Analyses
Numéro 100 - Avril 2016
DAAF La Réunion
Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt
Les producteurs maraîchers tée le plus fréquemment : 8 apports Dans la présente publication, le
réunionnais ont sur 5 ans en moyenne. potentiel de nutriments d’origine
traditionnellement recours organique est estimé seulement
aux amendements La dose moyenne pour l’azote ; cependant la fumure
organiques ; ils en par apport de fumure organique fournit également d’autres
apportent 4 fois plus organique est minéraux (phosphore et potassium
souvent qu’en métropole, de l’ordre de 20 t/ha entre autres), qui peuvent constituer
ce qui contribue fortement des apports non négligeables.
au maintien de la fertilité Cette dose moyenne est identique
des sols à La Réunion et en métropole. Sur Des doses de phosphore
l’ensemble des apports réalisés, les et de potasse minéraux
Les légumes étudiés sont : la carotte, le quantités sont très variables : 50 % en moyenne plus faibles à
chou, la salade et la tomate pleine terre des apports se situent entre 8 et celles de métropole mais
plein air, et la tomate hors sol sous abri. 40 t/ha de fumure organique à La des doses d’azote minéral
Les apports de matières organiques Réunion. équivalentes
et d’amendements minéraux sont
décrits sur 5 années et concernent les L’enquête a permis de déterminer les
parcelles intégrant ces légumes en La fertilisation organique per- modalités de la fertilisation minérale.
rotation. Les pratiques de fertilisation met de recycler les matières Les résultats sont présentés dans le
minérale concernent le dernier cycle organiques issues d’autres tableau ci-dessous en dose moyenne
de ces légumes (durée entre l’implan- activités, de limiter le recours aux N, P, K minéraux. Mais les différences
tation et la récolte). Les pratiques de engrais minéraux, et d’entretenir la pouvant apparaître à la lecture de
fertilisation ne sont pas décrites pour fertilité des sols, liée à leurs caracté- ce tableau doivent être interprétées
la tomate hors sol sous abri. ristiques physiques, chimiques et avec prudence, en tenant compte
biologiques. des différences de rendement selon
La quasi-totalité les légumes, ainsi que des pratiques
des exploitations de fertilisation organique.
maraîchères font À La Réunion,
des apports de matière la fertilisation organique
organique apporte en moyenne 65 kg
d’azote par hectare
À La Réunion, 93 % des exploitations à la culture
ont apporté au moins une fois de la
matière organique en 5 ans (67 % L’enquête montre que la quantité
en métropole). 1 % n’a apporté que d’azote provenant de la fertilisation
de l’amendement calcaire ou magné- organique peut être significative.
sien (5 % en métropole), et 6 % n’ont En effet, le potentiel d’azote d’ori-
apporté ni fumure organique ni amen- gine organique issu des apports
dement calcaire ou magnésien sur de fumure organique des 5 der-
cette période (27 % en métropole). nières années et disponible pour la
culture, a été estimé sur l’ensemble
Des apports des légumes de plein air enquêtés
de matière organique à 65 kg/ha d’azote en moyenne à
4 fois plus fréquents La Réunion (voir méthodologie en
annexe). Du fait de la variabilité des
Les apports de fumure organique pratiques, pour la moitié des exploi-
sont en moyenne quatre fois plus tations, ce potentiel se situe entre 7
fréquents à La Réunion qu’en métro- et 90 kg/ha d’azote. Tomates sous serre
pole : sur 5 ans, de la matière orga-
nique est apportée en moyenne
6,6 fois à La Réunion, contre 1,7 Doses moyennes de N, P et K minéraux apportées en kg/ha
fois en métropole. Les pratiques en (par cycle de culture)
matière de fertilisation organique
sont assez disparates : 50 % des La Réunion Métropole
exploitations réalisent entre 3 et 10 N P K N P K
apports en 5 ans (en métropole, Carotte 63 42 98 75 83 213
75 % des exploitations réalisent au Choux 97 44 98 82 28 79
plus 2 apports en 5 ans). Salade 67 28 87 55 49 88
Tomate pleine terre plein air 75 44 104 117 125 187
À La Réunion, c’est sur les parcelles
intégrant la salade dans la rotation Ensemble 75 37 95 77 69 150
que la fumure organique est appor- Source : DAAF La Réunion - Enquête Pratiques culturales sur les légumes 2013.
Parmi les exploitations qui ont réa- années sur la parcelle enquêtée, six
lisé au moins un apport de fumure exploitations sur dix à La Réunion et
organique au cours des 5 dernières cinq exploitations sur dix en métro-
pole n’en tiennent pas compte dans
le calcul de la dose d’azote minéral.
La dose d’azote minéral est fré-
FERTI-RUN 2008
quemment définie d’après la dose
Le CIRAD et la Mission de Valo- fertilisation organique et minérale moyenne habituelle appliquée sur
risation Agricole des Déchets et, en fonction des besoins de la la culture. Ce mode de raisonne-
(MVAD) de la Chambre d’agri- plante, préconise des apports en ment est utilisé par six exploitations
culture proposent un logiciel de azote, phosphore, potassium, pro- sur dix à La Réunion, et par quatre
fertilisation mixte de quelques venant d’une part d’une matière exploitations sur dix en métropole.
cultures réunionnaises : FER- organique, et d’autre part des À La Réunion, 6 % des exploitations
TI-RUN 2008. engrais minéraux. déterminent la dose d’azote minéral
Pour certaines cultures légu- Ce logiciel est disponible gratuite- à partir d’une hypothèse de rende-
mières, fruitières, ainsi que pour ment sur le site de la MVAD : ment. Le calcul de bilan complet
la canne à sucre et les fourrages, <http://www.mvad-reunion.org/ est très peu utilisé : moins de 1 %
ce logiciel effectue des calculs de spip.php?article107> des exploitations mobilisent cette
méthode par le biais d’un technicien.
5 0,2
0 0,0
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52
Semaines
Dernière récolte de la culture Prix de la carotte avec fanes (€/kg)
Chou
70 1,6
Prix relevés les jeudis sur le marché de gros
60 1,4
1,2
50
Nombre de réponses
1,0
40
0,8
30
0,6
20
0,4
10 0,2
0 0,0
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24 26 28 30 32 34 36 38 40 42 44 46 48 50 52
Semaines
Dernière récolte de la culture Chou pommé blanc/vert (€/pièce)
Carottes au marché Sources : DAAF La Réunion - Enquête Pratiques culturales sur les légumes 2013, RNM.
40 0,8
vent liées aux aléas climatiques,
30
nuisent à sa fluidité et à la régularité
0,6
des cours. L’étalement des calen-
driers de production constitue un
20 0,4 objectif économique, qui passe par
le renforcement de l’organisation
10 0,2 économique de la filière.
25 5
Nombre de réponses
20 4
15 3
Sources : DAAF La Réunion - Enquête Pratiques culturales sur les légumes 2013, RNM.
■L
’Enquête Pratiques culturales sur les légumes a pour objectif de reconstituer l’itinéraire technique appliqué
entre une récolte et la suivante : précédents culturaux, préparation du sol, semis, fertilisation, lutte contre les mala-
dies et les ravageurs des cultures, irrigation, raisonnement des interventions. L’enquête réalisée en 2014 sur 495
exploitations porte sur la campagne 2013 et concerne les légumes suivants à La Réunion : carotte, chou à feuilles,
salade, tomate (remarque : les résultats concernant le chou en métropole incluent les choux à inflorescence).
L’enquête a été menée avec le soutien financier de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA).
Méthodologie
■L
e phosphore (P) et le potassium (K) évoqués dans la publication désignent en réalité l’acide phosphorique
P2O5 et la potasse K2O.
■E
stimation des moyennes et des indicateurs de dispersion : Les résultats sont calculés par rapport au
nombre d’exploitations pour les pratiques de fertilisation organique et les rotations ; ils sont ramenés sur la
superficie développée en ce qui concerne les doses d’engrais minéraux exprimées en kg/ha et les rendements.
■C alcul du potentiel d’azote d’origine organique disponible pour la culture enquêtée :
Hypothèse pour l’estimation : Minéralisation complète du potentiel d’azote d’une fumure en 5 ans, et de façon
linéaire.
Le potentiel d’azote disponible est estimé sur la « durée de présence de la culture », soit : [Date d’implantation ;
Date de récolte si récolte en un jour ou date « milieu » entre le début et la fin de la récolte si récolte sur une
période].
Limites : Ce potentiel théorique ne tient pas compte des pertes (émissions gazeuses, lessivage) et phénomènes
de minéralisation rapide et lente des éléments nutritifs. Les coefficients d’équivalence engrais NPK n’ont pas
été utilisés.
■É
cart entre doses minérales et besoins des cultures : Le rendement pris en compte dans le calcul de ces
doses par tonne produite est un rendement réalisé et non un rendement objectif, ce qui, dans le cas d’une
culture impactée par un aléa, peut conduire à une surestimation de la superficie développée ayant reçu une
dose de N, P ou K minéral par tonne produite excédentaire.
Bibliographie
■P
. Chabalier, H. Saint Macary, V. Van de Kerchove, Guide de la fertilisation organique à La Réunion, Co-éd.
Cirad, Chambre d’agriculture de la Réunion, 2007.
■O
. Ziberlin et al., Guide des bonnes pratiques agricoles à La Réunion, DAAF (éd.), Mission de valorisation
agricole des déchets, Chambre d’agriculture de La Réunion (MVAD), 2010.