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Doc.1 : Le gender mainstreaming ou approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes
Le Conseil de l’Europe a un rôle primordial à jouer dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes dans
ses Etats membres, par exemple en définissant des principes et des normes communs pour la promotion de la pleine
participation des femmes et des hommes dans la société.
Les déséquilibres entre les femmes et les hommes continuent de marquer tous les domaines de la vie et il devient de plus
en plus clair qu’il faut de nouvelles approches, de nouvelles stratégies et de nouvelles méthodes pour arriver à l’égalité
entre les femmes et les hommes.
L’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes est l’une de ces stratégies.
Le Groupe de spécialistes du Conseil de l’Europe sur l’approche intégrée s’est mis d’accord sur la définition suivante :
L’approche intégrée consiste en la (ré)organisation, l’amélioration, l’évolution et l’évaluation des processus de prise de
décision, aux fins d’incorporer la perspective de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous
les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques.
L’approche intégrée de l’égalité ne peut se substituer aux politiques spécifiques visant à redresser les situations résultant
des inégalités entre les sexes. Les politiques traditionnelles en matière d’égalité entre les femmes et les hommes et
l’approche intégrée de l’égalité sont des stratégies doubles et complémentaires et doivent être menées de pair pour
parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Source : http://www.coe.int/t/dghl/standardsetting/equality/03themes/gender-mainstreaming/index_fr.asp
[Consulté le 14 janvier 2011]
Doc.2 : L’avis de la commission générale de terminologie et de néologie sur l’usage de mot « genre ».
Paru dans le Journal officiel, n°169, 22 juillet 2005
L’utilisation croissante du mot “genre” dans les médias et même les documents administratifs, lorsqu’il est question de
l’égalité entre les hommes et les femmes, appelle une mise au point sur le plan terminologique.
On constate en effet, notamment dans les ouvrages et articles de sociologie, un usage abusif du mot “genre”, emprunté à
l’anglais “gender”, utilisé notamment en composition dans des expressions telles “gender awareness, gender bias, gender
disparities, gender studies...,” toutes notions relatives à l’analyse des comportements sexistes et à la promotion du droit
des femmes. Le sens en est très large, et selon l’UNESCO, “se réfère aux différences et aux relations sociales entre les
hommes et les femmes” et “comprend toujours la dynamique de l’appartenance ethnique et de la classe sociale”. Il semble
délicat de vouloir englober en un seul terme des notions aussi vastes.
En anglais, l’emploi de “gender” dans ces expressions constitue un néologisme et correspond à une extension de sens du
mot qui signifie “genre grammatical”. De plus, ce terme est souvent employé pour désigner exclusivement les femmes ou
fait référence à une distinction selon le seul sexe biologique.
Or, en français, le mot sexe et ses dérivés sexiste et sexuel s’avèrent parfaitement adaptés dans la plupart des cas pour
exprimer la différence entre hommes et femmes, y compris dans sa dimension culturelle, avec les implications
économiques, sociales et politiques que cela suppose.
La substitution de “genre” à sexe ne répond donc pas à un besoin linguistique et l’extension de sens du mot “genre” ne se
justifie pas en français. Dans cette acception particulière, des expressions utilisant les mots “genre” et a fortiori l’adjectif
“genré”, ou encore le terme “sexospécificité”, sont à déconseiller.
Toutefois, pour rendre la construction adjective du mot “gender”, fréquente en anglais, on pourra préférer, suivant le
contexte, des locutions telles que hommes et femmes, masculin et féminin ; ainsi on traduira “gender equality” par égalité
entre hommes et femmes, ou encore égalité entre les sexes. »
La Commission générale de terminologie et de néologie recommande, plutôt que de retenir une formulation unique,
souvent peu intelligible, d’apporter des solutions au cas par cas, en privilégiant la clarté et la précision et en faisant appel
aux ressources lexicales existantes.
Doc.4A : La candidature de Ségolène Royal incarne un « désir de mère » en gestation, par Roger Dadoun
(Le Monde, 20 avril 2007)
Un premier sondage d’opinions ayant envoyé inopinément sur le podium électoral – à la surprise de tous – une femme
candidate connue alors des seuls initiés socialistes, il y avait lieu de s’interroger sur les raisons, autres qu’anecdotiques
(Ségolène mère de quatre enfants, non mariée officiellement, revendiquant son autonomie face aux hommes-éléphants du
Parti socialiste, adoptant un ton uniformément apaisant qualifié de « compassionnel », etc.) ou médiatiques (un duel
femme-homme) de cette brusque montée en flèche.
Il m’est apparu que, facteurs individuels mis à part, Ségolène avait eu la chance de se trouver, au bon moment, en tant que
femme, à la croisée de deux courants très forts qui innervent et agitent les sociétés modernes : d’une part une exacerbation
des positions phallocentriques (patriarcales) avec les régimes aux mains de fanatiques religieux et l’impérialisme
financier (patronal) des sociétés démocratiques ; d’autre part les émotions et sentiments de détresse, amertume, rancœur,
démission, peur, qui composent, à des degrés variables, l’humeur dominante dans les masses du monde entier. Trop de
pères Fouettard, castrateurs et même massacreurs d’un côté, de l’autre déréliction et désespoir.
De quel côté se tourner, alors, sinon vers la « Mère » ? Un « désir de mère » anime, souterrainement, les mouvements
populaires. Un psychanalysme simpliste y verrait un repli régressif, analogue au cri « Maman ! » poussé par le juge que
poursuit l’amoureux et vorace gorille de Brassens.
On peut, au contraire, dans une perspective d’anthropologie psychanalytique attentive aux mécanismes politiques et
sociaux, considérer cette demande de mère comme le symptôme d’un tournant encore en gestation dans la culture, comme
la tentation et le rêve collectif diurne (utopique ?) d’une autre orientation de la civilisation, d’une autre « qualité de vie »,
selon une expression banalisée à laquelle il conviendrait de donner toute son intensité revendicatrice et son ressort
anthropologique. Colette Magny chantait hier : « Non, non, je ne veux pas d’une civilisation comme celle-là ! » Hormis
les profiteurs, tout le monde en serait donc là ?
L’irruption soudaine de ce « maternel » non régressif, d’amplitude anthropologique, dans une agitation électorale tout
encombrée de langues de bois, clichés, mensonges, bêtises, sornettes, phallaces et triomphalisme du n’importe quoi, peut
être valorisée, si l’on reconnaît sa dimension politique radicale, en tant que « putsch maternel ».
Ce dernier se dresse contre le système patriarcal et phallocentrique instauré par ce que l’anthropologie psychanalytique,
sur la base de matériaux convergents, a baptisé « putsch paternel » (Ernest Porneman, Le Patriarcat, PUF, 1979).
« PUTSCH PATERNEL »
Au cours d’une période qui a pu s’étendre du paléolithique supérieur jusqu’à la « révolution néolithique », les mâles,
disposant des outils et armes (phalliques) adéquats et d’une connaissance plus élaborée du monde extérieur hostile
prennent le pouvoir à l’intérieur du groupe, aux dépens des femmes, soumises, elles, à diverses contraintes biologiques et
tournées vers la procréation et la sauvegarde des enfants.
S’installe ainsi, pour des millénaires, attesté par des textes, mythes, modalités matrilinéaires, pratiques et événements, le
système appelé « patriarcat », que la frappe psychanalytique et féministe dénonce comme « phallocratique » ou
« phallocentrique ». Il est toujours debout, ce mâle et érectile veau d’or, en dépit d’incontestables avancées féminines, et
il connaît même, dans maintes sociétés actuelles, de délirants et furieux avatars.
En forçant quelque peu dans le sens de cette vision « maternelle » de l’évolution sociale, on en vient à penser que le
« putsch paternel » lui-même a pu être précédé d’un putsch maternel véritablement et organiquement originaire : les
femmes auraient pris conscience, en tant que mères, de leur pouvoir procréateur, de leur formidable aptitude à donner la
vie, et de la nécessité proprement vitale de transformer compétence et assujettissement biologiques en pouvoir social afin
d’assumer leur fonction - fonction d’humanisation, visant à rendre l’humanité pleinement humaine (il ne s’agit rien de
moins que de poser les fondements pour des relations d’amour et d’égalité entre les sujets).
Des échos ou vestiges de ce temps « maternel » inaugural se retrouvent dans les cultes et mythes de la Terre-Mère, les
théories évoquant un « matriarcat » à la Bachofen, les diverses représentations de la féminité qu’analyse l’anthropologue
Marija Gimbutas dans Le Langage de la déesse (éd. Des Femmes, 2006).
Qu’à l’occasion du trivial pourcentage d’un sondage d’opinion fait de bric et de broc pour évaluer l’encéphalogramme
plat ou comateux d’une élection présidentielle en état de liquéfaction dans son propre verbiage, une étape cruciale de
l’évolution de l’humanité, qui doit remonter à plus de six mille ans, puisse trouver quelque écho dans un hypothétique
retour maternel capable de servir de recours face aux écrasants défis de notre temps, voilà qui ne manque pas d’une rare
saveur, et qui a au moins l’avantage d’introduire une lueur d’espoir, rationnel, dans l’obscurantisme effarant d’une
époque dopée aux « progrès ».
Source : http://doc.sciencespo-lyon.fr/Ressources/Bases/DP/resultatDP.html?date[deb]=2007-04-20&date[fin]=2007-04-
20&orderby=auteur+ASC&limit=50&position=0&webp=recherche&suite=1 [Consulté le 14 janvier 2011]
Doc.7 : Danièle Kergoat et les « Rapports sociaux de sexe » in Dictionnaire critique du féminisme, Paris,
PUF, 2000, p.40.
Le rapport social est, au départ, une tension qui traverse le champ social. Ce n’est donc pas quelque chose de réifiable.
Cette tension érige certains phénomènes sociaux en enjeux autour desquels se constituent des groupes aux intérêts
antagoniques. En l’occurrence, il s’agit ici du groupe social hommes et du groupe social femmes – lesquels ne sont en
rien confondables avec la bicatégorisation biologisante mâles/femelles.
Ces groupes sont donc en tension permanente autour d’un enjeu, ici le travail et ses divisions. C’est pourquoi l’on peut
avancer les propositions suivantes : rapports sociaux de sexe et division sexuelle du travail sont deux termes
indissociables et qui forment épistémologiquement système ; la division sexuelle du travail a le statut d’enjeu des rapports
sociaux de sexe.
Ces derniers sont caractérisés par les dimensions suivantes :
- la relation entre les groupes ainsi définis est antagoniques ;
- les différences constatées entre les pratiques des hommes et des femmes sont des construits sociaux, et ne relèvent
pas d’une causalité biologique ;
- ce construit social a une base matérielle et pas seulement idéologique – en d’autres termes, le « changement des
mentalités » ne se fera jamais spontanément s’il reste déconnecté de la division du travail concrète –, on peut
donc en faire un approche historique et le périodiser ;
- ces rapports sociaux reposent d’abord et avant tout sur un rapport hiérarchique entre les sexes ; il s’agit là d’un
rapport de pouvoir, de domination.
Ce rapport social a, par ailleurs, des caractéristiques singulières : il se retrouve, on l’a vu, dans toutes les sociétés
connues ; de plus, il es structurant pour l’ensemble du champ social et transversal à la totalité de ce champ – ce qui n’est
pas le cas, loin d’en faut, de l’ensemble des rapports sociaux. On peut donc le considérer comme le paradigme des
rapports de domination.
Doc.8 : « Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme ». Paris, 6 août 1970.
Doc.9 : Karen Offen, « Le gender est-il une invention américaine ? », in Clio. Histoire, femmes et sociétés,
n°24, 2006, Variations. [URL : http://clio.revues.org/index4702.html]
La formulation éloquente de Simone de Beauvoir – « On ne naît pas femme, on le devient » – a inspiré nombre de
lectrices des deux côtés de l’Atlantique. L’idée que le sexe anatomique ne gouverne pas totalement l’existence et la
destinée des femmes mais qu’il est socialement construit par la culture fut une révélation pour beaucoup. L’épais livre de
Beauvoir (1949) fut partiellement traduit et publié en anglais par H. M. Parshley en 1952, mais il a fallu une vingtaine
d’années avant qu’une nouvelle génération de féministes dans le monde anglo-américain – notamment des intellectuelles
et des universitaires – ne commence à baptiser ce concept par le mot de gender.
La juxtaposition par la sociologue anglaise Ann Oakley de sex (mâle/femelle, en référence à la nature) et de gender
(masculin/féminin, en référence à la culture), si simple et facile à comprendre, fut rapidement adoptée dans le monde
anglophone, et depuis les années 1970, a voyagé bien au-delà de la pléthore d’écrits universitaires féministes en sciences
sociales et humaines. Il a pénétré le vocabulaire de la presse et des media, au point qu’il est parfois devenu de rigueur de
parler, de façon inexacte, des « deux genres » au lieu des « deux sexes ».
À l’exception de quelques-unes comme Christine Delphy ou Michèle Riot-Sarcey4, les universitaires françaises ont
longtemps résisté à l’usage du mot « genre », préférant parler de « masculin/féminin », de « différence sexuelle » ou de
« rapports sociaux de sexe ». Certaines ont argué que le concept de gender était une invention américaine, intraduisible
par le mot français « genre ». Pourtant, au-delà des distinctions grammaticales, il existe depuis longtemps – bien avant
Beauvoir, Oakley, et l’usage postmoderniste construit par Joan Scott et Judith Butler8 – un usage français du terme
« genre », qui spécifie dans le vocabulaire sociopolitique – notamment féministe – la construction sociale et culturelle des
sexes. […]