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Prométhée stigmatisé
In: Mots, septembre 1995, N°44. pp. 25-39.
Resumen
PROMETEO ESTIGMATIZADO A la culpabilización nativa del nombre роr el cristianismo, se puede anadir una actitud laica de
desconfianza hacia el deseo de conocer el mundo y de actuar sobre él. El cientificismo, con el que la ciencia conduce el mundo,
antes para bien ahora para mal, niega la autonomia de las selecciones humanas. Pero estas posiciones no van sin
contradicciones.
Abstract
THE STIGMATIZATION OF PROMETHEUS The guilt complex caused by Christianity is now intensified by a secular attitude of
mind, that suspects desiring to know the world and to act on it. The scientistic ideology, implying that science rules the world,
lately for better, today for worse, denies human choice's autonomy. However, such positions are hardly consistent.
Résumé
PROMÉTHEE STIGMATISÉ A la culpabilisation native de l'homme par le christianisme s'est ajoutée une attitude laïque de
défiance vis-à-vis du désir de connaître le monde et d'agir sur lui. Le scientisme, pour lequel la science mène le monde, naguère
pour le meilleur, aujourd'hui pour le pire, nie l'autonomie des choix humains. Mais ces positions ne vont pas sans contradictions.
Dhavernas-Lévy Marie-Josèphe. Prométhée stigmatisé. In: Mots, septembre 1995, N°44. pp. 25-39.
doi : 10.3406/mots.1995.1991
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1995_num_44_1_1991
Marie-Josèphe DHAVERNAS-LEVY°
Prométhee stigmatisé
1. Jacques Attali, Lignes d'horizon,.Paris, Fayard, 1989, cité par Robert Maggiori,
«Le nouveau songe ď Attali», Libération, 11 janvier 1990, p. 26.
2. L'adage protestant selon lequel l'homme est ouvrier avec Dieu permet certes
une plus grande latitude, dont témoigne d'ailleurs la divergence entre les positions
morales de l'Eglise réformée et celles de l'Eglise romaine ; les variétés anglo-
saxonnes sont si diverses qu'elles rendent difficile une quelconque généralisation, et
la violence des antagonismes en matière de morale biomédicale est frappante aux
Etats-Unis. Toutefois, l'impératif d'humilité finit toujours par poser des restrictions à
l'action humaine sur la création divine.
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par exemple)1 Qu'en est-il d'un être dont le cerveau est clinique-
ment mort mais les autres organes maintenus en état de survie
artificielle ? Et ceux qui sont en état de coma végétatif chronique
depuis des années ? On ne s'étonnera pas de constater que plus les
réponses sont floues, plus elles sont consensuelles, et que tout
surcroit de précision et de rigueur dans les définitions est cause de
polémique.
Dans l'optique a-religieuse de la position antiprométhéenne, l'hu
manité, dans son projet constructeur, apparait en rivalité avec la
nature, celle-ci étant seule habilitée à introduire des transformations.
Les espèces évoluent, certes, mais ce n'est pas à elles d'en décider,
et comme l'espèce humaine, pour autant qu'on le sache, est la
seule à même de contribuer volontairement à une telle œuvre, elle
est a priori suspecte de nourrir ce désir blasphématoire et cette
ambition aussi téméraire que dénuée d'humilité. F. Isambert décrit
ainsi ce courant de pensée :
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à engager, sous la direction des sciences exactes, une guerre coloniale
destructrice contre la nature. Pour cela, l'avenir nous maudira»1.
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lement incomparable ; ce suicide n'a pas été décidé, il est le résultat
d'un consensus auquel tous participent car il n'y a pas d'autre
façon de durer qu'en avançant /.../ il n'y a aucune chance que le
possible échappe à l'agir. L'éthique /.../ est le régulateur d'une
harmonie entre l'homme d'aujourdhui et son fantôme de demain » l.
Aux critiques de type chrétien ou néo-païen qui voient du sacrilège
dans l'action de l'humanité sur elle-même, action apparaissant
comme auto-créatrice (ou auto-destructrice) et non plus seulement
procréatrice, et usurpant ainsi le pouvoir dont seuls ont l'apanage,
selon le cas, le Dieu Père ou la Mère Nature, s'ajoute un discours
tenu par certaines féministes, sur un mode écologiste2 réclamant
une sorte de fusion quasi incestueuse avec cette même nature : la
« désassimilation du masculin » (celui-ci identifié à la civilisation
conquérante et inventrice, d'une manière qui retrouve involontaire
ment les croyances d'un Freud ou d'un Tarde attribuant aux seuls
humains mâles la participation active à la civilisation) doit apporter
de nouvelles valeurs, par l'intermédiaire de la femme qui, à partir
de son expérience corporelle sexuée, exprimera « un autre rapport
au corps, à soi, au monde, au pouvoir, à la propriété, à la société
et au sacré /.../ la vertu de savoir parfois "ne pas agir sur", "ne
rien faire"3 le besoin de se ressourcer dans le maternel: l'idée
que l'énergie dépensée dans "l'avoir" manque à "l'être" et que
l'espace féminin est situé au-delà de la dualité»4.
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(ou même seulement vise à le déchiffrer)1, où s'expriment à la
fois l'indignation contre l'imposture masculine qui s'arroge le droit
d'intervenir sur la procréation (« pouvoir des femmes »), insulte la
maternité en prétendant améliorer son fonctionnement et même,
dans le cas de l'eugénisme, sa production, et qui, enfin, joue avec
le feu, eu égard à la performance incomparable des mécanismes
naturels vis-à-vis des prétentions de l'artifice: «D'après le Pr.
Edwards, le "père" de Louise Brown, les embryons obtenus par
fécondation in vitro sont de bien "meilleure qualité" que ceux que
les femmes produisent naturellement ! », se scandalise A.-M. de
Vilaine2. Fantasmes féminins d'ailleurs tout à fait confirmés par
ceux-là mêmes qu'expriment des hommes, praticiens de la biomé
decine : « Pour des personnes incroyantes comme moi, ce n'est pas
sacrilège de le dire : en quelque sorte nous devenons Dieu /.../
notre puissance devient identique à celle de celui qui a donné la
vie»3. Ici nous n'en sommes plus aux conséquences concrètes ou
aux effets réels des pratiques mentionnées, mais dans une sorte de
lutte de fantasmes et de désirs avoués ou prêtés, où ce qui compte
n'est pas la réalité effective, mais le contenu moral de ces désirs
et fantasmes ; dans ce cas, ceux-ci sont, soit tenus pour marquant
de manière indélébile l'acte considéré, et lui donnant sa finalité et
donc son contenu éthique et social, soit même vus comme anticipant
par leur seule existence une réalité proche ou à moyen terme.
Jalna Hanmer et Pat Allen, chercheuses féministes très préoccupées
par un éventuel gynocide à venir, argumentent contre la biomédecine
en prenant appui sur des citations telles que celle de J. Postgate
projetant dans l'avenir un imaginaire de science-fiction : proposant
de réduire le nombre de femmes, « il dit (qu'elles) pourraient être
enfermées dans des harems et ne plus avoir le droit de travailler
ou de voyager librement ; on pourrait instituer la polyandrie et
traiter les femmes comme les Reines chez les fourmis»4. Pour les
mêmes auteurs, le probable gynocide à venir est confirmé par cette
affirmation d'un transsexuel : « Les femmes génétiques tombent en
désuétude, c'est évident, et l'avenir appartient aux femmes trans-
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sexuelles /.../ tout ce qui vous reste c'est votre " aptitude " à mettre
des enfants au monde et, dans un monde qui gémira d'avoir à
nourrir six milliards de personnes en l'an 2000, c'est un atout
négatif » *.
Le caractère excessif de ces craintes pourrait les faire croire
marginales ; en fait, elles ont un soubassement assez répandu, en
particulier au croisement du féminisme et de l'écologie, où l'on
trouve l'idée que « l'agression contre la nature » afin de la contrôler
est une « agression contre le féminin » : « La peur que l'homme a
de la femme et du féminin rejoint la peur qu'il a de la nature, la
peur de la possibilité de la nature à produire du vivant. La nature
n'est pas du tout inerte. Elle peut être terrifiante. La forêt vierge,
c'est terrifiant. Il y a une force très impressionnante. L'oppression
exercée par l'homme est là pour tenter de l'enrayer»2.
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voire des parents « dénaturés » ou plutôt « déculturés » exerceraient
leurs « lubies »" sur les enfants l, et l'on ne sait quels monstres
risquent de sortir des laboratoires. A. Fagot-Largeault, pourtant,
souligne le décalage entre la tolérance dont on fait preuve vis-à-
vis des risques pris dans la plupart des activités sociales, profes
sionnelles ou ludiques, et le caractère sourcilleux envers le danger
en matière biomédicale (en l'occurrence, elle parle ici de l'expér
imentation thérapeutique) : « On a beaucoup dit au début des années
1970 que notre espèce a vendu son âme à la science, et que le
projet techno-scientifique instrumentalise l'être humain. Or, si l'on
compare le coût humain consenti pour la recherche, au coût humain
consenti pour l'extraction des ressources naturelles, ou pour l'exploit
sportif, ce sentiment de culpabilité apparait sous un autre jour»2.
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il s'agit de « cellules déviantes », d'œufs « inconvenants » \ de
«bébé(s) hors-la-loi»2, etc.
En fait, de tels glissements langagiers, de la description biologique
au jugement social, ne sont pas surprenants, car ils sont liés à la
conviction que les porteurs de gènes pathologiques, une fois ceux-
ci connus et dépistés, seront condamnés à supporter des discrimi
nations sociales, voire légales, comme si, loin d'être des victimes,
ils s'étaient rendus coupables de quelque faute ; et ces discriminat
ions redoutées s'étendraient même, pense-t-on, aux handicapés en
général. L'exclusion prophétisée ne vise pas seulement les barèmes
d'assurance ou les réticences patronales au sujet de l'emploi, dangers
très réels qui concernant d'ores et déjà les maladies acquises, et
contre lesquelles les citoyens se doivent à l'évidence d'être vigilants ;
elle vient aussi de ce que «l'écart existant entre les méthodes de
diagnostic et les moyens thérapeutiques peut faire craindre que le
recours fréquent au diagnostic prénatal ne renforce le phénomène
social de rejet de sujets considérés comme anormaux et ne rende
encore plus intolérable la moindre anomalie du fœtus ou de
l'enfant»3. Que rien dans la société n'aille actuellement dans le
sens d'une pénalisation admise ni d'une mise à l'écart accrue des
handicapés n'affaiblit pas cette croyance. On peut y observer une
simple inversion du biologisme réductionniste et raciste largement
répandu à la fin du siècle dernier ainsi qu'entre les deux guerres,
qui voyait dans les êtres asociaux comme d'ailleurs dans les
contestataires politiques des « anormaux » et autres « tarés » mentaux.
A l'ancienne réduction de la marginalité à un cas de folie, succède
la réduction de la souffrance à une déviance sociale. La maladie
héréditaire est niée dans sa réalité, comme si l'unique douleur de
la personne qui en est frappée était la malveillance ď autrui :
« D'après Marsha Saxton, ce sont les normes sociales de beauté,
productivité, prouesses athlétiques et autres qui définissent le han
dicap. Ce sont la répression sociale et le manque de support qui
transforment souvent une déficience en un handicap»4.
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Le «politiquement correct», objet de risée ou d'indignation
hexagonale lorsqu'il s'exprime sur les campus anglo-saxons, montre
ici un visage à la française ; certes on ne se croit pas obligé
d'appeler les handicapés des «capables autrement», mais on dénie
toute existence en soi à la pathologie, à l'anomalie, à la douleur
physique, mentale ou morale de la personne dont la maladie est
d'origine génétique, en ramenant son problème à la seule « diffé
rence ». Et pourtant, cette sociologisation, si l'on peut se permettre
un terme aussi malheureux du point de vue esthétique, montre
parfois ses limites ; elle ne peut être soutenue en tous points de
l'argumentation contre l'eugénisme, car pour en repousser le prin
cipe, il est parfois nécessaire d'admettre la réalité des anomalies
biologiques sans lesquelles sa notion même n'aurait pas de sens :
Testait lui-même, devant définir pour ses lecteurs les maladies
géniques, écrit qu'elles sont «consécutives à la substitution de
gènes anormaux à la place des gènes normaux que portent les
chromosomes » l.
Selon les moments du discours, les anomalies génétiques auraient
donc une réalité objective, ou à l'inverse n'existeraient que dans le
regard de l'autre, et se réduiraient à de simples « différences ». Le
« droit à la différence » va parfois jusqu'à prendre l'aspect d'une
sorte de revendication de « droit à la maladie », substitution d'autant
plus notable qu'il paraîtrait fort incongru d'invoquer, par exemple,
le « droit à la différence » de l'enfant diphtérique pour mettre en
cause les soins que sa santé nécessite. Dès lors qu'il s'agit du
génome, donc de l'inné et non plus de l'acquis, la cure parait à
certains, dans son principe même, être plus oppressive que libéra
trice:
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Cet aveuglement à la souffrance et cet attachement à l'identité
pathologique du sujet concerné ne peuvent s'expliquer que si l'on
accorde aux gènes le rôle de noyau central identitaire de la
personnalité, bien plus essentiel que l'acquis, les pathologies acquises
lors de l'existence ne voyant pas opposer à leur cure de telles
résistances de principe ; or cette position s'accompagne de critiques
sévères de toute réduction de l'humain à son substrat biologique,
proclamant le devoir de «respecter ce qui reste, malgré tout,
fondamental : le mystère de l'homme et sa liberté » *. I. Rieusset
Lemarié propose une explication de cette contradiction qui anathe
matise ou valorise la prévention, selon qu'il s'agit de la transmission
par l'hérédité ou par l'environnement :
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nature bon pour ses dépositaires ; vouloir l'améliorer est volontariste
et donc outrecuidant, périlleux et même immoral : c'est un pas de
plus vers cette autonomie non seulement condamnée par l'Eglise,
mais assez mal considérée par nombre de nos concitoyens qui ne
se réclament pas particulièrement de l'enseignement évangélique, et
qui déjà s'inquiètent de la liberté récemment, quoiqu'incomplètement,
acquise au niveau individuel : « Dans notre société, la tendance est
libertaire (chacun estime avoir un droit absolu à disposer de son
corps et de sa vie) » l. On voit ici du reste que la diversité perd
quelque peu de son aura dès lors qu'elle est celle des choix de
vie et de morale ; elle devient alors hédonisme et individualisme,
considérés comme attitudes asociales ou peccamineuses. « II faudra
bien qu'un jour l'on fixe les bornes du pouvoir et du désir de
l'homme sur lui-même après avoir exalté comme il le fallait son
autonomie et sa liberté face au pouvoir ď autrui»2. Que chacun
prétende choisir ce qui vaut pour lui-même, de la vie et de la
mort, de la souffrance et du bien-être, est alors compris comme un
rejet de la communauté humaine.
Même chez des auteurs hostiles au laisser-faire social de Г ultra-
libéralisme anticonstructi viste3, on trouve souvent un soupçon contre
l'action eugénique se référant à la seule question de la souffrance :
celle-ci est perçue comme quelque faux-semblant qui renvoie « à
une arithmétique des plaisirs sans réelle portée morale. Aurait-on
déterminé les moyens les plus appropriés pour éviter les désagré
mentsdes uns sans pénaliser les autres ; serait-on parvenu à satisfaire
les pulsions et les aspirations des individus sans renoncer à l'intérêt
collectif, il resterait à apprécier la qualité des plaisirs ainsi équita-
blement répartis et il en est qui sont indignes de l'humanité»4.
Le problème, bien sûr, est de savoir quelle autorité pourra décider
ce qui est digne ou indigne de l'humanité, si ce n'est chacun de
ceux qui la composent. Plus cohérente est la position papale
lorsqu'elle fustige « la liberté voulant s'émanciper de toute tradition
et de toute autorité » 5, à cause de laquelle « la prétendue " qualité
de la vie" se comprend essentiellement ou exclusivement comme
1. Marie- Ange d'Adler, Marcel Teulade, Les sorciers de la vie, op. cit., p. 39.
2. Catherine Labrusse-Riou, « Don et utilisation de sperme et d'ovocytes », Actes
du Colloque Génétique, procréation et droit, op. cit., p. 267.
3. Cf. Jean-Michel Besnier, Jean-Paul Thomas, Chronique des idées d'aujourd'hui.
Eloge de la volonté, Paris, PUF, 1987.
4. Jean-Paul Thomas, Misère de la bioéthique. Pour une morale contre les
apprentis sorciers, Paris, Albin Michel, 1990, p. 51.
5. Jean-Paul П, «Evangelium Vitae», La Croix.
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l'efficacité économique, la consommation désordonnée, la beauté ou
la jouissance de la vie physique, en oubliant les dimensions les
plus profondes de l'existence, d'ordre relationnel, spirituel et rel
igieux » l.
Les critiques avancées contre les pratiques biomédicales visant à
écarter des gènes délétères, qu'il s'agisse d'une éventuelle modifi
cation (fût-elle fort minime) du génome, ou de l'empêchement de
faire naitre des êtres qui en seraient affligés, sont de plusieurs
ordres ; parfois, la virulence des condamnations est surprenante eu
égard au fait de l'inutilité affirmée de la tentative, du point de vue
de la transformation de l'espèce : « Que veut dire /.../ " modifier
une espèce " ? S'il ne s'agit que d'incorporer dans un patrimoine
collectif des gènes qu'elle ne possède pas, cela ne fait qu'ajouter
un peu de diversité à ce patrimoine. Cette diversité est naturellement
si grande qu'un tel ajout est dérisoire, sauf s'il provoque une
barrière interdisant Г interfécondité ; dans ce cas, il constitue moins
une modification de l'espèce qu'une scission de celle-ci en deux
espèces distinctes », écrit A. Jacquard dubitatif quand à cette poss
ibilité2.
D'autres s'inquiètent de la sélection ainsi réalisée, ce qui est
cohérent dans la perspective d'une croyance en l'existence de l'âme
préexistant au corps, mais n'a pas de sens hors de ce cadre, car
enfin, pour sélectionner des personnes ou des choses, il faut qu'il
y ait déjà quelqu'un ou quelque chose à sélectionner : dès lors,
l'évitement d'une naissance ou a fortiori d'une procréation suppose
qu'il y ait déjà, là, une personne à qui l'on peut porter un tort ou
que l'on peut discriminer, position explicitement refusée par certains
de ceux qui s'indignent néanmoins du choix exercé en faveur de
l'existence comportant les atouts les meilleurs autant que l'on puisse
le savoir ; car, à moins d'affirmer, comme peu d'auteurs s'y risquent
encore, que le tout de l'individu est inscrit dans les gamètes grâce
auxquels il a été conçu, il est difficile de nier que donner les
meilleurs cartes possibles au futur enfant n'indique en rien comment
sera réparti l'ensemble du jeu et que, quoi qu'il en soit, la façon
de jouer la partie sera la sienne. Il y a quelque contradiction à
soutenir que l'on porte atteinte à l'identité foncière d'une personne
1. Ibid, p. 23.
2. Cf. notamment Albert Jacquard, «Le cauchemar d'Albert Jacquard», Le
Nouvel Observateur, dossier « Va-t-on modifier l'espèces humaine ? Les prodiges et
les menaces de la révolution bio », documents n° 10, 1990, p. 100 ; cf. également
Jacques Testait, « Les risques de la purification génique : questions à Pierre- André
Taguieff », Esprit, 2, février 1994, p. 178 et suiv.
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future en exerçant une action ou un choix sur sa partie physique
à laquelle on refuse pourtant un statut autre que celui de simple
substrat, de tremplin vers une existence faite d'influences environ
nementales, de dépassement et de hasards.
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Résumé / Abstract / Compendio
PROMÉTHEE STIGMATISÉ
PROMETEO ESTIGMATIZADO
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