See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/315904965

La rééducation vestibulaire, une activité de niche, mais réellement efficace !

Article  in  Kinésithérapie la Revue · March 2017

DOI: 10.1016/j.kine.2017.03.003

CITATIONS READS

0 173

2 authors:

Dominique Monnin Martin L Verra

Hôpitaux Universitaires de Genève Inselspital, Universitätsspital Bern
88 PUBLICATIONS   591 CITATIONS    125 PUBLICATIONS   500 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

MS-fit View project

1er Congrès mondial de physiothérapie du sport – Berne (Suisse), 21–21 novembre 2015 View project

All content following this page was uploaded by Martin L Verra on 06 October 2017.

The user has requested enhancement of the downloaded file.

 Savoirs / Analyse Cochrane
La rééducation vestibulaire, une
activité de niche, mais réellement
efficace !§
Vestibular rehabilitation, a niche activity, but really
effective
Dominique Monnin a
Martin Verra b
L
es troubles vestibulaires unilaté-
raux, le plus souvent bénins, cau-
sent cependant des désagréments
considérables aux personnes qui en sont
atteintes. La physiothérapie constitue un
traitement de choix, clairement efficace !
INTRODUCTION
Les troubles vestibulaires unilatéraux (név-
rite vestibulaire, labyrinthite, maladie de
Ménière unilatérale, troubles consécutifs
à une labyrinthectomie ou à l'ablation d'un
neurome acoustique, vertige paroxystique
positionnel bénin. . .) ont leur origine dans
la partie périphérique de l'oreille interne. Ils
génèrent des vertiges, des troubles de la
vision, de l'équilibration ou de la marche
qui peuvent s'avérer très invalidants. Leur trai-
tement, communément appelé rééducation
vestibulaire, consiste à apprendre à déclencher
les symptômes en vue de « désensibiliser » le
système vestibulaire, à coordonner les mouve-
ments des yeux et de la tête, à travailler l'équi-
libration, à améliorer la mobilité mais aussi,
pour le vertige paroxystique positionnel bénin,
en manœuvres codifiées visant à stabiliser les
particules (otolithes) qui circulent dans le canal
semi-circulaire de l'oreille interne et causent le
vertige.
Michelle McDonnell et Susan Hillier ont publié
une revue systématique sur l'efficacité des
méthodes de rééducation en 2007. Ils en ont
effectué une mise à jour en 2011 puis en 2015
(39 études [2441 patients]) [1]. Ils se sont
surtout intéressés à la diminution/disparition
des symptômes, mais aussi à l'activité
18
Kinesither Rev 2017;17(185):18–19
a
Hôpitaux universitaires de Genève, Genève, Suisse
b
Institut de physiothérapie, hôpital de l'Île, hôpital
universitaire de Berne, Berne, Suisse
générale, à la qualité de vie et aux effets
secondaires.
Malcolm Hilton, Darren Pinder ont effectué
une revue systématique pour déterminer l'effi-
cacité des manœuvres de repositionnement
des particules (Epley, Semont, Brandt-Daroff
ou Gans) ; ils l'ont mise à jour en 2014 (11 étu-
des, 745 patients) [2].
RÉSULTATS
La rééducation vestibulaire s'avère supérieure
à l'absence de traitement ou à un traitement
simulé (odds ratio (OR) 2,67, intervalle de
confiance (IC) 95 % : 1,85 à 3,86 ; quatre
études, 565 participants). C'est aussi l'inter-
vention de choix pour améliorer l'activité et la
participation (différence moyenne standardi-
sée (DMS) 0,83, IC 95 % 1,02 à 0,64).
En revanche, elle s'avère moins efficace que
les mobilisations spécifiques pour le vertige
paroxystique positionnel bénin (OR 0,19, IC
95 % : 0,07 à 0,49).
§
Les études présentent peu de risques de biais Nous reproduisons cette analyse
hormis le fait que les patients de 25 % des de revue Cochrane publiée sous la
études n'ont pas ou pas suffisamment été référence Monnin D, Verra M. La
rééducation vestibulaire, une
traités à l'aveugle.
activité de niche, mais réellement
Pour le vertige paroxystique positionnel bénin, efficace ! Physioactive 6/2016. Avec
la manœuvre d'Epley s'avère plus efficace l'aimable autorisation de
qu'un traitement simulé ou que le groupe Physioactive et Physioswiss.
témoin pour faire disparaître les vertiges
(OR 4,42, IC 95 % : 2,62 à 7,44 ; quatre
études, 273 participants) ; 56 % de problèmes Auteur correspondant :
résolus. Si l'on considère le passage du test D. Monnin,
de Dix-Hallpike de positif à négatif, la manœu- Hôpitaux universitaires de
vre d'Epley est plus efficace qu'un traitement Genève, Genève, Suisse.
simulé ou que le traitement contrôle (OR 9,62, Adresse e-mail :
dominique.monnin@hcuge.ch
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2017.03.003
© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
La rééducation vestibulaire, une activité de niche, mais réellement
efficace !
Savoirs / Analyse Cochrane

IC 95 % : 6,0 à 15,42 ; huit études, 507 participants), elle a un
effet comparable à la manœuvre de Semont (deux études,
117 participants) ou à celle de Gans (une étude, 58 partici-
pants). Une étude (81 participants) montre qu'une séance de
manœuvre d'Epley est plus efficace qu'une semaine de la
pratique quotidienne des exercices à domicile de Brandt-
Daroff (OR 12,38, IC 95 % : 4,32 à 35,47).
Les auteurs reportent peu d'effets négatifs (nausées chez
16,7 % à 32 % des patients traités), mais aucun problème
sérieux. Des cervicalgies peuvent constituer une contre-indi-
cation à la pratique de la manœuvre. Les études présentent
peu de risques de biais.
Déclaration de liens d'intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.
RÉFÉRENCES
[1] McDonnell MN, Hillier SL. Vestibular rehabilitation for unilateral
peripheral vestibular dysfunction. Cochrane Database Syst Rev
2015;1:CD005397.
[2] Hilton MP, Pinder DK. The Epley (canalith repositioning) manoeu-
vre for benign paroxysmal positional vertigo. Cochrane Database
Syst Rev 2014;12:CD003162.

CONCLUSION
Les troubles vestibulaires unilatéraux requièrent un diagnostic
différentiel pour clarifier l'approche thérapeutique à appliquer.

Points à retenir

Odds ratio : L'odds ratio est le rapport du nombre de

patients qui présentent le symptôme divisé par le nom-
bre de patients qui ne le présentent pas. Par exemple,
un odds de 0,25 correspond au rapport 2/8 (ou 1:4) et
signifie que pour 2 patients qui présentent le symp-
tôme, 8 ne le présentent pas. Dans la même situation,
le risque d'avoir le symptôme est de 0,20 (2/10).
Un odds peut aussi être interprétée de la façon sui-
vante : dans un groupe, pour 100 patients qui ne pré-
sentent pas le symptôme étudié, 100 patients  l'odds
le présentent. Dans l'exemple ci-dessus, pour
100 patients qui ont une évolution positive sans traite-
ment ou avec un traitement simulé, 267 ont une évolu-
tion positive grâce la rééducation vestibulaire.
D'après http://www.spc.univ-lyon1.fr/polycop/odds%
20ratio.htm ; consulté 05.09.16.

19

View publication stats