxillaire est généralement la plus petite des trois molaires maxil-
laires. Elle est également la plus variable de toutes les dents par ses dimensions, sa forme
et ses modalités d'éruption et présente fréquemment des anomalies de développement et 133
d'éruption.
134
Fig. 2.165 Mise en place d'un écarteur lame entre la tubérosité maxillaire et la lame latérale du
processus ptérygoïde, afin de prévenir le risque de luxation de la troisième molaire dans la fosse
infratemporale.
Il est très difficile de donner un modèle de description pour cette dent dans la mesure où elle
peut être comparable à la deuxième molaire ou, au contraire, n'avoir aucun trait commun avec
les deux autres molaires maxillaires.
Nous en proposons donc une description sommaire d'un type moyen (fig. 2.166).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
V L V
M D
M
Connaissances
V L
D M D D
135
V L
D M
136
Vue mésiale (fig. 2.169)
Les surfaces coronaire et radiculaire mésiales sont aplaties.
Les racines linguale et mésio-vestibulaire sont généralement fusionnées.
Fig. 2.169
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
La ligne du plus grand contour de la troisième molaire est triangulaire à sommet lingual. L'angle
mésio-vestibulaire est toujours aigu. La cuspide linguale est large et son contour est arrondi.
Parfois, cette dent présente quatre cuspides : ses formes occlusales se rapprochent alors de
celles de la deuxième molaire, voire de la première molaire. Cependant, les dessins des sillons
sont plus anarchiques. La fosse centrale est généralement un puits à partir duquel rayonnent
de nombreux sillons secondaires qui irradient sur les pans cuspidiens.
M 137
V L
V L D M V
D
L V
M
Anatomie dentaire
V B
M
138 Fig. 2.173 Troisièmes molaires maxillaires droites (18) présentant des morphologies radiculaires particulières.
B. Molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont des dents pluricuspidées et pluriradiculées. Elles sont en série
descendante : la première molaire est plus grande que la deuxième molaire qui, elle-même, est
plus grande que la troisième molaire. Ces dents sont caractérisées par une table occlusale très
large qui permet d'assurer le broyage du bol alimentaire.
A
M V
Connaissances
139
V L V
M D
V
M D
D M D
L
L
Anatomie dentaire
D M
Connaissances
141
M D
La cuspide mésio-linguale est souvent légèrement plus haute et plus large que la cuspide disto-
linguale. L'acuité de ces deux cuspides est plus prononcée que celle des cuspides vestibulaires.
La surface linguale est convexe. Dans sa moitié occlusale, elle est parcourue par une dépres-
sion verticale qui sépare les convexités cuspidiennes linguales. Cette dépression s'estompe à
mi-hauteur coronaire ; elle peut se prolonger jusqu'au collet.
Les racines mésiale et distale naissent d'un tronc radiculaire parcouru sur toute sa hauteur par
une dépression médiane verticale qui peut se poursuivre sur la surface linguale de la couronne.
142
La bifurcation radiculaire est située au tiers cervical de la hauteur radiculaire.
Les racines mésiale et distale présentent les mêmes caractéristiques que celles décrites pour
la vue vestibulaire. Leurs faces linguales sont plus étroites que leurs faces vestibulaires, ce qui
leur confère une forte convexité.
La racine mésiale est fortement aplatie dans la direction mésio-distale. Elle présente fréquem-
ment une courbure distale longue et régulière. Dans la quasi-totalité des cas, cette courbure
est visible radiologiquement et peut également exister dans la direction vestibulo-linguale.
V L
Connaissances
La surface mésiale de la couronne est globalement convexe, à l'exception de sa région centrale
qui est aplatie ou légèrement concave. Le point de contact mésial se situe au tiers occlusal de
la couronne, il est pratiquement centré.
Sur cette vue, seule la racine mésiale, très étendue, est visible. Ses contours vestibulaire et lin-
gual sont quasiment parallèles et rectilignes dans la moitié cervicale et convergent ensuite pour
se terminer par une région apicale arrondie ou allongée dans la direction vestibulo-linguale.
La surface mésiale de la racine est convexe. Elle est parcourue par une dépression médiane
cervico-apicale assez marquée.
143
Invisible sur la vue mésiale, la surface mésiale de la racine distale est convexe, mais elle est
fréquemment parcourue par une dépression cervico-apicale toutefois moins prononcée que
celle de la racine mésiale.
L V
144
Connaissances
Le contour vestibulaire de la table occlusale est formé par l'alignement des arêtes des trois
cuspides vestibulaires selon une courbe régulière à concavité linguale. La cuspide centro-
vestibulaire est la plus vestibulée. Viennent ensuite la cuspide mésio-vestibulaire, puis la cuspide
disto-vestibulaire. Ce contour est marqué par le passage des sillons principaux périphériques
mésio et disto-vestibulaires qui séparent les trois cuspides.
Le contour lingual de la table occlusale est formé par les arêtes des deux cuspides linguales. Il est
parallèle à la ligne du plus grand contour et décrit une courbe à concavité vestibulaire marquée par
une dépression au passage du sillon intercuspidien lingual qui sépare les deux cuspides linguales. 145
Les contours mésial et distal sont formés par les arêtes des crêtes marginales mésiale et distale.
La crête marginale distale est généralement coupée par un sillon secondaire.
La face occlusale présente plusieurs sillons intercuspidiens :
• un sillon principal central, mésio-distal. Ce sillon sépare les cuspides vestibulaires des cus-
pides linguales. On lui décrit, à partir de son intersection avec le sillon lingual, une portion
mésiale et une portion distale ;
• trois sillons principaux périphériques, vestibulo-linguaux :
– un sillon mésio-vestibulaire qui sépare les cuspides mésio- et centro-vestibulaires,
– un sillon disto-vestibulaire qui sépare les cuspides centro- et disto-vestibulaires,
– un sillon lingual qui sépare les cuspides mésio- et disto-linguales.
V V
D M D
M
L L
A B
Fig. 2.182 Disposition des sillons principaux sur la première molaire mandibulaire droite (46).
A. Configuration cruciforme. B. Configuration en Y.
À l'intersection du sillon central et des crêtes marginales mésiale et distale, se trouvent, respec-
tivement, la fosse marginale mésiale et la fosse marginale distale. La fosse marginale mésiale
est généralement plus profonde et mieux individualisée. L'intersection des sillons mésio-
vestibulaire et lingual avec le sillon central détermine la fosse centrale mésiale. L'intersection
du sillon disto-vestibulaire avec le sillon central détermine la fosse centrale distale.
À partir de la fosse centrale mésiale, le sillon mésio-vestibulaire sépare les cuspides mésio et
centro-vestibulaires, déborde la limite vestibulaire de la table occlusale et chemine sur la sur-
face vestibulaire pour se terminer dans une fossette.
De la même manière, le sillon disto-vestibulaire quitte la fosse centrale distale, sépare les
cuspides centro et disto-vestibulaires, et vient mourir sur la surface vestibulaire. Enfin, le sillon
lingual sépare les cuspides linguales et se termine en dépression sur la surface linguale.
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.183)
146
La chambre pulpaire est volumineuse chez le sujet adulte jeune. Les cornes pulpaires sont bien
individualisées et dirigées vers les sommets cuspidiens. Le plancher pulpaire est radiculaire.
Dans 70 % des cas, il existe deux canaux dans la racine mésiale (un canal vestibulaire
et un canal lingual) et un canal large dans la racine distale. La configuration à quatre
canaux est observée dans 30 % des cas. Les deux canaux de la racine mésiale peuvent
se réunir dans le tiers apical de la racine ou se terminer par des orifices apicaux distincts.
Exceptionnellement, la racine mésiale ne comporte qu'un seul canal bien centré.
L L
M D
D M
Connaissances
L'angle mésio-vestibulaire est aigu, la face mésiale aplatie et la face distale arrondie. Le contour
de la chambre pulpaire suit assez fidèlement celui du collet.
Le canal distal naît au fond d'un entonnoir largement ouvert, alors que les deux canaux
mésiaux se forment au fond d'une fissure vestibulo-linguale renflée à ses extrémités en deux
entonnoirs plus petits.
V
147
M D
Variabilité anatomique
La première molaire mandibulaire peut présenter quatre cuspides (disparition de la cuspide
disto-vestibulaire), six cuspides (une sixième cuspide entre les deux cuspides linguales) ou sept
cuspides (une septième cuspide mésio-linguale) au lieu des cinq habituelles (fig. 2.187).
La présence d'un troisième canal mésial sur la première molaire mandibulaire est relativement
fréquente. Ce canal supplémentaire se situe au niveau de l'isthme séparant le canal mésio-
vestibulaire du canal mésio-lingual. Ces trois canaux peuvent être distincts ou se rejoindre à
divers niveaux. La présence d'un troisième canal dans la racine distale est également décrite
dans la littérature mais reste nettement moins fréquente.
La première molaire mandibulaire peut comporter exceptionnellement quatre, cinq ou même six canaux.
Cette dent peut aussi présenter une configuration particulière à trois racines, avec un appendice
radiculaire supplémentaire : le radix entomolaris situé à l'angle disto-lingual du tronc radiculaire
(fig. 2.188) ou le radix paramolaris situé à l'angle disto-vestibulaire du tronc radiculaire. Dans ces
148
deux configurations, la molaire présente trois racines et trois ou quatre canaux.
Ces termes font référence à la nomenclature paléontologique des cuspides (correspondance
entre la position de ces racines supplémentaires et l'emplacement des cuspides : paraconide et
entoconide) décrite au début de cet ouvrage.
Fig. 2.188 Face distale d'une première molaire mandibulaire gauche (36) présentant un radix entomolaris.
Fig. 2.187
Anatomie descriptive des dents humaines 2
2. Deuxième molaire mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 2 ans et demi–3 ans
Couronne achevée 7–8 ans
Éruption 11–13 ans
Racine édifiée 14–15 ans
Mensurations
Hauteur totale 20 mm
Hauteur couronne 7 mm
Hauteur racine 13 mm
∅ MD coronaire 10,5 mm
∅ MD cervical 8 mm
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 8 mm
Connaissances
Anatomie externe (fig. 2.189)
L'anatomie de la deuxième molaire mandibulaire présente de nombreuses similitudes avec
celle de la première molaire, mais elle est légèrement moins volumineuse car elle n'a habituel-
lement que quatre cuspides : deux cuspides vestibulaires et deux cuspides linguales.
149
V L V
M D
V
M D
D M D
L
V L
Fig. 2.190
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Le contour occlusal est formé par les arêtes des deux cuspides linguales qui ont des hauteurs
et des développements comparables.
La surface linguale est convexe. Dans sa moitié occlusale, une dépression sépare les convexités
correspondant aux deux cuspides linguales.
Les racines mésiale et distale naissent d'un tronc radiculaire commun qui est parcouru par une
dépression médiane verticale. La bifurcation radiculaire est située au tiers cervical de la hauteur
radiculaire.
La configuration linguale des racines mésiale et distale présente les mêmes caractéristiques
que pour la vue vestibulaire. Les apex sont généralement émoussés. La racine mésiale est plus
longue que la racine distale.
Les surfaces linguales des deux racines sont régulièrement convexes.
Connaissances
M D
151
V L
L V
Connaissances
tandis que le contour distal est fortement convexe et plus court.
Contrairement à la première molaire, la crête marginale distale est bien développée en raison
de l'absence de la cuspide disto-vestibulaire.
D 153
Les contours de la table occlusale sont formés par l'alignement des arêtes mésiales et distales
des quatre cuspides et par les arêtes des crêtes marginales. Cette table occlusale est franche-
ment déportée du côté lingual, rendant ainsi visible une grande partie de la surface vestibulaire
et cachant la quasi-totalité de la surface linguale.
La table occlusale présente plusieurs sillons principaux :
• un sillon principal central mésio-distal qui sépare les cuspides vestibulaires des cuspides linguales.
Il est généralement rectiligne ou peut présenter deux concavités orientées vers le côté lingual ;
• deux sillons principaux périphériques à direction vestibulo-linguale :
– un sillon vestibulaire sépare les deux cuspides vestibulaires. Il naît dans la fosse centrale et se
poursuit sur la face vestibulaire. Sa direction est perpendiculaire à l'axe mésio-distal de la dent,
– un sillon lingual sépare les deux cuspides linguales. Il naît dans la fosse centrale et vient
mourir sur la face linguale. Sa direction est perpendiculaire à l'axe mésio-distal de la dent.
Ces sillons peuvent déterminer trois configurations en fonction de leur position (fig. 2.195) :
• la configuration cruciforme en « + » est la plus fréquente. Les sillons vestibulaire et lingual
sont alignés et forment une croix avec le sillon principal central ;
• la configuration dryopithèque en « Y » est moins courante. Le sillon vestibulaire est plus
mésial que le sillon lingual. Cette disposition est comparable à celle du « Y » dryopithécien
de la première molaire voisine ;
• la configuration en « marche d'escalier » est rare. Le sillon vestibulaire est plus distal que le
sillon lingual. La cuspide mésio-vestibulaire entre alors en contact par son pan distal avec le
M
À l'intersection des sillons principaux, au centre de la table occlusale, se situe une fosse
centrale formée de quatre pans : les deux pans distaux des cuspides mésiales et les deux
pans mésiaux des cuspides distales. Les fosses marginales distales sont généralement bien
individualisées.
Certains spécimens ont une anatomie occlusale fortement marquée et les arêtes occlusales
des cuspides vestibulaires et linguales fusionnent deux à deux en formant des crêtes occlu-
sales transversales typiques de la disposition « bilophodonte ».
V V
V
M D M D M D
L L L
A B C
Fig. 2.195 Configuration des sillons principaux sur la deuxième molaire mandibulaire droite (47).
A. Configuration cruciforme. B. Configuration en Y. C. Configuration en marche d'escalier.
Anatomie interne
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.196)
La chambre pulpaire est bien développée et présente des cornes parfaitement individualisées.
La présence d'un canal vestibulaire et d'un canal lingual dans la racine mésiale de la deuxième
154 molaire est très fréquente et peut adopter différentes configurations. Elle s'accompagne géné-
ralement d'une dépression longitudinale sur la surface distale de la racine mésiale. La présence
d'un canal mésial unique est toutefois fréquente, puisqu'elle représente 40 à 45 % des cas.
V L L V
M D
D M
Connaissances
contour distal est nettement plus étroit et plus convexe que le contour mésial.
Le contour de la chambre pulpaire suit celui du collet. Le canal distal naît au fond d'un enton-
noir assez largement ouvert, mais moins cependant que celui de la première molaire.
M D
155
L
Variabilité anatomique
Dans 17 % des cas, la deuxième molaire mandibulaire peut présenter cinq cuspides.
Des deuxièmes molaires à quatre ou cinq canaux sont également décrites dans la documen-
tation scientifique.
Les racines mésiale et distale peuvent contenir plusieurs canaux avec des fréquences et des
configurations variables.
Fig. 2.200 Diffusion du matériau d'obturation de la cavité pulpaire le long du nerf alvéolaire inférieur.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
3. Troisième molaire mandibulaire
La troisième molaire mandibulaire se situe à la jonction du corps avec la branche mandibu-
laire. Dans cette région, l'épaisseur de la corticale osseuse est conséquente. Sur son versant
vestibulaire, elle est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou crête buccinatrice, qui
s'étend du bord antérieur de la branche mandibulaire jusqu'au tubercule mentonnier. Dans
la région molaire, cette ligne, qui donne insertion au muscle buccinateur, est particulièrement
bien individualisée (voir chapitre 5).
Par ailleurs, la troisième molaire est plus proche de la table osseuse interne que de la table
externe.
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 8–10 ans
Couronne achevée 12–16 ans
Éruption 17–21 ans
Racine édifiée 18–25 ans
Connaissances
Mensurations
Hauteur totale 18 mm
Hauteur couronne 7 mm
Hauteur racine 11 mm
∅ MD coronaire 10 mm
∅ MD cervical 7,5 mm 157
∅ VL coronaire 9,5 mm
∅ VL cervical 9 mm
Fig. 2.201 Troisième molaire mandibulaire gauche enclavée (38) sur une mandibule sèche.
158
Fig. 2.203 Dissection montrant le nerf lingual qui passe à proximité du collet de la troisième molaire
mandibulaire gauche.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Fig. 2.204 Cliché radiologique montrant les rapports étroits entre la troisième molaire mandibulaire
droite et le pédicule alvéolaire inférieur.
Anatomie externe
Comme la troisième molaire maxillaire, la troisième molaire mandibulaire est une dent extrême
Connaissances
ment variable par ses dimensions, sa forme et ses modalités d'éruption. Elle présente fréquem-
ment des anomalies de développement et surtout d'éruption.
Là encore, il est très difficile de donner un modèle de description pour cette dent dans la mesure où elle
peut être comparée aux deux autres molaires ou, au contraire, n'avoir aucun trait commun avec elles.
Nous proposons donc une description sommaire d'un type moyen, proche de celui de la deu-
xième molaire, mais qui ne doit pas être considéré comme représentatif de la majorité des
troisièmes molaires mandibulaires (fig. 2.205).
159
V L V
M D
V
M D
D M D
L
V L
D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
La racine distale est généralement plus étroite que la racine mésiale. Sa surface ainsi que celle
de la couronne sont fortement convexes. L'apex de la racine distale est pointu.
161
L
V L
M
Anatomie dentaire
La table occlusale ne présente pas des limites régulières, les cuspides sont émoussées et
les sillons accessoires, très nombreux, débordent des limites de la table occlusale. Quatre
à cinq cuspides sont présentes et séparées par des sillons principaux qui adoptent plus
ou moins une disposition cruciforme ou en « Y », bien que leur dessin soit fortement
perturbé par de nombreux sillons accessoires. Dans le type à cinq cuspides, la cuspide
disto-vestibulaire est franchement distale, accentuant ainsi l'étroitesse du contour distal
de la vue occlusale.
V L L V
162
M D
V
D M
M D
L
V
Fig. 2.211 Coupes vestibulo-linguales passant par la racine mésiale (vue mésiale, en haut à gauche) et par
la racine distale (vue distale, en haut à droite), coupe mésio-distale (vue vestibulaire en bas à gauche) et
coupe axiale cervicale (en bas à droite) de la troisième molaire mandibulaire droite (48).
Variabilité anatomique
La troisième molaire mandibulaire présente une anatomie très variable. Elle peut ressembler à
Connaissances
une première ou à une deuxième molaire ou, au contraire, en être totalement différente.
Sa taille peut également varier de façon considérable selon le nombre de cuspides.
Sa table occlusale est souvent réduite et présente généralement un grand nombre de sillons
accessoires comme celle de la troisième molaire maxillaire.
Les racines sont significativement plus courtes que celles des première et deuxième molaires et
le rapport couronne/racine est nettement différent.
163
Dents temporaires
A. Formule dentaire
La denture temporaire est composée de vingt dents, soit pour chaque hémi-arcade :
• une incisive centrale ;
• une incisive latérale ;
• une canine ;
• une première molaire ;
• une deuxième molaire.
Il n'existe pas de prémolaires temporaires.
Les vingt dents permanentes qui se substituent aux dents temporaires sont appelées « dents de
remplacement ». Les dents temporaires, tout comme les molaires permanentes monophysaires
Anatomie dentaire
qui font leur éruption en position distale par rapport aux molaires temporaires, sont issues de
la première lame dentaire. Elles ne sont pas des dents de remplacement et apparaissent en
première intention sur l'arcade. Pour cette raison, on les dit « accessionnelles », les dents de
remplacement étant dites « successionnelles ».
B. Fonctions
Les dents temporaires assurent de nombreuses fonctions :
• maintien de l'espace nécessaire pour la mise en place des dents de remplacement ;
• croissance ;
• apprentissage de la phonation et de l'élocution ;
• manducation ;
• soutien des joues et des lèvres.
C. Aspects histologiques
La couche d'émail est fine (1 mm) et sa répartition est très régulière. Elle donne à la dent tempo-
raire sa couleur blanche caractéristique. Son usure est plus rapide que celle de la dent permanente.
L'épaisseur de la dentine axiale est également réduite. La dentine mise en place avant la nais-
sance est disposée de manière homogène, tandis que celle formée durant la petite enfance
est plus globuleuse. De manière générale, la dentine est moins dense et comporte de larges
canalicules. La pulpe est bien vascularisée.
164
Connaissances
• Les couronnes présentent une forte convexité cervicale mésio-vestibulaire.
• Les tables occlusales sont moins étendues.
• Les deuxièmes molaires sont plus volumineuses que leurs voisines.
• Les sillons et dépressions sont peu marqués.
• Les racines sont fortement divergentes et leurs apex se projettent en dehors des limites
coronaires.
• Le tronc radiculaire est réduit en hauteur.
165
Application clinique
La région inter-radiculaire des molaires temporaires constitue une zone d'échanges et de remaniements rela-
tifs à l'évolution du germe de la dent permanente et à la physiologie de la dent temporaire correspondante.
Cette région est souvent le siège d'atteintes inflammatoires ou infectieuses. Les nombreux canaux pulpo-
parodontaux présents et le plancher pulpaire réduit, dont la dentine est à la fois peu calcifiée et pré-
sente des canalicules plus larges, favorisent la diffusion des pathologies endodontiques vers la région
inter-radiculaire.
C'est ce que l'on appelle communément « l'atteinte de la furcation » qui se traduit cliniquement par la
présence d'une parulie ou d'une fistule et, radiologiquement, par l'apparition d'une zone radio-claire au
niveau de l'embrasure inter-radiculaire.
Anatomie dentaire
A. Incisives maxillaires
Les incisives maxillaires sont des dents monoradiculées. Elles sont en série descendante : l'inci-
sive latérale est plus petite que l'incisive centrale.
Mensurations
Hauteur totale 16 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 10 mm
∅ MD coronaire 6,5 mm
∅ MD cervical 4,5 mm
∅ VL coronaire 5 mm
∅ VL cervical 4 mm
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie externe (fig. 2.213)
V L V
M D
V
D M
Connaissances
L
D M D
167
V L
Fig. 2.213 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale temporaire maxillaire droite (51).
Vue vestibulaire
À l'inverse de son homologue permanente, l'incisive centrale maxillaire temporaire ne présente
pas un bord libre festonné (incisures) à l'éruption. La face vestibulaire est fortement convexe
et ne présente ni lobes, ni dépressions.
À partir du collet, qui est régulièrement arrondi, les contours proximaux divergent. Ils sont for-
tement convexes, notamment du côté distal. L'angle distal est à peine plus arrondi que l'angle
mésial et le bord libre est rectiligne.
L'incisive centrale maxillaire est la seule de toutes les dents temporaires et permanentes dont
le diamètre mésio-distal est supérieur à la hauteur de la couronne.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex pointu.
Vue linguale
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. Elle est limitée par les crêtes marginales
mésiale et distale qui naissent de part et d'autre du cingulum, sont convexes dans la direction
mésio-distale, et rejoignent le bord incisif. Ces crêtes sont nettes et bien développées. Le cin-
gulum est généralement très volumineux. Il occupe la moitié cervicale de la face linguale et se
prolonge parfois jusqu'au bord libre par une coulée d'émail qui divise alors la fosse palatine en
une fosse mésiale et une fosse distale. Le cingulum n'est jamais divisé en lobes par des sillons
ou des dépressions.
La face linguale de la racine est plus étroite que sa face vestibulaire. Elle est fortement convexe
et peut être parcourue par une crête sur toute sa hauteur.
Anatomie dentaire
Vues proximales
Les vues mésiale et distale sont globalement identiques. La couronne est cunéiforme à base
cervicale. La jonction entre la couronne et la racine se fait à angle vif en raison de la présence
d'un bourrelet d'émail cervical marqué.
Le contour vestibulaire est fortement convexe dans son tiers cervical, puis aplati ou légèrement
convexe dans ses deux tiers occlusaux. Son maximum de convexité est situé au quart de la
hauteur coronaire, proche du collet du côté vestibulaire. De même, le côté lingual est très
convexe dans cette région cervicale ; le maximum de convexité est cingulaire.
Les contours vestibulaire et lingual se rejoignent au niveau du bord incisif qui est arrondi.
La racine est conique et convexe. Son axe s'incline du côté vestibulaire dans le tiers apical. Cette
courbure correspond à la présence des germes des dents permanentes en cours de maturation
qui occupent une position pré-éruptive linguale par rapport à leurs homologues temporaires.
L'apex est pointu et orienté du côté vestibulaire. La surface mésiale de la racine peut être parcou-
rue par une légère dépression longitudinale, tandis que la surface distale est convexe.
Vue occlusale
Comme celle de l'incisive permanente, la ligne du plus grand contour occlusale de l'incisive
temporaire est divisée en une portion vestibulaire et une portion linguale par le bord incisif. Le
contour vestibulaire est régulièrement convexe. Le contour lingual est formé par les versants
externes des crêtes marginales mésiale et distale et par le cingulum. Les portions du contour
lingual formées par les crêtes marginales sont concaves, tandis que celle du cingulum est
convexe. Le cingulum est parfois décalé du côté distal.
Le diamètre mésio-distal est très nettement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le bord
incisif, épais de 1 mm, est rectiligne. Contrairement à l'incisive permanente, le bord incisif de
l'incisive temporaire ne s'incurve pas du côté lingual dans sa portion distale.
168
Anatomie interne
L'incisive centrale maxillaire présente une anatomie interne simple avec un seul canal dans
quasiment 100 % des cas.
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.214)
La cavité pulpaire est simple. Elle est centrée et suit les contours externes de la dent. La cavité
pulpaire présente sa dimension maximale au niveau du collet. Le canal pulpaire est rectiligne
et volumineux. Il se réduit progressivement jusqu'au foramen apical qui s'ouvre généralement
du côté lingual.
L V
Connaissances
V
169
Fig. 2.215 Coupe mésio-distale de l'incisive centrale temporaire maxillaire droite (51).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
Variabilité anatomique
Le cingulum des incisives temporaires peut être hypertrophié, formant une « cuspide à talon »
(talon-cusp) qui est parfois reliée au bord incisif par une crête linguale médiane ou une crête
dédoublée. Cette variante peut être isolée ou associée à des anomalies somatiques et odonto-
gènes dans le cadre de grands syndromes polymalformatifs (syndrome de Rubinstein-Taybi,
syndrome de Mohr).
D M
Racine édifiée 1 an et demi à 2 ans
Anatomie dentaire
Mensurations
Hauteur totale 15,8 mm
Hauteur couronne 5,6 mm
Hauteur racine 10,2 mm
∅ MD coronaire 5,1 mm
∅ MD cervical 3,7 mm
∅ VL coronaire 4,8 mm
∅ VL cervical 3,7 mm
170
V L V
M D
V
D M
D M D
V L
Fig. 2.216 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale temporaire maxillaire droite (52).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie interne (fig. 2.217 et 2.218)
La cavité pulpaire suit les contours de la dent. Elle est plus large au niveau de la chambre
pulpaire et se réduit progressivement jusqu'à l'apex.
Connaissances
Fig. 2.217 Coupe vestibulo-linguale de l'incisive latérale temporaire maxillaire droite (52).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
171
B. Incisives mandibulaires
Les incisives mandibulaires sont des dents monoradiculées. Ce sont les plus petites de toutes
les dents temporaires normalement constituées.
Elles sont en série ascendante : l'incisive centrale est légèrement plus petite que l'incisive laté-
rale, mais leur forme est assez semblable.
Mensurations
Hauteur totale 14 mm
Hauteur couronne 5 mm
Hauteur racine 9 mm
∅ MD coronaire 4,2 mm
∅ MD cervical 3 mm
∅ VL coronaire 4 mm
∅ VL cervical 3,5 mm
172
V L V
M D
V
M D
L
D M D
V L
Fig. 2.219 Schémas des différentes faces de l'incisive centrale temporaire mandibulaire droite (81).
D M
Connaissances
Les contours proximaux sont convexes.
La racine est conique et convexe. Elle se termine par un apex pointu.
M D
V L
L V
174
M D
Anatomie interne
Les incisives mandibulaires présentent également une anatomie interne simple avec un seul
canal dans quasiment 100 % des cas.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Coupe vestibulo-linguale (fig. 2.225)
La cavité pulpaire est simple. Elle est centrée et suit les contours externes de la dent. Le canal
pulpaire est rectiligne et volumineux. Il se réduit progressivement jusqu'au foramen apical.
Connaissances
M
175
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
D M
Anatomie dentaire
Mensurations
Hauteur totale 15 mm
Hauteur couronne 5,2 mm
Hauteur racine 9,8 mm
∅ MD coronaire 4,1 mm
∅ MD cervical 3 mm
∅ VL coronaire 4 mm
∅ VL cervical 3,5 mm
V L V
M D
V
M D
L
D M D
V L
Fig. 2.227 Schémas des différentes faces de l'incisive latérale temporaire mandibulaire droite (82).
Anatomie descriptive des dents humaines 2
A. Canine maxillaire
Chaque hémi-arcade maxillaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée et
monoradiculée. Elle est particulièrement robuste. La canine maxillaire est une dent de transi-
tion entre les incisives et les molaires.
Connaissances
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois et demi de vie intra-utérine
Couronne achevée 9 mois
Éruption 16 à 20 mois
Racine édifiée 2 ans et demi à 3 ans 177
Mensurations
Hauteur totale 19 mm
Hauteur couronne 6,5 mm
Hauteur racine 13,5 mm
∅ MD coronaire 7 mm
∅ MD cervical 5 mm
∅ VL coronaire 7 mm
∅ VL cervical 5,5 mm
Anatomie dentaire
V L V
M D
V
D M
178 D M D
V L
Vue linguale
Le cingulum est volumineux. Les crêtes marginales mésiale et distale sont nettes et bien déve-
loppées, mais moins marquées que sur les canines permanentes. Le cingulum se prolonge
jusqu'au bord libre par une coulée d'émail légèrement déportée du côté distal et qui sépare
L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
D M
Connaissances
les fosses linguales mésiale et distale. La fosse mésiale est large et peu profonde, tandis que la
fosse distale est plus étroite et marquée.
L V
Vue occlusale
Le diamètre mésio-distal est légèrement supérieur au diamètre vestibulo-lingual. Le sommet
cuspidien est déporté du côté distal et le contour mésial est plus long que le contour distal. Les
arêtes et les angles bien marqués de son tracé confèrent à la ligne du plus grand contour de
cette couronne un aspect de diamant.
Anatomie dentaire
180
B. Canine mandibulaire
Chaque hémi-arcade mandibulaire comporte une seule canine. Cette dent est monocuspidée
et monoradiculée. Elle diffère peu de la canine maxillaire temporaire.
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 9 mois
D
Éruption 16 à 20 mois
Racine édifiée 2 ans et demi à 3 ans
L V
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Mensurations
Hauteur totale 17 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 11,5 mm
∅ MD coronaire 5 mm
∅ MD cervical 3,7 mm
∅ VL coronaire 4,8 mm
∅ VL cervical 4 mm
Connaissances
divergent faiblement. Le sommet cuspidien est plus aigu et, à l'inverse de celui de la
canine maxillaire, il est mésialé avec une arête mésiale plus courte que l'arête distale.
La racine est plus étroite, plus pointue et plus courte que celle de la canine maxillaire.
Vue linguale
Les crêtes marginales sont peu marquées, elles délimitent une fosse linguale unique et peu
profonde.
181
V L V
M D
V
M D
D M D
V L
Vues proximales
En vue proximale, la couronne est élancée, et le sommet cuspidien est souvent lingualé par
rapport à l'axe radiculaire. Les convexités cervicales vestibulaire et linguale sont bien marquées
et soulignées par un bourrelet d'émail.
La racine est convexe dans les tiers moyen et cervical. Dans le tiers apical, elle se rétrécit et son
axe s'oriente du côté vestibulaire.
Vue occlusale
La couronne est aplatie dans la direction vestibulo-linguale, avec un diamètre vestibulo-lingual
inférieur au diamètre mésio-distal. On décrit fréquemment à la face occlusale de la canine man-
dibulaire une forme de diamant quasi symétrique, à l'exception du sommet cuspidien qui est
mésialé, de la portion distale plus développée et du cingulum qui est centré ou légèrement distalé.
182
V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
A. Molaires maxillaires
Les molaires maxillaires sont des dents pluriradiculées dont les racines, divergentes et
arquées, permettent de loger le germe de la prémolaire de remplacement pendant la période
pré-éruptive.
Elles sont en série ascendante : la première molaire est plus petite que la deuxième.
183
Mensurations
Hauteur totale 15,2 mm
Hauteur couronne 5,1 mm
Hauteur racine 10,1 mm
∅ MD coronaire 7,3 mm
∅ MD cervical 5,2 mm
∅ VL coronaire 8,5 mm
∅ VL cervical 6,9 mm
V L V
L
M D
M
V L
184
D M M D
V L
Fig. 2.236 Schémas des différentes faces de la première molaire temporaire maxillaire droite (54).
Elle comporte généralement deux cuspides : une cuspide vestibulaire et une cuspide linguale.
Cependant, deux cuspides beaucoup plus petites peuvent s'adjoindre du côté distal, en posi-
tions disto-linguale et/ou disto-vestibulaire.
La dent présente trois racines fines et allongées : deux racines vestibulaires et une racine linguale.
Vue vestibulaire
Le diamètre mésio-distal est nettement supérieur à la hauteur coronaire. La couronne est plus
haute en mésial qu'en distal.
Le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire est émoussé. Quand elle existe, la cuspide disto-
vestibulaire est au même niveau que la cuspide mésio-vestibulaire, mais son volume est très réduit.
Les contours proximaux, notamment le contour distal, sont convexes et convergent fortement
vers le collet. La surface coronaire vestibulaire est convexe dans le tiers cervical, particulière-
ment en regard de la cuspide mésio-vestibulaire. Une légère dépression marque la limite entre
les deux cuspides vestibulaires.
Le point de contact mésial est situé dans le tiers occlusal. Le point de contact distal est situé
dans le tiers moyen.
Anatomie descriptive des dents humaines 2
La dent présente trois racines fines et allongées : deux racines vestibulaires et une racine
linguale.
Le tronc radiculaire est large et réduit en hauteur. Il est marqué par une dépression verticale. La
trifurcation naît pratiquement au collet, donnant trois racines très divergentes entre lesquelles
vient se loger le germe de la première prémolaire.
Les racines vestibulaires sont fortement divergentes dans les deux tiers cervicaux. Leurs axes se
parallélisent dans le tiers apical. Elles débordent fortement des limites mésiale et distale de la
couronne. Leurs surfaces sont fortement convexes. La racine mésio-vestibulaire est plus longue
que la racine disto-vestibulaire.
Vue linguale
La face linguale est plus étroite que la face vestibulaire. La cuspide linguale (ou mésio-linguale)
est la plus volumineuse et la plus aiguë.
Les trois racines sont visibles. La racine linguale naît directement au collet de la dent et
se réduit régulièrement en taille jusqu'à son apex arrondi. C'est la plus large des trois
racines.
Connaissances
Vue mésiale
La face mésiale est caractéristique, son diamètre vestibulo-lingual coronaire étant bien plus
important que le diamètre vestibulo-lingual occlusal. Les contours vestibulaire et lingual pré-
sentent une forte convexité dans leur tiers cervical, plus particulièrement du côté vestibulaire ;
ils sont aplatis dans leurs tiers moyen et occlusal et convergent fortement jusqu'à la table
occlusale qui s'en trouve réduite.
La cuspide linguale est la plus aiguë. Le collet présente une courbe à concavité radiculaire assez
prononcée.
185
Sur la vue mésiale, seules les racines mésio-vestibulaire et linguale sont visibles. Elles débordent
largement des limites coronaires vestibulaire et linguale. La racine linguale est aplatie dans
la direction vestibulo-linguale et fortement inclinée du côté lingual, puis s'oriente du côté
vestibulaire dans le tiers apical. Son axe est donc courbe à concavité vestibulaire, tandis que
l'axe de la racine mésio-vestibulaire est rectiligne et légèrement incliné du côté vestibulaire.
Vue distale
La face distale de la première molaire maxillaire est plus étroite que la face mésiale.
Sur la vue distale, les trois racines sont visibles ; la racine disto-vestibulaire est plus courte et
plus étroite que la racine mésio-vestibulaire et s'inscrit à l'intérieur de ses limites.
V L
186
Mensurations
Hauteur totale 17,5 mm
Hauteur couronne 5,7 mm
Hauteur racine 11,8 mm
∅ MD coronaire 8,2 mm
V L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
∅ MD cervical 6,4 mm
∅ VL coronaire 10 mm
∅ VL cervical 8,3 mm
V L L V
Connaissances
M D
M
V L
187
D M M D
V L
Fig. 2.239 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire temporaire maxillaire droite (55).
Les caractères spécifiques des dents temporaires sont cependant retrouvés sur la deuxième
molaire :
• forte convexité du tiers cervical ;
• constriction cervicale ;
• table occlusale réduite dans la direction vestibulo-linguale ;
• tronc radiculaire court ;
• racines divergentes (fig. 2.240).
Il y a néanmoins une exception à cet isomorphisme : contrairement à la première molaire
permanente, la face linguale de la deuxième molaire temporaire est généralement
plus étroite que la face vestibulaire et ses faces proximales convergent du côté lingual
(fig. 2.241).
188
V
Anatomie interne
La cavité pulpaire est complexe. La chambre pulpaire est très volumineuse. Elle est déportée du
côté mésial et présente quatre cornes très proéminentes, notamment la corne mésio-vestibu-
laire. L'épaisseur de dentine et d'émail est très réduite en regard des cornes pulpaires. La racine
mésio-vestibulaire comporte généralement deux canaux parallèles. Le canal disto-vestibulaire
présente fréquemment une courbure vestibulaire et peut se diviser en deux canaux dans la
région apicale.
Le canal lingual est large et se réduit progressivement jusqu'à l'apex (fig. 2.242).
D M
L
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Connaissances
B. Molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont des dents pluriradiculées dont les racines, divergentes et
arquées, permettent de loger le germe de la prémolaire de remplacement pendant la période
pré-éruptive.
Elles sont en série ascendante : la première molaire est plus petite que la deuxième molaire.
189
1. Première molaire mandibulaire
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 5 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 6 mois
Éruption 12 à 16 mois
Racine édifiée 2 ans à 2 ans et demi
Mensurations
Hauteur totale 15,8 mm
Hauteur couronne 6 mm
Hauteur racine 9,8 mm
∅ MD coronaire 7,7 mm
∅ MD cervical 6,5 mm
∅ VL coronaire 7 mm
∅ VL cervical 5,3 mm
V L L V
M V D
M D
190 D M M D
V L
Fig. 2.243 Schémas des différentes faces de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).
la crête marginale mésiale est fréquemment doublée, dans sa partie linguale, d'une sorte de
cuspide qui est un vestige de la cuspide mésio-linguale disparue chez les Primates (paraconide).
De plus, elle présente, comme la première molaire temporaire maxillaire, une forte proémi-
nence mésio-vestibulaire. Cette dent a donc conservé des caractères primitifs.
Elle présente deux racines fines et allongées : une racine mésiale et une racine distale.
D M
Connaissances
Vue linguale
La cuspide mésio-linguale est volumineuse et aiguë. Elle occupe les deux tiers de cette face lin-
guale et est séparée de la cuspide disto-linguale par une légère dépression. La crête marginale
mésiale donne parfois naissance à une petite cuspide linguale supplémentaire.
V L
M D
Anatomie descriptive des dents humaines 2
Anatomie interne (fig. 2.248)
La cavité pulpaire est complexe et volumineuse. Elle est formée d'une chambre et de trois
canaux : deux canaux dans la racine mésiale et un canal dans la racine distale. La chambre
présente quatre cornes très proéminentes, notamment du côté mésial. L'épaisseur de dentine
est donc réduite sur la paroi mésiale de la dent.
Connaissances
Fig. 2.248 Coupe mésio-distale de la première molaire temporaire mandibulaire droite (84).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
Chronologie d'évolution
Début de minéralisation 6 mois de vie intra-utérine
Couronne achevée 10 à 12 mois
Éruption 20 à 30 mois
Racine édifiée 3 ans
Mensurations
Hauteur totale 18,8 mm
Hauteur couronne 5,5 mm
Hauteur racine 13,3 mm
∅ MD coronaire 9,9 mm
∅ MD cervical 7,2 mm
∅ VL coronaire 8,7 mm
∅ VL cervical 6,4 mm
V L
L V
M V D
M D
194
D M M D
V L
Fig. 2.249 Schémas des différentes faces de la deuxième molaire temporaire mandibulaire droite (85).
• table occlusale réduite dans la direction vestibulo-linguale ;
• tronc radiculaire court ;
• racines divergentes (fig. 2.250).
D M
D M
Connaissances
Fig. 2.251 Coupe mésio-distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire droite (85).
Source : Pagano JL. Anatomía dentaría. Buenos Aires : Editorial Mundi ; 1965.
195
CHAPITRE
3
Anatomie de la croissance
et du vieillissement
I. Anatomie de la croissance
On distingue trois grandes étapes dans la formation et le développement de l'extrémité
céphalique :
Connaissances
• l'histogenèse : jusqu'à la 2e semaine de vie intra-utérine ;
• l'organogenèse : de la 2e à la 8e semaine de vie intra-utérine ;
• la morphogenèse : de la 8e semaine de vie intra-utérine à la naissance.
La croissance se poursuit ensuite jusqu'à l'âge adulte.
Dans le développement du massif cranio-facial, le rôle joué par les cellules des crêtes neurales
est primordial. Elles dérivent de la fermeture du tube neural, puis migrent jusqu'à leur site final,
et se différencient en phénotypes variés selon l'environnement.
L'appareil branchial (ectomésenchyme) préside à l'organogenèse du plancher buccal et de la
partie ventrale du cou. On distingue quatre arcs branchiaux bien différenciés (au 30e jour) :
• 1er arc (arc de Meckel) : il donne le maxillaire, la mandibule, l'os tympanal, le malléus et
l'incus. Il est innervé par le nerf trijumeau (V) ;
• 2e arc (arc de Reichert) : il donne le processus styloïde, les petites cornes et la partie supé-
rieure du corps de l'os hyoïde, et le stapès. Il est innervé par le nerf facial (VII) ;
• 3e arc (arc thyro-hyoïdien) : il donne les grandes cornes et la partie inférieure du corps de
l'os hyoïde. Il est innervé par le nerf glosso-pharyngien (IX) ;
• 4e arc (arc thyroïdien) : il donne les cartilages thyroïde et arythénoïde du larynx. Il est
innervé par le nerf vague (X).
On note une précocité du développement embryonnaire des organes neurosensoriels et du
cerveau par rapport à ses structures squelettiques de soutien (base du crâne ou neurocrâne
cartilagineux) et de protection (squelette membraneux crânien et facial ou neurocrâne et vis-
cérocrâne membraneux).
Vers 4 ans, lorsque la croissance volumique du cerveau se termine, le nombre de mitoses dimi-
nuant par absence de sollicitations, l'ossification marginale finit par envahir l'espace sutural
des synchondroses.
Au départ, la mandibule est un os d'origine membraneuse. Elle appartient au viscérocrâne
membraneux et se différencie au contact du cartilage du premier arc qui, ensuite, va disparaître
en se chondrolysant. Sa croissance débute en partie avec du tissu cartilagineux secondaire
produit au niveau des cartilages condyliens qui se différencient au troisième mois intra-utérin
198 et poursuivent leur activité jusqu'à l'âge adulte. Elle est également induite, directement ou
indirectement, par les muscles qui produisent des tractions sur la gaine périostée mandibulaire
(notion de matrice fonctionnelle).
Le développement de la face est en partie le produit d'une confrontation entre le squelette et
la matrice fonctionnelle dont témoignent d'intenses phénomènes de modelage périosté.
A B
Connaissances
199
C D
Fig. 3.1 Mandibule et maxillaires d'un enfant de : 10 mois (A), 2 ans (B), 5 ans (C), 8 ans (D),
12 ans (E).
Anatomie dentaire
Les deux systèmes dentaires (maxillaire et mandibulaire) en cours de croissance doivent, par le
biais de mécanismes de compensation qui s'expriment dans les trois plans de l'espace, conser-
ver des relations anatomiques normales au sein d'un appareil masticateur qui est lui-même en
cours de maturation. Ceci laisse entrevoir la complexité des mécanismes biologiques qui sont
impliqués pour qu'une bonne coordination s'opère entre la croissance squelettique cranio-
faciale et la croissance dento-alvéolaire des arcades.
Os maxillaire
Chaque os maxillaire (fig. 3.2) se développe dans trois directions.
Connaissances
La croissance verticale des maxillaires est essentiellement liée au développement des procès
alvéolaires et aux éruptions dentaires qui accompagnent la pneumatisation des maxillaires, (en
particulier le développement des sinus qui s'achève vers l'âge de 15 ans).
Mandibule
La croissance mandibulaire (fig. 3.3) se fait dans trois directions.
201
Dans la direction sagittale
À la naissance, la mandibule est ossifiée, à l'exception des extrémités condyliennes articulaires
qui ont aussi un rôle déterminant dans la croissance de la mandibule grâce au cartilage condy-
lien secondaire.
La croissance des condyles s'effectue en haut, en arrière et en dehors jusqu'à la fin de
l'adolescence, en même temps que la base du crâne repousse les fosses mandibulaires en
bas et en arrière. Cette croissance allonge la mandibule, écarte les condyles et construit les
branches et les angles mandibulaires inexistants à la naissance. L'effet global de la crois-
sance condylienne est de repousser la mandibule en bas et en avant par rapport à la base
du crâne.
Au fur et à mesure de la croissance condylienne, les branches mandibulaires se développent
vers le haut et l'arrière en subissant d'intenses phénomènes d'apposition–résorption liés à l'ac-
tivité musculaire qui s'exerce au cours des fonctions oro-faciales. Cette croissance provoque
un déplacement relatif de la branche mandibulaire vers l'arrière et libère l'espace nécessaire à
l'évolution des molaires en allongeant le corps mandibulaire.
Les phénomènes périostés d'apposition–résorption conforment la mandibule en sculptant lit-
téralement cet os qui semble suspendu dans un hamac fonctionnel périmandibulaire et dont
le principal moteur de croissance est constitué par l'ensemble des fonctions oro-faciales, en
association avec la croissance du cartilage condylien.
Les faces médiale et latérale de la branche et du corps mandibulaires sont le siège d'intenses
phénomènes d'apposition–résorption qui participent à sa croissance transversale et au mode-
lage de la forme de la mandibule.
B. Développement de la dent
1. Embryologie
Au 27e jour de la vie intra-utérine, la cavité buccale primitive est tapissée d'un épithélium qui
recouvre un mésenchyme. Ces deux structures, séparées par une membrane basale, vont subir
des transformations cellulaires et tissulaires, et participeront à la formation des divers consti-
tuants des organes dentaires.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Morphogenèse des lames dentaires
Dès le 37e jour de la vie intra-utérine, des épaississements épithéliaux continus, préfigurant les
deux arcades, sont visibles. Sur chaque arcade, ils prolifèrent et s'invaginent dans le mésen-
chyme sous-jacent pour former la lame primitive.
Vers le 40e jour de vie intra-utérine, la lame épithéliale, initialement pleine, se creuse d'un sillon
superficiel par la lyse rapide de ses cellules les plus superficielles. Le futur vestibule se dessine
et initie la séparation des régions labiale et génienne de la cavité buccale. La lame primitive se
dédouble en une lame vestibulaire et une lame dentaire.
À partir de la lame dentaire, des petits renflements épithéliaux, coiffés de cellules mésen-
chymateuses, s'individualisent. Ces bourgeons, issus de la lame dentaire dite primaire, sont
à l'origine des futurs organes de l'émail des dents temporaires et des trois molaires per-
manentes. Par la suite, après la formation des premiers organes de l'émail issus de la lame
dentaire primaire, une lame dentaire dite secondaire apparaît et donne les bourgeons des
germes de remplacement.
Connaissances
phogenèse primaire regroupe des stades successifs, qui correspondent à la morphologie parti-
culière du constituant épithélial : bourgeon, cupule et cloche.
Stade du bourgeon
Le germe dentaire est constitué, à ce stade de bourgeon, d'une masse de cellules épithéliales
en multiplication active, entourée de cellules mésenchymateuses.
La prolifération épithéliale donne naissance à l'organe de l'émail, tandis que le tissu mésenchy-
mateux qui l'entoure est à l'origine de la papille dentaire et du sac folliculaire. 203
Stade de la cupule
Rapidement, la prolifération cellulaire épithéliale progresse et confère au bourgeon la
forme d'une cupule. Les concentrations de cellules mésenchymateuses se divisent en deux
groupes :
• une concentration centrale dense qui s'oppose à la prolifération des cellules épithéliales ;
• une concentration périphérique plus lâche qui s'étend sur le pourtour des cellules épithé-
liales et des cellules mésenchymateuses centrales.
On distingue alors nettement un ensemble épithélial, une papille mésenchymateuse et une
enveloppe mésenchymateuse.
À ce stade, la morphologie des cupules est comparable, seule une légère différence de taille
existe entre elles.
Stade de la cloche
Dans la partie épithéliale
L'histogenèse de l'organe de l'émail se précise, aboutissant à la mise en place de quatre
couches cellulaires distinctes : l'épithélium adamantin externe, le réticulum étoilé, le stratum
intermedium et l'épithélium adamantin interne.
Des nœuds d'émail secondaires apparaissent et préfigurent les futurs sommets cuspidiens.
Dans la partie centrale de la cloche, les cellules de l'épithélium adamantin interne s'allongent
et se différencient pour donner les futurs améloblastes, cellules sécrétrices de l'émail.
En périphérie de la cloche, les épithéliums adamantins interne et externe se juxtaposent pour
former la zone de réflexion.
Dans la partie mésenchymateuse
Les cellules qui font face à l'épithélium adamantin interne se différencient en odontoblastes.
Anatomie dentaire
2. Croissance
Début de la minéralisation (fig. 3.4)
L'élaboration de l'émail ou amélogenèse se fait en plusieurs étapes :
• cytodifférenciation des cellules sécrétrices, les améloblastes, à partir des cellules de l'épithé-
lium adamantin interne ;
• mise en place de la matrice extracellulaire par les améloblastes et minéralisation ;
• maturation de l'émail.
L'amélogenèse débute, à partir du stade de la cloche, dans la zone centrale de l'épithélium
adamantin interne qui correspond aux bords incisifs et aux sommets cuspidiens. Elle se pour-
suit latéralement à partir de la zone de réflexion vers le futur collet de la dent.
Au cours de l'amélogenèse proprement dite, la sécrétion de la matrice s'accompagne immé-
diatement de sa minéralisation. Cette dernière, peu importante au début de l'amélogenèse,
prédomine progressivement au détriment de la sécrétion au fur et à mesure que l'on se rap-
proche des phases terminales de l'élaboration de l'émail.
204
Parallèlement, les fibroblastes se différencient en odontoblastes, se rangent en palissade au
contact de la membrane basale et commencent la synthèse de la prédentine.
A B
C D
Couronne achevée
Au niveau de la zone de réflexion, la différenciation de nouveaux améloblastes et d'odonto-
blastes se poursuit et permet ainsi l'apposition d'émail et de dentine en direction du futur
collet.
Lorsque la forme générale de la couronne est acquise et que le processus arrive à son terme,
l'organe de l'émail régresse.
L'achèvement de la couronne coïncide avec le début de l'édification radiculaire.
Connaissances
l'os alvéolaire pour former le ligament alvéolo-dentaire. L'édification radiculaire se poursuit
jusqu'à l'apex.
Éruption
Chez l'Homme, l'éruption dentaire est un processus complexe fortement régulé par les élé-
ments cellulaires et tissulaires associés au germe dentaire en cours d'évolution. Depuis le stade
de l'organe de l'émail jusqu'à celui de la dent fonctionnelle sur l'arcade, le germe dentaire en
évolution exécute une succession de déplacements qui modifient constamment ses rapports 205
avec son environnement tissulaire : c'est l'éruption primaire ou active qui accompagne la dent
jusqu'à sa mise en occlusion.
Ensuite, un déplacement plus lent s'opère : c'est l'éruption continue ou passive qui accom-
pagne la dent durant toute sa vie fonctionnelle. Cette éruption passive est un mécanisme de
compensation dento-alvéolaire d'intensité et de direction variables qui permet de préserver
l'articulation dento-dentaire à partir de sa mise en occlusion au cours de la croissance squelet-
tique de l'enfant et de l'adolescent, mais également au cours des phénomènes squelettiques
de croissance tardive ou de vieillissement chez l'adulte.
Durant la période allant de l'apparition du germe dentaire jusqu'à la fin de la formation de
l'organe de l'émail et au début de l'édification radiculaire, la dent présente un accroissement
concentrique dans son site intra-osseux. Le mouvement axial est limité, mais on note une
dérive et une version du germe dentaire. Cette période est habituellement appelée « phase
pré-éruptive passive ».
L'initiation de l'édification radiculaire coïncide avec le début du mouvement axial qui conduit
à l'émergence de la couronne au travers de la gencive. Au cours de cette période, on estime
que les vitesses d'éruption varient de 1,2 mm par an pour les troisièmes molaires mandibu-
laires, à 3,5 mm par an pour la deuxième prémolaire mandibulaire.
La période qui sépare l'émergence de la mise en occlusion correspond aux vitesses d'éruption
active les plus rapides qui peuvent atteindre 1 à 2 mm par mois.
Malgré de nombreuses études, les mécanismes générant la force inductrice responsable de
l'éruption dentaire restent mal connus. Les théories et les hypothèses expliquant l'éruption
sont nombreuses et reposent sur l'intervention de vecteurs externes ou internes (sac folliculaire
et tissus conjonctifs desmodontaux, édification radiculaire, prolifération des cellules pulpaires)
ou encore sur la croissance de l'os alvéolaire et les phénomènes de résorption osseuse qui
permettraient la poussée ou la traction de la dent en développement. L'éruption est attribuée
à un simple agent causal dit « moteur primaire » ou à une combinaison d'agents (hypothèse
multifactorielle).
Anatomie dentaire
A B
206
Fig. 3.5 Schématisation du processus d'exfoliation des dents temporaires.
A. Début de la résorption radiculaire. B. Résorption radiculaire complète avant la chute de la dent temporaire.
Lorsque les dents permanentes commencent leur éruption, leur couronne est complètement
formée et logée dans une crypte osseuse dont le toit sépare la dent permanente de la dent
temporaire qu'elle va remplacer. Dès que l'éruption de la dent permanente est déclenchée, un
processus de résorption ostéoclastique élimine la paroi osseuse entre les deux dents. Puis, c'est
au tour du cément et de la dentine d'être attaqués. Ainsi, la racine est entièrement détruite
jusqu'à la chute de la couronne résiduelle.
Les germes de remplacement des incisives et canines temporaires occupent une position apicale
et linguale par rapport à la racine de la dent temporaire. Aussi, c'est la face linguale de la racine
qui est la première attaquée. Ensuite, le germe de la dent permanente se place immédiatement
en dessous de la racine de la dent temporaire qui se rhizalyse sur toute la surface de sa section.
Les germes des prémolaires occupent une position apicale par rapport aux racines des molaires
temporaires, si bien que l'apex est d'abord attaqué, puis le germe se place entre les racines
et ce sont les faces tournées vers l'embrasure inter-radiculaire qui sont atteintes. Cependant,
il existe de nombreuses modalités dans l'évolution de la rhizalyse qui peut affecter plus une
racine plus qu'une autre.
2. Dentition temporaire
C'est la période durant laquelle les phénomènes de croissance construisent les arcades de la
Connaissances
denture temporaire et les modifient dans leurs tailles et dans leurs rapports.
Elle s'étend sur cinq à six années, du début de calcification de la première dent temporaire à
l'éruption de la première dent permanente.
Habituellement, à la naissance, les germes des dents temporaires sont intra-osseux et aucune
dent n'a encore fait son éruption dans la cavité buccale. Toutefois, la présence de dents natales
(présentes à la naissance) et néonatales (faisant leur éruption dans les 30 jours suivant la
naissance) est possible mais rare. La documentation scientifique nous fait part d'une préva-
lence très variable avec, en moyenne, une dent natale ou néonatale présente pour 2000 à 207
3000 naissances. Dans la très grande majorité des cas, il s'agit d'une ou deux incisives cen-
trales mandibulaires temporaires.
Ainsi, quelques personnages célèbres seraient nés avec des dents : Louis XIV, Napoléon Ier,
Richard III d'Angleterre, Mazarin, Mirabeau, Danton.
n = 34 n = 16 n=7 n = 19
A B C D
n = 31 n=7 n=9 n = 25
E F G H
Fig. 3.6 Agencement des germes des dents temporaires dans les maxillaires et la mandibule à la nais-
sance, d'après Van der Linden, McNamara et Burdi (1972).
Anatomie dentaire
• 1er type : les incisives latérales sont parallèles aux incisives centrales, mais en position disto-
linguale et les canines sont distales aux incisives latérales, formant un angle de 60° avec le
plan sagittal médian ;
• 2e type : les incisives latérales sont en rotation, leurs faces distales se trouvent entre les deux
adjacentes, les canines sont inclinées à 45° avec le plan sagittal médian ;
• 3e type : les incisives latérales sont en position linguale par rapport aux incisives centrales et
les canines sont inclinées à 45 ou 60° avec le plan sagittal médian ;
• 4e type : les incisives latérales occupent une position distale par rapport aux incisives cen-
trales et les canines sont en vestibulo-position, parallèles aux incisives latérales.
À la mandibule, les canines sont toujours inclinées à 45° avec le plan sagittal médian :
• 1er type : les incisives sont disposées en « W » ;
• 2e type : les incisives centrales sont inclinées à 90° avec le plan sagittal médian et les inci-
sives latérales sont en position linguale par rapport à elles ;
• 3e type : les incisives latérales occupent une position plus distale que dans le type
précédent ;
• 4e type : les incisives ont une disposition en « W », mais les incisives latérales sont en posi-
tion linguale par rapport aux canines.
Tableau 3.1 Séquence d'éruption des dents temporaires, d'après Logan et Kronfeld, (1935), modifiée
par Schour (1960)
Incisive centrale mandibulaire 6 mois et demi
Incisive latérale mandibulaire 7 mois
Incisive centrale maxillaire 7 mois et demi
Incisive latérale maxillaire 8 mois
Premières molaires 12 à 16 mois
Canines 16 à 20 mois
Deuxièmes molaires 20 à 30 mois
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Maturation des arcades dentaires temporaires
Les arcades dentaires temporaires ont une évolution très rapide entre l'âge de 1 an (arc incisif
formé) et l'âge de 6 ans (éruption de la première dent permanente) (tableau 3.2).
À l'âge de 1 an, l'arc incisif étant formé, la première molaire fait son éruption, et laisse un
espace libre pour la canine. Cet espace est comblé 6 mois plus tard et l'arcade temporaire atteint
sa taille définitive avec l'éruption de la deuxième molaire vers l'âge de 2 ans et demi à 3 ans et
toutes les dents entretiennent des points de contact par leurs faces proximales adjacentes.
Entre 4 et 5 ans, la croissance rapide des maxillaires et de la mandibule suffit à créer des dias-
tèmes entre certaines dents. Ainsi, les incisives se séparent et la taille des diastèmes augmente
au fur et à mesure que l'enfant grandit et que les germes sous-jacents des dents permanentes
(qui occupent une position linguale pré-éruptive) s'approchent des dents temporaires anté-
rieures. Ce sont des diastèmes interincisifs qui s'ouvrent.
D'autres diastèmes peuvent également apparaître dans les secteurs latéraux des arcades den-
taires. Ce sont des « diastèmes simiens », par analogie avec ceux des Singes. Ils sont situés
entre l'incisive latérale et la canine au maxillaire, et entre la canine et la première molaire à
la mandibule. Généralement, on considère ces diastèmes comme des vestiges de ceux qui
permettent, au cours de l'intercuspidation maximale, de loger les volumineuses canines des
Connaissances
Singes dans les embrasures interdentaires antagonistes.
L'usure des arcades dentaires temporaires est caractéristique. Elle est très rapide et affecte les
bords libres et les surfaces occlusales. Elle peut même aller jusqu'à un nivellement complet de
la couronne de la canine.
Tableau 3.2 Chronologie du développement des dents temporaires, d'après Logan et Kronfeld (1935),
modifiée par Schour (1960) 209
Début de Couronne Age Racine Début de Exfoliation
calcification achevée d'éruption achevée rhizalyse
Maxillaire
Incisive 3–4 mois de 4 mois 7,5 mois 1,5–2 ans 4 ans 6–8 ans
centrale vie IU
Incisive latérale 4,5 mois de 5 mois 8 mois 1,5–2 ans 5 ans
vie IU
Canine 5,25 mois de 9 mois 16–20 mois 2,5–3 ans 8 ans 11–12 ans
vie IU
Première 5 mois de 6 mois 12–16 mois 2–2,5 ans 6 ans 10 ans
molaire vie IU
Deuxième 6 mois de 10–12 mois 20–30 mois 3 ans 7 ans 11–2 ans
molaire vie IU
Mandibule
Incisive 4,5 mois de 4 mois 6,5 mois 1,5–2 ans 4 ans 6–8 ans
centrale vie IU
Incisive latérale 4,5 mois de 4,25 mois 7 mois 1,5–2 ans 5 ans
vie IU
Canine 5 mois de 9 mois 16–20 mois 2,5–3 ans 8 ans 11–12 ans
vie IU
Première 5 mois de 6 mois 12–16 mois 2–2,5 ans 6 ans 10 ans
molaire vie IU
Deuxième 6 mois de 10–12 mois 20–30 mois 3 ans 7 ans 11–12 ans
molaire vie IU
IU : intra-utérine.
Anatomie dentaire
Agencement intra-arcade
Les dents temporaires sont alignées selon deux arcades dont la forme générale est pratique-
ment semi-circulaire (fig. 3.7).
210
Agencement interarcades
Rapports d'occlusion
Les arcades dentaires temporaires s'articulent comme les arcades dentaires permanentes, à la
manière des dents d'un engrenage. Une dent est en rapport d'occlusion avec deux dents de
l'arcade antagoniste. Il y a deux exceptions à cette règle : l'incisive centrale mandibulaire et la
deuxième molaire maxillaire.
À l'âge de 3 ans, on peut considérer que l'occlusion normale des dents temporaires s'établit
de la manière suivante :
• les surfaces mésiales des incisives centrales maxillaires et mandibulaires sont en contact sur
la ligne médiane ;
• l'incisive centrale maxillaire s'articule avec l'incisive centrale mandibulaire et le tiers mésial
de l'incisive latérale mandibulaire ;
• l'incisive latérale maxillaire s'articule avec les deux tiers distaux de l'incisive latérale mandi-
bulaire et avec le pan mésial vestibulaire de la canine mandibulaire ;
• la canine maxillaire s'articule avec le pan distal vestibulaire de la canine mandibulaire et
avec le pan mésial vestibulaire de la première molaire (cuspide mésio-vestibulaire) ;
• la première molaire maxillaire s'articule avec les deux tiers distaux de la première molaire et
le flanc mésial de la deuxième molaire mandibulaire ;
• la deuxième molaire maxillaire s'articule uniquement avec la deuxième molaire mandibu-
laire, la surface distale de la molaire maxillaire se projette légèrement au-delà de la portion
distale de la deuxième molaire mandibulaire.
Plan terminal
Selon la description précédente, les faces distales des deuxièmes molaires ne sont pas alignées
et forment une marche qui, dans la description classique, est mésiale (les dents mandibulaires
Fig. 3.7 étant mésialées par rapport aux dents maxillaires).
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Les faces distales des deuxièmes molaires forment le plan terminal de Chapman qui peut être
rectiligne ou brisé à marche mésiale ou distale selon que les dents mandibulaires sont mésia-
lées ou non par rapport aux dents maxillaires.
La disposition du plan terminal joue un grand rôle dans cette phase de dentition au cours de
laquelle les premières molaires permanentes font leur éruption, car leur rapport d'occlusion
dépend du plan terminal (fig. 3.8) :
• le plan terminal à marche mésiale est celui qui est le plus classiquement décrit : la face
distale de la deuxième molaire temporaire mandibulaire est mésialée et conduit d'emblée
les premières molaires mandibulaires permanentes en mésioclusion ;
• le plan terminal est droit quand les faces distales des deuxièmes molaires temporaires sont
alignées verticalement. Il conduit alors les premières molaires permanentes en éruption
à s'articuler cuspide contre cuspide en un équilibre instable qui peut basculer soit vers la
mésioclusion, soit vers la distoclusion molaire ;
• le plan terminal à marche distale répond à un décalage distal de la face distale de la deu-
xième molaire temporaire mandibulaire qui conduit alors les premières molaires mandibu-
laires permanentes en éruption à s'articuler en distoclusion.
Connaissances
C 211
3. Dentition permanente
C'est la période durant laquelle les phénomènes de croissance construisent les arcades den-
taires de la denture permanente.
Elle s'étend sur environ vingt ans, du début de calcification de la première dent permanente à
l'éruption de la dernière dent permanente.
La principale différence entre les deux dentitions tient au fait que, par hémi-arcade, cinq des
dents permanentes sont diphysaires et vont remplacer cinq dents temporaires. Ceci laisse
supposer un synchronisme assez rigoureux dans la séquence d'éruption, mais aussi dans les
aménagements de l'arcade dentaire durant toute cette période transitoire de denture mixte où
les dents temporaires cohabitent avec des dents permanentes.
Fig. 3.9 Agencement intra-osseux des germes des dents permanentes maxillaires au cours de la den-
ture temporaire.
sont immédiatement sous le bord orbitaire, coincées entre les sinus maxillaires et les cavités
nasales (fig. 3.10).
Le germe de l'incisive latérale est bien souvent le plus lingual des trois germes antérieurs et se
met souvent en rotation.
Le germe de l'incisive centrale est en linguo-position par rapport à la racine de la dent temporaire.
Les prémolaires n'ont pas ce problème d'encombrement puisque la somme de leurs diamètres
mésio-distaux est inférieure à celle des molaires temporaires.
Les molaires permanentes monophysaires occupent une position distale par rapport à l'arcade
212 dentaire. La place dont elles disposent au sein des maxillaires dépend de la croissance vers
l'arrière de la tubérosité maxillaire et de la croissance sagittale du corps mandibulaire qui naît
du recul de la branche mandibulaire engendré par une apposition sur son bord postérieur et
une résorption de son bord antérieur. La différenciation des germes des molaires permanentes,
échelonnée dans le temps (de la naissance pour la première molaire, à l'âge de 8 à 9 ans pour
la troisième molaire) laisse le temps à la croissance faciale d'adapter les structures osseuses au
contenu dentaire en voie de différenciation et de calcification.
I
II
1 III
2 IV
3
4 V
3
5
5 6
1 2 4
6
I II III IV V
A B
Fig. 3.10 Agencement des germes des dents permanentes (1 à 6) dans l'os maxillaire en denture tem-
poraire (I à V).
A. Vue vestibulaire. B. Vue occlusale.
Connaissances
• une période de stabilité plus ou moins longue s'intercale avant que le groupe suivant n'émerge ;
• intervient ensuite le remplacement des dents intermédiaires (canines et molaires), ainsi
appelées parce qu'elles sont encadrées par des dents permanentes. La première prémolaire
maxillaire apparaît, en général avant la canine mandibulaire chez les garçons et inverse-
ment chez les filles. Ces deux dents sont suivies de la première prémolaire mandibulaire,
des deuxièmes prémolaires et, enfin, de la canine maxillaire ;
213
Tableau 3.3 Chronologie du développement des dents permanentes, d'après Logan et Kronfeld (1935),
modifiée par Schour (1960)
Début de Couronne achevée Âge d'éruption Racine achevée
calcification
Maxillaire
Incisive centrale 3–4 mois 4–5 ans 7–8 ans 10 ans
Incisive latérale 10 mois 4–5 ans 8–9 ans 11 ans
Canine 4–5 mois 6–7 ans 11–12 ans 13–15 ans
Première prémolaire 1,5 à 1,75 an 5–6 ans 10–11 ans 12–13 ans
Deuxième prémolaire 2 à 2,25 ans 6–7 ans 10–12 ans 12–14 ans
Première molaire Naissance 2,5–3 ans 6–7 ans 9–10 ans
Deuxième molaire 2,5–3 ans 7–8 ans 12–13 ans 14–16 ans
Troisième molaire 7–9 ans 12–16 ans 17–21 ans 18–25 ans
Mandibule
Incisive centrale 3–4 mois 4–5 ans 6–7 ans 9 ans
Incisive latérale 3–4 mois 4–5 ans 7–8 ans 10 ans
Canine 4–5 mois 6–7 ans 9–10 ans 12–14 ans
Première prémolaire 1,75–2 ans 5–6 ans 10–12 ans 12–13 ans
Deuxième prémolaire 2,25–2,50 ans 6–7 ans 11–12 ans 13–14 ans
Première molaire Naissance 2,5–3 ans 6–7 ans 9–10 ans
Deuxième molaire 2,5–3 ans 7–8 ans 11–13 ans 14–15 ans
Troisième molaire 8–10 ans 12–16 ans 17–21 ans 18–25 ans
Anatomie dentaire
Connaissances
Birth
2 years
( 6 mos)
6 mos
( 2 mos) 215
9 mos
( 2 mos)
3 years
( 6 mos)
1 year
( 3 mos)
18 mos
( 3 mos)
• canines : 18–24 mois ;
• deuxièmes molaires : 24–36 mois.
On considère que vers l'âge de 3 ans, l'occlusion est bien établie et que toutes les dents tem-
poraires doivent avoir terminé leur éruption active à l'âge de 4 ans.
216
5 years
( 9 mos)
A B
6 years
( 9 mos)
Connaissances
217
7 years
( 9 mos)
8 years
( 9 mos)
Fig. 3.14 Phase de constitution de la denture mixte : éruption des premières molaires permanentes et
des incisives permanentes.
Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 2-3, p. 24 et fig. 2–4, p. 25.
Anatomie dentaire
Dette incisive
À l'éruption des incisives permanentes, la différence entre la somme des diamètres
mésio-distaux des incisives temporaires et celle des diamètres mésio-distaux des incisives per-
manentes correspond à la dette d'espace incisive (tableau 3.6).
Elle est d'environ 7,6 mm à l'arcade maxillaire et 6 mm à l'arcade mandibulaire.
Moyens de compensation
L'alignement des incisives est facilité par :
• les diastèmes interincisifs : apparus au cours de la phase de denture temporaire, ils
mesurent 1,7 mm à chaque hémi-arcade maxillaire et 1,4 mm à chaque hémi-arcade man-
dibulaire et peuvent jouer un rôle dans la compensation de la dette incisive avant l'éruption
218 des premières molaires permanentes ;
• la croissance alvéolaire transversale intercanine : la largeur intercanine varie peu avant
l'émergence des dents permanentes mais, au remplacement des incisives, augmente en
moyenne de 3 mm au profit de l'arc incisif. Cette croissance s'arrête immédiatement après
l'éruption des incisives permanentes ;
• la vestibulo-version des incisives permanentes par rapport aux incisives tempo-
raires : elle engendre un accroissement de longueur de l'arcade mixte par rapport à l'ar-
cade temporaire qui est en moyenne de 2,2 mm au maxillaire et de 1,3 mm à la mandibule.
À l'éruption des premières molaires permanentes, les diastèmes simiens se ferment sous la
pression de la poussée éruptive de ces dents :
• pour les arcades de type I, le diastème mandibulaire étant plus important que le diastème
maxillaire, la première molaire mandibulaire se retrouve en mésioclusion ;
• pour les arcades de type II, les diamètres mésio-distaux des molaires temporaires mandi-
bulaires étant nettement supérieurs à ceux des molaires maxillaires, les premières molaires
conservent leurs rapports « cuspide à cuspide ».
Cette phase de constitution de la denture mixte est particulièrement active. Elle est d'une
grande importance dans la morphogenèse des arcades dentaires. Si ces mécanismes de com-
pensation ne fournissent pas le supplément de place nécessaire, les incisives permanentes
présentent des signes révélateurs d'une dysharmonie dento-maxillaire : des chevauchements
associés à un encombrement ou des inclinaisons axiales exagérées.
Axe M3
Axe M3
3-4 3-4
4-5 4-5
Espace
secondaire
6-7 6-7
Connaissances
8-9 8-9
9-10 9-10
219
11-12 11-12
13 13
Fig. 3.15 Schémas des développements comparés d'une denture temporaire de type I avec espaces
simiens et de type II sans espaces simiens, d'après Baume (1950).
11 years
( 9 mos)
Cette phase, au cours de laquelle les douze dents intermédiaires vont être remplacées par les
canines permanentes et les prémolaires, est la plus complexe car, d'une part, les séquences
d'éruption sont très variées, d'autre part, des phénomènes de compensation vont intervenir et
peuvent se trouver modifiés par la séquence d'éruption qui est différente chez les garçons et
les filles :
• chez les garçons :
220 – première prémolaire maxillaire,
– canine mandibulaire,
– première prémolaire mandibulaire,
– deuxième prémolaire maxillaire,
– deuxième prémolaire mandibulaire,
– canine maxillaire ;
• chez les filles :
– canine mandibulaire,
– première prémolaire maxillaire,
– première prémolaire mandibulaire,
– deuxième prémolaire maxillaire,
– deuxième prémolaire mandibulaire,
– canine maxillaire.
Cependant, il faut noter que les éruptions de ces douze dents permanentes se déroulent sur
une période de trois ans avec des intervalles qui se chevauchent. Il est donc illusoire d'établir
une séquence d'éruption précise et reproductible pour ces dents intermédiaires.
Il arrive aussi que la deuxième molaire permanente fasse son éruption avant le remplacement
complet de toutes les dents intermédiaires. Dans ce cas, les étapes de constitution et de stabi-
lité de la denture adolescente n'existent pas et leurs événements participent directement à la
phase de constitution de la denture adulte jeune.
Fig. 3.17 Dans le cas d'une éruption 5-4-3 ou même 4-5-3, la somme des diamètres mésio-distaux des
dents de remplacement sera toujours inférieure à celle des dents remplacées.
Connaissances
Tableau 3.7 Crédit d'espace des dents intermédiaires (mensuration G.V. Black)
Maxillaire Mandibule
∅ canine ∅ première ∅ première Total ∅ canine ∅ première ∅ première Total
molaire/ molaire/ molaire/ molaire/
première première première première
prémolaire prémolaire prémolaire prémolaire
Dents 7,0 7,3 8,2 22,5 5,0 7,7 9,9 22,6
temporaires 221
Dents 7,6 7,2 6,8 21,6 6,9 6,9 7,1 20,9
permanentes
Différence − 0,6 + 0,1 + 1,4 + 0,9 − 1,9 + 0,8 + 2,8 + 1,7
Source : Lautrou A. Anatomie dentaire. 2 éd. Paris : Masson ; 1998, tableau IX, p. 180.
e
Fig. 3.18 Dans le cas d'une éruption 3-4-5 ou même 3-5-4, il y aura toujours un déficit de place pour
la canine permanente.
A B
L'utilisation de cet espace varie selon le type d'arcade décrit par Baume :
• dans les arcades du type I (avec diastèmes simiens), la droite qui joint les cuspides des
canines se trouve légèrement distalée, du fait même que le diamètre mésio-distal des
canines permanentes est supérieur à celui des canines temporaires. Les premières molaires
permanentes migrent vers le côté mésial et comblent les diastèmes éventuels en conser-
vant leurs rapports d'occlusion (mésioclusion de la valeur d'une demi-cuspide de la dent
mandibulaire) ;
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
• dans les arcades du type II (sans diastème simien), il persiste, depuis la phase de consti-
tution de la denture mixte, un petit déficit de place dû à la dette incisive. L'alignement
des dents antérieures peut s'améliorer grâce au crédit de place procuré par la chute des
dents intermédiaires. Les molaires permanentes, étant en occlusion « cuspide à cuspide »,
vont pouvoir glisser dans une position plus mésiale. Cette migration est plus importante
à la mandibule où les molaires temporaires laissent un crédit d'espace plus important qui
permet aux premières molaires permanentes de glisser vers une relation de mésioclusion.
Les deux types d'arcades, à ce stade initial de la denture permanente, entretiennent la même
occlusion « engrenante ». À la fin de cette phase de constitution de la denture adolescente, l'ar-
cade dentaire s'est raccourcie. Ce phénomène est directement lié à l'éruption des prémolaires.
Connaissances
• hémi-arcade maxillaire gauche : 21-22-23-24-25-26 ;
• hémi-arcade mandibulaire gauche : 31-32-33-34-35-36 ;
• hémi-arcade mandibulaire droite : 41-42-43-44-45-46.
Cette phase prend fin avec l'éruption de la deuxième molaire permanente.
12 years
( 6 mos)
Fig. 3.20
Anatomie dentaire
15 years
( 6 mos)
21
years
Connaissances
logiques ou non.
Il faut noter que la tribologie, science qui étudie le frottement et ses effets, considère qu'il
existe deux types d'usure abrasive : l'usure à deux corps (attrition) et l'usure à trois corps
(abrasion).
1. Usure mécanique
Attrition
225
L'attrition correspond à la friction de deux corps solides en mouvement dont les surfaces sont
en contact direct. Elle concerne les frottements dento-dentaires occlusaux et proximaux.
D'une manière générale, les micro-aspérités de la surface la plus dure creusent la surface la
plus ductile en formant des sillons parallèles bordés de berges symétriques.
Les surfaces concernées par l'attrition sont planes, lisses, brillantes et bien définies (fig. 3.23).
Les facettes d'usure antagonistes se correspondent lors de faibles mouvements mandibulaires.
Les sommets cuspidiens et les bords incisifs deviennent plats. Lorsque l'usure atteint la den-
tine, celle-ci se situe au même niveau que l'émail, sans marge.
L'attrition peut être généralisée ou n'atteindre que certaines dents.
L'attrition peut être physiologique et résulter des contacts dento-dentaires qui s'établissent
lors de la déglutition et de la mastication. Elle peut également être due au bruxisme ou favori-
sée par un édentement postérieur, une malposition ou une malocclusion.
Abrasion
L'abrasion correspond au déplacement de deux corps solides l'un contre l'autre, avec interpo-
sition de particules abrasives qui constituent le troisième corps.
Les surfaces concernées par l'abrasion sont émoussées et satinées. Elles ont des contours
arrondis. Les facettes d'usure antagonistes ne se correspondent pas lors de faibles m ouvements
mandibulaires. La dureté de la dentine étant moindre que celle de l'émail, lorsque ces deux
tissus sont exposés, la dentine s'use plus rapidement en créant ainsi une marche avec l'émail.
L'abrasion peut être physiologique, en lien avec l'alimentation. Elle touche alors toutes les
dents de manière globale et génère des facettes d'usure dont la surface augmente avec l'âge.
À l'inverse, elle peut être liée à un brossage iatrogène. Les abrasions consécutives à une tech-
nique de brossage mal maîtrisée sont les plus fréquentes (fig. 3.24). Les lésions cunéiformes
sont localisées dans le tiers cervical vestibulaire des incisives, des canines et des prémolaires,
avec une prédominance du côté gauche pour les droitiers et du côté droit pour les gauchers.
Si l'abrasion n'est pas trop rapide, de la dentine réactionnelle se dépose en regard de la zone
concernée par l'abrasion. Cette lésion reste alors asymptomatique et peut être profonde.
Des lésions abrasives sont également observées avec le frottement répétitif d'un objet, tou-
jours au même endroit : pipe, cure-dent, aiguille, clou, crayon, embout d'instrument à vent.
Enfin, nous pouvons citer les lésions abrasives rituelles encore pratiquées dans certaines régions
du monde.
226
Abfraction
L'abfraction est une usure de fatigue qui survient lorsque les contraintes de flexion imposées
à la dent sont trop importantes. Des ruptures de liaisons intermoléculaires se produisent sous
l'effet des contraintes répétées, puis se propagent en sub-surface. Elles intéressent l'émail en
raison de sa faible limite élastique qui le rend cassant. La dentine est généralement protégée
par la jonction amélo-dentinaire qui dissipe les contraintes.
L'abfraction peut notamment provenir d'interférences non travaillantes dans le secteur molaire
et se traduire par des lésions cervicales d'aspect cunéiforme ou des sillons creusés au-dessus de
la limite de la couronne, en vestibulaire ou en lingual.
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
2. Usure chimique
Érosion
L'érosion survient lorsqu'une atteinte chimique vient rompre les liaisons intermoléculaires
des tissus dentaires et potentialiser les différents modes d'usure mécanique précédemment
décrits. Les lésions débutent par une déminéralisation de l'émail, la dentine étant touchée
dans un second temps.
Les surfaces concernées par l'érosion sont concaves avec des limites arrondies. Elles ont une
forme de cupule arrondie plus profonde que large et présentent une marge entre l'émail et la
dentine. Les surfaces d'érosion antagonistes ne se correspondent pas lors de faibles mouve-
ments mandibulaires. Les lésions, symétriques, sont généralement localisées au tiers cervical
des faces vestibulaires des dents antérieures (fig. 3.25).
L'érosion est due à des facteurs :
• extrinsèques : consommation fréquente et prolongée de boissons acides, régimes riches en
fruits, notamment les agrumes ;
• intrinsèques : reflux gastro-œsophagien, vomissements répétés, alcoolisme, stress, hyposia-
lie, xérostomie.
Connaissances
227
1. Émail
L'émail devient moins perméable et plus fragile, il subit une usure lente et progressive et
la couronne prend une teinte plus foncée. Des fêlures et des craquelures apparaissent à la
surface de l'émail ; elles s'accompagnent de pertes de substances dues à une attrition physio-
logique sur les bords incisifs et sur les faces occlusales et proximales. Les points de contact se
transforment en surfaces de contact.
Anatomie dentaire
2. Dentine
La dentine devient progressivement plus minéralisée et plus translucide.
On assiste à deux modifications majeures : l'oblitération des canalicules par synthèse d'une
dentine péricanaliculaire très minéralisée et l'apposition de dentine secondaire qui augmente
l'épaisseur de dentine par une apposition centripète qui réduit le volume pulpaire. La dentine
apposée au niveau du plancher pulpaire est irrégulière.
3. Pulpe
Comme tous les tissus humains, la pulpe subit la sénescence en dehors de toute pathologie
inflammatoire ou autre. Les modifications du tissu pulpaire sont considérables et génèrent un
aspect histologique très différent de celui observé chez le sujet jeune. La sénescence du tissu
pulpaire se traduit par une fibrose partielle ou totale associée à une diminution du nombre de
cellules et à un appauvrissement du réseau vasculo-nerveux.
On constate également une diminution du volume de la cavité pulpaire pouvant aller jusqu'à
228
son oblitération complète et à l'apparition de calcifications pulpaires ou « pulpolithes » au sein
de la pulpe camérale et dans la partie cervicale des canaux (fig. 3.26).
Ces phénomènes limitent considérablement le potentiel de cicatrisation et de réparation de la pulpe.
Connaissances
229
En l'absence de pathologie, l'apposition cémentaire est régulière tout au long de la vie, mais
elle varie selon la localisation sur la racine. Très réduite au niveau cervical, elle augmente au
fur et à mesure que l'on se rapproche de l'apex. Ainsi, à la jonction amélo-cémentaire, son
épaisseur varie de 20 à 50 μm, alors qu'à l'apex, elle atteint 50 à 200 μm.
Au niveau apical, la cémentogenèse a pour effet de compenser l'usure physiologique des
faces occlusales par une égression de la dent et de contribuer ainsi à maintenir les rapports
interdentaires en participant à l'éruption passive.
Applications cliniques
Cariologie
Chez la personne âgée, la rétraction physiologique de la gencive, une alimentation souvent riche en sucres
et de consistance molle, et des difficultés de brossage favorisent l'apparition de lésions carieuses radicu-
laires et de « caries du collet ». Ce risque carieux élevé chez la personne âgée est accentué par la réduction
du débit salivaire qui accompagne la sénescence des glandes salivaires. Ces lésions carieuses évoluent géné-
ralement sur le mode chronique, à bas bruit. Les foyers infectieux latents évoluant sans symptomatologie
sont fréquents chez la personne âgée.
u
Anatomie dentaire
u
Odontologie médico-légale et odontologie anthropologique
Récemment, avec le développement des techniques numériques, la détermination de l'âge au décès d'un
individu par la méthode des « anneaux du cément » a été particulièrement étudiée. Elle exploite le fait
qu'il existe une relation linéaire entre le nombre de couches cémentaires apposées et l'âge d'un individu,
à raison d'un anneau par année écoulée. Cette méthode est notamment appliquée à des échantillons
ostéo-archéologiques.
5. Tissus parodontaux
L'attache épithéliale migre vers l'apex en exposant le collet de la dent et souvent une portion
plus ou moins importante de la racine.
Le ligament alvéolo-dentaire subit également des altérations. Le nombre de fibres et la densité
cellulaire diminuent, les espaces interstitiels augmentent. Ces modifications seraient liées à la
diminution physiologique des forces masticatoires avec l'âge.
C. Vieillissement prématuré
1. Réaction pulpaire
La mise en œuvre de procédures restauratrices se répercute sur le complexe dentino-pulpaire
qui réagit biologiquement à l'action mécanique de réalisation de la cavité et à l'action cyto-
230 toxique des matériaux. Ces traitements engendrent une irritation pulpaire et participent au
vieillissement prématuré de l'organe dentaire.
2. Apposition dentinaire
L'évolution d'une lésion carieuse, tout comme un traitement restaurateur ou un trouble occlu-
sal constituent pour l'organe dentaire une agression contre laquelle la pulpe doit se défendre
pour préserver sa vitalité. Les odontoblastes sont alors en première ligne. Ils synthétisent un
tissu cicatriciel qui s'interpose entre la lésion et la pulpe : la dentine tertiaire.
L'apposition de dentine tertiaire réactionnelle est généralement localisée sous des lésions den-
tinaires initiales peu profondes et évoluant sur le mode chronique. Elle est synthétisée par la
couche odontoblastique.
Si l'évolution de la lésion est plus rapide, les odontoblastes se nécrosent et c'est alors la couche
sous-odontoblastique qui prend le relais en se différenciant en odontoblastes de remplace-
ment et en synthétisant une dentine réparatrice.
Face à une lésion à progression très rapide, le tissu pulpaire se nécrose sans avoir eu la possi-
bilité de mettre en place une barrière protectrice.
Toutes ces tentatives de protection font appel au potentiel de réparation de la pulpe et contri-
buent au vieillissement prématuré de l'organe dentaire.
3. Apposition cémentaire
Une apposition cémentaire réactionnelle peut se produire dans plusieurs situations :
• suite à une obturation endodontique, l'apposition de cément engendre une minéralisation
de l'orifice apical et la formation d'une barrière cicatricielle calcifiée qui clôt cet orifice ;
• en présence d'une pathologie péri-apicale ou parodontale chronique, une cémentogenèse
hyperplasique ou hypercémentose peut se produire : c'est une tentative d'adaptation paro-
dontale aux altérations de la zone péri-apicale ;
Anatomie de la croissance et du vieillissement 3
Fig. 3.28 Hypercémentose.
• l'apposition cémentaire compense les hypofonctions et les égressions dentaires qui s'en-
suivent. Les malpositions dentaires peuvent également s'accompagner d'une cémentoge-
nèse irrégulière ou anarchique (fig. 3.28).
Connaissances
L'attrition est considérée comme physiologique tant qu'elle est modérée et en lien avec le
vieillissement des dents et avec le régime alimentaire.
Elle peut devenir pathologique et engendrer des lésions plus ou moins importantes allant
jusqu'à exposer la dentine et atténuer les reliefs occlusaux. De la dentine tertiaire vient s'appo-
ser au fur et à mesure en regard de la perte de substance, réduisant ainsi le volume pulpaire.
La localisation des lésions est variable et souvent inhabituelle lorsque l'attrition est pathologique.
C'est le cas lorsqu'il existe des troubles de l'occlusion ou des pertes dentaires non compensées. 231
Le bruxisme, du grec brukein (grincer des dents), est décrit comme une activité mandibulaire
répétitive caractérisée par le serrement ou le grincement des dents et/ou par des pressions de
la musculature oro-faciale sans contacts occlusaux (bracing or thrusting of the mandible). Il est
considéré comme une parafonction, c'est-à-dire une fonction, généralement non pathogène,
qui sollicite un organe ou un appareil pour un usage qui n'est pas sa destination première.
Dans le bruxisme, on distingue :
• le bruxisme en lien avec le rythme circadien (bruxisme d'éveil, bruxisme de sommeil) ;
• le bruxisme en lien avec une étiologie (bruxisme primaire, bruxisme secondaire) ;
• le bruxisme en lien avec le type d'affrontement occlusal (serrement, balancement, grince-
ment, tapotement).
Le bruxisme aggrave l'attrition physiologique et provoque un vieillissement prématuré des
organes dentaires accompagné de répercussions sur la pulpe, la dentine et le cément :
• rétraction pulpaire par apposition de dentine tertiaire réactionnelle ;
• dégénérescences calciques de type pulpolithes au niveau de la chambre pulpaire ou des
canaux ;
• nécrose aseptique de la pulpe ;
• fêlures et fractures, généralement de mauvais pronostic ;
• résorptions dentaires internes ou externes ;
• hypercémentose.
4
Anatomie fonctionnelle
I. Arcades dentaires
Les dents sont alignées suivant deux arcades dentaires : l'une maxillaire et l'autre mandibu-
laire. Chacune d'entre elles est symétrique par rapport au plan sagittal médian et constituée
de deux hémi-arcades (droite et gauche) (fig. 4.1).
L'arcade maxillaire est formée par l'alignement des dents maxillaires, temporaires et/ou perma-
Connaissances
nentes, implantées dans les os maxillaires qui appartiennent au massif facial supérieur.
L'arcade mandibulaire est formée par l'alignement des dents mandibulaires, temporaires et/ou
permanentes, implantées dans la mandibule, seul os mobile du massif cranio-facial, qui est un os
impair, médian et symétrique formant le squelette du massif facial inférieur. La mandibule s'arti-
cule avec les os temporaux par l'intermédiaire des articulations temporo-mandibulaires (ATM).
Cette mobilité permet aux dents des deux arcades de s'affronter lors de la fonction occlusale.
233
Langue
ate
Buc
cin
cin
Buc
ate
ur
Orbiculaire
Les dents sont soumises aux forces occlusales, linguales, labiales et jugales. Elles se trouvent
en équilibre, au sein d'une arcade dentaire, dans une sorte d'espace neutre où les forces fonc-
tionnelles s'annulent et que l'on appelle « couloir dentaire » (fig. 4.2).
Chaque dent possède des formes coronaire et radiculaire, des inclinaisons mésio-distale et
vestibulo-linguale, ainsi que des contacts avec les dents adjacentes et antagonistes qui lui per-
mettent d'assurer une continuité anatomique et fonctionnelle de l'arcade. De même, chaque
classe de dents assure des fonctions masticatoires et occlusales spécifiques. Les prémolaires
et molaires interviennent dans le broyage des aliments et dans le calage occlusal, tandis que
les incisives et canines assurent la préhension et l'incision des aliments, et le guidage occlusal.
L'organisation générale de chaque arcade résulte, d'une part, de la position et de l'inclinaison
des dents, d'autre part, de la continuité des formes dentaires.
Un alignement dentaire correct, associé à un support parodontal sain, est le garant d'une
bonne efficacité masticatoire.
Connaissances
nuité des formes s'y manifeste par des caractères anatomiques qui se répètent et s'expriment
progressivement avec des intensités différentes selon les dents, la première molaire représen-
tant pour chaque arcade le gabarit de base de la classe.
La différence de déclivité entre les dessins cervicaux mésial et distal crée une marche entre
deux dents lorsque les axes dentaires sont verticaux (à gauche). Par contre, l'inclinaison distale des
axes dentaires permet un réalignement des contours proximaux (à droite).
M
16
13
V L V L
14
17
D
D
Connaissances
Enfin, on peut noter que l'acuité cuspidienne, la profondeur des fosses et fossettes, et la
hauteur des crêtes marginales s'amenuisent régulièrement de mésial en distal pour les deux
arcades.
237
M
14
V L V L
45
M
Fig. 4.7 Les cuspides vestibulaires maxillaires et linguales mandibulaires sont plus anguleuses (sectoriales)
que les cuspides linguales maxillaires et vestibulaires mandibulaires (broyeuses).
46 47
16 17
V L
V L
18 48
B M
Fig. 4.8 La différence de hauteur entre les cuspides vestibulaires et linguales s'atténue progressive-
ment dans le sens mésio-distal (molaires maxillaires en A ; molaires mandibulaires en B).
Anatomie dentaire
2°
28° 26° 7° 16° 17°
11 12 13
238 V LD M V L D M V L D M
5° 9° 6° 5°
14 15
V L D M
V L D M
16 17
V LD M V L D M
Fig. 4.9 Inclinaisons axiales des dents maxillaires droites dans les directions vestibulo-linguale (vue
mésiale) et mésio-distale (vue vestibulaire).
Source : d'après DEMPSTER WT et al (1963) in LAUTROU A. Anatomie dentaire. 2e éd. Paris : Masson ; 1998, fig 135,
p.198.
Anatomie fonctionnelle 4
41 42 43
V L D M V L D M
V L D M
44 45
V L D M
V LD M
Connaissances
9° 6° 9° 9°
V L D M V L D M
46 47 239
20° 14°
20° 10°
Fig. 4.9 (Suite) Inclinaisons axiales des dents mandibulaires droites dans les directions vestibulo-
linguale (vue mésiale) et mésio-distale (vue vestibulaire).
Source : d'après DEMPSTER WT et al (1963) in LAUTROU A. Anatomie dentaire. 2e éd. Paris : Masson ; 1998, fig 135 Suite, p.199.
linguaux d'autre part (fig. 4.11). Cependant, la table occlusale est plus réduite sur les prémo-
laires, ce qui entraîne une légère discontinuité de la courbe entre la deuxième prémolaire et la
première molaire.
Au maxillaire, les tables occlusales sont déportées du côté vestibulaire, parce que les faces
linguales sont plus inclinées et que les axes des dents sont lingualés à l'apex.
À l'inverse, à la mandibule, les tables occlusales sont déportées du côté lingual parce que les
faces vestibulaires sont plus inclinées et que les axes des dents sont vestibulés à l'apex.
Au maxillaire, comme à la mandibule, les tables occlusales sont d'autant plus excentrées
qu'elles sont plus postérieures, du fait de l'angulation plus importante de leur grand axe par
rapport à la perpendiculaire menée sur le plan d'occlusion.
Fig. 4.12 Les cuspides vestibulaires et linguales sont organisées selon une courbe à concavité supérieure :
la courbe de Wilson.
Connaissances
241
À la mandibule
La courbe de Spee passe par les sommets cuspidiens vestibulaires des dents mandibulaires. Cette
courbe à concavité supérieure permet d'optimiser les forces exercées sur le bol alimentaire et
d'harmoniser la diffusion axiale des contraintes le long des racines de chaque dent. Les cuspides
linguales des molaires mandibulaires sont alignées selon une courbe à concavité supérieure qui
s'éloigne progressivement de la courbe des cuspides vestibulaires sur les dents distales. La surface
délimitée entre les courbes des cuspides vestibulaires et linguales aux deux arcades est à disposition
hélicoïde, cette bande d'occlusion s'incurvant de plus en plus du côté lingual sur les dents distales.
La courbe de Spee doit être distinguée du plan d'occlusion qui, étant une référence pour l'orien-
tation générale de l'arcade, relie le bord incisif de l'incisive centrale mandibulaire au sommet de
la cuspide centro-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Ce plan permet surtout de
mettre en évidence des anomalies de position des dents comme les égressions ou les ingressions.
Au maxillaire
Les cuspides vestibulaires des prémolaires et molaires suivent une courbe à concavité supérieure,
dont le point le plus déclive est le sommet de la cuspide mésio-vestibulaire de la première molaire
et le point le plus élevé, le sommet de la cuspide disto-vestibulaire de la troisième molaire.
Les cuspides linguales des dents maxillaires sont également alignées mais suivant une courbe excen-
trée par rapport à la précédente. La cuspide linguale de la première prémolaire est plus courte que sa
cuspide vestibulaire, les deux cuspides ont un développement identique sur la seconde prémolaire,
puis, progressivement sur les molaires, les cuspides linguales deviennent de plus en plus saillantes.
Les deux courbes se croisent au niveau de la deuxième prémolaire et s'éloignent ensuite pro-
gressivement l'une de l'autre jusqu'à la dernière molaire.
Anatomie dentaire
242
E. Agencement des crêtes marginales
Les crêtes marginales adjacentes présentent un développement identique en hauteur et en
volume et déterminent, par leur juxtaposition, une surface marginale de forme grossièrement
losangique dans l'alignement de la gouttière mésio-distale.
Du fait de la réduction de l'acuité cuspidienne, les crêtes marginales occupent une position
progressivement plus occlusale en progressant de mésial en distal (fig. 4.15).
15 14
D M
A L
15 14
D M
V
Anatomie fonctionnelle 4
F. Espaces interproximaux
Dès que les dents ont achevé leur éruption, elles se trouvent en contact par l'intermédiaire de
leurs faces proximales avec les dents adjacentes. Le contact s'établit par deux points qui vont
progressivement se transformer en surfaces.
Le contact interproximal siège au centre d'un volume délimité par les faces proximales des
dents et par le septum osseux interdentaire. Cet espace se subdivise en quatre secteurs, les
embrasures vestibulaire, linguale, occlusale et cervicale. De ces quatre embrasures, seule la
cervicale est comblée par la papille gingivale, les trois autres sont libres.
1. Points de contact
Le point de contact est la zone située sur une dent par laquelle elle est en contact avec ses
voisines. Toutes les dents, à l'exception de la troisième molaire qui n'a qu'un seul contact en
mésial, possèdent deux points de contact : l'un mésial et l'autre distal.
Par l'intermédiaire des points de contact, les dents forment l'ensemble solidaire qu'est l'arcade
dentaire.
Connaissances
Le point de contact interproximal protège la papille interdentaire et contribue à maintenir
l'intégrité tissulaire du parodonte par la déflection des aliments. Il constitue un élément de
stabilisation des dents au cours de la fonction masticatrice et participe à l'équilibre occlu-
sal. Le contact interproximal permet de transmettre une partie des forces subies aux dents
adjacentes. Le point de contact joue également un rôle fonctionnel, adaptatif et évolutif, en
se transformant en surface de contact lors du vieillissement, qu'il soit physiologique ou non
(fig. 4.16 et 4.17).
243
D M
A B
Au maxillaire
Les points de contact sont près du bord libre pour les incisives et tendent à s'en éloigner
jusqu'à la face distale de la canine qui présente, avec la première prémolaire, un contact situé
dans la portion occlusale du tiers coronaire moyen. Au sein de l'arcade, c'est le contact le plus
éloigné des structures occlusales.
Ensuite, très progressivement, et du fait de la réduction de l'acuité cuspidienne et de la hauteur
coronaire, les points de contact qui siègent dans le tiers coronaire occlusal vont se rapprocher
des structures occlusales.
En vue occlusale, les points de contact s'éloignent progressivement de la face vestibulaire, des
incisives aux molaires. Situé dans le tiers coronaire vestibulaire pour les incisives, le point de
contact siège dans le tiers coronaire moyen pour les molaires.
À la mandibule
Le point de contact est proche du bord libre pour les incisives et la face mésiale de la canine. Il
est situé à la jonction des tiers coronaires occlusal et moyen entre la canine et la première pré-
molaire. Comme au maxillaire, il va ensuite progressivement se rapprocher des structures occlu-
sales sur les molaires, du fait de la réduction de l'acuité des cuspides et de la hauteur coronaire.
En vue occlusale, il est situé dans le tiers coronaire moyen de chaque dent, tout au long de l'arcade.
Aux deux arcades, les surfaces de contact sont de taille croissante depuis les incisives vers les
molaires où les forces masticatoires sont plus intenses. Les contacts proximaux permettent de
transmettre une partie des forces subies aux dents adjacentes.
2. Embrasures
Autour de la zone de contact entre deux dents adjacentes, l'espace interproximal se subdivise
en quatre espaces prismatiques triangulaires dont le point de contact interproximal constitue
pour chacun un sommet commun : ce sont les embrasures (fig. 4.18).
3 1
Connaissances
d'une zone ou ligne de transition qui correspond à la zone d'inversion ou d'inflexion
de la surface de la couronne. C'est cette ligne de transition qui marque la transformation
de la franche convexité vestibulaire ou linguale en une concavité ou en une convexité moins
intense des faces proximales.
Les embrasures ont un rôle dans la déflection des aliments et la protection de la papille
interdentaire.
245
Les surfaces articulaires appartiennent d'une part à la mandibule, c'est le condyle mandibu-
laire, d'autre part à l'os temporal, ce sont le tubercule articulaire et la surface articulaire
de la fosse mandibulaire de l'os temporal.
Ces surfaces articulaires sont recouvertes d'un fibrocartilage, riche en fibres de collagène.
Le disque articulaire, de nature fibrocartilagineuse, présente la forme générale d'une lentille
biconcave qui coiffe le condyle mandibulaire. Son bord antérieur reçoit des faisceaux des
muscles ptérygoïdien latéral, temporal et masséter (fig. 4.20).
Connaissances
Horizontal Vertical
overlap overlap
247
Overjet Overbite
Fig. 4.21 Les dents antérieures maxillaires recouvrent (à droite) et surplombent (à gauche) les dents anté-
rieures mandibulaires en créant le « surplomb » (overjet) et le « recouvrement » (overbite) incisivo-canins.
Source : Wheeler's Dental Anatomy, physiologie and occlusion. 10th ed. Saunders ; 2014, fig. 16-16, p. 275.
Fig. 4.22 Toutes les dents s'articulent avec deux dents antagonistes, exceptées l'incisive centrale
mandibulaire et la troisième molaire maxillaire.
Anatomie dentaire
248
Fig. 4.23 Rapports d'occlusion des surfaces primaires des cuspides vestibulaires des prémolaires et
molaires mandibulaires.
Fig. 4.24 Rapports d'occlusion des surfaces primaires des cuspides linguales des prémolaires et
molaires maxillaires.
Anatomie fonctionnelle 4
Fig. 4.25 Rapports d'occlusion des bords incisifs et des cuspides des canines mandibulaires.
arcades en occlusion. Chaque cuspide primaire entre en contact avec la surface antagoniste par
l'intermédiaire de ses versants et non par son sommet. Seul son versant externe, très incliné, est
fonctionnel au cours des mouvements mandibulaires.
Au cours de la mastication, les cuspides primaires concourent, avec les surfaces occlusales
antagonistes à l'écrasement du bol alimentaire à la façon d'un couple pilon–mortier.
Connaissances
Appelées également « surfaces occlusales guides », les surfaces occlusales secondaires s'arti-
culent avec une embrasure interdentaire vestibulaire ou linguale, ou avec un sillon principal
périphérique vestibulaire ou lingual (fig. 4.26).
249
Connaissances
15 14
D M
251
45
Fig. 4.30 Rapports d'occlusion cuspide–surface marginale des cuspides vestibulaires mandibulaires
(à gauche) et des cuspides linguales maxillaires (à droite).
Anatomie dentaire
• relation cuspide–fosse centrale (fig. 4.32 et 4.33). Une cuspide primaire rencontre une
fosse centrale et le contact s'établit par trois points situés :
– pour la cuspide, sur l'arête interne ou occlusale de la crête cuspidienne vestibulo-linguale
(vestibulaire au maxillaire et linguale à la mandibule) et sur les arêtes mésiale et distale
de la crête cuspidienne mésio-distale,
– pour la fosse centrale, sur les trois pans cuspidiens qui constituent les parois de la fosse
centrale des molaires maxillaires, sur les deux pans linguaux et sur le pan mésial du
252
Fig. 4.32 Rapports d'occlusion cuspide–fosse centrale des cuspides vestibulaires mandibulaires
(à gauche) et des cuspides linguales maxillaires (à droite).
Connaissances
253
Fig. 4.34 Rapports d'occlusion cuspide–fosse marginale des cupsides linguales des prémolaires
maxillaires.
2. Agencement interarcades
L'agencement interarcades « idéal » a été défini au début du xxe siècle par Edward H. Angle
(1855–1930). La classification d'Angle intéresse les rapports dento-dentaires et non les rapports
squelettiques.
Anatomie dentaire
Connaissances
255
Il faut distinguer le recouvrement des incisives et des canines du recouvrement des prémolaires
et molaires.
Dans le secteur antérieur, le recouvrement dépend d'une interaction de facteurs anatomiques
et fonctionnels qui concourent à l'équilibre fonctionnel.
Dans le secteur postérieur, le recouvrement dépend de la hauteur des cuspides et de la pro-
fondeur des fosses et des embrasures occlusales. Il se réduit régulièrement de mésial en distal.
B. Rapports dynamiques
La référence anatomique occlusale, à partir de laquelle se font les mouvements volontaires
d'excursion de la mandibule pour l'étude des rapports dento-dentaires dynamiques, est l'oc-
clusion d'intercuspidation maximale.
Du fait de la symétrie des arcades dentaires, il y a deux hémi-arcades droites et deux hémi-
arcades gauches. Le côté vers lequel se déplace la mandibule s'appelle le « côté travaillant »
et l'autre le « côté non travaillant ». Ainsi, lorsque la mandibule se déplace à droite, les dents
des hémi-maxillaire et hémi-mandibule droits sont du côté travaillant et les dents des hémi-
maxillaire et hémi-mandibule gauches sont du côté non travaillant.
À partir de l'intercuspidation maximale, plusieurs mouvements mandibulaires peuvent être
effectués :
• mouvement en avant aller : propulsion ;
• mouvement en arrière retour : rétropulsion ;
• mouvement en arrière aller : rétraction ou rétrusion ;
• mouvement en avant retour : protraction ou protrusion ;
256 • mouvement en bas aller : abaissement ;
• mouvement en haut retour : élévation ;
• mouvement en dehors aller : diduction centrifuge aller (côté travaillant) ;
• mouvement en dehors retour : diduction centrifuge retour (côté non travaillant) ;
• mouvement en dedans aller : diduction centripète aller (côté non travaillant) ;
• mouvement en dedans retour : diduction centripète retour (côté travaillant).
1. Propulsion/rétropulsion
Les faces linguales des incisives et canines maxillaires constituent un guide incisif sur lequel
glissent les incisives et canines mandibulaires en dessinant ainsi la trajectoire antérieure de
propulsion et de rétropulsion de la mandibule.
Le surplomb et le recouvrement incisifs constituent la pente incisive qui détermine, avec la
pente condylienne, la désocclusion des dents postérieures (effet de Christensen) au cours du
mouvement de propulsion (fig. 4.39).
11
V L
41
Fig. 4.39 Trajectoire de guidage du bord incisif mandibulaire de 41 sur la face linguale de 11.
Anatomie fonctionnelle 4
Au niveau des molaires, lorsque les contacts existent, le pan mésial du versant interne des cus-
pides primaires mandibulaires (vestibulaires) s'articule avec le pan distal du versant interne des
cuspides secondaires maxillaires (vestibulaires) et le pan distal du versant interne des cuspides
primaires maxillaires (linguales) avec le pan mésial du versant interne des cuspides secondaires
mandibulaires (linguales).
Du fait de la courbe de l'arcade et de la direction sagittale du mouvement, les cuspides primaires
glissent pratiquement dans la gouttière mésio-distale pour les dents postérieures, mais pour les
prémolaires ce glissement a lieu sur le versant interne de la cuspide secondaire antagoniste.
Le mouvement de propulsion comporte deux phases :
• dans un premier temps, la pente incisive formée par la face linguale des incisives maxillaires
est plus faible (cingulum). Elle est compensée par une pente condylienne escarpée, ce qui
provoque une désocclusion franche des dents postérieures ;
• dans un second temps, la pente incisive devient plus forte (crêtes marginales) et compense
une pente condylienne plus faible.
Le mouvement de propulsion s'accompagne d'une désarticulation, puis d'une inocclusion des
dents postérieures qui les protègent des contraintes tangentielles.
Connaissances
2. Rétrusion/protrusion
Le mouvement de rétrusion/protrusion (rétraction/protraction), toujours de faible amplitude,
conduit la mandibule de l'occlusion d'intercuspidation maximale à l'occlusion en relation cen-
trée, position dentaire qui s'accompagne d'une position squelettique centrée des condyles
mandibulaires dans les fosses mandibulaires de l'os temporal.
Les dents antérieures ne sont pas impliquées dans ce mouvement. Le pan mésial du versant
interne des cuspides primaires maxillaires (linguales) s'articule avec le pan distal du versant 257
interne des cuspides primaires mandibulaires (vestibulaires).
Il faut noter que, dans ce cas, l'articulation dento-dentaire ne se fait qu'entre cuspides d'appui
qui jouent à chaque arcade le rôle de cuspides guides pour l'arcade antagoniste (fig. 4.40).
Mouvement de rétrusion
Mouvement de propulsion
Fig. 4.40 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors des mouvements mandibulaires
postéro-antérieur de propulsion (flêches noires) et antéro-postérieur de rétrusion (flêches rouges).
3. Diduction
Nous considérons uniquement le mouvement mandibulaire vers la droite ; auquel cas, le côté
droit est le côté travaillant et le côté gauche est le côté non travaillant.
Anatomie dentaire
258
A B
Fig. 4.41 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors du mouvement de diduction du
côté travaillant : à l'arcade maxillaire (A) ; à l'arcade mandibulaire (B).
A B
Fig. 4.42 Schématisation des trajets relatifs des surfaces dentaires lors du mouvement de diduction du
côté non travaillant : à l'arcade maxillaire (A) ; à l'arcade mandibulaire (B).
Connaissances
surface ou une fosse marginales, vers une embrasure occluso-vestibulaire intercuspidienne ou
interdentaire.
L'obliquité du trajet non travaillant décrit par les cuspides primaires par rapport à la courbe
d'arcade antagoniste s'accentue d'autant plus que la dent est éloignée du centre de rotation
du condyle travaillant. À l'inverse de ce qui se produit pour le côté travaillant, c'est la dent la
plus distale qui a un trajet moins oblique.
259
Lors du contact occlusal, il se produit un transfert de l'énergie musculaire vers l'organe den-
taire. Cette énergie est dissipée par déformation élastique, viscoélastique ou plastique ou par
rupture.
Pour ne pas être nocives pour l'organe dentaire et ses tissus de soutien, ces forces occlusales,
répétées et intenses, doivent être axiales, c'est-à-dire parallèles au grand axe de chaque dent.
Une inclinaison dentaire correcte favorise l'orientation axiale de ces forces occlusales. Les
forces fonctionnelles des lèvres, des joues et de la langue assurent un équilibre de l'organe
dentaire au sein du « couloir dentaire ».
Groupe incisivo-canin
Les forces occlusales qui s'exercent sur les incisives et canines ont une composante axiale, mais
aussi une composante vestibulaire pour les incisives maxillaires, et linguale pour les incisives
mandibulaires.
Tant qu'existe un équilibre entre les forces occlusales et les forces labiales, jugales et linguales,
il n'y a pas de manifestations dentaires. Des migrations dentaires secondaires peuvent appa-
raître dès que l'un des facteurs de cet équilibre est défaillant (fig. 4.43).
260
Fig. 4.43 L'intercuspidation maximale engendre sur les incisives des forces verticales avec des compo-
santes axiales, mais aussi avec une composante vestibulaire au maxillaire et linguale à la mandibule.
Groupe prémolaire–molaire
Dans l'occlusion d'intercuspidation maximale, les dents cuspidées des deux arcades entre-
tiennent un maximum de points de contact et la charge occlusale sur chaque dent est répartie
et relativement réduite. Les forces occlusales sont orientées selon un axe aligné avec les cus-
pides d'appui. Pour les prémolaires et molaires mandibulaires, cet axe passe par le sommet de
la cuspide et par l'apex. Pour les molaires maxillaires (les cuspides linguales des prémolaires
maxillaires ne sont jamais en contact occlusal), les forces occlusales s'inscrivent à l'intérieur du
triangle défini par les apex des trois racines (fig. 4.44).
Lors de la diduction du côté travaillant, les cuspides secondaires maxillaires (vestibulaires) ayant
leurs sommets à l'aplomb des apex des racines vestibulaires et les cuspides primaires man-
dibulaires (vestibulaires) ayant leurs sommets à l'aplomb des apex, cette disposition permet
aux forces axiales de passer à la fois par le sommet des cuspides primaires et les apex à la
mandibule, et par le sommet des cuspides secondaires et les apex des racines vestibulaires au
maxillaire (fig. 4.45).
Anatomie fonctionnelle 4
Fig. 4.44 Dans l'intercuspidation maximale, les forces occlusales transmises par les surfaces primaires
sont toujours axiales et passent par une zone proche du centre de gravité de la dent.
Connaissances
261
Fig. 4.45 Lors du mouvement de diduction du côté travaillant, les surfaces secondaires (vestibulaires)
maxillaires guident les surfaces primaires (vestibulaires) mandibulaires.
2. Surplomb et recouvrement
Groupe incisivo-canin
Sur les dents antérieures, le surplomb et le recouvrement sont intimement liés l'un à l'autre
et dépendent de facteurs anatomiques et fonctionnels qui contribuent à l'équilibre de cette
relation (fig. 4.46).
A B
Fig. 4.46 Le recouvrement incisif, lorsque les bases osseuses entretiennent de bons rapports, est lié
à l'angulation interincisive.
A. Angulation normale, recouvrement normal. B. Angulation augmentée, recouvrement exagéré.
Les facteurs anatomiques revêtent une grande importance du fait que les surfaces primaires des
incisives mandibulaires (bords incisifs) cherchent constamment le contact occlusal avec les surfaces
secondaires des incisives maxillaires (bords incisifs et faces linguales). L'angle interincisif, formé par
les axes des incisives centrales des deux arcades, a une valeur moyenne d'environ 130° pour un
surplomb et un recouvrement normaux. Lorsque cet angle augmente, le recouvrement s'accentue.
Anatomie dentaire
L'anatomie de la face linguale des incisives maxillaires est en partie responsable du degré de
recouvrement incisif : une incisive maxillaire de fort diamètre vestibulo-lingual, avec un cin-
gulum proéminent, est souvent associée à un recouvrement faible. Par contre, une incisive à
faible diamètre vestibulo-lingual, avec un relief lingual peu marqué, est associée à un recouvre
ment plus important (fig. 4.47).
L'anatomie osseuse sous-jacente retentit sur le surplomb, qui influence lui-même le recouvre-
ment. Un surplomb augmenté par un décalage squelettique entre le maxillaire et la mandibule
est le plus souvent accompagné d'un recouvrement plus intense. En revanche, quand le surplomb
est réduit, le recouvrement diminue et peut même s'annuler lorsque les bords libres des incisives
maxillaires et mandibulaires s'affrontent bout à bout, sans surplomb ni recouvrement (fig. 4.48).
Par ailleurs, la face linguale des incisives maxillaires détermine la pente incisive qui est inclinée
et concave, et guide les mouvements postéro-antérieurs de la mandibule. Le dessin concave de
cette pente incisive est matérialisé par la concavité caractéristique des crêtes marginales des inci-
sives maxillaires qui se distinguent très nettement des crêtes marginales convexes des canines,
lesquelles interviennent plutôt dans les mouvements de diduction du côté travaillant (fig. 4.49).
A B
262 Fig. 4.47 Le recouvrement incisif, lorsque les bases osseuses entretiennent de bons rapports et lorsque
l'angulation interincisive est identique, est lié à l'anatomie de la face linguale de l'incisive maxillaire.
A. Diamètre vestibulo-lingual faible, recouvrement important. B. Diamètre vestibulo-lingual important, recouvre-
ment faible.
A B
Fig. 4.48 Le surplomb et le recouvrement incisif sont liés l'un à l'autre lorsque l'angulation interincisive
et l'anatomie de la face linguale de l'incisive maxillaire sont identiques.
A. Décalage squelettique augmenté. B. Décalage squelettique réduit.
11 13
Fig. 4.49 Les crêtes marginales des incisives sont concaves (à gauche), alors que les crêtes marginales
des canines sont convexes (à droite).
Anatomie fonctionnelle 4
Il y a donc ici une relation étroite entre la forme et la fonction des dents dans le secteur
incisivo-canin :
• les crêtes marginales concaves des incisives déterminent le dessin de la pente incisive ;
• les crêtes marginales convexes des canines dessinent les trajets cuspidiens du mouvement
de diduction du côté travaillant.
Groupe prémolaire–molaire
Le recouvrement des dents postérieures dépend de la hauteur des cuspides et de la profondeur
des fosses et des embrasures occlusales.
Relations interarcades
Le surplomb et le recouvrement décroissent progressivement de mésial en distal. Cette dis-
position est nécessaire dans l'agencement des arcades dentaires entre elles pour créer les
conditions de simultanéité des contacts interdentaires au cours de la fermeture. En effet, une
incisive mandibulaire a un mouvement plus vertical et plus ample à effectuer (arc de cercle plus
grand) qu'une molaire plus proche du centre de rotation condylien.
Connaissances
Dans une diduction du côté travaillant, les cuspides primaires mandibulaires, par suite d'une
réduction progressive du surplomb de mésial en distal, ont une distance moins importante à
parcourir lorsqu'elles appartiennent à une dent plus mésiale. Cette constatation anatomique
correspond à la réalité fonctionnelle : pour un angle d'ouverture identique, l'arc du cercle dont le
centre est le condyle travaillant est plus grand pour une incisive que pour une molaire (fig. 4.50).
263
Fig. 4.50 L'arc de cercle, dont le centre est le condyle, est plus important pour une dent plus éloignée
du centre de rotation.
A. Plan sagittal, mouvements d'ouverture–fermeture. B. Plan horizontal, mouvement de diduction, côté droit travaillant.
Anatomie dentaire
V
V
24 45 15
M D D
M
L
A L B
V
15
14
264 D
M 46
45
L
Fig. 4.51 Les prémolaires maxillaires ont une cuspide linguale mésialée et leur contour est fortement
asymétrique.
A. Vue occlusale de 24. B. Rapports cuspide–fosse marginale de 15 avec 45 en intercuspidation maximale.
C. Rapports d'occlusion de 14 et 15 avec 45 et 46 dans un mouvement de diduction, côté non travaillant (diduc-
tion à gauche).
Les molaires possèdent des caractères anatomiques propres à chaque arcade dont le degré
d'expression est plus intense sur chacune des premières molaires. Aussi, pour faire saillir les
relations étroites qui existent entre la forme et la fonction occlusales de ces dents, nous rete-
nons les plus représentatives d'entre elles.
La crête oblique (pont d'émail) de la première molaire maxillaire suit la même direction que
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Cette concordance des carac-
tères anatomiques permet une bonne articulation statique dans l'occlusion d'intercuspidation
maximale (les deux cuspides centro- et disto-vestibulaires de la première molaire mandibulaire
sont littéralement « à cheval » sur la crête oblique et la crête oblique s'articule exactement dans
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire). Il existe donc à ce niveau un
véritable verrouillage de l'occlusion par les structures anatomiques occlusales.
Lors de la diduction, du côté non travaillant, la crête oblique maxillaire va s'articuler avec
le sillon disto-vestibulaire de la première molaire mandibulaire. Il existe nécessairement à ce
niveau une étroite concordance entre les orientations des différentes structures anatomiques
impliquées, mais aussi entre ces mêmes structures et la direction du mouvement, sous peine
de créer des interférences occlusales (fig. 4.52).
Anatomie fonctionnelle 4
V
M D
L
A
V
V
M D M D
B L C L
Fig. 4.52 Les structures occlusales des premières molaires sont coordonnées entre elles et avec la
direction du mouvement.
A. Parallélisme des directions du pont d'émail de la première molaire maxillaire et du sillon disto-vestibulaire de
Connaissances
la première molaire mandibulaire. B. Schématisation de l'articulation des premières molaires en intercuspidation
maximale, en vue occlusale. C. Schématisation de l'articulation des premières molaires dans un mouvement de
diduction côté non travaillant (diduction à gauche).
Lors de la diduction du côté travaillant, les cuspides primaires quittent la position d'occlu-
sion d'intercuspidation maximale en s'articulant avec une embrasure occluso-vestibulaire 265
ou linguale ou avec un sillon principal périphérique, vestibulaire ou lingual. L'orientation
des sillons et embrasures de chaque dent ou groupe de dents doit être coordonnée avec
la direction du trajet cuspidien de chaque cuspide primaire dont l'obliquité est d'autant
plus grande que la dent est antérieure. C'est la courbe de l'arcade qui pourvoit à cette
coordination en orientant et en inclinant d'autant plus les structures secondaires qu'elles
sont antérieures.
Lorsqu'une force axiale est exercée sur une dent, elle est transmise au parodonte sur une
zone réduite en superficie (à gauche). Si la force est oblique, il y aura extension de la zone parodontale
soumise à la surcharge (à droite).
266
Les fibres composant le ligament ont un comportement hyperélastique et transmettent les
forces occlusales à l'os de soutien par effet dissipatif.
Les forces axiales sont mieux tolérées car elles engendrent un minimum de compression pour
le ligament alvéolo-dentaire. Si une force horizontale s'exerce sur une couronne, la dent bas-
cule autour de son centre de rotation en provoquant des compressions localisées au niveau de
la crête alvéolaire et de l'apex. Ces forces obliques ou horizontales sont toujours moins bien
tolérées que les forces axiales. Les dents cuspidées, par leur anatomie occlusale et radiculaire,
sont mieux armées pour résister aux forces axiales intenses développées durant le broyage
des aliments et l'intercuspidation maximale. Les dents antérieures sont protégées des forces
obliques ou horizontales trop intenses par une plus grande sensibilité qui leur permet de gui-
der les mouvements antéro-postérieurs de la mandibule.
V L
Fig. 4.54 La convexité des contours coronaires vestibulaire et lingual est en moyenne de 0,5 mm pour
toutes les dents, excepté pour les faces linguales des prémolaires et molaires mandibulaires.
Connaissances
Fig. 4.55 L'accentuation de la convexité des faces linguales des prémolaires et molaires mandibulaires 267
est associée à l'épaisseur de la table osseuse linguale et à l'inclinaison linguale de l'axe de ces dents.
La normalité des contours vestibulaire et lingual, associée à une inclinaison axiale correcte
de chacune des dents, permet l'exercice d'une fonction de protection lors des frottements
engendrés par la langue, les lèvres ou les joues ou par les aliments au cours de la mastication,
ou même par les procédés mécaniques artificiels de l'hygiène dentaire (fig. 4.56) :
A B
Fig. 4.56 La convexité des contours coronaires participe au maintien de l'intégrité des tissus de soutien.
A. Une convexité normale procure un massage physiologique des tissus gingivaux et évite la stase alimentaire.
B. Une convexité insuffisante entraîne un bourrage alimentaire et de plaque dans le sulcus. C. Une convexité
exagérée entraîne une stase bactérienne et alimentaire sous le bombé et ne permet pas un massage suffisant.
Anatomie dentaire
• lorsque ces contours sont normaux, les aliments sont déviés lors de la mastication, ne
viennent pas comprimer la région du sulcus gingival et assurent un massage physiolo-
gique de la gencive marginale en évitant des dépôts de plaque dentaire ou de débris
alimentaires ;
• si les contours coronaires sont trop plats ou que l'axe d'inclinaison d'une dent est mauvais
et provoque un sous-contour, la plaque dentaire et des débris alimentaires stagnants
peuvent se loger dans le sulcus gingival et engendrer une inflammation gingivale ;
• en revanche, si les contours coronaires sont trop importants ou que l'axe d'inclinaison
d'une dent entraîne la formation d'un sur-contour, la plaque dentaire microbienne et les
débris alimentaires risquent de s'accumuler au collet et de favoriser l'apparition de lésions
carieuses ou d'une inflammation gingivale.
Notons cependant qu'un sur-contour est généralement associé à des épaisseurs gingivale et alvéo-
laire importantes et réciproquement. Cette remarque est valable pour la denture temporaire qui
présente des convexités beaucoup plus fortes que celles de la denture permanente, en rapport
avec une plus grande proéminence des tissus gingivaux et osseux due à la présence des germes
sous-jacents.
Les faces proximales des couronnes présentent toujours des silhouettes moins convexes que
les faces vestibulaires ou linguales. Dans bien des cas, ces surfaces peuvent même être concaves.
Cette région anatomique, limitée par le collet et par le point de contact interdentaire, crée entre
deux dents un espace interdentaire gingival ou embrasure cervicale qui est occupé par la papille
interdentaire. Ce volume est limité par la ligne de transition, une ligne virtuelle difficile à définir
qui se trouve à la jonction des faces convexe et concave, au niveau de la zone d'inflexion. Cette
ligne de transition possède généralement le même contour que celui de la face proximale. Si
cette ligne présente un sur-contour, elle entraîne également un sur-contour de la face proximale
et, par conséquent, un risque d'éviction par compression de la papille gingivale interdentaire
268 (fig. 4.57).
En revanche, si le contour est déficient, la papille gingivale risque de ne plus remplir l'es-
pace interdentaire et de ne plus tenir son rôle, car ce tissu, par son élasticité, évite la stase
alimentaire et le dépôt de plaque sur les parois proximales des dents adjacentes. L'espace
papillaire n'étant plus rempli, un vide triangulaire noir et inesthétique remplace la papille
interdentaire.
Le point de contact entre deux dents adjacentes ou, plus fréquemment, la surface de contact
remplit deux fonctions importantes :
Fig. 4.57 Les lignes de transition entre les faces de chaque dent apparaissent en pointillé sur ce schéma.
A B
Les embrasures vestibulaire et linguale interviennent au même titre que les faces vestibu-
laire et linguale dans les mécanismes de protection :
Connaissances
• elles réduisent les forces exercées sur les dents lors du broyage en autorisant l'échappe-
ment des aliments ;
• elles assurent une stimulation gingivale par leurs formes au cours de la mastication et des
frottements engendrés par les joues, les lèvres et la langue ;
• elles favorisent, par leur anatomie, les actions naturelles et artificielles de nettoyage des
surfaces dentaires et gingivales.
L'indice mésio-distal de Le Huche exprime la différence entre les diamètres mésio-distaux de
la couronne et du collet (fig. 4.58) : 269
• quand cette différence est importante, l'indice est fort. Les faces proximales de la couronne
divergent, le septum interdentaire est large, la crête alvéolaire est haute, arrondie et laisse
une faible hauteur de cément supra-alvéolaire découverte ;
• quand cette différence est peu marquée, l'indice est faible. Les faces proximales de la
couronne sont parallèles, le septum interdentaire est étroit, la crête alvéolaire est effilée,
fuyante et découvre une large plage de cément supra-alvéolaire.
A. Ligament alvéolo-dentaire
Le ligament alvéolo-dentaire établit une liaison fibreuse entre la dent et l'os alvéolaire. Il est
constitué essentiellement de 70 % de substance fondamentale fluide et de fibres de colla-
gène (fibres de Sharpey) qui sont organisées en feuillets ancrés dans l'os alvéolaire et dans le
cément, perpendiculairement à la surface radiculaire.
La substance fondamentale permet à la dent de résister aux forces occlusales (effet hydrosta-
tique) et se déplace lorsque la dent est soumise à une compression (effet visqueux).
Les fibres transmettent les forces occlusales à l'os alvéolaire (effet dissipatif).
Le ligament alvéolo-dentaire, en association avec la dentine, assure la dissipation des contraintes
et réduit le risque de fracture.
B. Émail
L'émail est la substance la plus minéralisée de l'organisme avec 94 à 96 % en poids de carbonate-
270 apatite. Il est considéré par certains auteurs comme une céramique biologique.
Macroscopiquement, il possède une architecture de résistance aux forces occlusales. L'émail
constituant le pourtour de la table occlusale s'oppose à l'écartement des cuspides lors de
l'impact occlusal. Il assure la rigidité de la couronne (fig. 4.59).
Microscopiquement, les monocristaux d'hydroxyapatite, nanostructures de l'émail, sont assem-
blés pour former des cristallites. Dans l'émail prismatique, des milliers de cristallites forment
un prisme de 4 à 5 μm de diamètre. Chaque prisme est entouré d'une gaine d'émail inter-
prismatique de 0,5 à 1 μm d'épaisseur. L'angle des cristallites entre prismes et interprismes
est d'environ 60°. Les prismes sont regroupés en bandes organisées en double hélice autour
du noyau interne de dentine et orientés perpendiculairement à la jonction amélo-dentinaire.
Cette organisation confère à l'ensemble une résistance aux forces axiales.
La coque externe que représente l'émail confère à la dent une bonne résistance à l'usure et
aux chocs occlusaux.
Fig. 4.59 La géométrie macroscopique du pourtour amélaire confère à la dent une résistance aux
forces occlusales qui tendent à écarter les cuspides.
Anatomie fonctionnelle 4
C. Jonction amélo-dentinaire
La jonction amélo-dentinaire constitue une véritable barrière à la propagation de fissures pro-
venant de l'émail. Sa ténacité est 5 à 10 fois supérieure à celle de l'émail. Malgré sa faible
Connaissances
épaisseur, la jonction amélo-dentinaire est une grande surface de transition entre l'émail et la
dentine. Des fibres de collagène de type I provenant de la dentine traversent l'interface pour
venir s'insérer dans l'émail (fig. 4.60).
271
Fig. 4.60 Coupe vestibulo-linguale fine d'une canine maxillaire montrant les différents tissus constitu-
tifs de la dent.
D. Dentine
La dentine est composée de 50 % d'hydroxyapatites, 27 % de protéines et 23 % de fluides.
Son degré de minéralisation est comparable à celui de l'os, mais bien inférieur à celui de
l'émail.
La dentine est constituée de trois types de structures :
• les canalicules dentinaires sont parallèles et traversent la dentine de la jonction dentino-
pulpaire, jusqu'aux jonctions amélo-dentinaire et cémento-dentinaire. La densité et le dia-
mètre des canalicules augmentent avec la profondeur (15 000 canalicules/mm2 au niveau
de la jonction amélo-dentinaire et 45 000 canalicules/mm2 à la périphérie pulpaire). Les
canalicules contiennent les prolongements odontoblastiques ;
Anatomie dentaire
5
Anatomie topographique
Connaissances
gination du sac nasal qui progresse lentement au sein de chaque os maxillaire. Plus tardivement,
pendant la vie fœtale, le développement des sinus maxillaires se poursuit à l'intérieur des os maxil-
laires sous forme de diverticules issus de la paroi latérale des cavités nasales. Les sinus maxillaires
sont visibles radiologiquement à partir de l'âge de 5 mois. Leur volume croît considérablement
jusqu'à 12 ans, puis plus lentement pour atteindre leur taille définitive vers l'âge de 15 ans.
Le sinus maxillaire, ou antre de Highmore, est une cavité pneumatique creusée dans le corps
de chaque os maxillaire. C'est la cavité la plus volumineuse du massif facial. Chez l'adulte, le
sinus maxillaire a une capacité moyenne de 12 cm3. Cependant, la taille et la morphologie du 273
sinus sont variables d'un individu à l'autre, et d'un côté à l'autre chez un même individu, avec
des valeurs extrêmes allant de 5 à 20 cm3.
Dans l'ensemble, la cavité sinusienne est régulière. Elle peut cependant présenter des cloison-
nements. Elle est recouverte d'une membrane de type respiratoire relativement peu adhérente
à l'os. Cette membrane peut s'épaissir en présence d'une pathologie sinusienne.
De nombreuses hypothèses ont été émises concernant les rôles du sinus maxillaire : réduction
du poids du massif facial, réchauffement et humidification de l'air inspiré, isolation thermique
du cerveau, production de mucus, olfaction, résonance, amortissement lors des traumatismes
faciaux. Or, il semblerait que les sinus maxillaires résultent uniquement de l'évolution de l'Homme.
Chaque sinus maxillaire a la forme d'une pyramide à base triangulaire.
Sa paroi antéro-latérale, réduite à une mince pellicule osseuse au sein de laquelle chemine le
pédicule alvéolaire supéro-antérieur, présente la fosse prémolaire qui est la partie la plus concave
de cette face. Elle est située en regard des apex des prémolaires maxillaires. Elle est bordée en
avant par la bosse canine qui est l'empreinte laissée sur la table osseuse par la racine de la canine.
Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire
La paroi inférieure, ou plancher, correspond à la partie la plus déclive du sinus maxillaire. Elle
forme une gouttière plus ou moins large. Elle est située à 15 mm environ au-dessus du collet
des dents maxillaires. Les apex des molaires et prémolaires font une saillie plus ou moins mar-
quée au niveau de ce plancher.
274 Généralement, une mince couche de tissu spongieux sépare les apex des molaires et prémo-
laires de la cavité antrale. Ce tissu est parfois déhiscent, mettant alors en contact direct les
apex et la muqueuse sinusienne.
Le plancher du sinus maxillaire est centré sur la deuxième prémolaire et la première molaire
maxillaires. Ces dents, dont les racines peuvent faire saillie dans la cavité sinusienne, sont
appelées « dents antrales » ou « dents procidentes ». Elles entretiennent des rapports étroits
avec le sinus dont le plancher vient se mouler sur les apex, et sont parfaitement visibles en
endoscopie ou lors d'un acte chirurgical endosinusien.
En fonction du volume du sinus, le plancher peut également être en relation avec la première
prémolaire, la canine et les deux dernières molaires maxillaires.
Anatomie topographique 5
Application clinique
Les sinusites maxillaires d'origine dentaire résultent de la propagation d'un processus inflammatoire ou
infectieux d'une dent antrale vers la muqueuse sinusienne. On peut ainsi citer les pathologies infectieuses
péri-apicales aiguës ou chroniques, mais également les tumeurs bénignes odontogéniques.
La réalisation d'un traitement ou d'une chirurgie endodontique sur une dent antrale est fréquemment à
l'origine de complications iatrogéniques : dépassement d'instruments ou de matériau d'obturation au-delà
de l'apex, corticotomie, projection endosinusale à la suite d'une obturation a retro (fig. 5.2).
L'avulsion d'une dent antrale peut parfois provoquer une communication bucco-sinusienne. La présence
de bulles d'air dans l'alvéole en est le premier signe et doit interpeller le praticien.
De même, l'avulsion mal contrôlée d'une dent antrale peut être à l'origine de la projection de la dent ou
d'un fragment dentaire dans le sinus. Il est alors impératif, après localisation radiologique, de tenter de
récupérer la dent, ou éventuellement de différer l'intervention si un abord latéral du sinus s'avère nécessaire.
Connaissances
275
2. Cavités nasales
Les cavités nasales sont paires et symétriques, séparées l'une de l'autre par une mince cloi-
son médiane, le septum nasal osseux. Elles représentent le début des voies respiratoires et
contiennent l'organe olfactif. Elles sont recouvertes d'une muqueuse de type respiratoire.
Elles sont situées (fig. 5.3 et 5.4) :
• en dessous de la fosse crânienne antérieure ;
• au-dessus de la cavité orale ;
• en dedans des cavités orbitaires et des sinus maxillaires.
De forme irrégulière et grossièrement parallélépipédique, les cavités nasales s'ouvrent en
avant, par l'ouverture piriforme et, en arrière, dans le nasopharynx, par les choanes.
Chaque cavité nasale est constituée de neuf os : l'os maxillaire, l'os lacrymal, l'os sphénoïde,
l'os palatin, l'os frontal, l'os nasal, le vomer, l'os ethmoïde et le cornet nasal inférieur.
Les parois du squelette ostéo-cartilagineux des cavités nasales sont tapissées d'une muqueuse
qui leur confère deux grandes fonctions :
Anatomie dentaire
Sinus maxillaire
Cavité nasale
276
Fig. 5.4 Coupe axiale du massif facial supérieur passant par les sinus maxillaires et les cavités nasales.
• respiratoire : les cavités nasales constituent la partie initiale des voies aériennes de l'ap-
pareil respiratoire. Leur rôle est de filtrer, réchauffer et humidifier l'air inspiré grâce à la
muqueuse, et de rejeter les corps étrangers qui y sont retenus ;
• sensorielle : les cavités nasales contiennent l'organe de l'olfaction. Grâce à ses cellules
spécialisées, la muqueuse olfactive reconnaît la composition chimique des constituants de
l'air inspiré et les transforme en signaux. Ces signaux sont véhiculés par le nerf olfactif vers
le bulbe olfactif et les centres nerveux.
Les cavités nasales ont également un rôle accessoire, en tant que cavités aériennes, dans la phonation.
Les incisives et canines maxillaires entretiennent des rapports de contiguïté avec la paroi inférieure
des cavités nasales. Les apex de ces trois dents sont à 5 mm environ du plancher des cavités nasales.
B. À la mandibule
1. Anatomie topographique des molaires mandibulaires
Les molaires mandibulaires sont implantées dans la partie postérieure du corps mandibulaire.
La troisième molaire peut parfois se situer à la jonction entre le corps et la branche mandi-
bulaires. Dans cette région, l'épaisseur de la corticale osseuse est conséquente. Sur le versant
vestibulaire, celle-ci est renforcée par la présence de la ligne oblique, ou crête buccinatrice, qui
Anatomie topographique 5
s'étend du bord antérieur de la branche mandibulaire jusqu'au tubercule mentonnier (fig. 5.5).
Dans la région molaire, cette ligne qui donne insertion au muscle buccinateur est particulière-
ment bien individualisée (fig. 5.6).
Connaissances
Fig. 5.5 Crête buccinatrice passant sur la corticale vestibulaire dans la région molaire.
277
Fig. 5.6 Crête mylo-hyoïdienne passant sur la corticale linguale dans la région molaire.
278
2. Pédicule alvéolaire inférieur
L'environnement anatomique noble des molaires mandibulaires est principalement constitué
du pédicule alvéolaire inférieur. Ce pédicule comporte le nerf alvéolaire inférieur, branche
sensitive du nerf mandibulaire qui donne les rameaux assurant l'innervation des molaires et
prémolaires, ainsi que l'artère et la veine alvéolaires inférieures. Il chemine au sein de l'os spon-
gieux du corps mandibulaire, sans être protégé par un véritable « canal » avec une corticale.
Par ailleurs, la trabéculation de l'os spongieux de la région molaire est lâche et présente sou-
vent de nombreuses vacuoles. Cette structure rend le pédicule alvéolaire inférieur vulnérable
aux différents éléments mécaniques ou chimiques pouvant l'atteindre (fig. 5.7).
Fig. 5.7 Pédicule alvéolaire inférieur cheminant au sein de l'os spongieux du corps mandibulaire.
Anatomie topographique 5
Le nerf et les vaisseaux alvéolaires inférieurs cheminent dans le canal mandibulaire qui parcourt
le corps mandibulaire et s'étend du foramen mandibulaire en arrière au foramen mentonnier
en avant en décrivant une courbe à concavité antéro-supérieure.
La distance entre les apex des molaires mandibulaires et le pédicule est variable d'un individu
à l'autre, et d'un côté à l'autre chez un même individu. Les rapports des apex de la deuxième
et de la troisième molaires avec le nerf sont généralement inférieurs à 1 mm, alors que pour la
première molaire, ces rapports varient entre 1 et 4 mm avec, dans certains cas, des décalages
transversaux importants.
Connaissances
sensibilité et des sensations conjointes surajoutées anormales. Elles se manifestent tantôt par une sensa-
tion de picotements permanents au niveau de la lèvre inférieure, tantôt par des décharges de fréquence
variable. L'anesthésie, elle, signe une atteinte irréversible du nerf.
Ces lésions peuvent être d'origine :
• chimique en raison de la présence, à proximité du nerf, de produits cytotoxiques employés lors de la
préparation des canaux (irrigation, médication…) ou de l'obturation ;
• mécanique, lors du passage d'instruments de travail endodontiques au-delà de l'apex ;
• thermique suite à un défaut de maîtrise des techniques d'obturation par thermo-compactage.
Tous ces facteurs ont en commun le non-respect de l'anatomie des canaux radiculaires s'accompagnant 279
d'un dépassement de matériau ou de solution au-delà de la constriction apicale et une proximité de ces
agents avec le pédicule alvéolaire inférieur.
Dans les cas de proximité entre le pédicule et les racines, les risques de lésion nerveuse ou artérielle, à la suite
d'une diffusion de matériau endodontique, sont augmentés. Ces cas doivent être appréciés radiologiquement
avant d'entreprendre un traitement endodontique. Même si la distance séparant le pédicule des apex est plus
importante, les risques de lésions existent en raison de la diffusion aisée des produits d'irrigation dans la région
molaire. La diffusion étant facilitée par la structure de l'os spongieux, cette atteinte peut même se produire sans
véritable proximité entre les apex et le pédicule mandibulaire, et se manifester très rapidement. C'est ainsi que l'on
peut être confronté à l'apparition précoce d'une paresthésie labio-mentonnière d'origine endodontique, avant
la réalisation de l'obturation d'un canal radiculaire ou en l'absence de dépassement du matériau d'obturation.
Nerf mentonnier
Depuis la division du nerf alvéolaire inférieur, le nerf mentonnier peut présenter deux types de trajets :
• un trajet rétrograde : le pédicule est souvent profond. Il forme une boucle antérieure,
puis revient en arrière et en dehors pour émerger au voisinage de l'apex de la deuxième
prémolaire. L'orifice d'émergence a un aspect circulaire et de petite taille. Cette boucle est
bien visible sur une radiographie rétro-alvéolaire de bonne qualité ;
• un trajet direct : le pédicule se rapproche progressivement de la corticale externe ;
il l'affleure en émettant le pédicule mentonnier, puis replonge dans la mandibule.
Anatomie dentaire
Nerf incisif
Cette branche constante a été longtemps ignorée de tous du fait qu'elle est difficilement
visible sur les clichés radiographiques pour des raisons anatomiques.
Le nerf incisif poursuit le trajet initial du nerf alvéolaire inférieur vers la région symphysaire
pour se terminer au niveau de l'incisive centrale mandibulaire.
Depuis son origine, ce nerf, qui est généralement plus proche de la table interne, peut présen-
ter deux types de trajet :
• un trajet curviligne, décrivant une courbe à concavité postéro-supérieure de laquelle partent
les rameaux dentaires ;
• un trajet en chandelier, avec un tronc principal rectiligne et des branches dentaires qui
partent verticalement.
Connaissances
Application clinique : analgésie
Le nerf alvéolaire supéro-antérieur chemine au-delà de l'apex de la canine avant de se diviser en branches
dentaires. L'axe de la canine peut donc être utilisé pour réaliser une infiltration de ce nerf (technique
canine haute) (fig. 5.8).
281
Fig. 5.8 Utilisation de l'axe de la canine pour réaliser une infiltration du nerf alvéolaire supéro-antérieur.
2. Vascularisation
L'artère alvéolaire supéro-postérieure naît de l'artère maxillaire, branche terminale de la caro-
tide externe, au voisinage de la tubérosité (fig. 5.9). Très rapidement, elle donne deux contin-
gents : l'un externe qui se distribue au vestibule et à la gencive de la région molaire, et l'autre
interne qui, pénétrant dans l'os maxillaire, est destiné à la vascularisation de la muqueuse
sinusienne et des molaires.
Anatomie dentaire
L'artère infra-orbitaire naît de l'artère maxillaire. Elle chemine au sein de l'os maxillaire, en direc-
tion du foramen infra-orbitaire. Sur son trajet, elle donne l'artère alvéolaire supéro-antérieure
qui se distribue aux incisives et canines. Tout comme le nerf alvéolaire supéro-moyen,
l'artère alvéolaire supéro-moyenne est inconstante. Lorsqu'elle existe, elle naît de l'artère
infra-orbitaire dans le canal infra-orbitaire et se distribue aux prémolaires et éventuellement
à la racine mésio-vestibulaire de la première molaire.
282
B. Dents mandibulaires
1. Innervation
Le nerf mandibulaire (V3) constitue la plus grosse branche terminale du nerf trijumeau. Ce nerf
mixte naît du bord antéro-latéral du ganglion trigéminal pour se diriger en avant et en dehors
et traverser le foramen ovale. Dès sa sortie du foramen ovale, dans la fosse infra-temporale, le
nerf se divise en deux branches principales :
• le tronc terminal antérieur qui se dirige en dehors pour donner des branches essentielle-
ment motrices pour les muscles masticateurs et une branche sensitive descendante ;
• le tronc terminal postérieur qui fournit un rameau moteur destiné aux muscles : tenseur
du voile, ptérygoïdien médial et tenseur du tympan. Il donne également des nerfs sensitifs :
les nerfs lingual et alvéolaire inférieur.
Applications cliniques
Chirurgie
Du fait de l'édification tardive des racines de la troisième molaire et de la position parfois versée de la dent,
le pédicule entretient des relations particulières avec les apex. Les racines sont fréquemment en contact
avec le pédicule et peuvent aller jusqu'à l'enlacer (fig. 5.10).
Analgésie
L'épaisseur de la corticale mandibulaire explique pourquoi les infiltrations para-apicales sont aléatoires à
la mandibule (fig. 5.11). L'infiltration du nerf alvéolaire inférieur avant son entrée dans le foramen mandi-
bulaire, appelée infiltration régionale, est donc la règle lorsque l'on veut obtenir une analgésie efficace des
molaires (fig. 5.12).
Connaissances
283
Fig. 5.10 Racines de la troisième molaire mandibulaire gauche (38) en contact avec le pédicule alvéo-
laire inférieur.
Fig. 5.11
Anatomie dentaire
Fig. 5.12 L'analgésie régionale permet d'infiltrer le nerf alvéolaire inférieur avant son entrée dans le
foramen mandibulaire.
Nerf incisif
Dans la région prémolaire, le nerf alvéolaire inférieur se divise en deux branches :
• le nerf mentonnier qui devient extra-osseux et se distribue en éventail à la lèvre et à la joue ;
284 • le nerf incisif qui reste intra-osseux, poursuit le trajet du nerf alvéolaire inférieur et se dirige
vers la symphyse mentonnière. Il donne des branches destinées à l'innervation sensitive des
incisives et canines.
2. Vascularisation
L'artère alvéolaire inférieure est une branche descendante de l'artère maxillaire. Elle accom-
pagne le nerf alvéolaire inférieur sur son trajet et se distribue aux dents mandibulaires. Son
diamètre moyen est de 30 à 50/100e de millimètre.
Au niveau du foramen mentonnier, elle donne une branche mentonnière extra-osseuse et une
branche incisive intra-osseuse, destinée à la vascularisation des dents antérieures.
Anatomie topographique 5
Connaissances
285
Fig. 5.13 Dissection de la région du foramen mandibulaire, après avoir injecté le réseau vasculaire au
latex coloré.
Le diamètre de l'aiguille est identique à celui de l'artère alvéolaire inférieure (en vert).
CHAPITRE
6
Guide de reconnaissance
Dents temporaires
I. Incisives temporaires
A. Caractères de classe
Connaissances
• En vue proximale :
– couronne cunéiforme ;
– forte convexité du 1/4 cervical V et L (bourrelet d'émail) ;
– concavité des crêtes marginales dans la moitié occlusale de la face L ;
– inclinaison du 1/3 apical de la racine du côté V.
• En vue V et O : bord libre rectiligne et coupant
287
B. Caractères d'arcade
Incisive maxillaire Incisive mandibulaire
Vue occlusale ∅ MD > ∅ VL ∅ MD < ∅ VL
Vue vestibulaire ∅ MD > hauteur coronaire ∅ MD < hauteur coronaire
Angle D arrondi Dent symétrique
Vue linguale Cingulum volumineux Cingulum peu volumineux
Fosse linguale marquée Fosse linguale peu marquée
Anatomie dentaire
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Anatomie dentaire
2. Incisives mandibulaires
Les deux incisives mandibulaires ne peuvent être distinguées l'une de l'autre que si les carac-
tères anatomiques sont marqués. Il est généralement difficile de distinguer l'espèce et la laté-
ralité, surtout sur des spécimens isolés.
288
II. Canines temporaires
A. Caractères de classe
• Couronne cunéiforme.
• Monocuspidée.
B. Caractères d'arcade
C. Caractères de latéralité
Pour déterminer la latéralité des canines temporaires :
• sommets cuspidiens déportés : en D pour la canine maxillaire et en M pour la canine
mandibulaire ;
• pour la canine maxillaire, point de contact M situé à mi-hauteur de la couronne, point de
contact D plus occlusal.
Guide de reconnaissance 6
B. Caractères d'arcade
• Molaires maxillaires : trois racines (deux racines V et une racine L).
• Molaires mandibulaires : deux racines (une racine M et une racine D).
C. Caractères d'espèce
Connaissances
Pour les deux arcades, la première molaire temporaire est une dent atypique, tandis que la
deuxième molaire temporaire présente des caractères anatomiques de la première molaire
permanente.
1. Molaires maxillaires
Première molaire Deuxième molaire
Vue occlusale Morphologie intermédiaire entre celle de la 1re prémolaire et Morphologie proche de la 1re molaire 289
celle de la 1re molaire permanente permanente
Généralement une cuspide V et une cuspide L. Parfois deux
petites cuspides supplémentaires en D
Table occlusale rectangulaire à grand axe MD
Forte convexité MV de la ligne du plus grand contour
Vue proximale Forte convexité du 1/3 cervical
Constriction cervicale
Vue vestibulaire Tronc radiculaire court
2. Molaires mandibulaires
Première molaire Deuxième molaire
Vue occlusale Morphologie intermédiaire entre Morphologie proche de la 1re molaire
celle de la 1re prémolaire permanente
et celle de la 1re molaire permanente
Généralement deux cuspides V et deux ∅ MD > ∅ VL
cuspides L. Parfois une petite cuspide
DV supplémentaire
Table occlusale losangique
déportée en L
Vue proximale Forte convexité du 1/3 cervical
Constriction cervicale
Vue vestibulaire Tronc radiculaire court
Anatomie dentaire
D. Caractères de latéralité
Les caractères de latéralité des Premières molaires maxillaire et mandibulaire sont présentés
dans le tableau ci-dessous.
Les caractères de latéralité des deuxièmes molaires temporaires sont les mêmes que ceux des
premières molaires permanentes.
Dents permanentes
I. Incisives permanentes
290 A. Caractères de classe (fig. 6.1)
V
D M
11 11 11
L
V L D M
M V
⁎
Incisive Canine
Dent monoradiculée
Vue proximale Couronne cunéiforme
Contour lingual de la couronne : Crêtes marginales convexes
– convexité cingulaire dans la moitié cervicale
– concavité des crêtes marginales dans la moitié occlusale
Contour vestibulaire de la couronne :
– convexité accusée dans la moitié cervicale
Vue occlusale Bord incisif coupant, rectiligne dans la direction MD et épais Cuspide = pyramide à quatre côtés,
surface d'usure losangique
⁎
Les caractères des canines apparaissent ici pour préciser ce qui différencie les incisives par rapport aux canines.
Guide de reconnaissance 6
11 V
V
+
11
11
D M D M D M
L L
V
V V
++
D M M+ D M 41 D
41
L L
41
Connaissances
Incisive maxillaire Incisive mandibulaire
Vue occlusale ∅ MD > ∅ VL ∅ MD < ∅ VL
Dent asymétrique Dent symétrique
Portion D du bord incisif incurvée Bord incisif rectiligne
Vue vestibulaire En série descendante (11 > 12) En série ascendante (41 < 42)
Hauteur coronaire ≈ ∅ MD Hauteur coronaire > ∅ MD 291
D 11 12 11/12 M
V V
11 12
D M D 12 M
11
L L
41 42
D M M D
41 V 42 L
13 D M 13
13
V L L D M
M V
Canines Incisives
Dent monocuspidée et généralement monoradiculée
Vue proximale Couronne cunéiforme
Contour lingual de la couronne : Contour lingual de la couronne :
– convexité cingulaire dans la moitié cervicale – convexité cingulaire dans la moitié
– convexité des crêtes marginales dans la moitié occlusale cervicale
– concavité des crêtes marginales
dans la moitié occlusale
Convexité régulière du contour vestibulaire de la couronne
Vue occlusale Cuspide = pyramide à quatre côtés, donc surface d'usure Bord incisif rectiligne dans la direction
losangique MD, donc surface d'usure rectiligne
Vue vestibulaire Présence d'une arête sur toute la hauteur de la face vestibulaire
Connaissances
13 13
D M L
V
43
V 43
L 293
V V
D 13 M M 43 D
L L
V
43
13
D M D M
V V
D M M D
13 43
L L
Erreur courante
La canine mandibulaire est souvent confondue avec l'incisive latérale maxillaire, en particulier quand sa
cuspide est usée. Pour les différencier, il faut observer la surface d'usure : une forme losangique traduit
l'usure de la cuspide de la canine, une forme rectiligne évoque celle du bord libre de l'incisive.
A. Caractères de classe
• Elles occupent les sites 4 et 5 de l'hémi-arcade.
• Elles comportent au moins deux cuspides, mais toujours une seule du côté vestibulaire. Si
une cuspide supplémentaire est présente, elle se situe toujours du côté lingual.
III. Prémolaires
Guide de reconnaissance 6
V V
45
14
D M M D
L L
45
V 14 L V L
M M
Connaissances
Fig. 6.8 Caractères d'arcade des prémolaires.
C. Caractères d'espèce
1. Prémolaires maxillaires (fig. 6.9)
V V
V
14 15
D 14 M
D M D M
V
L
L L
15
D M
M
14 15
14
V L V L
44
44
V L
+
M
M D
45
M D
45
45 L
+ V L
Connaissances
Première prémolaire Deuxième prémolaire
Vue vestibulaire Cuspide V aiguë Cuspide V + émoussée
Dent caniniforme Dent molariforme
Vue occlusale Caractères anatomiques marqués Caractères anatomiques peu marqués
Bicuspidée Souvent tricuspidée
Exceptionnellement, face L plus large 297
que la face V
Ligne du plus grand contour fortement Ligne du plus grand contour
asymétrique, plus large du côté D asymétrique, plus étroite du côté D
(exception)
Vues proximales Cuspide L beaucoup plus basse Cuspide L plus basse
Pente occlusale ≈ 45° Pente occlusale ≈ 10–15°
Table occlusale très inclinée en L Table occlusale inclinée en L
D. Caractères de latéralité
1. Prémolaires maxillaires
• Pour les première et deuxième prémolaires maxillaires : sommet de la cuspide L déporté du
côté M.
• Pour la première prémolaire maxillaire : concavité de la surface M de la couronne et sillon
accessoire coupant la crête marginale M.
Anatomie dentaire
2. Prémolaires mandibulaires
• Pour la première prémolaire mandibulaire : table occlusale nettement plus étroite du
côté M.
• Pour la deuxième prémolaire mandibulaire :
– angle ML de la ligne du plus grand contour arrondi ;
– en vue linguale, crête marginale D constamment plus basse que la crête marginale M et
la plus petite cuspide L est toujours en position DL.
V V
17
46
D M M D
L L
298
V L 46
16 V L
+ M
M
16
46
V L L V
+
D
D
Connaissances
M
M
16
17
V L V L
+
-
D D
299
M M
18
16 17
V L
V L
D
18
V V
46 47
M D M D
+ +
L L
V V
M + 46 47 D
48
M D
300 +
L 48
Connaissances
301
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