Principes d’acquisition en Imagerie

par Résonance Magnétique

Philippe Ciuciu (CEA/SHFJ)

ciuciu@shfj.cea.fr
http://www.madic.org/people/ciuciu

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 1

 Cours préparé à partir des supports de
Vincent Lebon (CEA/SHFJ)
Cyril Poupon (CEA/SHFJ)

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 Plan
• La Résonance Magnétique Nucléaire
Interaction magnétique nucléaire
Perturbation de l’aimantation et retour à
l’équilibre
Mesure du signal de RMN
• Principe de l’Imagerie RMN
Encodage de l’espace
Séquences d’IRM
Contraste

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 3

 Moment magnétique nucléaire
Le moment magnétique de spin J Mn = γ J est à l’origine de l’aimantation M0 = ΣMn

Qu’est ce qu’un spin?

« un petit aimant tournant sur lui-même »

C’est une notion quantique qui décrit une propriété fondamentale de la nature
comme la charge électrique ou la masse.

La RMN s’intéresse à tous les atomes dont le spin nucléaire est multiple de ½
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 Abondance Eléments Abondance dans
Éléments Symbole
biologique Utilisé en RMN le corps humain

Hydrogen (H) 0.63 1H 99.985

Hydrogen
Sodium (Na) 0.00041 2H 0.015
Phosphorus (P) 0.0024 Carbon 13C 1.11
Carbon (C) 0.094 14N 99.63
Nitrogen
Oxygen (O) 0.26 15N 0.37
Calcium (Ca) 0.0022 Sodium 23Na 100
Nitrogen (N) 0.015 Phosphorus 31P 100
Choix des protons des atomes Potassium 39K 93.1
d’hydrogène de l’eau pour l’imagerie
Calcium 43Ca 0.145

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 Un champ magnétique intense …
1ère étape: Utiliser un aimant très intense pour aligner l’aimantation à mesurer

Alignement des
moments magnétiques
suivant 2 directions:

µ
direction parallèle: orientation dans la

direction de B0
Bo
direction antiparallèle: orientation dans la
direction opposée à B0
Mouvement de précession ω=γB
µ Pour les protons 42.58 MHz/T
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique
parallel antiparallel 30/11/2005 6
 La Résonance Magnétique Nucléaire

Interaction magnétique nucléaire

Certains noyaux possèdent une «aimantation» intrinsèque (spin) qu’on peut se
représenter vectoriellement comme l’aiguille d’une boussole

En présence d’un champ magnétique B0, les aimantations s’orientent parallèlement

à B0, donnant naissance à une aimantation macroscopique M

B0 M

aimantations aimantation
nucléaires macroscopique

ESIEA - Cours IRM 30/11/2005 7

 Le proton : deux états d’énergie

Vue quantique des spins de protons

en présence d’un champ magnétique B0
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 8
 A l’échelle du voxel …

à température ambiante et à 1,5T

Environ 9,6 spins sont en excès dans la position parallèle par
million de protons

22
6x10 protons par ml de tissus
-> le nombre de spins contribuant au signal RMN à 1,5T est

9.6 x10-6 • 6 x 1022 = 5 x 1017 per ml of tissue

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Perturbation de l’aimantation et retour à l’équilibre
Perturbation
• Pour écarter M de l’équilibre, il faut appliquer une OEM à la fréquence de Larmor :
ν0 = γ/2π×
π×B
π× 0
où γ est le rapport gyromagnétique du noyau (constante physique caractéristique de
chaque noyau possédant un spin non nul).
⇒ fréquence de Larmor = fréquence de résonance du système

• Ordre de grandeur : pour le proton : ν0 ≈ 10 à 100 MHz

⇒ Onde excitatrice = onde radio-fréquence (RF)

M
B0 90°

excitation RF

Par convention, Z est la direction de B0 et (X,Y) est le plan transversal

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Vision « quantique » du phénomène

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Notion de référentiel tournant

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Retour à l’équilibre le long de B0
Equation de Bloch : description phénoménologique de l’interaction entre M et B0

dM γ M∧B0 – Mxy + (M0 - Mz)

dt T2 T1
précession amortissement

Mouvement de précession de M autour de l’axe de B0 à la fréquence de

Larmor, proportionnelle à B0 : ν0 = γ/2π⋅
π⋅B
π⋅ 0

B0 M

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

La relaxation : retour à l’équilibre de l’aimantation

Constantes de temps caractérisant le retour à l’équilibre des composantes longitudinales

et transversales :

- composante transversale Mxy = sinusoïde (ν

ν0) amortie en T2
- composante longitudinale de Mz = exponentielle en T1

Relaxation transversale en T2 Relaxation longitudinale en T1

Mz
Mxy
3
M0
2

0 t
-1 ω0
-2
Mzi t
-3

Mxy(t) = Mxyi⋅exp(-iω
ω0t)⋅⋅exp(-t/T2) Mz(t) = M0 + (Mzi - M0)⋅⋅exp(-t/T1)

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Vue 3D du pénomène de RMN

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

Mouvement de double précession

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Origine de la relaxation :
Champs locaux produits par les moments magnétiques nucléaires
⇒ fluctuations de B0 liées aux mouvements moléculaires, donc au temps de
corrélation τc (temps caractéristique des mouvements moléculaires)
Modèle de Bloembergen, Purcell et Pound (BPP) : T1 et T2 en fonction de τc :

temps

T1

T2

τC
1/(2πν0)
mobilité des molécules

⇒ La vitesse de retour à l’équilibre de M varie selon les molécules et selon leur

environnement. Ce phénomène est à l’origine du contraste en IRM.

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
Repousse de l’aimantation longitudinale suivant Mz

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 La Résonance Magnétique Nucléaire
T1 -> interactions spin-réseau

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 20

 La Résonance Magnétique Nucléaire
Décroissance de l’aimantation transversale

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

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 La Résonance Magnétique Nucléaire

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 24

 La Résonance Magnétique Nucléaire
Mesure du signal RMN
• Excitation par une onde RF très brève et intense ⇒ basculement de M dans le plan
transversal

• Retour à l’équibilibre ⇒ rotation de la composante transversale Mxy à la fréquence ν0

⇒ variation du flux magnétique au voisinage de l’échantillon
⇒ ddp induite dans une boucle de courant proportionnelle à Mxy(t)

ddp
4

B0 1

M
0
0.0

-1

-2

-3

-4

FID
(Free Induction Decay)

ESIEA - Cours IRM 30/11/2005 25

 La Résonance Magnétique Nucléaire
Principaux noyaux d’intérêt biologique détectables en RMN :

noyau abondance naturelle rapport gyromagnétique γ

(%) (rad.s-1.T-1)
1
H 99,98 267,8 106
13
C 1,11 67,2 106
19
F 100,00 251,6 106
31
P 100,00 108,3 106

Sensibilité :
• RMN = phénomène difficile à mesurer in vivo car le signal de résonance est très faible

• Mauvais rapport signal-sur-bruit S/B par unité de temps : S/B ∝ γ2.[noyau].rx.ry.rz.(Tacq)1/2

avec rx, ry, rz : dimensions du voxel, Tacq : tps d’acquisition, [noyau] : concentration du noyau

⇒ La sensibilité de détection varie avec γ et avec l’abondance naturelle

⇒ La RMN du 1H présente une sensibilité relative très élevée

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 26

 La Résonance Magnétique Nucléaire
En résumé…

aimantations
2

nucléaires
1

0
0.0 1.0

-1

-2

B0 -3

-4

Encodage de l’espace
Transformée de Fourier

excitation RF SRM IRM

ESIEA - Cours IRM 30/11/2005 27

 Plan
• La Résonance Magnétique Nucléaire
Interaction magnétique nucléaire
Perturbation de l’aimantation et retour à
l’équilibre
Mesure du signal de RMN
• Principe de l’Imagerie RMN
Encodage de l’espace
Séquences d’IRM
Contraste

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 28

 Principe de l’imagerie RMN
Encodage de l’espace
L’imagerie RMN détecte les 1H des molécules d’eau (solvant des tissus biologiques)
→ image RMN ≈ cartes de densité en eau de l'échantillon, modulée par le contraste
Localisation du signal RMN par variation contrôlée de B0 (gradients de champ magnétique)
4

0
0.0 1.0

-1

-2

-3

-4

Encodage de l’espace
Transformée de Fourier

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 29

 Principe de l’imagerie RMN
Sélection de coupe
En présence d’un gradient de champ magnétique Gz l’induction magnétique s’écrit :
B0(z) = B0 + Gz.z
→ La fréquence de Larmor s’écrit : ν(z) = (γ/2π)B0(z) = (γ/2π)B0 + (γ/2π)Gz.z
ν(z) = ν0 + (γγ/2π
π)Gz.z
→ En présence de Gz, la fréquence de Larmor est une fonction de z.
Or seules les aimantations excitées à la fréquence de Larmor sont basculées ds le plan
transversal → Le choix de la fréquence d’excitation RF permet de sélectionner une coupe.
La sélection de coupe consiste à appliquer l’excitation RF en présence d’un gradient
de champ magnétique appliqué selon une direction orthogonale à la coupe.

B0(z>z1)

B0 z1
B0(z1) Gz
B0(z<z1)

Combinaison linéaire de Gx, Gy et Gz ⇒ sélection d'un plan oblique possible

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 30
 Principe de l’imagerie RMN
Codage par la fréquence
En présence d’un gradient de champ magnétique Gx l’induction magnétique s’écrit :
B0(x) = B0 + Gx.x
→ La fréquence de résonance s’écrit : ν(x) = (γ/2π)B0(x) = (γ/2π)B0 + (γ/2π)Gx.x
ν(x) = ν0 + (γγ/2π
π)Gx.x
→ Equivalence «fréquence de résonance / position spatiale»

Le codage par la fréquence consiste à enregistrer le signal RMN en présence d’un

gradient de champ magnétique appliqué selon la direction codée.

B0(x1) B0(x2)

acquisition de la FID
B0 4en présence de Gx
3

TF
2

2
1
1

00

x1 x2 -1

-1
-2
0.0
0.0

-30 -40 -50 -60 -70 -80

-40 -50 -60 -70

-2

-3
ν1 ν2
-4

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 Principe de l’imagerie RMN
Séquences d’IRM
Séquence = description temporelle de la manipulation de l’aimantation
Séquence d’écho de gradient (pondération T2*)
Les aimantations représentées (verte et orange) sont situées à des abscisses x différentes
90°x 90°x

RF RF

Gz Gz
Gx Gx
tps d’écho TE
tps de répétition TR

y y

x x
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Inhomogénéités de B0 et T2*
Effets de susceptibilité magnétique des tissus biologiques
→ défauts d'homogénéité de B0 dans l'échantillon

Les aimantations traversées par ces gradients indésirés ne voient pas le même B0
→ accélération des déphasages dans le plan transversal : T2* < T2

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 33

 Principe de l’imagerie RMN
Séquence d’écho de spin (pondération T2)
Ici, le déphasage entre les aimantations représentées (verte et orange) est dû à un
gradient de champ indésiré (inhomogénéité de B0)

90°x 180°y

RF

Gz

Gx
temps d’écho TE

x
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 34
 Principe de l’imagerie RMN
Séquence d’écho de spin (2)
Ici, le déphasage entre les aimantations représentées (verte et orange) est dû à des
abscisses x différentes

90°x 180°y

RF

Gz

Gx
temps d’écho TE

x
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 35
 Principe de l’imagerie RMN
Séquence d’inversion-récupération (pondération T1)
Ici, les aimantations représentées (verte et orange) diffèrent par leur T1

RF

Gx

180° 90°
… écho de gradient
RF ou
puis… 180°y

RF

Gz Gx

… écho de spin
temps d’inversion TI

y
x

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 Principe de l’imagerie RMN

Obtention d'une image par projection-reconstruction

Mais résolution spatiale inhomogène → en pratique, on utilise une méthode de

codage alternative (codage par la phase) qui permet d’obtenir une résolution spatiale
homogène

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 37

 Principe de l’imagerie RMN
Contraste
Diversité des valeurs de T1 et T2 dans les tissus biologiques

Contraste IRM = pondération de l’acquisitions pour faire ressortir le signal d’un tissu

TR court : pondération en T1 TE long : pondération en T2 (ou T2*)

A 3T: T1 LCR 3s, GM 1.1, WM 0.9

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 Principe de l’imagerie RMN
Exemple d’IRM cérébrale

Coupe de cerveau pondérée T1

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 39

 Principe de l’imagerie RMN
Exemple d’IRM cérébrale

Rendu 3D du cortex cérébral, détection automatique

des sillons et des fibres (Mangin et al.)
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 40
 L’environnement technique de la RMN

Hardware
Aimant supraconducteur entier équipé de gradients

Informatique Electronique

Programmation de séquence Sondes radiofréquences

Traitement des images

ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 41

 Systèmes IRM à Orsay
une machine de mesure de l’aimantation
nucléaire

 un aimant très intense

3T 1.5T

 Bobines auxiliaires
les « gradients »  Émetteur/récepteur RF
ESIEA -Imagerie par Résonance Magnétique 30/11/2005 42