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I- Introduction
La seconde crise de Berlin commence le 27 novembre 1958 avec « l'ultimatum de Khrouchtchev » concernant le statut de
Berlin. Elle constitue la plus longue et l'une des plus dangereuses crises qui ont émaillé la Guerre froide. La construction
du mur de Berlin en août 1961 en est l’évènement le plus marquant, mais le maintien de l’équilibre entre les paroxysmes en
est son enjeu véritable. Cette crise est au cœur de l’action diplomatique et de la stratégie nucléaire dont l’aboutissement
consacre une fois pour toutes le statu quo en Europe jusqu'à l'effondrement du bloc communiste.
II- Origines
Le réarmement de la RFA et la crainte de sa nucléarisation :
En 1958, les Occidentaux ont fini de mettre en place le système politique, militaire et économique conçu pour arrimer la
RFA. La création d'une armée allemande, la Bundeswehr, placée sous le commandement intégré de l'OTAN, inquiète
considérablement l'URSS. Mais Eisenhower veut absolument sur le long terme réduire les dépenses militaires américaines
qui ont atteint un niveau très élevé avec la guerre de Corée. Il veut faire reposer la stratégie militaire de l'OTAN sur
la dissuasion nucléaire, moins coûteuse que le déploiement de forces conventionnelles capables de faire face à celles du Pacte
de Varsovie. Au printemps 1958, l’OTAN installe d'armes nucléaires tactiques sur le sol de la RFA.
La dégradation de la situation économique et sociale en RDA
Comme tous les pays du bloc de l'Est, la RDA s'est vu imposer une économie planifiée par Moscou. En effet, les
investissements sont insuffisants entrainant une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent
plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. La RDA se
trouve à la fin des années 1950 au bord de l’effondrement économique et social.
L'immigration massive vers la RFA
De 1949 à 1961, la RDA subit un flot d'émigration croissant vers la RFA (3 millions), particulièrement à Berlin, privant le
pays d’une main-d'œuvre indispensable à sa reconstruction et montrant au monde la faible adhésion au régime communiste.
Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, qui commirent le « délit de fuite », elle pose un problème
économique majeur et menace l'existence même de la RDA.
IV- Conséquences
Normalisation progressive
Dans les mois qui suivent l'édification du mur, des contacts officieux commencent entre autorités berlinoises de l'Ouest
et de l'Est pour permettre de réunir des familles brutalement séparées. Le 17 décembre 1963, un accord autorise les berlinois
de l'Ouest à venir visiter leurs parents et amis à l'Est.
À la lumière de l'absence de réaction concrète des Occidentaux à la construction du Mur, il est persuadé que ceux-ci,
comme les Soviétiques, se satisfont du statu quo et que le seul moyen de parvenir à une réunification de l'Allemagne réside
dans le développement de relations plus importantes entre l'Ouest et l'Est.
La normalisation définitive interviendra en deux temps, le 3 septembre 1971 avec la signature de l'accord quadripartite
sur Berlin, puis par la signature le 21 décembre 1972 du traité fondamental de reconnaissance mutuelle entre la RFA et la
RDA.
Dissuasion et diplomatie nucléaires au cœur de la crise de Berlin
La crise de Berlin marque l'apogée de la place des questions de dissuasion nucléaire dans la diplomatie et l'action
extérieure des deux Grandes Puissances. Cette situation résulte de ce que la montée en puissance de l'arsenal nucléaire de
Moscou ne laisse plus à Washington son monopole en la matière. L’Union soviétique recourra à la bombe atomique si les
alliés occidentaux interviennent militairement à Berlin-Ouest. Une situation qui rend inconcevable l’affrontement des deux.
V- Conclusion
La crise commence le 27 novembre 1958 avec « l'ultimatum de Khrouchtchev » par lequel le dirigeant soviétique exige des
Occidentaux qu'un règlement soit trouvé dans les six mois concernant le statut de Berlin. Dès lors s'amorce une longue période de
négociations articulée autour des rencontres de Khrouchtchev avec Eisenhower en 1959 et 1960, puis avec Kennedy en juin 1961. Ces
trois sommets américano-soviétiques ne se soldent finalement par aucun accord. À la suite de quoi, Khrouchtchev décide avec les
dirigeants de la RDA de la construction du mur de Berlin en août 1961, qui séparera physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-
Ouest pendant plus de vingt-huit ans, mettant ainsi fin à l'exode croissant des habitants de la RDA vers la RFA. Pour autant,
Khrouchtchev continue d'exiger la conclusion d'un accord définitif relatif au statut de l'Allemagne et de Berlin. Il souffle le chaud et le
froid, alternant propositions de paix et chantage nucléaire. Les tensions sont à leur maximum en octobre 1962, lors de la crise de Cuba,
que Kennedy lie directement à Berlin.
Finalement, le statu quo de la RFA au sein du bloc occidental et la RDA au bloc de l'Est, s'installe définitivement début 1963. Si les
Occidentaux n'ont cédé en rien aux exigences du Kremlin, cette crise marque cependant la reconnaissance définitive de l'Union
soviétique comme grande puissance, disposant de l'arme nucléaire, capable de discuter d'égal à égal avec les États-Unis.
L'affaiblissement de l'Union soviétique et la détermination des Allemands de l'Est qui organisent de grandes manifestations,
provoquent le 9 novembre 1989 la chute du « Mur de la honte », suscitant l'admiration incrédule du « Monde libre » et ouvrant la voie
à la réunification allemande le 3 octobre 1990. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l'organisation urbaine de la
capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et
politique de la guerre froide, a inspiré de nombreux livres et films. Aujourd'hui, plusieurs musées lui sont consacrés.