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SCIENCES • CORONAVIRUS ET PANDÉMIE DE COVID-19

« Il faut organiser le dépistage de masse par test PCR


pour maîtriser l’épidémie de Covid-19 »

TRIBUNE

collectif

La méthode actuelle de ciblage des cas contact ou des personnes symptomatiques n’est
pas efficace car elle ignore largement les asymptomatiques. Il faut mener des tests
groupés, demande un collectif de médecins dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 06h30, mis à jour à 08h52 | Lecture 4 min.

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Dépistage par la Croix-Rouge, à Montpellier, le 3 septembre. PASCAL GUYOT / AFP

Tribune. Alors que le SARS-CoV2 a causé la mort de plus de 30 000 personnes, le nombre de cas a
diminué pendant deux mois d’accalmie. Mais depuis la mi-juillet, il repart à la hausse et les
admissions en réanimation ont plus que doublé. Nous approuvons les mesures barrières (masques,
distanciation physique, lavage des mains), qui sont indiscutables. Par contre, le dépistage virologique
en vigueur – le test de toute personne symptomatique ou ayant été en contact rapproché avec une
personne testée positivement – ignore la dynamique de l’épidémie.
Quinze études (dont celle sur le cluster du porte-avions Charles-de-Gaulle au mois d’avril), portant sur
près de 41 000 tests, ont montré que 53 % des testés positifs ne présentaient pas de symptômes
cliniques : les porteurs asymptomatiques, qui ne se savent donc pas infectants, représentent environ
la moitié des cas. Le risque de transmission est maximum pendant dix jours, quatre jours avant les
symptômes et six jours à partir de leur apparition. La plupart des personnes contaminées ne sont pas
contagieuses longtemps, la détection doit donc être rapide.

Lire aussi | Tests du Covid-19 : des laboratoires saturés de demandes, la stratégie de


dépistage en péril

Les pays qui ont réservé les tests de dépistage du virus par RT-PCR aux personnes les plus
probablement atteintes ont dénombré beaucoup de morts. Au contraire, les tests PCR ont été menés
rapidement dans les provinces chinoises et l’épidémie a été contrôlée, en isolant très vite les porteurs
de virus. A Pékin, un confinement partiel et une pratique massive de tests (2,3 millions en dix jours) a
contrôlé une résurgence de l’épidémie. Il faut donc rechercher le virus par test RT-PCR en testant très
largement.

La circulation du virus incontrôlée

En France, le nombre quotidien de tests a atteint 100 000 le 18 août, mais pour appliquer en
métropole la même méthode qu’à Pékin, il faudrait tester plus de 650 000 personnes par jour
pendant dix jours. Or les moyens montrent leurs limites, ce qui conduit déjà à des délais
inappropriés : un cas clinique (contagieux depuis quatre jours) peut attendre deux jours un rendez-
vous et ses résultats deux à quatre jours supplémentaires. Ainsi, s’il est positif, il est isolé alors qu’il
n’est plus contagieux, ou en passe de ne plus l’être ! Le 19 août, le New York Times a proposé que les
assurances concernées remboursent mieux les tests virologiques si les résultats sont rendus en vingt-
quatre heures, moins bien s’ils sont rendus dans les quarante-huit heures et pas du tout au-delà car
ils sont alors inutiles. Nous partageons cette opinion.

En France, dans la semaine du 3 au 9 août, environ 4 cas identifiés sur 5 n’étaient pas un contact d’un
cas connu, ce qui signifie que seuls 20 % des cas dépistés le sont en traquant les contacts des cas
connus ! L’essentiel de la circulation du virus n’est donc pas contrôlé et la capacité de tester est
saturée ou proche de l’être. Pourtant continuer à se limiter aux personnes symptomatiques et à leurs
contacts serait une erreur. Il faut tester massivement la population sinon beaucoup de porteurs
asymptomatiques, source de la moitié des contaminations, échapperont à l’isolement.

Multiplier les lieux de prélèvement et le nombre de préleveurs n’est pas forcément la solution : les
réactifs biologiques ne sont pas toujours disponibles en quantité suffisante. Attendre de nouvelles
modalités de prélèvement, de nouveaux tests, n’est plus non plus envisageable. Il faut donc optimiser
les capacités de test PCR et les tests groupés [l’échantillon d’un groupe de personnes est mélangé avant
le test] sont la seule solution immédiatement applicable. C’est de la simple arithmétique. Pour 100
personnes, il faut actuellement réaliser 100 tests PCR. Avec les tests groupés, on peut diviser les 100
prélèvements en 5 groupes de 20 et n’utiliser qu’un test par groupe. Pour 80 personnes négatives par
exemple, on n’en aura utilisé que 4. Et si l’un d’entre eux s’avère positif, il suffit de tester les
échantillons individuels des 20 personnes du groupe concerné pour trouver celle qui est positive. A la
fin, 25 tests ont été réalisés au lieu de 100.

Etudier tous les cas identifiés

La semaine finissant le 24 août, on a atteint 750 000 tests par semaine. En groupant les tests, on
pourrait étudier 3 millions de personnes par semaine. Tester une bonne partie de toute la population
française deviendrait alors envisageable et l’on pourrait même enfin tester un échantillon
représentatif et répéter régulièrement cette opération. On peut aussi mesurer la quantité de virus
dans les eaux usées et remonter dans le réseau de distribution pour trouver la provenance du virus.
Une personne contagieuse dans un milieu fermé (famille, entreprise, établissements de santé ou
sociaux) donne un foyer repérable. Une personne contagieuse qui se déplace va contaminer des
personnes qui n’auront pas de liens apparents entre elles et ces contaminations n’apparaîtront pas
comme un foyer. Donc il faut étudier tous les cas identifiés, pas seulement les foyers. Il faut organiser
le dépistage de masse par test PCR pour trouver rapidement les personnes contagieuses et les isoler.
Si l’avis du conseil scientifique du 4 août indique que « l’avenir de l’épidémie à court terme est en
grande partie entre les mains des citoyens » (masques, distanciation physique, lavage des mains), nous
considérons que l’avenir de l’épidémie est surtout dans celles des autorités.

¶ Dr Bernard Basset, Médecin spécialiste en santé publique ; Pr Amine Benyamina, chef du


service de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif et président de la
Fédération française d’addictologie ; Pr Gérard Dubois, membre de l’Académie nationale de
médecine ; Pr Claude Got, professeur honoraire de médecine ; Catherine Hill, épidémiologiste et
biostatisticienne française ; Pr Albert Hirsch, pneumologue et administrateur national de la
Ligue contre le cancer.

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