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Commentaire :
Il s’agit d’un récit de voyage dont l’auteur retrace son périple effectué en compagnie de son
ami de la Yougoslavie à l’Afghanistan, entre juin 1953 et décembre 1954. Les deux amis
financent leur voyage en se consacrant chacun à une activité lucrative entre autres vendre
des peintures ou écrire des articles.
Le texte s’inscrit éventuellement sous le genre autobiographique puisque l’auteur de
l’œuvre est le narrateur relatant les événements est en même temps le personnage
principal.
Par son écriture serrée, économe de ses effets et ne jouant pas à la « littérature », Nicolas
Bouvier a réussi à atteindre ce à quoi peu est parvenus : un pur récit de voyage, dans la
grande tradition de la découverte et de l’émerveillement, en même temps qu’une réflexion
éthique et morale sur une manière d’être au monde parmi ses contemporains, sous toutes
les latitudes.
L’extrait quant à lui est un texte narratif descriptif qui relate la nuit qu’a passée le narrateur
en compagnie de son ami dans une prison à Mahabad.
Projet de lecture : En quoi l’hyperbole, figure de style, renforcée par un champ lexical
spécifique (la religion) rend elle compte d’un moment de méditation autant forcé que
voulu ?
Mahabad rappelle au narrateur les prouesses citées dans l’Ancien testament ce qui explique
l’emploi excessif des figures de l’hyperbole surtout en citant le « courage » des Kurdes en le
rapprochant à celui des habitants de Galilée.
La « témérité » et le « lyrisme » de la région touche particulièrement la sensibilité du
narrateur qui semble bien les admirer autant dans les écritures saintes.
Mais cette admiration déclarée est loin d’être absolue, chose que le narrateur déclare
solennellement en soulignant l’absence de « charité » et de pardon qui pour lui justifie
amplement la fin tragique du Christ.
Illustrations :
Les figures d’exagération :
L’hyperbole :
« L’Ancien Testament […] était à sa place ici »
Quant aux Évangiles, ils retrouvaient dans ce contexte la vertigineuse témérité dont
nous les avons si bien dépouillés
La crue et les pluies, qui avaient déjà fait deux mille sans-abri dans la ville
Nous les entendions maintenant aller et venir sur nos têtes
L’énumération :
L’Ancien Testament surtout, avec ses prophéties tonnantes, son amertume, ses saisons
lyriques, ses querelles de puits, de tentes, de bétail, et ses généalogies qui tombent
comme grêle, était à sa place ici.
Il n’y avait guère que les comparses : ceinturions, publicains, ou Marie-Madeleine, à
se détacher nettement
La métaphore : Nous les entendions maintenant aller et venir sur nos têtes
Pour conclure, on peut dire que plusieurs stratégies d’écriture sont à l’œuvre dans le récit
de voyage, parmi lesquelles on peut distinguer les procédés linguistiques, les procédés de
visualisation, l’analogie, les néologismes, les emprunts, l’insertion de périphrases, de notes
explicatives, etc.
Les procédés de visualisation regroupent quant à eux les dispositifs matériels tels que la
typographie, les schémas, les croquis, les cartes, toutes sortes de signes qui occasionnent une
lecture concomitante du texte et de l’image. À cet égard, les dessins de Thierry Vernet,
disposés à plusieurs endroits du récit, en plus d’illustrer la couverture du livre, dialoguent
constamment avec le texte.