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Université Ouaga II
UFR/Sciences Economiques et de Gestion
Semestre 4 – Licence 2
Dr Abdoulaye SENGHOR
Enseignant-Chercheur
SYLLABUS
Cours : Crédit : 2
Code : EL2CIVE CADRE CM : 24
INSTITUTIONNEL DE
Code Classe : S4L2 LA VIE ECONOMIQUE
UE : Environnement
PRE REQUIS :
Economie générale
Economie monétaire
Droit du travail
OBJECTIF GENERAL :
Acquérir une culture générale du fonctionnement de l’économie nationale et internationale.
OBJECTIFS SPECIFIQUES
L’étudiant doit être capable de :
Comprendre les théories économiques sur les institutions
Comprendre le fonctionnement du marché des biens et services, du travail et des
capitaux au Burkina Faso
Comprendre la place et le rôle du Burkina Faso dans les relations économiques
bilatérales, régionales et internationales
INTRODUCTION GENERALE
L’ACTIVITE ECONOMIQUE
des institutions existantes, émergence de nouvelles institutions) constituent des questions essentielles
dans les débats économiques et politiques actuels au plan international ou régional, comme aux
différents niveaux nationaux. En effet, qu’il s’agisse des mécanismes de « gouvernance » de
l’économie mondiale, ou encore des institutions nécessaires au développement économique ou à la
transition des pays en développement vers des systèmes d’économie de marché, ou de dispositifs
permettant de prévenir les crises financières et de réguler les marchés boursiers, ou encore des
normes de transparence comptable et de « gouvernement » des grandes entreprises, les enjeux
pratiques et théoriques liés à la définition de la nature des institutions permettant d’assurer une
meilleure coordination des agents et une régulation efficace du système économique sont
unanimement reconnus comme étant essentiels car la mondialisation de l’économie d’inspiration
libérale a des effets sur les pays en développement. Il est donc logique qu’il en aille de même de tout
ce qui constitue l’environnement institutionnel et juridique de l’activité économique et les Institutions
de Bretton Woods (Banque mondiale, FMI) se sont intéressées à la réforme de la législation
économique, financière ou sociale qui conditionnait le processus de « transition » de ces pays vers
l’économie libérale. D’un point de vue pratique, les enjeux de ces réformes institutionnelles sont
particulièrement perceptibles au niveau des débats sur leur rôle dans la croissance et la réduction de
la pauvreté dans les pays pauvres avec notamment en toile de fond la question récurrente de la
redéfinition de la place de l’Etat dans l’économie et la généralisation des vertus du modèle
économique et politique occidental : les cultures et les institutions économiques progressivement
mises en place au niveau national dans les pays développés depuis plusieurs siècles, souvent au prix
de luttes sociales et politiques, sont sans conteste économiquement plus efficaces, socialement plus
justes et plus sécurisés, politiquement plus stables et offrent plus de liberté aux individus. De ce fait,
elles apparaissent désirables en soi : pourquoi alors ne parviennent--elles pas à prévaloir de façon
efficace dans les pays en développement ? Au cœur de ces débats et des difficultés évidentes
rencontrées dans les processus de changements institutionnels jugés souhaitables ou nécessaires, se
situent les questions clés de la pertinence même des institutions retenues comme efficaces et celle de
la définition des modalités pratiques de mise en place de nouvelles institutions ou de réforme de
celles existantes. En définitive, qu’est-ce qu’une institution en économie ? Comment émerge-t-elle ?
Quelles sont les dimensions institutionnelles que recouvre la problématique de la coordination des
activités économiques ? Quelle est la conception des institutions financières internationales des
institutions pertinentes pour la croissance et les modalités pratiques de la mise en place de ces
institutions ? Ce chapitre débute par la clarification même du sens et du contenu de la notion
d’institution, tant dans ses acceptions générales au sein de la littérature économique et sociologique
qu’au niveau plus spécifique des principales théories de la coordination, en particulier celles
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Les institutions opèrent à des niveaux macro ou microéconomiques. Il est possible de les classer en
de nombreuses catégories différentes, comme par exemple : les institutions étatiques ou non-
étatiques ; les institutions relevant du marché ou situées hors marché ; les institutions formelles ou
informelles. Elles peuvent aussi être internes ou externes aux Etats, comme par exemple les
institutions supra-étatiques impliquées dans la ‘’gouvernance globale’’. Ces institutions supra-
étatiques jouent un rôle important dans les pays en développement : leurs économies comme leurs
institutions nationales s’avèrent en effet souvent dépendantes des institutions financières
internationales et des accords multilatéraux. La façon d’appréhender et de comprendre que ces
dichotomies varient beaucoup selon différentes approches théoriques de la notion d’institution qui est
donc par nature polysémique et polymorphe, donc difficile à cerner et à manipuler. Selon les
approches, les institutions peuvent aussi être tout à la fois considérées comme : (1) un « cadre »
(institutionnel) dans lequel s’inscrit la coordination (le modèle d’équilibre général et la théorie des
jeux non coopératifs) ; (2) des « règles, conventions ou normes de comportement » intervenant à la
fois en amont et dans la réalisation même de la coordination (fonction coordinatrice des institutions
dans l’approches de l’économie des conventions) ; (3) des « structures ou organisations de marché
ou hors marché » (formes institutionnelles de la coordination dans le courant néo-institutionnaliste) ;
(4) des « habitudes, coutumes ou régularité de comportement » déterminant de manière très générale
le fonctionnement économique et social au sein d’une collectivité (conception de l’économie
institutionnalistes « à la Veblen »).
1.1.2- Une tentative de synthèse de la notion d’institution
Cette synthèse est proposée par C. Ménard qui définit l’institution comme : « un ensemble de règles
socio-économiques, mises en place dans des conditions historiques, sur lesquelles les individus et les
groupes d’individus n’ont guère de prise, pour l’essentiel, dans le court et le moyen terme. Du point
de vue économique, ces règles visent à définir les conditions dans lesquelles les choix, individuels ou
collectifs, d’allocation et d’utilisation des ressources pourront s’effectuer ». A partir de cette
définition relativement large Ménard distingue les institutions, « qui délimitent les règles du jeu » des
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marchés qui sont conçus comme des mécanismes de transferts des droits de propriété d’une part et
des organisations « qui constituent les arrangements institutionnels ou les structures de gouvernance
qui fonctionnent au sein de ces règles » d’autre part.
De manière très schématique, on peut distinguer, d’une part les approches s’inscrivant dans la
mouvance néoclassique, et, d’autre part, les approches institutionnalistes.
Les approches néo-institutionnalistes considèrent, quant à elles, les institutions à la fois comme des
contraintes et des normes de comportement qui spécifient les règles du jeu en amont de la
coordination économique, mais également comme des dispositifs qui assurent une fonction
coordinatrice essentielle, notamment au travers de l’ajustement mutuel entre agents, de normes
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sociales, de coutumes, de valeurs culturelles, etc. En particulier, ces approches insistent sur le rôle de
la confiance, des attitudes morales, de la réciprocité, des normes et des conventions comme
mécanismes susceptibles de favoriser les comportements coopératifs dans les interactions entre
individus ou organisations. Les institutions sont ainsi considérées comme des dispositifs
coordinateurs dérogeant au principe de comportements strictement intéressés ou opportunistes. Elles
illustrent la capacité des agents à se conformer à des règles de conduite permettant de dépasser le
conflit individuel systématique et de favoriser la coopération par la convergence au moins partielle
des intérêts. S’il existe désormais un consensus sur l’importance des institutions pour le
développement et la réduction de la pauvreté, il demeure très délicat de déterminer comment mieux
tenir compte des institutions pour améliorer l’efficacité des politiques de lutte contre la pauvreté. Des
désaccords subsistent sur de nombreux points. On peut notamment citer : le rôle de l’Etat ; le sens
des relations de causalité (des institutions à la croissance, ou de la croissance aux institutions) ; les
réformes peuvent en effet agir directement sur les institutions ou bien sur des facteurs qui eux-mêmes
améliorent les institutions, comme par exemple les réformes de libéralisation.
Les institutions financières internationales ont suivi dans les années 1980 le cadre conceptuel
néoclassique qui associe efficacité et forces du marché. Les conditionnalités qui étaient alors
attachées à l’accès aux ressources de ces institutions ont été fortement influencées par une
conception de l’Etat ‘’coupable’’ et responsable de l’absence de croissance et de la mise en œuvre
de ‘’mauvaises politiques’’ macroéconomiques. On parle ici d’un « Etat providence » pour ne pas
dire le « Trop d’Etat » dans la vie économique. Les premiers programmes d’ajustement structurels
préconisés ont ainsi cherché à réduire l’intervention de l’Etat et des institutions étatiques dans
l’économie. Les institutions publiques en charge des produits d’exportation ont été particulièrement
visées : caisses et offices de stabilisation, encadrement des filières, banques publiques de
développement, etc. Elles ont été accusées de créer des distorsions et des rentes préjudiciables à la
croissance et de ne bénéficier qu’aux groupes sociaux les plus riches. Pour réduire les dépenses
publiques, les programmes de stabilisation ont cherché à diminuer la masse salariale et les effectifs de
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la fonction publique. Ainsi, afin de rétablir la ‘’vérité des prix’’, ils ont recommandé la libéralisation
des économies et la privatisation des entreprises publiques. Celles-ci étaient de plus analysées
comme des sources de surcoûts budgétaires et de distorsions économiques à cause des subventions
dont elles bénéficiaient. Ces programmes de démantèlement et de privatisation d’institutions
étatiques perçues comme des obstacles au jeu et aux signaux des marchés ont débuté dans les
années 1980. Les institutions financières internationales n’ont pas seulement utilisé des arguments
économiques pour justifier la nécessité de ces réformes. Elles ont aussi expliqué, sur un plan plus
social, que l’inefficacité et les coûts de ces structures étaient principalement supportés par les
personnes les plus pauvres. Lorsque les deux institutions de Bretton Woods ont mis leurs
programmes en cohérence pour les pays les plus pauvres, leurs programmes ont comporté un
ensemble relativement standardisé de réformes baptisé le ‘’Consensus de Washington’’. Expression
inventée par John Williamson dans un article célèbre où il listait le plus petit commun dénominateur
des politiques recommandées aux pays en développement par les institutions financières basées à
Washington. Cette liste comportait les politiques suivantes, qu’il vaut la peine de rappeler, eu égard à
la fortune inattendue de cette expression : la discipline fiscale ; la redirection des dépenses publiques
vers des activités profitables et aptes à améliorer la redistribution des revenus (soins de santé
primaires, éducation primaire, infrastructures) ; la réforme de la taxation (la diminution des taux
marginaux et l’élargissement de la base taxable) ; la libéralisation des taux d’intérêt ; la mise en place
d’un taux de change compétitif ; la libéralisation commerciale ; la libération des investissements
directs étrangers ; la privatisation ; la dérégulation ; et enfin la sécurité des droits de propriété.
Ce consensus a été largement critiqué en raison de ces coûts sociaux et de son inefficacité à
résoudre le problème de la pauvreté. L’objectif étant d’aboutir à un « Etat gendarme », c’est-à-
dire un « Moins d’Etat » dans l’activité économique.
B- La réhabilitation de l’Etat et des institutions publiques
Les réformes dites de première génération étaient centrées sur les changements macroéconomiques
et sur la réduction de l’intervention de l’Etat dans l’économie. Cependant, au vu des faibles
performances de ces réformes, le Fonds monétaire international a préconisé dans le courant des
années 1990 des réformes dites’’ de deuxième génération’’. Elles étaient centrées sur le
renforcement des capacités des administrations, ne serait-ce que pour leur permettre d’être capables
de mettre en œuvre les réformes économiques. Les notions d’optimisation des organisations,
d’incitations et de mérite ont alors été mises en avant. Ces réformes ont explicitement insisté sur les
institutions et les règles. Lors d’une conférence en 1998, le FMI, s’appuyant sur des travaux
académiques comme ceux d’Amartya Sen et de Dani Rodrik, a ainsi soutenu l’idée que la
croissance était associée à des institutions et à un secteur public de « Haute qualité » qu’on peut
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qualifier d’un « Etat régulateur ». Jugé dix ans auparavant comme la cause des problèmes, l’Etat
et son rôle sont donc réhabilités par les institutions financières internationales des années 1990. Le
succès sur les défaillances du marché et les asymétries d’information défendues par Joseph Stiglitz a
contribué, sans conteste, à cette évolution de point de vue sur le rôle de l’Etat. Et ce, d’autant plus,
que Joseph Stiglitz est nommé chef économiste à la Banque mondiale à la fin des années 1990. La
Banque mondiale a donc joué un rôle significatif dans cette reconnaissance des vertus de
l’intervention publique. Le Rapport sur le développement dans le monde 1997 s’inspire ainsi des
analyses théoriques sur les asymétries d’information : l’Etat dans les pays en développement ne doit
plus être minimal, il doit jouer un rôle régulateur et être capable de fournir des biens publics (sécurité
des investissements, stabilité macroéconomique et stabilité des règles), de mettre en place les
incitations nécessaires et de soutenir des institutions à même d’améliorer le fonctionnement des
marchés : marchés des biens, du travail, du crédit. Cette réhabilitation de l’Etat et des institutions
publiques connait certaines limites conceptuelles. Elle témoigne d’une conception un peu étroite des
phénomènes politiques ramenés pour l’essentiel à des questions de gouvernance. En se situant sur le
double terrain de la recherche et du policy-making, elle mélange les analyses positives et
normatives. Quant aux fonctions assignées à l’Etat, elles demeurent somme toute assez limitées :
stabilité macroéconomique, fourniture de régulation et d’incitation, surveillance des performances et
promotion de la compétition.
Les conceptions de l’Etat et des institutions publiques ont ensuite continué à évoluer. Les théories de
la privatisation constituent un bon exemple de ces évolutions. Dans les pays en développement ou en
transition, les premières vagues de privatisation reposaient sur une vision d’un Etat minimal et sur le
besoin de ressources financières pour combler les déficits publics. Ces privatisations ont connu des
succès mitigés, et le rôle indispensable de l’Etat comme garant des droits de propriété et des
contrats (publics et privés) s’est imposé. Les réserves sur l’efficience économique des privatisations
ont été renforcées par les considérations en économie politique sur les logiques des groupes
d’intérêts privés et sur les problèmes d’équité sociale. De nombreux chercheurs, comme Jean-
Jacques Laffont, ont ainsi montré l’importance des phénomènes de collusion et de monopole
informationnel. Des politiques de régulation et des constructions institutionnelles spécifiques s’avèrent
donc indispensables, comme la séparation des pouvoirs et la prévention des possibles collusions et la
corruption. Dans les pays en développement, les infrastructures constituent un secteur stratégique
des politiques de développement et de gestion des biens publics. La croyance en la supériorité
d’efficience de la gestion assurée par le secteur privé a néanmoins amené la Banque mondiale à
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promouvoir dans ce secteur des formes spécifiques de privatisation qui ont d’ailleurs parfois été
utilisées dans d’autres secteurs : les « partenariats public-privé » et la « participation du secteur
privé » (fixés par les acronymes PPP et PSP) par exemple. L’établissement de relation contractuelle
appropriée (concession, affermage, etc.) entre l’entité publique et les firmes ainsi que l’instauration
d’un cadre légal et régulateur constituent d’autres notions que la Banque mondiale met alors en avant
pour guider les privatisations dans ce secteur.
Les années 1990 sont témoins de la montée en puissance des analyses des institutions publiques des
pays en développement en termes de gouvernance et de corruption (dont la mauvaise gouvernance
est l’euphémisme). Les institutions financières internationales ont notamment recours à ces deux
notions pour expliquer la faiblesse des institutions et les mauvaises performances de croissance de
certains pays. Les interventions comme les études menées par les institutions financières
internationales accordent ainsi une place croissante à la corruption, souvent perçue comme une
dimension cruciale des institutions et comme une cause majeure de la stagnation économique et de
l’échec des programmes de réformes. La ‘’mauvaise gouvernance’’ des Etats en développement
prend des formes multiples : la corruption bien entendu, mais aussi l’absence d’obligation de rendre
des comptes, le manque de transparence, etc. Pour la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international, ce sont les Etats concernés par les programmes de réformes qui sont responsables de
leurs échecs et d’une croissance économique insuffisante car l’éventualité d’une conception
inappropriée de ces réformes n‘est pas réellement prise en considération. Ne sont-elles pas vraiment
analysées non plus les causes liées aux faiblesses des institutions financières internationales, de leurs
programmes et des conditionnalités associées, et notamment leur déficit de crédibilité et de
réputation, ainsi que leurs difficultés à mettre en place des engagements crédibles et respectés par les
parties contractantes. Cette analyse des échecs des réformes et des défaillances des institutions des
pays en développement se traduit par l’instauration de conditionnalités dans les politiques d’aide.
L’examen de ces conditionnalités constitua ainsi l’une des premières tâches de l’indépendant
Evaluation Office du Fonds monétaire international. Les études de David Dollar à la Banque
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Le Rapport sur le développement dans le monde 2002 sur les institutions affirme les conceptions à
la lumière de la nouvelle économie institutionnelle et de la nouvelle économie politique (dite positive).
La nécessité de construire des institutions dans les pays en développement est justifiée par leur
contribution au bon fonctionnement des marchés. La Banque mondiale a alors davantage recours
aux concepts développés par l’économie institutionnaliste, la notion de confiance (elle est à la fois
une cause et un effet de la stabilisation des institutions et normes) et ses notions associées de
réputation, incitation, récompense, etc. des notions plus opérationnelles sont privilégiées, comme par
exemple la cohésion sociale et l’inclusion ou bien des notions ad hoc comme le capital social. De
nombreuses études, généralement économiques, utilisent ces concepts car elles considèrent les
institutions comme des facteurs de réduction de la pauvreté et même comme des composants
essentiels de la croissance, car elles diminuent les coûts de transaction et facilitent les anticipations
des agents économiques. La Banque mondiale dispose de nombreux atouts pour mener ces études,
que ce soit au niveau de la construction des concepts et des modèles, de l’élaboration des méthodes
ou du recueil des données empirique. Elle dispose en effet des moyens nécessaires pour réaliser des
enquêtes et construire des bases de données sur des notions aussi délicates que la confiance ou les
réseaux mais ces approches comportent cependant des limites : les concepts sont très généraux,
englobant et parfois mal définis ; les attributs des concepts sont parfois les concepts eux-mêmes,
ainsi les incitations ou bien les coûts de transactions peuvent définir les institutions ou en être des
attributs. Elles souffrent aussi de leur dimension souvent a-historique, notamment lorsqu’elles sont
basées sur des régressions transversales multi-pays. Elles ne peuvent guère expliquer les dynamiques
et les transformations institutionnelles. Elles ne sont pas non plus à même d’analyser certains
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processus essentiels pour comprendre le rôle des institutions comme les causalités cumulatives ou la
dépendance des trajectoires aux dynamiques passées dont les ‘’anciens’’ institutionnalistes comme
Thorstein Veblen ont déjà montré le caractère crucial.
C- La réorganisation du fonctionnement des institutions
Ces conceptions des institutions ne permettent guère non plus de prendre en compte les rationalités
politiques sous-jacentes et les questions de souveraineté et de légitimité des institutions. Les
améliorations des institutions étatiques sont conçues en termes techniques. Il s’agit en particulier
d’améliorer leur fonctionnement. Différentes réformes sont ainsi conseillées : la décentralisation, la
rationalisation de la gestion budgétaire, la modernisation des administrations de la gestion budgétaire,
la modernisation des administrations nationales. La faisabilité des réformes est analysée en termes de
meilleures incitations à donner aux administrations publiques. La Banque mondiale s’intéresse
particulièrement à l’amélioration des dépenses : leur ‘’qualité ‘’, leur pattern, la structure des
allocations sectorielles, la fongibilité des financements extérieurs ont ainsi fait l’objet d’une attention
spécifique. Afin de traduire les programmes de réformes en processus budgétaires adéquats, il est
recommandé aux gouvernements d’adopter des’’ cadres de dépensés à moyen terme’’ (CDMT).
Cette volonté d’améliorer le rôle de l’Etat en abordant la question essentiellement sous l’angle des
flux financiers et de la réorganisation du fonctionnement des institutions publiques renvoie aussi à la
question des effets pervers de l’aide extérieure et de la dépendance des pays à bas revenus vis-à-vis
de l’aide avec des programmes souvent conçus davantage par les donateurs que par les
récipiendaires. L’efficacité de ces réformes au caractère hétérogène (macroéconomiques, ciblant les
cadres de dépenses publiques, ou bien méso organisationnelles) s’érode vite.
D- Insuffisances de la gestion publique et transparence budgétaire
Le Rapport sur le développement dans le monde 2004 met en exergue le rôle de fournisseurs de
service public des Etats des pays en développement. La façon dont est traitée cette fonction des
Etats et des institutions publiques dans ce rapport reste marquée par une conception de l’Etat
comme source de problèmes et non de solutions. Il y est ainsi essentiellement question des
dysfonctionnements et des insuffisances de gestion : faibles incitations à la performance et à l’effort,
corruption, absence de contrôle. La Banque mondiale présente la participation de la population
pauvre comme un instrument privilégié de transparence budgétaire, de réduction de la corruption et
de meilleurs résultats. Pour améliorer l’efficacité de la gestion publique et lutter contre la corruption,
la Banque propose des réformes de transparence budgétaires comme le ’’traçage’’ des circuits des
dépense publiques (public expéditeurs traking) et notamment celui de leur ‘’fuite’’ (leakage) ou
de leur ‘’capture’’ par les fonctionnaires et politiciens locaux. Dans le cas des Etats dont les
institutions publiques ont été sérieusement détériorées, les institutions financières internationales
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La théorie des droits de propriété étudie le comportement des organisations économiques à partir
des systèmes de motivation et de contraintes qui délimitent l’action des décideurs réels de ces
organisations, c’est-à-dire les acteurs qui disposent du pouvoir réel de décision. Ces systèmes de
contrôle et d’incitation sont eux–mêmes fonction de la distribution des différents droits de propriété
entre les partenaires de l’organisation. Le modèle de droits de propriété se rattache au nom de R.
Coase (problème du coût social et théorème de Coase) de même qu’à l’Ecole des choix publics ou
collectifs (Buchanan et Tullock) ; elle propose en termes de politique économique un retour
(normatif) au marché et apparait d’abord comme une théorie de l’efficacité de la coordination par le
marché. Si la reconnaissance des défaillances du marché a jadis été le fondement théorique de
l’intervention publique (ancienne économie publique), l’économie des droits de propriété vise à
montrer que la défaillance du marché ne signifie pas ipso facto que l’intervention publique soit plus
efficace. De véritables droits de propriété sont ceux qui garantissent vraiment la liberté de l’individu.
Le marché, comparativement à l’intervention publique est un bien meilleur garant et des droits de
propriété et de leur qualité. Le modèle démontre qu’étant donné les droits de propriété, l’efficacité
économique d’un système social dépend du caractère : exclusif attaché à ces droits (la possibilité
de s’approprier la totalité du produit), transférable (la possibilité et liberté de s’en défaire),
personnel (le droit d’usufruit attaché au bien). En particulier, une fois que l’exclusivité et la
transférabilité sont altérées, le système économique est sous optimale. Réciproquement, dès l’instant
que les droits de propriété son garantis, plus besoin d’intervention publique pour ‘’corriger les
imperfections du marché ‘’. Celui-ci saura conduire (interprétation du théorème de Coase) à la
situation la meilleure tant les gents sauront négocier entre eux des renonciations mutuelles à leurs
droits de propriété. Appliquée à l’organisation publique, la théorie des droits de propriété va
s’intéresser effectivement à la nature de ces droits en économie publique, à leur exclusivité et de leur
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non transférabilité sur l’optimum économique. Les droits de propriété publics sont par nature non
transférables et non exclusifs. Un tel système est moins incitatif que le système privé dans la mesure
où le propriétaire public ne peut pas céder via le marché des titres en vue de les valoriser au mieux.
De plus il ne peut ni en retirer les grains ni n’assumer les pertes, les hommes politiques de les
citoyens considérés comme propriétaires partagent ce droit. Ces caractéristiques font du système de
propriété publique un système moins efficient que le système propriété privé. De ces constats se
dégagent, quatre propositions fondamentales expliquant que l’entreprise publique sera moins
performante que l’entreprise privée : (1) les décideurs dans le système public subissent faiblement,
voire pas du tout, les conséquences monétaires et financières (ou non) de leurs actions et décisions ;
(2) le citoyen-propriétaire bien malgré lui et, par ailleurs, il est propriétaire indivis ; (3) étant donné
que les droits de propriété publique ne peuvent faire l’objet d’échange sur le marché, il s’ensuit alors
que le coût du contrôle des mandataires devient nettement plus élevé que celui des agents privés qui
sont directement contrôlés par le marché financier ; (4) le propriétaire privé, pouvant facilement
vendre ou échanger ses droits de propriété, se préoccupe davantage de préserver, voire
d’augmenter sa qualité ou le performance de son bien, ce qui n’est pas le cas du propriétaire public
qui ne peut vendre ni échanger facilement ses droits.
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Ce chapitre se propose de passer en revue les réglementations et les dispositions prises au Burkina
Faso dans le but de mettre en place un nouveau régime économique plus favorable aux entreprises
privées, d’approfondir ou d’élargir les formes du marché dans les opérations de productions et dans
les activités d’échanges. Ensuite, il est traité des multiples institutions d’appui et des mécanismes de
dialogue Etat/Secteur Privé. Les changements opérés par les mesures d’ajustement structurel ont
porté sur le contexte réglementaire, institutionnel et fiscal régissant le processus de production dans
le but de mettre en place les conditions d’un marché efficient et de soutenir les nouveaux acteurs
sensés porté la nouvelle économie : les entreprises et les entrepreneurs privés. De nombreuses
réformes ont été ainsi mises en œuvre depuis 1991 marquant le démarrage du premier PAS dans
l’objectif de faire assumer au secteur privé la responsabilité de l’Etat dans la croissance et la
dynamique de l’économie nationale. Dans un pays où l’emprise de l’administration publique était
forte, ces mutations institutionnelles doivent être comprises comme le désengagement de l’Etat du
monde des affaires.
2.1- Le transfert des droits de propriété du secteur public vers le secteur privé
La privatisation est généralement conçue comme le transfert d’actifs publics au secteur privé.
Autrement dit, c’est la conversion d’activités et d’entreprises préalablement gérées par l’Etat en des
branches et firmes privées. Mais la privatisation est plus qu’un simple transfert d’actifs, car il faut la
replacer dans les débats de l’efficacité comparée des secteurs public /privé, Etat/ marché dans un
contexte de libéralisme dominant.
budgétaires. Versées, pour celles qui franchiront le Cap, dans le secteur privé, les anciennes
entreprises publiques sont dès lors astreintes à assainir leur gestion et à améliorer leurs
performances. Des investissements productifs qu’elles doivent désormais opérer, il est attendu un
accroissement de la richesse nationale et une augmentation de l’offre d’emploi.
On rappellera très brièvement les principaux mécanismes mis en œuvre pour réaliser le transfert des
actifs dans les mains privées. La conduite du processus s’est opérée dans un cadre juridique et
institutionnel déterminé par des ordonnances de juillet 1991 et de janvier 1992 portant autorisation
de privatisation et création d’une commission ad hoc. L’essentiel des efforts à consisté à inventorier
l’ensemble des unités existantes du secteur parapublic, à vérifier si elles étaient ou non privatisées, à
informer les opérateurs économiques et à pendre des mesures d’accompagnement. Le programme
de privatisation à été réalisé sous l’égide de la commission privatisation composée de 11 membres
représentant divers ministères et institutions économiques. Elle a eu pour tâche de rassembler les
informations et données disponibles sur les entreprises concernées, de concevoir des termes de
références des audits et évaluations, de préparer les appels d’offres et de sélectionner les cabinets
spécialisés et bureaux d’études, d’établir dans chaque cas un rapport au gouvernement. Une fois la
décision prise par celui-ci, le rôle de la commission fut de mettre en œuvre le transfert dans le cadre
de la procédure retenue et avec le repreneur sélectionné.
L’inventaire a porté sur 100 entités soit 44 établissements à caractère industriel ou commercial
(EPIC), 2 établissements publics à caractère professionnel (EPP), 2 sociétés d’Etat (SE) et 52
sociétés d’économie mixte (SEM) dont 20 à participation majoritaire de l’Etat. Les EPIC ont été
transformés (ou doivent l’être) en SE, SEM, parfois en établissements publics administratifs, isolant
ainsi davantage les services publics des entreprises régies par des règles commerciales. Les unités à
privatiser ont résulté du croisement des caractéristiques stratégiques/non stratégiques et viables/non
viables selon le schéma ci-dessus. L’exécution du programme affiche donc des résultats modestes.
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Au total, de 1991 à fin 1997, les autorités ont réussi la privatisation de 26 des 41 entreprises
retenues, 8 entreprises on été liquidées. Compte tenu des critères relativement sélectifs qui ont
présidé au choix des entreprises à privatiser-seules des unités jugées viables ont été « mises sur le
marché » -, ainsi que des conditions de paiement fort avantageuses accordées par les autorités aux
repreneurs éprouvant des difficultés à réunir des fonds propres suffisants- des crédits ont été mis en
place sur 3 à 4 ans à des taux d’intérêt de 3 à 4% -, la performance apparaît si faible qu’elle a
suscité de nouvelles pressions de la part des bailleurs pour accélérer le rythme des procédures et
amplifier les résultats obtenus en ce domaine .
Les méthodes utilisées dans la mise en œuvre des privatisations varient en fonction des contextes
politique et social et des objectifs visés. On peut distinguer pour l’essentiel les techniques suivantes :
l’offre publique de vente d’actions des entreprises d’Etat (1), une technique qui suppose
l’existence d’un marché financier solide et efficace, à défaut elle nécessite une vaste campagne de
publicité pour en réduire les coûts ; la vente privée d’actions (des actions de l’entreprise sont
mises à la disposition des partenaires privés) (2), c’est la forme la plus pratiquée cependant elle doit
être effectuée par appel d’offres concurrentielles pour minimiser les risques de corruption et de
favoritisme pouvant conduire à des cessions à bas prix des entreprises ; l’apport d’investissements
privés dans une entreprise publique (3), cet apport d’argent frais peut se faire soit par vente
publique d’actions, soit par placements privés mais dans cette technique, l’Etat conserve souvent un
pouvoir de contrôle sur l’entreprise, elle n’est donc pas une privatisation à proprement parlé ; la
cession d’actifs de l’entreprise publique après liquidation effective de cette dernière et
apurement du passif (4), cette méthode est généralement utilisée lorsqu’il n’existe aucun espoir de
sauver l’entreprise par une restructuration interne ; le rachat par les cadres ou par les employés
de l’entreprise (5), la méthode la plus connue est celle du plan d’acquisition d’actions par les
salariés consistant pour ces derniers à créer une nouvelle société en mettant en commun leurs
ressources et en empruntant des fonds supplémentaires, cependant cette nouvelle firme acquiert
ensuite l’entreprise publique existante qui se trouve ainsi privatisée ; la concession d’entreprise
publique à un exploitant privé ou la conclusion d’un contrat de gestion entre une
entreprise étatisée et une société privée, la propriété effective des actifs et du passif de
l’entreprise demeurant entre les mains de l’Etat (6) c’est cette technique qui a été utilisée pour
les chemins de fer. Le repli de l’Etat n’a pas induit nécessairement l’ouverture à la concurrence,
plusieurs transferts de propriété étant assortis d’un maintien de monopole, de quasi monopole ou
tout le moins de position nettement dominante : c’est par exemple ,le cas de la société burkinabè des
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cuirs et peaux et de la société burkinabè de manufacture du cuir, l’une et l’autre rachetées par le
même opérateur qui détient ainsi 60 % du marché du cuir et a tenté, peu après la reprise, d’imposer
aux éleveurs un circuit unique de vente et l’interdiction d’exportation des peaux ; c’est aussi le cas de
la société des ciments et matériaux en position de force dans sa branche. On conviendra que le
processus de privatisation, pour l’heure, n’a eu que peu d’effets sur la nature et la structure
économique de l’offre, et n’a pas significativement modifier le paysage des affaires privées
burkinabè. Une modification des comportements économiques, une adaptation de la gestion aux
conditions du marché dépassant le seul transfert de propriété du capital, des effets d’entrainement
sur les secteurs concernés restent à enregistrer pour qu’il soit possible d’affirmer que les
privatisations ont, un tant soit peu, contribué à la transition économique voulue par les bailleurs et
annoncée par les autorités.
2.2- Les mécanismes des prix et les mesures fiscales adaptés à une économie de marché
La libération des prix concerne les produits de fabrication locale, les produits importés et les
services. Elle a été explicitement inspirée par le souci de réguler les initiatives privées via une libre
concurrence et leur confrontation sur le marché. Les autorités ont prudemment opéré par étape,
l’administration des prix était jusque là régie par des ordonnances de 1974 et 1977 fixant une
taxation par voie directe, déterminant l’homologation des prix ainsi que le niveau des marges
bénéficiaires. La procédure d’homologation concernait principalement les articles et produits de
fabrication locale. Celle fixant les marges commerciales visait plutôt les produits et marchandises
d’importation destinés à le revente en l’état, les éléments constitutifs du prix de revient étant
déterminés par voie réglementaire. Le régime des valeurs économiques étant ainsi totalement
administré, doublé qui plus est des lourdeurs bureaucratiques et d’une rigidité décisionnelle
complète. Si ces facteurs ont joué sur la compétitivité d’une économie déjà forte mal dotée en
facteurs, ils ont été aussi le socle réglementaire sur lesquels un milieu d’opérateurs protégés a pu
établir sa prospérité et dominer l’activité économique privée.
été élaborée et adoptée. Il s’agit de la loi n°15 /94/ADP du 5 mai 1994 portant organisation de la
concurrence au Burkina Faso. Le droit national de la concurrence tire sa source dans cette loi. Dans
son livre n°1, la loi traite essentiellement de la liberté des prix et des règles applicables en matière de
concurrence, des pratiques illicites de la concurrence et de leurs sanctions. Elle dispose que
désormais les prix des produits, des biens et des services sont libres sur toute l’étendue du territoire
et déterminés par le seul jeu de la concurrence. Avec toutefois des restrictions autorisant
l’intervention de l’Etat dans les secteurs d’activité ou les zones caractérisée par une moindre
concurrence ou alors quand il apparaît une situation anormale du marché et / ou temporaire telle une
flambée des prix. Les abus de domination et les ententes entre entreprises dans un but d’une
concurrence déloyale sont interdits, de même que les pratiques restrictives de concurrence (vente à
perte, prix imposées etc.). La loi protège le consommateur contre la publicité mensongère, les
tromperies, les falsifications et les clauses abusives. Le livre 2 traite des sanctions dans le cas des
pratiques illicites de concurrence. C’est en application de la loi du 5 mai 1994 portant Organisation
de la Concurrence que la Commission Nationale de la Concurrence et de la Consommation
(CNCC) a été instituée. C’est un organe autonome chargé de réguler la concurrence au Burkina
Faso. A cet titre, elle a pour mission de : traiter des questions concernant la concurrence et la
consommation, réprimer les pratiques anticoncurrentielles et restrictives de la concurrence, réprimer
les faits susceptibles d’infractions au sens de la loi. Elle comprend deux organes : l’Assemblée
Plénière et le Secrétaire Permanent. L’Assemblée Plénière est constituée par les Commissaires qui
sont au nombre de 10 et élisent en leur sein un président. Elle est l’organe délibérant, qui donne les
avis, et prend les décisions. Le Secrétariat Permanent est l’organe administratif de la Commission. Il
comprend le Secrétaire Permanent ; le Secrétaire Permanent Adjoint et les Rapporteurs. C’est le
Secrétariat Permanent qui organise les activités de la Commission. Cette Commission ne disposait au
départ, que de compétences consultatives. En effet, sa fonction se limitait à donner des avis sur les
textes d’application de la loi ci-dessus, les pratiques anticoncurrentielles et sur tous les faits qui
paraissent susceptibles d’infraction au sens de ladite loi. Elle était exclusivement saisie par
l’administration. Suite à une révision de la loi, la commission a acquis des pouvoirs de décisions et à
ce titre elle peut : entendre les parties à un litige et ordonner qu’il soit mis fin aux pratiques
anticoncurrentielles ; infliger des sanctions pécuniaires ou d’emprisonnement. Le droit de saisir la
structure a été également élargi à d’autres acteurs, notamment les opérateurs économiques et les
associations de consommateurs. La Commission peut elle-même s’auto saisir. Au total, la
Commission joue trois rôles : un rôle de conseil parce qu’elle émet des avis, un rôle d’observatoire
parce qu’elle élabore chaque année un rapport sur l’état de la concurrence au Burkina Faso et un
rôle répressif parce qu’elle donne des injonctions et le cas échéant des sanctions. Depuis que la
22
Les modifications de législation fiscale avaient pour but d’optimiser le recouvrement des recettes
budgétaires, d’élargir l’assiette fiscale et de simplifier les modes de taxation en tenant compte de la
compétitivité des entreprises. La simplification du système fiscal a consisté en l’introduction de la
Taxe sur la valeur Ajoutée (TVA) en remplacement de la Taxe sur le Chiffre d’Affaires (TCA) et de
la Taxe sur les prestations de service (TPS). En sont exonérés les opérateurs relevant la contribution
du secteur informel, les agriculteurs et les commerçants dont le chiffe d’affaires et inferieur à 15
millions de F CFA. Les modifications ont porté aussi sur la contribution des patientes, sur l’impôt
sur les bénéfices industriels et commerciaux et sur l’impôt sur les revenus fonciers. La contribution du
secteur informel (CSI) a été instituée en 1992 (modifiée en 1993, 1994 et 1996). C’est une forme
unifiée et simplifiée de fiscalisation des petits exploitants en ce qu’elle est exclusive de toute autre
forme de prélèvement. Elle est reversée aux budgets locaux ; la simplification a porté aussi sur la
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fiscalisation des produits pétroliers en une taxe unique sur les produits pétroliers et sur la contribution
spéciale sur les boissons. Désormais donc au Burkina Faso, les impôts directs (prélèvement direct
sur le revenu ou le capital) sont formés notamment par : La contribution des patientes, un droit fixe
qui est déterminé par un barème suivant le chiffre d’affaires et la profession exercée d’une part et un
droit proportionnel qui est égal à 8% de la valeur locative annuelle avec un minimum d’un cinquième
du droit fixe d’autre part. L’impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et agricoles (BIC), au
taux de 35% avec un impôt minimum forfaitaire (IMF) de 0,5% du chiffre d’affaires qui ne saurait
être en deçà de 200 000 F CFA pour les contribuables du régime simplifié d’imposition (RSI) et de
500 000F CFA pour ceux assujettis au régime normal . En outre, des retenus de 5% ou 20% sont
opérées lors des règlements des factures des prestations d’un montant égal ou supérieur à 500 000F
CFA. Pour ce qui concerne les biens à usage professionnel, les prélèvements vont de 0,1% à 2%.
Ces retenus donnent droit à une déductibilité de l’IMF ou du BIC. La taxe patronale et
d’apprentissage (TPA) qui représente 4% des rémunérations et avantages en nature du personnel
pour les travailleurs nationaux et 8% pour les expatriés. L’impôt unique sur les traitements et salaires
(IUTS) qui est à la charge de l’employé mais doit être retenu à la source par l’employeur. La
contribution du secteur informel (CSI). Elle est due par les personnes exerçant une activité dont le
chiffre d’affaire est inférieur à un million de CFA. L’impôt unique sur les revenus des valeurs
mobilières (IRVM) et l’impôt sur les revenus des capitaux (IRC) dont le taux maximum est de 25%.
Les droits d’enregistrement et de timbre sur les transactions économiques. Le sens économique de
ces innovations qui sont d’ailleurs cohérentes avec l’instauration d’une économie de marché est net :
une fiscalité interne intégrant au mieux la richesse et les revenus. Le but est de pénaliser le moins
possible les échanges intérieurs et de trouver dans la consommation de nouveaux gisements de
ressources publiques.
Les opérateurs économiques qui prennent des initiatives économiques en matière d’investissement
cherchent à rentabiliser leurs opérations et à sauvegarder les capitaux investis. Autant ils sont
soucieux de la bonne rémunération des risques économiques et financiers, autant ils se préoccupent
de la sécurité juridique de leurs investissements. Ces légitimes attentes sont à la base de l’élaboration
de droit positif qui garantit le droit de propriété et règle les relations d’affaires. C’est dans ce cadre
qu’a été signé le Traité sur l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des affaires
(OHADA), cadre de référence de l’ordonnancement légal des affaires des pays de la zone franc
auquel le Burkina Faso est partie prenante. Ce droit communautaire des affaires, composé de huit
24
actes uniformes, complète le cadre juridique national. L’existence du droit OHADA est une avancée
incontestable pour les pays. Ces actes sont : L’acte uniforme relatif au droit commercial général
adapté le 17 janvier 1997 ; L’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du
groupement d’intérêt économique, adapté le 17 Avril 1997, L’acte uniforme portant organisation
des procédures simplifiées de recouvrement et des voies d’exécution, adapté le 10 Avril 1998 ;
L’acte uniforme relatif au droit de l’arbitrage, adapté le 11 mars 1999 ; L’acte uniforme portant
organisation et harmonisation des comptabilités des entreprises, adapté le 22 février 2000 ; L’acte
uniforme relatif aux contrats de transport de marchandises par route, adapté le 22 mars 2003. Au
niveau national, les principales législations participant à la sécurité juridique de l’entreprise sont :
L’ordonnance n°81-26 du 26 août 1981 portant réglementation de la profession de commerçant, Le
décret n°81-432 du 12 septembre 1981 portant modalités d’application de l’ordonnance n°81-26
du 26 août 1981 portant réglementation de la profession de commerçant, Le décret n°99-180 du 9
juin 1999 portant fixation des frais des actes d’autorisation d’exercer la profession de commerçant,
L’arrêté n°94-152/MICM/SG/DGRS du 19 septembre 1994 portant modalités d’obtention de
l’autorisation d’exercer la profession de commerçant par les étrangers. Au terme de la loi portant
réglementation de la profession de commerçant, une distinction est faite entre commerçants
nationaux et étrangers avec des conditions spécifiques d’établissement. De même, les obligations
professionnelles du commerçant ont été séparées des conditions d’exerce de la profession. Les
proportions de nationaux pour les différentes catégories de personnel par rapport à l’effectif total de
l’entreprise, jugées trop rigides ont été renvoyées au décret d’application. D’autres éléments ont été
incorporés dans l’ordonnance pour compléter la loi de 1972. Il s’agit de la définition de la nationalité
des sociétés commerciales, de l’attribution du droit d’exercice du commerce de détail, de l’insertion
de dispositions financières dans la législation sur les sociétés commerciales. Enfin, il convient de
signaler que l’ordonnance réservait exclusivement le commerce de détail aux nationaux, avec
toutefois des possibilités de dérogation.
Avec l’adoption du nouveau code des investissements en 1995 avec quelques aménagements
fonctionnels en 1997, le Burkina Faso est à son 6èm e code des investissements depuis 1962 soit
chronologiquement après le premier code, celui de 1969, 1978, 1984, 1992, et 1995. Sur la
période, le pays aurait élaboré un code des investissements en moyenne tous les 6-7 ans. Cette forte
mortalité des Codes des Investissements a fait douter de leur efficacité comme instrument de
développement industriel et de politique commerciale. Beaucoup d’entreprises ont, dit-on été créées
pour capter les rentes de situation et ont disparu soit avant l’extinction des exemptions et
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exonérations soit lors du basculement dans les régimes douaniers et fiscaux de droit commun.
L’actuel Code des Investissements présente toutefois, le double avantage de la simplicité, et de
l’ouverture sans ambigüité aux capitaux étrangers, et de faveur aux entreprises d’exportation. Celles-
ci bénéficient en effet d’un régime de faveur : exonération des droits et taxes de douane sur les
matériaux de construction, les matières premières, les équipements et pièces de rechange,
exonération fiscale totale et permanente à l’exception de l’Impôt sur les Bénéfices Industriels et
Commerciaux. Il est prévu en outre des mesures d’accompagnement pour la promotion de
l’industrie et du commerce dans douze filières dans lesquelles il existe des potentialités d’exportation.
C- Le code minier
Le Burkina Faso, pays enclavé au cœur de l’Afrique de l’ouest connaît depuis un certain temps un
boom minier. En effet, la découverte de nombreux gisements ont favorisé l’ouverture de nombreuses
sociétés d’exploitations étrangères dans le pays. Ces gisements concernent différentes ressources qui
sont : l’or, le diamant, le manganèse, le zinc, le Nickel, le cuivre, l’antimoine, le plomb, le magnétite
et le phosphate. L’exploitation des ressources minières constitue une composante essentielle dans le
développement économique et social du Pays et joue un rôle important dans l’économie nationale.
Le code des investissements miniers a été adopté par la loi n°14/93/ADP du 19 mai 1993, puis
modifié en 1995 dans ses articles 10,13 et 14, adoptant la loi n°06/95/ADP du 26 avril 1995. Il
prévoit d’importants avantages douaniers et fiscaux à toute entreprise qui se crée ou s’implante dans
le secteur. Les avantages sont accordés selon que l’entreprise est en phase de recherches ou en
phase d’équipement et de production. En phase de recherche, on a comme avantages douaniers
(art, 6) : admission temporaire pour les matériels d’exploration et pour les équipements
professionnels ; exonération totale des matériaux, des pièces de rechange et du carburant des droits
et taxes, comme avantages fiscaux (art.10) : exonération de l’impôt Minimum Forfaitaire sur les
Professions Industrielles et Commerciales (IMFPIC), de la Taxe Patronale d’Apprentissage (TPA)
et de la TVA sur les travaux de recherches géologiques et minières et les achats d’équipements, de
machines, de matériels et pièces de rechange et des matières consommables des détenteurs de
permis de recherche. En phase d’équipement et de production, comme avantages douaniers
(art.11) : exonération des droits et taxes de douane sur les matériels, matériaux et matières premières
et biens nécessaires à la production ainsi que sur le premier lot de pièces de rechange ; exonération
totale pendant 3 ans à partir de l’activité de la date de première production constatée par arrêté du
Ministre chargé de l’industrie, des droits et taxes sur l’importation des matières premières ;
exception des liants hydrauliques de peinture et des conditionneurs d’air ; exonération du carburant
destiné à la production de l’énergie pour la mine et les lubrifiants spécifiques bénéficient d’une
26
exonération totale des droits et taxes de douanes. La loi n°014/93/ADP du 19 mai 1993 modifiée
par celle du n°06/95/ADP du 26 mai 1995 est un régime appliqué dans le système agraire et foncier
du Burkina Faso. Pour rendre le Code minier plus autonome et plus fonctionnel, un nouveau texte fut
adopté en 1995 puis révisé en 2003. Lequel texte en vigueur jusqu’en 2015 réglemente
l’exploitation du secteur minier au Burkina Faso. Les activités minières ont permis d’avoir des
retombées économiques assez considérables. Ainsi, l’ensemble des taxes et redevances minières
apportées au cours des quatre dernières années donne un montant de près de 200 milliards de F
CFA. En 2010, l'or a contribué pour 440 milliards de F CFA aux recettes d'exportation du pays soit
62,77% desdites recettes et 7,7% au PIB confirmant ainsi sa position de premier produit
d'exportation depuis 2009. (Données du Ministère des Mines et des Carrières). L’exploitation
artisanale de l’or quant à elle génère près de 82 milliards de revenus par an depuis 2008 et contribue
de 2,2% à la formation du PIB (Extrait de « Evaluation économique de l’environnement et des
ressources naturelles : Analyse du secteur des mines, 2011). Les industries extractives sont parmi les
plus grandes pourvoyeuses d’emploi, favorisant ainsi la diminution du taux de chômage et le taux de
pauvreté. A titre illustratif, les projets miniers fournissent 9.000 emplois directs et 2700 emplois
indirects. Les mines font donc vivre près de 300.000 personnes au Burkina Faso. Ainsi, à la date
du 31 juillet 2011, on dénombrait 4 556 emplois permanents dont 4 239 emplois nationaux soit
93%. En outre, il faut noter les investissements en infrastructures socio économiques réalisés par les
sociétés minières au profit des populations environnantes. Les activités minières que ce soit au stade
de la prospection, de l’exploitation ou de fermeture ne sont pas sans conséquence sur
l’environnement biophysique et humain. Les produits chimiques toxiques utilisés dans l’exploitation
minière, notamment le cyanure et le mercure peuvent se répandre dans les eaux souterraines et de
surface qui sont à proximité des sites miniers. L'un des plus graves problèmes environnementaux que
causent les importants sites miniers est appelé "le Drainage Minier acide (DMA). Il s’agit du
processus chimique par lequel les résidus miniers contenant des sulfures produisent de l'acide
sulfurique, une fois exposé à l'air libre et à l'eau. Cet acide infiltre les nappes phréatiques et les eaux
de surface, tuant la vie végétale et animale, tout en rendant l'eau inutilisable et impropre à l’irrigation
ou à la consommation pour quelque fin que ce soit. Les activités mobilisent de grandes quantités de
matières et de déchets contenant des particules de petites tailles qui se dispersent facilement par le
vent, celles-ci modifient la qualité de l’air et sont sources de nombreuses maladies respiratoires. A
cela, il faut aouter les émissions de gaz provenant de la combustion des carburants dans les sources
fixes et mobiles, des explosions et traitement de minerai qui agissent sur l’air. Les activités modifient
le paysage environnant en exposant les sols qui étaient précédemment intacts. En effet, les sols
remués par le creusement sont livrés au lessivage et à la dégradation. Aussi, le déversement et les
27
Poura. Après la fermeture de ladite mine, de nombreux habitants se sont convertis en orpailleurs,
dès lors la zone est devenue un lieu de manifestation de nombreux fléaux tels le banditisme, la
prostitution, la débauche, la drogue. A entendre parler les responsables coutumier, leurs coutumes et
valeurs sociales tendent à disparaître au profit de ces nouveaux modes de vie. Le changement de
mentalité se perçoit également par le fait que d’aucuns estiment que l’or aimerait la saleté et se livrent
à des pratiques préjudiciables pour leur santé, cela est perceptible par le fait que certains font des
semaines sans se doucher et vont jusqu’à se badigeonner du sang de menstruations des femmes
avant de descendre dans les puits. Tous ces comportements à risque favorisent l’augmentation du
taux de prévalence du VIH SIDA. En outre, il faille noter que les zones d’orpaillage sont des lieux
d’attraction pour les individus qui y trouve le lieu prodige qui leur permettrait d’avoir de l’argent ce
qui permettrait d’améliorer leur condition de vie. Au niveau sanitaire plusieurs types de maladies
sont provoqués à cause des poussières, de l’extrême humidité dans les galeries d’exploitation. Parmi
ces maladies, on peut noter les affections pulmonaires, la silicose, les affections oculaires et
dermatologiques. Ces problèmes de santé concernent aussi les enfants qui sont également présents
sur les sites d’orpaillage. Le mercure utilisé est une neurotoxine puissante et l'exposition à ce
produit peut causer d'importants troubles neurologiques de même que des problèmes de
développement. Il s’agit notamment des déficits d'attention et de langage ainsi que des troubles de la
mémoire, de la vision et des fonctions motrices. Sur les sites d’orpaillages de nombreux d’accidents
mortels ont été constatés. Ainsi au cours de la dernière décennie, plus de 146 miniers ont trouvé la
mort au cours des éboulements. A ces maux, il faut ajouter les bruits engendrés par les moteurs de
véhicule, les explosions, le concassage, le broyage qui affectent de manière significative les
populations à travers des problèmes de surdité. Les activités minières sont sources de conséquences
que ce soit sur le plan environnemental que social. Face à ce spectacle désolant, l’Etat s’est doté de
politiques et de stratégies en vue de permettre une prise en compte conséquente de l’environnement
dans les différents projets miniers et une gestion durable de ces ressources. L’administration du
secteur des mines au Burkina Faso est assurée par le Ministère des Mines, des carrières et de
l’énergie. Ce ministère fût créé en 1995 sous l’appellation Ministère de l’Energie et des Mines en
vue de faire face aux problèmes liés à la gestion et au développement du secteur de l’énergie et de
celui des mines. En effet au début des années 1990, le pays a entamait un développement bien que
timide de ses activités minières avec la réouverture d’anciennes mines comme Poura, la création du
comptoir Burkinabè des Métaux Précieux (CBMP) et le lancement du Projet de la filière or. Il faut
tout de noté que la prise en compte des questions minières dans les politiques de développement du
pays remontent plus haut. Des années 1970 jusqu’à 1995, la gestion des activités a été
successivement assurée par le Ministère du commerce, le ministère de la promotion économique.
29
C’est en 2000 que le Ministère de l’Energie et des Mines deviendra le Ministère des Mines, des
Carrières et de l’Energie ; cela dans le souci de mettre un accent sur l’activité des carrières qui est
également d’une importance dans l’économie. Le Ministère des Mines, des Carrières et de l’Energie
assure la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière de mines, de carrières
et d’énergie. A ce titre, il est chargé, en matière de mines et de carrières, de : l’élaboration des
stratégies de développement des carrières ; l’application de la politique de développement des
substances minérales ; la valorisation de la recherche minière ; l’application de la politique de
recherche géologique et minière et du contrôle de son exécution ; la promotion, de la coordination,
du contrôle et du suivi des activités relatives à la recherche, à la mise en valeur et à l’utilisation des
ressources minérales ; la collecte et de la diffusion de la documentation technique relative à l’industrie
minérale ; l’élaboration des normes et du contrôle de leur application ; la négociation des
conventions d’investissements miniers entre l’Etat et les entreprises minières ; la réglementation et du
contrôle des activités de recherche et d’exploitation minière et géologique. Il existe d’autres
structures qui interviennent dans la gestion du secteur minier. Ce sont : la commission Nationale des
Mines, le Bureau des Mines et de la Géologie du Burkina (BUMIGEB), la Brigade Nationale Anti
Fraude de l’or (BNAF), la chambre des mines du Burkina, créée en mai 2011 et regroupant
essentiellement les sociétés minières. Après la création d’un ministère dédié au secteur et afin de
marquer définitivement l’option de faire des ressources minérales un puissant vecteur de
développement, le gouvernement adopte une Déclaration de politique minière. Cette déclaration
donne les grandes orientations en matière d’organisation et d’administration du secteur minier. Ses
chapitres portent sur le code minier, les institutions, la fiscalité, les douanes, la petite mine,
l’environnement et la formation. Dans le souci de faciliter la mise en œuvre de la politique minière
adoptée, l’Assemblée Nationale va voter le code minier. Depuis lors les activités minières au Burkina
Faso sont régies par la loi No 031-2003/AN du 8 mai 2003 portant code minier au Burkina Faso.
Adoptée dans l’objectif de promouvoir les investissements dans le secteur minier au Burkina Faso, il
vise à favoriser et encourager la recherche et l’exploitation des ressources minérales nécessaires au
développement économique et social du pays. Selon cette loi, les gites naturels de substances
minérales contenus dans le sol et le sous sol du Burkina Faso sont de plein droit la propriété de
l’Etat qui en assure la mise en valeur en faisant appel notamment à l’initiative privée. La recherche et
l’exploitation de substances minérales sont autorisées en vertu d’un titre minier. Aussi, la
prospection, le traitement, le transport et la transformation des substances minérales sont soumis à
une autorisation. Les activités de recherche et d’exploitation sont soumises au paiement de divers
droits tels que les impôts, les redevances et les taxes. Par ailleurs le code minier réaffirme le principe
de participation gratuite de l’Etat dans les entreprises minières à travers son article 18. Cet article
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stipule que « l’octroi du permis d’exploitation industrielle de grande mine donne lieu à l’attribution à
l’Etat de 10% des parts ou actions de la société d’exploitation, libres de toutes charges ». Cette
disposition permet à l’Etat de se doter d’un patrimoine et d’avoir un regard sur la gestion de ces
sociétés. Le code minier burkinabè contient des dispositions qui permettent de prendre en compte
les dimensions sociale et environnementale dans les activités minières. On peut retenir de ces
dispositions que : aucun travail de prospection, de recherche ou d’exploitation ne peut être entrepris
dans une zone sans le consentement du voisinage ; dans les périmètres de prospection, de recherche
ou d’exploitation, des zones peuvent êtres établis pour la préservation de l’environnement et la
protection des sites archéologiques ou des ouvrages d’intérêt public, l’occupation de terrains faisant
l’objet de titre minier donne droit aux propriétaires ou occupants coutumiers de ces terrains à une
indemnisation ; la conduite d’activités minières par les opérateurs privés se fait à travers des
conventions qu’ils signent avec l’Etat. Il existe trois types de conventions minières relatives aux types
d’exploitation. Le code minier exige la préservation de l’environnement et la prise en compte des
populations locales dans la mise en œuvre des projets miniers. Mais les dispositions en la matière
s’avèrent insuffisantes et ne sont appliquées qu’aux exploitations industrielles laissant ainsi sans
encadrement une bonne part des activités minières qui se font de façon artisanale.
2.3- Les institutions d’appui aux entreprises privées du secteur des biens et services
La CCIA–BF a été instituée en juin 1948 pour venir en appui au secteur privé dans son ensemble.
Placée sous la tutelle du ministère du commerce, elle est une émanation du secteur privé. Elle
apporte une aide précieuse aux importateurs et importateurs à travers les structures de stockage sur
les aires portuaires, ferroviaires et routières qu’elle a crées pour faciliter les opérations
commerciales. Elle est investie de trois (3) missions : i) une mission consultative au niveau des
opérateurs économiques et des pouvoirs publics. Elle présente les avis du monde des affaires et les
décisions à caractère économique ; il) une mission représentative des intérêts du monde
économique ; iii) une mission administrative des services utiles au développement des entreprises.
Avant son éclatement, c’est le seul corps constitué habilité à représenter devant les pouvoirs publics,
les intérêts généraux du commerce, de l’industrie, des services et de l’artisanat. L’assemblée plénière
de la chambre, forte de 85 membres, comprend 13 représentants artisans. Elle fonctionne avec une
dotation budgétaire décidée annuellement en conseil des ministres. Toutes les sociétés, quel que soit
leur objet, leur forme juridique, sont membres de fait de la chambre de commerces dès leur
inscription au registre du commerce et ne sont redevables d’aucune cotisation. Le rôle de la chambre
31
de commerce est essentiellement d’informer les entreprises sur les opportunités de marchés, et de
leur fournir, pour chaque marché un cahier des charges, de proposer aux entreprises de possibilités
de formations pour les chefs d’entreprises et d’aider les entreprises à la préparation des dossiers de
financement (II existe une structure spécialisée pour les micros entreprises). Mais les entreprises
utilisent peu ces services peu adaptés à leurs besoins. La CCIA a crée la Maison de l’entreprise du
Burkina Faso (MEBF), avec l’appui de la Banque Mondiale. La MEBF est une association régie
par la loi 10/92/ADP dont l’objectif est de renforcer le marché de l’appui/ conseils et des services
aux entreprises au Burkina Faso. Elle agit à la fois sur l’offre et la demande et sa vision à moyen et
long terme est de rendre disponible en son sein une gamme de services (Conseil, orientation,
médiation, arbitrage, formalités de création des entreprises, gestion comptable, subvention et
renforcement des capacités), afin d’améliorer la compétitivité des entreprises. Eu égard au montant
du financement du Fonds de Soutien à Coûts Partagés, cet instrument est le dispositif de
cofinancement le plus important à l’heure actuelle dédié aux entreprises. Depuis quelques dernières
années, les aspects artisanat et minier ont fait l’objet chacun d’une chambre à part entière et on ne
parle plus que de la Chambre de Commerce et de l’Industrie (CCI).
Avec le boom minier que vit actuellement le pays, il a été également créé la Chambre des mines du
Burkina (CMB). La CMB est une association à but non lucratif créée en juillet 2011 pour
représenter le secteur minier privé. Elle regroupe actuellement une cinquantaine de sociétés minières
locales et internationales agissant dans les domaines de l’exploration et l’exploitation minières ainsi
que géo services (laboratoires d’analyses, sociétés de sondages, sous-traitants miniers, etc.). Son
objectif principal est la promotion des intérêts des membres tandis que les objectifs spécifiques sont :
défendre les intérêts de ses membres et ceux de l’industrie minière en général (1) ; promouvoir,
développer et défendre la compétitivité de l’industrie minière au Burkina Faso en partenariat avec
l’administration (2) ; communiquer et échanger les informations relatives aux questions minières avec
d’autres chambres minières, les institutions nationales et organisations internationales en rapport avec
l’industrie minière en Afrique et dans le monde (3) ; réaliser toute opération susceptible de favoriser,
directement ou indirectement, l’objectif poursuivi par la Chambre des mines du Burkina Faso(4).
Les organes de la CMB sont au nombre de trois. (1) L’assemblée générale qui est l’organe
suprême et regroupe tous les membres. (2) Le conseil d’administration qui est composé de dix sept
membres. Quatorze sont élus par l’Assemblée Générale pour un mandat de deux ans renouvelable et
trois désignés par les ministères en charge des mines, des finances et de l’environnement. Il donne
des orientations politiques aux actions de la chambre. (3) Le secrétariat exécutif qui est l’organe
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chargé de mettre en œuvre les orientations définies par le Conseil d’Administration et d’assurer le
fonctionnement de l’ensemble des services de la Chambre. Les membres de la CMB sont répartis
en différents types de membres. On a les membres titulaires (1) qui sont subdivisés en catégories A,
B, C. Ceux de la catégorie A sont détenteurs d’un titre minier relatif à la prospection, la recherche
ou l’exploitation conformément au Code minier du Burkina Faso et en phase de Production
commerciale. On peut citer : la SMB SA, BISSA GOLD SA, SEMAFO BF S.A, BURKINA
MINING COMPANY, la SOMITA, NANTOU MINING SA, KALSAKA MINING,
ESSAKANE S.A. Ceux de la catégorie B sont détenteurs d’un titre minier relatif à la prospection, à
la recherche ou l’exploitation conformément au Code minier du Burkina Faso et en phase de
Construction. On peut citer TRUE GOLD. Ceux de la catégorie C sont détenteurs d’un permis
d’exploitation industrielle de petite mine et/ou d’une autorisation d’exploitation permanente de
carrières et/ou d’un permis de recherche : NANTOU MINING BV , GOLDBELT RESOURCES
WA, OREZONE Inc. MANA MINERAL, GOLDRUSH BURKINA , ROX GOLD BURKINA
FASO, PREDICTIVE DISCOVERY , NEWMONT VENTURES, la SOCIETE MINIERE DE
KERBOULE, B2GOLD, la SOMICA , GRYPHON MINERALS BF, BIRIMIAN
RESOURCES, RANDGOLD RESSOURCES, JILBEY BURKINA SARL, WEST AFRICAN
RESOURCES, AMPELLA MINING Inc., HRG, PINSAPO GOLD SA. Les membres associés
(2) de la CMB sont les sociétés de géo-services directement et exclusivement impliquées dans les
activités géologiques et minières au Burkina Faso et les comptoirs d’achat d’or. On a SAHARA
GEOSERVICE, FORAGES TECHNIC EAU, JMS DRILING INS SARL, BANLAW
AFRIQUE SARL. Les membres affiliés (3) de la CMB sont les personnes physiques ou morales qui
fournissent des biens et des services au titulaire d’un titre minier sans accomplir un acte de
production ou de prestation de services se rattachant aux activités principales du titulaire du titre
minier. On n’en recense 7 : OMEGA International, ECODIS SARL, ATLAS CORPO BF SARL,
CLINIQUE LES GENETS, SECCAPI SARL, TOTAL BF SA, BANK OF AFRICA,
EXTERHUM AFRICA SA, BITEL COMMUNICATION.
chargée de : promouvoir et développer le métier de l’artisanat ; tenir à jour le registre des métiers en
recensant et collectant les informations sur les entreprises artisanales et les artisans ; accompagner et
assister les artisans ; formuler des recommandations et propositions sur toutes les questions
concernant l’artisanat ; développer des services d’utilités collectives au profit du développement de
l’artisanat. Au Burkina Faso, l’artisanat est le deuxième pourvoyeur d’emplois après l’agriculture et
contribue à près de 30% au niveau du produit intérieur brut. C’est un secteur d’avenir qui occupe
près de 2.000.000 de personnes dont plus de la moitié est constituée de femmes. Il permet la mise
en valeur des ressources locales, la production de biens et services, la promotion et la conservation
du riche patrimoine culturel burkinabè. Les différentes branches d’activité sont au nombre de 9 :
Corporation des métiers du batiment et de la terre ; Corporation des métiers de la forge et
assimilés ; Corporation des métiers de services, de la répar ation et de la maintenance ; Corporation
des métaux précieux ; Corporation des métiers de l’alimentation et de l’hygiène ; Corporation des
métiers du bois et de la paille. Corporation des métiers du textile et de l’habillement ; Corporation
des métiers des cuirs et peaux ; Corporation des métiers de l’artisanat d’art. Le plan de mandature
de la CMABF repose sur quatre axes stratégiques : opérationnalisation de la structure (qui consiste
à la mise en place progressive de tous les services devant assurer son fonctionnement et la mise en
œuvre des activités au sein des sections territoriales), formation professionnelle et apprentissage (en
tant qu’interface entre les pouvoirs publics et l’ensemble des artisans, elle a en charge l’organisation
de l’apprentissage dans les métiers du secteur et les actions de formation professionnelle des chefs
d’entreprises artisanales, des artisans et de leurs salariés et délivre à cet effet des certificats et des
diplômes validés par la commission nationale d’équivalence ou toute autre structure habilitée), mise
en place du régistre des métiers (la tenue et l’administration du régistre des métiers consistent en
l’inscription des artisans et des entreprises artisanales au répertoire des métiers, constituant la base
des données qui permettrait à terme d’évaluer le poids économique du secteur pour une meilleure
prise en compte dans toutes les politiques de développement), information et sensibilisation (la
stratégie de communication de la CMABF consiste à donner en temps réel aux artisans l’information
à travers différents canaux pour une prise en compte de leurs préoccupations). Les principales
prestations offertes par la CMABF sont : informations diverses, formation/perfectionnement, appui-
conseil, voyages d’échanges, prospections, participation aux foires, salons et autres activités au plan
national et international.
L’office National du Commerce Extérieur (ONAC) crée en1974, est actuellement une structure de
soutien et d’accompagnement des opérateurs économiques dans leurs transactions commerciales
34
avec l’extérieur. L’ONAC a pour mission de faire des prospections pour les opérateurs
économiques burkinabè, qui pour l’essentiel sont analphabètes. L’ONAC héberge dans le cadre de
sa politique de soutien aux exportateurs et importateurs deux organes fondamentaux : un Trade point
ou un pôle Commerce et FASONORM. L Trader point un centre de facilitation du commerce
équipé des nouvelles Technologies de l’information et de la communication fournissant aux
opérateurs économiques des informations sur les créneaux et les débouchés possibles, sur les clients
et les fournisseurs potentiels, sur les offres et les demandes d’opportunités d’affaires, sur les règles et
les conditions du commerce . FASONORM gère pour l’essentiel les normes dans le cadre de la
mise en œuvre des accords de l’OMC. Ses attributions et les missions sont entre autres : i) la
normalisation qui consiste en l’élaboration et la diffusion de normes et spécifications de même que les
codes de bonnes pratiques au Burkina Faso ; ii) la certification ou la gestion à partir d’un système de
certification de la qualité des produits soumis à son expertise ; la sensibilisation, l’information de
même que le conseil en matière de normalisation ; iv) promotion de la qualité, gage d’une meilleure
valeur ajoutée.
Le CGU a été crée en application des mesures recommandées par le Projet d’Appui Au secteur
privé. Il a pour vocation de regrouper les principales administrations publiques. Ainsi il comprend
des représentants dûment mandatés des ministères concernés : le Ministère de l’Economie et des
Finances, le Ministère de la Justice, le Ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, et le
35
Ministère de l’Intérieur. Ainsi les opérateurs économiques ne s’adressent maintenant qu’à un seul
interlocuteur, le CGU, pour les créations d’entreprises, les opérateurs d’import, et la réalisation
d’investissements. Le CGU enregistre environ 200 nouvelles cartes professionnelles par an. Ces
cartes professionnelles sont indispensables pour soumissionner à un appel d’offres public. Par
ailleurs, un remaniement des textes a permis une réduction importante du délai de traitement des
dossiers.
G- COTECNA
En date du 2 décembre 1998, il a été décidé de créer une nouvelle commission de concertation
permanente Etat/secteur privé. L’idée sous-tendue par la mise ne place et l’institutionnalisation du
lien Administration-secteur privé est que les promoteurs doivent pouvoir être consultés sinon
associés dans le processus de décision affectant différents aspects des activités de production et
l’échanges. Cette institution regroupe les représentants des entrepreneurs en activité dans l’industrie,
les transports, l’hôtellerie et la restauration, le commerce ; les organismes parapublics d’encadrement
des entreprises (CCI, CBC, ONAC, etc.).
Le GDI est une association professionnelle créée en 1974 qui regroupe 42 adhérents, ce qui
représente, semble-t-il, la plupart des gros industriels privés du Burkina Faso. Le GDI aide et
représente les entreprises dans leurs négociations avec le Gouvernement, notamment sur les
questions sociales et économiques (par exemple problèmes liés aux licenciements), sur les coûts des
facteurs comme le téléphone, et les négociations sur les différentes taxes.
B- La Fondation Entreprendre
La Fondation ‘’Entreprendre ‘’ a été créée en 1998 par une quarantaine de PME qui avait reçu de
l’aide du CAPEO (voir ci-dessous). Elle a coopté de nouveaux membres et espère atteindre une
certaine de membres fin 1999. Son but est d’aider ses membres en matière de formation et de
négociation avec le Gouvernement, et de créer des liens avec d’autres associations de PME en
Afrique (par exemple fondation de l’entrepreneurship au Bénin) et hors d’Afrique pour échanger des
expériences et créer des partenariats. Curieusement, le Réseau de l’Entreprise en l’Afrique, dont le
siège est à Accra, n’est pas représenté de façon visible au Burkina Faso.
2.3.2- Les structures d’appui mises en place par les organismes internationaux
Leur nombre est allé croissant ces dix dernières années. Actuellement le Burkina Faso compte
environ une cinquantaine de structures ou programmes d’appui au secteur privé. Le développement
des Micro et Petites Entreprises (MPE) reste néanmoins limité. La multitude d’intervenants et surtout
la non-cohérence de leurs interventions souligne l’incapacité des MPE à se prendre en main. Ceci
est peut être dû au manque d’information et de formation. La plupart des projets supportant les
structures les plus importantes arrivent à expiration, et une nouvelle génération de projets devra
certainement être conçue rapidement.
Le CAPEO est une association créée par la coopération canadienne avec un budget de 3,5 Millions
de dollars canadiens. Cette structure a un rôle de conseil d’entreprise, de centre de gestion et de
centre de formation et est à l’origine de la Fondation Entreprendre qui devrait reprendre certaines
fonctions du projet à son expiration.
Le PAPME est un projet financé par le FED. Avec un budget de 6,825 Milliards F CFA son rôle
était double, d’aider à la création de nouveaux projets et le financement de ces projets. Le taux de
remboursement des crédits a été faible à ce jour (70%) et le nombre de projets générés a également
été faible. Son rôle est remis en cause et son devenir est actuellement à l’étude.
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Le droit du travail a pour fonction de régir les relations individuelles et collectivités entre les
travailleurs et les employeurs en assurant le meilleur équilibre possible de leurs intérêts, et en tenant
compte des impératifs économiques globaux. La législation du travail est à la fois un instrument de
protection du travailleur, un outil de gestion économique et un moyen au service du gouvernement
pour maintenir la cohésion et la paix sociales. Les modifications intervenues dans le domaine travail
depuis 1992 constituent un véritable bouleversement des valeurs et des usages bien que les normes
publiques de la main d’œuvre ne concernant qu’une fraction de l’activité économique. On le verra,
les changements intervenues ont tous été orientés vers la recherche d’une plus grande flexibilité.
3.1.1- Le code du travail
39
Le Code du travail a fait l’objet d’une révision en 2004 donnant lieu a une nouvelle loi notamment la
loi n°033-2004/AN du 14 septembre 2004 portant code du travail, promulgué le 15 octobre 2004
par décret n°2004-451/ PRES, modifiant la loi n°11-952 du 22 décembre 1992. C’est une loi qui
ne s’applique pas aux agents de la fonction publique, ni aux magistrats et aux militaires. Le Code du
travail est un document qui, en 398 articles regroupés en 10 titres, organise très complètement le
marché du travail. Il détermine les droits et devoirs des partenaires sociaux, employeurs et
travailleurs, sur des thèmes tels que la formation des contrats de travail, les conditions générales de
travail mais aussi la formation et l’orientation professionnelle. Ce changement répond aux
sollicitations des organisations professionnelles d’employeurs et de travailleurs. Elle prend en compte
les modifications de l’environnement international (mondialisation, entrée en vigueur du projet d’acte
uniforme de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires ou OHADA). Parmi les
modifications introduites en 2004, certaines ont pour objectif de renforcer ou préciser les droits des
travailleurs, d’autres visent la simplification du contrat de travail. Cette relecture du Code du travail
répond au souci d’une prise en compte des préoccupations du monde du travail. Le nouveau Code
introduit des droits et des devoirs pour chaque partenaire.
A- Le statut de travailleur
Le titre I porte sur les dispositions générales. L’article 2 stipule qu’est considéré comme travailleur,
quels que soient son sexe, et sa nationalité, toute personne qui s’est engagée à mettre son activité
professionnelle moyennant rémunération, sous la direction et l’autorité d’une personne physique ou
moral, publique ou privée, appelée employeur. Pour la détermination de la qualité du travailleur il
n’est donc tenu compte ni du statut juridique l’employeur ni de celui de l’employé. Les dispositions
générales indiquent dans l’article 5 l’interdiction absolue du travail forcé.
B- La suppression du monopole de l’ANPE
Le titre II porte sur l’emploi, le placement, la formation et l’orientation professionnelle. Sur le plan de
l’emploi, l’article indique que le service public chargé de l’emploi, de la formation et de l’orientation
professionnelle peut recevoir les offres et demandes d’emploi et assurer des opérations de
placement sur requête des employeurs, des travailleurs et des demandeurs d’emploi. L’article 12 en
autorisant l’ouverture de bureaux ou offices privés de placement et d’entreprises de travail
temporaire, ôte à l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) le monopole du
placement et de la formation aux métiers qu’il détenait.
C- Une diversité des contrats de travail
Le titre III porte sur les principes généraux et indique que tout contrat de travail est passé librement.
Il contient les différents contrats admis par la loi notamment : (1) Le contrat de travail à l’essai,
dans les cas où l’employeur et le travailleur, en vue de conclure un contact de travail définitif, verbal
40
ou écrit, décident au préalable d’apprécier, notamment, pour le premier, la qualité des services du
travailleur et son rendement, et pour le second, les conditions de travail, de vie, de rémunération,
d’hygiène et de sécurité ainsi que le climat social de l’entreprise. La durée de l’essai est limitée à 89
jours pour les journaliers, 1 mois pour le personnel autre que les agents de maîtrise et les cadres et 3
mois pour ces derniers. (2) Le contrat de travail à temps partiel, c'est-à-dire dont la durée
d’exécution est inférieure à la durée hebdomadaire légale. Il peut être à durée déterminée ou à durée
indéterminée. (3) Le contrat de travail a durée déterminée où le terme est précisé à l’avance
suivant la volonté des deux parties. Il ne peut être conclu avec la même entreprise plus de deux fois
ni renouvelé plus d’une fois. (4) Le tâcheronnat, où le tâcheron est une personne physique ou
morale qui recrute une main-d’œuvre nécessaire à l’exécution d’un travail ou la fourniture de certains
services moyennement un prix forfaitaire dans le cadre de l’exécution d’un contact écrit dénommé
contrat de tâcheronnat conclu avec un entrepreneur. (5) Le contrat de travail à durée
indéterminée. Certaines dispositions contenues dans ce titre constituent des avancées pour les
travailleurs. Il s’agit notamment de : la limitation du nombre de renouvellement du contrat de travail à
durée déterminée, le doublement de l’indemnité compensatrice de préavis lorsque la rupture
intervient pendant le congé du travailleur, l’introduction de la notion de chômage technique, la
modification de l’article sur la protection de la maternité, l’obligation de mettre en place un service
social dans tout établissement de plus de 200 travailleurs.
D- Les conditions générales du travail
Le titre IV aborde les conditions générales du travail et établit ainsi que la durée légale du travail est
fixée à 48 heures par semaine et 8 heures par jour. Les heures affectées au delà de la durée légale
du travail donnent lieu à une majoration de salaire. L’âge minimum requis est de 15 ans. Des
dispositions protègent le droit à la reproduction des femmes et le travail des enfants est interdit. Les
conditions générales portent aussi sur l’existence d’un Salaire minimum garanti.
travail et de maladie professionnelle) : celle des prestations familiales (y compris les prestations de
maternité). Les frais d’administration et les dépenses d’action sanitaire et sociale sont répartis entre
les diverses branches gérées par la CNSS.
3.1.3- La compétitivité des entreprises et l’emploi
Le problème de l’emploi constitue un des défis majeurs de la société Burkinabé, parce qu’il est
source de revenus et est donc un puissant moyen de lutte contre la pauvreté. Ainsi la recherche de
solutions appropriées au chômage est d’une nécessité impérieuse. La présente section entre dans ce
cadre à travers les questionnements ci- après : La législation sociale est-elle trop restrictive et est-elle
source de rigidité ? Nuit-elle à la compétitivité des entreprises et finalement à l’emploi ? La législation
actuelle permet-elle d’assurer la protection des travailleurs, y compris des plus démunis (enfants et
femmes notamment) et de ceux travaillant dans le secteur informel ? Quelle est la place et la
représentativité des syndicats dans le dialogue social ? Peut-on imaginer une fédération des
syndicats ? La flexibilité du travail revêt concerne la flexibilité salariale et la flexibilité contractuelle.
La flexibilité salariale désigne l’ajustement du cout de la main d’œuvre aux fluctuations du marché du
travail. Cela équivaut dans la négociation du contrat du travail a admettre une liberté aux parties
prenantes dans la détermination des rémunérations en fonction des possibilités de l’arbitrage de
l’offreur de travail. La législation du travail Burkinabè fait souvent l’objet de critiques liées au
caractère administré des rémunérations salariales. Les critiques du code de travail du Burkina porte
principalement sur l’existence d’un salaire minimum (Salaire minimum Interprofessionnel Garanti ou
SMIG), les conventions collectives contraignantes et doublées d’un niveau de charges sociales
élevées auxquelles l’employeur, elle constitue néanmoins pour eux une bouffée d’oxygène sur le plan
financier. Même la baisse récente des charges sociales ne semble toujours pas satisfaire les
employeurs, elle constitue néanmoins pour eux une bouffée d’oxygène sur le plan financier. Le
réaménagement introduit dans les taux de cotisation est favorable aux travailleurs avec l’espoir des
prestations vieillesse plus élevées. La flexibilité contractuelle porte aussi sur les conditions de
contractualisation notamment celles concernant la rupture des contrats de travail. Les critiques
habituelles portent sur la rapidité et les couts supportés par l’entreprise dans la cessation des
relations de travail ou encore la présence des pouvoirs public lors du processus de décision de
cessation. Selon la lettre de la loi, les contrats sont passés librement (article 38 du code du travail).
La liberté est militée par l’obligation de respect de certaines normes relatives à la sécurité de l’emploi
(mutation du travailleur, modification de la situation juridique de l’employeur, licenciement, durée du
temps de travail…). Ainsi, au terme de l’article 90, la mutation non prévue au contrat de travail initial
du travailleur ne peut se faire que sur accord de celui-ci. Selon l’article 95, en cas de modification de
la situation juridique de l’employeur (succession, reprise sous une nouvelle appellation, vente, fusion,
43
transformation de fonds, mise en société), tous les contrats de travail en cours subsistent entre le
nouvel employeur et le personnel de l’entreprise. En outre, la cessation des relations de travail obéit
à des règles conformément aux articles 102 à 107 du Code du Travail. La procédure prévoit la
recherche avec les délégués du personnel, et en présence de l’inspecteur du travail du ressort,
d’alternatives pouvant porter sur : la réduction des heures de travail, le travail par roulement, le
travail à temps partiel, le chômage technique, le réaménagement des prises, indemnités et avantages
de toutes natures, voire la réduction des salaires. Une telle procédure signifierait selon les critères de
la Banque Mondiale, une moindre flexibilité contractuelle pour l’employeur
3.1.4- La protection des travailleurs
A- Le code de la sécurité sociale
Le Code de la Sécurité Sociale, institue au Burkina Faso un régime de sécurité sociale destiné à
protéger les travailleurs salariés et assimilés et leurs ayants droits. Tous les travailleurs soumis aux
dispositions du code du travail sans aucune distinction de race, de nationalité, de sexe et d’origine,
lorsqu’ils sont occupés en ordre principal, sur le territoire national pour le compte d’un ou plusieurs
employeurs, quelle que soit la nature, la forme, la validité du contrat, la nature et le montant de la
rémunération. Y sont également assujettis, les salariés de l’Etat et des collectivités publiques ou
locales qui ne bénéficient pas, en vertu des dispositions légales ou réglementaires, d’un régime
particulier de sécurité sociale. Théoriquement donc les travailleurs du secteur informel sont aussi
concernés car la loi précise qu’est obligatoirement affilée en qualité d’employeur à l’établissement
public de prévoyance sociale chargé de gérer le régime institué, toute personne physique ou morale,
publique ou privée, qui emploie au moins un travailleur salarié. Le régime de sécurité social
comporte : une branche des prestations familiales chargée du service des prestations familiales et des
prestations de maternité ; une branche des risques professionnels, chargée de la prévention et du
service des prestations en cas d’accident du travail et de maladie professionnelle ; une branche des
pensions, chargée du service des prestations de vieillesse, d’invalidité et de survivants ; toute autre
branche qui viendrait à être créée par la loi. Ces services de prestations sociales viennent en
complément à l’action sociale et sanitaire définie par l’Etat à l’endroit des travailleurs. Le
financement des prestations servies par le régime institué par la présente loi est assuré par : les
cotisations sociales mises à la charge des employeurs et des travailleurs ; les majorations encourues
pour cause de retard dans le paiement des cotisations ou dans la production des déclarations
nominatives de salaire ; le produit des placements de fonds ; les subventions, dons et legs ; toutes
autres ressources attribuées par un texte législatif ou réglementaire en vue d’assurer l’équilibre
financier du régime.
B- Un Code sécurité sociale peu connue et peu effective
44
Suivant les statistiques de la CNSS, la législation sociale ne concerne qu’un nombre réduit de
burkinabé. Les assurés affiliés à la CNSS étaient au nombre d’environ140 000 en 2003 et de
150 000 en 2004. Cette faiblesse de la couverture sociale s’explique d’abord par l’importance du
secteur privé informel. Ainsi, seulement 0,1% des unités informelles seraient affiliées à la CNSS. Les
facteurs explicatifs de cette situations ont nombreux. Selon l’INSD, la législation sociale n’est pas
connue : 75% des actifs ne savent pas ce qu’est la sécurité sociale et 60 à 80% des unités
informelles ne connaissent pas la réglementation. La majeure partie des acteurs du secteur informel
sont des indépendants et travaillent donc pour leur propre compte. N’étant pas salariés, ils ne
peuvent pas être immatriculés à la CNSS. En effet, les indépendants affiliés à la CNSS sont des ex
travailleurs. Le non respect du SIMIG pour les salariés est aussi source d’exclusion des prestations.
Ne peuvent être déclarés à la CNSS que les travailleurs dont les rémunérations ont au moins égales
au SMIG. Enfin, tout comme dans le secteur formel, les employeurs évoluant dans le secteur
informel sont peu enclins à déclarer les travailleurs à la CNSS pour diverses raisons. En effet s’ils
déclarent leurs employés, ils devront payer des charges sociales jugées trop lourdes et devront
respecter le SMIG.
3.2- Les institutions de défense des droits collectifs sur le marché du travail
Le syndicalisme transforme le marché du travail par la négociation collective. Il est donc un
instrument d’amélioration des conditions de vie des travailleurs, c’est un mouvement qui opère les
transformations du marché du travail par l’outil qu’est la revendication. La possibilité de former des
syndicats repose sur les conventions n°87 et 98 de l’Organisation International du Travail (OIT) qui
proclament la liberté syndicale et le droit d’organisation et de négociation collective. Le Burkina
Faso en ratifiant les conventions internationales de l’OIT et en les traduisant dans des textes
nationaux adhère au principe de la représentativité syndicale. La constitution en ses articles 21 et 22
garantit la liberté syndicale et le droit de grève. Aujourd’hui, le syndicalisme burkinabé a deux
grandes composantes : le syndicalisme patronal et le syndicalisme ouvrier.
3.2.1- Les syndicats des travailleurs
Ces syndicats donnent aux travailleurs un pouvoir de marché dans la détermination des
rémunérations lors des négociations collectivités des conditions du travail. Ainsi grâce à leurs actions
les salaires peut être maintenu au dessous du niveau fixé par le jeu de l’offre et de la demande. Les
syndicats des travailleurs sont très nombreux et sont présents dans quasi-totalité des acteurs
d’activité de la vie économique nationale, y compris le secteur informel où on recense plusieurs
syndicats. Ils sont regroupés en sept centrales syndicales, auxquelles sont rattachés des syndicats de
base ou des syndicats autonomes. Les centrales syndicales sont la Confédération Générale du
Travail du Burkina (CGTB), la Confédération Nationale du Travail (CNTB), la Confédération
45
Syndicale Burkinabé (CSB), l’Organisation Nationale des Syndicats Libres (ONSL), l’Union
Générale des Travailleurs du Burkina (UGTB), l’Union Syndicale des Travailleurs du Burkina
(USTB) et l’Union Nationale des Syndicats Libres/ Forces Ouvrières (UNSL/FO). La plupart de
ces syndicats autonomes sont affiliés aux centrales. Les principaux sont les suivants : le Syndicat
Autonome des Infirmiers du Burkina (SAIB), le syndicat National des Infirmiers du Burkina Faso
(SNEAB), le Syndicat des Travailleurs de l’Education et de la Recherche (SYNTER), le Syndicat
Autonome des Travailleurs de l’Enseignement de Base (SYNATEB), le Syndicat des Travailleurs de
l’Action Sociale (SYNTAS), le Syndicat Aumône des Magistrats du Burkina Faso (SAMAB), la
Fédération des Concierges et Gens de Maison du Burkina Faso (FCGMB), le Syndicat du
Personnel de l’Administration Générale (SAPAG), le Syndicat National des Travailleurs de
l’Informations et de la Communication (SYNTATIC), le Syndicat des Travailleurs de la Poste
(SYNTRAPOST) et le syndicat National des Travailleurs des Postes et Communications
(SYNAPOSTEL). Héritier des luttes ouvrières européennes, notamment françaises, le syndicalisme
Burkinabé est resté très combatif. Cependant, il est important de souligner un certain essoufflement
du syndicalisme ouvrier burkinabé en raison du vieillissement de la classe syndicale burkinabé et de
l’admission à la retraite de leaders syndicaux charismatiques. La question de la fédération et de
l’unité syndicale, tout au moins au niveau ouvrier, n’a jamais trouvé un début de solution.
3.2.2- Le Conseil National du Patronat Burkinabè (CNPB)
Le Conseil National du Patronat Burkinabé (CNPB) est d’organisation patronale nationale unique.
C’est en 1976 qu’une vingtaine d’organisations patronales se sont regroupées pour former le
CNPB : les banques et établissements financiers, le groupement professionnel des industriels, les
commerçants importateurs et exportateurs, les sociétés d’assurance, l’enseignement privé, les
transporteurs routiers, etc.
3.3. Les institutions de protection sociale
La sécurité sociale est peu développée au Burkina car hormis la protection contre les risques
professionnels tels les accidents de travail et les maladies professionnels très peu de prestations sont
offertes en matière de protection santé.
3.3.1- Les institutions publiques de sécurité sociale
Le système officiel (public) de protection sociale au Burkina Faso se compose des institutions
suivantes : la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et la Caisse Autonome de Retraite des
Fonctionnaires (CARFO) et l’Office de Santé des Travailleurs (OST). La CNSS offre aux
travailleurs trois catégories de prestations : les allocations familiales et maternelles : des actions en
matière de risques professionnels ; les allocations de vieillesse d’invalidité et de décès. La CARFO,
elle gère les pensions des fonctionnaires civils et militaires, des magistrats et de leurs ayants droits.
46
L’OST, offre aux employés des entreprises et services à caractère privé et parapublic deux types de
prestations : les soins curatifs et la visite annuelle. La couverture offerte par l’OST peut large ou
milité. Dans le premier cas d’employé bénéficié de 80% des réductions par la maladie sans aucune
limite. Dans la second cas l’entreprise de l’employé concerné opte pour un montant forfaitaire pour
couvrir les dépenses de santé de l’argent. Dans ce cas l’employé bénéficiera de la prise en charge de
80% jusqu’à concurrence du montant du budget versé. La couverture porte on le voit sur les
travailleurs des secteurs publics et privé. Elle a un caractère partiel au regard de la population
couverte (9%) d’une part, et d’autre part par rapport aux prestations offertes.
3.3.2- Les institutions privées de sécurité sociale
A côté de ce réseau de sécurité sociale public, existe un réseau d‘établissement d’assurance et de
réassurance qui se compose de la Société Nationale d’Assurance et de Réassurance (SONAR), la
FONCIAS, l’Union des Assurance du Burkina (UAB), Générale des Assurances (GA), etc. Ces
sociétés offre des prestations en assurance maladie, mais le montant des primes et les conditions
d’adhésion constituent de sérieuses barrières à l’entrée. Ce réseau qui ne couvre de 1% de la
population sur le plan de la santé est marginal.
3.3.3- Les institutions mutualistes
On peut les définir comme des associations facultatives de personnes (donc à adhésion libre) à but
non lucratif, dont la base de fonctionnement est la solidarité entre tous les membres. Au moyen de
leurs cotisations principalement et sur la base de leurs décisions elle mène en leur faveur et en celle
de leur famille, une action de prévoyance, d’entraide et de solidarité, dans le domaine des risques
sociaux ». Il s’agit d’une variété d’expériences basées sur la solidarité dans le domaine de la
couverture des risques sociaux auxquelles les populations sont exposées de façon générale et en
particulier du risque « maladie ». Ces expériences ont pour but de faciliter l’accès des individus et de
leurs familles aux soins de santé (de base ou non) à travers un partenariat avec les formations
sanitaires ». Elles interviennent aussi dans le domaine des activités promotionnelles d’éducation à la
santé à travers des actions préventives. Leur importance stratégique dans le processus de
développement est telle qu’actuellement, elles sont perçues par les autorités et les partenaires au
développement comme des outils de lutte pour la réduction de la pauvreté. Les facteurs déterminants
d’émergence des mutuelles dans le domaine la santé identifiés sont nombreux. Les défaillances du
secteur privé de l’offre de soins et de protection sociale les défaillances de l’Etat d’autre part.
puisque le marché et l’Etat sont incapables de satisfaire l’éventail des besoins des populations en
soins de santé et en protection, celles- ci se voient obliger dans certaines circonstances (qui seront
précisées par la suite) de s’organiser sous forme collective, pour s’offrir ces prestations peu ou pas
du tout prises en charge, par l’Etat, et par le secteur privé. Un désengagement de l’Etat progressif
47
dans le cadre du programme d’ajustement structurel mis en œuvre depuis 1991 qui sur le plan
stratégique suscite un intérêt pour le développement des mutuelles de santé. Des barrières
financières, géographique dans la situation sanitaire à l’accès des populations aux soins de santé, qui
trouvent leur justification dans leur vulnérabilité et la précarité de leur conditions de vie. Des
mécanismes traditionnels d’entraide inadaptés au financement des besoins en santé. Une adhésion
des autorités, ONG et bailleurs de fonds pour l’émergence et développement des mutuelles de
santé.
A- Les Caisses de solidarité
Les Caisses de solidarité avec volet santé sont par définition des structures ayant pour public- cible
les travailleurs d’une entreprise donnée. Elles se forment suivant une logique basée sur la
formalisation d ‘une pratique d’entraide informel qui existait aux préalable entre les agents de
l’entreprise pour aire face à un événement social heureux ou malheureux survenant à un agent et qui
engage des ressources pour lesquelles chacun d dans l’entreprise est sollicité. On comprend
aisément pourquoi ces Caisses vont se particulariser par leur caractère multifonctionnel. Les caisses
sont alors mises en place pour collecter de façon régulière des cotisations auprès des agents afin de
faire collectivement face aux événements sociaux. Les taux de cotisations et les risques à couvrir ne
font généralement pas l’objet d’études de faisabilité mais décidés en Assemblée Générale.
Qualifiées souvent de mutuelles au regard de leur dénomination, elles ont un statut officiel
d’association. La première expérience identifiée est celle de la mutuelle douanière de Haute- Volta.
Les prestations qu’elles offrent fans le domaine de la santé varient suivant les caisses. Mais
généralement elles recouvrent sommes forfaitaires offertes aux membres en cas de réalisation de
l’événement social. Les événements prennent la forme de consultation, d’hospitalisation, de
naissances, de décès, de mariage, de licenciement ou retraite, de maladie. Ces caisses de solidarité
ne bénéficient jusque là d’aucun appui pourtant certaines d’elles veulent valoriser le volet santé de
leurs prestations. Elles rencontrent des difficultés pour mobiliser le ressources financières internes
quant elles n’arrivent pas à précompter les cotisations. Une première recommandation est que les
structures d’appui devraient se rapprocher de ces Caisses afin de leur fournir une expertise pour
accroitre leurs performances.
B- Les mutuelles de santé classiques
Les mutuelles de santé classiques sont des associations de personnes à but non lucratif qui se sont
volontairement regroupés pour mener en leur faveur et en faveur de leur famille un action de
prévoyance, d’entraide et de solidarité dans les domaines des risques sociaux. Pou ce faire elles
mettent en œuvre une entreprise au moyen des droits d’adhésion et cotisent pour s’offrir des
prestations qui répondent à leurs besoins. Cette association fonctionne sur la base de la solidarité, de
48
la démocratie et de l’autonomie. Dans les unités qui ont été passées en revue. On distingué deux
types de mutuelles de santé au regard de public- cible. Celles qui visent un public large hétérogène,
caractérisée par une faible cohérence sociale mais recouvrent des personnes éprouvant
éventuellement des besoins de couverture de certains risques sociaux. C’est le cas notamment de
Laafi Têebo, de la mutuelle de santé de Bobo Dioulasso, de la Mutuelle Sainte Famille de
Tounouma. La taille recherchée de l’association est élevée à priori et les risques couvertes sont
habituellement de gros risques. Ce sont des unités complexes qui exigent des compétences en termes
d’administration et de gestion. Elles connaissent des problèmes de participation des membres,
d’appropriation par les membres de la mutuelle, d’arrêtés de cotisations et de déficit en
compétences.
financière dans l’optique de l’autonomie. Ces agents font partie intégrante du fonctionnement des
mutuelles ainsi crées. C’est une situation de cogestion (prestataires de soins + représentants de la
mutuelle) qui pose un problème de participation effective des membres et celui de l’autonomie de la
structure et interroge sur l’appartenance ou non de genre de structure au champ des mutuelles de
santé. Rappelons que le qualificatif de mutuelle que se donnent ces structures tient au fait que
l’adhésion est libre, que la structure organise le partage des risques, et la prévoyance. De même
théoriquement la structure devrait être gérée par les membres. Enfin, la finalité de ces structures est
d’amener les membres à s’approprier leurs mutuelles et à les gérer de façon autonome.
La qualité de l’insertion des actifs occupés dans le marché du travail peut être appréhendée à travers
plusieurs volets : le sous emploi ; la précarité de l’emploi ; la sécurité dans l’emploi ; la pluriactivité ;
la vulnérabilité de l’emploi ; le rapport de dépendance.
A- Le sous emploi
Le sous emploi est capté ici par l’état d’un actif qui, bien qu’étant occupé, est prêt à prendre un
emploi supplémentaire. Le taux de sous emploi est très élevé à l’échelle national (62,1%). Il est
encore plus élevé en milieu urbain (68,3%) qu’en milieu rural (60,3%). Le sous emploi en milieu
urbain comme en milieu rural, touche plus les hommes que les femmes. Son taux en milieu urbain est
de 71,8% chez les hommes contre 64,4% chez les femmes. De même en milieu rural, il atteint 65%
au sein des hommes mais se situe à 56,4% chez les femmes. Le phénomène de sous emploi est
présent dans toutes les régions mais frappe plus les régions du Centre-Sud (72,2%) du Centre Nord
(71,4%) et du Centre (70,9%). Les employés du secteur primaire sont ceux qui ressentent le moins
le poids du sous emploi. En effet, le taux de sous emploi est de 60,9% pour le secteur primaire, alors
qu’il atteint 72,8% dans l’industrie, 69,7% dans le commerce et 62,2% au sein des actifs occupés
des autres services. Le taux de sous emploi est plus élevé au sein des individus ayant le niveau
d’éducation primaire et plus faible pour ceux ayant le niveau d’éducation supérieur. Le taux de sous
emploi est plus élevé chez les non pauvres (62,9%) que chez les pauvres (61,1%) , et beaucoup plus
accentué dans la classe d’âge 30-49 (64,4%) que dans les autres groupes d’âge.
B- La pluriactivité
Un individu est dans une situation de pluriactivité s’il a eu plusieurs emplois au cours des 7 derniers
jours précédant le déroulement de l’enquête. Le taux de pluriactivité qui est de 10,7% est plus élevé
en milieu rural (11,7%) qu’en milieu urbain (7,3%). Cela pourrait être dû au fait qu’il est plus facile
de se trouver une activité supplémentaire dans les villages que dans les villes. Le taux de pluriactivité
est plus important chez les hommes que chez les femmes. Dans le monde rural, 15,8% d’hommes
contre 8,2% de femmes occupés ont plus d’un emploi. Dans les villes, le taux de pluriactivité pour
les hommes est de 8,3% et n’est que de 6,1% chez les femmes. Les plus forts taux de pluriactivités
sont observés dans les régions du Centre Est (21%) du Plateau Central (19,8%) du Centre Sud
(16,9%) et du Sud-ouest (13,1%). Selon le secteur d’activité, c’est dans le secteur primaire et celui
de l’industrie que ce taux est le plus élevé : respectivement 11,1% et 13,2%. L’individu dans un cas
53
d’emploi non décent peut adopter la pluriactivité comme stratégie palliative aux insuffisances de cet
emploi. Dans ce sens, la pluriactivité est un indicateur d’emploi décent. Plus l’emploi est décent, plus
le risque de pluriactivité est faible. Aussi, la pluriactivité pourrait être vue comme stratégie de certains
individus pour sortir de la pauvreté. C’est ainsi qu’on remarque que chez les non pauvres, le taux de
pluriactivité est plus élevé (10,9%) que chez les pauvres (10,4%). Enfin, on constate que, le taux de
pluriactivité décroit avec le niveau d’éducation.
C- La précarité de l’emploi
Selon le BIT, un emploi précaire est un emploi non permanent. Ce sont par exemple l’intérim, les
contrats à durée déterminée, l’apprentissage, etc. Le taux d’emploi précaire est très élevé à l’échelle
nationale (78,8%). En milieu rural où la quasi-totalité des actifs est occupée dans des emplois
saisonniers tels que l’agriculture, ce taux est excessivement élevé (88,6%). Même en milieu urbain, le
taux d’emplois précaire est loin d’être négligeable (44 ,2%). La précarité de l’emploi est plus
prononcée chez les femmes que chez les hommes : Les taux d’emplois précaires chez les hommes et
chez les femmes en milieu urbain sont respectivement de 42,3% et 46,3%. En milieu rural, ce taux
est de 89,9% pour les femmes contre 87,1% pour les hommes. Les taux d’emplois précaires les
plus importants sont ceux des régions du Nord (95,5%), du Sahel (95,5%), du Centre-Nord
(93,6%) et du Centre Sud (91,3%). La précarité de l’emploi est plus fréquente chez les pauvres
(85,9%) que chez les non pauvres (73%). Il est de 91,9% dans le secteur d’activité primaire, 31,7%
dans l’industrie, 27,3% dans le commerce et 20,1% dans les autres services.
D- La sécurité de l’emploi
Un emploi est sécurisé si le travailleur bénéficie d’une sécurité sociale. Les types de sécurité sociale
sont celles servi par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la caisse autonome de retraite
des fonctionnaires (CARFO), et les services d’assurance. La sécurité sociale est loin d’être la chose
la mieux partagée au Burkina Faso. Le taux d’emplois sécurisé n’est que de 2,9%. En milieu urbain,
seulement 10,1% des emplois sont sécurisés. Dans le monde rural, les emplois sécurisés sont
presque inexistants (0,8%). Les femmes sont les premières victimes de la sécurité dans l’emploi :
93,3 % de femmes contre 86,9% d’hommes en milieu urbain ont des emplois non sécurisés. En
milieu rural, seulement 1,3% d’hommes et 0,4% de femmes ont des emplois sécurisés. La
proportion des emplois sécurisés reste très faible dans toutes les régions. Les régions ayant les taux
les plus élevés sont le Centre (11,2%) et les Hauts Bassins (3,2%). Le taux d’emplois sécurisés est
de 4,9% chez les non pauvres et n’est que de 0,4% chez les pauvres croit avec le niveau
54
d’instruction. Il est de 0,5% au sein de ceux n’ayant aucun niveau d’éducation et atteint 77,2% pour
les actifs ayant le niveau d’étude supérieur. Les emplois du secteur primaire sont très peu sécurisés.
Le taux d’emplois sécurisés varie de 0,3% dans le primaire à 1,8% dans le commerce et atteint
7,5% dans l’industrie. Comme on pouvait s’y attendre c’est les emplois des autres services qui
comprennent entre autres les activités de l’administration centrale qui sont les plus sécurisés
(28,7%).
Selon le BIT, la vulnérabilité dans l’emploi est la situation des travailleurs à leur propre compte et les
apprentis et les aides familiaux non rémunérés. Le taux d’emploi vulnérable est très élevé au plan
national (92,3%) reflétant ainsi le faible taux de salarisation (5,2%). En milieu urbain ce taux est de
71,8% mais atteint 98,2% en milieu rural. Les femmes sont aussi les plus vulnérables en matière
d’emploi. En milieu rural comme en milieu urbain, la proportion d’emplois vulnérables reste plus
importante chez les femmes que chez les hommes. Elle est de 81,3% chez les femmes contre 63,6%
chez les hommes en milieu urbain. En milieu rural, la quasi-totalité des emplois sont vulnérables. En
effet, le taux d’emplois vulnérables au sein des femmes dans ce milieu est de 99,1% et celui des
hommes est de 97,1%. Dans toutes les régions, le taux d’emplois vulnérables excède 91% sauf dans
la région du Centre où il est de 64,2%. Par ailleurs, le taux d’emplois vulnérables est plus élevé chez
les pauvres que chez les non pauvres : respectivement 96,6% et 88,8%. La vulnérabilité dans
l’emploi est une fonction décroissante du niveau d’éducation. Le taux d’emplois vulnérable qui est de
97,1% chez les individus sans aucun niveau d’instruction est de 14% chez les actifs occupés ayant le
niveau d’éducation supérieur. La quasi-totalité (99%) des emplois du secteur primaire sont
vulnérables. La proportion des emplois vulnérables est de 69% dans l’industrie, 88,1% dans le
commerce et 39% dans les autres services.
F- Le rapport de dépendance
Le rapport de dépendance est le rapport entre les actifs occupés et les personnes en charge. Les
personnes à charges sont les inactifs et les chômeurs. Ce sont essentiellement les personnes de moins
de 15 ans (83,5%). La proportion des chômeurs et des personnes âgées dans la population à charge
est respectivement de 4,1% et 5,8%. En milieu urbain, une part importante de ces individus est
constituée de chômeurs (13,9%). Le rapport de dépendance est de 1,4 à l’échelle nationale. Cela
nous indique qu’un actif occupé a en moyenne 1,4 personnes à sa charge (chômeur ou inactifs). Le
rapport de dépendance est plus élevé en milieu urbain qu’en milieu rural. Un actif occupé en milieu
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urbain a en moyenne en charge 1,6 personne alors qu’un actif occupé du monde rural a en moyenne
en charge 1,4 personne. Malgré ce rapport de dépendance plus élevé en milieu urbain, la pauvreté
demeure essentiellement rural, signe peut être que la plupart des emplois du milieu urbain sont plus
décents que ceux du milieu rural. Les actifs occupés pauvres ont plus de personne en charges que
les travailleurs non pauvres. En effet, le rapport de dépendance est de 1,5 chez les pauvres alors
qu’il est 1,3 chez les non pauvres. En conclusion, on peut dire que la population active est dominée
par les femmes et les jeunes de 15- 29 ans. Si en milieu urbain, le TBA des hommes est supérieur à
celui des femmes, en milieu rural il est nettement plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Au sein de la population active occupée, la précarité, la sévérité et l’insécurité dans l’emploi sont
bien plus accentués chez les femmes que chez les hommes. En revanche, le taux de pluriactivité, et
de sous emploi sont quant à eux plus élevés chez les hommes que chez les femmes. Vu les
spécificités du chômage au Burkina, des mesures particulières en matière d’emplois doivent être
prises envers les couches les plus vulnérables que sont les jeunes et les femmes. A cela il faut ajouter
l’amélioration du climat des affaires et la protection sociale.
56
pratiqués à l’étranger ; et plus particulièrement en France. Cependant, cette politique n’a pas été très
efficace : en 1980, selon les chiffres de statistiques financières internationales (FMI), le taux de
rémunération des dépôts en France était de 12 points supérieur à celui des pays de l’UEMOA, et
les avoirs extérieurs totaux de cette sous zone étaient importants.
4.1.2- L’allocation sectorielle des crédits suivant les secteurs prioritaires
Afin d’encourager les investissements dans les secteurs prioritaires, les taux d’intérêt étaient fixés
administrativement à un niveau faible, et différenciés en fonction du secteur du secteur à financer.
Cette différenciation était complétée par les plafonds de crédits. Au sein des pays de l’UEMOA, le
principal instrument de la BCEAO était le réescompte (à un taux unique jusqu’en 1975) avec un
plafond déterminé par banque et par entreprise. A partir de 1975, et jusqu’aux réformes de 1989,
deux taux de réescompte ont été appliqués (normal et préférentiel). Ce mécanisme du réescompte
s’est en fait transformé en un recours systématique au refinancement de la Banque centrale.
4.1.3- Des règles de prudence peu appliquées
Avant les réformes financières, l’accumulation des risques pris par les banques en UEMOA semble
davantage liée au non- respect de la réglementation prudentielle qu’à un défaut de la loi elle- même.
Ainsi, dès 1965, selon la loi bancaire n°65-252, les banques devaient constituer un fonds de
réserves, et, à partir de 1966, elles étaient contraintes de respecter un montant minimum de capital
(comprenant les réserves et les provisions non affectées), égal à 300 millions de FCFA (un milliard
de FCFA à partir de 1982). Une centrale des risques bancaires, créée en 1962, répertoriait tous les
crédits d’‘un montant supérieur à dix millions de FCFA. De plus, à partir de 1975, les autorités
pouvaient contrôler la qualité des crédits par le mécanisme de l’autorisation préalable pour tout client
sur lequel les engagements de la banque étaient supérieurs à 100 millions de FCFA. Cependant,
comme la surveillance et la sanction des banques dépendaient du ministère des Finances de chaque
Etat, et que ce dernier avait des intérêts dans la plupart des banques, la réglementation prudentielle
était peu appliquée.
4.2- Le nouveau cadre institutionnel du financement
Dans le cadre de la nouvelle politique monétaire, les taux d’intérêt ont été libéralisés, des réserves
obligatoires ont été instituées, et un marché monétaire mis en place. L’objectif de ces réformes est
de gérer de manière indirecte les taux d’intérêts et la liquidité bancaire.
4.2.1- La déréglementation du marché
Les taux d’intérêt de la plupart des pays africains ont été libéralisés et ne sont plus déterminés
administrativement. La BCEAO, dirigeant la politique monétaire des pays de l’UEMOA, a procédé
à cette réforme end eux étapes : 1989 et 1993. En 1989, elle a unifié les taux débiteurs, en partie
libéralisé les taux créditeurs et supprimé le taux d’escompte préférentiel. En octobre 1993, la
58
BCEAO a libéralisé les taux débiteurs. Depuis cette date, seul persiste un taux maximum, égal à
deux fois le taux d’escompte. Désormais, les plafonds de refinancement concernant l’ensemble des
crédits et non plus seulement les crédits ordinaires. Par ailleurs, l’obligation d’allouer un pourcentage
minimum de crédits envers certains secteur sa été supprimée. Selon l’indice composite mesurant le
degré de libéralisation financière calculé par le FMI (1999), le Burkina Faso est en 1997 l’un des
cinq pays d’Afrique subsaharienne où le secteur financier est le plus libéralisé.
4.2.2- L’émission de bons du Trésor et le marché monétaire
Alors qu’auparavant, les dispositifs de refinancement des banques et de placement de leurs liquidités
reposaient essentiellement sur la Banque centrales, la BCEAO a mis en place une politique d’open
market depuis octobre 1993. Le marché monétaire de l’UEMOA comporte deux guichets
complémentaires : un marché interbancaire et un guichet des appels d’offre hebdomadaires de la
BCEAO. Il convient d’ajouter des instruments annexes de réglage de la liquidité : prises en pension,
reprises exceptionnelles de liquidité et prêts consentis au taux d’escompte. La réforme a été
complète en juillet 1996 avec l’adoption d’une réglementation concernant les titres de créances
négociables afin de permettre aux entreprises d’émettre des billets de trésorerie, aux banques des
certificats de dépôts, aux établissements financiers et aux organismes régionaux des bons des
institutions financières régionales.
4.2.3- L’adoption d’une nouvelle loi bancaire
Parallèlement aux réformes monétaires, de nouvelles lois bancaires ont été adoptées en 1990 dans
les pays de l’UEMOA. Une régulation prudentielle a été mise en place et le dispositif de surveillance
des banques a été renforcé.
A- La mise en place de règles prudentielles
L’objectif de la régulation prudentielle est de limiter les risques pris par les banques pour qu’elles
restent liquides et solvables. Une telle loi est indispensable en raison du risque systémique (extension
de la faillite d’une banque aux autres banques et à tous les acteurs économique imbriqués dans de
relations de créanciers et débiteurs). En effet, le coût social de la faillite d’un système bancaire est
supérieur à la somme des coûts individuels de la faillite de chaque banque. On considère qu’une
banque est liquide si elle peut restituer à la première demande les dépôts à vue et à très court terme
de sa clientèle. Une banque est solvable si elle peut faire face en toutes circonstances à ses
engagements avec ses ressources propres. Afin de limiter les risques, les différentes lois bancaires
ont par exemple limité le montant des engagements envers un seul client ou envers les dirigeants et
les employés des établissements bancaires. Par ailleurs un montant minimum de capital social a été
imposé limité le montant des engagements envers un seul client ou envers les dirigeants et les
employés des établissements bancaires. Par ailleurs, un montant minimum de capital social a été
59
imposé. Dans les pays de l’UEMOA, un dispositif prudentiel a été appliqué à partir d’octobre 1991.
Au sein de cette zone monétaire, le ratio de couverture des risques, mesuré par le rapport « fonds
propres/ risques », devait être au minimum égal à 4% jusqu’à la fin de l’année 2001, date à partir de
laquelle, il doit être équivalent aux règles internationales, c'est-à-dire au ratio Cooke défini par le
Comité de Bâle et fixé et 8%. Par ailleurs, la loi bancaire de 1900 fixe le capital social minimum des
banques à un milliards de F CFA.
B- La mise en place de réserves obligatoires
La BCEOA a mis en application un système de réserves obligatoires à partir d’octobre 1993.
L’introduction d’un taux de réservée obligatoire limite l’octroi de récrits par la création monétaire
des banques secondaires. La constitution de réserves obligatoires était prévue depuis 1975 mais elle
n’avait pas été appliquée. Le niveau est relativement faible : 1.5% sur les dépôts à vue et les crédits
à court terme (hors crédits de campagne). Ces taux sont restés inchangés jusqu’en 1998, année au
cours de laquelle ils ont été modifiés à plusieurs reprises : 9% en août 1998, il a ensuite été abaissé à
3% en décembre 1998 au Burkina Faso.
C- Le renforcement de la capacité de surveillance de la banque centrale
La nouvelle loi bancaire a également renforcé la capacité de supervision de la banque centrale. Au
sein de l’UEMOA, ce rôle été confié à la Commission bancaire créée en 1990. Elle accorde ou
retire l’agrément aux banques, réalise des contrôles sur pièce ou sur place et prend de sanctions
disciplinaires. Afin d’inciter les banques à sélectionner des emprunteurs de bonne qualité, un système
d’accord de classement (mis en place en 1991) à été appliqué à partir de 1993. Par ce mécanisme,
la Banque centrale sélectionne les créances qu’elle accepta de refinancer en fonction de la qualité de
leur signature, et elle indique l’encours de crédits susceptible d’être mobilisé.
4.2.4- La mise en place d’un marché financier
En décembre 1993, le Conseil des ministres de l’UEMOA a décidé de créer un marché financier
régional et a donné mandat à la BCEAO de conduire les études y relatives. Le marché financier
régional a ainsi vu le jour en septembre 1998 avec la création de diverses institutions. La Bourse
régionale des valeurs mobilières (BRVM), société privée, est une des composantes institutionnelles
du marché financier régional mis en place au sein de l’UEMOA. La seconde composante
institutionnelle est le Dépositaire Central/ Banque de règlement (DC/BR), également société privée.
Le troisième composante institutionnelle est le Conseil régional de l’épargne et des marchés
financiers (CREPMF), institution publique chargé d’animer et de contrôler le marché financier.
Toutes ces institutions ont leurs sièges à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
A- Activité de la bourse depuis la création
60
La BRVM dispose de deux compartiments : un pour les actions et un compartiment pour les
obligations. Peuvent être admises au premier compartiment, des sociétés anonymes ayant
notamment, un capital d’au moins 500 millions de FCFA, une marge nette sur chiffre d’affaires d’au
moins 3% au cours des trois derniers exercices et accepter de diffuser au moins 20% de son capital
dès l’introduction en bourse, et présentant 5 années de comptes certifiés. Pour l’admission au
second compartiment, le capital minimum est de 200 millions de FCFA, il faut présenter au moins
deux années de comptes certifiés et accepter de diffuser au moins 20% de son capital dans un délai
de deux ans (ou 15% en cas d’introduction par augmentation de capital). Pour le compartiment
obligataire, les emprunts obligataires doivent avoir un nombre minimal de titres à l’émission de
25.000 et la valeur nominale minimum de l’émission doit être de 500 millions de FCFA, et présenter
deux années de comptes certifiées. Par ailleurs, de grandes banques (telles que la BOAD par
exemple) évoquant la cherté de l’accès au marché comme frein important à leur recours au marché.
B- Diagnostic et évaluation
La BRVM traverse des difficultés financières liées à la faible profondeur du marché financier et à la
faible animation (faiblesse des transactions sur chaque titre coté). Depuis l’origine, la BRVM a
accumulé des résultats déficitaires et nécessite une recapitalisation. Parmi les solutions en cours
d’élaboration, figure l’objectif de faire coter des PME. Une étude de faisabilité sur la mise en place
d’un marché boursier organisé pour la PME, grâce à la mise en place d’un compartiment
« croissance », a été réalisé en 2003. L’étude reconnaît la capacité de la BRVM, en terme
d’expertise et d’expérience, à monter un tel département. Cependant, certains efforts de formation
devront être consentis. Une révision du cadre législatif pour l’adapter à ce marché de démarrage
devra être entreprise (droit des sociétés, droit fiscal, législation en matière de faillite et d’insolvabilité,
résolution des litiges, concurrence, droit bancaire). Le plan d’action suggéré insiste tout d’abord sur
les importants efforts de concertation des différents décideurs de l’UEMOA et la mise en place
d’une stratégie intégrée, afin de dynamiser l’ensemble de la BRVM. Les recommandations
adressées aux autorités de l’UEMOA et au CREPMF se situent à plusieurs plans. Sur le plan
stratégique, il est nécessaire d’inciter au développement du capital risque, de la demande des
épargnants pour les produits de placement, à la poursuite des programmes de privatisation et faciliter
la prise de risque par les établissements financier. Sur le plan financier, une recapitalisation de la
BRVM s’avérera nécessaire, ainsi que le rétablissement de la rentabilité de la BRVM, notamment
par l’utilisation du compartiment obligatoire par les Etat pour le financement de leur dette. Sur le plan
prudentiel, une mise à niveau internationale des normes réglementaires sera nécessaire, ainsi que des
efforts d’ajustement du cadre législatif. Sur le plan comptable, les principes et usages reconnues
devraient être adaptés aux PME, tout en s’assurant de promouvoir la transparence de la divulgation
61
intervenir sur ce marché interbancaire en achetant ou en vendant des liquidités pour faire varier le
taux d’intérêt. C’est la politique d’ « Open Market ». Si la Banque Centrale souhaite que les
banques obtiennent facilement des liquidités (exemple : lorsqu’il y a ralentissement de l’activité
économique), la Banque Centrale se porte offreur (ou vendeur) de liquidités. L’offre étant supérieure
à la demande, le taux d’intérêt baisse. Conséquence : les banques pourront se refinancer facilement
sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à coût faible donc une hausse des possibilités de
crédits vis-à-vis de leurs clients. Si en revanche la Banque Centrale souhaite que les banques
obtiennent difficilement des liquidités (exemple : lorsqu’il y a inflation, croissance forte de l’activité
économique), la Banque Centrale se porte acheteur (ou demandeur) de liquidités. L’offre étant
inférieure à la demande, le taux d’intérêt monte. Conséquence : les banques pourront se refinancer
difficilement sur ce marché interbancaire et obtenir des liquidités à cout élevé donc une baisse des
possibilités de crédits vis-à-vis de leurs clients.
4.3.1- La Banque centrale
A-La BCEAO, Banque centrale de l’UEMOA
Avant de revenir sur le contexte national de la Banque centrale burkinabè, il est
important de situer le cadre supranational de cette institution au niveau de l’espace
économique sous régional de l’Afrique de l’Ouest. La Commission Bancaire de
l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) a été créée par une convention
signée par les Ministres des Finances des Etats membres de l’UMOA le 24 avril
1990 à Ouagadougou, dans le but de "contribuer à assurer une surveillance
uniforme et plus efficace de l’activité bancaire et une intégration de l’espace
bancaire dans l’UMOA". Elle procède ainsi de la volonté des Autorités de l’Union
de confier le contrôle de l’activité bancaire à une structure communautaire à
laquelle ont été dévolus, par les Etats, les pouvoirs nécessaires à l’exercice de ses
attributions. En application de la Réforme Institutionnelle de l’UMOA et de la
BCEAO, adoptée par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de
l’Union le 20 janvier 2007, une nouvelle Convention régissant la Commission
Bancaire de l’UMOA a été signée par les Ministres des Finances des Etats
membres le 6 avril 2007 à Lomé. La Commission Bancaire exerce les pouvoirs
qui lui sont attribués dans l’annexe à la Convention sur le territoire de chacun des
Etats membres. Ces pouvoirs se rapportent notamment : à l’agrément et au retrait
d’agrément des établissements de crédit ; au contrôle des établissements de crédit
et des systèmes financiers décentralisés ; aux mesures administratives et sanctions
disciplinaires à l’encontre des établissements assujettis ou des dirigeants
63
étaient réalisées selon une procédure d’adjudication mixe à la française, dite enchère régionale
organisée au sein de l’UEMOA. Il s’agissait en fait d’un double système d’enchères (offreurs et
demandeurs) qui permettait de dégager le profit de l’offre et de la demande, et de déterminer ainsi le
volume échangeable de liquidité de même que le taux d’intérêt équivalent. Après deux années de
fonctionnement, ce nouveau marché monétaire est encore passé à une nouvelle étape marquée par
une modernisation et un approfondissement de son système de fonctionnement. Des aménagements
ont été apportés en juillet 1996. Il s’agit des adjudications mixtes à la française et l’adoption de la
technique d’adjudication à la Hollandaise de la mise en place d’une politique d’open market,
permettant ainsi à la Banque Centrale de pouvoir influencer la liquidité bancaire à travers la vente ou
l’achat de titres sur le marché. De la nouvelle technique d’adjudication, il faut dire que le marché des
enchères régionales se déroule par voie d’adjudication à taux multiples dite à la hollandaise ouvert
soit aux offreurs, soit aux demandeurs selon la procédure de pension. Concrètement, les injections
de liquidité s’affectent par appel d’offre pour les prises en pension adressées aux demandeurs de
ressources tandis que les reprises brusques de liquidité s’affectent par appel d’offre pour des mises
en pension adressées aux offreurs de ressources. Dans ce compartiment de marché monétaire,
circulent des titres financiers comme les bons du trésor, les billets de trésorerie, les certificats de
dépôts, les bons des établissements financiers et les bons des institutions financières régionales. Les
bons du trésor sont des titres négociables sur toute l’étendue de l’UEMOA. Ils sont émis par les
Etats de l’Union dans le cadre du financement de leur besoin de trésorerie. La durée de ces bons ne
peut être inférieure à une semaine, ni excéder deux ans. Leur valeur nominale est fixée à un million de
francs CFA ou en multiples de ce montant. Les billets de trésorerie sont des titres représentatifs de
créances sur les entreprises non bancaires. Ils permettent à ces dernières de lever des capitaux dans
des conditions de marché beaucoup plus favorables que les recours à l’endettement intérieur. Leur
durée est semblable à celle des bons du trésor. Les certificats de dépôts sont des titres de créance
sur les banques satisfaisants aux dispositifs prudentiels notamment les ratios de solvabilité et de
liquidité. Leur durée est comprise entre sept (07) jours et sept (07) ans maximum. Ces titres
favorisent la collecte de ressource à moyens terme par les banques à des conditions de marchés
acceptables. Les bons des établissements financiers représentent des titres de créance sur les
établissements financiers. Ils contribuent à diversifier de ce fait les sources de financements réservés
à ces établissements. Leur durée varie entre sept jours et sept ans. Les bons des institutions
financières régionales sont des titres de créances sur les organismes financiers régionaux agréés par
la Banque Centrale. L’émission de ces bons permet à ces organismes d’assurer une adéquation
entre les ressources de financements et les projets de développements. Ces bons sont émis sur des
durées allant de sept jours à sept ans. Pour mener sa mission, la BCEAO a décidé d’assoir sa
66
politique monétaire sur les banques primaires et établissements financiers. C’est ainsi qu’elle définit à
leur intention la réglementation qui leur est applicable. Aussi s’évertue-t-elle à exercer à leur égard
des fonctions de surveillance d’où la mise en place d’un dispositif de surveillance. C’est le cas du
dispositif prudentiel matérialisé par la fixation d’un taux de réserve ci-dessous mentionné. La
BCEAO dans le cadre de sa mission de surveillance dispose d’un droit d’accès le plus large
possible à toute information qu’elle juge nécessaire. Les assujettis que sont les banques primaires et
établissements financiers sont tenus en particulier, à sa demande, de lui communiquer les informations
relatives au fonctionnement des systèmes, ou qui en font cas, notamment leurs statuts, les résultats
des audits internes et externes portant sur les systèmes de paiements, les statistiques sur les
transactions effectuées par les systèmes ainsi que celles relatives aux fraudes. La collecte des
informations statistiques s’effectue en particulier selon une périodicité mensuelle ou trimestrielle ; en
fonction des systèmes et des statistiques demandées. La mise en œuvre de cette mission de
surveillance a pour objectif de concourir à la lutte contre l’inflation. Comme sous mentionnée, la
BCEAO, depuis l’avènement de la dévaluation du franc CFA, a décidé de faire de la lutte contre
l’inflation « son cheval de bataille ». L’inflation peut se définir comme une hausse généralisée et
continue des prix. Elle apparait lorsqu’il ya un déséquilibre dans le circuit économique. Sa
persistance aboutit inéluctablement à une dépréciation totale de la monnaie : les billets n’ont plus
qu’un pouvoir d’achat dérisoire. Pour éviter de se retrouver dans cette situation, aux conséquences
désastreuses, la BCEAO à travers ses différentes interventions sur le marché monétaire mène des
actions délibérées sur la masse monétaire et les actifs financiers en vu de la régularisation de
l’économie à court et à moyens termes. Cette régulation est tributaire des politiques de crédit et de la
politique de change. La BCEAO dispose de ce fait de différents instruments à savoir : les variations
du taux de l’escompte, l’achat et la revente d’effets publics sur le marché monétaire (confère I ; B),
les variations des réserves obligatoires des banques, de l’encadrement du crédit, le contrôle
administratif des taux d’intérêts. La crise économique et financière de l’année 2009 a contraint la
BCEAO à réviser sa politique monétaire avec toujours pour principal objectif la lutte contre
l’inflation. Les taux directeurs ont été ramenés de 4,75 à 4,25 pour cent. Cette mesure tend à
réduire les taux d’intérêts directeur de manière à rendre le crédit moins cher au profit de l’ensemble
des acteurs économiques c’est-à-dire les entreprises et les ménages. Aussi, ambitionne-t-elle
d’abaisser les coefficients de réserves applicables aux banques nationales afin d’augmenter sa
capacité d’offre de crédit par la libération des ressources de trésorerie supplémentaires. Tout cela
participe au dynamisme de l’économie et partant, sa capacité à atténuer sensiblement les risques
inflationnistes. Le suivit est effectué par le Comité de la Politique Monétaire (CPM) de la BCEAO
qui se réuni régulièrement pour faire l’état de la lutte contre l’inflation et trouver les solutions visant à
67
concourir à la sensibilité des prix. Pour prétendre mener à bien une politique monétaire, il est
nécessaire d’avoir la possibilité de se faire une idée sur la masse monétaire. Cela s’avèrerait aisé
dans un contexte ou le niveau de bancarisation est assez élevé. Au Burkina Faso tout comme dans
les autres pays de l’UEMOA, on constate que le niveau de bancarisation est très faible. Cet état de
fait, (parce qu’inquiétant) a suscité une prise de conscience et donc la volonté de trouver des
solutions en vue de renverser la tendance. La bancarisation se définie comme la proportion de la
population titulaire d’un compte en banque. Elle est mesurée par un indice appelé taux de
bancarisation. Cet indice traduit le niveau de pénétration des services bancaires et financiers dans le
pays ou la région concernée. Pour les Etats membres de l’Union dont le Burkina Faso, cet indice est
très bas, traduisant un état de faible bancarisation généralisée. La monnaie fiduciaire occupe une
place de choix dans les habitudes financières. L’épargne des ménages n’est pas réellement mise à
contribution pour le financement des activités économiques car en grande partie thésaurisée. La
faible densité du réseau bancaire du Burkina Faso est en plus du réflexe fiduciaire, également l’un
des facteurs caractéristiques de la faiblesse du niveau de bancarisation. La répartition géographique
des guichets des banques n’est pas bien faite. Ces guichets sont pour l’essentiel implantés dans les
grandes villes ou les banques développent leurs activités en priorité. Les villes secondaires et surtout
les zones rurales ne sont pas desservies. Une partie importante la population est ainsi délaissé et du
simple fait de son lieu de résidence. Aussi, pourrait-on accuser le développement important des
Institutions de Micro Finance (IMF). Les services offerts par ces institutions ne couvrent qu’une
faible portion des besoins de financement de l’économie, ce qui démontre inefficacité à assurer une
croissance économique réelle. De ce fait, bien que ces institutions soient d’une utilité certaine dans un
pays comme le Burkina Faso il est peu probable qu’elle puisse constituer une alternative pour le
financement d’un développement durable et pérenne. En dehors des IMF dont le cadre
d’intervention est réglementé par les autorités monétaires, il existe une multitude de structures
parallèles de financement qui évoluent essentiellement dans l’informel avec des pratiques usurières
très peu favorables à u véritable essor économique. Ces différents signes caractéristiques d’un état
de faible bancarisation ont été perçus par les autorités monétaires et étatiques qui ont pris divers
initiatives afin de palier ce problème. Si les autorités monétaires et étatiques ont pris divers initiatives
pour parvenir à une bancarisation effective, c’est parce que cela a des conséquences fort positives
sur l’économie burkinabé. En effet, la bancarisation permet la sécurisation des avoirs et
des transactions. Elle permet de créer un climat de confiance entre les établissements de crédit et les
populations qui pourront ainsi recourir à leurs relations bancaires pour assurer le financement de
leurs activités économiques. La bancarisation permet en outre aux autorités monétaires d’avoir une
certaine maîtrise de la masse monétaire. C’est la raison pour laquelle ils ont pris des mesures en vue
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d’amener les populations à beaucoup plus recourir aux moyens scripturaux plutôt que ceux
fiduciaires. Parmi ces mesures, il est important de souligner le Règlement 15/2002/CM/UEMOA,
relatif au système de paiement (R15), et la Directive 08/2002/CM/UEMOA portant mesures de
promotion de la bancarisation et de l’utilisation des moyens scripturaux de paiement. L’article 11du
R15 contraint les commerçants à accepter tout paiement scriptural d’un montant de référence (fixé à
100 000F CFA). Quant à la Directive, son implémentation dans l’arsenal juridique national a déjà
permis une généralisation de l’utilisation des services bancaires par les fonctionnaires et les différents
prestataires de l’Etat. Aussi depuis on assiste à la bancarisation progressive des pensions des
retraités et de la bourse des étudiants ce qui est un pas non négligeable. Cela dénote de volonté
étatique d’impulser et de soutenir la démocratisation de l’accès aux services bancaires. En plus,
notons le fait qu’on assiste à l’essor d’un nouvel instrument. Il s’agit des cartes bancaires privatives,
qui sont des cartes fonctionnant uniquement sur le réseau de la banque émettrice. Leur utilisation est
encore limitée aux retraits fiduciaires et aux paiements électroniques dans quelques centres
commerciaux et points de ventes des grandes villes. Pour favoriser d’avantage la bancarisation de
masse, les autorités monétaires ont procédé à la modernisation et l’automatisation des transferts à la
mise en place de la télé compensation, à la réalisation de la monétique interbancaire, à la refonte du
dispositif de la centrale des incidents de paiements, à la prise de règlements et directives
communautaires de même que les instructions du Gouverneur de la Banque Centrale applicables
dans les institutions bancaires et financières.
C- L’Agence BCEAO de Bobo-Dioulasso
Le 22 juin 1977 fut inaugurée l’agence auxiliaire de Bobo Dioulasso par l’ex Ministre des finances
Léonard KALMOGO. Située sur la rue Mamadou KONATE dans le quartier de Sikasso-cira.
L’agence dispose dans son organisation d’un Chef d’Agence, d’un assistant du chef d’Agence, d’un
Contrôleur des opérations (section-1), de plusieurs sections et sous sections (section-2). Elle est
dirigée par un chef d’agence qui supervise les différentes sections et s’assure du bon déroulement
des travaux. Un Assistant le seconde dans ses différentes responsabilités. Par ailleurs un Contrôleurs
des opérations vérifie si l’exécution des opérations, l’organisation et les procédures internes sont
conformes aux dispositions règlementaires et aux normes de la BCEAO. Elle dispose également
d’un Secrétariat qui se compose en deux cellules à savoir : la première cellule s’occupe de la gestion
des courriers Départ-Arrivée, elle saisit les documents du Chef d’agence et gère ses rendez-vous ; la
deuxième cellule s’occupe du travail de secrétariat des différentes sections, de l’élaboration des
fiches d’affectations, saisit des états décadaires mensuels et les accusés de réception. L’agence
auxiliaire de Bobo Dioulasso comprend cinq (5) sections. Nous distinguons la section de
l’administration et de la sécurité, la section comptable, la section caisse, la section économique, la
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verbaux de prises en charges, de la fixation des tableaux de bord sur les frais de téléphone,
d’électricité. Deuxièmement la sous section du personnel quant à elle, elle est chargée d’établir des
fiches d’écritures de règlement des dépenses, des demandes d’avances et de prêts aux agents, du
suivi du paiement des allocations familiales à la CNSS, du règlement de cotisation à la CRRAE, de
tenue de fichier d’absence, et de gestion des frais médicaux et de la tenue des livres auxiliaires
.Troisièmement nous avons la sous section du budget, elle a comme attribution l’établissement du
budget d’investissement (les charges d’acquisition d’immeubles et de meubles) et du budget de
fonctionnement (les charges de fournitures de bureau, entretiens et installations de matériels et
mobiliers). En outre elle saisit les fiches d’écritures de règlements des dépenses, édite la journée
comptable de la section administration, tient le chrono des dépenses réglées pour compte du siège,
tient les livres auxiliaires à l’aide des fiches d’écritures, tient des registres des contrats d’entretient et
dépouille les états de contrôles. Du reste la section comptable se compose de trois sous sections.
D’abord la sous section position, elle procède aux différentes vérifications des bordereaux de retrait
et de versement des banques primaires (banques commerciales) et du trésor ; vérifie les
concordances des montants en lettres et en chiffres, les différentes signatures des personnes habiletés
à faire fonctionner le compte et appose les différents cachets « SAISIE », « Vue à la position »,
« Signature vérifiée » sur chaque feuillet du bordereau ; elle tient les documents comptables, saisie les
fiches d’écritures relatives aux différents versements et retraits, classe les pièces justificatives de la
journée, pointe le journal par service et constitue la journée comptable. Ensuite sous section télé
compensation, elle procède à la réception et à la vérification des chèques trésor ; édite les fiches de
virement de l’encaissement et de réception des chèques trésor ; elle participe à l’Echange Support
Papier, tient le contentieux et le registre de transmission des valeurs encaissées par le trésor et les
banques. Enfin la sous section transferts et dispositions, elle procède à l’émission et à la réception
des dispositions et des transferts, à la réception des bons de virements et traite les avis d’opérations,
elle édite les fiches de remises de valeurs à l’encaissement. La banque centrale de la capitale
économique peut ouvrir dans ses écritures des comptes aux banques commerciales, établissements
financiers et collectivités publiques. L’ouverture d’un compte dans les livres de l’agence s’effectue
parla rédaction d’une demande adressée au Chef d’Agence. Par la présente demande, le signataire
s’engage envers la banque ; à ne pas son compte débiteur ; à porter à la connaissance de la Banque
Centrale toutes les modifications pouvant ultérieurement affecter la structure financière et juridique de
son établissement ; à accepter que la Banque Centrale décline la responsabilité de tout préjudice
pouvant subvenir de l’emploi frauduleux de chèques ou de virements extraits de carnets délivrés par
elle si elle n’a pas été prévenue à temps utile pour refuser le paiement. Le Chef d’Agence examine la
demande. Lorsqu’il approuve, il fait introduire la demande auprès du Directeur National. Le
71
Directeur National après examen du dossier, s’il approuve, donne son accord pour l’ouverture du
compte. A cet offre on attribue au niveau titulaire de compte un numéro de compte. L’Agence met à
la disposition du bénéficiaire du compte des carnets de chèques et de bons de virements ainsi que
des bordereaux de retrait et de versement. Elle donne au titulaire du compte également une carte de
signature sur laquelle celui-ci doit faire figurer les spécimens de signatures des personnes accréditées
pour fonctionnement du dit compte. L’étendue ou la durée du pouvoir des mandataires si elle est
limitée, doit être mentionnée dans la carte par une autorité compétente avant de le retourner à
l’Agence. L’ouverture de compte est la première étape de la relation entre l’Agence et l’institution
qui en a fait l’ouverture. Cette ouverture de compte va amorcer diverses opérations entre les deux
institutions sur la base dudit compte. Les virements de fonds des titulaires de compte entre site
BCEAO des pays membres de la l’UEMOA sont dénommés « dispositions ». Il existe deux types
de disposition telle que les dispositions en émissions et les dispositions de réception. En guise
d’illustration l’Agence BICIA-Bobo adresse un ordre de virement à l’Agence pour le compte de son
siège à Ouagadougou. L’Agence auxiliaire qui exécute l’ordre effectue une disposition en
émission(A) et l’Agence principale de la BCEAO qui réception l’ordre parle de disposition en
réception(B). Pour les dispositions en émission, la BCEAO met à la disposition des titulaires de
compte des imprimes dénommés « Bordereaux de transfert(CC139) », qui sert de support à
l’opération. Le bordereau de transfert est constitué d’une liste de 8 feuillets qui sont repartis de la
manière suivante lors du dépouillement : le premier de couleur jaune est transmis à la section
financière et comptable en même temps que le troisième (blanc), le septième(bleu) ainsi que le
huitième feuillet (rose) comme pièces justificatives ; le deuxième feuillet de couleur blanche sert de
pièce justificative jointe au relevé de compte du donneur d’ordre ; le quatrième feuillet de couleur
verte est le message télex ; le cinquième feuillet de couleur blanche est destiné au classement de
l’agence émettrice ; le sixième feuillet également blanc sert à la confirmation de l’ordre émis. Il est
transmis par courrier à l’agence destinataire. En ce qui concerne de réception de la demande, l’agent
de la sous-section reçoit la demande d’émission de disposition établit sur un bordereau de transfert.
Sur le bordereau apparait : le montant du transfert ou de la disposition en chiffre ; le montant du
transfert ou de la disposition ; le montant en devise s’il y’a lieu ; le non de l’ordonnateur ; le numéro
de compte, le nom et l’adresse de la personne physique ou morale bénéficiaire ; le motif de la
disposition ou du transfert ; le montant des frais de télex et commissions prélevés pour l’exécution de
l’opération. A la réception de la demande, l’agent vérifie la conformité des signatures déposées sur
le bordereau et l’existence de la provision sur le compte du donneur d’ordre pouvant couvrir le
montant de la disposition ou de l’émission. Il vérifie également si le bordereau a été libellé afin
d’écarter toute erreur dans l’exécution de l’ordre. Ensuite il procède à la demande dans l’application
72
« transfert ». Après la saisie, l’agent enregistre dans le registre du site destinataire la disposition puis
il édite le message et transmet le dossier(message, ordre de transfert) au chef de la section pour
contrôle. Pour ce qui est du traitement de la demande le Chef de la Section Financière et Comptable
s’assure que le message est cohérent et conforme à la disposition .Si ses contrôles ne relèvent
aucune anomalie, il signe le message et le registre, procède à l’autorisation niveau 1 dans
l’application « Transferts » et transmet le dossier au Chef d’Agence pour visa. Le Chef d’Agence
effectue également des contrôles à partir de l’application « Transferts ». Si ses contrôles ne relèvent
pas d’anomalies, il porte la signature sur le message et le registre puis, procède à l’autorisation
niveau 2 dans l’application « Transferts ». Il retourne le dossier à la section financière et comptable.
Après l’autorisation niveau 2 effectué par le Chef d’Agence, les écritures relatives à la mise à la
disposition sont générées automatiquement. A la fin de l’opération, l’avis de débit est transmis par
courrier au donneur d’ordre. Pour prendre connaissance de la réception d’une disposition, l’agent
de la sous-section transferts et dispositions se connecte dans l’application »Transferts ». Lorsqu’il
constate la réception d’un message, il édite le message télex via l’application « Transferts » donne les
détails du message du transfert ou de la disposition reçue. En effet sur le télex figure : le nom du site
émetteur ; les références du donneur d’ordre ; le nom du bénéficiaire : les références du
bénéficiaires : le montant du transfert ou de la disposition : le sens du transfert ou de la disposition
(émission ou réception) ; le motif du transfert ou disposition sous l’intitulé « détail de paiement ».
L’agent enregistre dans un registre crée à cet effet la disposition reçue et le transfert au chef de la
section. Celui-ci consulte le message sur son ordinateur pour s’assurer de sa régularité. Si ses
contrôles ne révèlent aucune anomalie, il vise le registre puis procède à l’autorisation niveau 1 dans
l’application « Transferts ». Cette autorisation niveau 1 effectuée par le chef de la section génère
automatiquement les écritures comptables relatives à la disposition en réception (crédit du compte
bénéficiaire). Ensuite le chef de section édite l’avis de crédit en quatre (4) copies, les signe et
transfert le dossier (avis de crédit, télex) à l’assistant du Chef d’Agence. Celui-ci à son tour signe
l’avis de crédit et la retourne à la Section Financière et Comptable. Les mouvements de trésorerie
des titulaires de compte en provenance ou la destination de l’extérieur de l’UEMOA sont dénommés
« Transfert ». Comme dans le cadre des dispositions, il existe deux types de transferts : ce sont les
transferts en émission (A) et les transferts en réception (B). Par l’exemple l’Agence BICIA Bobo
adresse à l’Agence auxiliaire un ordre de virement pour le compte de la BNP Paribas. Pour les
transferts en émission comme pour les dispositions, la BCEAO met à la disposition des titulaires de
compte un support de l’opération (confère A disposition en émission). L’agent de la sous-section
« Transfert et disposition », à la réception de l’ordre dans un bordereau se transfert puis procède à
la saisie de l’ordre de transfert dans l’application « Transfert » après s’être assuré de la provision sur
73
le compte du donneur d’ordre. Après la saisie, il édite le message, enregistre le transfert dans le
registre du destinataire et transfert le dossier au Chef de section. Ce dernier s’assure que le message
est cohérent et conforme à l’ordre de transfert. Si ses contrôles ne relèvent aucune anomalie, il vise
le message ainsi que le registre et procède à l’autorisation niveau 1 dans l’application « Transfert »
puis transfert le dossier au chef d’Agence. Le Chef de l’agence procède aussi à un contrôle de
cohérence du message. Il signe avec le registre si ses contrôles ne relèvent pas d’anomalies et
procède à l’autorisation niveau 2 dans l’application « Transfert ». Par l’autorisation niveau 2, le Chef
de l’Agence, via transmettre le message au site destinataire. A la fin de l’opération, l’avis est transmis
par courrier au donneur d’ordre. A la réception du message, l’agent de la sous-section « Transferts
et Dispositions » édite le message reçu via l’application « transferts » puis vérifie que le télex édité est
cohérent et complet dans toutes ses rubriques. Après cette étape, l’agent de la sous
section « transferts et dispositions » enregistre dans le registre du site émetteur le transfert et il
transmet le dossier (message, registre) au chef de la section financière et comptable. Le chef de la
section vérifie à son tour le message. S’il ne rencontre pas d’anomalies, il vise le message et le
registre puis transmet le dossier au chef d’agence. Le chef d’agence vérifie également le message.
S’il ne rencontre pas d’anomalies, il porte sa signature sur le message et le registre puis retourne le
dossier au chef de la section financière et comptable. Celui-ci procède à l’autorisation niveau 1 dans
l’application « transfert », édite l’avis de crédit en quatre (04) copies et le transfert à l’assistant du
chef d’agence. L’autorisation niveau 1 effectué par le chef de section financière et comptable génère
automatiquement les écritures comptables relatives au transfert reçu. Le marché interbancaire est le
cadre privilégié de refinancement des banques commerciales ou elles peuvent échanger leur monnaie
banque centrale. Le marché interbancaire se déroule à travers des opérations. Sous ce titre il sera
question d’étudier d’abord la télé-compensation avant d’envisager l’encaissement des bons de
virement et des chèques de trésor. Dans le milieu bancaire de l’UEMO, la télé-compensation
modernise la compensation qui était autrefois manuelle. Elle se définie comme étant un échange
d’image virtuelle à partir d’une plate forme SICA (Système Interbancaire de Compensation
Automatisée). En effet le marché interbancaire de Bobo Dioulasso s’effectue surtout à travers la
télé-compensation. Avec la télé –compensation, les participants depuis leurs locaux transmettent en
compensation électronique les images des valeurs scannées (chèques, billets à ordre, lettres de
change …) sur la plate forme SICA (système interbancaire de compensation automatisée). Ce qui
évite aux représentants des banques commerciales et du trésor leur présence physique dans les
chambres de compensations de la BCAO comme auparavant. Le calcul de soldes de compensation
pour chaque participant se fait sur la base des présentations électroniques avec en appui l’échange
d’images scannées des valeurs. Les jeux d’écriture passés par l’agent chargé de la télé-
74
compensation peuvent se résumer en quatre (04) étapes à savoir : la réception des valeurs, l’agent
de la sous section « télé-compensation » constate la réception des chèques en faveur du trésor en
passants les écritures tel que débit (valeurs à l’encaissement), crédit (valeurs à l’encaissement non
disponible), libellé (réception valeurs en faveur du trésor présentées SICA UEMOA) ; la
présentation des valeurs à la SICA UEMOA , à ce sujet l’agent de la sous section « télé-
compensation » scanne les chèques et les envoie sur la plate forme SICA UEMOA puis il procède
aux écritures comptables suivantes débit(BCEAO, son compte de compensation), crédit(valeurs à
l’encaissement), libéllé (valeurs présentées à SICA UEMOA) ; la situation des valeurs émises sur la
plate forme SICA UEMOA, au lendemain de la seconde étape on assite au dénouement de
l’opération. L’agent chargé de la télé-compensation prend connaissance de la situation des valeurs
en consultant le fichier courrier, deux cas peuvent se présenter. Dans le premier cas les valeurs ont
été totalement encaissées. A cet effet l’agent porte les écritures comme débit (valeurs à
l’encaissement non disponibles), crédit (compte ordinaire du trésor). Deuxiemement l’agent
récapitule les valeurs qui ont été partiellement encaissées.Alors il procède à l’enregitrement
comptable débit (valeurs à l’encaissement non disponible), crédit (compte ordinaire du trésor du
montant encaissées, impayés, effets à l’échéance si défaut de provision). Ensiute l’agent chargé de la
télé-compensation constate les valeurs revenues impayées en passant l’écriture comptable débit,
crédit : le solde des comptes de compensation, cette étape finalise les jeux d’écritures portées par
l’agent de la sous télé-compensation. Il applique le schéma comptable suivant débit, crédit. A l’issu
de la télé-compensation, les valeurs encaissées et les valeurs réjétées sont mentionnées dans deux
registres prévus à cet effet. Ces regiustres seront présentées à l’agent du trésor au guichet avec les
supports papier des valeurs encaissées et réjetées pour qu’il prenne connaissance des valeurs at
émarge dans les deux registres. Chaque jeudi dans les locaux de l’agence, les banques primmaires et
les trésors se retrouvent pour s’echanger les supports papiers des valeurs qu’il encaissées par le
biais de la compensation électronique. Sous ce titre il s’agit de s’intéresser à l’encaissement des bons
de virement (A) et aux chèques trésor (B). La BCEAO met à la disposition des banques et du trésor
des bons de virement pour leur premettre d’effectuer des reglement interbancaires via leur compte
dans les livres de l’agence auxilliaire. Un bon de virement est inscrit par lequel une banque ou le
trésor donne l’ordre à l’agence de débiter son compte d’un montant defini et de créditer le compte
d’une institution bénéficiaire sur la base des disponibilités du compte. C’est le bénéficiaire et bons
sont transmis à l’agence avec des bordereaux de remise de virement est formé de deux feuillets de
couleurs roses et blanches. Sur les feuillets figurent la raison sosiale du bénéficiaire et les détails des
différents bons (le numero de compte et le nom de chaque tiré, lesmontant respectifs à débiter du
compte de chaque tiré, le montant total des bons à léencaissement en lettre et en chiffre). La
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réception des bons de virement se fait au niveau de la sous section « transfert et dispositions ». A la
réception du bon de virement, l’agent de la sous section vérifie la concordance du montant en lettre
et en chiffre de chaque bon, fiabilité des signatures apposés sur chaque bon, conformité du montant
de chaque bon avec celui qui figure sur les feuillets. S’il n’y a pas d’anomalie, il vérifie également à
partir de la situation des comptes ordinaires si les soldes des différents tirés permettent d’éffectuer
les virements. L’affirmative à cette question lui permet d’éffectuer les jeux d’écritures suivantes :
débit : compte ordinaire de l’institution ayant émis le ou les bons de virement ; crédit : compte
ordinaire de l’instutition ayant bénéficié du ou des bons de virement ; libéllé : remise divers bons de
virement faveur. Une fiche d’écriture est éditée à cet effet puis jointe aux bons de virement et aux
feuillets. L’ensemble est transmis au Chef de section qui contrôle et appose son visa. A la fin de
l’opération d’encaissement le second feuillet est détaché de » la première rose puis remis à
l’institution bénéficiaire avec le relevé de compte comme preuve de l’encaissement des bons
présentés. Les banques et institutions bénéficiaires de chèquestrésor les déposes au guichet de
l’agence pour eencaissement. Les chèques trésor sont présentés au guichet avec trois types de
feuillets : le premier feuillet (blanc) parviendra au trésor ; le second feuillet (rose) est remis à
l’établissement présentateur ; le troisième feuillet (vert) est conservé à l’agencecomme document de
preuve de l’opération. A la réception l’agent de la sous section « télé compensation » procède aux
vérifications suivantes : la concordance du montant en lettre et en chiffre ; la conformité des
signatures apposées sur les chèques ; lacorrespondance du montant de chaque chèque avec le
montant qui figure sur les feuillets ; la correspondance de la somme totale des chèques avec le
montant total qui figure sur les différents feuillets ; Si ses vérifications ne révèlent aucune anomalie, il
consulte le solde du Trésor sur tableau de bord pour s’assurer que le solde couvre le montant total
des chèques. Après cela il passe deux types d’écritures : l’écriture de réception, l’écriture
d’encaissement. S’agissant de l’écriture de réception, à la réception des chèques Trésor et après les
vérifications nécéssaires, l’agent passe les écritures suivantes : débit (compte ordinaire du trésor) ;
crédit(BCEAO,son compte de conpensation) ; libéllé Quand l’écriture d’encaissement, après avoir
passé l’écriture de réception, l’agent procède également à la saisie informatique de l’écriture
d’encaissement : debit (BCEAO, son compte de conpensation) ; crédit (compte ordinaire du
bénéficiaire) ; libellé (encaissement chèques Trésor faveur). Puis il édite une fiche d’écriture en deux
copies à la réception et à l’encaissement qui seront signés par les supérieurs hiérarchiques. Le
marché interbancaire joue un role principal dans le recyclage des liquidités bancaires de l’UEMOA,
l’objectif étant de réduire d’avantage la pression sur le marché central qui doit garder son caractère
d’appoint. Cette opération est pratiquée à la BCEAO siège centrale que dans les agences BCEAO.
A partir du 1er juillet 2006 le role du marché interbancaire a été renforcé avec les Aménagements
76
possibilité de se refinancer auprès de la BC qui leur procure cette capacité. Le tissu bancaire du
Burkina Faso est constitué de 14 banques : BABF (Banque Atlantique-Burkina Faso) ; BACB
(Banque Agricole et Commerciale du Burkina) ; BCB (Banque Commerciale du Burkina) ; BHBF
(Banque de l’Habitat du Burkina Faso) ; BIB – UBA (Banque Internationale du Burkina-United
Banque for Africa) ; BICIA-B (Banque Internationale pour le Commerce, l’Industrie et l’Agriculture
du Burkina) ; BOA-BF (Bank Of Africa-Burkina Faso) ; BRS-Burkina (Banque Régionale de la
Solidarité Burkina) ; BSIC-Burkina SA (Banque Sahélo-sahélienne pour l’Investissement et le
Commerce-Burkina Faso SA) ; CBI-SA (Coris Bank International) ; EBF (Ecobank-Burkina) ;
SGBF (Société Générale Burkina Faso), CBAO, etc.. Les banques commerciales participent
pleinement au financement de l’économie nationale par le rôle d’intermédiaire qu’elles jouent entre
les agents à capacité de financement et les agents à besoin de financement.
4.3.3- Le Trésor public
Le trésor public est l’un des organismes les plus importants des institutions financières de l’Etat. En
effet le trésor assure à la fois le rôle de caissier et de banquier de l’Etat. Par conséquent c’est lui qui
encaisse les recettes et exécute les dépenses de l’Etat. Au titre de banquier de l’Etat, le trésor assure
les financements des avances consentis par l’Etat, la gestion des participations de l’Etat dans les
entreprises publiques et semi-publiques mais aussi la gestion du portefeuille de valeurs mobilières de
l’Etat. Le trésor public n’est pas une entité juridique possédant une personnalité morale distincte de
celle de l’Etat. C’est tout simplement l’Etat mais considéré du point de vue de ses activités
financières. C’est un ensemble de services sous la tutelle du ministère des finances. D’un certain
point de vue, le trésor public peut être considéré comme une banque : il assure la prestation des
services de règlements pour le compte de l’Etat, en ce sens qu’il exécute les opérations
d’encaissement des recettes de l’Etat et procède aux décaissements nécessaires aux règlements de
ses dépenses. C’est une banque qui apporte son concours à l’économie en accordant des crédits
aux entreprises, en participant au capital de certaines entreprises, en accordant des
subventions…etc. Le trésor dispose d’un centre de chèques postaux (CCP) et d’un organisme de
collecte de l'épargne : le Centre d’épargne postale dont la gestion est assurée par les services de la
poste. Le trésor crée de la monnaie postale, subit des fuites de monnaie centrale de son circuit, il
participe aux opérations de compensation. A ce titre, c’est une institution financière monétaire.
4.4- Le cadre institutionnel spécifique de la micro-finance
Les expériences d’épargne et/ou de crédit décentralisés existent au Burkina Faso depuis la fin de la
décennie des années 1960 et ont pris depuis le début des années 1990, une dimension importante
dans l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) en général et au Burkina Faso
en particulier. Ainsi pendant plus de deux décennies, leurs activités sont demeurées méconnues et/
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ou modiques du fait du manque d’une cadre légal et d’une politique de promotion. La Banque
Centrale des Etat de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO, 1997) qui regroupe ces expériences sous le
concept de systèmes Financiers Décentralisés les définit comme « un ensemble regroupant une
variété d’expériences d’épargne et/ou de crédit, diverses par la taille, le degré de structuration, la
philosophie, les objectifs, les moyens techniques, financiers et humains, mis en œuvre pour les
populations à la base, avec cous ans le soutien de partenaires extérieurs en vue d’assurer
l’autopromotion économique et sociale de ces populations ». Elles se sont développées en se
diversifiant en la faveur des défaillances du secteur bancaires et des insuffisances du secteur financier
dit informel, avec l’appui des ONG et des bailleurs de fonds. Ces expériences revêtent aujourd’hui,
une forme institutionnelle des plus varié et s’adressent à une population de plus en plus ciblées et de
plus en plus différenciée selon le genre (hommes/femmes), selon la zone de résidence
(ville/campagnes), selon le secteur d’activité (agriculture/artisanat/petite transformation alimentaire,
etc.). Elles ont révélé leur capacité à développer une proximité avec les acteurs qui leur permet de
réinsérer dans les circuits financier et économique, une portion importante de la population
habituellement exclue du système bancaire. L’intérêt nouveau des autorités monétaires pour les
systèmes financiers décentralisés s’est traduit au plan institutionnel par une reconnaissance de ces
institutions comme une composante importante du secteur financier à côté secteur bancaire et
l’exigence de disposer d’institutions de financement décentralisé viables avec un accent mis sur la
viabilité financière. Cette nouvelle légitimité accordé aux institutions de financement décentralisé s’est
accompagnée de l’adoption de disposition légales et réglementaires tenant compte des spécificités
de ce secteur financier et cherchant à codifier leurs opérations et à renforcer leur surveillance, dans
l’objectif de protéger les déposants, de sécuriser et de rentabiliser les opérations. Les objectifs
recherchés par le législateur en créant une loi spécifique pour régir les activités des IMF sont de trois
ordres : donner une base de légalité aux activités d’épargne et de crédit menées par ces structures ;
protéger les institutions et les épargnants ; servir de cadre pour la promotion et le développement
des IMF, dans une perspective où ces institutions deviennent à terme de véritables banques
populaires desservant adéquatement les populations.
4.4.1- La réglementation relative aux IMF
Au Burkina Faso, 3 textes réglementaires régissent les structures de financement décentralisé : la loi
cadre, dénommée couramment loi Projet d’Appui à la Réglementation sur les Mutuelles d’Epargne
et de Crédit (PARMEC) adoptée par le Conseil des Ministres de l’UEMOA le 17 décembre 1993
à Dakar, lors de sa session. Cette loi soustrait les SFD du champ de la loi bancaire et régit pour
l’essentiel les « institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit » ; la loi 59/94/ADP
du 15 décembre 1994 portant réglementation des institutions mutualistes ou coopératives d’épargne
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et de crédit qui vient en complément à la loi cadre communautaire ; la loi n°14/99/AN du 15 avril
mai 1990 portant réglementation sociétés coopératives et des groupements pré- coopératifs au
Burkina Faso qui reste en vigueur pour les groupements d’épargne et de crédit à caractère
coopératif ou mutualiste n’ayant pas la personnalité morale. Le champ d’application d la loi
59/94/ADP du 15 décembre 1994 recouvre toute les institutions mutualités ou coopératives
d’épargne et de crédit exerçant ses activités financières sur le territoire national ainsi qu’à leurs
unions, fédérations ou confédérations définies à l’article 2 de la loi comme étant : « un groupement
de personnes, doté de la personnalité morale, sans but lucratif et à capital variable, fondé sur les
principes d’union, de solidarité et d’entraide mutuelles et ayant principalement pour objet de
collecter l’épargne de ses membres et de leur consentir du crédit ». La loi précise le processus
d’institutionnalisation et les modalités de fonctionnement. La loi indique les obligations des SFD en
matière de transparence dans la gestion et de contrôle. Ainsi, les institutions de financement
décentralisées sont tenues de communiquer périodiquement au ministère de tutelle, des informations
sur les activités, de séparer les fonctions de gestion et de contrôle et de les faire exercées par des
entités différentes afin que soit assurer une meilleure surveillance de la gestion. Le contrôle interne
des structures faîtières des SFD sur les ratios prudentiels définis dans le décret d’application est
réalisé par le Ministères de tutelle et la BECEAO.
4.4.2- Les principales institutions d’appui du secteur de la micro-finance
Les principaux intervenants dans le secteur de la micro-finance sont l’Etat, la BCEAO, l’APIM-BF,
les banques commerciales et les partenaires au développement.
A- L’Etat, régulateur, contrôleur et promoteur dans le secteur de la micro-finance
L’Etat assure non seulement une fonction de régulateur et de contrôle mais aussi une fonction de
promotion dans le cadre de sa stratégie de lutte contre la pauvreté et contre le chaumage. Ses
interventions peuvent se résumer comme suit : l’adoption en 1997 d’ un plan d’action pour le
financement du monde rural (PAFMR) visant l’amélioration de l’accès des populations rurales aux
services financiers offerts par les SFD et les banques, et l’accroissement de cette offre de produits
financiers par un soutien au développement de ses institutions ; la création d’une direction de la
micro-finance au sein du Ministère de l’économie et des finances chargé la promotion, de
l’encadrement et de suivi des activités des institutions de financement décentralisées ; l’initiation
d’une opération d’emprunt d’Etat pour le financement des organisations d’économie sociale et
partant des SFD ; la contractualisation des volets crédits des projets issus des partenaires de l’Etat
avec les structures spécialisées dans le domaine du financement décentralisé ; la création de fonds,
projets et programmes nationaux dans le financement décentralisé. On distingue ainsi, le Fonds
d’Appui aux Activités Rémunératrices des Femmes (FAARF), Fonds d’Appui au Secteur Informel
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Les principaux pays partenaires sur le plan technique et financier sont : la France, l’Allemagne, le
Royaume du Danemark, le Royaume des Pas Bas, la Suisse, la Belgique, la République de Chine, le
Canada. Ils interviennent dans le secteur de la micro-finance par l’intermédiaire d’organismes publics
ou privés e coopération. Ces interventions prennent la forme : d’appuis techniques et financiers aux
expériences déjà existantes ; de promotion de nouvelles expériences (société de cautionnement
mutuel, fonds autogéré, micro assurance etc.) ; d’appui technique et financier à l’Etat à travers la
Direction chargée de la micro finance ou par le biais du Plan d’Action pour le Financement du
Monde Rural (PAFMR). Ce qui est remarquable dans l’évolution du secteur de la micro finance au
Burkina, c’est d’abord la multiplication rapide des institutions de financement décentralisé. En se
référant aux statistiques de la BCEAO il ressort en effet, que le nombre d’institutions reconnues a été
multiplié par 4 quasiment sur la période, passant de 11 en 1993 à 40 en 2004. L’accroissement du
nombre de SFD a eu pour corollaire l’augmentation du nombre de ponds de services qui passe de
342 en 1993 à 425 en 2004. Cette évolution traduit une relative amélioration de l’accès aux services
financiers de ses institutions élargissements.
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secteurs comme l’agriculture y compris l’élevage qui sont des secteurs importants pour son
économie. Le Burkina Faso a consenti des efforts importants à partir des années 2000 pour être
capable de soutenir ses engagements au sein de l’OMC, pour y être présent et défendre mieux ses
intérêts. Ainsi, le Burkina Faso dispose d’un chargé d’affaires à Genève et surtout depuis 2004, d’un
correspondant coton chargé de suivre spécialement les négociations sur le dossier coton. Au plan
institutionnel, il existe au sein du ministère en charge du commerce une cellule, la Cellule Nationale de
Suivi et de Coordination de la mise en œuvre des accords de l’OMC (CNSC/OMC). Cette Cellule
est un Comité inter- ministériel, créé par Arrêté n°97-038/MCDE et subdivisé en trois(3) comités
qui sont : le «comité accès aux marchés » ; « comité commerce des services » et « comité-
ADPIC ». Les comités se réunissent une fois par mois autour des axes de réflexion rentrant dans
leurs cellule a été très active lors de la définition des positions du Burkina Faso à la 6èm e conférence
ministérielle de l’OMC à Hong-Kong.
5.2- Le Burkina Faso et les accords commerciaux régionaux
5.2.1- Le Burkina Faso dans l’UEMOA
Le Traité constitutif de l’UEMOA a été signé le 11 janvier 1994 à Dakar par les pays membres. Le
Burkina Faso est donc membre fondateur de l’UEMOA et en abrite le siège. Avec son
appartenance à l’UEMOA et surtout depuis l’adoption du tarif extérieur commun (TEC) le 1er
janvier 2000, le Burkina Faso a accepté de soumettre sa politique commerciale à la discipline
régionale. L’UEMOA fait de la construction d’un marché commun, un de ses objectifs majeurs. Cet
objectif a des implications en matière commerciale pour les pays membres de l’Union. Ainsi, des
actes relatifs au commerce des marchandises ont été pris, actes instituant un régime tarifaire
préférentiel pour les échanges au sein de L’UEMOA (acte additionnel n°4/96) , une taxe
préférentielle communautaire sur les produits industriels originaires (n°4/98), le règlement portant
adoption du tarif extérieur commun (TEC) de l’UEMOA. L’accord commercial préférentiel a prévu
la mise en place progressive d’un tarif préférentiel communautaire. Les échanges hors UEMOA sont
soumis à un tarif extérieur commun et les échanges intra-UEMOA sont soumis à un tarif préférentiel
spécifie le régime et les procédures douanière applicables à la circulation des marchandises à
l’intérieur de l’Union et le régime et l’affectation du prélèvement communautaire de solidarité. Les
recettes du prélèvement devront contribuer à compenser les éventuels effets négatifs de l’intégration.
Au Burkina Faso, le plan de convergence vers le TEC a été mis en place en 1999 et le TEC est
entré en vigueur depuis le 1ER janvier 2000.Le Burkina Faso applique donc un tarif douanier
conforme au TEC et un tarif préférentiel communautaire au profit des produits qui y sont soumis
conformément à la règle d’origine. Le Burkina Faso se conforme au TEC. Les droits prélevés sur les
marchandises emportées en 2006 ont été contenus dans la fourchette définie par le TEC. Sur aucun
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produit importé, il n’a été prélevé un droit NPF supérieur à 25%. La distribution des marchandises
selon le droit prélevé et la catégorie de produit figure dans le tableau suivant : on relève que 56,5%
des produits importés agricoles ont acquitté un droit compris entre 15 et 25% tandis que 27,8% des
produits agricoles importés ont acquitté un droit compris entre 0 et 5% et environ 16% des produits
non agricoles importés, les pourcentages sont respectivement de 1,5%, 40,0%n 220,5% et 38%
pour les tranches de droit de 0%, de 0 à 5%, de 5 à 10% et enfin de 15 à 20%
Le Burkina Faso est membre de la CEDEAO, Communauté Economique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest. Le traité de la CEDEAO a été révisé en 1993 dans le but de relancer le processus
d’intégration économique. Il a été signé le 28 mai 1975. La libéralisation des échanges au sein de la
CEDEAO a pris du retard. Elle s’appuie sur les progrès réalisés par l’UEMOA notamment en ce
qui concerne la libre circulation des marchandises : Tarif Extérieur Commun et programme de libre
échange communautaire au sein de la CEDEAO. Les produits du cru (animaux, produits végétaux et
minéraux) et les produits transformés qui sont conformes aux dispositions des règles d’origine. Vu la
nature de ses exportations (à dominante agropastorale) le libre échange intracommunautaire devrait
ouvrir un marché plus large aux produits agricoles et d’origine et d’origine animale au Burkina Faso
mais celui-ci devrait se préparer également à affronter la concurrence de deux « géants » de
l’Afrique de l’Ouest qui feront leur entrée dans la compétition : le Ghana et surtout le Nigéria.
De façon générale, les systèmes de préférence sont en contradiction avec les règles fondamentales
du système commercial multilatéral notamment la clause de la nation la plus favorisée et la règle de la
réciprocité. En effet, le traitement tarifaire préférentiel introduit en faveur de certains pays en
réciprocité, les préférences constituent une déviation au principe de réciprocité du GATT, puisque
les pays en voie de développement bénéficiaires du système ne sont pas obligés d’accorder aux
pays développés les préférences que ceux-ci leur allouent. L’octroi des avantages s’opère à « sens
unique ». Dans ce sens, pour le système de préférence que l’Union européenne offre à ses
partenaires des ACP, de l’initiative Tous Sauf les Armes (TSA) en faveur des pays les moins
avancés, de l’AGOA, système américain de préférences en faveur des pays africains. Mais le
Burkina Faso a-t-il réellement tiré profit des systèmes de préférence ? Au titre de la Convention de
Lomé dont le Burkina Faso est signataire, un grand nombre de produits exportés vers l’Union
Européenne ont bénéficié en principe d’un traitement préférentiel non réciproque sous forme
d’exonération de droits d’entre. De même, les produits burkinabè ont un accès préférentiel (non
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réciproque) sur les marchés des pays développés, autre que dans le cadre du système généralisé de
préférence (SGP). Il existe en fait plusieurs systèmes de préférence offert aux pays en
développement et aux Pays les moins avancés. En 2001, l’OMC avait dénombré 28 initiatives
d’accès au marché en faveur des pays les moins avancés, dont 19 avaient été accordés par des pays
en développement ou en transition, et neuf par des pays développés, notamment les pays de la
quadripétale, c'est-à-dire le Canada, l’Union Européenne, le Japon et les Etats-Unis. Le bilan des
systèmes de préférence révèle une faible efficacité : seuls quelques pays en développement et
quelques PMA dont le Burkina Faso ont pu profiter de ces opportunités, l’Ile Maurice pour le
sucre, le Bengladesh pour le textile dans le cadre des opportunités offertes par l’Union européenne
et tout récemment le Ghana, l’Ouganda, le Kenya dans le cadre des opportunités offerts par les
USA ; ces préférences n’ont pas suffi pour accroitre le manière significative les importations des
pays moins avancés. Le Burkina Faso ne fait pas exception. Le système de préférence ne peut pas
remplacer l’élaboration et la mise en œuvre d’une bonne politique commerciale et industrielle. En
conclusion, l’adhésion des pays à une discipline commerciale multilatérale et régionale est une
tendance mondiale et on voit mal comment un pays comme le Burkina Faso pourra résister à cette
tendance. Le Burkina Faso devra donc poursuivre ses efforts en vue d’une intégration réussie dans
le système commercial multilatéral et dans les accords commerciaux régionaux (UEMOA et
CEDEAO). L’examen révèle également que la discipline multilatérale est moins contraignante
notamment en ce qui concerne les doris de douane. En effet la contrainte qui pèse sur la politique
tarifaire du Burkina Faso conséquence de son accession à l’OMC est la règle de l’irréversibilité des
droits consolidés. En principe, tut tarif consolidé ne peut pas être revu à la hausse. Toutefois, sur ce
plan, le Burkina Faso dispose de marges de manœuvre assez importantes. Le TEC pèse davantage
sur la politique tarifaire du Burkina Faso que le principe de la consolidation des droits au niveau le
l’OMC. L’ éventail des tarifs appliqués par le TEC va de 2 à 22% contre 6 et 37% pour les anciens
tarifs appliqué par le Burkina Faso. Pour mémoire, la moyenne arithmétique simple des droits
consolidés par le Burkina Faso au cycle d’Uruguay est de 43,1%. Le Système du commerce
multilatéral (SCM) offre des mesures dérogatoires pour les PMA, des possibilités d’accès
préférentiels au marché des pays développés alors que dans la discipline régionale, tous les membres
sont traités de la même manière. En somme l’essentiel pour le Burkina Faso en termes de politique
tarifaire se négocie d’abord à l’UEMOA et seulement ensuite à l’OMC. On notera qu’avec la mise
en place du TEC, la commission de l’UEMOA compte renégocier les concessions tarifaires de tous
les pays membres, y compris celles qui figurent sur l’ancienne liste de produits pour lesquels les
consolidations ont été réalisées au moment ou les pays étaient des colonies. Ne serait-il pas temps
que les questions de politique commerciale (extérieure), pour plusse cohérence, soient traitées à un
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seul et même niveau, par un seul et même organe du ministère chargé du commerce ? Un exemple
est celui du comité national de suivi du TEC, organe central chargé en principe de la mise en œuvre
de la préférence tarifaire de suivi de la gestion du dispositif complémentaire de taxation du TEC. Le
comité national de suivi du TEC et la CNSC/OMC devraient coordonner certaines de leurs
activités. Que ce soit le SCM ou les Accords régionaux de commerce (ARC), ceux i offrent des
opportunité et notamment l’accès préférentiels aux marchés : c’est le cas pour les préférences
offertes dans le cadre du système commercial multilatéral (accès aux marchés européens dans le
cadre de la convention de Lomé, accès préférentiel aux marchés européens aux produits TSA,
accès préférentiel au marché américain par l’AGOA, etc.) mais c’est aussi le cas pour la préférence
communautaire dans le cadre de l’UEMOA et bientôt de la CEDEAO. Mais pour tirer profit de ces
opportunités, encore faut-il avoir une capacité d’offre susceptible de répondre aux exigences de la
demande des marchés préférentiels et encore faut-il avoir une bonne connaissance des opportunités
(connaissance des marchés préférentiels) et une capacité à profiter.
termes d'or, soit en dollars de poids et de titres en vigueur le 1er juillet 1944. Chaque Etat s'engage à
ne pas autoriser d'opérations de change qui s'éloignerait de + ou - 1% de la parité ainsi définie. Dans
les faits, à partir de 1947 les Etats Unis décident de vendre et d'acheter de l'or contre tous les
dollars qui lui seront présentés. De fait ils s'exonèrent de l'obligation de défendre la parité et peuvent
s'installer dans une posture de douce négligence (selon la formule de l'économiste G. Hberler :
benign neglect) même ils offrent la possibilité aux n-1 autres pays du système d obtenir de l'or. Au
sein du régime de change des ajustements sont Possibles en cas de déséquilibres « profonds et
prolongés » des fondamentaux macroéconomiques. Le FMI est créé par les accords de
Bretton Woods afin de faciliter le maintien des parités et la continuité des payements au niveau
international. Son siège est à Washington. Chaque pays membre verse une contribution au prorata
de sa part dans le commerce international (le versement s'effectue à hauteur de 25% en or jusqu'en
1976, le reste en monnaie nationale). Ces sommes peuvent servir à octroyer des crédits aux pays qui
en font la demande souvent pour maintenir les parités sur les marchés de changes. Chaque pays
dispose d'un droit de tirage proportionnel à sa contribution. Les crédits sont accordés dans des
conditions de plus en plus strictes à mesure que les montants augmentent. La première tranche de
crédit, correspondant à 25% de la quote-part, est accordée automatiquement et des tranches
supplémentaires permettent à un pays d'obtenir jusqu'à 125% de sa contribution sans difficulté.
L'octroi des trois dernières tranches est conditionné à l'adoption d'un programme de politique
économique préconisé par le FMI.A l'époque la doctrine du FMI est largement d'inspiration
keynésienne, l'attention est plus portée aux objectifs d'activité. Une majorité de 85% des votes est
nécessaire pour les décisions au sein du FMI. Les Etats-Unis qui disposent d'un pourcentage
largement supérieur à 15% contrôlent de fait cette institution depuis l'origine. La Banque
internationale pour la reconstruction et le développement (BÏRD), devenue Banque mondiale par la
suite, a été créée par les mêmes accords de 1944, avec pour mission d'octroyer des prêts bonifiés à
long terme d'abord la reconstruction de l'Europe, puis le développement industriel du Tiers-monde.
Son siège est aussi à Washington.
5.4.2- Les contradictions et les dangers du système de Bretton Woods
Dans un ouvrage publié en 1960, Triffin signale le dilemme dans lequel le système de Bretton Woods
se trouve enfermé. La forte croissance mondiale est associée à une demande importante de
monnaies (en devises convertibles) à des fins de transaction internationale. Chacune de ces monnaies
d'échange voit sa valeur garantie par une Banque centrale dont la demande de dollars comme
réserve de change ne peut qu'augmenter avec la croissance mondiale. Les USA peuvent sans
difficulté fournir ces dollars via leurs déficits extérieurs. Mais comme l'évolution du stock d'or
mondial dépend des facteurs exogènes (découvertes de nouveaux gisements ou amélioration des
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procédés d'extraction) et ne suit pas l'évolution des échanges mondiaux, un problème se fait jour. Le
dilemme réside donc dans une alternative a priori inextricable : soit les USA n'approvisionnent plus
l'économie mondiale en liquidité au risque de la voir basculer dans la déflation, soit la crédibilité des
autorités américaines va inévitablement s'effriter à mesure que le rapport dollar émis sur stock d'or
augmente, et à terme le système est appelé à s'effondrer. Comme solution, selon Triffin, il
conviendrait de substituer un autre actif à l'or, choisi de sorte que son offre croisse au même rythme
que la croissance du commerce mondial. Cet actif devrait être accepté par les pays membres du
Système et devrait prendre la forme d'un engagement du FMI. La création des droits de tirages
spéciaux (DTS) s'inscrit à la fin des années 1960 dans cette logique. L'économiste français Jacques
Rueff, Conseiller économique De Gaulle, critique lui aussi le fonctionnement du système. Dans un
ouvrage publié en 1965, il dénonce le fait que les USA se trouvent exonérés par leur privilège
d'émetteur de la monnaie de réserve de solder leurs déséquilibres externes par des sorties d'or. Ce
sont en réalité les créanciers des USA qui financent leurs déficits. Le 4 février 1965, au cours d'une
conférence de presse, le Général De Gaulle conteste cet ordre monétaire international imposé par les
USA en dénonçant le fait que les autres pays sont amenés à « s'endetter gratuitement vis-à-vis de
l'étranger » et réclame le rétablissement de « la règle d'or », c'est-à-dire l'obligation d'équilibrer d'une
zone monétaire à l'autre, par rentrées et sorties effectives de métal précieux, la balance résultant de
leurs échanges.