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3. La non application par le juge national de la norme nationale contraire au droit communautaire (La jurisprudence Simmental)....................................................................p. 10
4. Le droit pour tout justiciable à un recours de droit interne pour faire valoir les droits qu'il tient du droit communautaire................................................................................ p. 11
4. L'invocabilité des directives et des décisions adressées aux Etats membres dans la jurisprudence de la Cour de justice.............................................................................p. 13
a) L'invocabilité des directives et des décisions adressées aux Etats membres dans la jurisprudence de la Cour de justice...........................................................................p. 14
1° L'invocabilité des directives à l'encontre des personnes publiques (« invocabilité verticale »).................................................................................................................... p. 14
2° La non-invocabilité des directives dans le procès entre particuliers (« invocabilité horizontale ») : la jurisprudence Marshall.................................................................... p. 15
b) L'invocabilité des directives communautaires devant le juge administratif français : de la jurisprudence Cohn Bendit à la jurisprudence Perreux....................................... p. 15
2° L’invocabilité des directives communautaires à l’encontre des actes individuels : de la jurisprudence Cohn-Bendit à la jurisprudence Perreux.........................................p. 16
4. l’organisation interne......................................................................................................................................................................................................................................... p. 21
a) Le président..................................................................................................................................................................................................................................................... p. 21
c) Le Tribunal....................................................................................................................................................................................................................................................... p. 21
2. L’absence de recours contre les décisions de la Cour devant tout autre juridiction........................................................................................................................................p. 27
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C. problématique des rapports entre la cour de justice de l’Union Européenne et la cour Européenne des droits de l’homme.................................... p. 27
1. L’objectif assigné par le Traité sur l’Union européenne................................................................................................................................................................................... p. 28
2. La conciliation des deux systèmes juridictionnels : la saisine prioritaire de la CJUE quant à la conformité de l’acte de l’Union avec la Convention...................................... p. 28
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Section 1. « Une Communauté de droit »
puis une « Union de droit »
L'expression " Communauté de droit " est celle par laquelle, très tôt, les Communautés ont entendu se
définir. La paternité en est généralement attribuée à Walter Hallstein qui, avant d'être le premier président
de la Commission de la C.E.E., fut professeur de droit. Elle fait référence au concept d'Etat de droit, présent
dans la culture juridique de certains des pays fondateurs et en particulier dans la culture juridique allemande.
Ce concept désigne la situation d'un Etat qui se soumet aux règles de droit qu'il se donne ou qu'il accepte
d'appliquer. Le système juridique des Communautés européennes et, désormais, de l'Union européenne,
est un système original, très structuré et finalement assez complexe. Son architecture s'ordonne autour d'un
concept fondamental celui d'ordre juridique communautaire affirmé, dès l'origine, par la Cour de justice (§1)
dont découlent et la hiérarchie des normes communautaires (§2) et les rapports du droit communautaire et
du droit des Etats membres (§3).
Il s'agissait d'une innovation conceptuelle car les traités instituant les Communautés n'utilisaient ni le mot ni le
concept qui appartenaient plutôt à la culture juridique normativiste, peu répandue à l'époque dans les six pays
fondateurs, si ce n'est, en Allemagne. La Cour a estimé que ce concept était nécessairement impliqué par les
objectifs poursuivis par le Traité CEE et, en particulier, qu'il était seul apte à donner à ses dispositions un « effet
direct » leur permettant de s'appliquer dans les Etats membres sans avoir à être « reçus » en la forme d'une
norme nationale et (pour certaines d'entre elles au moins) d'être invocables devant les juridictions nationales.
On considère que ce concept et les conséquences qui en ont été tirées ont pénétré l'ensemble du contentieux
communautaire et lui ont donné une efficacité sans équivalent. La formule de l'arrêt Costa, qui améliore celle
d'un arrêt précédent l'arrêt Van Gend En Loos, a été ensuite précisée par l'Avis rendu par la Cour le 14
décembre 1991.
Le contenu d'un ordre juridique se caractérise par une différenciation des normes qui le composent (par
exemple la loi, le règlement, la constitution ou, dans le système communautaire, le traité, le règlement, la
directive) et leur hiérarchisation. La hiérarchie des normes, plus ou moins détaillee, selon l'ordre juridique
considéré, mais toujours présente résulte du fait que chaque norme détermine les conditions de forme (mode
d'élaboration) et de fond (le contenu) de la validité de la norme qui lui est immédiatement inférieure (la
constitution fixe la procédure d'élaboration de la loi et le contenu de celle-ci ne doit pas être contraire à la
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constitution) et tire sa propre autorité de la conformité de son élaboration et de son contenu avec la norme
qui lui est immédiatement supérieure. Dans l'ordre juridique communautaire, on le verra (I.2.2.1) il existe une
hiérarchie des normes (Traités, actes des Institutions...) certes plus sommaire que celle qui existe dans l'ordre
juridique des Etats membres, mais bien réelle et juridictionnellement sanctionnée.
Un ordre juridique se caractérise aussi par les rapports qu'il entretient avec les autres ordres juridiques.
Par exemple les rapports de l'ordre juridique national avec l'ordre juridique international (mode d'intégration
des traité dans le droit national, rapport des traités et de la loi, etc...) De même, l'ordre juridique communautaire
entretient des rapports spécifiques avec l'ordre juridique international dont il se distingue (rapports des traités
auxquels la Communauté est partie avec les autres normes communautaires) et avec les ordres juridiques des
Etats membres. Ces derniers rapports sont tout à fait particuliers et manifestent le haut degré « d'intégration
juridique » sur lequel repose le système de sanction du droit communautaire.
Les circonstances dans lesquelles a été rendu l'arrêt Van Gend en Loos ont été rappelées par Robert Lecourt
ancien président de la Cour de justice (« quel eut été le droit des Communautés européennes sans les arrêt
de 1963 et 1964 » in Melanges Dehoux pp. 349-361). Elles expliquent l'innovation que représente cet arrêt.
Quelques jours avant dans l'affaire dite « du pain d'épice », la Cour avait rendu un arrêt en constatation de
manquement contre la Belgique (CJCE, 14 décembre 1962, Commission c/Belgique et Luxembourg, p 826)
qui avait majoré ses droits de douane sur le pain d'épice en violation de l'article 12 du Traité. La Cour de justice
fut sans doute frappée de l'extrême vulnérabilité du système juridique communautaire : un Etat fondateur de
la CEE, alors que le Traité venait d'entrer en vigueur n'avait pu empêcher son administration de rétablir les
droits de douane. Le marché commun ne pouvait être protégé par le mécanisme classique de sanction d'un
accord commercial ordinaire, (en l'espèce le recours en manquement), procédure lourde et longue entre la
Commission, l'Administration de l'Etat membre et finalement la Cour et qui n'était pas ouverte aux opérateurs
pour qui le marché commun était fait. Il convenait de trouver un mode plus efficace de sanction des violations
des dispositions communautaires en permettant à ces opérateurs de s'adresser directement à une juridiction
nationale pour défendre les droits que leur conférait le droit communautaire. Trois semaines plus tard l'arrêt
Van Gend en Loos jetait les bases de cette application directe du droit communautaire par les juridictions
nationales.
L'arrêt souligne tout d'abord la singularité du Traité CEE et son effet dans le système juridique des Etats
membres : « ... l'objectif du Traité CEE qui est d'instituer un marché commun dont le fonctionnement concerne
directement les justiciables, implique que ce traité constitue plus q'un accord qui ne créerait que des obligations
mutuelles entre les Etats contractants ». A partir du préambule du Traité, de ses objectifs et de ses dispositions
institutionnelles l'arrêt ajoute que«La Communauté constitue un nouvel ordre juridique de droit international
au profit duquel les Etats ont limité, bien que dans des domaines restreints, leurs droits souverains et dont les
sujets sont non seulement les Etats membres mais également leur ressortissants ». Ce « nouvel ordre juridique
» justifiait un lien juridique direct entre les ressortissants des Etats membres et les normes communautaires :
la possibilité pour eux de s'adresser aux juridiction nationales pour faire appliquer le droit communautaire.
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C. L'arrêt Costa c/ENEL du 15 juillet 1964 : « un ordre
juridique propre et intègre au système juridique des
Etats membres »
Près d'un an et demi après l'arrêt Van Gend en Loos la Cour de justice l'a confirmé en en précisant les bases
et les effets.
L'affaire Costa c/ ENEL opposait un avocat milanais à la Société nationale de production et de distribution de
l'électricité en Italie. Dans ce litige qui se déroulait devant une juridiction italienne, l'avocat milanais soulevait
la contrariété de la loi de nationalisation qu'avait créé l'ENELl au Traité CEE. Le juge italien avait demandé à la
Cour l'interprétation à titre préjudiciel des dispositions du Traité. Confirmant et précisant l'analyse de l'arrêt du
15 février 1963 la Cour a dit pour droit que les Etats membres « ont limité, bien dans des domaines restreints,
leurs droits souverains et créé ainsi un corps de droit applicable à leurs ressortissants et à eux-mêmes » (CJCE
15 juillet 1964 Costa c/ENEL 6/64, p. 1141). Suit la formule qui est désormais le pilier du système juridique
communautaire et en particulier de son contentieux..
Le Traité CEE « a institué un ordre juridique propre, intégré au système juridique des Etats membres lors de
l'entrée en vigueur du traité et qui s'impose à leurs juridictions »
L' "ordre juridique de droit international" évoqué dans l'arrêt Van Gend en Loos et devenu « un ordre juridique
propre » achevant par là l'autonomie de l'ordre juridique international que par rapport à celui des Etats membres
mais cet « ordre juridique propre » et communautaire tant par rapport à l'ordre juridique aussi « intégré au
système juridique des Etats membres », ce qui semble, de prime abord paradoxal mais rend compte des
rapports de système entre l'ordre juridique communautaire qui a ses propres sources et sa propre hiérarchie
des normes, et l'ordre juridique de chaque Etat membre avec lequel il entretient des liens spécifiques (primauté
et invocabilité cf infra n° 3.2.2.1. et 3.2.2.2.). Ces rapports manifestent une intégration juridique qui fait que
de droit communautaire est une partie du droit national et que son application dans les Etats membres se fait
selon des méthodes particulières : primauté sur le droit national invocabilité partielle devant les juridictions
nationales, renvoi préjudiciel etc... (voir infra n° I.3.2.2.2. et les leçons 2 et 3 sur le renvoi préjudiciel)
L'avis 1/91 prolonge et complète à son tour l'arrêt Costa c/Enel. Désormais la limitation de droits souverains à
laquelle les Etats membres ont consenti ne concerne plus « des domaines restreints » mais « des domaines
de plus en plus étendus », ce qui tenait compte de l'extension continue des compétences communautaires.
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A. Tableau général des normes communautaires
Les Communautés puis l'Union européenne ont un système centralisé d'édiction des normes juridiques
organisé par les Traités constitutifs et qui a beaucoup évolué depuis sa création. La procédure législative
communautaire se caractérise par une collaboration étroite du Parlement européen, du Conseil et de
la Commission. La Commission a le monopole de l'initiative des propositions d'actes communautaires, le
pouvoir de décision en matière législative est désormais partagé, pour la majorité des mesures importantes,
entre le Conseil et le Parlement dans le cadre de la procédure de co-décision. Cette procédure qui a fait l'objet
de nombreuses modifications par les traités successifs de révision est abondamment décrite dans tous les
manuels de droit communautaire (cf, bibliographie générale du cours, on consultera avec fruit, parmi les cours
offerts par l'U.N.J.F. le cours de droit communautaire de M. Blanquet).
Les diverses procédures législatives en vigueur, telles qu'elles résultaient en 2007 des modifications introduites
par le Traité de Nice de 2000 conduisent à l'adoption des actes prévus par l'article 249 CE (ex article 189 CE).
Les Traités énumèrent et définissent les principaux actes communautaires. D'autres actes « hors nomenclature
» assurent le fonctionnement des Communautés et de l'Union. A ces actes il faut ajouter une troisième source
du droit de l'Union entièrement dégagé par la jurisprudence de la Cour de justice : les principes généraux du
droit communautaire.
Le règlement, acte de portée générale, obligatoire dans toutes ses parties est directement applicable dans
les Etats membres. La directive a pour destinataire les Etats membres, leur fixe les objectifs à atteindre mais
nécessite pour son application dans les Etats membres que ceux-ci prennent toute mesure nécessaire pour
rendre leur droit national compatible avec les objectifs de la directive. C'est ce que la terminologie courante
appelle la « transposition » de la directive. La décision, mesure individuelle (sauf dans la CECA où existaient
des décisions à caractère général) est obligatoire dans toutes ses parties. Les recommandations et avis dans
la CE ne sont pas obligatoires. On se reportera pour l'étude approfondie du régime de ces actes aux ouvrages
cités dans la bibliographie.
Aux actes « de la nomenclature » il faut ajouter les « actes hors nomenclature », non définis par l'article 288
TFUE. Certains de ces actes sont unilatéraux tels sont par exemple certains actes arrêtés par le Parlement
européen, le Conseil et la Commission (les règlements intérieurs des Institutions, les actes budgétaires, etc...)
et par la Banque Centrale Européenne (article 130 TFUE). D'autres actes sont de nature conventionnelle (les
nombreux accords internationaux qui lient les Communautés européennes). Tous ces actes qu'ils figurent ou
non dans la nomenclature de l'article 288 TFUE, qu'ils soient unilatéraux ou conventionnels forment le « droit
dérivé » communautaire.
Une autre source de droit communautaire dont l'importance est croissante, est constituée par les
principes généraux du droit communautaire que le juge communautaire formule à partir des « traditions
constitutionnelles des Etats membres », de certains instruments internationaux destinés à garantir les
droits fondamentaux de la personne (notamment la Convention européenne des droits de l'Homme) ou
de dispositions générales et fondamentales des traités communautaires. Dès les premières années, la
Cour de justice a affirmé la spécificité de l'ordre juridique communautaire par rapport à l'ordre juridique
international. Tous les principes qui régissent la société internationale ne peuvent s'appliquer dans l'ordre
juridique communautaire tel est le cas, notamment, de l'exception non adimpleti contractus qui, dans le droit
international classique, autorise un Etat partie à un accord à ne pas appliquer les dispositions que viole une
autre partie. L'ordre juridique communautaire possède un système centralisé de sanction des obligations,
aucun Etat membre ne peut, par mesure de rétorsion, invoquer la violation du droit communautaire par un
autre Etat membre pour se dispenser de l'appliquer. Dès 1969, la Cour de justice a expressément affirmé
qu'elle veillait au respect de principes généraux qui étaient des « principes généraux du droit communautaire
» en mentionnant « les droits fondamentaux de la personne, compris dans les principes généraux du droit
communautaire dont la Cour assure le respect » (CJCE 12.11.1969, Stauder, 26/69, p. 419). Ces principes
propres à l'ordre juridique communautaire proviennent de trois sources différentes : de certaines dispositions
générales des Traités CE ou CEEA (exemple : le principe de non discrimination), de certains instruments
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internationaux destinés à protéger les droits de l'Homme (essentiellement de la Convention européenne des
droits de l'Homme de 1950), et des traditions constitutionnelles communes aux Etats membres.
S'agissant de cette dernière catégorie, la Cour s'est livrée tout au long des années par une analyse
comparative, à une oeuvre de sélection et de transposition des principes susceptibles de s'appliquer au
système communautaire dont le juge Pescatore fit, en son temps, une analyse magistrale (P. Pescatore « Le
recours dans la jurisprudence de la Cour de justice de la Communauté européenne à des normes déduites
de la comparaison des droits des Etats membres », Rev. Inter. Dr. Comparé, 1980, pp. 337-359 ; voir aussi J.
Vergès « Droits fondamentaux de la personne et principes généraux du droit communautaire » in Mélanges J.
Boulouis, Pédonne 1992). La plus grande partie des principes généraux du droit communautaire ont pour objet
la protection des droits fondamentaux de la personne mais certains protègent l'organisation communautaire
elle-même, tel le principe de l'équilibre institutionnel. Les principaux principes généraux formulés au cours
des précédentes décennies sont le principe de non-discrimination, de confiance légitime, de sécurité juridique.
Nombre d'autres principes moins souvent invoqués constituent une liste qui ne cesse de s'allonger au cours
des années.
Le T.U.E. issu du Traité de Lisbonne fait une référence expresse aux principes généraux du droit
communautaire en énonçant les sources dans son article 6,3 : « Les droits fondamentaux tels qu'ils sont
garantis par la convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales
et tels qu'ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux Etats membres font partie du droit de
l'Union, en tant que principes généraux ».
Les Traités instituant les Communautés et l'Union européenne ont été considérés par la Cour de justice comme
« la Charte constitutionnelle d'un état de droit » (CJCE, avis 1/91 du 14 décembre 1991). Ni la Cour de
justice ou les autres juridictions communautaires, ni le juge national ne peuvent se prononcer sur la validité de
leurs dispositions, celles-ci sont « la base juridique » des actes des Institutions (le « droit dérivé ») qui tirent
leur validité de leur conformité de leur contenu aux dispositions des traités.
Mais, le plus souvent, les articles des Traités qui prévoient la prise d'un acte communautaire précisent aussi
la procédure d'élaboration de cet acte. La « base juridique » des actes du droit dérivé détermine donc, en
général à la fois le contenu et la procédure d'élaboration de ces actes, remplissant par là la double fonction
d'une hiérarchie des normes. En pratique la contestation par les institutions du « choix de la base juridique
» a déterminé durant certaines périodes un abondant « contentieux de la base juridique » de nature quasi-
constitutionnelle puisque chaque procédure d'élaboration des actes détermine un équilibre différent entre les
Institutions.La non-conformité d'un règlement ou d'une directive communautaire quant au fond (son contenu)
ou quant à la forme (la procédure de son élaboration) est sanctionnée par la juridiction communautaire :
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annulation prononcée à la suite d'un recours en annulation prévue à l'article 130 CE (ex article 173 CEE, cf
infra leçon n°4) ou par une déclaration préjudicielle d'invalidité dans le cadre du renvois préjudiciel (article 234
CE, ex article 177 CEE, cf leçon n°3).
Les principes généraux du droit communautaire n'étaient pas mentionnés à l'origine dans les Traités
communautaires. Dès les premières années la Cour de justice, comme d'autres juridictions suprêmes, a
entendu combler les lacunes du droit communautaire écrit. Elle ne peut en effet refuser de juger en invoquant
l'absence de norme applicable (ce qui la distingue d'une juridiction internationale classique). Les principes
généraux du droit communautaire sont placés au sommet de la pyramide des normes communautaires,
pratiquement au même niveau que les Traités et priment sur l'ensemble du droit dérivé. La violation d'un
principe général du droit communautaire est une cause d'annulation (voir aussi les conclusions de l'avocat
général Karl Roemer sous les arrêts Aktien-Zuckerfabric C/ Conseil du 2.12.1971, 5/71, p. 975 et Werhahn du
13.11.1973) ou d'invalidation à titre préjudiciel (CJCE ; 15.10.1980, S.A. Roquette frères C/Administration des
douanes, 145/79, p. 2917 : déclaration préjudicielle d'invalidité des dispositions d'un règlement agricole pour
discrimination entre des catégories de producteurs, cf leçon n° 3).
Les accords internationaux conclus par les Communautés avec des Etats tiers ou des organisations
internationales doivent être compatibles avec le Traité CE. Le contrôle de cette compatibilité peut être exercé
à priori par la Cour de justice saisie par le Parlement européen, le Conseil ou la Commission. Si la Cour rend
un avis négatif, l'accord ne peut entrer en vigueur qu'après révision du Traité CE (article 218 TFUE). Les
accords internationaux qui lient les Communautés européennes « font partie intégrante, à partir de leur entrée
en vigueur, de l'ordre juridique communautaire » (CJCE, 30.4.1974. Haegeman, 181/73, p. 449), il en est
de même des décisions des organes éventuellement créés dans le cadre de ces accords (CJCE, 5.02.1976.
Bresciani, 87/75, p. 129 ; 20.09.1990. Sevince, C.192/89, p. I. 3461) Ces accords internationaux priment sur
les autres actes des Institutions. Cette primauté est sanctionnée soit par la voie du recours en annulation, soit
par celle du renvoi préjudiciel. La violation d'une disposition de l'accord est un motif d'annulation (cf infra leçon
n°4) ou peut faire l'objet d'une déclaration préjudicielle d'invalidité de la Cour de justice (cf infra leçon n° 3)
(pour l'invalidation des dispositions d'une directive contraire au GATT voir par exemple l'arrêt fondateur : CJCE.
12.12.1972 International Fruit Company, 21 à 24/72, p. 1219). Cette primauté s'étend à toutes les catégories
d'accords internationaux, y compris aux « accords mixtes », auxquels sont parties à la fois, la Communauté et
ses Etats membres (pour l'accord d'association CEE Turquie par exemple : CJCE. 30.9.1987 Demirel, 12/86,
p. 3719).
Les actes unilatéraux des Institutions communautaires. A ce niveau la hiérarchie des normes
communautaires est moins détaillée que celles qui prévalent dans les Etats membres. Le système
communautaire n'établit (pas encore ?) de hiérarchie entre les grandes catégories d'actes unilatéraux le
règlement par exemple, n'est pas supérieur à la directive. La jurisprudence a cependant institué très tôt une
hiérarchie entre dispositions de principe (« de base ») et dispositions d'application. Le règlement d'application
doit être conforme au « règlement de base » (CJCE. 17.12.1970. Köster, 25/70, p. 1161). Le développement
institutionnel de l'Union européenne conduira à la mise en place d'une hiérarchie beaucoup plus détaillée des
actes de ses organes. Des projets très détaillés ont été élaborés au moment de la préparation du Traité de
Maastricht, ou dans le projet de Constitution. Le Traité de Lisbonne de 2007 contient aussi des dispositions
qui mériteront une étude plus approfondie.
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le droit national différente de celle du droit
international
Les rapports entre le droit de l'Union (« le droit communautaire ») et le droit des Etats Membres sont différents
de ceux qui existent entre le droit international conventionnel et le droit des Etats parties aux traités. Le droit
international fait obligation aux Etats d'appliquer les traités auxquels ils sont parties mais il ne fixe pas la place
des dispositions du traité dans leur droit interne. C'est le droit interne (le plus souvent leur droit constitutionnel)
des Etats parties qui détermine les rapports entre les dispositions du traité et le droit interne. L'article 55 de la
Constitution française prévoit, par exemple que les traités régulièrement ratifiés et publiés ont, sous réserve
de réciprocité, une force supérieure à la loi..
Dans le système communautaire, au contraire, c'est le droit communautaire qui organise l'intégration du droit
communautaire dans le droit des Etats membres
Ce sont les traités fondateurs qui donnent au règlement communautaire le pouvoir de s'appliquer directement
dans les Etats membres. C'est surtout la jurisprudence de la Cour de justice qui a organisé cette intégration
autour de deux principes : la primauté du droit communautaire sur le droit national, l'invocabilité de certaines
dispositions du droit communautaire devant les juridictions nationales.
Le champ d'application du principe de primauté est global. C'est l'ensemble du droit communautaire
qui prime sur l'ensemble du droit interne de chaque Etat membre. Traités, accords internationaux liant la
Communauté, règlements, directives, décisions (et tout autre acte destiné à produire des effets de droit) priment
sur toutes les normes nationales y compris la loi postérieure à l'entrée en vigueur des traités et les dispositions
de nature constitutionnelle.
La Cour de justice de la CECA l'avait admis dès les premières années. Elle l'a réaffirmé dès 1965 dans le
cadre de la CEE par une Ordonnance du 2 juin 1965, (San Michele 9/65, 1967.p35) puis dans un arrêt du
17 décembre 1970 (Internationale Handelsgesellschaft, 11/70 p.1125). Le droit communautaire « issu d'une
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source autonome, ne pourrait, en raison de sa nature, se voir judiciairement opposer des règles de droit national
quelles qu'elles soient, sans perdre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base
juridique de la Communauté elle-même ».
La seule limitation au principe de la primauté du droit communautaire sur le droit national et qu'il ne peut
conduire à réduire à néant les droits que les accords antérieurs des Etats membres avec les Etats tiers ont
créé au bénéfice de ces derniers, ce qui est conforme au droit international général.
La primauté du droit communautaire sur les dispositions nationales à valeur constitutionnelle a fait l'objet de
jurisprudences nationales limitatives notamment en Allemagne (Jurisprudence « So lange... »). Elle fera l'objet
de solutions plus nuancées après l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne.
La jurisprudence de la Cour a progressivement développé les conséquences pour le juge national du principe :
interprétation conforme de la norme nationale non application de la norme nationale contraire, suspension de
la norme nationale soupçonnée d'être contraire au droit communautaire, et ultime conséquence, le droit à un
recours effectif devant les juridictions nationales pour donner pleine application.
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autorité » sans demander l'interprétation ou la décision d'une autorité nationale supérieure (ministère des
Affaires Etrangères, Cour constitutionnelle...) en écartant plus largement toute procédure nationale susceptible
de faire obstacle à « la pleine efficacité des normes communautaires ». Le juge national n'est certes pas chargé
d'annuler la norme nationale contraire, de la faire disparaître de l'ordre juridique national, mais seulement de
la « laisser inappliquée » pour les besoins du procès pendant devant lui, mais s'il s'agit d'une cour suprême,
l'autorité de sa jurisprudence aura un effet comparable à une annulation et vaudra pour toutes les juridictions
relevant de son autorité. Certains auteurs ont relevé que l'arrêt Simmental a été rendu dans le cadre d'un
renvoi préjudiciel concernant une disposition du droit communautaire directement invocable devant la juridiction
nationale et y ont vu une limite à la portée de cette jurisprudence.
La suspension de la norme nationale susceptible d'être déclarée contraire au droit communautaire : (les
jurisprudences Factortame et Zuckerfabrik)
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L'article 2 du « protocole sur l'application des principes de subsidiarité et de proportionnalité », annexé au
Traité d'Amsterdam avait précisé que cette application « ne porte pas atteinte aux principes mis au point par la
Cour de Justice en ce qui concerne la relation entre le droit national et le droit communautaire... » ce qui était
une référence indirecte au principe de primauté. Le projet de Constitution plaçait expressément ce principe
dans le corps du Traité. Cette mention fut une des causes de la vive hostilité de certains milieux au projet.
Aussi, les rédacteurs du Traité de Lisbonne se montrèrent-ils prudents. Le principe de primauté ne figure pas
dans le corps du Traité mais dans deux instruments annexés à l'Acte final. Dans la déclaration n° 17 relative
à la primauté « La Conférence rappelle que, selon une jurisprudence constante de la Cour de Justice de
l'Union européenne, les traités et le droit adopté par l'Union sur la base des Traités priment le droit des Etats
membres dans les conditions définies par ladite jurisprudence ». La conférence intergouvernementale a joint à
la déclaration, l'Avis du Service juridique du Conseil du 22 juin 2007 selon lequel ' il découle de la jurisprudence
de la Cour de justice que la primauté du droit communautaire est un principe fondamental dudit droit. Selon la
Cour, ce principe est inhérent à la nature particulière de la Communauté européenne. A l'époque du premier
arrêt de cette jurisprudence constante (arrêt du 15 juillet 1964 rendu dans l'affaire 6/64 Costa contre ENEL),
la primauté n'était pas mentionnée dans le traité. Tel est toujours le cas actuellement. Le fait que le principe
de primauté ne soit pas inscrit dans le traité ne modifie en rien l'existence de ce principe ni la jurisprudence
en vigueur de la Cour de justice.
L'invocabilité des autres dispositions résulte au contraire d'une longue élaboration par la jurisprudence de la
Cour. La Cour de justice a étendu l'invocabilité à d'autres parties du droit communautaire (traités, directives,
accords internationaux, décisions, etc...) mais en en fixant les conditions précises.
Lorsqu'il y a invocabilité, il convient dans chaque cas de distinguer « l'invocabilité verticale » qui peut jouer
dans un procès opposant le justiciable à l'autorité publique, de « l'invocabilité horizontale » qui peut jouer
dans un procès entre particuliers. Dans toutes les catégories de normes communautaires existe désormais
des dispositions susceptibles d'être invoquées devant le juge national si elles satisfont aux conditions fixées
par la jurisprudence de la Cour.
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Les traités communautaires, tels qu'ils résultent des nombreuses révisions successives, constituent le droit
communautaire originaire mais ne sont pas intégralement invocables (alors on l'a vu qu'ils bénéficient dans
leur intégralité de la primauté sur la droit national) seules sont invocables celles de leur dispositions qui
répondent aux conditions exigées par l'arrêt Van Duyn (CJCE, 4.12.1974, 41/74, p. 1337) pour les directives (cf.
infra n° 2.2.2.2.5). La Cour saisie à titre préjudiciel de la question de savoir si une entreprise pouvait invoquer les
dispositions de l'article 12 du Traité de Rome (interdiction de l'augmentation des droits de douane existants ou
de l'introduction de nouveaux droits de douane) devant une juridiction nationale à l'encontre de l'administration
douanière de son pays a répondu par l'affirmative en se fondant sur le concept d'ordre juridique (cf. supra) « ...
dont les sujets sont non seulement les Etats membres, mais également leur ressortissants ». Seules peuvent
bénéficier de l'invocabilité les dispositions qui sont suffisamment claires et précises (pour qu'un tribunal
puisse les appliquer), qui créent à la charge de leurs destinataires une obligation inconditionnelle (qui ne
lui laisse pas la possibilité de choisir entre plusieurs comportements) et qui sont juridiquement parfaites (qui
ne nécessitent pas, pour leur application l'intervention ultérieure de mesure d'application prises par les Etats
destinataires). Bénéficient de l'invocabilité verticale (à l'encontre d'une autorité publique) les dispositions du
Traité qui imposent aux Etats une obligation inconditionnelle de ne pas faire (par exemple l'article 12 CEE qui
interdit la création de nouveaux droits de douane concerné par l'arrêt Van Gend en Loos) ou une obligation
inconditionnelle de faire (exemple l'article 35CEE qui oblige à éliminer les restrictions quantitatives dans les
échanges entre Etats membres, ou l'article 93,3CEE qui impose aux Etats de notifier leurs aides publiques).
La liste des dispositions invocables des traités n'a cessé de s'allonger.
Certaines dispositions des Traités bénéficient d'une invocabilité horizontale, et sont invocables dans un
procès entre particuliers notamment en matière de relations contractuelles. Tels sont, entre autre, l'article
6.CE (ex article 7CEE) qui pose le principe fondamental de la non discrimination à raison de la nationalité
(CJCE.12.12.1974, Walrave, 36/74, p. 1405) ou l'article 199CE sur l'égalité professionnelle entre hommes et
femmes (CJCE. 8.04.1976, Defrenne, 43/75, p. 455).
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4. L'invocabilité des directives et des décisions adressées
aux Etats membres dans la jurisprudence de la Cour de
justice
L'invocabilité verticale de la directive a été instaurée par trois arrêts successifs de la Cour. D'abord en
liaison avec une décision (CJCE. 6.10.1970, Franz Grad, 9/70, p. 825) puis en liaison avec un article du Traité
CE (CJCE. 17.12.1970, Société SACE, 33/70, p. 1213) et enfin dans le cas d'une directive toute seule (CJCE.
4.12.1974., Van Duyn, 41/74, p. 1337). Dans l'arrêt Franz Grad du 6.10.1970, la Cour souligne que le silence
du Traité quant à l'invocabilité de la décision ou de la directive n'implique pas un refus : si le règlement seul
a été mentionné. « il n'en résulte pas que d'autres catégories d'actes visés par cet article ne peuvent jamais
produire des effets analogues ». Dans l'affaire Van Duyn où une ressortissante néerlandaise invoquait une
directive communautaire sur les limitations à la libre circulation des personnes inspirées par des raisons d'ordre
public, à l'encontre d'une mesure d'interdiction d'entrer sur le territoire du Royaume-Uni, la Cour a dit pour droit
que, si la directive pouvait être invocable elle ne l'était pas de plein droit et pour l'ensemble de ses dispositions
et qu'il était nécessaire d'examiner cas par cas la nature de ses dispositions.
Celles-ci doivent répondre à trois conditions : être suffisamment claires et précises, mettre à la charge
du destinataire une obligation inconditionnelle, être juridiquement « parfaites » et n'avoir pas besoin d'être
complétées par un texte d'application. Cet examen peut conduire à ne déclarer invocables que certaines
dispositions d'une directive alors que ses autres dispositions ne le sont pas. Le principe de la divisibilité de la
directive est fréquemment appliqué (par exemple dans l'arrêt 19.19.1991. Francovich et Bonifaci c.6 et 9/90,
p I.5357).
Les directives communautaires fixent le délai à l'expiration duquel les Etats destinataires devront avoir pris les
mesures nécessaires pour rendre leur droit compatible avec leurs objectifs. C'est ce que l'on appelle dans la
pratique le « délai de transposition ». L'invocabilité « verticale » de la directive dépend de la situation dans
laquelle se trouve l'Etat membre par rapport à son obligation de transposition.
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• avant l'expiration du délai de transposition la directive transposée n'est pas invocable (CJCE, 28.10.1975,
Rutili, 36/74, p. 1219)
• la directive correctement transposée n'est pas invocable : le droit national a été rendu compatible avec
les objectifs de la directive ce sont les dispositions nationales qui sont invocables devant le juge national
• la directive a été transposée mais d'une façon incomplète : l'Etat a laissé subsister des dispositions
nationales incompatibles avec les objectifs de la directive : les dispositions de la directive possédant les
qualités requises sont invocables aux fins d'exclusion des dispositions nationales incompatibles
• à l'expiration du délai de transposition, l'Etat membre n'a pas satisfait à son obligation de transposition,
les dispositions de la directive qui possèdent les qualités requises sont invocables car, souligne la
Cour : « l'Etat membre qui n'a pas pris dans les délais les dispositions imposées par la directive ne
peut opposer aux particuliers le non accomplissement, par lui-même, des obligations qu'elle comporte
» (CJCE. 5.4.1979, Ratti, 148/78, p. 1629) ; l'invocabilité de la directive non transposée est ici une
sanction de la carence de l'Etat. Elle ne fait d'ailleurs pas disparaître un autre type de sanction que
l'Etat encourt pour la violation de son obligation de transposition. Celle-ci ne disparaît pas du fait de
l'invocabilité de la directive, la non transposition constitue un manquement aux obligations qui incombent
à l'Etat en vertu du Traité et peut faire l'objet d'un recours en manquement intenté par la Commission
(CJCE. 6.5.1980, Commission c/Belgique, 102/79 p. 1473).
Les justiciables peuvent cependant adopter une stratégie de contournement de la non invocabilité
horizontale des directives d'harmonisation et y faisant simplement référence.
L'obligation faite au juge national d'interpréter le droit national à la lumière du droit communautaire (l'obligation
d'interprétation conforme qui est un aspect de la primauté du droit communautaire cf.supra n° 1.1.2.1.) lui
permet de tenir compte du contenu de la directive sans se préoccuper de l'invocabilité de telle ou telle de ses
dispositions. (pour un exemple de cette stratégie : CJCE. 13.11.1990, Marleasing, C.106/89, p.I 4135).
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C'est devant le juge administratif français que l'invocabilité des directives communautaires a rencontré quelque
difficulté encore convient-il de remarquer que cette difficulté était limitée à l'invocabilité à l'encontre des
mesures individuelles. (jurisprudence Cohn Bendit) l'analyse que le Conseil d'Etat a fait dans son arrêt Cohn
Bendit de 1978 se voulait fidèle à la conception initiale de la directive telle que la lui suggérait la lettre de
l'article 149,3 CE (devenu l'article 249,3 CE) lorsqu'il a posé que les autorités nationales « restent seules
compétentes pour décider de la forme à donner à l'exécution des directives et pour fixer elles-mêmes, sous le
contrôle des juridictions nationales, les moyens propres à leur faire produire effet en droit interne » (C.E. Ass.,
22.12.1978, Ministre de l'Intérieur c/Cohn-Bendit, Lebon, p. 524 confirmé : C.E. 28.11.1980. Sovincast, Lebon,
p. 62 ; C.E. 25.02.1981. Centre international dentaire, Dalloz 1981, inf. rapides, p. 331). En vertu de cette
analyse, le Conseil d'Etat a admis l'invocabilité de la directive pour écarter l'application de la loi et du règlement
et pour les interpréter mais elle la refuse dans le cas d'une action directe à l'encontre des actes individuels.
L'invocabilité des directives à l'encontre de mesures réglementaires est possible, qu'il s'agisse des dispositions
du règlement de transposition de la directive incompatibles avec les objectifs de cette directive (CE. 28.09.1984.
Confédération nationale des sociétés de protection des animaux en France et dans les pays d'expression
française. Lebon, p 512) ou de celle d'un autre règlement sans lien direct avec la transposition (CE. 7.12.1984.,
Fédération française des sociétés de production de la nature, Lebon p. 410) De même, le Conseil a admis la
possibilité de contester à l'occasion d'un recours contre un acte individuel par la voie de l'exception d'illégalité,
un acte réglementaire de transposition de la directive contraire aux objectifs de cette directive (CE. 8.12.1991.,
Palazzi AJDA. 1991. p 827. T.A. de Lyon. 25.10.1979. Stasi, Lebon, p 535). Cependant le contrôle de la
compatibilité de la mesure réglementaire avec les objectifs de la directive n'est pas d'office, il ne peut résulter
que d'un moyen soulevé par le requérant (CE. 11.01.1991., SA. Morgane RJF. 1991, p. 136-137). Mais
le Conseil d'Etat français accepte aussi l'invocabilité de la directive aux fin de l'interprétation de mesures
réglementaires (CE. 9.03.1984., Beaudrait et a., Lebon, Tables. P 513).
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l'a été, le destinataire de l'acte individuel peut utiliser la voie de l'exception d'illégalité en dirigeant son recours
contre la loi ou le règlement qui sert de base juridique à l'acte individuel en invoquant leur incompatibilité avec
les objectifs de la directive (cf ; supra). D'ailleurs l'Etat lui-même ne peut invoquer une directive qu'il n'a pas
transposée (CE. 23.06.1995., SA Lilly France, Dr. Adm. /1995 n° 433). On notera toutefois que l'invocabilité
de la directive souhaitée par la Cour de justice dans son arrêt Ratti (CJCE. 5.12.1979., 148/78, p. 1629) vaut
aussi pour la directive non transposée à l'expiration du délai de transposition.
L’arrêt Perreux arrêt d’Assemblée du Conseil d'Etat du 30 octobre 2009 met fin à cette jurisprudence très
largement critiquée qui a prévalu durant plus de trente et un ans, en un considérant de principe qui affirme que «
tout justiciable peut se prévaloir, à l’appui d’un recours dirigé contre un acte administratif non réglementaire des
dispositions précises et inconditionnelles d’une directive, lorsque l’Etat n’a pas pris, dans les temps impartis par
celle-ci, les mesures de transposition nécessaires ; » (CE, Ass, 30 octobre 2009, req 298348, considérant n°9).
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Section 2. Le système juridictionnel de
l’Union européenne
Le système juridictionnel qui veille à l’application du droit dans l’Union européenne est partagé entre les
organes juridictionnels propres à l’Union et les juridictions des Etats membres qui sont les juges de droit
commun du droit européen. En ce qui concerne les organes de l’Union, la terminologie introduite par le traité
de Lisbonne simplifie les choses : désormais une seule Cour : la Cour de justice de l’Union européenne réunit
trois juridictions distinctes : la « Cour de justice » le « Tribunal » et le « Tribunal de la fonction publique ».
Juridictions de l’Union et juridictions des Etats membres.
La mission de la Cour de justice de l’Union Européenne est, aux termes de l’article 19,1, al1 TUE, définie par
une formule qui remonte au traité CECA : elle « assure le respect du droit dans l’interprétation et l’application
des traités ». Mais le même article 19,1 TUE définit aussi, dans son second alinéa la mission toute aussi
essentielle des juridictions nationales. « Les Etats membres établissent les voies de recours nécessaires pour
assurer une protection juridictionnelle effective dans les domaines couverts par le droit de l’Union ». La part des
juridictions nationales dans la « protection juridictionnelle effective » des droits que détiennent les destinataires
du droit de l’Union ; s’est progressivement affirmée mais elle a toujours été indissolublement liée à celle des
juridictions qui composent la Cour de justice de l’Union européenne.
La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) est depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er
décembre 2009, l’Institution de l’Union qui englobe (article 19 TUE) trois juridictions :
• la « Cour de justice » (CJ)
• le « Tribunal » (Trib)
• le « Tribunal de la Fonction publique » (TFP) qui est, à ce jour, le seul des « tribunaux spécialisés »
mentionnés par l’article 19 TUE.
D’ores et déjà, cependant l’article 262 TFUE contient des dispositions spécifiques relatives au contentieux de
la propriété intellectuelle et laisse prévoir la création éventuelle d’un « tribunal de la propriété intellectuelle »
qui serait la quatrième juridiction de la CJUE.
Cette Institution fondamentale de l’Union européenne a traversé toute l’histoire des Communautés
européennes puis de l’Union européenne. Ses structures et ses compétences en ont été progressivement
enrichies (§1) jusqu’à devenir avec le traité de Lisbonne un ensemble complexe de trois juridictions entre
lesquelles se répartit le contentieux de l’Union et qui entretient entre elles des rapports fonctionnels.
La déclaration Schuman du 9 mai 1950 ne mentionnait qu’une institution la « Haute Autorité » et n’évoquait nulle
part l’existence d’une Cour de justice. Très rapidement cependant apparut la nécessité d’un tribunal chargé
de contrôler la légalité des décisions de la Haute Autorité du Conseil spécial des ministres (projet présenté
par le Gouvernement français le 24 juin 1950). L’article 7 du traité de Paris du 18 avril 1951 institue une Cour
de justice dont les compétences sont décrites dans les articles 33 à 44. Cette Cour s’inspire visiblement du
modèle français de contrôle de la légalité dont elle transpose certains éléments : les « avocats généraux »
inspirés des « commissaires du gouvernement » ou le recours en annulation, proche du « recours pour excès
de pouvoir » devant les juridictions administratives françaises mais d’autres recours (comme le recours en
carence ou le recours en indemnité sont assez éloignés du modèle français. La nouvelle Cour de justice de la
CECA s’est installée à Luxembourg et a adapté son règlement de procédure le 4 mars 1953.
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Les traités de Rome du 25 mars 1957 instituant la Communauté Economique Européenne (CEE) et la
Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) créaient, chacun, une Cour de justice, mais pour
éviter la juxtaposition de trois juridictions statuant dans le cadre de chacune des trois Communautés, ils
confièrent la tache de veiller au respect du droit dans l’application des trois traités à une institution commune
aux trois Communautés : la Cour de justice des Communautés européennes qui fit l’objet d’une convention
annexée aux traités de Rome. La CJCE fut donc, comme l’Assemblée parlementaire, une institution commune
à la CECA, à la CEE et à la CEEA avant même que le « traité de fusion » de 1965 fusionne les trois Conseils des
ministres d’une part, et les Commissions CEE et CEEA et la Haute Autorité de la CECA en une « Commission
européenne, d’autre part.
C’est surtout au cours des premières décennies qui suivirent son entrée en fonctionnement que la CJCE
développa une jurisprudence très créative et définit les concepts qui sont encore à la base du droit
communautaire : ordre juridique communautaire, primauté et invocabilité du droit communautaire, principes
généraux du droit communautaire, compétences conventionnelles implicites, etc… (cf. supra, S). Les raisons
de cette créativité tiennent à la fois aux circonstances et aux personnes. Les commencements d’une
construction aussi ambitieuse que la construction européenne sont, en général, optimistes et portent à faire
confiance aux institutions nouvelles. Ils sont aussi propices à la créativité d’acteurs disposant d’une vaste
culture, de fermes convictions et pouvant agir avec une certaine liberté dans l’indifférence des institutions
établies. Certains passages des arrêts de la Cour ou des conclusions de ses avocats généraux méritent de
figurer parmi les meilleurs pages de doctrine. Certains juges et certains avocats généraux se sont exprimés
hors de l’exercice de leurs fonctions dans des travaux scientifiques (voir bibliographie générale). On n'évoquera
ici que livre désormais classique de Robert Lecourt, « L’Europe des juges » (Bruylant, Bruxelles 1976), précieux
témoignage sur ces années fondatrices. En France cette jurisprudence fut accueillie par une doctrine partagée
et peu nombreuse, à cette époque. Il y eut les commentaires souvent favorables des professeurs Paul Reuter
et Pierre-Henry Teitgen pour ne parler que des plus anciens et plus tard, ceux, plus critiques, du doyen Jean
Boulouïs. Il y eu aussi de vives critiques provenant de certains milieux juridiques ou politiques. La connaissance
de ces controverses, parfois très vives mais ignorées des autres milieux juridiques et, a fortiori du grand public,
enrichirait la compréhension du droit européen.
Les traités successifs qui ont révisé les traités communautaires « Acte unique », traité d’Amsterdam, traité
de Maastricht, traité de Nice ont peu modifié les règles de fonctionnement de la Cour de justice. Le traité
de Maastricht, cependant, a exclu de la compétence de la Cour les deux « piliers intergouvernementaux
», PESC et coopération dans le domaine des affaires intérieures et de la justice (CAIJ) qu’il instituait.
Mais le traité d’Amsterdam a « communautarisé » et donc soumis au contrôle de la Cour une partie du «
troisième pilier » (CAIJ) qui a été intégrée dans le traité instituant la Communauté européenne et dont les
dispositions sont devenues les titres IV et VI du TCE. Le traité de Lisbonne du 13 décembre 2007, entré
en vigueur le 1er décembre 2009, poursuit le processus de communautarisation en supprimant les « piliers
intergouvernementaux » et en réintégrant ce qui porte désormais le nom d’Espace de liberté, de sécurité et de
justice » (titre V du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne TFUE) dans le régime communautaire
et donc sous le contrôle de la Cour de justice de l’Union (avec certaines restrictions cependant).
Dans le traité de Lisbonne les dispositions relatives au système juridictionnel de l’Union sont réparties entre
l’article 19 du traité sur l’Union européenne (TUE) qui en donne une description synthétique, les articles 251
à 281 du TFUE diverses dispositions annexées et le « protocole sur le statut de la Cour de justice de l’Union
européenne. Ces dispositions se substituent à celles du traité de Nice. L’essentiel des changements importants
figuraient déjà dans le traité établissant une constitution pour l’Union (non entré en vigueur) élaboré par la
« Convention sur l’avenir de l’Europe » qui avait conduit une réflexion approfondie sur le fonctionnement du
système juridictionnel de l’Union.
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Les premiers lecteurs du traité de Lisbonne ont estimé que les changements qu’il apportait à l’organisation
du système juridictionnel de l’Union étaient moins importants que ceux qui concernaient les procédures du
contrôle juridictionnel. Ils ne sont cependant pas négligeables.
B. La Cour de justice
1. La composition
Le traité de Lisbonne ne modifie pas le nombre des juges en vigueur depuis le traité de Nice. La Cour de
justice est composée « d’un juge par Etat membre » (article 19,2, al 1 TUE) soit, en 2010, 27 juges. Il en va
différemment du nombre d’avocats généraux. L’article 19,2, al 3 TUE ne précise pas leur nombre mais l’article
252, al 1 TFUE prévoyait que sur demande de la Cour le Conseil statuant à l’unanimité, pourrait augmenter
leur nombre. La conférence intergouvernementale qui a élaboré le traité de Lisbonne a déclaré que si la Cour
de justice le demandait le nombre d’avocats généraux serait augmenté de trois personnes et que, dans ce
cas, la Pologne, comme c’était déjà le cas pour l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni
aurait un avocat général permanent. (Déclaration n° 38 ad art. 252 TFUE). En pratique les sièges d’avocats
généraux se répartiront ainsi :
• 6 sièges permanents (Allemagne, France, Italie, Espagne, Pologne, Royaume-Uni)
• 5 sièges participant au système de rotation entre les autres Etats membres
Les avocats généraux ont pour rôle aux termes de l’article 252 TUE « de présenter publiquement, en toute
impartialité et en toute indépendance, des conclusions motivées sur les affaires qui, conformément au statut
de la Cour de justice de l’Union européenne, requièrent son intervention ».
Toutes les affaires ne requièrent pas les conclusions d’un avocat général. Depuis le traité de Nice, dans le
but d’alléger les procédures, chaque fois que cela est possible la présentation de conclusions est facultative
(art. 20 du statut de la Cour). Le rôle de l’avocat général est néanmoins très important dans certaines affaires.
Il est conseillé de se reporter à l’entretien donné par l’avocat général Marco Darmon et « podcasté » en tête
de cette leçon.
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solution censée favoriser l’acquisition d’une expérience et l’indépendance de l’avocat général qui ne fut pas
retenue.
4. l’organisation interne
a) Le président
Les juges de la Cour désignent en leur sein le président de la Cour pour une période de 3 ans renouvelable.
Le président dirige les travaux et les services de la Cour. Il préside les audiences et les délibérations des
grandes formations de jugement. Les chambres à 5 juges sont élus pour 3 ans et ceux des chambres à 3
juges le sont pour un an.
• L’Assemblée plénière (ou plénum), au sein de laquelle siègent tous les juges, est la formation requise
par le statut de la Cour dans certains cas (démission d’office d’un membre de la Commission ou du
Médiateur) ou lorsqu’une affaire revêt une importance exceptionnelle. C’est une formation qui se réunit
rarement.
• La « Grande chambre » (ou « petit plénum ») composée de 14 juges connaît des affaires dans lesquelles
un Etat membre ou une Institution de l’Union, partie à l’affaire, le demande ou celles qui paraissent
particulièrement importantes et complexes.
• Les chambres à 5 juges sont celles qui jugent le plu grand nombres d’affaires.
• Les chambres à 3 juges traitent un grand nombre d’affaires. Parmi elles figure la chambre spécialisée à
laquelle est confiée depuis 2008 la procédure préjudicielle d’urgence de l’Espace de liberté, de sécurité
et de justice (ELSJ).
c) Le Tribunal
« Tribunal » est le nouveau nom du « Tribunal de première instance » (TPI) qui fonctionne depuis le 1er
septembre 1989. Son existence résulte de l’expansion du contentieux européen. Dès 1977 la Cour avait
souhaité voir créer un tribunal administratif qui la déchargerait du contentieux répétitif de la fonction publique
communautaire. Plus tard, elle souhaita que ce tribunal reçoive d’autres compétences. L’Acte unique (art. 168,
A CEE) donna au Conseil la possibilité d’adjoindre à la Cour une juridiction chargée de connaître certains
recours formés par des personnes physiques ou morales, ce qu’il fit par une décision du 24 octobre 1988
(JOCEL 319, p1). Le nouveau « Tribunal de première instance » entra en fonction le 1er septembre 1989.
Les traités successifs de révision ont élargi ses compétences et son rôle était devenu à son tour très chargé.
Durant les 15 premières années de son fonctionnement, le TPI a clôturé plus de 4700 affaires qui, en grande
majorité, concernaient le contentieux de la concurrence, le contentieux des marques et le contentieux de la
fonction publique qui, à partir de 2004 a été transféré à une nouvelle chambre spécialisée : le Tribunal de la
fonction publique (cf.infra).
Le nombre de juge, un par Etat membre dans le traité de Nice, est pour le moment inchangé. L’article 19 § 2,
al 2 TUE précise cependant que « le Tribunal compte au moins un juge par Etat membre (et non comme pour
la Cour de justice « un juge par Etat membre »), ce qui rend possible une augmentation du nombre de juges
du Tribunal qui, aux termes de l’article 254, al 1 TFUE, est fixé par le statut de la Cour de justice de l’Union
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européenne. Cette partie du statut peut être modifiée selon la procédure législative ordinaire sans recourir à
la procédure de révision.
Les juges du Tribunal sont nommés d’un commun accord par des Etats membres pour six ans. Leur mandat
est renouvelable. Le tribunal fait l’objet d’un renouvellement partiel tous les trois ans. Ils sont choisis « parmi
les personnes offrant toutes les garanties d’indépendance et possédant la capacité requise pour l’exercice
de hautes fonctions juridictionnelles » (art 254, 2 TFUE) (tandis que les juges de la Cour de justice doivent
posséder la capacité requise pour l’exercice « des plus hautes fonctions juridictionnelles » (art. 253, 1, TFUE).
Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne leur nomination est, comme celle des juges et des avocats
généraux de la Cour de justice, précédés de la consultation d’un comité chargé de donner un avis « sur
l’adéquation des candidats à l’exercice des fonctions de juge et d’avocat général » (art. 255 TFUE) (cf supra.B).
Les juges du Tribunal désignent parmi eux le président du Tribunal dont le mandat de 3 ans est renouvelable
(art. 254, al 3 TFUE).
Il n’y a pas jusqu’à maintenant, d’avocats généraux au Tribunal. L’article 254, 1 TFUE donne cependant au
statut de la Cour de justice de l’Union la faculté de prévoir que le Tribunal soit assisté d’avocats généraux.
D’ores et déjà cependant la fonction d’avocat général peut être confiée à un juge du Tribunal.
L’article 287, al 1 TFUE donne désormais un cadre général à ces «tribunaux spécialisés ». Le Parlement
européen et le Conseil pourront créer par règlement en utilisant la procédure législative normale, « des
tribunaux spécialisés adjoints au Tribunal chargés de connaître en première instance de certaines catégories
de recours formés dans des matières spécifiques ». A moins que le règlement qui les instituera n’en
dispose autrement ce sont les dispositions des traités relatives à la CJUE et celle du statut de la CJUE qui
s’appliqueront aux tribunaux spécialisés (art. 257, al 6, TFUE) mais les règles particulières ne pourront déroger
aux dispositions centrales du statut (qui ne sont pas modifiables par la procédure législative ordinaire) : c’est
pourquoi le titre I du statut et son article 64 s’appliqueront en tout état de cause aux tribunaux spécialisés (art.
257, al 6 TFUE).
Les membres des tribunaux spécialisés sont nommés par le Conseil à l’unanimité (art. 252 TFUE) « parmi
les personnes offrant toutes les garanties d’indépendance et possédant la capacité requise pour l’exercice de
fonctions juridictionnelles » (art. 257, al 4 TFUE). La décision du Conseil du 2 novembre 2004 qui a institué le
Tribunal de la fonction publique a instauré un mécanisme destiné à garantir un niveau élevé de compétence
des membres du TFP, qui n’existait pas à l’époque pour les juges de la Cour de justice et du TPI et qui ne
fut introduit que par le traité de Lisbonne.
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Le traité de Lisbonne n’a pas bouleversé les compétences de la CJUE mais il les a substantiellement étendues
en renforçant les compétences de la Cour de justice dans les matières relevant de l’espace liberté, de sécurité
et de justice, en les étendant aux recours contre certains actes du Conseil européen, des agences et des
organes de l’Union. Il en a aussi facilité l’exercice en élargissant les conditions de recevabilité des recours
en annulation des personnes physiques et morales contre les actes réglementaires qui ne comportent pas de
mesures d’exécution (cf leçon n°4) et il en a renforcé l’efficacité en augmentant l’incitation financière des Etats
membres a exécuter les arrêts en manquement (cf leçon 7). Ce sont souvent des compétences attribuées
globalement par les traités à la CJUE et dont l’attribution à l’une des trois juridictions composantes résulte des
traités eux-mêmes, du statut de la Cour ou des règlements de procédure. Il y a cependant des exceptions.
• L’article 269 TFUE, entièrement nouveau attribue compétence à la Cour de justice pour apprécier
la légalité de certains actes du Conseil européen et pour constater l’existence d’un risque grave de
violation par un Etat membre des valeurs fondamentales de l’Union telles qu’énumérées à l’article 7 TUE,
constatation préalable à d’éventuelles sanctions contre cet Etat membre.
• L’article 273 TFUE attribue aussi compétence à la Cour de justice pour connaître des différends entre
Etats membres en connexité avec l’application des traités et qui lui seraient soumis en vertu d’un
compromis.
La répartition du contentieux entre les trois juridictions est antérieure au traité de Lisbonne. Elle s’est réalisée
au fur et à mesure que des juridictions nouvelles (TPI et TFP) sont venues accompagner la Cour de justice.
Le traité de Lisbonne complète cette répartition. Dans la TFUE la répartition du contentieux entre les trois
juridictions peut se lire à partir des compétences du Tribunal (ex TPI). L’article 256, §1 TFUE donne désormais
une énumération des compétences du Tribunal soit :
• Le Tribunal est compétent pour connaître en première instance (ses décidions sont alors
susceptibles de pourvois devant la Cour de justice)
• des recours en annulation de l’article 263 TFUE
• des recours en carence de l’article 265 TFUE
• des exceptions d’illégalité de l’article 268 TFUE
• des affaires qui lui sont attribuées en vertu d’une clause compromissoire insérée dans un contrat
de droit public ou de droit privé conclu par l’Union ou pour son compte (art. 272 TFUE)
• Le Tribunal est compétent pour connaître des appels contre les décisions des tribunaux spécialisés :
en l’occurrence le Tribunal de la fonction publique (article 256, § 2 TFUE). Ses décisions rendues en
appel sont susceptibles d’un « réexamen » par le Cour de justice.
• L’article 256, § 3, al 1 et 2 prévoit la possibilité pour le Tribunal d’exercer une compétence préjudicielle
« dans les matières spécifiques déterminées par le statut ». Les questions préjudicielles lui sont alors
soumises sur la base de l’article 267, b, al 3 sur la validité ou l’interprétation des actes puis les organes
ou organismes de l’Union ».
Les décisions rendues à titre préjudiciel par le Tribunal « peuvent exceptionnellement » faire l’objet d’un «
réexamen » par la Cour de justice. « dans les conditions et limites prévues par le statut, en cas de risques
sérieux d’attente à l’unité ou à la cohérence du droit de l’Union » (art 256, § 3, al 3 TFUE). Le Tribunal peut
lui-même s’abstenir de statuer et renvoyer l’affaire devant la Cour de justice, lorsqu’il estime que l’affaire «
appelle une décision de principe susceptible d’affecter l’unité ou la cohérence du droit de l’Union » (article
256, § 3, al 2 TFUE).
Ces nouvelles dispositions ne font pas disparaître le système de répartition du contentieux en vigueur depuis
le Traité de Nice.
Le Traité de Nice avait mis en place une nouvelle architecture du système juridictionnel de l'Union européenne
(articles 220,§2 et 225 A) caractérisée par la superposition de trois degrés de juridiction. Le premier degré
est constitué par les formations statuant en premier ressort : les ''chambres juridictionnelles'', appelées à se
séparer progressivement du T.P.I. comme le Tribunal de la fonction publique créé en 2004 (et demain peut-
être la juridiction qui accueillerait le contentieux de la propriété intellectuelle). Le Tribunal de première instance
est destiné à assurer le deuxième degré de juridiction en statuant en appel sur les décisions des juridictions
spécialisées tout en restant compétent en premier ressort pour le contentieux non attribué aux juridictions
spécialisées. La Cour de justice est appelée à assurer en dernier ressort l'unité d'application et d'interprétation
du droit communautaire.
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Sur la base du Traité de Nice et des réformes ultérieures (notamment la révision de l'article 51 du statut de la
Cour en juin 2004 et la création du Tribunal de la fonction publique), la répartition des compétences entre la
Cour de justice, le T.P.I. et le T.F.P. pouvait être schématisée ainsi :
• Les recours en manquement : la Cour de justice reste seule compétente pour connaître des recours
en constatation de manquement formés par la Commission contre un Etat membre (art 260. TFUE, ex
art 228 TCE).
• Les renvois préjudiciels (article 267 TFUE, ex art 234 TCE) : la Cour de justice est seule compétente
pour connaître des renvois préjudiciels tant que le transfert au Tribunal de première instance des
questions préjudicielles « dans les matières spécialisées déterminées par le statut », rendu possible par
l’article 256,3 TFUE,( ex art 256 TCE), n’a pas eu lieu.
• Les recours en annulation (articles 263 et 264 TFUE, ex art 230 et 231 TCE) :
• La Cour est compétente pour connaître en première instance des recours formés par les Etats
membres contre les actes du Conseil, du Parlement et contre les actes de ces deux institutions
agissant conjointement, à l'exception des recours contre les actes du Conseil dans le domaine des
aides d'Etat, des mesures de défense commerciale, et contre les actes du Conseil pour lesquels le
Conseil exerce une compétence d'exécution. La Cour est compétente pour connaître des recours
intentés par une institution contre les actes d'une autre institution.
• Le Tribunal de première instance est compétent pour connaître des recours des Etats membres
contre les actes de la Commission et des recours formés par les Etats membres contre les actes du
Conseil pris dans le domaine des aides d'Etat ou dans celui des mesures de défense commerciale
et contre les actes du Conseil par lesquels celui-ci exerce des compétences d'exécution (décision
du Conseil 2004/407/CE, Euratom du 26 avril 2004). Il est compétent pour connaître des recours
contre les actes de la Banque centrale et contre les actes de la Commission (à l'exception de ceux
entrant dans le domaine des coopérations renforcées).
• Les recours en carence (article 265 TFUE, ex art 232 TCE) : la répartition des compétences obéit à la
même logique que dans les recours en annulation.
• La Cour est compétente pour connaître en première instance des recours des Etats membres
contre les omissions de statuer du Conseil, du Parlement ou du Conseil et du Parlement agissant
conjointement.
• Le Trb (ex T.P.I.) est compétent pour connaître des recours en carence formés par les personnes
physiques et morales.
• Les recours en responsabilité : désormais, le Trb (ex T.P.I.) est seul compétent pour connaître en
première instance des recours tendant à obliger les Communautés à réparer les dommages causés par
les Institutions ou par leurs agents. Ses décisions sont susceptibles de pourvoi devant la Cour de justice.
• Les litiges entre la Communauté et ses agents (contentieux de la fonction publique) : depuis le
transfert des affaires pendantes opéré en décembre 2005, le Tribunal de la fonction publique est seul
compétent pour connaître de ces recours autrefois jugés par le Tribunal de première instance. L'appel
de ses décisions est porté devant le Trb (ex T.P.I.).
• Les recours fondés sur les clauses attributives de compétence insérées dans les contrats conclus
par les Communautés : le Tribunal (ex T.P.I.) est compétent pour connaître de ces recours. Le pourvoi
contre ses arrêts est possible devant la Cour de justice.
• Les recours en matière de propriété intellectuelle et marque communautaire : le Tribunal (ex T.P.I.)
est compétent pour en connaître en première instance.
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Le système juridictionnel de l’Union européenne s’est progressivement complexifié jusqu’à devenir un système
de juridiction à trois degrés dans lequel interviennent la Cour de justice, le Tribunal et le Tribunal de la
Fonction publique. Cette hiérarchie fonctionnelle reste interne à l’Union et n’inclut pas les juridictions nationales
lorsqu’elles appliquent le droit de l’Union. Les rapports de la C.J.U.E. avec les juridictions des Etats membres
sont, en principe, des rapports de coopération et non de subordination, encore que l’évolution tende parfois
à un alignement spontané des jurisprudences nationales sur la jurisprudence de la C.J.U.E., comme on l’a
constaté dans le domaine du renvoi préjudiciel (cf infra, la leçon relative aux effets des décisions préjudicielles
de la C.J.U.E.)
La hiérarchie fonctionnelle des juridictions composant actuellement la CJUE s’est instaurée au fur et à mesure
que la Cour de justice des Communautés européennes s’est vue accompagnée par le Tribunal de première
instance et par le Tribunal de la Fonction publique. Les auteurs des modifications successives des Traités ont
entendu éviter la contradiction éventuelle des jurisprudences de ces trois juridictions et ils ont investi la Cour
de justice de la mission de maintenir la cohérence de la jurisprudence communautaire et l’unité d’interprétation
et d’application du droit de l’Union.
On peut valablement soutenir l’existence de trois degrés de juridiction bien qu’ils soient de nature différente.
Le deuxième degré de juridiction résulte de pourvois contre les décisions de la juridiction de premier degré
(pourvoi formé devant la Cour de justice contre les décisions rendues par le Tribunal et pourvoi formé devant le
Tribunal contre les décisions rendues par le Tribunal de la Fonction publique). Le troisième degré de juridiction,
exceptionnel, résulte du réexamen par la Cour de justice des décisions rendues par le Tribunal sur pourvoi
contre les décisions rendues par le Tribunal de la Fonction publique. Les procédures sont différentes : les
pourvois sont formés par l’une des parties au procès devant la juridiction de premier degré et visent à obtenir
l’annulation ou la reformation de sa décision, le réexamen par la Cour de justice des décisions du Tribunal
statuant sur pourvoi contre une décision du TFP n’est pas provoqué par l’une des parties, c’est une procédure
interne d’auto-saisine par la Cour de justice lorsqu’elle estime qu’une décision de ce type présente un risque
sérieux d’atteinte à la cohérence du droit de l’Union. Mais si les procédures sont différentes le but est le même :
maintenir l’unité d’interprétation et d’application du droit de l’Union.
La Cour de justice apparaît donc comme l’autorité judiciaire suprême de l’Union européenne. Elle est
actuellement au sommet de la hiérarchie judiciaire de l’Union (A) et ses décisions ne sont soumises au contrôle
d’aucune autre juridiction nationale ou internationale (B). Tel est l’état du droit en 2012. En sera-t-il de même
dans l’hypothèse, prévue par le Traité de Lisbonne, d’une adhésion de l’Union européenne à la Convention
européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ? Cette hypothèse suggère
d’esquisser la problématique des rapports qu’entretiendraient la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)
et la Cour européenne des droits de l’Homme (Cour E.D.H.) (C).
Les voies de contestation des décisions du Tribunal et du Tribunal de la Fonction publique, prévues par le
Traité sont de deux sortes : pourvoi et appel
• Le pourvoi est « limité aux questions de droit » (art. 256, §1, al 2 TFUE pour les pourvois contre
les décisions du Tribunal, et art 257, §1, al 3 TFUE, pour les pourvois contres les décisions du
TFP). Le pourvoi peut concerner la décision qui clôt l’instance (arrêt ou ordonnance) mais aussi
les décisions successives de la procédure (exception d’incompétence ou d’irrecevabilité, mesures
provisoires, acceptation des interventions…) et il peut aboutir à l’annulation totale ou partielle de la
décision qui en est l’objet.
• L’éventualité d’instaurer un appel « portant également sur les questions de fait » est réservée par
l’article 257, al 3 TFUE aux décisions des « tribunaux spécialisés » lorsque la décision qui les créé le
prévoit. En l’état actuel du droit, elle ne pourrait donc concerner que le Tribunal de la Fonction publique
mais n’a pas encore été réalisée.
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• le « réexamen », comme on l’a vu, n’est ni un pourvoi, ni un appel mais une procédure interne de la
Cour de justice et qui reste exceptionnelle. La pyramide des trois degrés de juridiction au sommet de
laquelle se trouve la Cour de justice peut se résumer par les trois propositions suivantes :
1) La Cour de justice est compétente pour connaître des pourvois formés contre les décisions rendues
par le Tribunal en vertu de l’article 256, §1, al 2 TFUE (ex art. 225, §1, al 2 TCE). Si l’existence d’un tel pourvoi
était jugée nécessaire au maintien de la cohérence de la jurisprudence communautaire, il convenait cependant
d’en éviter la multiplication qui aurait engorgé le rôle de la Cour de justice, ce qui aurait été à l’exact opposé
de la raison qui avait conduit à créer le Tribunal. La Cour de justice s’est donc montrée dès le début assez
restrictive dans l’accueil de ces pourvois et les justiciables en ont tenu compte. La procédure de ce pourvoi
fera l’objet d’une analyse détaillée plus loin.
2) Le Tribunal est compétent pour connaître des pourvois contre les décisions rendues par le Tribunal
de la Fonction publique (art 257, al3 TFUE (ex art 225A, TCE), articles 9 à 13 de la décision du Conseil
2004/752 du 2 novembre 2004 instituant le Tribunal de la Fonction publique, articles 137 à 149 du Règlement
de procédure du Tribunal de la Fonction publique). Cette procédure est directement inspirée du pourvoi devant
la Cour de justice contre les décisions du Tribunal. Les moyens et la nature du contrôle exercé sont semblables.
Sa pratique est restée à un niveau raisonnable. Durant les trois premières années de son fonctionnement
(2006 à 2008) le Tribunal a jugé 21 pourvois, en a rejeté 14 et accueilli 7.
3) La Cour de justice est compétente pour procéder au réexamen des décisions rendues par le Tribunal
sur pourvoi contre les décisions du Tribunal de la Fonction publique (article 256, § 2, al 2 (ex art 225, §
2 TCE), art 62 à 62 ter du statut de la Cour de justice, art 123 bis et 123 sexto, du Règlement de procédure
de la Cour de justice). La possibilité d’une procédure semblable est prévue pour les décisions du Tribunal
rendues sur renvoi préjudiciel (article 256, § 3 TFUE) mais cette compétence du Tribunal n’a pas encore été
mise en œuvre.
L’article 256, §2 TFUE donne au Tribunal compétence pour connaître des pourvois formés contre les décisions
des tribunaux spécialisés et prévoit que ces décisions rendues par le Tribunal « peuvent exceptionnellement
faire l’objet d’un réexamen par la Cour de justice dans les conditions et limites prévues par le statut, en cas de
risque sérieux d’atteinte à l’unité ou à la cohérence du droit de l’Union » (art 256, §2, al 2 TFUE). Le Tribunal
de la Fonction publique étant, à ce jour, le seul « tribunal spécialisé » existant, ce sont seulement les décisions
du Tribunal rendues sur pourvoi contre les décisions du TFP que peuvent faire l’objet d’un « réexamen » par la
Cour. Cette procédure qui n’est ni un pourvoi ni un appel donne à la Cour de justice la possibilité de s’autosaisir
de ces décisions. Elle a pour finalité la sauvegarde de l’unité d’interprétation et d’application du droit de l’Union.
La Cour de justice est saisie d’une proposition de réexamen par son premier avocat général lorsque celui-ci
estime qu’une décision du Tribunal de ce type présente un « risque sérieux d’atteinte à l’unité ou à la cohérence
du droit de l’Union » (art 256, §2, al 2 TFUE). La procédure se déroule dans des délais très brefs : la saisie
de la Cour doit avoir lieu dans le délai d’un mois à compter de la décision du Tribunal et la Cour de justice
dispose d’un mois pour statuer. L’affaire est confiée à une chambre spéciale composée du président de la
Cour de justice et de quatre des présidents de chambre à cinq juges et traitée selon une procédure d’urgence.
Le caractère interne de la procédure explique que la proposition de réexamen n’est pas rendue publique et
que la Cour ne motive pas sa décision lorsqu’elle juge qu’il n’y a pas lieu à réexamen. Dans son arrêt, la Cour
de justice, si elle estime que certains points de la décision du Tribunal menacent l’unité et la cohérence du
droit de l’Union, peut renvoyer l’affaire devant le Tribunal qui sera, dans sa nouvelle décision, lié par le « point
de droit » tranché par la Cour de justice à l’arrêt peut également indiquer ceux des effets de la décision du
Tribunal qui doivent être considérés comme définitifs à l’égard des parties.
Le « réexamen » reste une procédure exceptionnelle. Les arrêts de la Cour de justice qui en découlent (qui
sont suivis de la référence RX, pour « réexamen ») sont encore rares. Le premier arrêt « RX » (dans l’affaire
Genetti : CJCE 5-12-2009, C-21/09 RX a été rendu sur réexamen de l’arrêt du Tribunal du 18.12.2008 dans
l’affaire Belgique et Commission c/Genetti), a été suivi par deux autres décisions en 2009 (Ord. 24.06.2009,
Réexamen, arrêt. T-12/08.P ; Arrêt 17.12.2009, Réexamen. M/EMA, c-197/09, Rex. R-11, p 1-120033) et d’une
décision en 2011 (Ord. 8.02.2011, Réexamen, commission/Petrelli (c-17/11 RX.).
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La possibilité d’un réexamen par la Cour de justice des décisions du Tribunal rendus sur renvoi
préjudiciel est prévue par l’article 256, §3 TFUE. Le Traité de Lisbonne a prévu la possibilité d’attribuer
au Tribunal la compétence pour connaître des questions préjudicielles « dans les matières spécifiques
déterminées par le statut » en l’entourant de deux précautions :
• le renvoi par le Tribunal de l’affaire devant la Cour lorsqu’il « estime que l’affaire appelle une décision
de principe susceptible d’affecter l’unité ou la cohérence du droit de l’Union » (art 256, §3, al 2 TFUE) ;
• le réexamen, par la Cour de justice des décisions rendues par le Tribunal à titre préjudiciel « en cas de
risque sérieux d’atteinte à l’unité ou à la cohérence du droit de l’Union ». Jusqu’à ce jour cette procédure
n’a pas été mise en œuvre.
Reconnaître à la Cour de justice le caractère de juridiction suprême c’est constater qu’elle est non seulement
au sommet de la hiérarchie juridictionnelle interne à l’Union mais que ces décisions ne sont pas susceptibles
de recours internes ou externes à l’union.
Les décisions de chacune des formations de jugement de la Cour de justice sont des décisions de la Cour
elle-même, elles ne peuvent faire l’objet d’un appel ou d’un pourvoi devant une formation de jugement plus
large (la Grande Chambre ou l’Assemblée plénière)
Il existe certes, des procédures exceptionnelles qui permettent à la Cour de justice de revenir sur ses propres
décisions : l’opposition (art 94, Rg pr CJCE, art 122 Rg pr T, art 116 Rg pr TFP) qui permet à une partie
défaillante contre laquelle a été rendu un arrêt par défaut, de réinstaller le procès devant la même juridiction ;
la révision (art 44 du statut CJ, 98 à 100 Rg pr CJCE, 125 à 128 Rg pr T, 119, Rg pr TFP) qui permet à la
Cour en cas de fait nouveau de remettre en cause l’autorité de chose jugée d’un de ses arrêt, la rectification
des erreurs matérielles et inexactitudes (art 66 Rg pr CJCE, 88 Rg pr T, 84 Rg pr TFP), le recours en
interprétation d’un arrêt. Toutes ces procédures ont en commun de se dérouler devant la Cour de justice elle-
même et ne résultent pas d’un recours contre une décision de la Cour de justice porté devant une juridiction
nationale ou internationale.
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La problématique des rapports entre la cour de justice de l’Union Européenne et la cour Européenne des
droits de l’homme dans la perspective d’une adhésion de l’Union Européenne a la convention Européenne de
sauvegarde des droits de l’homme et des libertes fondamentales.
Dans cette perspective, la problématique globale très complexe de l’adhésion est examinée depuis 2010 dans
de nombreuses enceintes. En adoptant le « programme de Stockholm » le 11 décembre 2009, le Conseil
européen a souhaité que l’adhésion se fasse « rapidement ». La Commission européenne a présenté en
2010 un projet de décision du Conseil de l’Union l’autorisant à négocier l’accord d’adhésion, projet qui fait
l’objet d’un examen approfondi dans les instances du Conseil et les instances nationales (voir notamment la
communication de Robert Badinter du 25 mai 2010 devant la Commission des Affaires Etrangères du Sénat
(E.5248).
Durant la phase préalable à la négociation de l’accord d’adhésion diverses réflexions ont été menées sur
les moyens propres à assurer la conciliation des systèmes juridictionnels de l’Union et de la Convention.
(notamment « Mémorandum du président de la Cour européenne des droits de l’homme aux Etats en vue de
la conférence d’Interlaken 3 juillet 2009 sur site de la Cour EDH. « Document de réflexion de la Cour de justice
de l’Union européenne sur certains aspects de l’adhésion de l’Union européenne à la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales », 5 mai 2010, sur site de la CJUE).
Le point de rencontre des deux systèmes juridictionnels, celui de la Convention européenne au sommet duquel
se trouve la Cour EDH, et celui de l’Union européenne au sommet duquel se trouve la CJUE sera généralement
celui de l’examen de la conformité d’une mesure nationale d’application d’un acte de l’Union, avec les
droits garantis par la Convention européenne. Les particuliers pourront contester la validité de cette mesure
devant les juridictions des Etats membres de l’Union et s’ils ne sont pas satisfaits de la protection qu’ils en
auront obtenue, ils pourront, après épuisement des voies de recours internes déposer un recours contre
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cet Etat devant la Cour EDH. A travers la mesure nationale d’application directement contestée, ce sera la
conformité de l’action de l’Union avec la Convention qui sera indirectement en cause. Dans l’état actuel du
droit, la mesure nationale est susceptible d’être appréhendée par les deux systèmes juridictionnels. C’est cette
double approche qu’il pourrait être utile de concilier.
Au regard de la Convention européenne la mesure nationale s’inscrit dans un processus dominé par le
principe de subsidiarité inhérent à l’application de la Convention : l’Etat lié par la « Convention » garantit
le respect des droits qu’elle protège au niveau interne, par ses organes et notamment par ses juridictions.
Ce sont ces juridictions qui sanctionnent les violations de la Convention : d’où l’exigence de l’épuisement
des voies de recours internes avant de pouvoir saisir la Cour européenne. S’agissant d’une mesure nationale
d’application d’un acte de l’Union (donc, à travers lui d’un acte de l’Union) contre lequel les recours nationaux
ont été épuisés et sur le point d’être examiné par la Cour européenne, la CJUE a estimé qu’il serait utile qu’elle
ait l’assurance que tous les contrôles juridictionnels internes des Etats membres ou de l’Union aient bien été
effectués : « l’Union est appelée à vérifier que, pour ce qui est de son action susceptible de faire l’objet de
recours devant la Cour européenne des droits de l’homme, le contrôle externe par les organes de la Convention
puisse être précédé d’un contrôle interne effectif par les juridictions des Etats membres et/ou celles de l’Union
» (« Document de réflexion de la CJUE sur certains aspects de l’adhésion de l’Union européenne à la CEDH
», op cit pt 7).
Au regard du droit de l’Union européenne : A l’exception des dispositions directement applicables (certains
articles des traités, le règlement communautaire…) les actes de l’Union ne produisent des effets à l’égard
des particuliers que par l’intermédiaire les mesures nationales prises pour leur application. Pour assurer la
mission que lui assigne l’article 19, §1, al 1 du TUE « d’assurer le respect du droit dans l’interprétation et
l’application des traités » la CJUE est seule compétente pour contrôler la légalité des actes des institutions de
l’Union et, le cas échéant, pour les déclarer invalides. Les juridictions nationales peuvent, certes, être amenées
à examiner la validité d’un acte de l’Union qui est la base juridique de l’acte national contesté devant elles
avant d’appliquer cet acte si leur examen ne décèle aucun doute sur sa validité, mais s’il y a un doute sur
cette validité la jurisprudence Foto-Frost (cf infra la leçon sur le renvoi préjudiciel) leur interdit de constater
elle-même l’invalidité de l’acte de l’Union et les oblige à sursoir à statuer et à opérer un renvoi préjudiciel à la
CJUE qui reste seule compétente pour constater l’invalidité de l’acte de l’Union (CJCE 22.10.1987 Foto-Frost,
314/85, p. 4199). L’exclusivité de cette compétence nécessaire à l’uniformité d’application et d’interprétation
du droit de l’Union peut être considérée comme une « spécificité de l’ordre juridique de l’Union » que, selon
le protocole n°8, l’adhésion à la Convention européenne doit préserver. Selon la CJUE « il importe d’éviter
que la Cour européenne des droits de l’homme soit amenée à statuer sur la conformité d’un acte de l’Union
avec la Convention sans que la Cour de justice ait pu, au préalable, se prononcer définitivement à cet égard
» (pt 9 « du document de réflexion »). Cependant, le déclanchement du renvoi préjudiciel dépendant des juges
et non des parties, il n’est pas assuré que la CJUE soit saisie dans tous les cas où la conformité d’un acte
de l’Union au droits garantis pas la Convention est contestée. La CJUE rappelle cependant la nécessité d’un
contrôle interne complet avant la saisine de la Cour EDH : « il importe que lorsqu’un acte de l’Union est mis
en cause, ce soit une juridiction de l’Union qui puisse être saisie afin d’effectuer un contrôle interne avant que
le contrôle externe n’intervienne » (pt 11).
En résumé, dans tous les cas, la conciliation du système de la Convention et de l’ordre juridique de l’Union ne
pourra être assurée que par « un mécanisme susceptible de garantir que la Cour de justice puisse être saisie,
de manière effective, de la question de la validité d’un acte de l’Union avant que la Cour européenne des droits
de l’homme ne statue sur la conformité de cet acte avec la Convention (pt 12) ».
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Section 3. Eléments de procédure
Les sources du droit processuel en vigueur devant les juridictions composant la Cour de justice de l'Union
européenne se trouvent dans les règles contenues dans les traités constitutifs, les actes des Institutions et les
dispositions prises par les juridictions elles-mêmes. L'ensemble de ces règles est considérablement développé
par la jurisprudence de ces juridiction.
Les règles de procédures applicables devant la Cour, le Tribunal et le Tribunal de la fonction publique se
trouvent dans les traités constitutifs (TUE et TFUE), dans le statut de la CJUE. (JO.L, c.83/210), dans la
Décision du Conseil du 2 novembre 2004 instituant le Tribunal de la fonction publique (Jo. L. 9.11.2004), dans
le Règlement de procédure de la Cour du 19.06.1991, (modifié : 24.05.2011 (JO.L 162 du 22.06.2001 et son
règlement additionnel du 21.02.2006, JO.L.72 du 11.032.2006), dans le règlement de procédure du Tribunal
(R.2.05.1991 JO.L. 136 DU 30.05.1991, modif. 24.05.2001), et dans le réglement de procédure du Tribunal
de la fonction publique (R. modifié 18.05.2011 JO.L 162).
Le site de la Cour (Curia) contient aussi de nombreuses informations pratiques à l'usage des conseils et des
plaideurs : modèles de requête, mémoires, résumé des moyens, demande d'aide judiciaire, régime linguistique.
Certaines informations ont un caractère très pédégogique telles les "conseils aux plaideurs".
Les jurisprudences de la Cour, du Tribunal et plus récemment du Tribunal de la fonction publique constituent
aussi une source très riche d'un droit processuel en perpétuelle évolution.
La présente section n'étudie pas dans les détails toutes les procédures en vigueur. Elles sont d'ailleurs
succintement décrite dans le site Curia. Ne sont évoqués ici que quelques éléments fondamentaux.
1 Le principe de la représentation obligatoire des parties dans les recours directs est posé par l'articlre
19 du statut de la Cour (rendu applicable au Tribunal). Il assure, selon l'avocat général K. Roemer, la qualité
de la défense des intérêts des parties et celle du débat juridique puisqu'il "garantit que la Cour n'entendra que
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des opinions juridiques et des explications de fait qu'un avocat a examinées et qui lui ont paru de nature à
être exposées" (K. Roemer, conclusions sous CJCE 2.12.1964, A. Merlini XI - 1, p 20). L'obligation pour les
parties, d'être représentées a pour corollaire que la présence des personnes physiques n'est pas obligatoire.
Leurs frais de déplacement et de séjour à Luxembourg ne sont pas des dépenses récupérables à l'exception
des cas où leur présence est jugée indispensable (CJCE, Ord. 17.09.1981, Oberthur, 27/79, p. 2229).
L'obligation de représentation vaut pour tous les actes de la procédure et pour les plaioieries. Les requêtes et
les mémoires sont rédigées et signées par les représentants des parties qui, selon la formule courante ont, "la
responsabilité de la procédure" (art. 37,1 Reg.pr Cour, art. 43,1 Reg.pr Trib). Est irrecevable un mémoire en
réplique rédigé par la partie elle-même (CJCE 21.01.1965, Merline, 108/63)
5 La qualité de tiers de l'avocat par rapport à la partie qu'il représente est nécessaire à l'indépendance
dont il doit jouir, pour la défense des intérêts de son client et dans l'intérêt supérieur de la justice. La Cour
affirme depuis l'origine que l'avocat "est considéré comme collaborateur de la justice et est appelé à fournir, en
toute indépendance et dans l'intérêt supérieur de celles-ci, l'assistance légale dont le client a besoin" (CJCE
18.05.1982, 155/79, A M Q S Europe c/Commission, p 1575) jurisprudence constante rappelée en termes
identique par le Tribunal : T, Ord, 23.05.2001, Preze Urzedu Komunikacji Elektroniktronicznet/Commission
(T-226/10)
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Pour alle plus loin : Les critères de l'indépendance de l'avocat par rapport à la partie qu'il prétend
représenter
Le juge de l'Union examnie avec un soin particulier le degré d'indépendance de l'avocat par rapport àla partie
dont il souhaite assurer la représentation :
Le Tribunal (TPI à l'époque) a considéré qu'un avocat allemand gérant d'une société d'avocats ne pouvait être
considéré comme tiers par rapport à cette société et assurer sa rerpésentation (TPI, 8.12.1999. T-79/99, Euro-
Lex, c/Ohmi (Eulex), II-3555) cette jurisprudence a été confirmée dans l'affaire "E.R.E.F.". La Commission
avait soulevé une exception d'irrecevabilité contre un recours introduit, en tant qu'avocat indépendant, par le
directeur d'une société. L'avocat alléguait sa totale indépendance à l'égard du conseil d'administration de cette
société. Après un examen approfondi des délibérations du conseil, le Tribunal a déclaré irrecevable la requête
(TPI. Ord. 19.11.2009, T-94/07. EREF c/Commission et 19.11.2009 T-40/08. EREF c/Commission).
La notion essentielle est celle du "rapport d'emploi" dont le contenu effectif, le "lien de subordination"
l'emporte sur les références déontologiques :
"...la notion d'indépendance de l'avocat est définie non seulement de manière positive par une référence
à la discipline professionnelle, mais également de manière négative, c'est à dir par l'absence d'un rapport
d'emploi. Il s'ensuit que l'existence d'un lien de subordination au sein d'une autorité dont la fonction exclusive
est l'assistance au requérant implique un degré d'indépendance moindre que celui d'un conseil juridique ou
d'un avocat exerçant ses acrivités dans un cabinet externe à l'égard de son client" (T. Ord. 23.05.2011. Prezes
Urzedu Komunikacji Electronicznet c/Commission. T-226/10)
6 La représentation des Etats membres et des Institutions de l'Union par un "agent" Les Etats membres
et les institutions de l'Union sont représentés par un "agent". L'agent peut être assisté par un avocat inscrit au
barreau d'un Etat membre ou d'un "conseil". Il est nommé par l'institution pour chaque affaire. c'est en général
un membre du service juridique de l'institution. Les institutions choisissent aussi leur "conseil" en toute liberté:
on a vu le cas d'un juriste auquel le droit national n'attribuait pas le droit de plaider devant les juridictions
nationales (CJCE, 22.05.1985, Parlement c/Conseil, 13/83, p.1513, concl. O. Lenz).
Le choix des "agents" des Etats membres varie d'un Etat à l'autre. Certains Etats membres sont représentés
par un fonctionnaire (Belgique, France, Luxembourg) d'autres par un fonctionnaire assisté d'un avocat
(Irlande, Royaume-Uni) Certains sont représentés par un fonctionnaire d'un type spécial appelé "avocat de
l'Etat" (Espagne, Italie)
§ 2. L'introduction de l'instance
• Les règles de présentation de la requête :
La conséquence est qu'il n'y aura pas d'infra petita ni d' ultra petita. L'objet de la requête fixe le cadre général
du litige. La demande initiale ne pourra pas être complétée par des demandes nouvelles en cours d'instance.
Les conclusions sont définies de manière encore plus stricte par le juge car elles matérialisent l'objet de la
demande qui peut cependant être implicite.
La seule possibilité de modifier les conclusions est que l'acte attaqué ait été modifié en cours d'instance ou qu'il
y ait eu dépôt d'une expertise modifiant les conclusions (CJCE, 14 décembre 1962, MERONI au Rec p 783).
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Bien entendu, si des éléments nouveaux ont été révèles en cours de procédure, il sera possible de former des
moyens nouveaux, mais il s'agit d'un cas exceptionnel et rare (CJCE, 18 octobre 1979, GEMA c/ COMMISSION
au Rec p 3173).
Enfin la requête peut, le cas échéant, fournir des offres de preuve. La requête doit contenir l'élection du domicile.
§ 3. L'instance et sa conclusion
B. La procédure écrite
ARTICLE 20 du Statut.
Dès que la requête est enregistrée au greffe, il y a désignation d'un rapporteur. La requête est envoyée
au défendeur. Mais si le mémoire n'est pas présenté dans les délais il y aura la procédure d'arrêt par défaut.
Les parties peuvent continuer à se répondre avec un mémoire en réplique du demandeur et en duplique du
défendeur. Aucun moyen nouveau ne pourra être ajouté à la requête introductive d'instance.
Par la suite le juge rapporteur présente son rapport préalable dans lequel il se prononcera sur la recevabilité
et le problème de droit ainsi que sur la possibilité de procéder à une instruction qui sera alors attribuée à une
chambre.
Le rapport préalable fera la liste des questions à poser aux parties, aux Etats ou aux institutions. Il se
prononcera sur les moyens de preuve demandés aux parties. Le juge devra statuer et décider des suites à
donner et les parties seront convoquées à l'audience sauf si elles parviennent à s'entendre.
C. La procédure orale
Elle commence par la lecture du rapport présenté par le juge rapporteur. En réalité il est simplement
distribué aux parties. Ce rapport est un texte descriptif qui va reprendre les faits, la procédure et les moyens
des parties. Il ne contiendra aucun élément de discussion des juges.
Cette procédure se poursuit par les plaidoiries des représentants des parties, les questions de la Cour
aux avocats ou aux représentants des parties. Puis a lieu la lecture des conclusions de l'avocat général.
Ensuite, l'affaire sera mise en délibéré et l'instance se terminera par l'arrêt de la formation de jugement. Les
textes ne donneront aucune indication sur le vote ni sur les opinions dissidentes.
Si l'affaire ne soulève aucune question de droit nouvelle on pourra se dispenser des conclusions de l'avocat
général (article 20 du nouveau statut de la Cour issu du Traité de Nice) .
En cas de pourvoi devant la CJCE pour contester une décision du TPI, la procédure peut se dispenser de la
phase orale à condition d'avoir entendu l'avocat général et les parties (article 50 du nouveau statut).
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demandes sur l'authenticité d'un acte. Les incidents peuvent aussi être soulevés d'office par la Cour. Par
exemple une fin de non recevoir d'ordre public, l'incompétence, l'irrecevabilité manifeste.
• La suspension de procédure car il est indispensable d'attendre le prononcé d'un arrêt dans une autre
affaire dont dépend l'instance en cours. Cette possibilité a été ajoutée dans le règlement de procédure en
1991 et la procédure ne peut être suspendue que par le Président après avoir entendu l'avocat général
et les parties.
• L'intervention d'un tiers est acceptée pour limiter le nombre de recours. Cette possibilité ne concerne
que les Etats et les institutions y compris le Parlement.
Bien entendu la CJCE vérifiera que les interventions sont justifiées par un lien direct avec l'affaire.
E. La fin de l'instance
Cela pourra être une fin prématurée en cas de désistement intervenant après accord amiable sauf lorsqu'il y
a un recours en annulation ou en carence. Une décision de non lieu sera prononcée lorsque l'objet du recours
a disparu.
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Section 4. L'activité des juridictions
communautaires
Les statistiques de la justice communautaire sont publiées en annexe des rapports généraux annuels de la
Cour de justice. En voici les données significatives :
Jurisprudence
Une affaire a été jugée pendant 5 ans. La CJCE a sanctionné le TPI pour non respect du délai d'instance
(CJCE, 17 décembre 1998 BAUSTAHLGEWBE c/ COMMISSION au Rec p 8485). En 2005, le rapport s'est
inversé mais le nombre d'affaires pendantes restait très important.
En 2005, les résultats étaient plus satisfaisants : 469 affaires introduites, 610 affaires clôturées. Mais le
nombre des ''affaires pendantes'' résultant des années précédentes était encore très important (1033). La
durée moyenne générale des procédures était en 2005 de 25,6 mois (mais 21,1 mois pour le contentieux de
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la propriété intellectuelle et 19,2 mois pour le contentieux de la fonction publique). De 1989 au 31 décembre
2005, 6824 affaires ont été introduites devant le TPI, et 4791 ont été clôturées, et 1033, à cette date, étaient
pendantes.
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