En 2014, un mécanisme d’encouragement basé sur les tarifs d’achat garantis par une

réglementation a été mis en place (Arrêté du 2 février 2014) afin de permettre aux
investisseurs privés et publics nationaux et internationaux de participer à la réalisation de ce
programme (promotion des énergies renouvelables).
Malgré l’existence d’un cadre de marché libéralisé, l’envergure du groupe Sonelgaz et
sa longue trajectoire dans le secteur en fait un acteur clé et dominant. Actuellement, la totalité
de la production est assurée par l’un des filiales du groupe , Société Algérienne de Production
(SPE) et les sociétés dont Sonelgaz détient des participations telles que : Shariket Kahraba
Terga (SKT) et Shariket Karhaba Koudiet Eddraouch (SKD) (sociétés en coentreprise entre
Sonelgaz et Sonatrach) ; Shariket Kahraba Skikda (SKS) (sociétés en coentreprise entre
Sonatrach , Sonelgaz, et l’Algerian Energy Company)…
L’absence de producteurs indépendants d’électricité en Algérie est due (en grande
partie) a la politique national qui visant la protection de l’industrie nationale et les prix de
l’électricité subventionnés par l’état.

Figure 2 : Production de l’énergie électrique en Algérie (2014)

SPE: Société Algérienne de production de l’électricité ; SKTM:Shariket Kahraba Wa Taket Moutadjadida ; SKS: Shariket Kahraba
Skikda ; SKH: Shariket Kahraba Hadjret enouss ; SKT: Shariket Kahraba Terga ; SKD: Shariket Kahraba Koudiet Eddraouch ; SKB:
Shariket Kahraba Berrouaghia ; SPP1: Centrale hybride de Hassi Rmel ; Kahrama : Complexe de dessalement d’eau de mer et de
production d’électricité d’Arzew.

III.2 Aspects techniques du raccordement sur les réseaux HTA

Lors des études de raccordement d’installation de production, les gestionnaires de
réseau (de transport et/ou de distribution) doivent examiner l’impact du raccordement sur le
plan de tension, plan de protection, tenue à la puissance de court-circuit, perturbation, …..etc.
avec une attention toute particulière.
III.2.1 Impact du raccordement sur le plan de tension du réseau
a) Généralités sur le réglage de tension du réseau HTA
Les réseaux de distribution HTA ont comme point de départ les postes sources
HTB/HTA. Ce type de poste, constituent l’interface entre les réseaux de répartition ou de
transport et les réseaux de distribution. La structure standard du poste source HTB/HTA est un
poste à 2 lignes HTB, 2 transformateurs alimentant chacun 1 jeu de barres HTA couplables
entre eux (figure 3). Cette configuration permet le maintient de la continuité du service dans le
cas de l’indisponibilité imprévue ou programmée d’une arrivée ou d’un transformateur.
Les postes source HTB/HTA alimentant des réseaux qui peuvent être classées en trois
types : - Structure en «Antenne» ou « Simple dérivation» ; Structure en «Boucle» ou «
Coupure d'Artère» ; Structure en «Double dérivation».
 Source1 Source 2

HTB

HTA

Départs HTA
Figure 3 : Poste source HTB/HTA

Pour assurer en tout point du réseau une tension satisfaisant les limites autorisées
(Tableau 4), le gestionnaire est amené à établir un plan de tension. Ce plan consiste à utiliser
les possibilités de réglage de la tension du réseau HTA. La méthode la plus utilisée se fait
généralement à l’aide d’un régleur en charge installé au transformateur HTB/HTA (figure 4).

Tableau 4 : Valeurs normalisées de la tension

Domaine Quelques valeurs Limite autorisée
Tension Autre appellation
de tension usuelles en Algérie
±5% zones urbaines
≤1000V BT BT (Basse tension) 230 – 400V
±10% zones rurales
1<U≤50kV HTA MT (Moyenne tension) 10 – 20 – 30 kV ±5%

Le réglage de la tension avec ce dispositif consiste à passer d'une prise à une autre sans
déconnecter le transformateur du réseau. Ceux-ci permettent d’ajuster la tension du jeu de
barre HTA en fonction de l’évolution des charges et des fluctuations de la tension amont.

Figure 4 : Un changeur de prise pour un transformateur de grande puissance

 Les régleurs en charge ont généralement un nombre impair de prises (19, 21 ou 25). Ils
peuvent compenser une variation de la tension de l'ordre de ± P % de la tension nominale. Par
exemple, un régleur en charge qui possède 25 prises (12 à la hausse et 12 à la baisse) avec un
pas 1%, il permet de modifier le rapport de tension dans l’intervalle ±12%.
Le changement de prises intervient lorsque la tension mesurée en un point du réseau
Umes dépasse les limites autorisées Umin et Umax et que le dépassement de la tension dure un
temps minimum ∆tmin. L’application d’un retard ∆tmin avant l’application d’un changement de
prise permet d’éviter des manœuvres excessives non-nécessaires due aux fluctuations
transitoires lors de la connexion ou déconnexion des charges importantes.
Le fonctionnement dynamique du régleur en charge s’illustre par la figure 5. Si la
tension mesurée dépasse le seuil de plage admissible, le premier changement de prise se fait
avec un retard ∆t1 d’une minute. Dès que le premier changement a lieu, le retard ∆t2 est réduit
à 10s pour les changements de prise suivants si nécessaire.

Tension
Umax
Pas de changement Changement de Tension mesurée
de prise prise
Uc

Umin

∆t <∆t1 ∆t1 ∆t2 Temps

Figure 5 : La dynamique du régleur en charge
Le régleur en charge permet de tenir la tension dans une plage prédéfinie autour de la
consigne Uc. En général, la consigne est liée à la tension au jeu de barre HTA. Mais celle-ci
peut aussi être liée à la tension à l’extrémité du départ, à l’aide d’un compoundage de la chute
de tension. Le compoundage permet de prendre en compte le courant débité par le
transformateur du poste source (c'est-à-dire l'état de charge du réseau) et par conséquent
d'estimer la chute de tension dans le réseau.

U0 I
HTB HTA
RLN + j XLN

+1 , > + /2
Changeur de prise
Uc = −1 , < − /2 

= −
TAPi Régleur en charge

Figure 6 : Principe de fonctionnement du régleur en charge

(le transformateur du courant est utilisé dans le cas d’un compoundage)
b) Calcul du profil de tension
Le raccordement d’une installation de production sur un réseau HTA induit, du fait de
l’injection de puissance active et réactive, une modification des transits d’énergies sur le
réseau ( figure 7). Donc, la tension à certains nœuds du réseau peut devenir supérieure ou
inférieure à la limite autorisée.

Figure 7 : Transit de puissance en présence des producteurs dans le réseau HTA

La recherche des paramètres de réglage de la tension HTA et BT satisfaisant les limites

autorisées exigent le calcul du profit de tension dans le cadre de quartes hypothèses:
- Hypothèses 1: Consommation maximale en présence d’une production maximale
- Hypothèses 2: Faible consommation en présence d’une production maximale
- Hypothèses 3: Consommation maximale en présence d’une faible production
- Hypothèses 4: Faible consommation en présence d’une faible production
Ces études sont conduites généralement à l’aide d’un logiciel de Load Flow. Dans le cas
d’un réseau simple dérivation (figure 8), une méthode itérative (Algorithme 1) peut être
utilisée pour obtenir le profil de tension du réseau. L’application de l’algorithme exige le
choix d’un nœud bilan qui sert de nœud de référence du réseau (Généralement, nous
choisissons le point de raccordement au jeu de barres du poste source comme un nœud bilan).
En ce nœud la tension et la phase sont constantes et ses capacités d’absorption et de
production de puissance active et réactive sont infinies. Ce point assure l’équilibre entre
production et consommation de puissance sur le réseau et permet ainsi la convergence de
l’algorithme de calcul.
Algorithme 1 : Calcul du profil de tension dans un réseau simple dérivation
( )
Etape 1: Initialisation de la tension des nœuds = ∠ ° Pour i = 2,3,….N ; ( : Le
( )
module de la tension de source ; : La tension du nœud « i » a l’itération « k=0 » ) ; N :
le nombre des nœuds.
Etape 2 : Initialisation du compteur d’itérations k=0
Etape 3 : Incrémentation du compteur d’itération k=k+1
( ) ( )
Etape 4 : Calcul des courants de charge = ( ) ∗ ; Pour i = 2,3,….N ; :

courant de charge du nœud (i) a l’itération (k) ; et : La puissance active et réactive

∗
( )
injectée et/ou consommée dans nœud (i) ; j : nombre imaginaire ( j 2=-1) ; :
conjugué de la tension du nœud (i) a l’itération (k-1).
( ) ( )
Etape 5 : Calcul du courant de branche ; = + ∑courants des branches reliées
( )
au nœud n ; : Courant qui circule dans la branche n-m a l’itération k
Etape 6 : Correction des tensions des bus dans le sens rétrogradée ;
( ) ( ) ( )
= − ; : L’impédance (nombre complexe) de la branche mn
 ( ) ( )
Etape 7 : Calcul de l’erreur = − i=2,3,…N
Etape 8 : Si ≤ ( : é ) Alors en passe à l’étape 9 ; Sinon on passe à
l’étape 3
Etape 9 : Afficher la solution obtenue

(1) (2) (3) (m) (n)

HTB HTA

Figure 8 : Exemple d’un réseau simple dérivation

Exemple
Un réseau à 6 nœuds (figure 9) est caractérisé par les données groupées dans le tableau
suivant. La tension nominale du réseau est Un=11kV.
Consommation
Branches Production dans le nœud j
dans le nœud j
Nœud i Nœud j R(Ω) X(Ω) P (kW) Q (kVAR) P (kW) Q (kVAR)
1 2 0.0279 0.015 0 0 0 0
2 3 0.444 0.439 1572 174 0 0
3 4 0.864 0.751 1936 312 2000 200
4 5 0.864 0.751 189 63 0 0
3 6 1.374 0.777 1336 112 0 0

G
(1) (2) (3) (4) (5)

P4+jQ4 P5+jQ5
P3+jQ3
(6)
P6+jQ6
Figure 9 : Réseau a 6 nœuds
( )
1. Calculer la tension pour i=2,3,..,6
( ) ( )
2. Calculer l’erreur sur la valeur de la tension et pour i=2,3,..,6
Solution (1ère itération)
( )
= 11∠0° (kV) pour i=2,3,..6 (Etape 1) et k=1 (Etape 2 et 3 )

Etape 4 : Calcul des courants de charge

( )
= () ∗= =0
∠ °
( )
= ( ) ∗
= = 142.9090 − 15.8181
∠ °
( ) ( ) ( )
= ( ) ∗
= = −5.8181 − 10.1818
∠ °
( )
= ( ) ∗
= = 17.1818 − 5.7272
∠ °
( )
= ( ) ∗
= = 121.4545 − 10.1818
∠ °

Etape 5 : Calcul (dans le sens rétrogradé) des courants qui circulent dans les branches du
réseau.
( ) ( )
, = = 17.181 − 5.7272
( ) ( ) ( )
, = + , = (−5.8181 − 10.1818) + (17.181 − 5.7272) = 11.3636 − 15.9091
( ) ( )
, = = 121.4545 − 10.1818
( ) ( ) ( ) ( )
, = + , + ,
( )
, = (142.9090 − 15.8181) + (11.3636 − 15.9091) + (121.4545 − 10.1818)
( )
, = 275.7272 − 41.9090
( ) ( ) ( )
, = + , = 275.7272 − 41.9090

Etape 6 : Correction (dans le sens directe) de la tension des nœuds

( ) ( ) ( )
= − , , = 11000 − (0.0279 + 0.015)(275.7272 − 41.9090)
( )
= 10991.6785 − 2.9666
( ) ( ) ( )
= − , ,
( )
= (10991.6785 − 2.9666) − (0.444 + 0.439)(275.7272 − 41.9090)
( )
= 10850.8575 − 105.4032
( ) ( ) ( )
= − , , = 10829.0916 − 100.1919
( ) ( ) ( )
= − , , = 10809.9453 − 108.1471
( ) ( ) ( )
= − , , = 10738.2743 − 187.8185

Terminer le reste ….

c) Exemples d’étude
Le réseau HTA utilisé dans cet exemple comprend un poste source HTB/HTA qui
alimente deux zones de charges. La topologie du réseau est représentée dans la figure 10 ;
- La première zone (Départ N°1) comprend l’ensemble des nœuds {1,2,3,….,34}
- La deuxième zone (Départ N°2) comprend l’ensemble des nœuds {1,35,36,…,67}
HTB HTA

Figure 10 : exemple d’un réseau radial HTA a 67 nœuds (Deux départs identiques)

Les caractéristiques du départ N°1 sont identiques aux caractéristiques du départ N°2
c'est-à-dire :
- L’impédance des branches Z1,2= Z1,35 ; Z2,3= Z35,36 ;…..etc.
- La puissance des charges raccordées aux nœuds S2=S35 ; S3=S36 ; …..etc.

La tension nominale du réseau de l’exemple d’étude est Un=20kV. Dans ce cas les
limites autorisées sur la valeur de la tension Umin = Un-5% =19kV, et Umax = Un+5% =21kV.
Pour anticiper la chute de tension aux extrémités de chaque départ, la tension de service
du transformateur Us (c'est-à-dire la tension du nœud N°1) est maintenu à une valeur fixe
supérieur a Un. Par exemple en période de pointe Us= Un +3% donc Us=20.6kV.
Le profil de tension obtenu par l’application de l’algorithme 1 est représenté dans la
figure 11. Cette solution (caractérisée par une erreur de l’ordre de 10E-12) est obtenu après
11 itérations.

Départ 1 Nœud N°34

Tension (V)

Nœud N°1

Départ 2 Nœud N°67

Tension (V)

Nœud N°1

Figure 11: Profil de tension le long des départs 1 et 2

(50% de la charge maximal est raccordée au réseau)
 La courbe en rouge de la figure 11 représente la tension dans les nœuds {1,2,3,….,34}
et la courbe en bleu représente la tension dans les nœuds {1,35,36,…,67}. Les deux courbes
sont identiques puisque les impédances et les charges raccordées à chaque départ sont
identiques (Voir fichier Excel RE_HTA.xlsx).
Dans cette étude, 3 unités de production décentralisée (UPD) sont raccordées au départ N°1 :
1- UPD (1) (Pmax = 3.1MW) raccordée au nœud N°18 ;
2- UPD (2) (Pmax=2MW) raccordée au nœud N°22 ;
3- UPD (3) (Pmax = 4.5MW) raccordée au nœud N°34;

Hypothèses 1: Consommation maximale en présence d’une production maximale

Dans cette situation on constate :
1- Une surtension dans les nœuds à l’extrémité du départ N°1
2- Une sous tension dans les nœuds à l’extrémité du départ N°2

UPD (1) UPD (3)

Tension (V)

UPD (2)

Figure 12 : Profil de tension le long des départs 1 et 2

(Consommation à 100% _ Production à 100%)
Hypothèses 2: Faible consommation en présence d’une production maximale
Dans cette situation on constate :
1- Une surtension dans les nœuds à l’extrémité du départ N°1
Tension (V)

Figure 13: Profil de tension le long des départs 1 et 2

(Consommation à 20% _ Production à 100%)
Hypothèses 3: Consommation maximale en présence d’une faible production
Dans cette situation on constate :
1- Une sous tension dans les nœuds à l’extrémité du départ N°2
 Tension (V)

Figure 14 : Profil de tension le long des départs 1 et 2

(Consommation à 100% _ Production à 20%)
Hypothèses 4 : Faible consommation en présence d’une faible production
Dans cette situation les limites autorisées (±5%Un) sont respectées dans touts les nœuds
Tension (V)

Figure 15 : Profil de tension le long des départs 1 et 2

(Consommation à 20% _ Production à 20%)

e) Solution de raccordement
Il est possible dans certains cas de réduire l’élévation de tension constatée au niveau du
point de raccordement du producteur en appliquant les solutions suivantes :
 Action sur l’énergie réactive
En Algérie, les installations de production raccordée au réseau HTA doivent être
munies de régulateurs permettant de contrôler la tension et/ou la puissance réactive au point
d’injection. Donc, il est possible dans certains cas de réduire, voire de supprimer l’élévation
de tension constatée au niveau du point de raccordement du producteur en agissant sur
l’énergie réactive délivrée par les machines de production. Cette opération peut être réalisée
dans les limites des capacités constructives fixées dans les textes réglementaires :
- Dans le cas d’une unité de production asynchrone : l’installation doit fonctionner dans le
domaine défini par le diagramme [P, U, Q] présenté dans la figure 16-17. L’unité de
production doit être capable de fonctionner sans limitation de durée en tout point situé à
l’intérieur du domaine.
- Dans le cas d’une unité de production synchrone : l’installation doit pouvoir fournir une
puissance réactive = 0.62 ∙ à la tension nominale. A puissance active nominale,
l’installation doit pouvoir absorber au maximum une puissance réactive = 0.30 ∙ à
la tension nominale. (Le diagramme de l’installation [P, U, Q] est convenu avec le
gestionnaire du réseau de distribution).
 U U

Un +6% Un +12%

Un +7%
Un -7%
Un -6%

Un -12%
Production Production
P P
P/Pn

Qmin Qmin Qmax0 Qmax Qmin Qmin Qmax0 Qmax

Consommation Q
Consommation Q

Figure 16 : Capacité réactive exigée des installations Figure 17: Capacité réactive exigée des installations à
à production asynchrones raccordées au réseau de production asynchrones raccordées au réseau de
distribution souterrain distribution aérien
 Déplacement du raccordement
Si l’étude de raccordement sur le départ envisagée ne donnerait pas satisfaction (figure
18.a), il est possible d’étudiée la faisabilité de raccordement dans d’autres points du
réseau par exemple :
1- Raccordement sur un autre départ;
2- Raccordement direct sur le jeu de barres du poste source (figure 18.b),
3- Raccordement directe sur un réseau HTB à travers un transformateur dédié (figure
18.c).
Réseau HTB Réseau HTB Réseau HTB

Poste HTB/HTA

Poste HTB/HTA

Poste HTB/HTA
Poste HTB/HTA

Producteur Producteur Producteur

Réseau HTA Réseau HTA Réseau HTA

(c) (b) (a)
Figure 18 : Modalités de raccordement d’une installation de production