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Les principales difficultés viennent du fait qu’il faut tenir compte des régions et des époques, des
avancées et des reculs, mais aussi des personnes en cause. Le cas de la « Charte d’Andelys » (1),
par laquelle Richard Cœur-de-Lion échangeait avec l’archevêque de Rouen la région de
Louviers contre celle des Andelys afin d’y construire le Château Gaillard, est à cet égard
révélateur : l’Archevêque de Rouen n’obtint expressément le droit de Haute justice à Louviers
que le jour où son successeur dut avoir recours à lui pour recevoir la consécration de l’Église.
De surcroît, les régions les plus anciennement romanisées furent moins touchées que d’autres :
on a longtemps distingué entre les pays de droit écrit (langue d’oc) et les pays de droit coutumier
(langue d’oïl). Dans un ouvrage récent (Introduction historique au droit), le professeur Carbasse
souligne à juste titre : « l’extrême complexité de l’histoire juridique de l’ancienne Europe ».
Enfin il ne faut pas voir dans les invasions germaniques, qui marquèrent la fin de l’Empire
romain, une succession d’irruptions violentes et dévastatrices, mais plutôt une installation parfois
sollicitée (contingents germaniques appelés à renforcer l’armée romaine) parfois acceptée bon
gré mal gré (faute de pouvoir être efficacement combattue).
Suivant une règle fondamentale de l’instruction judiciaire, si l’on veut examiner des faits
indivisibles en limitant le risque de les déformer, il convient de les étudier dans leur ensemble et
de les replacer dans leur contexte de temps et de lieu. C’est pourquoi nous commencerons par
évoquer la situation en Gaule à la veille de ces grandes invasions, puis les conséquences de
celles-ci.
I - LES LOIS
Les événements se déroulent en deux temps : d’abord la mise en place de lois concurrentes ;
ensuite un long cheminement vers la réalisation d’un Droit commun.