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privatisation-de-la-sante?
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Ken Loach : "La crise du Covid-19 expose l'échec de la privatisation de la santé"
par Olivier Poujade, Rédaction Internationale publié le 19 avril 2020 à 9h01
C'est un "énorme scandale" que dénonce le cinéaste. Celui d'un système de
santé publique abandonné par les gouvernements du Royaume-Uni, qui laissent
les sujets de sa Majesté sans protection face au coronavirus. Mais Ken Loach
veut croire que cette crise nous a rendus "plus responsables les uns des
autres".

K
en Loach, double palme d'or Cannes, s'est toujours mobilisé contre le
démantèlement du service public au profit d'entreprises privées. © AFP /
Sébastien Berda
C'est un système de santé britannique "mal préparé" qui fait face au raz-de-
marée du coronavirus, a estimé l'ex-leader travailliste Jeremy Corbyn. Le prix
d'une décennie d'austérité, "des années de coupes sombres"  qui se paient
aujourd'hui, fustige de son côté l'association des directeurs de la santé
publique.
La crise du Covid-19, qui a déjà fait plus de 14 000 morts au
Royaume-Uni, met en lumière le sous-financement chronique du
National Health Service (NHS). Ce système de santé universel et gratuit,
auquel le Premier ministre Boris Johnson avait déjà promis des milliards
pendant la campagne des dernières législatives.

À lire

CINÉMA

"Sorry We Missed You" : Le Masque et la Plume fasciné par le visionnaire Ken


Loach

Faut-il croire le chef de l'exécutif britannique, lui-même un rescapé de la


pandémie, lorsqu'il assure désormais qu'il va donner "tout ce qu'il faudra" au
NHS ? À 83 ans, le cinéaste aux deux palmes d'or Ken Loach n'est pas prêt à le
faire. Pour lui, "tout le monde souffre plus que de raison du fait de l'incapacité
du gouvernement à anticiper".
Celui qui, dans Sorry We Missed You, dénonçait sans concession l’ubérisation de
l’économie, estime que "cette crise a révélé un chaos absolu, qui devrait nous
amener à exiger que, à l'avenir, [la santé] relève du service public"  et pas de
sociétés privées qui exploitent les salariés.
Olivier Poujade et Gilles Gallinaro, au Royaume-Uni pour la Rédaction
internationale de Radio France, ont recueilli son sentiment sur la période
exceptionnelle que vivent le monde et son pays. 
FRANCE INTER : Comment vivez-vous cette période dramatique ?
KEN LOACH : "Nous vivons à l'ouest du pays, à l'opposé de Londres. Nous
restons à la maison, et, comme nous sommes âgés, des voisins très
attentionnés font des courses pour nous. De chez moi, je peux quand même
voir le changement.
Je commence à être nostalgique des choses qu'on fait d'habitude.
Monter dans un train me manque. M'asseoir dans un café me manque.
Retrouver les gens avec qui je travaille pour parler de ce que nous
pourrions ou devrions faire me manque.
Ou, posé dans un café, parler foot, famille, politique, de tout ce qui se passe.
Cette cette interaction avec les autres qui me manque, parce que je pense
que nous sommes naturellement grégaires. Nous apprécions la
compagnie des autres. Être assigné à résidence, comme ma femme et moi le
sommes, c'est difficile."
Vous lisez les journaux, suivez l'actualité à la télévision ?  

À lire

MONDE

En première ligne : Dominic Raab, la doublure de BoJo

Oui, je suis plongé dedans. Et je suis consterné par l'échec de notre


gouvernement à planifier, la façon qu'ils ont eue de s'engager dans cette crise
en sachant qu'un désastre s'annonçait. Sachant qu'il y a des crises dans la
crise, celle des hôpitaux, mais aussi celle des maisons de retraite, ou à des
niveaux plus individuels celle des infirmières, des médecins, des chauffeurs…
Tout le monde souffre plus que de raison du fait de l'incapacité du
gouvernement à anticiper. 
Dans cette crise, quelles sont les images qui vous touchent le plus ? 
Ce sont celles des gens qui sont en danger. D'abord, les malades et ceux qui
meurent, évidemment. Mais aussi ceux qui travaillent dans les hôpitaux, les
médecins, les infirmières, ceux qui préparent les repas, ceux qui font le
ménage… C'est l'hôpital dans son ensemble, pas seulement le personnel
médical. Sachant que, dans certains établissements, les personnels travaillent
sans protections adaptées.
Des infirmières meurent, des médecins meurent, parce que le
gouvernement, qui savait depuis la fin janvier que la crise arrivait, n'a
pas pu leur fournir de protections. Et ça, c'est un énorme scandale.
Mais au-delà des hôpitaux, il faut parler de ce qui se passe dans les maisons de
retraite et dans les établissements pour personnes handicapées, il faut parler
des soignants et des aidants, y compris de ceux qui vont à domicile s'occuper
des gens qui en ont besoin. Ces personnes-là n'ont aucune sécurité de l'emploi.
La plupart ont des revenus misérables. Et la plupart n'ont pas d'équipements de
protection.
Pourquoi ? 
Les maisons de retraite sont détenues par des sociétés privées. Et les aidants
sont employés par des sociétés privées. Ils y travaillent au jour le jour, sans
contrat sur la durée, parfois via des boîtes d'intérim. Ils touchent le salaire
minimum et, souvent, n'ont aucune garantie horaire. Ils peuvent être appelés
ou renvoyés dans la minute. Et pourtant, on leur demande de mettre leur vie
en danger, sans équipement de protection, pour prendre soin de personnes par
ailleurs très vulnérables.
Dans les maisons de retraite, on voit beaucoup de gens mourir. Parce
que certains sont âgés, donc fragiles, mais aussi parce qu'ils vivent
tous les uns à côté des autres, sans protection. Et ça, aussi, c'est un
énorme scandale.
Cela montre bien que quand ces services sont gérés par des sociétés privées,
les travailleurs sont exploités. Cette crise a révélé un chaos absolu, qui devrait
nous amener à exiger que, à l'avenir, cette offre relève du service public. 
Vous pensez que cette crise pourrait vous donner raison ?
Seulement si nous avons des syndicats solides et des responsables politiques
qui reconnaissent que c'est la solution. Malheureusement, nous avons [au
Royaume-Uni] un gouvernement de droite, et les gouvernement de droite
croient en l'économie de marché. Leurs politiques ont toujours consisté à
promouvoir le libre marché dans la santé. Ils démantèlent le service
public au profit d'entreprises privées. Leur idéologie, c'est la privatisation,
et pas la propriété collective. Mais cette crise expose l'échec de cette approche.
Les milieux économiques demanderaient au gouvernement
britannique un plan clair pour assouplir le confinement. L'économie de
marché pourrait-elle l'emporter sur la santé publique ?
Bien sûr, ils disent tous que la santé publique est plus importante que le reste,
mais il y a clairement des personnes au sein du gouvernement qui pensent qu'il
faut qu'une partie de la production reste opérationnelle.
La priorité doit être de sauver des vies.
Si vous perdez un membre de votre famille, si vous perdez votre mari, votre
femme ou votre enfant parce que le gouvernement a choisi de rouvrir les
entreprises, je pense que vous serez en colère.
En France, on entend régulièrement dire que l'après devra être
différent, plus respectueux des gens. Que des choses doivent changer.
Vous y croyez ?
Ces changements doivent se produire, oui.
Pendant la crise, les gens sont devenus de bons voisins. Ils se
préoccupent de la personne qui habite à côté, du vieillard au coin de la
rue, ils prennent soin des enfants. L'air est plus pur. C'est comme si on
était responsables les uns des autres.
Je pense, en réalité, que c'est ce que nous sommes. C'est naturel. Mais nos
politiques ne l'intègrent pas. Rien ne changera si nous n'avons pas des
responsables politiques qui tirent les leçons de ce que ces dernier mois nous
ont appris. Il faut que notre système reflète les valeurs qui nous ont
animées des mois durant. Sinon, les choses ne changeront pas. 
Le festival de Cannes n'a à ce jour pas été annulé. Pensez-vous qu'un
tel événement doive être maintenu ? 
Thierry Frémaux [le délégué général du festival de Cannes, ndlr] est un homme
très progressiste et créatif, qui s'occupe du cinéma avec passion. Je me félicite
de ses idées pour soutenir cet art, parce que c'est très important. Je trouverais
très triste que des cinémas indépendants ne se relèvent pas de cette crise. Et
j'abonde dans le sens de Thierry Frémaux lorsqu'il dit que, à long terme, l'idée
de ne visionner des films que sur des plateformes numériques est très triste,
parce que nous avons besoin d'une audience.
Nous devons nous réunir à 100, 200 ou 300 dans une salle. Pour que,
quand c'est une comédie, nous rions ensemble, ou quand c'est une
tragédie, nous la vivions ensemble. C'est dans ce cadre que le cinéma
donne le meilleur de lui-même, et pas sur un écran la maison.
Préserver cette idée du cinéma est fondamental ; comment nous y parvenons,
c'est une autre histoire.
Ce que j'aimerais, pour ma part, c'est que chaque ville ait en son centre
un cinéma, mais pas détenu par une multinationale, un cinéma qui
soit pas la propriété de ses habitants. Vous pourriez y voir des films du
monde entier, pas seulement issus de votre propre culture. D'Asie, d'Amérique
latine, d'Afrique, de partout en Europe et, aussi, des États-Unis. Ce serait un
incroyable trésor ! Mais pour le débloquer, nous devrions posséder ces cinémas
et en confier la programmation à des gens qui s'intéressent davantage aux films
qu'à la nourriture.

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