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I. Fondement de l’anthropologie
Méthodologie marque identité de la discipline

Chapitre 1 : Objet de l’anthropologie : Opérer un traduction

1. Etude comparative de la vie en société


a. Discours sur l’humain: anthropologie et ses sous disciplines

• Discours sur l’être humain, ses spécificités


• Anthropologie physique: caractéristiques morphologiques du corps humain (phylogenèse, évolution)
→ diversité espèce (ex: adaptabilité peau dans un contexte écologique donné)
• Anthropologie sociale et culturelle: humain en tant qu’être social → diversité pratiques ainsi que les
dimensions universelles de leur existence
• Claude Lévi-Strauss (figure fondamentale anthropologie française) : caractères communs (langage
articulé, pas d’inceste, outils, techniques, ensembles institutionnels dont contenus peuvent varier mais
forme générale reste constante, fonctions assurées (éco, éduc, pol, rel) même si c’est des procédés
différents) → anthropologie se consacre à l’étude de phénomènes humains qui présente des
caractères constants (on l’étudie donc de façon indépendante des autres formes de vie animale)
• Etude des pratiques dans toute société (langage, mariage, …) en considérant la diversité dans les
contextes socioculturels par delà leur dimension universelle

b. Anthropologie, ethnologie, ethnographie

• Démarche essentiellement comparative = méthode commune aux sciences sociales (hist, sociol, psy)
→ spécificité = élargissement de l’angle comparatif
• Lévi-Strauss distingue différents niveaux de généralité dans la comparaison
- Ethnographie: étude ethnie dans toutes ses composantes (rel, pol, parenté,…)
- Ethnologie compare différentes ethnies d’une même région (ex: plusieurs sociétés d’Amazonie)
- Anthropologie engage réflexion plus générale sur les universaux de la vie sociale humaine et
les spécificités culturelles par lesquels se fond universel se décline
• Anthropologie vise à une connaissance globale de l’homme valable en tout temps et pour toute
société humaine
• Défenseurs universalisme: expérience mondaine humain partout semblable → concepts universels
• Défenseurs relativisme culturel: monde composé de mondes incommensurables → ethnographe
essaye d’établir des dialogues ponctués d’incompréhension
→ extrêmes d’un continuum : anthropologue concilie ces deux perspectives

c. Anthropologie académique et anthropologie appliquée

• Appliqué: problèmes sociaux liés à santé, pauvreté, instabilité écologique, organisation politique ou
transmission culturelle → au service d’institutions ou dans secteur privé (études commanditées par
un institution à but lucratif)
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• American Anthropologist Association: résolution problème concrets en utilisant des méthodes et


idées anthropologiques (ex: travailler dans communauté locale pour résoudre problèmes de santé)
→ Problèmes heuristiques au regard de la validité des écrits académiques : auteurs soumis aux
impératifs stratégiques et à l’agenda politique ou économique de leur institution = contraire à
réflexion anthropologique (programme de recherche construit par une démarche inductive dans la
rencontre entre un chercheur et ses interlocuteurs sur le terrain
→ Usage connaissances ethnographiques publiées par des scientifiques à des fins appliquées pose des
questions éthiques et politiques (ex: connaissances au service de la CIA)
• Acteurs interviennent dans les deux secteurs : pères fondateurs intervenaient comme conseillers
auprès du gouvernement (ex: Edward Evan Evans-Pritchard)
→ Lévi-Strauss: Race et histoire à la demande de l’Unesco : réfute nazisme et remet en question
l’idéologie du progrès qui sous tend une hiérarchisation des cultures en regard de leur soi-disant
prouesses techniques = énorme retentissement sur scène publique au-delà du cercle académique

2. Anthropologie comme traduction interculturelle


a. Examiner des vocables articulés

Approche anthropologique comparative = exercice de traduction de manière littérale


(langue vernaculaire → langue dans laquelle il pense / écrit) mais série de terme pour lesquels les
traductions ne sont pas évidentes (ex: vie, fortune, rêve)
→ saisir la portée des termes dans leurs mises en relation avec d’autres et dans leurs mises en action
→ il s’attache à saisir le cosmos (cosmologie = étude structure, évolution) et l’assemblage de la vie sociale

b. Traduction de carne au Guatemala par Yates Doerr

• Etude pratique et usages relatifs au terme espagnol carne (équivalent “viande”) → dans pratiques
alimentaires: chaire du maïs, Christ, soya texturé y compris lors d’un repas festif et animaux
→ différence entre humain et animal pas pertinente pour distinguer viande de ce qui ne l’est pas
• Description pratiques alimentaires: viande = aliments multiforme qui se réalise en pratique
→ remise en perspective de notre conception de l’espèce comme un groupe figé fondé sur la
descendance
• Taxonomie conventionnelle: vie peut être classifiée sur base de propriétés fixes et objectives (vaches,
humain,…) mais la viande et beaucoup de choses, ainsi les limites du soi et de l’autre sont construites
et déconstruites de multiples manières → chemin d’inclusion et d’exclusion construisant la viande
varient
• Catégories ne s’organisent pas selon une essence attribuée aux choses qui seraient ainsi classée
de manière univoque mais sont constituées dans et par l’action

c. Etablir des connections partielles

• Anthropologues : rendre compte des modèles d’action et des systèmes de représentation = exercice
de traduction périlleux et toujours inabouti
• Edmund Leach (’70) : traduction parfaite est habituellement impossible mais traduction relativement
acceptable est toujours possible (mais reste difficile) : langages pas si différents que cela
→ anthropologue: établir méthodologie de traduction du langage culturel
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• Marisol de la Cadena: “connections partielles” pour expliquer incompréhensions révélatrices (Cuzco)


→ Péruvienne (Lima: espagnol langue maternelle) qui a acquis des connaissances de quechua
→ Complexité traduction transculturelle en examinant les archives de la lutte foncière à laquelle se
sont livrés les communautés agricoles des hautes terres pour se libérer du joug des patrons
d’hacienda
→ Difficulté à comprendre suerte (chance) : interlocuteur finit par lui dire qu’elle ne peut pas
comprendre de quoi il s’agit
• Compréhension mutuelle remplie de trous différents pour chacun d’entre nous interrompant mais
n’empêchant pas la communication : compréhension pleine de trous de ce qu’elle ne perçoit pas
→ peut comprendre suerte en abandonnant des éléments comme dans toute traduction
• Certains trous se comblent, interconnaissance s’affine au fil des rencontres ethnographiques mais
traduction sera toujours imparfaites et en processus → caractère toujours partiel des connections

3. Possibilité constructiviste
a. Cultiver la curiosité, multiplier les versions

• Vinciane Despret (philo et anthropo belge) : ethnologue met en dialogue différentes versions d’un fait
• Livre sur ethnopsychologie des émotions: fait dialoguer les versions des émotions des philo de la
Grèce antique, psychologues expérimentaux, héros d’oeuvres littéraires, ethnographes et leurs
interlocuteurs
• Version (→ multiplicité) se construit en regard d’une autre (garde la trace mais ne la répète pas)
• Curiosité permet de multiplier les versions, les considérer dans leur diversité → pas toutes
équivalentes: certaines s’articulent, se complètent, se prolongent, d’autres s’opposent, se disqualifient
• Version ne s’impose pas mais se construit, pas une vérité ou un mensonge mais devenir d’un monde
commun, devenir des retournements et traduction: elle ne dévoile pas le monde ni le voile, elle le fait
exister sur un mode possible
• Recherches contemporaines portent autant sur les centres urbains que les sociétés industrialisée
→ cultures occidentales, scient, philo, mouvements indigènes en Amazonie,…

b. Construire un héritage et composer l’avenir

• Cultiver curiosité de l’autre + s’interroger soi-même → nouvelles versions : propositions qui


résultent de ce dialogue participent à la construction de la vie sociale → dialogue interculturel nous
fait voir de nouvelle choses ( découvrir nouvelles formes d’existence de plantes nous fait cultiver
autrement, découvrir des modes de négociation émotionnelle nous invite à être affecté différemment)
• Despret: histoire du désert pour expliquer richesse du dialogue ethnographique → 3 fils héritent des
chameaux de leur père (11: 1/2, 1/4, 1/6), il vont voir un vieux sage pour départager, celui-ci donne
un 12 ème chameaux vieux et maigre → finalement ils partagent et laissent le chameau du vieux sage
• Douzième chameau venu d’ailleurs n’apporte pas de réponse mais permet de poser le problème
autrement pour envisager d’autres solutions tout comme l’ethnographe ne reçoit pas de solution
toute faite de l’Autre à ses énigmes heuristiques
• Apprendre à interroger l’autre, à composer des instruments de traduction des versions, c’est aussi
s’interroger soi-même
• Dans dialogue avec les Autres → nouvelles versions construites apportant de nouvelles propositions
aux énigmes ethnographiques
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Chapitre 2: Méthodologie de l’anthropologie : le terrain ethnographique

1. L’observation participante : le canon posé par Malinowski

• Pas d’objet spécifique à l’anthropologie → limite àpd méthodes de production de connaissances


= saisir vie humaine depuis la perspective des personnes étudiées
→ Ethnographie : enquête sur le terrain, immersion du chercheur = observation participante (terme
introduit par l’École de Chicago → frontière poreuse entre sociologie et anthropologie)
→ Distinction avec anthropologues de salon: données produites depuis leur résidence avec
personnes convoquées pour être interrogées + écrits d’autres acteurs connaissant la région
(missionnaires, voyageurs, fonctionnaires)
• Malinowski (étude math, philo, phys, psycho, hist éco) = premier à théoriser cette méthode (ne l’a pas inventé
mais a systématisé + posé conditions de production des données anthropologique) dans “les Argonautes du
Pacifique”: étude système d’échanges cérémoniels (= kula) dans les îles Trobriand
→ Canon méthodologique de la discipline: influence majeure sur anthropologues britanniques
→ reconnu comme fondateur de la tradition anthropologique britannique

a. Immersion

• Il recommande l’intégration du chercheur dans le groupe social (séjour prolongé + apprentissage


langue) qui doit couper les liens avec ses relations préalables pour en lier des nouvelles
• Pour ce faire, il faut camper dans le village et grâce aux relations naturelles crées, on peut apprendre à
connaitre l’entourage, se familiariser avec les moeurs et croyances bien mieux qu’en se rapportant à
un informateur dont les comptes rendus manquent souvent d’interêt
• Il suggère d’apprendre à apprécier les interlocuteurs pour faire l’expérience de leur amitié et assister
au déroulement de la vie quotidienne → problème éthique de ces relations: tisser liens affectifs
comme outil méthodologique permettant de produire des données

b. Participation

• Anthropologue ne doit pas s’en tenir à l’observation: il pourra percevoir les ressorts de la sociabilité
locale, les valeurs, motivations et représentations par l’apprentissage de conduites adéquates
• Il assistait aux scènes familiales et incidents souvent sans importance mais toujours significatifs
→ les interlocuteurs finissaient pas le voir comme un élément de leur existence, un mal nécessaire
atténué par les distributions de tabacs
• Il appris à se conduire et acquis le sens des bonnes et mauvaises manières propres aux natifs
→ il se sentais proche d’eux = condition préalable de tout succès dans le travail de prospection
• Ethnographe abandonne parfois sa caméra et ses notes pour se joindre à ce qui se passe
→ sentiment que conduites devenaient plus claires et intelligibles

c. Coupure épistémologique

• Conditions remplies → Native’s point of view (permet de rendre compte de la vie sociale telle que ses
interlocuteurs en font l’expérience = spécificité ethnographie en regard de la socio ou la psycho) : pour y parvenir, il
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faut opérer la “coupure épistémologique” grâce à un mise à distance, en se détachant de ses catégories
de pensée
• Ces principes ont eu un gros impact sur la production des données ethnographiques alimentant la
réflexion anthropologique, bien que sujets à débats depuis lors, ils représentent toujours un idéal.

2. Procédés de la description dense par Geertz


a. Un combat de coq comme lieu d’immersion

• Installation inconnu dans un groupe de personnes partageant une grande intimité n’a rien d’évident
(>< cliché malinowskien de l’anthropologue qui débarque et pose sa tante)
• “Deep play, Notes on the Balinese Cockfight”: manière dont ils étaient ignorés alors que leurs voisins
savaient tout de leur présence → situation change quand ils participent à un combat (illégal) puis
fuient avec les villageois quand la police fait une descente: le lendemain, ils se font assaillir de toutes
parts, tout le monde veut entendre le récit de leurs péripéties
• Fuir l’autorité en armes coude à coude m’a permis de saisir immédiatement et de l’intérieur un aspect
de la “mentalité paysanne” : cette affaire m’a mis en présence d’un composé de débordement affectif,
de guerre des conditions sociales et de drame philosophique, d’une importance cardinale pour la
société dont j’aspirais à comprendre la nature intérieure. J’ai étudié autant les combats de coqs que la
sorcellerie, les castes ou le mariage
→ Il a pu fonder une relation de solidarité et de confiance

b. Ethnographie comme pratique interprétative

• En observant des pratiques, l’ethnographe cherche à capter le sens qu’elles revêtent aux yeux des
participants → nécessite d’engager un exercice d’interprétation de scènes sociale complexes
• Multiplicité de structures conceptuelles complexes superposées et nouées entre elles: structures
étranges, irrégulières et implicite qu’il doit arriver à saisir en questionnant des informateurs,
observant des rites, éclaircir des termes de parentés,… → face à des modèles éphémères de formes de
comportement
• Pour mettre à jour la complexité de la réalité sociale: description dense / thick description
→ terme emprunté à Gilbert Ryle: différence entre un clin d’oeil involontaire et comme signe de
complicité → pour offrir une description dense, il faut comprendre la configuration sociale dans
laquelle le clin d’oeil prend place, l’étiquette de la société en question et le code moral dans
lequel il s’inscrit : le clin d’oeil peut avoir un enjeux majeur car il s’inscrit dans un code social
partagé → pour ce faire, il faut connaitre les significations multiples dans lesquels il s’inscrit
• C’est par un description dense que Geertz révèle l’enjeux du combat de coq balinais: il décrit avec
précisions la palette de pratiques sociales liée à ces combats (soins quotidiens des coqs, organisation
combats, mises monétaires, relations sous-jacentes,…) → par ces combats, les Balinais mettent en
scène des symboles partagés constitutifs de leur culture: notion de prestige, intégration sociale par le
règne animal → combats simulent affrontement hommes dans la hiérarchie sociale
• Psychologiquement, les hommes s’identifient profondément à leurs coqs → Bateson et Mead ont
émis l’idée, conformément à la tradition balinaise du corps comme ensemble de parties animées
séparément, que les coqs sont envisagés comme des pénis détachables : le fait que les coqs sont des
symboles masculins est une évidence
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• Geertz déconstruit le concept de deep play du philosophe Bentham qui condamnait les paris comme
des pratiques irrationnelles → combat de coq à une logique propre
• Fortes sommes bien plus que des gains matériels (estime, honneur, dignité, respect → position sociale
= mot lourd de sens à Bali) → position pas modifiée au cours d’un combat (momentanément bafouée/ affirmée)
mais rien n’est plus délectable qu’un affront reçu quand il est exposé aux regards des gens connus
→ l’argent compte beaucoup et plus on en risque, plus on risque amour-propre, assurance, sang-froid,
fierté masculine (certes momentanément mais fort publiquement): propriétaires, collaborateurs et
ceux qui parient mettent leur argent là ou se trouve leur position dans la hiérarchie sociale

3. Pratiques ethnographiques contemporaines, illustrées par Anna Tsing

• Ethnographe doit en principe être accueilli par une famille et participer aux activités quotidiennes
plutôt que composer des contextes artificiels et contrôlés pour mener des expériences comme les psy
• Réalités recherche ont évolué et les conditions d’application malinowskiens
• Tsing présente une ethnographie des conditions de vie dans les ruines du capitalisme en examinant les
pérégrinations du champignon le plus cher au monde, le matsutake → elle documente les conditions
écologiques de sa croissance, les pratiques de collecte, de mise en valeur et de consommation dans
différentes écologies et économies

a. Immersion

• En milieu urbain, il est possible de ne pas avoir accès à la vie privée de ses interlocuteurs
→ conditions d’intégration différentes que pour Malinowski
• Terrains portant sur des sujets multisites sont désormais répandues: étude dispersée sur divers sites ne
permettant pas un intégration de longue durée à chaque endroit → “les mondes des gourmets
japonais, des marchands capitalistes, des guerriers hmong, des forêts industrielles, des éleveurs de
chèvres Yi en Chine, des guides nature finlandais et plus” : enquête d’une portée considérable à
propos de la précarité et des collaborations inter-espèces dans les ruines du capitalisme
• En village isolé, conditions changent aussi par rapport à l’époque coloniale où la présence des
anthropologues pouvait être imposée→ il doit négocier les conditions de sa présence

b. Participation

• Intégration jamais aussi simple que le disait Malinowski : souvent observation pas très participante
→ lui-même n’a pas réalisé ce terrain intensif et n’a jamais participé à une expédition kula
• Observation distante dépend du tempérament du chercheur, de ses considérations éthiques vis-à-vis
des activités et de l’objet de recherche (pratiques agricoles >< prostitution) → participation est parfois
impossible: recherche sur observation des situations sociales auxquelles il est impossible d’accéder
• Tsing: ethnographie dans des camps de cueilleurs en Oregon avec observation participante et a
poursuivi son enquête dans des villes japonaises (les universités et marchés) où l’observation et
l’entretien ont pris le pas sur la participation

c. Coupure épistémologique

• Travail ethnographique évalué par sa capacité à rendre compte du point de vue des personnes étudiées
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→ perspective inverse = ethnocentrée (limitée au regard du chercheur = échec dans exercice de


traduction de la version étudiée) → il faut prendre au sérieux les connaissances des interlocuteurs
sans les qualifier par les critères de la science occidentale (→ Yates Doerr)
• Théorie des acteurs-réseaux: certains considèrent l’intervention d’actants (entités non-humaines participants
à la vie sociale) → Tsing privilégie une approche multi-espèces tenant compte de l’imbrication de la vie
humaine avec d’autres formes de vie (animaux, microbes, végétaux, champignons)
• Anthropologues utilisent aussi d’autres méthode de production de données des sciences sociales
→ ouvrage sur matsusake: entretiens semi-directifs, archives, % institutionnels, blogs internet,
articles de presse, statistiques (faites pas spécialistes de l’économie japonaise), recension des prix,
assemblages multi-espèces favorisant sa croissance → palette méthodologique infinie (→ créativité)
• Enquête ethnographique soumise aux aléas de la vie et à la contingence (Geertz: hasard police →
impossible de baser une méthodologie là-dessus)

Chapitre 3: Epistémologie de l’anthropologie

1. Politique du terrain
a. L’origine coloniale de l’ethnographie

• Premières recherches: documentation des sociétés que les colons entendaient civiliser
→ variations nationales: indirect rule anglais: connaissances sur population car elles devaient assurer
le nouvel ordre social → Edward Evan Evans-Pritchard engagé par le gouvernement britannique pour
investiguer les modes d’organisation politique de population qu’ils n’arrivaient pas à pacifier
• Administration francaise a importé une classe de dirigeant → connaissance organisation locale moins
importante → relation d’évitement entre anthropologues et élite blanche : rôle = documenter, archiver
ordres sociaux et cosmologies pensée vouée à disparaitre → sans relation directe avec
administrateurs, ils les cautionnaient quand même en faisant abstraction des abus de leurs récits
• Michel Leiris: “ethnologue devant le colonialisme”: critique de cette situation → appelle à se
prononcer en étant avocat des populations locales + intégrant les abus des colons aux recherches
• Ethnographie étroitement liée au fait colonial : tolérés par représentant du gouvernement et assimilé à
des agents de l’administration par les locaux → difficile de fermer les yeux sur le problème colonial
pour l’ethnographe qui porte sa part de responsabilité et dont le métier est de comprendre ces sociétés
• Les ethnologues ont depuis lors dénoncés les abus impérialistes à travers le monde
• Fin du colonialisme modifia le statut de l’anthropologue et de son travail dans sociétés coloniales

b. Ethnographie post-coloniale

• Conditions politiques de la recherche sur le terrain ont évolué mais l’exercice de l’ethnographie en
terrain post-colonial continue de soulever des questions éthiques et politiques: souvent financée par
des institutions élitistes auxquelles les personnes étudiées n’ont pas accès
• “Writing culture” (James Clifford, George Marcus): réflexion sur les % politiques de l’ethnographie
→ état des relations de pouvoir dans lesquelles l’anthropologie a émerger: dénonce les % de forces
qui traversent la production anthropologique depuis le terrain jusqu’à l’écriture → intégration de
l’anthropologue dans les sociétés indépendantes de va pas de soi → fondamental de rester conscient
de l’asymétrie politique dans la recherche et d’oeuvrer contre cette asymétrie
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• Depuis ’80: débat sur % de pouvoir sous-jacents à l’ethnographie → anthropologue ont un grand
intérêt pour les populations défavorisées, minoritaires et ainsi ils s’inscrivent dans une asymétrie
relationnelle → David Berliner prend acte de la persistance de cette relation asymétrique
• Altérité fragile de l’anthropologue n’est plus le colonisé impuissant mais le pauvre, le faible faisant
face à l’instabilité sociale, la précarité urbaines, la guerre, la marginalisation politique
• Il décrit l’ethnographe comme un homme caméléon qui s’attache à s’apparenter aux personnes
étudiées → interprète observation participante comme comportant des enjeux éthiques d’envergure
= source de satisfaction pour l’anthropologue (l’humain en général) qui flirte avec le danger
• Patrick Declerck s’est fait passé pour un SDF pour comprendre ce monde social → accusation de
singerie que peuvent susciter les efforts de l’étranger tachant de mimer les locaux alors qu’il ne
partage pas in fine les impératifs de leur existence → portée plus spécifique en contexte post-colonial
quand l’ethnographe joue à être l’autre colonisé

2. Politique du texte ethnographique


a. Asymétrie de la traduction culturelle

• “Writing culture”: dimension politique de la représentation de l’autre par le récit ethnographique


→ Talal Asad : traduction comme processus de pouvoir → inégalité des langues : quand anthropologue
décrit un groupe: traduction langue vernaculaire vers anglais académique empreint de code et
structure qui lui sont propres (langage reconnu comme érudit inaccessible même pour les anglais natifs >< langage
populaire documenté) → ce texte ne peut être discuté par les interlocuteurs qui ne comprennent
généralement pas ce langage
• Processus de “traduction culturelle” enchevêtré dans des conditions de pouvoir tel que l’autorité des
ethnographes à dévoiler les significations implicites de sociétés subordonnées → question tient à la
manière dont le pouvoir entre dans le processus de traduction culturelle comme pratique discursive et
non-discursive

b. Examen de la réthorique ethnographique

• Dans la lignée de Geertz, collectif writing culture examine les techniques d’écriture utilisées pour
rendre l’anthropologue légitime → dénonce ceux qui s’attache à masquer autorité ethnographique par
des techniques rhétoriques (métaphore,…) qui affectent la manière dont les phénomènes culturels
sont enregistrés et donne l’illusion d’entités culturelles qui peuvent être décrites de manière objective
→ Ils invitent à donner une place majeure aux interlocuteurs: anthropologue ne doit pas juste rendre
compte de leurs discours et expériences mais doit dévoiler leur identité, place dans la société,
expérience pratiques, doutes, contradictions → importance du caractère construit de l’ethnographie
produite dans l’interaction : interlocuteurs devraient figurer comme co-auteurs → anthropologue ne
peut se positionner en représentant de gens incapables de parler en leur nom
→ Dimension politiques ethnographie comme méthode et comme texte représentant l’autre
→ Cette réflexion souligne la nature construite, artificielle des comptes rendus ethnographiques et attire
l’attention sur le fait qu’elle est toujours emprise d’invention et pas de représentation de la culture
• Questionnement dans cadre général du postmodernisme qui remet en cause les éléments constitutifs
de la modernité considérés comme allant de soi (individualisme, technologie, capitalisme,…)
→ critique du rationalisme et universalisme de la culture occidentale qui suscite le déploiement des
économies locales, collectifs de résistance politique remettant ces discours en cause,…
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• Clifford Geertz a importé ce questionnement qui va se généraliser dans les années ’80 : remise en
question capacité de l’ethnographe à produire un savoir sur la réalité

c. Une vérité partiale et partielle

Description ethnographique toujours subjectivement engagée et incomplète → partiale car appréhendée


par un ethnographe qui a son histoire, ses sensibilités, un place particulière dans le monde social qu’il
documente

1. Une version partiale


• Pour y faire face : collectif Writing Culture appelle à faire preuve de réflexivité → interroger ses
propres intentions
• Nécessité que l’anthropologue soit présent dans le texte en rendant compte de sa place dans l’enquête
et des relations avec ses interlocuteurs pour montrer la subjectivité de l’ethnographie (>< parler à la
première personne du pluriel comme à l’époque) → s’intégrer dans son récit est de + en + courant
• Lila Abu-Lughod “Veiled Sentiments. Homar and poetry in a Bedouin Society” décrit le contexte de
son intégration dans la communauté Awlad Ali + reconnait que travail de terrain est façonné par le
pouvoir de la personnalité, la situation sociale, l’intimité du contact et la chance → explique
intervention de son père auprès de ceux qui allaient lui offrir une famille d’accueil et les limitations
que cette position de fille adoptive posaient sur son enquête : mouvement en dehors du village
restreints + apprentissage de la vie locale depuis cette posture de femme qui conditionne son portrait
de la sociabilité badouine (pas accès aux sphères masculines)

2. Une version partielle


Writing Culture >< idée de culture comme entité homogène et cohérente : caractère contesté et processuel
→ pour y faire face, il demande des textes polyphoniques (multiple voicing) : au lieu de produire une
cohérence sociale, donner voix à la multiplicité des discours et à leurs contradictions

3. Ethnographie comme acte politique


a. Promotion du relativisme culturel

• >< préjugés par lesquels les colons justifiaient leur entreprise → diversité des pratiques viennent
d’une diversité culturelle et non biologique ou écologique
• Examiner pratiques et institutions à la lumière des valeurs de la culture en question et non celles du
chercheur
• Premiers développements par Franz Boas (terme > ses élèves qui ont condensé ses idées)
• Postulats discutés en anthropo: argument allant à l’encontre de la reconnaissance des droits universels
→ Relativisme ne doit pas mener au nihilisme moral (tout se vaut) mais pratiquer l’écoute, inviter au
décentrement → principe méthodologique, pas le seul horizon éthique
• Vertu intellectuelle et politique des sciences sociales et historique = capacité à contester par la
comparaison des situations sociales et historiques les manières de penser qui peuvent sembler aller de
soi à une époque ou dans une société (dénaturaliser les attitudes naturelles)
• Il a conduit certains à un retrait des débats moraux et publics mais nombreux sont ceux qui ont
mobilisé leurs données ethnographique pour intervenir sur la scène politique, le plus souvent dans
leur propre société
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• Boas était un intellectuel engagé : lutte contre le racisme, défenseur des populations auprès desquelles
il travaillait + revendication intégration migrant et discrimination sexuelle dans le monde académique
• Sa disciple, Mead, mobilisa son étude sur la sexualité polynésienne lors de la révolution sexuelle (60)
• Anthropologie américain, influencée par Boas est très engagée (inégalités sociales, discrimination)
• Lutte de Terence Turner contre l’installation d’un barrage en territoire Kayapo au Brésil +
intervention en défenseur de l’instauration du droits des peuples indigènes → les autorités de Kayapo
parlent de lui en tant que grand guerrier qui s’est battu pour Kayapo
• David Graeber, anthropologue anarchiste, au sein du mouvement Occupy Wall
• Engagement valorisé par anthropologie anglo-saxonne >< école française + théorique que politique
(Didier Fassin, anthropologue français) mais certains s’illustre par leur souci d’intervention
• Bourdieu: question de reproduction des inégalités sociales et économique en insistant sur le rôle de
l’éducation → publie ouvrages à destination du public académique + s’est rendu dans les écoles
défavorisées pour partager ses connaissances avec des personnes vulnérables face au mécanisme de
domination → analogie entre socio et sport de combat: on s’en sert pour se défendre et on a pas le
droit aux mauvais coups → rôle fondamental de la réflexivité pour produire des connaissances
socioanthropologiques et pour les mobiliser dans un combat politique

Conclusion
• Anthropo: projet comparatif sur l’unité et la diversité des formes de l’expérience sociale des individus
et de la vie en société
• Que l’ethnographie constitue une porte d’entrée très localisée dans les monde social ne signifie pas
que l’anthropologie soit condamnée à ne traiter que des petits groupes mais que le point d’entrée
méthodologique se situe au plus près de l’expérience du monde social d’un nombre limité
d’individus. La description est toujours élaborée depuis une certaine perspective
• Pratique méthodologique impliquant une observation participante et une immersion relative du
chercheur → percevoir native point of view basée sur le relativisme culturel
• Problème heuristique: comment produire une connaissance valide → questions éthiques posées par
l’enquête et la description du native point of view = engagement envers personnes qui font une place
dans leur vie quotidienne
• Enjeux éthiques de l’ethnographie comme méthode de recueil de données
→ Pas de frontière absolue entre anthropologie et autres sciences sociales comme socio, histoire et dans
certains cas la psychologie

II. L’anthropologie et ses paradigmes


• Paradigme = conceptions théoriques fondamentales partagées par une école scientifique, posant le
cadre des questions et analyses considérées dans cette perspective
→ En anthropo, ils se distinguent sur tout par leur approche de la culture (pas de consensus)
• Dans ce module on ne rend pas compte de l’évolution intellectuelle des auteurs au cours de leur vie

Chapitre 4: L’évolutionnisme de Morgan


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1. Proposition théorique
a. Evolutionnisme biologique

• Anthropologie s’est formée dans la deuxième moitié du 19ème siècle par la convergence des débats
intellectuels à propos de l’histoire humaine dans une perspective évolutionniste → suppose un ordre
immanent à l’histoire de l’humanité où civilisation européenne est la plus avancée : aujourd’hui
empiriquement refusé
• Darwin: théorie de l’évolutionnisme biologique “the origin of species” → processus évolutif basé sur
la capacité d’adaptation des individus aux changements de leur environnement : “dans le futur, les
races civilisées de l’homme auront exterminé les races sauvages à travers le monde” = propos
scandaleux sans validité empirique

b. Evolutionnisme social

• Théorie Darwin postérieure aux théories de l’évolution sociale et culturelle depuis le 18ème siècle
• >< évolutionnisme biologique (distinction races et capacités cognitives) → évolutionnisme social:
facteurs sociaux et écologiques déterminant l’avancée technologique (réfuté empiriquement)
• Cette théorie suppose l’existence d’un déterminisme historique aboutissant à la civilisation
occidentale (= accomplissement idéal) → partisans cherchent lois du passage par les différents stades:
reconnaissent sociétés “primitives” comme témoignages du passé des sociétés civilisées
• Peter Metcalf: monde devint un musée dans lequel étaient exposées les étapes de l’évolution qui avait
mené à la société industrielle → ordonnant les peuples: sauvagerie → état barbare → civilisation

2. Lewis Henri Morgan (19ème)


a. Repères biographiques

• Représentant de ce courant : bourgeois et protestant new-yorkais, étude droit puis s’intéresse à


l’organisation sociale et politique des Iroquois → enquête de terrain (ce qui en fait un pionnier):
recherches sur la parenté puis diversité des modes d’organisation de la famille et de la parenté à
l’échelle de l’humanité
• Précurseur anthropologie, postérité de son succès vient de son influence sur Marx et Engels

b. Arts de subsistance

Selon lui, critère majeur évolution société = progrès technique et élaboration de la culture matérielle
→ transformation mode / art de subsistance (progrès technique) suscite passage d’un stade à l’autre
→ Etat sauvage (cueillette, pêche, chasse), barbare (poterie, élevage, agriculture, travail du fer),
civilisation (écriture)

3. Approche évolutionniste de la culture


a. La culture comme degré de civilisation

• Edward Burnett Tylor “primitive culture” : définition culture qui sera mobilisée au 20ème siècle
12

• Culture = civilisation = connaissances, croyances, art, morale, droit, coutume et autres capacités
acquises en tant que membre de la société
→ Conception universaliste / humaniste de la culture (>< thèses évolutionnistes bio de son temps)
→ Il insista sur l’unité psychique de l’humanité et la continuité entre culture primitive et civilisée
(hiérarchie → distingue cultures ± évoluées, certains ont plus de culture que d’autres, certaines
productions humaines sont plus culturelles que d’autres) → culture est propre à l’humain
• Perspective évolutionniste: culture = civilisation (>< barbarie) → terme au singulier : avancée
technologique, représentations, croyances, développement politique = état objectif, aboutissement

b. Actualité des théories évolutionnistes


1. Actualité académique
• Caractère spéculatif thèses évolutionnistes sur origine culture→ abandon de ce paradigme début
20ème siècle : pas de moyen de connaitre quelle était l’homogénéité/ hétérogénéité des premières
sociétés → on ne peut déduire qu’une technologie peu développée correspond à un unique modèle de
société primitive, par exemple, sociétés des Andes et de Méso-Amérique ont une organisation sociale
et politique très complexe, des systèmes agricoles, routiers et de communication mais pourtant, ne
connaissent rien à la roue et au fer
• Aujourd’hui, anthropologue cherchent à en dénoncer les fondements racistes et impérialistes mais
littérature anthropologique a été teintée d’évolutionnisme bien après qu’elle ait été réfutée (ex: Evans-
Pritchard inspiré par Morgan) → critique évolutionnisme dans anthropologie contemporaine: pas de
solutions de discontinuité entre Eux et Nous et maintien de tout dualisme n’est que retour de
présupposés évolutionnistes : trad/ modernes, holistes/ indiv, ahistorique/ historiques,… ne
correspondent pas à des réalités sociales observables ni des argumentations crédibles

2. Actualité politique
• Théorie évolutionniste continuent à circuler dans discours publics → bien que réfutés par une
discipline, le paradigmes intellectuels se déploient au delà des champs académiques
→ Rôle critique de l’anthropologie d’autant plus important
• Sarkozy (2007): Dans l’univers africain où la nature commande, l’homme échappe à l’angoisse de
l’hisoire de l’homme moderne mais il reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble
être écrit d’avance → jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin,
il n’est pas entré dans l’histoire
• Mise en évidence d’existence d’empire précoloniaux, de réseaux commerciaux importants, de
systèmes esclavagistes, puis la colonisation de la quasi-totalité du continent… qui ont produit
l’Afrique d’aujourd’hui est ignorée par des hommes comme Sarkozy au profit de l’évolutionnisme

Chapitre 5: Le culturalisme de Boas

1. Proposition théorique
a. Arguments diffusionnistes et réfutation empirique de l’évolutionnisme

• Démontre qu’il existe des foyers d’innovation à partir desquels les nouvelles pratiques se diffusent
→ récuse évolutionnisme (inventivité = vecteur du progrès culturel et économique): aucune
hiérarchisation possible sur base d’un avancement sur la trajectoire du progrès technique
13

• Ex: existence de centres de domestication agricole indépendants → depuis ces centres, innovations se
sont distribuées par effet d’imitation et d’emprunt
• Argument théorique et empirique mais pas un paradigme à part entière : école historico-culturelle de
Vienne = rare centre à avoir développé cette perspective de manière exclusive → Grafton Elliot
Smith: théorie reconnaissant Egypte comme berceau de toutes les civilisations : culte du soleil qui
organisait la vie économique, politique et artistique se serait rependu vers le reste de l’humanité

b. Notion de volkgeist

• Culturalisme s’inspire de cette notion allemande (= esprit, génie du peuple) : partisans pensent que
groupes sociaux se distinguent par un ensemble de représentations et croyances relativement
homogènes et stables dans le temps → volkgeist = caractère distinctif
• Le but est d’identifier une identité nationale sur des représentations, valeurs, sens esthétique au lieu
des avancées technologiques

2. Franz Boas (19ème)


a. Repères biographiques

• Père fondateur de l’anthropologie américaine, a contribué aux critiques diffusionnistes >< évol
• Juif allemand, étude physique et géographie → anthropologie quand rencontre des Eskimos de Baffin
au Canada dans le cadre d’une expédition de recherche: il estime le milieu géographique comme
secondaire au regard de la culture pour comprendre leur organisation sociale
• Emigre au US fin 19ème et enseigne l’anthropologie à Colombie (N-Y)
• Ethnographe attentif: travaille auprès de populations de la côte N-O d’Amérique du Nord et valorise
l’observation et la participation aux conversations ordinaires plutôt que les entretiens plus formels et
artificiels → pour décrire entités culturelles, il fait attention aux détails (transmission jeux d’enfants,
mythologies,…) : procède par réflexion inductive: ses observations et description lui permettent de
faire des comparaisons régionales mais pas parvenu à théoriser sa méthodologie avec l’éclat du canon
de Malinowski
• Il réfuta les théories évolutionnistes bio (corrélation traits physiques et capacités mentales) → formé en
anthropologie physique: conteste notion de races en montrant l’instabilité des types physiques d’une
génération à l’autre → son étude vise a démontrer le caractère acquis des particularités culturelles

b. Positions théoriques
1. Approche historique
• Rôle crucial dans réfutation thèses évolutionnistes en réalisant des enquêtes historiques fondant des
arguments diffusionnistes
• Mythologies actuelles des différentes tribus ont progressivement acquis leur forme par l’accumulation
de matériel étranger (>< croissance organique) → ses formes ont été adaptées et changées selon le
génie du peuple qui l’emprunta
→ système mythologique des Bella Coola doit être compris par rapport à l’histoire du peuple: il insiste
sur l’intégrité des formations culturelles mais reconnait leur caractères poreux: entités stables et
cohérentes mais perméables

2. Relativisme culturel
14

• Il dénonce l’inexactitude empirique et l’enfreinte morale de la hiérarchisation des cultures


• Par méthodologie empirique: pas de posture neutre pour juger la valeur d’une pratique sociale → il
appelle à examiner les pratiques et institutions en les replaçant dans leur système culturel: chaque
culture doit être appréhendée dans sa spécificité = approche particulariste
• Civilisation n’est pas un fait absolu mais relatif et nos idées ne sont vraies que dans les limites de
notre propre civilisation
• Ses arguments ont été condensé par ses disciples: relativisme culturel (→ diversité pratiques
humaines résultent de diversités culturelles et non biologique ou écologique)
• Ambition: réhabiliter cultures indigènes (≉ embryon d’une culture humaine universelle) → débat
public concernant les lois d’interaction du potlatch (pratique cérémonielle) : s’attache à montrer le
sens qu’il revêt pour les Kwakiutl

c. Ethnographie du Potlacht

• Communauté Chinook (Kwakiutl): pratique cérémonielle de dons et contre-dons composés de


couvertures et de cuivres → dimension compétitive et de défi: donner plus que l’autre sinon humilié,
chef met au défi un autre chef d’être aussi généreux que lui (→ prestige et honneur)
• Arrivée européens avec armes et autres marchandises a enflammé ce système qui aurait alors
impliqué des pratiques de destruction massive de richesses → loi sur interdiction Potlacht
→ Boas lance un cri d’appel sur le sauvetage des culture disparaissant sous l’effet de l’impérialisme

3. Approche relativiste de la culture


a. Cultures au pluriel

• Boas insiste sur caractère contingent (histoires contingentes) et historiquement produit des spécificités
culturelles: pratiques et représentations < distribution et emprunt d’éléments à travers l’espace et le
temps → >< évolutionnisme: temporalité déterminée et téléologique
• Dimension contingente de l’adoption de certains éléments au détriments d’autres → traits culture
= tout cohérent composant l’âme du peuple transmises par la socialisation (→ culture = totalité
intégrée sous l’effet agrégeant du volkgeist)
• Introduction dimension plurielle cultures qui ne peuvent être hiérarchisée (>< évolutionnisme)
• Culturalisme insiste sur la détermination culturelle des individus, les différences entre les cultures et
la cohérence qui les caractérise

b. La culture comme modèle

• ’50: Alfred Kroeber et Clyde Kluckohn (disciples Boas) constate la disparité des sens donnés à la
culture par les anthropologues → ils compilent 162 définitions différentes et proposes la suivante:
• Culture = modèles explicites et implicites de comportements acquis et transmis par des symboles
constituants des groupes humains → son noyau consiste en idées traditionnelles (dérivées et
sélectionnées) et dans les valeurs qui y sont attachées : systèmes culturels sont produits de l’action et
éléments conditionnant l’action future
• Culture = acquis (représentation: idées et valeurs + pratiques : comportement, action) transmis de
génération en génération + capacité à engendre des représentations et pratiques → caractère pluriel,
cohérence (→ modèles culturels de Ruth Benedict), stabilité
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c. Actualité des théories culturalistes


1. Actualité académique
• Courant culturaliste a influencé le développement de l’anthropologie surtout aux U-S (Boas → Geertz
et son école interprétative) → pionniers critiqués critiqués pour ne pas tenir compte du caractère
dynamique des configurations culturelles et la pluralité interne des collectivités
• 2ème partie 20e: courant réformateur du culturalisme: critiques sur la surestimation de la cohérence
des groupes culturels → travaux de Geertz cruciaux dans cette réorientation
• Alban Bensa montre que le débat se poursuit : En assignant les comportements à une vignette
collective, on construit une entité abstraite et on manque les pratiques concrètes d’individus concrets,
les luttes d’influence, initiatives, diversions, coups bas et autres tactiques → on manque la vie sociale
dans sa singularité circonstancielle et sa charge affective

2. Actualité politique
• Boas, ses disciples, Ruth Benedict, Mead = intellectuels investis politiquement en mobilisant leurs
études ethnographiques pour critiquer la société occidentale
• Lila Abu-Lughod : connaissances ethnographique sociétés Bédouins en Egypte (port du voile) pour
critiquer interventions américaines au nom de la défense des droits de femmes en Afghanistan
• Dans sa variante essentialiste, culturalisme peut à des dérives politiques: discours nationalistes
contemporains, politique discriminantes et violentes → apartheid en Afrique du Sud (1948-1994):
ségrégation raciale violente voulant que les noirs et blancs vivent séparément pour maintenir leur
intégrité culturelle respectives alors que objectif de la minorité blanche était de s’accaparer les
ressources économiques du pays sans concéder de droits politiques et d’accès aux ressources aux
populations locales + ’50: noirs renvoyés dans leur supposée terre natale pour qu’il conserve leur
culture sans qu’elle soit altérée par la promiscuité avec les blancs → argument en accord avec l’idée
d’entités culturelles homogènes et intégrées
• Autre dérive politique contemporaine par Adam Kuper → analyse critique des politiques indigénistes:
considérant des définitions identitaires autours de la répartition foncière et de l’allocation de
ressources économiques dans différents contexte (Inuits Canada → Bushmen Botswana), il montre la
difficulté d’identifier les contours des populations indigènes → cette politique d’attribution des
ressources se base sur le fait que les descendants d’habitants originaires doivent avoir des droits
d’accès prioritaires aux ressources → cette unité généalogique serait assortie de manière de vivre et
d’une culture caractéristiques des peuples indigènes
• Il montre qu’il est difficile de déterminé qui est un descendant légitime : populations chasseurs-
cueilleurs ou pasteurs nomades identifiés comme habitants premiers de l’humanité mais aujourd’hui,
ils interagissent constamment avec les populations sédentarisées pratiquant l’agriculture et il est tout à
fait courant pour eux de pratiquer l’agriculture sporadique, de la domestication végétale non agricole
ou d’alterner des périodes nomades et sédentaires → comment déterminer l’attribution de droits
positifs restreints aux chasseurs-cueilleurs?
• Malgré ces difficultés, les instances internationales reconnaissent l’existence de populations indigènes
d’un ethnonyme comme si c’était un groupe social circonscrit → ces discours qui essentialisent des
entités culturelles peuvent créer des tensions interethniques
• La où des droits de chasse spéciaux ont été octroyé aux peuples indigènes: frictions ethniques locales
ont été exacerbées → ces allocations nourrisses des critères racistes pour favoriser ou exclure des
individus ou des communautés
16

• Cas des Kolla (un des 34 peuples originaires reconnus par le grouvernement argentin) : octroi des
territoires communautaires conditionné par des exigences administratives qui imposent des modes
d’organisation politique et économique décidés par l’Etat: élections de leaders a produit des conflits
intenses et polémique concernant la sélection des ethnonymes pertinents → région qui a fait l’objet de
mouvements de population massifs depuis l’invasion par les Incas: délicat de déterminer les
appartenances ethniques historiques
• De plus, ethnonyme Kolla proposé par l’Etat = discrimination raciste de la part des immigrés
européens qui composent la majorité de la population argentine : après des décennies de politiques
parfois violentes d’assimilation ethnique par effacement des identités minoritaires, appartenance
Kolla d’un citoyen argentin et sensible et ambigüe → malgré les discours publics faisant l’éloge des
peuples originaires, la discrimination économique et politique se poursuit

Chapitre 6: Le fonctionnalisme de Boas

1. Proposition théorique
a. Le corps social et ses organes

• En Angleterre, c’est le fonctionnalisme qui se déploiement dans la première moitié du 20ème siècle
→ interrogation sur les fonctions que remplissent différentes pratiques et institutions au service de la
cohésion sociale → utilité = principe fondamentale de la persistances de pratiques sociales
• Intérêt sur question d’organisation et d’institutions sociales → anthropologie sociale (>< culturelle)
• Inspiration des théories naturalistes du 19ème siècle (Auguste Comte, Herbert Spencer) → métaphore
organiciste (déjà établie par Platon): analogie entre vie sociale et organique : institutions sociales ont
un rôle à remplir pour assurer la reproduction de la société (comme organes et corps)
→ Nature et articulation faits sociaux tiennent au rôle qu’ils assurent dans la reproduction d’un tout
social → mission anthropologue = mettre en lumière ces rôles pour assurer le maintien de la
collectivité dans un équilibre dynamique
• Vision positiviste (inspirée des sciences de la nature): possibilité de découvrir des lois universelles de
la vie sociale + holistique: pose primauté explicative du tout sur ses parties (>< individualisme)

b. Cohésion sociale durkheimienne (20ème)

• Pas fonctionnaliste dans l’ensemble mais a inspiré l’élaboration du paradigme


• Fils de rabin devenu agnostique, reconnu comme père fondateur de la socio francaise → fait sur le
plan institutionnel: il inaugura le premier département francais de socio à Bordeaux et occupa la
première chaire de socio à Sorbonne + influent en anthropo
• Pour lui, socio = discipline scientifique opérant une synthèse des différentes sciences sociale
• Il reprend l’analogie entre corps biologique et social: faits sociaux en interrelation contribuent au bon
fonctionnement de l’organisme social (holistique) → limite: dans la nature, l’évolution ne correspond
pas à une finalité donnée: la finalité se définissant depuis la cognition humaine, pas de thelos naturel

1. Solidarités mécanique et organique (→ “de la division du travail social”)


• Premières idées précurseurs du fonctionnalisme:
17

• Solidarité mécanique: tous les membres se ressemblent et font des tâches identiques → typique des
sociétés alors qualifiées de primitives: cohésion fondée sur la similitude des activités et fonctions des
individus qui partagent les mêmes valeurs → conscience collective prime sur conscience individuelle
• Solidarité organique: distribution du travail différenciée: chaque institution (église, famille, école,… =
organes) remplit un rôle vital dans la reproduction du corps collectifs → cohésion sociale fondée sur
complémentarité (et plus l’identité) et la dépendance des activités et fonctions (= relation de
collaboration) des individus qui ont des valeurs distinctes → conscience individuelle

2. Fonction des faits sociaux

• Dans “les règles de la méthode sociologique”, il annonce la notion sociologique de fonction =


correspondance entre fait social et besoin de l’organisme social → faits sociaux = réalité externe aux
individus susceptible d’exercer une contrainte sur eux, générale dans une société tout en ayant un
existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles répondant à des lois propres et
pouvant être appréhendé comme des choses
• Enquête sur suicide: par les statistiques, il montre que cette pratique répond à des lois stables qui
déterminent les taux de suicide dans une société → apparait comme personnel mais est le résultat de
contraintes sociales pesant sur l’individu
• Sociologie = science des faits sociaux et la manière dont ils participent au maintien de l’ordre social
→ oeuvre concernée par les conditions de stabilité des sociétés: religion = grand principe de cohésion

2. Bronislaw Malinowski
a. Repères biographiques

• Anthropologue polonais, thèse de doctorat à la London School of Economics and Political Science →
son directeur Seligman spécialiste des sociétés du Pacifique l’oriente dans cette région → il part en
1914 en Nouvelle-Guinée puis devient professeur dans son ancienne école où il forme un génération
d’anthropologue dont Fortes, Firth, Leach, Powdermaker
• Considéré fondateur de l’anthropologie britannique: apport méthodo + contribution fonctionnalisme

b. Position théoriques
1. Approche anhistorique
• Opposé au diachronisme de l’évolutionnisme et au diffusionnisme → spéculation intellectuelle
• Perspective anhistorique, centrée sur les configurations sociales, l’observation directe/ présente
→ tournant important en anthropologie
• Démarche empirique (→ projet méthodo): aspire à produire une ethnographie détaillée à visée
exhaustive → considère qu’un élément ne peut s’étudier isolément, il faut l’appréhender en relation
avec les autres traits constitutifs du tout social auquel il appartient pour en comprendre la fonction : il
veut comprendre comment un élément prend sa place dans la société et contribue au bon
fonctionnement, la partie devant être rapportée au tout pour devenir intelligible

2. Fonctionnalisme biopsychologique
• Inspiration positiviste (comme Durkheim science de la nature = modèle) → pense qu’on peut décrire
et analyser la réalité sociale objectivement pour en dégager des lois générales
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• Développe fonctionnalisme biopsychologique: rôle institutions sociales = assurer satisfaction des


besoins humains (mager, reproduir, sécurité, affectivité) → rôle anthropologue = comprendre
structures sociales et perceptions mentales des locaux → implique de traduire native point of view en
langage scientifique, révélant logiques et moralité interne pr les rendre intelligibles aux occidentaux
• Il se radicalisa dans cette posture présentiste et fonctionnaliste: toute pratique déterminée par fonction
sociale et répond à besoin individuel → listes besoins 1ère et 2ère (pas vérifiable empiriquement)

c. Etude de la kula

• Adoptant perspective fonctionnaliste: décrit les modalités d’échange, l’ensemble des institutions de la
société trobriandaise dans laquelle la kula s’inscrit→ but: montrer qu’elle participe à l’équilibre social
• Habitants de cette archipel organisés en villages soumis à l’autorité d’un chef → ces unités se font la
guerre et font des expéditions maritimes ensemble, membres exploitent des jardins d’agriculture
• Economie locale repose sur l’agriculture d’igname et sur la pêche → produits circulent sous forme de
gimwali (échange direct comme du troc) → en plus de ces trocs utilitaires, immense réseaux
d’échanges cérémoniels: colliers soulava et brassard mwali circulent dans des sens opposés → pas de
valeur d’usage et ne sont jamais la propriété permanente d’un homme: ils doivent être mis en
circulation de manière périodique, soit dans un réseau d’échange localisé soit à travers des
expéditions maritimes spectaculaires
• forme d’échange intertribal entre des archipels (circuit fermé) → deux articles se croisent sur leur
route et s’échangent constamment : détails de transactions fixés par conventions traditionnelles et
certaines phases de la kula s’accompagnent de cérémonies rituelles et publiques très compliquées
• Coquillages Kula classés selon des critères explicites de poids, circonférence, âge, qualité esthétique
→ ceux qui ont certains standards entrent dans la catégorie des biens les plus renommés et recoivent
un nom individuel: ils renferment l’histoire de leurs détenteurs précédents et créent leur propre
identité à travers le temps → ils se déplacent parmi les joueurs les plus renommés, leurs déplacements
connus de tous apportent célébrité à leurs détenteurs successifs: au fil de leur parcours, les biens
acquièrent une valeur unique, indissociable de la valeur des hommes qui les ont détenu
• Cette description montre l’énergie considérable investie dans la kula: une expédition demande des
mois de préparation (confection biens de prestige, fabrication canoés, accumulation biens de gimwali,
rituels magique pour le bon déroulement) → pour Malinowski, même les pratique anodines en
apparence sont pourvues d’une fonction : il refuse de saisir les rites magiques comme des faits
irrationnels → ces pratiques vue comme irrationnelles par les occidental permettent au Trobriandais
de combattre l’inquiétude des départs en mer → on peut ainsi en comprendre la logique
• Il montre la rationalité de l’échange kula depuis la perspective trobriandaise → en plus d’établir des
alliances commerciales entre îles, elle instaure des hiérarchies, nourrit le prestige des hommes et des
collectifs et entretient de complicités amicales : contribution à la cohésion et équilibre social →
charpente de l’organisation sociale : échange de dons = geste fondamental de cette société
• Il identifie propension de l’homme à créer des liens sociaux grâce à des échanges de présents
→ introduction problématique du don en anthropologie (voir extrait page 128)
• Grâce aux Argonautes: grande renommée intellectuelle internationale → mais critiques: perspective
présentiste ne tient pas compte des contradictions, conflits, instabilité constitutifs de la vie en société
+ méthodologie prête attention aux spécificités ethnographiques (critique sur sa minutie
ethnographique et ses appréciation du détail) mais son paradigme analytique utilitariste le mène vers
une généralisation des comportements + son journal de terrain montre un homme exposé à l’angoisse,
19

au racisme et à l’ennui → critique érodant son prestige mais on a pu montrer que ce journal tient à
évacuer les émotions exacerbée par les conditions de vie du terrain ethnographique → salutaire
d’extérioriser sa vie affective de cette manière

3. Approche fonctionnaliste de la culture


a. Fonction de la culture

Culture: corps complet d’instruments, les privilèges de ses groupes sociaux, les idées, croyances et
coutumes = vaste appareil mettant l’homme en bonne position pour affronter les problèmes dans son
adaptation à son environnement pour donner cours à la satisfaction de ses besoins

b. Actualité des théories fonctionnalistes


1. Actualité académique
• Cette relation d’indépendance pour assurer la reproduction de la société implique que chaque
institution est nécessaire et que le dysfonctionnement de l’une provoque le déclin de la société
• En réalité: pratiques sociales pas toutes fonctionnelles et société pas un tout pleinement cohérent
→ dysfonctionnement entraine pas disparition société → fonctionnalisme ne permet pas
d’appréhender l’instabilité et le changement de la vie sociale
• Critique de cette manière synchronique de voir la société → Lévi-Strauss: fonctionnalisme =
empirisme naïf : “Malinowski se demande seulement à quoi ces phénomènes servent pour leur
trouver une justification”
• Portée heuristique fonctionnalisme méprisée car ne permet pas de saisir la complexité des pratiques
de la vie sociale mais les fonctionnalistes britanniques ont tout de même produits des riches
ethnographies et ouvrages fondateurs des champs fondamentaux: anthropologie économique,
politique, de la parenté + inspiré des courants ultérieurs : école améric écologie culturelle (Steward)

2. Actualité politique
• Arguments fonctionnalistes évitent de poser des questions qui inviteraient au changement, créativité,
remise et question → visions populations indigènes intégrées véhiculée dans discours publics →
crainte de la disparition de cet ordre idéal au contact d’autres sociétés → ces stéréotypes véhiculent
un lecture anthropologique >< étude anthropologique qui montre que toute société connait des
dissidences et contradiction sans pour autant disparaitre
• David Berliner: persistances dans les pratiques patrimoniales et culture populaire: médias jouent rôle
dans circulation des discours patrimonialistes: ouvrage qui parle d’une quête moderniste des
peuplades isolées et authentiques, des cultures-paradis menacées ou prévaudrait sincérité, respect de
la nature, pureté,…
• Forum: question sur possibilité de tomber malade quand on perd ses racines (→ psychofonct)

Chapitre 7: Le structuralisme de Lévi-Strauss

1. Proposition théorique
a. Approche symbolique de la vie sociale
1. Du fait social au fait social total
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• Marcel Mauss, influencé par Durkheim dont il était le collaborateur → dimensions symboliques dans
l’étude de la vie sociale
• Etude sur la magie, notion de personne, techniques du corps (pas encore traité en anthropo): pas un
père fondateur car écrit difficilement assemblages en théorie sociale mais apports outils méthodo et
théoriques permettant de saisir les complexités et fondement des interactions sociales
• Durkheim: données objectives → évince expressions subjectives réalités sociales et les considérations
psychologiques, pourtant suprématie des normes sociales ne permet pas de rendre compte de
l’initiative individuelle, jugement personnel, défense des intérêts personnels, changement social
→ Mauss: mobiles subjectifs et forces collectives → analyse comparative de l’échange dans des sociétés
traditionnelles: vie sociale fondée sur donner, recevoir et rendre → importance de l’échange
• Comme Durkheim et le suicide, prend un phénomène qui semble individuel pour montrer qu’il
répond à des normes sociales → montre que concept d’obligation ne permet pas de rendre compte des
phénomènes sociaux et que la liberté individuelle doit être traitée par la théorie anthropo
→ Notion de fait social total : 1. acteurs n’interviennent pas en leur nom mais représentent leur groupe
social 2. ces faits mettent en branlent de nombreuses institutions de la société 3. ils relèvent de la
liberté individuelle qui est circonscrite par des normes sociales
• Ces échanges sont plutôt volontaires mais restent obligatoires sous peine de guerre privée ou publique

2. Caractère total du potlacht


• Mauss a traité ce matériel ethnographique: offres publiques entre chef de clan lors de grandes fêtes →
biens pas donnés pour l’usage mais pour signifier quelque chose (ils sont même parfois détruits)
• Le terme de potlacht est devenu un concept anthropologique désignant une forme particulière de
dons caractérisés par leur dimension compétitive
• Fait social total: 1. Chefs (représentants d’une entité sociale) s’affrontent 2. Economique (grande
quantité de ressource en jeu), politique (lutte de prestige, rang des chefs), social (rassemblement
festif), religieux (instaurer relations stables → reproduction cosmologique), esthétique (dons évalués
par critère esthétique) 3. potlacht libre et contraint socialement : tache nécessaire pour être reconnu
comme chef mais chef peut les entreprendre selon le rythme et magnificence qu’il veut

3. Portée anthropologique du concept


• Fait social total = déclinaison du fait social de Durkheim qui doit faire l’objet d’une analyse objective
→ pour lui, faits sociaux = choses qui s’observent de l’extérieur
• Fait social total requiert une appréhension proche des acteurs pour comprendre le sens qu’ils donnent
à leurs pratiques et en extraire les dimensions collectives → Mauss inclue dimension subj au ft social
• Apport de Mauss: dimension volontaire et symbolique des faits sociaux → >< fait social, fait social
total embrasse la dimension symbolique de l’action : don → importance de la signification des biens
et de leur circulation
→ Ainsi, il trace le voie empruntée par Lévi-Strauss pour sa théorie structuraliste (mais ne l’est pas)

4. Actualité de fait social total: le burning man


• Fait social total rend compte de la présence collectivité + agentivité des individus
1. protagonistes représentent collectivité et leur rencontre cristallise une communauté
2. Economique (ressources partagées et détruites), politique (mobilisation société civile), sociale
(formation communauté fondée sur expérience créative), religieuse (festival New-Age → différentes
formes de spiritualité), esthétique (festival artistique)
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3. Performance libres (créativité) et prescrites socialement (tout participant doit proposer de l’art)
• Fait social peut rendre compte de la complexité d’un fait social et de l’envergure des entités sociales
concernées mais peut s’appliquer à beaucoup de phénomènes (2ème condition) → critique de la
généralité ne permettant pas d’examiner la réalité sociale : pour que notion conserve sa pertinence, il
faut qu’elle réponde aux trois caractéristiques

b. Inspiration linguistique

• Lévi-Strauss influencé par linguistique: Ferdinand Saussure cherchait à comprendre comment les sons
assemblés produisent du sens en étant positionnés de manière codifiée dans une structure
• Phonème (unité fondamentale) → morphème → sens → phrases
• Ecart entre son permet de véhiculer messages par association à l’autres écarts sonores (≉ écart
significatif en fonction des langues → ex: b/v espagnol) → valeur distinctive des phonèmes par
rapport à l’écart avec d’autres phonèmes: reconnaissance écarts significatifs arbitraire
→ Sens < distinction arbitraire établissement un contraste + combinaison codifiée suivant des règles
= fondement de la pensée structuraliste

2. Claude Lévi-Strauss
a. Repères biographiques

• Bruxellois philosophe, enseigne socio à l’Université de Sao Paolo, missions ethnographiques en


Amazonie, rencontre linguiste Roman Jakobson qui va l’influencer, doctorat sur structures parenté
• Faits culturels ne doivent pas être étudiés isolement → inspiration linguistique structurale: comme les
phonèmes, ils doivent être appréhendés comme des termes en relation dualistes avec d’autres termes

b. Positions théoriques
1. Organisation cognitive binaire
• Quand Lévi-Strauss immigra aux US, la perspective culturaliste de Boas reconnaissait la culture
comme une base d’information logée dans l’esprit humain et partagée par tout les membres d’un
groupe → si culture est dans cerveau comme le langage, les avancées en linguistiques doivent aider à
l’étude faits culturels et permettre de dresser des modèles de communicat°, composit°, mémorisat°
• Structuralisme insiste sur caractère crucial des relations: impossible de saisir valeur des termes sans
les situer dans la structure générale des relations car ces termes forment un système, une structure
• Il veut démontrer qu’il y a des schémas cognitifs qui s’imposent à notre manière de percevoir le
monde → infinie diversité du réel pourrait être réduite à une série de modules élémentaires
manifestant des oppositions fondamentales (comme les phonèmes) → il cherche à les identifier
• Anthropologie doit révéler les structures universelles qui résultent du fonctionnement binaire de
l’esprit humain → population “primitive” = contexte idéal, il utilise ses conclusions pour éclairer nos
sociétés (ex: sa comparaison du cannibalisme avec le don d’organe)

2. Expression sociale des structures binaires


• Homologie entre circulation des biens (Mauss), des signes (linguistes) et des femme (son étude de
parenté) → structure de l’esprit qui établissent des contrastes binaires entre les phonèmes s’applique
aux faits sociaux: grâce à données ethnographiques, il identifie des unités duales, des oppositions
fondamentales exprimés symboliquement dans ≉ contextes culturels (nature/culture, bas/haut, F/H…)
22

• Pour montrer que ces modules résultent de l’activité neuronale (pas des jeux sociopolitiques) →
étude des mythes: dégage unités fondamentales de chacun des mythes et cherchant des motifs
narratifs récurrents combinés de diverses manières tels que inceste, matricide, déluge = mythèmes
• Mythes = expression de la structure inconsciente de la société qui les produits

3. Anthropologie structurale
• Méthodologie permettant d’appréhender une dimension du réel non perceptible empiriquement
→ insiste sur caractère relationnel du réel
• Structure cognitive: modèle pourvut d’une existence cognitive détaché de la réalités de pratiques
sociales → bien que structures mentale façonne le théâtre des interactions sociales, son
structuralisme concerne avant tout la manière dont le cerveau et la pensée sont organisés
• Caractéristiques des structures de Lévi-Strauss : inconscientes déterminant notre appréhension du
monde (syst de rel non réflexif), organisées de façon binaire, limitée en nombre et peuvent être combinées

3. Perspective structuraliste de la culture


a. Culture comme écart significatif

• Culture regroupe un ensemble d’écarts significatifs donc l’expérience prouve que les limites
coincident approximativement → >< entité homogène et discrète des culturalistes
• Reconnaissance d’écarts multiples et dynamiques qui se créent dans les échanges entre individus →
origine de la culture comme résultats des contraintes de fonctionnement neuronal

b. Actualité du structuralisme

• Succès en France et Angleterre mais critiques: ambition universelle fondé sur une perspective binaire
éloignée des réalités empiriques et expériences personnelles → ses considérations aucune place à
l’examen des rapports de dominations, notamment sexuelle et aux stratégies économiques → ex:
apologie implicite des mariages hétérosexuels comme pilier de l’ordre social
• Impact sur beaucoup d’anthropologue mais aucun disciple auto-proclamé → Marshall Salhins
souligne cet impact paradoxal et reconnait l’absence d’intérêt des américains:
• Aussi bien la gauche que la droite s’en prennent à la notion du structure: néo-libéralisme avec son
individualisme et son hostilité envers tout ordre collectif, gouvernemental, le postmodernisme avec
ses antipathies pour les récits magistraux et les catégories essentialisée, ses penchants pour les
discours contesté, limites poreuses et autres formes d’ambiguité, les mouvements d’émancipation de
groupes minoritaires pour lesquelles les structures dominantes sont l’ennemi → âge anti-structurel

Chapitre 8: Le changement social de Gluckman

1. Proposition théorique
a. Approche historique

• Paradigmes >< évolutionnisme : entités culturelles relativement stables et homogènes : culturalisme,


structuralisme, fonctionnalisme ne s’attachent pas à comprendre le processus de changement social
23

• Nouvelle approche: prise en considération de l’histoire des sociétés, du changement dans les sociétés
“traditionnelle” et la participation de ces sociétés à l’histoire coloniale
• ’40: études voulant dévoiler les dynamiques sociale produites sous l’impérialisme colonial → idée
d’impact non pertinente car créativité des populations locales dans ces nouvelles configurations
sociopolitiques → processus complexe et hétérogène auquel les populations locales participent
activement (adaptation, recomposition, rejet) malgré les rapports de domination
• Ce courant insiste sur la capacité de changement de la culture et d’un groupe social

b. Ordre et désordre: approche dynamique des relations politiques

• Questions politiques au coeur des recherches: pour appréhender la vie social dans un perspective
dynamique, il faut examiner les tensions et conflits qui suscitent le changement → influence
néormarxiste: fasciné par les rapports de domination → examine rapports de pouvoir à travers les
stratégies, conflits et alliances
• Politique ≉ structure assurant ordre de la société, = ensemble d’interactions aux effets indéterminés
• Social dans perspective dynamique et mouvante tenant compte des incohérences et antagonismes

2. Max Gluckman
a. Repères biographiques

• Pionnier anthropologie intégrant les rapports coloniaux dans son champ d’étude, attentive aux
changement social → nécessité de tenir compte de l’historicité pr comprendre les configurations soc
• Développe recherches originales sur les transformations des sociétés africaines sous l’impact de
l’urbanisation et de l’industrialisation
• Intérêt pour relations entre villes et villages, migration, rapports de pouvoirs et conflits entre collectifs

b. The bridge: ethnographier un scène sociale

• Livre en 3parties: inauguration d’un pont en Afrique du Sud en critiquant la politique de ségrégation
• Innovation méthodo: inclut interaction entre populations colonisées et élites coloniales
1. Description de la vie quotidienne (→ Malinowski) → compte rendu de la “situation sociale” = outil
méthodo : déployer un vaste panorama ethnographique à partir d’une situation concrète choisie pour
dévoiler un tissu social plus large → Benoit de l’Estoile: “ Gluckman montre que c’est à partir de
l’attention à des détails insignifiants, mis en lumière par une connaissance fine des contextes national
et historique que l’on peut restituer le sens des interactions” → privilégier cas approfondis pour saisir
des configurations sociales de plus grande ampleur (plusieurs vont suivre sa voir)
2. Elargit cadre d’analyse en suitant dans leur contexte historique et social les interactions qui
composent l’inauguration → dévoile modalités de l’articulation du Zoubouland à la société coloniale
et à l’impéralisme international : au lieu d’étudier ethnie locale (comme ses collègues), il considère
une entité sociale hybride composée des populations Zoulou et des élites coloniales
3. Théorie générale du changement social en extrapolant son étude à d’autres situations de contact
culturel et d’hybridation → insiste sur interdépendance des locaux et coloniaux qui composent une
entité sociale partagée → modalité d’interdépendance conflictuelle au coeur de son modèle théorique
24

3. Approche dynamique de la culture


a. Créativité culturelle

• Culture = processus dynamique impliquant des mouvements d’influences, d’adaptation, de


transformation et recomposition (>< structure stable et circonscrite)
• Jeux de tensions et stratégies politiques dans lesquelles s’inscrivent les configurations culturelles
• Culture influence l’organisation des rapports de pouvoirs qui façonnent les modalités culturelles et
d’innovation
• Définition Jean et John Camaroff: espace des pratiques signifiantes, terrain sémantique (caractère
existentiel) sur lequel les être cherchent à se construire et se représenter → pas seulement un site de
messages, répertoires de signe photographié par un écran mental neutre : elle a une forme, un
contenu, fait naitre des actions et pensées (représentations), est produit de la créativité humain et
d’imitations pratique (mimesis) et par dessus tout, est traversée de pouvoir
→ Clifford et Marcus dans writing culture: culture “contestée, temporaire, émergente”

b. Actualités de la perspective dynamique de la culture


1. Actualité académique
Prise en considération du changement social = tendance générale aujourd’hui → école d’anthropologie
du développement, de la globalisation, des migrations → au delà de ces noyaux, cette perspective
dynamique est transversale aux champs et écoles de cette discipline: rare qu’on accepte les travaux
dépourvus des dimensions historiques et dynamiques de l’objet d’étude

2. Actualité politique
Politique occidentale évince souvent ces acquis au profit d’une image de la culture lisse et stable, servant
au projet d’Etat-nation qui se montrent homogène accueillant éventuellement des minorités culturelles à
leur tour essentialisée (DOCUMENTAIRE OBLIGATOIRE)

Conclusion
• Fonctionnalistes: peu d’intérêt pour la culture = expression facultative de la vie humaine →
institutions culturelles comme d’autres institutions servent le fonctionnement à la société
• Structuralisme: perspective universaliste de la culture basée sur une capacité cognitive et un
structuration binaire de la pensée → ≉ entre cultures marquent des écarts arbitrairement reconnus
• Changement social préconise une approche dynamique de la culture comme processus impliquant des
faits d’hybridation, de contestation et d’éclatement géographique
• Certains anthropologues considèrent que, saturé de connotations trop diverses, il faudrait se passer du
terme culture plutôt que chercher à le redéfinir encore et encore >< d’autres qui pensent que le terme
garde sa pertinence mais qu’il faut l’utiliser avec circonspection → Christophe Brumman:
• Propose de continuer à utiliser ce concept au pluriel en raison de ses avantages pratiques → faire cela
de manière responsable en nous montrant attentifs à la spécificité de nos audiences et au problème de
l’économie de la communication → culture japonaise = raccourci pratique pour désigner ce que de
nombreux ou la plupart des Japonais, indépendamment des distinctions de genre, de classe et autres
différence, pensent, ressentent car ils ont été en contact social continu avec d’autres Japonais
25

III. L’anthropologie et ses champs de recherche


• Parenté et religion = premiers sujets documentés et débattu par la mise en comparaison de différents
cas ethnographiques suivis de l’anthropologie politique et économique
• Anthropologues classiques ont souvent engagés des réflexions dans plusieurs de ces champs (ex:
Evans-Pritchard) >< Malinowski associé à l’anthropologie économique bien qu’il ait contribué aux
débats en vigueur dans d’autres champs (étude magie par observation de la kula → religion)

Chapitre 9: parenté

1. Auteurs fondateurs
a. Lewis Henri Morgan et les lignages archaïques

• Figure de l’anthropologie évolutionniste du 19ème siècle: critère du progrès technique et des


transformations subséquentes de mode de subsistance décisif dans typologie évolutionniste des soc
• Premiers travaux consacrés à la parenté → terminologies de parenté fournissent indication des modes
d’organisation passée = survivances d’états antérieurs
• Iroquois assimile père et frères du pères (même nom) et mère et soeurs de la mère = signe d’une
confusion primitive → reflète un état passé de la société iroquoise qui aurait été caractérisée par une
forme de promiscuité sexuelle primitive
→ Sociétés humaines d’abord caractérisée par absence de mariage et restrictions de pratiques sexuelles
menant à une promiscuité qu’on ne connait plus aujourd’hui mais dont témoignerait encore certaines
terminologies de parentés (= vestige culturel)
• Morgan partisan de l’idée populaire à l’époque : système matrilinéaires (appartenance à groupe de
parenté en ligne maternelle = forme primitive des systèmes patrilinéaires avec mariage polygénique
(plusieurs femme) moins civilisée que l’union monogamique en vigueur dans société am au 19ème
• Avec Morgan (considéré comme père fondateur de anthropo de la parenté): parenté comme organisation
sociale de relations d’ordres bio commence à être traitée de manière empirique (enquêtes)
• Lien de parenté résultant de cette promiscuité = institution fondamentale assurant l’ordre dans les
sociétés primitives → mode d’organisation voué à évoluer vers la constitution d’un pouvoir politique
autonome incarné par l’état: cohésion société ne repose plus sur liens de parenté mais sur un contrat
volontaire entre les individus qui partagent un territoire impliquant l’émergence de propriété et de
contrat individuel → émanciper individus de l’autorité des ainés et les soumettre à l’autorité de l’état
→ distinction entre société avec et sans état : étude ultérieure ont montré le caractère erroné de cette
théorie qui a eu un impact considérable: repris par Engels qui voit dans les sociétés primitives un
idéal de communisme primitif

b. Evans-Pritchard et la société lignagère


1. Repère biographique
• Préoccupés par les conditions de l’ordre sociale, les fonctionnalistes se sont également penchés sur la
parenté → ethnographie de Nuer (actuelle république du Soudan du Sud) = exemple d’application de
la perspective fonctionnaliste dans le domaine de l’organisation politique
26

• Etudiant de Malinowski et Radcliffe Brown (nombreux ont adopté sa posture théorique) →


recherches ethnographique ont montré les limites de la construction structuro-fonctionnaliste →
Pritchard a d’abord utilisé ce cadre fonctionnaliste puis anthropo plus interprétative
• Recherche: bourse du gouvernement colonial britannique qui souhaitait mieux connaitre le mode
d’organisation politique de cette population qu’il ne parvenait à pacifier → il fut associé à l’élite
coloniale: étude dans contexte délicat, enquêtant principalement depuis sa tente où il recevait des
interlocuteurs
• Parenté = rôle fondamental dans la régulation de la vie sociale des sociétés sans état
• Critique: application d’un cadre théorique fonctionnaliste visant à dégager les structures garantes de
l’équilibre social → il minimisa les faits ethnographiques ne s’inscrivant pas dans le modèle dressé
(tient pas compte de l’histoire, du changement social, de la situation coloniale, conditions de
domination politique) + ne rend pas compte de son ressenti et ses conditions de travail sur le terrain
→ approche positiviste de l’anthropologie fonctionnaliste
• Se réoriente: reconnait rôle de l’initiative individuelle dans le déploiement de la vie sociale et
examine les trajectoires historiques des faits sociaux → distance du positivisme: système ne doivent
pas être appréhendé comme des systèmes organiques dont l’activité est déterminée → interprétation
de systèmes symbolique: ouvre voie à anthrop interprétative préconisée par Geertz

2. Société lignagère segmentaire: ethnographie en pays Nuer


• Lignage (groupe de filiation) forme ossature du système politique → société organisé en tribus et clans
• Tribus (± 15 différentes portant un nom) = unité territoriale (séparé des tribus voisines par des barrières naturelles),
organisée en sections enchâssées, niveau le plus élevé de solidarité politique: membres susceptibles
de s’unir dans la guerre → niveaux d’enchâssement: tribu, section tribale primaire, secondaire,
tertiaire, village (la plus petite unité) (tribus importantes en population : sections primaires se divisent en secondaires,
tertiaires, villages composés de groupes de parenté)
• Clans = unités de parenté, lignages (branches divergentes de filiation à partir d’un ancêtre commun)
agnatiques
enchâssés en plusieurs niveaux: clan, lignage maximal, majeur, mineur,
(filiation en ligne masculine)
minimal → membres de chaque clans distribués parmi les différentes tribus, clans exogames (il faut
se marier avec quelqu’un d’un autre clan
• Chaque tribu s’identifie à un clan (le dominant sur le territoire → “agrégat de personnes rassemblées
autour d’un noyau agnatique: agrégat s’identifie au noyau car on désigne la communauté villageoise
par le nom du lignage”) → Pritchard veut montrer qu’il existe un recouvrement entre tribus
et rhétorique de la parenté: on parle de groupes résidentiels en les amalgant aux clans qui en
forme l’ossature (unité territoriale) même si les Nuer sont conscients que les logiques de
regroupement en village ne regroupent pas toujours les lignes de filiation patrilinéaire
• Idéal local de superposition entre lignages et tribus inégalement réalisé (certains clans + dispersés
que d’autres) → dans les clans aristocratiques / dominants (même si ≉ de niveau de vie faible), on
trouve des connaissances généalogiques plus développées (jusqu’à 10 générations contre 4 dans les autres)
• Cette rhétorique de la parenté a des limites et contextes de pertinence: cas où les appartenances
lignagères d’une même communauté villageoise sont réactivées (règles exogamie, rituels où les lignages ont
des tâches spécifiques à accomplir)
• Critiques: bien que Pritchard reconnait la superposition entre clans et tribus, il a surestimé la place de
filiation patrilinéaire dans l’organisation sociale et politique et a sous-estimé la place du partage de
mêmes unités de résidence qui pouvaient ou non recouper des relations agnatiques (issues de filiation
27

patrilinéaire) → dans communauté: personnes apparentées en ligne maternelle et paternelle ou du fait


d’alliances politiques → loin d’être formée d’une juxtaposition de clans
• Focalisation Pritchard sur structures de parenté et volonté de montrer que c’était une véritable
architecture politique de la société dans le but de mettre en évidence la stabilité et l’intégration des
sociétés (→ fonctionnalisme)
• Vision basée sur l’idée que les sociétés sont marquées pas le changement et le conflit l’aurait
surement conduit à d’autres conclusions en faisant par exemple, plus attention à la charte politique au
phénomènes de razzias mené par les Nuer en pays Dinka (procuration esclave) et au phénomènes
d’inégalité et de domination que ces pratiques guerrières produisaient au niveau de l’organisation
sociale nuer → Pritchard le reconnait: un part significative des certains villages était formée de
captifs Dinka et leurs descendant en voie d’être assimilés au Nuer

c. Lévi-Strauss et l’introduction de l’alliance


1. L’interdit de l’inceste
• Conceptualisation de l’interdit de l’inceste de l’alliance lance la théorie de parenté de L.S. : insiste sur
caractère universel → pour lui, la marque de la nature est l’universel (spontanéité) et celle de la
culture le particulier (normes, règles, singularité historique): interdit inceste = norme particulière
(seule règle sociale universelle) → = opérateur de l’entrée en culture de l’humanité, le critère de
l’humanisation de l’humanité
• “structure élémentaire de la parenté” = jalon important de la réflexion sur le fait culturel au 19ème
mais n’est plus d’actualité → d’autres critères de la mesure de l’humanisation de notre espèce
(pratiques funéraires, d’ensevelissement du corps, artistiques): le rôle qu’il confère à l’interdiction de
l’inceste parait arbitraire (car autres critères) et exclusif (envisage un basculement entre avant et après au
lieu de voir une progression duquel converge une série de signes d’humanisation) + place centrale du langage
(et la réflexivité qui l’accompagne) dans les débats aujourd’hui + découvertes éthologie: culture pas
réservée à l’humanité (apprentissage et transmissions de pratiques chez les grands singes → ex: techniques de collecte
de termites varient selon les groupes et sont transmises aux futures générations)
• Importantes variations culturelles de cet interdit (relations interdites au sein de la famille nucléaire et
tolérées ou encouragées avec d’autres parents considérés trop proches pour les normes occidentales → ex:
Grèce Antique: fille sans frère pouvait être réclamée par le frère de son père pour garder héritage)
• Interdit n’existe pas partout avec même vigueur, il n’est pas explicité partout: Nuer (Pritchard):
relation sexuelle entre fils et mère punie de mort, entre cousins moins sanctionnés → en dépit des
variations culturelles: pas de société où toutes les unions sont autorisées
• L.S.: obligation de l’alliance et interdit inceste naissent ensembles → relations d’alliance sont, dans
l’étude de la parenté, celles qui découlent de l’union légitime/ du mariage de deux individus → terme
alliance car union/ mariage produit des relations au delà des deux individus qui s’engagent (ex: mon
marie et les beau-frère de ma soeur) → formes d’alliance et fin légitimes du mariages (ce que les
conjoints peuvent attendre) ≉ selon les sociétés → ex: polygamie
• L.S.: système de mariage et parenté = système d’échange (de femme) → tabou inceste: obligation
système d’échange impliquant circulation de signes et de biens = fondement de la vie en société
→ parenté L.S. = système d’alliance et non de filiation entre générations (comme fonctionnalistes)

2. L’atome de parenté
• Inspiré par linguistique → L.S étudie parenté comme un sytème de relation où il s’intéresse aux liens
entre les termes plutôt qu’aux termes
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• Matériels ethnographique de tous les continents → établit typologie dans le but d’identifier le module
fondamental: l’atome de parenté (mari, femme, représentant masculin du groupe de la femme l’ayant
donnée à l’homme (souvent le frère), un enfant) → insiste sur lien entre homme et son oncle
maternel: en donnant sa soeur, il ouvre la voie de la procréation à son père → atome fonde 3 relations:
alliance, descendance, consanguinité = au fondement de la société

3. Structures élémentaires
• L.S. s’intéresse aux systèmes de parenté et d’alliance qui prescrivent des conjoints positivement
(dimension d’orientation en plus de l’interdit) → structures caractérisées d’élémentaires: élabore sa
théorie sur base du mariage avec la cousine croisée (fille du frère de la mère/ fille de la soeur du père)
= cas qui ressort beaucoup dans les sociétés avec prescription positive du choix du conjoint → à partir
de là, il met en évidence diverses façons de s’échanger les femmes et élabore sa théorie des systèmes
de mariage comme systèmes d’échanges → système de parenté qui n’ont que des interdits et pas
d’orientation positive qu’il qualifie de structures complexes sont en dehors de son champ d’étude

2. Auteurs classiques
a. Bourdieu: règles de parenté au prisme du changement social (20ème)
1. Repères biographiques
• Ethnographie société Kabyle en Algérie avant d’étudier société français par une méthode associant
approche qualitative et quantitative
• Pensée poststructuraliste: dégager structures générales de la société en reconnaissant la liberté et
l’initiative individuelle → théorie des champs: structures qui assurent reproduction de l’ordre social et
des rapports de dominations (→ stratégies de compétition sociale) → question centrale =
reproduction des inégalités sociales et économiques + possibilité de changement social

2. Des règles de la parenté au jeu des interactions sociales


• Ethnographie de sa terre natale: Béarn (S-O France) → relation de parenté
• Critique du structuralisme, en particulier la notion de règle de Lévi-Strauss qu’il utilise pour signifier
norme (consciente qui gouverne le choix d’un conjoint) ou pour désigner des modèles inconscients au
principe de l’action des agents (règle = produit d’une régulation inconsciente → modèles inconscient dans le
choix du conjoints dont les ≉ cultures exploitent des possibilités spécifiques) → choses très différentes qu’on
ne peut recouvrir sous le même nom : polysémie de la notion
• De plus, on est dans la métaphore juridique quand on parle de règle pour désigner le moteur des
agents : on ignore le principe d’engendrement des pratiques qui n’est pas une règle mais un schème
immanent aux pratiques à partir duquel est engendrée un improvisation réglée → règle > travail de
codification (droit, rituel), elle apparait quand quelque chose ne va plus de soi → la pratique n’est pas
le produit du respect des règles
• Ex: parole ne consiste pas à suivre des règles de grammaire, on peut parler une langue sans identifier
le sujet, verbe,… → s’engager dans des échanges linguistiques est plus complexe que respecter des
règles de grammaire: trouver formule appropriée au type d’interaction = jeu social intériorisé qui fait
intégralement parti des pratiques langagières et qui n’est pas du ressort de la grammaire
• Il montre que les stratégies matrimoniales devaient être remises en perspective par rapport aux
stratégies plus globales de reproduction sociale et économique → Béarn: nombre élevé de célibataires
chez les jeunes hommes des entreprises agricoles qui sont devenus “immariable” aux yeux de la
société locale → ’60, développement de intérêt et émigration vers les villes → élargissement du
29

marché matrimonial et affaiblissement de la position autrefois dominante des héritiers d’exploitations


agricoles
• Dans l’ancien régime matrimonial, initiative du mariage revenait à la famille (éducation familiale
prédisposait les jeunes à se soumettre aux injonctions parentales et à appréhender les prétendants
selon des catégories de perception paysannes) → pas de place au hasard du sentiment mais femmes
regardent de plus en plus vers les villes et adoptent des idéaux urbains → jeunes citadins à la
campagne ont un avantage sur les paysans: marché matrimonial autrefois controlé et réservé est
désormais ouvert à la concurrence la plus brutale et la plus inégale → il évoque la souffrance des
héritiers face aux transformations rapides et inédites qui transforment les conditions de reproduction
• Critique de l’approche de L-S: 1. modèle de la règle de mariage inapproprié pour rendre compte des
stratégies matrimoniales et du jeu des agents sociaux avec les normes 2. Souci de réinscrire les
pratiques matrimoniales dans leur contexte plus large (Béarn et stratégies économiques du choix)

b. Schneider: le caractère ethnocentré des théories de la parenté

• Collègue de Geertz, figure de l’approche interprétative du culturalisme nord-américain


• Recherches de terrain en Micronésie sur l’île du Yap → critique des théories de la parenté affirmant
que la parenté est une construction culturelle et non un ensemble de faits biologiques → étude de la
parenté dans les sociétés nord-américaine et britannique: relations ne découlent pas du dimorphisme
sexuel et de la reproduction hétérosexuelle (biologique) → critères biologiques = symbole pour
expliquer les liens de parenté → réseaux de parenté occidentaux se fondent sur un code socialement
défini: procédure d’adoption = mécanisme juridique sans transmission biogénétique
• Pour éclairer la conception occidentale des liens de parenté, il distingue substance (ordre biologique,
nature) et ordre (code de l’ordre social inscrit dans la législation = mécanismes de cristallisation des
liens de parenté
• Critique usage du concept de parenté: caractère ethnocentré des théories de la parenté qui appliquent
des conceptions occidentales dans des contextes culturels où ces notions ne sont pas pertinentes
(concept de lignage segmentaire, de cousins croisés ne font pas sens pour les interlocuteurs) → il
développe un argument en réinterprétant son ethnographie micronésienne “la parenté (comme le
système matrilinéaire, matriarcat) est un artéfact de l’appareil analytique des anthropologues qui n’a
d’équivalent concret dans aucune des sociétés que nous étudions”
• Anthropologue ont pris trop au sérieux l’idéologie des liens de sang qui tient une place importante
dans la conception occidentale de la parenté alors que sa place varie selon les sociétés → si parenté =
position en fonction de relations de procréations, pas approprié pour décrire liens dans bcp de sociétés

2. Travaux contemporains
a. Carsten: de la parenté à l’apparentement
1. Dimension processuelle des liens de parenté
Comme Schneider: parenté couvre des réalités particulières au contexte ethnographique mais au lieu de
rejeter ce concept, elle propose d’en examiner les variations spécifiques aux contextes culturels
→ pour déconstruire l’idéologie du sans occidentale, elle remplace la réflexion sur la parenté par celle sur
l’apparentement = manières de composer les relations → travail sur Ile de Langwaki (Malaisie)

2. Transformations et circulations de substances


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• “substance” (dimension de mutabilité/ transformabilité des relations de parenté >< substance


biologique permanente et immuable de Schneider) au coeur des processus d’apparentement
(>< filiation des fonctionnalistes, alliances des structuralistes)
• Transformation corporelle de nourriture en sang, fluides sexuels, transpiration et salives qui passent
de personne en personne en habitant des maisons, ayant des relations sexuelles et échanges rituels
• Commensalité quotidienne (riz) = vecteur fondamental de lien de parenté chez les pêcheurs de
Langkawi → bébés tissent lien de fraternité en buvant le lait de la mère, les enfants sont tenus de
rentrer pour manger le plat de riz (seul les encas sont autorisés en dehors du foyer) → parenté est une
question de degré et non de nature : en devient parents en partageant nourriture et activités quot
• Dimension dynamique de la création des liens de parenté → conception processuelle de la personne et
la parenté: substance centrale dans les conceptions locales de sang dont la contribution majeure vient
de la nourriture → sang comme la parenté toujours sujet à mutations et fluides
• Identité individuelle aussi considérée comme un processus: pratiques d’alimentation ont un rôle
fondamental dans la production des personnes du point de vue de l’identité et de la substance bio

3. Conception sociobiologique
• Cette approche de la substance remet en question la distinction entre social (réalité fluide) et
biologique (génétique et permanent) de la perspective occidentale de la parenté → elle conteste
l’universalité de la parenté comme mise en forme sociale de relations d’ordre biologique : identité
social et physique (substance d’une personne) sont continuellement acquises et altérables et sont
associées → apparentement exprimé en terme de procréation, nourrissement et acquisition de fluide:
pas de distinction entre social (commensalité) et biologique (naissance)
• Remise en question du social distinct du biologique: ingérer même ingrédient pour composer corps
semblable dans unité domestique = processus social ou biologique?

b. Franklin: biotechnologies et fabriques des généalogies


1. Repères biographiques
• Recherches ethnographiques sur l’impact social de l’introduction de nouvelles technologies de
reproduction in vitro (’80) → question de la reconfiguration des pratiques et conceptualisations de la
parenté face à ces innovations → combine méthodologie ethnographique avec analyses féministes
• Explore frontières poreuses entre biologique (nature) et social (volonté humaine) : étude
ethnographique au R-U: capture reconfiguration de cette articulation dans sociétés où bio génétique et
nouvelles technologies de reproduction se généralisent → régénération biologique contrôlée par le
scientifique: on ne peut plus dire qu’elle relève de la nature (>< culture)
• Dénaturalisation de la parenté/ genre (→ social) et du biologique (≉ propre de la nature): incertitude
concernant le statut du biologique (difficile de déterminer ce qui est strictement biologique) offre une
opportunité de reconsidérer le rôle des faits/ déterminisme biologiques dans les théories de parenté

2. Généalogie de Dolly
• Travaux sur déploiement des techniques destinées à maitriser et commercialiser les processus de
régénération vitales → ouvrage sur Dolly, le premier mouton cloné: examine bouleversement que ca
suscite quant à notre conception de la généalogie et des liens de parenté → n’étant le produit
d’aucune relation sexuelle, elle nous invite à repenser les limites de la bio et la reproduction
• Pour saisir enjeux politico-économiques de la maitrise du biologique, elle examine la généalogie dans
une perspective historique: importance domestication ovine pour le déploiement des ambitions
31

impérialistes du R-U (économie ovine = clé) → pose question sur la signification sociale de la
généalogie
• Anthropologie critique dévoilant le ton autoritaire et les rapports de pouvoir produits par la biologie
en tant que discours scientifique → en insistant sur la dimension politique des pratiques bio, elle
dépasse Schneider qui avait reconnu une dimension symbolique aux faits biologiques

c. Haraway: parenté interespèce


1. Repères biographiques
• Zoologiste → biologie → sciences sociales : fonde champ d’étude multiespèces par son examen de
nos relations avec les organismes non-humains → analyse marxiste de animaux de laboratoire
• Contre obnubilation des anthropologues et de la société occidentale pour les modes de sociabilité
fondé sur la parenté généalogique: j’aspire à des modèles de solidarité et d’unité et différence entre
humains fondés sur l’amitié, le travail, les objectifs partagés, les douleurs collectives et la mortalité
inéluctable → temps de théoriser une “non-familiarité” inconsciente où tout ne découlerait pas du
scénario de l’identité et la reproduction → pas de paix raciale ou sexuelle jusqu’à ce que nous
apprenions à produire l’humanité par autre chose que les liens de parenté

2. Espèces compagnes
• Etude des complicités entre chiens et hommes → notion “d’espèces compagnes” = intimes
partenaires interespèces unis par une relation instrumentale et affective
• Chiens mobilisés par l’homme pour tirer bénéfices de leur force de travail → critique sur relations
aux animaux et le statut qu’on leur donne: problème du manque de considération dont il font objet
• Etude des conditions animales doit être appréhendée en considérant les connexions entre l’homme et
l’animal → par sa capacité à transmettre dans une interaction, animal a une liberté de collaborer, il est
responsable mais dans industrie capitaliste, il est réduit au statut d’objet par les humains qui les
instrumentalisent → sans dimension affective, la relation ne relève plus du compagnon interespèce
• Ces compagnons façonnent la manière d’être des partenaires → ces relations engagent un processus
de devenir subjectif où devenir est toujours devenir avec → subjectivités humaines pas juste résultat
de notre volonté personnelle ou de nos interactions sociales entre humain: on façonne notre
personnalité dans le creuset d’écologie rassemblant de multiples espèces

3. Making Kin, Nots Babies


• Liens de parenté ne doivent pas se limiter à notre espèce → invite à tisser liens avec d’autres types
d’organisme insistant sur dimension affective de la parenté à travers pratiques de soin et
instrumentalisation → parent est une catégorie sauvage qu’on essaye de domestiquer
• Appelle à composer une nouvelle ère (Chtulucène) contre la destruction écologique : ère peuplée de
créatures liées par des relations en se montrant responsables les uns envers les autres
• En approchant les relations humain-canin par ce prisme, elle inaugure un corpus d’ethnographie
multiespèces examinant “the host of organisms whose lives and death are linked to humain social
worlds”

Chapitre 10: Religion

1. Pères fondateurs
a. Evolutionnisme de Tylor et la perspective intellectualiste
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1. Repères biographiques
Figure majeure de l’évolutionnisme culturel: théorie évolutionniste non basée sur la culture matérielle
(Morgan) → ampleur de l’influence de sa réflexion sur la religion (lui avait perdu la foi)

2. La religion comme erreur de jugement


• Religion ne découle pas d’une forme de révélation mais des efforts des hommes pour comprendre le
monde → fonction explicative et dimension intellectuelle → perspective intellectualiste religion
• Critère minimal religion = croyance en des êtres spirituels
• Forme la plus primitive = animisme: théologie sauvage qui attribue une âme à l’ensemble des êtres
vivants, animaux et végétaux → origine: retour de morts dans les rêves donc âme distincte du corps
qui perdure après la mort: esprits des morts = premiers esprits reconnus par les animistes et leur culte
est la forme primordiale du culte religieux → ensuite polythéisme et monothéisme (→ avènement
sciences)
• Ancre le phénomène religieux dans l’erreur: statut du christianisme ramené au statut de produit d’une
évolution partie sur des bases erronées → monothéisme aussi ancré dans l’erreur originelle
• Sens évolution culturelle va vers un rétrécissement de la compréhension religieuse au bénéfice d’une
compréhension scientifique

b. Durkheim et les formes élémentaires de la vie religieuse


1. La religion comme fait social
• Etude des système totémiques des Aborigènes australien
• Marque de l’évolutionnisme mais pas évolutionniste: formes élémentaires du fait religieux pas
intéressant car elles ouvrent à la compréhension de la survivance dans des sociétés plus évoluées mais
parce qu’elles permettent d’accéder plus directement à l’essentiel du fait religieux (tout est déjà là)
• Construit théorie sociale de la religion comme élément fondamental et universel → religion n’est pas
erronée, il s’attache a en dévoiler la réalité sociale : influence de Mauss (choses sacrées = choses
sociales partant réelles) → dimension symbolique de la vie sociale (qu’il avait initialement évincé du
champ des sciences sociales)

2. Le profane et le sacré
• Religion n’a pas pour objet le culte d’esprit et la croyance n’est pas nécessaire pour qu’il est religion
→ religion repose sur reconnaissance domaine sacré (choses que les interdits protègent) >< profanes
(choses auxquelles les interdit s’appliquent et qui doivent rester à distance des premières) → division
bipartite de l’univers
• Autre élément crucial = dimension sociale des cultes religieux vecteur de lien et de communauté (><
interprétations de son époque: religion = croyances logées dans les espaces cognitifs individuels)
• Etude totémitisme : c’est à elle-même que la société rend hommage par le culte religieux →
fondement religion dans la performance du culte et des rituels: en rendant cultes aux animaux totem
(lointains ancêtres du clans), c’est au clan que le rituel fait honneur
• Religion = système solidaire de croyances et pratiques relatives à des choses sacrées qui unissent en
une communauté morale appelée Eglise tous ceux qui y adhère
• Travaux de Durkheim → 2 axes de recherche: rituel comme expérience pratique et croyance comme
manifestation intellectuelle (on va s’intéresser au deuxième pour la psycho)

c. Evans-Pritchard et la fonction de la sorcellerie


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• Etude ethnographique chez les Anzandé du Soudan Méridional : rôle de la pratique sorcellière →
souligne rationalité de ces pratiques en montrant qu’elles ne sont pas incompatibles avec la
reconnaissance d’autres formes de causalité: chaque type de causalité rend compte d’aspect ≉
• Chute d’un grenier qui cause un mort: comment? termites ont rongés poteau, pourquoi c’est arrivé
précisément quand quelqu’un passait par là? causé par un sorcier → au terme de cette démonstration
empirique, il invite à reconsidérer la question de rationalité

2. Auteurs classiques
a. Geertz et les représentants religieux
1. Repères biographiques
• Influence majeure sur anthropologie: a problématisé la question de la nature des descriptions et la
nature des savoirs et du projet de connaissance en anthropo soulignant la dimension idisyncrasique du
rapport entre anthropologue et ses textes: anthropologues singuliers ont une relation spécifique avec
leur terrain ce qui influence les types de savoir produit sur tel monde social ou culturel
• Anthropologie interprétative (symbolique) importante fin 20e (reformule le culuralisme boassien)
→ culture = système organisé de symboles signifiants → expériences, pratiques et émotions sont
guidées par ce système symbolique acquis par la socialisation → anthropologue doit dévoiler ces
systèmes de signification “L’homme est suspendu à une toila de signification qu’il a lui même fixé”

2. Approche interprétative de la religion


• Système de symboles qui agit de manière à établir des états affectifs et des motivations puissants,
profonds et durables en formulant des conceptions d’un ordre général sur l’existence
• Expérience religieuse: 3 registres: cognitif (représentation ordre du monde, ordre cosmique), moral
(normes intériorisées), affectif (sensibilité, dispositions émotionnelles) → dispositions émotionnelles et
morales (disposition à éprouver)
• Renforcement mutuel entre croyances religieuses cosmologiques et dispositions morales, affectives,
esthétique → vision du monde/cosmologie et style de vie s’étayent: style de vie encouragé par
croyances religieuses qui le supportent, elles-mêmes supportées par des manières de faire
• Ex: catholicisme: encouragement pratique de charité et conception de l’au-delà comme rétribution
morale → perspective métaphysique: style de vie encouragé par croyances qui sont renforcées par les
dispositions morales à l’égard du monde
• Stabilité et pérrenité religion quand elles parviennent à établir dynamique de renforcement mutuel
entre une compréhension générale du monde et des normes, une sensibilité morale
• Comme autres matrices culturelles, religion offre modèle du cosmos et modèle pour la praique
• Religion = système d’appréhension du monde qui cohabite avec les inductions ou les inférences sur le
monde qui sont issues de l’expérience ordinaire et du savoir du sens commun → dialectique entre
sens commun et religion: évidences religieuses d’une époque coexistent toujours parallèlement à
d’autres formes de savoirs et de connaissances

b. Favret-Saada: efficacité sorcière dans une société rurale occidentale


1. Repères biographiques
• Etude de l’organisation politique des sociétés kabyles: examine expressions politiques de la
segmentarité et manipulation de la violence
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• Bocage normand: enquête sur les pratiques de sorcellerie : révèle forme de rationalité de ces discours
et pratiques qui cohabitent avec le discours rationaliste de la pensée scientifique + enquête de
pratiques de désenvoutement avec une approche psychanalytique → contribue anthropo de la thérapie
• Montre que acteurs du système ne sont pas des paysans crédules, des sauvages non occidentaux tels
que montré par les explorateurs, administrateurs coloniaux et certains anthropologues ou dans les
médias et le folklorisme: “travail du folkloriste = marquer ≉ entre sa théorie (vraie) et celle du paysan
(croyance)” → discours évolutionniste: pensée magique = stade antérieur par rapport au scientifique
(→ Bocage normand = un espace de relégation, un canton de la primitivité)
• Insiste sur enjeux politiques toujours imbriqués à la question de représentation du monde sociale:
paysans savent ce qu’ils doivent ignorer pour assurer le fonctionnement de ce système sorcier →
efficacité système tient à son opération symbolique et politique, pas une opération surnaturelle à
laquelle croiraient les paysans → remet en question vision évolutionnistes: les sociétés rurales ne
peuvent se détacher de leur pensée magique erronée demeurant privées de la lumières de la vérité
scientifique à cause d’un système éducatif lacunaire
• Apport méthodologique: pratiques sorcières fondamentalement linguistiques: parler la sorcellerie = la
pratiquer → ethnographe tenue à l’écart puis reconnue comme ensorcelée: nécessité d’être prise dans
le système pour prendre part aux dialogues → observation participante implique corps et âme, ne peut
être approchée par un investigateur non engagé → ne peut garder posture extérieur (→ objectivité
scient) : “mouvement de va et vient entre prise initiale et reprise théorique” (après le dialogue)
• Reconnue comme ensorcelée et désenvouteuse → pas accusée d’attaque sorcière

2. Une intrigue sorcière et sa rationalité


• Infortune répétée dans un foyer interprétée en terme d’attaque sorcellerie → désorceleur >< malheur
ponctuel (recours à vétérinaire, psy, mécanicien)
• Jean Babin accusé par son voisin d’être un sorcier: victime de magie offensive de son voisin →
eczéma purulant, alcoolisme: un prêtre le guérit puis conflit avec un voisin exploitant qui le laisse
entendre que des années de misères l’attende → son père meurt, bétail tombe malade, accident de
travail et devient impuissant peu avant son mariage → accidents se poursuivent et désensorceleurs
sont inefficaces → finit en psychiatrie (désintox) : psychiatre ne veut pas entre parler de sorcellerie, il
fait comprendre que l’impuissance est due au manque d’amour de la femme
• Conclusion de Saada: impuissance vient de difficulté de Babin à se glisser dans le destin familial
tracé par ses parents → non consommation mariage = résistance au destin tracé pour lui
• Croyances (sorcellerie ou religion), replacées dans leurs configurations relationnelles et dans leurs
conditions sociales de reproduction = pleins de raisons des acteurs sociaux (>< irrationnelles)

3. La sorcellerie comme système symbolique


• Initiée aux pratiques de désenvoutement → réalise simplicité et contingence des gestes pratiques →
peu importe le rituel et le moment → bien qu’il y ait un rituel matériel et physique observable, le seul
fait de sorcellerie qu’elle a pu observé: système sorcier symbolique → mise en mots de violence
sociale et du conflit “sorcellerie = parole qui est pouvoir et non savoir ou information” → parler de
sorcellerie ne vise pas à s’informer mais à se positionner dans l’intrigue en tachant de prendre pouvoir
• Efficacité sorcière tient à la puissance des mots qui mettent en forme le récit de la mort et de la
maladie qui tient l’identité de l’énonciateur, sa place dans la configuration sociale de l’intrigue →
parole permet la mise en circulation de la force vitale en jeu dans l’intrigue → trames sorcières
permettent de mettre en mots des faits qu’on ne peut exprimer “la répétition du malheur biologique”
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c. Bourdieu: la croyance comme principe d’organisation sociale


1. Magie de la griffe et reproduction du capital dans le champ de la haute couture
• Saada: sorcellerie = mécanisme politique clé dans une société rurale d’un pays occidental
• Bourdieu: acceptation création et destruction magiques de valeurs économiques structure ≉ champs
de la société occidentale → importance majeure de croyance collective dans le fonctionnement du
champ de la mode consistant en la vente de nom (= griffe) grâce à la mobilisation de relations
publiques → griffe sur vêtements sans rien changer de la valeur physique = surcroit de valeur
économique, de la qualité sociale → fondé sur la croyance → griffe = magie = un des mots les plus
puissants économiquement et symboliquement
• Opération magique > charisme du producteur → rôle fondamental de la croyance pour transformer
capital symbolique (nom) en capital économique (argent) (principe commun à beaucoup de champs)

2. Croyance collective et pouvoir du langage


• Pouvoir symbolique et économique de la griffe n’est pas dans la griffe mais dans la croyance
collective en la valeur de ce mot qui nécessite une méconnaissance arbitraire de la création de valeur
• Exercice du pouvoir symbolique pas propre au champ religieux mais y est important → il puise donc
dans les théories de la religion pour construire sa théorie des champs (mais pas grande attention)
• Pouvoir symbolique = capacité de transformer vision du monde et action sur le monde par
l’énonciation → pouvoir ne s’exerce que si est reconnu, c-à-d méconnu comme arbitraire
→ Importance croyances collectives dans société occid en dépit de nos prétentions à une raison moderne

3. Travaux contemporains
a. Sperber: une approche cognitiviste de la croyance
1. Repères biographiques
• Linguiste et anthropologue → contribution importante au champ de l’anthropo cognitive = mobilise
connaissance de psychologie cognitive pour analyser des données ethnographiques et comprendre les
processus de transmission et d’apprentissage des représentations culturelles
• Condition de construction et communication de la croyance → “effet Gourou” : montre que la
pertinence logique ne constitue pas le critère ultime d’approbation d’un exposé

2. Croire aux énoncés complexes


• Croyance spontanée: pas de réflexivité (je monte dans ma voiture en croyant qu’elle va démarrer)
• Croyance réflexive: on la considère en même que les raisons qu’on a de l’accepter (je crois que je vais
devoir gratter le pare-brise car j’ai lu dans le journal qu’il a gelé) → on peut l’accepter pour des raisons internes
portant sur le contenu de la croyance (lorsqu’il gèle, pare brise se recouvre de glace) ou externes portant sur la
source (je crois en la météo de mon journal) → on peut croire en vertu des raisons externes (réputation) et la
confirmer/ infirmer par des raisons internes (contenu des paroles)
• Degré de confiance influencé par le biais de confirmation: tendance à privilégier éléments qui
confirment nos croyances = charité interprétative → tendance à interpréter propos de manière à ce
qu’ils fassent sens et confortent nos croyances
• Attente que les efforts requis pour comprendre soient proportionnels à la complexité du message →
confiance en capacité des messies à formuler leurs idées → déduit que les Ecritures saintes indiquent
la grandeur du message qui se révèlerait à ceux qui seraient capables de les comprendre “trop souvent
les lecteurs jugent profond ce qui leur échappe, obscurité inspire le respect” → ex: Heidegger “la
beauté est un destin de l’être de la vérité où vérité signifie dévoilement de ce qui se voile”, Sartre
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→ Ne pas communiquer avec simplicité peut être interprété comme incapacité dégradante ou lorsque
l’auditeur à confiance en les capacité d’expression du locuteur en raison de son prestige ou de son
autorité, comme une indication de la complexité du sens de ce qui est dit, comme si il a expliqué le
plus simplement possible une pensée particulièrement riche = effet gourou: fonctionne de manière
semblable pour les croyances religieuses et scientifiques

b. Considération de l’existence de morts par Despret


1. Psycho pouvoir et prescription du deuil
• “Faire son deuil” : conception émerge en Europe au 19ème : lutte contre les croyances paysannes, le
pouvoir du clergé, en faveur de la science → caractère exceptionnel de notre conception des morts
comme étant voués à n’exister que par nos souvenir → devenu conception dominatrice (écrase les
autre → faire son deuil est devenu une prescription, on doit le faire)
• Inspiration biopouvoir (Foulcault) → psychopouvoir pour qualifier intention politique de façonner les
psychés : rapporte cas qui s’opposent à ce pychopouvoir en refusant de faire leur deuil

2. Résister à l’injonction en faisant exister les morts


• 3 modalités où personnes décident de permettre aux morts de continuer à affecter les vivants
1. Assurer permanence aux morts à travers actions, paroles, rituels: porter soulier de sa grand-mère pour qu’ils
continuent de parcourir la terre, cuisiner plat favori du défunt, assurer hygiène car important pour maman
2. Nouveaux régimes d’obligation envers morts (+ d’intensité que les obligations qui unissent les vivants):
terminer projet non finalisé, répondre à demandes perçues en rêve
3. Offrir aux morts un surplus de biographie expérimenté sur le mode du doute, de l’hésitation, de la
possibilité → interlocuteurs n’affirment pas que les morts sont pourvus des caractéristiques qu’ils
avaient lorsqu’ils étaient vivants, aucune certitude sur la nature de la présence du défunt → ils
cultivent l’hésitation, ils multiplient les versions pour ouvrir le champ des possibles = ><
épistémologie dominante (âmes n’existent pas, il faut accepter leur disparition pour poursuivre sa vie)
→ Répondre accomplit la demande du mort et l’autorise à modifier la vie de ceux qui répondent
• Dimension collective des modes de résistance aux psychopouvoir: sages-femmes de la mort qui
organisent des funérailles à domiciles : travaux d’Alexa Hagerty → femmes réapprennent à soigner
les corps défunts et à les accompagner dans le processus de mort: elles dénoncent la manière dont les
corps défunts sont traités dans les hôpitaux (isolés, commercialisés par les pompes funèbres, évacués par des
rituels vides de sens) → refusent de remettre les morts aux institutions prescrites et de se soumettre au
travail de deuil préconisé

3. Cultiver le doute
Ces personnes ne décident pas ce qui doit être considéré comme réel ou non, mais affirmer qu’ils ont des
manières d’être qui en font des être réels dans leur registre, qu’ils manifestent des modes de présence qui
comptent et dont on peut sentir les effets, c’est s’intéresser au fait qu’il y a eu un vivant qui a accueilli
cette requête

Chapitre 11: Politique

1. Auteurs fondateurs
a. Evans-Pritchard et la constitution de l’anthropologie politique
1. Scissions et fusions dans les lignages segmenté des Nuer
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• Anthropo > tradition anglo-saxonne: indirect rule requiert connaissance des organisations ethniques
(→ France: système d’administration direct → indifférente à l’organisation locale)
• Pays de Nuer pour comprendre la persistance des révoltes et identifie qui les dirige → pas de chef
unanimement reconnu, ni d’institutions politiques formalisée → cherche à saisir la structure qui
assure la cohésion de ce système acéphal (comment ordre se maintient, comment rapport sociaux s’entretiennent sur toute
l’étendue de la région) → “anarchie ordonnée” dont régulation est assurée par les systèmes de parenté
• Tribu = + grande entité mobilisable en cas de guerre pourtant aucun chef reconnu → vie sociale,
traversée par conflits récurrents, organisée par système politique complexe de mouvements de
fissions et de fusions déployés selon l’entité sociale au niveau de laquelle le conflit émerge, selon le
degré d’altérité qui sépare les parties investies dans le conflit
• Valeurs politiques relatives et systèmes politiques est un équilibre entre des tendances opposées →
fission et fusion dans les groupes politiques sont deux aspects du même principe segmentaire
(tendances à fusion et fission inhérentes au caractère segmentaire de la structure politique Nuer)

2. Politique des sociétés lignagères segmentaires: comparaison africaine


• Avec Meyes Fortes (disciple Malinowski): description de huit sociétés africaines colonisées par l’état
britannique → modes d’organisation des rapports politiques dans des sociétés dépourvues d’état
centralisé, d’appareil administratif et d’institutions judiciaires → relation entre rôles de parenté et
territoire → typologie tripartite fondée sur distinction avec et sans institution politique autonome
• Société type A: autorité centralisée, machinerie administrative, institutions judiciaires (gvnmt) →
clivages richesses, privilège et statuts correspondent à distribution du pouvoir et de l’autorité
• Société type B: dépourvue d’état → 2 groupes: 1. pas de distinction entre parenté et organisation
politique 2. société lignagères segmentaires, plus élaborée: vie politique se distingue des réseaux de
parenté bien que ces deux champs s’articulent de manière coordonnée (forme d’organisation sociale la +
répandue) → perspective évolutionniste: ces sociétés présentant une organisation politique
embryonnaire vont ensuite devenir des Etats
• Pritchard persuadée que les sociétés sans états réunissant une population importante étaient
organisées de manière lignagère → développant théoriquement le concept de société lignagère
segmentaire: anthropologie de la parenté et de la politique
• Dans terme courant: politique renvoie à l’état, en anthropo: relations de pouvoir structurant une
configuration sociale non nécessairement inscrite dans une institution étatique

b. Gluckman et les reconfigurations politiques sous la révolution industrielle en Afrique


1. Tribalisme urbain en Zambie
• Reconfigurations sociales et politiques sous l’effet de la révolution industrielle en Afrique → raison
de la persistance du tribalisme (tribu et tribalisme plus utilisés car connotation péjorative = ethnicité) dans les
zones urbaines → manière dont entités tribales se redessinent dans leur articulation avec des collectifs
fondés sur le culte chrétien, des groupes de pression politique ou des groupes économiques urbains
• Appartenance tribale dans zone rurale: participation (fondée sur demandes économiques et sociales, pas
juste conservatisme) à système politique de travail et le partage de la vie domestique avec des parents
• Tribalisme urbain: moyen de classifier des Africains d’origine hétérogène qui vivent ensemble dans
les villes → regroupements africains composés pour répondre aux demandes de la vie urbaine
• Etude d’une exploitation de cuivre (’30) à Luanshya: gestionnaires européens et travail manuel
accompli par les locaux → pour organiser logement et services sociaux, autorités s’adressent aux
représentants des ethnies (anciens, proches de familles royales élus) → revendication sollicitant
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meilleures rémunérations → anciens ont aucune autorité sur les travailleurs car malgré leur affinité
avec des familles de chefs, leurs connaissances des règles ancestrales et leurs compétences
diplomatiques: pas de légitimité à interférer dans problème lié au travail dans la mine: travailleurs
organisés par groupe dans lesquelles l’appartenance ethnique n’est pas pertinente → collectif
indépendant des origines ethniques et donc des anciens
• Gluckman justifie absence d’autorité à l’association des anciens avec les gestionnaires européens
• Système révisé par les gestionnaires pour évincer les affiliations tribales → envoie syndicalistes pour
aider les locaux à défendre leurs droits au travail → syndicat des mineurs africains devient institution puissante

2. Approche dynamique de l’ethnicité


• Tribalisme urbain ≉ rural (fonction politique essentielle) → en ville, organisation ethnique ne revêt
pas l’importance politique et économique des villages
• Affiliations tribales gardent importance en milieu urbain → Kalela Dance: performance des locaux
qui théâtralisent les appartenances tribales sur le ton de la moquerie
• Pertinence appartenance ethnique dans sociabilité quotidienne et maintien endogamie
→ Structure d’identification sociale influençant la sociabilité quotidienne et festive
• Travailleurs urbains gardent liens avec institutions tribales rurales → retournent au village en temp de
crise, pour élever enfants,… → affiliation ethnique fonctionne de deux manières et une personne peut
participer aux deux registres tout en les maintenant séparé
• >< études de son époque: affirme prépondérance de l’identité professionnelle dans les appartenances
ethniques urbaines → envisage ethnicité comme un processus dynamique (>< appartenance fixée à la
naissance par filiation généalogique)

2. Auteurs classiques
a. Barth: les groupes ethniques et leurs frontières
1. Repères biographiques
Oeuvre disparate: enquête de terrain concernant la gestion politique des Swat du Pakistan (analyse
interactionnelle des configurations politiques), analyse micro-économique des initiatives
entrepreneuriales dans la région soudanise du Darfour puis s’écarte de ces approches interactionnelles,
s’engageant dans une anthrop interprétative des cosmologies et rituels en Papouasie-Nouvelle-Guinée
→ Ouvrage sur groupes ethniques et frontière a bouleversé la conception anthropo de l’ethnicité en
révélant, par une approche dynamique et interactionnelle, l’enjeu politique des configurations ethniques

2. Ethnie comme catégorie d’attribution


• Approche interactionnelle: ethnie pas juste une entité revendiquée par les membres d’une
communauté, avant tout un catégorie attribuée à un groupe social dans son interaction à un autre
groupe → >< approche statique des culturalistes et fonctionnalistes (objectiver groupes ethniques
comme des entités discrètes, stables, immuables) → remise en question des théories essentialistes
• Contours appartenance ethnique se forment dans dialogues entre ≉ entités sociales qui définissent leur
identité au fil de leurs interactions → processus sociaux d’exclusion et incorporation par lesquelles
des catégories discrètes se maintiennent, malgré des changements dans la participation et
l’appartenance au cours de histoires individuelles = processus de négociation lors duquel l’identité
ethnique se cristallise → codification constamment renouvelée des ≉ avec les voisins → ethnicité ne
correspond pas à une entité fixe et discontinue, préexistante aux individus
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• Discours populaire (et de certains anthropo): ethnie = entité discrète assortie d’une culture, langue,
territoire → “ethnie = ensemble linguistique, culturel, territorial d’une certaine taille, tribu réservé à
groupes de plus petites dimensions” → >< travaux pionniers de Barth insistant sur interaction sociale et pol
dans lesquelles les identités ethniques sont produites

b. Clastres et les sociétés contre l’état


1. Repères biographiques
• Approche fonctionnaliste des systèmes politiques, souvent teintée d’évolutionnisme, se fonde sur la
distinction entre société avec (organisation politique + complexe et aboutie) et sans état → >< Castre
• Idées libertaires, terrain ethnographique populations Guayaki (Paraguay) et d’autres populations
amérindiennes → comparaison régionale → conclusions sur organisation politique des populations
amérindienne : certaines sociétés promeuvent des institutions destinées à empêcher l’émergence de
structures étatiques → ≉ sociétés primitives ignorant les institutions de l’état civilisateur (→ évol)
• Quitte laboratoire d’anthropo sociale car >< idées structuralistes: guerre = échec de l’échange qui
constitue la trame de la société

2. Politique des sociétés amérindiennes


• Institutions politiques et économique >< émergence d’une classe de dirigeants → défense active >< le
développement de rapports de pouvoir basé sur la coercition et le développement d’appareil politique
autonome → Indiens Guayaki >< cristallisation d’inégalités économiques entre les chefs et le reste de
la communauté : plus par des devoirs (que des droits ou privilèges) que se manifeste le statut des
leaders et leur capacité à contraindre
• Ordre social s’établit par l’application de figures de pouvoir non coercitif: chef intervient comme
modérateur et conciliateur → talent d’orateur cruciaux : discours dont le contenu importe peu,
audience peu attentive → parole du chef pas proférée pour être écoutée pourtant il ne peut se
soustraire de cette tâche garante de son autorité
• Lieu du refus d’un pouvoir séparé: société et non le chef est le lieu réel du pouvoir → elle sait que la
violence est l’essence du pouvoir et maintient à l’écart le pouvoir et l’institution, le commandement et
le chef : champ de la parole trace la ligne de partage → en contraignant le chef à se mouvoir
seulement dans la parole (>< violence), la tribu s’assure que l’axe du pouvoir se rabat sur le corps de
la société et que nul déplacement des forces ne viendra bouleverser l’ordre social
• Critiques: idée de pouvoir non coercitif pas cohérente → coercition exercée par hommes sur femmes
et enfants → ethnographes affirment que son modèle théorique ne correspond pas à la réalité
empirique mais son apport transformant les sociétés “sans état” et “contre état” reste immense:
existence de systèmes pol complexes inaccessibles par les outils conceptuels de l’analyse étatique

c. L’art de ne pas être gouverné décrit par Scott


1. Repères biographiques
• Inspiré par Clastres → défenseur de propositions politiques anarchistes mais contexte différent
• Condition d’émergence de révoltes paysannes au Vietnam → théorie phénoménologique (centrée sur
les expériences subjectives) visant à comprendre les raisonnements et conditions psychologiques qui
déclenchent une rébellion: insurrections ne résultent pas que d’une carence en ressources alimentaires
mais plutôt d’un sentiment d’enfreinte à une conception de la justice (socialement et culturellement
située)
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• Théorie de l’exploitation pour rendre compte des crises de subsistance des paysans asiatiques
demeure pertinente bien au delà de cette région → économie morale offre un cadre théorique
productif pour sonder les conditions de mobilisations paysannes contemporaines
• Données ethnographiques village de cultivateurs de riz en Malaisie: interactions entre paysans
démunis et villageois nantis → concept de résistance infrapolitique → technique de résistance des
paysans sans faire état public de leur rébellion (réprimée juridiquement ou symboliquement) (stratégie de
détournement des taxes, instrumentalisation de la rumeur, opérations de vols imperceptibles) →
paysans témoignent publiquement de leur complicité avec l’élite et sapent les fondements de leurs
privilèges dans la sphère privée
• Histoire anarchiste du Sud-Est asiatique: certaines sociétés s’organisent de manière à échapper à
l’hégémonie d’un état → art fondamental des systèmes de subsistances à ne pas être gouverné:
histoire générale (plus asiatique) de l’organisation des sociétés humaines au prisme de la
domestication agricole → nombreuses sociétés ont refusé le travail accru requis par la domestication
agricole favorisant des pratiques de chasse et de cueillette plus flexibles et rentables économiquement
tout en assurant une autonomie vis-à-vis des autorités
→ Déconstruction idée de la domestication comme invention majeure, source de progrès
universellement acclamée → il relève une palette de stratégies d’orientation de la production animale
et végétale à l’état quasi-sauvage au bénéfice de l’humain sans s’astreindre au travail intensif et au
risque sanitaire induits par domestication impliquant croissance végétale et animale complètement
dépendantes des soins humains

2. Zomia: une zone refuge anarchiste


• Immense région de hautes terres en Asie du sud-est → zone transnationale “Zomia” (< Zo = notion
relationnelle indiquant le reculement) : diversité culturelle extraordinaire (centaine de groupes
ethniques avec au moins 5 langues) → >< récit évolutionniste: état primitif: leur habitat reculé les
aurait voué à stagner dans un archaisme → manque civilisationnel sans institutions étatique
• Caractère instable de formations étatiques: contrairement à l’image impérialiste, les configurations
étatiques sont toujours en péril → les époques impérialistes florissantes alternent avec de longues
périodes d’éclatement en unités élémentaires d’ordre politique (lignages segmentaires, communauté
de parenté bilatérale, villages) (guerres, épidémies, famines, catastrophes écologiques): époques
rarement documentées dans archives car laissent des traces matérielles et archéologiques moindres
que les états caractérisés par le déploiement d’infrastructures, soutenues par une concentration accrue
de la population
• Analyse des mouvements migratoires: fuite de l’impérialiste étatique refusant de se soumettre à
l’autorité de l’empire → état pilleurs, exploiteurs des ressources situées sur les terres assiégées (force
de travail: enjeu constant des stratégies expansionnistes dans l’histoire de l’Asie du Sud-Est)
• Ces montagnes difficilement accessibles = zone de dispersion (scatter zone) où sont réfugiés des
populations fuyant des raids esclavagistes par les états des basses terres
• Par le prisme d’une stratégie de fuite et d’une enquête d’autonomie, Scott interprète les modes
d’organisations politiques égalitaires, l’engouement intense et temporaire pour les figures
messianiques, les pratiques agricoles itinérantes complétées par la chasse et la cueillette, le désintérêt
pour les comptabilité et récits écrits ≉ sociétés arriérées, = stratégies intentionnelles de souplesse
sociale → refuse récit civilisationnel de états: sociétés auto-gouvernées = primitives et sauvages
• Caractéristiques stigmatisant les populations des montagnes = adaptations politiques de populations
non-étatiques dans un monde d’états qui se présente attractif et menaçant
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• Insiste sur relation de symbiose qui unit les hautes terres → >< l’image de barbarie construite depuis
les basses terres: réseaux d’échanges d’envergure qui approvisionnent en biens stratégiques les états
agricoles fondés sur la monoculture céréalière + alliances établies → espaces de contention face à
l’invasion toujours possible d’un voisin conquérant
• Trafic intense entre zones écologiques concernait aussi les humains qui fuyaient ou rejoignaient les
formations étatiques selon le potentiel expansionniste ou les intérêt d’intégration des unités politiques
élémentaires dans une conjoncture donnée

3. Auteurs contemporains
a. Herzfeld et la construction quotidienne de l’Etat-nation
1. Identités nationales à l’interface des élites et du peuple
• Enquête en Grèce et Thaïlande → composition des identités collectives à l’interface des interactions
interpersonnelles et des institutions telles que la bureaucratie étatique ou les instances globales de
patrimonialisation → Théorie de l’Etat-Nation fondée sur l’analyse des interactions quotidiennes :
ouvre un champ d’étude des Etats-nations considérant l’expérience et les stratégies personnelles
→ analyse les expressions de l’essentialisme nationaliste dans les échanges interpersonnels: “arrêter
de traiter l’Etat-nation et l’essentialisme comme ennemis de l’expérience quotidienne pour les
comprendre comme part intégrale de la vie sociale”
• Construction nationale des bergers crétois: revendiquent autonomie envers la métropole et sa
bureaucratie mais participent activement à la reproduction de l’Etat-nation à travers des interventions
dénonçant une moralité corrompue de l’Etat tout en faisant appel à ses institutions
• Explique fabrique état-nation à l’interface de la bureaucratie (élites) et des pratiques populaires (cit) par :

2. Le partage de l’intimité culturelle


• stéréotypes faisant allusion à l’appartenance sociale utilisés à double tranchant: tantôt pour
stigmatiser l’autre (adressés par outsider), tantôt pour renforcer un sentiment d’intimité collective (transmis
parmi insiders) → stéréotype avant tout un marqueurs d’appartenance (>< mode de négociation des frontières sociales)
• Bergers crétois: identité de voleurs de bétails = embarras collectivement partagé, vecteur d’intimité
culturelle → éthique prestige et honneur mais ajd couramment recours à la juridiction nationale
• Mandataires de l’état affirment qu’ils doivent intervenir dans les communautés de berger pour y
assurer l’ordre en raison d’un effritement de la réciprocité d’antan → image de voleurs de bétails non
policés enfreignent l’éthique d’honneur des aïeux théâtralisée avec humour dans l’entre-soi des
bergers: repas où les bergers se sont félicités en riant d’avoir fait manger aux policiers le mouton volé
qui faisait objet de leur enquête
→ rôle central de l’intimité culturelle pour capturer la participation conjointe des élites et du peuple dans
une composition nationale commune

3. Nostalgie structurelle
• Ressorts sociaux et culturels de cette émotion → nostalgie structurelle s’inscrit dans une temporalité
car les générations s’accusent successivement d’être les coupables de la décadence moderne (rhétorique
du changement en réalité très statique): pointe un état de dégénération sociale car dénoncent la corruption
d’une réciprocité parfaite qui aurait été érodée par l’égoïsme contemporain
• Nostalgie structurelle dans discours des officiers de l’état (allusion au passé idéalisé pour légitimer
l’intervention de l’élite politique dans le cadre d’un projet national de restauration de l’ordre national d’antant)
42

mais aussi des citoyens contre l’autorité nationale (allusion à la corruption des hommes d’aujourd’hui pour
justifier le recours aux institutions étatiques lorsqu’ils l’estiment nécessaire)
• Bergers crétois: lamentations sur érosion de la morale d’honneur justifie appel à la justice nationale
en cas de conflits (pourtant mépris et défiance envers ces mêmes institutions): vols réciproques de
bétail qui rythme la vie sociale de l’île → traditionnellement ces cycles se clôturaient par une
promesse cérémonielle adressée secrètement par les acteurs du conflit: héroïsme national tenait à leur
force de résistance envers les institutions d’Athènes → aujourd’hui, bergers portent plainte auprès des
instances de justice nationale et justifient cet écart à l’honneur crétois par l’érosion de la morale
d’antan (lorsque promesses sur l’autel étaient respectées sur parole)
→ trame interactionnelle derrière les façades de l’adhésion nationale qui est loin de faire l’unanimité:
pourtant, pratiques discursives qui se jouent des rhétoriques officielles dans les interactions
quotidiennes participent également à la construction nationale

b. Marisol de la Cadena: de la cosmologie à la cosmopolitique

• Grandit à Lima, recherche dans région de Cuzco → construction identités métisses et indigènes puis
modes d’existence d’entité non humaines composant les sociétés andines: intervention de ces entités
sur la scène politique → concept de cosmopolitique: ex: inscription de la Pachamama, Terre-mère,
comme agent de droit dans la constitution équatorienne de 2008 (Terre-mère = manière de parler de la
nature ou entité sociale?)
• Manifestation à Cuzco (2006): lutte contre le développement de l’exploitation minière sur un sommet
montagneux = Ausangate, connue pour être un puissant Apu (= ancêtre incarné dans l’environnement)
→ habitant s’attachent à entretenir relations propices avec leurs Apu sachant qu’ils interviennent
parmi les hommes en tant que distributeurs de vie et de mort, de richesse et de misère
• Cadena >< l’installation de mine pour des questions environnementales (pollution eaux, terres) et
Nazario (interlocuteurs) craignait la colère d’Ausangate qui emporterait des vies humaines en
représailles → polémiques sur la scène politique: président estimait qu’il était nécessaire de rendre
productives des terres que les paysans n’étaient à son avis pas capables d’exploiter → autorités
remettent en question leur droit de revendication quant à la gestion de ces terres (paysans = fainéants et
démunis)
• “politique indigène peut excéder la politique que nous connaissons” et intégrer des actants non
humains → reconnaissance de l’existence d’êtres de la terre sur la scène politique demande de mettre
entre parenthèses nos ambitions à faire vérité et d’explorer plutôt de nouvelles manières
d’appréhender le monde → invitation à prendre au sérieux la présence en politique de ces acteurs qui
sont assignés, par les disciplines dominantes (car non-humain), à la sphère de la nature (pour être étudiés par
la science) ou au champ des connaissances métaphysiques et symboliques
• Tandis que les Earth-being se déploient dans un espace-temps que l’historicité moderne ne peut saisir,
ils n’en demeurent pas moins présents sur des scènes sociales contemporaines telles que les musées,
luttes politiques indigènes ou industrie touristique

Chapitre 12: L’économie

1. Auteurs fondamentaux
a. Boas et la réhabilitation du Potlatch
1. Contexte ethnographique
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• Système de prestation cérémonielle: Indiens de la côte N-O de l’Amérique → économies des sociétés
dans lesquelles se tenaient les cérémonies de potlatch (19ème) gravitait autour de la chasse, la pêche
et la cueillette → rythmes saisonniers de ces activités imposent une organisation particulière du temps
et de l’espace: périodes de dispersement et de sédentarisation alternent selon les saisons productives
(printemps/été), auxquelles succèdent le temps festifs lorsque les communautés sont regroupées en
village (→ potlatch), et de repos (automne/hiver)
• Groupes participants aux potlatchs s’inscrive dans un modèle d’organisation sociale totémique:
membres des groupes de parenté placés sous l’autorité d’un chef détenteur du blason orné de
représentations symbolisant le nom associé à un ancêtre lignagier et son double totémique
• Organisation sociale: hiérarchisation de ces noms: rangs en continuelle définition → rivalité entre
lignages en compétition → cérémonies importantes lors desquelles se pratiquait le potlatch
• Groupes de parenté scindés en nobles, gens du commun, esclaves → prélèvement sur le produit de
travail des maisonnées, en biens de substances et prestiges, destinés à la réalisation du potlatch
• Commerce entre populations locales et colons s’intensifient, vente de la force de travail se généralise
et économie de chasse, pêche, cueillette se monétarise → attisé par l’acquisition de richesse dans
l’économie coloniale, potlatchs impliquent des quantités biens magistrales → potlatch interdit au nom
du progrès par les acteurs ayant provoqué l’hyperinflation des échanges car forme de dilapidation des
richesses manifestant une irrationalité économique → pratique se poursuit de manière clandestine
devenant associée à l’ethnicité et à la résistance
• 1951: redevient cérémonie emblématique et le théâtre de nouveaux enjeux politiques → Boas ><
disqualification du potlatch car prend son sens quand on le restitue dans son ensemble culturel

2. Le potlatch comme système de prêt à intérêt


• Approche structuraliste: en tant qu’élément de la société, potlatch ≉ pratique irrationnelle → analogie
entre circulation des richesses dans le potlatch et prêts à intérêt des banquiers capitalistes
• Système économique basé sur le crédit comme dans sociétés civilisées: dans ses entreprises, l’Indien
compte sur l’aide de ses amis et leur promet de les payer plus tard → si l’aide apportée consiste en
bien matériels, mesurés en couverture comme nous en argent, il promet de rembourser avec en plus
l’intérêt (transaction en public pour la garantie car ignore l’écriture) → le fait de contracter et
rembourser des dettes = potlatch → système économique développé au point que le capital détenu par
les individus excède la quantité de valeur existante comme dans notre société : pas assez d’argent
pour se faire rembourser toutes nos créances
• Comparaison vise à défendre le caractère rationnel de ces pratiques : intention politique humaniste
mais sa comparaison est empiriquement caduque: potlatch tenu d’accepter, emprunt contracté sur
base volontaire et le prêt reçu ne se destine pas à être détruit → logique essentiellement différente:
usages des concepts fondamentaux de l’économie capitaliste → analyse ethnocentrée

b. Réfutation de l’universalité de l’homo oeconomicus par Malinowski

• Ecole fonctionnaliste: champ de l’anthropologie économique émerge par le constat que les modes de
circulation matérielle diffèrent selon les sociétés traditionnelles et capitalistes (Malinowski pionnier)
• Etude îles Trobriand → kula: nécessité de comprendre les motivations et logiques locales sans les
interpréter à la lumière des catégories de l’économie coloniale comme Boas
• Etude de la circulation des brassards et colliers de coquillage + palette de transactions qui composent
l’économie insulaire: cadeaux entre parents, compensations des alliances matrimoniales, échanges
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directs de biens alimentaires → échanges utilitaires = expressions des besoins physiologiques (><
stratégie de maximisation illimitée de l’intérêt individuel → identifie un continuum de transactions
allant du gimwali (troc personnellement intéressé) au mapula (don altruiste)
• Il parle de présent et contre-présents plutôt que troc ou commerce
• Existence de logiques économiques dont on ne peut rendre compte avec les outils de la science
économique → introduit la problématique du don et identifie la propension de l’homme à tisser de
liens sociaux par la circulation de dons → nécessité du contre-don pour entretenir la relation sociale :
>< gimwali, contre don du cycle kula ne peut être présenté instantanément et c’est pas cette intervalle
de temps qu’une relation sociale pérenne se tisse entre les prestataires → interdiction de marchandage
sur les termes de l’échange, récepteur estime ce qu’il va rendre
• Vise à montrer aux économistes qu’il existe d’importants systèmes de commerce qui ne répondent pas
au principe de l’offre et la demande et qui sont régis par la générosité et non l’avarice → >< image
des sauvages de son époque présentant les colonisés comme fainéants et improductifs
• Remet en question la vision des économistes: économie des sociétés primitives incapables de produire
du surplus et donc sans échange → kula montre qu’elles produisent pour l’échange mais des échanges
qui ne nous sont pas familiers: reposent sur le principe du don et non du marché
→ Réfute universalité de l’homo oeconomicus guidé uniquement par la maximisation de son intérêt
personnel et remet en question l’existence du moralité économique universelle

c. Marcel Mauss et la triple obligation


1. Sur l’esprit de la chose et l’obligation de le rendre
• Cherche les formes élémentaires de nos sociétés dans l’organisation des sociétés “traditionnelles”
• Echanges qui constituent l’armature de ces sociétés ne se présentent pas sous forme de trocs comme
l’affirmaient les économistes qui considéraient le troc comme une figure pré-monétaire de l’échange
marchand → échanges se présentent plutôt sous forme de dons marqué par leur caractère
“apparemment libre et gratuit et cependant contraint et intéressé”
• Matériel ethnographiques épars dont la kula et le potlatch → sociabilité traditionnelle rythmée et
structurée par un va-et-vient de biens régis par “une série de droits et devoirs de consommer et de
rendre, de présenter et de recevoir”
• Conceptualise le don comme étant composé de la triple obligation de donner, recevoir et rendre
→ explique quelle est la force qui pousse les objets à retourner vers leur donataire
• Ethnographie des Maoris de Nouvelle-Zélande de Edson Best: concept de hau (esprit de la chose) =
concept fondamental en anthropo → Mauss justifie le devoir de rendre par la propension du hau qui
habite la chose à retourner vers son propriétaire: objet reste lié au détenteur original
• La chose reçue n’est pas inerte: même abandonnée par le donateur, elle est encore quelque chose de
lui → en droit maori, le lien de droit, lien par les choses et un lien d’âmes car la chose elle-même a de
l’âme: présenter quelque chose à quelqu’un, c’est présenter quelque chose de soi → il faut rendre à
autrui ce qui est parcelle de sa nature et substance
• Comparaison avec d’autre contextes ethnographiques: hau = principe explicatif général de la
réciprocité → fonde théorie du don

2. Le don des sociétés modernes


• Perspective teintée d’évolutionnisme: système de don = forme archaïque du contrat individuel →
échanges dans lesquelles hommes et biens sont indissociables = fondement de l’économie moderne et
la séparation entre les personnes et les choses : “société qui distingue droits réels et droits personnels,
45

les personnes et les choses, l’obligation/ la prestation non gratuite et le don → constitue la condition
d’une partie de notre système de propriété, d’aliénation et d’échange ≉ au droit que nous étudions”
• Dans sociétés traditionnelles: biens circulent par des prestations mêlant les dimensions généreuses et
intéressées → séparé dans nos sociétés: marchandises impersonnelles et intéressées et dons
personnels et désintéressés → néanmoins, il reste des activités économiques présidées par des
logiques semblables aux systèmes de don (obligation et liberté mêlés): tout n’est pas classé
exclusivement en terme d’achat et vente: les choses ont encore une valeur de sentiment en plus
• Message politique: appel à renouer avec la morale de la prestation sociale totale pour faire face aux
crises économiques et politiques → préconise sécurité sociale à la place de l’aumône = don humiliant
pour le donataire incapable de rendre

2. Auteurs classiques
a. Dons et marchandises: l’opposition systématisée par Gregory
• Etude économique comparée à partir d’ethnographies existantes sur la Papouasie Nouvelle-Guinée
• Nécessité de produire un cadre d’analyse qui permettre de faire une distinction entre les sociétés
capitalistes et les sociétés non capitalistes + élaborer un cadre théorique capable de rendre compte des
évolutions historiques: identifier l’impact de l’introduction de la monnaie étatique sur les réseaux de
dons traditionnels → multiplications des circuits kula parallèlement à la diffusion des marchandises
occidentales: marchandises introduites par les colons sont transformées en dons + temps libérés par
l’introduction de la hache en métal réduisant l’effort nécessaire au déboisage est injecté dans
l’économie cérémonielle + hommes recrutés pour travailler dans les plantations sont payés en nature
et transforment leur salaire en dons alimentant la kula → circuits de dons et marchandises sont
connectés et composent ensemble la société trobriandaise pourtant il oppose dons et marchandises:
s’inspire de l’analyse des marchandises de Marx et appréhende le don en inversant les termes de
marchandises marxistes:
• Relations d’échange marchand = relations objectives établies par l’échange d’objets aliénés entre des
acteurs indépendants. Relations d’échange de don = relations personnelles de rang établies par
l’échange d’objets inaliénables entre acteurs apparentés
• Relation sociale produite par la circulation matérielle = relation de dépendance ou d’indépendance →
échange marchand établit une relation d’équivalence entre les choses >< dons
→ Chaque type de transaction concoure à produire une formation sociale spécifique: dons contribuent à
reproduction d’une petite société structurée par des liens de parenté, société structurée par
l’appartenance clanique → relations sociales personnalisées et hiérarchisées entre les partenaires ><
marchandises participe à la reproduction de sociétés industrielles, sociétés structurée par appartenance
de classe → anonymat
→ Il suit la distinction de Mauss entre organisation sociale à don et à marchandise mais soutien que les
deux modes peuvent coexister → regrette que son propos ait été interprété comme une opposition

b. Possession inaliénable. L’apport de Weiner


1. Donner et garder
• îles Trobriand 50 ans après Malinowski → intérêt pour statut et rôle économique des femmes
• Etude de la kula: dons et contre dons ≉ entièreté de l’armature de la vie sociale → >< focalisation des
anthropologues sur le principe de réciprocité: importance de garder les biens pour assurer la
permanence de la société → terrain Mélanésie + données Maori, Melpas, Aborigènes
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• Biens qu’on donne et qu’on garde = propriétés précieuses qui assurent l’identité du groupe (les mêmes
que ceux qui circulent mais + beaux, rares et précieux) → pour qu’un réseau de dons perdure, certains objets
doivent être extraits des échanges : “dépôts symboliques de généalogies et d’événements historiques,
leur identité unique, subjective, leur donne une valeur absolue au delà de la possibilité d’échange”
• Possessions inaliénables (pour Mauss: biens donnés gardent lien avec propriétaire initial) de deux types:
1. “keeping-while-giving”: certains objets mis en circulation en tant que substituts d’autres objets
thésaurisés: permet de conserver possession inaliénables garants de l’identité du groupe tout en
instaurant alliances avec groupes voisins / 2. biens les plus précieux ne pouvant être mis en
circulation sous peine de dissoudre la communauté (→ conservés au sein du groupe)
→ Donner et garder = nécessaires au système d’échange → ainsi, société se compose et se reproduit

2. Possession inaliénable et configurations politiques


• Ces biens affirment les distinctions identitaires entre communautés et entre les individus → ces
différences ne sont pas neutres: jugements de valeurs → hommes sont hiérarchisés: personnes
autorisées à conserver les biens qui incarnent l’identité du groupe sont investies de pouvoir: chefs de
clans, hommes de prestige et d’autorité → “ces possessions symbolisent l’inaléniabilité du groupe et
la réputation croissante et l’immortalité potentielle d’un chef” (rapport au sacré légitime le pouvoir)
• Rôle des femmes et existence de biens féminins indispensables à la production et la légitimation du
pouvoir politique
• Dons assurent la dynamique sociale et constitution des alliances, biens gardés assurent transmission et
reproduction de la société

c. Kopytoff et la biographie sociale des biens

• Perspective dynamique sur conceptualisation des dons et marchandises: marchandisation et phases de


singularisation dans la vie sociale des choses → >< Mauss et Gregory (chaque société régie par une
modalité d’échange donnée), >< Mauss et Weiner (biens inaliénables ou aliénables par essence):
distinction entre don et marchandise = statique
• Propose d’examiner biographie des marchandises (comme pour personnes)→ esclaves: caractère poreux
de la frontière entre objets et sujets → frontière définie culturellement → valeur des esclaves comme
les objets oscille entre phases de marchandisation (échangeable → pouvoir être comparé à d’autres objets
“marchandise à une valeur d’usage, le moment de l’échange indique que la contrepartie a, dans le contexte
immédiat, une valeur équivalente”) et de singularisation (personnalisée, unique comme les objets de famille
ou les oeuvres d’art / choses qui ont trop peu de valeur pour être échangée comme des allumettes)
• Marchandisation = processus complexe impliquant des dimensions de singularité → moment de
l’échange = seul moment où qualité de marchandise est hors de question → objet peut toujours
basculer d’un statut à l’autre
• Biographie doudou: marchandise choisie au magasin puis transformée en cadeau typique pour la
naissance d’un enfant → seules certaines peluches sont appropriées comme doudou et vont être
investies d’un surcroit d’affects et devenir personnalisées et uniques → avec le temps, ils se
détériorent ce qui les rend d’autant plus précieux aux yeux du propriétaire, pourtant ils ne pourront
plus retourner sur le marché >< autres peluches qui maintiendront une intégrité matérielle et pourront
redevenir des marchandises mises en vente lors d’une brocante ou circuler sous forme de dons (→
organisme de charité)
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3. Auteurs contemporains
a. Dons et marchandises dans le péricapitalisme: étude d’un précieux champignon par Tsing

• Pour saisir l’expression empirique du capitalisme: filière transnationale de distribution d’un des
champignons le plus cher au monde: le matsutake → valeur > valeur attribuée par l’usage alimentaire
car apprécié par les Japonais comme don prestigieux capable de forger des relations interpersonnelles
• “fièvre du matsutake” motive les cueilleurs en Amérique du Nord: à la saison, des camps de cueilleurs
s’installent dans la forêt d’Oregon (citoyens américains descendants de groupes ethniques d’Asie du Sud) → liens
entre cette pratiques économique et l’histoire de ces migrants
• >< capitalisme industriel: pas de salaire pour leurs efforts, champignons débusqués sont des trophées
= indices de liberté éprouvée par ces migrants privés des promesses du rêve américain
• Récits des ≉ ethnies → polysémie de la liberté mise en acte par la cueillette et la vente du matsusake:
arpenter la forêt et dormir sous tente → liberté des grands espaces dont ils sont privés dans leurs foyers urbains,
exploration forestière rappelle les expéditions guerrières dans leur pays natal avant d’être des réfugiés politiques
→ Activités quotidiennes (expériences culinaires, musicales, linguistiques, écologiques) donnent aux occupants un
goût de leur vie en terres d’Asie du Sud-Est
• Capitalisme se nourrit de valeurs produites dans des sphères hors de son contrôle: valeur très élevée
de cette marchandise s’instaure par des pratiques cérémonielles en amont et en aval de son existence
marchande → dans la forêt: don reçu comme trophée de liberté, pour les consommateurs japonais:
don prestigieux faisant honneur aux invités lors des rites de la vie (naissance, mariage,…) ou en
remerciement de prestations admirables (artistiques, scientifiques,…)
• Importance des pratiques de tris pour dégager des objets de leur dimensions singulières et construire
leur statut de marchandise : “mécanisme de purification des marchandises dans le capitalisme
contemporain → introduction du travail d’évaluation, de sélection” → pour être injecté sur la marché
international où il se voit attribuer une valeur accrue:
• Premier tri dans le camp d’Oregon par les cueilleurs puis les acheteurs intermédiaires, avant d’être
chargés dans les avions: matsutake triés par des salariés saisonniers (peu compétents: connaissance du
matsutake incomparable aux cueilleurs et intermédiaires) → objet de ce tri tient à standardiser les spécimens
selon leur calibre afin de les dégager du caractère singulier attribué en tant que trophée de liberté
• Après avoir été vendus comme marchandises, ils sont personnalisés à nouveau: arrivés au Japon, ils
sont de nouveau triés et acheminés dans des circuits d’échanges personnalisés par lesquels les plus
beaux spécimens rencontrent leurs consommateurs fortunés → dons et marchandises = attributs
construits dans le creuset d’interactions sociales: pratiques de chasse, triage, consommation cérémonielle
→ Valeur capitaliste crée en puisant et transformant des relations sociales non capitalistes: ces dernières
peuvent être extraites des choses rendant possible la création de valeur marchande capitaliste
• Examine modes de survie collaborative impliquant des assemblages interespèces → fonctionnement
du capitalisme ne repose pas seulement sur l’exploitation du travail ouvrier industriel décrit par Marx:
dépend d’autres sphères d’échange et de production non-régulées juridiquement qui lui sont exogènes
et endogènes = péricapitalisme

b. Troc et régénération sociale par Angé


1. Introduction du troc comme objet ethnographique
• Textes classiques en anthropologie économique postulent une polarisation entre dons et échanges
marchands → troc = déclinaison non monétaire des échanges marchands: cette vision décline d’une
appréhension du troc comme dissocié des réseaux sociaux (>< dons réciproques)
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• Posture défendue par Marx, Malinowski et Mauss: triple obligation de donner, recevoir et rendre comme
règle primordiale des sociétés archaïques → dons assurent circulation des biens et services ET tissent alliances
sociales entre les prestataires qui représentent des collectifs >< troc: figure d’échange asociale
→ Gregory: “échange de marchandises par troc présuppose que les partenaires sont étrangers, inconnus”
• 80’: troc tend à s’instaurer dans le cadre de relations sociales pérennes → Caroline Humphrey et
Stephen Hugh-Jones: troc partage avec les dons réciproques plus de similarités que celles reconnues,
ces transactions s’inscrivent souvent dans des relations sociales de longue durée: selon le contexte il
oscille entre les 2 formes mais mérite d’être traité comme un mode d’échange à part entière
→ Dans cette optique: troc = catégorie floue, impossible à définir → risque d’en faire une catégorie
extensive pouvant inclure une variété de prestations selon le contexte ethnographique (liens entre troc
international ou post-communiste et échanges directs entre producteurs agricoles?) → Humphrey et Hugh-Jones:
éviction de l’argent comme moyen d’échange + objets échangés ont une valeur directe pour les
nouveaux acquéreurs “troc déterminé par l’intérêt que chaque partie manifeste pour l’objet de l’autre”
• Prof: particularité sous-estimée: trocs continuent d’être associés à l’aspect non monétaire de la
transaction sans égard à l’échelle alternative par laquelle les biens sont évalués → ethnographie du
cambio (= échange en espagnol: figure de troc dans les Andes argentines): importance du caractère
non monétaire mais aspect fondamental = système de mesure comparant deux biens à partir d’un
équilibre interne reconnu par les partenaires (intérêt mutuel pour les biens respectifs) et avec une référence
mineure à toute échelle de mesure externe (au lieu des prix monétaires fixés par le marché)

2. Ethnographie du cambio dans les Andes argentines


• Foires des Andes argentines, enchâssées dans des cérémonies religieuses: 100 à plusieurs milliers de
participants (selon la dévotion envers la figure spirituelle célébrée par la fiesta) → chaque spécialité économique
se concentre dans un secteur spécifique: ces spécialités représentent une zone géographique (→ activité
productive privilégiée selon la position des terres sur le flanc de ces montagnes): cultivateurs des vallées (maïs, fruits,
plantes aromatiques, fleurs), pasteurs (éleveurs) des plaines d’altitude (viandes fraîches ou déshydratée de mouton
et lama, fromage et laine) → pendant la foire: les denrées mises en circulation témoignent l’appartenance
du producteur à l’une de ces deux entités qui s’opposent et se complètent symboliquement dans
l’économie andine (ces produits agricoles circulent en sens inverse)
• Taux d’échange fixe existe: régime de valeur qualifié de medidas los abuelos (mesures des anciens)
car équivalence transmises depuis les ancêtres qui s’entretenaient avec la Pachamama (terre-mère)
→ principes du cambio: un mouton abierto (ouvert) vaut deux paniers de raisin, une casserole d’argile est égale à son
contenu en céréales,… → ces équivalences servent de point de référence pour engager le marchandage:
qualité de denrées, abondance de la récolte, nature de la relation sociale qui unit les partenaires, situation économiques
personnelles,… = paramètres pris en compte pour la négociation
→ Trame sociale du cambio signifiée par la circulation matérielle: pour favoriser la pérennité de la
relation, les termes de l’échange doivent se définir sans mesquinerie
→ Certains partenaires s’offrent des présents pour marquer la générosité du donateur et le poids de la
relation liée au donataire, de manière à mettre l’honneur sur une relation chérie ou célébrer des
retrouvailles: ces transactions privilégiées restent exceptionnelles, la plupart des échanges se font
avec le premier venu
• Les protagonistes reconnaissent leur appartenance à une communauté fondée sur une parenté
périodiquement soulignée: dames inconnues qui en présentant leur nom, déduisent l’existence d’une
généalogie partagée “ici nous sommes presque tous parents” → en plus d’affirmer une descendance
commune depuis les ancêtres qui ont établies des équivalences d’échanges, les partenaires du cambio
construisent leur parenté en s’alimentant mutuellement: par les cambio, ils remplissent leur garde
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manger de nourriture produite par leurs homologues d’autres étages écologiques → ils disposent
d’aliments semblables pour composer leur menus quotidiens et festifs
• Les habitudes alimentaires façonnent les identités → alimentation commune produit des corps et des
personnes semblables: ingestion quotidienne d’ingrédient identiques est considérée comme instance
de création de parenté
→ Importance de ne pas réduire troc à une absence monétaire: fondamental de focaliser l’observation
ethnographique sur le régime de valeurs alternatif = piste privilégiée pour saisir l’opérativité sociale
de cette modalité d’échange → bien que approche culturelle de Humphrey et Hugh-Jones est
largement acceptée, idée que troc s’accompagne d’une cohésion sociale faible prévaut toujours dans
la littérature actuelle → faille anthropologique à rendre compte des relations qui lient les partenaires
de troc et les mécanismes par lesquels les trocs participent à la constitution de groupes sociaux et à la
définition des identités culturelles → ethnographie cambio: importance du troc dans la composition
des collectivités, rôle généralement reconnu au don dans l’histoire de la discipline

Conclusion
• Parenté lignagère comme alternative à la parenté biogénétique, croyance >< raison scientifique,
ethnie >< état, système de dons >< échanges marchands → contraste entre principes d’organisation
typique des sociétés “traditionnelles” et occidentale industrialisée mitigées par les enquêtes
ultérieures (marchandises capitalistes peuvent être crées à partir de biens inaliénables, introduction monnaie a
exacerbé le réseau de dons kula, sociétés anarchistes entretenant des relations de symbiose avec l’état,…)
• Distinctions entre ces champs avérées fructueuse d’un point de vue heuristique mais ne
correspondent pas à la manière dont la vie sociale se déploie en pratique (lignages organisent des
relations de parenté et des rapports de pouvoir, kula est une entreprise économique qui instaure aussi des
alliances et des hiérarchies politiques, montagnes andines incarnent des ancêtres en étant des acteurs politiques)
• Certains anthropologues estiment que les catégories devraient être revues au profit de notions
inspirées des dialogues ethnographiques (Schneider: remise en question de l’usage de la notion de parenté
pour décrire la structuration des liens sociaux dans d’autres cultures, politique → cosmopolitique)
• Thèmes de recherches plus spécifiques se sont multipliés à l’interface de ces champs fondamentaux
(anthropologie médicale, environnementale, de l’alimentation, de l’éthique, des émotions)

IV. Ethnopsychologie des émotions


Point 3.a. fait écho au 1er chapitre dans lequel est présenté le terme de version de Despret pour rendre
compte de l’exercice de traduction anthropologique et de son potentiel constructiviste → le dernier point
montre ce qu’il est possible d’apprendre et de construire par la mise en traduction de multiples versions
des émotions, y compris notre version héritière de la philosophie occidentale

Chapitre 13: Etudes des émotions par les anthropologues

1. Auteurs fondateurs
a. Durkheim: l’effervescence comme essence de la société

• Emotions ne sont pas des faits strictement psychologiques ou biologiques → aussi des faits sociaux
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• Descriptions ethnographiques existantes: montre de quelle manière les émotions sont exprimées
collectivement → ex Aborigènes d’Australie: dimension collective des émotions dans les actes de
deuil + cérémonie religieuse génèrent une effervescence émotionnelle = essence de l’expérience de la
collectivité, fondement de toute société
→ La rencontre des membres d’une société dans une performance partagée suscite un état d’être hors du
commun auprès des participants dont la conscience et les pratiques se trouvent altérées: ils perçoivent
ainsi l’existence de cette entité abstraite qu’est la société → êtres symbolisant la collectivité auxquels
ils rendent cultes pour lui donner une dimension tangible (totems, dieux et déesses)
→ En renouvelant périodiquement les rites religieux et en produisant l’effervescence sociale qui en
résulte, c’est la cohésion sociales que les participants cherchent à entretenir → rôle crucial des
émotions dans la composition de la vie en société pour les sociétés de petites et grandes tailles
(diversité des émotions se multiplie)

b. Benedict: les émotions dans les modèles culturels


1. Repères biographiques (20ème s)
• Disciple de Boas (école culturaliste) → associe approche de Boas avec un grand intérêt pour la
psychologie: développe le courant “culture et personnalité” → cherche à comprendre de quelle
manière la culture façonne les attitudes et tempéraments des individus: intérêt des processus sociaux
par lesquels les traits culturels sont appris et transmis
• Membres de toute culture sont encouragés à contrôler leurs émotions de manière spécifique selon les
idéaux collectivement établis: pratiques et comportements actualisant ces valeurs sont encouragés et
félicités par les membres de la collectivité (et inversement) → ainsi, valeurs d’une société façonne les
buts et projets des individus: ces traits psychologiques partagés organisent/ rendent possible la vie
collective et assurent la cohésion culturelle du groupe social → la forme que prennent ces actes, on
ne peut la comprendre qu’en comprenant les mobiles sentimentaux et intellectuels de cette société
• Groupe culturel envisagé comme un ensemble d’individus partageant une psyche commune → étude
culture consiste à saisir le système de valeurs (champ moral) et l’orientation psychologique qui en
découle → selon que cette manière de voir exerce une pression ± forte, les détails hétérogènes de la
manière de vivre revêtent une forme ± adaptée à celle-ci

2. Les modèles de culture


• But: mettre en lumière des modèles émotionnels qui distingueraient les groupes sociaux: culture
oriente les individus vers un type de psychologie fondamentale à travers un processus de socialisation
• Elle compare les tempéraments des membres de deux sociétés et dégage deux systèmes de valeurs
qui les caractérisent respectivement → construit deux idéaux types de configuration culturelles
• Zuñis au Nouveau-Mexique (son terrain): apolloniens incarnant la mesure et le respect (Apollon, fils de
Zeus, dieu des arts, du chant, de la poésie, de la beauté, de la lumière: loué pour être rationnel, prudent et ordonné, faisant
preuve de logique et de pureté) → les Zuñi incarnent cet idéal: conformistes, respectueux, harmonieux,
sobres et pacifistes, comportements marqués par modération et dignité: les dieux sont pacifistes, les
conflits ne sont pas mis en exergue, la sexualité n’est pas mise en scène
• Kwakiutl (Boas): dionysiaques laissant libre cours à leur passions égoïstes (Dyonisos, dieu du vin et de la
danse, fait preuve d’irrationalité et laisse libre cours à son instinct et ses émotions produisant le chaos) → Kwakiult
épris par leurs passions, ostentation, excès, violent, en constante compétition, avides de prestige
• Diversité culturelle des tempéraments et modes d’expression des sentiments: cette théorie reconnaît
une série finie d’émotions humaines → distinctions culturelles tiennent à la manière dont les normes
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sociales circonscrivent l’expression de ces effusions biopsychologiques, notamment à travers le


processus de socialisation

c. Mead: éducation et processus d’enculturation


1. Repères biographiques
• Culturaliste (disciple de Benedict): intérêt pour les différences entre cultures en tant que sensibilité
esthétique, perception morale et ton émotionnel → manière dont les modèles psychiques collectifs
sont transmis de génération en génération
• Recherche en Polynésie + Papouasie Nouvelle Guinée puis Bali en Indonésie (avec Bateson)
• Chaque culture induit des styles de comportements en façonnant les personnalités individuelles →
examine pratiques concrètes et méthodes pédagogiques de transmission: attention aux enfants et la
manière dont les parents orientent les comportements → introduit “enculturation” (→ processus de
transmission transgénérationnel du schème culturel)

2. Construction culturelle des tournments adolescents


• iles Samoa (Polynésie): désinvolture des jeunes filles → >< théorie biologiques prévalant aux U.S.
faisant des souffrances adolescentes un fait universel : associe légèreté de la jeunesse à une posture
sexuelle libérée et aux relations affectueuses et non autoritaires entre parents en enfants → critique
moralité sexuelle stricte et puritaine américain
• Critiques de Mead: terrain de 4 mois sans parler la langue (→ seulement quelques entretiens avec des
filles maitrisant l’anglais): elle ne se serait pas rendue compte que les filles parlaient de leur sexualité
en rigolant parce que c’était un sujet tabou et embarrassant → son travail a surtout parler à des
hommes (→ occasion de mettre virilité en exergue: filles friandes de jeux sexuels)
→ Freeman (spécialiste de Samoa): norme de rigueur de virginité avant le mariage, de pureté, de fidélité
que Mead n’a pas perçu

3. Culture et personnalité en Mélanésie


• Papouasie Nouvelle Guinée: trois cultures géographiquement proches → ≉ de tempéraments entre
hommes et femmes non déterminées biologiquement: façonnées par la culture
• Arapesh: culture pacifique: hommes et femmes affectueux, société non conflictuelle
• Mundugumors: culture violente, guerrière pour H et F: société conflictuelle, tendresse non exprimée
• Chambuli: passivité des hommes raleurs, moins capables et plus émotifs >< femmes entrepreneuses
et solitaires qui maitrisent les choix matrimoniaux, partenaire dominant à la tête froide
→ Caractère arbitraire et culturel des attributs H/F (>< déterminisme biologique)

2. Déploiement du champ de recherche


a. Approche culturaliste de la colère par Briggs
1. Repères biographiques
• 17 mois dans une famille inuit de la communauté Utkuhikhalingmiut sur la côte arctique au Canada
→ attention sur l’expression des sentiments = étude pionnière: plutôt que construire des théories
générales et des modèles abstraits, elle examine des expériences vécues, des émotions et des
appréciations personnelles → examen des interactions entre les membres de sa famille d’accueil
incluant sa position dans la configuration émotionnelle familiale: étudie les expériences
émotionnelles dans une société qui réprouve ces manifestations en scrutant la posture de ses hôtes
face à ses actions
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• Catalyseur de son intérêt pour le façonnement culturel des émotions: sa colère (réaction
émotionnelle) à l’encontre d’un étranger ayant détruit un canoé réprouvée par ses hôtes

2. Ethnographie de la colère dans une société eskimo


• Terminologie émotionnelle utku, systèmes de sanctions informelles en cas d’expression affective non
appropriée, techniques de transmission des normes émotives en observant comportement maman
avec ses enfants → socialisation des émotions commence à 3 ans (colères des enfants ignorées / réprimées si
elles perdurent)
• Reconstruit modèle émotionnel utku en dévoilant les liens entre émotions et un ensemble de
significations et d’institutions culturelles dont pouvoir, parenté, religion → société contre la colère et
les irruptions émotionnelles (tenus de faire preuve de retenue, afficher un sourire constant,…):
exigence >< instabilité émotionnelle des membres de la société nord-américaine + compare cette
attitude avec la théorie psychanalytique qui enjoint à exprimer ses émotions
• Contraste entre ses expériences émotives et celles des autres → techniques narratives: permet une
identification empathique par le lecteur (pour qu’il puisse expérimenter le contraste entre ses sentiments et ceux
des Utku) = techniques alors non conventionnelles (récits personnalisés): elle raconte des épisodes
interactionnels auxquels elles participent (ex: filles de 6ans qui voulait être bordée comme sa petite soeur: explique
frustration, réaction maman et pleur de la fille pendant son sommeil) → enquête centrée sur un nombre limité de
personnage incluant l’ethnographe → travail déclassé comme rapport de terrain + mauvais accueil
auprès de la communauté scientifique (perspective psychobio prévaut jusque ’70: émotions naturelles, universelles,
irrationnelles): première à remettre en question le caractère universel des émotions et démontrer leur
caractère culturel

b. Lila Abu-Lughod: politique des émotions


1. Repères biographiques
Communauté de Bédouin Awlad ‘Ali en Egypte: intégrée comme fille adoptive par son père dans une
maisonnée polygame: chef est un homme riche et charismatique tenant un rôle important dans la politique
tribale → accède à l’intimité de la famille où elle est reconnue comme personne morale + position
spécifique avec restrictions au déploiement de son enquête (ne peut s’adresser aux membres d’autres groupes, se
déplacer seule au-delà du village, entre dans communauté féminine (échanges informels et spontanés) et perd accès à sociabilité
masculine (pudeur et formalité))

2. Ethnographie de l’honneur dans une société Bédouin


• Etude configuration des relations interpersonnelles entre H et F puis relation entre sentiments et
expériences et les deux discours contradictoires qui les façonnent: poésie d’amour et de vulnérabilité
>< idéologie d’honneur dans les conversations ordinaires et comportements quotidiens
• Décrit vie sociale du camp, organisation des liens de parenté, valeurs qui sous-tendent l’organisation
sociale et politique → morale et sociabilité s’organisent autour de l’honneur: différentes pratiques
correspondent à différents statuts sociaux qui permettent d’atteindre cet idéal (H prospères: honneur
s’acquiert en faisant preuve d’indépendance matérielle et affective / H précaires et F reconnues comme dépendantes de la
protection des H: honneur s’acquiert en faisant preuve de déférence)
• Décrit système de parenté et montre comment il soutient la cohésion de clans patrilinéaires: alliances
matrimoniales reproduisent lignées claniques patrilatérales qui sous-tendent l’autorité patriarcale
→ Sentiments amoureux = menace pour organisation de ces mariages et la reproduction de l’ordre social
fondé sur l’autorité de l’homme : attachement amoureux ne doivent pas s’exprimer dans les
interactions quotidiennes (désintérêt entre mari et femme en public → femme l’appelle celui-là / le vieil homme)
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• Dans interactions domestiques et discours publics, gens chantent et ponctuent leurs discussions de
vers → interlocuteurs prêtent attention à ces poèmes = discours de sentiments → bien que ces vers
soient conventionnels, ils sont perçus comme relatant des expériences personnelles d’émotions
intenses: “différence radicale entre les sentiments qui y sont exprimés (discours de vulnérabilité, sentiments
de tristesse, d’apitoiement, de trahison, d’attachement et sentiments profonds) et ceux exprimés à propos de la
même situation dans les interactions sociales ordinaires (discours d’amertume, hostilité, colère, d’indifférence
et de déni pour amour perdu)
• En remettant en question les idéaux dominants dans les interactions quotidiennes → poèmes =
engagement micropolitique des émotions → permettent d’exprimer sentiment réprouvés dans
l’idéologie d’honneur → expression émotion = lieu d’une négociation des valeurs mises en avant par
la collectivité : individus ne se conforment pas systématiquement aux idéaux valorisés dans leur
société (→ poésie = média par lequel ce non conformisme est rendu socialement acceptable)

3. Travaux contemporains : Despret: mise en dialogue de multiples versions des émotions


1. La version psychobiologique des émotions
• Emotions ne sont pas plus biologiques ou physiologiques que la pensée ou la conscience → veut
comprendre comment notre culture en est venue à cristalliser cette association des émotions avec les
expressions corporelles, le domaine du naturel, du spontané, de l’universel et de l’irrationnel
• Fondement = philo de Platon: construction concept de passion, >< raison et menaçant l’ordre social
→ dénonce le caractère irrationnel des passions qui s’imposerait entre la perception individuelle et la
réalité empirique: chacun perçoit la réalité sous le prisme de ses émotions → connaissance objective
tient à la capacité du philosophe à s’extraire de la réalité pour l’observer de l’extérieur
• ’70: débat sur dimension somatique, naturelle et primitive des émotions → émotions sont aussi des
jugements et constructions cognitives → cette nouvelle approche considère encore les émotions
comme des réactions à un contexte externe (aux structures sociales)
• Montre comment cette conception fut mise en pratique dans les laboratoires de psycho expérimentale
la confirmant: solitude à laquelle les sujets sont soumis confirme le caractère naturel et intime des
émotions → confirme idée de l’émotion comme fait individuel et physiologique: émotion comme
réaction déterminée à un événement externe
→ En interprétant l’émotion comme réaction (= fait social simple) et en considérant les acteurs comme
sujets, le laboratoire crée de l’émotion mais elle nous apprend peu de ce qu’est être ému dans le
monde et le monde des autres

2. Multiplication des versions par la démarche ethnographique


• Limites de la psycho expérimentale → complexité de notre expérience émotionnelle
• Ethnopsychologie apporte un éclairage original permettant de déconstruire nos postulats pour créer
de nouvelles conceptions et expériences émotionnelles → Rom Harré et Paul Secord: identification
de la personnes biologique et sociale tenue pour acquise dans la science occidentale et en fait
culturellement construite → association d’un corps bio à une seule identité sociale est un postulat
dans la constitution des dispositifs de laboratoire non vérifiable empiriquement: étude de la
sociabilité japonaise: acteurs opèrent une sélection parmi différents sois sociaux possibles en fonction
de la situation (accorde tempérament au rôle social dans une configuration sociale spécifique)
→ Multiplicité des “sois” pathologique pour les psy occidentaux mais signe d’une maitrise sociale pour
les Japonais
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• Arthur Kleinman: démarche ethnographique médico-centriste: exaspéré par la soi-disant incapacité


de patients chinois à identifier et verbaliser les raisons de leur dépression → compare aux Américains
à même d’avancer des causes et interprétations de leur mal-être : incapable de saisir les contenus de
la tradition émotionnelle chinoise, il ambitionne de leur apprendre à saisir les rouages de leur
dépression → il envisage l’ethnopsycho comme une intervention clinique fondée sur la pédagogie
→ Appliquer une lecture psychobio pour explorer les expériences émotionnelles dans d’autres contextes
culturels (ethnocentrisme) nous prive d’enrichir nos versions et appauvrit le savoir des autres =
notoire dans recherche psychanalytique où il est courant d’aller chercher dans d’autres sociétés des
preuves confortant nos modèles théoriques plutôt qu’ouvrir des champs possibles par l’exercice
d’une traduction interculturelle
• Ethnopsy qui se sont engagés dans un travail de traduction ont révélé le caractère transformateur des
émotions → Briggs, Abu-Lughod, Lutz: effets des émotions de résistance et de négociation politique
→ Caractère indéterminé des émotions: loin de se présenter comme réaction prévisible face à un
contexte social, les émotions contribuent à la création de ce contexte et des acteurs qui y prennent
part: nous fabriquons les émotions et les émotions nous fabriquent → “manière par laquelle nous
négocions notre rapport à nous-même, au monde et aux autres”
• Enquête sur pratique de laboratoire s’inscrit dans son souci de l’impact des savoirs scientifiques sur
les acteurs concernés par ces discours → conceptualisation occidentale populaire demeure imprégnée
de la perspective universaliste et naturaliste des émotions → elle appelle une étude constructiviste
héritière de notre tradition philo (marquée par Platon) tout en accueillant d’autres versions

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