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Groupe Identité & Démocratie

Délégation du Rassemblement National


au Parlement Européen

LIVRE NOIR
La gestion de la crise du coronavirus
par l’Union Européenne
▶ Édito

La grande faillite
Jérôme Rivière Président de la délégation française
du groupe ID au Parlement européen

il est encore impossible de mesu- « hyper-festive », si bien décrite par Philippe



S rer toutes les conséquences de Muray, où régnait une pseudo-promesse de
l’épidémie que nous avons vécu, progrès perpétuel.
et dont nous ne nous sommes
pas encore sortis, force est de

est un colosse aux pieds d’argile,


qui n’a pas résisté à l’irruption
Cette dramatique épreuve a aussi mis au
le constater: le modèle européen version UE grand jour le déclassement économique, social
et culturel de la France, et sa
dépendance vis-à-vis de l’étranger.
de cet ennemi invisible.
Pour que rien ne soit plus
Issu d’un travail collectif de comme avant, le politique doit
la délégation RN au Parlement retrouver sa primauté sur le pou-
européen, et s’appuyant sur des voir économique, sa mission de
faits et données incontestables, protection et par-dessus tout
ce Livre noir dresse le bilan de la « compétence de la compé-
l’action, ou plutôt de l’inaction, tence » : sa souveraineté, sans
de l’Union Européenne confron- laquelle aucun pouvoir ne peut
tée à cette crise sanitaire et agir et réagir.
financière. Elle a échoué dans
l’anticipation et la gestion de Contrairement à ce que sou-
cette crise puis elle a manœuvré dans le dos tiennent encore les belles âmes de la pensée
des peuples pour faire avancer son rêve fédé- unique, le protectionnisme que nous défen-
raliste et l’interdépendance d’économies sur dons est l’inverse d’un retour aux égoïsmes
endettées. nationaux. Il est le retour au local, aux soli-
darités de proximité, à l’enracinement. « Le
Pourtant, seuls les États ont protégé leur déracinement déracine tout, sauf le besoin de
population. Car c’est la Nation qui protège. racines » écrivait Christopher Lasch.
C’est à elle que les peuples continuent envers
et contre tout à s’identifier. En particulier Cette épreuve mondiale, nationale et indi-
quand souffle la tempête… viduelle redonne à cet enracinement, aux
liens familiaux et aux solidarités locales, leurs
Cette irruption du tragique doit nous ser- lettres de noblesse.
vir de leçon : il est temps de mettre fin aux
erreurs et aux mythes européistes : idéologie L’Union Européenne doit être refondée pour
sans-frontiériste, « mondialisation heureuse », devenir une Europe de la coopération entre
déracinement, rêve fédéraliste, individualisme des Nations souveraines. C’est notre civilisa-
forcené… Avec cette pandémie, c’est le monde tion commune qui nous aidera à la rebâtir. Ce
« postmoderne » qui s’effondre ; cette société Livre noir entend y contribuer. •

2 Le livre noir
Sommaire ▶

Face à la crise du secteur : une seule mesure


1. Des institutions dé faillantes, concrète… dictée par l’idéologie ..............................................28
une absence de prise de conscience Alors qu’il faut changer le modèle, l’UE veut
de la gravité de la situation rétablir les modalités pré-crise .................................................28

DES COMPÉTENCES INDUSTRIE : UNE VOLONTÉ


NON OU MAL EXERCÉES .........................................5 CLAIRE DE NE PAS RELOCALISER .......................29
En matière de santé, un mille feuilles Depuis les années 1990, le choix du « globalisme » ............29
administratif non adapté à la pandémie ................................ 5 Une seule mesure concrète pour les PME,
En matière de gestion de crise : des pouvoirs limités mais insignifiante .......................................................................30
mais en progression constante .................................................. 6 Relocalisations : l’UE arcboutée sur ses dogmes ..................31
DES RÉACTIONS TARDIVES BANQUES ET FINANCES :
DE LA PART DES DIRIGEANTS ...............................7 LE SAUVE-QUI-PEUT ..............................................32
L’UE paralysée face à la crise .................................................... 7 Le plan de relance next génération EU : un saut
De la part de ses dirigeants : des réactions supplémentaire vers le fédéralisme budgétaire ....................34
tardives, contradictoires et inappropriées ...............................8
EMPLOI ET SOCIAL :
Marine Le Pen, celle qui a vu juste ..........................................10
AU NOM DU DOGME ...............................................35
UNE GESTION DE CRISE INEXISTANTE ..............12 Dispositif SURE (chômage partiel) : la marque
d’un projet fédéraliste ................................................................35
Une double lacune .....................................................................12
Au nom du dogme des travailleurs détachés,
Conseil européen extraordinaire : l’UE contre l’UE ..............12 l’absence de revalorisation de certaines filières ....................36
Solidarité avec les États : une dotation symbolique ............13 Emploi : des dotations qui profitent
Aide au chômage partiel des États : d’abord aux multinationales ....................................................36
un financement en trompe-l’œil ..............................................14 Agences européennes : conseils pratiques,
Nomination d’un « commissaire à la gestion QCM et dessins animés…...........................................................37
de crise » : une coquille vide ....................................................15
Aide aux PME : dérisoire et discriminatoire...........................15 AGRICULTURE, LE GRAND RENONCEMENT .......38
Aide aux grandes entreprises : Covid-19 : de terribles conséquences
la sauvegarde de l’emploi sacrifié ...........................................16 sur le secteur agricole................................................................38
Appui au déconfinement : le grand n’importe quoi ..............16 Des réactions tardives face aux conséquences
économiques de la pandémie ..................................................38
DES ENTRAVES AUX ACTIONS DES ÉTATS ........16 Des aides financières jugées insuffisantes
Frontex : aux abonnés absents ................................................17 par les organisations professionnelles ....................................39
Malgré l’UE, le retour des « réflexes nationaux » .................17 Seule action rapide : favoriser, encore
Les initiatives de plusieurs États et toujours, le… travail détaché ...............................................39
dans le viseur de l’UE ................................................................19 DES DÉCLARATIONS IDÉOLOGIQUES
MARQUANT UNE VOLONTÉ
2. Des politiques sectorielles DE L’UE DE NIER SES ÉCHECS
désordonnées et illisibles ET DE RENFORCER SES COMPÉTENCES ............40
Thierry Breton, le taliban du libre-échange ...........................41
SANTÉ ET RECHERCHE, « Groupes vulnérables », « racisme » et « xénophobie » ......42
RÉACTIONS À CONTRETEMPS Théorie du genre et « usagers de drogue »
ET PERTES DE SOUVERAINETÉ ...........................22 plus que jamais à l’honneur ! ..................................................43
Avant la crise : une extension progressive
des prérogatives de l’UE ...........................................................22 UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE
DÉCONNECTÉE DE LA SITUATION
Pendant la crise : les réactions à contre-temps
du Centre européen pour la prévention ET DES ENJEUX ......................................................44
et le contrôle des maladies (ECDM) ........................................23 Chine : tapis rouge et vœux pieux ...........................................44
Face à la dépendance vis-à-vis de la Chine : Turquie : toujours plus de complaisance
le refus obstiné des relocalisations ..........................................26 et d’abaissement devant Erdogan ...........................................45
La Covid-19, levier de l’UE pour faire de la santé Afrique : des aides d’urgence de l’UE
une compétence communautaire............................................26 plus précoces que pour l’Europe .............................................45
Mexique : un nouvel accord de libre-échange
TRANSPORTS, LA VOIE signé en pleine pandémie .........................................................46
SANS ISSUE DU TRAVAIL DÉTACHÉ ....................27
Un secteur lourdement touché par la crise ............................27 LES LEÇONS DE CETTE ÉPREUVE DE VÉRITÉ .....47

Le livre noir 3
1. Des institutions
défaillantes,
une absence
de prise
de conscience
de la gravité
de la situation
Totalement coupées de la réalité, et aveuglées
par leur idéologie, les institutions de l’UE
et ses agences spécialisées n’ont rien vu,
ou voulu voir venir de la pandémie de Covid-19.
Résultat : des décisions extrêmement tardives et
souvent illisibles, se situant, pour la plupart,
à des années lumières des actions concrètes
et pragmatiques réclamées par la crise et ses enjeux.

4 Le livre noir lorum audante venditaquos


Des compétences
non ou mal exercées
Bien que s’étant octroyée depuis des années nombre
de compétences supplémentaires dans le domaine de la santé
et de la gestion de crise demeurant essentiellement du ressort
des États, l’UE ne s’est montrée à la hauteur ni de ses fonctions
d’alerte ni de ses fonctions de protection.

En matière de santé, humanitaires résultant de ces diffé-


un mille feuilles administratif rentes situations »
non adapté à la pandémie
En plus de simplement compléter
La Santé, une compétence les politiques nationales, les actions
des États simplement de l’UE sont limitées à deux champs
« partagée » par l’UE d’intervention :
Les compétences de l’UE en matière
de santé publique sont déterminées
par l’article 6 du Traité sur le fonction-
• « la protection et l’amélioration de la
santé humaine »
nement de l’Union européenne (TFUE),
stipulant que « l’Union dispose d’une
• « la protection civile » (se limitant à
l’appui des politiques nationales de
compétence pour mener des actions prévention, d’information et d’édu-
pour appuyer, coordonner ou compléter cation en matière de santé, ainsi
l’action des États-membres ». qu’à l’alerte en cas de menaces épi-
démiques transfrontalières graves).
Il en va de même pour l’aide huma-
nitaire, qui n’est considérée, dans le Une pléthore de structures
droit primaire, que comme une aide dédiées… pour rien
extérieure aux pays tiers, comme le Bien que cantonnée à des opéra-
stipule l’article 214 du TFUE : « les tions d’appui, l’UE n’en dénombre pas
actions de l’UE dans le domaine moins nombre de structures adminis-
de l’aide humanitaire (…) visent, de tratives dédiées, dont trois principales :
manière ponctuelle, à porter assis-
tance et secours aux populations des Le Centre européen de prévention
pays tiers, victimes de catastrophes et de contrôle des maladies (ECDC,
naturelles ou d’origine humaine, et à depuis 1998), instaurant un réseau de
les protéger, pour faire face aux besoins surveillance épidémiologique et de ▶▶

Le livre noir 5
▶ 1. Des institutions défaillantes…

▶▶ contrôle des maladies transmissibles matière de chaînes d’approvisionne-


dans la Communauté. ment dans le secteur de la santé.

Le Centre européen de prévention et En matière de gestion de crise :


de contrôle des maladies (CEPCM, créé des pouvoirs limités mais
en 2005), chargé d’une mission générale en progression constante
de surveillance, de détection et d’évalua-
tion des risques sanitaires provoquées Gestion de crise : l’UE rogne
par des maladies transmissibles ou des sur les compétences des États
épidémies. Depuis 2013, le CEPCM est Lors de chaque tragédie (21 sep-
également compétent sur les « menaces tembre 2001, épidémie de SRAS en
transfrontalières graves sur la santé », 2003, attentats en Europe en 2016…),
parmi lesquelles « une maladie infec- l’UE a tâché d’élargir ses compétences.
tieuse causée par un agent contagieux ».
Les mesures législatives prises à
Le Centre de coordination de la la suite des attentats terroristes d’Al-
réaction d’urgence (ERCC, créé en Qaïda à Madrid en 2004 (entrée en
2013), activé lorsqu’une catastrophe vigueur en 2009 via le traité de Lis-
survient ou menace de survenir dans bonne), revêtent une importance par-
l’Union, l’État membre touché pou- ticulière à cet égard. Le traité a ainsi
vant demander une aide par son inter- introduit à l’article 6 point f du TFUE
médiaire (ce qu’a fait la France pour le une compétence complémentaire
rapatriement d’environ 500 ressortis- afin de prendre des mesures « pour
sants au mois de janvier 2020). appuyer, coordonner ou compléter l’ac-
tion des États membres », notamment
Depuis 2018, l’UE a également en matière de protection civile.
mis en place le mécanisme IPCR, non
spécifiquement dédié aux problèmes Assistance économique :
de santé publique, mais les incluant. en dehors du champ européen
Celui-ci vise à assurer une coordination En matière industrielle, la gestion
au plus haut niveau politique en cas de de crise et la notion de solidarité s’ex-
crises frappant de multiples secteurs. Ce prime de façon bi ou multilatérale,
dispositif associe la présidence de l’UE, en dehors du champ européen et du
la Commission, le Service européen de cadre législatif de l’UE.
l’action extérieure (SEAE), les agences
compétentes, le cabinet du président du Fonds structurels :
Conseil européen, ainsi que les experts peu de moyens engagés
des États membres et des organisations L’UE ne dispose pas, là non plus, de
internationales concernées. la compétence en matière industrielle
lui permettant de réorienter l’utilisa-
Toutes ces structures, et les mil- tion des fonds structurels en faveur
liards engloutis dans leur fonction- des secteurs touchés par la crise et
nement, se sont cependant révélées des pays les plus touchés.
totalement inefficientes, comme l’a
notamment reconnu Magrethe Ves- Certes les règlements régissant ces
tager, vice-présidente de la Commis- fonds ont été assouplis mais l’aide
sion et commissaire à la concurrence, directe aux secteurs économiques
auditionnée par le Parlement : selon
son propre aveu, l’UE n’a tout simple-
touchés reste proscrite. •
ment pas de stratégie européenne en

6 Le livre noir
Des réactions tardives
de la part des dirigeants
Les chiffres et les faits parlent d’eux-mêmes : l’UE a toujours
agi avec retard, tant en ce qui concerne la crise sanitaire
que ses conséquences économiques. Revue de détail.

L’UE paralysée face à la crise « Covid-19 » a été officiellement


déclaré (19 novembre 2019)
Il faudra attendre quasiment…
sept semaines pour obtenir une réac-
tion véritable face à la pandémie des
• 72 jours après que l’OMS ait été
prévenue par le gouvernement
institutions européennes, à savoir chinois du risque de pandémie
la réunion du Conseil européen du (31 décembre 2019)
12 mars.

Ce délai, beaucoup trop long,


• 56 jours après que la ville de
Wuhan, d’où est partie l’épidé-
intervient : mie, ait été mise en quarantaine
(16 janvier 2020)
• 114 jours après que le premier
cas de patient chinois baptisé • 48 jours après que des premiers cas ▶▶

« «
© CREATIVE COMMONS

Face à la L’histoire
contagion du virus est la somme
il y a un antidote : de tout ce que
c’est l’amour nous aurions
et la compassion. » pu éviter. »
Ursula Von der Leyen, Konrad Adenauer,
présidente de la Commission, devant cité – ironie cruelle ! –
le Parlement européen, lors du débat par Ursula Von der Leyen,
sur la crise du 26 mars. présidente de la Commission.

Le livre noir 7
▶ 1. Des institutions défaillantes…

«
© CREATIVE COMMONS / OLAF KOSINSKY-INFO@KOSINSKY.EU
Le rappel chronologique des décla-
rations et décisions des principaux
dirigeants de l’UE, hauts responsables
de ces six institutions, du début de
Il faut donner la pandémie à la fin mars 2020, le
de l’espoir aux citoyens démontre de manière implacable :
l’Union européenne s’est montrée
pour faire face en ces temps incohérente et incompétente.
obscurs, il faut leur apporter • 23 janvier Première mention du
coronavirus sur les réseaux par les
la lumière. » institutions ou dirigeants européens.
Le président du Parlement européen, David Sassoli, La commissaire à la Santé Stella
en ouverture de la séance plénière du 26 mars. Kyriadou indique avoir échangé
avec le directeur général de l’OMS au
sujet du coronavirus et suivre le sujet
▶▶ avérés de contagion ait été détectés de près grâce à l’ECDC (Centre euro-
en Europe (24 janvier) péen de prévention et de contrôle
des maladies). D’après elle : « la
Sept semaines donc, au mieux, Commission se tient prête à soutenir
pour réagir : beaucoup trop tard ! et coordonner les réponses addition-
nelles qui pourraient être nécessaires
De la part de ses dirigeants : au niveau de l’UE. »
des réactions tardives,
contradictoires et inappropriées • 28 janvier La Commission annonce
avoir activé le mécanisme de pro-
À l’exception de la Cour des comptes tection civile de l’UE à la demande
européenne, ne donnant son avis qu’a de la France, afin de rapatrier des
posteriori, les six autres institutions euro- ressortissants de l’UE.
péennes sont directement concernées par
la pandémie : Conseil européen, Com-
mission, Parlement, Conseil de l’UE, Cour
• 29 janvier Première communication
sur le virus de la présidente de la
de justice, Banque centrale européenne. Commission, Ursula von der Leyen :

EMMANUEL MACRON : TROP TARD, TROP PEU


lors que le premier cluster Le stade 3 (« limiter les effets de

A est apparu à Mulhouse


le 17 février, le stade 1
de l’épidémie (« le virus n’est pas
l’épidémie ») n’est quant à lui activé que
le 14 mars… tout en maintenant les
élections municipales le lendemain.
en circulation… ») n’a été déclenché Ces trois passages de stades sont en total
en France que tardivement : 10 jours décalage avec la réalité d’au moins un
plus tard (23 février). degré chacun.
Le passage au stade 2 (« endiguer En activant le stade 2 dès l’origine,
la propagation ») n’est déclenché, la première phase, lente, de la courbe
alors que la France compte déjà épidémique en Europe aurait permis à la
deux morts, que le 28 février. France d’activer les mesures préventives,

8 Le livre noir
un simple tweet qui « salue les efforts
du gouvernement chinois » et assure
que « l’UE est prête à fournir toute L’EXCEPTION GRETA THUNBERG
l’aide nécessaire. »
lors que des premiers cas de
• 29 janvier La Commission se déclare
« prête à soutenir les États membres
et à assurer une réponse forte et coor-
A contamination sont déjà apparus
au sein des institutions, le
président du Parlement, David Sassoli,
donnée face au coronavirus ». décide le 4 février d’interdire l’accès aux
bâtiments de Strasbourg à toutes
• 31 janvier La Commission annonce
10 millions d’euros pour la recherche
personnes ne travaillant pas pour
l’Assemblée. Seule exception : « l’icône »
sur le coronavirus. Greta Thunberg, conviée malgré
l’interdiction à venir s’exprimer sur la « loi
• 24 février Ursula Von der Leyen
assure que la santé publique est sa
climat » de l’UE devant la commission
« environnement » du Parlement.
« priorité numéro un » et que l’UE
est là pour jouer un rôle de premier
plan afin de stimuler la production
de matériels de protection notam-
• 12 mars Première réaction véritable
des institutions de l’UE : la réunion
ment en Europe et en Chine. d’un Conseil européen extraor-
dinaire. Lors de sa conférence
• 6 mars La Commission annonce
37 millions d’euros pour la recherche
de presse, Ursula Von der Leyen
assure qu’il n’est pas possible de
contre le coronavirus. stopper le virus mais que l’on peut
ralentir sa propagation. Elle déclare
• 11 mars Alors que l’Europe est tou-
chée de plein fouet, et les économies
aussi : « les interdictions de voyage
générales ne sont pas considérées
s’effondrent, la Commission préfère comme très efficaces par l’Organisa-
détailler sa « stratégie européenne tion mondiale de la Santé. De plus,
sur l’industrie » consacrée à l’indus- elles ont d’importantes conséquences
trie européenne dans les décennies sociales et économiques, elles per-
à venir. turbent la vie de la population et des ▶▶

comme l’ont fait notamment les pays le port du masque ou les consignes de
du sud-est asiatique ou le Portugal : gestes distanciation, rendus obligatoire trop
barrières, tests, masques, isolements, tardivement.
point scientifique sur Pourtant, si la Chine n’était pas prévenue,
les traitements disponibles… Emmanuel Macron, quatre mois après,
De même, en ne passant pas, beaucoup lui, l’était.
plus tôt, en stade 3, Emmanuel Macron Il n’a pas retenu la leçon : ses hésitations
a fait preuve de déni de la réalité, comme le et ses décisions « petit bras » ont favorisé,
confirme sa « fameuse » sortie au théâtre au début, l’essor de la pandémie.
avec sa femme du… 7 mars. Tout en L’ensemble de ces réactions tardives du
reconnaissant l’urgence sanitaire, Chef de l’État s’expliquant en grande partie
le chef de l’État a continué de refuser par la pénurie de masques, dont l’État,
la fermeture des frontières. Idem pour là encore, est directement responsable…

Le livre noir 9
▶ 1. Des institutions défaillantes…

▶▶ entreprises. Toute mesure prise doit


être proportionnée ». MARINE LE PEN,
• 18 mars La présidente de la Com- CELLE QUI A VU JUSTE
mission confesse avoir « sous-es-
timé le coronavirus » (interview au ermeture des frontières, pénurie
quotidien allemand Bild). Quatre
jours plus tard (22 mars), celle-ci
s’« illustre » à nouveau avec une
F de masques et de tests, confine-
ment de longue durée, relocali-
sations industrielles pour faire face
vidéo, qualifiée par beaucoup de à notre dépendance vis-à-vis de la
grotesque, expliquant comment se Chine, aides aux entreprises…  : la
laver les mains. présidente du RN a toujours eu un
temps d’avance. En témoigne la chro-
• 2 avril Ursula Von der Leyen est
contrainte de s’excuser de sa cécité
nologie de ses déclarations. Extraits :

auprès des Italiens. Elle récidivera 29 janvier «  Les pays, les uns après les
deux semaines plus tard, le 16 avril, autres, ferment leurs frontières terrestres
devant le Parlement. • avec la Chine ou suspendent les vols vers ou
en provenance de Chine. Et nous on conti-
nue à ne prendre aucune décision  ? C’est
incompréhensible. » (Twitter)

BLOCAGE DE MASQUES 11 février « Cette crise sanitaire du coro-


À LA FRONTIÈRE TURQUE : navirus souligne à nouveau que, face à
LES 3 MENSONGES l’absence d’une politique de relocalisation
D’URSULA VON DER LEYEN industrielle pilotée par un État stratège, le
marché commande et l’insécurité sanitaire
éclaration de la présidente

D
menace les Français. » (Twitter)
de la Commission, le 26 mars,
au sujet du blocage pendant 23 février « Il faut à tout prix que l’on élève
une semaine par la Turquie d’une le niveau de législation au niveau du danger
livraison de masques commandée que peut représenter une épidémie comme
par l’Italie : « Nous avons pu constater celle du coronavirus. Et il y a également une
que des équipements cruciaux étaient grave inquiétude sur nos capacités en matière
bloqués à une frontière pendant plusieurs de médicaments et de masques » (Le Grand
jours et avons agi pour lever Jury RTL-LCI)
ces blocages ».
Une phrase, trois manquements 26 février « Je suis frappée par l’incohérence
ou mensonges : des choix du gouvernement face au corona-
• « À une frontière » : la Turquie
n’est même pas citée !
virus. Pourquoi rapatrie-t-on des Français
que l’on met en quarantaine, alors qu’on
• « Pendant plusieurs jours » :
la véritable durée du blocus
laisse les avions des mêmes provenances
atterrir tous les jours sans aucun contrôle ?! »
est minorée… (France Inter)
• « Nous avons agi pour lever
ces blocages » : la situation a été 10 mars « Il faut tester plus largement et
en réalité entièrement réglée par même beaucoup plus largement, afin de
des discussions directes entre pouvoir suivre l’évolution de l’épidémie et
les dirigeants italiens et turcs, permettre aux gens qui sont atteints (même
Giuseppe Conte et Recip Erdogan.

10 Le livre noir
légèrement) de protéger leurs proches 21 mars « Combien de temps encore la souveraineté technologique, relo-
et les plus fragiles en se confinant. » le gouvernement va prendre les Fran- caliser l’activité industrielle, protéger
(Twitter) çais pour des imbéciles ? Le peuple a et promouvoir nos entreprises stra-
droit à la VERITÉ : vous décrétez que tégiques. Produire en France ce que
14 mars «  Vu l’accélération de la les masques sont soi-disant inutiles l’on peut raisonnablement produire.
diffusion du Covid-19, je demande parce qu’il y a une terrifiante pénu- Ce sont les défis qu’il faudra relever
au gouvernement d’accroître l’offre rie de masques ! » (Twitter, réaction à après la crise sanitaire. » (Twitter)
hospitalière en rouvrant les hôpi- la déclaration de Sibeth N’Diaye indi-
taux récemment fermés (Val de quant que les masques sont inutiles si 17 avril « (…) Je propose que l’on offre
Grâce…)  ; des médecins libéraux on ne sait pas les utiliser) deux trimestres de retraite pour le per-
ou militaires avec une expérience sonnel soignant et un trimestre pour
hospitalière pourraient être appe- 23 mars «  Je fais une proposition les travailleurs de la 2e ligne. » (Inter-
lés. » (Twitter) simple et rapide en termes de mise vention à l’Assemblée nationale)
en œuvre : toutes les entreprises de
16 mars « CONFINEMENT TOTAL : il moins de 1 000 salariés doivent tou- 17 avril « (…) Je demande l’annulation
faut maintenant oser prononcer l’ex- cher immédiatement 1  500  euros totale des charges pour les commer-
pression. Nous n’avons plus le temps + 1  000  euros par salarié. Cela fait çants. Le gouvernement leur doit la
pour les subtilités de langage et les ter- 10 milliards sur les 750 milliards de CLARTÉ. Le report des charges n’est
giversations : des vies sont en danger » la BCE ! » (TF1/LCI) pas suffisant : seule l’annulation totale
(Twitter) est à même de rassurer nos commer-
31 mars « Face au Covid-19, le sec- çants ! » (Intervention à l’Assemblée
18 mars «  Au vu de la situation teur bancaire doit participer à l’effort nationale)
exceptionnelle liée à l’épidémie de de guerre de la Nation pour soula-
coronavirus, l’État doit procéder à ger l’économie. Nos banques doivent 29 avril « Les maires vont être en pre-
l’encadrement des tarifs des produits honorer chèques et prélèvements des mière ligne pour le déconfinement,
de première nécessité dans les dépar- TPE-PME, artisans, dont la survie mais pour que leur responsabilité
tements d’Outre-Mer, où l’on constate est menacée par la crise. Les prêts ne puisse être engagée du fait des
des écarts de prix injustifiables.  » garantis par l’État doivent être élar- manquements de l’État, j’ai déposé
(Twitter) gis. » (Twitter) hier une proposition de loi pour pro-
téger ceux qui servent la démocratie
19 mars « Le gouvernement doit d’ur- 2 avril « Compte tenu des chiffres dra- locale » (Twitter)
gence se tourner vers le peu d’usines matiques de décès dans les EHPAD
textiles qui nous reste (merci pour les qui remontent de ces établissements, 29 avril «  L’État remboursera aux
délocalisations !) pour leur demander il faut urgemment tester non seule- collectivités locales 50  % de leurs
de réorienter leur production vers la ment tous les soignants de France, dépenses de masques uniquement
fabrication de masques en urgence. mais aussi l’ensemble du personnel pour les commandes passées après le
La crise va durer. Il faut ANTICIPER ! » de tous les EHPAD. » (Twitter) 13 avril. Les collectivités qui, contrai-
(Twitter) rement à l’État, ont été prévoyantes
6 avril « Il faut réfléchir au déconfine- seront donc sanctionnées ?! C’est vrai-
19 mars « Pourquoi ne pas tenir un ment, l’anticiper. Il faut assez de tests, ment n’importe quoi. » (Twitter)
langage de vérité aux Français ? Le savoir qui l’on teste en premier, est-ce
confinement durera très probable- que l’on fait des tests sérologiques 3 mai « En portant un masque et en
ment beaucoup plus de 15 jours.  » de masse, etc. : c’est dès aujourd’hui organisant et respectant une distance
(Twitter, réaction à une déclara- qu’il faut réfléchir à cela, sinon nous physique de sécurité, je ne comprends
tion de la directrice de l’agence aurons encore un temps de retard. » pas ce qui interdit aux croyants de
Santé publique, annonçant un pro- (RTL) retrouver, dès le 11 mai, la possibilité
bable prolongement de la durée du de se rendre à l’église, à la synagogue,
confinement) 10 avril « Se donner les moyens de au temple ou à la mosquée. » (Twitter)

Le livre noir 11
▶ 1. Des institutions défaillantes…

Une double lacune

Confrontée à sa crise la plus


importante depuis sa création, l’UE a
démontré sa double faiblesse :

• Faiblesse conjoncturelle : en ne
se montrant jamais, dans ses déci-
sions, à la hauteur des enjeux ;
• Faiblesse structurelle : en se retrou-
vant contrainte, pour faire face à la
situation, d’abolir elle-même deux
de ses piliers fondateurs : les règles
du pacte de stabilité et le contrôle
des aides d’États.

Conseil européen
extraordinaire :
l’UE contre l’UE

Ce n’est que le 12 mars que s’est


tenu un conseil européen extraordi-
naire consacré à la pandémie.

Extrêmement tardive, à l’image des


réactions de l’ensemble des respon-

Une gestion sables de l’UE, cette réunion intervient


dix semaines après que la Chine ait
officiellement prévenu l’OMS de l’épi-

de crise démie de Wuhan (31 décembre 2019)


et sept après la découverte des pre-
miers cas avérés de contagion en

inexistante Europe (24 janvier 2020).

Deux décisions principales sont


prises à cette occasion :

L’inaction de l’UE ne peut s’expliquer • Suspension des règles du pacte de


stabilité (plafonnant les dettes et
uniquement par le peu de compétence déficits publics des États membres).
dont elle dispose en matière • Autorisation donnée aux États de
débloquer des aides nationales
de santé. C’est faux. Dans le passé, (jusqu’alors strictement limitées).

Bruxelles n’a en effet jamais hésité Ces deux décisions vont enfin per-
mettre aux États membres d’apporter
à s’immiscer dans des domaines des réponses concrètes à la pandémie
où son action n’était ni prévue par sur le plan économique et social.

les traités ni voulue par les acteurs… Tout un symbole : l’action la plus

12 Le livre noir
déterminante de l’UE a donc consisté à
faire elle-même sauter deux des piliers
fondateurs de sa règlementation : les
règles budgétaires mises en place par
Maastricht et élevées au rang de totem
après la crise de 2009 ; la limitation,
90 000 C’est le nombre
de masques de
protection livrés
à l’Italie par l’UE, à la suite de sa décision,
voire l’interdiction, des aides d’État, le 19 mars, de créer une réserve commune
pierre angulaire du marché unique et de matériels médicaux d’urgence
de sa politique de concurrence. (redistribués ensuite aux États nécessiteux).
Outre que cet envoi n’a pu être réalisé
L’UE marque donc de son empreinte que plus… d’un mois après, ce nombre
la réponse à la crise non par une de 90 000 prêterait à rire si la situation
action plus volontariste mais par l’effa- n’était aussi tragique : la recommandation
cement de ses propres dogmes : c’est concernant les masques chirurgicaux est
en se niant qu’elle compte assurer sa en effet de trois masques par jour et par
survie, validant au passage les thèses habitant. Ce qui situe le besoin quotidien
des forces souverainistes. de l’Italie (51,6 millions d’habitants de plus
de 15 ans) à… 154,8 millions. Soit plus de
Quant au Parlement, incapable 1700 fois plus que le nombre de masques
d’initiatives, ou même de tenir des distribués par l’UE !
débats, il s’est montré totalement
invisible sur la crise, se transformant,
dans les faits, en simple chambre suivant : « Si on en reste là, c’est-à-dire
d’enregistrement. au laisser-aller national, et on verra
qu’il s’en sortira, on pourra logique-
Loin de donner des envies de ment nous rétorquer après la crise :
« plus d’Europe », ce terrible aveu mais alors pourquoi on nous emmerde
d’impuissance de l’UE dans le cadre en temps normal ? »
de ses prérogatives n’a pas manqué
d’inquiéter les partisans les plus réso- Solidarité avec les États :
lus de l’Europe supranationale, tel une dotation symbolique
Emmanuel Macron. Selon une indis-
crétion publiée dans la presse, celui-ci Créé en 2002 pour aider les
aurait fait, à ce sujet, le commentaire États membres à faire face à des ▶▶

L’APPEL À « COMMENCER À RÉFLÉCHIR » DE THIERRY BRETON


ourtant doté d’un des plus « À la seconde où nous avons reçu

P importants portefeuilles
– politique industrielle, marché
intérieur, numérique, défense et
cette tâche de supervision et de contrôle,
expliquait-il, j’ai appelé, et la
Commission a appelé, tous les acteurs
espace ! – Thierry Breton pouvait industriels, tous les fabricants à
difficilement plus mal exprimer sa totale commencer à réfléchir à la manière dont
inefficacité que dans sa déclaration du ils peuvent transformer leurs lignes de
11 avril, après que la Commission ait production en production de masque. »
été chargée de coordonner les niveaux « Commencer à réfléchir… » :
de stocks, en particulier de masques : loin, très loin, de l’impératif d’agir !

Le livre noir 13
▶ 1. Des institutions défaillantes…

En raison de la modestie des


dotations, ce soutien financier est
donc essentiellement symbolique.
S’il reste pertinent pour une catas-
trophe naturelle précise, il n’en est
rien concernant la pandémie de la
Covid-19, laquelle, en frappant tous
les États membres dans des pro-
portions majeures, les rend tous
éligibles !

Aide au chômage partiel


des États : un financement
en trompe-l’œil

Conçu de manière provisoire pour


« aider à protéger les emplois et les
travailleurs touchés par la pandé-
mie de coronavirus » (financement
▶▶ catastrophes naturelles majeures du chômage partiel, notamment), le
(ex : tremblement de terre en Italie, fond SURE (Support to mitigate Unem-
incendies en Grèce…), le champ d’ap- ployment Risks in an Emergency) est
plication du Fonds européen de soli- le principal dispositif financier mis en
darité de l’Union européenne (FSUE) place par la Commission à destination
a été élargi aux « urgences de santé des travailleurs au titre des mesures
publique majeure ». d’urgence.

Le nouveau texte divise notam- Si sa dotation – 100 milliards d’eu-


ment par deux les critères d’éligibilité ros – est conséquente, la présentation
pour ces situations et relève le niveau qui en a été faite est un trompe-l’œil.
d’avances possible de 10 à 25 %. Il s’agit d’un prêt qui, par défini-
tion, devra être remboursé et dans
Cette aide est cependant limitée une matière pour laquelle les États
à un plafond de 100 millions d’euros ont déjà leurs propres mécanismes
par pays touché : une goutte d’eau au nationaux. Enfin, la Commission euro-
regard des milliards requis. D’autant péenne vient de nouveau empiéter sur
que le FSUE lui-même n’est doté que une compétence nationale qu’elle rêve
de 500 millions d’euros annuels… depuis longtemps d’investir.

25 MILLIARDS D’EUROS : LA GRANDE MANIP’


n annonçant, le 10 mars, son débloqué, mais une somme… trois fois

E intention de créer un fond de


25 milliards d’euros à destination
des États membres, chiffre sans cesse
moindre. Seuls 7,5 milliards d’euros
seront effectivement mis sur la table,
le reste (17,5 milliards d’euros) devant,
martelé depuis, l’UE travestit la réalité. espère-t-elle, être obtenu par « effet de
Ce n’est en effet pas ce pactole qui sera levier ». Sans aucune garantie.

14 Le livre noir
Nomination d’un « commissaire

2
à la gestion de crise » :
une coquille vide C’est le nombre de semaines
–  quinze jours de perdus,
La Commission a fini par se doter donc –, qu’il a fallu à
d’un commissaire à la gestion de crise, l’administration de l’UE
dont le but est de « favoriser les syner- pour que soit officiellement publié l’appel
gies et encourager les coopérations ». d’offre de sa commande groupée,
gérée par la Commission, d’équipements
Si cette initiative peut, en soi, se de protection en faveur de vingt
justifier, celui-ci – Janez Lenarcic, de ses États-membres, dont la France.
ancien ambassadeur de Slovénie
auprès de l’UE – ne possède, en réa-
lité, qu’un portefeuille aux allures de l’échelle de l’UE afin de venir en aide
coquille vide. à près de 100 000 PME.

Seule action significative, ou Tout comme l’enveloppe elle-même,


presque : l’activation du mécanisme l’objectif apparaît dérisoire au regard des
de protection civile de l’UE pour le près de… 22 millions de PME – 220 fois
soutien consulaire aux citoyens des plus ! – que compte l’UE (3,1 millions
États membres vivant à Wuhan, en pour la seule France), dont la plupart
Chine, lieu de déclenchement de la lourdement impactées par pandémie.
pandémie. Dont le rapatriement sera
finalement organisé par… la France ! Pourtant les plus fragiles, les entre-
prises déjà en difficulté en 2019 ne
Aide aux PME : dérisoire sont, de plus, pas éligibles à ce fond
et discriminatoire de soutien.

La Commission a annoncé un sou- Touchées de plein fouet par la crise


tien d’environ 8 milliards d’euros à des Gilets jaunes, les PME françaises ▶▶

BUGS INFORMATIQUES
ontrainte par le confinement de fonctionner

C en télétravail, le triangle institutionnel


(Commission, Conseil, Parlement) constituant
le cœur de l’UE n’a pas été, en de multiples
circonstances, en mesure de fonctionner
correctement. Alors que l’UE ne cesse de vanter
la transition numérique, le saut dans le XXIe siècle
et le digital pour tous, elle s’est montrée, dans les faits,
incapable de tenir la plupart de ses réunions faute
de solutions adéquates. En cause : de multiples
problèmes de connexion, et autres bugs
informatiques, dus à l’utilisation d’instruments
de travail en visioconférences différents, effectués
sur des supports multiples et peu disponibles…

Le livre noir 15
▶ 1. Des institutions défaillantes…

▶▶ figurent parmi les premières victimes


de cette « discrimination », illustrant à
la perfection l’inadaptation de l’éche-
lon européen à la réalité du terrain
économique.

Aide aux grandes entreprises :


la sauvegarde
de l’emploi sacrifié

À la question de la conditionnalité
des aides accordées aux grandes entre-
prises des États membres par l’UE, il
a été clairement répondu, lors d’une
audition de la Commission Emploi,
que l’institution était dans l’incapacité
légale d’y procéder.

Impossible, donc, par exemple, de


lier ces aides à l’engagement, par les
entreprises bénéficiaires, de ne pas
délocaliser ou licencier.

Sans ce garde-fou, le risque est


grand de voir nombre d’entreprises
bénéficiaires percevoir ces fonds
publics tout en engageant, ensuite, des
Des entraves
plans sociaux au profit de leurs action-
naires. Et, en cette période de flambée
du chômage, sans la moindre considé-
aux actions
ration pour le maintien de l’emploi…

Appui au déconfinement :
le grand n’importe quoi
des États
Publiée le 14 avril par la Commis-
sion, la feuille de route européennes S’il est un domaine où l’UE
pour la levée des mesures de confine-
ment n’a donné lieu qu’à un document
s’est montrée inflexible,
enchainant les lieux communs. c’est celui de son dogme fédéraliste.
Surtout, alors que l’UE, par cette Dans son viseur : les État-membres
feuille de route, prétendait instaurer
un calendrier de sortie du confinement
« coupables », face à la crise,
à l’échelle de l’Europe, aucun des États de privilégier les solutions
membres ne l’a suivi : le calendrier du
déconfinement a été totalement diffé- nationales. Pourtant rendues
rent selon les pays. • nécessaires par l’incurie
de l’Union européenne…

16 Le livre noir
ême dans un contexte Seule action concrète en ce

M de pertes de marchés
pour les producteurs
européens (dues aux
difficultés d’achemine-
ment et d’écoulement des stocks, et
entrainant destructions et gaspillage
alimentaire), le dogme, pour l’UE, doit
domaine menée par l’UE, en liaison
avec Frontex : l’annonce le 16 mars,
par Ylva Johansson, commissaire aux
affaires intérieures, d’une prime de
2 000 euros offerte à 5 000 migrants
présents en Grèce en échange de leur
« retour volontaire » en Turquie.
rester le dogme.
Déjà proposée par plusieurs États
L’Union européenne n’a ainsi voulu membres, notamment en France pour
tolérer aucune restriction d’importa- les « personnes de nationalité majo-
tions et d’exportations au sein du mar- ritairement roumaine ou bulgare »,
ché intérieur. cette « incitation financière » a pour-
tant systématiquement démontrée
Seule exception : la décision son inefficacité : après avoir perçu
(15 mars) de la Commission visant à la prime, l’immense majorité de ces
limiter les exportations de masques et « volontaires » pour le retour revient !
autres équipements médicaux de pro-
tection afin de garantir l’approvision- Concernant la surveillance des
nement de l’UE. Décision renouvelée frontières extérieures de l’UE – inter-
pour les masques seuls à la mi-avril dites pendant trente jours pour les
pour une période de 30 jours. ressortissants de pays non-membres –,
l’agence, qui ne dispose que de
L’UE a par ailleurs pris position en 1200 officiers et agents, s’est conten-
faveur d’un objectif de limitation de sa tée de proposer des « instructions » et
dépendance envers « un seul fabri- « consignes » d’ordre techniques (ex :
cant ou pays » (la Chine et l’Inde, non comment les pays membres doivent-
nommées). De même s’est-elle posi- ils appliquer les exceptions pour
tionnée en faveur d’un retour de les citoyens européens désirant
la production des « médicaments rentrer d’un pays tiers ?)
essentiels » par les États membres.
Aveu du directeur de Frontex,
Frontex : aux abonnés Fabrice Leggeri : « Nous vou-
absents lons déterminer comment les
contrôles aux frontières
En charge de la sécurité des « fron- peuvent fonctionner au
tières » de l’UE, le rôle de cette mieux en temps de crise
agence a d’abord consisté, au début du coronavirus. Sur cette question,
de la crise virale, à venir en aide l’UE n’est pas suffisamment équipée. »
à la Grèce submergée par l’afflux
de migrants de toute origine en Malgré l’UE, le retour
provenance de Turquie. des « réflexes nationaux »

Incapable d’y parvenir, son La crise l’a démontée : en dépit des


bilan a été très sévèrement jugé efforts de l’UE pour imposer une sou-
par les autorités grecques elles- veraineté européenne au détriment
mêmes. Lesquelles se sont trouvés de celles des États, les réflexes natio-
contraintes d’assurer elles-mêmes naux sont restés les plus forts. Le cœur
leur refoulement. des nations n’a pas cessé de battre. ▶▶

Le livre noir 17
▶ 1. Des institutions défaillantes…

▶▶ Cela a notamment été le cas en Emmenés par l’Autriche, les petits


Pologne, République Tchèque, Hon- pays riches mais « frugaux » contestent
grie, Suède, Danemark et Pays-Bas, le plan franco-allemand et la nécessité
lesquels, hormis pour ce dernier, ne de renforcer les transferts financiers
font pas partie de l’union monétaire. En intra-européens au nom de la solida-
Allemagne, l’acceptation des solidarités rité. La répartition des aides (« taux de
s’accompagne d’une vigilance mainte- retour ») aiguise les appétits. Les pays
nue de l’opinion. Idem pour l’Irlande, en première ligne sur le front migratoire
Malte ou Chypre, demeurées hostile à (Malte, Italie, Grèce) restent vocaux sur
un impôt harmonisé sur les sociétés. le « partage du fardeau migratoire ».

FRONTIÈRES : OFFRIR LES « MEILLEURES CONDITIONS D’ACCUEIL »


AUX DEMANDEURS D’ASILE
eule inquiétude manifestée par Tandis que des dizaines de millions

S le Bureau européen d’appui


en matière d’asile (EASO) :
la situation des demandeurs d’asile,
d’européens vivant en appartement
ou en maison de retraite se sont
retrouvés dans l’impossibilité de sortir
en faveur de qui la « priorité » de chez eux, les demandeurs se
doit demeurer l’enregistrement trouvant en rétention devront toujours
et le traitement des demandes – quelle pouvoir disposer, est-il précisé,
que soit l’ampleur de la crise ! d’un « accès à l’air libre ». Quant aux
Tandis que nombre de citoyens « limitations de visite », celles-ci doivent
européens, notamment en France, ont être « justifiés ». Tandis que nos anciens,
dû se priver de soins de santé durant confinés dans les Ehpad en ont, eux,
le confinement, l’agence européenne été privés à 100  %...
insiste sur le fait que tout demandeur Dès « l’après-crise », les États membres
d’asile doit, quant à lui, continuer de sont en outre appelés à accorder
bénéficier de ces soins (gratuits). à ces mêmes demandeurs d’asile
De même, les mesures de quarantaine les « meilleures conditions d’accueil »
et d’isolement doivent être en particulier pour les cas
« raisonnables », « proportionnées » de « regroupement familial »
et « non-discriminatoires ». et de « mineurs non accompagnés »,
Concernant les mesures de retour
vers les pays d’origine, l’EASO estime
enfin que la priorité doit porter
plus que jamais sur les « retours
volontaires » (présentant moins
de « risques pour la santé »)
et non sur les expulsions, pour
lesquels les États membres doivent
déterminer s’il subsiste une
« perspective raisonnable
d’éloignement ».
Un nouveau pas vers
la suppression pure
et simple des expulsions ?

18 Le livre noir
La révélation de notre dépendance
vis-à-vis de la Chine en matière d’ou-
tils sanitaires a réveillé les thèmes, mis
sous l’éteignoir par l’UE, de nécessité
d’autonomie stratégique et de souverai-
neté économique (France, Allemagne,
Belgique, Portugal, Roumanie).

Au départ refusée par l’UE, la fer-


meture des frontières a redonné la
priorité aux liens « naturels » :

• Liens régionaux (pays baltes,


scandinaves)
• Liens bilatéraux (pays frontaliers
notamment)

Tout un symbole : nulle part l’UE


• 2 avril Quatorze gouvernements
de l’UE, dont la France et l’Alle-
n’est parvenue à imposer ses propres magne, se déclarent dans une
règles et calendriers pour répondre à missive « profondément préoccu-
la crise. Mesures de protection sani- pés par le risque de violation des
taire et de soutien économique, dates principes de l’État de droit, de la
et modes de confinement et de décon- démocratie et des droits fonda-
finement… : c’est en ordre dispersé mentaux découlant de l’adoption
que les 27 ont réagi. de certaines mesures d’urgence. »
Si la Hongrie n’est pas nommé-
Partout, l’Europe des nations est ment citée, ce courrier se veut une
apparue comme la solution. riposte à la loi votée le 30 mars par
le Parlement de Budapest, accor-
Les initiatives dant des « pouvoirs spéciaux » au
de plusieurs États gouvernement durant la crise du
dans le viseur de l’UE coronavirus. Le même jour, treize
délégations nationales issues du
Pas question pour les États, en parti- Parti populaire européen (PPE)
culier au début de la crise, de transiger dont est membre le Fidesz (le parti
avec les règles européennes. Quelques du président hongrois), exigent
exemples « abracadabrantesques »… l’exclusion de ce dernier. Selon
eux, la loi votée à l’initiative de
Hongrie : Viktor Orban constitue une « claire
l’acharnement violation de la démocratie libé-
anti-Orban rale et des valeurs européennes ».
« Bête noire » de l’UE, la Hongrie de Comme elle l’avait pourtant
Viktor Orban a fait l’objet en pleine annoncé, la Hongrie a mis fin de
pandémie de… trois procédures, et son propre chef à ces « pouvoirs
menaces de sanction, émanant de spéciaux » le 20 juin.
l’institution. Comme s’il n’y avait rien
de plus urgent…
• 18 juin La Cour de Justice de l’UE
(CJUE) juge « discriminatoires et
injustifiées » les restrictions impo-
Plus important que les crises sanitaires sées par le pays au financement
et économiques, la doxa idéologique : par des capitaux étrangers des ▶▶

Le livre noir 19
▶▶
▶ 1.


Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Des institutions défaillantes…

organisations non gouvernemen-


tales (ONG). Le verdict fait suite à
la saisine de la CJUE par la Com-
mission européenne en 2017,
après que la Hongrie ait simple-
ment imposé la « transparence »
sur le financement des ONG pré-
sentes sur son sol en rendant
obligatoire la mention de l’origine
des financements pour les orga-
nisations bénéficiant de plus de
24 000 euros en provenance de
l’étranger.
25 juin L’avocat général de la
Cour de justice de l’Union euro-
péenne (CJUE), Priit Pikamäe,
s’est prononcé en faveur d’un
fouet par le coronavirus et qu’elle
appelle ses partenaires européens
à lui venir en aide, l’UE se révè-
lera incapable de mobiliser l’aide
des autres États conformément aux
mécanismes de protection civile,
ce qui choquera profondément le
peuple italien. Face à cette situation,
la Chine et la Russie s’engouffreront
dans la brèche en fournissant une
aide très médiatisée.Une belle réus-
site diplomatique pour l’UE …

Bulgarie : interdite
de protéger son
agriculture locale !
Afin de protéger ses petits agricul-
2
« recours en manquement », teurs, la Bulgarie a voté le 13 avril
introduit par la Commission à une loi imposant aux entreprises de
l’encontre de la Hongrie. Motif : distribution de se fournir prioritai-
sa législation en matière de droit rement auprès des producteurs de
d’asile et d’expulsion des clan- produits alimentaires appartenant au
destins jugée « contraire au droit même district administratif (lait, pro-
de l’Union ». duits laitiers, poissons, œufs, miel,
fruits de saison et légumes).
Italie : sanctionnée
pour ses aides En réaction, Thierry Breton, le
économiques… commissaire au marché intérieur,
appliquées partout ensuite a adressé une lettre de… mise en
Premier et plus durement touché des demeure au pouvoir bulgare, le
États membres, l’Italie s’est trouvé menaçant d’une « procédure d’in-
logiquement la première à réagir. Lui fraction » de l’UE à son encontre s’il
valant, au départ, des sanctions de ne retirait pas ses mesures, pourtant
l’UE. Pour des décisions de protec- décidées pour protéger les agricul-
tion de son économie qu’elle finira,
par la suite, par… encourager pour
teurs locaux. •
l’ensemble des 27.

En témoigne, notamment, le juge-


ment de la Cour de justice de l’UE du
12 mars 2020 condamnant l’Italie à
des sanctions financières en raison
de ses aides jugées illégales au sec-
teur hôtelier de Sardaigne : 7,5 mil-
lions d’euros, plus une astreinte
journalière de 80 000 euros.

L’Italie appelle au secours. Alors


que l’Italie est la première nation
européenne à être frappée de plein

20 Le livre noir
2. Des politiques
sectorielles
désordonnées
et illisibles

Que de temps perdu… excepté pour la poursuite


de l’objectif fédéraliste. Du secteur de la santé
et de la recherche à celui de l’agriculture,
en passant par les transports ou l’industrie,
une même obsession : sauver le « modèle »
européen. Quitte à accepter ici ou là, face
à l’ampleur de la crise, à renoncer à plusieurs
de ses dogmes. Tardivement et provisoirement.
Objectif, surtout, à moyen et long terme : se servir
de la crise comme d’un levier pour imposer
toujours plus d’Europe. Et toujours moins
de souveraineté pour les États.

Le livre noir 21
▶ 2. Des politiques sectorielles…

a base juridique définissant

L les compétences de l’UE


en matière de santé et de
recherche est particulièrement
floue. S’appuyant, pour l’essen-
tiel, sur les articles 4, 6, 114 et 168 du
TFUE, elle fait de l’UE un simple « facili-
tateur » du marché public, servant d’ap-
pui aux politiques des États membres.

La part du PIB que l’UE consacre


chaque année à la recherche et au
développement technologique (R&D)
est du reste inférieure de 0,8 % à celle

Santé des États-Unis et de 1,5 % à celle du


Japon : bien que le marché de l’UE soit
le plus vaste du monde, il est encore

et recherche, morcelé et insuffisamment propice


à l’innovation. D’où de nombreuses
fuites des cerveaux. Nos meilleurs

réactions chercheurs et créateurs s’expatrient en


quête de conditions plus favorables.

à contretemps
Mal préparée juridiquement à la
crise de la Covid-19, l’UE a réagi de
plus tardivement et le plus souvent

et pertes
mal à propos.

Tout un symbole : la démission, le


8 avril, de Mauro Ferrari, président du
de souveraineté Conseil européen de recherche (CER)
la principale organisation scientifique
de l’UE.

Mal préparé juridiquement à la crise Avant la crise : une extension


progressive des prérogatives
sanitaire, l’UE a réagi en outre de l’UE
tardivement et le plus souvent mal Depuis la crise de la vache folle
à propos. « Est-ce que véritablement, (1996) et les alertes SRAS (2003) et
H1N1 (2009), on assiste à une exten-
elle a été à la hauteur de la crise ? sion progressive de ses prérogatives
Je ne le crois pas », expliquait sur plusieurs aspects, encore renfor-
cée par l’entrée en vigueur du traité
le 20 mai, au sujet de l’Union de Lisbonne (2009). Parmi eux :
européenne, l’ancien premier • Directive sur la libre circulation des
ministre Édouard Philippe. médecins, du personnel soignant
et des patients (n° 2011/24/UE
Difficile de le contredire. relative à l’application du droit des

22 Le livre noir
patients en matière de soins de santé un simple décalque de la première
transfrontaliers) communication de l’OMS, souli-
• Règlement sur la recherche dans le
traitement des vaccins, de la pro-
gnant notamment qu’il n’existait
aucune preuve de « contamination
priété intellectuelle, autorisation, interhumaine ». Le centre relève
commercialisation et publicité des aussi, pour s’en féliciter, que plu-
médicaments (n° 726/2004). sieurs aéroports européens ont une
connexion directe avec Wuhan (en
Visant à renforcer la position de l’UE sus des connexions indirectes au
dans le domaine scientifique, l’ambi- nombre indéterminé). Même si « pas
tieux programme de financement de la à exclure » le risque d’introduction
recherche et de l’innovation « Horizon du virus dans l’UE est considéré
2020 » s’est attelé à la mise en place comme « faible ». Seule « l’isolation
d’une « Union de l’Innovation ». des cas » est recommandée.

Pendant la crise : les réactions


à contre-temps du Centre
• 11 janvier (J + 11) Le centre se
contente de relever, sans le condam-
européen pour la prévention ner, qu’aucun contrôle n’est effec-
et le contrôle des maladies tué sur les voyageurs au départ
(ECDM) de l’aéroport de Wuhan. Il faudra
attendre encore quatre jours, le
Pourtant en charge d’« alerter » la 15 janvier, pour que soient recom-
population en cas de risque d’épidé- mandée la mise en place des gestes
mie, l’agence européenne ECMD s’est barrières.
montré systématiquement à la traîne
dans ses diagnostics et décisions,
comme en témoigne l’accablant calen-
• 22 janvier (J + 22) En totale
contradiction avec ses premières
drier de ses retards réactions, calculés communications, l’ECDC consi-
par rapport au 31 décembre 2019 – dère enfin comme « élevé le risque
date à laquelle la Chine avait prévenu d’épidémie ». Tout en n’estimant
l’OMS d’un risque d’épidémie : que « probable » la possibilité que
« la contagion s’étende de façon
• 9 janvier 2020 (J + 9) Première
note de l’ECDC sur la Covid-19 :
plus globale ». Si elle reconnait,
encore avec retard, que des cas de ▶▶

© CREATIVE COMMONS / ARNO MIKKOR

« Dans le secteur de la santé, nous étions mal


préparés. Nous n’avions ni les capacités
de production ni les stocks. Nous nous sommes
découverts dépendants de la Chine,
de la Corée du Sud et de l’Inde. »
Phil Hogan, commissaire européen au commerce, dans Le Monde du 7 mai 2020.

Le livre noir 23
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ transmission interhumaine sont adressée aux hôpitaux le 2 février


désormais « avérés », l’agence pour que, s’ajoutant aux masques,
maintient toutefois que le risque l’utilisation de lunettes de protec-
de contamination secondaire au tion, blouses et gants (équipements
sein de l’UE reste… « faible ». de protection individuel EPI) soit à
D’où ses préconisations en com- son tour recommandée.
plet décalage avec la réalité : sur-
veillance pendant 14 jours des
voyageurs et du personnel de bord
• 7 février (J + 38) L’agence se décide
enfin à « encourager les États à se
ayant été à proximité d’un cas doter de stocks suffisants d’Équi-
détecté ; recommandation faite pements de Protection individuels
aux États membres de « vérifier pour les professionnels de la santé ».
les capacités de leurs laboratoires Un objectif réitéré le 14 février. Ce
nationaux pour les tests spécifiques qui confirme, de fait, l’importance
de coronavirus ». Le centre assure des stocks stratégiques, lesquels,
par ailleurs qu’il faut « envisager avant la crise, n’ont jamais été une
des procédures de détection ciblant priorité de l’ECDC.
les vols directs de Wuhan » et « véri-
fier les procédures d’information
des voyageurs en partance pour
• 10 février (J + 41) Le centre
continue de juger inutile le port
ou arrivant de Wuhan ». Il presse de masque par les personnes
aussi les États membres de « revoir non-infectées. Il affirme aussi
leurs procédures en matière de que si « l’annulation des rassem-
transport sur le territoire national, blements de foule peut limiter la
d’isolement et de gestion des cas propagation » cela ne doit l’être
de maladies infectieuses à consé- qu’à titre exceptionnel, dans les
quences graves ». seuls cas où les « participants
viennent d’une zone à risque » (ce
• 26 janvier (J + 26) Première recom-
mandation préconisant le place-
qui n’empêchera pas, le 26 février,
le maintien du match de Ligue
ment des malades dans des « pièces des champions Lyon-Juventus de
isolées et hermétiques » et que le Turin). Le même jour, l’ECDC per-
port du masque pour le personnel siste, à l’instar de l’OMS, à juger
médical au contact des patients. Il que la fermeture des frontières ne
faudra encore attendre une note serait pas efficace…

DÉMISSION-CHOC DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DE RECHERCHE


ymbole de l’absence totale Motif de cette démission : les

S de cohésion dans l’action


de l’UE en matière de
recherche : la démission le 8 avril,
désaccords sur la réponse sanitaire
du bloc communautaire au
coronavirus. Selon Mauro Ferrari,
en pleine pandémie, de Mauro l’UE s’est notamment rendue
Ferrari, le président du Conseil coupable de trop nombreux
européen de recherche (CER), sa blocages institutionnels et
principale organisation politique dans la gestion de la
scientifique (créée en 2007). crise. Parole d’expert !

24 Le livre noir
• 14 février (J + 45) L’ECDC estime
encore que le risque majeur de
surcharge des systèmes de santé
nationaux si l’épidémie s’étendait MÉDICAMENTS :
s’inclut toujours dans une four- LE COPIÉ-COLLÉ DE L’EMA
chette de « modéré à élevé ».
Agence européenne des
• 2 mars (J + 62) L’agence publie
cinq scénarios de crise sanitaire.
Celui prédisant « une situation
L’ médicaments (EMA) a entamé
le 30 avril un « examen continu »
des données déjà existantes (notamment
de transmission durable générali- chinoises) sur l’utilisation du Remdesivir,
sée où les systèmes de santé sont un médicament antiviral expérimental
surchargés » n’apparait qu’en… pour le traitement de la Covid-19. Sur
4e position. le papier, rien à redire. Dans la réalité :
un simple copié-collé.
• 12 mars (J + 72) Le scénario
numéro 4 est finalement celui
Bien que le Remdesivir ne soit pas
autorisé dans l’UE, il est en effet déjà
contre lequel l’ECDC finira par disponible par le biais de programmes
mettre en garde les États. Ce n’est dits « à usage compassionnel ». Or ces
qu’à cette date que le Centre prend programmes (offrant la possibilité à
enfin conscience de la gravité de la certains patients en état d’urgence
pandémie jugeant enfin « probable d’accéder à des médicaments non
que dans quelques semaines, ou autorisés) sont utilisés depuis des années
même jours, des situations similaires dans le cadre d’études dont le but
à celles constatées en Chine et en est précisément de déterminer s’ils
Italie se produisent dans plusieurs doivent, ou non, être mis sur le marché !
pays de l’UE ». Le même objet, exactement, mais à plus
grande échelle, que l’« examen continu »
• 1er avril (J + 92) L’ECDC estime
enfin « crucial de tester plus large-
mis en place par l’EMA… 
Seule innovation de l’agence :
ment pour contrôler le Covid-19 » sa « recommandation » du 11 mai visant
(sans jamais avoir, au préalable, à étendre l’utilisation compassionnelle
préconisé un effort des États en du Remdesivir aux patients atteints
faveur de la mise en place de ces de la Covid-19. Problème : cette
tests). proposition n’est là encore qu’un
simple décalque des résultats
• 8 avril (J + 99) L’agence prône
enfin le port généralisé du masque,
préliminaires d’une autre étude
existante : celle de la NIAID-
y compris, et par défaut, ceux ACTT, suggérant, déjà,
« faits-maison ». un effet bénéfique
du médicament
Un révélateur de la dépendance sur les patients
de l’UE hospitalisés pour
Covid-19 sévère.
La crise du Covid-19 a permis de
mettre au grand jour la dépendance
de l’UE vis-à-vis de la Chine - qui pro- C’est cette dépendance qui a
duit notamment 80 % des substances conduit à la catastrophique pénurie de
actives des médicaments consommés masques et d’équipements de protec-
en France. tion individuelle, ayant coûté la vie à ▶▶

Le livre noir 25
▶ 2. Des politiques sectorielles…

actions de recherche et d’innovation


pour mettre au point des vaccins, de
QUAND L’AGENCE EUROPÉENNE nouveaux traitements, des tests de
DES PRODUITS CHIMIQUES dépistage et des systèmes médicaux
(ECHA) OUBLIE SA MISSION… destinés à empêcher la propagation
du virus.
évolue à la sécurisation de l’usage

D des produits chimiques, l’ECHA


avait proclamé vouloir œuvrer à
répondre aux pénuries de désinfectants
La Covid-19, levier de l’UE
pour faire de la santé
une compétence communautaire
dans les États membres. Tout faux : son
« travail » s’est en réalité principalement Derrière le but affiché par l’UE de
concentré sur les recommandations recherche de plus de « cohérence »
concernant les exigences de… entre les États membres, le corona-
composition pour trois substances virus a en réalité entrainé la création
actives des désinfectants ! ou les projets de création d’outils bud-
gétaires et législatifs qui laissent augu-
rer une croissance de directives, puis
▶▶ de nombreuses victimes européennes leur transformation en règlements.
au début de pandémie.
Objectif : accroitre les compétences
Face à la dépendance vis-à-vis communautaires au détriment des
de la Chine : le refus obstiné États.
des relocalisations
C’est ainsi que L’UE a modifié en
Tandis que de plus en plus de voix sa faveur certaines dispositions, lui
appellent à relocaliser les usines de permettant notamment de s’octroyer
médicaments et de matériels de pro- de nouvelles compétences dans trois
tection en Europe, l’UE a maintenu domaines essentiels de politique de
l’impossibilité statutaire de de restric- santé publique :
tions à l’exportation.
• la conduite des inspections ;
Contrainte de réagir par l’émotion • les rapports de pharmacovigilance ;
provoquée par cette dépendance, l’UE
s’est contentée de « durcir » ses dis-
• la fabrication et l’importation de
médicaments de gros (dont le délai
cours et d’annoncer l’objectif de ne a été prolongé jusqu’à la fin 2021).
plus se trouver dépendante d’« un seul
fabricant ou pays ». Tout transfert de souveraineté des
États vers l’UE ne procédant que du
Seule action concrète : la décision bon vouloir de ceux-ci, ce renforce-
de la Commission de limiter provisoi- ment des compétences de l’UE n’a pu
rement les exportations de masques être réalisé qu’avec l’appui de la majo-
et d’autres équipements médicaux de
protection afin de garantir l’approvi-
rité des États eux-mêmes. •
sionnement de l’UE (15 mars). Décision
renouvelée pour les masques seuls à la
mi-avril pour une période de 30 jours.

L’UE a par ailleurs engagé plus


de 380 millions d’euros dans des

26 Le livre noir
Transports, la voie sans
issue du travail détaché
Comptant parmi les secteurs les plus impactés par la crise,
le transport n’a fait l’objet d’aucune mesure de grande ampleur
de la part de l’UE. Excepté en faveur du travail détaché…

éjà lourdement impacté par transporteurs de messagerie ont pu

D la directive travail détaché,


le secteur du transport rou-
tier de marchandise (TRM)
s’est retrouvé l’un des plus
touchés par la crise de la Covid-19.

L’UE, là encore, a profité de celle-ci


fonctionner à plein régime voire en
surrégime (20 % du TRM), les transpor-
teurs de marchandises industrielles
non-agroalimentaires se sont, quant
à eux, retrouvés quasiment à l’arrêt
en raison du ralentissement de l’acti-
vité et de la fermeture de certains sites
pour imposer et amplifier son dogme (70 % des entreprises en arrêt partiel
de la libre circulation des biens et des ou total de leur activité). ▶▶
personnes.

Un secteur lourdement
touché par la crise

Si les transporteurs de den-


rées alimentaires, frigorifiques ou

AÉRIEN : DES « RECOMMANDATIONS »


QUI NE VOLENT PAS HAUT
ctivité essentielle de l’Agence de l’aviation – déjà largement informés !

A européenne de sécurité aérienne


(AESA) : la diffusion de simples
« recommandations sanitaires »
Officiellement chargée d’apporter un
« soutien technique » au rapatriement
des citoyens européens, elle s’est montrée
concernant les vols et le nettoyage des particulièrement inefficace, comme
appareils aériens, ainsi que la publication en témoignent les milliers de citoyens
d’une série de « bulletins d’information » des États membres restés « coincés »
sur la sécurité à destination des acteurs plusieurs semaines à l’étranger.

Le livre noir 27
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ Deux chiffres peuvent résumer Alors qu’il faut changer


l’ampleur de la situation catastro- le modèle, l’UE veut rétablir
phique dans laquelle s’est retrouvé, les modalités pré-crise
de manière générale, le secteur des
Transports : La réunion de la Commission
transport du 28 avril a été particuliè-
• 50 % d’activité perdue rement explicite : aucun changement

«
60 % des camions à l’arrêt de paradigme.

Face à la crise du secteur : Si les mots changent (un peu), les


une seule mesure concrète… autorités de l’UE conservent la même
dictée par l’idéologie stratégie et les mêmes priorités, domi-
nées par la transition numérique et
La mesure prise à la mi-mars
visant à assurer la libre circulation des
On a été écologique.

marchandises malgré la fermeture des pris de L’objectif de la commissaire euro-


frontières par le biais de voies d’ac- péenne aux transports, Adina Valean,
cès privilégiées ne peut, certes, que court » consiste non seulement à rétablir des
se justifier (en cas de crise, le maintien Adina Valean, mobilités pré-crise, mais aussi à se sai-
d’un marché est une condition de sor- commissaire sir de la crise du coronavirus comme
tie indispensable). européenne une opportunité de renforcer l’UE.
aux transports
Derrière cette mesure se dissimule Présentée à cette occasion, sa
cependant un tout autre objectif, CC-BY-4.0:  © EUROPEAN UNION
2019 – SOURCE: EP feuille de route intitulée « Vers une
idéologique celui-là : préserver, voire Europe plus résiliente, plus durable
amplifier, à travers le transport rou- et plus juste », prône ainsi, notam-
tier, les quatre libertés fondamentales ment, « des moyens exécutifs renfor-
de l’UE (biens, services, personnes et cés », mais aussi le renforcement de la
capitaux) au détriment, le plus sou- Banque européenne d’investissement
vent, des réalités locales. (BEI) et du marché unique. •
Hormis quelques exceptions extrê-
mement encadrées, aucune restriction
locale n’est ainsi autorisée, même en
cas de crise ou de rupture-dysfonction-
nement des chaînes d’approvisionne-
ment alimentaire.

INFORMATIONS SUR LA SÉCURITÉ MARITIME :


UN FILET D’EAU TIÈDE
Agence européenne pour la sécurité

L’ maritime (EMSA) s’est contentée de


répertorier des « informations » sur le
transport de marchandises et les mesures prises par
les États membres afin de protéger le personnel à bord
des navires. Toutes déjà connues par les intéressés…

28 Le livre noir
Industrie : une volonté
claire de ne pas relocaliser
Alors que la crise a révélé notre dépendance vis-à-vis
de la Chine, l’UE reste arcboutée sur son dogme libre-échangiste.
Pas question de relocaliser !

articulièrement touchée par Depuis les années 1990,

P la crise, la politique indus-


trielle, au sens large, de
l’UE a pour base juridique
l’article 173 du Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne
(TFUE), qui dispose que « l’Union et
les États membres veillent à ce que les
le choix du « globalisme »

Depuis les années 1990, la Com-


mission poursuit une politique mas-
sive de délocalisation de la production
européenne.

conditions nécessaires à la compétitivité Ce choix du « globalisme », plutôt


de l’industrie de l’Union soient assurées ». que du développement des produc-
tions locales, s’est notamment traduit
Cet objectif de « compétitivité » est par la signature d’une multitude d’ac-
devenu l’instrument, depuis les années cords commerciaux avec des pays
1990, des choix « globalistes » de l’UE, qui, de plus, ne respectent pas les
lesquels ont contribué à fragiliser le mêmes normes sanitaires, sociales et
secteur industriel face à la crise de la environnementales.
Covid-19.
Conséquence : notre industrie
Sans, une fois de plus, que les diri- démantelée est devenue pleine-
geants de l’UE, confrontée à celle-ci, ment dépendante des productions
n’en tirent les conséquences… asiatiques. ▶▶

CC-BY-4.0: © EUROPEAN UNION 2019 – SOURCE: EP

« Sans le marché unique, les industries


allemandes et néerlandaises sont condamnées »
Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, le 6 mai 2020.

Le livre noir 29
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ L’Union est devenue incapable de officiellement, de mobiliser 37 mil-


produire par ses propres moyens des liards d’euros, seuls 8 milliards sont
biens stratégiques qui sont pourtant en réalité mis sur la table – le reste
nécessaires pour assurer sa survie, ce (29 milliards) étant espéré par le jeu
que la crise du coronavirus a révélé des règles de cofinancement.
avec une terrible acuité.
Ces 8 milliards d’euros ne sont
Une seule mesure concrète qu’une goutte d’eau en comparaison
pour les PME, des sommes débloquées dans le même
mais insignifiante but par les États membres :

Une seule mesure concrète en


faveur des PME-TPE a été annoncée :
• 68 fois moins que la dotation alle-
mande (550 Mds)
l’élargissement des règles d’attribu-
tion des fonds structurels (notamment
• 43 fois moins que la dotation fran-
çaise (345 Mds)
FEDER et FEAMP) afin de permettre
aux États de financer certaines Ce fossé illustre deux lacunes
dépenses urgentes, notamment de essentielles de l’UE :
pallier au manque de liquidités au
sein des PME. • Absence d’envergure dans les crises
graves
Objectif annoncé par la Commis-
sion : aider près de 100 000 PME en
• Incapacité à assurer son rôle de pro-
tection auquel elle prétend
Europe, un chiffre tout à fait dérisoire.
A elle seule, la France en compte en Il est en outre à craindre que les
effet 3,1 millions, dont la plupart lour- PME destinataires de ces mesures ne
dement impactées par la crise ! percevront, comme de coutume, les
sommes qu’au terme d’un long laby-
Cette disposition est surtout dénuée rinthe administratif.
de moyens à la hauteur : s’il s’agit,

INDÉPENDANCE FACE À LA CHINE :


LE CONTRE-EXEMPLE JAPONAIS
ux antipodes de l’UE

A sur la question du recouvrement


de sa souveraineté industrielle
face à la Chine le Japon a réagi
avec une décision qui aurait
pu, et du, nous servir de modèle :
le pays s’est engagé à dédommager
ses entreprises installées en Chine
en échange du rapatriement
de leur production. Pour ce faire,
plus de 2 milliards de dollars
ont été débloqué par les autorités
nippones.

30 Le livre noir
Relocalisations : l’UE
arcboutée sur ses dogmes

Tout un symbole : le 10 mars, alors Colloque Première


destination
que l’Europe est livrée à la pandémie touristique
et que tout annonce un bouleverse- mondiale (89 millions de touristes par an),
ment systémique, la Commission la France a été particulièrement impactée
publie, comme si de rien n’était, un par la crise : 1,9 million d’emplois (dont
« livre blanc » sur sa stratégie indus- 1,2 de salariés) sont en jeu. Pas de quoi
trielle pour les décennies à venir. inquiéter Thierry Breton, le commissaire
européen (français) au marché intérieur,
Dans une résolution du 17 avril, le qui s’est contenté, outre un « plan
Parlement européen affirme apporter Marshall » non programmé, d’annoncer
son soutien à cette stratégie « afin que pour le mois de septembre la tenue
l’industrie gagne en compétitivité et en d’un… « colloque » sur le tourisme !
résilience lorsqu’elle est confrontée à
des chocs mondiaux ».

Arcboutée sur ses dogmes, l’UE


se refuse à envisager toute politique
volontariste de relocalisations. Deux
exemples :

• Magrethe Vestager, vice-présidente


de la Commission et commissaire à
la concurrence, auditionnée par le
1 700 C’est,
en milliards
d’euros,
le chiffrage des différents
Parlement le 10 mars n’a même pas programmes de rachat d’actif
mentionné la relocalisation indus- pour soutenir l’économie de la Banque
trielle parmi les solutions poten- centrale européenne(BCE).
tielles (y compris en matière de Mais ces sommes alourdissent
santé !). considérablement son bilan
• Sabine Weyand, directrice générale
de la DG commerce de la Commis-
et risquent, à terme, de réclamer
un effort de recapitalisation
sion, s’est montré encore plus expli- de la part des États membres.
cite, affirmant que « le déplacement
des chaînes d’approvisionnement
vers l’Europe est inefficace » car
« l’autosuffisance n’est une option
pour aucun pays ». Celle-ci entend
simplement opter pour « une
diversification et une plus grande
résilience. »

Dans les faits, cette « diversifica-


tion » et cette « résilience » ne signi-
fient rien d’autres que la signature
d’accords de libre-échange (ALE) avec
de nouveaux partenaires extra-euro-
péens – tel le Mexique, avec qui l’UE
a signé un ALE… en pleine crise ! •
Le livre noir 31
▶ 2. Des politiques sectorielles…

utre la mise entre parenthèses

O par l’UE des contraintes bud-


gétaires imposées aux États
de la zone euro prévues dans
la clause de sauvegarde du
Pacte de stabilité (notamment le main-
tien d’un déficit de 3 % du PIB et d’une
dette publique inférieure à 60 % de ce
PIB), la Banque centrale européenne
(BCE) a pris plusieurs décisions :

• Augmentation de son programme


de rachat d’actif de 120 milliards
d’euros d’ici la fin de l’année ;

• Création d’un programme spé-


cial pandémie de 1 350 milliards
d’achat d’actifs publics et de dette
d’entreprises, qui sera dépensé
jusqu’en juin 2021 ;

• Élargissement des catégories d’ac-


tifs éligibles à ces rachats d’actifs
(notamment la dette de la Grèce) ;

• Dépassement dans ses achats


du plafond de 33 % par émission
souveraine (ce qui lui permet de

Banques racheter des parts plus impor-


tantes des émissions des États les
plus en difficultés, comme l’Italie) ;

et finances : • Assouplissement de sa politique


vis-à-vis du collatéral, accepté

le sauve-qui-peut en échange des liquidités qu’elle


offre aux banques (en acceptant du
papier moins bien noté) ;

Incapable de se situer à hauteur


• Extension de son programme de
TLTRO (prêts à taux bonifiés au
secteur bancaire en échange de
des enjeux, la crise sert en revanche prêts à l’économie réelle) et créa-
d’alibi commode à l’UE pour proposer tion d’un nouveau programme spé-
cifique dit PELTRO (7 opérations
un nouveau saut fédéraliste. de refinancement des banques à
compter de mai 2020 sur un an, à
Tête de pont : son « plan de relance » un taux préférentiel).
qui fait sauter plusieurs verrous La BCE réfléchit par ailleurs à la
majeurs. création d’une structure de défaisance

32 Le livre noir
(bad bank) au niveau européen, pour
loger l’ensemble des prêts non-perfor-
mants et ainsi isoler le risque dans une ASSURANCES : SIMPLES
structure dédiée. RECOMMANDATIONS
D’« ÉVALUATIONS »
Loin de solutionner les problèmes,
la position de la BCE en pose d’autres : ervice minimum pour l’Autorité

• Nouvelle explosion du bilan de


l’Eurosystème, posant la question
S européenne des assurances et des
pensions professionnelles (AEAPP)
qui s’est contenté d’annoncer
de l’avenir de cette dette (dette principalement des « recommandations »,
perpétuelle, annulation à hauteur appelant notamment les assureurs à se
de la quote-part de la dette souve- concentrer sur « l’évaluation de l’impact »
raine domestique dans le bilan des de la Covid-19. Bien que le secteur
banques centrales européennes, de l’assurance ne l’ait, bien évidemment,
etc.) ; pas attendu pour le faire…

• Menaces de déresponsabilisation
des acteurs (l’ensemble du risque
sur les marchés étant aujourd’hui
• Alimentation d’une décorrélation
entre la valeur des actifs (bourses)
racheté par la BCE) ; et leur valeur intrinsèque.

• Maintien des entreprises non-


viables en vie ;
Par ailleurs, les taux bas et les inci-
tations au crédit facile continuent de ▶▶

QUAND CHRISTINE LAGARDE FAIT PLONGER LES BOURSES MONDIALES


éponse des marchés à la histoire (- 12,28 %) ! Dernière grande

R déclaration de Christine Lagarde


du 12 mars – son premier grand
« test » depuis sa nomination à la tête
banque centrale à réagir à la pandémie,
la BCE s’est de plus montré très en-deçà
des attentes, non seulement dans ses
de la Banque centrale européenne mesures de soutien aux entreprises
(BCE) : un dévissage généralisé des et aux États, mais aussi par son refus
Bourses mondiales ! Après plusieurs de baisser les taux directeurs
jours de baisse encore contenue, son (contrairement, notamment,
intervention, particulièrement attendue, à la Réserve fédérale américaine).
a en effet provoqué l’effet exactement Circonstance aggravante : le ton
inverse à celui espéré. Loin de rassurer, « abrupt » (dixit Le Monde) adopté par
ses annonces ont en effet, et en Christine Lagarde, en particulier son
quelques minutes, provoqué un vent mépris affiché pour l’Italie, premier
de panique à l’échelle planétaire : - pays européen submergé par
9,81 % en clôture à Londres, - 9,99 % à l’épidémie. Réaction du ministre italien
Wall Street, - 12,81 % à Francfort… Les du développement économique Stefano
pires baisses depuis 1987 pour les deux Patuanelli : « Je me bornerai à qualifier
premières ; depuis 1989 pour la ses propos d’« accident » car je suis un
dernière. Et, pour la Bourse de Paris, ministre de la République, sinon j’aurais
la… pire journée de son utilisé un autre mot. »

Le livre noir 33
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ peser sur la rentabilité des banques, difficile de revenir en arrière. C’est


mettant en danger le secteur de l’assu- autant de pouvoir pour les institu-
rance-vie (fonds euros) en créant une tions européennes.
tension croissante entre la nécessité
de proposer des rendements posi-
tifs et le rendement réel des actifs
• La création de nouvelles ressources
propres, sujet là encore bloqué par
sous-jacents les États depuis des années a été
présenté comme le seul moyen de
Le plan de relance financer le plan de relance sans
next génération EU : un saut solliciter les contributions natio-
supplémentaire vers nales directes. Il s’agit en réalité
le fédéralisme budgétaire d’impôts déguisés. Poussant encore
plus loin le vice, la Commission
La crise sert d’alibi commode propose d’affecter au budget de
à la commission pour proposer l’UE avant même leur création des
un saut fédéraliste clair avec taxes au budget de de l’UE avant
le plan de relance qui fait sauter même leur création, des taxes des-
plusieurs verrous majeurs tinées aux États pour compenser
certains manques à gagner comme
• La capacité d’emprunter accordée
à l’UE, jusque là interdite par les
la taxe sur les activités digitales ou
la taxe carbone aux frontières.
traités (art. 311 TFUE) est une révo-
lution qui créera à terme un nou-
veau fardeau pour les citoyens.
• En définitive alors que les États
ont bloqué ces évolutions depuis
Elle aboutit à mutualiser de des années au Conseil, la Com-
fait une partie de la dette des mission fait un chantage évident
États pour imposer une fédéralisation
forcée en contrepartie du plan
• L’explosion du montant
du budget européen pla-
d’aide économique. •
fonné autour de 1 % du
RNB jusqu’à présent va
augmenter de plus de
70 % officiellement sur la
durée du plan de relance,
mais on sait qu’il sera bien

AUTORITÉ BANCAIRE : ENFILAGE DE PERLES…


hargée de superviser les risques activités de supervision de manière

C des établissements financiers,


l’Autorité bancaire
européenne (ABE) s’est contentée,
pragmatique et souple, et reporter celles
qui sont jugées non essentielles ». Autre
« recommandation » tout aussi évidente
pour l’essentiel, d’une série de l’agence : en matière de distribution
de « recommandations » aux allures de dividendes, les banques sont
d’enfilage de perles à destination appelées à suivre des politiques…
des États telles que « planifier les « prudentes ».

34 Le livre noir
Emploi et social :
au nom du dogme
Décidées tardivement, les aides financières de l’UE aux États
pour soutenir le marché de l’emploi l’ont été sous la contrainte
des évènements. Financées par la dette, elles profitent
en outre davantage aux multinationales qu’aux PME.

Dispositif SURE
(chômage partiel) : la marque
d’un projet fédéraliste AIDE AUX PLUS DÉMUNIS :
ENFIN UNE MESURE POSITIVE !
Principal dispositif financier mis
en place par la Commission au titre appuyant sur le Fond européen
de mesures d’urgence, le fond SURE
se veut un appui financier temporaire
des dispositifs nationaux de chômage
S’ d’aide aux plus démunis
(FEAD, doté de 3,2 milliards
d’euros sur la période 2014-2020),
partiel. Il doit être doté de 100 mil- des mesures ont été prises rapidement
liards d’euros. par l’UE pour protéger les bénévoles
de la pandémie, en utilisant au maximum
Ce dispositif n’est pourtant viable les moyens
ni sur l’aspect juridique ni sur l’aspect électroniques
financier : et la dématérialisation
des aides (bons,
• Non viable sur l’aspect juridique :
il n’entre pas dans les qualifications
tickets, etc.).
Cette adaptation
de l’UE de créer ce type de fonds, réussie du cadre
dont les États ont la parfaite capa- réglementaire
cité et compétence. du FEAD
• Non viable sur l’aspect financier :
consistant en des prêts accor-
a été
soutenue par
dés aux États via des emprunts le groupe ID.
de l’UE, il s’agit en réalité d’une
façon détournée de mutualiser
de la dette dans le dos des États À noter que ce financement par la
membres, alors même que ceux-ci dette pose de plus un grave problème
n’ont pas consenti à la création des de soutenabilité de celle-ci dans le
« Coronabonds ». futur : emprunté sur les marchés ▶▶

Le livre noir 35
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ financiers, cet argent se tra- Comme pour le BTP ou


duira forcément en impôts les chantiers navals, par
demain. exemple, les grosses exploi-
tations agricoles des États
Ce dispositif porte donc membres de l’ouest de l’UE
en lui toutes les marques reposent désormais en
du projet fédéraliste : grande partie sur l’em-
opacité, financement par ploi précaire d’une main
la dette dans le dos des d’œuvre étrangère sous-
États (et des peuples), mais payée, mal considérée, et
aussi inutilité puisque le prin- la plupart du temps œuvrant
cipe de subsidiarité n’est pas sous statut de travailleurs
respecté. détachés (voire non-déclarée).

L’UE fait ici mine de dispo- Emploi : des dotations


ser de ressources propres alors qui profitent d’abord aux
qu’elle ne dispose que multinationales
de celles des États
membres, qui ne Si la Commis-
détiennent eux- sion envisage
mêmes l’argent la mobilisation
que de leurs d’instruments
contribuables. financiers pour
soutenir l’emploi
Le véritable ob- (notamment Fond
jectif du fond SURE social européen et
semble bien, en réalité, Fond européen d’ajus-
de profiter de la crise de la tement à la mondialisa-
Covid-19 pour poser les bases tion), les montants annoncés
d’une assurance chômage euro- apparaissent dérisoires : le
péenne. Au détriment, là encore, des FEAM ne dispose ainsi que d’une
politiques d’indemnisation des États. dotation maximale de 179 millions
d’euros.
Au nom du dogme
des travailleurs détachés, Ce fonds, de plus, n’a en réalité
l’absence de revalorisation essentiellement profité qu’à des mul-
de certaines filières tinationales pratiquant des plans
sociaux sans garantir une véritable
Le 30 mars, l’UE a publié des
« orientations pratiques » visant à
reconversion professionnelle. •
garantir la libre circulation des tra-
vailleurs exerçant « des professions
critiques dans la lutte contre la pan-
démie de coronavirus ».

Ce choix met en relief un manque


évident de valorisation des profes-
sions de certaines filières et le sys-
tème d’exploitation institutionnalisé
qui en découle.

36 Le livre noir
AGENCES EUROPÉENNES : CONSEILS
PRATIQUES, QCM ET DESSINS ANIMÉS…
Agence européenne pour la cybersécurité (ENISA)

ifficile de faire moins de la part de l’agence : une simple… page web sensibilisant

D aux risques de cybercriminalité. D’autant qu’il s’agit exactement des mêmes dangers,
et conseils pour s’en prémunir, qu’avant la crise… Seule innovation concrète :
l’ENISA a choisi de s’étendre plus spécifiquement sur les deux pratiques s’étant
particulièrement développées pendant la crise : le télétravail et les achats en ligne.

Fondation européenne pour l’amélioration


des conditions de vie et de travail (Eurofound)

rincipale initiative face à la crise : une simple enquête en ligne de type QCM

P consacrée à « l’impact de la Covid-19 sur le bien-être, le travail et la situation


financière des citoyens des États membres ».

Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (OSHA)

ace à la pandémie, elle s’est contentée d’une page de… « conseils » sur son site internet.

F Intitulée « Lieux de travail sains : stop à la pandémie », celle-ci se contente de plus


d’aligner les lieux communs tels que « Les employeurs sont dans l’obligation de réaliser
une évaluation des risques et de définir des mesures appropriées sur les lieux de travail »
ou « La connaissance et la sensibilisation sont essentielles ». L’OSHA a également produit
une série de… dessins animés sur les pratiques d’hygiène, dont l’évidence – martelée
partout par ailleurs – n’est pas sans rappeler la très enfantine vidéo de la présidente
de la commission, Ursula von der Leyen, sur la manière de se laver les mains.

Centre européen pour le développement de la formation professionnelle (Cedefop)

estiné à promouvoir le développement de l’enseignement et de la formation

D au sein de l’UE, le centre s’est contenté, en liaison avec divers organismes


(dont l’ONU et l’UNESCO), de simplement collecter des informations sur
les « bonnes pratiques » à adopter face à la Covid-19. Les résultats de son « enquête »
n’ont de plus été publiés qu’après le… 15 mai. Longtemps après que ces « bonnes pratiques »
auront déjà été largement relayées…

Le livre noir 37
▶ 2. Des politiques sectorielles…

Agriculture,
le grand renoncement
Alors que la survie de plusieurs milliers d’exploitations,
et de filières entières, est en jeu, notamment en France, l’UE
s’est contentée de tardives « mesurettes ». Visant de plus, pour
la plupart, à développer toujours davantage le travail détaché.

Covid-19 : de terribles Concernant les premières, la filière


conséquences sur AOP-IGP française a d’ores et déjà
le secteur agricole perdu 60 % de ses débouchés habi-
tuels, ce qui fait craindre des consé-
Fermeture des débouchés, chute quences en cascade, non seulement
vertigineuse des prix, manque de main pour les agriculteurs mais aussi pour
d’œuvre, faillites… : le secteur agricole la transformation et la distribution.
a payé un lourd tribut à la crise.
En plus des milliers d’emplois en
Particulièrement affectés : les chaînes jeu, c’est désormais le savoir-faire fran-
de production laitière et la produc- çais qui est menacé par la disparition
tion-distribution de fruits et légumes. des exploitations.

TOUJOURS L’OBSESSION DU GREEN-DEAL !

« haque euro » dépensé pour les notamment à l’automobile et à

C mesures de relance après la


crise sanitaire sera lié aux
transitions vertes et numériques : c’est
l’industrie) a été placé au cœur du plan
de relance post-pandémique, alors
même que la grande récession liée à la
l’engagement de Pascal Canfin, président Covid-19 n’a permis d’abaisser que de 8
de la commission environnement et à 10 % les émissions mondiales de GES !
santé publique, et Frans Timmermans, La chute de la consommation de pétrole
commissaire en charge du Green-Deal en Europe durant la pandémie a en
(Pacte Vert). Obsession idéologique de outre démontrée qu’elle entrainait
l’UE, ce projet à… 1 000 milliards d’euros une baisse du prix des hydrocarbures,
visant à parvenir à la neutralité carbone favorisant leur consommation hors UE
à l’horizon 2030 (en s’attaquant par des pays plus pauvres.

38 Le livre noir
Des réactions tardives face de l’absence de mesures financières
aux conséquences économiques concrètes de la Commission, plu-
de la pandémie sieurs organisations professionnelles
se sont retrouvées contraintes de
Ce n’est que le 30 avril que la com- mettre en place en place des plans
mission environnement (ENVI) a été de crise pour palier à ces carences.
amenée à prendre plusieurs mesures Tel est notamment le cas en France
et règlements d’exécution. du CNIEL (Centre national interpro-
fessionnel de l’économie laitière), qui
À la fois trop tard, et trop peu : a du débloquer 10 millions d’euros
pour soutenir les éleveurs laitiers
• Dérogation temporaire exception-
nelle de certaines dispositions du
règlement (UE) du Parlement euro-
50 % dans leur effort de réduction de leur
production.

péen et du Conseil « en vue de remé- C’est la part Concernant la filière « fruits et


dier aux perturbations du marché du produit légumes », les principales organisa-
dans le secteur des fruits et légumes de la pêche tions ont réclamé à la Commission
et le secteur vitivinicole provoquées française certaines dispositions afin de soutenir
par la pandémie ». commercialisé le secteur et garantir le maintien du
• Mesures de « stabilisation du mar-
ché » dans les secteurs de la pomme
par les
restaurateurs
tissu productif, notamment les exploi-
tations familiales.
de terre et des « plantes vivantes et avant la crise
produits de la floriculture ». de la Covid-19. Si la Commission a adopté le
• Octroi d’une « aide au stockage
privé de viandes ovine et caprine »,
Ce qui en
fait l’un
30 avril une partie de ces dispositions
sectorielles, les fédérations profession-
ainsi que pour les « viandes fraîches des secteurs nelles les ont jugés très insuffisantes.
réfrigérées d’animaux de l’espèce les plus Motif : celles-ci ne prévoient, notam-
bovine âgés de huit mois ou plus », impactés par ment, aucune mesure de gestion de
le « beurre » et le « lait écrémé en la fermeture marché extraordinaire pour les fruits
poudre ». des restaurants et légumes.
• Décisions sur la planification dans
le secteur du lait et des produits
et la chute
du tourisme. Seule action rapide :
laitiers. favoriser, encore et toujours,
le… travail détaché
À saluer cependant, même si les
financements disponibles sont déri- La Commission s’est empressée
soires : la modification des règles de demander aux États membre de
d’attribution des fonds structurels, qui mettre en place des procédures spé-
permettra notamment à la FEAMP de cifiques ainsi que des dépistages médi-
soutenir les fonds de mutualisation caux proportionnés afin de faciliter la
et d’assurances des élevages afin de libre circulation des travailleurs sai-
préserver (un peu) les revenus des sonniers et détachés pour le secteur
pêcheurs et agriculteurs. agricole.

Des aides financières jugées En promouvant ainsi, et si rapi-


insuffisantes par dement, la directive Travail détaché,
les organisations professionnelles l’UE persiste dans sa volonté de rendre
incontournable le recrutement d’une
Preuve de la faiblesse des mesures main d’œuvre saisonnière à très bas
annoncées pour la filière laitière et coût dans l’agriculture. •
Le livre noir 39
▶ 2. Des politiques sectorielles…

Des déclarations
idéologiques marquant
une volonté de l’UE de nier
ses échecs et de renforcer
ses compétences
Pas une déclaration, ou presque, des dirigeants de l’UE
qui n’ait été marqué du sceau de l’idéologie. Verbatim.

i, tardivement, et sous la Mieux (ou pire) : la crise a incité les

S contrainte des évènements,


les responsables de l’UE
ont fini par accepter cer-
taines « dérogations » dans
l’application stricte des directives euro-
péennes, cela, à les entendre, ne peut
constituer que des « exceptions » limi-
dirigeants de l’UE à promouvoir tou-
jours plus d’Europe. Idéologie quand
tu nous tiens… Verbatim :

• « La faute aux États »


Enrico Letta, président de l’ins-
titut Jacques Delors (17 mai, sur
tées et de pure forme. Sur le fond, la France Info) : « Le problème, c’est
crise n’y change rien : le « projet euro- que les États membres ne veulent
péen » reste plus que jamais d’actualité. pas céder leurs compétences à

© CREATIVE COMMONS / WIKIPEDIA

« Il est tout à fait fondamental de continuer


à travailler pour moderniser le projet européen,
pour renforcer le projet européen ».
Charles Michel, président du Conseil européen, le 17 avril sur RFI.

40 Le livre noir
l’Europe sur des sujets sur lesquels
ils pensent avoir plus de capacité
à agir tout seul. »
Exception Prononcé par
Phil Hogan,
• « La force du marché unique »
Ursula von der Leyen, présidente
commissaire
européen au commerce. S’il est possible,
de la commission (23 mars, sur selon lui, de « relocaliser une partie
twitter) : « La force et les moyens de la production » de matériaux et
de remporter cette lutte (contre le médicaments sanitaire, « il s’agit là d’une
virus, NDLR) viendront de notre exception. » (le 7 avril dans Le Monde) 
grand marché unique. C’est la rai-
son pour laquelle nous devons le
protéger ». • « Approfondir les accords
de libre-échange »
• « Priorités inchangées »
Ursula von der Leyen, David
Phil Hogan, commissaire euro-
péen au commerce (7 mai, dans Le
Sassoli, président du Parlement, Monde) : « L’Europe doit approfon-
et Charles Michel, président du dir les accords de libre-échange et
Conseil (9 mai, tribune dans le quo- en nouer d’autres ».
tidien belge Le Soir) : « S’il y a un
enseignement à tirer de cette crise,
c’est bien (…) d’agir avant qu’il ne
• « L’égoïsme des nations »
David Sassoli, président du Par-
soit trop tard. Nous ne pouvons lement (25 avril, entretien avec
pas remettre à plus tard la lutte les médias du Vatican) : « Le pro-
contre le changement climatique blème est que souvent l’égoïsme
et nous devons fonder la reprise des nations, un mauvais sentiment
sur le pacte vert pour l’Europe. » nationaliste, l’idée que je suis meil-
leur que l’autre, nous empêchent
• « Poursuivre la mondialisation »
Thierry Breton, commissaire au
de déployer notre potentiel et de
manifester notre identité. Je crois
marché intérieur : « Ce n’est abso- que cette crise pourrait être une
lument pas la fin de la mondiali- occasion de nous libérer de nom-
sation, on redistribuera un peu les breuses chaînes. »
cartes ».
Thierry Breton, le taliban
• « Une zone euro plus forte »
Thierry Breton (10 avril) à la suite de
du libre-échange

l’accord conclu la veille Commissaire européen (français)


entre les ministres des au marché intérieur, Thierry Breton
Finances de l’UE sur n’a eu de cesse, durant toute la crise,
une réponse com- d’écarter toute idée de mesures pro-
mune à la crise : tectionnistes et de relocalisations
« C’est une bonne massives, tout en rappelant son
nouvelle pour la absolue dévotion aux dogmes de
zone euro, cela l’UE.
signifie qu’elle
sera plus forte et que les Outre ses nombreuses
27 États membres de l’UE déclarations en ce sens (lire
seront d’autant plus forts par ailleurs), il s’est montré
pour elle aussi. » particulièrement insistant sur ▶▶

Le livre noir 41
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ ces questions, au cours d’un échange énergétique, textile, santé, énergies


de vue avec les parlementaires. renouvelables, commerce de détail,
économie sociale et communautaire.
À cette occasion, l’ancien ministre
des Finances de Jacques Chirac a Pour le reste, aucune remise en
dénoncé à plusieurs reprises, et avec cause de son « européisme ». S’il
force, les mesures prises au début de assure vouloir se diriger vers une
la pandémie par les États membres « défense des intérêts stratégiques »
pour préserver leur marché intérieur (à ne pas confondre avec le gros mot
– qu’il a notamment qualifié de « nui- de « protectionnisme » !), ce n’est nul-
sibles » et « contre-productives ». lement pour en finir avec la course
folle de la mondialisation, mais afin,
Seul (petit) bémol : après avoir seulement, de se prémunir contre les
reconnu que certaines chaînes de « prédations » de pays tiers.
valeur stratégiques sont « trop lar-
gement dépendantes » d’acteurs Pour Thierry Breton, la crise n’est
extracommunautaires, il a appelé qu’un accélérateur d’une tendance
les acteurs économiques à envisager précédemment anticipée par la Com-
des relocations partielles dans l’UE, mission : rien ne justifie une réorien-
notamment pour la production de tation des politiques passées et futures
médicaments. De même a-t-il énu- de la Commission européenne, pas
méré les 14 écosystèmes industriels, même la crise de la Covid-19.
présentés lors du Conseil « Compéti-
tivité » (15 mai), dont l’indépendance « Groupes vulnérables »,
stratégique est désormais souhaitée : « racisme » et « xénophobie »…
numérique, électronique, industries
culturelles et créatives, tourisme, Intitulé « Conséquences en
mobilité automobile, aérospatiale matière de droits fondamentaux :
et défense, construction, agroali- la pandémie de coronavirus » et
mentaire, industrie à forte intensité publié exclusivement en anglais, le

© CREATIVE COMMONS / WIKIPEDIA

« Nous avons une responsabilité


qui concerne également l’héritage des valeurs
que ces soixante-dix ans nous ont donné :
liberté, démocratie, pluralisme. Je crois
qu’en ce moment nous devons être encore
plus fiers d’être fidèles aux valeurs européennes
parce que le monde en a besoin. »
David Sassoli, président du Parlement, le 25 avril, dans un entretien avec les médias du Vatican.

42 Le livre noir
rapport de l’Agence des droits fon- À noter que celui concernant la
damentaux de l’Union européenne France a été produit par l’Institut Fran-
(FRA) ne se contente pas, contraire- çais des Droits et Libertés (ex-Centre
ment à d’autres, de dresser la liste d’études sur les discriminations, le
des mesures auxquelles les États racisme et l’antisémitisme), lequel
membres ont eu recours pour lutter avait été spécialement créé en 2005
contre la pandémie. pour répondre à l’appel d’offres de
l’Observatoire européen des phéno-
Vigie des sacro-saints « droits fon- mènes racistes et xénophobes.
damentaux » de l’UE, la FRA s’inté-
resse en l’occurrence exclusivement Théorie du genre
aux aspects de ces mesures suscep- et « usagers de drogue » plus
tibles de leur porter atteinte. Pas ques- que jamais à l’honneur !
tion, même en cette période d’extrême
gravité, de risquer de les rogner ! S’employant à « faire de l’égalité
entre les sexes une réalité au sein de
À l’heure où des centaines de mil- l’UE et au-delà », en promouvant
liers d’européens ont été touchés par notamment la théorie du genre,
le virus et où des pans entiers de l’éco- l’agence européenne EIGE (Insti-
nomie menacent de s’effondrer, le rap- tut européen pour l’égalité entre les
port se présente comme une série de hommes et les femmes) a profité de la
mises en garde contre les décisions crise pour se mobiliser tout particuliè-
(prétendument) dérogatoires aux rement en faveur de l’une de ses autres
droits fondamentaux : priorités : la défense des migrants.

• Confinement, restriction de circu-


lation, fermeture des frontières,
Parmi ses nombreuses études
publiées sur le sujet, l’une d’elle,
Dénonciation d’atteintes aux liber- titrée « Personnes en situation de vul-
tés fondamentale (de circulation, de nérabilité », prend aussi fait et cause
réunion, etc.) en faveur des « personnes de natio-
• « Groupes vulnérables » Risques
accrus d’exclusion pour, entre autres,
nalité majoritairement roumaines ou
bulgares », lesquels seraient, selon
les sans-abris, les détenus, les Roms l’EIGE, particulièrement vulnérables
et les migrants. Citées dans le rapport, dans les circonstances actuelles.
l’association (française) « Auberge
des Migrants » réclame l’arrêt des De même, l’Observatoire euro-
évacuations des camps de migrants. péen des drogues et des toxicomanies
L’agence se dit aussi favorable à une (OEDT), autre agence de l’UE, n’a-t-elle
large libération des détenus. pas variée sur ses priorités, consistant,
• Racisme Constat d’une recrudes-
cence des « incidents racistes et
même en période de pandémie, à ne
s’attacher qu’au « bien-être » des « usa-
xénophobes », en particulier contre gers de drogue ». À son initiative : une
des personnes d’origine asiatique, série de rapports sur les implications,
dont les auteurs doivent être pour- pour ces derniers, de la Covid-19.
suivis « de manière exemplaire ». Allant jusqu’à s’inquiéter des « pro-
blèmes d’approvisionnement » rencon-
D’autres rapports portant sur les trés, en raison du confinement, par les
mêmes sujets ont été commandés par
l’agence auprès de ses structures-par-
toxicomanes… •
tenaires dans les États membres.

Le livre noir 43
▶ 2. Des politiques sectorielles…

Chine : tapis rouge


et vœux pieux

Organisée par visio-confé-


rence le 22 juin, la réunion
au sommet UE-Chine n’a
fait que confirmer la soumission totale
de la première à la seconde.

Représentée par le président du


conseil européen, Charles Michel, et
la présidente de la commission, Ursula
von der Leyen, l’UE s’est contentée, à
son issue, d’enfiler les vœux pieux :
rappel des « responsabilités parta-
gées » de l’institution et du pays dans
les « efforts à l’échelle mondiale pour
arrêter la propagation du virus » ;

Une politique objectif de « faire progresser les négo-


ciations pour un accord global d’inves-
tissement » afin d’assurer « des règles

étrangère du jeu plus équitables ».

Rien, en revanche, sur les dissimu-

déconnectée lations chinoises avérées, ne l’ayant


amené à informer officiellement l’OMS
de l’épidémie que le 31 décembre 2019

de la situation
alors que le « patient zéro » avait
été détecté dès le 17 novembre. Or
selon une étude de l’université de

et des enjeux
Southampton (mars 2020), citée par
Valeurs actuelles, « si la Chine avait
immédiatement communiqué ses pre-
mières informations, le nombre de cas
de Covid-19 (dans le monde) aurait pu
être réduit de 95 %. »
Tout un symbole : même durant
le confinement, l’UE a continué Rien non plus sur notre extrême
dépendance, toujours grandissante, à
de signer des accords l’égard de la Chine, où sont notamment
produits 80 % des principes actifs des
de libre-échange (y compris avec médicaments consommés en France
le Vietnam communiste) et poursuivi (déficitaire de 33 milliards d’euros au
total dans ses échanges avec la Chine).
ses négociations pour l’adhésion
En dépit de ce qui devrait apparaitre
de la Macédoine et de l’Albanie. comme deux lourds contentieux, l’UE
Tout en courbant le dos devant a d’ailleurs décidé le 30 juin de rouvrir
ses frontières aux ressortissants chinois,
la Chine et la Turquie sous réserve que la Chine autorise

44 Le livre noir
elle-même à nouveau les visiteurs venus Mais, plus grave encore, la Turquie
d’Europe (admis à cette date que dans n’a aucunement tenu compte de la crise
quelques cas très limités). du Covid-19 quant à la question des
migrants illégaux.
Rien de moins qu’un appel à une
« normalisation » des relations : on Le 10 mars, Erdogan s’est rendu à
efface tout et on recommence ! Bruxelles, alors qu’il venait d’annoncer,
quelques jours auparavant, sa décision
Turquie : toujours plus d’« envoyer par centaines de milliers les
de complaisance et migrants dans l’Union européenne ».
d’abaissement devant Erdogan Pour le motif avancé : le manque de

Durant la période de ges-


tion du Covid-19, l’Union
99 % soutien apporté selon lui par les pays
membres de l’UE à sa politique belli-
queuse et incendiaire en Syrie.
européenne s’est une fois C’est le taux
de plus révélée complaisante, pour ne de diminution Les instances bruxelloises, prési-
pas dire soumise aux dictats du pré- des droits dente de la Commission comme pré-
sident turc. de douanes sident du Conseil, ne lui ont fait, à aucun
(la quasi-totalité, moment, la moindre remontrance à ce
Un fait révélateur quant à l’absence donc) entre sujet. Au contraire, ceux-ci se sont mon-
de réciprocité : le domaine des trans- l’UE et trés tétanisés devant l’autocrate turc.
ports terrestres. le Vietnam,
l’un des derniers La Turquie, confrontée elle-même
En effet, l’Union européenne, afin États de façon grave à la pandémie, a dû à
de garantir les chaînes d’approvision- communistes un moment mettre quelque bémol au
nement, a invité les États membres de la planète, menées nocives de son président.
à désigner des points de passage tel que prévu
ciblés, en réduisant les opérations de dans l’accord Cependant, depuis le mois de mars,
contrôle. de libre-échange il est clairement établi que les flux de
(ALE) signé migrants sont venus d’accentuer à la
Au plan des relations avec les pays entre les frontière gréco-turque.
tiers, ont été invités à « travailler en deux partis,
étroite collaboration avec le réseau le 30 mars, La pandémie du Covid-19 a par
européen de transports (RTE-T) pour soit… conséquent révélé tout le caractère
assurer la circulation de marchandises deux semaines nocif de l’accord passé en 2016 entre
de toutes directions ». après le début la chancelière allemande et le président
du confinement turc sur les migrants.
Or, la Turquie, de façon unilaté- en France !
rale, sans la moindre concertation De façon globale, enfin, à aucun
avec les instances de l’Union euro- moment s’a été envisagé de mettre
péenne, a décidé, de début mars à fin, ou tout au moins de suspendre le
mi-juin, la fermeture pure et simple processus d’adhésion de la Turquie à
de ses frontières terrestres aux trans- l’Union européenne.
porteurs routiers, notamment eu égard
à la nationalité de pays membre de Afrique : des aides d’urgence
l’UE des conducteurs. de l’UE plus précoces
que pour l’Europe
Ce qui témoigne que l’Union euro-
péenne, pour Ankara, est un pôle Tout un symbole : alors que l’UE
d’avantages à sens unique. attendra le 12 mars pour prendre sa ▶▶

Le livre noir 45
▶ 2. Des politiques sectorielles…

▶▶ première initiative d’envergure face à du Fonds européen pour le dévelop-


la pandémie en Europe (réunion d’un pement durable.
conseil européen extraordinaire), la
Commission a présenté son nouveau Pourtant moins touchés que l’Eu-
projet de « partenariat stratégique » rope, les pays africains bénéficient en
avec l’Afrique dès le 9 mars. Trois jours outre de 140 millions d’euros destinés
plus tôt. Et alors que 15 000 citoyens à la recherche d’un traitement et d’un
de l’Union étaient déjà infectés… vaccin contre le coronavirus, notam-
ment via son partenariat avec les pays
Soutien budgétaire direct, prêts et en développement.
garanties de la Banque européenne
d’investissement et de la Banque Mexique : un nouvel accord
pour la reconstruction et le développe- de libre-échange signé
ment… : au total, 20 milliards d’euros en pleine pandémie
d’aide exceptionnelle ont été alloués
aux pays dits « vulnérables », dont Qu’importe la baisse
31 % alloués à l’Afrique. de la consommation de
viande et la crise frap-
S’y ajoute 1,4 milliard de garanties pant de plein fouet l’ensemble du sec-
de prêts pour l’Afrique subsaharienne teur agricole ! Le 28 avril, en plein pic
et l’Afrique du Nord, en provenance de la pandémie, l’UE a signé avec le
Mexique un accord commercial passé
inaperçu (« rénovant » le précédent
datant de 2000) exemptant de droits
de douanes (7,5 % seulement) la qua-
MACÉDOINE, ALBANIE : ET PENDANT si-totalité des échanges de biens, en
CE TEMPS, LES NÉGOCIATIONS particulier agricoles !
D’ADHÉSION CONTINUENT…
« Avec le nouvel accord, s’est félicité
andis que plus de la moitié du l’UE, la libéralisation totale atteindra

T globe était confinée (la France


depuis le 17 mars), l’UE n’a rien
trouvé de plus urgent que d’organiser le
plus de 85 % des lignes qui n’avaient
pas été libéralisées » dans les domaines
de l’agriculture et de la pêche.
24 mars une réunion en vidéo-
conférence des ministres européens des Concrètement, l’UE accepte d’ou-
États membres consacrée à… l’ouverture vrir plus grand encore ses frontières
des négociations pour intégrer la à la concurrence, moins chère et
Macédoine du Nord et l’Albanie. moins normée au niveau sanitaire,
Commentaire, à l’issue de celle-ci, du le Mexique pouvant exporter à tarif
commissaire à l’Elargissement Oliver préférentiel jusqu’à 20 000 tonnes de
Varhelyi : « Je suis très heureux (sic !) viande bovine, 10 000 tonnes de pou-
que les États membres de l’UE soient lets et de porc, etc.
parvenus aujourd’hui à un accord
politique sur l’ouverture des Et ce n’est qu’un début… Interrogé
négociations d’adhésion avec l’Albanie le 7 mai au sujet de cet accord dans
et la Macédoine du Nord (…). Je félicite Le Monde, l’ex-commissaire européen
de tout cœur ces deux pays. Cela envoie à l’agriculture, devenu – tout un sym-
également un message fort et clair aux bole – commissaire au Commerce, Phil
Balkans occidentaux : votre avenir est Hogan n’en faisait pas mystère : « Nous
dans l’UE. » devons, dit-il, approfondir nos accords

46 Le livre noir
OMS, LA MARIONNETTE CHINOISE FINANCÉE PAR L’UE
ux ordres de Pékin, qui a fait pourtant, l’UE ne remettra en cause

A élire en 2017 son directeur


général, l’éthiopien Tedros
Adhanom Ghebreyesus, contre
ni le fonctionnement, ni les actes
de l’OMS. Mieux : plus d’un mois après
cet effarant communiqué, dicté par
le candidat soutenu par les Occidentaux, les autorités chinoises, l’Union
l’Organisation mondiale de la Santé européenne débloquera
n’a cessé de nier, puis de minorer, 232 millions d’euros
l’épidémie de Covid-19, portant à son attention
une lourde responsabilité dans (pour ses
son expansion à travers le monde. actions « hors
En témoigne, notamment, d’Europe »).
son communiqué du 13 janvier, Soit six fois
affirmant qu’il n’existe « aucune preuve plus que la
claire de la transmission interhumaine subvention
du nouveau coronavirus », alors même annuelle
qu’à cette même date le premier cas accordée à
d’infection, issu d’un touriste chinois, est l’institution
signalé en Thaïlande. À aucun moment, par la… Chine !

de de libre-échange existants – on en après la récession que nous traversons,


a avec quelque 70 pays – et chercher nous aurons plus que jamais besoin du
à en contracter d’autres. Pour rebondir commerce international. » •

Les leçons Attestée par les faits et les chiffres conte-


nus dans ce Livre noir, la vérité est toute
autre : l’échec de l’Union européenne est
de cette épreuve abyssal. Et incontestable.

de vérité Dirigeants déconnectés de la réalité, retards


dans les prises de décisions, « mesurettes »
inadaptées… : cet échec en tout, et sur tout,
n’est en rien conjoncturel. Il est structurel. Au
st-ce qu’elle a été vraiment à moins autant que l’institution, et ses respon-
«
E la hauteur de cette crise ? Je
ne le crois pas. » Prononcé le
20 mai au Sénat, ce jugement
d’Edouard Philippe sur l’ac-
tion de l’UE face au coronavirus a le mérite
de la clarté, mais il est encore très en des-
sous de la vérité. L’ancien premier ministre
sables, c’est l’idéologie fédéraliste qui a failli.

S’il confirme nos analyses, cet échec


conforte aussi nos solutions : retour des
souverainetés, réindustrialisation, protection,
localisme…

se contente en effet de ne « pas croire » que Pour l’Europe, et la France, l’occasion de


l’UE a été « vraiment à la hauteur ». se retrouver enfin « à la hauteur ». •

Le livre noir 47
NOS DÉPUTÉS AU PARLEMENT EUROPÉEN
Jordan Bardella Gilles Lebreton
• Commission des Pétitions • Commission de l’agriculture et du développement rural
• Délégation à la Commission parlementaire • Commission des affaires juridiques
mixte UE-Mexique • Délégation pour les relations avec les pays
du Maghreb et l’Union du Maghreb arabe,
Hélène Laporte
y compris les commissions parlementaires mixtes
• Commission des budgets UE-Maroc, UE-Tunisie et UE-Algérie
• Délégation à l’Assemblée parlementaire
euro-latino-américaine
Maxette Pirbakas
Thierry Mariani • Commission du commerce international 

• • Commission de l’agriculture et du développement rural 


Commission des affaires étrangères 
Commission de l’industrie, de la recherche • Délégation à la commission parlementaire
Cariforum-UE 


et de l’énergie 
Délégation à l’Assemblée parlementaire Euronest • Délégation à l’Assemblée parlementaire
paritaire ACP-UE
Dominique Bilde Jean-François Jalkh
• Commission du développement 
• Commission du contrôle budgétaire
• Commission de l’emploi et des affaires sociales 
• Délégation pour les relations
• Délégation à la commission parlementaire
de stabilisation et d’association UE-Monténégro 
avec la République populaire de Chine.
Aurélia Beigneux
• Délégation à l’Assemblée parlementaire
paritaire ACP-UE • Commission de l’environnement, de la santé publique
et de la sécurité alimentaire
Hervé Juvin
• Commission du commerce international 
• Délégation à l’Assemblée parlementaire Euronest
Gilbert Collard
• Commission des affaires économiques et monétaires 

• Délégation pour les relations avec l’Inde

Commission de la culture et de l’éducation
Délégation à l’Assemblée parlementaire
Joëlle Mélin de l’Union pour la Méditerranée
• Commission de l’environnement, de la santé publique
et de la sécurité alimentaire 
Julie Lechanteux

• Commission de l’industrie, de la recherche • Commission des transports et du tourisme


et de l’énergie  • Délégation à la commission parlementaire
de stabilisation et d’association UE-Serbie
• Délégation pour les relations avec le Canada
Philippe Olivier
Nicolas Bay
• Commission des libertés civiles, de la justice et des • Commission des transports et du tourisme
affaires intérieures  • Délégation pour les relations
avec le Parlement panafricain
• Délégation pour les relations avec les pays
de l’Asie du Sud 
Annika Bruna
• Délégation à l’Assemblée parlementaire • Commission des droits de la femme
et de l’égalité des genres
paritaire ACP-UE 
• Délégation à l’Assemblée parlementaire de l’Union
pour la Méditerranée
• Délégation pour les relations avec la Biélorussie
Jérôme Rivière Président de la délégation
Virginie Joron française du groupe ID au Parlement européen
• Commissions du marché intérieur • Commission des affaires étrangères 
et de la protection des consommateurs • Commission de l’industrie, de la recherche
• Délégation à la commission parlementaire mixte et de l’énergie 
UE-Turquie • Sous-commission “sécurité et défense” 
• Délégation pour les relations avec l’Afghanistan • Délégation pour les relations avec les États-Unis 
• Délégation à l’Assemblée parlementaire Euronest • Délégation à l’Assemblée parlementaire
paritaire ACP-UE
Jean-Paul Garraud
France Jamet
• Commission des affaires juridiques

• Commission des libertés civiles, de la justice
et des affaires intérieures •
Commission de l’emploi et des affaires sociales
Commission de la pêche
• Délégation pour la coopération septentrionale • Délégation pour les relations avec l’Inde
et pour les relations avec la Suisse et la Norvège, André Rougé
à la commission parlementaire mixte UE-Islande
• Commission du développement régional 
et à la commission parlementaire mixte
de l’Espace économique européen (EEE)
• Délégation pour les relations
avec la République fédérative du Brésil
• Délégation à la commission parlementaire
d’association UE-Ukraine
Mathilde Androuët
Catherine Griset • Commission du développement régional

• Commission de l’environnement, de la santé publique


• Délégation pour les Relations avec les pays de l’Asie
du Sud-Est et l’Association de l’Asie du Sud-Est (ANASE)
et de la sécurité alimentaire Jean-Lin Lacapelle
• Délégation à l’Assemblée parlementaire ACP-UE
• Commission du marché intérieur
et de la protection des consommateurs
• Délégation pour l’ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique)

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